En er 2148 Lee | e+ Lo DE À \ APN w {] , A - L « dl DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATU RELLE ET DES PHÉNOMENES DE LA NATURE. TOME QUATRIÈME. a Ÿ $ { È “ "A ÿ « ÿ À: *“ 5 ; \ ; ni - 4 à y sr CRIS, — IMPRIMEIE DE COSSON. Rue Saint-Germain des-Prés, n° 9. “ 2 DICTIONNAIRE PITTORESQUE DES PHÉNOMENES DE LA NATURE. L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX, DES MINÉRAUX, DES MÉTÉORES, DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES PHYSIQUES ET DES CURIOSITÉS NATURELLES , AVEC DES DÉTAILS SUR L'EMPLOI DES PRODUCTIONS DES TROIS RÈGNES DANS LES USAGES DE LA VIE , LES ARTS ET MÉTIERS ET LES He ME ANT USE, : CS RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES, ". È Au 4 E Ty > SOUS LA DIRECTION DE M. F-E. GUÉRIN, RAL H\S MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ET DE DIVERSES AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES NAFIONALES ET ÉTRANGÈRES , AUTEUR DE L'ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL DE CUVIER ET DU MAGASIN DE ZOOLOGIE, LUN DES AUTEURS DU DICTIONNAIRE CLASSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE, DE L'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE , DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE PAR LE CAPITAINE DUPERREY, DE L'EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DE MORÉE, DU VOYAGE AUX INDES ORIENTALES PAR M, BÉLANGER , ETC., ETC, AVEC PLANCHES GRAVÉES SUR ACIER D'APRÈS LES DESSINS DE MM. DE SAINSON ET FRIES. TOME QUATRIÈME. # : PARIS. AU BUREAU DE SOUSCRIPTION, Rue Saïint-Germain-des-Prés, n° 4. à 1856. NU A EuX : 1 LÉEAEAUR CN LAON AT" TG CE UTIEn eu Atroraia £ BOY AU 46 A 84101 ai 23 Ras Ÿ A ARLON, 2fs af, BA HAL PANNE TEA ARR AAA ‘4 ra PUL À one Aa A ji ù AA d AA \6 TE Ÿ ut imuras TE TUSs ART ik en rur Te ai rai rés OS AE, TIMES URI ni RATES 24 sg t AH OPA ER: 'J sf LOT LOTS in AE ee Aagt à a. GTS nu “, à DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÉÈNES DE LA NATURE. H. © HOLOCENTRE, AHolocentrum. ( porss. ) Les Holocentres , dans la méthode de Cuvier , sont as- sociés aux Percoïdes, très-voisins des Myripristis , que ce naturaliste a nommés d’après Artidi. Ces poissons sont de forme ovale, légèrement comprimée ; ils ont deux dorsales ; leur corps est entièrement couvert de grandes écailles brillantes et dentelées en scie; les dents sont en velours; le sous-orbitaire, toutes les pièces operculaires, les os de l'épaule sont également dentelés en scie. On les a nommés Tout-épines, d’oos et de xérov, à cause du nombre assez considérable d’épines que présentent leur opercule et leur préopercule, qui non seulement est dentelé, mais qui à à son angle une forte épine dirigée en arrière, cir- constance que l’on ne rencontre chez aucune es- pèce du genre Myripristis , avec lequel ils ont de très-grands rapports de forme ct d'organisation ; leur, opercule à un double rebord dentelé, et manque d’épine à son angle. Sous plusieurs points de vue, ils tiennent un peu aux Serrans , et c’est dans’ ce genre que Bloch les a rangés; mais la singulière conformation que : l’on rencontre dans leurs écailles ne permet pas de les y laisser, quand même les épines oper- culaires et préoperculaires ne les en éloigneraient pas invinciblement. On s’est donc vu obligé d’en former un genre à part; car on ne pouvait pas même les considérer comme une subdivision de plusieurs genres déjà existans dans les Serrans, et c’est à la suite des Percoïdes à ventrales thoraci- ques, entre les Myripristis et les Beryx, qu’ils ont pris place. _Les espèces de ce genre se ressemblent beau- coup, ce qui fait qu’il est très-difficile de les dis- tinguer les unes des autres. Celle qui peut être considérée comme en formant le type, et qui pa- raît avoir été décrite le plus anciennement et par un plus grand nombre de:naturalistes, est l'Hozo- CENTRE A LONGUES NAGEOIRES, Aolocentrum longi- penne, représentée à la pl 213, fig. 3, de notre Atlas. Le nom de ce poisson indique que la partie molle de sa dorsale et les fourches de sa caudale T. IV. sont plus longues et plus pointues que dans aucune autre espèce de ce genre. Quant à sa couleur, il paraît qu’elle est sujette à quelques variétés. Son doset ses flancs sont d’un beau rouge sur un fond d’argent, ce qui, sous certains aspects, produit l'effet des plus beaux rubis. Ce fond rouge est relevé de sept ou huit lignes dorées, marchant longitudinalement entre les rangées d’écailles ; vers le’ bas viennent en- suite deux ou trois lignes argentées, et tout le dessous est d’un blanc d'argent. L’on apercçoit sur la poitrine des vestiges de lignes rougeâtres. La tête est d’un argenté brillant, glacé de rouge à la tempe , sur une partie plus ou moins étendue de la joue. D’autres sont entièrement rouges, avec des lignes blanches : il paraît néanmoins que, dans certaines circonstances, peut-être dans la saison de l’amour , les lignes argentées ou dorées se marquent sur le fond rouge. Les colons de la Jamaïque l’appellent le Gal- lois; ceux de Saint-Thomas, l'Homme rouge ; ceux de la Caroline l’Ecureuil; à Porto-Rico , on le nomme el Candil. Le nom de Sogo , que lui donne Bloch, est celui, dit-il, qu’il porte à la côte de Guinée. Les plus longs individus atteignent de douze à treize pouces de longueur. Les auteurs ne s’accordent pas sur le goût de ce poisson. Selon Marcgrave, sa chair est grasse et de bon goût, surtout grillée. Catesby assure qu'elle est estimée à la Caroline ;' et il en est de même , selon Brown, à la Jamaïque. À Cuba, on ‘en fait peu de cas, à cause de la dureté de ses écailles ; à Saint-Domingue on trouve sa chair sèche. Une autre espèce, tellement semblable par les formes et les détails à celle de l'Amérique qu'il faut beaucoup d'attention: pour l’en distinguer, est l’Holocentrum orientale, qui ne montre aucune iné- galité entre les fourches de la queue, ce qui est si sensible dans le précédent. M. Leschenault assure qu’il est très-rare dans la baie de Pondichéry, où les naturels le nomment Madurémine. Son corps est marqué de larges bandes longitudinales , alter- 241° Livraison. 1 rm À HOLO HOLO PR mm nativement rouges et argentées ; les nageoirés sont rouges. On le trouve bon à manger. Commerson , qui a pris ce poisson au port Praslin , entre les roches et les}coraux , trouve sa chair bonne; il faut qu’il ait observé la violence de. ses blessures ;' car il désigne le troisième rayon de son anale par l’épithète d’atrocissimus. (Azpn. G.) HOLOSTÉE , Æolosteum. { nor. pxan. ) Genre de la famille des Garyophillées de Jussieu, et de la Triandrie digynie de Linné. Ses caractères sont : un calice pentasépale; une corolle à cinq pétales dentés; des étamines au nombre de cinq , ou le plus souvent de trois ou quatre par suile d’avortemens; un pistil à trois styles ; une capsule uniloculaire , déhiscente par le sommet en six dents; des: grai- nes nombreuses, dont l’embryon est replié dans l'intérieur de l’albumine. Le type de ce genre est l'espèce désignée par Linné sous le nom d’AÆolosteum umbellatum ( Al- sine umbellata de D. G. ), plante qui fleurit au commencement du printemps , et qui se trouve très-communément sur les murs et dans les en- droits stériles. Sa tige, de quatre à six pouces, est légèrement rameuse du bas, puis simple, dressée, un peu visqueuse, pourvue de quelques poils cro- chus, auxquels s’attachent des grains de sable; ses feuilles sont sessiles , lancéolées, opposées deux ou quatre sur les tiges, d’un vert glauque ; | ses fleurs sont blanches, terminales, en ombelle | simple , à pédoncules inégaux , uniflores , réfléchis | après la floraison ; ses capsules s’ouvrent largement ar le sommet; ses graines Sont rugueuses. (C. £.) HOLOTHURIE, Holothuriæ. (z00Pn. écrin.) | gane femelle; mais cette détermination n’a point Les animaux que l’on appelle ainsi appartiennent à la classe des Echinodermes ou Cirrodermaires , | parmi lesquels ils forment un ordre distinct, celui des Holothurides , Æolothuridea. On les partage en plusieurs groupes dans lesquels viennent se ranger un nombre considérable d’espèces répan- dues dans toutes les mers: sur les côtes où vivent ordinairement les Holothuries, on leur donne di- vers noms tirés en général de leur forme,iqui n’est pas sans analogie avec celle de l’organe sexuel de l’homme : plusieurs naturalistes ont introduit ces noms dans le langage scientifique , tels sont ceux de Pudenda marina, Holothurie impudique, etc. On conviendra aisément que l’impudicité, si toute- fois on doit en reconnaître, réside moins dans les contours extérieurs des animaux de ce groupe, que dans l'esprit des savans pour lesquels de sem- blables comparaisons n’ont rien eu de singulier. Les Holothuries ont toutes le corps plus ou moins allongé, quelquefois vermiforme et plus ou moins mou , ét garni de nombreux sucoirs comme celui de tous les animaux de la même classe. Aussi le nom de Cirrodermaires, c’est-à-dire ayant la peau garnie de cirres ou sucoirs, leur con- vient- il beaucoup mieux que celui d'Echinoder- mes (c’est-à-dire peau garnie de piquans comme chez les Oursins), qu’il remplacera certainement : ces suçoirs tentaculiformes (pl. 214, f. 1 c-e) sont plus ou moins nombreux, très-extensibles, et complétement rétractiles. Chaque extrémité du corps est percée d’un orifice qui est celui du tube digestif; l’antérieur, ou la bouche, est au fond d’une sorte d’entonnoir, et soutenue dans sa cir- conférence par un cercle de pièces fribro-calcaires ; de plus, elle est entourée d’une série d’appendices arbusculaires (pl. 214, f. 14) plus ou moins dé- veloppés. Le canalintestinal, qui commence àa cavité de la bouche, est généralement long; chez quelques espèces, il a jusqu’à dix fois la longueur du corps; il offre, suivant les divers groupes, quelques variations plus ou moins importantes, mais d’après lesquelles on ne saurait se guider dans la classification, les caractères extérieurs devant être toujours préférés à ceux que fournis- sent les différences des organes internes. Les mem- branes de l'intestin sont très-délicates, et dans beaucoup de cas l’animal le vomit dès qu’on le tourmente; les espèces dont le derme est coriace offrent rarement cette particularité. Quelquefois l'intestin est déchiré par des parasites sans que l’'Holothurie paraisse en souffrir. L’anus (pl. 214, fig. 1 6) n’est point terminal ; mais il aboutit dans une sorte de cloaque plus ou moins ovalaire au- quel cette épithète convient parfaitement. Le cloa- que absorbe une quantité considérable d’eau que l'animal rejette parfois en forme de jet ; en ouvrant le :corps, on reconnaît le plus souvent qu'il est également rempli d’eau en partie, de sorte que les viscères flottent dans ce liquide. C’est près du cloa- que que l’on place les organes de la respiration ; ceux de la génération sont au contraire près de la bouche; Tilesius distingue l'organe mâle de l’or- encore pu être confirmée d’une manière précise, et il est plus probable qu’il n’existe chez ces ani- maux que le sexe féminin. Le système nerveux n’a pas non plus été constaté. Un des faits les plus cu- rieux de l’histoire des Holothuries , c’est que sou- vent on trouve dans leur intérieur de petitspoissous vivans ; Mertens a constaté ce fait chez quelques espèces. MM. Quoy et Gaimard l’ont également vé- rifié dans leurs voyages, et on l’a depuis reconnu chez quelques Holothuries méditerranéennes. Les poissons dont on trouve un ou quelquefois deux dans la cavité abdominale des Holothuries, appar- tiennent au genre FigrAsrer (voy. ce mot). «Ge poisson , très-allongé, ne saurait, disent MM. Quoy et Gaimard , par sa grosseur, loger dans l'estomac, Comme de sa nature il n’y voit que fort peu et fuit la lumière, lorsqu'il donne au milieu des tenta- cules épanouis de ces grandes Holothuries, 1. ana- nas, etc., il s’introduit par la bouche, rompt l’æ- sophage et demeure entre les viscères et l'enveloppe extérieure, probablement au milieu de l’eau qui a dû s’introduire avec lui et.que les spiracules y ap- portent.» Rien n'indique que la présence de ces poissons fasse souffrir les Holothuries ; les mêmes naturalistes ont également vuun petit crustacéss’in- troduire dans de cloaque des Holothuries et vivre dans les tubes aquifères que l’on regarde comme les branchies-de ces animaux. On connaîtuntrès-grandnombre d'espèces d’Ho- I LE 274 TEE nE LU à 7 MNRNANEAN = 114) 2 7 REV EC) PL LLC Holoturies. E Guérin der PL. 210 De lu | £ el À D MC DC RAR RS ee à en Pedreh Acor€ Boron & 3.Moloturies. {.Womard E.Cuërin dr HOLO HOLO lothuries; toutes sont marines ; elles se trouvent dans toutes les mers et paraissent plus nombreuses dans celles des pays chauds ; leur taille y est aussi plus considérable, Elles vivent sur les rochers ou sur le rivage, où elles rampent à l’aide de leurs cirres ou suçoirs. Il en est, telles que l’Holothurie noire, qui se tiennent en parlie cachées dans le sable, ne montrant à l'extérieur que la partie de leur dos dans laquelle sont percées les petites ouvertures que M. Quoy a nommées spiracules, et qu’il sup- pose destinées à introduire dans la cavité viscérale une partie de l’eau qu’on y remarque. Leur nour- riture consiste en animalcules qu’elles se procurent au moyen de leurs appendices buccaux : pour les avaler, elles portent successivement chacun de ces appendices dans leur bouche et le retirent bientôt pour le remplacer par un autre ; rarement elles sucent à la fois deux de leurs appendices. On - a aussi remarqué qu’elles avalent fréquemment une quantité considérable de sable , probablement pour se procurer les particules nutrilives , soit animales, soit végétales, qui s’y trouvent mélées. . Après les tourmentes , la mer laisse sur la côte une quantité souvent considérable d’Holothuries qui ne tardent pas à y périr faute de pouvoir re- gagner leur demeure habituelle. Dans certaines contrées que baigne la Méditerranée, les gens du peuple recherchent les Holothuries pour les man- ger; mais nulle part cette sorte de récolte n’est aussi usitée que dans la mer de Chine et aux Mo- luques; on y prépare les Holothuries de diverses manières : il suflit pour la conservation de ces animaux de les vider, et de les faire ensuite sécher au soleil après les avoir plongés pendant quelques minutes dans l’eau bouillante. On ne mange pas toutes les espèces, quoique cependant les diffé- rences dans la nature de leur chair soient peu con- sidérables ; à Naples, on recherche l'A. tubulosa ; aux îles Mariannes, c’est l'A. guamensis; dans la mer de Chine, et principalement aux Anambas, c’est aussi une espèce particulière. Dans ces der- nières localités la pêche des Holothuries, appelées Trépangs , exige beaucoup de patience et de dex- térité ; «es Malais qui s’y livreni se tiennent sur de petits bateaux dont on voit un grand nombre aux mois d'avril et de mai. Penchés sur l'avant de leur embarcation, ils ont dans leurs mains plu- sieurs longs bambous disposés pour s’adapter les uns à la suite des autres, et dont le dernier est garni d’un crochet acéré; pendant l’époque favo- rable les yeux de ces pêcheurs exercés percent la profondeur des eaux alors unies comme une glace, et apercoivent avec facilité, à une distance qui souvent n’est pas de moins de cent pieds, l'Holo- thurie accrochée aux coraux ou aux rochers. Alors le harpon, descendant doucement, va saisirsa proie. Rarement le Malais manque son coup ; mais quelquefois le Trépang se retire loin des côtes, ou bien la rareté des \calmes rend la pêche très-peu productive; néanmoins c’est pour les sultans de ces parages la source de bénéfices assez considé- rables, | Les auteurs n’ont pas toujours accordé aux Ho- Jothuries la même place dans l’échelle zoologique. Quoique l’organisation de ces animaux ne soit pas très-compliquée, on ne saurait partager l'opinion des anciens naturalistes, qui les plaçaïent avec les Actinies, qui n’ont qu’un seul orifice pour les or- ganes de Ja digestion, et sont également inférieures sous plusieurs autres rapports. Les Holothuries doivent être également classées avant les Oursins et les Astéries}, et plus près qu'eux des animaux mollusques et des Vers. # On peut, avec M. de Blainville, admettre pærmi les Holothuries cinq groupes principaux, dans les- quels ces animaux viennent se ranger suivant la nature de leurs caractères et leur degré de perfec- tion. - L Corps aplali , ayant des suçoirs en dessous seule- ment. Ge sont les Cuvieria de Péron ou Psocus d’Oken; leurs appendices buccaux sont assez développés ; elles restent le plus souvent au fond des mers, où elles rampent comme des limaces. Hocornurte PRANTOPE , A. phantopus, Mull., pl. 214 de ce Dictionnaire, fig. 5. On la trouve dans les mers du Nord; son corps est subcylindrique, couvert de petites écailles calcaires en dessus, aplati, mou et garni de trois rangs de papilles ou sucoirs en dessous ; l’anus a dix tentacules simples, rétractiles , et la bouche dix tentacules ramifiés. Ajoutez les Æ. frondosa et squamosa ;' qui sont des mêmes mers. IL. Corps subprismatique ou presque arrondi , pourvu inférieurement dans toute son étendue de suçoirs rétractiles. — Hororuuries proprement dites, Holothuria. , Horornurie DE CGorumna, 4. Columnæ, On la trouve dans la Méditerranée ; sa taille dépasse quel]- quefois un pied. Hozorauaie ruBuLEuSE , 7. tubulosa , pl, 214 , fig. 1, avec laquelle on a quelquefois confondu la précédente ; elle se trouve dans la même mer et y est très-abondante. À Toulon eb sur quelques autres points du littoral de la France, elle est ex- trêmement commune. Sa bouche est entourée de vingt tentacules couris, élargis en étoile au som- met. La couleur varie du noirâtre au blanc rous- sâtre. La taïlle est aussi très-différente suivant les individus, HoLoTHURIE ANANAS, F1. ananas. Cette espèce, décrite par MM. Quoy et Gaimard dans la Zoologie du Voyage de l’Astrolabe, habite le havre de Carta- ret à la Nouvelle-Irlande ; les naturels la mangent. C'est peut-être aussi celle que recherchent , pour Je mème usage, les habitans d’Amboine (Moluques) et qu’on appelle de même Trépang. HocoTauriE ÉFLEURILLADE , q: Dicquemari. La Fleurillade de Dicquemare (Journ. de Physique, 1778) se rencontre sur les côtes de l'Océan et dans la Manche, au Havre particulièrement. Les tentacules de la bouche sont au nombre de dix , les deux inférieurs étant les plus courts. 4 A HoLOTHURIEQUADRANGULAIRE, À, quadrangularise Belle espèce figurée dans notre Atlas, pl. 214; fic. 3, : +6 oo HOLO HOMA PO II. Corps fusiforme à suçoirs épais répandus sur toute son étendue; appendices buccaux plus ou « moins grands. — Genre Taxoxe, Oken ; Muzze- IA, Fleming. Nous citerons l’'HoLoTHuRiE PAPILLEUSE, A. papil- losa , qui a le corps allongé, un peu ovale, et ses tentacules au nombre de dix et feuilletés. Elle a été observée aux îles Féroé. - On trouve sur nos côtes de la Manche l’Horo- THURIE FUSEAU, /7. fusus, qui est aussi des contrées plus septentrionales; son corps fusiforme est de couleur cendrée, et présente de petites écailles qui le rendent comme rugueux ; on compte dix tentacules, denticulés sur leurs bords et assez courts. On place aussi dans ce genre l’HororaunE BAOUARI (pl. 214, fig. 4) des îles de l’Australie , et que les naturels de ces contrées mangent sans lui faire subir aucune préparation. Elle est repré- sentée vomissant ses intestins. L’Hororaurte Tré- PANG, commune dans l’Australie et à la Chine, est du même groupe ; elle est rougeâtre en dessous et violacée en dessus (voyez pl. 215, fig. 1.) VE. Corps trés-mou, fort allongé et vermiforme suçoirs très-petits, épars ; appendices buccaux or- dinairement pinnés. — Fisruraria, Blainv. ; * non Lamarck. Les espèces que M. de Blainville réunit sous ce nom ne sont pas les mêmes que les Fistulaires de Lamarck, qu'il n’admet pas comme formant un genre distinct. Néanmoins M. Quoy pense que le genre tel que l’a établi l’auteur du système des ani- maux sans vertèbres, devra être conservé; M. Quoy donne à ces Fistulaires les caractères suivans : corps cylindrique , très-allongé, mou, vermiforme, lisse ou garni de papilles adhérentes ; sans sucoirs; tentacules pinnés à leur extrémité ou dans toute leur étendue; anus terminal ; point de cloaque. Nous citerons l’HozLoOTHURIE OCÉANIENNE , A. oceanica , pl. 214, fig. 2, comme type du groupe des Fistularia de M. ‘de Blainville; elle est d’un jaune isabelle uniforme. V. Corps lisse, coriace , en général court, ou mé- diocrement allongé, réguliérement pentagonal et pourvu de dix rangs de suçoirs assez semblables aux ambulacres des Oursins.—Hocorauries-Con- " comBREs, Cucumaria, Blainv. L’HocoTuuriE ORANGE, H. crocea, pl. 215, fig. 2 et 5, est un Cucumaria; son nom indique sa cou- leur. Disons seulement que l'A. crocea habite les îles Malouines. Plusieurs espèces se trouvent fréquemment sur nos'côtes, soit dans la Manche, soit dans la Mé- diterranée. Voy., pour l’H. priapus de Linné, le mot PRIAPULE, Divers auteurs ont considérablement augmenté lc nombre des genres de l’ordre des Holothuries. M. Brants vient d’en fonder encore plusieurs dans un mémoire intéressant auquel ont donné lieu les observations recueillies par feu Mertens dans un Voyage autour du monde. (GERV.) en un lieu réservé. i HOM. (sor. misT.) Plante sacrée chez les an- ciens Persans, dont on conserve l'emploi parmi les Parsis habitant les environs de Yezd et autres'lieux de la Perse centrale. C’est la plante dont le néo- phyte, qui demandait à être initié dans tous les mystères de la religion, devait porter des rameaux chargés de ses fleurs bleues ; comme elle était rare en leur pays, les Parsis de l'Inde avaient obtenu la permission de lui substituer un faisceau de bran- ches factices imitées en laiton. Selon Hérodote , on J’appelait d’un nom qu'il traduit par le mot grec Triphyllon; plusieurs botanistes l’estiment être le Trèflel bitumineux, Psoralea bituminosa , plante du midi de la France. D’autres, adoptant les noms de Omomi donné par Plutarque, et My- ricê que l’on trouve dans Strabon, y reconnais- sent, je ne sais trop pourquoi, un Tamarix. Je rejette cette dernière opinion; j'en dis autant de celle qui en fait un Mélilot , et si les renseigne- mens que je me suis procurés sont exacts, comme j'ai lieu de le croire, la véritable plante sacrée des Persans est le Psoralea corylifolia, aux tiges hautes d’un mètre au plus, terminées par des fleurs d’un bleu pâle, distribuées trois par trois en épis ovales, qui se rencontre dans le voisinage des eaux courantes el que l’on cultive dans les jardins (T. ». B.) HOMARD. ( crusr. } Sous ce nom on désigne l'une des plus grandes espèces du genre Ecre- visse. Voy. ce mot. Nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 215, fig. 4, d’après un dessin fait sur le vivant‘par M. Guérin. (H. L.) HOMARDIENS, Astacini. (cnusr.) Latreille désigne sous ce nom une famille de Crustacés dé- capodes , dont les caractères sont : mains didac- tyles ; antennes terminées par deux filets. Peu de temps après avoir établi cette coupe, cet auteur lui à fait subir quelques changemens, et l’a con- vertie en une tribu sous le nom d’Astacines, Æ45s- tacinæ ; il la divise en deux sections; dans la pre- mière se trouvent les genres qui ont les quatre premiers pieds au plus didactyles; le feuillet ex- térieur des appendices latéraux de la nageoire ter- minant l’abdomen sans suture transverse; les six derniers pieds, et même dans plusieurs les précé- dens, garnis de cils natatoires; doigt inférieur plus court que le pouce ou le doigt mobile; test ordinairement peu crustacé; premier article des antennes latérales peu ou point épineux.— Genres TnazrassiNc, GÉBIE, AxIE, CALLIANASSE,. Les genres qui composent la seconde division ont les six pieds antérieurs didactyles, le feuillet externe des appendices latéraux de la nageoire terminant l’abdomen divisé par une suture trans- verse. — Genres Népurors, Ecrevisse. Voy. ces mots. (EH. L.) HOMALOPSIDES. (8Eerr.) Ce nom, formé des mots grecs oux)ôs, plat, et &y, visage, a été donné à un groupe d’Ophidiens qui se distinguent des Couleuvres par leur museau aplati, mousse, et tronqué en avant, leurs yeux petits, à fleur de tête, leur corps trapu et épais, leur queue courte, grêle, et par leurs plaques sous-maxillaires, gé- SN. NIUE | HOMA HOMA go néralement petites et squameuses ; leurs habi- tudes sont peu connues ; leur disposition générale fait seulement présumer qué ces Ophidiens sont éminemment terrestres comme nos Couleuvres, dont ils ont le système dentaire, et le mode de parturition. : On en distingue plusieurs espèces distribuées en genres {particuliers ; ainsi, aux Homalopsis pro- prement dits, on rapporte les espèces qui ont des plaques encore assez grandes, comme chez les Couleuvres, sur le dessus de la tête, et les écailles dorsales carénées, comme L’Howazopsis ANGULAIRE, À. angulatus. Espèce de l'Amérique septentrionale, verdâtre ou grisâtre en dessus, marquée sur le dos de larges taches brunâtres allongées transversalement , liserées d’une teinte plus foncée ; la tache imprimée sur la nuque présente un angle saillant en avant; le des- sous du corps est blanchitre. Les Cerbères sont des espèces voisines, mais dont les plaques du dessus de la tête sont plus pe- tites, ce qui fait paraître le crâne comme revêtu d’écailles : leurs écailles dorsales sont carénées comme celles des Homalopsis ; mais elles sont plus petiles proportionnellement. L’espèce la plus connue est la COULEUVRE CERBÈRE , C. cerberus, Pithon rhyncops, grisâtre en dessus, marquée de larges taches arrondies assez régulièrement sur le dos , plus ou moins allongées quelquefois dans leur diamètre transversal, liserées ‘d’une teinte plus foncée ; une série de taches noires plus ou moins confluentes sur les flancs constituant quelquefois une bandelette plus ou moins interrompue; le des- sous du corps blanchâtre , avec des taches noires de forme irrégulière, disséminées çà et là sur le ventre , qui est blanchâtre : cette espèce est du Bengale. On donne le nom d'Aypsirrhina, des mots grecs ülo, élevé, pi, museau, à des Couleu- vres dont le museau mousse et tronqué, comme celui des Homalopsis , est plus élevé que chez les Couleuvres proprement dites, mais dont le dessus de la tête est recouvert de plaques dont les di- mensions se rapprochent davantage des propor- tions de celles des Couleuvres, et dont les écailles dorsales grandes et larges sont entièrement lisses. Tel est : | . L’Hypsirraina Puissé, Coluber plicatilis, mar- qué sur le dos de quatre larges bandes longitudi- pales noires , à peine séparées entre elles; deux rangées de larges noints lenticulaires noirs sur les côtés du ventre, qui est blanchâtre ou jaunâ- tre ; le dessus de la tête est irrégulièrement varié de taches noires à contours sinueux et onduleux: cetle espèce, provient de l'Amérique septentrio- nale. Les Indes fournissent une espèce voisine de seule espèce humaine. Le célèbre Linné, bien que par- tageant la même opinion, a adopté cinq variétés : 1° L’ Américaine brune, 2° l’Européenne blanche , 3° l’ Asiatique jaune, 4 l’Africaine noire, 5° la Moñstrueuse. Blumenbach en établit de même cinq: 1° Fe (1) Voyez les Considérations anatomiques sur le bassin des races humaines, publiées par M. le docteur Vrolich, professeur à Amsterdam. (2) Linné, etensuite M. Bory de Saint-Vincent {Æssai z00% logique-sur le-genre humain). PT. 216 Homme. Lace. Caucasique E Cuërin dr à “HOMM casienne, 5° Mongolique, 3° Ethiopienne, 4° Améri- taine, 5° Malaise. Le savant professeur Duméril, dans ses Élémens des Sciences naturélles, reconnaît également cinq variétés principales : 1° la Caucasique ou Arabe eu- ropéenne, 2° l'Hyperboréenne, 8°.la Mongole, 4° la Nègre, 5° l Americaine. Cuvier (1) ne considère dans les variétés de l’es- pèce humaine que trois races éminemment dis- #incies : 1° la blanche ou Caucasique, 2° la jaune ou : Mongolique, 3° la nègre on Ethiopique. M. Virey, dans le Dictionnaire de Déterville, reconnaît denx espèces qu'il caractérise par la mesure de l’angle facial, à l’imitation de Camper, et décrit six races : 1° blanche , 2° basanée, 3° cui- vreuse, 4° brune foncée, 5° notre, 6° notrâtre. M. Desmoulins les porte à onze : 1°, Celto-seyth- arabes, 2° Mongols, 3° Ethiopiens , 4° E uro-afri- cains, 5° Austro-africains, 6° Malais ou Océaniques, 7° Lapons, 8° Nègres océaniens, 9° Australastens , mo° Colombiens , 11° Americains. M. Bory de Saint-Vincent , dans son ouvrage sur l'Homme , propose encore un plus grand nombre de divisons. Il en admet quinze espèces : 1° la Ja- pétique, subdivisée en quatre races; 2° l’Arabique, que composent deux races, 5° l’Indoue, 4° la Scy- thique, 5° la Sinique, 6° l'Hyperboréenne, 7° la Nep- tunienne, divisée en trois races; 8° l’Australasienne, 9° la Colombique, 10° l Américaine, à 1° la Patagone, 29° l’Ethiopienne, 15° la Cafre, 14° la Mélanienne, 15° la Hottentote. Maltebrun en énumère seize races : 1° la race Polaire , 2° la Finoise, 3° la Sclavone, 4° la Go- thico-germanique, 5° Les races occidentales de l'Eu- rope, 6° les races Grecque et Pélasgique, 7° la race arabe, 8° la race T'artare et Mongole, 9° la race In- dienne, vo° la Malaise, 1 1° la race Noire de l'Océan Pacifique, 12° la race Basanée du grand Océan, 15° la race Maure, 14° la race Nègre, 15° les races de l’ Afrique Orientale , 16° les races d’ Amérique. Le célèbre compagnon de Cook, Forster, range dans deux classes bien distinctes les peuples de la Polynésie : 1° la racejaune, 2° la race noire; MM: Quoy et Gaimard, médecins et naturalistes de la corvette l’Astrolabe pendant son voyage de découvertes, ont adopté la même division. Dans l’état actuel de la science, il est bien dif- ficile d'établir une classification des races humai- nes qui soit complétement rationnelle. Sans prétendre juger le mérite des différentes classifications indiquées ci-dessus , nons nous en tiendrons à la plus simple, celle de Cuvier, qui sé- pare l’espècehumaine en trois grandes divisions, à caractères fortement tranchés, savoir : 1° Race blanche, dite Caucasienne ; 2° race jaune ou olivâtre Mongolique, et 3° race nègre ou Ethio- pienne. y. We La première a son centre principal en Europe et dans l'Asie mineure, l'Arabie, la Perse , l'Inde : G) M. Edward Griffith (The animal Kingdom, arranged in NGC 0,068. M2 M5 0,060 Distance d’une apophyse mastoide M à celle du côté opposé, . . . . . | 3 10 0,104 | 3 8 o,099 | 3 8 o,o99 | 3 3 o099 | 3 11 0,106 | À Distance de l'angle orbitaire ex- = terne à celui du côté opposé. . . | 3 10 o,104 | 3 8 o,099 | 4 » o,108 | 4 x o;11r | 4 rt o,tit Ÿ Diamètre transverse de l'orbite, . | t 5 0,038 | x 6 o,o41 | 8 0,045 [Ar 10 0,050 z 7 0,043 A Diamètre perpendiculaire... . . . | 1 4 0,036 | r 4% 0,036 | 1 4 0,036 | 1 6 o,o4r | r 5 o,038 | Largeur des fosses nasales. . . . , | r 11 0,025 I I 0,029 | » 11 0,025 | t » 0,027 » II O,02d Diamètre antéro-postérieur du trou GPA EE EN EN 30 05 NT Allo; 0360 MT Mo 0360 Er SM 0;034 | 200 > 0110054 à Diamètre d’une tubérosité molaire de l'os maxillaire supérieur à. k Jautre. . .. . ......... | » 8 o,045 | r 8 o,045 | 1 6 o,o4r | 2 » 0,014 » à Angle forme par une ligne partant | de la syinphyse du menton à la protubérance occipitale, et par L une autre ligne partant de la sym- physe à la bosse frontale,, . .. | 7o degrés, 58 degrés. » (1) 67 degrés, 67 degrés, (x) Les têtes qui ont été comparées entre elles n'étant pas parfaitement entières, À unes de leurs dimensions. Le crâne offre encore à la surface extérieure des différences remarquables relativement aux saillies imprimées par l’action du cerveau. Ces saillies sont en rapport avec la nature «: le développe- ment des facultés intellectuelles et morales. C'est 2hx savantes recherches de l’illustre doc- teur Gall que la science est redevable de ces pré- cieuses notions physiologiques. (/’oyez Paréno- LOGIE. ) La taille moyenne de l'Homme est de 5 pieds; elle varie depuis 4 jusqu’à 6 pieds, suivant les ra- ces, les climats, le genre de vie et l’état d’aisance ou de misère. En dehors de ces limites il n’y a plus que des exceptions individuelles. Au dessous de 4 pieds ce sont les nains, au dessus de 6 pieds les géans. La femme est en général plns petite que l'Homme. Les peuples d’une hante stature sont les Pata- gons, les Caraïbes, les O-Taïtiens ou Taïtiens, les Nouveaux-Zélandais, les habitans des îles des Navigateurs , etc. Ceux d’une petite taille sont les Esquimaux, les Samoïèdes, les Boschismans des montagnes, les Papous de la baie d'Offack (île Waigiou), Jes habitans de la Nouvelle-Hollande nous avons été forcés de négliger quelques au port du roi Georges, à Sydney et à Para- matta, elc., etc. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans son Histoire générale des Anomalies, dit que l'existence de nains ayant seulement un peu plus de 2 pieds et de géans ayant près de 9 pieds, est constatée par plusieurs témoignages authentiques. Les pays les plus froids ne sont peuplés que d'Hommes extrêmement petits, bien cependant qu'il y ait des peuplades d’une petite taille jusque sous l'équateur. Les Hommes d’une haute stature habitent généralement l'hémisphère austral. Chez l’Européen la hauteur totale de l'individu est égale à celle de la tête prise 6 ou 7 fois, quelquefois plus; chez les Kalmouks , la proportion n’est que 5 fois et demi; chez les Esquimaux et les Samoïèdes de 5 fois seulement. La taille varie, avons-nous dit, suivant l’état de richesse on de misère. C’est un point qu’on peut vérifier facilement à Paris même, si, comme l'a énoncé M. Milne Edwards dans ses Elémens de Zoologie, dans les premiers arrondissemens com- munaux où règne le plus d’aisance, la taille moyenne est de 5 picds 2 pouces 5 lignes, tandis que dans les quartiers pauvres elle n’est que de HOMM 14 HOMM 5 pieds 1 pouce 11 lignes. L'influence de la misère doit également se faire sentir sous le même rap- port dans les divers départemens de la France. tionnés dans le cours de notre article, et nous renverrons pour de plus amples détails à l’intéres- sant ouvrage de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire , Nous ajouterons ici un tableau de la taille de sur Ja taille des races hamaines, (Ÿ. Voyage de la quelques uns des naturels que nous avons men- Coquille. ) TABLEATU. HABITANS l ÜDE L'ARCHIPEL DE LA SO CIXTE. Ë HABITANS DE LA NOUVELLE HOLLANLE. HABITANS DE WAIGIOU. HAPITANS ? DE LA NOUVELLE IRLANDE. TAILLE. TAILLE. FORT TAILLE, FRASLIN ou FAGIAL. FAREKAS. ANGLE ANGLE RENE ANGLE À ES — ; M raïrr ét BONABORA. c. ; : : ; : FACIAL. f Pieds. Pieds. mètres. Pieds. mètres. < FARAMATA. | Pieds, | mètres. | FAC'AL- E me degrés. Lantéron, ‘1,626 I 1,583 ) 1,970 1,556 1,658 1,629 1,011 1,011 1,902 1,529 1,543 1,468 1.bo2 1,489 1,509 1,583 1,678 ÉTotoé à Taiti.. . AVaëiés. « . © . D Aïma . . . . . AUpaparu, gou- Verneur. » .. | BFaita, chef. . , » Ex 7 Or OT al ni HN MH nm NT ® EN 4 © DE À À & OUT QOGs Ë Gun UE Dom mÈ HE QE b FEMMES A TAÏTI. | ATéimo. ..... 5 N Matihé, . . HOnaira. . . & Teimamo = 1,502 1,543 1,297 RRR OR RE PRE REF HA OT CR FE QT HO IbONNINI OO CNIL M mm $ mm © mi {(1) L'angle facial que nous indiquons est celni qui résnlte de deux lignes partant des dents incisives supérieures , et se rendant, l'une £ A à la racine du nez ,.et l'autre sur le trou auditif. {(2) Dimension de la tête, du front à l'occiput, n° r, 7 pouc., 0,189 mèt.; n° 2, 6 p. 6 1., 0,176 m. d’un pariétal à l’autre. . . 5 Les navivateurs et les voyageurs ont trouvétdes le] to habitans dans les climats les plus ‘brülansiet dans le voisinage des pôles, sur les côtes les moins abordables , et dans les îles qu'un immense océan semblait séparer du reste du monde. Au nord, le Spitzberg, la Nouvelle-Zemble et la plupartides îles et archipels découverts à l’ouest de la baie de Baflin; au sud, la Nouvelle-Géorgie, da’terre de Sandwich, les îles Malouines (1) owudeFalkland, celle de Kerguëlen , le nouveau Shetland méridio- nal et les nouvelles Orcades , et sous l’équateur les îles Gallapagos, sont les seuls pays d’une étendue remarquable qui se soient trouvés sans habitans. Les anciens pensaient que la zone torride, em- brasée des feux du soleil , était la limite du monde habitable, cette erreur s’est éclipsée avec beau- coup d’autres depuis les découvertes de Cristophe Colomb et de}Vasco de Gama. La terre entière est donc, à peu d’exceptions près, la patrie de l'Homme. Il supporte tous les climats et ses habitations s'étendent jusqu'aux (1) Ces iles ont été habitées pendant quelque temps par des babitans de Saint-Malo, d’où leur est venu le nom d'iles. Ma- louines. 5 0,144 4 derniers :confins :de la mature animée. Les Es- quimaux du Groënland vivent jusque sous le 80° parallèle. À l’autre «extrémité, la stérile terre de feu nourrit les pauvres Petchères. Le Nouveau- Monde, quoiqu'en-général moins peuplé que l’an- cien , est habité d'un bout à l’autre. Dans l’an- cien continent les habitations de l'Homme forment un-ensemble qui ‘n’est interrompu que par des plaines sablonneuses impropres à la culture; et au milieu même de ces déserts , l'Homme a peuplé les oasis,les îles de verdure éparses dans un océan de:sable. On dit assez communément, et en répétant d'anciennes évaluations aussi vagues qu’exagérées, que le nombre total des Hommes vivans sur la terre peut s'élever à un milliard. Rien n’est plus incertain que la plupart de ces calcals. Les tentatives faites sur se sujet par notre il- lustre ami M. Adrien Balbi, dans son Compendio di geografia universale , ont été les premiers essais sur la population générale du globe qui nous pa- raissent devoir être accueillis avec confiance. D’après les évaluations de ce savant géographe, évaluations qui reposent sur les faits connus et sur les inductions les plus probables, l'Europecompte- 0 | HOMM 15 rait actuellement un peu moins de 222 millions d’habitans , l’Asie 400, l'Afrique 80, l'Océanie 80 et la vaste Amérique à peine 30 ; ce qui donne un total de 771. Les bornes de la vie dans l'espèce humaine va- rient suivant le climat, les localités, les profes- sions, l’état d’aisance ou de pauvreté, la vie ac- tive ou sédentaire , et suivant les sexes. La durée naturelle semble être l’âge de 80 à 90 ans ; peu d'Hommes vont au-delà de ce terme. on cite comme des cas exceptionnels les individus morts ayant plus de cent ans. Le pays ou la ville qui a donné le jour à ces êtres privilégiés les cite avec orgueil. La France en a foarni quelques cas rares : elle a eu à Brest Jean C'auseur qui a vécu 109 à 110 ans. L'Angleterre a eu son Âenry Jenkins, mort à 157 ans ; on y cile encore trois à quatre exemples de 150 à 169. La Hongrie a donné le jour au fa- meux Pierre Czartan, qui a prolongé sa carrière jusqu’à 185 ans, et à Jean Rovin, âgé de 172 ans, qui avait une femme de 164 et un fils cadet de 117 ans. Nous avons vu au cap de Bonne-Espérance une femme hottentote qui, disait-on, avait plus de 100 ans. À la Martinique, pays insalubre, nous avons vu aussi une habitante des Pitons qui était centenaire, La durée moyenne de la vie est généralement fixée entre 28 et 36 ans. Les pays de montagnes, les plaines unies et élevées sont favorables à la longévité. Les habitans d’un grand nombre d'iles sont également doués de cet avantage. Le docteur James Clark (1) recommande aux personnes déli- cates le séjour de Madère et des Canaries. Les pays qui offrent le plus d'exemples de lon- gévité sont : la Suisse, l’Ecosse, l'Irlande, la Suède, le Danemarck, la Hongrie, la Norwége et la Russie. La mortalité est plus grande dans les villes et surtout dans les capitales que dans les campagnes. Toutefois , les citadins qui sont au dessus du be- soin peuvent, avec une vie active et modérée, avec de la sobriété surtout , acquérir autant que d’autres des chances de longévité. M. Lombard, dans son excellent ouvrage de VInfluence des professions sur la durée de la vie, dit que les macons, les tailleurs de grès qui respirent des poussières nuisibles, les ouvriers occupés à polir l'acier, ceux qui sont employés dans les mines, les manufactures de produits chimiques, ete. ,etc., vivent beaucoup moins long-temps que les magis- trats, les rentiers , les ecclésiastiques, les anciens officiers, les négocians , etc. Relativement aux sexes, les femmes vivent gé- néralement plus long-temps que les hommes. L'Homme, par la disposition de son système dentaire et de son tube digestif, est destiné à se nourrir soit de la chair des animaux, soit de végé- (r) The influence of climate in the prevention and cüre of chronic diseases, etc.; par James Clark, M. D. HOMM taux. Il n’emprunte , en général, au règ ne minéra que des assaisonnemens. Chaque peuple à son genre particulier de nour- riture ; mais toujours est-il que la plupart des ali- mens subissent un certain degré de cuisson avant d’être mangés , tandis qu’un pelit nombre se man- gent à l’état de crudité. On ne connaît point de peuples même à l’état sauvage qui se nourrissent seulement de chair ou seulement de plantes crues. " Les exemples de ce genre d’alimentation, qu’ont rapportés certains auteurs, sont des cas tout-à fait exceptionnels. L'Homme pourrait cependant, sans porter un très-grand préjudice à sa santé, se nour- rir exclusivement de végétaux, comme le font plu- sieurs races d'animaux. L'histoire de l'Homme herbivore , rapportée par M. le docteur Layet (1), en est une preuve. Cette observation est si intéressante que nous ne pouvons pas résister au désir d'en donner une courte analyse. Antoine Julian , né dans le comté de Nice, et fixé actuellement dans le département du Var, avait subi une telle misère dans sa jeunesse qu’il avait été forcé de recourir à la mastication de feuilles de plantes crues, pour remédier à l'insuffisance du pain qui lui était donné, Sous l'influence de ce régime, Julian a vu s’ac- croître ses forces et sa santé, C’est surtout sous le rapport des sensations plus ou moins agréables que les plantes font éprouver à Julian qu’existe principalement l'intérêt de cette histoire. {1 a distribué les plantes en trois catéso- ries : 1° celles qui flattent agréablement son palais, les orchidées, le laiteron, la pimprenelle , la lu- zerne, les pampres de la vigne, les feuilles de pommes de terre, les bourgeons de chêne, les feuilles du mûrier , du rosier , etc. , etc.'; 2° celles qui ne lui procurent qu’une jouissance médiocre, les feuilles de carotte sauvage, de navet cultivé, de fenouil, de choux, de ronce commune, de pa- riétaire, etc. , etc. ; 5° celles qui ne lui donnent que la sensation d’un besoin satisfait, les feuilles du pin, du chêne, du romarin, de l'olivier, du buis , elc., etc. Un caractère doux, bon et compatissant dis- tingue Julian, et ses mœurs sont simples et calmes, quoique son intelligence soit assez développée. Son sommeil est paisible et léger, comme celui de la plupart des herbivores, et le bruit le plus fugitif, le plus lointain suflit pour l'interrompre. Sa sen- sibilité cutanée est peu développée ; les écorchures et les coupures n’occasionent point chez lui les dou- leurs aiguës et subites qu’elles provoquent chez les autres. Aussi, en raison de cette disposition sensi- tive, ne craint-il pas le froid quand tout le monde autour de lui s’en plaint vivement. Nous terminerons Jà nos considérations généra- les sur l'espèce humaine, regrettant toutefois que CESSE CRE ELLE | (x) Voyez le bulletin trimestriel de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du Var, et l’Echo du Monde savant, $ juin 1835. : oo, HOMM 16 HOMO oo l'espace qui nous était imposé ne nous ait pas per- mis d'étudier l'Homme sous le rapport moral, et de donner plus de développement aux caractères physiques. On pourra au surplus y suppléer en li- sant les articles ACGLIMATEMENT, ACCROISSEMENT , ArniQue, ÂGE, ALBINISME, ÂALIMENS, AMÉRIQUE , ANGLE FACIAL, ANTHROPOPHAGE, ASIE, AUSTRALIE, Cacor, CGrimar, Gonco, GRÉTIN, DÉCRÉPITUDE, Emerxon, Forus, GÉNÉRATION, INTELLIGENCE, Imresrin, Jeunesse , Moeurs, Morr, PaninoLocie, PROPAGATION, PUBERTÉ, SAUVAGES, SEXES, SQUE- LETTE, VIRILITÉ , Vigitresse. (P. Gannor*.) HOMMES-ALBINOS. (mam.) On a long-temps regardé les Albinos comme une variêté dans la race humaine , trompé que l’on était par les voya- geurs qui parlaient de corps de nations Albinos au Sénégal , dans la Guiane, à la terre des Papous, aux iles de la Polynésie, particulièrement à celle de Geylan, Java et Bornéo, etc. L’albinisme est une suite d’unetmaladie de la matrice ; il se mani- feste, sur l'individu né durant ce dérangement, par l'existence de cheveux, de poils blancs et soyeux qu’il conserve depuis Fenfance jusqu’à l’extrème vieillesse; par une peau blafarde, presque ina- nimée; par l'iris couleur rosée, très-irrilable, sup- ortant diflicilement le grand jour, la large lu- mière du soleil, le reflet éblouissant de la neige ; et devenant d’un bleu clair dans les jours cou- verts et surtout durant Ja nuit; mais il y aurait erreur grave à le croire privé d’une partie essen- tielle des facultés de la vie, ou condamné à perpé- tuer son infirmité. L’Albinos n’est nullement un être dégénéré comme le crétin des Alpes, selon les dires d'Artaud et de Buzzi, ni réduit à transmettre une maladie héréditaire, comme la famille des aveu- gles du Maryland ,ainsi que l'ont cru Buffon et Du- mas. J’ai recueilli des faits qui détruisent ces as- sertions. J'ai observé très-attentivement à Sienne les enfans de la dame Gecconi, et à Vicopelago (État de Lucques) ceux de la femme Renieri. Sur treize cnfans, la première eut trois Albinos à des intervalles éloignés les uns des autres; sur six, la seconde en eut deux à dix-huit ans de distance. Un Albinos des environs de Menton, s'étant marié, par mes soins, à une jeune fille albinos de Ja Tos- cane , il est résuité de leur union un seul enfant, en 1806, qui n’a rien recu de l'affection de son père et de sa mère; ses cheveux sont châtains, son tempérament robuste, sa vue excellente, il n’est nullement maladif, c’est un ouvrier des plus actifs et des plus intelligens. Ainsi donc l’albinisme n’est autre que le résultat d’un état pathologique momentané porlant quelque préjudice à l'individu, mais ne lui enlevant ni ses facultés physiques, ni celles de l'intelligence; l’albinieme ne constitue donc point une variété constante, mais très-acciden- telle et non transmissible. Le docteur Haldat, de Nancy, a publié, en 1809, sur ce sujet des re- cherches intéressantes que l’on ne consulte point assez. Ÿ’. au surplus au mot Arginisue. (T. ». B.) * Ex-médecin en chef de la corvette /a Coquille, dans son Voyage autour du Monde, HOMMES FOSSILES. (c£or.) On parle toujours d'hommes fossiles ; chaque pays en cite plusieurs exemples. C’est une erreur que quelques natura- listes, d’ailleurs fort habiles, ont accréditée par les figures qu'ils en ont publiées. Il n’y à point d’An- THROPOLITHES proprement dits (v. ce mot, tom.1,p. 215), et ceux donnés comme tels, provenant des environs d’Altorf près Nuremberg, des brèches os- seuses de l’île de Gerigo , autrefois Cythère, d’un rocher auprès d'Aix et dont parlent Hapellius et Henckel dans leur {lora saturnisans, et celui du Long-Rocher dans la forêt de Fontainebleau , trouvé en septembre 1823, rentrent dans la même catégorie. Le grès, les marbres récens, composés des grains arénacés, rapprochés, réunis en masses compactes par un ciment très-ténu que certains auteurs ont appelé suc lapidifique, peuvent présen- ter des squelettes humains ou des fragmens d’An- thropoïdes , mais ce ne sont point des corps fos- siles. Les Anthropoïdes les mieux étudiés sont les squelettes englobés dans une pierre solide que l’on voit à la Grande-Terre, en l’ile de la Guadeloupe ; ceux enlevés, en 1784, à une couche de sable, sous la nef d’une grande église encore existante à Toulouse; celui d’une jeune fille de Noisy-sur- Ecole découvert, en 1794, au pied de la roche qui sépare ce village de celui de Vaudoué, dans la forêt de Fontainebleau : son corps réduit à l’é- tat de momie, encore revêtu de ses’ habillemens et de ses souliers, fut aisément reconnu par les habitans pour être celui d’une fille du pays enle- vée à sa famille depuis quelques années ; l’on s’a- perçut , en l’examinant avec soin, qu’elle avait éri sous le fer d’un vil assassin, etc. (T. ». B.) HOMMES MARINS. (wam.) Le Lamanrin et le Duconc (voy. ces mots) élant munis de mam- melles sur la poitrine , leurs nageoires ayant de la ressemblance avec la main de l'homme, leurs pieds leur servant à porter leurs petits et à s’aceracher à la terre , leur mufle se trouvant entouré de poils plus ou moins longs et de loin pouvant faire l'effet d’une sorte de chevelure, ont pu dans un temps faire croire à l'existence de ces êtres fabuleux que l’on a nommés chez les anciens T'ritons et Sirènes ; plustard, Femmes de mer et Hommes marins ; chez les Portugais et les Espagnols, Pesce donna (poisson femme ) ; chez les Hollandais Baart marnestj (homme barbu), etc. Les figures données à l'ap- pui derécits exagérés, de relations de voyageurs peu scrupuleux , d'observations imparfaites ou altérées par d’ignorans éditeurs , ont ajouté à ces menson- ges et entretenu l’amour que l’on a pour les sin- gularités. (T. ». B.) HOMOLE , Æomola. (crusr.) Genre de l'ordre des Décapopes, famiile des Brachyures, section des Hétérochèles et tribu des Hypophthalmes (Cours d'Entomologie de Latreille), établi par Leach aux dépens des Cancers de Fabricius en lui assignant pour caractères : dernière paire de pattes peu relevée, terminée par un crochet simple; test rectangulaire plus long que large , tronqué carrément et très-épineux en avant; antennes in- sérées ’ CCE ee 1.Homole. 2. Hookerie 3. Hople. 4 Hore 5. Houblon LE Cuérin da: HOMO sérées sous les pédicules des yeux qui sont rappro- chés à leur base et assez longs pour atteindre les angles du test. Ce genre a été établi presque en même temps par Rafinesque (Précis des découv., Séméiolog. et Bot.), quil'anommé Thelxiope; par Leach (Act. de la soc. Linn., onzième vol.), sous le nom d’Homole, et par Latreille, qni l’a nommé Hippocarcin dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences en 1815. Ge célèbre naturaliste, qui avait formé ce genre à la même époque que les deux premiers, et qui aurait pu lui conserver le nom qu’il lui avait, assigné, ne l’a pas fait, et a adopté la dénomination d'Homole, que Leach lui a donnée dans les Actes de la société Linnéenne, publiés avant l’ouvrage de Rafinesque. Risso (Hist. des Crust. des env. de Nice) a décrit une espèce de ce genre ( Homola spinifrons) sous le nom de Dorippe : c’est de cette espèce que Rondelet (Hist. des Poiss., liv. 18, chap. 17) a parlé le premier, sous le nom de Crabe jaune ou ondé. Fabricius la décrite aussi sous celui de Cancer barbatus, dans son Entomologie systématique , et elle est grossièrement figurée par Herbst.Il paraît qu'Aldro- vande a connu une espèce d'Homole, celle qu'il nomme /Zippocarcinus hispidus, et quiest la même que l’Homola Cuvieri de Risso. Les Homoles, tels qu'ils sont adoptés par Latreille, diffèrent des Dromies , des Dorippes et des Ranines par des ca- ractères tirés de la forme du corps et des pattes. Leur test est presque cubique, comme tronqué ou émoussé obliquement de chaque côté à sa par- tie antérieure, avec le milieu du front avancé en pointe. À chaque côté de cette saillie sont insérés les pédicules oculaires qui s'étendent latéralement en ligne droite, jusqu’un peu au-delà des côtés du test. Ils sont divisés en deux articles de même que ceux des yeux des autres Décapodes et des Sto- mapodes; mais le premier est plus long et plus grêle ; il s’unit avec le suivant presqu'en manière de gynglime ; celui-ci est un peu plus gros, offre près de sa base une impression annulaire , et porte à son extrémité l’œil dont la cornée est hémisphé- rique. &es pédicules sont attachés au test par un muscle assez fort et doivent exécuter divers mou- vemens. Les quatre antennes sont insérées sur une ligne transversale, immédiatement au dessus; elles sont portées, surtout les mitoyennes, sur un pé- dicule beaucoup plus long que celui des antennes des autres Brachyures. Les latérales, à partir de ce pédicule, avec lequel elles font un angle, sont sétacées, très-menues , glabres et aussi longues que le corps; les intermédiaires , quoique repliées sur elles-mêmes, et terminées par deux petites pièces coniques articulées et inégales comme à l’ordi- paire, sont néanmoins saillantes , faute de cavité propre à les loger. La cavité buccale est presque carrée, et l’hypostome a aussi la même figure, mais s'étend davantage dans le sens de la largeur. Les pieds-mâchoires extérieurs sont semblables à de petits pieds ou à de grands palpes , écartés l’un de l’autre, très-velus, et vont en se rétrécissant pour finir graduellement en pointe : ils se dirigent d’abord enavantetse courbent ensuite , à prendre de l’arti- T. IV. 17 HOMO : culation du second article avec le troisième. Les qua- tre autres pieds-mâchoires, ainsi que ceux dont nous venons de parler , sont accompagnés d’un palpe en forme de fouet. Le bord supérieur et interne des mandibules est tranchant et anguleux; les serres sont longues , surtout dans les mâles, mais d'épaisseur moyenne, presque cylindriques , avec les carpes et les pinces allongés. Les six pieds suivans sont très- longs , grêles , comprimés, etterminés par un tarse armé en dessous d’une rangée de petites épines dis- posées parallèlement en manière de peigne ; le cro- chet du bout de ces tarses est petit, mais très-aigu : les pieds des troisième et quatrième paires sont plus longs que ceux de la seconde et presque : égaux, mais la longueur des deux derniers excède à peine celle des deux précédens ; ils naissent de l'extrémité postérieure du dos et se dirigent sur les côtés ainsi que les précédens, Le derme de l’Ho- imole barbu, qui a fourni ces observations à La- treille, est presque membraneux, un peu mou et garni çà et là de petites épines ; la queue est ovale, recourbée et rétrécie à sa base , lerminée en pointe et de sept tablettes dans les deux sexes. Celle du mâle est plus oblongue, et son dernier segment se rétrécit brusquement à son extrémité. Les filets ovifères sont long et velus comme ceux des femel- les des Maïas. Les organes sexuels du mâle se pré- sentent sous la forme de deux cornes assez longues, grêles , cylindriques , réunies à la base en forme de fourche et tronquées obliquement à leur bout supérieur. Ges Crustacés ont, par la disposition de leurs dernières paires de pattes , quelque analo- gie avec les Dromies; mais ils en diffèrent par la carapace , qui est moins bombée et moins arrondie et par la disposition des yeux. Leurs mœurs sont encore peu connues; cependant Roux nous ap- prend, dans son Histoire des Crustacés de la Mé- diterranée, que les Homoles habitent les plus gran- des profondeurs rocailleuses , et ne s’approchent jamais de la côte ; leurs habitudes doivent être actives et diligentes ; bien que leurs pattes posté- rieures soient à pen près conformées comme cel- Jes des Dromies, ils ne doivent pas en partager l’indolence et la paresse, qui, selon Ja remarque de Risso, peut permettre à des Alcyons et des Ser- pules de venir se fixer et grandir sur leur test : d’ailleurs la longueur des autres pattes ne s’oppose- rait pas moins à la présence de ces hôtes incommo- des. Il me paraîtrait plus probable de penser, ajoute Roux, que ces pieds dorsaux, terminés en crochets, leur servent à se cramponner dans les anfractuo- sités et les fissures des rochers, où ces Crustacés font leur résidence ordinaire. Les deux seules es- pèces d'Homole qui sont connues habitent la Mé- diterranée. Il paraîtrait qu’on n’en a pas encore rencontré ailleurs. L'espèce qui peut être regardée comme type du genre est l’Homoze DE Guvier, Zl. Cuvieri, Risso, Hippocarcinus hispidus, Aldrov., représenté dans'notre Atlas, pl. 222, fig. 1. La carapace de celte espèce est relevée , inégale, chargée de tu- bercules coniques, ou épineux ; plusieurs impres- sions profondes Ja traversent; deux sillons lon- 243° Livmalson. 3 HOMO RE 18 HOCK gitudinaux s'étendent de chaque côté de sa sur- face supérieure. Les bords latéraux antérieurs offrent des protubérances fortement aiguillonnées. Le front est terminé par trois pointes qui for- ment un triangle, l’intermédiaire étant située plus bas que les latérales. Le premier article des | antennes est épineux. Les pinces du mâle sont longues, arrondies, épaisses, épineuses, parse- mées vers leur extrémité de faisceaux de poils rous- sâtres : les pattes, an peu aplaties, sont aussi très- épineuses, particulièrement sur leur crête. Les doigts des pinces sont noirs; un léger incarnat est répandu sur le corps de cette espèce , mais cette couleur prend une teinte rougeûtre en s’é- tendant sur les pattes. Les pinces de la femelle sont courtes, guère plus longues que le corps et moins épaisses que les pattes, Risso a eu raison, dit Roux, de considérer cet Homole comme le crustacé qui paraît occuper le dernier degré de l'échelle gtographique ; comprenant depuis la sur- face sèche de nos bords jasque dans les vastes el profondes vallées sous-marines où règne une tem- pérature uniforme d'environ dix degrés : jamais il ne s'approche de la côte, et si, forcée d’o- béir aux vœux de la nature, la femelle abandonne un instant, pour venir pondre , les immenses pro- fondeurs de la Méditerranée, ce n’est jamais qu’à l’époque des plus fortes chaleurs et sur des bancs de rochers plongés, à de grandes distances du rivage , à plus de cent mètres sous l’eau , qu’elle se permet de déposer des œufs qui sont d’un jaune pâle : on la prend alors au palangre. Risso, qui a eu l'avantage de voir quelques individus vivans, dit que leur contenance est menacante, qu'ils se re- levaient sur leurs longues pattes marchant avec précipitation et ne cessant de remuer vivement di- verses parties de leur corps, surtout leurs pinces dont ils font battre les doigts. Risso ajoute que ces animaux meurent peu de temps après leur sortie de la mer, et que leur chair est fort bonne manger. Cette espèce, qui a été très-bien figurée par M. Guérin, Iconographie du Règne animal de Cuv., Crust., pl 19. fig. t, paraîtrait n’avoir été rencontrée que sur quelques points de la Mé- diterrante. Aldrovande l'avait recue de Gênes ; Risso l’a observée dans les environs de Nice ; on la pêche quelquefois à Toulon sur un banc sous-ma- rin à douze lieues de la côte, et elle a été aussi rencontrée à quelques lieues au large du phare de Y'ile de Planier, dans le golfe de Marseille. Une seconde espèce non moins remarquable est l'Homore Bar8u, 1. barbata, Latr.; H. spinifrons, Leach; Cancer barbatus, 'Herbst ; ‘Cancer maja, Poëm; Maja barbata, Bosc; Dorippe spinosa , Risso ; Gancre jaune ou ondulé, Rondelet. Cette espèce se trouve comme sa congénère ‘dans les: grandes profondeurs de la Méditerranée; d’après Risso, ils se réunissent ordinairement sur de pe- tits espaces gravelenx où on les pêche en juin et en juillet , en jetant des filets serrés pendant le calme pèce qu'il a figurée vue en dessous, et qu’il dési- gne sous le nom de Cancer supinus hippocarcino» similis, celle-ci forme peut-être une troisième es- pèce chez laquelle les pinces seraient proportion- nellement plus longues et dont ia queue se termi- nerait par par une pièce pentagone. Guild. (Trans. of Linn. Soc. of Lond. , vol. 14 , deuxième partie, p- 554) décrit une nouvelle espèce de ce genre : c’est l’Aomola spinipes; elle à été trouvée une seule fois dans le gosier d’un grand poisson pêché dans un endroit profond de la mer des Antilles. : (EL L.) HOMOPHAGE. (z00L.) Ce nom, dérivé du grec, a été donné à ceux qui se nourrissent de viande “crue. Mais comme cette nourriture n’est jamais exclusive pour ceux qu’un besoin pressant où un goût déréglé porte à en aser , on l’applique assez ordinairement à ces polyphages dont l'estomac d’ane vaste capacité ne saurait être satisfait par une alimentation ordinaire, On cite, à cet égard, des exemples curieux, consignés déjà dans plu- sieurs recueils scientifiques. Nous n’en citeronsici que quelques uns. Rudolph Boemer raconte qu’en 1797, un homme avala devant les sénateurs un mouton entier, un cochon de lait, soixante livres de prunes avec leurs noyaux. On a longuement ra- conté dans le Dictionnaire des Sciences médicales l'histoire de ce Tarare, jongleur de profession , qui avalait des cailloux, des bouteilles, des ami- maux vivans ; engloutissait dans les hôpitaux des quantités énormes de pain bouilli et préparé pour les cataplasmes, déchirait pour les dévorer les chiens et les chats, et qui fut enfin accusé d’avoir mangé un enfant. Dans le même ouvrage on cite aussi l’histoire d’un forcat qui pour satisfaire son étrange voracité, non seulement avalait sans ré- pugnance des substances en horreur aux autres hommes, mais chargeait son vasle estomac de: sable, de plâtre, de bois, de clous, de four- chettes, etc. Sans chercher des exemples aussi extraordi- naires et aussi repoussans, on rencontre assez fré- quemment dans le monde des hommes d’un insa- tiable appétit. Un général des armées mangeait seul un repas préparé pour douze en vidant une quinzaine de bouteilles de vin. Nous avons connu le fils d’un riche banquier qui commençait son premier repas par une douzaine; de côtelettes de mouton et l’achevait avec cinq on six plats gar- nis dans la même proportion. Enfin un chirurgien: militaire m’a souvent, à Magdebourg , montré un: soldat de son régiment auquel il avait vu bien des fois manger avec avidité cinq à six livres de che- val cru et salé. Cette voracité, nous le répélons , ne. s'explique que par une capacité extraordinaire: et heureusement assez rare de l'estomac. (P. G.) :. HOOKERIE, ookeria. (or. crxpT.) Mousses. Genre établi par Smith, dédié à Hooker, et ainsi caractérisé (voy. pl. 222, fig: +): capsule latérale ;: péristome double, l'extérieur composé de seize: | dents entières ; l’interne formé par une membrane divisée également en seize dents entières; coifle | tronquée inférieurement, 28 de la mer. C’est à cette. époque que la femelle pond ses œufs ; ils sont d’un rouge laque. Aldro- vande dans son article Crustacé cite une autre es- HOQU 19 HORI LL RE CREER EEE 0 Deux espèces seulement de ce genre se ren- contrent en Europe, encore y sont-elles rares. La première, le Æookerta linus. qui se trouve dans les pays montueux de toute l'Europe, et qui est une des mousses les plus élégantes, est remarqua- ble par ses feuilles larges, distiques, minces el ré- ticulaires ; sacoiffe est mince et réticulée ; son urne est ovale, son opercule est conique : l’urne et l’o- _-percule sont couverts destries disposées en réseau. La seconde, le /lookeria lætevirens, offre en peut à peu près les mêmes caractères que la précédente, avec cette différence cependant que les feuilles sont étakées , plus pointues , et binervées. Les espèces exoiiques, beaucoup plus nom- breuses, se rencontrent dans l'Amérique équi- noxiale , les Antiiles , le Brésil, les parties élevées des Andes, la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle- Zélande , etc. (F,°5:) HOPLIE, Æoplia. (is.) Genre de Coléoptères de la section des Pentamères, famille des Lamelli- cornes, tribu des Scarabéides, ayant pour carac- ières : chaperon presque carré ; extrémité des qua- tre jambes postérieures terminée par de petites couronnes d’épines ; les deux fémurs postérieurs sont médiocrement renflés, et leurs tbias sont longs, droits et non terminés par une dent crochue à leur extrémité ; les tarses de cette paire de pat- tes n’ont qu’un seul crochet, tandis que dans les aatres ils sont bifides et inégaux; les Hoplies sont de jolis petits insectes qu'Illiger a distraits du genre Hanneton, dont ils ont les mœurs ; ils sont particu- lièrement reconnaissables par les écailles métalli- ques dont leur corps est couvert ; ils sont propres aux pays chauds; ceux que l’on trouve en France ne se rencontrent que dans les localités qui passent pour méridionales ; les buissons au bord des ruis- sceaux sont quelquefois couverts d’une espèce bleu- clair et paraissent alors garnis de pierreries. Hopiie cHaARMANTE , 1. formosa, Illig. Longue de quatre lignes , couverte d’écailles bleues en des- sus, et d’écailles argentées roses en dessous. Du midi de la France. Nous l’avons représentée dans notre Atlas, pl. 222, fig. 3. Horus À ÉGarzLes, A. squamosa, Fab. Lon- gue de quatre lignes, couverte d’écailles jaunâtres en dessus et or vert en dessous. Des mêmes loca- lités. (A. P.) HOQUET. (pnys.) Secousse convulsive et mo- mentanée du diaphragme, accompagnée d’un res- serrement de la glotte qui empêche l'air de péné- trer dans la poitrine, Ce phénomène se répète presque Loujours plusieurs fois ét à de courts in- tervalles ; sa durée prolongée non seulement de- vient pénible pour les organes de la poitrine , mais même dans tout le corps. Il se manifeste par un bruit rauque tout particulier et plus ou moins prononcé. On peut le considérer comme un phé- memène favorable, ou plutôt comme un moyen que la nature emploie pour obvier aux inconvé- niens de l’irritation de l'estomac. Il survient pres- que toujours lorsque les alimens ont été pris trop abondamment , ou avec trop de précipitation ; sur- tout lorsque l'estomac avait supporté la faim pen- dant quelque temps, ou lorsque ces alimens ont été avalés sans boire, enfin si l’on distend cet or- gane outre mesure par des boissons abondantes et alcooliques. Le Hoquet peut survenir dans l’état de vacuilé de l’appareil gastrique; il peut également se manifester lorsque celui-ci ne contient qu’une petite quantité de substances alimentaires; mais dans tous les cas il est toujours provoqué par l’état d'irrilation de cet appareil transmis sympathique- ment au diaphragme. Nous ne parlons jusqu'ici que du Hoquet consi- déré comme phénomène de l’état de santé. Celui qu’on observe dans certaines affections nerveuses, où vers les derniers instans de la vie, appartient aux études pathologiques. (P. G.) . HORDEINE, (ci. ) Substance pulvérulente, jaunâtre, analogue à de la sciure de bois, ne don- nant point d’ammeniaque à la distillation sèche; fournissant de l'acide acétique, de l’acide oxalique et des traces de matière amère, lorsqu'on la traite par l’acide nitrique; susceptible, selon Proust qui l’a découverte, de se transformer en amidon pen- dant l'acte de la germination, etc. ; qui se sépare de l’orge ordinaire quand on prépare l’amidon , et qui reste, après la dissolution de l’amidon, dans de l'eau aiguisée d’acide. (FaF:ÿ . HORIE, Horia. (xs.) Genre de Coléoptères de la section des Hétéromères , famille des Trachéli- des, établi par Fabricius et offrant pour caractè- res : antennes filiformes, labre petit, mandibules saillantes , palpes filiformes, les deux pieds posté- rieurs robustes dans le mâle, crochets des tarses dentelés et accompagnés d’un appendice en forme de soie. Ces insectes sont de taille moyenne; leur tête est déprimée, très-large à sa partie postérieure, plus étroite à la partie antérieure ; les yeux, en lvrme de reins, sont placés aux angles antérieurs de la tête, et environnent la base des antennes qui, elles-mêmes, sont insérées très -près des mandibu- les ; le corselet’est carré, transversal, plus large antérieurement ; l’écusson petit, les élytres molles; les crochets des tarses sont robustes , dentelés vers le milieu et fortement croçhus ensuite. | & H. maourie, 1, maculata, Fab. Longue de 12à 1/ lignes, fauve, avec les paites, à partir de la se- conde partie de la cuisse, noires ; sept taches de la même couleur se font remarquer sur chaque élytre, deux sont à la base et une plus grande à l'extrémité, On sait que celle qui est propre à l’A- mérique méridionale vit parasite dans le nid d’une espèce de Xylocope ; mais vit-elle aux dépens de la larve de cet insecte, ou aux dépens de la pâtée qui doit la nourrir, c’est ce qui n’est pas encore bien certain. H. vesracée, 77. testacea, figurée dans notre Atlas, pl 222, fig. 4: De la grandeur de la pré- cédente, de forme allongée et entièrement d’un rouge testacé. Cette espèce vient des Indes orien- tales. (A. P.) HORIZON. (c£ocr. vus. ) Ik y a deux espèces d'Horizon , l Horizon sensible et l' Horizon ration- nel, L'Horizon sensiblen’est autre chose que le cer- cle formé autour du spectatear par tous les points HORL 20 : HORL extrêmes des lieux que sa vue peut embrasser. On conçoit donc facilement que l’Horizon doit chan- ger toutes les fois que le spectateur change le lieu de son observation : ainsi l’on comprend sans peine que si un spectateur, placé en un certain point À du globe terrestre, abandonne cette première po- sition , pour venir occuper un autre point B, les points extrêmes [qui forment le cercle qui l’entoure ne seront plus les mêmes. L’Horizon sensible est donc le même que celui que nous voyons ; il porte aussi le nom d'Horizon visuel, et il y en a autant qu'il y a de points différens sur le globe terrestre. Pour obtenir l’Æorizon rationnel il faut mener par le centre de la terre un plan perpendiculaire au plan de l’Horizon sensible. Ce plan déterminera sur la sphère céleste une section qui sera l'Horizon rationnel. Le nombre des Horizons rationnels sera donc égal au nombre des Horizons sensibles , puis- que chaque Horizon sensible porte avec lui son Ho- rizon rationnel ; et comme le nombre des Horizons sensibles est infini, puisqu'il y en a autant que de points sur la terre , le nombre des Horizons ration- nels sera aussi infini. Il ÿ a dans chaque Horizon rationnel deux points qu’il importe de déterminer ici. Ces deux points portent les noms de zénith et de nadir. Le pre- mier de ces points, le zénith, se trouve immédia- tement au dessus de la tête du spectateur dans la calotte céleste supérieure ; le second, le nadir , se trouve, au contraire , diamétralement opposé, et est situé sur la calotte céleste inférieure. On ob- tient ces deux points du ciel, en menant par le centre de la terre une perpendiculaire au plan de l’Horizon. Les deux points où cette perpendiculaire viendra couper la sphère céleste, seront le zénith et le nadir, et les deux points où elle percera le globe terrestre, seront nécessairement antipodes l'un à l’autre. (CG. d.) HORLOGE DE FLORE. Sous l’ingénieuse idée de Calendrier de Flore , Linné nous a appris a étu- dier l’époque de la floraison des plantes, par mois, par semaines , et pour quelques unes presque par jour, sauf les différences qu’apportent avec elles les variations de la saison , la latitude du climat et la hauteur au dessus du niveau de la mer (voy. au mot FLoraïson ); maintenant, sous le nom d’'Hor- loge de Flore, l’illustre législateur de la botanique moderne nous montre que l’on peut, en suivant attentivement les momens précis où telle et telle autre plante s’épanouit ou se referme, connaître la véritable heure du jour et à très-peu de chose près les heures de la nuit. Citons quelques plantes propres à justifier cette observation. À trois heures du matin s'ouvrent Jes grandes fleurs jaunes du Salsifis des prés, Tragopogon pra- tense (v. pl. 222 bis, fig. 1); du Galant-de-jour, Cestrum diurnum; du Liseron de Portugal, Con- volvulus tricolor, etc.: De quatre à cinq, celles du Liondent aux racines tubéreuses, Leontodon tuberosum (fig. 2); de la Crépide des toits, Crepis tectorum ; de la Gupidone bleue, Catananche cærulea'; de la Chicorée sau- -vage, Cichorium intybus, ete.; A cinq heures précises, le Laiteron commun, Sonchus oleraceus ; le Pavot à Lige nue qui nous est venu de la Sibérie, Papaver nudicaulis; VHémé- rocalle dont les rameaux portent à leur sommet de trois à cinq fleurs d’un jaune rougeâtre, He- merocallis fulvai(fig. 3), etc.; De cinq à six, le Pissenlit, Leontodon taraxa- cum ; le Laiteron de Tanger, Picridium tingitanum ; la Crépide des Alpes, Crepis alpina ; la Lampsane du Levant, Rhagadiolus edulis; la Chondrille à fleurs purpurines, Prenanthes purpurea, etc. ; À six heures, la Porcelle tachée, Æypochæris maculata; celle des Alpes, {/2. helvetica ; VEper- vière qui donne des fleurs jaunes disposées en co- rymbe ombelliforme , /Lieracium umbellatum , etc. ; De six à sept, la Crépide rouge, Crepis rubra (fig. 4); l'Oreille de Rat, Hieracium pilosella ; YE- pervière des murailles, {/. murorum ; la Barbou- quine à grande fleur, Urospermum Dalechampi ; le Laiteron des champs, Sonchus ‘arvensis. A sept heures, le Souci des jardins, Calendula officinalis ; les Nénuphars , ornement de nos eaux tranquilles ; Nymphœæa alba, N. lutea (fig. 5); le Liondent lancéolé de l’Europe australe, Leonto- don hastile ; Ja Laitue cultivée, Lactuca sativa; le Laiteron des Lapons, Sonchus lapponicus ; Ia Pha- lansère rameuse , Phalangium ramosum , etc. ; De sept à huit, l’Alysse que nous a fourni le Levant, Ælyssum utriculatum ; la Ficoïde qui porte à l’extrémité de ses feuilles ponctuées un petit faisceau de poils divergens, Mesembryanthe- mum barbatum , ainsi que la plus belle espèce de ce genre considérable, A. spectabile , etc. À huit heures, l’Epervière aux petites fleurs d'un jaune pâle, Aieracium auricula ; le Mouron des champs, Anagallis arvensis ; l'OEillet des pe- louses sèches, Dianthus prolifer (fig. 6); le Souci des pluies, Calendula pluvialis , etc.; A neuf heures, l’Epervière d'Autriche , Æiera- cium chondrilloides ; le Souci des champs , Calen- dula arvensis ; V'Othonne violière, Othonna cheiri- folia (fig. 7), etc. De neuf à dix, la Sabline aux fleurs rouges, Arenaria rubra; la Glaciale, Mesembryanthemum cristallinum (fig. 8); c’est l'instant où le Salsifis des prés, le Pissenlit, la Chicorée ferment leurs disques à rayons dorés. De dix à onze, la Ficoïde à fleurs vertes, Me- sembryanthemum viridiflorum ; presque toutes les Labiées, ctc. oi] À onze heures, l’Ornithogale décoré d’un co- rymbe de sept à huit fleurs blanches assez grandes, Ornithogalum umbellatum (fig. 9); la Ficoïde napo- litaine, Mesembryanthemum neapolitanum ; toutes les espèces de Mauves , etc. À midi, toutes les plantes qui demandent la lu- mière la plus éclatante du jour pour s'épanouir ; elles en jouissent pleinement jusqu’à trois heures, qu’elles se ferment toutes ou du moins elles rap- prochent leurs pétales pour concentrer en elles la chaleur qu’elles ont aspirée. Aussi, de ce moment commence l’échelle horaire de l'épanouissement nocturne. D/2077777/2) 2) olR a (T) JJOF 2P 2 2000) PR HO4DQ 3107 (#19 act OP UMA) ÉT | (x) SLT 2P 280107] ER uorPQ aULIY (an cer) ‘TO 27r : ER sa px RQ HORL 21 HORT 00 A quatre heures la Belle-de-nuit renflée aux dichotomies des rameaux, Mirabilis dichotoma, donne le signal du réveil aux autres Nyctages. A cinq heures, la Belle-de-nuit originaire du Pérou , devenue annuelle dans le nord de la France, Mirabilis jalapa (pl. 222 ter, fig. 1), et celle du Mexique, M. longiflora, si remarquable per ses longues fleurs blanches bordées de rouge, répandent dans l’air un baume suave. A six heures, ce sont deux Géraniers du Gap, le Geranium triste (fig. 2), etle G. daucifolium , qui étalent leurs corolles irrégulières , jaune-ver- dâtres , marquées d’une tache noire ou pourprée, et exhalent une odeur aromatique de Gérofle du- rant les soirs d'été et d'automne. A sept heures , le Galant-de-nuit, Cestrum noc- turnum (fig. 3), de l'Amérique du sud; le Nycté- rion des Canaries, Vycterium cordifolium , etc. s À huit heures, une espèce de Ficoïde , la seule de tout son genre, le Wesembryanthemum nocti- florum (fig. 4), épanouit ses fleurs blanches en dedans, rougeâtres au dehors ; elles ont une odeur fort pénétrante. A neuf heures, l’arbre triste du Malabar, Vyc- tanthes arbor tristis (fig: 5), se couvre de fleurs blanches qui répandent l’odeur la plus agréable. De neuf à dix, le Silène de nos départemens du midi , Silene nocturna ; le superbe Cactier des An- tilles, Cactus grandiflorus , dont le’godet d’argent st parfumé et appuyé sur une couronne d’or, s’épanouit en cet instant pour se fermer aux ap- proches du jour et ne plus s’ouvrir. Bory-Saint-Vincent a remarqué, en voyageant sous les tropiques, l’étonnanic régularité que met- tent les nombreuses espèces du beau genre Sida à ‘panouir leurs fleurs éphémères à des heures fixes depuis l’aurore jusqu’au crépuscule; aucune ne voit deux fois le soleil; malheureusement on n’a point tenu note de ces apparitions , elles en méri- taient cependant la peine : c’est donc une obser- vation à refaire et à confirmer par des détails plus inportans que ceux publiés si complaisamment sur des sujets plus poétiques que vrais par le même botaniste-voyageur. Renfermé pour le moment dans le cercle ho- raire, je n’ai pas dû faire mention de l'alternative -du développement et du resserrement des fleurs -de chacune des plantes que je viens de nommer, cette considération particulière appartient an som- -meil végétal dont je traiterai plus tard le sujet fort curieux, Ÿ”. au mot SommerL pes PLANTES. (T. D. L.) HORLOGE DE LA MORT. (ixs.) On entend quelquefois dans les appartemens silencieux un pe- tit bruit répété à des intervalles rapprochés, sem- blable à cinq ou six petits coups frappés avec la pointe d’un corps solide sur un corps dur comme le bois; comme la cause de ce bruit n’est pas ap- parente, le vulgaire, toujours ami du merveilleux et plus encore craintif, a attribué à cela un pré- sage annonçant la mort : de là le nom en tête de cet article. Les gens habitués à réfléchir ont cher- ché la cause de ce bruit, et ont reconnu qu’il était Occasioné par les Prillettes, petits insectes qui font dans le bois ces petits trous cylindriques , d’où sort une poussière blanchâtre ; c’est le moyen que ces petits animaux, qui vivent habituellement ren- fermés, emploient pour s’appeler quand vient'la saison des amours; on a attribué quelquefois ce bruit à un petit Névroptère du genre Psoque, mais c’est à tort. (A. P.) HORNBLENDE. (wn.) Nom que les minéralo- gistes allemands donnent à une substance minérale que les Français nomment Actinote, substance ver- dâtre qui appartient au sous-genre AMPHIBOLE (voyez ce mot). (J. H.) HORTENSIA, Hortensia. (por. pnax.) La jolie fleur à laquelle Commerson a donné ce nom est appelée Rose du Japon dans son pays natal, où elle est cultivée, ainsi qu’en Chine et dars la Cochin- chine, comme plante d'ornement , quoïqu’elle soit privée des doux parfums propres aux végétaux de sa famille , les Caprifoliacées. L’Hortensia fait par- tie de la Décandrie trigynie , et porte le nom d’une amie de Commerson qui fut l'épouse du célèbre Le- peaute, horloger de Paris : c’est donc à tort que l’on veut que le nom de l’Hortensia soit dérivé du mot latin Hortus, jardin, et que De Jussieu s’en soit servi le premier pour exprimer le rang distingué que cette fleur occupe dans nos parterres, Les botanistes ont placé ce genre, tantôt comme simple espèce de l'HypranG£e (v. ce mot), quoi- que ses fleurs stériles, qui couvrent toute la surface des corymbes, et son ovaire triloculaire, l’en dis- tinguent essentiellement ; tantôt parmi les Primu- lacées et les Saxifragées , enfin parmi les Caprifo- liacées auprès du genre Viorne, Wiburnum. Ses signes caractéristiques sont d’avoir le calice grand, corolliforme , à cinq divisions ovales, onguiculées, persistantes ; la corolle à cinq écailles colorées, concaves, très-petites; dix étamines caduques avec anthères obrondes , de couleur grisâtre, quelque- fois réduites par avortement à six ou bien à huit ; ovaire supère , presque globuleux , à trois loges et trois ‘styles courts, épais, mamillaires , terminés par des stigmates fructifères; capsule triloculaire dont chaque loge renferme un grand nombre de semences. On ne connaît encore qu’une seule espèce de ce genre : l’'HorTENSIA rose, /1. rosea, sous-arbris- seau dont les tiges rameuses, cylindriques, souvent marquées de points bruns, sont garnies de feuilles semblables à celles de l’Obier, Fiburnum opulus , grandes ; d’un beau vert, quelquefois d’un rouge pourpré à leur sommet, marquées sur chaque face de six à sept nervures principales , formant un an- gle aigu avec Ja côte médiane, qui part d’un pé- tiole court , épaissi, d’un vert blanchâtre , légère- ment creusé en gouttière. Le sommet des tiges et des rameaux florifères se divise en corymbes ter- minaux, souvent accompagnés de trois à quatre autres naissant de l’aisselle des deux paires de feuilles voisines. Chaque corÿymbe est composé de quatre, cinq et six pédoncules communs, verdä- tres, partant presque tous du même point et se subdivisant en plusieurs pédoncules particuliers, les uns simplement bifurqués , les autres à trois ou HORT - 22 HORT quatre rayons qui soutieanent chacun une fleur. Les fleurs sont de deux sortes , les unes stériles, les autres fertiles. Les premières couvrent, ainsi que je l'ai dit, toute la surface du corymhe et même la composent entièrement; les secondes sont intérieures et sont privées du calice corolli- forme qui fait la beauté des fleurs stériles ; leur vrai calice est formé par le prolongement renflé du pédoncule , changeant du rouge au vert près des parties sexuelles. Ce calice a sept millimètres de longueur , sa forme rappelle en petit celle du fruit du Rosier , il est monophylle, charnu, ouvert à son sommet, garni de cinq petites dents vertes , ointues, et contient en son centre la capsule. Rien de plus agréable que les grandes ombelles roses de l’Hortensia, qui brilleut en été de tout leur éclat et durent plusieurs mois; toute la plante forme un des plus beaux buissons pour l’ornement du jardin, il ne lui manque qu’un parfum suave et plus de grâces. C’est elle que les Chinois pren- nent plaisir à figurer dans tous leurs ouvrages. J'en possède un dessin exécuté à Canton en 1855, où elle se trouve au milieu de ces jolis paniers fleu- ris que l’amant offre à celle qui doit faire son bon- heur, qui ornent le sanctuaire où la beauté livrée à elle-même se laisse aller au plas aimable abandon. L'Europe la possède depuis 1790, et elle com- mence à s’acclimater entièrement dans les contrées voisines du Nord. En Franceelle est de pleine terre -depuis 1802. Elle croît rapidement et se couronne de fleurs pour les conserver long-temps et les produire par une succession charmante. Sa tête fleurie peut se comparer à celle de la Boule de veige, ce qui avait déterminé De Lamarck à la nommer Opuloides, quoique ses fleurs soient plus grandes et réunies en toulfes beaucoup plus gros - ses. La robe de ces fleurs se nuance de diverses couleurs ; d’abord verdâtre, elle se colore insensi- blement en rose délicat, qui se change en rose violâtre pour devenir tantôt d’un blanc sale, tantôt d’un rouge pourpre assez durable; cette toilette dure jusqu'à quatre et cinq mois, elle tranche agréablement avec le beau vert du feuillage, Quand on tient l’Hortensia renfermé tout le jour.dans un appartement, on fera bien de l’exposer dehors du- rant la nuit, afin que l'air et les premiers rayons du soleil raniment sa parure ct le conservent plus long-temps dans toute sa fraîcheur. On est parvenu à faire porter des fleurs doubles à l'Hortensia et même à changer en bleu sa belle couleur rose. Heureusement ces caprices de l’a- maleur ne sont qu'un jeu de peu de durée, la plante revient dès l’année suivante à sa couleur et à sa simplicité primitives. L'Hortensia se multiplie très-aisément de graines et de boutures, par racines et par le déchirement des vieux pieds ; il lui faut une terre légère, beau- coup d’arrosemens en été. Comme il pousse beau- coup de rejets. il faut les diminuer au printemps ; moins il y en aura, plus grosses, plus fortement colorées seront Jes tounfles fleuries. Il convient aussi de lui donner une exposition ombragée. f (Er. BR HORTIA. (mort. Han.) Une plante du Brésil, à tige épaisse et ligneuse, garnie de feuilles éparses, à fleurs roses disposées en cimes terminales, a recu de Velloso et Vandelli le nom de Æortia ; elle appartient à la Pentandrie monogynie , et à la fa- mille des Rutacées , tribu des Diosmées:; voici ses caractères principaux, tels qu'Auguste Saint-Hi- laire, rectifiant les auteurs du genre, les a donnés dans son ouvrage (Plantes usuelles des Brésiliens) : calice persistant, petit, à cinq dents ; corolle de cinq pétales , caducs, insérés sur le gynophore où disque, alternant avec les dents du calice, linéai- res, Jancéolés, crochus au sommet, barbus à la base , réfléchis vers le milieu ; cinq étamines alter- nes avec les pétales, à filets colorés et planes ; à anthères fixées par le dos, bifides à la base, bi- loculaires, s’ouvrant longitudinalement ; gyno- phore ou disque déprimé, pentagone, glanduleux ; ovaire à cinq lobes et cinq loges dispermes ; style épais, conique, terminé par un stigmate court, obtus et coloré: fruit simple, capsulaire, à cinq loges, dont plusieurs avortent fréquemment, con- tenant une :ou deux graines arillées ; périsperme charnu ; embryon droit; cotylédons grands, pla- nes et très-obtus. L'écorce de l’/Jortia brasiliana, seule espèce du genre, est amère et fébrifuge ; les indigènes l’em- ploient en guise de quinquina et lui en donnent même le rom. (L.) HORTICULTURE. C’est. l’agriculture du ma- noir, la pourvoyeuse des besoins les plus intimes du ménage, en d’autres termes c’est l'exploitation du terrain limité du modeste enclos où le goût et le caprice se mêlent à l’utile et à l'indispensable ; théâtre des attentions les plus minutieuses, des créa- tions éphémères, disons mieux , de la coquetterie champètre, des jouisssances journalières d’un Joi- sir prolongé, c'est à que les illusions d’un âge qui désormais nous échappe font place à des plai- sirs altrayans, nombreux , que l’on goûte avec dé- lices, auxquels on revient sans cesse avec un nou- veau charme. Nous aimons à voir monter, se couvrir de feuilles,de fleurs et de fruits les graines confiées à la terre que nous avons béchte , remuée, disposée à notre gré; nous visitons avec argueil les allées que nous avons plantées , les voûtes épais- ses qui se courbent sur la tête de nos enfans, de notre époure, de notreami; nous sommes fiers des mets qui couvrent notre table, des fleurs quicouron- nent Je front, qui se penchent sur le sein de la fille chérie dont la vie soutient la nôtre , des fruits sa- voureux que nous offrons au visiteur aimable et enjoué, quand ils proviennent du potager, du parterre , du bosquet, du verger, ou de l'espalier que nous cultivons, surtout quand ces herbages, ces fleurs ct ces fruits nous mettent à même d’a- jouter un aliment sain et agréable à la cuisine trop souvent muette du pauvre et de l'infirme. L’Hor- ticulture, considérée de la sorte, est l’amie de l'homme, l’élément de. la santé, de l’ordre, de l'activité, du contentement , de la bienfaisance. C’est le livre de la morale publique et privée, dont chaque feuillet nous dit : Travailler c'est | | | HORT 23' HORT jouir de la vie, aimer les siens, faire le plus de bien possible , ne nuire à personne , et rendre ses découvertes, ses applications, ses améliorations utiles aux autres , afin que, par une douce récipro- cité , la patrie soit heureuse et peuplée de bons citoyens. L'Horticulture est le travail de la terre à la naissance de la famille ; elle est simple d’abord, (voy. au mot JARDIN POTAGER el FRUITIER) ; elle se perfectienne avec l'expérience, avec les be- soins , avec les relations; alors elle sillonne les champs, cullive les prairies, plante des bois et des forêts , creuse des canaux , opère des saignées pour promener les eaux sur toutes les parties qui réclament leur bienfaisant voisinage : elle prend alors le nom d'Acnrcuzrunz (voy. ce mot). Le laxe se fait jour, la civilisation plus au large de- vient eXigeante , il Lui faut de pompeux ornemens, une grande variété dans les produits, elle fait ap- pel aux arts, el de ce moment l'Horticulture, d’une part, donne naissance à ces constructions plus eù moins élégantes où l’ontient des végétaux exo- tiques sous des vitraux convenablement disposés, dans une atmosphère plus ou moins élevée, con- cenirée par des toiles ou des paillassons , et où la lumière est savamment ménagée (voy. an mot Sénnes) ; de l’autre part, elle trace les limites du terrain en les eachant , met en harmonie ses di- vers plants, ses choquantes irrégularités, ouvre des perspectives inattendues qui les lient avec le pays, quiétendent ou resserrent au besoin , et va- rient à chaque pas les scènes intérieures , au moyen des tribus de plantes ligneuses et herbacées em- prantées à cent climats divers que le goût distri- bue avec un heureux artifice. (Voyez au mot JanDIN-PAYSAGER.) De là, la distinction de trois sortes d'Horticul- ture : l'une du manoir, qui est celle chantée par le père de la poésie grecque sous le nom d'Alci- noüs, et que nos pères appelaient autrefois le Jar- . mivAGe (voy. ce mot); l’autre, née des dons de la fortune et du goût, est un art créé par le génie des Girardin , des Morel ; la troisième est une pro- fession qui demande au botaniste explorateur les plus jolies plantes es déserts et des savanes , des neiges ou des sables brälans, pour tenter leur na- turalisation en nos climats, pour les élever dans nos serres, et pour en faire une branche de com- merce importante. IL convient de louer, d’encourager ces horti- culteurs industrieux qui, pleins de confiance dans les ressources immenses, inépuisables de la na- ture, travaillent avec un soin assidu, de tous les instans, pour forcer une plante exotique à épouser notre sol, à y endosser sa robe éclatante, à em- bellir nos jardins , et même à réunir sur elle tou- tes les beautés réparties à ses congénères. Ce sont ces tentatives qui révèlent au cultivateur des pro- priétés nouvelles , propres à varier les ressources de la maison rurale, à grandir l'échelle chromati- que du teinturier , à fournir aux autres arts des bois d'œuvre de toutes les sortes, .à réparer les pertes du temps el àtirer parti de terrains demeurés stériles: Sous ce point de vueil n’est aucun de nos départemens qui ne puisse citer des noms hono- rables aux généreux efforts desquels la patrie doit des améliorations sensibles dans toutes les bran- ches de la haute et de la petite agriculture. Confinée dans les cloîtres, l'Horticulture y fit quelques progrès, surtout du neuvième siècle de l'ère vulgaire jusqu’au quatorzième. On peut les voir en lisant le poème latin de Walafrid Strabus, que j'ai déjà cité (tom. 1, p. 488). Belon vint, à la suile de ses voyages en Allemagne, en Italie et au Levant, inspirer aux Francais le goût des cul- turesexotiques, en offrant un modèle remarquable dans son jardin. situé au Mavos. Du Bellay l’imita dans celui qu'il éleva à Saint-Maur près Paris. L’Ecluse, d'Arras, alla plus loin encore et l’Hor- ticuiture nationele lui dut l'introduction d’un nom- bre considérable d'arbres, d’arbustes et de fleurs qui n'étaient point encore connus au milieu du seizième siècle. Ses acquisitions angmentèrent en« core par les soins de Lobel, de Lille , et par les voyages de Barrelier, de Plumier, de Tournefortet des autres botanistes du dix-septième siècle. Un magisirat illustre, qui fit ses délices de l'histoire naturelle, dontle nom est cher aux amis des sciences et de la philosophie , de Malesherbes, au dix-huitième siècle, lanca l'Horticulture dans la route des progrès. Tandis qu’il naturalisait sur ses propriétés les arbres les plus utiles pour les répandre ensuite dans nos jardins, dans nes bois, et en orner nos routes, Lemonnier, à Versailles, s’occupait des espèces nouvelles qu’il estimait les plus profitables à l’économie rurale, à la méde- cine, à l’industrie manufacturière : les deux frères Duhamel soumettaient à desessais , dans leurs ter- res de Denainvilliers, du Monceau et de Vrign y 1 les graines que leur ami, l'amiral La Galisson- nière, faisait recueillir au hasard sur le sol de l'A - mérique septentrionale ; Varennes de Fenille, à Bourg ; Rast de Maupas, à Ecully près de Lyon; Juge de Saint-Martin, à Limoges; Du Mont de Courset , auprès de Samer ; Gels, x Mont-Rouge, occupaient leurs loisirs et leur fortune à mettre dans toutes les mains les fleurs les plus rares, les arbustes les plus élégans, les arbres les plus pré- cieux, et popularisaient à la jouissance de toutes les richesses que leur procurait notre ami commun linfatigable André Thoüin. Ce mouvement imprimé à l’Horticulture ras mena , dès les premières années du dix-neuvième siècle , les propriétaires ruraux vers les pacifiques travaux de la ierre. Tous les genres de frivolit& semblèrent vouloir s’éteindre.et se changer en une industrie innocente, en un amour constant du sol natal. Long-temps agités par les secousses po- litiques, les esprits éprouvaient le besoin du calme que lon ne trouve réellement qu'au milieu des douces occupations des plantes ; tous allaient les demander à la paisible et agréable habitation des champs, là où Lout séduit l'imagination, où tout repousse les idées tristes qu’inspirent les misères humaines , où s’est réfugiée la liberté, cette noble: indépendance qui convient aux âmes élevées, HORT 21 HOTT 0 Pendant que le riche établissement de la Mal- maison (que l'étranger armé et, ce qui est plus pénible à dire, des Français ingrats ont si kosa- quement dépouillé en 1815) prenait plaisir à verser chaque année ses abondantes et curieuses récoltes chez tous les amateurs, ce qui portait chacun à vouloir imiter en petit sa générosité; Cels fils, Boursault, Noisette et Bicquelin, à Paris; les frères Audibert, à Tonnelle, près Tarascon , dé- parlement des Bouches-du-Rhône ; le docteur Cho- tard, à Hennebont; de Lorgery, à Vannes; Bou- chotte et de Tschoudy, à Metz ; Hectot, à Nantes; Landreau, à Angoulême; le docteur Valentin, à Nancy ; Robert, à Toulon, etc. , contribuèrent singulièrement à la propagation de tout ce qui tendait à enrichir l’économie domestique. Malgré ces grands exemples , quelques personnes limitaient encore leurs occupations à créer les monstruosités que le botaniste dédaigne avec rai- son ; d’autres, semblables à ces fous des siècles derniers qui jetaient toute la fortune de leurs en- fans à celui qui leur apportait une Tulipe rare, une 4 némone unique, se] contentaient de rassembler des Roses, des Azalées, des Dahlias ou des Chry- santhèmes , etc. Mais le plus grand nombre a voulu joindre l’utile à l’agréable, et c’est à eux que, depuis 1820, nous devons ces tiges robustes de Ghênes, de Frênes, d'Erables, de Bouleaux , de Pins, de Noyers, provenant de l'Amérique du Nord , qui marient aujourd'hui dans nos bois leurs feuillages variés à celui de nos arbres indigènes. La Tétragone cornue, Tetragonia expansa, des îles des Amis , a enrichi le domaine du maraïîcher d’une plante alimentaire excellente et vigoureuse ; le Poirier-lammas de la Virginie, le Néflier du Ja- pon, le Mûrier rouge du Ganada, le Pacanier des {llinois , Juglans cylindrica , sont désormais asso- ciés à nes arbres fruitiers ; la Patate du Mexique, Convolvulus batatas, nous fournit un fruit dont le goût approche de la châtaigne : l’'Agavé d’Amé- rique et le Phormion de la Nouvelle-Zélande aug- mentent le nombre de nos plantes textiles; la pharmaceutique trouve maintenant en nos jardins les médicamens qu’elle allait encore, il y a un quart de siècle, mendier à l'étranger : l’'Ansérine vermifuge, Chenopodium anthelminthicum; la Lobé- lie de Virginie, Lobelia syphilitica; le Jalap du Mexique, Convolvulus jalapa; la Rhubarbe de la Chine et celle des Arabes, Rheum palmatum, et R. ribes, etc. De nouvelles pratiques ont amélioré l’art horti- cultural en Allemagne , en Suisse, en Italie; chez les Anglais, où tout est artifice et entouré de l’ap- pareil de la somptuosité, rien n’est oublié pour réunir les végétaux les plus pittoresques des di- verses contrées du globe ct pour convertir en pa- lais les prisons qui doivent les recevoir. On y a supprimé les tannées , dont l'odeur repoussante et l'humidité redoutable nuisent essentiellement à la végétation; on leur à substitué des appareils à vapeur qui chauffent selon le besoin, tandis que, de temps à autre , de légers siphons y versent une poussière humide , une rosée bienfaisante. Le sa- ble, la terre de bruyère, le Loam (1) purs ou mélangés dans des proportions variables sont les. seules substances employées dans les serres. Ce- pendant, nulle part l’Horticulture n’est‘plus flo- rissante, plus usuelle que dans la Belgique ; la ville de Gand en est surtout la vraie capitale; là , en eflet, tout le monde est horticulteur ou par goût ou par profession ; c’est à Gand qu'est née, en 1809, l’heurcuse idée de ces expositions pu- bliques qui se font chaque année , et qui, partout où elles ont été adoptées, sont si fécondes en ré- sultats. Les horticulteurs belges excellent dans la pratique ; ils aiment l’ordre et la propreté; tout ce qui peut vicier l'atmosphère ou bleser la vue est scrupuleusement enlevé; on ne se lasse point d’essuyer les vitraux, de brosser les murs, de faire une chasse coniinuelle aux insectes destruc- teurs et aux plantes parasites ; à l’air de santé, de. fraicheur qu'’offrent les plantes, on voit que par- tout règne une direction exercée , intelligente , que. les employés sont convenablement salariés et que: chacun fait son devoir plus encore par plaisir que. par une servile habitude. Nul doute que l’on y sacrifie parfois au luxe, au désir de s’élever au dessus de son voisin ; mais l’utile n’est jamais né- gligé: C’est donc en Belgique que nos amateurs doivent se rendre pour y recueillir les meilleures méthodes et les traditions les plus saines. (T. ». B.) HOTTENTOT. (mam.) Race d'Hommes qui ha- bite l'Afrique, au cap de Bonne-Espérance. F. Houwe. (Guér.) HOTTENTOT.: (ois.) Nom d’une espèce du enre Turnix (v. ce mot). (Guér.) HOTTENTOT. (1ns.) C'est le nom que Geoffroy a donné à l’Æteuchus laticollis. Get insecte est très- commun dans le midi de la France, et si rare à Paris que Geoffroy cest encore le seul qui l'y ait rencontré. (Guér.) à HOTTONIE, Hottonia. (BoT. pHan.) Plante. aquatique de la famille des Primulacées , Pentan- drie monogynie, L., ayant pour caractères : un. calice à cinq divisions profondes ; une corolle hy- pocratériforme à tube court, à limbe partagé en cinq divisions ; cinq étamies, intluses dans le tube. de la corolle; un style, un stigmate capité ; une capsule globuleuse , à une seule loge, contenant un assez grand nombre de graines. Ce genre, auquel Vaillant donnait le nom de Stratiotes (appliqué par Linné à une autre plante aquatique) , a été composé originairement de deux espèces : l’une d'Europe, ci-après décrite; l’autre de l'Inde; cette dernière est devenue le type du. genre /ydropityon de Gaertner fils. j L'HorToniE pes Marais, {ottonia palustris, L... vulgairement Plumeau , est une plante commune: (x) Espèce de terre franche, légère, douce, dépourvne d’ar-. gile; quand elle est fortement chargée de débris de gazon, elle: est plus grasse et convient davantage aux plantes succulentes et voraces. Quand on veut obtenir le Loam plus léger, on l’addi- tionne d’une certaine quantité de sable, pareil à celui que l’on: trouve aux environs d'Etampes, de Fontainebleau, etc. dans oo oo HOUB 25 HOUB ———_——@— dans les lieux aquatiques , et d’un effet très-agréa- ble par le nombre et l'élégance de ses fleurs. Les tiges submergées sont garnies de feuilles découpées en dents de peigne, assez semblables à celles de la Millefeuille ; hors de l’eau s'élève une tige fistu- Jeuse , nue, haute d’un pied environ, portant cinq ou six verticilles de fleurs roses ou blanches, et pédonculées. Vahl a décrit une nouvelle espèce d'Hottonie particulière aux Indes orientales ; elle a des feuilles bipinnées, et des fleurs sessiles, verticillées par quatre et disposées en épi terminal. 4 (L.) HOUBLON, Æumulus. (Bor. PHAN. et AGR.) În- digène au bord des bois, aux haies de Ïa France et aux pays montagneux de presque toute l’Eu- rope, la plante qui constitue ce genre de la famille des Urticées et de la Dioécie pentandrie , est une de celles qui intéressent le plus vivement l’agricul- ture et constitue l’une des branches les plus an- ciennes de l’industrie nationale. Naissant de raci- nes vivaces, rameuses , traçantes et très-longues , les tiges, qui sont herbacées, grimpantes, minces, anguleuses, hérissées d’aspérités, se chargent de feuilles opposées, pétiolées, dentées, rudes au toucher, partagées le plus souvent jusqu'à moitié en trois et cinq lobes, d’un beau vert, et accom- pagnées de stipules larges, membraneuses, dres- sées ou bifides au sommet. Ces tiges s’allongent, atteignent trois, quatre et cinq mètres, et volu- biles de gauche à droite, elles s’entortillent autour des arbres et autres tuteurs placés à leur portée. En mai et juin au plus tard, le Houblon présente des fleurs d’une couleur herbacée , toutes mâles sur certains pieds, toutes femelles sur d’autres ; les premières disposées en petites grappes panicu- lées placées à la sommité des rameaux ; lessecondes sortant en verticilles et en épis très-denses de l’ais- selle des feuilles les plus supérieures. Voici leurs caractères essentiels : les fleurs mâles ont le calice à cinq divisions profondes contenant cinq étami- nes, dont les filamens très-courts sont terminés par des anthères oblongues ; les fleurs femelles, formant un cône écailleux, sontréunies par paires dans un calice bractéiforme , à bords roulés, sur un ovaire chargé de deux styles subulés, ouverts, et de deux stigmates aigus. Le fruit qui succède en juillet à ces dernières, est une petite graine arrondie , légèrement comprimée, roussâtre, en- veloppée par une des écailles calicinales. (Voyez notre Atlas, pl. 222, fig. 5.) Cette espèce a produit cinq variétés, parmi lesquelles il y a un choix à faire. La première mé- rite une préférence marquée ; elle se distingue par des tiges d’un vert plus foncé que clair et par ses cônes qui sont blancs; elle mürit de très-bonne heure, est d’un'excellent rapport, et convient sur- tout pour brasser la bière. - La deuxième variété est blanche comme la pré- cédente; ses cônes, plus petits, mürissent: dix jours plustôt; mais ce qu'il y a de fâcheux, ils donnent fort peu. Appelée aile dans nos départemens du Rhin et tout le long de ce fleuve , la troisième variété a les T. IV. tiges d’un rouge cramoisi; ses cônes sont longs, à quatre faces, un peu rougeâtres vers le pédon- cule ; ils mürissent plus tard que ceux de la se- conde; mais ils produisent beaucoup de fruits contenant peu de semence, mais plus riches en fécule; elle ne forme pas de bouquets en grappes, ses cônes sont isolés : c’est la meilleure variété de Houblon hâtif ; aussi les brasseurs la recherchent- ils de préférence. Quant à la quatrième, elle pousse des tiges d’un rouge clair, produit de très-pelits cônes qui com- mencent seulement à mûrir le 24 août, ce qui l’expose à être geléc et parfois complétement gâtée. Elle donne aussi non seulement peu de cônes Ja cinquième variété, mais elle a l'inconvénient de manquer de fécule , de voir le plus habituellement saemence avorter ; les tiges sont d’un rouge très- foncé et garnies de fortes feuilles. C’est la plus mauvaise de toules; comme elle vient dans lés sols médiocres , il convient de s’en servir pour couvrir les murs que l’on veut cacher à la vue, pour donner un aspect plus pilloresque à un rocheri- élevé et la faire retomber en larges festons au des-" sus d’une fabrique adroitement ménagée dans un jardin paysager. IL faut éviter de cultiver ensemble la variété hâtive et celle qui produit tardivement ; en les te- nant séparées, on peut, dans une saison favorable, obtenir deux récoites. On plante le Houblon en automne ou bien au printemps, en ayant soin de bien ménager les racines : la plus légère mutila- tion pouvant déterminer la pourriture ; le plant d'automne fournit une petite récolte dès la pre- mière année; celui du printemps ne rapporte qu'à la deuxième année, mais la récolte est excellente. On le place à l'exposition du midi pour qu'il jouisse des rayons solaires de tous les côtés. Les vents du nord lui étant très-funestes à l’époque du développement de la plumule, il est essentiel de l’abriter de leur influence, comme aussi de le tenir Join du voisinage des eaux courantes et stagnantes à cause de l'humidité qu’elles entre- tiennent aulour d'elles, et de celui des grandes routes à cause de la poussière qu’elles élèvent en tourbillons. Du reste, on le cultive/comme la vigne, et on le multiplie par ses racines à la manière des Asperges. (Voyez aux mots AsPerce et VIGNr.) Vouloir établir la priorité de la culture du Hou- blon en faveur du nord ou du midi, le point n’est nullement facile; car la solution aqueuse de ses principes fermentés se trouve également en usage très-anciennement chez les peuples de ces deux contrées : en effet, dans les chants traditionnels des Bardes, on trouve et le Houblon et la bière van- tés de même que dans les vers d’Homère et d'H£- siode. Cependant, s’il fallait émettre une cpinion, je crois qu’il ne me serait pas impossible de prou- ver que la priorité appartient aux Scandinaves, et que ce sont eux qui ont enseigné aux vieux Grecs et aux Orientaux l’art de fabriquer la bière avec les cônes du Houblon. On nomme Æoublonnière le terrain où l'en cul- 244° LivRAISON. 4 go HOUB -26 HOUB tive cette plante. La Houblonnière doit être pré- parée dès l’automne par de profonds labours , soit à la charrue, soit à la bêche, ou mieux encore par un défoncement de soixante-cinq centimètres à la pioche, puis par des fumiers abondans et bien con- sommés ; on lui donne d’ordinaire trois facons , et on herse après la dernière. On trace ensuite une première ligne au cordeau dans le sens de la lon- gueur; on pose un piquet de seize en seize déci- mètres jusqu’à l'extrémité de cette ligne; on en trace une seconde parallèle également espacée , et on pose les piquets en échiquier jusqu’à la fin. (Cette méthode, suivie depuis 1819 pari les cul- tivateurs les plus instruits, est la plus heureuse pour les végétaux qui demandent autant d’air que le Houblon.) Au pied de chaque piquet on place os plants en triangle et près d’eux autant de per- ches de six à sept mètres de haut; à mesure que les tiges montent, on les y attache, et l’on enlève | les feuilles gourmandes qui pourraient affaiblir la | marche et gêner la double circulation de l’air et de | la lumière. Durant les grandes chaleurs et les temps secs, on arrose; c’est le moyen de hâter la maturité des cônes et d’en augmenter le produit. Quand une Houblonnière composée de pieds ro- bustes donne fruit dès la première année, on l’ap- pelle Houblon vierge; mais ce n’est guère qu’à la troisième année qu’elle est dans la plénitude de sa portée; la force du cône augmente à mesure que la plante vieillit. Comme elle dure de dix à quinze ans et quelquefois plus, les qualités vont en s’a- méliorant. Ceux qui demandent toujours de bons produits passé ce laps de temps, et qui ne songent point à former une nouvelle Houblonnière , s’ex- posent à des pertes sensibles chaque année; il est convenable de s’occuper d’une autre plantation après la douzième année : c’est ce que font les cultivateurs: belges. En 1824, un houblonnier du département de la Meurthe, Carez de Toul, a imaginé de substituer le fil de fer aux perches si coûteuses employées à la culture du Houblon; l'essai a parfaitement réussi, et, adopté par plusieurs propriétaires, il se répand. On plante des piquets de deux mètres de haut, on les unit par un fil de fer placé dans une rainure au haut du piquet ; la plante s’allonge des- sus en festons, et comme elle est plus aérée , elle rapporte beaucoup plus. De temps immémorial le département des Vosges possédait un grand nombre de brasseries , et ce- pendant pour les alimenter il allait au loin cher- cher le Houblon, tantôten Bavière ou en Bohême, tantôt à Spalt en Franconie, où cette plante est parfaitement cullivée; tantôt enfin à Poperingue et Alost en Belgique. En 1812, la ville de Rember- villiers , et, à son exemple , plusieurs villages cir- convoisins se sont emparés de cette culture impor- tante. Depuislors, leurs champs présentent l'aspect d’une immense forêt, où le Houblon se montre su- | perbe et d’une qualité telle, que les négocians | d’outre Rhin le recherchent aujourd’hui de pré- férence aux Houblous de l Amérique, de l’Angle- verre et de la Belgique. La substance jaune des fleurs , à laquelle on a donné le nom de Lupulines y abonde bien plus; il en donne soixante-cinq hectogrammes sur cinquante kilogrammes, tandis qu’à Alost il ne rapporte que quarante-quatre, en Angleterre que trente-six. Cette quantité remar- quable est due non seulement à la position du pays, mais encore à la manière de cultiver, et surtout à la méthode suivie pour la dessiccation. Aussitôt la cueillette terminée, les cônes sont immédiatement répandus par Couches très-légères sur des plan- chers et à couvert, ou sur des claies superposées les unes aux autres, ét écartées de quarante à soixante-cinq centimètres. En Belgique et en An- gleterre , au contraire, le desséchement ne s’opère que par le secours du feu, dans des fours établis à cet effet, ou dans des fours ordinaires , après la cuisson du pain, ou bien encore sur des tourailles. Par la méthode vosgienne, plus coûteuse et plus longue à la vérité, le Houblon se livre au com- merce en cônes superbes, d’un vert jaunâtre et conservant toute leur lupuline. En employant le feu, qu’il est difficile de régler quand il est vif, il dessèche le Houblon trop vite et trop compléte- ment, d’où résultent le brisement et l’effeuillement des cônes, ainsi que la disparition en grande par- Lie de leur matière extractive. Il faut donc une plus grande masse de Houblon, encore n’a-t-on pas une liqueur douce, aromatique, susceptible de se garder. Ce n’est pas seulement pour la confection de Ja bière que le Houblon est utile; ses feuilles, qui plaisent à tous les bestiaux, sont employées en médecine comme diurétiques et antiscorbutiques. On mange ses jeunes pousses dans les potages et assaisonnées comme des Asperges. On en a retiré de l'alcool. Les tiges servent de liens; traitées comme le Lin, on en obtient une filasse qui ne lui cède en rien pour la finesse et la solidité ; les cor- dages que l’on prépare avec dans le Nord, surtout en Lithuanie, sont estimés pour l'excellence autant que ceux de l’Ortie blanche et de l’Agavé. Dans le Jemtieland et la Médelpadie , en Suède , on en fait de la toile comparable à celle du Chanvre; on lui reproche seulement de demeurer rousse; cepen- dant, soumise à l'action du chlorure de chaux, elle devient blanche. Quelques cultivateurs assurent qu’en plaçant des cônes de Houblon dans les tas de blé , l’on par- vient à en éloigner les insectes. En 1766, Wille- met, de Nancy, a découvert dans les fleurs de cette plante la propriété d’exciter au sommeil: on en met dans l’oreiller du malade auquel le repos est nécessaire. Un Anglais que certains écrivains agro- nomes de nos jours suivent en serviles de page en page comme leur oracle en agriculture, Lutton, attribue cette découverte à ses compatriotes et lui | donne la date de 1787 ; ici, l’antériorité n’est point contestable ; le mémoire de mon illustre profes- seur a été imprimé à Lyon vingt et un ans aupara- vant , et réimprimé à Nancy en 1778 ; il a démon- tré que cette fleur pouvait utilement remplacer la | salsepareille. Copiez les livres anglais et vous dé- | pouillerez les Français de tout ce qu'ils font de Pl. 223 2.2.Houlette. ot. Houppifére 4. Houx Æ. Cuerin dr. nes y in ue durer Mare ; = HOUI 29 HOUL ; a —_—_——]———]———_——_————""——— —"—— ——]————_———— ———2—— bien, de leurs utiles découvertes ; mais les com- pilateurs n’y regardent pas de si près, ils n’ont ni patrie ni honneur. (T. ». B.) HOUILLE. (wa. et «tor.) Les minéralogistes placent la Houille à la suite du Dramanr, de l’An- THRACITE et du GRAPHITE (voy. ces mots), parce que cette substance, noire, opaque, tendre, brillante, bitumineuse et susceptible de brûler facilement avec flamme et fumée noire, est composée en grande partie de carbone : en effet, les Houilles que l'on exploite en Angleterre , et les seules qui aient ôlé analysées, présentent 65, 74 et au-delà même de 79 pour 100 de carbonne, avec des quantités variables d'hydrogène, d'oxygène et d’azote. Cette dernière substance varie de proportion depuis 6 jusqu’à 16 pour 100. La présence de l'azote est d'autant plus remarquable dans la Houille, que celle-ci est généralement regardée comme étant d'une origine végétale ; et cependant on sait que les végétaux ne contiennent pas d'azote, tandis qu'il est abondant dans les matières animales. Il faut donc en conclure que, bien que la Houille puisse avoir élé formée par une grande accumulation de végétaux, des matières animales ont dû jouer un rôle plus ou moins iinportant dans sa formation. Considérée comme substance minérale , Ja Houiile se divise en plusieurs variétés : ainsi on distingue la Houille réni forme , c’est-à-dire en ro- gnons plus ou moins volumineux qui se trouvent disséminés dans les matières terreuses de la for- mation houillère ; la Houille polyédrique, qui se pré- sente en fragmens de différentes formes, ordinaire- ment rhomboïdaux, et que l’on attribue à l’effet du retrait que la masse houillère a éprouvé; la Houille schisteuse , qui se divise en feuillets à cas- sure inégale et même conchoïde ; la Æouille gra- nulaire, qui semble être une réunion de petits frag- mens; la Æouille compacte, qui est douée d’un éclat résineux , et d’une cassure conchoïde, c’est-à-dire présentant des creux et des reliefs arrondis; enfin la Houille terreuse, qui se trouve sous la forme d’une malière noirâtre et pulvérulente qui: tache les doigts. La Houille se trouve dans une formation parti- culière qui appartient au terrain carbonifére (voy. Terrain), comprenant des grès, des schistes ar- gileux et des calcaires. On connaît l'utilité de la Houille comme com- bustible : dans les usages domestiques elle peut remplacer le bois avec avantage; et dans l’industrie, grâce à l'emploi des machines à vapeur, rien ne peut la remplacer : c’est à l'abondance de cette matière que l'Angleterre doit la prospérité manu- facturière à laquelle elle est depuis long-temps parvenue. #Dans les usages auxquels on destine la Houille, on doit distinguer la Houille g'asse de la Houille maigre. La première est la plus légère, la plus noire et la moins friable. Elle est très-combusti- ble ; elle brûle avec une flamme blanche et sem- ble se fondre en se consumant. La matière hui- leuse et bitumineuse qu’elle contient Jui donne la propriété de s’agglutiner facilement et de brûler avec plus d’activité lorsqu'on l’humecte avec de l’eau : c'est celle qui est employée par les forge- rons. La seconde, plus pesante, plus solide et moins notre, brûle moins facilement et sans se boursoufler ni s’agglutiner; sa flamme est bleuä- tre , et son résidu moins considérable : c’est celle qui est propre au chauffage. La Houille en se brûlant se transforme, avant de se consumer entièrement, en une matière charbon- neuse , solide , noirâtre et cellaleuse : c’est ce que les Anglais appellent coke, mot qui est aujourd’hui introduit dans la langue française. Ce coke a la propriété de brûler sans dégager de fumée, et conséquemment peut être employé avec un grand avantage comme chauffage. Il en résulte que l’in- dustrie s’est lattachée à l'obtenir de la manière la plus utile : de là vient qu'en Angleterre on carbonise la [fouille dans des fourneaux fermés, en profitant de la chaleur qui se dégage, pour gril- ler des minerais qu'on mélange avec la Houille. On en retire en même temps une espèce de gou- dron qui est employé par la marine, et dont, par une nouvelle distillation, on obtient du bitume et de l'huile empyreumatique qui ont aussi leur uti- lité. Quelquefois, en même temps que l’on carbo- nise la Houille pour en faire du coke, on utilise en- core l'opération en fabriquant du noir de fumée. Enfin l'un des grands avantages qu’offre la Houille, c’est qu’on en retire par la combustion le gaz hy- drogène carboné employé avec tant d'utilité pour l'éclairage des villes et des grands établissemens. Cette invention, qui est due à un ingénieur fran- çais appelé Lebon, à été appréciée d’abord en Angleterre, et ce sont ensuite des industriels anglais qui l'ont exécutée avec différens perfection- nemens à Paris. Dans l’opéralion qui a pour but d'extraire le gaz hydrogène, il se forme aussi une grande quantité de coke qui, par lutilité qu’il of- fre, devient un produitimportant decette opération. Si nous n'avons pas dans cet article exposé en détail tous les avantages que l’on retire de la Houille, nous en avons assez dit pour faire voir que c'est une des substances les plus utiles de toutes celles que l’homme va chercher au sein de la terre. Ajoutons en terminant que la France retire annuellement de ses houillères 13 millions de uintaux métriques de ce combustible. (J. H.) HOULETTE, Pedum. (mor. ) Les Houlettes sont des mollasques bivalves, que Bruguière a le premier distingués en un genre particulier, et que Lamarck indique sous le nom de Pedum spondy- loides (voyez notre Atlas, pl. 225, fig. 1 }; Gme- lin les appelait Ostrea spondyloides, et les confon- dait comme on le voit avec les Huïîtres ( Ostrea ). L'animal des Houlettes a été jusque dans ces der- niers temps inconnu aux naturalistes, et tout ce que l’on savait sur ces mollusques se rapportait à leur coquille seulement. Cette coquille, qui a été pendant long-temps très-rare dans les collections, et qui est encore aujourd’hui fort recherchée des amateurs, à reçu son nom vulgaire de la ressem- blance, peu évidente sans doute, qu’on a cru Jui reconnaître avec la Houlette des bergors ; elle est HOUM 28 HOUP un peu ovale, à ligne dorsale droite, comprimée inégalement , mince, demi-transparen*e, et de cou- leur blanche parsemée de quelques taches fauves ; sa valve gauche ou supérieure est médiocrement bombée , à bords épais et chargés de stries longi- tudinales granuleuses ; la valve droite ou inférieure est plane, avec le rebord inférieur tranchant. La Houlette est commune dans la mer Rouge, on la trouve aussi aux îles Séchelles, à l’île de France, à Vanikoro et dans plusieurs autres localités moins bien reconnues. . L'animal des Houlettes a été décrit pour la pre- mière fois par MM. Quoy et Gaimard dans la par- tie zoologique du Voyage de l’Astrolabe , t. 3, p- 647, et représenté à la planche 76, fig. 15-21 de leur Atlas malacologique. La forme de ce mol- lusque , disent les naturalistes cités, est traduite par celle de la coquille, qui est ronde dans le jeune âge et ovale dans l'adulte. Les bords du manteau sont entiers, libres dans leurs contours, el ouverts dans les trois quarts de leur circonférence; à quel- ques lignes du limbe ce manteau est garni d’ure xrande quantité de cirrhes, entre lesquels on en voit de plus gros qui dominent, et de distance en distance on reconnaît de petits tubercules arrondis à peu près comme chez les Peignes. Les branchies, doubles et fort grandes, ont cha- cune deux fouillets ; entre elles existe un espace plane, ayant à sa partie postérieure une languette recourbée en S, à l’extrémité de laquelle est l’anus. Le picd est très-petit, un peu comprimé, sub- triangulaire, et présente une ouverture arron- die, par laquelle sort le byssus. Celui-ci est un peu long , d’un jaune doré, nacré; il passe par une échancrure arrondie du manteau; au dessus du pied est la bouche, qui est entourée de quatre lan- guettes subtriangulaires, striées à peu près à la manière des branchies qu’elles touchent. L’a- nimal est orné des plus belles couleurs; la masse viscérale est jaune et noire; les. bords libres du manteau sont d’un vert bleuâtre, avec un liseré jaunâtre à l’intérieur ; en dedans ils sont d’un beau vert éclatant bordé de noir. Les cirrhes sont jau- nes, avec une ligne brune sur la longueur , et les tubercules jaunâtres, marqués d’un point noir au milieu ; la partie du manteau qui adhère à la co- quille est d’un blanc bleuâtre. Les Houleties habitent à une certaine profon- deur sous les eaux, dans les massifs de polypiers (voy. notre Atlas, pl. 223, fig. 1 et 2); M. Quoy a remarqué, à Vanikoro, que c'était exclusivement dans de petits plateaux arrondis d’Astrées, à rayons très-pelits, qu'on devait les chercher. Ges mollus- ques ne font qu’une très-petite saillie hors les mas- ses pierreuses dans lesquelles ils sont retenus. L’a- nimal peut se donner des mouvemens alternatifs d’abaissement et d’élévation, à l’aide de son bys- sus, qui sort à la partie antérieure de sa valve droite ; il bâille comme les Peignes, dont nous avons vu qu'il se rapprochait beaucoup par son crganisation. (GERV.) HOUMIRI, Foumiria myrodondium de Schre- ber et de Willd. (8ot. Han.) Genre des Mélia- cées et de la Polyandrie monogynie, établi par Au- blet (Guiane I, p. 564) et caractérisé de la ma- nière suivante par D. CG. (Prodr. syst. veget. , I, p. 619) : calice à cinq dents obtuses; corolle à cinq pétales oblongs , à estivation valvaire ; étami- nes à filets monadelphes , à tube denté au sommet, et portant des anthères dressées ; pistil à un seul style surmonté d’un sligmate capité à cinq rayons ; péricarpe à cinq loges monospermes (selon Aublet). Houmiri BAUMIER, 71. balsamifera , Aubl. Arbre des forêts de la Guiane , qui parvient à une hau- teur de plus de vingt mètres, et dont la tête sc cou- ronne de branches très-grosses et divergentes, di- visées en rameaux garnis de feuilles alternes , demi-amplexicaules, à nervure médiane décur- rente, ovales, oblongues, aiguës, très-éntières , : ayant les bords roulés en dedans quand elles com- mencent à poindre. Son écorce est épaisse et rou- geâtre ; il en découle, par incision, une liqueur balsamique rouge , d’une odeur analogue à celle du styrax et du baume du Pérou. En se desséchant, cette liqueur se condense en une résine rouge, transparente, et qui, brûlée, exhale un parfum agréable. Les botanistes ont adopté le nom que les Garipous donnent à cet arbre. Les créoles lui don- nent le nom de Bois rouge : ils coupent en laniè- res son écorce, dont ils font des flambeaux. (G. £.) HOUPPE DU MENTON. (awar.) Petit muscle épais, conique, dont la base repose sur une fos- sette creusée à côté de la symphyse de la mâ- choire inférieure, et dont les fibres s’épanouissent en manière de Houppe dans la peau du menton qu'elles relèvent, poussant ainsi la lèvre inférieure en haut, et la renversant en dehors. (P. G.) HOUPPIFÈRE. (os.) Ce genre, de la famille des Gallinacés, se compose de coqs qui ont sur la tête une aigrette semblable à celle des Paons, au lieu de la crête qu’ils portent habituellement, et dont le bord inférieur de la peau nue qui recouvre les joues est saillant et tient lieu de barbillons. On en connaît une espèce indienne; elle habite les îles dela Sonde: c’est le HouprIFÈRE IGNICOLORE ou Gallus ignitus, ou bien encore le Phasianus ignitus de Shaw et le Æouppifère Macartney de Temminck (voy. notre Atlas, pl 223, f. 3.) Le mâle, dont les tarses sont nerveux , a des éperons très-forts et d’une longueur d’un pouce 8 lignes ; sa huppe est composée de plumes terminées par de petites barbules formant un large et gracieux éventail, mais dénuées de barbes dans tout le resie de ieur longueur ; cette huppe est d’un brun- noir violet , ainsi que le cou, la partie supérieure du dos, la poitrine et le ventre; les couvertures des ailes sont noires, et terminées par une large zone d’un vert doré; les couvertures supérieures de la queue sont d’une belle couleur de feu ;.les quatre pennes centrales sont moins vives et tirent davantage sur le roux. Le bec est jaune ; les côtés de la tête sont occupés par une membrane qui paraît être le prolongement des parines et qui en- toure l'œil en se dirigeant vers l’occiput ; sa cou- leur est violette, Horus HOUQ 29 HOUX Chez la femelle , cêtte expansion membraneuse est beaucoup moins considérable ; les plumes de la huppe sont entièrement barbues et d’un brun marron; le haut du cou et du dos, le dessus de la tête, qui chez le mâle sont d’un noir violet, sont ici également d’un brun marron. Le dos, les ailes, la queue et les parties inférieures sont de la même couleur, mais d’une nuance un peu plus sombre ; la gorge est blanche; la femelle n’a pas d’éperon. (V. M.) HOUQUE , Holcus. (mor. pnan. et acnic.) Genre de plantes monocotylédonées de la famille des Graminées et de la Polygamie monoécie , originaires de l’Inde, de l’Afrique, et indigènes aux autres régions chaudes de l’ancien hémi- sphère. Son nom botanique est emprunté à Pline, qui le donnait à l’Orge des murailles, ordeum murinum ; on lui donne aussi quelquefois le nom de Sorghum, de l’une de ses principales espèces. Ce genre, purgé comme il l’est aujourd’hui de quelques espèces disséminées dans leurs vrais gen- res, a pour caractères essentiels : fleurs polyga- mes ; les diclynes composées d’une balle calicinale uniflore , celle-ci à deux valves, dont l’extérieure est souvent terminée par une arête, de trois éta- mines et d’un ovaire chargé de deux styles et de stigmates plumeux; dans les fleurs mâles, les val- ves florales sont aiguës et mutiques , trois étami- nes et point de style, tandis que dans les fleurs femelles il n’y a point d’étamines , mais seulement ua ovaire qui produit une semence réniforme-ou arrondie, assez grosse, ordinairement enveloppée par les valves. Nommons les espèces les plus uti- les par leurs usages économiques. HouquEe Gros mILLET, À. sorgho, plante an- nuelle , grande et d’un bel aspect , à tiges articu- lées , pleines de moelle, s’élevant à deux mètres et même jusqu’à trois, garnics sur toute leur lon- gueur de feuilles semblables à celles du Maïz (voy. ce mot), simples, pointues, vertes à l’une et l’autre face , traversées par une forte nervure blanche; une panicule grosse, un peu serrée, termine le sommet des tiges ; elle est composée de fleurs d’un blanc sale ou rousses, ramassées pres- que en épis, auxquelles succèdent des semences arrondies, assez grosses, inconstantes dans leur couleur , qui passent du blanc au jaunâtre, du brun au noir ou au pourpre noirâtre , suivant les variétés. Ces graines sont plus grosses que celles du Millet, et la plante ep fournit une plus grande quanulé. Sa culture est donc plus profitable ; wais elle ne convient encore que dans les pays hands. Le Sorgho est originaire de l'Inde; on le cultive en Arabie sons le nom de Ta’am, en Egyple et dans toute l’Afrique sous celui de Dou- ah-beledi, dans l'Italie ct l'Espagne sous ceux de Sorgo et de Duro : il y rapporte d'ordinaire deux cent quarante pour un. Il craint singulièrement le froid et exige une température soutenue pour atteindre à sa maturité parfaite. Il ne peut réussir ‘en grand que dans nos départemens du midi, où ‘on le nomme Grand-Millet; mais il est possible de le cultiver plus haut; je l’ai eu bien venant en pleine terre, abrité contre un mur, dans un jardin aux environs de Paris, et à Nancy. Il réussit par-. faitement dans les départemens de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, de, l'Ain. La graine fournit un aliment sain et de facile digestion pour l’homme, aussi en fait-on une grande consommation dans les pays où le Sorgho prospère. Elle contient une fécule amylacée fort abondante; mais comme elle témoigne un peu d’amertume hors de son climat naturel, on l'emploie de préférence pour les vo- lailles, qu’elle nourrit bien, et, tout en donnant de la fermeté à leur chair, elle la pousse à une graisse très-délicate ; elle convient également aux bestiaux qui mangent avec avidité les feuilles de la plante, quoiqu’elles soient velues. é À cette espèce se rapporte comme simple va- riété la Houque 8icocor£e , H, bicolor , ainsi ap- pelée des fleurs blanches et noires qui ornent son épi; le grain que l’on en retire est d’un blanc de neige, assez gros et fort bon à manger; il con- traste singulièrement avec le calice noirâtre qui le supporte. Gette-variété, cultivée à Malte sous le nom de Carambosse, est très-productive ; elle est très-répandue au Sénégal, d’où elle est dite Gros Mil du Sénégal. Il n’en est pas de même de la HouquE saccna- RINE , A. saccharatus, que De Lamarck regardait comme une variété : c’est une espèce distincie, différant de l'espèce précédente par sa panicule plus grande, plus lâche et un peu étalte, par ses tiges épaisses qui simulent à sy méprendre celles de Ja Canne à sucre, Saccharum officinale , et four- nissent , lersqu’elles sont dépouillées de leurs lar- ges feuilles , une moelle abondante et sucrée , dont Arduino, de Padoue, a retiré du sirop et même du sucre légèrement cristallisable. Cette plante passe pour être indigène à la Cafrerie, et c’est à elle que Thunberg à donné le nom botanique de Holcus Cafrorum, ainsi qu’il me la appris. Les, semences sont grosses, quelquefois jaunâtres , le plus habituellement ferrugineuses et renfermées dans les valves persistantes. : On doit encore citer la Houque DE Syrie, 1. alepensis, à la panicule pyramidale, très-ample, d’un brun pourpre , aux tiges droites, minces, et aux feuilles étroites, d’un vert lisse; la Houaque EN £e1, /1. spicatus , qui vit dans l’Inde , aux An- tilles, où elle porte le nom de Couscou; la Hov- QUE LUISANTE, /1. nitidus, dont les graines sont barbues à leur orifice. Dans nos prés la HouQuE LAINEUSE, ÎT. lanatus, et la Houque mozce, 1. mollis, donnent un très- bon foin. 1l faut se méfier de la Houour oporANTE, H. odoratus, indigène du nord de l'Europe, mal- gré le plaisir que son doux parfum porte à i’odo- rat; sa racine est envahissante comme celle du Chiendent, elle trace au loin, ct une fois qu’elle s’est emparce d’un lerrain , il devient très-difficile de l’en extirper : c'est fâächeux, car elle donne une excellente odeur au fourrage et le fait vivement appéter par tous les bestiaux. (T. ». B.) HOUX, lex. (soT. puan.) Dix-huit espèces constituent ce genre de la famille des Rhamnées HOUX et de la Tétrandrie tétragynie. Une seule est in- digène à l'Europe; les six de l'Amérique du nord s’y sont promptement naturalisées ; celle de l'ile de Madère vit dans nos orangeries , trois autres ne se plaisent que sous les tropiques; quant aux sept que l’on assure exister au Japon, elles sont peu connues, mais l’analogie fait présumer qu’elles pourraient s’acclimater dans nos départemens du midi. Les Houx d'Amérique sont dioïques par avortement ; celui de nos pays est polygame mo- noïque. Tous sont des arbres ou arbustes à feuilles alternes , pétiolées, dentées , glabres , d’un vert irès-foncé , et persistantes dans la plupart. G. Bau- lin et Lonicer ont les premiers donné à ce genre le nom d’/lex; Théophraste et los auteurs grecs l'appelaient Agria , sauvage, d’où Pline et les au- teurs latins ont fait ÆAgrifolium et Agquifolium , que Tournefort et Duhamel du Monceau avaient adopté. Avec leur seconde écorce on prépare la meil- leure glu, comme je l’ai dit plus haut, tome ui, page 449; leur bois est dur, pesant et solide, \’aubier blanc quand il est parfaitement sec, et le cœur d’une teinte brune ou noirâtre qui s’élend à mesure que le végétal croît, par l’apposition des couches annuelles. Ce bois sert pour la charpente et à faire de fort beaux meubles et des manches d’instrumens de culture ; il prend la couleur noire très-facilement; et, comme son grain est fin et serré, il se polit d’une manière brillante. La ma- nie que l’on a de cueillir les jeunes tiges des Houx pour en faire des houssines, des manches de fouet, qui sont très-flexibles et très-élastiques, les em- pêche de monter en arbre et de répondre aux au- tres besoins de l’industrie. Ces plantes fournissent d'excellentes haies, mais il faut les tailler un peu ct les entremêler de quelques tiges de Groseillier épineux, afin de les rendre touflues et les empé- cher d'ouvrir de larges passages dans le bas. Au sein des bosquets, ils produisent un effet très-pitto- resque par leurs feuilles luisantes et par leurs fruits qui restent appendus aux branches une partie de l'hiver, Quant aux propriétés médicales, le Houx ne jouit pas d’une bonne réputation; ses baies purgalives veulent être prises aveg ménagement ; huit ou dix prises ensemble deviennent, dit-on, dangereuses , d’autres ajoutent qu’elles sont émi- nemment vénéueuses pour les hommes ; je doute fort de cette double assertion; des baies de Houx torréliées et réduites en poudre m'ont offert une boisson agréable que l’on a osé comparer à la divine infusion du Café, comme si quelque chose pouvait s’en approcher même de loin; mais elle est sus- ceptible de figurer honorablement auprès de la racine de Ghicorée. Les oiseaux dévorent les baies du Houx avec sensualité, surtout quand le froid les a grippées. L’écorce est mucilagineuse, émol- liente et résolutive. Outre ces propriétés, le Houx a encore l’avan- age de ne point ètre délicat sur le choix du ter- rain; tous lui conviennent, hors ceux qui sont luarécageux ou seulement humides. Il se multiplie de semis et par les greffes en approche , en fente, 30 HUDS en écusson ; cette dernière réussit très-bien durant le printemps ; la première se réserve pour les in- dividus tenus ‘en caisse ; celle en fente est la plus incertaine, Par le double moyen des semis et de la greffe on obtient de fort belles variétés. On peut transplanter les Houx les plus forts ; l'instant favorable à celte opération est aux premiers jours de l’automne. ; Le Houx n£rissoN ou commun, J. aquifolium , s'élève en arbre quand on ne le tourmente point jeune; sa forme est alors pyramidale ; son feuil- lage brillant, terminé par des aiguillons très- raides, d'ondulé et anguleux devient moins épi- neux et entier. Sa baie ovoïde, d’un rouge vif, offre une pulpe douce, qui a quelque chose de trop rustique pour les palais délicats, elle est mûre en automne et succède à des fleurs petites , blanches, parfois incarnates, qui s’épanouissent au milieu du printemps. On trouve cette espèce dans toutes les forêts des pays tempérés de l'Eu- rope; elle se plait surtout au pied des grands ar- bres qui couvrent lescoteaux et les rochers exposés au nord. Elle est représentée dans notre Atlas, pl. 225, fig. 4. En parcourant les bois, il n’est point rare de rencontrer des buissons de Houx panachés. Une jolie espèce, originaire du voisinage des eaux dans la Caroline et la Virginie, qui produit un heureux contraste au milieu de ses congénères, c'est le Houx 4 FEUILLES p£ mynrs8, /. myrtifolia. Ge pelit arbuste, aux rameaux nombreux, toujours verts, efliés et couverts d’une écorce grisâtre, est agréable à voir en fleurs , et lorsqu'il est cou- vert de ses petites baies rouges. On le cultive en pleine terre en nos climats. Auguste Saint-Hilaire avait d’abord reconnu la fameuse herbe ou thé du Paraguay dans le Houx MATË qui croit abondamment dans les bois voisins de Curitiba, au Brésil; mais il a depuis enlevé celle plaute au genre /lex pour en créer un nou- veau sous le noi de Luxemburgia. Je montrerai plus tard, au mot SxmPLOQUE , qu'il y a erreur de la part de l'habile botaniste et qu'il fallait con- server à cetle plante le nom que lui imposa L’Héritier. (T. ». B.) HUDSON (mer ou mas D.) (céocn. Puys.} C'est à tort que l’on donne le nom de baie à ce vaste enfoncement du nord de l'Amérique qui re- çoit les eaux de l’océan Atlantique et de la mer Polaire. La mer d'Hudson, car on ne peut refuser celte dénomination à une étendue d’eau qui n’a pas moins de 500 licues de longueur et de 220 de largeur, es une véritable méditerranée qui s'ouvre au nord vers le 70° parallèle et se termine au sud sous le 51°, Ses côtes sont en général très-élevées: et bordées de rochers escarpés ; la profondeur de ses eaux est d'environ 140 brasses vers son centre; près du rivage sa profondeur diminue considéra- blement sur un fond limoneux et sablonneux. Toutes les rivières qui s’y jettent sont remplies de bancs de sable à leur embouchure, excepté celle de Churchill qui peut recevoir les plus grands vaissCaux, + AUIL 31 HUIL Rien n’est plus affreux que les bords de la mer d'Hudson : de quelque côté qu’on jette la vue , on n’aperçoit que des terres incapables de recevoir aucune sorte de culture, que des rocs escarpés qui s'élèvent jusqu'aux nues , qu’entrecoupent des ravins profonds et des vallées stériles où le soleil me pénètre point, ct que rendent inabordables des glaces et des amas de neige qui semblent ne fondre jamais. La mer n’est bien libre dans cette baie que depuis le commencement de juillet jus- qu’à la fin de sepiembre, encore y rencontre:t-on alors assez souvent des glacons qui jettent les na- vigateurs dans un grand embarras. Dans le temps qu’on se croit loin de cesécueils flottans, un coup de vent, une marée, ou un courant assez fort pour entraîner le navire et l'empêcher de gouverner, le pousse tout à coup au milieu d'une infinité de monceaux de glaces qui semblent couvrir toute la baie. La mer d'Hudson nourrit une petite quantité de poissons, ct c'est sans succès qu’on y a tenté la pêche de la Baleine; les Mollusques n’y sont pas plus nombreux. Maïs les rivières même les plus septentrionales qui s’y jettent abondent en poissons excellens, tels que Brochets, Esturgeons, Truites; leurs bords sont peuplés d'oiseaux aquatiques, parmi lesquels on remarque plusieurs espèces de Cygnes, d'Oies et de Canards. (3. EL.) HUET , HUETTE et HUHU. (ors.) Noms vul- gaires d’une espèce de Chouette nommée Hurorreg. (Gu£r.) HUILES. ( emim. ) On donne généralement le nom d'Huile à tout produit solide ou liquide retiré des végétaux ou des animaux, ayant la propriété de faire tache avec le papier, et de le rendre trans- parent. (Tous les corps gras pourraient recevoir la même définition. ) Les Huiles végétales existent principalement dans la partie de la semence qui donne naissance aux cotylédons : il faut excepter de cette règle générale l'Huile d’olive qui est renfermée dans le péricarpe ou partie charnue du fruit de l'olivier , et l'Huile grasse que l’on retire de la racine du Cyperus esculentus. Enfin , d’autres corps huileux, analogues à Ja cire, se trouvent dans le pollen, dans les sucs ou parties aqueuses des végétaux, ete. De toutes les familles végétales, les plus riches en semences-huileuses sont celles des Crucifères , des Drupacées, des Amentacéeset des Solanées. Les semences des Graminées et des Légumineuses ne donsent que des traces d'Huïle grasse. Les Huiles sont dites fires ou volatiles. A. Huiles fixes. Corps liquides ou solides , ordi- naïirement liquides, onctueux, d’une saveur gé- néralement douce , fade ; d’une odeur peu pronon- cée, tant qu'ils sont frais , rappelant plus ou moins celle de la plante qui les a donnés; d’une couleur jaune, verdâtre ou blanchâtre, suivant leur an- * cienneté; plus légers que l’eau; insolubles dans ce liquide , peu solubles dans l'alcool pour la plupart; solubles dans l’éther ; susceptibles de se combiner avec certains sels, avec les alcalis, pour former des savons; avec les oxides métalliques pour don- ner lieu à des emplâtres ; de dissoudre quelques alcalis végétaux (morphine , cinchonine , quininé, strychnine, délphine } , le soufre (de là le Baume de soufre. des anciennes pharmacopées ), le phos phore, le sélénium, le chlore et l'iode. Ges deux derniers corps décomposent les Huiles, augmen- tent leur consistance, les rendent dures comme de la cire, et se transforment , à leurs dépens, en acides hydrochlorique et hydriodique. Les Huiles jouissent encore de la propriété d’absorber les gaz, de pénétrer les corps, mais sans les ramollir comme le fait l’eau. La grande tendance qu'ont les Huiles grasses à s’introduire dans l'argile , par le seul fait d’une af- finité chimique entré ces corps, a été mise en usage pour enlever les taches récentes d'Huile ré- pandue sur du bois, des vêteméns , des pierres, ele. Il suffit pour cela de recouvrir les taches èvee une pâte ferme préparée avec de la terre de pipe, de l’eau ou de l’esprit-de-vin , et de faire sécher. L'Huile est absorbée pendant la dessiccation. Les taches sur le papier s’enlèvent également en employant de l’argile sèche ; pulvérisée, et sou- vent renouvelée. Les taches anciennes résistent à tous ces procédés. : Abritées du contact de l'air; les Huïles se con- servent lrès-loñg-temps sans s’altérer ; il n’en est pas de même dans le cas contraire. Quelques unes s’épaississent, se transforment en une substance solide, transparente et flexible : ces Huiles ont recu le nom d’/luiles siccatives , et entrent, en raison de cette propriété, dans la composition des vernis, des couleurs à l’Huile , etc. Telles sont les Huiles de lin, de noix, de chenevis, etc. D’autres ne se dessèchent pas, mais s’épaississent , brûlent plus difficilement , acquièrent une odeur désagréa- ble, absorbent de l’oxygèné dé l'air ,; deviennent acides, en un mot rancissent, comme on le dit vulgairement. Soumises à une chaleur capable de déterminer leur ébullition, les Huiles grasses se décompo- sent, et ce sont les produits de cette décomposi- tion ( vapeur d’eau, Huile volatile empyreuma- tique, gaz hydrogène carboné, gaz acide carbo2 nique) qui se volatilisent, et non l'Huile, Dans l’é- clairage à l’Huile , voici ce qui se passe : la mèche absorbe, pompe l’Huile qui vient bouillir à son extrémité, et par conséquent s’y décomposer ; l'Huile empyreumatique formée s’enflamme la pre: mière, puis les gaz que nous venons de nommer. Renfermées dans des vases clos, ét soumises à Ja distillation, les Huiles grasses ont donné à MM. Dupuy, Bussy et Lecanu des produits extré- mement curieux et variables selon les diverses es- pèces. Ces chimistes ont vu que l’Huile d'olive se transformait en graisse solide, en Huile fluide empyreumatique, et en charbon; que la partie so- lide était formée des acides oléique et margarique, d'un corps volatil particulier qui irritait les yeux, etc. ; que l’Huile d’œillet donnait un pro- duit solide à là température ordinaire, et mou à 20°; que le produit solide distillé répandait une odeur des plus insupportables ; que la masse to- ‘HUIL EL - HUIL 0 tale contenait les acides oléique, margarique et benzoïque , etc. Traitées par les acides , le sulfurique , par exem- -ple, 1 ou 2 parties d’acide pour cent d'Huile, les Huiles grasses passent à l'instant au vert ou au brun foncé, coloration qu’elles perdent par le re- pos. C’est sur celte propriété qu'est fondée l’épu- ration en grand des Huiles à brûler. Dans cette opération, que le plan et le but de notre Diction- paire ne nous permettent pas de décrire, on ne confie pas au repos seul la séparation de la ma- tière colorante; c’est à l’aide de la vapeur d’eau qu’on enlève cette dernière, ainsi que l’acide em- ployé. Les Huiles grasses s’obtiennent en soumettant à l’action de la presse et à froid les graines qui les contiennent , graines que l’on a préalablement ré- duites en poudre grossière à l’aide du moulin ou du mortier , et que l’on a‘renfermées dans un sac de toile ou de crin. Souvent les fabricans, pour augmenter leurs produits, échauffent trop forte- ment ( 100° de température suflisent quand il est nécessaire de recourir à la chaleur ) les graines pilées. Ge procédé est défectueux ; car , s’il donne plus de produit, ce dernier a une plus grande ‘tendance à devenir rance. Toutes les semences , même celles qui sont de la même espèce, ne fournissent pas la même quantité d'Huile; cela dépend probablement de la saison et du climat. Toutefois on sait, d’une manière générale, que les noix en donnent jus- qu’à la moitié de leur poids, la navette les deux cinquièmes , les graines de pavot les quatante- sept centièmes, celles de chenevis un quart, celles de Jin un cinquième, etc. D’après M. Chevreul , toutes les Huiles contien- rent deux autres Huiles , une peu fusible, analo- gue au suif, c’est la STÉARINE ( de oréxp, suif) voy. ce mot; l’autre plus fusible, liquide, à la température très- ordinaire de l’atmosphère , c’est J'ELaïine ou OLÉINE ( de #læoy, huile ) voy. ces mots. Les Huiles grasses végétales sont assez nom- breuses ; plusieurs d’entre elles étant employées dans les arts, l’économie domestique et la méde- cine, nous allons successivement décrire les plus importantes. Huile d'amandes, Des amandes douces et amères, fournies par l’Amygdalus communis , on extrait , à froid et sans eau , une Huile très-fluide , transpa- rente, d’un jaune clair, d’une saveur agréable, inodore, qui se congèle plus difficilement que celle d'olive ( à 10°—0 ), qui ne contient pas de stéarine , d’après Gusserow , elc. L’Huile d’amandes sert dans les pharmacies à la préparation du cérat ( cérat amygdalin ou de Galien ), de linimens , etc. Elle entre, comme émollient ou comme laxatif, dans la composition de quelques potions, juleps , etc. Ses tourteaux , réduits en poudre plus où moins grossière, se vendent par les parfumeurs, sous le nom de Pâte damande bise. Uuile d'amandes de noyaux de prunes. Les se- mences du fruit du Prunus domestica donnent jus- qu’à 85 pour 100 d’une Huile limpide, jaune-bru- nâtre, d’une saveur analogue à celle des amandes, qui serancit facilement ; qui sert à l'éclairage, etc. : Nota. Les amandes des noyaux de cerises sont également soumises à la presse dans le Wurtem- berg; l’Huile qu’on en retire sert aux mêmes usages que la précédente. Huize »’Anpaassu (Joannessia princeps de Go- mez ). Cette Huile, fournie par les amandes d’une plante de la famille des Euphorbiacées , est em- ployée au Brésil comme succédanée de l’Huile de crolon-tiglium, à la dose de trois à six gouttes , seule ou combinée avec une émulsion quelconque. Huile de belladone. Huile limpide , d’un jaune doré, fade, inodore, etc. , qui est cmployée comme aliuent et dans l'éclairage, en Souabe et dans le Wurtemberg, où on la prépare en sou- mettant à la presse les semences de l’_Ætropa bella- donna. Les ouvriers occupés à l’extraction de cette Huile sont sonvent étourdis par les vapeurs qui émanent des graines ; il est donc indispensable de prendre quelques précautions dans ce genre de travail. Il faut également ne pas donner à manger aux animaux les tourteaux de belladone, car ceux-ci retiennent le principe vénéneux de la plante. Huile de Cacao. Voy. B£urRE Dr cacao, Mure DE carapa. Cette Huile, obtenue en faisant bouillir dans l’eau les graines contuses du Carapa guiannensis , très-grand arbre des forêts de la Guiane française, est d’abord incolore ou peu colorée ; le temps Ja jaunit et la rancit; sa con- sistance est épaisse et souvent concrète ; sa saveur est extrêmement amère et se conserve Loujours. Elle sert à l'éclairage et doit être préférée à celle d'olive pour défendre de la rouille les instrumens et les ouvrages en fer, pour graisser les ressorts , les frottemens, les rouages, etc. Les Indiens de la Guiane s’en servent pour délayer la fécule rouge de rouceu, dont ils se frottent le corps et les cheveux, moins pour se parer, comme on le croit généralement , que pour préserver leur corps nu de la piqûre des insectes. Ge même cosmétique les préserve de la vermine. Enfin, l’Huile de ca- rapa, qu'il ne faut pas confondre avec celle de Karapat, qui n’est autre chose que l’Huile des ricins d'Amérique, ni avec l'Huile de caraba, qui est tirée de la graine de l’arbre au bois d’acajou, Swietenia Mahogoni, peut être considérée comme un anthelminthique très-puissant. Appliquée à la surface des ulcères, elle en éloigne les mouches qui ont coutume d’y déposer leurs larves. Huile de chenevis. Huile retirée des graines du Cannabis sativa, d’un jaune verdâtre quand elle est récenle , jaune seulement quand elle est ancienne ; d’une odeur désagréable , d’une saveur fade, so- luble en toutes proportions dans l'alcool bouillant dans 30 parties d'alcool froid, etc. Employée à l'éclairage et à la confection du savon vert et du vernis. Huile de colza. Huile quiest employée à l’éclai- | rage, que l’on retire des semences du Brassica campestris, eq mm HUIL campestris, qui en donnent jusqu’à 39 pour cent , et qui est supérieure à celle de navette, Huile de croton tiglium , tigline. Huile retirée par la pression, ou par l’intermède de l’alcocl ou de l’éther ( avec ce dernier véhicule on en obtient jusqu’à 6o pour cent ), des semences du Croton- tiglium ; d’un jaune de miel, de la consistance de l’Huile de noix, d’une odeur analogue à celle du jalap ; d’une saveur d’abord rance, puis âcre , chaude, brûlante et très-persistante ; soluble dans l'alcool et l’éther ; douée de propriétés purgatives très-prononcées, propriétés qui sont dues à un principe acide particulier, très-âcre, que l’on peut.isoler par la saponification de Huile , etc. Huile de faine. Huile très-consistante, d’un jaune clair, inodore, fade, congélable à 17°—0 en une masse blanc-jaunâtre , etc. , extraite des graines du Fagus sylvatica. Huile de grand soleil, Les fleurs de l’Æelianthus annuus donnent à peu près 19 pour cent d’une Huile limpide, d’un jaune clair, d’une odeur agréable , d'une saveur fade, etc. , et que l’on peut employer comme aliment ou dans l’éclairage. Huize DE KarapaT. Huile extraite du Ricin rouge qui est cultivé dans nos colonies. On l’ob- tient par expression ; elle est plus âcre, plus purgative et d’une couleur plus foncée que celle qui est préparée en France. : Huile ou Beurre de laurier. Substance retirée par expression des baies fraîches du Laurus nobi- lis, de couleur verte , de consistance butyreuse et légèrement grenue , d’une odeur particulière , dés- agréable, due à un principe volatil, fusible à la chaleur de la main, employée en médecine à l'extérieur, etc. Traitée par l'alcool, l’Huile de laurier perd son odeur et sa couleur , et se trans- forme en une masse analogue au suif. L’Huile de laurier, fabriquée de toutes pièces’ dans le commerce, avec du beurre, des baies de laurier et des feuilles de sabine , se distingue par son aspect non grenu, elc. t: Huile de lin. Huile retirée des semences du Li- num usitatissimum , qui en donnent 22 pour cent. Préparée à froid, et c’est ainsi qu’on doit l’obte- nir dans toutes les pharmacies , elle est d’un jauue clair; préparée à chaud, pour les besoins des arts, elle est d’un jaune brunâtre, et se rancit promptemeni ; sa saveur et son odeur sont parti- culières ; sa transparence doit être parfaite. Ælle se dissout dans 5 parties d'alcool bouillant, dans 40 parties à froid, et dans 16 parties d’éther. Con- servée dans une .cave et dans un tonneau mal fermé, elle dépose un sédiment gras, blanc, mou, et une poudre brunâtre. Le sédiment est formé de stéarine, d’un corps. insoluble dans l’éther , etc. L’Huile de lin jouit de propriétés émollientes et laxatives. Huile de moutarde. Huile inodore, fade, plus épaisse que celle d’olive, d’un jaune de succin , soluble dans l'alcool, dans l'éther, donnant un savon solide, etc. , que l’on retire des semences du Sinapis alba , qui en donne 36 pour cent, et du Jinapis nigra; qui n’en fournit que 18. T. 1V. 33 HUIL L'Huile de moutarde commence à être em- ployée comme celle de navette. Iuile de muscade. Voy. BEuRRE DE muscape. Huile de navette. Extraite des semences des Bras- sicarapa et napus. Cette Huile a une couleur jaune, une odeur particulière ; exposée à une tempéra- ture de 6°, elle dépose des globules blancs de stéa- rine, et si la température baisse encore, elle se prend en une masse butyreuse , etc. Gette Huile sert d’aliment et à l'éclairage. Huile de noisette. Huile fournie par les amandes du Corylus avellana, qui en donnent à peu près 60 pour cent. Cette Huile est limpide, d'un jaune clair , inodore , d’une saveur douce et agréable ; elle se congèle à 19°—0, est servie sur les ta- bles, etc. Huile de noix. Huile extraite du fruit du Juglans regia, plus siccative que celle de lin, plus em- ployée, par conséquent, dans la peinture fine; ver- dâtre quand elle est fraîche, passant au jaune pâleà mesure qu’elle vieillit, peu odorante, d’une saveur agréable , etc. Elle sert d’aliment dans beaucoup de pays; la médecine lui reconnaît des proprié- tés purgatives , et l’emploie dans le traitement de la colique des peintres ( Méthode des Frères de la Charité ). Huile d'olive. Huile retirée da péricarpe des fruits de l’'Olea europæa, d’un jaune tantôt verdä- tre , tantôt pâle , très-épaisse, transparente , d’une odeur et d’une saveur d'olive très-prononcées , agréable, quand elle est pure, bien entendu ; très-riehe en stéarine et en oléine ; se solidifiant , au moindre abaissement de température , en une matière grenue, très-poreuse, très-saponifiable , non siccative , formant des emplâtres solides avec les oxides métalliques ; ne se laissant que très-dif- ficilement pénétrer par l'air , et ne formant pas chapelet quand on l’agite dans une pelite bou- teille de verre ; se solidifiant entièrement par son mélange avec le nitrate de mercure, etc. Il existe dans le commerce trois qualités d’Huile d'olive : la première, la meilleure, dite Huile vierge , est obtenue par une douce pression à froid; une pression plus forte , et l’intermède de l’eau bouillante, donnent la seconde ; la troisième s’ob- tient par l'ébullition du marc dans l’eau; enfin une quatrième sorte est le résultat de la férmen- tation des olives : ces deux dernières qualités ne peuvent servir qu’à la préparation des savons. La rarelé des oliviers, les accidens qu'ils peu- vent éprouver par l’intempérie et la rigueur des sai- sons, le prix toujours assez élevé du produit qu'on en relire, ont toujours exercé la cupidité des marchands, et rendu compte des altérations que l'Huile d'olive éprouve dans le commerce. C’est ordinairement avec l'Huile d’œillette qu’on falsifie un des alimens qui sont le plus souvent servis sur nos tables. On reconnaîtra cette falsification , non plus seulement avec le nitrate de mercure ( sel préparé ayec, mercure 6 parties, acide nitrique à 38° 7 parlies 1/2 ) proposé par Pontet, pharma cien à Marseille, et qui a bien la propriété de so- lidifier l'Huile d'olive, mais qui solidifie également 245° Livraison. 5 mo à HUIL 5, HUIL nn nn sc l’Huile blanche, l’'Huile d’amandes , etc., comme Va démontré Lescalier', mais par un appareil élec- tromoteur imaginé par Rousseau, appareil fondé sur la propriété qu’a FHuile d'olive d’agir 675 fois moins sur l’aiguille aimantée que les autres Huiles végétales. L'Huile d'olive se conserve assez long-temps sans devenir visqueuse. Gette propriété la rend précieuse pour les horlogers qui , néanmoins, lui font subir la petite préparation suivante, avant de s’en servir. [ls exposent pendant un certain temps, à l’action du soleil, une bouteille fermée conte- nant une quantité voulue d’Huile et une lame de plomb. Peu après l’Huile se décolore et se couvre d’une masse caséiforme qui se dépose. Quand le lomb ne détermine plus la formation de cette croûte blanche , on décante l’Huile, devenue plus fluide , et on la conserve. Huile d’œillette ou Huile blanche. Gette Huile , obtenue de l'expression des graines du Papaver somniferum , qui ressemble beaucoup par son as- pect el sa saveur à l’Huile d'olive, ne participe d'aucune des propriétés de l’opium, se solidifie à 18° —o, se dissout dans 25 parties d’alcool froid, dans 6 d’alcool bouillant; se mêle en toutes pro- portions avec l’éther, etc. On l’emploie souvent comme aliment, et souvent aussi, ce qui est un mal , en fraude même, pour altérer l’'Huice D’o- uve (v. cette dernière, pour les moyens de recon- naître la falsification). Toutefois, l’Huile d’œillette est généralement plus pâle , moins verdâtre, moins congélable, plus fluide, moins saponifiable, plus siccatie que l’Huile d'olive; elle donne des em- plâtres qui sont mous, se laisse pénétrer parlair , forme chapelet quand on l’agite avec ce der- nier, etc. 4 Huile ou Beurre de Palmier. Gorps butyreux , d’un jaune orangé, d’une odeur de violettes , ran- cissant et blanchissant facilement à l’air, peu so- luble dans l'alcool qu’il colore en jaune, davan- tage dans l’éther qui prend une teinte orangée, employé àla fabrication du savon, etc. , et fourni, selon les uns , par les fruits du Coccos butyracea, selon d’autres par ceux de l’Avoira elais. Huile des Pins. Les semences mondées des Pi- nus abies et Pinus sylvestris donnent de 20 à 25 pour cent d’une huile d’un jaune plus ou moins foncé, d’une odeur et d’une saveur térébinthacées, très-fluide , facile à se solidifier , etc. , et qui peut être avantageusement employée dans la prépara- tion des vernis et couleurs. Huilexde pepins de raisins. Des pepms du Vütis vinifera on retire de 10 à 11 pour cent d’une Huile qui est d’un jaune clair à l’état récent, d’un jaune plus foncé quand elle a vieilli; dont la saveur est fade, l’odeur nulle, etc. , et qui est propre à l’é- clairage. , Huile où Suif de Piney. Substance blanche, grasse au toucher, d’une odeur agréable, difficile à couper avec un fil métallique fin, etc. , obtenue en faisant bouillir dans l’eau le fruit du Jateria indica, qui croît au Malabar. Huile de Ricin, de Palma-Christi. Huile four- | nie par le Ricinus, communis, très-épaisse , très- peu colorée , transparente, inodore , d’une sa- veur fade; devenant rance, visqueuse, épaisse, et finissant par se dessécher à l'air ; soluble dans l'alcool et dans l’éther ; donnant à la distillation un principe huileux volatil, incolore, qui cristal- lise par le refroidissement, qui a une odeur très- forte, etc. , plus deux acides extrêmement âcres, et susceptibles de former avec la magnésie et l’oxide de plomb des sels très-solubles dans l'alcool. L'Huile de Riein est un des laxatifs Les plus usi- tés; mais il ne faut pas qu’elle soit rance , car elle agit alors comme drastique. Des différens procédés conseillés pour son ex- traction , tels que l’ébullition des semences dans l'eau ou l’intermède de l'alcool, le suivant est le plus employé : on brise la lorique des se- mences en faisant passer ces dernières bien sé- chées entre deux cylindres cannelés ; on les vanne et on les monde à la main : on les réduit en pâte dans un mortier de marbre ; on enferme la pâte dans des sacs de coutil et on exprime fortement. Huile de tabac, la graine du Wicotiana tabacum donne jusqu’à 32 pour cent de son poids d’une Huile limpide , jaune-verdâtre, inodore, fade, etc., et dont on fait peu d'usage. Huize pe roucoucouna. Huile obtenue en jetant dans l’eau bouillante les amandes contuses du Ca- rapa touloucouna , arbre du Sénégal. Cette Huile, plus lègère que l’eau, et qui se solidifie par le re- froidissement , etc. , a une couleur jaune-rouge de rocou, une odeur rance, une saveur amère, chaude, persistante dans la gorge, très-rebu- tante ou même excitant le vomissement. lies peuplades nègres s’en servent pour se frictionner la peau afin d’éloigner les moustiques ou marin- gouins qui les attaquent sans cesse et qui ren- draient, sans cette précaution , leur existence in- supportable. L’Huile de Touloucouna pourrait ser- vir également pour éloigner les insectes de la tête des enfans. B. Huiles volatiles ouessentielles, Les Huiles vola- tiles , ainsi nommées à cause de la facilité avec la- quelle elles se répandent dans l’air et à cause de la non-permanence des taches qu’elles forment surles tissus (ces taches disparaissent à la chaleur de la flamme d’une bougie , celles qui ont été faites avec une huile grasse résistent à la même température), sontdes corps plus fluides que les Huiles fixes : leur saveur est chaude , âcre et brûlante; leur odeur est forte et prononcée , leur couleur très-variable: les unes sont jaunes, rouges ou brunes, d’autres fois vertes, enfin quelques unes seulement sont bleues. On peut établir d’une manière générale que la couleur des Huiles volatiles est. d'autant moins prononcée qu’elles sont moins anciennes. La plupart des Huiles volatiles sont plus légères que l’eau, quelques unes seulement sont plus pe- santes. Toutes sont peu solubles dans l’eau ; cepen- dant si on les agite dans certaines proportions avec cette dernière , celle-ci acquiert l’odeur et la sa- veur qui les caractérisent; c'est ainsi que dans les pharmacies on prépare quelques eaux dites médli- ŒUIL 35 HUIL cinales. C’est également sur cette légère solubi- lité des Huiles volatiles dans l’eau qu’est fondée la préparation des eaux distillées des plantes , eaux qui servent de véhicule aux médicamens employés sisouvent en médecine sous les noms de potions , demistures, etc. Triturées avec le sucre, leur so- Jubilité dans l’eau est augmentée. Les mélanges de ce genre, ‘appelés en pharmacie eleosacthara , sont faits chaque fois qu’on veut introduire quel- ques gouttes d’une Huile essentielle quelconque dans une potion, un julep, etc. Les Huïles volatiles sont solubles dans l'alcool, etavec d'autant plus de facilité que l'alcool con- tient moins d’eau. Cette propriété a été mise à profit par les pharmaciens et les parfumeurs , pour préparer les eaux de lavande, de Cologne , de jas- min, de mélisse , derose etc. À Vaide de l’ébal- lition , ‘elles dissolvent le soufre, le phosphore, les Huiles grasses , les résines , les graisses anima- les ; elles absorbent le chlore , des gaz, se com- binent avec l’iode, avec plusieurs acides végétaux, ont peu d'action sur les:sels , sont altérées par les acides forts, etc. Elles brûlent à l'air libre avec | une flamme brillante et donnent beaucoup de fu- liginosités ; glissantes au toucher ,-ellesrendent au contraire la peau rude; elles se congèlent à des températures différentes, les unes à :zéro, les au- | tres au dessous; enfin, à l'exception de l’Huile de gérofle, elles ne:se combinent ni aveciles alcalis niavecides oxides métalliques. Exposées au contact de l’air, les Huiles volatiles absorbent'de l'oxygène, deviennent,plus colorées, plus épaisses ,:moins odorantes,, serésinifient ,.dé- gagent du gaz acide carbonique, vicient l’atmo- sphère ,-etc. ; de Jà les accidens signalés quelque- fois dans les magasins contenant une grande-quan- titérd’Huile volatile. Tous ces phénomènes sont encore augmentés par l’action de la lumière. Ii.est donc important, quand'on veut.conserver les Hui- les volatiles avec tous leurs caractères et toutes leurs propriétés , deles renfermer.dans des flacons exactement fermés, toujours entièrement pleins, | et déposés dansun lieu inaccessible auxrayons so- | aires. “Ainsi que les-Huiles grasses, les Huiles volätiles renferment deux autres Huiles, appelées, celle qui estconcrète Sféaroptène, celle qui est fluide Æléop- | tène.. (Foyez pour ces deux nouveaux corps lemot | SréaroThNe.) Quañtaux proportions d'oxygène, d'hydrogène, de: carbone et d’azote:qui «entrent dans-leur «composition élmentaire , elles varient dans des {différentes espèces; c’est ce que l’on pourravoird'ailleurs dans l'étude particulière que | mous:ferons.de quelques unes des Huiles volatiles desplus usitées. Les Huiles volatilesise trouvent: dans toutes les parties «des végétaux ,ret c’est à leurrexistence, à leur expansion continuelle dans l'air, que l’on doit attribuer l'odeur plus ou-moins agréable que toutes des plantes odoriférantes répandent autour d'elles. Les Huïles-volatiles s’obtiennent ordinairement “en distillant.les plantes ou les parties dessplantes quiles contiennent ; avec de l'eawordinaire quand | T’Huile est très-volatile, avec de l’eau contenant une certaine quantité de sel marin en dissolution quand l’Huiïle est plus difficilement volatile. On continue l’opération tant que l’eau qui s’écoule du serpentin est Jaiteuse; on abandonne celle-ci à elle-même, et, par le repos, l'Huile vient se ren- dre à sa surface. On l’enlève avec une pipette ou avec un entonnoir fait exprès, ou bien encore à: l’aide d’un petit cylindre de coton qui plonge, d’une part dans le récipient de l'appareil distillatoire , de l’autre dans le flacon destiné à recevoir et à con- server l'Huile. Parmi les précautions qu’il est nécessaire de me pas négliger dans ces sortes d'opérations chimico- pharmaceutiques, nous signalerons les deux sui- vantes, comme étant les plus importantes : il faut mettre tout juste assez d’eau avec la plante pour que celle-ci ne reste pas à sec et ne brûle pas sur la fin de l'opération. Si on met trop d’eau dans la cucurbite de lalambic, et:si cette cucurbite.est large ‘ét peu profonde (avantages qui sont bons dans toute autre: dislillation , celle de l’eau-de-vie, de l’eau ordinaire , par.exemple ), trop de vapeur d’eau se forme et peu d’Huile est entraînée avec elle ; si, au contraire , on ne met pas assez d’eau, le corps ique l’on a soumis à ‘la distillation peut être altéré par la chaleur, et on court Je risque d’avoir un produit empyreumatique. On évite très- bien tous ces inconvéniens en suspendant la sub- stance végétale au dessus de l’eau de la cucurbite, à l’aide d’un diaphragme de-bois ou de métal rem- plide trous, et entse servant, d’un alambic dont la cucurbite est plus profonde que large ; l’Huile:est alors entraînée par la vapeur d’eau qui s'élève du vase distillatoire. Toutes les plantes ne contenant pas une ‘égale quantité d'Huile volatile, ou:bien ne cédant pas cette Huile avec: lamême facilité , il arrive souvent que l’onest obligé de cohober plusieurs fois le même produit, c’est-à-dire de le verser une-seconde ,. une troisième fois sur une nouvélle\quantité de sub - stance ::on l’arrête quand. l’eautest, suffisamment saturée. La-distillation , avons-nous dit , ‘est le mode.or- ‘dinaire-:d’obtention des Huilesvolatiles ; mais tou- tes ne s’obliennent pas ainsi. Les Huiles de ‘citron, ‘de bergamotte , «et quelques autres , sont extraites par l'expression de la pellicule extérieure.et jaune des fruits mûrs du'citronnier, du bergamottier;etc. Mais ces Huiles bien qu’elles répandent une odeur très-agréable , très-suave:même . ne sont pas aussi pures que lorsqu'elles ont été préparées par distil- lation. Cette observation mérite d’être prise en considération, surtout pour l'Huïle.de citron, dont -onsesert souvent;pour enlever.les taches de graisse suriles tissus deisoie. Onsdoit «préférer: ici Huile préparée:par: distillation. D’autres , comme celles de: violette, de jasmin, de tubéreuse, etc. s’ob- tiennent parintemmede ; et voici comment on pro- cède : dans! un vase:convenable on superpose; des couches deouatedecoton ou de morceaux de drap imbihés d’une Huile grasse: pure ,incolore:et ine- dore, «et des:couches :de fleurs fraîches ; quand HUIL 36 AUIL toute l’Huile volatile des fleurs a été absorbée par l’Huile fixe, on renouvelle les couches de fleurs ; on continue ainsi jusqu’à ce que toute l’Huile grasse soit saturée, et on distille le coton ou le drap avec de l’eau. Pour les besoins de la parfumerie on se contente d'exprimer le coton ou le drap; c’est ce que l’on fait surtout pour l'Huile de lis. Les Huiles volatiles sont très-employées en mé- decine comme excitans ; en pharmacie, pour pré- parer des graisses et des Huiles aromatiques ; en parfumerie, des pommades, des savons , etc. ; on les emploie encore pour enlever les taches de graisse ou de peinture à l’huile qui sont sur les vêtemens. Les arts s’en servent aussi pour étendre le vernis gras, bien entendu que l’on prend celles dont le prix est le moins élevé. La plupart des Huiles volatiles du commerce sont falsifiées, mélangées tantôt avec des Huiles grasses ou la résine de copahu, tantôt avec l’al- cool, des Huiles volatiles moins chères, etc. On reconnaît la première fraude , celle qui a été faite avec une Huile grasse ou le copahu, en exposant à une douce chaleur une goutte de l’Huile suspecte étendue sur du papier. Si l'Huile est pure, la ta- che disparaît sans laisser de résidu; le résidu sera sec et cassant avec le copahu, et le papier restera translucide avec l’Huile grasse. L’addition de l’al- cool sera reconnue en agitant une petite quantité d'Huile avec un peu d’eau; s’il y a fraude , le mé- lange devient aussitôt laiteux. Rien de semblable n’a lieu quand l’Huile est pure. Quant aux mélan- ges faits avec des Huiles volâtiles de qualité et de prix inférieurs , il n’y a qu’une grande habitude, qu'un odorat très-fin et très-exercé qui puissent les reconnaître. Parmi le très-grand nombre d’Huiles volatiles qui sont connues aujourd’hui, et que l’on a distin- guées en oxygénées et en non oæxygénées , nous étu- dierons les suivantes , et cette étude sera extrême- ment succincte : Huile d’absinthe. Huile jaune, quelquefois verte, d’une odeur et d’une saveur (à part l’amertume) de l’Artemisia absinthium dont on l'extrait, déto- nant avec l’iode quand elle est fraîche, devenant bleue , puis d’un brun foncé quand on la traite par l'acide nitrique , etc. Huile ail. Extraite de la tige et du bulbe de l’Allium sativum, cette Huile est très-volatile , plus pesante que l’eau, d’une couleur jaune, d’une odeur pénétrante, d’une saveur forte et âcre , très- soluble dans l'alcool, brûlant en donnant beaucoup de suie et répandant une odeur d’acide sulfureux, d’une grande causticité, etc. Huile d'amandes amères. Huile obtenue en fai- sant passer de la vapeur d’eau à travers des tour- teaux d’amandes amères grossièrement pulvéri- sés, placés sur un support convenable. Cette Huile est d’un beau jaune doré, plus pesante que l’eau, d’une odeur d'acide hydrocyanique, d’une saveur amère et brûlante, Exposée à l'air, elle ab- sorbe l’oxygène et laisse déposer des cristaux que Stangs a regardés comme étant de l'acide benzoï- que. M. Robiquet pense que cette Huile est com- posée de deux autres Huiles ; une, plus volatile, qui contient de l’acide hydrocyanique et qui est vénéneuse ; l’autre, non volatile, qui absorbe l’oxy- gène et qui se convertit en acide benzoïque. - : L'Huile volatile d’amandes amères se combine avec les alcalis ;: traitée par l'acide nitrique , elle donne naissance à de l’acide benzoïque , etc., etc. Huile d'ancth. Huile d’un. jaune pâle, d’une odeur forte, d’une saveur d’abord douceâtre , puis brûlante , soluble dans l'alcool, etc., etc., fournie : par l’Anethum graveolens. Huile d’anis. Cette Huile, oxygénée , est extraite des semences du Pimpinella anisum. Elle est inco- lore ou légèrement jaunâtre, d’une odeur et d’une saveur d’anis très-prononcées, soluble dans l’al- cool, se résinifie à l’air, se coagule facilement, est composée, d’après de Saussure, de : carbone 76,49, hydrogène 9,35 , oxygène 13,82 et azote 0,84; d'après Dumas, de : carbone 81,35, hÿ- drogène 8,55, oxygène 10,10. Renferme deux autres Huiles , une solide , l’autre liquide , etc. Nota. Les semences de l’Zlicium anisatum (Ba- diane, Anis étoilé) donnent une Huile analogue à la précédente. Huile de bergamotte. Huile non oxygénée, obte- nue par expression du zeste du fruit du Cütrus bergamium , limpide, jaanâtre ,-très-fluide, d’une odeur agréable, qui est convertie en résine et co- lorée en jaune foncé par l'acide sulfurique, et dont les autres propriétés ont encore été peu étudiées. Huile de bois de Rhodes. Extraite du bois du Convolvulus scoparius , cette Huile est très-fluide, d’une couleur jaune qui passe au rouge avec le temps , d’une odeur de roses, d’une saveur amère et aromatique , etc. On s’en sert souvent dans le commerce pour fälsifier l’'Huile de roses; mais alors celle-ci perd sa propriété de prendre la con- sistance butyreuse au moindre froid. Huile de Caioupouti. Voy. CGaservur. Huile de cajeput ou d'arbre blanc. Voy. Ga- JEPUT. Huile de camomille. Huïle extraite des fleurs de l'Anthemis nobilis, du Matricaria chamomillaet de quelques autres fleurs, d’un bleu foncé , un peu épaisse , presque opaque, d’une odeur et d’une saveur aromatiques très-prononcées, rappelant celles de la plante qui l’a fournie, se rancissant et s’épaississant à l’air; susceptible, selon Hasse, de s’enflammer avec explosion quand on la mêle avec de l'acide sulfurique, puis avec de l’eau ; soluble dans l’acide nitrique, qui la colore en brun, etc. Huile de cannelle. Huile préparée à Ceylan en distillant dans un appareil convenable et avec du sel marin les fragmens de cannelle qu’on ne peut livrer au commerce. Cette Huile ; d’un jaune clair, eevient brunâtre avec le temps ; sa saveur sucrée et brûlante , son odeur agréable, rappellent la sa- veur et l'odeur’ de l’écorce d’où on l’a retirée ; elle est plus pesante que l’eau, peu soluble dans ce liquide , soluble dans l’alcool , etc. Abandonnée à elle-même, elle dépose à la longue des cristaux (stéaroptène) réguliers, incolores ou jaunâtres, faciles à pulvériser, fusibles à une douce cha- leur, etc. Huile de carvi. Huile d’un jaune pâle, d’une odeur et d’une saveur de cumin, fournie par la semence du Carum carvi, etc. Huile de cédrat. Voy. Muire De cirroN. Huile de citron. Huile non oxygénée et obtenue par expression ou par distillation de la partie jaune -de l'écorce du citron. Obtenue par expression, elle est jaunâtre, assez fluide; par distillation, elle est incolore, plus fluide, d’une odeur moins agréable et ne se solidifie pas même à 20° au des- sus de o. L'Huile de citron se dissout en totalité dans l'alcool anhydre. D’après Thénard, elle forme avec l’acide hydrochlorique deux combinaisons : une liquide (la même chose a lieu pour l’Huile de térébenthine, d’après le même chimiste), jaune, fumant à l'air et d’une odeur de thym; l’autre solide , contenue dans la première, insoluble dans l’eau, soluble dans l’acide sulfurique, peu atta- quable à froid par l’acide nitrique, cristallisa- ble , etc. Elle est composée, d’après de Saussure, de : carbone 86,899 , hydrogène 12,326 et azoteo,775. Huile de cochléaria. Extraite des feuilles du Cochlearia officinalis , cette Huile est jaune , d’une odeur vive , pénétrante , excitant les larmes, d’une saveur âcre , plus pesante que l’eau, soluble dans l'alcool , etc. Huile de cubèbe. Huile obtenue par distillation des fruits du Piper cubeba , épaisse , louche et qui finit par se clarifier; laissant déposer une masse cristalline blanche , qui, traitée par l'alcool et l’évaporation de ce dernier, donne des cristaux re- présentant des tables quadrilatères, rhomboïdales, transparentes. Ces cristaux, insolubles dans l’eau, sont solubles dans l’alcool, dans l’éther et dans l'huile de térébenthine rectifiée; ils ont la saveur “et l'odeur piquante du cubèbe; soumis à l’action d’une douce chaleur, ils se liquéfient, puis se vo- Jatilisent sous forme de nuages blancs épais, si on augmente la température : ils ne sont point atta- -qués à froid par l’acide acétique, etc. Huile de cumin. Huile fournie par les semences du Cuminum oyminum, d’un jaune pâle, très- fluide, d’une saveur brûlante, etc. Huile d’eau-de-vie de grain. Huile à moitié so- lide, blanche à la température ordinaire ; d’une consistance de suif à froid; d’une saveur et d’une ‘odeur désagréables , nageant à la surface de l’eau et de l’esprit-de-vin, entrant facilement en fusion “et devenant jaune à la chaleur, soluble dans six parties d'alcool sec et deux parties d’éther, très- _ peu soluble dans l’eau ainsi que dans la potasse | caustique, susceptible d’être absorbée par le charbon animal bien calciné , etc. Obtenue sur la fin de la préparation de l’eau-de-vie de grain. . Huiled’eau-de-vie de pomme de terre. Cette Huile, obtenue sur la fin de la distillation de l’eau-de-vie | de pomme deterre , est jaunâtre; rectifiée sur du chlorure de calcium en poudre, elle est incolore, limpide, d’une odeur particulière et d’une saveur HUIL : 37 om HUIL : - amère, chaude: elle ne fait point tache sur le papier comme l'Huile d’eau-de-vie de grain ; elle brûle avec une flamme claire, non fuligineuse ; elle est un peu soluble dans l’eau, se mêle en toules proportions avec l’alcool, est verdie par le chlore , forme de J’éther nitrique avec l'acide ni- trique et la chaleur; de l’éther hydrochlorique avec le gaz acide hydrochlurique, dissout le soufre à la température de l’ébullition, se combine avec l’iode, etc. Huile d'eau-de-vie de raisin. Cette Huile, qui se forme sur la fin de la distillation du résidu fer- menté des raisins exprimés, est très-fluide , lim- pide , d’une odeur pénétrante, d’une saveur âcre et désagréable ; elle jaunit à l’air, se dissout dans cent parties d’eau, se combine avec les alcalis caustiques , dissout le soufre à l’aide de l’ébulli- tion , etc. Huile de fenouil. Huile incolore ou jaunätre, d’une odeur et d’une saveur de fenouil, retirée de la semence de l’Anethum fæniculum, avec laquelle on fait des savons parfumés en Angleterre, etc. Huile de fèves tonka (Gourmarine). Huile con- crète , d’une odeur agréable, etc., obtenue en fai- sant macérer dans de l’éther les semences du Di- pterix odorata de Wildenow, traitant ensuite par l'alcool, et évaporant. Huile de fleurs d'oranger (Néroli). Huile extraite des fleurs fraîches du Citrus aurantium , jaune à l'état récent, devenant promptement d’un rouge Jjaunâtre au contact des rayons solaires, acquérant la même couleur.à la lumière diffuse, mais après un temps plus long; très-fluide, plus légère que l'eau, d’une odeur fort agréable , etc. L Huile de genièvre. Huile obtenue en distillant avec de l’eau les baies de genièvre concassées. Cette Huile limpide , incolore ou jaune verdâtre, d’une odeur et d’une saveur de genièvre, est peu solu- ble dans l’eau et peu soluble dans l’alcool; on lui reconnaît des propriétés diurétiques, et elle’ communique à l'urine, comme l’Huile de téré- benthine , une odeur de violettes très-prononcée. Le gin ou genièvre des Anglais n’est autre chose que de l’eau-de-vie tenant en solution une petite quantité d'Huile de genièvre. Huile de gérofle. Huile naturellement incolore, jaunâtre ou brunâtre selon sa vétusté, d’une sa- veur brülante, d’une odeur analogue à celle du Caryophyllus aromaticus dont on la retire, soluble dans l'alcool, l’éther et l’acide acétique concentré, colorée en vert par le chlore, en rouge par l'acide nitrique et par l’acide sulfurique, etc. Le peuple regarde cette Huile comme un remède souverain contre le mal de dent. Cependant disons qu’une * goutte ou deux versées sur un peu de coton qu’on place dans la dent cariée, suffisent quelquefois pour calmer les douleurs les plus violentes. Ce remède agit dans ce cas comme léger caustique ; il brûle et détruit peu à peu les filets nerveux dentaires. Huile d'hysope. Muïle qui est jaune, qui de- vient rouge en vieillissant, d'une saveur âcre et analogue à celle du camphre, elc., retirée de l'Hyssopus officinalis. Lite Huile de lavande. Huile jaune très-flaide ; d’une deur de lavande , d’une saveur brûlante, solüble ‘dans l'alcool, détonant légèrement lorsqu'on la mêle avec l’iode et qu’elle est fraîche, etc., ex- raite du Lavandula spica. Nota. L'Huile d’aspic du comimerce est-obtenue ën distillantuñe variété non cultivée de Lavandula spica où Lavandula latifolia. Huile de macis. Huile éxtraite du macis (épi- derme intérieur des noix muscades) , incolore ‘ou jaunâtre, un peu visqueuse,, d'ane forte odeur de “muscade, d'une saveur âcre, composée de deux “Huiles, une plus légère que Veau, plus aromati- que, l'autre ‘plus pesante que l'eau, de ‘couleur blanche, d’üne consistance de beurre , etc. Huile de menthe érépue. Huile d'un jiûne pâle , “devenant ‘d’un jaune plus foncé et même d’un rouge jaunâtre par l’action du temps, d’une odeur ‘et d’une saveur analogues à celles du Mentha crispa ‘d’où on la retire, etc. Huile de menthe poivrée. Huile du mentha piperitis, jaunâtre , d’üne saveur brûlante ,'camphrée, très- âcre , déposant à la longue de petits cristaux axil- laires, soluble dans l’alcool, etc. Huile de moutarde. Obténue ‘en ‘distillant la graine de moutarde broyée dans l'eau , cette Huile est d’un jaune citron, d’une odétir analogue à cétte de l’ammoniaque liquide ‘ün ‘peu soluble dans l'eau (2 pour ‘cent), soluble dans l'alcool; dissolvant le soufre et le phosphore ; preduisant.promptement ‘des ampoules lorsqu'on l'äpplique'sur la peau, re- tardant la fermentation dû jus de raisin , etc. Le soluté aqueux ‘d'huile volatile de moutarde jouit de l’odéür, de la saveur et de la causticité de THuile pure ; exposé à l'air il perd son âcreté et laisse déposer'une poudre grise‘conténänt du sou- fre ét de l'huile. Hüile de persil. Huile d’ün jaune (clair, d'une odeur très-pronontée de persil (Apium petroseli- num) , Composée de‘deux Huïlés, une ((éléoptène) plus légére que l’eau , l’autre (stéaroptène) ‘plus pesante, etc. “Huile de piment. Huile retirée ‘des ‘enveloppes des fruits du Myrtus pimenta, jaunâtre, presque incolore, d’une odeur ‘de gérofle, d’une saveur ‘âcre et brûlante , plus pesante que l’eau, colorée en rouge par l’acide nitrique , etc. | Huile‘ de poivre. Muile limpide et incolore , de- venant jaune en vieillissant , plus légère que l’ean , d'unesaiveur moins brûlante, mais d’une odeur ana- logue à celle du Piper nigrum, d'où onla retire, etc. Huile de raifort sauvage. Huile d’un jaune clair, plus lourde que l’eau , d'une ‘odeur très-vive, pi- quante , ammoniacale; d’une saveur d’abord dou- ceâtre, puis caustique ; soluble en petite quantité dans l’eau, soluble éntièrement dans l’alcool, etc. , extraite de la racine du Cochlearia armoracia, dont elle constitue lés propriétés actives. Huile de romarin. Huile limpide , soluble dans Valcool, déposant à la longue an stéaroptène ana- logue au camphre, etc. ,'et dont l'odeur et la ‘sa- veur rappellent-celles du ‘Rosmarinus ‘officinalis, d’où on l'extrait. qui devient rouge avec le temps, qui à l’'odeuret la saveur des racinesde l’Acarus calamus, dont on la rétire ,'etc. tales des Rosa centifolia et sempervirens. Gette Huile est incolore, d’une ‘odeur extrêmement agréable ; mais il faut qu'elle soit très-étendue ; sa saveur est suave et douceâtre, sa légèreté plus grande que celle de l’eau; elle se solidifie au moindre abaïssement de température ;:elle estipeu soluble ‘dans l’alcool, etc. L’Huile idetroses est un des parfums les plus agréables et les plus souvent employés. : ï que, etc., que l'on retire des feuilles du Juniperus sabina , dont elle à l'odeur et la saveur. cus'sativus , cette Huile est jaune , très-fluide , plus lourde que l’eau , d’une odeur très-prononcée de safran , d’une saveur âcreiet amère, se-solidifiant à la longue et devenantiaussi plusiégèreque l’eau, jouissant dé propriétés narcotiques , etc. da Lauwrus sassafras. Ellerest incolore à l’état ré- cent, devient jaune'ou rouge avec Je temps, a une odeur douceâtre ‘agréable, une saveur brû- Jante, est colorée en rougeipar lacide nitrique, ne se combine pas avec les alcalis, ‘etc. beurre, let: qu’on extrait des fleurs ‘du Sambucus nigra. saveur‘âcre et amère , d’une ‘odeur ‘très:pronon- ‘en Suisse en'distillänt avec ide l’eau les fruits à ‘incolore, maisuh-peu moins odorante, en la rec- « à : . . . agissant Ipromptemént sur l'appareil urinaire nouvellement peint acquiert l’odeur de violette. benthine dépose des cristaux de stéaroptèné; mis en contact avec la teinture ‘de tournesol , ellefl rougit, propriété-qui est due à la présence d'u acide que MM. Lecanu et:Serbat ont cru être(d l’acide’succinique. J’alcool'aqueux , ‘se combine avec Je chlore, dis Huile de roseau aromatique. Huile qui ést jduné, Huile de roses. On l’obtient-en distillant lesipé- Huile de sabine. Huïle Yimpide, très-diuréti- Huile‘de safran. Bxtraite des stigmates du Cro- Huile de sassafras. Huile extraite des racines Huile de sureau. Huile qui a la consistance «du Huile de tanaisie. Huile jaune ou verte, d’une cée et analogue à icelle des feuilles et des fleurs du Taracetum vulgare, d'où on la retire, etc. Mure pe rewruin. Huile peu colorée , solubl dans l'alcool, etc., d’une odeur agréable par so analogie avec celle des fleurs d'oranger, obtenu Pinus mugho , et que l’on pent'avoir parfaitemen tifiant avec de l’eau. . Huile de térébenthine. Gette Huile , non‘oxygé- née, appelée valgairrement Essence de térébenthine oultout simplement Essence , est: obtenue:en dis- tillant avec de l’eau plusieurs :sorteside résine molles (térébenthines ) fournies par différens ar bres du genre Pinus. Pureet récente, elle est in colore (/jaune-verdâtre lorsqu'elle a vieilli) , lim pide, très-fluide , d’une odeur forte, particulière tout le mônde connaît la rapidité avec laquell l'urine que l’on rend'en sortant d’unappartemen Soumise à un froid de 17°—o , l'Huilerdetéré L’Huile de térébenthine est peu soluble dam ï 39 AUIL combinaison avec l’acide hydrochlorique, décou- : verte par Kind, a recu le nom de Camphre arti- ficiel. Les usages de l’Huile de térébenthine sont À extrêmement grands dans la fabrication des vernis et dans l’art de la peinture , où elle sert à étendre les vernis à l’'Huile, La médecine , qui l’administre à l’intérieur et à l'extérieur , lui reconnaît des pro- priétés purgatives, anthelminthiques et spécifiques de quelques affections nerveuses, rhumatisma- les, etc. Houton-Labillardière l’a trouvée composée de : carbone 87,6, hydrogène 12,5. Huile de thym. Huile d’un jaune rougeître, d’une odeur agréable, employée comme par- fum, et que l’on retire du Thymus serpyllum. C. Huiles animales, Hurve DE pauPuin. Huile four nie par le Delphinus globiceps, de couleur jaune- | citron, d’une odeur de poisson ou de cuir apprêté au gras, soluble dans l'alcool bouillant, etc. Ce soluté alcoolique ne rougit point la teinture de tournesol. Huize DE MarsouIN. Huile obtenue en faisant fondre la panne du Marsouin ( Delphinus phocena ) dans de l’eau, laissant reposer et décantant la partie surnageante. Gette Huile est d’un jaune pâle, d’une odeur de poisson, sans action sur le tournesol, jaunissant et devenant acide à J’air , so- luble dans l’alcool bouillant, etc. , formée d’o- léine, de phocénine et d’un peu d’acide phocé- nique, Hurse DE FOIE DE MORUE. ( Oleum jecoris aselli. ) Cette Huile , employée anciennement en médecine dans certains pays, et remise [en pratique dans ces derniers temps contre” plusieurs affections rhumatismales chroniques , pour détruire les lom- brics et les vers ascarides, etc. , s’obtient de trois manières différentes : en exposant aux rayons du soleil des foies de morue’entassés dans des cuves, en soumettant à la presse des foies de morue qui commencent à se putréfier, enfin en chauffant les mêmes foies dans une marmite de fonte. Le premier procédé donne une Huile fluide, jaunä- tre ; c’est l’Auile de morue limpide blanche , qu’on emploie à l’intérieur, soit seule, soit mêlée à une émulsion quelconque, à la dose de deux ou trois cuillerées à bouche par jour pour les adultes, et de deux ou trois cuillerées à café pour les enfans. Le second procédé donne une Auile limpide brune , et le troisième un liquide encore plus coloré et yisqueux. Hurze »’œurs. Huile obtenue en soumettant à la presse des jaunes d'œufs légèrement torréfiés, d’une couleur jaune rougeâtre , d’une consistance épaisse , facilement congélable, d’une odeur et d’une saveur agréables quand elle est récente, se rancissant très-promptement, etc. ; contenant de l’oléine , de la stéarine, de la graisse cérébrale , du phosphore, etc. Huics DE PIED DE BoœEur. Graisse liquide , jaunä- tre, inodore , obtenue.en abandonnant à lui-même le décocté aqueux des pieds de bœuf séparés de leur corne, enlevant le liquide surnageant, et le portant dans de grands réservoirs où il se dépure par le repos. Ge liquide est l’Huile de pied de bœuf, qui a probablement la même composition que les autres graisses animales, et que l’on emploie or dinairement pour graisser les mécaniques, ou pour faire des fritures dans l’économie domestique. Huize Dp£ poisson. Graisse fluide, de couleur blanche ou d’un brun rougeâtre , d’une odeur dés- agréable, composée de stéarine , d’oléme , de ma- tières colorantes et odorantes; extraite de plusieurs poissons de mer, et principalement des cétacés } et employée pour faire le savon vert, pour l’éclai- rage, elc. Huixe DE rourcourou. Huile d’un jaune fauve, anti-rhumatismale, rapportée du Sénégal, etc. , employée en frictions par les Africains pour se ga- rantir de l'humidité dans la saison des pluies, quand ils couchent sar le sol, et que l’on obtient en tor- réfiant légèrement les intestins, le foie; les ovai- res, etc., des Crabes terrestres ( Gecarcinus rurt- cola de Leach, Cancer ruricola de Linné), qui sont fort nombreux sur les grèves sablonneuses de l’O- céan, entre les tropiques. D. Huiles empyreumatiques. ( cmm. ) Huiles ap- pelées encore Huiles pyrogénées , obtenues en sou- mettant à la distillation sèche des substances pres- que entièrement privées d'eau hygrométrique , jusqu’à ce- qu’elles ne dégagent plus de principes volatiles , et dont voici les principaux caractères : liquides d’abord très-fluides et incolores, passant successivement, avec le temps, à la couleur jaune, à la couleur brune, puis enfin à la couleur noire, et devenant également de plus en plus épais ; com- posés de deux principes : d'Huile qu’on a appelée Pyr£Laine ou PyrosTÉARINE, et de résine nommée PYRÉTINE (voyez ces mots). Huie ne Drrrec. Huile pyrogénée retirée des substances animales distillées à sec, et ainsi nom- mée parce que Dippel l’a obtenue le premier à l’é- tat de pureté. Ge produit, d’abord d’un jaune pâle, se colore de plus en plus pendant l’opéra- tion, s’épaissit, devient noir et visqueux, et se pré- cipite au fond du liquide avec lequel il a traversé l'appareil distillatoire. Rectifiée avec de l’eau, l’Huile de Dippel est limpide, très-fluide et très- volatile; son odeur est pénétrante; sa saveur est brûlante. Exposée au contact de l'air et de la lu- mière, elle s’épaissit, elle devient promptement jaune, puis brune , et enfin noire. L'alcool la dis- sout, l'acide nitrique l’enflamme , l’acide hydro- chlorique la dissout , etc. Huie PyrocÉNée. (cum) Voyez Huize EMPYREU- MATIQUE. Nota. On a par extension, et à cause de l’ana- logie de consistance, donné le nom d’Juile aux corps simples ou composés que nous allons énu- mérer et que nous aurions pu supprimer, Car au- jourd’hui toutes ces dénominations doivent être re- jetées du langage chimique, comme indignes de l’état actuel de la science. Huize ou BeuRRe D’ANTIMOINE , Chlorure d’an- timoine. FT 09 RE HUIT 40 HUIT 2 Huie ou Beurre D'ansenic, Chlorure d’arse- pic. Huise pouce DE vin. Composé formé de car- bone , d'hydrogène, d'acide sulfurique êt d’eau, résultant de la décomposition de l'acide sulfovini- que, et qui existe dans l'éther brut ou non rectifié. Hurse pe naruTHe. (cuim.) Voyez Biruwe. Morse DE PÉTROLE. (cm.) Woyez Birume. © Huze pe pierre. Voyez Birume. ” Horse DE TARTRE. Garbonate de potasse déli- quescent. Huise DE virmioz. (cmm.) Voyez Acide surru- RIQUE ). (EF. F.) HUITRE, Ostrea. (mors) De tous les coquil- lages connus, les Huîtres sont, sans contredit, les plus anciens; tous les naturalistes en ont parlé, soit directement, soit indirectement. L'histoire nous apprend que les Athéniens se servaient de leurs coquilles pour donner leurs suffrages ou porter leurs sentences dans les délibérations im- portantes : de là te nom d’Ostracisme imposé à ces sortes de votes populaires. Nous savons également que les Romains les faisaient venir à grands frais des lieux où elles abondaïent et où elles avaient la plus grande renommée, et que c'est à eux que nous devons l’idée première de les placer pendant un certain temps dans des endroits appropriés, ou de les parquer, comme on le dit ordinaire- ment. Les premiers travaux entrepris sur les Huîtres sont ceux de Willis, de Lister, Adanson, d’Argen- ville, Baster, Pok, etc., et dans ces derniers temps, de M. Blainville. Poli est le premier qui a dé- crit exactement les systèmes artériel et veineux de ces animaux bivalves, et nous devons regarder Lister comme le véritable créateur du genre Huiître , genre auquel on ajoute où duquel on re- tranche , selon l'opinion des auteurs , et qui ren- ferme encore un très-grand nombre d'espèces. Parmi les différens systèmes proposés pour l'étude du genre ÂZuître, nous ne dirons rien de ceux de d'Argenville et de Klein. Quant à celui de Linné , où il y avait les élémers de plusieurs bons genres, Bruguière en a extrait d'abord les genres Placune, Peigne, Perne, et plus tard les genres Avicule et Houlette. Après Bruguière, La- marck fit sortir da même genre linnéen les gen- res Gryphée, Plicatule, Vulselle, Marteau, Lime, Pintadines et Podopsides. Si nous portons maintenant notre attention sur la structure anatomique de l’Huître, nous verrons que la forme de ce mollusque est gé- néralement ovale, quelquefois ronde ou quel- quefois allongée , assez régulière, mais non com- plétement symétrique; que la coquille on par- tic protectrice est assez épaisse , hacrée dans son intérieur, plus ou moins grossièrement feuilletée ou lamelleuse à l’extérisur, de forme en général irrégulière et capable de donner par la calcina- tion une chaux excellente ; que la tête correspond aux crochets et au ligament qui réunit les valves ; que la partie postérieure, qui est la plus large, correspond au bord libre des valves; que le man teau est fort ample et formé de deux lobes séparés l’un de lautre dans toute leur circonférence, excepté au dessus de la bouche, où il forme une sorte de capuchon qui la recouvre; que ce man- teau, épaissi dans ses bords ,'est pourvu de deux rangs de cils ou de tentacules très-sensibles, musculaires et rétractiles ; enfin que ce même manteau est formé de deux feuillets, dans l’inter- valle desquels se sécrète une malière] jaune qui, d’après l'expérience la plus générale , ne serait. autre chose que les œufs. Vivant attachées aux corps sous-marins, les: Huîtres sont dépourvues d’organes locomoteurs ; elles adhèrent à leur coquille par un seul muscle adducteur, subcentral, très-puissant et divisé en deux parties. L'appareil de nutrition se compose: d’une bouche grande, simple, très-dilatable, placée à la partie antérieure de la duplicature du manteau, en dedans de l'espèce de capuchon formé par la jonction des deux lobes, et garnie. de deux paires de tentacules assez grandes et la- melliformes : la paire supérieure représente ceux des mollusques céphalatés, et la paire inférieure des espèces de branchies. De la bouche, on pé- nètre dans une poche (estomac) à parois très- minces, qui est placée dans l’épaisseur du foie, avec lequel elle adhère, et qui présente une foule: d'ouvertures pour donner issue à la sécrétion bi- liaire; de la partie postérieure de l’estomac part l'intestin grêle , organe qui se contourne plusieurs fois dans le foie , qui se dirige vers le muscle ad- ducteur, et remonte vers le milieu du dos, où 1l se termine par un orifice flottant et infundibuli- forme. Le foie, assez volumineux et de couleur brune , embrasse l'estomac et une partie de l’in- testin. Les organes de la respiration (branchies) se composent de quatre feuillets inégaux en longueur. Les premiers, les externes et les plas courts, commencent aux tentacules externes et se conti- nuent jusqu’à l’orifice de l’anus ; les seconds, les internes et les plus longs, partent des tentacules in- ternes ct aboutissent un peu plus haut que les au- tres, là où le manteau présente une adhérence intime, et la division de sa grande ouverture en deux parties inégales : une dorsale qui est plus courte, ct l’autre ventrale. D’après cette disposi- tion, on peut dire que, dans l’Huître, la masse viscérale est placée en dessus et en avant. L'appareil de la circulation se compose d’ur cœur pyriforme et de son oreillette; il est placé dans son péricarde entre le muscle adducteur eb les viscères ; il donne naissance, par sa pointe, à un gros tronc aortique qui se divise en trois bran- ches : une pour la bouche ct les tentacules , une pour le foie ct les organes digestifs, la troisième - pour toute la partie postérieure du corps. De la base du cœur partent deux autres gres troncs très-couris, qui se divisent encore ainsi que les troncs plus petits auxquels ils donnent naissance. Les Huîtres sont hermaphrodites et vivipares, c’est-à-dire qu’elles reproduisent leurs petits d’el= les-mêmes ou sans accouplement, Elles jettent , 1h, x 1.2.3. Huitres. £. Huitrier 5.6 .Huppe. L. Cuérir dir «SES MUSE;. è& L7SS (© HUIT PA HUIT ge au commencement du printemps , un frai qui res- semble assez à une goutte de suif, et dans lequel on distingue, avec la loupe, une infinité de petites Huiîtres toutes formées, et qui s’attachent aux ro- chers , aux pierres, à elles-mêmes , ou à tout autre corps solide dispersé dans la mer. Cela étant bien connu, nos lecteurs ne commettront pas cette énorme faute gastronomique, cette erreur en his- toire naturelle la plus élémentaire , que commet- tent tous les jours ces grands connaisseurs , ces savans gourmets, ces fins dégustateurs qui, lar- gement assis au Rocher de Gancale ou au café de Paris , demandent , en. affectant toujours une sorte de supériorité de goût , les uns des Huîtres mâles, les autres des Huîtres femelles, défiant du reste les plus habiles mystificateurs de les'tromper sur ce point. | Les Huîtres sont privées, du moins en appa- rence, de la vue, de l’ouie et de l’odorat; elles vivent ordinairement sur les côtes, à peu de pro- fondeur, et dans une mer dont les eaux sont peu courantes. On les trouve aussi attachées aux ro- chers ou aux racines des arbres, de manière à rester immobiles toute leur vie, si une circon- stance quelconque ne vient pas les déplacer. Elles se fixent encore les unes aux autres; de là ces masses plus ou moins considérables, tant par leur épaisseur que par leur étendue, qu'on appelle bancs d’uîtres, et qui peuvent, pendant long- temps , fournir à une consommation énorme. En- fin on en trouve de fossiles, soit littorales , soit pélagiennes. Pour avoir de bonnes Huîtres, il faut les choisir nouvelles, d’une grandeur médiocre , et qu'elles aient élé prises dans une eau claire. Celles qui passent pour les meïlleures dans toute l’Europe, viennent d'Angleterre ; celles qu’on estime le plus en France habitent les côtes de la Bretagne , et les plus grosses viennent à grands frais de la Nor- mandie à Paris, pendant toute l’année, mais sur- tout depuis le 15 du mois de septembre jusqu’au milieu du mois d'avril. Qui ne connaît d’ailleurs le dicton si souvent répété dans les salons des trai- teurs , qu'il n’y a de bonnes Huîtres que dans les mois où l’on trouve la lettre R? Ces Huîtres pas- sent pour apéritives, sudorifiques et très-peu nutritives. Elles sont d’une digestion tellement prompte et tellement facile, qu'on a vu des ama- teurs en manger jusqu’à cent douzaines à leur dé- jeuner sans éprouver le moindre dérangement. On a cru pendant long-temps que la couleur des ‘Huitres vertes était due à la décomposition des ulves et de quelques autres hydrophytes qui crois- sent dans les parcs. Gaillon, de Dieppe, qui s’est beaucoup occupé de cette viridité des Huïtres, avait cru que celte coloration était due à une es- pèce de navicule microscopique qui pénétrait dans la substance de l'animal ; mais Bory-de-Saint-Vin- cent a prouvé par des expériences directes, que la source de la matière verte se développait dans toutes les eaux, sous l’influence de la lumière. Les Huîtres deviennent assez souvent la proie d’un grand nombre d’ennemis, au nombre:des- T. IV. quels on doit principalement citer les Crabes. Ces derniers ont recours, pour les manger avec plus de sécurité , à des moyens dont quelques uns peuvent passer pour fabuleux, mais dont les au- tres sont moins douteux. Ainsi on assure que quelques Crabes sont assez habiles pour s’intro- duire furtivement entre les valves de la coquille, s’y laisser renfermer, et attaquer ensuite l'animal pour y vivre à ses dépens. Deshayes a distingué les Huîtres en Huîtres pro- prement dites, en Huîtres gryphoïdes et en Gry- phées. À. Huitres proprement dites. Caractères :! corps comprimé, plus ou moins orbiculaire ; manteau à bords épais, non adhérens, rétractiles , pourvus d’une double rangéc de filamens tentaculaires , courts et nombreux ; appendices labiaux triangu- laires ; muscle subcentral biparti; coquille adhé- rente, inéquivalve, irrégulière, à crochets écar- tés, devenant très-inégaux avec l’âge, et à valve supérieure se déplaçant pendant la vie de l’animal; charnière sans dents; ligament demi-intérieur, s’insérant dans une fossette cardinale de valves ; la fossette de la valve inférieure croissant avec l'âge comme son crochet, et acquérant quelque- fois une grande longueur. Les Huïîtres proprement dites offcent les cinq divisions suivantes : 1° espèces ovales ou arron- dies , dont les bords des deux valves ne sont point plissés, et qui comprennent : a, l’Huîrre co- MESTIBLE , Ostrea edulis de Linné (v. notre Atlas, pl. 224, fig. 1, 2) : coquille presque ronde, on- dulée, imbriquée par des lames, dont une des valves est aplatie et entière, etc., et que l’on trouve sur les côtes. de l’Europe; D, l'Huîrre rIED-DE- cHEvAL, Ostrea hippopus de Lamarck : coquille arrondie, ovale, très-grande, très-épaisse, ete., qui sa trouve à Boulogne-sur-Mer; c, l’'Huîrre De Beauvais, Ostrea bellovacina de Lamarck, qui est presque analogue à l’Huître comestible, et qui se trouve à Bracheux, près Beauvais, etc. 2° Espèces allongées, étroites , dont les bords ne sont point plissés, et qui comprennent : a, l'Huîrre ÉTRoITE, Ostrea virginioa de Lamarck, qui a son analogue fossile à Bordeaux ; 6 , l'HuîrTre ÉpaIsse, Ostrea crassissima de Lamarck, qui est fossile et très-remarquable par sa taille et son épaisseur extraordinaire; c, l'HuÎTRE A LONG REC , ostrea longirostris de Lamarck, que l’on trouve fossile à Sceaux, et qui se fait remarquer par l’al- longement considérable de son crochet. 3° Espèces ovales, arrondies ou allongées, dont la valve inférieure seule est plissée , et qui com- prennent : a, l'Huître nispARATE, Ostrea dispar de Deshayes, dont la valve inférieure est profondé- ment et régulièrement plissée , tandis que la valve supérieure est lisse; b, l'HuÎTRE FLABELLULE, Ostrea flabellula de Lamarck. 4° Espèces ovales, subtrigones ou arrondies, dont les bords des deux valves sont plissés ou dentés, et qui comprennent : a, l'HUÎTRE RATEAU, Ostrea hyotis de Lamarck (v. notre Atlas, pl. 224, fig. 5); b, YHuirne 1MBRIQUÉE, strea Oimbricata de La- 246° Livraison. 6 En HUIT 42 EUIT marck; c, l'Huîrne rcansrioïne, Ostrca flabel- loïdes de Lamarck. k «5° Espèces étroites, allongées, plus ou moins courbées, finement et régulièrement plissées , à bords dentés el qui comprennent : a, l'Huîne recrinée, Ostreapectinata de Lamarck; 6, V'Huître couzeuvrie , Ostrea tolubrina: de Lamarck. B. Auiîtres gryphoides. Caractères : coquille aplatie, subéquivalve, adhérente par la plus grande arlie de la valve inférieure; crochet non saillant courbé hcrizontalement en spirale et engagé dans le bord ; ligament marginal allongé sur le bord. Dans cette seconde section se trouvent : a, l'Hui- rRe cenvrnoïing, Ostrea gryphoides de Deshayes; b, V'Huîrre A FINES STRIES, Ostrea tenuistria de Deshayes. C. Gryphées. Caractères : corps inéquivalve; valve inférieure grande, concave; crochet saillant, courbé en spirale involute; valve supérieure petile, plane et operculaire; charnière sans dents ; fossette cardinale oblongue, arquée sous le crochet pour le ligament. À Cette troisième et dernière section comprend : a, Ja Gryraée ANGULEUSE, Gryphœa angulata de Lamarck, espèce dont le crochet est latéral; b, la Gnyruér arQuÉE , Gryphæa arcuata de Lamarck, espèce dont le crochet est perpendiculaire ou sub- perpendiculaire, Le commerce des Huîtres est d’une si grande importance aujourd'hui, que nos lecteurs nous sauraient mauvais gré de ne pas leur donner quel- nes détails sur la pêche et le parcage de ces ani- maux, détails que nous emprunterons presque en- tièrement à un article fort intéressant publié à ce sujet par M. Lair, de Caen: | … De la pêche. Les Huîtres qui viennent à Paris, ou qui sont transportées dans une grande partie du nord de l'Europe, proviennent de la baie de Gan- cale sur les côtes de la Manche, entre le bourg de ce nom, et le Mont Saint-Michel et Saint-Malo. Leur pêche, annoncée par le conseil de Saint-Malo, permise à tous les Français, tolérée aux étrangers, et sévèrement défendue dans les mois de mai, juin, juillet et août , temps pendant lequel l'Huiire jette son frai, commence dans le mois de septembre et finit au mois d'avril. Elle s’exécute à la drague. La drague est un instrument de fer qui a la forme d'une pelle recourbée, que l'on garnit d’une po- che en cuir on d’un filet, et que l’on attache à un batcau. Celui-ci, poussé par le vent, entraîne la drague qui, comme Je ferait un rateau, amasse les Hniîtres au milieu des eaux. On ramasse ainsi jusqu’à onze à douze cents luîtres à la fois. Du parcage. L'Haître ne devient bonne que quel- que temps après qu’elle a été pêchée, ou, ce qui est la même chose, qu'après avoir séjourné pen- dant quelque temps dans un réservoir d’eau salée, qui a trois à quatre pieds de profondeur, et qui communique avec la mer à l’aide d’un conduit par lequel l'eau peut entrer et sortir; c’est là ce qu'on appelle parquer les Huîtres. Un parc bien fait doit axoir son enceinte garnie d’une couche de-petit ga- let et de sable, afin que l'eau soil toujours limpide, € el sa surface doit aller en diminuant insensiblement en forme de glacis qui s'incline vers le centre, On place les Huîtres à mi-bord afin d'éviter le contact de l’air et la main du voleur. Les parcs les plus connus sont ceux de Maren- nes, de Saint-Vast, de Courseul, d'Etretat., de Fécamp, de Dieppe, de Tréport et de Dunkerque. Granville et Cancale , continuellement exposées aux vents, ne peuvenL en avoir. Le succès des parcs dépend de l'absence de tout sable mouvant ou entraîné par l'air; un seul grain, entré dans l’intérieur d’une Huître, peut lui don- ner la mort. Il dépend également de J’absence du plus petit morceau de chaux, et de la facilité avec laquelle on peut renouveler l’eau contenue dans les réservoirs. Getle eau: doit toujours venir de: la mer , jamais d’une rivière , et doit être renouvelée au moins deux fois par mois, aux nouvelles et aux pleines lunes, Enfin le froid intense, la gelée par exemple, est encore funeste pour les Huîtres. Les soins à donner aux Huîtres mises en parc sont les suivans : tous les jouys, des hommes pré- posés pour cela, et appelés amareilleurs, sont char- gés de les visiter, d'enlever celles qui sont mortes, de changer souvent d’un parc à un autre celles qui sont bien portantes, et d'éviter, dans ce transport, de briser les barbes avec le raleau; car, dès le moment que les Huîtres ne peuvent fermer her- métiquément leurs. valves , elles. périssent. Les Huîtres ne verdissent qu’en parcage , que dans les mois de mars, avril, septembre et octo- bre, qu’à une température modérée, sous l’in- fluence de la lumière, et dans des temps calmes, non pluvieux, quand le vent du nord ne soufile pas, que l’eau n’est pas agitée, etc. ; enfin on a* observé que cette viridité, sur la nature et la cause de laquelle on a fait les contes les plus extravagans et les plus extraordinaires:, n’était pas la même, et ne se produisait pas avec la même facilité dans toutes les années. Pendant long-temps les Huîtres vertes, celles d'Ostende principalement, ont été beaucoup plus recherchées, et par conséquent d’un prix beaucoup plus-élevé que les Huîtres blanches; mais aujourd'hui elles ne sont plus demandées que par un petit nombre d'amateurs. Du commerce des Huitres. Un des premiers soins à avoir dans le transport des Huîtres, c’est de con- server leur eau. On y parvient en les plaçant ho- rizontalement les unes sur les autres dans de légers paniers d’osier, de forme ovale, que l’on ferme avec de la paille artistement arrangée et fortement serrée, et qu'on livre au commerce sous le nom de Cloyéres. Ghaque cloyère contient ordinaire- ment vingt-cinq douzaines d’Huitres. Les demi- cloyèresn’en contiennent que douze douzaines et demie. Le commerce des Huïtres est alimenté par la concurrence des diffcrens pays et des différens parcs d'où on les.tire , par le caprice des consom- mateurs, par les variations du temps, elc. Ainsi, depuis quelques années , les pêcheurs de Vast, au lieu de fournir comme autrefois les autres parcs, viennent eux-mêmes à Paris, et mettent jusqu'à HUIT 43. AUMB a —————————————————————_—_——————…—…—…———— —— _———.———.—…—…’…—…——_— ————"_— ——û—“——…—û°0—“’“<—<2t a —— douze cent mille Hüîtres dans leurs bateaux!, tandis que ceux de Courseul et de Dieppe n’en peuvent apporler que trente mille. Toutefais , disons que les Huîtres de bateaux sont bien imférieures en qualité. La gelée fait également beaucoup de mal au commerce d’'Hufîtres ; il est donc assez difficile d'établir d'avance les pertes et les bénéfices qu’il peut donner à ceux qui s’en oc- cupent exclusivement. Mais si ce commerce est ha- sardeux, on ne peut contester les nombreux avan - iages qu’il rend à l'état. En eflet, les pêcheurs d’Huîtres font à eux seuls une pépinière d’excel- lens matelots, dans laquelle on trouve en temps de guerre des marins accoutumés aux plus grandes fatigues. De plus, combien d’amareilleurs, de rouliers, de femmes, d’enfans, occupés tous les jours du parcage, du transport, de la vente des Huîtres, trouvent, dans ce genre d'industrie, d’a- bord le bien matériel, puis le bonheur moral qui en est, d'après la lettre de toute loi sociale , la conséquence la plus durable. (F.E.) HUITRIER , Âæmatopus, Linn. (ors.) Genre de la famille des Echassiers : bec robuste, droit , com- primé latéralement , occupé dans une grande par- tie de sa longueur par les fosses nasales ; langue courte; tarses musculeux d’une longueur médio- cre; trois doigts antérieurs courts et calleux ; l’in- terne est presque tout-à-fait libre, l’externe est réuni à celui du milieu par une membrane. Ces oiseaux se trouvent dans beaucoup de pays; ils habitent les bords de la mer et se nourrissent de coquillages, et notamment des Huîtres, que leur long bec leur donne la faculté d'ouvrir faci- lement ; ils suivent le flux et le reflux de la mer , s’avançant sur Ja plage humide, lorsque les flots se sont retirés , et cherchant dans le sable les Patel- les , les Huîtres et d’autres coquillages. : Leurs couleurs ne sont point variables, quoique leur mue s'effectue deux fois par an; ils nichent dans les prairies marécageuses , et le plus souvent sur le rivage de la mer ; quand vient le moment de l’émigration, ils se rassemblent en troupes nombreuses ; mais pendant le temps de la repro- duction , et dans toutes les autres circonstances , ils restent solitaires. Huirrten Pre, Hæmatopus ostrategus, Linn. Ap- pelée communément du nom de Pie de mer, cette espèce est généralement variée de noir et de blanc ; son plumage est assez semblable à celui de la Pie. Elle se rencontre très-communément dans le Danemarck , l'Islande, la N orwége, l'Angleterre et la Hollande; elle est plus rare en France ; elle se"plait sur les bords de la mer, et se nourrit principalement d’Huîtres ; elle sait ouvrir avec beaucoup d’habileté le ventre des poissons que les pêcheurs viennent de déposer sur la plage , et en extraire les coquilles qu'il centient ; réduite en do- meslicité, on peut la nourrir de chair crue et de pan , et indifféremment d’eau douce ou salée. Son cri, très-aigu, a une grande analogie avec celui de la Pie. Nous l'avons représentée dans notre At- las, pl. 224, fig. 4. Huîrnien À LONG B£c, /æmatopus longirostris, Vieill. Bec très-considérable, ainsi que l'indique son nom; son plumage est-entièrement noir, à l'exception de la partie inférieure de la poitrine , qui est d’un blanc pur, ainsi que la partie posté- rieure. Cette espèce est probablement la même que l’Ææmatopus palliatus de Temmivk, Hurrrier Noir, læmatopus miger, Guv. Assez semblable aa précédent, puisqu'il est d'un noir profond.!| On le trouvé dans l'Amérique méridio- nale et l'Australie. : (WMA) HUMANTIN, Centrina. (vorss.) Cuvier, en don: nant à ce sous-genre le nom d’Humantin, dérivé d’un mot grec qui signifie aiguillon , a voulu indi- quer l'existence d’un piquant très-dur et très-fort à chacune des deux uageoires dorsales. Cet ai- guillon est incliné vers la tête, dans la première nageoire du dos, au lieu de l'être dans les deux vers la queue ; celle-ci est très-courte , ce qui leur donne une taille plus ramassée qu'aux autres es- pèces de Squales. Leurs dents inférieures sont tranchantes , et sur une ou deux rangées; les su- périeures grêles, pointues et sur plusieurs rangs. L'espèce la plus commune sur nos côtes est le Squalus centrina, Linn., Bloch, 115. Indépen- damment de cette disposition des dards du Human- ün , ilest très-aisé de le distinguer de tous les au- tres Squales , par la forme générale de son corps, qui représente un prisme triangulaire , dont le ven- tre forme une des faces. Le dos est par conséquent élevé en carène, et comme cette dernière partie, exhaussée dans le milieu de sa longueur, s’abaisse vers la queue et vers la têle , qui est petite et apla- tie , l'animal montre encore une sorte de pyramide triangulaire très-basse, ï Le Humantin est brun par dessus et blanchôtre par dessous. Sa peau, qui recouvre une tunique épaisse, est revêtue de tubercules gros, durs et saillans. Sa chair est si dure et si filamenteuse , qu’elle est constamment dédaignée : aussi pêche- t-on très-peu le Humantin, et va-t-on d'autant moins à sa poursuite qu'il ne fréquente guère les rivages , et qu'il aime à vivre dans la vase et dans la fange du fond de la mer, ce qai lai à fait don- nerle nom de Cochon marin. Sa peau sert néan- moins à polir les corps durs. EVA ERES) ne HUMBOLDTIE , Humboldtia. (or. pra. ) Genre établi par Vahl dans la famille des Légumi- negses, Pentandrie monogynie , L. ; il a, selon De Jussieu, quelques rapports avec lé Moringa, et offre pour caractères principaux : an calice à qua- tre divisions oblongues , presque égales ; une co- rolle de cinq pétales un peu ongaiculés , insérés à l'entrée du tube calicinal, oblongs, cunéiformes, à peu près égaux ; cinq étamines libres ; un légume allongé et comprimé. L’Humboldtie appartient donc à l’ordre des Légumineuses que De Candolle a nommées Cæsalpiniées. | Ce genre, que Vahl avait d’abord nommé Bat- schia, renferme une seule espèce , lHumboldtia laurifolia, originaire de Pile de Ceylan. C’est une plante à tiges ligneuses et flexueuses ; ses feuilles sont composées de quatre ou cinq paires de folio- les opposées , ovales-oblongues, entières ; glabres, 00, HUPP 44 HUPP # oo marquées de veines nombreuses, et accompagnées de stipules linéaires, lancéolées. Ses fleurs nais- sent en grappes axillaires, solitaires ou deux à deux; à la base de chaque pédicelle se trouve une bractée cunéiforme , et deux autres un peu plus éloignées de leur fleur. Deux autres plantes avaient recu précédemment le nom d'Alexandre Humboldt. Necker le premier lui dédia une plante de la famille des Gentianées ; mais Aublet l’avait déjà décrite sous le nom de Vohiria. Ruiz et Payon, dans leur Flore du Pérou, établirent aussi un genre Æumboldtia, qui, con- forme de caractères avec le Stelis de Swartz , doit lui être réuni. (L.) HUMBOLDTILITHE. (wx.) M. Monticelli, mi- néralogiste italien, a dédié sous ce nom à M. de Humboldt une substance d’un aspect vitreux, rayant fortement le verre , translucide en masse et transparente en lames, dont la cristallisation primitive est un prisme droit à base carrée. L’a- nalyse y a reconnu, sur 100 parties, environ 54 de silice, 32 de chaux, 9 de magnésie, 2 de protoxide de fer et un peu d’alumine, Elle a été trouvée dans les agrégats volcaniques du Vésuve. (J. H.) HUMBOLDTITE. (mn.) On a dédié à M. de Humboldt une espèce minérale qui a été appelée par les Allemands Eisen-resine, et par les Français mellate de fer , oxalate de fer et oxalite. C’est une substance jaune, en petites masses cristallines et plus souvent terreuses, qui, lorsqu'on la jette sur des charbons ardens, répand une odeur végétale, el qui, à la suite d’une forte calcination , devient noire et attirable à l’aimant. Elle est composée d'environ 46 parties d’oxide oxalique , et de 53 à 54 de protoxide de fer. Gette substance, encore assez rare dans les collections, a été trouvée en Bohême au milieu de lignites. On a encore donné le nom de Aumboldtite à une substance qui cristallise en prisme oblique, rhomboïdal , et qui, d’après Wollaston , serait un boro-silicate de chaux. (J. H.) HUMÉRUS. (anar.) Os du bras, concourant par son extrémité supérieure à former l'épaule. (Voyez pour sa description le mot SQuELETTE. } (P. G. HUMIFUSES. (20T. Pan.) Mot tiré du A et qui se dit des plantes ou parties de plantes qui sont appliquées à la surface du sol, sans pousser des radicules. Exemple : la Renouée, Polygonum avt- culare ; l'Herniole, Herniaria , etc., etc. (CG. £.) HUMITE. (nix.) M. de Bournon a dédié sous ce nom, à sir Abraham Hume, président de la so- ciété géologique de Londres, une substance miné- rale qui n’a point encore été analysée , et dont les caractères extérieurs sont de rayer non seulement le verre , mais quélquefois le quartz , et de se pré- senter en pelits cristaux d’un brun rougeûtre et transparent , dont les formes dérivent d’un prisme rhomboïdal. On l’a trouvée à la partie du Vésuve appelée la Somma, dans une roche d’origine ignée. J, H. HUPPE, Upupa. (o1s.) Ge genre, de L fall des Anisodactyles, a pour caractères un bec très- long , grêle , un peu arqué, triangulaire à sa base, comprimé latéralement , convexe en dessus , con- cave en dessous ; la mandibule supérieure plus longue que l’inférieure ; des narines ovoïdes, pla- cées latéralement à la base du bec, surmontées par de longues plumes qui couvrent le front ; une lan- gue très-courte, molle, collée au fond du gosier ; trois doigts antérieurs à ongles peu arqués, et un postérieur avec un ongle presque droit; des trois doigts antérieurs , l’externe est uni au médius jus- qu’à la première articulation ; des ailes médiocres, à première rémige de moyenne longueur , les qua- trième et cinquième sont plus longues; une queue carrée, composée de dix rectrices de longueur égale. Les Huppes sont remarquables par la vivacité et la disposition de leurs couleurs, par la double rangée de plumes qui s’élève sur leur tête en une Huppe gracieuse ; elles sont de passage en Europe. Assez fréquens dans le midi, ces oiseaux devien- nent de plus en plus rares à mesure qu’on avance dans le nord ; ils arrivent au printemps dans nos climats et s’en retournent en automne ; ils recher- chent de préférencce les lieux humides et maréca- geux , où abondent les scarabées, les courtilières et les autres insectes dont ils se nourrissent ; ils se montrent surtout très-friands de vers et de petits mollusques, et pour s’en emparer ils courent avec une agilité extrême sur la vase et y enfoncent leur bec en même temps qu'ils la battent de leurs pieds pour les forcer à en sortir. Ils sont d’un naturel doux, et, quoiqu’ils vivent ordinairement isolés, ils sont si peu sauvages que l’on parvient souvent à les prendre avec la main ; la présence de l’homme ne paraît point leur porter ombrage; en domesti- cité ils s’apprivoisent facilement, pourvu qu’on les laisse libres dans l'intérieur de la maison ; lorsqu'ils veulent boire ils plongent brusquement leur cou dans le vase, sans avoir besoin comme les autres oi- seaux de le relever ensuite. Trouvant à la surface du sol une nourriture abondante, ils s’élèvent rare- ment à une grande hauteur; néanmoinsils donnent souvent la chasse aux insectes ailés, ils les poursui- vent à travers les buissons, courent après eux de branche en branche avec une grande agilité ; leur vol est sinueux et peu rapide. Lorsqu'ils veuleñt s'emparer du petit charancon qui se tient ordinai- rement à la face inférieure des feuilles et a soin de ne trahir sa présence par aucun mouvement, ils se suspendent adroitement par les pattes à l’ex-. trémité des branches, et cherchent à le prendre avec leur bec. Ils ont plusieurs cris, qui, suivant M. Levaillant, peuvent être traduits par poun poun poun ou bou bou bou, ou encore par houp houp houp ; c’est probablement de ce dernier que dérive leur nom. Pendant l’incubation, le mâle, qui montre toujours pour la femelle les soins les plus assidus , lui apporte avec empressement une nourriture abondante, et semble par ses chants langoureux vouloir lui exprimer son amour et charmer sa solitude. Les Huppes placent leur nid tantôt dans une fente de rocher, tantôt dans un trou à la surface du sol , quelquefois dans un vieux tronc d'arbre, ou dans l’entrecroisement de ses ! \ HUPP 45 HYAG Pom branches. Elles apportent peu de soin à sa con- struction; un peu de poussière qu’elles consoli- dent avec quelques brins de mousse ou de feuil- les sèches leur suffit pour l’établir; mais il paraît qu'il n’est point vrai qu’elles y mêlent, ainsi qu’on Vavait prétendu, des matières excrémentitielles. Les œufs qu’elles y déposent sont au nombre de cinq ou six, blanchôtres, marqués de taches brunes ; leur chair est imprégnée d’une odeur de musc qui s’oppose à ce qu’elles puissent servir à la nourri- ture de l’homme ; néanmoins la facilité avec la- quelle elles se laissent prendre leur est souvent funeste , bien qu’on n’ait fait encore aucun usage des plumes brillantes qui décorent leur front. Elles ne montrent point les habitudes sociales des ani- maux passagers ; presque toujours solitaires , elles ne se rassemblent même point pour leurs émigra- tions lointaines ; quoïque les anciens en aient fait le symbole de la piété filiale, les petits, dès qu’ils ont atteint un certain développement, s’affranchis- sent de la tutelle de leurs parens; en un mot, on ne retrouve plus chez les Huppes rien de cette admi- rable harmonie et de cette Singulière propension à l'association que l’on trouve portées à un si haut degré chez les Hirondelles. La mue n’a lieu qu’une fois l’an; les sexes diffe- rent très-peu ; les jeunes de l’année se distinguent des vieux par un bec plus droit et plus court, et par une toufle moins longue. Ge genre, sur l’importance duquel les natura- listes ne sont point encore d’accord, paraît être composé de deux espèces, bien que celles-ci, dif- férentes à la vérité dans le jeune âge, finissent dans l’âge avancé par se confondre presque entiè- rement ; ce sont les deux suivantes : :_ Hurre cowuuxe ou Purur, U/pupa epops, Linn., Upupa africana, Buff. Huppe longitudinale ar- quée, composée de deux rangs égaux et parallèles de longues plumes rousses et terminées de noir: le reste de la tête est d’un gris roussâtre , ainsi que le cou, la gorge et la poitrine; ventre et croupion blancs, scapulaires et couvertures des ailes d’un brun clair; les ailes sont traversées par cinq ban- des d’un bianc jaunâtre; une bande noirâtre se trouve sur le dos. Longueur totale, onze pouces. La femelle ressemble beaucoup au mâle, mais elle se distingue de celui-ci par des teintes moins pu- res, une huppe plus courte; elle est aussi d’une taille plus petite que lui. Nous avons représenté cette espèce dans notre Atlas, pl. 224, fig. 5-6. Hurre D'AFRIQUE, Upupa minor, Cuv. Suivant M. Levaillant, cet individu n’est qu’une variété de l'espèce précédente; ses habitudes, son caractère sont en effet les mêmes ; mais comme son plumage est d’une couleur toujours plus foncée, que suivant luiles espèces d'Europe ne vont point jusqu’au Cap où lUpupa minor se trouve, et que les individus reçus d'Egypte, du Sénégal et des Indes ressem- blent à celle-ci, il en conclut qu’elle forme une race à part, d’où résulte l'existence de deux races, l'une septentrionale, l’autre méridionale. Cette Opinion cest aussi celle de M. Temminck: mais M. Vieillot persiste néanmoins à en faire une es- pèce à part, parce que ses couleurs sont plus vives et autrement disposées , que son aigrette est moins haute et sans vestige de blanc, enfin qu'elle est d’une taille plus petite. : PromÉrors marcueur , Largup, Levaill. Pennes caudales noires , un peu étagées, liserées d’un gris blanc; sa huppe ne forme qu’une toufle et est composée de plumes aussi dures que les pennes ordinaires, et dont les tuyaux traversent la peau et sont implantés sur un seul muscle extérieur ; roux vineux supérieurement, blanc inférieurement; l’ai- grette orangée est traversée de quatre bandesnoires; une huppe plus courte distingue la femelle du mâle. M. Levaillant regarde cette espèce comme parti- culière au Cap; elle habite les grandes forêts du pays des Cafres ; le mâle, pendant plusieurs heu- res, jette le matin un cri qui paraît être son chant d'amour, et qui peut être rendu par cro cro cro; lorsqu'il prend son vol il fait entendre un autre cri qui se traduit par clac clac clac. Elle se nourrit d'insectes, et les cherche jusque dans la fente des éléphans et des bufiles qu’elle suit constamment. Elle niche dans le creux des arbres , et pond à la fois quatre œufs d’un roux pâle, parsemé de points d’un brun noir. (V. M.) HURA. (soT. puan.) Nom scientifique d’un très-bel arbre de Amérique méridionale, appelé vulgairement Sagcier (voyez ce mot), à cause de la forme de son fruit, qui jouit d’une élasticité très-puissante. 42 (T° DE B°) HUREAULITE. (ix.) M. Beudant a rangé sous ce nom, dans les phosphates ferrugineux, une substance d’un janne rougeâtre à cassure vitreuse, qui cristallise en prismes obliques rhomboïdaux. Elle raie le calcaire et est rayée par la fluorine. Elle se compose de 38 parties d’acide phosphori- que , 11 de protoxide de fer, 33 de protoxide de manganèse et 18 d'eau. Son nom lui vient de ce qu’elle a été trouvée en petits nids dans les roches appelées Pegmatites, des environs de Limo- ges, principalement dans les carrières du Hureaux., (J. H.) HURLEUR. (mam.) Joy. ALouATE. HYACINTHE. (un.) On a donné ce nom à plusieurs substances si différentes les unes des autres, que, pour éviter la confusion qui pourrait en résulter, il a été|banni des nomenclatures scientifiques. Nous nous bornerons donc à rappe- ler les minéraux qui ont été désignés sous ce nom. C’est d’abord le Quartz prisme hématoïde, que l’on a appelé Jyacinthe de Compostelle parce qu’on l’a observé pour la première fois aux environs de Santiago ou £aint-Jacques de Compostelle, capi- tale de la province de Galice en Espagne ; c’est aussi l’Harmotome que l’on a appelé Æyacinthe cru- ciforme; c’est encore la Méionite, que l’on a nom- mée Hyacinthe blanche de la Somma, parce qu’elle se trouve à cette partie du Vésuve appelée la Somma; c’est enfin le Zircon, qui a recu en Alle- magne le nom d'Hyacinthe. Les lapidaires ont encore augmenté la confusion produite par ce nom donné à plusieurs substances, en l’employant aussi pour désigner tantôt une « BYAL 46 UYAL / variété de Grenat., tantôt une Idocrase , et en ap- pelant Jyacinthie miellée, une Topaze ; Hyacinthe ‘orientale, nn Saphir orange, et Hyacinthe ocei- dentale , une Topaze safranée. (J. EH.) HYALE, Hyalæa. (wour.) Lamarck est le pre- mier auteur qui ait proposé le genre des Hyales ; il y place l’animal que Gmelin avait rapporté au groupe des Térébrälules et classé parmi les Ano- mies sous le nom.d'Anomua tridentatu. Gette pré- tendue Anomie a été pendant long-temps la seule espèce connue ; on la nomme aujourd’hui Zyalæa tridentata où H. F'orskalii, en l'honneur de Fors- kal, l’un des premiers voyageurs qui l’aient étu- diée. La place que les Hyales doivent occuper dans lasérie des Moliusques a été long-temps incertaine, et on peut dire qu'aujourd'hui encore tous les na- turalistes n’ont pas sur ces animaux les mêmes opinions. Guvier et Lamarck dans leurs premiers ouvrages laissent d'abord les Hyales parmi les Bivalves : mais plus tard le premier de ces natu- ralistes célèbres reconnut, avec Lamartinière et Forster, que ces animaux devaient être rappro- chés des Clios de Brown (Cléodores des auteurs modernes), et, après en avoir fait une étude ana- tomique , il crut devoir les considérer comme for- mant parmi les Mollusques une classe distincte à liquelle il donna le nom de Ptéropodes. La plupart des naturalistes français ont adopté cette manière de voir; néanmoins M. de Blainville a proposé plus récemment de reporter les Hyales et la plupart des animaux de l’ordre des Ptéropodes de Cuvier, dans la classe des Gastéropodes de ce naturaliste, à laquelle il donne le nom de Céphalidiens, parce que , les animaux qui s’y rapportent n’ayant pas tous de véritable pied sous le ventre, on ne sau- rait les appeler Gasr£ropopes (voyez ce mot). L'examen anatomique que M. de Blainville a fait des Hyales, Ja conduit à rapprocher ces’animaux des Bullées. Le corps de l'Hyale de Forskal, es- pèce la plus commune dans la Méditerranée, est composé de deux parties séparées par un rétrécis- sement plus ou moins distinct: l’une antérieure qui réunit la tête et une sorte de thorax, et l’au- tre postérieure qu’on peut considérer cemme l'abdomen; celle-ci est recouverte par la coquiile, à laquelle l’animal adhère par un fort muscle dorsal et par des muscles qui attachent les bords du manteau aux parois de la coquille. Chez les Hyales proprement dites cette dernière est com- plétement à nu; elle est de forme assez singulière pour qu'on l'ait quelquefois comparée à une co- quille bivalve, dont les valves seraient soudées ou continues à l'endroit de la charnière ; c’est une sorte de fourreau très-mince quoique dur, de con- leur de corne, translucide et de forme à peu près carrée, plus on moins globuleuse. La portion antcrieure de l’Hyale ou la céphalothoracique est la plus compliquée; elle présente sur ses parties latérales les ailes, qui sont comparables au pied de beaucoup de Mollusques et qui forment deux ap- pendices plus on moins développés. Ges ailes sont peu séparées et entreelles se voit la bouche, qui est fendue longitudinalement , et munie de deux lèvres qui viennent se perdre sous la partie latérale de chaque aile. À la partie antérieure s’aperçoivent deux tentaculés peu développés chez Les vraies Hyales, mais qui le sont bien davantage chez les Cléodores. Les Hyales sont bisexuées monoïques, ou, en d’autres termes, elles ont les deux sexes réunis chez le même individu; l’organe femelle se com- pose d’un ovaire occupant toujours le côté gauche, Sous l’ovaire commence un canal qui est l’ayidacte, la verge fait saillie sur le côté droit dé l'animal; elle se dirige vers la tête et prend antérieurement la figare d'un bourrelet semi-circulaire, non Join duquel s’observe le testicule. Nous n’entrerons pointäci dans tous les détails anatomiques que les auteurs ont donnés sur les diverses parties du corps de ces animaux; mais nous devons dire un mot des organes de Ja respiration : les branchies sont en nombre pair, ainsi que l’a reconnu M. de Blain- ville, mais non disposées en ceinture autour du corps ainsi que l'avait pensé Guvier; ces branchies sont formées par un peigne composé de petites lames transversales, disposées de chaque côté, wais plus marqnées du côté droit ; elles reçoivent l'eau par une ouvertue antérieure du manteau. Guvicr est le premier auteur qui se soit occupé de l’anatomie des Hyales; M. de Blainville (Dict. des sc. nat.) a aussi donné snr ces animaux différens détails et rectifié quelqueserreurs quis’étaient glis- sées dans le travail de son prédécesseur; il a re- connu que Cuvier avait décrit l’animal sens dessus dessous; plusieurs de ses rectifications ont, été adoptées par MM. d’Orbigny et Vanbeneden, dans le travail qu'ils ont fait en commun sur l’anatomie de ces animaux. Les Hyales , dont la connaissance ne remonte, comme on Je sait , qu’au siècle dernier, ont été jusqu'ici peu étudiés dans leurs mœurs ; diverses observations de M. d’Orbigny ont bien, dans ces derniers temps, jeté quelque lumière sur leur his- toire; mais les nombreuses particularités de leur manière de vivre restent encore à observer; ainsk on ne sait rien de positif sur leur mode de propa- gation, elc. Les Hyales sont des animaux marins, el pour Ja plupart de haute mer ; rarement ces mollusques viennent près du rivage ; néanmoins on jes y ob- serve quelquefois sous l'influence de certains vents, et on les prend même de temps à autre sur nos côtes dela Méditerrante; elles sont principalement nocturnes, mais cependant on les observe aussi par- fois le jour. Lorsqu’elles nagent, elles se tiennent le ventre en l’air, se servent de leurs nageoires céphaliques comme d’ailerons et avancent en frap- pant l’eau comme on voit les papillons battre Pair de leurs ailes ; leurs mouvemens sont très-prompts, mais lorsqu'on les inquiète, elles replient leurs na- geoires et disparaissent aussiiôt au fond des eaux. ÎL n’est pas encore bien constaté qu’elles puissent se fixer aux Corps au moyen de leurs nageoires. Ce sont des êtres inoffensifs, qui vivent ordinai- rement réunis en grand nombre et qui deviennent, | fréquemment la proie des animaux marins qui les ee - Tac RE In 5 MAULAS CASA) LAS : WU NAN ot Lo} NN JA A ta ch 1 4/1p Hyales ! / 4 @ib Mydnes L. Guerir dr HYAL de jeunes Atlantes, Les espèces assez nombreuses que l’on distingue aujourd’hui parmi elles sont ré- pandues dans presque toutes les mers, surtout dans celles des pays chauds. Les Chriseis et les Cléodores, que l’on a distin- gués dans ces derniers temps des Hyales, sont rap- portés par M. d'Orbigny au même genre qu’elles; M. de Blainville avait déjà soupçonné qu'il devrait en. être aiusi pour les Cléodores, Clio, Brown. Le genre Chriseis, proposé par M. Rang, est d’une eréation beaucoup. plus récente, On trouve à l'état fossile quelques débris que l’on rapporte au genre des Hyales ; deux ‘espèces ont'd£jà été décrites par les auieurs. L'Hyale la plus commune dans Ja Méditerranée est, comme nous l'avons dit, l'Hvxaze px FonsraL (pl.226 , fig. 1, grandeur naturelle, et 3 grossie), à Jaquelle il paraît que l’on doit rapporter l’Æ, pa- pilionacea, Bory ; l/1, cornea , Roissi, et l Æ'chem- mitziana de Péron ct Lesueur ; c’est aussi cele:es: pèce que Gmelin a nommée Ænomia tridentata, et Bosc 4. tridentata. La longueur de la coquille de celte Hyaleest de 17 millimètres ; son animal, as- sez volumiseux, est brunâtre dans saparlie viscé- rale , d’un brun bistre pâle sur les ailes à leur partie médiane, avec la bordure des mêmes organes blanche; la coquille est d’une teinte rosée, mé- langée de brun violet en dessous, et en partie blanchâtre en dessus. On trouve l’Hyale de Forskal dans la Méditerranée et dans l’octan Atlantique ; elle est surtout nocturne; néanmoins elle s’ob- serve aussi quelquelais pendant le jour , ainsi que l’a, récemment encore, constaté le docteur Van- beneden. Nous avons également représenté , fig. 4, 5, 6, V'Hyalæa limbata, d'Orbigny, Voy. en Amér., ct fig. 7, 8, 0, 10, l'H.trispinosa, Lesson. (GEnv.) HYALITE. (wx,) On désigne quelquefois sous ce nom un quartz mamelonné, transparent cu pacré, qui se rapporle à l'espèce appelée Orare {voy. ce mot). si (fes ss} HYALOIDE. (nx.) Valmont de Bomare a donné cenom. à des cailloux roulés de quartz trans- parent que l’on trouve dans le Maragnon où le {leuve des Amazones, (d: H.) HYALOMICTE. (mn. et cor.) Nom donné par M. Al. Brongniart à Ja roche que Werner a appelée Greisen, ct à celle que M. d'Eschwege nomme Jtacolumile, Les caractères de l'Hyalomicie sont d'être com- posée essentiellement de quartz hyalin parsemé de lames de mica, et d’avoir une straclure tantôt massive et tantôt schisteuse. Cette roche se dis-- tingue en deux variétés : l’yalomiete granitoide, dont la structure est massive, et l’//yalomicte schis- toïde, dont Ja structure est un peu schisteuse. C’est à celle variété que se rapportent lIlacolumite, ainsi appelée d’un lieu nommé {tacolumi. au Bré- sil, el le grès flexible de;là même localité, . L'Hyalomicte renferme plusieurs espèces miné- rales, telles que le feldspath., la fluorine, l'étain , 4 47 avalent par milliers, M. d'Orbigny assure que les” Hyales se nourrissent de petits crustacés eb aussi HYBR le fer, ete. L’étain oxidé, le scheclin ferrugineux et le fer arsénical s’y trouvent en filons et plus sou« vent en pelites parties disséminées, La variété gras nitoïde n'offre qu'imparfaitement des traces de STRATIFIGATION (voy. ce mot), tandis que la va- riélé schistoïde est assez distinctement stratifiée. Du reste, l'Hyalomicte-appartient au terrain gras nilique ; elle est même ordinairement subordonnée au grauile, c’est-à-dire qu’elle y est intercalée, (J. H.) HYALOSIDÉRITE. (nun.) Substance vitreuse, rouge ou brunâtre , qui crislallise en prismes , et qui, par sa composilion chimique, où dominent à peu près par liers la silice, la magnésie et le pro: toxide de fer, auxquels se joignent quelques par- lies d’alumine, de .potasse et d’oxide de manga- nèse, paraît avoir beaucoup d’analogie avec le Périnor (voy, ce mot). Elle se trouve comme ce “minéral dans des roches d'origine volcanique, (3. H.) HYBRIDES. (z001.) On donne ce nom aux imé- ts; mais il n’esl point synonyme de Mulet, puis- que les premiers se reproduisent et que les seconds son, dit-on , frappés de stérilité. Dans les anciens ouvrages lemot Hybrides signifie seulement espèce assez rapprochée d’une espèce déjà connue pour qu'on puisse la confondre avec elle, Ce mot de- vient alors synonyme de bâtard, (P. G.) HYBIDES et HYBRIDITÉ. (nor.) L'union de deux plantes de la même famille produit l'Hybri- dité; l'existence des varictés evest le premier résul- tal ; la fécondation d’une variété par une autre pro- duit ce qu'on appelle improprement un mulet végé- tal. Que le mélange de la poussière des élaminess’o- père par la nature ou par la main de l'homme, la race hybride se propage quoiqu’onl’ait nié d’abord eLque l’on ait voulu larcjetér commebâtarde, En botanique comme en culture, il n’y à point d’a- dultère, mais simplement croisement, et cette opéralion, toute naturelle, tend Loujours à per- fectionner l'espèce. Pour l’obienir il suffit le plus souvent de faire croître à côté Les uns des autres les végélaux dont on veui modifier les variétés l'une par l’autre. Nous lui devons les meilleures espèces actuelles de froment et autres céréales, les variétés précoces, etc. Il n’est point rare de rencontrer de ces accidens heureux ; mais quand l'homme intelligent n’est pas là pour recueillir le fruit , la nouvelle création retombe dans la masse des produits, el ne concourt que très-faiblement à soulenir l'espècesans offrirune variété améliorée. La méthode sagement combinée de semis ei de croisement est une-voie d’'améhoration des plus importantes ; elle demande à celui qui s’y livre des soins assidus, de la constance et une volonté ferme, éclairée par l’habitude et la connaissance des lois de la physiologie végétale. Marchand en 1715, Gmelin en:1749 et depuis eux Koelrenter, Van- Mons ct Knight ont ouvert cette carrière par des succès ; elle est nouvelle, à peine entamée, elle mérite d'être courue, pnisque tout annonce qu’elle fournira desrésultats qui touchent aux plus grands, aux plus puissans intérêts de Fhomme ; en effet , oo HYBR 48 HYDN le perfectionnement dans les variétés des fruits augmentera nos ressources et nos Jouissances , comme de nouvelles conquêtes en ce genre parmi les céréales, parmi les plantes potagères, mettront sur tous les points les subsistances dans un juste équilibre avec la population, et verseront la coupe du bonheur, de l’aisance dans toutes les classes : la vie plus commode assurera la prospérité des familles, étendra les moyens de l'industrie, et la patrie plus libre, absolument indépendante, sera véritablement forte en vertus, én courage, en bons citoyens. Il ya deux sortes d’'Hybridité, les HyBrines cox- cÉNèREs, c'est-à-dire provenues de deux espèces du même genre, et les HyBriDes BIGÉNÈRES nées de l’union de deux espèces appartenant à des genres différens. Sous le rapport des différences qui se montrent entre la plante hybride et celles dont elle descend, on peut ranger les Hybrides sous trois ordres : les HyBrines DÉFORMÉES, qui laissent voir, malgré quelques différences de for- mes et de proportions, leur véritable origine; les Hygrines sOUPCONNÉES, sur la provenance desquel- les on n’a que des présomptions ; et les Hygripes ogscures, sur l’origine desquelles on ne peut rien dire , tant il y a d’incertitudes. Ges curieuses distinctions ont été établies par Linné dans ses Amoanitates academicæ, principalement dans ses articles 3 intitulé Peloria, 52 Plantæ hydridæ , et ro1 Generatio ambigua. Gomme des compila- teurs se sont emparés de ce travail sans en citer la source, je crois utile de l'indiquer. Je donne- rai seulement un exemple de chacune de ces di- verses circonstances, invitant le lecteur à consul- ter et à méditer l’œuvre du grand Linné, Hygrioiré conGéNÈRe. La Véronique hybride est née de l’union de la Véronique officinale et de la Véronique à épis. HysriDiTÉ BIGÉNÈRE. La Dauphinelle ambiguë est!le produit de l’Aconit napel avec la Dauphi- nelle élevée. L'Hyenbiré pÉForMÉe tient à cinq causes diffé- rentes : 1° à la crispation des feuilles dans la Men- the frisée provenant des élamines de la Menthe aquatique unies au pislil de la Menthe à épis; 2° à l'élargissement des feuilles qui de découpées de- viennent entières, comme dans le Passerage à lar- ges feuilles dont le père est inconnu et la mère est le Passerage cultivé; 3° au rétrécissement des feuilles, circonstance inverse de la précédente : le Sureau lacinié, père inconnu, mère le Sureau noir ; 4° à l’agrandissement des fleurs, le Clino- pode d'Europe, dont le père est inconnu et la mère le Clinopode du Canada; 5° et au retran- chement du rayon, ou si l’on aime mieux de la couronne des Radiées , le Choreopsis bidens, dont le père est également inconnu, et la mère a été fournie par le Bidens cernua de nos marais. Quant à l’'HysrinirÉ souPcoNNÉE, je nommerai seulement la Campanule à feuilles de lierre dont ‘le père est dû à la Veronica hederacea , mais la mère n’est point connue ; et à l'Hysriniré opscurE, J'Acanthe épineuse a des fleurs absolument sem- blables à celles de l’Acanthe brancursine ; mais les feuilles de la première sont pinnatifides , très- aiguës et chargées d’épines , tandis que celles de la seconde sont sinueuses, cbtuses, et iner- mes. L’une provient indubitablement de l’autre, sans pouvoir déterminer quelle est la mère des deux ; il est à présamer que le père |appar- tient au genre Carduus. Plusieurs botanistes ont avancé que la vertu germinative ‘des semences: provenues de plantes hybrides passait rarement la seconde génération , jamais la troisième; la cul- ture nous a démontré que cette assertion était ha- sardée. Entrors donc franchement dans cette voie large, et nous aurons la gloire d’avoir con- tribué au bonheur et à la prospérité de notre pays : cette gloire est plus noble, plus douce, plus durable que les autres. (T. ». B.) HYDATIDE. (zooPpx.) On désignait autrefois sous ce nom générique plusieurs genres de vers intestinaux qui aujourd'hui ont été étudiés sépa- rément et appelés AcÉPmALocysres , COENURE , Ecninocoque , CYSTICERQUE , Froricers, etc., eb que nous avons décrits à ces divers mots. (P. G.) HYDNE, ydnum. (vor. cryrr.) Champignons: Ce genre (voy. pl. 226, fig. 11, 12, 13,14), l'un des plus singuliers de la famille des Champignons, a pour caractère essentiel , à sa surface inférieure, une membrane fructifère, hérissée de pointes ow d’aiguillons plus ou moins longs, coniques ou comprimés , à l'extrémité desquels se trouvent les capsules membraneuses et microscopiques renfer- mant les sporules. " Les Hydnes sont extrêmement variables dans leur forme et dans leur texture. Quant à la forme, nous voyons, pour le chapeau, que tantôt il est ré- gulier, arrondi, ordinairement évasé et en forme d’entonnoir, supporté par un pédicule central ou latéral; que tantôt, au contraire, il manque, ou n’est plus distinct; alors le Champignon adhère par toute sa surface au bois sur lequel il croît, et n’esb plus qu’une couche mince recouverte par la membrane fructifère; pour les pointes ou aiguillons, nous voyons que dans certains cas ceux-ci s’allon- gent, deviennent cylindriques, mous, flexibles, et donnent au Ghampignon l’aspect d’une sorte de- barbe implantée sur le tronc des arbres; d’autres fois, cesmêmes prolongemens, aiguillonnés , poin- tus, et terminés en houppe, sont tellement raides et allongés qu’on peut comparer à un Hérisson le Champignon qu'ils constituent. Quant à la texture , les Hydnes sont quelquefois. durs et coriaces comme les Polypores qui four- nissent l’amadou; d’autres fois ils sont charnus et tendres comme la plupart des Clavaires. Ces der- niers, souvent sains et agréables à manger, sont. partagés en deux sections. Dans la première se trouvent les Hydnes à chapeau porté sur un pé- dicule central; tels sont les Æydnum imbricatum, Hydnim repandum, etc. , dont le goût, âpre et acerbe à l’état de crudité, devient assez agréable après la cuisson, bien que leur consistance reste toujours un peu coriace, Dans la seconde section est —$ ere “ nt tqs HYDR 49 HYDR ——r oo, est l'Hydne rameux de Bulliard, Hydnum coral- Loides de Persoon, Champignon très-estimé et très- recherché comme aliment en France et en Alle- magne , où il croît dans les grandes forêts sur les Hêtres et les Sapins. Sa tige est très-rameuse et terminée par des aiguillons cylindriques ; sa chair est blanche , et d’un goût très-agréable. (F. F.) HYDRACHNE , Æydrachna. (aracu.) Ce genre, qui appartient à l’ordre des Trachéennes , famille des Hydrachnelles , a été établi par Müller qui ran- geait dans ce genre toutes les Acarides de Latreille qui ont huit pattes ciliées propres à la natation. Ge genre, restreint par Latreille, a pour caractères es- sentiels : bouche composée de lames formant un sucçoir avancé; palpes ayant un appendice mobile à l'extrémité. Les Hydrachnes avaient été confon- dues, jusqu'à Othon-Frédéric Müller , avec les Mites. Degéer en avait seulement fait une division particulière. Le premier de ces auteurs les a sé- parées ,et en a donné, en 1781 , une Monographie avec figures. Fabricius les a réunies à ses Trom- bidions , mais il les a ensuite distinguées dans son Système des Antiliates, et leur a donné le nom d’Atax, ayant déjà employé ailleurs la dénomina- tion d'Hydrachne. Jean-Frédéric Hermann a fait, dans son Mémoire aptérologique, un changement au nom de ce genre, qui convient bien mieux pour désigner ces animaux, mais qui est beau- coup plus dur à l'oreille; il les a nommés Hy- drarachnes. Cet auteur remarque que Müller à va- rié dans les caractères qu’il assigne à ce genre, et que ceux même qu'il donne en dernier lieu dans sa Monographie ne le circonscrivent pas d’une manière rigoureuse , et il en expose d’autres fon- dés sur les organes de la manducation de l’Hy- drachne géographique. M. Dugès, dans un Mé- moire ayant pour titré : Remarques sur la famille des Hydrachnées , a été conduit par ses observa- tions à établir aux dépens du genre Hydrachne et de ceùx qui avaient déjà été formés par Latreille d’autres nouveaux genres. Les Hydrachnes, telles que Latreille les a adoptées, sont de petites Arach- nides qui vivent uniquement dans les eaux tran- quilles et stagnantes , où elles sont très-communes au printemps. Elles courent avec célérité dans l'eau, avec leurs huit pattes qu'elles tiennent étendues et qu’elles meuvent continuellement. Leur natation, sous ce rapport, diffère beaucoup de celle de plusieurs insectes aquatiques qui pa- raissent plus nager que marcher. Les Hydrachnes sont carnassières ; elles se nourrissent soit d’ani- malcules peu visibles à l’œil, soit d’autres petits insectes, de larves, de Typules, de Mouches, etc. Les plus grandes ont trois lignes de long. Les Hy- drachnes se rapprochent des Araignées par l’inser- tion des pattes. Le nombre des yeux et les anten- nules les rapprochent des Tiques, mais l'insertion de la tête et des pattes moins marquée les en sé- pare. Ce qui leur est particulier, c’est que la tête et le corselet se confondent avec le ventre , et ne font qu’une seule pièce , de sorte que l’insecte ne paraît être composé que du ventre et des pattes. Leur corps est généralement ovale ou globuleux : T. IV. celui de quelques mâles se rétrécit postérieure- ment d’une manière cylindrique, en forme de queue; leurs parties génitales sont placées à son extrémité ; la femelle les a sous le ventre. Le nom- bre des yeux varie de deux à quatre. Müller en a même compté jusqu’à six; mais il est probable que cet observateur s’est trompé; c’est du moins l'opinion de Latreille. Müller a vu souvent des Hydrachnes au moment de leurs amours : suivant lui, les mâles, ordinairement deux ou trois fois plus pelits que les femelles, souvent même de couleurs différentes, ont une queue plus ou moins longue qui manque à l’autre sexe, Les organes sexuels sont placés au bout de cette queue, tandis que ceux de la femelle consistent en une papille placée sous le ventre; ils se font remarquer par une tache blanche au milieu de laquelle est un trou noirâtre. L’attitude qu'ont ces insectes au moment de leur réunion est très-remarquable : le mâle nage dans sa situation ordinaire ; la femelle s’approche derrière, s’élève obliquement, et fait en sorte que la tache blanchâtre de son abdomen touche à l'ouverture du canal qui traverse la queue du mâle. On voit alors celui-ci entraïnant la fe-. melle, qui remue de temps en temps ses pattes postérieures, et tient les antérieures droites et étendues. Lorsque le mâle s’arrête de fatigue, la femelle remue de côté et d’autre sa queue, et la course recommence. L'accouplement a lieu au mois d’août et dure quelques jours de suite. Müller a trouvé plusieurs mâles au mois de septembre, mais point de fe- melles ; il présume qu’elles se cachent dans le limon après la fécondation, et que c’est là qu’elles pon- dent leurs œufs. Il a vu des individus de ce sexe déposer leurs œufs sur les parois d’un vase de verre; ces œufs étaient sphériques et rouges ; ils prirent, dans l’espace d’un mois, la forme d’un croissant , devinrent pâles, et il en sortit de pe- tites Hydrachnes n’ayant que six pattes et munies d’une trompe. Après plusieurs mois, elles parurent avec huit pattes , et semblables aux individus qui leur ayaient donné le jour. Hermann a conservé quelques Hydrachnes près d’un an, dans un verre d’eau de lac, sans qu’elles aient pris d’accroisse- ment sensible; plusieurs ont pondu des masses d'œufs rouges qu'elles ont attachées aux parois du verre ; il a compté environ cent œufs très-rappro- chés à chacune de ces masses. Il avait déjà observé une autre espèce où ces œufs étaient distans et renfermés chacun dans une cellule propre et jau- nâtre. Telles étaient jusqu’à présent les seules mœurs connues des Hydrachnes, mais pour ren- dre l’histoire curieuse de ces Arachnides plus com- piète, nous emprunterons à M. Dugès, qui a fait une étude particulière de l’ordre des Acariens et qui a passé en revue tous les genres qui composent cet ordre, des observations curieuses sur la trans- formation, le développement et les différens états que subissent ces Arachnides avant d'arriver à leur état parfait. L'espèce qui lui a servi de point d'observation est l’Acarus aquaticus globosus de Degéer, qui est très-probablement l’/ydrachna 247° LivralsON. 7 HYDR ‘50 HYDR D cruentatæ de Müller , l Hydrachna globulus d'Her- mann, Cette espèce acquiert une assez grande taille, car la femelle , parvenue à son plus grand développement, à jusqu'à deux lignes un quart de grand diamètre. Bien que globuleuse au pre- mier aspect, cette Hydrachne a en réalité la forme d’un ovoide émoussé , lisse, et à peine mar- qué sur le dos de quelques dépressions musculai- res. Elle est d’un rouge vineux, tirant parfois sur le brun marron. À un grossissement médiocre, la peau paraît satinée en raison des trachées fines qui la doublent et dont la demi-transparence per- met d’apercevoir la couche blanchâtre et brillante. Cette même diaphanéité laisse voir, chez certains sujets, une tache blanche en dessus et en dessous. Vue à un très-fort grossissement , la peau semble composée de grains, ou plutôt de petits compar- timens arrondis, régulièrement engrenés et ser- rés. À Ja partie antérieure et supérieure sont deux plaques crustacées, subiriangulaires , d’une couleur plus foncée que le reste, formées d’une agrégation de grains microscopiques bien plus gros que ceux de la peau : elles donnent attache aux muscles des palpes et des autres parties de la bouche. En devant elles sont rénnies par une petite portion écailleuse, au milieu de laquelle se montre un très-petit stemmate arrondi et d’un rouge pâle. En dehors de chacune est un œil à deux cornées infiniment plus considérable; ces yeux, sur l’animal vivant, sont d’an rouge foncé, en forme de rein; ils sont médiocrement écartés et regardent en haut quand le corps est médio- crement distendu , en avant quand il l’est davan- tage chez des femelles remplies d'œufs. Au devant de chaque æil, et un peu plus bas, on aperçoit un pore d’où suinte un peu d’eau quand on tient momentanément l'animal à sec. Ge sont sans doute de très-petits stigmates; on en voit d’autres der- rière les hanches postérieures , et sans doute il y en a d’autres encore entre celles-ci et le groupe des hanches antérieures. Des plus reculés on voit naï- tre des faisceaux de trachées excessivement fines, mais qui, au plus fort grossissement , ne montrent point le filet spiral des insectes; elles forment une couche presque continue sous la peau, et on peut en suivre dans chaque patte. L'eau qui sort en pelile quantité des stigmates est-elle absorbée par les trachées? cela peut être en partie, mais voici des remarques qui semblent prouver que l’animal absorbe plus d'air que d’eau , soit par les stigmates , soit par les pores invisibles de la peau. 1° En repos, dans l’aisselle du Potamogéton flu- viatile, les Hydrachnes agitent continuellement l’eau avec leurs pattes postérieures pour établir un courant hors de leur corps. 2° Pour peu que l’eau soit croupie, elles viennent volontiers sur le bord, et laissent hors de l’eau la majeure partie de leur corps, qu’elles humectent seulement de temps à autre, en passant sur le dos leurs longues pattes postérieures : un desséchement total leur serait en eflet plus funeste. 3° Une Hydrachne jetée dans l'alcool y a vécu et nagé pendant plus d’une demi-heure; rendue à l’eau, elle s’est rétablie en peu d’instans ; on peut croire qu’il n’en eût pas été ainsi si clleeût absorbé l'alcool. La bouche est | formée d’un bec à base assez large, bientôt al- longé en forme de gouttière, fortement inclinée sur sa base, fendue en dessus, et renfermant la partie la plus mince de deux lames mandibulaires piquantes, tranchantes, et qui peuvent elles-mêmes former par leur réunion une autre gouttière in- térieure; elles s’écartent en s’enfonçant dans le corps au dessus de l'insertion des pattes, et là, épaissies , elles donnent attache à leurs muscles moteurs. Sur les côtés de l'élargissement de la gaîne s’insèrent des palpes comprimés, fléchis vers la base, à articles très-inégaux , dont le der- pier crochet lui-même mobile sur le précédent et faisant grappin plutôt que pince avec lui. C’est avec cet appareil que l'animal attaque les tiges du Potamogéton ; mais M. Dugès ignore si c’est pour sa nourriture, n'ayant rien trouvé dans les organes digestifs qui ait pu indiquer la nourriture de ces Arachnides. Des huit pieds, les antérieurs sont fort courts, les postérieurs beawcoup plus longs; les trois paires postérieures sont ciliées de manière à servir à la natation; toutes sont pourvues de deux ongles crochus, rétractiles. Le pénultième est le plus long de tous; le troisième ou là cuisse est plusépais. Les hanches sont élargies, adhéren- tes, et forment avec le corps &ne sorte de plas- tron ; elles sont distribuées en deux groupes pour chaque côté; entre les deux antérieures s’insère le bec; entre les postérieures se trouve l’orifice des organes génitaux. Pour ce qui concerne ce dernier, M. Dugès n’a pu établir la différence qui distingue les mâles d'avec les femelles. La plaque crustacée qui recouvre cet orifice est d’une seule pièce en forme de cœur à pointe tournée en ar- rière : sous sa pointe est une ouverture que la pla- que découvre en s’inclinant en avant , et d’où peut soriir un tube d’un demi-millimètre de longueur et peut-être davantage; il le faut, en effet, pour : que l'animal dépose commodément ses œufs dans les lieux de son choix , et cette opération n’est pas la moins curicuse dans son genre. C’est dans le centre des tiges spongieuses du Potamogéton que M. Dugès a vu les femelles insinuer leurs œufs après y avoir, à l’aide de leur bec, percé un trou rond. Ces œufs donnent à la tige une opacité qu’elle n’a pas d'ordinaire : ils sont rassemblés en grande quantilé, et l'on peut dire par centaines; Jeur forme est oblongue. La femelle meurt peu de temps après Ja ponte; son ventre est devenu flasqueet ridé, Ces œufs, n’étant pas recouverts d’une enveloppe protectrice, sont souvent altaqués par des espèces de Naïs et de Derostomes. La ponte commence vers le mois de mai; il faut beaucoup de temps, plus de six semaines, pour que l’éclosion ait lieu; les tiges du Potamogéton attaquées sont alors mor- tes , à demi décomposées, et les nouveau-nés s’en échappent sans peine. Ces nouveau-nés sont des larves à six pattes et à trompe singulière, comme | Müller l'avait déjà dit au sujet de quelques Hy- drachnes ; les six pattes sont très-rapprochées à leur origine , et attachées à des hanches quadrila- em HYDR * HYDR tères, adhérentes, disposées sur deux rangs et presque contiguës ; les larves sont terminées par deux crochets rétractiles et ciliés pour la nage, Les pieds sont rouges, le corps est rougeâtre, ovale , très-plat en dessous, convexe en dessus ; on y voit en avant une sorte d’écusson lisse, sail- lant, tronqué, et portant sur ses angles intérieurs deux gros yeux ronds et noirâtres. Le bec repré- sente une grosse tête mobile de haut en bas , sub- pentagonale ,-terminée par une bouche étroite et | côtoyée par deux gros palpes demi-transparens , dont le quatrième article est en griffe et le cin- quième remplacé par deux crochets plus petits. M. Dugès ignore combien de temps ces petits ant maux vivent librement dans l’eau; ils n’en peu- vent alors sortir sans périr, et c’est là d’ailleurs | qu'ils doivent trouver leur subsistance. Fixés sur le corps d’un insecte aquatique, passés à l’état de nymphe, ils peuvent au contraire être avec lui em- portés à l’air sans danger. Dès la fin de l'été et durant l’automne , 08 en trouve déjà de fixés sur le corps oulesmembres, sur les filets caudiformes , sur!les élytres de la Nèpe cendrée , tantôt aux par- ties cornées qu’elles perforent.d’an trou fort étroit. Elles attaquent aussi les Rapâtres et diverses es- pèces de Dytisques. La partie postérieure du corps ne tarde pas à s’allonger ; d’abord c’est en pointe qu’elle se dessine; Je petit animal encore aplati devient fusiforme dans son contour; plus tard, c’est une .ellipse allongée qu’il représente; arrivé à de grandes dimensions , il est en forme de poire bien renflée, recourbée.du côté inférieuret:colorée en rouge violet. Ge n’est que durant l'hiver que les jeunes Hydrachnes acquièrent cette taille. Une chose remarquable, c’est que, malgré cet ac- croissement considérable du corps, le sucoir, l’écusson et les pattes ne grandissent point; aussi trouve-t-on toujours avec les mêmes dimensions, et toujours situés vers Je bout antérieur, quand l'animal s’est accru le plus possible, et le sucoir en forme de tête ,:et l’écusson avec le simulacre des yeux-etides trois paires.de hanches. Mais bien souvent les palpes, les pattes même ont disparu en partie-ou en totalité , surtout si le parasite était à découvert et jporté par un insecte très-robuste et très-acbif; alors aussi l’espace membraneux qui unit le suçoir au corps s’est allongé en forme de coùû. Ces singularités s'expliquent quand on exa- mine attentivement les choses. En effet, dès que le corps commence à s’allonger, les palpes et les patles se retirent en dedans ; ils suivent le corps dans le.sac que forme en arrière la peau distendue;; ils abandonnent ainsi leurs fourreaux que des vio- lences extérieures peuvent dès lors facilement rompre. C’est donc une nymphe.qui, formée sous sa propre peau,, a remplacé la larve, mais c’est une nymphe qui se nourrit et s'accroît; l’æso- phage n’a pas cessé de traverser le sucoir enfoncé dans les tégumens de l’insecte nourrisseur:; un prolongement membraneux.en forme d'entonnoir, qui a pénétré peu à peu jusque dans les chairs mêmes del’animal, yretient;si fortement le suçoir quil y reste encore attaché avec une portion des enveloppes après l’éclosion de Janymphe. Toutes ces assertions et celles qui vont suivre sont fon- dées sur linspection directe et positive. Et, par | exemple, dit M. Dugès, nous avons vu des four- reaux des palpes vidés à divers degrés chez des individus différens ; les pattes sont un peu plus précoces dans celle opération : puis en laissant un moment dessécher la snrface de la nymphe, pour la plonger ensuite dans l'huile, nous avons pu constater et dessiner ce qui se passe sous la peau devenue transparente. On trouve alors des rudi- mens rétracléset blanchâtres des membres futurs représentés par dix masses oblongues blanchâtres, rangées régulièrement surdeux lignes, et d'autant | plus considérables et plus avancées qu’elles sont plus postérieures. De ces dix masses, huit sont destinées aux pattes, deux aux palpes; une tache blanche indique le sige futur des organes géni- taux, et l’on peut apercevoir plus profondément le canal intestinal recourbé en arrière, renflé vers son bout inférieur et communiquant par un canal étroitvers l’anus situéau milieu de la face ventrale; il est plein d’une matière blanche, mais environné d’une pulpe rouge qui sans doute occupe des cœæcums latéraux, comme chez l'adulte. Peu après les masses blanchâtres s’allongent , se courbent, dirigent leur bout amincieet libre en avant et vers la ligne médiane, prennent enfin l’aspect de mem- bre en s’amincissant à mesure qu’elles s’allongent ; en même temps aussi se forme le bec, et toutes ces parties se colorent en rouge aussi bien que la peau de l’Hydrachne cachée dans la nymphe. A travers la peau de celle-ci on peut aussi reconnai- treles yeux de l'animal futur, et l’on apu, dès les premiers changemens de forme , reconnaître qu’ils rétrogradaient dans la même proportion que les membres, en abandonnant leurs anciennes cornées qui restent visibles aux angles de l’écus- son. On les voit fort bien encore, de même que les hanches , sur la peau de la nymphe éclose , et cettelpeau se montre toute cannelée de striestrans- versales, épaisse et assez consistante pour con- server en partie sa forme ; ordinairement elle se déchire transversalement en deux portions pour laisser sortir le nouvel animal qui nage aussitôt avec vivacité. Les Nèpes etes Ranâtres sont sisou- vent chargées .de ces parasites, que la plupart des observateurs les ont pris pour des œufs; Swam- merdam les nomme.des lentes, des œufs qui s’ac- croissent par succion , et il en a tiré une petite Hydrachne. Cette opinion était celle de Léon Du- four et de Degéer ; le premier ,en a vu aussi naître des petites Hydrachnes; Ræseljparaît avoir fait la même observation. Sonnini a trouvé ces nymphes sur les Nèpes en Egypte, et ïl les a prises pour des œufs. M. Audouin (Mém. de la Sociét. d'Hist, nat..de Paris ,t.1) .a regardé.ces parasites comme devant constituer un genre nouveau d’Arachnides à six pattes, qu'il a nommé Achlysie. Mannerheim (Ann. des sc. nat., tom. 11, pag. 498) a observé l'une espèce d’Achlysie .qui appartient probable- ment à une autre espèce. Telles étaient les diverses manières de voir des auteurs au sujet de ces pa- HYDR 52 Fe HYDR rasites avant les observations de M. Dugès, auquel la science est redevable d’avoir retiré du chaos ces Arachnides dont les divers états étaient encore inconnus aux observateurs de la nature. Après les métamorphoses dont M. Dugès vient de nous re- tracer les détails, l’animal n’est pas encore adulte, il a une mue et un changement à subir encore. En effet, non seulement ces jeunes Hydrachnes ont une forme plus ovoide, presque en poire , et une taille beaucoup au dessous de celle des adultes; elles ont aussi quelque chose de particulier dans les parties visibles des organes génitaux : au lieu d’une plaque cordiforme, on ne voit qu’une dépression en forme de fente superficielle; sur les côtés, à quelque distance, sont deux plaques ovales gre- nues, et qui, au microscope et par réfraction, semblent ou perforées de trous nombreux, ou garnies de nombreux et très-petits stemmates ré- gulièrement disposés. Ces plaques ont beaucoup d’analogie avec celles qui sont perforées en écu- moire ou granulées de gemmicules transparentes qui environnent les stigmates des Ixodes. M. Dugès ignore quel est l’usage de ces plaques perforées. Après avoir vécu ainsi quelques semaines et pris un notable accroissement, ces individus impubères ou présumés tels vont se fixer à l’aisselle d’une feuille de Potamogéton; ils enfoncent leur bec dans la tige et y accrochent leurs palpes ; alors ils de- viennent immobiles ; leurs pieds, leur bec et ses dépendances se retirent encore une fois sous la peau du corps, abandonnant leurs fourreaux cu- tanés. Ces parlies éprouvent une fois la même élaboration, c’est-à-dire que, d’abord épaisses, informes , courtes et pulpeuses, elles s’allongent , s’amincissent , se dessinent et se durcissent peu à peu; c’est toujours en avant que leur extrémité libre se dirige , et elles sont rangées parallèlement de manière à occuper le moins d’espace possible ; leurs griffes, leurs cils et leurs poils, tout se forme avant cette troisième éclosion, qui s’opère à tra- vers une fente de la peau du dos, et qui donne enfin le jour à un animal parfait. A cette dépouille abandonnée, et qui plus haut a déjà fourni quelques détails d’organisation, on peut encore y reconnaître les anciennes mandi- bules qui, sans doute, étant tout-à-fait cornées, se reproduisent dans leur totalité. Gette remarque, dit M. Dugès , a soulevé dans mon esprit la même question relativement aux autres membres. Sont- ce bien ceux dont se servait primitivement l’animal qui se retire pour se perfectionner sous la péau ? Ce que j'ai pris pour un fourreau cutané ne se- rait-il pas ce membre même sphacélé et remplacé intérieurement par un nouveau formé de toutes pièces? Cette théorie, que la reproduction des membres perdus chez les Crustacés, les Araignées, les Salamandres , permettait au moins d'admettre comme possible, a été renversée par l'expérience ; j'ai coupé une , deux pattes dans un point et d’un côlé déterminé et enregistré, avec la date, chez trois Hydrachnes du deuxième âge, c’est-à-dire ayant encore à subir la dernière transformation, celle qui vient de nous arrêter; cette métamor- phose s’est-opérée comme de coutume, et mes sujets d'expérience sont sortis de leur nymphe secondaire avec des mutilations exactement en rapport avec celles que je leur avais fait subir plu- sieurs semaines auparavant ; seulement les moi- gnons n'étaient pas brusquement tronqués comme après l’amputation , mais terminés en cône. Ce genre se compose d’un assez grand nombre d'espèces , dont beaucoup sont propres aux envi- rons de Paris. La plus commune et celle qui peut être regardée comme type du genre est l’'Hy- .DRACHNE GÉOGRAPHIQUE , {1. geographica, Müller, Latr. Cette espèce, qui est d’une taille assez grande, a son corps légèrement tomenteux. Elle a quatre taches et quatre points rouges situés sur le dos; chaque point est marqué d’un petit point noir dans son centre; les yeux sont rouges, très-petits ; les antennules sont composées de trois articles, et de la longueur des trois premières paires de pattes ; celles-ci sont noires, plus courtes que le corps, velues et composées de six pièces. Dès qu'on touche cette espèce, elle feint d’être morte pen- dant quelques instans. (EH. L.) HYDRACHNELLES, Æydrachnellæ. ( aracu. ) Cette famille , qui appartient à l’ordre des Trachéen- nes , a été établie par Latreille, et comprend les genres que cet entomologiste a établis aux dépens du grand genre Hydrachne de Müller. M. Dugès , dans un mémoire ayant pour titre : Remarques sur la famille des Hydrachnées, a établi, aux dépens du genre Hydrachne, deux genres nouveaux. Les ca- ractères distinctifs de celte famille sont : bouche en forme de siphon; chelicères , qui en font par- tie, inarticulées et converties en lames de sucoirs ; elles ne sont point terminées par un crochet ou doigt mobile. Cette famille, qui ne se composait que de deux genres, en renferme maintenant six , qui sont les genres : Atax, KFab.; Diplodontus, Dugès ; Arrenurus, Dugès ; Eylaïs, Latr.; Lim- nocharus, Latr.; Hydrachne, Muller. (EH. L.) HYDRACIDE. (cm. ) Nom donné aux com- posés résultant de la combinaison de l'hydrogène avec un corps combustible simple, et qui jouis- sent tous des caractères des acides; tels sont : l'hydrogène sulfuré ( acide hydrosulfurique ) , l'hydrogène sélénié ( acide hydrosélénique ), l'hydrogène iodé ( acide hydriodique }), etc. (ARE Lu HYDRANGÉE ou HYDRANGELLE, Hydrangea. (8or. Pan.) Le beau genre de plantes dicotylédo- nées auquel] on donne, j'ignore pourquoi, ce nom dérivé de deux mots grecs, Sup, eau, et &yystov , vase, puisqu'il se plaît dans les bonnes terres un eu humides et surtout ombrées, appartient à la famille des Saxifragées et à la Décandrie digy- nie. Ses caractères sont d'offrir des sous-arbris- seaux, tous indigènes à l’Amérique du nord, à feuilles opposées et à fleurs disposées en cimes om- belliformes et terminales, ayant le calice mono- phylle, petit, persistant, à cing.dents ; la corolle composée de cinq pétales égaux, arrondis, plus grands que le calice ; dix étamines alternativement plus longues, portant des anthères arrondies, di- Pl.228. Hydres Æ. Cuérin dr HYDR HYDR dymes ; l’ovaire infère, arrondi, chargé de deux ou trois styles courts, persistans et terminés chacun par un stigmate obtus ou en tête arrondie. L’o- vaire devient une capsule arrondie, striée, didyme, à deux becs droits et deux valves, couronnée par les styles persistans, à deux loges polyspermes s’ouvrant par leur extrémité supérieure. Les se- _mences sont brunes, anguleuses, fort petites et -en grand nombre dans chaque loge. Les larges buissons des Hydrangées contribuent à l’agrément des jardins dans une saison où les fleurs sont rares. Elles précèdent les Althéas, et composent avec eux et les Itéasles bouquets dela fin de l’été et d’une bonne partie de l’automne. Elles sont de pleine terre, se multiplient de graines et par la séparation de leurs pieds en octobre. Durant les hivers un peu rudes, les Hydrangées perdent ordinairement une partie de leurs tiges, qui sont fort tendres; mais elles les renouvellent bientôt et se chargent de même de leurs gros bouquets. Je n'ai point entendu citer un seul pied qui eût péri en 1820 et 1830. Smith et Willdenow avaient proposé de réunir à ce genre l’Hortensia ; mais, comme nous l’avons vu plus haut, p. 21 et suiv., ils sont parfaitement distincts; aussi l’opinion des deux botanistes ne peut être raisonnablement adoptée. Trois espèces d'Hydrangées sont cultivées dans nos jardins. L’Hyprancée ne Vin@iNie, A. arbores- cens , qui fleurit en juillet et août, a étéintroduite en France en 1756; ses feuilles d’un vert gairendent plus saillantes ses ombelles uniformes ct formées de petites fleurs blanchâtres. L'HYDRANGÉE BLAN- CHE, 7, nivea, est remarquable par le beau blanc cotonneux de la page inférieure de ses feuilles , et surtout par ses fleurs dont les extérieures sont deux fois plus grandes que les autres : elles imitent par- faitement celles de l’Obier. La plus belle des trois . est l'HYDRANGÉE A FEUILLES DE CHÊNE, À. querci- folia. | à Get arbuste de la Floride, admis dans nos jar- dins depuis 1809, a la tige décidément ligneuse, s’élève à un mètre et demi de haut en se divisant en plusieurs rameaux verdâtres quand ils sont jeu- nes, et se recouvrant dans l’âge adulte d’une écorce jaune-brunâtre. Ses feuilles, grandes , inCi- sées , lobées, dentées en scie, à cinq principaux lobes, d’un vert foncé, ont jusqu’à soixante centi- mètres de long et sont couvertes d’un duvet blan- châtre en dessous ; elles tombent à mesure que les tiges s'élèvent. Les fleurs , imitant celles de la se- conde espèce, sont disposées en larges panicules ombelliformes , d’abord d’un rose foncé, ensuite purpurines, quelquefois jaunâtres ; les petites fleurs sont quinze à vingt fois plus nombreuses que les grandes , placées une ou deux seulement au som- met de chaque rameau de la panicule. Celles-ci sont stériles , très-persistantes. La beauté du feuil- lage et des bouquets de cette espèce la rend très-précieuse pour la décoration des parterres. On en doit l'introduction en France à Frédéric Mi- Chaux. Elle vient très-bien en pleine terre , surtout à l'ombre des grands arbres. (T. ». B.) HYDRARGURES. (win. cam. ) Nom donné par Beudant aux amalgames de mercure et d’un autre métal, amalgames qui ont un éclat métalli- que, qui donnent des vapeurs de mercure quand on les chauffe dans un tube fermé , qui se séparent ainsi de leur base, à moins que celle - ci ne soit également volatile, etc. (F. F.) HYDRASTIDE ou HYDRASTE , Hydrastis. ( soT. PHaN. ) Linné a donné ce nom à une petite plante habitant les lieux marécageux du Canada , de la Pensylvanie et des autres états de l'Amérique septentrionale. Sa tige est simple, uniflore, gar- nie de quelques feuilles profondément divisées en trois ou cinq lobes dentés et aigus, les inférieures pétiolées , la supérieure sessile. La fleur, pédon- culée , et de couleur blanche ou légèrement pur- purine , présente les organes suivans : un calice de trois sépales ovales ; point de corolle; étamines et pistils en nombre indéterminé , ainsi que celui des ovaires; fruits ou carpelles charnus, réunis en tête ( comme ceux des Framboisiers }, terminés par le style, à une seule loge contenant une ou deux graines lisses et obovoïdes. Ces caractères rapportent le genre Hydrastis à la famille des Re- nonculacées,et à la Polyandrie polygynie de Linné. On le trouve décrit sous le nom de W'arneria dans Müller. Cette plante, dont on ne connaît qu'une espèce, l'Hydrastis canadensis, a pour racines des tuber- cules charnus, d’une extrême amertume et d’une couleur jaune très-intense. Les Américains lui donnent le nom d’Yellow-root. (L.) HYDRATES. ( curm. ) Proust désigne ainsi tous les corps dans lesquels l’eau entre, en proportions déterminées, comme principe essentiel de leur composition , et desquels on la sépare avec plus ou moins de difficultés. La plupart des acides, des oxides et des sels doivent être considérés comme des Hydrates; il y en a même quelques uns qui ne peuvent exister qu'à.cet état : tel est, par exemple, l'acide nitrique le plus concentré. Les Hydrates sont secs et pulvérulens , de couleur va- riable , toujours différente de celle de leurs oxi- des, etc. : (FE) HYDRE, Âydrus. ( rEPT. ) Parmi les idées vraies que l'imagination poétique des anciens s’est plu à exagérer et à dénaturer , il n’en est pas qui ait eu autant de célébrité que cette création hyperbolique de l’'Hydre de Lerne. Ser- pent monstrueux , c'était à qui renchérirait sur le nombre de têtes au moyen desquelles son souffle empesté frappait de mort l’imprudent qui appro- chait des marais où elle avait élabli sa retraite. Elle eut sept, neuf, cinquante, cent têtes, au gré du caprice et du génie vagabond des poètes. Née de la fange du marais de Lerne, ou, comme le veut Hésiode, de l’union repoussante d'Echidna et de Typhon, Junon, la superbe, l’implacable Junon, l’éleva pour servir d’instrument à ses ven- geances , et la suscita contre Hercule , dent la vue lui rappelait toujours un de.ces outrages cruels que la plus simple bergerette ne pardonne jamais. Hercule combattit l'Hydre; mais les têtes qu’il HYDR abattait à coups de massue renaissaient aussilôt, et le sang que le monstre répandait semblait retrem- persa rage; enfin le héros, inaccessible à la faiblesse, se saisit d’ane flèche empoisonnée et étendit le prodiye au milieu des roseaux du rivage. Les poè- tesmodernes, trop souvent poètes a la suite, se sont fréquemment servis de celte fiction d’un serpent à plusieurs têtes toujours renaissanies, pour ani- wer leurs tableaux allégoriques ; maïs ies natura- listes ont rédui: l'Hydre à sa juste valeur, et pour eux c’est aujourd’hui un genre de serpens qui n’a de commun avec l’Hydre des anciens que l'habi- tude de séjourner souvent dans l’eau (v0y. Hx- proPmpes), et d’ailleurs sans rapport probable avec le serpent aquatique qui a pu servir de base aux amplilications de Virgile , d'Ovide et de leurs de- vanciers. (T. €.) HYDRE, Aydra. (zoopn. rover. ) L’Hydre que -nous allons étudier n’est pas, comme on le pense bien, l'animal auquel les anciens ont appli- qué ce nom; cette Hydre, fameuse chez nos pères, ne saurait être retrouvée dans aucun des animaux aujourd'hui conaus; c'est un être fabuleux qui n’est évidemment que le produit de l'imagination de quelques érudits plus poètes que naturalistes. L’Hydre dont il sera ici question n'a pas même été connue des ancicns naturalistes; et, bien qu’on l'ait quelquefois appelée Polype, elle n’est point , non plusqneles autres animaux quenousdésignons aujourd’hui par ce nom, le Polype des anciens ; celui-ci doit être rapporté à la classe des Mollus- ques céphalopodes, particulièrement aux espèces du genre Polype. Lewenoeck:et un savant dont le nom est inconnu aujourd hui ont, les premiers, fait connaître les Hydres, qi se placent dans la classe des Rayonmés à plusieurs tentacules ou Polypes; mais, comme on le fait remarquer avec juste raison, Ja gloire d’avoir fait connaître la na- ture.de ces animaux revient tout entière à Abraham Trembiey : les belles et nombreuses expériences que ce naturaliste a fait connaître dans ses Mc- moires pour servir à l'histoire d'un genre de Polypes d’eau douce, & bras:en forme de cornes (a), l'ont fait généralement considérer comme un des robser- vateurs les plus habiles. Depuis Trembley, quel- ques savans se sont occupés des Hydres; Baker, Ræsel, Réaumur et quelques autres plus récens , méritent principalement qu’on les cite. Les Hydres sont des animaux d’une grande sim- plicilé; mais ils ne sont pas, comme on le dit gé- néralement, les plus simples que l’on connaisse ; il est parmi les infusoires des espèces dont l’orga- nisalion est encore moins compliquée, et plusieurs autres productions que l’on range parmi les Zoo- phyles sont d’une organisation tellement obscure quon a peine à décider auquel des trois règnes (animal, végétal où minéral) ils appartiennent réellement. , Les Hydres forment dans les méthodes un genre distinct. Comme elles n’ont jamais, ainsi (x) L'édition lalplas estimée esticelle de Leyde, in-4, 1744. °4 HYDR que cela se voit chez beaucoup de Polypes, un encroûtement soit calcaire, soit charnu, daus les loges duquel elles se tiendraient , on les range parmi les Polypes nus, par opposition aux Poly- pes calcaires et aux P. membraneux. Les espèces que l’on comprend dans le genre Hydre, Æy- dra, sont les seules que l’on connaisse dans la saus- classe des Polypes nus. Plusieurs d’entre.elles sont marines ek ont élé principalement décrites par Bosc; les autres sont toutes d’eau douce; ce sont elles que Trembley.et les observateurs cités plus haut ont décrites ; elles sont aujourd’hui bien mieux connues que les espèces marines. Le corps des Hydres est gélatineux, libre et très-contractile; il n’a pour iout organe qu’uve cavité stomacale ouverte par un seul orifice , et quelques tentacules plus ou moins grêles, plus où moins longs, qui entourent cette bouche et sai- sissent les alimens dont l'animal se nourrit ; la grosseurdes Hydves n’est jamais bien considérable; au contraire , ces animaux sont le plus souvent très-pelits; leur corps, chez les plus grands, n’a pas la grosseur d’un petit grain de blé, et leurs tentacules n’ont guère que deux fois sa longueur ; mais il est d’autres espèces qui sont un peu plus volumineuses, et chez lesquelles les tentacules gréles et allongés peuvent élever à plasieurs pou- ces la longueur tolale, L'étude des Hydres peut fournir à la physiolo- gie générale des faiis extrêmement curieux; elle nous montre des animaux sans système nerveux apparent, et doués cependant d’une sensibilité assez active ; des animaux privés de toas les sens , si ce n’est celui du tact, ct qui savent néanmoins rechercher les endroits qui leur sont le plus con- venables, et, de plus, saisir et souvent choisir leur nourriture. C’est .dans les petits ruisseaux, dans les étangs, les mares, etc., que vivent les Hydres d’eau douce ; leur pelite Laille les rend assez dif- ficiles à trouver; mais comme elles s'appliquent ordinairement à la face inférieure des £emna ou Lentilles d'eau, on peut, en examinant avec atten- tion plusieurs de ces Zemna, se procurer des ani- maux que l’on cherche. Un procédé plus facile consiste à placer les Lemna ou les herbes aquatiques. sur lesquelles on suppose qu'ilexiste des Hydres dans un vase de verre exposé au soleil par une petite portion de son étendue seulement. Les Iydres, qui cherchent toujeurs à se placer sous l'influence des rayons solaires, ne tardent pas à venir de tous les points du vase dans l'endroit éclairé; les unes s’y dirigent en nageant au moyen de quelques contractions de leur corps, d'autres rampent avec lenteur. Les Hydres se nourrissent d'animaux infusoires et aussi de petits Vers, de Planaires, etc. Une de celles qu’on a figurées à la pl. 228, fig. 8, de ce Dictionnaire, vient de saisir un Naïs, (V. probosei- dæa,petiteespèce d'Annélidecommune dans toutes les eaux douces, et se dispose à l’avaler. L’esto— mac des Hydres n’a, comme nous l'avons dit, qu’un seul orifice, qui est à La fais buccal et anal, puis- qu'ilsert à l'entrée des alimens et à la sortie du | HYDR 55 HYDR oo résidu de la digestion. Les parois de cet estomac of- frent la particularité remarquable de ne point diffé- rer de la peau extérieure ; aussi les Hydres sont- elles des animaux chez lesquels on peut très-bien étudier et comprendre la définition de la peau don- née par un savant naturaliste : suivant ce natura- liste , la peau est non seulement la couche que l’on remarque avec de si nombreuses variations à la surface extérieure des animaux (peau externe) ; mais on doit encore la reconnaître dans toute l’é- tendue du tube digestif, qui n’en est qu’une por- tion rentrée (peau interne). Dans certains cas cette peau interne ou intestinale a deux orifices , l'un buccal, l’autre anal; c’est ce qui a lieu dans le plus grand nombre des animaux ; chez d’autres, au contraire , telles sont les Hydres, elle n’a qu’un seul orifice. Dans le premier cas, l'animal est, pour avoir recours à une comparaison triviale, une sorte de manchon dans lequel la surface extérieure serait représentée par la peau externe, et la sur- face intérieure par la peau interne, Quant aux animaux chez lesquels le tube digestif n’a qu’un seul orifice, on peut se faire une idée générale de la dispositon qu'ils présentent , en supposant une sphère quelconque susceptible de s’enfoncer plus ou moins profondément dans un point donné de sa surface; la partie ainsi enfoncée deviendra la au interne, ce sera si l’on veut une portion de sphère emboîlée par le reste de la sphère, c’est-à- dire par la surface externe ou peau externe qui n'aura pas été modifiée. On concoit que, par un renversement dans la disposition que nous suppo- sons ici, la surface externe puisse devenir interne, c’est-à-dire rentrée, et vice versä; ou en d’autres termes, la peau externe pourrait se transformer en peau interne, et la peau interne en peau externe. Geci prouverait, ce nous semble, que l’une et l’au- tre ne diffèrent pas autant qu’on le croit générale- ment. C'est précisément ce qui peut avoir lieu chez les Hydres; ainsi Trembley a constaté que ces animaux peuvent être retournés comme un doigt de gant sans souffrir aucunement ; leur esto- mac se change alors en une véritable peau externe, et la peau qui tout à l'heure était interne devient un véritable estomac, susceptible de digérer les ali- mens comme l'était celui qu’il remplace. Le mode de reproduction des Hydres n’est pas moins curieux. Ces animaux ne s’accouplent pas, ils n’ont pas de sexes distincts, pas même d’or- ganes générateurs qu’on puisse reconnaître. La propagation se fait par bourgeons qui, partant de tous les points du corps, y prennent le développe- ment nécessaire, deviennent autant de petites Hydres, qui ne se séparent de l'Hydre mère qu’a- | près qu'elles ont pris tout leur développement. M. de Blainville croit avoir remarqué que dans | l’Hydre verte les bourgeons ne partent pas, comme on l’a dit, de tous les points du corps , mais seule- ment du point de jonction de l'estomac avec la peau externe, c’est-à-dire près des tentacules; on devrait alors admettre un organe spécialement des- tiné à Ja reproduction ; mais cette opinion, con- _ traire à ce qu'ont établi les naturalistes du siècle précédent, n’a pas encore été démontrée d’une ma- nière suffisante ; ellea même, il y a peu d'années, été combattue par M. Vander-Hoeven, qui n’a point, il est vrai, étudié la même espèce que M. de Blain- ville, mais qui en a observé plusieurs autres. On assure que les Hydres ont encore un autre moyen de se reproduire , et qu’elles pondent à l'automne quelques œufs; ces œufs, dont Jussieu, Trem-- bley, Rœsel et Pallas attestent l'existence , n’é- closent point immédiatement; ils sont pondus pen- dant l’arrière-saison et ne se développent qu’au printemps... Les espèces les plus communes du genre Hydre sont les suivantes : Hyprs verre , A. viridis, Linn.,. Trembley; voy. notre Atlas, pl. 228, fig. 9, 10, 11. Elle est toute verte et a huit ou dix tentacules plus courts que le corps. Hypre qnuse, À. grisea. Ses tentacules sont plus longs que le corps, et au nombre de neuf.” Cette espèce est quelquefois appelée Hyore com- MUNE , parce qu’elle est celle qu’on trouve le plus fréquemment. Nous Pavons repésentée pl. 228, fig. 1 à 8. Gmelin a confondu avec les Hydres quelques espèces qu’on ne saurait laisser avec elles ; plu- sieurs de ces prétendues Hydres sont des Acrinies (voy. ce mot). (GErv.) HYDRIODATES. ( cmm.i) Sels résultant de Ja combinaison de l'acide hydriodique avec une base ;: tous solubles dans l’eau; non altérés, à la température ordinaire , par les acides sulfureux , hydrochlorique et hydrosulfurique ; tous décom- posés par l’acide sulfurique concentré, l'acide ni- trique et le chlore ; dissolvant tous de l’iode et se colorant alors en rouge-brun foncé , etc. Un seul Hydriodate se trouve dans la nature; c’est celui de potasse, qui fait partie des varecks dont on retire la seude de Cherbourg. (EF. F.) HYDRO-AËRÉES , Aydrophyta. (or. crvpr. ) Dénomination qui ne saurait être acceptée , et qui a été donnée par Roussel à la deuxième classe de ses Cryptogames, classe qui renferme les Hydro- phytes, où sont comprises les Charagnes , les Tre- melles et les Nostocs. (F. EF.) HYDRO-BROMATES. (cnim.) Sels qui résul- tent dela combinaison de l’acide hydro-bromique avec une base; qui précipitent les sels de plomb en blanc, le nitrate d'argent en jaune serin ; qui jaunissent (ceux qui sont solubles) et laissent dé- gager le brôme lorsqu’on les traite par les acides chlorique , nitrique, et surtout par le chlore, etc. F0F y): HYDROCANTHARES. (ins.) Tribu 5 Ta ptères, de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, et formant à elle seule la tribu des Aquatiques; se distinguant des autres tribus de la même famille par les caractères suivans : yeux presque saillans; mandibules presque entièrement recouvertes; crochet terminal des mâchoires arqué dès sa base; corselet plus large que long; der- nière paire de pattes, au moins, compriünée en forme de rame. Ces insectes composent les genres oo HYDR 56 HYDR 00020060 0e nn Dytisque et Gyrin de Geoffroy; mais ils ont été bien démembrés depuis lui; du premier ont été formés les genres Golymbète, Hygrobie, Hyphy- dre, Notère et Haliple, et d’autres moins connus; les divisions du second sont encore peu adoptées. Les Hydrocanthares vivent, à l’état de larve et d’insecte parfait, dans l'eau où ils nagent avec beaucoup de facilité; obligés de venir à la sur- face pour respirer, ils remontent par leur pesan- teur spécifique, mais dans une position oblique; l'extrémité de l’abdomen arrive sur l’eau la pre- mière; ils soulèvent alors un peu leurs élytres et conservent sous elles une provision d’air qui se ré- pand dans leurs trachées. Ces animaux sont très- voraces, attaquent toutes les larves aquatiques et quelquefois des insectes beaucoup plus grands qu'eux; quand ils ont à sortir de l'eau, ce n’est que la nuit; ils ne peuvent guère marcher, mais ils volent très-bien ; leurs larves sont des vers fu- siformes ayant la tête armée de mächoires très- longues en forme de croissant ; elles sont tout aussi carnassières que les insectes parfaits, respi- rent par leurs soies ou par des branchies disposées des deux côtés du corps; au moment de se mettre en nymphes, elles sortent de l’eau et se cachent en terre pour opérer cette dernière métamorphose. (A. P.) HYDROCHARIDE, Æydrocharis. (8or. HAN.) Ce genre, qui appartient à la Monocotylédonie, a servi de type et a donné son nom à la famille des Hypocharidées ; Linné l’avait placé dans la Dioé- cie ennéandrie. Garactères : fleurs dioïques; les mâles renfermées plusieurs ensemble dans une spathe pédonculée et diphylle, et ayant les trois divisions internes de leur calice très-grandes et pétaloïdes ; les étamines, au nombre de neuf, sont portées sur six filamens bifurqués , dont trois, alternativement, sont bianthtrifères, Landis que les trois autres sont terminés par une seule an- thère, ou, pour mieux dire, douze étamnines dont trois avortent constamment ; le centre de la fleur est occupé par un tubercule qui paraît êlre nn pistil avorté. Dans les fleurs femelles, la spathe est sessile et uniflore. On y remarque six appen- dices filiformes réunis par paires et séparés par trois gros tubercules : ils représentent les vestiges des étamines. L’ovaire est surmonté de six slig- mates cunéiformes et bifides. Le fruit est ane pé- ponide ovoide , allongée, polysperme , offrant six fausses cloisons longitudinales ; graines recouvertes d’un tégument propre, épais, rugueux et comme formé par une mallitude de petites vésicules très- rapprochées. Ce genre ne comprend qu’une espèce, l’Hy- drocharis morsus ranæ, L,, pelite plante vivace, qui croît dans les mares et les ruisseaux d'Eu- rope, à la surface desquels elle étale élégam- ment ses feuilles réniformes, arrondies, entières , et ses fleurs dioïques et blanches. Bosc (Ann. Mus., 9,p. 396, t. 30) a décrit, sous le nom d’/1. spongia, une autre planté originaire de l'Amérique septentrionale, dont le professeur Richard a fait le type de son genre Limnomiun, F”, ce mot.(C. #.) HYDROCHARIDÉES, Hydrocharideæ. (80T. PHAN.) Famille naturelle de plantes monocotylé- donées , à étamines épigynes, dont l’organisation n’est parfaitement connue que depuis le beau tra- vail du professeur L. G. Richard sur cette famille (Mém. de l'Inst., sc. phys., année 1811, pag. 1 et suiv.). Elle se compose d’herbes aquatiques dont les feuilles s’étalent ordinairement à la surface de l’eau, rarement s'élèvent au dessus. Ces feuilles sont sessiles ou pétiolées , entières ou très-légè- rement dentées. Les fleurs , renfermées dans des spathes, sont, en général, dioïques, très-rare- ment hermaphrodites. Les mâles ont une spathe pédonculée ou quelquefois sessile , composée de une ou deux folioles. Ces fleurs, ordinairement réunies plusieurs ensemble , sont tantôt sessiles , tantôt pédicellées. Les fleurs femelles et les fleurs hermaphrodiies, quand elles existent, sont tou- jours sessiles et renfermées dans une spathe uni- flore. Quelle que soit la nature de ces fleurs, le calice a toujours six divisions, trois intérieures , pétaloïdes, et trois exlérieures calicinales , géné- ralement un peu plus courtes ; quelquefois, dans l'intérieur du calice , on remarque des appendices de forme variée qui manquent entièrement dans les genres munis de tiges, et qui environnent les organes sexuels, ou sont quelquefois placés au: centre de la fleur. Le nombre des étamines varie d’une à treize; elles sont plus courtes que le ca- lice. Les anthères sont continues avec les filamens, et offrent deux loges qui s’ouvrent par un sillon: longitudinal. L’ovaire est infère, quelquefois atté- nué à sa partie supérieure en un prolongement filiforme qui s'élève au dessus de la spathe, et qui tient lieu du style. Les stigmates, au nombre de trois ou six, sont bifides ou bipartis, quelque- fois indivis , glanduleux du côté interne. À l’ovaire: succède un fruit ovoide, allongé, à six loges, ou rarement uniloculaire , qui mûrit sous l’eau et qui est assez souvent couronné par les divisions calici- näles. Le péricarpe est charnu ; il offre une cavité tantôt simple, tantôt partagée en autant de faus- ses cloisons qu'il y avait de lobes au stigmate. Chaque graine est, en quelque sorte, renfermée dans une loge particulière, avec la paroi interne de laquelle elle contracte une intime adhérence. Ces loges, et par conséquent ces graines, sont éparses. Celles-ci sont dressées; elles ont un té- gument propre, membraneux, très-mince, qui . recouvre immédiatement l'embryon quiest droit, cylindracé, entièrement indivis à ses deux extré- mités. Voici les genres qui se rapportent à cette famille : Fruit à cavité simple. * Herbes à tige. — Elodea, Rich. ; Anacharis, Id.; Hydrilla, I. ** Herbes sans tige. — Wallisneria, Micheli; Blyxa , Du Petit-Thouars. Fruit à cavité composée. *F'euilles sessiles.—Stratiotes, L.:;Enhalus, Rich. ** Feuilles pétiolées. — Ottelia, Persoon; Lim= nobium, Rich; Æydrocharis, L. . (G. £.) HYDROCHLORATES. Per pme li HYDR 57 HYDR 0 * HYDROCHLORATES. (cum) Sels résultans de la combinaison de l’acide hydrochlorique avec une “base, connus autrefois sous le nom de Muriates, et dont voici les propriétés principales : quelques uns sont décomposables par le feu en oxide et en acide, d’autres en chlorures ; plusieurs sont vola- tils ; tous sont solubles dans l’eau , tous sont inal- térables par les acides privés d’eau ; quelques uns sont décomposés par certains acides liquides; le nitrate d'argent forme dans tous les solutés d'Hy- drochlorate un précipité blanc (chlorure où mu- riate d'argent), cailleboté , lourd, noircissant à la lumière, insoluble dans l’eau, insoluble dans Vacide nitrique , mais soluble dans l’ammoniaque. Les Hydrochlorates que l’on trouve dans la na- ture'sont ceux de chaux, de magnésie , de potasse et dé soude. Disons un mot de chacun d’eux. … HypnocuLoraTEe pe caux. Cet Hydrochlorate , appelé encore Sel marin calcaire, Sel ammoniac fixe, Muriate de chaux , existe dans les eaux de plasieurs fontaines , et dans les plâtras salpétrés. Sa saveur est âcre , très-piquante et amère; il est très-déliquescent , très-soluble dans l’eau, etc. On Pemploie en médecine dans le traitement des en- gorgemens scrophuleux , squirrheux , etc., et dans les laboratoires de chimie pour produire des froids artificiels et dessécher un très-grand nombre de gaz. HYDROCHLORATE DE MAGNÉSIE. Sel incolore, amer, très-soluble dans l’eau, etc., qui se trouve dans les mêmes liquides et dans les mêmes maté- riaux que le précédent. HyprocaLoraATE DE poraAsse. Sel fébrifuge de Sylvius. Il existe dans quelques liquides animaux, dans les cendres de plusieurs végétaux, et dans’ certaines eaux minérales. Il cristallise en prismes à quatre pans ; sa saveur est piquante et amère ; sa solubilité dans l’eau est facile , etc. Ce sel est em- ployé comme fondant dans la fabrication du verre. HyprOCHLORATE DE soupe. Sel de cuisine, sel gris , sel gemme , sel commun. Un des corps les lus répandus dans la nature; on le rencontre à l’état solide (sel gemme) et à Pétat liquide. À l’état solide , le sel marin se rencontre, sous forme de couches très-considérables (mines de sel gemme) , en Pologne , en Hongrie, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, dans plusieurs parties de la Russie , en Asie, en Amérique et en Afrique. La Suisse possède aussi une mine de sel gemme. Ces mines existent ordinairement vers la base des terrains secondaires, au milieu de vastes dépôts d'argile, et à une profondeur plus ou moins con- sidérable. Celles de Pologne descendent jusqu’à 300 mètres au dessous du sol ; celles d'Afrique sont à la surface de la terre. Le sel gemme est toujours translucide, sinon transparent. Sa couleur varie; elle est tantôt rouge, -Jaunâtre ‘ou brune ; tantôt. violette, bleuâtre ou verte : ces nuances proviennent probablement de la présence d’oxides de fer et de manganèse. Le sel marin, à l'état liquide ; se trouve dans les eaux de: la mer, dans celles de certains lacs, de. beaucoup de sources, etc. La France, la Sicile, T, IV. l'Italie, possèdent des eaux salifères qui sont plus ou moins riches; celles de Château-Salins, de Montmorat, de Dieuze, renferment la 6° ou la 7° partie de leur poids de sel; celles de la mer n’en contiennent que la 30° ou 4o° partie. Les mines de sel gemme sont exploitées des trois manières suivantes : tantôt on extrait tout simple- ment le sel des mines, et on le livre au commerce : ce mode ne peut avoir lieu que sur des mines de sel pur ; tantôt on purifie le sel retiré de la mine en le dissolvant dans l’eau, et faisant évaporer ; tantôt enfin on fait arriver l’eau dans la mine même, el on soumet ensuite cette eau saturée de matière saline à une évaporation analogue à celle qui est mise en usage pour l'extraction du sel marin exis- tant à l’état liquide. Gette évaporation varie selon les lieux et selon la quantité de matière saline con- tenue dans les eaux. Lorsque.les eaux salées contiennent 14 à 15 centièmes de sel, on commence par les concen- trer par le feu dans de grandes chaudières de fer. La première matière qui se précipite, appelée schlot, et formée de sulfate double de chaux et de soude, est déposée dans de petites poêles plates de fer ( angelots ), placées à côté des chaudières, La cristallisation étant opérée, on place les angelots de côté , on évapore l’eau décantée jusqu’à siccité, on enlève le sel, et on le porte sécher à l’étuve. Quand les eaux ne renferment que 2, 3, 4, 5 cen- tièmes de sel, on suit l’un ou l’autre des procédés ‘que nous allons faire connaître. Premier procédé. — Dans ce procédé, employé dans les contrées méridionales pour extraire le sel des eaux de la mer, on fait arriver l’eau par un canal, au moyen d’une écluse , dans des bassins peu profonds, creusés sur le rivage , tapissés d’ar- gile, et appelés marais salans. Ces marais sont disposés de manière à communiquer les uns aux autres par une pente douce , et leur éloignement est assez considérable pour que l’eau, dans son trajet, éprouve une notable et continuelle évapo- ration. À mesure que l’eau s’évapore, on en fait arriver de nouvelle du réservoir, et à mesure aussi que la cristailisation s'opère, on retire le sel qui s’est solidifié, on le dépose en tas sur les bords des bassins, où on le laisse pendant plusieurs mois s’égoutter, se dépouiller des sels déliquescens qu'il retenait, et se sécher. À Avranches, dans le dé- partement de la Meuse, on suit un procédé diffé- rent : on étend, sur les bords de la mer, une grande masse de sable, de manière à former une aire bien unie qui puisse être baignée dans les hautes marées. Les eaux une fois retirées , le sable se dessèche, et apparaît recouvert d’efflorescences salines. On l’enlève et on le porte dans des fosses contenant de l’eau de mer. Il ne reste plus qu’à évaporer cette eau que l'on a ainsi saturée de sel. Deuxième procédé. — Dans les climats tempé- rés, et quand on à à exploiter des eaux peu sa- lées , on procède de la manière suivante : sous un hangar qui a de 10 à 11 mètres de hauteur, sur 5 à 6 de largeur, et 300 à 4oo de longueur, on construit, avec des fagots d’épines, un paralléli- 248° Livraison. 8 PR RE RIRE RE PR eee e ec eee ses ‘HYDR ‘58 HYDR pipède rectangle : on élève l’eau, à l’aide de pom- pes, sur ce parallélipipède percé de trous, et on la fait tomber, par des conduits pratiqués exprès, sur les fagots, où elle se divise à l'infini, et s'éva- . pore en raison de la grande quantité d’air qui cir- cule dans le bâtiment dont nous venons de parler, et qui s'appelle bâtiment de graduation. La même eau peut être concentrée ou graduée (c'est le terme technique) plusieurs fois de la même ma- nière avant d’être soumise à une dernière évapo- tion. Quand les fagots sont recouverts d’une trop grande épaisseur de schlot , on les renouvelle. Le sel obtenu par ces divers moyens n’est pas pur ; il contient, outre des substances terreuses , des Hydrochlorates de chaux et de magnésie déli- quescens et amers, et des sulfates de soude et de magnésie. Sa couleur est blanche, grise ou rou- geâtre; son odeur, quand il est en grandes masses, rappelle celle de la violelte, Dans cet état, il ne peut convenir pour saler les chairs; il les rend mollasseset livides;s mais il convient aux bestiaux (bêtes à cornes et à laine) , qui l’aiment beaucoup, et chez lesquels il excite l’appétit, tue les vers , dissipe l’enflure et les empâtemens des viscères, etc. On purifie le sel marin , en le dissolvant dans de Veau, filtrant le soluté, faisant évaporer et cristal- liser. Quelquefois on clarifie le solnté à l’aide du blanc d'œuf. Ainsi purifié, l’Hydrochlorate de soude a une saveur salée , agréable, qui plaît gé- néralement. On s’en sert journellement pour as- saisonner nos substances alimentaires, relever* leur sapidité, faciliter leur digestion , et pour en conserver plusieurs en s’emparant de leur humi- dité, les durcissant et s’écoulant ensuite en partie avec cette dernière , sous le nom de saumure. Les charcutiers, pour donner aux viandes qu’ils con- servent , et surtout aux jambons, la fermeté et la couleur rosée qui flattent tant les consommateurs, ajoutent un peu de nitre à l’'Hydrochlorate de soude, x En chimie, on emploie l’'Hydrochlorate de soude pour fabriquer la soude artificielle, extraire l'acide hydrochlorique, préparer le chlore, faire le sel ammoniac. Dans les arts, on l’applique comue vernis sur certaines poteries, et comme engrais, à très-petites doses , pour certaines terres, L’Hydrochlorate de soude a pour caractères : d'être gris ou blanc, de cristalliser en cubes , et rarement en octaèdres; de décrépiter sur les char- bons ardens, phénomène dû à la vaporisation subite de son eau de cristallisation, vaporisation qui fait éclater ses molécules et les lance au loin, etc. (F. F.) HYDROCHLORIQUE. (cmm.) Voy. Acine-Hv- DROCHLORIQUE. (F. F.) HYDROCORISES. (ins.) Famille d'Hémiptères de la section des Hétéroptères , offrant pour ca- ractères : antennes plus courtes que latête, cachées sous les yeux; yeux saillans; rostre court, très- robuste; pieds antérieurs ravisseurs. Ces insectes , dont le nom signifie Punaises d’eau , y passent la plus grande partie de leur vie, quoiqu'ils en sor- tent quelquefois au moyen de leurs ailes ; mais ce n'est guère cependant que pour se rendre dans d’autres localités aquatiques; ils sont très-carnas- siers et piquent vivement quand on veut les sai- sir, ce quil faut faire avec précaution ; leurs an- tennes, toujours de forme très-singulière, sont insérées sous les yeux et se replient à volonté dans une cavité inférieure de la tête ; aussi ont-ils l’air le plus souvent d'en manquer. On les a divisés en deux sections : les Mépides, où les jambes anté- rieures forment une serre aû moyen d’une rainure praliquée au fémur , pour recevoir une carène du libia ; les Votoncctides, où les mêmes parties se replient simplement les unes sur les autres sans aucune disposition particulière ; presque tous ont les paltes postérieures ciliées et propres à la nata- tion. ; (A. P.) HYDROCOTYLE, Hydrocotyle. (soT. pnax.) Genre de plantes aquatiques, distingué et établi par Péurnefort, adopté par Linné et par les mo- dernes ; il appartient à la Pentandrie digynie, et, dans ia série des familles naturelles, se range parmi les Ombellifères, malgré quelque irrégu- larité d'aspect : en effet, ses fleurs ne présentent pas au premier coup d’æil la dispositon symétri- que qui rend les plantes de cette famille si faciles à reconnaître; aussi De Jussieu et les autres bota- nistes ont-ils joint l'Hydrocotyle aux Ombellifères anomales. Les caractères généraux de ce genre et le nom: bre de ses espèces ont été diversement indiqués, non qu'on fit des observations nouvelles, mais parce qu’on lui a tour à tour adjoint ou retran- ché des plantes plus ou moins analogues. Achille Richard a publié en 1820 une Monographie des Hydrocotyles où le genre est et demeure circon- scrit dans les limites suivantes : calice adhérent à l’ovaire , à limbe entier , presque nul; corolle de cinq pétales entiers, ovales, étalés ; disque épi- gyne, jaunâtre , partagé en deux lobes; ovaire à deux loges monospermes opposées, portant deux styles courts, divergens, à sligmate fort petit; fruit ou diakène comprimé, lenticulaire , composé de deux coques uniloculaires , indéhiscentes, ren- fermant chacune une graine/’distincte du péricarpe. Les Hydrocotyles sont des herbes pour la plupart rampantes, croissant dans les marais et les heux sablonneux. Leurs feuilles varient de forme, et se montrent tantôt simples , entières, tantôt lo- bées, composées, quelquefois insérées par leur centre sur le pétiole. L’ombelle est petite, termi- nale ou axillaire, simple ou rameuse , et ceinte d’un involucre. A. Richard énumère cinquante-huit espèces d'Hydrocotyles, dont deux croissent en Europe, et les autres dans l’Inde, à la Nouvelle-Hollande, au Pérou, au cap de Bonne-Espérance, etc. Il les divise , pour faciliter l'étude, en sept sections, ca- ractérisées d’après les modifications assez constan- tes des feuilles. reliée A la première section (feuilles peltées, indivises ou lobées) , appartient l'HyprocOTYLE VuLGAIRE, H, vulgaris, L., où Ecuezrx D'EAU, ainsi nommé HYDR HYDR en grec comme en français à cause de la forme de ses feuilles; sa tige, très-déliée, et rampant sur la terre, est coupe de distance en distance par des nœuds où naissent des pelites racines, une feuille et une hampe portant en tête cinq à huit petites fleurs d’un blanc sale. La seconde section a des feuilles réniformes ; c’est la plus nombreuse. La troisième est remar- quable par ses feuilles composées; elles sont cordi- formes dans la quatrième, hastées dans la cin- quième, cunéiformes dans la sixième, et enfin linéaires dans la septième. Les genres Solandra et Centella de Linné ap- partiennent au genre Hydrocotyle; Linné fils et A. Richard les y ont fait rentrer; il en est de - même des genres Glyceria et Crantzia de Nuttal, dont les différences sont peu importantes ; ou, si on les adoptait , il faudrait créer encore cinq ou six autres genres dans l’'Hydrocotyle pour étre conséquent. Le Spananthe de Jacguin doit égale- ment lui être réuni. Au contraire, le Bolax de Commerson s’en distingue par son calice à cinq dents plus ou moins saillantes qui persistent et couronnent le fruit. (L.) HYDRO-GYANATES, {curm.) Sels résultant de la combinaison de l’acide hydro-cyanique avec une base, étant toujours le produit de l’art, et encore peu étudiés. Les Hydro-cyanates alcalins et ter- reux sont tous plus ou moins solubles dans l’eau, verdissent le sirop de violettes , rougissent le pa- pier de curcuma, ont une saveur âcre, sont dé- composés par tous les acides, etc. (F. F.) HYDRODYCTIE , ydrodyction. (Bor. cryrr.) Ulvaires ? Genre de plantes dont on ne connaît pas encore bien la fructification, et que l’on a rangé dans la famille des Ulvacées, parce que chacun de ses filamens constituans présente en petit un tube indépendant qui ne contient pas de matière colorante agslomérée en corps hyalins ou en pro- pagules internes. Les caractères de ce genre sont : filamens articulés les uns aux autres par leurs ex- extrémités, de manière à représenter une lame réticulée à jour. Deux espèces seulement , l'Hydrodyctie utricu- lée et l'Hydrodyctie marine, ont été observées par Bory Saint-Vincent. Lunden en cite unetroi- sième qui se trouve à la Nouvelle-Hollande, c’est V'Hydrodyction umbilicatum de Agarth. L'HypropyCTIÉ UTRICULÉE , Aydrodyction utri- culatum, de Roth, qui se rencontre dans les eaux douces et peu coulantes des fossés de toute la France et de tonte l'Allemagne septentrionale , que l’on trouve également en Suède et dans l'Espagne mé- ridionale, se présente sous forme de bourses cy- lindriques , longues de un à douze pouces, larges dé troïs à vingt-quatre lignes, d’une couleur verte, qui flottent et se déchirént en lames qui imitent assez bien les petits filets des pêcheurs. Retirée de l'eau, sa constistance reste un peu ferme; dessé- chée , elle adhère un peu au papier. L’Hyoronyorie manne, Aydrodyction mariti- mum , plus rare que la précédente, existe au fond des eaux du canal de Bahama , sous forme d’ex- pansions membraneuses adhérentes à la vase ou aux racines des Polypiers flexibles et des Hydro phytes. Ses mailles fort serrées représentent des petits carrés formés eux-mêmes par l’entrecroi- sement à angle droit de filamens, lesuns plus gros, les autres plus petits, de manière à figurer assez exactement les feuilles dont les insectes ont détruit le parenchyme. (F.F.) HYDRO-FERRO-CYANATES. (cmrm.) Sels qui résultent de la combinaison des bases salifia= bles avec l'acide Hyÿdro-ferro-cyanique, et qui of- frent une composition et des phénomènes analo- gues aux hydrochlorates et aux chlorures. (F.F.) HYDROFLUATES. (cmm.) Sels qui prennent le nom de Fluures quand ils ont été évaporés jus- qu'à siccité, qui résultent de la combinaison de l'acide hydrofluorique avec une base , et qui sont plus ou moins solubles dans l’eau. Les Hydroflua- tes se transforment en eau et en fluures par lac- ction du feu ; tous sont probablement décomposés par les acides forts. Etudiés d’abord par Scheele en 1771, ils l'ont été depuis par Gay-Lussac et Thénard. Quelques uns existent dans la nature; un seul, celui de calcium, est employé dans les la boratoires de chimie pour extraire l’acide hy- drofluorique. j (F.F.) HYDROGÈNE. V’oy. Gaz nyprocwe. (F. F.) HYDROGRAPHIE. (céocr. Pays.) Par Hydro- graphie (5op, eau, et ypégeu, décrire) on entend la description des phénomènes qui sont la consé- quence de la présence de l’eau sur la surface du globe terrestre, et la discussion des causes qui peuvent les produire. La manière la plus naturelle de traiter une pareille question est d'examiner l’o- rigine et la nature des sources , de suivre le cours des rivières et des fleuves, enfin dé sonder les profondeurs dela mer , de traduire et d'expliquer, autant que l’état de la science le permet, les di- verses transformations de cet élément. À quelles causes pouvons-nous attribuer la for- mation des sources? Admettrons-nous une seule et unique origine? ou bien dirons-nous que la nature, simple dans ses lois générales, emploie une grande variété de moyens ? Cette dernière hypothèse nous paraît bien mieux fondée; car la précipitation des vapeurs atmosphériques, la fonte des neiges et des glaciers, linfiltration des eaux marines, l’action capillaire du sol, le soulèvement des vapeurs souterraines , l’action de la pesanteur qui entraîne les liquides vers les par- _ties basses des couches terrestres, peuvent être con- sidérées comme autant de causes de la formation des sources dans le sein de la terre. Personne, en effet, ne peut nier que Peau qui se trouve à la surface du globe, incessamment pompée par les rayons du soleil, ne s'élève dans l'atmosphère sous forme de vapeurs, ne se con- dense en parvenant dans des régions élevées où la température est beaucoup plus basse, et là ne se résout en pluie. Cette pluie s’infiltre dans les en- trailles de la terre et contribue ainsi à la forma- tion des sources. | JE oo HYDR Re On conçoit aussi que dans les montagnes , où tombe chaque année une grande quantité de pluie, ramenée presque aussitôt à l'état de glace, et une quantité tout aussi abondante de neiges, il se pré- sente à certaines époques très-rapprochées des variations de température qui amènent nécessai- rement une fonte plus ou moins considérable des neiges et des glaces qui s’y trouvent amassées. Üne opinion émise par les anciens et que Des- cartes a fait revivre parmi nous, c’est l’infiltration des eaux marines comme cause de l’origine des sources. On m’objectera , je le sais , que les sources se trouvent placées à des hauteurs bien élevées au dessus du niveau de la mer, Mais je répondrai à cela que le phénomène si curieux de la capillarité peut fort bien se reproduire ici, et qu’alors les eaux de la mer, remontant par les pores imperceptibles de certaines roches , s'élèvent progressivement et forment ces vapeurs souterraines, auxquelles plu- sieurs sources doivent leur naissance. Et qu’on ne vienne pas dire, pour détruire ce que j'avance, que les sources dont je parle et auxquelles je donne pour origine linfiltration des eaux marines, n'ayant aucune salure , ne peuvent provenir de la cause que j'indique : car je répondrais facilement à cela, en disant que les eaux marines, en passant à travers les roches et les terrains qu’elles sont obligées de traverser dans cette hypothèse, sont soumises à une infinité d'opérations chimiques qui les décomposent et les changent en eaux dou- ces; les faits arrivent d’ailleurs à l’appui de tout ceci; les sources d’eau dans les Bermudes sont évidemment en communication avec les eaux de la mer, puisqu'elles s'élèvent et s’abaissent avec elles ,et pourtant ce sont des sources d’eau douce. Enfin, l’action de la pesanteur qui entraîne les liquides vers les parties basses des couches ter- restres peut aussi être considérée comme une cause des sources : en effet les eaux pluviales, au moyen des interstices et des fentes qui se trouvent dans les différentes couches formant l’écorce du globe, pénètrent facilement à une assez grande profondeur , et ne s’arrêlent que sur les couches d'argile. Là elles forment de grands lacs souter- rains, et comme la cause qui forme ces nappes d’eau est incessante , elles se renouvellent sans cesse , sans s’épuiser jamais, Aussi, lorsqu'au moyen d’un forage, on parvient jusqu’à ces lacs, et que les pentes des coteaux voisins permettent de croire qu’ils suivent une cerlaine inclinaison, on obtient des espèces de fontaines jaillissantes , qu’on nomme puits artésiens, du nom de l’Artois, province où ils sont connus depuis longues an- nées. (Voir dans l'Encyclopédie moderne, l’arti- cle Purrs ARTÉSIENS.) Les épanchemens des sources et les écoulemens des glaciers en fonte, forment de petits courans plus ou moins tranquilles , qui portent le nom de ruisseaux. Les eaux des grandes pluies, se précipi- tant avec plus de rapidité, sillonnent les flancs des montagnes par des torrens impétueux et vaga- bonds. La réuuion de ces courans forme les ri- vières, qui , en suivant la pente des terrains, se 6o HYDR réunissent dans un plus grand canal, qui prend le nom de /Zuve et porte ses eaux à la mer. L'eau tombant sur le flanc des montagnes et des collines, se réunissant en torrens et en riviè- res, trace donc sur la surface terrestre des lignes de plus grande pente, qui s’approchent de plas en plus de la mer, à mesure que les eaux prolongent leur cours. Parmi ces lignes, celles qui marquent le fond d'un bassin principal, de chaque côté duquel, à une distänce plus ou moins grande, s’élèvent des hauteurs qui sont sillonnées elles-mêmes par des bassins secondaires, sont occupées par les fleuves. Dans les bassins secondaires se trouvent de nouveaux cours d’eau moins considérables qui vont se rendre dans le cours d’eau qui occupe le fond du bassin principal : ce sont les aflluens du fleuve. Les bords du bassin de chaque affluent. seront sillonnés à leur tour par de nouveaux bas- sins de troisième ordre oy terliaires, lesquels renfermeront de nouveaux cours d’eau , moins imporlans que ceux auxquels ils viennent se ren- dre. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’on arrive-aux moindres ravins , qui formeront la dernière sub- division; la surface terrestre sera donc comme en- veloppée par un réseau dont tous les filets seront représentés par les cours d’eau se rencontrant sous des angles plus ou moins ouverts. . Ainsi donc, pour donner un exemple, si nous prenons le bassin de la Seine , nous verrons que ce fleuve occupe le fond d’un vaste bassin auquel viennent aboutir plusieurs bassins secondaires de l’un et de l’autre côté de ses rives. À droite se trouveront l'Eure, le Loing et l'Yonne qui forment les principaux affluens de ce côté (nous sommes supposés remonter le cours du fleuve). À gauche, ce sera l'Oise, la Marne et l’Aube. Pour connai- tre les limites du bassin de la Seine, il suffira de reconnaître la ligne où les cours d’eau, au lieu de suivre une pente qui conduirait leurs eaux vers le fond du bassin principal, se dirigent dans un sens tout opposé. Ainsi, par exemple , enremontant au- delà des sources de l'Eure, je trouve plusieurs cours d’eau tels que la Sarthe, l’'Huime, le Loir, qui, au lieu de suivre la même pente que l'Eure, déversent au contraire leurs eaux vers le fond d’un autre bassin. Si donc je tiraisune ligne courbe qui par ses ondulations séparerait les sources de ces rivières courant en sens contraire, cette ligne m'indiquerait évidemment la limite du bassin de la Seine de ce côté. En répétant ce même examen et celte même opération sur chaque affluent de chaque rivière , on obtiendrait de même la déter- mination du bassin particulier de chaque affluent. Ainsi, si nous voulons déterminer les bassins parti- culiers du Loing et de l'Yonne , nous voyons , en remontant vers la source du premier, sur sa gau- che, l’Orvanne, la Biez, l'Ouanne, qui prennent naissance près de l'Yonne et s’en éloignent pour venir mêler leurs eaux avec celles du Loing , tan- dis que du côté opposé l'Yonne reçoit à son tour la Beaulches et le Thalon, qui courent vers ses bords. Nous devons donc en conclure que le ter- ilot dits es à HYDR HYDR rain offre ici deux pentes bien distinctes , dont l’une s’incline versle Loing et l’autre vers l'Yonne. Partout où les cours seront marqués avec quel- que soin par une main habile, on pourra facile- ment déterminer, et avec beaucoup d’exactitude, les véritables limites des bassins des différens cours d’eau. Aux limites de chaque bassin, doivent néces- sairement se trouver des montagnes ou des pla- teaux, indispensables pour former les pentes sur lesquelles devront s’écouler les cours d’eaux com- pris dans chaque bassin. Ces pentes pourront-elles être soumises à quel- ques règles générales ? Pourrait-on faire une cer- taine classification qui aidât la mémoire de nos lecteurs et leur fournit les moyens de se faire une idée générale de la disposition de l’eau sur la terre? Nous le pensons ; mais, avant d'exposer ici cette théorie, il est indispensable que nous disions quel- ques mots sur la manière dont notre globe est partagé entre l’eau et la terre. à Si l’on jette les yeux sur une mappe-monde, on est frappé tout d’abord de la manière inégale dont l’eau s’y trouve répandue, et de Vimmense espace qu’elle y occupe. Au milieu de la masse | d’eau continue qui compose l'Océan , on voit ap- paraître plusieurs masses de terre. Les deux plus importantes , les deux seules que nous ayons be- soin de mentionner ici , l’ancien continent et le nouveau continent, sont séparées, d’un côlé, par l'océan Atlantique, de l’autre, par l'océan Paci- fique. Ces deux grandes mers se subdivisent en un grand nombre de mers secondaires qu’il nous est inutile de connaître en ce moment. Après ces deux masses d’eau qui entourent les terres, il en est d’autres moins étendues , qui sont dans l’inté- rieur, et qui, à cause de cela , portent le nom de méditerranées. Les plus importantes sont la Mé- diterranée, la mer Baltique , la mer Caspienne et la mer d’Aral. Maintenant donc que nous connaissons celte disposition des eaux, nous pouvons établir après l'inspection réfléchie des différens cours d’eau , qu’il y a deux classes de pentes. Dans la première nous rangerons toutes les pentes qui courent aux deux océans, c’est-à-dire à l’extérieur des conti- nens ; dans la seconde, nous placerons toutes celles qui s’inclinent vers les méditerranées. Ainsi donc nous avons déjà deux grandes divi- sions, les pentes à l'extérieur, et les pentes à l'in- térieur. La première ‘classe des pentes d’où découlent les fleuves qui ont leur embouchure dans l'Océan, pourra être soumise à une nouvelle subdivision, dans laquelle on aura égard à la direction géné- rale des cours d’eau qui en dérivent. Ainsi la sim- ple inspection d’une carte nous fera voir que, dans Pun et l’autre hémisphère, l’on peut distribuer , suivant les quatre points cardinaux, les directions générales des fleuves. En prenant l’ancien conti- nent pour exemple, on aura donc quatre pentes qui pourront être désignées ainsi : 1° La pente occidentale, dans laquelle se trouve- ront les rivières et les fleuves qui ont leur embou- cnure dans l'océan Afantique et dans l’océan Glacial arctique, depuis le détroit de Gibraltar jusqu’au cap Nord-Kin. 2° La pente septentrionale, qui comprendra les rivières et les fleuves qui portent leurs eaux à l’o- céan Glacial arctique, depuis le cap Nord-Kin jusqu’au cap Oriental. 3° La pente orientale, sur laquelle coulent les rivières et les fleuves qui ont leur embouchure dans le Grand-Océan boréal et équinoxiüal, entre le cap Oriental et le cap Sinkel-Jasque. 4° La pente méridionale enfin, comprenant tou- tes les rivières et tous les fleuves qui courent à la mer des Indes et au golfe Persique , entre le cap Sinkel-Jasque et le cap Bab-el-Mandeb. Les pentes de la seconde classe seront aussi au nombre de quatre; elles seront dirigées , la pre- mière vers la Méditerranée et toutes les mers qui en dépendent , telles que le golfe de Lyon , la mer Adriatique, l’Archipel, la mer de Marmara, la mer Noire , etc. ; la seconde, vers la mer Baltique et ses golfes ; la troisième vers la mer Caspienne ; la quatrième vers la mer d’Aral. Nous ne donnerons point ici la liste des fleuves et des rivières qui entrent dans chacune des divi- sions que nous venons d'indiquer; ce ne serait qu’une fastidieuse nomenclature : ce sera au lec- teur à faire cette étude par lui-même, en exami- nant avec beaucoup de soin les nombreux détails qu'il trouvera indiqués sur toutes les bonnes cartes. Faisons ici une simple observation ; notre lecteur remarquera entre les pentes septentrionale, orientale et méridionale, et la région des bassins de la mer Caspienne et du lac Aral, un assez grand espace où il ne rencontrera qu’un fort petit nom- bre de rivières se perdant dans les sables. Cet es- pace, c’est le Plateau central de l’Asie, la partie la plus élevée de l’ancien continent. * Nous laissons aussi le lecteur faire pour le nou- veau continent le travail que nous venons de mettre sous ses yeux pour l’ancien continent. Par l’ins- pection de la direction des fleuves et des rivières , il pourra facilement reconnaître les différentes pentes sur lesquelles s’écoulent les grands cours d’eau des deux Amériques. CR Souvent les lits de ces fleuves dont nous venons de représenter la disposition sur la surface du globe terrestre , se trouvent interrompus par cer- tains accidens de terrains qui en modifient sensi- blement le cours : ce sont ces accidens qui pro- duisent les chutes et les cascades : il y a certains pays montagneux où ils sont très-multipliés et où les cours d’eau, en franchissant une crête, tom- bent brusquement sur un gradin inférieur. Leurs eaux du baut du précipice s’élancent dans l’es- pace : d’abord c’est un ruban argenté qui se dé- ploie sur les flancs de la montagne; bientôt il di- minue et finit par se réduire en vapeur et en brouillard humide. Si le soleil les frappe de ses rayons, il les change en diamans étincelans , il les décore d’arcs-en-ciel mobiles et ondoyans, et le HYDR 62 HYDR zéphir balance au gré de son caprice cette masse aussi légère qu'éclatante. Les cataractes ne sont autre chose que des cas- cades d’un grand modèle : telles sont les catarac- tes da Nil et du Gange. Le plus magnifique et le plus célèbre de tous les exemples qu'on puisse ci- ter.est, sans nul doute , le magnifique saut du NWia- gara : il est formé par le fleave St-Laurent qui, sur une largeur de 350 toises qui n’est interrom- pue que par une petite île, tombe de 144 pieds de haut. Rien n’égale la majesté de ce spectacle ; le voyageur entend au loin le mugissement des eaux, et voit avec admiration ces innombrables iris , ces écumes bondissantes , et ce léger brouil- lard qui remplit tous les lieux d’alentour. Malheu- reusement , l'espace compris entre le rocher et la nappe d’eau qui s’en éloigne par la force de sa chute, est rendu impraticable par le vent impé- tueux qui résulte de l’agitation de l’air produite par le mouvement de l’eau. - [l'est à remarquer que les cascades et les cata- racles perdent chaque jour de leur élévation par la dégradation, par l’érosion des falaises et des ter- rains supérieurs ou par l’exhaussement du sol in- férieur. Elles devaient être plus nombreuses et plus élevées dans le monde primitif. Ghaque jour elles diminuent par l’action du temps qui tend à tout niveler : il agit sur elles comme sur les autres objets que supporte le globe, et dans la suite des siècles on regardcra peut-être comme des fictions poétiques les descriptions des cataractes du Nil et du Gange, et du saut du Niagara; la chute du Rhin, les cascades de Tenquedama, de Gavar- nie, etc., etc. C'est ainsi qne les cataractes de la Tunguska , en Sibérie , ont successivement disparu par la dégradation des rochers, et ne sont plus aujourd'hui que des descentes rapides. Une circonstance extrêmement rare dans l’em- branchement des cours d’eau, c’est qu’ils envoient des branches à deux grands bassins différens : on n'en connaît qu'un exemple permanent, entre FOrénoque et l’ Amazone ; du premier de ces fleu- ves se détache un bras nommé le Cassiquiare, qui se rend dans le Rio-Négro, affluent septen- trional de l’Amazone. D’autres exemples ont été observés ; mais ces exemples ne sont pas perma- vens, et n’ont lieu que pendant les grandes eaux. Voilà tout ce que nous dirons au sujet des cours d’eau ; nous avons maintenant à traiter la ques- tion de la masse d’eau qui occupe un si grand es- pace sur le globe terrestre, de l'Océan enfin. - Les mers et les terres sont dans une dispropor- tion bien grande sur notre globe : ainsi, si nous tournons une mappemonde de manière qne le point le plus élevé soit la terre de la Nouvelle- Zélande, tout l'hémisphère soumis à nos yeux sera recourvert d’eau , à l’exceplion de quelques îles qui, de temps à autre, viendront interrompre Ja surface des eaux. En suivant, par exemple, le méridien du cap de Bonne-Espérance par le pôle jusqu'aux environs du détroit de Behring , on peut tracer une ligne de 200 degrés ou 4,000 lieues marines, sans rencontrer aucune terre. Cette partie n’est pas moins de la moitié de la circonfé: rence du globe, plus 400 lieues. Sous l'équateur , une autre ligne aquatique peut être tracée, qui, | partant d'Afrique, en passant par Sumatra et Bor- néo, et se prolongeant jusqu'en Amérique, ne pré- sentera pas moins de 4,200 lieues marines. C’est donc cette immense étendue d’eau qu'il s’agit d’ap- précier ici ; nous devons livrer à nos lecteurs les secrets de sa puissance, de sa vie, de ses mouve- mens. Le mouvement le plus curieux imprimé aux eaux de lOcéan est, sans le moindre doute, le mouvement du flux et du reflux, ou bien les ma- rées montantes et descendantes. De tous les mouve- mens particuliers que la mer paraît avoir, c’est le seul dont les causes soient bien constatées, parce qu’on a pu en soumettre les effets au calcul, dont les résultats se sont trouvés d'accord avec les observations. Quoique l'explication de ce phé: nomène appartienne à l'astronomie physique, nous nous permettrons d’en dire ici quelques mots. C’est le soleil et la lune qui sont regardés comme les causes de l’action qui élève et qui abaisse alternativement et à des intervalles réglés les eaux de l'Océan, et voici comment on explique ce phé- nomène. « La force attractive que les corps exercent les uns sur les autres change avec leur distance ; la lune attirera donc inégalement les diverses parties du globe terrestre; elle agit davantage sur celles qui sont le plus près d'elle, et moins [sur celles qui en sont plus éloignées. Ainsi les points de la surface de la terre tournés vers la lune seront plus attirés que ceux qui sont dans l’intérieur, et les points de l'intérieur se- ront plus attirés que les points de l’hémisphère opposé aux lieux éclairés par la lune. Si la terre était entièrement solide, ses molécules, ne pouvant être alors indépendantes les unes .des autres, prendraient un mouvement commun ré+ pondant à une force qui serait la résultante de toutes celles que la lane exerce sur chaque molé- cule en particulier, et c’est ce qui a lieu en effet pour la partie solide du globe, mais non pour la masse d’eau qui la recouvre, masse d’eau dont toutes les parties, mobiles séparément, obéissent à l’action qui les sollicite , selon l'intensité de cette action. De à vient que la partie fluide située im- médiatement au dessous de la lune s'approche plus de cet astre que ne fait le noyau solide de la terre, et la partie fluide qui recouvre l'hémisphère opposé étant encore plus éloignée de la lune que ce noyau, demeure en arrière par rapport. à lai. La portion du globe recouverte par lOcéan-prend donc la forme d’un sphéroïde allongé, dont Je grand diamètre est à peu près dirigé vers la lune; je dis à peu près, parce que les molécules fluides ne prennent pas instantanément les positions res- pectives qui résultent des vitesses particulières qui leur sont imprimées , et parce que le soleil agit sur elles comme le fait la lune, mais dans une di- rection qui varie suivant Ja situation de cetastre ; en sorte qué tantôt son action conspire avec celle I HYDR 63 HYDR de la lune, et tantôt elle lui est contraire en tout ou en partie. » La lune, quoique sa masse soit beaucoup plus petite que celle du soleil, détermine la plus grande partie de l'effet des marées, par la raison qu'elle est beaucoup plus rapprochée de nous. Son action est environ trois fois plus intense que celle du soleil, et en conséquence c’est principa- lement sur le mouvement de la lune que se règle celui des marées. La mer est pleine dans un lieu, peu de temps après le passage de cet astre par le méridien du lieu , c’est-à-dire que l’eau a atteint sa plus grande élévation ou que le flux est achevé après que la lune s’est approchée le plus du zé- nith du lieu dont il s’agit : il faut bien remarquer qu’au même moment, la mer est basse au point diamétralement opposé , s’il appartient à l'Océan. À mesure que la lune s’éloignc du méridien, l’eau s’abaisse, le flux s'opère : et lorsqu'elle en est à un peu plus de 90 degrés, les eaux arrivent au terme. de leur abaissement; on dit alors que la mer est basse. On voit donc que les eaux de la mer s'élèvent deux fois dans l'intervalle qui s’é- coule entre deux passages de la lune par le même méridien, intervalle qui dépend de la combinaison des vitesses de la lune et de la terre daus leurs orbites respectives : sa durée moyenne , étant de So! 28/, surpasse d'environ trois quarts d’henre la durée du jour, ce qui fait retarder d’autant le moment de la pleine mer. Les forces du soleil et de la lune ayant leur entier effet toutes les fois qu’elles agissent dans la même ligne, les marées qui répondent à la nouvelle et à la pleine lune doi- vent être et sont en effet plus considérables que les autres.» Telle est la simple exposition que nous donnerons des causes du flux et du reflux de la mer; pour plus amples détails, nous renverrons nos lecteurs aux Traités d’Astronomie physique, Passons maintenant à l'examen des mouvemens propres de l'Océan, c’est-à-dire des courans géné- raux et particuliers. Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de transcrire ici une partie de la notice scientifique dont M. Arago a bien voulu orner l'Annuaire du bureau des longitudes : nos lecteurs y verront les causes auxquelles on attri- bue les courans de la mer , et l'incertitude scien- tifique qui règne dans toule cette matière. |. De la cause des courans.— «Les courans les plus remarquables , dit M. Arago, qui ont été étudiés par les navigateurs, sont , dans l’Atlantique : Le courant qui, après avoir contourné le banc des Aiguilles et le cap de Bonne-Espérance ,.s’a- vance du midi au nord le long de la côte occiden- tale de l'Afrique jusqu’au golfe de Guinée. Le courant dit équinoxial , qui coule invariable- ment de l’est à l’ouest, des deux côtés de l’équa- teur, entre l'Afrique et l'Amérique. Le courant qui, après avoir débouché du golfe du Mexique par le détroit de Bahama , coule à une certaine distance dela côte des Etais-Umis, dans la direction du N.-E. , jusqu’au banc de Nantuc- ket, où il s’infléchit. : Enfin le courant par l’action duquel les eaux de Lo] l'Océan qui baïgnent les côtes de l'Espagne, du Portugal et de l'Afrique, depuis le cap Finistère jusqu’au parallèle des Canaries, se dirigent toutes vers le détroit de Gibraltar. | Ces courans, quelle en est la cause ? Les alizés, nous dit-on, en soufilant constam- ment dans l’océan Indien, de l’est à l’ouest, doi- vent produire, près de l'équateur, une intumescence liquide sur la côte orientale d’Afrique. Cette eau accumulée se déverse sans cesse du nord au sud par le détroit de Mozambique, Dès que, parvenue au parallèle du cap , la digue orientale qui l’avait maintenue jusque-là disparaît, cette eau doit se précipiter vers l’ouest. C’est ainsi qu’elle forme le courant des Aiguilles. Le courant équinoxial de l'Atlantique est at- tribué à l'impulsion constante du vent alizé sur les eaux qui avoisinent l’équateur, au nord et au midi Le courant atlantique équinoxial , semblable en cela au courant équatorial de la mer des Indes, doit produire une grande accumulation de liquide le long de la première côte qui se présente à lui comme une barrière ; cette côte est celle d’Amé- rique. De là un mouvement général de la mer des Caraïbes vers le détroit qui sépare la pointe orien- tale du Yucatan de la pointe occidentale de Cuba; de là une élévation du niveau de la mer dans le golfe du Mexique ; de Jà enfin cette sorte de cascade que forme le liquide accumulé dans le golfe, lors- qu'il s'échappe par le détroit de Bahama, et dont le prolongement est le Gulf-Stream. Quant au courant du détroit de Gibraltar, un abaissement du niveau de la Méditerranée en se- rait la cause, et cet abaissement résulterait lui- même d’une évaporation abondante que le tribut des divers fleuves qui se jettent dans cette mer se- rait loin de compenser. Ces explications sont simples ; elles paraissent reposer sur des causes physiques dont l’action doit s’exercer dans le sens où on le suppose ; les meil- leurs esprits, les Franklin, les Rennel, etc. , les ont adoptées , et cependant je vais entreprendre de prouver qu'aucune observation, qu'aucune mesure, qu'aucune expérience ne les justifie assez complétement pour que des doutes ne soient pas légitimes. Un vent continu et fort élève le niveau de la mer le long des rivages vers lesquels il tend à re- fouler les eaux ; ainsi, à Brest, à Lorient, à Ro- chefort, elc., la marée, toutes circonstances d’ailleurs égales, ne monte jamais plus haut que ar les vents d'ouest; ainsi, de l’autre côté de l'Atlantique, le long des côtes des Etats-Unis, ce sont les vents d’est, au contraire, qui produisent le même effet; ainsi, c’est par les vents de sud que le niveau de la Méditerranée s’exhausse dans les ports de Gênes, de Toulon, de Mar- seille, etc., et par les vents du nord dans les ports d'Alger , de Bougie, de Tunis. Ces faits sont incontestés et incontestables. Reste à déterminer la valeur des changemens de niveau accidentels que le vent peut produire. Franklin rapporte que, sur une vaste pièce ‘D à HYDR d’eau de trois lieues de large, et d'environ trois pieds anglais de profondeur, un vent fort mit à sec tout un côté de cette sorte d'élang; qu’en même Lemps il éleva de trois pieds le niveau pri- mitif sur la route opposée , en sorte que la profon- deur de l’eau y élait devenue six pieds au lieu de trois. Je ne pense pas que dans nos mers il faille orter, en général, au-delà de ce même nombre, au-delà de-deux mètres, l'effet maximum résul- tant de l’action des plus fortes tempêtes (1). Les alizés sont des vents constans: mais leur force est très-médiocre. Ainsi les dénivellations u’ils peuvent occasioner doivent être faibles. Or, il semble difficile de croire qu’une chute verticale d’un mètre, par exemple, et même de deux mè- tres , puisse produire des courans qui ne seraient pas entièrement amortis après un trajet de plu- sieurs centaines de licues. Je viens de dire que les alizés, à cause de leur faible intensité, ne paraissent guère pouvoir en- gendrer des intumescences liquides un peu con- sidérables. J'irai plus loin maintenant : je prou- verai, en point de fait, que les mers d’où les cou- rans paraissent émaner, sont exactement ou à peu près au niveau de celles que ces courans vont sillonner. Il résulte incontestablement des opérations faites par M. Lepère, pendant l'expédition d'Egypte , que le niveau de la Méditerranée , près d’Alexan- drie, est inférieur de 8,1 mètres aux basses mers de la mer Rouge, près de Suez, et de 9,9 mètres aux hautes mers. Voilà assurément äne grande différence de ni- veau entre deux mers qui peuvent être considérées comme communiquant entre elles; var, d’une part, la Méditerranée débouche dans l'océan At- lantique par le détroit de Gibraltar ; d’une autre, la mer Rouge aboutit à l’océan Indien au détroit de Bab-el-Mandeb ; et en troisième lieu l'Atlantique et la mer des Indes se confondent au cap de Bonne- Espérance. [l est bien loin de ma pensée d’atté- nuer ce qu'un pareil résultat offre de curieux , d’intéressant ; mais il me sera permis de dire qu’il n’éclaircit en aucune manière la question litigieuse des courans, car ce qu'il faudrait ici pour justi- fier l'explication, ce serait une différence sensible du niveau entre deux mers contiguës, entre la mer d’où le courant sort et la mer oùilentre. Eh bien! y a-t-il une diffécence de niveau net- tement constatée entre la mer du Mexique, où le Gulf-Stream prend naissance, et la partie de l’o- céan Atlantique qui baigne la côte orientale des Florides et celle de la Géorgie ? Les habitans de l’isthme de Panama croyaient, mais sans preuves, que la mer du Sud est plus haute que l'océan Atlantique. Franklin, Rennel, etc., admettaient aussi une différence d’élévation , mais en sens contraire. M. de Humboldt confirma cette (x) On cite dans la Méditerranée des points où des conps de vent du sud-ouest (des Lambeschades) ont élevé les eaux de 7 mètres an dessus da niveau ordinaire; mais cet effet était pure- ment local, 64 HYDR dernière opinion par des observations barométri- ques faites à Cumana, à Carthagene , à la Vera- Cruz, comparées à des observations d’ Acapulco et du Callao: Dans les trois premiers points, les eaux lui parurent de trois mètres au dessus du ni- veau de la mer du Sud pris sur les rives occiden- tales du Mexique et du Pérou ; or, comme per- sonne ne doute que la mer du Sud et l’océan At- lantique, considérés en masse, ne soient de ni- veau, la partie de l’Atlantique voisine des An- tilles , et celle qui est enfermée dans le golfe du Mexique , formeraient ainsi une intumescence lo- cale de 3 mètres, . Avant de citer un travail qui ne confirme pas ce résultat, je dois dire que mon illustre ami avait lui-même remarqué, avec sa réserve habituelle , que ses observations n'étaient pas assez nombreu- ses pour mettre hors de doute une aussi petite différence de niveau, Deux ingénieurs ont naguère traversé J’Améri- que dans sa moindre largeur, afin de savoir défi- nitivement ce qu'il fallait croire de la position re- lative des deux océans. Ajoutons que la question n’était pas seulement scientifique; qu’elle se liait intimement à l’un des plus grands problèmes que le commerce se sait jamais proposés : à la possi- bilité d’une communication entre l'Atlantique et la mer du Sud, à travers l’isthme de Panama. Tel était le but de l’opération dont je vais donner les résultats, et quele général Borrvar avait confiée à M. Lioyp, ingénieur anglais , et au capitaine sué- dois Fazwarc. L'opération de MM. Lloyd et Falmarc date de 1828 et 1829. Elle a été faite avec un niveau à lu- nette de Carey. Le point de départ est, à Panama, sur l’océan Pacifique, le niveau des plus hautes mers de l’équinoxe , correspondantes au surlende- main de la pleine ou de la nouvelle lune. Son autre extrémité est un endroit nommé la Bruja, où la marée se fait sentir. La Bruja est sur le Chagres, à environ 12 milles ( 5 lieues ) de J’embouchure de cette rivière dans la mer des Antilles. À Panama, la différence moyenne de niveau entre la haute et la basse mer pendant les fortes marées est de 21,2 pieds anglais. A Chagres, sur l’Atlan- tique, cette différence ne s'élève qu’à 1,1 pieds. En prenant dans chaque lieu , ainsi qu'il con- vient de le faire , pour le niveau moyen de l'Océan, une surface également éloignée des niveaux suc- cessifs de haute et de basse mer, il résulte de l'opération de MM. Lloyd et Falmarc : 1° Que le niveau moyen de l'océan Pacifique à Panama est de 3,52 pieds anglais (1,1 mètres) plus haut que le niveau moyen de l'océan Atlanti- que à Chagres ; 2° Qu’au moment de la haute mer, l'Océan, sur la côte occidentale de l’isthme, est de 13,55 pieds (4,15 mètres ) plus haut que sur la côte orientale ; 5° Enfin, qu’au moment de la basse mer, sur les mêmes côtes, l’océan Pacifique, au contraire, est plus bas que l’océan Atlantique, de 6,51 pieds (1,98 mètres), Ges à RE LE CO CR CG RE HYDR Ces observations semblent donc confirmer l’o- pinion anciennement adopite, que le niveau moyen de la mer du Sud est plus éleve que le ni- veau moyen de l'océan Atlantique ; mais la diffé- rence , au lieu d’être énorme, comme on le sup- posait, ne serait que de 11 décimètres. Ne pout- rait- on pas même supposer, sans faire injure au mérite de MM. Lloyd et Falmarc, qu'en opérant dans un pays sauvage et hérissé de difficultés : qu’en parcourant une ligne dont l'étendue totale, en ayant égard aux sinuosités, est de 82 milices ( 45 lieues ); qu’en donnant des coups de niveau dans 959 stations, ils ont pu se tromper, en somme, de la petite quantité d’un mètre ? En ré- sultat , rien ne prouve qu'il existe une différence sensible entre les niveaux moyens des deux gran- des mers qui communiquent entre elles par le dé- troit de Magellan et par le cap Horn (1). Le travail de MM. Lloyd et Falmarc, en tant du moins qu’on voudra le rattacher à l'explication du courant impétueux qui, du golfe du Mexique, se précipite dans l'Océan par le détroit de Bahama, renferme, comme partie hypothétique, la suppo- sition que la mer du Sud et la mer Atlantique, considérées dans leur ensemble, forment une même surface de niveau, Nous échapperons à cette difficulté, en rapportant les résultats des opéra- tions exécutées il y a peu d'années à travers la Floride par les ofliciers français que le Congrès américain avait chargés d’ttudier un projet de ca- nal destiné à lier la rivière de Sainte-Marie ( sur VAtlantique ) à la baie d’Appalachicola (sur le golfe du Mexique ). D’après une première combinaison de mesures, la basse mer, dans le golfe du Mexique, serait plus élevée que la basse mer de l’Ailantique , de 1,14 mètres (5,92 pieds ). Une seconde combi- naison donne entre les deux basses mers une dif- férence, dans le même sens, de 0,85 mètres (2,63 pieds). La moyenne est 1 mètre (3,08 pieds ). Mais cette inégalité de niveau , quelque faible qu’elle soit, est encore supérieure à l'inégalité réelle. Quand on compare , en effet, deux mers sujettes aux marées, ce sont évidemment les ni- veaux moyens, ce sont des points également éloi- gnés des hautes et des basses mers qui doivent servir derepères ; ici, sans que j'en puisse trouver la cause, la comparaison a été établie entre deux basses mers. Pour tout remettre en règle , il fau- dra donc élever le point de comparaison pris dans - le golfe du Mexique , de la demi-hauteur de la ma- rée qu'on observe dans ce golfe. Il faudra demême élever le repère placé sur la côte orientale ou at- lantique des Florides , de la demi-hauteur de la RE A Te (x) Si, après les sayans mémoires de M. de Humboldt, il était encore nécessaire de revenir sur la dépression vraiment éton- nante que la Cordillière de l'Amérique méridionale éprouve dans l’isthme de Panama pour reprendre ensuite toute sa majesté au Mexique, je dirais que le point le plus élevé de la ligne trans- versale nivelée par MM. Lloyd et Falmarc, n’est qu’à 633 pieds anglais (193 mètres) au dessus du niveau de la mer, T. IV. 65 HYDR marée de celte côte. Dans le golfe, vers le point où le nivellement s’est terminé, la marée ne monte guère que de 0,3 mètres. De l’autre côté des Florides, vers l'embouchure de la rivière Sainte -Marie, la marée est d'environ 2 mètres. La basse mer est donc plus éloignée de la mer moyenne à Sainte-Marie que dans le golfe de 0,8 mètres; donc, si, comme il le fallait vérita- blement, on avait rapporté le nivellement aux mers moyennes , au lieu de 1 mètre, on trouvé pour la différence du niveau Ç mers, 1 mètre moins 0,8 mètres ( 7 pouces = ). Cette quantité est évidemment dans les limites des erreurs dont étaient susceptibles des opéra- tions embrassant Loute la largeur des Florides. Au surplus, la différence trouvée füt-elle réelle, je doute que personne voulût maintenant faire dé- pendre d’une inégalité de niveau aussi insieni- fiante, un courant qui, en débouchant du détroit de Bahama, ne fait pas moins de 5 milles (2 lieues à l'heure; qui continue sa marche au sein de l’At- lantige, à peu près en ligne droite, dans une étendue d'environ 500 lieues, et dont la vitesse n'est rien moins que délruite après un aussi long trajet. Passons à la Méditerranée. Ici l’abaissement pré- tendu du niveau de cette mer, cause présumée du courant qui de l'Océan se dirige vers le détroit de Gibraltar , est, dit-on, le résultat d’une énorme évaporation annuelle que ne compensent pas les masses d’eau apportées par le Nil, par le Rhône, par le Pô > elc., etc. Des preuves directes et dé- monstratives de cette absence de compensation manquent, il est vrai, complétement : faites-en Ja remarque, et l’on donnera aussitôt à l'argument une autre forme; on dira (et cela est vrai ) qu’en été, à parité de latitudes, les eaux de Ja Méditer- ranée sont de 5 à 5°,5 centigrades plus chaudes que celles de l'Océan : que dès-lors il est inévi- table que les premières subissent plus d’évapora- tion que les autres, et qu'il n’en faut pas davantage pour l'explication du courant du détroit, Cela doit suflire, en effet, si la cause indiquée engendre entre les niveaux des deux mers une dif. férence très-sensible. Ainsi, quoi qu’on en ait dit, le problème se trouve ramené à un chiffre , à une question de fait. Il faut, par un ealcul, ou par l'expérience , chercher de combien l'océan Atlan- tique est plus haut que la Méditerranée. Le calcul, je l'ai déjà dit, il serait diflicile, faute de bases suffisantes, de lui donner quelque précision. Quant à l'expérience , celle dont je vais présenter les résultats me semble propre à satisfaire les es- prits les plus exigeans. Delambre trouva déjà dans la grande chaine de triangles de la méridienne de France qui s'étend depuis Dunkerque jusqu’à Barcelone, le moyen de rattacher directement les niveaux des deux mers, Les triangles compris entre Rhodez et la Méditer- ranée lui donnèrent, pour la hauteur verticale de cette ville, un résultat qui s’accordait à une frac- tion de mètre avec la hauteur, rapportée àl’Océan , aurait des deux \ , A » mètres, c’est-à-dire 0,2 2A9° Livraison. 9 EEE à HYDR 66 H DR: nc A qu’on déduisait de la portion de chaîne interposée entre Rhodezet Dunkerque. On a dit, contre ce résultat , que les opérations dont il se déduit n'avaient pas toujours été faites dans des circonstances favorables ; qu’il aurait fallu: les répéter plus souvent, dès qu’on voulait les faire concourir à la détermination d’une diffé- rence de niveau ; qu’au surplus, on ne les avait calculées ni avec assez de soin , ni par des métho- des suffisamment exactes. Ces objections n’étaient pas dénuées de force. Aussi les officiers du corps des ingénieurs-géographes ont-ils cherché à profi- ter des chaînes , diversement orientées, des trian- gles du premier ordre, qui couvrent toute la sur- face de la France, pour soumettre la question du niveau des deux mers à un nouvel examen. M. Del- cros, entre autres, s’est livré, à ce sujet, à des recherches étendues . qui sont encore manuscri- tes, ét dont je regrette de ne pouvoir consigner ici les résultats. Au surplus, l’opération que M. Co- rabœuf a présentée à l’Académie des sciences est aussi directe qu’on puisse’le désirer , et elle a été conduite avec une précision à laquelle il sem- blerait dificile de rien ajouter. : Cette opération, exécutée en suivant la frontière méridionale de la France pendant lesannées 1825, 1826 et 1827, embrasse, dans la direction de la plus courte distance, tout l’intervalle compris en- tre l'Océan et la Méditerranée. Quarante-cinq triangles du premier ordre, parmi lesquels plu- sieurs ont leurs sommets sur quelques uns des plus hauts pics des Pyrénées, joignent le fort de So- coa, près de Saint-Jean-de-Luz, à divers points de la plaine de Perpignan , dont la petite élévation au dessus de la mer se déduit de deux triangles secondaires. Tous les angles ont été mesurés avec des cercles répétiteurs de M. Gambey, et par trois séries de répétitions au moins. Îl en est de même des distances zénithales. On a eu, de plus, l’at- tention de ne faire ces observations qu'entre dix heures du matin et trois ou quatre heures de l’a- près-midi, afin d'éviter les effets des réfractions irrégulières qui se manifestent près de l'horizon quelques heures après le lever du soleil et quel: ques heures avant son coucher. La valeur de la réfraction atmosphérique entre chaque couple de stations , a été déduite de la comparaison des dis- tances au zénith réciproques. M. Coräbœuf avait pour collaborateurs, dans ces importantes opéra tions , M. le capitaine Peytier et MM. les lieutenans Hossard et Testu , des ingénieurs-géographes. La station du Crabère occupe à peu près le mi- lieu de l'intervalle qui sépare l'Océan de la Médi- tcrranée. La partie orientale de la chaîne detrian- gles a servi à calculer sa hauteur au dessus de la Méditerranée; l’autre moitié a donné cette même hauteur au dessus de l'Océan. Il faut remarquer que ces calculs pouvaient se faire par une foule de combinaisons distinctes, dans le nombre des- quelles M. Corabœuf en a choisi trois. I s’est élevé d’abord de l'Océan et de la Méditerranée jusqu’au Crabère, en passant par la seule série des sommets de triangles qui limitent la chaîne vers le midi ; ensuite , en choisissant exclusivement les sommets septentrionaux; enfin, une troisième et dernière: fois, par des directions diagonales, c’est-à-dire; en allant alternativement d’un sommet nord; à um; sommet sud. Voici les résultats de ces diverses; combinaisons : HAUTEUR DU CRABÈRE Re RS Snr Sur 4 la Méditerranée, l'Océan. À Direction des sommets ; méridionaux, . | Direction des sommets septentrionaux.. . . À Première direction par À. diagonales. À Seconde direction par diagonales. ... . . . 2633",37 | 2632m,95 2633, 99 | 2632, 07 2633, 87 | 2633, 6r 2632, 79 | 2632, 49 Moyennes. . . . 2633, bo | 2632, 77 GAME MD» © La différence moyenne, 0,75 mètres ( 2 pieds 5 pouces ), est trop petite, surtout quand on se: rappelle l’étendue de la ligne nivelée, pour qu'il ne soit pas naturel d’en conclure que , dans l’état de repos, les eaux de l'Océan et celles de la Mé-. diterranée font partie d’une même surface de ni- veau. En tout cas, on ne saurait douter que s’il existe à cet égard quelque différence , elle ne soit insensible. Je voulais prouver seulement , dans cet article, ue Ja question des courans est:loin d’être épui- sée; que les différences de niveau sur lesquelles les hydrographes se fondeut pour les expliquer , sont ou complétement nulles, ou insignifiantes ; qu'il y a à matière à de plus amples recherches : j'imagine avoir atteint ce but. J’ajouterai cepen- dant encore quelques courtes réflexions. La théorie des courans a fait peu de progrès jus- qu'ici, parce qu’on s’est exclusivement aitaché à ceux de ces phénomènes qui sillonnent la surface des mers. Des courans , engendrés par des diffé- rences de salure et de température, existent à toutes les profondeurs. Ge sont, par exemple , des courans en contact avec le-lit même de la mer, qui transportent jusque sous l'équateur les eaux froi- des des zones polaires. Près des pôles, ces eaux se meuvent comme la partie solide de la terre qui les soutient, de l'occident à l’orient, avec une très-faible vitesse. Au fur et à mesure de leur tra- jet vers les régions tempérées et chaudes, elles rencontrent des parallèles terrestres de plus en plus grands, qui , dès lors, marchent plus vite qu’elles; de là des courans relatifs dirigés de l’o- rient à l'occident, et dont le volume est égal à celui des courans polaires. Si je ne me trompe, c’est en se plaçant dans ce point de vue, c’est en descendant , par la pensée, aux plus grandes profondeurs de l'Océan , C'esten. appliquant à la mer la théorie qui a déjà rendu un | | | | | Lei HYDR HYDR I PET EEE SE RE eq compte satisfaisant des vents alizés, qu’on par- | de temps toutes les propriétés, toutes les famées viendra à débrouiller la question dont nous venons de nous occuper. Cest ainsi, suivant moi, qu'il sera également possible de concevoir comment des courans animés de vitesses peu considérables , traversent d'immenses étendues de mer; comment . . E : . ‘ . À ils sont infléchis ou réfléchis à distance par les cô- tes des continens et des îles; comment ils se dé- tournent à l'approche de bancs tels que celui des Aiguilles ou de Terre-Neuve, au dessus desquels il n’y a pas moins de Go brasses d’eau!» Nous n’ajouterons rien aux paroles de l’illustre astronome : elles sufliront pour faire comprendre à nos lecteurs combien cette partie de la science est encore ténébreuse, et combien il serait impor- tant qu'un grand nombre d'observations fussent faites avec soin pour lever tous les doutes sur les causes qui peuvent produire ce curieux phéno- mène, (G. J.) HYDROLITHE. ( mn. ) Substance minérale à laquelle on a donné mal à propos le nom de Sar- colithe , et que les Allemands nomment Gmelinite. Elle est ordivairemeut d’un blanc jaunâtre, et cristallisée en prismes hexagones réguliers ; cepen- dant on la trouve aussi en petits globules dissémi- nés dans des roches d’origine ignée. Elle est com- posée de 50 pour 100 de silice, de 20 d’alumine, de 4 à 5 de chaux, de 4 à 5 de soude , et de 20 à 21 d’eau. On trouve l'Hydrolithe dans les roches volcaniques appelées Amygdaloïdes , soit en Italie, soit en Irlande. (J. IL.) HYDROMEL. (£cox. pou.) Liqueur saine, agréable et amie de l’homme ; on l’obtient d’an mélange de miel et d’eau ;-elle était connue dès la plus haute antiquité. Les Scandinaves en buvaient dans leurs grandes cérémonies ; elle était promise aux héros morts sur le champ de bataïlle et devait leur être sans cesse versée par des femmes ravis- santes de beauté sous les voûtes d’or du palais cé- leste. Elle est encore en usage dans tout le nord de l'Europe, où elle se fait en grand ; quelques uns de nos départemens en préparent d’une bonne qualité. On distingue plusieurs espèces d'Hydromel. Le simple, composé à peu près d’une partie de miel sur douze d’eau, additionnées de suc de groseilles et de framboises, est une: espèce de tisane très- estimée dans les affections de poitrine et pour étan- cher la soif quand règnent les grandes chaleurs. On en fait peu à la fois et on le conserve dans un Lieu frais. Veut-on lui donner un peu de montant, on a recours à quelques plantes aromatiques, puis à la fermentation , el lorsque la liqueur approche de sa - cuisson, on ajoute un quart ou un sixième de bon vin vieux : on a dès lors ua Æydromel composé. Pour obtenir un Æydromel vineux , on met trois parties d’eau sur une de bon miel à bouillir dou- cement, en ayant soin d'enlever l’écame qui sur- nage. Ge mélange, réduit à moitié ou à peu près, est versé tout chaud dans un tonneau lavé avec un verre d’eau-de-vie ; là , il change de nature par la fermentation qui s'établit, et acquiert en peu du vin. On en obtient aussi de l’alcool et un très- bon vinaigre ; mais pour que la fermentation: soit promptement excitée, on place, aux pays du Nord, les tonneaux dans des étuves où l’on entretient jour et nuit une température de 22 à 30 degrés centigrades. Au bout de six à huit jours la {er- mentation a lieu; elle dure six semaines, après quoi elle s’arrête d’elle-même , la liqueur est dès lors bonne à boire. On peut dans nos climats tenir les tonneaux près d’une cheminée de cuisine ou derrière un four habituellement chaud , et quand, après sept à huit Jours , la liqueur a jeté son écume épaisse et bourbeuse, on remplit avec l'Hydro- mel conservé dans des bouteilles ; plus la fermen- tation approche de son terme, plus l’écume s’éclaircit. 73 L'Hydromel que l’on fait au mois de juin s’ex- pose au soleil dans une sorte de bâche couverte d'un châssis en verre que l’on charge de paillas- sons durant la nuit, afin de concentrer la chaleur recueillie pendant le jour. Comme les Abeilles et d’autres insectes seraient nécessairement attirés par l’odeur du miel, on ferme la bonde du baril avec une calotte de plomb laminé percée de très- petits trous. La fermentation terminée , l’on retire le baril, onle bondonne et on le placeen uncellier où la température descend à deux et trois degrés centigrades au dessous de zéro , en ayant soin de le remplir de temps à autre au moyen de l’Hydro- mel en réserve dans des bouteilles. Gette liqueur, gardée deux ou trois ans, et mise alors en bou- teilles bien bouchées, est d’une haute qualité ; l’on doit en boire peu, car, quoiqu’ellesoit des plus saines et des plus attrayantes boissons , elle enivre aisément, et l'ivresse qu’elle cause est longue et fatigante. Avec ! Hydromel, la fraude est parvenue à imi- ter les vins liquoreux d'Espagne, de Madère, et surtout les vins muscats. Ils ne font point de mal, mais c’est un vol fait à la bonne. foi; pour recon- naître le délit, mettez le goulot des bouteilles so- phistiquées dans un grand verre d’eau , la. partie miellée descendra dans le verre , et la bouteille n’aura plus qu’une eau fade, bonne à jeter. (T. ». B.) HYDROMÈTRES. (1ws. } Genre d'Hémiptères de la section des Hétéroptères , famille des Géoco- rises, tribu des Rameurs, ayant pour caractères : tôle prolongée en forme de museau ; formant en dessous une goutlière destinée à recevoir le ros- tre ; antennes sétacées ayant leur troisième article le plus long de tous; tous les pieds identiques de forme. La forme particulière de ces Hémiptères ne permet pas de les confondre avec aucun autre, même de l’ordre; les espèces dont peut-être ils se rapprocheraient le plus seraient quelques Réduves à tête allongée; cette forme allongée leur a fait donner le nom d’Aiguilles par Geoffroy; leur tête est aussilongue que le corselet , et s’élargit un peu à son extrémité, là où sont insérées les antennes ; celles-ci, dont le premier article est court, plus gros que les autres qui sont grêles et réunis, atteignent qe 68 HŸDR HYDR la moitié du corps; entre les antennes est la base du rostre ; celui-ci ne dépasse guère les yeux, qui sont globuleux et placés vers la moitié de Ja lon- gueur de la tête; les pattes sont très-longues et grêles ; les tarses courts. Ces insectes marchent positivement sur l’eau, et souvent avec assez de vitesse. H. pes éTANGs, A. stagnorum, Linn.; figurée dans notre Atlas, pl. 227, fig. 1. Longue de six à sept lignes , et large à peine d’un tiers de ligne dans l’endroit le plus épais de l’abdomen; noir- verdâtre , avec les pattes fauves. Commune partout. À (A. P.) HYDROMÈTRE. ( pays. ) Synonyme d’Aréo- mètre dans le langage des auteurs anglais. N'ayant pas encore parlé de cet instrument de physique, nons allons réparer l’omission faite dans la let- tre A L’Aréomètre est un instrument fondé sur ce qu'un corps nageant s'enfonce davantage dans un liquide plus léger que dans un autre liquide plus pesant, et desliné par conséquent à déterminer la pesanteur spécifique (voy. BALANCE HYDROSTATI- QUE ) des corpsliquides. Le pèse-liqueur ordinaire est un Aréomètre. Les Aréomètres qu’on emploie le plus généra- lement sont : celui de Fahrenheit, celui dit à tige graduée, et celui de Baumé. Le premier, celui de Farenheit, appelé encore Æréomètre à poids, con- siste en un tube de verre terminé inférieurement par une boule creuse remplie de mercure, et surmonté d’une tige mince graduée supportant un plateau destiné à recevoir les poids. Le poids total de l'instrument doit être connu et gravé dessus , el il doit être tel que, plongé dans un liquide très- léger, de l’éther rectifié, par exemple, l’Aréo- mètre ne s’y enfonce que jusque vers le milieu de sa tige. Ce milieu sera marqué a. Le mercure sert de lest à l'instrument qui doit ‘rester dans nne po- sition verticale quand on l’a plongé dans un liquide quelconque. Ces conditions étant remplies et une liqueur étant donnée, on aura la pesanteur spéci- fique de cette dernière en calculant le nombre de poids qu'il aura fallu pour faire descendre l'Aréo- mètre à la marque a. L’Aréomètre à tige graduée, établi sur le même principe que le précédent, mais peu employé à cause de son prix trop élevé et la difficulté de son exéculion , diffère de l’Aréomètre à poids, en ce que, dans celui-ci, c’est le poids de l'instrument qui varie , le volame du liquide déplacé restant le même, tandis que dans l’autre le poids de Pin- Strument reste le même; mais il descend davan- tage dans les liquides légers, et même dans les liquides pesans. L'Aréomètre de Baumé , qui consiste également en un tube de verre parfaitement cylindrique, terminé inférieurement par un renflement conte- nant du mercure qui sert de lest, est toujours divisé en deux partics, une qui est destinée aux liquides plus denses que l’eau, et qui porte lenom de pèse-sel , pèse-acide où pèse-sirop , selon l'usage auquel il sert, et selon l’élendue de l'échelle qu’on lui donne ; l’autre, qu’on appelle pêse-esprit , pèse- alcool où pèse-éther , selon qu’il doit servir aux li- queurs alcooliques ou éthérées. Le pèse-sel, pèse-acide ou pèse-sirop se construit de la manière suivante: : on leste le tube de verre de manière à ce qu'il s'enfonce presque entière- ment dans de l’eau distillée ; on marque o le point où il s’arrête, et ce point est le commencement de l'échelle. Cela fait, on le plonge dans un soluté de sel marin préparé avec 15 parties de sel et 85 parties d’eau pure, et on marque 19° au point où il s’arrête : ce point est la fin de l'échelle. L’in- tervalle compris entre o et 15° est partagé en- suite en 195 parties égales, et quand on veut se servir de cet instrument, on compte de haut en bas. Le pése-esprit, pèse-alcool ou pèse-éther, s'établit à peu près de la même manière, avec cette diffé- rence que le point o est pris avec un soluté préparé avec 10 parties de sel marin et go parties d’eau , et que le point 10° est pris avec de l’eau distillée. L'espace compris entre 10° et o est divisé en 10 parties égales. Avec cet Aréomètre , on compte de bas en haut. L’Aréomètre de Cartier n’étant qu'une altéra- tion de celui de Baumé, et n'ayant jamais eu de base certaine, nous ne ferons que le mentionner. ŒSE.) HYDROMYS , Æydromys. (mam.) Les Hydro- mys sont des mammifères qui appartiennent à l’ordre des Rongeurs et sont voisins des Rats ; M. Geoffroy, qui les a distingués en un genre par- liculier, en admet deuxespèces, l’Hydronvys à ven- tre jaune et VA. à ventre blanc. (Voy. notre Atlas, planche 227, figures 2 et 3.) Ces animaux sont de l'Australie; on les trouve dans quelques îles du détroit de Bass, entre la Nouveille-Hollande et la terre de Van-Diémen. Toutle monde sait combien sont rares dans les terres australes les mammifères terrestres ordinaires, et les Hydromys ont été considérés pendant long-temps comme étant, avec le Pteropus poliocephalus , les seuls qui s’y trou- vaient. Les autres sont des Dipscrmes (voy. ce mot), Kanguroos, Phalangers , elc. , ou bien des Monotrèmes ou Ornithodelphes, Ornithorynques el Echidnés. Cependant on a observé dans ces der- niersiemps deux nouveaux genres de mammifères ordinaires (M. monadelphes) propres à la Nouvelle- Hollande. Ges mammifères se rapportent au même ordre que les Hydromys, ce sont les Pseunomys et les Laarprum (voy. ces mots). (GEnrv.) HYDROPELTIDE, Hydropeltidea. (8or.PHan.) ‘Genre de plantes monocotylédonées, établi par Richard dans la Flore Am. de Michaux, et qui, avec le Cabomba d’Aublet, constitue la nouvelle famille des Cabombées. Ce genre ne comprend qu'une seule espèce, l’Hydropeltis purpurea , Michaux (F1. Bor. Am., 1, p. 324, tab. 29), plante très-visqueuse, vivant au milieu des eaux dans différentes parties de l’Am. sept. Ses feuilles sont alternes, longuement pétiolées, peltées, ovales, très-entières et très -glabres. Ses fleurs sont pur- purines, assez grandes, portées sur des pédon- Pl. 227 2 Hydromètre LH. Hydromys. 4 Hydrophide. Æ. Cuerër dr \ HYDR 69 HYDR cules axillaires , solitaires et uniflores. Leur calice est généralement composé de six et quelquefois de huit sépales, disposés sur deux rangs et dont les intérieurs imitent une corolle. Le nombre des étamines varie de dix-huit à quarante; elles sont insérées sur deux rangs, tout-à-fait à la base du calice, dans son point de contact avec l'ovaire ; leurs filets sont allongés, capillaires, et leurs an- thères sont linéaires, oblongues, biloculaires. Chaque fleur a de quinze à dix-huit pislils dressés et rapprochés au centre, et dont l'ovaire très-al- longé , linéaire, à une seule loge, contient deux ovules superposés, pendant d’une des sutures de sa cavité, et dont le style, peu distinct du sommet de l'ovaire, est assez long et se termine par un stigmate simple et légèrersent recourbé. Le fruit est ovoïde, terminé en pointe au sommet, in- déhiscent , un peu charnu, contenant tantôt une seule, tantôt deux graines superposées, ce qui modifie sa forme. Chaque graine est immédiate- ment recouverte par la substance interne du pé- ricarpe ; son tégument propre est membraneux, marqué vers son sommet d’une auréole brunâtre. L’endosperme est gros, blanchâtre, farinacé, et présente à sa base un très-petit embryon discoïde, aplati, renfermé dans une dépression particulière de l’endosperme. Get embryon est parfaitement homogène et sans aucune apparence, (Woyez Ga- BOMBÉES. ) Ce genre porte divers noms. Schreber le nomme PBrascina; Solander, Jæodia; Bosc, Rondachina. Le nom d’Aydropeltis mérite seul d’être conservé. C. £. HYDROPELTIDÉES , Hydropeltidens nn pHan.) De Candolle ( Syst. nat. veg. , 2, p. 36) appelle ainsi la tribu de sa famille des Podophyl- lées qui correspond exactement au groupe désigné sous le nom de Cabombées par le professeur Ri- chard. Voy. Capousies. (G. £.) HYDROPHANE. (wix.) Ce nom, qui, dérivé de deux mots grecs, signifie je brille dans l’eau, a été donné à une espèce de quartz ou plus exactement à une variété d'OPaze (voy. ce mot), qui happe à la langue, c’est-à-dire qui s’y attache lorsqu'elle est sèche, et qui, lorsqu'on la laisse s’humecter dans l’eau, devient transparente et quelquefois y prend les couleurs irisées qui caractérisent les pales de luxe. L’Hydrophane est quelquefois blarche et d’au- trefois jaunâtre; elle paraît être une opale qui a subi un certain degré de décomposition par lequel elle a perdu l’eau qu’elle contenait et qui, dans la belle opale irisée, est quelquefois de plus de 10 pour 100. Pendant cette sorte de décomposition, l’eau est remplacée par l'air, et alors la picrre perd sa transparence. Mais lorsqu'on la plonge dans Veau, on voit les bulles d'air se dégager et sacces- sivement être remplacées par l’eau. La pierre, re- venue alors à son état primitif de composition, reprend la transparence qu’elle avait perdue avec son eau, et reperd encore sa transparence avec l'eau qui s’évapore lorsqu'elle est de nouveau sou- mise à l’action de l'air, Le phénomène qui se présente dans l'Hydro- phane plongée dans l’eau a passé long-temps pour une merveille : de là le nom pompeux d’Ocu- lus mundi (OEil du monde) qui lui fut donné par les anciens auteurs; de là aussi le prix que l’on at- tachait à cette pierre , lorsque le phénomène qui lui a valu son nom moderne s’y développait com- plétement. Mais aujourd’hui elle n’a plus d'intérêt que pour le minéralogiste. On a essayé de ré- pandre dans le commerce des opales du Brésil qui jouissent de la propriété des Hydrophanes, c’est-à-dire qui acquièrent un vif éclat après un court séjour dans l’eau ; mais ces opales sont loin d’avoir la valeur des véritables opales de la Hon- grie. (J. H.) HYDROPHIDES. ( repr. ) Ce nom, formé des mots grecs ÿdup, eau, el ügte, serpent, sert à représen- ier un groupe d'Ophidiens dont les habitudes sont singulièrement aquatiques. Chez quelques uns, le corps plus ou moins comprimé latéralement, mais surtout la queue courte, dilatée et aplatie latéra- k&ment en aviron, décèle au premier coup d'œil ce mode de vivre, et distingue ces Serpens des au- tres groupes de la même famille. Chez la plupart des Hydrophides , des glandes venimeuses placées à la base des dents maxillaires fournissent une li- queur délétère qui s’introduit, à l’aide de ces moyens d'attaque , dans les tissus de l'animal ma- rin que l’Hydrophide cherche à saisir , et facilite la capture de la proie; mais ici ce ne sont pas, comme chez les Vipères, par exemple, des cro- chets mobiles qui sont chargés de l’oflice de cette inoculation : les dents maxillaires fixes, chez les Hydrophides, mais creusées en canal, vont porter d’une manière non moins sûre l’angoisse et la mort. Les yeux de la plupart des Serpens veni- meux offrent une pupille linéaire verticale ; mais celle des Hydrophides que j’aiexaminés était circu- laire; cependant quelques auteurs ont figuré des Hydrophides à pupille verticale. On n’a pas en- core dit si ces Ophidiens font des petits vivans , comme la plupart des Serpens toxiques , ou s'ils pondent des œufs , à la manière des Serpens inno- cens. Il paraît que malgré la violence du poison des Hydrophides , les habitans des parages où l’on observe ces animaux mangent impunément leur chair, et s’en nourrissent aussi volontiers que de celle des poissons. Les espèces connues d'Hydrophides habitent tous les archipels de l'océan Atlantique ou de la mer du Sud ; on les voit dans les beaux jours sillon- ner la surface de l’eau, sans plonger profondé- ment dans le liquide , et en élevant légèrement la têle au dessus du niveau des lames dont la force et la température leur indiquent sans doute l’in- stant de la retraite et l’occasion favorable pour la chasse. Les Hydrophides, que l’on a aussi désignés sous le nom de Nauticophides, se distinguent entre eux par la forme de leur -corps et la disposition de l’enveloppe protectrice de leur tête et de leur corps. HYDR 0 HSDR Ainsi les-üns-ont le corps comprimé, ce sont des Æydres. Les Hydres ont, avec leur corps comprimé, -des plaques sur la tête, des écailles ‘rhomboiï- dales en avant, héxagonales, légèrement dila- tées transversalement, suriout sur les pariies inférieures , peu imbriquées, lisses sur le dos, marquées sous Je ventre d’un pli ou d’une carène plus où moins sullante ,.en éperon, et des- tinée, à ce que l’ou croit, à-retenir l'animal aux inégalités des récifs ét des roches, à la manière des lamelles écailleuses de la tête de l'Echencis re- mora. On les a divisées, à cause de la forme, plus ou!moins trapue de leur corps, en deux groupes : dans l’un , la tête est petite, portée par un cou long et grêle, qui contraste avec le renflement de Ja portion abdominale du tronc; ce sont les Di- stetres où Microcéphalophis : à ce groupe se rap- ortent : Le Disrens au cou erèce, Hydrophis gracils, ÆEnhydris gracilis, Microcephaloplhis gracilis, Blanc jaunâtre en dessus, marqué de larges taches rhom- boïdales bleuâtres ou noirätres, étendues en travers sur le dos et envahissant plus ou moins vers la partie antérieure du corps la couleur blanche du dessous du cou; les narines sont ici placées sur le museau au milieu d’une large plaque nasale; on compte six séries longitudinales d’écailles ventrales plus ou moins armées d'éperon. Le Disrgine À QUEUE NoiRE , Hydrophis mela- nurus. Vert-jaunâtre, annelé de noir ; les anneaux étroits confondus sur le milieu de l'abdomen avec une ligne longitudinale moyenne de même cou- ‘leur, et entremêlés sur le dos de taches arrondies, noirâtres ; une large tache noire sur le dessus de la tête, et une ligne noire Ie long des lèvres. D’autres Hydres , munies également de plaques sur la tête, et protégées sur le reste du corps par des écailles disposées à peu près comme dans le groupe précédent, ont le corps un peu plus trapu; et les plaques de la tête , ceiles en particulier qui avoisinent l'ouverture des narines, offrent une cerlaine parlicularité : ce sont les Zéioselasmes ou Polyodontes : à ce groupe se rapportent : Le LiroséLasme scmisreux, /1) drus schistosus. Cette espèce se rapproche, par son système de coloration, du Disteire au cou grêle. Le Léroskcasme énanuzé, H;drophis granulata, striala, s'éloigne peu de l'espèce précédente, sous le rapport de Ja &isposition des couleurs. Le Liioskcasue À Bandes Nomes, /ydrus ni- grocinctis , Potyodontes annulatus , offre des ban- déleties transversüles noirâtres, plus étroites , mieux ‘arrêtées, plus nombreuses, constituant souvent des auüneaux complets autour du corps de animal ; il se rapproche, à cet égard, du Disteire à queue noire. Ÿ”. notre Atlas, pl. 227, fig. 4. D'autres fydrophides ont le corps cylindrique, la tête, le cou mieux proportionnés ; mais leurs écailles lisses sont simplement juxtaposées , -ou disposées , conmme lon dit, en pavés ; ce sont les Pélamÿydes : Vespèce la plus connue.est : La Pésauvps micozons , Pydrus bicolor, Angus pläturus. Noire.en dessus, d’un jaune orangé nette- ment tranché en dessous, les côtés du corps de la couleur des parties supérieures; sa-taille etises'pro- porlionssont à peuprès celles des espèces des genres précédens, c’est-à-dire qu’elle atteint deux à trois pieds de longueur, et a le corps-de la grosseur.du pouce à sa partie moyenne. La tête des Pélamydes a à peu près la grosseur du corps, tandis que celle des Disteires et des Léiosélasmes atteint à peine la moilié de ce vélume ; les narives, pelites, placées en dessus du museau, à peu près comme chez les Disteires, sont situées au milieu de la plaque nasale très-développée; la plaque frontale est hexa- gonale , allongée, régulière -et symétrique ; la queue. est Lerminée par un dé corné assezmarqué. D’autres Hydrophides sc rapprochent davantage des Gouleuvres parles proportions delatêle,du cou, du corps et de laqueuc'; par la disposition rhom- boïdale imbriquée des écaiiles lisses qui recouvrent leur corps, et par la présence de lamelles sur les parties inférieures ; leur tête courte, /obtuse , leur museau mousse rappellent quelque peu la physio- nomie. des Homalopsis ; leurs yeux sont grands , comparés à ceux des autres Hydrophides , mais ils sont encore pelits auprès de ceux des Gouleuvres; leur pupille est circulaire; ce sont les Platures ou Aipysares : à ce groupe appartient : x. Le Parure Fascté , Platurus fasciatus , Hydrus colubrinus , Coluber laticaudus. Blanchâtreen des- sus el en dessous , annelé en déssus de bandelettes noires ; une tache noire sur la tête, anastomosée en arrière avec un trait noir quiest étendu lon- gitudinalement derrière les yeux. Cette Hydrophide atteinL un jeu plus de longueur et ide grosseur que les espèces des genres précédens. On a réuni aux Hydrophides ,:sous le nom de Chersydre , que les anciens appliquaient à-des Ophidiens qu'il n’est guère possible de déterminer exactement, d’après les renseignemens inparfaits el souvent erronés qu'ils nous ont transmis, une espèce de Serpentquihabite volontiers le fond des rivières de l'ile de Java, On a même constitué avec ces Chersydres une division particulière , sous de nom de Scroggilures, à cause de la disposition ar- rondie. de leur queue ; mais il paraît aujourd'hui que ces! Chersydres ne sont que le jeune âge de l'Acrocronpe de Java. (707. cemot.) : (T. C.) HYDROPHILE, Jydrophilus. (axs.) Genre.de Coléopières de la section des Peutlamères, famille des Palpicornes , tribu des Hydrophiliens, ayant pour caractères : antennes de neul articles , dont les deux intermédiaires de la massue en forme de reins, et le preinier cupulaire'et prolongé intérieu- rement; les palpes maxillaires très-allongés , avec le dernier articie plus court que le- précédent ; les larses déprimés et ciliés propres à la natalion ; le dernier article des tarses antérieurs des mâles comprimé, triangulaire; le sternum comprimé, se prolongeant en arrière envune pointe aiguë ; l'écusson grand. Le genre Hydrophile renferme des insectes d'assez grande laille, puisque plusieurs atteignent dix-huit ou vingl lignes de long, touside couleur HYDR 71 HYDR mm obscure;; une grande partie. des espèces. connues habite l'Europe; mais cela tient peut être. seule- ment à la manière. peu suivie dont s’opèrent; les chasses dans les pays étrangers. Leur enveloppeest formée d'un derme écailleux très-épais, lisse; leur corps est de forme naviculaire bombée en dessus, formant en dessous un angle obtus; la tête est inclinée, enfoncée dans le corselet jus- qu'aux yeux, qui sont globuleux, saillans et plus apparens en dessous qu'en dessus; les antennes sont attachéesen avant des yeux sous le rebord que forme la tête à cet endroit ; elles sont compo- sées de neuf articles , dont le premier, aussi long que les cinq suivans, est un peu en forme de mas- sue courbée intérieurement; Le second, plusétroit, cylindrique , est aussi long que les trois sui- vans, qui sont égaux entre eux, aussi longs que larges; le sixième est un peu plus long que le se- cond , de même épaisseur que les précédens à sa base, mais s’élargissant ensuite en entonnoir de manière à être presque aussi large que long; les septième et huitième sont transversaux, un peu membraneux, velus,. ainsi que le neuvième, qui est aussi long que les trois qui le précèdent, en forme de pomme de pin, et dans lequel on peut distin- guer les sutures, de trois articles qui complètent les onze articles que possèdent tous les Goléoptè- res; le chaperon est large, un peu échancré sur toute sa largeur ; le labre est court, transversal, sinué ; les mandibules sont triangulaires, robustes, armées de quatre dents intérieures, y compris celle de l'extrémité; mais les deux plus inférieures of- frent cela de remarquable , qu’elles sont mobiles, contrairement à tout ce qu'on avait jusqu'à pré- sent remarqué dans les insectes, les Passales ex- ceptées ; les palpes sont très-allongés , surtont les maxillaires, et c’est ce qui a déterminé le nom de cette famille; le corselet est transversal , plus étroit antérieurement ; l’écusson est triangulaire; les ély- tres, de la longueur de l’abdomen, convexes, re- couvrent deux grandes ailes membranenses ; les méso et métasternum sont comprimés et forment une carène saillante un peu refendue en gouttière antérieurement, mais se prolongeant en pointe aiguë postérieurement jusque sur le premier seg- ment abdominal; aussi faut-il saisir ces insectes avec précaution, car lorsqu'on leur laisse trop de liberté de mouvemess , ils peuvent piquer assez fortement en se débattant. Les tibias ont deux épines à leur extrémité, très-longues et très-ro- bustes ; les tarses antérieurs ont leurs articles courts, excepté le cinquième, qui est aussi long que les précédens ensemble ; dans les mâles cet article est triangulaire , plus large que long, et les cro- chets qu’il porte à son extrémité atteignent sa plus grande largeur ; les quatre pattes postérieures au contraire sont comprimées ainsi que les tarses, qui sont aussi longs qu’elles; ces derniers ont leur pre- mier article court, le second long et les suivans diminuant graduellement; tous sont ciliés sur le côté; les crochets sont très-petits. Les Hydrophiles vivent dans les eaux douces, rarement dans celles courantes, et presque tou- | jours dans-les étangs, fossés, mares et les moin- dres amas d’eau ; c’est la nuit qu’ils prennent leur vol pour se transporter d’un endroit à un autre; ils font entendre alors: un bruit analogue à celui que produisent tous les gros scarabées ; ils nagent avec assez de facilité, mais marchent fort mal, comme tous les insectes qui ont les pieds organi- sés pour la natation. : Long-temps on a rangé les Hydrophiles avee les Dytisques , parce qu’on les croyait carnassiers comme eux; mais l'anatomie est venue démontrer, tant par la longueur de leur canal intestinal que par les détritus de végétaux qu’on y trouve, qu'ils sont herbivores ; on a cependant quelques faits qui prouvent que, dans l’occasion, ils peuvent être carnassiers, Ainsi Miger, qui a étudié spécialement ces insectes, en a nourri peñdant plus d’un mois avec de petits mollusques et des larves aquatiques ; de ces observations contradictoires on peut seule- ment conclure qu’ils sont carnassiers dans l’occa= sion ou plutôt qu'ils sont omnivores; quelque aqua- tiques que soient ces insectes , ou pour parler plus juste, quelles que soient les facultés qu’ils aient de rester long-temps sous l’eau, ils sont obligés de venir à la surface pour respirer; ils se laissent flotter et par leur pesanteur spécifique présentent au dessus de l’eau l’extrémité de leur abdomen, abaissent un peu cette dernière partie, soulèvent les él ytres, et l'air, se répandant entre ces parties, va pénétrer danslesstigmates. Quand l’insecte croit devoir redescendre , il rapproche ses pattes, res- serre son abdomen et ses élytres de manière que Veau ne puisse s’y introduire, et se précipite au fond. L’accouplemeut se fait comme dans les autres insectes (voy. notre Atlas, pl. 229, f. 1); mais le mâle, au moyen du dernier article triangulaire de ses tarses antérieurs et des longs crochets dont il est armé , saisit la femelle par le bord extérieur de ses élytres et se maintient ainsi sur son dos. La femelle fécondée doit procéder à la ponte ; mais ici s'offre au naturaliste un nouveau sujet de curio- sité et d’admiration. Lyonnet le premier avait dit que les femelles des Hydrophiles faisaient une coque , que cette coque était de soie, qu’elle avait une forme ovoïde et était terminée par une petite corne recourbée; que le moyen de construire cette coque consistait en des filières placées près de l'anus; Degéer avait trouvé flottant de ces co- ques , et en les maintenant dans un état analogue à celui où il les avait trouvées, il était parvenu à faire éclore les œufs, qui lui avaient donné de pe- tites larves semblables à celles bien connues des Hydrophiles ; mais tout cela ne résolvait pas po- sitivement la question, et les descriptions de Lyon- net lalssaient beaucoup à désirer ; il était réservé à Miger, que nous avons déjà cité, d’éclaircir à cet égard tous les doutes; il put à plusieurs reprises être témoin de cette opération; aussi allons-nous le laisser parler lui-même, de crainte d’altérer son récit. «Je la vis (cette femelle) s’attacher au revers d’une feuille qui flottait sur l’eau (voy. notre Atlas, L HYDR 72 HYDR 0 pl. 229, fig. 2 et5),s’y placer en travers, et allon- geant ses premières paires de pattes, les appuyer sur le dessus et de chaque côté de cette feuille, de manière à lui faire prendre une légère cour- bure. L’abdomen était fortement appliqué au re- vers de la feuille, et laissait voir à son extrémité deux appendices qui s’avançaient et se retiraient : avec vitesse et desquels il paraissait sortir une liqueur blanche et gommeuse. Cette liqueur était le principal de la coque et les appendices étaient les deux filières de l'Hydrophile. En considérant plus attentivement ces filières , je vis qu’elles dé- posaient çà et là dessous la feuille autour de l’ab- domen et sans le dépasser, des fils argentés qui, appliqués successivement les uns sur les autres, formèrent une pelite poche demi-circulaire dans laquelle l'extrémité de l'abdomen se trouva comme engagée. Au bout de dix minutes environ, l'Hy- drophile, retirant ses pattes de dessus la feuille, se retourna brusquement, et se placa la tête en bas sans ôter pour cela de la coque l’extrémité de son abdomen. » Dans cette nouvelle position l’insecte se tenait à peu près immobile , les quatre pattes antéricu- res étendues et les deux autres fortement attachées dessous la feuille et de chaque côté de la coque. Pendant près d’une heure et demie je distinguai facilement au travers du tissu tous les mouve- mens de la filière : c'était un pinceau à deux brins qui se promenait de droite à gauche et de haut en bas avec beaucoup d’agilité dans l’inté- rieur de la coque, et qui en enduisait les parois et les bords extérieurs de cette liqueur gommeuse dont nous avons parlé. Gelte coque, travaillée de cette manière et toujours en dedans, s’accrut, s’épaissit, eL devint si compacte, qu’il me fut im- possible de distinguer les mouvemens de la filière; cependant de petites bulles d’air commencaient à s’échapper de l’intérieur de la coque, je pensai que c'était des œufs qui occasionaient ce dépla- cement; en eflet, au moment où l'Hydrophile écartait son abdomen de l’extrémité de ses élytres, j'approchai une forte loupe et j'apercus distinc- tement de petits corps oblongs blanchâtres qui se placaient les uns à côté des autres, et que les filières recouvraient à mesure d’une liqueur blan- che et transparente. En trois quarts d'heure la ponte fut achevée; l’insecte retira peu à peu son ubdomen de dessous la feuille, ferma sa coque assez imparfaitement, et prit une nouvelle posi- tion. » Il Jui restait à former la pointe qui termine cette coque. Pour y travailler l’Hydrophile, ayant toujours la tête en bas, ramena ses patles posté- rieures sur Ja feuille et les plaça de chaque côté de la coque. Les élytres, dont l'extrémité se trou- vait à fleur d’eau, étaient écartées de l'abdomen et dépassées de quelques lignes par l'anus, qui était irès-dilaté. Rien ne cachant plus les filières, on pouvait en suivre tous les mouvemens ; ils étaient continuels et rapides. Il fallut cependant plus d'une demi-heure à l'Hidrophile pour former celte pointe; l’insecte portait cà et à au dessus de la coque et sur le bord de la feuille, un fil dé- lié et jaunâtre qui prenait au même instant de Ja fermeté ; bientôt de nouvelles couches étaient ap- pliquées sur la première, et comme la dernière dépassait toujours de quelques lignes la précé- dente, il se forma insensiblement un appendice mince et conique d’une couleur d’un jaune citron qui ,s’éleva à un pouce environ au dessus de la surface de l’eau. Ge travail achevé , l'Hydrophile dirigea légèrement sa filière de haut en bas, le long de la pointe, et, ramenant à mesure tout son corps sur l’eau, il abandonna sa coque, qui dès le moment fut terminée. Tous les travaux de la ponte. ont donc duré environ trois heures. » Pour construire ces coques, les femelles ont besoin d’un point d'appui; une preuve de cela, c’est que Miger ayant mis plusieurs femelles fécon- dées dans un bocal, aucune d’elle ne fit de coque, seulement elles rejetèrent un petit amas semblable à un grain d'orge qui tomba au fond de l’eau; ce corps examiné el ouvert n’offrit aucun œuf à l’in- térieur; ainsi ce ne peut être un avortement ; il est à présumer que c'était tout ou partie de la matière qui aurait dû servir à filer la coque et que la ponte n'eut pas lieu; il aurait fallu ensuite, pour conti- nuer l'expérience , mettre les mêmes femelles à même de pondre, en leur fournissant les points d'appui nécessaires, et en les nourrissant bien pour réparer les pertes qu’elles avaient faites. 4 Les filières qui servent à ces insectes à filer leurs coques sont au nombre de deux; ce sont des filets écailleux, de trois articles diminuant graduelle- ment en grosseur ; ils sont portés sur la partie charnue du dernier anneau abdominal, dont la pro- priélé extensible et rétractile qu'il possède à un haut degré , facilite en grande partie le travail des filières. Le travail des femelles est facile quand une fois il est en train; car on a beau les déranger, elles continuent aussitôt qu'elles sont libres de le faire ; il n’en est pas de même au moment où elles com- mencent; aussi ce moment est-il le plus diffi- cile à observer; l’air que ces insectes conservent sous leurs élytres leur sert à respirer pendant le travail de la coque, et empêche en même temps le contact de l’eau sur leurs œufs au moment de la ponte ;'ces coques ont été trouvées quelquefois flottantes la pointe en haut; mais alors ce n’é- taient que celles dont les larves sont sorties, car lorsque la coque est pleine, son poids Ja fait bas- culer à l'instant. La liqueur dont se compose cette coque se présente sous différens aspects ; le tissu extérieur du fond jouit de la propriété de s’atta- cher à ce qui l'entoure, et de devenir en se des- séchant une enveloppe flexible, mais cependant imperméable à l’eau. La liqueur qui enduit les œufs devient, comme celle que produisent les der- niers genres. des Hémiptères, un duvet cotonneux destiné à maintenir les œufs en place sans qu'ils puissent se toucher. Enfin la portion qui forme la peinte est en soie, et la pointe est ferme, lustrée comme les coques des Lépidoptères; cette corne paraît destinée à retenir une portion d’air ; au bas est ho om 0 HYDR 75 HYDR ne . , æst l'ouverture de la coque communiquant avec les œufs ; cette ouverture est fermée avec quelques fils qui, avec l'air que contient la corne, contri- buent à y empêcher l'introduction de l’eau; ce- pendant les œufs placés trop près de l'ouverture, et que l’eau vient à atteindre , ‘ pourrissent quel- quefois ; si l’on enlève d’une coque la partie Ja plus éloignée de l’eau (voy. fig. 8 et 9) on voit les œufs, sous la forme de petits cylindreside deux lignes de long, groupés au milieu de la coque, dans une position verticale et étant chacun dans une loge cotonneuse formée par le duvet qui les enveloppe; ils sont attachés à la partie supérieure de la coque, de sorte qu’il existe un vide autour et au dessous d’eux ; l’œuf subit une espèce d'augmentation de volume; au bout de dix à douze jours dans la belle saison, la pellicule se rompt et la petite larve en sort (fig. 6); ces larves se tiennent pendant les douze premières heures de leur naissance dans le vide quiexiste au dessous d’elles, etilest probable qu’elles mangent pendant ce moment le duvet qui les environnait, car quand elles sont sorties de la coque, on n’en trouve plus aucune trace; lorsqu'elles ont quitté le nid, elles y rentrent et en sortent alternativement jusqu’à ce que le besoin de nourriture les force à s’en écarter tout-à-fait, Ces larves (fig. 5 et 6) ont le corps allongé en cylindre déprimé, plus rétréci aux deux bouts, surtout au postérieur ; leur peau est épaisse, ri- dée ; lestrois premiers segmens portent chacun une paire depattes terminées par un fort crochet, ét l'abdomen est terminé par deux appendices courts, cylindriques; la tête est aussi large que le premier segment du tronc ; elle est plus bombée en dessous qu’en dessus, et peut facilement se ren- verser en arrière ; elle porte deux petites antennes, des yeux formés d’ocelles agglomérés, et ,une bouche composée comme à l'ordinaire; les man- dibules sont courtes , épaisses et arquées , dentées ‘intérieurement ; . ces larves subissent plusieurs changemens de peau. Celles qu’on a essayé de nourrir en captivité ne s’altaquaient pas entre elles; elles venaient souvent à la surface de l’eau pour respirer, et le faisaient en y appliquant l'extrémité “de l'abdomen où sont situés les organes de la res- piration ; lorsqu'on voulait les saisir, elles deve- naient flasques comme si elles étaient mortes ou bien lancaient par l’anus une liqueur noire et fé- tide ; pour nourriture elles prenaient volontiers des insectes aquatiques et surtout de petits mollusques ‘du genre Limnée : pour les saisir à la surface de J’eau lalarve renverse un peu sa tête, puis relevant son dos y appuie sa proie, et au moyen de ce “point d'appui y brise la coquille qui la dérobait à ‘son appétit; on les a nourries quelquefois avec de ‘petits morceaux de viande.et elles s’en sont bien trouvées. *: Lorsqu’elles ont acquis toute leur croissance, elles quittent l’eau, se creusent dans la terre avec ‘leurs pattes et leurs mandibules une retraite sphérique de près de dix-huit lignes de diamètre:, ‘parfaitement lisse et sans aucune issue ; là elles at- “tendent le moment de la métamorphose, qui arrive T. IV dix ou douze jours après leur entrée en terre, La nymphe est blanchâtre (voy. fig. 4); la tête est courbée sur l'estomac; et l'abdomen recourbé vers Ja tête ; aux angles du corselet sont deux aigrettes formées de trois soies raides et courbées ; il existe aussi des appendices fourchus au bout de l’abdo- men; dans sa loge la nymphe ne posé que sur ses différens appendices, de sorte que son corps est hors de contact avec la terre et à l'abri d’une hu- midité sans doute nuisible; au bout de trois se- maines, l’insecte sort de son enveloppe; mais il reste encore dix ou douze jours en terre, pour que ses différentes parties prennent de la consistance avant de sortir. H. 8ruN , A. piceus, Fab., représenté dans notre Atlas avec toutes ses métamorphoses, pl. 222, fig. 1 à 9. Long de 15 à 18 lignes, noir-vert lui- sant en dessus, brun-noir en dessous , une légère impression de chaque côté du corselet, et trois stries sur chaque élytre formées de petits points enfoncés; chez cette espèce dont les mœurs ont été le mieux étudiées, la larve est longue de près de deux pouces, noire, rugueuse et couverte de petits tubercules ; cette espèce est irès-commune dans toutes (les eaux dormantes des environs de Paris. Les autres espèces connues ont presque toutes les mêmes couleurs, et sont en général d’une grande taille. (A. P.) HYDROPHILIENS. (1xs.) Tribu des Coléoptè- res, section des Pentamères, famille des Palpi- cornes , offrant les caractères suivans : antennes de neuf articles, dont le premier est long, cachées dans une fossette spéciale située au dessous des yeux; yeux plus apparens en dessous qu’en des- sus ; bord antérieur de la tête avancé au dessus de la bouche ; mâchoires entièrement cornées ; pal- pes maxillaires plus longs que les antennes ; corps ovale, bombé ; tarses ciliés propres à la natation. Linné avait fait de ces insectes une division de son genre Dytisque; mais la vue des antennes suf- fisait seule pour les en séparer , et l’anatomie est venue confirmer cetle première observation. En effet, à l'exception des vaisseaux biliaires, dont ces insectes sont pourvus , ainsi que les Garnassiers, Je reste de leur canal intestinal a beaucoup d’ana- logie avec celui des Lamellicornes ; comme chez eux, il a six ou sept fois la longueur du corps, ca- ractère propre aux Herbivores; ils n’ont en outre ni la vessie natatoire ni l’appareïl excrémentiliel des Hydrocanthares. , Ces insectes, comme leur nom l'indique, sont aquatiques comme leurs larves ; on trouve les unes et les autres dans les mares, les étangs, les fossés; plusieurs espèces ce- pendant, sous leur premier état, passent une partie de leur vie à terre, où elles attaquent les racines ; quelques unes même sont tout-à-fait terrestres. Voy. les genres HyproPxire , SPER- cé, ÉLormore etc. , etc. (A. P.) HYDRAPHTORATES. ( cum. ) Voy. FLuares. HYDROPHYLLE , Aydrophyllum. (80T. puan.) Plantes américaines très - rustiques, croissant dans tous les terrains, particulièrement dans les 290° LIvRAISON. 10 aa HYDR. 54 HYDR : ' Annee gr, = = lieux frais ét ombragés, sur le bord des eaux, où élles produisent de très-belles touffes et un effet des plasremarquables au premier printemps. C’est le moment où elles sont chargées de leurs feuilles Juisantes ; palmées ou pinnées, à cinq et sept lobes añguleux,et de leurs corymbes terminaux defleurs blanches, qui ont l’avantage de s’épanouir une se- conde fois en automne, Ces plantes constituent un genre de la famille des Borraginées et de la Pentandrie monoyynie. Îl a été constitué par Linné. R. Brown a voulu en faire une famille particu- lière; mais elle ne peut être adoptée. * Les caractères da genre sont d'offrir un calice à cinq divisions ; la corolle campanulée-au limbe quinquéfide, intérieurement sillonnée de cinq stries canaliculées contenant une liqueur miellée, bordées et embrassant les filets des étamines, qui ñe sont point saillantes, au nombre de cinq, mu- nies d’anthères oblongues, penchées ; stigmate bifide; capsule globuleuse, à une loge et mono- sperme, les deux autres semences avorlant d’or- dinaire, La couleur de cette semence esr brune, parsemée de points noirs. On en connaît deux espèces , que l’on multiplie par le semis de leurs graines et par la séparation de leurs pieds en automne de préférence au .mois de février; la première est l’HyproPnyziLe PINNÉE, H. virginianum, originaire de la Virginie, don- nant de grosses toufles à tiges basses, à feuilles pinnées et à fleurs blanches épanouies en mai ; ses graines se sèment elles-mêmes. La seconde, l'Hy- DROPHYLLE ANGULEUSE; A. canadense, porte des feuilles palmées comme celles des Erables, qu’elle perd de bonne heure, des fleurs blanches agglo- mérces en tête: elle sbonde-dans les forêts et sur les lieux élevés du Canada et desmonts Alléghanys. Une troisième espèce a été recueillie par Mi- chaux sur les montagnes du Ténessée, 11 lui a donné le nom de Æydrophyllum appendiculatum. | Cette plante est hérissée sur toutes ses parties, | | moelle. HYDROPHYTES , Æydrophvtes. (soTx. crvrr.) | même sur sa corolle qui est bleuâtre. (T. ». B.) Plantes parement aquatiques, étudiées pendant long-temps sous les noms d’ÆAlgues, d’Hydralgues, d’{ydrocarées, de F'ucacées, etc., que Lamouroux avait d’abord appelées T'halassiophytes et qu’il ap- pela ensuite #ydrophytes. Cette dernière déno- mination a été adoptée par la plupart des algo- Jogües. \ Malgré le très-grand nombre de naturalistes qui , depuis 1711 jusqu’en 1824 et 1830 , se sont occupés de l’étude des Hydrophytes proprement dites, l’organographie de ces plantes est encore peu connue. Parmi ces naturalistes nous citerons, sans y comprendre Lamouroux ; enlevé il y a peu d'années à la science, et.dont les travaux en Hydro- phytologie sont entre les mains de tout le monde, Réaumur, Gmelin, Hudson, Ligthfoot, Roth, Vellegen , Goodenough , Woodward , Esper, Stackhouse , Turner, Girod-Chantrans, Xavier de Wulfen , Vaucher , Bertoloni, Dillwyn, Agardh, ! Lyngbye, Bonne - Maison, Mertens, Drapar- naud , Bory-Saint-Vincent ; De Candolle, Cest | ainsi que quelques uns n’y trouvent que des fron- des et des sporules ; que d’autres ont parlé de tiges, de feuilles et d'organes de fécondation, et que tous ont méconnu l'existence des racines. Bory-Saint-Vincent , au contraire, d'accord avec son compatriote. L'amouroux, a reconnu que les Hydrophytes possédaient, et cela d’une manière plus cu moins distincte , suivant les classes et les ordres, des racires, des tiges, des. feuilles , et souvent des organes propres à la fructification. On sait aujourd’hui que les feuilles de plusieurs Hydrophytes sont analogues à celles des autres végétaux ; que ces feuilles sont quelquefois pour- vues de nervures simples ou rameuses, longitudi- nales ou transversales , et que, les nervures man- quant, leurs fonctions, comme feuilles, s’exécu= tent de même. Lamouroux a également démontré que la fructification ; quand elle.est évidente , était composée d’un germe renfermé dans plusieurs tu- niques ( trois au moins pour les Hydrophytes par- faites ) , et que ce germe se développait dans la substance même des espèces les moins organisées. Enfin il a été démontré que, dans ces plantes, comme dans les Fucacées et les Fucus, les vésicules n’étaient point des fructifications avor- tées, mais bien des organes particuliers propres aux plantes marines , et destinés à la décomposi- tion de l’air ou de l’eau. Les Hydrophytes se distinguent certainement beauconp mieux des plantes terrestres par .leur organisation et leur mode de reproduction, que par leur habitation ; cependant elles sont lein de n’être formées que par un simple-tissu cellulaire diver- sement modifié, comme l'ont avancé quelques auteurs. Lamouroux, et plusieurs autres algolo- gues , ont trouvé au contraire que, chez beaucoup de ces plantes, il y avait l’organisation cellulo- vasculaire de la plupart des autres végétaux , et qu’on pouvait, comme dans les Fucacées, y étu- dier un épiderme , une écorce , un bois et une Pendant long-temps la taxonomie botanique des Hydrophytes a été arbitraire, vacillante , peu ra- tionnelle, Des analogies de forme , de couleur, des différences très-peu marquées , ont souvent, à elles seules, servi de guides; de là confusion , chaos. G’est ainsi qu'aux trois genres, les Fucus , les Ulva, les Conferva, adoptés par Linné pour les plantes | marines , Donatien ajouta beaucoup d’autres sans aucune «espèce d'utilité, qu'il y confondit partout les Polypiers, et qu'Adanson n’y toucha que pour y introduire des noms bizarres.' Plus tard, Roth publia les genres Ceramium , Hydrodyction. Batrachospermum, Rivularia et Linchia. Déjà, en 1796, Bory-Saint-Vincent avait indiqué les genres Hydrodyction, Batrachospermum, et le genre Oscillatoire de Vaucher. Le même auteur publia ensuite les genres Lemanea, Draparnaldiæ et T'horea , et plus tard encore les familles appe- lées Ærthrodices, Chaodinées, Confervées et Céra- miaires. Vaucher, de Genève, a fait d'excellentes coupes dans les Hydrophytes, coupes qui ont été con- y Me pe LAS, Due. En. tes Mu + nm HYDR servées , dont on a changé la dénomination pour quelques unes seulement , et que De Candolle à adoptées avec cette modification, qu’il a appe- lées Vaucheries les’ Ectospermes, Chantransies des Prolifères et les Polyspermes, et Conferves les Conjuguées. Du reste, ce dernier et célèbre botaniste a maintenu les genres Nostoch de Vau- #Ææher , Rivulaire ; Céranie , Batrachosperme et Hydrodyction de Roth , les Fucus , Ulva et Gon- ferve de Linné, et a ajouté le genre Diatoma, qui appartient évidemment au règne, psycho- diaire. +. Dertout ce que Roussel a fait en botanique , quelques noms de genres seulement méritent d’é- tre conservés. Lyngbie a classé les Hydrophytes d’après une méthode tout-à-fait artificielle et sys- tématique ; cependant ; malgré les reproches qu’on peut lui adresser , les figures et les descrip- tions qu’il a données sont tellement exactes, qu’on ne peutguère se dispenser de consulter ses nom- breux travaux sur la végétation des eaux. Nous en dirons à peu près autant du botaniste suédois Agardh, qui adopta trois des quatre principales séries de Lamouroux ,les Fucacées , les Floridées, des Ulvoïdées ; qui y ajouta les Confervoïdes et les Tremellinées , mais qui s’est trop plu à changer de classification toutes les fois qu’il publiait un mouvel ouvrage ; c'est au point que son Syslema algarum ne peut être considéré que comme un simple catalogue, complet à la vérité , des Hydro- phytes dont on possède des figures et des des- €riptions. Enfin, des travaux de Bonne-Maison, de Quimper, peu de chose sera utile aux bota- mistes, malgré l'exactitude des recherches qu’il a faites , à cause du peu de valeur du caractère ( la couleur ) sur lequel il s’est basé ainsi qu’Agardh. Nous avons oublié de dire ‘que ce dernier auteur distribua, dans sa classification, les Dictyotées parmi ses Fucacées et ses Floridées. Aujourd’hui encore cette taxonomie offre des difficultés assez grandes , tant à cause des change- mens nombreux apportés par chaque auteur aux travaux de ses prédécesseurs , que par la multi- plicité des travaux modernes sur le même sujet. Toutefois les difficultés diminueront beaucoup , si gomme le conseillait déjà Lamouroux en 1824, on prend pour base les caractères offerts par l’or- ganisation intime , et même , toutes les fois qu’on de: peut ,.ceux de la fractification; car l’une de ces deux conditions n’est pas toujours sufli- sante. Lamouroux, qu'il faut considérer comme le père de l'Hydrophytologie, a, dans un beau tra- #aillinséré dans les Annales. du Muséum d'Histoire naturelle, divisé les Hydrophytes en six ordres ou familles, sous les noms de F'ucacées, Floridées, | Dictyotées, Ulvacées, Alcyonidiées et Spongodices, familles qu’il modifia plus tard; car il s’aperçut | que les Spongodiées appartenaient aux Ulvacées , que les Alcyonidiées rentraient en partie dans les Floridées, etique l'on ne devait pas classer dans Jes quatre premières séries toutesles Hydrophytes | que Linné avait prises pour des-Conferves À cause | de leurs articulations.ou cloisons réelles ou appa- rentes. Telles sont les bases sur lesquelles on doit s’ap+ puyer maintenant pour elasser les Hydrophytes , bases que des recherches et des connaïssances nouvelles pourront faire modifier , mais non ja- mais détruire complétement, En procédant du simple au composé, voici comment Boryÿ-Saint-Vincent définit les Hydro- phytes : végétaux à fructification obscure, quand ils ne sont pas agames ; à tissu cellulaire , duquel transsude une liqueur muqueuse et abondante; vivant dans l’eau ou au moins dans une grande humidité , et reprenant généralement une appa- rence de vie quand on les mouille après qu'ils ont été séchés. Toutes ces plantes sont réparties par le même naturaliste, 1° dans les Chaodinées , qui sont suivies des Alcyonidiées et.des Spongodiées ; 2° dans les Gonfervées:; 3° dans les Céramiairess 4° dans les Dictyotées; 5° dans les Floridées'; 6° dans les Fucacées; 7° dans les Ulyacées; et 8° dans les Gharacées. (F: E) HYDROSCOPE, (Puys.) On possédait autrefois sous ce nom une espèce d'horloge d’eau ou clep- sydre; depuis que la mécanique a abandonné ce moyen de mesurer le temps, l’'Hydroscope est tombé dans le domaine de là charlatanerie; 1l dé- signe maintenant celui qui prétend posséder le don surnaturel de découvrir leseaux souterraines, d’en sentir les émanations par une sorte de frémisse- ment fébrile, et d'indiquer avec précision le lieu.et la profondeur d’une source, dont le jet est plus que suflisant pour tous les besoins de la maïson ru- rale ou d’un village privé jusqu'alors d’eau. Les Hydroscopes manifestent cette prétendue faculté , les uns à l’aide d’une baguette de coudrier qu'ils font tourner au dessus du lieu où , selon eux, se trouve la source; les autres font usage d’un corps pesant placé à l'extrémité d’un fil qu’ils ont l’a- dresse de faire mouvoir circulairement. Le dernier de ces imposteurs, l'abbé Paramelle, de Saint-Géré, département du Lot, a trouvé, en 1854, des du- pes hombreuses non seulement dans son .départe- ment , mais encore dans ceux de la Dordogne, de la Corrèze, du Gantal, de l'Aveyron , de Tarn-et- Garonne, de Lot-et-Garonne , de la Charente, et autres circonvoisins. Qui croirait qu'il obtint le suffrage de plusieurs maires instruits et de cinq So- ciétés d'agriculture ? qu’on lui a prêté très-officieu- sement une main pour mieux exercer son indus- trie, tandis que de l’autre on refusait sans pitié le plus léger secours à des malheureux réduits au désespoir , et qu’on détournait avec dédain la tête d’une pensée patrictique , d’un projet d'utilité gé- nérale ? On aime le merveilleux, on lui cède avec une facilité , avec :un empressement que rien n’é- gale ; il semble même qu'on ne donne jamais assez de puissance aux aberrations de l'esprit. Est-il per- mis de proclamer les hautes lumières du siècle, quand on voit élever ainsisur le pavois l’'Hydrosco- pie ;la phrénologie, le magnétisme:et les plus misé- rables réveries d’une imagination malade ? (On se . « ee 2e 6 1 ce JHYEN ‘76 HYEN | pi om rit de la bonne foi; l’on favorise l'ignorance, le mensonge, la bassesse ; on proclame un génie ce- lui qui n’a que de l'audace; on réduit la science à une spéculation mercantile, la philosophie à un simple jeu de mots et la vertu à une abstraction métaphysique , et l’on me crie sans cesse aux oreil- les : le siècle marche à grands pas dans la voie des améliorations ! Je ris de pitié et je plains ces pyg- mées si fiers et si sottement crédules. On ne man- quera pas de taxer ces lignes d’exagération et de les regarder comme une boutade échappée à un homme jaloux; elles sont cependant l'expression ingénue d’une sainte indignation et un appel aux vraies lumières, aux plus chers intérêts de l’homme, le bien-être de la famille, l'honneur de la patrie, le triomphe de la raison. Je le dis sans détour : l'Hydroscope est un empirique; le magnétiseur un être malade ; le phrénologue calomnie la nature, renverse les lois de la morale publique ; en leur donnant du crédit, vous éteignez le flambeau de la vérité, vous renversez le temple des sciences , vous brisez la presse et vous rentrez sous le joug hon- teux de la barbarie. Ÿ7. aux mots BaGuETTE pi- VINATOIRE , MAGNÉTISME ct PHaRÉNOLoGiE. ; (T. ». B.) HYDRO-SÉLÉNIATES. ( cm. ) Sels résultant de la combinaïson.de l'acide hydro-sélénique avec une base, et dont voici les principaux caractères : les Hydro-séléniates alcalins sont tous solubles; ils ont une odeur et une saveur analogues à celles des hydrosulfares ; ils produisent sur la peau destaches qui, selon la concentration du soluté , sont noires, brunes ou jaunes , et qui résistent au lavage par l'eau. Les Hydro-séléniates insolables sont sans odeur et sans saveur. Tous sont décomposés par le contact de l’air, etc. (F..F.) HYDROSULFATES. ( cmm. ) Sels composés d'acide hydrosulfurique et d’une base. Tous ceux qui sont alcalins ct terreux sont solubles dans l’eau , ont ‘une saveur âcre et amère; une odeur d'œufs pourris, surtout quand on les à dissous dans l’eau : les Hydrosulfates insolubles sont insipides et inodores. Tous les Hydrosulfates sont décom- posables au feu; ceux qui sont solubles sont dé- composés par les acides forts; ceux qui sont inso- lubles sont. moins attaqués par les mêmes aci- des, etc. , etc. Quelques Hydrosulfates se trouvent dans la nature : tels sont ceux de potasse, de soude et de chaux, qui existent dans les eaux mi- nérales dites sulfureuses. (EF. EF) :HYDROSULFURES. ( cum. ) Ce sont les Hy- drosulfates évaporés jusqu’à siccité. (E::F.) HYDRURES. ( cam. ) Combinaisons de l’hy- drogène avec un métal. Jusqu’alors on ne connaît que l'Hydrure de potassium. (F.F.) HYENE, Hyæna. ( mam. ) Ges animaux, réu- nis aux Chiens par Linné, forment. maintenant un genre de la dernière section des Carnassiers digitigrades de Cuvier ; ils n’ont que quatre doigts normaux à chaque pied; mais on remarque en outre , aux membres antérieurs, un petit tubercule -osseux qui remplace le pouce. Ils sont remarqua- bles par la largeur considérable de leur tête ; leur mâchoire est courte , leur système dentaire régu- lier ; il se compose de trois fausses molaires en haut et de quatre en bas, grosses, coniques , mousses ; d'une carnassière qui, à la mâchoire supérieure seulement , offre en avant et en dedans un tubercule; enfin d’une tuberculeuse en baut; leur langue est rude, leurs oreilles très-dévelop- pées et presque entièrement nues, leurs yeux grands , leurs narines terminales ; l’écartement de leurs arcades zygomatiques , le peu de développe- ment de leur mâchoire , dénotent une grande force dans cette région ; aussi est-il presque impossible de leur arracher ce qu’elles tiennent entre leurs dents; à l’angle postérieur de la tête, on trouve une crête plus développée que chez tous les autres Carnassiers ; les apophyses dorsales sont aussi fort remarquables pour leur grandeur , ce qui, joint à la puissance de la région maxillaire, leur per- met de soulever les plus lourds fardeaux; aussi les a-t-on vues souvent emporter dans leur bouche la proie la plus lourde sans lui laisser toucher le sol ; elles se distinguent surtout des autres Car- nassiers par l'absence de l’os pénial remplacé chez elles, ainsi que chez les Protèles, suivant M. Geoffroy Saint-Hilaire , par un os placé dans Ja cavité colyloide, et découvert, par M. Serres. (Voy. l'article Dinecpues.) Tout le monde connaît les contes absurdes auxquels a donné lieu, dans l'antiquité, l’animal qui nous occupe, et que Pline, ce fidèle écho de toutes les plus grossières erreurs de son temps, a.consi- gnés dans son ouvrage, quoique avant lui, cepen- dant , Aristote eût su donner une description exacte de la Hyène et écarter une partie des croyances superslitieuses que le peuple avait concues à son égard. Néanmoins c’est ainsi que nous trouvons dans le naturaliste latin que les Hyènes savent prendre une voix humaine et appeler les hommes par leur nom; que le simple contact de leur om- bre rend les chiens muets d’épouvante; mais, sans nous arrêter à toutes ces fables, qui ne doi- vent être attribuées qu’à une sotte crédulité et à un méprisable amour du merveilleux, nous voyons - qu'un grand nombre des erreurs dont elles ont été l’objet a pour cause quelques particularités plus ou moins singulières de leur organisation. C’est ainsi que cette idée, généralemens accréditée chez les anciens, que les. Hyènes étaient hermaphro- dites , doit être attribuée à la présence, chez ces animaux, d’une petite poche glanduleuse sécrétant une matière quelque peu odorante placée, au des- sous de l'anus , et qu’on avait prise pour la vulve. Cette erreur une fois répandue , on alla plus loin, et l’on en vint jusqu’à dire que la Hyène jouissait de la propriété de changer de sexe tous les ans, La disposition des membres postérieurs de la Hyène a encore été pour les anciens, faute d’un examen convenable , la cause d’une erreur non moins grossière que la précédente ; cet animal, au lieu de tenir ses membres postérieurs relevés , à la ma- nière des autres Garnassiers, les a toujours, au con- traire, ployés sur eux-mêmes; de plus, son métatar- sien offre la même longueur que nos métatarsiens, 1.Hyene rayce. 2.Hylobate siamang . “ « —_ E.Cuorin dr HYEN HYGI et ces deux circonstances réunies donnent à l’ani- mal qui les présente une démarche irrégulière qui a fait penser pendant long-temps qu’il était natu- rellement boïteux. Cette disposition des membres postérieurs les empêche de sauter ; ils sont égale- ment impropres à Ja course, ce qui est conforme à leur genre de nourriture. Les Hyènes sont noc- turnes : elles se nourrissent de viandes qui ont déjà commencé à entrer en putréfaction ; souvent, pendant la nuit , elles s’introduisent dans les cime- tières et déterrent les cadavres pour en faire leur nourriture ; dans l'Orient, elles entrent dans les villes pour dévorer les viandes que , selon la cou- tume du pays, on jette aux portes. La Hyène se rencontre dans tous les climats chauds de l’ancien ‘continent. . Hyëxe RAyYÉE, Myæna vulgaris, représentée dans notre Atlas, pl. 250, fig. 1. Le fond de son pelage est d’un gris jaunâtre , rayé de bandes noi- res transversales sur le corps, et horizontales sur les membres ; la tête, d’une couleur assez analogue à celle du reste du corps, est variée de noir ; la gorge est noire et le reste du dessous du corps jaunûâtre; une crinière, large à Ja région dorsale, ei un peu moins dans le reste de son étendue, dis- tingue cette espèce. Elle se trouve en Perse, en Egypte, en Barbarie, en Abyssinie. Il paraît que tout ce que les anciens ont dit de la férocité des Hyènes doit être rapporté, la part de l’exagération étant faite, à la Hyène rayée ; ce n’estque bien diffi- cilement que l’on peut adoucir leurs mœurs'cruelles et farouches ; cependant on y est déjà parvenu. HYÈne TacueTÉE, Hyæna capensis, Desm; re- présentée dans notre Atlas, pl. 229, fig. 10. Gette espèce est d’un fond gris-jaunâtre , parsemé d’un grand nombre de taches d’un brun intense; les parties inférieures du cou, plus claires que les précédentes, sont d’un fauve blanchâtre ; les oreilles sont, chez elle, presque entièrement ar- ro>dies , et plus allongées que chez la précédente ; la crinière est plus petite : ce sont là des carac- tères qui la distinguent suflisamment. Cette espèce paraît être d’un plus heureux na- turel que la précédente ; certains voyageurs pré- tendent même qu'il y a des pays où elle a été dressée à la chasse comme le chien, et qu’elle montre non moins de fidélité et de reconnaissance que ce compagnon de l’homme. Les Hyènes de cette espèce qu'a possédées le Muséum étaient de mœurs douces ; celle qui y mourut dernièrement avait vécu pendant seize ans à Paris. On raconte que lorsqu'on lamena en France , en débarquant à Lorient, il arriva que, par la négligence de ses gardiens , sa porte se trouva ouverte ; elle en pro- fita pour aller aussitôt dans la campagne , mais ne fit de mal à personne, et se laissa prendre sans résistance par ceux quiallèrent la chercher. HYÈxE BRUNE, Geoffroy Saint-Hilaire. Cette es- pèce est d’un gris-brun foncé; ses jambes seulement sont marquées de raies noires. Elle habite le cap de Bonne-Espérance , où on lui a donné le nom de Loup de rivage. C’est à l’occasion de l’histoire de cette espèce que M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire a récemment publié une petite notice, dans le Magasin de Zoologie, sur les, variations de pelage présentées par les’ animaux aux diffé- rentes époques de leur vie. En partant des con- sidérations déjà si souvent présentées par ce savant naturaliste sur cette matière, et en se fon- dant sur des lois d’analogie, on était déjà porté à admettre que celte espèce qui, à l’état adulte, est complétement brune, produisait, dans le jeune âge , la disposition de couleur des espèces précé- dentes , et probablement celle de la Hyène rayée, qui, comme on sait, a des rapports avec elles : cette prévision vient d’être réalisée par l'envoi qui a été fait du Cap par M. Verreaux, neveu de De- lalande , de la jeune Hyène brune; cet individu , quoique déjà parvenu au moins aux deux tiers de son accroissement , ressemble de la manière la plus frappante à la Hyène rayée; aussi M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire considère-t-il avec beaucoup de raison les différences que la Hyène brune pré- sente par rapport aux autres espèces, comme ré- sultant de la persistance chez celle-ci de condi- tions existant d’une manière transitoire chez les autres. Cette espèce est figurée dans l'Iconogra- phie du Règne animal. On rencontre à l’état fossile, principalement dans la caverne de Koïkdale, comté d'York, un grand nombre d’ossemens qui paraissent appartenir à une espèce voisine de la Hyène rayée, mais qui s’en distinguent par la forme de la crête sagittale , par une mâchoire plus longue , et par des propor- tions plus considérables. C’est à cette espèce que Cuvier a donné le nom de yæna fossilis. ï (V. M.) © HYGIÈNE. L'Hygiène, ainsi appelée par les Grecs, est cette partie de la médecine qui s’occupe de la connaissance des choses utiles et nuisibles à l'homme. Elle traite spécialement de l’art de con- server la santé, art que les hommes ont besoin de connaître, puisqu'ils sont appelés à en faire sans cesse l'application dans un intérêt qui est le premier de tous, celui de la conservation de la santé et de la vie. L’attention de l’hygiéniste doit se fixer tantôt sur l’homme , tantôt sur les influen- ces auxquelles il est soumis : sur l'homme, pour connaître la nature , l'intensité, et surtout le dan- ger ou l'utilité des modifications qu’il éprouve; sur les influences, pour les rapprocher ou les éloigner de l’homme, pour les modifier ou les-détruire , se- lon qu’elles sont indispensables, utiles, défavora- bles ou contraires à la vie. Les choses qui exercent ‘une influence primitive quelconque sur l’économie, sont de deux sortes. Les unes sont naturellement en nous, appartiennent à notre organisalion , ef font partie de nos fonctions: tels sont les excré- tions volontaires, les mouvemens des muscles, les travaux d'esprit, les passions de l’âme , etc. Les autres sont hors de nous, comme l’air atmosphéri- que , les habitations, les vêtemens, etc., etc. Nous allons traiter successivement et le plus brièvement possible de ces deux espèces d’influences, en sui- vant l’ordre de matières si bien établi par Des- landes. Quant à la partie historique de l’Hygiène, HYGI à 18 ANG a ——————_—_—_—_—_—_—]_—— ———……— — — ———— — —— —"————""————.———— ———— ——_——_—_————— les bornes de ce Dictionnaire ne nous permettent pas de la traiter; elle serait du reste plutôt agréa- ble qu'utile en elle-même. L'influence des choses étrangères à l’économie se divise en trois classes, dont chacune est désignée par:un mot qui indique le genre de rapport de ces choses avec le corps de l’homme : 1°° classe, choses environnantes, Ctxr- cumfusa; 2° classe , choses appliquées à la surface du corps, Applicata; 8° classe, choses introduites dans les ouvertures naturelles du corps, Ingesta, Circumrusa. — Les choses environnantes sont les corps célestes, l'électricité, le calorique, la lu- mière, le son, l’atmosphère et les localités. Influence des corps célestes. — Delaplace a dit dans son Essai philosophique sur les probabilités : « Nous sommes si loin de connaître tous les agens de la nature et leurs différens modes d’action, qu'il serait peu philosophique de nier les phénomènes, uniquement parce. qu'ils sont inexplicables dans l’état actuel de nos connaissances ; seulement nous | devons les examiner avec une attention d'autant plus scrupuleuse, qu’il paraît plus difficile de les ! admettre ; et c’est ici que le calcul des probabi- | lités devient indispensable pour déterminer jusqu’à quel point il faui multiplier les observations ou les expériences, afin d'obtenir ‘en faveur des agens qu'elles indiquent une probabilité supérieure aux raisons que l’on peut avoir d’ailleurs de ne pas les | admettre. » En attendant, il faut-rejeter comme dé- | nués de tout fondement la plupart des faits et les croyances quise rattachent à l'influence directe de certains corps célestes sur l’homme. Quant à l’ac- tion directe du soleil sur les êtres vivans, elle est incontestable ; il en est de même de l’action que les astres exercent sur les eaux-de la mer, sur-l’atmo- sphère qui nous entoure et sur la masse de notre globe mis en mouvement par,la force d’attraction. Effeis de l'électricité sur l’homme. —T résulte de notre organisation qu’un grand nombre de phéno- mènes électriques, galvaniques et magnétiques doi- vent avoir Jieu en nous; cependant tous ne sont pas également appréciables et manifestes, L'homme n’est exposé à recevoir une forte décharge électri- que des autres corps de la nature, que lorsque la foudre tombe.sur lui; que lorsqu’il touche certains poissons qui, tels que la Torpille et la Gymnote, sont continuellement chargés de fluide électrique, comme principalmoyen de défense ; ou, enfin, que lorsqu'il se met en communication avec une ma- chine électrique, une bouteille. de Leyde ou une pile galvanique. L'emploi modéré de l’électricité sur l’homme est devenu depuis quelque temps un des agens thé- rapeutiques les plus puissans. Le:galvanisme est le meilleur moyen de rétablir la circulation et la res- piration chez les individus asphyxiés; il a été aussi employé avec succès dans certains cas de paraly- sie, de surdité, d’affections asthmatiques, d’en- gorgemens , etc., etc. Effets du calorique sur l’homme. — Le corps hu- main , comme tous les autres corps de la nature, tend continuellement à se mettre en équilibre de température avec ce qui l'entoure ; si les,corps qui l’environnent sont plus chauds que lui, sa chaleur tend à s'élever ; s’ils sont plus froids, elle tend, an contraire, à baisser, D’après.cela, on serait porté à croire que la température animale varie à chaque instant comme celle de l'atmosphère pure, etc. Cependant cette température est fixe intérieure- ment. Elle marque de 56 à 37° centigrades,. de:2g à 30° Réaumur, et ne saurait varier de quelques degrés sans que la mort arrivât aussitôt. L’homme a donc en Jui des sources de chaleur et des cau- ses de refroidissement capables de balancer l’in- fluence des corps extérieurs et de lui conserver la même température. La principale source de la cha- leur animale réside dans les poumons. L'air qui pénètre dans ces organes y est décomposé, et cette décomposition , comme tant d’autres, développe du calorique. Des expériences ont démontré ique le sang s’échauffe, d’un degré environ,.en iraver- sant les poumons : et comme de là il est réparti dans tout le corps, il porte partout la chaleur. Une autre source de calorique seremarque aussi dans les décompositions nombreuses et contimuel- les qui se font dansitoutes nos parties. Des solides se transforment en fluides ; des fluides se transfor- ment en solides; le sang, en fournissant les maté- riaux des sécrétions, devient bile, mucus, séro- sité, larmes, salive, graisse ; en fournissant ceux de la nutrition , äl se solidifie, et prend l’aspect.et la forme de:tous nos organes, de tous nos tissus. La troisième source du caloriqueæéside encore dans toutes nos parties, et vient des mouvemens, des frottemens.dont celles sont le siége «des chocs, des secousses qui résultent souvent de leur action : et comme une partie de ces mouvemens est sou- mise à notre volonté, .on peut dire que nous avons la faculté directe de créer ou dene pas créer une portion de notre calorique. La principale cause de refroidissement chez l’homme réside dans les transpirations pulmonai- res et cutanées. Franklin, à quid’on\doit cette dé- couverte, comparait le.corps des animaux à ces vases poreux nommés -a{carazas en usage dans les pays chauds, et qui doivent à l’évaporation, qui se fait continuellement à leur surface, la faculté de conserver frais les liquides qu'ils contiennent, A cette cause principale de refroidissement il faut en ajouter d’autres. I] est évident , en effet, que l'air inspiré étant plus froid que les organes, doit s’y échauffer et emporter avec.lui une petite quantité de leur calorique. Le corps humain doit en perdre encore par son contact avec les corps extérieurs ; mais les vêtemens, qui sont en général mauvais conducteurs,rendent celte cause de refroidissement presque nulle. La température de.nos organes étant supérieure à celle des autres corps qui nous environnent , ils doivent émettre en effet plus de calorique qu’ils n’en recoivent. De là la nécessité chez l’homme de perdre continuellement du calorique, ce qui.ne pourrait avoir lieu s’il était constamment enyironné de corps plus chauds, ou même aussi chauds que lui. Il ne peut donc conserver la santé et la xie , eu si l'on veut, cette température toujours égale qui ——————— ER Le msi===2: HYGL long-tempsrune température égale ow supérieure de quelques degrés à celle de 37° centigrades ; car il faudrait qu’ils trouvassent alors dans leurs seules ressources les moyens de se débarrasser de cet ex- cès de calorique que, dans l’ordre habituel des choses, les corps extérieurs sont destinés à leur prendre , tandis qu’on les voit vivre à l'aise et sans danger-dans les températures les plus basses. Toute: fois l'impression que les corps font sur nous par leurtempératurene:se borne pas toujours aux sen- sations du chaud et du froid. Si leur température est par/trop différente de celle de nos tissus, ceux- ci-sont affectés douloureusement , s’enflamment et peuvent être instantanément désorganisés. Aussi là première règle hygiénique à suivre consiste à xifer les températures extrêmes, et.cela en faisant l'application des moyens propres à augmenter ou à diminuer les sources della chaleur et du refroi- dissement. On-sent cependant que, pour propor- tionner ses moyens d'échauffement et de refroi- dissement aux influences extérieures, il est né- cessaire que-la nature ait le temps d’agir ;, sans cela l'équilibre serait rompu. Il faut donc.éviter aussi l'impression brusque et successive de deux tempé- ratures/opposées., en passant de l’une à l’autrepar des dégrés intermédiaires et sans trop-de rapidité, Effets de la lumière ;sur l’homme. — La lumière ét les rayons solaires exercent leur action 4° sur l'œil , 2° sur le reste de l’économie. 1°. La privation de la lumière sur l’œil a pour premier effet de provoquer le sommeil; si cette privation.est prolongée, il y a exaltation de la sen- sibilité visuelle ; alors les objets sont aperçus même dans l’obseurité la plus complète. Mais si d’un lieu privé depuis long-temps de toute lumière , on passe subitement dans un.lieu très-éclairé, on éprouve une sensation des plus douloureuses qui a quel- quefois pour résultat la perte de la vue. Les mé- mes inconvéniens résultent de l’effet d’une lumière trop vive. Aussi la cécité est très-commune dans les lieux où l’on ne rencontre que des-objets qui réfléchissenten abondance les rayons lumineux, et oùle-sol est couvert,soitide sables blanchâtres, soit de neiges éternelles. On assure ;que les ayeugles abondent danses climats glacés du nord,,et dans | les déserts brûlans de l'Afrique. Les ouvriers qui, par leur profession , ont presque continuellement les yeux frappés par une vive lumière , sont très sujets à la goutte sereine, En sun mot, tous les moyens qui ont pour effet de rapprocher les rayons lumineux, d'accroître l'intensité de la lumière, fi- missent souvent par conduire, à l’amaurose com- plète. t Les couleurs ont aussi une action plus ou moins prononcée sur la vue. Le noir. qui absorbe tous les rayons lumineux, est par.cela même la couleur,qui fatigue le plus: le blanc, qui, au contraire, les ré- fléchit tous, vientaprès. Le rouge est.aussi une des couleurs les plus fatigantes. Celles de toutes enfin 79 | HY GI qui causent. à l’œil le moins. de fatigue, sont le jaune , le. bleu , et surtout le vert. - 2° L'action de la lumière sur la peau et le reste de l'économie n’est pas moins sensible. Les per- sonnes qui passent la presque. totalité de leur vie dans des lieux privés de lumière , ont en général la peau blanche, décolorée ; les chars molles et dans un état de bouflissure : ils manquent d’éner-, gie.et présentent beaucoup d’autres traits de res- semblance avec les sujots chlorotiques. Les indi- vidus qui habitent les rues basses et étroites, les rez-de-chaussée obscurs, les caves, enfin les lieux où la lumière ne pénètre qu’à peine, ont à peu près le même aspect.et les mêmes çaractières. Cet état. a la plus grande analogie avec,celui qu’on. nomme étiolement dans les végétaux ; il a même reçu sou- vent cette dénomination. Lorsque la peau est ha- bituellement exposée aux rayons du soleil, elle prend des caractères bien différens de ceux que nous venons de signaler; elle se colore , se couvre souvent de taches de rousseur, devient rugueuse, dure, épaisse et ridée, L'action instantanée des rayons solaires sur la peau peut aussi, pendant la chaleur de l'été , faire naître un érysipèle, appelé coup. desaleil, Le moment de la sortie du bain est celui où l’on reçoitavec.le plus de facilité des coups de soleil, maladie qui , dans certains cas, est très- grave et quelquefois même mortelle. . D’après ce que nous venons de dire sur les effets dé la lumière, on ne saurait trop blâmer les per- sonnes qui ont la mauvaise habitude de veiller la nuit.et de dormir le jour. Enfin, il faut éviter tout ce qui fatigue la vue, car on ne peut la fatiguer souvent sans s’exposer {ÔL ou tard à la perdre. Effets duson chez l’homme.—Les sons ne se trans- mettent que par suite des vibrations de l’air at- mosphérique. Le son a donc une action physique sur nous, une action qui a beaucoup d’analogie avec le choc, et qu'ilest bien important de dis- tinguer d'avec l’impression qu’il produit sur notre esprit et sur nos sens. L'effet physique du son est toujours proportionné à son intensité; faible lorsqu'il n’y a que des sons faibles de produits ; considérable quand les oscil- lations sonores ont beaucoup d'énergie. On sait jusqu'où peut aller l’action destructive d’une forte détonation sur les choses qui sont à Ja surface du globe. Percy raconte que lors de la retraite des lignes de Mayence , on fit sauter sans précaution trente-huit caissons d'artillerie qu’on ne voulait pas laisser tomber au pouvoir de l'ennemi. La dé- tonation fut épouvantable ; les clochers des égli- ses de quelques villages, voisins furent ‘abattus, et , dans la commune, seule ,d’Ober-Ingelheim , il y eut quatre femmes en couches qui moururent dans les convulsions, et trois déjà avancées dans leur grossesse qui avortèrent. Cet effet de fortes détonations sur les femmes grosses , semble tenir autant à l'influence morale, à la frayeur pour mieux dire, qu’à la commotion phy- sique de l’abdomen, par suite des oscillations vio- Jentes que l’air éprouve dans ces explosions. On a prétendu que.les fortes détonations, soit du ton- nerre, soit de la poudre, faisaient mourir les pois- sons. L’arsenal de Paris ayant sauté en 1558, les fossés pleins d’eau qui l’entouraient, et la Seine dans une grande étendue, furent couverts de poissons morts: Si les faits sont exacts, l’action physique sembleraitseule avoir agi dans ces circonstances. : Les militaires et surtout les artilleurs sont très- exposés aux crachemens de sang, à la surdité surtout; il en est qui ont la membrane du tympan déchirée , et qui font passer la fumée de la pipe par l'oreille en la forçant de parcourir un conduit mem- braneux, la trompe d’Eustache, qui fait commu- niquer la cavité buccale avec la cavité de l’oreiïlle, ou tambour, recouvert dans l’état normal par la membrane tympanique. On ne saurait trop éviter les fortes détona- tions, les personnes faibles surtout, celles qui sont sujettes aux hémorrhagies ou aux affections chroniques de la poitrine. Le tamponnement des oreilles est donc nécessaire quand on sait que l’on peut-être exposé à entendre de très-près de fortes détonations. Il est permis aussi à ceux qui. font leurs premiers exercices dans l’arme de l'artillerie de s’étouper, c’est-à-dire de mettre dans le con- duit auditif de la laine ou du coton jusqu’à ce qu’ils se soient habitués au bruit du canon. * Relativement à l’influence morale et sensitive des sons, la perception qui résulte de la vibration d’un corps quelconque, peut être désagréable où agréa- ble. Les sons trop intenses causent du malaise, de la douleur toujours proportionnée à la susceptibi- lité du sujet. Les sons graves , au contraire , pro- duisent des effets différens , ils provoquent l’inac- tion et le sommeil. La répétition en mesure et à des intervalles tou- jours égaux des sons, a un grand pouvoir sur la régularité et l'énergie des mouvemens musculaires. Il est généralement reconnu qu’on éprouve moins de fatigue lorsqu'on marche au son du tambour. Les danses si périlleuses sur la corde, le seraient bien plus encore sans l'intervention d’une musique ayant un rhythme bien prononcé. M. Amords, dans son admirable établissement gymnastique qu’il a fondé à Paris, fait chanter ses élèves pendant qu’ils se livrent à leurs exercices , et l’expérience lui à montré que cet usage donnait à ses disciples plus de force, d'adresse et d’agilité. On a tiré parti de cette faculté qu’ont les sons de remuer l’âme, d’exciter en nous des sensations plus ou moins fortes et plus où moins agréables. ‘Ils ont été combinés de manière à produire plus efficacement cet effet, et à donner à volonté tel genre d'émotion plutôt que tel autre. Cet‘art de combiner les sons est ce que l’on appelle musique. Tout le monde sait combien est grande la puis- sance de la musique sur le moral. Un air militaire enflamme le soldat , et le porte à des faits d’armes extraordinaires en lui communiquant un courage factice ; mais ce courage ne lui fait pas moins bra- ver Jes plus grands dangérs et accomplir les'entre- prises les plus périlleuses, ‘ pa QU LE “;, Le genre d'émotion ’qu’éveille la musique a “quelquefois aussi ‘porté, les’ hommes aux! actes HYGI les plus atroces, sans doute à cause du senti- ment pénible qu’exercent sur notre organisme les sons si désagréables de certains instrumens. Le corps de chasse, entre autres, est, pour toutes les personnes (sauf celles qui ont la monomanie d’en donner), le plus ingrat et le plus inepte que l’om puisse entendre, surtout dans les villes, où l’auto- rité devrait veiller plus qu’elle ne le fait à suppri-- mer les abus. Ainsi donc le bruit, les cris, les détonations- subites, et ces instrumens criards qu’affectionnent en général les hommes des montagnes et des bois, ou ceux d’une classe peu élevée , doivent être éloi- gnés du lit des malades, si faire se peut. Une mu- sique agréable qui parle fortement à l’âme peut, au contraire, avoir les résultats les plus avanta- geux si l’on sait en profiter. On trouve, dans les mémoires de l’Académie des sciences , une obser- vation par Dodard d’un musicien qui fut guéri d’une fièvre violente par le plaisir que lui fit éprouver un concert qu’on lui donna dans sa chambre. Il serait facile de citer un grand nombre de faits de ce genre, qui tous tendraient à admettre que la musi- que a sur l’homme une action plutôt utile que nui- sible, sauf les exceptions qui sont relatives aux constitutions faibles et nerveuses à l’excès. Effets des propriétés physiques de l'air sur l'homme. — Le degré de pression atmosphérique qui paraît le mieux convenir à l’homme, est celui qui tient la colonne de mercure dans le baromètre à 28 pou- ces d’élévation. Il est un point de hauteur dans l'atmosphère où l'air est devenu si rare que ni l'homme, ni les autres animaux, ni même les vé- gétaux ne pourraient y subsister. M. Gay-Lassac, qui, en 1814, partit dans un aérostat, s’est élevé: à 3,600 toises,'hauteur prodigieuse et la plus con— sidérable à laquelle l’homme soit parvenu. Ce n’est pas, toutefois, sans éprouver quelque incommo- dité qu’on se soustrait ainsi à une partie du poids supporté habituellement. La simple varia- tion barométrique influe de la manière la plus évi- dente sur l’exercice de nos fonctions. Quand le baromètre s’élève, quand par conséquent la pe- santeur atmosphérique augmente, l'exercice de nos fonctions s’exécute avec plus d'énergie, et on éprouve un sentiment bien prononcé de force et de bien-être ; quand , au contraire , le baromètre des- cend d’une quantité un peu considérable, nous ressentons de la gêne et de la fatigue, nous avons une disposition au repos qui nous fait trouver le temps lourd , parce que nous attribuons mal à pro- pos à une ‘surcharge atmosphérique ce qui tient seulement à notre inaptitude à exécuter des mou- vemens. Duhamel a remarqué qu’au mois de dé- “cenibre 1747, le baromètre ayant baïssé, en moins de deux jours ; de 1 pouce et 4 lignes, ce qui fai- sait, à l'égard de l’homme , une différence de près de1,40olivres dans lé poids de l'atmosphère ; il y eut beaucoup de morts subites.! : IL est aussi d'observation que les habitans des hautes montagnes sont plus exposés aux affections de poitrine que ceux qui vivent dans.les plaines ; de telle sorte qu’il faut toujours préférer une pres- sion 2 HYGI sion atmosphérique qui fait monter le baromètre au dessus de 28 pouces. L’air a aussi des proprié- tés chimiques sur l’homme. On a reconnu qu'il était formé sur 100 parties de 21 d'oxygène et de 79 d'azote , à part une petite partie d'acide carbo- nique, et que ces proporlions pouvaient varier sous l'influence d’un grand nombre de causes. Ainsi, par exemple, l'air entre et sort des pou- mobs par des mouvemens alternatifs qu’on appelle inspiration et expiration , et, chaque fois qu'il y pénètre, il y subit une véritable décomposition. À sa sortie des poumons, ses élémens ne sont plus dans le même rapport : il a perdu une partie de son'oxygène, et contient une certaine quantité d’a- cide carbonique qu'il ne présentait pas auparavant. Des phénomènes semblables à ceux qui se passent dans la poitrine ont aussi lieu à la surface de la peau. Il ÿ a, d’une part, disparition d’une partie de l'oxygène de l’air, formation d’acide carboni- que; les proportions d’azote ne paraissent pas changer. L'air atmosphérique exerce donc une telle influence sur l’économie animale, qu’il est indispensable à la conservation de Ja vie. [1 faut, pär conséquent, éloigner toutes les causes ca- pables d'empêcher l'air d'arriver jusqu'aux pou- mons,let faire en sorte que celui qui y arrive n’ait subi aucune altération. Les salles où beau- coup de personnes ont l’habitude de se réu- nir, doivent être aérées ; il faut que des courans y soient établis de manière à ce que l’air qu’elles con- tiennent soit nécessairement renouvelé, Sans ces précautions on est continuellement exposé aux dangers les plus grands ; ainsi que le prouvent une foule d'exemples. E ffets de latempératureatmosphériquesur l’homme. — L'influence de la température n’est évidente que lorsque le contact de l'air produit soit l’im- pression du chaud, soit celle du froid sur nos organes. Dans les temps chauds, et surtout quand on se livre à de grands exercices, la bouche , l’arrière- bouche se sèchent ; la soif se fait sentir et acquiert une intensité proportionnée, en général, à la quan- tité de sueur que verse la peau. L’appétit est moins vif; on a de la répugnance pour tous les alimens échanffans, pour ceux qu’on tire du règne animal, et pour les liqueurs fortes : on préfère les alimens doux, acides, végétaux, tels que la plupart des fruits de nos climats, ainsi que les boissons fraîches et aigrelettes. La faiblesse des digestions est en rap- ort avec celle de l'appétit. Pendant l'été les maladies de l’appareil digestif sont plus, fréquentes, ce qu’il faut peut-être au- tant attribuer aux émanalions dont cette saiscn charge l'atmosphère qu’à l’action directe de la cha- leur. La circulation est modifiée en été, le sang est plus répandu à la surface des organes : les veines sont plus grosses, le pouls plus développé. L'éléya. ion dela température de l’air produit la coloration plus: forte de la face, les pesanteurs de tête, le:som- meil, Ja fréquence et la gêne de,la respiration; enfin le pouls est plus rare ou plus fréquent suivant T. IV. 8x HYGI que le cerveau est ou n’est sang qui y afilue. L’exhalation de la sueur et la transpiration pul- monaire sont d'autant plus nécessaires et abon- dantes dans les temps chauds , que c’est le prin- cipal , sinon le seul moyen dont l’économie se sert pour se débarrasser de son excès de calorique ; leur suppression, que la moindre cause déter- mine, est presque toujours suivie de maladies fort graves. Les climats chauds agissent sur la constitution elle-même , et la précocité des différentes périodes de la vie a fait dire avec raison que l'espèce hu- maine se dépêche de vivre dans les pays à haute température. Le froid est une sensation que les corps nous font éprouver toutes les fois qu’ils nous prennent trop de calorique. L'air nous paraît d'autant plus froid que la température est plus basse, qu’il suc- cède à un air plus chaud , et que nous sommes moins en mesure de remplacer le calorique qu'il nous enlève. L'effet du froid modéré est de donner, à toute læ constitution, de la force et de l'énergie, en même temps qu’un appétit vif, des digestions faciles, ete. Le froid excessif détermine la mort générale, Ja mort locale, ou seulement un état de mort appa- rente, ou bien encore la perte de la sensibilité dans un point quelconque de la peau. Il faut agir avec beaucoup de prudence lors- qu’on veut rendre du calorique à l’économie au moyen des corps extérieurs. La plupart des enge- lures , des crevasses, viennent de ce qu’on a ex- posé les parties qui les présentent à une chaleur forte lorsqu'elles étaient très-refroïdies. C’est sur- tout dans le réchauffement des personnes et des membres gelés , qu’on doit agir lentement et avec- précaution. Sion s’empressait d'appliquer des corps très-chauds sur des surfaces extrémement re- froidies, comme les liquides sont beaucoup plus dilatables que les solides, le sang, les humeurs augmenteraient promptement de volume , feraient effort contre des vaisseaux incapables d'agir, et en rompraient inévitablement un grand nombre, ce qui ne serait pas propre à ranimer la vie dans les tissus où ce désordre aurait lieu. On commen- cera donc par couvrir les parties refroidies de manière à mettre un terme à l'enlèvement du ca- lorique. Puis on cherchera à ranimer la circulation et la respiration par des frictions faites sur la ré- gion du cœur, soit avec des liqueurs spiritueuses, soit avec de la neige fondante. À mesure que Ja chaleur se fera sentir, on devra faire des applica- pas comprimé : par le tions de linges légèrement échauflés, sur la peau. On élevera aussi peu à peu la température de la pièce dans laquelle le sujet aura été placé, etc. L'influence que l’air peut exercer sur l’homme ne se borne pas aux variations de la température : l'air peut être vicié, 1° par des poussières ; 2° par les émanations : dans le premier cas ; si les ma- tières pulvérulentes s’attachent sur la peau, elles forment; avec la sueur, une crasse épaisse qui ne peut qu’irriter celte membrane. Si elles.se trou- 251° LIVRAISON. 11 HYGI vent en contact avec les membranes muqueuses , elles irritent les yeux, l’intérieur des narines, la gorge et les bronches. Les maladies qui résultent le plus souvent de l’inflaence de ces agens, sont des toux opiniâtres ; la phthisie, le crachement de sang, l'asthme, etc. Il est donc nécessaire d'éviter les poussières les plus ténues, celles sur- tout qui proviennent de certaines matières mé- talliques , de sels de cuivre où d’arsenic, ou de quelques matières soit animales, comme les can- tharides , soit végétales, comme l’aconit, la bel- ladonne , la jusquiame , le tabac desséché, etc. Pour ce qui a rapport aux émanations , les unes sont le produit d’une destruction moléculaire, ou d’une sorte d'évaporation , et prenñent le plus souvent le nom d’odeurs; d’autres s’échappent des entrailles de la terre, soit par la surface da sol, soit des mines, des groltes, etc. Il en est qui résultent des décompositions que nous opé- rons au moyen des réactifs ou par le feu dans nos travaux domestiques, chimiques ‘ou indüstriels, Les décompositions spontanées, qui ont lieu par suite du contact des substances organiques pri- vées de la vie, avec l'air et l'humidité, et qui ont été appelées fermentations pütrides , alcooliques, accteuses, etc., produisent également des émana- tions. Îl encest enfin qui sont exhalées directement par les tégumens des animaux sains ou ma- lades. Toutes les émanations agissent sur l’homme, 1° par explosion quand on les enflamme; 2° par la manière dont elles affectent l’odorat ; 3° en irri- tant les surfaces qu’elles touchent; 4°en prenant la place de lair respirable; 5° en pénétrant, par Fabsorption , dans l’économie et en y portant le trouble ou la mort.’ Lesrègles hygiéniques se rattachant aux hommes qui sont ou qui peuvent êtreexposés à l’action des émanations, sont de deux sortes. Les unes ont pour but de préserver l'homme de l’action des miasmes, et les autres dele mettre en état de résis- ter à leur action. Sauf certaines odeurs qui peuvent être agréa- bles ct peut-être mêmes uliles, les miasmes sont constamment nuisibles, et il est de règle de les éviter tous autant qu’on le peut. Jamais ilne faut pénétrer dans un lieu qui pour- rait être méphitisé, sans s’assurer à l’avance si l'air qu'il contient est respirable, et c’est à quoi Von parvient, soit en y plongeant un corps en combustion, soit en y plaçant un ‘animal vi- vant. Toutefois, la continuation de la combus- tion est loin d’être une preuve de l'innocuité de l'air dans lequel elle a lieu. Mais toute incertitude cesse quand, après avoir plongé un animal de petite stature, ‘un chien, un chat, dans une fosse ou tout autre liéu qu’on sup- pose méphitisé, cet animal continue à vivre. ApPpzicATA. — Ces choses sont les bains, les vêtemens, les principes contagieux et les animaux venimeux. Effets des bains sur l’homme, — Les ‘bains peu- vent se prendre dans un liquide ; dans une étuve 85 | HYGI | sèche ou humide, dans du sable, éte. On les à pris quelquefoïs dans des infusions ou décoctions végétales, dans de l'huile, du vin, du lait, du marc de raïsin, du marc d'olives, dé l’eau de tri- pes, etc, ; maïs le seul liquide dont on se sert en Hygiène est l’eau, L'influence que les bains d’eau ont sur l'homme, relativement au poids du liquide, est subordonnée à la force de la constitution du sujet. Ge poids cause à beaucoup de personnes de l’oppression et du malaise, surtout aux plongeurs qui supportent une pression considérable et prôportionnée à la hauteur de la colonne de liqaide :qu'ils ont au dessus d’eux.| Quant aù phénomène d’absorption de l’eau, Falconner porte jusqu’à trois livres par heure ce qu'un adulte peut absorber d’eau dans un bain tempéré. Gest aussi par suite de l’imbi- bition de l’eau que la peau des mains et des pieds se ride, se gonfle dans le bain, ét que son fréquent usage assouplit et adoucit cetté membrane. L’im- mersion du corps dans l’eau empêche le contact de l’air Sur la peau. Le bain agit encore dans ce cas en s’opposant à cette décomposition de l’air qui se fait à la surface de la peau , et dont il a déjà été question. Les bains tièdes surtout ont l’avan- tage de faciliter et d'opérer le nettoiement de la peau, ét c’est là un des plus précieux résultats des baïns en général. Ils ‘agissent enfin sur nous par leur température, comine le ferait tout autre milieu dans lequel nous serions plongés. Si l’eau ést d’une température supérieure à la nôtre, elle nous donne du calorique; si elle estlinférieure, elle nous en prend ; et, de même que l’atmosphère, elle nous paraît froide, tempérée ou chaude, selon qu’elle nous en enlève plus où moins, ou qu'elle nous en transmet davantage. Il n’y a entre les effets des bains d'eau et ceux de l'air chaud, qu'une différence d'intensité, IL est facile de concevoir que, les liquides ayant plus de densité que les fluides gazéux, et présentant aû Contact un plus grand nombre de molécules dans une étendue détérminée; la soustraction et l’addition du calorique doivent se faire avec plus d'énergie. G’est pour cette cause que l’eau nous fait toujours éprouver une sensation de chaleur ou de froid beaucoup plus considérable que ne le ferait l’air ou tout aütre gaz à la même tempé- rature. Les épithètes de froid, de chaud et de tem- péré, qu’on applique ‘aux bains, ne représentent pas le degré de température du liquide , maïs seu- lement l'impression qu'il fait sur la peau; cette mémbrane doit donc ‘être considérée comme le thermomètre le pluspropre à mesurer la chaleur des bains. Tel qui est chaud pour une personne, est froid';pour une autre. Cependant, en général, | Jés bains sont froids‘au dessous de 15 à 20° R., et chauds au dessus de 25 à 30°. Les règles communes sont, 1° de ne jamais se plonger dans un bain quelconque ‘pendant la digestion; 2° de ne pas y entrer élant ef sueur; 3° de ne jamais se plonger subitement si la température n’est modérée; 4° les femmes, à l’époque de leur menstruation, doivent s’ab- stenir de se baigner; 5° enfin il faut toujours se hâter de s’essuyer en sortant du bain. L'eau qui reste à la surface du corps ne tarde pas à paraître froide à cause du calorique qu'elle lui prend pour se vaporiser. Le bain froid est nuisible aux personnes qui ont des éruptions, des sueurs partielles, fétides ; aux sujets qui n’ont pas de-moyens de réaction suflisans, comme les vieillards , les individus faibles , convalescens, les trop. jeunes enfans ; aux personnes disposées aux congestions sanguines, à l’apoplexie, à l’ané- vrysme, aux rhumatismes , etc. Quant aux bains très-chauds, ils ne peuvent être utiles dans aucune circonstance. Le bain tiède est donc celui qui a le moins d’inconvéniens , qui fournit le plus de liquide à l’absorplion , qui calme et qui délasse le mieux ; mais en même temps il énerve, il affaiblit , lors- qu'en en fait un trop fréquent usage, Effets des vêtemens , et règles d'Hygiène qui s'y rattachent. — Le principal avantage que l'on re- tire des vêtemens est celui de conserver au corps le degré de température qui lui est nécessaire, Ils sont, aussi utiles en nous préservant du choc des corps extérieurs. Comme l’air atmosphérique est presque toujours d’une température inférieure à lanôtre , les vêtemens les plus chauds sont ceux qui, étant mauvais conducteurs du calorique , conservent long-temps la chaleur qu’ils ont prise à l’économie, et ne la cèdent que diflicilement aux corps extérieurs, Tels sont les vêtemens de - coton, et surtout ceux. de laine et de soie : tels | | | à | | | | sont encore ceux d’étoffes poreuses et lâächement tissues. Les vêétemens les plus frais , au contraire, sont minces, serrés , et composé de matières qui, par leurs propriétés conductrices , ne s’opposent que faiblement à la déperdition de la chaleur ani- male. La couleur des vêtemens n’est pas indifférente. Ceux. qui. sont blanes réfléchissent à la fois les rayons de calorique qui viennent du dehors, et ceux que notre surface tend à projeter sur les corps extérieurs ; ils agissent donc en nous ren- voyant , d’une part, la chaleur qui nous quitte, et; de l’autre, en repoussant celle qui nous arrive. ILen résulte que les vêtemens blancs sont les plus frais quand nous recevons directement les rayons dusoleil ou ceux d’un brasier ardent, tandis qu'ils sont: les. plus chauds, lorsqu’entourés de corps d’une température inférieure à la nôtre, il y a pour nous plus à perdre qu’à gagner dans l’échange de:galorique que nous faisons avec eux. Un: vêtement exactement appliqué sur la peau emconserve mieux la chaleur que celui qui laisse Pair: circuler à la surface de cette membrane : aussi préfère-t-on les vêtemens larges en été. Des linges mouillés ne doivent, dans aucun cas, rester à la surface du corps; jamais il ne faut attendre, pour se dépouiller d’une chemise mouillée, qu’elle soit devenue froide. En comprimant avec plus ou moins de force les parties sur lesquelles ils sont appliqués , les vête- HYGI mens peuvent avoir pour conséquences des acci- dens très-graves et même mortels. ‘ Le corset qui resserre à la fois deux cavités, la poitrine et le ventre, dont le volume varie sans cesse, apporte par celte compression, des entraves à Ja digestion, à la circulation, et à la respiration. Rien de plus dangereux en effet qu’un corset trop serré, surtout après le repas ; lorsque labdomen est distendu, lorsqu'on est dans cet état de pléthore momentante qui ac- compagne le travail digestif, ou lorsque les fluides sont raréfiés par un exercice violent ou par une atmosphère très-chaude. La crayate trop serrée a le même inconvénient que le corset ; elle gêne les mouvemens du larynx et nuit à la force , à la flexibilité et à la beauté de la voix; elle comprime les veines du cou, et a souvent déterminé, de cette manière , des conges- tions cérébrales mortelles. Enfin les chaussures irop étroites ont, parmi tous les autres inconvéniens , celui de déformer le pied. PrinciPes conTaciEux. — Nous entendons par là désigner les maladies dont la cause matérielle, dont le principe morbifique est susceptible d’être transporté, de pénétrer, par l’absorption, dans le corps d’un autre individu et d’y déterminer une maladie , sinon semblable quant à sa forme, du moins identique dans sa nature. Si l’on pouvait remonter des individus contagiés à ceux d’où vient la contagion , on'finirait inévi- tablement par en trouver un ou plusieurs qui ne l’auraient recue de personne. Le virus a dà se dé- velopper chez eux par une action vicieuse des or- ganes, ou pénétrer dans l’économie, comme le font tous les miasmes. Il est des virus dont l’origine nous échappe: ilen est d’autres qui semblent se reproduire à certaines époques, sans que nous puissions reconnaître d’où ils viennent et comment ils viennent. Nous avons enfin des maladies contagieuses qui naissent de causes évidentes; ce sont celles qui proviennent des foyers d’émanations. La première règle d'Hy- giène consiste à détruire ces foyers et à prévenir ainsile développement des maladies qui se propa- seraient ensuile par contagion. Les maladies contagieuses sont de deux sortes : les unes ne peuvent se communiquer qu'autant qu'il y a contact immédiat avec les parties qui fournissent le virus : telles que la gale, la pustule maligne , la rage, la syphilis, la vaccine, elc.;.les autres sont susceptibles non seulement de se communiquer de cette manière, mais encore de se transmettre par l'intermède de l’air: telles que la peste, la fièvre jaune, le typhus , les fièvres éruptives, etc. etc, * Pour ce qui regarde les animaux venimeux, on sait que la piqûre de l’Abeille et celle de la Guêpe déterminent des symptômes quelquefois très-gra- ves, et qu’il faut laver la partie blessée avee de l’eau vinaigrée ou salée; que celle de lAraignée est moins à redouter et:se combat par les mêmes HYGI 84 HYGI moyens. La piqûre du Scorpion produit le même effet que la morsure de la Vipère; il faut par con- séquent la cautériser immédiatement avec un fer rouge. InGssra. — Ges choses sont celles qui pénè- trent dans l'appareil gastro-intestinal. Les unes déterminent constamment , à une certaine dose , des accidens graves ou même la mort; on les ap- pelle poisons. Les autres ont pour effet de rétablir la santé, on les appelle médicamens. Celles qui, à raison de leur liquidité, apaisent la soif et fournis- sent des matériaux à la réparation de la partie aqueuse de l’économie, sont appelées boissons. Les substances, soit solides, soit liquides , qui fournis- sent des malériaux à l’animalisation s’appellent alimens. Enfin on donne le nom de condimens à celles qui corrigent ou qui modifient les substances alimentaires. De toutes ces divisions, que renferme Ja troi- sième partie de l’'Hygiène , la plus importante est celle qui est relative aux alimens. Toutefois, nous nous abstiendrons de donner des règles générales à cet égard. Il est impossible, en effet, d'établir l’échelle de digestibilité des substances alimentai- res, puisqu'elle consiste dans le mode de sensibi lité de l'estomac, mode qui varie à l'infini chez les divers individus, et qui fait que telle substance n’est pas supportable pour telle personue , tandis qu'elle est légère et facile pour telle autre. (ay. pour plus de détails les mots Arimens, NuTRITIoN, TEMPÉRANCE , TEMPÉRAMENT. ) (M. S. À.) HYGIÈNE RURALE. La vie rurale est une vie d'habituelle activité qui développe promptement les forces physiques , les met sans cesse en jeu, et par conséquent en use bientôt les ressorts. Exposé dans tous les instans aux intempéries des saisons, au choc des vents, au passage subit du chaud au froid, d’un air sec à la pluie, l’homme des champs se faconne de bonne heure à la fatigue et se fait du travail un devoir. pressant. Mais pour que le travail entretienne la vigueur de l’âme, pour qu'il donne la santé, pour qu’il soit une source de satisfaction, et le compagnon fidèle d’une existence douce, agréable, heureuse, il faut qu’il ne soit pas excessif ni trop long-temps soutenu. Ce point est particulièrement essentiel pour les terrassiers, les vignerons , le cultivateur appelé à manier la bêche , la houe , la pioche, la faux, etc., que le genre de leurs occupations oblige à des ef- forts presque continuels, à se tenir courbés , et les expose à éprouver-de la raideur dans les membres, à perdre Ja sensibilité des mains , etc. D'ailleurs, tout ce qui n’est point proportionné à l’état actuel de l'individu, à son âge, à la température atmo- sphérique, menace incessamment la santé, déter- mine des perturbations plus ou moins graves, “amène les infirmités déchirantes-et une vieillesse prématurée, toute misérable. La vie n’est plus alors qu’un lourd fardeau. Limitée comme elle l’est à un petit nombre d’années, est-il juste de voir la première colonne du temple ‘social ruiner «ainsi sa propre existence, qu’il a dévouée au bien- être de tous? souffrirons-nous encore, comme aux temps atroces de la féodalité, que le nourricier de la patrie soit aussi cruellement puni de ses sueurs, Sans qu’une main amie s’interpose entre le devoir et intérêt, pour lui dicter une règle de conduite, pour lui montrer ce qu’il peut faire pour diminuer les fatigues inséparables de l’ex- ploitation des terres et de l'éducation des animaux domestiques ? Dansmon Manuel du Vigneron fran- çais , j'ai rempli cette tâche de la reconnaissance envers celui qui s’adonne à la culture de la vigne ; je vais le faire aujourd'hui pour l'homme des champs, et afin d’être le plus succinct possible et en même temps bien compris, je divise ce que j'ai à dire en deux sections : l’une extérieure traite des travaux distribués d’après les saisons ; l’autre intérieure, a rapport à l'habitation, aux vêtemens , à la nourritcre , au repos, aux inclina- tions et aux infirmités. L Travaux. — 1° Durant l'hiver les travaux rustiques sont généralement suspendus en nos contrées septentrionales ; il n’en est pas de même pour les parties intermédiaires et méridionales ; pour elles c’est le temps des labours, ou, pour me servir d’une expression de Rozier, c’est la sai- son de préparation et de réintégration. Tandis que , à, l'homme des champs ouvre de profonds sillons à l'effet de ramener sur le sol l'humidité qui s’est évaporée pendant l'été, de mettre toutes les molécules terrestres en contact avec l’atmo- sphère , de faciliter l’infiltration des eaux, la dé- composition des sels, et, par l'addition des famiers et des amendemens, rendre plus intimes, plus ac- tifs les élémens des prochaines productions; dans les régions où la neige et la gelée contraignent à un repos forcé, l’on doit s'occuper des travaux intérieurs , à réparer les instrumens de culture, à nettoyer les semences que l’on confiera plus tard au sein de la terre. C’est surtout durant les longues soirées que le père de famille est intéressé à don- ner l'exemple du bon emploi du temps ;'et, au lieu de ces traditions mensongères et ridicules , de ces aventures romanesques , de ces préjugés grossiers dont on surcharge l'imagination des hommes cré- dules, d’une jeunesse toujours avide du merveil- leux , il doit faire remplir les heures du repos et du travail pardes lectures choisies propres à verser les lumières de l'instruction sur tous les actes de la vie publique et privée, à allier les progrès de la raison et de l’industrie à la conservation des bonnes mœurs , à l’amour de la patrie, à l’accom- : plissement de ses devoirs comme fils, comme époux, comme pères, comme citoyens. C’est en portant l'attention sur des faits utiles, sur des exemples bons à suivre, sur des améliorations à adopter, sur des ouvrages écrits consciencieuse- ment et dans l'intérêt du pays, que l’on augmente réellement sa fortune , et que l’on assure la mora- lité du riche et du pauvre, de celui qai fait valoir par lui-même et de celui qui lui prête ses bras pour jouir d’une parcelle de son bien. Nous avons dans deux communes du départe- ment de l'Oise, Ermenonville et Liancourt, la HYGI HYGI preuve des bons effets de l'instruction puisée pen- dant la saison morte. Là, chacun sait lire, écrire et compter; l’ivrognerie qui dégrade l’homme, le jeu qui mène à tant de crimes, la débauche et l’oisiveté qui déshonorent les familles, ne trouvent à qui s’adresser. Chaque famille possède un coin de terre qu'elle cultive avec som, auquel elle donne de la valeur par des assolemens bien enten- dus; ct, durant l'hiver, elle profite des économies de l’année, elle jouit des fruits légitimes de son travail : aussi n’y voit-on pas de pauvres. Aux environs de Saint-Claude, département du Jura, les cultivateurs, forcés au désœuvrement par la rigueur de la saison , s’occupent à faire des peignes et aulres ouvrages en buis. Ceux des envi- rons de Saint-Etienne , département de la Loire, et d’Abbeville, département de la Somme , s’adon- nent à la quincaillerie ; dans quelques autres loca- lités , ils se font tisserands , ils préparent des toiles, des draps grossiers , etc. Celte union des travaux agricoles et des travaux des arts est sans inconvé- nient aux pays où durant l'hiver il est impossible de suivre les opérations de culture : elle augmente V'aisance; mais elle serait incompatible partout ailleurs et pourrait même finir par être nui- sible. Les précautions hygiéniques les plus essentielles à prendreenhiver sont de se bien couvrir, afin d'offrir plusde résistance au froid, et surtout à l’hu- midité qui menace sans cesse; dese livrer à la danse, au tir, à la course, aux exercices modérés, pro- pres à soutenir les propriétés vitales et à dévelop- per une certaine dose de chaleur; de se nourrir convenablement de viandes; le jeûne et l’absti- nence sont alors de véritables attentats à la santé, qu’il faut laisser aux fanatiques, aux superstitieux ; des alimens substantiels sont indispensables, on doit corroborer l’estomac par des toniques, du bon vin et d’autres boissons spiritueuses. N’en abusez pas : l’intempérance est nuisible, et comme la saison actuelle refoule tout en dedans , on ne tarde pas à en être puni par des inflammations +iolentes, Laissons l'hiver augmenter la mortalité, par l'impuissance où sont les constitutions faibles de résister à ses effets, mais n’aidons point, par notre faute, à nous précipiter hors de la vie. : 2 Le printemps exerce sur le physique et sur le moral une influence remarquable, L’appétit est plus vif, la digestion presque aussi aclive, aussi facile qu’en hiver ; l'habitude du corps gagne en énergie ; les battemens du cœur deviennent plus précipités , l’impulsion artérielle en est plus forte et le cours du sang plus rapide; sa masse est augmentée ; elle tend incessamment à faire irrup- tion au dehors , par suite de l’état pléthorique des organes. [l résulte de cet ensemble de phénomènes un accroissement remarquable de forces et d’acti- vité du système musculaire , et augmentation d’é- nergie pour les facultés intellectuelles. Ils sont très- sensibles , ces eflets, sur les enfans etles adolescens ; la jeune fille, en s’ornant de l’humble violette, dela douceprivemère, sent ses joues se colorer et son sein doucement palpiter ; le vieillard lui-même sort de sa léthargie et retrouve encore une fois les illusions du premier âge. D'un autre côté , le printemps favorise le déve- loppement de plusieurs maladies dangereuses ; de cenombresont les hémorrhagies, les inflammations cérébrales, musculaires et cutanées, la manie, l’hypochondrie, l’épilepsie, ete. C’est un avertisse- ment de s'abstenir des substances excitantes et de se tenir à un régime modéré, diététique. Il faut surtout éviter l’usage du thé, qui relâche, affaiblit et ne convient nullement aux femmes ; il convient aussi d'éviter de s’exposer aux brusques inégalités de la température, etc., et de boire des liqueurs. fortes, surtout celles faites avec les noyaux de di- vers fruits. Le printemps est pour l’homme des champs, depuis les premiers jours de mars, le retour de la saison des grandes fatigues. Sa vie, de ce mo- ment, devient tout activité. Il lui faut faconner la terre , terminer les semis, faire les plantations, sarcler les blés et les plantes maraîchères, s’oc- cuper sansrelâche du jardin, greffer à œil pous- sant et en fente les pommiers, les poiriers. La tonte des moutons a lieu presque en même temps que la première coupe des trèfles, des luzernes et des sainfoins ; presqu’en même temps que l’es- saim sort de la ruche, il convient de songer à la reproduction dans l'espèce animale et veiller aux suites que peut alors entraîner le passage trop brus- que de la nourriture sèche à la nourriture verte. 3° À la saison des peines, de l'emploi de toutes les ressources de la maison rurale et des espéran- ces les mieux fondées, succède la saison des jouissances : dès le mois de juin, la terre commence à récompenser le travail. En déterminant une grande action à la périphérie du corps, en aug- mentant la somme d'oxygène absorbé, en impri- mant au sang une action nouvelle, je devrais dire impétueuse , les chaleurs de l’été commandent de grandes précautions pour conserver la santé; il importe de se préparer par un régime modéré à lutter contre les dangers qui s’amassent autour de nous. Sont-elles extrêmes , intempestives ? elles causent l’abattemerit général du corps et dé l’es- prit; toutes les puissances de la vie s’énervent, les forces ne sont plus guère qu’automatiques. Sont-elles sèches ? on les supporte encore ; mais lorsqu'elles sont humides , il n’y a pas moyen d’y tenir ; c’est un affaissement, un épuisement absolu ; les maladies prennent un caractère alarmant , tout tend à une prompte putréfaction , elle se déve- loppe avec une incroyable rapidité. Les fonctions digestives et nutrilives ayant peu d'énergie, le ré- gime diétttique est plus que jamais de rigueur. La vie végétale , les boissons aqueuses et légère- ment glacées, les fruits acidulés et rafrafchissans, sont préférables à l’usage de la viande et des corps gras, des liqueurs fortes et des alimens sur-exci- tans. Evitez avec soin la charcuterie, elle forme et se couvre volontiers de cryplogames dangereux. La terre nous présente abondamment les mets qu’il nous fout ; les légumes sont pleins de saveur; les Fraises, les Framboises , les Gerises, les Gro- seilles , les Abricots, etc., appellent tous les goûts par leur beauté, par leurs parfums si doux, ils sa- tisfont tous les appétits par leur chair suceulente. Dans les villes, l’aisance et l’inaction ne garan- tissent point les tempéramens les plns yigoureux de l'influence des jours caniculaires ; elle frappe directement et d’une manière bien plus ficheuse le cultivateur qui se livre, hors detont abri, aux tra- vaux les plus rudes et les plus exigeans. Sa présence dans les champs est cependant alors indispensable. Après avoir fauché les prairies, ramassé les foins, il lui faut moissonner, binerles pommes de terre et les autres récoltes sarclées, faire de nouveaux semis, rouir les chanyres et les lins, donner les dernières façons à la vigne, etc. Durant ces occupations, qui demandent de la promplitude, une irès-grande at- tention et une activilé de Lous les instans, lasucur coule detoutes les parties deson être , elle l’énerve, tandis que l’ardeur et l'action directe d’un soleil brûlant , presque vertical, le disposent aux affec- tions putrides, aux hémorrhagies internes et externes , à l’apoplexie, etc. Ses alimens yeulent donc être choisis, d’une digestion facile, et lLé- gèrement excitans, Dans le midi, l'usage de l'ail mitigé par l'huile d'olive et réduit sous forme de pâle à demi liquide, appelée 4illade, permet de boire impunément de l’eau, même en abon- dance. Celle boisson naturelle y fourait ainsi, dans le même temps qu'elle désaltère , à la forte transpiration sans produire l'excès de débilité qu’elle détermine d’ordinaire quand elle est prise sans aucun correctif, et sans exciter une soif plus yive que jamais. La nourriture la plus convenable serait le suc des viandes; mais, outre qu’il de- mande beaucoup de soins et de dépense, il veut être soutenu par des liqueurs fermentées : le régime végétal est donc le meilleur et le plus économique. La Solanée parmentière , légèrement acidulée avec le vinaigre, est pectorale, antidysentérique ; elle perd. de ses précieuses qualités si on l’assaisonne ayec des graisses. Dans les provinces centrales et mé- ridionales de l'Espagne, le mets le plus habituel consiste en, des tranches de pain que l’on trempe dans une sauce de salade où entre beaucoup d’eau, disons mieux, dans une sorte de bouillon fait avec de l’eau aiguisée de vinaigre, à laquelle on ajoute un‘peu d'huile d'olives et du sel. Le vin pur serait extrêmement pernicieux ; l'eau seule n’est point assez tonique. et les acides qu’on Y ajouterait ne l’amélioreraient point sous ce rap- port. Il est cependant essentiel de soutenir les forces du cultivateur et de ses ouvriers : la mixlion la plus propre à empêcher les sueurs excessives est celle de l’eau-de-vie, daas la proportion d'un verre sur dix à douze d’eau très-limpide ; quelques personnes y ajoutent une cuillerée de miel. Dans lusieurs contrées on prépare une bièreexcellente et fort agréable avec une galelte d'orge germé, desséchée au soleil , coupée par tranches et émiet- tée; ailleurs on unit, à l’orge germé de la fécule de Pommes de terre et quelques cônes de Houblon. Dans d’autres cantons, on fait diverses piquettes 86 HYGI avec des fruits mis à fermenter, ou bien avec le marc des raisins blanes. Ces boissons conviennent surtout aux moissonneurs qui se rendent dans les champs dès l’aube du jour et y demeurent souvent jusqu'au soir très-lard , toujours exposés à l’ardeur du soleil, mangeant peu, se reposant plus ou moins de temps sur un sol embrasé , au sein d’une atmosphère étouffante. Quand ils rentrent à la ferme, un bon repas doit les attendre; il imponte que ce soil une soupe à la viande dont on ang- mente les bonnes qualités en broyant les os ayant de les mettre dans la marmile, en y ajoutant des légumes frais. IL leur faut aussi du bon vin et de bons lits. Quand on est bien nourri et bien couché, les forces ne s’épuisent pas, l’on a cœur à l'ouvrage, et l'espoir d’un excellent souper, d’une nuit paisible, heureuse, soutient le zèle, autant qu'il rend Ja fatigue plus légère. Rien n’est plus dangereux que l'habitude où l’on est généralement dans les campagnes de quitter ses vêlemens pendant la chaleur du jour. Entr'en- verle jusqu'au dessous de la poitrine, la seule toile qui resle sur le corps livre eelle partie déli- cale à un bain de feu plus mortel que la trans- piration la plas excessive. On doit encore ne point s’exposer aux fraîcheurs des nuils dont la température ne s'élève pas à quinze degrés cen- Ligrades ; coucher seul (la transpiration et les ef- fluves affaiblissent les corps en contact) , se tenir très-propre, changer de linge Loutes les fois qu'il est mouillé par la sueur, ne point s’endormir dans le voisinage. des eaux stagnautes, des rouloirs, des lieux marécageux, ni sous l’atmosphère hu- mide et pénétranie du Noÿer. L’ablution des bras, des jambes et des pieds est un des moyens de dé- lassemenk les plus prompts et les plus eflicaces : bien entendu que l’on attendra peur le faire que la sueur soit dissipée, la digestion terminée, et qu'on n’emploiera point d’eau trop crue, c’est-à- dire immédiatement puisée à la source ou dans un puuls. 4 Du moment que les feuilles des arbres pren- nenL une leinte rouge, que le vert des prairies se reuibrunil, l'automne cric au cultivateur de.ren- trer ses dernières récolles et de commencer ses premières semailles,; le jardinier cueille.ses, fruits, le vigneron dépouille ses ceps, fait gémir le pres- soir, et l'habitant de l'antique Neustrie extrait de la pomme un petillant breuvage : c'est l'instant favorable pour tondre les Solipèdes ; en leur ôtant les poils très-lonys et fourrés. qui les rendent fai- bles, maigres, on aide à la nature et l’on entre- tient leur santé. L'action de l’automne sur l’éco- nomie animale est Lrès-sensible ; les organes diges- üifs font lentement et difficilement leurs fonctions, tant qu'ils sont sous l'influence estivale; elles gagnent de l'énergie à mesure que l’on avance vers l'hiver, Et comme celle saison est caractérisée par des vicissitudes de Lempérature très-brusques, telles que le chaud du jour, le froid de la nuit, et une atmosphère plutôt humide que sèche , elle détermine volontiers ce qu’on, appelle les maladies d'automne, taules remarquables par. la violence LL HYGI 87 HYGI de leurs symptômes , surtout par l’irrégularité de leur marche , leur opiniâtreté, la difficulté de leur traitement ét les dangers d’une médication inconsidérée, L'homme des champs en préviendra l'invasion et les effets toujours fâcheux, en se couvrant de bonne heure des habits d'hiver; il se nourrira bien et prendra de temps en temps, le matin, une liqueur spiritaeuse en petite quantité, ainsi que du vin pur à ses repas. S’il se trouve in- disposé, un émétique, un doux purgatif, une boisson lérèrement diaphorétique , l’infusion très-- légère de sureau, à laquelle on additionne un peu de miel et du nitrate de potasse (vingt grains sel de nitre) sufliront pour le rendre à la santé. Les amers sont d’un usage nécessaire, Il ne faut point abuser des fruits, surtout de ceux à noyau. Une douzaine de prunes de grosseur moyenne, quoique parfaitement mûres, mangées crues , surchargent l'estomac ; en les prenant avec du pain, lamatière muqueuse, qui s’y trouve dans une grande proportion, étant divisée, devient moins fatigante ; le mieux, c’est de les faire cuire, elles sont meilleures et nourrissent mieux. A cette époque de l’année, il est commun de voir les femmes occupées au rouissage des lins et des chanvres , attaquées de fièvres de mauvais ca- ractère, connues en médecine sous le nom de fièvres rémittentes , parce qu’elles ont par jour un ou deux accès semblables à ceux des fièvres inter- mittentes, sans que, après ces accès, la fièvre abandonne absolument le malade. Ces fièvres sont dangereuses dans le voisinage des eaux stagnantes, des lieux marécageux, partout où la famille est entassée pêle-mêle sur un endroit étroit, mal- ropre, misérable. Il convient de réclamer les soins du médecin instruit et ne point se fier aux receltes de vieilles femmes, aux conseils perfides des ignorans, de ces imposteurs qui, sous les noms d’adeptes du magnétisme et du somnambu- lisme, empoisonnent les campagnes, portent le trouble dans toutes les fonctions vitales et enire- tiennent les maux aux dépens de la sotte crédulité. IL. Inréreur.— Les habitations sont en général mal tenues et sous ce point de vue le paysan sem- ble mettre tout en œuvre pour contribuer à don- ner autour ‘de lui accès à toutes les causes débi- litantes, et plus de puissance aux fièvres. Dans une pelile cour, fermée pour l'ordinaire , on amon- celle tous les fumiers; on ne peut atteindre les marches toujours sales de la maison sans les fouler aux pieds, sans soulever l’eau fétide qui croupit dessous; limpression malfaisante de ces effluves pénètre par toutes les voies de la respiration, et aggrave singulièrement les causes déjà prédomi- nantes de la saison. Outre que la maison est peu élevée, l’aire est encore plus basse que le sol du dehors, formé de terre, sans pavé, et retient né- cessairement beaucoup d'humidité, puisque d’or- dinaire il n’y a qu'une seule ouverture, et lors- qu'il y en a deux, l’une communique directement avec l'écurie. L'air et la lumière ne pénétrant point dans Loutes les parties rend cette pièce très: dangereuse ; encore arrive-t-1l souvent ‘que dans un coin on tient une futaille où l’on jette les rési- dus du laitage et de la cuisine destinés à la nour- riture du porc. Dans un grand nombre de cantons, c’est bien pis encore, l’habitation du ménage n’est séparée de celle des animaux que par une simple claie : femmes, enfans, vieillards, vaches, chè- vres , poules, etc., tous vivent ensemble ; les exha- laisons réciproques se communiquent librement et fournissent une atmosphère pestilentielle, Dans le midi, un seul grand lit recèle toute la famille , les individus sains et les malades, les jeunes et les vieux, et quelquefois le parent , l’ami ou l’étran- ger voyageur. Dans les départemens du Morbihan, du Finistère , etc., on n’est pas dans le même lit, mais on n’en est pas plus sainement; on couche en effet en la même chambre les uns au dessus des autres enfermés dans de grandes armoires sans battans, dont les tiroirs sont en planches à peine jointes ensemble , de soixante-dix centimètres au plus de haut, et dans lesquels on voit un mate- las et de la paille. Elevez-vous contre une mé- thode aussi contraire à la santé, l’on vous répond : c’est l'habitude, et l’on s’entête à demeurer dans une pareille ornière , qui compromet surtout l'existence des femmes et celle des enfans , et finit toujours par nuire à la constitution Ja plus robuste, Tout lit dont la paille fait tous les frais , ne dé- lasse point, ne répare point les forces ; cette ma- tière ne se prêtant nullement aux formes et aux mouvemens du corps. La balle d’avoincet les gaînes foliacées qui enveloppent l’épi du maïs lui sont préférables sous tous les rapports et principale- ment à la plume, plus employée qu’on ne le croit dans les campagnes, laquelle a le double incon- vénient de développer dans les parties auxquelles elle sert d'appui une température trop élevée, et d’exciter une grande susceptibilité au froid, à l’action des vents coulis, au passage brusque d’une atmosphère différente, aux causes accidentelles des affections rhumatismales. Les vêtemens doivent être amples, assez épais pour l'hiver, beaucoup moins pour la saison des chaleurs ; il faut les garder le plus possible et se couvrir de larges chapeaux de paille afin de garan- tir la tête et les épaules des rayons du soleil. Quand on est en sueur, au lieu de remettre son vêtement , il vaut mieux s’envelopper d’une cou- verture et attendre que le sang soit calme, Rien de plus malsain que de conserver le même linge toute la semaine, jour et nuit ; la propreté veut qu’on en change au moins tous les trois jours, plus souvent si le cas le requiert, et ôter la che- mise du jour pour endosser celle de la nuit. Le corps en est plus libre, moins disposé aux mala- dies de la peau, et comme le linge serait alors moins sale on pourrait le laver dans l’eau simple. Quatre repas par jour durant six ou sept mois; cinq durant les premiers labours et la moisson ; trois seulement le reste de l’année : telle est en général la vie du cultivateur. Cette fréquence des Le) repas au temps des grands travaux, quand elle ‘est réglée par la frugalité et la sobriété, soutient les forces du corps, conserve en bon état les fa- mr HYGI 88 HYGI cultés digestives, et répare sans fatiguer. La chair da porc nourrit bien ; mais elle ne convient point à tous les estomacs, surtout quand elle provient d’un animal vieux et salé; cuite seule et à grande eau, elle fournit une soupe assez souvent âcre, trop chargée de graisse, et susceptible d’altérer les sucs gastriques ; unie à une autre viande, telle que celle de vache, de veau, de mouton, et à beaucoup de légumes, elle répond mieux aux be- soins de tous. Le poisson frais est plus sain que le poisson salé, qui dessèche le pharynx, irrite la membrane, sollicite la soii et une trompeuse aug- mentation de l’appétit. Le miel, les œufs, le caillé desséché, salé et affiné, sont des alimens substan- tiels , agréables , ainsi que le pain fait avec du fro- ment et du seigle, la pomme de terre qui se prête à tous les caprices de 1x cuisine du riche et du pauvre. La bouillie, que digèrent facilement les adultes, ne convient point aux enfans; elle leur est essentiellement nuisible, quoique lusage dise iyranniquement le contraire. Il en est de même de ces gâteaux compactes, lourds, indigestes, dont ils sont si avides, et des fruits verts qui détério- rent leur constitution pour toute la vie. C’est coutume de ne point travailler le diman- che ; les uns vont à l’église pour satisfaire à l’usage, tandis que les autres, appelés par une touffe de genêt ou de buis suspendue à l'extrémité d'une perche , se rendent par habitude, par désœuvre- ment au cabaret, jouent aux cartes, perdent le gain de la semaine, s’enivrent et se baltent, car au cabaret on finit nécessairement par là. Géné- raiement on appelle se reposer employer ainsi sa journée; le fils agit comme son père, ses enfans feront comme lui, tant que les lumières de l’in- struction vraie, solide, ne pénétreront point par- tout, tant que l’habitant des campagnes mécon- naîtra sa dignité d'homme, ses devoirs de citoyen. Les boissons usitées dans les campagnes sont presque toujours de qualités très-inférieures, le vin est acerbe, le cidre acide, l’hydromel mal fait, et les piqueltes d’une âcreté révollante; mieux vaut boire de l’eau que de recourir à ces subslances devenues de mauvais aloi. L'eau convient beau- coup mieux que le vin, quand on mange des fruits mucilagineux; le vin de bonne qualité soutient , donne une plus grande ardeur pour le travail. L'abus du vin et de l’eau-de-vie est un vice essen- tiellement dangereux, il entraîne à des éxcès de tout genre, qui causent toujours du dérangement dans les facultés intellectuelles, surtout chez les jeunes gens, et accablent le vieillard principale- ment d'hydropisies incurables. Certes , il est loin de ma pensée d'empêcher le cultivateur, dont les sueurs sont si utiles à la socitté ,et le vigneron, dont les travaux sont si pénibles, exigent de Jui tant de soins et de fatigues, de prendre leur part dans ces liqueurs pectorales ; le vin lear est néces- saire pour soutenir leur existence, pour entretenir leurs forces ; mais jene veux point, dans leur pro- reintcrêt, qu'ils en abusent ; je veux que le nour- ricier de l’état soit exempt des vices qui déshono- rent, de ces vices qui n’appartiennent qu'aux oisifs, qui suivent partout les êtres dangereux, vraies plantes parasites de, la société. Tout travail excessif occasione des maladies que | les parens transmetient à leurs enfans; il est surtout dangereux pour les hommes d’une consti- tution faible, pour les femmes enceintes et pour celles qui allaitent. Les cultivateurs sont fréquem- ment exposés à faire des efforts pour soulever de lourds fardeaux ; moins d’amour-propre chez la plupart des ouvriers, plus de prévoyance de Ja part de ceux qui dirigent les travaux , prévien- draient beaucoup d’accidens. En adoptant les conseils que je vais consigner dans l’article sui- vant consacré à l’Hygiène vétérinaire, on évite- rait la majeure partie des coups plus ou moins violens que l’on recoit des chevaux, des bêtes à grosses cornes; comme aussi en prenant plus de précautions dans le service, sans en ralentir la marche ni l'ordre, on rendrait moins graves, moins fréquentes les blessures que cause le brise- ment des charrettes et des outils dont on se sert. Beaucoup de maladies et d’infirmités datent d’une imprudence , d'une maladresse et de l'oubli des attentions recommandées aux temps des épizoo- Lies ; les excès dans les plaisirs publics et privés, licites ou illicites, y ont aussi une bonne part ; de même que la mauvaise habitude de dormir, comme on le fait souvent , dans les mois qui précèdent ou qui suivent celui de la moisson, sur un terrain toujours plus humide qu’on ne le croit. Un des abus les plus révoltans , source d’atroces infirmi- tés, c’est l’usage qui veut que des femmes s’atta- chent à la charrue, le joug appuÿé sur la poitrine, : et suivant les pas d’un âne chétif et misérable, attelé de l’autre côté, tandis que le mari tient le manche de l’araire. J’ai vu des pères louer leurs filles pour aider ainsi aux labours de leurs voisins. Mon cœur a frémi de ce spectacle pénible; je n’y pense jamais sans éprouver un froid qui me glace. Et dans quel pays outrage-t-on de la sorte la femme, cet être si noble, si touchant, que la nature nous a donné pour le bien-être de notre enfance , pour le bonheur de notre vie, pour adoucir l’amer- tume de nos misères, pour tempérer nos pas- sions et pour nous faire revivre dans nos enfans ? Jel’avoue avec douleur, c’est dans nos départemens dela Haute-Vienne, des Hautes et des Basses Alpes. ; née (LD Bi) HYGIENE VETÉERINAIRE. (acn. ) Toute l’Hy- giène vétérinaire se réduit à deux points essentiels : 1° traiter les animaux domestiques avec douceur, les bien nourrir et les loger convenablement ; 2° leur donner les premiers soins quand ils sont malades , el appeler le médecin vétérinaire dès que les cas sont graves. Entrons en quelques dévelop- pemens à cet égard , afin de compléter ce que nous avons dit tom.:1, pag. 191, et de guider les maïns inexpérimentées en intéressant leur intelligence. Les mauvais traitemens exercés envers les anix maux qui sont appelés à vivre avec nous pour sa- tisfaire à nos besoins, pour nous procurer des jouissances , pour augmenter la somme de nos plaisirs, impriment la flétrissure sur la face de ceux = EE Dr Dre 2 mm HYGI 89 HYGI a —— - ceux qui s’y livrent habituellement ; rien de plus ignoble : c’est l'indice d’une âme aride, d’un cœur corrompu, des passions les plus viles. L’Ane, que l’on accuse d’inflexibilité, de désobéissance ; d’une opiniâtreté devenue proverbiale, ne doit ses vices qu'aux mauvais traitemens qu’on lui a fait endu- rer dans son jeune âge; il en est de même du Cheval ombrageux , de la Vache qui fuit la main de l’homme, du Chien hargneux, indocile, du Mulet revêche ; en un mot, tout animal méchant, intraitable , dangereux pour ceux qui l’approchent ou se rencontrent sur sa route, prouve, par cela seul, qu'on ja rudoyé sans cesse, qu’on ne l’a jamais traité avec cette bienveillance dont un pro- priétaire ne devrait jamais manquer envers ses bestiaux, et qu’il devrait exiger de toutes les per- sonnes chargées de les soigner. La négligence ct la brutalité des gardiens sont deux fléaux funestes qui détruisent les appuis les plus nécessaires de la ferme, et entraînent-tôt ou tard la ruine de la maison rurale. Il faut que le maître soit , à cet égard, très-exigeant et dans une vigilance conti- nuelle. Mais, en imposant à ses agens l'obligation de la douceur, de la patience, je dirai même des attentions les plus minutieuses , il importe que lui- même paie d'exemple. Le subalterne mal nourri , mal vêtu , plus mal encore indemnisé de ses peines et de son temps, contracte volontiers une humeur chagrine ; il devient dur et verse à larges flots sur ses victimes l'injustice qui l’accable. Les vieux co- des de ces peuplades du Nord que l’on appelle barbares et qui firent sur les pays civilisés de l’Eu- rope de si terribles invasions , étaient à ce sujet impitoyables. Ils punissaient de mort quiconque se livrait à des cruautés inutiles envers les animaux domestiques : ils regardaient ce crime comme un attentat à la morale publique. En effet, le Loup qui déchire la Brebis ne lui a demandé aucun ser- vice, il n’a point emprunté sa laine pour se cou- yrir; le Tigre qui se jette furieux sur la Vache et la dévore , n’a point recu d'elle, dans son enfance, le lait précieux de ses fécondes mamelles, tandis que le laboureur qui retire de l’une et de l’autre tous ces avantages , et tant d’autres qui se répètent si souvent dans le cours rapide de chaque jour- née, les voit, d’un œil sec, tout haletantes , acca- blées de fatigues, ne soutenant plus qu'à peine leurs forces épuisées , tomber enfin sous les coups de fouet ou d’éperons. Après les bons traitemens vient une nourriture convenable. Les alimens les plus propres sont fournis par les plantes, depuis la graine la plus sèche jusqu’à la racine la plus succulente, Dans le choix qu’il faut en faire, comme dans l’art de les administrer ‘et d’en régler la quantité, sont les moyens les plus certains de conserver les races in- tactes, de les entreteniren bon état et de les amé- liorer sensiblement. Le pansement de la main, le- quel consiste dans l’habitade de bouchonner, brosser , étriller les animaux, est une opération tellement importante que d’elle dépendent leur embonpoint, leur vigueur, leur santé; elle con- vient surtout à l'approche du printemps, pour ré- Le DY; tablir l’insensible: transpiration, ouvrir les pores de la peau, décrasser le poil, donner de l’élasti- cité aux membres. On se contente d’en user ainsi à l'égard du Cheval; mais c’est une attention que les autres animaux réclament aussi, et qui leur est également due. Des écuries basses, étroites, éclairées par des ouvertures donnant au couchant ou bien au midi, dans lesquelles, par conséquent , la température est habituellement élevée à trente et même trente- huit degrés centigrades , où le pavé mal fait nepré- sente pas une pente suffisante pour l'écoulement des déjections, et sans cesse recouvert par une litière trop piétinée : telles sont les causes per- manentes, aclives, de toutes les infirmités qui affectent les bestiaux, des ravages que font les épizooties. [l'est facile de remédier à ces incon- véniens en multipliant les jours larges , en dimi- nuant le nombre de bêtes que l’on y entasse, en accordant à chacune de celles qui sont grosses un espace d’un mètre et demi, en enlevant sou- vent les fumiers, en les remplacant par de la paille fraîche. Est-on en état de construire d’au- tres étables ? il faut les voûter, les disposer sur deux rangs en laissant un passage au milieu pour le service, les isoler des autres habitations et des granges. Un exercice proportionné à l’âge , à la force de l'animal , à la nature du climat, à la quantité et à la qualité des alimens , aux heures données au tra- vail ou au repos, est aussi nécessaire que la bonne nourriture, qu'un logement sain. L'exercice for- tifie tous les-organes , en y attirant sans cesse l’6- nergie vitale, de même que l'excès dé travail jes affaiblit singulièrement, leur ôte le jeu , le ressort propres à maintenir l'équilibre parfait entre les différentes parties du corps; de même aussi que J'inaction amène promptement l'obésité, le dé- goût, une vieillesse prématurée. Le moment et la durée du travail veulent être fixés dans chaque saison , d’après la nature de ce travail et l'espèce de nourriture que l’animal reçoit. En été, temps où les forces s’épuisent promptement, où toutes les opérations pénibles devraient se faire avec mesure, le matin, le soir, ou durant la nuit, est au contraire l’époque des plus grandes fatigues ; on travaille davantage, parce que les jours sont plus longs et que l’ouvrage presse beaucoup plus. En hiver , quoique les froids soient moins à crain- dre et leurs effets plus aisés à prévenir que ceux des grandes chaleurs, les animaux de la ferme sont obligés à un repos presque permanent, dans des écuries le plus souvent étouflées et très-chaudes, ou bien ils sont condamnés à charrier durant les journées deneige, de pluie, d’ouragans. Dans l’inté- rêt du propriétaire, de ses gens et de ses animaux, cette marche devrait être changée ; par exemple, en été, je mettrais les Bœufs à la charrue seu- lement le matin jusqu’à dix heures , et le soir, une heure avant le coucher du soleil ; les charriages se feraient la nuit, tandis qu’en hiver ils n’auraient lieu qu’au milieu du jour, Beaucoup de circonstances sont à considérer 252° Livraï6ON, 12 dans l’emploi des forces pour ne point en abuser, : et dans les moyens à saisir pour rendre la domes- ticité moins pénible aux animaux que nos besoins ont appelés à s’y soumettre. Toutes résultent de l'attention que le propriétaire-cullivateur apporte dans le choix des agens de la ferme , et, de la ma- nière dont s’opèrentles croisemens.Dansun ouvrage spécial, intitulé Traité de l'éducation des animaux domestiques, Paris, 1820, deux vol. in-12, j'ai offert à l'homme des champs jaloux de tirer parti de son temps et de ses avances, les principes les plus cer- tains de l’art d'enrichir le domaine rural, et d’at- tacher, par les liens les plus doux et les plus sa- crés, ses enfans au sol qui les a vus naître, à la noble profession qui les rend les premiers citoyens de la patrie, les bienfaiteurs de l'humanité : l’on me permettra de renvoyer surtout au premier vo- lume pour tous les détails que l’espace et la spé- cialité de ce Dictionnaire m’interdisent ici. Je di- rai seulement quelques mots des moyens prophy- lactiques auxquels on doit d’abord recourir en cas de lésion des parties et de désordre des fonctions animales. Plusieurs maladies peuvent se guérir sans remè- des, par le seul effei du repos et de l’aide donnés à propos aux efforts de la nature; mais il en est aussi un grand nombre chez qui les suites seraient certainement fatales, si l’on n’y apportait de prompis secours, Dans les cas simples , les soins du maître ou du gardien'intelligent peuvent suffire pour amener à la guérison; dans les cas graves , il faut nécessairement recourir au médecin vétéri- naire : sa présence est indispensable , rien ne peut suppléer à son expérience. Une autre obligation non moins urgente, c'est de ne point attendre, ainsi que cela se remarque presque partout, que la maladie ait fait des progrès, pour commencer à y porter remède; un retard de quelques jours , je dirai plus, de quelques heures, peut deve- nir très- préjudiciable; il n’en faut pas souvent davantage pour aggraver le mal, déterminer des dépenses considérables, et ôter tout espoir de guérison, Il est des cas où un organe souffre seul; dans d’autres circonstances, plusieurs systèmes parti- cipent à la lésion qu’un d’entre eux éprouve ; quel- quefois deux, trois. membranes sont affectées en même temps, et la souffrance se manifeste par des signes assez semblables pour tromper au premier coup d'œil; mais en les scrutant avec attention, on s'aperçoit bientôt que l’une des lésions prédo- maine, que chaque tissu , chaque organe a ses mo- des particuliers d’altération. Au début de la plu- part des maladies, l’affection morbifique, qui nest pas encore caractérisée , s’annonce par des phénomènes. que l’on remarque dans un grand nombre de cas. Les signes sont donc bornés à une partie, ou bien ils s’étendent à toute l’économie animale, et à raison.que la nature de la maladie est simple ou compliquée ; les symptômes sont communs, accessoires ou secondaires , etessen- tiels ; tous constatent un dérangement dans les ac- tions de la vie, tous-demandent donc à être exa- 90 st HYGI minés avec soin si l’on veut s’en rendre un compte fidèle et agir avec quelque certitude, “ Dès le débat du mal, les symptômes ayant une marche ascendante, les organes cèdent à leur action d’une manière effrayante le plus souvent ; mais du moment qu’il a atteint son maximum , les organes reprennent le dessus, et plus les symptô- mes diminuent d'intensité , plus ils font d'efforts pour revenir à l’état de santé. Les. symptômes sont toujours plus graves quand il y a prédisposi- tion ; mais sont-ils saisis à temps, les remèdes con- venables sont-ils appliqués avec promptitude et intelligence, il n’est point rare de voir la mala- die céder aussitôt à la main habile qui l'attaque. Une fois les symptômes dissipés, il reste encore une faiblesse qui se prolonge plus ou moins, mais qui tend chaque jour vers un rétablissement par- fait. Toutes les affections morbifiques d’une issue heureuse offrent cinq périodes bien caractérisées : | 1° l'invasion; 2° le progrès ; 5° le plus haut degré; 4° le déclin ; et 5° la terminaison ou la convales- cence. Dans certaines maladies, on compte une période de plus, la première de toutes, la prédis- position. Dans l’ordre régulier, la seconde, et sur- tout la troisième période sont accompagnéss assez généralement de crises nouvelles, d’évacuations extraordinaires, d'efforts surprenans , qui rendent le plus souvent à la santé, mais qui parfois exal- tent le mal, provoquent une rechute, ou bien déterminent une affection nouvelle , d’autant plus dangereuse qu’elle contrarie les remèdes employés pour combattre efficacement la première. Quant à l'énergie de chaque degré, elle dépend'en ma- jeure partie de la force, de l’âge, du sexe, du tempérament du malade et des. circonstances ac- | tuelles où il se trouve. S’ils sont très-graves, il faut considérer le rapport et la valeur de l’animal avec la dépense qu’il peut occasioner en remèdes; il est beaucoup de cas où l'intérêt de la maison rurale est plus dans l’abattage-ee la bêté que dans sa conservation, Comme je n’écris point ici un traité ex professo sur toutes les maladies qui frappent les animaux domestiques, je dois indiquer seulement ce que le gardien ou le propriétaire ‘peut faire pour les prévenir, et disposer celles de ses bêtes attaquées aux traitemens que le médecin vétérinaire est ap- pelé à prescrire. L’Hygiène enseigne l’art de con- server la santé ; c’est la science la plus efficace , celle que l’économe rural doit s’attacher à bien connaître. Ainsi , lorsqu'un animal manque d’appétit , qu'ilesttriste, abattu, qu’il s'inquiète de la gaté, des mouvemens brusques des autres animaux, sé: parez-le, laissez-le en repos, nourrissez-le plus délicatement et moins abondamment, Gette pré- caution sera suffisante , dans le plus grand nombre de cas, pour arrêter le développement du mal et rendre la santé. Craint-on qu'il n’y ait con tagion, il est essentiel d’éloïgner au plus vite les animaux sains, de s'occuper de la désinfection des étables, et surtout d'éviter que-les malades | fréquentent Jes pâturages, les abreuvoirs, en um L,4 e ER - 91 HYGR : te mot tous les lieux destinés à ceux qui se portent bien, Une attention non moins importante est de re- monter à la cause de la maladie, pour être à même de l’attaquer convenablement. Si cette cause est la fatigue , la malpropreté, la disette ou la mau- vaise qualité des alimens, l'indication du remède est positive : malheur à qui la néglige. Dans les grandes chaleurs, les sécheresses opiniâtres , il y a nécessairement une surexcitation qui affaiblit singulièrement ; les sueurs abondantes qui en ré- sultent, surtout chez les Ruminans , dont la fibre esten général plus molle et les tissus moins ser- rés , plongent l'animal dans la langueur , et déter- minent une prostration telle que, insensible à la voix, à la main et même au fouet, il refuse de se relever, de faire le moindre mouvement ; il va parfois jusqu’à se dégoûter de manger, à avoir use ophthalmie, une fluxion périodique, ou bien encore une maladie aiguë , dont la marche est fort rapide. Il faut ici beaucoup de ménagemens, re- courir à un régime établi sur les amers, sur les préparations ferrugineuses, pour ramener lente- ment les forces à leurs habitudes, pour réveiller les fonctions et les rendre à leur énergie première. L’acide sulfurique additionné à la boisson et ad- ministré plusieurs jours de suite au commence- ment de Vété, prévient les maladies vermineuses et putrides ; c’est encore un moyen de combattre l'Ecacrorize. ( V'oy. ce mot. ) Mais une recommandation que je ne saurais trop mettre sous les yeux, c’est de se méfier de ces médicastres qui, semblables aux nuces de sau- terelles, ne manquent jamais de se jeler dans les campagnes pour abuser de la bonne foi et centu- pler les pertes que causerait l’épizootie la plus désastreuse. La santé des animaux fait la richesse de la ferme ; rien n’est à négliger pour la conser- ver, et dans les cas de maladie, recourir aux charlatans, c’est non seulement faire preuve de sottise, mais c’est vouloir de gaîté de cœur courir à sa ruine. (T. ». B.) HYGROBIE, Hygrobia, (ixs.) Genre de Go- léoptères de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Hydrocanthares, ayant pour caractères: palpes extérieurs filiformes; der- -nier article des palpes maxillaires ovalaire; an- tennes courtes ; premier article des tarses le plus long de tous; mandibules saillantes au-delà du la- bre ; tête dégagée du corselet; corps ovoïde, plus épais dans son milieu que large. L’insecte sur le- quel est basé, ce genre est un des plus connus, et un de ceux dont ila nomenclature est le plus em- brouillée par le soin que les auteurs semblent avoir pris de changer continuellement le nom du genre auquel il appartient; mais, en France, le nom de Latreille est le plus généralement adopté. Get in- secte est ovale; mais la partie inférieure du corps est très-bombée, et même s'élève, en carène très- saillante entre les pattes antérieures ; la tête est très-dégagée du [corselet; les yeux sont globu- leux ; les antennes n’atteignent pas l'extrémité du corselet; celui-ci est en carré transverse , un peu plus étroit antérieurement ; les élytres sont bom= bées et ne dépassent pas le corps sur les côtés ; les tarses antérieurs ont leurs quatre premiers ar- ticles dilatés également en pelote carrée à leur base. H. »'Hermann, H. Hermann, Fab., Guérin, Iconogr. du Règne animal, Insectes, pl. 8, fig. 5. Longue de cinq lignes, corpsen dessous et corselet noirs ; tête, élytres, antennes et pattes fauves ; autour des yeux deux taches noires; une bande en travers du corselet, et unc'grande tache com- mune aux deux élytres, noire, occupant presque toute leur surface. Commune , ainsi que sa larve , dans les mares, surtout au nord de Paris. (A. P.) HYGROMÈTRE. ( ruys. ) L’Æygromètre ou Hygroscope est un instrument de physique propre à déterminer les différens degrés d’humidité de l'air. Pour construire un instrument ou des in- strumens de ce genre, car on connaît plusieurs Hygromètres dans la science, on peut prendre des cordes à boyaux, du papier, du parchemin , des cheveux lessivés, du verre, etc. , corps qui éprouvent tous des changemens considérables quand ils restent exposés à l'air libre. Parmi les instrumens de ce genre, nous ne fe- rons connaître que celui de Saussure , qui est le plus important, et que l’on construit de la ma- nière suivante : on fait bouillir pendant vingt-cinq à trente minutes , dans de l’eau contenant un centième de carbonate de soude , un paquet de la grosseur d’une plume à écrire de cheveux très- doux; on lave les cheveux et on les fait sécher. Ainsi préparés, on prend un de ces cheveux , on le fixe par une de ses extrémités , on le tend ver- ticalement, et on roule une ou deux fois son autre extrémité autour d’un axe horizontal, À cét axe est attachée une aiguille mobile dont la pointe correspond à un cercle gradué. Bien entendu que le cheveu est maintenu dans sa position verticale à l’aide d’un contre-poids de 15 centigrammeés (3 grains}, suspendu à l’aide d’un fil de soie roulé également autour de l’axe. Tout étant ainsi dis- posé , et l’instrument étant abandonné à lui- même , à l’air libre, voici ce qui arrive : le che- veu absorbe l'humidité , s’allonge , l’axe est mis en mouvement par la pesanteur du contre-poids , et l'aiguille marche ; elle marche peu ou beaucoup, suivant qu’il y a eu peu ou beaucoup d’humidité absorbée. On sait que les cheveux bien préparés: se dilatent ou s’allongent de = de leur longueur totale, depuis la sécheresse extrême jusqu’à Phu- midité extrême, tandis que non dépouillés de leur matière grasse, ils ne se dilatent que de — , et encore d’une manière peu régulière, Saussure détermine l’extrême humidité en pla: çant l’Hygromètre sous une cloche de verre qui plonge dans l’eau et dont il mouille les parois. Au bout d’une heure le cheveu est arrivé à l’hu- midité extrême; car, dans cet état de choses, il faut bien admettre que l'air a été complétement saturé. Le point où l'aiguille s’arrête a été noté. Il: détermine ensuite la sécheresse extrême en plaçant oo, HYLO HYME l'instrument sous une autre cloche parfaitement sèche, avec du carbonate de potasse déposé sous une plaque de tôle de fer qui a été d’abord chauf- fée jusqu’au rouge, puis refroidie assez pour ne pas briser la cloche. Au bout de trois jours, si toutes les conditions ont été bien remplies , l'Hy- gromètre est fixé. Le point où il s’est arrêté est marqué o, c’est le point de la sécheresse extrême. L'intervalle est ensuite divisé en cent parties éga- les ou degrés. Tel est le mode de construction de l’'Hygromètre de Saussure, construction dans la- quelle nous faisons abstraction ici des changemens que la chaleur produit dans les dimensions du che- veu. Nous passons également sous silence les mo- difications apportées à cet instrument par Daniel Wilson, Deluc et Babinet , ainsi que la description de l'Hygromètre de Leslie, qui n’est autre chose que son thermomètre différentiel légèrement mo- difié, et qui d’ailleurs n’est pas aussi commode qu'on pourrait le croire d’abord (F4) HYLOBATES. (mam.) Nom latin des Gi8sons (voy. ce mot). Nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 150, fig. 2, une espèce de ce genre d’a- près une figure originale publiée dans la traduc- tion anglaise du Règne animal; c’est le Gr8Bon sIAMANG, Hylobates syndactylus de Raffles. Cet animal vit dans les grandes îles de l’Inde. (Guér.) HYLOTOME, ÆHylotoma. ( ins. ) Genre d'Hy- ménoptères de la section des Térébrans , famille des Porte-scies, offrant pour caractères : anten- nes de trois articles, dont le dernier en massue allongée, cylindrique!; mandibules échancrées ; les denx nervures costales des ailes supérieures très- écartées entre elles ; une épine! au milieu des quatre tibias postérieurs ; larves à dix-huit pattes ; cette coupe était sentie depuis Jlong-temps par tous les auteurs , puisque tous en avaient fait une division spéciale des T'enthrèdes, lorsque Latreille en forma un genre en lui donnantlé nom qu'il porte et qui signifie Bücheron, faisant allusion au travail des femelles de ce genre qui font des entailles dans le bois (voy. Tenrarénines. } Ju- rine, dans son travail sur les Hyménoptères, changea ce nom en celui de Crypte, en lui don- nant les mêmes caractères que Latreille; mais il y établit six divisions, dont la seconde correspond aux Hylotomes proprement dites. Ges insectes sont faciles à reconnaîtref: leur tête {est verticale; les antennes , insérées au milieu de la face, ont leurs deux premiers articles très-courts; le troisième ou dernier forme à lui seul toute l’antenne qui atteint en longueur l'extrémité du corselet; cet article est nu dans les femelles, velu dans les mâles; le corselet est globuleux ; les différentes parties qui ‘le composent sont séparées par des impressions profondes ; l’abdomen est ovalaire; les larves de ces insectes ressemblent à des Chenilles nues, ayant dix-huit pattes, dont les six premières seu- lement écailleuses, et les autres membraneuses ; les premières sont seules terminées par un cro- chet. 5 0% us f do H pu rosier , A, rosæ , Fab. ; représentée dans notre Atlas, pl. 231 ,'fig. 1. Longue de quatre li- gnes , fauve-rougeûitre clair, avec la tête, les an- tennes, le dessus et le dessous du thorax , les côtés antérieurs des ailes, y compris le stigmate , noirs; la moitié des antennes du mâle est fauve, et les tarses sont annelés de noir; commune: aux envi- rons de Paris. Cette espèce est une de celles dont la larve a été le mieux étudiée par les naturalistes; elle est en dessus couleur feuille morte, et parse- mée de petits tubercules noirs, desquels il sort un poil; les côtés et le dessous sont vert pâle; cette larve a dix-huit pattes et est remarquable par la manière dont elle se tient quand elle est oc- cupée à manger; elle tient la feuille de ses-six pattes antérieures et contourne le reste de son corps en l'air en forme d’un $ ; quelquefois elle le tourne en bas; pour passer à l’état de nymphe ; cette larve descend en terre et se forme une double coque , la première à grandes mailles, forte et élastique, la dernière d’un tissu fin et mou ; ces deux coques ne sont pas adhérentes l’une à l’au- tre ; l’extérieure est rougeûtre et l’intérieure blan- che ; quand on élève la larve chez soi et qu'on oublie de lui donner de la terre , elle fait sa coque à nu, et le réseau est bien plus visible. (A. P.) HYMEN. (anar. BoT.) Ce mot signifie mem- brane. Il sert à désigner, en anatomie’, un repli semi-lunaire, parabolique ou circulaire de la mem- brane muqueuse de la vulve, qui ferme ordinai- rement, en partie seulement, l'entrée du vagin chez les filles vierges , et chez les femelles de cer- tains animaux dont les. mâles n’ont pas encore approché. Avant que les recherches anatomiques’ fussent faites avec tout le soin qu’on y a mis de- puis plusieurs siècles, l'existence de cette mem- brane était contestée; mais elle a depuis été re- connue constante. Gette membrane est de sub- stance pulpeuse, rougeâtre ; les vaisseaux qui s’y distribuent se rompent et répandent. du sang lorsqu'elle est déchirée; la douleur qu’occasione cette rupture est presque toujours assez vive. Ses’ lambeaux raccourcis forment des caroncules qu'on a assez improprement appelées myrtiformes ; on en compte communément quatre, mais elles va-: rient de nombre et de position. On ne doit pas au’ reste les confondre avec les verrues , les fongosi- tés ou les indurations de la mernbrane-valvulaire qu’on trouve assez fréquemment dans Je voisinage. : On attache une très-grande importance à la pré- sence de cette membrane et généralement on la regarde comme une preuve de virginité , au moins physique. L'existence de cette membranene prouve? pas absolument la pureté d’une femme , mais son’ absence n’est pas non plusune preuve de désordre dans sa conduite. Desfemmes l’ont conservée après leurs couches ; des jeunes filles n’en ont jamais eu. Chez celles qui ont atteint leur vingtième.année* et qui ont été réglées de bonne heure ; souvent: cette membrane relâchée semble s’effacer où se’ déchire sans qu’il y ait réellement défloration. * L'Hymen quelquefois n’est pas ouvert et ferme en-? tièrement le vagin ; quelquefois aussi àl est seule" ment percé d’un ou deux petits méats qui laissent ? PT, 23; 2. Hylotome. 2 & 6.Hymenée Courbaril . 7: Hymenophylle. … 2 Cuëri dar. re qq HYME 93 HYME suinter difficilement le flux menstruel. Dans le cas d’occlusion complète, ce flux peut être entiè- rement retenu, s’accumuler, distendre par son accumulation les parois abdominales et simuler l’état de grossesse. Il existe plusieurs exemples de ce fait. Une opération remédie à ce vice de con- formation. Cette opération n’offre quelque diffi- culté qu’autant que l’'Hymen n’a pas sa consistance ordinaire, mais présente l'aspect charnu ou se confond par son organisation avec la peau. On à nié l’existence de l’Hymen dans les animaux, pourtant on le remarque très-bien chez les Ju- mens, chez les Anesses, dans l'Ourse brune, dans beaucoup de carnassiers et de ruminans, etc. ; seulement il n’affecte pas la même forme ni la même direction chez les uns et les autres. En botanique, on a aussi donné le nom d'Hymen à la membrane qui recouvre la superficie d’un grand nombre de Champignons, parce qu’on croit que cette membrane porte les organes reproductifs. Cette dénomination n’est pas adoptée générale- ment. . (P. G.) HYMÉNÉE, Hymenæa. (8or. PHax.) Genre de plantes dicotylédonées de la famille des Légumi- neuses et de la Décandrie monogynie. IL a été : créé par Plumier sous la dénomination de Cour- baril qu'il porte communément dans plusieurs contrées de l'Amérique du sud, aux Antilles et surtout dans la Guiane. Linné l’a depuis appelé Hymenæa, à cause de ses feuilles composées de deux folioles étroitement unies, ressemblant, pour la figure , à cette membrane virginale que les ana- tomistes désignent sous le nom d’Æ/ymen, dont l'existence, sujette à tant de bizarreries, à tant d’écarts, a rempli les annales judiciaires de pro- cès scandaleux, outrageans , de sentences calom- niatrices, et à laquelle, encore aujourd’hui, pres- que tous les Asiatiques attachent le plus grand prix. Ge genre est composé d’un très-petit nombre d'espèces que l’on rencontre, comme je viens de le dire, dans la partie méridionalé du continent américain, en Afrique sur les bords de la Gambie et à l’île Maurice. Leur caractère essentiel consiste dans un calice coriace , turbiné , à cinq et parfois seulement quatre divisions profondes, caduques ; cinq ou quatre pétales presque égaux ; dix étami- nes libres , fléchies dans leur milieu, avec anthè- res oblongues et couchées ; l’ovaire supère cou- ronné d’un style et d’un stigmate simples; une gousse grande , ligneuse , oblongue, un peu com- primée vers le centre, d’un roux foncé, indéhis- cente, à une seule loge où l’on trouve plusieurs semences (quatre à cinq le plus ordinairement) ovoides, grosses, dures, environnées de fibres, et d’une pulpe sèche, farineuse’, dense ; jaunâtre. Toutes les espèces ont leurs fleurs disposées en panicules ou en corymbes terminaux ; la plus con- nue et la plus intéressante, celle que nous avons fait représenter dans notre Atlas, pl. 231 , fig. 5, 5 et 6 ,' est: 10439 39 L'HyuÉNÉe courgariz, A. courbaril, arbre ré- sineux , d'un beau port, très-grand, acquérant une dimension remarquable, Son bois, d’un grain fin, presque rougeâtre, est dur, solide, revêtu d’une écorce épaisse, raboteuse, de ‘ couleur roux-noirâtre. Ses branches rameuses portent des feuilles nombreuses, alternes, pétiolées ; d’un beau vert luisant, aux nervures peu apparentes , parsemées de petits points transparens. Leur som- met est garni de fleurs légèrement purpurines, placées sur des grappes pyramidales. Au moyen d’incisions que l’on ouvre sur son tronc, le Cour- baril fournit abondamment une résine jaunâtre, répandant une odeur très-agréable, difficile à fon- dre, que l’on confond fort aisément avec la ré- sine copal et que le commerce connaît ‘sous le nom bizarre de Résine animée occidentale, Elle était autrefois recherchée pour des prétendues vertus médicinales, maintenant elle sert à préparer un vernis transparent très-estimé. Quelques créoles la mastiquent pour se parfumer la bouche et dans la persuasion qu’elles se préservent ainsi de coli- ques à certaines époques. On a vanté les feuilles comme vermiluges, l'écorce comme un excellent purgatif, elles ont beaucoup perdu de leur répu- tation; le bois seul conserve la sienne, il est très- propre aux ouvrages de la charpente , à la con- struction des moulins à sucre , à faire de grandes roulettes d’une seule pièce pour les chariots ; et comme il prend aisément un joli poli, les menui- siers et les ébénistes font avec ses planches des meubles d’un bel aspect, plus convenables que ceux en acajou. L’on mange la pulpe farineuse que renferme la gousse, elle a une odeur aroma- tique, et rappelle par sa saveur celle des pains d'épices. Vahl a décrit sous le nom de HYMÉNÉE VEINÉE , H. venosa, une espèce indigène de Cayenne , aux fleurs sessiles, réunies en panicules terminales, offrant un calice soyeux, luisant. Elle ressemble à la précédente par son port, mais elle en diffère par ses feuilles membraneuses et très-longues. Une troisième espèce observée par Smeathmann à l’île Maurice, et que l’on dit porter à Madagas- car le nom de T'anroujou, est appelée par Gaertner HYMÉNÉE V£LRRUQUEUSE, Ÿ1. verrucose , parce que sa gousse, qui contient deux ou trois semences blanches, est surchargée de verrues brunes ; Jui- santes, panachées. Les fleurs qui précèdent cette gousse assez petite, sont ramassées en petites grappes latérales. Les unes et les autres espèces se plaisent sur les plages inondées. Leur fruit est avidement re- cherché par les singes. La culture de ces arbres, ‘introduits depuis long-temps dans nos serres chau- des, est dificile ; ils’ se refusent aux soins que l'on prend à leur conservation: Les graines lèvent très-bien , elles poussent visoureusement la pre- mière et la seconde année, puis elles dépérissent sensiblement et meurent à leur quatrième année. . CRDP be) HYMÉNOPHALLE ; Aymenophallus. (roT. caypr.) Champignons. Genre de la tribu des Cla- thracées, qui a beaucoup de rapports avec les vrais Phallus ,:maïs qui en diffère par l'existence d'une membrane entière ou percée de trous régu- HYME liers qui naît du haut du pédicelle au dessous du chapeam, et qui forme une collerette rabattue au- tour du même pédicelle. Du reste, on trouve dans les plantes de ce genre, comme dans les Phallus, une valve arrondie, renfermant une matière gé- latineuse ; un pédicule renflé, fistuleux, percé au sommet, où adhère un chapeau libre, campanulé et creusé d’alvéoles; un développement rapide, et une odeur fétide lors de la maturatian des sé- minulss, Les trois espèces d'Hyménophalles connues sont : 1° L’Hymenophallus indusiatus (Phallus indu- siatus de Ventenat), qui croît à la Guiane, aux Antilles, dans les provinces du sud des Etats-Unis, et dont la collerette est très-grande , en forme de réseau, à mailles pentagones ou hexagones très- régulières ; 2° L’Hymenophallus dæmonum(Phallus dæmonum de Rumphius) , qui paraît avoir beaucoup d’ana- logie avec la précédente par sa collerette réticulée, mais dont les mailles sont plus petites ; 5° L/Hymenophallus duplicatus ( Phallus dupli- catus de Bosc) , que l’on trouve dans la Caroline du sud et dont la collerette est entière et simple- ment plissée. (FE. F.) HYMENOPHYLLE, Æymenophyllum. (or. cryrT.) Fougères. Genre très -élégant de la classe des Fougères, établi par Smith aux dépens des Trichomanes de Linné, et dont les caractères consistent dans des soies marginales, où les cap- sules sont sessiles sur un réceptacle commun, cy- lindrique, inséré dans un involucre bivalve, de la texture des frondes, à valyes extérieurement libres. Des cinquante espèces d’Hyménophylles con- nues, deux seulement se trouvent en Europe, le pius grand nombre habite entre les tropiques et jusque dans les parties les plus chaudes de la zone tempérée, À Les Hyménophylles se plaisent dans les bois et sur les vieux troncs d'arbres, parmi lesimousses et les rochers ombragés des lieux frais et mon- tueux. Les plus élégantes sont : 1° L’Hymenophyllum Boryanum de Willdenow, dont les frondes, très-jolies et très-gracieuses, sont transparentes, velues à leur marge (les poils sont disposés en étoile), hautes de deux pouces et demi, et que l’on trouve sur les vieux arbres abattus des forêts de Mascareigne ; nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 251, fig. 7. 2° L’Hymenophyllum elasticum de Bory Saint- Vincent, qui croît dans les mêmes lieux que la précédente, qui a un pied de longueur, et dont l’élasticité est telle qu’elle conserve encore, après vingt années de dessiccation et de conservation dans un herbier, la propriété de se redresser quand on enlève une des feuilles de papier entre lesquelles elle a été placée. 5 L’Hymenophyllum tunbridgense de Willde- now, dont la hauteur est de quinze à vingt-quatre lignes, la couleur d’un vert foncé, les pinnules, dentées par les bords, ct que l’on trouve par touffes serrées dans quelques bois de nos climats, climats où , du reste, elle n’est pas commune. On a également trouvé cette espèce en Ecosse, en Angieterre, en Normandie, au pied des Pyrénées, en Norwéce, en Italie, etc, ; (F. F.) HYMÉNOPTÈRES. (mns.) L’un des ordres les plus intéressans des insectes , tant par les différens genres d'industrie qu’offrent les insectes qui le composent, que par l'intérêt dont ils peuvent être pour l’homme, puisqu'ils renferment les insectes, qui nous donnent Ja cire, le miel, la noix de galle , etc. Get ordre avait été pressenti de tout temps par les auteurs lorsque Linné l'établit; mais les ca- ractères qu'il lui assignait étaient loin d’être ri- goureux, puisqu'il se contentait de le distinguer par ses ailes veinées, caractère qui pouvait aussi bien appartenir aux Nevroptères; Geoffroy, adop- tant ces mêmes caractères, les réunit en un seul ordre avec les Neyroptères, sous le nom de Té- traptères ; Linné, ajoutant que les femelles de cet ordre avaient un aiguillon, compléta les carac- tères de cet ordre ; Fabricius le confondit d’abord avec des animaux très-disparates, mais dans son Éntomologie systématique il en forma l’ordre des. Piezates, qui était positivement celui de Linné, sauf la manière dont il formule ses caractères , propre à le rendre à jamais méconnaissable, si les individus n'étaient pas là pour mettre sur la voie, Tel qu'il est fixé maintenant , cet ordre offre les caractères rigoureux suivans : insectes à quatre ailes nues, simplement veinées, dont les inférieures toujours beaucoup plus courtes ; des mandibules, des mâchoires, et une lèvre susceptible d’un grand allongement, propres à former une trompe ; une tarière ou un aiguillon dans les femelles. Dans la méthode, la place que doivent occuper ces insecles a souvent varié, selon la valeur des. parties que l’on a voulu prendre pour base; la plus grande partie des auteurs ayant adopté les ailes pour caractère primitif, ils se trouvent immé- diatement avant les Lépidoptères et après les Né- vroptères; mais celle méthode m'a toujours paru très-défectueuse, et je pense que, comme les or- ganes buccaux et le canal alimentaire doivent four- nir les caractères réels de toute classification , les Hÿménoptères doivent être. intermédiaires, entre les insectes broyeurs et les insectes suçeurs; au mot INsEcTE je développerai les considérations qui m'ont conduit à cette détermination. Les Hyménoptères ont la tête globuleuse, ver- ticale, munie de deux yeux à réseau globuleux, ordinairement plus développés dans les mâles ; ils ont en outre en général trois ocelles placés en triangle sur le vertex ; leurs antennes varient de forme selon les genres et même les sexes , le plus souvent elles sont d’un nombre très-variable d’ar- ticles; leur bouche se compose d’un labre in- cliné, de deux mandibules cornées, de deux mä- choires et d’une lèvre étroite attachée dans une cavité inférieure de la tête, souvent allongés en manière de trompe, d’une. languette rétractile ; souvent très-longue, trifide , plumeuse; les‘palpes, . h à BYME maxillaires sont le plus souvent de six articles, et les labiaux de quatre; le pharynx est situé à la base de la lèvre et formé par une ou deux pièces triangulaires, qui sont l’épipharynx et l’hypopha- rynx de M. Savigny ; le tronc est, comme à l’or- dinaire , formé de trois segmens, dont le premier court, en forme de collier, les deux autres intimé- ment soudés ; il porte les six paires de pattes qui ônt toutes cinq articles aux tarses, deux crochets et uelquefois une. pelote entre, une épiné vers le milieu des tibias de la première paire ; les ailes sont transparentes, veinées longitudinalement, croisées Pune sur l’autre dans lé repos, unies quand elles sont étendues par une rangée de petits crochets fixés sn bord antérieur des secondes et accrochant le bord postérieur des premières; leur insertion est couverte par une petite pièce arrondie faisant partie des pièces latérales du thorax des insectes. Les veines de ces ailes ont été étudiées avec soin. par Jurine, qui a basé dessus sa méthode de classement des Hyménoptères ; mais, quoiqu'il ait été trop exclusif en n’employant que certaines nervures des ailes supérieures et en négligeant totalement les inférieures, et qu’il ait fait passer les caractèresqu'il enta tirés avant tous les autres , ce qui lui a fait réunir des insectes très-disparales, on peut en tirer un bonparti en ne les regardant que comme accessoires, et nous allons les passer én revue : l'aile supérieure des Hyménoptères forme un triangle très-allongé , dont le bord an- térieur est la base et dont le sommet se trouve à la jonction du bord postérieur et du bord interne ; un peu avant l’extrémité de cette dernière partie, l'aile faitun'renfoncement ; vis-à-vis du sommet du triangle et joignant le bord antérieur est une tache coriace appelée indifféremment stigmate, point calleux ; à présent , si l’on part de la base de l'aile, on voit plusieurs nervures longitudinales paral- lèles. Jurine n’a déterminé que les trois premières : celle qui touche le bord antérieur est le radius, la seconde le cubitus; et la troisième le brachius. Ces nervures vont aboutir, les deux premières au stigmate et la troisième à l'enfoncement qui existe au bord postérieur ; mais ces noms qu’il donne aux nervures ne sont que pour arriver à nommer les cellules formées par elles, car ce n’est que d’elles qu'il s’est servi.‘ Ainsi, la première cellule partant. du radius un peu avant le stigmate et s'étendant le long du bord antérieur jusqu’à l’ex- trémité de l'aile est la cellule radiale; si une ner- vüre transverse vient rejoindre le stigmate, alors il y a deux cellules radiales; et s’il se trouve une troisième séparation, elle forme une cellule radiale appendiculée. Si maintenant on redescend vers le disque de l'aile ; on voit de l'extrémité droite {du cubitus une petite nervure qui atteint plus ou moins l'extrémité de l'aile , l’espace compris entre elle et les cellules radiales forme les cellules cubi- tales ; elles peuvent être au nombre de quatre. Enfin les nervures qui partent de ces cellules et se rendent ves les grosses nervures du bas de l’ailé sont appelées récurrentes, Depuis le travail de Jarine, Latreille et MM: Serville et Saint:Fargeau , dans lé 10° volume de l'Encyclopédie. ont étendu cette classification aux cellules qui occupent le disque de l’aile ; mais cette étude nous meneraït trop loin, c’ést dans l'ouvrage de Jurine et dans ceux des au. teurs cités qu’il faut spécialement les étudier. : L’abdomen tient au thorax par un étranglement formé non par le premier, mais par le second ségmént abdéminal ; le premier formant l’éxtré- mité ou bouchant pour ainsi dire la partie posté- rieure du tronc, comme ce segment se confond avec le tronc, souvent on ne le compte pas dans les descriptions; l'abdomen est composé de cinq à neuf segmens, et il est muni à son éxtrémité, soit d’une tarièré, soit d’un aiguil'on; Fun ét Vautre sont compôsés de trois pièces principales: la tarière ou l’aiguillon proprément dit, ét deux pièces qui l’enveloppent, {ormañt une gaîñe;: là pièce principale est Loujours dentelée , les tarières sont extérieures, quelquefois dépassant Je corps’, quelquefois logées dans une rainuré infériéuré de l’aldomen :; dans uné tribu, la tarrière est formée de tubes rentrant lés uns dans les autres, térmi- nés par un pelit aiguillon, mais c’est impropre- ment que cette organisation prendrait le nom de tarière, c’est un simple oviducte, assez coriace ce- pendant pour pouvoir pércér des substances peu résistantes; les aiguillons sont toujours internés , à leur base sont des glandes vénéneuses qui sè trouvent comprimées et font sortir leur liqueur par l'effet même de la sortie de l’aiguillon ; dans quelques individus , même, l’aiguillon a disparu, les glandes vénéneuses seules sont restées et les insectes qui les possèdent ont la‘faculté de les faire éjaculer au loin. L’anatomie des Hyménoptères est encore peu connue ; le beau travail de M. Léon Dufour sur les Scolies est encore le seul guide où l’on puisse trouver des renseignemens ; mais il est trop spécial pour établir des généralités; il a cependant remar- qué, et l’on peut le noter ici, que les trachées respiratoires sont vésiculaires , propres à conser- ver une certaine quantité d'air, et que cette orga- nisation peut peut-être servir à produire le bour- donnement propre à ces insectes. Les Hyménoptères'sont tous des insectes terres- tres et vivant à l’état parfait sur les fleurs; leurs larves, qui presque toutes sont apodes, ont la forme d’un ver blanc ; leur nourriture à ce premier état est très-variée; une première partie (les Porte scies) dont les femelles sont munies de tarières en forme de scie, introduisent leurs œufs dans le bois; les larves qui en sortent ressemblent à des chenilles, vivent à l’air libre, se nourrissent de feuilles ; et se font uné coque pour passer à Jeur dernière mé- tamorphose; dans une autre famille (les Pupivo- res), les larves sont introduites par les femelles dans le corps de différentes larves et y parviennent à tout leur accroissement; quelquefois cependant les femelles se contentent de déposer leurs œufs sur les larves dont doivent se nourrir leurs petits, et ceux-ci les mettent à mort pour s’en nourrir ; ils filent'une coque , soit dans l’intérieur, soit au- tour de leur’ victime; :pour passer à leur dernier HYME k état ; dans les petites espèces , ces larves sont sou- vent agglomérées. Une petite division qui, dans la méthode, devrait être rapprochée des Tenthrèdes, place ses œufs dans les jeunes branches des arbres et y produit par l’extravasation de la séve des galles très-remarquables. Dans la division des Hymé- noptères munis d’aiguilions, nous trouvons les Fourmis, dont les travaux, la tendresse et les soins pour leurs petits sont connus ; les larves sont alimentées par les neutres, ou les femelles avortées ; beaucoup se filent une coque pour se changer en nymphes. Dans cette division nous trouvons beau- coup de parasites; on pense queles Mutilles qui sont munies d'un aiguillon si redoutable doivent l'être ; les Fouisseurs creusent en terre la demeure de leur postérité et approvisionnent Jes petits à éclore de cadavres de différens insectes , que sou- vent des intrus viennent manger à leur place. Les Guëépes et leurs congénères vivent en société ‘ comme les Fourmis: mais, non contentes de nourrir comme elles leurs petits et de creuser en terre de vastes demeures , elles y construisent des habitations qui rappellent déjà celles des Abeilles ; enfin viennent les Melliferes ; celles-[à ne font de tort à personne; elles se contentent , après avoir construit les habitations de leurs enfans, de les approvisionner de miel pour tout le temps où ils ont à croître ; mais dans cette famille même, qui devrait n’être composée que d'insectes travailleurs, il se trouve aussi des paresseux qui vont manger la nourriture recueillie avec tant de peine par la mère pour sa postérité ; aussi est-ce bien le cas de dire avec Virgile : Sic vos non vobis mellificatis, apes. Dans cette famille, les espèces dont les larves sont déposées dans des rayons sont alimentées par les femelles et filent un. couvercle à leur cellule avant de se métamorphoser. La vie des Hyméno- ptères est bornée environ à une année dans toutes ses phases. Lorsqu'ils sont en état de nymphes ils passent assez promptement à celui d'insectes par- faits; mais. quoique leur métamorphose soit opérée de bonne heure, ils restent fort long-temps dans le réduit qui leur sert d’abri. Sous le rapport de la méthode, les Hyméno- ptères sont divisés en deux grandes sections : les Térésrans et les Porre A1GuILLONS. La première de ces sections comprend la famille des PorTe-sctes, qui sont les Tenthrèdes, les Urocères ; les Purivones ou les Zchneumons, Cynips, Chacis, Chrysis, La se- conde section renferme les familles des HirT£ro- &yxes, ou les Fourmis, Mutilles ; les Fouisseurs, ou les Sphex, Scolie, Bembex, Crabrons; les Dirzorrères ou les Guépes; enfin les MELLIFËRES ou les Abeilles, Bourdons, etc. Nous renvoyons à tous ces mots où les carac- ières de chaque famille sont exposés. ’oyez aussi le mot InsecTE , où se trouve la classification gé- nérale pour éviter les redites. (A. P.) HYMÉNOSTACHYDE, Hymenostachys. ( 807. crypT. ) Fougères. Genre établi par Bory Saint- Vincent aux dépens des Trichomanes de Linné, 96- : . HYPE et dont les caractères sont les mêmes, à l’involucre près. Dans les Hyménostachydes, l’involucre est de la même substance que les frondes; il est fixé aux bords de celles qui sont fertiles, se continue avec la nervure dont la columelle est'comme une prolongation, et qui, par sa bifurcation, forme une urcéole dont une valve se trouve plane. Comme type de ce genre, M. Bory Saint-Vincent cite l’Aymenostachys diversifrons , plante très-élé- gante, rapportée de la Guiane par Poiteau. Les ca- ractères de cette fougère , qui croît sur les humus: des vieux arbres des forêts, sont : des frondes sté- riles et fructifères ; les premières sont pinnatifides; les secondes sont étroites, linéaires, assez lon- gues, urcéolées à leur marge, et pressées les unes contre les autres de manière à représenter un épi comprimé en lance d’un aspect singulier; cet épi est plus longuement siipité que dans les frondes stériles. (F:F.) HYOIDE. (axar. ) Arceau osseux , dont la con- vexité regarde en devant, suspendu horizontale- ment entre la base de la langue et le larynx, dans l'épaisseur des parties molles du cou. Sa forme, les diverses parties qu'on y remarque, les pièces dont il est composé, varient dans l’homme et dans les diverses classes d'animaux vertébrés. ( F7. Sque- LETTE. (P. G.) HYOSÉRIDE, Hyoseris. ( 8oT. PHAN. ) Genre de Ja famille des Synanthérées, tribu des Chico- racées, et de la Syngénésie égale de Linné , établi par ce dernier, et démembré par les botanistes mo- dernes, qui y ont reconnu des plantes de différens caractères. En effet, une des principales es- pèces, l’Ayoseris fœtida, est identique avec les Lampsanes, et leur a été rendue ; les Âedypnoïs de Tournefort, réunis par Linné à ses Hyoseris , ont repris leur dignité de genre sous les auspices de Jussieu, qui cette fois s’est montré trop bienveil- lant pour des droits anciens, mais trop contesta- bles; un nouveau genre Krigia, créé par Schre- ber et Willdenow , s’est emparé des Æyoseris vir- ginica et montana; enfin . Gaertner a constitué son Arnoseris avec l’Hyoseris minima de Linné. Dans celte déroute presque ‘générale, l’Hyoseris reste avec trois espèces linnéennes , les radiata, scabra et lucida, herbes assez semblables aux Pissenlits , ayant des feuilles radicales , pinuatifides , et des calathides de fleurs jaunes. Voici leurs caractères généraux : involucre cylindrique, formé d’écailles disposées sur un seul rang, appliquées , égales, ac- compagnées à leur base de quelques écailles en forme de calicule; réceptacle nu et plane; fleu- rons nombreux, tous en languette et hermaphro- dites ; graines dissemblables; celles du centre cy- lindriques , lisses, saurmontées d’une aigrette étoi- lée; les intermédiaires hérissées, munies d'ailes latérales et d’une aigrette étoilée; les extérieures. ayant une aigrette écailleuse, comme avortée. Le nom d’AHyoseris, employé par Dioscoride , signifie Laitue de porc ; on lui donne en français un. nom plus élégant , celui de Dormeuse. (L.) HYPÉRICINÉES , que d’autres appellent im- proprement ee ent HYPE ‘ proprement HYPÉRICÉES et HYPÉRICOIDES. (or. P#an.) Famille de plantes dicotylédonées, touchant aux Guttifères par le nombre normal et la situation des parties de leurs fleurs, mais en différant par leurs rameaux , leurs feuilles , leurs pédoncules articulés, leurs capsules et leurs se- -mences fines. Elle a pour type le genre Æyperi- c Pin et Ponocanrs. ) Ses espèces, au nombre de huit, dont une seule appartient à l’Europe, l’Ir commun, Tazus baccata, ne vivent point en société comme les arbres de la même famille ; nulle part elles ne forment , à leur instar, des forêts d’une vaste étendue ; on les trouve ordinairement solitaires, même dans les localités qu’elles semblent affectionner de préfé- rence, où elles se montrent très-robustes , acqué- a rant une grosseur et une taille remarquables , où elles ne dépérissent et ne meurent de vieillesse qu'après plusieurs siècles d’une vigoureuse exis- tence. Les caractères essentiels du genre sont d'offrir des arbres de moyenne grandeur, très-rameux , à feuilles linéaires toujours vertes, très-rappro= chées les unes des autres, et disposées, en face l’une de l’autre, des deux côtés des rameaux. Le bourgeon florifère est polyphylle , imbriqué d’é- cailles opposées, les supérieures plus grandes; les fleurs sont monoïques ou diviques, roussâtres s les mâles forment des petits chatons globuleux portant six à quatorze fleurs sur chaque écaille , de cinq à dix étamines , dont les filamens , insérés au sommet d’une colonne centrale, sont munis d’anthères peltées, ordinairement quadrifides, ra- rement octofides, en parasol, et s'ouvrent par la base ; les femelles sont composées d’une seule fleur sur chaque chaton; elle est terminale, a le calice plus pelit que les mâles, l'ovaire trigone , ovoide , avec stigmate simple, sessile ; la noix qui succède est glabre, uniloculaire, monosperme, sans vals ves , et affecte la forme de l’olive. Après l’acte fe- condateur , le réceptacle s'agrandit, entoure en= tièrement la noix en forme de cupule, devient pulpeux et coloré , mais il ne la déborde pas. Ce- pendant il arrive quelquefois que la noix est de moitié plus longue que la cupule; le fruit de V'If ressemble alors à un petit gland. La semence qu’il contient est blanche, charnue, huileuse. Ces arbres , dont la tige est droite, la cime co- nique , arrondie , très-touflue,, le feuillage d’une teinte uniforme , vert foncé, même noirâtre (voy. notre Atlas, pl. 236, fig. 1 ), croissent len- tement, et habitent, dans les climats tempérés , le fond des sombres vallées, les lieux secs et om- bragés, les bases inclinées des montagnes et sur les collines, depuis le 32° degré de latiude septen- trionale jusqu’au 52° en Amérique, et au 63° em Europe ; depuis le 24° degré de latitude méridio- nale jusqu’au 55° au cap de Bonne-Esptrance , et au 40° au Chili. Leurs stations les plus heureuse- ment partagées sont l’Europe, le nord de l'Asie, les forêts de hêtres de la Ghersonèse-Taurique, les contrées riantes qui avoisinent le Caucase , le Japon, principalement aux eavirons de la ville de Nangasacki, la côte occidentale du continent amé- ricain du 41° au 49° degré de latitude nord, le Maryland, le Canada, le pays des Esgquimous et l’île de Terre-Neuve. Aux lieux stériles , lIf demeure généralement petit; quand le fonds de terre est de bonne qualité, il donne de superbes tiges, et: de son tronc , qui présente quelquefois douze et seize mètres de cir- conférence , on peut retirer de grosses poutres , dé larges planches excellentes et de longue durée. Témoins ceux plantés dans les cimetières de Cas- tillon , Saint-Germain-d’Elle, Magny , Sully, Vaux- sur-Aure, département du Calvados; ceux de Foullebec , près de Pont-Audemer, de Boisney , département de l'Eure; ceux de la haic de Rou- tot, près le Bourg-Achard, et des Trois-Pierres , IF 120 IF = OUI MU TR prèsle Havre, département de la Seine:Inférieure, ainsi que ceux que l’on voit en Norwége sur le sommet et au pied des tombelles élevées par les Scandinaves. L'If le plus gros connu existe à For- tingall, en Ecosse; les uns lui accordent trois mille ans d'existence, et les autres la portent seu- lement à deux mille et même à dix-huit cents ans. Vers la fin de l'hiver, l’If entre en floraison; mais c’est seulement sous l'influence de l’haleine printanière que les anthères s’épanouissent et versent leur poussière fécondante sur le pistil amoureux : les noces durent quinze à vingt jours. Aux approches de l'automne, le fruit est mûr ; il reste long-temps sur la branche avant que de tomber. On accuse cet arbre d’être vénéneux pour l’homme et pour les animaux. Cetle opinion re- monte fort haut; comme elle date d’une époque où la chimie n’avait point encore éclairé les pro- priétés le plus souvent fort gratuitement attribuées aux plantes, il importe de l’examiner, puisque c'està elle qu’on attribue le discrédit dans lequel l'If est tombé depuis près d’un siècle. Théophraste regarde son fenillage comme nui- sible, dans un grand nombre de cas, aux chevaux et aux autres solipèdes ; mais il ne l’est nullement pour les ruminans et pour les bêtes à Jaine. Jules César nous apprend que les Gaulois empoison- naient leurs flèches avec le suc extrait du fruit, et que le chef des Eburoniens, l'oncle de l'illustre Hermann ( que les Latins appelaient Ariminius ), se donna la mort en en prenantune certaine dose, lorsqu'il se vit vaincu par l’aigle romaine. Virgile défend au cultivateur d’abeilles de garder des [fs autour du rucher, leurs fleurs étant essentielle- ment pernicieuses à l’insecte fabricateur du miel : c’est à l’époque de la fleuraison que les 1fs sont le plus à éviter, s’il faut en croire Plutarque. Pline ei Dioscoride vont plus loin, ils accusent jusqu’à leur ombrage d’être mortifère. Jean Bauhin et Mattioli affirment ces tristes propriétés et les ap- puient de faits qu’ils ont élé à même de constater, Jun au midi de la France, l’autre sur les Alpes voisines du Vicentin. Mille circonstances pouvant tromper les sens de l'homme le plus instruit, aveugler les yeux les plus pénétrans et donner le change sur les expé- riences dont on veut tirer des lois plus ou moins fixes, n’est-il pas permis de croire qu'ici l’on a souvent pris des accidens pour leurs causes pre- mières, et l’on a conclu d’un phénomène passager une conséquence fausse, sans s'inquiéter si l’on n’ouvrait pas ainsi une vaste carrière à l'erreur, Si l’on en croit des observateurs modernes, il a au moins exagération dans les reproches que Von fait à VIT. D'une part, Pena, Daléchamp et Gérard attestent*que son ombre n’est nullement nuisible et que l’on peut impunément s’endormir à ses pieds; Haller nie la constante propriété vé- néneuse du feuillage, et, à cet égard, le senti- ment du grand physiologiste est appuyé par l’ha- bitude, chez les Hessois et les Hanovriens, de le donner à leurs bestiaux durant l'hiver, et par l L l'usage adopté depuis 1790, à la recommanda- tion du vétérinaire Viborg, de Copenhague, de le leur administrer mêlé avec un tiers ou un quart d'avoine. D'äutre part, ma propre expérience m’a convaincu que, sous le ciel de l'Italie, dela grande Grèce, de la France, de la Suisse et de l’Allema- gne,on n’a rien à redouter de son voisinage , même en dormant sous son ombre aux jours les plus chauds ; que ses feuilles peuvent être mangées impunément par Lous les animaux lorsqu'elles sont sèches et unies à d’autres fourr ages ;, fraîches, non: seulement leur goût amer et nauséabond leur ré- pugne, mais elles peuvent déterminer des accidens plus ou moins graves, selon la disposition actuelle de l’animal. 2 Qaant aux fruits, dont les enfans et les oiseaux sont également très-friands , leur pulpe, d’un rouge vif, n’est point dangereuse si l’on en mange avec modération; pris à l’excès, ils causent la dysenterie comme tous les fruits acerbes et vis- queux. Aux premières années de l'ère vulgaire , nous apprend Suétone, on en conseillait l'usage comme antidote du venin de la vipère. L’amande a le goût des pignons et de la noisette; elle est agréable, nourrissante ; en vieillissant, elle s’al- tère, devient rance et d’une âcreté révoltante ; fraîche, on peut, comme on le fait au Japon, en retirer une huile très-bonne, laxative , propre aux préparations culinaires. Ces semences, données aux volailles , les engraissent, Réduites en poudre , les feuilles et l'écorce d'If, de même que l'extrait qu’on peut en préparer , agissent, dit-on , d’une manière cffrayante sur les hommes et sur les animaux, Si des expériences nouvelles , rigoureusement faites, viennent con- firmer ces asserlions, elles prouveront les dan- gereuses propriétés de l’If quand il est adminis- tré dans l'état de verdeur. Parlons maintenant de son bois. Il est inCorrup- üble, très-pliant , d’un roage-brun veiné de zones rouges plus foncées ; après celui du Buis, Buxus- arborea, dont il a été parlé au 1® vol., pag. 542 et 545, le bois de l'If est le plus pesant de l’Eu- rope; pour la beauté, l’on peut le comparer à la plupart des bois que nous tirons à grands frais de: l'étranger. Si nos fabricans de meubles savaient l’apprécier à sa juste valeur, ils l’emploieraient de préférence. La couche peu épaisse de l’aubier, qui est d’un blanc éclatant et très-dure, recouvre: un bois plus dur encore, un bois plein et sans po- res apparens. La finesse du grain le rend suscep- tible du poli le plus vif. Lorsqw’ilest nouvellement mis en œuvre, sa couleur tient de l’orangé; l’air et la lumière l’amènent bientôt au rouge foncé. Varennes de Fenille, qu'on ne saurait trop citer: quand il s’agit de l'emploi le plus profitable des bois, nous apprend qu'on peut lui imprimer la couleur pourpre-violet des bois exotiques. L’arti- fice, dit-il, consiste à faire, durant quelques mois, immerger, dans l’eau d’un bassin, du bois en toute sa séve, divisé par tablettes très-minces , auxquelles les ébénistes donnent le nom de feuilles. Cette opération , infiniment simple , développe la partie A + détient oo IF 121 IGNA mm mm partie colorante au point non seulement de pro- duire le changement avantageux désiré, mais en- core que l'outil ne peut l'enlever au travail qui suit le placage. Demeuré long-temps enfoui dans les Tour- bières, le bois d'If perd de son élasticité ; mais il y acquiert une solidité que rien n’ébranle; il est alors presque noir. Jeune ou vieax, les insectes ne J’attaquent point; qui croirait que ce précieux avantage lai a valu le reproche de donner la mort à l’ouvrier qui le met en œuvre, ainsi qu’aux per- sonnes qui dorment dans les chambres lambrissées en If? Ce préjugé ridicule est très-répandu dans nos départemens de l’ouest. Quand cet arbre meurt de vierllesse, il n’est point rare de lui trouver, le cœur absolument gâté. Dans son jeune âge, à la suite d’une forte gelée, une observation récente semble prouver que la puissance de l'écorce, si. grande lors de la formation du bois ( voy. au mot Ecorce), peut réparer le tort fait à l’arbre et rem- plir d’un nouveau bois la cavité ouverte, sans cependant Ja faire complétement adhérer aux cou- ches précédemment formées. En comptant les couches annuelles de l’If, on peut aisément se tromper sur leur nombre, tant le bois est compacte et les couches serrées. Plus celles-ci s’approchent de la sarface extérieure , . plus elles sont pressées les unes contre les autres : on en a trouvé jusqu'à cent dans le court espace de vingt-sept millimètres. C’est une preuve de la croissance très-lente de l'arbre une fois qu'il a acquis une certaine dimension. Une remarque que je ne dois point passer sous silence, c’est l'injustice qui poursuit l'If depuis le 25 octobre 1637 qu’une ordonnance royale sol- licita son abattage dans les jardins et autour des habitations champêtres. Après l'avoir vu , durant de longs siècles, multiplié à l’excès pour la dé- coration, et, esclave du mauvais goût, prendre do- cilement sous le ciseau d’un stupide jardinier les formes les plus bizarres, les plus fantastiques ; après avoir abusé de la sorte et de sa vigueur et de sa rusticité, l'If a été proscrit sans pitié, même des cimetières. Îl serait cependant à désirer qu’on Je rendît au moins à cette destination. Emblème de l'immortalité , nos aïeux, à l'exemple de leurs pères, employaient ses rameaux à tresser des cou- ronnes pour les cérémonies lugubres, et ses tiges à ombrager les tombeaux. On doit surtout le éhoi- sir de préférence au Cyÿprès pyramidal, Cupressus pyranidalis ( voy: tom. 11, pag. 449 à 471), par- : tout où l’âpreté des hivers ne permet point à cet - arbre exotique, de se développer convenablement, Il conviendrait aussi de le replacer dans les jardins paysagers, où son port et son feuillage feraient une opposilion remarquable à la nuance brillante des buissons du Laurier-cerise et de l’Azarero du Por- tugal, Cerasus lauro--cerasus et C. lusitanica, et de le planter auprès des ruines. où il produit un effet des plus pittoresques. D'ailleurs les propriétés du bois d'If ne font-elles pas un devoir au proprié- | taire rural de lui rendre son ancien crédit ? J’a- jouterai que c’est une obligation d'autant plus im- T. IV. portante, que ce bois est excellent pour tout ce qui demande force et durée , pour le charronnage, la conduite des eaux, les vis, les dents de roues pour les moulins, etc. Les branches de l’arbre sont , par leur grande élasticité, très-estimées pour les arcs; on en fait dans les Alpes des cerceaux qui durent plus de cinquante ans ; les échalas coupés dans le bois bien sec sont presque incorruptibles ; Rozier en recommande l'usage, que l’on trouve adopté dans la Géorgie et la Colchide. Ne recourez point aux marcottes ni aux bou- tures, quoiqu'elles s’enracinent aisément , si vous voulez avoir des [fs bien droits ; sèmez les graines avec la pulpe aussitôt qu’elles sont mûres ; faites-le sur une bonne terre, dans un lieu ombragé, à l'aspect du nord; elles leveront au printemps sui- vant. Car, quoique l’on ait vu, pendant l’hiver de 1709, des IfS endommagés par la rigueur de cette année, il n’est pas moins vrai qu'ils suppor- tent volontiers nos grands froids, et qu'aucun n’a éri en 1820 ni 1890. (T. ». B.) IGLOITE. (wn.) Nom qui a été donné à une ARRAGONITE (voy. ce mot), parce qu’elle a été trou- vée à Iglo, en Hongrie. (J. H.) IGNAME, Dioscorea. (80T. PHaAN.) Plumier a créé ce genre de la famille des Asparaginées et de la Dioécie hexandrie, et l’a dédié à Pedanius Dioscoride , médecin d’Anazarbe en Cilicie, qui nous a laissé, sous le titre de Matière médicale, un traité sur les propriétés aromatiques , alimen- taires , médicinales et vireuses de six cents plantes, dont quatre-vingt-dix au plus sont décrites avec détail , sans être pour cela exemptes du reproche de sécheresse et d’inexactitude qu’on est en droit de faire à un botaniste écrivant trois siècles et demi après Théophraste. Les plantes monocoty- lédonées qui constituent ce genre nombreux en espèces, sont grimpantes de gauche à droite, la plupart pourvues d’une racine tuberculiforme, susceptible de fournir à l’homme un aliment sain etagréable. Leurstiges, herbacées ou frutescentes, sont garnies de feuilles alternes, quelquefois op- posées, et portent des épis ou grappes axillaires de petites fleurs dioïques, composées d’un calice campanulé à six divisions égales, un peu étalées ; de. six étamines insérées à la base de ces divisions ; d’un ovaire supère, libre, trigone, surmonté de trois styles et d'autant de stigmates. Le fruit qui.succède à cet appareil de la reproduction est une capsule comprimée, triangulaire , À trois val- ves, dont chaque loge contient deux semences entourées d’une aile membraneuse. Les Ignames, qu'il ne faut point confondre avec le Gouet ombiliqué, ÆArum colocasia, dont j'ai parlé plus haut (voy. tom. 11, pag. 266), que l’on appelle vulgairement Igname en Egypte, servent de type à la famille des Dioscorées, inventée par Robert Brown, mais que l’on doit tout au plus réduire à l’état de simple section dans la famille des Asparaginées. Elles sont originaires de l'Inde, et Ja culture les a depuis long-temps naturalisées dans l'Australie, l’Afrique et l'Amérique du sud. Quatre espèces méritent une mention particu- 256° Livraison, 16 IGNA " IGUA SE —————————"——…— …—…———…—"…—…—……—……—…—…—… —"—……—… … … lière. La plus intéressante, l'Ienane Are, D). alata, représentée dans notre Atlas, pl. 256, fig. 3, est répandue dans toutes les'îles de Ha Polynésie. Ra- . éibe tuberculiforme, très-grosse , irrégulière , lon- gue et pesant quelquefois jusqu'à quatorze et vingt Kilograämmes. Elle remplacele pain, etest préférée par beaucoup de personnes à la Cassave; bouillie à l’eau ou bien à la vapeur, cuite sous la cendre, apprêtée selon, les caprices de la cuisinière, elle nourrit bien , est légère à l'estomac, ét offre une ressource assurée lorsque toutes les autres récoltes Manquent : c’est une autre Pomme de terre ou, si l'on aime mieux, une autre providence du pauvre. Qu'elle soit simple ou diversement contournée , w’ellé se montre palmée ou divisée en plusieurs lobes de six à dix! décimètres de long, cette racine ést noirâtre , violacée où roussâtre extérieurement, très-blanche et färineuse à l’intérieur ; les uns Jui trouvent une saveur assez douce, les autres la disent âcre ét même visqueuse : celte divergence de sensations est due à la nature du sol'où l'Igname est née. La racine donne naissance à des tiges quadrangulaires, de deux mètres et plus de lon- gueur, munies sur leurs angles de membranes rougeâtres , crépues et courantes, Les feuilles cor- diformes qui les garnissent sont d’un vert jau- nâtre, acuminées et traversées par sept nervures d’un rose carminé, surtout à la page inférieure. Les fleurs sont jaunes et leurs fruits léyèrement brans (fig. 4). Il n'est point rare de voir se déve- lopper à la partie supérieure des tiges des corps tübérculeux, participant de la nature des Gruuss (voy. ce mot) ; lorsqu'ils tombent à terre où que la tigerampante les en rapproche, elles poussent des racines, prennent de l'extension et forment des masses semblables à celles de la plante-mère. On mange de même l’Iaxame pu Jaron, D. ja- ponica, qui abonde aux environs de Nangasaki ; V'IGNAME À RAGINES BLANCHES, D. eburnea, dont les racines, longues d’un mètre et un peu courbées, | + D sont très-recherchées à la Gochinchine et compa- rées à des dents d’éléphant, et lIGNAME A Trois seurcres, D.triphylla, qu'on trouve aux Antilles. Ces plantes se cultivent sous les tropiques comme la Pomme de terre. On laboure profondé- ment le champ qui doit les porter, 6n coupe la facine par morceaux en ayant soin d'y laisser un | œil, on les mét en terre de distance en distance | avant la saison des pluies. De chaque œil sortent trois À quatre grosses racines Qui demeurent en | O tout six à huit mois en terre. Aux Antilles les ra- | cines ne sont jamais aussi volumineuses que dans l'Inde ; du reste, elles y jouissent des mêmes pro- priétés. Une seule espèce pourrait être cultivée en France en pleine terre, c’est l'IcnAmE verue, D. paniculata, originaire de la Floride et du Mary- fand. (T. ». B.) IGNATIE, Zgnalia selon Linnéfils, et Igna- tiana selon Loureiro. (8or. Pan.) Ce genre de plantes exotiques, ‘n’offrant avec le 'Vomiquier, Strychros, que de légères différences, lui aété réuni par de Jussieu. Nous renvoyons donc'au mot VomQuiER ce que nüus avons à dire’ de l’arbre qui porte la fève éminemment vénéneuse dédiée au patron des Jésuites, (T. ». B.). IGUANE , Zguana. (repr.) Ce nom, donné par les naturels de l'Amérique à certains Sauriens, s’est iipatronisé dans la science et sert à désigner des Lézards assez gros , en général, qui ont la tête py- ramidale , obtuse, couverte d’écailles plus ou moins tüuberculeuses; la gorge munie d’un fanon com- rimé, souventtrès-développé et denticulé sur son bord libre ; les yeux couverts de deux paupières à peu près égales ; garnies d’écailles granulées ; le tympan largement ouvert à la surface de la peau, sans organes de protection prononcés; le cou et le corps révêtus de petites écailles minces, couchées, imbriquées , subverticillées , égales ; le tronc et la queue comprimés, surmontés d’une rangée ra- chidienne d’écailles relevées en épives plus ou moins saïllantes, qui, par leur réunion, consti- tuent une crête en scie, dont on ignore précisé- ment l'usage; car ces écailles ont assez peu de consistance et ne peuvent guère servir de moyen de défense en cas d’attaque. Les Iguanes se distin- guent encore des autres Sauriens par leur langue molle , fongueuse et la forme de leurs dents com- primées , creuses à leur racine, à couronne trian- gulaire, denticulée sur les bords, carénée à sa face externe; ces dents des Isuanes sont disposées sur une seule rangée le long des bords des maxil- laires au nombre de vingt-cinq environ sur cha- cune des branches de ces os ; on voit de chaque côté du palais une rangée de quinze à seize dents sem- blables ; avec l’âge les dentelures des’ dents dispa- raissent , et ces dents finissent même par s’émous- ser, s’user , de manière à prendre la physionomie de dents molaires; lorsqu'elles tombent par acci- dent dans'le cours du jeune âge, elles se rempla- cent par le développement de germes sapplémen- taires disposés sur les côtés de leur racine , mais dans la vieillesse leur chute est irréparable; aussi a-t-on décrit parfois des espèces comme n'ayant pas de dents palatines , tandis que d’autres auteurs leur en avaient attribué. Les Iguanes ont Ja queue très-grande et très-grêle, paraissant propre à s'enrouler et favoriser la suspension de l'animal; les membres bien développés, les doigts longs, grêles , simples , terminés par un ongle fort et cro- chu, paraissent singulièrement disposés pour l’ac- tion de grimper; aussi dit-on que ces animaux vivent ou du moins chassent leur proie sur les ar- bres , et'sautent de branche en branche pour sai- sir les jeunes oiseaux et surprendre leurs œufs dans l’intérieur des nids ; ils se repaissent également d’in- sectes et de pétits mollusques, on dit même de fruits, de graines ét de feuilles; ils font ordinairement leur retraite dans quelques ‘trous peu profonds qu'ils creusent eux-mêmes dans le sable ; mais le plus sou- vent ils profitent de quelques terriers abandonnés par les Agoutis ; etc. Les Ignanes pondent des œufs comme une grande partie des Sauriens ; ceux de ces animaux sont elliptiques , blancs, calcaires et solides dans leur enveloppe; ils ésatent le volume des œufs de nos pigeons; comme la plupart des Sauriens ; les Iguanes abandonnent leurs œufsrà IGUA 129 IGUA l'incubation solaire dans le sable ou les débris de feuilles sèches; ces œufs sont assez recherchés; dans quelques-localités on fait aussi la chasse aux Igua- nes, dont on mange la chair à la manière de la viande de poisson; dans quelques endroits son usage est. assez répandu pour que l’on apporte les Iguanes dans les marchés; dans d’autres provinces on regarde la chair de ces Sauriens comme .mal- saine, et en parliculier commesingulièrement pro- pre à rappeler les accidens vénériens. Si ce (fait ressemble. à un préjugé , il-sert au moins à pallier des fautes récentes. et à les dissimuler heureuse- ment,en les meltaut sur le compile des vieux pé- chés. et ce sont de ces erreurs qu'il ne faut pas Loujours détruire. On distingue plusieurs espèces d'Iguanes qui ont été confondues par les naturels sousJe même nom d'Zguana, Tuana, Seuembi, ete; l’espèce.la plus. commune est J'IGüANE ORDINAIRE, dont. on,a, fait le type d’un groupe auquel on à donné le nom de #fypsilophus, du mot grec» #i- Jagos , Porte-crête, à cause de la crête rachidienne qui, chez celte,espèce, est plus développée que dans, les autres. Cette espèce, qui a aussi recuiles noms d'{guane tuberculeux , I. ardoise, I. bleud- tre, elc:,. est d’un: vert plus ou moins .grisâtre, jaunâtre, bleuâtre, violacé sur le dos; ces diffé- renceside coloration, qu’elle revêt parfois avec au- tant de facilité que les Caméléons , ont été cause ide la création de plusieurs espèces nominales. Sou- vent, l’on xait le long du dos, des traits larges, vio- Jacés, noirâtres, plus ou moins nettement .arré- tés, jetés en travers. sur la couleur du fond; | mais souvent ces traits manquent ou s’effacent » soit par l’âge ,ssoit par l'immersion dans, l'alcool. | Sur Ja queue, ces traits se convertissent volontiers en anneaux ; parfois sur le corps et les membres, 1ls.dégénèrent en marbrures ou nuages plus ou moins! vagues, .ou même en points plus ou moins | distincts; on remarque aussi assez généralement an'trait blanchâtre plus ou moins distinct , .im- primé.obliquement sur les épaules ; les parties.in- férieures sont d’un jaune chloroïique,, pâle .ou blanchâtre; les côtés du: cou.sont garnis de pla- ques pyramidales.,. irrégulièrement . disséminées , | une grande plaque discoïdale, lisse, située. an des- sous du tympan, offre plus de constance dans sa | disposition.et devient un caractèrespécifique. Cette | espèce; atteint environ trois à, quatre pieds: de lon- | gueur , Ja queue prend un, peu plus de la moitié, | le corps acquiert plus que la grosseur.du bras. Cette | espèce.est répandue surtout dans les régions chau- | des de l'Amérique. L'Icuane, A: cor, Nu est une espèce assez voisine de, la précédente ;.on .lni. a: aussi .donné le nom d'iguane comestible; JL. delicatissima, Elle,se dis- tingue, par. l'absence: des tubercules de la région | servicale.et .de la.plaque discoïdale située an.des- sous, du,tympan ; le,goître ,est.moins développé, Ja crête: dorsale est, moins élevée.et les tubercules du dessus de Ja tête sont saillans en pointes jassez | aiguës; le,système de coloration est,assez voisin de celui, du précédent ;:comme lui'ilse rencontre au Brésil, au Mexique'et dans quelques Antilles. : L’Iguane à col nu atteint les mêmes proportions que l'Iguane ordinaire; les différences qu'ilpré- sente ont porté à en faire le type d’un groupe par- ticulier, sous le nom d'Aimblyrhynchus, formé des mots grecs. auf, obtus, et piyyos, museau , pour indiquer la forme plus obtuse de son mu- seau ; comme cnez l'espèce précédente , on trouve chez ce Saurien une rangée simple de pores mu- cipares le long du bord interne des cuisses. ( Fi- gurée, par M. Guérin, Icon, Rept., pl. 11.) Une autre espèce d'Iguane non moins remar- quable , est celle que l’on a désignée sous le nom d'Icuawe cornu, À. cornuta. À cause de la saillie conique osseuse qui s’élèye entre les yeux et qui rappelle la corne des Rhinocéros; ses mâchoires sont revêtues, commescelles de l’Iguane ordinaire, de plaques bosselées ; mais on,ne trouve pas à la région .ceryicaleide plaques discoïdales ni de pla- ques tuberculeuses ; le système de colorationet,les proportions de cel Iguane le rapprochent assez de l'espèce précédente; sa patrie.est à peu.près Ja même: on en a fait un genre particulier sous le nom de Métopoceros , des mots grecs pezirov, front, el, zepùç , Corne. Il est enfin une autre espèce d'Iguane à tête petite , revêtue en avant de. plaques bosselées , à tubercules coniques peu développésen arrière, à ‘plaques tuberculeuses petites, disséminées sur la région cervicale, mais sans plaque discoïdale sous le fanon, à crête dorsale peu développée, qui se distingue des espèces voisines par le :dé- xeloppement de certaines écailles des verticilles de la queue, qui font une saillie en aiguillon et rappellent la queue des Siellions, des Uromas- tyx, des Cordyles, etc. Cette disposition a fait. donner à cette espèce le nom,d'IGuANE A QUEUE ARMÉE , et l’a fait ériger en genre particulier sous Ja dénomination de Cyclura ,;desmots grecs 52205, cercle, et oùpa , queue , et de Ctenosaura , des mots grecs »rsis, peigne, et caÿpoc, lézard ;ainsi on la trouve;désignée sous les noms de Cyclura carinata et, de Ctenosaura cycluroïdes. Les dimensions , la coloration et la patrie de cette espèce sont à peu près celles des espèces précédentes, (T:G.) IGUANODON. (repr. ross.) On a donné ce nom mixte et composé du mot vulgaire Iguane et du mot grec.cdoès, dent , à un animal dont onne con- naît encore que quelques parlies ,et dont on n’a- vait d'abord trouvé que des dents isolées. : Ces os offrent une elle particularité d'organisation que J’on-balanca d’abord dans leur détermination , :et qu’on les soupconna des dents, canines.de Mammi- fères ruminans, des incisives latérales de Tapirs , des mâchelières, deRhinocéros , ou des dents de poissons. Ges dents sont. simples, coniques, com- primées latéralement ; leurs bords tranchans sont dentelés dans le.jeune âge ,.et se réunissent alors en pointe aiguë; mais peu après, ces dentelures s’effacent ; et la pointe s’use à la manière des mo- Jaires des animaux herbivores;ereuses.à l’intérieur, elles finissent aussi,par se remplir.et devenir com- plétement solides, La, racine simple.est légèrement recourbée et.amincie vers,son.extrémité ; la cou- ILES 12% ILES oo ronne prismatique est plus large du côté de sa face externe, qui est seule émaillée, et présente deux arêtes longitudinales obtuses , qui se divisent en trois facettes ; les dents les plus petites n’offrent qu'une seule arête; quelques dents aussi offrent un tranchant simple et sans dentelure : ces dents paraissent avoir élé rangées latéralement sur une seule ligne et implantées dans des alvéoles sé- parées ; elles semblent aussi avoir pu se reproduire latéralement. On rapporte à l’animal gigantesque auquel ces dents ont appartenu une corne analo- gue à celle du Rhinocéros, c’est-à-dire sans noyau osseux , et qui se rapprocherait de la saillie fron- tale de l’Iguane cornu; on y rapporte des vertè- bres à apophyses très-fortes et très-épaisses, qui ont une surface articulaire plate, et l’autre concave; le corps de ces vertèbres est subquadrangulaire et muni d'apophyses épineuses inférieures ; on y réunit enfin une clavicule crochue analogue à celle d’un Iguane et un os du métacarpe deux fois aussi grand que celui d’un Eléphant, long de six pouces, et pesant six livres. Ces restes ont été trouvés avec les vestiges des Mégalosaures , etc. , dans les sables d’Hasting , dans la forêt de Tilgate, dans l’île de Wight, etc. On a donné à la seule espèce reconnue jusqu'ici le nom de l’auteur qui V’a fait connaître : on l'appelle Iuanopon DE Man- TELL, Î. Mantelli. (EC) ILE , Znsula. (aéocr. puys. ) On désigne ainsi une portion de terre plus ou moins considérable qui est entourée d’eau de toutes parts. Les Îles sont en très-grand nombre sur notre globe, mais elles peuvent être rapportées à plusieurs groupes, comme les Iles Britanniques, les Iles Sand- wich, etc. C’est aux mots qui les désignent ainsi qu'il en sera traité dans ce Dictionnaire. ( Guër. ) ILÉON. (awar.) Le plus long des intestins gré- les : il s'étend depuis le jéjunum jusqu’au cœcum. IL emprunte son nom d’un mot grec qui signifie entorliller, tourner, parce qu’en effet il forme un grand nombre de circonvolutions. (Voyez Ix- TESTIN. (P. G.) ILES. (anaT.) Chez l’homme on donne ce nom aux flancs ou parties latérales et inférieures de l'abdomen, et celui d’os des Iles À ceux que Chaus- sier a nommés os coxaux. (Voyez, pour leur des- criplion, BASSIN, SQUELETTE. ) REC ILES BRITANNIQUES. (céocr. rnys.) Ces Îles se composent de la Grande-Bretagne qui comprend l'Angleterre, la principauté de Galles et l'Ecosse ; de l'Irlande , à l’ouest de l'Angleterre, des îles Hé- brides à l’ouest de l'Écosse ; au nord de celles-ci, des Orcades, et plus loin des îles Shetland. Au sud de la Grande-Bretagne se trouvent les îles An- glo-Normandes, qui, par leur proximité de la France, devraient appartenir à celle-ci ; et au sud- ouest le petit archipel des Sorlingues. La Grande-Bretagne est la plus considérable de toutes les Iles de l’Europe : sa longueur est d’en- viron 200 lieues ; dans sa partie méridionale elle en à 100 de largeur , au centre 98, et vers le mi- lieu de l'Écosse 62, Sa superficie est de 11,400 lieues. Ses côtes orientales et méridionales sont bien moins profondément découpées, et consé- quemment offrent beaucoup moins de golfes im- portans que les côtes occidentales ; leur pente est aussi plus abrupte. Les montagnes de la Grande-Bretagne se com- posent de trois groupes : le premier, situé au nord, est formé par les hauteurs du Gaithness et de l’In- verness, dont les Orcades, les Hébrides , Skye et Mull forment les extrémités ; le second se compose des monts Grampians et d’autres montagnes qui se terminent au golfe de Forth et à celui de Clyde; le troisième comprend les monts Cheviot et tou- tes les aspérités que l’on remarque dans la princi- pauté de Galles, et dans la partie méridionale de l'ile. Le premier de ces groupes n’a pas plus de 800 mètres dans sa plus grande hauteur ; le point culminant du second n’en a guère que 1,340 ; enfin, dans Je troisième , on en cite quelques uns de 800 à 950 que le Snowden ou Snowdon dépasse de plus de 100 mètres. Ce sommet conserve la neige pen- dant sept mois de l’année, et pendant les cinq autres mois, il est presque toujours couvert de nuages. Les principales rivières de la Grande-Bretagne sont la Spey, obstruée par plusieurs grandes ca- taractes, et qui s’élance avec fureur dans le golfe de Murray; le Tay, qui sort d’un lac du même nom et se jette dans un golfe auquel il donne aussi son nom; le Forth, qui, sur une étendue d'environ 6o lieues , traverse des prairies, des forêts et des plaines fertiles jusqu’à son embouchure dans la mer du Nord ; l'Ouse, qui, sous le nom de Ure, prend sa source dans le vallon de Wensley , forme ensuite une belle cascade, prend le nom d’Ouse après avoir recu la Swale, et celui de Aumber en se jetant dans l'Océan. La T'hame et V'Zsis forment, par leur réunion, la Tamise , le fleuve le plus im- portant de la Grande-Bretagne. La Severn où Sa- verne, qui n’a que 70 lieues de cours, prend sa source au pied da mont Plinlimmon. La Clyde, en Ecosse , est célèbre par ses belles chutes, dont une, près de Stone-Byre, a 8/4 pieds de hauteur. Les Jacs de la Grande-Bretagne sont d’une fai- ble étendue : le plus considérable de l’Anglèterre proprement dite, celui de Derwent , est long d’une lieue et large d’un tiers de lieue. Il renferme plu- sieurs îles , et ses eaux sont sujettes à de violentes agitalions sans aucune cause apparente. Le lac Lo- mond, en Ecesse, a 8 lieues de long sur 1 de large ; sa plus grande profondeur est de 100 bras- ses ; il est rempli d’une multitude d’iles, principa- lement dans sa partie méridionale. En 1755; pen- dant le célèbre tremblement de terre de Lisbonne, ses eaux éprouvèrent de violentes agitations : elles s’élevèrent à plus de deux pieds au dessus de leur plus grande élévation habituelle. Le même phéno- mène se fit remarquer dans le lac de ess, un peu moins grand que le précédent, et dont les eaux limpides ne gèlent jamais. ! Ainsi que nous l’avons dit ailleurs, la constitu- tion physique de la Grande-Bretagne est d'autant plus intéressante qu’elle renferme des roches de PE SEE ILES 125 ILES tous les âges. De Ià vient l’extension qu'ont prise en Angleterre l'étude de la géologie et celle de la métallurgie ; l’ardoise et la houiïlle sont au nombre des plus importantes productions minérales de l’île. Au nord comme ausud, les mines de fer et de plomb sont également nombreuses ; celles de cuivre et d’é- tain s'étendent vers le sud-ouest; le nord recèle du cuivre, du mercure et même quelques pierres pré- cieuses; partout on trouve des sources minérales ; enfin on estime la richesse des mines de la Grande- Bretagne et de l'Irlande à plus de 225 millions de francs. En Ecosse, le micaschiste est la roche do- minante : il occupe plus de la moitié de sa super- ficie. Près des Orcades et de l’île de Skye, ainsi que sur les bords du Tay, le grès rouge succède à ce grand dépôt; mais à partir de l'extrémité du golfe de Clyde jusqu’à Stonchaven, une longue bande de roches chloriteuses et quartzeuses sépa- rent le grès rouge du micaschiste ; en descendant vers le sud, le grès houiller, le grès rouge et la roche que les Allemands appellent Grauwacke, se montrent tour à tour. Dans le reste de la Grande- Bretagne, différentes variétés de grès rouge et de vastes dépôts houillers s'étendent depuis le nord jusqu’au bord du Trent. A l’ouest de ces terrains se montrent des schistes ardoisiers qui occupent un large espace sur toute la côte occidentale, tandis qu'un vaste dépôt de marne rouge et de grès en- toure , au sud et à l’est, ces mêmes amas de houille. Depuis l'embouchure de la Severn jusqu’à celle . del’Humber , s’étend du sud-est au nord-ouest une longue bande de marne bleue, et de cette roche calcaire appelée Lias par les Anglais. Une bande parallèle de calcaire oolithique, un dépôt de cal- caire à polypiers, un autre de marne bleue, sont suivis jusqu'à la Manche par les bancs friables et sableux de Glauconie; par la craie, l'argile plasti- que et des terrains analogues (du moins quant aux restes organiques ) à ceux ,des environs de Paris. Ces dépôts, qui se continuent au-delà du détroit, et jusqu’à une assez grande distance de nos côtes, sont des preuves presque irrécusables de la réu- nion primitive de la Grande-Bretagne au continent. | Le peu de largeur du Pas-de-Calais n’annonce-t- il pas d’ailleurs que l'Océan a pu miner à la longue | dés roches aussi faciles à rompre que dés argiles, des sables et dé la craie? L'ile de Fight, au sud dela Grande-Bretagne, présente une superficie de 50 lieues carrées, La petite rivière de la Médina la divise du sud au nord en deux parties; une chaîne de montagnes la tra- verse. d'orient en occident. La constitution géo- gnostique de cette île est très-remarquable par le relèvement des diverses couchesde terrain qui sont disposées presque verticalement. Si l’on parcourt Ta côte dans la direction du nord-ouest, on voit à Tane des extrémités de l'ile la craie, au centre l'argile plastique , et à l’autre extrémité des dépôts supérieurs à celte argile, eb qui paraissent être d’origine marine et d’eau douce. Les îles Anglo-Normandes , telles que Gersey et Guernesey, Sark et Alderney, n’offrent rien de remarquable sous le rapport physique : il suffit de dire qu’elles sont , en général, formées de roches granitiques. Les îles Scilly ou Sorlingues, au nombre de 145, étaient célèbres dans l'antiquité par les mines d’é- tain qni attiraient les flottes phéniciennes. Sainte- Marie, Sainte- Agnès ,' Saint-Martin, Bryor et Tresco , sont les seules qui soient habitées. Anney, aujourd'hui déserte , était jadis plus grande : à la marée basse on apercoit les fondations de plusieurs édifices que la mer a détruits. L'île d’Ænglesey, située près des côtes septen- trionales de la principauté de Galles, présente une superficie de 65 lieues carrées. Près du dé- troit qui la sépare de la Grande-Bretagne, elle est couverte de forêts ; dans l’intérieur le pays est nu, dépouillé d’arbres et même de haies; mais son sol, arrosé par de nombreuses sources, est couvert de champs assez fertiles. Elle tire un grand produit de la mine de cuivre que recèle la montagne de Parys : ce métal y forme une masse qui, dans quel- ques endroits, a jusqu’à 6o pieds d'épaisseur. Elle possède aussi des mines de plomb argentifère. Au nord d’Anglesey s’étend l’ile de A7an, lon- gue de 10 à 11 lieues, et large de 5. On y voit plusieurs montagnes granitiques qui la traversent dans toute sa longueur. Vers le centre il existe un espace immense appelé le Currang, qui n’était au- trefois qu'une fondrière dans laquelle on a décou- vert, il y a peu d’années , le squelette fossile d’un cerf gigantesque. La montagneuse Arran, où l’on voit des grani- tes et le terrain houiller, offre dans certains en- droits d'énormes filons de roches d’origine ignée, qui ont traversé ce terrain de bas en haut. Les îles qui bordent la côte occidentale de l'E- cosse portent le nom d’{les occidentales (Werstern- Islands), plus connues en Europe sous celui d’AÆé- brides. Ila, ou Islay, longue de 8 lieues et large de 5, et Jura à peu près de la même dimension, sont couvertes de collines composées de roches granitiques , micacées et schisteuses, riches en di- vers métaux. Mull et Rum , presque entièrement volcaniques, sont moéntagneuses, remplies de lacs et dépourvues de boïs. Dans la première oh remar- que un cirque volcanique de 79 pieds de diamètre et de 295 de hauteur , composé de prismes de ba- salle placés horizontalement les uns sur les autres. L'ile de Skye, couverte de montagnes, offre aussi de belles colonnades de basalte. Slaffu, près et à l’ouest de Mull, est célèbre par la grotté dite de Fingal , longue de 160 pieds, large. de 32 sur 65 d’élévation , et qui.est entièrement formée de pris- mes basalliques disposés par la nature. Les îles South-Uist, Noïth-Uist, Lewis, ét plusiéurs autres moins importantes, paraissent être énlirement composées de roches granitiques et micacécs. Les Hébrides ,' dont on porte le nombre à près de 300, dont 86 sont habitées et bien cultivées, tandis que quelques unes sont tout-à-fait sitriles, produisent une grande variété de plantes; mais on pêut à peine y trouver un arbre ou même un buisson, Les iles Orcades, que les Anglais nomment Ork- ILES de ney , S "élèvent vers la partie septentrionale del'E- | cosse : elles sont au nombre de 30, dont pius de Ja moitié sont inhabilées. Le grès ronge y.est Ia roche dominante. Les îles SAetland., au nombre de 86:, parmi Jes- quelles on en, compte 4o d’habitées, re des & grès rouges, ‘des roches granitiqu ser d’autres d’une origine ignée: Les montagnes y sont à arides et pelées ; ! les côles esc carpées el remplies de caver- nes profondes. Mainland; da plus considérable de cesiles, a près de 50 lieues de longueur sur 12 de largeur. Ses montagnés sont coùvertes de bruyères | et entrecoupées de vallées peu fértiles. L'Jrlande est d’une étendue considéra ble :: : sa | plus g srande longueur, du nord au sud ,rest d ’envi- ron 1059 lieues, sa plus grande large ur de 62,:et | sa superficie (is :979 lieues carrées, L'Lrl ande est,, après !la Grande-Bretagne la plus importante des Îles Britanniques : elle ren- ferme de nombreuses montagnes , mais. moins élevées que dans la Grande- Bretagne: la principale n’a pas plus de 1,040 mètres de hauteur. Ses mon- tagnes , distribuées par groupes isolés, plusieurs bassins assez considérables. Le plus im- portant des cours d'eau auxquels elles donnentnais- sance sont le Shannon, qui À du lac, Allen, et qui traverse plusieurs autres grands lacs. [lsejette dans Vocéan Atlantique après un coûrs de 85 lieues par une embouchure de 5 lieues de:largeur. Les ma- rées, déjà très-fortes près de l” Océan, deviennent de plus en plus fertes à mesure que Je fleuve se : rétrécit : en sorte qu'elles s'élèvent de 15 à °0 pieds | auprès de la ville de Limerick. L'Irlande, bien que placée à peu près sous les | mêmes parallèles que l'Angleterre, est soumise à un climat plus humide. On doit altribuer cette hu- | midité au nombre et à l'étendue de ses lacs. Dans | le nord celui d'Erne , formé de deux parties réu- | nies par Ja rivière _ même nom, a environ 15 lieues de superficie, Celui de Neagh , qui présente une circonférence de 32 lieues, a cela de particu- lier que ses aux déposent un ‘sédiment (calcaire | analogue à celui des sources incrustantes. Celui de | Corrib a environ 8 lieues de longueur sur une de largeur. Celui de Mask, au nord ‘des précédens et moins considérable, ne paraît pas avoir d’écoule- | ment visible; mais le plus remarquable, par ses | sites romantiques, est le lac Killerney : ses bords sont garnis d’ arbousiers , dont les rameaux ram- pans ee les baies noirâtres se réfléchissent à sa sur- face. Cette fle, jadis couverte de forêts, en est pres- | que dépourvue aujourd’ hui : des marais ou bogs, qui forment un de ses'‘traits caractéristiques, ont usurpé leur place. C’est au fond de ces bogs que l'habitant recueille le bois nécessaire à‘son usage, | « Ï1 y est parfaitement conservé , et ce qui pourrait faire croire, ainsi que nous mo dit ailleurs, que ces troncs d’arbres sont des restes d’ antiques forêts de chênes, c’est que les eaux qui les recè- lent paraissent être _Chirgées de tan : elles ont la Papi té de converlir en une sorte de‘cuir a peau des animaux, et quelquefois même celle des hem- | 126 forment | ILLE mes qui disparaissent dans Jeur profondeur. On assure qu’ôn y'a souvent découvert des ornemens en:or.et différens restes d’antiquités. » Quelques uns des groupes de montagnes que renferme l'Irlande sont formés de bee ra graniti- ques; des roches schisteuses et micactes occupent la partie ‘septentrionale entre le lac d'Erne et.ce- lui de Neagh; des calcaires anciens fournissent des marbres estimés, On y trouve aussi des schistes ardoisiers, des grès et toute la série du terrain houiller; des calcaires marneux, et d’autres qui fournissentrune excellente chaux. Le:littoral, pa- rallèle aux côtes de la Grande- Bretagne , depuis Ja baie de Carrickfergus } jusqu’ au cap "Bengore, est volcanique : il comprend celte mag enifique réanion de : piliers basaltiques connue sous,le:nom de Chaussée des géans. On connaît. des gisemens, de cuivre dans diverses parties de l’île. Des masses considérables d’or natif ont été trouvées dans le comté de Wicklow ; le plomb argentifère abonde dans celui d’ te le cobalt, 1e manganèse et le zinc existent dans plusieurs pere Les houil- lères du comté de.Kïlkenny fournissent annuelle- ment.400,000 quintaux métriques ‘de charbon. Nous terbinerons cet aperçu général des Iles Britanniques, par le tableau du produit anpuel des mines exploitées. PGA rs RP 300,000 quintaux. ICT Er ne Ta da ae» 150,000. RÉ ee JS te 700,000. Her" ae. dre 5,500,000. :Houille. . . . . . . 180,000,000. SO ee PS GAL da fi 5,650,000, (J. H.) ILIA, Ilia. (crusr.) C’est le nom d’un petit sous-genre qui diffère trop peu des Lencosies pour qu’on puisse l'en séparer dans cet ouvrage. Voy. LEUCOSIE. (Guér.) ILIAQUE. (ant) On appelle ainsi plusieurs organes ou parties d'organes placés sous la région des flancs : les os des iles ou coxaux sont appelés os liaques; la crête, l’épine, la fosse Îliaques sont autant de points particuliers de ces os; le muscle, É aponévrose , l'artère Iliaques empruntent SEAT ment leurs noms de cette Situation. :(P: G ILION. (ANAT, .) On désigne par ce nom la plas grande des trois pièces dont l'os coxal est composé chez l'enfant. (P. G.) ILLECEBRUM, Uecebrum. (80T. PHan.) Genre de la Pentandrie monogvynie de Linné et de la.fa- miile des Paronychites, formé par A. Saint-Hilaire. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq di- visions très- profondes » accompagnées. extérieure- ment de-trois petiles écailles ; cinq étamines à filets réunis à la base en un tube urcéolé ; ovaire surmonté d’un style très-court , que couronne un stigmate ne capsule uniloculaire, monosperme, à cinq valves Les éspéces comprises. dans ce genre sont de petites plantes hérbacées, étalées , rameuses , à feuilles opposées , Sans stipules , et qui à Jeur ais- selle portent un boüquet de très-pelites fleurs. L'JUlecebrum.densum de Wild. est aujourd'hui . TMAG le type du genre Guilléminea , établi U Kunth. C..£) ILMÉNITE. (win.) Un minéralogiste allemand; M: Kupfer, a donné ce noïn à une substance: dont la place n’est point encore fixée dans: la nomen- clature, parce qu'on n’en connaît point, suffi- samment la composition chimique. Elle paraît étre un titanate de Zirconium et de Cérium. C’est un. minérall noir: à cassure conchoïde, que l’on trouve en pelites masses compactes ou cristallisé en prismes rhomboïdaux obliques. Il se présente dans un granite des:monts Ilmen, chaînon des monts Onvulsi ét qui est l’origine du nom que M. Kupfer lui a assigné. (J. H.) ILVAITE. (uin.) L'ile d'Elbe, que les anciens nommaient {lva, a fait donner le nom d’/lvaite à un minéral qui ne se trouve pas que dans cette île, mais qui y a été-observé pour la première fois en 1796 par M. Fleuriau de Bellevue. Analÿsé par Vauquelin, qui y reconnut une substancenouvelle, il resta dans Foubli jusqu en 1806, époque où ! l’'académicien Francois Lelièvre lut à PInstisut un mémoire sur la même substance qu'il avait rap- portée.de Pile de Gorse et qu'il nomma Yénite, Le minéralogiste allemand Werner lui donna le nom de Liévrite. en la dédiant à celui quida- yäit fait connaître. Haïüy Fappela fer. sélicéo-cal- 127 — ———————__—_——— me À caïre.; mais le minéralogiste Steffens la nomma | lrvaiïte, nom qu'elle conserve dans la plupart des nomenclatures récentes, Geite substance est noire, plus dure que le verre, et moins dure que le quartz ou le cristal de roche. Elle se compose de, 28 à 30 pour cent de silice , de 52 à 55 de protoxide de fer, de 12 à 14 de. chaux et de quelques parties de protoxide de manganèse , d’alumine et d’eau. Elle se présente sous-différentes formes : ainsi il y a l’Ilvaïte.com- pacte, fibreuse, bacillaire et cristallisée, Sa cristal- lisation est le prisme rhomboïdal]. L'Ilvaïte se trouve ordinairement dans des ro- chesmicacées appartenant au terrain granitique, à l’île d'Elbe, en Corse , en Norwége, au Groën- land, et en Russie, dans le gouvernement d’Olo- net. (J. H.) IMAGINATION. (ruystor.) Faculté de retenir Pimpression des objets, d’en arranger les images et de les combiner à l'infini. Cette puissance, qui agit avec tant. d'énergie sur l’organisation,.est la source de’biens etdeimauxsans nombre:;.elle nous donne Ja force. de résister aux plus grands périls, comme souvent elle nous exagère les plus. faibles. Elle embellit en.un mot la vie de ses rêves dorés, ou. la décolore par ses froidés et tristes combi- maisons, Sans nous perdre dans les abstractions.et les recherches qui ont assez inutilement eccupé tant de philosophes et de physiologistes, disons que les sources de l'Imagination sont avant tont et peut- être: seulement Fa les sensations ; disons que la perfection des organes par lesquels,celles;ci $’ac- complissent , étend: l'Imagination, et qu’au con- traire leur état imparfait, en, restreint, les bornes. Mais: céon'est: pas là la seule-cause, qui. puisse en IMAG faire varier les limites, en modifier les applica- tions. On comprend que l'imagination doit subie toutes les influences auxquelles le corps est sou- mis; qu’elle ne saurait. être aussi, puissante dans enfance que dans l’âge mûr ; que si dans les.pre- mierstemps de l’existence son activité est immense, les effets en sont passagers, et que dans l'été de la vie elle acquiert la plus grande vigueur, pOs- sible, pour retomber, dans la RES à cet ébat de faiblesse qu’elle avait.eu d’abord. Aussi l'enfant etle vieillard sont-ils le plus disposés aux terreurs sans motifs , aux crainies superstitieuses. Si l’on examine l'influence que le sexe produit sur l’Ima- gination , on voit encore que la susceptibilité et la faiblesse de la femme la livrent en preie à toutes les exaltations comme à la plus grande pusillani- mité tandis qu'en général l'énergie physique de l’homme le défend mieux contre les écarts que les impressions extérieures peuvent apporter dans la combinaison de. ses idées. Ces modifications , au reste , que l’âge et ie sexe impriment à l'imagination ; ne sont pas plus mar- quées que cellesiqui résultent de l’inflience des climats, des saisons, de la manière de vivre; et, sans tomber dans tous les détails que compren- drait cette vaste thèse, qui ne saisit au premier coup, d'œil combien les chmats et les saisons où règnent une haute. température sont:bien plus ca- pables d'activer l’Imagination que ceux où lat- mosphère froide.et humide , en allanguissant toutes les sensations, vient affaiblir ou plutôt diminuer lenombre des idées? On a longuement disserté sur l'influence réci- proque des passions sur imagination. et.de l’Ima- gination sur celles-ci ; mais tout serésume, ce nous semble, en cette donnée : c'est que les passions et l’Imagination ne se prêtent un mutuel appul > ne s'élèvent ou ne s’anéantissent qu'en raison des dispositions physiques dans lesquelles l’individu se trouve placé. Si ces dispositions peuvent être considérées comme agissant incessamment sur le centre ner- veux.et par suite sur la combinaison des idées, n’est-il.pas d'expérience de tous les. instans que J'Imagination à son tour peut changer l’état phy- sique.et le modifier.en bien ou,en mal ? Cette in- fluence est certes-réciproque, et c’est un cercle qu'on ne saurait nier. Voyez les malades, forte- ment impressionnés, par une pensée d'espérance , par la,confiance que leur inspire la, science véri- table d’un habile praticien ou par le langage men- songer d’un :adroit charlatan, ils éprouyent un soulagement marqué, unerémission à leurs maux, et quelquefois même ils guérissent sous celte heu- reuse influence tandis que, Jhomme bien por- tant peut ressentir réellement tous les symptô- mes d’un.mal imaginaire , et périr par la crainte de la. mort, L'Imagination peut-elle produire, sur le fruit qu’une femme porte dans son sein, des changemens -ou desimpressions qui indiquent les vives émotions ique la mère, aura ressenties ? Disons-le de bonne foi Jes,exemples cités par les auteurs , ceux que. nous CA ÉL IMBR 128 ” IMIT a, avons été à portée de vérifier, ne nous ont pas convaincu de l'évidence de cette influence, et nous n’avons pas reconnu jusqu'ici dans les taches , les marques, les vices de conformation signalés, les ressemblances qu’on s’efforçait de nous montrer dans les enfans avec les objets qui avaient produit une forte impression sur la mère. Toutefois nous sommes encore loin de repousser absolument comme mensongers tant de faits qu’on apporte à l'appui de convictions contraires. Ce qu’on ne saurait nier, c’est qu’une commotion morale doit avoir sur le produit de Ja conception une grande influence et en troubler le développement, sinon lui faire retracer la cause extérieure de ce trouble. Si l'on suit l’Imagination dans tous ses écarts, on la verra toujours soumise aux sensations exté- rieures , et l’on parviendra peut-être à concevoir ainsi tout ce qu'elle peut subir de changemens dans le sommeil, dans le somnambulisme, dans l'ivresse , le délire passager et enfin dans la folie. (P.G) IMANTOPODES ou IMANTOPEDES. ( ors. ) Nom donné en général à tous les oiseaux portés sur de longs tarses. (J. L.) IMATIDIE , Imatidium. (ins.) Genre de Goléop- tères de la section des Tétramères, famille des Gycli- ques, tribu des Gassidaires ; les caractères qui dis- tinguent ces insectes des Gassides , avec lesquels ils avaient été confondus jusqu’à Fabricius, qui a créé ce genre, sont peut-être bien légers ; cequ’ils offrent de plus réel, et qui en même temps est très-apparent, c’est d’avoir la tête enfoncée dans une échancrure du corselet, au lieu de l’avoir ca- chée par lui; toutes les espèces connues sont étrangères à notre pays; on présume que leurs mœurs doivent être celles des Gassines. ( Voy. ce mot. ) ! I. mrimacuLéEe, Z. trimaculatum, Fab: Elle est d’un fauve pâle, avec le disque du corselet et des élytres marqué de trois taches d’un noir bkuâtre. De l'Amérique méridionale. (6: A IMBRICAIRE, Imbricaria. ( soT. PHan. ) Nom donné par Jussieu à un genre de la famille des Sa- potacées, très-voisin du Mimusope, avec lequel :Willdenow le confondait; il a pour caractères : un calice à huit divisions profondes ; laneéolées , coriaces,, disposées sur deux rangs , les intérieures : plus petites et plus minces ; une corolle monopé- tale en roue, formée d’une triple rangée de laniè- res’ étroites et profondes, au nombre de huit; les ‘lanières des deux divisions externes profondément trifides, les intérieures entières et reccurbées ; huit étamines insérées à la base de la corolle ; un style; fruit charnu, globuleux , à huit logés mo- nospermes, dont quatre, el souvent davantage , avortént ; les graines sont luisantes, relevées sur les bords d’une petite. crête irrégulière: On voit que l’/mbricaria ne diffère guère du Mimusope que par sa corolle à trois rangs et par la crête saillante de ses graines. Deux ou trois espèces composent le genre /m- vbricaria ; Yune d'elles, et la plus connue, est VZ. maxima, Juss. et Lam. , vulgairement appelée Barporrier dans l’île de Mascareigne. Cet arbre, assez élevé, à les feuilles éparses, mais rappro- chées au sommet des rameaux ; elles sont pétiolées , entières, de forme elliptique, glabres, coriaces, lui- santes et marquées de nervures transversales. Les fleurs, portées sur des pédoncules longs et pen- dans, sont irrégulièrement agclomérées vers le sommet des rameaux; elles produisent des fruits de la grosseur d'une pomme, ombiliqués par le style. Les habitans de l’île Mascareigne emploient Je bois de cet arbre, débité en petites planches, à re- couvrir les toits des maisons ; de là le nom vulgaire de Bardottier, dérivé de Bardeau, et le nom Jatin d’Imbricaria, qui présente le même sens. On l’ap- pelle encore Bois de natte. (L.) IMBRIQUES. (z001. por.) Organes disposés en recouvrement, comme les tuiles d’un toit. Ainsi les écailles des poissons, les plumes des oiseaux, les squammes de certaines plantes sont ]mbriquées. On dit Embriqués ou Tuilés comme synonymes d’'Imbriqués. (P. G.) IMITATEUR. ( ors. ) Espèce du genre TraquEr (voy. ce mot ), ordre des Insectivores , nommée aussi GRAND-MOTTEUx ou Cui-BLanc du Cap de Bonne-Espérance, par Buffon, pag. 137, vol. 9 des Oiseaux, édit. in-1 2. OEnantheimitatrix, Vieill. Iurrareur, Levaill. Oiseaux d'Afrique, pl. 181,182. Get oiseau est ainsinommé pour la facilité extra- ordinaire qu’il a de contrefaire tous les sons qui frappent son oreille ; depuis l’aboïement du Chien et le bélement des Agneaux jusqu’au cri rauque des Oies et au thant de la Poule qui pond, il rend facilement ct au naturel tout ce qu’il a en- tendu ; transporté dans une contrée étrangère , le chant des oiseaux qui l’habitent devient bientôt le sien ; c’est surtout le soir et le matin qu’ils’exerce à répéter les sons qui l’ont frappé dans la journée, et son imitation est tellement exacte, que l’homme même y est souvent trompé. Le chant particulier à celte espèce est très-agréable ; c’est surtout à l'époque des amours que le mâle fait entendre les sons les plus mélodieux et les plus variés. Le front de cet animal est d’une couleur blan- che qui se prolonge sur la tête, formant une es- pèce desourcil de chaque côté , et borde la calotie noire de la tête : cependant cetteligne nee joint pas par derrière ; une bande noire part de la bou- che, descend'sur les côtés ducou, et va s'unir à un large plastron noir tombant sur la poitrine; le dessous du corps est d’un beau blanc; leman- teau est d’un brun roussâtre qui se change au bas du dos en/une coufeur orangée ; les couvertures de la queue sont moins foncées ; la queue noire est frangée de blanc; les pennes des aïles noirâtres et bordées d’une couicur pareille à celle du man- teau; le bec et les pieds sont noirs ( v. notre pl. 257, fig.1 ). La femelle est plus petite que le mâle, les couleurs du plumage moins vives; le blanc surtout y est moins pur. Le plasiron noir n’existe pas chez ces animaux dans le jeune âge; le dessous du corps est d’un blanc sale. Cet oiseau n’est pas d’un naturel farouche ; il se plaît 1 Imitateur 2 Immortelle 3.Imperatoire E Cuerin du IMMO plaît surlout dans les lieux habités, car on le ren- …contre le plus souvent dans les terres labourées , “et surtout établi sur les haïes qui bordent les ha- .bitations et les parcs de bestiaux : dans les champs, il choisit pour se reposer les mottes de terre, les taupinières, enfin tous les lieux un peu plus élevés que le sol. Son vol est droit; il file en rasant la terre le plus près possible ; il se laisse approcher Bsans crainte ; puisque Levaillant assure avoir vu des colons en tuer à coups de fouet. Il se nourrit “d'insectes et de vers. Si l’Imitateur aime l’homme , il est loin de re- chercher les individus de son espèce; car il est = méme terrain; au contraire, ils affectent de s’isoler “et de se choisir un certain arrondissement dontilsne Mient pas de l’année; les petits s’éloignent du père et de la mère aussitôt qu’ils peuvent pourvoir seuls | à leur subsistance. Mn Cet animal cache son nid avec le plus grand soin, toujours sous terre, tantôt dans un trou “qu'il creuse sous une pierre à l’écart, tantôt dans “une fourmilière; abandonnée ; la ponte est de cinq œufs entièrement bleu de turquoise. (J. L.) IMMORTELLE, Gnaphalium. (8oT. PnAN.) Sous cette dénomination, qui est plutôt une épithète “qu'un nom de genre, sont vulgairement connues plusieurs espèces de Gnaphalium. Elles la doivent à la propriété qu'elles ont de se conserver durant plusieurs années sans rien perdre de leur éclat; “ce qui les rend propres à exprimer un sentiment à l’épreuve du temps. Voyez aux avenues de nos cimetières, ces prodigieux amas de couronnes tressées par des mains mercenaires qui spéculent “sur le deuil des familles : elles se composent d’Im- “mortelles aux écailles inflexibles et sèches. Ces fleurs sont belles, mais sans grâces : les grâces, ici-bas, sont fugitives. Parmi les fleurs, comme parmi les hommes , la sécheresse et l’inflexibilité sont des gages de durée. On sait que Montausier, Vaustère Montausier, offrit à la belle Julie de Rambouillet un bouquet poétique composé par les poètes les plus distingués de son siècle. Le grand Corneille ÿ avait contribué pour sa part, en faisant la fleur d'Oranger et l’Immortelle. Nos jardiniers cultivent cinq sortes d’Immor- telles, 1° LI. ruanTe, Gn. fætidum, L., du Cap, à iges Jongues d’environ deux pieds; à feuilles nombreuses , larges et pointues ; à fleurs en bou- uels, grosses, d’un beau jaune. / 2° L’'Imuorreze DE Viranie , [. blanche, Gn. “margaritaceum, L., vivace, à tiges de 18 pouces, à feuilles linéaires, lancéolées, à fleurs en corymbe, “et d’un jaune soufre. n_ 3° L’Imuonreice onENTALE, Î. jaune, Gn. orientale, L., originaire d'Afrique , vivace , à tige Simple, d’un pied ; à feuilles linéaires , persistan- tes ; à fleurs en corymbe, d’un beau jaune luisant, ainsi que le calice. | 4° L’IMMORTELLE GLOBULEUSE , Gn. eximium ; L., du Cap, àtige d’un pied ; à feuiiles serrées , op- posées , ovales; à fleurs d’un beau jaune. Le ca- T. IV. D sn à , nu “rès-rare d'en rencontrer plusieurs couples sur le s’écartent plus ; le mâle et la femelle ne se quit- TUTO TT ET TROPI TR DO jé DAT RER D 129 oo mt IMPE lice commun est d’un rose foncé. L’extrémité de ses écailles est marquée d’unetache carmin. On la voit dans notre Atlas, pl. 237, fig. 2, avec la fleur mâle et la fleur femelle, demi-grosseur naturelle. Quant à la cinquième sorte d’Immortelle, c’est une plante qui appartient à une autre famille , celle des Amaranthacées. On la connaît sous le nom de GompnnÈne (v. ce mot), ou Amaranthine globu- | leuse , et Immortelle violette, Gomphrena globosa, L., de l'Inde. (7. notre Atlas, pl. 187, fig. 2.) C. £. IMPARIPENNÉE. (B0T. puan.) Ces le . d’une feuille ailée avec impaire. Telle est celle de l'Acacia, qui, composée de plusieurs paires de fo- lioles , est terminée à son sommet par une foliole seule et impaire. (L.) IMPATIENTE , Impatiens. (vor. rnan.) Ce genre , établi par Linné, appartient à la Pentan- drie monogynie de Linné, et à la famille des Balsa- minés de À. Richard. Voici ses caractères : calice À deux sépales, coloré, caduc ; un nectaireen éperon; corolle tétrapétale, irrégulière, hypogyne; deux des pétales extérieurs sont calleux ; des deux inté- rieurs, le supérieur est en voûte, à trois dents; l’in- férieur concave, en éperon à la base ; étamines au nombre de cinq, à anthères conniventes ; capsule à cinq valves, élastique, à placenta central penta- gone , à une loge polysperme ; graines pendantes. On trouve dans les bois ombragés et humides, à Versailles, à Saint-Germain , etc., l'espèce ap- pelée I. nolitangere, L. C’est une plante dont la tige est haute d'un à deux pieds , rameuse , glabre, un peu renflée aux articulations; les fouilles grandes, ovales, pétiolées, glabres, à grosses dents; à pédoncules terminaux, axillaires, soli- taires , portant trois ou quatre fleurs grandes, de couleur jaune et à éperon courbé. Le genre /mpatiens a été ainsi nommé de l’élas- ticité de ses fruits; et le nom de l’espèce indi- quée lui vient de sa susceptibilité, si j’ose m’ex- primer ainsi; car à peine touche-t-on ses capsules, lors de leur maturité, qu'elles lancent leurs grai- nes avec force. (Gérer IMPÉRATOIRE, Imperatoria.(8oT.rnan.) Genre de plantes dicotylédonées de la famille des Om- bellifères et de la Pentandrie digynie ; il renferme des herbes à racines vivaces, à feuilles alternes, composées, aux fleurs petites, dont la disposition a de la ressemblance avec un parasol ouvert, Le nombre des espèces varie selon que les auteurs l’augmentent en en prenant quelques unes parmi les Angéliques, qui sont très-voisines et ne. diffèrent d’elles que par leurs côtes aiguës et en forme de lames ; mais on peut le réduire à six au plus. Elles ont pour caractères essentiels le calice entier, peu apparent; la corolle de cinq pétales réfléchis en dedans, échancrés , presque égaux ; cinq étamines ; l'ovaire surmonté de deux styles; fruit obrond , comprimé, renflé dans le milieu, entouré d’un rebord, contenant deux graines ailées, marquées sur le dos de trois petites côtes. L'espèce indigène dans nos prés secs et sur toutes les montagnes de l’Europe, qui a servi de 207° Livnalson. 17 +, ME 180 IMPO type à ce genre, c’est l’ImPÉRATOME AUTRUCHE , 1. Ostrathium, vulgairement appelée Benjoin fran- çais, etreprésentéedans notre Atlas, pl 237, fig. 3. D'une racine charnue , oblongue , noueuse , assez grosse , de couleur brune à l'extérieur, blanche en dedans , sortent des tiges nombreuses de soixante- dix à cent centimètres de haut, épaisses, fisiu- leuses , glabres, formant un buisson bien garni, d’un bel aspect. Les tiges sont garnies de grandes feuilles radicales , divisées en trois pétioles portant chacun trois folioles larges, lobées et dentées. En juillet, elles sont couronnées par des ombelles planes, assez grandes , contenant de vingt-cinq à trente rayons aux fleurs blanches ramassées en pe- tites boules. (Nous donnons a le fruit entier, d le fruit coupé par la moitié, c la graine grossie, d la même de grosseur naturelle. ) Cette’ planie rustique est admise dans les jar- dins, surtout dans les jardins paysagers, sur Île premier rang des massifs, où elle se montre digne de cette faveur. Sa racine, aromatique , d’une saveur âcre, pi- quante et mêlée d’un peu d’amertume,a long-temps joui d’une haute réputation en médecine; sil faut en croire certains pharmacopes, son nom, tiré du verbe latin imperare ( commander), prou- verait que son emploi seul savait vaincre tous les maux, la peste, les poisons, le scorbut, les fièvres putrides, les épidémies , etc.; mais disons tout simplement avec Linné qu’il exprime la puis- sance de sa racine , vis radicis, pour relever les forces abattues, Les grandes vertus de l'Impéra- toire sont bien déchues et restreintes aujourd'hui à un très-petit nombre de cas : on Ja prend en nature et en poudre ou bien en infusion. Tous les terrains lui sont bons, excepté ceux par trop aquatiques ; on la multiplie de semence ; mais quand on veut en jouir de suite, il vaut mieux recourir au déchirement des vieux pieds, ce que l’on fait en automne. La plante-mère en four- uit abondamment les moyens. On lui préfère quelquefois l’ImP£rarToiRe ver- TICILLÉE , 1. verticillaris , originaire des Apennins , parce qu’elle monte au double de hauteur, que ses tiges rougeâtres sont plus chargées d’ombelles ; mais elles ont l'inconvénient de n’offrir que des fleurs verdâtres et au plus dix à douze rayons. (T. ». B.) IMPÉRIALE , Zmperialis, (80T. nan.) Quelques botanographes ont voulu constituer sous ce nom un genre particulier avec la Fritillaire de Perse, Fritillaris imperialis, prétendant qu’elle devait être distraite de ses congénères ; mais les vrais amis de la science ont rejeté ce changement inu- tile. Les horticulteurs ont adopté le nom d’Im- périale pour désigner trois variétés de Prunes. Voy. aux mots Fnimzraire et Prunier, (T. 5 B.) IMPEYŸ, Zmpeyanus. (o1s.) Nom d’un nouveau genre de la famille des Gallinacés, établi par M. Lesson. Quelques différences principalement tirées du bec: ont porté ce naturaliste à séparer le vrai Maunaul, Monaulus impeyanus, des Lopho- phores de Temminck, pour en faire le type de ce genre Impey. Les.caractères, que nous empruntons à l’auteur du Manuel ornith., sont : « Bec allongé, robuste, convexe en dessus, à mandibule supé- rieure voûlée , marquée d’un sillon à son origine, plus longue que l’inférieure, recourbée et dentée à l'extrémité, élargie à la.base, sans arête distincte, à dos entamant les plumes du front; narines étroi: tes, en croissant , rapprochées , couvertes par une lame renflée ; tour des yeux nu ; huppe composée de brins filiformes, élargis et Jancéolés au som- met; ailes courtes, convexes , arrondies, à qua- trième et cinquième rémiges plus longues ; queue allongée, arrondie, à quatorze rectrices; tarses courts, robustes, emplumés jusqu’au dessous du talon, dentelés, armés d’un fort ergot. » Ge genre ne renferme qu'une espèce, qui est l’Impzy REs- PLENDISSANT, Zmp. refulgens, Monaulus impeyanus , Lath, un des plus beaux oiseaux de l'Inde par la richesse de son plumage, appelé par quelques uns Oiseau d’or, parce que le beau vert qui colore presque tout le manteau du mâle offre des reflets à la fois dorés, pourprés et azurés. Les premières rémises sont noires, et le dessous de son corps esk noirâtre à reflets verts. IL a environ vingt-deux pouces de long. Comme le Faisan, il fait enten- : dre un gloussement rauque. La femelle se distingne du mâle par une taille moindre, par des couleurs plus pâles, plus brunes, par une raieblanche qu’elle a derrière l'œil, et par ses tarses armés d’un tuber- cule mousse au lieu d’ergot. (7. Lorxornons.) Lady Impey, la même qui a donné son nom à cet oiseau, avait fait de vains efforts pour en transporter quelques uns vivans jusqu’en Angle- terre : ils moururent après deux mois de traversée. 11 paraît qu’ils ne peuvent supporter la chaleur. Ils viennent des montagnes de la partie septen- trionale de l’Inde et du Bengale, (Gensz.) IMPIE , ou HERBE IMPIE , Zmpia, (B0T. Puan.) : Cest le nom que donnaient les anciens à la plante que les botanistes modernes connaissent sous le nom de Filago germanica, L.; Filago vulgaris, Pers.; ou Gnaphaliumgermanicum, Lamk, ,Smith., Willd.; ou Gn. vulgare, Maith.; Herbe-à-coton. Autour d’un gros bouquet defleurs,, qui couronne la tige de cette plante, s’élèvent orgueilleusement des rameaux qui le dominent , et c’est ce: qui fai- sait dire que les enfans méprisaient le père: de là le nom d'Zmpie donné improprement à la plante tout entière. (GC. £.) IMPONDÉRABLES (Corps). (Pnys.) Corps qui n’ont pas de pesanteur, qui n’occupent pas par eux-mêmes un espace appréciable , et quisont au nombre de quatre, le Carorique, la Lumière, l'Écecraiciré et le Macnérisue, Poy. ces, diffé- rens mots. (FE. F.) IMPORTUN. (ors.) Vaillant donne ce nom à une espèce du genre Mence ( F. ce mot), parce que souvent, dans ses excursions aux environs du cap de Bonne-Espérance , cet oiseau le suivait, volti- geant d'arbre en arbre et.le fatiguant de ses cris continuels, au point, dit-il, de faire prendre la fuite quelquefois à des oiseaux précieux dont il cherchait à s’approcher pour les tirer, Cet oiseau a été le sujet d'un article fort inté- IMPU 194 IMPU Fe ressant de M. de Lafresnaye, l’ornithologiste de France qui connaît le mieux cette partie dela z00+ logie ; il a observé que le bec de cette espèce of- frait plusieurs dentelures, et il propose d’en faire un genre particulier sous le nom de Polyodon. L'observation de M. de Lafresnaye et la figure du Merle importun ont été insérées dans le Magasin de Zoologie, année 1832, classe 1, pl. 4. (Guén.) IMPRÉGNATION. (paysor.) Considéré dans le sens le plus restreint, mais le plus habituel, ce mot s'applique à l’acte même-de la fécondation, c'est-à-dire qu’il désigne l'instant et l’action par les- quels un germe est fécondé, Il n’est pas nécessaire de rappeler ici les diverses théories émises sur ce sujet, et d'examiner si dans le plus grand nombre des cas la substance prolifique agit directement sur le germe, ou bien si sa présence, plus ou moins éloignée , et les seules émanations qui peuvent en résulter, suffisent pour déterminer ce phénomène physiologique. Ce qui est certain, c’est que, dès l'instant où l’Imprégnation a lieu, il résulte dans l'appareil de la génération un changement nota- ble, et que ce changement réagit bientôt sur toutes les fonctions de l'individu. Les modifications qu’é- prouve l’économie sont tellement marquées, que certaines femmes peuvent, à l’instant même, aflir- mer qu'elles sont enceintes. Ce serait sans doute ici le lieu de résoudre une question qui doit se pré- senter plusieurs fois dans cet ouvrage, c’est de sa- voir si, l’Imprégnation ayant eu lieu , la femme peut y être encore soumise dans un temps très- rapproché, Quelques exemples, celui d’un enfant nègre et d’un enfant à peau blanche portés par la même mère, qui reconnut avoir eu des rapports ayecsonmariet avecun esclave noiràquelques heu- res de distance, ne nous paraissent pas détruire ce principe, qu’en général, après une première Imprégnation, une seconde est très-rare, sinon im- possible. On a donné au mot IwPr£cnarion un sens plus étendu que celui que nous venons de lui attribuer, et on l’a appliqué à tout changement opéré dans l’une des parties du corps, où dans-tout l’orga- nisme, par l'absorption d’un fluide étranger ou seulement par l'impression que produit ce corps. Mais il nous semble qu’en le restreignant à l’accep- tion que nous lui avons donnée, on s’expose moins à confondre des faits de nature différente. En phy- sique et en chimie ImPréGNATION. est synonyme d'IxsigiTion. (P: G.) IMPRESSIONS MUSCULAIRES,. (mor. ). Les malacologistes nomment ainsi l'empreinte produite à Ja-surface interne de la coquille par les muscles au moyen desquels l'animal Jni-élait adhérent. Il sera plus longuement question du mode de for- mation des Impressions musculaires, de leur nom- bre et de leur valeur comme caractères, aux arti- cles Morrusques et Maracozrocix. (Garv,) IMPUISSANCE. (pnysiou.) On a confondu sous ce nom l'impossibilité de procréer et celle dé pro- céder à l'acte générateur, Nous pensons que le imot Stérilité convient seul à la première!, ét. que celui d’/mpuissance doit, être exclusivementréservé à la seconde, (Voyez SrénuirÉé. ) L'Impuissance, comme nous la concevons, peut être absolue ou relative : absolue, lorsque rien ne peut rétablir la capacité copulative; relative, lorsque cette capacité peut être rendue soit par le temps, les circonstan- ces , soit par un régime, une médicalion appro- priée , elc. L’Impuissance absolue reconnaît le plus ordi- nairement pour cause une disposition physique acquise ou congéniale ; ainsi l'absence, la mauvaise conformation, les déviations des organes sexuels. L’Impuissance relative peut être due également à des altérations physiques; maiselle reconnaît aussi dans Ja plupart des cas une disposition morale qui, du centre nerveux, réagit sur appareil génital. Si un épuisement passager, si certaines affections des fonctions les plus essentielles peuvent déter- miner l’Impuissanc:, il arrive fort souvent aussi qu’une passion violente , que des désirs long-temps concentrés , que la jalousie, la colère, la crainte, la réalisation subite d’un bonheur qu’on n’espérait pas, ontsurde système nerveux une telle influence, qu’il n’est plus possible de satisfaire à l’acte géné- rateur, On sait aussi que la peur de cette Impuis- sance rend souvent impuissant. Une circonstance qui bien souvent met obstacle à l’accomplissement de cet acte, c’est le défaut de proportion entre les organes des deux sexes, Enfin il est de ces répu- gnances , de ces antipathies plus ou moins moti- vées,, plus ou moins explicables, et qui agissent avec tant de pouvoir sur! l’un ou l’autre des in- dividus appelés à des rapports intimes, qu’il leur devient impossible de trouver en eux les facultés que, séparément et dans d’autres unions, chacun d’eux posséderait sans obstacle, Les travaux qui fatiguent le corps, enivrent les sens, épuisent l'esprit, sont autant de causes d’Im- puissance relative ou momentanée : les savans, les hommes qui consacrent leurs veilles à des travaux de l’imagination ou à des plaisirs sans.cesse renais- sans, les danseuses qui s’épuisent en efforts mus- culaires, sont peu aptesaux jouissances de l’amour, Lémontey a fait à cet égard un rapprochement cu- rieux entre les femmes qui se livrent à la peinture, à la musique et à la danse. Ce travail, qui n’a rien de sérieux, mais dont les données sont acceptables parles physiologistes, établit que l'amour, plus ar- dent chez les musiciennes, est plus profond chez les femmes peintres, tandis qu'il est presque nul chezles danseuses. L’ivresse, qui n’est qu'une ma- ladie. passagère, l'abus de certaines. boissons, comme la bière, peuvent aussi occasionen une [m- puissance momentanée, 9 | Les signes de l'Impuissance sont'en général plus manifestes chez les hommesique chez les femmes, que leur organisation dispose au.moins à recueillir passivement l'effet de désirs qu’elles ne partagent pas: Il appartient à la médecine et à la raison, éclai- rées par l’expérience; de remédier aux tristes effets de cette disposition maladive. Ce que nous devons dire ici comme préceptes généraux, c’est qu’il faut SE Er INAG 192 INAG —_—_—_—_——…———— em bien distinguer dans les causes de l’Impuissance celles qui sont guérissables et celles qui ne le sont pas, afin de ne pas appliquer à ces dernières des moyens au moins inutiles et souvent nuisibles aux autres fonctions. Parmi celles qui sont guérissables, il faut aussi distinguer celles qui proviennent d’ex- citation violente, de celles qui, au contraire, sont la suite d’énervation, de faiblesse, et appliquer par conséquent à ces dernières les moyens propres à réveiller l’action da système nerveux, tandis qu'on ne doit, au contraire, meltre en usage dans les premières que des moyens débilitans où tout au moins calmans. Nous n’avons pas tenu compte, dans ce court exposé, d’un grand nombre de circonstances dans lesquelles l’Impuissance peut se manifester ou dis- paraître, parce que nous les avons pour ainsi dire comprises dans des observations générales. Toute- fois, pour ne rien omettre de principal, nous di- rons que certains tempéramens, que les climats, les saisons, ont une grande influence sur Ja capa- cité de l’acte générateur ; et, bien que nous nous soyons abstenu de citer des observations assez dif- ficiles à raconter dans les colonnes de ce Diction- naire , nous ne pouvons nous empêcher de rappe- ler le fait suivant : Un homme d’une trentaine d’annécs éprouvait depuis cinq ans au moins une Impuissance entière pendant quatre mois de l’an- née, et semblait retrouver toute sa puissance virile vers le printemps. Cette singulière disposition se perdit en changeant de climat ; il quitta Paris pour la Provence. Notre législation n’admet plus aujour- d’hui la dissolution du mariage pour Impuissance; mais elle l’admettait autrefois, et l’on sait com- bien les épreuves auxquelles on soumettait les con- joints en présence de tiers ont été des sources d’er- reurs. (P. G.) INACHUS , Inachus. (cnusr.) Genre de l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures, section des Hétérochèles , tribu des Triangulaires, établi par Fabricius, et dont Leach (Trans. de la sociét. Linn., tom. x1) a séparé, d’après les considéra- tions de toutes les parties, les genres : Lam- brus , Eurynome, Maja, Pisa, Has, Pacto- lus, Blastia, Lissa , Libinia, Doclea, Egeria, Megalopa, Macropodia et Leptopodia. M. Ed- Wards, dans son Histoire naturelle des Crustacés, forme avec ces genres là première famille, qu'il désigne sous le nom d’Oxyrhynques, laquelle fa- mille renferme la tribu des Macropodiens. Fa- bricius avait divisé les Inachus en deux sections, d’après les différences de longueurs relatives des pieds. Quelques uns de ceux qui les ont très-longs et filiformes, et dont le test est très-pointu en avant , formaient le genre Macropode de Latreille, que Leach divise en deux genres sous les noms de Macropodia et de Leptopodia. Ge genre, tel que Fabricius l'avait indiqué, était très-nombreux; mais depuis il a été beaucoup restreint par Leach. Les Inachus, tels qu’ils sont maintenant adoptés, ont pour caractères essentiels : test triangulaire, pointu en avant; queue de six tablettes dans les deux sexes; second article des pieds-mâchoires extérieurs aussi long que large, tronqué oblique: ment vers son extrémilé supérieure et interne ; l’article suivant inséré près de son sommet ; sur- bouche, ou espace compris entre la cavité buccale et les antennes intermédiaires, transversale ; yeux latéraux, saillans, portés sur un pédicule rétréet dans son milieu, courbe et se logeant en arrière dans une fossette ; antennes sétacées , insérées de chaque côté du rostre et avancées ; serres didacty- les, fortes, surtout dans les mâles, et courbées : corps allongé ; les autres pieds très-longs, filifor- mes; ceux de la seconde paire sensiblement plus épais et plus longs. Ge genre. d’abord très-nom- breux en espèces, a été subdivisé en plusieurs au- tres, dont nous avons indiqué les noms plus haut ; il semble faire le passage des Doclées et des Egé- ries de Leach aux Macropodies ; ces crustacés dif- fèrent particulièrement des derniers, avec lesquels Risso les confond, en ce qu'ils ont des fossettes pour recevoir les yeux, et par les proportions de l'intervalle du corps compris entre la cavité buc- cale et les antennes intermédiaires : il est court et transversal, tandis qu’il se rétrécit aux dépens de ja longueur dans les Macropodiens; ceux-ci ont d’ailleurs le bec et les pieds-mâchoires extérieurs proportionnellement plus longs. Ce genre renferme plusieurs espèces: celle qui peut en être con- sidérée comme le type est l’In: cmus scorprow, 1. scorpio , Fab., {nachus dorsettensis, Leach (Malac. Brit., tab. xxur, fig. 1, 6), Maia scorpio, Bosc: test long d'environ dix lignes sur onze à douze de large; rostre court, échancré; chaperon muni d’une épine en dessus; quatre petits tubercules égaux , rangés en travers sur la région stomacale ; trois épines placées plas loin, dont la dorsale est Ja plus grande ; trois autres épines plus fortes en- core, aiguës, disposées une sur chaque région branchiale, et la troisième sur la région cordiale. Cette espèce se trouve dans l'Océan et dans la Mé- diterranée. Le Cancre à courts bras de Rondelet (Hist. des Poissons, liv. 18, chap. 20), ou le Maia petit-bec de Risso, est une espèce de ce genre. Aldrovande (De Crust., lib. 2, pag. 205) repro- duit la figure de Rondelet; mais il en donne une autre, Cancro brachichelo congener, pag. 204, dans laquelle on pourrait reconnaître l’/nachus scorpio que nous avons déjà cité plus haut. Leach, dans sa Malac. Brit., tab. xx, en décrit deux es- pèces qu'il désigne sous les noms de /nachus do- rynchus et Inachus leptochirus. Roux , dans son Histoire naturelle des Crustacés de Ja Méditerra- née, décrit sous le nom de 7 horacicus une jolie espèce d'Inachus , dont les caractères sont : rostre court et échancré ; région stomacale armée de quatre pointes, savoir, une de chaque côté et deux sur la ligne médiane, dont la postérieure très-grande ; une épine- sur la région cordiale, et une de chaque côté sur les régions branchiales ; 4 enfin deux près du bord postérieur de la carapace. Sternum du mâle garni en avant de deux plaques calcaires réunies par une pièce médiane; pattes antérieures du mâle grandes, surtout chez l'adulte; | mais la longueur de la main ne dépasse pas la lar- 1.]nachus 2.indicateur E. Guerin &v. à FA INCA 133 ANGE ST SE S S eee eo geur de la carapace ; abdomen du mâle aussi large que long. La démarche de ce crustacé , dit Roux, est lente, gênée ; il semble ne se mouvoir qu'avec peine, et n'agiter ses pattes qu’alternativement ; sa conformation ne peut gxère lui permettre de lon- gues courses, et les débris de plantes marines qui se fixent sur le duvet de son test me portent à pen- ser que son existence doit être tranquille et séden- taire. C’est parmi les algues et les fucus qu’il fait son séjour ; il est rare à Marseille ; mais il paraît qu’on le rencontre assez souvent sur les côtes du Languedoc , dans le golfe de Naples, et aux envi- rons de la Sicile. Nous avons représenté cette es- pèce dans notre Atlas, pl. 238, fig. 1. Il y a dans les collections du Muséum d'histoire natu- relle de Paris, sous le nom d’Z. lalus , une nou- velle espèce d’Inachus qui paraît être intermé- diaire entre le Scorpio et le Dorynchus. Le princi- pal caractère de cette espèce est d’avoir le test très-élargi, avéc des pointes très-saillantes sur- tout sur lesrégions branchiale, stomacale et cor- diale. : (H. EL.) INCARVILLÉE, Zncarvillæa. ( B0T. rHaN. Genre de plantes dicotylédonées de la famille des Bignoniées et de la Didynamie angiospermie, L. Ses caractères sont : calice monosépale, à cinq dents linéaires, muni à sa base de trois bractées étroites et velucs; corolle en tube, ventrue à son orifice, et dont le limbe est partagé en cinq lobes inégaux, courts et arrondis; étamines au nombre de quatre, dont deux plus courtes ont les anthères garnies de deux dents droites , sétacées et spinu- liformes ; pistil composé d’un ovaire supère, d’un style simple et d’un stigmate à deux lames; cap- sule en forme de silique, bivalve, biloculaire, ayant une cloison opposée aux valves, et renfermant plusieurs semences ailées. Ce genre d’une famille tout exotique se com- pose des deux espèces suivantes : 1° L'Incarvinsée DE Cine, . chinensis, Juss. Gen. pl. 158; Lamk. Encyc., et Ill. Gen., tab. 427. Plante herbacée, d'environ un pied de hauteur , à tige glabre , anguleuse , striée , médiocrement rameuse; à feuilles glabres , ‘alternes, pétiolées, presque deux fois ailées , ayant les folioles étroites, aiguës et confluentes ; à fleurs presque sessiles , d’un pourpre violet, disposées en un épi droit , lâche , terminal, et dont le calice est garni, à sa base, de trois bractées étroiles, aiguës, un peu pubescentes , ainsi que le calice lui-même, qui est divisé en cinq dents droites, linéaires ét aiguës. La corolle est longue d’un pouce cet dilatée ; les filets des étamines sont insérés dans Ja base du tube et supportent des anthères à deux lobes. L’ovaire est surmonté d’un style de la longueur des étamines, couronné d’un stigmate élargi, à deux lames iné- gales. Le fruit est une capsule glabre, étroite , linéaire-subulée , comprimée , ayant la forme d’une silique longue au moins de trois pouces. La connaissance de cette belle plante est due au jésuite Incarville, qui l’a découverte aux environs de Pé- kin , et qui a ainsi mérité de donner son nom au genre. 2° L’INGARVILLÉE À GRANDES FLEURS , /. grandi- flora, Poir.; Bignonia chinensis, Lamk., Encyc. ; Bignonia grardiflora, Willd. , Thunb. , Jap. , pag. 295 ; Banks, Icon.; Kæmpf. , tab. 21; Cam- psis Loureiro, Flor. Cochinc., ex herbario. C’est un arbrisseau remarquable par la beauté de ses fleurs, qui lui mérite les soins des jardiniers , même dans les pays où il est indigène ( la Chine et la Cochinchine ). Ses tiges sont grimpantes, ra- dicantes et ligneuses; ses feuilles opposées, ai- lées avec impaire, composées de neuf à onze fo- lioles vertes , ovales-aisuées, glabres, dentées en scie: ses fleurs sont grandes , disposées à l’extré- mité des rameaux en grappes paniculées d’un as- pect fort agréable ; leur calice est campanulé, à cinq divisions assez profondes, aiguës, presque égales ; leur corolle est campanulée , à tube aussi long que le calice, s’évasant en un grand limbe qui à cinq divisions larges , arrondies, lésère- ment inégales. La capsule, presque cylindrique, est un peu comprimée sur les côtés, et atteint à peine trois pouces de longueur. COTE :INCISÉ , /ncisus, où Fissus. ( por. ) Cet ad- jectif s'applique aux organes , tels que feuilles ou pétales, dont les bords présentent des incisions plus ou moins profondes. Voy. l’art. Décour£. (L.) INCISION ANNULAIRE. (acr. et mort. ) Opé- ration importante et délicate au moyen de laquelle on accélère, dans les années froides, pluvieuses et tardives , la maturation des fruits , on en augmente le volume et la qualité, comme aussi l’on empêche la coulure de la Vigne à l’époque de la floraison, ‘et l’on arrête la croissance fongucuse d’arbres trop vigoureux. Elle consiste à enlever un anneau d’é- corce, atteindre jusqu'à l’aubier, sans laisser aucune parcelle du liber. La largeur de l’anneau varie selon le sujet, la nature du sol, la saison, l'exigence des cas, et le but qu'on se propose ; elle ne doit pas être moindre de deux millimètres ni excéder vingt-huit. Il s’élargit insensiblement de lui-même. Au bout de quelques jours, une quinzaine au plus, le cambium sort d’entre le bois et l'écorce, sous forme mucilagineuse ; ilse durcit peu à peu, s’étend sur la plaie sans lui adhérer , el ‘constitue un bourrelet cortical légèrement sail- lant. Ce bourrelet croît d’abord avec rapidité , puis il ralentit sa marche et gagne enfin la partie inférieure de l'ncision, à laquelle 1l se réunit , et finit par ressembler en tout à l'écorce, dont il ne diffère plus réellement à la seconde année, L'opération se fait six à huit jours avant la flo- raison , rarement plus , quelquefois moins. On peut aussi la pratiquer depuis le moment où la séve commence à monter, el pendant lout le temps de la fleuraison; mais il est préférable que ce soit plutôt plus près que loin de l'épanouissement des corolles; plus tard , elle ne produirait point l'effet que l’on doit en attendre contre la coulure, quoi- qu'elle conservât ses autres propriétés, celle de hâter beaucoup l’époque de la maturité , celle de donner du fruit plus sûrement, en plus grande abondance, plus flatteur à l’œil, plus savoureux au goût. AC INCI 154 INCL L’Incision annulairese fait également sur le vieux comme sur le jeune bois, sur le tronc, les bran- ches anciennes, comme sur les pousses de l’an- née. Le bois de l’année précédente paraît devoir être préféré. L’on a voulu substituer l’Incision longitu- dinale ; maison s’est convaincu qu’ellen'’intercepte pas entièrement la communication du système ra- dical avec le système aérien , qu’elle offre seule- ment un exutoire à une partie de la séve, et ne peut par conséquent prévenir qu’une très-faible partie du mal; elle ne saurait en outre empêcher le plus grand nombre des fleurs de couler ou d’é- tre noyées par l’eau provenant des racines. On a donc eu raison de rejeter l'Incision longitudinale comme dangereuse, ou tout au moins comme in- capable de produire les heureux résultats que pro- met, qu’assure l’Incision annulaire. Cependant la routine, plus puissante que la tardive expérience, la combat sans cesse , en l’ac- cusant d'inutilité, d'exposer les arbres à fruits, et surtout les ceps, à périr tôt ou tard, d’être en- fin une innovation uniquement due au besoin de créer du nouveau, Je dois répondre ici par des faits à ces mesquines ressources que l'envie, la paresse et l'ignorance emploient sans relâche contre tout ce qui dérange de sottes habitudes, Loin d’être une nouveauté, l’Incision annulaire est un retour aux pratiques les mieux entendues. Elle est connue depuis Théophraste, dont le génie profond embrassa la nature entière, et décrite dans tous les géopones de l’antiquité ; c'était une pratique usuelle chez les jardiniers comme chez les vignerons de ces temps reculés, Ils la faisaient tantôt en tordant ou cassant à moitié les branches, tantôt en implantant de grosses chevilles dans le tronc, ou mieux encore en enlevant une bande d’écorce plus ou moins large à une tige, toujours avant l’époque de l'épanouissement des fleurs, Au moyen-âge , temps de désordres, d’esclavage et de destruction , la méthode des plaies annulaires se perdit presque partout. Un très-petit nombre de localités l’ont conservée. Olivier de Serres la fit revivre au seizième siècle ; Magnol l’employa pour amener les oliviers à donner beaugoup et de très beaux fruits. Duhamel du Monceau, Rozier, André Thoüin ont singulièrement aidé à son, adoption, non seulement sur tous les végétaux ligneux com- pris dans la division des fruits à pepins, à noyaux et à baies, mais encore sur ceux de familles très- éloignées. Dans mon Manuel du, vigneron francais (4° édit., pag, 91 à 101 ), j'ai suivi ses résultats sur l’erbrisseau vinifère cultivé en hautains ou en pyramides, en vignes basses ou en treilles, el j'ai montré les heureux résultats que l’Incision annulaire procure lorsqn’elle est faite par une main expérimentée. Quand elle est pratiquée sans habileté, qu’elle est confiée. à des hommes prévenus contre l’opé- ration, il n’est point rare de voir beaucoup de branches mulilées ; aux unes, on a enlevé, non seulement. l'écorce, mais encore une partie, du bois; aux autres, l'écorce se trouve déchirce à cinq ct sept millimètres au dessus et au dessous de lIncision, ce.qui provient de ce que l’outilaété tourné. maladroitement , sans aucune attention, ou de ce qu’il n’avait pas été dégorgé. La plaie, auliea d’avoir les dimensions indiquées ci-dessus , se trouve ainsi en offrir le double et même le triple, L'arbre, la vigne ainsi maltraités, doivent néces- sairement souffrir et finir souvent par se dessécher. À qui la faute ? Accusez-en l’ouvrier, qui, dans ce moment, fait le mal dans la vue de nuire, dans la vue de dégoûter d’une opération qu'il ne veut point exécuter ; accusez-en le propriétaire, qui ne surveille pas celai qu’il emploie, et n’a pas le bon esprit de payer d'exemple, d'encourager les suc- cès; mais n’en accusez nullement l’Incision elle- même. Ilest des cas où elle ne doit pas être pratiquée; ils sont en très-petit nombre, et bons à recueillir, Je n’en citerai que deux seuls, pour les avoir con- statés d’une manière positive. Îl faut éviter d’in- ciser les branches que l’on désire conduire en spirales ou soumettre à l’arqûre, parce que le bourrelet occasione presque toujours la rupture; si l’on veut inciser, on doit alors placer l'anneau circulaire sur les branches latérales, Quand on est convaincu que l’Incision empècherait totalement la coulure dans. les vignes qui, comme celles de la rivière de Marne, semblent l’exiger, on doit ne la faire que par petits cantons el choisir toujours de préférence les ceps que la coulure, rume habi- tuellement. De tous les instrumens proposés pour faire l’In- cision annulaire, il n’en est point qui soient supé- rieurs à la pince incisive inventée par Bettinger, el au bagueur de Durand; l’un et l’autre ont entre les doubles lames, déterminant lesproportions de l'anncau, des arrêts calculés de manière que la peau et la pellicule sont seules enlevées quand l'o- pération est bien faite, et elle l’est toutes les fois que l’ouvrier ne serre pas trop de peur de meurtrir le bois, et assez pour couper tout jusqu’à lui. Veut- on que le travail soit parfait, il convient, que l’ou- vrier opère à genoux dans les vignes basses , dans les parties de l’espalier les plus voisines. du sol; il tient l'instrument, le courbe dans la main , ouvre la pince, tourne un demi-tour de droite à gauche. Le demi-tour achevé, la main, à raison, de. la courbure de l'outil, n’a plus de force pour serrer, mais l’Incision est complète si le demi-tour a été fait exactement : moins du demi-tour , il reste de la pellicule , et la séve continue à marcher; si on l'outrepasse, l'outil opère sur le bois privé de son enveloppe, il l'entame, et nuit essentiellement si l'on a serré fortement. Rien de plus facile à bien saisir, il ne faut que de la bonne volonté, de l’at- tention, et tronver du plaisir à remplir convena- blement son devoir. (T. ». B.) INCLINAISON. (pays.) L’Zaclinaison de l’orbe | d’une planète est l’angle que son plan forme avec | celui de l’écliptique ou l’orbe de la terre. On ap- | pelle Enclinaison de l'aiguille aimantée, l'angle que fait avec l'horizon une aiguille qui peut se mou- ! voir librement autour de-son centre de gravité, dans le plan vertical du méridien magnélique,, INCU INCR 135 / phénomène dont la découverte a été faite par R. Norman , en 19706. (GuËr.) _ INCLINAISON DES COUCHES. (céor.) Voy. Terrains. INCLUS , SE, Znclusus. (B0T. Puan. ) Adjectif appliqué soit aux élamines, soit au pistil , lorsque ces organes, plus courts que la corolle, restent cachés dans sa cavité. Telles sont les étamines de la Consoude et de plusieurs autres Borraginées. | (L.) INCOMBANT , Incumbens. (nor. Pnan.) Adjectif dont le sens est couché contre. Les sépales du calice ou les pétales sont Incombans lorsqu'ils se recon- vrent latéralement. L’anthère est Incombante lors- qu’elle est attachée de manière que sa partie infé- rieure se rapproche du filet. Les Cotyÿlédons sont dits Incombans dans une classe de Crucifères, parce qu'ils sont planes et appliqués l’un contre l’autre, la radicule étant sur le dos de l'un d’eux. (L. INCRUSTATICONS. (cor. ) On connaît un “ee nombre de sources qui jouissent de la propriété de déposer un sédiment calcaire , soit dans les ca- naux que traversent leurs eaux, soit sur les corps qui y restent plongés : on les nomme sources incrustantes, et les dépôts qu’elles forment /n- crustations. L'eau d'Arcueil, amente, à Paris par des canaux, dépose au fond de ceux - €i une Incrustation de plusieurs pouces d’épais- seur: et si l’on met dans ces canaux des touffes de jonc ou d’autres végétaux, ils se recouvrent en quelques mois d’une croûte calcaire qui con- serve la forme exacte de ces plantes. La petite ri- vière de la Vouzie, qui coule à Provins, jouit de la même propriété : les petites branches d’arbre qui tombent sont bientôt revêtues d’un sédiment semblable. Il paraît même que plusieurs sources incrustantes sortaient autrefois de terre autour de Provins et se réunissaient dans un marais couvert de roseaux; car, près du canal commencé autre- fois aux portes de cette ville,'on a fait des tranchées qui mettent à découvert plusieurs couches de sé- diment calcaire formées ainsi par les eaux,'et dans lesquelles on trouve une grande quantité de touffes de roseaux ou plutôt d’'Incrustations présentant la forme de ces roseaux ; ear lé végétal a compléte- ment disparu. Dans plusieurs pays la propriété dont jouissent des sources incrustantes semblables est devenue un objet d'exploitation, une branche d'industrie ; on a reconnu que plus les eaux chargées de car- bonate de chaux sont divisées, et plus le sédiment qu'elles déposent se forme rapidement. Ainsi à la fontaine de Saint-Allyre aux portes dé Clermont, dans le département du Puy-de-Dôme, on amène par des conduits l’eau dans une salle disposée pour cet usage; on la fait tomber de plusiears mètres de hauteur sur des fagots et des branches d'arbre, et l’on place sur le parquet de la cham- bre les objets destinés à être incrustés, tels qu’une fleur, un bouquet, un nid d'oiseau et quelquefois des animaux très-gros, ear j'y ai vu jusqu'à un cheval etun bœuf empaillés, Au bout d’un certain temps tous ces objets sont transformés en autant de sculptures , à la vérité un peu grossières, mais qui ne manquent pas de trouver des acquéreurs. Un nid d'oiseau et quelque autre objet d'un petit vo- lume n’exigent qu’une semaine de séjour dans cet atelier, dont la nature fait tous les frais; un cheval, un bœuf, ou plutôt la peau empaillée de ces ani- maux, ont besoin d'y rester plusieurs mois pour y devenir des statues de pierre. La source qui produit ces résultats, que le vul- gaire regarde comme des merveilles, a fait quel- que chose de plus extraordinaire : elle a construit un pont d’une seule arche en pierre, sous lequel coule un ruisseau dans lequel elle se jette. On peut même voir comment elle a construit cet édi- fice en examinant celui qu’elle a depuis long-temps commencé à construire et dont elle ne fait que quelques pouces par an : les roseaux et les gra minées qui croissent sur les bords du ruisseau se courbent sous le passage de la source, qui les re- couvre de sédiment ; à ces végétaux ainsi incrus- tés, 1] en succède d’autres qui s’incrustent à leur tour, de sorte que ce sont eux qui servent à la source d'équerre et de compas. Aux bains de Saint-Philippe , près de Radicofani en Toscane, une source semblable a été utilisée d’une manière plus ingénieuse qu’à Saint-Allyre : on place sous ces caux qui tombent divisées, des moules en creux obtenus sur des bas-reliefs an- tiques, et au bont de quelque temps on a des sculptures qui en sont la fidèle copie. Nous terminerons en faisant observer à ceux qui s’étonnent à la vue d’un bouquet incrusté à Saint-Allyre, et qui confondent l’action de l’{n- cruslation avec celle de la petrification, que ces deux phénomènes n’ont aucun rapport ensemble. L’'incrustation se borne à recouvrir d’un enduit ordinairement calcaire les objets placés dans des circonstances favorables ; la pétrification, au con- traire, substitue une molécule cäalcrire ou siliceuse à chaque molécule détruite de la matière organi- que. Nous entrerons dans quelques détails sur ce sujet à l’article P£rriricaTIoN. ICI. H.) INCUBATION. (puysior.) Ce mot, qui désigne l’action par laquelle les oiseaux couvent leurs œufs pour faire éclore leurs petits, s'applique aussi à tout procédé à l’aide duquel la chaleur, étant en- tretenue avec des circonstances données, devient propre à favoriser, à accomplir la transformation de l’œuf fécondé en un être organisé et vivant. Parmi les animaux ovipares, les oiseaux seuls couvent leurs œufs, parce que seuls ils portent avec eux assez de chaleur pour exercer cette action indispensable, ‘et que leur organisation s’y prête merveilleusement. Les poissons déposent leurs œufs dans l’eau pour les laisser éclore sous les feux du soleil. Les œufs des reptiles, des insectes, dé- posés convenablement par l'instinct des femelles, sont également abandonnés à la chaleur vivifiante du soleil. Les serpens, les couleuvres ovipares, déposent les leurs sous le sable, dans des trous, dans le creux des arbres, les recouvrent de feuilles sèches autant pour les garantir des attaques exté- INDE à 136 INDE rieures que pour favoriser leur Incubation. Les Crocodiles , les Tortues creusent dans le sable, à l'exposition du midi, y cachent leurs œufs , et les placent dans une situation favorable au dévelop- pement de leurs petits. Ils veillent alors avec une sollicitude inquiète autour de l’endroit qui recèle ce dépôt, pour le défendre contre les recherches des autres animaux et de l’homme. Quelques in- sectes couvent leurs œufs dans leur intérieur où ils éclosent, d’autres les déposent sur l’homme ou sur d’autres animaux dont la température est propre à les faire éclore. Quelques uns d’entre eux les font même pénétrer jusque sous la peau de ces animaux. Certaines espèces de poissons font éclore leurs œufs dans leur intérieur. Peut-on citer comme une sorte d’'Incubation cet acte par lequel plusieurs quadrupèdes vivipares , tels que le Kan- guroo, l’Opossum, renferment leurs petits, après qu'ils sont sortis de l’utérus, dans la bourse qu'ils portent sous le ventre, afin d’attendre que leur organisation soit plus complète, et aussi pour pro- téger leur faiblesse contre tout danger ? Dans les oiseaux, la durée de l’Incubation (c’est- à-dire le temps que le jeune oiseau met à se déve- lopper dans l'intérieur de l'œuf) varie dans les différentes espèces, mais elle est invariable pour chacune de celles-ci. Elle n’est que de douze jours pour l’Oiseau-mouche; elle est de quinze à dix- huit jours pour les Serins élevés dans les cages, de vingt-un jours pour les Poules, de vingt-cinq pour les Canards, de quarante à quarante-cinq pour les Cygnes. Un certain degré de chaleur est indispensable pour ce phénomène ; pour quelques oiseaux des régions intertropicales, celle du’soleil suffit; mais en général, pour maintenir les œufs à la température nécessaire, la mère les recouvre de son corps après les avoir déposés dans un nid pro- pre à les abriter (voy. Nins). L’Autruche les abandonne dans le sable, La constance avec la- quelle les oiseaux couvent leurs œufs est vrai- ment admirable, Le plus ordinairement la femelle est seule chargée de ce soin, tandis que le mâle veille à ses besoins ; quelquefois le père et la mère se partagent ce travail. Ïl faut que le besoin de la faim ou un grand danger la forcent à s'éloigner, pour que Ja femelle couveuse laisse un instant sa progéniture. Les phénomènes qui s’accomplissent dans l’œuf pendant la durée de l’Incubation ar- rivent avec un ordre, une régularité tellement mer- veilleuse, ils sont d’unesi haute importance, qu'ils ont fixé l’attention et fait l’objet des recherches approfondies d’un grand nombre de physiologistes. Mais leur histoire appartient au mot Our, et nous renvoyons. (P. G.) INDE. (céocn. pays.) Sous ce nom, les anciens et les modernes ont compris trois grandes régions de l'Asie méridionale : l’une, arrosée par le Gange, est désignée plus communément aujourd'hui sous le nom d'Hindoustan ; l’autre, appelée impropre- ment Presqu'île en deçà du Gange par les Eu- ropéens , et Deccan ou Dekhan, c’est-à-dire pays du midi, par les indigènes ; enfin cette grande pé- pinsule que l’on a nommée Presqu'ile au-delà du Gange, Inde extérieure , Inde-Chine, Inde Trans- gangétique, et que l’on pourrait nommer plus sim- plement Inde orientale par opposition à l’autre presqu'île , qui est bien l'Inde occidentale. L'île de Ceylan et les Maldives dépendent naturellemeut de cette dernière partie de l'Inde. L’étendue générale de ces diverses parties est imparfaitement connue : on s'accorde cepen- dant à l’évaluer à la quantilé de 174,000 lieues. carrées. L'Inde est bornée au nord par les immenses chaînes de montagnes que nous considérons comme un système que l’on peut nommer hymalayen, du nom du principal groupe, appelé Hymalaya. L’axe des monts Hymalaya est formé de gneiss pénétré de filons de granite et recouvert de micaschistes sur lesquels reposent des phyllades et des psam- mites. Deux immenses couches calcaires qui pa- raissent appartenir au terrain crayeux bordent au nord comme au sud ces roches anciennes; des grès à lignites forment sur les bords du Gange une bande qui borde toute la chaîne , tandis que, plus au nord, des dépôts de sédiment supérieur s'étendent, recouverts cà et là par le terrain dilu- vien que caractérisent des ossemens de grands mammifères. Un système particulier de montagnes, celui des Ghauts ou Ghattes, s'étend dans la partie méridio- nale de l’Hindoustan ; leur point culminant atteint la hauteur de plus de 9,000 pieds. Le granite pa- raît former toutes les sommités de cette chaîne, qui offre partout l’image de la plus grade stéri- lité; les gneiss et les micaschistes, traversés par des filons de porphyre et de diorites, s’appuient sur les granites. Vers la pointe méridionale de l’Hindoustan s’éterdent de vastes dépôts de roches volcaniques qui vont former le cap Comorin. Les principaux fleuves de l’Hindoustan sont le Sind , l'Indus des anciens; le Nerbouddah appelé aussi Nerbedah , le Tapti, le Gange, le Kaveri ou Kauveri, la Mahanada, appelé aussi Mahanadi ou Kattak, et le Panar. L’Hindoustan ne connaît que deuxsaisons : celle de la sécheresse et celle des pluies. Durant la pre- mière, une langueur mortelle s'empare de toute la végétation ; mais une seule nuit pluvieuse suffit pour couvrir de verdure et changer en une belle prairie une plaine qui paraissait aride. C’est en avril et en mai, dans l’intérieur et la partie orien- tale de l'Inde , que commence la saison pluvieuse; elle finit vers la fin d'octobre. La fin de cette sai- son est marquée par les changemens de vents, la violence des crages et les ouragans. Dans le pays appelé les Sircars , les pluies durent huit mois, et seulement deux dansle Karnatik ; maisleclimat de l'Hindoustan participe de celui de la zône torride : dans la plus grande partie de cetle vaste con- trée,on ne connaît ni la neige n la gelée; ce n’est que dans les montagnes que l’on éprouve la tem- pérature de nos Alpes glacées; ainsi les vallées de Kachemire, de Sirinagore, de Gorkha, de Ney- pal, entourées de hautes sommités , éprouvent toutes les rigueurs de véritables hivers auxquels succèdent INDE 137 INDI succèdent , il est vrai, un printemps prolongé et un été salubre, Il est naturel de penser que la fertilité du sol et la nature des productions ne varient pas moins que la température. Dans la partie occidentale on trouve des déserts de sable où, comme en Arabie, le vent brûlant du midi erlève des nuées de pous- sière dont il couvre les habitations. Dans la partie septentrionale les savanes sont assez nombreuses ; le long des rivières et à l'embouchure des grands fleuves, le sol est souvent marécageux ; mais à l’ex- ception de ces terrains incultes, l’Hindoustan offre partout de beells prairies , de gras pâturages, des champs couverts de riches moissons qui se renou- vellent deux fois par an, et des vallées remplies de tout ce que peut offrir la plus brillante végé- tation. Il serait trop long de citer tous les végétaux qui croissent dans l’Hindoustan; le règne de Flore y brille de tout son éclat: des forêts de bambous couvrent une grande partie du sol; le Bananier des sages ou Musa sapientum a nourri de tout temps les prêtres de Brahma. Le Figuier indien étend ses immenses rameaux sur les pagodes, et l'arbre de Bouddha (Ficus religiosa , Linn.) est vénéré dans toute la Presqu'ile au-delà du Gange. Nos arbres fruitiers , tels que le Pommier, le Poirier, le Pru- nier, l’Abricotier, le Pêcher, le Noyer, l’'Aman- dier, l’'Oranger et le Mürier, prospèrent dans la partie septentrionale de l'Inde ; tandis que les par- ties méridionales abondent en Arbres à pain, en Goyaviers, en Manguiers, etc. Le Chêne, le Sapin, le Gyprès, le Peuplier se retrouvent dans ce pays ainsi que le Myrte et le Tamarinier; mais on y trouve aussi beaucoup d’arbres inconnus dans nos climats, tels que le Ponna (Uvaria altissima) , le Nagassa ou Bois de fer, et le Pandanus odoratis- sima. à Le règne minéral ne le cède point, dans l'Inde, au règne végétal : on cite les riches mines d’or et d’argent de Golconde, du Karnatic et du Bengale ; * quelques mines de cuivre sont fort riches ; le fer se trouve dans toutes les provinces de l’Hindoustan et du Dekhan, et le zinc y est si commun qu’on en ex- _porte une grande quantité pour l’Europe. L’Hin- doustan est connu depuis long-temps pour ses P 5 PS P beaux diamans ; le lapis-lazuli se trouve dans les montagnes qui dépendent de l’'Hyÿmalaya. Presque toutes les montagnes de l’Inde renferment des carrières de marbre et d'albâtre , et le sel gemme est exploité dans un grand nombre de localités. Parmi les mammifères de cette contrée, on dis- tingue les Singes, la Roussette, l'Ecureuil, le Pan- golin à grosse queue , le Paresseux à deux doigts, le Tigre, et l’Ours des montagnes, encore plus terrible, L'Inde fourmille de Serpens. Presque tous les fleuves nourrissent des Crocodiles ; enfin l'Inde est la patrie du Paon et de plus de 50 espèces de Perroquets. Si nous jetons un coup d’æil sur l'Inde orien- tale, nous y remarquerons plusieurs fleuves im- portans : tels sont l’Irraouaddy, le Zittang et le Mé-Nam. + M T. IV. Les végétaux de cette contrée ne sont pas moins remarquables que ceux de l'Hindoustan : nous y trouvons J’Arbre à bois d’Aigle ou l’Aloexylum verum ; le Pimelia oleosa, qui fournit une huile em- ployée dans la composition du vernis de la Ghine ; l Amomum galanga et le Phyllodes placentaria. Les animaux les plus remarquables sont l'Élé- phant indien, le Rhinocéros unicorne, le Tapir bicolor (Tapirus indicus), le Cerf, l’Antilope, ainsi qu'une foule de Singes. Nous terminerons ici les principales généralités auxquelles nous avons dû nous astreindre pour donner une idée de la géographie physique de l'Inde. (J. H.) INDÉHISCENT , Indehiscens. (BoT. PHAN.) Ca- ractère du fruit qui ne s’euvre pas de lui-même à l’époque de sa maturité ; tels sont les fruits char- nus et certains fruits capsulaires. (L.) INDEL. (8or. Han.) Nom employé par les ha- bitans du Malabar et adopté par Lamarck pour désigner l’Élate, Palmier extrêmement voisin des Dattiers. (G. £.) INDEX ou INDICATEUR. (anar.) Doigt placé entre le pouce et le medius. Il est ainsi nommé parce qu'il sert à désigner les objets qu'on veut faire remarquer. Il peut s'étendre seul , et la main n’a que ce doigt qui possède cetie faculté. Elle dépend d’un muscle extenseur qui lui est parti- culier. (P. G.) INDIANITE. (an.) Substance minérale encore peu connue, bien que l’analyse qu’en à faite Lau- gier prouve qu’elle a beaucoup d’analogie avec la Népn£Line (voy. ce mot). Gependant, comme ce serait une Néphéline à base de chaux, attendu qu’elle contient 15 pour cent de cette substance qu’on ne trouve point dans la Néphéline, elle pa- rait devoir être considérée comme une espèce par- ticulière. On ne la connaît point cristallisée ; elle ne s’est encore présentée qu’en petiles masses à texture saccharoïde ou compacte d’une couleur blanche ou rosâtre. Le pays de Carnate ou Car- natic, dans l’Hindoustan, est le seul jusqu’à présent où l’on ait trouvé l’Indianite. (J. IL.) INDICATEUR. (o1s.) Levaillant a donné ce nom à un petit groupe de Coucous composé de deux espèces très-curieuses par leurs mœurs; l’une d’elles, formant le type du genre, a été étu- diée par Levaillant et décrite sous le nom d’Indica- teur (Ois. d’Afr., t. v,p. 129). Temminck nom- mait cet oiseau Cuculus albtrostris et le plaçait dans son ordre des Zygodactyles, qui correspond en grande partie aux Grimpeurs de Guvier. Spar- mann , qui, le premier, l’a signalé dans la relation de ses voyages, l'avait classé parmi les Coucous, parce qu'il est bis-ergot, c’est-à-dire qu’il a les doigts disposés deux à deux. Levaillant, après un examen détaillé des caractères de cet animal , lui a restitué sa véritable place. Ce petit sous-genre “est ainsi caractérisé : bec conique, pointu et voûté sur l’arête de la mandibule supérieure; la pointe de la mandibule inférieure se rebrousse aussi vers celle de l’autre ; elles forment ensemble une pince solide qui donne au bec beaucoup de force, Les 258° Livraison. 18 0 QE t'INDI 138 INDI a ————————————————— narines sont placées très-haut , et chacune dans un enfoncement assez marqué ; elles sont recou- vertes de plumes assez abondantes ; la Lête et les yeux sont petits, la langue triangulaire, courte et plate, le corps long et charnu, les formes peu prononcées , les tarses courts et robustes, les doigts au nombre de quatre dont deux en avant et deux en arrière ; les ongles forts et taillés comme ceux des Pies ; les ailes amples et longues , attei- gnant le milieu de la queue, qui est formée de douze pennes ; celle-ci est étagée sur les côtés el fourchue dans son milieu coinme chez les ciseaux du genre Echenilleur; les plumes sont courtes, dures et très-serrées au corps. La peau de cet oiseau est lellement épaisse qu'il est assez diffi- cile de la percer d’une cpingle, à moins qu'elle ne soit sèche. Nous avons donné la figure de cette espèce, pl. 238, fig. 2. Les Indicateurs vivent dans les pays boisés, ni- chent dans des trous d'arbres et choisissent pour déposer leurs œufs le bois pourri ou vermoulu. Extrémement remuans, ils sont cependant d’un uaturel peu farouche, sans cesse on les entend crier. Leur vol est lourd et souvent interrompu, aussi les chasseurs peuvent-ils les suivre facilement pour s'emparer des ruches où ils vont prendre leur nourriture, qui consiste dans le miel et la cire qu’elles contiennent ; les Abeilles s’acharnent sur eux ; mais comme l’aiguillon ne peut traverser leur peau à cause de son épaisseur, elles se portent sur leurs yeux, et il n’est pas rare de trouver au bas des ruches sauvages des cadavres d’Indicateurs mis à mort par les Abeilles; ce fait du reste n’a rien d’extraordinaire, puisque souvent, en Europe, nous avons trouvé dans nos ruches des souris et des mulots tués par les Abeilles et ensevelis sous une couche de cire. Sparmann , cité plus haut, prétend que cet ani- mal cherche par ses cris à attirer l’homme pour le conduire aux ruches, et qu’il témoigne sa joie par des éclats de voix plus aigus et plus bruyans lorsque le chasseur s’empare du miel découvert. Nous croyons plutôt, avec Levaillant, que ces cris sont moins un témoignage de plaisir que de douleur en se voyant enlever une nourriture dont il est très-friand ; les naturels du pays, connaissant son avidité pour le miel et son instinct paur re- connaître l'endroit où il est placé, le suivent à la piste et profitent de ses indications; mais je ne pense pas qu’on doive lui attribuer l'intention que lui prête Sparmann. _ On n’en connaît que deux espèces, le grand Indicateur et le petit Indicateur, qui diffèrent seu- lement par la taille et la couleur des plumes; du reste les mœurs sont les mêmes. Ces oïseaux ne! ‘se trouvent que dans l’intérieur de l'Afrique. : J. L. INDIGÈNE. (001. et Bo. ) Sete) Si Ja valeur est relative au pays où le naturaliste ob- serve l’animal, la plante qui lui sont propres, qui vivent habituellement , qui y croissent, y mul- tiplient naturellement , et n’y ont point été appor- tés d’une autre contrée. L'Éléphant est indigène , depuis la dernière grande révolution du globe, aux régions intertropicales de l’ancien hémisphère , comme le Lion l’est aux sables brûülans de l'Asie et de l'Afrique ; la Circée parisienne, Cireæu lute- tiana , est Indigène à la France , comme le Palmier à cire, Ceroxylon andicola , l'est à la Cordilière du Pérou. On étend souvent, quoiqu’à tort, le mot In- digène aux animaux , et plus particulièrement aux plantes , non seulement acclimatés, mais natara- lisés par une longue suite de générations. Que l’on ait ou non oublié l'origine primitive du Mérinos , qui pullule dans la péninsule Ibérique , il n’en est pas moins originaire de l'Atlas, comme le Raism muscat, qui fait la richesse de nos plus célèbres vignobles du Midi, est originaire de l'Orient : son introduction chez nous date seulement de l'an- née 1446. On à dit et répété beaucoup d’absur- dités sur la patrie primitive de nos animaux do- mestiques et des végétaux cullivés dans nos champs et nos jardins ; l’une des plus remarqua- bles est celle sur le Cerisier de nos bois que l’on fait venir de Cérasonte. , Le mot fndigène est opposé au mot exotique, comme il diffère de ceux acclimate et naturalise. Cette quadruple distinction est importante pour la régularité de l’histoire écrite des productions de la nature, (l'in. F7 INDIGO. ( cui. ) Matière colorante bleue re - tirée des feuilles de plusieurs plantes appartenant principalement au genre /ndigofera ; nous disons principalement, car plusieurs autres végétaux, tels que le Werium tinctorium, V'Isatis tinctoria, l’Isatis lusitanica , V Asclepias tingens, etc. , en four- nissent également. L’extraction de l’Indigo se fait de la manière suivante : quand la plante est en pleine floraison , on la coupe sur sa tige, on la divise en parties plus ou moins ténues, et on la place dans un vase avec une quantité d’eau suffisante pour immerger toute la masse. À peine quelques jours de cette macération se sont-ils écoulés, qu’une sorte de fermentation a lieu dans la liqueur, et par suite un dépôt de matière colorante bleue se forme; c’est l’Indigo. Toutefois, faisons observer que la fer- mentation n’est point ici d’une nécessilé rigou- reuse. Ajoutons encore que l'addition d'une pe- tite quantité de chaux à la masse totale , addition faite par quelques fabricans, coutribue à donner un Indigo et plus beau et plus pur. L’Indigo se prépare ordinairement aux Indes orientales ; le meilleur nous vient de Guatemala en Amérique, où il estextrait surtout de l’ndigofera argentea, et aussi de plusieurs autres espèces qui y sont maintenant cultivées. Les quantités pro- duites par chaque espèce varient selon le sol, les lieux et les saisons. Dans le commerce on trouve l'Indigo sous forme de petits pains cubiques ; sa coulear est d’un beau bleu tirant sur le noir; son aspect est cuivré et brillant ; sa cassure est nette et facile, sa pesan- teur spécifique très-peu considérable ; il flotte à la surface de l’eau , caractère dû autant et plus à sa D PI. 2389. Ù see er KZ (NU Aeore Baron dd. 1 à 3 Indigotier Le E.Guerin dr “INDI 13q INDI porosité qu'à sa légèreté, L' Indigo est loin d’être toujours pur; € est ainsi qu’on le trouve mêlé de terre , de sable, de brique pilée , etc. Le. plus es- timé, appelé Guatemala flora, ressemble assez au bleu. de Prusse. Parmi les principes immédiats qui entrent dans la composition de l’Indigo, Berzelius en distingue quatre principaux qui jouissent de propriétés très- différentes , et qu'il nomme, le premier gluten d’Indiso, le second brun d Indigo, le troisième rouge d Indigo , et le quatrième bleu d’Indigo, ou ADI matière colorante de l'Ivdigo. De ces principes, les trois premiers, que nous passerons sous silence, ne sont pas complétement insolubles dans l’eau , c'est-à-dire que , traités successivement par de nouvelles quantités de ce liquide , toujours ce dernier se charge d’une petite portion de ma- tière colorante. Le bleu d'Indigo , que l’on obtient après avoir traité l’Indigo brut par diverses opérations que nous avons omises comme étant en dehors du but principal de notre Dictionnaire, et par l’al- cool, n’est pas un corps complétement pur. On ne l’a dans ce dernier état qu’en le mêlant avec deux fois son poids de chaux vive, introduisant le mé- lange dans un flacon contenant une quantité d’eau égale à cent cinquante fois le poids de l’Indigo , agitant la masse ; ajoutant ensuite un peu de sul- fate de fer ( les deux tiers de la chaux employée), abandonnant la masse à elle-même , laissant dé- poser , décantant et filtrant, La décantation doit être faite dans de l’eau suffisamment acidulée par de l'acide hydrochlorique. Ainsi traité , le bleu d'Indigo a une nuance vio- Jâtre, un éclat métallique qui augmente et par le frottement et par la compression entre les mains. Son odeur , sa saveur sont nulles; ilne jouit d’au- cune des propriétés acides ou alcalines. Ghauffé doucement , il se répand en une fumée pourpre ; si on le chauffe davantage, ilse fond, bout et s’en- flamme; enfin, soumis à l’action. de. la chaleur dans un vase, et avec des précautions convena- bles, on peut l'obtenir à l’état de.sublimation. Le bleu d’Indigo est insoluble dans l’eau , inso- luble dans féther, les acides étendus et les alca- lis ; l'alcool ARE 2 se charge de sa matière co- lorante , mais il la perd par le refroidissement ; il en est de même des huiles d’olive: et de térében- thine, Le chlore lui donne une couleur jaune; l’iode le décompose, mais à chaud seulement ; le soufre et le phosphore ne présentent aucun phé- nomène de réaction. L’acide sulfurique concentré et fumant dissout le bleu d’Indigo. Il y a dans cette dissolution dégagement de HAS et trans- formation de la A colorante de l'Indigo en principe colorant soluble dans l’eau ; ou, en d' au- tres termes, le bleu d'Indigo, extrêmement peu so- luble dans, l’eau, le dons par sa combinaison avec l'acide sulfurique. L’acide nitrique le décom- pose avec la plus grande facilité, etc. Malgré les LR pis travaux: RE chimistes sur Ja Fe de l'Indiso, malgré la- concordance qui exisle dans ces sartes de rouler nous SOu- mes loin de connaître la composition exacte de cette matière colorante. Cependant , voulant don- ner ici le résultat de son analyse chimique , nous dirons, avec Crum , qu’il donne en poids 72,63 de carbone, 3,19 d’ hydrogène , 11,396 d'azote, et 12,82 d'oxygène. Tout le monde sait l’usage de l’Indigo dans la teinture, tout le monde “connaît également la consommation énorme que les arts font de cette matière coloranie; plusieurs millions de livres sont employées chaque année. La laine, la soie, le coton, le chanvre, le lin, se chargent aisé- ment de sa belle couleur bleue, et cetie couleur est une des plus solides et des plus durables. Les procédés chimiques employés à la teinture des étoffes se réduisent à deux opérations princi- pales, qui sont : la dissolution par réduction, et la dissolution au moyen de l'acide sulfurique. Dans la première , que l’on distingue en cuve à la coupe- rose ou cuve à froid, cuve à l'orpiment, cuve a l’u- rine et cuve au pastel ou à chaud , on mêle, pour la cuve à froid une partie d’ Indigo en poudre fine, trois, parties d’hydrate de chaux, cent cinquante parties d’eau , et deux parties de sulfate de fer pur, exempt de cuivre. Dans la seconde, ou cuve à l’orpiment, on fait bouillir un mélange d’une partie d'Indigo broyé , deux parties de potasse et vingt parties d'eau, y ajoutant une partie de chaux récemment éteinte, puis une partie d’orpiment pulvérisé , et faisant bouillir de nouveau pendant quelques mi- nutes. Cuve à l'urine. Dissolution de l'Indigo. dans l’u- rine pourrie ; l’ammoniaque. est ici le dissolvant. Cuve au pastel. Mélange d’Indigo, de pastel, de. garance et de potasse. On pulvérise l’Indigo, on le fait bouillir avec la potasse, on ajoute le pastel et l’eau, puis un peu de chaux, etc. Dans la dissolution del ‘Indigo dans l'acide sul- furique, soluté appelé bleu de Saxe ou bleu en li- queur , il suffit de dessécher l'Indigo , de le pulvé- riser et de l’introduire par petites portions dans de, l’acide sulfurique concentré. Les proportions sont les suivantes : quatre à six parties d'acide sul- farique fumant, huit à douze parties d’acide sul- furique anglais, le plus concentré possible, pour une partie d'Indigo. L'Indigo étant toujours d’un prix assez élevé, il n’est pas indifférent de savoir ou non évaluer sa richesse comme matière colorante. Des divers, moyens proposés à cet effet, celui qui consiste x: décolorer l’Indigo par le chlore est le plus usité et le plus à la portée des fabricans et des manufactu- riers. Voici comment on procède : on prend un volume déterminé de soluté de chlore , on y ajoute peu à peu, et par petites portions autant, d’In- digo purifié et pulvérisé qu'il en faut. pour que la. liqueur ne passe plus au jaune; on fait ensuite la même opération sur de l’'Indigo que l’on veut es-. sayer, et on compare les deux_ produits. Plus lIn- digo aura nécessité de soluté. de chlore, plus ik sera riche en matière colorante. (6. F3) INDIGOTIER , Zndigofera. (vor. PHAN et AGR.) GR INDI AD ct INDI | ——_———_—__—_—_—_—_—_—_—_—_—_—— Plusieurs proprictaires ruraux de nos régions mé- diterranéennes ont , à l'exemple de Rozier, essayé la culture de l’Indigotier, et tous ont obtenu des succès. Il réussit aux environs de Vienne sur le Rhône , de Toulon, de Narbonne , en Corse; mais on n’a point persisté dans cette voie si simple, si facile; l’enthousiasme, trop vivement sollicité d’abord, s’est attiédi, puis a cessé tout à coup ; on a délaissé la route de l’acclimatation, et, pour céder au torrent de l'habitude, pour revenir dans l’ornière de la routine , on a préféré demander au ciel de l'Amérique l’Indigo que nous pouvions obtenir dans le climat de nos départemens méri- dionaux, et l’on a tué une autre culture, celle du Pasrer (voy. ce mot). Cette même circonstance, je la retrouve chez un peuple de antiquité. Les Hé- breux ont cultivé long-temps l’Indigotier. Quel- ques auteurs l'ont nié, parce que les Romains, maîtres de la Judte, ne connaissaient l’Indigo que comme un produit de l’Inde, dont même, d’après le texte de Pline le naturaliste, ils ignoraient la pature; mais les passages de la Mischna dans les- quels il est question de sa culture, sont trop po- sitifs pour élever à ce sujet le plus léger doute ; ils nous apprennent, en effet , qu’il était défendu de détruire une Indigotière avant qu’elle eût atteint sa troisième année. Au temps de l’Arabe Aboul- féda, qui florissait au quatorzième siècle de l'ère vulgaire , cette culture était encore en pleine vi- gueur aux environs de déricho : ce sont des plants acclimatés depuis de longs siècles qui donnèrent à penser que cette plante de l'Inde était sponta- née dans la Syrie. L’Indigotier fut aussi cullivé par les vieux Egyptiens ; mais, limité long-temps à un petit nombre de localités, il s’est ensuite mul- tiplié dans presque tout le pays; la fabrication de la fécule y est mauvaise; on pourrait aisément l'améliorer. On a dit à tort et répété sans critique que l’Indigotier n’est connu que depuis le milicu du seizième siècle. Il a été, à cette époque, trans- porté par les Europcens de l'Egypte dans les Antilles et dans diverses régions de l'Amérique du sud, où il a prospéré promptement, et d’où il s’est répandu presque partout. L’indigo que l’on y prépare est une branche importante de commerce. Le genre Indigotier, indigène des tropiques, compte au moins une soixantaine d'espèces ayant de très-grands rapports avec le genre Galega. Il appartient à la famille des Légumineuses et à la Diadelphie décandrie, présente des espèces her- bacées, annuelles ou vivaces, et des sous-arbris- sceaux que l’on range sous trois catégories diffé- rentes selon qu’ils offrent des feuilles ailées avec une impaire, des feuilles digitées ou ternées , et des feuilles simples; il porte des fleurs petites, ordinairement disposées en grappes axillaires. Cha- que fleur est composée d’un calice ouvert, à cinq dents; d'une corolle papilionacée dont la carène est munie des deux côtés d’un éperon tubulé, étalé; d’un ovaire supère, surmonté d’un style court, ascendant et d’un stigmate obtus. Il leur succède une gousse oblongue, linaire, presque cylindrique, tantôt droite, tantôt arquée, poly- sperme; semences rondes ou quadrangulaires, variant du gris perlé au jaune paille et au brun rougeâtre , suivant les espèces. Il est une espèce sur laquelle je m’arrêterai parti- culièrement ; l’Innicotier FRANc , L. anil, comme la plus intéressante de toutes, celle que nous de- vrions cultiver. Sous-arbrisseau de six à dix déci- mètres de haut, il a la tige droite, cylindrique, rameuse , chargée de poils courts, couchés, don- nant à la plante un aspect blanchätre. Les rameaux sont eflilés ; en s’étendant, ils forment commeune touffe qui se garnit de feuilles alternes, pétiolées, ailées avec impaire , et composées de neuf à onze folioles, à peu près égales entre elles, ovales, vertes en dessus, pâles en dessous, unies , douces au toucher, exhalant une odeur assez pénétrante, mais peu agréable. A la base des feuilles on voit deux slipules subulées. De l’aisselle s’élève un épi de petites fleurs rougeâtres où d’un rouge violet irès-clair, répandant une odeur faible, et donnant naissance à des gousses grêles, linéaires , courbées en faucille, longues de vingt-sept millimètres, raides, cassantes, légèrement pubescentes et com- primées, bordées par la saillie latérale de leurs sutures; elles renferment de cinq à sept semences obtusément quadrangulaires, luisantes, très-dures, d’un jaune rembruni Lirant un peu sur le vert, quelquefois sur le gris ou le blanc sale, quand elles ne sont pas absolument mûres. Ces graines se sèment à la volée dans un ter- rain substantiel, préparé par des Jlabours et par des engrais, dès le mois de mars ou d’avril pour nos départemens du midi. Le fumier de mouton convient mieux que tout autre. Sur un sol léger, les labours doivent à peine cflleurer la surface ; mais les engrais sont indispensables. Il faut tenir Je champ bien net, jusqu'à ce que l’Indigotier couvre la terre : sil’on peut arroser par irrigation, les plantes seront plus fortes, plus hautes, plus chargées d’Indigo; et si l’on suit les conseils de Cossigny, l’on verra bientôt que l’on peut obtenir en France, sur une grande échelle, un bleu tout aussi solide, peut-être même plus beau, que celui de l'Egypte, des Antilles et de l'Amérique du Sud. I suffit de vouloir pour que laréussite soit brillante et complète, La graine’lève facilement, et la plante, quand elle est abritée, donne une belle tige qui rapportera dans la première année un Indigo rou- geâtre , mais qui le fournira superbe à sa seconde apnée. On confond souvent avec celte espèce l’Ixpr- GOTIER DES TEINTURIERS, J. tinctoria, parce qu'ils ont entre eux de très-grands rapports; mais ils sont distincts par les gousses qui ne s’arquent pointet chez quiles sutures sont peusaillantes, par Ja tige glabre dans toute sa longueur, par les fo- lioles d’un rouge brun. Malgré le nom botanique qu’on Jui donne, le cultivateur s’est assuré qu'il est moins propre à salisfaire aux besoins des teintu- riers que l’Indigotier anil ou franc. . Une espèce très-remarquable par sa belle cou- leur glauque argentée, l'INpIGOTIER GLAUQUE, /. ——_————————————.—————…—…—…—…—….….….….….…_…_…_……… … …——— INDI 141 INFE EEE EEE CU argentea, se cultive sur les côtes de la Barbarie, surtout aux environs de Tunis. Elle monte à un mètre de haut, se couvre de grappes menues à fleurs purpurines. Sous ce point de vue elle mérite de prendre place dans nos jardins d'agrément avec PINDicoTiER JONCIFORME , /. juncea, qui fleurit en septembre et octobre, et l'INDIGOTIER BILABIÉ, J. bilabiata, dont les fleurs sont d’un pourpre clair. L'InnIGOTIER POURPRE, Î. atropurpura, représenté dans notre Atlas, pl. 259, fig. 1, 2 et 3 , est in- troduit en France depuis un quart de siècle, et fleurit chaque année. Deux autres espèces, que nous avons Lirées de la Chineet de la Nouvelle-Hol- lande depuis le commencement du dix-neuvième siècle, méritent une attention particulière à cause de leur port élégant, de leurs jolies fleurs roses qui se développent avec pompe et produisent un bel effet : l’une est l’INpIGoTIER À Gros ÉPis, 1. macro- stachia, qui se couvre de ses grandes fleurs durant tout l’automne ; l’autre, l'INDIGOTIER AUSTRAL , 1. australis, est un arbuste très-touffu , dont les grap- pes, épanouies au milieu du printemps, répan- dent une odeur des plus suaves. Les feuilles de la première se réfléchissent et se rapprochent la nuit par leur face inférieure. (T. ». B.) INDIVIDU. (zoor. et 8or.) Tout être organisé, soit animal, soit végétal , considéré seul et abstrac- tivement, est un Individu, un tout particulier par rapport à l'espèce dont il fait partie. L’Individu est mâle ou femelle, selon la conformation de son sexe. Le caractère propre à l’Individu ne peut avoir aucune valeur dans l’établissement des gen- res, des familles, ni d'aucune sorte de classifica- tion ; il doit seulement être noté comme résultat d’un phénomène, comme un fait isolé, suscepti- ble plus tard de servir dans l'examen des circon- stances différentes de la physiologie. (T. D. B.) INDRI , Zndris. (uaw.) Le genre des Indris ap- partient à la classe des Mammifères et se range dans l’ordre des Quadrumanes, parmi ceux que Linné appelle. ZLemur ( aujourd’hui les Lému- riens); il ne comprend qu’un petit nombre d’es- pèces , toutes de Madagascar et qui sont encore fort peu connues dans leurs habitudes et dans leur manière de vivre. Ces animaux ont quatre incisi- ves à chaque mâchoire, les inférieures étant pro- clives ; deux canines même à chaque mâchoire et cinq molaires de chaque côté en haut comme en bas ; leur tête est longue, moins cependant que celle des véritables Lemur, et leurs membres posté- rieurs sont beaucoup plus longs que les antérieurs; les uns ont une queue assez longue et poilue, les autres n’en ont qu'une tout-à-fait rudimentaire. Ces animaux vivent de fruits ; ce sont de tous les Quadrumanes de Madagascar les plus grands et ceux qui approchent le plus de la forme hu- maine. Les naturels leur ont conné le nom d’//om- mes des bois. Le type du genre est l’INDRI A COURTE QUEUE, Indris brevicaudatus, Geof., représenté dans notre Atlas, pl. 250, fig. 4 , et décrit par Sonnerat sous le nom d’Indri. Get animal à le pelage noirâtre et la queue très-courte ; il est doux et s’apprivoise assez facilement. Les Madécasses le dressent , dit- on, pour la chasse, Sa taille est de trois pieds en- yiron. Une autre espèce est l’INDRI À LONGUE QUEUE ou Maki À BOURRE DE SonneraT, le Maki fauve de Buffon. Get animal , qu’on nomme en latin /ndris longicaudatus, est moins grand que le précédent; son pelage est fauve , et sa queue longue est garnie d’un poil assez semblable à de la bourre. Les ha- bitudes de cet animal sont peu connues. M. Jour- dan a fait del’Zndris longicaudatus le type d’un nou- veau genre qu'il nomme Ævahi; ce genre ne dif- fère très-probablement pas de celui que M. Bennett avait proposé dans les Proceedings zool. Soc. Lond., sous le nom de Propithecus. (GErv.) INDUS. (céocr. pays.) Voy. Sinr. INDUSE , /ndusium. (soT. cryrr. ) Fougères. Portion d’épiderme , de forme et de mode d’inser- tion variables, appelée membranula par Necker, glandes écailleuses par Guettard , et qui sert, dans les Fougères, à recouvrir les sporules. (F. F.) INDUSIE. (z0o1.) Bosc a donné ce nom, en la- tin Jndusia, à des corps fossiles qui présentent la forme d’un tube de 3 à 4 lignes de diamètre et de 2 à 3 pouces de longueur, ouverts d’un côté et fermés de l’autre, qui paraissent avoir été formés par un insecle aquatique du genre Frigane. Ils se trouvent en effet dans un grand nombre de dépôts d’eau douce de l'Auvergne. Nous en avons recueilli à la montagne de Gergovia, près de Clermont , à Chaptuzat, et à Aigue-Perse , dans le département du Puy-de-Dôme , ainsi qu’à Jussac , dans celui du Cantal. Ces dépouilles organiques sont composées de débris de coquilles, parmi lesquels on recon- naît de petites Paludines et des grains de sable réunis par un ciment calcaire. Ils forment des groupes quelquefois plus gros que le poing, et les tubes sont ordinairement parallèles les uns aux autres. , (J. H.) INÉQUITELES ou FILANDIÈRES, Inequitelæ. { ARAGEN. ) Tribu de l’ordre des Pulmonaires, fa- mille des Arachnides, section des Dipneumones, ayant pour caractères : filières extérieures coni- ques, convergentes , disposées en roselte; pieds très-grêles , les deux premiers , et ensuite les deux derniers , ordinairement les plus longs ; mâchoires inclinées sur la langue, rétrécies ou du moins point élargies vers leur extrémité. Cette tribu , selon Latreille, comprend les genres Théridion , Scythodes, Episine et Pholcus. (H. L.) INERMES. ( zoo. 5oT. ) Qui n’a ni aiguillons ni épines. On emploie ce mot pour désigner les animaux et les végétaux dépourvus de piquans, en opposition avec ceux qui en sont armés. (10) INFERE, Znferus. ( mor. nan. ) Cet adjectif sert à déterminer la posilion relalive des organes floraux , par opposition à celui de supére. Le ca- lice et la corolle sont Infères , s’ils contiennent l’o- vaire dans leur cavité; ex. : les Crucifères. L’o- vaire est [nfère lorsque, adhérent avec le tube du calice, il ne montre que son sommet au fond de la fleur ; ex. : les Ombellifères. INFL L’Inférité peut: être incomplète; dans le genre Saxifrage , par exemple, l'ovaire n’est que, semi- Infère, c’est-à-dire à demi enfoncé dans le calice. L'ovaire est toujours. unique lorsque sa situation est Infère. Dans la classification des végétaux, les fleurs inférovarites sont beaucoup moins nombreuses que les supérovariées. (L.) INFÉROBRANCHES. (mozs. ) Cuvier a établi sous ce nom un ordre de Mollusques gastéropodes dans lequel il place les Phyllidies et les Diphylli- dies, genres qu’il a lui-même proposés. Les Inféro- branches ont à peu près la forme et l'organisation des Doris et des Tritonies ; mais leurs branchies , au lien d’être placées sur le dos, le sont comme deux longues suites de feuillets sous le. rebord avancé du manteau. M. de Blainville a adopté l'or- dre des Inférobranches.ei le place le, quatrième dens sa sous-classe. des Mollusquesou Céphalidiens monoïques , c'est-à-dire à. sexes mâle et femelle portés sur le même individu, Les genres qu'il ad- met dans cet ordre sont au nombre de quatre : Buchauum, Phyllidia, Semi-phyllidia, et Lin- guella dont le genre Diphyllidie ne diffère point. Vient après ces quatre genres celui que M, Raf- nesque à établi sous le nom d’Arminia; celui-ci est peut-être aussi lemêémeque le genre Linguella ; mais il doit être jusqu'à présent.considéré comme fort douteux. (Genv.) INFLORESCENCE, Znflorescentia.(BoT. eHAN.) Disposition des fleurs. sue le végétal qui. en est muni; c'est un excellent caractère pour consti- tuer non, pas les genres, mais les. espèces, qu’il conyient Loujours de noter quand.on recueille une plante. L'Inflorescence est simple où composée, que les fleurs partent du collet de la racine comme dans le Safran , Crocus sativus, qui passe pour être originaire du Levant, comme dans le Colchique de nos prés et pâturages, Colchicum autum- nale, etc. ; ou qu'on les tronve implantées, soit directement sur les tiges, le Figuier. rampant du Japon, Ficus repens, soit sur les rameaux, le Jasmin, du Malabar, Jasminum grandiflorum , soi sur les pousses de. l’année, laLauréole des Alpes, Daphne alpina , soit enfin sur les. feuilles des. Xy- lophylles de l'Amérique .équinoxiale, ou dans.les aisselles des feuilles du Niruri, Phyllanthus niruri L'Toflorescence est très-variée dans, les formes qu'elle affecte, et. dans sa manière d'être; nous en donnons divers exemples dans les planches 240 et. 241 de notre Atlas. On la dit TeruiNage quand elle est placée à l'extrémité de la tige et. des. ra- meaux: l'Hépatique étoilée, Asperula odorata, le Gattilier commun, Vitex agnus. caslus, etc. Elle est AxILLAIRE quand elle part de l’aisselle des ra- meaux : la Pervenche des bois, Vinca major, le Gaïnier, Cercis siliquastrum , etc.; ou qu'elle est située à l'opposé : la Morelle noire, Solanum ni- graum , elc.; ou bien encore ExTRA-AXILLAIRE, c'est-à-dire hors des aisselles dans quelques points des entre-nœuds : l'Agalloche des.iles, de la Poly- nésie, Éxcæcaria agallocha., la belle Asclépiade de Syrie, Asclepias: syriuca, ete. Elle prend le 142 INEL, nom de Larérmrouée , lorsque. la fleur est insérée, à côté de la base des. feuilles non opposées : la Bourrache commune, Borrago officinalis; le Ni- candre du Mexique, Wicandra: physalodes , etc. Elle est OprosiriFouiée, partout où la fleur naît d’an point diamétralement opposé à celui d’attache de:la feuille : la Berle couchée, Sium nodiflorum, le Poivrier à queue, Piper cubeba , etc.; et Inrra- FoLIÉE, où selon le mat de quelques bolanistes, Iaterpositive, lorsque l’Inflorescence se manifeste entre une paire, de feuilles opposées et alternant avec les fleurs : la Sabline de la Sibérie, Arenaria lateriflora, YOthonne jaune du Cap, Othonna late- riflora, ec. IL ya dans l’'IxrLoresceNcE simpze des fleurs so- litaires : le Genêt à balais, Spartüux scoparium , la Hallérie des forêts du Cap, Halleria lucidæ ( pl. 240, lig, 1 ); d’autres qui viennent deux à deux : la plante consacrée au génie de Linné, Linnœæa borealis , le Baguenaudier d'Orient , Colu- tea orientalis ( fig, 2 ); trois à trois : la fleur qui rappelle le souvenir d’un célèbre botaniste de Pise, mort dans la moitié du xvim siècle, Pontederia cordata, le Cestreau à baies noires, Cestrum par- qui (fig. 3 }; quatre ensemble; le Vaubier en poi- gnard, Æakea pugiontformis.. Au-delà de ce: nom- bre, l'Inflorescence est dite AcB£cfe : la Primu- lacée qui croît dans les forêts des contrées arctiques et que les hotanistes. appellent à tort Trientalis eu- ropæa, puisqu'elle existe, aussi dans Je nord de l'Amérique. Le Dais à feuilles de Fustet, Daïs co- tinifolia, du cap de Bonnc-Espérance, en à jus- qu'à quinze et même plus. Dans l’InFLonsscence comrosée, les fleursétant réunies en yroupes diversement figurés, on les range sous six Catégories différentes, savoir : en anneaux, en têle arrondie, en épi, en: houquets ramifés et en faîte. La dernière sorte est appelée en spadice. Entrons, sur chacune d'elles, en quelques détails propres à les fixer dans, la mé- moire. L L'Inflorescence en anneaux est plus connue sous la dénomination de Verriciese, et indique bien quelles fleurs sont ici disposées à l’instar des, rayons d’une roue sur son moyeu. Le verticille est complet s’il garnit tout letour de la tige et. y forme un cercle parfait : la Brunelle vivace, Prunella, vulgaris; la Phlomide frutescente, Phlomis fruti- cosa ( fig. 4 ),.et presque toutes les autres Labiées ;, il est dimidié, quand il n’occape qu'une portion. de la tige : le Marrube noir, Ballota nigra; la Patience sanguine , Rumezx sanguineus. Dans la Bal- lote de l'Inde, Bullota, disticha, le verticille est partagé en deux paquets opposés, plus où moins unilatéraux, formant chacun moins d'un demi- cercle. II. L'Inflorescence en tête, arrondie prend. le nou de GariTure, quand les fleurs, sessiles ou presque sessiles, sont ramassées et serres en boule plus ou moins forte : l’Amaranthine rouge , Gom- phrene globose, la Ghataire de la Virginie, Cata- ra virginiana ( fig. 5 ); elle change ce nom en ce- | lui de Gazarmps, lorsque.les fleurs, entremèlées VAE 70 Inflorescence. ! Guérin dr. À æ Inflorescence. À Cuerm dv DEL pins de bractéoles, offrent l'aspect d’un panier plat tout arni : la Fleur des veuves, Scabiosa atropurpurea, le Dorstène à feuilles de berce, Porstenia cor- trayerva (fig. 6 ), et toutes les Synanthérées. AIT. L'Inflorescence en épi affecte trois formes différentes ; la première forme est l’Eer Prorrz- MENT DIT , qui consiste en un pédoncule raide sou- tenu verlicalement , autour duquel sont dispostes , -sur un pédicelle très-court , de nombreuses fleurs sessiles : Ja Laiche à feuilles de plantain , Carex plantaginea , la Lavande commune sur les rechers de nos départemens du midi, Lavandala spica (fig. 7). L'épi est parfois roulé sur lui-même en forme de-crosse : la Buglose teignante, Anchusa tinctoria , VHéliotrope parfumé du Pérou , Helio- tropium grandiflorum (fig. 8 ); d’autres fois il est digité, c'est-à-dire écarté, ayant quelque ressem- blance à des doigts, mais réunisur une tige com- mune : le Panis sanguin, Panicum sanguinale, le Barbon velu, Ændropogon ischæmum. L’épi e:t droit dans l'Elyme des sables, Ælymnus arenartus ; à sommet penché, dans une espèce de Sauge ori- ginaire de la Russie, Salvia nutans ; composé d'é- pis secondaires , dans le Blé de miracle, Triticum compositum ; ilest barba dans le Seigle, Secale ce- reale; mutique. dans J'Ivraie vivace, Lolium pe- renne ,'etc. La seconde forme de l’épi est le Garon ; pres- que toujours allongé , arrondi, souple, il a quel- que ressemblance avec la queue d’un chat, est formé de fleurs unisexuées dépourvues habituelle - ment de corolle; il est simple dans le Peuplier blanc, Populus alba ; composé dans le Noisetier , Corylus avellana; pendant sur le Bouleau , Betula alba (fig. 9 ); dressé sur le Saule marceau , Salix capræa; grêle dans le Hêtre nain , Fagus pumila; nu dans le Châtaignier, Castanca sylvestris ; cy- lindrique, purpurin et cotonneux dans le Saule hélice, Saliux monandra ; ovoide dans l’Aune, Be- tula alnus; globuleux dans les Platanes , Platanus orientalset P, occidentalis, dans l’arbre consacré à la mémoire de Broussonnet, Proussonnetia pa- pyrifera. Quant à la troisième forme de l’épi, le nom de Srrowize, que j'adopte volontiers parce qu'il indique bien cette forme, rappelle en même | temps un chaton droit et le côive qui doit lui suc- céder ,.quand, par le développement des écailles, | il sera fruit composé de toutes les parties persis- | tantes du chaton : le Gyprès à rameaux pendans, | Cupressus pendula ( fig. 0 ), le Mélèze, Larix eu- ropæœa, etc. Dans les Thuyas on retrouve ‘bien | aussi la forme du chaton , mais les écailles ligneuses | ‘du strobile ont leur sommet élargi en forme de Ge) ” DAT à PRES me LA ES bras. Barr ddl L due À Sureal fe LA Insectes /Aratornie ) LE Gucrin de TT ART TE RmRÉe ETES rn : 0 INOC 151 INSE vers organes situés dans la région de laine. L’on désigne, d’après cela, sous le nom de canal ingui- nal, le Canal quitravérse obliquement en bas , en dedans, en avant, et dans l’étendue de deux pou- ces, la partie inférieure de la paroi de l’abdomen. C’est par là que passent , chez l'homme, le cor- don tesliculaire , et chez la femme, le ligament rond de l'utérus. Ce canal est formé par les apo- névroses du muscle oblique et le fascia transver- salis. Son ouverture a recu le nom d’annéau in- guinal, C’est en suivant Ja direction oblique du ca- nal inguinal que les viscères se déplacent pour former la hernie inguimale externe. Les artères in- gainales sont la portion de l'artère fémorale située immédiatement au dessous de lParcade crurale, u’on nomme aussi ligament inguinal. (P. G@.) - INNOMINE. (anar.) Désignation par laquelle on indique en anatowie divers organes. L’exactitude plus rigoureuse des termes de la science ne permet plus guère d'employer que comme comparaison cette appellation assez étrange. L’os innominé a recu le nom (d’os coxal. L’artère innominée est appelée par Chaussier brachio-céphalique. Enfin, les nerfs, les veines, les cartilages, les os ainsi désignés, ne le sont plus que par leurs rapports avec les parties environnantes. (BP. G.) INOCARPE , Inocarpus. ( 8cT. puan. ) Genre de plantes appartenant à la famille des Sapotées et à la Décandrie monogynie de Linné. Caractères : calice monosépale, petit, sessile; corolle mono- pétale, infundibüliforme, à cinq découpures li- néaires , ondulées ; élaminés insérées sur Je tube de la corolle, au rombre de dix, à filets très- courts, sur deux rangs superposés; ovaire supé rieur, oblong, ovale; stigmate sessile, concave ; drupe ovale, grand, un peu comprimé , courbe au sommet, renfermant un noyau fibreux, réti- culé et monosperme. Ce genre ne comprend qu’une espèce connue. L'Inocarre comesrieLe,"1. edulis, Forst. (Nov. Gen., tab. 35 ); Lamwk. (IlL gen., tab. 362 }; Gaerin. fils, pag. 115, 199 et 200. C’est un arbre dont la première découverte:est due à Forster : il est originaire des îles de l'océan Austral. On le trouve dans les îles des Amis, de la Société, de la Nouvelle-Guinée, dans les Nouvelles-Hébrides , aux Moluques , et principalement à Otahiti. Ses ra- meaux sont garnis de feuilles alternes, oblongues, un peu en cœur, entières, glabres , veinées , d’en- viron neuf pouces de long , tenant à de conrts pé- tioles. Ils se couvrent de fleurs petites , allernes , accompagnées de pelites bractées, disposées en épis solitaires , petits , velas , axillaires. Le nom spécifique nous apprend que le fruit de l'Inocarpe est bon à manger. Il à le goût de la châtaigne; cependant il est moins agréable ét plus dur; nous l'avons représenté pl. 244 , fig. 2-3. Quant à l'écorce de cet arbre, elle est astringente et guérit la dysenterie. Les sauvages en tirent uñ suc glulineux dont ils se serverit pour fixer de bonnes pointes au ‘bout de leurs flèches. (GC. &.) ) Ce genre INOGÉRAME, Jnoceramus: ( mou. a été établi par Sowerby, dans son Minéral con: chology ; M. Brongniart l’a restreint en en retirant le genre Calillus. Tous les auteurs systématiques ont conservé celte division avec les caraélères sui- vans : coquille griphoïde, inéquivalve, irrégu- lière, subéquilatérale , à test lamelleux, non fi- breux, pointue au sommet, élargie à la base; crochets opposés, pointus, fortement recourbés; charnière courte sur le côté supéro-postérieur , droile , composée d’une série de crénelures gra< duellement plus petites, pour recevoir un liga- ment multiple. On ne connaît que deux espèces de ce genre. L'une , InocRauE siLLONNÉ, Anoceramus sulcatus , Parkiuson , représentée dans notre AUas, pl. 244, lis. 8, offre une coquille allongée , subovale, et très-convexe des deux côtés ; Ja valve inférieure est plus grande que la supérieure, avec le crochet beaucoup plus long et dominant celui de l’autre valve ; on rencontre ordinairement le moule inté- rieur de celte coquille ,'et il esl très-rare de la trouver avec son test ; il disparaît entièrement, ce qui n'aurait pas lieu s’il avait une couche corticale fibreuse , ear celle-ci résisterait à la dissolution. L'InocÉRAME coNCÉNTRIQUE , À. concentricus, Sow. ( voy. notre Atlas, pl 244, fig. 4h 7 ), ne diffère de l'espèce précédente qué par les ondula- tions concentriques qu'il présente ; on a reconnu des vestiges de son test nacré sur quelques échan- Ullons trouvés dans certaines localités. Réduits à deux espèces, les Inocérames sont pour la craie gliucomienne ce que les Catillus sont pour la craie blanche; ils sont caractéristiques de ces conches et des argiles qui les accompagnent ; jusqu’à présent on ne les a trouvés ni dessus dans la craic blanche ou la craie arénacée, ni au des- sous dans les terrains jurassiques. On les a ren- contrés tant en France qu'en Allemagne, mais surtout en Angleterre. (J. L.) INOLITHE, ( mix. ) Nom qui à été donné par quelques minéralogistes italiens à un gypse fibreux, tandis que d’autres minéralogistes, entre autres Gullitzine , donnent le même nom à un calcaire concrétionné et fibreux. Ce nom n’est point ad- mis dans les nouvelles nomenclatures. (J. H.) INSECTES. Classe d'animaux invertébrés, limi- tée aux espèces qui offrent les caractères suivans: corps et pieds articulés; des antennes; des mâ- choires transversales ; souvent des ailes ; six pattes. La disposition des ouvrages en forme de Dic- tionnaire ne permellant pas à chaque article des détails qui ameneraient dés redites continuelles , nous avons été obligé de renvoyer ici tout ce que nous avions à dire sur l’organisation des Insectes ; nous avons donc à dessein étendu cet article , ré- servant les détails de mœurs, qui sont très-variés, pour chacun des articles où ils sont propres et dont ils font la partie intéressante. Place des Insectes dans la naturé.En jetant les yeux autour de soion est'étonné, dans les pre- miers momens , de la variété des objets; les ou- vrages de l’art se mélent à ceux de la nature , l'esprit saisit à peine les limites qui existent en- = CE D “ INSE ee INSE 0 00m moe tre eux, et sépare diflicilement ce que l’art a en- fanté, des matériaux que la nature à fournis; ce- pendant tout ce que nous fusons , nous hommes, n’est toujours qu'un emploi des différentes sub- stances que la nature à mises à notre disposition : là, le bois se coupe, la pierre se taille ; les métaux, fondus, forgés, contournés de mille et mille fa- cons, mentent à leur propre origine, et trompent les yeux de l'observateur superficiel; mais le phi- losophe , faisant la part de l’art, qui a seulement changé les formes, dans celle slatuc, dans celte colonne, dans ces innombrables sculptures dont nous décorons nos temples et nos palais, retrouve la pierre, le marbre, ou le dur granite, tels qu'ils nous ont élé donnés, et ramène ces matières inertes aux cristaux primitifs dont la nature les à doués: le fer et les autres métaux subissent la même métamorphose; le bois descend, dans la pensée, du haut des maisons où on l’a monté à grand’peine ; la vergue abandonne la voile et reparaît au milieu des forêts jetant de noïnbreuses racines et se couvrant de verdure ; à côté d’eux , de nombreux êtres de toute taille et de toute forme, nagent, marchent, rampent ou volent dans tous les sens ; tout est ramené dans les limites de la création. Mais quelles différences entre ces objets primi- tifs ! Les uns, incapables de mouvemens , de sentiment, ne sont que des masses inertes, pro- duits ou de milliers de siècles, ou de violences spontanées de la nature : là tout est mort. Dans les autres tout est vie; ce végétal, cet arbre qui s'élève si majestueux, une circulation l'anime , ses nombreuses racines poussent au sein de la terre tandis que ses fouilles innombrables absorbent l'air qui nous entoure; ses fleurs, donées d'organes reproductifs, ont leur temps d'amour, se fécon- dent , et produisent alors des fruits qui doivent con- server l'espèce, et donuer avec le temps un co- losse pareil à lui; mais que de temps ‘ et là où 1 est né, là il doit mourir ! Ces animaux au con- traire qui errent de tous côtés, c’est pour eux que la nature s’est montrée une tendre mère ; pour eux le mouvement, pour eux tous les sens, pour eux esprit, instinct, intelligence , amour ! mais aussi pour eux vie courte et souffrance, C’est parmi les animaux que les Insectes vien- nent se ranger; Car chez eux il y a vie, mouve- ment, et tout ce qui en est la conséquence ; mais dans cette nombreuse série d’êtres renfermés sous le même nom, quelle est la place qui leur con- vient ? Fermons les yeux sur leur taille, car elle nous cache une organisation souvent plus riche que celle de colosses qui étonnent nos yeux et nos idées. L'homme, comme type perfectionné , et seul ossesseur de-la faculté de communiquer à ses semblables, au moyen de la parole, non seule- ment ses besoins, mais encore les idées les plus abstraites élaborées dans son cerveau , est en haut de l'échelle; une charpente osseuse revêtue de muscles puissans, recouverts d’une membrane con- tinuenommée peau , est le principal caractère désa classe; mais les oiseaux, les reptiles, les poissons offrent le même caractère ; tous sont des animaux Vertébrés. Mais l’homme, le bœuf, le chien, le chat allaitent leurs petits ; ils sont à cet effet pour- vus d'organes particuliers, de mamelles. Les oi- seaux ont les membres antérieurs convertis en organes propres au vol; ils pondent des œufs, Les reptiles se traînent sur le ventre et pondent des. œufs; les poissons vivent dans l’eau, ont les quatre- membres oblitérés et pondent des œufs. Après les animaux que nous venons de citer; vient une masse d'êtres qu’un caractère négatif, celui de manquer d’une charpente interne solide, a {ait comprendre sous le nom commun d’/nver- tébrés, mais qui cependant sont loin d’avoir des rapports essentiels les uns avec les autres. Parmi eux 1l faut distinguer les Mollusques, plus connus sous le nom d'huîtres, de limacons; les Zelminthes ou les vers, ceux en général qui vivent dans l’in- térieur du corps ; les Æntomes, dans lesquels sont renfermés les Insectes proprement dits, les ani- maux rayonnés où Méduses, et les Infusoires. De ioute cette division les Entomes seuls , embrassant les insectes , vont nous occuper, pour indiquer les rapports qui existent entre eux et les différences caractéristiques de leurs diverses coupes. Les Entomes proprement dits, que l’on nomme aussi Animaux articulés , ont pour caractère d’a- voir le corps divisé par anneaux ou segmens , et les pieds également articulés : aussi le mot Insecte, qui signifie coupé en, a-t-il en latin la même signi- ficalion que le mot Entome en grec ; mais dans notre langue il a été plus spécialement appliqué à une classe de cette section qui comprend les [n- sectes hexapodes proprement dits. Gelte section comprend aujourd'hui cinq classes bien distinctes : les Annélides , les Crustacés, les Arachnides, les Myriapodes et les Insectes. Les Annélides, qu’on est étonné avec raison de trouver rapprochées d’êtres qui en sont'si dispa- rates, ont les caractères communs de Ja section, mais ont une circulalion presque analogue à celle des Vertébrés ; elles ont une tête peu visible, pas d'antennes, souvent pas de pieds , ou à leur place des soies raides ; la plupart sont hermaphrodites : aucune ne subit de métamorphoses, Les Crus- tacés ont plus de rapports avec les Insectes; comme eux, ils ont une enveloppe extérieure coriace; comme eux, des antennes, mais au nombre de quatre; des mâchoires horizontales, mais au moins six ; des pattes ordinairement au nombre de dix ; des yeux composés, portés sur un pédicule mo- bile; ils ont des sexes séparés et sont ovipares ; ils ne subissent pas de métamorphoses, font plu- sieurs pontes. Les Arachnides n'ont pas tout- à-fait antant de ressemblance avec les Insee- tes ; leur tête est confondue avec le trone:; leur abdomen sans segmens apparens; les pattes au nombre de huit; seulement des yeux lisses; pas d'ailes , pas de métamorphoses; plusieurs accou- plemens pendant la durée de la vie. Les Myriapo- des s’éloignent encore plus des Insectes par l’ex- térieur, quoiqu’à l’intérieur ils aient des rapports très-intimes ; leur corps, très-allongé , d’un grand nombre - *# ‘ dc ES INSE "153 INSE Co nombre de segmens , n’offre ancune distinction de tronc et d'abdomen; chaque segment est muni d’une ou deux paires de pattes, qui sont toujours au nombre de dix au moins. Ils ne subissent pas .de métamorphose proprement dite. Restent donc les Znsectes, qui n’ont pas de cir- culation proprement dite, respirent par des tra- chées recevant l'air par des ouvertures latérales nommées sligmates ; tous sont ovipares el jamais hermaphrodites ; le corps est divisé en trois par- ties distinctes ; la têle, portant une paire d'anten- nes, des yeux composés au nombre de deux, im- mobiles,: et quelquefois en outre deux ou trois yeux lisses; une bouche composée de deux I- vres, une supérieure, une inférieure munie d’ap- pendices articulés, deux mandibules et deux mâ- choires horizontales, celles-ci munies d’appen- dices pareils à ceux de la lèvre inférieure; le tronc , divisé en trois parties , qui portent cha- cune une paire de palles articulées, et en des- sus deux ou quatre ailes ; l’abdomen composé d’un nombre des segmens ne dépassant jamais dix, les organes sexuels presque toujours situés à l’ex- trémité ; enfin, pour complément, les Insectes su- bissent des métamorphoses. Ces différens carac- tères suflisent pour séparer nettement les Insectes des autres animaux compris jusqu’à présent dans Vacception la plus large que l’on donne à l'Ento- mologie. Esquisse de la vie des Insectes. — Disons un mot sur ce qu'on nomme les métamorphoses des In- sectes : une femelle pressée de pondre cherche un endroit propice et y dépose, selon son instinct et son espèce , les œufs qu'elle renfermait dans son sein; au bout d’un temps plus ou moins long, de cet œuf sort un animal mou, de forme variable, différant de l’Insecte parfait, et nommé larve, Cet animal croît, et de distance en distance il s’opère en lui un changement intérieur ; l’épiderme in- férieur a pris de la consistance, l’épiderme supé- rieur se durcit, se fend, et l’insecte en sort avec une nouvelle peau. Ge changement se renouvelle à différentes époques , et probablement plusieurs fois comme dans les Insectes qui ont été étudiés. Après ces différens changemens, l’Insecte cesse de prendre aucune nourriture pendant quelques jours, il paraît inquiet , sevide de ses excrémens, et passe réellement à une métamorphose. Qu'il se soit fait une coque, qu'il se soit mis en terre ou qu’il reste à l'air , son corps se raccourcit, et au bout d’un espace de temps plus ou moins long, ancienne peau de la larve se fend, et le même Insecte sort sous une nouvelle forme appelée nym- he. Dans cet état, on distingue toutes les parties de l'Insecte parfait, mais Jiées et rapprochées du corps, comme dans le maillot d’un enfant; enfin de ce maillot, quelquefois au bout de deux eu trois jours , quelquefois au bout d’une couple d’an- nées, sort, par le même procédé qu'auparavant , lInsecte doué de toutes ses facultés, c’est-à-dire de pouvoir procréer son espèce avec le concours d’un être semblable à lui. Cette série de métamorphoses est celle qui se T. IV. représente le plus souvent ; mais dans quelques ordres, cependant , il y a des différences qu'il est bon de signaler. Dans les Hémiptères et dans les Orthoptères, par exemple, l’Insecte naît avec la forme ‘qu'il conservera toujours; les différentes mues ne changent rien à sa figure et permettent seulement l’augmentation de son corps: dans son passage à l'état de nymphe, il continue à être libre de tous ses mouvemens, mange, agit comme à l’état précédent, mais des deux côtés des seg- mens thoraciques on remarque deux étuis courts qui renferment les élytres et les ailes; enfin dans les Diptéres la larve se détache de sa propre peau sans la quitter, et c’est dans son intéricur qu’elle devient Insecte parfait. Nous venons de voir quelle place les Insectes occupent dans la nature, et la série de leurs mé- tamorphoses ; nons allons maintenant passer en revue leurs différentes parties Lant internes qu’ex- ternes, sous leurs différens états ; jeter un Coup d’œil sur leurs mœurs , leur classification , et sur la formation d’une collection. Get article se trou- vera divisé de la manière suivante. De l’œuf. De la larve. TA a. lêle. b. Yeux. c. Antennes. d. Bouche.’ e. Tronc et abdomen. f. Sügmates. g. Appendices divers. De la nymphe. De l'Insecte parfait. Du système tégumentaire. De l’anatomie externe. A. De la tête prise dans son ensemble. a. Des yeux et stemmates. b. Antennes. c. Bouche. 1. Labre. 2. Mandibules. 35. Mâchoires. 4. Lèvre. B, Thorax. a. Ailes , cuillerons et balanciers. b. Pattes. C. Abdomen. a. Sligmates. b. Appendices divers. De l’anatomie interne. a. Vaisseau dorsal. b. Nerfs. ce. Muscles. d. Canal alimentaire. e. Trachées. f. Organes générateurs, Moœurs des Insectes. Utilité et nocibilité des Insectes. Classification, Formation et conservation des collections. De l'œuf. — Comme on vient de le dire, tous à 260° LIvRAISON., 20 Der mepe sors _ nt ne de RD NE 2 on nee ea EE ne men pm INSE les insectes commencent par sortir d'un œuf; quelques espèces cependant päraissent contredire celle règle générale, mais cetlé contradiction n'est qu'apparente; elle se retrouve presque ex- clusivement dans deux ordres, les Dipières et les Hémiptères : aussi les femelles qui sont dans ce cas ont-elles été nommées Vivipares. Dans les fe- melles de Diptères, les unes, comme la Musca carnaria et d’autres, déposent les larves toutes for- miées, mais les œufs n’ont pas moins existé dans l’intérieur de l'abdomen comme les 6bservalions de Réaumur Font prouvé; les autres, comme les Hippobosques, au liea de déposer, comme les précé- dentes, des larves à leur premier état, les déposent à l’état de nymphe. Cette production très-singu- lière de ces Insectes avait de tout temps aiiré l’at- tenlion des naturalistes; On trouvait, eLavec raisôn, une bien grande anomalie à voir une fernelle pondre des œufs aussi gros qu’elle; mais en éludiant cette singulière production, on reconnut qu’ellé ne su- bissait depuis sa sortie de l’abdomen de la femelle aucun changement de peau, qu'elle durcissait de suite, et qu’enfin l’Insécte, au bout de quelques jours , en sortait tout formé ; on fut donc appelé à conclure que ce ne pouvait être qu'uné larve au moment où elle était près de se métamorphoser en nymphe, et l’on sait que chez la plus grande partie des Diptères cette mélamorphose s'opère sous la peau de la larve. Mais comment s’est faite la nutrition de la larve? s’opère-t-il des changemens de peau? Ces questions et bien d’autres sont éncore à résoudre. Les /émiptères offrent aussi des femelles vivipares; ce sont en général les Pucerons qui pendant l’élé sont dans ce cas; dans l’arrière- saison, ls redeviénnent ovipares ; les Cochenil- les et autres Gallinsectes sont aussi dans ce cas; un auteur a pensé que peut - être ils étaient pupipares ; mais alors comment les produits se- raient-ils aussi petits , et comment les femelles se- ! raient-clles aussi grosses lorsqu'elles ont pris tout leur accroissement? Cette observalion mérite d’é- ! tre renouvelée avec attention. D’après ce que nous venons de voir, les Insec- tes, sous le rapport des œufs, peuvent se diviser en quatre groupes distincts : les ovipares, qui en tout iemps pondent des œufs; les ovovivipares, qui à | une époque pondent des œufs, et à une autre dé- osent des larves toutes formées, maïs à leur pre- mier état ; les vivipares, qui déposent toujours des ! larves toutes fortes; et enfin les pupipares, qui déposent des larves prêtes à subir leur passage à l’état de nyriphe. Les œufs dans la ponte sont ou isolés ou réu- | nis par groupes; en général, les œufs isolés sont les plus communs, et les œuis agglomérés moutrent plus d'industrie de la part des femelles qui les ont pondus; nous ne considérerons ici les œufs qu'en eux - mêmes. Souvent les œufs agglomérés sont réûnis en masses sans forme bien positive, comme ceux de plusieurs Æphé- mères, qui sont contenus dans deux poches si- tuées au dessous de l’ayant-dernier sement ab- dominal, que la femelle abandonne tout d’un 154 coup dans Peau, et souvent même avant d’y éêtré arrivée. Dans d’autrés Insectes aquatiques, les œufs sont de même 2æbandonnés en masse; mais celte masse est entourée d’une substance gélatineusé analogue à ceHe qui entoure les œufs dés Batra: ciens. Lorsqu'on saisit cès amas d’œufs, on croirait prendre quelques larves; mais en pressant la sub slance qui les entoure, on en fait sortir les œufs: Dans celle division on peut signaler les œufs dé Phryganes et veux d’une espèce de Botys, dont la cheuille vit sur les plantes aquatiques. Nous avons figuré dans notre AUlas, pl. 245, fig. 2, un amas d'œufs de la Phrÿganca alrata ; il est composé dé dèéux parties coniques assemblées par le somnet, et offrant transvérsalement plusieurs rangs de cô- Les élevées qui parältsent comme créneltes dansPin- ter valle ; mais cel ellet est dû aux œufs qui y soat contenus. Une espèce de Diptères qui dépose aussi lès siens dans l’eau, les dispose d’une autre facon; la masse gclalineuse forme un corps oblong alta: ché à un brin d'herbe, et au dedans les œufs sont'disposés d’un bout à l’autre et y forment une ligne vermiculée. Les œufs ne sont pas tous pondus avec la nrème vitésse, el en général cette rapidité -auwmente en proportion de la quantité d'œufs que la femelle doit pondre : ainsi, dans l’'ÆZépiale du houblon, où ils sont très-petits et très-nombreux , la femelle les fait sortir de ses ovaires avec une rapidité telle qu'ils semblent courir ; dans d’autres Insectes ils sont projetés au loin par la force des muscles ex- pulseurs ; mais pour les œufs isolés, il doit néces- sairement s’écouler un intervalle de temps entre chaque œuf; les femelles sont oblizées, pour satis- faire aux conditions qui doivent entourer cet œuf, de perdre un temps plus ou moins long, ét dans. cellés qui entaitlént les arbres, où qui l’introdui- sent dans le corps des animaux, enfin dans cel- les qui sont obligées soit de récoller, soit de chas- ser poar la larve à éclore, il est sensible que cet intervalle doit varier dé quelques instans à quel- ques jours. Beaucoup d’œufs pondus à l'air libre le sont souvent sans aucun soin apparent des fe- melles ; ils n’ont pour garantie que la dureté de leur propre coquille et le vernis qui les joint en- ire eux et à l’objet sur lequel ils ont été posés ; mais toujours Ja femelle les dépose près de l’en- droit où , en sortant de leurs coquilles, les jeunes larves trouveront la noutrilure qui leur est'néces- saire dans les premiers inslans de leur vié; ces œufs sont quelquefois posés en un seul Has , quelquefois aussi ils en forment plusieurs, et cétte précaution à élé prise par la femelle pour assurer la nourriture à sa postérité, Dans lés'espèces'herbi- . vores , si trop de mangeurs étaient répartis surun même point, ils se seraient bientôt affamés entre eux, et dans les Carnassiers Hs se feraient à eux- | mêmes une guerre désastreuse ; aussi vOyons=noùs # les Coccinelles et les Syrphes placer toujours leurs œufs auprès des Pacerons ; les Papillons déposer les leurs sürles feuilles, ou sur les branches quand les feuilles doivent tomber avant que les larves ne viennent à éclore; les Gryllons et les Hannetons RES INSE 199 INSE les confier à la terre , et les Cousins les aban- donner sur l’eau. Ces œufs groupés ne sont pas toujours réunis en masse; quelquelois ils sont disposés en forme de collier, mais tantôt placés côte à côte, Lantôt attachés obliquement les uns aux autres ; nous en avons figuré de cette espèce, pl. 245, fig. A3 par- fois als rh sent bout à bout comine les grains d’un chapelet ; ceux des T'ipulaires sont 5 ce genre ; quelquefois ils sont disposés par rangées comme ceux du Papillon du chou ; dans le Petit Paon, ils sont par rangées doubles ; dans le Gyrinus natator, ils sont par rangées parallèles, mis bout à bout ; et dans le Bombyzx noustrien, ils sont contournés au- tour des branchesen forme de bague, et l'intervalle qui Jes sépare est rempli par un vernis (pl. 245, fig. 15); ceux des Cousins sont placés sur l'eau, mais en une masse en forme de bateau. Les œufs pondus solitairement n’offrent pas de particularités bien remarquables ; en général, les espèces qui s'y rapportent sont celles qui vivent dans l’intérieur soit des régétaux, soit des animaux ; les femelles sont, dans ce cas, pourvues des instrumens nécessaires à leur introduction dans le milieu où ils doivent yivre; quelquefois c’ estunetarière qui ipercele corps qui doit contenir les œufs, quelqueois aussi c’est un simple oviduete pouvants ’allonger pour introduire les œnfs, On,croit.que dans quelques Charancons, le Balaninus nucum, la femelle, au moyen de sa longue tête, creuse un trou daps la graine où! elle dépose un œuf; la Calandre du blé serait dans le même cas; wais je crois que cette obserya- tion a,hesoin de confirmation. Ce qui coutribue- rait à me le faire penser, c’est que les œufs des petites Ghenilles mineuses sont déposés sur les feuilles et non daps l’intérieur, et que les larves des Charapçons , trouvant dans les fruits à peine noués , ou dans les graines, l'endroit flexible par où doit sortir le germe, peuvent très-bien y pé- nétrer, Les Insectes sont en général très-féconds, et | -dans Ja nature les poissons seuls peuvent l’empor-! ter.sur eux; cependant cette fécondité n’est pas “égale chez tous, et ;si l’on trouve des individus qui, comme Jes Termes, pondent des œufs par amillions , Jes femelles d’Abeilles par milliers , les | Papillons par quinze ou seize cents, nous des- | cendons,tout à coup à cent, à vingt, à dix, et en- | fin on croit que les Pupipares n’en, pondent qu'un; | mais on sent combien, dans les espèces qui placent ssolément leurs œufs , il est difficile de savoir rien de bien certain à cet égard. Les œufs offrent .une,grande variété de forme ; | mais la plus communc.est sans contredit la forme | æonde plus on moins allongée; mais que de ya- | Métés dans le , dessin\! nous en voyons de tout. æonds ayec de simples ,ste ies, de petites ponctua- | dions:; d’autres sont plus écrasés, ils.ont des cô- | 4es longitudinales relevées et d’autres transverses, irrégulières (Catocala f; axini); d’autresencore plus déprimés offrent aussi des côtes longitudinales et -desstries{ransversales très-légères.et LP ne aux deux centres (Catocala nupta), voyez notre Atlas, pl. 245, fig. 8; d’autres un peu plus allon- gés en oyoïde très-écrasé, offrant toujours les mêmes stries longitudinales , et d’autres fines 4 transverses, mais ayant } à leur sommet deux bandes lisses me ri ( Satyrus Janira) ; quelques uns sont cylindriques , avec les deux extrémités arron- dieset l’ombilic déprimé, dans ceux-là les côles lon- gitudinales sont festonnées transversalement , les EE n'ont pas de stries transyerses (Va nessa urlicæ), voyez notre Atlas, pl. 245, fig. 9; beaucoup sont oyales, quelquelois tout LABS (Pentaloma ) (pl 245, fig. 11), tandis que d’autres sont cou- verts d'un réseau pareil à de la dentelle (Geometra cratægata), voyez notre Atlas, pl. 245, fig. 7. Après les œufs ovales en viconent d’autres dont la forme est moins régulière; ainsi la Geomctra prunaria a les siens de forme ovaluire, lisses, mais bordés en haut par deux ou trois bourrelets avec un bouchon en dessus; ceux du Bombyx neuslria, que nous avons indiqués comimne se trouvant rou- lés en anneau autour des branches des arbres, sont de Ja forme d’un cylindre tronqué aux deux extrémités; ceux d’Abeulles, de quelques l'ipules, figurés dans notre Atlas, pl. 245, fig. 10, 12, el. ceux de Myrméléons, sont cylindriques, arrondis par les deux bouts, oblongs; le Culex pipens a les siens en forme de vase très-oblong, sans pied, mais terminé par un gouleau à rebord É (pl. 245, fig. 5). Il en est qui ont des appendices ; tels sont, par exemple, ceux de la Vepa cinerea, qui sont ova- laires et terminés dans le haut par sept appen- dices disposés en rayons (pl. 249, fig. 4) ; ; CCUX de la Ranatre n’ont que deux épines qui sortent de la plante aquatique où l'œuf a été enfoncé ; ceux de plusieurs Mouches ont aussi des appen- dices en forme d'oreillettes qui les empêchent de pénétrer trop avant |dans les matières excrémenti- lielles où les femelles les déposent, voyez notre At- las, pl. 245, fig. 6. Enfin d’autres œufs sont portés sur un pédicule; ceux des Hémérobes sont très- remarquables pour être portés sur une espèce de fil; quand l’insecte est éclos, ilne reste que la moitié de l'œuf; cet œuf ressemble alors à un petit champi- gnon , et souyent il a élé décrit par des auteurs comme el. Enfin nous avons fait figurer, pl. 245, fig. à, un œuf d’ Ophion qui a un pédicule remar- quable en cela, qu'il parait articulé ; l'œuf Jui- même est en forme d'olive, La couleur des œufs n’est pas moins yariable que leur forme ; on,en voit de blancs, de verls, de bleus, rouge sanguin, de dorés, etc., mais en outre ils sont quelquefois rayés ou tachetés ; la fécondation, croit-on, influe sur la couleur des œufs ; mais naturellement, à mesure, que la larye se développe, la couleur qu’elle prend ne doit: elle passe faire yeir sur l’enveloppe? La taille des œufs suiten général la,grosseur des Insectes qui les pondent ; car il ne faut pas con- fondre avec les œufs les, produits des Insectes pu- pipares, ni certaines coques, où les femelles les en- ferment ; mais ce .que quelques uas ont de .re- marquable, c’est la faculté de grossir après la ponte; cette faculté est particulièrement, inhérente ‘INSE 196 INSE aux œufs qui sont enfermés dans les végétaux, à ceux des Éourmis et à ceux de quelques Zchneu- mons, mais cette prétendue augmentation n’est peut-être aussi qu’apparente,elle n’est plutôtqu’une distension de la membrane de l’œuf qui avant était ridée ou resserrée sur elle-même; on sent facile- ment que les œufs membraneux sont seuls susCep- tibles de cette augmentation , et que les œufs co- riaces ne sont pas dans ce cas. L’enveloppe externe des œufs est de deux sor- tes, comme on vient de le voir ; les uns, destinés à vivre dans l'humidité comme ceux qui sont dépo- sés en terre , dans les excrémens, dans les arbres en séve, dans le corps d’autres animaux, sont membraneux, flexibles sous le doigt et souvent as- sez transparens pour y distinguer les divers chan- gemens de l'embryon; les autres ont une enve- loppe coriace très-dure , surtout ceux qui doivent rester exposés à derigoureuses températures ; cette enveloppe est souvent tellement dure que les larves qui les habitent seraient parfois embarrassées d’en sortir, mais ou la natureles a douées de mâchoiresro- bustes avec lesquelles elles rongent les parois de leur prison , ou, quand ces organes ont dû leur man- quer, elle a formé à l'endroit de l’œufpar où la larve doit sortir une valvule ou calotte qui peut sauter au moindre effort. Un des moyens les plus remar- quables que la nature ait mis à la disposition d’un Insecie pour sortir de l’œuf, c’est un ressort que l’on remarque dans ceux des Pentatomes que nous avons déjà cités, et qui fait sauter le dessus de l’œuf à la volonté de l’Insecte. La composition intérieure de l'œuf est moins connue, On a des travaux de Tréviranus et de Carus sur l’œuf des Araignées, qu’on pent citer pour l’analogie, mais je regrette de n’avoir pas eu le temps d'examiner un ouvrage allemand sur cette matière, dont la première partie vient de paraître; je me contenterai donc d'un simple aperçu. Outre la membrane externe, les œufs of- frent encore une membrane interne renfermant un liquide presque incolore , quiest certainement destiné à développer les organes de l’embryon ; cette formation de l'embryon est plus où moins prompte; deux ou trois jours, un ou deux ans en sont les termes: mais ce temps est avancé ou li- mité par l'intensité du froid ou de la chaleur, in- tensité que les œufs d’Insectes peuvent supporter sans en recevoir de dommage; mais il faut en même temps observer que la privation d’air , au contraire , les fait périr. Lorsque l'embryon a ac- quis tout son développement, il se gonfle, fait sauter le couvercle de l'œuf, et en sort pour com- mencer une vie active. De la larve. — La larve est le premier élat de la vie de l’Insecte , comme nous l’avons indiqué à l’exvlication sommaire des métamorphoses. Sous ce picmier état, les Insectes sont plus communé- ment connus sous le nom de Vers et de Chenilles. Linné,ayanten vue leur métamorphose future, con- sidéra leur figure, souvent différente de celle qu'ils auront à l’état parfait, comme un déguisement, . (e) les appela larvæ, masques, et ce nom a été adopté. On peut diviser les larves en deux classes, se- lon les changemens plus ou moins remarquables qu'elles ont à subir; celles qui naissent avec la forme de l’Insecte parfait, et celles qui naissent avec une forme tout-à-fait différente. Les essais de classification qui ont été tentés, au moyen des larves , ont toujours été peu utiles, d’abord par le petit nombre d'objets que l’on connaît en ce genre, ensuile parce qu’une classification doit frapper sur des animaux à l’état parfait et nullement sur des états intermédiaires ou accessoires ; car alors l’œuf, la nymphe, la coque même’, ont autant de droit que la larve à devenir la base d’une classification. Aux larves qui naissent avec la forme de l'Insecte parfait , il faut rapporter les Orthoptères , les Hé- miptères , quelques Névroptères , tous les Aptères, excepté la Puce; à la seconde division , les CGoléo- pières, partie des Névroptères , les Hyménoptères, Lépidoptères et Diptères. Dans les larves de la pre- mière division , le corps ayant la même forme que l'Insecte parfait, à quelques organes près, il est toujours facile de reconnaître à quelle famille el- les appartiennent. Ainsi, en jetant les yeux sur la planche 145 de notre Atlas, fig. 24, on voit une Jarve de Sauterelle qui ne paraît différer en rien de l’Insecte parfait. Il n’en est pas de même des lar- ves de la seconde division; ce sont celles-là qui prennent ordinairement le nom de Vers ou de Chenilles ; mais sous ce dernier nom ôn comprend plus particulièrement les larves de Papillons; elles ont en général la forme allongée, plus ou moins cy- lindrique , mais très-variable dans ses dimensions ; dans les Coléoptères on en voit ‘qui ressemblent à des fuseaux , ayant le corps renflé au milieu et les deux extrémités plus étroites : telles sont en gé- néral celles des Carnassiers aquatiques et des Hy- drophiles, quenous avons figurées dans notre Atlas, pl. 245, fig. 14 et 15 ; dans les Carabiques , elles sont.de grosseur plus égale partout ; dans les Sta- phylins , elles sont en cône très-allongé, pl. 245, fig. 17: dans les Boucliers, Nécrophores , elles res- semblent à des Cloportes; dans les Lampyres elles sont allongées et ressemblent assez à l'Insecte dépourvu de ses ailes; les Lamellicornes ont les leurs cylindriques avec l'abdomen teujours plus gros, elles se tiennent courbées en deux; nous en avons figuré une pl. 245, fig. 16 de notre Atlas. Les larves de tous les Insectes qui vivent dans le bois, comme les Bostriches, lès Longicornes , sont en général plus grosses du côlé antérieur du corps, tandis que celles des Charançons ne sont que des petils vers cylindriques, un peu plus étroits an- térieurement ; dans ceux des Vévroptères qui of- frent des métamorphoses complètes, la forme des larves est très-variée; les Libellules ont un peu la forme de l’Insecte parfait (voyez notre Atlas’, pl. 245 , fig. 18 ), tandis que les Phryganes , même planche, fig. 22, 25, en diffèrent beaucoup; dans les Hyménoptères, à l'exception des Tenthredines, dont les larves ressemblent à des Chenilles; tous les autres ont la forme de petits vers cylindriques un peu plus étroits vers la tête; celles des Dipteres sont sénéralement dansle même genre , mais tout- INSE 197 INSE à-fait coniques, avec la tête à la pointe; quelques unes qui sont aquatiques, comme celle que nous avons représentée dansnotre Atlas, pl, 245, fig. 19, sont en fuseau; mais toutes celles des Tipulaires sont en forme de Ghenilles cylindriques, et les aquatiques de la même section ont leurs larves plus renflées du côté de la tête; les Zépidoptères ont les leurs de bien des formes différentes : elles sont connues sous le nom de Cheniiles , et ce nom me dispense d'en donner aucune description ; nous en avons seulement figuré une pl. 245, fig. 20-21 de notre Atlas. Enfin dans l’ordre des Sypho- napteres, quine contient que le genre Puce, les lar- ves ressemblent à des petits vers cylindriques d’un bout à l’autre (pl. 245, fig. 25). La substance du corps de toutes ces larves est en général beaucoup plus molle que celle de l’Insecte parfait; cependant la tête , et dans celles qui portent des paites, les trois premiers segmens, sont presque toujours d’une consistance plus coriace ; il en est même, comme celles des Elaters et celles des Æétéroméres, dont la peau est entièrement coriace. ‘Ces larves peuvent se diviser, comme les Insec- tes parfaits, en trois parties distinctes , la tête, le tronc et l'abdomen ; mais il faut convenir que les deux dernières de ces parties ne sont souvent dis- tinctes que par les appendices qu’elles portent, et que dans un grand nombre de cas elles sont con- fondues ensemble ; ces deux parties réunies se com- posent de onze segmens, plus la tête et l'anus ; je crois que c’est là le nombre régulier, et que les sezmens supplémentaires que l’on a remarqués dans d’autres larves ne sont que des plis de la peau. a. La téte est en général de substance cornée brune, plus étroite que le reste du corps, de forme soit arrondie , soit triangulaire ; les deux lo- bes postérieurs , dont elle paraît formée, sont quel- que fois épineux , rarement dans les larves de no- ire pays, mais souvent dans celles des Leépido- Ptéres exotiques ; celte tête peut en général se re- tirer plus ou moins complétement sous les anneaux qui la précèdent; on a un exemple du second cas dans les larves des Lampÿres. Dans le plus grand nombre des Diptéres, la tête est de même sub- stance que le reste du corps, et ne se reconnaît que parce qu’elle porte les organes de la mandu- cation; aussi, dans cet ordre, la tête peut’prendre toutes les formes variées que l’Insecte peut dési- rer , et cette têteest-clle éminemment contractile. Quand les larves viennent d'’éclore, la tête est toujours la partie la plus volumineuse de leur corps, car c'est la partie qui s’est élaborée la pre- mière dans l'œuf: c’est aussi ce qu'on remarque dans les animatx supérieurs; au bout de quelque temps, l'équilibre se rétablit et la tête devient plus étroite que le tronc; cependant il est des es- pèces, entre autres dans les Cicindéles, où la têle reste toujours beaucoup plus développée; la tête porte les organes suivans : les yeux, les antennes, les organes buccaux et quelquefois une filière, b. Les yeux. Dans les Insectes qui naissent avec la forme qu'ils doivent toujours conserver , les yeux sont identiques avec ceux de l’Insecte parfait ; dans les autres, tous ceux qui ont une tête mem- braneuse sont jusqu’à présent regardés comme en étant dépourvus, ils existent dans presque tous les autres ; cependant on croit que les larves des Lamellicornes et des Longicornes en sont dépour- vues. Ces veux, quand ils existent , ne ressemblent nullement à ceux des Insectes proprement dits, c’est-à-dire qu'ils ne sont point composés, mais | simples ,| comme les ocelles; ils sont très-pelits , . placés sur les côtés de la tête. près de la base des mandibules, en nombre variable et groupés en cercle quand ils sont en nombre suflisant ; ils ont quelquefois une espèce de pupille etun iris d’une autre couleur. c. Les antennes. On croit qu’elles manquent dans un assez grand nombre de larves, telles que les Diptères , les Charancons,, les Abeilles , etc. ; mais cependant un examen plus approfondi les ferait peut-être découvrir, car quelques auteurs avan- cent les avoir vues dans quelques espèces où on les supposait manquer jusqu’à présent. Ges antennes sont en général sélacées ou filiformes, et ne va- rient pas à beaucoup près autant que celles de l'Insecte parfait; elles sont plus courtes que dans leur dernier état ; les Æphémères cependant font une exception, car les larves les ont très-longues et l’Insecte très-courtes. Ces antennes, quand elles sont membraneuses, jouissent d’une faculté sin- gulière, c’est de pouvoir faire rentrer leurs arti- cles les uns dans les autres, de manière à les ca- cher entièrement ; cette faculté est peut-être une des raisons qui ont empêché de les apercevoir dans beaucoup d’espèces. d. Bouche. Les Insectes prenant tout leur ac- croissement sous l’état de larve, on sent que l’or- gane qui sert à lamanducation doit toujours exister; il se rapproche assez en général de celui de l’In- secte} parfait ; les Lépidoptères cependant offrent une'exception bien remarquable, puisque les larves ont des organes broyeurs , et les Insectes des or- ganes suceurs. On retrouve ordinairement dans les Insectes broyeurs un labre, deux mandibules , deux mâchoires et leurs palpes, une lèvre ct ses palpes ; ces organes , à l'exception desmandibules, sont un peu plus en raccourci que chez les Insec- tes. Nous remettons à en parler à leur article, nous contentant dans ce moment de signaler quel- ques anomalies qui s’y trouvent; les mandibules sont les premiers de ces organes qui offrent quel- que chose de vraiment extraordinaire. Dans les Dystiques parmi les Coléoptères, et les Myrmé- léons parmi les Névroptères , les mandibules pren- nent la forme de deux crochets très-allongés, mais ces crochets sont percés à leur extrémité pour le passage des sucs qu'ils extraient de leur proie ; la lèvre des Zibellules offre une confor- mation singulière ; les différentes pièces dont elle se compose ont pris un très-grand développement, de sorte qu'elle fait l'office d’un bras terminé par des crochets articulés, représentant les palpes, avec lesquels elle saisit sa proie pour la porter à sa bouche, Dans les larves de Diptères où la tête INSE 198 INSE n'est point cornée, la bonche subit nne grande modification: au lieu des pinces ordinaires, on n’y voit plus que deux crochets parallèles agissant non latéralement, mais de haut en bas; ces or- ganes paraissent alors simplement destinés à dé- chirer et non à couper ; quelquefois, dit-on, le crochet est unique , mais est-ce bien sûr ? n’y a-t- il pas simplement jonction intime ? quelles sont les pièces que représentent ces crochets? c'est ce que l’on ne sait pas encore bien; sont-ce les man- dibales ou sont-ce les mâchoires ? c’est ua point à vérifier. Quant aux larves des Hémiptères, leur bouche est la même que celle de l’Insecte par- fait. Quelques Insectes possèdent sous l’état de larve la faculté de se construire une coque dans le moment où ils doivent passer à l’état de nymphe; habituellement, cette faculté est exercée par une filière placée à la partie interne de la lèvre, peut- être à la partie qui, dans certains [nsectes, re- présente la langaette ; les Chentiles et les larves de beaucoup d’Ayménoptéres en sont pourvues. La fi- lière a la forme d’un tube tronqué à son extrémité en bec de plume, de manière à s'appliquer exac- tement sur les corps où l'Insecte veut attacher ses fils; la stracture intime de cet organe n'est pas encore parfaitement connue: Réaumnr avait.cru y distinguer deux orifices; mais Lyonnet dit que les deux orifices se réunissent près de l'extrémité; il pense en outre que cet organc est composé de fibres longitudinales, alternativement cornées ct membraneuses, qui permettent une dilatationet une contractation de manière à produire à volonté des fils fortset des fils faibles; celte explication, tout ingénieuse qu’elle est, doit être reçue avec ré- serve, et a:besoin de confirmation. . Letroncet l’abdomen sontsouvent confondus, sartout dans les larves aptères ; dans celles munies de pattes, le tronc est bien distinct, puisque l'ana- logie nous apprend qu’il est toujours limité aux trois premiers segmens qui portent ces organes ; l'abdomen se compose du reste, c'est-à-dire ide huit segmens , plus le segment anal; ces segmens sont habituellement convexes en dessus et méplats en dessous; ils varient pen, comparativement, entre eux, excepté le dernier qui est.plus on moins ar- rondi, quelquefois fourchu, où muni d’appendi- ces particuliers ; aux-segmens du corps sont atta- chées les pattes, les stigmates ct différens appen- dices que nous ailonspasser.en revue. Les pattes existent dans Jes larves de Coléoptères, de Né- vroptères et de Lépidoptères, tandis qu’elles man- quent dans celles d'Ayménoptères et dans celles de Diptères; cette règle souffre cependant quel- | ques exceptions, car chez les Charancons elles-pa- raissent manquer, tandis qu’elles existent-chez les Hyménoptères térébrans et les Tipulaires. Les pattes véritables sont cornées ; ce sont elles qui sont attachées aux trois premiers segmens du tronc, et qui représentent les pattes futures des Insectes; les autres appendices que l’on voit aussi/tout Je long du corps, sont on Jes fausses pattes on des | organes respiratoires, Nous ne dirons rien de Ja | composition des pattes véritables ; elles sont iden- | tiques avec celles de l’Insecte parfait; pour opérer le mouvement de locomotion, les larves font agir si- multanément les pattes antérieures et postérieures. d’un côté et intermétaires de l’autre, et de même alternativement de chaque côté; les laryes ont encore d'autres organes qui, s’ils ne sont pas in- dispensables à la locomotion , en sont du moins de: puissars auxillaires; ce sont les fuusses pattes : ce ne sontque des appendices cutanés, ordinairement coniques, plus ou moins rétractiles et tantôt gar- nis de crechets à leur extrémité, tantôt en étant dépourvus; ces fausses pattes ont la faculté de s’élargir quand les larves en ont besoin, et de se contracter aussi dans le même cas; la contrac- tion amène les crochets très-près les uns des autres, comme par exemple quand la patte sert à une Chenille à se maintenir sur le tranchant d'une feuille; ces mouvemens s’opèrent facile- ment au moyen d'un muscle rétracteur de la plante de ses paltes ; les crochets, dont ces fausses pattes sont munies, sont placés tout autour de l'extrémité , et quelquefois sur tonte la superficie; ils sont en forme d'hamecon, ont leur courbure tournée en dehors et sont alternativement grands et polits ; les fausses pattes sans crochets se re- trouvent dans les Hyménopières de la tribn des Tenthrédines. et c’est aussi dans cette tribu qu'el- les sont les plus nombreuses; leur nombre peut varier de deux paires à dix paires; dans Jes Lépe- doptères ,ce nombre n'excède jamais dix, et n’est ‘jamais moins de deux qui sont alors attachées au segment anal; dans les nombres intermédiaires, elles se trouvent Lonjours placées sur les secmens intermédiaires , et jamais sur les deux premiers et les deux avant-derniers sezymens de l'abdomen ; dans les Z'enthrèdes, ou elles manquent .entière- ment, ou elles vont jusqu’à huit paires; dans les autres ordres, surtout les Coléopteères, il y a quelquefois des fausses pattes , mais le plus souvent elles sont au nombre de deux seulement, et dé- pendent du segment anal. Le nombre plus.où moins grand de pattes doit certainement influer sur la démarche des Insectes qui en sont pourvus ; naturellement cenx .qui-en ont un ,grand.nombre-paraîtront glisser sur le plan de position; ceux qui en ont aux deux extrémités du corps offriront une marche singulière qui à fait donner aux Chenilles qui-sont ainsi construites Je nom de Géomètres on d’Ærpenteuses; en effet, quand elles veulent faire un mouvement de pro- gression, les pattesantérieures saisissent le terrain, tirent à elles le corps qui rapproche ses pattes postérieures: des antérieures, le corps forme alors une anse de panier, très-étroile et très-haute, n- secte raïdit alors ses muscles, ebpar.sa prapne force. porte la partie antérieure de son corps aussi Join que possible pour recommencer de nonvean. On a comparé ghaque pas ainsi fait par Ja larve dune mesure, toujoursévale, du terrain parcouru, ce qui.a valu à ces Insectes le .nom qui les dis- lingue. f. Les stigmates sont mne des dépendances dn carps.des larves ; ces stigmates sont au nombre de neuf de chaque côté du corps, placés oblique- ient sur les premier, quatrième, cinquième, elc., sesmens ; les deuxième el troisième et l’'anal en sout dépourvus ; leur composition et leur con- nexion avec les trachées élant les mêmes que pour les Insectes parfaits, nous y renvoyons, nous con- tentant ici d'indiquer les variations singulières qu'ils présentent quelquefois, soit dans leur posilion, soit dans leur organisation. Dans certaines larves qui vivent dans des milieux liquides ou pâteux, qui pourraient boucher l'ouverture des stigmates, la nature à formé des replis de la peau qui les recou- vrent el les garantissent de tout engorgement ; armi cés Insectes on peut citer la chenille de PAglosse de la graisse, Les larves de Diptères pré- sentent une différence bien sensible avec les au- tres Tusecies dans la position de leurs stigmates ; au lieu d’être disposés tout le long du corps, les deux antérieurs seuls existent, tandis que les au- tres sont reportés sar une plaque écailleuse placée à la partie tronquée de l’«bdomen ; ces stigmates sont en nombre Variable quant à leur ouverture extérieure, mais paraissent formés de mamelons coriaces ; le dernier segment abdominal dans ces éspèces dépasse la pièce qui porte les ouvertures trachéennes , et forme tout autour un bourrelet -charnu qui, én se resserrant, dérobe entièrement les stigmales à l'action du milieu où vit la lurve ; cetle texture dés Slismates suppose une respiration peu active, ét qui peut sé suspendre pendant quel- que temps ; il n'en est pas de même pour d’autres Insectes du même ordre, vivant dans des matières plus liquidés , comme l’eau , et qui ont besoin de renouveler leur provision d'air plus souvent; dans quelques unes, comme difiérentes espèces -du genre Cousin, un appendice est attaché à angle droit avec l’avant-dernier seoment abdominal ; cet appendice, assez court, cylinärique, est terminé par un assez grand nombre de pointes disposées en rayons, au moyen desquelles la larve se suspend la tête en bas, à la surface de l’eau ; l’air pénètre alors dans l’intérieur des trachées pur l'ouverture qui se trouve au milien de la rosace ; quand l’In- secte veut redescendre, il rapproche les soies et se -précipilc au fond ; le rapprochement de ces parties et de nombreuses touffes de poils, qui sont encore disposées à l’intérieur, empêchent l’eau de péné- trer dans les trachées. Les larves des Stratiomydes, qui ont un peu la forme de Sangsues, ont le der- nier segment abdominal très-allongé, et terminé “par une couronne d'une trentaine de soies, bar- bées comme une plume; l’Insecte s’en sert comme les larves des Cousins.pour se suspendre à la sur- face de l'eau quand il à besoin de renouveler sa provision d'air. Une larve du genre Aéliophile , -de celles que l’on a nommées à queue de Rat, pré- sente ane disposition différente et qui mérite d’ê- . tre étudiée ; ces larves, destinées à vivre dans des icloaques, dans des eaux croupissantes habituelle- mént peu profondes, avaient cependant besoin © d'an tube qui pût se raccourcir ous’allonger selon la profondeur de l’eau où elles se ‘trouvaient; ce tube est formé de deux tuyaux très-clastiques dont le second peat se renfoncer entièrement dans le premier; ces tubes sont munis intérieurement de deux trachées très-fines qui , pour pouvoir s’allon- ger comme eux dans le besoin, sont, quand l’in- secle a ses tubes rentrés l’un dans l’autre , repliées surelles-mêmes et comme vermicellées, mais qui, lorsque l’Insecte allonge son tube à sa plus grande portée, ne forment plus que deux pelits vaisseaux droits , enlièremeunt parallèles ; le tube interne est terminé par cinq suies susceptibles de diverger et dese rapprocher à volonté, el qui probablement opèrent comme celles que nous avons décrites pré- cédemment. Quelques larves des autres ordres présentent Ja même disposition anale des organes de la respira- tion; ainsi, dans les Coléoptères , les larves de Drylisques sont dans ce cas; dans les Névro- pières, celles des Zibellulines le sont aussi; l’o- rilice trachéen ést formé de cinq pointes coriaces, susceptibles d’écartement et de rapprochement ; entre elles est une large ouverture au moyen de laquelle l’eau est alternativement absorbée et ex- pulsée ; mais cette manière de rechercher l'air in- dique presque des braüchies internes. Quelques fémiptères aquatiques ont aussi un tube anal où viennent aboutir les principales trachées ; d’autres Iusectes présentent un autré mode de respiraion, c’est ce que Latreille a appelé de’ fausses bran- chies ; ces fausses bränchies consistent en des ap- pendices en général en forme de feuille dont de nombreux vaisseaux figurent les nervures , et qui, agités dans l’eau par la larve, séparent Pair qui se trouve combiné à cet élément ; c’est le mode res- piratoire des poissons et de beaucoup de Batraciens dans leur premier âge. Ces branchies, qui ne sont peut-être que des trachées aériformes retournées , sont en nombre , en forme et en position très-va- riables ; ainsi dans quélques £phémères , elles sont doubles , et au nombre de six de chaque côté de l'abdomen, de forme allongée ct munies de nom- breux filamens de chaque côté ; dans d’autres, elles sont tout-à-jait en forme de feuille ; dans unetroi- sième , ia branchie est feuille par un côté, et l’au- tre offre des filamens comme dans la première ; parmi les Libellulines, les larves d’Agrion offrent deux pareilles brinchies allongées, siluées à l’ex- trémité de l'abdomen ; quelques Coléoptères aqua- tiques offrent aussi des organes pareils , on peut citer les larves de Gyrins ct celles d'Hydrophiles qui offrent de chaque côté du corps des appendi- ces poilus , ayant la mêmedestination : nya nul doute que ces organes ainsi modifiés ne soient des branchies propres à séparer l'air de l’eau où il est contenu; mais la manière dont cette opéra- tion s'exécute n’est pas encore déterminée positi- vement chez les Insectes. ; g. Appendices divers. Sous ce nom nous com- prenons quelques parties cutanées des Insectes ayant une fonction distincte qu'il ne faut pas con- fondre avec toutes les excroissances obtuses, ai- guës, simples où branchues, dont la mature à orné ou armé un grand nombre d'insectes, mais qui n’ont aucun mouvement propre, tandis que INS {160 INSE ceux que nous regardons comme de vrais appen- dices doivent toujours être doués de cette fa- culté. Nous devrions peut-être mettre en pre- nière ligne les branchies dont nous venons de parler ; mais, ainsi que l’on vient de le voir, on ne les considère que comme une modification d’or- ganes déjà existans. Les fausses pattes, dont nous avons aussi déjà parlé, sont encore des appen- dices bien réels ; quand elles en sont une conli- nuation on les range avec les pattes en indiquant leur modification, mais quand par leur position et eur nombre elles sortent tout-h-fait de ce cercle, on les considère alors comme des appendices. De ceux-ci les uns servent à la locomotion, et d’au- tres ont des fonclions propres ; les premiers sont des espèces de mamelons, quelquefois garnis de crochets, quelquefois enduits seulement d'une matière visqueuse ; mais leur nombre est sonvent bien extraordinaire: on peut citer une larve de Syrphe qui a quarante-deux de ces tubercules pé- diformes disposés sur six rangs; les larves aqua- tiques se servent quelquefois de leurs appendices respiratoires pour aider à la locomotion, comme les larves d’Ephémères et celles de Libellules, qui, en éjaculant avec force l’eau qu’elles ont absorbée, opèrent un mouvement rapide de progression ; les larves de ytisques ont l'extrémité de leur ab- domen garnie latéralement d’une large frange de poils, et elles se servent de cette queue pour bat- ire l’eau et avancer avec vitesse ; dans d’autres In- sectes ces organes aident encore à la progression , mais au lieu d’être attachés à Ja partie inférieure de l'abdomen , ils sont attachés sur le dos, comme par exemple dans la tribu des C'icindelètes, où les larves ont deux mamelons épais vers l'extrémité de l’abdomen qui leur aide à monter et descendre dans le tube où elles se tiennent habituellement ; on peut encore citer une larve de Cynips qui, de- vant toujours être roulée sur elle-même dans la galle où elle fait sa résidence, a chaque sezment du dos muni d’un appendice semblable aux faus- ses paltes des Chenilles, et qui lui sert à se mou- voir dans sa loge; il est certain que dans toute au- tre position ils l’auraient gênée plutôt que servie. D’autres appendices sont destinés par la nature à servir à l'Insecte de moyens de défense ; telle est, par exemple, une corne bifurquée rétractile, que les chenilles du Machaon et de tous les autres Lé- _ pidoptères diurnes du genre Papillon proprement dit possèdent sur le premier segment thoracique; celte corne, dans le repos, est ordinairement ca- chée ; mais quand l’insecte se trouve tourmenté, il la fait sortir soit tout entière, soit simplement une seule de ses branches : cet appendice ne donne issue à aucune liqueur. Il n’en est pas de même d’une’ corne offrant les mêmes apparences, que possède Ja chenille d'un papillon nocturne appelée vulgairement la Chenille à queue four- chue du saule ; les extrémités de la corne sont per- cées comme une pomme d’arrasoir, cl quand elle est tourmentée, elle peut seringuer une liqueur caustique, mais dont l'effet n’est pas de longue du- rée; le même Insecte possède encore un appen- dice propre à sa défense, mais situé tout-à-fait à la partie postérieure du corps; chez lui les deux pattes anales manquent ; l’extrémité de l’abdomen est relevée, terminée en fourche; chaque branche: de la fourche porte une partie coriace}, rugueuse ; ce sont deux tubes, desquels {sort, quand l’Insecte est inquiété , deux filets assez allongés pouvant se contourner en tous sens , et se mettre même en spi- rale; ces filets sont sans douce destinés à chasser les Ichneumons qui pourraient vouloir se poser sur le dos de l’Insecte ; quelques larves de Coléo- ptères possèdent aussi des appendices membra- neux qui, quand on les touche, laissent sécré- Ler une humeur plus ou moins fétide, et qui sert à repousser les ennemis qui viendraient les atta- quer. Un dernier appendice fort remarquable est la filière que portent les larves des Myrméléons et cel- les des genres analogues; au lieu d’être placée à la partie interne de la lèvre, comme dans les Chenil- les, elle occupe l'extrémité de l’abdomen:; elle est de forme cylindrique, composée de plusieurs tubes pouvant rentrer les uns dans les autres. Nous avons dit qu’il ne fallait pas confondre ces appendices des larves avec les pouls et épines dont elles sont quelquefois couvertes; mais nous n’avons pas prétendu pour cela les passer sous silence, non plus que les couleurs dont elles sont quelque- fois ornées ; mais cette dernière partie sera traitée avec les couleurs des [Insectes mêmes. Les poils dont les larves et même les [nsectes sont quelque- fois couverts, sont autant de tubes creux prenant paissance d'un bulbe placé dans le derme, et tra- versant l'épiderme pour paraître au dehors ; Lyon- net pense que quelques rameaux nerveux y pénè- trent , de sorte qu'ils seraient susceptibles de sen- sation et pourraient servir au sentiment du tact ; cela est assez probable puisqu'ils produisent cet effet chez les animaux supérieurs, et que l’on sait que quelques personnes ont les cheveux extrême- ment sensibles ; ces poils ne sont pas toujours sim- ples ; quelquefois ils sont branchus, plumeux, ou simplement terminés par un bouquet; ils peuvent être portés sur un tubercule spécial, ou être placés immédiatement sur la peau ; ceux qui se trouvent dans cette catégorie ne sont pas toujours disposés de même sur le corps, le plus souvent ils sont ra- res, clair-semés, et si peu perceptibles que la peau paraît comme entièrement nue ; d’autres fois ils sont bien apparens , peu nombreux , mais longs et raides; quand les larves sont très- velues , comme certaines Chenilles, tantôt ils sont répartis sur les côtés, se dirigent vers la terre et cachent les pattes de l'animal, tantôt ils sont entièrement couchés sur le corps comme les pi- quans d’un Âérisson ; quelques unes des Ghenilles. qui les ont ainsi sont tellement velues qu’elles ont été appelées Chenilles - martes ; dans d’autres , une parlie des poils est dirigée en arrière, tandis que ceux des segmens antérieurs sont dirigés en avant ; quelques autres espèces ont été nommées particulièrement Chenilles à brosses, el ce n’est pas sans raison; en effet, les poils de deux ou quatre mm INSE 161 INSE ER PRE D A EC quatre segmens sont particulièrement relevés en masse perpendiculaire , et coupés comme une brosse à leur extrémité , tandis que ceux qui avoi- sinent la tête et les parties anales s’allongent ir- régulièrement, et sont terminés par des bouquets en forme de pinceau. Dans les larves de Goléoptè- res qui avoisinent les Anthrènes, les poils qui sont à l’extrémité de l'abdomen sont susceptibles de se relever quand l’animal est inquiété, et dans ce mo- ment ces larves ressemblent à un Hérisson qui dresse ses piquans; ces poils affectent encore mille dispositions diverses. Les épines sont un peu moins nombreuses, mais non moins variées que les poils ; quelquefois ces épines sont simples, mais communément elles sont branchues, et beaucoup d'espèces de Che- nilles de notre pays sont dans ce cas; leur sub- stance est cornée, beaucoup plus résistante que celle des poils, et quand on saisit les individus qui en sont pourvus, on est exposé à de cruelles pi- qûres; ce sont surtout les espèces exotiques qui en sont armées. M. Lacordaire, qui a si bien étudié les mœurs des Insectes de l'Amérique, en cite un grand nombre qui s’en servent comme moyens de défense. Nous avons représenté dans notre Atlas, 1 245, fig. 21, une Chenille qui, dans son état adulte , a les épines du thorax de plus d’un pouce de long, etqui, lorsqu'on veut la saisir , agite sa tête à droite et à gauche pour aiteindre l'impru- dent qui s’y risque ; il paraît que ses blessures pas- sent pour dangereuses , et qu'aux États-Unis, où elle existe, elle est très-redoutée des habitans. Quelques Sphinx portent une épine ou corne sur le dernier segment abdominal; mais parmi les es- pèces de notre pays, 1e ne crois pas que cette arme » puisse être d'une grande défense. La croissance des larves est plus ou moins ra- pide, selon les genres et les espèces; dans les Di- … ptères, parexemple, où l’on n’a pas encore observé m de changemens de peau, et où cet organe paraît k très-dilatable , il faut beaucoup moins de temps “que pour les larves qui sont soumises à cette mu- tation. Cependant on ne peut assigner aucune lon- gueur précise pour l'accroissement des larves, quoi- que l’on puisse dire que cet accroissement est très- rapide dans les espèces vivant dans les matières corrompues , beaucoup moins dans les Carnassiers et encore moins dans les Æerbivores, puisque nous avons dans les /lannetons un exemple delarves qui passent sous cet état plusieurs années. Dans les larves des ordres autres que les Diptè- res, quand l’Insecte a pris un certain accroisse- put la rigidité de la peau qui l’enveloppe, le - peu d’élasticité de la tête, des pattes écailleuses, s'opposent à une plus grande distension du corps, à et l’animal se trouverait tout à coup restreint dans son accroissement , si la nature n’y avait pourvu par une opération particulière qui est la Mue; la _ larve , qui sent le moment où elle approche, s’y Li à l’avance ; elle cesse de prendre aucune espèce de nourriture, et se retire à l’écart pour être “à l’abri de tout danger pendant ce moment qui “quelquelois est fatal pour elle ; à, elle subit une T, IV espèce de maladie ; elle devient faible, sans consis- tance ; les couleurs qui quelquefois la décorent dis- paraissent ou se ternissent ; son corps se gonfle et se resserre allernalivement, à plusieurs reprises ; elle est obligée de se reposer par suite des efforts qu’elles a faits; enfin la vieille peau, pressée inté- rieurement par le gonflement de la nouvelle, se fend, et la larve en sort; le dépouillement est tellement complet que l’on retrouve sur la dé- pouille les palpes, les mâchoires, les antennes, les pattes et le tout comme autant d’étuis où les autres organes étaient renfermés; on y retrouve encore les poils; mais à leur égard on doit faire une observalion, c’esi que les nouveaux poils étaient couchés sous l’ancienne peau et n’étaient pas, comme dans les autres parties, renfermés dans une enveloppe; on ne sait pas encore au juste si la même chose existe pour les épines, néanmoins cela est probable pour celles qui sont grosses, puis- qu’on le remarque dans la corne conique des che- nilles de Sphinx. À la suite d’un changement de peau, la tête de la larve est, selon quelques au- teurs , quatre fois aussi forte qu’elle était aupara- vant, CC qui s'explique en supposant que ces par- lies, quand elles sont molles, sont susceptibles d’une grande contraction sous leur enveleppe, pour pouvoir, quand le corps grossira, se lrou- ver en rapport avec lui, jusqu'au moment d’un nouveau changement de peau. Le nombre des changemens de peau que subis- sent les larves ne paraît pas bien déterminé , ou plutôt varie beaucoup d’espèce à espèce ; dans le Ver à soie il est de quatre , et ce nombre avait été d'abordlarègle générale sur laquelle on s’était basé, mais il paraît, d’après de nouvelles observations, qu’il peut être beaucoup moindre ou beaucoup plus considérable. Dans les larves de la première calégorie, on range d’abord les Dipteres , chez les- quels, à cause de leur tête membraneuse, on n’admet aucun changement de peau; mais il est convenable de dire que, le milieu où vivent ces. larves n’ayant guère permis de les étudier, cette opinion est de celles qui sont sujettes à discussion. Dans la seconde série, on signale, parmi les Lé- pidoptères, des larves qui! subissent jusqu’à dix mues ; nous voilà arrivés bien loin du type qu’on regardait comme normal, et il est probable qu'il existe bien des nombres intermédiaires. Beaucoup de larves, pour passer à l’état denym- phe, se construisent des retraites nommées Coques, mais nousremettons à en parler au paragraphe qui parlera de leur industrie et de celle des Insectes, De la nymphe. L'état de nymphe est un état mi- toyen perdant lequel la nature préparela dernière transformation de l’'Insecte, consolide et perfec- tionne les différens organes dont il doit être pourvu sous son dernier état, comme elle s’est eccupée de son accroissement sous son état de larve. Les nymphes ont été nommées tantôt nymphes proprement dites, pupa, chrysalides, momies , mais en outre elles ont été divisées et subdivisées; ainsi nous avons des nymphes, des fausses nym- phes, des nymphes resserrées, des nymphes em- 261° LIvRAISON, 21 oo" INSE maillottées, des nymphes en barillet. Toutes ces divisions ét subdivisions nous paraissent peu heu- reuses, d'autant qu’elles frappent la plupart du temps sur des observations justes au fond, mais dont on tire de fausses conséquences ; il est bien certain qu’on trouve dans ce passage de la vie des Insectes des nymphes de deux sortes bien différen- tes, mais voilà tout ; toules les divisions qui ont été créées avec la seconde de ces divisions ne sont pres- que qu'’illusoires, ainsi que nous allons tâcher de le prouver, La première division des nymphes se rap- porte à celles venant de larves qui ont en naissant la forme de l’Insecte parfait; tels sont les /Zémiptères , les Orthoptéres, et partie des Vévroptères; dans les Hémiptères, on trouve quelques exceptions dans les Coccus. Les Insectes qui composent cette divi- vion conservent la forme qu'ils possédaient aupa- ravant, continuent d’être agiles et de prendre de la nourriture , seulement les ailes, dont doit être pourvu l’Insecte parfait sous son dernier état , pa- raissent enfermées dans quatre fourreaux dépen- dans des deux segmens postérieurs du thorax. Nous avons figuré deux de ces nymphes dans no- tre Atlas, pl. 245, fig. 28 et 29 ; l’une est une nymphe de Locuste, et l’autre de Libellule; on voit que la différence avec les larves qui se trou- vent sur la même planche est peu sensible; ce sont là réellement des demi-nymphes, les autres sont des nymphes réelles; ces dernières ne prennent aucune nourriture , et ne sont point agiles; c’est surtout cette seconde division que l’on a cherché à subdiviser à l'infini, et elle n’offre réellement elle- même que deux manières d’être bien tranchées ; ce sont les nymphes où toutes les parties du corps, quoique rapprochées, couvertes d’une pellicule générale, n’ont aucune adhérence entre elles, telles sont les nymphes des Coléoptéres, partie des MWé- vropières, Iyménoptères, Diptères et Syphona- Ptères ou Puces ; nous en avons figuré quelques unes dans notre Atlas, pl. 245; la figure 27 est üne nymphe de Goléopière ; 26 est une nymphe de Puce, et 50 en est une de Phrygane. On a toujours voulu séparer les Diptères de cetie divi- sion, et je ne sais en vérité pourquoi; il ne faut ‘pas, comme on le fait, confondre la nymphe du Diptère avec la peau de sa larve, qui n’est pas plus une nymphe que la peau d’une chrysalide de Che- nille n’est la nymphe d’un Ichneumon qui se mé- tamorphose sous elle. Les Diptères, quand arrive le moment de se changer en nymphes, ontun mo- ment où la masse interne, n'ayant pas encore ac- quis la forme d’Insecté parfait, tend cependant à se détacher de son enveloppe de larve, qui , n’é- tant plus susceptible d’accroissement , et dont les différens pores se bouchant par la formation d’une peau inférieure, tend à se dessécher, à devenir rigide , et ne fait plus que gêner l’Insecte dans sa transformation ; sion ouvre celte peau, on trouve animal sans forme apparente, et ayant la con- sistance d’une gelée laitense ; on a voulu faire de ce moment un état particulier sous le nom de boule allongée ; mais cet état, il existe dans tous les Insectes; le tout est de saisir le moment pour 162 INSE gd l'y rencontrer , et ce qui détermine ici la mollesse des premiers momens de la nymphe, c’est que, destinée à être protégée par son ancienne peau de larve , elle n’a pas besoin d'acquérir de suite au- tant de consistance que celles qui sont moins garan- ties du contact extérieur; celte boule allongée, en prenant de la consistance, offre l’Insecte couvert, comme les autres nymphes de cette division, d’une pellicule particulière, qui est celle qui constitue particulièrement son état de nymphe; on peut voir ce que j'ai dit à se sujet à l'article Diprères de ce Dictionnaire. Les nymphes des Lépidoptéres sont les seules où toutes les parties du corps en- fermées dans des fourreaux, comme les précéden- tes, sont adhérentes entre elles ; encore cette adhérence , elles ne l'ont pas an moment de leur naissance; elles ne la doivent qu’à une liqueur qu'elles suintent et qui colle toutes ces parties en- tre elles, et peut-être contribue à fortifier leur enveloppe temporaire. Ces nymphes ont recu le nom de Chrysalides, nom impropre, puisqu'il ne se rapporte qu'à quelques unes d’entre elles qui sont dorées, mais qu'il faut conserver puisqu'il a prévalu. Nous en avons figuré quelques unes, fig. 31, 82 et 55 de la pl. 245 de notre Atlas. Les nymphes, soit agissantes, soit immobiles , présentent, comme nous l’avons dit, les mêmes parties que les Insectes parfaits ; aussi. il est inu- tile de nous en occuper; mais plusieurs de celles des Lépidoptères offrent des formes quelquefois assez variées que nous allons passer en revue. Dans les Nocturnes, cette forme est assez vo- lontiers celle d’un cylindre sphérique du côté de la tête , et conique vers l’abdomen ; c’est la forme en général que présentent toutes les espèces dont les larves se font une coque pour passer à l’état de nymphe; parmi les Diurnes , cette forme est assez rare , tandis que la majeure partie , au contraire ,. sont anguleuses, ayant soit Ja tête munie de deux cornes et le dos relevé en pointe aiguë, soit la tête conique etl’abdomen, au contraire, avançant en angle obtus, fig. 32 et 35 de notre Atlas. Beau- coup résident dans une coque soit compacte, soit lâche ; mais beaucoup se contentent d’un simple lien placé à l’extrémité du corps, et d’autres y joignent un lien transverse en guise de ceinturon, qui les fixe davantage contre l'endroit où elles se: sont accrochées. L Un grand nombre de nymphes possèdent des appendices remarquables; de ceux-ci les uns ser- vent à la respiration : ce sont, par exemple, dans les Cousins et d’autres genres aquatiques analo- gues, des espèces de cornets placés surle dos , qui présentent leur ouverture à la surface du liquide pour laisser pénétrer l'air par les trachées du pro- thorax; ces cornets peuvent, à la volonté de l’In- secte, s'opposer à l'entrée de l’eau quand la nym- phe vient à plonger. Dans les:Chironomus, cet ap- pareil setrouve remplacé par cinq soies plameuses, divergentes, qui ont la même:fonction. Dans les Simulies, Vorifice des deux.stigmates antérieurs est protégé par deux aigrettes de soies courbes ; presque aussi longues que la nymphe elle-même; | | ee a INSE dans une Psychoptera , on apercoit en’ dessus de la tête un long tube annelé, trois ou quatre fois aussi long que la nymphe , destiné à retenir l’In- -secte en commuümication avec l'air extérieur. Les autres appendices ne paraissent pas avoir de fonc- tions aussi en relation avec les organes essentiels de l’existence : ce sont souvent des poils ou soies en: plus on moins grand nombre ; quand cesépines sont autour des segmens abdominaux, cemme dans les Cossus et les ffépiales, elles servent à lanym- phe à s’avancer jusqu’au bord du trou de la plante où elle a vécu pour aider à la sortie de l’Insecte parfait; celles qu’elles ont à l'extrémité de l’abdo- men servent à se suspendre à un paquet lâche de fils que la Ghenille a préparé d’avance; le nom- bre, la direction , la figure de ces épines termi- nales varient à l'infini; on en trouve d’autres dont la nécessité ne s'explique pas aussi facilement au pre- mier coup d'œil: par exemple, les trois épines que possède l'A) drophilus piceus sont destinées à em- pêcher le contact immédiat de son corps avec le sol; dans certains Sphinx la longueur de latrompe, qui dépasse de beaucoup celle du corps', ne per- mettait guère de l'étendre entre les pattes comme à l'ordinaire, la nature y a pourvu en la roulant sur elle-même dans un étui séparé qui forme à la nymphe un long nez qui vient en s’arrondissant se rapprocher du corps, et qui quelquefois fait plu- sieurs tours sur lui-même. Les chrysalides présentent beaucoup de cou- leurs varices, celles des Lépidoptères nocturnes sont en géntral brunes; celles des Dinrnes sont souvent claires et ornées de couleurs métalliques soit dorées , soit argentées , et ce sont ces couleurs qui leur ont valu les noms de Chrysalides et d’ Auré- lies. Les nymphes de Coléoptères et des autres or- dres vivant à couvert sont en général blanchà- tres , et ne prennent de couleur que quand l’In- secte prend de la consistance; elles deviennent colorées par leur propre transparence. La durée de temps que lInsecte reste sous l’é- tat de nymphe étant très-variable selon les espèces et selon la saison , il est difficile de lui assigner un terme, de même qu’à l’époque de leur transforma- tion en Insecte parfait; la température y joue un grand rôle , puisqu’avec des froids et des chaleurs lactices on parvient à retarder et à avancer la naissance des Insectes : mais il est encore d’autres causes, jusqu’à présent inconnues, qui président à cette fonction, puisque, sur ur nombre donné d'Insectes, éclos tous des œufs de la même ponte, qui ont été nourris de même, qui se sont méta- morphosés en même temps, une portion éclot à une époque et une autre portion un an après ; mais ilexisie des observations exactes qui p'ouvent que sila lonzueur du temps que l'Insecte doit passer sons la dernière enveloppe n’est pas bien certaine, l'heure où telle et telle espèce quitte sa dernière dépouille est toujours la même; ainsi le Bombyx du Mürier n’éclôrait qu’au lever du soleil, le Sphinx du tilleul qu'à midi, le Sphinx tête de mort de quatre à sept heures du soir ;inais Ja généralité des Jusectes n'offre pas de règle fixe. 163 INSE ne : Et Dans tontes les nymphes, la sortie s’opère au moyen de la peau qui se fend sur le dos, et dont l'Insecte se dégage ; les uns presque aussitôt pren- nent leur vol, tandis que chez d’autres, comme les Coléoptères, qui ‘ent besuin que l'enveloppe extérieure prenne beauconp de consistance , l’In- secte reste en terre plus ou moins de temps après son éclosion pour acquérir la consistance dont il a besoin; tels sont les Cétoines , les Hannetons et beaucoup d’autres, mais qui n’ont pas été obser- vés. Dans les nymphesquisont aquatiques, l'Insecte amène la partie supérieure de son dos au dessus de la surface de l’eau , et la sortie s’opère comme chez les autres Insectes; mais l’animal court de grands risques aa moment où, à moitié sorti de ses langes, il n’a pas encore acquis la consistance nécessaire pour pouvoir, au moyen de ses pattes, prendre un appui sur l’eau : si l'équilibre lui manque, il chavire et il est perdu. Mais dans ceux qui ont une coque très-solide qui les protége, il faut quel- quefois , après la sortie de la peau de nymphe, des moyens particuliers pour sortir de prison ; souvent la Chenille elle-même a prévu le cas, et à rongé soit la graine , soit la feuille où elle a vécu , et l’In- secte, en faisant effort pour se dégager de la nym- phe, ouvre en même temps la porte qui doit lui livrer passage , et qui se trouve toujours placée du côté de la tête. Quelquefois les co- ques sont en forme de nasses, excepté qu’au lieu de favoriser l’entrée et de défendre la sortie, elles sont faites en sens contraire, et qu’elles favo- risent la sortie et empêchent l'entrée : telle est la coque du Grand Paon. D’autres, qui font des co- ques avec des feuilles, rapprochent un des côtés, mais sans l’attacher, et lamoindre force, le faisant écarter, permet à l’Insecte d’en sortir; la propre élasticité des matériaux remet tout en place. D’au- tres, ayant des coques formées de soie très-zom- meuse ou de soie et de bois agglomérés, ont la faculté de dégorger une liqueur qui: ramollit le tissu de manière qu’en faisant effort l'Insecte passe au travers : le Bombyx du muürier et le Dicronura vinuli sont dans ce cas. Chez les F'ourmis, ce sont les heutres qui aident les insectes nouvellement éclos à sortir de leur nymphe et de leur coque. De l’Insecte parfait. Au moment où l’Insecte sort de sa dépouille, il est incapable de faire au- cune fonction; ses pattes molles ont peine àîle soutenir, ses ailes mouillées, chiffonnées, tombent des deux côtés de son corps sans soutien; enfin son corps est moy et blanchâtre, et n'offre au- cune des couleurs qui, plus tard, seront si brillan- tes; mais ce moment de faiblesse dure peu ; l’In- secte étend peu à peu tous ses membres, l’humi- dité superflue dont il était convert s’évapore ; ses ailes se distendent , se ratfermissent et atteignent une étendue dix fois plus grande que celle qu’elles avaient en sortant de la nymphe; les taches, les bandes se développent; lanimal imprime à ses ailes un tremblement vif qui contribue encore à leur desséchement , et après quelques battemens il prend son vol. Ce moment dure plus ou moins long-temps; dans les espèces qui éclosent sur l’eau, EEE INSE 164 INSE oo comme les Cousins, un instant suflit; dans quel- ques Papillons , une heure, deux heures, une jour- née même entière sont souvent nécessaires. Les Ephémères offrent en ce moment une particularité très-singulière observée par Degéer, que l’on a tou- jours répétée d’après lui, et qui mériterait peut- être d’être observée attentivement de nouveau : au sortir de la nymphe, l’Insecte jouissant de la faculté de voler en profite souvent une journée entière et ensuite opère un nouveau changement de peau, mais si complet que les ailes mêmes, qui sont tout étendues, quittent leur dépouille. Pour expliquer ce phénomène, Degéer admet que les. véritables ailes ont dû rester molies dans les fourreaux, qui seuls s'étaient desséchés, et qu’alors elles ont pu se rapprocher et se ré- duire à la forme d’un cordon pour passer par l’ouverture circulaire que l’on remarque à la base des étuis où elles étaient renfermées , et qu’elles prennent à la sortie leur véritable extension. Au moment où les Insectes viennent d’éclore, ils rejettent par l'anus une liqueur plus ou moins abondante et qui était renfermée dans leur corps; elle peut être comparée au méconium que rejet- tent les animaux supérieurs ; cette déjection est souvent colorée, et quelquefois en rouge; aussi. quand elle s’est trouvée abondante sur les murail-- les, a-t-elle, dans certains temps, passé pour une pluie de sang. Quelques auteurs pensent que cette déjection est propre aux femelles, et est destinée à attirer les mâles; malheureusement pour cetle opinion , c'est qu'il n’est pas du tout sûr que les mâles et les femelles n’y soient pas sujets. Aussitôt nés, les Insectes cherchent à remplir le but pour lequel ils ont été créés ; les mâles s’em- pressent pour trouver les femelles, et les uns et les autres volent ou courent à la recherche de leur nourriture ; l’accouplement ne tarde pas à s’effec- tuer, et le mâle périt; la femelle opère sa ponte et survit peu au soin qu'elle a pris de sa postérité. La vie des Insectes paraît alors très-courte, et ef- fectivement, dans le plus grand nombre, quand l’accouplement a suivi de près la naissance, la vie ne s'étend guère plus d’une douzaine de jours; mais comme cette vie est toujours subordonnée à cette fonction , il arrive que si les Insectes ne trou- vent pas à la remplir, la vie peut durer plus long- temps. Nous voyons certains Papillons, dont la vie est ordinairement si courte, passer” l'hiver, pour parvenir à s’accoupler au printemps ; on cite l’exem- ple d’un Dytisque qui , pris à sa naissance et isolé d’autres Insectes de son espèce , vécut trois ans et demi dans un bocal où on le-nourrissait avec de petits morceaux de viande. | La vie des Insectes est loin d’être en rapport avec le temps de leur croissance, et l’on dirait même qu’elle est presque inverse. Ainsi les Æphé- mères, qui passent deux ans sous l’état de larve, vi-. vent deux outrois jours ; les Aannetons, qui en pas- sent au moins trois, ne sont Insectes parfaits qu'une douzaine de jours; le Cossus ligniperda vit trois ans sous la forme de Chenille, et vit peu de temps sous sa dernière forme ; la Mouche, au contraire , reste à peine quelques jours sous son premier élat, et pendant au moins trois semaines nous impor- tune ; les larves des Mélasomes sont encore incon- nues , aussi ne peut-on pas établir de rapport en- tre elles et les Insectes parfaits; mais on sait que ces derniers ont la vie très-longuc et très-tenace , puisqu'on en à vu vivre six à sept mois dans des boîtes de collections, traversés d’une épingle; on sait maintenant que certains de ces Insectes peu- vent nous arriver vivans des pays les plus éloignés. Cette facilité de vivre long-temps presque sans nourriture , qui se remarque aussi dans quelques Charançons, est altribuée à la quantité de matière graisseuse que contiennent ces [nsectes, et dont il se fait une absorption quand ils sont privés de nourriture. Du système tégumentaireen général. Le système tégumentaire des Insectes consiste en une mem- brane continue portant divers appendices, qui lui sont eux-mêmes.conlinus; mais cette explication est un peu vague, et nous allons chercher à l’ex- pliquer. Dans les animaux vertébrés, et qu’on est convenu d'appeler animaux supérieurs, le corps renferme dans son milieu une charpente osseuse qui sert de point d’attache aux muscles qui font mouvoir les membres, etle tout est revêtu d’une membrane composée, qui est la peau, et qui re- couvre le tout sans interruption; dans les Insec- tes, cette charpente intérieure n’existant pas, il fallait y pourvoir pour de même donner un point d'appui aux différens muscles; c’est ce que la na- ture a opéré en donnant de la solidité à différen- tes parties de la membrane qui les enveloppe; ces parties solidifiées représentent alors assez bien les armures que portaient les chevaliers du moyen- âge; celte membrane acquiert, selon les espèces, une dureté et une épaisseur très-variables ; tantôt elle acquiert la consistance des coquilles, tantôt elle demeure mince et à peine douée d’un peu d’é- lasticité ; les parties non durcies restent membra- neuses et servent comme de charnières aux parties coriaces. On s’est beaucoup occupé de la composi- tion de cette partie, Cuvier et M. Straus pensent qu’elle est composée d’un épiderme, du tissu muqueux et d’un derme; si elle avait le corps papillaire, elle offrirait la même composition que celle des animaux supérieurs; outre cette diffé- rence dans la composition, il en existe encore une dans la superposition des parties entre elles : tantôt l’épiderme et le derme sont recouverts par une partie de la muqueuse , qui est soluble dans l’alcool; c’est cette partie qui donne aux Insectes ce brillant et ces couleurs métalliques dont ils sont quelquefois revêtus, elle est alors très-mince; lantôt elle existe entre l’épiderme et le derme, et là, au lieu d’être sèche, elle acquiert la consistance d’une bouillie liquide qui produit au travers de l’épiderme les couleurs vives dont les Insectes sont quelquefois ornés; dans les endroits où la couleur est foncée, la mu- queuse reprend sa rigidité ordinaire ; la partie non soluble däns l’alcool reste mêlée à l’épiderme et au derme, elle est ordinairement brune. L’épi- . INSE # 165 INSE derme n’offre aucune trace de fibres , il est percé d’une infinité de pores, habituellement il est de couleur brune ; mais quand en dessous de lui la muqueuse forme de ces taches vives dont nous avons parlé, il devient alors transparent comme du verre. Le derme se sépare assez facilement de l’épiderme et s’en distingue par sa couleur plus foncée ; il est composé de cinq lames superposées formées de fibres qui se dirigent danstons les sens. L'analyse chimique de ces membranes a donné, sui- vant M. Lassaigne : 1° une matière animale inso- luble dans la potasse , qu'il a nommée entomoline ; 2° une substance animale brune , soluble dans la potasse ; 5° et enfin une huile colorée, soluble dans lalcool et l'éther, et qui est un des princi- pes colorans de la matière muqueuse. Celte portion tégumentaire des Insectes offre quelquefois sur sa surface des objets dignes de re- marque ; tels sont des poils que nous avons dit naître de bulbes contenus dans le derme, ct tra- verser l'épiderme ; nous sommes oblisés cependant de convenir que souvent il est difficile de suivre la trace de l'origine de ces poils; ce n’est que sur quelques espèces observées que l’on peut présu- mer , par analogie, de l’organisation des autres; ces poils peuvent être fins, gros, longs, courts, isolés, par bouquets, etc., elc.; tous les termes par lesquels on désigne les différentes modifications qu'ils font éprouver à la surface des tégumens, sont détaillés dans la partie des ouvrages spéciaux qui traitent de la terminologie; il en est de même de tous les autres accidens que présentent les dif- férentes parties des Insectes ; nous y renvoyons une fois pour toutes pour éviter les répétitions. Les té- ‘gumens présentent un autre accompagnement, ce sont des écailles ; les ailes des Lépidoptères , en par- ticulier, en sont , à peu d’exception près, enlière- ment garnies ; elles affectent toutes sortes de gran- deurs et de formes , mais en général elles sont mu- nies d’un pédicule, et vont en s’élargissant vers l’autre extrémité, ou elles peuvent être arrondies, carrées, le plus souvent dentelées, cannelées, etc. Dans les Mémoires posthumes de Lyonnet, pu- bliés dans les Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, on trouve six planches représentant différentes figures de ces écailles ; ces écailles sont tellement caduques, que l’on ne sait si elles ont la * même origine que les poils ; quand elles sont tom- bées, on voit à leur place un petit enfoncement dans Ja membrane de l'aile; on voit aussi, sur les tégumens, des points enfoncés, des sillons, des côtes, des épines, des mamelons, et des sutures dans les parties où les différens segmens se sont joints immédiatement, La membrane tégumentaire affecte une forme régulière qui est celle de segmens transversanx, mais qui forment trois portions bien distinctes, un segment pour la tête, trois pour le thoraæ, et meuf pour l'abdomen; la manière dont ces seg- mens s’arliculent entre eux est fort différente; dans les uns, les articulations ne sont que des su- tures par rapprochement, telles que les différentes parties des trois segmens thoraciques; les bords -s’élargissent dans ces endroits pour donner plus de solidité à la jonction , et jettent en dessous de nombreuses apophyses qui augmentent les surfa- ces propres aux attaches des muscles ; dans quel- ques parties de la tête, il existe un léger liga- ment entre les pièces qui permet un petit mouve- ment angulaire ; les segmens abdominaux s’arti- culent par recouvrement comme les écailles des poissons ; la tête, dans le plus grand nombre d’In- sectes , s'articule avec le tronc, en s’emboîtant de- dans ; elle se peut mouvoir dans tousles sens , mais particulièrement de haut en bas, c’est l’articula- tion que M. Straus anommée cotyloïdienne ; outre la tête , assez souvent quelques articles des anten- pes se trouvent dans ce cas; une autre arlicula- tion se remarque dans les pattes, c’est quand cha- cune des pièces recoit un condyle dans une cavité cotyloïde de l'autre, les pièces ne pouvant alors faire de mouvement que dans un seul sens : c’est l'articulation par ginglyme. L'organisation tant interne qu’externe des In- sectes a été, depuis quelques années, le sujet de nombreux travaux ; comme la connaissance de celte organisation est la base de toute la connais- sance des Insectes , nous allons l’exposer en détail, De l'anatomie externe. A. De la tête prise dans son ensemble. La tête > comme dans tous les autres animanx , est placée à la parlie antérieure du corps, dont elle est géné- ralement la plus petite des trois divisions; a posi- tion peut être soit horizontale , soit verticale; sa forme varie à l'infini, quoique le plus souvent elle représente un triangle dont la bouche occupe le sommet ; souvent aussi elle est arrondie, quelque- fois comprimée, cylindrique, très-allongée ; nous avons déjà vu qu’elle s’emboîtait quelquefois dans la partie antérieure du corselet , comme dans les Carabiques , tandis que dans les Brachélytres et les Trachélides la membrane qui la joint au protho- rax forme une espèce de col; souvent elle est jointe à ce même segment par la même membrane, mais sans pouvoir pénétrer dans le corselet ; la majorité des Orthoptères, la seconde section des émipté- res, sont dans ce cas; enfin, quand la tête se trouve tronquée droit à sa partie postérieure , que l’ou- verture occipitale est très-petite, la tête tourne sur l'ouverture occipitale, qui est munié alors d’un rebord, comme sur un pivot; ou bien elle est suspendue à un simple ligament, au moyen duquel elle tourne de même ; à cette division se rapportent les Æymeénoptères , les Lépidoptères , les Diptères et quelques tribus dans d’autres or- dres. La substance de la tête est toujours plus cornée et plus dure que le reste du corps, sur- tout dans les Insectes broycurs, où il faut qu’elle donne attache aux muscles puissans destinés à faire mouvoir les mandibuales, qui ont souvent à agir sur des substances très-résistantes; dans les In- sectes suceurs, au contraire, elle n’offrc pas beau- coup plus de consistance que le reste du corps. La têle est composée de plusieurs pièces, mais les auteurs ne sont nullement d'accord sur sa compo- INSE sition ; les uns, avec des raisons très-différentes . veulent arriver au même résullat, qui consiste à retrouver dans la tête un certain nombre d’an- neaux:; mais Jà commence la difficulté, car on ne s'entend plus sur le nombre de ces anneaux, et alors aucun moyen d'arriver au but, qui con- siste à prouver qu'un Mille-pied où un Crustacé est la même chose qu'un Insecte, résultat qu’on sera Jong-temps à atteindre; les autres, à Ja tête desquels se remarque Latreille , regardant les In- sectes comme formant une classe à part qui n’a de commun avec les Crustacés, les Myriapodes et les Arachnides, que d’être des Æntomes , c’est-à- dire d’être, comme ceux-ci, divisés en segmens, la considèrent comme une partie qui ne peut être comparée que d’Insecte à Insecte. Elle compose, suivant ces derniers, d’une boîte os- seuse, ou crâne, composée de plusiears pièces, qui sont l’épicrdne , le chaperon où épistome ,- la picce basilaire et le præbasilaire , et percée de plusieurs trous pour le passage de différens organes; ces trous sont le trou occipital, den- nant passage aux différens organes internes qui se répandent dans le reste du corps; la cavité buc- cale, qui contient les organes propres à la nutrition; ceux où s'insèrent les antennes, et enfin ceux des yeux et des stemmates ou ocelles, quand ils existent. Outre ces pièces, que nous allons exami- ner , On a partagé les différentes parties de la tête en régions, dont la détermination facilite beaucoup les descriptions, et permet aux Giflérens auteurs d’y meitre de l'harmonie; en jetant les yeux sur Ja pl. 247 de notre Atlas , fig. 1 et 2, on peut sui- vre plus facilement la place qu'occupent ces diffé- rentes régions. Toute la partie limitée entre les yeux, et alteignant jusqu’à la bouche, prend ha- bitueilement le nom de face; le post-épistome (c) est le bord qui limite l’épistome, he celui-ci offre en arrière une suture; le front (d) est le dis- que du milieu de la tête; le vertex (e) est la partie la plus élevée de latête, quelle que soit sa forme ; locciput (f) est situé à la partie de la tête qui s’in- cline vers le corselet ; gg sont les tempes ; quand les yeax occupent toute la partie postérieure de Ja tête, elles n'existent pas. L'épicräne forme une boîte ossense qui occupe à elle seule toute la circonférence de la tête (pl. 247, fig. 1,f,d.e,g,et fig. 2, pp, m) ; en dessus il occupe toute la face depuis lépistome , emboîte de côté les yeux, redescend en dessous, où il sert de limite sur les côlés à la cavité des organes buccaux. limite également Je trou occipital sur les côtés et postérienrement; intérieurement , il double le globe des cornées , en ne laissant dans son milieu qu’an trou pour le passage da nerf op- tique ; on trouve quelquelois à cette pièce des tra- ces d’une suture longitudinale qui fait croire qu'elle peut être composée de deux pièces accolées. L'épistome , que l'on nomme aussi quelquefois chaperon (pl. 247, fig. 1, b.), est placé au dessus de la bouche, en Ant de l'épicrâne ou du post- épicrâne , Si cetle pièce existe; lrès-sonvent ses limites sont diffic'les à déterminer, quand I su- 166 INSE ture qui Panit à l'épicrâne n’est pas apparentes dans d’autres cas on retrouve facilement la trace de ses contours qui se Lrouvent marqués par des lixnes enfoncées ; ainsi dans beaucoup de Bousiers il forme un triangle dont la partie antérieure est Ja gp à et celle qui s’avance vers le front le sam- met; dans quelques genres, il est arrondi, bien a in dans les Géocorises , ou Punaises terres- tres, il est limité du côté de la bonche par des portions latérales de la Lête qui se croisent au des- sus de lai; mais il n’en existe pas moins an des- sous , el sert, comme à l'ordinaire , d'attache au Labre, Sa grandeur est en raison iaverse de celle du front; plus ce derniercest petit, plus il offre de développement ; au contraire, plus le front offre d’étendue , ei plus l’épistome se trouse réduit ; sa forme est très-variée, et il est impossible d’énu- mérer toutes celles par où il passe; il est quelque- fois très-refendu , quelquelois aussi il se relève à son extrémité, et offre des dilatätions considéra- bles, comme dans les Goliaths:; assez crdinaire- ment, il est mince; on voit cependant que dans quelques Lamellicornes se recourbe vers la bou- che, paraît presque aussi épais que large, et forme ainsi en dessous un renfoncement meimbraneux où M. Kirby a, cru reconnaître l'organe de l'o- dorat. La pièce basilaire (pl. 247, fig. 2, n) touche immédiatement la bouche en dessous ; elle est sou- dée par ses côtés à l’épicräne , et tient postérieu- rement à la pièce dite præbasilatre (o), qui, comme elle, se soude par les côtés à l’épicräne ct forme sur son bord postérieur l'ouverture occipitale ; celte seconde pièce manque quelquefois’, et alors l’ouverture occipitale se trouve close par la précé- dente; dans quelques espèces on la retrouve, à l’é- tat rudimentaire, dans la membrane qui unit la tête au prothorax ; la pièce basilaire a sa partie antérieure unie à la lèvre, et c’est elle qui doit prendre le nom de menton , et non la lèvre pro- prement dite, que l’on croit distinguer ainsi de la langnette. Nous ne dirons rien des ouvertures de l'épicrâne : elles se trouveront naturellement désignées avec les parties qaï. les occupent ; l'ouverture accipi- tale seule, ne recevant aucan orcane proprement dit, peut nous occuper un instant; elle est à la partie de Ja tête opposée à la bouche, plus ou moins arrondie, rareimeüt bien large, et souvent fort étroite ; les pièces qui la limitent forment as- sez souvent autour d'elle un bourrelet qui jette intérieurement quelques apophyses, et où se trouve fixée la membrane qui lunit su cerselet. a. Des yeux. —1, Des yeux composés. Si on regarde les yeux d’un Insecte un peu attentivement, ils pa- raissent offrir un réseau pareil à celui d’une lime; cette rugosité est très-réelle, mais elle est plus ow moins grosse où plus ou moins fine, selon les n- secles que l'on regarde; àquoicelatient-il? Le voici: les yeux des Jusectes ne sont pas simples comme les nôtres, mais formés d'un nombre plas où moins considérable d'yeux accolkés les uns à côté des autres; chacun de ces Feux à sa surlice un INSE peu bombée, ce qui explique la rugosité que réu- nis ils présentent; le nombre de ces yeux est très- grand, puisque l'en en a compté de cinquante à plus de quinze mille ; quandlenombre en est limité , leur rugosité paraît grosse; c’est ce qui se voit chez beaucoup de Longicornes; tandis que, dans cer- tains Lamellicornes , ils sont en si grand nombre qu'ils paraissent presque lisses ; les yeux sont re- couverts d’une enveloppe coriace, que par ana- logie on a appelée la cornée; cette enveloppe, qui paraît composée de plasieurs couches superposées, n’est peut-être qu’un prolongement de la peau des autres parties du corps ; celle cornée est plus ou moins bombée, et en général on remarque que les espèces diurnes ou carnassières l'ont très-sail- lante, globuleuse même, comme par exemple les Carnassiers terrestres, les Libellules, etc. , tan- dis qu’elle est déprimée dans les espèces luci- fuges, comme beaucoup d’Hétéromères. Quant à la forme, les yeuxsont en général arrondis, oblongs, quelquefois échancrés en forme de rein quand ils embrassent l'insertion des antennes; quand ils sont petits, ils sont placés plus ou moins en avant du côté de la tête; mais quand ils prennent un grand développement , ils finissent par en envahir tous les côtés; dans certains Diptères mâles, par exemple , ilsse rejoignent sur le sommet de la tête, et les régions situées entre eux disparaissent tout- à-fait; quelquefois, comme dans certains Cha- rançons, ils sont situés vers le milieu de la lon- gueur de la trompe, et se rejoignent presque en dessous; dans les [asectes où ilest nécessaire qu'ils aient beaucoup de saillie, la tête forme au dessous d'eux comme ua pédicule; cette disposition se re- marque chez quelques Coléoptères carnassiers exotiques, dans les Ægrions, mais surtout chez certains Duptères où la tête se développe latérale- ment ouire mesure, de sorte que les yeux sont comme placés au bout d’une anienne. Les yeux paraissent quelquefois exister en plus grand nom- bre qu'ils ne sont réellement ; mais cette augmen- tation n’est qu'apparente, elle tient à une dilatation des parties antérieures de la tête, qui s’avance en forme de filet sur les yeux, que quelquefois elle partage entièrement en deux ; celte anomalie se remarque surtout sur les Bousiers, les Gyrins; chez quelques Ascalaphes, elle fait paraître les yeux comme composés de deux yeux distincts su- perposés. Les yeux existent, j'allais dire générale- ment, mais à deux ou trois exceptions près, chez tous les Insectes; peut-être même dans ceux où ils n’ont pasété observés , un nouvel examen pour- ra-t-il les faire retrouver ; cependant iis manquent certainement dans beaucoup de neutres de l'our- mis; mais On sait déjà que ce sont des femelles avorlées , et l'avortement peut s'étendre à d’autres ‘ organes qu'à ceux de la génération. 2. Les stemmates, que l'on nomme'aussi yeux lisses , ou ocelles, sont beaucoup moins générale- ment répartis chez les Insectes que les yeux com- posés; les Coléoptères n’en offrent jamais ; dans tous les autres ordres ; ils existent plus ou moins visibles , au nombre de deux ou trois , mais placés —————————_—_—_—_ 4 —_—_———]—]———————— ————…—…—"—…—…—…—…—…—…—…".…"…"…"…"…—.—…"——— — — —— — —— — — ’ —"’")"’—…—…——.….….—.—…—…————….——…—….——…——-————.———.—_—…——_————_—_—_—_—_——_——_—_—_—_———_—_—_———_—_—_…———…— INSE très - différemment ; dans les Orthoptéres , ils sont en triangle allongé vers le milieu de la face ; dans les Hyménoptéres et les Diptères, quand ceux-ci les possèdent , ils existent entriangle sur le vertex; dans les Hémiptères, excepté les Cigales , ils ne sont qu’au nombre de deux placés sur le vertex ; dans les F'ulgorelles, ils sont entre les veux et les antennes; leur forme est presque toujours plus ou moins arrondie , quoiqu'il existe quelques ex- ceptions; leur grosseur est beaucoup plus variable ; chez les Réduves, par exemple, ils sont quelquefois aussi gros que les yeux composés , tandis que dans d’autres ils sont à peine perceptibles, surtout dans les espèces où, au lieu d’être aussi globuleux , ils sont déprimés. La composition des stemmates dif- fère de celle des yeux composés en ce qu’ils n’ont qu’une seule facette, et qu’ils ne forment qu’un seul œil, au lieu d’être un assemblage d’yeux ; ce sont les seuls yeux que l’on remarque dans les lar- ves à changement de forme, tandis que les autres offrent lesmêmes yeux que les Insectes et n’acquiè- rent souvent les stemmates, au contraire, qu'à leur entier développement. b. Antennes. Get organe,nommé vulgairement cornes, est toujours au nombre de deux, compo- sés d’articulations variables en nombre et en forme, jointes bout à bout et susceptibles de mouvemens très-variés (voy. pl 247 de notre Atlas, fig. 19 à 33) ; leur insertion varie beaucoup', mais en géné- ral elle n’a jamais lieu au dessus ou en dehors des yeux ; elle s'opère donc toujours dans l’étendue de la face plus ou moins près de la bouche ; quelque- fois elle se fait sous un rebord spécial de la tête, comme dans beaucoup de Coléoptères et d’Hémi- ptères ; mais dans certains Hémiptères aquatiques, cette insertion se trouve dans une fossette spéciale existant sous les yeux; elle prend naissance dans une ouverture pratiquée à l’épicrâne et qui a été nommée torulus ; cette. ouverture est habituelle- ment arrondie, très-lisse , et tapissée d’une mem- brane ; cette disposition permet au premier arti- cle de l’antenne de rouler dedans sur tous les sens. Le toralus a quelquefois ses bords relevés de manière à figurer lui-même un tubercule, les an- : tennes sont composées d'articles creux, renier- mant les muscles destinés à faire agir l’article sui- vant. On distingue dans l’antenne le scaphus ou article basilaire ; le pedicellus, ou deuxième article, est la tige de l'antenne ; quand l’extrémité est plus vrosse que le reste de l'antenne, la portion renflée prend le nom de massue; le scaphus est percé à sa base pour laisser passer les muscles et les nerfs qui pénètrent dans la tête; son extrémité inférieure forme un bulbe arrondi destiné à jouer en tous sens dans le torulus; quelquefois il est comme distingué du reste de l’article par un étranglement, mais ne forme pas pour cela un article; le second arti- cle, ou pédicelle, est souvent très-court. Le reste des articles est en nombre très-variable: chez les Coléoptères, il est communément de onze, de six ou sept chez les Hémiptères, de trois ou quatre dans la majorité des Diptères, de treize à quatorze dans un grand nombre d’//yménoptères ; dans les oo ‘INSE 168 INSE A ——_—_—_——_—_—_—_—_—— ———“———— LE Orthoptères et les Lépidoptéres, le nombre est quelquefois très-nombreux et diflicile à supputer; ces articles varient beaucoup dans leur grandeur relative ; le second est le plus souvent plus court que le premier et le troisième: mais, quelle que soit la longueur relative de ces deux-ci, le pre- mier est presque toujours le plus gros, quelque- fois il acquiert une fort grande dimension, et alors les antennes sont dites coudées , parce que le second s’insère un peu sur le côté du premier ; on en voit des exemples dans beaucoup de Lamelli- cornes , de femelles de 'ourmis et de Melliféres, (pl. 247, fig. 24, 55); dans les mâles des mêmes espèces, cet article ne grandit ‘pas à proportion; mais c’est surtout dans les Charançons où cette dis- position paraît de la manière la plus tranchée, ce premier article atteint assez souvent la moitié de la longueur de l'antenne. Outre la grandeur relative de leurs articles, les antennes se distinguent encore par leur forme gé- nérale et par la forme de leurs articles ; ainsi elles peuvent être sétacées, c’est-à-dire allant en di- minuant graduellement du premier article au der- nier (Atlas, pl. 247, fig. 19); filiformes, de même grosseur d’un bout à l’autre (fig. 20); fusiformes, plus épaisses à leur milieu qu’à leurs deux bouts (21); mucronées, quand elles se terminent par une pointe courte (22); pectinées, lorsqu'elles ont des appendices d’un seul côté comme les dents d’un peigne (25); rameuses, quand elles sont garnies d’un seul côté de dilatations irrégalières (25) ; ensifor- mes, quand elles paraissent triangulaires comme une lame d'épée (26); en scie, quand les articles se dilatent en triangle d’un côté (27); moniliformes , qnand chaque article est arrondi comme un grain de chapelet (28) ; lamelles, si un certain nombre d'articles a la forme de feuillets s’appliquant les uns contre les autres (29); flabellées , quand les articles ont intérieurement de longues dilatations en forme de petites feuilles qui ne peuvent pas s'appliquer l’une sur l’autre intimement (50) ; plu- meuses, lorsqu'une partie de leurs articles offre du poil des deux côtés (31); biflabellées, quand les follicules existent des deux côtés (52) ; et enfin à massue, quand un certain nombre des derniers articles forme 1ne masse beaucoup plus grosse que le reste, quelle que soit sa forme (35). # Les antennes sont rarement glabres, le plus sou- vent clles sont , soit partiellement , soit totalement, velues, souvent même elles sont tuberculeuses , rugueuses ou épineuses. Quand les Insectes mar- chent , les antenñes sont en mouvement , surtout chez les Ichneumons ; pendant le vol, certains In- sectes les Liennent en avant, d’autres les rejettent à droite et à gauche , d’autres enfin les couchent sur le dos. Les antennes jouent un grand rôle dans l’économie des Insectes, sans qu’on sache positive- ment lequel; on s’en est beaucoup servi pour la classification ; mais comme elles se trouvent rare- ment en rapport avec les autres organes, on ne peut les employer que comme caractère assez se- condaire. , €. De la bouche, Quand on parle de cet organe en général, ce mot s'emploie volontiers; mais quand il s’agit de désigner l’ensemble des parties qui le composent , on se sert du terme d'organes buc- caux, et d’autres analogues, auxquels M. Kirby, pour éviter toute périphrase, a substitué le nom de trophi, qui a la même signification. Get organe est destiné , comme dans ious les ordres supé- rieurs , à faire passer par le canal alimentaire les différentes substances dont l’Insecte se nourrit ; il est toujours situé à la partie antérieure et in- férieure de la tête, et se retrouve dans tous les Insectes. Si dans quelques uns il se trouve presque entièrement atrophié à cause du peu de temps qu'ils ont à passer sous leur dernier état, ce qui les dispense de prendre aucune nourriture , on en re- trouve au moins des rudimens ; mais la nourriture que les différens Insectes sont appelés à prendre varie à l'infini ; ceux destinés à broyer des alimens solides devaient être munis d’un autre appareil buccal que ceux qui ne doivent pomper que des alimens liquides ; aussi voit-on chez les Insectes des ordres entiers munis d'organes buccaux très- différens des autres ; de là les dénominations d’Insectes broyeurs cet d’'Insectes suceurs, déno- minations qui indiquent fort bien la manière dont ces différens Insectes prennent leur nourriture, mais qui pour cela n’indique pas une composi- tion différente dans les pièces essentielles de la bouche , mais seulement une modification des mêmes organes, comme la nature le fait si souvent ; c’est à M. Savigny qu'est due la démonstration de cette vérité, qui avait élé cependant indiquée avant lui. Les pièces qui composent la bouche des Insec- tes à l’état le plus général et, pour ainsi dire, normal, se compose d’une lèvre supérieure nom— mée labre, d’une première paire d'organes broyeurs qui sont les mandibules , d’une seconde paire pla- cée plus bas ou méchoires , et enfin d’une lèvre in- férieure , la lévre proprement dite. Les Coléoptères, Orthopteres et Névroptères sont les Insectes qui offrent, aussi distinctes, ces parties que nous allons examiner ; ensuile nous les comparerons avec les organes analogues des autres ordres pour voir les modifications qu'ils ont éprouvées. 1. Le labre (pl. 247 de l'Atlas, fig. 1, a, et fig. 4) ou lèvre supérieure , comme nous l’asons dit, est situé en avant de la tête au dessus des autres organes buccaux ; il paraît destiné à clore: le vide qui existe entre eux et qui pourait don- ner passage aux alimens; il est attaché à l’é- pistome , soit bout à bout, par un ligament qui: permet un mouvement d’élévation et de prostra- tion, soit en dessous, et alors le ligament permet en outre un mouvement d'avant en arrière ; Ja substance du labre est le plus souvent coriace, ce- pendant dans les espèces qui vivent de matières sans consistance, ou quand l’épistome s’avance beaucoup, il est souvent membraneux; les Cétoi- nes, par exemple, sont dans ce cas ; quoique Ja di- rection du labre soit le plus souvent horizontale, il forme quelquefois un angle avec l’épistome pour se courber en bas; ilest de forme variable, le plus mm INSE 169 INSE A plus habituellement arrondi , entier ou échancré à son extrémité; il est lisse, un peu convexe, souvent cilié à son bord antérieur; en dessous il est velu et quelquefois muni de soies raides, disposées avec assez de régularité ; quelquelois, comme dans les Orthoptères, ce sont même des épines. 2. Mandibules (Atlas, pl. 247, fig. 1 et2, et fig. 5). Ce sont deux corps très-durs, placés ho- rizontalement vis-à-vis l’un de l’autre, en partie recouverts par le labre ou l’épistome , el agissant dans le même sens horizontal, sans exclure cepen- dant un léger mouvement de haut en bas, qui est dû aux condyles dont ils sont armés à leur par- tie inférieure , tandis que l’autre mouvement s’o- père par ginglyme; ils sont très - enfoncés dans la têle, ce qui ne permet pas un grand écarte- ment; cependant dans les espèces carnassières cet écartement peut être très-grand ; en général, cette partie a la forme d’un triangle prismatique creux; dans leur partie interne sont fixés les muscles ro- bustes destinés à les faire mouvoir; la force de ces muscles est toujours en raison des substances que l'Insecte doit broyer ; leur solidité et leur grandeur dépendent des mêmes lois , mais la der- nière est en sens inverse, ainsi les espèces destinées à ronger le bois ont les mandibules courtes et ro- bustes , tandis que dans les espèces polléniphages, comme les Cétoines, les mandibules deviennent presque rudimentaires, et ne représentent plus qu’une lame écailleuse , du moins dans une parlie de leur longueur. Leur forme est très-variable ; cependant on peut dire qu’elles sont en général courbées de dehors en dedans, plus ou moins pointues à leur extrémité ; le reste peut être plus où moins chargé de dentelures et de rami- fications. La base des mandibules dans quelques espèces, principalement chez les Herbivores, pré- sente à sa parlie interne un avancement arrondi sur la tranche. fortement strié transversalement , et servant à écraser ce qui vient déjà d’être coupé par la partie supérieure; cette disposilion , qui se remarque parmi les Coléoptéres, chez beau- coup de Lamellicornes voisins des Hannetons , et même chez les Cétoines, existe encore d’une ma- nière très-prononcée dans la majorité des Ortho- ptères ; ces dentelures des mandibules ont donné lieu à des recherches, et M. Marcel de Serres, qui les a comparées aux différentes éspèces de dents qui distinguent les Mammifères , a retrouvé, dans les différentes formes qu’elles affectent, les dents incisives , laniaires et molaires de ces animaux. En général, ces pièces ne portent. aucun appen- dice mobile; mais M. Kirby avait déjà remar- qué que dans les Staphylins une partie mem- braneuse , velue, s'élevait de la base, mais sans avoir de mouvement propre; on aperçoit sou- vent aussi, vers la même partie une suture, qui est bordée de poils raides ; moi-même j’ai le premier indiqué dans les Passales une dent tout-à-fait mo- bile, et depuis, dans le genre /ydrous du Genera, j'ai trouvé plusieurs dents dans le même cas ; tou- - tes ces différentes observations me conduisent à penser que les mandibules ne sont pas d’une Tome IV. 262° Livraison. structure aussi simple qu’on l'avait cru jusqu’à présent, el qu'elles peuvent être composées de plusieurs pièces, le plus souvent soudées; mais ce n’est pas ici le lieu de discuter ce sujet. 5. Des mâchoires. Ges pièces (Atlas, pl. 247, fig. 5 et 6) sont situées au dessous des mandibules, et se meuvent dans le même sens qu’elles, mais peuvent s’écarter bien davantage de l'épistome, et celte faculté tient à leur insertion difftrente ; un caractère qui les distingue tout-à-fait des mandi- bules, c'est d'être composées de plusieurs pièces bien distinctes, etde porter des appendices nom- més palpes ; leur consistance est le plus souvent bien plus tendre que celle des mandibulés ; dansles individus cependant où ces dernières s’atrophient, les mâchoires prennent davantage de consistance; quelques genres des Gétoines, comme les Coru- phès, Diplognathes et autres, en offrent un exem- ple et ont cet organe toui-à-fait corné. Chaque mâchoire, d’après l'étude que M. Siraus en a faite dans son Anatomie du Hanneton, est composée de trois parties mobiles bien distinctes, jointes par des ligamens, et dont l’intermédiaire elle-même est composée de plusieurs autres pièces soudées. La première pièce, en commençant par l'insertion, est ordinairement allongée, se dirigeant transver- salement vers la lèvre ; c’est la branche transverse de M. Straus, le gond de M. Kirby; c’est par elle que la mâchoire s'articule avec la pièce basilaire, à droite et à gauche de la lèvre. La seconde pièce est la tige, ou le corps proprement dit de la mâ- choire; c’est elle qui se compose de plusieurs par- lies soudées qui ne sont pas toujours bien visibles; dans tous les cas, celte pièce varie beaucoup de forme; le plus souvent, l'angle supérieur de sa par- tieinterne est plus élevé que le reste; quelquefois cet angle est membraneux , quelquefois corné , muni de soies raides ou d’épines, et même de dents ro- bustes : dans les Cicindelèles cette extrémité forme ua onglet mobile qui distingue cette tribu ; en gé- néral, toute cette partie interne est couverte d’un léger duvet. La troisième pièce des mâchoires est le lobe terminal , il est placé au dessus du corps de la mâchoire, plus long ou plus court que lui, carré ou arrondi ou bilobé , quelquefois corné et formant une dent aiguë; le plus souvent il est plus ou moins arrondi, velu et terminé par un fort pinceau de poils. Dans certains Insectes car- nassiers et dans les Orthoptères, le lobe terminal se divise en deux parties, et représente alors un palpe bi-articulé, qui, pour le distinguer de l’au- tre palpe, prend le nom de palpe interne. Dans les Orthoptères ce palpe a son premier article très- court, etlesecond, creux et voûté, formeuneenve- loppe à la partie élevée dela mâchoire; cette dispo-, silion du palpe a été comparée à un casque par Fabricius , qui l’a nommé galea, mot qu’Olivier a traduit, on ne sait pourquoi, par celui de galette. Les mâchoires ont un appandice fort important, c’est le palpe maæillaire proprement dit; s’il est ac- compagné d’un autrepalpe, il prendle nom de palpe externe; il est inséré sur la partie dorsale du corps de la mâchoire, mais plus ou moins haut sur cette 22 6 INSE 170 INSE 6 partie; il se compose d’un nombre plus ou moins grand d’articles pouvant varier d’un à six; leur forme est assez variable, mais le plus souvent ils s’articulent au bout les uns des autres comme les articles des antennes; aussi leur similitude avec ces dernières leur avait-elle fait donner le nom d’antennules par les anciens auteurs. À quelques exceptions près, comme dans les //ydrophiliens et quelques Vévroptéres, ces organes sont toujours plus courts que les antennes, ils sont aussi plus longs que les palpes labiaux; leurs proportions relatives varient beaucoup; le dernier article affecte toutes sortes de formes , depuis celle d’une simple soie, jusqu’à celie d’une boule ou d’un fer de hache ; mais souvent ils ont beaucoup moins de consis- tance , surtout à l'extrémité de leur dernier arti- clé , où viennent aboutir des nerfs nombreux. Ces parties sont pour les Insectes le siége d’un sens qui, jusqu’à présent , n’a pu être encore bien dé- terminé par les entomologistes. Quant à leurs fonc- tions apparentes , elles consistent à maintenir les alimens pendant la manducation : en effet, dans quelques espèces, on les voit retourner ces alimens dans tous les sens; mais dans les Insectes suceurs qui en sont pourvus, ils sont presque immobiles. Les palpes sont le plus généralement nus ou gar- nis de quelques poils isolés placés le plus souvent dans les articulations ; cependant les Lépidoptères ont les leurs entièrement écailleux. 4. La lèvre est une pièce impaire comme le la- bre, placée vis-à-vis de lui à la partie inférieure de la bouche ; son mouvement , comme le sien, s’o- père de haut en bas, quand il existe, mais il n’est jamais très-prononcé ; elle s’articule avec la pièce basilaire par une ligne droite limitée des deux eô- tés par l'insertion des mâchoires (Atlas , pl. 247, fig. 5 et 7). Dans la lèvre on distingue plusieurs parties , la lèvre proprement dite, la languette, les paraglosses, et les palpes; la lèvre, qu'à tort, je pense, quelques auteurs veulent appelerle men- ton, nom qui devrait être réservé à la pièce ba- silaire , est le plus souvent de substance assez cornée et lisse, mais quelquelois cependant cou- verte de poils; sa forme est irès-variable ; on en trouve de carrées, d’arrondies, parfois de très- échancrées et dont les côtés forment des lobes très- avancés ( celle figurée dans notre Atlas, pl 247, fig. 3 , est de ce nombre) , et on remarque quel- quefois dans le milieu de leur échancrure des épines où des appendices plus ou moins nom- breux ou développés. La languette est attachée bout à bout, mais le plus souvent un peu en ar- rière en dedans de la lèvre, liée à elle par une grande partie de sa longueur; elle n’est pas suscep- tible de beaucoup de mouvemens de haut en bas, mais elle peut quelquefois s’avancer d’arrière en avant ; sa susbtance est le plus souvent molle et membraneuse , mais quelquelois, quand elle a une portion extérieure, celle-ci acquiert la même con- sistance que la lèvre ; dansle premier cas, elle est terminée par des poils plus ou moins nombreux; dans le second, elle peut être armée d’épines ou de dentelures; sa forme varie autant que celle de la lèvre, surtout lorsqu'elle ne la dépasse pas un peu; dans les autres cas, elle est toujours plus étroite; quelquefois on remarque à sa base deux appendices membraneux que l’on a appelés paraglosses, dont on ne connaît pas bien la destination, mais que l’on pense devoir, conjointement avec la languette, servir à la déglulition; la lèvre possède , ainsi que les mâchoires, une paire de palpes, insérés à la jonction de la lèvre et de la languctte; ils sont toujours d’un moins grand nombre d'articles que les autres, et plus courts, sauf quelques excep- tions; ces palpes ont les mêmes fonctions que ceux dépendant des mandibules ; leur substance et leur configuration sont souvent les mêmes. Atlas, pl. 247, fig. 7. Nous venons d'examiner la bouche des Insec- tes broyeurs en général; voyons à présent les dif- férences que présentent celle de quelques individus de la même division et celle des autres ordres dits plus particulièrement Suceurs. Dans les Ortho- ptères, par exemple, nous avons fait déjà con- naître la forme du palpe interne ; la languette pré- sente aussi des différences bien sensibles; elle pa- raît formée de deux lobes accolés qui, à l’extré- mité, en forment quatre dont les deux latéraux pourraient représenter les paraglosses; ces quatre lobes sont comme articulés avec la languette. Dans les Névroptéres, la mâchoire des Libellulines w’of- fre qu’un palpe presque rudimentaire de deux ar- Licles , dont le premier à peine visible; les palpes labiaux sont de deux articles, dont le premier si grand qu'ils couvrent à eux deux toute la bouche; le premier est en outre épineux à l’angle interne; leur deuxième article est très-petit. Dans les lar- ves de ces Insectes, la bouche offre les mêmes proportions ; mais les proportions de la lèvre sont bien différentes : les pièces inférieures s’allon- gent démesurément, de fmanière à figurer un bras et un avant - bras, ‘portant au bout la lè- vre en guise de main dont les palpes sont les doigts, et des doigts armés d’ongles bien aigus; dans le repos , ce bras et cet avant-bras sont repliés le long de la poitrine , et la main ne dépasse pas la tête; mais quand cette larve veut saisir un Insecte qui se trouve à sa portée , elle étend vivement cette main et saisit sa proie avec les pinces de l'extrémité. En tête des Insectes dont la bouche s’écarte du type que nous venons de décrire, nous met- trons les Hyménoptéres, puisque ce sont ceux chez lesquels elle diffère le moins des précédens , d’abord parce que leur labre et leurs mandibules sont les mêmes , ensuite parce que lesmâchoires et la lèvre ne subissent pas de modifications impor- tantes dans un grand nombre d’entre eux, comme les T'érébrans, les Pupivores, les Hétérogynes , et que ce n’est que dans les, Fouisseurs et les Melli- fères que ces parties finissent par constituer un organe propre à pomper des sucs liquides ; à cet effet, la pièce præbasilaire est ‘devenue mobile; la lèvre s’est démesurément allongée, ainsi que le corps des mâchoires ; ces dernières sont de- venues tubuleuses et enveloppent la lèvre des deux côtés comme dans une gaîne; la languette peut. INSE 171 INSE se replier, comme les tubes oculaires d’une li- mace, dans la partie solide de la lèvre ; quand elle est étendue, elle dépasse la longueur de celle-ci, est trifide, velue, ses deux lobes latéraux peuvent être considérés comme les paraglosses. Les palpes, dans lex Fouisseurs , rentrent dans l’ordre ordinaire, le lobe termimal des mâchoires forme un chape- ron court qui recouvre l'extrémité de lout cet ap- pareil, qui, quand il est plié, clot exactement toute la cavité buccale, et ne présente à la pre- mière vue qu'une plaque cornée, striée ; on sent combien cette organisation était nécessaire pour des Insectes occupés à remuer continuellement le sable. Chez les Hellifères, le lobe des mâchoires est très-allongé et se replie en bas tout le long de la lèvre ; les palpes labiaux ont pris un grand dé- veloppement dans leurs deux premiers articles qui sont devenus ug tube propre à renfermer la languette et les paraglosses. Une pièce que l’on n’a pas encore remarquée chez les autres Insectes, forme ua appareil interne et postérieur du labre, double , triangulaire, et destiné à fermer l’ouver- ture du pharynx; elle a été nommée épipharynx par M. Savigny, et cpiglotte par Latreille ; tonte cette partie allongée a été nommée par ce dernier promuscis, nom assez juste, mais qu’on devrait sup- primer parce qu’il ne faut pas maltiplier les noms pour les mêmes objets, quand bien même un chan- gemerit de forme altère leur apparence habituelle. Voy. dans notre Atlas, pl. 247, fig. 10, ‘les dé- tails de la bouche d’une Abeille; 1 est le labre, 2 et 5 les mandibules, la piece située entre elles est Vépipharynx, 4 la languette , mais les paraglosses sont cachés ; 5 les palpes labiaux; la figure 8 pré- sente une mandibule détachée, et celle n° 9 une mâchoire avec son palpe. Les Hémiptères présentent des différences avec le type primitif d’une autre sorte (v. pl. 247 de l'Atlas, fig. 16 et 17; le labre devient conique, très-allongé; les mandibules et les mâchoires sont remplacées par quatre soies, dont les deux supérieures repré- sentent les premières , et les deux inférieures , réu- nies peu après leur naissance, représentent les se- condes; les différentes parties qui composent la 1è- vre s’allongent démesurément, se replient des deux côtés de manière à former en dessus un tube dans lequel sont contenues les quatre soies que nons venons de citer ; les palpes maxillaires manguent , et à peine si dans un seul genre, les Bélostomes, on retrouve des traces des labiaux; cet organe a été nommé rostre, d’après le système que nous avons signalé plus haut. Dans les Diptères (voy. l'Atlas, pl. 247, fig. 18), la bouche offre assez d’analogie avec celle des Hémiptères ; la lèvre forme de même une gaîne, au moyen d'une gouttière pratiquée à sa partie supérieure ; son extrémité est souvent bifide, di- latée ; le reste des pièces compose le suçoir, formé de deux à six soies, celle supérieure représente toujours le labre , et une impaire au dessous l’'é- pipharynx, deux autres les mandibules, et deux les mâchoires; celles - ci portent un palpe à leur origine. Dans certains genres où le nombre des soies diminue comme on vient de le dire, les palpes sont insérés à la base de la lèvre; mais je pense que dans ce cas ils ne paraissent in- sérés ainsi que parce que les mâchoires sont sondées avec la Jèvre , et que les soies restantes re- présentent les autres organes; l'extrémité de la lèvre des Cousins présente des appendices que l’on regarde comme les palpes labiaux ; s’il enest ainsi, cela viendrait confirmer par la position qu’ils oc- cupent ce que je viens d'avancer, Dans les Lépidoptères (pl. 247, fig. 11, 19, 14, 14,15), l’anomalie se présente sous une au- tre forme; le labre et les mandibules deviennent rndimentaires (fig. 13); la lèvre est courte, trans- verse , et donne naissance à deux palpes labiaux très-développés qui s'élèvent des deux côtés de la tête entre les yeux; la languette est triangulaire , courte; le corps des mâchaires n'offre rien de particulier et porte un palpe souvent rudimentaire, Loujours très-petit (fig. 14); mais leur lobe ter- minal, qui est destiné à former ce qu’on nomme Ja trompe, acquiert presque Loujours une extension extraordinaire, etse replie sur lui-même en spirale, mais dans le sens opposé à celui qui suit habituelle- ment, c’est-à-dire qu'ilserenverse en dessus des pal- pes maxillaires, pour se diriger vers la poitrine ; ce lobe est un tube creux, membraneux, élastique, cylindrique dans les trois quarts de son pourtour, mais offrant un petit enfoncement demi-circulaire vers le côté interne ; les bords de cet enfoncement sont élevés , finement dentelés: ils s'unissent avec le lobe de l’autre mâchoire , et réunis forment trois tubes (fig. 12) dont l'intermédiaire seul trans- met les sucs au pharynx. Dans les autres ordres, comme les Parasites, les Thysanoures , les Syphonaptères , l’organisation buccale a été encore trop peu étudiée pour pou- voir entrer en ligne de comparaison. B. Thorax. Le thorax est la partie du corps des Insectes intermédiaire entre la tête et l'abdomen; il est facile à reconnaître aux trois paires de pattes qui sont toujours attachées à sa partie inférieure ; son articulation avec la tête est déjà connue; celle avec l’abdomen se fait au moyen d'un ligament qui unit les bords des orifices des deux parties, et comme ces orifices varient beaucoup d’étendue, le point d'union varie dans la même proportion ; ilest large dans les Insectes où l'abdomen est sessi- le, ettrès-étroit dans ceux oùilest pédiculé, comme une grande partie des Hyménoptères ; son étendue est toujours assez considérable; car il ne faut pas se fier à l'apparence ct se contenter de la vue qu'offre un Insecte en le regardant en dessus et au repos; mais il faut écarter ses ailes et le retour- ner pour avoir une idée de la place qu’occupe cette partie du corps; ainsi, pl 247 de notre Allas, fig. 34 , on voit le dos d’un Bupreste les ailes écar- tées ; il est facile de s’apercevoir que le tronc est du double plus grand qu’il ne parait réellement ; mais c’est surtout en dessous qu'il acquiert plus de développement; son extension est quelquefois telle, dans les Bousiers par exemple, qu'il refoule les anneaux de l’abdomen jusqu’à l'extrémité du \ oo INSE 1 2 ; INSE QE corps. Nous ne parlerons ni de la forme de cette partie, ce serait tomber dans une nomenclature qui ne peut trouver ici sa place, ni, par la même raison, des accidens, comme poils, stries, etc. , qu’on y remarque. Le thorax a primitivement porté le nom de tronc, que l’on divisait en deux parties, la supérieure ou thoraz, et l'inférieure ou poitrine ; mais il y avait alors une distinction , le terme de poitrine ne s’appliquait qu’à la portion où est atta- chée la première paire de pattes, et ce qui est en- tre les deux postérieures devenait le s{ernum ; d’un autre côlé, comme une portion du thorax élait seule apparente , quelques auteurs avaient donné à cette partie le nom de corselet, le comparant à cette parlie d’une armure défensive; et la pièce triangulaire qui, dans les Coléoptéres, se remar- que entre les deux élytres, à leur origine, prenait le nom d’écusson ; d’autres appelèrent le dessus du thorax dos, et tout le dessous poitrine; de tout cela il résulte que la nomenclature était peu sûre, et il était bien essentiel qu’on la revit; MM. Latreille, Kirby, Macleay, y travaillèrent, mais MM. Chabrier, Audouin et Straus, par les travaux spéciaux qu'ils firent sur le thorax eu gé- néral, firent mieux connaître sa structure ct éla- blirent une nomenclature plus régulière ; par malheur, ceux de ces auteurs qui sont venus en dernier n’ont pas tenu compte des travaux de leurs prédécesseurs , on ne sait pourquoi , de sorle que la dénomination des pièces est encore arbitraire ; les auteurs ne sont pas même d'accord dans la com- posilion positive de celte parlie; cependant nous allons en donner une description d’après ce que Latreille avait adopté dans ses derniers ouvrages. S'il est facile de reconnaître le thorax en masse, il n’en est pas ainsi des différentes parties qui le composent; mais l’anatomic et surtout l’analogie y conduisent, Dans les larves, nous voyons que les trois premiers segmens portent chacun une paire de paltes, que le premier segment porte un stirmate et que les deux suivans n’en portent pas; puisque nous retrouvons de même chez les Insec - tes parfaits , dans le thorax, trois paires de pattes et un seul stigmate placé à sa partie antérieure, nous devons penser qu’iloffre l’analogue de ce que nous avons remarqué dans les larves, et qu’il doit être composé de trois segmens ; voilà ce que nous donne l’analogie , et l'anatomie l’a confirmé ; mais, en le confirmant, ellea, comme elle fait toujours, été beaucoup plus loin, puisqu'elle a donné la com- osition de chacun de ces segmens; ces segmens, d’après leurs positions respectives, ont élé appe- lés prothorax, mésothorax et métathorax ; chaque segment se subdivise en quatre parties distinctes , le tergum, ou partie supérieure, le sternum ou partie inférieure , et les deux flancs; chacune de ces parties se subdivise en plusieurs autres ; le ter- gum se parloge en quatre pièces placées bont à bout dans le sens de sa longueur ; ce sont le pro- scutum , le scutum, le scutellum et le post seutellum ; le sternum se compose d’une seule pièce exté rieure ; les flancs sont formés de trois pièces dis- tincies, l’episternum, l'épimére et le paraplère; la poitrine est formée par la réunion du sternum et des flancs; il existe encore une petite pièce exté- rieure nommée péritrème , qui entoure l’ouverture du stigmate ; les autres pièces sont toules in- ternes, fixes ou mobiles, selon qu’elles servent d’attaches aux muscles, ou aux ailes; ce sont l'entothorax, qui n’est qu’une apophyse souvent bifurquée du sternum; les apodèmes, sorties de lames cornées qui se trouvent’autour de cha- que pièce, et qui servent à présenter une plus grande surface de soudage , et les épidèmes ; toutes ces pièces du prothorax sont soudées ; une grande partie de celles des deux autres segmens le sont aussi, mais cependant celles dorsales sont jointes par des lizamens qui permettent à la partie du tronc que M. Chabrier a nommée alifère , un mou- vement de dilatation servant dans le vol. Ces trois segmens, quoique d’une composition identique, varient beaucoup‘äans leurs grandeurs respectives, et les différentes pièces qui les com- posent éprouvent des déplacemens soit dans les différentes familles, soit dans les différens ordres, qu’il est bon d'examiner, Dans les Coléoptères , les Orthoptères , et partie des Hémiptères, le proter- gum ou prothorax est seul apparent quand les ailes sont pliées, et constitue ce que quelques au- teurs ont nommé soit le corsetet, soit le bouclier , on n’y retrouve pas le même nombre de pièces que dans les autres segmens; les scutellum et posi- scutellum paraissent manquer tout-à-fait, et la réu- nion intime des deux autres pièces ne permet pas dans ces ordres d’apercevoir leur séparation. Dans les Ayménoptères , les Diptères, les Lépi- doptères et partie des Vévropléres, le tergum s’a- trophie beaucoup et devient une espèce de collier placé sur les épaules de l’Insecte, aussi a-t-il recu quelquefois ce nom; dans ce cas, sa composition intime est encore plus diflicile à déterminer; les pièces inférieures du prothorax sont en général plus faciles à distinguer; le prosternum existe toujours et est très-important puisqu'il sert d'attache aux pièces des flancs ; il se dirige soit horizontalement, soit verticalement ; il prend son origine en arrière de l'ouverture du prothorax, parce que deux autres pièces, dont nous parlerons tout à l'heure, le dé- bordent à son extrémité ; par son autre bout, tan- tôt il reçoit le segment suivant, tantôt s'appuie sur Jui ; enfin il concourt pour une partie à former l’ouverture où sont reçues les pattes antérieures ; sa largeur et sa forme varient beaucoup, parce que l’une et l’autre dépendent du plus ou moins d’écartement des pattes antérieures; aussi peuvent- elles donner de bons caractères spécifiques. Le prosternum est quelquefois comme appendiculé , c’est une de ses ditatations qui forme cette espèce d’épine que l’on remarque entre les pattes anté- rieures des Sauterelles ; cette partie peut subir encore d’autres modifications, car nous voyons dans quelques Charançons et quelques Æémipteres, qu’elle forme le commencement d’une gouttièreoù est Jlogée la trompe dans les uns et le rostre dans les autres. L'épisternum est la première pièce des flancs ; k INSE 179 INSE lle tient d’un côté au prosternum qu’elle déborde en avant pour former une portion de l'ouverture du'prothorax ; de l’autre côté elle joint le tergum, en arrière elle joint l’épimère ; comme cette pièce est presque toujours assez développée, elle forme une partie considérable ‘des flancs. L’épimére est la seconde pièce des flancs ; elle joint en avant l’épisternum avec lequel elle est soudée, d’un côté le prosternum, et de l'autre le tergum; elle se re- courbe ensuite en arrière pour venir se réunir au prosternum et former l'ouverture de la hanche; cette pièce offre ‘un point de reconnaissance , c’est que toujours elle s'articule avec la hanche au-moyen d’une petite pièce presque toujours interne que M. Audouin à nommée ({rochantin ; on regarde comme manquant dans le prothorax Ja pièce nommée paraptère, mais on y trouve en plus que dans les autres segmens, un sligmale ; pour éviter des redites, nous ne parlerons de ces organes qu'avec ceux de l’abdomen; mais nous pensons que les paraptères, que l’on regarde comme une dépendance des ailes, ne sont qu’une partie défigurée des pièces du sligmate, et ne sont nullement une pièce particulière propre aux deux segmens postérieurs du thorax. La forme du pro-. thorax étant très-variée , il est presque impossible de le décrire; on peut dire qu’il offre souvent des dilatations en forme de cornes ou de dentelures très-remarquables , surtout dans l’un des sexes de beaucoup de Lamellicornes ; dans certains Hémi- pières, ces formes insolites , de l'utilité desquelles on n’a pu jusqu’à présent se rendre compte, appar- tiennent aux deux sexes ; cette partie. ne présente pas d'appendices mobiles, en outre des pattes; je ne puis considérer comme tels les vésicules ré- tractiles que font paraître certains Insectes quand on les saisit; mais l’épine mobile qu'offre le genre Acrocinus parmi les Longicornes, sans être un ap- pendice proprement dit, mérite attention. En re- gardant cet {nsècte, on voit une grosse épine sor- tant d’un bulbe rond, de la hauteur presque du prothorax, encadrée dans le flanc , et susceptible d’un mouvement propre ; cette épine paraît n’être que le trochantin qui a pris un grand développe- | mentet a fait saillie au dehors en refoulant les au- tres pièces. , Le mesothorax est le second segment du thorax; ilest bienreconnaissable en ce qu'il porte la seconde paire de paltes et la première paire d’ailes; tan- tôt il s'emboîte dans le segment précédent, tantôt i! se lie seulement avec lui au moyen d’une mem- brane, ce qui arrive quand ce premier segment est lui-même très-court; à sa partie postérieure il se soude avec le segment suivant: tontes les pièces dont les segmens du thorax se composent se re- trouvent assez facilement, et même les paraptères, qu'on regarde comme propres aux ailes et qui ne sont réellement visibles que dans ce segment ; sa taille varie beaucoup et est toujours en raison in-- verse de celle des autres segmens ; plus ils sont développés, plus il est resserré; mais c’est dans les “4Tyménoptères , Lépidoptères et Diptéres, qu'il ac- quiert son plus grand développement ; la disposi- tion des pièces qui le composent est la même que dans le segment précédent; le sternum est peu apparent ; le scutum, au contraire, est la pièce la plus importante du sewment; c’est lui qui porte la première paire d'ailes, au moyen de quelques petites pièces sur lesquelles on n’est pas d'accord ; chez les Coléoptères , les Orthoptères et les Hémi- pteres , il forme une partie rétrécie qui s’emboîte sous le prothorax; c’est lui qui, au moyen des stries transverses dont ilest pourvu, produit le bruit que font entendre quelques Longicornes en frot- tant dessus leur corselet. Dans les autres ordres, cetle pièce constitue la majeure partie du segment; la troisième pièce du mésotergum est le scutellum ou écusson , nom sous lequel il a tonjours été dé- signé ; dans les Coléoptéres , c’est cette pièce, plus ou moins triangulaire , que l’on remarque en haut de la suture des élytres; dans quelques Æémiptè- res, il acquiert un tel développement qu’il recou- vre les élytres et les ailes ; dans les Æyménoptères et les Lépidoptères, il est bien moins apparent ; l’é- cusson offre souvent des dilatations, des stries , des épines ou des cornes qui fournissent de bons caractères spécifiques ; celte pièce, ainsi que la suivante, manque dans le prothorax de tous les Insectes. Le post-scutellum est presque toujours peu apparènt, mais il contribue à l’articulation des ailes supérieures avec le tergum ; la composi- tion du pectus dans ce segment est la même que dans le segment précédent ; les épimères sont très- développées et constituent presque à elles seules les flancs ; elles ont le plus généralement la forme d’un carré long, elles forment postérieurement une partie du bord des trous des hanches intermédiai- res. Les paraptères, sur lesquels nous avons déjà émis une opinion, ne sont guère apparens que chez les Hyménoptères et les Lépidoptères; dans les pre- miers ils forment une pelite écaille peu mobile, située à la base des ailes supérieures; dans les se- conds , au contraire, ils forment deux longues la- nières recouvrant Loute la longueur des deux cô- tés du dos; ils sont velus et très-mobiles ; on ne connaît pas, encore l’utilité de celte organisation spéciale ; ces parties ont éténommées par différens auteurs, épaulettes , squamula , et ptérygodes. Le mélathorax offre encore la même composi- tion que les autres segmens ; seulement les pièces des flancs sont rarement visibles dans un grand nombre d'ordres; quant aux segmens, c’estloujours , le scutum qui est la pièce importante, parce qu’elle sert d'attache aux ailes inférieures ; les deux piè- ces qui le suivent sont encore visibles chez les Co- léoptères, mais intérieures dans les autres ordres; dans les {{yménoptères et les Dipteres , on remar- que à la suite une grande pièce convexe , maiselle ne fait pas parlie du thorax, elle porte un stigmate, et n’est autre que le premier segment supérieur de l'abdomen. Dans ces ordres, les segmens supérieurs ont été reloulés vers la tête, les inférieurs se sont prolongés en arrière et ont nécessité cette dispo- sition du premier segment abdominal, pour com- bler l'hialus qui aurait existé sans cela. La locomotion chez les Insectes s'opère au INSE moyen d’appendices dépendant du thorax: ce sont les Attes placées à sa partie supérieure, au nowbre de deux à quatre , etles Pattes toujours au nombre de six, et attachées à sa parlie inférieure ; les pre- miers de ces organes n'existent jamais dans cer- tains ordres, tels que les 7 hysanoures , les Parasites et les Syphonaptères, et manquent totalement ou partiellement dans quelques autres ordres, mais toujours par exception; elles font partie des deux segmens postérieurs du thorax. On joint aux ailes, à cause de leur position plutôt que par toute au- tre raison, les Cuillerons et les Balanciers des Di- ptères. Les pattes existent dans tous les Insectes. a. Les ailes sont des organes méplats, horizon - taux, attachés au haut des ‘flancs, doués d’un mouvement plus ou moins étendu de haut en bas et un peu d'avant en arrière, susceptibles de se plier à leur baseel surleur longueur, et de recou- vrir lc corps dans le repos. La nature des ailes est fa même que celle des parties membraneuses du corps ; aussi je-pense que les membranes dont el- les sont formées ne sont qu’un prolongement des tégumens du thorax, que l’orifice d’où elles sortent n’est qu'un stigmate retourné , et que les trachées aériennes qui les remplissent se sont portées à l’ex- térieur au lieu de se porter à l’intérieur , et recoi- vent l'air par la trachée de communication qui règne das toute lalongueur du corps.Les ailes sont le plus souvent membraneuses , formées de deux membranes appliquées l’une contre lautre , et qui peuvent se détacher assez facilement , surtout au moment où l'Insecte vient de naître ; elles sont par- courues en différens sens par de nombreuses ner- vurcs formées de tubes convexes en dessus, mé- plats en dessous; la partie convexe est coriace et tient très-intimement avec la membrane de l'aile, tandis que la partie méplate, membraneuse en dessous, a moins d'adhésion avec là membrane inférieure: ces nervures contiennent dans leur im- térieur une trachée qui recoit l'air de l'intérieur du corps; il est probable que c’est au moyen de cet air que s’opère l’extension des ailes au moment où l’Insecte sort de la nymphe, et que c’est ce même moyen qui facilite l'extension des ailes au moment du vol, puisque ces organes n’ont de muscles qu’à leur base; il est probable aussi que cet air contribue à diminuer la pesanteur spé- cifique des Insectes pendant le vol, comme celui qui, dans la mêine fonction, s’introduit dans les es des oiseaux ; les nervures paraissent par mo- ment être interrompues dans certains Insectes , el ces interruptions ont reçu le nom de bulles d'air en raison de la forme qu’elles affectent et de leur plus grande transparence ; dans ces endroûts, les nervures se trouvent interrompues et se dispersent de Lous côtés en légers filets, mais bientôt après reprennent leur cours ; on ne sait pas à quoi peut servir cette disposition ; darant cetle désorgauisa- tion la trachée que contient la nervure nest pas mtcrrompue. Les ailes, comme nous l'avons dit , s’articulént avec le thorax ; mais si celle articalation. dit-on, s'était faite médiatement, il aurait ‘16 difficile qne 174 INSE qi tt méme mime peur eqe ennemi mme NPD ces organes pussent opérer le mouvement de bas en hant qu'ils doivent exécuter dans le vol, et à cet effet ils sont munis à leur base de nombreux osselets propres à favoriser cette action; je ne par- tage pas entièrement celle opinion, Car nous trou- vons dans les Insectes des parties, comme les lè- vres par exemple, qui , dans les Orthoptères , sont très-mobiles et susceptibles de mouvemens de bas en haut très-vifs, et qui n’ont pasbesoin d’osselets; mais je pense plutôt que ces osselets servent à plier les ailes en arrière au moment où elles se couchent sur le corps dans le repos; et la meilleure preuve de ce que j'avance , c’est qu’on ne voit point, ou bien peu, de ces osselels chez les Zubellules, où les ailes restent Loujours étendues. Ces osselets, ainsi nom- més par Jurine, et que M. Audouin a appelés épi- dèmes d’articulation, sont quelquefois visibles , mais dans les Æyménoptères et les Lépidoptères ils. sont cachés à l'intérieur; leur nombre est très- variable sclon les ordres, et n’est pas lemème pour les deux paires d’ailes. Quelque forme qu'affecteut les ailes, en peut tou- jours Ja ramener à un triangle plus où moins ovale dont un des angles est attaché au corps de l’Insecte; pour se recannaître dans les descriptions, on à donné des noms à leurs différentes parties, les voici : la partie que nous venons de signaler qui tient au corps est La base ; la partie qui, transver- salement, en est le plus éloignée , est le /out de l'aile ou sommet , ou bien encore l'angle externe , l'angle antérieur ; la partie saillante au dessous forme un autre angle qui a été nommé angle in- terne ou postérieur; la partie qui s'étend de la base au bout de l'aile en avant est la côte ou bord an- térieur , bord externe ; la partie qui du même point s'étend à l'angle postérieur est le bord interne; enfin l’espace renfermé entre les deux angles est le bord postérieur ; l'espace compris entre ces dif- férentes lignes est la surface de l'aile ; le milieu à pris plus spécialement ie nom de disque. La surface de l'aile n’est pas eutièrement unie ; nous avons déjà dit plus haut qu’elle était parcou- rue par de nombreuses nervures; ces nervures, » long-temps négligées , forment maintenant un des points les plus saïllans sur lesquelss’établit la clas- sification , ou tout au moins aident à reconnaître l'identité des espèces'réunies dans un même genre ; l'ensemble de ces nervures prend le nom de ré- seau, et les espaces compris entre elles, celui d’a- réoles. Jurine et quelques auteurs anciens avaient déjà signalé le parti qu'on pouvait tirer de ces nervures, mais c’est à Jurine que l’on doit d’avoir établi une classification d’après elles, et de les avoir délerminées ; par malheur, il ne se servit que d’une partie de celles des ailes supérieures, et né- gligea Lout-à-fait les ailes inférieures ; M. Macquart appliqua cette méthode aux Diptères ; d’autres au- teurs en firent aussi usage dans des travaux pars Licaliers ; mais tous adoptèrent desnoms pour leur travail propre, et la nomecaclature de ces parties est devenue très-embrouillée , au lieu qu’on aurait pu espérer une nomenclature uniforme pour tous les ordres; j'y ai travaillé, mais ce nest pus la EEE INSE 179 INSE place de donner ici cet essai. Jurine, considérant l’aile des Insectes , comme-celle des oiseaux , com- para la première nervure, celle qui borde la côte, au radius, et celle au dessous, qui lui est paral- lèle, au cubilus ; toutes deux aboutissent , chez les Hyménopteres , à un point plus épais de la côte nommé stigmate; la seconde se bifurque toujours près de la base, et est suivie de deux autres; ces trois nervures prenaient le nom de nervures cubita- les , et les nervures plus ou moins nombreuses qui les croisent étaient des nervures récurrentes ; nous sommes obligés de passer légèrement sur cette clas- sification et de renvoyer aux mots Ailes et H:/mé- noptères de ce Dictionnaire. Examinant les ailes en masse, nous nous contenterons de signaler trois nervures principales , une près de la côte ou bord antérieur , une médiane , se bifurquant lgénérale- ment, et une anale presque toujours sans ramifica- tions; ces nervures sont jointes par des nervules plus ou moins nombreuses. Les ailes jusqu’à pré- sent nous ont paru assez simples, et elles sont pres- que identiques dans les Vévroptères, Hyménoptères et Diptères ; mais ilexiste déjà quelques différences dans ces divers ordres, et bien plus avec les au- tres. Dans les Vévroptères, les quatre aïles sont oblongues, presque d’égale grandeur, les inférieu- res sont un peu plus larges; dans les Libellulines, elles ne se replient pas sur le corps dans le repos ; leur réseau est toujours assez serré, excepté dans les Sialis, Psoques, et quelques autres genres ; dans les Jyménoptères , les nervures sont peu nom- breuses , bien déterminées et limitant parfaitement les genres ; les supérieures sont toujours beaucoup plus grandes que les inférieures, et attachées à celles-ci par de petits crochets pendant le vol; dans les Diptères, les ailes antérieures, dit-on, manquent, et ce sont les postérieures seules qui existent ; leurs nervures, de même que celles des Névroptères, sont distinctes et se déterminent fa- cilement. Dans les antres ordres, les ailes offrent des diffé- rences plus sensibles. Dans les Co/éoptères, le mu- cus qui entre dans leur composition est devenu tel- lement épais dans les premières ailes, qu’elles ont acquis la consistance des autres tégumens dutronc; elle sont très-dures chez ceux qui les ont très-durs, comme les Buprestes, les Hétéromères , tandis qu’elle sont restées élastiques dans d’autres où les tégumens n’ont pas acquis autant de consistance , comme dans les Malacodermes , les Cantharides : ainsi constituées, ces ailes sont devenues impro- pres au vol, dans son action elles restent étendues horizontalement , mais n’ont aucun mouvement ; elles peuvent cependant encore aïder à cette fonc- tion en agissant comme parachute. Quelle est donc la destination de ces ailes ainsi conformées, puisqu'elles ne servent plus à voler ? Elles sont des- tinées à protéger les segmens dorsaux de l’abdo- men, qui, dans ces Insectes, sont très-mous, et à recouvrir les ailes inférieures dans le repos ; aussi ont-elles été nommées ailes à étuis, élytres, du grec éurpoy, qui a la même signification , ou en'| latin vaginipenna. Les élytres sont le plus souvent à peu près de la longueur de l'abdomen; quelque- fois cependant , comme dans les Staphylins et quelques Longicornes , elles couvrent à peine les premiers segmens de cette partie du corps; elles retombent sur les côtés, sont quelquefois soudées quand les ailes manquent ; elles sont plus ou moins bombées , arrondies, épineuses , velues, etc. , comme sont les autres parties des tégumens; les stries longitudinales qu’on y remarque sont les ner- vures qui se voient dans les autres ailes, et qui servent de même à les étendre au moment de leur dernière métamorphose; lessailes inférieures ser- vent seules au vol proprement dit ;elles sont 1ou- jours plus longues que les élytres, et, pour pou- voir se cacher sous elles dans le repos, elles se replient en travers ; cette plicature se forme plus ou moins près de la base, selon leur longueur; dans les Buprestes elle est presque nulle; dans les Staphyliis, au contraire, elles se replient en quatre à cause de la brièveté des élytres; dans le genre Atractocère les élytres sont très-courtes , et les ai- les restent cependant (tendues sur l’abdomen ; les nervures des ailes sont peu nombreuses dans cet ordre, et toujours contrariées par le pli que fait l'aile. Dans les Héripières hétéroptères la première moitié des ailes supérieures a acquis la consistance des élytres des Coléoptères, et la seconde moitié est restée membraneuse; mais dans les Æomoptères, l'aile est entièrement membraneuse, quoiqu'il soit assez facile de retrouver dans un assez grand nom- bre la trace et Ja limite de la partie coriace; les ailes inférieures sont de même longueur que les supérieures , peu veinées. Dans les Orthopteres , les ailes supérieures ont une consistancemoyenneentre les élytres de Coléoptères et les ailes membraneu- ses ; leur consistance est celle d’unparchemin très- élastique ; elles sont longues, étroites, un peu falciformes, à peine plus longues que les ailes; dans quelques genres cependant , comme certains Phasmes , elles sont très- courtes, et les ailes lon- gues, étendues; tandis que dansle genre Ephippigère et quelques autres qui en sont voisins, les élytres sont encore courtes, mais les ailes manquent; les se- condes ailes sont moins coriaces , offrent de même des nervures très-rapprochées ; mais l’appendice qui suit la nervure anale a pris un développement presque demi-circulaire et se trouve muni de ner- vules partant de la base de lanervure anale, au nom- bre d’une dizaine ; ces nervules permettent à cette portion de l'aile de se replier dans le repos comme un éventail ; car l'aile proprement dite, abstrac- tion faite de cet appendice, est de même largeur que l’aile supérieure, et ne se replie pas; dans les Forficules orthoptères, qui ont les élytres très- courtes, les ailes sont plissées comme à l'ordinaire, mais se replient transversalement pour tenir sous les élytres; la portion qui les dépasse offre une consistance beaucoup plus coriace que les autres parties. Les Lépidoptères ont les ailes étendues, peu veines, grandes, disposées soit verticalement, soil en toit plus ou moins écrasé dans le repos ; elles sont toutes quatre. de même consistance ; | quant à la forme , les premières sont plus triangu- INSE 176 INSE oo, laires, ctles inférieures plus arrondies; celles-ci sont en outre quelquefois ornées de prolongemens des nervures en forme de queue ; ce qui distingue princi- palement ces ailes, c’est la matière qui les couvre et qui à déterminé le nom de l’ordre , qui signifie ailes farineuses ; au premier coup d’æil', cette matière qui reste après les doigts quand on a saisi un papillon , paraît n’êlre qu’une simple poussière; mais en l’examinant à un fort grossissement , on voit qu’elle est formée d’écailles imbriquées les unes au dessus des autres comme les tuiles d’un toit, et facilement caduques; ces écailles sont très-variables dans les différentes espèces et offrent parfois des formes , des dentelures et des stries re- marquables. Les ailes manquent quelquefois par- tiellement ou entièrement dans quelques familles de cet ordre. Les ailes de quelques Insectes présentent une particularité que nous avons déjà signalée dans les Âyménoptères, mais qui existe aussi dans des /émiptères et dans des Lépidoptères : les deux ailes se trouvent attachées ensemble dans le vol; mais chez des Papillons, c’est pen- dant le repos; chez les Æyménoptéres ,: nous avons déjà dit que cela s’opérait au moyen de pe- tits crochets qui d’une aïle saisissent l’autre ; dans ‘les Hémiptères, une rainure en forme d’une S couchée sur le côté se trouve aux ailes supérieures, et arrête les ailes inférieures; dans les Lepidoptè- res, qui doivent avoir les ailes disposées en toit dans le repos, une des nervures de la base des ailes inférieures se détache de la membrane en forme de crin et vient entrer dans une coulisse formée inférieurement par une nervure antérieure de la base de l’aile supérieure. Cuillerons et Balenciers. Les Diptères senls pré- sentent ces organes; les premiers consistent en deux pelites valves blanchâtres, placées après et plus bas que les ailes, s’ouvrant pendant le vol, et s’appliquant l’une contre l’autre, comme les écail- les d’une hufître dans le repos ; cet organe manque dans les Tipulaires , mais existe dans presque tout le reste de l’ordre. Les balanciers sont placés au dessous des cuillerons; ce sont de pelits €ylindres plus ou moins longs , suivant les genres , terminés par un pelit bouton. Quelle peut être l’analogie de ces pièces avec celles du thorax des autres Insectes? Cela jusqu’à présent est assez diflicile à détermi- ner; les opinions des entomologistes sont à cet égard très-diverses ; les uns prétendent que ces parties naissent du premier segment abdominal qui, dans les Dipteres et les Hyménoptères, clot la cavité postérieure du thorax, et sur le bord même du stigmate, et regardent par conséquent ces parlies comme une dépendance de ce stigmate; Latreille et M. Macquart sont de cct avis. D’au- tres, parmi lesquels est M. Audouin, regardent ces arties comme les analogues de l’aile inférieure, et les font naître du métathorax, qui est méconnu, parce que le grand développement du mésothorax a presque complétement oblitéré; on donne de part et d’autres des raisons, mais quelles sont les bonnes ? adhuc sub judice lis’ est, L'usage des ba- lanciers n’est pas mieux déterminé que leur in- sertion ; tantôt on a voulu qu'ils servissent de con- trepoids à l’Insecte dans le vol, c’est même à cette idée qu'est due l’origine de leur nom; mais ils sont souvent si minimes qu'ils ne pourraient remplir le but pour lequel on les suppose créés; tantôt on les a comparés à une baguette frappant sur les cuillerons que l’on regardait alors comme un tambour, et l'on a supposé que ce battement produisait le bourdonnement; mais quand il n’y a pas de tambour, à quoi sert la baguette ? c’est ce qui arrive souvent, et cependant le bour- donnement est le même; il y a encore,bien d’au- tres opinions; mais il vaut mieux convenir que tout est conjecture. b. Pattes. Elles existent toujours chez les Insec- tes, ef toujours au nombre de six; tout animal qui offre plus de six pattes n'est donc pas un Insecte, malgré tout ce qu'on peut dire pour l’y joindre. Les pattes sont attächées paire par paire à chacun des segmens du tronc, et prennent, selon la posi- Lion qu'elles cccupent , la première paire le nom de pattes antérieures , la seconde de pattes inter- médiaires, et la troisième de pattes postérieures. Dans le repos, les antérieures sont dirigées en avant, les intermédiaires perpendiculairement au corps , et les postérieures en arrière; dans quel- ques espèces, les Insectes les collent au long du corps, ou même les contractent dans des cavi- tés spéciales; elles sont composées de cinq parties différentes, dont chacune forme un tube renfer- mant les muscles destinés à faire mouvoir l’article suivant, des nerfs et des vaisseaux aériens ; cha- cun de ces tubes est percé à ses extrémités de trous propres à donner passage à ces parties. Ces arti- cles sont : la hanche, le trochanter, le fémur , le ti- bia, et le tarse ; ces noms ont été empruntés à l’a- nalomie supérieure, quoiqu'il y ait quelquefois des différences notables entre les objets qu'ils dé- sixnent ; quelques unes de ces parties offrent en outre des appendices que nous ferons connnaître en les décrivant. La hanche. Elle affecte diverses formes et po- sitions; mais er général , dans les deux paires. antérieures, elle est plus ou moins régulière- ment conique, susceptible, selon qu’elle est libre- ment ou intimement jointe avec le thorax, de mouvemens plus ou moins variés; la paire posté- rieure , placée le plus habituellement transver- salement, se trouve emboîtée par les deux bouts dans le métathorax, ct n’est guère susceptible que d’un semi-mouvement dans le sens de son diamè- tre, quelquefois même elle est tout-à-fait soudée et s’élargit beaucoup; la position des hanches en- tre elles est très-variée et sert à distinguer diffé- rentes coupes; ainsi elles peuvent être disposées sur une même ligue ct être à égale distance entre elles, avoir les premières ou les dernières plus écartées des autres sur la hauteur; cu bien les. postérieures s’écartent en large, ou ce sont les quatre postérieures qui, graduellement , vont en s’écartant; quelquefois les deux antérieures et les deux dernières sont très-rapprochées, et les inter- médiaires 0 INSE 177 INSE à médiaires très-écarlées; ces proportions varient à l'infini, et nous n’en finirions pas si nous voulions les rapporter toutes. : Le trochanter est une petite pièce intermédiaire entre la-hanche et le fémur ; le plus souvent il est triangulaire, court , quelquefois, mais rarement , très-allongé; dans le premier cas, il se soude avec le fémur, par une suture oblique, et se trouve complétement interposé entre la hanche et lui; quandril est allongé , comme dans les Coléopteres carnassiers, le. fémur js’articule directement avec Ja hanche , et l’on croirait qu’il est devenu un ap- pendice inutile; les Courtillères , les N aucores, les Mantes offrent aussi, avec des formes différentes, un exemple du développement que peut acquérir le trochanter. Le fémur. Gette pièce, qui représente la cuisse, est la plus grosse de toute la patte , et si elle n’est pas la plus longue, elle égale presque toujours le tibia ; elle est méplate et souvent droite, ou con- cave à son bord interne et convexe à son bord ex- terne ;mais souvent aussi elle est plus renflée dans son milieu ; elle affecte toutes les formes , mais on en remarque souvent de faites en massue. Chez les Insectes sauteurs , les fémurs postérieurs sont très- gros pour loger les muscles nécessaires à cette fonction; dans certains Orthoptères, ils sont dé- mesurément longs; les mâles les ont quelque- fois plus forts que les femelles ; dans les Mantes, quelques Hémiptères aquatiques, les fémurs anté- rieurs forment, conjointement avec les tibias , un organe de préhension, avec lequel ces Insectes saisissent leur proie ;.les fémurs offrent quelque- fois des dilatations singulières, mais le plus sou- vent des épines dont la position varie à l’infini. Le mouvement des fémurs varie selon la forme que prend la hanche; dans ceux où la hanche posté- ricure est entièrement soudée, le fémur ne peut plus opérer qu’un mouvement dans le sens du plan du corps deJ'Insecte ; moins ce mouvement est sus- céptible de déviation, plus il acquiert de force ; c'est ce qui arrive dans les /nsectes aquatiques où les pattes postérieures font fonctions de rames. Le tibia a son articulation entre deux dilatations latérales de l'extrémité du fémur , ce qui ne lui permet qu’un seul mouvement , de dedans en de- hors, limité par le plus ou moins d’échancrure de cette gouttière et par l’écartement des oreillettes; ainsi dans quelques espèces il pourra s’appliquer sur le fémur et dans d’autres viendra, en biaisant, s'appliquer à côté. Gelte partie est presque tou- jours plus mince que le fémur; dans les Coléo- ptères , Hyménoptères, etc. , elle va en gros- sissant de la naissance à l’extrémité ; dans les autres ordres, elle est le plus habituellement de même grosseur partout; sa forme varie autant que celle des fémurs, aussi est-elle flexueuse quand elle doit s'appliquer sur elle. Dans les espèces destinées à fouir ; comme beaucoup de Go- léoptères, les tibias antérieurs sont dilatés, den- telés extérieurement ; quelques Ayménoptères sont dans le même cas. Dans les Courtillères, le tibia est très-court , robuste, disposé transversalement T. IV. et terminé par plusieurs dents robustes propres à fouir. Dans certains Æémuiptères les tibias sont munis de membranes foliacées d’une grandeur énorme ; il en existe aussi chez quelques Mantes, mais beaucoup plus petites ; ces organes présen- tent, dans les pattes antérieures d’une grande par- tie des Carabiques, une échancrure. située vers le milieu de leur longueur, et qui est armée d’une ou de deux épines nommées éperons ; les Lépi- dopteres et quelques Insectes en offrent de pareils. Les Locustaires présentent une singularité dont jusqu’à présent il a été presque impossible de se rendre compte : les tibias antérieurs , près de leur origine, paraissent percés d’outre en. ou- tre par une fente ovoide qui. force la patte à :se dilater. en cet endroit, cette fente est fermée par une membrane transparente qui permet au jour de pénétrer au travers. Les pattes peuvent varier de forme comme les fé- murs, el, comme eux, être plus ou moins munies d’é- pines ; ces épines sont disposées, soit irrégulière- ment , soitrégulièrement sur un ou plusieurs rangs ; les pattes postérieures des Sauterelleset Criquetsnous offrent un exemple bien remarquable de cette: der- nière disposition; elles peuvent aussi être plus ou moins velues ; mais il est des cas où ces poils pren- nent une extension toute particulière , et servent à l’industrie spéciale de l’Insecte, comme dans les Apiaires ; l'extrémité despattes est le plus souvent coupée en biais, et quelquefois terminée par une pointe plus ou moins aiguë ; les Calandres, quel- ques Lamellicornes sont dans ce cas ; l’extrémité de cette partie est presque toujours armée, à côLé de l'insertion du tarse, d'une ou deux épines qui ont spécialement reçu le nom d’éperons; ces épi- nes varient en nombre d’Insecte à Insecte, même souvent de patte à patte dans le même Insecte ; leur forme est assez variée. Dans quelques espèces aqua- tiques elles acquièrent un grand développement ;' dans d’autres, commeles Scolies , les Cantharides, elles paraissent former, conjointement avecle tarse, un organe de préhension ; le sexe n’a pas moins d'influence sur les tibias que sur les fémurs, ctle | plus souvent ce sont les antérieurs qui alors offrent soit une longueur, soit une courbure remarquable. .… Les farses sont les doigts , ou, pour parler plus juste, le doigt des Insectes ; car les articles dont ils sont composés sont disposés bout à bout comme les phalanges d’un doigt; ce sont de petits cylin- dres s’emboîtant plus ou moins les uns dans les autres ; leur nombre ne dépasse jamais cinq, mais varie beaucoup au dessous; on s’en sert avec avan- tage dans la classification, mais les divisions qu’on a voulu baser sur cette différence seule , dans les Coléoptères, sont totalement fautives; car la plu- part des Insectes qu’on regardait comme Tétra- mères, les Charançons, les Longicornes , sont bien évidemment Pentamères, et d’ailleurs cette divi- sion éloigne trop des genres qui, dans une mé- thode naturelle, doivent se trouver rapprochés; ces coupes, pour les Coléoptères, sont : les Penta- mères , qui ont cinq articles; les Æétéromères, qui ont cinq articles aux quatre tarses antérieurs , et 263° Livraison. 23 INSE 178 quatre aux postérieurs ; les Z'étraméres, où tous Jes tarses Sont de quatre articles ; les Trimères , où il n’y en a que trois ; les Bimèéres, deux, et enfin les’ Monomères où on n’en aperçoit qu'un seul ; mäis, comme je l'ai déjà dit, une partie des faits sur lesquels repose cette classification, esterronée, ét l’autré a besoin d’une révision. Quoique le plus souvent les tarses soient plus courts que le tibia, il y à cependant bién des cas où ils sont non seu- lement aussi longs, maïs encore égalent én lon- gueur le fémur et le tibia pris ensemble ; leur lon- gueur respective ne varie pas moins de l'an à l'autre, et l’on doit dans les descriptions en faire mention ; le premiér et le dernier article sont ceux qui sont le plus sujets à varier; leur forme ne varie pas moins ; le plus souvent ils sont cylindri- ques, plus ou moins gréles , ou courts, comme dans les Carabiques, les Hyménoptéres, etc. ; tantôt ils sont comprimés, ciliés, comme dans toutes les espèces aquatiques , où ils font fonctions de rames ; carrés, dilatés, ou profondément échancrés ; en forme de cœur , et se recouvrant alors les uns les autres : ceux-ci sont généralement munis en des- sus de brosses plus où moins courtes ou soyeüses ; dans les Abeilles, où les premiers articles des tar- sés acquièrent un grand développement , ils sont munis de soies raides en guise de brosses qui per- mettent à l’Insecte de s’en servir pour ramasser le pollen des fleurs ; dans certaines espèces, lés tarses antérieurs des mâles sont dilatés de différentes fa- | cons pour faciliter la station sur le dos de la fe- melle pendant l’accouplement ; dans les Carabi- ques, ils sont seulement plus dilatés dans certaines éspèces ; maïs dans les Dytisques, genre aquatique, ils forment un demi-cercle parfait rempli de papil- les ou même d’impressions destinées à faire le vide ; cette organisation était nécessaire pour des In- sectes qui vivent continuellement dans l’eau et dont les tégumens sont lisses ; cette disposition va- rié beaucoup dans des genres très-voisins. Le dernier article des tarses est toujours cylindrique, plus ou moins courbé et porte à son extrémité les crochets, c'est-à-dire une ou deux petitesespèces de griffes, de grandeur assez minime; tantôt égaux, tantôt iné- gaux , réunis à leur base sur une tige commune, insérés au milieu de l'extrémité de l’article, ils sont susceptibles d’écartement et de rapproche- ment; dans leur direction habituelle, ils sont per- pendiculaires avec le dernier article des tarses, Mais ils peuvent se redresser plus ou moins ou sé coucher entièrement le long de la patte, comme on le voit chez plusieurs ZLamellicornes ; leur forme n'offre pas beaucoup de variations, seule- ment ils offrent quelquefois des dents en dessous: dans quelques Carabiques ils sont même tout-à- fait dentelés en scie; entre les deux crochets, et de leur lobe d'insertion naît, dans quelques es- pèces , une soie simple ou bifurquée, La partie in- férieure des tarses, outre les poils et brosses à ventouses dont nous avons parlé, offre encore quelques autres appendices; ce sont, dans certains Orthoptères, des parties membraneuses suscepti- bles de se renfler, séparées en deux sur la lon- gueur; un autre appendice, ce sont des espèces de lames Mémbraneuses, bifides à leur extrémité, qui s’avancent d’un article du tarseén dessous, sur l’autre; elles débordent aussi sur les côtés : cette partie a été appelée Solle; enfin lés derniers appen- dices des tarses sont les ventouses: on les retrouve chez les Diptères, quelques Wévroptères, Orthoptée- res et Hyménoptères ; ce sont des organes, comme nous l’avons indiqué dans les mâles de Dytisques , propres à faire le vide, et qui donnent à certains Insectes la faculté de marcher sur les plafonds et sur les corps les plus polis, comme les glaces; les ventousés sont des espèces de cupules ca- | pables dé dilatation et de contraction, dentelés sur leurs bords, finement velues à l'intérieur; el- les sont chez les Diptères attachées à la plante du pied par un pédoncule qui leur permet de: se tourner en tous sens; en s’appuyant sur le plan de position, l'air qui se trouvait au dessous d’el- | les se trouve complétement expulsé, la pression atmosphérique se fait entièremént sentir sur la partie supérieure du tarse, et détermine leur faci- lité de marcher même dans la station renversée. Quoiqu'il soit bien rare que les pattes n’offrent pas toutes les parties que nous venons de détail- ler, cependant on en voit quelques exemples; | les tarses manquent en entier dans les pattes an- | térieures de quelques Bousiers; ils deviennent ru- | dimentaires dans plusieurs Lépidopteres diurnes ; les crochets manquent dans un autré genre de La- méllicornes; ils n’ont pas encore été vus non plus dans les Thrips. Les fonctions des pattes se partagent en quatre actions, la marche plus ô& moins rapide, le saut, la natation, et dans certains cas la préhension. Le pre- mier cas s’opère de deux facons : les uns meuvent toutes les pattes les unes après les autres, où deux ou trois à la fois, mais jamais en même temps celles de la même paire : cette manière de marcher rend leur pas très - irrégalier; les au- tres au contraire vont très-régulièrement , ils 1è+ vent simultanément les pattes antérieure et posté- rieure d’un côté avec la patte intermédiaire de l’autre côté, etrecommencent avec les pattes del’au- tre côté à faire un second pas; la course ne diffère en rien de cette marche, seulement le mouvement ést plus accéléré. Dans la natation, les pattes pos- térieures, ramenées très én avant par leurtranchant, frappent l’eau simultanément en arrière avec toute l'étendue de leur superficie, augmentée de celle des poils dont elles sont garnies, et au moyen de la résistance que leur oppose le liqaide , font avan- cer le corps; les pattes antérieures paraissent n'a- voir d'action que dans le moment où l'animal veut s'élever où plonger; quand lJanimal veut tourner d’un côté, il fait agir les pattes da côté opposé, et détermine ainsi le mouvement: chez les Hémiptères du genre Notonecte la nage s'opère J’Insecte étant sur le dos. Le saut s’opère princi- palement au moyen des pattes postérieures , qui sont plus grandes, dans cé éäs, que d'habitude ; l’Insecte place le tibia sous le fémur, prend un point d'appui sur le terrain et au moyen des épines Cr 279 NS INSE dont l’ extrémité du'tibia est souvent garnie, et | ‘débandantentièrement la patte, comme unressort,, | pousse le.corps en hautet en avant en même temps; | les cuisses.renferment les muscles préposés. à cette | action. violente; cependant leur dévelopement | m'est pas en raison de la puissance des.sauts , et bien des Insectes qui les ont peu renflés opèrent des sauts beaucoup plus étendus que d’autres gui Jes'ont moins. Les pattes servent encore aux Insectes à beau- | | «coup d’autres usages; elles aident dans certains | ‘cas à porter les alimens, à Ja bouche ; elles. servent | à, fouir, chez ceux à qui celte opération est né-| cessaire; divers Insectes s'en servent pour se net- toÿer , les femelles souvent pour déposer leurs! œufs ; enfin dans les Criquets c’est leur frottement au bord des.élytres qui produit le bruit que don considère comme leur chant. C. Delabdomen, L’abdomen est la ee | grande section du corps; il est facile à distinguer autant par sa position. que parce qu'il ne porte ni ailes ni pattes; il renferme une partie des vis | “ères, des organes de Ja génération, et porte | sur ses côtés les nombreux stigmates qui donnent | -passage à l'air pour pénétrer “dans les trachées. | L’abdomen, .comme.on le sait, se joint à la partie | postérieure ‘du corselet de deux façons : tantôt, et! c’est.chezla majorité des Insectes, il joint le cor- | -selet dans toute sa largeur, une suture pro-| fonde est la seule marque qui les distingue, etle pre-! mier segment limile souvent alors l'un des côLés | desitrous des hanches postérieures ; tantôt, comme | dans les Hyménoptères et les Diptères, 1 portion | -dorsale du premier : segment s'est avancée pour | fermer la cavité thoracique, et le .denxième seg-| æment.forme un pédicule qui sépare, du moins à | Ja vue, l’abdomen du corselet. Si l’on se rappelle | Ja composition des larves quiont.des.segimens bien apparens, que ces larves sont composées, de douze | segmens sans la tête, que.nous avons déjà retrouvé | ärois de ces.segmens.employés pour les différentes | parties du thorax, nous devons nous altendre à | retrouver dans l’abdomen des Insectes neuf seg-| amens, dont huit portant des stigmates; mais il n’en ! est.point.ainsi, et il est bien rare que les Insectes | jprésentent le même nombre de segmens que les ! darves; chez les Libellulines cependant, et quel-! ques autres Insectes à abdomen, allongé, .on les | retrouve assez facilement ; mais chez la plus | grande quanlilé on n’en reconnaît plus que cinq ou six, quelquefois trois ; quelle pent être la rai-| son de cette différence? onne l'explique pas, bien | positivement; mais on.suppose avec raison d’ abord! que plusieurs segmens, dans ceux qui en ont le, plus petitnombre, ont pu.être soudés deux à deux, ! +#t, l’on croit même retrouver des traces .de celle, «soudure dans certains Crysis ; quant aux autres , | ilest,plusque probable qu’ils sont devenus inter-| nes, et servent au développement des pièces né-| -cessaires, pour faire fonctionner les organes propres | -de, la génération. Au premier .coup. d'œil les seg- ‘mens: des Insectes paraissent seulement composés dedeux arceaux , l'un supérieur, l'autre inférieur; | c’est dans l’interyalle de leur jonction que sont placées les pièces de l'ouverture des sligmates ; il est probable que ces arceaux D ’ont pas une com- position aussi simple qu’elle paraît d’abord, mais ils ont été peu étudiés, et il est probable qu'avec du soin on retrouvera peut-être le même nombre de pièces que dans le tronc, sauf celles propres à la locomotion terrestre tt aérienne, surtout quand on aura supprimé de la desenpfion les noms des apophyses dont on à fait des pièces à part; ces parties des sesmens sont , comme celles du tronc, susceptibles qe se refouler soît en haut, soit en bas, soit sur les côtés ; aussi leur grandeur re- lative est très-variable, et raremeut les segmens Pere et ete se trouvent-ils en EU les uns des autres, surtout quand lobfitération a | frappé sur une partie plutôt que sur june autre:;; mais ce refoulement ne se fait toujours qu’en long , tandis qu'ils:s’en fait un autre sous les côtés ; les segmens inférieurs , par exemple, dans certains Hémuiptères, refoulent les segmens supérieurs, en sorte qu'ils forment un rebord de chaque côté des ailes qui ne recouvrent que les.segmens dorsaux; c’est absolument le contraire dans les Sauterelles ; les segmens supérieurs envahissent le dessous de l'abdomen et le réduisent à une plaque très-étroite; là jonction des d:ux segmens forme un pli profond des deux côtés. 'La forme des sewmens varie natu- rellement avec leur développement plus on moins grand ; le premier est souvent tudimentaire , sur- tout-en dessous, mais son milieu offre _quelque- fois une dilatation en forme d'épine, qui s’avance sur Je sternum ; quelques Hémiptères pentatomes en offrent un exemple très-remarquable ; les seg- mens suivans sont assez souvent d'égale longueur, ou vont, dans certains cas, en grandissant gra- duellement jusqu’au dernier, qui ferme la cavité anale conjointement avec le dernier anneau su- Périeur. La substance des segmens supérieurs varie en raison de la consistance des ailes qui les couvrent; dans les .Coltoptères, surtout ceux dont les ély- tres sont soudées, les segmens sont très-mous, se trouvant suffisamment garantis par les .ély- tres : dans les autres genres, ils sont d’une con- sistance “intermédiaire avec les antres segmens- du corps ; dans les Staphylins, dont les élytres sont -très-courtes , la portion couverte par elles est molle, tandis que le reste de l'abdomen, qui est toujours à découvert ‘acquiert autant de-con- sistance que les autres segmens. Dans les autres,or- dres, où les ailes ne protégent pas le dessus de l’ab- Hu , les scgmens sont de même épaisseur partout. L’ Ton des sewmens se fait de dif- férentes manières; tantôt ils sont.unis bout à bout, et même les inférieurs sont soudés les uns aux autres , tels sont la plupart des Coléoplères ; aussi, dans ce cas, l'abdomen est doué de peu de mou- vemens , qui s’exécutent seulement de bas en haut; les ligatures des segmens supérieurs ct celles qui unissent les flancs QU assez lâches pour permet- tre une dilatation de cet crgane; dans l’autre genre d’articulalion, les ,segmeos sont imbriqués "INSE "1890 : INSE ER ——_—_—_—_——— les uns sur les autres et unis par des ligamens très- lâches; la dilatation de l'abdomen se fait alors en long quand elle est nécessaire : ce mode d’articu- lation permet à l’abdomen toutes sortes de mou- vemens, c’est par son moyen que les Staphylins et les Forficules contournent leur abdomen en tous sens; c'est aussi lui qui permet aux Âyménopteres munis d’aiguillons de contourner leur abdomen pour vous atteindre. L’abdomen offre plusieurs genres d’appendices; ce sont les sligmates , les filets abdominaux, les organes extérieurs mâles, et les oviductes. des fe- melles ; on peut encore regarder comme tels les épines ou dilatations que présentent quelques seg- mens, Mais qui sont de peu d'importance. a. Les stigmates sont des ouvertures situées sur les flancs de l'abdomen des Insectes ; nous savons cependant que le premier segment thoracique en est également pourvu; ils sont destinés à donner entrée à l’air dans les trachées; leur nombre est en rapport avec celui des segmens abdominaux, non compris le segment anal, qui n’en porte jamais ; ils sont situés habituellement sur la membrane qui unit les arceaux supérieurs aux arceaux inférieurs; mais quelquefois ils paraissent situés sur les ar- ceaux eux-mêmes; cela tient, non, je pense , à une différence d'insertion, mais au peu de connais- sance que nous avons de la composition réelle des segmens abdominaux. On peut voir la place que ces stismates occupent dans les Coléopteres, pl. 248 , fig. 7 de notre Atlas; on peut voir une des figures qu'il affecte, même planche, fig, 8; mais, quoique cetle figure soit variable, la composition est presque toujours la même ; elle se compose d’une pièce appelée Péritrème par M. Audouin, et qui fait letour de l'organe ; vient ensuite an en- foncement que M. Straus a nommé la Caisse ; cette caisse est membraneuse, parcourue par de nombreux vaisseaux limitant des cellules plus min- ces, présentant elles-mêmes de nombreuses ramifi- cations dans leur tissu; au milieu est une fente lon- gitudinalé, dentelée sur les côtés , munie de nom- ‘breux bouquets de poils qui ferment l’entrée à toutes les ordures qui pourraient y pénétrer ; en arrière de celte fente, la trachée au moyen d’un muscle particulier, se replie sur elle-même, et clot entièrement l’ouverture, quand l’Insecte croit devoir intercepter l'entrée de l'air, ou se défendre de quelque liquide qui pourrait vouloir y pénétrer. Nous avons pris cette description du stigmate sur celle qu’a donnée M. Strauss de celui du Hanneton; dans quelques autres Insectes il diffère certaine- ment un peu, mais les pièces essentielles sont les mêmes, : b. Les filets abdominaux n’existent pas dans tous les Insectes, mais parmi les Coléoptères les Sta- phylins en sont pourvus, presque tous les Ortho- Ptéres en ont, ct quelques Mévroptères en offrent aussi des exemples; ce sont deux, trois ou quatre appendices plus ou moins velus , articulés ou non, dont les uns sont insérés dans une échancrure du dernier demi-segment dorsal supérieur, comme dans les Æphémeres et les Phryganes ; dans d’au- tres, où ils sont au nombre de quatre, moitié tient au segment supérieur, moitié au segment inférieur, comme dans les Blattes. Dans les Staphy- lins , ces filets sortent de l'ouverture anale, et il est assez difficile de vérifier à quel segment ils ap- partiennent ; il faut joindre avec ces filets les pin- ces des Forficules qui ne peuvent? être regardées ‘comme un des organes mâles propres à retenir la femelle dans laccouplement, puisque les deux sexes en sont pourvus; l’atilité et la construction intime de ces appendices sont encore entièrement ignorées. Îl ne faut pas cependant les confondre avec lestarières grêles de quelques Jyménoptères, ni avec le prolongement du dernier segment ab- dominal que l’on remarque dans le Trichius hemi- pterus. 4 Des organes mâles. —Les parties extérieures qui distinguent les mâles sont presque toujours des or- ganes de préhension ou d’accrochement propres à saisir et à retenir les organes sexuels des femelles pendant l’accouplement; ces organes sontrarement extérieurs dans les Coléoptéres, dans les Æémiptères et les ordres aptères; mais dans les autres ordres ils le sont toujours; dans les Orthoptères, les espèces coureuses, comme les Mantes, les Blattes , les For- ficules, et parmi celles désignées sous le nom de Sauteuses, les Gryllons, n’offrent pas d’organes externes mâles très-apparens; dans les Locustai- res, les organes consistent en deux paires de pin- ces, l’une inférieure, l’autre supérieure, dont les inférieures plus longues, se dirigeant en haut, et les supérieures plus courtes se dirigeant en bas ; dans les Acridiens , on retrouvela mêmecom- position et la même disposition, mais les pinces inférieures sont dilatées, larges, un peu relevées en haut, et les supérieures plus grêles, souvent longues, horizontales; on sait que les formes va- rient beaucoup de genre à genre, mais encore d’és- pèce à espèce. Dans les Névroptères, les Libellu- lines offrent une différence sensible avec les autres Insectes ; les organes de préhension sont restés à l'extrémité de l'abdomen, et les organes de copu- lation ont été reportés à la partie inférieure du premier segment abdominal, à moins, comme l'avance Ratke dans son travail sur les organes génitaux de ces Insectes , que ces parties ne soient elles-mêmes que des organes excitateurs, et que les véritables organes mâles soient situés comme d'habitude à l’extrémité de l'abdomen. Dans cette famille, les organes de préhension se composent chez les mâles de trois crochets, dont deux laté- raux horizontaux et un inférieur ; leur forme varie beaucoap selon les espèces ; dans les Myrméléons, les crochets supérieurs sont longs et les inférieurs, reculés en arrière , plus courts. Dans les Sialis et genres voisins , il existe deux crochets latéraux et un seul inférieur , ils sont très-peu développés ; dans les Perlides ces crochets’sont peu visibles, au contraire dans les Panorpes ils sont très-déve- loppés et portés sur un’pédicule de deux segmens abdominaux; enfin , dans les Phryganes , ces cro- chets, très-saillans, grêles, sont au nombre de deux seulement. L'ordre des Diptères offre ‘assez INSE 181 ANSE d’uniformité dans ses organes ; ce sont le plus sou- vent deux petites plaques écailleuses , arrondies, appliquées l’une contre l’autre. Les Lépidoptéres offrent une disposition semblable; deux grandes plaques écailleuses en forme de cuiller sont les seules parties bien apparentes. Les parties dépendantes de la génération, visi- bles à l'extérieur dans les femelles, sont les ta- rières, dans les espèces qui en sont pourvues ; les Hémiptères hétéroptères , presque tous les Wé- vroplères, les Hyménoptères porte-aiguillon, en sont dépourvus; chez les Coléopteères, les Lépi- doptères, les Diptères et quelques Z/yménoptères, elle est toujours intérieure, formée seulement par les derniers segmens abdominaux, rentrant en eux-mêmes comme les tubes d’une lunette. Parmi les Wévroptéres, les Raphidies sont peut-être les seules qui aient une larière véritable ; elle est lon- gue et grêle ; les Panorpes et quelques genres voi- sins ont l'abdomen terminé en pointe pour en te- nir lieu ; mais c’est dans les Orthoptéres , les Hé- miptères homoptéres et les Âyménoptères porte- tarière que cet organe est développé de manière à mériter tout à-fait l'attention. Dans les Gryllo- niens, il est en général très-allongé, composé de quatre parties accolées, deux supérieures, deux inférieures , comme en général toutes les tarières, avec l'extrémité un peu dilatée en fer de lance. Däns les Locustaires, la tarière est très-déprimée, ‘en forme de lame de sabre, avec les deux pièces ‘supérieures plus larges que les inférieures; leur longueur, leur largeur et leur courbure sont très- variables. Dans les Acridiens, celte tarière ne con- siste plus qu’en quatre pièces quadrangulaires pyramidales , se touchant toutes à la base par deux de leurs faces , et dont les deux supérieures sont -crochues à leur extrémité: et recourbées en haut, et les deux inférieures pareillement crochues et recourbées en bas. Les Hémiptéres homopières sont: tous pourvus de tarière; cette tarière suit la composition générale; elle est toujours enfermée dans une rainure abdominale en forme de valve formée par une disposition particulière des seg- mens abdominaux ; sa consistanceest très-coriace; elle est cylindrique , terminée en fer de lance à l'extrémité, et dentelée à cette extrémité. Chez les Ayménoptéres, cette pièce est de deux sortes ; les Porte-scie l'ont un peu extérieure, et les pièces “inférieures dépassent les supérieures ; ce sont elles qui font le travail, les autres ne sont que des sup- ports; ces larières sont dentelées à leur partie -in{érieure et striées en outre sur les côtés; les -dents-offrent souvent les dessins les plus variés et -lés plus singuliers. Dans les Pupivores, la tarière esttoujours grêle, souvent démesurément allon- gées elle est formée à la première vue de trois -soies, mais dort l’inférieure : est formée de deux rapprochées; ces tarières n’ont toutes à leur extré- "mité que peu de dilatation sensible, Les tarières n’ont pas toujours pour but de percer un trouquelconque ; beaucoup sont seulement des- tinées à pénétrer dans les crevasses déjà existantes et ày déposer les œufs ; aussi sont-elles en même temps des oviductes ; et, à cet effet, les pièces qui les composent sont susceptibles d’écartement pour laisser glisser les œufs jusqu’à l'endroit où ils doi- vent être déposés. De l'anatomie interne. Malgré les nombreuses lacnnes que présente l’a- natomie externe des insectes, l’anatomie interne est encore loin d’être aussi avancée : les travaux des Swammerdam, des Lyonnet, des Cuvier, ceux de MM. Strauss, Marcel de Serres, Léon Dufour, Pic- Let , et parmi les étrangers, de MM. Tréviranus, Rhemdor et autres, tout en jetant sur les diffé- rentes parties qu’elle renferme de nombreux traits de lumière, laissent encore trop d’objets dans l’om- bre pour qu’on puisse facilement généraliser cette partie de l'étude et y établir un point de départ bien fixe. Gette partie embrasse un assez grand nombre d'organes : ce sont le vaisseau dorsal, représentant le cœur des animaux supérieurs à un état plus ou moins rudimentaire, car je,n’ose dire que ce soit un organe de circulation; les nerfs, organes des sensations; les muscles, organes d'actions; le canal alimentaire , organe de nutrition ; les trachées, organes de respiration ; dans les mâles les parties copulatrices et éjaculatoires , et chez les femelles les ovaires, organes de reproduction ; quelques orga- nes propres à des sécrétions particulières ; et enfin le corps graisseux, qui se trouve toujours en grande abondance mêlé à tous les autres organes des insectes, et dont les. fonctions sont encore peu connues. Voici. la disposition que ces différens organes gardent entre eux : la partie supérieure du dos est occupée par le vaisseau dorsal qui pé- nètre dans la tête,et jusqu’à l'extrémité du corps; le canal alimentaire vient ensuite; mais comme le système nerveux a ses principaux ganglions dans la partie supérieure de la tête , le canal alimentaire est obligé de passer près de la bouche, entre deux branches du système nerveux, et .se trouve alors inférieur à lui.et le supporte ; mais dans le reste du corps, au contraire, c’est lui qui couvre ce même système ; les trachées ont leurs principaux troncs des deux côtés du corps; les appareils gé- mitaux viennent aboutir dans le cloaque, au des- sous de l’extrémité du canal alimentaire ; les par- ties qui en dépendent flottent à droite et à gauche, et quelquefois, groupées d’un seul côté, refoulent les intestins de l’autre; les muscles sont répartis partout; enfin le.corps graisseux remplit les vides existant entre les différens organes. a. Vaisseau dorsal. — Cet organe avait été dé- signé sous le nom de cœur par les anciens anato- mistes, qui pensaient qu'il en exercçait les fonc- tions ; mais Lyonnet , en déclarant qu’il n’en par- tait aucun vaisseau , et Guvier, en confirmant ces observations, prouvèrent qu’il ne pouvait être re- gardé comme un organe de circulalion, et que pour lors la nutrition chez les Insectes devait se faire seulement par imbibition. Suivant Lyonnet, il renferme une liqueur jaunâtre; mais on sait qu'il offre l'apparence d'une autre couleur dans d’au- tres insectes; M. Marcel de Serres croit que cet organe est propre à sécréler le corps graisseux INSE dont le ‘corps des insectes renferme une si grande | abondance; le vaisseau dorsal atonjonrsété regardé ‘comme un vaisseau simple , bouts, laires, ‘stole ét de diastole. Quelques’auteurs ont avancé! ‘et c'est l'opinion de M. Léon Dufour dans'ses Re- | ‘cherches sur les Hémiptères, que le vaisseau dor: : ‘sal'n'était plus chez les Insectes parfaits que:dans “un étatrudimentaire ;mais alors dans quel moment | auraît-il été dans son -état de développement ?ce | serait dont /sous l'état delarve ; ar ta natare, qui ne fait rien en vain, ne procède par exception-qu'en | ‘Offrant à côté la règle, ét la classe desinsectes ne | peut se comparer qu'à la classe des Insectes. | M. Strauss, dans son Anatomie du Hanneton , en ; est ‘revenu aux idées des ‘anciens auteurs , ‘et d:re- | tarde le vaisseau dorsalcomme un cœur artériel Éoriné de-dettx membranes offrant l'image de cr | lindres s'emiboîtant les uns dans les autres ; mais qui n'existent rééllemenit que par les réplis dela peau; à droïle et à gauche dé chacun de ces:plis existe ane ouverture | par laquelle ‘ce'qu’il nomme le süng'se précipite de l'abdomen daus'soninté- | ent à l'extrémité deces ouvertures sont desival- ! vules qui se ferment dans les mouveinens de con- | traction du cœur. Voici à présent comment s’opé- | rerait la (circulation : le sang, absorbé par les’ou- vertures ‘du cœur pendant le mouvement de dila- tation , serait, pendant la contraction , chassé en avant, de ségrnent en segmert, jusque ‘vers la têle , d'où, ajoute M. Strauss , il retourne vers d'ubdoimen : mais il ne peut (dire comment. Tout céla’est assez peu clair, et je crois queles fonc | tions de cét organe sont éncore: uès-problémati- | | ques ; ‘de même que son ürganisalion. b. Les nerfs; il n’en est” pas d'eux comme: da cœur; leurs fonctions sont connues ide (tout le ‘monde , et'Icur-organisation‘est assez claire, étant | toujours plus ‘facile à étudier. Le système nerveux | ‘est composé le plus généralemerit/de ganglions ac- ‘colés, joints entre eux par de doubles cordons nerveux, ét jetantde chaque ganglion desrameaux à “droite et à gauche , ét mémequelquelois des :cor- | “dons nerveux; un ’prétier double ganglion, si- tué au milieu/de laïtéle , fournit lesnerKdes:yeux, ‘des antennes ; dansles larves où les-yeux isont peu volumineux , ‘ces ganglionssont cordiformes; dans ‘les Insectes parfaits , au contraire, la vision ayant acquis un grand développement, ‘ces :ganglions forment souvent ! ‘une ‘masse nerveuse ‘qui tient toute la largeur de ‘la tête; ‘en ‘arrière de’ce pre- iniér gangiion'en est un autre placé au dessus du lœsophage; ilcoemmunique avec le premier, ét envoie les nerfs qui en partent aux organes buc- “Caux; au dessous de ces ‘deux premiers ganglions sont deux cordons nerveux entre lesquels passe le canälälimentaire ; lés ganslions quisuiventprésen - tetit beaucoup de-variélé dans leur disposition re- lätive; quelquélois ceux dutronc, ‘comme ‘ceux -da reste du'corps, sont disposés'segment par seu- ment, ‘et unis ‘par deux cordons qui souvetit s'atraslomosent entreeux ; celtedisposilion esticelle anrinci à ses deux | fixé par des ligamens Jatéraux triangu- | et susceptibles d’un mouvement de sy- | que santé sut plas généralement les larves. Quel- ques Carabiques les Cantharides , (comme :on peut le voir pl. 248, fig. 3 de notre Atlas, offrent celle disposibion, mais “les premiers ganglions :en- voieht des rameaux qui pénètrent dans les : pattes et les ailes; une autre disposition est celle où les ganglions thoraciques setrouventasglomérésentre eux; de celte-masse partent les différens:embran- chemens; les abdominaux-ont alors souvent ‘dis- paru; mais à leur place deux longs cordonsmner- veux parallèles se prolongent jusqu à l'extrémité du corps : (c’est ainsi qu’on les remarque dans iles Heénuptères , les Criquets, ete. D'autres fois, au dessus des deux :cordonsique nousvenons:de citer, ilen naïît-d’autres qui serrendentà chaqueanneau, ainsi ‘qu'on Je voit dans les Æ/annetons ; enfin les ganglions abdominaux existent quelquefois, mais vublle les uns aux autres , €t jettent de Jongs | (COr- dons nerveux à chaque segment, comme dans les Hannetons ; quelle que soit la forme qu'offre cet “Organe , il présente toujours de nombreuses ra- mifications vers.la partie anale. c. Les muscles sont lesmoyensemployésparda na- ture:pour faire apérer les différensmouremens des membresou du:corps ; ils sont: composés de fibres, soit isolées, ‘soit réunies en‘colonnes-prismatiques, au moyen d'an mucus particulier; chaque fibre, prise isolément, est formée d'articles pesés de biais, cordiformes, avec-une :carène inférieure entrant ‘dans une gouttière analogue de l’article :suivant ; chacun de ces articles est quatre [fois au moins plus large: qu’ ‘épais ; on voit que ces fibres -2insi disposces n'ont besoin pour se contracter ‘ou :se ‘dilater que de glisser les’unes:sur:les autres dans unsens' ou dans un autre. Les muscles sont doués de beaucoup de ferce.; mais-dans certains: cas , la surface; qui reste disponible pour le point /d’atta- ‘che ne suffit pas pour:la quantité de force dontäl “a besoin ‘pour opérer le mouvement; da nature y ‘à pourvu en ‘ajoutant .des tendons qui, d’un côté, présentent aux muscles une:grandesurface,.et:s’a- mincissent de l’autre, selon lasurface où de levier doit agir. dia description de tous lesimuscies serait :nnombräble, ‘contentons-nous: d'indiquer la :dis- position -de‘quelques uns : les muscles éleveurs ‘et abaisseurs dela tête sont placés à la partie :supé- rieure et à la partie inférieure du :corselet:; ceux des :segmens abdominaux vont d'an «segment à l’autre et couvrent entièrement ces parties; les dorsaux font ‘élever l'abdomen, ‘et les :abdomi- naux le font baisser; pour les :pattes., les muscles destinés à faire agir une parlie sont itoujours-ren- Heemés dans la partie qui-précède:: aiñsi!les mus- cles-de la banche:sont dans le thorax ceux dufé- ur dans la hanche , ‘ceux du tibra-dans le. fémur, el ainsi de suite; les:muscles des ailes, appelés à joueriun si grand rôle.chez les Insectes, remplis- sent presque toute la cavité thoracique. d. Le canal alimentaire est une des parties les plus essentielles des Insectes , et une de celles qui ont élé le mieux étudiées depuis quelque temps; mais les auteurs:sont'loin d'être d'accord sur la synon ymie de sses-différentes parlies, Get organe D INSE 183 INSE est composé de deux membranes ; dont l'intérieure muqueuse , et l’extérieure musculeuse ; une. troi- | sième membrane se remarque même dans les en- droits où le canal intestinal a besoin d'opérer une xissante contraction. Pour essayer de nous recon- naître dans les différentes parties dont se compose cet organe, nous diviserons, les Insectes en trois classes , comprenant ceuxoù ces organes doivent présenter les plus grandes modifications : ce sont les Insectes carnassiers, ceux qui sont herbivores, etenfin les suceurs; dans les premiers et les der- piers, comme dans les animaux supérieurs, les intestins sont toujours courts, tandis que dans les autres, comme dans nos Ruminans, ils sont. tou- jours longs. Dans les Carnassiers , on remarque, à la sortie du pharynx ( voy. pl. 248 , fig. 1 de no- tre Atlas), l'œsophage, qui quelquelois est peu apparent; suit le jabot, le plus souvent cn forme de poche dilatée à la partie postérieure ; vient en- suite le gésier : il est ordinairement court, séparé de la partie qui le précède et de celle qui le suit ; le ventricule chilifique est la partie la plus déve- loppée dans cette section ; 1l est très - renflé, surtout antérieurement , diminaant plus ou moins graduellement; toute sa surface externe est re- couverte de nombreuses papilles ; à son extrémité s’insèrént de nombreux vaisseaux grêles qui sont les vaisseaux hépatiques ; à la suite est un intestin que l’on a nommé intestin grêle, et qui dans son extrémité, qui souvent. est très-dilatée et canne- lée , prend le nom de rectum ; près de son extré- mité s’insèrent quelquefois des vaisseaux sans is- sue , ou cœcums ; dans quelques uns, il existe une poche à l'entrée de l'æsophage, qui doit repré- senter le jabot , et non le gésier, comme quelques auteurs l’ont avancé. Dans les Insectes herbivores, le jabot est peu dilaté ; mais, en revanche, le gé- sier paraît démesurément long , profondément strié transversalement ; le ventricule chilifique se- rait alors réduit à un simple renflement existant avant l'insertion des vaisseaux biliaires , qui eux- mêmes , sur une partie de leur étendue , jet- tent à droite et à gauche des rameaux , et figu- rent une arète de poisson ; l'intestin grêle se renfle vers le milieu de sa longueur, de manière à figurer uneespèce de duodénum (pl. 248, fig. 2, flanneton). Dans les Insectes suceurs , le canal ali- mentaire se rapproche de celui des Insectes herbi- vores ; souvent ils offrent des vaisseaux salivaires qui ont leur ouverture près du pharynx; le jabot paraît allongé; le gésier est dilaté , grossièrement lissé transversalement, le ventricule chilifique offre le plus souvent un léger renflement au des- sous duquel s’insèrent les vaisseaux hépatiques ; l'intestin grêle se termine, par un reclum en forme ‘de poche stercorale; telle est très-succinctement l'organisation de l'intestin dans les différens Insec- cs: on sent que, s'il fallait passer en revue les différences, même un peu remarquables, qui s’y trouvent, ce serait Je sujet d’un travail spécial. e. Les trachées. — Chez, les Insectes où il n’y a pas de circulation, le sang ne se rendant dans aucun appareil pour serevivilier au contact de l'air, Lil faut que l'air puissepénétrer jusqu'aux différens organes et. les revivifier, directement, puisqu’un sang nouveau ne leur porte pas continuellement la vie; c’est la fonction des trachées : elles amènent l'air du dehors et le distribuent jusqne dans les plus petites ramifications des différens organes. On a nié pendant long-temps la respiration des Insectes ; mais des expériences faites dans le vide ont prouvé que l’airleurétaitnécessaire, mais qu’ils peuvent suspendre leur respiration pendant un temps plus ou moins long, et qu’ils peuvent vivre dans des gaz plus délétères que les animaux supé- rieurs, La composition des trachées est de deux sortes, les unes tubulaires , et les autres en forme desac. Les premières sont formées de troismembra- nes. superposées , dont l'intermédiaire composée d’un fil continu roulé sur lui-même en spirale (v. pl. 248, fig. 9 ); la membrane extérieure est cellulaire. Les autres trachées sont proprement des réservoirs d'air qui prennent leur origine des tra- chées tubulaires, qui sont dites trachées d’origine; ces trachées prennent naissance des stismates , ainsi que nous l'avons dit; elles forment deux troncs principaux de chaque côté du corps, s’a- nastomosent entre elles vis-à-vis de chaque stig- mate et dans toutes les ramifications , de sorte que louverture d’un seul, stigmate peut faire pénétrer l'air par tout le corps ; chacun de ces troncs jette de nombreux rameaux dont les dernières fibres vont se répandre jusque sur les organes les plus déliés, n'importe de quel système, et pénètrent dans les endroits les plus délicats ; c’est en ram- pant comme elles le font sur les différens organes qu'elles y portent la vie que n’y conduit aucune circulation. Malgré de nombreuses études, on est encore loin d'être d’accord sur la manière dont s’opèrent l'aspiration et l'expiration ; on peut supposer que le jeu alternatif de dilatation et de contraction de l’abdomen produit ces deux effets; ou l'abdomen produit-il seulement l’aspiration, et l’expiration s’opère-t-elle par les stigmates du cor- selet, qui en général est doué de moins de faculté expausive que l'abdomen. Dans certaines larves, les trachées présentent une disposition particulière qui dépend du milieu où vivent des insectes qui habitent habituellement dans l’eau ; les ouvertures ou stigmates abdominaux jettent en dehors cha- cun un tronc trachéen garni de nombreux ra- muscules, qui, soit nus, soit renlfermés dans une membrane très-mince , sont doués de Ja propriété de séparer de l’eau la portion d’air né- cessaire à la vie de ces larves, de la même manière que les poissons le font au moyen de leurs ouies. f. Organes génitaux. — Guvier distingue en pré- parateurs , copulateurs et adducteurs, les diffé- rens organes sexue]s des Insectes, tant mâles que fe- melles ; pourles mâles, cesont toujours, quelle que soit leur forme, comme organes préparateurs : les yésicules séminales , ordinairement au nombre de deux, qui sont simples et sans ramifications ; les testicules disposés aussi en deux groupes, mais en nombre variable, qui viennent rejoindre les vési- cules séminales près de leur extrémité , et un canal INSE éjaculateur qui se continue dans la verge ; comme organe copulateur, le pénis proprement dit; et comme organe adducteur, le conduit dont il est percé (voy. dans notre Atlas, pl. 248, fig. 4). Dans les femelles , on trouve d’abord deux ovaires composés d’un nombre variable de tubes unis en- semble à leur extrémité, où les œufs sont rangés à la suite les uns des autres, les plus avancés en bas, et les moins développés en haut ; chacun de ces ovaires, par le bas, est terminé par un canal unique qui se confond avec celui de l’autre ovaire en un canal commun, où plus loin ce canal s’élar- git pour former un réservoir où un vaisseau vient verser le produit d’une glande sébacique qui est destinée à enduire les œufs à leur passage; enfin vient l’oviducte qui sert d’organe copulateur ; à l'extérieur existe quelquefois une tarière destinée au dépôt des œufs (voy. l'Atlas, pl. 248, fig. 5 ).: L’abdomen renferme quelquefois des glandes ropres à des sécrétions particulières ; tels sont, dans les Æydrophiles et quelques larves , les vais- seaux et réservoirs qui produisent Ja soie qui sort des filières ; la glande vénéneuse qui dépend de Vaiguillon des Æyménoptéres ; enfin l'organe des explosions dans le genre des Brachines. Nous avons figuré cet organe comme un exemple , pl. 248, fig. 6 de notre Atlas; il consiste en un paquet de vaisseaux sécréteurs, un long conduit adducteur , et un réservoir situé près de l’anus. Le dernier objet que l’on doit signaler dans l’a- patomie des Insectes est le corps graisseux; ce corps est encore peu connu dans sa composition et dans son utilité; on y remarque une partie adi- peuse très-embrouillée et annelée, avec des glo- bules tantôt appendiculés, tantôt sans pédicales , remplis d’une graisse jaunâtre; mais les observa- tions n’ont pas conduit plus loin. La physiologie des Insectes n’est pas plas avan- cée ; les organes du mouvement , ceux de copu- lation ont une destination tellement claire, qu’il est impossible de s’y méprendre; la bouche doit être naturellement organe du goût; mais quelles fonctions particulières ont les différentes parties du canal intestinal? ce n’est encore qu'un sujet de discussion ; les antennes sont probablement le siége d’un sens, mais on ignore lequel; les yeux devraient laisser peu de doute; quelques auteurs cependant ont voulu leur disputer celte propriété, mais la majorité y voit des organes ayant la même fonction que ceux des animaux supérieurs ; enfin l’odorat et l’ouïe, qui bien certainement existent, n’ont encore aucune place attitrée. Moœurs des Insectes. —Nous voici arrivés à un point qu’on à l'habitude de traiter en détail lorsque l’on rédige des généralités sur les Insectes : ce sont leurs mœurs ou les différens instincts qu'ils déploient , soit sous l’état parfait, soit sous l’état de larve, pour prendre ou se procurer leur nourriture, soit pour se dérober aux divers dangers qui les mena- cent , soit pour préparer les moyens de conserva- tion de leurs œufs et de nourrilure des larves qui doivent en sortir; mais nous pensons que ces dé- tails mis en cet endroit ne sont qu’une répétition 184 EE INSE abrégée de ce qui fait la partie intéressante des articles détachés, où ces mœurs sont toujours traitées plus en détail; cependant , pour ne pas les supprimer tout-à-fait, pour ceux qui désirent les trouver à cet endroit, nous allons y jeter un coup d’œil très-rapide. En suivant l’ordre de développement que nous avons déjà adopté, nous trouvons d’abord les œufs ; par eux-mêmes, ils ne présentent aucun in- stinct, mais combien n’en remarque-t-on pas dans les soins que prennent d'eux leurs mères; dans beaucoup de cas, elles se contentent de les con- fier à la terre , ou deles déposer sur les feuilles et les branches d’arbres ; souvent elles creusent des de- meures à cet effet; le T'aupe-gryllon fait une loge spacieuse où les jeunes larves trouveront l’es- pace nécessaire pour se mouvoir pendant les pre- miers momens : les Mantes, les Blattes enferment les leurs dans des espèces de capsules gommeuses ; quelques Acridiens les déposent au milieu d’une masse écumeuse. Dans les Hémiptères et dans les Hyménoptères , les espèces à tarière percent l’é- corce des arbres pour y loger l'espoir de leur pos- térité ; d’autres , dans ce même ordre, introdui- sent les leurs dans le corps de différens autres In- sectes; ce sont les /chneumons, ce sont ceux qui nous débarrassent d’une quantité immense de Ghe- nilles qui, sans eux, dévoreraient les feuilles de nos arbres; les Guëêpes, les Abeilles construisent des nids et des demeures spéciales où chaque œuf est déposé et la larve nourrie par les mères ow celles qui en tiennent lieu ; les Fouisseurs creusent en terre et approvisionnent les Jarves à venir des cadavres d’autres animaux ; quelques Vévroptères portent les leurs à l’eau où ils ont vécu pendant leur premier âge; les Lépidoptères, à l'exception de quelques espèces , les déposent tous à l'air libre; mais, semblables à beaucoup d’oiseaux qui se dé- pouillent pour réchauffer leurs œufs, quelques fe- melles s’arrachent les poils dont elles sont munies pour en couvrir leur postérité ; nous retrouvons chez les Diptères les différens genres d’instinct que nous venons déjà de signaler ; les femelles les déposent, soit à l’eau, comme les Cousins , soit dans les matières en putréfaction, comme la plu- part des Muscides ; enfin, quelques espèces qui sont Pupivores, comme les Ichneumons, dépo- sent les leurs dans l'intérieur des Ghenilles. Les larves montrent principalement leur indus- trie de trois manières : dans les moyens de s’abriter des dangers qui les menacent, dans les piéges qu’elles tendent à leur proie, et dans les précau- tions qu’elles prennent pour passer à leur dernière métamorphose ; mais de ces trois instincts, deux se confondent souvent ensemble ; les Cicindelètes creusent en terre des tuyaux cylindriques à l'en- trée desquels elles se tiennent, leur tête arasant le sol, et là elles attendent qu’un Insecte passe à. leur portée, le saisissent et l’entraînent ; quelques Carabiques habitent dansles nids que certaines Che: nilles construisent en commun , et y vivent à leurs dépens ; les espèces lignivores se tiennent toujours à l'abri sous les écorces des arbres, les Charan- cons. ne INSE 185 INSE oo çons dans l’intérieur de leurs graines; parmi les espèces herbivores, les unes restent exposées à V'air nu, et les suintemens qu’elles peuvent faire sortir de différentes parties de leur corps les pro- tégent seuls; d’autres se construisent des abris souvent formés soit des dépouilles des Insectes qu’elles ont dévorés, soit de leurs propres excré- mens : tels sont entre autres les Cassides ; les Coc- cinelles vivent tranquillement au milieu des Puce- rons dont elles font un massacre continuel; quel- ues larves vivent parasites dans différens nids d’A- beilles, telles sont les Clairons ; les larves de Âfé- loë, très-singulières, sont déposées en terre sous forme d'œufs, mais trouvent moyen, devenues larves , de s'attacher à divers Hyménoptères mel- lifères, et d'y passer le premier temps de leur vie ; mais ces observations ne méritent-elles pas confir- mation ? quelques faits isolés n’ont-ils pas été pris pour une généralité ? pour passer à l’état de nym- phe, presque tous les Goléoptères entrent en terre ou se tiennent dans les végétaux où ils ont vécu sous leur premier état. Les Orthopteres, étant, ainsi que les Hémiptè- res, des Insectes à demi-métamorphoses , ne pren- nent aucune précaution pour passer à l’état de nymphe; presque tous vivént à l'air nu: les lar- ves seules des Aphrophores s’enveloppent d’une substanceécumeuse produite par l’extravasation de la séve de la plante qu’elles ont piqnée; les Mantes et les divers Æydrocorises saisissent leur proie avec leurs pattes antérieures pour s’en repaître à loisir. Parmi les Vevropteres, quelques larves se construisent des fourreaux pour se mettre à l’abri: ce sont celles des Phryganes; les Ephémeres vi- vent dans des tuyaux creusés en terre ; le Myrme- léon établit son domicile dans le sable , et malheur à qui met le pied au bord du précipice qu'il a creusé ; pour passer à l’état de nymphe, les pre- mières ferment d’un grillage le fourreau où elles ont vécu , le Fourmilion s'enfonce dans son sable et se file une coque. Les larves d’Æ/yménoptéres ne développent aucune espèce d'industrie ; celles des Tenthrèdes seules vivent à l’air libre , cherchent à se défendre en éjaculant quelque liqueur quand on les tourmente , el filent une coque pour se met- tre à l’abri; les Dipleres offrent peu d'industrie À l'état de larve ; les larves des Zépidopteres en mon- trent , au contraire, de très-variées; les unes se lo- gent dans l'intérieur des feuilles ; d’autres les attachent en paquet ; quelques unes choisissent l'intérieur même des végétaux ; des espèces vivant en société se construisent des toiles qui envelop- pent des paquets de feuilles, où elles mangent en commun ; les Processionnaires se font un nid au pied des arbres, qu’elles quittent régulièrement pouraller prendre leur nourriture, et où elles re- tournent ensuite; c’est dans ce nid qu’elles subis- sent leur dernière métamorphose. Les Insectes parfaits déploient presque le même mstinct que les larves, sous le rapport de la con- servation; quelques uns sont garantis par les formes bizarres dont la nature les a pourvus; le plus sou- vent la course ou le vol les dérobe au danger; T. 1V. d’autres fois ils savent faire le mort, quand on les saisit, en contractant leurs pattes et leurs an- tennes , et se laissent tomber à terre où ils dis- paraissent dans les inégalités du terrain; quant à la nourriture, les Herbivores et Lignivores, ou Floricoles, ont peu de peine à se la procurer; les espèces carnassières ou chasseuses poursuivent leur proie, soit à terre, soit en l’air , et toutes Ja saisissent par force; aucune n’emploie de ruses. Utilité et nocibilité des Insectes. — Un point de vue sous lequel il est bon d’envisager les Insectes, et qui tient à leur manière de vivre, c’est le rapport qu'ils ont avec l’économie agricole et forestière, par les dommages qu'ils peuvent leur causer, et le profit dont quelques espèces peuvent être dans les arts; jusqu'à présent ces dernières espèces sont peu nombreuses ; mais c'est peut-être notre faute; si les Insectes étaient mieux étudiés sous ce point de vue, peut-être découvrirait-on beaucoup d’es- pèces dont on pourrait tirer parti. La liste desin- sectes nuisibles est bien plus longue : procédons avec méthode, essayons de tracer le bien et le mal que chaque ordre d’Insectes peut nous appor- ter, et voyons s’il existe au moins une compensa- tion. Dans les Parasites, quelques uns nous tour- mentent nous-mêmes , si la propreté ne vient nous prêter son aide ; les Coléoptéres nous offrent d’a- bord bien des insectes dont les larves attaquent le bois : ce sont les Sternoxes, les Xylophages , les Longicornes ; mais les seconds surtout causent des ravages réels , puisque l’on voit des forêts en- tières perdues par les travaux des Scolytes et des PDostriches. Les Hannetons , sous l’état de larve, détruisent nos plantes potagères et fourragères ; Insectes parfaits, ils dépouillent nos arbres de leurs feuilles ; les Cantharides , les Chrysomèles et quelques autres sont dans le même cas: les autres nous font plutôt du bien que du mal. Les Carabes, les Lampyrides, quelques Clairones, les Cocci- nelles détruisent beaucoup de Chenilles et d’au- tres Insectes ; les Staphylins, les Histers , les Nécro- phores , beaucoup de Bousiers, font disparaître les matières déjà en putréfaction ; les Dermestes et autres rongent les substances plus dures et qui offriraient à l’action du temps une plus grande ré- sistance. Dans les Orthoptéres, nous trouvons peu d’u- uilité pour nous; aucun n’est carnassier: tous attaquent nos plantes, et quelques espèces du genre Criquet paraissent en telle abondance , et causent de tels dégâts, que les livres sacrés les désignaient déjà comme une des plaies de l'Egypte; Les Blattes où Kakerlacs sont aussi un fléau dont on a peine à se défendre. Les Hémiptères renferment quelques espèces carnassières, et qui, par consé- quent, dédommagent du mal que d’autres peu- vent nous faire ; mais rien jusqu'à présent ne nous dédommage de la Punaise des lits , véritable peste que la grande attention peut seule détruire. Parmi les Pucerons, quelques uns martyrisent les feuilles de nos arbres; mais on les oublierait fa- cilement, si le Puceron laniger n’était venu, en menaçant les plantations de la Normandie, aug- 264° Livraison. 24 Fr" INSE menter la masse d’iniquité du genre; cependant cet ordre nous donne le Kermès et la Cochenille, et l'on pourrait peut-être en tirer plus de profit. Les Wévroptères ne sont d’aucuneutilité pour nous ; quelques uns, étant carnassiers, détruisent une par- tie des autres ; mais un genre de cet ordre est à si- gnaler par les dégâts énormes qu'il canse ; ce sont les Termés : ils rongent toutes lessubstances qu'ils rencontrent, et comme ils travaillent toujours à l'intérieur, on ne s’apercoit souvent de leurs dé- gâts que lorsqu'il n’est plus temps d’y remédier. Une espèce s’était tellement multipliée à Rochefort, qu’elle menaçait tous les ateliers de la marine de ce port. Dans les yménoptères , nous n’avons à re- douter que l’aiguillon que portent quelques espèces; mais combien de compensations nous attendent , beaucoup nous débarrassent d'une quantilé in nombrable de Chenilles , et les Apiaires nous don- nent la cire et le miel. Les Diptères ne sont qu’in- commodes : les Cousins, Moustiques, où Marin- gouins , NOUS Lirent le sang ; mais on peut s’en dé- fendre , et du resteilsne nous font aucun tort réel; d’autres tourmentent nos besliaux , mais ne leur nuisent pas ; en revanche, les Diptères font dispa- raître de dessus la terre beaucoup de matières cor- rompues, et leur action est telle, comme nous l’a- vons dit au mot DiprÈres, que {rois Mouches consom- ment lecorps d’un cheval aussivitequ'un Lion. Les Lé- pidoptères ne sont nuisibles que sous leur premier état, maisalors ils causent assez de dégâts; ce n’est cependant que parmi les espèces dites nocturnes; les espèces qui vivent dans l’intérieur des végé- taux peuvent, dans les années de grande mulli- plication, anéantir des récoltes entières, entre autres celles de houblon; d’autres, dans les Bom- byx, attaquent en si grande quantité les jeunes bourgeons, qu'ils dépouillent tous les arbres de leur verdure , et nécessitent même des mesures administratives qui ordonnent l’échenillement ; celles qui attaquent les pins les dessèchent et les font périr. Le Ver à soie est une compensation que la nature nous a donnée pour le mal que nous font ses congénères , et la richesse que les tra- vaux de la soie répandent dans tous les pays doit faire trouver grâce aux autres, sans pour celaces- ser de s’en défendre. Qui l'emporte donc du bien ou du mal? cela me paraît bien difficile à prononcer. Que faut-il donc faire? augmenter, autant que possible, la masse d'utilité: que nous pouvons tirer des Insec- tes, chercher de plus en plus les moyens de dé- traire ceux qui sont nuisibles , et épargner les au- tres, puisque parmi eux il en est beaucoup qui mieux que nous s'opposent à la multiplication des espèces nuisibles. De la classification. — À l’article ExromoLocrs, nous avons donné un détail des différentes classi- fications ;.nous nous bornerons donc ici à citer la méthode suivie dans ce Dictionnaire ; cette mé- thode est celle de Latreille : elle se divise.en douze ordres, dont le premier, les Myriapodes, doit être bien étonné de se trouver 11; mais pas- sons, 1% ordre : Mynrapones (Atlas, pl. 246, fig. 2), . Garactères : Corps allongé, sans séparation in- diquant le thorax ou l’abdomen ; les segmens , qui sont en grand nombre, portent chacun une paire de pattes; les yeux ne sont formés que d’ocel- les agglomérés ; plusieurs des .organes buccaux sont formés par une partie des pieds quiont changé de destination. | ; Familles : Chilognathes, Chilopodes. Nota. Tous les ordres qui suivent, et qui consti- tuent les Insectes proprement dits, sont Hexa- podes. ne 2° ordre : Taysanoures ( Atlas, pl. 246, fig. 2). ? Caractères : Pas d’ailes ; un prolongement ab- dominal en forme de queue fourchue , repliée en dessous de l’abdomen , et propre à faire opérer des sauts; bouche formée d'organes broyeurs, Familles : Lepismènes, Podurelles. 8° ordre : Panrasires (Atlas, pl. 246, fig, 3 A Garactères : Pas d'ailes, pas d’appendice abdo- minal, seulement des yeux lisses aux côtés de la tête. Eu Familles : Mandibulés, Siphonculés. Nota. Ces deux familles ne peuventexister ensem- ble, puisque l’une contient des Insectes broyeurs et l’autre des Insectes suceurs. 4° ordre: Sirnonartères (Atlas, pl. 246, fig. 4), ‘ Caractères : Pas d'ailes ; corps comprimé ; pieds postérieurs propres au saut ; bouche en sucoir. Familles : Le seul genre Puce. 5° ordre : Gozéorrères ( Atlas, pl. 246, fig. 5). Caractères : Quatre ailes, dont les deux. pre- mières impropres au vol, de consistance crusta- cée, destinées à servir d’éluis aux postérieures, celles-ci repliées dans leur longueur dans le re- pos ; bouche propre à broyer. Familles : Carnassiers, Brachélytres, Serricor- nes , Clavicornes , Palpicornes , Lamellicornes, Mé- lasomes, Taxicornes, Sténélytres, Trachélides, Rlynchophores , X ylophages , Longicornes, Eupo- des, Cycliques, Clavipalpes, Aphidiphages, Fun- gicoles , Psélaphiens. 6° ordre : Orruorprères (Atlas, pl. 246, fig. 6). Caractères : Quatre ailes, dont les deux supé- rieures simplement coriaces, les inférieures re- pliées longitudinalement en éventail dans le repos ; bouche propre à broyer. Familles : Forficulaires, Blattaires, Mantides , Spectres, Grylloniens, Locustaires, Acridiens. 7° ordre : Hémwiprknes (Atlas, pl. 246, fig. 7). Caractères : Quatre ailes, dont les deux supé- rieures coriaces dans leur première partie, mem- braneuses dans l’autre ; bouche propre à la suc- cion, formée d’un tube représentant la lèvre in- férieure, de quatre soies qui sont les analogues des mandibules et des mâchoires ; labre en cône al- longé. + Familles : Géocorises, Hydrocorises, Cicadai- res, Hyménélytres , Gallinsectes. 8° ordre : NévroPrères ( Atlas, pl. 246, fig. 8). Caractères : Quatre ailes étendues, pareilles bouche propre à broyer. INSE 187 INSE Familles : Libellulines, Ephémérines, Planipen- | nes, Plicipennes. 9° ordre : Hyménorrènes (Atlas, pl. 246, fig. 9). Caractères : Quatre ailes, dont les inférieures toujours plus courtes que les supérieures , à ner- vures constantes dans les différens genres ; bouche ayant des mâchoires comme les Insectes broyeurs, et les parties inférieures disposées de manière à s’allonger pour pomper le suc des fleurs. Familles : Porte-scies, Pupivores, Hétérogynes, Fouisseurs, Diploptères, Melliferes. 10°ordre: Léprnorrènes (Atlas, pl. 246, fig.10). Caractères : Quatre ailes recouvertes d’écailles ; bouche propre à la succion, formée d’une trompe composée de deux mandibules rapprochées, et formant un canal roulé en spirale sur lui-même. Familles : Diurnes, Crépusculaires , Nocturnes. 11° ordre : Riupiprères (Atlas, pl. 246, fig. 11 ). Caractères : Deux ailes grandes, plissées en éventail dans le repos ; bouche broyeuse ( Insectes vivant en parasites sur les Guépiaires ). Familles : les genres Stylops et Xénos. 19° ordre : Diprènes (Atlas, pl. 246, fig. 12). Caractères : Deux ailes, accompagnées d'orga- pes parliculiers appelés cuilicrons et balanciers: bouche suceuse, formée d’une lèvre inférieure formant canal, et de soies aiguës représentant les autres organes. Familles: Némocéres, T'anistomes, Notacanthes, Athéricères, Pupipares. Telle arr méthode adoptée par Latreille dans le Règne animal , et celle actuellement le plus suivie; mais elle est susceptible de bien des modifica- Uons, dont plusieurs avaient été pressenties par lui-même , comme , par exemple, la formation d’une classe à part des Myriapodes, qu'il avait éta- blis dans ses families du Règne animal, et qu ‘il a ensuite réunis avec les Insectes. La distribution des ordres ne me paraîl pas non plus très-rationnelle: mais pour l'établir il faudrait avoir, comme en botanique, une idée de la valeur graduelle des différens organes : ce travail n’exisie pas encore ; je m'en suis occupé; mais cet article, déjà trop long, ne me permet pas de détailler ici mes rai- sons. Je dirai seulement que l'importance que l’on attache aux ailes me paraît beaucoup trop g crande, en proporlion des autres organes, puisqu elles manquent souvent, et que par cela même ja na- ture indique que toutes les fonctions et le but pour lesquels l'Insectese développe, se trouvent remplis sans leur concours. L’organe buccal me paraît être le premier organe à considérer ; ensuite la vision , les antennes, les pattes, et les ailes en der- nier, comme, à mon avis, les moins indispensa- bles. Dans ces idées , je divise les Insectes en trois groupes: les Broyeurs, comme ayant une organi- sation plus compliquée; ce sont les Colévptères , les Orthoptères el les Névroptères; on peut y joindre les Thysanoures, une partie des Parasiles et les Rhipiptères, si ces derniers ontété bien exa- minés; jene prétends pasdire quelerang danslequel je présente ces ordres soit le véritable ; viennent ensuite les Broyo-suceurs, qui ne contiennent que lopper d’un duvet cotonneux, dernières familles ; nous devons extraire de celles- les Hyménopières; les Suceurs comprendront les Hémiptères, les Diptères , le reste des Parssites, les Syphonaptères et les Lépidoptères, qne je crois devoir mettre en dernier , comme présen- tant les organes buccaux les plus atrophiés. Si l’on jette ensuite un coup d'œil sar chacun des principaux ordres en particulier, nous voyons que dans les Coléoptéres les divisions en Pentamè- res, Hétéromères, etc., séparent les objets les plus rapprochés, sans Compter que ces divisions ne sont rien MOINS qu'exactes. Les Cannassiers commen- cent avec raison la série, mais les Aphidiphages doivent peut-être s’en rapprocher , les Malacoder- mes doivent ansst venir les joindre , je crois même que les Trachélydes, dont les larves vivent en pa- rasites , peuvent sé grouper auprès d'eux; les Sta- phyliens appellent les Psélaphes , et les Nécropho- res trouvent naturellement place à côté d’enx ; les Clavicornes se rapprochent des Histers , et ceux-ci se lient aux Lameilicornes coprophages ; les Eu- podes, les Cycliques avoisinent les Longicornes, ceux-ci se lient aux Platysomes, aux Xylophages, aux Fungicoles; les Sternoxes sont plus rappro- chés qu'on ne paraît le penser des Mélasomes et des autres familles qui s’y lient naturellement ; les Clavipalpes et les Sécuripalpes doivent aussi trou- ver place dans ce groupe; enfin les Charancons doivent , je crois , terminer la série. Les Orthoptè- res auraient en tête les Mantides , puis les Blattaï- res , ensuite les Spectres et les Forticules, le reste camme d’ordinaire ; les Vévroptères seront tou- jours difficiles à classer ; ils forment deux rameaux, dont Fun, ayant des larves terrestres, peut commencer la série en mettant en tête les Myr- méléons, Ascalaphes , Hémérobes , etc. ; l'autre rameat pourra commencer par les Libellulines. Dans les Hyménoptères la série adoptée paraît as- sez naturelle; cependant je crois que les Gallico- les ne devraient pas être séparés des Tenthrédines par une partie des Papivores; dans les Hémiptè- res, au contraire, je crois qu'il y a beaucoup à changer; la famille des Hydrocorises me paraît de- voir venir en tête ; viendront ensuite les Rameurs, | puis les Oculées , puis les Nudicoiles, les Membra- peuses , les Corés et genres voisins , les autres Lon- gilabres , en finissant par les Miris, qui, par leur | tarière, se rapprochent de la section des Fomoptè- res; les Gigales proprement dites doivent com- mencer cctle division; viendront ensuile les Cér- copes ct autres Cedièliés , les Membracides, enfin les Fulsorelles qui, par la faculté de s’enve- se rapprochent des ciles Thrips, qui, par leur suçoir composé de soies rétractiles et leurs palpes de trois articles , ne sont pas là à leur place. Les. Diptéres ne paraissent gnère susceptibles que deremaniemens de détails ; quant aux Lepidoptères, les classifications suivies jusqu'à présent n'étaient fondées sur aucun carac- tère réel, on peut dire que tout est encore à faire. Formation et conservation des collections. —= L'étude des Insectes offre mille charmes et mille: distraclions ; mais cette étude est subordonnée à EE N -INSE 188 INSE -deux choses, une bibliothèque entomologique et une collection ; l’article ExromGLoGIE nous a déjà indiqué quelques uns des auteurs qui se sont occu- pés de celle science; nous n’y reviendrons pas. Quant aux collections, on sent que si la pariie des Insectes étrangers se monte par des achats et des échanges, celle propre aux Insectes du pays ne s’augmente guère que par des chasses, qui méri- tent d’être détaillées ; il faut d’abord se pourvoir des objets nécessaires, qui sont : des boîtes garnies en liége ou toute autre substance tendre, des bou- teilles remplies soit de rognures de papier, soit d'alcool , un filet, des épingles, des bruxelles, et au moins un fort couteau ; quand on est muni de ces objets on peut partir en chasse ; les Insectes se trouvent partout; mais voici cependant les prin- cipales localités où il faut chercher: le long des chemins, sous les pierres qui les bordent; dans les sablonnières: les espèces qui s’y trouvent y creusent des trous qu'il est facile de fouiller; au bord des eaux, sous les pierres, et même sous elles qui garnissent le fond des ruisseaux ; sur les plan- tes il faut visiter les tiges, les feuilles et les fleurs ; dans les champignons et autres substances végé- tales en décomposition ; sous les mousses ; sur les arbres, surtout sous les écorces et dans leur carie, ou le détritus qui remplace leur aubier ; dans les fumiers ; dans les substancesexcrémentitielles, sur- tout celles des herbivores ; les recherches dans ces matières, quoique désagréables , dédommagent le paturaliste, parce qu’il y trouve souvent des In- sectes précieux et de grande taille ; dans les cada- vres en putréfaction : cette recherche demande de la prudence , il faut se mettre au dessus du vent et éviter le contact immédiat. Il est évident que l’on ne trouve pas dans les pays cultivés les espè- ces des pays arides, ni dans les plaines ce qui vit au haut des montagnes; la chasse consiste donc à visiler ces différentes localités et à attraper, au moyen du filet, les Insectes qui volent à votre portée; mais il est encore deux autres moyens prompts, et qui procurent beaucoup d’objets que l’on n'aurait jamais sans cela ; le premier consiste à étendre à terre un morceau d’étoffe blanche et de secouer les arbres dessus , il tombe beaucoup de choses que l’on se hâte de saisir ; un autre est de faucher, c’est-à-dire de passer rapidement le filet en Lenant son ouverture verticale sur les champs de plantes, surtout au moment où elles sont en fleur, la secousse fait tomber les Insectes au fond du filet, on le ferme avant qu'ils aient pu en sortir, et on les saisit ensuite à son aise. Les Insectes attrapés, les uns sont de suite pi- qués , mais non tous de la même manière ; les Go- léoptères se piquent sur l’élytre droite près de lé- cusson et de la suture, et l’épingle doit dépasser le dessus du dos d’un quart environ de sa longueur ; les autres Insectes se piquent au milieu du dos; ceux que l’on ne pique pas sont mis les uns dans le flacon à alcool, mais seulement ceux de couleur noire et de substance coriace; les petits sont je- tés dans une bouteille garnie de rognurés de papier, et l’on ne s’occupe à les piquer qu’à son retour chez soi; en voyage on met des doubles de tous dans l’alcool pour la dissection, et l’on peut conser- ver, quand on manque de place, beauconp de Co- léoptères dans des boîtes avec dusable bien sec ; tout ce qui doit rester long-temps sans être visité doit. être soumis à une haule température pour détruire les larves qui pourraient les dévorer. Chacun établit sa collection comme il l'entend, mais, quelque mode que l’on adopte, soit carton, boîte, outiroir, il faut qu’ils ferment bien exac- tement, et de plus qu’ils soient renfermés dans des armoires ayant la même qualité. Les soins à prendre pour la conservation , sont de visiter souvent sa col- lection , de n’y laisser subsister aucune poussière, et suriout de n’y introduire aucun Insecte sans l’a - voir soumis à une forte chaleur. Pour remplir ce but les entomologistes possèdent presque tous un appareil composé de deux boîtes en fer-blanc, s’emboîtant l’une dans l’autre, avec un intervalle entre elles deux, et fermant hermétiquement ; dans la boîte intérieure on met‘les Insectes ou la boite tout entière qui a besoin de purification ; on ferme son couvercle, on introduit ‘entre les deux boîtes de l’eau, et l’on chauffe fortement , quand l’eau bout depuis quelque temps, le degré de température de la boîte intérieure atteint près de cent degrés centigrades, et cette chaleur est plus que suflisante pour faire périr tous les germes. Ce moyen peut servir à tuer de suite des Insectes dont la vie est très-tenace, et qui pourraient se déta- cher dans les boîtes où ils seraient piqués ; mais en chasse on remplace cet instrument par une boîte de fer-blanc couverte d’un verre noir bombé; en l’exposant au soleil, les Insectes qui y sont ren- fermés y meurent en très-peu de temps par la ra- réfaction de l'air. Tel est le résumé sommaire de nos connaissances sur les Insectes; on voit combien de lacunes y existent, et combien les amis des sciences. y trouveront de sujets de travaux encore tout neufs ; mais nous sommes dans un moment, nous n’en doutons pas, où le zèle des amis de cette science agréable finirait, à force d'étude, par éclaircir tous les doutes et lever toutes les difficultés , si l’étude de la nature ne laissait pas toujours à faire pour ceux qu’anime l’ardeur du travail. (A. P.) INSECTIVORES.. (zoo1.) C'est-à-dire man- geurs d’Insectes. Pris dans son acception la plus générale, ce nom peut s’appliquer à tous les ani- maux qui se nourrissent d’Insectes, et dans toutes les classes du règne animal on trouve des espèces qui se présentent avec celte habitude. Mais quel- ques zoologistes ont restreint la signification du mot Insectivore pour l'appliquer , dans une classe donnée , aux animaux qui se font surtout remar- quer par leur régime Insectivore, ou mieux , par l'habitude de ‘se nourrir d’une manière plus ou moins exclusive d'insectes ou de larves et même de toutes sortes d'animaux articulés. Dans le groupe des Mammifères, les éspèces Insectivores par excellence, celles au moins auxquelles cenom , a été particulièrement réservé, appartiennent à l'ordre des Carnassiers; ce sont les Taupes, les pou » pp rs pe & INSP 189 INST Musaraignes , les Desmans, les Hérissons et les Tupaias, dont nous avons déjà dit quelques mots à l’article Carnassrers de ce Dictionnaire ; mais on ne doit pas se dissimuler que ces animaux ne sont pas les seuls, non seulement de leur classe , mais encore de leur ordre (celui des Carnassiers), qui soient Insectivores , puisque beaucoup de Ghauve- Souris ( voy. Crerroprères) ont aussi le même régime. D’autres animaux mammiières d’un or- dre un peu différent se nourrissent également, en totalité ou en partie, d’Insectes ; beaucoup de Qua- drumanes de la famille des Singes , les Lémuriens, un grand nombre de Dinecpues (voy. ce mot), les Galéopithèques, la plupart des Edentés sont dans ce cas. Parmi les oiseaux , il existe de même des In- sectivores, et les genres qui présentent celte particularité sont très-variés en espèces. Un savant naturaliste a groupé dans un même ordre ( ordre des Insectivores, Temminck) les divers oiseaux qui sont surtout remarquables sous ce rapport : ce sont les Pies-grièches, Gobe-mouches , Merles, Gincles, Bec-fins ou Sylvies, Troglodytes, Roite- lets, Bergeronnettes, Pipits , Traquets, etc. Voyez, pour les Reptiles ét les Poissons qui se nourrissent d’Insectes, les articles RePrires , Pors- sons, elc. (GEnrv.) 4 INSECTOLOGIE. (z00r.) Quelques naturalistes ont employé cette expression pour désigner l'En- tomologie ou science qui traite des Insscres. Voy. ce mot. (Guér.) INSERTION: (anaT. mor.) Attache d’une par- tie sur une autre. Les Insertions se font principa- lement sur les os, les cartilages et les organes fibreux ; ainsi l’on dit que les fibres musculaires s’insèrent sur un tendon, une aponévrose; qu’un tendon, qu’une aponévrose s’insèrent sur-un os, un cartilage, etc. Les applications de ce mot que nous venons d'indiquer ont rapport à l’anatomie. En botanique, l'insertion, qui indique aussi le rap- port d’une partie à une autre, est importante sur- tout lorsqu'il s’agit des parties de la fleur. En ef- fet, comme l'insertion de ces parties est la même dans les plantes de la même famille, il en résulte qu’elle fournit un caractère très-important. Ainsi, dit Desvaux ( Dictionnaire de Botanique), l’Inser- tion d’une partie étant connue, souvent celle de toutes les autres parties de la fleur se trouve in- diquée par là; par exemple il suffit de dire fruit ou ovaire infère, pourentendre que le corps du ca- lice est infère et que la corolle, les étamines , le style sont supères. Desvaux distingue encore les Insertions en périgynique, hypogynique ou épi- gynique, suivant que les parties de la fleur sont situées autour de la base de l’ovaire, au dessous ou au dessus de cet organe. (P. G.) INSPIRATION. (puysior.) On désigne par ce mot le mécanisme par lequel l'air est attiré dans les poumons ; ce mécanisme est simple et peut être assez exactement comparé au premier temps du jeu d’un soufflet, Pour le comprendre, il faut se rappeler que les parois de la poitrine ou thorax sont mobiles, que cette cavité peut ainsi s’agran- dir ou se resserrer , et que les poumons en suivent tous les mouvemens. Lorsque les parois de la poi- trine se dilatent , l'air, pressé par le poids de l’at- mosphère, se précipite dans les poumons à tra- vers la bouche ou les fosses nasales et la trachée- artère, et vient remplir les cellules pulmonaires de la même manière que l’eau monte dans un corps de pompe dont on élève le piston. La dila- tation du thorax s’opère ou par la contraction du diaphragme ou par lélévation des côtes. Si l’on se rappelle que le muscle, dans l'état de repos , forme une voûte élevée qui remonte dans l’inté- rieur de la poitrine, on comprendra qu’en s’abais- sant il doit agrandir d’autant cette cavité. Le jew des côtes est un peu plus compliqué : ces os dé- crivent chacun une courburz dont la convexité est tournée en dehors et un peu en bas ; leur ex- trémité antérieure, qui est unie austernum à l’aide de cartilages intermédiaires , est beaucoup moins élevée que leur’ extrémité postérieure , et larti- culation de celle-ci avec la colonne vertébrale leur permet de s’élever et de s’abaisser. Le pre- mier de ces mouvemens est déterminé par la con- traction des muscles de la base du cou. Or, lorsque les côtes s'élèvent, elles tendent à se pla- cer sur une ligne horizontale ; car en même temps que leur extrémité antérieure remonte en entraî- nant le sternum, elles tournent un peu sur elles- mêmes , de facon que leur courbure se dirige en dehors ; il en résulte que les parois latérales et antérieures du thorax s’éloignent alors de la co- lonne vertébrale , et que la cavité de la poitrine s’agrandit. Les poumons suivent, avons-nous dit, ce mouvement , et l’air y pénètre. On évalue à environ 655 centimètres cubes la quantité d’air qui s’y précipite à chaque inspiration. Le nombre de ces mouvemens varie suivant les individus, les âges, l’élévation du terrain sur lequel l'animal est placé , et dans un grand nombre de circonstances. Dans l’homme adulte, on compte environ vingt inspirations par minute; ainsi donc, il entre dans les poumons d’un homme à peu près 15100 cen- timètres cubes d’air par minute, c’eit-à-dire envi- ron 786 litres par heure et 19000 litres par jour. (Foy. RESPIRATION.) (P. G.) INSTINCT. On a défini lInstinct une puis- sance intérieure d'action qui fait agir l'homme et beaucoup d'animaux, soudainement et sans être le résultat de la réflexion. L’Instinct est la consé- quence nécessaire de l’organisation, et c’est dans ce sens qu’on a dit qu'il était aux corps organisés ce que le son ou la pesanteur sont aux corps bruts. En effet, at-on ajouté , il ne peut se faire que tel ou tel arrangement de molécules métalliques, par exemple, ne produise tel ou tel bruit par la per cussion , ou qu’on ne fasse pencher le bassin d’une balance lorsqu'on y place un corps lourd en op- position avec un corps plus léger; de même, il ne. se peut faire qu’un être organisé n’appète les cho- ses dont sa conservation dépend, et n’évite, au- tant qu’il est possible, ce qui lui pourrait nuire. C'est à chercher ainsi qu’à saisir cette distinction que l’Instinct détermine, parce qu'il est en quelque A ——_—_—_ 2e mms 190 INST INST sorte l’âme org ganique ou le premier effet dont l’organisation même soit le moteur. En considé- raut ainsi l'Inslinct, on conçoit qu'il faut l’adenet- tre dans tous Les êlres organisés, dans les végé- taux comme dans les animaux , etregarder comme un effet de cette puissance la faculté par laquelle une plante s'étend, perce une muraille pour cher- cher un terrain plus propice à son développement; comme aussi une larve d’insecte , étrangère aux auteurs de ses jours , accomplit une série d'actes propres à ceux-ci. C’est l’Instinct qui porte le Jeune mammilère dont les yeux n ’ont pas encore vu la Inmière, à chercher la source où il doit pui- ser son premier aliment , et à opérer la succion nécessaire pour l’obteuir. Le Poulet qui brise sa coque, la Tortue marine à peine éclose qui se di- rige en droite ligne vers l’élément qu’elle doit ha- biter ; le fœtus qui, dans le sein desa mère, prend la position la plus favorable, obéissent tous, à des mouvemens inslinclifs, [lsemble aa reste que l'In- stinct soit dans les animaux en raïson inverse de l'intelligence , et que ceux qui agissent plus abso- lument en vertn de cette première faculté soient les plus éloignés d'obtenir la seconde. Les actions des animaux sont presque toutes dirigées par l’In- stinct ; le raisonnement est chez eux nul ou 1irès- borné, parce qu’ils n'ont pas, comme nous, les moyens de présenter leurs idées par dessignes et de se les communiquer entre eux ; toutefois il ne faut pas en conclure que dans quelques animaux, même dans ceux qui s’éloignent de l'espèce humaine , il n'existe Male att, rien d’analogue au langage. Les Abeilles, les Fourmis ont la {aculté de pou- voir se communiquer certaines idées( v. à ce sujet au mot InreuniGence DES ANIMAUX). C’est au reste de la combinaison des forces instinctives et des per- ceptions qui nous viennent des sens que résulieat nécessairement les facultés intellectuelles , et dès qu'an certaim-équilibre vient à s'établir entre lin- tellect et L'Instinct chez l’être convenablement or- ganisé, la raison brille et l'éclaire. (P. G.) INSTRUCTION DU VOYAGEUR NATURA- | LISTE. Gelui qui se voue à la culture d’une bran- che quelconque, de l'Histoire naturelle s'impose nécessairement L obligation d’en suivre les progrès. et de marcher toujours d'accord avec eux; mais , comme je lai dit en traitant de l'ensembie de la science (vom. tom. JET, pag. 630-637), il estaussi de, son intéuêt de péuétrer dans toutes lesautrespar- ties qui. se lient plus étroitement à ses études spéciales. I n'en est pas de même du voyageur naturaliste ; il lui faut posséder une connaissance assez approfondie de chacune des parties de lar- bre des sciences naturelles, pour être en état de colliger utilement, de préparer convenablement l'objet qu blasons les yeux, de le, décrire avec exactitude etexprimer le moelleux que lui donnent lasvie , la localité, la saison et la masse des cir- constances propres à chaque individualité. Dans lestome V°, pag. 298-515 de ses Amænitates, aca- demicæ | Linné, le. lt égistateur de la vraie science, a tracé une ivstraction qu'il faut lire et pratiquer quand on ve:il Lirer prolit des voyages que l'on entreprend; quoique écrite il y a déjà seize las- tres , clle laisse peu de choses à dire. Si je me per- mets donc d'ajouter quelques lignes aux sages eb. prévoyans conseils de notre maître à tous, c’est. pour indiquer les besoins actuels de la science. Sous le rapport de Ja géologie, le voyageur naturaliste m'a rien à négliger , ni les roches communes, ni les roches aie llae à : toutes sont appelées à fournir un intérêt réel par ieur composition, leur contexture , leur interposition et par les différens corps qu’elles. renferment. Les échantillons demandent à être choisis avec entente , afin de servir à caractériser la constitu- tion du sol et à donner une idée exacte de: sa for- mation primitive. Un dessin indiquera la couleur, la forme actuelle, le gisement des assises , les lits- des conglomérats, ibe. El faut ésalementrecnéillir avec le plus grand soin tousles débris fossiles, et. prendre la hauteur des lieux qui les fournissent et celle des pics qui les dominent. Pour le plus grand profit de la botanique et de la culture. 1l est essentiel de réunir de beaux in- dividus préparés et séchés convenablement (voy. au mot Hersrer) des plantes tant spontanées que: cultivées, portant des notes sur leurs rapporisavec la nature du sol , lexposition , l'emploi que l’on en fait, soit comme alinens , soit comme objets d’art d’ornement , soit comme médicamens , et sur les relations qu’elles ont avec les autres végé- taux indigènes. Il n’est pas moins d’une haute im- portance de rapporter leurs graines en parfaite ma lurité, renferméesdans des sacs.de bon papier, ainsi que des tranches du bois garni de son écorce, et des fruits frais aisen des édite reunplis d'alcool ou de vinaigre de bois. Un dessin du port de la plante , la fleur au moment de son épanouissement , Pac natomie, de ses différentes parties , la coupe du fruit pris, sur un bel échantillon, compléterontles connaissances que l’on désire. posséder sur les di- verses productions, du règne végétal, Si l’on peut y joindre la figure de la racine et celle de la ser mination., ce sera rendre uw véritable service F' la science. Les graines oléagineuses où succulentes: se stralifient avec soin dans du sable: irès-fin , très-sec ; on les isole les unes des autres, pour éviler tout contact et par conséquent toul prineipe déterminant la fermentation. Roxburg les plon- geail dans un mélange de gomme arabique ek d'eau ; cette couche qu il exposait à l'air, en se dur- cissant, garantissait lesgraines.et les fruits, pulpeux de la =D et Eu permettait d'arriver de: l'Inde en Europe sans éprouver la plus légère al- tération. Les bulbes, les caïeux, les Lol les warcottess’'enferment dans de petits barils pc de bitume à l’intérieur comme à l'extérieur que l’on remplit de terreau d'arbres pourris purgé de tout insecte. Quant à la zoologie , on néglige trop les œufs ; il importe de les ramasser, de les vider et de les tenir dans du son où de la sciure de bois séchée au four, de meltre dessus un chiffre correspondant à la note écrite contenant les noms populaire et scientifique de l'uiseau,, du reptile, de l'insecte, : LE INST et un dessin offrant la figure du nid avec l’indica- tion des matières qui le composent tant à l'inté- rieur qu'à l'extérieur, le nombre des œufs aux deux pontes de l’année. Il ne suflit pas de rappor- ter des individus desséchés entièrement, ou seu- lement la peau et les quelette des grandes espèces ; un dessin est de rigueur pour faire connaître le port habituel, les couleurs et nuances de la robe, enün mot, l'animal dans la plénitude de la vie. Les coquilles vivantes, débarrassées de l’animal et de tous corps étrangers , veulent être accompagnées d’un second échantillon portant le mollusque , et être enfermées dans un bocal rempli d'alcool. On ne doit pas se contenter, comme il est arrivé jus- qu'ici, de colliger des crânes de l’un et l’autre sexe , la science a besoin du squelette entier pour régulariser histoire écrite des différentes familles humaines et mettre un terme à l'arbitraire des classifications nouvellement proposées. Le journal du voyageur naturaliste, pour ré- pondre aux exigences actuelles , offrira moins les particularités qui lui sont personnelles, à moins d'une liaison intime avec ses recherches , que des détails sur les mæwrs et les habitudes des ani- maux étudiés, sur les mœurs, les usages, coutu- mes , vêlemens , exercices des peuplades visitées. 11 fera bien d’enregister les observations météoro- logiques , les événemens géologiques , les phéno- mènes , les faits extraordinaires et légitimés par la comparaison des faits constatés (voy. aux mots Anr p’ogsenver et Farrs) , de même que toutes les particularités remarquables dont la science eut profiter actuellement, ou plus tard, pour expliquer des faits jusqu'ici demeurés isolés, pour imprimer de la force à des méthodes, à des in- ductions encore timidement exposées, pour éten- dre des vues aujourd'hui sans portée, et fournir des moyens imprévus pour arriver à de nouvelles, à d'importantes déconvertes. (T: ». B.) INSTRUMENS PROPRES AUX ÉTUDES DE L'HISTOIRE NATURELLE. ( zoo. ) Bien que ce nom sénérique serve à indiquer Ja plupart des ou- tils, machines ou appareils qu'on emploie ordi- nairement dans les usines ou manufactures, il est ici spécialement consacré pour désigner ceux dont on se sert dans les sciences ou les arts libéraux. C’est ainsi, par exemple , que dans les mains d’un artisan, une gouge, un maäillet sont des outils , tandis qu'ils sont des [nstrumens dans les mains d'un chirurgien. On raconte , à cet égard, qu'un ministre affectant de demander à un praticien cé- lèbre si ses outils étaient en état, celui-ci lui ré- ondit : — Nous avons des Instrumens,, et non as des ontils. — Comment appclez-vous donc un bistouri ? répliqua le ministre. — C’est un Instru- ment, comme volre épée, avec cette différence que c’est ui Instrument de conservation, tandis que votre épée en est un de destruction. Sans vou loir chercher à restreindre la signification du mot outil, et pour nous conformer à l’usage adopté , nous appellerons donc /nstrumens tous ceux qui sontemployés dans les travaux d’histoire naturelle: Les difficultés sans nombre que rencontre la- 191 TS om À INST natomiste lorsqu'il veut examiner jusqu'aux plus petits détails de l’organisation, l'ont mis dans Ja nécessité de recourir à un assez grand nombre d’Instrumens. Cependant, comme il est facile d'en restreindre le nombre, nous allons faire con- naitre ceux qui sont indispensables. En général , le bistouri ( n° 5, fig. 249 ), la pince ( n° 6 ), et les ciseaux courbes ( n° 7), suflisent pour dissé- quer les muscles et toutes les parties molles. L’ai- guille recourbée (n° 4) est aussi d’une grande utilité lorsqu'il faut diviser et isoler les fibres extrêmement ténues. Il n’en est pas de mêmelors- qu'il s’agit de diviser les pièces les plus dures!, celles du squelette , par exemple; dans ce easi, il faut avoir recours à Ja scie , à la gouge et au marteau. La rugine qui sert à gratter les os est aussi très-utile ; mais ce qui est quelquefois indis- peusable, c'est un aide pour assujellir les parties que l’on veut étudier. Pour y suppléer, et pour di- minuer autant que possible le nombre des Instru- mens, nous avons imaginé de‘jaire construire un marteau à deux branches ( n° à et 2 tiers gr. nat, ) qui se compose de plusieurs pièces , et dont nous allons indiquer l’usage. Pris dans son ensemble, et convenablement disposé, il peut servir à fixer les objets, à les écarter ou les rapprocher comme le feraient les mains d’un aide. Aussi avons nous à l’examiner sous un double point de vue d'utilité. Premièrement, lorsqu'on a besoin d’un ciseau pour diviser les parties dures , il faut séparer de la branche dla portion f que maintient Ja vis g , et adapter à son extrémité le ciseau p au moyen d’une vis de pression o. Les branches d, e, étant rapprochées et fixées solidement par la vis 4 qui les traverse, forment le manche du marteau. Le bisean p, fixé dans une des mortaises transversales par la même vis de pression o, constitue une véri- table rugine dont le manche est représenté par l’une des brarches du marteau. Si l’on a besoin de scier quelque chose, on adapte ja lame droite n° 3 ou la scie courbe h à l'extrémité de la tige f qui, dans ce cas, servira de poignée, Enfin la tête du marteau reçoit dans une mortaise le te- non du biseau c fixé par une vis de pression que l'on ne peut pas voir dans le dessin : il sert à ou- vhir le crâne ou à rompre des parties dures, lors- qu’on ne veut pas employer la scie. Pour que le marteau à double branche puisse ensuite servir d'aide, il faut le disposer comme dans la fig. 2. La tête du marleau fixée sur une table , au moyen d’une des vis a ou b, et dans le sens qui sera le plus convenable, les branches e et d, armées des crochets droits n fou cour- bes m, que lon peut placer en dedans où en dehors des deux tiges, servent à serrer fortement ou à écarter les parties que l’on dissèque. La lame de scie courbe , qui traverse la branche e L, et qui se fixe dans une rainure de la branche d o, peut , au moyen des deux vis de pression i et #, iwaintenir sohdement les deux tiges dans un écar- tement voulu.Cependant, s'il fallait agir sur une préparation de Ja poitrine, par exemple, on sur deux points qui ne seraient pas diamétralement CE INST 192 ANST D opposés , il faudrait séparer les deux branches e / et do de la tête du marteau, adapter un crochet courbe m à chaque extrémité , et fixer, au moyen d’écrous et de vis a et D , les deux tiges qui, dans ce cas, représentent deux mains agissent dans un sens convenable. Pour terminer la description des Anstrumens que nous avons fait représenter pl. 249, il nous reste à parler du siphon et de la seringue à injection : ils sont l’un et l’autre d’un usage fré- uent et d’une grande utilité pour l’anatomiste. .… Le siphon ( fig. 9 ) consiste en un tube de verre recourbé, terminé en pointe à l’une de ses extré- mités, et renflé à l’autre : au collet de ce renfle- ment { s'adapte une vessie » de gomme éias- tique. En pressant d’abord fortement cette vessie, on fait sortir l'air qu'elle contient; ensuite on plonge l'extrémité effilée du tube dans un liquide quelconque, et celui-ci, dès qu’on cesse de com- primer la vessie, remonte jusque dans la cuvette ou renflement t. Alors rne nouvelle pression faite sur la bouteille desgomme élastique fait jaillir au loin le liquide contenu dans le syphon. Il est bon d'observer que les parois de la vessie doivent être assez résistantes pour supporter les colonnes d’air qui les pressent de toutes parts ; car sags cela, au moment où la main cesserait d’agir sur elles, le vide ne se ferait pas dans la vessie , et le liquide ne serait pas aspiré. L’on concevra facilement tous les avantages que l’on peut retirer de ce petit appareil , lorsque, par exemple, on voudra meltre à seç une cavité qui contient du liquide, ou qu'on voudra laser un organe situé profondément et peu facile à dépla- cer; enfin lorsqu'on voudra pousser da mercure dans les artères ou tout autre vaisseau. En effet, ik est impossible, pour ces sortes d’injections, de se servir des seringues ordinairement employées , parce que le mercure a la propriété d'attaquer le cuivre ct le plus grand nombre des métaux. Quant aux autres injections, utiles en anatomie, pour con- stater l’existence de très-petits vaisseaux, ou pour faire des préparations à conserver, la seringue de cuivre ( représentée fig. 8, un tiers gr, nat. ) est seule employée, sauf quelques modifications qui sont de peu d’impcrtance. Celle-ci se compose d’un corps de pompe, du piston b et d’un tuberde rechange a, qui se visse d’une part et sc termine de l’autre par une pointe plus ou moins eflilée, et portant un petit rebord sur lequel on peut fixer la ligature nécessaire à maintenir le tube dans le vaisseau qu’on veut injecter. Comme il est important de choisir la substance que l’on veut employer, et que l’on a indiqué une foule de méthodes pour faire les injections, nous allons faire connaître brièvement les procédés qui nous paraissent offrir le plus d’avaniages. On distingue les, injections en générales et en partielles : les premières sont plus souvent em- ployées parce qu’elles sont faciles à faire et qu’elles réussissent mieux, Lorsqu’on se propose d’injecter tout le cadavre, il convient de placer le tube à l’o- rigine de l'aorte, vaisseau principal da corps, qui part du cœur et qui se ramifie dans tous les or- ganes. Les veines doivent être injectées dans un sens opposé, c'est-à-dire de la circonférence au centre, ou des extrémités vers le cœur , à cause des valvules qu’elles contiennent. C’est ordinaire- ment par les crurales et les jugulaires que l’on procède alors: mais si c’est un fœtus, il faut de préférence injecter les artères et les veines parle cordon ombilical. Quant aux substances à employer , le suif et la poix blanche suflisent pour les injections gros- sières ; les proportions sont deux livres de suif pour une demi-livre de poix blanche. Faites d’a- bord fondre la poix, ajoutez le suif quand elle aura cessé de bouillir. Lorsque le mélange sera chaud , retirez-le du feu pour le passer à travers un linge , ajoutez ensuite quatre onces d'essence de térébenthine dans laquelle vous aurez délayé une assez grande quantité de noir de fumée pour lui donner la couleur et la consistance convena- bles. Pour que cette matière pénètre bien dans les vaisseaux , il faut que sa température soit as- sez élevée, afin qu'elle ne se fige point dans les endroits qu’elle doit parcourir , ou bien il faut que le sujet soit préalablement placé dans un bain tiède. Les injections solides pour les points que l’on veut conserver par dessiccation, se font avec les substances suivantes : SEL 0 EME NUE Cire blanche. . . . . Faites fondre ces substances , et ajoutez, quand elles seront fondues : Térébenthine liquide. . . 4 onces. : Matière colorante . . . quantité suflisante. De ue 2 livres. 1/2 livre. On colore ordinairement en rouge les injections destinées pour remplir les arières, et en bleu celles que lon doit introduire dans les veines, afin d’imiter jusqu’à un certain point la couleur du liquide contenu daas ces deux genres de vais- seaux, et surtout pour les distinguer les uns des autres. La couleur jaune est le plus souvent employée pour les injections des vaisseaux lymphatiques. Quant aux injections très-fines , après avoir es- sayé successivement toutes les substances dont on se sert ordinairement, nous avons depuis long- temds adopté celle au vernis. La facilité avec la- quelle lé vernis à l'alcool dissout le miniam , l'extrême divisibilité de ce dernier, et la possibi- lité de le faire pénétrer jusque dans les plus pe- tites ramifications, sans le secours de la chaleur, enfin la propriété qu'il a de se durcir après avoir séjourné dans de l’eau froide, doivent lui mériter la préférence. 11 est plus difficile d'indiquer ici dans quelles proportions le mélange, doit avoir lieu. En général, plus le vernis sera chargé de minium , moins il pénétrera dans les dernières ra- dicules. Il est indispensable aussi de ne point se servir du vase où l’on a fait opérer le mélange sans lavoir préalablement nettoyé. À l’aide de ce procédé , nous avons souvent réussi à faire parve- nir la matière colorante jusque dans les plus petits vaisseaux, ANNEES EL CRE pen TER F 5 4 LE f Metal * * Sa f de F *? % TE , Due CD Aurie Boron de TnStunens ZAeove nur Æ Cucrin dir PL. 250. * Akorie Baron dd s gere: & Instrumens 7 Zirtoire natucelle Æ. Guerin dr a INST 199 INST RER ARR vaisseaux, et à donner aux membranes muqueuses la couleur de l'injection , de manière à ne pouvoir plus distinguer les ramifications vasculaires qu’au moyen d’une forte lentille. Nous doutons que les injections si vantées de Ruysch, qui a fait un se- cret du procédé qu'il employait, et celles du célè- Cooper, aient mieux réussi. Enfin le mercure est souvent employé avec suc- cès , et ilest quelquefois très-avantageux de n’in- jecter que de l'air dans les vaisseaux; mais il faut agir avec précaution et plonger la préparation dans l’eau au moment où l’onopère. (M.S. A.) Tr INSTRUMENS DE BOTANIQUE. En traitant des herborisations (voy. t. II, pag. 590), j'ai fait connaître les Instrumens dont le botaniste doit être muni pour recueillir les planteset, par la dis- section, pénétrer dans le secret de leur organisa- tion. J’ai dit aussi (voy. au mot Hergier) ce qu'il faut avoir en sa possession pour former un bon herbier et le rendre propre à répondre aux indi- cations qu’on lui demande. On trouvera repré- sentés à la planche 249 la pince ( fig. 6) pour détacher les bractées , les appendices , les pétales, les étamines que l’on veut étudier séparément; Instrument tranchant (fig. 5} pour diviser l'o- vaire, ouvrir les tiges, pénétrer dans les organes sans les déchirer; les ciseaux (fig. 7) nécessaires pour couper les enveloppes du fruit; et le cueil- Loir destiné à la récolte des bulbes, des plantes aquatiques (fig. 15). On se sert de loupes porta- tives ou du microscope représenté fig. 10, quand on a besoin de saisir les parties les plus ténues du végétal extérieur ou intérieur. Un point de physiologie auquel les botanistes ne s'arrêtent point assez, c’est de déterminer l’âge des arbres qu'ils sont dans le cas de décrire. Quelques uns ont, à ce sujet, cu recours à des calculs approximatifs ; mais ils sont loin de pouvoir servir au cullivateur jaloux de saisir le terme de l'accroissement à l'eflet de jouir de la force de ses arbres et d’entirer le parti convenable (v, aux mots Arsres et Bois, t. [, pag. 258 et 464 ).Il devenait donc important de trouver un Instrument au moyen duquel on pût apprécier d’une ma- nière exacte le grossissement annuel. Cet Instru- ment a été imaginé par un Lyonnais, Faissoles de Vaize. Je l’ai publié en 1820, et le fais représenter … dans la même pl. 249, fig. 11 à 14, pour aider à sa plus grande propagation. C'est un compas à deux pointes tournées d’un même côté; l’une d’elles est fixée entre deux lames de fer et à l’une de leurs extrémités. Une vis sans fin est placée au milieu de ces lames, elle traverse l'autre pointe, armée à sa base d’un écrou. Le rapprochement ou l'éloignement de la pointe mo- bile de celle qui demeure fixe, s’opère en tour- nant la vis, soit dans un sens, soit dans le sens ôpposé. En l’appliquant sur un arbre on obtient son diamètre à différentes hauteurs , sans craindre _ de commettre une erreur d’un millimètre. Rien . de plus facile à manier. Sous le n° 11, on voit le compas dans une - position horizontale, A en est l'anneau ou latête. Les T. IV. e deux lames sont figurées par le parallélogramme rectangle BCDE , dont la hauteur BC est de douze millimètres; lalongueur GD est de seize centimètres; l'épaisseur de chaque lame est d’un millimètre. Les solides G, H sont appelés pointes du compas; ils ont quatre-vingt-six millimètres de long. La pointe F est fixe; celle I ( dont l’écrou , vers ad de la fig. 14, est traversé par une vis sans fin ef) est mobile et armée en K d’une petite clef. En. tournant l’anneau À de droite à gauche, la pointe I s'approche de la partie B, G, et en le faisant mar- cher de gauche à droite, cette pointe s'approche de celle F en s’éloignant du point BC. Les deux lignes parallèles ab et cd’ de la fig. 14 déterminent la position de ces deux lignes ; ad et cb sont deux autres petites lames de onze milli- mètres de haut sur dix de large; elles se fixent aux extrémités des deux premières lames. La ligne efest la vis sans fin; elle se trouve parallèle aux deux lames ab et cd, et se termine vers ad par un clou rivé ene, et par son prolongement au-delà de bc par un anneau en f. Quant au deuxième solide du compas repré- senté sous le n° 15 de la même planche, on voit de g à k une pointe que l’on peut déplacer et à laquelle il est aisé de substituer une plume métal- lique ; la partie & est une petite clef portant une vis; en la tournant, soit dans un sens, soit dans un autre, on fixe la pointe ou la plume dont on veut faire usage. La partie ; est une portion de la vis sans fin (ef de la fig. 14) qui entre dans l’é- crou ad de la même fig. 14, pratiqué dans le pied de la pièce H de la fig. 11. La fig. 12 repré- sente la plume métallique que l’on adapte en g au solide H, au moyen de la clef : de la fig. 15. Toutes les dimensions indiquées dans cette des- cription peuvent être plus grandes ou plus petites, à raison de l’usage que l’on est dans l'intention de faire de l'Instrument. Quelles que soient ces proportions , on peut, au moyen de l'éloignement ou du rapprochement des deux pointes F, I de la fig. 11, mesurer les diamètres des corps cylindri- ques, délerminér des distances sur le papier ou sur une carte, etc. Les filets de la vis ef de la fi- gure 14, élant très-petits, si l’on ne fait faire à l'anneau À qu’un quart ou un huitième de révo- lution , il n’existera entre les deux pointes qu'un très-pelit espace, et comme ces deux pointes ne peuvent s'éloigner ou se rapprocher qu’en impri- mant un mouvement à la vis, on obtient de la manière la plus rigoureuse des dimensions en rai- son de la longueur des lames et de la vis sans fin. Le compas-Faissoles, ainsi nommé de son in- venteur , est excellent peur connaître la véritable grosseur des arbres du même âge ou de difftrens âges, provenussur tous les terrains, et dans toutes les contrées. Je l’ai employé avec succès pour les greffes où je me proposais de réunir des tiges de grosseur parfaitement égale, afin que les pellicu- les ou pour mieux dire les libers se rencontrassent d’une manière identique dans la jonction des deux sujets. (T. ». B.) INSTRUMENS DE GULTURE, Je ne parlerai 269° Livraison. 29 ——————————————— "© INST' 194 INST " oo d'aucun Instrament de culture, leur nomencla- ture et leur description dépasseraient les limites ét la spécialité de cet ouvrage. On les trouvera figurés dans mon Dictionnaire de Vagriculture nationale et examinés dans leurs a mp is (LE: ». B. 5 INSTRUMENS DE MÉTÉOROLOGIE. Quoique l’on trouve dans les précédens volumes des arti- cles particuliers consacrés à faire connaître quel- es Instramens de physique d’un usage habituel dans les observations météorologiques, tels que le baromètre , l’hygromèire, etc., nous renvoyons au mot MéÉrÉoRoLOGIE, tout ce que nous avons à dire sur l'adoption , l'emploi et le profit à espé- rer de divers Instrumens plus ou av" ES dre. Be &® INSTRUMENS DE MINÉRALOGIE ET DE GÉOLOGIE. Le minéralogiste a besoin d’un plus grand nombre d'Instrumens que le géologiste. En effet, les propriétés physiques des minéraux étant très-nombreuses, il est essentiel pour celui qui les étudie qu’il puisse en déterminer les principales , parmi lesquelles nous citerons leur forme, leur pesanteur spécifique , leurs propriétés électriques. # La forme est surtout essentielle dans les sab- stances cristallisées : c’est à l’aide d’un Instrument propre à mesurer leurs angles, et appelé pour cette raison goniomètre, qu'on parvient à la connaître exactement. Nous avons déjà parlé de cet Instru- ment ; mais il convient de le décrire ici. ] k Plusieurs goniomètres sont en usage chez les mi- néralogistes. Le plus simple, ou le goniomètre ordinaire, consiste principalement en deux lames d'acier (pl. 250, {fig. 4) réanies par un axe a, autour duquel elles tournent et même glissent au moyen de deux rainures b, b qui servent à les allonger ouàles raccourcir au besoin. On applique ces deux lames sur les deux faces du cristal dont on veut mesurer l’inclinaison mutuelle ou angle dièdre, perpendiculairement à leur intersection, ou sur les deux arêtes dont on veut connaître l'angle plan. Cette opération terminée, on trouve la valeur de l'angle que l’on cherche en appliquant les lames sur un rapporteur en cuivre (fig. 5) disposé à cet effet. La virole a (fig. 4) entre exac- tement dans une cavité c ( fig. 3) préparée au centre du cercle dont le rapporteur fait partie, et un petit taquet d (fig. 4) entre dans la rai- nure f (fig. 3). pour achever de maintenir les lames dans une position constante. -Il ne s’agit plus alors que de lire sur le limbe le degré d'ou- verture de ces lames. Ge limbeest divisé en degrés et en dixièmes; il est donc facile d’y trouver la mesure de cristaux assez petits. Le goniomètre dont il s’agit a été inventé par Garangeot du temps de Romé Delisle; mais nous venons de le décrire tel qu’il a été perfectionné par Gillet de Laumont, qui, entre autres perfectionnemens , y a introduit celui de la division en dixièmes de degré. Le prix eu élevé de cet instrument en a répandu l'usage chez la plupart des minéralogistes; cependant il offre plusieurs inconvéniens que nous allons, signa- ler en. citant à ce sujet les propres paroles de M. Beudant. Quel que soit le degré de perfection que l’on donne à cet instrument , on ne peut jamais être certain des résultats qu’on en obtient. « Tout. ici se fait, dit-il, par des tâtonnemens qui sont d'autant plus difficiles, que l’on est obligé de tenir le cristal d’une main, l'instrument de l’autre, et d’en porter l’ensemble devant l’œil pour obser- ver au jour, ce qui est fort gênant et produit des vacillemens continuels, dont on ne s’apercçoit même pas. Quelque habitude que l’on ait, rien ne peut assurer que les alidades ont été placées ri- goureusement perpendiculaires à l’arête de jouc- tion des deux faces dont on veut mesurer lincli- | naisop, ni assez bien appliquées sur ces faces pour : en prendre exactement l'angle. Dans les petits cristaux il faut considérablement raccourcir lesali- dades pour pouvoir mesurer les angles, et il est alors difficile de bien juger de l'exactitude de leur application sur une si petite longueur. Dans les grands cristaux , qui paraissent devoir offrir plus de facilité, il est rare que les faces ne soient pas bombées ou inégales, ce qui présente une autre cause d'erreurs que l’on ne peut éviter. » Les inconvéniens qui viennent d’être signalés ont engagé M. Adelmann à apporter au goniomè- tre ordinaire des changemens tellement impor- tans, qu’on peut le considérer comme un appa- reil tout différent, Il a imaginé de rendre l’instru- ment fixe, ainsi qu’on peut le voir (pl: 250, fig. 1); le cristal y est aussi fixé sur un support ; de telle sorte que, les deux mains restant libres, on peut, après avoir obtenu la mesure que l’on cherchait, s'arrêter et vérifier de nouveau. Dans ce gonio- mètre, un demi-cercle est fixé sur une règle a soutenue par deux colonnes p, p. Gelte règle peut se mouvoir à droite ou à gauche en passant par les rainures c, c, où se trouvent de petites roulettes destinées à adoucir le mouvement. Le demi-cercle fixe en porte un autre g, qui se meut au centre etquiest divisé en degrés; la partie k & k est unnoniusquisemeut également aucentre, mais en arrière, entre le cercle et la règle, et que l’on peu fixer à volonté et en quelque endroit que ce soit, au moyen d’une vis de pression À : ce nonius donne les minutes. L’alidade { m entraîne dans son mouvement le cercle g; la petile tige q est destinée à supporter le cristal en r où on le fixe avec de la cire; elle est disposée de manière - qu'on peut l’allonger ou la raccourcir, la pencher en avant ou en arrière, et la tourner sur elle- même ; elle est supportée par un petit chariot « qui.entre à frottement et à queue d’aronde entre les pétites tringles s,s. La pièce t n , placée sur le côté de l'appareil, au dessus du tiroir, est une mire que l’on applique contreunedes tringles s, s, lonsque le chariot u est suffisamment tiré en avant, et au moyen de laquelle on peut juger de l’horizontalité de l’arête formée par les deux faces du cristal, et de sa perpendicularité au plan du cercle. Lorsqu'on veut avec cet instrumeutmesurer un cristal, on le fixe solidement en r; on tire le pelit chariot en avant, et on apporte la rntre, dont INST 2 INST la partie supérieure t s'élève ou s’abaisse suivant P P le besoin. Enregardant en dessus, on voit si l’arête | du cnistal est parallèle au bord », auquel cas il est perpendiculaire au plan du cercle. Si le paral- lélisme n’a pas lieu, on fait tourner la tige q autour de son axe, jusqu’à ce qu'on lait amené. On regarde alors par l'ouverture x pour disposer cette même arêle horizontalement, ce que le mouvement d'avant en arrière permet toujours. Le cristal disposé convenablement, on pousse le chariot sous le cercle. On fait alors mouvoir lali- dade, et en même temps marcher la règle, de manière à ce que cette alidade s'applique exacte- ment sur la face sans laisser aucun vide. Lorsqu'on s’est assuré de la juxta-position de l’alidade sur le cristal, on amène le nontus jusqu'au bout du demi- cercle mobile, où un petit taquet l’arrête exacte- ment à zéro, et on le fixe par le moyen de la vis de pression. On tire ensuite le chariot en avant; on fait passer l’alidade dans l’autre sens, on re- pousse le chariot et on cherche à opérer la coïn- cidence sur la seconde face; cette opération fait tourner le dernier cercle, et le point où il s’arrête indique la mesure de l'angle, qu’en lit en degrés sur son limbe et dont on cherche les limites sur le nonius. Ce goniomètre est assez exact pour ne pas pré- senter d'erreur de 3 à 4 minutes, en plus où en moins, Il a l'avantage de pouvoir être appliqué à la mesure des angles plans ou de l’inclinaison de la face d’un cristal sur une arête. Mais il exige que les. cristaux sur lesquels on opère ne soient pas trop petits, pour avoir le plus de certitude possible de la coïncidence de l’alidade avec les faces. Toutefois il offre encore l'avantage de pou- voir mesurer les angles d’un cristal de très-petite dimension suivant les lois de la réflexion de la lu- mière surles corps dont Ja surface est plane, lisse et brillante : on y parvient facilement en faisant garnir la petite lunette d’un fil vertical, à l’aide.du- quelon aligne une des faces du cristal sur un objet quelconque extérieur et placé verticalement, tel qu'un mur,une cheminée , un paralonnerre, etc., jusqu à .ce que celte face réfléchisse l'image de l’objet; où fait la même opération relativement. à une autre face; et l'angle compris entre cette nouvelle position et la première est le. supplément de l’angle que font entre elles les deux faces du cristal. Un troisième goniomètre est. celui qu'a inventé le docteur Wollaston. C’est un instrument ingé- nieux , forl commode et d’une grande simplicité. Ï1 se compose (fig..2) d’un cercle decuiyre gradué, placé verticalement et tournant autour d’un axe horizonlal qui est percé dans toute sa longueur pour laisser passer un autre intérieur dont l’extré- mité porte deux viroles 4 et. c destinées à faire mouvoir l'axe du grand cercle. Pour se servir de cet Instrument, on place d’abord le cercle à zéro, on à 180 degrés, parce qu'il est divisé en deux fois 180. On fixe ensuite le cristal au moyen de cire sur la petite plaque a, de manière que l'arête soit à peu près perpendiculaire an plan du cercle et dans l'axe de rotation. On place ensuite le goniomètre à une fenêtre ouverte, devant un bâtiment assez éloigné qui présente plusieurs lignes horizontales, telles que des balcons, des toits, etc., et de manière que Je plan du cercle soit à peu près perpendiculaire à la face du bâti- | ment. En plaçant alors l'œil très-près du cristal, on fait tourner l’axe intérieur par le moyen de la | virole b, et on amène une des faces dans une position telle qu’elle puisse réfléchir la plus haute de ces lignes ; puis on continue à tourner jusqu’à ce que l'œil aperçoive à la fois cette image et une autre ligne horizontale plus basse que la première, vue directement. On cherche à faire coïncider ces deux lignes ; lorsqu'on y est parvenu, on fait la même opération sur l’autre face, et l’on est sûr que la ligne d’intersection est parfaitement horizon- tale. Parvenu à ce point il ne faut plus toucher au cristal, et faire en sorte de ne pas déranger l'ins- trument. On procède alors à la mesure de l’angle : pour cela, on fait d’abord tourner le cristal par la virole D, jusqu’à ce qu'une des faces réflé- chisse la ligne supérieure du bâtiment et la mette en coïncidence avec une ligne inférieure ; puis, au moyen de la virole c, or fait tourner le cercle lui-même, qui entraîne alors le cristal dans sa rotation, jusqu'à ce que la réflexion et da coïnci- dence des mêmes lignes aient eu lieu sur l’autre face. Le cristal a décrit alors un angle qui est le | supplément de celui qu’on cherche ; mais au lieu de faire marquer cet angle par le limbe, on lui a fait marquer directement celui du cristal, en le divisant en sens inverse de son mouvement. Pour reconnaître l'électricité des minéraux , on se sert de petits Instrumens appelés Ælectroscopes, dont nous essaierons de donner une idée à l’aide d’une seule figure (5 ) et au moyen de quelques modifications. Sur un pied terminé parune pointe en fer , on place horizontalement et en équilibre une aiguille de laiton bc dont les extrémités se terminent par une-petite boule. On frotte avec un morceau de drap le minéral quelon veut expé- rimenter; on le présente ensuite à l’Instrument ; s’il est isolant, il sera électrisé ;par le frottement et altirera alors l'aiguille qui se trouve à l'état na- tarel: s’ilest conducteur, il ne‘produira sur.elle aucun effet. Il est à observer qu’un fil très:léger ouun cheveu suspendu d’une manière quelconque peut rendre lemême service. Lorsqu'on a reconnu. qu’un corps est électrisé,, il est.essentiel.de savoir quelle espèce d'électricité il possède : pour cela, à l'extrémité c:de .l'ai- guille précédente (bc), on place un peu de. cire à l’aide de laquelle on fixe un petit cristal & .de spath d'Islande, c'est-à-dire de chaux carbonatée transparente. La petite boule de laiton b est mobile et se place plus on moins près du point central, selon qu’il est nécessaire pour que lai- guille se maintienne en équilibre. Pour électriser l'appareil, il suflit de presser entre Jes, doigts le petit cristal de chaux carbonatée ; il acquiert alors l'électricité positive, qu’il conserve pendant quel- oo INST [196 INST oo, ques jours. Lorsqu'on veut reconnaître l'espèce d'électricité acquise par un minéral, on le pré- sente à cet appareil; s’il repousse l’aiguille , il est doué de l'électricité positive: s’il l’attire, il est électrisé négativement. La pesanteur spécifique des corps est d'autant plus utile à connaître en minéralogie que c’estun des caractères qui servent à les distinguer. L’un des Instramens les plus commodes pour parvenir à ce but, est celui qui porte le nom de Balancede Nikolson, d’après celui de son inventeur. C’est une espèce d’aréomètre ( fig. 6 ) composé d’un cylindre creux de fer blanc, d'argent ou de verre arrondi à ses extrémités et fermé exactement. Il porte à sa partie supérieure une Lige fixe CNE terminée par une pelite cuvelte a ; à l’antre extrémité se trouve un petit crochet 7 #, qui supporte par une anse un cône renversé con- cave à sa base, et lesté dans son intérieur, de manière qu’en plongeant l’Instrament dans l’eau il y ait toujours une portion du cylindre qui sur- nage. Pour opérer avec cet instrument, on le plonge dans le liquide, qui est ordinairement de l’eau dis- tllée , et dont on remplit un bocal étroit et à peu près de la longueur de J’Instrument ; on met dans la cuvette supérieure les poids nécessaires pour amener le trait c d à fleur d’eau; on enlève ensuite ces poids et on met à leur place le corps que l’on se propose de peser, qui doit toujours être pris assez petit pour être moins lourd; puis on aflleure de nouveau en ajoutant les poids néces- saires : il est clair alors que le premier poids, moins le second , est celui du corps dans l'air. Après celle première opération, sans changer les nouveaux poids, on ôte le corps de la cuvette su- périeure , eton le place dans la cuvette inférieure; il y perd alors une partie de son poids, et il faut ajouter quelque chose dans la cuvette supérieure pour affleurer encore : or, comme l’a dit M. Beu- dant, ce qu'il faut ajouter est la perte du corps dans le liquide , et par conséquent le poids d’un volume de ce liquide égal à celui du corps pro- posé. On aura donc la proportion suivante : P ( poids du liquide } : p (poids du corps ) :: 3 ( pesanteur spécifique du liquide );: x ( pesan- teur spécifique cherchée). x — P. Ainsi en di- visant le poids du liquide par le poids du corps, on aura sa pesanteur spécifique. (Ÿ’oy. PESANTEUR.) C’est par l’analyse que l’on arrive à la connais- sance exacte des substances minérales; mais le minéralogiste n’a pas à sa disposition les moyens que possède le chimiste pour parvenir à ce résul- tat qui exige d’ailleurs de grands soins, des Instru- mens, et même un local particulier, un labora- toire : il doit donc se contenter de reconnaître la nature des substances qu’il examine plutôt que de chercher à connaître leur composition molécu- laire. Deux moyens différens sont en usage : la voie humide et la voie sèche. Par la voie humide on fait d’abord dissoudre le corps qu'il s’agit d'examiner , soit dans les acides, si ceux-ci peuvent l’attaquer , soit dans l’eau, qui est le dissolvant d’un petit nombre de corps, soit après les avoir fondus préalablement tous avec la soude, et d’autres fois avec un carbonate de soude. On les soumet ensuite à l’action de certains corps avec lesquels ils se comportent d’une ma- nière particulière qui indique leur nature. Ges corps , que l’on nomme réactifs, sont secs ou liquides. Les réactifs secs sont le borax, les nitrates ou azotates de baryte et de potasse, le phosphate de soude et d’'ammoniaque', le sous-carbonate de soude, la limaille de cuivre , des lames de fer, d’étain, de zinc et de cuivre, de l’étain en feuilles très-minces, du proto-sulfate de fer, et du proto-chlorure d'é- tain. Les réactifs liquides , un peu plus nombreux que les précédens, se réduisent à une vingtaine. Cesont les acides chlorhydrique (ou hydrochlorique), sulfhydrique (ou hydrosulfurique), azotique (ou ni- trique), ct sulfurique ; l'alcool, Yammoniaque , Veau de chaux, Veau distillée, les hydrochlorates ou chlorhydrates d’ammoniaque et de platine, le cyan- hydrate ou hydrocyanate ferruginé de potasse, les sulfhydrates où hydrosulfates d'ammoniaque et de potasse, infusion de noix de galle, les nitrates d'argent, de baryte, de cobalt et de plomb, la polasse et la soude caustiques, Voxalate d’ammo- niaque, le sulfate de soude, et le sous-carbonate d’ammoniaque. Il serait trop long d’indiquer ici les résultats que l'on obtient à l’aide de ces nombreux réactifs: nous passerons à l'indication de l'opération par la voie sèche. Elle consiste dans l'emploi d’un instrument ap- pelé chalumeau ( fig. 9 ), qui sert, au moyen de l'insuflation , à diriger la flamme d’une lampe à esprit-de-vin sur le fragment de minéral que l’on veut soumettre à l’action du feu ( fig. 8). On a donné au chalumeau des minéralogistes, des for- mes différentes: mais celle qui est représentée dans la pl. 250 est une des plus usitées : la par- tie renflée 6 c est principalement destinée à re- cevoir l’eau que les poumons chassent dans le tube be, et qui finit souvent, sans cette dis- position , par gêner l'opération. Dans le tube cd qui termine l'instrument, l'extrémité d est en platine, parce que ce métal résiste à une très-forte chaleur sans se fondre ou même $’oxi- der. Le tube a est en laiton, et l'embouchure, c’est-à-dire la partie que touchent les lèvres , est en étain où en argent pour éviter l'odeur dés- agréable du cuivre. Pour se servir du chalameau, il faut, tenant l’Instrament à la main et l’extrémité à la bouche, en diriger le bec d devant la flamme d’une lampe à esprit-de-vin, Lorsqu'on souflle dans le tube, on projette en avant un dard de flamme fg dont la chaleur est extrémement active. « Il faut un peu d'habitude , dit M. Beudant, pour projeter celte flamme régulièrement et constam- ment sur le corps qu'on veut éprouver, comme aussi pour continuer à soufller pendant un temps suflisant, sans se fatiguer. Pour parvenir à cette INTE nl INTE dernière condition , il faut commencer par rem- plir sa bouche d’air, que le ressort des joues doit ensuite seul chasser dans le tube, sans que la poi- trine yait la moindre part; pour renouveler cet air dans la bouche, il faut en inspirer successive- ment par le nez, ce qui peut toujours se faire sans! discontinuer le jet. Enfs’y prenant ainsi, on pourra soufiler très-long-temps sans se fa- üguer. On fait, au moyen du chalumeau, toutes les opérations pour lesquelles on emploie le feu des fourneaux dans les laboratoires, Pour soumettre un corps à l’action du feu, on le'place tantôt à l'extrémité d’une pince, tantôt sur un charbon dans lequel on a fait avec une pointe un petit trou. Lorsqu'on chauffe un corps à l'extrémité g «le la flamme sur le charbon, il s’oxide, parce ‘qu'il est en contact avec l'air; lorsqu’au contraire -on projette la flamme sur le charbon , de manière à envelopper le corps de toutes parts, celui-ci se -désoxide en tout ou en partic, s’il était oxygéné. Les résultats, dit M. Beudant, qu’on obtient de l’une et de l’autre manière, sont conséquemment très-différens , et servent à établir des distinctions importantes. Le petit mortier (fig. 7), fait en agate ou en jaspe , avec son pilon de la même matière, sert à concasser ou à pulvériser les substances que l’on veut soumettre à l’action des réactifs ou du cha- lumeau. Nous avons indiqué dans notre article GéoLocre (voy. ce mot) les Instrumens dont se sert le géo- logiste ; mais nous donnons ( pl. 250, fig. 10et11) la forme des marteaux les plus simples et les plus commodes à employer. La figure 10 représente la masse avec laquelle on attaque les roches les plus solides; la figure 11 est celle du petit mar- teau destiné principalement à tailler les échantil- lons. (J. H.) INTELLIGENCE. ( Pxysior. ) Puissance admi- rable qui porte les êtres organisés à concevoir une idée, à la combiner avec d’autres, à en former un plan d’actions qui se lient les unes aux autres, procèdent de calculs plus ou moins compliqués , étendent les vues , les moyens, et qui font jaillir le génie, les grandes pensées, les conceptions les plus sublimes. À l’homme seul, comme placé au sommet de l'échelle organique, appartient toute l’étendue , toute la supériorité de cette puis- ‘sance. [Il l’a reçue avec le pouvoir d'inventer les instramens nécessaires pour élargir la sphère de ses facultés physiques et de ses facultés morales , quelles que soient la couleur de sa peau , la dispo- sition de l'angle facial, la situation du pays qu’il ‘habite, etc. Mais, parce que nousn’avons pas la clef du langage propre à chaque race d'animaux, parce qu'ils n'ont pas, à nos yeux, une évale flexibilité dans les organes, une égale étendue dans le nom- bre des idées , une égale ressource dans la mani- “station de leur Intelligence, nous ne sommes pas en droit de Icur refuser ce noble complément de la vic. On a publié à ce sujet des opinions plus ou moins bizarres; nous allons rendre compte de leur validité dans l’article suivant. Heureux si. pour résultat, nous pouvons amener les hommes à faire généralement un meilleur usage de leur Intelligence! C’est l'intérêt de chacun; en voulant répondre au bienfait de la nature , les individus seront plus heureux, la patrie plus prospère , l'humanité plus digne de son titre glorieux. (T. ». B.) INTELLIGENCE DES ANIMAUX. La vie est chez tous les animaux, quelle que soit l'énorme distance qui les sépare les uns des autres , le résul- tat de deux phénomènes simultanés, le mécanisme de l’organisation et la force motrice, qui procurent, dirigent, soutiennent les mouvemens internes et externes. L'action et la réaction constante de ces deux phénomènes constituent le miracle de l’exis- tence, puis par une suite nécessaire celui non moins remarquable d’un développement succsssif, et du besoin de la reproduction. Leur cessation est la mort , l’écueil inévitable où la nature, par la dis- solution de la matière solide, liquide et aériforme qu’elle avait pris plaisir à organiser , vient repren- dre les élémens qu’elle n’avait fait que prêter à la vie, pour les retremper, les combiner de nouveau, leur imprimer des formes plus ou moins étrangè- res à celles qu’elle est obligée de quitter. Dans ce travail permanent, toujours sublime, dont la compréhension absolue est supérieure à tous les calculs, à toutes les combinaisons du gé- nie de l’homme, la nature répartit à chacun des êtres qu’elle crée incessamment la dose convena- ble d'irritabilité , de mouvemens purement auto- matiques, de sensibilité et d’actions volontaires, pour remplir la carrière qu’ils ont à parcourir, pour agir spontanément suivant tous les besoins de la vie ; elle leur donne les sens, messagers agi- les de la douleur et du plaisir, et une portion : d’Intelligence suflisante à la place qu'ils doivent occuper dans l’économie universelle , au rôle qui leur est départi; mais portion que l’usage habi- tuel, le besoin d’un mieux-être et celui d'éviter ce qui nuit ou peut nuire, autant que l’exemple et l'expérience toujours tardive, sont susceptibles d'augmenter plus ou moins. Ainsi , depuis le mammifère le plus parfait jus- qu’au dernier des Annélides ou des Zoophytes qui touchent aux plantes par la structure extérieure, par une certaine homogénéité, peut-être même par un degré particulier de vie, tous les animaux sont parfaits dans leur individualité : chacun d'eux a recu tout ce qui lui est nécessaire pour lier en- tre eux les nombreux échelons de l'existence, et contribuer pour sa part à l'ensemble harmonique du globe que nous habitons. La tradition est la première lecon qu’un être re- çoit de l'être qui lui a donné la vie; les conseils viennent ensuite ; le complément est dans les'fau- tes, dans les malheurs du passé. Celte marche de l'esprit est la même pour tous, Les animaux habi- tués à vivre en famille ont un gouvernement , des coutumes, une discipline, un langage, des rap- ports d'intérêt et de société qu’il est impossible de nier ; leur Intelligence décèle en tout une supé- INTE D ——————— —————— ———— ——— ———— "—————— ———— ———"— ————— ——— ns 4 98 INTE ——————————————_—_——————————————— "—————— ———"———————————————p es riorité plus grande que celle qu'on a coutume de leur accorder. Elle prouve au moins que l'éduca- Lion n’est point un acte opposé au vœu de Ja na- ture, ainsi que l'ont dit plusieurs philosophes cha- grins, puisque, semblable à la culture qui per- fectionne les espèces végétales, elle complète dans les animaux son travail, qu’elle élargit la route de ses impulsions et qu’elle pousse vers le but essen- tiel de ses lois éternelles. Tous les êtres grands et petits, tardigrades ou doués de l’activité la plus surprenante, agissent d'abord par un sentiment intime que nous avons dédaigneusement appelé /nstinct, au moyen du- quelils connaissent , ils recherchent ce qui leur est bon, et qui les avertit dece qui peut leur être nui- sible. C’est, selon quelques écrivains, le résultat d'images ou de sensations innées, constantes, dé- posées avec la vie dans le sensorium, qui les dé- termine à agir comme nous voyons agir les som- nambules. Selon d’autres , c’est une sorte de rêve ou de vision qui les poursuit sans cesse. Les études suivies auxquelles je me suis livré ne me permet- tent point de partager de semblables opinions. L'Intellisence, comme la raison, est à mes yeux le travail du temps, le fruit amer d’une expérience chèrement acquise. Je n’ignore pas que les édifi- ces ingénieux des Renards, des GCastors, de la Taupe, des Abeilles, des Fourmis, etc., con- struits d’après les règles de la plus haute géomé- trie, sont aujourd hui les mêmes que ceux obser-! vés par les générations humaines dévorées il y a | des milliers de siècles entassés sur des milliers de | siècles ; je n’ignore point que ia tactique des Phé- nicoptères, des Frégates, etc. , durant la pêche, est toujours lamême; queles Oies et lesoiseaux dans leurs migrations, agissent aujourd'hui comme leurs ancêtres agissaient de temps immémorial; | mais, transportons-nous un moment, par Ja pen- | sée , aux âges qu'il a fallu traverser pour arriver à | ce degré de perfection ? Si entre eux et l’homme | LE | qu'ils ont une fois acquises, tandis que nous, si fiers des nôtres que nous savons étendre si loin, que nous savons généraliser pour les appliquer de diverses mamères, nous en jouissons à peine, que le despotisme, que les impostures religieuses aux- | quels l'oubli de notre dignité , auxquels des vues secrètes d’ambition et de bassesse donnent tant d’empire, viennent les anéantir et nous ravaler dans les épaisses ténèbres d’une honteuse barbarie. On ne peut point douter que des circonstances forluites, toutes nouvelles, n’obligent les animaux | à modifier d’après elles leurs mœurs el leurs ha- bitudes ; mais elle dut être immense la révolution que produisirent sur eux la réunion de l’homme en corps de nation , son alliance avec le chien et la puissance gigantesque qui résulta de cette union. De ce moment, pour alléger l’inévitable poids dont ces Lerribles circonstances viennent les charger, il a fallu trouver des moyens propres à se mettre en harmonie avec celle situation compliquée si différente de la situation primitive ; la prudence j'aperçois une différence bien remarquable, c’est | qu'ils ne perdent jamais les connaissances utiles | des vieux a dû tempérer l’ardeur bouillante des jeunes , et donner à leurs forces physiques, à leurs facultés. morales une direction nouvelle ; les voies d’attaque et les soins de défense durent nécessai- rement recevoir un tout aûtre caractère , et par une conséquence inévitable il s’est opéré un chan- gement total dans l'esprit, le langage, les lumières propres à chaque espèce. La crainte, en disper- sant les individus, en dérangeant les habitudes d’abord contractées, a rendu les uns plus prompts à s’effrayer, les autres plus irritables et par suite plus féroces, lorsqu'ils ont pu surmonter le pre- mier mouvement de la peur ; elle a dérangé les lois de l'instinct, fait violence aux affections naturelles, même aux appétils , et imprimé un caractère plus sauyage à la créalion. C’est ainsi que les Phoques, paisibles posses- seurs des côtes polaires qui sont enveloppées de glaces, sont devenus extrêmement méfians depuis que l’homme les poursuit ; ils épient ses mouve- mens, ils le sentent de très-loin, et lorsqu'ils ne peuvent assez vite se précipiter dans les flots, ils l’attaquent, se réunissent plusieurs ensemble pour offrir une plus longue résistance , ils frappent de la patte, mordent et meurent épuisés. C’est encore ainsi que, tourmentés.sans relâche par l’homme et le chien son compagnon fidèle, les Kanguroos , les Potoroos ou Kanguroos-rats, les Péramèles, les Phalangers , les Chiens sauvages ont déserté Jes plaines de la Nouvelle-Hollande pour se réfugier sous des touffes piquantes de mimoses , sur la côte de l’ouest, en un lieu d’une sécheresse, d’une aridité effrayantes, et que, faute d’autres boissons, ils se sont accommodés de l’eau de mer. Les uns, comme les Aigles et les autres oiseaux de proie, dans leur propre intérêt, vivent (solitaires à l’ef- fet de jouir de la plénitude de leur: chasse ; ils pla- cent toujours leur nid sur une pointe ide rocher avancée , sur la cine des grands arbres, de manière à embrasser un:plus grand espace , suivreiplns at- tentivement les mouvemens de leur proie et fon- dre sur elle en temps opportun. Les autres, au contraire, comme les Traquéts, les Moineaux, les Perroquetset surtout les Perruches, s’attachent aux pas de l’homme, et fourmillent aux,pays où la cul- ture des céréales lui assure d’abondantes récoltes: les Vautours, les Calaos, les Gorbeaux,, etc.,, sui- vent les chasseurs de sanghers, de :cerfs, .etc., pour manger la chair et les intestins qu'ils aban- donnent. Certes il a fallu faire un calcul: pour rom- pre de la sorte avec les conditions communes, et se placer dans des circonstances tontes nouvelles pour s’abrilter d’une part contre le voisinage de l’homme,etpour profiter de l’antre de son industrie. Refuserez-vous de l'Intelligence aux Chenilles que yous retenez caplives, quand elles rejettent obstinément la feuille cucillie sur la plante qu’elles aiment, de prédilection, que vous leur apportez au momentoù elles vont subir leursmétamorphoses? Elles savent qu'elle ne peut plus servir à leur nourriture ct qu’elle ne leur convient pas, puis- qu’elle ne-tardera, point à se flétrir. Présentez-les, au contraire, devant la même plante fraîche, as- INTE sise sur le sol, vous les verrez se: glisser aussitôt sur la page supérieure des feuilles, l'envelopper de leurs soies , la rouler, s’ensevelir sous ses plis : c’est que là l'insecte parfait trouvera les principes nécessaires au développement de ses organes. Est- il privé d’Intelligence et d’un langage propre à être compris , le Philédon, habitant les forêts de la zone torride, quand, prêt à succomber sous la puissance de celui qui l'attaque, il appelle ses sem- blables à son secours, et que ceux-ci arrivent en toute hâte par bandes, se jettent sur l'ennemi commun et le blessent d’une manière très-grave de leurs griffes qu’ils enfoncent avec force dans ses chairs ? Le sentiment de l'affection que l’Orang- outang porte au plus haut point, sa grande faci- lité à répéter ce qu'il voit faire, sa tendance à vi- vre en troupes plus on moins nombreuses , l'ha- bitude qu'il a de se bâtir des espèces de huttes, ne donnent-ils pas une haute idée de ses facultés intellectuelles ? S'il évite la rencontre de l’homme, s’il l'attaque à coups de pierres et de bâtons, c’est qu'il sait qu’il lui fait une guerre atroce; il n’en agit pas de même à l'égard de la femme, il a pour cet être faible des soins, et met tout en œuvre pour rendre sa vie paisible , douce , à l'abri de tout danger, pour deviner, pour prévenir jusqu'à ses moindres désirs. N'y at-il pas calcul et sage prévoyance dans la conduite de l’Autruche qui cache ses œufs sous le sable des tropiques, et s’en remet , durant le jour, aux rayons solaires pour accomplir les devoirs de l'incubation? dans celle du Coucou, qui dépose les siens dans le nid des Fringilles, même dans celui si peusolide et si petit de la famille des Becfins, et du Parnopès incarnat , si brillant en couleurs , si sémillant en son vol rapide , qui glisse les siens dans la couche sablonneuse où doit éclore la larve du Bembex ? Des deux oiseaux, le premier sait qu'il doit redouter les chasses que l’Arabe lui fait, et chercher au loin sa pâture; maisilrevientla nuit pourse placer sur ses œufs; la femelle du second, es- sentiellement pétulant, erratique, craint de voir sa progéniture devenir la proie de la voracité du mâle, elle se réserve seulement deux ou trois œufs qu’elle couve dans des trous de rocher, dans des creux d’arbres, tandis qu’elle va confier les autres à la tendresse des Bruans, des Linottes, des La- vandières, etc. Quant au Parnopès , comme il se voit en bulte aux attaques des Hyménorptères pourvus d’un aiguillon, des Guêpes, des Abeilles spécialement , il se venge en vivant, sous forme de larve, en véritable parasite, aux: dépens de celle des Bembex. Une injustice.en provoque teu- jours une autre, Il n’y aurait point de guerres, point de révolles , si chacun respectait son sem- blable, si l’on ne voulait pas pour un seul priver une foule d’autres de tousles avantages que l’asso- ciation promet, que la natureoffre et assure à tous. Suivons les animaux dans leur tactique d’atta- ques et de défenses, nous verrons qu’elle est le ré- sultat d'idées assez élevées; qu’à la force du juge- ment s'unissent la ruse, la prudence et la prévi- sion, J'ai déjà dit, tom.]H, pag. 152 et 2/6, les NE INTE | marches et contremarches employées par le Chien, par le Cochon marron: j’ajouterai la dis- position des bêtes à grosses cornes sur les chaumes des Vosges durant la nuit et au premier signal du danger. Bœufs et Vaches sont couchés; les vieux | forment le cercle,tenant a têteen avant ; au centre sont les jeunes et les femelles pleines. À la vue de l'ennemi, tous se lèvent, le cercle se presse , pré- sente une ligne formidable de cornes ; s'approche: t-il, un mugissement terrible se fait entendre, il | remplit les échos ; aussitôt on voit venir de toutes parts les Bœufs et les Vaches les plus robustes des chaumies Voisins; on cerne l’assaillant, on. se lance sur lui avec fureur , il est mis en pièces , et ses tristes lambeaux sont foulés aux pieds. Mais c'est particulièrement chez les Fourmis que les combats offrent toutes les opérations d’une stra- tégie. des plus compliquées. Je prendrai pour exemple une expédition de la Fourmi fauve contre la Fourmi fuligineuse. L’armée de la Fourmi fauve, divisée en plusieurs régimens , marchait dans le plus grand ordre sur une ligne de trois à quatre mètres de long , flanquée de différens corps dispo: sés en carrés, et composés de vingt à soixante combattans, et soutenue sur les derrières par une forte division de réserve. La Fourmi fuligineuse ayant laissé du monde autour des arbres où elle a placé son habitation, pour éviter toute surprise, et expédié, d’une part, une division vers les monti- cules en chaume de son ennemi qu’elle prit d’as- saut et sans grande résistance; de autre , ayant chargé une seconde division de manœuvrer de manière à tourner l'ennemi, elle s’avanca vers le gros des attaquans, et lui livra de suite bataille ; le combat fut acharné, dura long-temps sans que j'apercusse les lignes se rompre aucunement ; mais, après deux heures d’une horrible mêlée, le désordre se manifesta sur divers points , les Four- mis fauves, mises en déroute complète, s’enfui- rent avec les débris de leur armée, et furent, au loin, fonder un nouvel établissement. D’après les curieuses observations de Huber , lorsqu'une fourmilière est prise, les vaincus sont d'ordinaire réduits à l'esclavage et employés dans l’intérieur aux travaux domestiques. Nul doute que , chez les animaux, le cercle des idées n’a point l'extension donnée au génie de l'homme: mais on serait dans l’erreur si l’on me- surait ce cercle d’après le volume du cerveau, si lon en faisait dépendre l'étendue , les ressources, du mécanisme de Ja main ou de doigts parfaite- ment conformés, ou bien dé l'influence des sens. La conformation du cerveau, d’abord, est égale chez tous les Mammifères, les Protées exceptés, et sa masse, uniquement dépendante du volume , n’est point une preuve d'intelligence plus ou moins étendue, Secondement, la main de certains Singes, et surtout celle de l'Orang-outanse, diffère infiniment peu de lanôtre. Enfin, les sens sont pour tous aussi nombreux et pour le moins aussi déli- cats. D’un autre côté, siles actions des animaux ne nous paraissent point offrir le même dévelop- pement , c’est que leur manifestation n’est point LI “as INTE 200 qe INTE 6 , arrivée, jusqu’à nous, ou que nous ne nous som- mes pas encore trouvés dans des circonstances favorables pour la saisir; ou mieux encore , c’est que les principes mécaniques et moraux qui la dé- terminent ne sont pas suffisamment connus pour nous en rendre un compte fidèle. Consignons ce fait afin qu'il serve de point de départ pour les investigations à venir, et suivons l'intelligence dans les ressources qu’elle nous découvre chez les animaux lorsque nous voulons les étudier sans prévention aucune, Toutes les actions émanent de l'intelligence ; il n’ya pas jusqu'aux mouvemens automatiques, qui sont un effet indispensable de l’organisation, dont elle ne se soit rendue maîtresse dès l'instant que les facultés intellectuelles ont recu l’étincelle électri- que, c'est-à-dire aussitôt que l’animal a pu agir de lui-même, ou raisonner dans son intérêt. Les mouvemens automatiques se modifient tellement qu'ils finissent par se perdre; l'intelligence , au contraire. peut bien par aberration, et sous la verge de fer du despotisme , perdre de son élasti- cité; mais elle ne meurt point tant que la vie est là pour la soutenir. Ses incitations sont toujours pressantes, toujours actives, force est de leur obéir. Ainsi ceux de nos animaux domestiques que les mauvais traitemens dégardent sans cesse se ré- voltent et s’abrutissent, maisils sont excessivement irritables et toujours prêts à nuire ; tandis que ceux dont nous avons soin, avec lesquels nous vivons dans une amicale familiarité , mettent tout en œuvre pour nous prouver qu'ils comprennent notre voix, pour répondre à nos affections, pour nous payer d’un juste retour, pour nous signaler leur haute intelligence. J’en ai cité des preuves re- marquables (voy. aux mots CHaT, CuevaL, CHIEN, Cocnon, Goo, Dinpon, Taureau, Vacue); en voici quelques autres non moins surprenantes, Dans'sa course rapide le Rhône forme des îles considérables vis-à-vis le village de Miribel en Bresse , arrondissement de Trévoux, département de l’Ain. De nombreux troupeaux de bœufs et de vaches y paissent sous la garde de petits enfans. « Un jour, nousrapporte de Sutières, observateur attentif dont les écrits en agriculture font autorité, me promenant de ce côté , des enfans qui jouaient ensemble au pied d’un coteau prennent dispute; des menaces ils en viennent aux coups, et le plus faible, écrasé par les autres, est contraint à jeter les hauts cris. Un des bœufs qui étaient dans les îles l'entend, lève la tête, et après avoir reconnu le lieu d’où partaient les cris, il se met à la nage. Arrivé sur la rive, il court auprès de l’opprimé , écarte les assaillans , et après avoir baissé Ja tête pour que l’enfant puisse s'asseoir entre les deux cornes , il l'emporte sur l’autre rive, et comme de nouveaux cris se font entendre, il revient encore une fois, emporte de même la seconde victime et continue à paître auprès d’eux. » Qui ne se rappelle point avoir lu dans Walter Scott (Les eaux de Saint- Ronan) l’histoire de ce chien écossais que Madison et Millar avaient rendu complice de leurs vols, et qui s'était tellement identifié avec leur pensée qu'il n’avait point l’air de les connaître quand il les rencontrait ensemble ou séparément dans une circonstance qui pouvait les compromettre ? Le fait date de 1775. Les deux’ voleurs habitaient la vallée de la Tweed , l’un était marchand de moutons , l’autre son berger; à l’aide de Yarrow , le chien de ce dernier, ils avaient organisé un système de dévastation sur les troupeaux qui, durant quelque temps, eut un grand succès. Il suflisait de montrer pendant le jour la partie du troupeau que l’on voulait enta- mer pour que Yarrow sût ce qu'il avait à faire ; la nuit venue, 1l se rendait au lieu où les mou- tons pâturaient , il en prenait le nombre indiqué et les conduisait devant lui par les sentiers les plus écartés à la ferme de Madison, où Je maître et le valet guettaient le moment propice pour les rece- voir. Si par hasard Yarrow rencontrait sur la route Madison, ou Millar en compagnie d’un étran- ger, il passait outre sans donner aucun signe d’al- liance, comme s’ileût craint d’éveiller le plus lé- ger soupçon. Les animaux qu’il dérobait répu- gnaient-t-ils à quitter le troupeau, ou bien des rivières ourd’autres obstacles entravaient-ils Ja rapidité de la marche, il mettait dans ses efforts une persistance telle qu’il arrivait toujours avec sa prise au point du jour, et se glissait dans la ferme sans bruit et sans être aperçu. J’ai poursuivi dans Paris un bel épagneul qui volait habituellement de l'argent pour soutenir son maître vieux et malade. L’animal connaissait donc la valeur de ce métal et les ressources qu'il pro- cure, puisqu'il le dérobait dans l'intention d’aider à son maître qui ne pouvait point sortir, Il cajo- lait les enfans auxquels il voyait quelques pièces de monnaie et s’en emparait ; partout où il en- tendait le bruit des écus , il trouvait les moyens d'y pénétrer et d’en escamoter un; il se rendait aussitôt auprès de son ami, lui remeltait le fruit de sa chasse et cherchait une nouvelle occasion de se livrer à son industrie. J’ai su tous ces détails du vieillard qu'il entretenait de la sorte. Terminons celte série, qu'il me serait facile: d'augmenter, par un fait étonnant sous le rapport de l’éducation musicale. Il est ainsi raconté par- le célèbre abbé Vogler. « J'avais, dit-il, dans un » appartement où je composais, un Perroquet élevé. ven Portugal, et qui parlait avec la plus grande » facilité ; sa voix était si argentine, que j’eus l’idée- » de le faire chanter. Pour y parvenir, je lui don- »nai des marrons, surtout quand il était pressé par »la faim. Je lui chantai alors différens tons, jus- » qu'à ce qu'il en eût adopté un; enfin il adopta » celui de re de haute-contre bien net. La gamme » de re me servit à former sa voix. Je continuai à. » Jui chanter les autres tons de la gamme , ettoutes »les fois qu'il entonnait bien juste le ton que je: » lui avais donné , je ne manquais pas de le récom- » penser et de l’encourager avec des marrons. De »cette manière, je parvins à lui faire chanter- »toute la gamme de re de haute-contre jusqu’à » l’octave. Jusque-là sa voix était fine et distincte, »sa prononciation claire, son haleine soutenue ;: mais "PT. 267. Cenres pruvcipaux ; Hlare ï gréle NeRe Ascaride & |A bnért - 3 -coûte… de & (a) LS © : ST ngua Et 1e lœruoute.-- Ordre. 7% Lernée L branchiale.…... Nemerte N. æBorlase___…. ; 17€ Fam. Ac anthocephales Echanorhynque Jpheærocephale Douve Dors du Foie INTESTINAUX DIVISES EN DEUX ORDRES a Ÿ & à ES È R $ È & L = Trématodes À & ; À Planare S S terrestre pr! el & & = 3H. E 8° Fam. 5 =] e . Ë Tœnioides Ë Toenca de es l'hemmie S | Lu ii È ES 4° Fam. L S | Cestoides Ligude | tres -surple Intestinaux. Æ Guerin de tem, INTE 201 INTE ——————…—— — ——— — ————_—"— ——— —…—…———————— ——————————____—_—_—_ » mais il ne put aller au-delà. Get animal devint » très-plaisant lorsque je voulus forcer sa voix jus- »qu'au mi bémol, en lui présentant des marrons » dont il était très-friand; il commenca à crier » comme un choriste d'opéra, à battre des ailes , » à voltiger ; tous ses efforts pour prendre ce ton »offraient la scène la plus comique aux professeurs »qui venaient me voir et entendre mon élève, et »qui raisonnaient sur l’étendue de voix donnée »par la nature à chaque animal avec défense de »jamais s’en écarter. Plusieurs chanteurs tom- »bent dans un grand abus lorsqu'ils veulent agir »contre les lois de la nature et franchir les bornes »insurmontables qu’elle a posées. Après avoir fini »l'éducation musicale de mon Perroquet , il me » fut impossible de composer on de chanter; car »toutes les fois qu'il avait faim, il m’accompa- » gnait en soutenant une ronde, jusqu’à ce que je » lui en eusse donné la récompense qu’il attendait ; »je ne pouvais en obtenir de pauses qu’en lui pré- »sentant beaucoup de marrons. Mais la chose la » plus remarquable , celle qui excita l’admiration »des maîtres de chapelle et de chant qui me »rendaient visite, c’est que si, pressé par la faim, »mon oiseau commençait à chanter un ton au »moment où je jouais ou composais, il ne man- »quait jamais de choisir une consonnance juste , »et de répondre par la tierce, la quinte ou l’octave, »à ce que je jouais ou composais. » En me communiquant cette curieuse anecdote, un disciple des grands maîtres de notre première et immortelle école Polytechnique, F. Fayolle, m'a dit avoir vu à Londres, en 1824, un autre Perroquet parlant également bien anglais ; il avait appris à chanter à force d'entendre sa maîtresse qui s’accompagnait au piano. Tant qu’elle jouait , il écoutait attentivement, et ne chantait que lors- qu’elle avait fini. Un seul morceau le faisait sortir de son silence accoutumé : c’est le trio en canon 1lriso de Vincenzio Martini. Le Perroquet ne pou- vail se contenir ; il chantait la partie de dessus avec beancoup de précision et de justesse ; il do- minait même la voix des trois exécutans, quand il chantait : Xh! che ridere mi fa. De tout ce qui précède, il est naturel de con- clure 1° que, en agrandissant le cercle des rela- tions des diverses classes d’animaux, on peut ou- vrir un vaste champ à leur intelligence , doubler, tripler la puissanee de leurs actions et les effets de leur volonté ; 2° que, pour rendre à la science tous ses charmes, et obliger la nomenclature à parai- tre moins sèche, moins fatigante, le naturaliste devrait s’occuper de l’étude des mœurs, habitudes etinclinations des animaux, et ne jamais oublier d'en recueillir, d’en constater les faits. Linné, Buffon , Réaumur , Degéer, Bonnet, Huber , nous en ont donné l'exemple, notre obligation à tous est de le suivre si nous voulons être utiles. Il ne faut point, ainsi qu'en usent trop souvent cer- tains éerivains de nos jours, aller ramasser les faits qu'ils ont à citer dans des chants ridicules, dans des croyances bizarres , dans des remarques grossières ; ils croient se donner un air naïf, ils ne T, IV. font qu’avilir la science : les imiter serait bâtir avec de la boue, ce serait prétendre écrire l’his- toire avec des ponts-neufs. La science doit profi- ter aux hommes et non pas les couvrir de fumier ; la science veut marcher à l’aide des procédés avoués par elle, et non pas surchargée des haïllons de la misère et des oripeaux de l'ignorance. (T. ». B.) INTESTINAUX. ( zooPn. ) Vers intestinaux, Helminthes et Entozoaires. On appelle ainsi un groupe d'animaux invertébrés dépourvus de mem- bres, d'organes de circulation et de respiration, qui naissent , vivent , engendrent et meurent dans le corps d’autres animaux vivans. L'étude un peu complète de ce groupe singulier ne remonte guère que vers la fin du siècle dernier ; jusque-là on n’a- vait sur le compte de ces êtres rudimentaires que des données vagues et incomplètes, aussi étaient- ils pluiôt connus sous le rapport des troubles que détermine leur présence, que sous celui de leur organisation. Mais des travaux intéressans ,” pu- bliés dans diverses parties de l’Europe , et surtout en Allemagne, ont fait successivement connaître un grand nombre de points curieux de leur his- toire. Ce n’est guère que dans les animaux vertébrés que l’en a trouvé des Entozoaires ; mais il est plus que probable que les animaux invertébrés n’en sont point exempts, puisque l’on en a observé plusieurs dans quelques insectes et quelques mol- lusques. À l'exception d’un très-petit nombre, tous les tissus des animaux peuvent présenter des En- tozoaires ; cependant les organes creux et surtout les voies digestives sont les lieux où on les rencon- tre le plus souvent et où se trouve le plus grand nombre de genres et d'espèces. Chaque espèce d'animal nourrit un certain nombre d'Entozoaires d’espèces différentes; ainsi il y en a seize espèces dans l'Homme, huit dans le Chien, neuf dans le Puatois, treize dans le Héris- son, onze dans la Souris , six dans le Lapin , neuf dans le Cochon, douze dans le Mouton , onze dans le Bœuf, autant dans le Cheval, neuf dans la Cor- neille, six dans le Coq, huit dans le Héron com- mun, neuf dans le petit Plongeon, qualorze dans l’'Oie, onze dans le Ganard domestique, huit dans le Crapaud commun, douze dans la Grenouille commune , huit dans l’Anguille, sept dansle Tur- bot, dix dans la Perche, six dans la Truite, etc. Un des points les plus intéressans et les plus ob- seurs de l'histoire des Vers intestinaux, c’est de savoir comment ils parviennent dans le corps des animaux chez lesquels on les observe. Viennent- ils du dehors? se forment-ils dans les animaux eux-mêmes, et peuvent-ils se communiquer d’un animal à un autre ? Ces questions ont vivement excité l’iniérêt des zoologistes. On a prétendu que les mêmes Vers qui se trouvent au sein des pa- renchymes ou du tube digestif des animaux, se retrouvent aussi à l’extérieur sur la terre ou dans l’eau. Mais il est bien démontré actuellement qu’un examen superficiel a pu seul faire naître une pa- reille opinion à l'égard de quelques Nématoïdes qui présentent l’apparence de certaines Annélides, 266° Livraison. 26 et poun quelques Distomes que l’on aura confondus avec des Planaires ; mais la plupart des Entozoaires ont, des formes. et une struclure intérieure parti- culières qui. ne permettent pas de les: confondre: avec les Vers externes, D'ailleurs, s’il en, était ainsi, on les observerait souvent dans la terre-et dans l’eau, puisqu'ils ne se retrouveraient qu’ac- cidentellement dans les animaux; mais il n’en est rien. De plus, et ce fait est. concluant, les Vers extérieurs introduits dans les voies digestives meu- rent promptement. et sont bientôt soumis à l’ac- tion digestive du canal intestinal. On à dit aussi que les Vers extérieurs introduits dans le corps des: animaux, soit, déjà développés, soit à l’état, de germe , subissaient au sein des organes. diverses: transformations, et prenaient l'aspect et l’organi- sation que l’on reconnaît aux Vers. intestinaux. Mais ileest bien certain qu'aucun des. animaux de la classe des Vers externes ne subit de:transforma- tions dans le cours de son existence. Jamais, dans les dissections nombreuses qui ont été faites pour étudier les Vers:intestinaux, l’on n’a rencontré de Vers vivans sans qu'ils eussent tous les caractè-. res des vrais Entozoaires; jamais non plus aucun d'eux n’a été observé. pendant une de ces préten- dues transformations. Quel que soit d’ailleurs le mode d'introduction qu’on leur suppose , comment se fait-il que ces Vers se retrouvent dans des or- ganes qui n’ont aucune communication avec l’exté- rieur ? Comment se fait-il aussi que ces êtres, qui vivent, croissent et engendrent au milieu des tis- sus qui les renferment , meurent presque aussitôt qu'ils en sont sortis ? L'on a encore adimis l'hypo- thèse que les œufs d’Entozoaires sortis du corps des animaux , soit après la desiruction de ceux-ci, soit parleurs déjections, peavent se communiquer à d'autres par la voie des alimens , des boissons ou de la respiration ; mais les considérations suivantes nous paraissent tout à-fait propres à renverser une pareille opinion. D’abord il yaun certain nombre de Vers intestinaux qui n’ont point d'œufs ni de moyens de reproduction connus. Les animaux qui se nourrissent de viandes ne sont pas plus exposés aux Vers que ceux qui se nourrissent de plantes et qui broïent leur nourriture d’une manière tout- à-fait complète. Les œufs des Entozoaires sont si délicats et se pourrissent si, promplement par l'humidité, qu’il esttout-à-fait impossibie d’admet- tre qu'ils puissent se conserver dans les eaux qui servent de boisson aux hommes et aux animaux, Quant à l'introduction de ces animaux parles voies de la respiration, il est aussi impossible de l’admettre ; comment: pourrait-il se faire que ces, animaux desséchés pussent ensuite éclore ? Com- ment ces animaux, qui.sont plus pesans.que l’eau, pourraient-ils rester suspendus dans l'atmosphère ? Par quelle voie pourraient s'introduire. ceux qui se développent.au sein du parenchyme d'organes n’ayant aucune communication avec l’extérieur ? Si ces êlres pouvaient ainsi s’introduire par les voies respiratoires, les. individus qui se livrent à des recherches zoologiques et qui ont disséqué un grand nombre de Vers intestinaux devraient en 202 INTE | présenter, et l'expérience de: chaque jour prouve le contraire. Enfin on a nourri pendant quelque temps des animaux avec des Entozoaires seule- ment ; on les à tués , etils se:sont trouvés complé- | tement:exempts de Vers. L'on a dit aussi que les animaux recevaient de leurs parens,, soit; par l’acte:de la génération , soit par la nutrition dans le, sein de leur mère, soit par l'allaitement , les germes des Vers: qu’ils pour« ront offrir par la suite. Pour soutenir une pareille opinion, il faudrait admettre que les premiers animaux créés renfermaient toutes les espèces de Vers particuliers à leur race, et:si l’on considère combien d'espèces on rencontre chez quelques animaux, les parens primitifs de ceux-ci auraient été de véritables magasins d’Entozoaires, suivant l'expression de M. Deslongchamps. Comme parmi les Vers il en est un certain nombre que l’on ne rencontre que: très-rarement , il faudrait supposer que leur germe-a pu passer successivement par plusieurs générations d'individus sans se dévelop per. Pour qu’ils pussent être transmis par l'acte de la génération , il faudrait qu’ils existassent dans le. sperme, du mâle, et qu’ils pussent s’introduire à:travers les membranes de l’œuf fécondé. Il serait tout, aussi inexplicable. de supposer que les Vers ‘intestinaux provenant, de la mère fussent portés à son embryon ou bien dans ses ovaires; car ils ne pourraient l'être que par l'intermédiaire de la cirs culation , entraînés qu'ils: seraient avec le sang et les autres fluides du corps humain. Les œufs de ces êtres devraient se retrouver dans les fluides circulatoires, car ils sont assez volumineux pour que l’on puisse les y apercevoir. Or jamais on n’en a signalé aucun dans le sang ni dans la lymphe. Des difficultés du même genre se représentent pour l'allaitement , qui d’ailleurs n’expliquerait la for- mation des Vers intestinaux que dans les mammi- fères, On voit qu'aucune de ces hypothèses ne peut donner une explication satisfaisante de la formation des Vers intestinaux ; il en existe une dernière admise par la plupart des zoologistes al: lemands, et qui en France a été vivement soute- nue par M. Bory de Saint-Vincent; c’est la généra- Lion spontanée où primitive. Gette question, qui se reproduit aussi au sujet de plusieurs groupes des derniers êtres organisés, a déjà fixé notre atten- tion ( voy. GÉNÉRATION }), et se présente naturelle- ment à l'esprit, qu'aucune des hypothèses précé- dentes n’a pu satisfaire, Linné, qui n’a connu qu’un très-petit nombre d’Intestinaux , etles auteurs qui ont suivi sa mé- thode, les ont placés en tête de la classe des Vers, Lamarck en fait les deux premiers ordres de sa classe cinquième ; il y joint les Planaires et les Dragonneaux. Rudolphi pense qu’une partie des Entozoaires, les Nématoides, pourrait êtrerappro- chée des Annélides, et que, quant au reste, 1l de- vrait être rejeté dans le règne obscur des Zoophy- tes, Enfin de M: Blainville fait plusieurs classes des Vers intestinaux, et, les rattache à différens types de la série animale, Quant à Guvier, dont nous allons suivre la division, ilen forme la seconde INTE 203 INTE classe des Zaophytes,.et il y réunit lesLernées ainsi que les Planaires. | Cuvier divise les Intestinaux en deux ordres, les | Cavitaires , qui ont un canal intestinal flottant : dans une cavité abdominale distincte, ‘une bou- che et un anus ; les Parenchymateux, dont de corps renferme dans son parenchyme des viscères mal terminés et ressemblant le plus souvent à des ramilications vasculaires, ne s’apercevant même | quelquelois pas du tout. Nous allons donner les grands caractères de.ces deux ordres:et des iprin- | cipaux genres qui .ontélé figurés à la planche 251. | 1°* ordre : les Caviraises. — Ce premier ordre comprend ceux dont la peau-extérieure, générale - ment striée transversalement,, garnie de fibres musculaires plus ou moins äbondantes, renferme une cavité abdominale et des organes de la gé- nération distincts pour les deux :sexes. De nom- breux filets unissent l'intestin aux;parties voisines, | et ils ‘ont été considérés par les uns comme des vaisseaux nourriciers, et comme des trachées par | les autres. Ces animauxne présentent pas de tra- ces de circulation; mais dans plusieurs l’on peut apercevoir un ou deux cordons partant d’un an- peau qui entoure la bouche, et régnant dans toute la longueur du corps à la face interne de l'enveloppe. L'intestin est généralement droit, assez large; l’œsophage est assez souvent plas mince; dans quelques.espèces., l'estomac est plus ample et plus robuste. Quant aux organes inté- rieurs de la génération , ils consistent en de très- longs vaisseaux qui contiennent la semence et les œufs et présentent leur issue à des points diffé- rens. Ge premier ordre comprend les genres sui- Vans : 1° Les Filatres, dont le corps allongé, grêle , en forme de fil, -est percéen avant d’une bouche ronde. Il s’en trouve principalement dans les ca- vités des animaux qui ne communiquent point au dehors, dans le tissu cellulaire, dans l’épaisseur sé ep rm or des muscles et des parenchymes. On en observe même dans les insectes et dans leurs larves, et jusque dans la cavité viscérale de quelques mol= lusques. L'espèce la plus célèbre de ce genre est le Ver de Médine ou de :Guinee,. 2° Les Trichocéphales, dent le corps, rond, plus gras en arrière, s’aminciten avant:comme un fil, et se termine par une bouche ronde. Le plus connu est le Trichocéphale de l'homme. Les autres sont les Trichostomes et les Oxyunes. 3° Les Cucullans. 4° Les Ophiostomes, 5° Les Ascarides. Leur ,corps est rond , aminci aux deux bouts, et la bouche garnie de trois pa- pilles charnues , d’entre lesquelles sort de temps en temps untube très-court. C'est un des genres les plus nombreux en espèces ; .an en trouve dans toutes sortes d'animaux. Le canal intestinal est droit; les femelles ont un ovaire à deux ‘branches plusieurs fois plus long que le corps , s’ouvrant à lextérieur par un seul oviducte, vers le quart an- térieur de la Jougueur de l'animal. Les mâles n'ont qu'un seul tube séminal qui.est aussi beau- coup plus long'que le corps. Il communique avee un pénis quelquefois double qui sort par l’anus. Enfin deux filets blancs, qui règnent l’un du côté du dos et l’autre du côté du ventre, ont été re- gardés par M. Otioet par M. Jules Cloquet comme le système nerveux de ces vers ; tandis que deux autres filets plus épais, situés l'un à droite, l’autre gauche, sont considérés comme vasculaires par les uns.,.et comme musculaires par les autres. Ce genre comprend les Æscarides lombricoïides, les Ascarides vermiculaires, etc. 6° Les Strongles. Leur corps est rond, l'anus ‘estenvéloppé dans lemäle par une-sorte de bourse diversement configurée et d'où sort un petit filet qui paraît servir à la génération. Ge dernier ‘ca- vactère manque ‘chez da femelle. Ce genre ‘com- prend le Strongle du Cheval et le Strongteigéant. 7° Les Sptroptères. 8° Les Physuloptéres. 9° Les Sclérostomes. 10° Les Linguatules. Leur:conps est :déprimé ‘et tranchant sur des côtés , où les rides/transversales forment ‘de fortes ‘et nombreuses :crénelares. La peau est mince; ia itête test large et aplaties la bouche, percée en dessous, présente à chacun de ses côtés deux petites fentes longitudinales d’où sortent de petits crochets ; l'intestin «est droit, les vaisseaux génitaux Jongs et entortillés; lils ont leurs orifices à la partie postérieure. Près de Ja bouche sont deux cœcums, comme dans les Echi- norhynques. Un filet blanc entoure la ‘bouche et donne lieu à deux filets descendans qui sont d’ap- parence nerveuse. Ce genre semble lier les Intes- tinaux:cavitairesaux Intestinaux parenchymateux. IlLcomprend l’un d'eux, le Tænia Lancéolé de Gha- bert, qui acquiert jusqu’àsix pouces de longueur, et s’observe dans les sinus frontaux du ‘Chien et du Cheval. 11° Les Prionodermes. 12° Les Lernées. Leur corps ‘a à peu près la même organisation intérieure et extérieure que dans les dntestinaux cavitaires ; mais ilest prolongé en avant par un col de substance cornée, au bout duquel est une bouche diversement armée et ‘en- tourée ou suivie de productions de diverses ifor- mes. Geite bouche «et ses appendices s’imsinuent dans la peau des ouïes des poissons:et y fixent l’a- nimal. Les Jernées ‘offrent anssi deux cordons médiocres quelquefois font longs, d’autres fois fort repliés, qui pendent des deux côtés dela peau,, et quipeut-être sont leurs ovaires. Ge genre ‘comprend les Lernèes propres (la Lernée bran- chiale, la Lernée oculaire, la Lernée multicorne), les Pennelles, les Sphyrions , les Anchorelles , les Brachielles, les ‘Clavelles a les Chondracanthes. 13° Les Nemertes. Ge sont des Vers d’ane mol- lesse et d’une longueur extrêmes, lisses, grêles , aplatis, terminés à une extrémité par une pointe mousse percée d’un trou; à l'extrémité opposée, ils sont largement évasés,, et c’est par là qu'ils se fixent; un :canalintestinal les traverse dans toute leur longueur ; un autre canal, probablement re- latif à la génération , s’observe le long de ses pa- INTE 204 INTE ee rois et finit à un tubercule du bord de l'ouverture large. La seule espèce connue est la Vemerte de Borlase. 14° Les Tubulaires de Renieri. 15° Les Ophiocéphales. : 16° Les Cérébratules de Renieri. 2° ordre: les PareNcuyMaTEux. — Leur corps est rempli d’une cellulosité ou même d’un parenchyme continu dans lequel on observe au plus, pour tout organe alimentaire, des canaux ramifiés qui por- tent Ja nourriture et qui naissent de sucoirs visi- bles au dehors. Les ovaires sont aussi au milieu de ce parenchyme ou de cette cellulosité. Ces vers n’ont ni cavité abdominale, niintestin, ni ouver- ture anale, et, à l'exception de la première famille, on ne découvre aucune apparence de système nerveux. Get ordre peut se diviser en quatre fa- milles : 1° Les Æcanthocéphales. Ils s’attachent aux in- testins par une proéminence armée d'épines re- courbtes, et qui paraît leur servir en même temps de trompe. Gette famille comprend le genre des Echinorhynques, dont la plus grande espèce est l’£- chinorhynque géant , et les Hæruca, 2° Les 7rématodes. Cette famille comprend ceux qui ont sous le corps ou à ses extrémités des organes en forme de ventouses , par lesquels ils s’attachent aux viscères. Guvier pense que l’on pourrait n’en former qu'un genre, auquel on don- nerait le nom de Pouves. Les Douves se subdivisent , d’après le nombre et la position des ventouses, en F'estucaires , Stri- gées, Géroflées, Douves proprement dites, dont la plus célèbre est la Douve du foie; en Holostoma , Polystoma, Cyclocotyles, Tristomes, Hectocotyles, Aspidogaster; enfin, les Planaires doivent, d’a- près Cuvier , être rapprochés des Douves. 3° Les Ténioides. Cette famille réunit ceux où la tête a deux ou quatre pores ou sucçoirs placés autour de son milieu, qui lui-même est tantôt marqué d’un pore , tantôt muni d’une petite trompe ou nue ou armée d’épines ; quelquefois il y a quatre trompes ainsi armées. Cette famille com- prend les l'œnia (Tænia long, Tænia de l’homme, Tœnia à longs anneaux, etc.), les Tricuspidaires, les Botryocéphales, les Dibotryorhynques, les F'lo- riceps, les T'étrarhynques, les Tentaculaires, les Cysticerques , les Cænures elles Scoles. 4° Les Cestoïdes. Cette famiile comprend ceux où l’on n’observe pas de sucoirs extérieurs. On n’y connaît qu’un genre, les Ligules. (A. D.) INTESTINS. (anar.) On désigne ordinairement sous le nom d’Intestins la portion du tube digestif contenue dans l'abdomen. Dans les classes les plus élevées on restreint encore davantage celte déno- mivation, et on ne l’applique qu’à cette portion du tube digestif qui succède à l'estomac. Mais il serait peut-être plus philosophique de désigner sous ce nom l’ensemble da canal alimentaire , cet organe si varié dans sa farme et ses dinensions , et pour- tant caractéristique de presque tous les animaux. Nous allons donc comprendre dans cette descrip- tion du canal intestinal non seulement les Intes- tins, mais encore l'œsophage et l'estomac, dont l'histoire appartient à cet article, en laissant de côté tout ce qui a trait aux deux premières parties du tube digestif, la bouche et le pharynx. Les végétaux puisent au sein de la terre les sucs qui doivent les abreuver, et dans l'atmosphère les fluides qui les excitent et les nourrissent ; chez eux les racines et l'écorce remplissent les fonctions des Intestins ; ils n’ont pas plus besoin de mouvemens pour aller chercher leur nourriture que de cavité intérieure pour la préparer. Mais les animaux, isolés du sol qui les supporte, éloignés des corps dont ils doivent se nourrir, possèdent dans leur intérieur un réceptable pour leurs alimens , et de plus ils ont la faculté de les discerner, ainsi que des organes propres à se les approprier. Du reste, l'Intestin varie à l'infini suivant les divers animaux; s’il est l’organe essentiel et à peu près unique du Ver et du Polype, dont le but aussi presque exclu- sif est de vivre en se nourrissant, cet Intestin ne semble plus qu’un corps accessoire dans les ani- maux plus compliqués. De plus, là où l'Intestin est à lui seul presque tout l'animal, il est aussi à peu près le même dans toute son étendue; mais l'or- ganisation se complique-t-elle, les fonctions de- viennent-elles multiples, alors le tube digestif se complique et ses fonctions deviennent de moins en moins uniformes. Aussi, par suite de cet enchai- nement mutuel des fonctions, et de ces lois im- muables de l’organisation ; on pourrait, d’après le seul examen du tube digestif d’un animal, deviner en quelque sorte le reste de son organisation, et réciproquement de l'étude des autres organes on pourrait déduire la constitution du tube digestif. Quand l'appareil digestifne consiste pas, comme chez les animaux les plus inférieurs, dans une sim- ple poche percée d’une seule ouverture, qui fait à la fois l'office de la bouche et de anus, il a or- dinairement la forme d’un canal musculo-mem- braneux à peu près cylindrique, et présentant dans un point de son étendue un renflement. De celte disposition résulte une division du canal in- testinal en trois portions: le segment qui précède le renflement ou celui par lequel les alimens y pé- nètrent, ce renflement lui-même , et enfin le seg- ment qui le suit ou par lequel les alimens en sor- tent. Ges trois portions sont l’æsophage, l'estomac et l’Zntestin. Nons allons exxminer ces trois por- tions d’abord chez l'Homme et ensuite dans la sé- rie des animaux. : Du canal intestinal chez l’ITomme. Nous en ferons commencer la description seulement à l’æsophage, laissant de côté tout ce qui se rapporte à la bou- che et au pharynx, ainsi que nous l'avons annoncé un peu plus haut. L’æsophage, qui fait suite au pharynx et qui lui succède immédiatement, est un long canal inusculo-membraneux qui commence vers la quatrième ou cinquième vertèbre cervicale et finit à louverture du diaphragme, par laquelle il s’introduit dans l'abdomen ; la direction du ca- na}, prise dans son ensemble, est verlicale; cepen- dant il existe plusieurs déviations partielles ; d’a- nn INTE 205 INTE 2 2 bord placé sur la ligne médiane, il se dévie sensi- blement à gauche dorsqu' il est arrivé à la partie inférieure du larynx; mais au moment où il pénè- tre dans la poitrine, il se rapproche un peu de la ligne médiane, quoiqu'il reste cependant encore dévié à gauche. La largeur de ce canal ne peut être exactement déterminée, car il est susceptible d’une extrême dilatation au moment du passage des alimens. L’œsophage est composé de deux cou- ches, l’une musculeuse formée de deux ordres de fibres, les unes transversales, les autres longitu- dinales , et d’une membrane muqueuse fine, té- nue , et dont l'aspect blanchâtre la distingue soit du pharynx, soit de l'estomac. Gette membrane présente dans l'état de vacuité des plis longitudi- maux plus ou moins multipliés, et qui tiennent à la contractilité inégale des deux couches qui consli- tuent l’ œsophage, la musculeuse forçant la mem- braneuse à suivre les mouvemens qu ’elle lui com- unique. Les artères de l’œsophage lui viennent en haut des thyroïdiennes inférieures , dans la poi- trine, directement de l'aorte; en bas et près de son ouverture dans l'estomac, des diaphragmati- ques inférieures et de la coronaire stomachique. Ses nerfs lui sont fournis par les pneumogastriques, par les ganglions thoraciques et les nerfs cardia - ques, qui forment sur lui un plexus qui l’accom- pagne jusqu’à sa terminaison inférieure. L'estomac, premier organe essentiel à la digestion, occupe la partie supérieure de l’abdomen , et s’é- tend depuis l'hypochondre gauche, qu'il remplit presque en entier, jusqu’à l’épigastre, où il se ter- mine. Borné en haut par le diaphragme et par le foie, en bas par le colon et le mésocolon trans- verse, il répond en avant aux fausses côtes et sou- vent aux parois abdominales. Sa forme recourbée l'a fait comparer à une cornemuse, et son plus ‘grand diamètre est transversal. Sa surface externe présente une face antérieure qui, suivant l’état de vacuité ou de plénitude de l'organe, regarde tan- tôt en avant , tantôt en haut, et une face posté- rieure dont la direction varie aussi suivant les mêmes circonstances et regarde tantôt en arrière, tantôt en bas. Deux bords réunissent ces deux faces et ont recu le nom de courbures de l’estomac. La grande courbure, qui réunit inférieurement les deux faces , se termine à droite au pylore et ne présente rien de remarquable, si ce n’est le coude #ormé par l’orifice pylorique et que l’on a nommé petit cul-de-sac, quoiqu'il n’y ait dans cet endroit ; aucune saillie particulière. Mais à gauche elle pré- sente un renflement considérable nommé grand cul-de-sac. Cette saillie, qui ne répond point à l’o- rifice cardiaque, et qui n’est point dans sa direc- ion , se trouve au dessous de lui et se prolonge dans lhypochondre g gauche, dont elle remplit la plus grande partie. C'est elle qui donne en grande partie à l’estomac sa longueur naturelle, qui dé- passe de beaucoup l'intervalle des deux orifices. La pelite courbure, concave, réunit en haut les deux faces de l'estomac; elle correspond à la grande scissure du foie et principalement au lobe de Spi- gel. Les deux extrémités de l'estomac se distin- guent en gauche et en droite sous le nom de car- dia et de pylore. Le cardia, correspondant à peu près à l’union des deux tiers droits de l’estomac avec son tiers gauche , laisse apercevoir des fibres divergentes qui, de l” œsophage , se rendent à l’es- tomac et setrouvent environnées par des vaisseaux artériels nombreux. Le pylore, occupant la partie droite de l’épigastre, se trouve plus bas et plus en avant que le cardia. On le fait commencer à l’en- droit où l'estomac , fort rétréci , forme tout à coup sur lui un coude sensible. Le pylore remonte en arrière, et un peu à droite, jusqu’à la réunion des deux scissures du foie et au niveau du col de la vésicule biliaire. Là il finit par un rétrécissement circulaire très-marqué qui répond à la valvule pylorique. C’est Jà que l’estomac se termine. La surface interne de l'estomac, répondant entière- ment pour sa forme à la surface externe, est mu- queuse et présente une couleur rougeâtre fort ya- riable sur divers points. Des villosités nombreuses recouvrent cette surface et lui donnent un aspect velouté qui se présente dans tout le reste du canal intestinal. Par ces deux caractères la membrane interne de l’estomac diffère essentiellement de celle de l’œsophage. L'organisation intime de l’es- tomac consiste dans la superposition de trois mem- branes : l’une, extérieure, séreuse , formée par le péritoine, recouvre l’organe dans toute son éten- due, excepté au niveau de ses deux bords, où elle forme par son adossement deux replis, dont l’un, appelé épiploon gastro-hépatique , correspond à la petite courbure, et l’autre, nommé grand épiploon, correspond à la grande courbure et s'étend jus- qu’à la partie inférieure de l'abdomen , en passant au devant du paquet intestinal. La membrane moyenne est musculeuse; elle forme la partie so- lide de l'estomac et jouit seule de la contractilité organique sensible. Cette tunique musculeuse est blanchâtre et non rouge comme dans les muscles de la vie extérieure ; elle est composée de deux or- dres de fibres, les unes longitudinales qui suivent le grand diamètre, les autres circulaires qui sui- vent le petit diamètre de l’estomac. Les premières semblent appartenir plutôt à l’œsophage d’où elles proviennent toutes, tandis que les secondes appar- tiennent en propre à l’estomac. La membrane in- terne où muqueuse est la continuation de celle de l’œsophage, dont elle diffère par son aspect rou- geâtre , par la présence de nombreuses villosités qui lui donnent un aspect lanugineux, par une épaisseur un peu plus considérable, et par la pré- sence d’un fluide muqueux très-abondant qui la lubrifie et forme sur elle un enduit habituel. Quant aux plis que présente cette membrane, ils sont dus aux contractions des fibres musculaires. La tunique muqueuse est unie à la musculense par un tissu intermédiaire, dense, blanchâtre, dont on a fait une quatrième tunique sous le nom de tu- nique nerveuse , quoiqu’on n'ait aucune preuve que ce nom lui convienne, et qu'il se rapproche plutôt du Lissu fibreux que de tout autre ; c’est aussi en- tre la tunique muqueuse et la musculeuse que se | trouvent ces petits corps glanduleux découverts ANTE 206 — INTE par Brunner et regardés comme la source .du fluide muqueux intérieur, Les vaisseaux de l’esto- mac lui viennent du:tronc cæliaque; la coronaire | #tomachique, le rameau pylorique de l’arière hé- | patique se distribuent à Ja pelite cowrbure; !les : artères gastro-épiploiques droite et gauche -occu- | pent la grande courbure et le grand cul-de-sac. | Ses nerfs lui viennent des nerfs vaguestét du plexus solaire. Le duodénum, où commencent les Intestins, suivant l’acception la plus restreinte de ce mot, ainsi nommé parce que isa longueur est ordinai- rement de douze travers de doigt , occupe la par- tie moyenne .et profonde de l'abdomen. Appliqué sur la colonns-vertébrale, ilest assujetti en avant par le péritoine qui lerecouvre ,eta, par consé- quent, une posilion fixe et coustante. Son volume, moins .considérable que celui de l'estomac , l'est beaucoup plus que:celui de l'Intestin qui lui :suc- cède ; aussi a-1-1l reçu-de quelques anatomistes le mom de second ventricule ou:second-estomac. Sa direction change deux fois et il représente assez exactement un croissant, dont la concavité re- garde à gauche et embrasse l'extrémité .droite du pancréas, Landis que Ja convexité regarde à droite. C'est à la partie moyenne de cette convexité que d'on trouve en arrière l'embouchure des conduits cholédoque et pancréatique. Sa surface interne muqueuse, comme celle de l'estomac, présente un aspect lanugineux, et de plus une multitude de replis circulaires nommés valvules conniventes, destinés à retarder le trajet des substances ali- | mentaires pour favoriser leur pénétration par la | bile et le suc pancréatique, ainsi que l'absorption | du chyle. C’est encore à cette face interne que J’on aperçoit les ouvertures .des conduits eholédo- que «et pancréatique. Tantôt ils sont isolés, mais fort rapprochés l'un de l'autre, tantôt üls sont réunis en un seul. Toujours leur embouchure est marquée par un pelit tuberculesaillant, au centre duquel se trouve une.ouverture allongée. Le duo- dénum ne diffère des autres Intestins, quant à sa structure, que par le défaut de tunique séreuse. | Le péritoine ne recouvre en effet qu'accidentelle- | ment la partie antérieure; la postérieure en est | complétement dépourvuc; sa couche musculeuse est formée de fibres qui n’offrent rien de particu- lier et qui ont la même direction que sur l’esto- | mac. La tunique muqueuse offre les nombreuses valvules conniventes que nous avons signalées, ! Intestin grêle. IL est le siége essentiel de l’ab- ! sorplion : irrégulièrement disposé, et flottant Jibre- | ment dans l’abdomen , il forme jpar ses contours ! muliipliés, nommés circonvolutions, une masse considérable circonscrite de tous côtés par les gros Intestins. Presque tous les analomistes distin- guent deux intestins grêles sous les noms de Jéjunum et d’/léon, désignant sous Je premier de ces nom; les deux cinquièines supérieurs du.canal, et sous Je second les trois cinquièmes inférieurs. Mais celie distinction est tout-à-fait inutile, et l’on doil considérer comme un seul Intestin tonte Ja porLiou flotiante du tube digesif. L’Intestin grêle offre, comme son nom l'indique, une différence de volume 1rèsmarquée avec les autres organes digestifs; mais il est:susceptible d’une ampliation considérable. Il ‘est formé d'une membrane :sé- reuse , feuillet mince du péritoine qui le recouvre et forme un large repli appelé mésentère et auquel d’intestin est suspendu par son bord'supérieur ou concave,; d’une membrane:musculeuse formée. de fibres circulaires et dont quelques unes très-rares affectent ‘une disposition longitudinale; enfin d’une tunique muqueuse qui présente aussi une quantité considérable de ces replis transversaux nommés valvules conniventes, et.dont le nombre diminue à mesure que l’on se rapproche de la fin de d’Intestin. On y remarque en outre un grand nombre de petites glandes muqueuses réunies en forme de plaques plus ou moins étendues et oc- cupant surtout le côté de l’Intestin qui correspond à l’attache du mésentère. Elles ‘ont été appelées glandes de Peyer, du nom de l’anatomiste qui les a découvertes. L’extrémité inférieure de l’Intestin grêle s’ouvre dans le cœæcum, et celte embou- chure un peu oblique de bas en haut est garnie à l'intérieur d’une valvule dont nous parlerons an sujet du -cœcum. Gros Intestin. Il constitue la dernière por- tion du tube digestif, et entoure la masse de l'Intestin grêle. Chez l’homme il est divisé «en plusieurs parties assez distinctes 1° Le cæcum, dans lequel :s’abouche Intestin grêle, occn- pe Ja fosseiliaque ‘droite. Son volume.est consi- dérable. À son extérieur il est bosselé, et-ces di- verses bosselures sont dues aux trois tuniques in- teslinales, séparées par trois bandes comme fibreuses. À gauche il présente l’msertion de l’In- testin ;grêle ; ‘en haut il:se continue avec le colon ou seconde portion du gros lutestin; «en bas il orme un véritable (cul-de-sac arrondi, bosselé et présentant à droite et en arrière un appendice très -remarquable nommé venmiforme ou cæcal, du volume d’une plume à écrire et d’une longueur variable, mais qui ne va guère au-delà de deux pouces et demi ou trois pouces. Get appendice libre et flottant, creusé dans toute son étendue, se termine par un petit cul-de-sac, et présente une épaisseur de parois qui n’estipas.en rapport avec l'étroitesse du canal qui le parcourt. La sur- face interne du cœcum présente plusieurs .demi- cellules assez profondes qui correspondent aux bosselures de l'extérieur, et des saillies allongées répondant aux enfoncemens qui, en dehors, sé- parent les bosselures. Vers le cul-de-sac infé- rieur se présente l'ouverture de l’appendice ver- mifonme. Enfin, l'endroit où le cœcum se conti- mue en haut avec le colon et reçoit en -dehors l'Intestin grêle est marqué par une valvule très- importante décrite par Bauhin, appelée Zlo-cæcale. Cette valvule a pour usage d'empêcher le retour des matières fécales du cœcum dans l'Intestin grêle, L'organisation du cœcum étant la même que celle du colon, nous la considérerons dans tous les deux à la fois, 2° Le colon forme la partie la plus considérable du gros Intestin; il s'étend INTE 207 INTE:._ A ———— depuis la région lombaire droite jusqu’à la région iliaque gauche, qu’il remplit, Vertical à droite, il devient: horizontal dans le milieu, de son:trajet,, reprend:à gauche la direction verticale, et se con- tourne en S à l'endroit où il finit. De là , l’usage où: l’on est de le diviser en: quatre portions, 1° le colon: lombaire droit, 2° le colon transverse. 39 le.colon lombage gauche, 4° VS: du colon ou colon iliaque: gauche, Partout. le colon offre des bosselures: semblables À celles du cæœcum et in- terrompues de même par trois dépressions. ou gouttières longitudinales dues à des bandelettes musculaires. Un peu moins prononcées que dans le:cæœcum, ces bosselures deviennent à peine sen- sibles dans le colon iliaque gauche et disparaissent tout-à-fait à l'endroit. où cette partie se continue avec le rectum. On voit aussi à l'extérieur du co- lon: une multitude considérable de petits appen- dices graisseux. L'organisation du gros Intestin consiste dans une membrane: séreuse, qui recou- vre le cæœcum seulement en avant et sur le côté, qui ne fait que passer au. devant des: portions lombaires droiteet gauche du colon, qui recouvre plus complétement le colon transverse en formant un repli auquel on à donné le nom de mésocolon transverse, et qui enfin entoure complétement VS: iliaque du colon en lui formant un véritable mésentère disposé comme celui de l’Intestin grêle etnommémeésocolon iliaque, La tunique musculeuse résulte de deux ordresde fibres, lesunes circulaires, les autres longitudinales réunies en trois bande- lettes distinctes, parfaitement circonscrites, dent deux antérieures et une postérieure. Ges fibres sont beaucoup moins longues que l’Intestin pris en entier; de là il résulte que le cœcum et le colon n’ont jamais toute la longueur qu’ils pour- raient avoir, et que, retenus par les bandelettes i sont dans un état habituel de tension, ils se replient nécessairement sur eux mêmes de manière offrir en dehors les bosselures, en dedans les demi-cellules et les plis transverses dont nous avons parlé. Plus les bandelettes sont dispropor- tionnées à la longueur de l’Intestin , plus les bos- selures sont volamineuses ; aussi l’incision de ces bandelettes donne-t-elle lieu à l’affaissement de ces saillies et à l'allongement de l’Intestin: Une membrane muqueuse revêt la face interne du gros Intestin ; elle offre des villosités, mais moins mar- quées que dans l’Intestin grêle ; du reste elle ne se distingue par aucun attribut propre et ressem- ble absolument, ainsi que le tissu dense quila sé- pare de la tunique musculeuse, aux mêmes par- ties considérées dans le reste du conduit digestif, Le cœcum et les deux premières portions du colon recoivent tous leurs vaisseaux de l'artère mésen- térique supérieure. L’artère mésentérique infé- rieure fournit seule les vaisseaax du colon iliaque. Le colon lombaire gauche reçoit les siennes d’une grande anastomose que l’on observe entre les deux troncs mésentériques. Les nerfs du cæœcum et qu colon viennent des plexus mésentériques. 3° Le rectum, dernière portion du canalintestinal;occupe partie postérieure du bassin. Etendu depuis: le dé- troit supérieur du bassin jusqu’au: coceyx, il se: dirige obliquement de gauche à droite dans son origine, eb se trouve presque toujours placé sur la ligne médiane par sa moitié inférieure. Sa forme: est cylindrique et plus régulière que celle du co- lon ; moins volumineux que le colon , ilest cepen- dant.susceptible d'une dilatation excessive, comme on, peut l'observer dans certains cas d’accumula- tion, de matières stercorales. La surface externe:du rectum est lisse et polie, ne présente aucune bos- selure comme le colon, mais des stries longitudi- nales qui lui donnent une apparence assez analo- gue à celle de l’œsophage vu à l'extérieur. La sur- face interne est muqueuse et présente des plis longitudinaux appelés colonnes du rectum. En haut cet Intestin se continue immédiatement avec: le colon; en:bas il se termine par l'anus, ouver- ture allongée d'avant en arrière, placée à peu près à un pouce au devant du sacrumet du coccyx: Le rectum est formé par une membrane séreuse, lame mince du péritoine qui le recouvre seule- ment dans ses deux tiers supérieurs , et forme an repli qui le fixe au sacrum sous le nom de meso- rectum. Sa membrane musculeuse est: remarquas ble par le volume de ses fibres, dont les unes: longitudinales occupent surtout les deux tiers supérieurs: de l’Intestin, tandis que les: autres, circulaires, deviennent très-abondantes vers le tiers inférieur. Ces fibres, qui deviennent de plus en plus serrées et que les anciens anatomistes avaient désignées sous le nom de sphincter interne, se continuent et se confondent avec: un autre muscle qui, occupant la région anale, la consti- tue en grande partie et à été nommé sphincter cutané. La structure , les propriétés et les fonctions de ce dernier le rapprochent entièrement des muscles de la vie extérieure. La tunique muqueuse du rectum. analogue à celle de tout le conduit in- testinal, offre seulement un peu plus d'épaisseur, un aspect plus rougeâtre et plus fongueux, un enduit muqueux habituel plus abondant, Un tissu dense la sépare de la tunique musculeuse comme partout ailleurs; des glandes muqueuses se re- marquent aussi entre ces membranes. Ses vais- seaux, excessivement nombreux, lui viennent de la mésentérique inférieure, qui fournit l'artère hé- morrhoïdale supérieure; de l'hypogastrique, qui lui fournit l’hémorrhoïdale moyenne, et enfin de la honteuse interne qui fournit les vaisseaux hé- morrhoïdaux inférieurs. Les nerfs du rectum lui ‘viennent en partie du système cérébral et en par- tie de celui des ganglions. C’est à lui que se dis- tribue principalement le plexus hypogastrique. Quelques rameaux lui sont fournis par les nerfs sacrés. Les nerfs honteux se distribuent en partie aux muscles sphincters. On voit donc que le rectum participe aux caractères des organes des. deux vies et semble placé comme sur la limite de l’une et-de l’autre, analogue sous ce point de vue au pharynx et à l’œsophage. Telle est: la description du canal intestinal de l’homme ; il nous reste maintenant à donner une idée des différences nombreuses que présente cet INTE appareil important dans la série des animaux. Nous nous restreindrons dans les généralités les plus importantes sur ce sujet; car les différences individuelles se trouveront décrites à mesure que l'on s’occupera de l’histoire particulière des dif- férens genres, .. a° Du canal intestinal des Mammifères. L’œso- phage des autres Mammifères ne diffère pas de celui de l'Homme ; chez tous il constitue aussi la partie la plas étroite des voies digestives, et suc- cède immédiatement au pharynx; mais les fibres musculaires, au lieu d’avoir en partie, comme chez l'Homme, une direction verticale, forment deux couches contournées dans deux directions opposées, les externes d'avant en arrière, et les internes d’arrière en avant. Il faut remarquer que cetle disposition n’est pas particulière aux Rumi- nans, ainsi qu'on l'avait cru ; elle a été retrouvée aussi dans le Chat, le Chien, l’Ours, le Phoque commun , etc. Dans le Kanguroo géant, les fibres musculaires ont la même direction que dans l'Homme. La membrane interne présente dans quelques Mammifères, outre des plis longitudi- naux, comme chez l'Homme, des plis transversaux plus ou moins prononcés. C’est chez le Lion, le Tigre, le Lynx, le Sarigue manicou, que ces plis s’observent ; ils sont même tellement larges qu'ils semblent former de véritables valvules. L’estomac des Mammifères présente avec celui de l'Homme des différences de nombre, de forme et même de structure. Dans les uns il est allongé, dans d’au- tres il est ramassé en globe. Le cul-de-sac gau- che n’est pas toujours le plus considérable; mais il augmente en étendue et en profondeur à mesure que l’œsophage s’insère plus près du pylore. La cavité de l'estomac est quelquefois partagée en plusieurs poches par autant de rétrécissemens. Lorsque les membranes conservent la même ap- parence, l’on regarde ces différens sacs comme faisant partie d'un même estomac, qui alors est dit compliqué. Il est au contraire composé, c’est- à-dire double ou multiple, lorsque ces mêmes membranes, et particulièrement l'interne, ont une apparence différente dans les diverses poches, et que ces dernières sont assez bien séparées pour que les matières alimentaires contenues dans l’une ne puissent point passer dans une autre, On retrouve dans l’estomac de tous les Mammifères autant de membranes que dans l'Homme; il y en a cependant dans lesquels la couche musculeuse est à peine visible ; dans d’autres, au contraire , elle acquiert une épaisseur considérable. Dans les estomacs simples , la direction des fibres est à peu près la même que chez l'Homme ; mais elle varie dans les'estomacs compliqués. Comme, parmi les Mammifères, les Ruminans présentent une con- formation toute particulière de l'estomac et le de- gré le plus grand de complication de cet organe, pous allons insister un moment sur sa descziption. Les différentes poches qui le constituent sont au nombre de quatre. Le premier de ces estomacs, le plus vaste, est appelé la panse, l’herbier ou la double ; il occupe une grande partie de l'abdomen, surtout à 208 INTE gauche. À droite de l’œsophage!et dela partie anté- rieure de la panse, se trouve le second estomac ou le bonnet, le plus petit des quatre , et qui ne paraît au premier coup d’œil qu’un appendice du premier. Vient ensuite le feuillet, qui est le troi- sième pour la situation et pour la grandeur ; il est placé au côté droit de la panse, en arrière du foie. L’œsophage s’insère sur læpartie de la panse qui est le plus à droite, et communique en même temps, au meyen d’une gouttière que nous décri- rons plus bas, avec le bonnet et le feuillet, Le qua- trième estomac , nommé la caillelte, est le second pour la grandeur; sa situation est également à droite de la panse , et pour une petite portion sous le feuillet. Il communique avec ce dernier par une ouverture assez étroite , et s'ouvre dans le duodé- num par un second orifice qui répond au pylore des estomacs simples. La membrane interne qui revêt ces divers estomacs présente des différences bien remarquables. Dans la panse, elle est cou- verte en grande partie de papilles larges et plates. Partout cette surface , sans en excepter les papilles, est recouverte d’un épiderme mince qui s’enlève facilement par grands lambeaux. Dans le bonnet, la membrane interne a des replis cannelés sur les : côtés , dentelés à leurs bords, formant des mailles polygones dont les aires sont hérissées de papilles, mais moins volumineuses que celles de la panse. Cette membrane blanchâtre, recouverte aussi d’un épiderme, adhère fortement à la membrane musculeuse, et ne présente ni follicules muqueux ni mucosités à sa surface. Ici la membrane mus- culeuse est généralement plus épaisse que dans. la panse. La membrane interne du feuillet pré- sente une multitude de replis formant de vérita- bles feuillets revêtus de petites papilles semblables à des grains de millet et recouvertés d’un épiderme très-sensible. La membrane musculeuse est moins: épaisse que dans la panse et le bonnet. Ce n’est que dans la caillette que la membrane interne pa- raît de nature muqueuse. Elle présente de larges replis d’abord longitudinaux, puis irréguliers , après un premier étranglement , séparant la partie la plus large d’une sorte de boyau qui termine ce quatrièmeestomac, et dans lequel cette membrane augmente d'épaisseur ainsi que la musculeuse. Le canal que nous avons déjà indiqué, et qui conduit de l’œsohpage dans le feuillet, est formé par deux colonnes charnues qui partent de chaque côté du cardia. Gelle qui est à droite s’étend le long dela face supérieure du bonnet; la colonne gauche borde le détroit qui sépare la cavité du bonnet de celle de la panse et se prolonge sur la face gauche du premier, L’une et l’autre entourent les côlés et le bord postérieur de l’orifice du bonnet dans le feuillet, et se croisent en dedans de cet orifice. En se contractant , le muscle du rebord rapproche le bord postérieur de l’orifice du feuillet du bord antérieur,etempêche par là que la pelote du bonnet, qui doit revenir par le canal dans l’œsophage, ne s’engouffre par cet orifice dans le troisième esto- mac. En même temps il se gonfle et rend plus saillans les côtés du canal, ce qui arrêle le passage de INTE 209 ne INTE de cette même pelote dans la panse. Le même canal conduit la pelote remâchée directement dans le feuillet. La portion du canal intestinal qui suit l'estomac et qui constitue les Intestins, suivant l’acception la plus restreinte, présente chez les Mammifères deux parties distinctes ; l’une plus longue, d’un calibre plus petit , à surface interne, très-souvent veloutée, commence au pylore, et se termine à la seconde, plus grosse, plus courte, à surface in- terne très-rarement veloutée, à parois très-sou- vent plus fortes et plus épaisses ; cette dernière se termine à l’anus. Dans les Mammifères, la sé- paration de ces deux portions est indiquée par un ou plusieurs appendices qui portent le nom de cæcums lorsqu'ils sont gros et larges , ou d’appen- dices vermiformes lorsqu'ils sont longs et grêles. Les Orangs et les Phascolomes sont les seuls qui aient ainsi que l'homme tout à la fois un cœ- cum et un appendice vermiforme bien distinct. Dans l’Echidna , il n’y a qu’un appendice vermi- forme ; mais dans les autres genres de la famille des Singes, et dans les Makis ; dans les Galéopi- thèques, parmi les Chétroptères; dans les Man- goustes, parmi les Plantigrades ; dans les Carnas- siers digitigrades, à l'exception des Aartes; dans les Pédimanes ; dans les Rongeurs , les Loirs excep- tés; dans l’Oryctérope, parmi les Ædentés; dans les Pachydermes, le Daman excepté ; dans les Ru- minans , les Solipèdes, les Mammifères amphibies , il n’y a qu’un cœcum sans appendice vermiforme. On en compte deux très-petits dans les Fourmi- liers proprement dits. Il n’y en a pas, non plus que d’appendice vermiforme, dans les autres £dentés, tels que les Fourmiliers écailleux et les Tatous. La même absence de cœcum et d’appendice se re- marque chez les Zardigrades; chez la Chauve- souris , parmi les Chétroptères ; chez les Plantigra- des, à l'exception des Mangoustes ; chez les Mar- tes, parmi les Carnivores ; chez les Loirs, parmi les Aongeurs. Enfin les Cétacés en manquent également. Mais la présence d’un cœcum n’est pas absolument nécessaire pour pouvoir reconnaf- tre deux porlions distinctes dans le canal intesti- nal. Outre la structure, qui est différente , il y a encore un caractère aussi général et qui n’est pas moins propre à élablir la distinction; c’est un re- bord circulaire plus ou moins large, qui entoure en Lotalité ou en partie l’orifice de l’Intestin grêle dans le gros Intestin. & Dans tousles Mammiferes qui manquent de cœ - cum, le canal intestinal conserve partout un dia- mètre à peu près égal ; il diminue même un peu quelquefois en allant vers l’anus; la division en gros et en pelit Intestin n’est donc plus marquée chez eux. Cependant la dernière portion de l'In- testin, qui suit les vertèbres sacrées et va se termi- ner à l'anus, se distingue du reste du canal intes- tinal par une épaisseur plus considérable des mem- branes interne et musculeuse et Ie défaut de ve- louté. Dans les Mammifères qui n’ont qu’un cœ- cum, celui-ci ne semble qu’un prolongement du gros Intestin. Ce prolongement varie beaucoup , Tous IV, 267° Livraison. quant à sa grosseur, sa forme et sa structure. Cet Intestin est fort grand et généralement boursouflé par des bandes tendineuses chez les animaux qui se nourrissent de substances végétales et même dans ceux qui sont omnivores , tels que les Singes, les Makis, etc. Cependant cette loi présente des exceptions. Dans les Ruminans, dont l'estomac est très-compliqué , le cœcum est médiocre et sans boursouflare ; il en manque également dans les Rats proprement dits. Le Kanguroo rat et le Phascolome ont un cœcum petit et sans boursou- flure, tandis que le Galéopithèque et le Phalanger brun, qui se nourrissent en grande partie de ma- tières animales, présentent un cœcum très-vaste et boursouflé. Dans les autres animaux qui se nourrissent de chair, le cœcum est excessivement petit, à cavité unique et sans boursouflure. Ces caractères se retrouvent aussi dans les gros Intes- üns dont la cavité, dans les Carnassiers , est gé- néralement égale comme celle de l’Intestin grêle, dont ils ne diffèrent que par le diamètre plus considérable. La même cavité est au contraire très-inégale chez les animaux qui vivent de végé- taux; elle est généralement divisée, dans une partie ou dans la presque totalité de sa longueur, en un grand nombre de petites cellules par des bandes tendineuses qui plissent et boursouflent ses pa- rois. Il faut encore excepter ici le Phascolome, dont la partie de l’Intestin en-decà du cœæcum est pres- que aussi dilatée que celle au-delà; le Xanguroo, où les mêmes différences ne sont pas plus mar- quées , et tous les Ruminans dont le colon et le. rectum ont un diamètre uniforme. 2° Canal intestinal des Oiseaux. Les alimens que prennent les oiscaux passent successivement, avant d'arriver aux Intestins, par trois poches différentes, dont les deux premières sont de simples dijatations de l’œsophage, et la dernière constitue l'estomac proprement dit ou le gésier. Le jabot, ou première poche, s’aperçoit très-bien au dehors quand il est distendu par la nourriture , et fait une saillie tout-à-fait remarquable, surtout chez les Grani- vores. L’œsophage se resserre un peu au dessous et forme ensuite, à quelque distance du gésier, une seconde dilatation, ordinairement moindre que la première, et appelée ventricule succenturié ou jabot glanduleux. Enfin il y a un étranglement très-court entre ce dernier et le gésier , qui sont tous deux contenus dans la cavité abdominale. L’œsophage et ses dilatalions sont formés de deux membranes très-distinctes, l’une externe muscu- leuse, composée de fibres en grande partie circu- laires , l’autre interne et muqueuse, qui présente dans les endroits non dilatés du canal des plis longitudinaux et les ouvertures d’un grand nombre de follicules muqueux. Le jabot ne diffère du reste de l’œsophage que par un peu moins d'épaisseur de ses parois. Le ventricule succenturié présente de plus une enveloppe péritonéale, et entre les mem- branes interne et externe, une couche de petits cylindres glanduleux et creux, perpendiculaires à celles-ci, dont le bout inférieur est arrondi, fait saillie dans la cavité du ventricule, et est percé 27 pm * INTE 210 INTE 0 d’un petit orifice qui verse dans son intérieur une abondante mucosilé. Le gésier, ou l'estomac pro- prement dit, est irrégulièrement arrondi , globu- Jeux et un peu comprimé sur les côtés. L’æso- phage s’insère à droite et au dessus sur son bord antérieur, et le pylore s'ouvre du même côté, très- près du cardia, mais au dessous et plus en arrière. La membrane externe est séreuse et provient du péritoine ; la moyenne est formée de deux vérita- bles muscles plus ou moins épais, dont les fibres vont rayonner autour de deux tendons qui s’obser- vent aux surfaces laiérales de cet organe. Cette couche musculaire recouvre la troisième mem- brane, qui est composée d’un tissu cellulaire très- serré et filamenteux à la surface interne. Elle présente quelques plis ou rides irrégulières qui s’impriment sur la dernière membrane qui a été décrite par quelques zoologistes comme une qua- trième membrane propre au gésier. Mais ce n’est réellement qu’une sorte d’épiderme ordinairement très-dur, très-épais, qui ne se continue pas avec. celui de l’œsophage. 11 paraît formé d’une sorte de gelée durcie semblable à de la corne qui aurait transsudé de la membrane interne. Le pylore n’a point de valvule, il est resserré par des fibres qui viennent du muscle droit ou inférieur. Le jabot s’observe surtout dans les Granivores; il manque cependant dans l’Autruche. On le trouve dans les oiseaux de proie diurnes et nocturnes. La plupart des Piscivores, ceux de l’ordre des Echassiers en manquent. Lorsque le jabot manque, on remarque que le ventricule succenturié est plus ample, et semble suppléer aa défaut de la première dilata- tion. Quant au gésier, il présente à peu près la même forme dans tous les oiseaux. Dans tous les oiseaux , la courte portion qui est entre l'insertion des cœcums et le cloaque est un” peu plus grosse que celle qui est entre cette inser- tion et le pylore. Ge caractère indique donc aussi chez eux la division du canal intestinal en gros et petit Intestin. Les oiseaux ont généralement deux cœæcums qui s’insèrent de chaque côté du canal intestinal. Dans les Omnivores et dans les Granivo- res, ils sont généralement longs et d’un diamètre assez considérable. Hs manquent dans la plupart des oiseaux de proie diurnes; dans le Pic-vert, parmi les Grimpeurs; dans l'Alouette, parmi les Passereaux; dans le Cormoran, parmi les Palmi- pèdes. On n’en compte qu’un dans le Héron, le Butor, le Grèbe; on en compte deux très-grêles dans le Casoar ; gros et courts dans les Æarleset les Plongeurs, ils sont fort grands et au nombre de deux dans les oiseaux de proie nocturnes. La terminaison inférieure du canal intestinal, ou anus, est tout-à-fait remarquable chez les oiseaux, Cette ouverture est percée à l'extrémité d’une dilatation du rectum suspendue sous les vertèbres du coccyx, et dans laquelle viennent s’aboucher les urétères, les oviductes dans la femelle, et les canaux défé- rens dans le mâle. La verge de ce dernier, quand il en est pourvu, s’y cache aussi dans quelques cas. Le cloaque des oiseaux ( car c’est ainsi que l’on a désigné cette dilatation ) sert de véritable réservoir aux excrémens el aux urines qui s’y mélangent et qui en sont ensuîte expulsés. Tous les oiseaux ont un semblable cloaque qui présente quelques va- riétés individuelles assez légères. 3° Canal intestinal des'Reptiles. L'œsophage des reptiles ne présente pas de dilatation comme celni dés oiseaux ; il conserve à peu près le même dia- mètre dans toute son étendue. Mais ce diamètre est beaucoup plus grand relativement à l’estomac que dans les deux classes précédentes. L’œso- phage est même plus dilaté que l'estomac dans l'ordre des Ophidiens , lorsque ce dernier n’est pas renflé par les alimens. L’estomac est généralement de forme ovale et très-allongée, il n’a point de -cul-de-sac. Les parois sont ordinairement minces et transparentes. Le pylore est le plus souvent sans valvules , il est marqué par un simple rétrécisse- ment, par la plus grande épaisseur des parois de l'estomac et par la différence de structure des membranes de l’Intestin. Dans les Cheloniens, la surface interne de l’œsophage est hérissée quel- quefois de longues papilles dures et coniques. Les Intestins des reptiles n’ont généralement point d'appendice qui marque leur division en gros et petit Intestin ; cependant cette division n’en existe pas moins dans la plupart. Tous les Chéloniens , la plus grande partie des Sauriens, les Ophidiens, les Batraciens, à l'exception du Syren lacertina , ont un Intestin long et grêle qui s’insère à l'extrémité d’un Intestin gros et court, et se prolonge ordi- nairement dans sa cavité pour y former un rebord circulaire en forme de valvule. Les parois du gros Intestin sont presque toujours plus fortes. Ses membranes en diffèrent, la musculeuse par ses fibres longitudinales, et l’interne par des plis. L’Iguane est le seul animal de cette classe où l’on ait observé un véritable cœcum. Quant à la ter- minaison du canal intestinal, elle a lieu dans un cloaque ; l’extrémité inférieure du rectum présente une dilatation plus ou moins marquée dans laquelle se rendent les liqueurs ou les produits de la géné- ration, les urines et les excrémens solides. Toutes ces parties sortent par l’anus, qui est placé dans les Crapauds et les Grenouilles à l'extrémité du dos et par conséquent en dessus de l’animal; dans la Tortue, sous l'extrémité de la queue. Dans les Batraciens et les Chéloniens, cette ouverture est ovale ou arrondie, tandis que dans la plupart des Sauriens et des Ophidiens elle forme une fente transversale placée sous l’origine de la queue. 4 Canal intestinal des Poissons. Dans la plupart des poissons l’æsophage a le même diamètre que la partie de l'estomac avec laquelle il se continue, et souvent la même structure , de sorte qu’il est parfois très-difficile d’assigner les limites de l’un et de l’autre. Cette disposition s'explique en ce que souvent l’estomac ne peut contenir en entier la proie que l’animal vient d’avaler, et tandis qu’une partie est soumise à la disgestion stoma- cale , l’autre partie séjourne dns l’œæsophage. IL n’y a peut-être pas de classe où l’estomac offre au- tant de différences de forme et de structure. La figure qu’il présente le plus généralement peut être ee INTE 211 - INTE comparée à celle d’un chapiteau d’alambic qui serait renversé et un peu allongé. Le bec répon- drait à la partie rétrécie qui aboutit au pylore , le fond ou cul-de-sac unique que forme l’estomac, et l’ouverture supérieure à l’œsophage. Au reste, quelle que soit la forme de l'estomac, celui des poissons n’a jamais plus d’un cul-de-sac dont la profondeur varie, L’épaisseur , la consistance, les replis et les rides de la membrane interne varient beaucoup : l'épaisseur de la musculeuse est aussi très -variable. Quelquefois l'on observe entre el- les deux une couche glanduleuse de cryptes mu- queuses, La distinction du canal intestinal en gros et petit Intestin est bien moins générale que dans les reptiles. Quelquelois la différence de grosseur est inverse , c’est-à-dire que la portion qui se termine à l’anus, distincte de celle qui la précède, a un diamètre plus. petit, et quelquelois même des parois plus minces; c’est ce qui a lieu dans les Raies, les Squales, V'Esturgeon. La membrane musculeuse présente des fibres qui ont dans le gros Intestin une auire direction que dans le petit , et ces différences sont confirmées le plus souvent par la présence d’une valvule circulaire qui sépare les deux cavités, et quelquefois par un étranglement plus ou moins apparent; comme presque tous les reptiles, les poissons n’ont point d’appendice à la réunion du gros et du petit In- testin, Celui-ci s’insère ordinairement au bout du premier , et ne laisse pas en-decà de son orifice de cul-de-sac assez marqué pour être distingué sous un nom particulier. Mais, en revanche, le canal intestinal est entouré, À son origine, d’un nombre très-variable de cœcums, tantôt longs et grêles., d’autres fois courts et gros, simples ou ramifiés , dont les parois sont semblables à celles du canal. Ces appendices manquent dans les Chondroptérygiens ; dans la plupart des Branchio- stéges; dans les Apodes, les Uranoscopes, les Perce- pierres ; dans quelques Pleuronectes ; dans quelques Spares. Enfin, leur nombre varie considérable- ment ; aiusi l’on en comple un seul dans le Mugil albula; soixante dans le Salmo lacustris, et soixante- dix dans le Saumon ordinaire, La position de l'anus dans les poissons varie avec celle des nageoires ventrales. Elle est généralement bien marquée par la nagcoire dite anale, au devant de laquelle on aperçoit Loujours cette ouverture. Dans les Raies et les Squales seulement, cette ouverture donne issue aux excrémens solides etliquides, et forme par conséquent une sorte de cloaque où viennent abou- tir les œufs ou la laite et les excrémens solides. Dans les autres poissons il n’y a que ces derniers qui s’échappent par. l'anus; les urines, les œufs et la laite ont une issue toul-à-fait distincte de celle-là et placée immédiatement après elle. 5° Canal intestinal des Mollusques. Dans les mol- lusques céphalés, les alimens broyés et zoûtés pas- sent dans un œsophage plus où moins long. L’es- tomac est assez ample, encore enveloppé par le Joie qui comtuence à avoir des canaux de sécrs- tion, Les [ntestins plus ou moins longs se replient plusieurs fois et s’ouvrent par un anus ordinaire- ment flottant, soit antérieurement comme dans les Patelles , soit sur le côté gauche de l'animal dans le sac branchial. Get arrangement est à peu près lemême dans les mollusques Gastéropodes, et Tra- chélipodes. Quelques mollusques ont deux estomacs, l'un souvent warni de pièces osseuses ou car- tilagineuses , l’autre simplement membraneux et communiquant avec le premier par un second œso- phage; celte disposition s’observe chez les Aply-. sies, les Bulles, ete. Dans les Céphalopodes , l'æso- phage présente un renflement que Guvier appelle Jabot , et qui communique avec un estomac charnu fortement musclé et tount-à-fait comparable au gésier des oiseaux. À cet estomac succède une partie renflée en une troisième poche qui reçoit les canaux biliaires ; le reste du canal intestimal, après plusieurs replis, se termine par l'anus placé antérieurement dans l’entonnoir. Dans les Acé- phales, la bouche communique presque sans in- termédiaire avec l'estomac, qui est plus ou moins pyrilorme, très-mince, enveloppé de tons côtés par le foie, qui est dépourvn de canaux biliaires. L’estomac se termine postérieurement par un cul- de-sac, au dessus duquel se trouve l'ouverture py- lorique où commencent les intestins. Geux-ci , après plusieurs circonvolutions dans le foie et dans l'ovaire, se terminent par un rectum qui est tou- jours dorsal et médian. Celui-ci finit par une ou- verture anale qui transmet au dehors les excré- mens soit au moyen d’un tube ou siphon anal, soit qu'il soit libre et dépourvu de tube. 6° Canal intestinal des Crustacés. Dans les Crus- Lacs décapodes l'estomac est dans le thorax au des- sus de la bouche ; il se trouve par conséquent sou- tenu par un appareil osseux qui l'empêche de s'affeisser quand il est vide. Il porte cinq dents dures et mobiles qui exercent là une véritable mas- tication ; elles sont placées au devant du pylore , et ne laissent sortir par cette ouverture que les sub- stances qu’elles ont parfaitement brôyées. L’æ- sophage aboutit à l'estomac par hne large ouver- ture. Après cet estomac , toujours groset dilaté, vient un intestin fort grêle, qui va $’ouvrir direc- tement à l'extrémité de la queue; vers son milieu l'on observe un hourrelet, en dedans duquel est une forte valvule.et d’où part un très-long cœcum, Les Branchiopodes ne présentent qu'un estomae très-petil en prisme triangulaire , membraneux, garni de chaque côté de son extrémité postérieure d'une rangée de petites dents pointues, suivi d’un canal intestinal très-wince allant d’un bout du corps à l’autre, et à peu près égal partent. 7° Du canal intestinal des Insectes. Il présente une lonsueur variable et qui est généralement plus considérable chez les insectes qui se nourris- sent de matières végétales, que chez ceux dont la nourriture consiste en matières animales. L’œso- phage, plus ou moins long, aboulit aujabot, ou bien au gésicr si le jabot manque, et même au ventrt- cule chilifique si les deux premiers organes . sont absens.' Le. jabot n’est qu'une dilatation de l'æso- phage, ilest simplement membranoux, C'est dans —_———_—————— INTE 212 INUL cette poche qu’est contenu le miel des Abeilles qu’elles dégorgentensuite, et dans les insectes les di- versliquides qu'ils laissent échapper de leur bouche lorsqu'on les saisit. Le gésier, qui manque quelque- fois, offre pour caractère essentiel d'être pourvu dans son intérieur de pièces mobiles, cornées, munies d’arêtes ou de soies figurant des brosses ou des peignes , et formant à l'ouverture du ven- tricule chilifique une sorte de valvule qui n’ylaisse asser que des parties extrêmement ténues. Le ventricule chilifique vient ensuite ; c’est une partie plus ou moins renflée, qui recoit l'insertion des vaisseaux biliaires ; sa texture est variée et molle, et cet organe est extensible, Les Intestins forment une partie assez étendue : ils se composent d’un /ntes- tin grêle qui naît d’une manière assez brusque du ventricule chilifique, et fait de nombreuses circonvolutions dans le ventre, en conservant à peu près partout son volume naturel ; d’un gros intestin nommé cæcum qui consiste en un renfle- ment ordinairement ovoide:; enfin d’un rectum, tube fort musculeux, en général peu allongé, et qui se termine à l’orifice anal. 8° Du canal intestinal des Vers. I est générale- ment droit et n’a point de fortes inégalités ; il s’é- tend d’une extrémité du corps à l’autre, en rem- plissant presque toute sa capacité. Dans l’Aphro- dite commune l'Intestin est cylindrique, assez mince, mais il fournit de chaque côté une vingtaine de cœ- cums très-longs qui se grossissent vers leur extré- mité aveugle, laquelle est attachée entre les mus- cles des pieds et les vaisseaux. Dans l’Amphinome chevelue et l'Amphinome tétraèdre on peut très- bien distinguer, outre la bouche ou trompe, un æsophage minccetun estomac énormément dilaté, à parois boursouflées comme celles d’un colon. Il occupe les deux tiers de la longueur du corps et se termine dans un Intestin large et court. Dans la grande Sangsue d’eau douce , après un œsophage du huitième de la longueur vient un estomac qui en occupe la moitié ; large, à parois minces, il est divisé par de pelits diaphragmes membraneux qui le rétrécissent beaucoup , ne laissant qu’un trou dans leur milieu. L’Intestin plus étroit présente une surface interne toute ridée. Il s’élargit jusqu’à l’anus, qui est très-petit, et dont l'existence a été niée mal à propos par quelques auteurs. Deux cœ- cums naissent du pylore ; ils marchent parallèle- ment au canal principal, et sont presque aussi longs que lui. Dans le Zombric ordinaire le canal intestinal est longet divisé par un très-grand nom- bre de diaphragmes; les renflemens antérieurs , un peu plus larges, semblent réprésenter une espèce d'estomac. Dans les T'halassèmes , lecanal est cinq ou six fois aussi long que le corps. 9° Du canal intestinal des Zoophytes. On trouve dans cette classe des canaux alimentaires commen- cant par une bouche et se terminant par un anus, et d’autres en forme de sac plus ou moins compliqué. Les premiers sont même soutenus par un véritable mésentère, disposition que l’on ne retrouve ni dans les mollusques ni dans les insectes. Dans l’ÆHolotu- ria tubulosa le canal intestinal est quatre fois plus long que le corps, dans lequel il se replie deux fois comme un 8. Il commence à la bouche par un lé- ger rétrécissement, et garde à peu près le même diamètre partout. L’anus s'ouvre dans le grand cloaque situé à l'arrière du corps, Dans le Siponcle le canal est très-mince ; il va d’abord droit d’une extrémité à l’autre, revient ensuite sur lui-même pour entourer en spirale sa première portion , et vas’ouvrir, par un anus latéral, très-près de la bou- che. De cette manière ilest bien six ou huit fois plus long que le corps. Les Astéries ou Etoiles de mer fournissent un exemple de sacs compliqués ; ce sac membrancux, très-plissé quand il est vide, situé au centre commun des branches , ne s’ouvre qu’à la bouche, de sorte que les excrémens n’ont pas d’autreissue. Ge sac a dix appendices ou boyaux aveugles subdivisés en branches et en rameaux; ils sont logés dans les branches du corps, deux dans chaque branche. Ces espèces de grappes sont fixées à leur place par des mésentères mem- braneux. La cavité alimentaire des Méduses est aussi compliquée que celle des Astéries ; mais elle n'est point suspendue dans la grande cavité du corps et elle est comme creusée dans sa masse. Dans les Polypes ordinaires il n’y a pas de prolon- gemens dans la masse du corps; le corps tout en- tier n’est qu’un estomac, et nourrit par imbibition sa substance spongieuse. Les Polypes dont la réu- uion forme les animaux composés, tels que ceux qui produisent les divers Lithophytes, présentent dans chaque Polype un petit estomac à parois bru- nâtres, duquel partent cinq tuyaux. Ges Intestins, d’abord jaunâtres et ondulés, arrivés aux deux tiers de la longueur du Polype, deviennent droits, plus minces, et pénètrent ainsi dans le corps gé- néral ou la tige qui porte tous les Polypes. Arrivés là, ils s’écartent pour rejoindre les vaisseaux pareils qui viennent des Polypes voisins et forment avec eux un lacis qui occupe toute la masse de cette tige. À l’aide de cette communication, tout ce que l’un des Polypes mange profite à tout le véréuile , et l’on peut considérer celui-ci comme un seul ani- mal à plusieurs bouches et à plusieurs estomacs. (A. D.) INTRORSES (£ramnes), Jntrorsa. (B0T. puAN.) On désigne ainsi les étamines dont la face est tournée vers le centre de la fleur; c’est leur situa- tion dans la famille des Rubiacées et la plupart des fleurs. (L.) INULE , Znula. (or. PHan.) Tournefort, Hal- ler, Allioni et Moench confondaient maladroite-" ment ce genre parmi les Asters; Vaillant l'en a distrait avec raison, quoiqu’en lui assignant des caractères imparfaits ; Linné l’a régulièrement constitué ; mais, depuis lui,.les novateurs l'ont tourmenté de mille manières ; les uns en ont dé- taché des espèces, s’appuyant sur des circonstan- w ces fugaces, microscopiques ou positivement faus- ses; les autres le réduisent à une seule espèce A n’osant pas encore la supprimer ou trouver à cer type légitime quelques légères différences d’orga* nisation que ne manqueront pas de leur fournir certaines localités particulières ou les tourmentes PL.252. 1.2.3.lmule 4.5.6 .[onidion. 7. 8.9.ipecacuanha T 10 pou ea LE. Cuëremn de 0000000 INUL 213 INUL a —————————————"—————————— ———_— <<< ————— ————_—_—_—]———_—"——— de l’horticuleur, Quant à nous, ennemi déclaré du désordre et de tout ce qui viole clandestinement ou bien ouvertement les règles fondamentales de Aa nomenclature botanique; prévoyant d'ailleurs Aa décision qu’adopteront les botanistes sages ap- pelés à remplacer ceux si peu mesurés de notre âge , nous conservons le genre tel qu'il a été créé par le père de la science et adopté par de Jussieu. De la sorte, il fait partie de la famille des Gorym- bifères, de l’ordre des Synanthérées et de la Syn- génésie polygamie superflue. Ses caractères sont d'offrir des plantes herbacées à fleurs jaunes, ra- diées, munies de rayons nombreux ; le calice est imbriqué d’écailles ouvertes, dont les extérieures sont plus grandes, plus larges que les intérieures, -quai sont étroites , linéaires ; anthères garnies à leur base de deux filets libres et plumeux ; ovaire oblong, cylindracé; fruit couronné d’une aigrette de poils simple et sessile (voy. la planche 252, fig. 2 et 3 ). L'Inuce orriciNALE, /. helentum, généralement le) connue sous le nom de Aunée, et par les phar- macopes désignée sous celui de Enula campana , est une grande et belle plante herbacée, dont la racine vivace, épaisse, d’un brun rougeûtre en dehors, presque blanche en dedans, donne nais- sance à une tige haute de soixante à cent centi- “mètres , cylindrique, épaisse, pubescente, ra- meuse à son sommet ; elle porte des feuilles caulinaires grandes, alternes, ovales-lancéolées , amplexicaules, un peu ridées , d’un beau vert glauque en dessus, blanches et cotonneuses en dessous. Les feuilles radicales sont ovales , allon- gées , molles, très-cotonneuses, irrégulièrement dentées, longues de quatre-vingts centimètres , y compris le pétiole canaliculé qui les porte. De belles fleurs d’un jaune brillant couronnent l'extrémité de chaque division dela tige ; elles sortent en juillet et août d’un involucre composé d’écailles herbacées, larges, ovales et chargées d’un duvet cotonneux. Cette plante, que l’ontrouve auxenvirons de Paris, dans les prés, les bois humides , et même dans les marais et sur les bords des ruisseaux de toute l’Eu- rope, est recherchée non seulement à cause de sa taille, de son port agréable, de la- beauté de ses fleurs, mais encore par les propriétés médicinales de sa racine. Gelle-ciest tonique,stomachique et ré- solutive ; son odeur ést légèrement aromatique, sa saveur âcre, amère et comme camphrée. On en retire une huile essentielle et une fécule particu- lière qui reste pulvérulente et dont la nature est identique à celle extraite des Dalhias et des To- -pinambours : on la nomme Inuzine (voy. ce mot). L’Inule officinale est figurée pl. 252, fig. 1, de no- tre Atlas. - « On a beaucoup vanté l'Inuce pes Prés, Z. dy- senterica , plate tracante très-commune , à la saveur âcreel en mêmetemps aromatique. Elle a été spécialement recommandée contre la dysenterie, d'où lui est venu le nom particulier qu’elle porte ; elle a tellement perdu sous ce rapport, que main- tenant il est rare de la voir employée. Cette es- pèce porte un grand nombre de jolies fleurs ; mais la nature traçante de sa racine empêche de l’ad- mettre dans les plate-bandes , où elle produirait un beleffet. On fera bien d’en mettre quelques pieds sous les massifs des jardins paysagers. Quoique les bestiaux y touchent rarement , son abondance per- met d’en tirer parti. Je l'ai vu couper au commen- cement de l’automne, époque de safloraison, pour augmenter la masse des fumiers, et chez un cultiva- teur habile je l’ai vu brûler afin d’en obtenir de la potasse. - Uue autre espèce également commune, l’INuLE AQUATIQUE , /. brilannica , et non pas, comme certains auteurs l’écrivent, /. britannique et I. bri- tanica où anglica , puisqu'elle ne se trouve point aux îles Britanniques, mais bien sur le bord des eaux de notre ancienne Bretagne , et dans diver- ses autres localités nationales, particulièrement aux environs de Paris sur les bords de la Seine et de la Marne. Elle s’élève au plus à quarante centimè- tres, et se charge sur chacun de ses nombreux rameaux supérieurs, très-feuillés et lanugineux , d’une à deux grandes fleurs jaunes qui demeurent épanouies depuis le mois de juillet jusqu’à la fin de septembre. Toutes les espèces d’Inules peuvent être mulli- pliées chez nous par les semis de graines mises en terre aussitôt leur parfaite maturité ; celles du midi, principalement l'INuLE ODORANTE, TI, odora, lInuze RuD»E, /. squarrosa, et l'INULE DE MonTA- GNE, 1. montana, viennent très-bien quand elles sont placées dans des lieux humides, sur le bord des eaux stagnantes ou courantes qui se trouvent bien exposées au soleil. (T. ». B.) : INULÉES , {nuleæ. (BoT. rnax.) Tribu fondée par H. Gassini dans la famille des Synanthérées, contenant, selon lui, soixante-quatorze genres, dont plus de la moitié sont de fabrique moderne. Malgré les prétendus avantages que l’auteur et ses partisans attribuent à l'établissement de cettetribu, la classification des genres qu’on lui donne étant bien loin de satisfaire les lois botaniques et de su- bir une rigoureuse analyse, nous croyons juste de ne pas nous arrêter plus long-temps sur un pareil sujet. Enfant d’une imagination en délire, il est dans intérêt de la science de le reléguer ignoré au sein du grand hospice ouvert par les novateurs pour des travaux auxquels ils attachent seuls un très-haut prix. (T. ». B.) INULINE. (cuim.) Espèce d’amidon qui a été découverte par Valentin Rose dans la racine de l’Inula helenium, qui existe aussi, même en quantité plus considérable, dans la racine du Dalhia rouge, Dalhia purpurea, et dans beaucoup d’autres vé- gétaux , tels que l’Angélique, Angelica archange- lica ; le Topiñambour, Helianthus tuberosus ; la Chicorée sauvage, Cichorium intybus , etc. L’Inuline, appelée encore Æélénine, Alantine , Dalhine, etc., est blanche, pulvérulente, très- fine, insipide, inodore, peu soluble dans l’eau froide, très- soluble dans l’eau bouillante avec laquelle elle forme mucilage, insoluble dans Val- cool froid, soluble dans l’aicool bouillant dont elle se précipite après le refroidissement, soluble INVE 214 INVE dans les acides étendus qui la transforment en sucre; susceptible de donner des acides maliques et oxaliques quand on la traite par l'acide nitri- que, etc. On l’obtient en râpant les parties végé- tales qui la renferment, exprimant, faisant bol. hr, filtrant, clarifiant avec le blanc d'œuf, éva- porant jusqu’à pellicule, et laissant refroidir. Le dépôt pulvérulent formé , qui est de ’Inuline, est recueilli sur un filtre, lavé et porté au séchoir. (F.F.) INVENTEUR , Znventor. (#or.) Sous cette dé- nomination on entend parler de celui qui a le premier découvert une plante , c’est à proprement dire l’Invenieur, et non de celui qui lui a imposé le nom qu'elle doit porter, et qui n’est que le no- menclateur. Il serait curieux de posséder la liste exacte de tons les Inventeurs des plantes que nous connaissons, ou du moins que nous cultivons; il est important dans une bonne synonymie de faire suivre le nom d’une plante du nom de celui qui le lui a donné : c’est un moyen d'éviter de graves erreurs, comme c’est fournir au botaniste et à l’horticulteur le fil d'Ariane pour sortir facilement du labyrinthe de la Nowencrarure. Woy. se mot. (T. ». B.) INVERTÉBRÉS , Æver tebrata. ( zooz. ) La clas- sification des animaux, telle qu’on la professe au- jourd hui , est loin peut-êtreencore d’avoir acquis tous les perfectionnemens dont elle est susceptible; néanmoins , on doit la considérer comme fort avancée, si l’on veut la comparer à ce qu’elle était anciennement, Le but de celte classification étant de grouper les animaux selon les aflinités qu'ils semblent avoir ou qu’ils ont en.effet entre eux, on conçoit qu'un tel travail ne peut être opéré qu'après une étude sévère en même temps que philosophique de tous les êtres que la zoologie nous fait connaître. Or, comme tous les animaux existans ne sont point encore connus, la classifi- cation des animaux (v.Zooczassi£) ne peut être ar- rivée à la dernière perfection{dontelle est suscepti- ble, elle ne peut être entièrementnaturelle :comme c’est dans ces dernierstempsqueceltescience a fait, pour la distribution des Invertébrés surtout, le plus de progrès, nous devrons nous étendre dans cet article sur les travaux des naturalistes moder- nes. Ce sera un moyen d’ apprécier combien il faut d'observations, en zoologie principalement, pour faire faire à la science quelques pas en avant,ct com- bien d'hommes illustres , combien de naturalistes instruits ont souvent élé nécessaires pour obtenir ce progrès. Les animaux dont il sera question ici, mais d’une manière générale seulement, sont tous ceux qui n'ont point de colonne vertébraleet par suite point de squelette osseux et intérieur. Le caractère de manquer de colonne vertébrale est le seul que l’on puisse véritablement leur assi- gner. Ge caractère a fait donner à Loutes ces es- pèces le nom d’Animaux sans vertèbres ou Inver- tébrés. Lamarck a le premier imposé celle déno- minalion aux animaux qui nous occupent, Mais, long-temps avant lui, le groupe, très-peu naturel sans doute , que forment les Invertébrés , avait été indiqué sous le nom d’Animaux exsangues, ou privés de sang, parce qu’en réservant le nom de sang au fluide circulatoire coloré en ronge des Vertébrés, les zoologistes avaient considéré tous les autres animaux comme étant dépourvus de sang. Disons aussi que cette dénomination a dû être remplacée par celle d'animaux à sang blanc, qui est certainement préférable, puisque les pré- tendas animaux exsangues ont un fluide cir- culatoire, différent, il est vrai, par la couleur, de celui des Vertébrés, mais qui ne doit pas moins être considéré comme un fluide sanguin. Seule- ment il restait à démontrer que tous les animaux que l’on considérait comme ayant le sang blanc , c'est-à-dire tous ceux qui sent sans squelette , pré- sentent en effet cette particularité. Or l’obser- vation fit reconnaître à plusieurs naturalistes , et principalement à Pallas et à Cuvier, qu'il n’en était point ainsi; ce fut peu de temps après les observations de ces deux savans illustres que La- marck proposa d'appeler Ænimaux invertébrés ceux qu'on avait d’abord considérés comme dé- pourvus de sang, et ensuite comme animaux à sang blanc. L'ouvrage remarquable ( Système des animaux sans vertèbres ) que Lamarck a publié sur cette nombreuse série d'êtres organisés , n’a pas peu contribué à faire adopter le nom par le- quel il les avait désignés. Les animaux Invertébrés forment-ils un groupe que l’on doive réellement admeltre, et qui cor- responde à celui des Vertébrés pin fé ils se trouvent nécessairement opposés ? c’est ce qui ne paraît pas exister , et c’est ceque n’ont pas admis les naturalistes. On reconnaît parmi les Inverté- brés plusieurs types distincts, plusieurs catégorics primordiales qui diffèrent autant entre elles qu’el- les sont différentes des animaux vertébrés , et qui n’ont pas sur le monde extérieur une action moins importante que celle de ces derniers. Ges types où embranchemens ont bien entre eux quelques rap- ports éloignés ; mais celui des vertébrés n’en a:t- pas aussi avec plusieurs d’entre eux, et les Myxi- nes, que l’on considère aujourd hui avec raison comme étant des poissons, ne figuraient-elles pas; dans les ouvrages de Linné, au ‘umbée des Ver- mes, à côté des Sangsues et des Lombrics ? Nal caractère ne saurait d'ailleurs être assigné aux animaux Invertébrés , si ce n’est celui de manquer de vertèbres, c’est-à-dire un caratère négatif, ou, si l’on veut , sans importance réelle. Il est au costraire assez facile de distinguer entre eux les différens types qui existent parmi les animaux Invertébrés, et les caractères qui limitent chacun de ces types ne sont pas moins importans que ceux des Vertébrés. Les différences au moyen desquelles on arrive à cette distinction sont four- nies par les différences que présentent dans leurs organes les fonctions caractéristiques de l’anima- les telles sont : 1° Les différences de position qu'affecte le sys- ièine nerveux, siége principal de tioule sensi- bilité; , INVE 2° Les variations de Ja forme générale ainsi que des organes passifs de la locomotion. IL Tous les êtres organisés que l’on place dans Je règne animal peuvent être considérés, si l’on envisage leur forme générale, comme se rappor- tant à deux catégories distinctes : 1°les uns ontune forme irrégulière; telles sont les Eponges , dont la véritable natnre animale ou végétale n’a point en- core été démontrée ; 2° les autres ont une forme déterminée ( paire ou rayonnée ). L’animalité de ceux-ci n’est pas douteuse. Il. Les animaux dont la forme est déterminée, c’est-à-dire qui se présentent toujours avec le même caractère général, sont, comme nous ve- nons déjà de le dire, pairs ou symétriques dans un cas (animaux pairs), c’est-à-dire offrant exté- rieurement deux moitiés latérales qui se représen- tent réciproquement , l’une droite , l’autre gau- che; ou bien encore ils sont rayonnés (An. rayon- nés ou Actinozoatres zoophytes des anciens au- teurs }, c’est-à-dire que les diverses parties de leur corps sont disposées autour d’un centre commun comme autant de rayons analogues entre eux, et plus ou moins nombreux. s Les Rayonnés ou Actinomorphes, qui sont des Invertébrés, forment un seul type ou embranche- ment, le plus inférieur de ceux que nous avons à indiquer parmi les animaux; les espèces qu'il comprend sont les Alcyons, Hydres, Millépores , Actinies, Méduses, Porpites, Astéries, Oursins et Holothuries; le système nerveux, lorsqu'il existe chez ces animaux, est toujours en collier autour de la bouche. Les autres animaux se partagent en trois types que nous allons indiquer, et parmi lesquels deux sont encore Invertébrés. HI. Les animaux pairs, ou ceux qui composent le reste de la série, ont le corps articulé ou non articulé, et dans le premier cas articulé intérieu- rement du extérieurement. Les non articulés ont recu le nom d’Animaux mollusques (Malacozoa, Blainv.); ils ont, comme ce mot l'indique , le corps mou, sans articulation aucune, et leur système nerveux principal est pla- cé sur les parties latérales du canal digestif, au lieu d’être placé autour de la bouche seulement. De plus, il existe un renflement plus où moins considérable placé au dessus de l’œsophage et qui est appelé cervéau. Les Mollusques les plus connus sont 1° les Sèches, Poulpes, etc., ou Céphalo- podes, Cuv. (Mollusca brachiata, Poli; Cephalia, Blainv.) ; 2° les Pourpres, les Hélices, les Limaces, les Haliothides , ou les Reptantia de Poli (Gastéro- podes et Ptéropodes de Guvier, Céphalidiens, Blainv. ); 3° les Huïîtres , les Vénus, les Ascidies, les Biphores ou Acéphaliens des auteurs (Subsilien- tia, Poli), desquels M. de Blainville rapproche les Physalies , Béroës et Diphyes. . IV. Les espèces paires et symétriques qui sont articulées c’est-à-dire chez les quelles le corps est partagé ou soutenu par des parties plus ou moins dures , mobiles et articulées entre elles, peuvent être , ainsi qu’il a déjà été dit, articulées intérieu-. 219 INVE rement ou articulées extéricurement.- Ces’ derniè- res, étant celles qui offrent plus évidemment un corps arliculé , ont seules conservé le nom d°’4- nimaux articulés (Æntomozoa , Blainv.). Les autres sont des Vertébrés où animaux pourvus d'os (Os teozoæ (1). ) es ANIMAUX ARTICULÉS EXTÉRIEUREMENT , £n- tomozoa (évrounv, segment , anneau, Goo, ani- mal), dont le nom exprime un des principaux caractères, offrent aussi cela de particulier que leur système nerveux forme une série de gan- glions placés à la partie-inférieure et médiane du corps, au dessous du canal intestinal. Le cerveau, ainsi que cela se voit dans le type précédent , reste | seul au dessus de l’œsophage. Ces caractères sont évidens chez les insectes Hexapodes, ainsi que chez | les Myriapodes et les Annélides pourvues de soies ou apodes (Lombrics et Sangsues), qui sont les ani- maux arliculés proprement dits. Mais il existe d’autres espèces qui sont néanmoins articulées, et chez lesquelles on ne saurait plus très-souvent retrouver le système nerveux; ce sont les Planai- res, beaucoup d’Entozoaires et plusieurs autres vers extérieurs très-voisins de ces derniers par leur organisation. Tous ces animaux ont été placés par quelques auteurs parmi les Rayonnés , et séparés dans certaines méihodes naturelles des autres An- nélides par plusieurs classes très-nombreuses en espèces. Comment néanmoins refuser au Strongle, à l’Ascaride la dénomination d'animaux articulés; comment prouver que le Gordius aquatique et le Filaire doivent être séparés par plus de six cents genres declasses diverses,et les Glossobdelles d’une part (Zirudo complanata, bioculata, etc. , voy. Hirg- piNÉEs) et les Planaires , les Dérostomes ainsi que les Hexathiridies ou Polystomes, d’autre part, ré- partis dans deux embranchemens distincts; les premiers élant considérés comme des animaux ar- ticulés, tandis que les autres seront avec la Mé- duse et le Polype des espèces rayonnées ? V. Ge que nous avions indiqué pour les Mollus- ques se présentera donc également pour les Arti- culés, et nous remarquerons que ces deux types conduisent également aux Zoophytes par certaines de leurs espèces les plus inférieures, Nous verrons plus bas qu’il existe aussi des genres intermédiaires à l’un et à l’autre des deux types que nous étudions, ou aux Mollusques et aux Articulés, Commençons par les espèces qui conduisent vers les Zoophytes. La série des premiers Articulés, la majoritémême de ces animaux, présentera dans toute leur inté- grité les caractères du type; mais à mesure qu’on descendra dans la série, on verra peu à peu ces caractères disparaître sans qu'il soit possible d’in- diquer où la dégradation a commencé à s’effec- tuer; aussi devra-t-on placer parmi les animaux articulés des espèces qui ont bien dans leur forme quelque chose des animaux articulés, mais qui (1) Ne devant parler ici que des animaux qui ne sont pas vertébrés, nous renvôyons l’étude et la ‘classification de ceux qui présentent le caractère inverse à l’article VrRTÉERÉS. (Foyez ce, mot.) j LL INVE 216 INVE ——_—_—_——_—_—_—— ————————.————…—…——…——…—…—…—…—…—————— ep mm sont loin de présenter tous les caractères que l’on reconnaît aux premiers êtres du même groupe. ÿ: 1° Les Mollusques se lient aux Zoophytes et particulièrement aux Acalèphes par les Biphores d’une part , et les Diphyes de l’autre, et cela d’une manière si remarquable, que ces dernières, dont on faitgénéralement desanimaux rayonnés,sont pla- céespar M. de Blainville après les Mollusques dans un groupe intermédiaire aux uns et aux autres. :: 9° Les Entomozoaires se lient de même aux Rayonnés, et le groupe dans lequel se placent les espèces qui sont le plus évidemment intermédiai- res aux uns ef aux autres, a recu de M. de Blain- ville le nom d’Annélidaires. 3° Voyons maintenant s’il existe des espèces qui établissent une transition entre les Articuiés et les Mollusques. Certains animaux que l’on a tour à tour rangés parmi les Mollusques et parmi les Ar- ticulés offrent précisément celte particularité, leur forme générale ayant quelque chose de celle des Mollusques, et présentant néanmoins plusieurs traits caractéristiques des animaux articulés. Les ANarTires et les BALANES (v.ces mots) sont du nom- bre de ces animaux, les Oscabrions se placent aussi parmi eux. Ces divers genres ont été appelés avec raison Molluscarticulés. Les Oscabrions sont surtout dignes d’attention, leur dos présente des demi-sesmens ou articles mobiles, et la face in- férieure de leur corps a une disposition qui rap- pelle le pied des Gastéropodes. VI. Nous renvoyons, pour l'histoire de chacun des groupes dont il vient d’être question, aux divers articles Ravonnés, Mozcusoues, ARTICULÉS, Morruscanricurés, etc. ; c’est aussi dans chacun de ces articles qu’il sera traité avec plus de détails de la classification intérieure des diverses classes qui se rapportent à chacun des types admis par les naturalistes. Mais nous devons, avant de passer à l'énumération des différens auteurs qui se sont oc- cupés des animaux Invertébrés, et des classifica - tions générales qu'ils en ont données, indiquer la posilion}que doivent occuper dans la série des ani- inaux les trois types admis parmi les Invertébrés, et lestypes intermédiaires ou entre-types qui ont été reconnus. Quelques savans pensent avec Lamarck que l’on doit placer d’abord les êtres les plus inférieurs, afin de les étudier les premiers, pour observer en- suite ceux dont l’organisation est plus compliquée. Dans cette méthode on procède du simple au com- posé; une autre manière de classer les animaux, et qui est la plus généralement adoptée, consiste à décrire d’abord les animaux les plus élevés dans Ja série, les Vertébrés par exemple, ei parmi eux ceuxqui sont les plus voisins de l'Homme, les Mammifères par conséquent. Gomme l'espèce hu- maine est celle qui a été étudiée avec le plus de soin, et que les animaux qui sont le plus éloignés sont ceux qui en diffèrent le plus, on voit que dans celte seconde méthode on va du plus connu au moins connu. Par suite de ces principes , les Invertébrés seront placés après les Vertébrés, puisqu'ils leur sont inférieurs, et parmi eux on devra d’abord ranger ceux dont les faculiés ont acquis le plus de développement, et dont lor- ganisme est le plus compliqué. Les naturalistes ne sont pas plus d'accord sous ce point de vue que dans beaucoup d’autres circonstances , et la diver- gence de leurs opinions dépend surtout de ce qu’ils ne sesontpas tous laissé guider par les mêmes con- sidérations. Quelques uns ont cru devoir accorder aux organes de la vie nutritive (vie végétative des physiologistes) une plus grande importance; les autres ont, au contraire, pensé que ces fonctions, qui ne sont point particulières aux animaux, puis- que les végétaux les exécutent aussi, ne devaient point être placées en première ligne, et ils ont préféré avoir égard aux différences que présentent. les organes de la vie animale ou vie de relation : aussi est-ce dans les appareils du mouvement et de la sensation qu'ils ont puisé leurs caractères pri- mordiaux. La position des divers types et des clas-- ses différentes que l’on reconnaît dans chacun d'eux, a été ainsi déterminée avec assez de pré- cision. Les Rayonnés sont restés les derniers, les Articulés, au contraire, ont été placés les pre- miers, et les Mollasques entre ceux-ci et les pré- cédens. Mais cette disposition, que l’on doit né- cessairement adopter dans le cours d’un ouvrage, peut être modifiée dans un tableau synoptique, et les rapports des diverses classes entre elles mieux établies. C’est alors que l’on peut admettre que les Mollusques et les Articulés forment aussi bien deux séries parallèles que deux groupes, dont le degré d’élévation serait différent ; ces deux types con- duisant également par les dernières espèces qu'ils: renferment aux animaux rayonnés. Nous devons maintenant tracer rapidement l'histoire de la science des animaux Invertébrés ,. et principalement de la partie qui concerne leur classification générale. Linné, dans les premières éditions de son Sys- tema naturæ, partageait les animaux en six classes, ainsi qu'il l’a fait depuis; quatre de ces classes comprenaient les animaux que l’on nomme au- jourd’hui Vertébrés; dans la cinquième, étaient placés ceux qu’il appelle Znsecta, et dans la sixième, les Vers ou Vermes. Les groupes princi- paux de la classe cinquième sont ainsi disposés :. 1° Coleoptera, parmi lesquels on distingue, avec les Coléoptères des auteurs modernes, les Blattes, qui sont aujourd’hui des Orthopières. 2° Anigio- ptera (Papillons, Libellules , Ephémères , Abeilles, Ichneumons et Mouches ). 5° Hemiptera ( Saute- relles, Lampyres, Fourmis, Punaises , Notonec- tes, Nèpes et Scorpions ). 4° Aptera ( ce sont les Poux, Puces, Monocles, Acares, Araignées, Cra- bes, Cloportes et Scolopendres ). La classe des Vers, Vermes , se partage en trois groupes : 1° Reptilia (Dragonneaux, Tænia, Lom- brics, Sangsues et Limaces). 2° Testacea ( Helice,. Nautile, Porcelaine, Haliothide, Patelle, Dentale, Conques, Anatifes,'tous subdivisés en catégories plus ou moins nombreuses). 3° Zoophyta (Téthies, Oursins, Astéries, Méduses, Seiches et Microsco- piques ). Dans chacune des éditions qu'il publia. de | EEE INVE 217 INVE de son immortel ouvrage, Linné ajouta de nou- veaux perfectionnemens à celte classification, dans laquelle on ne peut nier qu’il n’existe déjà une foule de rapprochemens fort heureux. Dans ce travail, les Insectes sont, ainsi qu’on l’admet aujourd’hui, placés avant les Testacés, qui sont à peu de chose près les Mollusques , et l'Huître ne s’y trouve pas, ainsi qu'un savant entomologiste l’a fait remarquer, placée avant l’Abeille. Les Limaces sont dans un autre ordre que les Hélices ; mais on peut remar- quer qu’elles sont placées à la fin du premier or- dre des Vermes, et celles-ci tout au commence- ment du second. Le rapprochement le plus fâcheux est certainement celui de la Méduse, animal très- inférieur, et de la Seiche, dont Aristote avait déjà reconnu la supériorité. Néanmoins, sauf cette faute, qui est grave sans doute, on peut voir que la classe qui est devenue, pour les auteurs plus ré- cens, le type des Rayonnés (Actinozoa), se trouve assez nettement établie. Les Testacés seraient nos Mollusques (Malacozoa) , si les Sèches ct les Li- maces y étaient placées. L’honneur de l’établisse- ment définitif des Mollusques en un groupe distinct était réservé à Poli, qui les divisait déjà, comme on le fait aujourd'hui, en trois classes. Pallas donna aussi, dans quelques mémoires de ses Spi- cilegia zoologica, d'excellentes indications pour l'érection d’une méthode plus naturelle. Blumen- bach, dans son Manuel, perfectionna aussi sous quelques rapports celle de Linné; mais toutefois la partie des Invertébrés de son ouvrage paraît loin d’être aussi savamment traitée que celle des Ver- tébrés. C’est dans quelques idées jetées par Pallas dans ses Spicilegia, qu’a pris naissance , airisi que le dit lui-même l’auteur ( Tableau élémentaire, p. vij), la subdivision des animaux à sang blanc en trois classes, proposée par Cuvier en 1797. Dans cette classification , les Mollusques sont dis- posés à peu près comme l'avait fait Poli; mais l’auteur y place les Lernées, dont il fit plus tard des Zoophytes, mais qui sont des Crustacés voisins des Caliges ; les Vers, qui viennent ensuite, ne com- prennent plus que des animaux articulés ou véri- tablement vermiformes , et les Zoophytes sont ceux de Linné, moinsles Sèches. CGuvier, à l’exem- le de tous les auteurs, ne rangeait point alors, comme il l’a fait plus tard, les Intestinaux dans les Zoophytes. Ce fut peu de temps après que Lamarck fit con- naître sa classification, et, groupant les Mammi- fères , les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons sous le nom de Vertébrés, qui remplaca celui d’Ani- maux à sang rouge, donna à toutes les espèces qui n’ont pas de squelette intérieur et par suite point de colonne vertébrale, le nom d’/nvertébres. Les Invertébrés sont distribués ainsi qu'il suit : L Animaux apathiques. —à. Infusoires. 2. Poly- pes. 5. Radiaires. 4. Vers (Epizoaires ou Lernées). Ils ne sentent point, et ne se meuvent que par leur irritabilité excitéc. Caractères : Point de cerveau ni de masse mé- dullaire allongée; point de sens ; formes variées ; rarement des articulations. T, IV. 268° Livraison. IL. Ænimaux sensibles. — 5. Insectes. 6. Arach- nides. 7. Crustacés. 8. Annélides. 9. Girripèdes. 10. Mollusques. Ils sentent, mais n’obliennent de leurs sensa- tions que les perceptions des objets, espèces d’i- dées simples qu’ils ne peuvent combiner entre elles pour en obtenir de complexes. Caractères : Point de colonne vertébrale: un anneau et le plus souvent une masse médullaire allongée; quelques sens distincts ; les organes du mouvement attachés sous la peau ; forme symétri- que par des parties paires. La distribution des Invertébrés, malgré ces nom- breux travaux, avait encore besoin d’être modifiée, et divers auteurs proposèrent d’y apporter quelques perfectionnemens. En 1812, Cuvier publia dans les Annales du Muséum, t. XIX , un nouvel essai de classification générale, dans lequel il admet quatre groupes principaux, qu'il appelle embran- chemens. Ge sont le groupe des Vertébrés, celui des Mollusques, celui des Zoophytes ou Rayonnés, tous trois déjà établis, et celui des Articulés qui est placé avant celui des Zoophytes , et après les Mol- lusques; celui-ci résulte de la fusion dans un même embranchement des Insectes et des Vers (voy. les mots Verrrerés, Morzusques, etc. ). Dans son ouvrage sur le Règne animal, publié en 1817, Cuvier adopta celte manière de classer les animaux , et il la reproduisit sans aucun change- ment important dans la seconde édition du même ouvrage ( 1829 et 1830). En 1806 avait paru la Zoologie analytique de M. Duméril, dans laquelle ce naturaliste partageait, ainsi qu'il l’a fait plus tard dans ses Elémens d'histoire naturelle, les animaux Invertébrés en cinq classes : Mollusques, Crustacés, Vers, Insectes et Zoophytes. La classification de M. de Blainville fut publiée en 1816 dans le Bulletin de la société Philomati- que. Ce travail el ceux que le même zoologiste publia depuis nous ont été souvent utiles pour la rédaction de cet article. M. de Blainville admet, comme on l'avait déjà fait, parmi les Invertébrés , trois groupes principaux, auxquels il donne le nom de types, que divers naturalistes ont adopté. Il insiste surtout, pour la caractéristique de ses types, sur la considération de la forme extérieure, et c’est plutôt d’après elle et d’après les variations des organes du mouvement qu'il se guide pour distribuer en classes les animaux de chaque type, que d’après la considération du cœur et des or- ganes de la respiration. Il rapproche les Entozoai- res, et plusieurs Vers extérieurs qu’on a placés parmi eux, des derniers Articulés, qui sont , ainsi qu’il le fait remarquer, les Annélides apodes, et il établit que les Mollasques et les animaux articu- lés forment plutôt deux séries parallèles que deux groupes qu’on doive superposer dans la classifica- tion. Il rapporte les Lernées aux Crustacés, et fait remarquer que les Anatifes et même les Oscabrions doivent être placés entre les animaux mollusques et ceux qui sont articulés. Le même auteur a en- core établi que les Eponges et les Téthies, chez lesquelles la forme est indéterminée, doivent être 28 IODE : 218 IODE retirées des Invertébrés , pour former, mais tou- jours parmi les animaux, un sous-règne distinct. Beaucoup d’autres naturalistes ont'encore tra- vaillé dans la même direction ; nous citerons parmi eux le célèbre Oken, l'abbé Ranzani, M. Gray , M. Dugès, etc. M. Bory n’a pas donné des Inver- tébrés une distribution générale ; mais il a voulu établir que beaucoup d’êtres qu’on avait confondus à tort, suivant lui, parmi les animaux, et plusieurs autres qu’on rapportait, mais avec doute , aux vé- gétaux, devaient être retirés de l’un et de l’autre règne, pour former parmi les ‘êtres organisés un troisième règne qu'il a nommé Psychodiaire. Plu- sieurs des êtres qui rentrent dans ce groupe avaient été appelés VNematomophytes par les auteurs. Ges végétaux y'sont associés à des espèces dont l’ani- malité ne saurait être révoquée en doute , telles que les Difllugies, les Alcyonelles, les Polypes et di- vers Madrépores, toutes productions qu'onne peut, sans rompre leurs affinités, retirer durègne animal. Plusieurs planches de ce Dictionnaire , faites d’après la méthode de Cuvier, représentent les diverses classes d'animaux Invertébrés. Nous cite- rons celles des Crusracés, pl. 130; des ArACHNI- Des, pl. 258 (28 bis) ; des Ixsecres, pl. 246; des Anvémpes, pl 257 (24% bis); des EcrInonenmes, pl. 259 (142 bis); des Vers INTESTINAUX , pl. 261; des Acazkpnes, pl.256 (2 is), etc. , etc. Voyez ces différens mots. (GErv.) INVOLUCGELLE , Znvolucellum. (mor. PHan.) Diminutif d’Involucre. Nom consacré à l’assem- blage de folioles qui dans la famille des Ombel- . lifères , accompagne souvent l’ombellule. On lap- pelle aussi collerette partielle. (L.) 10. (ins.) Les entomologistes donnent ce nom à une belle. Vanesse connue àussi sous le nom de ? Paon DE our. Joy. Vanssse. (Guér.) IODATES. (cnim.) Sels résultant de la combi- naison de l’acide iodique avec une base et qui ont pour caractères principaux de détoner facilement avec les corps combustibles , et de se transformer en iodures par la calcination en perdant de l’oxy- gène. Les Todates sont encore sans usage. (F, F.) IODE. (cm) Métalloïde solide, de couleur ardoisée , se présentant sous forme de paillettesou d’écailles brillantes, fragiles ; d’une odeur très- analogue à celle du chlore, mais facile à dis- timguer cependant pour les personnes exercées ; d’une saveur âcre , chaude et persistante; très-peu soluble dans l’eau (un sept millième), plus soluble dans l'alcool et l’éther ; déliquescent,, tachant la peau et le papier en jaune, donnant une belle couleur bleue en se combinant avec l’amidon,, fusible à 107° centigrades ; complétement volatil, s’il est pur, à 175° : dans cet état il a une belle couleur violetie , tirant sur le pourpre, ice qui lui a valu le nom sous lequel Gay-Lussac à proposé de le désigner. L’Iode peut se combiner avec l’oxy- gène en deux proportions ;, de là les acides'iodeux et iodiques; il jouit encore de la propriété de neu- traliser les effets délétères de la brucine, de la strychnine:et de la vératrine. | On obtient l’Iode en traitant l’eau-mère de la soude de varec, dépouillée de tout l’hydrochlo: rate de soûde qu’elle peut contenir, par l'acide : sulfurique et le peroxide de manganèse , chauffant légèrement la masse, conduisant la vapeur dans un ballon , etlavant les écailles qui en proviennent dans un léger soluté de potasse pour séparer l'acide sulfurique. L’Iode n’est pas toujours pur dans le commerce. M. Chevallier, qui assure l'avoir trouvé mêlé à du charbon minéral, conseille de le traiter à deux reprises différentes par l’alcool rectifié; le soluté est complet dans le cas où l’Iode est pur, incom- plet dans le cas contraire. Le même procédé dé- montrerait la présence de la plombagine si l’Iode en contenait. L’Iode et ses diverses préparations, dont les propriétés étaient utilisées autrefois, mais sans qu’on s’en doutât, dans l’usage des éponges brû- lées., sont des agens thérapeutiques dont la mé- decine moderne a retiré les plus beaux et les plus heureux avantages. Le docteur Coindet, de Ge- nève, est le premier qui proposa l’Iode dans le traitement des goîtres et des scrofules. Depuis les belles cures de cet habile praticien, un grand nombre de médecins francais, anglais, allemands, italiens , etc., sont venus, par leur propre expé- rience , consolider la juste réputation de la mé- thode iodée dans une foule de cas pathologiques. C’est ainsi qu’à l’aide de cette nouvelle médica- tion on obtient tous les jours la résolution de cer- tains engorgemens squirrheux, cancéreux , lym- phatiques, etc.: la guérison de quelques blennor- rhagies, celle de la syphilis constitutionnelle , des leucorrhées chroniques, etc. Toutefois, disons que l’Icde et tous ses composés ne doivent être employés qu'avec les plus grandes précautions , carce sont des poisons irritans et corrosifs très- énergiques. On doit en cesser l'administration aussitôt que, sous leur influence , on voit survenir l’amaigrissement ou tout autre accident fâcheux, comme l’atrophie des glandes mamimaires chez la femme, des testicules chez l'homme. L’Iode exerce sur les membranes muqueuses gastro-intestinales , pulmonaires et génitales une influence stimulante particalière que l’on ne peut révoquer en doute. Îl agit encore d’ime manière spéciale sur le corps tyroïde, les glandes mam- maires, etc. Mais dire queles femmes maigres engraissent sous son influence , que les femmes grasses maïgrissent , et que-celles qui tiennent le : milieu entre l’embonpoint ordinaire et l’obésité s’en trouvent également bien , qu'il est diarétique, qu'il excite l'appétit , qu'il est purgatif, etc., etc., c'est; je crois, compromettre la réputation d’un médicament qui, quoique bon, ne peut être uni- versel. La vérité ne doit être que vérité, simple, nue , et dégagée de toat esprit de calcul ou d’en- thousiasme mal raisonné. | Toutes les préparations . iodées doivent être administrées à très-petites doses. Les malades aux- quels on les donne doivent être vus souvent, etob- | sérvés avec soin. Les meilleurs antidotes à opposer à" ses propriétés délétères sont la magnésie calcinéez" ER LEE. IONE 219 IONI lestopiques émolliens , les boissons mucilagineuses, et tous les.«moyens auxquels on a recours dans un empoisonnement par les acides minéraux. La découverte de FIode date de 181: ; elle est due à M. Courtois, un des manufacturiers les plus éclairés de Paris. Mais ce ne fut qu’en 1813, époque à laquelle Gay-Lussac et Humphry-Davy en déterminèrent les propriétés, que cette substance prit rang dans la matière médicale. (F. F.) IODURES. (cum. ) Combinaisons de l’iode avec un corps simple, (EF...) IONE , Zone. (crusr.) Ge genre, qui a été éta- bli par Laireille , appartient à l’ordre des Amphi- podes , famille des Hétéropodes, du même auteur (Règn. anim. de Cuv., nouv. édit., tom. 1v ). Ce genre, qui est vraiment anomal par sa forme , présente des caractères particuliers qui l’éloignent de tous les autres du même ordre. Le corps de ce singalier crustacé se compose d'environ quinze articles, mais que l’on ne distingue que par des incisions latérales en forme de dents; il est ovalaire, inéquilatéral; les six derniers ‘articles sont pourvus d’appendices latéraux allongés, ra- meux, charnus et fasciculés ; l'extrémité posté- rieures garnie de six appendices simples et re- courbés, dont, deux sont plus grands que les au- tres; quatre antennes courtes, les externes plus longues que les internes, et seules visibles lors- qu’on regarde l’animal par le dos. Les deux pre- miers articles du corps sont pourvus chacun de deux nageoires (ou cirrhes) charnues, allongées, aplaties, et semblables à des rames; les autres arti- cles sont garnisd’appendices analogues, mais plus . courts; quatorze pattes très-courtes, crochues et cachées sous l’anunal ; les valves abdominales sont très-grandes ; elles recouvrent toute la partie in- férieure du corps.ct forment une,espèce de récep- tacle pour les œufs. Ce genre jusqu’à présent se compose d’une seule espèce, qui est l’Ione thora- cique, Z. thoracicus, Latr., où l'Oniscus thoraci- cus , Montagu. Le corps de cette espèce est d’une couleur orange, avec les appendices latéraux blan- châtres ; la longueur des femelles, y compris les appendices postérieurs, est à peine d’un demi- pouce; quelquefois le réceptacle est très-fortement distendu par plusieurs milliers d’œufs d’une couleur orangée pâle. Le mâle est beaucoup+plus petit que la femelle ; sa forme est beaucoup plus allongée, et il est dépourvu d’appendices à la partie antérieure du corps ; ceux dont sont pourvus les anneaux pos- térieurs ne sont pas rameux comme chez la femelle. Ge crustacé se trouve sous le test du . Cancer subterraneus ( Gallianasse souterraine } ; il .se cache entre la carapace et les parties charnues et forme une tumeur d’un côté du corps. Je suis _ parvenu, dit Montagu, à retirer cet animal vivant de sa demeure , et à le conserver en vie pendant plusieurs jours dans l’eau de mer. Sur quelques individus de l’espèce rare de Crustacé dont je viens de parler ( Callianasse } , j’ai trouvé deux ou trois de ces parasiles qui étaient toujours accom- pagnés du mâle, fixé solidement aux appendices abdominaux de la femelle, à l’aide de ses pinces. Comme cet animal ne paraît jouir que de peu ou même point de pouvoir locomoteur,, il est proba- ble que la majeure partie de ses œufs on de ses pe- tits doivent périr , et ce doit être dans uu de ces états que l’animal arrive sous le test de la Gallia- nasse, où il reçoit la nourriture, sans la quelle il ne pourrait probablement pas exister. MM. Au- douin et Milne. Edwards, dans un travail ayant pour titre : Mémoires pour servir à l’histoire natu- relle des Grustacés , ont figuré les deux sexes de ce singulier animal. À (H. L.) IONIDION, Jonidium. (807. pHan. ) Sous ce nom nous possédons un genre de plantes de la Pentandrie monogynie, que l’on a long-temps confondu parmi les Viola, et qui appartient à la famille des Violacées. Presque toutes les espèces sont herbacées ou suffrutescentes , et rangées par Ventenat sous deux catégories différentes , les unes à pétales onguiculés, les autres à pétales ses- siles, À la première catégorie appartiennent l’L0- nidium calceolaria de la Guiane, inscrit par Linné sous le nom de Viola calceolaria; V’'Tonidium ipe- cacuanha , dont les racines sont estimées éméti- ques , ebqui, dans quelques parties de la Guiane, principalement à Cayenne et sur les côtes du Bré- sil, remplacent le véritable IP£cacuanna (v. ce mot), et l’Zonidium poaya, qui jouit de cette pro- priété d’une manière très-puissante, La seconde catégorie, plus riche en espèces , contient l’lonidium glutinosum des environs de Monte-Video ; l’Zonidium buxifolium de Madagas - car ; l’/onidium heterophyllum, qui est spontané à la Chine et dans plusieurs contrées de l'Inde , surtout à Madras; l’/onidium strictum de Haïti , et l’Zonidium polygalæfolium , représenté dans notre Atlas, pl. 252, fig. 4 , qui est originaire dé l’Amé- rique du Sud, Gerte plante vivace forme des touifes épaisses parsemées dans toutes leurs parties d’un duvet très-court, peu apparent; elle se couvre, sur la fin du printemps, de fleurs très-petites quisont d’un vert jaunâtre, avec une légère teinte purpu- rine.( les fig. 5 et 6 représentent l’une la fleur grossie , l’autre une feuille vue en dessous ), Aug. de Saint-Hilaire, qui à étudié ces diverses plantes aux lieux même où elles croissent , réunit au genre [onidion le genre Pombalia de Vandelli , et l'Hybanthus de Jacquin; il lui. assigne de plus les caractères suivans : calice profondément quin- quéparti, sans que ses divisions soiént enlière-- ment séparées; cinq pétales très-inésaux, dont l’inférieur plus grand; autant d’étamines insérées comme les pétales el allernes avec eux; filets li-- bres ou soudés, le plus souvent courts, avec an- thères aplaties, membraneuses au sommet ets’ou- vrant longitudinaiementzovaire libre , sessile, por - tant un.style courbé,. persistant, et un stigmate un peu latéral; capsule uniloculaire, entourée par le calice, s’ouvtant en: trois valves étalées sur les- quelles, au milieu de leur face, sont fixées depe-. tites semences globuleuses, creusées en leur som- met. Les feuilles qui ganissent.les [onidions sont entières , alternes, accompagnées de deux stipules à leur base, (LE, »..B.)1. IPEG IONIE. ( «ton. rPuys. ) Ancienne grande con- trée de l’Asie mineure , qui fut constamment sou- mise aux invasions , et par suite au plus dur escla- vage ; ses industrieux habitans se virent plus d’une fois dans la dure nécessité de fuir une patrie sans cesse tourmentée par des guerres affreuses. Placée sous le ciel le plus heureux, la terre y est très- fertile , la température presque toujours égale, la vie y coule au sein des plus douces jouissances ; elle devait nécessairement être enviée par des voi- sins dont le pays est exposé à des froids rigoureux ; à des sécheresses prolongées par l'excès des cha- leurs, et par suite à des famines plus ou moins longues et désastreuses. L’Ionie fait de nos jours partie de la Turquie sous les noms de Natolie et de Karamanie. .- Maintenant l’on nomme mer Ionienne cette ortion de la Méditerranée qui, depuis l’extrémité méridionale de l'Italie, longe les côtes de la Dal- matie, de l’Epire, et celles de la Grèce aux immor- tels souvenirs. Sept îles, placées sur cette mer, entre les 36°et 40° degrés de latitude nord , et entre les 19°30’et et 25° 10’ de longitude orientale , ont reçu lenmom d'îles Ioniennes : ce sont les îles de Corfou, la plus importante de toutes ; Paxos la fertile ; Sainte- Maure, qui tient au continent par un large banc de sable; Theaki, l’ancienne Ithaque; la montueuse Céphalonie; Zante, où l’on aime à retrouver toute la Grèce antique ; et Cerigo , la plus pittoresque ou si l’on veut la plus volaptueuse de toutes. Au- près de ces îles on voit un grand nombre d’ilots; presque tous sont habités. Leurs bords sont géné- ralement escarpés, leur surface est inégale, cou- pée par des rochers stériles et des collines élevées, par des plaines et des vallées d’une fertilité re- marquable. Le printemps s’y montre dans toute sa pompe, les chaleurs de l'été s’y trouvent sans cesse Lempérées par des vents doux, par des pluies bienfaisantes. L’olivier, l’oranger, le citronnier, le figuier y sont, sans interruption, couverts de feuil- les , de fleurs et de fruits ; quatre fois dans le cours de l’année, la vigne donne de très-beaux raisins; même au milieu de la saison froide, les fleurs ne cessent point de répandre leurs parfums, la rose elle-même y brave les autans, elle embellit sans cesse les haies de ses corolles veloutées et suaves. Les îles Ioniennes ont successivement appartenu aux Vénitiens; en 1798, elles furent cédées à la France, déclarées libres et indépendantes sous le nom de Xépublique des Sept-lles, puis jetées en 1819 aux mains de l’Angleterre. On évalue leur population totale à deux cent vingt mille habitans. : (T. ». B.) IPÉCAGUANHA. ( em. et mor. ) Sousle nom d’{pécacuanha , mot qui signifie, d’après Auguste Saint-Hilaire , écorce de plante odorante et rayée, on emploie les racines de plusieurs arbustes qui croissent dans les forêts épaisses et humides du Brésil et du Pérou, qui appartiennent à la famille des Rubiacées de Jussieu, et dont le genre resta long-temps inconnu. D’après Brotero, ce genre est le Callicocça de Schreder. 220 IPEC à On trouve dans le commerce trois espèces d’I- pécacuanha : le gris, le noir et le blanc. Le pre- mier}, appelé encore Zpécacuanha annelé ou offici- nal, le seul qui soit employé en médecine, est fourni par le Cephælis ipecacuanha de Richard, ou Callicocca ipecacuanha de Brotero, provenant du Pérou, et représenté dans notre Atlas, pl. 252, fig. 4, 5, 6; le second, connu aussi sous les noms d'Jpécacuanha brun ou strié, appartient au Psyco- tria emetica de Mutis, et le troisième, l’/pécacua- nha blanc on ondulé, provient du Richardsoniæ brasiliensis de Gomez. De ces trois espèces nous ne décrirons, brièvement, que les caractères bo- taniques de la première. Ces caractères sont les suivans : tige ascendante, sarmenteuse, presque ligneuse, de cinq à six pieds de hauteur; feuilles opposées , ovales, lancéolées, d’un beau vert, lé- gèrement pubescentes en dessous, au nombre de quatre, six ou huit au sommet de la tige; les inférieures sont caduques ; fleurs blanches, en ca- pitules, ‘peliles, involucrées ; calice à cinq dents ; corolle à cinq divisions; cingétamines; fruit ovoide, noirâtre, ombiliqué à son sommet, contenant deux petites nucules, planes du côté interne, et convexes du côté externe. Les espèces de ce genre sont toutes de petits arbustes rampans propres à l'Amérique; la plus intéressante est celle que nous avons citée plus haut; le Cephælis ipecacuanha, Richard, Dissert. sur les espèces d’Ipécacuanha du commerce, t. 1. Ce petit arbrisseau, originaire du Brésil, a été décrit pour la première fois par le professeur Bro- tero sous le nom de Callicocca. Dans son Sinopsis plantarum, Persoon le confond à tort avec le Psy- chotria emetica , qui est une plante du Pérou. Nous parlerons de cette espèce d’une manière plus détail- lée, quand, nous traiterons du genre Psychotrie. Maintenant que nous connaissons le nombre des espèces d'Ipécacuanha du commerce, que nous savons à quel genre de végétaux appartiennent les arbustes qui les fournissent, que nous avons donné les caractères botaniques du genre Cephælis, voyons les moyens à l’aide desquels nous pourrons distinguer les Ipécacuanhas les uns des autres, L'Ipécacuanha gris se présente sous forme de racines cylindriques, tortueuses, de trois à cinq pouces de longueur, de la grosseur d’une plume à écrire; son épiderme est rugueux et grisâtre ; son écorce, d’une cassure nette et blanchâtre, offre des étranglemens circulaires très-profonds, très- rapprochés les uns des autres , et imitant des an- neaux placés les uns à côté des autres sur un axe commun; son odeur est forte, nauséabonde et insupportable pour la majorité des personnes ; sa saveur est amère , un peu âcre el aromalique; son intérieur, ou partie ligneuse, appelé Meditullium, est fibreux, jaunâtre, inodore et beaucoup moins sapide que l'enveloppe corticale. L’Ipécacuanha brun, ainsi nommé à cause de sa couleur plus foncée que dans le précédent, of- fre, entre les anneaux ou étranglemens , des stries longitudinales qui n'existent pas dans l’Ipéca- cuanba gris. Une autre différence encore très- g 2 ITAL lieux où, comme dans les montagnes du Vicentin, à Vestena-Nuova, Schio, Monte -Viale et plus par- ticulièrement près du village de Bolca, l’on trouve des poissons d’une grandeur, d’une conservation rares et même des débris de Grocodiles;où, comme auprès de Modène , parvenu à une profondeur de quatre ou cinq mètres, l’on voit les rnines d’une ancienne ville, des pièces de mosaïque, puis à huit mètres et demi plus bas des arbres nombreux couchés de l’est à l’ouest , sur quelques uns des- quels j’ai recueilli des fruits, surtout des noisettes et des faînes. IL est peu de pays dans l’ancien hémisphère, et sur une aussi grande étenduë , qui aient, autant que l'Italie, été soumis à l’action effrayante des volcans ; au N.-E., des gerbes de flammes, de laves et de fumée courônnaïent les monts Euganéens; au centre, de nombreux volcans couvraient le sol aujourd'hui paisible de la Toscane, des états de Rome, où ils sont presque tous remplacés par des lacs profonds ; au sud, les champs Phlégréens pré- ludaient aux irruptions du Vésuve , et liaient à eux les bouches éteintes d’Ischia , des îles Lipari et le colosse de la Sicile. L’Etna et le Vésuve sont les seules montagnes ignivomes de l'Italie actuelle. Leur histoire est bien incomplète, surtout celle du Vésuve. Je n'en citerai qu’un exemple. On fait seulement remonter sa première éruption au 24 août 79 de l’ère vulgaire, durant laquelle ptrit Pline le naturaliste, quoiqu’elle date d’âges très-reculés, selon le témoignage de Tite-Live, et celuinon moins irrécusable des laves versées surla colline de Can- taroni ; c’est aussi à cette époque fameuse que l’on place la destruction totale des deux villes d'Her- culanum et de Pompeia , tandis qu’elle n’a eu réel- lement lieu que quatre siècles plus tard (1). On divise le sol de l'Italie en quatre grandes ré- gions, 1° la vallée du Pô, pays de culture par as- solement; 2° la région des Oliviers, qui embrasse la partie occidentale des Apennins et s'étend du nord- ouest depuis le golfe de Gênes au sud-ouest, en y comprenant l’une et l'autre Calabre; 3° la région des montagnes, où l’on trouve un froid âpre, des sites sauvages , de grands espaces non habités et de vastes forêts ; 4° la région du Palmier et du Co- tonnier, qui occupe les plaines peu étendues de V'Apulie, des Abruzzes et tout le versant oriental des Apennins. À un petit nombre d’exceptions près, le sol répond partout à la beauté du climat. De grands fleuves ÿ répandent la fertilité; los prin- cipaux sont au nord , outre les cinq déjà nommés, le Tagliamento, la Piave, la Brenta, qui coulent des Alpes dans l’Adriatique ; au centre, l’Arno, dont mm, (x) En lan 417, au rapport d’Ammien Marcellin, de Sta- cins, de Martial, de Dion Cassius, l’'éraption du Vésuve fat telle qu’elle ensevelit sous la lave tout le pays étendu à sés pieds , que ses cendres couvrirent la mer et des contrées fort éloignées. Mais ce qui prouve qu’Herculanum et Pompeia, fortement en- dommagées en l’an 79, périrent älors, c’est la lettre de Cassio- dore écrite an nom.de l’empereur Théodoric aux villes de Na- ples et de Nola, pour les remercier de la généreuse hospitalité qu’elles offrirent alors aux malheureux habitans échappés au désastre de léurs cités. 237 ITAL les sources sont voisines de celles du Tibre:, l'Om- brone, le Tévérone, le Métauro, le Tronto, la Pescara et le Fortore ; au sud, le Garigliano, le Volturno, le Basiento et l’'Ofanto. De vastes lacs sont répandus sur le sol de Ptalie; les plus consi- dérables se voient au pied des Alpes rhétienñes ; on les nomme Lago maggiore, de Como, d’Osio et de Garda. Parmi les nombreuses îles bordant les côtes de Vltalie, je citerai Ja Corse, qui fait partie du terri- toire français; la Sardaigne, que le défaut de li- berté, d'industrie el d’encouragemens prive de tant de bonnes terres, de Fexploitation de ses ri- chesses minéralogiques, et des avantages que pré- sentent ses rades et ses ports; la Sicile aux champs doués d’une éternelle et prodigieuse fertilité ; et après ces trois grandes îles , il convient de nommer l'ile d’Elbe, si célèbre par le fer, le granite et V’ai- mant qui constituent son sol; les îles si curieuses du golfe de Naples; l'île de Malte, où l’on compte onze cent trois individus sur un espace égal à celui qu'occupent 119 personnes en Angleterre, 127 en Allemagne , 155 en France, 224 en Hol- lande; les îles pittoresques de Treniti ou de Dio- mède , d’où sortirent les premières tiges du Peu- plier pyramidal, Populus fastigiata, que l’on ap- pelle improprement Peuplier de Lombardie. La situation riante de l'Italie la rend propre à tous les végétaux de la zone polaire et des tropi- ques. Ses pâturages nourrissent de Superbes trou- peaux , et si l’on excepte quelques reptiles et in- sectes, aucun animal dangereux n’y vient troubler le repos du cultivateur. Ses montagnes abondent en minéraux de toutes les sortes; elles donnent le rustique calcaire et le basalie dont l’origine est ignée ; l’albâtre le plus pur qui se prête à tous les caprices de l'artiste, les brillantes chrysolithes et les autres pierres précieuses. À chaque pas la na- ture du sol, l'aspect du pays, le système des pro- ductions varient à l'infini, fixent les regards, multiplient les ressources, et prouveñt combien celte terre deux fois classique serait heureuse si, réunies sous les mêmes lois, pour le même intérêt, ses diverses populations jouissaient de l’indépen- dance nationale à laquelle elles aspirent à tant de titres et depuis tant de siècles. Exposée qu'elle a toujours été aux envahisse- mens, l'Italie, dono infelice di bellezze onde ha fu- nesta dote d'infinitt guat, selon l’expression pa- triotique de Filicaja, présente dans de gigantesques ruines toutes Les chances de prospérité et de dé- cadence qu’elle a successivement éprouvées. L’an- tique gloire des Umbres (que quelqnes auteurs appellent Ombrices et Opiques) , des Aborigènes, des Sicules, des Pélasges, n’a conservé dans les fastes de l'histoire écrite qu’un très-faible éclat, tandis que l’histoire monumentale, en son langage muet, atteste la puissance, le génie et l'htroïque physionomie de ces peuples. ‘Les Etrusques, qui imposèrent leur domination à toute la péninsule, ainsi qu'aux deux mers qui baïgnent ses côtes, furent à leur tour soumis par une troupe d’aven- turiers que Ja nécessité força de s'établir sur un ER 238 ITEA IULE coin de terre dévoré par les feux souterrains, ct circonscrit par le confluent de l’Anione ét du Ti- bre, et l'embouchure de ce fleuve. Rome fut un de ces méléores politiques destinés à changer la face da monde et à lisser derrière eux une longue traînée lumineuse que la marche du temps ne peut effacer. Semblable à Hercule, pour qui, selon les mythographes anciens, les puissances les plus grandes offiaient à peine la résistance d’une toile d’araignée, Rome, dès les premiers jours de sa fondation, annonça ce qu’elle devait être tou- jours , l'asile d’un peuple turbulent, égoïste , am- bitieux , essentiellement despote, incapable de se gouverner, prêt à se soulever sans cesse contre ses, magistrats, ses généraux, à porter la guerre chez ses voisins, à user de toutes les voies possi- bles pour régner seul, pour imprimer son nom partout el signaler les autres peuples comme des barbares, parce qu'ils osaient luiter contre lui, repousser son joug de fer, et préférer la mort à souscrire un honteux esclavage. Mais enfin le Nord s'insurge , franchit ses barrières , vient ensevelir Rome dans ses propres murailles, et la réduire à mouirer ses trisles débris pour conserver un nom désormais sans gloire réelle. Au dixième siècle de l'ère vulgaire l'Italie parut vouloir se relever, mais de toutes les républiques qui brillèrent à cette épo- que éloignée, une seule a survécu, celle de San- Marino, parce qu'elle.sut résister aux fascinations de, l'ambition, au luxe corrupteur, parce qu’elle n’a point voulu d’autres produits que ceux deses vignobles, de ses müûriers, d’autres forces que celles que lui assurent l'amour de la liberté et le dévouement.de ses fils. | Vingt millions d'individus, telle est la popula- tion actuelle de l'Italie ; elle pourrait en contenir près du double si l’on assainissait les vastes plaines soumises à la funeste influence de la cattiva aria, si l’on meltait en exploitation tont le terrain qui demande à produire, si l’on savait donner une bonne diréetion, à l’industrie, et tirer parti des hautes qualités physiques et morales de ses habi- tans. Le morcellement en petits états, devenus étrangers les uns aux autres ensuite des haines sol- licitées : par la perfide, politique, par l'habitude des pensers étroits, par l'ignorance. et la sapersti- tion sa triste compagne, a causé la ruime de l'Italie. De nombreuses sources minérales attirent en Italie une foule de malades des pays lointains. En Toscane, ce sont. les eaux de Monte-Catini, de Lucques, de Pise; auprès de Naples, celles de Santa-Lucia, des Pisciatelli, de Pouzzoles, et les quatre sources de l’île d’Ischia, sont les plus célè- bres. Les deux plus belles cascades sont celle du Velino à Terni, et celle du Tévérone à Tivoli (T. ». B.) ITEA, Jtea. (por. nan.) C’est le nom grec du Saule. Linné l’applique à un genre de plantes de la famille des Cunoniacées et de la. Pentandrie digynie. Voici ses caractères : calice, monosé- pale, court, campanulé, à cinq divisions étroites, dressées; corolle à cinq pétales linéaires, aigus, étalés dans leur moitié supérieure, et insérés au | calice à la hauteur de ses divisions ; étamines am nombré de cinq, dressées, introrses, alternant |'avec, les pétales; pistil sillonné depuis sa base jusqu’à son sommet , ce quisemble annoncer qu’il est double ; à ovaire libre, pubescent, allongé , et à stigrhale capitulé et bilobé ; cdpsule ovoide, oblongue, terminée par le style persistant, of- | frant deux loges contenant chacune, un grand nombre de graines attachées à leur cloison qui se sépare en deux valves par le rnoyen des déux sil- lons longitudinaux. Ce genre ne renferme qu’une seule espèce : | Vtea virginica, Li; Lamck,, Hill; & 147,1C’est un arbrisseau qui atteiñt quatre ou cinq pieds de hau- teur. Îl se revêt de feuilles aliernes , pétiolées , | ovales, aiguës, presque glabres, et se décore de | fleurs petites, disposées en grappes terminales , et dont le blanc pur se détache bien sur le beau vert de ses feuilles. Cet arbrisseau appartient au sol de l'Amérique $eptentrionale ; mais , grâce au zèle de nos horticulteurs, il a traversé les mers pour venir embellir nos jardins, et cet aimable émigré veut bien y croître et se multiplier par des rejetons ou des marcottes faites par strangulation sur le bois de l’année précédente, Mais si Von veut le propager par graines, il faut les faire venir du pays où il est indigène. (GC. £.) ITTNÉRITE. (min) Cette substance ; que l’on | me considère encore que comme une espèce dou- teuse, est un silicate d’alamine, qui a été appelé néphéline, sodalite et scépolithe du Kaisersthul Il est diflicile de décider si elle cristallise en un | prisme hexagone régulier ouen dodécaèdre rhom- boïdal, parce qu’elle est toujours trop engagée dans les roches basaltiques du. Kaisersthul pour que ses, crislaux soient suffisamment reconnaissa- bles. (J. H.) IULE, Zulus. (ns.myr.) Lesanciens ont donné le nom de Jule à un insecte sans ailes, pourvu d'un erand nombre de paties et qui se roule, disent- ils, sur lui-même dès qu’on le touche ; cet insecte est voisin de la Scolopendre ; il vit dans les lieux humides et se cache sous terre. Ge peu de,mots qui, sauf quelques erreurs que nous omettons, sont la substance de ce que les auteurs de l'antiquité nous ont laissé sur l’animal articulé. que. les Grecs et les Romains appelaient Zulos, où lulus,, ne nous permettent pas de douter que cet animal ne soit de la classé des Myriapodes, et le caractère qu'il présente de se rouler sur lui-même fait aisé- ment reconnaîlre que cet insecte est du même genre que ceux que les naturalistes nomment en- core aujourd’hui Zulus. Dire à quelle espèce du genre les auteurs appliquaient ce nom, c’est ce qui ne saurait être fait; car il est plus rationnel d'admettre que toutes les espèces qui présentent la particularité de se contourner en spirale rece: vaient la même dénomination. Les Iules en un mot étaient pour les anciens ce qu'ils ont.été pour Linnæus. Ce célèbre naturaliste en distingua, comme l'avaient déjà essayé quelques auteurs, plusieurs espèces particulières, dont il forma un | senre dans l'ordre peu naturel sans doute qu'il ce SE établit parmi les insectes sous le nom d’Aptères (insectes sans ailes). Les [nles, de même que les Myriarones (voy. ce mot), Ce ne sont donc pas de véritables insectes ; mais ils sont, comme les insectes, du type des animaux articulés. Le genre, tel que l'avait établi Linnæus, n'a pas été conservé, le nom d’Julus ayant été réservé aux espèces qui ont, dans l’état adulte , beaucoup plus de trente-une paires de pattes, et chez les- quelles les anneaux du corps sont cylindriques ou légèrement ovalaires (leur plus grand diamètre étant vertical), et beaucoup plus nombreux que dans les autres espèces; il n'existe jamais, sauf dans le'jeune âge, plus ou même autant d’anneaux que de pattes, puisque la plupart des anneaux portent chacun deuxpaires de ces appendices, et que le premier et les trois derniers en sont seals dépourvus. Ces deux caractères (anneaux du corps cylin- i P ! 1 | que segment et qui communiquent intérieurement driques et très-nombreux dans l’état adulte , pattes beaucoup plus nombreuses que 31 paires) sont à peu près les seuls que l’on puisse indiquer pour caractériser les lules proprement dits ; mais comme ils sont assez importans , ils ont pu autoriser à ! faire de ces animaux un genre distinct. En effet, les autres espèces que Linnæus comprenait sous le nom de Julus offrent sous ce rapport quelques différences remarquables; ainsi le lule à pinceau, w'on a aussi appelé Scolopendre à pinceau, et qui forme aujourd’hui le genre Polyxenes , n’a que quinze paires de pattes, et le Julus complanatus à, comme toutes les espèces bien connues qui ren- trent avec Jui dans le genre Porypssmus (voy. ce'mot et le mot Poryxenes), trente-une paires de ces appendices; les anneaux de son corps sont en nombre fixe, et de plus carénés latéralement. Quant aux autres caractères, des mâchoires, par exemple, des antennes qui ont sept articles, et de quelques autres parties , ils sont communs aux Iules , aux Polydesmes et à quelques autres petits genres du même ordre. Les mœurs de ces ani- maux sont aussi à peu de chose près les mêmes ; tous semblent fuir la lumière ; ils se retirent dans des lieux obscurs et en même temps humides; on les trouve principalement dans les bois, sous la mousse qui recouvre le pied des arbres ou sous les amas de feuilles mortes. Ils sont également assez communs dans le voisinage des eaux;{quelques uns vivent dans des lieux sablonneux, et il en est qui se retirent sous les pierres ou les petites mottes de terre. D’autres enfin vivent dans les plaines plus ou moins découvertes, et il en est que l’on trouve jusque dans les jardins de l’intérieur des grandes villes : exemple , le Julus guttulatus qui n’est pas rare dans Paris même.. {Les Jules que l’on indique comme se trouvant le plus fréquemment en France sont les suivans : Lulus sabulosus, terrestris et guttulatus, qui sont tous de taille moyenne ou même petite, Le dernier IULE | plément de son Entomologie; il est représenté | dans notre! Atlas, pl. 294, fig. 6 et 7, de gran- Scolependres auxquelles Aristote les avait com- parés, rentrent anjourd’hui dans la ciasse des | deur naturelle et grossi ; il est des plus communs dans une partie de la France et particulièrement aux environs de Paris; on le trouve aussi en Bel- gique F etc. ‘ u u Parmi les espèces qu’on n’a point encore obser- -vées en France, mais qui ont été trouvées dans quelque autre partie de l’Europe, nous citerons le Lulus communis, observé en Toscane par M. P. Savi, et décrit par ce naturaliste dans ses Mé- moires scientifiques (vay. Bull. sc. nat., t. wir). Ce lule a environ trois pouces et demi. M. Savi pense que les pores latéraux qu’il présente et que l’on retrouve dans plusieurs autres espèces ne sont point, comme on a dit, les orifices des trachées, mais seulement des ouvertures extérieures d’or- ganes de sécrétion produisant une matière dont l'odeur est plus on moins désagréable. Les vrais stigmales ou les ouvertures des trachées sont deux petits orifices placés sur la pièce sternale de cha- avec une double série de poches pneumatiques disposées en forme de .chapelet tout le long du corps. et desquelles partent les branches trachéen- nes. qui vont se répandre à l’intérieur, M, Savi a aussi étudié la reproduction des Jules, et ses observations ne s'accordent pas ayec celles de Degéer, Ce dernier rapporte qu'ila observé les œufs des lules, et queles petits qui en sortent n’ont d’abord que six pattes (trois paires, comme cela se voit chez tous les véritables insectes, classe des Hexapodes); il admet aussi que les anneaux du corps, beaucoup moins nombreux dans le jeune âge, le deviennent de plus en plus à mesure que l'animal devient plus vieux. Suivant M. Savi, le nombre des anneaux augmente bien à mesure que le Iule avance en âge; mais, selon lui, le jeune animal est complétement apode, c’est-à-dire sans pieds lorsqu'il vient de naître. Dix-huit jours après la naissance il subit une première mue, et alors seulement il prend la forme des adultes ; mais il n’a encore que vingt-deux segmens en tout, et vingt-six paires de pattes : dix-huit paires de ces pattes servent seules à la locomotion; le cor- selet en porte une première; le premier segment en est dépourvu ainsi que les trois derniers ; le second en a une seule paire, mais les suivans en ont chacun deux. Après la:mue suivante le corps a vingt-trois segmens et trente-six paires de pattes, ces nouvelles paires semblent s’être développées à la partie postérieure, ainsi que l'avait remarqué Degéer. À la troisième mue, M. Savi a compté à son Jule trente segmens et quarante-trois paires de pattes , et ainsi successivement, de manière que chez les adultes le corps est composé de cinquante- neuf segmens dans le mâle et de soixante-quatre dans la femelle. C’est seulement deux ans après la naissance, à l’époque de l’une des mues , que les organes génitaux deviennent apparens. Quelques autres espèces de Jules sont remar- uables par leur taille: tel est le Zulus maximus a été décritpar Fabricius, à la page 285 du Sup- (p.254, tig.8 et 9), espèce américaine depuis long- IUNG temps connue. Tel est encore le Zulus Sechellarum ,: décrit plus récemment (Ann. Soc. entomol. de France, t. 1v, p. 171) sous le nom d'Iulus insu- larum Sechellarum, par M. J. Desjardins, ‘natura- liste de l’île de France; ce myriapode se trouve aux Séchelles et n’a encore été rencontré à ce qu'il paraît que dans l’île aux Frégates : il présente environ cent quarante-trois pattes de chaque côté, et sa longueur tolale est de près de neuf pouces français (24 centimètres), son diamètre pouvant être comparé à celui du doigt. M. Brandt à établi parmi les Zulus plusiears subdivisions génériques qu'on ne devra très-pro- bablement admettre que comme autant de sous- genres ; ce sont les suivans : Spirobolus , renfermant deux espèces nouvelles du Brésil et de la Chine ; Spirotreptus , comprenant le Zulus maximus et une autre espèce dont la patrie est inconnue; enfin Spirocyclistus et Spiropicus, qui font chacun une espèce distincte, mais que l’auteur ne décrit pas et dont ilignore la patrie. C’est peut-être avec les ules qu'on devra également placer le genre Callipus de M. Risso, genre dont on ne possède point encore une description suffisante. (GEnv.) IUNG-FRAUENHORN. (céocr. Pays.) Monta- gne de la Vierge ‘située en Suisse, au canton de Berne, et d'où on jouit d’une vue magnifique en celte ville, quand on se promène à lombre des grands tilleuls plantés sur les bords de l’Aar. C’est le point le plus extraordinaire de toute la chaîne septentrionale des Alpes. Enveloppée d'une triple enceinte de montagnes ayant àleurs pieds les eaux autrefois réunies en une seule nappe des lacs rians el profonds de Thun et de Brientz, la Vierge s’élance du sein même du vallon de Lauterbrun- nen, monte rapide à 4,169 mètres au dessus du niveau de la mer, el se termine par une longue aiguille de gläce, sur laquelle se jouent lesrayons solaires, en y produisant les effets les plus pilto- resques. Depuis le pied jusqu’au sommet que celle ai- guille couronne, la montagne offre une masse énorme de granite, coupéc horizontalement sur quatre points différens, d’abord d’une grande couche calcaire renfermant des débris de bélem- nites el de pentacrinites , puis une faible couche de grains de fer oxidé , en troisième lieu une bande de grès, enfin une plaque irrégulière de schiste marneux noir. Sur ses flancs, j'ai recueilli de bel- les espèces de Mousses, et, arrivé sur le riche lapis de verdure qui s'étend entre les deux éminences, le Venger et le Wargis, je me suis reposé avec délices anx chalets. Trois petites huttes,construites avec des troncs épais de vieux sapins couchés les uns sur Îles autres et soutenus par les entailes pratiquées à leurs deux bouts, sont les uniques témoignages de l’humaine industrie que l’on ren- contre sur celle pyramidale solitude; pour em- pêcher le vent de renverser son asile, la pluie et les noirs frimas d'y pénétrer, le pâtre attentif a chargé de lourds quartiers de pierre le toit quiest légèrement incliné, et bouché les interslices avec des toufles de mousses auxquelles sont venues se D ; 240 IUNG mêler les guirlandes grisâtres de divers Lichens, Là , les troupeaux ; arrivés dès les premiers jours du printemps, pour en descendre trois mois après: aux approches de l'hiver, lorsque l’herbe . com: mence à disparaître sous la neige , trouvent de ti- ches pâturages , et le pâtre y revoit avec charme les meubles rustiques dans lesquels sa main pré= voyante a déposé, quand il l’a quittée, quelques petites provisions pour le voyageur visitant la montagne. Resie-t-on à goûter un repos nécessaire sur-.ce plateau, la nuit n’a point de; ténèbres c’est, selon l'expression du poète, un voile d’azur flottant en- tre la pourpre de deux crépuscules ; l'apparition et la disparition de l’astre du jour y présententun spectacle à nul autre comparable, dont on jouit avec ravissement et qu'il est impossible d’expri- mer dignement. Avec la nuit, selon l’expression ordinaire, jusqu’à l'aurore, un vent froid et pi- quant se fait sentir, et descend, comme une ava- lanche, jusqu'au pied de la montagne. Après avoir quilté les chalets, l’on parvient aux trois sommets de la montagne: celui dela Vierge, le moins élevé ; celui du Moine, ainsi nommé de sa prétendue ressemblance avec un capuchon ; et Je pic, que les plus intrépides chasseurs du.cha- mois n’ont point encore osé escalader. La fonte perpétuelle de ce pic aigu, qui se revêt chaque nuit d’un nouveau lit de glace, donne naissance , sous le nom de Ruisseau de poussière, au Staubach. Mince filet d’eau, ce ruisseau ne tarde pas àwe grossir des neiges accumulées depuis des siècles aux énormes ravins qui séparent les trois sommets, ct, torrent épouvantable, 1l se lance vers l’abîme, moitié suspendu dans les airs où il déssine un iris des plus brillans , remarquable surtout par le rouge doré qui y domine, moitié rugissant en d’af- freux précipices, à travers des rochers déchirés de mille manières différentes, et à l’ombre de noirs sapins à la flèche toujours agitée, Le pic de Ja Vierge s'aperçoit distinctement de Strasbourg, département du Bas-Rhin, qui en est éloigné de plus de vingt-deux myriamètres en ligne droite; sa cime étincelante se dessine vivement sur le fond empourpré du ciel. Du côté du Valais, celte montagne est inacces- sible ; d’épouvantables glaciers et des gorges en- combrées de neiges éternelles en défendent l’abord; on ne peut y monter que par Ja vallée du Grin- del; ce chemin est moins diflici'e que celui de Lauterbrunnen ; mais en revanche il est beaucoup plus long, et serpente à travers des forêts au feuil- lage aigu , toujours vert, On cst bien dédommagé de ses fatigues en voyant les corymbes du Ro- sage, Phododendrum ferrugineum, les jolis tapis qu'embellissent mille fleurs variées, la Gentiane à la corolle d’or, Gentiana lutea , l Anémone en ombelle , Anemonce narcissiflora , la Soldanelle aux fleurs rougeâtres, Soldanella alpina, dont l'éclat n’est jamais souiilé de la poussière des plaines, et en contemplant la nature sauvage qui se déroule à vos pieds et change à chaque instant de formes et de couleurs. À mesure que l’on s'élève, le bruit de la | Acurie Baron del. 1.2. lyraie. 2.4 .lxie FE Guérin de IVRA 241 IVRA PS de la Lutschine et du Staubach diminue, se perd entièrement. Quand on veut, ne point toucher le mont de la Vierge jusqu’au point où la marche est tout-à-fait pénible , ii faut s'arrêter sur le plateau du Tchou- ghenn. De celte magnifique station , on domine. la vallée de Lanterbrunnen et les deux lacs; on est en face de la lungfrau, et l’on a près de soi le double mamelon de l’Eïgler, C’est là que les jeunes filles d'Interlachen, d'Unterseen et du Hasli, qui sont si belles , si bien prises , si modestement élé- gantes dans leur mise, quand on les accusait d’a- voir outragé les lois de l'innocence, étaient obligées d'aller faire, à demi vêtues et nu-pieds , un péle- rinage , portant à la main une bougie allamée ; si la flamme résistait au vent qui soufile presque ha- bituellement, on avait calomnié la patiente ; si la bougie s’éteignait , elle devait quitter le pays. De- uis un demi-siècle tout à l'heure, ce pélerinage n’a plus lieu au mont de la Vierge, mais à la cha- pelle des Neiges, sur le mont Righi, près de la fontaine où trois jeunes sœurs, fuyant les poursui- tes libidineuses des baillis autrichiens, se con- damnèrent, en 1689, à mourir de faim. - (T. ». B.) IVIGÇA. (ctoar. Puys.) L’ile d'Iviça fait partie du groupe des îles Baléares, seule possession de la mo- narchie espagnole dans la Méditerranée ; quatreîles forment ce groupe : ce sont les îles Majorque, Mi- norque, Ivica et Formentera ; trois îlôts entourent ces îles principales ; ce sont : Cabrera, Espartel, Espalmador, dont la superficie, qui est de 1 lieue un quart, n’est habitée que par quelques pêcheurs. Ivica a 42 lieues carrées, et 21,000 habitans. Le climat est chaud, mais les brises de mer viennent le temptrer. Le sol cullivé y est fertile, et les productions sont analogues à celles de l'Espagne méridionale : Ivica possède , en outre, des sa- lines très-productives. (G. d.) IVOIRE. (ua. cxim.) Nom donné aux défenses de l’Eléphant, organes dentaires formés en grande partie de phosphate de chaux, et avec lesquelles on fait dans les arts des pessaires , des dents humai- nes arlificielles, des manches d’instrumens , etc. Le spode des anciens traités de matière médicale n’est autre chose que l'Ivoire incinéré et calciné à blanc. On le donnait comme astringent et an- thelminthique ; aujourd’hui ce médicament est tout-à-fait oublié. Foy. Denrs. (FaF.) IVRAIE, Lolium. (BoT. Pnan. et aa.) Dès les temps les plus reculés on a fixé les yeux sur les plantes de ce genre de la famille des Graminées et de la Triandrie digynie ; deux espèces principalement sont fameuses dans les fastes agricoles , l’une par le tort qu’elle cause aux-moïssons et les funestes effets que sa présence détermine sur l’homme et les animaux, l’autre par l’utilité dont elle est dans les pâturages et les avantages qu'elle offre pour former des prairies artificielles ou des gazons au sein des jardins. Le genre Ivraie, Lolium , se distingue essentiel- lement du Froment, Triticum , par la position de $es épillets distiques et multiflores qui regardent T- IV. 271° Livraison. l'axe par une de leurs faces et non, comme on l’a dit, par un de leurs côtés, par la saillie que chaque fleur forme en dehors, et par sa balle qui est quel- quefois à une seule valve. ' Depuis quelques années l'IVRAIE ENIVRANTE, L. temulentum , multiplie à l'excès dans les champs de seigle de divers cantons. Gelte plante n’est point, comme on le croit, une dégénérescence du seigle causée par la grande humidité dans les années pluvieuses , mais bien une espèce sui generis. Sa présence dans les champs accuse le cultivateur et prouve qu'il suit un assolement vicieux, qu'il ne donne pas assez d'attention au nettoyage des grains. En effet, partout où une récolte de légumineuses suit celle des céréales, la graine de l’Ivraie, de- meurée sur le sol, ou que l’on y transporte au moyen des fumiers non consommés ou trop ré- cemment soriis des cours et des étables, est étouf- fée par la sorte de fourrée que forment les touffes du Trèfle, des Féverolles, des Vesces, des Ha- ficots, etc. Partout , aa contraire, où l’on s’entête à faire porter de suite deux et trois récoltes de Graminées , la semence de l’Ivraic jouit de Ja plé- nitude de sa végétation ; ses chaumes droits, hauts de quarante à soixante-dix centimitres, montent rapidement , se garnissent de leurs feuilles engat- nantes , rudes, très-longues et assez larges , leurs épis se développent et mürissent en même temps que ceux du seigle, ct comme leurs graines sont à peu-près de la même grosseur et du même poids, elles échappent au battage, à l’action du van, des tarares et du crible, elles s’amalgament en- semble, et l’année suivante, l’Ivraie envahit la place du bon grain. On a proposé, pour remédier à ce vice essen- tiel de culture, de faucher le seigle avant sa par- faite maturité, parce qu'alors l'[vraie, n'étant pas non plus parvenue à terme , se trouve plus légère et se sépare plus aisément du seigle que l’on sou- met au netloyage; mais ce palliatif n’est rien moins que certain, et, comme je le démonirerai plus tard (voy. au mot Marurrré), il convient fort peu aux substances alimentaires. Il n’est qu’un seul moyen, raisonnez convenablement vos rotations de culture, ayez soin de ne jamais faire suc- céder une céréale à une céréale, de varier vos se- mis , et de brüler les déchets des vannages et des criblages : c’est une économie mal entendue que de les jeter sur les fumiers ou de les donner aux volailles ; on propage de la sorte toutes les graines nuisibles. En les brûlant, on obvie à tout. Il faut le faire avec beaucoup de précautions dans les champs et non dans les cheminées : il s’en exhale un gaz inodore , extrêmement léger , dont l'effet ordinaire est d’appesantir la tête, et de troubler les fonctions de l’estomac. Il importe aussi de pur- ger les moissons où l’ivraie commence à se mon- trer ; il ne faut pas la couper, mais bien l’arracher avec ses racines, car elles pousseraient bientôt de nouvelles tiges : l’Ivraie est éminemment vivace. Quelques auteurs plus habiles à décrire une plante qu’instruils dans l’art de La suivre dans les diverses phases de sa végétation et dans son em- 31 mms 0e, : IVRA 2/42 IVRA : ploi comme plante économique, se sont permis d'avancer qu'il y a beaucomp d’exagération dans les reproches que l’on fait à l'Ivraie enivrante : Ïls vont même jusqu’à lui nier ses propriétés délé- tères. Certes, ét Parmentier l’a prouvé par de nombreuses expériences, on est parvenu à dépouil- ler les graines de l'Ivraie de leur âcreté ; le pain préparé avec ces mêmes graines séchées an four avant d'être réduites en farime, n’est plis mal sain , surtout quand on attend pour le servir qu'il soit bien refroidi, Mais il n’est pas moins vrai que l’Ivraie enivrante , unie , comme il arrive presque toujours, aux farines des céréales comestibles, imprime aû pain dés qualités essentiellement dan- gercuses; quand on le mange encore chaud, il agit avec tant de violence sur l'estomac qu'ilporte atteinte at tempérament le plus robuste, l’'affaiblit au point qu'on ne peut le rétablir qu'après des soins très-attentifs et de longs ménagemens, On a remarqué qu'il fait perdre aux uns la vue, et qu'il détermine chez les autres , ainsi que je l'ai remar-- qué durant mon séjour à Rome en 1892 , et à Co- logne en 1819, des accès subits d'hémorrhagie , des étourdissemens, des vertiges, des convulsions, accès qui sont pariois suivis de paralysie , de folie, d’apoplexies foudroyantes , de morts affreuses. La bière dans laquelle il entre de l'Ivraie produit de même de très-fâcheux accidens. Gette plante, généralement répudiée par tous les bestiaux, portait chez les anciens le nom de Zi zania qui désigne maintenant une plante utile (voy. au mot ZiZANIE) ; elle est par le vulgaire appelée Herbe à couteau , parce que ses feuilles rudes au toucher coupent aisément ceux qui les passent dans leurs mains, et Herbe d’ivrognes, parce qu’elle zause une sorte d'ivresse à ceux quien mangent, quand elle n’a pas entièrement perdu son eau de végétation. Divers agronomes pensent qu'elle est plus dangereuse dans les pays chauds que dans ceux situés au-delà des zones tempérées. Selon eux, en Suède et sur les haules montagnes, elle perd ses tristes propriétés. Je ne partage nulle ment ces assertiohs, jai même acquis la certitad qu'elle est partout également dangereuse, que lorsqu'elle est mêlée au pain, à labièfe, aux bouil- lies, elles les rend âcres et amers , et qu’en y faisant altenlion , il est facile de reconnaître sa présence par l’odeur nauséabonde qu’exhalent ces substances , et par la teinte noirâtre qu’elle leur imprime. Une observalion que j'ai constatée sous diverses climatures, c'est qu'il est plus aisé de la reconnaître durant les longnes années pluvieuses, que lorsque l’année a été très-chande et sèche. Une autre espèce que tout rend recommanda- ble, la scconde dont j'ai parlé au commence- met de cet article, c’est l'Ivrare vivace , Lolium perenne, que l’on a successivement vantée sous les noms de Fromental, de Raygrass et de Gazon an- glais. Cette graminte , représentée en notre Aïlas, pl. 255, fig. 1 (la figure 2 montre la fleur grossic), est indigène à l'Europe; on la rencontre partout au bord des chemins, dans les lieux incultes; elle a pleinement justifié la haute réputation qu’on lui à faite, puisqu'elle réanit deux propriétés intéres- santes aux yeux de l'homme des champs, celle de pouvoir être faachée, et lorsqu'elle est livrée à la pâture, de donner un gazon épais quirepousse aveé force. Soumise à Ja faux avant la floraison , elle -ne fournit chaque année qu'une seule coupe, mais son fourrage est très-substantiel , et fortement ap- pété par les moutons et les chevaux ; quand on lui laisse porter graine, ses tiges sont tellement dures que les bestiaux n’y touchent point. La se: mence de son côté, toujours très-abondante, est en rapport avec la qualité du sol : elle est de hante qualité dans un bon fonds de terre un peu frais; un peu moins sur une glaise sablonneuse ; beau coup moins dans une exposilion sèche, sur une ar- gile tenace. On la répand à raison de trente à quarante kilogrammes par hectare , au mois de juin, immédiatement après quelques pluies ; elle lève au bout de quinze jours et vous avez une prai- rie du plus beau vert qui vous donnera trois et quatre coupes l’année suivante; en automne, Ja germination sera vingt jours à se faire attendre , mais le pied ne sera point assez vigoureux pour résister aux froids de l’hiver , surtout s’ils sont ri- goureux. La sécheresse du printemps est contraire à cette [vraie , et pour lui conserver sa puissance, il convient de l’amender au moins tous les trois ans; le meilleur serait de pouvoir l’inonder chaque an- née durant quelques jours. Les Anglais la sèment ordinairement avec le Trèfle, Trifolium pratense , et ne la négligent jamais lorsque le Trèfle doit sub- sister pendant plusieurs années, parce que l’Ivraie vivace se multiplie de plus en plus à mesure que le Trèfle s’éclaircit, et qu’elle a l'avantage de pré- venir chez les ruminans le gonflement que déter- mine tôt ou tard le Trèflé pur et frais. à Quand on cuhive l’Ivraie vivace pour avoir un gazon magnifique, un tapis bien garni, du vert le plus agréable, on la faache seulement une fois dans la première année, et deux fois les autres: on l’arrose souvent durant la chaude saison , et quoi- que les racines jettent de côtés ét d’autres une grande quantité de rejetons , on fera bien, quand il se formera des vides , de fumer le sol, de le re- tourner et d’y semer de la graine nouvelle. » ; Nous devons à l'Italie une variété de cette es- pèce, appelée par les cultivateurs de ce pays Lo- Jezza. Ses feuilles sont plus larges, plus charnues, d’un vert plus clair; ses épis sont barbus et fleu- rissent deux fois l'an; sa tige succulente atteint communément un mètre et demi, presque le dou- ble de la hauteur de celle de l’Ivraie vivace. Elle ne convient nullement pour les gazons: mais comme fourrage, son rapportextraordinaire l’a fait propager avec une grande rapidité chez les Alle- mands , les Suisses et chez quelques propriétaires français; on la cultive à la ferme expérimentale de Roville, département de Ja Meurthe. On assure que, au bout de sept à huit ans, les prés ense- mencés de cette plante sont aussi forts que la pre- mière année; mais si après celle époque on s’a- percoit que l'herbe devient claire, on laisse alors mûrir la graine, jusqu’à ce que la tige retombé IXIE LU sur elle-même et se sème naturellement ; l’on re- nouvelle ainsi le pré, si l’on ne vent pas ense- mencer de nouveau. (F, 2.55 IXIE , /æia. ( or. P#an. ) Ce beau genre, dont touies les espèces connues appartiennent à l’Afri- que méridionale, n’a dans toute l'Europe qu'un unique représentant que l’on rencontre aux ré- gions méditerranéennes; il fait partie de la famille des Iridées et de la Triandrie monogynie. Quand Linné l’établit, deux seules espèces étaient dé- crites ; son nom lui vient de la corolle plane et très-ouverte qui figure en quelque sorte une roue; mais , depuis, ce genre s’est tellement accru en nombre, qu'aujourd'hui on lui compte plus de cent espèces. Quelques unes offrent de légères différences , ce qui a déterminé certains botanistes à démembrer le genre Ixie, et avec des caractères mipulieux, subtiles, sans importance, ils se sont hâtés de créer à ses dépens une douzaine de gen- res, dont la vraie science a fait justice en les reje- taut; on ne les trouve plus cités que par des élèves dévoués qui, lorsqu'ils auront secoué Je joug de l'école kosaque, rougiront de leur aveuglement et des soltises qu'ils agréèrent par ignorance. Les Ixies sont des plantes herbacées, à racines presque toujours bulbeuses, tuniquées et réticu- lées, dont les feuilles, d’ordivaire ensiformes , en- tières, distiques, s’engainent à leur base, et laissent après leur chute des impressions sur les ra- eines ; elles sont décorées de fleurs le plus souvent disposées en épis élégans , sans pédoncule , et re- marquables par la variété , par le brillant de leurs couleurs ; aussi sont-elles recherchées par les ama- teurs et font-elles un des ornemens de nos par- terres , où elles demandent à être garanties du iroid. Leur caractère est d’avoir la corolle mono- pétale , tubuleuse , \]imbe campanulé, partagé en six déconpures ovales-oblongues , régulières ; les étamines au nombre detrois, portées sur des fila- mens plus courts que la corolle et munies d’an- thères oblongues; un ovaire infère, surmonté d’un style filiforme , terminé par trois stigmates simples; une capsule ovale, trigone, à trois val- ves et à trois loges polyspermes. On les divise en deux sections d'après la hau- teur de la hampe: à la première seclion appar- tiennent les Ixies dont la hampe est plus courte que les feuilles , à la seconde celles dont la hampe est plas longue. I: Un petit bulbe à peine de la grosseur d’un pois chiche, couvert d'une tunique velue , et d’un goût agréable, donne naissance à l’Ixre BULBOGODE, Î. bulbocodium , l'espèce indigène au midi de la France, à la Corse età l'Europe méridionale. Du milieu de feuilles linéaires , canaliculces, glabres, lungues de cinq à seize centimètres , s'élève une hampe courte et simple, souvent uniflore, quelque- fois chargée de deux et trois fleurs. La grandeur de ces fleurs varieselon les individus, elles s'épanouis- sentien mars et avril, sont violettes ou purpurines, avec un onglet jaunâtre, et se montrent toujours accompagnées de deux bractées vertes. La plante aime les-sables maritimes et abonde dans les landes 245 IXIE du sud-ouest, depuis Bordeaux jusqu’à Bayonne. L'Iue rose du Cap, I. rosea , a la hampe plus basse; elle est toujours uniflore , nue, et la fleur qu’elle porte est d’un très-beau rose. Près de ces deux espèces on place l'Ixie EN conyuss, /. co- rymbosa, que Thunberg nous a fait connaître ; sa hampe, très-basse, à côte tranchante, est ter- mince par de pelites fleurs bleues fort jolies. Elles ont toules les {rois passé en pleine terre , et sans souffrir, l'hiver de 1812 à 1815. IL Dans la scconde section on trouve de plus belles espèces encore. En têle je place l’Ixxe rrr- coLors de Curtis, £, tricolor , dont la hampe monte à quarante centimètres, qui se décore de graudes fleurs d’un rouge capucine du plus vif éclat, ayant à la base des divisions de la corolle des taches d’un jaune dort, avec un trait noir ou pourpre- brun qui sépare les deux couieurs. Vient ensuite Pluie ouverte, À. patens, de Gawler; elle à la Bampe droite, grêle, nue dans sa partie supé- rieure , garnie dans le bas de feuilles très-vertes , haute de plus de soixante ceutimètres ; elle perte un épi terminal, souvent simple , Guelquefoïs ra- meux, composé de six à sept grandes fleurs d’un beau rouge, sur lesquelles on voit avec plaisir flotter légèrement des anthères d’un jaune d'or. L’une et l’autre de ces deux espèces étalent la pompe de leurs corolles au milieu du printemps. Nous avons fait représenter dans notre Atlas, pl. 255, fig. 5, l'Ixi£ JAUNE-cITRIN, /. fusco-ci- trina, qui mérite une attention toute particulière. Son bulbe, gros comme une aveline , blanchâtre, produit plusieurs fibres divergentes, terminées chacune par un petit bulbe de la grosseur un pois (fig. 4). Du milieu du bulbe principal, la hampe monte droite à cinquanieet soixante cen- thnètres: elle est glabre comme toute la plante, grêle et cylindrique, garnie à sa base de feuilles linéaires , engäinantes, et couronnée en son som- met par un épi de trois à cinq fleurs sessiles, pres- que: rapprochées en têle. Ghacune de ces fleurs est enveloppée à sa base par une spathe de deux folioles blanches, scarieuses, dont l’inférieure a deux dents, taniis que la supérieure se divise en deux lobes très- aigus. La corolle est d’un superbe jaune citron avec un large cercle disque au centre, sur lequel les trois étamines posent d’une manière piltoresque, leurs anthères jaunes alternant avee un stismate blanc, grêle , divergent et bifurqué. Citons encore l IxiE ANÉMONE , 1. anemonæ/flora, de Jacquin , aux fleurs blanches, lavées de jaune, et l’Exie à ananpes rLeurs, Z. gran@iflora, du même auteur, dont les fleurs d’an jaune pâle ont le tour des divisions rougeâtre en dehors, parce qu'elles s’épanouissent après celles que nous ve- nons denommer, et qu’on en jouit.en jain , juillet et même août. On plante les bulbes des Ixies en septembre ou vers le milieu d'octobre, dans le terreau de bruyère ; on les abrite durant la saison des frimas, etonles metenpleineterrequand le froidn’est plus à craindre, en ayant soin de donner à la hampe un Luleur pour la soutenir, Diverses espèces sont IXOD 2 4 IXOD déjà fort bien acclimatées et passent l'hiver en pleine terre. (T0: 8) IXODE, Zzæodes. (anacun. ) Ge genre, qui ap- partient à l’ordre des Trachéennes , famille des Tiques , a été établi par Latreille, qui le rangeait ( Règn. anim. de Cuv. ) dans la famille des Holè- tres , tribu des Acarides, division des Tiques, avec ces caractères : corps sans distinclion d’anneaux, et n'ayant qu’une petite plaque écaillense , occu- ant son extrémité antérieure ; huit pattes sim- plement ambulatoires ; palpes engaînant le sucoir et formant avec lui un bec avancé, court , tronqué et un peu dilaté au bout. Ge genre était confondu dans le grand genre Mite ou Acarus de Linné et des anciens auteurs ; Latreille, si bon apprécia- tcur de l'importance des caractères, subdivisa le genre Acarus en plusieurs autres basés sur l’orga- nisalion des parties de la bouche. Hermann, dans ses Mémoires aplérologiques , avait aussi senti la nécessilé de diviser le genre Acarus , et il fit, avec ceux que Latreille nomme Ixodes, son genre Gy- norhæstes; d'anciens naturalistes les désignèrent en latin sous le nom de /iicinus, que Degéer avait affecié déjà à un genre formé avec les Poux qui vivent sur les oiseaux: enfin M. Dugès, dans un mémoire ayant pour titre : Recherches sur l’ordre des Acariens en général, et la famille des Trom- bidiens en parliculier , forme , avec les Ixodes, sa quatrième famille , les Ixodés, Ixodei. Le corps des Ixodes est presque orbiculaire ou ovale, irès-plat quand l’insecle est à jeun, mais d’une grosseur, démesurée quand il est repu. Leur bec est obtus en devant; il consiste en un support formé d’une petite pièce écuilleuse, ser- vaut de boîte à la base du sucoir et recue dans une échancrure pratiquée au devant du corselet ; en june gaîne de deux pièces fort courtes , écail- leuses, concaves au côlé interne , arrondies, el même un peu plus larges à leur extrémité ; chacune de ces pièces, vue à la loupe, paraît coupée trans- versalement, et 1l est facile de voir que ce sont deux palpes quise sont allongés et qui ont été trans- formés en gaines. Enfin la bouche présente, entre ces deux palpes ou pièces de la gaîne, le suçoir , qui est composé de trois lames cornées, très- dures , coniques, dont les deux latérales sont plus petiles, et en recouvrement sur la troisième, qui est grande, large, moins colorée, un peu transpa- rente, obtuse au bout, mais remarquable en ce qu'elle porte un grand nombre de dents en scie et très-fortes. C’est au moyen de ces dents que l’in- secte s'attache fortement à la peau des animaux qu'il suce. Gette lame a un sillon dans son milieu, et ses côtés ainsi que toute sa surface extérieure sont armés de dents ; de chaque côté du bec sont placées les dents à peu près à égales distances les unes des autres ; elles augmentent insensiblement de grandeur à partir des premières ou antérieures. Les pattes sont composées de six articles, dont les deux derniers forment un tarse conique qui est terminé par une pelote et garni de deux crochets au boul; celte parlie est d’un grand secours à ces insectes pour se fixer sur les animaux qui se trou- vent à leur portée. Le dessous del’abdomen présente un petit espace circulaire et écailleux qui parai- trait indiquer les organes de la génération. Les Ixodes, malgré leurs organes de locomotion assez fortement constitués, n’ont pas une démarche vive ; au contraire, leurs mouvemens sont lents et pesans; mais ils ont une grande facilité à s’atta- cher avec leurs paltes aux objets qu’ils rencon- trent, même au verre le plus poli; quand ils sont posés sur des végétaux, ils se tiennent dans une position verticale, accrochés simplement avec deux de leurs paites, et tenant les autres éten- dues. Un animal quelconque vient-il à s'arrêter dans leur voisinage, ils s’y accrochent avec les palles qui restent libres, et quittent facilement Ja branche où ils n'étaient fixés que par deux de leurs pattes. Latreille a observé que les Ixodes d'Europe habitent de prédilection les genêts ; mais on en trouve aussi sur d’autres plantes. En Amé- rique, ces Arachnides attaquent l'homme : elles se trouvent dans les bois en quantités innombra- bles, et se tiennent sur les plantes , les buissons, ct surtout sur les feuilles sèches dont le sol est jouché. Si l’on s’arrête un instant dans ces en- droits, et qu’on s’asseoie sur ces feuilies, on en est bientôt couvert, et elles cherchent aussitôt à fixer leur sucoir dans le corps pour pomper le sang. Les Ixodes sont connus en France sous le nom de Tiques; l'espèce quitourmente les chiens de chasse est désignée par les piqueurs sous le nom de Louveite, ou Tique des Ghiens. Une autre nuit beaucoup aux Bœufs et aux Moutons, si on la laisse multiplier; c’est le Reduvius de quelques auteurs. Elles pullulent tellement sur les Bœuls, que Latreille a vu un de ces animaux rongé par elles, au point qu’il en succombait presque, tant il était maigre et affaibli. Aussi les bergers doivent- ils visiler avec soin les bestiaux, afin de les dé- barrasser de ces Arachnides , s'ils ne veulent pas les voir se multiplier à l'infini et nuire à la santé de leurs troupeaux. Degéer a trouvé, sous le ven- tre de l’Ixode réduve, un auire individu de la même espèce, mais tout noir et beaucoup plus pelit, n'ayant que la grandeur d’une graine de navet ; il embrassait le ventre de ces Ixodes avec ses pattes , el se tenait [à renversé, dans un par- fait repos , entre les pattes postérieures , et jamais ni plus haut ni plus bas. Sa têle se trouvait pla- cée vis-à-vis l'endroit du ventre où se trouvent les organes de la génération dans les femelles. Cet auleur a vu ce petit individu y enfoncer sa trompe, ct il est présumable que c’est le mâle qui était accouplé avec les femelles. Les Ixodes pondent une énorme quantité d'œufs, et Chabrier prétend qu'ils sortent par la bouche. Les Ixodes ont la vie très-dure, el ils donnent même des signes d’exis- tence long-temps après qu'on leur a retranché des parties qui semblent être essentielles à la vie. Les moyens que l’on peut employer pour détruire ces Arachnides sont à peu près les mêmes que ceux dont on se sert pour détruire les Poux ; mais les préparations mercurielles sont plus eflicaces. Ce genre paraît être très-nombreux et est encore 2 Jabiru 2. Jacamar JABI 5/5 JABI resque inconnu; c’est un travail que la science devra à M. Walckenaër, qui s’occupe dans ce moment d’un ouvrage général sur les Aptères. Parmi les espèces qui se trouvent en Europe, nous citerons l’Ixope nmiciN, Îxodes ricinus, Lair. ; Acarus ricinus , Linn., Fabr. ; la Tique des Chiens, Geoffr.; Mite réduve, Degter ( Mém., tom. vu, pag. 101, pl 6, fig. 1,2 ), Hermann (Mém. ap- térol. , tom. v, tab. 19 ). Cette espèce est d'un rouge de sang foncé, avec la plaque écailleuse antérieure plus foncée; côtés du corps rebordés, un peu poilus, palpes engaînant peu le sucoir. Cette espèce se trouve dans toute l’Europe, dans Îles bois. Elle s'attache aux Chiens. L'Ixope réTicuzé, Jxodes reticulatus, Latr. ; Acarus reduvius, Schranck; Acarus reticulatus , Fabr., Rœmer, Hermann. Il est cendré, avec des petites taches et des petites lignes annulaires d’un brun rougeâtre; bords de l'abdomen striés ; palpes presque ovales. Cette espèce s’altache aux Bœufs, aux Moutons et autres animaux domesti - * ques, et a, lorsqu'elle est tuméfiée, cinq à six lignes de longueur. M. Audouin a fait connaître ( Ann. des sc. nat., mai 1832 ) deux espèces qui sont : l'Ixonz pu Hémssox, /xodes erinacei , Aud.; l’Ixope À cuapx, Zxodes trabeatus, Aud. Ces deux espèces se trouvent aux environs de Paris. M. Du- gès ( Ann. des sc. nat. ) a fait aussi connaîlre une nouvelle espèce d’Ixode , qu’il nomme Ixope PLOMBÉ, Dugès. Celte espèce s’attache sur les Chiens et les quilie quand elle est complétement repue ; elle acquiert alors une forme ovale, un peu aplatie, comparable à celle d’une petite fève; sa longueur est de cinq lignes; sa surface lisse, lui- sante, est d’un gris plombé, sans aucune tache ni marbrure; elle devient rouge-brun dans l'alcool. L’Ixope NIGUE, /xodes nigua, Acarus nigua, De- géer, Acarus americanus, Linn. Gette espèce cest longue d'environ trois lignes et demie, ovale, aplatie, rouge, avec unc tache blanche sur le dos, et les jointures des pattes blanches. Cette es- pèce se trouve dans l'Amérique septentrionale. Kalm dit avoir vu un cheval dont le dessous du ventre et d’autres parties du corps étaient si cou- verts de ces animaux qu'il en succomba et mourut dans de grandes douleurs. On peut consuller, pour les autres espèces, Fabricius, Hermann et Leach. (EH. L.) IXORE , Zxora. ( BoT. pnax. ) Ce nom d’une divinité indienne a été donné par Linné à l’arbuste qui lui est consacré dans les temples du Malabar : il appartient à la famille des Rubiactes, Tétran- drie monogynie, et se caractérise ainsi qu'il suit : J. JABIRU. Mycteria. (ois.) Ce genre a été établi par Linné et maintenu par Cuvier dans son ordre des Echassiers. Voici ses caractères : bec gros, légèrement recourbé vers le haut, médiocrement fendu , sans fosses ni sillons, renfermant une langue extrêmement courte; narines percées près calice quadrifide , très-petit ; corolle à tube long et grêle, à limbe partagé en quatre divisions ob- Luses; quatre étamines à anthères presque sessiles, saillant hors du tube ; stigmate bifide, épais ; baie à deux loges monospermes. Ces caractères diffe- rent à peine de ceux du Pavetta ; aussi Lamarck avait-il réuni ces deux genres; A. Richard les distingue dans sa classification des Rubiacées , sans doute d’après la configuration des pétales et des graines, En isolant ainsi, le genre /xora pos- sède encore une dizaine d'espèces, qui la plupart sont d’élégans arbustes, à fleurs nombreuses, et remarquables par leur riche couleur. La plus connue est l’Ixore £carLarr, {rora coccinea , L. ; la tige de ce bel arbuste a trois à quatre pieds de hauteur , et se divise en plusieurs rameaux ; ses feuilles sont opposées , presque ses- siles, ovales , pointues, entières, un peu charnues et persistantes. Les fleurs forment au sommet des rameAux un corymbe éclatant et'de longue durée. Originaire de l'Inde, l’Ixore demande de grands soins pour réussir dans nos climats; il lui faut une grande chaleur avec beaucoup d'humidité ; on le mulliplie par marcotles et par boutures. Cette belle espèce est, avec quelques détails, re- présentée dans notre Allas, pl. 255, fig. © à 7. Une autre espèce d’{xora , également cultivée dans nos serres chaudes, diffère de la précédente par ses fleurs roses, Les jardiniers donnent le nom d’/xora aux es- pèces cultivées de Paverra (voy. ce mot). Le Chamelia de Jacquin a été réuni aux Zrora par Lamarck. C’est un arbuste des forêts de Car- thagène en Amérique, très-rameux et chargé d’é- pines ; les feuilles naissent à l’extrémité des bran- ches, ct les fleurs, groupées par trois, sont portées sur des pédoncules solitaires. (L.) IYNX DES ANCIENS. ( ors. ) Les magiciennes de l'antiquité faisaient usage, dans les enchante- mens amoureux, d'une quenouille à quatre bran- ches couverte d’étoupes de lin, et plaçaient au sommet un oiseau. L'on a dit jusqu'ici que cet oiseau était une Bergeronnelte , mais c’est à tort; tout le symbole consistait dans le mouvement perpétuel du cou de l'Oiseau, ce qui prouve que le nom magique Jynx désignait tout simplement le Torcol , chez qui celle singulière habitude est paturelle, lente, sinueuse, et, comme la dit Bufïon, toute semblable aux replis ondoyans d’un reptile. Linné, dans sa nomenclature ornitholo- gique , a conservé à cel oiseau le nom mystique qu'il avait recu des anciens, (T. ». &) de la base; jambes réticulées ; doigts antérieurs, surtout les externes , fortement palmés ; les man- dibules légères et larges de leur bec produisent en frappant l’une contre l’auire un claquement, seul bruit que cet animal fasse entendre. Les Jabirus habitent constamment les terres JABO 246 JABO inondées del Amérique méridivnale, an en trouve aussi en grand ombre dans les vastes savanes marécageuses de la Guiane ; ils ne les quittent que pour s ever à ane grande hauteur dans l'air, où ils se soutiennent fort long-temps ; leur voracité est extrême; ils ne se nourrissent que de pois- sons et de reptiles. Ils sont peu farouches à Ja Guianc, car Bajon rapporte qu'un petit nègre est parvenu, en se cachant le visage avec une branche d'arbre, à en approcher un âgé de 6 mois , d'as- sez près Peur fei saisir les jambes et s’en emparer. La chair des jeunes est tendre et assez bonne à ranger, mails celle des vieux est dure et huileuse. Ges animaux construisent sur de grands arbres, et avec de longues branches entrelacées , un nid très- spacieux dans lequel la femelle ne pond qu’un ou deux œuf ; les peli its, une fois éclos. sont nour- ris avec 5 poisson ; le père et la mère les défen - dent avec le plus grand soin jusqu'à ce qu ‘ils soient assez forts pour suflire par eax-mêmes à leurs besoins. On prétend que le nid leur sert pour plusieurs couvées. 11 L'espèce la plus commune est le Jarmu D’Amé- rique, Mycleria americana, Linné, figuré par Br (eh Se. Var); CIE est pate -grande , blanche ; le cou et la tête sont dénués de plumes, et revêtus d’une peau noire qui prend une teinte rouxe vers le bas; l’occiput seulement a quelques plumes blanches; le bec et les pieds sont noirs ; le cou est long et fort gros. Get oiseau a cinq picds de hauteur verticale et de cinq à six de lon- gueur Lotale. Nous l'avons représenté dans notre Ailas, pl 260, fix. 1. Les jeunes Jabiras'ont le plumage d'abord d’un gris pâle, qui prend ensuite une teinte rose cb Ne pu blanc à la troisième an- née. On donne À cet oiscau divers noms dans les parties de l'Amérique où il'est commun; ainsi il est appelé Touyouyou à Cayenne; Aïaïat au Para- guay: Collierrouge , etc. Suivant Guvier, Barrère Ya confondu avec l’Autruche d'Amérique, ce qui a fait transporter à celte Autruche le nom de Touyouyou où de Zouyou, par Brisson et par Buffon. On doit ajouter à ce genre le Mycteria senega- lensis de Latham, dont le Ciconia ephippirhyncha de Rappel ne paraît différer que parce qu'il est dessiné sur le frais, et montre deux pendeioques à la base du bec. (J. L.) JABOT, Zngluvies. (ois.) On appelle de ce nom une sorle “de poche musculo-membraneuse, à parois dilatables , située au dessus des ne et à la partie antérieure et un peu latérale droite du cou d’un grand nombre d'oiseaux. En général, cette poche se rencontre chez tous ceux qui se nourrissent de substances végétales ; mais elle s'y rencontre à des dexrés de développement plus ou, moins grands, selon que l'oiseau est plus ou moins granivore ou herbivore, Dans ces derniers, dans ceux qui font leur nourriture de fruits mous et pulpeux, de jeunes bourgeons, le Jabot tend à diminuer, Il est même réduit quelquefois à n'être plus qu'un renflement : de sorte que l’on pourrait poser en principe que, plus la substance | que prend l'animal pour se l’assiuiler est sèche et dure, plus son dabot est vaste et fort ; comme, par exemple, celui de Ja Poule, de la Dinde, du Pi- geon, elc. Ilest même à remarquer que, dans l'or- dre des Passereaux, sil’on prend les nombrenses espèces qui sont granivores et qui par conséquent doivent être pourvues d’un Jabot, l’on trouve que cet organe offre de a dl va variations de forme ‘ de grandeur, quelquefois dans le même genre , et quoique la nourriture soit la même pour tous les individas de ce gere, Ces variations ne dépendent plus ici du plus ou du moins de dureté de la substance alimentaire, mais bien de l'état dans luquel cette substance est déglutie. Ainsi le Moineau, le Gochevis, et un grand ane autres qui avalent leur proie sans la broyer, sont ceux des oiscaux, sauf les Gallinacés, chez lesquels le Ja- bot est le plus développé; tandis qu'il est nul ou presqne nul dans ceux qui latriturent, qui n'ex- traicnt d’une graine que la fécule : les Fee les Chan. etc. , sont dans ce cas. Quelques naturalisies, et parmi eux Buffon, ont refusé un Jabot aux oiseaux carnassiers et à ceux qui font leur proie d'insectes. Pourtant Ca- rus, qui considère cette partie comme élant un appendice sacciforme de l’æsophage, dit que cet appendice exisle aussi chez les oiseaux carnas- siers, mais seulement à l’étatrudimentaire. D’ après lui, ce neserait plus qu’une simple dilatation, qu'un renflement du caval œsophagien. Tiedemann, qu'il cite à cette occasion, avance que les Grim- peurs, les Echassiers, les Paimipèdes , les Insecti- vores et les Struthionides. sout même dépourvus de cette dilatation œæsophagienne. Malgré l Énieré de ce savant, nous sommes fercés de n'être pas tout-b-fait de son avis. Il nous paraît que, dans l’ordre des Palmipèdes, les Qies, les Fouset au- tres, ont, sinon un dJabot proprement dit, da moins un renflement de l’œsophage aussi grand que celui des Carnassiers. Parmi les Echassiers, nous pourrions aussi trouver des espèces qui of- frissent la même particularité : ainsi la Poule d’eau, etc. Disons en passant que nous avons xu plusieurs espèces d'oiseaux carnassiers qui avaient un Jabot très-grand. Cet organe, si développé dans les Gallinacés , à fait considérer cet ordre comme correspondant, à celui des Mammifères ruminans. Quelques uns.ont voulu trouver de l’analogice entre le Jabot et: les deux premières divisions 1. l'estomac des Rumi- nans, appeltes, l’une la Panse et l’autre le Bonnot, Quelques autres l’ont regardé comme étant, sim- plement un premier a ao pe en effet, les graines dont l'oiseau l’emplit, subissent, après un séjour plus ou moins long, une sorte de macération 0C- casionte par l’afflux d'une humeur lymphatique que versent des glandes dont nous parierons plus bas : celte macéraiion peut être considérée comme une première digestion, ou mieux comme une/pré- paration à la digestion, Les ornitholosistes ont tous vu dans Je Jabot un organe de peu d importance, .car tons. semblent l'avoir néglisé, On. dirait que, dans les courtes descriptions anatomiques qu'ils en donnent , ils se sont bornés à se copier les uns les autres, sans prendre là peine d'examiner les parties qu'ils al- laient décrire. Ils s'accordent à ne donner au dJabot que deux tupiques , une musculense et l'autre mem- braneuse. Ge dernier mot. a même trop d’exten- sion pour signifier quelque chose de positif, anssi ne l'adoptons-nous pas. Pour nous, le Jabot est évidemment formé de trois Luniques, que nous allons succinctement passer en revue: 1° d’une maseuleuse, composée de deax plans de fibres superposés et se croisant obliquement de hant en bas; 2° d’une muqueuse, parcourue par des vais- seaux sanguins très-déliés, offrant des rides non:- breuses dans les deux sens de son étendue, très- peu ou point extensible, ne devant la dilatation qu'elle prend, par suite de Pintromission de la substance alimentaire dans la poche qu’elle con- court à former, qu’au déroulement des rides que nous. venons de signaler , et toute parsemée, à sa moitié supérieure surtout , de cryptes nombreuses et assez volumineuses (Hunter a observé que dans les Pigeons, à l’époque de leur sortie de l'œuf, ces cryptes sécrètent un fluide lactilorme assez abondant pour servir de nourriture au nouvel ani- mal pendant quelques jours) ; 3° enfin, cette mu- queuse est recouverte dans toute son étendue par une membrane mince, transparente, poreuse et ressemblant à de la pelure d’ognon. Nous nous abstiendrons de la caractériser. Le Jabot commence en baut par un étrangle- ment dû à quelques faisceaux de fibres musculai- res, et se termine en bas, à un pouce au dessus du ventrieule succenturié. (2 G.) JAG, JACA et JACKA. (mor. rnan.) D'où Jacquier, Noms de pays de l’Artocarpus integrifo- dia, Lin. Voy. Jacquixr. (Guér.) JACGAMAR, Galbula. (ors.) Foy. notre pl. 260, fig. 2. Premier genre de l'ordre des Grimpears (Guvier, Règne animal). Linné les avait d’abord réunis, d’après la forme du bec et du corps, avec les Martins-Pêcheurs; mais la différence de la dis- position des doigts , leur nourriture et leurs mœurs ont dû les séparer. Willeghby et Klein les avaient confondus avec les Pics d’après leurs doigts. Bris- son et Latham en ont créé un venre parliculier que Cuvier a adopté sous le nom de Jacamar. Voici les caractères qu’on assigne à ce genre : bec allongé, aigu, dont l’arête supérieure est vive ; pieds courts ; doigts réunis en partie; quelques espèces en comptent deux en avant et deux en arrière ; d’autres, deux en avant et seulement un en arrière (/acamar alcyon , Levaill. ). Tous se nour- rissent d'insectes. On trouve ces oiseaux principa- lement dans l'Amérique méridionale : nous indi- querons les principales espèces. Jacamar vert, G, viridis, Lath., Bufl.: 41- cedo galbula, Lin.; Green Jacamar, Lath.,Synops. ; le Jacamar, Buffon. Get oiseau ne se rencontre qu’au miliea des bois les plus épais ; il vit seul , et dans les forêts les plus sombres de la Guiane , s’é- cartant rarement du canton qu’il a choisi, La tran- quillité et le repos ont tant d’attraits pour lui qu’il reste perché sur une branche peu élevée pendant la plus grande partie du jour. On attribue à son indolence la préférence qu’il donne aux endroits humides, otillronve abondamment les insectes qui font sa seule nourriture, Son chant est agréable mais court, c’est le seul nioyen de communica- tion qu'il ait avec les autres oiseaux de son espèce qui se tiennent dans son voisinage ; son vol est très-rapide et court. Un beau vert doré à reflets cuivreux couvre la têle, les côtés , la poitrine, le dos, le croupion, les pennes secondaires ; les couverlures des ailes et lés pennes caudales de cet animal; les primaires sont d’un brun violet, la gorge est blanche ; depuis la poitrine jusqu’à la queue, quiest arrondie ct composée de dix pennes, Ja conleur est rousse; le bec est noir, garni à sa base de soie; raides qui se dirigent en avant; l’i- ris est bleu; les pieds et les doigts au nombre de quatre sont jaunâtres , les ongles bruns. La lon- gueur totale est de huit pouces. Son nid et ses œufs sont inconnus. Jacawar À concx rousse. Levaiilant prétend que le Jacamar à gorge rousse pourrait n’être que la femelle du précédent, dent il ne diffère que par la couleur de la gorge. JACAUAR A LONGUE QUEUE, G. paradisea, Lath., Buff.; Paradisca Jacamar , Lath. ; Alcedo para- disea, Linn. Il diffère des précédens autant par son genre de vie que par la couleur de son plu- may, quoique cependant sa nourriture soit la mème. 11 se plaît dans les lieux découverts, se perche à la cime des arbres, et recherche la so- ciélé de ses pareils; on le rencontre toujours par paire; son chant consiste en un sifflement doux, répélé et si faible qu’il faut être très-près poar l'entendre. Op le trouve au Brésil, à Cayenne et à Surinam ; son nid et ses œufs sont inconnus. Un brun violet règne sur tout le dessus du corps, le menton et les joues ; la gorge est blanche; la têle et le croupion verts; les pennes primaires et caudales bleu-violet , selon la réfraction de la lu- mière ; deux taches blanches existent sur les deux côtés du corps; le bec et les pieds composés de quatre doigts sont noirs; la queue est étagée et se forme de douze pennes. Chez les femelles les cou- leurs sont plus ternes et sans reflets cuivrés, do- rés et violets. « Jacamar venerTou, G. albirostris, Lath.; G. fla- virostris, Vieill., représenté dans notre Atlas. pl. 260, fig. 2. Levaillant conserve à celte espèce le nom que donnent les naturels de la Guiane à tous les oiseaux de cette famille ; sa taille est inférieure à celle de ceux déjà cités; sa tête est d’un vert rougeâtre , le dessous du cou blanc; le dessus du corps est d’un beau vert doré, la partie inférieure d’une couleur roussâtre ; les couleurs sont moins vives chez les femelles; quatre doigts à chaque pied. JACAMAR VERT A LONGUE QUEUE , G. macroura, Vieill.; G. ruficauda , Cuv., Règn. anim. , 1, 448 (note). Il vient de lile de; la Trinité; la tête, le dessus du cou, le dos, les couvertures supé- rieures de la queue, celles des ailes et leurs pen- Le LE : JACA nes secondaires sont d’un beau vert à reflets do- rés, plus prononcé sur le croupion et les couver- tures supérieures de la queue ; la poitrine présente les mêmes couleurs; la gorge et le devant du cou sont roussâtres ou blancs: le ventre, les parties poslérieures et toutes les pennes latérales de la queue sont d’un roux foncé, ies deux intermédiai- res pareilles au dos ; les grandes pennes des ailes brunes, le bec noir, et le tarse jaunâlre; quatre doigts à chaque pied. Sa longueur est de dix pouces. Jacamar JacamAcImr, G. grandis, Great Ja- camar, Lath,; genre Jacamérops, Levaillant. D'a- près Pallas, Latham et Gmelin ont fait du Jaca- maciri une espèce particulière; il est en effet plus gros da double que le Jacamar proprement dit ; sa taille est à peu près celle du Pic-vert, son bec est carré, les côtés plats, les narines découvertes ; la tête, le menton, le dessus du corps, les cou- vertures des ailes et les pennes secondaires sont d’un rouge cuivré à reflets dorés, les primaires brunes , les pennes caudales d’un gris violet en dessous, vertes dessus ; la poitrine, le ventre, la gorge roussâtres ; une bande blanche au dessus du menton; le bec et les pieds contenant chacun quatre doigts sont noirs ; la queue étagée. Nous avons représenté cette espèce dans notre Atlas, pl 261,fig. 1. JACAMAR TRIDACTYLE, G. tridactyla , Vieïll. La tete, le dessus du cou, le dos, les couvertures su- périeures, d’un brun noirâtre irisé de vert: bec roux cuivré à sa base ; pennes secondaires brunes, liserées de fauve ; menton fauve ; gorge noire ; une partie de la poitrine et du ventre d’un blanc rous- sâtre ; flancs et queuc noirâtres frangés’de roux ; becs et pieds noirs. Sa Laille est de sept pouces. Cette espèce est devenue le type du sous-genre Jacamaralcyon de Levaillant, àcause de l’orga- nisation de ses pieds, qui n’ont que trois doigts, dont deux en avant et un en arrière. (et oiseau est représenté dans notre Atlas, pl. 260, fig. 3. ù (J. L.) # JACAMARALOYON. (ois.) Levaillant a donné ce nom à un sous-genre {formé avec le Jacamar tri- dactyle. Voy. Jacamar. (J. L.) JACGAMEROPS , J'acamerops. (o1s.) Levaillant et quelques auteurs ont donné cette dénomination à un sous-genre fondé aux dépens des Jacamars, et dont le type et la seule espèce est le Jacamar ja- > camaciri (Alcedo grandis, Gmel.) f'oy. Jacaman. ï sx (J. L.) … JACANA, Parra. (ois.) Premier genre de la - famille des Macrodactyles, ordre des Echassiers , établi par Linné et dont voici les caractères : bec médiocre , droit , comprimé latéralement , un peu renflé sur le bout; narines un peu ovales, siluées - vers le milieu du bec ; quatre doigts grêles ,.trois devant séparés totalement, le quatrième derrière portant à terre sur toutes les articulations; on- gles allongés, aigus , presque droits, les posté- rieurs moitié plus longs que les antérieurs ; les ai- les armées d’un éperon pointu; les deuxième et 0 ©, 248 JACA Ce troisième rémiges sont les plus longues de toutes. Quelques espèces portent sur la base du bec une membrane nue, couchée et recouvrant une partie du front. Murs. Les Jacanas se trouvent en Asie, en Afrique, et dans Amérique méridionale; ilsontcon- servé les noms qu'ils portent au Brésil : ce sont des oiseaux criards etquerelleurs, vivant dans les marais des pays chauds, et marchant aisément sur les her- bes au moyen de leurs longs doigts ; mais il ne peu- vent nager; ils s’'enfoncent dans l’eau jusqu’au ge- nou et courent avec légèreté sur les Nénuphars et autres plantes aquatiques à larges feuilles, ils ne se cachent jamais, marchent plus durant le jour que le matin et le soir; leur vol est droit et rapide ; ils se nourrissentexclusivement d'insectes, nichent à terre au milieu d'herbes très-hautes. La ponte est de quatre œufs verdâtres, tachetés de brun foncé. M. d'Orbigny prétend que ces oiseaux ne couvent leurs œufs que pendant la nuit. JAGANA COMMUX , Ou JAGANA proprement dit, Parra jacana, Linné ; Chirurgien brun, Briss. Bec jaune, sous lequel se trouvent deux barbillons charnus, une membrane couchée sur le front di- visée en trois lambeaux; la tête, le cou, la gorge et tout le dessous du corps sont d’un noir violet , la manteau roux, les grandes pennes des ailes ver- tes , la queue courte et arrondie ; les deux pennes intermédiaires mélangées de brun, de marron et terminées de noir ; les pieds d’un cendré verdâtre. La longueur de cet oiseau est d'environ 20 pouces. Ces oiseaux vont ordinairement par couples. Lors- que quelque accident les a séparés , ils se rappel- lent par un cri. Ils sont très-sauvages;’les chas- seurs ne parviennent à les approcher qu’en se couvrant de feuillages ou en glissant derrière les buissons et les roseaux. On les rencontre dans les lagunes , les marais et au bord des étangs, pen- dant et après la saison des pluies; leur vol est ra- pide, mais peu élevé; an moment où ils partent, ils jettent un cri aigu qui s'entend de fort loin et qui ressemble assez à celui de l’Effraye. L'ile de Saint-Domingue est le pays où on l’a trouvé le plus fréquemment ; les habitans lui ont donné le nom de Chevalier mordoré armé. Le Jacana varié, Parra variabilis, Linné , n’est, d’après Guvier, que le jeune âge de cette espèce. m JACANA A NUQUE BLANCHE, Parra albinuca, Is. Geoffr., Mag. zool., cl. 2 , pl. 6. Cette espèce, dit M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , ne nous présente aucune nuance de couleur qui ne se re- trouve dans un ou plusieurs des Jacanas dejà con- nus; mais ses couleurs sont distribuées non seule- ment d’une manière différente de celle que nous observons dans les autres espèces, mais même en sens précisément inverse. Ainsi, plusieurs Jacanas ont la gorge blanche et le derrière du çou noir ; notre nouvelle espèce a au contraire le cou com- plétement noir en avant et complétement blanc par derrière : disposition de couleurs qui forme pour elle un excellent caractère spécifique. Du reste, le corps est tontentier d’un roux-marron , et les ailes d’un noir profond. La queue, très- courte, » PT. 207 ls = Fu * ES » 2 = ‘ d 1 Jacamerops 2 Jacana £. Cuërer du om JACA - ï 249 JACE courte, comme à l'ordinaire , est irrégulièrement variée de roux et de noir, et ses couverlures su- périeures sont en grande partie blanches. Enfin, on remarque au bas du cou quelques plumes d’un jaune doré, qui, exislant en avant et latéralement, sont disposées en demi-cercle ; ou, si l’on veut, forment un demi-collier très-peu apparent. Gette espèce est de la taille de la précédente, elle vient de Madagascar. Nous reproduisons dans notre Atlas, pl. 261, fig. 2, la planche qui a été pu- bliée pour la première fois dans le Magasin de Zoologie. JACANA À LONGUE QUEUE Ou Vupri-r1, Parra si- nensis , Lath. et Gmel,, pl. 117. Il a conservé le nom qu'il porte généralement dans l'Inde, et il se distingue de ses congénères d’abord par la lon- gueur des deux pennes intermédiaires de la queue, qui présentent l’élégante courbure des grandes plumes des Veuves; ensuite deux des grandes pennes de l'aile sont plus longues que les autres ; ane col- lerette blanche liserée de noir Jui couvre le dessus, les côtés de la tête et le devant du cou, dont le derrière est garni de plumes soyeuses d’un.jaune doré ; le reste du plumage est de couleur marron avec des nuances d’un rouge vineux, excepté le haut des ailes et le bord des pennes secondaires qui sont marqués d'une grande plaque blanche. La partie inférieure de quelques pennes alaires présente un petit appendice pédiculé. La taille de cet oiseau est de vingt pouces de longueur. M. La- billardière assure l’avoir souvent rencontré dans les marécages de l’île de Java. JacanA Tuecez, Parra chilensis, Lath, Molina a observé cet oiseau du Chili et l’a décrit dans son Histoire naturelle de ce pays, p. 239 : bec long d'environ deux pouces, et garni sur le front d’une membrane à deux lobes surmontée d’une petite huppe occipitale; le dos, le cou et la par- tie antérieure des ailes sont violets , la gorge et la poitrine noires, le ventre blanc, les pennes alaires et caudales d’un brun foncé , la queue courte. Les ailes sont armées d’un éperon long de six lignes et large de trois; l'iris est jaune, et la pupille brune. Sa longueur totale est de sept à huit pouces. Ces oiseaux vivent dans les plaines et leur nourriture consiste en insectes ; rarement on les trouve par bandes, mais plus souvent par couples; ils. per- chent peu sur les arbres, et se plaisent au contraire dans les endroitsbas; ils sont très-recherchés dansle pays,oùils servent de sentinelles aux naturels quand ils sont en guerre ; en effet, cet oiseau fait rarement entendre sa voix le jour , mais s’il perçoit un son quelconque pendant la nuit, il pousse des cris fort aigus. Ils font leur nid au milieu des herbes; la ponicest toujours de quatre œufs de couleur fauve, achetés de points noirs; si quelqu'un tente de découvrir leur nid , le mâle et la femelle, qui ne se quittent pas, se cachent dans l'herbe, mais quand le ravisseur s’approche de trop près , il se trouve en butte de leur part à une attaque d’autant plus furieuse qu’ils ne quittent la partie qu'avec la vie : c’est selon le même voyageur un gibier qui ne le cède en rien pour le goût à la bécasse, T. IV. Nous donnons ici seulement le nom de quel- ques aulres espèces qui n’ont rien d'intéressant ni par leurs caractères ni par leurs mœurs. | JAGANA CANNELLE, P. africana, Lath. et Gmel., qui ne se trouve qu’en Afrique. — J'acana couney, P. indica, Lath. ; connu dans l’Indostan sous le nom de Coudey;, et au Bengale sous ceux de Pelpe, Mowa et Dolpee. — Jacana Norr , P. nigra, Lath., se trouve au Brésil; c’est le Chirurgien noir de Brisson. — J'acana réca ,P. brasiliensis, Lath. Les Français établis à la Guiane ont donné à cette es. pèce le nom de Poule d’eau ; les naturels l’appel- lent Kapoua. Brisson la décrit sous la dénomina- tion deJacana armé ou de Chirurgien, — Jacana VERT , P. viridis, Lath., se trouve au Brésil. — GRAND JAGANA VERT A CRÈTE, P. cristata , Vieill., se rencontre principalement à l'ile de Ceylan. — JAGANA DE L'ÎLE DE Lucow, P. luzoniensis, Lath., décrit par Sonnerat sous le nom de Chirurgien de l’ilede Luçon. Guvier regarde cet oiseau comme un jeune du Jacana à longue queue où F'uppi-pi. (J. L.) JACAPA. (ors.) Vieillot avait formé un genre sous ce nom; mais Cuvier a classé les espèces qui le composaient dans celui des Tancaras. Voyez ce mot, (J. L.) JACCHUS. (mau.) Nom latin du genre Ouistiti. (Z. G.) JACÉE, Centaurea jacea. (mot. puan. ) Nom d’une plante déjà mentionnée dans la troisième section du genre CENTAURÉE (v. ce mot}. Cette espèce, qui appartient à la famille des Gynarocé- phalées ou Carduacées ( Flosculeuscs de Tour- nefort), et à la Syngénésie polygamie fausse de Linné , a la tige dressée, un peu couchée, haute de douze à dix-huit pouces, anguleuse, velue, blanchâtre, dure, âpre au toucher; les feuilles lancéolées-oblongues , entières ou un peu dentées, rudes comme la tige, surtout celles du sommet, presque pas poilues ; les radicales sinuées-dentées; les fleurs blanches ou plus souvent purpurines ; le calice formé d’écailles sèches , entières, luisantes. se déchirant un peu au sommet lorsque la fleur commence à passer, et dont les intérieures sont dentées-ciliées au sommet; les graines sans aigrette, ou ayant de petits cils très-courts au sommet. Les feuilles de cette plante donnent une belle couleur jaune. Cette espèce offre une variété à feuilles étroites, dentées, presque lobées. Nous ne devons pas laisser ignorer à nos lecteurs que le nom de J'acea, donné, d’après Linné, comme spécifique, est employé comme générique par Tournefort, Vaillant, Jussieu, Cassini et quel- ques autres; mais les Centaurées se ressemblent si bien, elles forment un genre si naturel, que le grand nombre d'espèces qu’il comprend nous a paru un motif insuflisant pour en détruire l’inté- grité. Nous nous sommes contentés d’y ménager des sections afin d’en faciliter l’étude,. La Violette a quelquefois reçu le nom de Jacée pu PRINTEMPS; le Lychnis dioica, celai de Jacér pes JARDINIERS ; le Serratula tinctoria, celui de JAcÉE DES BOIS, (CG. £.) 272° Livraison. 52 JACI JACINTHE, Æyacinthus. (soT. PHAN.) Ce genre appartient à la famille des Asphodélées de Jus- sieu et à l'Hexandrie monogynie de Linné. Voici ses caractères génériques : racine bulbeuse, tu- niquée, à feuilles radicales étroites, à fleurs dis- posées en épi au haut de la hampe. Chaque fleur se compose d’un calise tubuleux, dont le limbe évasé a six divisions recourbées et égales. Les éta- mines, au nombre de six, sont attachées à la pa- roi interne du calice ; elles ont des filets très-courts, des anthères introrses, allongées et à deux loges; l'ovaire est libre, sessile , ovoïde ou globuleax , à six côtes , à trois loges contenant, chacune , envi- ron huit ovules attachés, sur deux rangées longi- tudinales , à l'angle interne ; lestyle, dont on ne peut préciser la longueur, forme trois angles ob- tus, et se termine par un stigmate à trois lobes. L'ovaire se développant devient une capsule ordi- nairement triangulaire , quelquelois déprimée vers son centre, à trois loges renfermant, chacune, plusieurs graines ovoïdes ou globulenses, qui, à leur point d'attache, offrent quelquefois un ren- flement caronculiforme. Sous un tégument propre noirâtre , elles contiennent un endosperme blanc et charnu , vers la base duquel se trouve un em- bryon dressé, presque cylindrique. Ce genre était autrefois beaucoup plus nom- breux en espèces qu’il ne l’est aujourd'hui. Miller et d’autres botanistes modernes ont établi, à ses dépens , les deux genres Muscari et Scilla, dont l’un a pour caractère distinctif d’avoir le calice globuleux , redressé à sa partie supérieure , et l’au- tre d’avoir le calice formé de six sépales bien dis- tincts les uns des autres, et plus ou moins étalés. Cette différence n’a pas été jugée assez importante par À. Richard, et il n’adopte pas ce dernier genre, qui aurait, selon lui, retiré du nombre des Jacinthes les plus jolies espèces de nos bois; si l’on adoptait le genre Scilla en entier, le nom de Jacinthe ne res- sierait plus de nos jours qu’à une belle étrangère qui nous vient, comme les diamans, comme les perles , des bords de l'Orient. Elle dédaigne de se naturaliser dans nos campagnes , et si nous obte- nons qu’elle embellisse nos parterres, ce n’est qu’à force de soins empressés. Jadis elle faisait payer ses faveurs bien plus cher : un seul ognon d’une variélé nouvelle s’est vendu jusqu’à deux et trois mille francs. La J'acinvrue D’OrtexT, Éyacinthus orientalis, L., vulgairement Jacinthe des jardiniers, a le bulbe simple , ovoïide , formé de tuniques emboîtées les unes dans les autres, et recouvertes exlériéure- ment d'écailles sèches d’un gris violacé. De la par- tie inférieure du bulbe, de ce qu’on appelle Ja couronne , part une racine qui se compose de fibres cylindriques, simples et blanches : le cercle vide qu’elles laissent dans le centre est désigné sous le nom d’Oil. Du milieu d’un faisceau de feuilles, dont les unes sont dressées , les autres étalées , al- longées, étroites , un peu canaliculées et pointues, et d’un vert agréable, s'élève une hampe nue de six à dix pouces de haut, cylindrique, glabre, ter- minée.par un épi de jolies fleurs blanches où JACI me er nes rt bleues, exhalant l'odeur la plus suave. À ces fleurs succèdent des capsules déprimées, à trois angles très-saillans et obtus, s’ouvrant en trois valves, ét contenant des graines globuleuses, qui offrent, chacune , une caroncuüle très-saillante à Icur point d'attache. Elle est représentée dans notre Atlas, pl. 262, fig. r, avec une branche de sa variété rose. C’est la Hollande, Harlem surtout, qui est en possession de fournir de Jacinthes tous les mar- chés de l’Europe. On compte jusqu’à deux mille variétés de cette belle Liliacée, et on les a! distri- buées en trois classes : dans la première sont com- prises celles à fleurs simples ; dans la seconde, cel- les à fleurs doubles ; et dans la troisième, celles à fleurs pleines. Les fleurs de ces dernières sont en- tièrement stériles , puisque leurs parties sexuelles se sont changées en pétales : on ne peut les multi- plier que par le moyen des caïeux. Quant aux au- tres , elles se multiplient de deux manières par leurs caïeux et par leurs graines. Par les caïeux on conserve et l’on propage les variétés connues ; par les graines on peut obtenir, tous les ans , des va- riétés nouvelles. Pour des yeux non prévenus , et qui se meltent peu en peine de regarder de quel côté souflle le vent de l'opinion, la beauté est toujours la même, parce que le type en est in- variable : pour eux la Jacinthe sera toujours une belle fleur. Permis aux humbles esclaves de la mode de lui refaser leurs suffrages , lear jugement ne tire pas à conséquence : n’ont-ils pas, dans un temps, exalté l'Hortensia au dessus de toutes les fleurs du monde ? Voyez le mépris dans lequel il est tombé. La Jacinthe sera justement appréciée des connaisseurs dans tous les temps; car à la déli- catesse des formes elie unit la suavité de l’arôme. Un mérite réel se passe de prôneurs. à JAciNTRE Des pois, Hyacinthus non scriptus , Lin. ; Scilla nutans y De Gandolle. Gette espèce est excessivement commune dans tous les bois au printemps. Son balbe est petit, globuleux ; ses feuilles linéaires ; sa hampe , haute d'environ un pied, porte un épi, des fleurs d’un beau bleu de ciel et renversées. C’est à tort, dit À, Richard, qu’elle a été placée par quelques auteurs dans le genre Scilla. Gette opinion n’est point partagéepar tous les botanistes, ainsi qu'on le verra aux mots Muscanr et SGiLLi. Jaciwrae De RouE, 11. romanus, Lin. Elle croît en abondance dans les champs incultes de la Campagne de Rome et dans quelques cantons de nos départemens du sud-est, et fleurit vers la fin de mars ; ses fleurs sont d’une teinte grise sombre. La JacnrHe rannive, À. serotinus, L., est très- voisine de la précédente , et croît dans le midi de la France et dans l’Andalousie. On a beaucoup discuté, dit A. Richard, pour savoir si l'Hyacinthe des anciens était une espèce du genre auquel Linné appliqua ce nom. On sait, en effet, que ce nom était célèbre dans les fables mythologiques des Grecset des Romains. Apollon, jouant au disque avec le jeune et bel Hyacinthe, son favori, le frappe involontairement à la tête d’un coup'auquelilsuccombe, Désespéré ; le dieu "au LE TE Fe A Re ete ges As re 1. Jacinthe 2.3.Jackae. E. Cuérir &r. ne # : JACO. change en fleurs les gouttes de sang de son ami et leur donne le nom d'Hyacinthe. Les poètes qui nous ont transmis cette fable n’ayant pas donné de description de Ja plante qu’ils nommaient Hya- cinthe , les botanistes modernes ont beaucoup va- ré sur ce süjet, Ainsi, les uns, tel que Linné, ont cru que l'Hyacinthe était le Delphinium Ajacis, parce que , suivant Ovide, on lisait sur les fleurs de cette plante les mots at ai, qui rappellent les cris plaintils qe poussa le mourant. Saumaise, Spren- gelet Sibthorp pensent qüe c’est le Glaïeal, Gla- diolus communis; d’autres, et en plus grand nom- bre; croient que l'Hyacinthe des anciens est le Liliumomartogon de Linné, parce que cette plante préseute dans la conleur'de ses fleurs, dans les Ji- gnes qu'elles offrent , beaucoup de ressemblance avec ce que les anciens nous ont transmis sur leur Hyacinthe. Mais on conçoit qu’une pareille ques- tion ne saurait être résolue d’une manière positive et'incontestable, et tel est le vague qui règne à ce sujet que, quelle que soit l'opinion qu’on adopte, on ne manquera ni d'argumens pour la défendre, mi de raisons pour l’attaquer. Les jardiniers ont étendu le nom de Jacinthe à la Tubéreuse, à une Ornithogale, ainsi qu’à une variété de prunes. (G. £.) JACKIE où JAKIE,. (nerr.) C’est le nom d'une espèce fort curieuse, dont il a été parlé au mot GreNotinx de ce Dictionnaire. Nous en avons donné une fixure dans notre Atlas, pl. 260, fig. 2 et 5, ct nous renvoyons à l’article Gne- NOuILLE pour sa description. (GuËr.) JACO:(ors.) Psittacus guinensis cinereus, Bris- son.; Psitlacus erythacus, Guvier, Règne-animal ; c’est Je non vulgaire d’une espèce du sous-genre Cacatoës , représentée dans nôtre Atlas , pl. 263, fig-a. Get oiseau est si généralement répandu que nous avonsicru ne pas pouvoir nous dispenser de donner quelques détails sur ses habitudes et les alimens qui lui conviennent le mieux. Douceur de mœurs ; docilité, attachement pour ‘son maitre, toutes ces qualités domestiques se trouvent réu- nies dans cette: espèce de Perroquet ; aussi est-il celui dont on fait le plus de cas, qu’on apporte le plus volontiers en Europe, et qu’on préfère élever et nourrir en cage: C’est aussi celui auquel les Nègres: de la partie d'Afrique qu’il habite s’at- tachent davantage , ils le prennent iont jeune dans son nid'et l’élèvent pour l’échanger ou le vendre aux Européens qui font la traite ; ce com- merce leur rapporte même beaucoup, car il n’ar- rive pas dans les colonies de vaisseau de ce pays qui n'ait à bord une grande quantité de: ces ani- maux; tousles matelots et la plupart des Nègres cs- clavesén ont un ou plusieursten propre; le premier acte de déférence de l'esclave qu’on vient d’ache- ter; envers son nouveau maître, c’est de lui offrir son: Perroquet cendré , ce compagnon fidèle avec lequel il partageait le peu de nourriture qw’onlui | distribuaità bord , et dont le sort'devient toujours | par la snite meilleur que lesien. Cette espèee offre deux variétés, dont l’une, très-foncée en couleur, est d’üngris-ardoise, et l’autre d’an grisblanchâtre; JACO tous les oiseleurs vendent les foncés pour mâles et les autres pour femelles. Maïs Lévaillant , ayant eu occasion d’en disséquer beaucoup, a acquis lai certitude que les différences de teinte chez eux n’indiquent nullement les sexes: il n’en existe aucune, quant à la couleur , entre les mâles et Les femelles ; il est plas probable ; d’après le même auteur , que ces Leintes différentes sont un effet de l’âge , et que les individus gris-foncé sont les plus vieux. Ces oiseaux ne voyagent pas, ils sont origi- naires d'Afrique , d'où ils sont transportés dans toutes lés parties du monde. On leur apprend facilement à parler , surlout lorsqu'ils sont jeunes, et ils semblent nniter de préférence la voix des enfans; néanmoins ils rendent aussi très-correcte- ment les tons graves d’une voix adalte. Non seu- lement ces oiseaux ont la facilité d’imiter la voix humaine, mais ils semblent encore en avoir le désir; si l’on en juge par l'attention qu'ils met- tent à l’éconter et les efforts qu'ils font pour ré- péter ; souvent on est étonné de les entendre arliculer des mots ou des sons qu'on n'avait pas pris la peine de leur apprendre ; témoin ce Per- roquet de Henri VII, cité par Aldrovande, qui , tombé dans la Tamise, appela les bateliers à son secours, comme il avait entendu les passagers les appeler du rivage. Leur mémoire, cultivée de bonne heure, devient étonnante; Rhodiginus parle d’un Perroquet qu’un cardinal acheta cent écus d’or, parce qu’il récitait correctement le symbole des apôtres. Plus ils avancent en âge, moins ils ap- prennent facilement ; on doit choisir pour Jeur donner leur leçon l'heure après laquelle ils ont fait leur repas ; étant plus satisfaits, ils en sont d'autant plus dociles et attentifs ; ils craignent les corrections, il ne faut user de ces moyens qu’a- vec ménagement. On doit croire que le Perroquet ne s'entend pas parler, mais qu’il s’imagine cepen- dant que quelqu'un lui parle, car souvent on a remarqué qu’il se demande la patte et qu'il ne manque jamais de répondre à sa propre question en tendant effectivement la patte. Get animal est très-capricieux ; s’il prend certaines personnes en affection , il témoigne à d’autres une avecrsion des plus prononcées, sans qu’on puisse -assigner à ce sentiment aucune cause; car même souvent l'objet de sa haineest celui par quiil est le mieux traité. Cet oiseau mange à peu prèside tout; dans son pays natal, il se nourrit de presque toutes sortes de fruits et de graines, il recherche surtout celle decarthame, qui l’engraisse, quoiqu’elle soit pour l’homme un violent purgatif. En domesticité, il mange de tous nos alimens, mais on doit éviter de lui donner de ceux qui sont assaisonnés de persil ; la viande, dont il est très-friand , lui est extrêmement contraire, elle lui donne une espèce de pica ‘ou appétit contre nature qui le force à su- cer, à ronger ses plumeset à les arracher brin à brin partout où son bee peut les atteindre. Il aime beaucoup de sucre-et levin, particulièrement le vin d'Espagnc'et le muscat ; celte boisson lui cause uneivresse pendant laquelle il témoigne sa satis- faction par un babil intarissable et des sauts gro- ———————_—_——_— JACQ 22 JAGU tesques. Il recherche le feu l'hiver et se baigne souvent l'été, Ja pluie surtout dans celte saison lui est tellement agréable qu’il s’y tient des heures entières ayant soin d'étendre ses ailes de manière à en ê:re pénétré. (J. L.) JACOBÉES, Jacobeæ. (mor. ruan. ) Nom de tribu ou de section employé par Adanson, puis par Kunth, dans leurs classifications des Synan- thérées ; le genre Jacobæa en est le type. La tribu d’Adanson n’a pu être adoptée, car elle excluait le genre Senecio , identique avec le Jacobæa ( v. SE- NECON), et s’appuyait sur des caractères purement artificiels. Celle de Kunth est l’une des six qu'il a établies dans la famille des Synanthérées; elle a quelque rapport avec les Sénécionées de Cassini , mais cle comprend moins de genres; voici ceux qui y entrent : Senecio, Cineraria , Cacalia, Ta- getes, Perdicium, Dumerilia, Kleinia, Culcitium ct Bœbera. (L.) JAGQUINIER, Jacquinia. (BoT. Pnan.) Une longue carrière illustrée par des voyages scienti- fiques dans l'Amérique équinoxiale, par des décou- vertes importantes aux yeux des botanistes et par des ouvrages pleins d’observations curieuses, riches de figures exécutées avec soin , qui seront toujours consultés avec fruit, a déterminé le lé- gislateur de la botanique moderne à dédier à Jac- quin (né à Leyde en 1727, mort à Vienne en Au- triche le 15 juillet 1817), un genre de plantes originaires des Antilles et des autres contrées chaudes du continent américain. Ce genre est composé d’arbrisseaux et d’arbustes d’un bel as- pect , appartenant à la Pentandrie monogynie et à la famille des Sapotées. Il a pour caractères es- sentiels d’avoir les feuilles simples , très-entières, éparses, opposées ou verticillées; des fleurs pe- titles, terminales, rarement solitaires, ordinaire- ment disposées en grappes ; le calice persistant , à cinq lobes incombans; la corolle monopétale, presque campanulée , au limbe étalé, ayant dix découpures, dont cinq intérieures sont alternes et petites, les cinq extérieures sont plus grandes et réfléchies; cinq étamines insérées à la base de la corolle; l’ovaire supère, au style très-court, au stigmate obtus ; enfin une baie sèche, globuleuse, contenant six semences sur lesquelles cinq avor- tent, surtout quand la plante ne respire plus l'air natal. On connaît sept espèces de Jacquiniers, que l’on multiplie de marcottes , mais qui récla- ment encore la culture des serres. L'espèce représentée en notre Atlas, pl. 265, fig. 2, est introduite en Europe depuis 1796, et seulement depuis 1814 en France. On la nomme J'ACQUINIZR AUX FLEURS ORANGÉES, J. aurantiaca. C’est un sous-arbrisseau d’un mètre au plus de haut, dont la tige se divise en rameaux fortement chargés d’un duvet court, serré, sur une écorce brunâtre; ses feuilles sont éparses, oblongues, persistantes , coriaces, d’un vert foncé luisant, et munies à leur base de petites stipules brunes et caduques. Ses fleurs s’épanouissent en juillet , se montrent d’un très-beau jaune orangé, cinq et six ensemble en petits corymbes portés sur des pédoncules plus longs que les feuilles. Sous le n° 3 de la même planche on a donné une fleur de gran- deur naturelle, et sous le n° 4 la corolle fendue longitudinalement et développée pour faire voir l'insertion des étamines. Üne espèce très-estimée des Caraïbes, c’est le J'ACQUINIER A BRACELETS , J. armillaris , ainsi nom- mée de l'emploi qu’ils font de ses baies d’un beau rouge comme ornement, Ils les enfilent et en tres- sent des bracelels que les jeunes filles et même quelques jeunes gens portent aux bras avec plaisir. Cet arbuste de deux mètres de haut a les branches renflées aux articulations, les rameaux disposés en forme de verticilles , les feuilles ovales, obtuses avec une pointe, les fleurs petites, blanches, en grappes lâches, pendantes, et exhalant une odeur de jasmin très-prononcée. Sur les bords de l'Amazone, on trouve une espèce qui donne un arbre de troisième grandeur s’élevant à huit et dix mètres, le JaAcouinIER EN ARBRE, J. arborea, et au détroit de Panama le JACQUINIER A GROS FRUITS, J. macrocarpa, très- bel arbrisseau à écorce violette, à feuilles d’un vert gai, à fleurs orangées, avec sligmate en tête noirâtre , et dont la baie, de la grosseur d’une cerise, est également d’un rouge orangé. (T. ». B.) JADE. (win.) Ce nom a été donné à deux sub- stances différentes. Le Jade de Saussure est V'Ar- gite ; et le Jade néphritique est le Népnrire. V. ces mots. (J. EL.) : JADELLE , JODELLE ou JOUDARDE. (os. ) On donne ce nom dans certains pays à la Foulque macroule. (J. L.) JAGUAR. (mam.) Felis onca, Linné; Jaguar, Buf- fon; Felis Jaguar, Lacépède ; Yagona-été ou vrai Fagona en Amérique ; Jaguar ou Tigre d’ Améri- que, Guvier ; la grande Panthère des fourreurs. Buf- fon a méconnu le Jaguar, qu’il a pris pour la Pan- thère de l’ancien continent. Nous ne reviendrons pas sur les caractères de cet animal, déjà signalé au mot CHAT, pag. 98, tom. 11; nous nous con- tenterons de tracer ses mœurs d’une manière un peu plus détaillée, et d’en donner une figure dans notre pl. 263, fig. 5. Cet animal, particulier à l'Amérique, est re- marquable par une force prodigieuse ; rarement il attaque l’homme, à moins qu'il ne soit pressé par le besoin , et encore, dans ce cas , s’il ren- contre une caravane, il saisit d’abord la viande , lors même qu’elle est à la broche , tue les chiens, les chevaux, puis le Nègre, puis l’Indien, et n’attaque le colon qu’au défaut de tous ceux-là ; cependant , s’il a été accoutumé à manger de la chair humaine, il Ja préfère à tout autre aliment; s’il passe à une portée de fusil d’une troupe d’hom- mes ou d'animaux , il attaque le dernier d’entre eux en poussant de grands cris. Il chasse comme le Chat contre la Souris; d’un seul bond , il se précipite sur sa proie, et telle. est la rapidité de son premier mouvement ; qu’ilest tonjours sûr de ne pas la manquer; mais il est lourd quand il veut se retourner ou courir. Nous empruntons à M. d’A- PL. 263. 1. Jaco 2 « 4 Jacquimer. 5. Jaguar fe) : D Euertr der Dei * à AN x | CT pt 2.3.4. Janthines. Æ.Guerin dir. 4 2.Jalap. JAGU nante de ce quadrupède : « Me trouvant en » chasse, on me dit qu'un Jaguar venait de tuer un » Gheval à quelque distance du lieu où j'étais ; »j y courus sur - le - champ, et je vis qu’effec- »tivement il avait commencé à lui dévorer la poi- »trine; je cherchai le Jaguar, et ne l'ayant pas » découvert, je fis traîner ce cadavre jusqu’à por- stée de fusil d'un arbre où je me proposais de »passer la nuit, me figurant qu’il ne reviendrait »pas auparavant ; dans cette confiance, j’allai » manger , laissant pour le surveiller un espion qui “peu après accourut m'avertir que le Jaguar, »ayant sous ses yeux traversé une rivière large et »profonde, était venu saisir le Gheval avec ses » dents, et qu'après l’avoir traîné environ soixante »ou quatre-vingts pas dans une terre labourée, il »avait repassé la rivière et avait gagné avec sa > proïe le bois de l’autre côté: je n’ajoutai foi à cet » avis qu'après avoir moi-même vérifié le fait et suivi »sa trace jusqu’à la rivière; je ne voulus pas me »rendre à l’autre bord, me trouvant sans Chien et éloigné de tout secours. Personne, dans ce »pays, n'ignorewavec quelle facilité cet animal »traîne un Cheval où un Taureau mort et le »conduit dans les bois; on prétend même qu’il »fait la même chose en snrmontant en outre la “résistance que lui oppose un autre Gheval: ou »Bœuf vivant qui se trouve attaché à celui qu'il a mis à mort. » Le Jaguar est un animal nocturne qui rarement s’avance dans les champs découverts ; il habite les grandes forêts, en donnant la préférence au voisi- nage des rivières, qu'il traverse en nageant avec Tacilité ; 11 donne la chasse aux Veaux, aux Tau- reaux,! aux Anes, aux Mulets, et même aux “Chiens ; il les tue d’une manière étrange ; il leur saute sur le cou; alors leur posant une patte de devant sur l’occiput, et de l’autre lui saisissant le museau , il lève la tête de sa victime et Jui brise sur-le-champ la colonne vertébrale. On le ren- contre généralement seul et quelquefois avec sa femelle ; celle-ci fait deux petits, dont le poil est moins lisse et moins beau que dans les adultes ; la mére les guide dès qu’ils peuvent la suivre, les protége, les défend, en attaquant même, sans calculer les périls, tout ce qui peut alarmer sa tendresse inquiète pour eux; du resté, son pelage est le même que celui du mâle. L'haleine de cet animal est fétide ; aussi, pour qu’on ne la sente pas, quand il attend une proie , at-il l'instinct de se tenir toujours de l’autre côté du vent; il est féroce et incapable d’être appri- voisé; jusqu'à présent celui qui l’a élevé depuis ‘son enfance a Loujours eu lieu’ de s’en repentir , “soit que lui-même ou quelqu'un qui l'approchät ait été victime de son naturel sanguinaire; cepen- dant iln’est pas cruel sans nécessité , ilne tue que ce qui est nécessaire à sa consommation , car sou- vent il arrive que, trouvant deux Bœufs ou deux Chevaux attachés ensemble, il n’en prive qu’un seul de Ja vie. "La peau du Jaguar est assez recherchée et-vaut, 253 EEE zara le fait suivant, qui prouvera la force éton- JALA dans l'Amérique, huit ou dix francs, aussi est-il poursuivi vivement. Pour le chasser dans les bois, on a une multitude de Chiens qui, quoiqu'ils ne parviennent pas à le mordre, si ce n’est tout au plus à la queue, l’entourent et l’importunent de leurs aboiemens continuels, de sorte que l’ani- mal, poursuivi avec acharnement , a coutume de monter sur un arbre, s’il en trouve un qui soit légè- rement incliné; comme il n’en descend point d’un saut, mais lentement et à reculons : les chasseurs lui tirent, dans celle position, un coup de fusil , ou} lui jettent un lacet. Lorsqu'on le rencontre dans les champs, les chasseurs à cheval l’enlacent avec facilité par le cou , puis se mettant à courir, ils l’entraînent jusqu’à ce qu’un antre cavalier lui ait enlacé les jambes; alors ils l’étouffent en ti- rant en sens contraire. Quelquefois il se blottit dans un lieu où l’on ne peut employer ce moyen, et quelles que soient les ruses des chasseurs, il tient ferme ; dans ces occasions , il faut l’attaquer dans son fort; le plus hardi des poursuivans, en- veloppant son bras gauche d'une peau de mouton non préparée , l'attaque de pied ferme avec une lance longue de cinq pieds qu’il cherche à lui en- foncer dans la poitrine , ayant soin d'éviter le pre : mier élan de l'animal avec la peau dont il se sert comme d’un bouclier, et en rejetant le corpsen ar- rière; comme le Jaguar s'élève sur ses pattes de derrière pour se jeter en avant, et s’élance en ligne directe sur l’assaillant , pendant qu’il se retourne, le chasseur a le temps de se préparer à une seconde attaque. Quelquefois aussi le piquier est accompa- gné d’une autre personne armée d’une fourche de bois qu’il lui oppose, et au moyen de laquelle ilré- prime ou arrête les mouvemens de l'animal, au moment où il se dispose à prendre son élan; mais ceux qui se livrent à de tels excès d’audace et de témérité finissent toujours par succomber dans cette chasse, quelle que soit leur adresse. (J. L.) JAIS. (min. } Voy. Jaxer et LieniTe. JALAP, (Box. Pnan.) Espèce du genre Liseron, Convolvulus jalappa, dont la racine, plus particu- lièrement , est appelée Jalap, connue en Earope depuis 1610 et très-employée comme purgalif énergique. Elle a recu son nom de la ville de Xa- lapa, au Mexique, où elle a été observée pour la première fois et cultivée comme objet de com- merce: Deux botanistes francais, l’un et l’autre | distingués, l’ont découverte, Thiéry de Menon- ville; en 1777, dans les campagnes voisines de la Vera-Cruz, et Michaux , en 1802, non seulement dans la Géorgie et la Caroline, mais encore dans différentes contrées de l'Amérique septentrionale. Cette racine est très-grosse , fusiforme ou arron- die, pivotante, charnue, d’un gris noirâtre en dehors, blanche à l’intérieur, et laiteuse lorsqu'elle est fraîche. De sa pagie inférieure partent plasieurs rameaux d'inégale grosseur, qui plongent perpen- diculairement dans le sein de la terre à trente- deux et quarante centimètres, quand celle-ci est légère et sablonneuse. Ellé supporte sans souffrir cinq et sept degrés centigrades au dessous du terme de la congélation , lorsqu'une partie même 256 JANT armées d’aiguillons recourbés en dedans, longs et très-aigus; deux tentacules gros , cylindriques , assez longs , obtus, blancs à leur base, toujours noirs dans le reste de leur étendue; ces tentacules sont comme doublés et bifurqués près de leur ra- cine, ou forment par leur dédoublement des pé- doncules secondaires un peu moins longs qu'eux, et qui portent les yeux, suivant quelques auteurs. Les observations de M. Quoy lui ont appris que les yeux n'existent point chez les Janthines. À quelque distance de ces tentacules commence une frange membraneuse qui se perd sur les côtés du pied, comme chez les Troques, mais qui n’a point de filamens ; cet organe paraît destiné à ai- der l'animal dans ses mouvemens , qui s’opèrent en grande partie au moyen du pied; celui-ci est ova- laire , carré ou très-légèrement arrondi en avant, susceptible de changer de forme, et dépourvu d’opercule. À la partie postérieure de sa face in- férieure s’insère une sorte de vésicule allongée que Fabius Columna a nommée Spuma cartilaginea. Cette masse, qui n'existe pas chez tous les indivi- dus, s’amincit pour se coller au pied : elle est for- mée d’aréoles comme spumeuses , disposées sur une lamelle qui a quelque chose du cartilage ; les aréoles ne communiquent point entre elles, et chacune d'elles est une capsule ovigère. Le manteau des Janthines est largement ouvert, et leur cavité branchiale fort ample; celle-ci ren- ferme les deux peignes branchiaux qui sont de vo- lume inégal , et font quelquefois saillie au dehors. Tels sont les caractères organiques de ces ani- maux, qui fournissent en abondance une magni- fique teinture violette qui s'échappe, lorsqu'on les brise, d’un large vaisseau placé dans la ré- gion dorsale. Les coquilies des Janthines sont ventrues, glo- buleuses ou conoïdes , très-minces , à spire basse, et à ouverture subtriangulaire ; elles sbnt extrême- ment fragiles et toujours teintes d’an beau bleu violacé. Ces coquilles ne sont pas rares dans les collections ; les jeunes ont un ombilic apparent et le bord columellaire allongé en pointe ; toutes offrent dans leur forme générale quelques variations qui ont souvént augmenté à tort le nombre des espèces. Les Janthines sont des Mollusques marins qui vivent ordinairement loin des côtes. On les trouve dans beaucoup de mers ; mais elles semblent af- feclionner certaines localités où elles se plaisent plus particulièrement. Lorsque le temps est beau et surtout que la chaleur commence à se faire sentir, elles se montrent par troupes véritable- ment innombrables au milieu de ces endroits d’é- lection, et nagent avec aisance, ayant toujours Ja coquille en bas et le pied en haut à la surface de l’eau. La position que prennent alors les Jan- thines est à pe près analogue à celle qu’on connaît aux Physes et aux Limnées de noseaux douces. Ges Janthines, quoique essentiellement pélagiennes , se voient parfois sur les côtes, lorsque le vent les y chasse; on les trouve alors dans un très-grand . nombre de points de presque toutes les parties du pour savoir quel était ce Buccinum inconnu au- JANT globe ; elles ne sont pas rares sur nos rivages de la Méditerranée; aussi paraissent-elles avoir été observées dès la plus haute antiquité, et s’il fauten croire une remarque ingénieuse de M. Les- son, la pourpre , si recherchée par les anciens , serait fournie par la matière colorante indiquée ci- dessus des nombreuses Janthines qui existent dans la mer intérieure ( Janthina prolongata, Blainv. ). C’est dans la Méditerranée, dit M. Lesson , que vit cette espèce. Elle est jetée parfois sur les côtes de Narbonne par les vents violens, de manière à joncher les grèves. Or, à Narbonne existaient, du temps des Romains, des ateliers de teintüre en pourpre très-célèbres, et il est presque ‘certain que la Janthine était la véritable pourpre employée par les arts à cette époque. À ce sujet on ne peut guère, continue le même naturaliste , récuser la citation suivante. Piinc a décrit deux sortes de coquilles an livre 1x de son Histoire naturelle, comme fournissant la pourpre si célèbre ; lune est nommée par lui Buc- cinum , et l’autre Murex. On a beaucoup disputé jourd'hui, et, comme à l’ordinaire , on n’a peint voulu examiner les productions de la Méditerra- née ; écoutons ce quedit Pline : Au printemps les Buccins s’assemblent ; ils font sortir de leur bouche une cire gluante; leur précieuse liqueur est dans une veine blanche ;, ‘et sa couleur est un rose obscur , verdissant quelque- fois et difficile à fixer; ce n’est que dans l’état de vie que les Pourpres donnent lear couleur ; on les écrase dans leur conque même. On les nomme parfois Gonchylies. La langue des poissons à pour- pre est longue d’un doigt et dure vers la pointe ; leur croissance complète s’acquiert en une année. Les Pourpres se nomment aussi Pélagies. L'espèce petite est le Buccin, dont la bouche est ronde, les lèvres découpées, etc. » À ces traits, auxquels Pline en entremêle plusieurs de hasardés , suivant sa coutume, on ne peut se dispenser de reconnaf- tre dans l'animal qui fournissait la temture pour- prée de Tyr, la Janthine de la Méditerranée, Cette coquille est pélagienne et vit sur l’eau par essaims de millions d'individus ; elle est soutenue sur la surface des mers par des vésicules aériennes que Pline appelle une cire gluante, et elle laisse échapper, aussitôt qu’on la sort de l’eau, une couleur très-pure, très-brillante , du rose violâtre le plus vif. Chaque coquille en renferme près d’une once dans Je vaisseau dorsal du mollusque. Cette couleur prend, par les alcalis, une teinte verte, et légitime ce qu’en dit Pline; ce qu’il ap- pelle une langue est le corps et la tête de l’ami- mal, qui sont en effet arrondis et très-consis- tans, Quelques essais imparfaits, continue M. Les- son , que nous essayâmes à bord de notre vaisseau ,W sur la couleur de la Janthine, nous prouvèrents qu’elle servirait de réactif précieux ; car elle pass très-rapidement au rouge par les acides , et revica au bleu par les alcalis ; par l'oxalate d’ammonia* que elle donne un précipité bleu foncé, et parle | nitrate d'argent une couleur de cendre bleue très- agréable, 0 I JANT 257 JAPO agréable, et qui nous à fourni une très-bonne nuance pour le dessin à l’aquarelle. Avant de faire brièvement connaître les espèces les mieux caractérisées que l’on a distinguées parmi ‘les Janthines, nous devons dire quelques mots sur ‘les œufs de ces mollusques dont la véritable nature n’a pas toujours été reconnue. Fabius Columna nomme , ainsi que nous l’avons rapporté , la masse -ovigère Spuma cartilaginea; mais cette dénomina- tion, quoique ingénieuse, est loin de définir le corps dont il s’agit. Plus tard, M: Desmarets ayant ap- “pris des pêcheurs de la Méditerranée que chez les Janthines les œufs sont attachés sur le pied , com- muniqua ce fait à M. de Blainville. Mais ce der- nier crut devoir le révoquer en doute, s’appuyant de l'autorité d'Everard Home, qui avait décrit et même représenté les œufs des Janthines qui sont, suivant l’anatomiste anglais, disposés en une bande glaireuse enveloppant l'animal, M. de Blain- ville considéra la masse spumeuse qui s’attache au pied des Janthines comme étant une modification de l’opercule de ces animaux. On pouvait ob- jecter néanmoins à cette détermination que toutes les Janthines ne présentent point ce même organe, et que, de plus, celui-ci n’est point en commu- nication organique avec le pied de l'animal, puis- qu’il lui est seulement adhérent. Quoi qu’il en fût, cette opinion fut admise par quelques naturalistes, et M. Rang, qui a, l’un des premiers, confirmé l’assertion des pêcheurs de la Méditerranée, définit encore (Manuel de l’Hist. nat. des Mollusques, p. 196) la masse spumeuse qui s'attache au pied, comme étant l’opercule modifié en un appendice spumeux qui sert à suspendre l'animal à la surface de l’eau. M. Rang fit remarquer que la Janthine * dépose des œufs quelquefois en nombre considé- rable sous cet appendice vésiculeux , qu’elle les y attache au moyen de petits pédicules et les abandonne, comme il le dit (loc. cit., p. 197), à cet organe aérien, chargé dès lors de leur conser- vation, Mais les corps ovoides pédiculés dont parle notre savant collaborateur ne sont pas les œufs eux mêmes ; ce ne sont, comme cela a lieu pour un grand nombre d’autres mollusques, que des capsules dans lesquelles les œufs sont contenus. C’est ce que nous avons indiqué en commencant cet article; la science doit cette observation à M. Quoy (Zoologie de l’Astrolabe, t. 2, p. 244), et à M. Lund (Observations sur les œufs des mol- lusques, Annales des sciences naturelles, t, 1). Les aréoles, dit M. Quoy, ne communiquent point entre elles, et leur masse, indépendamment de la fonction qu’elle a de soutenir la Janthine à la sur- face desflots, sert aussi de support aux enveloppes des œufs qui se fixent en dessus par une ou deux séries souvent très-régulières. Ces corps prennent -un aspect rose, rouge-brun ou violet, selon leur état plus ou moins avancé. Lorsque nous les ou- -vrîimes, on y trouva des'milliers d'œufs d’une ténuité extrême et cependant assez parfaits; car, soumis ‘au microscope, chacun d'eux montra une petite coquille discoïde. M. Quoy fait aussi remarquer que les Janthines, bien qu’elles soient le plus souvent Tome IV, ovipares, peuvent être également vivipares , ainsi que Forskahl l’avait déjà noté; dans ce cas, elles gardent plus ou moins long-tempsleurs ovules dans l'utérus au lieu de les faire passer dans les vésicules en question;les petits peuvent alors êtreentièrement formés lorsqu'ils apparaissent au monde extérieur ; c’est ce que l’on voit chez quelques autres espèces encore, chez lesquelles la génération est ovipare ou bien faussement vivipare, c’est-à-dire ovovi- vipare selon les circonstances. JANTHINE PROLONGÉE , Janthina prolongata, Blainv., représentée dans notre Atlas, pl. 264, fig. 3, l'animal hors de sa coquille, et 2 la coquille vide. Gelte espèce étant celle que l’on pourra se procurer le plus aisément et en même temps celle que l’on peut espérer de voir plus fréquemment à l’état de vie, nous devons faire connaître ses principaux caractères. Elle est allongée , ventrue, et très-dilatée; sa hauteur dans certains cas est de quinze ou seize lignes, et son diamètre de treize ou près de quatorze; sa spire dans l’état complet est composée de trois tours, subconique, courte et comme tronquée , la surface des Lours présen- tant les traces des stries d’accroissement, qui sont obliques et inégales; les stries du grand tour sont en chevron, et leur angle répond à une échancrure anguleuse du bord de la lèvre. La bouche est plus haute que large; la coquille, en général très-fragile, est d’un beau bleu. violacé peu intense et passant au blanc mat sur la moitié supérieure du grand tour. L'animal présente les caractères des autres Janthines, caractères que nous avons indiqués en décrivant ceux de tout le genre. Cette espèce se trouve dans la Méditerranée, et aussi dans quelques parties de l'Océan, Les au- tres Janthines admises par les auteurs sont les Janthina fragilis, Lamk., que Linnæus rangeait parmi les Hélix, sous le nom d’Helix janthina, et la JANTHINE NAINE, J. exigua de Lamarck. La pré- cédente est des mers australes et de l'Inde, celle- ciest de l’océan atlantique. Nous en avons donné une figure sous le n° 4 de notre planche 264. (Gerv.) JAPON. (céocn. Pays.) Cet emp're, peu connu sous le rapport de sa géographie physique, est situé entre 26° 35' et 4o° de latitude nord , el126° 30° et 147 de longitude est. Il se compose de trois îles principales, Niphon ou Nipon , Sickokf on Sicoco, et Ximo ou Kiou-Siou. La première a 300 lieues de longueur sur 80 de largeur; la seconde 50 sur 26, et la troisième 80 sur 20. Les productions miné- ralogiques de l'ile de Niphon se font remarquer par leurs richesses : outre le cuivre et le mercure que l’on y exploite, l'or et l’argent s’y trouvent en si grande abondance que le gouvernement ja- ponais a été obligé, pour nepas en voir baisser la valeur, d’en restreindre l'exploitation par une loi. Niphon renferme aussi des montagnes volcaniques qui fournissent du soufreet du bitume. On compte jusqu’à dix cratères qui ne sont pas élcints, Des couches de houille ont élé remarquées dans le nord de l’île. Les renseignemens que l’on possède sur Sickokf, 273° Livaaison, 53 JARD située ausud-ouest de Niphon, sont trop incertains “pour que l’on puisse se former une idée exacte de celte île; on sait seulementqu’elle est très-monta- euse. Kiou-Siou est la plus méridionale et la plas occi- dentale des grandes îles du Japon; on trouve dans “son intérieur de très-hautes montagnes; la nature s’est plu à l’embellir, Mais malheureusement ses volcans et de fréquens tremblemens de terre y por- tent trop souvent ladésolation. En 1526, le mont Illigigama lança jasque. dans lamer une inmense quantité de rochers, et vomit ensuite un énorme torrent qui renversa tout cequi se trouva sur son passage. Les rivières ne peuvent avoir un long cours dans les iles du Japon, excepté dans la plus grande : ainsi le Zenrion, dans l'île de Niphon, a environ 40 lieues de cours, ct c’est la plus considérable, Mais elles sont généralement larges et rapides. Un des plus grands lacs de Niphon est celui de Oitz, qui donne naissance à deux rivières sur les versans opposés. Le lac Soura ou Soura-no-milsou-oumi est re- marquable par le grand nombre de sources miné- rales qui s’y jettent. Outre les trois îles dont nous venons de parler, l'empire du Japon en comprend encore un très- grand nombre d’autres beaucoup plus pelites. En général , le Japon possède tous les végétaux quicroissent en Chine : ainsi l’on y récolte le Riz, le Froment, le Sorgho, des Patates, des Melons , des Oranges, des Pêches, des Figues; parmi les plan- tes à épices, on peut citer le Gingembre et le Poivre; le Thé vert y croît aussi; cependant il est imférieur à celui de la Chine. Les arbres à vernis (hus vernix) y viennent en abondance, et fournissent ce beau vernis que mous n’avons pas encore pu imiter. On y rencontre aussi une grande quantité de plantes d'agrément. Onien a rapporté des plantes que la médecine a su uti- liser , telles que le Muguet du Japon, l’Acore aromatique , la racine de Squine, Corchorus japonicus, et V'Artemisia vulgaris. Les Boucs, les Moutons et les Cochons sont bannis du Japon comme nuisibles à l’agriculture ; on y trouve peu de Chevaux; on emploie au labourage des Va- ches de petite taille et une variéié de Bufile qni a ure bosse sur le dos. Les Chiens y sont vénérés, on les y nourrit anx dépens des villes. Dans le mord on rencontre des Loupset des Sangliers ,1et des Ours noirs que l’on dit avoir un croissant blanc sur les épaules. Il s’y trouve aussides Renards, mais ‘en général peu d'animaux sauvages. (J.H.) à JAQUIER. (or. Pxan.) On a long-temps con- fondu sous ce nom toutes les ‘espèces du genre Anrocanre (voy.ice mot) ; il appartient à une seule espèce, l’Artocarpus jaca ; quelques auteurs de donnent maladroitement au Bedo, Artocarpus ün- tegrifolia. (T. D. B.) ! JARDIN, (acn. et nor.) Lieu cultivé pour l’u- tile et l’agréable, ordinairement fermé de murs ‘ou ide haies vives , et attenant à l'habitation :ru- rale, Il y a plusieurs sortes de Jardins, le Jardin ‘Potager ou légumier, que l’on nomme aussi ma- 208 raîcher; le Jardin fruitier, ou le verger ; le Jardin mixte qui réunit ces deux sortes en une seule; le Jardin fleuriste et le parterre; le Jardin normal , le Jardin de naturalisation, le Jardin botanique , le Jardin médical, et le Jardin paysager ou d’or- nement. Les uns entrent dans la pelile pro- priété; les autres, exigeant de grands domaines, appartiennent aux étais dans l'intérêt de 1ous, ou sont Jimités à quelques riches amaleurs, et aux mains de spéculateurs plus ou moins instruits, Les premiers Jardius ont été créés pour rendre le séjour des villes moins monotone, pour rappe- ler les jouissances champètres à celui que des ira- vaux. sédentaires retiennent dans ces enceintes pompeuses , théâtres des grandes passions, que l’on nomme villes; on a voulu de la sorte tempé- rer par les douces occupations de la terre le bruit assourdissant de plusieurs milliers de volontés agissant sans cesse l’une à l’envi de l’autre; ona voulu satisfaire le goût en le flattant.et en l’égayant par mille tableaux divers. Tribuit colenti maltiforme gaudium, a dit avec raison le poète marseillais Vomanus , qui vivait à la fin du quatrième siècle de l’ère val- gaire, ainsi que nous allons Je voir en examinant le but que l’on se propose en adoptant telle ou telle autre sorte de Jardin. S'il faut en croire Rudbeck , lemot Jardin vient du vieux mot celte giærda, conservé par les Scan- dinaves ; il désignait l’action de clore , comprenait toutes les circonstances qui découlent de cette idée principale, et fut appelé par les derniers Gan- lois sala , habitation close, comme Tacite nous lapprend, comme Montesquieu l’a parfaitement conçu. Varron et Virgile justifient ces faits par des traditions qu’ils ont été dans le cas de vérifier. Homère , en nous parlant des vieux Grecs , nous montre dans les jardins utiles et agréables d’Alci- noûs , et des Laërce, qu'ils eurent les mêmes usa- ges que cheznos aïeux, et qu’ils se firent une joie de rassembler auprès de leurs rustiques demeures , sur'un Coin de terre sans cesse travaillé, tout ce qui devait charmer les yeux et satisfaire le goût. L'état prospère des Jardins est une preuve que l’agriculture est florissante. Celle-ci n’ajamais été plus triste , moins appréciée chez nous qu’à l’épo- que du grand siècle, comme l’appellent des cour- tisans et les coureurs de pensions ; ce fut aussi le temps du plus mauvais goût pour les Jardins. JARDIN BOTANIQUE. L'institution des Jardins botaniques , c’est-à-dire destinés à réunir des ccol- lections vivantes de végétaux de tous les pays, dans la vue d’en étudier les caractères, d'en. sui- vre le développement successif, de les comparer entreeux, et d'en démêler les propriétés réelles, n’est point , quoiqu’on ait dit le contraire , anté- rieure au commencement du treizième siècle de l'ère vulgaire. Long-temps-confinées dans la soli- tude de quelques couvens , ces collections , d’a- bord très-exiguës, ont pris de l'extension par les voyages des navigateurs génois et français au quatorzième siècle , particulièrement durant le v RS EE 1 mm JARD 259 JARD siècle suivant qui vit le Portugais B. Diaz toncher le cap des Tempêtes, aujourd'hui cap de Bonne- Espérance, Vasco de Gama le franchir et voguer droit sur l'Inde, et Colombo de Gênes retrouver J’'Amérique dont l'existence était perdue depuis la ruine des Scandinaves. Les Jardins botaniques de- vinrent alors un motif d’ostentation pour les riches et un moyen nouveau d'étendre les connaissances d’une science qui cherchait me base pour s’asseoir et s’élincer dans la voie des progrès. D’après les recherches de Gessner, on en comptait déjà, en 1560, plus de cinquante sur le sol de l'Italie, et déjà la France, la Suisse , l'Allemagne, les Pays: Bas, en avaient un certain nombre où l’on ensei- gneit publiquement à démêler les propriétés vraies oufansses, on seulement imaginaires des plantes. Les démonstrateurs, saus le titre de Simplicistes , expliquaient ces vertus d’après Dioscoride et les vieux médecins d'Alexandrie. L’unique bien qu’ils ont produit, et dont on puisse leur savoir gré, c’est d’avoir soilicité l'attention de ceux qui les écou- taientisur tous les végétaux indistinctement ; en les sonmettant à des investigations plus ou moins régulières dans la vue de découvrir des propriétés médicinales, ils ont réellement ramené les esprits vers les études solides de la botanique enseignées par Théophraste. La Gaule belgique et les Hollan- dais furent les premiers à quitter les routes phar- maceuliques pour s'attacher aux végétaux les plus brillans etles plus rares. (Ÿ’oy. JARDIN-LEURISTE. ) Ilsrecherchaient avec ardeur les plantes exotiques; pour se les procurer , et pour les conserver malgré la rigueur des hivers, ils n’épargnèrent ni dé- penses .ni voyages lointains. Leur pays offrait alors ,‘aïnsi que nous l’apprend Lobel de Lille, tous les trésors de l’Europe , de l'Asie et de l’A- frique végétales. Ainsi qu’on le voit, ce furent d’abord des amis de l'humanité: et de la science qui réunirent les collections vivantes de végétaux à leurs risques et périls. Lesgouvernemens songèrent seulement aux dernières années de lapremière moitié du seizième siècle à’en faire entrer de semblables dans le do- maine public, et à les faire servir de dépôts aux plantes nouvelles. tLe-premier Jardin botanique ouvert aux frais ded'étatest celui fondé à Pise, en Toscane, dans l’année 4545 , par les soins de Luca Ghini. Ce pai- sible observateur y. rassembla non seulement les espèces les plas belles et les plus rares, mais en- core presque toutes les plantes indigènes au sol deux fois classique de l'Italie; il y joignit encore le:scmis des graines qu’il tirait des autres pays, particulièrement de Gandie, de l'Egypte, de la Grèce , et de l'Inde. Belonwisita ce Jardin en 1555, alors que sa direction était confiée aa célèbre Ce- salpini. Il fat autant étonné dela beauté du site, du nombre et de la variété des plantes , que de la distribution méthodique et de la culture soignée qu’on leur donnait. | Padoue vit créer le second Jardin botanique en 1546 et grandir ainsi la gloire de son univer- sité, où l’on se rendait du fond de la Russie pour | étudier les”sciences, les lettres et surtout l’his- toire naturelle. Anguillara, qui le dirigea d’abord, eut pour successeurs des hommes fort habiles, Guilandin , Cortusi, Prosper Alpini, dont les noms rappellent des genres de plantes et de vrais services rendus à la science des fleurs. Vingt-deux ans plus tard, Aldrovandi jeta les fondemens du Jardin botanique de Bologne. Rome eut le sien à la mêmeépoqne, ainsi que Florence. Ces dates ne sont point les mêmes que celles données par ‘Tournefort, adoptées par Halier, par Linné, et répétées par tous ceux qui les ont ser- vilement copiés : ce sont les seules véritables, je les ai textuellement copites aux registres des éta- blissemens et constatées. par l'examen des actes authentiques de la fondation. Quoique la France eût depuis longues années l’exemple de Gharles de Saint-Omer, ct principa- lement celui dusavant L'Ecinse (dit Clusius), qui cultivait presque toutes les plantes qu’il décrivait avec tant d’exactitude el de plaisir, elle négligea de prendre l'initiative, et se laissa devancer par les Belgeset les Hollandais: En imitant les Italiens, ces deux peuples voulurent onvrirdevant eux une carrière plus large. La ville et l’université de Leyde, en 1579, remirent aux mains de Cluyi, phyto- graphe passionné, le soin de Jui créer un Jardin botanique. Ge savant répondit à la haute confiance de ses conciloyens, et pour compléter son œuvre, ilenvoya son fils recueillir des graines. et des plan- Les vivantes Lant cn talie que sur les côtes mé- diterranéennes, en Afrique et dans la péninsule des [bères. Onze ans après sa fondation, le Jardin possédait, soit dans les serres , soit en pleine terre , treize cent trente espèces positives. Les di- recteurs quise succédèrent dans ce bel établisse- ment en élevèrent le nombre à six mille, les va- riétés comprises. Le Jardin botanique de Leipsik date de 1580; celui de Kæœnigsberg, de 1581; celui de Breslau, de 1587; celui de Heidelberg, de 1593. Belon, de retour de son second voyage scientifique dans le midi, les Alpes et l'Italie, en 1559, sollicita pour la France de semblables fondations ; les guerres civiles étouffèrent sa voix, commeelles servirent de prétexte pour l'assassiner, en 1564; cependant ses vœux ne furent point perdus, ils eurent de l’écho, et en 2597 Richer de Belleval ent l'hon- neur de jeter les bases du Jardin botanique de Montpellier ; que Broussonnet enrichit de végé- taux précieux par lui étudiés sous toates leurs phases aux files Canaries , au pied de l'Atlas, sur la côte de Mogador , etc. Gui de la Brosse voulut le même avantage pour Paris; il dressa le plan en 1626; il ne fut adopté qu’en 1655, qu’on se trouva fatigué deses longues sollicitations, selon l'expression pleine de grâces de celui qui régnait alors. Quand, l’année suivante, il fut ouvert aux élèves en médecine et aux sim- plicisies, on y comptait dix-huit cents plantes ; et en 1640, époque à laquelle commencèrent les démonstrations ; ce nombre arrivait déjà à deux mille trois cent soixante, Il fut angmentéen 1680, JARD: 260 JARD 4 mais sa véritable gloire date de 1693, quand la direction en fut confiée à Tournefort. Buffon l’a- grandit; par les soins de Bernard de Jussieu, par ceux de Lemonnier, de Desfontaines et des nom- breux botanistes voyageurs expédiés sur divers points du globe, par les travaux d'André Thouin comme horticulteur (travaux que nous avons eu la douleur de voir détruits, bouleversés par une ain profane ), la vaste étendue de pleine terre et de serres qu’embrasse aujourd’hui le Jardin bo- tanique de Paris offre maintenant le plus beau, le plus riche établissement de ce genre : il ren- ferme plus de soixante mille plantes vivantes. Les abus qui s’y dénoncent à chaque pas disparaîtront plus tard et feront place à une administration micux entendue ct nécessairement plus régulière. Avant de jeter un coup d’œil rapide sur jtous ceux de l’époque actuelle , terminons la liste des Jardins botaniques fondés aux seizième et dix- septième siècles. Gelui de Geissen date de 1605 ; celui de Fribourg en Bohême de 1620 ; celui d’Al- torf de 1625 , et fut alors estimé le plus beau de toute l'Allemagne. Ceux de Rintlen, Ratisbonne et Ulm sont de 1629; de Iéna, de 1629; de Mes- sine et de Copenhague , de 1638. Oxford en eut un en 1640; le célèbre Munting éleva celui de Groningue en 1641. Celui d'Upsal est de 1657; celui de Kiel, de 1669; d’Ab6, de 1670; celni de Berlin, de 1659 ; de Helmstadt, de 1683; Amsterdam , de l’année suivante; Strasbourg , de 1691 , et Ingolstadt, de 1700. En Angleterre , les Jardins botaniques propre- ment dits ne sont pas nombreux ; mais en revan- che les établissemens particuliers y sont d’une grande somptuosité. Depuis celui que Jean Tra- descant cultivait à Lambeth, depuis 1650, et où l'on trouvait réunis les végétaux de presque toutes les contrées connues, jusques à ceux si riches, si bien Lenus des frères Loddiges à Hackeney, et de James Lee à Hammersmith, l'intervalle est rempli par les Jardins de Chelsea , fondé en 1759, et de Ke qui date de l’année 1760. Le Jardin botanique de Glascow, fondé en 1817, et celui de Chiswyck. en 1824, méritent aussi une men- tion particulière. L'Allemagne cite avec orgueil le Jardin botani- que de Berlin, si long-temps dirigé par Willdenow; celui de Hales, qui date de 1725, à la tête du- quel est placé le savant Kurt Sprengel; celui de Géættingue fondé en 1727; celui de Schænbrunn, créé en 1753, siriche en plantss rares , et si long- temps le théâtre de la gloire de Jacquin ; celui de Munich, créé en 1810 et dans lequel Martius a déposé les richesses qu'il est allé demander au continent méridional de l'Amérique. Dans les Pays-Bas, depuis le beau Jardin de Cliffort, où Linné data plus d’un de ses immor- tels écrits, on ne peut plus citer que ceux ouverts en 1808 à Gand, la ville chérie de la botanique , et en 1810 à Tournay et à Bruxelles. Au nord de l’Europe , Upsal, à jamais illustrée par les noms de Linné , de Thunberg, soutient sa haute réputation, Pétersbourg, planté en 1725, augmenté depuis 1814 des dépouilles du Jardin de Gorinki , montre avec orgueil ses serres éten- dues sur un espace de cent cinquante mètres de longueur ; tandis que, au centre, Genève appelle l'attention, et au midi Naples agrandit le sien par les voyages, le zèle, la correspondance étendue et le dévouement éclairé de Tenore. Madrid, qui date de 1753, Coimbre de 1773, commencent à retrouver dans les botanistes chargés de les diriger les hommes chers à la science, dignes de succéder à Gavanilles, à Correa de Serra. Wallich a rendu célèbre celui qu’il a fondé, en 1785, à Calcutta, sur les bords du Gange, soumis, comme le Nil, à des crues périodiques. Je ne parlerai pas ici de la culture des SERRES (voy. ce mot), ni des Jardins botaniques existans dans nos départemens ; mais je dirai que si tous étaient confiés à des hommes habiles, dévoués, ils seraient une source inépuisable de richesses pour l’agriculteur comme pour l’horticulture , par les distributions gratuites qu’ils doivent faire chaque année du produit des récoltes, tendant à propa- ger des espèces ou même de simples variétés. Quant à ceux de l’une et l’autre Amérique, ils sont encore trop jeunes de fondation pour exciter un grand intérêt. Cependant il y aurait injustice à passer sous silence ceux de New-York, de Phi- ladelphie, et à ne pas applaudir aux efforts que l’on fait pour donner à tous une grande extension. Ce n’est point ici le lieu de détailler les con- structions à faire, les distributions à donner au sol, la direction à imprimer aux travaux pour mettre un Jardin botanique en état de répondre à toutes les exigences des plantes exotiques, ni le classement à adopter pour le rendre utile aux élè- ves et faciliter l'instruction. Il existe de beaux modèles , il suflit de prendre ce qu'ils ont de bon et d’applicable à la localité. # JARDIN DE NATURALISATION. Les méthodes de naturalisation généralement adoptées dans les éta- blissemens publics et privés de botanique, sont contraires à l’acclimatation réelle des végétaux. ‘Ce n’est point en passant par les prisons vitrées ue l’on nomme couches et serres, que la Vigne, l'Oranger, le Noyer, le Mûrier, le Grenadier, l'Oli- vier, etc., se sont assis sur notre sol et lui sont devenus comme indigènes et spontanés; c’est en remontant lentement l'échelle des diverses tem- pératures. On peut, ilest vrai, citer comme pro- spérant aujourd'hui dans quelques parties du Por- tugal et de l'Espagne, certains arbres sortis des jardins botaniques, tels que l’Avocatier des An- tilles, Laurus persea , le CGorossol du Pérou, Anona cherimolia , et d’autres plantes qui y donnent de bons fruits ; en France , le Gouyavier blanc, Psi- dium pyriferum , qui parvient aujourd’hui dans nos départemens du midi à sa grandeur naturelle de quatre mètres, y fournit des fruits sains, agréables , et des semences qui germent et lèvent bien ; le Tacamahaca des jardiniers, Populus bal- samifera, dont j’ai vu de superbes individus en pleine terre près de Chartres ; le Dattier, l’orgueil . et la ressource du désert, Phœnix dactylifera, JARD 261 JARD est cultivé aux environs de Saint-Tropez, dépar- tement du Var, il y vient aussi bien dans les icr- rains naturellement inondés que dans ceux arrosés artificiellement, etc. Mais il faut avouer qu’en sortant de l’enceinte artificielle , ils ont trouvé des Jocalités propices, et que Rà seulement ils se mon- trent tout rayonnans de force et, si je puis le dire, de gaîté, Sans doute il ne faut pas croire que la différence de chaleur de deux pays soit un obstacle invin- cible à la naturalisation. Si la chaleur de notre zone est moins forte que sous les tropiques , nos jours d’élé sont beaucoup plus longs, nos nuits moins fraîches. Les plantes herbacées surtout y su- bissent des variations plus rapides dans la durée de leur végétation. En Russie , où les chaleurs de l'été sont très-vives et comptent à peine une qua- rantaine de jours, l’orge parcourt toutes les phases de la végétation dans ce court espace de temps tout aussi bien que chez nous où elle demeure sur le sol durant six mois, Pour quelques plantes, il leur suffit de prendre l'habitude de pousser très- tard au printemps, pour continuer à croître jus- qu’à ce que l'hiver oblige à les abriter dans l’oran- gerie. Pour d’autres, il faut les exposer à une cha- leur sonterraine douce, humide , puis leur donner les rayons solaires en leur administrant à propos des arrosemens fréquens, mais légers : elles fleu- rissent d’abord pendant notre hiver, puis insensi- blement elles arrivent à changer d'habitude et à prendre possession du sol. Les arbres des pays chauds ont une séve per- pétuelle, aussi ceux qui ne sont pas munis de boutons écailleux se trouvent-ils toujours exposés à être gelés, s’ils ne sont pas convenablement abri- tés. Il y a cependant des exceptions surprenantes, surtout pour les végétaux de pays où la tempéra- ture n’est pas très-élevée ; c’est à l'expérience à donner à ce sujet des résultats certains et à servir de guide. On se rappelle les services rendus à la science par les Jardins de naturalisation fondés en 1750 par J. G. Loten, dans l’île de Ceylan et au cap de Bonne-Espérance ; la France a voulu en avoir un à l'ile Maurice, un à Cayenne et même un sur les côtes du Sénégal, mais ces stations me parais- sent mal choisies. Il serait à désirer que l’on pré- férât, comme Sabin Berthelot en a eu l’idée, les îles Canaries pour toutes les plantes des Tropi- ques , et nos départemens du midi pour celles des deux latitudes placées entre les degrés 30 à 40. JARDIN FLEURISTE. Ainsi que nous l’avons dit au mot FLeurs (voy. t. 111, p. 224 et suiv.), ces aimables ornemens de la terre ont, dans tous les âges , attiré les regards, fixé l’amour de l’homme. En tout temps il a pris plaisir à les voir orner son habitation, et pour en jouir pleinement, il les a appelées de tous les climats sur le coin de terre où il trouve tant de charmes à se livrer à leur culture. L'origine du Jardin fleuriste se perd en effet dans la nuit des temps. On y réunit d’abord tout ce que les rives du ruisseau gazouillant, Ja sombre forêt, le sommet de la montagne et l'émail des prairies offrent de plus brillant, de plus varié par les couleurs et par les formes ; puis on voulut trouver auprès de ces fleurs indigènes ce que les contrées limitrophes , enfin les régions les plus lointaines présentent de plus agréable, de plus suave, de plus parfait. Dans un Jardin fleuriste tout est soumis à un ordre symétrique et si bien calcalé que la verdure et la variété des autres couleurs doivent se marier agréablement, les parfums s’exhaler de toutes parts et rouler, pour ainsi dire, en larges flots avec l’haleine des zéphyrs. Il faut que le sol soit peu élevé , bien aéré, abrité contre les froids du nord, ainsi que du côté par lequel soufllent d’ordinaire les ouragans, les vents impétueux , et cependant il importe qu'il ait, soit par art, soit artificielle- ment, toutes les expositions, afin que les fleurs des climats différens y trouvent des situations propices. Jamais un fleuriste ne réussira s’il est environné de hauts bâtimens ; le soleil y vient trop tard, il s’en éloigne trop tôt, la chaleur humide s’y concentre et détruit tout. La pente du sol a besoin d’être douce, presque insensible, pour em- pêcher les eaux pluviales d’y séjourner. Le fonds veut être bon; mieux il a été préparé, moins il cause de frais , de travaux et d’embarras. Quicon- que désire se livrer à la culture desfleurs s’impose de grands devoirs. La préparation du terreau, la conduite des eaux , l’entretien des serres , des cou- ches, exigeant beaucoup de temps, c’est un centre perpétuel d’activité, où l’attention toujours en haleine doit se porter non seulement sur chaque individu que l’on cultive, mais encore sur les amas de fumiers, de litières, de terre de bruyère, sur l'arsenal qui renferme les cloches, les châssis vitrés , les vases, les caisses de toutes les dimen- sions , les cribles en fer et en crin de tous les dia- mètres, les claies, les gradins, les toiles pour garantir du soleil ou des gelées intempestives , sur tous les outils du jardinage et sur chacune des nombreuses opérations auxquelles les aides doi- vent donner tant de soins. Toutes ces peines sont largement payées par des jouissances long-temps continuées et toujours également puissantes sur nos sens et notre imagi- nation. On se rappelle la vie active des jardiniers de Harlem, la haute réputation qu’ils acquirent dans toute l'Europe pour la seule culture des fleurs à ognon, et le commerce immense, lucratif, qui résulla de leur patiente industrie. Le travail quand on est jeune amène l’aisance de la famille, et pro- cure à Ja vieillesse un doux, un consolant repos. JARDIN FRUITIER. Quand on veut posséder un verger ou jardin fruitier et être certain que les arbres à haute tige et en plein vent qu’il renferme prospèrent et rapportent , il convient de les tirer du pays même que l’on habite ; comme ils sont habitués à la température et à ses variations, ils souffrent moins à la transplantation , ils viennent vite; et, comme dit le poète, Endurcis aux hivers, ils donnent sans efforts. Le choix doit se faire parmi les individus les plus JARD 262 JARD beaux, les plus vigoureux; ct quand ils sont grel- fés, il convient de prendre les Poiriers à fruits heurrés sur Coignassier,la Guisse-madame excepté, qui vaut mieux sur franc, et que les arbres soient tout venus, prêts à fructifier. Le sol sera chaud et léger pour les Cerisiers, plus consistant pour les autres; on les met toujours à une bonne ex- position , abritée des vents du nord et de l’est, ct couverte du côté du midi. L’on réserve les situa- tions un peu fraîches pour les Pruniers et quelques Pommiers ; cette partie des cultures se tient par- üculièrement en prairie, L'étude du sol et de l'exposition est de la plus haute importance dans la culture du Jardin frui- ter, car de là dépend la qualité des fruits. La Gras- sane devient âcre, le Ghaumontel cassant, dur, etseulement bon à cuire, placés surune terre forte, L’Abricotier et le Pêcher ne réussissent bien qué dans les bonnes terres, un peu légères , etc., etc. On déchausse à la fin de l'hiver l'individu auquel on demande des fruits hâufs ,-abondans ; on butte les autres. Tous se débarrassent des lichens, des mousses qui croissent sur leur écorce, des che- villes qui les dépouillent de leur verdure, Aucun arbre ne veut être privé de son pivot, et partout où il rencontrera une couche végétale d’une grande profondeur, il plongera dans le sol, s’y asseoira sans contrainte, sans être obligé d'étendre ses racines horizontalement. Il ne faut point mêler indistinctement les arbres inégaux en végétation , ils se nuiraient les uns aux autres, et la cueillette des früits serait difficile et même nuisible pour les voisins, Chaque pied a besoin de se trouver à une distance convenable des autres, Ne laissez point entrer les bestiaux dans votre Jardin fruitier; la pré- sence des bêtes à laine et surtout celle des chèvres leur nuit essentiellement. A l’article Verger (voy. ce mot), je donnerai l’histoire de cette sorte de Jardin en France de- puis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque où La Quintinye lui porta atteinte en obligeant les arbres à fruits à perdre leur forme naturelle, leur tige, leurs branches et leur fcuillage, pour se vüir clouer contre un mur. JarDiN Mépicar. Il serait à désirer que tout mé- decin de campagne eût un jardin médical, c’est- à-dire une portion de terrain destinée à la culture des plantes médicinales; ce serait pour lui, comme pour les malades, un très-grand avantage d’avoir sous la main les herbages nécessaires et de se trouver ainsi dans l'obligation de les étudier dans les diverses circonstances dela végétation. El y aurait beaucoup moins de méprises, et l’on ne serait pas contraint à se servir des squelettes en- fouis aux boutiques des herboristes ou bien à s’en tenir à des indications vagues sur le choix à faire parmi les plantes spontanées. La formation de ce Jardin est facile , et son étendue ne peut être con- sidérable, puisqu'il s’agit au plus de deux ou trois cents espèces. En donnant à chacuné une place proportionnée à son importance et à son usage le plus habituel, on verra que la plus grande place sera occupée par la Bardane, Arctium lappa , la Camomille romaine , Ænthemis nobilis, la Chico, rée sauvage, Chicorium intybus, la Guimauve, Altheaofficinalis , la Patience, Rumex acutus, etc qui veulent être employées fraîches; mais alors, afin de ménager le terrain , on peut les disposer de manière à offrir à l’œil un aspect agréable et fort pittoresque, quoiqu’en tenant les uns près des autres les genres et les espèces d’une même fa- mille, Aux plantes indigènes on peut joindre quel- ques végétaux exoliques déjà acclimatés ou sur la route de la naturalisation la plus complète. De ce nombre sont le Jalap, Convolvulus jalappa, l’Ansérine vermiluge , Chenopodium anthelminthi- cum , la Lobélie de Virginie, Lobelia syphilitica, la Rhubarbe de Sibérie, Rheum palmatum, et celle des Arabes, Æ. ribes, et autres plantes dont les propriélés médicinales ont été légitimées par l'analyse chimique , par les observations des mé- decins éclairés. Gette idée n’est point nouvelle, elle est inspirée par le souvenir des praticiens de l'antiquité, et par ceux des quinzième et seizième siècles. Il est beau d’imiter l'exemple d'Hippo- crate, de Bclon, de Haller, Le Jardin médical le plus célèbre est celui qui fut établi dans la ville de Rome par Antonius Castor, médecin du premier siècle de l'ère vul- gaire. Pline le naturaliste parle de cette fondation (Hist. nat,, xxv, 2) comme d’une merveille. Toc- tes les plantes médicinales connues à cette époque reculée s’ÿ trouvaient réunies, les unes cullivées: en pleine terre, les autres conservées sur couches recouvertes de pierres spéculaires et dans des SEnnes (voy. ce mot). Il les avait rassemblées à grands frais et prenait plaisir à juger par lui-même des vertus qu'on leur attribuait. Citons ceux de Pierre Ricart, à Lille, et de Jean Herman, à Bruxelles, fondés vers l’an 1646, dont ils ont l’un et l’autre publié le catalogne sous letitre de /Lor- tus medicus , le premier en 1644, in-8°, le second en 1652 et 1653, in-4. Ces deux brochures sont devenues très-râres. Jarninx mixre. C’est l'espèce de Jardin la plus commune, Je nombre des propriétaires qui peu- vent séparer le potager du fruitier étant'très-pelit, Le Jardin mixte participant de l'an et dé l’autre, ce que j'ai dit à chacun d’eux Jui est applicable. Ainsi la terre, au lieu d’être défoncée seulement à la profondeur de soixante centimètres, doit l’être de manière que les arbres à. fruits de plein vent puissent plonger leurs racines au lien de les éten- dre horizontalement. Gelle disposition, nuirait beaucoupaux cultures et diminuerait sensiblement les récoltes. Le propriétaire d’un Jardin mixte, ayant intérét à voir toules ses plantes prospérer , doit se souvenir que c’est par des engrais multi- pliés et successifs qu’il peutespérer d'obtenir la plupart des légumes dans l’état alimentaire le plus parfait, qu'il lui faut les entretenir dans les con- ditions où l'industrie horticoleles a amenésen leur prodiguant des sucs gras ét végétatifs, sans quoi leur dégénérescence arrive promplement. D'un Agt é 2 ? autre côté, comme les arbres craignent d’eau et! le fumier, dont les iégumes-ont ur besoin journa- JARD 263 JARD lier , son attention doit se porter à tenir ses arbres à fruitstisolés de la portion consacrée aux légumes, de les grouper ensemble, afin d'offrir aux vents froids du printemps , aux brouillards malfaisans de. J’automne une résistance suflisante, abriter les fleurs des plus hâtifs et faire jouir les fruits de tous les bienfaits des rayons solaires. Il ne s’agit que de mettre les plus tardifs en opposition à ces deux fléaux ; on les espace convenablement; les ar- bres de la circonférence , jouissant de la plénitude de l'air et de la lumière, étendent librement leurs branches sans nuire à leurs voisins ; ceux du cen- tre montent et trouvent au dessus des premiers les mêmes avantages. De la sorte les ouraxans n’a- gitent point avec force les branches chargées de fleurs, ils ne peuvent les rompre , et les fruits at- teignent aisément leur parfaite maturité. Jarpin Noruac. Le Jardin normal est pour l'hor- ticulture ce que sont pour l'exploitation rurale les Fermes ExPÉRIMENTALES (v. ce mot), le vérita- ble laboratoire où l’on apprend tout ce que doi- went savoir un pépiniériste , un jardinier , un ma- raîcher et mêmeun simple amateur de Jardins. Pierre Belon , du Mans, donna le premier. l’idée d'un semblable établissement dans ses« Remon- wtrances sur le défaut du labour et culture des »plantes, et de la connaissance d’iceïles, iconte- »nant lamanière d’affranchir les arbres sauvages ; » Paris, 15958 , in-8°». Ce savant naturaliste-voya- genr et habile horticulteur en offrit un modèle dans sa propriété ; il y cultiva tous les végétaux utiles et agréables qu’il avait recueillis en visitant Allemagne, la Suisse, l'Italie et le Levant. A la même époque , René Du Bellay , à qui l'on doit l'introduction du Pistachieren France, fonda, mon seulement à Yvré et Touvoye, département de la Sarthe, mais encore à Saint-Maur, près de Paris, un Jardin normal, où il mit en œuvre l’eau bouillante et sa vapeur pour exciter , pour entre- tenir une végétation toujours brillante, De son côté notre illustre L’Écluse allait jetant les bases de semblables monumens horticoles à Vienne en Autriche , à Francfort sur le Mein , à Leyde. Mais bientôt les guerres de religion sollicitées et entre- tenues par une cour corrompue occupée de tout autre chose: que des intérêts de Ja nation, les vexations du régime féodal et des impôts excessifs, arrachent cette branche nouvelle d’une industrie paisible à la terre même qui l’a créée, La France fut dès lors supplantée par l'étranger. Cependant, dès 1762 , les deux frères Duhamel ramènent l’horticulture nationale dans la voie prospère qu’elle est en droit de soutenir sous un æiel favorisé , sur un sol où les végétaux exotiques trouvent tontes les situations, tous les élémens qui leur conviennent, chez un peuple essentielle- ment cullivateur et ami de la patrie. Leurs Jardins deDenainvilliers, du Monceau, de Vrigny,offraient tous les exemples de culture , toutes les expérien- cesde physiologie végétale , tous les essais propres à faire prospérer les graines de toutes les familles quideur arrivaient du continent américain , et-en même temps toutes les lumières qu'aiment à ré- pandre l’amour du bien publie, un goût pur des sciences, un zèle sans bornes pour la plus grande prospérité de la France. De Malesherbes alla plus loin encore , et par les distributions généreuses qu'il prenait plaisir à faire du produit de ses récoltes variées , il décida à la multiplication des Jardins normaux ( voy. an mot Horricuruns ). Il serait à souhaiter que nous ‘en eussions un dans chacun des grands bassins de la France; leur influence serait plus directe et de tous les instans, leurs résultats plus rapides et plus certains. Jannin paysager. Ce genre de culture est assez récent ; 1] fut précédé par les Jardins à la Le Nôtre, célèbre architecte du dix-septième siècle; les parterres bordés en buis, des tonnelles dispo- sées sur des cerceaux peints, des avenues droites, croisées sons divers angles réguliers, des eaux asservies dans des prisons symétriques , des gazons découpés, des arbres tourmentés sous mille for- mes bizarres, étaient la base essentielle de ce système monotome d’apparat, digne d’une époque où tout en France respirait la légèreté, l'escla- vage, l’art des raffinemens outrés et de la plus sotte prodigalité. De ce genre grotesque, que le mauvais goût promena dans toute l’Europe, on en vint aux Jardins chinois, vulgairement dits anglais, où l’on. entasse sans goût comme sans nécessilé les sites, les monumens , les végétaux, les animaux des diverses régions du globe. D’éter- pelles prairies à gazon de même teinte , incessam- ment retenu captif sous le poids d’un pesant cy- lindre, des arbres groupés au hasard, des rochers enfumés , des grottes rocailleuses et sombres , des rivières morles, des cascades à flots réguliers , puis une statue de Vénus sous une chaumière suisse, un château en ruines servant d’étable, un temple grec où Jogent des jardiniers et un amphithéâtre dans l'enceinte duquel pullule unenombreuse famille de gallinacés, donnent à ces étranges compositions un cachet plus ridicule encore : £’est un cadre immense dans un espace rétréci; à chaque pas l'œil est fatigué d’accidens accumulés sans unité d'intention ni d'espèce. Il importait de sacrifier ces superfluités et de chercher à imiter la nature. René de Girardin, en créant Ermenonville , et J.-M. Morel , en pu- bliant sa Théorie des Jardins, amenèrent cette heureuse révolution. De ce moment les Jardins, tracés ayec art et poésie , semblèrent appartenir à la nature même de la localité, Des transitions douces , inapercues , marièrent les beautés envi- ronnantes à un plan sagement combiné ; les eaux, ce grand agent mobile que la nature oppose en contraste aux masses solides de terre, furent distribuées afec une ordonnance si bien réglée, que l’on sent tout à la fois, en les voyant, le be- soin de leur présence, et la nécessité des objets auxquels on les associe. Rien n’est oiseux ou in- utile : il faut savoir employer tout ce qui se pré- sente de grand, d’agréable , de caractérisé , s'em- parer de tous les accidens et de tous les maté- riaux offerts par la localité, et chercher à imiter oo JARD 264 JARD 1 l’ensemble des choses, sans jamais laisser aperce- voir les traces de la main industrieuse qui copie. Toujours simple , la nature emploie quatre ma- tériaux dans Ja composition de ses scènes. Le ter- rain , les bois et les plantations, les eaux et les rochers. L’art y ajoute les bâtimens destinés à ser- vir de retraite commode aux maîtres et à ceux em- ployés au service de l’agriculture, ainsi que les édifices, monumens et fabriques qui contribuent singulièrement à l’embellissement. Mais il faut en user avec modération , une sage entente , afin de n’en pas détruire le charme et les agrémens par une profusion fatigante. Les mouvemens de terre, quand ils sont bien calculés, sont toujours nobles, toujours gracieux; ils ne passent point brusquement de la profondeur à l’élévation ; ils s'appuient sur des massifs d’ar- bres qui leur donnent de l'étendue, de la profon- deur , qui en multiplient les effets , les encadrent avec les points de vue les plus éloignés, et jettent de la variété sur tout l’ensemble. Les allées veulent être ménagées avec artifice , aboutir à une scène nouvelle, servir à étendre le terrain , à accompagner les gazons, à lier les plan- tations, et ouvertes de manière à tout développer et en même temps à dissimuler les limites. Les gazons ont besoin d’être distribués sans faste comme sans parcimonie; s’ils s’élargissent en prairies, voyez-les bientôt se rétrécir et se perdre sous les bois ; s’ils reparaissent plus loin, que ce soit pour former des contours aimables aux pièces d’eau, aux lacs, aux rivières; que, tan- tôt, de la rive sablonneuse ils montent jusqu’au pied d’un rocher dont l’imposante aridité change la scène et brise l’uniformité des teintes par ses flancs noircis, par la forêt d’arbres verts sur la- quelle il s'appuie, par le contraste du site; que, tantôt , le gazon reparaisse avec son vert tendre et vous conduise à un tertre couvert de fleurs que sur- monte une petite construction, onu bien à des pâturages fréquentés par les animauxde la ferme, Pour obtenir des illusions d'optique , il faut, comme en peinture , employer différentes nuances de vert : pour les devans le vert argenté, pour le centre le vert clair, et pour le lointain le vert sombre; en se mariant avec l'atmosphère , il de- vient plus doux, il se perd dans le vague. Je m’arrête : le goût , une étude approfondie du sol, la connaissance intime des végétaux que l’on veutemployer en indiqueront plus que je ne le pour- rais faire dans un plus grand nombre de lignes. J'arDiN PoTAGER. Espèce de Jardin où l’on cultive les plantes destinées à la nourriture de l’homme. Du mérite modeste emblème gracieux, L’utile potager appelle aussi les yeux; 11 nous rend aujourd’hui, pour loyer de nos peines, Autant de rejetons qu'il a recu de graines. (CasreL.) La nature et la profondeur du sol doivent y être en rapport constant avec les racines de ces mêmes végélaux; ceux à racines fibreuses n’exigent pas un grand fond, puisqu'elles ne s’enfoncent pas au-delà de douze à seize centimètres ; ceux à ra- cines pivotantes ont besoin que le sol soit plus pro- fond et peu tenace. Si le terrain n’est point préparé par la nature, il faut y suppléer, Mais, comme dans toutes les parties de la science rurale , il n’y a pas de petites économies , dans la vue de dimi- nuer les frais on destine une partie du potager aux végétaux munis de racines fibreuses , et l’autre aux végétaux à racines pivotantes ; par le travail à La charrue ou bien à la bêche, par le mélange des terres , on donne au sol la profondeur convenable, en ayant la précaution que le niveau soit calculé de manière à ce qu’une pluie d'orage n’entraîne pas la terre végétale. Une pente de six centimètres par deux mètres est plus que suffisante pour en- lever de cette terre en un seul jour plus qu’il ne s’en forme dans le cours d’une année. La houe ou la pioche peuvent pénétrer dans la couche jusqu’à soixante centimètres, quand on veut défoncer le terrain destiné à recevoir le Jar- din potager ; la charrue l'ameuble, les fumiers lui donnent du moelleux et de la vigueur; puis les se- mences qu'on lui confie, disposées avec goût, avec ordre, avec entente, font de ce coin de terre un lieu de délices, puisqu'il flatte les yeux, qu'il nourrit la famille et lui permct de trouver dans son superflu les moyens de répondre aux exigences de la vie, aux besoins réels et factices nés de l'existence sociale. Chaque graine étant, en général, dans le cas de pouvoir être semée à trois époques différentes, dans la même année, pourvu toutelois que l’on en saisisse habilement l'instant, elles procurent de grandes ressources pour imposer à ce qui est utile le vernis agréable d’une distribution élégante , pittoresque , et obliger son aspect , ordinairement si froid, si monotone, à devenir séduisant, en- chanteur. On place les gros légumes qui peuvent se passer d’arrosement dans la partie la plus sèche- ct la plus élevée ; les plantes vertes les plus déli- cates le seront dans le bas, ordinairement plus frais, plus à la portée des eaux, dont elles ont un besoin, pour ainsi dire, de tous les instans. Les sentiers qni diviseront chaque espèce ne doivent avoir que l’espace absolument indispensable pour faciliter la culture ; tout le terrain mis à profit, on évite d'y: tenir des groupes d’arbres ; on peut y élever quelques arbustes et des sous-arbrisseaux, leur feuillage et leur taille ne sont point suscepti- bles de priver, les plantes de l'influence solaire , l'ombre qu'ils projettent n’est que passagère, et, loin de nuire, elle entretient momentanément la fraicheur et l’humidité. La chaleur qui leur succède échauffe ensuite le sol , preduit sur les végétaux les meilleurs effets, et n’a pas le temps de brüler. La culture potagère convertit en peu de tem une lande stérile en Oasis (voy. ce mot ). L’ile de Amack, vis-à-vis de Copenhague , en fournit une preuve remarquable. A la fin du quinzième siècle, elle offrait l'image la plus affligeante ; en 1548 des jardiniers et des maraichers y furent établis ; ils travaillèrent le sol en profitant de ses moindres accidens et en y promenant habilement quelques fi- lets re 1.2.Jaseur 3.7.0. Jañones ' E. Guertn dir. EEE JARD 265 JASE a ————_—_————— 00) lets d’eau ; les plantes potagères fixèrent plus spé- cialement leur choix; elles répondirent à leurs cons- tans efforts, et deux ans après cette terre de déso- lation était le théâtre de l’abondance, de la gaîté, d’une production perpétuelle, d’une population de 4,50oindividusbrillans de santé, donnant l'exemple du travail, du bonheur et des avantages que pro- cure le bon emploi du temps et de ses forces. (T. ». B.) ! JARDINAGE. Terme collectif par lequel on désigne 1° les diverses sortes de jardins dont nous venons de parler dans l’article précédent ; 2° tout ce qui a rapport à leur culture; 5° un mode particulier d'exploiter les bois et forêts; 4° enfin la masse des légumes et des herbes potagères que l’on porte aux marchés. C’est cette quadruple valeur du mot qui a déterminé à recourir aux deux mots la- tins, hortus, jardin, et cultura, culture, pour com- poser l'expression Honticurrure (v.ce mot), que l'aristocratie jardinière a adoptée avec empresse- ment pour se distinguer du jardinier proprement dit, qu'elle appelle dédaïgneusement horticole, mot que nous employons avec plus de raison pour ca- ractériser cette espèce de jardiniers plus bavards que savans , habitués à tous les genres d’intrigues, mendiant à tous les coins des titres, des cor- dons, etc. Rien de plus facile à apprendre et à bien con- paître que le Jardinage , et cependant rien de plus rare qu’un bon jardinier , qu’un jardinier de profession , parce qu’en général l’art du Jardinage ne compte pas une véritable école pratique. et que nous manquons encore d’un livre élémentaire propre à instruire , à diriger le jardinier novice , et à l’amener malgré lui, ou du moins à son insu, dans la voie des bonnes, des solides études. Au lieu de voyager , il suit lourdement le sillon ouvert par la routine; il se marie, et le voilà prenant de suite le titre de jardinier , assurant qu'il sait son état, et qu'il est en mesure de diriger les plus beaux jardins comme les plus exigus. Un proprié- taire intelligent fait lui-même l’éducation de son jardinier , et il doit avoir le bon esprit de le faire quelque temps stationner dans les grands établisse- mens publics et privés où tous les travaux de l’hor- ticulture sont faitsavec soin, expliqués clairement et pratiqués d’abord par le maître, puis par l’élève qu'il accompagne à chaque pas. Il existe beaucoup de livres sur le Jardinage ; on regrellera toujours ceux écrits au temps de Théophraste par Epœnatus , Eudème , Euthydème et surtout Chrysippe. Parmi ceux des modernes, si l’on en excepte] ceux publiés par Schabol, Pepin, La Bretonnerie et surtout par Dumont de Courset, les autres ne sont que des ouvrages de spéculateurs, destinés à donner du crédit aux graines, aux plantes vivantes dont ils font com- merce. D’après une assertion de Tacite, on a dit que les Gaulois et les Celtes, leurs pères, ne connaissaient point les pratiques du Jardinage, Cette assertion est absolument fausse. Ces peuples faisaient usage de plusieurs espèces de plantes que les Romains T. IV. ne connaissaient point avant leur funeste in- vasion ; telles sont le Houblon , l'Epirard , l’Arro- che, l'Estragon , etc. ; les lois antiques que Lin- demborg a recueillies et publiées protégent nomi- nativement les jardins et portent des peines con- tre ceux qui y causent quelque dommage (voir au mot Noprins. ) Strabon le prouve quand il dit que les peuples de l'Angleterre étaient moins ci- vilisés que les Celtes de la Gaule, puisqu'ils ne se nourrissaient que de viandes et ne connaissaient point les agrémens du Jardinage. (T. ». B.) JARDINIER. ( ois. ) C’est l’un des noms vul- gaires du Bruant-ortolan. (Guér.) JARDINIÈRE. ( mor. ns. } On donne ce nom à l’AHelix aspersa , à un Carabe fort commun à Paris, le Carabus auratus, à la Courtillière et à un grand nombre d’autres insectes, soit à l’état parfait, soit à celui de larve, qui attaquent les racines potagères. (Guér.) JARGON. (uin.) Voy. Zirconw. JARRETIÈRE. (ross.) C’est le nom vulgaire du genre Lépidope; ce sont des poissons à corps très-allongé, très-mince , dont quelques auteurs ont fait une famille qu’ils appellent famille des poissons en ruban, ou en d’autres termes , Tæ- nioïdes. Voy. Lérivore. (Azru. G.) JARS. (o1s.) On donne généralement ce nom au mâle de l’Oie domestique. (J. L.) JASEUR, Bombycilla. (ois.) Les naturalistes ne sont pas tous d’accord sur la position que les Jaseurs doivent occuper dans la série ornitholo- gique , les uns en faisant des oiseaux de la famille des Gorbeaux et des Geais , d’autres en faisant des Merles, et quelques uns enfin les rapportant, ainsi que l'ont fait Linné et Brisson, au groupe des Co- tingas (Ampelis), parmi lesquels les Jaseurs sem- blent en effet devoir être placés. Ces oiseaux for- ment un genre distinct dans lequel on piace trois espèces qui paraissent être toutes trois exclusive- ment propres à l'hémisphère boréal. Une de ces espèces vit en Europe, en Asie, et même , à ce qu'on assure, dans quelques parties de l'Amérique ; mais la seconde n’a encore été trouvée que dans l'Amérique septentrionale, et la troisième, plus récemment découverte, n’a été observée d’une ma- nière positive qu’au Japon seulement. Ces trois espèces offrent les caractères suivans : bec court, droit, bombé en dessus comme en dessous ; man- dibule supérieure faiblement courbée vers son ex- trémité , terminée par une dent très-marquée ; na- rines basales ovoïdes, percées de part en part, ouvertes par devant, cachées par les petites plu- mes du front ou nues; pieds très-courts ; des trois doigts antérieurs, l’externe est soudé à la base, celui du milieu et l’interne sont libres; ailes médiocres ; la première et la seconde rémige les plus longues, ou la première un peu plus courte que la deuxième; queue carrée, composée de douze pennes. Les mœurs des Jaseurs sont peu connues ; aussi devons-nous nous borner à énumérer les carac- tères des espèces que l’on distingue parmi eux : ces espèces diffèrent bien sous quelques points , 274° Livraison. 34 JASE 266 JASI mais leur système de coloration et la nature de leur plumage ne sont pas variés d’une manière es- sentielle. Granp Jaseur, appelé aussi Jaseur de Bohême, et Jaseur d'Europe , Bombycilla garrula, repré- senté dans notre Atlas, pl. 265, fig. 1, (2 une des plumes à palette rouge des ailes ). Les plu- mes de sa tête sont allongées en huppe; les par- ties supérieures et inférieures de son corps sont d’an bran rougeâtre , couleur qui règne aussi sur le dos, mais avec une teinte plus foncée ; la bande du dessus des yeux et gorge d’un noir profond ; rémiges noires , terminées par une tache angulaire jaune et blanche ; huit ou neuf des pen- nes secondaires terminées de blanc et présen- tant un pelit prolongement cartilagineux en pa- lette, d’un beau rouge vif. Couvertures inférieures de la queue marron ; pennes noires terminées de jaune. Longueur , sept pouces six lignes. La fe- melle a l’espace noir de la gorge moins grand que cela ne se voit chez le mâle , et seulement quatre eu cinq des pennes secondaires terminées par le prolongement cartilagineux. Les jeunes avant la première mue n’ont aucune trace de cetornement. Les Jaseurs se nourrissent d'insectes et aussi de fruits ; ils sont assez timides et se retirent fréquem- ment au milieu des buissons les plus épais ; leur vol est de courte durée; très-rarement ils descen- dent à terre. Ces oiseaux se trouvent , ainsi que nous l'avons dit, dans quelques parties de l’'Amé- rique; mais ils sont surtout abondans en Asie et dans l'Europe orientale. C’est dans ces contrées qu’ils nichent ordinairement. Lorsqu'ils se mon- trent dans l’Europe septentrionale , ce n’est qu’en petit nombre et à des époques tout-à-fait indéter- ininées. Cependant, quoiqu’ils soient rares, on les prend dans presque tous les pays , en Norwége, en Hollande, en Allemagne , en Suisse et même en Italie eten France ; aussi figurent-ils dans pres- que toutes les Faunes locales. Leur apparition en nombre un peuconsidérable dans un endroit donné est un fait qui mérite d’être mentionné. M. Baillon met le Jaseur au nombre des animaux qu’il a pris dans les environs d'Abbeville, et M. de La Fres- naÿe a signalé dernièrement la capture de plu- sieurs de ces oiseaux aux environs de Falaise. Le même ornithologiste nous apprend que des Jaseurs ont été pris également dans [a même année (1855) auprès de Gaen , et nous devons faire connaître que M. Florent Prevost nous à communiqué qu’il avait tué, il y a une dizaine d'années, quatorze Ja- seurs pendant une seule chasse faite dans un bois des environs de Paris. M. Prevost, qui s'occupe avec assiduité de l'étude des oiseaux, nous a assuré que depuis cette époque aucun passage un peu notable de Jaseurs n’avait eu lieu dans la même localité ; toutefois , on y prend presque tous les ans un ou plusieurs de ces oiseaux. Le Grand Jaseur a aussi été pris au Japon, où on le nomme Hirenzjack, mais il y est moins abondant que le Jaseur phé- nicoptère. JAseuR PHÉNICOPTÈRE, B. phœnicoptera, Temm., | col. pl. 450. Get oiseau, appelé au Japon, seul “endroit d’où on l'ait jusqu'ici rapporté , Rensjak , a été découvert par le docteur Siebold ; il a, comme ses congénères, le tour du bec encadré d’une bande noire , et la gorge d’une couleur noire éga+ lement très-intense ; sa huppe est longue et com- posée de plumes roussâtres, formant une pre- mière rangée, et d’autres plumes disposées sur un second rang quientoure l’occiput et représente une bande aboutissant aux yeux, La poitrme , les par- ties supérieures et les couvertures des ailes sont teintes de brun cendré; une bande rouge coupe l'aile vers l2 milieu ; toutes les pennes, d’un cen- dré noirâtre , sont terminées de noir et ont leur pointe bordée de blanc; la queue est d’un cendré noirâtre, et toutes les rectrices sont terminées de rouge vif au lieu de fauve comme chez le garrula. Le milieu du ventre est d’un blanc jaunâtre , et les couvertures inférieures de la queue sont brunes, nuancées de marron. La longueur totale est de six pouces. Jaseur D'AMÉRIQUE , B. cedrorum, Vieill, , Ga- lerie des Oiseaux, pl. 118. Cette espèce se ren- contre dans l’Amérique depuis la baie d'Hudson jusqu’à Cayenne ; au Mexique , elle porte le nom de CGoquantotolt, et au Canada celui de Récoliet , qui lui est donné à cause des rapports que l’on a cru remarquer entre sa huppe et le capuchon d’un moine. Le mâle a cette huppe, le dessus de la tête et du cou d’un gris roux plus foncé sur la der- nière partie ; une bande noire passe sur son front, descend sur les côtés de ia tête, enveloppe l’œil et se termine sur les joues ; la gorge est aussi de cou- leur noire. Le croupion est gris d’ardoise, de même que les pennes des ailes, dont le bord extérieur of- fre une teinte plus claire; plusieurs des rémiges secondaires ont des appendices membraneux comme cela se voit chez le Bombycilla garrula ; ces appendices sont de même de couleur rouge. La queue est semblable aux ailes et terminée par une bande transverse jaune. La poitrine est d’un gris roussâtre ; le ventre est gris passant au jaune, et le bas-ventre ainsi que les couvertures inférieures de la queue d’une teinte grisâtre; le bec et les pieds sont noirs ; l'iris est de couleur noisette. Lon- gueur totale 5 pouces 10 lignes. La femelle ne diffère du mâle que par sa huppe qui est plus courte, et par ses couleurs qui sont moins vives. Le jeune, avant sa première mue, porte une huppe très-peu apparente , et est d’un gris sale sur ses parties supérieures, les inférieu- res étant tachées de brun. (GEnv.) * JASIONE,, J'asione, (B0T. PHaN.) Genre appar- tenant à la famille des Gampanulacées de Jussieu, et à la Pentandrie monogynie. Nous devons faire observer que Linné l'avait placé dans la Syngénésie monogamie, parce que les anthères sont légère- ment soudées entre elles par la base. Dans ce genre sont comprises trois à quatre espèces an- nuelles ou vivaces, ayant leurs fleurs disposées en capitules globuleux, environnées à leur base d’un involucre polyphylle, quelquefois à deux rangs de folioles. Chaque fleur se compose d’un calicesoudé par sa paroi inférieure, ou son tube, avec l’o- métis lé. + en as Acarie Baron del F Trek çe 1, Jasmin . 2. Johmus L, Guérin dir 267 JASM vaire, qui est infère , et ayant le limbe découpé en cinq divisions étroites ; d’une corolle monopétale, fendue presque jusqu'à la base en cinq lanières étroites, linéaires et dressées ; de cinq étamines insérées tout-à-fait dans la base de la corolle , beau- coup plus courtes qu’elle, ayant les filets grêles et dressés , et les anthères à deux loges, bilobées à la base, où, comme nous l'avons déjà dit, elles sont légèrement soudées entre elles ; d’un pistil dont l'ovaire , coupé transversalement , offre deux loges contenant chacune un très-grand nombre d’ovules attachés à deux trophospermes hémisphé- riques placés sur le milieu de la cloison, et dont le style est long , renflé vers le haut et se termine par un sligmate allongé, glanduleux, velu et bi- lobé. Quant au fruit, c'est une capsule globu- leuse , couronnée par les lobes du calice, s’ouvrant seulement par le sommet au moyen d’une fente transversale. Le sol de la France possède trois espèces de ce genre : 1° la Jasione montana, L., représentée dans notre Atlas, pl. 265, fig. 5,4, 5, à fleurs d’un beau bleu, très-commune dans les lieux secs et sablonneux ‘aux environs de Paris , et particuliè- rement à Romainville, Meudon, etc. ; 2° la J. pe- rennis, et 5° la J. hiemalis, l'une et l’autre vivaces. JASMIN , J'asminum. (or. pHan.) Ainsi nom- mées depuis de longs siècles à cause de l’odeur de violette qu’elles exhalent (t», violette, et éoun, odeur), les plantes dicotylédonées qui consti- tuent ce genre, type de la famille des Jasminées et de la Diandrie monogynie , sont de fort jolis sous- arbrisseaux et arbustes toujours verts , d’un aspect agréable, les uns à rameaux sarmenteux, grêles , flexibles; les autres, droits et raides ; tous cou- verts de belles fleurs et de feuilles opposées ou al- ternes, pétiolées, simples ou composées, Leur nombre est considérable. Deux espèces sont indi- gènes au littoral de la Méditerranée; dix appar- tiennent à l'Asie ; deux à l'Océanie ; deux à l’Afri- que ; trois aux îles Canaries et des Açores ; deux au continent méridional de l'Amérique; six sont parfaitement acclimatées en France, les autres ne tarderont pas à l'être, C’est une charmante con- quête, puisque toutes sont élégantes, que leurs fleurs blanches, quelquefois jaunes ou roses, se succèdent pendant long-temps, et que leur parfum récrée les esprits d’une manière aimable. : Chaque fleur, qu'elle soit placée à l’aisselle des feuilles on bien à l'extrémité des rameaux, offre l'organisation suivante : calice monophylle , per- sistant , à cinq, sept et huit divisions plus ou moins proiondes (elles sont si courtes dans le JASMIN JONQUILLE , J'asminum odoratissimum ; dans le Jaswn pas ÎLES DE La Socibté , J, didymum , et dans celui qui , depuis deux siècles , nous est venu de l’ile de Madère, J. azoricum , qu’elles ne sont plus que des dents peu apparentes ; dans le Jasmin A GRANDES FLEURS DU MaLaBar, J, grandiflorum , elles sont sétacées). Corolle monopétale, infundi- buliforme, à tube grêle, allongé, dont le limbe a cinq, sept, neuf lobes planes, horizontaux, d’abord emboîtés les uns contre les autres et tor- dus en spirale durant l’inflorescence. Deux étami- nes sessiles , renfermées dans le tube, portées sur des filamens courts, et terminées par des anthères oblongues, biloculaires, Ovaire supère, libre, presque globuleux, à deux loges monospermes , quelquefois une seule ; quand il arrive qu'une des deux loges avorte, la baie qui succède à cet appa- reil semble déjetée d’un côté. Les semences sont brunes, planes d’un côté, convexes de l’autre, en- veloppées d’une tunique carlilagineuse, On a vanté les Jasmins pour des propriétés mé- dicinales tellement occultes que l’analyse chimique n’a pu les justifier ; on les disait antispasmodiques, excellens dans les affections de poitrine, et nar- cotiques ; même aux pays chauds ils n’ont rien de semblable; ainsi l’on a sottement accusé la culture de les avoir dépouillés de ce point d’utilité. Leur infusion théiforme est aussi sans valeur au- cune, Il n’en est pas de même de l'huile essentielle que l’on retire, au moyen de l'huile d'amandes dou- ces, des fleurs très-odorantes du Jasmin dit »'Es- PAGNE, J. grandiflorum, et du JASMIN commun, J. officinale, qui s’est naturalisé dans les plaines méridionales de l’Helvétie. Je ne veux point dire par ces mots qu’elle est bonne en frictions contre la paralysie, les maladies nerveuses, ainsi que l’avancent très-légèrement quelques pharmacopes; mais, employée dans l’oflicme du parfumeur, elle répond à toutes les fantaisies de la toilette. À Grasse, département du Var, on fixe sur la pom= made la partie aromatique et fugace des fleurs, par le moyen de tiroirs dont Je dessus est couvert d’une glace ; on enduit la surface inférieure d’une couche de pommade inodore, et l’on couvre le dessus du tiroir de fleurs de Jasmin; par leur exhalaison , celles-ci donnent à la substance grais- seuse, qui les couvre sans les toucher, leur odeur agréable, En Italie, on emploie l'huile de Ben, qui a la propriété de ne point rancir, pour être aroma- tisée par les fleurs de Jasmin; on imbibe d'huile des morceaux de coton que l’on place sur des ta- mis de crin chargés de fleurs de Jasmin et que l'on couvre hermétiquement ; vingt-quatre heures après on enlève les fleurs pour les remplacer par des fraîches, et l’on renouvelle ainsi tous les jours, jus- qu’à ce que le coton soit parfaitement saturé de l'odeur ; on Le presse alors pour en extraire l'huile, qui est fort aromatique, et se conserve assez long- temps si l’on a soin de bien boucher les flacons dans lesquels on la renferme. Sous le rapport de l'agrément, les Jasmins jouissent d’une réputation plus grande; on les emploie pour parer les berceaux, garnir les ter- rasses et les treillages de nos jardins ; on prend plaisir à les associer avec les Orangers, les Nérions, les Grenadiers, à respirer, dans les mois de juillet et août, l'air qu’ils embaument, et à contempler leurs fleurs disposées en bouquets élégans. On remplit les bosquets d’hiver, du moins quelques espaces privilégiés, avec le JasMIN A FEUILLES DE Cyrise, J'asminum fruticans, et le Jaswin »’Iraue, J, humile,:qui portent tous les deux des fleurs JASM 268 JAUN jaunes inodores. Les orangeries se tapissent avec le Jasmn des Acores, J. azoricum, aux larges feuilles, aux grappes blanches, paniculées , bien garnies, et avec le Jasmin De Lie Maurice, J. mauritianum, dont la tige volubile, toujours en végétation , s'élève à une grande hauteur. Tous se multiplient par les marcottes, par les drageons enracinés qu'on trouve auprès des gros pieds et par la greffe. Le Jasmin commun croît partout, le JAsMIN AMARILLE, J. fruticans, qui habite les bois, les haïes des coteaux secs et rocailleux des environs d'Aix, de Marseille, de Montpellier, est le moins délicat de tous; il se plaît dans tous les terrains, forme des touffes fort belles , conserve son feuillage lustré durant l'hiver rigoureux du Nord, et se multiplie de graines, ainsi que par les rejetons que l’on sépare de sa souche. Dans notre Atlas, on a représenté deux espèces intéressantes , l’une , pl. 266, fig. 2, est le Jasmin DE LA CHINE, J. revolutum, introduit en France en 1818, et qui a fort bien supporté en pleine terre les deux grands hivers qui signalèrent si cruellement l’espace séparant cette année de la présente (1856); l’autre, pl. 267, fig. 1, est le JASMIN GÉNICULÉ, J. geniculatum, originaire des îles de la mer du Sud, que nous cultivons depuis 1822, et que l’on propage par la greffe en fente sur l’espèce commune. Le Jasmin révoluté, haut de deux mètres et plus, a la tige divisée en ra- meaux nombreux , légèrement anguleux, d’un vert clair, garnie de feuilles alternes, ailées avec im- paire, dont la couleur est gaie; les fleurs d’un beau jaune, assez grandes, au nombre de dix à douze , en corymbe étalé au sommet des rameaux, répandent une odeur délicieuse. Près de lui, l’on voit la corolle ouverte du Jasmin à feuilles de cytise , J. fruticans, fig. 3, pour montrer la po- sition des étamines ; la fig. 4 représente sa baie noirâtre et luisante; la fig. 5, ce fruit coupé avec l’ovule avorté. Quant au Jasmin géniculé , ainsi nommé pour les articulations du pétiole coudé de ses feuilles, qui sont opposées, ouvertes, simples, d’un vert gai et luisant , il donne des fleurs blanches , d’une odeur très-suave, réunies en petites panicules, sept à huit ensemble. Les figures détachées qui accompagnent la pl. 267 appartiennent au Jasmin commun, J. offici- nale; 1, a, est la corolle ouverte longitudinalement, avec ses divisions recourbées , et ses deux étami- nes ; 1, 6, le pistil avec son stigmate bifide; 1, c, le calice dans lequel on aperçoit l'ovaire. Vulgairement et d’après plusieurs jardiniers ou voyageurs peu instruits, on étend le nom de Jas- min à diverses plantes de genres fort éloignés les uns des autres. Citons-en quelques unes. Le Jas- MIN A FEUILLES DE Houx est le Sptelmannia africana, qui appartient à la famille des Verbénacées; le JasuiN BaTARD ou d'Afrique , es! le Lyciet du Cap, Lycium afrum , de la famille des Solanées ; le Jas- Min D’AmÉrique est le Quamoclit écarlate, 1po- mæa coccinea, de la famille des Convolvularées ; le Jasmin D’Aragie est le Mogori des Toscans, Nyctanthes sambac; le Jasmin px LA PERsE est le Lilas à feuilles de Troëne, Syringa persica ; le Jas- MIN DE VIRGINIE est le T'ecomaradicans, de la famille des Bignoniacées ; le Jasmin pu Cap est la Gardé- nie à large fleur, Gardenia florida, de la famille des Rubiacées ; le JASMIN EN ARBRE est le Seringat des jardins, Philadelphus coronarius , de la famille des Myrticées ; le JASMIN ODORANT DE LA CAROLINE est la Jasminée toujours verte, Bignonia semper- virens, de Linné, le Gelsemium nitidum de Mi- chaux; le Jasmin rouce Des Inpes est la même plante que le Quamoclit écarlate que nous venons de nommer; enfin le JAsMIN VÉNÉNEUX est le Ces- treau à feuilles de laurier, Cestrum laurifolium, de L'Héritier. (T. ». B.) JASPE. (mix.) La substance siliceuse, ou ,’pour mieux dire, la silice presque pure colorée par des oxides métalliques , et qui, sous le nom de uartz , forme ce que l’on nomme vulgairement le cristal de roche, prend, lorsqu'elle n’est pas lim- pide et que sa texture n’est point vitreuse, les noms d’Agate, de Calcédoine, de Cornaline , de Sardoine, de Jaspe, etc., selon sa couleur ou sa transparence : ainsi l’Agate est transparente, la Cornaline est rouge, la Sardoine est jaune , et le Jaspe est toujours opaque. Aujourd’hui l’on s’accorde à réunir toutes ces variétés sous lerom de Calcédoine, qui indique une sous-espèce de Quartz. (J. H.) JATROPHA. (80r. PHan.) Voy. MÉpiciNier. JAUNE ( fleuve ). (cé£ocr. Pays.) Les voyageurs européens, qui ont généralement la manie de baptiser à leur facon tous les objets soumis à leurs observations et à leurs recherches, ont nommé FLeuve Jaune, un des plus grands cours d’eau de l’Asie orientale que les Chinois appellent Houang-ho, et les Mongols Karä-mourèn. Ge fleuve occupe la seconde place parmi les cours d’eau de cette partie de l'Asie; un article de ce Dictionnaire aura appris à nos lecteurs que la première est réservée au fleuve Amour ou Sukha- lian-oula , ou bien encore e-loung-kiang. Les Géographes sont loin d’être d'accord sur les différens pays traversés par le fleuve Jaune. D’épaisses ténèbres sont jetées sur ses sources ainsi que sur celles de tous les cours d’eau qui prennent naissance sur le plateau central de l'Asie. La férocité des habitans de ces contrées, d’où partirent jadis ces grandes émigrations qui se ruèrent à plusieurs reprises sur l'empire romain et sur l'empire grec, a empêché jusqu’à présent nos voyageurs européens de satisfaire leur curio- sité personnelle et la curiosité publique sur cet intéressant sujet, Ainsi donc, quant à cela, nous ne pourrons apprendre à nos lecteurs que les va- gues hypothèses inventées par la science jusqu’à ce jour, Nous leur dirons que c’est probablement dans le pays des Dzoungars, vers la Mongolie oc- cidentale, que le Fleuve Jaune où Houang-ho sort du sein des montagnes pour se diriger à l’orient. Nous ajouterons qu’il fait de nombreux détours dans cette {contrée, qu'il passe à Lan - tcheou dans le Kansou, qu'il décrit un immense circuit oo JAVA 26g JAVA. um à travers la Mongolie, arrose la ville de Kintha, longe une partie de la Grande Muraille , dans l’in- térieur de la Chine, sort de cet empire , forme , * au-delà de la Grande-Muraille , un arc de cercle assez développé, où il se subdivise en plusieurs branches qui bientôt se réunissent de nouveau pour ne faire qu’un seul et même cours d’eau , traverse de nouveau la Grande-Muraille pour ar- roser Ning-kia, descend verticalement jusqu’au 23° degré de latitude occidentale, dans l’intérieur de l'empire chinois, à travers le Chan-si, et là, bri- : sant tout à coup la direction de ses eaux, il court à angle droit avec son ancienne direction, et vase pré- cipiter dans la mer Jaune , en arrosant l’Ho-nan. Les eaux du Houang-ho sont très-limoneuses et fort abondantes. A des époques indéterminées de l’année, ce fleuve sort de son lit avec fureur, inonde tous les pays qu'iltraverse. Ces déborde- mens ont fait sentir la nécessité, dès la plus haute antiquité , de faire de grands travaux hydrauliques pour contenir et paralyser ces inondations. Ces travaux , successivement abandonnés et repris , ont été l’objet d’une attention toute particulière de la part des derniers empereurs de la Chine. M. Abel Rémusat, le Voltaire de l’orienta- lisme, comme l’a si bien nommé le spirituel au- teur de Cromwell, dans une de ses brillantes le- çons à la Faculté des lettres, remarque avec beau- coup de raison, dans un de ses nombreux tra- vaux sur la Chine, que l'embouchure du fleuve Jaune ou Houang-ho n’était pas jadis où nous la voyons aujourd'hui, mais que ce\fleuve allait porter ses eaux dans le golfe de Liào-toung , au Phou-haï, en traversant le Chan-toung. Ses prin- cipaux affluens à la droite sont : le Ouei-ho, qui traverse le Kan-sou et le Chen-si, et le Aoeï-ho, qui passe par l'Ho-nan, le Ngan-hoeï et Kiang- sou, et traverse le lac Houng-tse. Le Fuen-ho, qui parcourt le Ghen-si, est le principal affluent à la auche. (G.J.) JAUNE -D'OEUF. ( cum. ) Matière centrale de l'œuf, entourée d’un tégument propre, et atta- chée à la membrane celluleuse du blanc, à l’aide de deux ligamens appelés chalazes. Sur un des points de la surface du Jaune de l’œuf se trouve le germe, point rond, de couleur laiteuse , de la grosseur d’une lentille , et entouré de petits an- neaux concentriques appelés cicatricules. L’analyse chimique a démontré que celte partie constituante de l’œuf était formée d’eau, d’albumine, d’un acide libre, de matières colorantes rougeâtre et jaunâtre , d'huile , etc. Cette huile, préparée dans les pharmacies, à l’aide d’une légère torréfaction et de l’intermède de l’éther et de l’eau, est em- ployée en médecine pour cicatriser les gercures des lèvres , des mamelles, etc. 7. OEur. (F.F.) JAVA (île de). ( céocr. pays. ) Java est la plus importante des îles de la Sonde ; elle est si- tuée à l’est de l’île de Sumatra , dont elle est sé- parée par le détroit de la Soñde, entre les 5° 50” et 8° 58! delatitude sud, et les 102° 55 et 112° 15! de longitude est. Elle a environ 235 lieues dans sa plus grande longueur, de l’est à l’ouest , et 4o lieues dans sa moyenne largeur. Elle a, en superficie , 7,520 lieues carrées , et sa population est évaluée à 4,800,000 individus, dont 10,000 Lu- ropéens, 100,000 Chinois, et le reste indigènes. La surface de l’île de Java est parcourue par une chaîne de montagnes qui la traverse dans presque toute son étendue , en jetant sur sa droite et sur sa gauche divers petits chaînons. Parmi ces montagnes se trouvent trente-huit volcans /les uns en éruption, les autres éteints, et d'anpes enfin qui, sans être tout-à-fait éteints, sont peu actifs, et presque totalement endormis. Le sommet le plus élevé de ces différentes chaînes est le Geté , qui ne s'élève pas à moins de 2,600 mètres au dessus du niveau de la mer. Un assez grand nom- bre de rivières arrosent cette île : nous citerons ici le Zolo, le Kediri, l'Indramayou, le Kraouang , le Tchitandini, le Kanjangang et le Tchitaroum. Des plaines qui montent par un plan douce- ment incliné jusqu’au pied de la chaîne des mon- tagnes dont est couronné le centre de l’île, bor- dent la côte dans presque toute son étendue. Ces campagnes sont parfaitement cultivées etembellies de villages javanais , dont les maisons, construites en bambous et rotins , entourées d’une haie et ombragées de bouquets d’arbres fruitiers, offrent à chaque pas des points de vue enchanteurs, Les habitations se groupent généralement sur le bord des cours d’eau, auxquels les terres doivent leur étonnante fécondité, qui va jusqu’à produire par an trois récoltes de riz, denrée dont l'exportation forme la principale richesse de Java. a Le Javanais est d’une belle stature ; ses traits sont plus réguliers que ceux des Malais ; sa phy- sionomie a quelque chose de bon et de fier : il est d’un caractère assez doux, obéissant et suscepti- ble de reconnaissance et d’attachement ; mais il est vindicatif et superstitieux. Le duel est extré- mement commun parmi les Javanais, et la prin- cipale cause de ces combats est la jalousie. Les femmes sont belles et bien faites; mais l’usage qu’elles ont pris de mâcher du tabac et du bétel noircit leurs dents et inonde leur bouche d’une salive rouge très-dégoûütante. Le commerce de l'île de Java est à peu près la propriété exclusive d’une compagnie composée des premiers négocians d’ Amsterdam et d'Anvers, parmi lesquels on compte un grand nombre de hauts fonctionnaires publics et le roi de Hollande lui-même. Quoique cette compagnie n’ait aucum monopole ni aucun privilége spécial, les capitaux considérables avec lesquels elle opère empêchent les marchands particuliers de Sourabaya et de Batavia d'élever aucune concurrence, C’est ainsi que plusieurs commerces importans sont tombés en son pouvoir; c’est ainsi que le monopole du commerce de l’opium , mis au rabais, lui a été adjugé; c’est ainsi qu’elle s’est aussi emparée du droit exclusif de trafiquer avec le Japon. Après les Hollandais, les Chinois, qui sont.à Java en aussi grand nombre que dans toutes les autres îles de l’Archipel , tiennent le second rang dans la population. Leur caractère actif et inquiet les a portés; à plusieurs reprises, à se révolier contre leurs maîtres européens. Dans la dernière de-ces révoltes, 40,000 de ces malheureux furent exterminés par le for, la faim et les supplices, * Les Hollandais, qui avaient commis un aussi effroyable massacre, craignirent que la cour de Pékin n’usât de représailles envers leurs compa- triotes qui se trouvaient alors en Chine; ils dépu- ièrent donc à l’empereur quelques uns des leurs pour justifier leur conduite. La réponse que leur fit le souverain est assez remarquable pour méri- ter d’être rapportée ici. « Les Barbares ( Euro- » péens ) ont commis un acte de justice en égor- »geant des hommes capables d'abandonner leur » patrie pour aller vivre à l'étranger. » Le climat de Java est assez sam et salubre; les soirées surtout sont fort belles, Les Mouches à feu sont si phosphoriques , et en si grande quantité , qu'elles éclairent pendant lobscurité les pas du voyageur. Les haies élevées qui bordent les chemins semblent, pendant la nuit, deux mu- railles de feu dont on n’apercoit pas la fin. Les forêts de l’île de Java renferment des Tigres, des Rhinocéros, des Porcs, des Ghèvres sauvages , des Chevreuils, et une assez grande quantité de Serpens, parmi lesquels on compte le Boa. On trouve dans les montagnes quelques mines d’or et d’argent qui sont abandonnées ; leur exploi- tation ne présentant que peu de bénéfices. (G. d.) JAYET. (nn. } Gette substance , que l’on ap- pelle vulgairement Jais, est connue dans Ja bijou- terie par sa belle couleur noire, qui a même passé en proverbe , et par sa dureté assez grande pour prendre un beau poli. Mais c’est une de ses varié- #és seulement , ceile à texture compacte, que Von taille pour en faire des parures de deuil. Il y'en a de lamellaire et de granulaire, c'est-à-dire en lames ou en pelits grains, et qui ressemble beaucoup à la houille, qui offre la même texture. IL yen a de schistoïde, c’est-à-dire qui se sépareen petites plaques minces; il y en a de polyédrique, c’est-à-dire à faces ayant quelque apparence de régularité ; ily en a enfin de æyloïde, ainsi appelé parce qu'il présente un tissu ligneux. Ces diverses textures indiquent suflisamment que le Jayet esi une matière organisée fossile , d’origine végétale. Les dépôts où ses différentes variétés se trouvent se nomment en géologie Li- gnites : ils ne sont pas rares dans la nature ; aussi le Jayet compacte à brillans, qui est le moins commun et le seul employé dans les arts, sert-1là faire des bijoux de peu de valeur; les autres ne servent que comme combustible ou pour être uti- lisés pour en retirer le sulfate de fer qui l’accom- pagne fréquemment. Nous traiterons du gisement et de l’origine de celte substance à l’article LiGNiTEs. (J. EH.) JEAN LE BLANC. ( o1s. ) Aquila brachydac- tyla, Meyer; Falco gallicus, Gel. ; Jean le blanc, Buff., Cuv.; Circaëte, Vieillot. Espèce du sous- genre Circaëte , dont on peut exprimer ainsi les Caractères : cet oiseau a la tête grosse, le dessous des yeux garni de duvet blanc, le sommet de la tête, los joues , la gorge , la poitrine et le ventre: blancs, mais marqués de quelques taches d’an brun clair; le manteau et les couvertures alaires: sont bruns ; la queue carrée, d’un gris brun rayé. de brun plus foncé, est blanche en dessous ; les tarses longs, ainsi que les doigts; sont jaunes; le bec est noir et la cire jaune; l'iris jaune : la lon- gueur totale de cet oiseau est de deux pieds (voyez notre Atlas, pl, 266, fig. 1). La femelle à moins de blanc ; la tête, le cou, la poitrine et le ventre sont marqués de nombreuses taches brunes très-rappro- chées. Chez le jeune , le plumage est plus foncé en dessus, la poitrine.et le ventre sont d’un brun roux, roux, les pieds couleur de chair livide, les bandes de la queue à peine marquées , et le bec bleuâtre. Belon , qui le premier a signalé cette espèce, aflirme qu'elle était très-commune en France; cependant maintenant on l’y rencontre rarement; la Suisse n’en possède qu’un petit nombre ; l'Allemagne est le pays où on trouve le plus fréquemment cet oi- seau. Ïl se nourrit de menu gibier auquel il fait une guerre très-active , ne chasse que le matin et le soir , quoiqu'il voie bien pendant le jour ; il mange aussi les Lézards, les Serpens , les Mulots , les Sou- ris, les Grenouilles ; il saisit ces dernières avec ses ongles , et les dépèce avant d’en faire son repas ; cependant il avale les Souris entières et en rend la peau par petites pelotes. Comme tous les au- tres oiseaux de proie, il se cache pour boire; ik fait entendre parfois un petit sifllement très-aigu. Il niche tantôt sur les arbres les plus élevés , tan- LôL très -près de terre, dans des terrains couverts de bruyères. Sa ponte est de deux ou trois œufs. d’un gris Justré, sans aucunetache. (J. L.) JEFFERSONITE, (min, ) Substance que l’on a dédiée à Jefferson , président des Etats-Unis. Mais ce nom n'a servi qu'à augmenter la synonymie par un sixième nom donné à la même matière, l'H£- DENBERGITE , qui esl une des trois espèces du sous- genre Pynoxkne. ( Woy. ces mots. ) (J. H.) JEJUNUM. ( axar. ) Voy. Inresnix. JEUNESSE, J'uventus. (zoo1.) C’est cette pé- riode de l'existence humaine qui commence à l’é- poque de la puberté, c’est-à-dire de douze à qua- Lorze ans pour les filles, et de quatorze à dix-huit pour les garcons, et qui finit à trente et trente- cinq ans. Le début de la Jeunesse ou de la puberté est caractérisé par le développement de la faculté de se reproduire. Elle se déclare plus promptement dans les grandes cités, où beaucoup de jeunes gens sont artificiellement développés avant le temps par la lecture des ouvrages érotiques , par des conver- sations licencieuses et par la débauche, que dans les petites villes et à la campagne, où ils sont doués d’une constitution plus robuste. Elle est aussi plus précoce dans les climats chauds que dans les pays froids. C’est ainsi que dans les régions équato- riales et tropicales les filles sont menstruées à sept et huit ans , et les hommes sont nubiles de douze à treize aus, tandis que vers les pôles , la puberté ne se manifeste que de seize à dix-huit. ans chez, les filles, et de dix-neuf à vingt chez les hommess. Poe à Medreth ç Acarie Baron ddl 2.Jean le blanc 2.3 4.5. Jasmin. LE Cuërin dr JEUX 271 JEUX Pendant notre séjour au cap de Bonne-Espérance, | nous avons vu une jeune enfant de trois à quatre | ans , véritable phénomène , qui était réglée et qui | avait des seins aussi développés que ceux d’une | fille de dix-sept ans. A l’époque de la Jeunesse, le corps a pris gé- néralement son accroissement en hauteur ; mais il acquiert plus de vigueur , et les facultés morales et intellectuelles prennent un nouvel essor; c'est, comme on l’a dit depuis long-temps, le printemps de la vie. Au commencement de cette période, la femme est dans cet âge heureux et brillant où elle recoit les hommages dus à son sexe ; mais, hé- las ! son règne n’est pas de longue durée. La Jeunesse jusqu’à vingt-cinq ans, ou mieux l'adolescence, voit tout en beau ; elle se berce des plus douces illusions , elle n’entrevoit pas le dan- ger , elle brave les périls les plas grands sans s’in- quiéter des résultats ; elle a l’iinagination ardente; elle est confiante, généreuse , franche et affable. De vingt-cinq à trente ans, époque de l’âge adulte, les soucis, les inquiétudes d’un avenir s'emparent alors de la Jeunesse; on ambitionne les emplois, les honneurs , la fortune ; où connaît déjà les res- sorts dé Vintrigue, et les nobles sentimens font place à un froid égoïsme qui ne fait que s’accroi- tre en vieillissant. Pendant la durée de l'adolescence on ne saurait exercer une trop grande surveillance sous le rap- port de la direction à imprimer au moral, et des soins hygiéniques que le médecin doit prescrire , car c’est à cette époque que la constitution des hommes prend de la force ou se détériore complétement, Sila Jeunesse est douée d’une foule d'avantages, eïle est aussi exposée à une infinité de maladies graves. Ge sont surtout les maladies de poitrine qui conduisent un grand nombre de jeunes gens au tombeau. Les hommes qui ont abusé de leur extrême Jeunesse vieillissent avant le temps, et meurent épuisés par les plaisirs. Nous nous abste- nons de parler ici des divers âges des animaux et des plantes ; parce qu’il en sera question aux arti- cles Mammarocrs et Vécéraux. Pour compléter cet article , voyez le mot Homue, où sont tracés les caractères physiques des divers peuples qui exis- tent sur le globe. (PaoGvasrs) JEUX DE VANHELMONT. (mu. et cñor. ) Cette dénomination est la traduction du latin Lu- dus Hélmontü. On la donnait jadis à des concré- tions pierreuses qui imitaient par leur forme divers objets connus , soit des solides géométriques, soit des corps organisés ; de même que l’on appelait Jeux de Parecelse (Ludus Paracelsi), des concré- tions anaiogues ou qui renfermaient des prismes formés par l’action du retrait que la matière avait éprouvé pendant sa consolidation. Ces corps, que l’on a dédiés à deux savans célè- bres, sont tous des sphéroïdes plus ou moins ré- guliers, plus où moins aplatis, lisses à leur exté- rieur, et formés soit de calcaire , soit d’argile , assez souvent ferrugineuse, Les vides intérieurs sont ordinairement remplis de-baryte, de carbo- nate de fer, ou de quartz, Les corps dont il s’agit ne sont généralement désignés aujourd’hui que sous les noms de Rognons et de Goncrétions, Mais ils ont joui long-temps, sous ceux de Jeux de Vanhelmont et de Jeux de Paracelse, d'une grande célébrité, parce qu’on leur attribuait des propriétés merveilleuses: ce qui faisait que ceux qui n'étaient pas trep gros ser- yaient d’amulettes. (J. H.) JEUX-FLORAUX. (roT.) On sera sans doute surpris de trouver ici qu'il soit fait mention des Jeux-Floraux, que l’on ne considère que comme une association littéraire ; mais quand on réfléchira qu'il s’agit autant des fleurs ou emblèmes botani- ques adoptés par les fondateurs, que de relever une erreur historique répélée dans tous les livres, on me saura peut-être gré de ce que je vais dire. La fondation des Jeux-Floraux à Toulouse re- monte au 3 novembre 1523; elle eut pour but de rappeler la haute Littérature et le bon goût singu- lièrement abâtardis durant les nuits d’ignorance, de despotisme et de honteux préjugés du moyen- âge. Les sept fondateurs prirent le titre de Main- tenedors del gay saber , ets’imposèrent l’obligation de remettre le premier mai 1325, le jour de la fête de la violette, «una violetta de fin aur» (Wiola odo- rata) à celui qui fournirait le morceau de poésie le mieux pensé, le mieux écrit. Trente ans plus tard, le nombre des concurrens et le désir d’exciter de plus en plus l’émulation firent ajouter deux autres fleurs à la première. Ce fut d’abord Je Glays (Gla- diolus communis) et la Gesca (Butomus umbellatus), puis «a flor dal Gauch » (Calendula officinalis) d’ar- gent fy, et la flor d'Ayglantinä (Rosa rubiginosa). En 1513, on changea ces deux dernières fleurs en celles de l’Amaranthe (Æmaranthus viridis) et du Lis (Lilium candidissimum). On parle sans cesse d’une Clémence Isaure comme ayant institué les Jeux-Floraux en 1515, et doté sa fondation de larges libéralités. Malheu- reusement ce personnage est de pure invention ; Pierre de Caseneuve, dans son Histoire de l’origine des Jeux floreaux (Toulouse, 1659, in-4°), assure avoir fait les recherches les plus minutieuses pour arriver à découvrir la vérité ; 1l déclare en outre ue cette dame n’a jamais existé, et que les actes aliégués à l’appui de sa prétendue dotation ne se trouvent enregistrés nulle part , ni sur les livres de l'Académie , ni chez aucun notaire, ni dans les archives de la ville, ni dans les deux grands re- gistres en vélin où se trouvent inscrits tous les faits notables de la ville de Toulouse depuis lan 1141 jusqu’en 1600. La statue en marbre blanc que l’on cite et que l’on dit n’avoir échappé qu'avec peine au vandalisme de 1795, est un tra- vail romain du bas-âge; ce fut en 1557 que l’on voulut l’inaugurer comme étant celle de Clémence. Isaure; on placa aux pieds, sur une plaque ce bronze, une inscription latine fort bizarre , écrite par l'avocat Martin de Rhodez , alors capitoul. On fit aussi de vaines recherches pour découvrir des traces da prétendu testament et de l'existence de la prétendue donatrice : tout fut inutile. Aucun des cent vingt poètes langnedociens qui fleurirent oo JONC 27e JONC dans le quatorzième siècle ne fait mention de cette dame. (T. ». B.) JOHNIUS. (rorss.) Nous appellerons de ce nom, qui se trouve dans plusieurs auteurs sans signifi- cation , des Sciénoïdes qui diffèrent des Otolithes et des Corbs en particulier, parce qu’ils ont seu- lement la seconde épine anale plus faible que les rayons mous qui la suivent ; d’ailleurs, la disposi- Lion de leurs dents leur est particulière ; en velours aux deux mâchoires , elles sont précédées à la mâ- choire supérieure par un rang plus fort que les aulres. La chair des Johnius est blanche, légère et de peu de goût; aussi les Anglais du Bengale leur ont transporté le nom de Merlan (Whiting) ; les espè- ces en sont assez nombreuses ; Bolo est leur nom générique au Bengale ; le long des côtes d'Orixa et de Goromandel, on les désigne par celui de Ka- talai, Katèlé, auquel on joint une épithète parti- culière pour chaque espèce, et qui s'applique aussi à des Corbs et des Ombrines. On compte plusieurs espèces de ce genre; la principale est le Coitor, que l’on trouve dans le Gange, et dont la couleur est tout entière d’un gris brun un peu doré ou argenté ; sa taille ordi- naire est de sept à huit pouces, mais elle atteint quelquefois un pied. Sa chair est un article de consommation. On a dédié à M. Dussumier une autre espèce à peu près de la même taille; c’est un poisson fauve, avec des teintes violettes et dorées. Il existe dans les mêmes mers une espèce très- semblable à celles que nous venons de citer, mais qui est un poisson fort éclatant; ses joues, ses opercules , les environs de ses pectorales sont sur- tout d’un beau jaunâtre, brillant d’un bel éclat métallique ; ce qui le fait reconnaître au premier aspect c’est qu’il porte de chaque côté de la queue, sur Ja base, une tache noire qui ressemble à l'empreinte qu’un fer chaud aurait laissé sur da bois, d’où lui est venu aussi le nom de Tambour brülé. Cette espèce atteint jusqu’à près de quatre pieds; c’est un excellent manger. Bloch a représenté un de ces poissons, pl. 357, sous le nom de Johnius æneus. Gette espèce est ar- gentée, avec une teinte rougeâtre sur le dos et sur les nageoires, la première dorsale exceptée qui est noirâtre ; sa têle est un peu plus courte que dans les espèces précédentes, et ses pectorales assez longues et pointues; ses flancs brillent d’un éclat doré, et ses nageoires ventrales sont d’un jaune foncé. L'espèce est reproduite à la planche'267, fig. 2, de ce Dictionnaire. (Azrx. G.) JOLIBOIS. (ror. PHAN.) Voy. Daruné. JONC , J'uncus. (Bor. PHAN.) Genre de plantes monocotylédonées et squamiflores , répandues dans toutes les contrées du globe, dans les plaines et sur les montagnes, dans les lieux marécageux, au bord des glaciers, de la mer, des lacs, etc. ; leur aspect varie peu; la distinction des espèces n’est souvent appréciable que par le botaniste. Le genre Juncus de Linné, vaste et polymorphe, forme aujourd’hui une famille entière, celle des Jon- cées; Adanson et de Candolle, d’après lui, l'ont restreint aux espèces ayant les feuilles cylindriques et la capsule polysperme ; les espèces linnéennes à feuilles planes composent le genre Luzula. De- vaux avait proposé de nouvelles circonscriptions ; d’après des caractères assez légers , il répartissait le Juncus de De Gandolle en quatre nouveaux genres , savoir : Juncus proprement dit ; Marsipo- spermum , ayant pour type le J. grandiflorus ; Ros- tokvia, fondé sur le J. magellanicus ; Cephaloxys, sur le J. flabellatus. Ges genres n’ont pas été adoptés. Le Juncus , selon De Candolle, a pour carac- ières : un calice de six sépales écailleux et glu- macés, disposés sur deux rangs ; six étamines (par- fois seulement trois) attachées à la base du calice ; un ovaire plus ou moins triangulaire , à une ou trois loges incomplètes, contenant plusieurs ovu- les; un style simple, terminé par trois stigmates filiformes et velus ; une capsule uniloculaire, po- lysperme, s’ouvrant en trois valves; graines ovoi- des, contenant un embryon basilaire dans un endosperme charnu. Les Joncs sont vivaces, très- rarement annuels; leurs tiges sont tantôt nues, tantôt feuillées, quelquefois articulées et*garnies de feuilles cylindriques. Leurs fleurs sont en gé- “néral petites et disposées en panicules. Dans une monographie de la famille des Jon- cées, rédigée par de La Harpe, de Lausanne, les Joncs sont répartis en soixante-dix-neuf espè- ces; trente-une se trouvent en Europe ; quatorze dans l'Amérique méridionale; vingt-six dans la septentrionale ; douze dans la Nouvelle-Hollande; quatorze en Barbarie et dans les îles Canaries; huit en Asie; sept au Cap de Bonne-Espérance ; dix dans les régions élevées des Alpes et en La- ponie ; quatorze dans l'Europe et l'Amérique sep- tentrionale ; trois (les J. communis , maritimus et bufonius) sous toutes les zônes et tous les climats. Aucune espèce de Jonc n’est cultivée comme ornement dans les parterres; les feuilles des J. te- naz, glaucus, effusus, acutus, etc., font d’excellens liens pour le jardinage. Le J. grandiflorus est une des espèces les plus élégantes ; le J. flabellatus est remarquable par ses feuilles disposées en éventail. On donne vulgairement le nom de Jonc aux Luzules, qui en sont extrêmement voisines , ainsi qu’à des plantes de genres ou de familles totale- ment différens ; ainsi on appelle : Joxc D'Asie , le Cyperus rotundus ; Joxc carré, des Souchets à tige quadrangulaire; Jonc pes cHalsiers, le Scirpus lacustris ; Jonc À corow, les Linaigrettes ou Eriophorum:; Jonc coTonNEUx, les Z'omex ; Joxc n’Eau, les Scirpus et les Schænus ; Joncérineux, l’Ulex europæus, L.; Jonc D’Espaene, le‘ Spartium junceum; Joxc D’£ranG, le Scirpus lacustris ; Joxc Faux, le Triglochin; Jonc rLeuri, le Butomus umbellatus ; Jonc pes Innes, les tiges du Rotang ; “Jonc marin , l’Ulex europæus; Jonc À moucues, la'Jacobée ; Jonc pu Nix, le Cyperus papyrus , L, ; Jonc . PL. 268. Aeañe Baron 1.2.Joncs. 3.Joncnelle. 4 .Jonquille. £ Cuerin dé JONC a — 275 a ———— JON mm Joxc oporanT, l'Andropogon schœnanthus, et l'Acorus verus; Jonc »E LA passion, la Masselte , etc., etc. (L.) L'espèce de Jonc représentée en notre Atlas, pl. 268, fig. 1, et copiée en ma présence sur la nature vivante, est le Jonc ARTICULÉ, Juncus articu- latus , parfaitement décrit par Linné. Habitant le bord des eaux et les lieux humides, ses tiges cy- lindriques , hautes de trente-deux à quarante cen- timètres , s’échappent d’une racine traçante , noueuse , chargée de radicelles plus ou moins for- tes, plus ou moins étendues ; les feuilles sont d’a- bord cylindriques , puis creusées en goutlière et même parfois légèrement planes, toujours com- primées , fistuleuses , cloisonnées , articulées d’es- pace en espace, et pointues. Les fleurs sont soli- taires ou deux et quatre ensemble, disposées en une panicule lâche, terminale. La figure 1 a montre la fleur grossie avec la bractée qui l’ac- compagne habituellement ; la figure 1 à repré- sente la même fleur ouverte pour faire voir la po- *sition des six étamines, l'ovaire et les trois slig- mates filiformes qui le surmontent. Nous donnons, fig. 2 a , la germination du Jonc Des Craraups, J. bufonius, parvenue à son troi- sième degré, et en à la même arrivée à son terme, avec l'échelle de la grandeur naturelle (fig. 3 c ). Ces détails nous ont paru nécessaires pour com- pléter tout ce que l’on a dit jusqu'ici des Joncs. La germination est assez prompte et la même dans toutes les espèces. (T. ». B.) JONCAGINÉES , Juncagineæ. (80T. nan.) Une des huit familles entre lesquelles ont été répartis les Joncs de l’illustre auteur du Genera (voyez ci- après) ; elle se compose seulement de trois genres, savoir, le Zriglochin, le Scheuchzeria, L., et le Lilæa de Bonpland. L’auteur de ce pelit groupe, Richard père, semble ne pas lui avoir attaché beau- coup d'importance en lui assignant une sorte de nom adjectif qui rappelle sa classification primi- tive; une légère différence dans l’attache de la graine et dans la forme de l'embryon le distingue des Alismacées, dont peut-être il ne devrait for- mer qu’une section, en en retirant le Lilæa. Voici du reste l’ensemble des caractères pré- sentés par les deux genres principaux de la famille des Joncaginées : fleurs hermaphrodites ; périan- the à six divisions ; six étamines à filets très-courts, à anthères cordiformes et biloculaires; trois ou six ovaires réunis au centre de la fleur, plus ou moins soudés par leur côté interne, à une loge contenant un ou deux ovules ; stigmates sessiles ; capsules renflées , déhiscentes , contenant une ou deux graines dressées , sans périsperme. Si l'on admet le Lilæa dans le groupe des Jon- caginées, les caractères sont moins généraux, parce que les fleurs de ce genre sont unisexuées ét dépourvues de calice. Aussi, dans le but de re- médier à cette complication, À. Richard a-t-il essayé de considérer les six étamines et les six pis- tils du Triglochin et du Scheuchzeria comme au- T. IV. tant de fleurs monandres ou femelles. Nous es- pérons que le savant professeur aura renoncé à celle manière de voir, que rien ne justifie, si ce n’est le zèle de rendre plus uniforme la famille des Joncaginées de son père. (L. JONCÉES , Junceæ. (mor. pnan.) Famille de plantes monocotylédonées , à étamines périgynes, formée d’une des sections du groupe des Joncs de Jussieu , et limitée par De Caudolle et R. Brown aux caractères suivans : fleurs hermaphrodites (rarement unisexuées et monoïques) ; calice pro- fondément divisé en six lanières glumacées , dispo- sées sur deux rangées. Six étamines (rarement trois), attachées à la base des divisions calicinales, à filets subulés, anthères biloculaires : ovaire libre au fond de la fleur, à une ou trois loges ; style simple, portant trois stigmates filiformes , ou bien un stigmate trilobé ; capsule à une ou trois loges, s’ouvrant en trois valves septifères sur le milieu de leur face interne (quelquefois indéhiscente), contenant une ou plusieurs graines; ces graines sont revêtues d’un tégument propre, membra- neux ,-et contiennent un endosperme charnu ou cartilagineux, dans lequelest un embryon presque cylindrique. Ainsi déterminée, la famille des Joncées se compose du seul genre Juncus de Linné , ou Juncus et Luzula de De Gandolle; ce dernier y joint V Abama d’Adanson , et Robert Brown, les genres nouveaux qu'il nomme Xerotes, Dasypogon et Calectasia. Toutes ces plantes sont des herbes an- nuelles ou vivaces, à tiges nues ou feuillées , à feuilles généralement engaînantes, planes ou bien cylindriques ; leurs fleurs sont glumacées , c’est-à- dire écailleuses et non colorées, petites, disposées en panicules et en grappes. (L:) JONCIER. (sorT. Pan.) Un des noms vulgaires du Genista juncea , appelé aussi Genèt d’Espagne. 7, au mot GENËT, (L.) JONCINELLE , Æriocaulon. (Bot. pnan. ) Tou- jours empressés de détruire ce qui existe et de hérisser d épines les avenues fleuries de la science des plantes, les novateurs ont changé notre vieux mot Joncinelle si poétique, si généralement em- ployé, en celui de ErrocauLon (voy. ce mot), qui flatte fort peu l'oreille et le goût. Pour réparer en partie cet outrage fait à la langue nationale , nous avons cru devoir reslituer ici sa place au genre français et donner dans notre Atlas, pl. 268 , fig. 3, la représentation de la JONCINELLE DENDROÏDE, E. dendroides , que Kunth a rapportée de l’Amé- rique méridionale. Habitante des eaux et des ter- rains humides, cette belle espèce, figurée de grandeur naturelle, est très-remarquable par sa souche dressée, garnie de feuilles nombreuses, ensiformes , rapprochées les unes des autres, et surtout par ses petites têles sphériques de fleurs argentées, portées sur de longs pédoncules pileux et capillaires, que l’on a justement comparées à ces globes enflammés qui, sous le nom de chan- delles romaines , s’élancent du foyer d’un feu d’ar- tifice. La fig. 3 a représente une fleur stérile grossie avec la feuille rudimentaire à l’aisselle de 275° Livraison. 35 JOPP 374 JOSE liquelle elle est née; et 5 l’ovaire qui est su- père, couronné de son style à trois divisions. Les Joncinelles mériteraient d’être cultivées dans les plate-bandes de nos parterres; elles y produiraient un cflet très-pittoresque. Quelques tentatives nous ont prouvé qu’il sufhrait de vouloir ét de prendre la peine de les arroser souvent. Élles seraient mieux encore autour des pièces d’eau, des rivulets, qui produisent de si beäux effets dans les jardins. (T. ». B.) JONCOIDES. (sor. PnAx.) Nom de famille em- ployé par Ventenat et autres bolanistes. Voyez Joxcs. (L:) JONCS , J'unci. (por. Pman.) Famille de plantes monocotylédonées, établie par Jussieu dans son, Géncra , placée après les Graminées et les Sou- chets, avant les Asparaginées, et composée de. genres assez divers; elle faisait transition entre les fleurs écailleuses ou glamacées et les fleurs pétaloï- des ou colorées. Ses caractères généraux étaient : herbes à feuilles alternes où seulement radicales, toujours simples , semblabies à celles des Grami- nées, ordinairement engaînantes à leur base; calice tantôt glumacé , tantôt pétaloïde ; étamines en nombre défini (5 ou 6) ou indéfini; un où plu- sieurs ovairés. Un groupe aussi polymorphe né- cessitait des subdivisions ; mais on les a trop mul- tipliées ; aujourd’hui ôn ne compte pas moins de huit familles créées sur ce seul groupe, et fondées sur dés détails d'organisation qui appartiendraient plutôt à la distinction des genres; nous allons les énumérer en les classant sous le rapport de la consistance des enveloppes florales. Fceurs ciumAc£es : 1° Joncées, comprenant les genres runcus, Luzula, Abama et quelques autres dont la classification n’est pas arrêtée; 2° Restia- céés , avec les genres Értocaulon, Restio et Xÿris ; 8° Joncaginées, avec les genres Scheuchzeria et Triglochin. FL£surs SEMI-PÉTALOÏDES : 4° Commelinées, avec les 5enres Commelina, Callisià et Tradescantia. Freurs PÉrALoïnes : 5° Butomées, avec le genre Buütomus ; 6° Alismecées , avec les genres ÆAlisma , Damasonium et Sagittaria ; 7° Gabombées, avec lés genres Cabomba et Hydropeltis; & Colchica- cées, avec les genres Varthecium, Helenias, Me- lanthium, Veratrum et Colchicum. (L.) JONQUILLE, Jonquilla. (ror.‘rnan. ) Espèce du genre Narcisse (voy. ce mot). Gette espèce a été représentée dans notre Atlas, pl. 268, fig. 4 Une espèce d’Agaric arecu de Paulet le nom de Jonquille de chêne. (G. £.) JONTHLASPT. (cor. Pan.) Nom que Tourne- fort, à l'exemple des anciens botanistes, donnait à une pelite Crucifère dévenue le type du genre Clypeola, L. Ce nom désigne, dans la Flore de Dé Candolle, la première des sections qu’il a établies dans ce genre. (C. £.) JOPPE , Joppa. (1ns.) Genre d'Hyménoptères dé la famille des Papivores, tribu des Ichneumo- nides, établi par Fabricius sur quelques espèces de cette tribu propres à l'Amérique méridionale ; les insectes qui le composent se rapprochent, par la forme, des Ichnéumons propres ; mais leurs an- tennes sont épaissies près de l’extrémité et se ter- minent ensuite en pointe. (A: P:) JOSÉPHINIE, Josephinia. (vor. pnan.) Genre de plantes de la fanille des Biguoniacées et de la Didynamie angiospermie, créé en 1806 par Ven- tenat en l'honneur de Joséphine, impératrice des Français. Ce n’était point un viltribüt offert à la position sociale de cette excellente femme ; c'était un hommage sincère rendu à ses qualités pérson- nelles et aux services qu’elle a réellement rendus à la science des végétaux et à l’art de les cultiver, Les : caractères du genre sont de renfermer des plantes herbacées, à feuilles opposées, à fleurs solitaires et axillaires, ayant le calice d’une seule pièce, coupé en cinq lanières droites, égales ;.en fer de lance ; la corolle monopétale, irrégulière , labiée , à tube court et gorge enflée ; les étamines au nombre de quatre, plus courtes que la corolle, avec lerudiment d’une cinquième ; les anthères vacillantes, d’un jaune de soufre et surmontées d’une petite glande; l'ovaire verruqueux, entouré par le disque; le style de la longuenr des étamines , couronné par: un stigmate quadrifide. La noix ligneuse qui suc- cède à cet appareil est très-dure,, ovale, hérissée de pointes, d’un brun cendré, et percée, en son sommet, de trois à cinq trous se prolongeant à l'intérieur, où ils forment autant de loges conte- nant quatre ou trois semences solitaires, d’un gris cendré, fixées à la base des loges et obtuses à chaque extrémité. Je me suis assuré qu’elles lèvent sous le ciel de Paris, et qu’elles y atteignent leur parfaite maturité. La plante qui sert de type à ce genre, .intéres- sant par son port, la JosÉPHINIE IMPÉRATRICE, J. :imperatricis, est originaire de la Nouvelle-Hol- lande et élevée à La Malmaison de graines rap- portées par le capitaine Hamelin. Bisannuelle, elle se fait remarquer par la beaulé de son feuil- lage et par ses fleurs ressemblant par la couleur à celles du Catalpa, Bignonia catalpa ( voyez la pl. 260, fig. 1, de notre Atlas). De sa racine, qui est pivotante, d’un blanc-jaunâtre et fournissant des fibres allongées , sort une tige d’abord cylin- drique et d’un vert cendré , puis tétragone et rou- seâtre ; elle monte de quatre-vingts à cent centi- ruètres , est rameuse, couvérte d'un duvet court , peu apparent, et parseméé de nœuds dans tout & son étendue. Les rameaux sont axillaires , opposés, très-ouverts , de la même forme ét de la même couleur que la tige. Les feuilles naissent des nœuds, se montrent opposées, réfléchies, pétio- lées, cordiformes et ovales pointues, d’un vert gai; les inférieures sinuées , dentées , longues de treize centimètres sur huit dé largeur; les sapé- rieures crénelées ou presque entières, ét beaucoup plus courtes , portées sûr des pétioles sillonnés en dédans, légèrement teintes de pourpre. Les fleurs, d’un gris de perle, nuancées de rose en dehors, tachetées de points empourprés en dedans, ont la forme et la grandeur de ‘celles du Sésime de l'Inde, Sesamum orientale; elles s’échappent de l'aisselle des feuilles supérieures, présentent dans saqeqnop €: LPÉUPAD AT ourqdosog 7 Pad LT < 217 JOUB 579 JOUB leur ensemble uve grappe allongée comme la Digi- | rir les brûlures. Ce dernier palliatif n’a pas la tale sceptre, Pigitalis scéptrum , et s’épanouissent durant l'été. A l’époque de l’inflorescence, les fleurs de la Josephinia imperatricis sont pentagones à leur som- met ; les bords de chacun des lobes du limbe, qui n’est pas encore ouvert, sont réfléchis en dehors à leur base , ét forment des angles assez saillans. Il est facile alors de les confondre avec les fleurs du Sesamum orientale , figurées dans l’Æortus ma- labaricus , vol. 1x, pl. 55. Dans la planche 269 de notre Atlas, on voit, fig. 1 a, la corolle ouverte de la Joséphinie im- pératrice, avec ses qualre étamines et le rudiment de la cinquième; la fig. 2 a représente le pistil grossi afin de voir les tubérosités éparses sur l’o- vaire, dont la base est entourée d’un disque glan- duleux, et la fig. 1 D, le fruit armé de ses pointes. - (T.». B,) JOUBARBE , Sempervivum, (or. PHAN.) Inscrit dans la famille des Crassulacées et appelé par le nombre de ses organes reproducteurs dans la Do- décandrie dodécagynie, le genre Joubarbe est composé d'une trentaine d'espèces indigènes à YEurope , aux îles Canaries et au cap de Bonne- Espérance. Ces plantes dicotylédonées , d’une ver- dure constante, d’une durée pour ainsi dire perpé- tuelle, sont ornées de feuilles épaisses, charnues , presque toujours disposées en roseltes étalées ou rampantes sur le sol, quelquefois placées sur les ra- mificalions du pédoncule radical, qui est tantôt simple, tanlôt rameux, plus ou moins rougeûtre, terminé par un épi de fleurs, dont les principaux caractères sont les suivans : calice monophylle, persistant, divisé profondément en six, sept on huit lanières; corolle de six à dix-huit pétales lan- céolés, parfois réunis entre eux à leur base; éta- mines en nombre ordinairement double de celui des pétales; six à dix-huit ovaires , oblongs , pointus, disposés circulairement au fond de la fleur, et terminés par un style simple, courbé en dehors et par un stigmate capitnlé, en sillon longitudinal, adné à la face interne du style, En dehors de chaque ovaire on remarque assez souvent des appendices de forme très-variable : ce sont des étamines avor- iées. Chaque ovaire devient une capsule unilocu- laire, allongée, s’ouvrant par l'angle interne d’une suture longitudinale, et contenant plusieurs grai- nes insérées, sur un seul rang, au bord dela suture, Tout le monde connaît la JouRARBE DES Toirs, S. tectorum , indigène à l'Europe et très-impropre- ment appelée Artichaut sauvage des vieux murs, Elle se trouve sur les toits rustiques et dans les fentes des rochers ; elle a figuré long-temps dans les pharmacopées, dans les ordonnances médi- cales comme excellente, contre les fièvres bilieuses et inflammatoires ; toutes ses propriétés se rédui- sent aujourd'hui à soulager les douleurs causées par les hémorrhoïdes enflammées ; on dépouille les feuilles de l’épiderme et on les applique direc- tement; on en fait aussi, avec du beurre ou .de l'huile d'olives, uné espèce de pommade pour gué- puissance de l’éther sulfurique , qui fait cesser de suite la douleur.et prévient les cicatrices. Deux belles espèces ont fixé notre choix pour entrer dans l'Atlas; à la pl. 269 on voit fig. 2, la JOUBARBE TOILE D’ARAIGNÉE, S, arachnoideum , trouvée au temps de Gaspard Bauhin, qui la nom- mait Sedum montanum, parmi les rochers découz, verts des Alpes, des Pyrénées et des autres mon- tagnes élevées de l'Europe. La singularité de son: port, l'existence du réseau de poils blancs coton= neux et menus, semblable à une toile d’araignée, dont , surtout au printemps, se couvre le milieu de ses rosetles glauques , ainsi que ses jolies fleurs d’un rouge purpurin, qui s’épanouissent en juin et juillet, l'ont fait admettre dans les jardins, où elle réussit à merveille et décore agréablement les rocailles exposées au soleil. Cette plante est mu- nie de petites racines fibreuses; Je pédoncule qu’elles fournissent monte an plus à seize centi- mètres ; elle .est moitié moins forte dans toutes ses parties que l'espèce précédente; ses rosettes globuleuses sont composées de feuilles pressées, rangées symélriquement, succulentes , ovales ai- guës ; les extérieures plus grandes. Celles du pé- doncule radical, toutes sessiles , presque toujours opposées, s’allongent un peu et prennent un œil rougeâtre. Chaque division de ce pédoncule offre ordinairement à sa cime trois fleurs d’un rouge très-agréable ; les huit à douze pétales qui les con- slituent servent chacun de couche à deux étami- nes fixées à leur base. Sous la fig. 3 de la même.pl. 269, nous don, nons le portrait de la Jougarse pe Mapkre, 8, glutinosum, de Aiton. Elle est arrivée en, £urope dans l’année 1777; mais, ce n’est qu’en 1805 qu'elle a été cultivée chez nous ; elle a le port de la JousarBe DEs CANARIES, S, canariense, qui ne _donne ordinairement dans nos jardins qu’une grande rosette au lieu de trois qu’elle a dans son pays. Son pédoncule radical est ligneux près du sol, monte de seize à soixante-dix centimètres et est enduit d’un suc visqueux jusque sur ses ramifica- tions, Les feuilles qui la garnissent au pied (ainsi qu’on le voit dans le bas de la figure), sont d’un vert luisant, larges, cunéiformes, très-charnues , et ciliées en leurs bords, la plupart rapprochées les unes des autres en une sorte de rosette ; celles des ramifications sont plus petites, concaves d’un côté, convexes de l’autre, Les fleurs jaunâtres , très- nombreuses, disposées en plusieurs grappes unila- térales , forment souvent une large panicule. Ai-je besoin de dire quele nom botanique est la simple traduction du nom porté par ce genre de plantes chez les Grecs, et que le mot datuoy est composé de l’adverbe és, toujours, et de l’ad- jectif &50<, vivant? Mais je ris de, ceux qui voient dans le mot vulgaire Joubarbe, d’abord le nom de Jupiter, ou Jou, sous lequel les académiciens veulent, je ne sais trop pourquoi, que les Celtes et les Gaulois adorèrent ce maître des dieux de la mythologie , puis la longue barbe blanche dont les poètes et les peintres ornent son menton, Je ne 2 JOTE o 276 JOUR trouve pas d'indication plus ancienne du Jovis barba, que dans les capitulaires du 1x° siècle. C’est un reste de basse tradition romaine. (T. n. B.) JOUBARBE BRULANTE. (sor. pHan.) Nom vulgaire d’une espèce très - commune d’Orpin , Sedum acre, qu’on trouve sur les murs. Jousarge DES viens. C’est une autre espèce d'Orpin , le Sedum telephium. (P::0:B1) JOUBARBES. (2or. Han.) Adanson donnait ce nom à la trente-troisième famille de son système. De Jussieu l’avait adopté pour sa quatorzième classe; depuis, dans la vue de perfectionner la méthode philosophique qui porte son nom, il a changé la dénomination primitive contre celle de Crassurac£es. (Voy. ce mot, tom. IL, p. 575.) (T. ». B.) ! JOUES-GUIRASSÉES. ( rorss. ) En comparant superficiellement les Percoïdes et les Joues-cui- rassées, on leur trouve des formes tellement dif- férentes, qu'on serait tenté de placer ces deux familles à une grande distance l’une de l’autre ; mais quand on examine leur structure intérieure, on leur trouve à tous une organisation semblable, et l’on s’apercoit bientôt que les différences qui les distinguent ne tiennent qu'à des organes peu importans. Les sous-orbitaires des Joues-cuiras- sées, qui forment le bord inférieur de la cavité de l’œil, font , au dessus de leurs joues , une sail- lie considérable qui masque et déforme leur fi- gure au point de rendre leur physionomie mon- strueuse ; c’est ce caractère qui leur a fait donner le nom de Joues-cuirassées : leur tête a d’ailleurs une forme anguleuse , tantôt comprimée sur les côtés, tantôt déprimée horizontalement, et quel- quefois un peu carrée. Leur corps est allongé, conique, en un mot rapproché, pour la forme , de celui des Vives , des Uranoscopes et des Mulles; mais il est un caractère qui distingue les Jones- cuirassées de la famille précédente et de tous les autres poissons, c’est que leurs sous-orbilaires s’articulent avec le préopercule , c’est-à-dire avec celte plaque osseuse qui , placée devant l’opercule, lui sert de soutien et de point d'appui. Ajoutez à ces caractères que les poissons à joues cuirassées ont la tête diversement armée d’épines ou de plaques tranchantes, qui leur don- nént une physionomie désagréable et souvent hi - deuse, ce qui les a fait appeler Grapauds, Diables de mer, Chauve-souris, Scorpions de mer, etc, Leurs membres antérieurs sont tellement déve. loppés, qu’ils ressemblent, dans certaines espè- ces, à de véritables ailes, dont ils font. l'office jusqu’à un certain point, non pas que ces pois- sons puissent voler comme des oiseaux, comme pourrait le faire croire le nom de Voissons volans que leur donnent ordinairement les gens de mer, mais au moyen de l'espèce de parachute qu'ils trouvent dans la conformation de leurs pectorales, ils se soutiennent assez longtemps en l'air pour échapper aux poursuites des ennemis aquatiques qui les chassent. Les habitudes de ces poissons sont encore peu connues; on sait néanmoins qu'ils habitent alternativement les profondeurs de la mer et le voisinage de ses côtes ; là ils sillonnent les flots en troupes innombrables, et s’ils sont at- taqués par quelques requins ou par quelques au- tres poissons voraces , ils prennent leur essor et parcourent dans les airs un intervalle plus ou moins long , mais dont l’élendue dépasse rarement cent pieds. [ci its se tiennent cachés dans les fen- tes des rochers, soit au milieu des sables ou parmi les plantes marines, sans cesse occupés à guetter une proie d'autant plus diflicile à prendre, que, redoutant ses ennemis, elle s’en tient plus éloignée. Ce n’est donc qu’à force de ruse et d’a- dresse qu'ils peuvent, malgré la puissance de leurs armes, se procurer la nourriture nécessaire à leur subsistance. C’est lorsqu'ils se trouvent ainsi près du rivage qu’on leur fait la pêche; car, quoique leur chair ne soit pas des plus délicates , elle sert de nour- riture aux pauvres. On observe que , lorsqu'on les prend , la plupart de ces poissons font entendre un bruit plus ou moins fort-qui leur a fait donner le nom de Grondins; on ignore entièrement quelle peut être la cause de ce phénomène remarquable qu'on ne trouve que dans un très-petit nombre de poissons , auxquels les anciens avaient, à cause de cela, donné le nom de Mutum pecus, la gent muette, Cette nombreuse famille d’Acanthoptérygiens renferme un grand nombre de genres, entre au- tres les Tricces , les Dacrycoprères , les CHagots, les Sconrrons, les Erinocues, etc. (Azrn. G.) JOUR. ( ctocr. puys., asTr. ) Îl est bien cer- tainement de nos lecteurs qui, en voyant le titre de cet article, se diront : « À quoi bon un article sur un sujet comme celui-là ? Tout le.monde ne sait-il pas ce que c’est que le Jour? Ne sufit-il pas, d’ailleurs, de tous les Dictionnaires de la langue française pour avoir, sur ce mot, toutes les explications désirables? Ouvrons le Diction- naire de l’Académie, par exemple, n’y voyons- nous pas : Jour : clarté, lumière que le soleilré;:and lorsqu'il est sur l'horizon ou qu'il en est proche; et plus loin une foule d’exemples fort bien choisis pour les plaisirs de l'esprit , tels que : Cette beauté peut soutenir le grand Jour: le Jour n’a jamais pé- nétré dans ces abîmes : le soleil est le père, le flam- beau du Jour , l’astre qui donne , qui fait le Jour, etc. Tout cela ne suffisait-il donc pas, et après les six colonnes du Dictionnaire de l’Académie, étions- nous cbligés d’en lire encore autant sur un sujet déjà connu ? » Vanité que tout cela! erreur complète de la part de nos lecteurs! qu’ils lisent ceci, et nous avons la prétention qu'ils auront pu encore trou- ver dans ces lignes quelques notions qui peut-être leur étaient inconnues. Ainsi que l’a dit un habile astronome, la vie de l’homme est une succession continuelle de travail et de repos. Ces alternatives sont comman- dées par la nature; ellés sont réglées par la pré- sence ct par l’absence du soleil ; mais les périodes de’ ces phénomènes sont trop longnes pour que l’homme puisse les consacrer , sans interraplion ; JOUR 277 JOUR au repos ou au travail. [Lest obligé de les partager en d’autres plus petites, qui soient plus en rap- port avec la faiblesse de ses facultés physiques et morales. De là l’idée du temps, de là les divisions du Jour et de la nuit adoptées chez tous les peu- ples civilisés, » Qu'est-ce donc que le temps, si ce n’est, non pas un phénomène particulier que l’on puisse facilement saisir et apprécier, mais bien une suite, une succession de phénomènes , une trace laissée dans la mémoire par l'observation succes- sive de plusieurs effets ? La multiplicité des événe- mens de la vie, leur mobilité, amènent nécessai- rement lesprit à concevoir l’idée de commence- ment et de fin, l’idée d'avant et d’après, et dès lors l’idée du temps. Ainsi les intervalles de temps égaux seront pour nous les successions d’effets pen- dant lesquelsnous pourrons parcourir le même che- min ou faire le même travail dans les mêmes condi- tions; des intervalles de temps inégaux, au con- traire, ne nous permettront pas d'exécuter les mêmes choses. De Jà donc une grande différence entre eux; de là surtout le moyen de les compa- rer; de là donc la mesure du temps. L'homme , par la faiblesse de ses facultés phy- siques et morales, étant oblizé, comme nous l’a- ons déjà dit, de partager sa vie entre le repos et le travail, devait nécessairement chercher des es- pèces de point de repère qui lui indiquassent d’une manière régulière les momens consacrés au tra- vail, les momens consacrés au repos. Le premier, -sans nul doute, et le plus ancien moyen qu'il dut employer à cet effet, fut l'observation du lever et -du coucher de l’astre qui éclaire le monde, du soleil. Plus tard, l'ombre des corps qui augmen- tait ou diminuait avec la marche du soleil, fut pour lui un nouveau sujet d'observation. L'ombre des corps l’aida donc à subdiviser en de moindres fractions la grande division qu’il avait déjà adop- tée, du Jour et de la nuit. Cette méthode est en- “core aujourd’hui la seule qui soit usitée chez plu- sieurs peuples sauvages qui complent par soleils , et qui estiment grossièrement le milieu du Jour par la hauteur du soleil sur l'horizon, on par la longueur de leur ombre, plus courte en cet in- stant que dans aucun autre moment de la journée. Cet usage n’est pas même abandonné par les pay- sans de nos campagnes qui ne sont point encore munis de montres; c’est par ce moyen qu'ils sa- vent reconnaître l'heure de leur repas et de leur ‘sommeil. Mais cette manière était trop défectueuse et trop grossière pour ne pas être bientôt abandon- née par les hommes qui sentaient le besoin d’a- voir une mesure plus certaine et moins variable du temps. Or, pour cela, on se servit de Ja révo- lution que la terre fait sur elle-même. La difficulté se trouve donc circonserile maintenant dans la solution de ce problème : trouver la mesure exacte de: la période de temps que la terre met à faire “une révolution sur elle-même. Le Jour vrai, c’est-à-dire l'intervalle de temps “compris entre le lever et le coucher du soleil, est très-variable. Il est évident que les, nuits d'hiver sont plus longues que les nuits d'été, et récipro- quement que les Jours d'hiver sont plus courts que les Jours d'été; mais comme ces diminutions ou ces augmentations des Jours n’ont lieu qu’au bé- néfice ou au détriment des nuits, on aura néces- sairement une mesure régulière et invariable, en prenant pour période le temps entier que le soleil emploie à décrire son cercle diurne, ou, en d’au- tres termes, le temps que , selon Le soleil, la terre met à faire une révolution sur elle-même. Get in- tervalle d’un passage du soleil au méridien au pas- sage suivant, se compose de 24 heures, C’est là ce qu’on appelle le Jour solaire. Si maintenant nous prenons la lune pour notre point d'observation , nous parvenons à un résultat différent , et nous obtenons pour le Jour lunaire , où selon la lune, une révolution de la terre sur elle-même , un intervalle de 24 heures 54 mi- nutes. : Faisons observer ici que nous ne pouvons opé- rer que sur un soleil et que sur une lune. Qui donc, en cette occasion, aura tort, du soleil ou de la lune , puisque les résultats produits ne sont pas les mêmes dans les deux cas ? Passons aux étoiles. [ci nos observations pour- ront avoir lieu sur un grand nombre de corps cé- lestes, En notant avec grand soin, au moyen d’une montre marine, l’arrivée successive de chaque étoile au méridien, nous obtenons des résultats parfaitement identiques entre eux, mais différens à la fois et du Jour solaire et du Jour lunaire. Or, comme nos observations peuvent avoir lieu ici sur une quantité innombrable d'étoiles , et que chaque observation produit un résultat exactement sem- blable aux résultats de l’observation précédente, nous sommes forcés d’en conclure que c’est là seulement que nous avons trouvé la véritable me- sure de Ja période dans laquelle la terre fait une révolution sur elle-même. Cette période est de 23 heures 56 minutes 4 secondes, et porte le nom de Jour sidéral. Le soleil et la lune seront donc pour nous d’une natare différente de celle des étoiles ; nous verrons en eux des exceptions à la règle générale ; nous leur attribuerons des mouve- mens qui leur seront propres et qui seront indé- pendans de la rotation de la terre sur son axe. Pour observer les différens faits dont nous avons parlé plus haut , il ne faut, pour ainsi dire, aucun appareil. Il suflira à ceux de nos lecteurs qui vou- dront expérimenter par eux-mêmes , il leur suf- fira, dis-je, de se placer au nord de quelque ob- jet vertical, terminé par une ligne bien arrêtée , et À, en dirigeant l'œil à travers un petit trou pratiqué dans une plaque de tôle, par exemple, de noter avec soin la disparition de chaque étoile, la montre à Ja main, Si la montre est bien réglée , on obtient , entre les deux passages d'une même éloile, l’espace de temps dont nous avons déjà donné le chiffre, c’est-à-dire 25 heures 56 minutes 4 secondes. C’est d’ailleurs le meilleur moyen donton puisse user pour reconnaître si une montre est bien réglée, car la marche des étoiles est tou D. 278 JUBA jours unilormeet identique. Les mêmes opérations pourront être renouvelées pour constater la mar- che du soleil et de la lune ; seulement, pour le soleil, il sera bon et utile dese servir d’un verre de couleur afin de préserver la vue de l'éclat trop intense de la lumière de cet astre. Les instrumens avec lesquels on a mesuré: les intérvalles de temps que nous avons nommés Jours, ont varié suivant les différentes époques de l'his- toire de l’Astronomie. Le sablicr et le clepsydre ont été les premiers instramens employés. Après enx sont venus les horloges à roues, les pendules et les chronomètres, Le sablier était cet instrument toujours repré- senté entre les mains de la personuification my- thologique du Temps. On sait que le sable con- tenu dans la partie supérieure s’échappait égale- ment par un orifice , et tombait ainsi dans la partie inférieure, C'était un moyen fort grossier et dans lequel il n’était pas possible d’avoir grande con- fiance. } Le clepsydre mesurait le temps d’une façon à peu près semblable ; seulement, au lieu de sable, c'élait l’eau dont on se servait : la mesure du temps se trouvait déterminée par lépuisement graduel d’un grand vase d’eau que l’on faisait couler à travers un orifice déterminé. Cet instru- ment était susceptible d’un peu plus d’exactitude. L’horloge à roues fat encore une grande amélio- ration introduite parmi les instrumens. Elles étaient mises en mouvement au moyen d’un poids; mais comme ce poids eût accéléré sa chute et n'eût pas marqué des intervalles égaux si on l’eût abandonné à l’action de la pesanteur , on usa d’un moyen particulier, On plaça horizontalement un balancier circulaire, tournant avec effort autour d’un axe vertical. Cet axe portait deux palettes que les dents d’une roue poussaient alternative- ment. Tandis que le poids faisait tourner la roue, celle-ci, par une de ses dents, poussait la palette. qui cédait lentement à son effort , et dès quecette dent était échappée , la dent opposée tombait sur l'autre palette, où elle produisait le même jeu. Par ce moyen, le poids se trouvait successive- ment libre et retenu; de là une uniformité de mouvement qui produisait la régularité de l’hor- loge à roues. Les découvertes de Galilée sur la pesanteur , et l'application que Huygens en fit aux horloges, vinrent apporter une grande perfection à tout ce mécanisme. Lorsqu'on" suspend un corps pesant à l’extré- mité inférieure d’un fil fixé par son autre extrémité, ce fil prend naturellement {a position verticale , et le corps se place au point le plus bas. Or Galilée observa que si on imprime un mouvement à ce Corps ainsi suspendu , il oscille de part et d'autre de la verticale , et ses oscillations sont isochrones , c'est-à-dire de même durée. C’est là la découverte que Huygens sut appliquer aux horloges à roues, qui , du nom de ces corps ainsi suspendus, senom- mèrent pendules. Le chronomètre n’est autre chose que le même instrument porté à un haut degré de perfection. C’est à lui de préférence que s'adressent nos astro- nomes dans toutes les observations délicates qu’ils sont appelés à faire chaque jour. Ainsi donc , nos lecteurs maintenant compren- nent, du moins nous l’espérons, la distinction à faire entre le Jour solaire, le Jour lunaire et le Jour sidéral. Hs connaissent aussi les moyens qu’on a successivement employés pour parvenir à la me- sure exacte de ces diflérens intervalles de temps. (G. d. JUBÆE , Jubæa. (80T. pnaN.) A WA mille des Palmiers et de la Polyandrie trigynie, établi par Kunth et par lui dédié à Juba I du nom, : chef des Numides, qui nous a laissé.sur les plantes, particulièrement sur les Euphorbes , et sur la géo- graphie, des ouvrages dont Pline cite divers frag- mens dans son Histoire naturelle. On ne connaît encore qu’une seule espèce de ce genre , le Jubæwa spectabilis, que l’on nomme vulgairement Coquito ; elle est originaire du Chili, se cultive dans les jar- dins du Pérou, de la Colombie et même du Mexi- que, où elle fleurit au mois de novembre, pour donner ensuite des fruits pyriformes que l’on vend sur les marchés de Quito, de Zitara, de Po- payan, etc. Ses noix servent aux jeux des enfans. Le stipe de ce palmier est nu, sans épines, cou- ronné par des frondes pinnées, longues d’un mè- tre. Le régime qui porte les fleurs est rameux, renfermé avant l’inflorescence dans une spathe monophylle; les fleurs sont jaunâtres, pédicellées, monoclines, à calice double ou triparti, l’exté- rieur beaucoup plus petit que Fintérieur; des éta- mines, nombreuses, sont portées sur des filamens libres et terminées par des anthères en fer de lance, biloculaires; l'ovaire, à trois loges, est con- ronné par trois stigmates simples. Le drupe: qui succède est à côtes peu saillantes ; sa chair est-fi- breuse, recouverte d’une peau brune très-légère; il contient une noix obovée , marquée à son som- met de trois trous, à égale distance lun de l’au- tre. On dit que cette belle monocotylédonée ne commence à porter fruit qu’à sa trentième année ; elle monte fort haut et est très-voisine du genre Ceroxylon. V. aux mois CéroxyLe et Pazurers. (T::. B.) JUBARTE. (maw.) Balæna boops (Gmel.). Ke- porkak des Groënlandais , Balænoptera ‘jubartes (Lacépèd.) ; Jubarte dès Basques (Guvier). Espèce du sous-genre Balénoptère ou Rorqual. Cet ani- mal est aussi long , mais plus grêle que la Baleine franche; on le distingue des autres espèces du même genre par sa nuque élevée et arrondie, son museau avancé , large et aussi nn peu-arrondi, les tubérosilés presque demi-sphériques qui sont :s1- tuées en avant des évents, eb sa! nageoire dorsale courbée en arrière; en outre, des rides très-pro- fondes, et par conséquent susceptibles d’une grande dilatation d’après la quantité de nourriture qu'il a absorbée, sillonnent son cou à la partie inférieure ; la peau du dos et des flancs est d’un noir bleuâtre qui perd de sa teinte foncée à mesure qu'il s’ap- proche du ventre; la couche de lard qui suit im- TRES ROME EURE RM ER EP ER PE EE EE EEE RER EE RE ES JUGE 279 JUGL s PRES SR ET RE RE ptite Dpt ps médiatement la peau est assez mince et rend peu d'huile (environ quatorze ou quinze tonneaux), aussi est-il moins recherché des pêcheurs que la Baleine franche. La Jubarte souffle Yeau de ses évents avec un effort prodigieux , et plônge en- suite dans la mer en se précipitant la tête la vre- mière ; pendant le calme on la rencontre quelque- fois étendue sur la surface deseaux et plongée dans un profond sommeil; d’autres fois, pendant la tempête, on la voit bondir et fendre les vagues âvec une viguéur et une agilité extraordmaires ; tantôt elle frappe avec force l’eau qu'elle fait re- jaillir sur son dos; plus loin, s’élevant par un mouvément rapide , elle pirouette dans l'air et re- tombe à une distance considérable en faisant ré- sonner les vaguesien furie sous le poids desa masse. Le moyen le plus sûr de la tuer est de la frapper à coups de lance derrière les nageoires pectorales ; si des intestins sont percés, elle plonge sur-le- chämp; et-quand elle est prise, elle pousse des hur- lemens affreux qu’on ne peut mieux comparer qu'à ceux qne fait entendre un cochon qu'on égorge ; elle lance én même temps par ses évents des flots d'eau lensanglantée. Loin de fuir comme les autres Baleines quand on lattaque:, elle s’avance droit aüx-chaloupestet les brise d’un coup de queue, aussi sa pêche-est-clle très-périlleuse ; le mâle ac- compagne. souvent la femelle; si l’un d'eux est tué, le-survivänt ne le quitte pas , s'étend au con- traire sur le-cadavre , ét fait retentir l'air de ses cris horribles. On trouve souvent attachés à la peau des vieux individus de celte espèce , des coquilla- ges nommés vulgairement Glands de mer (Dia- dema) ; selon les Indiens d'Amérique, ces balani- tes marquent la vieillesse des Baleines. Lespoissons, les:coquillages forment la nourriture de cet ani- mal; quihabite les mers du Nord; rarement on l'a rencontré dans la Méditerranée. La femelle fait une portée à peu près tous les ans, et ne met au monde qu’un petit qui suit toujours la mère jus- qu’à nouvelle gestation. La moindre plaie suflit pour donner la mort aux jeunes, car la gangrène s’y met aussitôt. (J. L.) JUDÉE. (céocr. Pays.) Ce nom n'étant plus usité que-dans la géographie ancienne, nous ren- voyons à PasesTine pour les phénomènes physi- ques/que présente celte contrée. (3. H.) JUGEMENT. (paysior.) Point culminant de Fintelhgence, le Jugement est la faculté suprême résultant de l'examen réfléchi des choses, de la combinaison d’une foule d'idées qui naissent de cet examen , de la sensation perçue, de l'intérêt qu’elle inspire, derses relations avec les faits déjà connus, avec l’éxpérience acquise , et de la portée qu'elle peut avoir sur les actions présentes et à venir de la vie. Le Jugement dépouille le fait des vains ornemens dont l'imagination le décore si vo: lontiérs, ou des voiles sombres que la peur jette sivite sur Jui; il s’en approche le plus possible afin de-le:saisir sous toutes les faces et: d'empêcher ce protée de le tromper. Si le Jugement est si rare , c’est que l’on cède trop facilement au torrent des passions, Le Jugement a ses degrés ; et ceux-ci sont calculés par la nature elle-même sur l'échelle de proportion qu'elle a établie, en d’autres termes, d’après les doses d'intelligence qu’elle a affectées à chaque espèce animale. (77. aa mot Inrerxr- &ence.) Chez l'homme , le Jugement grandit , ac- quiert un immense développement à raison de l'instruction et de la puissance morale que don- nent à l'esprit le sentiment de sa propre digaité, la somme de liberté que la loi nous garantit , et la jouissance pleine et entière de nos forces physi- ques. - Dans les études de l’histoire naturelle, le Juge- mént est appelé à nous mettre en garde contre les fascinations des systèmes en vogue , contre les ab- surdités grossières que l’école proclame, que le maître impose à ceux qui se traînent servilement à sa suite, et contre la tendance irrésistible à céder à des idées préconcues. [l'est un secret pour acqué- rir un Lact sûr, c’est de beaucoup voir, beaucoup comparer, et revenir souvent sur les objets que l’on veut décrire et surtout classer régulièrement. C’est la précipitation, c’est l'absence de Jugement qui gâte tout en histoire naturelle. Une aberration en appelle une autre. On a prétendu perfectionner l'œuvre des grands naturalistesen augmentant pro- digieusement les familles, en multipliant les gen- rés sur des circonstances passagères; et, comme nous l'avons déjà dit , on a fait des espèces diffé- rentes d’un oiseau avant sa première mue, quand il revêt sa robe de noce, et quand äl est vieux, du mâle et de:la femelle, etc. Combien de plantes et d'insectes , de crustacés et de mollusques à mettre au néant, parce que, avant de les enregistrer dans leur ordre respectif, on a manqué de Jugement ! L’Aristote, le Linné qui doit venir an jour dé- brouiller ce:chaos, aura beaucoup à faire, et alors que de réputations aujourd’hui si colossales, si im- périeuses, s’évanouiront comme la brume infecte à l’approche des rayons vivifians du soleil! Ce jour, nous l’appelons detousnos vœux. (T. ». B.) JUGLANDÉES , Juglandeæ. (soT. Pxan.) Nom d’un ordre naturel nouveau, dont le Noyer (Ju- glans) est le type. Get ordre n’est pas généralement admis. Suivant la plupart des auteurs, ce n’est qu’un genre de la famille des Térébinthacées. Mé- rat, d’après Loiseleur et Marquis, ne fait non plus du Juglans qu’un genre, qu’il place dans la famille des Quercinées. Voici les caractères des Juglan- dées : fleurs monoïques ; les mâles en chatons sim- ples ou composés ; chaque fleur est accompagnée d’une écaille caliciforme, partagée latéralement en deux.ou six lobes plus ou moins profonds ; éta- mines en nombre indéterminé, à filets très-courts et. à anthères biloculaires; ces chatons couronnent l'extrémité des rameaux de l’année précédente , à la différence des fleurs femelles quise développent au bout des rameaux de l’année. Ghaque fleur fe- melle se compose d’un calice double, adhérent avec l’ovaire infère ; rarement le calice est simple, à quatre divisions ; ovaire infère, uniloculaire , contenant un seul ovule dressé, surmonté de deux stigmates très-épais , ou d’un style court et d’un stigmate quadrilobé; drupe peu charnu, glo= JUJU 280 JUIU buleux et allongé, quelquefois muni de deux ailes latérales, contenant une noix à deux ou quatre valves; graine bosselée et comme cérébriforme à l’extérieur, plus ou moins quadrilobée, et dont la partie inférieure est recouverte d’un tégument propre, membraneux, sous lequel on trouve un gros embryon ayant des cotylédons charnus et bi- lobés, et la radicule supérieure. Le genre Noyer, qui d'abord formait à lui seul cette famille, a été depuis divisé en trois genres, savoir : le Noyer proprement dit, Juglans regia ; le Carya de Nuttal, dans lequel on place les J. olivæformis, alba, sulcata, aquatica, etc.; etle Ple- rocarya de Kunth, ou J. pterocarya de Michaux. À ces trois genres Kunth ajoute le genre Decos- tea de Ruiz et Pavon, qu’il rapproche avec doute de la famille des Juglandées. V. Noyer. (G. £.) JUIUBE. (807. Pan.) Fruit du Jujubier dont nous allons nous occuper dans l’article suivant. C’est un drupe d’abord vert, puis jaune, enfin rouge, de la forme et de la grosseur d’une olive (2. dans notre Atlas la planche 250, fig. 1 0 le drupe entier, et fig. 1 c le même coupé pour faire voir son noyau), dont la pulpe blanchâtre, aigre- lette, vineuse, d’un goût assez agréable avant la parfaite maturité, est ferme, sucrée, très-nour- rissante lorsqu'elle est arrivée à point. Elle a la double propriété de rafraîchir, de calmer un peu la soif et de purger le sang, d’amortir la force des fièvres ardentes, de soulager les personnes âgées affectées de toux et de catarrhes. L’on accuse ce fruit d'être de mauvaise digestion; j'avoue ne m'êlre point aperçu que ce reproche fût fondé, du- rant mes courses dans le midi de la France et dans l'Italie, ni sur les autres ni sur moi. Avec les Dattes, les Figues, les Raisins secs, il constitue les fruits mucoso-sucrés appelés béchiques en méde- cine, et fournit, par la décoction, une tisane adoucissante recommandée contre les inflamma- tions chroniques des poumons. La Jujube ne mürit bien que sur les côtes de la Méditerranée ; là , j'ai vu des cultivateurs suspen- dre au plancher des rameaux chargés de ce fruit ct les y laisser plusieurs jeurs pour se rider; ail- leurs, on le cueille et on l’expose au soleil sur des claies ou sur des nattes. On les livre ainsi aux pharmaciens pour en retirer d’abord un sirop pro- pre à édulcorer les boissons , ensuite pour en faire des pastilles, puis enfin une sorte de pâte qu'ils additionnent de bellegomme arabiqueet de sucre, l'un et l’autre réduits en poudre. : (T. ». B.) +. JUJUBIER, Züiziphus. (mor. Pan.) Tournefort avait eu raison de nommer ainsi ce genre de la famille des Rhamnées et de la Pentandrie mono- gynie, puisqu'il diffère des Nerpruns, avec les- quels on l’a confondu depuis, par un calice étalé, à cinq divisions ou découpures pointues, par cinq étamines insérées , de même que les pétales, sur un disque glanduleux ; par deux styles courts à stigmates obtus , et par un fruit ovoide, contenant, sous an brou charnu, un noyau à deux loges ayant chacune une semence ovale-arrondie, un peu com- primée, convexe, noirâtre. Tous les botanistes et agronomes placent le Ju- jubier parmi les arbustes et les arbrisseaux , parce qu'ils ne le voient que dans nos contrées du Nord; mais s'ils allaient l'observer autour de l'immense bassin de la Méditerranée, ils le verraient prendre place parmi les arbres de troisième grandeur et of- frir de superbes tiges. On en connaît une vingtaine d'espèces, presque toutes originaires des climats chauds de l’un et l’autre hémisphère. Le Jururier commun, Z. sativa (v. la pl. 250, fig. 1), arbre de douze à seize mètres, réduit à l'état d’arbrisseau rameux, tortueux , garni d’ai- guillons dès qu’il a franchi le 44° degré de latitude. Pline nous apprend qu’au temps de la république romaine il n'existait point en Italie, qu'il y fut apporté de Syrie sous le consulat de Sextus Papi- rius, c’est-à-dire aux premiers jours de l’ère vul- gaire , et qu'il ne tarda pas à se répandre à cause de la beauté de sa tige et du feuillage brillant qui la décore. Ge n’est point de la Syrie que cet arbre est originaire, mais de contrées asiatiques plus orientales, puisqu'il n’y existe pas à l’état sauvage. IL est possible qu’il appartienne à la Perse. Celui qui a dit que Théophraste le fait venir de l’Afri- que a commis une faute grave. Le Jujubier végète lentement et pousse tard; il ne faut le planter que dans les bosquets d’été et d'automne. Son écorce est rude, gercée, brune; la tige un peu tortueuse; les jeunes branches nom- breuses, lisses, pliantes, fléchies en zig-zag, mu- nies à leur insertion de deux aiguillons, l’un plas long que l’autre, durs, droits, piquans. Les jeu- nes rameaux ressemblent à des pétioles communs, chargés de feuilles alternes, oblongues, dentelées, un peu coriaces, luisantes, d’un vert clair, ef marquées de trois nervures. Les fleurs, très -pe- tites (pl. 270, fig. 1 a), presque blanches, nais- sent aux aisselles des feuilles, qui sont quelquefois solitaires, le plus souvent deux et trois ensemble, et soutenues par des pédoncules fort courts. Elles s’épanouissent en juin et juillet. Son fruit se nomme Jusugs (v. ce mot). La plante ne demande aucune culture particulière; dans le midi l’on à raison de le propager de semences ; dans le nord, comme cette voie est fort lente , il vaut mieux dé- raciner les jeunes pieds qui sortent de terre autour du tronc : quoiqu'on ait dit le contraire, ils vien- nent bien ct supportent aisément le froid de nos hivers. En plantant près et en inclinant les jeunes branches, on peut avoir des haies impénétrables et productives avec cet arbre. Une autre espèce fort célèbre, sur laquelle Des- fontaines a publié, en 1788, un mémoire très- intéressant dans les actes de l’Académie des scien- ces de Paris, est le JurUBIER DES LOTOPHAGES, Z. lotus, des plaines arides et incultes de l'Afrique méditerranéenne, arbuste de deux à quatre mè- tres, dont les nombreux rameaux , d’un gris blan- châtre, se dressent ou se courbent vers la terre, et sont munis dans leur jeune âge de deux pi- quans à chaque nœud, Les feuilles, alternes, peti- tes, ovales, obtuses, crénelées, trinervées, gla- bres, un peu rudes, reposent sur un pétiole très court, Aa te = Later : dd) 1. Jujubier. 2 .Juhenne. o L Cuërir dir. og JULI 281 JULL —————_—_—_——— ————— court. Les fleurs s'épanouissent au printemps, elles sont petites, d’un blanc pâle, solitaires ou clomérualées, et situées aux aisselles des feuilles. Le fruit, de la grosseur d’une prune sauvage, d’abord vert, puis safrané dans la maturité, a la forme sphérique et renferme un noyau petit, os- seux, arrondi, biloculaire. Sa patrie primitive paraît être la chaîne de l’Atlas; l’île de Gerby, sur les bords de la Méditerranée, est le pays où on le cultiva le plus, ses habitans en faisaient leur nourriture habituelle : ce sont eux que nous trou- vons indiqués dans les auteurs grecs sous le nom de Lotophages. Au rapport de Polybe, ils cueil- laient les baies , les broyaient et les renfermaient dans des vases pour les manger quand Ja saison était passée; ils en retiraient aussi une liqueur qui ne se conservait pas au-delà d’une décade ; aussi n’en préparaient-ils que par petites quantités. De nos jours les habitans des bords de la petite Syrte et du voisinage du désert mangent ces fruits, les vendent sur les marchés, et en nourrissent'même leurs bestiaux. Ils sont très-bons, fort agréables, d’un goût délicieux ; leur saveur se rapproche in- finiment de celle des Dattes et des Figues; on en fait une sorte de pain ressemblant assez , et par l’o- deur et par la couleur, au pain d'épices le plus dé- licat. Le Jujubier des lotophages souffre beaucoup du froid ; on pourrait l’élever en Corse et même dans plusieurs cantons de nos départemens du midi. Aux Antilles, particulièrement à celle de Cu- raçao, l’on mange, sous le nom de cerise sauvage, les fruits jaunâtres , pulpeux et agréables du J'uru- BIER DES IGUANES, Z. iguaneus, que l’on pourrait aussi posséder à une bonne exposition de nos ré- gions méridionales. Il en est de même encore du Jususrer Des Cninois, Z. sinensis. Il est plus élé- gant que le précédent et paraît s’habituer dans nos jardins botaniques. (T. ». B.) JULE. (ins.) Voy. Iuze. JULIENNE , Hesperis, L. (B0T. PHAN.) Famille des Crucifères, Tétradynamie siliculeuse. Ce genre de plantes dicotylédonées , à racines annuelles, bisannuelles et vivaces, à feuilles simples et al- ternes , à fleurs disposées en grappe terminale et _ souvent d’un aspect fort agréable, présente les - caractères suivans. Galice de quatre folioles droi- tes , un peu serrées ; deux d’entre elles se font re- marquér par une petite bosse à leur base; corolle à quatre pétales opposés en croix, portant des onglets généralement aussi longs, et cependant quelquefois plus longs que le calice; des six éta- mines deux sont plus courtes ; ovairesurmonté d’un style de longueur variable et terminé par un stig- mate à deux lames rapprochées ; silique allongée, comprimée ou cylindrique, à deux loges conte- nant plusieurs semences nues. On n’est point d'accord sur le nombre des es- pèces ; les uns le portent à cinquante, les autres le réduisent de beaucoup. Une seule est l’objet d’une culture assez étendue dans nos jardins, à cause de l’agréable odeur desesfleurs, la JuLIENNE DES JARDINS, À, matronalis, dont le nom botani- T. IV, 276° Livraison. que, selon Pline, est tiré du latin resper, soir, moment où cette plante exhale tous ses parfums, et matronalis de ce qu’elle était autrefois cultivée plus particulièrement par les mères de famille. Cette espèce est indigène aux bois , aux buissons, et surlout aux montagnes de l’est de l'Europe; comme elle est depuis des siècles introduite dans les jardins, elle y a produit de nombreuses va- riétés, remarquables pour la couleur, la gran-. deur, la forme; les principales sont simples , demi- doubles, ou doubles , rougeâtres, violettes ou d’une blancheur éclatante. Elle fleurit en mai et juin ; il lui faut une terre franche et substantielle, | Delys , d'Arras, en 1787, Sonnini de Manoncourt, en 1788, en ont obtenu une huile abondante, âcre, amère, qui se fige à peu près à la même tem- pérature que l’huile d'olives, et peut être employée non-seulement à l'éclairage, mais encore aux be- soins des manufactures et des arts. On en retire un litre de sept litres de graines, ce qui n’est pas à dédaigner en économie rurale. Sa culture comme plante oléagineuse est des plus simples. La médecine pourrait tirer un plus grand parti de la JuLIENNE ALLIAIRE , H. alliaria, dont toutes les parties ontune saveur amère, et répandent une odeur d’ail, surtout lorsqu'on les froisse entre les doigts, Je mesuis assuré que parlout où elle abonde dans les pâturages, elle imprime au lait le goût repoussant de cette plante. Ses feuilles fraîches sont diurétiques, leur décoction convient dans l'asthme humide ; leur suc est un excellent remède pour guérir les ulcères. Il en est de même des sommités fleuries. Les graines , réduites en pou- dre et appliquées à l'extérieur, fournissent de très. bons sinapismes ; quoique âcres et irritantes, el- les sont moins piquantes que la moutarde, Dans les jardins on cultive en bordure la Ju- LIENNE MARITIME, À. maritima, qui donne une tige annuelle souvent couchée à sa base, rameuse et haute au plus de seize à vingt contimètres ; elle porte de grandes corolles purpurines, agréable- ment odorantes; quand elle est semée depuis le mois de mars jusqu’en juillet, ses touffes sont fleuries tout l’été. Le jardinier Antoine Richard l’a trouvée dans l’île Minorque, aux environs du port Mahon. On l’appela d’abord Giroflée de Ma- hon, Cheiranthus maritimus ; mais un examen at- attentif l’a restituée à son genre naturel. Enfin la jolie espèce représentée en notre Atlas, pl. 170, fig:2, vient aussi-bien dans nos régions du midi, en Espagne , que dans l'Orient, où elle a été observée par Tournefort. On la nomme Ju- LIENNE A FEUILLES PENNÉES , À. pinnatifida ; elle se plaît dans les terrains sablonneux et arides, monte. au plus à vingt-cinq centimètres de haut, et garnit de fleurs roses et blanches la sommité des rameaux qui divisent ses tiges grêles, cylindriques, les unes droites, les autres tombantes. Ses graines sont très- elites, rousses et oblongues. (T. ». B.) JUMAR. (ma. ) Les anciens appelaient par ce nom le fruit de l’accouplement du Taureau et de la Jument , ou du Taureau et de l’Anesse, ou de l'Ane et de Ja Vache ; les naturalistes modernes ne 36 JUME sont point d'accord sur l'existence de cet animal; lestuns, parmi lesquels nous cilerons Cuvier et Buffon , la nient; les autres, et surtout Bourge- lat, qui a publié à ce sujet un mémoire anatomi- que, l'admettent comme d'autant plus positive qu'ils affirment l’avoir vu; cependant les descrip- tions que ces derniers en ont données diffèrent tellement entre elles qu'on peut supposer qu'ils ont été induits en errear. Des observations plus exactes meltront certainement la science à même de se prononcer d’une manière positive. (d. L.) JUMENT. (wam.) G’estle nom qu’on a donné à la femelle du Cheval; nous renvoyons, pour les ca- ractères de l'espèce, au mot Cnevaz; nous ne donnons dans cet article que quelques détails sur les soins que la femelle exige pendant et après la parturition. Lorsque les Jumens entrent en chaleur, elles deviennentnquiètes , les parties génitales se gon- flent; elles aiment à s'approcher des chevaux, hennissent dès qu’elles en apercoivent : ces signes s’observent pendant quinze ou vingt jours ; on doit pendant ce temps nourrir l’animal plus abondam- ment ; aussitôt que la conception a eu lieu, la cha- leur cesse. Les Jumens portent généralement pen- dant un an. On doit les faire travailler mais avec ménagement peñdant toute la durée de la gesta- tion , leur donner plus d'espace dans l'écurie, et avoir soin que leur nourriture soit en plus grande quantité, leur épargner les mauvais traitemens ; car des coups sur le ventre ou les reins, des heurts de brancard ou de timons une boisson trop fraî- che peuvent provoquer l’avortement. Générale- ment l’accouchement à lieu sans accident; l’épo- que de son arrivée s'annonce d’abord parle ventre qui tombe entièrement, le gonflement des ma- melles, une grande difficulté dans la marche et l'écoulement par les parties génitales d’une hu- meur séreuse et rougeâtre; on doit alors la lasser libre de tous liens dans une écurie assez vaste et garnie d’une litière épaisse. Le seul remède à lai administrer dans cemomeñit, cesontun ou deux la- vemens, en cas de constipation. Debout où cou- chée ,elle n’a pas besoin des secours de l'homme ; dans la première position , le cordon ombilical se casse lors de la sortie du poulain ; dans la seconde, il se casse au moment où elle se relève, en même temps que la rupture occasione Ja sortie de l’ar- rière-faix; si le cordon ne se rompt pas natu- rellement, la Jument le coupe en le mâchant, comme toutes les femelles des autres animaux, elle mange le délivre. Après la mise bas, il suffit de donner à la mère quelques seaux d’eau blan- che dégourdie , après l'avoir bouchonnée et récou- verte; si cependant elle paraissait trop fatiguée, on pourrait sans inconvénient lui faire boire deux bouteilles de vin ou de bière. Aussitôt que le pou- lain est né, sa mère le lèche pour le débarrasser d’une espèce de crasse visqueuse qui recouvre toutes les parties du corps; il essaie alors de se le- ver pour chercher la mamelle de sa mère; quel- ques jours après, il la suit soit aux pâturages , soit 282 JUNG au travail , et la tette chaque fois qu’elle s'arrête; à deux mois il commence à manger des alimens solides; mais on'ne doit lesevrerqu’après six ousept mois. (J. L.) J UNGERMANIE,, Jungermannia, (or. crxpr.) Hépatiques. Ge genre, établi par Ruppius, est un des plus riches en espèces , etun des plus: répan- dus de la Gryptogamie. Il a pour caractères parti- culiers : une capsule ronde ou allongée, entière- ment ou mi-quadrivalve , renfermée dans un ca- lice membraneux, et supportée par un pédicelle d’une longueur variable; des séminules. nom- breuses appelées elater, et entremélées de fila- mens spiriformes, élastiques, qui prennent naïs- sance tantôt du fond de la capsule , tantôt. de toute la paroi interne des valves, et tantôt du sommet de:ces valves. L'usage de: ces filamens paraît être de faciliter la dispersion des séminules , et mon de leur servir de moyen d'insertion. Le calice, quien- veloppe la base du pédicelle de lacapsule, ala forme d’un sac membraneux; il est ouvert à son som- met, et présente une foule de variations d’une importance minime , sur laquelle , cependant, Raddi à fondé des genres qui n’ont été adoptés par aucun botaniste. Parmi ces genres, nous nous contenterons de citer : 1° Le genre Bellisociniæ, dont le calice est com- primé , lisse, presque bilabié, à bord lacinié, Ce genre a pour type le Jungermannia lævigata de Roth : 2 Le genre Antoiria , à calice comprimé, bi- labié ; à lèvres entières «ét arrondies ; 5° Le genre Frullania, à calice tuberculeux à l'extérieur, presque trigone et divisé à son:som- met-en trois lanières ; tels sont les caractères que l’on trouve dans les J. tamarisci et dilatata. 4 Le genre Candollea, à calice tronqué au sommet, plus où moins comprimé. Ce calice existe dans les J. compacta de Roth., nemorosa, complanata, asplenoïdes., de Linné. Lesvraïies Jungermannes, caractérisées, comme nous l'avons dit, par un calice membraneux et tubuleux, plus ou moins plissé à son orifice, ren- ferment un très-grand nombre d'espèces, parmi lesquelles se trouvent les J. polyanthos, scalaris , bidentata, reptans, etc. On les a partagées en deux grandes divisions; dans la première ont été placées toutes les espèces à fronde simple, plus ou moins lobée , presque toujours palmée, étendue sur le sol, et dépourvue de folioles distinctes. Telles sont les J. epiphylla, pinguis , furcata , etc. La seconde division, partagée en deux groupes, suivant que les feuilles sont nues à leur base, on qu’elles sont accompagnées de stipules caulinaires qui forment en général à la face mférieure des ti- ges un double rang de petites folioles comprend toutes les espèces à tige simple ou rameuse, ram- pante ou redressée, couverte de petites feuilles distiques de forme très variable. Des trois cents et quelques espèces de Jun- germannes connues, quatre-vingts environ crois- sent en Europe. L'Amérique septentrionale en produit également un nombre assez considérables . 72; Jungermannes : 3 Justucia £. Guerir dr - 1. Jusquiame. £. Guerin dr. 2. Jussiee JURA ainsi que les régions équatoriales , la Laponie, File de Java, le Brésil, le cap de Bonne-Espé- rance , l'Inde, Mascareigne , etc. Les J. epiphylla et :asplenoides, représentées dans notre Atlas, pl. 272, figures 1 et 2, ont pour caractères , la première : une fronde arrondie ou allongée, lobée ouun peu rameuse ; les lobes sont sinueux ou ondulés , les pédicelles partent du som- met de la fronde, et portent la capsule au som- mél (fig. 1 a el 2 a). Cette espèce serpente sur | le sol detous les bois humides de l’Europe; la variété que l’on rencontre dans les environs de Paris a des frondes très-allongées , les pédicelles presque latéraux, etc. La seconde a des tiges al- longées, un peu rameuses, touffues où droites ; des frondules pellucides , un peu imbriquées, obli- ques, ovales, arrondies et dentées ; des pédicelles terminaux et longs d’un pouce au plus. La Jun- germanneasplénoïde croît dans les bois humides ; elle rampe sur le sol parmi les autres herbes. (F.F.) JUNGLI-GAU. (uam.) Espèce de Bœuf décrite par M: F.:Cuvier (Hist. nat. des Mam.). Voyez larticle Bocur. (Z. G.) JURA. (céocn. pays.) Groupe de montagnes composé de quatre ou cinq chaînes dont la direc- tion est du sud-est au nord-est , et qui s’étend sur une longueur d'environ Go à 70 lieues depuis la rivergauche du Rhin jusqu’auprès de la perte du Rhône , et sur une vinglaine de lieues de largeur. Il appartient à la fois au territoire francais et au ter- ritoire helvétique; mais il est plus étendu sur celni- ci que sur l’autre. Il se lie au nord-ouest avec le groupe des Vosges , etau sud-est parle Jorat avec les Alpes bernoises, en sorte qu'il forme une dé- pendance du vaste système alpique. Barplupart des vallées qu'il forme s'étendent pa- rallèlement les unes aux autres , de manière qu'il n'offre point, comme la plupart des groupes de montagnes, des vallées transversales s’embran- chant à des vallées longitudinales t elles sont tou- tes au contraire dans cette dernière catégorie. Les principales sont la vallée de Joux, qui a 6 lieues de longueur et que l’Orbe arrose; celle de la Reuse, qui est un peu plus longue et qui doit son nom à la-rivière qui l’arrose; celle du Seyon, qui m'a que 5 lieues de longueur, et: qui, ainsi que la précédente, se termine au lac de Neufchâtel; celle d'Erguel! en allemand Jmer-thal, qui a 10 lieues de longueur sur 4 de largeur , et aboutit au lac de Bienne; celle du Dunner, petite rivière de 9 lieues de cours qui va se jeter dans l’Aar ; et enfin celle du Doubs qui ; depuis la source de cette rivière jusqu'à Saint-Ursane, a 25 lieues de lon- gueur. Les principanx lacs qui occupent les vallées du Jura, et qui sont en quelque sorte les réservoirs des eaux de ces montagnes , sont ceux de Neuf- châtel , de Morat, de Joux et dé Saint-Point. La partie du Jura la plus voisine des Alpes est la plus élevée, Vu de Genève il présente l’aspect d’une longue muraille dont là hauteur est d’envi- TOR 900 à 1000 mètres , et qui offre quelques som- 283 JUSQ mets dont les plus élevés sont le Reculet, le mont Tendre, le Colombier et la Dôle, Voici la hauteur des principales cimes qui couronnent le faîte du Jura. Le Rétulet… . 7. 240 CRSMRIET 7) IICUIERE Le mont Tendre. .!./ .. : 1690 PAPD Ole Ur POSER PEU 1681 Le:Colombier, , :1,7.1, 7029 Le Ghasseyaler. #0 17e TON Ce groupe de montagnes est généralement formé de calcaire, de marne et de grès qui consti- tuent un terrain auquel on a donné le nom de Terrain jurassique. On y trouve , depuis les cou- ches supérieures jusqu'aux inférieures, les marnes d'Oxforden Angleterre , le calcaire à petits grains arrondis nommé calcaire oolithique, le calcaire bleuâtre appelé lias par les ‘Anglais, les marnes dures que les Allemands désignent sous le nom de keuper, le calcaire coquiller qu'ils nomment muschelkalk, et les grès qui doivent à la variété de leurs couleurs le surnom de bigarrés. Toutes ces roches forment des couches dont l’inclinaison est d'environ 5 degrés; disposition qui est due à l’action qui a soulevé ces montagnes. Sur leurs flancs qui s'élèvent en étages on trouve:càet/là des blocs de 3 à 4 mètres cubes , et quelquefois plus volumineux, de granites ou de protogynes que l’on reconnaît aisément pour avoir leurs gise- mens dans les Alpes et dont le transport violent ne peut être attribué qu’au phénomène qui a sou: levé celles-ci. Ce qu'il y a de remarquable dans le groupe du Jura, ce sont les bassins qu’il présente sur ses plateauxet quioffrent de grands cirques générale: ment d’une forme elliptique dont le grand axe est toujours dirigé dans le sens de la chaîne. Gesicir- ques s’échelonnent au dessus lesuns des autres, et varient de dimensions; quelques uns ont 2 lieues de longueur, d’autres en ont jusqu'à 20. Plus ils sont petits, et moins ils sont allongés. Leurs cou- ches sont presque toujours relevées de tous côtés et annoncent encore qu’ils sont dus à l’action des soulèvemens. On à exagéré la régularité de ces bassins : cependant ils sont assez remarquables pour avoir attiré depuis long-temps l'attention non seulement des savans, mais de {ous ceux qui ont parcouru les montagnes du Jura. (3. H:) JUSQUIAME, Hyoscyamus. (goT. HAN.) Genre de la famille des Solanées,, J., et de la Pentändrie monogynie , L., offrant des caractères:si, tranchés qu'il est très-facile de le reconnaître. Voici ces caractères : calice tubuleux , subcampaniforme , à cinq lobes; corolle infundibuliforme ; limbe oblique, à cinq lobes oblus, inégaux; étamines au nombre de cinq, déclinées vers la partie infé- rieure de la fleur; style terminé par un stigmate capitulé, simple; pyxide, ou capsule allongée, un peu ventrue à Ja base, biloculaire, s’ouvrant horizontalement en deux valves superposées , en- veloppée en entier par le calice, qui est persis- tant; graines brunes , réniformes, tuberculées, JUSS 284 JUST Le genre que nous venons de décrire renferme une quinzaine d'espèces , toutes plantes herbacées, annuelles, bisannuelles ou vivaces, ayant la tige généralement velue et visqueuse. Les feuilles al- ternes, d’un vert pâle; les fleurs assez grandes, disposées en une sorte d'épi unilatéral au sommet de la tige. Toutes les Jusquiames sont narcotiques et vénéneuses. Nous mentionnerons particulièrement ici la JusquiaME Noire, Hyoscyamus niger, L., représen: tée dans notre Atlas, pl, 271, fig. 1 et 1 a. C’estune plante annuelle , qui croît communément sur le bord des chemins et dans les lieux incultes. Sa tige s'élève à la hauteur de dix-huit pouces ou même deux pieds; elle est cylindrique, un peu recour- bée en arc, rameuse dans sa partie supérieure , toute couverte de poils longs et visqueux, qui existent également sur les feuilles. Celles-ci sont alternes , éparses ou quelquefois opposées sur le même pied; sessiles, grandes, ovales, aiguës, profondément sinueuses sur les bords, et molles. Les fleurs sont presque sessiles, tournées d’un seul côté, et disposées en longs épis d’un jaune sale, veinées de lignes pourpres. Le calice est à cinq dents écartées et aiguës ; la corolle est infun- dibuliforme. Le fruit s’ouvre par un opercule hé- misphérique. L'aspect de la Jusquiame noire et son odeur nauséabonde sufliraient seuls pour en faire soupçonner les propriétés délétères. C’est en effet un poison narcotique , âcre, dont on combat les accidens par l’émétique, et ensuite par des boissons acidulées. Cependant cette même plante a des vertus médicinales analogues à celles de la Belladone:; et,enl’administrant sous forme d’extrait, à la dose d’un à deux grains, on en a quelquefois obtenu de bons effets contre les affections du sys- tème nerveux, telles que le tic douloureux de la face , les névralgies sciatiques , la paralysie, etc. On peut employer dans les mêmes cas la J. blanche et la J. dorée, qui croissent dans nos départemens méridionaux. (G. £.) JUSSIÉE, Jussiæa. (mor. Prnan.) Gente de plantes consacré par le législateur de la botanique moderne à la mémoire de la famille des Jussieu, qui , depuis 1709, un an après la mort de l'illustre Tournefort , occupe presque sans interruption la chaire de botanique au Jardin des Plantes de Paris, et est devenue célèbre par le dévouement de Joseph, par les travaux de Bernard et surtout par ceux d’Antoine-Laurent, auteur d’un Genera plantarum, lequel, par un nombre prodigieux d'observations, d'analyses soigneusement comparées , est parvenu à donner à la méthode philosophique dite natu- relle , la consistance , le développement et l’auto- rité qu’elle attendait des travaux préparatoires de Magnol, de Linné, de Heister, de Adanson et de Bernard de Jussieu. Le genre appartient à la fa- mille des Onagrariées et à l’Octandrie monogynie. Il est composé de plantes presque toutes herba- cées vivant dans les marais, à} feuilles alternes , très-simples, aux fleurs axillaires, et offre plu- sieurs espèces remarquables par leur taille et la beanté des couleurs qui les ornent. Les Jussiées sont très-voisines des Onagres, OEnothera; mais elles s’en distinguent par les folioles du calice, qui demeurent persistantes au sommet des capsules. Elles ont de huit à dix étamines, l'ovaire infère, allongé, chargé d’un style simple et d’un stigmate en tête, sillonné de quatre à cinq stries. Les très-nombreuses et très - petites semences ren- fermées dans sa capsule, s’y montrent attachées sur plusieurs rangs à un placenta central et an- guleux. C’est dans les marécages de la Caroline que Mi- chaux a trouvé la Jussi£E À GRANDES FLEURS, J. grandiflora, l’une des plus belles espèces du genre, dont les corolles, épanouies en juillet et août, sont d’un jaune brillant. Son fruit est repré- senté dans notre Atlas, pl. de la Linnæa, fig. 7, avec sa coupe transversale. Sa tige, herbacée et couverte de poils blanchôtres , s'élève d’une racine horizon- tale, poussant de chacun de ses nœuds des radi- cules fibreuses. Les feuilles sont à peine pétiolées, entières, presque glabres, les inférieures spatu- lées , les autres lancéolées. La Jussi£e Du Pérou, J. peruviana , ne lui cède pas en beauté. C’est celle que l’on voit en notre pl. 27i, fig. 2; elle monte en sous-arbrisseau à deux mètres; sa tige est droite , fistuleuse, garnie de feuilles lancéolées, longues de dix à douze cen- timètres ; ses fleurs sont grandes, jaunes, à pédon- cules plus longs que l’ovaire; le calice à cinq fo- lioles ouvertes en étoile; la corolle large, aux pétales arrondis, un peu en cœur. Elle croît dans le-voisinage des pampas ou plaines de sable et sur le bord des ruisseaux. Ses feuilles pilées, nous apprend Feuillée, sont émollientes et adoucis- santes. Sur la même planche, fig. 2 a et b, on voit le fruit avec la coupe grossie de la JussiËE DROITE, J. erecta, de la Jamaïque, dont la tige vivace monte à un mètre, et qui se décore de grandes fleurs jaunes sessiles ; et fig. 2 cet d, le fruit, et aussi la coupe transversale de la Jussi£e FRuTICU- LEUSE , J. suffruticosa , qui est originaire du conti- nent américain méridional, qui a les fleurs pe- ites, jaunes , pédonculées , axillaires , s’'épanouis- sant au milieu de l’été. Nous citerons encore la JussikE FLOTTANTE , J. nalans, des marais de la Colombie. Elle croît au milieu des eaux, se soutient à leur surface sans que jamais ses racines la fixent à la terre; les touffes vertes qu’elles y forment relèvent la blan- cheur éclatante des corolles, et celle des petits corps argentés, spongieux, dont les feuilles sont pourvues sur l’une et l’autre page. (T. ». B.) JUSTICIE, Justicia. (nor. pan.) Très-beau cenre nature] de la famille des Acanthacées et de la Diandrie monogynie, généralement connu sous le nom de Carmantine ; il renferme un grand nom- bre d’espèces paraissant différer entre elles par le calice simple ou double, par la corolle personnée ou presque régulière, ct par les anthères dont les lobes se montrent tantôt écartés, tantôt rappro- chés et parallèles. En créant le genre Justicia , Linné s’attacha particulièrement à ce dernier ca- JUST 289 JUTL ractère pour diviser les onze espèces connues de son temps, partie sous le nom de Ædhatoda que Tournelort lui avait imposé, partie sous celui de Justi, botaniste du commencement du dix-hui- tième siècle , proposé par Houston. En 1791, en révoyant ce genre devenu plus considérable en espèces, Martin Vahl, qui parvint, quatorze ans plus tard, à en rassembler jusqu'à cent quarante- sept espèces, a démontré dans sa Monographie des Justicies, publiée en la seconde partie de ses Symbolæ botanicæ, et revue dans son Enume- ratio plantarum, imprimée en 1805, qu'il n’y avait dans tous les organes de la fleur aucun ca- ractère différentiel, et qu’il fallait les demander aux capsules selon que leur cloison est libre ou bien adhérente aux valves, Malgré cette heureuse observation, Vahl ne l'adoptapaseten laissale mérite à Antoine-Laurent de Jussieu, qui la développa en 1807. Il a réuni aux Justicies les Dianthères ; mais ilen a détaché, sous le nom de Dicliptera, les espèces ayant les deux valves de la capsule en aile, et le genre Blechum de Brown. Les Justicies demeurent en- core fort nombreuses , et leur mérite particulier . les appelle dans nos jardins d'ornement. Ce sont, n général, des sous-arbrisseaux élégans et des plantes herbacées à tige cylindrique ou bien an- guleuse, garnies de feuilles opposées, rarement al- ternes ou ternées , et de fleurs aux couleurs va- riées et très-vives, accompagnées chacune de deux à trois bractées, parfois rapprochées en épi, d’autres fois solitaires et portées sur des pédon- cules dichotomes qui sortent de l’aisselle même des feuilles supérieures. Nous possédons depuis fort long-temps la Jusri- GIE EN ARBRE, J. adhatoda, sous les noms vul- gaires de Noyer des Indes , de Carmantine du Cey- lan : c’est elle dont on voit dans notre Allas, pl. 272, un rameau fig. 3, la corolle et les éta- mines fig. 5 a, le pistil fig. 3 4, et la capsule fig. 5 c. C’est une fort belle espèce , ayant la tige droite presque en arbre, le port élégant ; des feuilles grandes , d’un beau vert, pendantes et pu- bescentes en dessous; des fleurs nombreuses, blanches , marquées de veines et de quelques taches purpurines : elles s’épanouissent en juillet. Dans la saison des frimas , il faut encore, sous la zone de Paris, rentrer cette plante dans la serre d’orangerie ; elle vit en pleine terre dans nos con- trées méridionales. Ventenat a décrit une autre espèce fort jolie qui vit également en France comme la précédente, quoique originaire du cap de Bonne -Espérance, C’est la Jusricie À FEUILLES w’orcHIs , J. orchioides | sous-arbrisseau très-rameux, recouvert dans Lou- tes ses parties d’un duvet pulvérulent ou de poils extrêmement courts ct peu apparens. Les peuples de l'Inde recherchent les feuilles et la racine de la Jusricie à crocuerT , J. echolium , arbre de trois mètres de haut, pour en retirer une décoction, où bien une huile qu’ils mêlent à celle da Sésame, et l'employer contre les douleurs néphrétiques , le calcul et la goutte. Au Mexique, on se sert avec succès de la séve de la JusTICIE DES TEINTURIERS , JT. tinctoria, au lieu et place du Cestreau de Ca- racas, Cestrum tinctorium. Comme plantes d'ornement, les espèces sui- vantes méritent une préférence marquée : la Jusrr- CIE TUBULEUSE du Malabar, J. nasuta, toujours verte et donnant des fleurs blanches ou carnées durant toute l’année ; la JUSTICIE A GRANDES FLEURS, J. grandiflora, de la Guiane, aux corolles écar- lates, nombreuses , formant un bel épi terminal, qui produit un effet des plus séduisans, principa- lement lorsque l’épi est entièrement épanoui et que les fleurs ont toute leur longueur ; la Jusricie EN ENTONNOIR, J. infundibuliformis, L., dont les longs épis portent des fleurs d’un jaune safrané ; la Jusricie PEINTE de l'Inde , J. picta, fournissant, au milieu de grandes feuilles un peu ridées, des épis tétragones chargés de fleurs d’un beau rouge écarlate, qui se succèdent toute l’année. Nom- mons encore la superbe Jusricie BIcoLoRE , J. bt- color, apportée en 1809 de la Jamaïque en France ; sa corolle blanche, parsemée de points pourpres, a surtout le lobe moyen de la lèvre inférieure du limbe marqué vers sa base d’une tache pourpre foncé, qui se dégrade sur le reste de ce lobe en petites lignes ponctuées de la même couleur. Je l'ai vue épanouie depuis le mois de mai jusqu’en août dans divers jardins de Paris. Près d'elle figu- rent agréablement la Jusricre QuADRtFIDE du Mexi- que, J. quadrifida, que nous possédons depuis près d’un demi-siècle, et la Jusricie À CRÊTE des environs de Caracas, J. cristata, l’une et l’autre remarquables par leurs corolles d’un très-beau rouge. (T: »..B:) JUTLAND. (céocr. pnys.) Le Jutland est cette presqu'ile située au nord du Hanovre et au nord- ouest de la Prusse, entre les 53° et 58° degrés de latitude nord et les 6° et 8° degrés de longi- tude orientale du méridien de Paris. La pres- qu’ile du Jutland se compose du Jutland propre- ment dit qui en occupe la partie la plus septen- trionale, du duché de Sleswig qui en forme la partie centrale, et enfin du duché de Holstein qui en est l'extrémité la plus méridionale du côté de l'Allemagne. Avec les îles de Seeland, de Fionie et de Laaland, le Jutland forme le royaume de Danemarck. La surface de cette presqu'île est couverte d’une grande quantité de lacs de peu d'importance; il en est quelques uns cependant qui méritent d’être nommés ; nous citerons entre autres les lacs de Ploen et de Salent, qui se trouvent dans la partic méridionale de la presqu’ile, dans le duché de Holstein. Avant 1825 , la partie septentrionale du Jatland avait une immense (tendue d’eau douce qui n’avait de communication avec le Cattezat que par un canal fort étroit qui ne permettait pas aux eaux de la mer de communiquer leur salure aux eaux de ce qui alors pouvait porter le nom de lac. Mais en 1825, une horrible bourrasque s'étant élevée avec fureur sur les côtes orientales du Jut- land, deux larges canaux s’ouvrirent naturelle- a —————————""—————————"""——"———""—————— ———— …"—— .…" —————.————————.————————— —— ————————— .…——…———————— ————— ——"_@_——— KAEM 286 KAKA ment par la force même de la tempête , et depuis | celte époque les caux du Zäüimjfiord sont devennes salées, On ne peut done plus classer le Liimford parmi les lacs, mais bien parmi ces vastes amas d'eaux salées qui sont situés dans l’intéricnr des terres et communiquent avec la mer par des es- pèces de vastes eimbouchures, je veux dire! les laganes. Les petites dimensions du sol du Jutland re lui permettent pas d’avoir de grands fleuves ; les cours d'eaux même y sont en assez pelit nombre. Nous cilerons les suivans : L’Eider, quisort d’un étang près de Bordesholm, dans le Holsiein, traverse le lac Western, et qui, | tionnée ici, KABASSOU, (man. ) Ce nom, que Buffon a adopté, a été donné par les habitans de la Guiane française au Tatou à douze bandes, ou grand Ta- tou. ( Voy. Tarou. } Nous avons représenté celle espèce dans notre Atlas, pl. 273, fig. 2. (Z. G.) KÆMPFÉRIE, Kæmpferia. (or. rxan. ) Linné a consacré ce genre à la mémoire du célèbre paturaliste-voyageur Engelbert Kæmpfer, qui, après avoir visité le nord de l’Europe, descen- dit en Perse, parcourut l'Indoustan, le midi ‘de la Chine, l’intérieur du Japon, Sumatra, Cey- lan, et la côte orientale de l'Afrique, el revint en son pays où il mourut le 2 novembre 1716. Lezgenre appartient à la famille des Amomées et à la Monandrie monogynie ; les cinq ou six es- pèces monocotylédonées qu’il renferme, toutes indigènes à l'Inde, toutes remarquables par la structure singulière de leurs grandes et belles fleurs , sont rares dans nos jardins, parce qu’elles sont délicates et qu’elles demandent à y être con- slamment tenues en serre chaude. Le caractère générique est d’avoir le calice d’une senle pièce, tubuleux, s’ouvrant obliquement au sommet; la corolle monopétale à six divisions, trois exté- rieures , longues, linéaires, étalées, et trois inté- rieures, dressées, disposées comme deux lèvres ; une anthère simple, dilatée, membraneuse, pé- taloïde à son sommet, qui est bifide ; l'ovaire in- fère, surmonté d’un style long, grêle, ayant un Stigmate à deux lames. De cet appareil naît une Capsule arrondie, triloculaire , à trois valves, ren- fermant plusieurs semences. Comme nous avons étudié sur la nature vivante la KæmwPr£ri£ À GRANDES FEUILLES, À. longa, de Jacquin, représentée en notre Atlas, pl. 276, fig. 5, nous allons la décrire. D'une racine com- posée de trois à six tubercules épais, oblongs , charnus , qui de leur collet produisent plusieurs fibres blanchôtres , surgissent de grandes feuilles larges, pointues , longues de soixante-cinq centi- mèlres , vertes en dessus , rougeâtres en dessous, traversées par une nervure longitudinale, et roa- les Jongiludinalement les unes sar les autres, de changeant de direction, court vers l’ouest, et forme Ja limite des: dachés de Holsiein et de Sleswig, avant de se précipiter dans la mer du Nord. La frave , qui n'appartient au duché de Holstein que par son cours supérieur, et qui se jelle dans la Baltique. Le Guden, enfin, le plus grand fleuve du Jut- land, où il baigne successivement les bailliages de Skanderborg, de Viborg et de Randers, avant de se jeter dans le Cattegat. La surface du sol de cette presqu'île n'offre au- cune chaîne de montagnes qui mérite d'être men- (G: 3.) même que celles des Balisiers, Canna (v. tom. [, pag. 375 ), avant leur entier développement. Les fleurs naissent sur la racine même ; elles sonkses- siles, rapprochées en faisceau, cinq et sept en- semble, tantôt paraissant avant les feuilles, tantô£ en même temps; elles se développent successive- ment, de manière qu'il n’y en ait que deux à la fois ; elles exhalent une odeur douce, agréable. Chaque fleur est enveloppée à sa base par une spa- the monophylle, membraneuse, lavée d’un pourpre clair. Elles s’épanouissent depuis la fin de l'hiver jusqu’en mai et juin. Cette plante porie , dans le comwerce , le nom vulgaire de Zédoaire longue. On vante beaucoup la beauté de la KæmPréRIE KELANGU , K. galanga, L., à canse de.ses fleurs d’un blanc bleuâtre portant une petite tache pour- pre foncé dans le centre; elles ne durent, qu’un seul jour, se succèdent tout l’été,.et, comme les racines , elles exhalent une forte odeur de Gin- gembre. On fait usage des premières.que lon dit être carminatives et sudorifiques. Quant à la Kæmpferia rotunda, Bergius assure qu’elle doit être détachée du genreet placée parmi les Amomes, Amomum. (T. ». B.) KAHAU, ( mam. ) L’un des noms du Semnopi- thèque nasique. Joy. Sumnorrraique. (GuÉR.) KAKATOËS. (o1s. ) Ce nom, que.plusieurs auteurs écrivent GacarToés, sert à désigner, un groupe de Perroquets dont nous avons donné les caraclères à l’article Gacaroës (voy. ce mot ). N'ayant pu figurer quelques espèces de:ce genre à l’occasion de Particle cité plus haut , nous répa- rons celte omission, etnous donnons à la pl. 274, fig. 1, la figure dn KakATOËS À HUPPE BLANCHE , Ps. cristatus, L., Buff. Cet oiseau a le: plumage blanc, à l'exception de la base des rectrices: et des tecirices subalaires , qui sont d’un jaune de soufre. Il vient des Moluques. La figure 2 de notre planche 275 représente leKakaïrobs À HUPPE JAUNE , P. sulphureus, Gmel:, | Buff. 11 a le plamage blanc, à l'exception de la presque totalité de la huppe, desjoues, des rec- trices et des tectrices ; qui sont d’un jaune soufre. Il se trouve également aux Moluques. (Gu£r.) *. A CAP C) 44 4 2. Kabassou Æ, Guérin dir 2. Kakaroës PL. 274 ADP CD 6) Lo + \.)©, WRUXE 1. Kakatoes 2 .Kamichz EL. Guerin dr KALL KAKERLAKE. (1xs. ) Nom vulgaire des Blat- tes, qu'on appelle aussi quelquefois Gancrelats. Voy. BrarTre. (GuËr.) KAKOXÈNE. (rs. ) Substance tendre, jaune, fibreuse, d’un éclat velouté , en petites masses dont les fibres sont divergentes. Elle n'est point encore au rang des espèces minérales, bien que sa composition ait été déterminée par Steinmann, qui y a trouvé 17 à 18 parties d'acide phospho- rique, 16 d’alumine , 8 à 9 de silice « 36 à 37 de peroxide de fer, et 25 à 26 d’eau et d'acide fluorique. fie # Elle se trouve dans les fissiüres d’un minerai de fer oxidé ,‘auxenvirons de Sbirow:en Bohême. (.H) KALANCHOE, Xalanchoe. (mor. rman. } Quel- ques espèces de Gotylet , distinctes par le nombre quaternaire de leurs parties florales, composent le genre formé sous ce nom par Adanson, et adopté par De Candolle dans sa Monographie des planies grasses ; il appartient à Ja famille des Cras- sulacées , et se caractérise ainsi : calice persistant à quatre divisions. profondes ; corolle monopétale, régulière , infandibuliforme, renflée , s'évasant en quatre lobes étalés et réfléchis ; huit étamines , disposées sur deux rangs; quatre pistils, ayant à leur base quatre glandes nectarifères ; quatre cap- sules allongées, uniloculaires, polyspermes. Les Kalanchoës où Kalanchées sont des plantes grasses, herbacées ou frutescentes, ayant des feuilles op- posées dentées profondément, ou même pinnatifi- des, parfois seulement dentées à leur sommet , très-rarement entières ; leurs fleurs , disposées. en ” corymbe. à l’extrémilé des tiges, sont jaunes , rouges ou blanches. M. Redouté, dans ses Plantes grasses, a figuré deux espèces de Kalanchoë : l’une est le Kazan- cuor n'Ecxpre, ÆXalanchoe ægyptiaca, D. C., herbe à feuilles arrondies, concaves, à corolles d’un rouge vif; l’autre, le KALANGHOE À FEUILLES sparuzÉes , #. spathulata , D. C.;, de Chine, a ses fleurs jaunes, Une troisième espèce , que Von voit fréquemment dans les jardins , est le Æ. lacincata, D. G:, originaire de l'Egypte et de l'Inde ; sa tige est rameuse, très-glabre, garnie de feuilles pro- fondément découpées; les fleurs sont jaunes. Ces différentes espèces se cultivent chez nous en serre chaude ; comme la plupart des plantes SR KALI, Kalium. ( cn. ) Le premier de ces noms est celui sous lequel on désignait autrefois oxide du métal appelé aujourd’hui Potassium , métal qu’on aurait pu alors appeler Kalium. Foy. Porasss ( sous-carbonate de potasse impur), Po- TASSIUM. (E. F.) KALLIAS, Kallias. (or. PrHan. ) Nom dérivé du grec, suivant Adanson, et donné à une espèce d'Anthémide , à cause de sa beauté. C’est à Orléga qu’on doit la connaissance de cette plante, qu'il désignait sous le nom d’Ænthemis ovalifolia. Jac- quin, qui la nommait 4. buphthalmoides , en a donné une belle figure (Hort. Schenbrunn, vol. IT, pag. 15, tab. 151). H. Cassini a fait de cette 287 KALM plante le type d’un sous-genre de son genre He- liopsis ; voiei comment il le caractérise : Fruits & péricarpe drupacé et ridé; corolles des fleurs, mar- ginales , non articulées , mais continues avec l'ovaire. Dunal (Mém. du Musée, tom. V, pag. 57) avait déjà rapporté au genre Æeliopsis le A allias ovata de Cassini , sous le nom de /]. buphihalmoides. semblerait que ce dernier dût être seul admis, parce qu'il a la priorilé sur celui de Cassini, et qu'il rappelle l'Anthemis buphthalmoides de Jac- quin. Persoon (Ænchirid. pag. 473 ) donne à cette même plante le nom d’Acmella buphthalmoides. Elle est herbacée, à tiges lrès-rameuses, portant à son extrémité de grandes calathides jaunes. On peut la voir.au Jardin du Roi, où sa culture n’exige pas beaucoup de soins, Peut-être l'Heliopsis canescens de Kunth ( Wov. Gen. et Spec., pl. æquin., 4, pag. 212), dont Cas- sini a formé la seconde espèce de son sous-genre, sous le nom de Xallias dubia , n'est-il qu’une va- ritté de la précédente. (G. £.) KALMIE, Æalmia. ( BoT. nan. ) Pierre Kalm, botaniste suédois , et l’un des habiles élèves de Linné, en explorant l'Amérique septentrionale, s’est rendu récommandable par les services qu'il a rendus à la science; aussi son maître immortel s'est-il empressé de lui consacrer un genre d’élé- gans arbustes toujours verts, que l’on rencontre à chaque pas sur l’autre hémisphère, depuis les monts Alléghanys jusqu'aux régionsles plus froides du Canada. Ce genre, de la famille des Rhodora- cées et de la Décandrie monogynie , renferme cinq espèces, quatre du continent américain , la cinquième de la Nouvelle - Hollande, toutes sus- ceptibles de réussir en France dans la pleine terre, leur constitution robuste leur permettant de bra- ver la rigueur de nos hivers; seulement il leur faut une terre substantielle, légère, très-perméa- ble à leurs racines extrêmement délites. Là, elles deviennent robustes, forment des buissons touf- fus, se chargent de leur beau feuillage alterne , quelquefois épars et comme verticillé, entier , persistant , et donnent tous les ans, au mois de juin et en septembre, leurs nombreuses fleurs, géné- ralement roses ou blanches, formant des espèces de grappes ou de corymbes à l'extrémité des ra- meaux. Les caractères essentiels des Kalmies sont : un calice monophylle, persistant, étalé, à cinq di- visions très-profondes; une corolle campanulée, | monopétale, creusée en soucoupe, à cinq angles | plus ou moins courts, ouverte, dont le bord du | limbe est droit, presque quinquéfide, garnie vers sa partie inférieure de dix fossettes formant à l'extérieur autant de mamelons ; étamines au nom- bre de dix, insérées au fond de la corolle, à fila- mens courbés, et placées de manière que chaque anthère est reçue ct engagée par le sommet dans une des dix fossettes, d’où elle sort au moment de la fécondation pour répandre son pollen sur le pistil qui se dresse; ovaire supère, libre , globu- leux , à cinq loges, avec style assez long, incliné, terminé par un stigmate déprimé; une capsule KAMI 288 KAMI gemmes globuleuse , à cinq loges polyspermes et univalves; les semences sont petites, nombreuses, brunes, attachées à un réceptacle central. Infiniment supérieure aux autres espèces comme Jante d'ornement , la KALMIE À LONGUES FEUILLES, K. latifolia , est très-riche et des plus agréables lorsqu'elle étale ses corymbes fleuris; elle ne pré- sente alors qu'un large tapis vert et rouge fixant tous les regards. Très-rustique , elle est parfaite- ment acclimatée dans nos jardins depuis 1750, et placée à l'ombre, abritée des grands vents , elle y produit en tout temps un fort bel effet. C’est un arbuste de trois à quatre mètres dans son pays, réduit en Europe à deux et trois mètres au plus ; sa tige, formée d’un bois très-dur que l’on em- ploie au Canada pour faire des poulies, est droite, épaisse , divisée dans sa partie supérieure en plu- sieurs rameaux demi-ouverts ou étalés, un peu roussâtres ; sés feuilles, d’un très-beau vert, sont larges, fermes, luisantes; ses fleurs, d’un rouge un peu pourpre, rassemblées en gros bou- uets. Il aime le voisinage de l’eau. L’on dit que les feuilles sont vénéneuses pour les Chevaux, les Vaches, les Oiseaux; ce que je sais, c’est que les Chèvres, les Cerfs, les mangent sans en éprouver le plus léger inconvénient. Un fort beau sous-arbrisseau formant buisson bien garni et arrondi, la KaLMIE VELUE, Xalmia hirsuta, découverte par Walter dans la Caroline méridionale, mériterait de fixer l’attention des horticulteurs ; elle fleurit à la fin du printemps. Ses tiges rameuses, plus étalées que droites, sont garnies de pelites feuilles ovales dans le bas, lan- céolées dans le haut, à bords roulés en dessous , et de feuilles carnées , axillaires , disposées en grap- pesterminales et spiciformes. La Kazmie ezauque , À. glauca, que l’on trouve à l'ile de Terre-Neuve et sur le continent améri- cain, ne monte qu’à quarante centimètres. Ses tiges nombreuses donnent un joli buisson, au feuil- lage d’un vert brillant en dessus, blanc ou glauque en dessous , principalement depuis le mois de mai jusqu’au milieu de l’été, que ses fleurs d’un beau rouge sont épanouies , et présentent des corymbes terminaux composés de sept à neuf fleurs réunies ensemble. (T. D. B.) KAMICHI, Palamedea. (o1s.) Les Kamichis for- ment , dans l’ordre des Echassiers , un genre assez distinct. Vieillot n’a compris qu’une seule espèce dans ce genre, le Palamedea cornuta, Linn. Comme Iliger, il a cru devoir en séparer le Chaïa (Parra chavaria) , pour en faire un second genre. Latham et Gmelin , et avec eux Cuvier et Temminck, ont réuni ces deux espèces, le Kamichi proprement dit et le Chavaria , sous le même nom générique, les différences caractéristiques qui existaient entre eux étant trop peu notables. On donne pour ca- ractères à ce genre : un bec droit, conique, court, peu comprimé, non renflé, à mandibule supé- rieure légèrement arquée ; narines ovales , situées vers le milieu du bec; deux éperons ou ergots à chaque aile; quatre doigts séparés , forts, à on- gles robustes, surtout celui du pouce, qui est long et droit. La forme du Dindon peut donner une idée assez juste de celle des Kamichis, avec cette différence que celle de ces derniers est dans des proportions. plus fortes. Leur bec même tendrait à les rappro- cher des Gallinacés, si par leurs autres caractères et par leurs mœurs ils n’appartenaient aux Echas- siers. On n’en connaît encore que deux espèces. Kamicui cornu, Palamedea cornuta, Linn. Buff., pl. enl. 451 , représenté dans notre Atlas, pl. 274, fig. » ; ainsi appelé à cause de l’appendice corné qu’il porte sur la tête. Cet appendice ou corne, dont la longueur varie de trois à quaire pouces , droit et seulement recourbé vers la pointe, à sa base revêtue d’une espèce de fourreau, qu’on pour- rait comparer à un tuyau de plume. Cette parti- cularité n’est pas la seule qu’offrent les Kamichis; car, comme les Jacanas, ils portent encore aux ailes une paire d’éperons, enchâssés également dans une sorte de fourreau. On a considéré ces. éperons comme étant des apophyses des os méta- carpiens, dont la surface serait recouverte par une: lame cornée. Quant au plumage, cet oiseau est peu remarquable. Ïl a l’aile marquée d’une tache rousse, tout son manteau d’un gris d’ardoise , et l'abdomen blanchâtre. Sa tête est couverte de quel- ques plumes duveteuses, variées de blanc et de noir. Ses jambes et ses pieds sont recouverts d’une peau écailleuse noirâtre. Il a trois pieds de longueur totale. Quoique peu multipliée, cette espèce se rencon- tre encore dans beaucoup de contrées de l’'Améri- que méridionale , au Brésil, à la Guiane , etc. On. : ne la voit jamais s’avancer dans les forêts ; mais elle fréquente les lieux découverts et humides , les savanes à demi inondées. Lorsqu’elle marche, son port est grave, sa tête haute. Sa voix est forte et. relentissante. Selon l’heureuse expression de Marc- grave, le vyhou-vyhou qu’elle fait entendre à quel- que chose de terrible : terribilem clamorem edit, vyhu-vyhu vociferando (Hist. nat. du Brésil, p.215). Le Kamichi porte des noms différens, selon les. lieux où il se trouve. Les Indiens des bords de: l'Amazone le nomment Cahuitahu; les habitans de la Guiane francaise, Kamachi; les Créoles, Ca- moucle, elc. Les noms qu’il porte lui ont presque tous été donnés à cause de sa voix. Cette voix, qui a quelque chose d’effrayant, et les armes dont il est, pour ainsi dire, comme environné, pourraient faire supposer que son naturel est féroce , qu’il se sert de l’une pour épouvanter ses ennemis , et des. autres pour les attaquer : il n’en est rien. De sa nature, le Kamichi est doux; il vit paisiblement au milieu de ses semblables et des autres animaux. Pourtant, pendant la saison des amours, il entre en fureur, mais seulement contre son espèce. Alors, il y a combat de mâle contre mâle, jusqu’à ce que l’un des deux cède à l'autre l’objet pour lequel ces combats ont lieu. Le couple formé demeure fidèlement uni. La nourriture de ces oiseaux se com- pose de substances végétales plutôt qu’animales. Comme les Oies , ils pâturent l'herbe tendre. Sui- yant 289 | KAMT y ————_————————_—————————— } Mvant Pison (Hist. nat. des Indes, p. 91), les Ka- |. michis construisent, au pied d’un arbre, un nid auquel ils donnent une ouverture et une forme pa- “ reilles à celles d’un four : Bajon (Mém. sur Cayenne) * dit qu'ils le font dans les broussailles. La chair des . jeunes, quoique noire, est bonne à manger. Ges oiseaux se laissent dfoleaent approcher. L'autre espèce est le Cnaïa d’Azz., le Parra chavaria, L. Voyez Cuavara. (Z. G.) KAMTCHATKA. (céocr. Pays.) Grande pénin- “sule de l’Asie à l’ extrémité orientale de la Sibérie. “Elle a 340 lieues de longueur , sur 70 de largeur. Bcette contrée , DArÉe entre 51° et 63° de latityde fe etentre 152° 50! et 71° de longitude est, est : traversée dans toute sa Red Fe sud-ouest au nord-est, par une chaîne ‘de montagnes volcani- ques qui va joindre au nord le mont Jablonnoï. Un grand nombre de ces montagnes jettent con- tinuellement des flammes, onde une quantité considérable de neige et produisent des torrens qui renversent tout ce qui s’oppose à leur passage. “Parmi les montagnes volcaniques on remarque le - K amtchakaïa , dont les éruptions ont été accom- “pagnées quelquefois de tremblemens de terre k très-violens; le Schoupanowskaïa-Sopka , à l'em- “bouchure du Schoupanow, placé parmi les vol- “cans par M. Kelerstein ; le Pic Streloschenoï ou “la Streloschnaïa - Sopka , d’une hautear de 8,000 à 10,000 pieds ; le Pic Koscheleff ou Opalskoï, que * Chwostow regarde comme plus élevé que le Pic de “ Ténérifle ; le T'olbalschinskoï, haut de 2,534 mè- îres au dessus du niveau de la mer; le Æamskai- » Loï-Sopka, et le Krachénin-Kova, observé pour la première fois en 1824 par M. Stein. M. Erman a - déterminé la hauteur de plusieurs de ces monta- L gnes : suivant lui, le Ælioutschewskaia serait le … point le plus haut de la péninsule, il s’élance à « /,,804 mètres au dessus de la mer. Suivant ce sa- “ yant , le Schiveloutchkaïa serait à 3,214 mètres. Il est très-probable que c’est au prolongement «de cette chaîne volcanique qu'est due la formation des îles Kouriles. Elle partage la contrée en deux ? parties du nord au sud ; à l’est coulent l'Olioutora, la Karaga et le Kamtchatka ; à l’ouest, la Bolchaïa- Reka, la Kariousova, la Poustaïa et la T'alovka. Plusieurs de ces rivières ne gèlent Jamais, soit à cause de la rapidité de leur cours, soit en raison « de la composition chimique de leurs eaux. be. Les hivers de cette contrée , quoique fort longs, ne sont pas à beaucoup près aussi rigoureux qu'on pourrait le croire. Il commence à geler dès le mois .de juillet, et les gelées y durent quelquefois jus- “qu'en mai; le thermomètre de Réaumur descend lors de 5 à 10 degrés ; le maximum du froid y va rarement jusqu’à 18°. Pendant l'été, 4 à 10 de- grés sont le terme moyen de la température, qui - cependant s'élève quelquefois jusqu’à 21. Les productions végétales du Kamtchatka sont peu variées. Le mélèze et le peuplier blanc y ser- vent à la construction des habitations et des vais- seaux ; le bouleau, qui forme des forêts assez éten- dues, estemployé à faire des traîneaux; son écorce, T. IV, KANG verte, coupée en tranches minces, et mêlée avec du caviar, procure un aliment, tandis que de sa séve on retire une boisson assez agréable. Les bois à brûler sont le saule et l’aune; les habitans man- gent aussi l'écorce du premier : celle du second sert à teindre leurs cuirs. La racine du Lis Saranna remplace souvent le pain, et ils savent tirer d’une espèce d’ortie des fils qui suppléent le chanvre et le lin. En 1810 on commença à faire dans cette contrée quelques essais d'agriculture : la pomme de terre , le chou, le navet, la carotie y réussi- rent assez bien; mais les céréales ne donnèrent pas de grands résultats, le seigle même y parvient ra- rement à sa maturité. Le sol se couvre d’une grande quantité d’arbustes sauvages qui portent des baies, avec lesquelles on fait du vinaigre et des boissons. L'industrie des habitans est parvenue à retirer de l’eau-de-vie d’une espèce de jonc qui y est assez abondante. On y trouve d’excellens pâturages, ce qui a donné l’idée d'y transporter quelques che- vaux , des bœufs, des cochons et des moutons qui s’y sont acclimatés, et qui pourront peut-être un jour remplacer le renre et le chien, les seuls ani- maux domestiques que les habitans y élèvent. Parmi les animaux sauvages qui habitent cette contrée, on remarque l'ours, dont la chair est mangée par les habitans ; le renard, les sobles ou martes zibelines, les lièvres et les hermines, dont les fourrures sont très-recherchées ct forment la principale branche de commerce de ce pays. Les limandes , les soles, les cabillauds, les lamproies, les anguilles et les brochets fourmillent dans les rivières sans qu'on les inquiète; on ne les mange qu’en temps de diselte; mais on pêche le saumon, dont la chair est excellente. Ce poisson sort de la mer pour remonter les fleuves , il s’y présente en si grande quantité qu'il en ralentit le cours. Les chiens et les ours, dit Steller, en prennent à loi- sir Lant qu’ils en peuvent dévorer. Les harengs, qui pour frayer remontent dans les lacs, y abon- dent tellement , qu’on pourrait quelquefois les pui- ser avec un seau. Les côtes sont toujours envi- ronnées d'une foule de cétacés et d’amphibies, tels que des baleines, des ours de mer, des lamantins, des loutres ou castors de mer. La variété des ei- seaux n’y est pas moins remarquable que leur nom- bre. Les oiseaux de mer ne sauraient se compter. Parmi ceux de terre on remarque les cygnes, sept espèces d’oies, onze de canards, enfin des aigles dont la chair est regardée par les Kamichadales comme un mets assez délicat. (J. H.) KANGUROO, Macropus ou Kangurus. (man) On donne dans certaines parties de l'Australie le nom de Kanguroo à des animaux mammifères ap- partenant, ainsi que presque tous ceux de ces contrées, au groupe des Didelphes , et qui se dis- tinguent principalement par leur museau allongé, leurs grandes oreilles, leurs membres postérieurs de beaucoup plus grands que. les antérieurs et leur queue très-puissante; ces animaux ont dans leur port général et dans leur allure quelque chose qui rappelle la physionomie des Lapins; mais il ne faut pas confondre les Kanguroos ayec les espèces nom- 277° Livraison. 37 KANG breuses que l’on distingue parmi ces derniers, ni même les en rapprocher. Les Kanguroos for- ment uh genre aujourd’hui assez nombreux en es- pèces, et qui est admis par tous les naturalistes ; ce genre, que la plupart des auteurs français ap- pellent en latin Kangurus, recoit des Anglais et des Allemands le nom de Macropus; cette seconde dénomination a été proposée par Shaw; comme elle est la plus ancienne, ilest probable qu’elle de- vra être préférée, l'usage étant que lorsque deax noms différens ont élé donnés par deux auteurs à une même espèce ou à un miême genre, le plus ancien soit préféré. C’est surtout à la Nouvelle-Hollande et dans les grandes îles voisines (Van-Diémen, etc.) quevivent | les Kanguroos; Fespèce qui s'éloigne le plus du continent océanien estle Macropus Brunnit ou La- pin d’Aroë, qui se trouve à la Nouvelle-Guinée et aussi dans les iles de ta Sonde, où on l’a d’abord observé. Ces animaux ont des mœurs assez dou: ces, el ils se nourrissent principalement de snb- stances végétales; mais en domesticité ils mangent aussi de Ja viande fraîche ou salée , du cuir même et à peu près tout ce qu'on leur présente. La plu- part vivent en troupes. Ces animaux sont assez généralement de taille moyenne; il en est néan- moins parmi eux quelques uns qui prennent d’as- sez grandes dimensions; telest le Kaweuroo cbanr, Macrop. major, Van des premiers observés, qui a sept pieds environ depuis Je bout du museau jus- qu'à l'extrémité de la queue; tel est encore le Kanauroo LAINEUx, dont on doit la découverte à MM. Quoy et Gaimard, et qui n’est pas moins long que le Wacr. giganteus, mais dont les formes sont plus élancées. Les Kanguroos ont deux modes de progression bien distincts , la marche lente et le saut: dans le premier cas ils se servent ordinairement de leur queue, soit qu'ils marchent horizontalement , soit qu'ils se tiennent plus où moins obliques et rap- prochés de la verticale; ils ondulent alors leur corps à peu près conune le font les lapins lorsqu'ils avancent lentement; dans le second cas ils ne s'appuient pas, bien qu’on le pense assez générale- ment, sur leur queue; cet organe Leur fournit une sorte de contre-poids qui maintient l’équilibre en- tre les parties antérieures et les postérieures, et c'est avec les pieds de derrière seulement que les Kangurcos touchent le sol. Cette sorte de saut a beaucoup d’analogie avec celui des Gerboises, et les Kanguroos ressemblent assez à ces dernières lorsqu'ils l’exéculent'; quand ils sont vivement poursuivis, les Kanguroos ont plutôt recours à la Course qu'au saut; ils s'appuient alors sur leurs quatre pattes, et ne font de bonds que lorsqu'ils ont quelque obstacle à franchir, C’est surtout lors- qu'ils reposent sur leurs extrémités postérieures que les Kanguroos font usage de leur queue; ils l'appliquent alors contre terre et ytrouvent un troi- sième point d'appui; mais ordinairement ils con- servent peu de Lemps cetle position, et lorsqu'ils restent immobiles, ils se tiennent le plus souvent couchés sur le côté, Lorsqu'ils se battent, ils font 200 per etmême terrasser leur gardien à laide du même KAN aussi asage de leur queue, qui supporte le poids du corps pendant que chacun essaie de frapper son adversaire avec les ongles puissans qui arment ses pieds de derrière, les membres supérieurs étant le plus souvent fixés sur les épaules de l'adversaire. Pendant l'époque da rut, les mâles se livrent fré- quemment des combats de cette sorte, et dans nos ménageries. on voit quelquefois ces animaux frap- procédé. C’est au genre des Kanguroos qu’appartiennent les plus grands mammifères propresà POcéanie..Ces animaux, ainsi que leurs congénères, sont recher- chês par les naturels et aussi par les colons , qui trouvent dans leur chair une nourriture abondante, et.qui emploient leur peau pour se faire des vête- mens de toutes sortes, Aussi la chasse des Kangu- roos est-elle dans ces contrées une des principales occupations ; mais l’ardeur avec laquelle on s’yest livré à fait considérablement diminuer dans quel- ques points le nombre de ces Didelphes. Depuis que les relations de l’Europe avec la Nouvelle-Hollande sont établies d'une manière plus régulière, on voit fréquemment arriver en France et surtout en Angleterre des dépouilles de Kanguroos ou même des Kanguroos vivans , et ces apimaux, qui avaient d’abord été très-rares , s’ac- commodent parfaitement de la température de nos contrées. Plusieurs fois on les a vus reproduire à Paris ou à Londres : aussi serait-il à désirer qu'on cherchât, ainsi qu'on a déjà commencé de le faire, à les acclimater d’une manière définitive et à les mulliplier, leur introduction en Europe pouvant être une nouvelle source de richesses. Le mode de généralion des animaux didelphes, bien que connu dans ses faits principaux, n’a point encore été décrit dans tous ses détails ; les diverses circonstances de l’acconplement de ces mammifè- 4 res et de leur parturition n’ont point été compléte- 4 ment approfondies. Cependant les Kanguroos ont 4 été plus fréquemment étudiés que les autres ani- À maux océaniens, et dernièrement encore ils ont! fourni à M. R. Owen le sujet d’un mémoire fort in- | téressant publié en 1835 dans les Transactions de la société royale de Londres. L'étude des glandes mammaires des animaux qui nous occupent a été également approfondie par an naturaliste du même { pays, M. Morgan, dont le travail est consigné dans | les Transactions de la société Linnéenne de Lon- dres, t. xvi. Les glandes mammaires des Kangu- roos ont ia même disposition que celles des Orni- thorhynques, des Echidnés et des Cétacés, c’est- à-dire qu’elles résultent de l’amas desnombreux cœæcums ou culs-de-sac. Celte disposition ne s’é- loigne pas autant de celle que présentent les mam- milères MonoprrPnes (v. ce mot) qu'on pourrait le penser au premier abord; elle n’en est qu’une simple exagération, (Foy. le mot Mavezux. ) Valentyn (Hist. d’Amboine)etGorneille Lebruyn (Voyage aux Indes, I, p. 547, fig. 215) sont les premiers auteurs qui aient fait mention des Kan- guroos, et l’espèce dont on leur doit la connais- sance est le Kanguroo d’Aroë , ou Filander; une / Ne A ti AN D tu > 20NK & REA UN NE Des - z. Kanguroo Zzneur 5 D 2 gang CR) 7 Aroe E Cucrin dir : KANG 291 KARS 1 D autre espèce fut annoncée à peu près dans le même temps par Dampier; une troisième, celle que nous nommons Macr. giganteus, fut observée en 1770 sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande par Cook. Depuis lors beaucoup d’autres espèces, que nous indiquerons en partie, ont été découvertes ou caractérisées par les voyageurs et les natura- listes; et les Kanguroos, que Linné confondait avec les autres Didelphes dans son genre Didelphis, conslitnent aujourd'hui deux genres assez distincts. L'un de ces genres, moins nombreux que le sui- vant, contient les espèces qui sont pourvues de canines à la mâchoire supérieure, ce sont les Po- toroes de M. Desmarest (Hypsyprymnus , Mig.) ; dans l’autre genre se placent tous les véritables Kanguroos, c'est-à-dire ceux qui n’ont plus de ca- nines pi à l’une ni à l’autre mâchoire. Geux-ci ont, comme les Poronoos (». ce mot), six incisives su- périeures ct deux inférieures ; leurs molaires sont au nombre de quatre partout ou de cinq : les Kan- guroos à molaires #-? conservent le nom de Ma- cropus ou celui de Kangurus suivant les auteurs, et le nom d’Æalmaturus a élé réservé à ceux qui ont ;—+ molaires. Nous ne parlerons que des vé- ritables Macropus et des Halmatures. T Dents molaires + ; queuc entièrement velue (Macnorovzs, F. Cuv.). Nous devons parler d’abord du Kawcuroo GANT, Macropus giganteus, que nous avons représenté dans notre Allas, pl. 275, fig. » ; il vit à la Nou- yelle-Galle; c’est celui auquel les voyageurs du siècle précédent et du commencement de celui-ci ont surtout donné le nom de Kanguroo; son corps altrois pieds huit pouces depuis le bout du museau, et la queue deux pieds trois pouces; il est gris cendré en dessus et blanchâtre en dessous ; son menton est traversé par une digne cendrée; ses pieds et sa queue sont noirâtres. Cet animal est doux et susceptible de devenir très-familier ; sa fourrure est d’un usage très-fréquent; mais sa chair, bien qu’on la mange fréquemment, est assez dure. Aux environs de Botany-Bay on poursuit les Kan- guroos géans avec de grands levriers que l’on fait venir d Angleterre; c’est aussi de la même manière qu'on les chasse dans les montagnes Bleues, aux environs de la rivière de Lox et dans plusieurs au- tres endroits. Celte chasse n’est pas sans danger pour les chiens; les Kanguroos icur opposent deux “armes puissantes, la queue et le gros ongle de leurs pieds de derrière; avec la première ils peuvent élourdir les chiens les plus forts, et ils leur font parfois avec la seconde des blessures profondes et même mortelles. Kaxeunoo Larneux, Macr, laniger (voy. notre Aulas, pl. 275, fig. 1). I a le corps long de qua- re pieds trois pouces, et la queue de trois et demi ; un caraclère essentiel consiste dans un pe- lage doux au toucher, court, serré, laineux j Comme feutré, et dont la couleur est d’un roux ferrügineux un peu plus clair que celui de la Vi- gogne. Lc Kanguroo a été décrit par MM. Quoy et Gaïmard dansla Zoologie du Voyage de L' Üranie : il se distingue encore par la gracilité de ses formes. ; Kawquroo »’Aror, Macr. Brunni. Cette espèce, sur laquelle MM. Quoy, Gaïmard et Lesson nous ont donné dans ces derniers temps d’intéressans détails, est celle qu'ont connue Valentyn et Le- bruyn : elle vit aux îles Moluques et à la Nouvelle- Guinée ; à Amboine on l'appelle Pélandoc Aroë on Lapin d’Aroë, au havre de Dorey (Nouvelle-Gui- née) les Papous lui donnent le nom de Kopenn. Nous l’avons représenté pl. 279, fig. 8. Parmi les autres espèces déjà décrites, et sur lesquelles nous ne devons point insister autant, nous citerons les Âacropus elegans (Lambert , Linn. Trans. , vu ); Macropus Parryi (Bennett, Trans. , z0ol. soc. Lond. , #, 1, pl. 8); M. Bil- lérdieri (Kang, Billardieri, Desm. Mam., p. 845); ML. oualabatus (Less. Mam., ou Kang. Brunni de Desmarest ) ; M. Eugeni: (Kang. Eugenii, Desm. Ma. ); M. ruficollis, M. kanksianus et M. pen:- cillatus, T1 Dents molaires =; queue en partie dénu- dée (Haruarures, F. Guv.). Le nom d’AHalmaturus avait été donné par Il- higer à tous les Kanguroos, acception que nous lui conservons ici est celle que lui a donnée M. F. Cuvier.. Deux espèces seulement se’ distinguent parmi les Halmatures : la première est le Macro- pus fasciatus, que Péron et Lesueur ont figuré dans l'Atlas du Voyage aux terres australes, sous le nom de Kangurus fasciatus ; V'autre est le Kancunroo DE LA TËrys, Macropus thetys, décrit et représenté par M. F. Cuvier dans son grand ouvrage sur les Mammifères, E. 1. 21. "(Genv.): : KAOLIN, Argile à porcelaine, Argile délitée. Qu.) Matière terreuse, très-tendre , tachante , ordinairement blanche, quelquefois jaunâtre ou grisâtre, infusible au chalumeau, etc., et qui provient évidemment ce la décomposition des di- verses espèces de feläspath. Dans cette décompo- sition, dit M. Berthier, non seulement de la po- tasse est enlevée , mais encore il y a de la silice qui s'échappe, de là la quantité prédominante de l’alumine dans le Kaolin. Le Kaolin est composé de silice, d’alamine, de potasse, de magnésie, de chaux, d’oxide de fer et d’eau. Les terrains les plus riches en Kaolin sont ceux de Saint-Yrieix, de Schnecberg, de Meissen , de Saint-Tropez, de Mende, et de Normandie. (FE. EF.) KARABÉ. (nux.) Nom persan qui veut dire tire-paille, parce que le succin, appelé Karabé, étant électrisé par le frottement , attire la paille et les autres corps légers contre lesquels on l'appro- che. Voyez Sucarn, Ececraun. . FE.) KARSTENITE. (wn.) On a donné ce nom et beaucoup d’autres, tels que ceux de muriacite, phengite, vulpinite , anhydrite, würfeldspath , bor- diglione , gekrosentein , pierre de‘tripes, spath cu- bique, gypse anhydre, chaux sulfatée anhydre et chaux sulfative, à un sulfate de chaux dépourvu d’eau de cristallisation ou du moins qui n’en contient presque pas. Sa couleur est blanchâtre ou violâtre , et quelquefois rougeâtre ou bleuâtre. Sa dureté est plus grande que celle du calcaire. KENN La Karstenite est rarement cristallisée; mais lors- qu’elle l’est, c’est en prisme octogone ou en prisme rectangulaire , modifié sur les angles par des fa- celtes obliques. Gependant elle présente assez fré- quemment un clivagenaturel en cube ou en prisme rectangulaire. Sa texture est le plus habituellement laminaire ou lamellaire , quelquefois fibreuse ou compacte. C’est lorsqu'elle est en mamelon qu’elle recoit le nom vulgaire de pierre de tripes. Quelques variétés de Karstenite sont employées comme marbres : ce sont celles qui sont lamel- laires. Tel est le bordiglio ou marbre de Bergame, dont onfait des tables , deschambranles de chemi- née, etc. Sa couleur est d’un gris bleuâtre et d’un fort bel effet. On l’exploite principalement à Vulpino, sur le territoire de Milan : de là les noms de Gordiglione et de vulpinite ,-qui lui ont été donnés. (J. H.). KEMPFEÉRIE. Joy. KAEMPF£RIE. KENNEDIE , Æennedia. (Bot. pan.) Parmi les genres de plantes que les îles de l'Océanie nous ont fournis depuis qu'elles sont explorées avec soin, nous remarquons celui dédié au célèbre horticul- teur anglais Kennedy, l’un des propriétaires de la riche pépinière de Hammersmith , à qui l’on doit l'introduction d’un grand nombre de végélaux cu- rieux. Ce genre fait partie de la famille des Légu- mineuses et de la Diadelphie décandrie, Quelques unes de ses espèces , au nombre de quatre à cinq, ont élé confondues par Curtis et Willdenow parmi celles du genre Glycyne ; mais, comme l’a fort bien observé Ventenat, elles en diffèrent positivement - par un fruit multiloculaire, par une carène dont le sommet ne repousse pas l’étendard. Nous avons fait figurer dans notre Atlas, pl. 256, deux espèces ; l’üne, fig. 1, est la KENNÉDIE rur- PURINE, . rubicunda, plante peu ligneuse, for- mant un joli buisson garni de plusieurs tiges faibles, frisâtres, rameuses , diffuses , grimpantes ; ses feuilles alternes, à trois folioles pétiolées (lim- paire dépassant les deux autres en longueur), sont ovales, obtuses, entières, un peu ridées, vertes et glabres en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, avec bords légèrement ciliés. Les fleurs qui les ornent sont grandes, d’un rouge foncé, longues, géminées , axillaires ; elles s’'épanouissent une grande partie de l’année, et donnent naissance à des gousses, fig. 1 a, velues, comprimées, lon- gues de huit centimètres, polyspermes, et munies d’une stipule. Les fleurs sortent de l’aisselle des feuilles deux et trois ensemble, l’étendard se ren- verse en arrière. L'autre espèce , représentée fig. 2, se nomme KenNéie à DEUX Tacues, A. monophylla. Cette jolie plante, facile à cultiver, se couvre de- puis le printemps jusqu’à la fin de l’été de petites fleurs nombreuses d’un violet agréable, sur lequel tranchent deax taches d’un vert jaunâtlre, placées au bas de l’étendard, lequel se renverse comme dans l'espèce précédente. Les tiges de la Kenné- die à deux taches sont Jligneuses par le bas, her- bacées dans le haut, cylindriques, grêles, et ré- clament un appui pour s’entortiller; elles mon- 2092 LL KERM # tent alors à deux et trois mètres, se divisant en rameaux assez nombreux et alternes. Ses feuilles longues , lancéolées , se penchent d’ordinaire vers le sol, quelques unes se dressent, surtout celles qui dominent la grappe ‘toujours droite, tantôt simple et tanlôl composée, de ses fleurs si jolies à voir et dont le parfum est léger. Ces deux plantes, originaires des environs de Botany-Bay, ont été apportées en Europe dans l’an- née 1790; elles supportent volontiers la pleine terre et le froid de nos hivers ordinaires. (T. ». B.) KÉRARGYRE. (un.) Sous ce nom que M. Beu- dant a formé de deux mots grecs qui signifient argent de corne, il désigne le chlorure d’argent , minéral formé de 24 à 25 parties de chlore et de 79 d'argent. Voy. ARGENT. (J. H.) KERAUDRENIE , Keraudrénia. (Bot. PHaN.) Genre de la Pentandrie trigynie, L. , famille des Bylinériacées , tribu des Lasiopétalées, établi par Gay pour un arbuste de la Nouvelle-Hollande, le- quel présente les caractères suivans : calice pé- taloïde, élalé, persistant ; point de corolle; cinq étamines distinctes , à filets élargis à leur base et se recouvrant latéralement, à anthères biloculai- res et s’ouvrant par un sillon longitudinal; ovaire globuleux , à trois côtes saïllantes et à trois loges ; trois styles longs et gréles, quelquefois soudés par leur base ; capsule globuleuse, hérissée , ordi- nairement à-une seule loge (par l'avortement des deux autres); graines recourbées ct réniformes , presque toujours au nombre de deux. Ce genre a été dédié par son auteur à M. le docteur Kéraudren, inspecteur de santé de la marine ; nous le faisons figurer dans ce Diction- paire pour montrer que les services de tout genre rendus à la science par M. Kéraudren, lui ont mérité la reconnaissance des savans. Le Keraudrenia hermanniæfolia , Gay, Mémoires du Muséum, 7, p. 431, seule espèce du' genre, est un arbuste trouvé sur la côte de la Nouvelle- Hollande, baie des Chiens marins, par M. Gau- dichaud ; il a le port d’un Hermannia; ses feuilles sont allernes, presque sessiles , ovales-elliptiques , sinueuses, rugueuses et hispides, accompagnées de deux stipules sétacées, denticulées et persis- tantes ; les fleurs forment des corymbes pédoncu- lés et opposés aux feuilles; leurs pédicelles sont ar- ticulés vers le miieu de leur longueur. (L.) KÉRASINE. (ux.) Nom donné par M. Beudant, d'un mot grec qui signifie corne, au chlorure de plomb. Woy. Piows. (J. H.) KERMÈS ANIMAL ou GRAINE D'ÉCARLATE, Coccusilicis, L. (ixs.) Insecte hémiptère du genre de la Gochenille, qui vit sur les feuilles du Quer- cus coccifera , que l’on récolte dans le midi de la. France, en Espagne, en Italie et dans le Levant, et qui se présente dans le commerce sous la forme d’une coque ronde, lisse, d’un brun rougeâtre # de la grosseur d’un petit pois, el contenant une matière pulvérulente, d’une couleur brui-rou= geâtre, composée des débris de l’insecte et de ses PL. 276 ÆAoarie Baron cal DE 274 æ 2.2.Kenedies 3. Kempferie . ZE. Guérin dr 1. Kermes. 2. Kerodon. 3.Keirmie. LE. Cuérin dir KERO 298 KERR mm œufs. Nous avons représenté cet insecte dans no- tre Atlas , pl. 277, lig. 1. Le Kermès animal est peu employé aujourd'hui en médecine et en pharmacie. Cependant on pré- pare encore à Montpellier, avec le suc exprimé du Kermès récent et du sucre, un sirop qui doit être dépuré avant d’être mis en usage. Le plus grand usage du Kermès animal est dans la tein- ture, oùil peut quelquefois remplacer la cochenille. Le Kermès mâle a deux ailes, la femelle n’en a pas. C'est celle-ci qui s’attache aux feuilles de l'arbre, y vit, y est fécondée et y meurt. Il ne reste plus alors qu’une coque rougeâtre , remplie d’un suc de même couleur, et d'œufs. C’est cette coque que nous venons de décrire, et que l’on trouve dans le commerce. Voy. Cocnenirce. (F.F.) KERMÉÈS NATIF. (wn.) Antimoine oxysulfuré. Combinaison de l’antimoine avec l'oxygène et avec le soufre, que l’on trouve en. Auvergne , en Hon- grie, en Bohême, en Saxe, en Angleterre, en Sibérie, elc. , sous forme d’aiguilles cristallines , d'un rouge brun, fragiles, tendres, fusibles au chalumeau, etc. : Le Kenmès minéraz des pharmaciens, sous-hy- drosulfate d’antimoine, étant un produit de l’art, nous n’en parlerons pas. (F.F.) KERODON, Kerodon. (mam.) Ge genre de Ron- geurs a été établi et ainsi nommé par M. F. Cu- vier (Dents des mammifères). Georges Guvier, dans le Règne animal , lui donne le nom de Moco; mais ce nom est appliqué comme spécifique à la seule espèce connue. Ce genre a beaucoup de rap- ports avec les Cobayes ; comme eux, il adeuxincisi- ves à chaque mâchoire et quatre molaires, mais ces molaires diffèrent par la forme de celles des Cobayes: les supérieures sont toutes semblables et composées de deux parties triangulaires réunies du côté ex- terne et séparées du côté interne de la dent ; à la mâchoire inférieure les molaires sont de même forme qu’à la supérieure ; mais elles sont retour- nées ; la partie qui fait le côté externe des unes fait le côté interne des autres. La première molaire est d’ailleurs formée de trois triangles, et non pas comme les autres de deux seulement. Il a les jambes proportionnellement plus hautes que le Cobaye; les doigts, aû nombre de trois dans le membre postérieur et de quatre dans l’anté- rieur , sont plus gros ct plus séparés; les ongles sont larges, courts et aplatis; enfin ces deux es- pèces, qui sont absolument identiques , par rap- port aux dents et aux doigts quant au nombre, ont dû être séparées en deux genres distincts par la dissemblance de leurs autres caractères. La tête est conique, très-allongée, avec le chanfrein pres- que tout-à-fait droit ; les oreilles présentent une demi-échancrure et ressemblent à celles du Go- chon d'Inde ; les moustaches , dirigées en arrière, sont d’une longueur si considérable qu’elles dé- passent l’occiput. A la partie supérieure et posté- rieure de l'orbite de l'œil prennent naissance d’au- tres poils très-longs aussi, de même nature que les moustaches. La plante du pied est nue; la queue nulle ; cependant ilest probable qu'il existe quelques vertèbres coccygiennes. Le Moco, Kerodon sciureus , Is. Geoff. ; Kero- donmoco , Fréd. Guv. ; représenté dans notre At- las, pl. 277, fig. 2. M. A. Saint-Hlilaire a rapporté cette espèce, dont on n’avait encore que le crâne, de son voyage dans l'Amérique méridionale. Les naturels du pays la connaissaient sous le nom de Moco, qu’on lui a conservé. Elle est un peu plus grande que le Gochon d'Inde, et a environ neuf pouces de longueur sur quatre et demi de hauteur; ‘son pelage est gris, piquelé de noir et de fauve en dessus, blanc en dessous et à la région interne des membres, roux sur leurs parties externes et anté- rieures, ainsi que sur les parties latérales de la tête et la face convexe des oreilles. Le nom de Xero- don sciureus, qu’on lui a donné , se rapporte à la nature et au système de coloration de son pelage, qui ressemble en tout point à celui de plusieurs espèces d'Ecureuils, soit par la couleur, soit à cause de l'abondance, de la douceur et du moel- leux du poil , ce qui est d'autant plus à remarquer que , chez tous les animaux de la même famille, tels que le Cabiai, les Agoulis, le poil est rare, doux, raide et cassant. Gette espèce a été obser- vée aussi par le prince Maximilien de Neuwied, et il lui a donné le nom de Cavia rupestris, qui n’a pas été adopté. (J. L.) KERRIA, Kerria. (Bor. ruan.) Genre établi par De Candolle, et dont il expose les caractères ainsi qu'il suit (Trans. of Linn. Soc., vol. XIIT, pag. 156) : calice à cinq lobes ovales, dont trois obtus et deux terminés par une légère pointe, ayant une estivation imbriquée ; corolle à cinq pé- tales orbiculés, insérés sur le calice, et alternes avec ses lobes; étamines au nombre de vingt, fi- liformes , insérées sur le calice, à anthères ovées:; cinq à huit ovaires libres, glabres , globuleux, renfermant chacun un ovule attaché latéralement et surmonté d’autant de styles; capsules globu- leuses (selon Thunberg). Ce genre ne comprend qu’une espèce le Æ. ja- ponica, D. CG. C’est un sous-arbrisseau qui croît naturellement au Japon, surtout aux environs de Nangasaki. Il est rameux , sans épines, revêtu d’une écorce lisse et verte ; ses branches latérales sont courtes et naissent de bourgeons écailleux; ses fleurs, le plus souvent solitaires et pédonculées, naissent sur les rameaux. Elles sont de couleur jaune, et se montrent extraordinairement dispo- sées à devenir doubles, soit parce que les étamines se changent en pétales, soit parce que les ovaires modifient aussi leur forme, sans loutefois se trans- figurer complétement. Les feuilles du Æ. japonica “sont ovales, lancéolées, acumimées , à nervures pennées et munies sur leurs bords de fortes dents et de dentelures. Il y a déjà un assez grand nom- bre d'années que cette planteexiste à Paris et dans les départemens de l’ouest. Elle a résisté à des froids très-rigoureux, ce qui prouve que cette belle étrangère adopte définitivement rotre climat. Mais si l'on veut qu’elle déploie tout le luxe de sa - KETM végélation, on lui donnera, dans une terre lésère, Pexposition du levant. La plante dont il s’agit dans cet article faisait partie du genre Corchorus, sous Je noin de C.ya- ponicus. Smith (Rees cyclopædia) l'attribuait au genre Æubus, d'après Linné, dant 1! possédait le précieux herbier. Ge qui a déterminé De Gandolle à l’élever à la dignité de genre, c’est qu’elle a ses pétales insérés non sur le réceptacle, mais sur le calice même ; que l'ovaire n’y est point unique, mais mulliple ; que dès lors elle appartient à la fa- mille des Rosacées. [ne l’a point rangée , comme Linné, dans le genre Æubus , parce que ses fruits ne paraissent pas destinés à devenir charnus; que sonport, la couleur même de sa fleur, s’y oppo= sent fortement, Celle dernière considération et éalle de l'unité des graines de chaqne ovaire , lui ont fait rejeter l’idée de la placer avec les Spirées : il en a donc fait un genre à part, le genre Kerria. que nous venons de décrire. Moins scrupuleux que De Candolle, Desvaux et Cambessèdes après lui, rapportent notre plante au genre Spiræa (Mémoire de la Société linn. de Paris, t. [, pag. 25; Ann. des Sciences nat., t. I, p. 589). Voy. Srirfr, (G. É.) KERSANTON. (wx.) Nom vulgaire donné en Bretagne à un granite syénitique noirâtre com- posé d’amphibole, de quartz, de mica brun et de feld-spath, que l’on exploite dans les environs de Brest. (J.H.) RETMIE, /Jibiscus. (Box. rHan.) Un des prin- cipaux genres de la famille des Malvacées, Mona- deiphie polyandrie de Linné, remarquable par la beauté de ses fleurs, la variété de ses espèces et les usagés dé quelques unes d’enire elles. Ses ca- ractères sont assez simples, les voici : calice dou- ble: l'extérieur ou calicule polyphylle, rarement composé de plusieurs folioles soudées entre elles ; l'intérienr ou calice proprement dit monostpale , à cinq divisions ; corolle de cinq pétales , quelque- fois auriculés d’un seul côté à leur base ; étamines réunies en un long tube central; cinq pistils ,/se transformant en une capsule à cinq loges polysper- mes (rarement monospermes) , s'ouvrant en cinq valves seplifères sur le mifieu de leur (ace interne. On voit que l’AHibiscus est voisin du Malvaviscus ; mais il s’en distingue par son fruit capsulaire. Dans son Prodrome , De Candolle , adoptant le genre T'hespesia fondé par Gorrea pour l'Hibiscus Ppopulneus, énumère cent dix-sept espèces de Ket- mies, toutes originaires des contrées chaudes ; il les répartit en onze sections que nous allons énu- mérer avec leurs caractères , en indiquant les es- pèces les plus intéressantes dans chacune. [° section. Cremontia. Pétales roulés, non auriculés; capsule à loges polyspermes. Elle a pour type la Kermre À FLEURS pe xs, /ltbiscus liliflorus, Cavanilles, belle Malvacée que Com- merson découvrit à Bourbon, et nomma Crémon- tie en l'honneur d’un ancien intendant de l'ile; c’est un arbuste à feuilles éparses, lancéolées , oblongues , cunéiformes à la base, la plapart en- üières , quelques unes trifides, Les fleurs sont gran- 204 KETM _— des, pédonculées et groupées au sommet de Ja tige, de couleur rouge oujaune;lacorolle s'évase en forme «de lis, I°. Pentaspermum. Loges de la capsule mono- spermes ; corelle étalée. À cette section appar- tiennent les /fibiscus ovatus, acuminatus, hastatus, de Cavaniiles, VF, pentacarpon , L., etc. HI. Manchot. Calicule de quatre à six folioles ; calice à cinq dents, se fendant longitudimalement sur un côté; capsule à loges polyspermes ; graines glabres. L’/7. manchot , L., doit ce nom spécifique à la forme de ses fouilles, divisées en cinq ou sept lobes acuminés, à grosses dents ;: ses tiges sont herbacées ; ses fleurs grandes, d’un jaune soufre, pourpres à leur centre. Il croît dans l'Amérique méridionale, aux Indes, au Japon, où, dit-on, son mucilage serl à coller le papier. IV°. Ketmia. Calicule de cinq à sept folioles ; calice à cinq lobes , ne se fendant pas longitudma- lement ; corvlle étalée ; loges de la capsule poly- spermes ; graines glabres. Cette section renferme deux espèces élégantes ét cullivées aujourd’hui dans tous les jardins. L’une , Æibiscus syriacus , L. ( Althæa frutex des jardiniers ) , est un arbris- seau de sept à huit pieds, garni de feuilles obo- vales , cunéiformes , à trois lobes ‘dentés:; ses fleurs , simples ou doubles, semblables à celles de la Rose trémière , sont diversement colorées selon les variétés ( rouges, violettes , blanches , àonglet d’un rouge vif, panachées, etc. ). L'autre espèce, plus gracieuse et plus délicate, est la Kerwxmose pe LA Cuine, 4, rosa sinensis, L.; elle a une’tige Jigneuse; des feuilles ovales , acuminées , Juisantes , glabres , entières à da base, profondément .dentées à leur partie supérieure, Les fleurs sont solitaires , simples ou doubles , de coloration variée ( blanches , rouges, jaunes, au - rores ). Ve. Furcaria. Cahcule à folioles bifurquées au sommet, où munies d’une grosse dent latérale ; carpelles polyspermes ; graines glabres. À cette section appartiennent l’Â. bifurcatas , Gavan. , à tige scabre , parsemée de piquas ; à fleurs pour- prées, ayant un calicule de onze folioles étroites , bilarquées au sommet ; les/7. furcatus, scaber, etc. VIS. Abelmoschus, Caliculé de huit à quinze fo- lioles ‘entières ; corolle étalée ; carpelles polysper- mes; graines glabres ou marquées surle-dos d'une ligne velue. Parmi lesespèces nombreuses de cette section, nous citerons les suivantes : Le Gowge, ou Kermie comesrTigse , 1. esculen- tus, L., espèce annuelle et herbacée, a destiges de deux à trois pieds, velues ; des feuilles cordi- formes, à cinq lobes obtus et dentés, assez lon- guement pétiolées ; ses fleurs sont axillaires et sa- litaires, portées sur de courts pédoncules , colo- rées de jaune et de pourpre ; elles produisent des capsules pyramidales longues de trois à quatre pouces , terminées en pointe un peu recourbée, marquées de dix sillons longitudinaux séparés par des crêtes saillantes à bords roulés. L’Asgsruoscn où Auererte, #1. abelmoschus , L., est un arbrisseau d'environ quatre pieds, por- PL: 278: é LOI 1. Ketmie. | 2. Knkajou L.Cuerin dir A / sd + ; ” d LTuRAL AS oo KETM tant des feuilles palmées à cinq ou sept lobes acu- minés et dentés: Ses fleurs, assez longuement pé- doneulées, sont jaune-soufre, avec une gorge brune. Sous l'enveloppe velue de la capsule sont renfermées de petites graines réniformes, exha- lant une odeur marquée d’ambre et de musc ; nous avons déjà parlé de leur emploi dans la par- fumerie. L'Abelmosch, naturel dans l'Inde, fait partie de la culture des Antilles. Chez nous il est de serre chaude pendant les trois quarts de l’année. , + On voit encore chez nos horticulteurs la Kerure Rose, 1. roseus , Thore , et la KeruI£ PES MARAIS, H. palustris, L., toutes deux de l’Amérique sep- tentrionale, à feuilles drapées, cordiformes sur la première, trilobées sur Ja seconde ; leurs fleurs sont roses et portées sur des pédondules géniculés. VIH. Bombicella. Calicule de cinq à dix folioles; corolle ordinairement étalée; carpelles polysper- mes; graines recouvertes d’un duvet cotonneux. A cette section appartiennent quelques espèces rappelant par leurs graines le genre Gossyptum : tels sont les Âibiscus gossypinus, Thunb. ; mi- cranthas, clandestinus , Gavan., etc. VILLE. Tricnug. Calicule polyphylle; calice de- venant vésiculeux; corolle ctalée; carpelles po- lyspermes; graines glabres. Dans cette section, que quelques auteurs ont érigée en genre, se trouve l’/1. vesicarius ; queLinné disait hybride de la Malva capensis avec la Xetmia trifoliata. IX°, Sabdariffu. Plantes herbacées etannuelles ; calicule monophylle multidenté; carpelles poly- spermes ; graines glabres. Cette section a pour type la KeTMTE OSEILLE DE Guinée, Ï. sabda- riffa, L., herbe potagère , originaire d'Afrique et naturalisée aux Antilles ; ses feuilles ont Ja saveur acidule de notre oscille, et s’emploient au même usage dans les colonies. | Xe, Azana. Plantes à tige arborescente; mêmes caractères que Ja section ci-dessus. À cetle sec- tion, qu'on pourrait réunir à la précédente , se rapportent les Hibiscus tricuspis, Gavan.; circin- natus, Willd.; elatus, Swartz, etc. XI°. Lagunaria. Calicule d’une seule foliole. M. De Candolle forme cette section d'une espèce du genre Lagunæa de Ventenat, qu'il nomme A- biscus Patersonii. C’est un arbrisseau de l’île de Norfolk , haut de dix à douze pieds, ayant ses ra- meaux, les péioles et le dessous des feuilles , ainsi ue les calices, chargés d’une poussière écailleuse et blanchâtre. Les fleurs sont grandes, d’un violet pôle presque rose. On le cultive chez nous en serre tempérée. Les espèces de Ketmies les plus intéressantes se trouvent figurées dans Gavanilles , Disser. HI°, à laquelle nous renvoyons. >: (L.) KETMIE. ( aan. et £con. now. } Depuis plus de deux cents ans que la Ketmie de Syrie, Æibiscus syriacus , eSt introduite dans nos cultures, elle s’est parfaitement naturalisée et vit en pleine terre dans tous Jes terrains, à toutes les exposilions , bravant la rigueur de nos hivers et multipliant à infini, surtout quand elle est placée sur un sol 209 POOT REEE— rmeree KETM ; substantiel et qu’elle y jouit de la plénitude des rayons solaires. Les buissons touffus qu’elle forme, et dont on fait quelquefois des palissades, des murs de verdure, montent à deux et trois mètres ; ils se chargent d'un feuillage trilobé da vert le plus gai, de grandes et belles fleurs aux nuances diflérea- tes, variant depuis le blanc jusqu’au jaune, et de- puis le vert jusqu'au rouge et au violet; 1l y en a même de rayées el de non rayées d’une couleur foncée. Ces fleurs prodairont, durant l’été eteune bonne partie de l'automne, l'effet le plus pitto- resque, si l'on sait marier les couleurs et les | faire contraster ensemble, L'horticulteur est par- venu à doubler les fleurs , à panacher les feuilles et à les, perpéluer en recourant aux boutures , aux marcoites , et en les greffaut sur les variétés | plus communes, c'est-à-dire sur celles À fleurs simples qui se maltiplient par la voie des graines, | se sèment souvent d’elles-mêmes, et dont le jeune lant fleurit au bout de trois ans. Les fleurs dou- | bles de cette belle espèce ne remontent pas avant | l’année 1778. Quoiïqu'elle n’ait pas encore pu alteindre dans nos jardins la hauteur de cinq mètres et plus qu’elle pius q l'a dans son pays natal, la Ketmure ROS£ DE CNE , I, rosa sinensis, n’en est pas moins toujours un bel arbuste , aux fleurs d’un rouge très - écla- tant, d’un blanc pur ou d'un jaune doré , dont les variétés à fleurs doubles et semi-doubles sont plus répandues que celles à fleurs simples. Elle craint les frimas et veut être renfermée durant leur règne. On en fait des boutures qui reprennent bien el fleurissent l’aunée suivante. Quand la tige a été saisie par le froid, elle ne donne plus de fleurs que cinq ou six ans après; aussi la tient-on en serre pendant neuf mois de l’année, et on ne l’ex- ose à l’air libre qu'aux journées très - chaudes. Elle est alors épanouie pour tout l'automne. Dans l'Inde, au rapport de plusieurs voyageurs, les femmes préparent avec les pétales de celte Ket- mie, pour teindre Jours sourcils et leurs cheveux, une couleur noire si fonete et si tenace qu’elle s’efface diflicilement, même en la lavant. La plante se voit dans notre Atlas, pl 277, fig. 5; au- près delle nous donnons, fig. 5 a, le calice exlé- rieur, avec ses six du huit folioles linéaires, le ca - lice intérieur et le style vu en partie; et fig. 80, l'ovaire, le style entier divisé à son sommet en cinq branches courtes , velues , terminéeschacune par un stigmale en tête d'un rouge brunâire.. La culture a produit en Europe cinq variétés, dont la plus curieuse a la corolle aurore et double, Comme plante d'ornement, il faut encore citer la K&TMIE A FLEUR CHANGEANTE, A. mutabilis, que nous possédons depuis 1690, et qui s’est parfaite- ment naturalisée dans l'Amérique du sud, aux Antilles et à Cayenne , où elle a retrouvé le climat de l'Inde sa patrie. Chez nous c’est une plante de serre qu’elle décore agréablement de ses corymbes terminaux chargés de grandes fleurs, d’äbord blan- ches , ensuite roses, et pourpres lorsqu'elles se fanent. Le tronc de cet arbuste, revêtu d’une écorce grisâtre, el son feuillage vert lézèrement cotonneux a ————_———————— — —" — —_]] — —" —"—_——]— "7. KHAM 296 KHAM ; produisent un bel effet : c’est avec la seconde écorce que l’on fait des cordes à la Guiane, ainsi que nous l’apprend Aablet. Plusieurs espèces se recommandent de même par des propriétés utiles. De ce nombre est la Kerure ACIDE, /1. sabdariffa, qu’on nomme vulgairement Oseille de Guinée, parce qu’elle est employée comme aliment, non seulement dans l'Orient, mais sur Ja côte occidentale de l’Afrique et aux Antilles. Ses'feuilles , ovales et entières par le bas, à trois lobes aigus, deptées et glabres par le haut, ont une saveur acide fort agréable qui en fait un mets sain , rafraîchissant. La nature de notre climat ne nous permet pas de profiter de cet avantage. La plante ne peut nous offrir que ses fleurs jaunes , munies vers le centre d’un disque pourpre très- brillant. Elle se voit en notre Atlas, pl. 278, fig. 1. La plus intéressante de toutes, la K£rmiE com- BAUT , A. esculentus, produit beaucoup de graines de la couleur , de la forme et de la grosseur de nos vesces ; on les mange dans toute l'Amérique méridionale , ainsi que leurs gousses vertes, sous le nom de Gombaut ou Gombo, tantôt cui- tes à l’eau et assaisonnées avec du beurre, tantôt unies aux autres mets. Les Créoles préparent avec elles leur Galalou. Le potage dans lequel on fait entrer ce fruit en est plus exquis. Ces graines sont amies de l'estomac, et le rétablissent prompte- ment dans toutes ses fonctions, quand elles ont été dérangées ; aussi la médecine peut-elle en tirer de bons avantages contre les phthisies , les fièvres lentes, etc. Cette plante sous-ligneuse monte à deux et trois mètres; elle est très-pittoresque, réus- sit parfaitement en pleine terre dans toute la France mt{ridionale , et même aux environs de Pa- ris quand on lui donne une bonne exposition, Ses tiges, ses fouilles alternes et assez semblables à celles du figuier , ses fleurs d’un jaune soufre, sont émollientes. Les fruits sont tendres, couverts d’un duvet cotonneux, noirs lorsqu'ils ont atteint leur maturité parfaite, d’un brun vert quand ils sont bons à manger : ils contiennent un principe mucilagineux et du tannin en moins forte quantité. L'on donne à cette Ketmie une terre substantielle. NommonsencorelaKerure Au8RETTE , 1, abel- moschus, puisque ses graines, portant avec elles une odeur de musc tempérée, entrent dans la com- osilion des parfums. (T. ». B.) KETUPA. ( ois. ) Sous-genre peu caractérisé que tous les auteurs réunissent au genre Duc, voy. ce mot et l’article Cnougrre. (Guén.) KEVEL. ( am. ) Espèce du genre Anrirore {voy. ce mot ). (GErv.) KHAMSIN. (méréon. ) On appelle Khamsin un vent très-malfaisant qui soufile en Egypte ; ce vent est ainsi appelé parce que Æ hamsin veut dire cin- quante, et qu'il ne soufile jamais que pendant les cinquanté jours qui avoisinent l’équinoxe de prin- temps : généralement il ne dure pas plus de trois jours. Au surplus, ce vent porte différens noms suivant les différens pays où il soufle : ainsi en Egypte, il porte le nom de Khamsin ; en Arabie, c’est le Seroun où Samicili (mot arabe qui corres- pond au mot français poison); enfin en Guinée c’est le Harmattan. Ce vent recoit les exhalaisons du sol sur lequel il passe : ainsi le Semoun porte beaucoup de gaz nitreux, l'Harmaltan beaucoup d’oxygène, et le Xhamsin de l'azote en grande quantité. Les récits des voyageurs nous présentent ces vents comme excessivement pernicieux; la plupart disent qu'ils compromettent gravement l'existence des individus. Ainsi, Volney, dans son Voyage en Egypte ei en Syrie, s'exprime en ces termes : «Le poumon, qu’un air trop raréfié ne remplit plus, se contracte et se tourmente : Ja respiration devient courte , laborieuse , la peau est sèche, et l’on est dévoré d’une chaleur interne insupporta- ble. Malheur au voyageur qu’un tel vent surprend en route, loin de tout asile ; il en subit tout l'effet, qui est quelquefois porté jusqu’à la mort. Le dan- ger est surtout au moment des rafales; alors la vitesse accroît la chaleur au peint de tuer subite- ment avec des circonstances singulières : pour évi- ter les terribles effets du vent empoisonné du dé- sert, il suffit quelquefois de porter un mouchoir aux narines , ou d’enfoncer le nez dans un trou de sable, comme font les chameaux. » Lacroix, en parlant des déserts de l'Afrique, termine ainsi sa description : «Enfin, pour com : bler les désastres de cette affreuse solitude , où les ossemens des hommes et des animaux qui ont suc- combé dans une route périlleuse avertissent le voyageur du sort qui l'attend, le Khamsin, vent brülant, dessèche en peu de minutes la végétation, et suffoque les êtres animés qu'il rencontre sur son passage. Ceux-ci échappent quelquelois au soufile empoisonné de ce terrible météore, en appuyant leur bouche contre le sol. » Telles sont les descriptions que les voyageurs et les géographes donnent généralement de ce vent pernicieux. Mais voici venir un autre voyageur (Burckardi), qui veut renverser toutes les idées re- çues à cet égard, qui prétend que tout ce qu’on a avancé sur le soulile empoisonné du désert se res- sent du vieux proverhe a beau mentir qui vient de loin, et que si ce vent est funeste, il est bien loin, du moins, de produire les effrayans effets qu’on lui attribue. Burckardt, qui a été soumis à l'influence de ce métcore, dans son Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, aflirme que tout ce qu'on en raconte est très-exagéré , et que jamais aucun rapport authentique ne lui est parvenu, d’où il résuliât pour lui quele Khamsin eût amené la mort d'hommes ou d'animaux. L'effet le plus grave qu’on puisse imputer à ce vent , selon lui, et qui, dans certain cas, pourrait compromettre la vie des voyageurs , est son action sur les liquides con- tenus dans les outres. Getle action est tellement pénétrante que souvent elle parvient à dessécher entièrement les provisions d’eau faites pour le voyage. Burckardt pense, au surplus, qu'on pour- rait facilement se mettre à l'abri de cet inconvé- nient en employant pour la fabrication des outres des peaux de vache très-épaisses, semblables à celles des outres du midi de l'Afrique, au lieu des peaux KIGG peaux minces de mouton ct de chèvre qui sont employées à cet usage en Arabie et en Egypte. Toujours, selon le même voyageur, les effets les plus remarquables du Khamsin consistent à rendre l’atmosphère embrasée, à élever dans l'air une grande quantité de sable et de poussière jaunûtre, effet dont on peut se faire une idée assez exacte, dit-il, en regardant à travers un morceau de glace colorée en jaune, à rendre la respiration difficile, et à dessécher le palais, ce qui est un pénible tourment. Quant à tous les autres effets attribués au Khamsin , il prétend qu’ilne fant pas y ajouter foi et qu'il faut les reléguer parmi les contes des voyageurs. Nous dirons donc, avec Burckardt, que ce vent est en effet très-pernicieux, mais que son action ne peut compromettre sérieusement la. vie de Thomme : nous resarderons comme des exagé- rations faites à plaisir les récits qu’on a faits de ce vent, récits qui peuvent s'appliquer aux autres vents que nous avons énumérés au commencement de cet article, au Sémoun , à l'Harmattan, etc. (CG. d.) ‘ KIESELGUHR. ( mix. ) Substance minérale , friable, terreuse, et d’une couleur grisâtre que sa composition chimique rapproche de l’opale : c’est un hydrate de’silice, composé de 21 parties d’eau, de 72 de silice et de 2 à 5 d’alumine et d’oxide de fer. Elle a été trouvée à l’île de France, et elle offre une si grande ressemblance avec les concrélions siliceuses des Geyser de l'Islande, qu'il est probable qu’elle est d’une origine analogue. (d. H.) © KIGGELLAIRE, Kiggellaria. ( BOT. PHAN. ) Genre de la Dioécie polyzynie, L., renvoyé pendant long-temps parmi les incertæ sedis de la méthode natarelle, et recu par De Gandolle dans sa nouvelle famille des Flacourtianées ; voici ses caractères : les fleurs sont dioïques , les mâles pédonculées, dis- posées en faisceaux ou bouquets ; les femelles éga- lement pédonculées , solitaires à l’aisselle des jeu- nes rameaux. Les mâles ont un calice concave à dix divisions très-profondes, dont cinq intérieures plus minces el comme pttaloïdes, offrant à leur base une pelite lamelle épaisse et glanduleuse, la- quelle provient d’un disque périgyne tapissant le fond du calice ; dix à vingt étamines dressées, pla- cées sur deux rangs circulaires , leurs filets sont très-courts; les anthères presque cordiformes , biloculaires , s’ouvrant par un petit orifice termi- nal. Les fleurs femelles , avec un calice et un dis- que comme les mâles, ont un ovaire globuleux, sessile, uniloculaire, contenant plusieurs ovules pendans; deux ou cinq styles, portant chacun un stigmate bifide. Elles produisent une capsule glo- buleuse, coriace, s’ouvrant en cinq valves épais- ses , inégales, soudées entre elles par leur base , et, portant chacune deux ou trois graines sur le milieu de leur face interne; ces graines sont irré- gulières et anguleuses , charnues extérieurement; elles contiennent un endosperme blanc et charau, environnant un embryon à radicule inférieure et à cotylédons planes et courts. He IV. r 1 297 KINA Cette longue caractéristique, que nous avons cependant abrégée , indique assez que le point de vue sous lequel on a considéré le Xiggellaria, et quelques autres plantes de la Dioécie, n’est pas embrassé d’une manière assez générale; la clas- sification lionéenne agit dans le cas présent avec plus de précision, et l’on devrait souvent lui em- prunter davantage. : Deux espèces de Kiggellaires ont été décrites ; elles sont originaires de l'Afrique, méridionale. : L'une, Kiggellaria africana, L., qu'il vaudrait mieux peut-être distinguer par ses feuilles dentces en scie ( serraifolia ), a ses fleurs mâles à dix éta- mines, et les femelles à cinq styles. L'autre, X.in- tegrifolia, Jacquin, a ses feuilles velues sur les deux faces, des fleurs mâles à vingt élamines, et des fleurs femelles à deux styles. (L:) KILLINGA. ( 807. pHan. ) Genre appartenant à la famille des Ombellifères de Jussieu, et à la Pentandrie digynie de Linné. Il a été formé par Adanson ( Fam. des PL, p. 31). Linné le nom- mait, Athamanta , et il y comprenait deux espèces qu’on rapporte maintenant au genre Selinum, D. C. (voy. ce mot ). Le genre Killinga ou Athamanta, ainsi restreint,’ est caractérisé de la manière sui- vante : calice entier; corolle de cinq pétales échan- crés, courbés au sommet ; étamines au nombre de cinq; deux styles; fruit ovoide, oblong, strié , velu; un involucre et un involucelle, M. Mérat (F1. Par., p. 308 ) dit qu’on trouve sur les colli- nes sèches, au bord des chemins argileux, au grand. Marigny, dans la forêt de Compiègne, l'espèce suivante, à laquelle De Candolle donne le nom de Libanotis vulgaris; A. Libanotis, Linn., Sp. 351; AIl. Ped., t. 62. Elle a une tige de deux à trois pieds, fibrillaire à la souche, glabre, dressée , un peu rameuse, presque anguleuse, peu feuillée ; les, feuilles sont bipennées, longues, glabres, pres- que toutes radicales, à folioles distantes, larges , incisées, à Jaciniures pointues, lobées à l’extré- mité, ou trifides ( les feuilles supérieures sont courtes et ont les laciniures quelquefois arron- dies ); les fleurs des ombelles sont serrées, de dix-huit à vingt rayons égaux, pubescens ainsi que le haut de la tige; les rayons de l’ombelle sont inégaux ; l’involucre se compose de dix.ou douze folioles ; l’involucelle , de six à huit ; le fruit est velu, blanchâtre. Les fleurs sont blanches. KILLINITE. (un. ) On'a donné ce nom à un silicate d’alamine composé de 52 à 53-parties de, silice, de 24 à 25 d’alumine , de 5 de potasse , de 2 à 3 d’oxide de fer et de 5 d’eau , qui a été trouvé à Killiney en Irlande, dans un filon de granite. Ceite substance est d’un vert clair ou d’un jaune brunâtre , et d’une texture lamellaire. (d.H.)., KINA. ( 8oT. puan. ) Mot péruvien qui veut dire écorce , dont les Espagnols ont fait China et China china, et que les Français ont traduit par Quinquina. Certes, si nous devions respecter (et nous aurions probablement raison de le faire ) l’étymologie propre. du mot que.nous venons de, tracer , nous ferions ici l’etude complète dela suh- 278° LIvRAISON, 38 KINK 298 stance connue dans le commerce’'et la matière médicale sous les noms de Quinquina, Ecorce du Pérow, ete: Mais, voulant nous conformer à l'usage actüellement et généralement suivi, nousrenvoyons àla lettre Q la description de l’un des végétaux les plus intéréssans et les plus ntiles à l’homme dans l’état de maladie. Foy. Quinquinas (FF) KINATES. ( cru. ) Sels résultant de la combi- naison de l’acide kinique ( acide du quinquina ) avec les bases salifiables. Les Kinates sont presque tous solubles dans l’eau: ils sont: insolubles. dans l'alcool, se décomposent au feu en donnant une odeur analogue à celle des tartrates ; etc. , ete. EF) KININE' ou QUININE. ( curu. ) Une des bases salifiables du Quinquina, la plus digne ; sans con: tredit, de l'étude du médecin et du phirmacolo- giste. Foy. Quinouina. (ES) KINKAJOU, Potos. (waw: )Cercoleptes , Iliger;” Caudivolvulus'; Duméril'et Tiedémann. Ce genre se rapproche par ses caractères zoologiques des Makis et de quelques Insectivores. M. Fréd. Cu- vier croit qu'il mériterait de constituer à Jui seul un ordre particulier, G. Cuvier, dans son Règne animal , en a fait un genre de Carnassiers planti- grades qui a été adopté par Geoffroy Saint-Hilaire. Son système dentaire diffère de celui des Singes et des Carnassiers, et cependant offre des ressem- blances avec chacun d'eux; ses dents sont dispo: sées ainsi qu’il suit : six incisives à l’ane et l’autre mâchoire ; deux canines et cinq molaires de cha- que côté, eten bas; les deux premières ; petites et pointues , sont de véritables fausses molaires, et sont un peu séparées des canines ; les trois der- nières molaires ont la couronne tuberculeuse: les quatre pattes sont pentadactyles , et chaque doigt est terminé par un-ongle crochu:et très-comprimé; aux pieds de devant les trois doigts du milieu ont à peu près la même longueur; les deux latéraux sont plus courts; les pieds de derrière offrent une différence; le pouce est beaucoup plus court que les autres doigts, et les troisième et quatrième sont les plus allongés; la queue cst garnie de poil dans toute sa longueur et susceptible de s’enrouler autour du corps. Ce caractère a engagé à rappro- cher le Kinkajou des Quadramanes, parce que c'est principalement dans cet ordre qu’on trouve les animaux à queue prenante. Sa tête est globu- leuse, ses yeux grands, ses oreilles simples et de forme à peu près demi-cireulaire’, sans lobule ; ses parines percées sur les côtés du mufle ; sa Jan- gue est d’une longueur considérable et très-douce; ses mamelles sont au nombre de deux et inguina- les ; sonpoil est touffu et laineux: Ce genre ne con- tient jusqu’à présent qu’une seule espèce, c’est le Kikasou Porror, Potos caudivoloulvs , Geoffroy Saint-Hilaire; Potot , Buffon: Viverra caudivolvu- lus , Gmel. M. de Humbolt aflirme que: cet animal se rencontre en abondance dans le royaume de la Nouvelle-Grenade et dans la Méra de Guandiaz, où il porte le nom de Cuchumby; les forêts de Fer- nambouc et les rives du Aio-Wegro en fournissent aussi une assez grande quantité. D’après Sonnini, KINK on le trouverait dans l'Amérique méridionale et x! la Jamaïque, où'il porte le nom de Potot ou Poto. Cet animal est dé la grosseur d’un Chat; mais son corps est plus mince et sa queue plus longue ; sa! tête, quand on lé’ regarde dé fice, présente la plus grande ressemblance avec celle d’un petit Chien danois; son poil'est à peu près rar à celui de la Loutre ; il est court, épais, un peu la neux, luisant ; et coloré de gris et de bram sur un fond jaane olivâtre; lé tour des yeux et lé museau sont d’un brun noir; les jambes de derrière por- tent quelques nuances de jaune doré; le dessus dé” la tête, les côtés, lé dessous dù cou, la partie interne des jambes, sont de la même ‘couleur, mais mioins foncée, quoique très- vive par en- droits; le ventre ‘est’ d’un blanc grisâtre, avec quelques nuances de jaune ; les ongles sont blancs, l'iris de l'œil d’un bran roussitre, et là chair nue du dessous des pieds a une: couleur : vér: mille. On rencontre souvent le Kinkajowen embuscade sur les branches des arbres; où il attendle passage d’uneproïe. Si un animal arrive à sa portée, il s’élance sur lui, et, quelle que soit la rapidité de sa course, l’assaillant ne lâche pas:prise ; il luë ouvre le cou au dessus dés'oreilles ét ne cesse dé sacer son sang jusqu’à ce qu'il tombe exténué. Le Kinkajou est nocturne ; il choisit , pour guetter sa proie , les approches de la nuit ; il passe ordinai- rement Ja journée à dormir , roulé en boulecomme un Hérisson , ses pieds ramassés en devant, et ap- puyés sur ses joues. Quand il attend sa proie , il se couche en allongeant je ventre sur une bran- che; mais hors de là son attitude favorite est d’é- tre assis d’aplomb, le corps droit et’ la queue en volute horizontale; il ‘mange à la manière de l’'Ecureuil , tenant entre ses pattes antérieures des fruits et des racines; car, quoique carnassière et avide de sang, cette espèce, nourrie en domesti- cité, aime les fruits, le pain et les légumes : ce- pendant, quelque apprivoisés que soient ces ani- maux, le naturel l’emporte dans certaines occa- sions : ainsi ils se jeltent avec avidité sur les vo- lailles , les saisissent sous l'aile , en sucent le sang et les abandonnent sans les déchirer. Du resté, ils se familiarisent assez facilement, savent distinguer celui qui les nourrit, et deviennent même assez caressans. Ils sont très-remuans, arrachent tout ce qu'ils trouvent; soit en jouant, soit en cher- chant dés insectes. Ils se grattent comme les Sin- ges avec leurs pieds de devant , et retournent de mille manières leurs pattes l’une dans l’autre. Leurs cris diffèrent selon: qu'ils sont diverse- ment affectés. Quelquelois:ils font entendre des sons qui ressemblent assez à l’aboiement d’un petit Chien; on peut comparer à celui d’un Pigeon le cri qu'ils jettent lorsqu'ils se plai- gnent ; enfin, lorsqu'ils sont en colère , ils pous- sent des sons confus et éclatans , ou sifflent comme une Oie dont on poursuit les petits. Ils recherchent pour leur nourriture les bananes et les œufs de pe- Lits oiseaux. Ils détruisent les raches pour manger le miel qu'elles contiennent, Nous avons repré- ES LS ne = "3 Lea de re te ane mue = ESS SI ÈS RS ÈS Kivi - Riva {-lpterta ) [2772 KIVI ————— ‘299 KNAU senté le, Pottot:dans notre Atlas , pl. 258 , fig. 2. (1. L.) KINO. (vor: pnan..) Foy. Gouue Kio. KINOSTERNON. ( reer. ) Woy. Tortus. KIODOTE. ( man. ) Voy. RousseTre. KIRGANELIE, Kirganelia. ( ox. pwan. ) Un arbrissseau assez élevé de l’île Maurice, découvert par Gommerson, et vulgairement connu sous le nom .de Bois de demoiselle, a été élevé par de Jussieu comme type d'un genre dela famille des “Euphorbiactes et. de la Monoécie pentandrie. Ge genre est très-voisin. des. PayLLaNTHES ( voy. ce mot); son fruit est une petite,baie assez sembla- “ble,à celle de l’'Epine-vinette , Berberis vulgaris. La tige de l'espèce connue, la KIRGANËLIE VIRGI- NALE,, À. virginea,.se-charge,.de: beaucoup de ra- meanx ; à écorce brune, pourvus de.slipules séta- cées , de feuilles alternes, ailées, composées de cinquante: à soixante folioles d’un beau vert sans êtrelluisant ,et de fleurs axillaires, réunies trois à sept ensemble: aux ‘aisselles des folioles. Elle veut chez.nous Ja serre chaude, où on la multiplie de - marcottes placées dans une terre consistante. Son joli feuillage répand de la variété dans les. serres ; il tombe aisément, mais elle le renouvelle à cha- que pousse , c’est-à-dire deux fois dans le cours d'une année. ; (T.». B.) KIVI-KIVI on ,APTERYX, 4pteryæ. { o1s. ) Kivi-kivi.est l'expression du cri, et , par onoma- topée } le nom vulgaire d’un.oiseau très-singulier dela Nouvelle-Zélande, que le docteur Shaw a dé- crit et fait représenter dans ses Vaturalist's Mis- <éllany, sous la dénomination d’Apleryx australis. Get oiseau, connu par une seule peau rapportée de la Nouvelle-Zélande.par le capitaine Barcley , n'ayant pu être étudié dans tous ses détails, la po- sition qu'il.doit-occuper dans la série ornitholo- gique:est Jusqu'ici restée indéterminée ;.son port lourd, l'extrême brièveté de.ses ailes, qui sont entièrement inutiles. au vol,-ses pieds robustes. et .garnis de scutes épaisses , lui donnent bien quel- que ressemblance avec les espèces que l’on com- prend.dans l’ordre des Inertes {les Gasoars, les Antruches,.les Drontes );1mais cet ordre est loin d’être naturel ,.et.les espèces qu'il comprend s’y trouvent bient plutôt réunies parce qu’on ne sait précisément à quel ordre les rapporter, que parce, qu’elles ont entre «elles des rapports d’orga- nisalion. Le Kivi-kivi, ou plutôt l’Aptéryx , car il convient de prélérer le nom scientifique, a quel- que chose. du port des Ibis ; il en a aussi en appa- “rence le bec, mais ses narines, percées à l’extré- . mité de sa mandibule supérieure , ne permettent Lpas de le rapprocher de ces oiseaux. d’une manière ».définilive ; aussi doit-on attendre , avant de déter- Loniner le rang qu'il convient de lui accorder ,.que “ses-orsanes internes aient été observés. L’Aptéryx. a da taille d’une Oie ; son plumage vest d’un brun ferrugineux , et ses plumes sont toutes dures , sans barbules, et semblables à cel- les des Casoars. L’individu de, celte espèce que Shaw décrivit passa, après la mort.de.ce natura- ste , etre les mains de lord Stanley, et se voit -encore aujourd’hui dans sa collection. Dans le but -de,compléter la description :assez peu soignée du -docteur..Shaw , lord Stanley. communiqua ; il ya quelques années , l’Aptéryx qu'il possède à la So- ciété zoologique de Londres, et l’un des membres de cette : société, M. Yarrel; en fit.le sujet d’un mémoire irès-intéressant publié dans les Transac- tions de la mêmeisociété. La.planche 279:de l’A- tlas de ce Dictionnaire est une copie de celle qu’a donnée M. Y arrel. Depuis. ce travail , une séconde peau d’Aptéryx a été rapportée à Londres. M; Les- son, qui en a également observé une, fort incom- plète il est vrai, à da Nouvelle-Zélande, n’a point reconnu sa véritable nature ;.et l’a décrite sous le nom de Dromiceius Novæ-Zelandiæ , en la rapportant à une ‘espèce de Gasoar. (Foy. ce Dic- tionnaire , tom. Il, ;pag. 16.) Les.habitans-de la Nouvelle-Zélande estiment la chair du Kivi-kivi ; cet oiseau paraît être assez rare, on le chasse avec des Chiens; les naturels emploient aussi sa peau comme ornement. (Genv.) KLAPROTHINE. (min.) Ce minéral a reçu jus- qu’à sept ou.huit noms différens; ainsi on l’a ap- pelé azurite, blauspath ou feld-spath. bleu, klapro- thite, lasulithe, sidérite ‘et voraulithe. Sa couleur est un beau,bleu de ciel, et.sa forme cristalline le prisme rectangulaire. Sa composition chimique le range dans les phosphates. d’alumine : en éffet , il est. formé de 43 parties d'acide phosphorique, de 34-à 35 d’alumine, de 13 à 14 de magnésie, de 6 à 7,de silice et-de quelques fractions de chaux, d’oxide de fer et d’eau. Il a été, troavé dans les schistes, argileux de Salzbourg , et dans les mica- schistes de la Styrie. (J..H.) KLEISTAGNATHE , Kleistagnata. (crusT. ) Fabricius désigne soustce nom son neuvième .or- dre de la classe des Insectes ; il correspond à.,la plus grande partie des Crustacés décapodes que Latreille nomme Brachyures. (H. L.) KNAUTIE , Xnautia. (mor. pHan.) Genre dela famille des, Dipsacées , Tétrandrie inmonogynie , formé par Linné de quelques espèces confondues avant Jui parmi les Scabieuses , renouvelé de.nos jours par M. T. Goulter, qui: dans une monogra- phie de la famille .a tenté d'en fonder les diffé- rens genres sur les caractères les moins artificiels possibles. D'abord ilretire du genre X nautua les es- pèceslinnéennes à calice aigrelté, eten compose le genre | Ptérocephalus , d’après Vaillant, Mench et autres botanistes ; peut-être serait-il encore, mienx de les restituer aux Scabieuses , dont elles ont, le port et l’organisation florale. Ensuite M: Goulter fait entrer dans son genre Knautia a Scabiosa, ar- vensis, L,, que Schræder avait ci-devant érigée en genre Zrichera. Ainsiremanié, le. genre Xnautiaestencore bien proche parent des Scabieuses ; etinous l'y rappel- lerions si nous avions voix au conseil de famille. Voici du reste ses caractères : calice commun ou involucre cylindrique , composé de folioles conni- ventes ; sur un seul rang ; réceptacle petit , velu : fleurs peu nombreuses ; égales entre’elles , ayant chacune.un calice double ; supère, l'extérieur den- KOEL 500 KOEL telé ou presque entier , l’intérieur urcéolé, très- petit, cilié; une corolle à tube oblong , à limbe “partagé en quatre lobes, dont un plus grand que les autres; quatre étamines ; un stigmate bifide ; ‘un akène couronné par le calice. M. Goulter compte cinq espèces de Knauties. La plus intéressante est la SCABIEUSE DES CHAMPS, K. arvensis (Scabiosa arvensis, L.), que l’on trouve fréquemment aux environs de Paris; elle a une tige haute de deux pieds, rameuse et velue ; des feuilles pinnatifides , presque décompostes ; trois ou quatre têtes de fleurs bleu-cendré, accompa- gnées de bractées longues et ovales. Le nom de Scabicuse, qui lai restera certainement à travers toutes les révolutions botaniques, indique ses pro- priétés contre les maladies de la peau. Les autres espèces de Knauties sont : le Æ. orien- talis, L., jolie espèce cultivée dans les jardins bo- taniques ; le À. Urvillæi, espèce nouvelle décou- - verte par M. d’Urville dans l’île de Léros , el assez semblable à la précédente ; le K. propontica, L. ; et le X, hybrida. (L.) KNÉBÉLITHE. (uix.) Substance grisâtre, ver- dâtre ou brunâtre , d’une texture compacte, et d’une grande ténacité. Elle se compose de 39 à 33 parties de silice, de 32 de protoxide de fer et de 59 de protoxide de manganèse. (J. H.) KNEPIER. (8or. pHax.) Nom qu'on donne quelquefois au genre Mézicocca. Voy. ce mot. (G. £.) KOALA, Lipurus. (wam.) M. de Blainville a fait connaître en 1815, -dans le Bulletin de la so- ciété Philomatique et sous le nom de Phascolarctos (Ours à poche), un mammifère didelphe originaire de la Nouvelle-Hollande , et dont le portest assez semblable à celui d’un Ours. Cet animal, qui est un véritable PrazanGer (voy. ce mot et Paasco- LARCTOS) dépourvu de quete, est quelquelois nommé Koala; ses membres de derrière ont, comme ceux des Phalangers, un pouce opposable, etses dents sont aussi celles de ces animaux. G.Cu- vier, possédant le dessin d’un autre animal appelé aussi Koala, et qui est de la même contrée , crut devoir en faire un Phascolarctos , bien qu'il af- firme qu'il manque de pouce. Comme il est cer- tain que le vrai Phascolarctos a un pouce aux mem- bres de derrière, nous avons préféré laisser au Koala de Guvier, qui est représenté dans notre Atlas pl. 280, fig. 1 et 2, d’après le dessin même sur lequel il a été étudié, le nom de Li- purus que lui a donné Goldfuss; mais il reste à démontrer que cet animal est véritablement dis- tinct du Phascolarctos, ou bien qu'il ne repose que sur un dessin incomplet. Le Lipurus cinereus, tel est le nom de Goldfuss, est d’un cendré légè- rement bleuâtre en dessus ét blanchâtre en des- sous. Il vit, dit-on, à la Nouvelle-Hollande, (GErv.) KOBALDINE. (mnx.) Sulfate de cobalt, d’un gris d'acier, cristallissant en octaèdre réculier (voyez Cosarr). {113 (IH) LKOELREUTÉRIE, Kætreuteria. (Bot. ‘bitAN.) Le genre de la famille des Sapindées et de l'Oc- tandrie monogynie auquel on a donné ce nom, est: fondé sur une espèce que Linné fils appelait Sapindus ehinensis. IL a de l’affinité avec ceux du Sapindus, du Cardiospermum, de V_Allophyllus de Swartz ( l’Ornitophe de Willdenow) , de l'Eu- phoria , qui font partie de la même famille, ainsi qu'avec le Malpighia et V Æippocastanum. Le nom de Kælreuter , botaniste et cultivateur allemand, connu par de nombreuses expériences faites à Carlsruhe sur la fécondation artificielle des végé- taux, a été successivement imposé par Hedwig à un genre de mousses qu'il a plus tard appelé Fu- “maria; par Murray au genre Gisekia de Linné que l'on a conservé; enfin par Laxmann, en 1771, au genre dont nous allons parler. Voici d’abord les caractères essentiels du genre : arbres des climats tempérés du nord de l'Asie, à feuilles alternes, pétiolées, pinnées avec une im- paire, à folioles laciniées, dentées, et à fleurs dis- posées en panicules terminales. Calice monophylle, à cinq divisions très-profondes et inégales , con- caves, membraneuses ; corolle à quatre pétales onguiculés , velus et appendiculés au dessus de leur ongle ; huit étamines dressées ,'insérées sous l'ovaire sur un disque allongé, portées sur des filets velus, égaux, couronnées par des anthères oblongues; ovaire supère, trigone, velu, à trois loges contenant chacune deux ovules superposés, attachés à l'angle interne ; style trigone se confon- dant insensiblement avec le sommet de l’ovaire ; sligmate souvent simple ; mais aussi à trois bran- ches allongées , presque sétacées; capsule trigone, ovoïde, vésiculeuse , très-renflée , triloculaire , membraneuse , dans les loges de laquelle on trouve deux graines globuleuses, d’un beau noir luisant, attachées au centre. On ne connaît encore qu'une seule espèce de ce genre, la KOELREUTÉRIE PANICULÉE , À. pani- culata, Laxm. ; grand et très-bel arbre (voy. pl. 289, fig. 5) introduiten France dansl'année 1589, où il fleurit et fructifie en pleine terre , et qui pré- sente le même agrément jusqu’au cinquante- deuxième degré de latitude nord. Les mémorables hivers qui ont signalé la période comprise entre cette année et l’année courante 1836, ne l'ont nullement endommagé, de sorte que l’on doit le considérer comme parfaitement acclimaté. C’est une belle acquisition. La Kælreutérie produit un effet agréable par l’élégante découpure et le vert foncé de son feuillage, auquel les insectes ne tou- chent point, par ses superbes panicules de fleurs jaunes qui l’ornent vers le milieu de l'été, pendant quinze jours et durant les plus fortes chaleurs. La forme ‘de ses folioles varie suivant la qualité du sol ; dans un terrain frais et fertile, elles sont grandes , ovales, obtuses, tandis que sur un sol maigre et sec , elles se montrent petites , très-ai- guës. Quand les chaleurs sont trop intenses et qu'il pleut rarement , la nature du sol où ces der- nières se trouvent les expose à jaunir et même à tomber ; heureusement que celles restant el celles qui poussent des jeunes rameaux réparent le mal let se conservent jusqu’à la fin de l'automne. D’ail- TT ——_—_— 2 oo ‘KONG 301 KRAI leurs on n’a encore découvert dans aucune des arties de ce bel arbre rien de véritablement utile ; il n’a de place en ce moment que parmi les arbres d'agrément , et sous ce rapport il rivalise avec les plus recherchés. (T. ». B.) KOLPODE , Kolpoda. (zoopu. inrus.) Genre du groupe nombreux des Infusoires, et dans lequel se rangent plusieurs espèces qui vivent dans les infu- sions ct dans les eaux marécageuses. Les Kolpo- des sont voisins des Bursaires , des Trachélines ct aussi des Protées. Muller , auquel on doit l’établis- sement de ce genre, y confondait plusieurs ani- waux qui doivent en être retirés. Les Kolpodes ont le corps membraneux , transparent , ovale, aplali, en général atténué en avant et très-contractile ; -on distingue surtout parmi eux les Kolpodes pin- tade, marteau et mucroné. (GErv.) KONCHIOSAURE ou GONCHIOSAURE. (ner.) On a déerit sous ce nom, composé des mots grecs züy#oy, pelite coquille , et caüpos, lézard, un ani- ? mal fossile dont on ne connaît encore que quel- ques fragmens osseux que l’on a rencontrés dans une pierre d’un calcaire coquillier marneux , grisä- tre, des environs de Leineck en Bayreuth; on pos- sède un fragment de la moitié antérieure du crâne et une parlie de sa paroi inférieure; mais les os * sont dans un tel état d’écrasement qu'il est diffi- cile de déterminer positivement leur forme et d’in- diquer une analogie exacte avec le crâne de Sau- riens mieux connus. Cependant ce crâne paraît se rapprocher de celui des Crocodiles. Ainsi, entre autres signes , ce Saurien paraît avoir ses narines “ouvertes à l'extrémité et en dessus du museau; les dents, insérées dans des alvéoles séparés , im- plantées sur une seule ligne saillante , uniformes, égales en arrière, offrent en avant sous les narines une dent beaucoup plus grande que les autres ; ainsi , tandis que la plupart d’entre elles donnent pour la couronne : longueur 0,003 , et diamètre à la base de la couronne 0,001 ou 0,0015 , celle-ci offre de longueur 0,012, et 0,003 d’épais- seur. Toutes les dents sont droites, à peine cour- ” béés en arrière, légèrement dirigées en dehors, coniques, simples , napiformes , rétrécies à leur collet, à émail noïrâtre , striées profondément dans toute l’étendue de la couronne. Au devant de la grande dent existaient plusieurs petites dents dont il est difficile d’assigner le nombre probable à cause de la fracture de l’extrémilé des mâchoi- res ; il paraît quele nombre des petites dents qui sui- vent la grande peut atteindre à 12 environ pour cha- que moitié de mâchoire. Ces dents ne s'étendent pas au-delà de l'angle antérieur de l’orbite. Leur ra- cine est creuse et fait soupconner un remplacement intérieur , ou au moins un remplacement Jatéral mixte ; la forme des dents , légalité du bord alvéo- laire, son étendue, légalité des dents qui snivent la ” grande, leur pombre particulier, leur forme sont des caractères qui ont fait regarder l’animal dont ” on possède ces restes comme un Saurien parlicu- … Jiér voisin du Protorosaure, mais distinct de Jui par la présence de la dent en croc. La forme par- ticulière des dents, que l’on a comparées à des têtes de clous, à fait donner à la seule espèce reconnue le surnom de Æonchiosaurus clavatus. (T. C.) KOON. (sor. Pan.) Nom sous lequel, dans son consciencieux ouvrage, Gaertner a décrit un fruit isolé, apporté de Ceylan; il se composait de plusieurs coques ovales, comprimées, indéhis- centes, munies de deux petits tubercules près de leur point d’attache chacune était uniloculaire, et contenait une seule graine sans albumen, la radi- cule occupant une moilié de la loge, et les cotylé- dons repliés en hamecçons occupant l’autre moitié. Réduit à conjecturer le végétal auquel ce fruit ap- partenait, Gaertner s’est arrêté au genre Ochna ; on pourrait aussi bien supposer tout autre genre de la petite famille des Ochnacées. La question, en soi peu importante, est restée indécise; c’est un temps précieux perdu pour la science que de l'employer à étudier des fragmens détériorés ou incomplets. Plaignons le botaniste absorbé dans la contemplation d’une feuille formée par trahi- son de deux morceaux de feuilles hétérogènes , aussi bien que l’antiquaire déchiffrant scrupuleu- sement une fausse médaille. (L.) KRAINS ou BROUILLAGES.(GÉOL. APPLIQUÉE.) On désigne ordinairement par ces mois, dans les mines , un accident des couches qu’on rencontre dans l'exploitation , lequel vient souvent décon- certer les mineurs les plus habiles , dans leurs re- cherches, et quelquefois détruire toutes les es- pérances de l’exploitant. Cet accident est ordinai- rement le résultat des dislocations du terrain , qui ont donné lieu à une espèce de trituralion des couches, si l’on peut s'exprimer ainsi, et qui in- terrompt tout à coup leur régularité, ne présen- tant plus à leur place qu’un mélange de roches brisées, confondues les unes avec les autres, et formant une espèce de brèche. Quelquelois les Krains ne sont que le résultat des contournemens les plus bizarres, paraissant dus au refoulement et à la compression des couches sur elles-mêmes. Daos les terrains houillers , ces accidens ont ordi- nairement fait disparaître les couches de houille, ou les ont tellement bouleversées et mélangées avec les roches du toit ct du mur que l'exploita- tion en devient impossible : on est heureux alors quand ces accidens ne s’étendent pas sur de gran- des distances. Pendant que nous dirigions les mines de Saint- Georges-Chäâtelaison et Mont-Jean, département de Maine-et-Loire, nous avons eu occasion d’obser- ver, dans les couches de houille de cette formation que nous avons reconnue appartenir aux terrains de transition de la Bretagne, et être par conséquent plus ancienne que lesterrains houillers proprement dits, tels que ceux de Si-Etienne, Valenciennes, etc., ua autre exemple de ces sortes de Brouillages contemporains de la formation, et qui. ne résultent pas de la dislocalion du terrain, mais seulement des modifications que les couches de houille ont éprouvées sur place avant d’avoir été recouvertes par des argiles on des grès. Ainsi il arrive souvent dans les couches, que, pendant que le Loit et le mur :KRAM se: continuent. avec régularité , celles: :ci se trou- vent Lout.à coup remplacées par des Brouillages nommés Krains par les ouvriers, et qui consistent enun mélange.irrégnlier de.fragmens d'argile schis- tense, mêlés avec ‘des noyaux.ou rounons, de fer carbonaté lithoïde, rarement, AVEC Quelques par- ties de charbon ;.ces.accidens-des couches.entou- xent le plus souvent. des parties de charbon de manière à les circonscrire en.une: sorte de .sphé- roïde,erdinairement.très-allongé. Nous avons fait suivre .un de ces.IKrains parfaitement. régulier entre les couches du.toitet du mur , pendant plus de 20o1mètres, sans de traverser entièrement; il a falla renoncer à l’espoir de retrouverile charben. Ces sphéroïdes allongés de charbon sont surtout remarquables dans. les mines de Saint-Georges, où toutes les couches sont relevées verticalement; les uns se-sont trouvés dirigés dans le sens herizon- dal comme au.puits du Pavé; d’autres inclinés on verlicaux, comme au puits de l’ancien Solitaire, où on en. a exploité un-sur une, hauteur de 800 pieds, qui formait comme une colonne verticale de 40 à 50 mètres de largeur. (Lu. V.) KPRAKEN. (mozr.) On a nommé ainsi un ani- mal probablement fabuleux et que l’on rapporte au genre Poulpe, dans la classe. des Mollusques cé- phal lopodes. A l’article Pourer de ce Dictionnaire il sera question du. Kraken , sur les dimensions duquel /plusieurs naturalistes ont rapporté.de si étranges exagtrations. Denys de Montfort a prin- cipalement cherché à démontrer l'existence. du anpllasque dont il s’agit ,et, s’aidant des descrip- tions plus où moins ic imaginées qu ’il en a trouvées dans'les auteurs, ila été jusqu'à publier ‘ane figure da Kraken. Ille représente au moment où , nai de. saisir avec ses longs bras un Vais- seau à trois mâts, il se dispose: sans doute: à en dévorer une bonne partie (Histoire des Mollusques du Buffon de Sonnini, tom. 2, pl..26). Foy. le mot Poures de ce Dictionnaire. (GERv.) KRAMEÉRIE, Krameria, (Bor. puar.) Genre de la Polyandrie monogynie, L.,' établi, par Lœfling pour un arbuste à rameaux nombreux et diffus , à feuilles alternes, simples ou trifoliées, à *b axillaires, sessiles.ou pédonculées. Ses caractères sont : calice à quatre divisions profondes, à peu près égales » colorées sur leur face interne et mar- quées “de veines anastomosées ; ; corolle de deux ou trois pétales situés à la parlie supérieure de la fleur, redressés, longuement onguiculés et soudés ensemble par leur De trois ou quatre étamines, placées immédiatement au dessous des pétales ; anthères uniloculaires , appendiculées au sommet, bilobées inférieurement ; au dessous des anthères et sur Je même plan sont deux écailles obtuses, pressant l'ovaire latéralement ; ovaire libre, ovoide, comprimé , à une seule loge contenant deux ovu- : les opposés et suspendus ; style recourbé, terminé par un slizgmate très-petit, à peine bilobé; fruit : sec , globuleux , hérissé de pointes épineuses | uniloculaire ; une ou deux graines composées d’un .tégament propre, et d’un embryon à cotylédons épais et.obtus, Ges caractères, que nous donnons 302 er -doprès M. Richard, rapprochent. le Krameria,de la famille des Polygalées, On.compie sepLespèces de Kraméries, indigènes -du Pérou et de différentes contrées de l Amérique méridionale ; leurs racines; .et.entre autres celles: des K. 6 Sa A ixioides, ont, desipropriétés astrin- gentes;1on les. connaît ent médecine sous le nom Ron (L) KRAPACKS oa KARPATHES.( (Monts). (céoen. Pays.) Ces montagnes, qui font partie,du système alpique, s ’étendent de l’ouest à. l’est, entre les 19° et 24° degrés de longitude.orientale du méri- dien de Ph ;-SUT une. ligue demi-circulaire d’en- viron. 300 lieues..de longueur, dont 100 font.par- tie de la grande arête européenne ; et forment la. limite dr deux: versans qui, s’inclinent au nord vers Ja mer Baltique et.à l’est.vers laimer Noire. Sois le rapport:de la géographie politique ; elles. sont importantes en ce qu’elles, constituent sau nord, à l’est; et même vers le sud, :la frontière LL de 1h Hongrie. On, peut Le. diviser en trois parties : les RE occidentales , ‘qui, à partir des monts Sudètes , occupent une longueur d'environ 4o lieues ; les Karpathes prairie lon- gues d'environ, 100 lieues ;. enfin les Karpathes He Es , qui se prolongent. sur une étendue de 160 lieues en décrivant un demi-cercle jusqu'aux bords du Danube. Bien que les Karpathes soient loin, d’égaler les. Alpes en hauteur, elles sont au nombre des.mon- tagnes les plus éleyées de l'Europe. k ‘On y distingue, plusieurs :groupes importans.. Celui de hu est le plus hant:de.tous :.ses som- mets s'élèvent à 2,400 mètres au dessus.du.niveart de l'Océan ; celui de Fatra comprend. cet.amas de montagnes de moyenne hauteur, mais riches en mines, qui,s’étendent depuis les bords du Vag jusque vers Kaschau. M. Beudant distingue , dans son Voyage en Hongrie, plusieursautres groupes : lun,d’eux a pour point de centre.le Polanaberg ; un. autre se rattache au mont Jepor ; un troisième est compris entre les:rivières.de Rima etrde Sajo: et la partie orientale.de la rivière du. Gran; nn quatrième entre la partie supérieure, du Sao... la Hernat et la Bodva; un.cinquième,entre le Sajo inférieur ct la Bodva ; enfin.cimg ouisix autres en- core, qu'il serait trop long de nommer. Presque entièrement détaché de tous .cesigrou- pes, celui du Matra s'élève subitement à une assez grande, hauteur, entre la petiterivière de Sajiva.et celle de Tarna : le Sasko, qui appartient, à ce groupe, a.goo mètres d’élévation, et ie Kekes plus de 1,000. La constitution géognostique . des, Karpathes présente en grande abondance une sorte.de grès particulier que l'en a appelé grès. karpathique et que l’on regarde comme appartenant au terrain crétacé, c'est-à-dire qu’il.est du même, âge .que la craie. Il:se distingue par des, couches marno- quartzeuses , des argiles schisteuses à ficoïdes , €t des lits calcaires. de grès renferme aussi, çà. eb là des couches sn de chlorite ou. de; grains verts formés de silicate de fer, des amas Derpches 1,2. Koala. 3. Kolreuterie. 4.Kurte . Le, Cuertn dir _ us KREO porphyriques et-amphiboliques et plasieurs sub- stances minérales, télles que le plomb, le cuivre, le mercurget lezine , le soufre et le sel. Ces mêmes grès sont couverts en quelques endroits par des dé: pôts de sédiment supérieur, où peut-être de l’âge du calcaire grossier parisien. Au dessous du grès kar- pathique-semontre un terrain/qui paraît apparte- nir-à l’époque que les géologistes appellent de transilion: Il se compose de calcaire, de roches quartzeuses et d’une sorte de grès rouge à gros grains passant an pouddingue. Les terrains les plusinférieurs se composent de gneiss, dé mica- schites, de schistes argileux et de granites : le mont Tatra est formé deces roches, qui, dans plu- sieurs’ localités, contiennent des filons aurifères. Dans les Karpathes orientales les roches les plus inférieures diffèrent des précédentes : ce sont des micaschistes, des schistes argileux, des dolomies et’ dés syénites. Sur: plusieurs points : des petits groupes qui appartiennent aux Karpathes, on're- marque dos trachytes et d’autres roches d’origine ignée. Plusieurs mamelons sont aussi couronués de basaltes. Düns là partie centraie dela Transylvanie, un grès -houiller supporte un: dépôt. de sel gemme considérable ; lés: montagnes de Vihorlet sont presque entièrement {ormées de trachytes ; le mont Borlo, composé de calcaire compacte , est entouré de sommets trachytiques; enfin, à la base de la chaîne des Karpathes, le sol de la Hon- grie est un sol d’alluvion au milieu duquel s’élè- vent càù et là des mamelons de calcaires marin et lacustre, appartenant aux dépôts de sédiment su- périeur: Nous avons déjà nommé quelques uns des mé- taux qui se trouvent dans ces montagnes ; mais on peut dire qu’à l’exception de l’étain, la plupart des substances métalliques s’y trouvent en abondance. Autrefois elles étaient riches en mines d’or et d’ar- gent; mais on ne retire plus que 3 à {oo mares du premier métal, et environ 100,000 du second. L'exploitation du fer donne 3 à 400,000 quintaux; celle du cuivre; environ 40,000, et celle du plomb, environ 25,000. ! (J. H.) KRÉOSOTE. (cmi.) Produit pyrogéné trouvé par Reichenbach, d’abord dans l'acide pyroli- gneux , puis dans tous les goudrons, que beaucoup de médecins ont employé dans le traitement des ulcèrés. atoniques, de: écoulemens muqueux , contre la carie des dents, comme moyen hémosla- tique, etc., dont le charlatanisme s’est emparé pour l’exploiter à son profit, mais dont les pro- priétés thérapeutiques sont loin d’être plus sûres que celles des autres produits chimiques qui lui sont analogues. La Kréosote est liquide, incolore, transparente, d'une odeur désagréable, rappelant celle de la viande fumée ; sa saveur est âcre et même causti- que; elle est soluble dans l’eau, insoluble dans toutes proportions avec l'alcool, léther et les huiles volatiles ; enfin elle est sans action sur le papier réactif, se combineavec les alcalis, coagule l’albumine , dissout la résine, etc. TES 303 KURT. KRYOLITHE. (win.) Nom donné au fluate d’alumine-et de soude, sel que l’on rencontre à Arksut en Groënland, et qui se présente sous forme d’une masse blanche criställine; le fluor (dont dénx chimistes se disputent'en ce moment, avril 1836 , l'honneur de l\ déconverte à l’étag pur) s’y trouve partagé également entre l'alamine et la soude. (LE DE KUHNIE, Kuhnia. (nor. puan.) Genre de la famille des Gomposées , tribu des Eupatoriées de Cassini ; ses anthères ne sont pas cohérentes ; c’est une-exceplion, ou, si l’on veut, une irrégularité partagée par l'Artemisia, V Helianthuws et quelques autres genres, que l’on ne peut cependantdistraire de là Sÿngénésie ou des Synanthérées. Le Auhnia, établi par Linné fils et confondu par Gacrtner avec le Critonia de Brown, a pour caractères : un in- volücre cylindracé, composé de folioles’irrégu- lièrement imbriquées ; les extérieures courtes et lancéolées:, les intérieures longues et linéaires ; um réceptacle plane et nu; une calathide sans rayons, composée de plusieurs fleurons réguliers et her- maphrodites , à corolles glanduleuses, à anthères libres ou à peine soudées, et surmonttes d’un appendice arrondi; graines hispidules, striées, portant une aigrette plumeuse et-sessile. Le type de ce genreest le Kuhnia eupatorioides , L., plante d’un à deux pieds, à tige cylindrique, à rameaux courts et alternes ; feuilles lancéolées , dentées , presque sessiles ; fleurs terminales, d’un jaune soufre ; calathides de dix à quiuze fleurons. Elle est indigène de Pensylvanie. Les autres esnèces de Kuhnie sont le KX. panicu- lata, Cassini, corfondu par Michaux avec l'espèce précédente; le Æ. rosmarinifolia , indigène de Cuba, et décrite par Ortega sous le nom d’Æupa- torium canescens ; et le K. arguta, Kunth, trouvé par Humboldt et Bonpland aux environs de la ville de Popayan. (L.) KURTE , Æurtus. (vorss.) Les Kurtes sont pres- que des Pépriles, dont ils différent surtout parce que leur dorsale est moins étendue en longueur, et que leurs ventrales sont bien développées; leur anale est longue; leurs écailles sont si fines qu'on ne les aperçoit guère que lorsque la peau se dessèche; il n’y en a point aux nageoires ; lenr bassin a une petite épine entre les ventrales ; et il y'a de petites lames tranchantes au devant de la dorsale, dont la base a une épine couchée en avant. Leur squelette offre une grande singularité, en ce que les côtes sont dilatées, convexes, et forment des anneaux qui se touchent entre eux et renferment ainsi un espace conique et vide se prolongeant sous la queue, dans les anneaux infé- rieurs des vertèbres, en un tube long et mince qui renferme la vessie natatoire. Bloch dit que le nom de Kurte dérive du mot grec xvprôs, bossu, et justifie cette étymologie, parce que les espèces de ce genre portent sur la nuque une corne cartilagineuse. Le Kurxe connu, Æurtus cornutus , est un pois- son très-remarquable par une pelite corne carti- lagineuse et courbée qui s’éiève au devant de la LABB 304 LABB dorsale. Il est long de quatre pouces seulement ; frais, il est presque transparent et excellent à manger. Le Kunre nD1eN, Kurtus indicus, figuré dans Bloch. , pag. 169, et dans notre Atlas, pl. 280, fig. 4, n’est considéré que comme la femelle de l'espèce précédente. (Azvn..G.) KUSSEMET. (aGr. et BoT. PHAN.) Quoique la connaissance positive des espèces de céréales nommées dans les écrits des anciens soit hérissée de difficultés, cependant j'estime que les recher- ches auxquelles je me suis livré pour mes études sur ‘Théophrastel m'ont mis à même de les dé- terminer, du moins pour celles qui sont demeu- rées dans les usages des peuples vivant actuelle- ment. Ainsi le Kussemet des Hébreux, que les Septante ont traduit par le mot grec ohwpæ, et que l’on a prétendu devoir être l’épeautre, sans réflé- chir que le climat sec de la Palestine ne pouvait aucunement convenir à cette graminée, n’est au- tre que le Blé locular, Triticum monococcum, ainsi que nous l’apprend Hérodote , ‘quand il nous dit que les habitans de la Syrie fabriquaient leur pain avec ce grain. Jérôme, dans ses Commentaires sur Ézéchiel, assure avoir vu cultiver le Kussemet en Pannonie, où il écrivait, et que c'était la même espèce récoltée en Syrie. (T. ». B.) KYLLESTRIS. (aan. et poT. Pan.) Les vieux Egyptiens, ainsi que les nations qui furent en re- lation avec eux, mangeaient un pain préparé avec la farine du Kyilestris. Quelle est cette graminée ? selon lesuns, il s’agit de l'Orge , Ælordeum vulgare ; selon les autres , ce serait le [riticum zea de Host ; d’autres enfin y voient simplement un mélange d’Orge ct de Froment. D'après Miot, le mot Kyl- letes ou Kyllestris, employé par Hérodote, dé- signerait un pain fait avec la farine du Dourah- beledy, Holcus sorghum, qui sert encore aujour- d’hui pour la nourriture du peuple, tandis que le mélange d’Orge et de Froment nommé par Dio- dore de Sicile aurait élé réservé aux personnes infâmes. Les tableaux des fameuses grottes d'Ele- thyia nous ayant appris que ces deux graminées étaient cultivées en grand en Egypte, j'estime qu'Hérodole a, sans aucun doute, entendu par- ler d’une méthode adoptée dans un ou deux nomes seulement. Ge qu'il y a de certain, c’est que le Kyllestris dut être très -commun, puisque c'était un délice de le voir servi sur toutes les tables. * ” Quand on se rappelle qu’une espèce d'orge. originaire de l'Egypte porte; dans les nomencla-- tures, le nom de Céleste, Hordeum cœleste, ne serait-il pas possible que ce fût un souvenir de l’ancien mot K yllestris ? L'Egypte, devenue legre-. nier d’abondance des Romains, fut, par le com- merce, obligée à une culture trop active des Fro-- mens et des autres Blés ; les terres ont dû s’épuiser en un pays où les assolemens étaient ignorés, im! possibles, et les habitans ont été réduits à changer leur Kyllestris contre le Dourah, qu’ils mangent de nos jours. Gette révolution dans le régime diété-. tique de la grande majorité a dù se faire lente- ment, el si quelques mains amies ont encore: donné des soins au Kyllestris , elles étaient rares et pour ainsi dire cachées. Après avoir ruiné l'Egypte sous le point de vue des blés, les Romains se sont jetés sur la Sicile. (T. ». B.) KYLLINGIE, Kyllingia où Kyllinga. (807. PHAN.) Genre des Gypéracées et de la Triandrie. monogynie de L., tenant en quelque sorte le mi- lieu entre les genres Mariscus et Cyperus , desquels il est assez diflicile de le distinguer. Voici ses ca- ractères : épillets réunis en un ou plusieurs capi- tules globuleux, comprimés , alternes, à une ou deux fleurs, dont une est radimentaire; quatre écailles dont deux extérieures et deux intérieures ; les premières plus petites et raides , les autres ca- rénées, renfermant une fleur hermaphrodite, et quelquelois une seconde fleur munie d’une seule écaille , neutre ou mâle ; trois étamines ; un pistil à ovaire lenticulaire, surmonté d’un style bifide et de deux stigmates filiformes; akène comprimé, nu, c’est-à-dire dénué de soies hypogynes. Les espèces rangées dans ce genre sont des plantes herbacées, à chaume triangulaire, sans nœuds , garni dans le bas de feuilles engaînantes. Leur patrie est l’Inde, l'Amérique, la Nouvelle- Hollande , etc. Nous ne citerons ici que le À. mo- nocéphale (Rotib. gramm., 15, t. 4, f. 4), dont.le. nom spécifique fait assez connaître que son épillet ne forme qu'un seul capitule globuleux au sommet da chaume. Cet épillet est accompagné d’une sorte d’involucre formé de deux feuilles linéaires. Le K. monocéphale croît dans l'Inde, aux îles de France-et de Bourbon, à Port-Jackson, dans la Nouvelle-Hollande. Forster (Gen. 65) l'indique sous le nom de Chryocephalon nemorale. (GE) L. LABBE. Zestris. (ors.) Stercorarius, Briss.; Prædatrix, Vieill. ; Larus, L. Genre de l’ordre des Palmipèdes, famille des Longipennes, Cuv., de la famille des Hydrochélidons, Lesson, placé entre les Mauves et les Pétrels, Tem. Ces oiseaux ont pour caractères : un bec fort médiocre, lé- gèrement arrondi; la mandibule supérieure recou- verte dans la moitié de sa longueur d’une lame cornée festonnée ; les narines lougitudinales, un peu plus rapprochées dela pointe du bec, qui est très-crochu ; la mandibule inférieure presque droite, plus courte que l’autre, formant un an- gle saillant; le bec, dans son ensemble, a be- coup d’analogie avec celui des oiseaux de proie ; jambes nues ; tarses robustes , revêtus de larges écailles en devant; genoux nus; quatre doitgs, trois en avant, palmés; la palmure embrasse la moitié de lalongueur des engles, qui sont très-cro- chus; le quatrième doigt ou le pouce; petit, court ; les ailes allongées, pointues, la première: rémige D À Sd RE LABE - 505 LABI rémige la plus longue ; douze plumes à la queue, les deux moyennes plus longues. Ces oiseaux font la guerre aux Mouettes, aux élands et aux Sternes, pour leur faire abandon-— Goë I ner les poissons qu'ils ont pêchés. Le nom très- impropre de Stercoraire que les voyageurs qui nous ont précédés ont donné aux Labbes, vient de Ja méprise qu’ils commirent en s’imaginant que ces oïseaux se nourrissaient de la fiente des oi- . seaux auxquels ils faisaient la chasse. Les Labbes habitent les zones les plus reculées des hémisphères nord et sud. Ils nichent dans les anfractuosités des rochers. Leur nid se compose d'herbes entrelacées de mousse. [ls pondent or- dinairément trois à quatre œufs pointus, olivâtres, lachetés de brun. Les auteurs en décrivent cinq espèces : 1° LABBE A LONGUE QUEUE , Larus Buffont, Temm.: brun foncé en dessus , blanc en dessous ; les deux plumes médianes de la queue on filets, très-longues; iris brun; pieds noirs. Dans le jeune âge il est tout brun (Larus crepidatus, Gmel.). Il habite les mers du Nord. 2° LapBe Parasite, Larus parasiticus, Gmel. ; Lestris parasiticus, Temm.; que l’on confond avec le Labbe à longue queue; il’est noir fulixineux va- rié de gris. Il habite les mers d'Europe, d'Afrique. 3° Lagge PoMaRIN, Lestris pomarinus, Temm.; de la grosseur d’une Mouette à calotte brune; noir en dessus; gorge grise; col et poitrine gris plus foncé ; venire blanc; iris jaunâtre; pieds et mem- branes noirs. Il habite les mers du nord de l’Eu- rope. : 4° Lange cararacTe, Lestriscataractus, Temm.; Goëland brun, Buff., Séercorarius pomarinus , Vieill. De la grosseur d’un Goëland ; plumage brun foncé ; plumes des ailes blanches dans la moitié de leur longueur; iris brun. Il habite les Hcbri- des , les Orcades, etc. 5° Lange ANTARCTIQUE, Lestris antarcticus , Les- tris cataractus , Quoy et Gaimard, De la grosseur d’un Goëland; plumage brun foncé ; quelques flammules blanches à la tête; queue coute ; | bec et ongles noirs; du blanc sur les plumes des ailes. Nous en avons vu un grand nombre aux îles Malouines. 11 habite également la Nouvelle- Zélande. (DS Gr) LABELLE , Zabellum. (Bot. rnax.) On appelle ainsi, dans la fleur des Orchidées, la division in- terne et inférieure du calice. Cet organe, que l’on regarde comme une élamine désénéréc, présente de grandes variétés dans sa siluation et dans sa structure. Ordinairement il est pendant , en forme de tablier (d’où ce nom que plusieurs auteurs Ini donnent) ; quelquefois il est dressé, et configuré d’une manière plus ou moins bizarrre qui a fourni äux nomenclateurs les noms spécifiques d’Arai- née, de Mouche, d'Homme pendu. fl est ou plane, ou convexe, forme à sa base une bosse saïllante , ou bien se prolonge en un éperon plus on moins long, double dans un seul genre. Quant à son origine , le Labelle naît ordinairement de la base de la colonne centrale de la fleur ou gyno- T° IV. à stème; parfois il descend de sa partie supérieure ct l'embrasse tout entière en forme de gaîne. Il est tantôt sessile et tantôt onguiculé, tantôt adhé- rent et continu ou arliculé avec le gynostème. Foy. Oncmpfes. (L.) LABÉON, Labeo. (rorss.) C’est-à-dire grosses lèvres ; c'est un petit genre de poissons malacopté- rygiens, dont on doit la distinction à M. Cu- vier ; il est très-voisin des Brêmes et des Cata- stomes. On en connaît deux espèces : le Labéon du Nil, L, niloticus, Geoffroy St-Ililaire, qui est long de 8 à 10 pouces, verdâtre foncé en dessus, ar- genté en dessous, avec les nageoires transparentes comme dans nos poissons de la Seine; il est re- présenté dans notre Atlas, pl. 283, fig. 2; et le L. fimbriatus, Bloch. , 409. /'oy. l’article Cyrain. (Azpn, G.) LABIAL. (anar.) Qui appartient aux lèvres ou qui entre dans leur composition. C’est ainsi que l’on apyelle artères labiales, muscle Jabial, com- missure labiale, les artères qui se distribuent à ces organes , le muscle orbiculaire, et la commissure des lèvres. (A. D.) LABIATIFLORES, Labiatifloræ, (Bor. puan.) Quelques genres de la famille des Synanthérées, appartenant pour la plupart à l'Amérique méri- dionale , se distinguent par l’irrégularité de leur corolle manifestement labiée, et ayant la lèvre extérieure plus large que l’intérieure. Elles ont paru à Lagasca et à De Candolle devoir former un groupe particulier que le premicr a nommé Che- mantophores , et le second Labiatiflores. Ce der- nier nom a reçu la sanction de l’usage, quoique celui de Lagasca puisse prétendre à l’antériorilé. M. De Candolle place les Labiatiflores entre les Chiroracées et les Carduacées;et, s’appuyant sur quelques diversités de structure dans les corolles labiées du nouveau groupe, il le partage en qua- tre seclions. La première, ayant la lèvre extérieure des corol- les quadridentées , et l’intéricure réduite à nn seul filet, comprend les genres Barnadesia et Bacazia. La deuxième a des corolles à lèvre extérieure tri- dentéeel l’intérieure profondément divisée en deux lanières filiformes ; elle se subdivise d’après la considération de l’aigrette , plameuse et sessile dans les genres Mutisia, Dumerilia et Chabræa ; poilue et sessile dans les genres Chætanthera, Ho- moianthus, Plazia, Onoseris, Clarionea, Leucæria , et Chaptalia ; enfin poilue et stipitée dans le Doli- chlasium. La troisième section, corolles à lèvre extérieure tridentée , intérieure -bidentée , se sub- divise aussi d’après la structure de l’aigretie ou son absence ; les genres Perdicium, Trixis, Prous- tia et Nassauvia ont une aigrette poilue; les gen- res Sphærocephalus, Panagyrum, Triptilium et J'un- giu l'ont plumeuse; le Pamphalea n’en a pas. La quatrième section renferme les Labiatiflores dou- teuses, les corolles centrales étant régulières, et les marginales n’ayant pas de lèvre intérieure ; ce sont les genres Denekia, Disparago, Polyachurus et Leria. Dans la Classification de Cassini, le groupe des 279° Livraison, 39 LABI 56 Labialiflores est réparti entre les tribus des Muti- siées et des Nassauviées. Dans la méthode de Kunth, elles composent à ‘peu près la section des Ovostridées. #(L.) LABIÉ, Labiatus. (vor. max.) Cet adjectif in- dique lasstucture de la corolleoù du.calice dont le Jimbe s'ouvre «en deux parties ou lèvres plus ‘où moins inégales, l’une supérieure, l'autre infé- ricure. La corolle:personnée diffère de lalabiée en ce que dans celle-ci les lèvres sont écartées , tan- dis que la première les a rapprochées. On dit corolle-unilabiée lorsque da lèvre supé- rieure.-esl très-courte ou nulle , comme‘dans les genres Ajuga, T'eucrium. Elle est labiée on mieux bilabiée, dans les genres Saluia, Stackys, en | ‘(L, LABIÉES , Zabiatæ. (nor. nan.) Nom ue -des familles les plus naturelles ‘et pour l’ensemble des caractères botaniques'et pour des proprittés inhérentes aux plantes nombreuses, dicotylédo- nées, herbacées en plus grand nombre, ‘et rare- ment sous-ligneuses qui la composent. La germi- palion des graines s’y opère dans le courtespace de quelques jours; la radicule se développe en raci- nes pivotantes; les deux cotylédons, débarrassés de tégumens séminaux, s'élèvent hors de terre, pren- ment la couleur verte des feuilles, s’allongent et s'élargissent en même temps, puis ils s’amincis- sentel disparaissent. Lesttiges sont d'ordinaire car- rées, ramiliées , à rameauxopposés ; les feuilles qui les ornent sont opposées, très-rarement verlicil- lées, troisà trois, et portées sur des pétioles creusés en gouttière; des fleurs nues, le plus souvent accompagnées de bractéesou de soies, se montrent tanlôt solitaires, ou disposées en anneaux, tantôt rassemblées en épis ou bien formant le corymbe et même la panicule. Chaque fleur à le’calice mono- | sépale , ordinairement ‘subulé , ‘divisé par le haat en cinq parties égales chez les unes, inégales chez les autres, el conslituant deux lèvres opposées ; la | corolle aulimbeplussouvent bilabié qu'unilabié, et | à lèvres béantes ; quatre étamines dont deux plus courtes, sujettes à «vorler dans quelques genres ; l'ovaire libre, à quatre lobes, :à style simple et stigmale bifide, Aux fleurs succèdent quatre cap- sules indthiscentes , monospermes , dont les grai- : nes sont attachées contre la base élargie du style, | Le) ainsi qu'on le voit après la chute de la corolle, | On retire du calice des fleurs nne huile essentielle. Les Labiées forment une classe dans Ja méthode florale de Tournefort ; c’estun groupe naturel que | l'on relrouve , sauf quelques genres restreints à deux étamines, presque entier dans le système sexuel, où il compose Ja première section de la quatorzième classe, ‘sous le !titre de Didynamie gymnospermie , tandis que les Personnées fournis- sent la seconde sons le titre de Didynamie angio- spermie, Dansles fragmens de sa méthode naturelle, Linné les a toutes réuniessons letitre deVerticillées à cause de la disposition commane de leurs fleurs. En les constituant famille, de Jussieu n’a eu d’an- tre peine que de leur donner le nom collectif de Labiées , qu'il a emprunté à Tournelort, et de biées à deux élamines fertiles et deux autres avor- ées , et les Labïées à quatre étamines fertiles. ‘sente conslammerit cinq divisions, ou bien du ca- LAB partager en deux sections les plantes linnéennes | de la Diandrie et-de la Didynamie, savoir, les La- A la première ‘section apparticunernt ‘les genres Améthystea , Colinsonia, Cunila, Lycopus , Mo- narda, Rosmarinus, Salviaët Ziziphora de Linné, Westringia de Smith , le Hoslundia de Vabl] ,etle Microcorys de Robert Brown. La seconde section se subdivise en deux , à raison du cälice qui pré- lice à deux lèvres. Sous la première subdivision existent les genres #jaga, Bullota, Bétonica , Ga- leopsis, Glecoma ; Hyssopus , Lamium, Lavandula, Leéonurus, Marrubium, Mentha, Molucélla, Ne- peta, Perilla, Phlomis, Satureia, Sideritis, Sra- chys , Teucrium, de Linné; Ziv'enia, de Gleditsch ; Teucas , de Burmann; Purbula de Loureiro: Rizoa, de Cavanilles; Bistropogon, de l'Héritier; Pogo- stemum, de Deslontaines; #/yp'ia, de Jacquin; Zsan- thus, Pyenanthemum, deMichaux; Anisomeles, He- miandra et {emigenia de R. Brown. Dans la seconde subdivision sont inscrits les genres Bru- nella, Clinopodium, Pracocephalum , Horminum, Melissa, Melittis, Ocimum, Origanum, Prasium , Phryma, Scutellaria, Thymbra, Thymus, Tricho- stema , de Linné; Coleus, Dentidia, de Loureiro'; Plectranthus, de l’Héritier, on ‘Germanea de La- marck: Prostanthera , de La Billardière ; Plalos- toma, de Palissot de Beauvois; Lepechinia , de Will- denow; Gardoquia, de Ruiz et Pavon ; Perilomia, de Kunth; Chilodia et Cryphia, de R. Brown. Mirbel a publié sur la famille des Labiées un Mémoire très-curieux , dans lequel il rend compte de tous les phénomènes physiologiques qu’elle présente : on ne peut que profiter de sa lecture, UT 6.587) LABRADOR. (c£oc. Pnys.) Cette grande pé- ninsule de l'Amérique septentrionale fait partie de la Nouvelle- Bretagne. Presque triangulaire , elle est bornée et baignée à l’ouest par les eaux de la mer d'Hudson, à l’ouest par un bras de l’o- céan Atlantique, au nord par le canal du Labra- dor où d'Hudson; au midi, le golfe Saint-Laurent: et le Bas-Canada limitent son territoire. i Situé entre 57° 4o/et 80° de longitude ouest, et eñtre 50° et 63° de latitude nord, le Labrador devrait tenir un peu du climat des régions scp2 tentrionales tempérées ; mais, soit à cause de lé lévation de ses montagnes à peu près inconnues, soit par l'influence des brouillards épais qui cou“ vent continuellement les mers qui l’avoisinent c’est un pays qui peut être comparé au Groëns land pour la rigueur du froid. | Ainsi que nous l’avons dit ailleurs , tout cé que l’on connaît du Labrador’est un amas de mon lagnes et de rochers, entreconpés de rivières ef de lacs sans nombre. Onsait que les montagnes y sont couvertes de neixe toute l’annéc; mais en s’éloignant des côtes, le pays prend un aspetl moins triste, les roches arides disparaissent, ct l’of voit s’étendre’an loin des forêts de sapins, de mé lèzes, de bouleaux ‘et de peujliers. Toutefois Fe DORE TT WG Ne dti 7 NS Ge 4! ve à “ Le A n. DL vu vd * k F 12 IAE. 25 In À « $ k dem (2 Re A D AA Lun à s “qi c De PAT rS reki Sc 1. Labre. 2. Labeon. _ passé le 56° parallèle ces arbres font place: à des sous le 6o° degré. Suivant le missionnaire Herzherg, dela Société - des frères moraves,, la neize commence à fondre “au mois de mai; cependant. il: en, tombe encore souvent. de nouvelle, et vers le commencement de juin il gèle fréquemment la nuit. Au mois de … juillet, la ncige a disparu dans les vallées exposées au.sud. La floraison des plantes commence alors, et dans, le mois d’août elles portent. des fruits, A: peine à la fin de ce mois on voit la neige tom-. ber, et en septembre l'hiver a recommencé, Ainsi ces malheureuses contrées sont privées de nos deux plus agréables saisons, le printemps et l’au- tomne;: l'hiver y est. tellement rigonreux. que. la glace des lacs a jusqu’à 12.pieds d'épaisseur. Dans nn herbier recueilli, au. Labrador par M. Hertzherg et adressé par lui au botaniste alle- mand Meyer, celui-ci a reconnu des plantes par- ticulières à ce pays. Voici les principales: Agrostis trichanta, Avena squarrosa, Orchis dilatata, Salir uva ursi, S. planifolia, V'accinium fissum, Solidago thirsoida, S. multiradiata,, Potentilla emarginala, Arenaria thymifolia et. Stellaria Labradorica. «Toutes les eaux, sont extrêmement poisson- neuses; parmi les poissons on distinguele Sanmon, la Truite, le Brochet, l’Anguille et le Barbeau. Les Ours se réunissent en grandes troupes. auprès des cataractes pour y prendre le Saumon qui. y remonle, en très-grand nombre et dont ils sont très-friands. Il ÿ en a qui plongent, poursuivent leur proie sous les eaux et ne reparaissent qu’à seux ou moins agiles, semblent tre venus là pour’ jouir du spectacle. Les Castors y fourmillent ainsi que les Rennes, L’air est plus doux dans l’intérieur des terres, où l’on aperçoit quelques vestiges. de fertilité. Les vallées, selon Curtis , sont couvertes de Pins et de Pinastres. Il y croît beaucoup de Céleri sauvage et des plantes antiscorbutiques. Le fait le plus bizarre qui nous soit transmis, c’est « que les terrains tourbeux de la côte se couvrent »vres des Phoques que la mer y rejelte », Il faut en attendre la confirmation. On pourrait cultiver les parties méridionales ; mais il serait difficile de Sy défendre des Ours et des Loups, et le bétailne pour- rait quitter l’étable que trois mois de l’année. La côle orientale offe un escarpement stérile de montagnes rocheuses qui se revêtent en quelques endroits d'une tourbe noirâtre et de quelques plan- tes rabougries. Des brouillards l’assiégent ; cepen- dant ils paraissent de moins de durée qu’à Terre- Neuve. » Le peu de connaissances que l’on a sur l’inté- “rieur de ce pays ne permet pas d’assigner de Position cerlaine aux lacs de Gapimescaw, Nit- cheguon,. Séal ei Caniapuscaw qui donne nais- Sance à une rivière du même nom qui vase jeter | remarquables sont le Rupert, le Main et le Great- Whale-river, qui tombeut dans la mer d'Hudson. arbustes. rabougris , qni disparaissent à leur tour ‘et en pyrites, 100 ou 200 pas de distance; d’autres, plus pares- | de gazon après avoir été engraissés par les cada- | dans la baie d’Ungava; les autres cours d’eau LABR h= Le Labrador présente, dansle règne minéral, du fer, du cnivre, du soufre, de l’asbeste et du tale ; mais la plus célèbre production de ce pays: est le Labradorite, que l'on x long-temps appelé Feld- spath: du Labrador,. découvert: par les frères mo- raves au milicu, des lacs du canton élevé de Kyl- gapied,, où ses vives couleurs seréfléchissaient au fond de l’eau. Les roches sont en général graniti- ques. Le district d'Ungava, situé: À l'est du: cap Ghidley, abonde en jaspe rouge, en hématites | (LH) LABRAX. (porss.) Distingués d’abord par Stel- ler sous la dénomination de Chirus, ces animaux devinrent pour Pallas le sujet d’un nouveau genre auquel on a conservé le nom de Labrax, qui lui a été imposé par ce dernier. Leur corps est assez long, garni d’écailles ciliées; la tête petile, sans armure; la bouclie peu fendue, armée de petites dents coniques , inéyales. Leur caractère distinclif est d’avoir plusieurs séries dé pores semblables à la ligne latérale, ou en quelque sorte plusienrs lignes latérales. Ils portent souvent une aigrelte sur le sourcil, comme certaines Blennies. Ceux que l’on connaît viennent de la mer de q :Kamtchatka ; ils sont tous décrits et représentés par Pallas dans le tom. 11 des Mémoires de l’A- démie de Saint-Pétersbourg pour 1810. (Azru. G.) LABRE, Labrum. (1ins.): Une des pièces dela ‘bouche des insectes représentant la lèvre supé- rieure. Le plus souvent ce Labre est plat, mais dans les Hémiptères il est conique, allongé: dans les Diptères il forme une des soies du sucoir. 7ay. le mot Insecre. (AR) LABRE , Labrus, (porss.) Le mot Eabre, qui signifie rigoureusement lèvres charnues, convient parfaitement aux poissons compris dans ce genre; ils ont tous, en. effet, les lèvres. charnues, médio- crement extensibles, et les joues ainsi que l’oper- cule couverts d’écailles ; ils n’ont nà épines ni dentelures. aux opercules. Un nombre immense d'espèces compose ce genre ; il se trouve repré- senté dans les mers, les lacset les rivières de tou- tes les zones. Les Labres sont.solitaires, ou se ras- | semblent en troupes nombreuses, dans les anses que.baignent les flots tranquilles, et dont le fond est tapissé d’un épais lit de plantes. Ils sont ri- chement ornés. Les reflets.de l'iris et l’éclat cha- Loyant des métaux rendent leur robe resplendis- sante; en même temps chez: cux on découvre des formes gracieuses et élégantes: plnsieurs de ces poissons, que l’on nomme vulgairement Vielles de mer, visitent nos rivages; mais il esk diflicile de les distinguer à cause de l’inconstance de leur coloralion : telles sont la Viguse racmerée , lon- gue. d’un pied à dix-huit pouces , bleue ou ver- dâtre en dessous, émaillée partont de fauve : la Vieze RAYÉE, ayant une on plusieurs bandes nuageuses, irrégulières , foncées le long du flanc, sur uu fond plus où moins rongeâtre ; dorsale marquée d’une. tache foncée sur le devant ; la Viezze vunTe, d’un vert plus ou moins prononcé, LABR 308 LABY à Laches tantôt nacrées, tantôt brunes , éparses ; souvent une bande nacrée le long du flanc; la Viezse couLeur DE cHain, rougeâtre, à trois ta- ches noires sur l'arrière du dos; la ViELLE NOIRE, d’un noir plus ou moins bleuâtre. Nous avons re- présenté dans notre Atlas, pl. 283, fig. 1, une espèce fort intéressante, à laquelle les natura- listes de la corvette l’Astrolabe ont donné le nom de LABRE PERDITION, parce qu'ils l'ont trou- vée dans un moment où leur bâtiment élait en perdilion sur les récifs de l'ile Tonga-Tabou, dans la Polynésie. IL est long de sept pouces, d'un beau janne. La têle et le dessus du dos, jusqu'aux pectorales, sont parsemés de points jaunes, et les flancs sont ponctués de rougeâtre. En arrière des pectorales, sur le dos, est un triangle d'un beau violct avoisinant la ligne latérale. Les na- geoires sont jaunes mélangées de verdâtre, elc. . (Acrx. G.) LABROIDES. ( porss..) Les Labroïdes se recon- naissent aisément à leur aspect ; ils ont le corps oblong et couvert d’écailles, avec une seule dor- sale, dont les piquans sont garnis à leur base d’un lambeau membraneux. Leurs mâchaires ct leur palais sont également armés de dents tantôt pointues , tantôt obluses , el leur opercule n’est ni dentelé ni épineux comme l’est celui des poissons qui composent la famille des Percoïles; mais le caractère le plus remarquable, celui qui leur a valu leur nom scientifique , se tire de leurs lèvres qui sont charnues et souvent extensibles, de ma- nière qu’elles sont susceptibles de s’allonger et de former un tube qui sert à l'animal pour s'emparer des insectes qui se trouvent à sa porlée. Celte mobilité des lèvres fait que les dents de ces pois- sons sout souvent mises. à nu, ce qui donne à leur tête une physionomie singulière, qui les a fait nommer Vielles de mer par les marins ; mais cette dénominalion vulgaire, comme beaucoup d'autres semblables, est très-mal appliquée ; car tous les Labroïdes ont les formes élégantes, et leurs écuil- les sont parées de couleurs si vives et si bien nuancées , qu'il n’est pas de poissons qui les sar- passent par la beauté et l'éclat de leur parure. Non seulement on voit briller sur leur corps l'or, l'argent, le rubis, et en général tous les reflets métalliques et les feux des pierres précieuses; mais ces diverses couleurs , en se combinant et en se mélangeant ensemble par l'effet des rayons solai- res et de leurs évolutions rapides, donnent nais- sance à mille nuances fugitives que chaque mouve- vement varie ct renouvelle incessamment. Leur système dentaire fournit aux Labroïdes une arme puissante à l’aide de laquelle ils écrasent les corps les plus durs, tels que les Crabes, Homards et Mollusques à coquilles, dont ils font leur princi- pale nourriture. Pour eux, ils n’ont à craindre que les grandes espèces de poissons, les Gétacés ou l’flomme ; encore celui-ci n’allaque-1-il qu'un petit nombre d'espèces ; il laisse les autres tran- quilles, parce que leur chair dure et filandreuse ne La y rien qui puisse Ja faire rechercher pour Ja table. Cette famille renferme-dix-huit genres : les plus intéressans sont les Ginxizes, Goupnoses, Ra- sons, Scares , elc. Voy. ces mots. (Airn. G.) LABYDE, Labydus. (1xs. ) M. de Jurine, de Genève, a donné ce nom à un petit genre de l’or- dre des Hyménoptères , très-voisin des Mutilles, dont on ne connaît pas les mœurs et qui ne ren- ferme qu’une seule espèce, le Larype DE La- TREILLE, L. Latreillit, Jurine. C’est un insecte de huit lignes de long, ressemblant un peu àuneFourmi rouueâtre, et qu’on trouve à Cayenne. (Guér.) LABYRINTHE. (anaT.) On nomme ainsi la rénnion des diverses parties de l'oreille interne qui sont contenues et creusées dans la portion pierreuse de l'os temporal et qni communiquent ensemble par diverses ouvertures. Ces parties sont le vestibule, le limaçon et les trois canaux demi- circulaires. (Voy. Onerize.) A. Dr) LABYRINTHIFORMES. ( rorss. ) Celle famille d’Acanthopttrygiens serait une des moins remar- quables , si l’on ne considérait que le nombre des espèces qu’elle renferme, ou les services qu’elle rend à l’homme ; mais si l’on examine sa structure intérieure et surtout celle de ses organes respira- toires, on n’en trouvera pas qui offrent un intérêt semblable. Les os de la tête qui avoisinent les bran- chies sont divisés en pelits feuillets diversement contournés sur eux-mêmes, et forment des cel- lules plus ou moins étendues qui communiquent avec les branchies ; c’est cette disposition qui leur a valu le nom de Labyrinthiformes , qui exprime celte particularité. Cette conformation des organes de la respiration a une influence des plus curieuses sur les habitudes de ces poissons. Lorsqu'ils sont dans l’ean, leurs cavités labyrinthiques se rem- plissent de liquide, qui y demeure en réserve tant que l'animal n'en a pas besoin; mais lorsque ce- lui-cise trouve hors de son élément, soit par ac- cident, soit par l'effet de sa volonté, l’eau sort du réservoir où elle est retenue , et, suivant les vais- seaux qui communiquent avec les branchies, va porter à ces organes le principe indispensable à l'exercice de leurs fonctions. Gelle particularité intéressante permet à ces poissons de se rendre à terre, et d’y ramper à une distance assez grande des ruisseaux et des étangs où ils font leur séjour ordinaire ; circonstance singulière qui n’a pas été iunorée des anciens, et qui fait croire aux habi- tans de l'Inde, où ils se trouvent principalement, que ces poissons tombent du ciel, parce que, ne voulant pas croire que des animaux essentielle- ment aquatiques puissent se transporter si loin de leur élément, ils aiment micux les regarder comme tombés miraculeusement du ciel. Quoique cette famille ne renferme qu'un petit nombre d’espèces, les naturalistes ont été forcés, par les différences qu’elles offrent dans leurs ha- bitudes et leur structure , d’en former huit gen- res, dont plusieurs ne contisnnent qu'une seule espèce : ils sont décrits dans ce Dictionnaire aux arlicles Anagas, PozyacanTue, Ospmroxkwæ , Ma- cnoPonE, TricuoponEe , HÉLOSTOME, SPIROBRANCUE el Oinicérnare, Voy. ces mots. (Arr, G.) PS ant D ke Toreti Ge Acarie Baron del 1. Lachenalie. 2. Lagerstroémie. 2 } E.Cuérin dr. se oo -LACH 309 LACR LACERTIENS. (nerT.) On désigne par ce nom une famille de reptiles distingués par leur langue mince, extensible ct terminée par deux filets comme celle des Couleuvres et des Vipères ; leur corps est allongé, leur marche rapide; tous leurs pieds ont cinq doigts armés d'ongles, séparés, inégaux, surtout ceux de derrière ; leurs écailles sont disposées sous le ventre et autour de la queue par des bandes transversales et parallèles ; leur tympan est à fleur de tête ou peu enfoncé , et membraneux; une production de.la peau , fen- due longitudinalement, qui se ferme par un sphincter, protége leur œil; sous l’angle antérieur est un vestige de troisième paupière ; leurs fausses côles ne font point de cercle entier ; les mâles ont une double verge ; l’anus est nne fente transver- sale. Tels sont les caractères donnés par Cuvier à ce groupe, qui renferme les genres Moxrror, SAu- VEGARDE et AmEiva. Voy. ces mots. (Gu£r.) LACHENALIE , Lachenalia. (Bot. rnan.) Wer- ner Lachenal , botaniste de Bâle, ami du célèbre Haller, qu'il accompagna dans ses explorations au milieu des Alpes, et qui est mort en 1800, a mé- rité l'honneur que Jacquin lui a fait en donnant son nom à un genre de plantes monocotylédo- nées, à fleurs incomplèt:s, toutes indigènes de l'Afrique et particulièrement du cap de Bonne-Es- pérance, faisant partie de la famille des Asphodé- lées et de l'Hexandrie monogynie. Parmi ses nom- breuses espèces plusieurs que je vais nommer sont cultivées depuis longues années dans nos jardins ; deux y datent de l’année 1754; la troisième, de 1789; la quatrième, de l'an 1800; les autres sont assez rares, quoiqu'elles méritent par leur aspect très-agréable, par la beauté de leur corolle, la . forme de leurs fleurs, de prendre toutes une place € distinguée parmi les plantes bulbeuses. Les Lachenalies, très-voisines des Jacinthes, s’en distinguent par trois pétales extérieurs plus courts, et principalement par des capsules trigo- nes, à trois valves contenant des semences nom- breuses, aplaties. Toules sont munies de feuilles simples, radicales, engaînées à leur base, d’une hampe terminée par des fleurs disposées Lanlôt en panicule, tantôt en épi, le plus souvent en grappe. Elles craignent le froid excessif et se reproduisent par les caïeux qui naissent autour du bulbe. Cependant deux espèces demeurent une bonne partie de l’année au sein de nos parterres ; on les en retire seulement aux approches de l'hiver pour les meltre en serre d’orangerie; ce sont les deux plus anciennement connues, Ja LACNENALIE TRt- coLonE , L. tricolor, du Cap, aux fleurs d’un jaune orangé dont trois pétales sont terminés par une tache verte el les trois autres d’un rouge pourpre à leur sommet; et la LACH&NALIE À FLEURS PEN- pANrEs, L. pendula, également du Cap, dont la corolle inodore , d’un beau rouge, bordée de vert à son extrémilé, paraît comme couverte d'une espèce de poussière. Dans notre Atlas, on voit représentée la Lacnx- NALIE A FLEURS JAUNATRES, Z. lutcola, pl. 284, Hig. 1, que l’on a long-temps regardte comme une simple variété d’abord de la Lachenalie tri- colore, ensuite de la Lachenalie pendante. En l’examinant avec soin, il est impossible de ne pas se ranger de l’opinion de Jacquin et de ne pas la considérer comme une espèce positive. Willdenow l'a inscrite comme telle. Ainsi que ses congénères, elle fleurit en mars et avril; mais elle a sur elles l'avantage d’être non seulement plus robuste, mais encore plus grande dans toutes ses dimen- sions. Jamais sa hampe ni ses feuilles ne sont ma- culées. Son bulbe est arrondi, blanchâtre; il donne deux feuilles droites, haules de trente-deux centimètres , et réfléchies vers le tiers de leur lon- gueur à l'époque de la floraison. Sa hampe monte à quarante centimètres; les fleurs qui en décorent le sommet sont d’un beau rouge vues envelop- pées dans l’inflorescence; dès qu’elles s’épanouis- sent , elles deviennent d’un jaune assez franc qui , donne du relief à la tache verte de leur sommet; plus tard les divisions intérieures passent au vert et n’ont plus de jaune qu'à leur extrémité. Getle jolie espèce est cultivée dans les jardins de PAI- lemagne depuis 1789, on estime qu’elle est venue peu de temps après en France; ce qu'il y a de cer- lain, c’est qu’elle est maintenant assez commune. Une espèce fort singulière, à fleurs nombreuses, petites , paraissant d'ordinaire en juillet, la Lacrx- NALIE EN FORME DE LANCE, Z. lanceæfolia, existe dans nos jardins depuis le commencement du dix- peuvième siècle. Son bulbe, plus gros que celui des autres Lachenalies, est rond et d’un rouge brunâtre exlérieurement ; il en sort plusieurs feuilles disposées en rosetle , étalées, ovales lan- cévlées, pointues, épaisses, glabres, d’un vert glauque , marquées cà et là de taches d’un pour- pre obscur. Sur une ou deux hampes , hautes de buil centimètres, sont disposées en grappes, d’abordserrées , ensuite étalées, vingt-cinq trente fleurs petites, verdâlres, avec six divisions pro- fondes et rougeâtres, sur lesquelles saillent d'une manière remarquable des anthères pourpres au pollen d’un jaune d’or. Les capsules qui leur suc- cèdent sont dépourvues des appendices en fo:me d’aile qu’on trouve dans la majeure partic des aulres espèces. (Ter Be) LACIS. (anar.) Reticulum , réseau, On appelle ainsi en anatomie un entrelacement de vaisseaux sanguins, veineux surtout, qui sont d'un petit volume et s’anastomesent fréquemment entre eux de manière à représenter un réseau très fin. (A. D.) LACRYMAL. (Voies LAGRYMALES.) (vnxs10L,) Les voies Lacrymales constituent un appareil par- ticulier destiné à sicrétler et à rejeter au dchors un liquide transparent qui a recu le nom de larmes. Cet appareil se compose de la glande Eacryniale. des conduits sécréteurs qui lui sont propres, des points el des conduits Lacrymaux, dusac Lacrymal, el du canal nasal. La glande Lacrymale, appartenant à Ja classe des glandes composées, est située derrière la pau- pière supérieure et immédialement au dessous de la voûte orbitaire. De cette glande naissent six ou LACS 310: LACT - ——————_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_——— — "——— — — —— — Û —" ÛÛ Û—_ _Û———— sept canaux extrêmement déliés qui sé dirigent de; dehors en: dedans eL. de: d'arrière. en. avant, haut en bas, et s'ouvrent à côté les uns des: autres, sur la face interne de la paupière supérieure près de l’angle externe de l'œil. Les points lacrymaux sont denx ouvertures: si- tuées, l’une à la paupière supérieure et l'autre à linférieure , près de l'endroit où commence l’an- gle interne et où cessent lesglandes de Meibomins. Ges ouvertures, dirigées un peu plus en arrière, sont faciles à distinguer de celles des glandes pal- ébrales, en raison de la grandeur de leur diamètre et de la saillie conique qui les supporte. Le point Lacrymal supérieur se dirige en bas et l’inférieur en haut; ce dernier est aussi généralement plus grand que l’autre. Les conduits lacrymaux, qui succèdent immé- sont: des diatement aux points du même nom, conduits qui s'étendent jusqu'au sac L acrymal et qui marchent immédiatement sur les bords des paupières. Le conduit Lacrymal supérieur monte d’abord verticalement, se recourbe ensuite à an- gle presque droit, et descend, obliquement de dehors en dedans. L’inférieur se porte d’abord de haut en bas, puis marche presque horizontale- ment de dehors en dedans. Parvenus au-delà de l'angle interne des paupières, les conduits Lacry- maux s'unissent à angle aigu pour former un ca- nal commun, qui, Tong “d’une ligne environ , marche de dehors en dedans derrière le tendon du muscle orbiculaire des paupières, pour alter s'ouvrir dans la partie externe du sac Lacrymal ; quelquefois cependant on les voit s ’adosser seule- ment et s’ouvrir dans le sac Lacrymal chacun par un orifice séparé. Le sac Lacrymal, beancoup plus large que les conduits , va en se rétrécissant un peu de haut en bas, el représente ainsi une pelite poche membra- neuse située au grand angle de l’œil et logée dans une goutlière Dore par l'os unguis ct l’apo- physe montante de l’os maxillaire supérieur. Il est couvert en devant par la peau et Ja partie in- terne du muscle orbiculaire, et dans Ia partie postérieure par la caroncule Lacrymale et la con- jonctive. Le canal Lacrymal, qui fait suite au sac Lacry- mal, s'étend depuis le dernier jusque sous le cor- net inférieur. [1 existe dans un conduit osseux que forme la réunion de l’apophyse montante de los maxillaire , du bec qui termine inféricurement la gouttière de l'os unguis, et de la petite lame recourbée qui s’élève du bord inférieur du cornet inférieur du nez. Long de quatre lignes environ, moins large à sa partie moyenne qu'à ses exlré- mités , il est un peu oblique de bas en haut et de dedans en dehors. (A. D.) LACS. (ton. puvs.) On donne ce nom à une grande élenduc d’eau douce ou salée ; mais les Lacs doivent être divisés en quatre ou cinq classes différentes : ainsi il y a des Lacs qui ne reçoivent point d'eaux courantes et qui paraissent être dé- pourvus d'écoulement; ils sont seulement alimen- tés par des sonrees. Ges Lacs sont: ordinairement d’une très-petite étendne. D’autres Lrcsnerecoivent aucune ean courante, ct cependant ont un: écoulement visible. Ils sont: ordinairement situés dans les montagnes à une: grande élévation ; sont creusés en forme d’enton- noir, et donnent quelquefois. naissance à des cours: d’eau considérables: On connaît aussi des Lacs qui recoivent des: ri- vières, souvent mème. de grands:fleuves, et qui cependant n'ont aucun écoulement visible’: le Tchad:en Afrique appartient à cette classe, Mais la classe la plus nombreuse est celle: des Lacs qui reçoivent une ou plusieurs rivières et qui donnent naissance aussi à des cours d’eau. Lors- qu’ils n’en recoivent qu’un et qu’il n’en sort qu’um aussi, ce cours d'eau conservé le même nom: ainsi celai qui entre dans le Lac de Constance porte le même nom-de Rhin à la sortie de ce Lac; ainsi le Rhône qui: entre dans le Lac de Genève prend aussi ce nom à sa sortie du Lac. Il ya cependant des amas d’ean considérables | que l’on classe ordinairement parmi les Lacs, mais qui diflèrent des précédens en ce qu'ils sont |très-voisins d’une mer avec laquelle ils communi- _quent par un canal qui est trop court pour mé- riter le nom de rivière. Ge sont ces sortes de Lacs que nous avons proposé d’appeler Pénélacs, parce que ce sont presque des Lacs, comme les Pénin- sules sont presque des îles. Enfin il y a des Lacs qui s’emplissent d’eau et se vident à des époques ptriodiques : les uns ne sont que des marais qui se forment sous les tro- piques pendant la saison des pluies; mais d’autres doivent leur périodicité à la méme cause qui donne naissance aux sources inlermittentes. (7, Sourcus:) (J. H.) LACTATES. (curm.) Sels résultant de.la com.- binaison de l'acide lactique avec une base, incon- nus à l’état de pureté, solubles dans l'alcool, assez semblables aux produits gommeux, incristallisa- bles, du moins pour le plus grand nombre, etc. (F.F.). : LACTATION.. (exysiou.) Par ce mot on désigne ordinairement l’action par laquelle la: mère trans- met à son nourrisson le lait formé dans ses ma- melles. Nous regardons cette définition comme isexacte:elle s ’applique à l'ALLAITEMENT (vay. ce mot). Par Lactation nous pensons qu'on doit. in- diquer la sécrétion du lait à l'aide des glandes mammaires; elle est done particulière aux mam- mifères. Elle. commence à certaine époque de la gestalion, et celle époque varie dans les différentes classes d'animaux, Il en est de même de sa durée et de sa cessation, Certaines circonstances l’ang- mentent, d’autres la diminuent et. peuvent la sup- primer. Le gonflement des glandes mammaires peut avoir lieu sans qu'il y ai Ft sécrétion de lait, mais le plus ordinairement cegonflement ne sur- vient que lorsque ces organes “doivent devenir le siége d’un travail sécré enr. Ces glandes prennent alors nn volume plus considérab'e, et après la * ÆADA waissance de l'enfant , le besoin deles désorger.se faisant sentir, la mère les présente au nourrisson ; “elles se désemplissent pour se remplir de nouveau #ans-que-ceproduil sécréleurnuise manifestement ceux qui:se forment habituellement. (P. G.) LACTIQUE (#cmwe). (cmm.) Acide «découvert pur Schéele idans le Jait.aigri, que Braconnota ex- trait depuis du sucide'betteravefermenté, deseaux (deriz, d'orge, elc. ;etquel’on atrouvé daosl’urine. L'acideLactiqueest incolore, d’une consistance si- upeuse, inodore, soluble dans l'eau et l’alcool, etc. “Gay Lussac «et Pelouze l'obliennent :de Ja ma- mière suivante: ils prennent du jus de betterave ou dulait aigri, l’évaporent jusqu’à siccité , traitent deæésidu par l’alcool, «chassent ce dernier par la “Chaleur, dissolvent de résida dans de l’eau, -satu- æentla liqueur pr le carbonale de zinc ,-et sépa- æentile dépôt (lactate de zinc) par la:filtralion. Ils purilient ensuite le lactate de zinc (par J'eau , le noir animal, l’alcool bouillant , et enlèvent suc- cessivement l’oxide de zinc par la baryte, et cel- le-ci-par l'acide sulfurique. Enfin ils concentrent l'acide Lactique dans le vide, et le purifient par Yéther sulfurique, L’acide Lactique ‘a été confondu par quelques chimistes avec lacide acétique; maisil diffère de æe dernier-par Je précipité grenu qu'il donne avec l'acétate de manganèse. Get acide a été proposé tout récemment , en médecine, par le docteur Magendie, dans les cas de dyspepsie ou de simple affaiblissement des organes digestifs. On le donne sous forme de limonades , de tablettes, etc. - (F. EF.) LACTIVORES. (mam.) M. Geoffroy Saint-Hilaire a donné ce nom à la période de développement qui succède à celle que l'on a nommée fœtale. Cetle période comprend le temps durant lequelle jeune mammifère est allaité parsa mère. Elle commence souvent, comme chez les Ruminans, à l'époque même.de la naissance ; mais ilis’en faut bien qu’il en soit toujours de même : les jeunes Marsupiaux, par exemple, naissent non-seulement avant d’é- re laclivores, mais même avant d’êlre parvenus àlapériode fœtale. Foy. Mamurkres et Mansu- - PEAUX. (GuËr.) LADANUM. (sor. Pan.) Résine onclueuse , d'une odeur agréable rappelant celle de l’ambre _gris, d'une saveur amère, qui exsude :spontané- ment.des feuilles et des rameaux.du Cystus creti- ous, et dont on'trouve plusieurs sortes dans le commerce. La plusestimée, celle qu’on recueille æn promenant sur les Gistes des lanières de ‘cuir disposées à côlé les unes des autres à la manière des dents de peigne, est d’un brun foncé, et molle ; quand on la touche, elle adhère aux doigts comme la poix. L'espèce qui vient après est sèche, dure et cassante; elle se présente sous forme de rou- leaux tournés en spirale. Enfin on: trouve du La- danum falsifié et fait de toutes pièces : celui-là doit être rejeté des officines. Le Ladanum nous vient de l'île de Gandie. et de Syrie , où.croissent les arbrisseaux qui le {ournis- sent. Son usage est extrêmement restreint aujour- ‘311 LADR d’hui, surtout à l'intérieur; il entre dans la pré- paration de quelques emplâtres et onguens. | (EF. F.) LADRE. (2001. 4cn.) Qui est affecté de ladre- rie. Autrefois ce nom était synonyme de Lèpre; mais ‘aujourd'hui on ne s’en /sert plus qne pour désigner une maladie particulière au Gochon do- mestique,, qui estcaraclérisée ;par de-développe-- ment dans de tissu -cellulaire de vésicules dites Ladres, qui se manifestent sous forme de granula tions blanches de forme-ovoïde. Ces vésicules ne sont autre chose qi'une-espèce de vers intestinaux désignés parRudolphisousle nom de CysTrIcERQUuE (voy. ce mot). Dupuy prétend qu’il est du même genre que-celuiqui:se trouve souventdans le cer- veau du mouton et qui cause la maladie connue sous le nom de tournis.Les Gysticerques ladriques se logent dansle:tissu cellulaire de presque tou- tes les parties moiles,-et n’affeetent'pas spéciale- ment Lel.-ou tel organe, On les retrouve dans les muscles, dans la graisse, en un mot dans tous les endroits où À existe un intervalle quelconque. Goëse soutient qu'il ne:s’en rencontre pas dans le lard , ce qui a étéconstaté depuis Jui, et il assure en.même: temps , ét l'expérience a prouvé la jus- -tesse-de,ectle dernière-observalion, que ces vési- cules sont.en général beaucoup plus nombreuses dans la cuisse ou le jambon. Les causes qui disposent les Cochons à con- tracter laladrerie ne sont pasencore bien connues; on a cru remarquer que celle maladie attaque le plus -ordinairement :ceux qui habitent dans des endroits humides et marécageux, ceux qui font peu d'exercice, ou qui sont privés de bon air et d'eau de bonne qualité, En général , elle n’affecte ni les Cochons très-jeunes ni les Gochons très- vieux ; cependant on a-vu-des Cochonnets en être alteints en naissant, fait qui a été constaté par Hervieu. C’est sur les Cochons de deux ans à deux ans et demi que la ladrerie s’cbserve le plus fréquemment. I n'est pas prouvé.que le Sanglier en soit exempt; mais ce que l'on peut dire, c’est que, s’ilen estaffecté, ce n’est que irès-rarement. La maladie est-elle héréditaire ? passe-t elle du père ou de la mère à ses petits? est-elle con- tagieuse? On paraît porté à croire que les petits peuvent recevoir une disposition particulière qui favorise le développement de la maladie. Quant à da contagion , il paraît démontré qu’elle n’existe pas , question iwporlante-pour l'intérêt des culti- ‘valeurs, La ladrerie n’est indiquée dans le commence- ment par aucun signe -extérieur; mais au bout d’un certain temps lanimal devient triste; ses yeux changent de couleur, ses mouvemens sont lents; ses forces s’épuisent, ses.soies tombent et leurs bulbes deviennent sanguinoleas. Cependant on peut reconnaître, suivant l’avis.de certains ex- perts, la maladie dès son.début,, en-examinant la langue, qui,-dans ces cas, offre.à sa faceinftrieure des -tubercules blancs plus ou moins nombreux, -qui sont de pétiles bydatides. Mais l'expérience -a démontré que quelquelois, assez souvent même, LADR 312 LAGE #0, ce signe manque chez les Gochons déjà profondé- ment atteints de la maladie. Quelquefois la ma- ladie marche rapidement et fait périr les animaux en peu de temps ; d’autres fois, au contraire, elle reste stationnaire, et l’on voit des Gochonnets La- dres en naissant, vivre jusqu à l'âge de deux ans ou deux ans et demi. On a proposé une foule de remèdes pour com- battre la ladrerie. Les lavages à l'eau froide , les courses au soleil et au grand air, l’acétate de plomb , l'acétate de cuivre, les mercuriaux , l’an- timoine, le soufre sublimé ou le sel commun mêlé aux alimens , le marc de vin, les saignées , les pur- gatifs ont tous échoué; mais il faudrait savoir s'ils ont été appliqués avec discernement et avec mé- thode. J1 faut bien se persuader qu’une maladie de cette nature ne peut se guérir que par un traitement long et constamment soutenu. Il importe surtout de remonter avec soin à la cause qui a pu donner lieu au développement de la maladie, et surtout de s'y prendre de bonne heure, La cause dépend- elle d'unenourriture insuflisante, gâtée ou peu sub- stantielle, ou bien de la mauvaise qualité de l’eau qui sert aux boissons et à délayer les alimens ; il faut avoir recours à des alimens aussi bons que pos- sible. Si c’est à la viciation de l'air que la maladie paraît devoir sa cause , il faut alors placer les ani- maux dans un endroit sain et bien aéré. Souvent alors il est utile de les faire voyager; mais il im- porte de bien les nourrir en route, de ne les faire marcher que pendant la bonne saison, par un beau temps, et de ne pas faire de longues journées. I] faut surtout éviter le froid ; car il est très-puissant pour entraver la marche et l’activité des eflorts sa- lutaires de la nature. On aura soin, en outre, de ne tirer les Cochons élèves que de pères et mères ro- bustes et sains et à soi appartenans, ou de n’a- cheter que ceux qui sont issus d’une souche non suspecte, et de n’avoir d'animaux qu’autant que l'on peut en nourrir et en loger convenablement. Mais tous ces moyens ne sont que préservatifs ; quant aux remèdes intérieurs , il faudrait de nom- breuses expériences bien faites par des vétérinaires habiles pour que l'on pût établir quelques règles à ce sujet. En attendant les résultats de l'expérience, ne pourrait-on pas avoir recours à l'emploi ré- servé des sels arsénicaux , de certaines plantes vé- néneuses administrées avec prudence ?ne pourrait- on pas aussi essayer, comme moyens extérieurs, les bains de mer ou les vapeurs sulfureuses ? En dernière analyse, ce n’est qu'avec la plus grande circonspection , et seulement à titre d'expérience, que l’on devrait se permejtre l'application de ces moyens en quelque sorte extrêmes. De tout temps la vente des Cochons Ladres a été défendue par des réglemens de police. On avait même créé sous le règne de Louis XIV des charges sous le nom de conseillers du roi, jurés langueyeurs de Porcs, dont les fonctions étaient de s'assurer si les Cochons amenés dans les mar- chés n'étaient pas atteints de ladrerie. Ces régle- mens sont sages et doivent être maintenus, non que la chair des animaux affectés de la maladie soit d’un usage dangereux, mais parce qu'elle est d'une qualité inférieure, et que par conséquent il y a délit de la vendre comme bonne à ceux quine peuvent la reconnaître. D'ailleurs il est impossi- ble de manger du lard dans lequel il y a des hyda- tides sans s en apercevoir; ces vésicules sont plus dures et croquent sous la dent. (A. D.) LAGERSTROËMIE, Lagerstroemia. ( BOT.PHAN.) Des arbustes, la plupart originaires de l'Inde et des contrées les plus orientales de l’Asie, ont of- fert à Linné les moyens de payer un tribut de re- connaissance à Lagerstroem, qui, durant ses fonc- tions de chef de la compagnie suédoise en l'Inde, aida beaucoup aux progrès de la botanique et à enrichir les autres parties de l’histoire naturelle d'objets peu ou point connus. Ces végétaux ap- partiennent à la famille des Salicariées et à la Po- lyandrie monogynie. Kæmpfer nous apprend que l’espèce représentée dans notre Atlas, pl. 284, fig. 2, porte au Japon le nom vulgaire Fakudsitqua, et Rumph dit qu’on l'appelle en Chine Tsin-kin. (La fig. 26 représente un pétale séparé, et la fig. 2 & le calice développé pour montrer une partie des étamines , surtout les six qui dépassent les autres. ) Apportée en Europe durant l’année 1760, la LacersrRoËmte DE l’InvE, L. indica, s'y montre rarement dans toute sa splendeur, à moins que l'été ne soit très-chaud. Elle passe à Paris l'hiver en pleine terre et ne demande à être abritée alors qu'au moyen de paillassons. Dans nos départe- mens du midi, elle fleurit tous les ans. C’est une conquête importante à laquelle tous les horticul- teurs devraient s'intéresser, puisque, outre que celte belle espèce est d’un magnifique aspect , elle étale ses grandes corolles depuis le milicu d'août jusqu’à la fin de septembre et même d'octobre, . quand ce mois est superbe, ainsi qu'il arrive pour nous depuis plusieurs années. En Chine, au Japon, dans l'Inde et aux Molu- ques, cette Lagerstroémie est recherchée comme plante d'ornement, Elle monte à deux mètres en- viron ; sa Lige droite se garnit à son sommet d’un grand nombre de rameaux glabres, anguleux , rougcâtres, un peu ailés dans leur jeunesse. De ses pieds sortent beaucoup de jets qui lui donnent, comme au Grenadier, la forme d’un élégant buisson. Les feuilles sont sessiles, le plus souvent, opposées , ovales, aiguës, un peu coriaces, lui- santes et d’un vert foncé. Les fleurs d’un rouge éclatant forment une superbe panicule; le jaune de leurs nombreuses étamines, les six plus élevées qui se courbent entre les six pélales presque car- rés et crépus, produisent un fort bel effet. . Les feuilles sont plus grandes, les tiges dépas- sent deux mètres de hauteur, les fleurs se colo- rent d’un pourpre bleuâtre dans la LaGErsTRoË- MIE MUNCHAUSE, L. speciosa; mais celle du Mala- bar, à laquelle Roxburgh a donné le nom de L. reginæ, dont la tige très-rameuse est couverte d’une écorce cendrée, avec des feuilles longues , alternes , nerveuses et lisses, est encore plus re- marquable par ses fleurs purpurines , aussi larges que AR Eros» Ma vite pr ser PARMEET UN CET RS rx 54 Me vtr L' Fa 2 ou LT TL E t Ÿ , A ii: ET | ne à [Et soie gr la: #S paie 4 YU der L: eut En er. EE à te à Soir PL 285 - Lagetto (Boisdentelle) res détails. £.Cucrin di LAGE que la Rose à cent feuilles , disposées en panicule terminale. Ges deux espèces, qui peuplent le bord des eaux courantes, que l’on rencontre sur les sols sablonneux et pierreux des côtes de leur pa- trie, exigent chez nous la serre chaude et tous ses soins minulieux. Un calice campanulé ou turbiné à six divisions persistantes ; six pétales ondulés et pourvus d’un onglet filiforme; de nombreuses étamines, dont six plus longues que les autres, ou plusieurs réu- nies ensemble , présentent un faisceau placé entre chaque pétale ; anthères réniformes ou orbiculées: ovaire supère , enveloppé dans le calice, surmonté d’un style filiforme et d’un stigmate tronqué; une capsule ovale, mutique ou terminée par le style , à six loges polyspermes; des semences ailées , planes, attachées à un placenta central : tels sont les caractères essentiels du curieux genre La- gerstroémie, dont on ne connaît encore que cinq espèces. (T. ». B.) LAGET et LAGETTO , Lagetta. (nor. pan. ) Famille des Thymélées; Octandrie monogynie ; genre établi par De Jussieu, placé par ses carac- ières dans le voisinage des Daphnés, et confondu maladroitement avec eux par Swartz et quelques autres botanistes. Il est composé de deux espèces ligneuses , à feuilles alternes ; calice coriace, tu- buleux, rétréci à sa base, où l’on remarque qua- tre glandes, et au limbe offrant quatre divisions ; huit étamines presque sessiles , attachées au tube du calice ; ovaire surmonté d’un style et d’un stig- mate simple; noix grosse comme un pois, ve- lue, monosperme, ne s’ouvrant pas, couverte par le calice persistant et circulairement coupé à sa base. ë HE ,7 Ra 52 Tous les botanistes et les cabinets d’histoire na- turelle possèdent des morceaux plus ou moins grands de l'écorce intérieure du LAGET DENTELLE, L. lintearia ; mais peu d'ouvrages répondent à la curiosité quand on les interroge sur cette parti- cularité. Nous avons tâché de l’intéresser par les détails donnés dans notre Atlas, pl. 285, cher- chons maintenant à la satisfaire par quelques dé- veloppemens. Le Laget-dentelle est un arbrisseau des Antilles, où on le nomme vulgairement Bois à dentelle ; il abonde surtout sur les hautes montagnes de la Jamaïque et de Haïti. Là, il monte de quatre à six mètres ; le tronc et les rameaux sont cylindriques, striés, bruns, couverts de feuilles ovales, alter- nes, cordiformes, aiguës, très-entières , d’un beau vert luisant sur l’une et l’autre pa ge, portées sur des pélioles très-courts ; les fleurs, disposées tantôt en petites grappes terminales, tantôt en épi, donnent naissance à un petit drupe contenant une semence aiguë aux deux bouts, envirennée de pulpe. Le bois est compacte, jaunâtre, avec une moelle d’un brun pâle. Sous une écorce d’un gris foncé , finement strite, dans la longueur et entre l’aubier, on remarque les couches cortica- les, qui sont nombreuses, se détachant les unes des autres, et anastomosées ensemble, de manière à former un réseau clair, blanc, légèrement. on- T. IV. € rs 313 ee LAGO dulé , fort, d’une régularité assez grande pour que l’entrelacement de ses fibres le fasse compa- rer à de la gaze ou bien à de la dentelle, et mieux encore à la toile que file l’Araignée. Ce tissu, d’une organisation toule particulière, sert à faire des manchettes, des fichus, des garnitures de robes et autres articles de toilette, que l’on blan- chit en les agitant dans un bocal rempli d’eau de savon. Les nègres emploient ce tissu à préparer des nattes et même des cordes. Dans notre pl. 285, on voit, fig. 1, l’arbrisseau ; fig. 2, un rameau portant des fleurs et dont la portion inférieure est divisée en lanières; fig. 3, un morceau d’écorce avec les couches corticales ou le tissu ; fig. 4, une fleur séparée; fig. 5, une corolle ouverte pour indiquer la position des étamines; et fig. 6, le fruit. On inscrit comme appartenant à ce genre une plante à laquelle tous les botanistes, Poiret excepté, donnent le nom de Laurelle ou Daphné du Mala- bar, Lagetta malabarica. Ses tiges ligneuses sont sarmenteuses et grimpent jusqu’à la hauteur de trois mètres. Garnies de rameaux lérèrement ve- loutés et grisâtres , les feuilles et les fleurs qui les ornent sont, les premières , alternes, ovales , ai- guës, glabres, entières et d’un vert foncé: les se- condes, petites, disposées en grappes simples, deux et trois ensemble ct sortant de l’aisselle des feuilles. Willdenow a placé une variété au rang d'espèce, sous le nom de Daphne monostachya. (T. ». B.) LAGIDIE , Lagidium. ( ma. ) M. Lichtenstein a établi sous cette dénomination un petit genre de l'ordre des Rongeurs qu'il rapproche des Chin- chillas et des Viscaches. Ce genre ne comprend qu'une espèce, dont la patrie est assez remarqua- ble. Ce Mammifère se trouve en effet à la Nou- velle-Hollande , où l’on n’avait encore observé d'autre animal du même ordre que l'Hypnouys ( voy. ce mot ). M. Bennett a aussi fait connaître un Rongeur de la Nouvelle-Hollande', qu'il con- sidère comme devant former un nouveau genre ; mais celui-ci est voisin des Rats, et a recu le nom de Pseudomys. (GERv.) LAGOËCIE, Lagæcia. ( or. pan. ) Genre des Ombellifères de J., de la Pentandrie mono- gynie de L. Caractères : calice à cinq découpures multifides et capillaires ; corolle à cinq pétales plus courts que le calice ; étamines au nombre de cinq; ovaire inférieur, surmonté d’un seul style et d’un stigmate simple ; akène unique courenné par les découpures calicinales ; ombelle simple ; involucre général formé de huit à neuf rayons pectinés , pin- patifides et réfléchis; involucres partiels à quatre folioles capillacées , ciliées , et enveloppant les pe- tites fleurs. Le Lagæcia at-il un seul fruit par l’ef- fet d’un avortement ou d’une soudure naturelle ? Tel est le problème qu'il serait important de ré- soudre. Quoi qu'il en soit, cette unité d’ovaire, de style et de stigmate est une exception remar- quable à la structure ordinaire des Ombellifères , et c’est ce qui a engagé Jussieu à placer notre plante à la fin de cette famille. 280° Civnaison, 40 LAGO: Le Lagæcia cuminoïdes, L., est une assez jolie plante herbacée, dont les feuilles sont pinnées,, glabres , pétiolées,, et dont les fleurs, disposées en ombelles, sont pédonculées, solitaires , et for- ment une tête très-velue et munie à sa base d'un involucre rayonné fort remarquable. 1L est. origi- naire de l'Orient, des. îles. de: l’Archipel. grec. Il vient bien au Jardin: des Plantes, de Paris. (G. &. LAGOMYS. (:mam. ) Nom, d'un hit de Lièvres. dont nous.avons représenté l'espèce: type, pl. 286, fig. 1, le Lagomys alpinus. Gette espèce et celles quise rapportent à ce sous-genre seront décrites à l'article. Luivre,( voy. ce-mot.). (2. G.), LAGONI, (aéoc. ) Nom que les, Italiens. don- nent à de grands amas d’eau bourbeuse et noirâ- tre d'où. s'exhalent continuellement, avec, bean- coup. de force-et de bruit, des vapeurs chaudes et blanchôtres. qui répandent une forte,;odeur de sou: fre, de-bitume et d'hydrogène: sulfuré, C'est sur- tout sur le territoire.de Sienne.et de Volterra-en Italie que l’on trouve des, exemples de ce, phéno- mène. Nous nous. réservons de les décrire avec plus de détails à, l’article Vorcans.. (J. HE.) LAGOPÈDE, Lagopus: (ois.) Vieillot, a: donné ce. nom à une subdivision du genre TÉrTras (voy. ce mot), dans laquelle on doit comprendre. deux espèces européennes, assez anciennement, décrites et quelques autres qui sont plus nouvellement connues.et ont été indiquées par quelques auteurs anglais. ou, américains. Les. Lagopèdes forment plutôt. une section du. genre, Tétras qu’un vérita- ble genre.que l’on.doive conserver. Ils.se distin- guent surtout, par. leurs.paltes qui.ont.les tarses:et même les doigts cmplumés;; Jeur pouce très-court ne, porte à terre que, sur l'ongle, et. leur queue courte et rectiligne est, composée de. 18.pennes; ce sont des oiseaux de.montagnes que l’on trouve surtout, dans. le,.nord des, deux continens; ils. y vivent par.troupes:considérables , et se nourrissent, de. baies ainsi que de jeunes pousses : une, espèce a recu.le,nom de Lagopus saliceli,, à, cause. de l'habitude qu’elle a de rechercher les endroits: où il ya des saules; les cæœcums du.gros'intestin,sont très-allongés.chez-les. Tétras du sous-genre: Lago- pède, et.le plumage .de ces oiseaux, varie tous.les. ans d’une manière très-régulière; gris ou. nuancé de jaune. et, de: brun,en été, il devient. tout-à-fait blanc en hiver, T£rnas Lacorine, ou, LAGOPÈDE. PTARMIGAN, Tetrao lagopus. C'est le Lagopède décrit par Buf- fon et aussison Attagas blanc. En hiver il, est d'un blanc pur, avec une. bande noire.sur chaque côté, de la tête; les. pennes latérales, de,sa queue noires.terminées.de, blanc; les plumes ou plutôt: les poils de ses pattes.également blancs, le bee étant noir, et Liris cendré ; la femelle n’a point de bande noire sur les côtés. de la tête. En été le mâle a l'occiput,, le-cou, le dos, les scapulaires et les deux.pennes du-milieu de la queue, aiusi que les couvertures supérieures. de cette partie; d’un: cendré roux coupé par de nombreux zig-zags d’un! 314 de. plumes. de la même. couleur; la bande noire des joues,est distinctement marquée; le ventre, l'abdomen. et. les couvertures. inférieures de la: queue, ainsi queles pieds sont d'un, blanc: parfait; la femelle n’a point de bande noire. sur les côtés de! la tête, et présente quelques autres: ca- ractères. qui la. font, aisément. reconnaitre. Les jeunes ont: des raies très-fines cendrées, noires.et roussâtres. ! Le Tétras Lagopède .a quatorze. pouces.de lon gueur; 11 vit dans/les régions les:plus :élevées.de: x Suisse, des Alpes, et des. plushautes: montagnes: dm centre de, l'Europe. et;se: tient: près: des neiges: perpétuelles. On. le trouve aussi fréquemment pen:, dant l'été en. Suède, en Laponic:, en Europe et dans le nord, de laRussie. ILest‘également du:nord: de l'Amérique, Sa ponte.est, d'une quinzaine: d'œufs: oblongs, teints de jaune rougeâtre , et tachetés de neirz:ib reste, ordinairement, pour; couyer, dans, les en- droits.où, il existe beaucoup de:mousses ou bien: sous les buissons rampans.. Nous avonsreprésenté: cette espèce dans notre Atlas, pl 286 ; fig: 2. LacorÈne nes sauzes. C’est le: 7etrao: albus. de Gmelin. Temminck et Vieillot lui ont;donné, pour le distinguer du-précédent, le nom, de: Tétras-des saules ,. etraossaliceti, parce que la dénomination d’albus ou blanc pourrait laisser. quelque confu- sion. En.été cet; oiseau.est.d’un rougeâtre.marron: sur la tête, le cou, le des, les. scapulaires, les pennes du. milieu,de, la queue et les:couvertures caudales; la,partie inférieure.de saipoitrine, som ventre, l'abdomeniet toutes les-:pennes.alaires. sont: de couleur blanche ; en hiver, au contraire , tout le plumage est d’un rouge blanc; l’espace nu des sourcils paraît alors d’un rouge plus vif, ‘et les pennes. latérales de la queue sont noires, mais ter- minées de blanc. Le Zetrao saliceti à seize pouces de longueur dans le mâle et la femelle; sescæcums du,grosintestin sont encore-plus.grands que ceux du, l'etrao lagopus; longs de:treize pouces chez ce dernier, ils.ont vingt-deux pouces:chacun chez-le: T'. saliceli, et semblent formés de deux-parties ou de. deux intestins. ajoutés: bout, à bout et commu- niquant, par un rétrécissement en, forme de col. La seconde partie est. beaucoup: plus, grande que celle qui est directementienrapport:! ayec l'intestin, et elle présente des. rayures. longitudinales, Ces cœcums sont, remplis de, matière: fécale jusqu'à leur extrémité, Cet. oiseau habite le, nord de l'Europe et. de l'Amérique , et vit jusque sous-les glaces du pôle ; en hiver même il s’avance-beaucoup moins vers le centre de l'Europe que le:précédent ; c’est: surtout en, Norwége, en Islande, en Suède , en Laponie, au, Groënland.et au Kamtchatka qu'on le trouve; il recherche les forêts des. plus, hautes vallées ou celles du penchant des montagnes; on ne le voit guère. dans-lé midi.de la France ni en Livonie.et en Estionie ; en. Prusse ilest. excessivement rare, et. on ne le trouve: ni:en Suisse ni en Allemagne. Les,semences du-houleauet: du: saule nain, ainsi Pl. 286. Aooris = Baron) Dr. z Lagomys. ee a; Lagopede 3.Laorie. © LE Cusrin di on PA NE qe à Ms Le LT CT 11 wire htdp did nf PRE EN LE battle ee ESS 0 0 ROT CEELT réble ". LE, strate DANONE né em NON “ra Mbits per monte LU ds radis fi: PÈRE TIRE Le V4 pe “ii LAGR que les jeunes pousses des mêmes arbres, quelques baies, étc., composent sa principale nourriture. Tlpond'et conve à terre, dans leés’hautes touffes de bruyères, dix ou même douze œufs d’un blanc térne ou de couleur rougeñâtre-clair et variés d’un grand nombre de petites taches‘et de ‘marbrures de cou- ‘leur marron. Les autres espèces du groupe des Lagopèdes sont étrangères à l’Europe’et n’ont peut-être pas ‘été caractérisées avec toute la précision désirable : ‘ce sont les Tetrao urophasianus de Ch. Bonaparte, T'étrao urophasianellus, Sabini, Francklini et Ri- chardsonit , de Douglas , ‘ainsi que le T. obscurus de Say. (Grnv.) LAGOTIS. (mam.) Ce nom a été donné par F, Cuvier (Annales du Mus. d’Hist. nat., pag. 205) à une petite espèce de Rongeurs vulgairement ap- pelée Gerboise , ou Lièvre sauteur du Cap.'Gette espèce représentait pour lui le type d’un genre (Zagotis) auquel , plus tard , il a appliqué le nom générique d'Helamiis. Quelques années avant lui, Illiger avait établi ce genre sous le nom de Man- net (Pedetes) fait par contraction d’Aermannetje, mot par lequel les Hollandais désignent le Lagotis. Voy. Mans. ARE A 0) LAGOTRICHE , Lagotrir. (wa) Ce genre a té établi dans l’ordre des Quadrumanes , et l’on doit cette division à M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui Jui assigne les caractères suivans : ane tête ronde, “un museau saillant et un angle facial d'environ cin- quante degrés ; l'os hyoïde peu apparent au de- hors ; cinq doigts à chacune de ses extrémités ; les ongles courts et pliés en gouttière ; les poils fins et moelleux. Les animaux qui composent ce genre appartiennent à l'Amérique méridionale ; on en connaît deux espèces. Le Grison, Lagotrix canus, Gcoff. Pelage gris olivâtre ; la tête, les mains et la queue d’un gris roux ; le poil en général court. Le Capraro, Lagotrix Humboldtit, Geoff. M. de Humboldt à trouvé ce singe’ à St-Fernando, sur les ‘bords du Guaviare ; sa queue est prenante , nue et ‘calleuse en dessous; son pelage est d'un gris jau- nâtre uniforme ; l'extrémité des poils est noire ; sous la poitrine les poils sont plus touffus que sur le dos; la tête est fort grosse, la queue un peu plus longue que tout le corps. Cet animal est d’un naturel très-doux ; on le rencontre toujours en grandes troupes. ; (J. L.) LAGRIAIRES , Lagriariæ. (ins. )Tribu de l’ordre des Coléoptères , section des Hétéromères, famille des Trachélides, offrant pour caractères : palpes terminés par un article plus grand que les autres; » antennes grossissant vers le bout, grenues au moins dans une partie de leur longueur, et terminées par un article plus long dans les mâles ; elles ont le corps allongé et plus étroit en avant. (A. P.) LAGRIE , Lagria. (is. Genre de Coléoptères de la section des Hétéromères, famille des Tra- chélides, tribu des Lagriaires ; les espèces qui com- posent ce genre ont été long-temps dispersées dans différens genres, avant que Fabricius les en eût sé- parées et les eût réunies pour en former un genre GS LAGU propre auquel il avait Jui-même-réuni les insectes qui depuis'en-ont'été séparés sous Je nom de Da- ‘sytes; les caractères de ce genre, tel qu'ilest ac- tuellement circonscrit, peuvent se limiter à ceux- ci : libre échancré, mandibules bidentées ; mâ- choires membraneuses, à deux divisions égales, ayant leurs palpes plus grands que les’ labiaux, ter- minés par un article sécuriforme ; languette mem- braneuse ; antennes insérées près d’une échancrure des yeux ; ,pénultième article -des tarses bilobé. ‘Les Lagries sont des Coléoptères d’une petite taille , dont la tête et le Thorax sont beaucoup plus étroits que l'abdomen ; leurs yeux sont échancrés et recoivent l'insertion des antennes; celles-ci sont formées d'articles coniques, renversés, les dérniers un peu dilatés en forme de dent au côté interne; la têle est assez courte , le corselct est cylindrique, et l'écusson triangulaire ; les pattes sont de grandeur moyenne et ‘peu forts ; les ély- tres sont plas larges que l'abdomen et le recou- vrent entièrement ; ces insectes sont en général velus; on n’en connaît que peu d'espèces dans notre pays ; leurs mœurs, leurs métamorphose:, n’ont pas encore été observées. Lacnie nérissée, L. hirta, Fab. Longue de qua- tre lignes , d’un noir bronzé avec les élytres fauve clair ; elle est en ‘outre entièrement couverte d’un duvet jaunâtre. Le corselet est marqué dans son milieu d'une impression vésiculaire. Se trouve communément dans les bois de la France. Nous l'avons représentée dans notre Atlas, rl. 286, fig. 3. , (A. P.) LAGUNEE, Lagunœæa. (nor. pan.) On a vu suc- cessivement ce nom donné par Loureiro à une es- pèce de Renouée , Polygonum, et par Gavanilles à un genre de plantes de la famille des Malvacées et de la Monadelphie polyandrie. Schreber , Ven- tenat et Willdenow ont conservé ce dernier en lui réunissant le Solandra de Murray. Ce genre est maintenant composé de cinq espèces toutes exoti- ques à l'Europe et croissant dans diverses contrées chaudes du globe. Elles ont beaucoup de rapports avec le genre Æibiscus , etsont caractérisées aïnsi : calice simple, tubuleux, à cinq dents , fendu d’un côté ; corolle à cinq pétales , ouverte en cloche ; étamines nombreuses , monadélphes, dont les an- thères se montrent au sommet et à la superficie du tube; ovaire supère, à style simple et stigmate quin- quéfide , ombiliqué ; capsule oblongue, à cinq lo- ges polyspermes , et à cinq valves portant les cloi- sons , dont deux seulement se voient à l'extérieur, Une belle espèce qu'Andrew appelle ÆHibiscus patersonius, mais que Ventenat, Jussieu et Per- soon inscrivent dans le genre qui nous occupe , la Lacunée Écarzieuse , L. squamosa, est origi- naire de l’île Norfolk , située à l'est de la Nouvelle- Hollande; elle est connue en Europe depuis 1792, et fut introduite en France peu d’années après. Elle élève sa tige ligneuse à quatre mètres; les ra- meaux allernes qui la divisent se montrent, dans leur jeune âge, chargés, ainsi que les pétioles , le dessous des feuilles et le calice, de petites écailles sous forme de poussière , d’un blanc argenté, d’où LAIG 316 LAIN la plante a recu le nom qu’elle porte. Ses feuilles, alternes , d’un vert foncé , presque luisantes , don- nent da relief aux grandes fleurs solitaires , d'un violet pâle ou rose tendre, qui sortent de Jeurs aisselles, et aa groupe doré des élamines qui se montrent réunies par étages sur un tube cylindri- que , large à la base e! couronné par les anthères oblongues. Ces fleurs demeurent épanouies du- rant lout l'été. Les autres espèces sont la L. lobata, de Willde- now, originaire de l'île Mascareigne; la L. si- nuata de Hornemann, provenant du même pays; la L. ternata, de Gavanilles , que l’on trouve au Sénégal ; etla L. aculeata, également de Cavanilles, qui nous a été apportée de Pondichéry.- (T. ». B.) LAGUNES. (Géor.) Sortes de petits lacs maré- cageux qui se forment sur le bord de la mer, à J'embouchure de certains fleuves, et par l’attéris- sement de ceux-ci. Le nom de Lagune vient de l'italien, parce que c’esten Italie qu'on a, pour la première fois, donné un nom à ces dépôts vaseux qui déterminent la formation des Lagunes. Ainsi l’Adige, la Brenta , le Pô, ont produit, par le li- mon qu'ils charrient, de nombreux bancs à leur embouchure; ces bancs sont séparés par des ca- naux sinueux, peu profonds et remplis en partie d'une eau saumâtre, c’est-à-dire d’un mélange d’eau de mer et d’eau douce. Ces canaux, qui se ramifient, sont justement ce qu’en Italie on nomme Lagunes. Plusieurs dépôts plus ou moins récens , sur les- quels l’industrie humaine a bâti des villes, ne sont autres que des bancs de sables charriés par les fleu- ves et qui ont été des Lagunes. Venise a été bâtie sur un sol qui n'a pas une autre origine ; une par- tie de la Hollande s’est formée de la même ma- nière. 11 est peu de contrées du globe qui ne pré- sentent des exemples semblables qui attestent que les attérissemens des fleuves ont sur beaucoup de points reculé les limites des mers. (J. H.) LAICHE, Carex. (mor. rxan.) Genre très-con- sidérable de plantes monocotylédontes , amies des terrains marécageux, se plaisant sur le bord des eaux courantes et stagnantes , quelques unes habi- tant le; licux secs, sablonneux ; toutes se rencon- trent vers le nord et font partie de la famille des Cypéractes et de la Monoécie triandrie. Elles ont les fleurs glumacées, monoïques et plus rarement dioïques , disposées en un ou plusieurs épis , im- briquées autour d'un axe commun. Les fleurs mä- les Lantôt mêlées avec les femelles, ou bien pla- cées les premières au sommet avec trois et rare- ment deux étamines appuyées contre l'aisselle d'une écaille (voyez la pl 287, fig. 1 a), et les se- condes à la base avec un ovaire enveloppé par le bas d'une tcaille arctolée (même planche, fig. 10); tantôt séparées les unes des autres sur des chatons distincts. Le fruit est une semence tuniquée sans poils. Les Laiches sortent de racines vivaces, très- souvent lracantes; leurs Liges cylindriques ou trian- gulaires sont munies de feuilles longues , en- gaînantes , dures, aux bords membraneux, sur- chargés de dents très-fines et très-acérées qui les rendent coupantes. Vertes , les bestiaux les man- gent sans répugnance, le cheval seul les repousse; elles sont nuisibles aux moutons. On ne peut s’en servir que pour augmenter la masse des li- tières et des fumiers. Dans les prairies basses où le fourrage est excellent , il convient d’enlever tous les pieds de Laiches qui s’y montrent; on emploie à cet effet la pioche et même la charrue. Dans les sables mouvans des dunes , au contraire , elles sont d'une haute importance ; leurs racines traçantes et fibreuses fixent les sables, empêchent l’éboulement des terres placées aux bords des eaux courantes , exhuussent le sol des marais, contribuent par leur décomposition lente , aussi bien que par celle des feuilles, à former leslits de tourbe et par consé- quent à offrir une ressource pour les hommes qui exploiteront ce combustible. La Laicue PRÉcOCE , C. curvula, Link, procure aux bestiaux un fourrage vert agréable à l’époque où les autres herbages commencent à peine à poindre. Il en est de même de la LaicHE EN ca- zoN, C. cæspitosa, L., que nous avons fait repré- senter en notre Atlas, pl. 287, fig. 1. Elle est très -aimée des vaches. Leur vert est gaitirant sur le glauque. On orne les pièces d’eau dans les jardins paysa- gers avec la Laicne FAUX soucner , C. cyperoides, L. , qui fleurit au printemps et en automne ; avec la Lace pes Marais , C. paludosa, Good., dont les tiges montent de quarante à soixante centi- mètres; avec la LaicHe pes Rivages, C. riparia , Curt., aux épis courts, dont les fleurs sont épa- nouies en avril et en mai; enfin avec la Larcme JAUNATRE, C. flava, L., très-belle espèce, d’un aspect agréable lorsqu'elle est en fleur ct en fruit, et dont la base des tiges se mange quelquefois en salade. Pour convertir en prairie les marais tourbeux , rien n’égale la Laicne zimoneuse , C. limosa , L., abondante sur les Alpes et les montagnes de la Norwége. Mais la plus importante de toutes, c’est la Larcue saguine , C. arenaria , L., pour arrêter la marche dévastatrice des sables. Ses racines. ont une saveur aromatique, voisine de celle de la Salsepareille , Smilax salsaparilla; aussi, Schkuhr nous apprend , dans son excellente Histoire des Carex, que l’on s’en sert en Allemagne comme succédanée de la plante du Pérou. (T, ». B.) LAIE, Sus. (mam.) Femelle du Sanglier, appe- lée aussi Truie sauvage. Voy. à l'article Gocnow, le mot SANGLIER. (Z. G.) LAINE. (mam.) Les Laines sont formées, d’a- près Vauquelin d’une quantité de mucus, sembla- ble à celai qui entre dans la composition des che- veux, ct d’une petite quantité d'huile à laquelle elles doivent leur souplesse et leur élasticité. La Laine se compose de filamens réunis sous une enveloppe épidermoïde, et reçoit sa forme particulière du nombre, de Ja longueur et de la disposition des filamens. Si l’on veut suivre le fila- ment jusqu'à l'apparence de son origine, on par-M -2.Laitron. TA E, Cuerin dr.” 3.Lamarcdlue. ne n N A $ es ee Le | ue ; LA à EPA D © LAIN 317 LAIN vient à un bulbe plus ou moins gros ou même in- sensible, situé dans l'épaisseur du derme, et souvent jusque dans le panicule charnu , et renfermé dans une gaîne membraneuse et cylindrique à la- quelle il adhère vers le fond, mais seulement par le bulbe qui le supporte; cette gaîne cesse d’accom- pagner le poil pour se réunir à l’épiderme , lors- qu'elle est parvenue au point d’issue. Dans le duvet, le bulbe est immédiatement au dessous de l’épiderme, l'insertion en est très- superficielle; il naît presque toujours avant les autres poils , il les surpasse en finesse, mais ne les égale point en longueur. M. Giroux de Buzareingues à remarqué que plus un animal avait les membres courts et le {oie développé, plus la quantité de duvet l’empor- tait sur celle du poil. Le même auteur prétend que l’usage du sel pour la nourriture des bêles à laine donne à leurs toisons un grand degré de finesse. Nous citons une observation d’Arthur Young (Cullivateur anglais, tome 16, pag. 205): Ilya,dit-il, une étendue considérable de terrain d’où la mer s’est retirée, près de Vinchelsea en Sussex ; quoiqu'il ne soit séparé des marais en pâ- turages que par un fossé, la laine des moutons qui y paissent vaut un franc de plus par livre que celle des bêtes qui paissent dans les pâturages à côté. Les plus belles laines courtes de l’Angle- terre viennent du comté de Sussex, partie mari- time, dont par conséquent les pâturages sont plus ou moins imprégnés de sel. En France, c’est le Roussillon qui fournit les laines les plus fines. D'après le code HMesta, les Espagnols doivent don- ner à leurs moutons une quantité déterminée de sel. On distingue dans le commerce deux espèces de Laines , les Laines de toison etles Laines mortes : la première classe comprend celles qui ont élé enlevées sur l'animal vivant ; la seconde celles qui ‘ont été prises sur l'animal mort; celles qui n’ont pas passé au lavage sont désignées sous le nom de laines en suint ou surges. Les Laines diffèrent anssi entre elles par la couleur, la finesse, la lon- gueur , la force et le nerf. Les mèches de la Laine sont composées de plusieurs filamens qui se tou- chent les uns les autres par leur extrémité , et chaque mèche forme dans la toison un flocon de Laine séparé des autres par le bout. Elles sont plus ou moins longues, cetie différence provient de la race qui les fournit; les plus courtes ont au moins un pouce; l'Angleterre nourrit certaines es- -pèces dont la toison atteint jusqu’à vingt-deux pouces de longueur. D’après des expériences réi- térées à Rambouillet, des moutons espagnols tenus trois ans sans être tondus ont donné de la Laine * longue de dix-huit pouces. Les Laines fines sont du reste toujours plus courtes que les grosses. On ‘trouve dans toutes les Laines, même les plus gros- ses, des filamens très-fins, et c’est toujours au bout des mèches qu'on remarque les plus gros. Daubenton a examiné avec soin les toisons d’un grand nombre de races ; d’après ses observations, il a classé Jes differentes espèces de Laines dans “plus on avance vers le midi, plus elles d l'ordre suivant : Laines superfines , Laines fines , Laines moyennes , Laines grosses, et Laines su- pergrosses. La bonne Laine doit être fine, douce et élasti- que ; pour la juger, on doit couper le bout d’une mèche sur l'épaule, c’est la partie du corps où elle se trouve la plus fine; on sent si elle est douce et moelleuse en la frottant entre ses doists ; on ap- précie sa force ou sa faiblesse par la tension qu’on applique à quelques filamens qu’on tire de chaque bout ; plus ils résistent, plus la Laine a de force; s'ils cassent au premier effort, c’est une preuve qu’elle est faible et de qualité inférieure. Quant àson élasticité, on la reconnaît lors qu’après avoir éte serrée dans la main elle se renfle autant qu’elle l'était avant sa compression. La Laine a d’autant moins de valeur qu’elle est plus mélangée de jarre: on appelle jarre, poil mort, ou poil de chien, un poil mêlé avec la Laine et qui cependant en diffère beaucoup; il est dur , luisant , raide et ne prend pas la teinture : aussi une Laine jarreuse ne peut servir qu'aux étoffes les plus grossières, c’est la plus mauvaise. Les Laines anglaises et celles de la Hollande sont longues et fines si on les compare à nos Laines communes; mais elles sont loin d’ap- procher de la finesse de celle fournie par les mé- rinos ; dans Ja Picardie, la Flandre, la Champagne, la Bourgogne ; elles sont longues et grosses ; mais iennent courtes el fines; c’est d'Italie et d'Espagne: qu’on tire celles qui ont le plus de finesse : les Espagnols distinguent quatre qualités de Laine dans la toison du même animal : la première , superfine (refina), est prise sur le garrot, le dos, la croupe, les par- ties latérales du cou, les côtes et les épaules ; la seconde (fina) est coupée sur les cuisses, le ven- tre et la partie supérieure du cou ; la troisième (tercera) provient de la tonte des joues, de la gorge, du poitrail et de l’avant-bras; enfin on range dans la quatrième (cahidas) celle fournie par le dessus de la tête, les jambes, la queue et les fesses jusqu'aux bas des pieds. Des expériences faites au Muséum d'Histoire naturelle de Paris prouvent qu’il est possible d'améliorer la qualité de la Laine par rapport à la finesse : des moutons mérinos, dont la toison avait été garantie des im- 2 pressions de l'air extérieur et de l'humidité par un fourreau de toile qui recouvrait entièrement l'animal , ont donné une Laine beaucoup plus fine ct plus blanche que d'autres de la même espèce pour lesquels les mêmes précautions n'avaient pas été prises. Daubenton , pour mettre le manufac- turier à même de connaître d’une manière précise le degré de finesse ou de grosseur des Lines , a imaginé de soumettre toutes sortes de filamens de Laine à un micromètre placé dans un microscor e : le micromètre représente un petit réseau dont les mailles n’offrent qu’un dixième de ligne entre les deux côtés parallèles des carrés. Après avoir soi- gneusement répété ses observations sur vingi-neui échantillons de Laine superfine, il a reconnu que les plus gros filamens n’occupaient pas plus de deux carrés du micromère ; d’après ce résultat, ER D LAIN 318 LAIN il a fixé Je dernier terme des Laines saperfmes:à | celles dont les plus gros filamens remplissent par leur largeur un carré du micromètre et «dentde diamètre est la soixante-dixième partie d'unelligne ; les plus gros filamens de laLaine:la plus grossière occupaient.en largeur jusqu'à Six carrés de Lin- strument qui valent la vingt-troisième partic-d’une ligne ; les plus gros filamens du jarreremplissaient jusqu à onze carrés ; leur grosseur était par :con- séquent de la douzième partie d'une ligne. Le plus ordinairement la Laine est Blanche; cependant, d'après Buffon, il y à en Espagne des moutons roux, en Ecosse des moutons jau- nes ; M. Macquart aflirme avoir vu en Russie beaucoup de ces animaux noirs et roux; on en trouve ten Crimée. dont la Laine est bleuâtre, le prix en est très - élevé; certaines chèvres d’An- gora fournissent une Laine de cette couleur ; en France on ne conserve que le moins possible de bêtes à Laine noire ou brune, parceque les fabri- cans ne donnent de ces toisons qu'une somme bien inférieure à celle. dont ils paient les blanches ; æependant, dans quelques localités où les habitans Shabillent d'étoffes qu'ils ne font pas teindre, on trouve dans les troupeaux beaucoup de bêtes noi- res. Les Laines blanches sont les seules qui recçoi- vent des couleurs vives par la teinture; les jaunes, rousses , brunes ou noires ne sont employées dans Îles manufactures qu'à des ouvrages :grossiers ou “pour la fabrication des étoffes les plus communes, à moins qu’elles ne soient très-fines ; dans ce cas, elles servent pour des tissus qui restent avec leur couleur naturelle sans passer à la teinture. Toutes choses égales d’ailleurs , les meilleures-Laines sont celles des Loisons coupées en juin; on ne:fait:pas autant de cas de celles-des moutons tondus pendant qu'ils sont en pouture , elle a moins-de nerf et.de propreté; car ces animaux, mangeant continuelle- ment à des râteliers, font tomber-entre les fila- mens de leur toison des débris de fleurs-ou des fo- lioles de plantes, et .c'est.avec peine qu’on vient à bout de la purifierentièrement, La Laine des mou- tons tués dans les boucheries et enlevée des peaux au moyen de la chaux, est bieninférieure àcelle.des bêtes Londues pendant qu’elles sont vivantes ; il lui manque ce moelleuxque donne le suint qui nour- rit les filamens pendant la vie de l'animal, et-qui persiste dans la Laine quand on la lui a enlevée dans le temps que toutes ses fonctions étaient en activité. L'emploi de la chaux communique à celte Laine une grande dureté. La Laine coupée sur des animaux morts ou malades ne prend pas aussi bien la teinture que celle levée sur les mou- tons vivans et sains; c’est à MM. Teissier, inspec- teur général des établissemens ruraux appartenant au gouvernement, et Roard , directeur de lama - nufacture de lapisseries des Gobelins, que nous devons cette ulile observation. M. Teissier fit tondre à Rambouillet un mouton sain et bien portant, un autre encore malade , et fit enlever la Laine de la peau d’un mouton mort; tous les lrois élaient de race espagnole et du même îge; ces différentes toisons, remises à M. Roard furent lavées.et:filées à part dans Ja manufacture, et réunies en écheveaux. Le: directeur lui-même surveilla: ces opérations. (On ‘en teignit, dans de même bain, nn de chaque-sorte , un:en bleu , an ch-rouge ;el mn en jaune. |/Académierdes scien- ces, à laquelle ces échantiïlons furent ‘soumis, a reconnu que la couleur, soit bleue , soit rouge, soit jaune, était vive dans les écheveaux de Laine prise sur-le mouton bien portant, faibledanseeux de Laine enlevée au mouton malade, etlerne dans ceux de bête morte. Cette observation ‘est impor- tante , surtout pour les fabricans curieux deme li- vrer à la consommation que des étoffes parfaites. On doit avoir: soin de tenir les Laines dans un endroit qui ne soit-exposémi au soleil mi à lhami- dité, et surtout à l'abri dela poussière ;elles se con- servent plus long-temps en suimtique dégraissées ; il faut surtout tâcher deles préserver des-attaques des chenilles-teignes , qu'on trouve toujours ‘en: quantité dans les maisons où il:y a des meubles ou des magasins de Laine; nousempruntons à Dau- benton tout ce qui a rapport à cet insecte ; ainsi que les moyens de s’en garantir. Les papillons- teignes ont à peu près trois lignes de longueur; äls sont de couleur jaunâtreet luisante : on les voit vol- tiger depuis le commencement d'avril jasquàla fin d'octobre, un peu plus tôt ou plastard, suivant que la saisonest plusiou moins chaude ; pendant tout ce temps, ces insectes pondent sur la Laine de petiis œufs qu’on aperçoit difficilement; de ces œufs sor- tent les chenilles qui rongent la Laine; elles éclo- sent pendant les anois d'octobre , movembre, dé- cembre ; «elles sont très-petites et prennent peu d’accroissement pendant:tout ce temps, et même elles sont engourdies durant la saison des froids; mais pendant les mois de mars et d'avril, elles grandissent promptement, c’est alors qu’elles cou- pent un grand nombre de filamens de Laine , pour se nourrir et se vêlir; on les reconnaît quand'on voit sur les toisons de petits fourreaux d'environ une ligne de diamètre sur quatre ou cinq dignes de longueur; ils sont un peu renflés dans le mi- lieu et évasés par les deux bouts ; chacun contient une chenille qui s’y tient à couvert parce qu'elle n'est revêlue que d’une peau mince, blanche.er très-déhicate : la chenille-teigne:avance un tiers de la longueur de.son corps au dehors de son four- reau par un bout ou par l’autre, car elle peut.s'y retourner dans le milieu , elle peut aussi en sortir presqueentièrement , iln’y reste que la partie pos- térieure du corps et les deux jambes de derrière qui s’attachent au fourreau de sorte que la che- nille l’entraîne lorsqu'elle marche par le moyen.de ses autres jambes; lorsqu'elle coupe les filamens elle n’a que les deux tiers du corps en dehors, et elle se contourne en tous sens pour atteindre un plus grand nombre de ces filamens. Elle se nourrit de la substance de la Laine et l'emploie aussi pour fermer ou pour agrandir son fourreau ; c’est pour- quoi il est toujours de la même couleur que Ja Laine, On reconnaît facilement la présence de cet insecte par ses excrémens répandus soit dans la Laine, soit au dessous; ces excrémens sont de pe- LAIN 319 LAIN tits grainsarides:et anguleux,, gris lorsque la Laine est blanche, noirâtres quand elle est: de couleur foncée. Lorsque.les chenilles-teignes ont pris tout leur: accroissement ; elles: quittent les toisons pour seretirer dans. de petits coins obscurs du magasin , ets yattachent parles deux bouts de leur fourreau, amsesuspendent au plafond\par un seul ;alorselles ferment les: deux ouvertures et: se: changent. en chrysalides; elles: restent dans cet:état pendant environ: trois semainess ensuile,. perçant'le bout de-lèur: enveloppe :qui est-le: plus près-dela tête; ces insectes: sortent sous: la forme: d’un: papillon: Jusqu'à. présent on: n'a trouvé;aucun- moyen, de -garantire la Laine du: dommage des clienilles-tei- gnes-maison-peul l'éviter-enpartie-en faisant en- -duire:en, blanc: lesmurs et: plafonner: le plancher: dù magasin où l'on renferme les Laines, afin que les papillons:qui. se posent; sur:ces:murs ou le pla: fond: soientplus:apparens ;:on place alors les Laiï- nesisurdes:claies: soutenues à: un-pied: ax dessus: du-sol} ebarec:un:bâton: terminé: à l’une de:ses extrémités par un. bouton-rembourré, on: lesbat pour fairesomir les-papillonsqui s’envolent et vont sesplacer sur les murs et sur leplafond:où: ils sont faeiles-à tuer em appliquant sur-eux l'extrémité rembourrée-: dw bâton: L’odeur du; camphre cet; celle de l'essence: de:térébenthine ne:sont: point des présersalifs-contre:ces:insectes;, car ils:s’ y ac- coutument ; la: vapeur de:soufre: répandue avec abondance aurait.un.effetiplus:sûr,; maislesLaines contracleraient ane:odeur:fort désagréable; il vaut donc mieux employer. le premier: moyen; c’est aussi la méthode des fourreurs pour conserver les, pelleteries. On pourrait;encore, en sacrifiant quel- ques livres de Laine, diminuer l’action: de ces in- sectes-sur la-totalité.de celles qui-existent dans le magasin; comme:leschenilles-teignes recherchent de-préférence:la Laine lavée-à la Laine en suint , on:peut placer à côlé: de celles:en suint quelques mauvaises Loisons, lavées- sur lesquelles les: papil- lons:feront leur ponte et qu'on:brülera avant que les chenilles.en-sortent pour:prendre la forme:de chrysalides; Pour-employe» les Laines à la fabrication des étoffes;.il faut leur enlever: cette. matière grasse dentelles sont imprégnées:, c’est-à-dire le suint si abondänt dans-les:mérinos:, et toutes les: ordures qui lessalissent. les Espagnols, guidés parde puis- sans molifs, ont:élabli des usines dans lesquelles onpent laver chaque année une grande quantité desLaine; en France, on a fäit-heaucoup d'essais: d’aberd.on:na pas réussi, ensuite on est: parvenu àsfaire-moins:mal , cefinsmaintenant on asaiteint. un degré-de perfection: aumoins égal, si ce n’est supérieur à celuides Espagnols: On emploie deux procédés pour le lavage des Laines; on peut les la- versur l'animal même, c’est ce qu'on appelle le lavage à.dos; ouleslaver lorsqu’ellessontenlevées par la tonte ; dans plusieurs contrées, on lave.les bêtes-avant: de les tondre; on a beaucoup discuté sur l'avantage: de l'une ou l’autre méthode; mais lesculiisateur-en a rarement le choix, ilest obligé sous ce rapport. de se régler d’après les demandes, Là où les négocians sont habitués à achetér de la Laine lavée , on trouvera diflicilement à se défaire de la-Laine-en:suint ; et d’un autre côté, x moins de: posséder des tronpeaux considérables, il est impossible au producteur d'effectuer lui-même , après la tonte, le: lavage des toisons, opération qui exige des dispositions particulières el coûteuses et: des: connaissances très: précises pour l’assorti- ment déslaines, qui doit toujours précéder le la- | vage:;: duresle, ilest: certain que partout où le cul- livaleur- trouvora: à: se défaire: sans perte dé sa Laine-surge ; il ÿ'anra avantage-pour Jui de ton- dre:sans: laver; car non-seulement le lavage à dos est une opération difficile , mais encore elle a des inconvéniens: pour la:santé: des animaux, oblige quelquefois de retarder la tonte’, et lä°rend plus difficile. Le lavage à dos se:fait.dans'une rivière , un ruis- seau, um étang, ou simplement dans-un-grand bas- sin ; on préfère même généralement ces derniers et-les étangs (pourvu que l’eau soittclaire et le fond de sable ousde grève ): aux: eaux: courantes, parce qu'on a:remarqué que lea chargée de suint lave-infiniment: mieux que l’eau pure; on choisit un Jieu-suffisamment profond ayant:une longueur de cinquante à: soixante pieds:sur une-]largeur de quatre à cinq; on: plante de chaque côté des pi- quets que l’on joint par-des lattes de manière à former un: canal que les:moutons sont obligés de suivre jusqu'au bout. L'entrée est faite avec des planches qui s’avancent, au dessus de l’eau , de sorle que,les moutons en sautant de ce plancher plongent: à plusieurs reprises; cet endroit doit, pour celte raison , être plus profond que le reste du canal ; la sortie. doit être-en pente douce, et lorsque lc rivage. n'est pas gazonné, on y met du sable ou des planches afin d'empêcher que les moutons ne se salissent. Dans-le canal, se trou- vent de.distance en distance des: tonneaux défon- cés fixés au fond de l’eau, dans lesquels se pla- cent les ouvriers. On met à l’entrée du canal des claies de manière à: ce que les: moutons soient obligés d’y. arriver les uns après les autres. La. veille.du lavage:on donne la trempe aux mou- tons ; on les: fait passer-une ou plusieurs fois à travers le canal, les ouvriers-se contentent alors de les faire plonger à plusieurs reprises: en ayant soin cependant dene pas leur mettre trop souvent la tête: dans l’eau; au sortir de ce bain, on met sur-le-champ-les moutons à: la bergerie, qui doit être garnie de:litière fraîche et-bien fermée, afin que la transpiration des: bêtes empêche:la Laine de-se sécher; si toutefois om avait craindre que cela n’eûl lieu, on devrait y:remédier avec l’ar- rosoir; car une fois la laine séchée, elle ne se lave plus bien. Le lendemain matin:on procède:incontinent au Javage, qui.est la même opéralion que la trempe, à l'exception que l’on tient plus long-temps les bêtes dans l’eau, et que les ouvriers placés dans les tonneawx se les passent les uns aux autres , les lavent en les frotlant Jégèrement avec Ja main, et les plongent à plusieurs reprises; à l'extrémité du a ——— LAIN 320 LAIN nes canal sont placées plusieurs personnes qui aident aux moutons à sortir, et qui pressent doucement la toison pour en faire sortir l'humidité, Au sortir de l’eau les bêtes doivent être conduites dans un pâturage peu éloigné, bien couvert de gazon et sec, dans lequel on les laisse paître. Les bêtes mal lavées ou qui se sont salies doi- vent être lavées de nouveau, lorsqu'il yen a peu qui soient dans ce cas, on se sert pour cela d’un arrosoir. Le lavage à dos doit se faire par un beau iemps continué pendant plusieurs jours , afin que l'eau soit plus échauffée; car une eau froide nui- rait non-seulement à la santé des animaux, mais laverait mal la laine ; d’un autre côté le temps doit être chaud après le lavage, afin que la laine sèche promptement , condition essentielle d’une nuance bien blanche; enfin il est nécessaire d’avoir du beau temps après la tonte, pour que les bêtes ne souffrent pas de la privation subite de leurs toi- sons. On ne procède à la tonte que lorsque la Laine est ressuyée et qu’elle a repris une partie de son suint ; on doit dans cette opération avoir soin de couper la Laine très-près de la peau et le plus également possible; de ne point laisser de raies sur le corps de l’animal, et de ne pas le blesser, comme cela arrive trop souvent ; pour cela il est nécessaire que les ouvriers se servent de forces bien failes et bien tranchantes ; on doit tenir en outre à ce que les toisons restent entières ; lors- qu’elles sont enlevées de dessus les bêtes, on les étend sur une table, la partie extérieure en de- dans,on en met plusiears par dessus, les pre- mières dans le sens contraire, et on roule le tout en un paquet; les flocons sales et une partie de Ja Laine des jambes et de la tête sont mis à part. Le lavage des Laines coupées se fait dans des établissemens construits uniquement pour cette opération et qui portent le nom de lavoirs. On commence par diviser les diverses qualités de Laine pour être dégraissées séparément ; le triage est fait avec le plus grand soin; on étend sur des claies de bois les tas séparés de chaque choix , et après les avoir éparpillés, on les bat avec des baguettes afin de faire sortir la poussière et tout ce qu’on peut d’ordures ; on enlève à la main les mèches feutrées , les pailles , le crottin ; on divise les mèches avec une fourchette de fer à doigts courts, écartés et recourbés. On entasse alors la Laine dans des cuviers ou tonneanx d’une capacité con- venable, et on verse de l’eau jusqu’à ce qu'ils soient pleins; on la laisse tremper vingt-quatre heures, en ayant soin de maintenir la température à lrente ou quarante degrés (Réaumur) ; l’eau se charge du suint qui devient le premier agent du dé- graissage. On ne peut se dispenser de constater Ja chaleur de l'eau; car sion l’employait plus chaude que nous l’indiquons, elle crisperait la Laine et la rendrait dure et cassante. Sans thermomètre on pourra reconnaître le juste degré, c’est celui où l’on ne pourra tenir la main dans l’eau sans se brüler ; lorsque l’ean est à ce point, on met la Laine dans la Ghaudière , mais en petite quantité à la fois ; on la remue ou plutôt on la soulève con- tinuellement avec un bâton lisse et sans aucune aspérité, afin d’en écarter les mèches et de les faire pénétrer ; cependant on ne la retourne pas, pour- éviter qu’elle se cordonne ; quelques minutes après on la retire soit avec les mains, soit avec une petite fourche ; on la dépose dans un panier qu’on tient un instant au dessus de la chaudière pour l’égoutter et ne point perdre de suint ; à mesure que l’eau du bain s’épuise on en apporte d’autre, et si elle devient bourbeuse , on vide la chaudière pour recommencer l'opération avec de l’eau de suint qui est le principal agent da dégraissage. M. Vauquelin a analysé le suint et l’a trouvé en partie composé d’un savon à base de potasse. Quand la Laine tirée dela chaudière est égouttée, on la porte à l’endroit où elle doit être lavée. IL n’est point indifférent de laver dans telle ou telle eau ; celle qui cuit bien les légumes , qui dissout bien le savon , et qui est bonne à boire, doit être employée de préférence ; l’eau courante est meil- leure que l’eau stagnante ; la plus mauvaise est celle de puits, et si on est obligé de s’en servir, il faut la tirer d'avance et l’exposer à l’air pendant quelques jours , ou la faire bouillir. Pour bien la- ver dans l’eau courante on place deux paniers. l’un au dessus de l’autre ; quand la Laine de l’un paraît bien nettoyée, on la jette dans l’autre, où elle achève de se dépurer; pendant toute l'opération on ne la retourne pas, on se borne à la promener rapidement dans les paniers et à l'ouvrir le plus : possible avecles mains ; quand elle vient surnager : à la surface et que l’eau qui en dégoutte n’est plus sale, elle est suffisamment lavée. Si l’eau n’est pas courante, on se sert également de deux pa- niers qu’on plonge et replonge jusqu’à ce que l’eau en sorte claire ; on procède alors à sa dessic- cation. On commence par la faire tordre dans une toile par deux hommes vigoureux, on l’expose en- suite au soleil soit sur des claies, soit sur des cail-. loux et même sur une place bien balayée, La Laine lavée ainsi, et ayant passé en outre au lavage de fabrique , a perdu soixante-quinze pour cent de son poids. Le lavage de fabrique est indispensable pour toule sorte de Laine avant sa mise en œuvre; on y procède de cetle manière : on remplit une: chaudière de la contenance de quatre-vingts à cent : livres d’un bain composé de deux tiers d’eau et d’un tiers d’urine , et on le fait chauffer; quand la tempéralure est portée de quarante à quarante- cinq degrés, on y met la Laine, qu’on y laïsse une demi - heure en la remuant continuellement avec beaucoup de soin , on l’enlève après ce temps, on l’égoutteet on la lave par petites quantités dans la rivière où dans un ruisseau, jusqu’à ce qu’elle ne trouble plus l’eau ; alors on la fait sécher pour l’'employer ; quelques manufacturiers ajontent, ou- tre l'urine , quelques grains de potasse par litre d’eau. Il nous reste à parler de l’espèce de Laine ou davet qu’on recueille sur les chèvres. La plus grande partie de ces animaux fournissent celte matière; mais chez aucun onne rencontre aulant de LAIN 521 LAIN de finesse, de moelleux et d’élasticité que dans la chèvre asiatique ou de Gachemire (voyez pour les caractères l’article Gnkvre de notre Dictionnaire). C’est aux soins éclairés et long-temps continués de M. Ternaux que nous devons l'importation de celte espèce en France. Cet habile manufacturier engagea M. Jaubert, professeur de langue turque à Ja Bibliothèque du roi, à se charger de l’exécu- tion de son projet ; plusieurs voyages faits en Asie par ce savant rendaient celte tâche plus facile pour lui que pour tout autre. M. le duc de Richelieu, alors premier minisire, favorisa cette entreprise de lout son crédit auprès de l’empereur de Russie par les états duquel il fallait passer , et promit au nom du gouvernement français de prendre, en cas de suc- cès, cent bêtes à raison de trois millé francs cha- cune. M. Jaubert n’eut pas besoin de traverver le vaste pays qui sépare Astrakan du Tibet, où il avait tenié de se rendre; il trouva du côté d’O- rembourg, chez les Kirghis, peuple nomade, ce qu'ilcherchait , c’est-à-dire du duvet propre à faire des cacheuires ; là ,il acheta donze cents quatre- vingt-sept chèvres qu'il amena avec beaucoup de peine à Théodosie ou Puffa, où illesembarqua sur deux bâtimens destinés l’un pour Marseille et l’au- ire pour Toulon. Huit cent quatre-vingt-sepl suc- combèrent soit aux fatigues, soit aux maladies qu'elles contractèrent dans les vaisseaux, quatre cents seulement arrivèrent et furent disséminées en France, où elles s’acclimatèrent. Le gouverne- ment avait aussi fait venir d'Angleterre d’autres chèvres à duvet fin, conformes en tout à celles de Vimportalion Ternaux Jaubert , avec cette diffé- rence que la taille est plus petite et le poil brun;, elles se sont aussi bien acclimatées. Il est probable que celles qui viennent de l'Inde sont de la race de Cachemire; on peut s’assurer, en comparant leurs duvets, que c’est la race et non le pays qui pro- cure celle substance. Plusieurs personnes ont cru que, pour obtenir le duvet de ces chèvres, il fallait les tondre; pour plusieurs raisons, ce procédé est défectueux; d’a- bord, le duvet n'étant pas mûr en même temps sur le même animal, on ne peut savoir à quelle époque il conviendrait de faire cette opération ; d’ailleurs il y aurait un grand inconvénient ; le poil long ne pouvant être séparé du duvet qu'avec les doigts, le travail deviendrait trop coûteux. On doit employer un peigne ordinaire ; à mesure que le duvet paraît et peut se détacher , il est enlevé par cel instrument ; il se trouve de cette manière presque épuré, car il ne présente que quelques poils longs faciles à ôter. Les châles travaillés à Paris avec le duvet des chèvres de l’importation ne sont point inférieurs à ceux fabriqués jusqu'ici en employant la même malière apportée d'Asie. Le duvet ramassé par le procédé indiqué plus haut, sur les chèvres qu’on entretient dans le mont Dore, près de Lyon, est fin, mais court et peu abondant ; il ne peut être employé à la fabrication; car, quoique plus fin que celui de Cachemire, il n’en a nila longueur, ni l'extensibilité, ni l’élasticité, et par consé- Tous IV. quent , fût-il aussi abondant qu’il l’est peu, il ne serait que d’une très-faible utilité, employé seul. Pour remédier à celte insuflisance , on à essayé de métiser les chèvres indigènes qui en sont pour- vues, par les boucs asialiques; les cxpériences déjà faites ont parfaitement réussi , aussi bientôt nos chèvres seront améliorées, ou celles d'Asie, mullipliées , remplaccront un grand nombre des nôtres, Le poil de nos chèvres, non filé, est employé par les teinturiers à la composition de ce qu'ils nomment rouge de bourre; il entre dans la fabri- cation des chapeaux : lorsqu'il est filé , on en fait diverses étoffes, telles que camelot, bouracan, etc. , couvertures de boutons, gances et autres ouvra- ges de mercerie. Les Russes, qui connaissent Ja valeur du poil, peignent leurs chèvres tous les mois pour lai donner de la qualité. Celui de la chè- vre est plus fin que celui du bouc entier. Les produits que la chèvre d’Angora donne dans les pays où elle est indigène, sont d’un grand in- térêt pour l'Asie mineure , où est Angora. On l’é- lève avec grand soin; aussi son poil est-il la seule matière commerciale pour laquelle les Turcs aient fait des réglemens qui défendent de la vendre brute aux étrangers. Dans le siècle dernier, Ja ville d'Amiens seule tirait chaque année pour sa fabrication quatre à cinq mille balles de poil de chèvre d’Angora filé ; la toison de cetie espèce se lève en mars et est filée sur-le-champ ; aussi à la fin de l’étéest-elleentre les mains des négocians européens qui tiennent des comptoirs sur les lieux pour l'acheter. Il y a vingt-cinq ans, on portait à Paris beaucoup de manchons faits avec des peaux de chèvres d’Angora; depuis on a importé celte espèce en Europe : elle y réussit parfaitement , même en Suède. La ferme de Rambouillet en a entretenu qui se sont toujours bien portées ; elles allaient aux champs avec les beliers et étaient nourries comme ceux; en hiver on avait soin de leur éviter les grands froids ; en été elles parquaient avec les bêtes à Laine dans la même enceinte; la toison du plus grand nombre était blanche; quel- ques unes seulement avaient le poil violet. Leur duvet filé a été soumis à des fabricans d'Amiens, qui sont convenus que Je poil des chèvres d’An- gora élevées en France était aussi avantageux que celui qui venait du Levant. Mais les officiers des ponts et chaussées ont forcé l'établissement à s’en défaire : cependant, comme elles ont élé cédées à différens amateurs, elles se sont mulipliées. Le poil de ces chèvres est composé de trois sortes, comme celui des communes , mais ces sortes y sont mieux caractérisées. Le premier est le plus long , c’est celui qu’on livre au commerce; le second , de couleur fauve, est court, mais extrêmement fin ; c’est un véritable duvet. On avait prétendu que c’est avec lui que se fabriquent ces chäles de Cachemire si recherchés en Asie eten Europe ; mais il est prouvé maintenant que c’est la race d'Asie, dite de Cachemire, qui le fournit. Le troisième est également court, mais gros et raide, une vé- ritable jarre dont on ne peut tirer aucun parti. On 281° LivRAISON. A LAIT a essayé en 1823 de croiser les chèvres d’Angora | avec les boucs du Tibet; ces expériences.ont été | faites à Rosny, sous ka surveillance de M. Polon- ceau , ingénieur en chef du département de Seine- ét-Oise , et membre de la Société d'Agriculture. | Un bouc et une chèvre de deux ans, et une che- vrette d’un an de la race-Cachemire-Angora,, ont donné ensemble au peignage deux livres sept onces de duvet avec très-peu de Jarre , tandis que vingt- | quatre boucs et:chèvres de deux à six ans, de la race de Cachemire pure, n’ont donné que six li- vres et demie de duvet, mêlé d’une plus grande quanlité de jarre. Outre l’accraissement en quan- tité, qui est même force et.de même âge, le duvet Cachemire- Angora est au moins trois fois plus long que l’au- : tre, en sorte qu'on pourra Je traiter comme les Laines longues, c'est-à-direle travailler au peigne, et obtenir des fils plus fes, plus forts et plus unis que. ceux fournis parles chèvres de l'Inde. Lestissus fabriqués avec ce nouveau produit auront le moel- leux des cachemires ordinaires, et ils seront plus lisses et plus légers. Ils auront en outre le mérile de la rareté, puisqu'il n’en existe point de.sem- blable dans l’Inde ni dans aucune parlie du monde, et qu'on ne connaît aucune substance fi- lamenteuse qui réunisse comme ce duyet une grande longueur avec la finesse et le moelleux de celui de l'Inde; on à lieu d'espérer, d’après la diminution du jarre et l'accroissement progressif du duvet, que des perfectionnemens ameneront cet animal à fournir des toisons pleines pouvant être tondues comme celles des moutons. (J. L.) LAIT. (euys, cum. ) Liquide blanc, opaque, un peu plus pesant que l’eau, d'une saveur douce et sucrée, sécrété-par des glandes destinées exclu- sivement à cet usage dans Ja classe des animaux nommés Mammifères. Cette sécrétion a lieu peu de temps avant la naissance de l’enfant qu’elle doit servir à nourrir dans les premiers temps de-sa vie, et se continue jusqu'à l’époque où il peut se passer de cette nourriture et en prendre une plus sub- stantielle. Abandonné à lui-même, au contact de l'air, à la température de 10°, ce liquide ne tarde pas à se séparer en deux portions, dont l’une, la crème, monte à Ja surface en vingt-quatre heures, y forme une croûte épaisse, molle, blanche; et l'autre, le sérum , est plus liquide qu'auparavant ; par un temps orageux, la crème monte plus rapi- dement. Si on l'abandonne pendant plusieurs jours à celte température, et qu'on batte violemment dans une baratte pleine d’eau la crème séparée du sérum , la masse qui reste insoluble constitue le beurre. Exposé à une température plus élevée et au contact de l’a, le Lait se caille, s’aigrit et donne bientôt tous les produits de la fermentation putride. L'alcool , les acides le coagulent, Les sels neutres produisent le même résuljat lorsque l’opé- ration se fait à chaud. Les alcalis font au con- traire disparaître le coagulum lorsqu'il est formé, L'analyse du Lait, suivant Berzélius, donne les indications suivantes ; 1,000 parties de Lait de va- 322 uadruple pour les animaux de : LAÏT che écrémé, d'une pesanteur spécifique de 1,633, contiennent : 928,55 d'eau; 28,00 de matière ca- séeuse avec trace de beurre; 35,00 de-sucre de Lait; 1,70 d'hydrochlorate de potasse ; 0,25 de phosphate de potasse; 0,50 de phosphates terreux; 6,00 d'acide lactique, d’acétate.de potasse avec ‘un vestige de tartrate de fer. La crème, d’unepesanteur spécifique de 1,024 donne, sur 1 00parties : 4,5 de beurre; 3,5 de fromage; 92,0 de petit-lait renfer- mant 4,4 de sucre de Laitel.de sels, Lammatière ca- séeuse donne, parl'incmération, 6,5 pour 100 de cendre, formée de phosphate terreux et de chaux pure. La nature des climats et la rnournitureinfluent sur da qualité et les proportions des principes du Lait ; mais la différence .est surtout remarquable en raison des divers animaux, @t cetle différence a aussi bien rapport à l'aspect, à da qualité, qu à la saveur et à Ja quantité proportionnelle des élé- mens qui constituent ce liquide. Les saisons, les circonstances diverses dans lesquelles se trouve placée la mère, changontaussi là quantité comme les qualités du Lait. 11 diffèreenfin dansises pro- priélés en raison des diverses époques de l’allaite ment. Sa sécrétion peut s’augmenter sous ccertai- nes influences; elle peut être tout à coup suppri- mée. (Woy.Lacrarion, Azrarremewr.) (P.G.) LAIT ANIMAL. (con. nur. et po. ) Quand on a Ja le beau travail de Deyeux et de Parmen- tier sur le Laït, on a bien peu de choses à dire sous le point de vue scientifique. Il n’en est pas de même de cette sécrétion quand on l'étudie. dans ses rapports avec l'économie rurale et domestique , quoiqu'ils aient poussé fort loi , à ce sujet, leurs doctes investigations. Cependant les applications ontgrandi sous la main des industriels ageiculteurs; les phénomènes que le Lait présente, considéré dans ses usages, dans ses altérations et dans leurs causes, ont été, depuis, soumis aux expériences les plus délicates et les plus minutieases. Ce sont ces détails que nous allons exposer ; nous mêélerons nos observations personnelles à celles de nos mat- tres et aux communications que nous avons re= cues de nos amis. Les qualités et la coloration du Lait sont sou- mises dans la même journée à des circonstances plus ou moins perceptibles qui le modifient, sans nuire positivement à ses propriétés, sans altérer ‘ses caractères , et qui tantôt en augmentent la masse, tantôt la dimmuent. Quand il diminue de volume , il gagne d'ordinaire en densité : ce phé- nomène se retrouve chez les femmes de même que chez les femelles qui avancent en âge. Le Lait des animaux domestiques a, chez tous, la même analogie, les mêmes principes, quoique le Lait de chaque espèce se distingue en particu- lier par des caractères propres , que l’on peut né- ! duire à trois: la proportion, la consistance et la saveur. De quelque espèce qu'il provienne , aban- donné à lui-même, les molécules quile composent se séparent en trois produits : la crème s'élève et vient à la surface, c’est la parlie jaune, grasse , huiïleuse du Lait que l’on convertit en beurre ; le caséum ou malière caséeuse, que l’on nomme aussi D En me QC Se em CU ee ME De nm LAIT 323 LAIT caillé, dont'en relire le fromage; et le sérum où petit-lair. Ces: trois substances:s’obtiennent par le temps et la: chaleur: à l’aide d’un mouvement de | fermentation semblable x celle qu'éprouvent les sues des. fruils sucrés: C’est le: développement acide qui donne le branle: cette fermentation: et lorsqu'on veut la: déterminer de suite’, é’est par le moyen: d'un acide que se: fait surle-champ. là sé- paration dela: partie: caséeuse et séveuse; mais: si: veus ne vomez point altérer le goût du petit-laittet celui du fromage , n'empleyezpas , comme on le fait d'ordinaire, la présure, maisbien les fleurs purpurines du Cardon d'Espagne , Cynara cardun- culus ,, L., où du. Chardon-marie, Carduus ma- rianus , L. Au printemps et durant, la. saison: deschaleurs, le Lait est plus séreux,,.moins-épais..et d'une di- geslion plus facile qu'en: aucune autre saison. Si vous voulez qu'ik jauisse d’une propriété aussi im- LRU l’alliez en aueune circonstance à l’in- usion du café, du thé, an chocolat, ni l’eau-de- vie ou au vin, comme le font.les Anglais dans leurs comptoirs de l'Inde; cette habitude, malheureu- sement troprépandue, surtout depuis un quart. de siècle , n'est ni douce ni innocente. pour les: tempéramens délicats, pour les jeunes personnes; le médecin qui.la tolère est coupable d'isnoranee où de faiblesse , il flatte.un goût dépravé aux dé- pens de la. santé, il viole les lois: de l’hygiène et celles de la véritable digestion. Le Lait ne passe qu'autant qu'il caille dansl’estomac ;, lorsque celui- ci pèche par l'absence des sucs divestifs-nécessai- res pour opérer la coagulation, le Lait doit être re- jeté comme nuisible; maïs hors ce cas ,.il est ami de l'estomac; il convient aux adultes et aux vieil lards, aux hommes et aux femmes. Du moment qu'il est uni à l'une des substances. que je-viens de nommer, la coagulation n’a plus lieu ; les propriétés nutritives du Lait sont’ atténuées ; elles deviennent même nuisibles. L'expérience est faci'eà faire. En été, l’on ne pourrait conserver plus dedix à douze heures du: Lait et de la crème sans voir l’un se caillebotteret l’autre s’aigrir, tandis qu'un mélange de crème et de café ne subit aucune altération ; il peut même se réchauffer au bout de trois ou qua- ire jours. [l'y a dés estomacs qui usent impuné- ment de ce mélange ; mais si l’on voulait faire at- tention, il incommode habituellement, surtout les personnes du sexe, chez qui,.jeunes ou vieilles, les fonctivns digestives sont si souvent en défaut, il . incommodeles hommes et les femmes sensibles dont . le-systêmenerveux estréellement d’une grande sus- . ceptibilité. Je l'ai vu causer d’affreuses crispations à dés femmes et constiper des hommes robustes. On | peut laccuser aussi de déterminer un fâcheux éevulèment, et presque toutes les autres altérations . de l’économie animale. Les médecins de bonne foi, | convaincus de là funeste influence de ces mélan- | ges, ont remarqué que les pulmonies, les phthi- | Stes et les maladies si cruelles de l'utérus ont aug- | menté de plus de moitié dans les villes et se sont | Propagées dansles campagnes, partout où l’on a | adopté l'usage de prendre du Lait avec le café, le | chocolat, le thé: C’est un avis auquel la mère de : famille doit donner toute son'attention. SI. Des différentes espèces de Lait, — Le Lur | D'Anesse est celui qui se rapproche le plus du Lait de femme; il n'offre ni plus de caséum ni plus de beurre, mais presque aulant de sucre de Lait.et une plus grande quantité de sérum; il est moins: sujet à varier. Pour cela l’animal doit étre bien logé, nourri de bon fourrage, tenu proprement.et traité avec douceur. L'usage de son Lail remonte à la plus haute antiquité. Sa crème est peu épaisse ; le beurre blanc, fade et peu consistant. Très-abondant, remplissant toutes les laiteries, ebréunissant toules les:qualités désirables, le Larr pe Vacne, selon l'expression du docteur Gabriel Venel, surnommé par Rouelle le Démon du midi , est plus Lait que tous les autres Laits connus , et manifestement meilleur que ceux de la Bufllesse et. de la femelle du Ghameau,.quoique, en Egypte et dans l'Inde, ces derniers soient préférés. Sacouleur est d’un blanc légèrement bleuâtre. Plus on rappro- che les-traites dans le cercle étroit de vingt-quatre heures , non seulement plus on obtient de Lait, mais-aussi plus cette liqueur.est riche en principes: I faut, commenous le dirons en parlant de la Va- cue ( v. ce mot ),. un intervalle de douze heures pour que le Lait puisse s’élaborer else perfection ner dans-l’organe qui le fabrique. Moins séreux que.le, Lait d’Anesse, le Larr bB: Juuenr n’a point les hautes qualités. de celui de la Vache , et. quoiqu'il-serve de nourriture à certai- nes-hordes: de Tatares et de Gosaques, quoïquils en: fassent du beurre’ et des fromages ,.ce n'est. que dans de: faibles. proportions ;, le. sulfate de chaux qu'il contient.en. absorbe une grande.quan- lité, ou du moins.en! arrête. l'élaboration. D'une densité: plus considérable: que chez la: Vache , le: Larr pe: Gnèvre porte avec lui une odeur et une: saveur auxquelles on s'accoutume aisément, mais qui paraissent étranges dans lès: premiers jours de son usage. La crème qu'il'four- nit est d’un blanc mat; lx petite quantité de: beurre que lon en retire unit x la fermeté une:sa- veur douce, fort agréable ; et la qualité-de:secon- server plus long-temps que: tout autre; le caïllé: s’y trouve extrêmement. abondant, d’une bonne consistance , et constitue-la base d’un objet d'in- dustrie:et de: commerce fort important. Le: Lait de la’ Chèvre du Tibet et du Cache- mir est beaucoup plus-riche en matière: suerée:;: son caillé délicat;.de. facile: digestion ,.etile beurre abondant, sansräcreté.:. Quant au Larr pe Brenis, le plus:gras de tous, il affecte le goût d’une manière peuflatteuse ; sert beurre à si peu de consistancequ'à la plus: légère chaleur:il fuse, il semon!re semblable x de l'huile; rancit aussitôt, surtout si-l’on° n’a pas eu la pré: caution de le laver à plusieurs reprises. La matière caséeuse conservé un état! gras et visqueux; elle n’est ni tremblanie ni gélatineuse comme celle: dela Vache: Elleisert à fabriquer le fromage de Roquefort, département'de l'Aveyron LAIT 324 LAIT ES IL. Du goût et de la couleur, — Toutes les fois que les Vaches mangent des plantes à odeur d’ail, dont le nombre est assez considérable, prin- cipalement le Tabouret alliacé, T'hlaspi alliaceum, le Vélar, Erysimum alliaria, V'Aïl des ours et ce- lui des vignes, Ællium ursinum et A. vineale, leur Lait prend un goût désagréable; cependant on peut le boire, car il n’a rien de mal sain. On l'appelle LaiT ALLIACÉ. Celui provenant de Vaches qui ont brouté l’Absinthe, Arlemisia absinthium , le Laiteron des Alpes , Sonchus alpinus , les feuilles de l’Artichaut, Cynara scolymus, ainsi que celui des Chèvres qui dévorent un grand nombre de jeunes pousses de Sureau, Sambucus nigra, de fanes de Pommes de terre, So/anum tuberosum , etc., est un LAIT AMER. Le blanc est la vraie couleur du bon Lait; le plus parfaitement BLanc est celui que fournit une Vache nourrie des feuilles et des tiges du maïz;il est en outre très-consistant, entièrement opaque, d’une odeur agréable , d'une saveur très-douce : c’est le Lait le plus riche, La couleur bleue demande à être observée avec soin pour décider de la qualité du Lurr prevu. Quand cette couleur est claire, on peut l’attribuer au Pastel, {satis tinctoria , à la Jacinthe à houppe, Hacinthus comosus, au Jonc fleuri, Butomus um- bellatus, ete. ; la paille d’orge et le son produisent le même effet. Le Lait est légèrement fade, mais son odeur est agréable; on peut le boire sans crainte. Sa crème et le beurre en provenant, quoi- que d’une teinte plus intense, sont d'excellente qualité. Il n’en est pas ainsi du Lait qui se ternit aussitôt qu’il a été trait, qui se couvre ensuite de taches bleues plus ou moins multipliées, plus ou moins étendues, plus ou moins soulevées, et sem- blables à des moisissures. Au bout de vingt-quatre heures, ces taches occupent toute la surface du liquide ; la teinte diminue seulement d'intensité, plus on approche de la portion inférieure. La crème et le caillé prennent la couleur bleue; le beurre a le goût nauséabond , et rancit en peu d'instans. La crème tourne promptement au petit-lait et celui-ci file quand on le verse de haut; il prend le plus souvent une couleur roussâtre. Le caillé est mol- lasse. Les commères attribuent ces taches à des sortiléges, à des maléfices; l'observateur attentif y voit une altération du système économique de l'animal , quoi qu’en disent les auteurs de l’article Lair du Dictionnaire des sciences médicales, tom. XXVII, où je trouve de graves crreurs, des assertions plus que hasardées. Le Lait doit être jeté, l'animal soumis à des boissons rafraîchissantes , à quelques fumigations, et il faut cesser de le traire durant l’affection morbide, L'accident se manifeste au printemps, en automne, surtout durant les grandes chaleurs de l'été ; il dure huit jours, qua- tre semaines ,et même cinq et six mois ; ilest rare- ment épizoolique. On l’observe particulièrement au pays de Caux et dans plusieurs de nos dépar- temens situés à l’ouest. Le Larr ixsirie provient d'animaux.qui font leurs délices de la Prêle des eaux courantes, Equi- setum fluviatile; ce Lait est intolérable au goût , et si l'on en fait du beurre, cette substance prend une couleur de plomb qui déplait à l'œil. Le Larr sAUNE est produit, selon les uns, par les grandes fleurs du Populage, Caltha palustris ; selon les autres par la présence , dans les pâtura- ges, du Safran, Crocus oficinalis, ou du Blé de Vache, Melampyrum pratense. Les Vaches ne mangent point le Populage , mais elles recherchent avec avidité le Mélampyre ; leur Lait et le beurre qui en provient sont très-jaunes et n’ont aucune mauvaise qualité. Quant au Lait NON CoAGuLABLE , je me suis as- suré que cette altération est due à l’ingestion des gousses de Pois verts et à celles des Menthes, prin- cipalement des deux espèces désignées par les bo- tanistes sousles noms de Mentha arvensis et M. sil- vestris. Les gousses de Pois impriment au Lait une saveur désagréable; celles de Menthes quelque chose de piquant , de camphré, d'âcre , qui le rend étranger à lui-même. Setrouve-t-il dans le pâturage une grande quan- tité de Fraisiers, fragaria vesca , chargés de leurs fruits succnlens , le Lait prend une couleur rose fort jolie. Ce phénomène est fréquent aux pays de montagnes, dans les Vosges, dans les Alpes; je l'ai vu en Suisse, surtout en quelques endroits voisins du lac de Genève. Le Lair rose commu- nique sa couleur à la crème , sur laquelle elle se montre plus intense, Dans aucun temps, dans au- cun lieu, le Lait ainsi coloré n’a causé la plus lé- gère inquiélude. Je n'en dirai pas autant du Latr nouer, Résul- tat le plus habituel d’une affection particulière des vaisseaux capillaires du rayon, il était connu de- puis long-temps; mais sa cause demeurait com- plétement ignorée ; les uns avaient la sottise de l’attribuer à la Couleuvre à collier, les autres à J'Engoulevent , ou bien au Hérisson, qui tettent , dit-on, et les Chèvres et les Vaches : ce qui est absurde et physiquement impossible. Cependant , quand le trayon n’est pas plus tendu que de cou- tume , qu'il ne présente point d'irritabilité posi- live, il convient de chercher une autre cause à, l'existence du Lait rouge avant de le jeter en pure perte. Les femelles des Mammifères qui mangent, des racines de Garance, Rubia tinctorium , don- nent un Lait ayant une couleur analogue à celle que ces mêmes racines communiquent aux éloffes de laine et de soie. Cette couleur se retrouve aussi dans les urines : elle pénètre les os , tandis que les autres tissus de l’économie animale y restent étran- gers. Mais il faut, pour cela, que la plante soit prise en forte dose et durant plusieurs jours de suite, ce qui est rare. Le Caille-Lait, Galliumverum, produit le même effet , au dire de quelques au- teurs ; je suis obligé d’attester le contraire ; jamais je ne lai observé sur des Ghèrres et des Vaches auxquelles je prodiguais cette plante; seulement je l'ai vu une fois chez une Lapine. Au mont Pila , situé au sud-ouest du départe- ment du Rhône, et sur les chaumes des Vosges et des. 20000000 LAIT 325 LAIT Hautes-Alpes, où le Trèfle des montagnes , Trifo- lium montanum , abonde parmi les pâturages , les bestiaux donnent un Larr sucré, ou, si l’on aime mieux , le Lait y offre un goût sucré très-prononcé. d’ai obtenu le même résultat de Vaches auxquelles j'avais donné du marc de belteraves coupé avec du foin de première qualité. Parfois enfin , on appelle Laïr venT le sérum ou petit-lait; mais quand cette couleur s'aperçoit sur le Lait nouvellement trait, n’en faites aucun usage , ildénonce une dégénération très-prochaine. La cause de cette dégénération est, à mes yeux , la même que celle qui produit le Lait bleu. $ II. Usages du Lait, — Le Lait se consomme en nature; dans cet état il convient aux habitans des montagnes qui font beaucoup d'exercice; té- moin les nations indomptables des premiers temps historiques , nos braves aïeux les Celtes et les Gau- lois, les Germains leurs amis, les familles qui peu- plent les chalets des Alpes, des Vosges et des Py- rénées , les déserts de l'Arabie et les steppes im- mepses de la Tatarie. Dans les villes, il faut en user modérément si l’on veut qu'il se cuillebotte promptement et par conséquent qu'il passe con- venablement. Le Lait se convertit en beurre quand on en a exprimé tout le liquide blanc à reflet jau- nâtre que l’on nomme Larr DE BEURRE, et qu’on l'a pétri dans deux eaux conséculives. On en fait des fromages, dont la forme, la consistance et le goût varient selon les usages particuliers des pays où cette fabrication a lieu en grand. On retire du petit-lait, qui reste quand le fro- mage est fait, non seulement à l’aide d’un acide , mais encore avec un haut degré de chaleur , une substance ayant de la ressemblance avec la partie caséeuse , qui pourtant est d’une nature différente, lus délicate et plus maigre ; on la nomme Serac, Se- rai et Seret. En Suisse, on la sale et on 4'emploie à la nourriture des ouvriers attachés à la ferme : cette substance est excellente, et lorsqu'on la mélange avec dela crème, elle fait une véritable friandise, elle est alors admise sur la lable du riche. On peut en- core demander au Lait une matière tenant le mi- lieu entre le sucre et la gomme, c’est ce qu’on appelle sel et sucre de Lait, substance blanche, cristallisable au deuxième degré, demi-transpa- renie, peu soluble dans l’eau, et dont les usages sont aujourd'hui très-bornés. Avec le Lait de Jument, frais et provenant d’une bête saine, les Russes se procurent une liqueur spiritueuse. On n’y ajoute rien ; ilsuffit de l’agiter long-temps renfermée en nn tonneau; l'effet du mouvement s'oppose à la séparation des parties conslituantes du fluide, quoiqu’elles soient très- légèrement unies entre elles, et les oblige de four- nir leurs principes au produit que l’on veut ob- tenir. Spielmann s’est assuré, en 1778, que l’on pouvait employer de même le Lait de Vache. Veut-on dépouiller le Lait du mauvais goût, de l'odeur désagréable que lui impriment certains végétaux ; on le verse dans un vase d’étain que l’on plonge dans de l’eau bouillante ; la crème monte bientôt ; une fois qu’elle a acquis la même tempé- rature que l’eau, battez-la , le beurre que vous ob- tiendrez sera parfaitement doux. Désire-t-on le conserver durant les grandes chaleurs, on prend des bouteilles bien sèches , parfaitement inodores; on les remplit de Lait au sortir même du pis ; on bouche solidement avec du liége ,et l’on assure le bouchon avec de la ficelle ou du fil de fer. On étend ensuite un peu de paille au fond d’une chaudière, on y place les bouteilles, -en ayant soin de mettre de la paille entre chacune our prévenir tout contact et la casse. On verse de l’eau froide dans la chaudière, et l’on met sur le feu. Dès que l’eau jelte un premier bouillon , on relire la chaudière et on laisse refroidir lentement. Aussitôt que les bouteilles sont absolument froi- des, on les retire avec précaution, on les place dans unc caisse pleine de paille , et on porte au cellier ou dans une cave plutôt sèche qu’humide. Ce moyen de conservation est infaillible. Du Lait préparé de la sorte a été transporté dans l’Amé- rique du nord, en l'Inde, et de là rapporté en Danemarck, où il a été employé avec succès et profit après deux années de date. Les bergers des vallées du Bigorre , département des Hautes-Pyrénées, plongent les vases qui con- tiennent le Lzit dans une eau courante, où, re- couverts par des tables de pierre, ils se trouvent sous une température si froide qu'elle approche de très-près le terme de la consélation. De la sorte, leur Lait traverse sans trouble ni crainte de se coaguler les chaleurs les plus excessives ct les plus longues. Sur le Jura, dans le pays de Gex, département de l'Ain , au canton de Vaud, et dans diverses lo- calités des Alpes , on rencontre, sous les noms de Granges, de Fruitières , de Chalets, des ateliers plus ou moins vastes où l’on manipule le Lait en grand , c’est-à-dire où l’on réunit tous les jours le Lait produit par les Vaches disséminées chez les habitans , et où l’on voit préparcr ce Lait par un homme de lart aux gages de l'association. Ces fruitières rendent des services signalés à l’économie rurale et domestique ; e'les emploient les procédés perfectionnés des grandes vacheries suisses; elles fournissent de très-bon beurre ct,des fromages de haute qualité, d’une consistance solide, qui, sus- ceptibles d’être transportés au loin, sont recher- chés dans les marchés de toute l'Europe , plus particulièrement daos les ports de mer, où ils sont à la fois, pour les vaissseaux, denrée d’approvi- sionnement ct marchandise de cargaison. En faisant évaporer la substance légèrement écrémée , et en y mellant un seizième de son poids de sucre blanc , on obtient un Larr pe vovaGr que l'on conserve long-temps sans crainte de le voir s’altérer. On procède à l’évaporalion dans une bassine tenue au bain-marie; on agite sans cesse avec une spalule en bois. L'opération est terminée quand le liquide acquiert une consistance dure et cassante ; on laisse refroidir et on enferme dans des flacons ou des boîtes en papier que l'on en- toure de feuilles de plomb, Quand on veut em- LAIT ployer cette substance, on en dissout une certaine: quantité dans de l’eau chaude que l'ex tient sur le, feu. : (En. B;). LAIT VÉGÉTAL. (nor.)Suc épais, blanc, visqueux , qui découle, quand on casse les, feuilles, ou les tiges, ou. par incision, d’un. grand nombre de plantes disséminées, dans presque: toutes, les: fa- milles, depuisles, Agarics. qui rampent sur la terre, chez lesquels, le Lait végétal est, essentiellement. vénéneux, jusqu'au Cocoticr , qui, se, balance dans une région élevée de, Fatmosphère , dont la noix, avant la parfaite maturité, renferme. un. suc lai- teux très-saim et fort agréable à boire; depuis la Grenadille dont la tige s’enroule autour des plus: grands. arbres, et:les Euphorbes arborescentes qui asseoient sur le sol une tige.grosse., charnue, gar- nie d’aiguillons ou: de. tubercules au lieu de feuilles, dont le suc laiteux est.âcre, amer, abondant, dé- terminant à la peau, des. pustules. plusou. moins, | dangereuses, jusqu'à l'Arbol de leche, très-bel ar - bre de l'Amérique, du sud , appartenant à la fa- mille des, Urticées, et appelé. par Kumih Galacto- endrum., fournissant, un, Lait substantiel auquel on ne peut reprocherque sa viscosité, (3). En général, il. fautse, méfier des plantes laiteu- ses ; leur Lait, n’a que l'aspect delaliqueur fournie par les femelles. des Mammifères; aussitôt qu'il est, abandonné à lui-même, ik se couvre d'une. pelli- cule luisanteetne tarde pas à se coaguler. I con. vient aussi de ne pas.se permettre de'porter des frag- mens de cesplantes àla bouche, dansses mains, ou sursoi, quandelles n'ont pasété étudiées avec soin. Le Laït des Figuiers est dangereux , ansi que celui fourni par les racines: des, Liserons:, des. Apocins , des Campanules, des Pavots , etc. La culture à adouci celui de la Chicorte, de la. Laitue , du Pissenlit, etc. IL en est d’autres que L'on peut su- cer sans danger quand la planie est jeune, : tels sont l’Ærtocarpus integrifolia , V Asclepias lactifera,, le Bassia, butyracea, etc. L'industrie retire du Lait de plusieurs, autres, végétaux, des résines, comme, le Castilleia elastica., le Simphonia. caoutchouc , le Latropha elastica,. etc. On pourrait profiter de, quelques uns pour la teinture : trailés par. divers. réactifs , ils changent quelquefois de couleur et prennent des nuances assez solides. (T. p. B.). LAITANCE-ou LAITE. (porss.) Get organe, qui. est double, et s'étend dans la partie supérieure de l'abdomen, dent il égale presque la longueur, re- présente celui qui a recu,chez.les. autres, animaux la dénomination de testicules, Séparé par une membrane des parties. qui l’avoisinent , il. paraît composé d’un très-grand nombre de pelites cella- les; chacun. des deux lobes renferme, un. canal, parcourant la plus xrande partie de sa longueur , et destiné à recevoir, pour ainsi dire de chaque cellule, une liqueur blanchâtre ou laiteuse qu'il (x) Dans un Mémoire publié à Santa-Fé de Potoga, en 1823, par Boussingault et Rivero, l'on tronve que ce Lait est composé re de: cire en. très-grande quantité; 2° de fibriney 30 d’an peudesncre; 4? d'un sel à.base.de magnésie, mais qui n'est point un acétite; 5° et d'une matière-colorantes 326 décrire. : : LAÏTERON, Sonchus. (or. Pxan. ) Genre de LAIT transmet. jusqu'auprès) de: l'anus. Cette: liqueur, qui est la matière séminale ow fécondante:, se:re- produit. périodiquement ; à mesure: qu'une nourri- ture. plus, abondante. ctla chaleur active: de la saï- .son nouvelle augmentent celte substance, elle: remplit les cellules de lorgane que nous décri- vons, les gonfle , les étend ,,ct donne aux deux lobes ce grand accroissement, qu'ils présentent lorsque le temps. du frai est arrivé, Ce-développe- ment, successif n’est quelquefois. terminé: qu'a bout de plusieurs mois, et pendant qu'il existe, la malière dont la production l'occasione wa past encore toute la fluidité qui. doit lui appartenir : ce: n'est que graduellement, et, même par parte , qu'elle se perfectionne,, s’amollit , se fond , mû- rit, pour ainsi dire , devient, plus blanche, liquide, et véritablement propre à porter le. mouvement de: la vie dans les œufs qu'elle doit arroser. La description abrégée que nous venons de don- ner de cet organe ne doit être considérée que comme un appendice de celle des organes de la génération, avec lesquelles on a coutume de le- (Azru. G.) * plantes établi par Tournefort dans.la famille des: Synanthérées où Chicoracées de J'ussieu, et fai- sant partie, dans le système sexuel, dela Syngénésie égale. Il renférme des plantes très-lactescentes: : fort répandues, mais qui. paraissent, du moins pour le plus grand nombre, être origmaires des contrées méditerranéennes. Toutes sont herba- .cées, deux seules ont la tige ligneuse,. on les x trouvées indigènes aux îles Madère et Canaries. Elles viennent dans les diverses sortes de terrains, de préférence cependant sur les sols de Baute qua- Jité, ayant dir fond'; on°en voit peu dans les terres légères, sablonneuses. Les unes sont annuelles , les autres vivaces. Quatre espèces-peuvent prendre place parmiles plantes d'ornement : 1° le Larrenon DE TANGER , S. tingitanus:, qui alatige droite, rameuse , haute detrente-deux centimètres, les feuilles très-lisses , glauques:, roncinées, et de grandes fleurs jaunes épanouies pendant les mois de juillet, août et septembre; 2° le LaAlTERON À GRANDES FEUILLES , S. plumerit, orné de belles fleurs-bleues ou lilas, disposées enpanicule corymbiforme , à l'extrémité d'une tige simple, lisse, montant x un mèëtre de haut ; on trouve cette espèce, ainsiquelatroisième, le. Laïreron pes Ares, S. alpinus, sur leshautes montagnes.de la France, prineipalement les: Vos- | ges.,. les Alpes, les: Pyrénées, Ses: fleurs: bleues, portées: sur des; pédoncules couverts. d'évailles, forment des grappes droites , composées-et termi- pales; 4° et le: Larreron: 4 crosses FLEURS, S, ma- cranthos, découvertau commencement du:dix-neu:- vième siècle, aux îles Ganaries, par Ledrwet Brons- sonnet. Le dernier en.a-rapporté de lagraine, qu'il: a cultivée au jardin botanique de Montpellier’, d’où cette plante s’est répandue dans. tous les; jar- dins, Je l'ai vuc épanouie à. Paris au, mois.de mai, 18205, c'était la première fois qu'elle y montrait: ses fleurs jaunes, larges de quatre centimètres: et: : ——————————————_—————_——_————————— LAIT æétunies huit à douze ensemble au sommet des rameaux, et soutenuessur des pédoncales fistulenx revêtus d'un duvet blanchâtre très-fin , qui tombe facilement. Cette espèce.estreprésentée dans mobre Atlas, pl287, fig. 2. Le Larreron 116neux DE Maire, S. frulicosus, Antroduit en France dans l’année 1777 , décoré depuis le mois de juin jusqu'à la fin d'août de fleurs d’un jaune doré, grandes et disposées-en largescorymbes surune tige de quarante soixante centimètres de haut, de même que le Larrenon 4 #EUTLLES PINNÉES, 5. pinnatus , des mêmes îles , produisent un assez bel effet; mais ils deman- dent encore les soins de l’orangerie durant l'hiver; la gelée les fait périr en peu d'heures. On appellesaladedes bestiaux et surtout des La- pins , quil'aument beaucoup , de Larrenon commun, $.-oleraceus. Cette plante un peu amère , très-lai- tense , est apéribive et rafraîchissante. Lorsqu’elle est jeune, l’homme la mange crue en salade , «t -cuite dans le pot-an-feu; c’est pour cela qu’on da trouve dans les jardins potagers. Selon des terrains qu'ilhabite, le Laïteron commun présente des mo- difications itelles que Bauhin , Tourmefort et plu- sieurs autres botanistes célèbres ont cru pouvoir -en faire des espèces différentes; mais comme les Caractères £taient basés sur les feuilles et à raison des cils spinifères qui les couvrent, ces espèces se sont évanouies sous d'autres yeux, et, au lien -d’espèces nous n’avons plus eu que des variétés mal assurées. Cependant une nouvelle investiga- tion était nécessaire, et pour la rendre certaine dans sa marche , il fallait étadier le fruit, qui est grisâtre, seul moyen d’apporler quelque clarté dans les distinctions, Ce n’était pas avec cette phrase, que l’on a eu tort de généraliser, « les » semences se montrent à la loupe finement tuber- » culeuses », qu'on pouvait espérer des caractères positifs. De Lamarck, Dumont de Courset, et, d’après eux, Casimir Picard, d’Abbeville, les ont trouvés et ont divisé l'espèce commune en deux varictés réelles, très-distinctes : l’une, le S. oleraceus asper , dont les fruits sont rugueux, siriés, subcy- Jindriques ou subquadrangulaires; l’autre, le $. oleraceus lævis, à fruits lisses, plans ou presque plans, munis de bourrelets longitudinaux , et n'ayant point destries. La première variété compte quatre sous-variélés ; la seconde en à trois ; elles dépendent de l'habitat. Les sous-variélés de Ja première sont : 1°,le Major, qui se trouve ‘au bord des ruisseaux, dans les lieux humides et om- bragés; 2°Je Ramosus, vivant aux mêmes localités; 3° le Platyphyllus desendroits humides.et couverts, au bord des bois et dans les jardins ; 4° et le Mi- crophyllus des bois et lieux un peu humides. Toutes oùt la tige forte , haute de soixante à cent centi- mètres , les feuilles nombreuses, rapprochées dans le bas, fortement épineuses en leurs bords, les fleurs en ombelles terminales avec pédoncules non cotonneux sous les involucres. Les sous-variétés de la seconde sont : 1° le Distans, 2° le Minor g ise rencontrent aux lieux secs, ombragés;et3° Je ülti/idus à la tige couleur lie de vin, habitant sur S27 LAIT nee men nn les vieux mars, dans les fentes où $’est amassé unpeu de torre; chez ces trois sous-variétés Îles pédoncules sont cotonpeux sous l'involucre ; la tige, épaisse , rameuse dans le bas, porte des feuil- les nombreuses , crandes, larges, armées de dents, les supérieures simples, : pointues, à oreillettes arrondies ‘et contournées. Chez le Larrenon Des camps, 8. arvensis, par trop multiplié duns nes seigles , le fruit est d’un violet noir , double de la grosseur de celui du &. oleraceus. Sa tige, grèle, haute d’un mètre à un mètne.et demi, velue , ramifiée à son sommet , est: garniede {cuilles nombreuses, alternes, distantes Je Tong du füt, et non ramassées par le bas , très- élroites d’abord, puis s’élargissant inscnsiblement, un pou ciliées, avec trois el quatre dentelures, ill fleurit:en août. (T. ».B.) LAITIER, ( cuim. )} Masse vitrifiée, opaque , formée dechaux, de silice , d’alumine et d’un peu d'oxide de fer, qui se produit, dans l'extraction du fer, sous l'influence de la chaleur , du char- bonet du fondant employé ; qui ceule avec le for fondu jusqu’au sol du fourneau , et qui recouvre le métal de manière à le préserver de l'influence de J’air. Le Laïtier produit souvent des combinai- sons cristallisées qui ressemblent bexucoup à celles que l'on trouve dans le règne minéral. Tous les muîtres de forges savent que ce produit retient d'autant moins de fer que la réduction de la mine est plus complète , et alest probable qu’un jour , la nature du Læitier étant mieux connue , on aug- menliera davantage les résultats d'exploitation. F FE.) LAITON. ( cmm. ) Le Laiton , cuivre Jaune, si- milor, or de Manheim, alliage duprince Robert, etc., n'existe pas dans la nature. On le prépare dans les arts en fondant ensemble, avec les plus grandes précautions, 26 à 4o parties de zinc, et 8o à Go parties de cuivre. A la température ordinaire, cet alliage à la ductilité du cuivre ; chauflé jusqu’au rouge , il devient cassant. Traité par l’'ammonia- que caustique, la surface du Lailon blanchit, parce que le cuivre s’oxide , se dissout dans la li- queur , ct le zinc est mis à nu ; celte même surface est au contraire rougie par l'acide hydrochlorique, qui dissout le zinc el met le cuivre à nu. Le Lai- ton sert dans les arts pour fabriquer des chaudiè- res , des poélons , des instrumens de musique , de physique , des épmgles, etc., etc. (E. F.) LAÎTUE , Lactaca. (so. man.) Genre des Sy- nanthérées de M. G. Richard, Chicoravées de Jus- sieu, et de la Syngénénie polygamie égale de Linné, caractérisé par H. Cassini de la manière suivante : involucre presque cylindracé , composé de folioles imbriquées , appliquées ; les extérieures ovales, les intérieures oblongues ; réceptacle plane, sans appendices; calathide composée de demi- fleurons nombreux et hermaphrodites; ovaires comprimés, orbiculaires ou elliptiques , quelque- fois munis d’une bordure sur les deux arêtes , tou- jours pourvus d’un :col articulé par sa base, d'abord court el gros, et terminé par un bourrelet, puis long et grêle, surmonté d’une aigretie légèrement LAIT 328 LAIT 2 6 plumeuse; fruit prolongé supérieurement en un col , caractère essentiel , et qui , ainsi que l'a fait, le premier, observer Levaillant, distinguele genre Lactuca du genre Sonchus, dont il est du reste très- voisin. Ce genre de plantes potagères fut connu dès la plus haute antiquité : ila un nom en hébreu , un nom en grec, un nom en latin, et c’est de ce der- nier, Lactuca, qu’est venu le nom français Laitue, dont l'étymologie est manifeste dans les deux lan- gues, et justifiée par le suc qui distille de la tige de cette plante lorsqu'on la coupe. Suivant Pline, les Grecs comptaient trois espèces de Laitue : la Lailue à large tige, et tellement large qu'on en faisait, disait-on, des portes de jardin; la Laitue à tige arrondie ; enfin la Laitue sessile ou acaule, qu'ils appelaient Laconique. D'autres distinguaient ces plantes par leur couleur et le temps où on les semait; car les semait-on en janvier, elles élaient noires; en mars, blanches ; en avril, rou- ges. Les plus exacts en faisaient un plus grand nombre d’espèces : ils distinguaient les Laitues pourprée, frisée, cappadocienne, grecque , pi- cride où amère, méconide ou à suc soporifique comme l'opium, caprine ou de chèvre, etc. Cette dernière était funeste aux poissons. En jetait-on quelques feuilles dans la mer , malheur à ceux qui se trouvaient près de là : ils périssaient ious à l'instant. Au reste, toutes les plantes qui sont des Laitues pour Pline ne le sont pas pour nous, et Gelse lui-même a su retirer de ce genre celle dont nous venons de parler, pour la rendre aux Tithymales ou petites Euphorbes. La Méconide éta't la seule Laitue connue des anciens habitans de l'Italie. On donnait le nom d’ÆAstylide à la Lai- tue arrondie, à racines fort peliles et à larges feuilles. D’autres l’appelaient Eunuchion , dit Pline, quoniam hœc maximè refragetur Veneri. Au reste, les anciens, comme nous, reconnaissaient à toutes les Laitues la propriété de tempérer l’ardeur du sang, Claudere quæ cœnas lactuca solebat avorum, Dic mibi eur nostras incipit illa dapes ? Ce mets que nos aïeux ne mangeaient qu’au dessert, Comment est-il chez nous le p:emier que l’on sert ? A celte demande, que fait Martial, la réponse est facile. Les Romains observèrent sans doute dans les derniers temps que la Laitue excitait l'appétit. Les E 3 ; k é a -- @-. EE Turner. Le: L] 7.2.Lamies (/rs.) 3.Lamie fPoiss.} ‘ # . Æ Caërir dr Dé LAMI ament la racine des végétaux ; les unes et les autres æpèrent leur transformation dans les Jieux où elles ont vécu. L. céanr, Z. gigas, Fab., fignrée dans noire ” Atlas, pl. 289, fig. 1. Longne de 2 ponces et 4 “demi; tête ifurt grosse, très-large au dessus des mandibules, celles-ci très-rohustes; échancrure des yeux placée tout en hant de leur orbite; an- - tennes deux fois aussi longues que le-corps: cor- "sélet court, muni de chaque côté d’une épine 3 très-aiguë ; écusson cordiforme à son extrémité ; élytres muñies à la partie humérale d’une épine | On estime généralement pour. la plus belle es- pèce du genre celle que la largeur de ses feuilles aiguë; toutes les élytres sont en outre chargées de granulations près de la base et offrent deux épines à leur extrémité près de la suture ; les tibias de toutes les pattes sont sinueux dans leur lon- gueur;-toutes les parties de l’insecte en dessus sont plus ou moins rugnenses, d'un brun-noir avec les antennes etes pattes gris-Jaunâtres ; les ‘élytres sont plus blanchâtres, avec la base et l'extréniité enfumées -et une grande tache veloutte noïre an côLé antérieur de chacune d’elles. Gelte belle es- pèce wient du Sénégal ; elle n’est pas rare à présent dans les collections. L. swpbrraze, L. imperialis, Fab., figurée dans notre Atlas, pl. 289, fig. 2. Elle est longue de près d’un pouce, couverte d’une poussière ferra- gineuse, avec des handes transversales vertes sur le corselet et sur les élytres. Le dessous est varié de vert et de ferrugineux, ainsi que les pattes ct les _ anlennes. Celte belle espèce se trouve en Guinée et.est encore fort rare dans les collections. D: gnuzante, L. æstuans, Oliv. Longue de 14 lignes , noire ; corselet et abdomen colorés de rouge-brique;.élytres fortement ponctuées, noir- bleu, avectrois bandes transverses rouge-cinabre, dont la dernière terminale. Du Sénégal. L. «A mnors BanDes, L. trifasciata, Fab. Longue de 16 lignes, noir-mat, avec trois larges bandes transverses fauves sur le milieu des élytres. Du Sénégal, (AP) LAMIER on LAMION , Lamium, L. (nor. pnan.) Une quinzaine de plantes dicotylédonées , herba- cées , presque toutes annuelles et très-commnnes, forment un genre dans Ja famille des Labites et font partie de la Didynamie gymnospermie, Les feuilles y sont. simples, opposées, les fleurs sessi- Jos , disposées en venticilles axillaires, Quatre se- menses mues, driganes, convexes «l’un côté, “ tronquées aux deux bouts, succèdent dun à ppareil cowposé dun calice monophylle, tubuleux-cam- panulé , à cinq dents aiguës, inégales; d’une co- rollemonoapétale dent Ja lèvre supérieure esl.en- tièreet voûtée, l’inférieure à trois lobes ; de qua- tre étamines cachées sous la lèvre du haut, avec anthères oblongues, velues ; d’un ovaire supère, “quadrilobé, surmonté d’an style filiforme, bifide à son sommet, el de stigmates aigus. cordiformes, bullées , d’un vert obscur en dessus, de couleur rougeâtre en dessous, que ses grandes orvale, venu de l'Italie, donnant ses verlicilles en fleur an mois de mai, el-une plante ‘hante de trenle-denx à quarante centimètres. Je lui préfère le Laurier pu mont Gancano, L. garganicum , que j'ai.cueilli avec tant de plaisir surcette:montagne de J'Apulie; ses feuilles sont petites, mais ses fleurs purpurines réunies jusqu'à douze ensemble , mais son buisson haut de soixante -centumètres , produisenl,un superbe effet. TS Les Abeilles butinent avec uñe sorte. de scnsua- lité sur Jes-Îleurs balsamiques du Lamwier 8LANc , L. album, que l’on tronve partout dans les bois, les haies, les lienx ombragés , autour des ‘habita- lions rurales, sous le nom d'Ortie blanche. Les bestiaux la mangent sanslarechercher:;-ses feuilles son! âcres et-amères. On.en fait mne-borne litière, on-en retire de la potasse , on cn chauffe les fours. Ellees! l'indice d’une terrelégère, de première qua- lité, L'on vante ses fleurs comme astringentes, Quoique Je Lauren vourrre, ,L. purpureum, et Je Lamier gusrsssantr, L. ampleæicaule. exhalent, quand on les froisse , une -odenr forte , désagréa- ble , les animaux les mangent ; on peut aussi les faire servir aux mêmes usages que l'espèce précé- dente, (T. ». B.) LAMINAIRE , Laminaria. (mor. cnxer, ) Hy- drophytes. Ge genre, qui.est le type de la famille des Laminariées de Bory de Saint-Vincent ,et qui fut d’abord distingué sous le nom de Larinarius par Roussel, puis sonscelui de Gigantea par Stack- house, a été caractérisé ainsi par Lamouroux et Agarth : racines fibreuses, rameuses; frondes fibreuses et slipilées, membraneuses ou coriaces ; fructification en graines pyriformes, disposée dans les lames de la fronde. Les Laminaires habitent généralement les mers seplentrionales et l'hémisphère boréal; quelques unes seulement sont fréquentes sur les côtes du nouveau et de l’ancien continent. Toules sont co- riaces et d'un vert foncé ou roussâtre; toutes restent long-temps hygrométriques après leur des- siccalion; leur surface est recouverte d’un enduit muqueux, et leur intérieur est pourvu d'un prin- cipe gélalineux et sucré très-abondant, qui ap- paraît sous forme d’efflorescence farineuse etblan- châtre, surtout quand on les a desséchées sans avoir eu la précaution préxlable de les laver à l’eau. Pour faciliter l’étude des Taminaires on les à provisoirement classées dans les (rois sous-genres suivans : les Æistulaires, les Saccharines cet les Cépoides. : Les Fisruzairss, Laminaires à racines fibreu- ses, à slipe fistuleux ct entièrement vide, com. prennent 1° la LAMINAIRE TROMPETTE , Laminaria bucciialis de Lamouroux, dont le stipe énorme, fistuleux, vide , aminci vers sa base, etsrenflé dans le reste de son étendue, acquiert quelquefois plu- sieurs toises de longueur. La fronde ést allongée, pinnée on pinnatifide, épaisse, coriace et noirâtre; les pinnules sont aiguës; les stipes disposés cà et :LAMI : R sur les côtes ressemblent assez bien , après leur dessiccation, à des trompettes ou plutôt à des cor- nets à bouquin. Cette plante à été apportée du cap de Bonne-Espérance par les navigateurs. 9° La LAMINAIRE OPHIURE , Laminaria ophiura de Bory de Saint-Vincent, une des plus remar- quables de toutes , qui a élé rapportée de Terre- Neuve par des bateaux de pêcheurs , et dont voici les caractères : lame ou fronde ondulée et mince, mais d’une manière moins prononcée que dans la Laminaïre sucrière; longue de six à huit pieds, large de quatre à huit pouces; stipe fistuleux, absolument vide, de six à dix-huit lignes de dia- mètre, cylindrique , ridé, noirâtre, long de trois à quatre pieds, et ressemblant assez bien à une couleuvre. Les SaccnaniNes, Laminaires à racines fibreu- ses, rameuses, à stipe solide, corné, devenant comme liyneux, subdivisées en Laminaires à fronde constamment simple et entière, en Laminai- res à frondes simples dans leur ,euncsie, divisées et palmees dans un âge plus avancé, en Laminaires à frondes constamment divisées , renferment , pour la première subdivision : 1° la LAMINAIRE sucRière, Laminaria saccharina de Lamouroux, espèce que l'on trouve communément sur nos côtes atlanli- ques, depuis le cap Finistère en Galice, la baie de Saint-Jean-de-Luz et Biarits, au rocher de Cordouan, Belle-Ile et les côtes de Bretagne, jus- qu'à celles du Calvados, de Picardie, d’Angle terre, etc.,-ct qui a pour caractères : un slipe ar- rondi de la grosseur du doigt et peu allongé ; une lame membraneuse un peu coriace, d’un roux verdâtre , ovoide , lancéolée , aiguë, fort ondulée, même frisée sur les bords, longue de six à neuf pieds, etc. 2° La Lawiname Loxarpène, Laminaria longi- pes de Bory de Saint-Vincent , qui a un stipe bien plus long que la précédente, une lame également aiguë Iinférieurement et supérieurement , etc.; ‘et qui habite les mers du Kamtchatka. 5° Les Laminaires coRNÉE et DE Lamouroux, ui ont, ainsi que [a précédente, assez d’analogie avec la Laminaire sucrière ; elles offrent cepen- dant des différences qui, quoique légères, n’ont pu être négligées par les botanistes cryptographes. Les Laminaires de la seconde subdivision, celles dont les frondes sont d'abord simples, puis divi- sées , sont : 1° La LAMINAIRE PAPYRINE , Laminaria papyrina de Bory de Saint-Vincent, qui a une fronde d’abord éntière, oblongue, aiguë et d'un beau vert, qui se partage ensuite en deux, puis trois, puis quatre divisions peu profondes et aiguës ; un stipe un peu comprimé, très-court, et d’un beau vert pâle; une longueur de trois à dix pou- ces , une largeur de un à six, une épaisseur extrême- ment peu cousidérable, et une transparence com- plète. Celte espèce a été trouvée dans la baie de Cadix. R 2° La LaminaIRE picirée, Laminaria digitata de Lamouroux, dont la fronde, d’abord cordée, très-entière , épaisse , brunâtre , ct comme cornée, se divise très-profondément à son extrémité, Son "44836 LAMI : stipe est court, sa couleur brune ou noire après LE: la dessiccation. Cette espèce est commune surnos. côtes et à Terre-Neuve, +." ti 5° La LamiName paLMËE, Laminaria palmata de Bory de Saint-Vincent, qui habite nos côtes , Valparaiso (Amérique méridionale), que l’on peut « confondre avec la précédente, mais qui en diffère cependant par sa taille plus élevée, sa couleur plus verte, son stipe très-long, de la grosseur du pouce et égal à la fronde qui se divise en une unultitude de lanières , etc. 4° La LaMINAIRE CoNIQUE, Laminaria conica , qui ressemble beaucoup à la Laminaria digitata , et que l’on trouve sur nos côtes, inais moins com— munément que les précédentes. Eufin, parmi les Laminaires de la troisième sous-division, Laminaires à frondes constamment divisées, se trouvent les Laminaria biruncinata , Potatorum , etc., qui se rencontrent, la première sur les côtes du Chili, à la Conception, etc.; la seconde à la Nouvelle-Hollande, où les sauvages fabriquent, avec ses expansions solides, larges et épaisses, des vases propres à conserver et à trans- porter l’eau. Ges deux espèces, et quelques autres que nous ne nommerons pas, ne diffèrent pas ex- trêmement, à part la division de leurs frondes, de toutes celles que nous venons de faire con- naître. Dans le sous-genre Cépoides, Laminaires à racines bulbeuses, sont rangées : 1° la LAMINAIRE BULBEUSE , Laminaria bulbosa de Lamouroux, Fucus bulbosus de Linné, espèce à stipe com- primé, épais, fort allongé, simple, partant d'un bulbe creux, souvent énorme, se dilalant en une fronde conique, flabelliforme , profondément di- visée en lanières fort longucs ct linéaires. On la trouve à partir du golfe de Gascogne jusque vers le Nord. | 2° La LauInarmeDe Tunxer, Laminaria Turneri de Bory de Saint-Vincent , dont le bulbe est plus gros que dans la précédente , le stipe plus court , très-dilaté, ailé et presque difforme; Ja fronde à la forme d’un éventail très-ouvert , etc. Cette es- pèce se rencontre aux environs de Cherbourg, sur les côtes d'Angleterre , etc. 5° La LawINAIREPONCTUÉE, Laminaria punctata , qui habite les côtes de Belle-[le, le sud de la Bre- tagne, etc. Caractères : bulbe semblable à une ciboule ; stipe court, ayant rarement plus, d’une à trois lignes de hauteur ; fronde d’abord ovoïde, puis plus ou moins large et amincie vers ses ex trémités , divisée par l’âge en deux ou trois laniè- res ; consistance demi-papyracée et membraneuse; couleur jaunâtre; transparence complète; aspect ponctué ; longueur, dix à quinze pouces; largeur, deux à cinq. À Les Laminaires qui font partie de notre Atlas, planche 290, sont, pour les figures 1 et2, Les La- MINAIRES A LONG PIED, Laminaria longicruris, que de La Pilaye a trouvées à Terre-Neuve, aux iles, St-Pierre et Miquelon, etc. Ges deux plantes ma-w rines ressemblent assez bien à un large et élégant baudrier à bords festonnés, de couleur brune, rous Pl. 290. À / ÿ cfa Damon 14 Laminares. Æ. Guérin dé 0 LAMI geâtre ou olivâtre, long de cinq à huit pieds, et que termine la tige de la plante, laquelle est mince et de sa longueur (Laminaria longicruris tenuior) ; à l’aide d’un reuflement creux établi dans la par- tie supérienre et interne de celte Lige, la plante est tenue flottante sur la mer. La figure 3 représente la Laminaria caperala, plante dont la fronde est plus étroite et plus épaisse, plus longue, plus rigide, que dans les deux der- nières ; dont les féstons ou ondulations marginales sont membrancuses, couvertes de rides torlueu- ses , etc. ; é Les figares 4, 5 et 6 offrent la Laminaria escu- lenta (espèce et variétés), Laminaires que l’on -yoit à l’île Saint-Pierre, sur les rochérs sous-ma- rins et Loujours un peu au dessous des plus basses marées, où elles ondoient au gré des vagues et où les feuilles de l’une d’elles (fig. 4) acquièrent souvent une grandeur et une forme qui rappellent tout-à-fait les feuilles des Bananiers. Là figure 5 représente une première variété de la précédente, c’est-à-dire une ZLaminaria escu- lenta à frondes de la largeur d’un ruban; la fi- gure 6 donne l’idée d’une seconde variété qui a des pinnules ou folioles très-écartées les unes des autres, et qui partent de la base de Ja fronde; enfin; sous la figure 7 se voit la LAMINAIRE EN FORVE DE CUIR (Laminaria dermatodea), espèce fort commune dans le port de l'ile Saint-Pierre , et qui se rapproche de la Laminaria bulbosa d'Europe, tant par sa Lexlure et la nature de sa fronde , que par son pied comprimé vers la partie supérieure et le mode de développement de ses racines. Faisons observer Loutefois que cette espèce est plus pelite, et que jamais elle ne présente de sacs radicifères ni de plis ondulés comme dans sa congénère, (F.F.) LAMINARIÉES. (sor. Pan.) Aydrophytes. Fa- mille établie par Bory de Saint-Vincent, aux dé- pens des Fucacées, placée entre ces dernières et les Ulvacées , et dont la contexture des plantes qui la composent consiste en corpuscules infiniment petits, intercalés dans un réseau fibrillaire , parmi lesquels de-plas gros corpuscules se développent en propagules où gongyles épars. Les Laminariées sont toutes caulescentes; tou- tes se fixent sur les parties des rochers les plus battus par les vagues. Leur adhérence se fait par des racines enlacantes, souvent très-fortes, et com- parables, pour l'aspect et la consistance, à celles de beaucoup de phanérogames. Leurs tiges , ordi- nairement rès-solides, présentent, dans certains genres, une substance corticale , des couches con- centriques , un canal médullaire, un réseau vas- culaire, mais pas de trachées. La fructification se fait par des corpuscules généralement très-pelits , dispersés dans le réseau ponctué des frondes ; en- fin, celles-ci sont lamelliformes, et deviennent dures ou cornées par la dessiccation. La plupart des Laminariées servent d’aliment à quelques peuplades maritimes. Presque toutes sont mucilagineuses ét sucrées , réductibles en gelée par une longue macération dans l’eau, et suscepti- bles d'acquérir une longueur considérable (10, 20, T. IV. 347 os LAMI 100 et 400 pieds). Traitées par l’eau après une longue dessiccation ,: ellés reprennent vie, et ré- pandent une odeur de violettes on de'thé. Aucune ue se trouve entre les tropiques. Toutes les espè- ces à stipe simple croissent entre le 30°° et le 70° degré de l'hémisphère boréal; les espèces rameu- ses habitent l'hémisphère. austral. Six genres , partagés en deux seclions ; compo- sent la belle et importante famille des Laminariées. Ces genres sont , pour la première section, Lami- nariées supportées par des stipes ramifiés.: les Dur- villées, les Lessonies et les Macrocystes ; pour, la seconde section, ou Laminariées supportées par des stipes simples, les Agares, les Lamivaires. et les [ridées. Le genre Durvillée, dédié à M. Durville, officier de marine très-distingué et naturaliste fort in- struit , a pour caractère : une expansion corlace , divisée en lanières subulées, tubuleuses, recou- vertes d’un épiderme distinct, et remplie d’une moelle celluleuse assez semblable à celle de cer- tains gros Scirpes des marais. Une seule espèce, espèce g'gantesque s’il en est, appelée Durvillæa utilis ; est bien connue des 1a- rins espagnols , qui la nomment. Porro; elle se présente sur les côtes du Chili en masses considé- rables, flottantes à la surface des eaux, Celte Durvillée a une racine encore peu étudiée, qui descend dans la mer à de grandes profondeurs, et d’où part une expansion épaisse, aplatie, mais très-forte , qui se divise en lanières cylindriques , longues de plusieurs brasses, qui sé bilürquent plusieurs fois, etc. La couleur de ces lanières est d’un brun olivâtre. Sous leur épidcrme, d’abôrd fort poli, puis recouvert par l’âge d’un réseau noi- râtre, se trouve la substance même de la plante , substance formée de globules pressés dans une mucosité compacte, lesquels sont contenus dans une multitude de fibres confervoïdes , transparer- Les, entrecroisées, qu'un grossissement de ciuq cents fois rend bien visibles au microscope. La Durvillée se vend comme substance alimen- taire, sur les marchés, depuis Lima au Ptrou jusqu’à la Conception au Chili. Le genre Acare, qui a pour caracière mine ou plusieurs nervures très-saillantes, qui parcourent la fronde ou lame dans toute sa longueur, se trouve rarement au dessous de cinquante degrés de latitude nord. Des six ou huit espèces qui le composent , et qui ont été répartics en deux soüs- genres, nous cilerons : 1° L’AGARE A CINQ CÔTES, Agarum quinquecos- tatum de Bory de Saint-Vincent, espèce élégante à stipe comprimé, ayant l'apparence d’une Jame linéaire, et coupée de cinq nervures longiludi- pales très-prononcées. Un échantillon a élé rap- porté des côles occidentales de l’Am'rique par Menzies. > L’AGare cRIBLEUSE, À. cribrosum de Bory de Saint-Vincent, dont la fronde est lantôt très- ondulée ou crêpée sur les bords, tantôt oblongue, moins coriace, de couleur verte, elc., ce qui peut faire supposer ou admettre deux variétés, ct que 283° LivrAIsON. 43 LAMP 338 LAMP 4 l'on trouve «en Norwége, au Kamtchatka, etc. 8 L'Acane mancEaBsE, À. esculentum de Bory de Saint-Vincent, Laminaria esculenta de Lamou- roux , dont il doit.exister plusieurs espèces ; 4° L’Acare ne Deuises , 4. Delislei ; 5° L'Acare De La Pyzate, À. Pylai, espèce découverte à Terre:Neuve ;:à‘fronde très-ondulée et non linéaire ; à pinnules grandes, ‘ondulées, -cunéilormes , etc. , elc. (F.F:) ! LAMINEUX (rissu). (anar.) M. Chaussier a ‘donné ce nom au li ülaire. (7’oyez Cerrzu-' donné € m'au Uissu cellula Voyez C LAIRE). (P. G:) LAMPE DE SURETÉ où DE DAVY. (aun.) Pe- tite Lampe destinée à éclairer les mineurs, sans les. exposer anx délonalions qui ont quelquefois résulté du contact du gaz hydrogène carboné avec un corps en ignition. Davy, ayant fait la remarque que la flamme ne peul traver:er.une ‘toile mélal-. lique très-serrée sans éprouver uue grande dimi- pution de température, a cu l’heureuse idée de placer la lumière dans une pelile Lampe, dont la cage cylindrique a moins de deux pouces de dia- mètre, et dont les jours sont recouverts d’une toile métallique; les fils ni la composent ont un quarantième à un.sojxanlième de pouce, et .cette toile est percée d'environ 750 ouvertures par pouce carré. : LAMPOURDE , Xanthium. (soT. PHAN.) Genre et type des Xanthiacées, famille voisine. des Sy- nanthérées, des Carduacées ou des Urticées selon . d’autres, et de la Monoécie pentandrie, L. .Ga- ractères : fleurs monoïques ; les mâles réunies, sur un réceptacle pédonculé, muni de paillettes , pourvu d’un calice commun, polysépale ; périan- the tubuleux, à cinq lobes courts; cinq étamines à filets monadelphes, à anthères libres: fleurs fe- melles formant une sorte de lodicule (ou sac, comme dans le Carex), épineux, biloculaire , en- veloppant l'ovaire, à deux cornes perforées ; co- rolle nulle; deux fruits on akènes surmontés cha- cun de deux styles sortant deux à deux par les trous des cornes-correspondantes (catoclésie). Ce genre comprend cing.espèces , dont trois croissent en France, Ce sont des plantes herba- cées , annuelles ou vivaces, à liges rameuses , quelquefois épineuses , à feuilles alternes plus ou muins profondément incisées. Les trois indigènes sont : Je Xanthium struma- rium, Herbe aux écrouelles, «ou Petite Bardanc, représentée dans notre Atlas, pl: 291, fig. 1,.dont les feuilles sont amères, astrinsentes, Jes‘semences : diurétiques, et qui n’est du reste qu’une plante,de pure curiosilé ; le À. spinosum, L., Glonteron _épineux; elle À. macrocarpum, De Candolle ; où orientale, L., Lampourde à gros fruit. Les deux espèces exotiques de ce genre .sont : le X. echinatum, Murray, dont on ignore la patrie, et le X, catharticum, Kunih (in .Hum- boldt). Celle-ci croît dans le Pérou , aux environs de Quito. Foy. Xanruracies. (G. £.) LAMPRIE, Lamprias. (ixs.) Genre -de Goléo- ptères de la section des Pentamères, famille des . 00) || Carnassiers , tribu des Carabiques, établi par.Bo- nelli, aux dépens des Lébies auxquelles .nous; le réunissons. Nous en avons cependant figuré une espèce pl. 291, fig.2,.de notre; Aulas, c’est le Lam- prias. cyanocephala , Jong de 2.à ,3 lignes, d’un bleu verdâtre, avec.le corselet et.les pattes rouges. Assez. commun .aux. environs .de;Paris ,:sous les écorces. (AP) LAMPRILLON. (roiss.) On..donne .communé- ‘ment ce nom à lAmmocète, que l’on accuse-de,su- cer les.branchies.des,autres.poissons. (Alph..G.) LAMPRIME , Lamprima. (ins.) Genre.de Co- itoptères, de la:section des Pentamères, famille des Lamellicornes , tribu .des Lucanides, établi par . Latreille sur des.\insectes .très.- voisins: des: Lu- .canes ,:et. venant de la. Nouvelle-Hcllande.ou: des pays -environnans. Caraclères : labre allongé ; .mandibules beaucoup plus longues que la tête ,-en lames verticales contournées isur leur longueur , dentelées, velues-intérieurement ; mâchoires..dé- couvertes jusqu'àlabase ; languetiedistinete ; 1ibias antérieurs.dentelés extérieurement , ayant l’épine {terminale chez les mâles.en forme.de-palettetrian- gulaire; mésosternum.s’avançantenpointeentreles pattes. antérieures. Les Lamprimes sont.bombées, -ont, la tête concave et l’épistomeretombant.entre ‘les:mandibules ;:le,rebord.où-sont.insérées des an- tennes.ne/s’avance pas.au. dessus: des-yeux ; la 1è- vre: esttransverse ; les antennes sont, coudées ;, la massue.est formée des trois .derniers.articles -qui «sontifoliacés ; le .prothurax. est très - développé , bombé ; l’écusson est court, arrondi ; les.femelles ont les mandibules courtes. LamPniME GuivReusE , L..ænea, Fab. Longue de douze lignes , d’un-vert-cuivreux brillant , avec. la tête rouge.de,feu , le poil desmandibules fauve , et les.tarses noirs. De la Nouvellle-Hollande. Elle est figarée dans notre, Atlas, pl. 291, fig.3. (A. P.) LAMPROIE, Petromyzon. (voiss.) Les Lam- voies, que l’on nomme aussi Pétromyzons, parce qu’elles ont l'habitude de se fixer par la succion aux pierres et autres corps solides ; ont été long- temps retranchées de da classe des Poissons, el placées dans celle des animaux -auxquels on a donné le nom de Vers. En effet, des Lamproies ressemblent à ces derniers animaux par la forme cylindrique ct très -allongée de leur corps, par la flexibilité des différentes parties qui le compo- sent, par la souplesse et lawiscosité de la peau qui le revêt, et sur. laquelle on-ne peut ‘apercevoir ‘aucune trace d’écailles. Quoiqu'’il:en soit, ce sont de -véritables poissons carlilagineux, dont l'an- meau-maxillaire, n’élant soutenu par aucune par- tie ‘dure et solide, ne présente ;pas ‘toujours; le même contour ; sa confvrmalion se prêtesaux dif- férens besoins de l'animal, mais le plus souvent sa forme est ovale, et c’est un peu au dessous de l'extrémité du museau qu'il-est placé. Les dents, un peu crochues, creuses , el maintenues dans de. |: simples cellules charnues ,-au lieu d’être atlachées à des mâchoires osseuses, sont disposées sur plu- sieurs rangs et s'étendent du centre à lascireonfe- rence. Deux autres dents plus grosses sont placées PT Heu BE œtor 4 VA * ze, Lampourde 2 Lamprie 3 Lamprime : 4.5 Lamproies . £.Cuern dr au ri ET LAMP dans la partie antérieure’de la bouche ; auprès de chaque’ æil'sont de petits trous, qui paraissent les ‘orifices’ des canaux destinés àX porter à la surface du corps cette humeur visqueuse si né- cessaire à presque Lous les poissons pour entlrete- nir la-souplesse de leurs mouvemens, et parti- culièrement à ceux qui, comme les Lamproies, ne se meuvent que par des ondulations rapide- ment exécutées. Les Lamproies où Pétromyzons manquent de nageoires peclorales et de nageoires ventrales ; il y a deux nageoires-sur lé dos, une nageoire au-delà de l’anns, et une quatrième ar- -rondie , à l'extrémité de la queue : mais ces qua- tre nageoires sont plutôt une crête longitndinale qui en tient lieu ; et ce n’est que par la force de leurs muscles, ainsi que par la faculté qu’elles ont de se plier promptement dans tous les sens-et de serpenter au milieu des eaux, que les Lamproies nagent avec vitesse. Derrière chaque œil, on voit sept ouvertures disposées en lisne droite comme celles d’une flûte ; ce sont les orifices des branchies, ou de l'organe de la respiration; cet organe est composé de sept parties qui n’ont l'une avec l’autre aucune comuunicalion immédiate; il consiste, de chaque côté, dans sept bourses ou petits sacs dont chacun répond à l'extérieur ; lorsqu'une certaine quantité d’eau est entrée par la bouche dans la cavité buccale, elle pénètre dans chaque bourse par les orifices intérieurs de ce petit sac’, et elle en sort par l’une des ouvertures extérieu- res quenous avons décrites plus haut ; il arrive sou- vent, au contraire , que ces animaux font entrer l'éau qui leur est nécessaire par l’uriédesisept ou- verlures que nous avons comptées , et la fait sor- tir de la bourse par lesorifices intérieurs qui abou- tissent à la cavité du palais: L'eau, une fois parve- nue dans celte cavité, peut s'échapper par la bou- che, ou par un trou ou évent que les Lamproies ont sur le derrière de la tête. Cct évent est ana- logue à celui que présente le dessus ‘de la tête des Cétacés, et par lequel ils font jaillir l’eau à une grande hauteur, Les Lamproies peuvent également, et d’une manière proportionnée à leur grandeur et à leurs forces, lancer par leur évent l’eau con- tenue dans les sacs qui leur tiennent lien de vé: ritables branchies ; el'sans cette issue varticulière, qu'ellés peuvent ouvrir et férmer à volonté en écartant où rapprochant les membranes qui en garnissent la circonférence, elles seraient oblixées . d'interrompre très-souvent une de leurs habitu- des les plus constantes, qui leur a” fait donner le nom qu'elles portent, celle de s'attacher par le moyen de leurs lèvres souples et très-mobiles, et de leurs dents fortes et crochues , aux rochers des rivages , aax bas fonds limoneux, aux bois sub= - mergés et à plusieurs autres corps. Aureste, il est aisé de voir que c’est en ‘élargissant ou en com- primant leurs bourses. branchiales , ainsi qu’en lrmant on ouvrant les orifices de ces bourses à que les Pétromyzons rejettent l’eau de leurs or- Sanes , ou l’y font pénétrer. Maintenant , si nous examinons l’organisation incrne des Lamproies, nous trouverons que les 339 LAMP parties les plus solides de leur corps ne consistent que dans: une‘suite de vertèbres entièrement dé: nuées de’ côtes, dans’ une sorte de longue corde cartilagineuse et flexible qui renferme: la moelle épinière. Les ovaires occupent dans les femelles: une grande partie de la cavité abdominale, et se terminent par un petit coude cylindrique et sail- lant hors du corps de l'animal, à l'endroit de l’a- nus. Les œufs que ces-organes renferment sont de la grosseur des graines du pavot, leur nombre est très-considérable; c’est pour s’en débarrasser, où pour les féconder lorsqu'ils ont été pondus, que les Lamproies remontent dela mer dans les grands fleuves , et des grands fleuves dans les rivières. Le retour du printemps est ordinairement le moment où elles quittent leurs retraites marines pour exé- culer cette espèce de voyage périodique; mais le temps de’ leur passage ‘des eaux salées dans les: eaux douces est pl. :’ou moins retardé ou avancé, suivant les changemens qn’éprouve la tempéra- ture des parages qu’elles habitent. Elles se nourrissent de vers marins, de pois sons très jeunes; dénuées de dents meurtrières , d’aiguillons acérés, n'étant garanties ni par des écailles, ni par des tubercules, ni par une croûte osseuse , elles n’ont point d’armes pour altaquer , et ne peuvent opposer aux ennemis qui les pour suivent que les ressources du faible , une retraite ignorée , l’agilité des mouvemens, et la vitesse dé la fuite ; aussi sont-elles fréquemment la proie des grands poissons, tels que le Brochet et le Silure, de quadrupèdes tels que là Loutre et 'antres mam- mifères , et de l’homme qui les pêche non-seule- ment avec les instrumens connus sous les noms de nasse et de louve, mais encore avec les grands filets. Au dire de plusieurs natüralistes, ce qui conserve l'espèce des Lamproies, malgré les enne- mis dont elles sont environncées, c’est que les bles- sures graves, et mortelles même pourila plupart des poissons, ne sont point dangereuses pour les elles ; et même, par une conformilé remarquable d’orga- nisalion et de facultés avec les Serpens, elles peu- vent perdre de très-grandes portions de leur corps sans être à l’instant privées de la vie, et l’on a vu” des Lamproïes à qui il'ne restait plus que la tête et la partie antérieure du corps , coller encore leur bouche avec force, et pendant plusieurs heures , à des corps qu’on leur'présentait. Elles sont d’au- tant plus recherchées par les pêcheurs, qu’elles parviennent à-une grandeur assez considérable, On en a pris qui pesaient six livres; d’ailleurs: leur chair, quoiqu’un peu difficile à digérer dans certaines circonstances , est très délicate lorsqu’el- les n’ont pas quitté depais long-temps les eaux sa- lées; maiselles devisnnent dures et de mauvais goût lorsqu'elles ont fait un long séjour dans l’eau douce. On pêche quelquefois un si grand nombre de Lamproies, qu’elles ne peuvent pasêtre prompte- ment consommées dans les endroits voisins des ri- vages auprès desquels elles ont été prises ; on les conserve alors pour des saisons plus reculées, ou : des pays plus éloignés auxqnels on veut les faire parvenir, en les faisant griller, et en les renfer- TS «+ LAMP 540 LAMP mant ensuite dans des barils avec du.yinaigre el des épices. Au reste , presque tous les climats pa- rajssent convenir aux Lamproies; on les rencontre dans Ja mer qui baigne les côtes de l'Amérique mé- ridionaie, aussi bien que dans les eaux de la Mt- diterranée, et on les trouve dans l'Océan ainsi que dans les fleuves qui s’y jettent, à des latitudes très- éloignées de l'équateur. Pour terminer ce que nous avons à dire sur l’histoire de ces animaux, 11 nous resLe à indiquer les espèces qui forment ce genre. Nous commencons l’énumération de ces pois- sons par les espèces observées le plus ancienne- ment el les mieux connues. La plus grande est celle qui est représentée à la pl. 291, fig. 4, de notre Atlas, la GRanE Lamproiz, P. marinus; longue de deux ou trois pieds, marbrée de brun sur un fond jaunâtre ; la première, dorsale bién distincte de la seconde; deux grosses dents rapprochées au haut de l’an- neau maxillaire. Elle remonte au printemps dans les cmbouchures des fleuves. C’est un manger très-eslimé, La: seconde espèce est la Laupnoir DE VIVIERS, vulgairement Pricka, Sœpt-œil, P:fluvialis, longue de dix-huit pouces; argentée, noirâtre ou olivätre sur le dos; la première dorsale bien dis- lincle de la seconde; deux grosses dents écarlées au haut de l'anneau maxillaire. Elle vit au milieu des caux douces ; voilà pourquoi plusieurs natura- listes lui ont donné le nom de fluviatile, qui rap- pelle l'identité de la nature de l'eau des lacs et des fleuves, pendant qu'ils ont appelé la pre- mière espèce Petromyzon marinus, parce quelle passe une grande partie de l’année, el particalière- ment l’hiver:, au milieu des eaux salées de l'O- céan ct de la Méditerranée. On a écrit que la vie du Pricka était très courte, el ne s'étendait pas au- delà de trois ans. Il est impossible d'adopter cette assertion. Les Prickas peuvent vivre, ainsi que toules les Lamproies, hors de l’eau, pendant un temps assez long. Cette faculté permet de Les trans- porter vivantes à des distances assez grandes des lieux où elles ont été pêches , en les tenant pendant le transport enveloppées dans un linge mouillé. Elles sout recherchées non seulement pour la nourriture de l’homme , mais encore par les marins qui vont à la pêche des Morues,, du Turbot, et d’autres poissons , pour lesqueis ils s’en servent conme d’appâl, ce qui suppose une assez grande fécondité dans celte;espèce, dont les femelles contiennent ea effet un très-grand nombre d'œufs. La troisième espèce est la Perire LamProrr, P, Planeri (voy. AUas, pl. 291, fig. 5), qui est.con- formée à l'extérieur ainsi qu'à l’intérieur comine celle des mer:, mais qui est beaucoup plus pelile ; elle ne parvient ordinairement qu'à la longueur de huit ou dix pouces. Sa manière de vivre dans les rivières est semblable à celle de la Pricka et de la grande Lamproic; elle s’attache à différens corps solides, et même, faisant passer, queïqu:fois facile- ment son museau au. dessous de l’opercule et de la membrane des branchies des grands poissons, elle se cramponne à ces mêmes branchies, et voilà pour- quoi Linné l'a nommée Pelromyzon branchialis. Ce poisson est très-bon à manger; et comme il perd la vie peut-être plus difficilement encore que les autres Pétromyzons quile surpassenl en grandeur, on le recherche pour le faire servir d’appât aux poissons qui n’aiment à faire leur proie que d’ani- maux encore vivans. (Azrx. G.) LAMPROYON. (rorss.) Dans quelques localités on donne ce nom au Lamprillos. (Azpu. G.) LAMPSANE , Zampsana et Lapsana. ( or. PHAN.) On aurait grand tort de confondre ensem- ble ce mot quand il est employé chez les anciens, et quand.on le voil figurer dans la nomenclature botanique depuis Tournefort : c'est ce qui cepen- dant est arrivé à ceux qui font de l'érudition avec les livres, et ne comparent point les textes avec la pature vivante, aux lieux mêmes où ces textes ont été primitivement écrits. Le Lapsana portait chez l'antique peuple d'E- gypte lé nom de Euthma; c’élait ainsi, comme nous l’apprenons ‘par le rapprochement des, faits cités par Pline, Dioscorides, Varron et Columelle, que les Grecs et les Romains nommaieut ke CGhou- colza , qui faisait partie de leurs herbes potagères.., Celle plante servait de texte à ‘une expression proverbiale, Lapsina vivere , pour peindre la so- briclé, la misère, et plus tard, dans le moyen- âve, la grande auslérilé des anachorètes. On se rappelle qu’elle donna d’abord texte à des chan- sons plaisantes et bouffonnes, que Jes soldats ro- raains, vainqueurs de D yrrachium, entonnèrent au moment où eux et Jules César entraiént dans Rome avec Les honneurs du triomphe : ils annonçaient ainsi au peuple la mesquine récompense qu'un chel heureux leur donna en échange des longs ef- forts , des privations de toutes sortes qu'ils eurent à supporter durant,.ce'siége mémorable (voy. aussi tom. [l, pag. 90, au mot Crara). Tabernæmontanus et Reuss se. sont trompés quand ils out voulu reconnaître la Ravenelle, Ra- phanus raphanistrum , dans la Lampsana des an- ciens. Sous le nom de Lampsanr, Tournefort a créé uu genre inscrit aujourd’hui dans la famille des Synanthérées, seclion des Chicoracées et de la Syngénésie évale. Linné l’a adopté; et quoiqu'on ait dit avec aigreur qu'il avait arbitrairement changé celte dénomination en Lapsana, l’une et l'autre expression est bonne, puisqu'elle est fon- dée sur ] autorilé des anciens eux-mêmes, Voici les caractères du genre : plantes herba- cées, presque toules sans ulilité, du moins jus- qu’à présent ; feuilles alternes , les inférieures plus grandes que les supérieures ; fleurs petiles, jaunes, en corymbes; calice double à huit divisions, conni- vent, droit, caliculé; le calice extérieur court, mul- tiflore ; réceptacle nu, semences non aigreltécs. Des cinq espèces connues, une seule est Lrès- commune; on la trouve également dans les Jieux incultes et dans ceux travaillés par le laboureur ; elle est annuelle, fleurit en juillet, et ponte vul- gairement le nom de Herbe aux mamelles, comme je l'ai dit plus haut; tom. 111, pag. 595, à cause de Ja propriété que les nourrices lui reconnaissent Du Duwil je. ugu 8.L angrayen- 1.45 Lampyres 6:44 angaha 7 Lanorouste ë ÆZ' Guerin der. LAMP 241 LAMP EEE ——"——"—— — "" pour guérir les gercures et les douleurs inflam- matoires des organes laclifères. On dit que la Lampsane, Lampsana communis, se mange crue en salade à Constantinople ; je n’ose pas le croire. (T. ». B.) LAMPYRE , Lampyris. (ins. ) Genre de Goléo- ptères de Ja section des Pentamères, famille des Serricornes , tribu des Lampyrides. Ces insectes , si remarquables par la propriété qui les distingue, n’ont cependant pas toujours été séparés des au- tres insectes comme on l'aurait pu croire; long - temps ils sont restés confondus sons le nom de Cantharis avec les Téléphores et les Malachies , ensuite avec les Lycus et les Pyrochres ;enfin Fa- bricius les en sépara et créa le genre qui nous eccupe actuellement. Les anciens ont bien connu quelques uns de ces insectes : les Grecs les nom- maient Lampyris ,nom que nous avons adopté ; les Lütins les appelaient encore Cicindela, Noctiluca, Lucia, Luciola, Lacernula, Incendula ; depuis on les a appelés vulgairement Vers luisans ; _les voyageurs les ont aussi quelquefois nommés Mou - ches lumineuses, Mouckhes à féu; on peut assigner à ce genre les caractères suivans : tête cachée presque entièrement sous un rebord du corselet ; yeux très-développés dans les mâles ;,;antennes rapprochées à leur naissance, de dix à onze arti- cles; une lueur phosphorique propre au moins à l’un des sexes. Ges insectes ont le corps allongé ; mou ; la bou- che estpresque entièrement recouverte par le cor- selet; les organes buccaux sont très-petits, les pal- pes sont terminés par un article ovoïde; dans les mâles les yeux sont globuleux, occupent presque entièrement Ja tête et réduisent pour ainsi dire à rien les parties de la bouche; les antennes sont très-rapprochées à leur insertion, tanlôt assez courtes, tantôt plus longues que la moilié du corps ; dans ce dernier cas, elles sont flabellées ; on a créé quelques genres nouveaux avec les es- pèces qui présentent cette organisalion; le corse- let est demi-circulaire, un peu bombé dans son milieu , et se relève tout autour sur les côtés ; l’é- cusson çst très-pelit; les élytres sont molles et recouvrent un abdomen encore plus mou, dont les segmens sont très-marqués, quelquefois épi- neux sur les côtés ; ces segmens sont comme plis- sés inférieurement ; l'anatomie du canal intestinal de ces insectes donne d'abord un æsophage court, se dilatant ensuite en jabot séparé du ventricule chilifique par un étranglement valvulaire ; cette dernière partie est assez longue , boursouflée pen- dant les deux tiers de sa longueur, et se rétrécit "ensuite beaucoup ; l'intestin grêle est court et se termine par un cœæcum allongé. Ces animaux sont carnassiers à l’état de larve, et vivent principa- lement de Limacons ; beaucoup de femelles sont Aptères, diflérant alors à peine des larves: ces insectes sont nocturnes el.se: font remarquer Je soir, principalement auprès des. buissons, des fossés, probablement où les larves ont vécu; dans les pays chauds, où les deux sexes sont aïlés, l’un el l’autre ont la propritté de jeler celle lucar phosphorique qui distingue ces animaux, et présen- tent en l'air un charmant coup d'œil; mais il n’en est pas de même sous le climat de Paris et dans les latitudes plus élevées vers le nord , où la femelle seule jouit de cette propriété. On suppose que cette propriété sert à favoriser la réunion des sexes. La propriété lumineuse que possèdent les Vers luisans a de tout temps occupé les naturalistes et les physiologistes; voici jusqu’à présent ce que l’on sait de posilif à ce sujet : l'organe lumineux réside dans les derniers segmens abdominaux, qui paraissent jaunâtres ; la lumière qu'ils répandent est d’un blanc verdâtre , et paraît et disparaît où se modifie à la volonté de l’insecte:; on croit que cette modification se fait au moyen d’une mem- brane interne dont l'insecte recouvre l'organe phosphorescent , dont la propriélé serait alors in. dépendante de sa volonté; cet organe, séparé de l’insecte, continue de jeter le même éclat, mais lant que dure son état de mollesse; lorsqu'il se darcit, il s'éteint ; les différens gaz ont peu d’action sur lui ; l’eau tiède, en le ramollissant quand il n’est pas éleint depuis long-temps , lui rend sa splendeur première , qui cependant finit par dis- paraître entièrement. L. Lumineux, L. noctiluca, Oliv. Long de sept lignes; corselet un peu plus large que long , droit à son bord postérieur, jaunâtre, avec le disque noir; élytres enfumées ; corps fauve pâle, antennes grisâtres. ILest représenté dans notre Atlas, pl. 292, fig. 1 et 2, le mâle: et fig. 3, la femelle. L. Luisanr , Z. splendidula, Oliv. Long de six lignes, très-voisin du précédent; mais le corselet se prolonge davantage aux angles postérieurs, qui sont arrondis, et offre au dessus des yeux deux espaces transparens. Ces deux espèces se trouvent à Paris et dans le centre de la France: L. 1TaLteN. ZL. italica, Fab. Long de cinq ligues ; tête, élytres, premières parties de l’abdo- men noires; corseclet, écusson , thorax, derniers segmens abdominaux orange ; le mâle et la fe- melle sont ailés et jouissent tous deux de la pro- prièté phosphorique. De l'Italie et de la France méridionale, (Woy. notre Atlas, pl. 292, fig. 4.) Parmi les éspèces étrangères nous cilerons seu- lement : LeL. exrcammé, L. ignita. Long de sept lignes ; tête, corselet , première partie des élytres jaune fauve; une bande longitudinale sur le corselet ; écusson, extrémité des élytres et corps noirs, D’A.- mérique, La grande espèce que M. Guérin a re- présentée dans l’Iconographie du Règne animal, et que nous reproduisons ici, pl 292, fig. 5, est le Lampyris Savignyi, Kwby; il est long de plus d'un pouce; son corselét est jaunâtre, avec une tache brune au milieu; les élytres sont brunes , avec une bande latérale jaune; l'abdomen et les pattes sont jaunâtres. Du Brésil. (A. P.) LAMPYRIDES ;: Lampyrides. (ixs. ) Tribu de Coléoptères de la famille des Serricornes , qui se distingue par les caraclères suivans : corps mou; corsclet plat, recouvrant en partie la tête ; man- dibules pointues à leur extrémit; palpes maxillai- LAND 342 B LAND! | é oo EE res-ayant:leurs derniers-articles plus gross le pé=. nulième article des tarsesbilobé. Les prineipaux: senrés-de celte tribu sontiles:Lycus-et les Lam: - ris (A P.) LANARKITE. (uw. ) On a donné ce nom à un sulfo-carbonate de plomb:composé de 47-parties de carbonate de plomb et de 53 de sulfate de ce métal. Ce minéral cristallise suivant le système du prisme rhomboïdal. On le trouve en petits prismes blanchâtres, grisâtres , bleuâtres etverdâtres, dans des:terrains de l’époque secondaire, près de Lead- dhills en Erosse. (3. H.) LANGÉOLÉ. (awar: sor.) On donne ce nomen anatomie et: en botanique à divers organes dont la forme approche de celle d’un fer de lance. (P. G.) LANCEROTE. ( céocr. pays. ) L’une des: îles Canaries (voy. ce mot ). (J.H) LANDES , Ericeti. ( ko. et acr. ) On donne généralement ce nom à de vastes étendues de ter- rain uni , envahies par les sables, ne produisant, sur une croûtenoirâtre ou d’unblanc arénacé;, que des: sous-arbrisseaux de peu de valeur, rabou- gris, épars, où l'œil napercoit de loin en loin que-quelques îlots d’une culture soignée ( voy. au mot Oasis ), des Pignades ( boqueteaux de pins ) au vert sombre, des eaux: stagnantes et:des ro- chers noircis qui repoussent la main industrieuse de l’homme. Les landes les plus considérables de la France occupent une larze zone près des rives de l'Océan; celles plus à l’intérieur: attestent , les unes le dernier passage de ses eaux, les'autres l'ancienne existence de: forêts détruites: depuis: plusieurs siècles. Il est possible de défricher .ces terres arides; on peut les rendre utiles en les con- vertissant en prairies, en bois et même en‘terres labourables ; je dirai plus encore, on a lesmoyens d'arrêter la marche des-sables qui les couvrent:, des dépôts que la .m°r y verse pour aissi dire chaque: jour. Le changement .miraculeux’ dela Campine, en Belgique, opéré depuis 1820 (v, t. IF, pag. 69 }, les travaux entrepris par Brémonter dans les Landes qui s'étendent depuis l’embou- chure de l’Adour jusqu’à celle de la Gironde, en fournissent des preuves irrécusables. J'ai moi- même , ainsi que divers'agronomes amis dè la pa- trie , indiqué des moyens prompls et certains pour assurer celte importante conquête à l'agriculture; soit en employant utilement loisiveté da soldat , soit en colonisant-les-indigens valides. Notre voix a été entendue hors de notre pays, et, malgré l'exemple de plusieurs propriétaires instruits , nous avons eu la douleur, en nos voyages dans plusieurs départemens, de trouver beaucoup trop de cantons offrant encore de vastes Landes stéri- les et désertes au milieu de riches contrées où l’agriculture est honorée, où les: prairies artifi- cielles permettent de faire de nombreux et beaux Clèves, où tous les efforts tendent sans cesse à porter au plus haut degré de prospérité: toute: la science agronomique. Un prejugé qui s'oppose au défrichement des Landes et à leur mise en rapport, c’est de répé- ter, d’après certains naturalistes au ton tranchant, | | que «l’ingratitudede la terre n’ÿ paiérait paraus | » cune ‘récolte abondante les soins: que l'homme |! »se donnerait pourJeur culture»; c'est de croire, { avec des agriculteurs: inhabiles, qu'après trois l années, quels que soient les travaux donnés à ces terres , elles redeviennent improductives: D'autres opinions nées de la paresse et du cercle vicieux que l’on suit aveuglément sous l'influence de là rou- tine, veulent que le défrichement réduirait à la mendicité [es habitans de ces grandes: solitudes, el y ruinerait toute espèce d'exploitation rurale. Quelques malheureux essais, pitoyablèment faits, ont. accrédité ces tristes idées. Geux qui, ayant écobué de semblables sols pour opérer un defri- chement plus rapide, n’ont pas eu: la précaution de les famer tous: les’ trois ou quatre ans, les vi- rent nécessairement reprendre leur habitude de stérilité ; mais celui qui leur a donné des fumiers | bien consommés, des composts, des os pulvéri- sés, etc., qui a fait succéder des plantes légumi- neuses aux céréales, voit chaque-année ses efforts: couronnés ; de riches récoltes le récompenser, dé nombreux et superbes troupeaux étendre ses res- sources , enrichir sa famille. Le résaltat est plus’ brillant encore, surtout d’une plus-longue durée, si vous plantéz en massifs d'Ormes , de Ghênes’, de- Châtaigniers, de Hètres, de Bouleaux, garantis par un rideau de Pins et autres arbres toujours verts, et si vous fermez les portions callivées de haies faites d’Ajoncs, Ulex europæœus. On a l'avantage dé retirer tous les irois-ans, de ces clôtures, une ré-- colte abondante qui sert de chanffage, et ‘habi- tuellement un fourrage très-aimé- des bestiaux, tandis que l’Abeille enrichit son micl’des-élémens et des: parfums qu’elle-paise dans les fleurs. ; Les défrichemens doivent être faits par petites portions quand -on veut bien confectionner le sol et lui donner l'espèce de culture qui lui convient le mieux à raison de’son inclinaison, de sa pro- fondeur, du voisinage des eaux courantes , des en- grais que l’on possède et des bras que l’on peut employer. En voulantitrop entreprendre à la fois, on opère mal, et l’on échoue complétement: J'ai vu profiter de la loi de l’étiolement, qui détériore etentraiîne bientôt la mort des végétaux privés de l’airet de lalumière, pour rendre promp- tement des Landes à une culture utile, On couvre de Genêts et d’Ajonces le terrain sur lequel on veut faire périr les plantes nuisibles ; ces sous-arbris- | seaux, en s’en emparant, déterminent la désagré- | gation des molécules terrestres ; ils leur procurent | de la souplesse, les entretiennent dans une sorte de” | moiteur, et amènent ce qu’on appelle l'ameublis- | sement, si nécessaire pour disposer la terre à re- | cevoir les semences ; à leur-offrir un berceau con: | venable. Et comme les dépouilles des Genêts et des Ajoncs l'ont améliorée par leur décomposition , un peu d’autres engrais sufhit pour préparer de belles et bonnes récoltes. On ne saurait trop encourager l'exploitation des Landes en fournissant à ceux qui s'en-occupent réellement une partie: de ces sommes immenses sortant chaque année du trésor national pour enri- RER A] LANG "343 ‘LANG Se Chir-des désœuvrés , des courtisans et de vils-es- claves. IL.existait autrefois dans le pays de Dax, aujourd'hui département des Landes, une cou-; -tume fort remarquable sous le nom-de Pemprise (. d’un mot de, la basse latinité, Perprisio , indi-. Le quant : l'action. de s'emparer, de s'approprier un kerrain de son autorité). Elle autorisait quiconque .le voulait à se:rendre mäître.de telle.quantité. de «ierres.en friche qu'il se croyait-en état -d'exploi- ter, sans s’exposer.à des réclamations , ni: même à la:crainte d'une restitution obligée quand. ce: £oin de terre serait.mis en rapport. Elle a-fait ar- *racher, plusieurs hectares à la plushorrible:stéri- lité. Si l'on permettait ainsi de,prendre:le-sol que Jes communes n’ont point.le: courage de:cultiver, bientôt la Sologne.et nes itristes Landes devien- draient,prodnctives. Tous les espaces .que les Landes occupent ne ressemblent point , pourla composition -du:sol , | à- celui des Landes aquitaniques et dela Gharente. Là, sous une couche d'arène.plus ou moins haute , remplie de galets ,on.en trouve généralementrune argileuse, .dure,, compacte, brunâtre , donnant l'A lios, assez .bonve. pierre à.bâtir, puis une -vé- ritable brèche; tandis.que .le,sol landier.qui des- cend sur la gauche de Ja Vilaine jnsqu’à lembou- :chure de la Loire;est propre à toutes les sortes de “cultures ; et.qne:celui, situé. à4da; droite de cette ri- wière.est assis dans un sillon infiniment supérieur en qualités. Les premières sont appelées Landes maigres, les secondes Landes grasses. - Presque partout la végétation dominante des #andes ‘maigres se réduit aux genres Ærica et Ulex ; dans le midi, particulièrement dans les ré- &ions voisines de la Méditerranée , quelques Cistes et des Graminées viennent s’y joindre; la Fétuque coquiole, Festuca ovina, s’y montre plus abondante et y appelle les troupeaux. Du moment que vous apercevez les Mufliers, Antirrhinum , les Astra- gales aux longues racines pivetantes, et les Labiées aromatiques ; dès que vous voyez prospérer et se, multiplier l'Hièble, Sambucus ebulus, vous êtes! dans les Landes. grasses ; le Pin maritime, le Chêne roure vous annoncent un sol plus henreux. Ce que lon nomme dans le-midi de la France Garrisues , dans Ja Péninsule ibérique Parameras, ! “en Amérique Pampas dans l'Asie centrale Steppes, ce sont des Landes. de différens derrés, où la pa- | “ture végétante finira, tôt outard par envahir tout: de solet.le rendre profitable à l’humaine-industrie. ! T:n.B. "A LANGAHA. (agrr. ) L'infortuné seal a “fait connaître saus ce nom madécasse un serpent mvoisin .des Leptophides , allongé, grêle comme æux , et probablement comme eux fréquentant les “frondes des.arbres et des arbrisseaux , Mais se dis- “tinguant de ceux-ci par un prolongement particu- Mier du museau. Au-delà des inter-maxillaires : Ja grêle, pyra-1 peau forme une sorle de tentacule midal, trièdre, mou, flexible, garui de pélites #cailles à bord libre arrondi, imbriquées, serrées V'une sur l’autre, égalant environ Ja moitié de Ja : longueur,de la tête. Ge tentacule » dont les “usages ne sonL pas connus positivement , semble destiné à une sorte detoucher explorateur ; Où peul-être à servir de coin pour faciliter l'introduction. de l’animal. dans le nid'de:certains oiseaux, la dans retraite de: quelques insectes dont il fait sa proie , “ou pour soulever le:sable-dans lequel il étabiit dui- même :son refuge et sa demeure. Le Langaha a d'ailleurs:lx tête: couverte-de grandessplaques:po- lygones , le corps revêtu-d’écailles-rhomboïdales, étroites ;; allongées , carénées en dessus ;destlames -sousrle: ventre, : des limelles-sous la: queue. !Les écailles-simples indiqnées:sous l'extrémité de la queue ; ces anneaux de plaques au voisinage de !l’a- nus squisavaient faïitrapporter:cét Ophidien ‘aux Ainphisbènes , sont des:caractères qui paraissent accidentels ou letrésultat:d’uneobservation super- ficielle. La langue, longue , grêle , est disposée et ‘conformée comme celle des Serpens proprement dits ; les dents sont analognes à celles'des Lepto- phides et n’offrent pas eflectivement de crochets semblables àceux des/Serpens Itoxiques ; seule- ment, comme chezun: grandnombre de Coûleu- vres, quelques:unes des dents maxillaires ‘supé- rieures ‘sont plus -développéésique les autres et rappellent des dents en crocs sans canal intérieur; les yeux, sont de grandeur médiocre , et leur pu- pille:est oblongue, : simple; verticale. On corinaît de ce genre : Le Lancana pe Bnueuières, Zangaha mada- gascariensis, Amphisbæna Langaha, représenté dans notre Atlas, pl. 292, fig. 6. Long de trois à quatre pieds; la queue, longue , grêle, forme plus du tiers de la longueur totale de l'animal: la tête et le prolongement réunis donnent environ dix-huit lignes ; il est d’un brun pâle en dessus , finement ponctué de noir, et d’un jaune soufre ou chlorotique en dessous. Cet Ophidien ne s’est ‘trouvé jusqu'ici qu’à Madagascar. MM. Duméril'et Bibrou viennent de signaler une, seconde espèce qui présente cette particula- tilé, queles écailles des bords inférieurs du prolon- gement rostral sont plus développées et font une certaine saillie hors de rang qui: donne à cesbords un aspect fortement:denteléen scie. Cette espèce, assez voisine de la précédente pour la forine et les proportions, paraît être sa commensale habituelle, Quelquesauteurs modernes ont proposé de rem- placer le: nom vulgaire de Langaha par ceux d’Am. phistrate ou‘de Xiphorhynchus ; mais ces innova- tions, peu heureuses d’ailleurs , ne paraissent pas avoir recu la faveur de l'adoption. (T. G.) LANGOUSTE, Pa/inurus. ('cnusT. ) Cest à Vordre des Décapodes , à la famille des Macroures, et à la section des Langoustines, qu’appartient ce genre .qui à été formé par Fabricius, et qui a pour caractères, suivant cet auleur : queue terminée par une nageoïire composée de feuillets membra- neux à l'exception de leur base, et disposée en éventail; pédoncule des antennes intermédiaires beaucoup plus long que les deux filets articalés de leur extrémité ; tous les pieds presque sembJa- bles ; terminés simplement en pointe ou sans pince didactyle: thorax cylindrique ; antennes latérales sétacées , très-longues , hérissées de piquans : yeux grands, presque sphériques , situés à l'extrémité antérienre du thorax; leurs pédicules insérés aux. extrémités latérales d'un support commun, fixe et transversal. Ges crustacés ont quelque analogie avec les Scyllares ; cependant ils diffèrent de ces derniers par .les antennes et par les yeux ;'ils s’é- loignent aussi des Ecrevisses par ces mêmes ca- ractères.. Les antennes extérieures des Langousles sont, proportions gardées, beaucoup plus grosses que les correspondantes des autres Macroures : elles sont portées sur ün grand pédoncule ; très- hérissées de poilset d’épines, et fort longues. Les antennes intermédiaires ont essentiellement la fi- gure des antennes analogues des Brachyures, et n’en diffèrent que parce qu'elles sont plus gran- des ; elles sont formées d’un long pédoncule mince, composé de trois arlicles, dont le premier est très-grand, et de deux petites branches malti- articulées , six fois plus courtes que ce pédoncule. Les pieds-mâchoires extérieurs , on les derniers , ressembient à une pelite paire de pieds avancés , dont les deux premières pièces sont dentelées et velues du côté interne. La carapace est médiocre- ment allongée, demi-cylindrique, hérissée de pointes , surtout en avant et au dessus des orbites, qui sont latérales; elle est marquée, comme celle des Ecrevisses, d’un sillon transversal et arqué en arrière, qui sépare les régions stomacale et hépa- tique antéricures des autres régions, et de deux impressions longitudinales postérieures qui com- prennent entre elles les régions génitale et ‘cor- O diale , en laissant au dehors les branchiales. La oitrine forme une espèce de plastron triangulaire, - inéval ou tuberculé, sur les côtés duquel sont in- sérées les pattes, qui, à raison de la figure trian- gulaire de celte pièce, s’écartent graduellement de devant en arrière. Ces paltes sont médiocrement longues, assez forles, et se terminent loutes par un doigt simple, court, aigu, légèrement courbé et hérissé de quelques poils rudes en dessous. Elles n’ont point de pinces ; les antérieures sont plus courtes que les quatre suivantes et que celles surtout de la troisième paire. Les segmens de la queue sont ordinairement traversés par un sillon dans leur longueur ; ils se terminent latéralement en manière d’angle dirigé en arrière et souvent dentelé ou épincux ; en dessous, les anneaux sont unis les uns aux autres par une membrane : ce qui distingue les femelles des mâles, c’est qu'elles ont, aux quatre anneaux du milieu de la queue , deux filets membranenx ovales , auxquels les œufs s’attachent après la ponte. Suivant Aris- tote, la Langouste ( Késa6: | femelle diffère du mäâleen ce qu’elle a le premier pied fendu. Comme d’après la manière de compter de ce naturaliste la première paire de pieds est celle qui est la plus voisine de la queuc, son observation est exacle, et effectivement, les feinelles ont, vers la base du doigt de ces pieds , une sorte d’ergot qui manque dans le mâle. Les Grecs ont donné le nom de Képe&os à l’es- pèce de Langouste la plus commune de nos mers; 544 ji: © em a LANG c’est celle que les Latins nommèrent Locusta. Belon, Rondelet et Gesner l’ont mentionnée sous ce dernier nom. De là l’origine du mot de Lan- gouste , par lequel on désigne dans notre langue : celle espèce. Latreille à préféré employer ce mot pour désigner le genre , plutôt que celui de Pali- nure, qui n’est que la traduction littérale du nom assez impropre que Fabricius lui a donné. Les femelles de Langoustes que l’on trouve dans nos mers portent depuis le mois de mai jusqu'en août leurs œufs que l’on nomme corail ; ils sont disposés dans l’intérieur de leur corps en deux masses allongées ; de la grosseur d’un tuyau de plume et d’un très-beau rouge; ils se dirigent, en divergeant, vers deux ouvertures situées, une de chaque côté, vers la base des pattes intermédiai- res; ces œufs sont très-pelits en sortant du corps de Ja mère ; mais ils croissent insensiblement pendant nne vingtaine de jours qu’ils demeurent attachés aux feuillets du dessous de la queue; ce temps écoulé, elle les détache tous ensemble de leur enveloppe, et on les trouve sonvent fixés contre des rochers, ou errans et abandonnés aux | courans et aux vagues. Ge n’est qu’une quinzaine de jours après que ces œufs éclosent. Suivant Aristote , la femelle replie la partié large de sa queue pour comprimer ses œufs au moment où ils sortent de son corps, el elle allonge les feuillets inférieurs afin qu'ils puissent les recevoir et les retenir. Après cette première ponte, elles en font une seconde en se dtharrassant totalement ce leurs œufs; alors elles sont maigres et peu esti- mées , et l’on ne recherche que les males: L'ic- couplement à licu au commencement du prin- temps, Aristote décrit aussi les mues, qu'il ‘avait très-bien observées , et il dit qu’elles se font au printemps et quelquefois en automne. dd Les Langoustes abandonnent nos côlés vers la fin de l’automne ou aa commencement de l’hiver, el alors elles gagnent la haute mer et vont se cacher dans les fentes des rochers à detrès-grandes profondeurs. Elles vivent de poissons et de divers animaux marins , el parviennent, au bout de quelques années, à la longueur d’un pied. Ges crustacés peuvent vivre très-long-temps, et s'ils parviennent à se réfugier dans quelques lieux peu favorables à la pêche, ils atteignent une grosseur très-considérable. Selon Risso, les mâles vont à la recherche de leurs femelles en avril eten août; dans l’accouplement, les deux sexes sont face à face,.et se pressent si fortement, qu’on a de la peine à les séparer, même hors de l’eau. Sur les! côtes de Nice, on pêche ce crustacé avec des nasses. On met dans le panier des pattes de Poul- pes brülées, des petits poissons, des Grabes, etc. ; on les descend pendant la nuit dans des endroits rocailleux où les Langoustes se plaisent beau: coup, et on prend, le lendemain matin celle qui sont dedans. On fait une grande consomma® tion de ces crustacés sur nos tables, et on lc envoie dans l’intérieur et à Paris, où ils sont très= recherchés. Pour :les faire voyager, on les fait cuire, sans quoi ils se gâleraient en route. Ge — smile : -HÉ Cust oo LANG genre, pour Ja distinction des espèces, offrait une grande confusion , Latreille, si cher aux amis des sciences, a débrouillé, en 1804 ( Ann. du Mus. d’hist. natur. de Paris, 17° cahier), cette confusion qu'offraient à l'égard des espèces les ouvrages an- térieurs. Olivier (Encye. méth., art. Pazinur£) a encore jeté quelque lumière sur ce genre , qui se compose de huit à neuf espèces. La principale, el celle que l’on renconire le plus souvent sur nos côles océaniques et méditerranéennnes , est : La Lancousre commune, Palinurus vulgaris , Latr.; Pal. locusta, Olv. ; Pal. quadricornis , Fab., Leach ( Malac. Brit., 30 ) : Langouste, Be- Jon; Pal. Langouste, Bosc. Elle est grande, car elle atteint jusqu’à un pied et demi de longueur , et pèse, lorsqu'elle est chargée de ses œufs, jus- qu à douze et quatorze livres. Sa carapace est épi- neuse, hérissée de poils courts et raides, armée antérieurement de deux grands piquans compri- més, dentés en dessous ; la queue est tachetée ou ponctuée de blanc jaunâtre; les segmens ont un sillon transversal et interrompu ; les pieds sont entrecoupés de jaunâtre et de rougeâtre. Très- commune dans la Méditerranée , elle se trouve, mais rarement, sur les côtes de l'Océan euro- péen. La Lancousre moucueTée , P. guttatus , Latr., Ann. Mus., tom. III, pag. 392; Encycl., pl. 315. La carapace est épineuse; le front est armé de deux cornes; le corps et les pattes sont bleus, avec des taches rondes blanches. Se trouve aux Indes orientales. La Lancouste oRNÉE, P. ornatus, Fab., Latr., Encycl., pl. 316. La carapace est épineuse, de couleur verdâtre ; le front présente six cornes ; les pattes sont mélangées par anneaux de bleu et de blanc. De l'Ile de France. M. Guérin, dans son Iconogr. du Règn. anim. de Guv., Grust. , pl. 17, fig. 2 , a figuré une très-jolie espèce qu'il a dési- gnée sous le nom de P. Jicordi. Elle se trouve aux Antilles, à Cuba et à la Martinique. La Lancousre Borne, de Quoy et Gaimard, Zoologie du voyage de l’Uranie, p. 285, pl. 81, est une belle espèce. Son corselet est brun, cou- vert de petites aspérités et d’aiguillons, dont deux plus considérables sont dirigés en avant; dans leur intervalle on en voit quatre plus petits. Les anten- nes, d’un rouge violacé à la base, sont aussi, dans cette partie, armées de fortes épines ; elles sont jaunûtres et couvertes d’aspérités dans le reste de leur longueur; les antennules, bifurquées, très- longues et verdâtres, ont des taches rougeâtres aux arliculations ; les pattes sont bleu de ciel ta- cheté de blanc et velues à leur extrémité ; un beau violet bordé de jaune colore les anneaux de la queue; le crochet qui les termine de chaque côté est rou- geâtre à la pointe ; les cinq plaques de la nageoire de la queue sont verdâtres, avec du jaune au mi- lieu ; leur limbe est denticulé et bordé d’une ban- delette noire avec un liseré blanc. Cette Langouste, dont nous avons reproduit la figure dans notre Atlas, pl, 292, fig. 7, setrouve aux îles Sandwich. H. L.) OV, 345 284° Livraison. LANG LANGOUSTINES, Palinuri. ( crusr. ) Cin- quième tribu de l’ordre des Décapodes, famille des Macroures. établie par Latreille ( Fam. nat. du Règn. anim., et Cours d'Entom. , 1° ann. }, qui en avait fait une famiile dans ses autres ouvra- ges. Gelte tribu , telle qu’il l’adopte, a pour ca- ractères : tous les pieds presque semblables ,: à tarses coniques , aucun d’eux ne se terminant par une main parfaitement didactyle; les antennes latérales sont sétacées , longues et épineuses. Cette tribu ne comprend qu’un seul genre, celui des Langoustes. (H. L.) LANGRAYEN ou LANGRAIEN, Ocypterus. (ois.) Guvier a groupé sous ce nom de Langrayen, ou Pies-grièches-hirondelles, des espèces qu'avant lui on confondait avec les Pies-grièches proprement dites, à la famille desquelles ils appartiennent. Il leur a donné pour nom générique celui d’Ocypterus (ailes rapides, pointues), nom grec d’un oiseau inconnu, et par lequel Cuvier désigne ici d’une manière assez heureuse les habitudes locomotri- ces des Langrayens. Comme les Ilirondelles , le vol est leur principal mode d’action, leurs ailes étant favorablement disposées pour la locomotion aérienne. Gomme elles , on les voit faire la chasse aux insectes. [ls ont, avec la puissance de vol des Hirondelles , le courage des Pies-grièches ; aussi , les noms qui leur ont été donnés dans ces derniers temps se trouvent par là complétement justifés, On les a vus attaquer des oiseaux beaucoup plus forts qu'eux ; mais là se borne la connaissance de l’histoire particulière des Langrayens. Une foule d’autres petits détails sur leurs mœurs a échappé aux naturalistes qui ont cherché à étudier ces espèces. Les caractères des Langrayens diffèrent peu de ceux des Pies-grièches. Ils ont un bec conique , arrondi, assez robuste, arqué vers le bout, à pointe très-fine , légèrement échancrée de chaque côté ; des narines latérales, petites, ouvertes par devant ; des ailes suraiguës et dépassant la queue, dans quelques espèces seulement , d’un pouce en- viron ; leurs doigts , au nombre de quatre, n’ont rien de bien caractéristique. On les trouve en Afrique , dans les Grandes-[ndes et en Australasie. Les espèces sont assez nombreuses : Vieillot, qui, à l'exemple de Guvier, en a fait un genre sous le nom d’Artamus, en décrit six. M. Valenciennes, dans sa Monographie sur ces oiseaux , publiée dans les Mém. du Mus., tom. VI, pag. 2, paraît avoir adopté ce nombre, à l’égard duquel on avait émis quelques doutes. Des six espèces actuellement connues, Buffon en a décrit deux. LANGRAYEN A VENTRE BLANC, Ocypterus leuco- gaster, Val. ; Lanius leucorhynchos, Gmel. Cette espèce est la même que le Dominicain, Lan. do- minicanus , décrit par Sonnerat ( Voyage à la Nou- velle-Guinée, tom. I, pl. 25), et observée par lui à l’île Luçon. Son plumage est d’un noir grisâtre supérieurement ; il est blanc inférieurement. Sa queue est blanchâtre en dessous, légèrement four- chue, et dépassée par les ailes, Elle a le bec bleuä- tre et les pieds noirs. « Cet oiseau, dit Sonnerat , CU loco citato y vole avec rapidité et en se balancant eù l’air , comme les Hirondelles. Il est ennemi du Corbeau , et , quoique beaucoup plus pêtit, il ose nén seulément se mesurer avec lui, mais-mêmie le provoquer ; le combat est long, épiniâtre, dure quelquefois une demi-heure, et finit par la retraite du Corbeau. » De même que pour toutes les autres espèces , on he sait rien sur sa reproduction, On le rencontre à Manille ét X Timor. Laincrayen Gris ; Ocypt. cinereus, Val; Artamus cin., Vieill. Plus grande d’un pouce que la précé- dente, célte espèce s’en distingue aussi par son plumage, qui est d’un gris clair à Ja tête, au cou, à la poitrine, au dos, etc. Sur les ailes, cette couleur devient plus foncée, Un petit trait noir entoure son œil, etsetermine , en forme de bande, sur les côtés du bec. Ses pennes alaïres et cau- dales sont noires. Ces dernières , à l’excéption des moyennes , ont une tache blanche à leur extré- mité. Ses pieds et son bec diffèrent peu de céux du Dominicaïn, Elle vient aussi dé Timor. LaNGRayEN 4 LIGNES BLANCHES, Ocypt. albo-vit- tatus , Val, Tout brun, à l’exception des ailes, qui sont ardoisées , avec des lignes blanches sur les barbes externes des deuxième , troisième ét qua- trième rémiges ct de la queue, qui ; elle aussi, est noire, terminée de blanc. Les jeunes , avant la première mue, portent une livrée brune mélangée dé blanc ; leur bec est blanchâtre au lieu d’être bleu. Comme les deux espèces prédécentes, on la trouve aussi à Timor. Nous lavons représentée dans notre Atlas , pl. 292, fig. 8. Lan@rayen ENFUMÉ où PErTir LANGRAYEN, Ocypt. fuscatus , Val; Artamus minor, Vieill. Cette es- pèce, la plus petite de toutes, d’un brun choco- lat très-foncé à la face, à ailes, queue et pieds noirâtres , a été apportée par expédition du voyage aux terres australes: on né sait pourtant pas pré- cisément dans quels lieux elle a été prise. Sa taille est celle du Pinson (Fringilla cælebs, Lin. ). LancRAYEN BRUN, Ocypt. rufiventer, Val.; Art. fuscus, Vieïll: Ia la tête cendrée , toutes ses parties supérieures d’un brun grisâtre, les inférieures rous- sâtres ; ses ailes sont noires et ne dépassent pas la queue, qui est arrondie, grise en dessous, et à pennes terminées par un blanc sale. Sa taille est celle du Langrayen à lignes blanches. Il vit au Bengale. LANGRAYEN TOHA=cuenT, Ocypt. viridis, Lin. et Lath., pl enl., n° 30, fig. 2. Gette espèce, dé- crile ét figurée depuis long-temps , est une de celles queBuffon avait conuues. Le nom de Tcha- chert, qu’elle porte, lui est donné à Madagäscar où elle habite. Tout son manteau est d’un vert som- bre. Elle a le devant du cou êt l'abdomen blancs; les pennes alaires et caudales noires, et ces der- nières bordées d’un vert sombre. Son bec , coù: leur de plomb jusque vérs son milieü, est blan- châtre à sa pointé. Sa longuenr totale est de sept pouces huit lignes. (Z. G.) LANGUE, (awar.) La Langue est généralement l'organe du goût ; cependant, par suite de la com- plication de sa structure , elle peut devenir l'agent de plusieurs autres fonctions, telles que la masti- cation , Ja déglatition et la parole. Mais à mesure que la Langue se simplifie, elle perd son appareïl locomoteur, ét eñ même temps aussi plusieurs de ses fonctions. Les zoologistes ont tiré de là conformation et de la structure de la Langue , ainsi que des mou- vemens plus o6w moins étendus dont jouit cet or- gané, des caractères très-importans pour la clas- sificätion dés animaux. Aussi est-ce d’après des considérations de cette näture que l’on a pu éx- ractériser une multitude de genres ét léur dônner des noms qui rappellent diverses particularités de leur Langue, tels que: ceux de Pteroglossus, de Glossophage èt dé Microglosse. La structure de la Langné a été pendant long- temps un problème insolublé pour les anatomistes. On la considérait comine formée d’un tissu inextri- cable. Mais des recherches dé MM. Blandin et Gerdyÿ sont venues fairé connaître la structure de cet organe important. Ce dernier anatomiste à dé- crit un grand nombre de faisceaux muscülairés ; ainsi il reconnaît un muscle lingual superficiel, deux lingaaux profonds, des linguäux transverses, des linguaux verticaux, dont la réunion ét l’entre- lacement forment la plus grande partie da tissu propre de la Langue, et qui sont nommés pour cela muscles intrinsèques. Qaant aux añtres muscles qui viennent se tériminer dans l'épaisseur de l’or- gane et qui s’insèrent aux parties voisines , connus depuis long-temps des anatomistes, ils ont été nomimés muscles extrinseques ; tels sont les deux stylo-glosses, les deux hyoglosses, lés deux génio- glosses, les deux glosso-staphÿlins, et les deux hyo- glosso-épiglottiques qui manquent quelquefois. Ces muscles extrinsèques sont destinés aux divers mou- vemens de l’organe dans les actes de la gustation, de la mastication, de la déglutition ou de la parole. Outre cette couche musculeuse, la Langue présente une membrane muqueuse, siége de la sensation du goût, et qui est très-importante à étu- dier. Cette membrane muqueuse, d’un rose pâle, présente, surtout chez l'homme, un développement considéräble de papilles. Toute la face supérieure de l’organe est recouverte, depuis sa pointe jus- qu’à sa base, de papilles appelées coniques parce qu’en effet elles présentent cette forme. Ellés sont rapprochées et serrées comme les poils d’uné brosse. Sur le milieu de là Langue et vers sa pointe, elles sont hautes et aiguës ; sur les côtés elles se raccourcissent graduellement et se rédui- sent à de simples tubercules mousses. Parmi ces papilles il en existe plusieurs qui présentent une forme tout autre. Moins nombreuses que les pré- cédentes , mais plus hautes et plus volümineuses, elles ont été appelées fungiformes où en champi- gnon à cause de leur configuration. Elles sont en effet supportées par un pédicule mince et se ren- flent vers leur sommet en une tête arrondie. C’est surtout vers la pointé de la Langue qu’on les observe. Enfin, vers la base de la Langue existent environ dix tubercules demi-sphériques, entourés chacun d’un boarrelet circulaire ét nommés à cause de cela papilles à calice ou caliciformes. LANG Ces papilles sont disposées sur deux Jignes qui se réunissent en arrière à angle aigu, de manière àre- présenter un V dont la parie la plus large regar- derait en avant. L'espace situé entre la pointe de ce V et l’épiglolte n’a point de papilles; mais la membrane qui le recouvre est rendue inégale par des glandes qui sont au dessous, et la plupart des peliles éminences qu’on y remarque sont percées d’un trou qui verse dans la bouche le Jiquide qu'elles.sécrètent. La face inférieure de la Langue est aussi complétement dépouryue de papilles. La partie analogue au corps muqueux est si mince sur la langue de l’'homme.qu’on a peine à en re- connaître l'existence, Mais elle est {ort épaisse sur celle des quadrupèdes, où les papilles qui la tra- xersent Ja rendent parfaitement réticulaire, La Langue des Mammilères présente les mêmes papilles que celle de l’homme. Les différences consistent seulement dans la forme des papilles coniques et dans Ja substance dont elles sont quelquefois armées, dans la grosseur et l'abon- dance des papilles fungiformes, etdans le nombre des papilles à calice et la figure que leur arrange- ment représente. Dans les Guenons on ne voit d’autre différence avec la Langue de l’homme que le-nombre moins considérable des papilles à ca- lice. Le Macaque n’en présente que quatre; le Cynocéphale trois seulement, ainsi que le Sapajou. Plusieurs Chauve-souris ont des papilles allon- gées, et qui ressemblent presque à des poils; on les observe surtout vers la partie postérieure de la Langue. Quelques espèces ont ces papiiles dures comme de la corne; la Roussette.en présente en outre.qui.ont chacune plusieurs pointes. Les Chats présentent une disposition remarquable des pa- pilles ; les unes, petites, coniques et molles ou bien fungiformes , occupent tous les bords de cet organe, Mais toute la partie moyenne porte des papilles différentes et de deux espèces. Les unes sont arrondies, et lorsqu'elles ont été soumises pendant quelque temps.à la macération, elles re- présentent des faisceaux.de filamens qui semblent être les dernières .extrémités des nerfs gustatifs ; les autres sont coniques, pointues et revêtues chacune d’un élui .de substance cornée terminé en pointe ou.en coinet se recourbant,en arrière, Ge sont ces étuis ,cornés qui rendent la angue du Chat aussi rude et qui font qu'elle écorche lorsque.ces animaux lèchent. Si l’on vient à arra- cher cette enveloppe cornée des papilles, ces étuis représentent des espèces de.petits ongles. Les pa- pilles et les pointes cornées sont placées alternati- xement , de sorte.qu’il y en a .autant,d’une facon que de l’autre. ,Il n’y a point dans tout cet .es- pace de papilles fungiformes, elles semblent être remplacées par les papilles en faisceau, comme les,coniques le sont par celles à :étui corné. La partie postérieure de la/Langue, qui reprend la pature ordinaire des tégumens, présente des pa- pilles à calice, mais proportionnellement plus pe- tes que dans les autres animaux. Les Givettes ont une Langue semblable à celle du Chat. Les Sari- guès ont aussi des étuis ou écailles cornées vers la partie moyenne et anténicure de {la Langue, Le Porc-épic présente sur Le bout etsur les côtés de cet organe de larges écailles à deux et trois pointes ter minées en coin, et le reste de la surfaceiest comme à l'ordinaire. Dans les Edentés à long museau, les Fourmiliers, les Tatous, les Oryctéropes , la Langue est longue , étroite, pointue.et singulière- ment lisse. Dans les deux derniers ce n’est qu'avec le secours d’une loupe que l’on peut apercevoir distinctement les papilles coniques, et dans les Fourmiliers proprement dits on ne peut en décou- vrir d'aucune espèce. Les Paresseux ont la Langue ronde par le bout, les papilles coniques et fungi- formes peu dévoloppées, et la base garnie seulement de deux papilles à calice. On remarque aussi un aspect presque complétement lisse de la Langue chez les Pachydermes, Dans les Ruminans les pa- pilles coniques de la moitié antérieure sont nom- breuses, serrées, fines et terminées par un filet corné, mais flexible. Dans le Chameau ces filets sont longs.et donnent à la Langue de cet animab la douceur du velours. En arrière l’on observe de gros tubercules conoïdes ou hémisphériques qui deviennent plus petits en se rapprochant des côtés. Les papilles à calice sont rangées sur les côtés de cette partie postérieure; elles se distin- guent diflicilement des papilles fangiformes qui sont aussi longues et aussi volumineuses. La Langue des oiseaux est soutenue par un ou deux os qui en traversent l’axe et que Geoffroy Saint-Hilaire considère comme les analogues des cornes postérieures de l’os hyoïde. Ces os lin- guaux, qui ont recu, d’après la nomenclature de cet anatomiste , le nom de glosso-hyaux , ne man- quent réellement dans ancune classe et deviennent un caractère tout-à-fait classique de la Langue des oiseaux. On voit:toujours en effet une ou deux pièces en rapport avec la Langue et en même temps appuyées sur le corps de los hyoïde ou basi-hyal. Or ces pièces ne sont autre chose que les glosso-hyaux qui conservent toujours ainsi les mêmes connexions. La disposition du glosso-hyal des oiseaux tient à l’allongement du col et de toutes les parties cervicales ; on. comprend.en effet comment l’allongement du basi-hyal et du glosso- hyal force ce.dernier os à s’avancer ainsi profon- dément .dans Ja Langue. La Langue des oiseaux est généralement:très-peu épaisse et très-rudimen- taire ; le glosso-hyalen forme une grande partie et n’est recouvert que de quelques muscles très- minces et des tégumens. Gependant, dans quelques genres , comme .dans les Perroquets.et les Phéni- coptères, elle est volumineuse et semble se rap- procher de celle des Mammifères. Mais par un examen attentif et par la dissection on voit que ce +x'est là qu’une apparence; car ce volume con- sidérable ;ne tient qu'à Ja présence d’un amas plus abondant de:tissu cellulaire et de graisse, et non au développement des parties constituantes de l'organe. C’est même cette structure graisseuse de la Langue. du Flammant qui la fait passer pour un mets si délicat.et-si recherché. En Egypte, l’on voit chaque année de nombreux chasseurs par: LANG courir les différens lacs fréquentés par ces oiseaux, de la Langue desquels ils extraient une graisse très-bonne et très-recherchée qui remplace pour eux le beurre avec avantage. L'histoire nous ap- prend aussi que l’empereur Héliogabale entrete- nait constamment des troupes chargées de lui procurer en abondance des Langues de Flammans, qu’il mangeait avec délices. Quoique la Langue soit généralement épaisse chez les Perroquets, il est parmi eux un petit genre qui en est presque complétement privé , c'est la section des Microglosses de Geoffroy Saint- Hilaire, ou Aras à trompe de Levaillant. Ce voya- geur, trompé par des apparences, avait considéré la Langue de ces oiseaux comme une espèce de trompe analogue à celle de l’Eléphant et avec la- quelle ils saisissaient leur nourriture. Mais Geoffroy Saint-Hilaire, ayant eu l’occasion d'examiner un de ces animaux, reconnut que cet appareil, con- sidéré par Levaillant comme la Langue, était formé par l’appareil hyoïdien et ses dépendances, et que la Langue véritable ne consistait qu’en un petit tubercule de forme ovale et d'apparence cornée. L’Autruche n’a pareïllement qu’une Lan- gue très-courte. Les papilles de la Langue des oiseaux ont des formes diverses. Dans les Vautours, toute la surface de la Langue est lisse, excepté vers les bords qui sont dentés en scie, et chaque dent est revêtue d’un étui cartilagineux. Les oiseaux de proie nocturnes opt Ja Langue garnie en arrière de papilles coniques et molles. Dans le Perroquet elle est lisse et présente quelques papilles vraiment fungiformes. Dans les Toucans, les papilles, lon- gues , semblables à des soies, garnissent les côtés de la Langue et lui donnent l’apparence d’une plume, ce qui a valu au sous-genre Aracari le nom de Pteroglossus. Le genre des Pics et des Torcols a la Langue armée sur ses bords de plusieurs épi- nes, et revêtue d’une gaîne courbée à sa partie antérieure , ce qui lui donne la forme d’une espèce de hamecçon ou de flèche barbelée. Cette Langue présente en outre une disposition toute particu- lière de l’hyoïde, dont les cornes antérieures ont acquis un très-grand développement, d’où résulte, par un mécanisme fort particulier, la possibilité dont jouissent ces oiseaux de faire sortir de leur bce leur Langue presque tout entière. Les Galli- nacés ont la Langue pointue, cartilagineuse, en forme de fer de flèche, lisse à sa surface, sans aucune espèce de papilles, celles de l’arrière- langue exceptées ; il en est de même chez les Geais, les Etourneaux et le plus grand nombre des Passcreaux. Mais dans plusieurs genres la pointe en est fendue plus ou moins profondément ou divi- sée en plusieurs petites soies, ou comme déchirée. ; Les reptiles présentent autant de varialions qu les oiseaux dans la conformation de leur Langue. Les Crapauds et les Grenouilles ont une Langue entièrement charnue attachée au bord de la mâ- choire inféricure, et qui, dans l’état de repos, se replace dans la bouche. Dans les Salamandres elle est attachée jusqu’à sa pointe, qui ne peut pas se mouvoir ct n’est libre que sur les côtés. Le Croco- 348 Ro LANG dile a long-temps passé pour n’avoir pas de Lan- gue ; Hérodote avait avancé cette opinion, qui a été répétée par Aristote et par la plupart des voyageurs. Les anatomistes de l’ancienne Acadé- mie des sciences ont cependant constaté son existence. L'erreur commise à ce sujet par les an- ciens observateurs se concoit du reste très-bien, car la Langue du Crocodile n’est nullement visible à l'extérieur sur l'animal vivant. Toute la peau comprise entre les branches de la mâchoire infé- rieure se trouve revêtue en dedans d’une chair spongieuse , épaisse et mollasse qui y est insépa- rablement attachée dans toute son étendue. Mais ce muscle ou cette Langue se trouve masqué à l'extérieur par une continuation des enveloppes générales. C’est une peau jaunâtre, chagrinée et entièrement analogue à celle qui recouvre le pa- lais. Cet état d’immobilité de la langue donne l'explication d’un fait fort singulier, signalé déjà par Hérodote et sur lequel on pourrait émettre des doutes s’il n’avait été constaté plusieurs fois en Egypte par Geoffroy Saint Hilaire. Un petit oiseau désigné par Hérodote sous le nom de Trochilus, et qui n’est autre, d’après Geoffroy Saint-Hilaire, que le Charadrius ægyptius d'Hasselquist, s’in- troduit dans la gueule du Crocodile et le délivre de certains insectes qui s’attachent à la Langue de ce reptile pour en sucer le sang. Ges petits animaux qui s’attachent ainsi à la Langue du Crocodile ne sont pas des Sangsues, comme on l'avait généralement traduit, mais bien des insectes suceurs. Les Stellions et les Iguanes ont la Langue charnue et jouissant à peu près de la même mo- bilité que celle des Mammifères. Dans les Lézards la Langue , très-extensible, se termine par deux longues pointes flexibles. Le Caméléon a une Lan- gue cylindrique qui peut s’allonger considérable ment, Quant à la membrane qui revêt la Langue, il n’y a dans aucun reptile deux espèces de papilles ni glandes à calice. Dans certains poissons, comme les Chondropté- rygiens, il n’y a pas de Langue du tout ; le dessous de la gueule est lisse et sans saillie. Dans le plus grand nombre des autres poissons la Langue ne consiste plus que dans une simple saillie à la partie inférieure de la bouche, et sa membrane mu- queuse ne diffère pas ordinairement de celle qui revêt le reste de la bouche ; elle ne présente pas à l'œil des papilles plus développées. Les seules différences que l’on puisse remarquer tiennent aux dents dont ces Langues sont armées dans certaines espèces. Les Seiches, les Limacons et la plupart des autres Mollusques gastéropodes, ont une Langue cartilagineuse qui n’a de mouvemens que ceux re- latifs à la déglutition. Sa parlie antérieure est fixée au dessous de la bouche et n’a nul moyen d’entourer les corps sapides. Les Mollusques acé- phales ne paraissent pas avoir de Langue. Il n’y a point non plus de Langue proprement dite dans les Vers, quoique cependant quelques zoologistes aient donné ce nom à la trompe du Thalassème, de l’'Echinorhynque, etc. LANG 549 LANI 1 La nombreuse classe des insectes présente de grandes variétés relatives aux organes du goût. Les Coléoptères et les Orthoptères ont la partie que l’on a nommée lèvre inférieure , cornée à sa base et terminée à sa pointe par une expansion mem- braneuse que l’on a nommée la Langue, et dont la forme varie à l'infini. Les Hyménoptères et quelques Névroptères ont la Langue concave et se prolongeant souvent en une trompe plus lungue quelquefois que le corps lui-même , et qui con- serve aussi le nom de Langue. Elle est membra- neuse, sa substance est molle, spongieuse, et très-propre à recevoir les impressions du goût. Les insectes chez lesquels cet organe est le plus déve- loppé sont ceux qui apportent le plus de discerne- ment dans le choix de leurs alimens. Aussi l’ob- serve-t-on dans les Abeilles, Tous les Diptères à trompe charnue semblent encore avoir un excel- lent organe du goût. Les Lépidoptères ou Papillons ont une Langue tubulée de deux pièces exacte- ment jointes et le plus ordinairement très-longue, bien propre à savourer les liqueurs qui la traver- sent si elle est impressionnable aux saveurs dans toute son étendue. Des nerfs de la Langue. La Langue recoit des branches nerveuses de trois paires différentes. Celles qui proviennent du nerf hypoglosse et du rameau glosso-pharyngien de la huitième paire se distri - buent aux muscles de la Langue, tandis que le ra- meau lingual de la cinquième paire, qui se divise en un grand nombre de filets qui se répandent dans la membrane muqueuse et concourent à la formation des papilles , est le principal agent de la perception des saveurs. La faculté gustative de la Langue réside prin- cipalement à sa pointe et à la partie antérieure de sa face supérieure ; elle sert chez l’homme à l’ar- ticulation des mots, concurremment avec les autres parties de la bouche. Elle sert aussi à la préhension des alimens, à la succion, à la mastication, en portant les alimens entre les arcades dentaires, et en formant le bol alimentaire qui doit tomber dans le pharynx. Aussi les mouvemens de cet or- gane sont-ils très-variés ; ils peuvent se réduire à ceux de prépulsion, de rétropulsion, de resserre- ment transversal, d'inclinaison latérale, de cir- cumduction, ainsi qu’à ceux dans lesquels sa pointe se recourbe en haut et en bas, et dans les- quels cet organe se creuse en goullière sur sa face dorsale. (A. D.) La ressemblance que certains êtres, ou quel- ques unes de leurs parties, ont avec la Langue, leur a fait donner quelques noms vulgaires, comme ceux qui suivent : Lanquz D’AGNEau, (mor. ) Le Plantago media , Linn. Lanque DE pour. (8oT.)La Buglosse officinale, le Pothos cordata, et la Fistuline, genre de Cham- pignon. Lanque De cer. (BoT.) La Scolopendre et la plupart des Fougères à frondes entières, même le Botrychiun lunaria. LanGue DE car. (z001.) Une Telline. (8or.) Le Bidens tripartita et une Eupatoire de Saint-Do- mingue. LancuE De cneva. (8oT.) Le Ruscus hippo- glossum , espèce du genre Fragon. LanGue DE cie. (Bor.) La Cynoglosse offici- nale et quelques autres Borraginées, telles que le Myosotis lappula. LanGuE D’o1g. (BoT.) Le Pinguicula vulgaris, Lion. LANGUE D’OISEAU Où ORNITHOGLOSSE DES VIEILLES PHARMACIES. (B0T.) Le fruit du Frêne et la Stella- ria holoslea. Lancus D'or. (z001.) La Telline foliacée. Lancux DE PAsseREAU. (BoT.) Le Sfellera passe- rina et le Polygonum aviculare, LanGuE DE SERPENT. (B0T.) L’Ophioglosse vul- gaire et les Clavaires de Linné , dont on a composé le genre Geoglossum, ce qui signifie Langue de terre, On a donné aussi ce nom à de petites Glos- sopètres. LanGuE D£g vacse. (BoT.) La Scabieuse des champs, la grande Consoude en quelques parties de la France, et le Talinum polyandrum au Pérou. LANGUETTE. (poiss.) Nom d’une espèce du genre Pleuronecte, et des Mollusques du genre Solen , ou Manche de couteau. (Gu£r.) LANGUETTE. (1ns.) La Languette est la partie attachée intérieurement à la lèvre inférieure ; elle acquiert dans certains cas un très-grand dévelop- pement comme dans les Hyménoptères ; les pal- pes labiaux sont toujours insérés à la jonction de la lèvre et de la Languette. Voyez l’article INsecTE au chapitre de la bouche. (A. P.) LANGUETTE , Ligula. (BoT.) On appelle fleu- rons ligulés ou en Languette les demi-fleurons des Synanthérées, telles que la Laitue, la Piloselle, dont le tube court se prolonge en un limbe unilatéral, Dans les Graminées , l’appendice membraneux qui termine la gaîne de la feuille est appelé Zan- guette, 1 On dit encore qne la feuille de l’Ortie, les fo- lioles du chanvre, etc., atténuées à leur extrémité, sont terminées en languette. (L.) LANIER , Falco laniarius, Lin. (o1s.) On con- naît, sous le nom de Lanier, une espèce d'oiseau de proie diurne, appartenant à la famille des Falco- nidés et au genre Faucon proprement dit. Nous renvoyons à ce dernier mot de notre Dictionnaire, où il a été longuement question de cette espèce. (Z. G.) LANIUS. (o1s.) Nom latin des Pies-GriècHEs (voy. ce mot). (Z. G.) LANIOGÈRE, Laniogerus. (morr.) M. de Blain- ville a établi sous le nom de Laniogère un petit genre fort voisin du Glaucus , et faisant le passage de ce genre à celui des Gavolines et des Eolides ; il lui assigne pour caractères : un corps nu, allongé et convexe en dessus, plane en dessous, ct ter- miné par une sorte de queue; Ja tête assez dis- tincte; quatre tentacules fort pelits ; les branchies en forme de longues lanières molles, flexibles, disposées en un seul rang de chaque côté du corps; LANT 350 l'anus et l'ouverture des organes dela génération à droite dans un tubercule commun. On ne con- naît encorc qu’une seule espèce de ce genre, à da quelle M. de Blainville a donné le nom de Lanro- sère D'Ecronr, Laniogerus Elfortianus ;.elle a été figurée pour la première fois dans le Dictionnaire des sciences naturelles, planche des Mollusques polybranches. Le corps de ce petit mollusque a-en- viron huit lignes de longueur, ilest presque. ovoiïde, quoiqu'un peu déprimé ; une sorte de queue , qui n’est que le disque locomoteur prolongé, le.ter- mine ; le dessus du corps est lisse et ne présente rien de remarquable; le dessous offre dans son milieu un espace un peu élevé, séparé du reste par un pelit rebord festonné sur lequel on décou- vre quelques lignes transverses; son bord anté- rieur, large en avant où il commence, devient plus étroit en arrière, et est comme bilobé ou échancré; son rebord est plus saillant, mais il s’efface à mesure qu'il devient plus postérieur et finit par n'être que de la largeur de l’appendice caudal, dont il forme la surface inférieure. A la parlie antérieure du corps se trouve la tête, peu distincte, fort courte et séparée du reste seulement par un léger rétrécissement ; sa parlie supérieure et latérale est garnie de deux pelits tubercules tentaculaires ; les yeux n’ont pu être aperçus, mais les observalions n'ayant été faites que surun individu conservé dans l'alcool, peut-être la con- traction due à son séjour dans ce liquide a em- pêché de les reconnaître; Ja partie antérieure .de la tête forme une sorte de bourrelet d’eù peut sor- tir la masse buccale rétractile; la bouche y est per- | cée sous la forme d’une fente verticale bordée de lèvres à plis perpendiculaires à son axe, et pour- vue d’une mâchoire cornée et dentelée. On voit sar les deux côtés du corps une série de lames ou la- nières évidemment branchiales, mais variables en nombre de chaque côté; elles se détachent avec la plus grande facilité; on apercoit facilement à la surface de chaque lanière les stries transverses | tombant sur deux gros vaisseaux, l’unartériel, V'autre veineux ; le tubercule .où sont les orifices de l'anus et les organes de.la génération se necon- | naissent facilement du côté droit entre les lames branchiales. La patrie de cette espèce de mollus- que est inconnue : M. de Blainville en a étudié quelques individus dans la collection du Muséum britannique. (3. L.) LANTANIER, Zantana. (BoT. puan.) Genre de la famille des Verbénacées ou Gattiliers, et de la Didynamie angiospermie, L.; il se compose d’une trentaine d'espèces d’arbrisseaux (rarement des herbes) indigènes pour Ja plupart des contrées chaudes de l'Amérique; leurs rameaux sont an- guleux, couverts de poils plas ou moins rudes, quelquefois même garnis sur les arêtes d’épines crochnes ; ils portent-des feuilles opposées ou ter- nées, simples, crénelées, velues et âpres au tou- cher. Leurs fleurs, petites, mais vivement nuan- cées et serrées les unes contre les autres , forment d'élégans capitules pédonculés et accompagnés de bractées, - Voici les caractères génériques des Lantaniens : calice tubuleux, très-court, à quatre dents peu apparentes ; corolle à tube oblique et renflé, à Jimbe plane marqué de-quatre lobes inégaux ; qua- tre étamines didynames, mon saillantes ; style éga- lement inclus dans le tube de la corelle, à stig- mate recourbé ; drupe mon ou bacciforme, contenant un noyau à deux loges monosperimes. On voit dans les jardins plusieurs espèces de Lantaniers, remarquables sinon par leur éclat, au moins par leur feuillage toujours vert-et par la du- rée de leurs fleurs, qui se succèdent tout l'été; elles demandent en Europe, et surtout sous le cli- mat de Paris, la serre d’orangerie; leur multiplica- tion ést facile, soit de graines, soit .de boutures sur couche et sous châssis. Le LANTANIER A FEUILLES DE MÉLISSE , Lantana camara , L., est le type du genre; Plumier , qui l’a fait connaître, l’appelait Camara, C’est un pe- tit arbrisseau de deux à 1rois pieds, à tronc tor- tueux, divisé.en rameaux velus, mais sans aiguil- lons, Ses feuilles sont ovales-aiguës, ridées, un peu velues, vertes en dessus, blanchâtres.en des- sous, dentelées sur les bords ; elles ressemblent assez à celles de la Mélisse. Les fleurs , d’abord jaunes, passent peu à peu à la teinte aurore, puis écarlate. Elles sont disposées en bouquet au ;som- met d’un pédoncule commun , et ceintes à leur base d’un involucre de bractées ovales-aiguës. Leur odeur est quelquefois peu agréable; les feuil- les, plus aromatiques, servent en Amérique aux mêmes usages que celles de Mélisse, dont elles ont l'aspect et les .qualités. Le LanTaniEr oporanr , L. odorata, L. , a ses feuilles ternées , à «contour elliptique; ses flenrs sont jolies et méritent leur nom spécifique. Nous direns la même chose.du L, suaveolens. Le LanrTanier piouanT, L. aculeata, L., appelé Sauge de nontagne chez les Américains,est un peu plus élevé que le ZL. camara , et Jui ressemble par ses fleurs; ses rameaux épineux le font distinguer, Ses feuilles sont ovales-cordiformes, dentelées et très-aiguës, rudes au toucher. Le Lanranier De L'INpe, L. nivea, rachète les épines de-ses rameaux :par ses fleurs d’un blanc de neige, qui plaisent à la vue, «en même temps que leur parfum suave flatte l’odorat. ; Le LanNTANIER A COLERETTE, L. involucrata , L., a des rameaux grêles et des feuilles rhomboïi- dales ; ses fleurs sont blanches et roses. Une espèce linnéenne de Lantana, remarquable en ce que ses parties florales sont au nombre de cinq, a été érigée en genre sous le nom de SP1EL- MANNIA (voyez ce mot). Adanson l’avait précédem- ment nommée Oftua. Le LanTanNIER A FEUILLES MozLes, L. mollissima, des îles Philippines, que l’on tient en serre chaude sous le climat de Paris, oùil fleurit en juin, juillet et août, Il est représenté dans notre Atlas, pl. 295, Bo... (L:) LANTERNE, Lanternea. (sor. cnxrt.) Cham - pignons. Genre établi par Poiteau et Turpin avec les caractères suivans : volva oyoïde, se déchirant Pl. 293 ’ecrie Arno ù = c a - : fdreh Ce 2.Lantamier 2.Laphrie 3. Lapin. LE Guerin dir LAPI en deux owtrois lobes ; trois colonnes ou bran- - ches cylindriques , réumies par leur sommet; con- éeptacle en forme de eul-de-lampe. Une seule és- pèce, Lanternea triscapa , constitue ce genre, que beaucoup de mycologues n’ont point admis, et qui a beaucoup de rapport avée les Clathres. Le Lanterned triscapæ a environ deux pouces et démi d’élévation , son diamètre est de deux pou- ces x sa forme est celle d’un trépied; ses branches sont blanches à leur base , d’un peau rouge ver- millon à leur sommet, ainsi que le cul-de-lampe quien dépend; sa consistance est sèche, poreuse. On le trouve à l'ombre des grands arbres sur les débris des végétaux. (FE F.) LAPEREAU. (mwam. ) On appelle de ce nom le Lapin au jeune âge. (Z. G.) EAPHRIE, Zaphria. (ns.) Genre de Diptères de la famille des Tanistomes, tribu des Asiliques, établi par Meigen et distingué des autres genres uelon à distraits conme lui du genre Asile de Linné par les caractères suivans : antennes de trois articles sans soie au bout ; dont le premier, plus longque le deuxième et le troisième , en forme de paletie; abdomen presque cylindrique, pointu à l'extrémité, se rétrécissant insensiblement à sa base ; pieds robustes, jambes postérieures arquées, tarsés terminés par deux crochets entre lesquels sont insérées deux pelotes. Ges insectes ont la têle plate, transverse ; le sucoir court, robuste et s’a- vancant horizontalement ; lé corselet est bombé, ovalaire et plus étroit antérieurement que la tête ; l'abdomen se recourbe un peu en bas à son extré- mité ; les ailes se recouvrent l’une l’autre dans le repos ; les pattes sont très-robustes; tout le corps est couvert de longs poils serrés. La plus belle es- pèce de notre pays est la. L. se Maroc, L. maroccana, Macquart’, figurée dans notre Atlas, pl. 295, fig. 2. Longue de 9 à 10 lignes, noire; tibias et les quatre premiers arli- cles des tarses fauves: extrémité des tibias, der- nier article des tarses et crochets, noirs ; ailes lé- gèrement enfumées; tout le corps couvert d’un long duvét jaunâtre, peu serré sur l'abdomen. Cette espèce n’est pas commune aux environs de Paris. (A. P.) LAPIN, Lepus cuniculus. (Mam.) Espèce du genre Liëvne (voy. ce mot). On à donné aussi le nom de Lapin à d’autres animaux. Ainsi on appelle : Lavin, le Strix cunicularia, oiseau du genre Chouette, et une Porcelaine (Cypræa stercoraria). Lapin D'ALLEMAGNE, le Souslik. Larin »'Auéaique, l’Agouti. Lavrn »’Anoz , le Kanguroo philandre. Lapin pe Banana, le Monax. Lapin ou Bnésiz, le Cobaye aperea, ou Cochon d'Inde. La» cmnors et pes Ines, le même rongeur, le Gerbo et l'Utia ou Capromys. Lapin De Java, l’Agouti, fort mal à propos puis- que c’est an animal américain. Lapin À LONGUE QueuE , le Tolaï, espèce de Liè- vre. Larin pe Nonwécs , le Lemming. (Guér.) 351 LAPI LAPIN, Lepuscuniculus, L. (Acn. et £con. RUR. ) + Considérons ici cet animal dans ses relations avec la maison rurale, dans les avantages incontesta- bles qu’il offre à la famille, plus tard il sera étu- dié sous les rapports zoologiques ( voyez au mot Liïvre). Nous ne chercherons point à savoir s’il est originaire de l'Afrique, s’il a traversé le dé- troit de Gibraltar au temps des Ibères, où bien à époque reculte où ce détroit n'avait pas en- core cédé aux efforts de Océan: nous ne redi- rons pas le reproche que lui fit l'antiquité d’avoir renversé de fond en comble la ville de Tarragona, dévasté les îles Baléares, ainsi que celles de Li- pari, et d’avoir, en celte circonstance, délerminé l'expédition de plusieurs légions romaines ; nous ne parlerons pomt du culte qu'on lui rendit à Délos ni des hautes qualités morales que Leroy lui reconnaîit ; nous nous contenterens de rappeler qu'au temps où la féodalité pesait sur Fagricul- ture de toute l'horreur de son poids, le Eapm était pour le cultivateur un juste objet d’effroi, par les dégâts incalculables qu'il causait aux récol- tes. Aussi le bon Rozier, écrivant à cette époque son livre sur le premier des arts, s’est-il élevé con- tre ce petit mammiftre , et ne l’a-il considéré que comme un être essentiellement nuisible, dont il failait détruire la race. Depuis 1789 que la loi dé- fend les garennes libres, et que le Lapin a cessé d’être la terreur des vignes et des champs, nous ne voyons plus en lui que le motif d’une spécula- tion utile, qu’un animal que son existence domesti- que rend l’une des ressources habituelles de la maisou rustique. Le Lapin (voy. pl. 295, fig. 3) multiplie à un tel point que sa femelle, appelée Hase, peut, dès l’âge de cinq ou six mois , en comptant la durée de la gestation, qui est de vingt à vingt-huit et trente-un jours, et celle de lallaitement, produire par année de soixante à cent vingt Lapereaux. Le mâle doit être soigneusement écarté durant le temps que la Hase allaite; comme le Saturne des mythes grecs, il ne manquerait pas de détruire sa famille. Lorsqu'il est bien nourri , sa chair est dé- licate ct tendre; elle donne un bouillon presque aussi nourrissant que celui du bœuf et du mou- ton , et dépouillée de son suc par celte pre- mière épreuve , elle offre une viande savoureuse , que l’on pent accommoder de diverses manières. Le poil et la peau du Lapin fournissent une | bonnebranche de commerce. Le premier s’obtient | deux ou trois fois durant l’été, principalement sur | la race dite Lapin »’Ancora, €. angorensis, L., | soit en peignant souvent, soit en l’arrachant; on préfère celui qui croît le long du dos , du cou, des côtés et des cuisses: celui du ventre est de moin- dre qualité; l’on doit l'abandonner aux femelles, qui s’en servent pour tapisser leurs nids. On a calculé que la chapellerie met en mouvement pour cet objet, en apparence si minime, plus de vingt millions de capitaux , sans y comprendre la main- d'œuvre. Le poil du LapiN ricne, €. argenteus , L. , qui ressemble à celui du Renard-bleu de la Sibérie et à celui de Ja Zibeline, que l’on tire du LAPI pôle, donne des résultats plus importans encore, puisqne sa fourrure est aussi élégante que légère et chaude, que le dnvet enest fin, d’un beau gris argenté, luisant, souple et moelleux , recueilli sur le mâle avant qu’il ait sailli, où que l’on a privé des organes de la génération à l’âge de quatre mois environ. Ce duvet se vend fort cher, surtout en Suèdeet en Angleterre. La chapellerie de Lyon le préfère à celui du Lapin d’Angora. Quant aux peaux, l’industrie s’en empare pour en faire une colle excellente. Ce que je viens de dire du Lapin riche devrait déterminer à le multiplier davantage dans notre pays, où il réussit parfaitement depuis 1820, et semble se complaire plus que ceux des autres ra- ces à vivre dans la domesticité. Cet animal vit de toutes les sortes de légumes et d'herbes, les Euphorbiacées , les Apocinées et autres plantes lactescentes exceplées, qui le font périr. La Laitue lui convient à merveille. Pendant l'hiver, pour di- minuer l'ennui que lui cause une nourriture sèche et trop long-temps prolongée, je l’ai vu prendre plaisir à manger de la neige et même des mor- ceaux de glace. La femelle produit beaucoup. Les Lapereaux sont d’un noir luisant au moment de leur naissance, ce n’est que vers le deuxième ou le troisième mois que leur robe commence à se mêler de poils blancs. Cette race veut être élevée séparément pour conserver toutes ses propriétés ; son croisement avec le Lapin commun la fait perdre en peu de mois chez divers propriétaires. Une autre variété, introduite également chez nous il y a quinze ou seize ans, est le Lapin-Lièvre, C, caudatus; beaucoup plus forte que nos plus gros Lièvres de montagne, elle donne une chair excellente, ayant de grands rapports avec celle de ces animaux; mais elle est blanche, d’un par- fam agréable quand ce Lapin est tenu sur des ter- res stériles, encloses, ct plantées de Lavande, d'Hyssope, de Germandrée, de Sauge et autres végétaux aromaliques. Le Lapin de toutesraces s’élève dans des garennes closes, dans des clapiers et même dans des ton- neaux. Les deux premières méthodes sont les meil- leures et les plus profitables au voisinage des cités populeuses , où la consommation est de tous les instans ; mais elles exigent de très-grandes atten- tions pour mettre à l’abri des attaques , des ruses, de la guerre continuelle que lui font les fouines , les belettes, les chats, les renards, etc. ; pour l'empêcher de trop creuser la terre, de franchir ainsi les clôtures et de dégrader les champs en- vironnans. Tenu dans les tonneaux, le Lapin n’a plus la chair aussi ferme , aussi succulente. On peut cependant l'améliorer sensiblement par une nourriture convenable , et en soumettant l’animal à la cruelle opération de la castration à deux mois et demi, et au plus tard à quatre mois. On fait celle opération ainsi : l’on coupe longitudinale- ment la peau qui recouvre les testicules, on saisit ces deux corps ovales avec deux doigts, on les dé- tache en tirant doucement à soi, puis on coud la plaie et on l’oint de beurre frais. Deux ou trois ES 352 EE LAPI jours après, l'animal est parfaitement rétabli. Pen- dant ce temps, donnez-lui de l’avoine saupou- drée de sel et mouillée avec du vin. Le Lapin châ- tré augmente d’un quart; sa chair devient très- blanche, elle acquiert un goût exquis , une grande délicatesse ; l'animal n’est plus dangereux ni pour les petits, ni pour les femelles durant le temps de la gestation, ni pour les autres mâles : c’est un être mixte , ennemi des combats , et fouissant beau- coup moins ; il s’attache au coin de terre où est amplement nourri, et, commensal joyeux, tou- jours prêt à savourer les mets qu’on lui donne, il se familiarise aisément. il s'attache même à la main qui le sert. A huit mois le mâle est arrivé au terme de son accroisement ; dès- lors il recherche la femelle avee empressement , et après les premières caresses il revient à elle impétueux , en jaloux, en tyran; il lui faut obéir et céder sans retard à ses pres- santes sollicitations. À cinq ans, il est épuisé , c'est le moment de l’engraisser pour la table. Un mâle s'attache d'ordinaire six à sept femelles. Cel- les-ci, comme je l’ai dit, peuvent le servir dès le cinquième mois (il vaut mieux attendre le sixième), donner six et sept portées par année, de trois, dix et quinze petits chacune; mais à la cinquième an- née, elles ne conviennent plus à l’acte générateur. Quand on désire que les premières ainsi que les dernières portées soient productives sous le rap- port du nombre et de la qualité des individus, il convient de n’en demander que quatre tous les ans. La gestation n'empêche point la femelle de recevoir le mâle, et comme elle a une double ma- trice , il n’est pas rare de voir une seconde portée suivre de peu de jours la mise bas de la précé- dente : c’est ce qu’il faut savoir prévenir en sé- parant de suite les deux sexes. Trois semaines après la mise bas, la Hase, nourrissant encore ses pe- tits, est susceplible d’être remplie. Dans ce cas, ne lui laissez voir le mâle que la auit après l’avoir séparée de ses Lapereaux; le matin éloignez-en le premier et rendez lui les seconds. Quand ceux-ci sont âgés de trente à quarante jours , ils mangent seuls ; il leur faut du foin mêlé avec de l'orge et de l’avoine; deux semaines après on éloigne la mère, on leur permet de l'exercice, puis deux autres semaines encore écoulées, on les lâche dans la garenne close ; alors l'herbe fraîche, les Laitues, le Pourpier, les Ghoux ne leur causent plus de diarrhées, ne les exposent plus à aucun danger. On a prétendu que des rassemblemens plus ou moins grands de Lapins viciaient promptement Vair ambiant, et déterminaient des efiluves qui frappaient de mort l’homme et les animaux habi- tant la maison rurale. Il y a là exagération ou mauvaise foi; la malproprelé seule est cause*de semblables désordres ; elle fait périr le Lapin avant le temps, et ruine une des spéculations les plus simples et les plus profitables ; à elle seule il faut attribuer la mortalité qui souvent entraîne, en peu d'heures, des portées entières. Eloignez donc de l'endroit où vous élevez des Lapins, l’humidité, le | | LAPO 555 LAPO a ————— ——_——————_——Z2 le voisinage des fumiers, les eaux stagnantes ; nourrissez-les convenablement , et évitez surtout de leur donner des fourrages mouillés, des her- bages trop verts et trop succulens. (T. ». B.) LAPIS LAZULT. (min.) Substance minérale à laquelle on donne aujourd’hui dans la nomencla- ture le nom d’Ourrrmer (voy. ce mot). (J. H.) LAPLYSIE. (morr.) Voy. Arrysie. LAPON. (uam.) Foy. Homwr. LAPONIE. (céocr. Pays.) Contrée de l’extré- mité septentrionale de l'Europe, dont une partie appartient à la Norwége et à la Suède , et l’autre, qui est la plus considérable, à la Russie. Elle est située au nord de ces trois pays, et elle s'étend entre l’océan Glacial arctique au nord, la mer Blanche à l’est, et le golfe de Bothnie au sud. Sa longueur du sud-est au nord-est est d'environ 300 lieues , et sa moyenne largeur de 100. On lui donne 10,000 lieues géographiques carrées de su- perficie. Cette contrée ne renferme point de montagnes d’une grande élévation : celles que l’on y remar- que sont des rameaux des monts Dofrines , et con- séquemment apparliennent au système qui s'étend sur toule la péninsule scandinave; elles n’ont pas 2,400 pieds dans leur plus grande élévation, et elles couronnent un plateau qui s’abaisse au nord vers l’océan Glacial, au sud vers le golfe de Bothnie, et à l’est vers la mer Blanche. Ce plateau ayant 19 à 1,600 pieds de hauteur, on comprend que les montagnes qui s’y élèvent ne doivent avoir que 6 à 800 pieds au dessus de leur base. : Ces montagnes, qui ne forment point de chai- nes, mais plutôt des groupes isolés, paraissent être composées de gneiss et de granite ; mais le plateau qui les entoure est formé de calcaires et de schis- tes qui se sont déposés sur ces roches , à en juger du moins par la partie de ce plateau qui s'incline vers le golfe de Bothnie , et qui a été examinée sous le point de vue géognostique , par M. Léopold de Buch. Les métaux abondent dans la Laponie occiden- tale: des montagnes entières sont composées de minerais de fer, souvent très-riches ; il y à aussi des indices de cuivre et d'argent ; mais en se di- rigeant vers la mer Blanche, ces indices devien- nent moins brillans, Les plaines marécageuses de celte parlie orientale n’abondent plus qu’en fer limoneux. Parmiles cours d’eau qui arrosent les profondes vallées de la Laponie, nous ne citerons que ceux qui offrent quelque particularité : ainsi l’Alten ou l’Alata traverse de cataracte en cataracte les montagnes occidentales; le Tornéo ou Tornéa forme aussi plusieurs cascades avant de se jeter dans le golfe de Bothnie; la Touloma en forme aussi une considérable avant de se jeter dans la Kola. La Laponie renferme un grand nombre de lacs ; les deux plus considérables sont , au nord, l'Enara, long de 23 lieues et large de 12, et rempli de petites îles; à l’est l’Imandra, qui paraît se déverser dans la mer Blanche, a 21 lieues de longueur sur 9 de Jargeur. T. IV. 289° Livraison. « Le climat delaLaponie , ditavec raison Malte- Brun, a obtenu une célébrité fabuleuse, parce qu'il est le plus froid où parvenaient les voyageurs de l'Europe occidentale. Aucun pays cependant, à latitude égale, n’a une température moins ri- goureuse. Comparez-le seulement au pays des Sa- moièdes et à tous les rivages de la Sibérie, qui, plus méridionaux de 2 ou 3 degrés, ne sont jamais complétement dégagés de glaces avant la fin de juillet, tandis que les ports dela Laponie sont libres à la fin de mai. La mer ouverte ct toujours en mouvement, qui procure cet avantage aux côtes seplentrionales de la Laponie, les enveloppe, il est vrai, dans des brouillards humides: et ce n’est que dans l’intérieur des golfes, à l'abri des vents maritimes, et jusqu’à 700 ou 800 pieds d’éléva- tion , que réussit la culture des céréales , et qu’on éprouve toute la force de la chaleur accumulée pendant un jour perpétuel de six semaines.» La Laponie n’est cultivée que dans quelques en- droits. Le Blé n’y réussit généralement point : cependant on est parvenu à en récolier sur les bords de l’Alten par le 70"° degré de latitude. L'Orge est le principal grain qui réussisse , parce que c’est le seul qui mûrisse facilement pendant un été qui dure 70 jours, et durant lequel à la vérité le soleil reste 20 heures sur l'horizon. Les autres grains sont le Seigle et l'Avoine. Les lé- gumes tels que les Choux, les Panais et les Pom- mes de terre, sont d’une grande ressource pour les habitans ; mais nos arbres fruitiers, tels que le Pommier et le Poirier, n’y peuvent porter des fruits jusqu’à leur maturité. Les seuls arbustes à baies tels que le Rubus arcticus et le Rubus cha- mærosus , parliculiers aux contrées hyperboréen- nes, donnent des fruits d’un goût agréable. Cette plante n’est pas la seule qui soit particulière à la Laponie : on cite encore le Salix laponica , le Ra- nunculus laponica , le Ranunculus hyperboreus, le Diapensia laponica, Ÿ Andromeda cærulea , le Pe- dicularis laponica, et l'Orchis hyperborea. A la saison chaude , pendant laquelle ces végé- taux prospèrent, succède un hiver rigoureux de huit mois. La terre se couvre d’une épaisse couche de neige ; les nuits durent 20 à 21 heures ; mais celte longue obscurité est diminuée par la clarté de la lune et surtout par l'éclat des aurores boréales. Sous le ciel de la Laponie , les Bœufs perdent leurs cornes, les Vaches deviennent blanches ; le Mouton seul conserve ses caractères de race ; mais le Renne est à la fois le Cerf, le Cheval et la Vache de ces contrées : c’est, avec le Chien, l’a- pimal le plus utile au Lapon. Les animaux sauva- ges sont en pelit nombre. « L’Elan est devenu rare dans les forêts comme le Castor dans les ri- vières; mais l'Ours, le Glouton, le Loup et d’au- tres animaux carnivores y poursuivent Jes Che- vreuils, les Martes, les Lièvres, el ces singuliers Rats-lemming, qui veulent, dit-on, avancer toujours en ligne droite du sud au nord, sans égard aux lacs ni aux fleuves qu’ils rencontrent, et où ils se noient par milliers plutôt que d'abandonner leur direction. Si cette tradilion, accueillie par les na- 45 LARM taralistes, se trouve vraie, des philosophes ma- lins diront peut être quela métempsychose atrans- porté dans le corps de: ces Rats les âmes de quel- ques métaphysiciens, ou les esprits de: quelques géomètres, (3 H.) LAPSANA. (sor. riran.) Ce nom botaniqueest identiquement le même que: celai de Lampsana dont nous avons parlé plus haut. Voy. an mot LamwPsane. (Le ». B:) LAQUE,. (or. ins.) Foy: Gomme Laque. LARDITE. (wn.) Siicate d’alumine qui a été appelé aussi. Pagodite. (3. H.) LARICIO. (or. P&an.) Espèce très-importante et fort remarquable du genre Pinus, que nous étudierons en détailen traitant deces arbres. Joy. au mot Pix. (TE. »: B:) LARMES. (rnys.) Liquide limpide sécrété par une glande fort pelile, située dans l'orbite au dessus et un peu en dehors de œil. Gette glande est com- posée.de petitsgrains-réunis par dutissu celluleux. Ses canaux sécréteurs , pelits et multipliés , s’ou- vrent dernière le côté externe de la paupière su- périeure; elle recoit une petite artère, branche de l’ophthalmique:, et un nerf, division de la cin- quième paire. Les Larmes, comme nous l’avons dit, sont limpides,, sans odeur, d’une saveur sa- lée. L'analyse a démontré qu'elles étaient com- posées de. beaucoup d’eau et de quelques centiè- mes de mucus., de chlorure. et de phosphate de soude, d’un peu de soude et de chaux pure. Ce qu'on nomme Larmes n’est point cependant le Îuide sécrété en entier par la glande lacrymale; c’est un mélange de ce fluide avec la matière sé- crétée par la conjonctive, et probablement avec celle des glandes de Meïbomius. Les Larmes for- ment une couche,au devant dela conjonctive ocu- lire , et la défendent du contact de l'air; elles facilitent le frottement despaupières sur l'œil, fa- vorisent l’expulsion des. corps étrangers, et s’op- posent à l’action des corps irritanssur cet organe ; lorsqu'il est en contact avec ceux-ci, leur quan- tté augmente instantanément. On sait combien diverses passions les font couler : le chagrin, la douleur, les émotions douces, la joie vive, le plaisir sont autant de sources de Larmes. Il est cer: Laines conditions où elles semblent soulager les souffrances, rendre moins vives les peines qu’on ressent. Sous l'influence de certaines excitations nerveuses , les Larmes coulent pour la plus faible cause; les convalescens, les: femmes , les enfans répandent des Larmes sans d'importans sujets; de longs chagrins, l'habitude du malheur , tarissent cette sécrétion, ou la rendent très-rare. On doit donc en conclure que leur sécrétion est influencée surtout par le système nerveux; cette influence a lieu, sans. doute , au moyen duinerf qu’envoie à la glande lacrymale la cinquième paire des nerfs cérébraux. | (P. G.) LARMES ou BOMBES VOLCANIQUES. (atoz.) On rencontre souvent dans les volcans anciens et modernes, des masses de-matières vitreuses, affec: tânt des formes, plus où moins arrondies, globu- leuses ou ovoïdes; auxquelles on a donné quel- 354 LARM . quefois le nom de Bombes on Boulets volcaniques, et que tout doit porter à faire considérer comme ayant été projetées avec une assez grande force, ct à un certain. élat de fusion, parles cratères en iguition. Leur grosseur varie depuis celle’ d’une poire ordinaire jusqu’aa-delà de celle de la tête ; ordinairement elles sont formées d’une croûtc ex- térieure compacte: ou vitreuse, enveloppant un noyau scorifié et spongieux de même mature mi- néralogique ; quelquelois elles sont tout-à-fait creuses. Il est assez difficile de concevoir com- ment ces masses ont pu se former, et surtout comment la surface est restée vitreuse pendanf que l’intérieur au’ contraire a pris une grande cx- tension en devenant assez bulleux pour permet- tre à lamasse de surnager'au dessus de l’eau. Nous en avons vu qui venaient des îles Canaries, et qui étaient composées d’une'croûte de quelques li- gues d’obsidienne noire, tandis que l’intérieur était devenu une masse très-scoriacée , semblable à de Ja pierre ponce; M Bory de Saïnt-Vincent arencontré beaucoup de ces Bombes, et de toutes les dimensions, aux îles Bourbon et Maurice , et ilen a observé qui avaient de l’eau dans leur in- térieur: Quelques personnes pensent que ces! masses globulaires sont dues à de pelites portions de la- ves détachées, et à demi pâteuses, lancées direc: tement et avec force dans l’atmosphère par les volcans, efque dans certaines circonstances elles prennent un mouvement de rotation plus ou moins rapide sur elles-mêmes, et que c’est par la force excentrique résultante de ce mouvement, que la masse prend à l'extérieur la forme de deux cônes réunis par leur base, et que l’intérieur se déve- loppe et est sillonné par des cavités plus ou moins allongées dans un sens perpendiculaire à l’axe de rotation, On désigne encore dans quelques contrées , sous le nom de Larmes volcaniques, des masses tout-à-fait analogues par leurs formes , mais dont le noyau, au lieu d’être spongieux, est formé de masses cristallisées et de nature différente de celle de la partie enveloppante ;‘telles sont, par exemple, ces Larmes volcaniques que nous avons souvent rencontrées au milieu des volcans du Vi- varais, lesquelles sont formées de noyaux d’olivine granulaire (péridot des volcans), enveloppés d’une croûte noire et compacte. Une circonstance qui démontre que ces Bombes et Larmes ont été pro- jetées à un certain état de mollesse, c’est qu’on remarque que quand elles ont roulé dans des ma- tières meubles comme des rapillis, elles se sont couvertes d’une certaine quantité de pelits frag- mens qui s’y sont attachés, précisément de la même manière que le feraient des grains de sable ou de la poussière, par rapport à un corps sphé- rique gras qui roulerail au dessus. (Tr. V.) LARMIER. (wan.) On donne ce nom à deux sacs membraneux, à parois garnies de follicules et sé- crétant une humeur épaisse, onctueuse etnoirâtre, qui sont situés dans une fosse sous-orbitaire de l'os maxillaire et s'ouvrent en dehors paruue fente (Co LARY 39 5 LARY g mm de la peau.:On.les observe principalement dans quelques.espèces des genres Cerf et Antilope. .Ge que l’on a nommé Larmier chez le Cheval, con- siste en deux petits enfoncemens qu’on voit à l’an- le interne des yeux. (GuËnr.) LARRATES, ZLarratæ. (ins.) Tribu d'Hymé- nopières, de la famille des Fouissears,, qui se dis- timgue par son labre caché, ses mandibules échan- crées près. du bord inférieur, ses antennes fililor- mes insérées près de la bouche, sa tête large, transverse, son prothorax linéaire, son abdomen ovoïdo-conique. et ses paltes courtes. Cette tribu peut se diviser.en deux sections ; la première offre trois cellules cubitales fermées, la seconde n’en offre que deux. Les genres dont.se compose cette tribu sont les Palares, les Larres et les Dinèles. (A. P.) LARRE, Larra. (ins.) Genre d'Hyménoptères de la famille des Fouisseurs , ‘tribu des Larrates, qui diffère de ceux.de la même tribu par les carac- ières qui suivent : mandibules sans dentelures ,in- iernes ; languette sans divisions latérales distinc- les; antennes semblabies dans les deux sexes ; ailes supérieures ayant trois cellules cubitales , dont la première la plus grande’, et la dernière en demi- lune, n’atteignant pas le bout de l'aile; les Lar- res sont des insectes de forme plutôt ramassée qu'allongée; leur tête est large, transverse; les antennes sont insérées immédiatement au dessus du labre, à peine plus longues que la tête, formées d'articles cylindriques ; le premier article .est beaucoup plus long et plus gros que les autres ; Je thorax est dela largeur dela tête, et se rétré- cit postérieurement; l'abdomen est conique , guère plus long -que.le thorax ; les pattes sont-courtes, peu robustes, garnies de.cils raides pour les aider à fouir. On trouve ces insectes soit dans le sable où ils creusent pour placer leurs œufs, soit sur les fleurs , surtout celles de carottes ; les femelles piquet très-vivement. Larne 1caNEuMoNIFORME, L. ichneumonifornus , Fab. , figurée dans les Illustr. de Goquebert, Déc. », pl. 12, fig. 10. Elle est longue-de huit lignes , d’un moir terne , avec les deux premiers segmens ab- dominaux rouges. Elle se trouve assez communé- ament dans la partie méridionale de la France. (A. P.) LARVES, Zarvæ, (ins.) C’est le premier état des insectes après leur sortie de l'œuf; c’est l'état sous lequelils prennent tout leur accroissement, “t-sous lequel ils subissent un nombre variable.de mues ; les Larves sont quelquefois.désignées dans des auteurs anciens sous.le nom,.de Vers; celles «des Lépidoptères portent spécialement le nom de de Ghenilles. Voy. le mot Awsecres. (A. P.) LARYNX. (anar.):Le Larynx est l’organe de Ja voix, suivant la définition ique l’on -en donne ‘dans l’anatomie humaine. Mais si cette définition est juste pour ane grande partie des animaux verté- brés ,elle ne peut plus s'appliquer à une assez gran- “de partie d’entre eux. Dansles oiseaux, par exem- ple, la voix ne se produit pas dans le larynx, mais bien à la partie inférieure de Jarachée-ar- tère ; et-cetteiclasse est:précisément celle dont la voix a Je plus de fonce, d'éclat et d’étendue. Chezles poissons la voix manque complétement ;et cepen- dant le Larynx-existe. chez eux, ainsi que Geoffroy Saint-Hilaire l’a démontré d'anemanière incontes- table. [Lexiste aussichez les oiseaux, quoique la voix seforme ailleurs. L'appareil laryngienne doit donc pas être considéré dans l'ensemble des animaux comme un organe spécial pour la voix : tout ce que l’on peut dire, c’est qu'il offre dans un grand nom- bre, mais non dansla totalité des animaux, une réu- nion de moyens favorables à cette fonction. Nous allons donc nous en occuper spécialement dans ces derniers, nous réservant de compléter, lorsque nous traiterons de la Tracu£e-ARTÈRE (voyez.ce mot), tout ce qui a rapport aux organes de la VOIX. Description du.Larynz. Le Laryox, organe très- complexe, .est formé de cartilages , d’an fibro-car- tilage, de ligamens propres à les unir entre eux , de muscles destinés à les faire mouvoir, d’une membrane muqueuse, de corps glanduleux, de vaisseaux et de nerfs. Les cartilages du Larynx sont : 1° Le cartilage thyroïde, qui forme la partie antérieure et latérale de l'organe. Il résulte de deux portions latérales réunies en avant, oùelles formentun angle aigu plus où moins suillant au dessous de la peau de la partie antérieure du col. La face postérieure du cartilage thyroïde présente un angle-rentrant , ré-. pondant à l'angle saillant antérieur, et sur lequel se fixent les ligamens de la glotte et les muscles thyÿro-arylénoïidiens. Le bord supérieur de,ce car- tilage donne attache dans toute son étendue à une membrane ;qui unit le cartilage thyroïde à l'os hyoïde, et nomméethyro-aryténoïdienne. Son bord inférieur, moins long, donne attache à la mem- brane qui l'unit au cartilage cricoïde , nommée crico-thyroïdienne. Le bord postérieur présente en haut un appendice arrondi (grande corne du carlilage thyroïde), plus ou moins long, oblique- ment dirigé en arrière et attaché par un liga- ment à l'extrémité de la grande corne de l'os hyoïde, et en bas un autre appendice également arrondi (pelite corne du cartilage thyroïde), beau- coup plus court et dirigé un peu en avant. 2° Le cartilage cricoïde, Il occupe la partie inférieure et postérieure du Laryÿnx, et représente un anneau dont.la partie posiérieure est beaucoup plus large que J’antérieure. Sa surface extérieure s’articule avec Je cartilage thyroïde qui la recouvre , et pré- sente en outre des attaches musculaires. Son bord supérieur, échancré en avant , donne attache à la membrane cricothyroïdienne, et présente en ar- rière deux surfaces articulaires, par desquelles il s’unit aux cartilages aryténoïdes. Le bord infé- rieur est uni au premier anneau dela trachée-ar- tère par une membrane semblable à celle qui unit entreeux lescerceaux fibro-cartilagineux de ce con- duit, 3° Lescartilages aryténoïdes. Beaucoup plus petits que les précédens, ils sont au nombre de deux, et placés à la partie postérieure du Larynx dont ils complèlent.en arrière la circonférence,, LARY 356 LARY W: A immédiatement au dessus du cartilage cricoïde. Par leur mobilité très-grande, ils contribuent à di- minuer ou à augmenter l'étendue de la glotte. Leur forme est celle d’une petite pyramide trian- gulaire. Ges deux cartilages sont unis entre eux par leur bord interne. Par leur base ils s’articulent avec le bord supérieur du cartilage cricoïde. Au dessus , et couronnant le sommet des aryténoïdes, il existe constamment chez l’homme (d'après ce que rapporte M. Emmanuel Rousseau) deux pe- tits carli'ages très - mobiles, de forme conique, et souvent pyramidale , que les anatomistes con- naissent sous les noms d’appendices des arytenoï- des, de petits aryténoïdes, découverts par Sanlo- rini. A droite et à gauche, et près du sommet des arylénoïdes , ou mieux des tubercules de Santorini, dans le repli de la membrane muqueuse qui borde le contour de l'ouverture du Larynx aryténo-épi- glotiique, existent les deux curtilages cunéiformes; ils ont été décrits par Wrisberg, anatomiste alle- mand ; leur forme est assez semblable à un grain de blé coupé dans sa partie médiane ; ils sont or- dinairement enveloppés dans un amalgame de glandes muqueuses, auxquelles ils adhèrent. M. Em- manuel Rousseau dit qu’en pinçant avec les doitgs l'expansion membraneuse dans laquelle ils sont contenus, on les sent plulôt qu’on ne les voit par la dissection; cependant, cet anatomiste les a rencontrés ossifiés sur un sujet; mais le plus ordi- nairement on les trouve à l’état cartilagineux, ou sous une apparence graisseuse ; il les a constam- ment observés. Ils ont un aspect tellement évi- dent , que parfois ils soulèvent le bord aryténo- épiglottique , auquel ils donnent un contour fes- tonné. Le fibro-cartilage que présente le Larynx est l'épiglotte. C’est une lame fibro-cartilagineuse apla- tie, large, un peu recourbée en haut du côté de la langue , et rétrécie en pointe en bas, ce qui l’a fait comparer pour sa forme à une feuille de pour- pier. Situé à la partie supérieure du Larynx, il empêche les alimens de s’y introduire pendant la déglulition. Muscles du Larynx. Le Larynx est uni par deux sortes de muscles. Les uns sont communs à cet or- gane et à d’autres parties. Les autres lui sont pro- pres. Les premiers sont les sterno-thyroïdiens, thy- ro-hyoïdiens , constricteur infériear , et de plus ceux qui s’attachent à l’os hyoïde. Les seconds sont les crico-thyroïdiens, qui, sur les côtés et au devant du cricoïde , se portent de là obliquement en haut et en dehors jusqu’au bord inférieur du cartilage thyroïde ; les crico-aryténoïdiens postérieurs qui s’at- tachent à une ligne saillante de la partie posté- rieure du cartilage cricoïde, et à la partie posté- rieure de la base des cartilages aryténoïdes. Les crico arylénoïdiens latéraux qui s’insèrent sur les côtés du bord supérieur du cartilage cricoïde , pour se porter de là obliquement en arrière et en haut , et se fixer en dehors et en devant de la base des cartilages aryténoïdes; les tlyro-aryténoïdiens, situés derrière le cartilage thyroïde , qui s’insèrent près de son anglerentrant , se portent de là en ar- rière et en dehors, en se rétrécissant un peu, et viennent s’insérer au devant de l’aryténoïde, au dessus du précédent ; enfin le muscle aryténoïdien , pelit faisceau charnu, impair, occupant en ar- rière l'intervalle des deux cartilages aryténoïdes ; ses fibres obliques se portent de la base de l’un des cartilages au sommet de l’autre, en s’entrecroi- sant; d’autres fibres se portent transversalement de l’un des cartilages à l’autre, Le Larynx ainsi formé de ces diverses parties qui le constituent, et considéré dans son ensem- ble; présente une surface extérieure qui est en grande partie cachée par la glande thyroïde, et qui donne attache à un grand nombre des muscles soit extérieurs , soit propres au Larynx. Sa surface intérieure est beaucoup plus intéressante à exa- miner; aussi nous allons nous y arrêter un peu plus long-temps. Gette surface , tapissée partouf par la membrane muqueuse, peut se diviser en deux portions, l’une solide, l’autre mobile. La pre- mière est inférieure, arrondie et formée en entier par l'anneau cricoïdien ; elle conserve toujours le même diamètre et les mêmes proportions. La por- tion mobile est située au dessus de la précédente, et elle est formée ea arrière par les aryténoïdes , en devant par les thyroïdes et l’épiglotte, et sur les côtés par les replis de la membrane muqueuse, qui des premiers vont au dernier de ces cartilages , et qui ont reçu le nom de tégumens supérieurs de la glotte. Dans l’état ordinaire, elle est triangu- laire, large au devant, rétrécie en arrière ; mais les mouvemens des aryténoïdes la font singulière- ment varier, L'endroit où ces deux portions du Larynx se réunissent est remarquable par les deux replis membraneux que l’on a nommés ligamens inférieurs de la glotte ou cordes vocales. Tous deux naissent de la base des aryténoïdes, se portent obli- quement en devant et en dedans pour se réunir à l’angle rentrant du thyroïde. Il résulte de cette disposition que la cavité du Larynx forme dans cet endroit un triangle dont la base est en arrière et le sommet en devant, ce qui est l’inverse de celui qu’elle représente au dessus. Ces replis sont d’une nature bien différente; le supérieur n’est presque qu’une duplicature membraneuse, et les fibres que revêt cette duplicature sont à peine sen- sibles et ne méritent pas le nom de ligament. L’in- férieur, outre le repli de la membrane muqueuse, est encore formé par un ligament fibreux, dense, particulier, désigné sous le nom de thyro-aryténot- dien. M. le docteur Emmanuel Rousseau a dé- couvert dans l'épaisseur de chaque corde vocale inférieure, à leur extrémité antérieure, des petits cartilages, chez des enfans de quelques jours de naissance , et chez des hommes d’un certain âge ; ces cartilages, qu’il dit ne pas exister toujours , doivent influer plus ou moins défavorablement sur le timbre de la voix; il dit aussi qu'ils peu- vent exister d’un côté et manquer de l’autre. L’in- tervalle qui sépare de chaque côté les ligamens supérieurs des ligamens inférieurs , constilue ce que l’on appelle les ventricules du Larynx, petites A oo LARY 397 LARY | cavités allongées d’avant en arrière et très-peu étendues de haut en bas. La portion de la cavité du Larynx comprise entre ces deux replis et les ventricules forme la partie essentielle du Larynx, c’est là que les sons se forment, surtout au niveau des ligamens aryténo-thyroïdiens; aussi le moindre gonflement, la moindre ulcération de la membrane muqueuse qui les revêt, occasionnent-ils une al- téralion plus au moins marquée ou la perte com- plète de la voix (aphonie). Le Larynx présente des différences suivant les sexes et suivant les âges. Il est plus volumineux chez l'homme que chez la femme ; mais cette dif- férence n’existe pas chez les fœtus de l’un et l’au- tre sexe, non plus que chez les enfans. C’est seu- lement à l’époque de la puberté que le Larynx acquiert tout son développement ; c’est alors que l’on observe dans la voix ces changemens si re- marquables que l’on désigne sous le nom de mue, et qui souvent d’une voix de soprano des plus élevées font une voix de basse-taille des plus graves. Mais , en général, ces changemens sont beaucoup plus considérables dans le Larynx de l'homme que dans celui de la femme, qui conserve toujours un volume moins ample. Le Larynx exécute des mouvemens plus ou moins étendus, soit en Lotalité, soit partiellement, dans cette région que l’on désigne sous le nom de glotte. Ces mouvemens constituant en grande partie les modifications diverses de la Voix, nous renvoyons à ce mot pour en parler. Nous puiserons pour cet arlicle des détails intéressans dans les travaux de Bennati sur les maladies du Larynxet de la voix, et dans les recherches plus nouvelles et plus pro- fondes encore que M. Emmanuel Rousseau a dernièrement soumises à l’Académie royale de médecine. Le Larynx des autres mammifères offre des par- ticularités assez intéressantes. Dans l’Orang-Ou- tang, l’épiglotte est courte et lrès-concave à sa base; les aryténoïdes sont plus petits que chez Yhomme. L'ouverture du ventricule est très-large ; le ventricule lui-même est une grande cavité ovale , large en tous sens , divisée en deux parties par‘une demi-cloison. C’est dans sa partie infé- rieure que donne l’ouverture qui estentre les deux ligamens de la glotte. La partie supérieure com- munique, par un trou percé entre le thyroïde et Thyoïde, dans un grand sac membraneux situé sous la gorge ; ce sac est collé avec celui du côlé opposé par du tissu cellulaire, mais ne commu- pique pas avec lui, si ce n’est par le Larynx. Il est clair que l'air qui vient de passer entre les deux rubans vocaux, repoussé par la concavité de l'épiglotte , doit se répandre dans les deux larges ventricules, et de là dans les deux sacs, plutôt que de passer par la bouche, surtout pour peu que animal tienne son épiglotte abaissée, et que pres- que tout le son doit être amorli par ceite déri- “ation. Tous les autres Singes, à l'exception des Gibbons, ont un sac membraneux simple, qui communique avec le Larynx, non plus par les ven- tricules de Ja glotte, mais par un trou percé en- tre la base de l’épiglotte et le milieu du bord an- térieur du thyroïde. Dans le Coaita, la disposition du sac membra- neux est différente de celle que nous avons dé- crite jusqu’à présent. G’est une dilatation très-con- sidérable de la partie membraneuse de la trachée- artère immédiatement derrière le cartilage cri- coïde. Ce sac n’est donc pas rempli par l'air qui a vibré, mais il faut qu'il s’emplisse avant que l'air puisse passer entre les rubans vocaux. On doit donc le considérer comme une sorte de ré- servo® , à l’aide duquel l’animal peut faire passer subitement au travers de la glotte une grande quantité d’airen comprimant son sac par le moyen des muscles qui vont du Larynx au pharynx. : Dans les animaux carnassiers, le Larynx présente presque autant de variétés qu'il y a de genres ; ces variélés, qui reposent tantôt sur la forme des carlilages , tantôt sur la disposition de l’épiglotte ou sur celle des cordes vocales, seront examinées entraitant de chacun de ces genres, et ne peuvent êlre exposées dans un article général où l’on ne peut présenter que les différences les plus sail- Jantes. Les animaux à bourse ont une conformation toute particulière du Larynx. Dans le Kanguroo, les aryténoïdes sont très-grands et font par leur bord supérieur les deux tiers de celui de la glotte. Il n’y a ni cartilage cunéiforme, ni ligament, ni ventricule d'aucune espèce, ni même de ruban vocal; car c’est un prolongement de la muqueuse tellement large qu'il fait plusieurs replis, ct qu'il est impossible que l’aryténoïde se recule assez pour pouvoir le tendre. Aussi Cuvier ne reconnait-il dans celte disposition aucun instrument vocal, et pense-t-il que le Kanguroo doit être à peu près muet, Voici ce que dit M. Emmanuel Rousseau sur le Larynx du Kanguroo : « Cet animal si singulier de la Nouvelle - Hollande offre une particularité des plus remarquables. Son épiglotte, cordiforme à son sommet, et coupée en feston à sa base, présente, à sa partie médiane et interne, un ven- tricule très-développé et circonscrit par trois car- tilages qui n’ont élé trouvés réunis que chez ce marsupial. » Dans le Sarigue, il existe un petit ligament in- férieur , susceptible d’être tendu. Dans les Rongeurs, il existe deux structures dif- férentes dont l’une se rapproche des animaux à bourse et dont l’autre présente des rubans vocaux plus prononcés et doit donner lieu à une voix as- sez éclatante. La première disposition s’observe dans le Porc-épic , la seconde chez les Cabiais , les Agoutis, les Rats, les Lièvres, les Lapins, etc. Les Edentés, les Pachydermes, les Ruminans ne présentent pas une disposition assez notable du Larynx pour que nous nous y arrêtions. Mais nous retrouvons dans le Larynx des Solipèdes, du Cheval et de l’Ane, une disposition remarquable. Dans le Cheval il n’y a pas de ligament supérieur ni de ventricule proprement dit; mais un trou percé dans la paroi latérale au dessus du ruban vo- cal, conduisant dans un grand sinus oblong caché LARY 358 LASI entire celte paroi et le thyroïde , et recouvert en partie par les muscles thyro: “aryténoïdiens -qui doivent pouvoir le comprimer. Au dessus .de la commissure antérieure des deux rubans vocaux, et:par conséquent sous la base de l'épiglotte, est un trou impair donnant dans une :cavilé pratiquée sous Ja voûte que forme le rebord antérieur du cartilage thyroïde. Les différences qui existent sous ce rapport entre l’Ane ct le Gheval.se rédui- sent à ce quele premier a les entrées de ces trois cavilés accessoires qui communiquent avec son Larynx excessivement étroites , tandis que le se- cond lesalarges et bien ouvertes. Dans les Cétacés ,; le Laryox ne forme pas , comme chez les autres mammifères, une ouver- ture oblongue vers le gosier , et que l épiglotte re- couvre pour | laisser passer les alimens; c’est une pyramide qui s’élève pour pénétrer dans la partie postérieure des fosses nasales, et s’y ouvrir par son extrémité seulement, ce qui laisse de chaque côté un passage pour les alimens. Cette disposi- tion élait nécessaire; car ces animaux, appelés à avoir continuellement la bouche dans l’eau, et ouvrant pour engloutir des masses considérables d’eau et des bancs entiers de poissons, Loutes Iles précaulions qui garantissent à l’air un accès tou- jours libre par le nez, n’eussent servi de rien s’il y eût eu toujours une colonne d’eau interposée entre le nez et le Larynx; or cela ne pouvait s ’em- pêcher qu’en élevant beaucoup le Larynx au des- sus de la bouche et du gosier. Chez les oiseaux, le Larynx supérieur, qui cor- respond à celui des mammifères, mais qui n’est plus , comme chez eux, l'organe producteur de la voix, est situé à la partie VA de la trachée- arlère et à la base de Ja langue. Il est composé de quatre ou six pièces osseuses. La principale est analogue au cartilage cricoïde de l’homme et des quadrupèdes. Elle se trouve dans quelques es- pèces divisée en trois pièces , et c’est ce qui porte alors leur nombre total de quatre à six. Sa partie antérieure et inférieure est très-grande , la supé- rieure et postérieure est en forme de demi-anneau. C’est cette parlie-là qui est quelquefois composée de deux pièces distinctes. Sur le milieu decedemi- anneau est placé un petit os arrondi, auquel s’ar- ticulent deux autres pièces osseuses et oblongues, longitudinales, presque parallèles à la partie in- férieure du cartilage principal, la touchant par leur bord externe, et interceptant entre elles l’ou- verlure de ce Larynx supérieur. Gelte ouverture est comme une fente que l’on aurait faite à la face postérieure du tube qui constitue la trachée-ar- ière. L'ouverture de la glotte n’est donc plus trans- versale au cylindre de la trachée-artère, et n’est donc plus susceptible de tension ou.de relâche- ment comme chez les mammifères. Dans les oi- seaux , il n’y a ni carlilages aryténoïdes, ni carli- lage thyroïde, ni épiglotte. Comme le Larynx des oiseaux n’a d'autre office que d'ouvrir ou de fer- mer plus ou moins la trachée-artère,, il varie fort peu d'oiseau à oiseau. La principale différence tient à divers tubercules que l’on'observe dans son intérieur ct quisont plus:gros ou, plus nombreux, ou bien qui manquent lout-h-fait suivant les es- pèces. Guvier a remarqué :que les oiseaux chan- teurs n’en ont jamais , et qu'ils se:trouvent dans ceux dont la voix est la plas rude. Dans les poissons , le Larynxne-varie pas moins que dans les autres classes suivant les différens genres. Îl a cependant ceci de commun qu'il manque d'épiglotte et qu’il.se compose de pièces analogues à celles du Larynx supérieur des \oi- seaux, Le Larynx supérieur est toujours le seul or- gane vocal et il n’y en a jamais d’inférieur comme dans les oiseaux. Dans la plupart des poissons les cordes vocales se réduisent à un très-pelit repli; la glotte forme une fente longue et étroite, à peine propre à déterminer un léger sifflement quand l'air vient à faire vibrer les replis membra- neux. Le Caméléon offre de plus que ces.derniers un pelit sac membraneux qui s'ouvre entre la plaque inférieure du Laryox-et le premier anneau de la trachée-artère. Les Grenouilles etles Rainettes, qui sont si criar- des, ont un Larynx parfaitement approprié pour cela, par la grandeur et la saillie de ses rubans vocaux. La plaque inférieure du Larynx est une branche transversale mince, portant de chaque côlé un grand anneau, origine des bronches ;-car dans ces animaux il n’y a point de trachée-artère. Sur le devant de la branche transverse s’articu- lent deux pièces ovales convexes en dehors, con- caves en dedans, que Cuvier compare à deux corps de timbales, Sur leur bord inférieur est ten- due en dedans une membrane qui coupe à angle droit la direction de l'air. Le bord de cette mem- brane se redresse en forme de ruban vocal qui es£ par conséquent plusisolé des cartilages., plus li- bre que dans aucun animal. Au dessus de lui ess l'ouverture du ventricule , lequel occupe toute la concävité du cartilage que Guvier comparait à um corps de timbale, Outre cet appareilitrès-sonore, les Grenouilles mâles ont deux sacs qui s’ouvrent chacun par un pelit trou, non pas dans le Larynx, mais dans le fond de la bouche, sur les côlés, ef qui passent sous l’arc de la mâchoire inférieure, pour venir, quand ils sont gonflés,, faire saillir la peau de chaque côté sous l'oreille. Ges deux sacs s’enflent quand les Grenouilles crient; ils sont re- vêtus d’un tissu musculaire qui peut les compri- mer. Les Grenouilles femelles etles Grapauds des deux sexes .en manquent, ainsi que les Raineltes. Mais ces dernières présentent un sac impair sous la gorge. (A, D, LASIOCAMPE, Lasiocampa. (1ins.) Genre de Lépidoptères , famille des Diurnes, tribu des Bom- bycites, distingué de ceux de la même tribu par ses palpes avancés ‘horizontalement en forme de bec, ses antennes bipectinées, ses ailes dentelces dont les inférieures sont horizontales dans le repos, tandis que les supérieures sont en toil. Les insec- tes de ce genre n’offrent:pas de couleurs brillantes, elles sont en général brunes ou jaunâtres,; leyport de leurs ailes Les a fait comparer à un paquet de feuilles sèches,, ctsouvent on Jeur en a-donné le L « DD. ni DR A 7 Ë Pau 4 pi Res Cr. MUR PRES MORE ON DE op: e 7.Lataner. LL.294. 2. Latridie. Æ. Cuerin de. 3. Lauréole. feèreñi Se . ————" EASI 359 LATA a , nom; Jeurs chenilles attaquent les arbres fruitiers, comme Pruaniers, Pommiers, clc., mais étant peu nombreuses causent peu de dégâts ; les poils. dont elles sont couvertes. se projeltent des. deux côtés du corps, de sorte que lorsqu'elles. embrassent une branche, il.est difficile de les. distinguer, Elles forment. une coque lâche pour opérer leur der- nière métamorphose. EASIOCAMPE FEUILLE DE! CHÊNE, L. quercifoliæ, Fab: Godart, Hist. nat. des Lépidoptères d'Eu- rope, t. 4. pl 7, fig. 1. Envergure, 2 poucestet demi. Marron: clair violacé, palpes'et tarses noirs, trois-raies en zig-zag sur le dessus des ailes, une seule plus large; droite, en dessous, Commune aux environs de Paris. LasrocamPe FEUILLE DE PEUPLIER, L. populifo- liæ, Fab. Godart, Hist. nat. des Lépidoptères d'Europe, t. 4, pl. 7, fig. 5. Envergure, 2 pouces et demi. Fauve pâle, avec trois raies peu mar- quées sur le dessus des ailes. Plus rare que la pré- cédente. (A. P.) LASIOPÉTALÉES , Lasiopetaleæ. (207. nan.) Les anomalies que présentent les végétaux qui conslituent la famille des Bytinériacées , créée par _ KR. Brown aux dépens des Malvacées et des Tilia- cées de Jussieu, des Sterculiacées de Ventenat et des Chlénacées de Du Peuit-Thouars , ont d’abord nécessilé sa division en deux. groupes distincts, dont les Lasiopétalées formaient le second, d’a- près Gay; puis revues avec attention par Kunth, les Lasiopétalées n’ont plus formé qu’une troisième section; plus tard, quand toutes ces plantes se- ront étudiées sur des individus vivant en pleine terre, sous leurs climats respeclifs , nous les ver- rons encore travaillées sous un point de vue plus exact. En attendant, la monographie de J. Gay est ce que la science possède de plus complet sur les plantes Lasiopétalées, qui toutes apparliennent exclusivement à l'Australie. Le genre Lasiopeta- lum en fait la base; il a été établi, dans l’année 1798, par Smith, d’après le Lasiopetalum ferru- gineum apporté en Europe sept ans auparavant de la baie dite des Chiens-Marins, dans la Nou- velle-Hollande. e Les Lasiopétalées.ont pour caractères essentiels d'offrir des sous-arbrisseaux et des petits arbustes à rameaux. eflilés, aux feuilles alternes, linéaires, sans slipules, aux épis floraux opposés aux feuilles; ils ont le: calice coloré, les pétales squamiformes ou nuls, et les filamens des cinq élamines filifor- mes, l'ovaire simple à trois loges, la capsule re- couverte par le. calice. persistant. Outre le genre qui leur donne son nom, ce groupe en renferme quatre autres de l'invention.de Gay : le Seringat, fondé avec le Lasiopétale-arborescent de Aïton et autres botanistes; le Guichenotia, auquel nous avons consacré quelques lignes.tom. ILE, pag. 526 et 527; le. Thomasia, dont le nom rappelle une famille suisse chère à la science par les services u’elle: n’a cessé de rendre depuis. 1768 jusqu’au- jourd’hui aux botanistes-voyageurs ; et le Kerau- drenia.. La monographie des Lasiopétalées. est, ac- compagnée de huit planches gravées avec beau- coup de goût et d'exactitude. (T. ». B,) LASTRÉE , Lastræa. (som. cnxpr.) Fougères, Genre établi par M: Bory de Saint-Vincent, en l'honneur de Delastre,. de Châtellerault, botaniste connu.avantageusement par ses belles observations microscopiques. La fructification des: Lasinées consiste en sores-parfaitement. nues, disposées en paquets. arrondis, implantées sur les nervures. des pinnules, mais n’allant, jamais au-delà de leur ex- trémilé, comme.on l’observe dans le genre Poly- podium. Ge caraclère, qui peut paraître léger aux yeux de quelques botamistes, est cependant extré- mement important, eb voici sous quel rapport, Dans les vrais Polypodes, les nervures: sont sté- riles , disposées en réseau, anastomosées les unes avec les autres , etc. Dans le genre que nous étu- dions, au contraire, les nervures sont ou simples ou alternes , toujours libres. x leur extrémité, ja- mais anastomosées, ne représentant aucun ré- seau , elc, Le genre des Lastrées est très-riche.en espèces: comme espèces européennes, nous cilerons l’Oreo- pteris, le Thelipteris, le Dryapteris, etc.; parmi les exotiques , le Polypodium unitum de Linné,, ainsi que les Lastrea Poiteanaet Balbisiana, dédiées à Poi- teau et à Balbis. La Lastrée de Poiteau a la fronde pinnatifide, les pinnules secondaires en forme de croissant , libres dans leur partie supérieure, unies à leur base; les nervures tertiaires simples . oppo- sées, el légèrement arquées, On la trouve à la Guiane ; elle est très-belle, haute de deux à trois pieds, et d’un vert sombre. Le stipe de la Lastrée de Balbis a huit à quinze pouces de long; sa fronde est bipinnée ; ses pinnules primaires opposées , les secondaires soft aliernes, les inférieures pin- natifides , etc. Celle espèce, élégante et d’une belle couleur verte, habite les Antilles. (F. 109) LATANIER, Latania. (Bor. Pan.) Deux îles siluées. dans l'océan Indien, entre Madagascar et les îles de la Sonde, sont la patrie primitive de ce genre de la famille des Palmiers et de la Dioécie monadelphie, que Gaertner appelait Cleophora, L'on aurait dû, selon moi, préférer ce nom à ce- Jui qu’il porte dans la nomenclature botanique, d’après Commerson, l'inventeur du genre, et Jacquin, son historien, à cause de sa trop grande similitude avec le Zantana, genre de la famille des Verbénacées. Les trois espèces qui composent le genre Latanier abondent principalement à l'ile Mascareigne; une d'elles, celle qui lui sert de type, se retrouve sur les côtes sablonneuses et maritimes de la Chine : c’est le Zatania chinensis, Jacq., représenté dans l'Atlas de ce Dictionnaire, pl 294, fig. 1. Son stipe simple, cylindrique, droit et assez élevé, est couronné par un cône de quinze à vingt grandes feuilles remarquables par leur forme singulière. Ces feuilles sont dispo- sées en faisceaux, péliolées, palmées ou demi- ailées (fig. 1, a); d’abord elles se montrent plis- sées comme: un éventail; elles s'ouvrent ensuite, s'étendent en rond, et, au moyen des Jongues pointes qui les terminent , elles figurent à peu LATI 560 LATI près un soleil rayonnant. Sous leur ombre tuté- Jaire se rassemblent les Perruches bruyantes, les Loris au plumage vermeil et les mille escadrons légers d'oiseaux à reflets métalliques , et d’insec- tes lumineux. Les folioles sont nombreuses, ensi- formes, glauques et coupées par une nervure longitudinale, couverte en dessous d’un duvet cotonneux ; souvent on les voit comme divisées en deux par le milieu de leur largeur. Le pétiole sur lequelelles s’appuient est inerme, et tranchant sur les côtés. Les fleurs naissent sur les digitations d’un régime rameux; elles sont jaunes, sessiles, enchâssées dans les écailles des chatons, et très- caduques. Il leur succède un drupe recouvert d’une écorce mince, sous laquelle se cachent trois noyaux monospermes. Jacquin a décrit une seconde espèce sous le nom de Latania rubra ;* au fruit globuleux, de la grosseur d’une petite pomme d’api, aux folioles ciliées par de petites épines de couleur rougeûtre. Le troisième porte le nom de Commerson, c’est Sprengel qui le lui a imposé. (T. ». B.) LATÉRIGRADES, Laterigradæ. (aracux.) Sous ce nom on désigne la quatrième tribu de l’ordre des Pulmonaires, famille des Dipneumones, qui a été établie par Latreille, et qui a pour caractère, suivant cet auteur : les quatre pieds antérieurs toujours plus longs que les autres, tanlôt la se- .conde paire surpassant la première, tanlôt les deux presque de la même longueur. L'animal les étend dans toute leur longueur, ainsi que les au- tres, et peut marcher de côté, à reculons ou en avant. Les mandibules de ces aranéides sont ordinairement petites, et leur crochet est replié transversalement. Leurs yeux sont toujours au nombre de huit, souvent très-inégaux, et for- mant, par leur réunion, un segment de cercle ou un croissant; les deux latéraux postérieurs sont plus reculés en arrière ou plus rapprochés des bords latéraux du corselet que les autres. Les mâ- choires sont, dans le plus grand nombre, inclinées sur la lèvre. Le corps est d'ordinaire aplati, en forme de crabe, avec l'abdomen grand, arrondi ou triangulaire; ces Araignées portent le nom d'A- raignées-Crabes, parce qu’elles marchent souvent à reculons ou de côté comme ces crustacés ; elles se tiennent tranquilles, les pieds étendus sur les végétaux ; elles ne font point de toiles, et jettent simplement quelques fils solitaires tendant à ar- rêter leur proie, sur laquelle elles se jettent; elles se forment une habitation entre les feuilles, dont elles rapprochent, contournent et fixent les bords avec de Ja soie. Leur cocon est orbiculaire et aplati, et elles le gardent assidument entre quel- ques feuilles jusqu’à la naissance des petits. Cette tribu renferme les genres MicromuaTE , Pnizonrome, SÉLÉNOrE et SrTorÈne. (Voyez ces mots. ) H. L.) LATHROBIE. (1xs.) Genre de Coléoptères fondé par Gravenhorst , et différant peu des vrais STAPHYLINS. (J”oyez ce mot.) (Guér.) LATITUDE. (c£ocr. Pays.) Le premier, besoin de tout homme s’occupant de géographie est de se rendre comple de la distribution des eaux et de la terre sur la surface du globe ; de connaître la configuration des continens et des îles; la si- tuation du cours des rivières, des chaînes de mon- tagnes, enfin de posséder les moyens de déter- miner avec exactitude les différens lieux terrestres. En effet, avant qu’on se fût occupé de la méthode à employer pour une pareille détermination, il était impossible de construire une carte. Or, je: vous demande, que pouvait être la science géogra- phique avant la construction des cartes ? Voyons donc comment on s’y prend pour déterminer la position des différens lieux de la terre. Tous ceux qui connaissent les premiers élémens de la géométrie savent que la position d’un point est connue, lorsqu'on peut aflirmer que ce point se trouve à la fois sur deux lignes qui se coupent. En effet, si nous savons que le point A fait partie à la fois et de la ligne B et de la ligne CG, il est évident qu’il ne pourra être qu’au point d’inter- section de ces deux lignes; sa position sera dès- lors déterminée, pourvu toutelois que les deux lignes B et G soient invariables dans leurs direc- tions , et qu’elles aient un point de départ immo- bile et fixe. Il s’agissait donc de trouver, sur la sphère représentant la terre, un lieu qui pût ser vir de base à toutes ces lignes. Pour cela, on a supposé la sphère traversée par un plan passant par son centre, et perpendiculaire à son axe. Puisque ce plan passait par le centre de la terre . il la divisait en deux parties égales, et puisqu'il était perpendiculaire à l’axe de la terre, il ctait invariablement fixé , et les pôles étaient égale- ment distans de tous les points de la circonférence. de cercle formée par l'intersection de ce plan avec la surface de la terre, Ges différentes pro- priétés lui ont valu le nom d’équateur, En joignant les pôles et les différens points de l'équateur, on a une multitude infinie de lignes nommées méri- diens, qui doivent nécessairement passer par tous les points de la surface du globe. C’est précisé- ment sur ces lignes que se comple ce qu’on ap- pelle la Latitude d’un lieu. Ainsi donc la Latitude d’un lieu n’est autre chose que la distance de ce lieu à l’équateur, ou, en d’autres termes , la longueur de l’arc de mé- ridien intercepté entre la station et l'équateur. : La Longitude n’est autre chose que la distance comptée sur l'équateur, ou sur les cercles paral- lèles, d’un méridien déterminé à l’avance (du méridien de Paris, par exemple ) jusqu’au point dont on veut déterminer la position. Nos lecteurs connaissent donc maintenant les moyens de déterminer la position d’un lieu sur la terre. Il nous reste à leur indiquer comment ils pourront trouver la position des différens points de la sphère céleste. Ici se présentent deux moyens différens : 1° La position de la sphère céleste se déter- mine, comme celle des points de la terre, à l’aide des méridiens et des parallèles. On choisit à vo- lonté un premier méridien céleste qui passe par un LATR 361 té, LAT un certain point connu du ciel. Alors la position d’un astre quelconque se trouve déterminée par deux élémens. Le premier est la distance méri- dienne de l’astre à l'équateur céleste. C’est là ce qu’on appelle la déclinaison de l’astre. Le second est l’arc de l'équateur compris entre le premier méridien et celui qui passe par l’astre. C’est ce qu’on nomme l'ascension droite de l’astre. Lors- qu'on connaît la déclinaison de deux astres, et leur différence d’ascension droite, il est facile de calculer leur plus courte distance sur la sphère céleste, c’est-à-dire l'arc de grand cercle compris entre eux. 2° La marche apparente du soleil trace sur la surface de Ja sphère céleste un grand cercle qu’on nomme écliptique. Ge cercle occape une position fixe et invariable dans les cieux. Il peut servir de la même manière et pour le même objet que l'é quateur de la terre. Ainsi, on en fait un point de départ auquel on rapporte les astres, au moyen de cercles qui passent par ses pôles et par les as- tres, et qui, par conséquent , lui sont perpendi- culaires. Ges cercles sont appelés en astronomie, cercles de Latitude. La distance d’un astre à l’é- cliptique, comptée sur le cercle de Latitude qui y passe, s'appelle Latitude de l'astre; et l'arc éclip- tique intercepté entre l’équinoxe du printemps et ce cercle porte le nom de Longitude de l’astre. Nous pensons que nos lecteurs comprennent maintenant ce que veulent dire Latitude et Lon- gitude terrestres, Latitude et on _. . J.) LATRIDIE, Zatridius. (1Ns.) Genre de Coléo- ptères de la section des Tétramères , famille des Xylophages, établi par Herbet, qui leur donne pour caractères d’avoir les mandibules cachées ; les palpes très-courts, terminés en alêne; les an- tennes de onze articles, dont le premier gros, glo- buleux , et le second plus long que le troisième, les autres en cône renversé , excepté le dernier qui est ovoide. Ces insectes forment un genre as- sez nombreux en espèces; mais ils sont tous très-pelits, et tous ceux qu'on a décrits sont d'Europe; ils ont été d’abord placés parmi les Dermestes par Fabricius et Paykul, et ensuite Oli- vier en fit des Ips; avant eux Linné les avait mis parmi les Ténébrions. Ces insectes, de très-petite taille, ont la tête et le corselet plus étroits que l'abdomen , et cette dernière partie allongée, pres- que carrée. à Larripie DES FENÊTRES, L. fenestralis, à peine long d’un quart de ligne, pubescent, fauve ob- seur , avec la poitrine et l’abdomen noirâtres ; cor- selet arrondi postérieurement avec une fosselte au milieu; élytres couvertes de stries formées de points enfoncés. Nous l’avons figuré dans notre Atlas, pl. 294; fig. 2. (A. P.) + LATROBITE. (uin.) Sous ce nom ou sous celui de Diploïte, les minéralogistes désignent un silicate d'alumine composé de 45 parties de silice, de 37 d'alumine, de 8 de chaux, de 7 de potasse , de 3 d’oxide de manganèse, et d’un peu de magnésie et d'eau. Cette substance cristallise en prismes rhom- T. IV. 286° LivrAIsON, boïdaux. Elle se trouve dans des terrains anciens sur la côte du Labrador. J. Il.) LATRODECTE, Zatrodectus. (anacux.) Ce genre, qui appartient à l’ordre des Pulmonaires, famille des Fileuses, section des Inéquitèles, a été établi par M. Walckenaër qui lui assigne pour ca- ractères : yeux au nombre de huit , presque égaux entre eux, occupant le devant du corselet ; lèvre triangulaire, grande et dilatée à sa base; mâchoi- res inclinces sur la lèvre, cylindriques, grandes et fortes; paltes longues et fortes , la première la plus longue de toutes, la seconde ensuite, et la troisième la plus courte. Ce genre, que Latreille (Règ. anim. de Cuv., nouv. édit.) réunit aux Thé- ridions, diffère de ces derniers, par les mâchoires, qui, chez les Théridions, sont allongées , large- went dilatées tant à leur base qu’à leur partie an- térieure , et qui, au contraire, chez les Latrodec- tes, sont dilatées à leur base et légèrement inclinées antérieurement ; par les yeux, qui, chez les Latro- dectes, sont placés sur deux lignes longitudinales assez éloignées l’une de l’autre, presque de même grosseur, et qui, chez les Théridions , forment le plus souvent trois lignes, lesquelles sont rappro- chées et d’inégales grosseurs; il en diffère encore par les mandibules, qui sont allongées, et par la lèvre, qui est courte et élargie à sa base. Par le peu de caractères que nous venons de présenter, il sera facile de voir que les Latrodectes forment un genre bien distinct de celui des Théridions; car s'ils diffè- rent de ces derniers par leurs organes de mandu- cation et de locomotion, ils s’en distinguent encore par leurs mœurs et par la manière dont ils tendent et disposent leurs fils; car ce sont des Aranéides qui filent, dans des sillons et sous les picrres, des nœuds et des filets où les insectes qui passent peu- vent se trouver arrêtés. Ce genre, encore peu connu spécifiquement , a cependant été divisé par M. Wal- ckenaër en deux familles. La première est désignée par cet auteur sous le nom de Globuleuses (G{obu- losæ); elle renferme le LATRODECTE MALMIGNATTE , L, quindecimguttatus, Fab. Cette espèce peut être regardée comme type du genre. Pour la description spécifique et les mœurs de cette Arachnide, nous aurons recours à un mémoire de M. Thiébaut de Berneaud ayant pour titre: Voyage à l’île d'Elbe. Gette Arachnide, dit ce savant botaniste, est d’un noir luisant clair, coupé par trois rangs de taches d’un rouge de sang, au nombre de 13, 15, 16 et 17; elle a l’abdomen rond, renflé à sa partie su- périeure et marqué de quatre taches très-noires disposées en carré parfait. Tout le corps est cou- vert de poils, et fixé au corselet par un pédicule court ; ses yeux sont fauves et au nombre de huit ; le corselet est très-petit. Elle tend sa toile à terre et en rase campagne, et se jette avec une vitesse prodigieuse sur sa proie ; elle attaque surtout avec fureur le Scorpion et se repaît ayec délices de son sang; elle fuit la compagnie de ses semblables. Elle s’accouple vers la fin de l'été, et elle enve- loppe ses œufs , au nombre de deux à quatre cents, dans une coque de soie blanche, serrée et peu tenace, L'hiver, elle se cache parmi les grosses 46 LAUR 362 LAUR _ ee pierres, dans les fentes des rochers el'sur les vieux murs, où elle attend, engourdie, la chaleur du printemps. Sa morsure est très-dangereuse ; elle est mortelle (1), même pour l homme, Son venin, très-sublil, le devient encore plus à raison dé l’in- tensité de Ja chaleur. Je: n’aï point appris qu’elle ait fait du mal à l'ile d'Elbe, sans doute faute d'observations particulières de la part des méde- cins; car je sais que dans le Volterrand plusieurs habitans de la campagne et des animaux domesti- ques sont morts des suites de sa morsure, A celle même frmille nous ajouterons deux autres espè- ces, qui ont été très-bien figurées par M. Savigny dans le grand ouvrage sur l'Egypte : la première est désignée sous le nom de Z. venalor, Savigny, Ouvr. d'Esypt., planche 5, figure 11, et la se- conde sous celui de Z. erebus, pl. 5, fig. 9. La seconde famille, ou les Ovales allongées (Ovatæ élongatæ), nerenferme qu’une seule espèce, c’est le LATRODÉCTE Assassin, L. mactans, Fab.; elle diffère du Z. quindecimguttatus jar Vabdomen qui est allongé. Elle se trouve dans l'Amérique méri- dionale et y inspire les mêmes craintes. (H. EL.) LAUDANUM. Voy. Lapanum. Le Laudanum des pharmaciens, si souvent employé en médecine, ést une composition oflicinale connue dans le Codex sous le nom de Vin d’opium compose. Lie LAUMONITE. (wn.) Ainsi que l'indique son nom, ce minéral a été dédié à Gillet-Laumont : on l’a d’abord appelé zéolithe efflorescente et zé0- lithe de Bretagne. C’est une substance blanche qui cristallise en prismes obliques rhomboïdaux , et qui se trouve quelquefois à l’état pulvérulent. Elle se compose d'environ 48 à 49 parties de silice, de 22 à 23 d’alumine, de 9 à 12 de chaux et de 16 à 17 d’eau. C’est principalement dans les mines de plomb du Huelgoet, dans le département du Finistère, ue se trouve la Laumonite. (J. H.) LAURÉLIE, Laurelia. (mor. rnan.) Genre ap- partenant à la famille des Monimiées et à la Monoé- cie décandrie de I. Caractères : fleurs mâles et fleurs femelles réunies pêle-mêle . pédonculces , ct formant des grappes courtes et axillaires ; calice ou involucre monosépale , campanulé, très-Évasé et presque plane dans les fleurs mâles, où ül se divise supérieurement en une dizaine de lobes ré- guliers et disposés sur deux rangs; dans les fleurs femelles, il est plus allongé, ses divisions sont beaucoup plus nombreuses, très-inégales, dispo- sées sur quatre ou cinq rangs; élamines au nom- bre de quinze ayant la plus grande analogie avec celles des Lauriers: filets courts, épais, munis vers leur base d’une grosse glande sur chacun de leurs côtés ; anthères cordiformes, allongées , in- trorses , à deux loges s’ouvrant chacune par toute leur face interne au moyen d’une valve qui s’enlève A —————————_—_——— (1) Pour cette Aranéide, il en est pent-être de même que pour la Lycosa tarentula outla Tarentolla des Italiens. Il serait peut- être possible aussi que ces préventions eussent leur source dans la couleur noire, Conpée par des taches sänguines, de cés animaux. de la base vers le sommet. Dans l’inrolncre des fleurs femelles, est un. grand nombre de pistils filiformes qui en garnissent presque entièrement la paroi interne. Ces pistils, recouverts de longs poils soyeux, se composent d’un ovaire très-allongé, à une seule loge, contenant un ovule dressé, sur- monté d’untrès-long style que termine un stigmate glabre. Après la fécondation, les divisions des: lobes extérieurs de l’involucre se détachent, et on le voit se resserrer vers son sommet contre la par- tie supérieure du style, qui est saillant, Quand les fruits sont màrs, cet involucre péricardoïque se rompt irrégulièrement en quatre ou cinq valves, Les fruits sont filiformes, très-velus, munis du style persistant, monospermes et indéhiscens. La graine contient, dans un endosperme charnu, un très-petit embryon dressé, placé vers sa base. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce : le L. aromatica , J., Ann. Mus.,. 14, p. 129: Pavo- nia sempervirens de Ruis et Pavon, Syst: C’est unt grand arbre originaire du Chili, à feuilles oppo- stes, pérsistantes , coriaces , elliptiques, aiguës, d’an vert clair; à fleurs rougeâtres disposées en grappes et portées sur des pédoncules tomenteux. Au Chili on en fait des planches, etc. Les feuilles |_ de cet arbre exhalent, quand où les froisse, le parfum le plus suave. (G. £.) LAURENCIE, Laurencia. (sor. cnxrr.) Hy- | drophytes. Genre de la famille des Floridées, établi let ainsi caractérisé par Lamouroux : fructification | formée de tubercules globuleux, un peu gigar: |tins , situés à l’extrémilé des rameaux ou de leurs divisions, et formant parfois des dilatations obtuses ét renflées en massues ou en grappes tubercu- leuses. Maintenues dans l’eau, ou encore humides , les Laurencies ont quelque chose de gélatineux; elles adhèrent au papier d’abord; mais elles finissent par se dessécher, par prendre une apparence cor- née, caractères qu'elles perdent quand on les mouille. Les Laurencies ne se réduisent pas aussi facilement en gelée que les Iridées, les Géli- dées , etc.; enfin on a cru leur reconnaître, à cer: taine époque de l’iännée, une: saveur tellement poivrée , âcre et brûlante, que quelques peuples du Nord s’en servent comme de piment pour re- lever la sapidité de leurs mets, On connaît environ vingt espèces de: Lauren: cies ; trois ou quatre habitent la Méditerranée, autant se rencontrent sur nos côles océaniques ; et le reste se trouve dispersé dans les mers: tem- pérées des deux mondes: Parmi ces espèces nous citerons : 1° La Lavnencre DE Cnavvin, Laurencia Chau- vini de Bory de Saint-Vincent, qui croît sur les coquilles et sur les rochers. Gette espèce est jau« nâtre, assez ferme, assez dure après sa dessicca= tion ; ses expansions, qui ont de deux à cinq pou- ces de long; sont grêleset manics'de rameaux al- tornes , décroissant de longueur vers l'extrémité de la plante: e Hi 0 95 ,9 2° La L'AURENCIS PINNATIFIDE ; Lawencia pinna- tifida de Lamouroux, qui est très-cornmune:sur : p2 nos côtes «etiqni est distincte du Fucus osmunda de Gmelin. -6° La Laurence opTuse de Lamouroux, qui estiinès-répandue sur toutes nos côles,, et qu’on.a trouvée à la Nonvelle-Hollande, (ŒF.) LAUREÉOLE,. (ser. :Puan.) Daphne. laureola, Lino, Bull. Get arbuste a été: décrit à l’article Daruné, mais comme-aucune espèce de ce genre n'avait été figurée, faute de place, nous l'avons représenté sous son nom.de Lauréole dans notre Atlas, pl. 294, fig. 3. (Voyez Daruwé. ) (Guén.) LAURIER, Zaurus. ( mor. pan. ) Ce nom, consacré de toute antiquité parsune sorte de mo- blesse ; a éLé justement choisi par Linné pour ca- æactériser lun riche et vaste genre, -dont toutesles ‘espèces répondent à leur type, soit par leur élé- gant feuillage , soit, par leur utilitéçdans l’écono- mie domestique, des «arts et la médecine; c’est aux Lauriers qu'on doit le Gamphre, la Cannelle, le Sassafras , la Poire aguacate, et difiérens sucs aromatiques mieux appréciés:sous le :climat des Indes que sous le nôtre, Ce genre-demande donc upeétude plus complète plus approfondie que taht d’autres plantes qui varient seulement la vé- gétation sans apporter à l’homme aucun tribut. Donnons d’abord les caractères génériques du Laurier, tels que Linné les a établis; nous indi- querons epsuile les différentes coupes qu’on :a proposées. Les fleurs. du Laurier , qui , soit dit en passant, ont peu d'apparence, et n’entrent pour rien dans la célébrité.de l'arbre, sont hermaphrodites ; ôu, si elles ne renferment qu’un sexe fertile, on re- trouve. toujours les rudimens du sexe qui avorte. Le.calice est. monosépale, subcampaniforme ‘ou étalé,; à quatre, cinq ou-six divisions profondes , généralement concaves. ‘Il n’y a point de corolle. On compte.ordinairement neuf étamines, et par £onséquent le Laurier fait partie de l'Ennéandrie ; il y eu a quelquefois seulement six, ou bien douze; elles:sont’insérées à Ja base des divisions calicinales ;. leursfilets sont libres’, planes , ayant . souvent à leur base un ou deux appendices ‘inré- guliers, glanduleux; Jes -anthères, adnées et à deux loges , s'ouvrent par un ou deux petits pan- neaux. $'enroulant.de bas en ‘haut. L'ovaire .est libre ; plus ou moins allongé, à une seule loge-et un seul ovule; il porte un style:un peu recourbé; marqué d'un sillon longitudinal; Je stigmate est latéral , .évasé -et: un peu concave. Le fruit est un drupe see où charnu, :souvent. accompagné du calice, qui Jui forme une sorte de cupule, La graine se compose. d’un tégument mince , sans en- dosperme, et d’un embryon àccotylédons épais , dont le;prolongement recouvre quelquefois la ra- dicule, ‘On à proposé diverses coupes dans le genre Laurus de Linné , qui peut-être l’a concu d’une manière trop générale ; Gaertner , et récemment Kunth ,:rétablissent le Porsea de Plamier , carac- térisé par des fleurs constamment:hermaphrodites et par des anthères quadriloculaires ; mais , selon LAUR Richard, J’anthère n’a pas réellement quatre lo- ges; seulement.les panneaux sont doubles pour chacune des deux; Sprengel appelle aussi Persea les Lauriers dans lesquels le calice forme une sorte de cupule autour: du frait. De son côté Aublet a.établi trois genres, Ocotea, Aniba et ÆAiovea , pour des Lauriers.de Amérique méridio- nale, (Enfin.R. Brown. considère le .Cannellier comme un genre distinct. Cependant, ces diverses aulorités n’ont pas encore fait loi,.et la majorité des botanistes conserve le Laurus de Linné avec ses nombreuses espèces. Onen compte environ soixante, croissant dans les parties los plus chaudes .des deux continens , et:d'une végétation d’autant plus vigoureuse qu’el- les approchent .des régions équätoriales. La plu- part s'élèvent en arbres; quelques nnes ne sont que des :arbrisseaux ; leur écorce, leurs feuilles , tous leurs organes sont en général imprégnés de sucseL d'huiles aromatiques. Les Lauriers ont un port élégant ; leurs feuilles, alternes et souvent persistantes, sont lisses, luisantes en dessus, plus pâles en dessous, à bords très-entiers. Leurs fleurs, petites et verdâtres, naissent quelquefois solitaires à Vaisselle des feuilles ; plus souvent elles sont réunies à l'extrémité des rameaux. Les Lauriers peuvent. être répartis en deux sec- tions , suivant. que leurs feuilles,sont caduques où persistantes. Nous citerons.les principales espèces de chacune. Section 1. Feuilles persistantes. Laurier FRaNc ouD’ArozLon, Laurusmobulis , L. (Foy. pl. 295.-de ce Dict.; fig. 1;:en a l'on voit, sa feuille un: quart grandeur naturelle ; 6 la fleur ;: c la graine; .et-en.d celte même graine coupée pour voir l'embryon. ) C'est le Laurier d'Europe, celui des Grecs et des Romains, celui que les peuples modernes leurs successeurs ont adopté à leur exemple comme le symbole de toutes les gloires ;. mais sous notre latitude demi-septentrio- nale , on le connaît mieux d’après les descriptions de la poésie et de la peinture que d’après les individus-maigres et chétifs que produisent nos jardins ;:le climat-de nos départemens du sud-est lui aété plus-favorable, et il s’y:est naturalisé , | sans y prendre toutefois son complet accroisse- ment.:Le Laurier, en Grèce, en Afrique, dans le Levant, atteint trente pieds de hauteur, et même plus; sés branches redressées, simples , vertes et lisses , portent des feuilles courtement pétiolées,, alternes , coriaces , elliptiques, aiguës , plus ou moins ondulées sous leurs bords, :glabres et lui- santes. Les fleurs, pour la plupart unisexnées , sont axillaires , disposées par deux sà quatre en petits :fäisceaux entourés de bractées :squamifor- mes ; elles ‘ont :un ‘calice à quatre-divisions , et douze élamines-disposées sur | trois rangs; leur fruit est un drupe ovoïde, de Ja-grosseur d’une merise, charnu extérieurement, rouge-noirâtre à sa parfaite maturité. Rien de moins Ipoétique qu’une description technique ; bornons-lalici , etrenyoyons à Ovide , oo LAUR 364 LAUR oo au chantre d'Apollon et de Daphné. Et maintenant, quand le seul nom du Laurier rappelle à l'esprit tout ce qu’honorent les hommes ; quand ses feuil- les entrelacées ont décoré le front du poète, du musicien , du guerrier , de l’athlète, oserons-nous, achevant une tâche rigoureuse, dire que notre siècle les prodigue surtout dans le sanctuaire des Vatel et des Carême, pour couronner un succu- lent jambon de Mayence, ou bien, réunies en petits faisceaux avec une humble labiée, pour aromatiser nos ragoûts ? Sic transit gloria Lauri. Heureuses encore, quand, froissées par un doigt délicat, elles répandent leur suave odeur, ou bien parfument en se consumant le boudoir et le salon ! Les baies du Laurier eurent aussi leur célébrité sur le front des jeunes bacheliers; on dit aujour- d’hui qu’elles contiennent des huiles utiles à la médecine par leurs principes échauffans et emmé- nagogues, Dans les contrées où il croît naturellement, le Laurier se voit en palissades, en haies, en allées de jardins; aux Canaries il forme des forêts ; chez nous il subsiste difficilement en pleine terre, ou du moins y prend rarement un beau port. On le multiplie de graines, qu’il faut semer aussitôt qu’elles sont mûres, sur couche et sous châssis ; le plant levé se repique dans des pots l’année sui- vante , et se rentre dans l’orangerie pendant les trois ou quatre premiers hivers; on essaie alors de le tenir en pleine terre, dans un sol léger , franc, plutôt que dans un sol gras, à une exposi- tion tempérée plutôt qu'à une exposition trop chaude; sinon il gèle souvent et perd ses bran- ches. Mais si on le conserve en caisse , un sol sub- stantiel est nécessaire, parce que ses racines sont nombreuses et consomment beaucoup. N'oublions pas de rappeler que le bois du Lau- rier est dur et élastique, et qu’on le travaille en petits meubles de fantaisie qui conservent long- temps leur odeur aromatique. Le Laurier ROUGE, Laurus borbonia, L., origi- naire des Antilles, a des feuilles glabres , ellipti- ques, lancéolées ; ses baies bleuâtres sont envi- ronnées par le calice, qui devient épais et de cou- leur rouge. Il se cultive chez nous dans l’orangerie, ainsi que le LaurtER DE LA Carouine, L. caroli- nensis , Michaux , avec lequel on le confondait; ce dernier se distingue par ses feuilles plus ou moins velues. Le Laurier DES Inpes, 'L. indica, L., naturalisé aux Canaries et en Portugal, atteint dans ces con- trées jusqu’à quarante pieds; ses feuilles sont grandes, lancéolées. Il produit des fleurs d’un blanc jaunâtre , légèrement soyeuses. Le LauniER CANNELLIER a été traité dans ce Dictionnaire (voy. tom. I“, et pl. 72, fig. 2). R. Brown à proposé d’en faire le genre Cinnamo- mum, sans Loutefois lui avoir assigné de caractères. Le Lavnter casse, L. cassia, L. , s’en distingue par ses feuilles pointues aux deux extrémités, et privées de nervures transversales. Le LAuRIER ma- LABATHRUM, L. malabathrum, L. , également ori- ginaire de l'Inde, et souyent confondu avec le vé- ritable Cannellier, a ses feuilles extrêmement al- longées et étroites. Ces feuilles, qui possèdent les propriétés aromatiques et excitantes communes à la plupart des Lauriers, se trouvent mentionnées chez les anciens pharmacologues sous le nom de Malabastrum ou de Folium indicum. La Cannelle giroflée est due au ZLaurus culilawan, L., qui croît dans les îles Moluques. Le LAuURIER CAMPHRIER , L, camphora, L., égale- ment traité dans le tome I‘ de ce Dictionnaire, est représenté par un seul ramcau dans notre At- las, planche 295, figure 2, avec une fleur grossie, fig. 2 a. Le LauriER AVOCATIER, Laurus persea, L. ( Persea gratissima, Gaertner fils ), est un très- bel arbre originaire du continent de l'Amérique méridionale , et naturalisé maintenant aux Antilles et à l'Ile-de-France. Son tronc grisâtre , crevassé, d’un boisblanc et tendre, soutient une vaste cime: ses feuilles ont quatre à huit pouces de longueur sur deux à trois de large; elles sont rapprochées les unes des autres au sommet des jeunes rameaux, elliptiques, acuminées , vertes et lisses en dessus, glauques et blanchâtres en dessous; les fleurs , hermaphrodites et réunies en petites grappes axil- laires , se composent d’un calice à six divisions et de douze étamines disposées sur deux rangs; elles produisent un fruit charnu , longuement pédon- culé , de la forme et de la grosseur d’une poire , d’abord verdâtre, puis d’un violet pourpre à sa parfaite maturité ; le nsyau est très-gros, ovoide et inégal. Ce fruit, connu aux colonies sous le nom de Poire avocate, est très-estimé des créoles , et même, dit Jacquin , il n’est aucun animal domes- tique qui n’en soit friand ; il a une saveur appro- chant de celle de la Noisette et de l’Artichaut ; sa chair est fondante , d’une consistance butyreuse , mais sans odeur. On le sert, coupé par tranches, comme hors-d’œuvre ; il ne plaît pas, dit-on, aux personnes qui en goûtent pour la première fois ; mais bientôt on s’y accoutume, on le mange avec délices, et sous d’autres climats on le re- gretle. Section 11. Feuilles caduques. Le Laurier sassarras, Laurus sassafras, L. ( voy. pl. 295, fig. 3, un rameau; et la panicule avant sa feuillaison, fig. 3 a), a pour patrie les forêts de l'Amérique septentrionale , d’où il des- cend jusque dans la Floride; accoutumé à une température assez rigoureuse, il a réussi chez nous mieux que ses congénères, et y atteint vingt à vingt-cinq pieds. Son port est à peu près celui de l’Érable ; son tronc droit , revêtu:d’une écorce épaisse , fongueuse , cendrée, se divise en bran- ches très-rameuses, ouvertes ou étalées en une large cime. Ses feuilles, alternes et pétiolées, va- rient de forme et de grandeur; en sortant du bourgeon , elles sont molles, couvertes d’un duvet qui disparaît bientôt; développées , les unes sont larges, grandes comme la main, les autres très- courtes ; tanlôt elles sont elliptiques, tantôt dé- 7. Laurier commun. 2. cape. sassafras . 2. EEE | £, Caertr dr name en ateé -m—nne eee LAUR 365 LAVA coupées en deux ou trois lubes. Les fleurs , petites, jaunûtres , épanouies en étoile, et disposées en panicules an sommet des rameaux, sont polyga- mes; elles produisent un drupe ovoide de la gros- ‘seur d’un pois, environné du calice. Le Sassafras fut célèbre, dès la découverte de TAmérique, par le secours qu'y trouvèrent les conquérans , victimes d’une maladie affreuse ; une ‘simple infusion de sa racine et de son écorce leur procurait, dit-on, une guérison prompte et par- faite. En effet, c’est un médicament éminemment sudorifique, encore employé de nos jours ; mais ses cffets sont devenus beaucoup moins héroïques en réalité que dans l’histoire ; ils ne guérissent plus celte maladie que l'Amérique nous a envoyée avec son or, soil qu’elle ait changé de caractère dans nos climats , soit que la plante perde de ses vertus durant une longue traversée. Le Sassafras du commerce consiste en morceaux de bois de la grosseur du bras, brunâtres, ferrugineux , très- aromaliques ; ses propriétés résident surtout dans l'écorce. Le Laurier BENvOIN, L. benzoin, L., doit ce nom à une erreur ; on sait aujourd'hui que le Ben- join est fourni par une espèce de Styrax. Ce Lau- rier est assez ruslique, et passe l’hiver en pleine terre sous le climat de Paris; toutes ses parties exbalent une odeur très-aromatique, approchant peut-être de celle du Benjoin. Le nom de Laurier est donné vulgairement à diverses plantes qui, sans appartenir à ce genre, . s’en rapprochent par leur aspect et surtout par la consistance de leurs feuilles. On appelle donc, en- ire autres : Laurier ALEXANDRIN, une espèce du genre Fra- gon, Ruscus hypophyllum , L,. » Launter-awanDier et Laurier au Lair, le Pru- aus lauro-cerasus, parce qu’on se sert de ses feuil- les, mélées en infusion au lait, pour lui donner an goût d'amande amère; cel usage a quelque danger, une dose trop forte deviendrait un poison. Launigr-cenise, le Prunus lauro-cerasus, L, Launuer £rineux, le Houx. 2 Laurier éPurGe, le Daphne laureola, L, Laurier Grec , le Meliah azedarach, L,. LAURIER A LANGUETTE , le Æuscus hypoglos- sum, L. Laurier DE Mississipr, le Cerasus caroliniana , Jussieu. Laurien-NaIn, le Vaccinium uliginosum. ,. Laurier DE Porrucar, le Prunus lusitanica. ‘+ Laver rose, le Verium oleander, L. Laurier rose Des Aupes, le Rosage des Alpes, Rhododendrum alpinum , L. LauRIER ROUGE, un F ranchipanier, le Plumeria rubra. - Laumer SAINT - ANToine , um , L. + Laurier sauvacE , le Myrica cerifera. - Launien-Tix , le V'iburnum tinus, L. # Launer pe Taérisonve, le Prunus lauro-ce- l’Epilobium spica- rasus, qui en effet est indigène des côtes de la mer Noire. | Laurier TuLiPier , les Magnolias. (L.) LAURIERS (rFawizce Des ), Lauri, (OT. HAN. ) Voy. ci-après LauRiNÉEs. LAURINÉES, Laurineæ. (mor. ruan. ) Famille de plantes de la classe des Monocotylédonées'apé- tales, ayant ses étamines périgynes ; le Laurier en est le tyÿpe et le principal genre ; les autres sont l’Agathophyllum ou Ravensara ; l'Euryandra et le Cryplocarya nouvellement institués par R. Brown; le Litsæa de Jussieu ; le Pterygium de Correa , et le Cassitha. Toutes ces plantes appartiennent aux régions. chaudes des deux continens ; la plupart sont des arbres ou arbrisseaux ( à l'exception du genre Cassitha ); leurs feuilles sont ordinairement al- ternes , tantôt caduques , Lantôt persistantes , lisses et luisantes en dessus, ternes et pâles en dessous, à bords très-entiers ; leurs fleurs, petites, verdä- tres et sans apparence, sont hermaphrodites ou bien unisexuées par avortement; lantôt elles nais- sent à l’aisselle des feuilles , tantôt elles sont dis- posées en panicules ou en corymbes à l’extrémité des rameaux ; voici leurs caractères principaux : calice monosépale, à quatre, cinq ou six divisions plus ou moins profondes, quelquefois à peine marquées ; six, neuf, douze ou quatorze étamines disposées sur deux rangs, quelques unes avortant ou restant stériles; filets ayant souvent à leur base une ou deux glandes globuleuses et pédonculées ; anthères adnées, à deux loges, s’ouvrant chacune par un ou deux panneaux qui s’enroulent de la base au sommet de l’anthère ; ovaire libre, glo- buleux ou ovoide, à une seule loge, renfermant un seul ovule; style et stigmate simples , celui-ci dilaté el souvent membraneux ; fruit sec ou charnu en forme de baie ou de drupe; graine sans en- dosperme, à colylédons épais et charnus, à radi- cule tournée vers le hile. On rapproche de la famille des Laurinées le Gomortoga de Ruiz et Pavon, qui cependant a pour fruit une noix à Lrois loges, et le Gyrocarpus de Jacquin. Les genres Myristica et Virola, placés antre- fois à la suite des Lauriers, forment maintenant une nouvelle famille sous le nom de Myrisricées. Voy. ce mot. (L.) LAVAGE, CRIBLAGE ET DÉBOURBAGE DES MINERAIS. (cho. et mx. APPLIQ.) Avant de sou- mettre les substances minérales métalliques que l'industrie de l'homme va chercher dans les en- trailles de la terre, aux opérations chimiques qui doivent les amener à l’état convenable pour pou- voir les employer facilement dans les arts, on est souvent obligé de leur faire subir différentes pré- parations mécaniques préalables, qui sont le triage, le bocardage dont j'ai déjà parlé (voy. au mot Bo- can»), le Criblage, le Débourbage et le Livage, qui vont m'occuper ici; le Débourbage et le Criblage n'étant véritablement que des modes particuliers de Lavage, ou plutôt des opérations du Lavage lui- LAVA 366 même, je-n'ui pas cru devoir en traiter :séparé- | ; P FI} | ment. Ces différentes opérations. sont fondées sur la | différence de pesanteur spécifique qui existe le plus ! ordinairement entre les matières métalliques et les autres substances auxquelles elles sont souvent mélangées. Lorsque les substances exploitées n’ont pas une grande valeur et ne sont mélangées que de terre et d'argile, comme les mincrais de fer d’alluvion, qui alimentent une grande parlie, de nos usines à fer, les moyens employés pour leur épuration sont fort grossiers et fort simples. Sou- vent, et c’est une fort mauvaise méthode, le La- vage se fait à bras; les hommes chargés de ce travail placent dans une espèce de crible en forme de sébile une certaine quantité de la mine telle qu’on l’extrait des carrières; puis ils la plongent, en lui imprimant un certain mouvement plus ou moins prolongé, dans un bassin ou un courant d'eau, qui enlève les parties terreuses à mesure qu'elles se détachent de la mine ; d’autres fois le vase est suspendu par une corde ou une chaîne à l'extrémité d’une perche qui fait ressort, comme celle dont se servent les tourneurs pour imprimer le mouvement au tour, ce qui rend l'opération bien moins pénible pour les laveurs quai n’ont qu’à agi- ter la corde de manière à imprimer au vase le mouvement conyenable : quelquelois encore on jette simplement le minerai dans des bassins en bois ou en pierre traversés par un,courant d’eau, et les ouvriers se contentent de le remuer avec des räbles ou des pelles ; mais le plus souvent, et c’est le procédé le plus économique, on se sert pour effectuer le Lavage d’une machine appelée Pa- touillet, qui consiste en un arbre armé de bras et danses en fer, placé dans un bassin cylindrique en forme d’auge , qu’on remplit de mine, laquelle se lrouye agitée dans l’eau.qui coule dans le bas- sin par le mouvement de rotation imprimé à l'arbre , en sorte que celle-ci, en se rénouvelant sans cesse, entraîne les terres que le frottement ét le choc des bras de fer détache des grains de mine. Il arrive que quand les terres qui renferment la mine se réduisent facilement en poussière , on les laisse exposées quelque temps en plein air ; puis les mineurs profitent d’un moment où il fait du vent pour les lancer à la pelle aussi loin et aussi haut que possible ; alors le vent entraîne les ter- res , tandis que la mine , à cause de sa plus grande pesanteur, rétombe «et se trouve, après une, ou deux opérations semblables, suflisamment net- toyée. J'ai vu ce procédé employé par des mineurs, sur quelques points du département de la Nièvre. D’autres fois, au contraire, les fragmens de mine, comme dans certains minerais de {er hydroxidé en grains du Berri, se trouvent enveloppés d’une.pe- tite couche argileuse tellement adhérente, qu’on ne peut la séparer par le Lavage, cc qui appau- vrit nécessairement le minerai. M. Achille Dulau , directeur des établissemens de Fourchambault, a employé un moyen qui lui a bien réussi dans ce cas, c'est de faire d’abord subir à la mine un rique, au Pérou, au Mexique, à Buénos-Ayres, au Chili, etc. M. Mawe, dans son Voyage au Brésil, a décrit la manière dont s’y exploite l'or. Quand on peut se procurer un courant d'eau suflisam- ment élevé, on taille dans le gravier aurifère ap- pelé casalho ou cascalho par les Portugais, des gra- dins qui ont chacun vingt à trente pieds de long sur deux à trois de large, et un seulement de profondeur; sur chacun de ces gradins on place six à huit nègres qui, à mesure que l’eau descend doucement , remuent sans relâche la terre avec la pelle jasqu’à ce qu’elle soit toule convertie en boue liquide et entraînée plus bas. C'est dans Ja iranchée inférieure que les paillettes d’or s’arré- tent, en se précipitant au fond par le seul fait de leur plus grande pesanteur spécifique. Après cinq jours de Lavage, on enlève le sé- diment du fond de la tranchée ; il est presque noir et se trouve composé d’oxide de fer, de pyrites, de quartz ferrugineux et de paillettes d’or. On le transporte auprès d’un autre courant d’eau , pour lui faire subir un nouveau Lavage, pour lequel om se sert de sébiles ou gamelles en forme d’enton- noir, larges de deux pieds par le haut et de cinq à six pouces de profondeur. Chaque laveur, se te- nant debout dans le ruisseau , prend environ cinq ou six livres du sédiment aurilère dans sa sébile , y fait entrer une certaine quantité d’eau, l'agite avec adresse, de manière à ce que toutes les pail- lettes d’or tombent au fond et sur les parois de la sébile, en:se séparant des antres substances légères que l’eau.entraîne avec elle. On vide ensuite les gamelles dans une autre plus granile qui est rem- plie d’eau , et où l'or se dépose enpailleltes eten grains qui atteignent quelquefois la grosseur d’un pois. Le plaline se trouve aussi quelquelois mé+ langé avec l'or dans le casalho ; et,:comme on ne peut le séparer par le Lavage, on a mecours à l’amalgamation , qui consiste à placer tcesimiétaux dans du mercure, qui dissout l'or et-laisse4lespla- tiné. Le casalho contient aussi des diamans-et fort souvent des troncs d'arbres pétrifiés. On extrait les premiers également:par le Lavage. L'or charrié par beaucoup de rivières, parmi les: quelles on.en:compte plusieurs en-France, telles quele Rhône, leRhin, la Durance, la Garonne;etc., donne quelquefois lieu à uneexploitationtpar:La- vage; il provient lui-même de Lavageswmnaturels analogues, car les paillettestetiles grains d'or.que les rivières charrient et entraînent avecles sables sont Je résultat de la désagrégalion des roches qui les contenaient, par suite de l’action directe de l'eau ou seulement des agens atmosphériques ; des hommes qui s'occupent de cegenre d'industrie s’ap- pellent orpailleurs. Quelques mines d’étain-appar- tenant aux dépôts d'alluvion ‘s'exploilent encore me amas mms mans ann on mme om nn ÉD une nos OS Sn de Du à es es DAVA VON LANA quelquefois parle Lavage direct ; on enlève d’abord les banes d'argile, desable ou de tourbe qui re- couvrent les sables stannifères , par un travail de: terrassement en gradins scmi-circulaires qui ont Ja largeur ordinaire de lx vallée on du:hbanc mélal- difère. Les eaux, filtrant de toute la masse. du ter- rain , sont reçues, de deux en deux ou de trois en trois gradins, dans des rigoles horizontales qui les. empêchent de couler librement et de dégrader Youvrage; elles sont conduites par des rigolesin- clinées, garnies de planches et de gazons, jus- qu’au gradin inférieur, dans lequel se trouve une caisse longue où on les fait tomber en nappes, et dans laquelle se font le Débourbage, le Lavage et le Griblage de tout le sable stannifère. l La mine de Garclase dans le Cornouailles en An: gleterre, dont les filons oustockwerks fournissent ut-être le seul cas d’une exploitation de filons à ciel ouvert , offre un exemple assez remarquable dé ce genre d’exploitation directe par Lavage. MM: Dufrénoy et Elie de Beaumont, dans leur la manière suivante cette exploitation : La mine est située sur le flanc et presqu'au sommet d'une colline granitique, au milieu d’une bruyère in- culté; elle présente une excavation à ciel ouvert d'environ 300 mètres de long sur 120 de large ei 4o de profondeur. Ses parois ont pris; par suite des travaux d'exploitation et de l’action des agens atmosphériques, des formes hardies et bizarres, qui rappellent les ruines d’un édifice gothique ; où la formé de certains ravins creusés dans les dépôts de gypse des Alpes. Les eaux pluviales contribuent pour beaucoup à l'exploitation, en coulant sur les parois; elles enlèvent la surface äu granite tendre, déchaussent les petits filons qui le traversent, les font tomber par fragmens , et entraînent ces fragmens vers le bas: Le travail des ouvriers se réduit souvent à les y recueillir; Mais, dans beaucoup de cas, ils aident ou accé- Ièrént cette action au moyen de petits courans d’eau qu'ils amènent à travers la bruyère et qu’on fait couler sur le rocher, dont ils attaquent la sur- face avec le pie. Un courant plus considérable, ametié d’une assez grande distance, est introduit dans la mine, à peu près vers le milieu de sa hau- teur, À travers les flancs de la collinc, dans des tuyaux de fonte. > On le divise en deux autres qui sont conduits par de petits canaux, de manière à offrir des chutes successives, au moyen desquelles ils font tourner chacun trois roucs à augets, destinées à mouvoir autant de bocards à trois pilons. Ces bo- cards servent à pulvériser le minerai, qu'on lave ensuite dans des caisses placées à côté, en sorte que le minerai d'étain sort de la mine tout pré- paré; mais les graviers entraînés, étant encore mé- tallifères, sont soumis à une seconde opération. - Les eaux qui les entraîtient s’écou'ent par une galérie pratiquée au point le plus bas de la mine, et qui débouche, à plusieurs centaines de mètres, sur le flanc de la colline, formée en ce point de schiste argileux (Xillas). Elles déposent dans cette 19199 galerie , et dans,plusieurs bassins qui y sont. con- tigus,, les substances dont elles sont chargées. Ces, mätières, bocardées de. nouveau, puis lavées sur de larges tables , fournissent encore une quantité assez notable de schlich d’étain. (En métallurgie om donne le, nom de schlich anx minerais préparés mécaniquement.) Jen’ai parlé jusqu'ici que des. moyens les plus grossiers de Lavage et qui suffisent dans beaucoup de cas; mais quand les matières métalliques sont | précieuses, on est obligé d’avoir récours à d’autres moyens mécaniques plus perfectionnés, sans les- | quels toute k partie métallique, réduite en pous- | sière par le bocardage, serait souventperdue, Les schlichs et la bouxbe que l’on recueille dans les di- vers canaux'du labyrinthe qui termine les bocards | n’élant que très-incomplétement épurés, on les soumet donc, selon les substances, et leur plus ou | moins de valeur, à des méthodes différentes de | Lavage, dont. nous ne décrirons que les princi- | pales. Voyage métallurgique en Angleterre , décrivent de | L'opération dite du Criblage à la cuve se pra- tique en mettant dans un crible en-forme de tamis circulaire ou carré, oubien encore conique, comme aux mines de Poullaouen en Bretagne , la matière bocardée, que l’on plonge: ainsi rapidement et à plusieurs reprises dans une cave remplie d’eau, soit à bras d’hommé, soit à l’aide d’une bascule que fait mouvoir J'ouvrier. L'eau, entrant par le fond du vase, soulève les particules des matières qu'il contient el les laisse ensuite reposer dans l’ordre de leur pesanteur spécifique relative, de sorte qu'il devient facile d'enlever tout ce qui se trouve à la partie supérieure et qu’on rejette quand les matières sont trop pauvres pour être soumises à d’autrés opérations. Une autre sorte de Griblage s'exécute sur certains minerais, immé- diatement à leur sortie de la mine, à l’aide de grilles en fer dites grilles anglaises. Les minerais sont placés dessus, et, à l’aide d’un courant d’eau qu'on y amène, on les débarrasse des matières terreuses pulvérulentes et des plus petits morceaux, qui sont entraînés à travers la grille dans des bassins où le tout se dépose. Les laveries à gradins , en usage en Hongrie, ne sont qu'une extension des grilles anglaises; on place à la suite les unes des autres, et à différens niveaux, des grilles qui sont de plus en plus ser- rées, en sorte qu’il se fait sur chacune d’elles des triages particuliers qui se continuent Jusque dans le labyrinthe quiest destiné àrecevoir les eaux du Lavage. J'ai vu exécuter, il y aquelques années, le Dé- bourbage des minerais de cuivre carbonaté vert et bleu de Chessy (Rhône), d’une manière très-ingé- nieuse. Getle opération s’y exécutait à l’aide d’un cylindre en fer de deux pieds et demi de diamètre et long d’environ six pieds, composé de bandes ou douves en fer, cspacées de trois millimètres seule: ment ce cylindre était placé horizontalement dans une cuve d'immersion , où il recevait le mou- vement direct d’une roue hydraulique. L'on con- çoit que le minerai, plongé ainsi dans l’eau et rece- LAVA 368 LAVA vant un mouvement continuel au milieu du cylin- dre , où on l’introduisait par l’un des côtés, devait se débarrasser facilement des terres et des sables avec lesquels il se trouvait mélangé au sortir des travaux. Celte opération présentait une certaine analogie avec celle du blutage des farines. On faisait subir ensuite aux matières qui n’avaient pu s'é- chapper du cylindre un triage convenable, tandis que celles qui s’en échappaient tombaient d’abord sur une grille en fer, mobile, placée au dessous, et qui était destinée à recueillir les sables riches. Cette grille recevait, à l’aide d’un mentonnet, le choc continuel de douze petites lames placées sur le cylindre, et qui lui imprimaient un mouvement saccadé de va-et-vient assez précipité, lequel opé- rait un nouveau triage des matières. Celles qui passaient encore à travers cette grille se déposaient au fond de la cuve et étaient soumises ensuite à d’autres opérations de Lavage pour en extraire les particules métalliques les plus fines. Les opérations du Lavage des mincrais propre- ment dit consistent dans l'emploi des différentes espèces de tables : les unes, dites caisses allemandes ou à tombeaux, sont rectangulaires, ont neuf à dix pieds de longueur et un et demi à deux pieds de large; elles sont inclinées et aboutissent par leur extrémité élevée à une espèce de caisse dans laquelle on place les schlichs bocardés ; une nappe d’eau qui débouche en dessous sur la table lave le minerai à mesure que l’ouvrier l’y fait tomber, et l’entraîne vers le bas, tandis qu’il est occupé à le ramener continuellement vers le haut à l’aide d’un râble , de manière à ce qu'il n’y ait que les parties terreuses et les particules métalliques les plus fines d’enlevées. Les autres tables qu’on emploie successivement pour le même minerai , ou séparément pour les diverses espèces de schlichs, afin de séparer plus complétement les matières terreuses , ou laver les matières les plus fines qui auraient échappé aux autres opéralions, sont des tables immobiles dites tables dormantes et tables à balais, et des tables mobiles dites tables à secousse ou à percussion. Les premières sont construites à peu près sur les mêmes principes que les tables à tombeau ; elles sont seulement moins inclinées et plus lon- gues, et la nappe d’eau y est plus étendue et moins rapide. Dans les tables dormantes l’eau ar- rive, ainsi que le minerai, par une planche triangu- laire à rebords, qu'on appelle {a cour; elle est inclinée et armée de petits prismes pour diviser l’eau et les matières en aulant de filels séparés. Dans les tables à balais employées plus particuliè- rement dans le Hartz, le minerai, agité parun pe- uit moulinet dans un canal supérieur et entrainé par l’eau, arrive de la même manière sur Ja table, où un canal inférieur amène en dessous de Ja cour de l’eau pure qui achève de laver convena- blement les matières. :La table à secousse ou à percussion est suspen- due par les quatre angles au moyen de chaînes et de telle sorte que, dans les instans de repos , elle vienne appuyer contre la charpente de la tête, Un mécanisme simple imprime en avant à cette table un mouvement. doux d’impulsion, qui, ces- sant tout à coup, la laisse revenir subitement dans sa position première, où elle éprouve un choc violent contre des pièces de bois disposées à cet effet. Ges mouvemens contraires ont pour objet de séparer les parties terreuses qui pourraient être adhérentes aux parties métalliques, en leur com- muniquant, en raison de leur différence de pesan- teur spécifique , des vitesses inégales, en même temps qu’ils ramènent vers la tête de la table les fragmens les plus pesans. . Ordinairement le bocardage et le Lavage des. minerais s’exécutent sur les matières telles qu’elles sortent de la mine; cependant il arrive quelquefois qu'on est obligé de leur faire subir une calcination ou grillage préalable, qui a pour but ou de dimi- nuer la dureté de certaines gangues, ou de chan- ger l’état chimique de certaines substances miné- rales métalliques, comme les pyrites; ce qui ne s’exécute ordinairement qu'après le Lavage. Quand j'ai visité vers la fin de 1834 l’usine de Plons, près Sargans, canton de Saint-Gall (Suisse), on y gril- lait d’abord le minerai de fer hématite mangané- sifère, mélangé de pyrite et de quartz, qu’on y exploite, et que j’ai fait connaître ailleurs, avant de le bocarder et de le laver; puis ensuite on le soumeltait à l’action de la flamme du guculard pour le jeter rouge dans le fourneau, ce qui avait produit, à ce que me dit le propriétaire, une éco- nomie sensible dans le combustible. Enfin l’on fait encore subir souvent à de cer- taines substances, comme aux argiles, aux kao- lins, etc.. une espèce de Lavage destiné à les épu- rer ou simplement à en séparer le quartz et les graviers qui peuvent gêner dans les opérations auxquelles ces malières sont destinées. Cette opé- ration consiste à les délayer dans un bassin ou cuve, d’où l’eau les entraîne dans des bassins in- férieurs et placés en gradins à la suile les uns des autres. Là les particules se déposent dans l'ordre de leur ténuité relative. C’est ainsi qu’aux environs de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), j’ai vu qu’on opé- rait pour séparer les grains de quartz que renfer- ment certaines roches de kaolin qu’on y exploite, tandis que la matière terreuse s'échappe de la cuve avec l’eau, le quartz reste au fond de la cuve; on laisse évaporer ensuite l’eau des bassins pour en extraire le kaolin convenablement épuré. On trouvera aux mots M£TazLurGte, Mines, elc., d’autres détails sur les diverses autres préparations mécaniques et chimiques qu’on est souvent obligé de faire successivement subir aux minerais pour les amener à l’état de métal, sous lequel nous les voyons communément employés. (Tu. V.) i LAVANDE , Lavandula. ( 80T. pHAN. ) Chargé de rendre moins pénible à l’œil du voyageur les rochers stériles , pelés et noircis par les autans, le genre de plantes connues sous le nom de La- vande se glisse dans leurs fentes, dans leurs moindres interslices, pour en corriger l’âpreté moins par ses liges dures, ses rameaux grêles , ses feuilles étroites, presque sèches, d’un blanc cendré PL. 296 dl M q #< VD ral CE ge ta) AU Gn SE 0 LOS Le a Sie re Fe (@e' sed rer es cc A 1. Lavande 2.Lavatere. 3.Lavarets Æ. Cuërir dir LR LAVA cendré, que par les émanations balsamiques que sollicite, que dégage sans cesse un soleil ardent. Ces plantes font partie de la grande famille des Labiées et de la Didynamie gymnospermie ; elles présentent de petits sous-arbrisseaux à feuilles opposées, à fleurs formant épi, lesquelles sont composées d’un calice ovale , obscurément denté, muni d’une bractée ; corolle monopétale, renver- sée ; tube plus long que le calice; limbe à peine bilabié, à cinq lobes arrondis , inégaux ; quatre étamines didynames , portées sur des filamens courts , recourbés , renfermés dans le tube de la corolle , et terminés par des anthères petites , ova- les ; ovaire supère à quatre lobes du milieu des- quels s'élève le style, qui est filiforme et élève son stigmate bilobé au haut du tube. Au fond du calice persistant naissent quatre petites semences nues, ovales, arrondies, marquées d’un ombilic à leur base. Une douzaine d’espèces appartiennent à ce genre; elles sont toutes d'Europe et d'Afrique ; elles réussissent très-bien en France, et ont, dit-on , reçu leur nom botanique du mot grec La- bantida ( Ax6avru4 ), employé par Hesychius en parlant de l'Iphion de Théophraste (qui n’est point, comme on le croit, une espèce du genre dont nous nous occupons, mais bien le Lilium mar- tagon) ; il dérive plus certainement du gérondif du verbe latin Lavare, exprimant l'emploi que les an- ciens Romains faisaient des fleurs distillées de La- vande pour parfumer les bains et les eaux des autres ablutions. Ils se servaient de l'espèce com- mune , la Lavandula spica, que l’on appelle vulgai- rement Aspic et Espic , surtout dans nos départe- mens du sud-est, où celte plante abonde sur _}es lieux secs, arides, élevés. (7. notre Atlas, pl. 296, fig. 1.) On la cultive dansles jardins ; mais comme le sol y est trop substantiel, elle y devient plus belle, plus vigoureuse , beaucoup mieux nourrie ; elle ne tarde pas à dégénérer et veut être renou- velée tous les trois ou cinq ans. Quand on désire en extraire l’huile essentielle que contiennent non seulement ses fleurs, mais encore toutes ses autres . parties, les sommités particulièrement, il faut aller la cueillir aux expositions les plus chaudes , sur les roches brûlantes ; là seulement l’odeur est plus intense, l'huile beaucoup plus forte en quan- tité ét même en qualité. La LAvANDE commune forme de jolis buissons lorsqu'ils sont, de juin à septembre’, décorés de leurs épis fleuris ; elle s’élève à soixante-dix cen- timètres, quelquefois plus; son port élégant, ses feuilles d’un vert glauque ou cendré, générale- ment étroites, devenant larges , et revêtues d’un duvet blanchâtre dans la variété dite L, latifolia , ses fleurs bleuâtres, réunies au sominet des ra- meaux en un épi grêle, muni de bractées aussi longues que le calice rougeâtre qui les porte , lui donnent un aspect agréable. Quelques anteurs font de la variété ci-dessus nommée une espèce sé- parée ; je ne puis partager celte opinion : les ca- ractères qu’on lui attribue disparaissent, ses fleurs blanches reprennent la teinte bleue au moment T, IV, . 36g 287° Livraison. LAVA ” que la plante quitte les jardins pour remonter aux terrains qui l’ont vue naître. La médecine fait usage de la plante entière comme cordiale, cépha- lique, sternutatoire, carminative , et de son huile citrine , d’un goût âcre , qui contient beaucoup de camphre, et dont l’odeur très-pénétrante parti- cipe de celle de la térébenthine. Dans tous les vil- lages aux environs du mont Ventoux , département de Vaucluse, on s'occupe particulièrement de la récolte de la Lavande et de Ja distillation de ses fleurs; on en fabrique, année commune, de trois à quatre mille killogrammies, qui don- nent une valeur numérique de 18 à 20,000 francs. Ailleurs , cette huile est rarement pure ; le commerce Ja falsifie en y mélant des huiles grasses, de l’essence de térébenthine, ou en faisant infuser des fleurs du Zavandula spica dans ces huiles. On l’altère encore en y mélangeant de l'esprit-de- vin. Veut-on s’assurer de la fraude des marchands ? on reconnaîtra la présence des huiles grasses en en versant quelques goultes sur un papier blanc qu’on fait sécher à une chaleur modérée , l'huile essentielle s’évapore sans laisser ni tache ni transparence. L’odorat seul peut s’assurer si le mélange a été fait avec des huiles essentielles. Quant à l’alcoo] ou eau-de-vie blanche, sa pré- sence se dénonce quand on verse de l’eau pure dans le mélange : celle-ci devient laiteuse. Très-souvent les herboristes confondent ensem- ble le Gnaphale citrin, Gnaphalium stæchas, et la LavanDe DENTELÉE, L. stæchas, qui n’ont aucun rapport de famille ni de propriétés. La première de ces plantes est inodore, insignifiante, tandis que la seconde, connue et employée depuis la haute antiquité, est héroïque dans les embarras de l’organe de la respiration et dans l’oppression , et que l'huile essentielle , active , abondante, ob- tenue de ses épis de fleurs, est très-puissante contrelaparalysie,les affections hypochondriaques, l'épilepsie et Jes vertiges. La Lavande dentelée diffère de l'espèce commune par ses feuilles nom- breuses, dentelées, blanchâtres, à bords roulés, et par ses fleurs plus grandes, d’un violet foncé , par ses tiges un peu difformes , très-rameuses, et par ses épis denses, courts, carrés , terminés par un paquet de feuilles florales d’un pourpre Lbleuë- tre. Cette espèce, des contrées méridionales de la France, croît en Espagne, dans l'Afrique septen- trionale, en Italie, et aime de préférence les lieux secs. Elle est en fleurs depuis le mois de mai jus- qu'à la fin de septembre. Nous avons été demander aux Canaries une es- pèce fort jolie, la LAVANDE A FEUILLES D’AURONE , L. abrotonoides, dont la Lige carrée, velue, un peu ligneuse inférieurement, se divise en rameaux nus et verdâtres, avec des feuilles brièvement pétiolées , deux fois ailées, vertes, à folioles me- nues et décurrentes. Ses fleurs d’un bleu foncé , quelquefois violacées, sont rapprochées en épis courts, opposés par paire, et surmontés d’un épi terminal plus long, souvent tourné en spiraic. Cette plante se cultive en pot sous la température de Paris, où elle fleurit en juin et juillet; on la 47 LAVA rentre dans l'orangerie durant les pluies froides, ét surtout lors dé la”saison def frimas. | En Angleterre, on cultive en grand, comme branche dé commerce, la Lasande commune. On choisit , à cet effet, un lérrain sec, sablonneux, que l’on ameublit par des Jabouts et des binages multipliés, mais on ne le fume point. La graïne se sème très- clair au commencement du printemps, sur couche exposée au soleil levant, on couvre peu; la graine lève vingt ou trente jours après, ct lorsqu'elle a acquis la force nécessaire, on la transplante à trente centimètres de distance, en li: gnes éloignées d’un mètre les unes des autres. Nous pourrionsen France nous emparer de cette culture; elle convient à nos régions méridionales et y serait lus expéditive, plus productive. (Tea De LAVANDIÈRE. (os. ) On donne souvent ce bal aux espèces du.genre Hocne-queus. . ce mot. LAVARET, Coregonus. (porss.) Ces animaux, confondus parmi les Saumons on Truiles dans la méthode de Linné, sont maintenant réunis par Cuvier sous le. nom de Lavaret; on leur donne pour caractères génériques : bouche armée de dents très-fines et en marquant souvent tout-à-fait; dû reste ils ont la même structure de mâchoires , la même lêle, la même forme et la même organisa- üon que les Truites; leurs écailles, plus grandes, les en distinguent encore : d’ailleurs ils ont à peu rès les mêmes habitudes, êt leur chair est géné- ralement très-bonne. © Nous avons fait figurer, dans la planche 506, fig. 3, de ce Dictionnaire, une espèce de Lava- ret qui à recu de Linné l’épithète d’oxyrhynchus , parce qu’elle porte une proéminence molle au bout du museau. Nous devons encore citer le La- VARET VEMME , Salmo marænula , figuré dans l’ou- vrage de Bloch à la planche 28, fig. 2, quia aussi un caractère fort déterminé dans sa mâchoire in- férieure. qui dépasse la supérieure. On connaît en- core plusieurs espèces de Lavarets : l’une qui se distingue par un museau tronqué et une tête plus courte, et qui a réçu le nom de Salmo Vartmanni ; une autre est nommée Marène, par la singularité de son museau qui, quoique obtus, avance plus que la bouche. Onén cite quatre autres, mais ellesne dif- fèrent que par des caractères trop accessoires pour que nous puissions les mentionner ici. Enfin, tout récemment, M. de Joännis, officier dans la ma- rine royale, second du Luxor pendant son expé- dition en Egypte pour en rapporter le célèbre obélisque ; en a publié uné jolie petite espèce dans le Magasin de Zoologie, classe IV, pl. 7; c’est le Lavarer NILOTIQUE , C. niloticus, Joannis. Long de deux pouces, d’un vert jaunâtre en dessus, blanc argenté en dessous; le dos est parcouru par une ligne en zig-zag d’un brun verdâtre, et l’on voit sur les flancs , à partir de la dorsale, six ta- ches moins foncées de forme carrée. Les nageoires sont d'un transparent verdâtre. M. de Joannis a trouvé ce poisson dans le Nil, à Thèbes. On le prend l'hiver ct les Arabes le nomment Samak-el- Maleh. Nous l'avons représenté dans notre Atlas, pl. 206 , fig. 4. Pr ‘ ; 370 sis: LAVA LAVATÈRE , Lavatera, (por, man.) Ce nom est celui d’un médecin de Zurich, en Suisse , qui | s’est beaucoup éccupé de botanique, mais! que on connaît plus aujourd'hui pourson livre si sin- gulier et si remarquable sur la physiosnomonie, Jean-Gaspard Lavater, que j'ai en le plaisir de visiter neuf années avant sa mort, arrivée le 2 jan: vier 18o1, Ce genre fait partie de la famille des Malvacéeset de la Monadelphie polyandrie. Il est composé de plantes dicotylédonées, toutes sont herbacées, sous-ligneuses , s’élevant fort haut, garnies de poils étoilés lrès-nombreux , de feüilles altcrnes, lobées ou anguleuses, à fleurs blanches ou rougeâtres, le plus souvent axillaires , et pré- sentant les caraclèrés suivans : ealice double, persistant, monophylle , l'extérieur trifide , l’inté- rieur semi-quinquéfide ; corolle à cinq pétales en cœur, réunis à leur basé et attachés inférieurement au Lube formé par les filamens des élamines , les- quels sont réanis entire eux en une sorte de co- lonne , mais libres et distincts dans le haut; ces filamens portent des anthères arrondies; ovaire supère , arrondi, surmonté d’un style cylindrique, terminé par dix et jusqu’à vingt stigmates sélacés ; plusieurs capsules verlicillées autour dela base‘ da style, et prenant souvent la forme d’un turban, constituent le fruit; chactne d'elles renferme une seule graïne réniforme. On connaît vingt-cinq ou vingt-six espèces de Lavatères, que quelques botanistes divisent en quatre groupes auxquels ils donnent un nom particulier. S'ils croient ainsi mettre plus d'ordre et de lucidité dans la nomenclature , ilsse.tromc pent; ils ne font que la surcharger inutilement. Je ne m'arrêterai donc point à ces coupes malen- contreuses, et je parlerai du genre tel qu'il fut créé par Linné et adopté par de Jussieu. Plusieurs belles espèces sont indigènes à Ja France, les autres s’ÿ propagent de boutures, et de graines quand on les sème sur couches, La La- VATÈRE À FEUILLES POINTUES,, L, olbia, L., donne une tige brune, droite ,' haute d’an mètre et demi à deux, divisée en plusieurs rameaux char- gés de feuilles cotonneuses et blanchâtres , molles au toucher, ayantà leur aisselle de grandes fleurs solitaires , d’une couleur purpurine très-agréable, qui forment aussi par leur disposition au sommet de chaque rameau un long et bel épi terminal, tout épanouï durant les mois de mai, juin, juillet et août. Gette espèce abonde particulièrement aux environs de la ville d’'Hyères ; département du Var. Dans nos contrées septentrionales, elle demande une terre chaude, peu forte, ayant da fond ; c’est un ornement pour les jardins, mais elle n’y conserve ses agrémens que pendant'trois années. Elle est représentée en l’Atlas de ce Dic- tionnaire , pl. 296 , fig. 2. Aux environs de Montpellier, nous avons la Lac VATÈRE A TROIS LOBES, L. triloba, remarquable par ses pétales légèrement empourprés avec des lignes longitudinales plas foncées ; dans le :voisi- nage de la Méditerranée, Ja Lavarène mantrme , L, maritima , dont les fleurs se:montrent deuxen2 18 + 5 L LAVE £ 371 LAVR semble à l’aisselle de fenilles d’un vert grisâtre, formant l’entonnoir, comme celles da Geranium cucullatum, Dans quelques localilés de nos départemens du midi, nous possédons encore la superbe Lavarènre A GRANDES FLEURS, L,-trimestris, qui forme un buisson ouvert , décoré de feuilles alternes d’un vert gai, de très-belles fleurs rose-foncé , quelque- fois couleur de chair, avec des veines d’un pourpre vif, d’autres fois blanches entièrement, ou bien sillonnées par des veines purpurines. Les amateurs recherchent avec empressement da Lavarère A FEUILLES D’ÉRagze, L, acerifolia, originaire des îles Canaries, qui fleurit sous la zône de Paris, en août et septembre, mais qui demande à rentrer dans l’orangerie aux premiers indices du froid. Gelte jolie plante se marie agréa- blement avec la LAVATÈRE arBor£e, L. arborea, de la Corse, de: l'Italie et non pas d'Angleterre, comme on l’a dit; les feuilles éparses , à sept lobes et d’un vert léger de la première contrastent d’une manière fort pittoresque avec celles si grandes, et presque veloutées de la seconde ; les grandes fleurs blanches , lavées de rose, avec une grande tache purpurine de l’une, unies aux fleurs petites, vio- dettes ct trois à quatre ensemble de l’autre, pro- duisent un très-bel effet en juillet et août, quand elles sont épanouies. (T. ». B.) LAVE. (mn. et ator.) Ge nom, qui vient pro- bablement du mot allemand laufen (couler), s’ap- plique à toutes les substances minérales en masse, c'est-à-dire en roche, qui sont rejetées par les vol- cans dans un état de liquidité. Sept roches prin- cipales se rangent parmi les Laves : ce sont le Basalte ou le Basanite, comme M. Alph. Bron- gniart a proposé de l’appeler, la #acke ou le W/ackite, la Leucostine, la T'éphrine, la Puinite, la Stigmile et la Pépérine; quelques auteurs y ajoutent les cendres ou rapilli que l’on distingue en Cnérite, Spodite, Thermantide, Gallinace, eic., et les Sphérolithes où Bombes calcaires, masses globuleuses creuses, presque entièrement compo- sées de carbonate de chaux, que le Vésuve lance quelquefois, Chacune de ces roches a sa place marquée dans ce Dictionnaire, suivant l’ordre alphabétique où son nom la place. Quant aux différens phénomè- nes que présentent les Laves, principalement lors- qu'elles: sortent dés entrailles des volcans, nous pensons qu'ils acquerront plus d'intérêt en les groupant avec tous les autres phénomènes volca- niques à l’article Vorcan. F Nous ferons seulement remarquer ici que, dans cerlaines provinces de France, et principalement dans la Bourgogne:et la Franche-Comté, on donne improprement le nom de Lave à:un calcaire de l'époque secondaire qui se dilate en plaques assez minces pour être employées en place de tuiles à couvrir les habitations.” (d. IL.) LAVES. (céor. Arrr1Q.) On donne dans plu- sieurs provinces de France le nom de Laves à di- verses substances qui ne sont rien moins que vol- Caniques , par exemple à des roches schistoïdes et tégulaires, susceptibles d’être employées à la. cou- verture-des maisons. Ainsi, dans les Ardennes et le nord de la France, et même dans le Berri ct la Nièvre, on appelle Laves certaines parties com- pacles et quelquelois sonores des calcaires juras- siques qui, se divisant en plaques assez minces, y sont exploitées pour servir à la couverture des maisons dans les campagnes. Dans, la Franche- Comté on donne aussi quelquefois le nom de Laves aux parties schisteuses des calcaires de Ja formation jurassique ; mais la roche à laquelle on y donne ; comme dans les Vosges, ce nom par excellence, est du grès bigarré très-micacé, le- quel présente sur quelques points des strates fort minces qui fournissent des plaques très-régulières el aussi unies que les ardoises, en sorte qu’on en fait des couvertures. aussi régulières et aussi légères qu'avec de la tuile, ce qui n’a pas ordi- nairement lieu avec les calcaires qui se divisent presque toujours très-irrégulièrement. En Espa- gne, en Italie, en Grèce, en Asie même, nous avons eu occasion de yoir, souvent des roches tégulaires employées à la couverture des maisons et quelquefois même des églises; mais en, gé- néral ces. matières, qui en raison de leur plus ou moins d'épaisseur sont d’un trop grand poids, exposent les constructions à des éboulemens fré- quens, Tout le monde connaît l’usage que l’on fait à Paris des véritables Laves volcaniques de Volvic en Auvergne, pour le dallage des trottoirs; cétte roche, d’une teinte lie de vin foncée , est très-te- nace, très-poreuse et par conséquent très-légère,,. mais elle n'offre pas une résistance assez, grande; aussi pensons-nous que l'emploi de celte walière, qui s’est beaucoup généralisé depuis l’administra- tion de M. Chabrol de Volvic, ne tardera pas à ire abandonné pour être probablement remplacé par un dallage très-curieux, très-élégant et qui paraît devoir présenter beaucoup de.solidiié et de résistance, c'est celui qui résulle de l’emploi du bitume asphalte des mines de Seyssel, départe- ment de l'Ain, dont il a été fait des applications très-heureuses sur le pont Royal d’abord, puis sur le pont du Carrousel et dans quelques passages, et que l’on commence à employer pour les bas cô- tés des boulevarts. Outre les avantages que ce procédé nous semble présenter, ilauraencore celui de procurer une grande économie à la ville de Paris. (Tu. V.) LAVETTE ou LAYETTE. (ois.) Noms vulgai- res de l’Alouette commune dans quelques pros vinces méridionales de la France. (GuËr.)} LAVIGNON, Lavignonus. {mozz,) Nom em- -prunté des pêcheurs de nos côtes et proposé par Guvicr pour désigner un sous-genre de Mactres. Deshayes pense que, cette coupe devant être con- servée, il vaut mieux la considérer comme un sous-genre des Myes de Lamarck, Woy. Mxe. (F.F.) LAVRADIE, Lavradia, (nor. nan.) Sous ce nom générique, Vellozo.a décrit, dans la Flore portugaise et brésilienne, une plante de la Pen- LAZU 372 LÉBI landrie monogynie, qu’il a caractérisée d’une manière assez obscure pour que la plupart des bo- tanislesse soient mépris sur ses aÎMinités ; et, comme il arrive souvent, on y attachait d'autant plus d'importance qu’on la connaissait moins. Depuis, dans son Voyage au Brésil, M. Auguste Saint-Hi- laire a retrouvé la plante de Vellozo, avec quel- ques nouvelles espèces, et les a décrites avec le plus grand détail dans les Mémoires du Musée, tome XI; rous y renvoyons, pour n’extraire ici que les caractères succincts du genre. D’après M. A. Saint-Hilaire, les Lavradies ap- partiennent à la petite famille des Frankéniacées , où, avec les genres Luxemburgia ct Sauvagesta, elles forment un groupe à la suite des Violacées. Ce sont des sous-arbrisseaux très-elabres, ayant des feuilles simples, courtes, pétiolées, munies de stipules géminées, ciliécs et persistantes. Leurs fleurs sont blanches ou roses, toujours accompa- gaées de bractées, axillaires ou terminales, dis- posées en grappes, rarement en panicules. Elles présentent un calice à cinq divisions profondes, étalées et persistantes; une corolle inférieure de cinq pétales hypogynes, égaux, ovés ou ovales- lanctolés , très-ouverts, caducs; une corolle inté- rieure monopétale, persistante, ovée, conique, dentée au sommet , insérée sur une espèce de gy- nophore; cinq étamines pareillement insérées, ayant leurs filets très-courts, leurs anthères ellip- tiques , biloculaires, déhiscentes latéralement par une suture longitudinale; un ovaire supère, tri- loculaire dans sa partie inférieure, portant un style et un très-petit sligmate; une capsule enveloppée par le calice et par la corolle iutérieure (à laquelle les étamines restent attachées), ovée-aiguë , unilo- culaire et vide vers son sommet , triloculaire infé- rieurement par l’introflexion des trois valves, polysperme; graines disposées sur deux rangs, composées d’un tégament crustacé, d’un péri- sperme charnu et d’un embryon droit. Nous nous permettrons ici une courte observa- Un : au lieu d'admettre une corolle intérieure monopétale, disons : les filets des élamines sont dilatés et soudés à leur base en une sorte d’urcéole denté au sommet. Remarquons de plus que la capsule est en réalité uniloculaire ; et, ainsi consi- déré, le Lavradia perd l'aspect étrange qui le sé- pare des autres Violacées. Les cinq espèces de Lavradie décrites par M. Au- guste Saint-Hilaire sont : d’abord celle de Vellozo, Lavradiu Vellozii; ensuite le L. elegantissima, que M. Saint-Hilaire avait primitivement considéré comme un Sauvagesia (l'absence des filets hypo- gynes adjoints aux pétales extérieurs, la ‘forme lancéolée de ceux-ci, et le contour elliptique des anthères distinguent le Lavradia); enfin les L. eri- coïdes, capillaris et glandulosa. Toutes ces plantes croissent au Brésil, (L.) LAZULITHE. (in. ) Ce nom , ainsi que ceux de Pierre d'azur, de Bleu d'azur et d’'Azurite , ont été donnés à différentes substances d’une belle couleur bleue. Quant au mot Lazulithe, comme il s’appliqae à la fois au minéral appelé Haüyne, à la Klaprothine et à celui que l’on nomme Outre- mer, il devient inutile dans la nomenclature et doit même en être banni pour éviler toute confusion, et quelquefois même des erreurs. J, H. LEADHILLITHE. ( mn. ) On a M ke, à de celui d’une localité où on la trouve, à une sub- stance composée de 72 à 73 parties de carbonate de plomb et de 27 à 28 de sulfate du même mé- tal. On l’a appelée aussi Plomb carbonaté rhom- boëdrique et Plomb sulfo-carbonaté. Cette espèce minérale, différente de la Lanarkite par les pro- portions dans lesquelles se trouvent le carbonate et le sulfate de plomb, cristallise aussi dans le système rhomboédrique. Sa couleur est verdâtre, jaunâtre ou brunâtre. C'est à Leadhills en Ecosse qu'elle se trouve. (J. H.) LEBERERZ. ( mix. ) La plupart des minéralo- gistes allemands donnent ce nom à une variété de mercure sulfuré qui se rapproche beaucoup du cinabre biluminifère. (J. H.) LEBERFELS. (mn. ) Nom que les Allemands donnent à une sorte de trapp pénétré d’oxide de fer. . (FE I) LEBERKISE. (lui. ) Le'minéralogiste allemand Werner a donné le nom de Leberkies , en français Pyrite brune, à un sulfure de fer magnétique ; M. Beudant l’a francisé pour désigner par un seul mot la même substance que les minéralogistes français appelaient depuis long-temps Pyrite ma- gnétique, Pyrite hépatique et Fer sulfuré magné- tique. La Leberkise cristallise en prismes hexagones ; on la trouve aussi lamellaire et même compacte. Elle se compose d'environ 40 pour 100 de soufre et de 6o de fer. Elle forme des nids dans le mi- caschiste , et dans les roches calcaires les plus an- ciennes. (3. H.) LÉBIAS, Lebias. (poiss. ) Cuvier a formé ce sous-genre pour réunir quelques espèces qui res- semblent presque en toutes choses à celles qui composent le grand genre Cyprin de Linné, excepté qu'elles ont cinq rayons aux branchies et que leurs dents sont dentelées. Les habitudes des Lébias sont très-douces ; elles sont même stupides, car ils n’ont guère d’autre instinct que celui qui les porte à se nourrir, à se reproduire, et à se met- tre à l’abri des dangers qui les menacent; du reste, ils ne font preuve d'industrie dans aucune circonstance de leur vie, Ce sont de très-petits poissons que l’on rencontre dans les eaux douces d'Amérique. C'est ici le lieu de mentionner deux espèces de ce genre, le Lébias rhomboïdal et le rayé, ani- maux analogues aux Cyprins par la position de leurs ventrales suspendues sous l'abdomen en arrière des pectorales , et probablement aussi par leurs habitudes. La première de ces deux espèces qui se présente à notre examen est le Lésras RuouBoïnaz, Lebias rhomboïdalis, figuré à la pl. 297, fig. 2 de notre Atlas. Ajoutons à ce que nous avons déjà dit plus haut, que l’on trouve ce poisson dans les eaux e NO msn. nv à AD gro diner or ut ne D nn eut vs md sé-der à 2 dès È À F CAPE, ee OPA à mul ee » WAR) Ale) 708 Dre À pe mpèntentte one + Aafpdige or ls à : 4!'41 8m qe e DA AIME TS 12 sx 0 y Er SW x AP dTER 1 2. Lebias 3. Lebie 4. Leeyihis LE Guérin di LÉCA 373 LÉCY 22 0200 I EE EI douces d'Amérique , que son corps est large, sans taches, d'une couleur moins riche que celle du Lébias rayé ; le grisâtre dont elle se compose se marie agréablement avec les teintes plus foncées -qui serpentent ou plutôt ondulent sur la surface supérieure de son corps;.sa queue est presque fourchue, son dos est élevé, et sa nageoire anale est plus près de la queue que la dorsale; enfin ses mâchoires sont garnies de grandes dents sur une seule rangée. Le L£pias RAYÉ , Lebias fasciatus (Atlas, pl.297, fig. 1). Les mers d'Amérique sont également] le séjour de ce Lébias; comme presque tous les poissons des contrées équinoxiales, il a des cou- leurs assez agréables. Son corps est cylindrique, un peu comprimé en dessous; sa nageoire caudale est rectiligne ou arrondie, sa tête est déprimée, l'œil petit, l’ouverture de la bouche également petite. Sa couleur générale est brune, avec dix ou douze bandes transversales et régulières d’une nuance blanchâtre, d’où luiest venu le nom de Lé- bias rayé. Ces deux espèces sont décrites et figu- rées par M. Valenciennes, dans les Recherches sur les poissons fluviatiles de l'Amérique équinoxiale. D (Azur. G.) LÉBIE, Lebia. (ins.) Genre de’ Coléoptères de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Garabiques, établi par Latreille dans sa division des Troncatipennes; il a pour caractères : palpes externes terminés par un article ovoïde!', ironqué au bout; les quatre premiers articles des tarses presque triangulaires, et le quatrième bifide; corselet plus large que long, lobé à son bord pos- -térieur sur une parlie de sa largeur. Les Lébies sont de jolis petits insectes dont plusieurs sont pro- pres à notre pays; leur tête est triangulaire avec les yeux saillans ; les antennes sont plus longues que la tête et le corselet ; celui-ci est en forme de cœur tronqué vers la pointe, il forme à cet endroit deux angles aigus, entre lesquels il se prolonge de la largeur du point d'attache des élytres ; les élytres sont beaucoup plus larges que le corselet, et vont encore en élargissant jusqu’à leur extré- milé qui ne recouvre pas entièrement celle de l'abdomen. On trouve ces insectes sous les pierres et aussi quelquefois sous les écorces des arbres. L. némonnnoïnaze, L. hemorrhoïdalis, Fab. Longue de deux lignes, fauve rougeâtre; yeux, ély- . tres, excepté une bande transverse, l'extrémité des méso et métathorax noirs ; les élytres sont siriées et offrent deux points enfoncés en partant de la suture. Moins commune que la précédente, on la trouve sur les feuilles des arbrisseaux, Nous l’a- ons représentée pl. 297, fig. 3. (A. P.) LÉCANORE, Lecanora. (mor. cnxrr.) Lichens. Genre établi par Fée avec les caractères suivans : thalle crustacé , tartareux ou lépreux, sous-carti- lagineux , uniforme , avec ou sans limites'; apothé- cion orbiculaire, épais, sessile, marginé ; disque ‘plane, convexe ; marge discolore ; lame proligère et colorée. "Les Lécanores croissent sur les murs, les pier- ves, les rochers, les parois des réservoirs, les vieux bois, quelques feuilles vivantes, etc., etc. Sur les cent cinquante et quelques espèces connues, un tiers à peu près se trouve en France; les autres habitent Cayenne, l'Amérique, etc. (F.F.) LÉCANORÉES. (mor. cavrr.) Lichens. Tribu établie par Fée pour les Lichens à apothécion pa- tellulé, sessile, muni d’un rebord et d’une lame proligère colorée, etc. Les genres Myriotrema, Urceolaria, Echinoplaca et Lecanora constituent la tribu des Lécanorées. (F.F.) LÉCHEGUANA. (rns.) Les Brésiliens donnent ce nom à une Guêpe qui se trouve dans leur pays et au Paraguay , et dont le miel a quelquefois des propriétés délétères. M. Auguste de Saint-Hilaire, qui à failli être empoisonné par ce miel, donne les détails de cet empoisonnement dans son voyage au Brésil ; mais il a négligé de rapporter la Guêpe, et, d’après la description qu’il en a faite, on peut présumer que c’est une espèce nouvelle du genre Poliste fondé aux dépens des Guëépes. Latreille lui a donné le nom de Polistes lecheguana. W. Po- LISTE. (GuËn.) :! LÉCIDÉE, Lecidea. (mor. cnyrr.) Lichens. Genre fondé par Acharius avec les caractères sui- vans : réceptacle universel, variable crustacé, étendu, attaché, uniforme, non figuré, foliacé, stuppeux ; réceptacle partiel sculelliforme, ses- sile, recouvert par une membrane cartilagineuse; disque marginé. Fée, qui a fait de ce genre le qua- trième de son groupe des Lécanorées, ne considère comme Lécidées que les Lichens à thalle difforme, et dont l’apothécion patellulé est muni d’une marge de la même couleur que le disque. Les Lécidées naissent sur les écorces , les vieux bois, les pierres, la terre humide, etc.; leur thalle est fort variable, et leur consistance plus molle que celle des Lécanores. Comme espèces nous citerons : 1° la LécInÉE AURIGÈRE, Lecidea aurigera, dont le thalle est membraneux, cendré, brun sur ses bords, cou- vert {de tubercules ovoïdes lisses, et d’un jaune doré dans son intérieur ; dont les apothécions sont noirs , épars, ronds et souvent difformes, le dis- que concave, un peu plane, nu, elc., et qui vit sur les écorces du Quinquina del Amérique du sud. 2° La L£cw£ée ne Du Perir-Tnaouars, Lecidea T'houarsit, qui incrusle les mousses et les fougères des genres Trichomanes et Hymenophyllum, que l'on trouve dans les lieux montagneux de Masca- reigne. Le thalle de-cette espèce est sous-orbicu- laire, mollasse, à laciniures arrondies et incisées, crustacé vers 12 centre, stuppeux vers ses extrémi- tés, roussâtre; les apothécions sont globuleux, difformes , rougeâtres , immarginés. (F.F.) LÉCIDÉES. ( nor. cayrr. ) Lichens. Fée a dé- signé ainsi le deuxième sous-ordre de la famille des Lichens gastérothalames ( Lichens à apothé- cions ventrus ou bombés ) de la méthode propo- sée par Fries. Les Lécidées renferment les Tra- chylia, Lecidea, Opegrapha , et Gyrophora. : ; (EF. F.) ” LÉCYTHIDÉES, Lecythideæ. ( 80. pxax. ÎLe professeur Richard a institué sous ce nom une pc- LÉCY 354 tite famille de plantes voisme des Myries et dés Mauves , ayant pour type le genre Lecythis, ‘avec lequel il groupe le Couroupita, le Couratart, le Périgara et le Berthollètia. M. De Gandolle, adop- tant cette réunion, proposa d'admettre les Lécy- thidées comme tribu de la grande famille des Myr- tacées , seulement il en retranche le genre Peri- gara, qu'il adjoint à ses Barringtoniées. Les différens végétaux ainsi rapprochés offrent une assez grande complication: d'organes ; leur fruit surtout varie presque pour chaque espèce. Considérés sous-le point de vue le plus général, ce sont des arbres ou arbrisseaux originaires de l'Amérique équinoxiale ; leurs feuilles sont alter- nes, non parsemées de points glanduleux comme les Myrtes ; leurs fleurs naissent en grappes axil- laires et terminales. Elles ont pour caractères ‘un calice à quatre ou six divisions ; une corolle de quatre ou six pétales soudés latéralement ; un très- grand nombre d’étamines monadelphes , réunies en anneau très-court d'un côté , très-long et très- épais de l’autre ; un ovaire adhérent au calice par ses deux tiers inférieurs; un seul style, court et épais, terminé par un stigmate lobé ; une capsule ligneuse, souvent d’un volume considérable , à deux , quatre ou six loges contenant chacune une ou plusieurs graines. Nous renvoyons aux articles Couroupita, Coura- tari, Perigara et Bertholletia pour l'organisation du fruit de chacun de ces genres, nous réservant seulement de donner ici une description plus dé- taillée du type de la famille. (L.) LÉCYTHIS, (nor. pnan. ) Ce genre, appelé Quatela par quelqnes auteurs , se compose de huit à dix espèces d'arbres et arbrisseaux, tous ori- ginaires de l'Amérique équinoxiale ; à l'exception d’un seul, qui croit à Madagascar. Ils ont des feuilles allernes et persistantes, très-entières, non parsemées de points. glanduleux ; des fleurs de couleur blanche ou purpurine souyent très-gran- des, disposées en grappes simples ou rameuses à J’aisselle des feuillés ou an sommet, des rameaux. Ces fleurs présentent pour caractères : un calice turbiné, adhérent à l'ovaire, partagé en six divi- sions étroiles; une corolle de six pétales un peu inégaux , soudés ensemble par leur base ( au moyen des filets staminaux }, et représentant ainsi une corolle monopétale rotacte; un très- grand nombre d’élamines monadelphes, réunies en un urcéole circulaire, qui, déjeté d’un côté en une languette large et concaye, a toute sa face supérieure garnie d'anthères presque sessiles, à sommet découpé; un ovaire semi-infère, à deux, quatre ou six loges, chacune ne contenant ordi- nairement qu'un ovule; un style court, épais , terminé par un stigmate lobé; une capsule li- gneuse, oyoïde, déprimée, s'ouvrant en forme de boîte ou pixide vers son tiers supérieur; graines avoïdes, à épisperme membraneux. L’amande de ces graines, dit M, Richard , est un corps charnu tellement solide et homogène , qu'il est extrêmement difficile d’en distinguer les deux exlrémilés, c'est-à-dire de reconnaître la nation, un des bouts forme d'abord une petite protubérance qui, après avoirrompu l’épisperme, -se prolonge ensuite en racine; l’autre donne naïis- sance à une gemmule écailleuse , qui, en se déve- loppant , forme la tige. L’embryonet la radicule semblent donc se confondre ici en uw seul corps , comme on le voit aussi dans l’amande du Pekea. Les Lécythis n’offrent guère d'intérêt, et se perdent en quelque sorte dans la végétalion si variée de l'Amérique méridionale. Leurs fruits, non moins durs que volumineux, servent de tasses et de vases qu’on appelle plaisamment Marmites de singe. Nous avons représenté dans notre Atlas, pl 297, fig. 4, le Lecythis grandiflora; 4 a sa fleur; 46, 4c, son fruit. (L.} LÉDON et LÉDIER, Ledum. (807. pan) Deux seules espèces indigènes, aux régions boréa- les de l’un et l’autre hémisphère, constituent jus- qu'ici ce genre de la Décandrie monogynie. Sa placé dans la méthode dite naturelle est un objet de contestation parmi les botanistes ; les uns l’in- serivent, avec de Jussieu, dans la . famille des Rhodoracées ; les autres dans la famille des Eri- cinées ; les troisièmes, adoptant l’avis de Loiseleur Deslongchamps, la classent auprès des Saxifra- gées et en font une famille particulière , avec d’au- tres genres, sous le nom de Pynoz£es ( voy. ce mot ). Quand on examine la corolle polypétale du Lédon, on sent bien qu'il ne peut demeurer dans les deux premières familles , et l’on croit: à Ja né- cessité du changement proposé; la famille natu- relle de ce genre est donc celle des Pyrolées. On cultive en pleine terre, dans les:lieux frais, humides, et dans les situations ombragées, les deux Lédons; ce sont de fort jolis sous-arbris- seaux, exhalant uve odeur agréable, que l’on maul- Liplie de préférence par marcottes-et par leurs re- jetons parfaitement enracinés ; en février plutôt qu'en automne. Le L£pon A FEUILLES ÉTROITES , L. palustre , vit dans les marais du vord de l’Eu- rope ; il est rameux, diffus, couvert d’un duvet roussâtre ; ses feuilles velues et couleur de rouille en dessous, linéaires , oblongues et très-rappro- chées, servent quelquefois à remplacerleHoublon dans la fabrication de la bière. Ses fleurs blanches forment nne ombelle terminale , épanouie cn avril et mai. Le Lépon À LARGES FEUILLES, L. latifo - lium , forme un large buisson, régulier, arrondi , haut d’un mètre, revêtu d’une écorce brunâtre , avec feuilles ovales, d’un vert noiren dessus, jau- nâtres en dessous, et un peu velues; ilest origi- naire de la baie d'Hudson, du Labrador, du Groënland, et vit en bon allié dans nos. jardins depuis environ quatre-vingts ans, quand on a soin de l’abriter contre le soleil et les séche- resses trop prolongées. On en voit le portrait en notre Atlas, pl. 298, fig. 1; 1 a, sa fleur; 1 b sa feuille. Ce végétal élégant est tout couvert de fleurs blanches au printemps : elles durent près d’un mois entier, et sont rassemblées , une trentaine. ensem- ble, en an corymbe d’an aspect fort agréable. Dans sa patr'e, les feuilles se recueillent avec soie pour LÉDO FU radicule et le corps cotylédonaire : par la germi- : LL .298 fu D AILE * 1, 07 2 rt Zu SZ BAS LP] CA AS À « AY 2. Ledon. 2.Ledre 3. Lemmine Le Æ Cuerin dir. LÉÉL ELE LÉGU servireninfüsion théiforme côntre a 1oux convul- sives les maladies cutanées, lesrhumatismes chro- niquess Cette infasion à une saveur astringente et aromatique. On l’accuse d’exciter une faim dévo- rante : avis aux gourmands qui gémissent de voir leur estomac ne pas toujours répondre à la voracité de-leurs yeux. La fleur, examinée de près, offre dans da disposition du style quelque chose de sin- gulier ; placé au centre de cinq à dix étamines , ct partant du sommet d’un ovaire ovale d’un vert foncé et parsemé de points roux se montre cy-: lindrique, tronqué , dans une direction tont-à-fait oblique, et terminé par un stigmale à cinq lobes. L'usage que l’on fait des feuilles de .cette espèce lui à valu le surnom de Thé du Labrador. On avait rapporté à ce genre, sous la dénomi- nation de ZLedum thymifolium, une plante ‘des lieux: bas et humides de la Caroline ; mais Persoon l’en-à retirée pour en constituer un genre particu- lier qu'il appelle Leiophyllum , sa capsule :s’ou- vrant par le haut ,et non pas à la base, comme chez lès vrais Lédons ; ses fenilles sont lisses en dessous, tandis qu’elles sont tomenteuses dans les Lédons. (T.». B.) “LÈDRE ; Ledra. (is. } Genre d'Hémiptères de la section des Homoptères, tribu des Membraci- des , établi par Fabricius , et offrant les caractères suiwans{: tête large ;| formant en avant un, demi- cercle foliacé: ocelles situés sur le milieu du dis- qüe de latête; antennes insérées en dessous, plus haut que la ligne supérieure des yeux, de trois articles , dont les deux premiers presque égaux ; unécusson distinct-entre les élytres; rostre court, joignant intimement la poitrine. -Lxpre À oRgiLLEs , LA aurita, Linné. Long de sept lignes; vert-grisâtre, marbré de jaunâtre , avec quelques nervures plus brunes. Cet insecte singulier a le corselet élevé, retombait sur le devant :>des deux côtés de son élévation se dres- sent deux appendices foliacés posés dans le sens de la longaeur de insecte , plus que demi-circulaires, avançant un peu -du côlé de la tête, légèrement dentelés sur les bords; son écusson est grand , et comme formé de deux lobes; les ‘élytres sont disposées en toit, arrondies à leur extrémité ; la tête, très-déprimée , est aussi large que le corselet et s’avance horizontalement de sa partie la plus basse; les yeux sont situés sur les côtés, et le cha- perôn s’avance au devant d’eux , d’abord enligne droite , pour s’arrondir ensuite; les tibias posté- rieurs, beaucoup plus longs que les précédens , sont bordés d’une membrane dentelée au côté externe; le tarse est court , et le premier article est plus long que les autres; l'abdomen paraît con- * caveen dessous, à cause de ses flanicsqui retom- bent à droite et à gauche. On trouve cet insécte surle chêne, aux environs de Paris. Il est repré- senté dans notre Atlas, pl. 208, fig. 2. (A. P.) : LÉÉLITHE, (mix. )Substance rouge , com- pacte; à cassure conchoïde esquilléuse, transpa- rente sur les bords. Elle est composée de 75 par- ties de’silice ; de 22 d’alumine, ct de. 2 à:3 d’oxide de mangaaèse. Elle n’a encore été trouvée :que: | yraf dans.les mines des environs de Grythitta, dans la préfecture d'OErebro en Suède. (d, H.) LÉGUME, Legumen.{ xemet. nor. ) On entend vulgairement par Légume Jes diverses sortes de plantes potagères ; on va plus loin.encore dans un grand nonibre de localités, on y comprend toutes celles cullivées pour leurs semences, pourvu ce- pendant que celles-ci n’entrent point dans la fa- bricalion du pain. L'abus du mot n’est pas ré- cent, puisque nous le retrouvons chez les vieux Grecs et chez les Romains , qui confondaient. ces mêmes végétaux sous la dénomination de iyævoy et de olus (voy. au. mot OL£nacé); mais son antiquité ne le légitime pas plus que l’usurpation ne légitime la jouissance actuelle, Dans quelques départemens où l’instructiomise fait jour à travers l’épais brouillard della routine, et où les idées s’éclairent aux raÿons d’une prati- que raisonnée ; on commence à dimiter Ja valeur vulgaire du mot Légume aux végétaux qui sont pour l’homme de véritables alimens ; c’estun pre- mier pas important. Ainsi on ne l’applique plus à la Capucine ; au Gerfeuil:, à l'Estragon, au Per- sil, etc: , quiviennent , comme simple surcharge, ajouter à la saveur des mets, D’un autre côté , on: continue à l’étendie non seulement änx racines , telles que la Belternare , la Garolté, l'Ognon, le Panais, le Salsifis, etc. ,. mais. encore à. de simples herbages, tels que l'Asperge, l’Epinard , la Lai- tue, la Miche, l'Oseille, le Pourpier , etc. IL serait urgent que Ja science triomphât de celle triste confusion, et que, pour éviter tout non-sens, toute équivoque, elle amenât à-réserver le mot Légume au fruit des Légumineuses propre-: ment dites. (T. ».B.) LÉGUMINEUSES, Zeguminosæ. ( B0T. pHAN. et aGn. } Grande famille de plantes dicotylédo- nées, d'autant plus intéressante qu’elle offre à la botanique de curieux phénomènes à étudier, à l’é- conomie rurale et domestique, aux artset à laphar- maceutique des ressources immenses, ainsi que des avantages de tous les instans, des remèdes hé- roïques. Elle compte dans ses rangs de modestes plantes herbacées ; d’élégans arbustes, et de très- grands arbres; malheureusement pour la méthode: dite naturelle , elle n'offre point la précieuse uni- formilé de caractères essentiels qu’elle avait annon- cée. Les tiges sont droites ou volubiles. Les feuilles : s’y montrent tantôt simples, tantôt diversement composées, mais Loujours avec deux stipules à la base du péliole. Les fleurs n’ont pas non plus de disposition uniforme; dans la grande masse des genres , elles sont semblables à un Lépidoptère tenant en parlie ses ailes entr’ouvertes, d’où Tournefort les appela Papilionacées; chez quel- ques autres, les pétales sont réduits à un seul ou manquent entièrement. Le nombre des étamines est parfois indéfini, quelquefois limité à dix, à cinq et, même à moins, ou bien l’un ou l’autre sexe avorte. Le fruit qui donne aujourd’hui son nom. à la famille n’est pas toujours renfermé entre les deux-baitans, ou valves qui forment la gousse: ou {le Légume ; onlui-trouve.ici trois valves, là il, PR LEGU en a quatre ; la gousse est uniloculaire dans la plu- part des genres, multiloculaire dans quelques uns ; tantôt les valves sont à peine sensibles, tantôt elles sont alternativement renflées et resserrées, et forment des articulations. De cette discordance résultèrent plusieurs sen- timens pour Ja coupe de la famille. Tournefort en réparlit les genres nombreux dans deux classes distinctes, les Polypétales irrégulières et les régu- lières ; Linné, selon que les filets des étamines sont distincts ou réunis , place une partie des Légumi- neuses dans la Décandrie, l’autre dans la Diadel- phie , et rejette plusieurs genres dans la Monoécie ou la Polygamic, d’après le nombre des organes sexuels. De Jussieu ne prend ses caractères pri- maires ni dans la connexion des élamines, ni même dans la corolle papilionacée, à laquelle s’as- socient des corolles régulières; il les a choisis dans le calice monophylle, dans la périgynie de la corolle polypétale et des élamines ; dans l’o- vaire qui est supère avec style simple, dans la gousse ou Légume, et dans l'insertion unilatérale des semences que cette gousse contient. Robert Brown a proposé de rapporter à trois types principaux ces différences singulières dans la structure des fleurs et du fruit des Légamineu- ses , savoir : les Mimosées, les Cæsalpiniées et les Papilionacées. Kunth, en adoptant ce système ré- gulier , a divisé la dernière grandetribu en plu- sieurs seclions positivement naturelles. De Gandolle veut quatre sous-ordres : 1° les Papilionacées par- agées en six tribus ; 2° les Swartziées contenant deux genres seulement ; 5° les Mimosées avec onze genres ; 4° et les Cæsalpiniées ayant trois tribus et iraînant à leur suite dix genres obscurs. Si j'avais à me prononcer en celle circonstance, je n’hési- terais pas à me ranger du côté de R. Brown et de Kunth. Je ne crois pas que les divisions tropnom- breuses, que les subdivisions excessives tournent au profit de la science et servent de guide pour la classification des genres. Il faut craindre, ainsi que le disait Linné, en voulant trop imiter la na- iure, que le fil d’Ariadne n’échappe, comme il échappa à Morison et à Ray : Cavendum ne imi- tando naturam filum ariadneum amittamus, uti Morisonus et Rajus. Nous donnerons plus bas les caractères affectés aux Mimosfes et aux PapiLioNAcÉES (voy. ces deux mots ); pour le moment nous avons à réparer une lacune relativement aux Cæsalpiniées. Dans cette belle tribu naturelle, le calice est à trois, quatre ct cinq divisions profondes, étalées , caduques; la corolle se compose de cinq pétales presque égaux, manquant quelquefois ; les étamines , au nombre de dix, se montrent libres et distinctes, quand , par la culture ou par d’autres circonstances , elles ne restent pas à l’état rudimentaire, stériles, ou qu’elles n’avortent pas. Le fruit est généralement, chez elle, une gousse oblongue ct comprimée, C’est pricipalement par leurs graines et leurs feuilles que les Légumineuses sont d’une si haute utilité pour l’agriculture; plus la maison rurale en récolte, plus les bénéfices sont assurés, quelle 376 LEIB que soit la nature da terrain sur lequel l’exploita- tion se trouve placée. Les graines fournissent une nourriture saine, substantielle aux hommes et aux animaux; les feuilles , les cosses et les fanes com- posent le fourrage le plus agréable et le plus abondant. Quoique les pays chauds soient plus favorables aux Légumineuses que les pays froids, la culture a su vaincre les difficultés et rendre nulle , ou presque entièrement nulle, leur répar- tition géographique sur le globe. Elles sont en gé- néral rares sur les hautes montagnes, dans les ter- rains salés et dans les lieux trop habituellement aqueux ou inondés; cependant, la main de l’homme est parvenue, dans certaines localités, à les faire céder à sa volonté et à produire partout où il les sème. Les Légumineuses réussissent mal dans les terres gypseuses, aussi doit-on se garder de les. confier à un sol de celte nature, surtout quand on veut en manger la graine. Mais, les desline-t-on à former une prairie naturelle ou artificielle, on peut les plâtrer : le plâtre, qu’elles absorbent irès-volontiers, quoiqu’elles en contiennent déjà beaucoup, les oblige à une énergie de végétation telle qu’elle les pousse à se garnir incessamment de feuilles très-succulentes, et à renouveler pour long-temps les tiges que l’on coupe pour la nour- riture des bestiaux. | Des propriétaires ruraux sont dans l’usage de passer à une eau de chaux les graines des Légu- mineuses destinées aux semis, comme ils chaulent les céréales, afin de faire périr les larves déposées. dans leur intérieur, ou qui pourraient s’y intro- duire : c’est un excellent moyen d’avoir de bons produits. D’autres. propriétaires jettent dans une eau bouillante les graines nouve'lement récoltées et parfaitement sèches , pour préserver de l’atta- que des insectes leur fécule amylacée dont ils sont très-friands. Riche en principes colorans, la famille des Lé- gumineuses offre à l’art de la teinture une longue série de couleurs de toutes les nuances, ie bleu de l’Indigotier , le rouge du Brésil et le jaune des Genûêts, etc. Quant à l’art de guérir , il trouve dans les divers genres de cette nombreuse famille des huiles, des gommes, des résines , des sucs de toutes les sor- tes, des amers, des astringens, elc. , dont l’exi- stence est révélée aux divers articles consacrés à ces mêmes genres. (T. ». B.) LEHM ou LEIMEN. (céor.) Nom que l'on donne dans toute la vallée du Rhin à un dépôt limoneux ancien plus généralement connu sous le nom de Loess. (Voyez ce mot.) (Th: V.) LEIBNITZIE , Leibnitzia. ( soT. pan. ) Genre de la famille des Synanthérées , Corymbifères de Jussieu, et de la Syngénésie superflue, L., établi par Cassini (Dict. des Sc. nat, , tom. xxv, p. 420) et placé près du Leria, dans la tribu des Mutisiées. Caractères : involucre ovoïde, caché ;entre les fleurs, formé d’écailles très-inégales, imbriquées, appliquées, étroites, oblongues, lancéolées, épais- ses, coriaces, carénées , membraneuses sur les bords, obtuses et colorées au sommet ; réceptacle large, PR LEIO 377 LEMM oo om large, plane et nu; calathide dont les fleurons du disque sont nombreux, hermaphrodites, à deux lèvres, l’extérieure tridentée, l'intérieure divisée en deux jusqu’à la base ; ceux de la eirconférence presque sur un seul rang, bilugulés et femelles ; akènes oblongs, comprimés, allongés en col, sur- montés d’une aigretle composée de poils très-lé- gèrement plumeux. Le genre Leibnitzia comprend deux espèces que Linné prenait pour deux variétés d’une espèce unique : le Leibnitzia cryptogama, H. Gass. ( Zus- silago an.ndria, L.), et le Leibnitzia phœnogama , Cass. ( T. lyrata, Willd. ). La première est une plante herbacée , irdigène du sol montueux que sillonne le fleuve Jénissée , en Sibérie. C’est une toufle de hampes et de feuilles. Gelles-ci varient de forme et de grandeur; les unes étant Iyrées , les autres non. Les hampes, s’élevant à la hauteur de deux à trois décimètres, se couronnent de ca- lathides solitaires dont les folioles de l’involucre sont rougeâtres au sommet. Les élamines sont presque imperceptibles à cause de leur extrême pelitesse , et c’est ce qui avait valu à cette plante le nom d’'Anandria que lui avait donné Sieges- bock. Mais Turson, disciple de Linné, reconnut leur présence, et publia sa découverte dans les Arménités académiques. (G. £.) LEICHE ou LICHE. ( rorss.) Genre qui ne diffère de celui des Squales, lequel appartient aussi à la famille des Selacins, que par de faibles earactères. Il sera traité à l’article Squale de ce Dictionnaire. Voyez SQUALE. (Airx. G.) LEIODE , Leiodes. (ins.) Genre d’Insectes de l'ordre des Coléoptères, section des Hétéromères, famille des Taxicornes, tribu des Diapériales, ayant pour caractères : mandibules grandes ; mâchoires bilobées, le lobe externe presque en forme de palpe; palpes maxillaires ayant le dernier article cylindrique , tandis que le dernier des labiaux est ovoïde: antennes ayant une massue formée des cingderniers articles ; corps hémisphérique; écus- son grand, jambes épineuses. Ce genre a été éta- bli par Latreille; Illiger lui avait donné le nom d’Anisoloma, en y joignant les Phalacres ; Fabri- . cius conserva le nom d'Illiger en y confondant de même les Phalacres , et de plus les Agathidies. Ce genre renferme un très-petit nombre d'espèces as- sez rares en France. ; L. srun, L. picca, Panzer. Brun, avec la mas- sue des antennes noirâtre, un amas de points à chaque angle du corselet , et des stries ponctuées sur les élytres ; les tibias postérieurs sont arqués. A. P.) LÉIOLÉPIS. (nepr.) Genre de res voisin des Agames par son organisation et ses formes gé- nérales, mais qui s’en distingue par ses écailles petites, lisses, égales, serrées , comme granulées sur toutes les parties supérieures, subverticillées sur Je tronc et la queue, légèrement inclinées et imbriquées sur les membres, un peu plus dilatées et polygones sur Ja tête, un peu plus grandes et carénées sur le ventre et la partie interne des mem- bres ; c’est la disposition des écailles des parties T. IV. 288° Livnarson. supérieures qui a mérité à ces animaux leur nom patronymique , formé des mots grecs his, lisse et keri, écaille; du reste, ils ont la tête pyrami- dale , quadrangulaire , obtuse et légèrement arron- die en dessus vers le museau ; les narines simples libres, ouvertes sur les côtés de l'extrémité du museau ; la bouche grande, peu sinueuse ; la lan- gue mince, molle, fongueuse , extensible , libre légèrement bilobée à son extrémité; les dents s0= lides, coniques, simples, comprimées; les yeux peu saillans, les paupières supérieures et infé- rieures presque égales, dépourvues d’aiguillons: le tympan largement ouvert; les doigts gréles et longs, simples , armés d'ongles courts et forts ; le quatrième doigt à chaque pied dépasse en grandeur tous ses congénères ; la queue , longue, conique et forte, paraît traînante; on observe enfin, le long du bord interne de chaque cuisse, une série de po- res percés au centre d’une écaille divisée et pro- tégée par une écaille plus évasée. Les mœurs et les habitudes des Léiolépis sont peu connues ; on peut présumer que ces animaux, sous ces rapports diffèrent peu des Marbrés et des Agames propre ment dits. L'espèce la plus connûüe est : Le Léioréris À courrezerres, L. guttatus bleuâtre en dessus , avec des taches oculées blan- châtres, plus ou moins confluentes ; sur chaque côté du corps deux bandeleltes longitudinales de même teinte; blanchâtre en dessous. Gette espèce provient de la Cochinchine, alteint près d’un pied de longueur totale ; elle paraît avoir été indiquée aussi sous le nom assez impropre de Uromastyx belliana. Te LÉMANÉE, Lemanea. (roT. cryrr.) Chaodi- nées. Genre établi par Bory Saint-Vincent en l'honneur de Léman, et aux dépens des Confer- ves de Linné. Les Lémanées ont des filamens rem- plis d'un mucus au milieu duquel s’observent des ramules articulées et ovoïdes. Ce mucus a, du reste, une organisation semblable à celle d'un Nostoc, d’un Chæœtophore, etc. Dans le genre Lé- manée se trouvent les Lemanea corallina (C onferva fluviatilis de Linné), Lemanea incurvata, Lema- nea fucina, etc. (EF) LEMERGEYER. (rs) Nom vulgaire, dans les Alpes suisses, du Gyraïre. W, ce mot. Gui. LEMMING ou LEMING, pe it ) Mus, Linn. , Pall., Gmel. Gomme nous l’avons dit à l’article Gampanoz, les Lemmings ont des caractères par lesquels ils peuvent en être distin- gués presque génériquement : aussi les groupons- nous, comme d'ailleurs l’ont fait un grand nom- bre de naturalistes, en un petit sous- genre établi d’après la disposition des pieds antérieurs et la brièvelé de la queue. M. Desmarest, dans son Traité de Mammalogie, en a composé son quatre-vingtième genre; mais dans le Dictionnaire d'Histoire naturelle publié par Déterville, il pa- raît n’en former qu'une division des Campagnols. Linné, Pallas, Gmelin , ne s'étaient pas mépris sur les vrais caractères de ces pelits quadrupèdes; pour eux, ils appartenaient à la grande famille 43 ———————————— — @ — — — — — Û — — — — — — — ——_——— ——__—————— « : LEMN 879 LEMU elle ne sortique pendant la nuit. Les portées de la femelle ne sont ni nombreuses ni fréquentes : le mâle la cherche vers Ja fin de mars ou danses premiers jours d'avril. Elle fait sa nourriture de racines. On la trouve dans la partie méridionale de la Russie, depuis le fleuve Occa jusqu’au dé- sert d’Astracan. Une variété de cette espèce est le SurERkAN Nom, T'alpinus niger. Son nom indique sa cou- leur. L’extrémité de sa queue et de ses pieds est blanchâtre. Elle vit dans les mêmes contrées. Viennent maintenant les espèces qui n’ont que quatre doigts aux pieds de devant , avec un rudi- ment du cinquième. LeumiNe DE LA BA1E D Hupson, Lemmus hudso- nius, Gmel. Les habitudes de celte espèce sont totalement ignorées ; il est à supposer pourtant qu’elles diffèrent peu de celles que l’on connaît aux Lemmings dont nous venons de parler. Ses pieds antérieurs sont plus fouisseurs que Lous ceux des espèces que nous avons vues jusqu'à présent : dans le mâle les deux ongles internes sont larges ct paraissent doubles. Son poil, généralement doux , est de couleur blanchäire. Elle appartient _à l'Amérique septentrionale. Lemune À couter, Lemmus torquatus , Desm. , Mus torqg., Pall., Bodd. Cette espèce, dont les mœurs sont également inconnues, est assez sem- ‘ blable au Lemming de Norwége, non pas par sa taille qui n’est que de trois pouces et quelques li- gnes, mais par ses couleurs. Ge qui l’en distingue spécialement, c’est un collier blanc. Ses pieds sont forts et courts , et son nez divisé. Elle vient des contrées situées au nord du fleuve Oby.en Sibérie. Lemnine à QUEUE vELUE, Lemmus langurus, Mus dangurus, Pall. Gmel. Bodd. , à pelage doux et soyeux, d’un cendré pâle supérieurement , avec mélange de quelques poils bruns ; une ligne noire se renflant sur le dos, s'étend de l’espace compris entre les deux yeux à labase de la quene; le des- sous du corpset les moustaches sont hlanchâtres. Dans les jeunes individus ces couleurs sont plus claires. Celle espèce se .creuse des souterrains et voyage comme la plupart de celles du genre. Elle est très-commune en Sibérie, surles bords du fleuve Irtis-aboud. (Z. G.) LEMNA. (mor. pnan.) Nom latin de la Lentille d’eau , tppartenant au genre Lenricuzame. W. ce mot. (Guér ) LEMNGS (ire x). (cfocr. puys.) L'île de Lemnos , appelée aujourd hui Lemno ou Stalimène par les Grecs, et Limno oa Limni par les Turcs, estsituéeentre le 30°etle 40° degré delatitudenord, -chentre le 22-et le 25° degré de longitude orientale. Elle se trouve entre le mont Athos et la côte d’A- matolie ; elle est la plus importante des îles de Sa- mothrace et d’Imbros, qui, avec elle, forment le groupe que les.derniers traités politiques ont placé sous Ja domination ottomane. Lemnos a 5 lieues dans sa plus grande longueur, et sa populalion s'élève à 8000 habitans. Sa ville Ja plus impor- “ante est la petite ville de Lemno', la-Myrina des anciens, qui a un port avec une citadelle et en- viron 4000 habitans. C’est à Lemnos que se trouvait un des quatre fameux labyrinthes de l'antiquité : Pline rapporte que le labyrinthe de Lemnos n'avait pas moins de r50 colonnes colossales, qui, au moyen d’un cerlain mécanisme , pouvaient facilement être mises en mouvement sur leurs pivots malgré leurs énormes dimensions, L’ile de Lemnos avait pour principal produit, autrefois, la fameuse Sigillée:ou Bolus, qu’on extrayait avec de grandes cérémo- nies des collines au nord-ouest de l’île, et dont la célébrité a bien déchu depuis que les sciences mé- dicales, par leurs progrès, ont, ramené à leur juste valeur les brillantes propriétés que d’autres temps et d'autresmœurs lui avaient attribuées. (G. d.) LÉMONIATIS. (wix.) Nom donné par les an- ciens , et notamment par Pline, à une pierre pré- cieuse que l’on croit être l'Émeraude. (J. I.) LEMURIENS, Lemures. (mam.) L'ordre des Quadrumanes se divise, ainsi que nous le verrons en traitant de ces animaux, en plusieurs familles dont Ja circonscription géographique et les carac- tères zoologiques sont assez lranchés. Une de ces familles est celle des Lémuriens , qui comprend les animaux que Linné placçait dans son genre Le- mur. Les Lémuriens-sont tous de l’ancien monde, et se trouvent principalement à Madagascar ; les espèces étrangères à cette île, remarquable par la singularité de ses productions naturelles, sont des contrées les plus chaudes de l'Inde et de l'Afrique. Ces animaux sont tous nocturnes , et ont les yeux fort développés; ils se nourrissent ordinairement d'insectes , régime qui est.en rapport avec la dis- position de leur système dentaire , et ils sont tous de taille moyenne ou même petite : c’est parmi eux que se voient les plus petits Quadrumanes. Les caractères communs aux geures de la fa- mille des Lémuriens consistent dans leur museau, qui est allongé plus que chez les véritables Qua- drumanes, et assez semblable à celui de quelques espèces de Carnassiers ; d’où le nom de Singe à museau de Renard qu’on a donné à quelques uns ; leurs molaires sont inseclivores , c’est-à-dire hé- rissées de petiles pointes; ces dents, ainsi que les canines etJes imcisives, présentent beaucoup moins de fixité que chez les espèces auxquelles on à ré- servé lenom de Singe ; leurs différences fournissent d'assez bonnes indicalions pour Ja distinction des genres. Les membres des Lémuriens sont comme ceux de presque tous les autres Quadrumanes. Les pouces des extrémités supérieure et inférieure opposables aux autres doigts; leurs ongles sont demi-cylindriques ; ils ont quelque chose des grif- fes , et de plus, l’ongle des doigts indicateurs des membres de derrière est beaucoup plus long que les autres, ce qui fait aisément reconnaître les Lémuriens. L'intelligence de ces animaux est loin d’être aussi remarquable que celle des Singes ; mais ce- pendant ils n’en sont pas entièrement dépour- vus ; les diverses particularités de leurs mœurs et LENT 380 LENT de leur organisation ne sont point encore parfaile- ment connues ; une espèce, le Loris grêle, a of- fert à Daubenton une particularité qui mérite cer- tainement d'être citée. Le clitoris, assez déve- loppé chez tous les Lémuriens, présente chez la femelle du Loris plus de longueur encore que chez les autres espèces , et il est traversé dans toute son étendue par le canal de l’urètre, précisément comme le pénis des animaux mâles. Cette dispo- sition n’a encore été sigualée que chez cette seule espèce. Les Lémuriens, que les auteurs ont subdivisés en genres plus ou moins nombreux, selon les principes par lesquels ils se sont laissé guider, sont partagés dans la classification ordinaire en cinq sous-genres établis par divers auteurs (sous- genres Lemur où Maki, Indri, Loris, Galago, Tar- sier). À ces genres M. Jourdan ajoute celui de Avahi, qui, pour une espèce d’Indri, ne diffère pas probablement, quant aux caractères génériques, des animaux que M. Bennett appelle Propithecus ; M. Geoffroy a fondé aussi récemment le genre Microcebus pour l'animal que Buffon avait appelé Rat de Madagascar. M. de Blainville dispose et ca- raclérise ainsi les genres de Lémuriens : I. Maxi, Lemur, queue longue, + can. et+ ou : molaires. IT, Inpni, Zndris, + incis., L can., + mol.; 1° queue longue, Propithecus ou Avahis ; 2° queue courte, {ndris ordinaire. II. Garaco, dents + - —-; queue et mem- bres postérieurs fort longs. Ce genre comprend les vrais Galagos et les Aicrocebus, parfaitement liés entre eux par le Galago de Demidolf. IV. Lors, Stenops, divisé en vrai Loris et en Nyclicèbes. V. Tanrsien, Zarsius, © incis., + can, + mol. ; queue et membres postérieurs fort longs. VI. Avye-aye, Cheiromys. Ce dernier genre n’est pas placé par tous les auteurs parmi les Lé- muriens; quelques naturalistes le rapportent à l’ordre des Rongeurs. On doit aussi rapprocher des Lémuriens , mais pour en former une famille voisine, les Galéopi- thèques, que la plupart des zoologisies modernes placent avec les Chauve-souris , mais qui ont évi- demment avec les Lémuriens de véritables aflini- tés. Les savans du siècle dernier, qui nommaient les Galéopithèques Lemur volans, avaient parfaite- ment saisir les rapports de cesanimaux. (Genv.) LENTE. (ins. ) On nomme ainsi les œufs allon- gés en forme de larmes que les Poux déposent et collent après les cheveux. (A. P.) LENTICULAIRE. ( anar. ) C’est le nom d’un des petits osselets de l’Oneicze. Woy. ce mot, (GuËr.) LENTICULAIRES. ( mor. ) Nom sous lequei on désigne quelquefois les LenricurTes et les Nummurires. Voy. ces mots. (Elo) LENTICULE, Lemna. (nor. Han.) Genre de la famille des Nayades et de Ja Monoécie diandrie, L. Il a recu successivement les noms de ZLenticula , Iydrophace et Lemna, Garactères : fleurs monoi- 2 + incis., ques ; les mâles solitaires, peu apparentes, placées sous les feuilles ; périanthe monophylle ; deux étamines ; fleurs femelles disposées de même; périanthe monophylle ; un style; capsule unilocu . laire, polysperme. L'espèce la plus commune est la L. gibba , L., Sp. 1977 (voy. Atlas, pl. 299, fig. 1; parties de la fleur et de la fructification grossies, 1 a et 1b). Elle flotte à la surface des eaux, où elle res semble en quelque sorte à de petites feuilles lenticulaires , dépourvues de tiges et de pétioles , tantôt isolées, tantôt groupées. Leur face infé. rieure , très-renflée , est séparée de la supérieure par un rebord mince et saillant. Vers la partie la plus étroite de la fronde, on observe de chaque côté du rebord une fissure par laquelle on voit sortir soit une autre fronde , de laquelle il doit en sortir une troisième un peu plus tard, soit les fleurs et quelques radicules qui descendent perpendicu- lairement. Les fleurs sont monoïques et renfermées d’abord complétement dans une spathe sessile , monophylle, comprimée, irrégulièrement cunéi- forme , mince, membraneuse et comme réticu- lée. Gette spathe se fend sur l’une de ses faces pour laisser saillir les étamines et le style. Cha- cune d'elles renferme une fleur femelle qui se compose d’an pistil unique et d’une à deux fleurs mâles n'ayant qu'une seule étamine. Ces fleurs mâles offrent un filet cylindrique plus long que le pistil, terminé à son sommet par deux anthères juxta-posées , globuleuses , uniloculaires, et s’ou- vrant chacune par un sillon longitudinal. Le pistil se compose d’un ovaire ovoide comprimé, à une seule loge contenant de deux à cinq ovules dres- sés. Le style est gros, cylindrique, terminé par un sligmate tronqué et concave. Le fruit consiste en une petite capsule arrondie, quelquelois com- primée , contenant une ou plusieurs graines ovoi- des-arrondies , marquées d’une suture saillante ou raphé, se composant d’un tégument propre assez épais , et d’un embryon monocotylédoné, formant à lui seul toute la masse de l’amande. Les autres espèces sont : le L. trisulca, à feuilles pétiolées et à trois lobes; le L. archiza, à feuilles sans racines; le Z, polyrrhiza, à feuilles ayant plu- sieurs racines ; le L. minor, à feuilles à peine con- vexes en dessous. Ë Duby a formé de toutes ces Lemna une famille particulière à laquelle il a donné le nom de Lem- nacées. (C. &.) LENTICULITE ou LENTICULINE ( mozc. ) Genre confondu autrefois avec les Camérines ou Nummulites , et créé par Lamarck pour les petits corps lenticulaires polythalames , qui ne diffèrent des véritables Nummulites que par des cloisons qui s’élendent jusqu’au centre de la coquille, et par l'ouverture qui reste visible , tandis que celle des Nummulites disparaît constamment. (F.F.) LENTILLE, £roum lens. ( agn. et ÉcoN. Don. ) On a parlé de cette plante sous le rapport bota- nique , tom. III, pag. 107; je dois ici la considé- rer comme légume employé à la nourriture de l’homme et pour celle des animaux associés aux AY S C7 AVS Me NRC KE VLC R 1 Lentucule. 2 Leonure 3 Leopard F Gaërin di LENT 381 LEON nombreuses opérations rurales. La Lentille réussit mal dans les terres argilenses , humides, tenaces; elle veut un sol léger et même médiocré, pourvu que la couche inférieure laisse facilement écouler les eaux de pluie. C’est en plein champ qu’il faut la cultiver ; dans les jardins, elle pousse en herbe, et donne des graines pâteuses, sans goût. On la sème à la volée quand on ne craint plus les gelées tardives. Pour la récolter, il faut saisir à point le moment de la maturité ; un jour de retard fait éprouver des pertes considérables par l'effet de l'élasticité des gousses, et par suite des ravages du Mulot, du Pigeon et autres animaux très-friands de la graine. Il vaut mieux enlever la plante quel- ques jeurs auparavant, l’étendre en un lieu favora- ble : la Lentille y gagne , elle est meilleure, d’un plus bel aspect et ne se ride point. On en connait deux variétés, la grosse et la petite. La première est de haute qualité à Gaillar- don, département d'Eure-et-Loir, et aux environs du Puy, département de la Haute-Loire ; elle est d’une couleur jaunâtre el plus grande dans tou- \ tes ses parties ; elle aime les sables quartzeux ou volcaniques. La seconde, on Lentille rouge et Lentillon, plus petite de moitié, plus bombée, plus délicate, demande des terres bien légères ; quand on la mêle avec le seigle ou le froment , sans doute afin de l’abriter contre les grands vents, elle donne une récolte peu considérable , mais ri- che en principes nutritifs; malheureusement elle épuise fortement la terre, et sa culture peut difi- cilement être suivie d’une récolte en blé. L’une gt l'autre variétés sont annuelles. Dans plusieurs contrées, principalement dans nos départemens du nord, la Lentille sémée ayec des vesces, des pois, des fèves, dé lofte, de lavoine , etc., donne un excellent fourrage sous le nom de Dragée ; au- cun ne luiest comparable sous ce point de vue. Dans d’autres cantons, on attend qu'ellesoiten pleine flo- raison pour l’enterrer à la charrue : un pareil sacri- fice est payé par des récoltes abondantes et de qua- lité supérieure. Ses fanes sont recherchées par tous les bestiaux. La Lentille est une ressource précieuse lorsque les pluies ont empêché les semailles des blés d'hi- ver, ou lorsqu'ils ont péri par les gelées ou telle autre intempérie des saisons. Elle fournit une nourriture substantielle, de digestion facile , de saveur agréable; on la mange cuite en grain ou en purée, jamais en vert. Les Anglais possèdent des moulins pour Jui faire subir une sorte de demi- mouture qui la dépouille de son enveloppe ow parchemin. On peut lui donner accès dans la pré- paration du pan; mais, à moins d’une grande pénurie de pommes de terre, tout mélange de légumineuses avec les céréales doit être évité : le pin y perd toujours. C'est une vieille croyance que celle d'attribuer à la Lentille la propriété d’aug- menter la sécrétion du lait ; rien ne justifie un pa- reil préjugé; quant à son emploi dans l’art de guérir, il se réduit à l'habitude conservée dans quelques campagnes de s’en servir pour faire des cataplas- mes émolliens et résolulifs. (T. ». B.) LENTISQUE, Lentiscus. ( nor. Pan. ) Espèce du genre Pisracuter. Woy. ce mot. (G. £.) LENZINITE, ( min. ) On a donné ce nom à deux substances composées en grande partie de silice et d’alumine, et que l’on range l’une à la ‘suite de l’Aalloysite, et l’autre comme appendice de la Triklasite. La première est nne matière argileuse composée . de 39 parties de silice, de 35 à 36 d’alumine, de 25 d'eau et d’une très-petite fraction de chaux. Elle porte le nom de Lenzinite argileuse, cton la trouve dans ce groupe de montagnes volcaniques appelé l’Erfel , au nord des derniers rameaux des Vosges , sur la rive gauche du Rhin. La seconde , appelée Lenzinite opaline , est une substance compacte, fragile, et d’un éclat opalin, que l’on trouve dans les mêmes localités que la Lenzinile argileuse, et qui est formée de 37 à 58 paris de silice, d’une égale quantité d’alumine , et de 25 parties d’eau. (J, 1) LÉODICE, ( axn£z. ) Savigny a donné ce nom à un sous-genre formé avec quelques Euxices.W. ce mot. (H. L.) LÉONTODON. (zoT. Pxan. ) Nom du Lion- DENT. Woy. ce mot. (CG. £.) LÉONTOSEÈRE. ( mx. ) Nom que les anciens donnaient à une pierre que quelques auteurs re- gardent comme une variété d'Agate, et qui, suivant le crédule Pline, avait la propriété de chasser les Scorpions. (J. H.) LÉONURE, Leonurus. ( oT. pnax. ) Genre de la famille des Labiées , Didynamie gymnospermie, établi par Linné et correspondant au Cardiaca de Tournefort ; il a pour caractères principaux : un calice à cinq angles et cinq dents acuminées , une corolle à lèvre supérieure entière, concave ; à lè- vre inférieure réfléchie , partagée en trois divisions égales et indivises; des anthères à lobes parallèles et rapprochés, marquées de points brillans; des stigmates à deux divisions égales. Le Léonure dif- fère donc du Phlomis par la structure du stigmate ( inégalement divisé dans ce dernier ), et par le rapprochement des lobes des anthères ( écartés dans le Phlomis ). Mæœnch, confondant probablement les idées d'espèce et de genre, a partagé le Zeonurus de Linné en trois autres genres ; l’un, Cardiaca, dis- tingué par des étamines et un ovaire velus ; l’au- tre, Chaiturus , ayant ces organes glabres ; le troi- sième comprend quelques espèces de Sibérie. L’AcriauMe, Leonurus cardiaca, L., est une plante qu’on trouve dans les lieux incultes et pier- reux de l’Europe, quelquefois cultivée dans les jardins. Sa tige, haute de trois pieds , est carrée, ferme , cannelée et rameuse; les feuilles sont pé- tiolées, d’un vert foncé en dessus, pubescentes en dessous, diminuant de grandeur du bas au sommet de la tige; d’abord presque palmées, di- visées en plusieurs lobes incisés, puis simplement trifides , enfin presque entières. Les fleurs, d'un rouge clair, ont la lèvre supérieure reconverte d’un duvet blanchâtre ; les étamines et l'ovaire sont velus; toute la plante à une odeur forte ; \ LEOP 362 LPPI une saveur Un peu amère; on l'employait autre- fois comme cardialgique. Nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 299, fig. 2;!la fleur etiles parties sexuelles grossies, 2 & et 2 b. Une autre espèce, qui, comme la précédente , se rencontre quelquefois aux environs de Paris , est le Z. marrubiastrum, L. ; elle se distingue par ses feuilles simples, ovales, oblongues, seulement dentées : les élamines et l'ovaire sont glabres. Le genre Leonurus de Tournefort, rétabli par Lamarck sous le nom de Cardiaca , est maintenant le Leonotis de Persoon et de R. Brown. (L.) LÉOPARD. (man. ) Zelis leopardus , Linné. Jusqu'à Guvier, cet animal n’avait pas été étudié d’une manière assez exacle pour la science. Les anciens l’ont confondu avec la Panthère ; Buflon lui-même, ayant sous les yeux trois grands Chats tachetés qui lui présentaient des caractères diffé- rens, donna à l’un d’eux le nom de Panthère , ignorant que l’animal venait d'Amérique et qu’il appartenait à l'espèce du Jaguar; au second il donna celui d'Once; enfin au troisième celui de Léopard, pensant que , les anciens ne l'ayant pas connu, il devait le.désigner par un nom nouveau; cependant ces deux derniers étaient des Panthères de taille différente ; enfin G. Cuvier a nettement distingué la Panthère du Léopard, auquel il a conservé ce nom. Le Muséum d'histoire naturelle de Paris ayant eu en sa possession un animal vi- vant amené du Sénégal, Frédéric Cuvier en a donné une figure exacte (list. nat. des Mamm.) que nous avons reproduite dans notre Aulas, pl. 299, fig. 3. Cet animal était adulte, quoi- que jeune, et avait acquis toule sa croissance; sa longueur était de trois pieds depuis le bout ‘du museau jusqu’à l’origine de la queue ; sa hauteur, aux épaules comme à la croupe, était d'environ deux piedsun pouce , et sa queue avait deux pieds trois pouces. Une couleur jaunâtre formait le fond de son pelage dans les parties supérieures et exté- rieures du corps; les parties inférieures étaient blanches’; tout le corps était couvert de taches variant en nombre et en étendue ; celles de la tête, du cou, d’une partie des jambes antérieures et postérieures étaient pelites.et rapprochées l’une de l'autre d’une manière confuse et uniforme ; celles des cuisses, du dos, des flancs et d’une partie des épaules, étaient également pleines et petites , mais groupées circulairement, de manière que chaque groupe formait une tache isolée qu’on a désignée par le nom de rose; le nombre de ces taches en forme de roses est plus rapproché sur le Léopard que sur la Panthère et le Jaguar. Le ventre est marqué de grandes taches noires; celles qui pa- raissent sur la face interne des membres sont al- longées ; ceilles.du bas de la queue forment des demi-cercles ; le derrière de l'oreille est noir. Cet animal se trouve en Afrique; le Sénégal et la Guinée sont les parties où on le rencontre le plus fréquemment. Avec tous les caractères géné- riques des Chats, il doit en avoir aussi les mœurs. Jusqu'à présent ce nom a été appliqué par les voya- geurs ayec si peu de certitude, que nous nous absticndrons de rapponter ce qui a été écrit sur lui. (J. L.) LÉPADELLE. ( zooPx. avr. ) Genre de la fa- mille des Brachionides. Ÿ.Inrusorrgs. (Guër.) LÉPADOGASTER. ( rorss. ) Le mom que les naturalistes anciens ont donné à ces animaux in- dique la forme des nageoires dont leur ventre est pourvu , et qui seule les sépare de toutes les au- tres espèces de poissons inscrites dans la famille des Gycloptères. Ge sont, en effet, des petits pois- sons remarquables par les caractères suivans : leurs amples nageoires ventrales forment un dis- que qu'on a comparé à une assiette creuse; de plus, leurs pectorales sont garnies de leur côte, à peu près comme les ventrales, de sorte que la partie inférieure de leur corps présente un double disque. Nous avons dans nos mers plusieurs es- pèces de ce genre, dont aucune ne sert de nour- riture, entre autres le LÉPADOGASTER DE GuaAN, ainsi nommé parce qu’on en doit la connaissance au savant professeur Guan. Ce Lépadogaster n’a le corps revêtu d'aucune écaille que l’on puisse apercevoir facilement ; mais il est couvert de pe- tits tubercules bruns; son museau est pointu, sa tête‘ plus large que longue, sa mâchoire supé- rieure plus avancée que l’inférieure ; deux appen- dices ou filamens déliés s’élèvent entre les narines et les yeux; chaque côté du corps présente deux nageoires pectorales ; il y a sur la Lêle trois taches brunes en forme de croissant , et sur le corps une tache ovale parsemée de points blancs. L’individu observé a un peu plus de deux pouces de long. Nous l’avons représenté dans notre Atlas, pl. 300, fig. 1. (Arr. G.) LÉPAS. ( mezr. }Nom scientifique des Baranes dans Linné, et nom vulgaire et marchand des Pa- TELLES. Woy. ce mot. (Guër.) LÉPICÈNE , Lepicena. (mor. pra. )} Ce nom, dérivé du grec der, écaille, désigne, chez la plu- part des botanistes actuels, l'enveloppe la plus extérieure de l’épillet des Graminées ; c’est le ca- lice de Linné, la glume de Jussieu , la balle de Pa- lissot. La Lépicène est en général formée de deux écailles ( ex. : les Bromes ), quelquefois d’une seule (fex, : l’Ivraie) ; tantôt elle contient une seule fleur, comme dans les Vulpins, tantôt elle en embrasse deux ou davantage, comme dans les Avoines. La forme, la consistance de cet organe, sa longueur relativement aux fleurs qu'il recou- vre, enfin la présence fréquente de soies ou d’a- rêtes surses valves, sont des caractères assez 1m- portans dans la classification artificielle des Gra- minées. k (L.) LÉPIDIER , Lepidium, ( 8oT. pman. ) Genre et type d’une tribu de la famille des Crucifères, Té- tradynamie siliculeuse de Linné. Les travaux de R. Brown et de De Candolle l'ont parfaitement distingué des Z'hlaspi et autresgenres voisins , avec lesquelsil se confondait ; ses caractères sont : calice à quatre folioles égales; quatre pétales entiers ; six étamines tétradynames, libres, à filets non dentés ; silicule ovale , déprimée, déhiscente , bi- loculaire, à valves carénées, quelquefois ailée PE. Zoo — 1. Lepadogaster 2 Lépidope red Lépisacanthe o E. Gucrir dr LEPT a ———— 583 LEPI BRUT LL 7 LUS CCR vers le sommet, quelquefois échancrée ( lorsque la cloison est plus courte que les valves}; style filiforme , court; graines solitaires et pendantes dans chaque loge , comprimées ou triquètres; co- tylédons incombans, oblongs ou linéaires. On distinguera le ZLepidium du T'hlaspi et de Yberis par ses loges monospermes et ses cotylé- dons incombans ; et du Senebiera: par ses silicules déhiscentes, à valves carénées. Les genres Kanclis d'Adanson, Cardaria et Lepis de Devaux y restent réunis; d’autres espèces linnéennes ont passé dans les genres Æunomia, Tecsdalia et Hutchinsia de Brown et de De Candolle. Aiïnsidéterminés, les Lepidium, au nombre d’une cinquantaine d'espèces, sont des plantes herba- cées ou à peine ligneuses , ayant des liges cylin- driques , rameuses, des feuilles simples, des fleurs médiocres, blanchîtres, disposées en grappes ter: minales. De Candolle, dans son Syst. veget. nat., les a répartis en sept sections que nous allons énu- mérer. FF Canpanra. Silicule ovale en cœur, renflee', valves concaves sans ailes, style droit etallongc. Cette section se compose du genre instilué sous cemême nom par Devaux, pour le Cochlearia draba de Linné, plante qui n’est pas rare aux environs de Paris; on la reconnaît à son aspect blanchätre et poudreux ; à ses tiges grêles, hautes d’un pied en- viron:, a ses feuilles sinuées, dentées, embrassan- tes. La concavité de ses valves la rapproche de la Sénchière ; mais son port et la déhiscence de la silicule lui permettent de garder le nom de ZLepi- dium draba. Ile. Ecvrpsanra. Silicule elliptique, valves caré- nées, style filiforme. Cette section renferme quatre espèces, savoir : L. chalepense, Linné ; L. oxyotum, Labillard:; ZL. glastifolium, Desf.; et ZL. amplexi- caule, Willd.; les trois premières indigènes du bassin de la Méditerranée , l’autre de Sibérie. ILE. Branyriprum. Silièule elliptique, entivre ou presque échancrée ; valves carénées ; style tres-court. Les espèces de celte section ont un calice per- sistant, ou du moins ne tombant que tard ; leurs feuilles caulinaires ne sont ni amplexicaules ni au- riculéess Ce sont le Z. cæspitosum , Desv., indigène d Arménie, et le ZL. coronopifolium , Fisch., de la Russie orientale. Une troisième espèce, du Pérou, décrite par De Gandolle sous le nom de Z. Hum- boldiii, a eté réunie par Kunth au Sencbicra avec l'épithète de dubia. IV°. Canpamox, Silicule presque orbiculaire, échancrée au sommet; valves carénées-naviculaires , un per ailées; style très-court; cotylédons à trois dobes. Getle section se compose dé l’ancien genre Nasturtium de Boerhaave: sa principale espèce est : Le Lérinren currivé. L. saltoum, L., véritable Cardamon des anciens , vulgairement Cresson alenois où nasitort , indigène de la Perse et de l’île de Chypre. Gette plante, recherchée pour sa sa- veur agréablement piquante, s’est répandue peu à peu en Europe et dans nos champs, où ‘on la louve maintenant à l’état sauvage, Sa tige, haute de dix à douze, pouces, est rameuse, chargée de feuilles ; les inférieures péliolées, bipennées, gla- bres, glauques ; les caulinaires sessiles, entières ou seulement dentées, Une variété a ses feuilles si- nueuses et, crépues. Les fleurs sont petites, nom- breuses, et forment une panicule d’épis courts aw sommet des rameaux, Tout le monde sait que le Cresson alenois est l'admis dans nos salades. Il partage aussi les pro- priétés antiscorbuliques du véritable Cresson. Ve. Lepra. Silicule presque orbiculée , échancrée |au sommet; valves naviculaires, ailées ; style très- | court, souvent adné aux ailes; cotylédons entiers. | Getle section porte le nom d’un genre formé par | Devaux, et en comprend les espèces. Deux sont | des T'hlaspi de Linné, savoir le L, hirlum ct le | L..campestre; ce dernier se trouve très-commu- |nément aux environs de Paris, couvert de poils | et par conséquent de poussière, attendu les dix | pouces de sa taille ; ses feuilles, très-nombreuses, | sont lancéolées et sagittées sur la tige, roncinées et lyrées vers la racine. Les-autres espèces sont. le | L. spinosum, L,, le L. leiocarpum, D. C., qui se | trouvent en Orient, et le L. rotundum, indigène de | la Nouvelle-Hollande. VI Dicepriuw, : Silicule presque elliptique , échancrée au sommet, à valvules carénées, sans ai- lesi, style presque nul. Getle section est la plus considérable , et renferme environ vingt-cinq es- pèces, à fleurs très-petites, se montrant quelque- fois avec deux ou quatre étamines , et mêine sans pétales. Citons pour exemple le Lepidium rude- rale, L., appelé Cresson des décombres, des lieux où il croît le plus communément ; sa tige , droite et rameuse, est garnie à sa base de feuilles pinna- tifides, À son sommet de feuilles linéaires entières. Quelques personnes trouvent à celte espèce une odeur fétide ; d’autres lui ont attribué la propriété de chasser les punaises des appartemens. On trouve encore dans celte seclion , entre au- tres espèces , le L. perfoliatum , de l'Europe orien- tale, dont les feuilles supérieures sont amplexi- caules , et le L. piscidium , ainsi nommé parce que, dit-on, les habitans des îles de la mer du Sud se servent de cette plante pour enivrer le poisson , ct rendre ainsi leur pêche plus facile. VII. Lepmrasrrum. Silicule ovée ou elliptique. trés-entière, terminée en pointe par le stigmate ; val- ves carénces , sans ailes, Gette section renferme les vérilables Lepidium. La crane Passerace, Z, latifolium, L,, est une plante assez commune en Europe dans les lieux ombragés, au bord des rivières ; elle pousse une tige droite, haute de deux à trois pieds, gla- bre, souvent recouverte d'une poussière glauque; ses feuilles sontovales, oblongues , dentées au bas de la tige, entières vers le sommet ; ses fleurs for- ment une panicule ample ct allongée. Ce Lépidier a des propriétés âcres et antiscorbutiques ; l’igno- rance l’a mis au nombre des remèdes contre la rage, et de [à le nom qui lui est resté. La PETITE PasserAGE, L. iberis, L., se dis- tingue par ses tiges diffuses, par ses feuilles li- | | mme LEPI 384 LEPI mm néaires el sessiles, et par ses fleurs qui souvent ne contiennent que deux étamines. Elle est commune sur le bord des chemins. Le Lepidium oleraceum, Forster, est cette Cru- cifère de la Nouvelle-Zélande que la Providence mit sur les pas des compagnons de Cook, malades et abattus d’une longue traversée; sa saveur ap- proche de celle de l'Epinard ou de la Late ) * LÉPIDINÉES, Lepidineæ. (soT. Rs Neu- vième tribu des Crucifères dans la classification de De Candolle: elle a pour type le genre Lepi- dium, et se caractérise particulièrement par la cloison très-étroite de ses silicules, et par sescotylé- dons incombans. Voyez l’art. Crucirères. (L.) LÉPIDOKROKITE. (mw.) Substance miné- rale encore peu connue, mais qui paraît devoir constituer une espèce, bien qu’elle se rapproche de la Limonite,. Elle se compose , suivant M. Beu- dant, de 88 parties de peroxide de fer , et de 10 à 11 d’eau. Elle cristallise en lames qui semblent se rapporter à un prisme rectangulaire. (J. IH.) LÉPIDOLÈEPRE, Lepidolcprus. (roiss.) Nom scientifique du genre GrenaDier. W. ce mot. , (Azrn. G.) LÉPIDOLITHE. (uix.) Nom qui a été douné à une substance en petites lames d’une couleur vio- Jette, et que M. Cordier a démontrée être une va- riété de Mica (veyez ce mot). (J. H.) LÉPIDOPE, Lepidopus. (poiss.) Ce qui a été dit de ce joli poisson à l’article J'arnerTikre de ce Dic- tionnaire étant purement technique, nous croyons faire plaisir en entrant ici dans quelques détails à ce sujet. Le mot latin Lépidope , c’est-à-dire Pied-écaille, lui vient de ce qu'il porte sous les pectorales deux petites écailles mobiles, pointues, qui rempla- cent les ventrales, et fournissent son principal ca- ractère; son corps, qui forme un véritable ruban, se termine en avant par une tête pointue, et va en s’amincissant beaucoup à son extrémité; le dos est tranchant ct surmonté d’une nageoire basse et égale, qui en occupe presque toute la longueur ; le tranchant du ventre est un peu plus arrondi, et n’a qu’une petitg nageoire sous son extrémité postérieure ; le tout est terminé par une caudale petite et fourchue : tel est l’ensemble du poisson. Ses caractères les plus particuliers con- sistent, comme nous l’avons déjà dit, dans deux écailles arrondies qui lui liennent lieu de ventrales, et dans une troisième écaille, située derrière l’a- nus : écailles qui sont , ainsi que l'ont fait remar- quer plusieurs naturalistes, les seules qu’il ait sur le corps; car sa peau paraît lisse et seulement en- duile d’une poussière argentée. Ge genre ne ren- ferme encore qu’une seule espèce, qui atteint jus- qu'à cinq ou six pieds de long, et est de la plus belle couleur d’argent, c’est le L£PipoPe ARGENTÉ, Lepidopus argyreus, représenté dans notre Atlas, pl. 300, fig. 2. Il se mange , et sa chair est même ferme et délicate, selon quelques observateurs. C’est en avril et en mai qu’il approche des côtes : on le prend alors au trémail; son séjour habituel est dans les profondeurs moyennes; il ne vit pas en société. Sa femelle est pleine d'œufs au printemps. Quelques auteurs, et particulièrement M. Rafi- nesque, pensent que l’on pourrait employer la poussière argentée qui recouvre le eorps de ce poisson pour colorer des fausses perles; car ce dernier assure en avoir tiré lui-même une encre de couleur d'argent. Ce Lépidope est tourmenté par plusieurs espèces de vers intestinaux. On en trouve sous la peau, le long de la dorsale, et sur tout le reste du corps ; on en rencontre aussi en grande quantité dans la cavité abdominale adhé- rant à la face interne des intestins; ils remplissent même certaines parties du mésentère et du péri- toine, ; (Azrx. G.) LEPIDOPTÈRES, Lepidoptera. (ins. ) Ordre d’Insectes ayant les caractères suivans : bouche n’offrant en parties distinctes que deux mâchoires accol£es formant entre elles un tube, roulées sur elles-mêmes en spirale dans l'inaction, et deux palpes labiaux très-longs relevés entre les yeux ; quatre ailes couvertes d’écailles assez fines pour être considérées comme une poussière. Les Lépidoptères sont des insectes si différens des autres , que les auteurs les plus anciens les ont désignés sous le nom d'insectes à ailes farineuses; Linné, en employant le nom de Lépidoptères, ne fit que donner un nom grec à la même idée, et Fabricius, en les appelant Glossates, n'eut en vue que la partie apparente de la manducalion, qu'il compare à une langue. En considérant , en effet, la bouche de ces insectes, on est d’abord frappé de la dissemblance qui existe entre elle et celle soit des insectes broyeurs, soit des autres insectes : suceurs; au premier coup d'œil on n’aperçoit qu’un corps roulé en spirale sur lui-même, et placé entre deux autres pièces relevées qui le ga- rantissent à droite et à gauche : il y à loin de ià aux mandibules et aux mâchoires des insectes broyeurs, et aux soies aiguës des insectes suceurs ; cependant l’analogie nous fait retrouver les mêmes pièces ; e*est à M. Savigny que l’on en doit la dé- monstration; celle langue ou trompe roulée en spirale, est droite dans l’action ; on aperçoit alors qu'elle est composée de deux pièces tubulaires, mais formant, quand elles sont réunies, un troi- sième tube entre elles ; c’est par ce tube que le suc des fleurs, dont se nourrissent exclusivement ces insectes, est introduit dans j’œsophage; à la base de ces deux tubes, on remarque un petit ap- pendice en forme de palpe, qui permet de recon- naître ces organes pour les mâchoires; les man- dibules se retrouvent au dessus de leur insertion sous la forme de deux très-pelits corps velus; le labre se voit aussi, mais enfoncé sous l’épistome et presque rudimentaire. Si l’on reporte ensuite les yeux au dessous des mâchoires, on voit une portion triangulaire, qui est la lèvre et qui sert de point d’allache aux deux corps qui emboîtent la trompe de chaque côté; en dépouillant ces deux corps des nombreuses écailles dont ils sont héris- sés, on reconnaît qu'ils sont triarticulés et que ce sont les palpes labiaux. Le naine aus ms | érie mans mA he CS LEPI 389 LEPI ——————————————————…——————————————————————————————————————————————_—____——————_—__ La tête des Lépidoptères est transversale, les yeux sont globuleux , saillans ; il existe quelquefois des ocelles, mais ils sont cachés dans les écailles de la tête. Les antennes sont assez allongées, d’un assez grand nombre d'articles ; elles sont ou grêles et terminées en massue, ou en fuseau, ou sétacées ; dans ces deux dernières divisions, elles sont quel- quelois pectinées soit d’un, soit de deux côtés, ou tantôt dans un seul sexe et tantôt dans les deux; celte forme des antennes correspond aux trois fa- milles de cet ordre. Des trois segmens du thorax le premier est très-court, et les deux autres peu dislincts entre eux; pris en entier, lethorax est plus long que large, un peu bombé en dessus et com- primé sur les côtés; les ailes, qui jouent un si grand rôle chez ces insectes, sont très-grandes proportionnellement à leur corps; les supérieures sont généralement plus longues, et les inférieures plus larges ; elles sont parcourues par des nervu- res peu nombreuses, couvertes d’écailles imbri- quées comme celles des poissons, facilement ca- duques et qui s’attachent aux doigts à la moindre pression ; la forme de ces écailles est très-varia- ble ; souvent elles sont cannelées , dentelées à leur extrémité, mais presque toujours terminées par un pédicule qui s'implante dans l'aile ; le port des ailes diffère dans les différentes familles: dans les diurnes elles sont relevées au dessus du dos l’une contre l’autre dans le repos , aussi leurs cou- _ leurs sont-elles également brillantes en dessus et en dessous; dans une tribu de cette première di- vision , les inférieures restent horizontales, landis que les supérieures sont relevées; dans les cré- pusculaires et les nocturnes, les ailes sont couchées en toit dans le repos; mais, pour tenir les supé- rieures dans cet état, la nature a armé l'aile infé- rieure , près de son bord antérieur , d’un crin qui pénètre dans une boucle des ailes supérieures ; celte disposition manque cependant dans quelques espèces. Au dessus de l’origine supérieure des ailes, on remarque deux lanières nommées ptérygodes, qui sont couchées sur les deux côtés du dos; ces lanières sont des parties du thorax qui sont res- iées libres par l’une de leurs extrémités (voy. In- sECTES). Les pattes ont les tibias armés vers le milieu de leur longueur d’une paire d’épines, non compris celles qui sont à l’extrémité ; le tarse est de cinq articles, et terminé par deux petits cro- chets ; dans quelques diurnes les deux premières pattes s’atrophient tantôt dans les deux sexes, tan- tôt dans un seul, les pattes sont alors appliquées le long du cou, et les tarses ne présentent plus de crochets; elles sont appelées dans ce cas pattes en palatine , et les papillons qui sont dans ce cas ont été quelquefois désignés sous le nom de Tétra- ptères. L’abdomen a la forme d’un ovoïde plus al- longé du côté de l'anus, tenant au thorax par une très-pelite partie de son diamètre; il n’offre ja- mais de tarière proprement dite; mais, dans quel- ques espèces, les derniers anneaux de la femelle peuvent s’allonger de manière à former un ovi- ducte : telles sont , par exemple , les espèces dont les chenilles vivent dans l’intérieur du bois; les Tome IV. 289° LivraIson. organes sexuels mâles n’offrent à l’extérieur que deux valvules exactement appliquées l’ane contre l’autre. L’intestin des Lépidoptères est assez court, puis- que ce sont des animaux qui ne prennent qu’une nourriture liquide; il se compose d’un jabot, d’un estomac dilaté, d’un intestin grêle assez long, et d’un cloaque, auprès duquel s’insère un cœcam ; le cloaque offre quelquefois à l’intérieur, dans les larves, des formes particulières, car les excré- mens en sortent souvent moulés d’une façon très- régulière. Les métamorphoses des Lépidoptères sont celles de tous les autres insectes ; les mâles sont très- ardens et poursuivent vivement leurs femelles ; chez quelques nocturnes même, ils savent les dé- couvrir au moyen d’un sens qui ne peut être que l’odorat , puisqu'ils viennent quelquelois les cher- cher jusque dans les appartemens où on les élève. Les Chinois ont profilé de cette propension des mâles de certains bombyx pour leur faire féconder les femelles qu'ils élèvent ; ils attachent celles-ci sur des baguettes, et, les mettant dans un endroit découvert, ils laissent les mâles sauvages les fécon- der; ils peuvent par ce moyen renouveler les races, qui tendent toujours à s’abâlardir en do- mesticité; l’accouplement chez ces insectes est assez long, et souvent ils volent accouplés, la fe- melle qui est plus forte entraînant le mâle: la ponte est très-nombreuse, et se fait le plus sou- vent à l’air libre et sur les végétaux qui doivent alimenter la postérité. Les œufs, de forme très- variable, mais approchant en général de celle sphérique, sont quelquefois abandonnés par Las et se fixent par la matière visqueuse dont ils sont re- vêtus ; souvent il entre une certaine symétrie dans leur disposition, quelquefois même les femelles se dépouillent, pour les garantir, du duvet dont Jeur abdomen est garni ; après la ponte les femelles et les mâles, comme tous les autres insectes , ne tardent pas à périr. Les larves des Lépidoptères portent particuliè- rement le nom de Ghenilles ; leur forme varie peu ; elles ressemblent à un cylindre très-allongé, tan- tôt glabre , tanlôt couvert soit de tubercules, soit d’épines plus ou moins branchues, souvent velues, mais offrant beaucoup de variété dans la disposi- tion de leurs poils, qui peuvent être ou rares on très-longs et nombreux, ou disposés en bouquets sur les côtés, ou en brosses sur le dessus du dos, etc.; leur têteest écailleuse, et munie de man- dibules, de mâchoires et de quatre palpes; les an- tennes sont très-courles, et les yeux, quand ils existent, ne sont formés que d’ocelles agelomérés ; les patles sont au nombre de six, écuilleuses, et sont portées par les trois premiers anneaux ; les quatre derniers anneaux, excepté l’anal, peuvent porter d’autres appendices appelés pattes mem- braneuses, et qui sont souvent terminés par une couronne de petits crochets; quand il n’existe que les dernières de ces paltes, le mouvement de pro- gression des chenilles devient singulier; elles sont obligées de saisir d’abord le Lerrain avec leurs 4Q LEPI 386 LEPI palles antérieures , ensuite de rapprocher la par- lie, postérieure, du corps, puis, en raidissant le corps par la seule force musculaire , d'aller plus loin chercher le terrain pour le saisir de nouveau; dans celte action, ces chenilles paraissent à cha- que pas mesurer le terrain, ce qui leur a valu. le nom d’Arpenteuses,; quelques, unes d’elles, dans les momens de repos, saisissent les branches seu- lement avec les, palles anales,, et raidissent leur corps soit droit , soit sous, les angles les plus bi- zarres, ch demeurent ainsi des heures entières dans une immobilité parfaite, ce qui suppose une élonnante force musculaire; mais nous savons qu'à cet égard ces insectes sont richement parta- gés, puisque Lyonnet à compté dans la chenille du, Cossus ligniperda quatre mille quarante et un muscles; mais Lyonnet, en divisant les muscies à l'infini, n’a--il pas compté chaque fibre pour un muscle particulier ? Les chenilles n’ont pas Lou- jours le segment anal arrondi; dans quelques es- pèces cette partie est fourchue, et présente à ses deux extrémités des tubes d’où sortent des filets rétracliles à la volonté de l’insecte; quelques au- tres espèces ont sur le cou une autre partie rétrac- tile qu'elles ne foni sortir que quandonlesinquiète ; celte partie est quelquefois percée , et sert à éja- culer une liqueur âcre qui sert à La défense de l'insecte. Presque toutes les chenilles possèdent la faculté de jeter quelques fils; ces fils sortent d’une filière placée en dedans de la lèvre inférieure, et où viennent aboutir deux vaisseaux très-entortillés, où s’élabore la malière de la soie. L Pour passer à l’élat de nymphe, les chenilles de presque Lous les diurnes demeurent à l'air li- bre , les unes se suspendent par la queue, les au- tres s’attachent en outre par le milieu du corps, et la métamorphose s’opère dans celte position ; dans celte. division, les nymphes sont quelquefois anguleuses et ornées de taches dorées où argen- tées, d’où leur est venu le nom de Chrysalides où d’Aurélies ; dans les autres divisions les nym- phes ont plus habituellement la forme d’une fève, nom sous lequel on les désigne quelquefois, Les chenilles velues se filent habituellement une co- que où elles font souvent entrer leurs poils, celles à peau glabre se mettent en terre ou rapprochent des feuilles et d’autres matériaux où elles opèrent leur transformation. Toutes les nymphes de cetor- dre offrent une particularité remarquable, celle d’être en momies, c’est-à-dire d’être. entièrement emmaillottées; en effet, dans les auires. ordres , les membres revêtus d’une pellicule particulière, rap- prochés du corps, ne laissent pas que d’être libres ; tandis que dans les Lépidopières ces différentes parties sont collées les unes aux autres sans pou- voir exécuter aucun mouvement, Quand arrive le moment de l’éclosion, elle s’opère tout simplement pour les espèces qui ont leurs nymphes à, l’air li- bre; mais chez les espèces enfermées dans une coque, ou la chenille à Jaissé un endroit lâche. à cet effet, ou le papillon dégorge une liqueur qui amollit le Lissu et lui permet de forcer le passage; quelques instans après leur sortie de la nymphe, les Lépidoptères rejettent par l'anus une liqueur venferméc dans leur abdomen, qui est une espèce de mnecontum ; cette liqueur, d’un rouge vif chez certaines espèces souvent très-mullipliées, a donné lieu aux assertions de pluies de sang quand elle se remarquait en grande quantité sur les ma- railles. Les Lépidoptères peuvent être comptés au nom- bre des insectes qui causent le plus de dégâts, mais ce n’est que sous leur état de larve ou de chenille; alors ils sont vraiment redoutables ; quelques espèces dépouillent entièrement les ar- bres : aussi des ordonnances très-sages forcent- elles, dans certaines années, à écheniller ; d’au- ires espèces allaquent les plantes potagères on agricoles, comme les Choux et le Houblon ; d’au- tres enfin , parmi les Tincites, rongent les lainages de nos vêtemens, la laine ou le crin de nos meu- bles, quand on n’y porte pas la plus grande atlen- tion : nous n’avons encore que le Bombyx du mü- rier ou Ver-à-soie qui nous dédommage; mais peut-être serait-il possible de tirer profit de quel: ques autres espèces. La classification des Lépidoptères, malgré la multiplicité des genres qu’on yaélablis, et ceux que lon y crée tous les jours, est loin d’être claire, parce que je crois que l’on suit une fausse route , et pour pouvoir s’y reconnaître, il faut presque s’en tenir à quelques principaux genres anciennement | adoptés ; cet ordre se divise en trois faunilles, qui sont les Diurnes , les CréPuscucaines et les Noc- TURNES, (A. P.) LEPISACANTHE, Zepisacanthus. (rorss.) Le beau genre de poissons Acanthoptérygiens auquel on donne ce nom, dérivé de deux mots grecs, kris, Ccaille, el de äxawx, épine, appartient à la famille des Joues cuirassées. Voici les: carac- ières qui le distinguent le plus de tous les ani- maux placés dans la famille dont il fait partie. Le Lépisacanthe est un poisson fort singulier qui tient de plusieurs de ceux quiont recule nom de Sciène, de Trigle et d'Epinoche; il a le corps court et gros, Cnlièrement cuirassé d'énormes écailles an- guleuses, âpres el carénées; des épines libres au lieu de première dorsale, et des ventrales compo- sées chacune d'une énorme épine, dans l'angle de laquelle se cachent quelques rayons mous, pres- que imperceptibles. Sa tôle est grosse, également cuirassée ; son front bombé ; sa bouche grande, et sa mâchoire garnie seulement d’un velours très: ras. Le LÉPISAGANTHE r4PoNAIS , qui est la seule espèce connue qui doive faire partie de ce genre, est représenté dans notre Atlas,- planche 300, fig. 3:1l a été décrit par Schneider, sous le nom de Monocentris earinata. Get animal a les écailles du corps très-largos, anguleuses ; finement denteltes au bord, et d’une dureté telle qu’elles forment ensemble une cuirasce aussi solide que celle qui revêt le corps du Péristédion; sa poitrine est plate, | et son ventre garni de trois arêtes fortes, produites par la continuité de celles des écailles qui la gar- nissent, et qui sont plus saillantes que celles des flancs. La couleur de la partie supérieure de cet ALL TR 2 ds 4 Tien Ft dx 1 Lepisme 2 Lepisostce ç 3 Lepte. À Leptophide ÿ Lepture LE Cuerin dû: DE. . LE LEPI 887 LEPI ——_————_————————————— —.———. —————_—_—— ————————————————…—…— …—….—. ——____———————————]_—__—_ osseux est jaunâtre , celle des côtes est d’un brun foncé , el la partie inférieure est blanchâtre. Nous avons cru devoir faire connaître plus en détail cette espèce curieuse de Lépisacanthe ; l'individu que nous venons de décrire à« environ quatre pouces de longueur , il est originaire du Japon. (Azpn, G.) LÉPISME , Lepisma. (ins. ) C'est à l’ordre des Thysanoures, famille des Lépismènes, qu’appar- tient ce genre, qui a été établi par Linné, et qui est adopté par tous les entomologistes. Les prin- cipaux caracières génériques sout : yeux Lrès-pe- tits, fort écartés, composés d’un petit nombre de grains ; corps aplati et terminé par trois filets de ja même longueur, insérés sur la même ligne et ne servant point àsauter, Les Lépismes, dit M. Latreille dans un Mémoire ayant pour titre : de l’'Organisa- tion extérieure de l’ordre des Thysanoures, Ann. du Muséum , tom. I, 3° série, ont le corps ova- hire , rétréci postérieurement , déprimé, mais un peuet insensiblement élevé vers le milieu du dos; avec Ja tête horizontale, soit en forme de carré transversal et arrondi aux angles postérieurs , soit presque demi-circulaire. Le premier segment du thorax est grand, presque semi-circulaire , em- brassant dans une échancrure antérieure la base de la tête, échancrée aussi, mais en sens opposé au bord postérieur; les deux autres segmens sont transversaux, presque égaux et échancrés posté- rieurement. L’abdomen est en forme de triangle fort allongé, avec les neuf premiers demi-segmens supérieurs transversaux ; le dernier, ou la plaque anale, est un peu plus long que large, et de son dessous partent, au même niveau , trois filets sé- tacés, pluriarticulés , égaux et divergens. Les an- tennes, insérées entre les yeux, mais un peu en avant de l'espace qui les sépare, sont sttacées, pluriarticulées et généralement longues. Les yeux sont latéraux, très-écartés, souvent cachés par les extrémités jantérieures des côtés du premier segment thoracique, et formés chacun de douze ocelles ou petits yeux lisses, sous la forme de pe- tits grains jaunâtres, disposés, du. inoins dans Pespèce commune (Sacch@rinæ) , sûr quatre ran- gées transverses, 2,5,4, 5; la Lête , immédia- tement après le bord antérieur de sa plaque shpé- rieure, tombe brusqaement , et présente un cha- peron ou carré transversal, terminé par un labre pareillement transversal mais plus courtet presqne hinéaire , membraneux eu entier. Les mandibules sontpresque on forme de triangle allongé dont la base forme l’éxtrémité, un peu courbes et épais- sies vers le miliea de leur longueur, et comprimtes ensuite. Le bord interne et dentelé-de l'extrémité est comme divisé en deux, au moyen d'un vide ou d’une incision ; la portion supérieure offre trois dentelures, toutes trois , ou deux au moins, aiguës ; la portion inférieure est moins avancée et n’a qu'une seule dent bien perceptible, celle de l’angle supérieur ; l’on découvre au côté inférieur, et près desce bout, un petit appendice composé d’an pelit faiscean de soie. La division supérieure du bord apical pourrait correspondre à la pertion conique, dentelée etterminale des mandibules des Machiles, et la division inférieure à l'avancement du rameau interne de celles-ci. Les palpes maxillaires de ces insectes sont conformés de même que ceux du genre précédent, où d’abord filiformes et amin- cis après graduellement pour se terminer en pointe ; mais ils sont beaucoup plus petits et com- posés seulement de cinq articles , dont le premier beaucoup plus court sans appendice, les trois suivans presque égaux et cylindracés, et le der- nier plus long et cylindrico-conique; cependant, suivant cet auteur, ce dernier article serait di- visé en deux dans quelques individus , ce qui por- terait le nombre ‘de ces articles à six au lieu de cinq. Les labiaux, plus courts que les maxillaires, ainsi que ceux des Machiles, en offrent quatre, dont le radical fort court, et les deux derniers ap- pliqués l’un sur l’autre , el composant une massue très-grande, comprimée el triangulaire. La lèvre est pareillement quadrilobée à son sommet. La ga- lelte est aplatie en forme de feuillet, tronquée obliquement et légèrement ciliée au bout. La divi- sion interne delamäâchoire est petite, comprimée, triangulaire , terminée par deux dents aiguës, de couleur brune ou noirâtre, de même que celles des mandibules, et cilite au bord interne. Les pat- tes sont très-comprimées ‘et remarquables surtout par leurs hanches et leurs cuisses qui sont fort grandes et en forme de lames et de feuillets ovalaires ; les hanches sont plus grandes et plus rondes ; les cuisses sont divisées en deux, ainsi que celles des Machiles ; les jambes et les tarses sont étroits , allongés et presque linéaires , dont le pre- mier beaucoup plus long, et dont le dernier, un peu moins court que l’intermédiaire, se termime par deux petits crochets aigus. Quelques épines d'inégalé grandeur couronnent l'extrémité des jænbes. Le vehtre, non canaliculé ét plus convexe dans $on milieu , n’a que deux paires d'appendices, dont l'antérieure ct supérieure se trouve insérée sur le huitième demi-segment, et l'inférieure sur Île suivant. Ces appendices , dont les deux postérieurs un peu plus grands , sont lancéolés ou cylindrico- coniques et comprimés, articulés, velus, ct an peu diaphanes, ou presque membraneux en ap- parence. Le bord postérieur dés six premiers demi- segmens est droit ; mais celui des deux suivans est échancré dans son milieu, et même quadrilobé au haitième, à raison des échancrares où prennent naissance {és deux appendices supérieurs. Le neu- vième segment, qui semble être le dernier du ventre , est beaucoup plus allongé que les précé- dens, ct composé de deux Jaines triangulaires , se joignant au bord interne par une ligne droite, ofondément échancrée sur les côtés an point d'insertion des deux appendices postérieurs , avec deux dents à chaque, l’une terminale, et l’autre formée par le prolongement de l'angle inférieur et marginal de l’échancrure. Ces lames valvulaires servent aussi d'étui à la tarière. Les côtés du ventre offrent chacun au dessus des appendices et dans la même ligne cinq petites aigrettes de sole, « LEPI Quelques espèces en onL aussi d’autres plus rap- prochées des bords du ventre. Les Lépismes sont des petits animaux qu'Aldro- vande et Geoffroy avaient nommés Forbicines et que l’on compare à de petils poissons à raison de la manière dont ils se glissent en courant, et des couleurs brillantes de quelques espèces ; ils se ca- chent ordinairement dans les boiseries, les fentes des châssis qu’on n’ouvre que rarement, ou sous les planches un peu humides, etc.; d’autres se tiennent sous les pierres. Ces petits animaux cou- rent très-vite, et il est difficile de les saisir sans calever une partie des écailles dont leur corps est couvert ; ils paraissent fuir la lumière. La mollesse des organes maslicaleurs de ces insecles annonce qu'ils ne peuvent ronger des matières dures ; ce- pendant Linné et Fabricius ont dit que l’espèce commune se nourrit de sucre et de bois pourri : suivant le premier, elle ronge des livres et les habits de laine; Geoffroy pense qu’elle mange des indi- vidus du Psoque pulsateur, connu sous le nom de Pou de bois, Ce genre se compose de très-peu d'espèces; celle qui peut être regardée comme devant Jui servir de type est le LÉPISME pu sucre, L. saccharina, Fab., Latr., la f'orbicine plale, Geoff., représenté dans notre Atlas, pl. 501, fig. 1. Long de quatre lignes, d'un blanc entière- ment argenté, sans tache, plus brillant en dessous qu’en dessus ; antennes et filets caudaux légère- ment tachelés de ferrugineux. Très-commun dans les maisons, où il habite de préférence les lieux - humides et renfermés , il se nourrit de sucre, de substances végétales, et probablement aussi de très-pelits insectes, Cette espèce, suivant M. La- treille, est originaire d'Amérique. Le L£pisux por, L. aurea, Léon Dufour (Ann. des sc. nat., pl. 15, fig. 1). D'un jaune paille doré uniforme. Les segmens du corselet sont re- marquables par une largeur bien plus grande que toutes les autres espèces. Le dernier segment de l’abdomen est deux fois plus long que le précé- dent, et tronqué à son extrémité. Les soies de la queue sont glabres et de moitié plus courtes que l’abdomen. Les appendices inférieurs sont ciliés, ainsi que les bords des plaques ventrales. Se trouve dons diverses contrées de l'Espagne, notamment dans la Navarre, la Catalogne et le royaume de Valence. Cette jolie espèce habite en sociétés assez nombreuses sous les pierres, et se relire dans des conduits souterrains. M. L. Dufour dit l’avoir ren- contrée en compagnie de Fourmis, avec lesquel- les elle paraît vivre d’intelligence. Le L£risue cu, L. ciliata, L. Duf., Ann. des se. nat., pl. 13, fig. 2. Le corps est allongé, avec le corselet à peine un peu plus large que l'abdomen. Le bord antérieur de la tête a une barbe roussä- tre. Les antennes sont glabres et d’un roux pâle, ainsi que les palpes ; les maxillaires de ceux-ci sont assez saillans , el composés de cinq articles allon- gés, presque égaux entre eux, à l’exception du premier qui est fort court. Les bords du corselet et ceux de l'abdomen sont hérissés de poils fasci- culés; on voit sur la région dorsale de celui-ci des 388 LEPI | points noirâtres, disposés en série , et dont chacun offre à la loupe un double fascicule de poils, l’un couché , étalé en étoile, l’autre redressé. Les soies qui terminent l'abdomen sont à peu près égales entre elles et de la longueur de celui-ci. Cette es- pèce a été trouvée sous les pierres aux environs de Murviedro et de Moxente , dans le royaume de Va- lence. C'était une femelle, dit M. L. Dufour, en- tourée de ses pelits qui étaient atitroupés comme ceux du Cloporte, et qui lui ressemblaient à la grandeur près. (H. L.) LÉPISMÈNES, Lepismenæ. (1ss.) Famille de l'ordre des Thysanoures, établie par Latreille, et renfermant le genre Lépisme de Linné, Les ca- ractères de cette famille sont : antennes en forme de soie , et divisées dès leur naissance en un grand nombre de petits articles. Yeux formés de petits yeux lisses conglamérés en nombre variable. Bou- che composée d’un labre, de deux mandibules sub-membraneuses, de deux mâchoires bilobées et d’une lèvre quadrifide; palpes labiaux plus courts, quadri-articulés. Gorps en ellipse allongée ou ovalaire, avec le thorax gibbeux; l'abdomen allongé et rétréci à son extrémilé post{rieure ; celui-ci composé de six segmens, portant en des- sous neuf paires d’appendices lamelliformes atta- chés aux arceaux ventraux par un pédicule arti- culé , et dont les derniers sont les plus longs ; ta- rière des femelles comprimée et formée de deux valves conniventgs. Ges insectes, entièrement cou- verts d’écailles brillantes, se Liennent cachés dans les lieux où la lumière du jour ne pénètre pas; ils sont très-agiles, et quelques uns exécutent, à l’aide de leur queue , des sauts assez longs. Cette famille se compose de deux genres, les Macmizes, Wa- chilis, filets terminaux inégaux, sallatoires; les Lérismes, Lepisma, filets terminaux, non salta- toires. (EH: EL) 14 LEPISOSTÉE , Lepisosteus. (poiss.) Ce nom, qu'a imaginé le naturaliste Lacépède, vient de deux mots grecs qui signifient écailles osseuses ; ils désignent un genre fort singulier de poissons abdominaux, dont les caractères consistent en un museau très-prolongé, formé de la réunion des maxillaires, des intermaxillaires et des pala- tins; la mâchoire inférieure l’égale en longueur , et l’un et l’autre sont hérissés sur toute leur sur- face intérieure de dents en râpe; ils ont , le long | de leur bord, une série de longues dents poin- tues ; leurs ouïes sont réunies sous la gorge par une membrane commune qui a trois rayons de chaque côté ; ces poissons sont revêtus d écailles d’une dureté pierreuse ; la dorsale et l’anale sont situées vis-à-vis l’une de l’autre et fort en arrière. Les deux derniers rayons de la queue et les pre- miers de toutes les autres nageoires sont garnis d’écailles qui les font paraître dentelés. Les Lépisostées sont , parmi les poissons, ceux qui ont reçu les armes les plus défensives et les plus sûres ; les écailles dures, éparses et osseuses dont leur corps est recouvert, forment une cuirasse impénétrable à Ja dent de presque tous les ani- maux marins ; à l'abri sous leurs tégumens, pri- LEPR 389 LEPR vilégiés, plus confians dans leurs forces , plus har- dis dans leurs attaques que les Brochets avec les- quels ils ont de très-grands rapports, ravageant avec plus de sécurité le séjour qu'ils préfèrent, exercant sur leurs ennemis une grande tyrannie, satisfaisant avec plus de facilité leurs appétits violeps , ils sont d'autant plus voraces, et porte- raient dans les eaux qu'ils habitent une dévastation à laquelle très-peu de poissons pourraient se déro- ber, si ces mêmes écailles défensives, qui par leur impénétrabilité ajoutent à leur audace, ne dimi- auaient, par leur grandeur et leur inflexibilité, la rapidité de leurs mouvemens, la facilité de leurs évolutions, l’impétuosité de leurs élans , etne lais- saient pas à leur proie quelques ressources dans l'adresse et l’agilité. Mais cette même voracité les livre souvent eux-mêmes à la main de leurs enne- mis ; elle les porte à se prendre à l’hamecon pré- paré pour leur perte. Ce genre ne comprend que quelquesespèces, dont les plus importantes à considérer sont : le Gatwan où Æsox osseus de Bloch, figuré à la planche 301, fig. 2, de ce Dictionnaire. Gette espèce présente une grande ressemblance avee le Gaïman, dont on lui a donné le nom spécifique. Tout son corps est recouvert d’écailles osseusses qui semblent avoir été disposées par l’art; sa longueur est de deux pieds et plus, sa couleur est verdâtre en dessus, violette en dessous. La SpaTuze, Lepisosteus spatula, dont l’extré- mité du museau est plus large que le reste des mâchoires ; la longueur de sa tête égale à peu près celle de la moitié du corps. Son palais est hérissé de petites dents; l’une el l’autre mâchoires sont garnies de deux rangées de dents courtes, inégales, crochues et serrées. On trouve ces poissons dans les rivières et les lacs des parties chaudes de l'Amérique; ils de- viennent grands et sont bons à manger. Les mêmes mers en produisent plusieurs espè- ces dont les différences ne sont pas encore assez bien assurées pour que nous puissions les men- tionner. (Azpn. G.) LEPRE, Lepra. (8oT. cnypr.) Lichens. Genre comprenant les Pulveraria et Lepraria d’Acharius, et caractérisé ainsi qu'il suit par Fée, qui l’a placé dans le groupe des Goniocarpées , ordre des vrais Lichens de sa méthode. Thalle crustacé , lé- preux, uniforme, sans limités; apothécion nul ; gongyles nus, libres et agglomérés, épars sur la surface de la plante. Les Lèpres, ainsi nommées à cause de leur analogie avec certaines affections dartreuses, se rencontrent sur les murs, les pierres, les vieilles écorces , etc. Les écorces des arbres sains en of- frent rarement à l'observateur ; les lieux sombres et humides au contraire en sont très-riches. Plu- sieurs Lèpres sont odorantes. Leur thalle est mou et spongieux, et sa couleur présente les nuances suivantes : jaune et jaune soufre , verte, blanche, grise, rose et blanchâtre. : La Lèpre la mieux connue , et que l’on trouve partout, est la Lepra flava de Fée, dont la croûte est cffuse, égale, mince, un peu ridée, très” jaune, composée de granules globuleux , nus, EiF) LÉPRE. (pnysro.) Ce n’est pas dans ses rap- ports avec l’art de guérir que nous devons exami- ner ici l’affreuse maladie à laquelle on a donné le nom de Lèpre. Ce mot ne prend place dans ce Dictionnaire que parce qu’il se rattache à des con- sidérations physiologiques qu'il est possible d’iso- ler, d'examiner en dehors des vues nosographi- ques. Cette maladie fut long-temps considérée comme un des plus grands fléaux de l'humanité, comme une des plus redoutables vengeances du ciel contre les crimes des hommes. Elle ne détruit pas tout à coup la victime à laquelle elle s’attaque, elle la dégrade et ne la conduit que lentement à la mort : on a dit de ce mal qu'il semblait moins en vouloir à l'existence de l'homme qu’à ses for- mes, ct qu'il semblait plutôt faire consister son triomphe à le dégrader qu'à le détruire. C’est d'abord l'enveloppe cutanée qui s’épaissit, de- vient rude, écailleuse comme celle des quadru- pèdes ; qui prend la consistance dure et raboteuse de l'écorce des arbres. Le tissu muqueux, les membranes, les glandes, les muscles, les carti- lages, rien n’est épargné par ce virus extraordi- naire. Des ulcères rongeans, des tumeurs carcino- mateuses couvrent bientôt la surface du corps ; les membres se détachent et tombent en lambeaux hideux et dégoûtans. La Lèpre est une des mala- dies les plus anciennement décrites, sans doute parce qu’elle était une des plus cruelles et des plus communes. Son nom remonte à Hippocrate. Chez les Perses on chassait des villes les malheu- reux qui en étaient atleints. Les livres saints con- tiennent un tableau fidèle de ce fléau et de ses ra- vages parmi le peuple d'Israël. On sait avec quelles couleurs vives ils nous ont transmis le récit des souffrances de Job, dont la peau était rongée d’ul- cères fétides. Dieu frappa Pharaon de la Lèpre pour venger le sang des Juifs, et Haaman en fut délivré par le prophète Elisée en se plongeant sept fois dans les eaux du Jourdain. Elle se répandit ensuite en Asie, en Grèce et enfin en Italie, après les conquêtes de l’Orient par les Romains, puis enfin dans toute l’Europe et surtout en France, où des institutions religieuses furent entièrement con- sacrées au traitement des léprenx. Plusieurs do- nations royales, les divers élablissemens destinés à recevoir les victimes de ce fléau, indiquent assez et ses dangers et sa fréquence. Il est donc facile de voir que c’est moins à l'influence du climat qu’à celle des mœurs, qu’à l’état des institutions, qu’il fallait attribuer le développement de la Lèpre, Née au milieu de la barbarie, des désordres et de la corruption des peuples, elle s’est effacée à me- sure que l’indigence est devenue plus rare, la ci- vilisation plus avancée et les mœurs plus régu- lières, Sa propagation est surlout liée aux grandes catastrophes , aux grands événemens de la terre , à ces époques fatales où de grandes populations, poussées par la misère, se ruaient sur des nations LEPT 390 LEPT voisines ou éloignées. Toutefois on doit la rencon- trer encore. assez fréquemment dans le voisinage de l'équateur et des tropiques. L'Egypte , la Nubie, la Guinée , le Congo , la côte de Zanguebar, les îles de Socotara , de Madagascar, abondent en ma- ladies lépreuses. Elle est commune à l’île de France; on la rencontre aussi parfois aux Canaries, au cap Vert, à l'Ascension. Enfin on la trouve aussi au Canada, au Mexique, aux Antilles, à Saint-Vin- cent, à Tabago, à la Nouvelle-Grenade, au Brésil et dans beaucoup de contrées de l'Asie; et partout, il faut le dire , elle est presque toujours le résultat de mœurs dépravées , de l'absence de soins hygié- niques, d’excès honteux. Elle est loin de se pré- senter partout avec les mêmes symptômes, la même intensité; et les différences qu’elle offre dans divers pays avaient engagé quelques médecins à classer les genres nombreux de la Lèpre en raison de ses rapports géographiques. Les variétés qu’on rencontre en Europe sont celles qu’on a décrites sous les noms d’Ælephantiasis et de Léontiasis : la première parce que les extrémités inférieures pré- sentent l’aspect des membres de l’Eléphant; la se- conde parce que les tubercules hideux et ulcérés qui couvrent la face lui donnent l'aspect de celle d’un Lion. Nous pourrions iciraconter longuement à quelles obligations barbares on soumettait jadis les lépreux, et quelles obligations cruelles leur sont imposées encore dans certains pays; mais ces faits historiques accusent plus l'ignorance des peuples qu'ils ne sont uliles à étudier. Ce n’est pas à nous à résoudre aussi la question de la contagion de la Lèpre, qui pourrait bien, comme tant d’autres maladies, n êlre essentiellement contagieuse que sous l'influence des dispositions individuelles de celui qui la reçoit d'un autre. Celte question ap- parlient à la nosographie : ce que nous voulions faireremarquer, c’est que la Lèpre, comme beau- coup d’autres affections, a été bannie de tous les lieux où la misère, la dégradation, les habitudes crapuleuses ne l’appelaient plus, ne la répandaient plus. C’est que les soins hygiéniques, la nourri- ture plus choisie , la plus grande propreté des ha- bitations, l'usage du linge l'ont rendue rare dans les nations civilisées, et que les communications des peuples les plus éloignés, les lumières qu'il sera un jour possible de répandre chez les plus ignoraps , permettront de -chasser de la terre ce fléau et beaucoup d’autres. (P. G.) LEPTE, Leptus. (aracun.) Ce genre, qui ap- parlient à l’ordre des Trachéennes, famille des Microphthires, a élé établi par Latreille, qui lui assigne pour caracières : six paltes; un suçoir avancé; des palpes apparens, courts et presque coniques ; corps très-mou et ovale. Ges Arachnides, qui sont excessivement petites, ont le corps-ovale, renflé; la partie antérieure présente comme une têle, ayant de chaque côté un point noir qui re- présente peut-être les yeux. La peau qui couvre le corpsest souple, bien tendue et luisante; l’animalla fronceetla ride quelquelois. Ce genre s'éloigne des Caris par le corps quiest mou, tandis qu'ilest écail- leux dans ces derniers. Les Leptes diffèrent des Atomes en ce que ceux-ci n’ont point de sucoirs ni° de palpes visibles, Ces petites Arachnides sont pa- rasites ; l’epèce la plus commune, Leptus Phalan- gu, vit sur le Faucheur (Phalangium opilio) ; sou- vent elle ne s’y tient fixée que par un sucoir. Une autre espèce, qui est très-commune en automne sur les graminées et d’autres plantes , est le Lépre AUTOMNAL, Leptus autumnalis, Shaw. (Miscell. zool., t. 2, pl. 42). Il est très-petit et d’une cou- leur rouge; il grimpe et s’insinue dans la peau , à la racine des poils, et cause des démangeaisons très-vives et presque aussi insupportables que celles produites par là gale; il est connu vulgairement sous le nom de Rouget par les habitans des cam- pagnes. M. Quoy nous a appris qu’il est très-com- mun , à l’époque des vendanges , dans le départe- ment de ja Charente-Inférieure, où il est connu sous le nom de Vendangeron. Latreille dit avoir apaisé les démangeaisons produites par la piqûre de ces Arachnides en lavant les endroits irrités avec de l'eau mêlée d’un peu de vinaigre. Noas avons représenté cette pctite Arachnide, très- grossie à loupe, pl. 301 , fig. 3. (EL. L.) LEPTOCÉPHALE, ZLeptocephalus. (rorss.) Le nom générique de Leptocéphale, qui signifie pe- tite tête, désigne l'espèce que nous allons décrire, dont la tête est effectivement très-pelite, et que Pennant a cru devoir séparer des Anguilles pour en former ce genre, qui a pour type le Lerrock- PHALE MORRISIEN , dont on doit la connaissance au savant Morris. Cette espèce est la seule qu’on doive rapporter au genre Leptocéphale, et n’est point entièrement privée de nageoires , comme plusieurs observateurs l'avaient pensé; ses nageoires pecto- rales deviennent imperceptibles quand elles sont desséchées; on n’observe qu’une nageoire dorsale et une nageoire de l'anus également à peine visibles , toutes deux très longues , mais très-étrot- tes, et dont l’une garnit presque toute la partie supérieure de J’auimal, pendant que l’autre s’étend depuis l'anus jusque vers l’extrémité de la queue, pour former une sorte de pointe assez déliée, autour de laquelle on n’aperçoit qu'à peine la na- geoire caudale, Le Morrisien se rapproche des Angailles par la position de ses ouvertures branchiales, qui sont si- tuées au devantdes pectoralesetsont beaucoup plus grandes que chez ces derniers animaux. Son corps n’est cependant pas tylindrique conme celui des Anguilles, il est très-comprimé latéralement et en forme de ruban; et comme ses tégumensexté- rieurs sont minces , mous et souples, ils indiquent par leurs plis les différentes parties qui le compo- sent. Ces plis ou ces sillons sont transversaux , mais inclinés et soûdés. La tête est très-petite et comprimée comme le corps , de telle sorte que l’en- semble du poisson ressemble àune lame mince, et il n’est pas surprenant que l'animal ait une trans- parence très-remarquable ; les yeux sont gros ; les dents qui garnissentles deuxmâchoires sont très-pe- tites. Les individus les plus grands n’ont guère plus de douze centimètres de longueur. On trouve le Leptocéphale dont nous nous occupons sur nos. 1 LEPT côtes et sur celles d'Ang'elerre. Nos mers en pro- duisent aussi plusieurs espèces dont les différences ne sont pas encore assez bien assurées pour les menlionner. (Azru. G.) LEPTOMÈRE. (cnusr.) On a séparé quelques espèces du genre Chevrolle, et l’on en a formé le genre Leptomère : les différences qui distinguent ces deux genres sont si peu sensibles que nous n'avons pas adopté celui-ci, et que nous l'avons réuni aux GHEVROLLES. Voy, ce mot. (Guér.) LEFPTOPHIDE. (nerr.) Nom composé des mots grecs enr, grêle, et owe, serpent; il se donne àdes Serpens voisins des Couleuvres, mais qui s’en distinguent par leur forme:très - allongée et si grêle que, dans quelques unes des contrées qu’ils habi- tent, on leur a donné les noms vulgaires de Lien, de l'ouet de cocher, ete. Ges Ophidiens fréquentent les bois, s’enlacant surles branches les plus élevées, et y poursuivant leur proie, qui consiste en insectes et en petits oiseaux dont ils dévorent parfois aussi les œufs. Ils attaquent avec une agilité singulière -et avec d'autant plus de facilité que leur robe , en général d’un vert clair, se marie et se confond avec le feuillage sous lequel ils se tiennent en em- buscade, Il est à remarquer que cette matière co- lorante du tissu sous-épidermique de ces animaux se dissout au moins en partie dans l'alcool par un séjour plus ou moins prolongé , et la chimie peut- être trouverait quelque intérêt à l’analyser. Au reste , les mœurs et les habitudes des Leptophides sont à peu près celles des Couleuvres. Comme elles, ils sont innocens, c’est-à-dire que leur mor-. sure est simple et n’est pas accompagnée de l’ino- culation d’une substance venimeuse: aussi les enfans jouent-ils avec ces animaux comme avec une lanière de fouet. Néanmoins, quelques per- sonnes les redoutent; mais cela ne doit pas pa- raître surprenant quand, dans nos grandes villes , on entend les bateleurs assurer au public que la morsure des Gonleuvres à collier, dont ils se ser- vent pour attirer l'attention des passans, peut faire mourir en moins de deux heures. Les Lepiophides habitent les régions chaudes des deux hémisphères ; on les divise en plusieurs groupes , d’après la disposition des écailles ct la forme de leur museau. Les uns ont toutes les écailles dorsales carénées et le museau mousse; la pupille circulaire : ce sont les Dryophides, des mots grecs 95, arbre, et ômx, serpent; les Æhætula de quelques au- teurs ; à ce groupe se rapporte : L’Ahætula (Col. ahætula, Boïga, Æstivus fili- formis, Liocercus, Dryophis fulgidus), représenté dans notre Atlas, pl. 501, fig. 4. Les écailles rachidiennes égales, imbriquées , réticulées, ma- nifestement carénées ; les latérales inclinées, sub- verticillées, à carène plus ow moins ebsolète; les marginales un peu dilatées; les lamelles ventrales trifolites, d’un vert bleuâtre, uniforme, passant fois au brun cuivreux irisé; quelquefois une raie pâle plus ou moins marquée sur le milieu du rachis ; un trait noir naissant sur les côtés de la têle el passant sur les narines , sur la partie moyenne LEPT de l'orbite, où il est interrompu par les yeux, et pu ] y se perdant en s’atténuant sur les côtés du cou. As- sez répandu en Amérique, où il jouit d’une cer- taine considération parmi les gens du peuple et les magiciens. ÎL atteint jusqu'à cinq pieds de lon- gueur. D'autres Leptophides ont les écailles lisses, le museau plus ou moins prolongé en pointe : ce sont les Driènes. Les uns ont la pupille oblongue d'arrière en avant, ce qui leur {a fait donner le nom de Tragops, des mots grecs pére, bouc , et op, œil, parce que cette disposition se rencontre effectivement chez le Bouc. Ces espèces appartiennent à la partie méridionale de l’ancien continent. On trouve dans ce groupe , entre. autres : Le Passeriki-Pau (Dryinus cxyrinchus nasutus), de Russel. Vert en dessus, plus pâle en dessous, avec une ligne étroite, jauve pâle, sur les flanes. Le BoTTLa-Passerikt (Dryinus russellianus), de Russel. À museau un peu plus mousse que le pré- cédent , d'un vert presque glauque en dessus, pâle en dessous; quelques taches noires disposées en chevrons, formées de points noirâtres plus où moins confluens. Enfin d’autres Dryines ont la pupille arrondie : on les désigne sous le nom d’Oxybelis, du mot grec cÉvéeixe, armé d’un dard. Les espèces de ce groupe sont propres à l'Amérique méridionale ; telles-sont : L'Oxvreus ponf , Dryinus auratus , æncus. Brun pâle cuivré, irisé en dessus et en dessous , avec quelques points noirs irrégulièrement dissé- minés sur le corps, et un trait noir étroit sur les côtés de la lête. L'OxypzLis ARGENTÉ, Col. argenteus. Blanchâtre et nacré en dessus ct en dessous, marqué sur le dos de deux lignes longitudinales bleu-pâle, et sur l'abdomen de deux bandes longitudinales bleu-pâle, séparées l’une de l'autre par une ligne blanche très-étroite que relève une ligne étroite, médiane, bleuâtre. (T. G.) LEPTOSPERME, Leplospermum. (BoT. ruan. } Genre et type d'une tribu de la famille des Myrta- cées (De Candolle), Icosandrie monogÿnie de Linné, qui a été institué par Forster et Lamarck, et se compose d’arbustes et arbrisseaux de la Nou= velle-Hollande , au nombre d’une vingtaine d’es- pèces, assez voisines des Melaleuca, non moins élé- gantes et recherchées des horticulteurs. Leurs feuit- les sont en général très-petites, coriaces , alter- nes, ponctuées comme celle des Myrtes; clles per- sistent , et exhalent sous le doigt une odeur agréa- ble. Les fleurs naissent solitaires ou bien groupées à l’extrémité des rameaux. Elles présentent pour caractères : un calice adhérent à l'ovaire, ayant son limbe campanulé, parlagé en cinq divisions égales, une corolle de cinq pétales égaux, étalés ; un grand nombre d’étamines presque libres où légèrement réunies par la base de leurs filets; un ovaire infère , à cinq loges ; un style simple, por- tant un stigmale un peu élargi, déprimé et à peine bilobé ; une capsule globuleuse , ligneuse , ombi- LEPT 392 ——————_—_——————s LEPT or USINE liquée , couronnée par le calice , ayant trois, qua- tre ou cinq loges polyspermes ; graines nombreu- ses, allongées et menues ( d’où le nom générique de Leptosperme ). On distinguera facilement le We- laleuca à ses étamines réunies en. plusieurs fais- ceaux et à son fruit charnu. Les Leptospermes sont des plantes délicates ; ils demandent. la terre de bruyère, beaucoup d’air, des arrosemens fréquens en été et l’orange- rie pendant l'hiver. Parmi les espèces cullivées , nous citerons les suivantes : LeprosrenMe Tué , L.thea, Willdenow ; arbuste de deux à trois pieds, rameux, ayant ses feuilles rapprochées, petites, linéaires , aiguës, glabres et coriaces ; ses fleurs blanches et axillaires ; ses cap- sules à cinq loges. Les feuilles de cette espèce, ainsi que celles de la suivante, donnent par infu- sion un thé agréable, préconisé par la plupart des navigateurs; l'équipage de Cook en fit un usage très-salulaire. LEPTOsPERME BALAI, L. scoparium, Forster. Cette espèce, un pea plus élevée que la précé- dente, s’en dislingue encore par ses feuilles un peu plus larges , plus raides , et très-aiguës. LePTosP£RME soyEux , Z. sericeum, Labillar- dière; arbrisseau de cinq à six pieds, à feuilles couvertes sur leurs deux faces de poils blancs et soyeux; on en voit aussi sur la capsule. Ses fleurs sont grandes el blanches. LeprosP£rRuE À Trois LOGES , L, triloculare , Ven- tenat. Gette espèce tire ce nom de la disposition intérieure de sa capsule; ses feuilles sont très- aiguës. LEPTOSPERME A FEUILLES DE GENÉVRIER, L. juni- perinum, Ventenat ; arbuste de trois à quatre pieds, ayant ses fleurs solitaires. Sous le nom générique de Fabricia, Smith a séparé des Leptospermes deux espèces à capsule multloculaire et à graines ailées. L’une d'elles est le F'abricia lævigata, arbrisseau à feuilles ovales et glauques, à fleurs de cinq pétales blancs, ayant un lrait rouge sur l’onglet. (L.) LEPTOSPERMÉES, Leptospermecæ. (80T. PHAN.) Tribu établie par M. De Gandolle dans sa famille des Myrtacées ; elle renferme des arbres et arbris- seaux, tous originaires de la Nouvelle-Hollande, à inflorescence variée , à feuilles opposées ou alter- nes, le plus souvent ponctuées. Les étamines sont libres ou polyadelphes ; les lobes du calice et les pétales au nombre de quatre à six; le fruit sec, déhiscent , à plusieurs loges; les graines, alta- chées à l’angle interne des loges, sont dépourvues d’albumen et d’arille. Cette tribu se subdivise d’après la liberté ou la soudure des étamines ; les genres Beaufortia, Ca- lothamnus, Tristania, Astartea, Melaleuca, et ÆEudesmia , les ont polyadelphes; elles sont libres dans les genres Eucalyptus, Angophora, Callista- mon, Metrosideros, Leptospermum, Fabricia , et Beckea. (L.) LEPTURE, Leptura, (ins. ) Genre de Goléo- ptères de la famille des Longicornes, tribu des Lep- tuièles, ayant pour caractères ; Lêle brusquement rélrécie en arrière; des yeux en manière de col ; antennes insérées au bas des yeux , écartées entre elles; corselet sans tubercules latéraux. Linné, en établissant ce genre , y avait réuni quelqnes au- tres Longicornes , et entre autres des Callidies : Geoffroy avait désigné cette même coupe sous le nom de Sténocore, et donnait le nom de Leptures à des espèces qui s’en éloignent beaucoup, puis- que leurs antennes sont entourées à leur base par les yeux; Degéer avait limité le genre Lepture ainsi que Linné, en adoptant le même caractère ; Fabricius, se servant des petites familles établies par Degéer , en fit différens genres , et adopta en tre autres le genre Lepture. Les Leptures ont la tête perpendiculaire , avec le labre grand, les yeux saillans , les antennes de la longueur de la moitié au moins du corps, composées d'articles cylindri- ques, avec les angles supérieurs saillans, allant en diminuant de grandeur du troisième au dernier, ‘Le corselet cst très-étroit en devant, bombé en dessus, fortement rebord£ postérieurement; l’&- cusson est très-petit ; les élytres ne couvrent pas l'extrémité de l'abdomen, qui est pointu; les pattes n'offrent aucune dilatation remarquable. Leurs larves vivent dans le bois en décomposition. Leprure masrTée, L. hastata, Fab. Longue de six lignes , noire ; élytres rouge de sang, avec une tache latérale triangulaire prenant du milieu et ayant la pointe en bas; l'extrémité des élytres noire ; le dessous de l’abdomen offre aussi une ta: che brune sur son disque; le bord des anneaux est soyeux. Du midi de la France. LePTURE TOMENT£USE, L.tomentosa, Fab. , Oliv., représentée dans notre Atlas, pl. 301, fig. 5. Lon- gue de six lignes, noire, avec un duvet jaunâtre sur le corselet ; élytres fauve-foncé, avec l’exiré- mité noire. De Paris. Leprure nome, L. nigra. Fab. Longue de qua- tre lignes, de forme plus allongée que la précé- dente , noire , avec l'abdomen rouge. De Paris. LepTURE uNIPONCTUÉE, L. unipunctata, Fab. Longue de six lignes , noire; élytres rouges , avec un point noir sur le disque de chacune. De Suisse. Leerure ÉPERONNÉE, L. calcarata, Fab. Longue de sept lignes, allongée ; corselet presque épineux à ses angles postérieurs, noir; antennes, avec la base des articles, à partir du quatrième, fauves ; labres , palpes et les quatre pattes antérieures de même couleur; l'extrémité des tibias et les tarses. sont grisâtres ; base des fémurs postérieurs fauve : les Libias des mâles sont bi-épineux à leur partie interne, vers l'extrémité de leur longueur; élytres fauves, avec quatre bandes ou taches transverses et la suture noires ; les taches des deux premières bandes sont interrompues , et les deux autres con- tinues; la dernière est terminale, Cette espèce est commune aux environs de Paris. LepTuRE VERDATRE , L. virens, Fab. Longue de huit lignes ; antennes annelées de jaune et de noir ; yeux et extrémité de la bouche noirs ; tout le corps couvert d’un duvet vert-jaunâtre très«serré. De Suisse. (A. P.) y LEPTURÈTES , Lepturetæ. (ins. ) Tribu de L Coléoptères but Fu de CAM À Er > L u S Ë Æ À \ À Ne Æ (LENS N7s 12. Lesserte 13.Lethre 1 a 10 Lerneces z. Lerot : 3 £ Guerur dr D LERN 395 LERN momo, Coléoptères de la famille des Longicornes , distin- guée des autres tribus de cette famille par ses yeux arrondis, sans échancrure, et par ses an- tennes simplement placées devant les yeux, et non dans une échancrure ; la tête se prolonge ou -se rétrécit derrière les yeux, en manière de col; les élytres, beaucoup plus larges que le corselet à leur naissance, vont en se rétrécissant graduel- lement. (À. P.) LEPTYNITE, (mx. et c£oc. ) Haüy a donné ce nom à une roche que Warner a appelée Weistein et Hornfels, M. de Léonard Granulithe, et d’autres auteurs Amansite. Elle est essentiellement compo- sée de feldspath grenu , mêlé quelquefois de quartz et enveloppant diverses substances minéra- les, telles que du mica, de l’'amphibole, du dis- thène, des topazes, des grenats et de l’actinote. Elle se trouve ordinairement avec les gneiss, les micaschistes, et même avec les granites, (J. H.) LERNÉE, Lernæa. ( crusr. ) Linné a fondé le genre Lenæa pour un groupe très-singulier d’a- pimaux qu'il crut devoir rapporter au type des Mollusques, parce que leur forme bizarre ne lui avait pas permis de reconnaître leur véritable na- ture. Guvier a d’abord, à l'exemple de Linné, placé ces animaux parmi les Mollusques; mais lus tard il les a rapprochés des Entozoaires , et il les a confondus avec eux et les Planaires, bien - que ceux-ci soient des vers extérieurs , dans la classe à laquelle il laisse le nom de VERS INTESTI- maux (voy. ce mot ). Les Lernées sont en effet parasites; mais elles ne se fixent jamais dans la cavité intestinale des autres animaux, non plus que dans aucun de leurs organes; elles se tiennent au contraire attachées à leur surface extérieure ; aussi Lamarck, qui n’a pas saisi les véritables rap- ports que les Lernées ont avec les Cruslacés, a-t-il cru pouvoir en faire une classe à part, celle des Epizoaires, ce nom exprimant l'habitude qu’elles ont de vivre sur les animaux. L’honneur d’avoir déterminé avec précision la position que les Ler- nées doivent occuper dans la série zoologique ap- partient à M. de Blainville. Ce naturaliste a publié en 1822 dans le Journal de physique, et en 1823 dans le Dictionnaire des sciences naturel- les, un excellent article sur ces animaux, et il y a démontré qu'ils devaient être placés parmi les Crustacés à côlé des Caliges et des Argules. En 1816, dans son Prodrome d’une classification da règne animal , inséré dans le Bulletin de la Société philomatique , M. de Blainville était déjà arrivé à cette conclusion. Les Lernées sont aquatiques , vivent aux dépens des autres animaux, des poissons principalement, et s’accrochent à diverses parties de leur surface ex- térieure ; le tour des yeuxet les branchies, étantles endroits où elles trouvent une nourriture plus fa- Lile , sont aussi ceux qu’elles affectionnent davan- ‘age. Pendant long-temps on n’a connu des Ler- nées que leur état parasitaire; aussi leur véritable nature n’a-t-elle été constatée qu’avec peine. En effet , tels qu’on les observe le plus souvent, ces animaux sont complétement défigurés par l’abon- T. IV. dance des sues nutritifs dont ils sont gorgés ; ils ont perdu toute leur régularité. Les tissus adipeux qui se sont développés dans leur intérieur ont dis- tendu leur peau, trop peu résistante pour conser- ver sa véritable forme; aussi les Lernées, bien qu’adultes et capables do se reproduire, ne sau- raient néanmoins fournir, à cette époque, une idée exacte de leur espèce; elles sont profondé- ment modifiées, comme cela se voit aussi chez la plupart des Parasites, parmi lesquels nous citerons seulement les larves d'Hydrachnes, les Ixodes , les Sarcoptes et les Nicothoës, chez les animaux ar- ticulés ; les Caliges, Argules et Bopyres parmi les Crustacés. Tous ces animaux sont parfaitement réguliers lorsqu'ils sortent de l'œuf, et ils présen- tent avec toute leur netteté les caractères des au- tres espèces de leur famille; mais dès qu'ils se sont fixés, ils commencent à se déformer, de telle sorte qu'ils peuvent arriver à tous les degrés pos- sibles de la bizarrerie. C’est donc avant qu'ils aient commencé à se fixer , ou peu de temps après qu'ils le sont, que les Parasites doivent être étu- diés ; mais c’est ce qu'il n’a pas toujours été pos- sible de faire. M. de Blainville, dont le travail sert de base à tout ce que l’on a écrit sur les Lernées , s'exprime ainsi ( Dict. sc. nal., tom. xxvI, pag. 115 ) au su- jet de ces Crustacés : Nous savons encore assez peu de choses sur l’organisation des Lernées. Leur enveloppe extérieure, ordinairement d’un blanc jaunâtre transparent, est aussi quelquefois d’un brun roussâtre foncé. Elle est le plus souvent molle et flexible , en dessous surtout ; mais il arrive aussi quelquefois qu’elle est dure, comme cartilagineuse dans différens points de son étendue , et surtout à la partie supérieure de la première division du corps. Le corps des Lernées, constamment bien symétrique, mais du reste de forme assez varia- ble, quelquefois très-allongé, d’autres fois large, ovale et aplali , est souvent divisé dans sa longueur, par un étranglement plus ou moins profond , en deux parties. L'une, antérieure, plus petite, qui réunit Ja têle et le thorax, est quelquefois un peu subdivisée, de manière que la tête est aussi un peu distincte : c’est cette partie qui offre les premières traces de véritables appendices dans les crochets dont la bouche paraît constamment armée, et même dans des rudimens d’antennes. L'autre par- tie du corps est l’abdomen ; presque toujours plus large que la première, sa forme varie également beaucoup; c’est celle dont la peau est la moins dure, la moins cornée ; elle offre assez souvent des prolongemens appendiculaires, pairs, placés de chaque côté, mais inarticulés ou immobiles , et quelquefois de simples incisures. Quelques espèces m'ont offert des traces d’yeux sessiles ou de stem- males; plus ‘souvent on trouve des indices d’anten- nes, quelquefois subarticulées. Quant aux appen- dices, dans toutes les espèces que j’ai pu exami- ner avec soin, jai trouvé que la bouche était con- stamment pourvue d’une paire de crochets mobiles convergens , quelquefois de deux, et même d'une sorte de lèvre inférieure, Quant aux appendices 290° Livraison. 50 6 , LERN véritables qui se joignent au thorax, ils sont gé- néralement peu nombreux. Dans les espèces que leur grandeur m’a permis de disséquer , J'at trouvé -que la couche musculaire qui double 1 enveloppe extérieure, le plus ordinairement fort simple et composée de fibres longitudinales soyeuses, se subdivise en portions latérales pour les subappen- dices et les appendices. Le canal intestinal est complet, c’est-à-dire étendu de Ja bouche à l’a- nus ; il paraît même qu'il fait quelquelois des re- plis ou des circonvolutions. La bouche médiocre, située ordinairement à la partie inférieure du cé- phalo-thorax , est au milieu d’un espace dont la peau est molle; elle est constamment accompa- gnée à droite et à gauche d'un crochet court, aigu -et corné. Le canal intestinal se termine en arrière dans un tubercule ou mamelon plus ou moins saillant et médian. Je n’ai pu disséquer Je système circulatoire; mais ilest certain qu'il existe, ou du moins les auteurs qui ont observé ces animaux vi- vans en parlent d’une manière très-certaine, On ne peut cependant pas dire qu'il y a d’autres or+. ganes de respiration que les appendices de la peau. Les organes de la génération ne me sont peut-être pas connus complétement. On sait seulement que dans toutes les espèces de ce groupe il -existe de chaque côté du tubercule anal une sorte de sac de forme ua peu variable, et qui est rempli par une infinité de corpuscules quelquefois ronds , d’aatres fois sabanguleux', et même discoïdes , qui sont indubitablement des œufs, comme nous l’appreni une observation curiease du docteur Surriray du Havre. D’après celte observation, ces animaux naissent sous une forme qu'ils perdent par la suite en avançant en âge, et cette forme est beaucoup plus parfaite, moins anomale que celle qu'ils ac- quièrent, en sorte que c’est une métamorphose en sens inverse de ce qui a lieu ordinairement. Nous ignorons, du reste , s’il existe des sexes dis- tincis dans ces animaux. La place que nous croyons devoir leur assigner dans la série norte à le croire , tandis que leur adhérence parasite con- duit à une opinion contraire. On trouve quelque- : fois des individus qui ne sont pas pourvus de sacs ovigères. Gela tiendrait-il à ce que ce sont des in- dividas mâles, ou à ce que les organes sont tom- bés par accident? c’est ce que je n’oserais aflic- mer. Je ne puis non plus rien dire sur le système nerveux des Lernées; mais il paraît qu'il doit existsr, puisqu'il y a des muscles distincts , et sa place ne peut être ailleursqu'àla partie inférieure du corps. | Depuis la publication du travail de M. de Blain- ville , plusieurs naturalistes , et parmi eux M. Nord- “mann principalement, se sont occupés des Ler- nées. Le travail de M. Nordmann , publié’en 1832, renferme beaucoup d’observationsintéressantes et est accompagné de figures exactes. M. Lesueur a “aussi publié la description de quelques espèces de Lernées, et tout récemment MM. Kollard et Bur- méister ont fait connaître le résullat de leurs re- cherches sur plusieurs espèces de Lernées. Nord- œmann, Kollard et beaucoup d’autres naturalistes, 394 RE LERN parmi lesquels nous citerons MM. Desmarest ét Milne Edwards , ont adopté l'opinion que les Ler- nées doivent être placées parmi les Crustacés ; Cuvier cependant, tout en indiquant cette manière de voir, a continué de laisser ces animaux parmi Jes vers intestinaux cavitaires (voy. le RÈGNE anr- MAL DISTRIBUÉ , elC. , (OM. III, pag. 255, 1830). Ge célèbre auteur a distingué parmi les Lernées plu- sieurs genres différens , lesquels répondent à peu près, ainsi qu'il le fait remarquer lui-même, à ceux que M. de Blainville avait établis en 1822, €t qui, élant plus anciens, devront être adoptés. M: de Blainville, qui rapproche les Lernées des Caliges et des Nicothoës, place d’abord les genres qui ont avec ces derniers le plus grand nombre de rapports. Genre Lernéocère, Lerneocera , Blainv., c’est- à-dire Lernée à corne. Corps renflé dans son mi- lieu ou ventru , droit ou contourné, couvert d’une peau lisse et presque cornée antérieurement , ter- miné en avant, à la suite d’un long cou, par un renflement céphalique bien distinct , armé de trois [cornes immobiles, branchues à leur extrémité ; -deux cornes sont latérales, l’autre est supérieure; trois_pelits yeux lisses à la partie antérieure de la tête ;:bouche inférieure en sucoir; aucune trace d’appendices au corps. Cuvier a laissé à ce genre la dénomination de Lernée. Les espèces qu'on y rapporte ne sont pas très-nombreuses; nous ci- terons : Lernéockre Brancurare, L, branchialis, Linn. (Aulas, pl. 251). Elle estde la grossear d'une plame d'oie; son corps est courbé de manière que le ventre est inférieur ; ses sacs ovigères naissent bien en avant de l'extrémité postérieure et sont très- entortillés ; sa couleur, d’un blanc sale, est quel- quefois nuancée de brun-rougeâtre à cause du sa dont est rempli son estomac ; elle vit sur les bran- chies de plusieurs espèces de Morues, Gadus barbatus et œlefinus, et s'y fixe à l’aide des cor- nes de sa tête. On assure que les Groënlandais , qui la prennent souvent sur les animaux littoraux, la recueillent pour s’en nourrir. $ LerNéocbrEe Des cyrriNs, L. cyprinorum, Linn. Elle à été observée sur le Cyprinus carassus; son corps est subcylindrique, droit, pellucide, divisé par un étranglement; l'abdomen est claviforme ; sa tête présente trois cornes en forme de croissant. Ajoutez le Lernæa multicornis, Cuv. (Atlas, pl. 302, fig. 1), qui vit sur les branchies da Ser- ran des Indes. Genre Lernéopenne, Lerncopenna. Ce genre avait été indiqué par Lamartinière sous le nom de Pennatula, employé pour des animaux d’un autre type; Oken l’a contracté en Pennella , et pour plus de symétrie, M. de Blainville l’a remplacé par le mot Lerneopenna. Les espèces qu'on y rapporte ont le corps cylindrique , allongé, subeartlagi- neux , et terminé antérieurement par un renfle- ment céphalique circulaire pourvu d’une paire de cornes courtes , et présente latéralement en arrière des filets coniques, creux, et disposés comme les barbes d’une plume. L LERN 395 LÉSI L'animal qui a servi de type à ce genre paraît avoir été observé pour la première fois par P. Boc- cone, qui en faisait une Sangsue ( irudo sive Acus caudä utrinquè. pennatä ). Boccone l'avait trouvé sur l'Épée de mer { Xiphias gladius ). L’in- dividu recueilli par Lamartinière était enfoncé de plus d’un pouce ct demi dans le corps d’un Dio- don. Nous avons représenté cet animal ( pl. 502, figs.2) d'après une figure publie dans l'Icono- graphie du Règne animal. * Genre Lxrée, Lernæa. Lesrespèces auxquelles M: de Blainville réserve ce nom sont les Clavella d Oken; elles n’ont aucun appendice tentaculaire, ebnese fixent que par leurbouche, qui est armée d’une paire de crochets. La Lernée de ce groupe estila L. EN Massue , L. clavata , Mull., observée sur diverses parties du corps des Perches de Norwége. Ajoutez aussi le Clavellahypoglossi, Guv., Iconogr.. (Aulas, pl. 302, fig 9 ) Genre Lernéomvze, Lerneomyzon ( Anchorelles et Brachtelles de: Guvier). Les Lernéomyzes n’ont également pour appendices que les crochets de leur bouche. Elles se fixent au moyen d’une es- pèce de sucoir plus ou moins protractile , placé à la face inférieure de l'abdomen, - Telle est la Lernéomize À crocner, L. uñcinata, Muil., qui a été trouvé: sur les branchies et les. nageoires de plusieurs espèces de Gades ou Morues. Muller a pu observer dans cette espèce la marche du sang qu'il dit se faire le plus souvent d’arrière: en avant et quelquefois en sens inverse. LERNÉOMYZE PYRIFORME, L. pyriformis , Blainv. C’est à cette espèce qu’appartient l’Anchorella la- genula, Guvier. ( Iconographie du Règne animal, Zooph. , pl. 9, fig. 5. ) Elle a été représentée dans notre Atlas, pl 302, fig. 4. LenNÉOMYZE ALLONGÉE., L. elongata, Blainv., observée au Havre, attachée à des masses cellu- Jeuses contenant des vers intestinaux, dans un Ghéilodiptère aigle. Genre LenneNroME, Lernentoma. Les Lernées quis’y rapportent sont lesEntomodes de Lamarck ; Guvier en a fait des Ghondracanthes: ce sont les plus singulières , à cause des formes bi- zarres qu'affectent les appendices qui hérissent leurcorps; les Lernées raçonnée, gobina, noueuse, aselline, la Lernéecornueet la Lernée de Dufresne sont de ce genre. Tel est encore le T'racheliastes stellifer, Kollard (Atlas, pl 302; fig. 7 ). Genre Lervacanrne, Lernacantha. Ce groupe répond à celui des Chondracanthes de Delaroche ; de même que pour l’un ‘des précédens, M. de Blamville a modifié le nom qu’on lui avait donné de manière à préciser davantage sa signification. La Chondrachante du Thon (Atlas, pl. 309, fig. 5), décrite par Delaroche , est l’espèce pour laquelle ce groupe à été proposé ; elle se tfouve dans la Méditerranée et vitsur les branchies du poisson dont on lui a donné le nom : elle attaque aussi les Squales et quelques autres poissons, Les espèces figurées dans l'Atlas de ce Dict., pl: 302, fig. 6, 8 et 10, sont: la première, la L, hypoglossi, Guv. ; la seconde, la L. triglæ, Guv. ; et la troisième, la Z, zei, Delaroche, Genre Lennéorone, Lerneopoda. Les Lernéopo- des ont le corps lisse, assez allongé, divisé en ab-. domen ovale et en céphalo-thorax aplati et cou- vért d’un bouclier crustacé; leur base présente une paire de ,palpes courts, gros, coniques et, subarticulés; le thorax a deux paires de pieds ar- ticulés , et les sacs ovigères sont courts et subcy- lindriques. Deux espèces se rapportent à celte catégorie ; la Eernée de Brongniart et la Lernée du Saumon. Génre LennéanTHROPE , Lerneanthropus, Blainv. Cest le dernier des genres dont se compose la famille des Lernées. Son nom exprime la ressem- blance grossière. qui paraît exister entre la forme du corps des espèces qu'il comprend ct celle du corps de l’homme, L'espèce qui s’y rapporte a recu le nom de LERNÉANTHROPE MoucHe , L. musca, parce que les appendices de son dos rappellent les, ailes d’une mouche. Le génre Sphyrion, Cuv., repose sur le Ghon- dracanthe lisse de MM. Quoy et Gaymard ( Atlas, pl. 302, fig. 3), Ce genre a pour caractères : la tête élargie des deux côtés comme un marteau ; la bouche garnie de petits crochets ; le corps sé-. paré de la tête par un rétrécissement en forme de cou, et portant de chaque côté-un gros faisceau de poils. (Gerv.) LÉROT. ( am. ) On donne ce nom à une es- pèce du genre Loir. Nous avons représenté le Lé- rot dans notre Atlas , pl. 302, fig. 11. Ilest décrit à l’article Lorr. Foy. ce mot. (Gufr.) : LESBOS. (c£ocn. ruys. } Getteîle, qu’aujour- d’hui nous nommons Mételin, ct que les Turcs appellent Midilli, est comprise entre les 25° et 25° degrés de longitude orientale, et les 39°-et 40° de- grés de latitude septentrionale. Ses côtes sont dé- coupées de manière à former vers le nord une.es- pèce de demi-cercle convexe, tandis que ses côtes méridionales présentent bien aussi un demi- cercle, mais concave et pour ainsi dire concentri- que avec le premier, Sa superficie est de onze milles géographiques carrés, sur lésquels se trou. vent répandus 35,000 habitans, dont Ja moitié appartient à la nation turque-et l’autre moitié est subdivisée-entre les Grecs, les Francs , et les dif- férens peuples de l’Europe et de l'Asie, Gette île a de très-beaux ports militaires ; sa surface est mon- tagneuse et son sol très-fertile : ses principales richesses sont en bois, en huile, en vins renom- més , en fruits excellens-et en coton. On:y trouve aussi des carrières de beau marbre. D'anciens monumens grecs, situés près de Mételin ; capitale del’ile, en ornent les environs par leurs belles ruines. Mételin: ou :Lesbos ; comme: on voudra. l'appeler, renferme aussi des'eaux thermalesiassez renommées. (CG. d.) » LÉSIONS. (ruysior.) Altérations qui survien- nent par une cause quelconque dans le tissu des : diverses parties du corps d’un être organisé, et tournent au détriment de cet être, En physiologie comme en botanique ce mot a la même valeur. . EE 396 LESS LÉTH | Nous désirons seulement faire comprendre par notre définition , que nous ne regardons pas comme Lésion toute altération physique qui a pour but de rétablir l'équilibre dans l’organisation. Ainsi nous ne pouvons admettre comme Lésion la saignée pra- tiquée à l’homme souffrant , ou l’émonctoire établi dans l'intérêt d’un organe malade, pas plus que nous ne considérons comme telle l’opération par laquelle on émonde un jeune arbre. (P. G.) LESSERTIE, ZLessertia. (por. Pan.) Genre de la famille des Légumineuses, Diadelphie décan- drie, établi par M. De Candolle pour les Colutea herbacea et perennans de Linné, auxquels ont été jointes depuis quelques autres espèces; il a pour caractères essentiels : un ealice à cinq découpures pénétrant jusqu’à moitié de sa longueur ; un éten- dard plane , une carène obtuse ; dix étamines, dont une seule libre; un style velu dans sa partie anté- rieure et près de son sommet ; un stigmale capité ; un légument scarieux, indéhiscent , comprimé ou renflé, amoindri vers le sommet. Nous regrettons que ce genre, dédié à l’un des protecteurs les plus éclairés des sciences et de la botanique, à M. B. Delessert, présente aussi peu d'importance, soit par ses caractères distinctif, soit par les plantes qu’il renferme. Les Lesserties sont toutes indigènes du cap de Bonne-Espérance ; leurs tiges sont herbacées , ra- rement sous-frulescentes ; leurs feuilles pennées avec impaire, leurs fleurs purpurines et dispostes en grappes penchées. Dans son Mémoire sur les Légumineuses, vi, t. 46, M. De Candolle à publié une figure du Les- serlia falciformis, que nous copions (pl. 302, fig, 12) pour le port, et les détails de floraison (a et b) et de fructification (c). R. Brown, en adoptant le genre, y a rapporté, sous le nom de Z. diffusa, le Galega dubia de Jacquin, figuré dans ses Zcones rar. , 5, fig. 576. M. De Candolle rapporte à son genre Lessertia , mais avec doute, les espèces de Colutea observées par Thunberg au cap de Bonne-Espérance. (L. ) LESSONIE, Lessonia, (sor. cryrr.) Hydro- phytes. Genre dédié à M. Lesson par M. Bory Saint- Vincent, et l’un des plus remarquables de la famille des Laminariées. Dans les Lessonies, les racines, puissantes etrameuses, très-implantées dans les fen tes des rochers , acquièrent quelquefois une dureté et une grosseur fort considérables ; les tiges, très- distinctes et ramifiées à leur sommet, ont une base que l’on peut comparer au tronc des Dicotylédo- nées; leur dimension a souvent jusqu'à deux et trois pouces de diamètre. Ges mêmes tiges offrent à l’œil nu, comme dans le bois ordinaire, des couches concentriques très-prononcées, et un canal médullaire, mais un peu plus foncé et plus mou. Les rameaux, disposés en cimes, sont en- trelacés, plus ou moins comprimés, rugueux à leur surface et constamment dichotomes ; disposi- tion qui tient évidemment au mode d’évolulion des frondes. Ces dernières sont peu épaisses , al- longées dans leur jeunesse et divisées , non à leur : sommet d’abord, comme cela s’observe dans les Lamivariées proprement dites, mais bien à leur base, ou plutôt à leur point d'insertion sur la ra- mule qui leur sert de pétiole ; plus lard celte di- vision se prolonge de la base au sommet, et donne à la fronde la forme de deux lames très-distinctes l’une de l’autre. La fructification des Lessonies consiste en grou- pes ou propagules graniformes , compactes et ré- pandus cà et là dans l'étendue des lames , de ma- nière à donner à ces dernières une consistance assez prononcée et rude au toucher. Bref, les Lessonies peuvent être considérées comme des arbres ma- rins susceptibles d'acquérir de grandes dimensions. Comme espèces appartenant au genre Lessonie, nous citerons : 1° La Zessonia frutescens de Fée, dont la tige est arborescente, simple inférieurement , et divi- sée dans sa partie supérieure ; dont les rameaux sont nombreux, cylindriques , et très-subdivisés ; les frondes presque linéaires, acuminées et den- tées sur les bords ; et qui croît aux îles Malouines ; 2° la Zessonia nigrescens de Fée , qui est originaire du cap Horn, et dont voici les caractères : tige divisée , rameuse dans toute son étendue ; ramules fourchues ; frondes linéaires , longues de douze à dix-huit pouces, larges de dix à douze lignes, en- tières, très-consistantes , et d’une couleur très- foncée, noirâtre; 3° la Lessonia quercifolia de Fée, qui habite probablement la Nouvelle-Hollande, et dont la description est encore incomplète, l’au- teur que nous venons de citer n’ayant eu à sa dis- position qu’un échantillon tronqué. Les rameaux de celte espèce (probablement les derniers) sont moins comprimés que dans les précédentes, un peu villeux; et tout autant subdivisés et fourchus. Les frondes qui s’y trouvent sont oblongues ct irrégulièrement dentées sur les bords ; les surfaces sont plus rugueuses , etc. (F. FE.) LÉTHARGIE. (Pnys.) Sommeil profond , long- temps continué, dont il est dificile mais non im- possible de tirer le malade ; sommeil qui peut quel- quefois simuler la mort, Arraché à cet état, l’in- dividu qui vient de l’éprouver oublie ce qu'il a dit, ne sait pas bien même ce qu’il dit , et retombe dans l’assoupissement. Get état, voisin de l’apo- plexie, dépend de plusieurs causes, mais surtout de celles qui agissent puissamment sur le centre nerveux. On raconte de nombreux exemples de sommeil léthargique, les uns défigurés par la cré- dulité et les exagtralions de l'ignorance, d’autres plus authenthiques et recueillis par la science. Un des plus remarqnables est l’histoire d’un gar- con des coches, par Van Swieten. Cet homme ap- prend une fâcheuse nouvelle, il s'endort peu après: rien ne peut le tirer de ce sommeil profond dans lequel il reste plongé pendant près de quatre mois à l'hôpital de Rouen. On aperçoit à peine un lé- ger frémissement des paupières lorsqu'on le sou- met à l’action des stimulans; mais on parvient toutefois à lui faire prendre quelques cuilicrées de vin et de bouillon. Sa maigreur était ‘excessive lorsqu’il sortit enfin de cette léthargie. Nous nous abstenons d’en citer d’autres, en déplorant cepen- LEUC 397 LEUC oo dant que des Léthargies observées par l'ignorance aient pu donner le change sur la véritable nature du mal et fait croire souvent à une mort certaine. Le résultat de ces funestes erreurs a pu détermi- ner l’inhumation d'êtres vivans et qu’on aurait pu disputer à la tombe. Les journaux de temps à autre publient encore des histoires merveilleuses sur ce sujet. Si elles ne sont pas toujours bien exactes dans les détails, elles éveillent au moins l'attention et peuvent empêcher de fatales mé- prises. (P. G.) LETHRE, Lethrus. (ixs.) Genre de Coléoptè- res de la section des Pentamères , famille des La- mellicornes, tribu des Scarabéides, établi par Sco- poli, et offrant les caractères suivans : antennes de onze articles, dont le neuvième en forme d’en- tonnoir emboîtant les deux suivans ; mandibules ct labre saillans ; mâchoires allongées; corps bombé, élytres inclinées tout autour de l’abdo- men. Les Zèthres ont le corps très-court, ar- rondi et très-bombé; la tête est irès-grande, en forme d’écusson , profondément enfoncée dans le corselet ; son bord antérieur est très-avancé dans son milieu, et sur les côtés recouvre presque entiè- rement les yeux; le labre est en croissant dont les cornes sont très-saillantes ; les mandibules, sail- lantes aussi, naissant de la partie la plus avancée du milieu de la tête, sont demi-circulaires, très- épaisses sur le dos, tranchantes et multidentées au côté interne ; la lèvre est triangulaire ; les an- tennes ont le neuvième article qui enveloppe les deux derniers, plus long que les précédens; le corselet est transversal, deux fois au moins plus large que la tête et s’avançant beaucoup de ses deux côtés ; l’écusson est très-large; les pattes sont robustes, propres à fouir, les postérieures sont placées très-près de l'anus, de sorte qu’on remar- que à peine l’abdomen ; les élytres, qui sont sou- dées, forment par leur réunion un triangle bombé. L. cépmarote , L. cephalotes, Fab., figuré dans notre Atlas, pl. 502, fig. 13. Long de 8 à o lignes, noir et lisse par tout le corps ; un sillon longitudi- nal et quelques dépressions sur le disque de la tête; le mâle a les mandibules munies en dessous de deux dents robustes, aussi longues qu’elles, diri- gées en bas. Celte espèce est propre à la Russie occidentale et à la Hongrie; elle vit par couples dans des trous qu'elle creuse dans le sable ; on dit qu’elle cause beaucoup de dégâts dans les endroits cultivés, parcequ’ellecoupetouslesnouveauxbour- geons et les emporte dans son trou ; elle monte fa- cilement aux plantes et en descend à reculons. Lors des amours, les mâles se livrent souvent de violens combats , pendant lesquels lafemelle ferme l'entrée da trou et pousse le mâle par derrière. : : an@A: Pl) - LEUCADENDRON. (mor. Pan.) Ce genre est un des nombreux démembremens faits par Salis- bury et par R. Brown au Protea de Linné; il se fonde , de même que l’Aulax , sur la diclinie des fleurs ; que le grand botaniste suédois avait soup- connée, et que; depuis, Lamarck a observée’et prouvée, Le groupe de Protées réunis sous le nom de Leucadendron se compose, selon KR. Brown (Transact. Linnéennes, vol. x), d’une quarantaine d'espèces, arbres ou plus souvent arbrisseaux , originaires pour la plupart du cap de Bonne-Es- pérance; le duvet soyeux qui les recouvre ordinai- rement a donné lieu au nom de Leucadendron ou arbre blanc. Leurs feuilles sont 1rès-enlières ; leurs fleurs naissent en capitales terminaux et solitaires, . chacun enveloppé de braclées colorées et im- briquées en forme de cône. Elles sont dioïques soit par avortement , soit par imperfection des or- ganes sexuels ; les femelles ont un sligmate oblique en massue, émarginé, hispide. Le fruit est une noix ou samare monosperme , renfermée dans Les bractées florales. Voyez l’art. ProrTés. Le Leucadendrum de Salisbury ne doit pas être confondu avee celui de Brown, que nous venons de décrire; il forme le genre Leucospermum de ce dernier botaniste. Leucadendron est aussi le nom spécifique de l'espèce de Melaleuca qui fournit l'huile de Caje- put. | (LS)? LEUCOION, Leucoium ou Perce-neige. (BoT. PHAN.) Voyez Nivkozr. GCGHE) LEUCOLITHES. (mx.) M. Beudant, dans sa classification minéralogique, désigne sous ce nom une classe de minéraux qui ne forment avec les acides que des solutions incolores. (J. H.) LEUCOPHRE, Zeucophra. (zoom. nr.) Ce genre, du groupe des Microzoaires ou Ixrusomnes (v. ce mot) , se place à côté des Trichodes et des Volvoces, dans l’ordre des Microzoaires hétéropo- des cilifères ; il ne comprend que quelques espèces qui ont le corps de forme assez variable , ovale ou globuleux le plus souvent, et entièrement couvert de cils, ainsi que l'indique le nom de cilifère ap- pliqué à la section dans laquelle il rentre. La Leucophre que l’on peut prendre pour exemple est la L. veRDATRE, Leuc. virescens de Muller. Plu- sieurs autres animaux ont été rapportés à ce genre, mais ne lui appartiennent probablement pas; la Leucophra notata paraît à M. de Blainville être un jeune de Gypris, et M. Raspail a fait remar- quer que la Leucophra heteroclita de Muller était une Alcyonelle ou plutôt une Tubulaire. (M. Ras- pail admet que la Tubulaire est la même espèce que l’Alcyonelle.) La Tubulaire , lorsqu'elle vient de sortir de son œuf et qu’elle est débarrassée de l'enveloppe, représente, en effet, très-bien l’ani- mal que Muller nomme eteroclita; celle-ci ne doit donc point être admise comme espèce dis- tincte. (Z. G.) LEUCOSIE , Leucosia. (crusr.) C’est à l'ordre des Décapodes , à la famille des Brachyures et à Ia septième tribu des Orbiculaires, Orbiculata (Cours d’entomologie de Latreille) ,qu'appartient ce genre. Il a été formé par Fabricius et présente pour caractères, suivant lui : test rond, bombé, comme globuleux ; yeux placés dans un court rétrécisse- ment de sa partie antérieure, petits, à pédicules courts, presque immobiles dans leurs fossettes, entre lesquelles en ‘sont d’autres qui couvrent de LEUC très-courtes antennes ; pieds-mâchoires extérieurs pointus, formant ensemble un triangle dont la pointést en haut. Les pieds de ces crustacés vont en diminuant graduellement à partir des serres , qui sont ordinairement longues et cylindriques, dans les mâles surtout; les autres pieds sont on- guiculés, courts, souvent grêles ; la queue est composée de quatre à cinq tablettes, celle de la femelle est grande, presque orbiculaire , et recou- vre la poitrine, : Ces Crustacés diffèrent des Maia et des Jnachus par des caractères tirés du nombre des feuillets de la queue; ils se distinguent des Corystes par la Jorme du corps et des antennes. Suivant Bosc et Risso, ils font leur séjour dans les moyennes pro- fondeurs dela mer, dans les écucils des rochers calcaires, parmi les flustres et les madrépores , et y vivent solitaires et: cachés. Ils attendent, pour sortir , que le hasard leur amène quelque proie fa- cile à saisir. Leur démarche est lente, eton ne les voit guère courir que dans le danger. - Ce genre, tel que Fabricius l'avait établi, se composait d’un assez grand nombre d'espèces; mais depuis il a été beaucoup restreint et divisé en d'auires genres par Leach. Le genre Leucosie proprement dit de cet auteur ne renferme main- tenant que deux espècesy il est caractérisé de la manière suivante : tige interne des pieds-mâ- choires extérieurs insensiblement acuminée vers son extrémité, l’externe linéaire; carapace glo- buleuse, avec le front avancé au-delà du cha- peron; côtés du test profondément canaliculés de chaque côlé au dessus de l'insertion des serres, L'espèce qui peut être regardée comme type du genre est la LEucosre CRANIOLAIRE, Leucosia cra- niolaris, Fab. Latr., Desm. (Gonsidér: génér. sur les Crust,, pl 27, fig. 2). La carapace est lisse.en dessus, déprimée de chaque côté en avant, avec ses bords antérieurs crénelés; le front est peu avancé, légèrement tridenté ; lès bras sont verru- r oo | LOCU 480 LOCU ——_————_——— —————_—————— mm © me res sont situées dans l'épaisseur de la peau dont elles sont une dépendance, ainsi que cela s’observe dans les animaux articulés externes ; dans d’autres, ces parties occupent le centre des chairs et consti- tuent de véritables os entourés de muscles plus ou moins nombreux qui servent à les mouvoir dans dif- férens sens ; c’est ce que l’on observe dans les ani- maux vertébrés. Dans le premier cas, comme les arlies dures sont à l'extérieur , elles forment une espèce d’étui dans lequel sont contenues les par- ties musculaires qui doivent les mouvoir; et comme elles ne peuvent s’arliculer que par deux points, les mouvemens sont très-limités. Dans le second, les muscles sont à l'extérieur, entourent l'os, s’y attachent, et, par celte disposition, peuvent se mou- voir dans tous les sens; disposition éminemment favorable , comme on doit bien le penser, à la multiplicité des mouvemens. Ainsi, dans les ani- maux vertébrés et à squelette intérieur, parmiles- quels l’homme se trouve rangé , l'appareil locomo- teur , le plus compliqué qu'il soit possible de l’é- tre, se compose:1° des nerfs, qui des centres nerveux portent aux muscles les ordres de la volonté ; 2° des muscles, organes multiples, excessivement nom- breüx, placés partout où il y a un mouvement à produire et augmentant en nombre à mesure que ces mouvemens se multiplient ; 3° les os auxquels ces mustles s’insèrent, et qui constituent le sque- lette. Ces deux derniers systèmes renferment en- core d’autres parties qui concourent aussi à la for- mation de l’appareil locomoteur ; tels sont les ten- dons qui attachent les muscles aux parlies osseu- ses ; les aponévroses , sortes d’enveloppes fibreuses qui entourent les masses musculaires, et empê- chent ces divers muscles de perdre leurs rapports dans leurs diverses contractions; les cartilages, qui revêtent les extrémités par lesquelles les os se ren- contrent et s’articulent entre eux ; les ligamens , qui maintiennent en contact ces surfaces articulaires des os; les fibro-cartilages, qui, placés dans cer- taines articulations et entre les deux os qui se ren- contrent, paraissent servir à augmenter l’éten- due des mouvemens ; enfin les membranes synovia- les, qui recouvrent les surfaces articulaires, les li- gamens qui les unissent, les fibro-cartilages qui se trouvent interposés entre elles , donnent aux ar- ticulations cet aspect lisse qu’elles présentent, et facilitent leurs mouvemens en fournissant un li- quide clair, transparent, onctueux, qui les lubri- fie sans cesse. | C’est pourvus d’un de ces appareils locomoteurs plus ou moins complexes que les animaux exécu- tent les mouvemens plus ou moins étendus et plus ou moins complexes qui leur sont propres; c’est ainsi que l'Homme, les Quadrupèdes, cer- tains Reptiles et quelques Insectes marchent; c’est ainsi que les Oiseaux, les Chauve:souris etun grand nombre d'Insectes volent ; que les Poissons nagent, et que les Ophidiens ainsi que les Vers rampent. Nous traiterons de ces diverses espèces de mouve- mens aux mots Mancne, NATATION, REPTATION , Vor. (A. D.) : LOGUSTAIRES, Locustariæ, {ixs.) Tribu d’Or- thoptères de la famille des Coureurs, offrant pour caractères distinctif d’avoir les palpes internes et les mâchoires très-Jarges; les paipes maxillaires de cinq articles, les labiaux de trois; la languette quadrifide avec les divisions internes grêles ; les antennes sétacées ; une tarrière comprimée dans les femelles pour introduire leurs œufs en terre ; un organe musical situé à la base des élytres dans les mâles;-pattes postérieures propres au saut; quatre articles aux tarses. Célte famille ne se compose que du genre Locuste propre- ment dit; ce genre a été cependant bien subdi- visé. Comme la connaissance de ces coupes nous entraînerait trop loin, nous renvoyons nos lec- teurs au travail que M. Serville a donné sur les Or- thoptères et qu'il a inséré dans les Annales des sciences naturelles. - Nous nous contenterons seulement d’indiquer ici trois des principales coupes qui ont été intro- duites dans ce genre, I. Elytres et ailes nues. Le genre Locuste des auteurs , et analogues, IT. Elytres et ailes recouvertes par l’écusson. Le genre HYPERHOMALE , Serv. IT. Elÿtres et ailes rudimentaires. Le genre Ermpricère, Lat., et analogues. (A. P.) : LOCUSTE ou SAUTERELLE, Locusta. (1xs.) Genre d’Orthoptères de la famille des Coureurs , tribu des Locustaires, établi par Geoffroy, et of- frant les caractères suivans : palpes maxillaires et labiaux grêles, allant en augmentant progres- sivement de longueur du premier au cinquième article ; antennes très-longues, sétacées ; les Sau- terelles ont la tête méplate, verticale; les yeux situés au sommet, ronds , saillans : les antennes insérées entre eux dans une fosseite ; le labre avancé , triangulaire ; les mandibules fortes, ar- mées d’un grand nombre de dents ; les mâchoires tridentées ; le corselet est méplat en dessus et re- tombant carrément sur les côtés; il s’avance au dessus de la naissance des élytres ; les élytres sont Jongues et étroites; à la base du bord interne, dans les mâles, est une cellule qui s’est dilatée , a acquis une consistance élastique, et c’est en frot- tant ces deux parties l’une contre l’autre quand les ailes sont pliées , que les mâles appellent leurs fe- melles; l'abdomen est allongé, un peu com- primé ; il paraît n'être formé que des segmens dorsaux, car les segmens inférieurs sont très- étroits, et dans le pli qui les sépare des segmens supérieurs sont cachés les stigmates ; dans les mâ- les l'abdomen est terminé par quatre crochets formant deux paires de pinces surmontées de deux appendices coniques; dans les femelles, les cro- chets sont remplacés par la tarière ou oviducte; les quatre pattes antérieures sont courtes, armées de deux rangs d’épines en dessous. Les premières jambes-ofirent aux tibias une singularité dont on ignore encore la cause; ces parties paraissent percées près de leur jonction avec le fémur; mais cependant la cicatrice est bouchée par une: membrane transparente; les postérieures sont | deux fois plus longues que le corps, les fémurs sont RQ LOCU 481 LODO oo mm sont renflés à leur base, et les tibias ont deux rangs d’épines au dessous; les tarses sont munis en dessous d’une membrane très-large. Les deux sexes, dans ce genre, sont presque de même taille, et n'offrent pas ces diparates que l’on remarque dans certains Criquets ; après la féconda- tion, la femelle s'occupe de la ponte, les œufs ne sont pas très-nombreux ; pour les confier à la terre, qui doit les protéger jusqu’à leur éclosion , la fe- melle, appuyée sur ses pattes postérieures, baisse la tête et relève le plus possible son abdomen, jus- qu'à ce que sa tarière fasse avec lui un angle droit ; alors elle l’introduit en terre, ou profite d’une crevasse, et abandonne ses œufs qui sont enfermés dans une membrane. Ces insectes sont herbivores, mais ne causent jamais les dégâts que produisent les Criquets , et dont on les a souvent accusés en les confondant avec eux. Le nombre des éspèces connues est fort grand; mais, malgré l'ouvrage de Stoll qui en a figuré un assez grand nombre , il y a encore beaucoup à faire pour leur détermination. Locusre verte, L. viridissima, L. Longue de près .de 2 pouces; verte avec une ligne sur le corselet un peu rousse; labre et mandibules de la même couleur ; la portion de recouvrement des élytres est presque incolore , et les ailes sont diaphanes ; la tarière de la femelle est droite, presque aussi longue que te corps, noire à l'extrémité. Très-com- muüne partout. LocusTE RONGE-VERRUE, L. verrucivora, L., ainsi nommée parce que les paysans de la Suède, sui- vant Linné, croyaient que le liquide noir qu’elle rend par Ja bouche, lorsqu'elle est irritée , faisait disparaître les verrues qui poussent sur les mains. Ce fait n’a pas encore été vérifié. Cette espèce est igurée dans notre Atlas, pl. 308, fig. 4, au mo- ment où elle dépose ses œufs en terre. Longue de . 16 à 15 lignes sans la tarière ; verdâtre, mélangée de jaune, avec des taches nombreuses et rappro- chées sur les élytres; les ailes sont diaphanes. La tarière de la femelle est un peu arquée et de la Jongueur du corps. Des environs de Paris. Locusre FEUILLES DE Lis, L. lilifolia, Fabr. Lon- gue de 8 lignes ; antennesrapprochées à leur base, corselet carré, comprimé sur les côtés; élytres très-étroites , plus courtes que les ailes ; ailes dia- phanes , coriaces dans la partie du dessus qui dé- passe les élytres ; tarière de la femelle très-courte, large et recourbée en haut. Cette espèce est entiè- rement verte, même dans les parties coriaces des ailes. Elle est propre aux parties méridionales de Europe , et paraît se rapprocher du genre Sca- phure de M. Kirby. _ Locuste MÉLANGÉE, L. varia, Lat, Longue de 12 lignes ; tête conique à son sommet; face plus inclinée vers le sol; élytres un peu plus longues que les ailes, toutes deux étroites; tarière de la femelle presque droite, de la longueur du corps. On la trouve quelquelois aux environs de Paris. Cette espèce peut rentrer dans le genre Conocé- phale de Latreille. Locusre venDaTRE, L. virescens ; Ser7, Longue T. IV. de 10 lignes; élytres membraneuses ainsi que les ailes, lesunes et les autres entièrement recouvertes par le métathorax ; corps entièrement verdâtre ; yeux de couleur brune, ainsi que Ta partie supé- rieure du labre. Cette espèce vient de la Nouvelle- Zélande ; elle forme le type du genre Hyrenuo- MALE, cité plus haut. Locusre PoRTE-sELLE , L. ephippiger, Fab. Lon- gue de près d’un pouce; d’un cendré jaunâtre ou brun , mêlé de vert; corselet très-élevé par der- rière , recouvrant deux élytres très-courtes, épais- ses , en voûle , en recouvrement au côlé interne Ë et dont le frottement de l’une contre l’autre pro- duit un son aigu , qui se fait entendre d’assez loin. On trouve celte espèce, sur la fin de l’automne, dans les vignes des environs de Paris. Elle forme le type du genre EPmipriGËre , cité plus haut. (A. P.) LODOICÉE, Lodoicea. (BoT. puan.) Sous Je nom vulgaire de Cocotier des Maldives, les Palmiers compris dans ce genre, créé en 1768 par Commer- son, furent long-temps inconnus aux botanistes ; on possédait dans tous les cabinets leurs énormes fruits, aux formes si bizarres, sous la dénomina- tion de Cocos de mer, Rumph les ayant annoncés comme productions sous-marines; mais on igno- rait; et leur pays natal et la plante qui les produit. Un navigateur de Saint-Malo, Mahé de La Bour- donnais , découvrit, en 1745 ou 1744, l’île Pras- lin ou des Palmiers, et l’île Curieuse, qui font par- tie de l’archipel des Séchelles. Ge fut alors que l'on trouva dans les sables, dans les mares et jusque sur les rochers la belle monocotylédonée que Sonnerat crut devoir rapporter au genre Bo- rassus, mais que Labillardière , en confirmant le jugement de Gommerson, a démontrée constituer un genre distinct dans la famille des Palmiers et dans la Dioécie polyandrie. Willdenow a donc doublement tort de l’inscrire dans sa nomencla- ture sous le nom de Cocos maldivia et de lui con- server pour adjectif un mol qui consacre une vieille erreur, puisque le Lodoïcte n’appartient pas plus aux Maldives qu’aux flois qui promènent ses fruits sous des zones très-différentes, dans des régions fort éloignées les unes des autres. Le Lodoïcée a le stipe droit, parfaitement cylin- drique, s'élevant depuis quinze et dix-huit mètres jusqu’à vingt-cinq et trente-deux mètres ; son dia- mètre varie peu; il est d'environ quarante à cinquante centimètres. Il croît lentement, conserve l'empreinte des feuilles qui s’en détachent chaque année , et n'entre en rapport qu'au bout de vingt et trente ans. La surface de son stipe est très- dure, l’intérieur est rempli de fibres molles qu’on sépare avec la plus grande facilité. Son sommet est couronné par une Loufle de douze à vingt feuil- les, d’une texture assez ferme, ouveries en éven- tail, ovales, plissées, présentant en leur contour un grand nombre de divisions profondes. Ces feuilles ont d'ordinaire sept mètres de long sur trois et quatre de largeur (leur dimension la plus commune varie de trois mètres sur deux); elles sont portées sur des pétioles internes, quelquefois 801° LivRAISON, 61 D LODO A82 /LOES mm q d’une longueur égale à celle des feuilles, élargis ét membraneux à leur base, où ils se déchirent assez souvent en deux-parties, à mesure que les feuilles supérieures se développent. Le Lodoïcée est dioïque; ses fleurs mâles viennent sur des ieds différens de ceux qui proûuisent lesfleurs fe- melles : les unes et les’autres sortent de spathes formées de plusieurs feuilles oblongues , aiguës. Composé d’un très-pelit nombre de chatons cy- lindriques, longs d'environ un mètre sur huit: à dix centimètres de diamètre , lé régime des fleurs mâles offre de larges écailles étroitement imbri- quées , enveloppant un faisceau de calices jaunâ- tres , à six folioles longues , étroites , creusées en forme de gouttière, renfermant de vingt-quatre à trente-six étamines aux anthères vacillantes. Le régime des fleurs femelles est assez divisé, les calices sont tous placés vers l'extrémité, formés de cinq à sept foliolesovales et très-larges ; l'ovaire, presque sphérique, perte trois et quatre stigmates sessiles, aigus. [l devient une baie ovale d'environ cinquante centimètres de long, quelquefois ter- minée par une sorte de mamelon et renfermant dans une enveloppe fibreuse trois à quatre noyaux qui rarement sont tous fécondés. Ges noyaux, d’une extrême dureté, sont d’une forme ovale, aplatie, offrant une dépression dans le milieu, la- quelle répond à une saillie intérieure qui repré- sente assez bien une demi-cloison. Ils sont séparés en deux lobes supérieurement, c’est-à-dire à leur extrémité Ja plus éloignée du calice; rarement le nombre de ces lobes s'élève à trois et quatre, et plus rarement encore à cinq. C’est entre les lobes qu’il existe une ouverture oblongue, garnie de fibres sur ses bords, donnant passage à la radi- cule et à la plumule, lors de la germination. Quand les individus des deux sexes sont voisins Jun de l’autre , le pollen arrive successivement sur chaque fleur femelle; mais lorsqu'ils sont à une certaine distance, c’est le matin et le soir que, profitant de la brise qui souflle, le nuage doré se porte vers le pied femelle et consomme le mystère de la reproduction. “Vingt ou trente cocos noirs, osseux et très-gros , chacun du poids de cinq , neuf et douze kilogram- mes, sont produits tous les deux ans par le Lodoïi- cée; ils sont plus d’une année à mûrir et ne tom- bent souvent qu’au bout de la troisième. Avant la parfaite maturité, le fruit renferme une sub- stance gélatineuse , blanche, ferme , transparente, très-bonne à manger, qui, s’aigrit et prend une odeur très-désagréable quelques jours après’ la cueillette. Dès que la maturité est complète, celte selée durcit et donne une amande astringente qui prend la forme da noyau. L’embryon y ést en- foncé dans une cavité aboutissant en sa parlie su- périeure à l’ouverture située entre les lobes. Aux îles Séchelles, d’où la seule espèce connue du Lodoïcée a recu son nom scientifique, Lodoicea Sechellarum, toutes les parties de ce beau Palmier reçoivent une destination utile, Le stipe est avan- tageusement employé, après avoir été fendu et dépouillé des fibres intérieures, à faire des jumelles pour recevoir l’eau , pour construire des palissa- des autour des habitations et des jardins. Les feuilles, d’une consistance plus forte, plus dura- ble que celles du Coryphé parasol de Malabar, Corypha umbraculifera, servent à couvrir et en- . tourer les cases. On assure que , avec cent de ces feuilles , on peut construire une habitation com- mode, la couvrir, l’entourer, faire les portes , les fenêtres et les cloisons des chambres. C’est ainsi que sont construites les habitations dans l'ile Praslin. Avec les fibres les dames du pays tissent des chapeauxaussi beaux , aussi frais que ceux de paille d'Italie, des éventails ét autres petits ouvrages dé- licats et gracieux. Le duvet attaché aux feuilles tient lieu de ouate pour garnir les matelas, les oreil- lers, etc. Quant aux cocos, ils fournissent des vases de diverses formes; ceux destinés à contenir de l’eau se percent au sommet, se vident et renferment sept à huit litres de liquide; sciés en deux, ils servent de tasses, de plats ,et recoivent un poli noir très-brillant, De toutes les vertus attribuées à ces fruits, au- cune n’arésisté à l'analyse chimique. Les propriétés aphrodisiaques attribuées à la substance gélati- neuse n’ont eu d’autre mérite que de solliciter la curiosité d’un empereur d'Allemagne qui, épuisé de débauches et pour plaire à une de ses maïîtres- ses, offrit pour s’en procurer jusqu’à quatre mille florins d’or (80,000 fr). Sonnerat a introduit le Lodoïcée à l'ile Maurice, les Anglais l’ont naturalisé dans l'Inde , mais nulle part ilne se montre ni aussi beau ni aussi pro- ductif qu'aux deux îles du groupe des Séchelles. , vb (T. ». B.) * LOEFLINGIE, Læflingia. (nor. paan.) Genre établi par Linné en l'honneur de son disciple Lœfling, et rangé dans sa Triandrie monogynie; il compose , avec le Minuartia, la première sec- tion du groupe des Paronychiées, qui ne diffère des Caryophyllées que par l'insertion périgyne des étamines. Voici les caractères de la Læflingie tels que le professeur L. de Jussieu les a rectifiés : ca- lice profondément divisé en cinq segmens bidentés à leur base; corolle de cinq pétales, connivens, très-petits; trois élamines; un style surmonté de trois stigmates (non d’un seul, comme le dit Linné); capsule uniloculaire à. trois valves, polysperme. La Lœflingia hispanica , L., type du genre, croît | dans toute la péninsule Ibérique et dans les Pyré- ! nées françaises ; ses Liges, grêles, rameuses, étalées sur le sol, ont quelques pouces de longueur; elles sont visqueuses au toucher. Ses feuilles sont op- posées, linéaires, subulées, ramassées près les unes des autres au sommet des ramufications. Les fleurs naissent solitaires.et sessiles à leur aisselle. Une autre plante d'Espagne rapportée à ce genre par Cavanilles, s’en distingue par le nombre de ses étamines, qui la placent dans la Pentandrie. Retz et Willdenow joignent aux Lœflingies le Pharnaceum depressum de Linné. Gette petite plante croît dans l'Inde. (L.) LOESS ou LEHM. (céor.) Dans toute la vallée du Rhin, on donne le nom de Loess, de Lehm ou LOES 483. LOES Leimen , à'un dépôi limoneux jaunâtre toutparti- culier, qui.a vivementexcité l'attention des géolo-. gues , et a.servi de texte à bien des controverses, mais sur l’origine très-récente duquel.on paraît généralement s’accorder aujourd’hui. Ce dépôt, qui.s’élève quelquefois jusqu’à deux ou trois cents pieds au dessus du niveau des eaux du Rhin, est communément formé par un limon calcarilère, pulvérulent, de couleur jaunâtre et contenant par- tout des coquilles terrestres et fluviatiles, recon- nues maintenant pour appartenir toutes aux espè- ces>encore vivantes aujourd'hui en Europe, et.en grande partie dans la vallée-même du Rhin; elles ont ordinairement perdu leurs couleurs, mais elles sont pour Ja plupart bien conservées entières. M. Ch. Lyell a reconnu que, dans le nombre de ces mollusques fossiles, les coquilles fluviatiles ne figurent guère que pour un septième ; ainsi, sur 217 individus recueillis par lui, 185 appartenaient à des espèces terrestres et 32 seulement à des.es- pèces fluviatiles. Des rapports un peu différens ont été constatés par le même géologue dans les co- quilles déposées au milieu du limon et du sable que-les eaux du Rhin charrient et déposent chaque jour le long de ses bords. On:a rencontré aussi au milieu du Loess des ossemens de quadrupèdes, mais appartenant en grande partie à des espèces perdues; enfin c’est encore dans ce dépôt mar- neux que M: Boué a annoncé avoir découvert.en 1825, derrière la petite ville de Lahr, dans le pays de Bade, des ossemens humains; cette dé- couverte a été alors accueillie avec incrédulité par la plupart des géologues , qui ont objecté que le fait avait été mal observé ou bien que ces os- semens humains provenaient de quelque sépulture très-anciennement creusée dans ce-terrain., Quoi qu’il en soit, sans vouloir me prononcer sur un fait qui aurait besoin d’une nouvelle confirmation, je dirai que, donné par un observateur aussi consciencieux que M. Boué, qui m'a assuré être retourné plusieurs fois tout exprès sur les lieux, il acquiert une certaine valeur et exige un examen attentif avant d’être rejeté; qu'y aurait-il là en - définitive d’impossible ? Cela prouverait seulement que le Loess ou cetle partie du Loess serait de formation beaucoup plus récente qu’on ne l'avait cru autrefois, ce que toutes les observations les plus modernes tendent’ d’ailleurs à confirmer. D’autres faits sembleraient encore venir à l'appui de celui-Rà ; par exemple, on a cité dans quelques localités des ossemens humains dans ce même dé- pôt d’alluvions, où ils étaient, à la vérité, telle- ment brisés et usés qu’on a pensé qu'ils venaient de ce terrain remanié par les eaux. M. Mérian a cité aussi depuis lors un grand nombre d’ossemens brisés et entremêlés de galets de roches primordia- les, dans des excavations naturelles qui existent à Brubach, dans les bancs supérieurs du calcaire d’eau douce, et qui sont remplies par le Loess, Quelle que soit, au reste, l'opinion que l’on se forme sur l’âge réel du Loess ; ses caractères géo- logiques sont de reposer, tantôt sur les dépôts de cailloux roulés, de gravier et de sable de la vallée du Rhin, tantôt sur les formations tertiaires et secondaires, entre Heidelberg et Heïlbroun, il s'élève à une hauteur de 7 à 800 pieds au dessus du niveau de la mer, et près’ de Rodenberg, il ac- quiert une puissance de 65 pieds d'épaisseur. Sur la rive droite. du Rhin:près de Bonn, le Loess re- pose sur le gravier et semble même former. au milieu des espèces d’amas; mais celte apparence tient à ce qu'il a été tranché et dénudé sur plu- sieurs points par de petits ruisseaux, et que les petites vallées ou fentes verticales qui en sont ré- sultées ont été ensuite remplies par le dépôt de gravier, qui semble ainsi envelopper le Loess. Ce dépôl occupe une très-grande étendue de terrain dans toute la vallée du Rhin et même dans les vallées adjacentes; il varie un peu de composi- tion et d’aspect, selon les localités, et ses carac- tères. y tiennent en grande partie à la nature des roches et des terrains les plus voisins, ce qui sem- blerait bien démontrer que le Loess s’est formé de sédimens provenant principalement de la désorga- nisation ou de la décomposition des roches tra- versées par le fleuve.et les rivières qui y aflluent, Quand il n’est pas associé avec les graviers ou les sables, ce dépôt ne présente aucune apparence de stratification; mais souvent il renferme des parties ou rognons et même des bancs tout-à-fait endurcis. Ces. rognons de marne endurcie, qui ressemblent. à des calcaires d’eau douce, sont appelés Xuptstein en Alsace, et:le terrain qui les renferme en prend le nom de Xupistein-Boden. M. Voltz, qui a décrit les dépôts d’alluvion et d’attérissement de la partie de la vallée du Rhin qui limite la France, dit que, dans les environs de Strasbourg, près de Mommenheim et Kriegs- heim jusqu’à Glockelsberg , ainsi que dans les en- virons de Lauterbourg et de Mulhouse , le terrain d’alluvion est composé presque uniquement, et sur une grande épaisseur, de glaise très-marneuse (leimen). Elle est parfois remplie de coquilles ter- restres dont les espèces vivent encoreen Alsace; elle renferme en outre beaucoup de concrétions de marne endurcie. Dans sa partie supérieure, la glaise devient souvent très-terreuse ou très-argi- leuse et prend une contexture grenue à grains as- sez gros : les rognons de marne endurcie ou kupt- steins deviennent alors plus fréquens, sont en gé- néral creux, et le vide paraît s’y être formé par un retrait très-considérable. Les nombreuses observations de M. Lyell sur ces dépôts de sédiment de la vallée du Rhin, l'ont conduit aux conclusions suivantes : 1° les Loess sont de la même nature minérale que le sédiment jaune calcaire qui est encore aujourd’hui charrié par les eaux du Rhin; 2° les coquilles fossiles en- fouies dans les Loess sont toutes des espèces ré- centes, consistant partie en coquilles terrestres , partie en mollusques d’eau douce; 3° le nombre des individus appartenant aux espèces terrestres prédomine ordinairement beaucoup sur celui des espèces fluviatiles, ce qui ne paraît pas être le cas pour les coquilles modernes que le Rhin roule au- jourd’hui dans ses flots; 4° quoique les Loess à L4 PES “CR LOIR 484 LOIR a — de ——_—_—_—_————————————————]—————————————"——— Fétat de pureté ne paraissent pas stralifiés, ils doivent avoir été formés graduellement , car les coquilles qui s’y rencontrent sont nombreuses , presque toutes entières, et les couches de Loess coquillier alternent quelquefois avec des couches de gravier ou de matière volcanique; 5° quelque éruption volcanique doit avoir eu lieu pendant et après le dépôt des Loess; 6° enfin, de grands changemens doivent s’être opérés dans la géogra- phie physique du bassin du Rhin, depuis que quelques Loess se sont déposés , et par conséquent à une époque géologique comparativement mo- derne, et quand les mollusques actuels vivaient déjà. Les eaux devant avoir été en repos quand ce dépôt (loam) sédimenteux s’est précipité , on doit supposer l'existence d’un ou plusieurs lacs tempo- raires, et celle d'anciennes barrières qui ont de- uis disparu. Ïl serait assez diflicile d’assigner l'endroit probable où ces derniers existaient, et de nouveaux documens sont nécessaires pour se fixer à cet égard, ainsi que pour déterminer la plus grande hauteur que les Loess atteignent. Il ne sera pas sans intérêt, en terminant cet ar- ticle, de rapporter les différentes expériences faites en 1833, par M. B. Horner, sur la quantité de matière solide charriée par le Rhin. Les premières ont été faites au mois d'août. Le Rhin à cette époque était très-bas et l’eau était trouble et de couleur jaunâtre. La quantité de matière solide obtenue d’un pied cube d’eau, recueillie à 165 ieds de la rive gauche du fleuve, à 7 pieds de la surface et à 6 pieds du fond, fut de 21,10 grains ou environ 1/12754°. Le résidu faisait une vive ef- fervescence avec l’acide muriatique et était de couleur jaune-brun , doux au toucher et sembla- ble en tout aux Loess de la vallée du Rhin. Les autres expériences faites en novembre ont eu lieu sur de l’eau prise au milieu du courant, à un pied au dessous de la surface. Il était tombé beaucoup de pluie quelque temps auparavant, et il en tomba aussi pendant l'expérience : l’eau était d’un jaune plus foncé que la précédente; mais, mise dans un verre, elle présentait à peu près le même aspect. Le résida d’un pied cube fut 35 grains ou 1/12500°, Ainsi, en supposant que la moyenne largeur an- nuelle du Rhin à Bonn soit de 1200 pieds, et sa profondeur moyenne de 15 pieds avec une vitesse de 4000 mètres à l'heure, et en établissant que la quantité moyenne de matière solide suspendue dans un pied cube d’eau est de 28 grains, on voit que le Rhin charrie en 24 heures devant Bonn 145981 pieds cubes de matière solide, ce qui fait environ 1,978,447 mètres cubes par année, et près de 200 millions de mètres cubes dans l'inter- valle d’un siècle. (Tu. V.) LOGE , Loculus. (or. Pæan.) Nom donné aux divisions intérieures du fruit, qu’elles soient uni- ques ou multiples. Ainsi l'ovaire ou la capsule est à une seule lose dans le Cactus, à deux ou trois dans les Myrtes. Voy. Frurr. Le nombre des Loges du fruit est généralement en rapport avec celui des stigmates où de leurs divisions. (L.) See LOIR , Myoxus. (maw. ) Ce genre de Rongeurs, classé dans la famille des Rats, a cependant quel- ques rapports avec les Ecureuils, soit par ses ca- ractères zoologiques , soit par ses habitudes ; aussi quelques classificateurs l’ontrangé parmi ces der- niers. Les caractères de ce genre sont : deux inci- sives à chaque mâchoire (comme presque tous les, Rongeurs ), longues, fortes, plates à leur partie antérieure , anguleuses et comprimées à la partie postérieure ; les supérieures sont coupées carré- : ment ; les inférieures sont pointues ; quatre mo- läires de chaque côté, se divisant dès leur base en racines; des lignes transverses, saïllantes et creu- ses se font remarquer sur la couronne plate de ces dents. La longueur des membres est à peu près la même ; les pattes antérieures ne sont pourvues que de quatre doigts d’une longueur moyenne, le pouce est rudimentaire; les postérieures ont cinq doigts portant chacun un ongle aigu et com: primé ; le pouce est court, susceptible de s’écar- ter des autres doigts, et même opposable dans quelques circonstances; la.paume et Ja plante sont nues, recouvertes , ainsi que le dessous des doigts, d’une peau très-douce ; la queue est toujours cou- verte de poils abondans comme celle de lécu- reuil; la langue longue et douce; l'oreille mem- braneuse ; les lèvres sont épaisses , velues et pour- vues de longues moustaches ; la pupille est ronde et contractile. Dans toutes les espèces de ce genre, . on trouve huit mamelles , dont quatre pectorales et quatre ventrales; mais une disposition curieuse dans l’organisation de ces animaux , c’est l’absence du cœcum qui existe chez tous les Rongeurs, même à un état assez volumineux. En été, les mœurs des Loirs sont assez sem- blables à celles des Ecureuils ; ils habitent les fo- rêts, grimpent sur les arbres, vivent de faînes, de | châtaignes , de noisettes et d’autres fruits sauva- ges, mangent aussi les œufs et mêuwe les petits oi- seaux qu'ils trouvent dans les nids. Ils se font un nid de mousse dans le tronc des arbres qui sont creux, ou dans les fentes des rochers élevés ; crai- gnant l'humidité , ils choisissent toujours les en- droits les plus secs; ils boivent peu et descendent rarement à terre ; leur agilité est bien inférieure à celle de l'Écureuil, qui, ayant les jambes plus lon- gues et le ventre moins gros, saute de branche en branche avec plus de légèreté. L'Ecureuil en diffère encore en ce que celui-ci s’apprivoise facilement , tandis que les Loirs demeurent toujours sauvages. Hs s’accouplent sur la fin du printemps, et font leurs petits en été ; leurs portées sont ordinairement de quatre ou cinq petits qui croissent vite. Ces pe- tits animaux sont courageux ; ils défendent leur vie jusqu’à la dernière extrémité : leurs incisives sont fort longues ; aussi mordent-ils violemment ; ils ne . craignent ni la Belette ni les oiseaux de proie ; ils échappent aux Renards, qui ne peuvent les suivre sur les arbres. Les ennemis dont ils ont le plus à craindre sont les Chats sauvages et les Mar- tes. Lorsque l’hiver arrive, les Loirs font dans leurs retraites des provisions de fruits pour servir à leur novrriture jusqu’au moment de l’engour- L Eu D LU QU LOIR 485 LOIR EE US dissement qui a lieu quand la température tombe à environ sept degrés. Cet engourdissement dure autant que la cause qui le produit et cesse avec le froid. Quelques degrés de chaleur au dessus du terme que nous venons d'indiquer suflisent pour ranimer ces animaux, et, si on les tient l'hiver dans un lieu bien chaud, ils ne s’engourdissent pas du tout; ils vont et viennent, mangent et dorment seulement comme les autres animaux ; quelquefois, même à l’état sauvage , ils se raniment si, pendant la saison des froids, la température s'élève, et consomment les provisions qu'ils ont amassées et transportées dans leurs retraites. Lorsqu'ils sentent le froid, ils se serrent el se met- tent en boule pour offrir moins de surface à l'air : c’est ainsi qu’on les trouve l'hiver dans les arbres creux et dans des trous de mur exposés au midi ; ils gisent là sans aucun mouvement sur de la mousse ou des feuilles sèches ; on peut les prendre et les rouler sans qu’ils remuent et s’étendent ; on ne parvient à les ramener à la vie qu’en les sou- mettant à une chaleur douce et graduée, car ils meurent si on les approche tout à coup d’un feu un peu vif. Cependant, dans cet état de torpeur , la sensibilité existe; en effet, quoiqu’ils aient les yeux fermés et qu’ils paraissent privés de tout usage dessens , une blessure, une brûlure leur fait faire un petit mouvement de contraction et jeter un cri sourd qu'ils répètent même plusieurs fois. Nous renvoyons au mot Hisernarion pour les cau- ses de cet engourdissement. 1 Le Loir, Myoxzus glis, Gmel., représenté dans notre Atlas, pl.309, fig. 1. Gette espèce, qui est la plus grande , a donné son nom au genre; sa lon- gueur , depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, est de six pouces. Il est gris-cendré en dessus du corps; le dessous, ainsi que la partie interne des membres, est d’un blanc roussâtre , et là queue entièrement d’an cendré brunâtre ; le tour de l’œil est noirâtre , le dessus de la tête d’un gris plus pâle que le reste du corps; les pattes blanches, avec une tache brune sur le métacarpe et sur le métatarse; les oreilles sont courtes, presque demi-circulaires, et la queue, qui a à peu près la longueur du corps , est touffueet distique. Gette espèce habite les forêts de l’Europe méridio- nale. La chair des Loirs est bonne à manger ; elle a le goût de celle du Cochon d'Inde; c’est en au- tomne que cet animal est le plus gras; les Ro- mains, qui en faisaient grand cas, en élevaient une grande quantité. Varron a donné la manière de faire des garennes de Loirs; Apicius, celle d’en faire des ragoûts. En Italie, on est dans l'usage d'en manger. Pour se les procurer, les habitans choisissent un lieu bien sec à l'abri d’un rocher ‘exposé au midi; ils font dans ce lieu des fosses ‘qu'ils tapissent de mousse et recouvrent de paille et où ils jettent de la faîne; les Loirs s’y rendent en grand nombre à l'approche de l'hiver, et lors- qu’ils sont engourdis sont enlevés sans danger. _ Le Lénor, Myoxus nitela, Gmel., représenté dans notre Atlas, pl. 50, fig. 11, a le dessus de la têle, du corps et du premier tiers de la queue d’un roux vineux; les flancs gris ; le dessous de la tête, du corps et de la queue, ainsi que la lèvre supé= rieure, blancs; l’œilest placé dans une grande tache noire qui se prolonge jusqu’au dessous de l'oreille; ies membres sont blancs, à l'exception de la par- tie supérieure de ceux de derrière, qui est noire ; la queue, blanche en dessous ct noire en dessus dans ses deux derniers tiers, est plus longue que le corps et terminée par des poils longs et assez abondans. La longueur totale du Lérot est de cinq pouces. Îl habite tous les climats tempérés de l’Europe. Moins sauvage que le Loir, il se tient dans les jardins , et quelquefois même on le trouve dans les maisons; l'espèce en est plus nombreuse et plus généralement répandue ; ils se nichent dans les trous des murailles, courent sur les arbres en espalier , où ils choisissent les meil- leurs fruits, qu’ils entament dans le moment où ils commencent à mürir. Les pêches, qu’ils semblent aimer de préférence, ont le plus à souffrir de leurs ravages. Si les fruits doux leur manquent, ils man- gent des amandes, des noix, des noisettes ; ils en transportent une grande quantité dans leurs retrai- tes, qu’ils creusent aussi sous terre ; lorsque le froid les engourdit, on en trouve quelquefois huit ou dix dans le même lieu , tous engourdis, resserrés en boule au milieu de leurs provisions de noix, noisettes, etc. Leur chair n’est pas mangeable comme celle du Loir; elle a la même odeur que celle du Rat domestique. Ils ne produisent qu’un an après leur naissance. Le Muscarnin, Myoxus muscardinus ,' Gmel. ; Mus avellanarius , Linn. Il a le corps entièrement d’un beau fauve roussâtre ; le dessous de la tête , la gorge et la poitrine blancs ; le dessous du corps d’un blanc roux; ses oreilles sont courtes; sa queue, plus longue que le corps , est terminée par des poils longs et abondans ; sa taille est celle du Mulot. Cette espèce est répandue dans presque toute l’Europe méridionale et tempérée; elle se tient dans les boïs et les jardins ; l'hiver, elle prend pour retraile les vieux ironcs d'arbres, où elle fait comme J’Ecureuil un nid de six pouces envi- ron, plicé ordinairement assez bas, construit avec des herbes entrelacées, avec une seule ou- verture par le haut. Elle est moins nombreuse que celle du Lérot. Sa chair est désagréable au goût. Le Léror pu SÉNÉGAL, Myoxus Coupeii, F. Cu- vier ; Myoxus murinus, Desm. Get animal, plus grand que le Muscardin , a la queue plate , garnie de poils longs et abondans ; plus petit que le Lérot d'Europe , ilse rapproche du Loir par ses couleurs; sa longueur, du bout du museau à l’origine de la queue, est de trois pouces six lignes ; la queue est à peu près de la -même longueur ; sa “hauteur moyenne est de dix-huit lignes. Toute la partie supérieure de son corps et sa queue sont d’un gris clair légèrement jaunâtre, assez doux à la vue; les parties inférieures sont blanchâtres, et le blane de la mâchoire inférieure s’élève sur les joues jusqu’au dessous des yeux; les teintes jaunâtres ne résultent que de l'extrémité des poils, qui est d'un gris sale; le reste de leur étendue est d’ur LOIR au © LOMA beau gris ardoise ; les parties nues , c’est-à-dire le dessous des pattes, le bout du museau, Jes oreil- les, sont couleur de chair; les poils sont très-doux au toucher et de deux natures: ceux de la queue, dans toute son étendue, sont longs et.épais. Le Myoxus drias de Schreber n'est, suivant Cuvier , qu'une variété du Loir. (J. L.) LOIRE. (chocr. pays. ) Fleuve de France qui prend sa source sur le versant occidental des.Ci£- VENNES (voy. ce mot), au mont Gerfbier des Jours, dans le département de l'Ardèche. :11 coule d’a- bord au nord, séparé de l'Allier par les monts Forez et ceux de la Mude,.se dirige au nord-ouest jusqu’auprès d'Orléans, puis suit la direction gé- nérale de l’ouest, et se jette dans l'Océan après un cours de 220 lieues. La hauteur moyenne de ses eaux, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, est de 2 à 5 mètres, et sa pente d'environ 1 centi- mètre sur 100 mètres, ou 22 pieds par lieue. La Loire commence à être flottable au village deRe- tournac, dans le département de la Haute-Loire : le flottage s’y fait sur une étendue de 51,000 mè- tres. Elle ne devient navigable qu’un peu au des- sus de Roanne, dans le département de la Loire. À l'exception de la Mayenne , qui. se grossit des eaux de la Sarthe et du Loir, ce fleuve ne recoit sur sa rive droite aucune rivière importante, parce qu'il n’est dominé de ce côté que par des mon- tagnes. peu élevées et d’ailleurs peu éloignées de ses bords. Du reste , ses autres affluenS navigables sont, de ce côté, l’Arroux, l’'Erdre.et le Brivé.Du côté de sa rive gauche, une chaîne, ou, si l’on veut, un groupe de montagnes qui comprend les plus hautes cimes de la France centrale, telles que le mont Dr et le Cantal, donne naissance à quel- ques grandes rivières qui alimentent son cours , telles que Allier , le Cheret la Vienne ; ses autres affluens du même côté sont le Loiret, l'Indre , le Thoué et la Sèvre-Nantaise. Le bassin de la Loire est le plus considérable de la France : il occupe presque le quart de celle-ci. Il a 125 lieues de longueur et 75 dans sa plus grande largeur. Depuis sa source jusque sous le parallèle de Montbrison , la Loire coule au milieu de roches granitiques ; puis elle traverse des terrains super- crétacés jusqu'à neuf lieues avant d'arriver à Ne- vers, où elle suit son cours, au milieu du terrain jurassique, jusque près.de Simière; là-elle coule jusqu’au dessous.de Blois , ayant à sa gauche le terrain crélacé, .et à sa droite Je terrain supercré- tacc. Depuis Blois, elle ne quitte point le terrain crétacé jusqu'à quelques lieues avant d'arriver à Angers, où elle traverse le terrain schisteux et le terrain anthraxifère jusqu’au dessous d’Ancenis , qu'elle coule au milieu des roches granitiques jus- que dans l'Océan. La Loire, à la suite de la fonte des neiges dans les Cévennes , et des pluies qui tombent dans ces montagnes, est sujette à des débordemens d’au- tant plus considérables que ses bords ne sont point encaissés. Les sables qu’elle charrie s’ac- cumulent et y forment des bancs mouvans quiren- dent sa navigation difficile. Pour obvier à ces:in.- convéniens, les intérêts du commerce intétieur exigent-impérieusement que le cours de ce fleuve soit canalisé. Les alluvions qu’il charrie,obstruent son.embouchure, et forment des bancs.de sable qui s’accroissent de jour en jour à tel point que , dans des parages où l’on comptait autrefois 20 pieds d’eau à la marée basse, il n’y en a plus aujour- d’hui que.7 à 8. Les bords de la Loire sont célèbres par leur beauté : c’est surtout dans les riantes campagnes de la Touraine, depuis Angers jusqu’à Nantes , que les sites qui bordent ce fleuve justifient leur réputation. (3. H.) LOMATIE, Lomatia. (sor. Puan. ) Petit genre de la famille des Protéacées et de la Tétrandrie monogynie , dont les espèces, presque toutes ori- ginaires de l'Océanie, se. font plutôt remarquer par la singularité de leurs fleurs que par leur beauté. Ge sont des sous-arbrisseaux dicotylédo- nés , à feuilles alternes, entières, plus souvent divisées, et de figures très-variées sur le même individu ; long-temps on les a confondus parmi les Embothryum , dont ils sont fort rapprochés, quoi- que de familles différentes. Chez les Lomaties , les fleurs se réunissent tantôt en grappes termi- nales on axillaires, tantôt en corgmbes courts, munis de bractées ; ellessont composées d'un calice à quatre pétales irréguliers, concaves à leur som- met , anthérifères et munis de trois glandes hypo- gynes, unilatérales, placées sur le réceptacle ; quatre étamines; ovaire supère , pédicellé, avec style simple, persistant, et stigmate oblique . presque arrondi , donnant naissance à un follicule ovale-oblong , uniloculaire, qui s'ouvre longitudi- nalement.et contient dix on quinze semences com- primées, chargées au sommet d’une aile trois. fois plus longue qu’elles-mêmes , et imbriquées les unes sur les autres. Ce genre a été formé par Robert Brown. On doit distinguer la LoMATIE DES TEINTURIERS, L. tinctoria, que Labillardière fit le premier con- naître sous le nom de Embothryum tinctorium , et qu'il avait observée dans la Nouvelle Hollande au cap Van-Diémen. Les semences de cette espèce , qui monte à deux mètres, sont couvertes d’une poussière sulfareuse, fournissant une bonne cou- leur rouge lorsqu'on la met infuser dans de l’eau, Une autre espèce que l’on multiplie facilement de marcottes en France et en Angleterre, où elle a élé introduite en 1790, el que nous avons tronvée toute fleurie en juin, juillel et août 1813, chez Noisette le jardinier , la LOMATIE A FLEURS DE, SI- AUS, L. silaifolia, se contente de l'orangerie du- rant nos hivers les plus rigoureux. Cette plante. herbacée ; haute au plus d’un mètre, est originaire des environs du port Jackson; elle a les feuilles, deux fois ailées, composées de folioles opposées, oblongues, presque linéaires , élargies vers leur sommet, et partagées en trois pointes , quelque- foismême entièrement pinpatifides. Les fleurs, qui garnissent le haut des tiges et des rameaux en grappes jaune-soufre ou blanchâtres, longues de AE PA FLAT M LIANR f frac … ul dl Sat LU ie, VX Pr, li D, RTE Er NL) NS LB Ÿ DDASS BP NPA ASIE > » 1. Loir. 2.Lombrie . 3.Lophophore . Æ. Cure dre LOMB 487 à LOMB Ce seize centimètres, rärement du double, produi- sent un effet remarquable. La LowarTie ogBuique, L. obliqua, également observée dans la Nouvelle-Hollande et au Chili, porte de grandes feuilles pétiolées , coriaces, ova- les, dentées à leur moitié supérieure. Ses fleurs sont blanches. (T. ». B.} LOMBAIRES. ( anaT. ) On désigne sous le nom de région lombaire la région postérieure du #ronc , depuis le dos jusqu'aux hanches. La résion lombaire porte le nom de râble dans les Quadru- pèdes. On donne le même nom de Lombaires à toutes les parties qui entrent dans la composition de -celte région, telles sont les cinq vertèbres qui en constiluent la partie solide ( vertèbres lombaires ); les’artères qui proviennent de Faorte, et qui, au nombre de quatre , vont se distribuer aux parties environnantes (artères lombaires); les cinq paires de nerfs qui s’échappent de la partie correspon- dante de la moelle épinière ( nérfs lombaires ) ; enfin un muscle très-fort, très-court, de forme quadrilatère, qui de chaque côté se porte de la face antérieure des apophyses transverses et du bord iriférieur de la dernière côte, à la partie la plus reculée de la crête iliaque et au ligament ilio- lombaire, complétant ainsi en arrière la paroi postérieure de l’abdomen (muscle carré D) ). LOMBRIG, Lumbricus. (ANNEL. ) Savig. Genre de la famille des Lombricines , ayant pour carac- tères : un corps composé d’anneaux, arrondi, “extensible, allongé, plus pointu antérieurement -que postérieurement ; une bouche simple , rétrac- tile, terminale, sans aucun tentacule: un anus placé longitudinalement à la partie postérieure ; les pieds remplacés par de petites soies non rétrac- #iles, en partie calcaires, en partie cornées, colo- rées en jaune sans-éclat métallique, disposés par -paires sur les côtés de chaque anneau, l’une supé- rieure, l’autre inférieure, de manière à former de chaque côté de l’animal quatre soies longitudinales. Si nous faisons. de ces animaux, ainsi qu’ils le méritent, comme habitans de nos environs, une étude plus approfondie, nous voyons que leur corps est irisé, très-contractile, et qu'il doit cette propriété à un muscle peaucier très-puis- -sant ; que les articulations qui composent ce corps très-mobile entre elles, sont séparées les unes des autres par des sillons qui sont plus larges, plus profonds à la partie antérieure que vers l’autre ex- trémité ; que ce corps est, vers le tiers antérieur à peu près, renflé en-un bourrelet plus où moins saïllant, d’un rouge plus intense que celui qui co- lore ordinairement tout l’animal; c’est là que se terminent les organes de la génération. Un autre tubercule, d’une couleur blanchâtre , d’une forme ovale, et fendu longitudinalement, se trouve à la partie inférieure et latérale du seizjème anneau, environ au trente-sixième , suivant M. de Blain- ville , et‘plus'en avant, d’après Fabricius ; il yen a un autre d'une couleur rosée et qui provient du venflement de trois anneaux; qu’enfin, mais à Ja partie supérieure , se trouvent de chaque côté des pores qui, disposés deux à deux sur chaque an- neau, forment des séries longitudinales , et qui ont pour fonction de sécréter la liqueur qui recouvre ordinairement les Lombrics. Chez ces vers les organes de la digestion sont fort simples ; la bouche, qui est petite , est fermée : par deux lèvres, dont la supérieure, dépassant de beaucoup l’inférieure , sert à l'animal à creuser les trous dans lesquels ilse retire. Il n’y a point d’or- ganes masticateurs ; cel appareil jouit sans doute d’une sensibilité fort peu marquée, car, outre que la lèvre inférieure en «est à peu près dépourvue, l'organe essentiel du goût, la langue, manque constamment. Quant à Fappareil digestif propre- ment dit, sa descriplion, non plus que celle des or- ganes réparateurs , ne saurait nous occuper long- temps. Un simple renflement de l’œsophage, un véritable gésier, assez développé il est vrai, et composé de fibres assez résistantes , est la seule dilatation du tube intestinal ; il s’étend presque en ligne droite de la bouche à l'anus. Parmi les glandes, celle qui constitue l’organe sé- créteur de la bile mérite seule une mention spé- ciale : l’opinion qui paraît être la plus générale, c'est qu'il n’y a pas de véritable foie , mais que cet organe est remplacé par un vaisseau qui s'étend en serpentant au dessous du tube digestif; M. de Blainville pense que ce vaisseau n’est peut-être qu’une veine mésentérique. La simplicité de l'organe circulatoire n’est pas moindre que celle du tube digestif. L’organe cen- tral est un véritable cœur aortique; voici ce qui est maintenant acquis à la science sur ce point. De la paroi du canal intestinal, et de la peau externe de l'animal , on voit très-distinctement naître de petites veinules, continuation d’artérioles qui for- ment, ense croisant entre elles, un véritable plexus, un lacis inextricable ; ces veines, en se réunissant, constituent un gros vaisseau , un tronc placé le long de l’abdomen et remontant au niveau de la tête, et par le moyen de cinq branches, à la partie dorsale de l'animal; 1à ces branches, se réunissant comme elles Vétaient primitivement, constituent un nouveau vaisseau très-long, placé sur la ligne médiane du dos, qu’il parcourt dans toute sa lon- gueur ; ce vaisseau, qui est plus large du côté de la tête que vers l’autre extrémité, c’est le cœur. Par un mouvement de systole et de diastole facile à apercevoir, il envoie par les artères, auxquelles il donne naissance, le sang à toutes les parties. Avec une telle disposition, peut-être l’existence d’un organe respiratoire n’est-elle pas nécessaire ; cependant certains auteurs assimilent à de vérita- bles poumons, de petits feuillets qui communi- quent à l'extrémité par les pores dorsaux dont nous avons parlé. Les Lombrics sont hermaphrodites ; les organes sexuels, qui, comme nous l’avons dit, aboutissent à un renflement qui se trouve à peu près au tiers antérieur du corps , se composent de pelils corps disposés sur deux rangs au dessus du canal intes- tinal; les plus postérieurs sont jaunâtres et cou- Em LOMB 488 LOMB QE re of verts d’un grand nombre d’artérioles; les plus an- térieurs, qui sont au contraire blanchâtres, sont au nombre de trois, et ont paru à M. de Blainville nommuniquer à l’exlérieur par les orifices que cous avons signalés sur les parties latérales du seizième anneau. On ne sait pas encore bien quelles sont Jes fonctions de ces vésicules ; peut-être les dernières sont-elles analogues à des ovaires ; dans ce cas les œufs passeraient avant la ponte par les urganes placés plus antérieurement , par les orga- oes mâles; mais cela serait contraire à l'opinion de Montfort qui dit que les œufs descendent jus- qu'au niveau du rectam, entre l'intestin et l’en- veloppe extérieure, et que c’est là qu'iis éclosent,. Il n’y a encore rien de bien positif à cet égard, mais il paraît néanmoins probable que les Lom- brics sont, en eflet, ovovipares. Quoique herma- phrodites, les Vers de terre ne peuvent se suflire à eux-mêmes , ils s’accouplent vers la fin de l'hiver et le commencement du printemps. La réunion des deux individus est si intime dans l’acte copu- lateur, qu’il est à peu près impossible de les sépa- rer autrement que par lambeaux. Un ganglion de dimensions extrêmement pe- dites, situé au dessus de l’œsophage , et une lon- gue suite de nombreux ganglions très-rapprochés les uns des autres, et placés au dessous de l’abdo- men en deux séries longitudinales parallèles, con- stituent le sysième nerveux des Lombrics. Des organes des sens il ne reste plus que celui du tou- cher, mais il paraît avoir acquis un dévelwppe- ment tiès-notable. Ainsi si l’on vient À remuer, sculement à l’aide des mouvemens du pied, la icrre dans laquelle ils sont renfermés , ils en sor- ient aussitôt; quelquefois en grand nombre, et c’est même là l’un des meilleurs moyens de se les procurer; on sait aussi que c’est le même strata- gème que le petit Pluvier emploie dans le même but. Sa vie paraît être assez uniformément répar- due dans toutes les parties, et Von prétend même que quand ils ont été partagés en deux portions, leurs fragmens jouissent l’un et l’autre de la fa- culté de reproduire ce qui leur manque. Mais cela paraît douteux, au moins à l'égard de la portion postérieure; pour l’autre, au contraire, d’après la disposition du système nerveux, et comme elle renferme tous les organes importans , ceux de la génération, l’estomac, etc., on comprend assez bien qu’elle puisse reproduire la partie postérieure, qui ne contient, en effet, qu'une portion du canal intestinal, C'est pendant la saison chaude seulement, ou du moins sous l'influence d’une température moyenne, que les Lombrics jouissent de toutes leurs facultés; quand le froid commence à naître, ils s’enfoncent dans la terre à une assez grande profondeur, et il paraît même, suivant Latreille, ‘qu'ils s'y forment une sorte de coque. Peut-être celle enveloppe est-elle la même que celle que M. Léon Dufour a souvent rencontrée, renfermant, en effet, des Lombrics, et sur laquelle il a publié une courte notice dans les Annales des sciences naturelles. Voici Jes observations qu’a faites sur gs corps le savant entomologiste que nous venons e citer. st Il raconte qu'un ouvrier lui procura quelques uns de ces œufs ou cocons; mais comme ils avaient été transportés sans aucun soin et ex- posés pendant trop long-temps à l’ardeur du soleil , qui les avait desséchés et affaissés , il était à craindre que Jes germes ou les vérs qu'ils renfer- maient ne fussent morts. Cependant il n’en fut pas ainsi. Après avoir eu le soin de les mettre à l’om- bre et de les envelopper d’un papier humide, M. Léon Dufour put assister à la naissance d’un Lombric. C’est par le gros bout de la capsule que le ver sortit ; à cetle époque il avait deux lignes de long , et sa grosseur était celle d’une ficelle ordi- naire; sa consistance était plus molle que celle de l'adulte, Dans la région dorsale existait un vais- seau d’un rouge vif, offrant, comme le cœur chez l'adulte, un mouvement de systole-et de diastole. Les dimensions de ces capsules sont, suivant M. Léon Dufour, de sept à huit lignes de longueur, sur trois ou quatre de largeur ; toujours ce savant les a rencontrées dans la marne ou l'argile à une profondeur de 5 ou 6 pieds ; leur tissu est serré, élastique, d’un roux jaunâtre assez transparent pour laisser voir les sortes de circonvolutions que forme le Lombric qu’elles enveloppent , et même jusqu'aux vaisseaux de celui-ci. Son petit bout a un prolongement fibreux qui se termine par de petits filets, dont l’usage est de fixer ces corps dans l’intérieur des irous où on les trouve. Ces capsules, dont l’on ne sait encore si ce sont des cocons ou de véritables œufs, ne contiennent ja- mais qu’un seul ver dans leur intérieur ; elles ren- ferment de plus dans leur intérieur, suivant M. Léon Dufour, une matière pulpeuse jaunâtre qui, comme le remarque cet observateur, paraît être un point d’analogie de plus avec les véritables œufs. C’est. dans les lieux humides, dans les terres argileuses, et assez souvent à une profondeur as- sez considérable, que se retirent les Lombrics. Exposés à l’ardeur du soleil, ils se dessèchent promptement, et ne tardent pas à périr. Leur lè- vre supérieure, qu'ils contractent de manière à s’en servir comme d'une véritable vrille, leur sert à merveille pour creuser des trous dans le terrain peu résistant où ils se retirent; ce trou , celle ga- lerie a ordinairement deux issues; par l’une l’ani- mal entre, par l’autre il sort, et la première lui sert également pour rejeter au dehors les matières qu'il a avalées en creusant. C’est en sillonnant ainsi la terre qu’ils cherchent léur nourriture, qui se compose de matières soit végétales, soit ani- males. À leur tour, les Lombrics deviennent la proie d’un assez grand nombre d'animaux. Les poissons, comme on le sait, en sont très-friands, aussi les pêcheurs les emploient-ils comme appât; plusieurs mammifères, tels que la Taupe, des oiseaux, des mollusques et beaucoup d’autres animaux encore , en font leur nourriture. Si ce n’est pour leur usage dans la pêche, les Lombrics ne nous sont d'aucune utililé; car la médecine, RE LONG 489 LONG 1 médecine, qui les employait fréquemment autre- fois, ne s’en sert plus aujourd’hui. Parmi les espèces européennes, nous citerons les suivantes : Lomric commun, L. vulgaris, L. terrestris, Gmel., Enterion terrestris, Savisny, représenté dans notre Atlas, pl. 309, fig. . Cette espèce bien connue, et qui, ainsi que la suivante, se trouve dans nos environs, est rougeâtre; sa longueur est très-variable, ce qui dépend peut-être de l’âge, ou fournira par la suite des caractères spécifi- ques ; il en est dont la taille atteint plus d’un pied. Leur corps est garni de ces filets dont nous avons parlé, et le tubercule que nous avons décrit existe chez celte espèce. Lomwpric variË, L. variegatus, Gmel. Bonnet. D'une couleur plus foncée que le précédent, quelquefois brune variée de taches de même cou- leur, mais plus intense; le dos parcouru. dans toute sa longueur par une ligne rougeâtre qui est l'aorte du cœur. C’est sur cetle espèce que Bonnet a fait ses ex- périences; elle se trouve dans les marécages au milieu des bois et sur le bord des rivières. (V. M.) LOMBRICS, Zombrici. (annér.) Savigny a donné ce nom à une famille qui comprend le Lom- bric commun, et au nouveau genre qu'il a appelé Hypogéon. Le nom de Lombric a été changé à tort par l’auteur en celui d'Entérion, qui n’a pas été adopté. Ÿ, Lomeric. (Guér.) LONGICORNES , Longicornis. (ixs.) Famille de Coléoptères de la section des Tétramères, ayant pour caractères : languette en forme de cœur, échancrée au bord supérieur ; antennes filiformes, les trois premiers articles des tarses garnis de bros- ses , les deux premiers triangulaires , le troisième fortement bilobé. Les Coléoptères de cette famille ont le plus gé- néralement le corps allongé , la têle saillante , ver- ticale ou inclinée ; les antennes ordinairement très-longues , de onze articles, mais quelquefois d’un plus grand nombre dans quelques mâles ; dans la plupart, les antennes sont insérées dans une échancrure des yeux ; mais dans la dernière tribu, ou celle des Lepturètes, elles sont insérées seule- ment à côté, et les yeux n’ont plus alors la forme de rein qu’affectent ceux des autres; les mandibules sont très-robusles , tandis qu’au contraire les mà- choires ne sont propres qu’au service d’alimens liquides ; les palpes sont plus ou moins terminés en massue. Quoique ces insectes soient rangés parmi les Tétramères , ils sont évidemment Pen- tamères; en eflet, le dernier article, celui qui porte les crochets, est composé de deux pièces dont la première , très-courte , est cachée dans les lobes de l’article précédent ; les anneaux de l’ex- trémité de l'abdomen peuvent, dans les femelles , s’allonger en forme de tarière pour introduire leurs œufs dans les fentes du bois où ils doivent éclore; ces insectes sont diurnes; mais quelques espèces sortent plus volontiers après le coucher du soleil. Ils se trouvent soit sur le tronc des ar- Toue IV, bres, soit , les petites espèces, sur les fleurs : quand on les saisit, ils font entendre un bruit plaintif qui est produit par le frottement des pa- rois de la partie interne du corselet sur la base de l’écusson. Leurs larves sont molles, apodes , plus larges en avant et très-rétrécies en arrière; elles vivent soit dans l’intérieur même des arbres, soit sous les écorces ; d’autres attaquent les racines des plan- tes ; toutes ont une tête écailleuse armée de man- dibules tellement vigoureuses, que Latreille dit avoir vu une lame de plomb attaquée par elles. Cette famille se divise en plusieurs tribus, ce sont les Prioniens , les Cérambycins , les Nécida- les, les Lamiaires et les Lepturètes. (AP) LONGIPALPES , Longipalpi. (ins.) Tribu de Coléoptères de la section des Pentamères, famille des Brachélytres; cette tribu se reconnaît à sa tête dégagée du corselet par un étranglement , et surtout à ses palpes maxillaires presque aussi longs que la tête, dont le quatrième ou dernier article est caché ou peu apparent. Cette tribu renferme les genres Pédère, Stilique, Stène et Evæsthète. A4). LONGIPENNES. (ors.) Cuvier Mie nom à une famille d’Echassiers, comprenant les oiseaux de haute mer , qui, au moyen deleur vol étendu, se sont répandus partout et que les navigateurs rencontrent sur toutes les plages. On les recon- paît à leur pouce libre ou nul, à leurs très-longues ailes et à leur bec sans dentelures , mais crochu au bout dans les premiers genres, et simplement pointu dans les autres. Leur larynx inférieur n’a qu'un muscle propre de chaque côté ; leur gésier est musculeux, et leurs cœcums courts. Cette di- vision renferme les grands genres Pétrel, Goë- land , Hirondelles de mer et Bec-en-ciseaux, di- visés eux-mêmes en plusieurs sous-genres. (Guir. ) LONGIROSTRES. (ors.) Cuvier désigne ainsi, (Règne animal, tom. I, p. 518) une famille d’E- chassiers qui se compose , dit-il, d’une foule d’oi- seaux de rivage dont le plus grandnombre formait le genre Scolopax de Linné, et dont les autres avaient été confondus dans son genre Tringa , en partie contre le caractère que ce genre portait , d’un pouce trop court pour toucher la terre. En- fin ilen est un petit nombre qui avaient été pla- cés avec les Pluviers, à cause du défaut absolu de pouce. Tous ces oiseaux ont x peu près les mêmes formes, les mêmes habitudes et souvent aussi les mêmes distributions de couleurs , ce qui les rend très-difficiles à distinguer entre eux. [ls se carac- térisent par leur bec grêle , long et faible, quine leur permet guère que de fouiller dans la vase pour y chercher les vers et les petits insectes, et les différentes nuances dans la forme du bec servent à les subdiviser en genres et en sous-genres. Les principaux genres de cette coupe sont : Les Bé- casses (Ibis, Courlis, Bécasses proprement di- tes, ete.) et les Avocettes, (GuËr.) LONGITUDE. (céocr. pays.) La Longitude d’un lieu est sa distance à un premier méridien : aulre- 302° LivrAIsON. 62 LOPE 490 LOPH fois ce premier méridien se comptait à partir de l'Ile-de-Fer ; toutes les cartes anciennes sont con- struiles d’après ce système; aujourd'hui le méri- dien d’après lequel se comptent les desrés de Longitude, en France, passe par l'Observatoire de Paris. La Longitude est occidentale ou orientale, sui- vant que le lieu dont on cherche la Longitude est à gauche on à droite du point de départ, c’est-à- dire du premier méridien. Elle se compte sur l’é- quateur depuis o degré jusqu’à 180 degrés. IL y a quelques géographes qui supputent de suite les 360 degrés d’occident en orient : mais cette mé- thode n’est pas généralement adoptée : elle est beaucoup moins usilée que celle que nous avons indiquée plus haut. Nous renvoyons nos lecteurs à l’article Lari- TUDE, Où nous nous sommes très-étendu sur les moyens à employer pour déterminer la position d'un lieu terrestre. Nous n’entrerons pas ici dans de plus grands détails sur ce sujet. (G. dJ.) ” LONG-NEZ. (wa. ) Nom spécifique d’un Singe, d’un Serpent du genre Typhlops et d’un Squale. LONGUP. (o1s.) Nom vulgaire d’un oiseau da genre Corbeau, le Garrulus gabriculatus, L. LOPEZIE, Lopezia. (BoT. pHAN.) Quatre espèces de plantes dicotylédonées , herbactes, annuelles, toutes originaires du Mexique, constituent ce genre de la Monandrie monogynie, et de la famille des Onagrariées ; il a été créé par Gavanilles en mé- moire de l'Espagnol Lopez, qui a écrit sur l’His- toire naturelle de l’Amérique un ouvrage fort peu connu en France, Les caractères du genre sont d’avoir le calice à quatre folioles caduques; la corolle composée de cingpétales irréguliers, deux supérieurs droits, on- uiculés et coudés à leur base où l’on remarque ‘re bosses glanduleuses ; les deux latéraux op- posés, ovales , rétrécis en leur partie inférieure ; le cinquième ou le plus petit , presque cordiforme, replié en ses bords , et enveloppant l’étamine fer- tile quelque temps encore après l’entier dévelop- pement des autres pétales ; ovaire plane, infère, globuleux , à quatre loges contenant quatre ovules, surmonté d’un style court quiest entouré des deux élamines , dont Je filet de la seconde , ou stérile, a la forme d’un pétale comme canaliculé à sa base. Stigmate simple, velu. Le fruit est une capsule glo- buleuse, à quatre valves et autant de loges, dans lesquelles on trouve plusieurs graines irrégulière- ment arrondies , suspendues , chagrinées. Depuis environ un demi-siècle, le jardin botani- que de Madrid a contribué à répandre l'espèce la plus anciennement connue de ce genre , la Lorézre A GRAPPES , L. racemosa. Cette jolie plante se dé- core de fleurs d’un rose foncé , portées sur des pé- doncules filiformes, et disposées, douze à vingt en- semble, tantôt en grappes terminales , tanlôt pla- cées aux aisselles des feuilles supérieures qui se succèdent les unes aux autres en pleinair , à bonne exposition , durant une grande partie de l'été. Si l'on a la précaution d’en avoir des pieds en pots, et de les rentrer dans la serre, on jouit encore en octobre et en novembre de toute sa fraîcheur , de toute son élégance. On la multiplie de graines. Sa tige rameuse monte à soixante-dix centimètres 3 elle est garnie de feuilles alternes, d’un vert gai. C’est l'espèce que Vahl nomme ZL. mexicana. Lä Lorézie ÉcartaTE , L. miniata , est beaucoup plus petite, craint singulièrement les froids, et donne, pendant l'hiver , sous la température éle- vée des serres, un très-grand nombre de petites fleurs du plus bel écarlate. Cette espèce est ori- ginaire des environs de Mexico. (T, ». B.) LOPIHE, Lophius. (roiss.) Nous avons déjà parlé de ce genre à l’article Baudroye de ce Dic- tionnaire. Voy. Bauvrovye. (Apr, G.) LOPHOBRANCHES. (Porss.) Le nom de Lo- phobranches, qui signifie branchies en forme de houppes , a été donné aux poissons de cet ordre , parce que leurs branchies, au lieu d’avoir, comme à l’ordinaire, la forme de dents de peigne, se di- visent, comme nous venons de le dire , en petites houppes rondes, disposées par paires le long des arcs branchiaux ; structure dont aucun autre poisson n’a encore offert d'exemple. De plus, ces branchies sont enfermées sous un grand oper- cule attaché par une membrane qui ne laisse qu’un pelit trou pour la sortie de l’eau, et qui ne montre dans son épaisseur que quelques vestiges de rayons. Ces poissons se reconnaissent encore à leur forme bizarre et à leur corps couvert , dans toute son étendue, de plaques osseuses qui, en se réunissant ensemble, le rendent entièrement an- gulenx. Leur bouche est si étroite qu’elle ne pent admettre que des corps de très-pelit volume, et surlout des insecteset des vers marins. L’épaisseur de leur peau et la petitesse de leur taille réduisent leurs organes intérieurs à de si minces dimensions, qu'ils n’ont presque pas de chair; aussi n’en es- time-t-on aueune espèce comme aliment. L'ordre des Lophobranches est le plus pelit de la classe des poissons. [Ine comprend qu’une seule famille, et cette famille elle-même renferme quatre genres : les Synexarues, les Hirrocawrgs, les Sozénos- roues et les P£GAsEs ;-consuliez ces mots pour de plus amples détails. (Azrx. G.) LOPHOPHORE , Lophophorus. ( ois. ) Tem- minck a donné ce nom, qui a été adopté par Gu- vier, aux Monauls de Vieillot. On a déjà décrit au mot Impey le Lophophore resplendissant, Phasianus impeyanus de Latham , pour faire con- naître un petit sous-genre que M. Lesson a séparé des Lophophores dans son Traité d’ornithologie. On ne connaissait dans ce genre, même en n’en séparant pas le sous-genre Impey, que deux es- pèces ; mais les voyages des Anglais dans l’Inde ont auzmenté ce nombre de deux espèces nou- velles. Voici les caractères assignés au genre Lo- phophore : bec fort, long , très-courbé , large à sa base, un penépais , convexe en dessus , à man- dibule supéricure plus longue que l'inférieure et la recouvrant, large et tranchante À son extré- mité; narines à moilié fermées par une membrane couverte de pelites plumes rares; tarses munis ne se — mstnsees ét emetrééematrngeetmaenemmesmmmmts LLC 491 LOPH LOPH d’un éperon lông ét acéré; pouce élevé, n’ap- puyant que sur le bout ; quatorze rectrices droites et arrondies ; quatrième et cinquième rémiges les plus longues. On ne connaît pas les mœurs de ces oiseaux , qui habitent les parties les plus chaudes de l'Inde. Il est probable que leurs habitudes ne diffèrent guère de celles des Paons et des Faisans, avec les- quels quelques auteurs ont rangé les deux espèces primilivement connues. Lornopnons REsPLENDIssANT , L. refulgens , Temm. Cette espèce à été décrite au mot IuPey, auquel nous renvoyons; mais comme nous n’a- vons pu la représenter sous ce nom, nous en don- nons ici une figure, pl. 309, fig. 3. Lornornore ne Cuvrer, L. Cuvieru, Temm., Coloured phæsant et Phasianus leucomelas, Lath., figuré dans l'Iconographie du Règne animal ( Oi- seaux , pl. 40, fig. 2 ). Cet oiseau, dédié au plus grand naturaliste des temps modernes, est, long d'environ vingt pouces; sa queue est carrée ; ses plumes sont en général noires avec une bordure blanche plus large aux parties supérieures du ‘Corps qu'aux régions inférieures : il a une huppe de plumes longues, eflil‘es, qui surmonte la têle. Le ventre est bleu ardoisé ; le bec est jaune et les tarses plombés. On le trouve au Bengale. LoPrnornore DE Wazucn, L. Wallichit, Hard- vick (Trans. Lin. Soc., tom. XV, pag. 166). Sem- blable, pour Ja taille , au Faisin ordinaire; ses yeux sont grands et entourés d’une place nue d’un rouge cramoisi; le plumage est un mélange de gris , de brun clair et de noir; la couleur de la tête est plus sombre , et son sommet est orné d’une huppe de quelques longues plumes déliées, plus larges àl'extrémitéet inclinées en arrière. Getoiseau vient des monts Almorah, sur la frontière nord-est de l’Indostan; les habitans lui donnent le nom de Cheër. I] est hardi et se bat avec beaucoup de vi- gueur à la moindre irritation, répétant avec bruit le cri : Z'uckraa, tuckraa. I] supporte très-bien le climat du Bengale, et pourrait étre apporté vivant en Europe sans beaucoup de peine. La femelle diffère peu du mâle; il lui manque seulement la huppe et les éperons. Lornopnore DE Garpner, L. Gardnerit, Hard- wick. Il est à peu près de la taille du précédent, ayant environ quatorze pouces de long. La couleur dominante de son plumage est un brun de rouille mêlé de lignes noires ondulées et fort étroites , qui sont plus nombreuses sur le dos, les ailés et la queue ; les plumes de la tête s’élèvent en crête de moyenne grandeur qui se plie légèrement en arrière; la queue est légèrement terminée en pointe. Cet oiseau habite les montagnes neigeuses au nord de la vallée du Népaul; un seul individu a été donné à M. Wallich pendant son séjour à Ka- mandoo. (Guér.) LOPHOTE , Zophotes. ( rorss. ) Le genre Lo- phote a beaucoup de traits de ressemblance avec celui des Gymnètres et se lie par un assez grand nombre de rapports avec ce dernier; il ne peut cependant être confondu avec lui, et on l’a placé dans un genre particulier auquel on a donné le nom de Lophate, pour désigner la crête qui sur- monte la têle des animaux qui ÿ ont été ins- crits. Le Lornore Lacfrknr , la seule espèce encore connue, a en effet la tête ornée d une crête os- seuse très-élevée, sur le sommet de laquelle s'articule un long et fort rayon épineux , bordé en arrière d’une membrane, et à partir de cg rayon une nageoire basse , régnant également jus- qu’à la pointe de la queue, qui a une caudale dise tincte; en dessous de cette pointe est une très- courte anale ; les pectorales sont médiocres , ar mées d’un rayon épineux ; au-dessous d’elles on apercoit des ventrales excessivement peuiles ; ses mâchoires sont garnies de dents pointues et peu serrées ; son œil est fort grand, et sa bouche dirigée vers le haut. Le corps de cet osseux, fort allongé, et qui finit en pointe, est de plas très-grand. Le Lophote cépédien, dont nous venons de représen- ter en peu de mots les formes, habite les côtes de la Méditerranée; mais il y est rare. (Azru. G.) LOPHYRE , Lophyrus. ( o1s. ) Genre formé par Vieillot pour une espèce de Pigeon connue sous le nom de Pigeon Goura, Columba coronata , L. Buff, pl. enl. 118, dont la couleur générale est d’un gris bleuâtre, avec des taches d’un brun marron à la terminaison des couvertures des ailes, et une blanche sur les rémiges, qui sont, ainsi que les pennes caudales , d’une teinte beaucoup plus fon- cée que le reste du corps ; le bec noir , la têle sur- montée d’une huppe très-comprimée, composée de plumes dirigées verticalement ; la taille d'envi- ron vingt-sept pouces. C'est dans les Moluques que se trouve ce petit genre. J’oyez Goura. (V. M.) LOPHYRE, ZLophyrus. (ins. ) Genre d'Hymé- noptères de la section des Térébrans , famille-des Tenthrédines; :ce genre aété établi par Latreille, qui lui assigne pour caractères d’avoir les man- dibules tridentées ; les antennes de seize articles, pectinées ‘dans les mâles, en scie dans les femelles; une cellule radiale ; troïs cellules cubitales, dont la première et la seconde recoivent chacune une nervure récurrente, et dont la troisième atteint. le bout de l'aile; ces insectes ont le corps court , assez épais ; la tête large; leurs antennes sont ce qui les rend le plus remarquables ; celles des mâles jettent à droite et à gauche des branches allant en diminuant de longueur de la première à la dernière; chacune de ces branches est elle-même ramiliée des deux côtés ; déployées, ces antennes paraîtraient triangulaires, mais les deux côtés se rapprochent plus ou moins l’un contre l’autre et se dirigent en bas ; dans les femelles , les antennes sont simplement en scie. Les larves de ces insectes. vivent en grande quantité sur les Pins, dont elles dévorent les feuilles. Ces larves ont seize fausses. pattes qui vont en diminuant de longueur depuis la première jusqu’aux anales ; elles se filent à nu une coque ovalaire , pelite, qu’elles attachent aux LOPH 492 LORA feuilles de l’arbre où elles ont vécu; quand vient le moment de la métamorphose , une partie de la coque se sépare de l’un des bouls au moindre ef- {ort de l’insecte , et lui livre passase; quelquefois ces coques sont traversées par d’autres feuilles , mais celte disposition ne parait pas gêner l’insecte dans sa métamorphose. 1 L. ou Pin, L.pini, Fab., figuré dans notre At- las, pl. 310, fig. 1. Long de trois ou quatre li- gnes; le mâle est tout noir, avec les tibias et les tarses jaunâtres ; la femelle est livide , avec la plus grande partie des antennes brunes ; la tête, quatre taches sur le thorax et l’abdomen noirs; la larve est jaune , avec la tête rouge ; elle a un rang de points noirs aux stigmates et un à la base des fausses pales ; sa coque est jaunâtre. Get insecte est peu commun àäux environs de Paris. & (A. P.) ° LOPHYRE, Lophyrus, Duméril. (repr. ) Genre de la famille des Sauriens planicaudes de M. Du- méril , établi aux dépens des Agames de Daudin , et caractérisé par un dos garmi d’une crête sans rayons osseux et couvert d'écailles semblables et égales, et par une queue comprimée. Ce genre, sur les mœurs duquel on ne sait en- core rien, se compose de plusieurs espèces dé- crites sous différens noms par les auteurs ; les deux suivantes ont été figurées par Seba comme des Sa- lamandres. Lornyre À casque Fourcuu, Lophyrus scutatus, Lacerta scutata, Linn. ; Ægama scutata, Daudin. La crête dorsale, chez cette espèce, est très- développée ; sur la nuque surtout, elle est re- marquable par sa hauteur ; les écailles qui la com- posent forment plusieurs rangées verticales ; la tête n’est pas moins remarquable par sa grosseur; son volume, déjà considérable , est encore aug- menté par la présence d’une protubérance écail- euse qui s'étend latéralement du museau jusqu’à l'œil, où elle aboutit en pointe. Un jaune peu in- tense , nuancé de bleuâtre , et couvert de petits tubercules arrondis blanchâtres, colore cet ani- mal; sa queue, en ouire, est annelée de bleu. C’est la Salamandre prodigieuse d'Amboine ; sa taille, depuis l'extrémité du museau jusqu'à la pointe de la queue, est de plus d’un pied, Geite espèce habite les Indes orientales. Seba prétend que, de même que la suivante, celle-ci fait en- tendre un cri de ralliement. Lornyre sourcizceux, Lophyrus superciliosus ; Lacerta superciliosa, Linn. Geite espèce est très- distincte de la précédente ; sa crête , en effet , loin d'offrir le grand développement qu'elle atteint chez celle-ci, a peu de hauteur ; sa têle est pres- que pyramidale et courte; sa gorge renflée; sa gueule est largement ouverte; et ses yeux, sur lesquels se tronve une légère trace d’arêtes , sont grands et protégés par des paupières épaisses; sa couleur ne la distingue pas moins que sa forme ; elle est partout d’un noir dont la teinte et l’inten- sité varient ; sa taille, assez semblable à celle de {a précédente espèce , est d'environ quinze pouces. Ainsi que l'espèce précédente, Seba a figuré ce reptile sons le nom de Salamandre. Il habite les îles d’Amboine et de Ceylan. (V. M.) LOPHYROPES ou LOPHYROPODES , Lopky- ropoda. ( crusr. ) Ordre ( ci-devant famille sous Je nom de Lophyropes) établi par Latreille, et se composant du genre Monoculus de Linné et de quelques espèces de celui qu’on nommait Cancer. Latreille les a désignés collectivement (Règn. anim. de Guv. ) par la dénomination de Branchiopodes; ce sont les Entomostracés de Müller. Ce même auteur , dans son Cours d'Entomologie , première année , forme avec ces cruslacés un septième ordre désigné sous le nom de Lophyropes, Lo- phyropa, et qu’il partage ensuite en deux familles, les Séticères, Seticera , et les Cladocères , Clado- cera. Schæœffer, Hermann, durine père et fils, Ramdhor, Prévost, Brongniart fils, Strauss et Guérin ont ajouté beaucoup aux observations de cet auteur, et complété en grande partie l'his- toire qu'il nous avait donnée de ces animaux. Les caractères de cet ordre sont : un œil sessile et irh- mobile; tête confondue avec le thorax; corps protégé par un test; pieds au nombre de six ou huit, en y comprenant les pieds-mâchoires ; ces pieds étant natatoires dans le plus grand nombre, branchifères, sans onglet sensible au bout, et garnis de soies , de poils, etc., mais non foliacés comme ceux de l’ordre des Aspidiphores. Ces ani- maux habitent le plus souvent les eaux douces ; leurs œufs forment tantôt deux paquets ou deux grappes situées à la base de l'abdomen, tantôt ils sont rassemblés au dessous du test, sur le dos de l’animal. Latreille, comme nous l'avons déjà dit plus haut, partage cet ordre en deux familles : ce sont les Sérickres et les CLapocères. (H. L.) LORANTHE, Loranthus. (or. pHan. ) Genre de végétaux parasites, vivaces et ligneux , analo- gues au Gui, et formant avec lui un groupe voisin des Chèvrefeuilles. Leur tige est rameuse, garnie de feuilles le plus souvent opposées , persistanies , coriaces, très-entières , marquées de nervures lon- gitudinales. Les fleurs, hermaphrodites, excepté dans une seule espèce, sont tantôt verdâlres et peu apparentes , tantôt grandes et colorées ; ordi- nairement groupées en épis, en grappes ou en panicules axillaires et terminales. Chacune est ac- compagnée d’une ou deux bractées squamiformes, ou bien d’un calicule tantôt court et en forme de cupule, tantôt recouvrant l'ovaire en totalité. Robert Brown considère le Loranthe comme monopérianthé , c’est-à-dire comme n’ayant point de corolle, et donne aux pétales le nom de filets staminaux dilatés. Nous suivrons le langage de la majorité des botanistes, qui le caractérisent ainsi : calice adhérent, à limbe tantôt peu marqué, tan- tôt formant un rebord membraneux très-mani - feste ; corolle de quatre à huit pétales linéaires , variant en longueur d’une ligne à deux pouces, tantôt libres, tantôt soudés en partie ; leur ensem- ble forme une sorte de tube assez souvent oblique et renflé dans sa partie inférieure ; étamines en nombre égal aux pétales, attachées sur la face in- LR f LU Bo . 8 Loplyre du pin male z. aid. femelle -1.b, va larve .1e -Va coque. Æ Guérin der N 2.Loricaire . 3. Loriot. Za son nid. 3.6. œuf. LORA 493 LORI terne de chacun d’eux ; filets dressés, subulés ; an- thères biloculaires, allongées , échancrées à leur base, et très-caduques; ovaire turbiné, infère, uniloculaire, terminé par un disque saillant, an- pulaire; style cylindrique, simple , terminé par un stigmate renflé ; baie ovoïde et globuleuse, ombi- liquée au sommet, contenant une seule graine renversée dans une pulpe charnue et visqueuse. De même que dans le Gui, l'amande contient quelquefois deux, trois et jusqu’à quatre em- bryons. On compte un fort grand nombre d'espèces de Loranthes , toutes exotiques , hors une seule, crois- sant disséminées dans les régions chaudes du globe. Vingt-cinq ont été décrites par Lamarck dans l'Encyclopédie. Le Synopsis de Persoon en mentionne quarante-trois; enfin vingt-huit nou- velles espèces sont insérées dans les Nova genera de Kunth. . Le LoranTue »'Eurore, L. europæus , seule es- pèce de nos climats, et inconng à Linné, a été observé pour la première fois par Jacquin en Au- triche ; depuis, on l’a retrouvé en Italie, dans les Apennins, et mêmeen Sibérie. Ilcroît sur les Ché- pes, les Ghâtaigniers , les Pommiers et les Poiriers. C’est un petit arbuste à tige dichotome , comme articulée; ses feuilles, opposées et quelquefois al- ternes sur le même individu , sont elliptiques, vei- nées. Les fleurs sont dioïques , et forment un épi solitaire au sommet de chaque rameau; clles se composent d'un calice légèrement denté et d’une corolle à six pétales staminifères, et produisent une baie globuleuse , jaunâtre, à pulpe gluante , au milieu de laquelle on trouve la graine. Nous devons citer comme la plus belle espèce de ce genre parasite le LoRANTHE CUCULLAIRE , L. cucullaris, Lamarck ( Loranthus bracteatus du professeur Richard ), qui est fort remarquable par la bractée large , cuculliforme, et de couleur rouge, qui enveloppe chaque groupe ternaire de fleurs. Celles-ci sont en outre munies chacune d’un calicule monophylle adhérent à l’ovaire et le recouvrant en totalité. Cette espèce est originaire de la Guiane. (L.) : LORANTHÉES, Zorantheæ. ( or. pan. ) Fa- mille de plantes établie par Jussieu, d’après les äindications de Richard , et caractérisée ainsi qu’il suit : fleurs généralement hermaphrodites, rare- ment dioïques , accompagnées de deux bractées , ou d’un calicule plus ou moins développé ; calice ad- hérent à l'ovaire, à limbe souvent peu distinct; co- rolle de quatre à huit pétales insérés vers le som- met de l'ovaire, en dehors du disque, tantôt dis- äncts, tantôt soudés en forme de corolle mono- pétale : étamines en même nombre que les pétales, attachées sur Ja face interne de chacun d’eux, tantôt sessiles , tantôt portées sur un filet plus ou moins long; anthère à deux loges ; ovaire infère ou semi-infère, à une seule loge, couronné par un disque saillant, annulaire ; style plus ou moins long , quelquefois nul; stigmatc souvent simple ; fruit généralement charnu, à pulpe gluante, con- tenant une seule graine; cette graine est munie d’un endosperme charnu, et renferme parfois plusieurs embryons. La famille des Loranthées se compose des genres Loranthe et Gui, qui sont parasites, ct des genres Æucuba, Thunb., Cloranthus, L’Héritier, et Codonium, Vahl, lesquels croissent sur le sol ; leur tige est ligneuse et ramifite, leurs feuilles sont ordinairement opposées, coriaces, presque toujours persistantes , simples , entières ou dentées. Les fleurs naissent tantôt solitaires , tan- tôt groupées en épis , en grappes ou en panicules. Ces genres se distinguent des Capriloliées, aux- quelles onles avait d’abord réunis, par leur corolle polypétale, la position de leurs étamines et leur ovaire constamment uniloculaire. Le genre Rluzophora, que Jussieu avait adjoint à cette famille, en a été retiré par Robert Brown. qui en a fait le type d'un nouveau Re LORÉE, Lorea. (mor. cryrr.) Hydrophytes. Genre établi par Lyngbye avec les caractères sui- vans : fronde comprimée, dichotome, partant d’une base cyathilorme, dont la fructification con- siste en des tubercules nombreux, épars sur toute la surface de la plante. Deux espèces seulement sont connues : l’/imantalia lorea de Lyngbye, et V’Himantalia Durvillæi, qui nous viennent, la pre- mière , des côtes océanes de l’Europe, de Belle- Isle en mer, etc.; la seconde des côtes de la Con- ception, au Chili. L’Himantalia lorea , fixée dans une sorte d’em- pâtement pierreux, a une fronde découpée en la- nières, comprimée , épaisse comme le doigt, sub- divisée à l'infini, consistante , enduite d’un corps visqueux, longue de deux à dix pieds, flexible, mais résistante , etc. La couleur générale de celte Lorée est olivâtre, lirant sur le bistre, ct mar- quée de petits points noirs, surtout quand elle est en fructification. L’AHimantalia Durvillæi, également dichotome, à divisions plus serrées, a une tige plus grosse à sa base , plus aplatie vers ses extrémités, etc. FE.) LORICAIRE, ZLoricaria. (porss.) Ainsi nom- més à cause des plaques anguleuses et dures qui cuirassent leur corps et leur têle, ils font partie de la famille des Siluroïdes , et ils se distin- guent d’ailleurs des Silures cuirassés , tels que les Callichtes et les Doras, par leur bouche percée sous le museau. C’est avec celle des Schals que cette bouche a le plus d’analogie ; des intermaxil- laires petits, suspendus sous le museau , portent des dents longues, grêles , flexibles et terminées en crochet; un voile circulaire, large , membra- neux, entoure l'ouverture; les os pharyngiens sont garnis de nombreuses dents en pavés; les vrais opercules sont immobiles , mais deux petites plaques extérieures paraissent en tenir lieu; les premiers rayons de ja dorsale, des pectorales et même des ventrales, sont de fortes épines. On ne leur trouve ni cœcum ni vessie aérienne. Cuvier divise les Loricaires en deux sous-genres : les Hypostomes, qui ontune seconde petite dorsale, D LORI 494 LORI munie d’un seul rayon ; un voile labial simplement papilleux, et portant un petit barbillon de chaque côté. IS n’ont point de plaques sous le ventre. Nous renvoyons au mot Hyrosroux pour les ca- ractères de ce sous-genre. Les Loricaires propre- ment dits n’ont qu'une seule petite dorsale en avant; leur voile labial est garni sur ses bords de plusieurs barbillons , et quelquelois hérissé de villosités ; leur ventre est garni de plaques. L'espèce la plus célèbre de ce genre est le Zo- ricarta cataphracta, Linné. C’est aussi le L. setigera de Lacépède , représenté dans notre Atias, d’a- près l’Iconographie du Règne animal, à la plan- che 510, figure 2. Cet animal, extraordinaire par sa forme, vit dans les rivières de l'Amérique méridionale ; il ressemble beaucoup non seulement par ses habitudes, mais encore par sa conforme- ton, à l’Aypostomus plecostomus ; il en est séparé par plusieurs différences que nous allons indiquer. La peau qui recouvre ce poisson est, comme celle de l'Hypostome, cuirassée ; le corps est également allongé, et plus gros vers la têle que dans tout autre endroit; il montre plusieurs rangées longi- tudinales de lames de chaque côté de l’étui solide qui l'entoure , et de très-pelites dents à ses mô- choires ; un rayon très-dur à chaque ventrale, un également irès-fort et dentelé aux pectorale$, ainsi qu'à la nageoire du dos ; le bout de la queue est terminé par un filament très-long et très-délié, ce qui lui a valu de la part de Lacépède le nom de setigera (porte-fil) : des taches brunes, inégales, arrondies, relèvent la couleur grise du corps; cette | espèce alieint jusqu'à quinze pouces de longueur. ï (Azrx. G.) LORIOT , Oriolus. (ors.) Sous ce nom Linné, Gmelin et Latham comprenaient non seulement les Loriots proprement dits, mais aussi les Cassiques, les Troupiales et les Carouges, qui n'ont d’analo- gie avec les premiers que par leurs couleurs. Bris- son, en adoptant celte classification , avait seule- ment retiré le Loriot d'Europe de son genre Troupiale, pour le placer parmi les Grives; enfin Daudin, Vieillot, Temminck, ont non seulement séparé, mais éloigné les Loriots des Gassiques , et en ont fait un genre à part. Les oiseaux dont nous parlons ont quelques rapports avec les Merles, dont ils se distinguent pourtant par des caractères gé- nériques que nous allons indiquer. Leur bec est comprimé et arqué comme celui des Turdidés, mais il est un peu plus fort; leurs tarses sont plus courts et leurs ailes plus longues à proportion. Ce genre, que l'identité de couleur chez les diffé- rentes espèces qui le forment rend si naturel, se trouve composé d'oiseaux de l’ancien conti- nent et de l’Australasie, Les mœurs de la plupart des espèces ne sont pas bien connues; maïs, d’a- près leur organisation , si identique , il est à pré- sumer qu'elles sont les mêmes dans toutes. Les Loriots vivent particulièrement sur les lisières des grands bois, et fréquentent le bord des eaux, sur- tout là où se trouvent de hauts arbres. Ordinaire- ment on les trouve par couples : à la fin de l'été ils se réunissent en petite famille et émigrent. Leur régime est Lantôt frugivore, tantôt insectivôre, suivant la saison. L'espèce communé en Franceest: Le Lonror D'Eurore, Oriolus galbula, Lin. Gm., Merle d’or ou Merle jaune des Allemands, connu chez nous sous diflérentes dénominations tirant toutes leur origine de l'espèce de cri qu'il fait entendre. Cet oiseau, par l'élégance de ses formes, par le brillant de ses couleurs, est sans contredit un des plus beaux oiseaux d'Europe. Sa grosseur est à peu près celle du Merle : il a neuf pouces et demi de long. Tout son plumage est d'un beau jaune à la tête, au dos, à la gorge, à la poi- trine , au croupion ; mais sur celte dernière partie le jaune est nuancé de verdâtre; l'abdomen est d’un vert jaunâtre. De chaque côté de la tête, en- tre le bec et l’œil, est uné tache noire. Les ailes et la queue sont noirâtres, tachetées de jaune ; le bec est de couleur incarnate; l'iris de ses yeux est d’un rouge assez vil; les pieds sont d’un noir bleuâtre et les ongles noirs. Ge bel oiseau est re- présenté dans nôtre Atlas, pl. 310, fig. 3. La femelle a le dessus du corps d’un vert olivä- tre qui tire au jaune; le dessous d’un blanc sale, varié de lignes longitudinales brunes. Elle à une tache de même couleur entre le bec et l'œil. Ce n’est pas immédiatement après la première mue que le mâle acquiert le beau jaune qui le dis- tingue ordinairement ; ce n’est qu'après deux ans. On a remarqué que lorsque le Loriot nous arrive, il voyage seul; mais son départ se fait en famille. C’est à peu près vers le milieu du printemps qu’il commence à paraître, et c’est en automne quil nous quitte. Îl ne demeure chez nous que le temps nécessaire pour se reproduire. Get oïseau, singulier déjà sous ce rapport, l'est encore plus par la manière dont il construit son nid. Il ne le pose pas, comme font en général les autres ciseaux, à l’enfourchure des branches qui remontent verti- calement, mais parmi celles qui divergent hori- zontalement en tous sens il en choisit une con- venablement bifarquée , et c’est à cette bifurcation qu’il attache son nid, dont Ia charpente ou les fondemens consistent en longs brins de paille , de chanvre, ou de toute autre matière filamentense. Tous ces brins, croisés en divers sens, et convena- blement fixés aux branches par leurs deux extrémi- tés, sont pour ainsi dire le canevas sur lequel le Loriot brode son nid : on voit, en effet, que ces longs filamens, qu’on dirait n’avoir été placés là qu’en dernier lieu pour donnér plus de solidité à l'ouvrage, sont, au contraire , ceux avec qui d’au- tres brins plus courts ont des connexions intimes. Ce premier travail, qui sert d’enveloppe anté- rieure , est encore consolidé intérieurement par une quantité considérable d’autres matières plus ou moins filamenteuses , par de la mousse et des feuilles sèches, et extérieurement par de la laine, par un tissu de toile d’araignée, ou par la ma- tière cotonneuse dont ces insectes enveloppent « leurs œufs. Toute la partie interne du nid, qui sert de matelas, est formée par de longues tiges de graminées ou d’autres plantes. Ainsi constrüit, ce nid, dont les bords ne remontent jamais plus oo LORI 499 LORI ———_————————_——_—————————————————————————————“—————————————————— — —— — — —————————_———— jp haut que les branches entre lesquelles ils vien- nent s'appuyer, ressemble à un vase suspendu , d’où Willugbi a désigné le Loriot sous le nom de Picus nidum suspendens, et si l'on remarque que la branche au bout de laquelle il est fixé est toujours assez longue et assez faible pour que le moindre poids la courbe et la fasse balancer, on concevyra tonte la justesse d'expression de Willugbi. Le plus généralement, ce nid a ses deux bords immé- diatement accolés aux branches (c’est ainsi que nous le représentons, pl. 310, fig. 5 a); mais d’autres fois les fils qui le suspendent sont assez longs pour qu'ils en soient totalement détachés. Nous avons eu l’occasion d’en voir un fort curieux, dont une jarretière en laine et qnelques autres substances filées formaient tout le plancher. C’est ordinairement sur les grands arbres, tels que les Chênes, les Peupliers, etc., que ce nid est éta- bli. La feiñelle y pond quatre ou cinq œufs d’un blanc sale, irrégulièrement tachetés, vers leur gros bout , de quelques points d’un brun noirâtre. L’in- cubalion dure vingt et.un jours. On prétend que l’attachement de ces oiseaux pour leurs petits est tel qu'ils les défendent avec intrépidité même con- tre l’homme. Ils vivent en famille jasqu’à leur dé- part, qui a lieu, comme nous l'avons dit , à la fin d'août ou au commencement de septembre. Dans quelques pays on croit généralement que l’appari- tion des Loriots est un indice de la cessation des ge- lées. Ces oiseaux se plaisent sur le bord des eaux! dans les lieux frais : 1ls vivent d'insectes, de larves, de chenilles; les fruits qu’ils affectionnent beaucoup sont les cerises et les figues : cette dernière nour- riture donne à leur chair un goût fin et délicat, aussi est-ce ordinairement vers l’arrière-saison qu'on leur fait la chasse. Dans l’Archipel et en Egypte on les tue à leur arrivée de chez nous. En France on donne la chasse au Loriot dans le temps de la maturité des cerises. Celie chasse consiste à établir sous un arbre, à portée des cerisiers, une loge de verdure dans laquelle on attend que cet diseau, qui fait une grande destruction de ces fruits , vienne à la picorée, pour le tirer. On peut aussi le chasser aux appeaux et l’attirer à portée de fusil en imitant son chant : mais pour cela il faut que l’imitalion soit parfaite; car le Loriot, étant très-farouche et défiant, s'éloigne au lieu de se laisser piper. Son cri est un sifflement deux ou.trois fois répété qui semble exprimer o lyon, lyon, lyon : parfois aussi il fait entendre un cri dur et guttural qui n’a rien de bien agréable. Le _Loriot est un oiseau qui s’apprivoise difficilement. Si son naturel, qui le porte à se nourrir de fruits, en fait un oiseau dévastateur des vergers, le mal qu'il occasione aux propriétaires est bien compensé d’unautre côté par la destruction qu'il faitde toutes sortes d'insectes. Car, ainsi que nous l’ayons dit, ilse nourrit dans les premiers temps qu'il est chez nous d'insectes et de chenilles. Le Loriot d'Europe est répandu dans les contrées chaudes de l’ancien conlinent, sans être fixé nulle part. Le Lorior coucavau, Buff., pl. enl. 50, Orio- dus chinensis , Lath. Ilest plus grand que le nôtre, et a le bec proportionnellement plus long et plus fort. Son front est noir, le reste du plumage jaune, excepté l'aile, où le noir domine. De la Chine, des îles de la Sonde et surtout de la Cochinchine. Une espèce qui a été long-lemps placée parmi les Oiseaux de paradis, sous le nom de Paradis orangé, mais que Levaillant, Viecillot et Temminck ont rapportée parmi les Loriots, est le Lonior D£ pa- RADIS , Oriolus aureus, Gm., Or. paradiseus, Dum. De la taille du nôtre, dont il se distiugue par le noir qui couvre sa gorge, le bord de son bec, une grande partie de l'aile et de la queue : sa têle ef son cou sont orangés, le reste du corps jaune. La femelle est olivâtre. On le trouve aux Moluques. Le Lorior p’or ou Loripor, Vaillant, Ois. d’Af., Oriolus auratus, Vieill. Même fond de couleur et même taille que le Loriot ordinaire, une tache noire au bout de l'œil. Il est du sud de l'Afrique et de la Côte d'Or. On doit distinguer, parmi les espèces que pro- duisent les Indes , le LORIOT PRINCE RÉGENT , Orio- lus regens, Quoy et Gaimard, Sericula regens , Less., d’un beau noir soyeux, avec des plumes ve- loutées d’un beau'jaune orangé sur la tête et le cou, et une grande tache de même couleur sur l’aile. Le Loniot rIEUR‘OU A TÊTE NOIRE, Oriolus me- lanocephalus, Gm., qui a la tête et la poitrine noires. Quelques auteurs n'ont pas cru devoir distinguer spécifiquement le Coudougnan du Loriot rieur. IE paraît pourtant avoir le bec plus petit et sur la queue plus de noir. Le Rieur habite l'Inde, et l’au- tre l'Afrique méridionale. Le Lorior varié , Oriolus variegatus , Vieill., de la Nouvelle-Hollande. Son plumage est mélangé de noir et de verdâtre en dessus, de blanc et de noir en dessous; ses flancs sont jaunes. Le Lonror verr, Oriolus viridis, Vicill., Gra- cula viridis, Lath. D'un vert pâle taché de brun et de noirâtre; gorge et ventre blanchâtres, striés de noirâtre. Geite espèce, qui habite l’Australasie , n’a que dix pouces de long. Une espèce encore plus petite, grande tout au plus de six pouces six lignes, est le Lorior A vEn- TRE BLANC, Temminck, Oriolus xanthonotus , Horsfeld. Elle a le ventre blanchâtre tachelé de noir , et Lout le reste de son plumage jaune, à l’ex- ception de la tête, du cou, des ailes et de la queue, qui sont noirs. On la trouve à Java. (Z. G.) LOMIS , Loris. (maw.) Le Loris, qui est un pe- tit mammifère de l’île Ceylan , appartient à Ja fa- mille des Lémuriens , et est devenu pour M. Geof- {roy le type d’un genre distinct dans lequel quel- ques auteurs placent aussi les Nycrickpes (v. ce mot). Daubenton (Hist. nat. génér. et particul., t. XIII) a le premier fait connaître les Loris , et donné sur leur organisation quelques détails fort curieux. Ces animaux ressemblent aux Maxis, Le- mur (v. ce mot), par leurs formes générales; mais ils ont les proportions plus grêles, ce qui leur a valu le nom de Gracilis ( Lemur gracilis, Gm., aujourd'hui Loris gracilis); leur têle est d’ail- leurs plus arrondie , et ils n’ont aucune trace de queue visible à l’extérieur ; leurs dents sont très- LORI 496 LOTI Voisines de celles des Gazagos (v. ce mot), et elles sont au nombre de trente-six en tout, quatre In- cisives supérieures, pointues el rudimentaires, sé- parées en deux faisceaux par un espace vide, et trois incisives inférieures longues et couchées en avant ; les canines sont en même nombre que chez les autres animaux ; on doit remarquer cependant que la canine inférieure reste en arrière de la supé- rieure au lieu de passer en avant, comme cela est d'ordinaire; cette particularité, qui se retrouve chez quelques autres Lémuriens , a fait considérer par plusieurs auteurs la dent dite canine inférieure comme étant une fausse molaire, Il y a six molaires de chaque côté de la mâchoire supérieure, et cinq à l’inférieure; les pieds ont cinq doigts, et le pouce est opposable aux membres de devant comme à ceux de derrière, mais antérieurement il est plus petit ; l’ongle de l’index des mains pos- térieures est étroit et allongé, comme cela se voit chez les autres Lémuriens. Les yeux sont grands, les narines ouvertes sur les deux côtés d’un mufle glanduleux et relevé ; enfin l’oreille externe a dans son intérieur trois oreillons , deux dans son milieu, l’un au dessus de l’autre, et le troisième près de son bord postérieur. Les organes génito-urinaires ont été également étudiés par Daubenton; une particularité remar- quable existe dans ceux de la femelle, qui présente un clitoris très-allongé, velu à son extrémité et perforé dars toute sa longueur par le canal de l’u- rètre , comme l’est le pénis. Ce fait a été revu dans ces derniers temps par M. Martin (Procec- dings, Zool. soc. London, 1833, p. 25), ainsi que par M. Carlisle, autre naturaliste anglais. Le Lo- ris est le seul animal connu qui présente cette dis- position. Les mamelles des Loris sont au nombre de quatre , deux pectorales et deux inguinales : les autres Quadrumanes n’ont point de mamelles in- guinales. L'espèce appelée Loris GRËLE a depuis le museau jusqu’à l’anus sept pouces six lignes, c’est-à-dire qu'il est à peu près de la taille de l'Ecureuil com- mun; son poil est doux, fin et d’une apparence laineuse. Sa couleur est roussâtre. Nous l’avons représenté dans notre Atlas, pl. 311, fig. 1. Le Loris a la démarche lente: il est nocturne et ne sort que le soir ou la nuit pour aller à la re- cherche des œufs, des insectes et des fruits dont il fait sa nourriture ; il passe ordinairement le jour à dormir. : On a distingué du Loris grêle, sous le nom de Loris pe CEYLAN, un autre mammifère du même pays que lui, et qui n’en diffère que très-peu, et n’en est très- probablement qu'une variété, (GErv.) LORIS, Zoris. (ois.) On a donné ce nomà un petit sous-genre fondé aux dépens des Perroquets, et comprenant des espèces voisines des Perruches, mais venant toutes des îles équatoriales, des Molu- ques et de Ja terre des Papous. Ils ont du rouge dans le plumage, et vivent principalement de sucs miellés et de baies sucrées. Le type du genre est le PErRoQuET Tricozonx, Psittacus Loris, Lin. I} sera décrit et figuré à l’article Penroquer. V. ce mot. (Guér.) LORMAN. (cnusr.) C’est l’un des noms vulgai- res du Homard dans le midi de la France. (GuËr.) LOROGLOSSE, Loroglossum. (nor. pra.) Genre institué par le prolesseur Richard dans la famille des Orchidées ; il se compose de deux es- pèces placées par Linné dans ses genres Ophrys et Satyrium. Leur port est celui des Orchis; de même elles offrent deux tubercules ovoïdes , blancs et charnus; une tige à feuilles engaïînantes, des fleurs disposées en épi denté au sommet de la tige; elles s’en rapprochent encore dans les détails de la fleur, par la forme du gynostème et de l’an- thère; mais elles s’en distinguent par la réunion des masses polléniques sur un même rétinacle et dans une même poche ; en outre, leur éperon est très-court, Le calice est en forme de casque; le Jabelle se partage en trois divisions étroites, dont la moyenne est bifide. Le Loroglossum hircinum , Rich. (Satyrium hirei- num, L.), atteste au loin sa présence par une odeur fétide et pénétrante que l’on compare juste- ment à celle du Bouc; ilse cache dans les bois couverts et sablonneux. Sa tige, haute de deux pieds, est garnie de squames sèches, engainan- tes ; la plupart des feuilles sont radicales, lancéo- lées , ovales et très- lisses. Les fleurs, disposées en un long épi, sont de couleur verdâtre mêlée de lignes pourprées ; on remarque leur labelle long et étroit, dont la division moyenne a un pouce et demi. : Le Loroglossum anthropophorum, Rich. (Ophrys anthropophora, L.), ne rappelle que légèrement l'odeur de son congénère; aussi le trouve-t-6n sur les collines et les pelouses découvertes. Sa tige n’a guère qu’un pied de haut. L’épi est grêle, lâche. Les fleurs sont d’un blanc jaunâtre; le la- belle, avec ses quatre divisions allongées et linéaires , a été comparé à un homme pendu par la tête; de là le nom spécifique que Linné a donné à cette espèce. L. LOSSAN et LOSSON. (1xs.) On donne ces noms vulgaires à la Calandre du blé. LOTE ou LOTTE. (Poiss.) C’est le nom d’une espèce de Gade. On à aussi appelé Lote vivipare le Blennie; Lote de Hongrie , le grand Silure com- mun ou Glanis ; Lote barbotte ou Lote franche , le Cobite; grande Lote, la Lingue, etc. (Guër.) LOTIER , Lotus. (or. puan.) Genre de la fa- mille des Lésumineuses et de la Diadelphie dé- candrie de Linné. Seringe (in D. C., Prodr. Syst. veg., 2, p. 209) le caractérise ainsi : calice tubu- leux à cinq divisions profondes; ailes de la corolle presque égales à l’étendart ; carène en forme de bec ; style droit; stigmate subulé; légume cylin- dracé ou comprimé, dépourvu d'ailes ou de bor- dures foliacées, Ge genre renferme une cinquan- taine d'espèces pour la plupart indigènes des bords. du bassin de la Méditerranée. Quelques unes ap- partiennent aux Indes orientales, au cap de Bonne- Espérance , à la Nouvelle-Hollande , à la Nouvelle-\ Zélande 2. Lomis . 2. Loup. 3.Loutre . £' Cuérin dir 24 on LOTI Zélande et à l'Amérique septentrionale. Ce sont des plantes herbacées, à feuilles palmées, trifo- liées, à stipules foliacées, à fleurs jaunes , rare- ment blanchâtres ou roses , et portées au nombre de une à six sur des pédoncules axillaires et ac- compagnés d’une feuille florale. # Ces espèces ont été distribuées par Seringe en trois sections : 1° Xiokeria. Celte section se re- connaît au pelit nombre des fleurs, qui ne dé- passe pas deux , et au légume légèrement renflé, succulent et courbé. Elle ne renferme qu’une espèce , le L. comesri8te , L. edulis, L. Elle vient naturellement dans le midi de l'Europe et en Egypte. Ses tiges sont couchées , velaes ; ses feuilles se composent de trois folioles obovales ; ses fleurs sont jaunes, axillaires, solitaires ou gémi- nées; ses gousses tendres, d’une saveur douce, analogue à celle des petits pois. La culture en est facile aux environs de Paris. Bosc conseille l’em- ploi de cette espèce pour la nourriture des bes- tiaux , surtout des Cochons. 2° seclion formant autrefois le genre Lotea de Medicus et Monch. Les espèces comprises dans cette seclion ont le légume long et comprimé, les fleurs presque en ombelles, et sont au nombre de cinq, dont la principale est le Z. ornithopodioides ; L., plante célèbre, sur laquelle Garcia de Horto découvrit le phénomène du sommeil des plantes. 3° section, que Seringe nomme Æulotus. On distingue les espèces comprises dans cette seclion à la longueur du légume, qui est cylindracé et a ses fleurs en corymbe. Ges espèces sont nom- breuses , car elles se montent à plus de quarante, dont deux méritent une mention particulière. La première est le Lorier pE Sainr-Jacques, Lotus jacobæus, L., ainsi nommée parce que cette plante est originaire de Saint-Jacques, l’une des îles du cap Vert. Sa tige est presque ligneuse , glau- cescente; ses feuilles sont composées de trois fo- lioles linéaires, mucronées; les bractées et les sti- pules sont aussi linéaires. Les fleurs sont portées sur des pédoncules plus longs que les feuilles; elles sont disposées en corymbe, légèrement cylindriques et glabres. La corolle est d’un pourpre noir avec un _ étendard jaunâtre. Cette plante est cullivée dans nos jardins à cause de la variété de ses couleurs et de l'élégance de son port. Elle craint les froids rigoureux , et demande à être rentrée dans l’oran- gerie aux approches de l'hiver. La seconde espèce de cette même section est le Lorier corNicuLÉ, L. corniculatus, L. Elle croît très-abondamment en Europe ; mais il est souvent difficile de la reconnaître, car elle varie extrême- ment selon les localités. Sur les bords des chemins et dans les champs, elle est glabre ; ses tiges sont couchées, ses folioles obovées ; dans les lieux hu- mides, ses tiges sont velues, fistuleuses et s’élèvent à une grande hauteur; ses feuilles sont ovales et grasses sur les bords de Ja mer. Quelquefois ses tiges sont filiformes ; ses feuilles linéaires ou lan- céolées. Ges divers états ont élé considérés comme constituant des espèces différentes par certains botanistes, : T. IV. 497 LOUP On a donné le nom de Lotier, par corruption de celui de Laitier, au Polygala vulgaris. 6 CG 0) LOTOS. (mor. rxan.) Genre de plantes dont font souvent mention les naturalistes, les poètes el les historiens de l'antiquité. M. Fée, dans sa Flore de Virgile, a débrouillé d’une manière très- satisfaisante l’histoire de tous les Lotus, et déter- miné ceux dont parle Virgile. « On convient assez » généralement, dit-il, que ce nom (Lotus) fut » autrefois donné à un arbre et à deux plantes, » l’une terrestre, l’autre aquatique. Ce premier » fait indique la division de notre travail, el y jette »un commencement de clarté. » IL partage sa dissertation en trois sections, et fait voir 1° que le Lotos arbre est une espèce de Jujubier auquel Desfontaines donne le nom de Zizyphus lotus; 2° que le Lotos aquatique com- prend trois espèces dont l’une est le Nymphæa ne- lunbo ; l’autre, le Nymphæa lotus de L.: l’autre enfin, le Vymphæa cærulea de Savigny ; 3° que le Lotos terrestre doit être le Melilotus officinalis. Voyez Sprengel et la Flore de Virgile par Fée. (G. £.) LOUBINE. (proiss.) Nom vulgaire du Ceniro- pome loup. On donne’aussi ce nom à une Perche de la Guyane. (Gu£r. LOUICHEA. (sor. Pan.) Une petite plante d'Afrique , rapportée par Linné au genre Campho- rosma, dont cependant elle est assez éloignée, a recu de L’Héritier le nom de Louichea, en l'hon- neur du professeur Louiche Desfontaines. Mais Forskahl lavait antérieurement décrite sous le nom de Pteranthus , qui a élé maintenu. Voy. Pré- RANTHE. (L. LOUP, Canis lupus, Buff. ( maw. ) Considéré comme un genre à part par certains auteurs, et comme une espèce particulière du genre Chien par quelques autres, cet animal paraît, en effet, s'éloigner fort peu du Chien domestique; ce ne sont guère que des différences du plus au moins qui existent entre eux, et si l’on cherche à établir quelques caractères propres à les distinguer, on ne les trouve guère que dans la position de la queue, qui, oblique chez les Chiens, est droite, chez le Loup, comme l’a remarqué Linné; dans la couleur fauve des membres, avec une raie noï- râtre à ceux de devant, caractère qui se retrouve aussi à des degrés plus ou moins développés chez le Chacal, et qui d’ailleurs ne se rencontre point chez tous les Loups, dont le pelage varie en raison de la température des contrées qu’ils ha- bitent. Il est vrai que dans le faciès général du Loup il y a bien quelque chose qui, dès la pre- mière vue , le distingue du Chien : ainsi son mu- seau est plus allongé, ses oreilles mieux dévelop- pées ainsi que ses yeux ; il est généralement plus grand ; ses mâchoires sont plus grosses ainsi que ses dents, son pelage plus touffu ; ses proportions sont plus vigoureuses. Mais si l’on y réfléchit un peu, on ne tarde pas à reconnaître que ces diflé- rences, qui n’ont rien de fondamental, doivent être attribuées aux différences dans le genre de 303° Livraison. 63 LOUP vie de ces. animaux, On comprend très-bien, en effet, que l’animal qui, dans la vie sauvage, est obligée «le pourvoir à sa subsistance et de se Lenir en garde contre :es nombreux ennemis qui le me- nacent, acquiert une délicatesse de sens, el par suite un faciès différent de celui qui, comme le Chien , trouve facilement dans la vie domestique, loin de tout trouble el de tout danger, à pourvoir à ses besoins. Et d’ailleurs, si nous considérons la longue suite des modifications profondes emprein- tes dans. la série des. êtres que nous offre le type Chien, nous voyons combien, sous l'influence de l'espèce humaine, sont susceptibles de varialions les (ormes qui lui sont, propres; et nous lrouvons des passages insensibles qui nous conduisent, par une suite continue des formes les plus modifiées du Chien domestique, à celles du Loup le plus sauvage. Dans toutes les contrées où existe le Loup , l’homme lui fait la guerre ; ce n’est qu'avec peine qu’il peut trouver sa nourriture; de là cette féro- cité qu’on lui, reproche, sans réfléchir qu’eke est une suite nécessaire de la contrainte dans laquelle s'écoule péniblement sa vie; souvent victime de l’homme, il a appris à redouter sa puissance, et on lui reproche sa lâcheté et sa timidité. C’est, dit-on, un animal pusillanime qui n’attaque que les animaux incapables de se défendre; qui n’a d’autres victimes que les paisibles habitans des basses-cours qu’il attaque de nuit, incapable d’ap- procher en plein jour des habitations de l’homme; mais est-ce autre chose que l’on retrouve dans les animaux même les plus carnassiers, et dont le courage ne saurait être révoqué en doute, dans les Lions eux-mêmes ? Ne voit-on pas ces puissans quadrupèdes, lorsqu'ils ont appris à connaître la puissance de l’homme, l’éviter avec soin , redouter ‘sa présence? N'est-ce pas là ce que nous montre le Lion de Barbarie ? Le Loup n’est point d’ailleurs une espèce dépravée, comme semble chercher à l’établir Buffon, dans l’éloquent parallèle qu'il a tracé entre lui.et le Chien; il n’est point vrai qu'il ne soit, susceptible, ni d'éducation, ni d’attache- ment; on a vu un Loup, et l'expérience dont ont été témoins tous.les savans professeurs du Muséum a été faite dans cet établissement , qui , après une absence de plus d’un an, reconnut son maître et donna à son approche des marques de la joie la plus vive. Avant d’avoir été déposé dans la ména- gerie, ce Loup avait passé avec son maître de lon- gues années, lui montrant en échange des soins qu'il enrecevait le dévouement le plus absolu, lac- compagnant partout, même dans sa voiture pen- dant de longs voyages, Il n’est pas vrai que l’on doive regarder comme preuve d'infériorité, chez les Loups, qu’ils ne scient susceptibles de serassem- bler que pour faire la guerre; vivant-de proie qu'ils ne peuvent se procurer qu'à grand’peine , comme tousles animaux carnassiers, ils ne peuvent vivre et ne vivent qu'isolés; seulement, dans les momens de grande disette, ils se réunissent entre eux, con- certent leurs plans, associent leurs elforts et font en cela preuve d'intelligence. Que, partis dans le but de, dévaster un poulailler, l'un d'eux se fasse 498 LOUP chasser pour donnerà l’autre le temps de butiner, il n’est rien là que l’on ait droit de contester, comme le fait le savant auteur de l’article Chien du Dictionnaire des sciences naturelles, si ce n’est par l’observalion positive du contraire. Ce strata- sème, qui dénote à la vérité un degré assez élevé d'intelligence dans ceux qui l'emploient, n’a rien qui doive plus nous étonner que cet. admirable dé- vouement qu’inspire à la Biche l’amour maternel, quand elle lance à sa suite une meute tout entière _pour sauver son pelit; or, un point de contact qui nous montre immédiatement du doigt la raison du développement si remarquable de l'intelligence de ces animaux , c’est que l’un et l’autre sont en butte aux attaques de l’homme, l’un et l’autre sont obli- gés de chercher en euxles moyens de se soustraire à sa puissance. Quant à ce que dit Buffon pour témoigner de la différence du Chien et du Loup, de l’antipathie que le premier semble éprouver pour celui-ct, n'est-il pas évident qu’il s’est.trop laissé entraîner à ce qu'avait de séduisant et de brillant cette op- position ? Qu'il puisse y avoir accouplement entre les deux espèces, c’est ce qu’actuellement per- sonne ne révoque en doute; que les Chiens les plus vigoureux tremblent en présence du Loup sau- vage, c’est ce que dément l'expérience de chaque jour; et sil'on vient à déduire des. différences profondes empreintes dans les mœurs da Loup et du Chien, des différences dans leur origine, ne pourrons-nous pas arguer victorieusement de Jà pour (montrant d’une part la race humaine civi- lisée, de l’autre les sauvages grossiers qui peuplent l'Océanie) conclure qu'ils appartiennent. à des types différens ? Le Lour ornivaiRe, ou Lupus canis de Baffon, représenté dans notre Atlas; pl. 311, fig. 2, qui est l’espèce à laquelle s'applique en propre ce que nous.venons de dire (car à l’égard d’un certain nom- bre d'espèces exotiques nous ne pouvons rien juger, parce que, pour la plupart, elles sont peu con-. nues), est. d'un aspect fauve, quoique ses poils ne soient pas tout-à-fait de cetle couleur, mais an- nelés successivement de blanc, de noir et de fauve; son, museau, qui est, allongé, est noir, et une ligne de même couleur qui s'étend le long des membres antérieurs est , ainsi que nous l’avons dit, l’un des caractères qu’invoquent les auteurs qui veulent séparer le Loup du Chien domestique. Le Loup est, ainsi qu’on le sait, par suile de la guerre continuelle qu'il fait aux: bergeries et aux oiseaux de basse-cour, l’un des animaux les plas nuisibles de notre pays; pendant la nuit, il'entre souvent dans les bergeries, et alors, non content de tuer et d’emporter une victime, il se jette avec fu- reur sur tout ce qui l'entoure, en fait un affreux carnage, el emporte ensuite sans peine, dans ses mâchoires puissantes, les Brebisqu'il a tuées; aussi est-il partout l’objet d’une guerre continuelle, et les habitans des campagnes se liguent-ils entreeux pour le chasser. En Angleterre, où il élait primi- tivement assez nombreux, on sait qu'il a pres- qu’entièrement disparu; imais dans, les pays boisés, ‘ LOUP 499 LOUT a ——————————————_—_—_—_—_—_——— …—…—…"— —… …"…"…"…"…"…"…"…—…— —.—.…— —…—…"— —…—_—…—…—…—…—…—…—….…—….—…—… …".…"…—_——_—"."— —…"—"—"…" . …" …" "—"— —._—. …. … …"…. …"…"— ._— —… _.—..—.—…— _…"—_…" …"_.—.…"_…."—…"_—"_ _ ——_—_ malgré les mille moyens employés pour sa destruc- tions il ne laisse pas d’être encore assez nom- breux et de causer de grands ravages. C’est dans les lieux touffus, et les plus adtane qu'il peut de la présence de l’homme, qu'il fixe sa demeure; le besoin seul peut le Rire sorlir de sa retraite. Pendant Fhiver, les Loups en troupes jusque dans les bourgs où ils font entendre une voix effrayante; sans cesse sur leurs gardes, leur sommeil est peu profond , et c’est ordinairement dans le jour qu'ils s’y livrent, parce que la nuit, en les protégeant de ses ombres, est plus propice à la recherche de leur nourriture. Malgré l’avidité avec laquelle ils se jettent sur le butin , ils paraissent être assez sobres ; ils peuvent même, à ce qu'il paraît, rester sans prendre au- cune nourriture pendant quatre et même cinq jours ; mais ils sont obligés de boire plus souvent, aussi les voit-on fréquemment se désaltérer au bord des ruisseaux ; les femelles aussi-y conduisent quelquefois leurs petits; de même, elles leur ap- portent pour leur nourriture de peits mammifères qu’elles ont pris à la chasse. Ceux-ci restent pen- dant un an environ sous leur tutelle ; leur nombre varie ordinairement entre cinq et neuf; comme les Chiens ils naissent les yeux fermés, et leur mère leur prodigue avec assiduité tous les soins que réclame leur faiblesse; à l’âge de deux ans, ils sont en état de se reproduire. A l'époque da rut, qui paraît être d'environ quinze jours, les mâles se livrent scuvent entre eux des combats cruels, qui ne se terminent quelquefois que par la mort des plus faibles. Le Lour noir, Canis lycaon, L., qui, comme l'espèce précédente , se trouve dans nos climats ; mais qui, beaucoup moins commune, pourrait n’en être qu’une variété, est d’un noir profond partout le DoRpse si ce n’est à l'extrémité du museau et au milieu de la poitrine, qui sont blancs. Ce que Von dit des mœurs peu connues de cette espèce la représente comme cruelle , intraitable, beaucoup plus féroce que la précédente; le Muséum en à possédé deux individus, mâle et femelle, envoyés des Pyrénées et qui, en effet, ont montré un ca- racière sauvage et cruel ; néanmoins , on a besoin de plus de renseignemers à cet égard. Les Loups d'Amérique sont beaucoup moins bien connus que ceux de notre pays; les récits des voyageurs à leur égard sont peu concordans, et l’on manque généralement de bonnes figures qui, à défaut des individus empaillés ou vivans, permettent d'établir des comparaisons. Voici com- ment Gatesby, dans son Histoire naturelle de la Caroline, s'exprime à leur égard : « Les Loups d'Amérique, dit-il, ont la forme et la couleur de ceux d'Europe, mais ils sont un peu plus petits ; ils sont aussi plus timides et moins voraces, et une bande de ces animaux fuira devant un seul homme. On a cependant vu des exemples du contraire dans un hiver très-rude, Anciennement les Loups étaient les animaux do- mestiques des Indiens ; ils n’avaient point d’autres chiens avant qu’on leur en amenât d’ Europe, De- le froid et la faim conduisent, puis ce temps-h, les races des Loups ét des Chiens d'Europe se sont mêlées et sont devenues prolifi- ques. C’est une chose remarquable que les Chiens d'Europe, qui n’ont entre eux aucun mélange du Loup, ont de l’antipathie pour ceux de la race bigarrée , ct les houspillent touteslles-fois qu’ils les rencontrent. Ces derniers ne se tiennent avec eux que sur la défensive et tâchent seulement d'éviter leur fureur, ayant toujours la queue entre les jam- bes. Les Loups de la Caroline sont en très-grand nombre et plus malfaisans qu'aucun autre ani- mal; ils s’attroupent pendant la nuit et vont chas- ser le Daim comme les Chiens, en poussant les hurlemens les plus affreux. » Parmi les espèces américaines, nous citerons le Loue rouGE D’AMÉRIQUE, Canis jubalus, Cuv., Agou- ra Gonazon d’Azz. Gette espèce ,qui habite les ma- rais de l’Amérique méridionale et qui y vit soli- taire, allant la nuit.-à la recherche des animaux dont elle fait sa nourriture, et contre lesquels 4 lui faut souvent engager le combat, paraît être plus petite que notre Loup commun, dont la rap- proche d’ailleurs sa physionomie. Azzara en donne la description suivante : « Au dessous de la tête est une grande tache blanche ‘entourée d'une autre tache foncée. La couleur générale de l'animal est un roux foncé très-clair dans les parties infé- rieures et presque blanc à la queue et dans l’inté- rieur des oreïles. Dans un espace de deux pouces à partir des ongles, il est très-noir ; de la même manière, à partir des yeux, le rouzeâtre dégénère en noir jusqu’à la pointe du museau, qui estnoire ; de l’occiput à la fin de l'épaule il ÿ a une crinière dont les poils sont noirs de leur moitié à leur pointe, » Le Lour nu Mexique, L. mexicanus , L. Gette espèce, bien plus que le Loup commun, avec lequel elle a d’ailleurs des rapports de couleur, paraît offrir un type sauvage; de la même taille que celui-ci, elle est, suivant Cuvier, qui la décrite d’après na- ture, d’un gris roussâtre , mêlé d’un peu de noi- râtre ; le tour du museau, le dessous du corps et les pieds sont blanchâtres ; maïs ses yeux qui sem- blent étinceler dans leur orbite et dont le regard est vague et incertain, ses oreilles plas longues que celles du Loup ordinaire et presque tout-x-fait droites , les taches fauves qui sont parsemées sur son corps, les bandes noires qui bariolent sa tête, lui donnent un aspect bien plus féroce. Le Muséum possède un individu empaillé de cette espèce, sur les mœurs de laquelle on ne sait encore rien. Enfin, notons seulement le Zoup de la Floride, en le marquant d’un point de doute, faute de renseignemens suflisans. Quant aux Loups blancs des Esquimaux, dont parlent Hearne et Mackensie, on n’a point encore de détails sur eux. Ge sont évidemment des variétés albines. (V. M.) LOUP MARIN. (mam.) On a donné quelquefois ce nom à des Phoques et àl'Hyène. , LOUP DE MER. (porss.) Nom d’une espèce d’Anarhique, du Centropome loubine, et quel- uefois des vieux Brochets. (Guén.) LOUTRE, Lutra, (wam.) Genre de Carnassiers oo mm, LOUT de la tribu des Digitigrades , suivant Cuvier , et de la famille des Mustéliens , suivant M. Isid. Geoffroy. Ces animaux , essentiellement aquati- ques et nageurs par excellence, ont pour carac- tères, sous le rapport du système dentaire : six ÿncisives à chaque mâchoire ; des fausses molaires au nombre de trois supérieurement , et de quatre inférieurement ; en avant et à chaque mâchoire une carnassière , dont la supérieure a un fort talon, et l'inférieure un tubercule à la face interne ; et de même une tuberculeuse dont celle d’en haut est remarquable par sa longueur. Mais, en outre des caractères que nous venons de présenter , les Loutres se distinguent encore ai- sément des autres Carnassiers par l’ensemble de toute leur organisation : leur corps est allongé comme celui de tous les animaux de leur famille; et comme il appartient à des animaux essentielle- ment aquatiques , leur tête est plate, leur museau terminé par un mufle dans lequel sont percées les narines : les membres sont courts et bien con- formés pour la vie aquatique; les humérus sont robustes et tordus sur eux-mêmes en forme d’S; les pieds sont larges et palmés. La queue et les vertèbres dont elle se compose sont plates, cel- les-ci ont des apophyses nombreuses et fortes qui donnent insertion à des muscles puissans. Ce genre, dont l’aspect est peu agréable, est l’un des plus répandus dans la nature; partout la couleur est la même, c’est-à dire brune en dessus, blanchâtre en dessous et à l’entour des lèvres ; ses espèces habitent les eaux douces, et, si l’on en croit les pêcheurs, elles savent remonter la rivière pour aller chercher leur pâture, afin de pouvoir ensuite l’amener sans peine dans leur trou en l’abandon- nant au cours de l’eau. Leur nourriture se com- pose de poissons, de crustacés et de végétaux ; leur demeure, dont la préparation est la plus sim- ple possible, se compose d’un simple trou qu’el- les trouvent tout fait, et dans lequel lamère place de petites bûchettes et des feuilles pour y déposer ses pelits, qui la quittent au bout d’environ deux mois ; elle change souvent de logis, et, si l’on en croit les récits de quelques voyageurs , elle a soin d’en tenir le plancher propre et d’y conserver à l’a- vance quelques provisions. On a remarqué que les Loutres évitent avec soin les Castors , et que lors- qu'elles se trouvent par hasard dans les mêmes lieux que ceux-ci, ilsne manquent jamais de les chasser. On a dit que les Jaguars leur faisaient la guerre, et qu'ils se jetaient même à l'eau pour s’en em- parer; mais c’est probablement uneerreur. Buffon semble croire avec peine à l'intelligence qu’on leur accorde; cependant la Loutre paraît montrer les mêmes qualités que les Chiens ; elle est douce, m- telligente, facile à apprivoiser, susceptible d’alta- chement ; elle peut être aisément dressée à aller à la pêche des poissons pour le compte de son maître , et tont Paris peut voir en ce moment une jeune Loutre privée se jeter dans Ja Seine à la voix de son maître, et revenir dès qu'il la rappelle. Mais ce qui est très-remarquable, et ce qui mé- rite d’être noté, c’est l’aversion que montrent pour 500 LUCA l’eau celles qui ont été élevées dans les maisons ; lorsqu'on les y jette, elles donnent des preuves de la plus grande frayeur. La fourrure des Loutres est assez grossière, mais leur feutre a été employé dans la chapellerie. Ellés sont toutes recueillies dans le nord de l’Europe, d’où elles sont envoyées en grand nombre dans la Chine où elles sont très-recherchées. Tout ce qui vient d’être dit se rapporte surtout àla LourTre commune, Mustela Lutra, L., représen- tée dans notre Atlas, pl. 312, fig. 3. D’autres espè- ces presque en tout semblables ont été successi- vement décrites ; ainsi, M. Fr. Cuvier distingue, sous le nom de L. lataxina, celle de la Caroline, qui ne se différencie que par une taille un peu plus grande et une couleur plus foncée. Celle des In- des, Lutra nair du même auteur, ainsi que celle de Java, Lutra leptonyz, ne sont pas fondées sur de meilleurs caractères. Au contraire, une es- pèce du Gap, décrite par F. Cuvier sous le nom de Lutra cupensis , paraît digne de faire un genre, comme le pense M. Lesson, qui lui a donné le nom d’Aonix. Quant à la Lourre p'Amérique, Mus- tela lutra brasiliensis, Gm., età la LOUTRE DE MER, Mustela lutrus, L., on les a séparées à tort des vraies Loutres, (V. M.) : LOXIE , Loxia. (b1s.) Nom générique appliqué par Linné aux Gros-becs en général, et restreint par Cuvier qui ne l’a donné qu'aux Becs-croïs£s. Voy. ce mot. (Z::G-}: LUCANE, Lucanus. (ins.) Genre de Coléoptè- res de la section des Pentamères, famille des La- mellicornes, tribu des Lucanides, offrant pour caractères : antennes de dix articles dont le premier aussi long à lui seul que les autres ; point de labre apparent; palpes labiaux de trois articles , dont l'intermédiaire beaucoup plus court que les au- tres ; languette terminée par deux lobes étroits, soyeux; palpes maxillaires de quatre articles dont le second très-grand. Les Lucanes ent été connus et remarqués de tout temps; on les nommait comme nous Lucana, mot qui signifiait Bœuf, et les anciens comparaient cet insecte à ce mam- mifère , à cause de ses cornes et de sa taille ; les auteurs plus modernes appliquèrent à ces in- sectes le nom de Platypteryæ, qui signifie larges ailes ; mais le nom de Lucane employé de nou- veau a prévalu, et celui de Platyptéryx a été conservé pour un genre démembré des Luca- nes. Ces insectes sont en général d’une grande taille; dans les mâles , la tête, destinée à porter des mandibules très-développées , acquiert un dé- veloppement énorme; elle devient beaucoup plus large que le corselet, quadrangulaire, transverse, limitée par des cornes plus ou moins élevées ; les mandibules égalent presque en longueur la tête et Je corselet ; elles sont plus ou moins arquées et dentelées intérieurement selon les espèces ; le cor- selet est carré, et l'abdomen, presque de même largeur que lui, ovalaire; les tibias sont dentelés sur le côté, les tarses sont au moins aussi longs que les tibias, leurs quatre premiers articles sont presque égaux, mais le cinquième, y compris ses LUCA 5o1 LUCO crochets robustes, est à lui seul aussi long queles quatre qui précèdent ; entre les crochets est un appendice longitudinal, terminé par deux soies divergentes. Les Lucanes, sous l’état de larve, vivent dans le vieux bois et dans les racines des arbres qu'ils réduisent en une espèce de tan; au moment de la métamorphose, ces larves construisent dans le lieu où elles ont vécu une espèce de coque de sciure de bois, où elles se changent en nymphes, et dont elles ne sortent qu'insecte parfait. On peut voir dans Ræœsel , t. 2, pl. IV etV, les détails de cette métamorphose ; arrivés à l’état parfait, ces insec- tes cherchent à s’accoupler ; on les voit alors mar- cher sur les troncs d’arbres , ou voler le soir avec lenteur , le corps presque verticat. Ils se nourris- sent à l'état parfait de la séve extravasée des ar- bres ; aussi, sous cet état, ils font peu de dégâts ; mais, sous l’état de larve, ils peuvent être dan- gereux quand ils sont multipliés, car alors ils de- viennent des agens très-actifs de la perte des ar- bres fruitiers. Ce genre , assez nombreux en espè- ces, n’a que peu de représentans dans notre pays: Lucane cerr-vozanT, L. cervus, O.; figuré dans notre Atlas, pl. 90, f. 1. Long de dix-huit à vingt-qua- tre lignes , non compris les mandibules ; tête qua- drangulaire avec des carènes très-saillantes sur les côtés, se recourbant en arrière, mais ne se joignant pas, tombant en devant pour former un triangle entre les mandibules, terminées par une ligne droite bi-épineuse de chaque côté ; plus bas est une pointe triangulaire , qui termine cet avancement de la tête ; les mandibules sont arquées intérieure- ment, terminées par deux dents écartées de cette extrémité; au milieu sont de très-petites dents rangées en scie ; vient ensuite une seule dent très- aiguë, après laquelle sont encore quelques dents de scie. La femelle n’offre rien de remarquable ; sa Lête est pelite et ses mandibules courtes ; il est noir, avec les mandibules et les élytres marron très-foncé. Dans toute l’Europe. Lucane ParazLéLipiPÈDe, L. parallelipipedus, OI, Long de dix à douze lignes ; tête et mandibules pa- reilles dans les deux sexes; mandibules ne dépassant pas la longueur de la tête, armées vers leur milieu seulement d’une forte dent; la femelle ala ponctua- tion beaucoup plus profonde que le mâle, et offre en outre sur la tête deux petits tubercules accolés. L. senriconNe, L. serricornis. Long de quatorze lignes sans les mandibules ; la tête est un peu plus étroile que le corselet; les mandibules rapprochées forment un triangle allongé, sinué sur les côtés; à leur base interne, elles ont d’abord une dent ob- tuse , puis une échancrure demi-circulaire; dansi le veste de leur longueur , elles sont droites, den- telées en'scie et s’appliquent exactement l’une con- tre l’autre ; cette espèce est entièrement d’un noir luisant. De Madagascar. L. arces, L, alces, Oliv. Long de trente lignes, sans les mandibules ; tête, corselet, abdomen de même largeur ; tête carrée; mandibules arquées, quadridentées à l'extrémité et avec une très-forte dent vers le milieu de leur longueur; brun noir avec des bordures de duvet fauve aux deux extré- mités du corselet. De l'Asie. (A. P.) : LUCANIDES , Lucanides. (is.) Tribu de l’or- dre des Goléoptères, section des Pentamères, fa- mille des Lamellicornes, offrant pour caractères rigoureux : antennes fortement coudées au milieu de leur longueur , ayant les derniers articles den- telés au côté interne ; mandibules très-dilatées dans les mâles , petites dans les femelles ; mâchoi- res et lèvres très-courtes, propres seulement à la dégustation des alimens liquides, et terminées par des pinceaux soyeux. Ges insectes ne volent que le soir , du moins les espèces de notre pays. Leurs larves, semblables à celles des Hannetons, vivent dans le tronc ou les racines des arbres. Cette tribu ne $e composait autrefois que du genre Lucane ; maintenant il faut y joindre les genres Sinodendre , CEsale, Lamprime et Platycère ; les Anglais y-ont joint le genre Chyasognathe , mais ce genre ne semble être qu’un Lamprime; La- treille y joignait aussi les Passales, mais leur orga- nisation buccale, tout-à-fait différente , m’a forcé de les en séparer, et je crois avoir eu raison d’en former une tribü à part. (A. P.) LUCERNAIRE, Lucernaria. (zooPx.) Ce genre, de la famille des Actinies, comprend deux espèces dont une se trouve sur les côtes de l'Océan et de la Manche; c’est la Lucerne ocroconne, L. au- ricula, Mull. Cette espèce à huit bras également distans , de couleur rose pâle pointillée de rouge, relevée de huit bandes rouges pénétrant dans les bases des bras, et qui sont les cœcums de la ca- vité digestive. Ces huit organes aboutissent à un es- tomac central; chacun des cœcums est logé dans une cavité particulière où le retient une sorte de mésentère, Le genre de vie des Lucernaires pa- raît assez semblable à celui des Actinies ou Ané- mones de mer. (GERv.) LUCINE , Lucina. (morr.) Genre voisin des Tel- lines et des Donaces , qui appartiennent de même à la famille des Gamacées de Lamarck:; il com- prend un assez grand nombre d’espèces, parmi les- quelles il en est peu qui soient véritablement re- marquables. (GEnv.) LUCIO et LUCIOLA. (1xs. ) Les Italiens don- nent ce nom vulgaire à un Lampyre de leur pays que les naturalistes ont nommé Lampyris italica. Get insecte est très-lumineux, et quand il yen a un grand nombre dans l'air et sur les buissons, ils produisent un effet très-curieux, et semblable, dans notre Europe, à ce qu’on voit si souvent dans les pays situés entre les tropiques. (Guér.) LUCON (ire pe). (céocr. rnys. ) L'ile de Lu- çon est ia plus grande de toutes les îles Philippi- nes; elle est située entre le 118° et le 124° degré de longitude occidentale, et entre le 12° et le 19° degré de latitude septentrionale. Sa surface égale presque la superficie de toutes les autres îles réu- nies de cet archipel, dont le nombre s'élève à un millier environ. Lucon est une île élevée et mon- tagneuse ; elle renferme p'usieurs volcans assez ac- fs ; son sol est fertile, bien arrosé, et renferme un grand nombre de lacs très-poissonneux : mais 0 LUGO Do2 LUDI les cours d’eau qui la traversent dans différentes directions sont infestés de Crocodites et de Gaï- mans. - Les Européens se font diflicilement au climat de ile de Lucon; la belle saison (de décembre à mai ) offre six mois de beau temps : le climat y est alors fort agréable : mais les pluies commencent au mois de mai, pour ne s’arrêler qu’au mois de sep- tembre : celte pluie conslante pendant cinq mois de l’année est un des grands inconvéniens du cli- mat de l'ile de Lucon. La météorologie de cette île offre encore un autre phénomène qui produit des effets à la fois désagréables et avantageux : pendant l'époque des moussons il soufle dans cette contrée de violens ouragans, qui souvent occasio- nent de terribles désastres, mais qui ont du moins ce côlé avantageux, qu'ils emportent avec eux dans leur furie les brouillards et les vapeurs qui, dans la saison des pluies, s'élèvent du sein des marais et des forêts de Luçon. Nous avons déjà dit que le sol de l'île de Luçon était très-fertile; il y croît une grande quantité d’arbres de toutes espèces , propres à la construc- tion et à la teinture. Nous citerons entre autres le bambou et le rotan, qui forment les principaux matériaux de construction pour les maisons : le sandal , le campêche, l’ébène, le bois de fer, et plusieurs espèces d’arbres à vernis et à gomme. Le riz y croît en abondance , ainsi que le blé, le maïs et beaucoup d’autres graines. On y trouve aussi la canne à sucre, le cacao, le tabac, le poivre, le café, le gingembre et l’indigo. Récemment, en 1827, un industriel de Lucon a découvert, dans une plante du pays que les naturels appellent Panyanguit où Arauguit, une propriété particu- lière ; elle fournit une très-belle couleur sembla- ble à celle de l’indigo. L’ile de Luçon ne se contente pas de faire naf- re à la surface de son sol des produits commer-. ciaux aussi importans que ceux que nous venons d'indiquer : ses entrailles renferment d’autres ri- chesses; on y trouve des mines d'or, d'argent, de mercure , de cinabre, de cuivre, de fer, de plomb ot de soufre : il y a aussi quelques pierres pré- cieuses, et ses côtes offrent aux spéculateurs l’am- bre, les huîtres à perles, le corail, et une nacre fort estimée en Chine, De nombreux animaux peuplent les forêts; le sanglier, le chevreuil, le cerf, le porc et le buffle sauvages , un grand nombre d’abeilles, des repti- les parmi lesquels on trouve le serpent boa, une grande quantité d'insectes et d'oiseaux de différen- ies espèces, forment un règne animal assez varié. C’est dans l’île de Lucon que se concentre toute l'industrie des îles Philippines ; on y voit de nom- breuses manufactures de toiles de coton, de chan- vre, et d’une espèce de fil fin qu’on tire du balisier et qu’on appelle nippis. On y fabrique aussi beau- coup de toiles à voiles, et une grande quantité de câbles incorruptibles faits avec l'écorce d’un pal- mer appelé Gabo negro. L’ile de Lucon doit être divisée en deux parties bien distinctes : 1° la partie soumise aux Espagnols ; 2° Ja partie indépendante, C'est dans la partie sonmise aux Espagnols , qui se divise en 15 alcades ou provinces, que se trouve Manille , ville fort importante et la plusimportante de toutes les villes de l'ile. Manille.est dans lapro- vince de Tondo; voici ce qu’en dit un voyageur : « L'activité et le mouvement continuel des em- »barcations partant d'une rive à l’antre (du Passiz, » fleuve sur lequel est bâtie Manille) , laquantité »innembrable de bâtimens de commerce qui sont »moutillés dans la rade, tout respire grandeur.et »richesse. La superbe rivière qui coule au milieu ».de laville , la divise en deux parties, dont l’une »est appelée la ville de guerre et l’autre la ville » marchande. Gette dernière est beaucoup plas » étendue que l’autre ,:où cependant le gouverneur »réside. Dans la ville de guerre les édifices sont » plus grands, plus solides, et généralement toutes »les maisons ÿ sont mieux bâties que dans la ville » marchande. Tout y est d’une propreté remar- » quable. Le fort est bien tenu et forme une.espèce » de fer à cheval. On communique des deux côtés ».de la ville au moyen d’un superbe pont en pierre, » dans le genre de ceux de Paris : il est beaucoup » mieux pavé, ainsi que les rues adjacentes , que les » ponts de la capitale de la France. Les maisons » sont bien bâties en pierre de taille , et sont toutes »entourées au premier étage d’une galerie fermée »par des châssis en écaille de nacre , construits de » manière qu’en les ouvrant on puisse les faire glis- »ser sur les côtés, Getie galerie est:encore fermée »extérieurement par des jalousies. C’est un lieu »de promenade très-agréable lorsque le mauvais » temps empêche de sortir. Les rües sont droites et » fort larges.» (Perrotet 1836.)Manillen’apasmoins de 140,000 habitans. Le gouvernement français vient de comprendre tous les avantages que notre commerce pourrait retirer de l'établissement d’un consulat dans l'île de Lucon, et äl a créé le con- sulat des îles Philippines, qui, nous n’en doutons pas, produira d’importans résultats pour les scien- ces el pour notre industrie. La partie indépendante de l’île de Lucon est occupée par différentes peuplades régies par di- vers chefs : quelques unes sont dans l’état sauvage le plus complet, et sont d’une grande férocité, Elles occupent les côtes orientales de l’île et pres- que tout l'intérieur. Les limites de cette partie in- dépendante sont au nord la province de Cagayau, à l’ouest celles du Pangassinan et d'Ylocos, et au sud celles de Nueva-Ecya et de Pampanga. (G d.) LUDIER, ZLudia. (nor. pHan. ) Quelques ar- brisseaux originaires des îles Maurice et Mascarei- gne composent ce genre, institué par Commer- son, et placé par Jussieu dans sa famille des Rosacées. Kunth l’a fait entrer dans son nouveau groupe des Bixinées, avec quelques plantes égale- ment polyandres et apétales. Ces arbrisseaux sont rameux, garnis de feuilles alternes (sans stipules) ; leurs fleurs naissent à l’aisselle des feuilles ou le long des rameaux, Voici leurs caractères : calice LEE & % PL. 312. 2. Lueh ox Argus 2. Lune . 3.Lupée ; 4 Lycoperdon > # Guérin dir LUMA os 503 LUMI monosépale , pétaloïde , turbiné inférieurement , à cinq ou sept lobes; point de corolle; étamines polyandres, en très-grand nombre , attachées sur un disque saillant et crénelé, ayant leurs filets grêles et capillaires , leurs anthères didymes, bi- oculaires, presque globuleuses et persistantes ; ovaire libre, uniloculaire, contenant plusieurs ovules ; style divisé en deux, trois ou quatre la- nières portant chacune un stigmate ; be unilo- culaire , polysperme. Le Lupier À FEUILLES CHANGEANTES, Ludia ‘he- terophylla , Lam., t. 466, le type du genre, est remarquable par les changemens successifs de son feuillage aux différentes époques de son dévelop- pement. D'abord les feuilles apparaissent petites, raides, luaisantes, dentées-épineuses; cette ru- desse de-leur contour s’amollit peu à peu ; elles s’allongent, enfin elles deviennent obovales et très-entières. Les fleurs, blanches, solitaires et axillaires, portées sur de courts pédoncules, ont leur calice divisé en sept lobes obtus. Les deux autres espèces de Ludier se distin- guent l’une par ses fleurs sessiles, l’autre par la ressemblance de ses feuilles avec celles du Myrte ; de là les noms spécifiques de Sessiliflora et de Myrtifolia. (L.) LUDUS HELMONTIL. (nn. ) Voyez Jeux DE VAN Heruowr, (J H:) LUEN ou ARGUS. {ors.) Les naturels de l’île de Sumatra donnent ce nom à une magnifique es- pèce du genre Faisan, qui a été décrite à cet arti- cle, mais que nous n’avons pas figurée alors ; cet oiseau étant des plas curieux, nous en donnons une figure dans notre Atlas, pl 312, fig. 3. (Guér.) LUETTE, Uva, Uvula. (AnAT.) Appendice co- noïde, libre et flottant , situé à la partie moyenne et inférieure du voile du palais. Sa largeur et sa longueur varient suivant les individus. Ge prolon- gement , qui renferme beaucoup de follicules mu- queux , est charnu et formé par le rapprochement des-deux muscles palato-staphylins, recouverts par la membrane muqueuse. On a vu quelquefois la Luctte manquer, d’autres fois on l’a vue avoir une « longueur démesurée, et alors on en a opéré la résection. Souvent elle devient le siége d’une in- filtration de sérosité ; alors elle augmente de vo- lume et pend dans la gorge, qu'elle irrite; cette maladie , que l’on désigne sous'le nom de chute de la Luette , et qui nuit singulièrement au timbre de la voix, nécessite souvent, lorsqu'elle est chroni- que, la résection de l'organe chez les personnes qui se livrent au chant ou à la déclamation. &e: (A. D.) LUMACHELLE ou LUMAQUELLE. (ui.) Va- riété de calcaire exploitée comme marbre et re- cherchée parce que, colorée par l’oxide de fer, les coquilles mêmes qu’elle renferme et qui appartien- nent principalement à des Nautiles, lui donnent un éclat fort agréable. La plus belle des Luma- quelles , celle qui présente surtout le brillant qui en fait tout le prix, est celle de la Carinthie. | (LH) LUMIE, Lumia. (8or. pnan.) Pour ranger sous une dénomination particulière les variétés de l'O- ranger qui présentent, avec le port, les feuilles, la forme et la couleur du fruit du Limonier, mais chez qui-les fleurs sont lavées de rose, la pulpe est douce, sucrée, comme dans l'Oranger , et dans aucuntempsne montre de tendance à l'acidité , on a créé un petit genre que l’on nomme Lumie, Le très-bel arbre appelé Oranger-Poirier, et Poire dt commandeur , sert de type à cette coupe, qui n’a point été généralement adoptée. On y comprend aussi l’Oranger à forme de Limon , le Limettier limoniforme , et autres espèces jardinières. Mais; puisque nous n’avons point parlé de la Luz MIE POIRE DU COMMANDEUR, Citrus pyriformis, en traitant du Citronnier , tom. Il, pag. 206 à o11, profitons de la circonstance pour en dire.un mot. Get arbre devient assez gros, ses pousses sont 1é- gèrement violettes etses rameaux munis de quel- ques épines courtes. Des feuilles ovales , terminées en pointe raccourcie , très-légèrement dentées et portées sur un pétiole ailé , forment un beau tapis vert, sur lequel se détachent de nombreux bou- quets fleuris d’une odeur suave, et se reposen£ ensuite des fruits savoureux, gros, légers, pyri= formes, à peau lisse d’un vert jaune très-pâle , et dont les fortes vésicules renferment beaucoup d'huile essentielle. (T. »: B.) LUMIÈRE. (vuys. em.) La Lumière est cette cause active, cet agent pariiculier qui donne à l’homme et aux animaux le pouvoir de commu- niquer avec les objets dont ils sont plus ou moins séparés. Sans cetie cause, les espaces nous pa- raîtraient encore plus considérables, les distances plus grandes, et nous ne pourrions avoir avec tont ce qui nous environne que des rapports de tact ou de toucher. Réunie au calorique et à l’é- lectricité, la Lumière est un des agens les plus puissans de la nature; son influence ext indispen- sable, non seulement à l'entier accomplissement, - mais encore à la conservation du plus grand nopr- bre des corps organiques, et le rôle qu’elle joue dans les opérations et les phénomènes ehimiques est de la plus haute importance. Des propriétés aussi nombreuses et aussi remarquables placent l'étude de la Lumière au nombre des parties les plus intéressantes de l'histoire naturelle générale. Essayons, sous forme de paragraphes distincts, ou plutôt sous forme de propositions, et en né gligeant toutefois les nombreux calculs de physi- que proprement dite, de rendre aussi eomplet et aussi clair que possible cet article physico-chimi- que de notre Dictionnaire. 4 D'oùvient la Lumière? La Lumière nous vient du soleil. La terre étant à peu près sphérique, il en résulte qu’une moitié de cette planète est tou- jours éclairée, tandis que l’autre est dans l’ob- securité. Les jours et les nuits sont dus, d’une part, aw mouvement annuel de la terre autour du soleil; de l’autre, au mouvement de rotation que la terre effectue sur elle-même toutes les’ vingt-quatre heures, De à des jours qui peuvent être égaux et LUMI re 504 LUMI tn, oo nn de douze heures sous l'équateur, des jours qui peuvent être égaux et de six mois vers les pôles, et des jours enfin qui, dans les régions intermé- diaires, peuvent être égaux dans certains temps de l’année, et inégaux à toutes les autres épo- ques. I1 existe encore deux autres sources de Lu- mière, sans lesquelles nous serions dans l’obscu- rité la plus complète pendant l’absence du soleil ; nous voulons parler de la lune, des planètes et des étoiles. La lune, surtout, en parcourant son orbite autour de la terre, l’accompagnant (la terre) dans sa marche autour du soleil, en est éclairée comme elle, présente à celle-ci une sur- face réfléchissante , et nous apparaît sous des figu- res variées qu'on nomme phases, et qui nous éclairent. À ces sources de Lumière naturelle, nous ajouterons toutes celles que donnent les combus- tibles dans nos foyers ; le suif, la cire, l’huiie que l'on brûle dans les lampes, les quinquets, etc. ; le gaz hydrogène percarboné, si usité et si connu maintenant. Enfin, les grandes élévations de tem- pérature des corps, les nombreux phénomènes que l’on produit tous les jours dans les laboratoi- res et les opérations chimiques, sont encore des sources de Lumière. £ Les corps qui ne sont pas lumineux par eux- mêmes (il n’y a que le soleil et les étoiles qui soient dans ce cas) se distinguent en corps opa- ques, comme le bois, la pierre et les métaux; en corps diaphanes ou transparens , comme l'air, l’eau et le verre, et en corps translucides, comme le papier mince et le verre dépoli. Les premiers, les corps opaques, ne laissent pas passer la Lumière à travers leur masse, à moins qu'on ne les réduise en lames extrêmement minces. Les corps diaphanes, au contraire, lais- sent apercevoir neltement au travers de leur sub- stance toutes les formes des objets éclairés, Tou- teis, disons que , de même que l’opacité est en raison directe de l'épaisseur, la diaphanéité est en raison inverse de la masse. Ainsi, une goutte d’eau est parfaitement limpide;cent gouttes d’eauréunies, ou plutôt l'eau prise en masse est brune ou verte : cette coloration prouve qu'il y a eu absorption d’une partie de la Lumière. Enfin, les corps trans- lucides laissent passer une partie de la Lumière qu'ils reçoivent; mais ils ne permettent de dis- ünguer ni la couleur, ni la forme, ni la distance des objets. Comment se transmet la Lumiére? La transmis- sion de la Lumière se fait en ligne droite ; il suffit, pour démontrer cette vérité, de pratiquer une petite ouverture au volet d’une chambre obscure, de voir de quelle manière la Lumière y pénètre (elle apparaît sous forme d’une trace brillante, rectiligne), quels sont les corps qu’elle éclaire (ce sont ceux qui se trouvent sur son passage), et d’ebserver que le point éclairé, qui se trouve immédiatement en face de l’ouverture, cesse d’être visible si on vient à couper la trace rectiligne par un corps opaque, 5 dl Nous venons de dire, et nous avons prouvé que la Lumière se transmet en ligne droite ; nous de- vons ajouter, pour êlre exact avec la vérité, que cette transmission én ligne droite n’a lieu qu’au- tant que les milieux qu'elle traverse sont homogè- nes; car, dans les milieux hétérogènes, sa marche se fait toujours dans le sens d’une ligne courbe. Ainsi, la Lumière qui nous vient du soleil, tra- -versant l’atmosphère , milieu rendu hétérogène par l'inégalité de sa densité, ne nous arrive jamais en ligne droite ; d’où il résulte que nous ne voyons jamais cet astre là où il est en réalité. Nos illu- sions sont les mêmes pour les planètes, les étoiles et tous les autres corps très-élevés ou très-éloi- gnés. La déviation de la Lumière est d’autant plus prononcée, que l'hétérogénéité du milieu est plus grande. Avec quelle vitesse se fait la transmission de la Lumière ? Le premier qui calcula cette vitesse, fut Galilée; mais ses calculs ne furent point exacts. Ceux de Ræmer, faits en 1675 et 1676, et par- faitement justes, nous apprennent que la Lumière nous vient du soleil en huit minutes treize secon- des; la distance de ce dernier à la terre étant de 93,670,000 lieues, sa vitesse est donc de 50,000 lienes par seconde. Cette connaissance nous ap- prend en même temps comment il se fait que les astres ne sont visibles que pendant un certain temps après leur apparition sur l'horizon. Nature de la Lumière. Deux théories ont été établies par les savans pour donner une idée de la nature de la Lumière. La première, due au génie de Descartes, veut que la Lumière soit un corps impondérable, un fluide subtil, un éther répandu dans l’espace universel, éprouvant de la part de tous les autres corps, qui peuvent être considérés comme autant de sources de Lumière, un mou- vement d'ondulations successives qui, ébranlant toutes les molécules voisines les unes des autres, les met dans un état continuel de va-et-vient en tout semblable au balancement du pendule. La seconde théorie , celle qui a compté le plus de partisans , appartient à Newton ; on l’appelle théorie de l’e- mission , et voici ce que l’on suppose : la Lumière, dit-on, partie essentielle des corps lumineux, est détachée, lancée de ces derniers par filets de mo- lécules très-déliées , lesquels vont exercer sur le fond de l’œil, soit direclement, soit par réflexion, une sensation particulière, qui est la Lumière. Composition de la Lumière. La Lumière qui nous vient du soleil et de tous les corps lumineux , est composée de sept couleurs principales, qui sont : le violet, l'indigo, le bleu, le vert, le jaune, V'o- rangé et le rouge. Toutes ces couleurs, rangées dans l’ordre de leur énumération, reproduisent artificiellement les phénomènes naturels de l’arc- en-ciel. Ghacune de ces couleurs, ou chacun de ces rayons Où fuisceaux primilifs, comme on le. dit encore , a ,une couleur primordiale et des caractères particuliers , que nous examinerons. plus tard. Des combinaisons diverses de tous ces, rayons , naissent toutes les couleurs naturelles ou arüficielles. mg LUMI artificielles. De leur pénétration plus ou moins grande dans les premières couches de la snrface des corps , naissent, disait Newton, les couleurs intermédiaires. Gette pénétration fait office de lame mince, comme dans les anneaux colorés ; de leur réunion naît le blanc, et de leur absorp- tion naît le noir. En d’autres termes, les objets qui sont noirs pour nos yeux ont absorbé tous les rayons lumineux; ceux qui sont blancs ont, au contraire, renvoyé ou réfléchi tous les rayons; ceux qui sont bleus les ont tous absorbés, ex- cepté le bleu, etc. Le premier physicien qui s’a- percut de la décomposition de la Lumière recue sur un prisme, fut Grimaldi; mais c’est réelle- ment à Newton que nous en devons la démonstra- tion la plus complète. Tousles corps n’ont pas la même couleur quand on les regarde par réflexion ou par transmission. Cela tient à ce que les corps ne laissent passer à travers eux, ounertfléchissent que certains rayons seulement. Les-couleurs changent également , sui- vant la position d’où on regarde les corps : cela arrive surtout pour les étoffes de soïe, les plumes d'oiseaux, etc. On explique ces phénomènes en disant que les corps, ou les parties qui les com- posent , n’ont pas la même couleur sur toutes leurs faces, ou, en d’autres termes, que leurs diffé- rentes faces absorbent ou réfléchissent certains rayons lumineux. On a comparé les corps noirs à l'effet que pro- duit un trou ou un vide. Que devient la Lumière, dans ce cas? j Intensité de la Lumière, — Sa décroissance: L’in- tensité de la Lumière est d'autant plus petile que le-rayon est recu sur une surface plus étendue, et que ceite surface est plus inclinée; cet affai- _blissement est encore augmenté si la Lumière passe à travers un milieu diaphane, dans l'air, par exemple, On sait que les objets vus à une grande distance, ont une Lumière peu vive. Bougner a calculé que, dans ces sortes d’obser-. vations , trois lieues et un quart diminuäient d’un tiers l’mtensité d’une Lumière. _ De l'ombre. Toutes les fois qu’un corps opaque est placé entre un corps éclairant et un corps éclairé , il y a ombre, ou portion de l’espace privée de Lumière; ce phénomène est modifié selon la grosseur, la forme et la position du corps lumi- neux et du corps opaque. L'ombre n'étant pas complétement pure, c’est-à-dire, le passage entre la partie obscure et la partie parfaitement éclairée nese faisant pas d’une manière tranchée , on a ap- pelé pénombre la portion de l’espace qui ne reçoit qu'une partie de la Lumière. Des modifications de la Lumicre. Ces modifica- tions sont la réflexion , la réfraction, la dispersion et la diffraction. À. Réflexion. On dit qu’un rayon de Lumière est renvoyé ou réfléchi, toutes les fois qu’en tom- bant sur une sürface polie, il fait avec cette sur- face un angle égal à celui qu’il faisait de l’autre côté en arrivant. L'expérience prouve que les deux angles formés sont égaux. La loi qai en résulte et ENET: 505 LUMI que l’on énonce en disant que l'angle de réflexion est égal a l'angle d’incidence, est la base de la théo- rie des miroirs, théorie appelée en physique” cat- oplrie (voyez ce mot dans les traités de physique proprement dite). L'expérience a démontré que la densité et l’épaisseur des verres , que la forme plane, courbe, convexe, concave ou mixte de leur surface, modifiaient singulièrement la diver- gence ou la convergence du rayon lumineux. Aïnsi on sait que la forme convexe rend conver- gens les rayons incidens qui sont parallèles, tan- dis que la forme concave les rend divergens. On nomme foyer le point plus ou moins rapproché où se réunissent les rayons lumineux. B. Kéfraction. On appelle réfraction la déviation qu’éprouve la Lumière à son passage d’un corps ou milieu dans un autre de densité différente, Un bâton plongé obliquement ouen partie dans l’eau, est l'exemple le plus commun et le plus vulgaire - de la réfraction ; on voit en effet que ce bâton pa- raît brisé à l’endroit où il pénètre. La dioptrique (voyez ce mot dans les ouvrages de physique) est fondée sur la réfraction de la Lumière. Le point par lequel la Lumière pénèlre se nomme point d'immersion, celui par lequel elle sort du milieu’ est dit point d'émergence. L’angle d'incidence est formé par le rayon incident et Ja perpendiculaire menée par le point d'immersion à la surface du milien; l'angle de réfraction est formé par le rayon réfracté et la même perpendi- culaire prolongée. Toutes les fois que le second milieu est plus dense que le premier, l'angle de réfraction est plus pelit que l’angle d'incidence ; il est plus grand dans le cas contraire. On sait encore, et cetle connaissance est la loi de Des- carles, 1° que le rayon incident, la perpendicu- laire et le rayon réfracté sont dans un même plan; 2 qu'il y a un rapport constant entre le sinus de l'angle d'incidence et l'angle de réfraction. Par exemple, si le passage de la Lumière se fait de L l’air dans le verre, le sinus d'incidence est au si- nus de réfraction , comme 3 est à 2; si le passage se fait de l'air dans l’eau, ce rapport est celui de 4 à 3. Comme phénomènes curieux dus à la réfraction de la Lumière, nous citerons le crépuscule et le mirage, arc-en-ciel, les halos et les parhélies. Le crépuscule a lieu quand le soleil n’est p?s encore descendu beaucoup au dessous de l’horizon; ses rayons, rencontrant alors la couche supérieure de l'atmosphère sous de petits angles, sont réfléchis vers la surface de la terre. Le mirage, qui, de Lout temps , a frappé les voyageurs et les marins ; qui, | dans la fameuse expédition d'Égypte , donna à nos soldats altérés de si cruelles illusions, en présen- tant devant eux la perspective d’un lac immense ; le mirage, qui fut si bien expliqué par notre illus- tre Monge, n'est autre chese que la réfraction de la Lumière, réfraction qui se transforme en ré- flexion , parce que les rayons lumineux passent d’un milieu plus dense dans un autre qui est plus rare. Dans ce phénomène, dit Je célèbre savant français , l'air qui repose sur le sol brûlant de l’'A- 304° Livraison. 64 LUMI rique , se dilate et forme une. couche peu consi- dérable, au dessus de laquelle se trouve l'air atmo- sphérique non dilaté, et par conséquent plus dense ; alors les rayons solaires qui l'ont traversé se réflé- chissent. à son contact avec la première couche, se relèvent et présentent à J'œil l’image du ciel, en dérobant la vue du terrain. D’un autre côté, les villages placés sur les monticules, et tous les autres objets qui s'élèvent au dessus de la couche d’air dilaté, envoient des rayons réfléchis à la jonction des deux couches, et y peignent des images ren- versées. L’illusion est alors complète ; l’observa- teur ne voit plus qu'un grand espace bleuâtre formé par la réflexion du ciel, parsemé de villages et d’arbres aux pieds desquels paraît leur image ren- versée. Mais à mesure qu’il s'approche de ces îles apparentes, l'inclinaison des rayons émanés. du sol augmente assez pour arriver à son œil, les bords de la fausse inondation se reculent, et le mirage va se reproduire plus loin. De l'arc-en-ciel. Phénomène dû à la réfraction, à la réflexion et à la décomposition du rayon so- laire dans les gouttes d’eau de la pluie ou des jets d’eau. Tout le monde sait que pour voir un arc- en-ciel il faut tourner le dos au soleil, et regarder une nuée qui se résout en pluie , et qui.en même temps est vivement éclairée par la Lumière solaire. L’arc coloré qui se forme dans l’espace peut être considéré comme faisant partie dela base d’un cône dont le sommet est dans l’œil de l'observateur, et dont l’axe, prolongé par derrière ; va passer préci- sément par le centre du soleil. Des halos. Gercles brillans et ordinairement co- Yorés que l’on voit autour du disque du soleil ou de la lune. Les halos sont dus, suivant Descar- tes, à des rayons de Lumière transmis au travers de certaines pelites éloiles que l’on observe dans la neige , et qui peuvent devenir assez transpa- rentes lorsque la chaleur commence à les fon- dre. Huyghens attribue ce phénomène à de petits globules transparens formés d’eau où de glace, ayant un noyau opaque formé de neige fortement comprimée; enfin Mariotte trouve la cause des halos dans la forme des petites aiguilles transparen- tes et prismatiques qui composent la neige. Cette dernière hypothèse est la plus généralement ad- mise. ; Des parhélies où faux soleils, Les parhélies con- sistent dans l'apparition simultanée de plusieurs soleils, images fantastiques du vrai soleil. Ces images se montrent toujours sur l'horizon à la même hauteur que le vrai soleil, et elles sont tou- jours unies les unes aux autres par un cercle blanc pareïllement horizontal, dont le.pôle est au zénith. Ge cercle monte et descend sur l'horizon en même temps que le vrai soleil, et son demi-diamètre,ap- parent est toujours égal à la distance de cet astre au zénith. Les images du soleil, qui paraissent sur ce cercle, du même côté que le soleil véritable, présentent les couleurs de! l’arc-en- ciel , et quel- quefois le cercle lui-même est coloré dans la par- tie qui les avoisine. Au contraire, les images qui se forment du côlé du cercle opposé au soleil, sont ne - re LUMI toujours incolores ; d’où l’on peut conclure qu'elles: sont prodüites par réflexion, ainsi qué le grand cercle, et les autres par réfraction. En outre:, quand ces phénomènes se produisent, on voit or- dinairement autour du soleil une ou plusieurs.cou- ronnes circulaires concentriques qui offrent. les couleurs de l’arc-en-ciel ; et enfin, on voit quel- quefois naître sur. ces.couronnes mêmes, ou sur les points du grand cercle , d’autres linéamens d’arcs pareils et même des arcs tout entiers. L'apparition du météore la plus, complète que l’on connaisse est [celle que Hevelius a observée à Dantzig, le 20 février 1661. GC. Dispersion. La dispersion ou décomposition de la Lumière: est la modification, que ce fluide impondérable éprouve après sa réfraction, modi- fication due à l'inégale réfrangibilité des diverses particules, qui. le composent, et-qui fait que , de blanche qu'était la Lumière au moment, de son incidence, elle offre des nuances variées parmi lesquelles on distingue, dans l’ordre de réfrangi- bilité, le violet, l’indigo, le bleu, le vert, le jaune, l’orangé et le rouge. L’assemblage de toutes ces couleurs, appeléspectre solaire, présenteune image dilatée perpendiculairement à l'axe du prisme, et ayant dans ce sens une longueur cinq,à six fois plus considérable que sa largeur. On-produit la dispersion en faisant passer un faisceau solaire à travers une petite ouverture pratiquée dans le vo- let d’une chambre obscure, et recevant ce fais- ceau sur un prisme dont J’axe soit perpendiculaire à la direction du faisceau. * D. Diffraction. On donne le.nom.de diffraction à ces modifications, à ces espèces de pénombres qu'éprouve la Lumière en passant auprès des .ex- trémités des corps. On opère-la diffraction en.in- troduisant un faisceau de Lumière.dans une cham- bre obscure, par une ouverture d’un, très-petit. . diamètre. Si on examine avec attention-ce qui ar- rive alors, on. voit que les ombres des.corps, au lieu d’être bien. nettes .et bien tranchées, sont bordées, de trois franges colorées, bien. distinctes, de longueur inégale , et:qui vont en diminuant de la première à la troisième. Gette observation, due à Grimaldi, étudiée ensuite. par. tous! les :physi- ciens célèbres, a donné Jieu.à une foule.de théo- ries qui sont tout-à-fait.en dehors de notre sujet, et pour lesquelles nous renvoyons aux ouvrages.de physique.proprement dite. Nous en ferons autant pour quelques autres modifications délicates, dif- ficiles à faire naître ou à apercevoir, qu’éprouye encore la Lumière; telles que da double réfraction, la polarisalion, que présente avec le .plus. d’évi- dence le spath d'Islande (variété de.carbonate de chaux); et queil’on: voit aussi avec le quartz, la baryte. sulfatée , le soufre, etc., xl Propriétés des rayons lumineux. Ayant.de faire connaître les propriétés. des rayonsilumineux, di- sonsce. que l’on enlend.en physique.par rayon lu- mineux ou rayon de lumière, pinceauiet faisceau de lumière, La direction que,suit, la Lumière en se propageant s'appelle rayon lumineux ; la réunion: de plusieurs rayons voisins constitue le pinceau de LUMI 507 LUMI lumière, ét le faisceau est la réunion de“plusieurs ‘pinceaux ‘ou de plusieurs rayons voisins ou sé- parés. Les rayons lumineux jouissent de ‘propriétés calorifiques, chimiques , éclarrantes et probablement magnétiques. Les premières furent démontrées en 1779 par Rochon ; et voici, suivant cet ingénieux physicien, dans quel ordre les ‘rayons doivent être ‘placés. Le rayon rouge occupe le premier rang, Me wiolet le dernier. Herschell, Leslie, Bérard, ‘ont ‘confirmé les expériences de Rochon. L'action de Ia Lumière solaire sur quelques composés chimiques, tels que le composé de chlore et d’oxide de carbone, de chlore et d’oxy- 1gène, sur le chlorure d’argent, etc., son influence sur la formation de la matière verte des végétaux, sont connues depuis long-temps. Schéele avait re- marqué que la réduction du chlorure d’argent s’opérait plus promptement par l’action du rayon violet que de tout autre; Sennebier a fait la même ‘remarque pour la matière vérte des plantes. Suivant Herschell, le rayon jaune possède le maximum de clarté; le rayon vert vient ensuite , si même sa propriété éclairante n’est pas égale à celle du premier; le rayon violet doit être placé Je dernier. Newion avait à peu près trouvé les mêmes résultats, Quant aux propriétés magnétiques des rayons , elles sont encore contestables; du moins, les'ex- périences tentées à Paris ne les ont point con- firmées. Si, à l'égard des diverses propriétés que nous venons.de faire connaître des rayons lumineux, pous ne rapportons pas ici les deux opinions qui veulent , l’une que le spectre solaire soit considéré comme l'assemblage de trois spectres superposés, ‘Pautre que les actions chimique et calorifique soient réunies à l’action qui produit la sensation de la Lumière et des couleurs, nous ne-pouvons --Rous dispenser de relater quelques passages d’une analyse rapidefaite dans l’une des séances de Académie des sciences (21 décembre 1835),par M. Arago, sur un Mémoire de M. Melloni, relatif à la théorie de l'identité des agens qui produisent Ja chaleur et la Lumière. S'ilest difficile, dit ce savant illustre, de rendre plausible cette ‘identité des agens, quand’on admet pour les phénomènes de laLumière la doctrine de l'émission; on rencontre des obstacles bien ‘plus grands encore lorsqu'on adepte, comme le font aujourd’hui la plupart des physiciens, la théorie des ondes. Déjà Ampère avait essayé de faire dis- “paraître ces obstacles à l’aide d’une hypothèse qui consiste à supposer une différence dans la lon- gueur des ondes excitées dans Péther par les vi- brations du corps éclairant ou chauffant ; suivant que c’est de la Lumière ou de la chaleur qui est produite; mais, tout en admettant cette hypothèse, M. Melloni pense que la théorie d'Ampère ne peut æxpliquer tous des faits, qu’elle est inconciliable avec beaucoup d’autres, et c’est pour! démontrer la vérité de.ses objections qu'il's’est livré d’abord à des raisünfiemens, puis à des expériences que nous allons rapporter. On sait que Rôchôn ayant imaginé de porter un thermomètre dansles divérses ‘parties du spectre résultant de la décomposi ‘on d’un faisceau lumi- neux par le prisme, reconnut que la température n’était pas la même dans toutes les parties. Her- schell, qui probäblement n’avait pas connaissance des expériences de Rochon, arriva ‘au même ré- sultat; mais il alla plus loin, ét reconnut qu’au- delà de la partie lumineuse du spectre, du côté du rayon rouge, la chaleur était très-sensible. Seebeck revint sur ce sujet qu’il étudia beaucoup plus complétement; mais les observations de M. Melloni ajouteront à nos connaissances sur ce point. Si on décompose ‘un fäisceau de rayons solaires par un prisme de sel gemme , et qu’on mesure le degré-de chaleur propre aux diverses bandes qui composent le spectre, on trouve que la témpéra- ture angmente du violet au rouge , ét continue à s’accroître dans l’espace obscur jusqu’à une di- stance de la‘limite rouge à peu près égale à celle du jaune ; après quoi, il y a décroissemenit assez rapide et cessation complèteide l’action calorifique à une distance de la limite rouge égale à peu près à un tiers de la longueur du spectre lumineux, .Si l’on fait passer toutes les parties du spectre par une couche d’eau de 2 à 9 millimètres, ren- fermée entre deux lames ‘de verre, et que l’on prenne les températures des rayons immergens, on Le, trouvera le maximum de température et la der- pière limite obscure rapprochés de la limite rouge. ” En augmentant successivement Lépaisseur du li- quide interposé, on voit passer le maximum sur les diverses parties du rouge, de l’orangé et du jaune. Il vient se fixer au commencement du vert lorsque les rayons ont traversé ‘ane couche d'eau de 500 millimètres d'épaisseur. Au lieu du diaphragme liquide, une simple lame de ‘verre. reproduit les mêmes variations, quoique sur une moins grande échelle ; mais si le’ verre ést coloré, le spectre ést complétement al- téré. Si on emploie, par exemple, un verre bleu de cobalt, j’orangé disparaît ainsi qu’une grande partie du vert et le milieu du rouge, de manière que le spectre présente alors une série de zones lumineuses plus ou moins intenses , d’inégale lar- geur, entremélées de bandes obscures. Des verres différemment colorés produisent d’autres altéra- tions, mais toujours avec une alternance de ban- des obscures et de bandes lumineuses. Ces modi- ficätions altèrent plus ou moins l’énergie calorifi- que, mais ne changent point sensiblement la position du maximum, qui reste toujours. dans l’espace obscur au-delà du rouge. À partir de ce point, en avancant vers la partie opposée du spectre, on voit la température décroître d’une mänière continue, sans que le passage par les bandes obscures donne lieu à aucun changement brusque ou mouvement rétrograde. v AS 4 Les résultats deces expériences ont conduit na- turellement M. Melloni à l’idée de séparer tout-à- LUMI 508 LUMI fait la Lumière de la chaleur ; le procédé qu’il a employé consiste à faire passer le rayonnement des sources lumineuses par un système de corps diaphanes qui absorbent tous les rayons calorifi- ques et n’éteignent qu'une partie des rayons lumi- neux. Les seules substances qu'il ait employées. jusqu'ici sont l’eau et une espèce particulière de verre vert, coloré par l’oxide de cuivre. La Lu- mière pure, émergente de ce système, contient beaucoup de jaune et possède cependant une teinte verte bleuâtre; elle ne donne aucune action calorifique sensible aux thermoscopes les plus dé- . licats, lors même qu’on la concentre par des len- tilles, de manière à la rendre tout-à-fait aussi brillante que la Lumière directe du soleil. Action de la Lumière sur les végétaux. A la cha- leur et à l’humidité, conditions déjà indispensa- bles pour une abondante végétation, il faut encore ajouter la nature du sol et l’action de la Lumière. Tout le monde connaît les phénomènes singuliers, les mouvemens alternatifs appelés sommeil et réveil des plantes, qu’éprouvent certaines fleurs et cer- taines feuilles sous l'influence de la Lumière du jour. C’est ainsi qu'un grand'nombre de fleurs dites composées s’épanouissent pendant le jour, que d’autres se resserrent à l’approche de la nuit. Ce phénomène , observé pour la première fois par Garcias , et expliqué par Bernet comme étant l’ef- fet d’une propricté hygrométrique, a été attribué par Hill et Linné à l'influence de la Lumière so- laire. Gette opinion , beaucoup plus conforme à la vérité, a été ensuite presque confirmée par les belles expériences de De Candolle, qui parvint à changer les heures de repos et de veille du Mimosa pudica en Yenfermant pendant le jour dans un lieu obscur, et l’éclairant la nuit par une Lumière ar- tificielle, résultat à peu près semblable à ce que lui a offert la Belle de nuit, qui s’épanouit dars le jour si on Ja place dans l'obscurité, et qui se ferme pendant la nuit, si on l’expose à l'influence d’un corps en ignition. À l’occasion du sommeil, on cite un fait que nous croyons ne pas devoir laisser ignorer à nos lecteurs. Garcias, que nous ayons nommé il n’y à qu'un instant, fit apporter un soir, par son domestique , un Lotus ornithopodioides qu'il culti- vait dans un pot. N’y voyant plus les fleurs qu’il avait apercues dans la journée, il se fâcha beau- coup contre son pauvre jardinier; mais quel fut son étonnement quand, le lendemain, il retrouva les belles fleurs de la veille ! Un pareil phénomène ne pouvait rester sans examen de sa part. La nuit suivante, la même disparition existant , il déroula les feuilles qui s'étaient crispées , et qui, par le. fait de leur sommeil , cachaient les fleurs, comme l'eussent fait en quelque sorte les rideaux d’une alcôve. Une autreaction encore extrémementimportante de la Lumière sur les végétaux, c’est qu’elle paraît contribuer à entretenir la salubrité, la pureté de l'atmosphère , ei cela en absorbant la plus grande partie du carbone du gaz acide carbonique expiré par les animaux, Tels sont du moins les résultats . indiqués par les expériences de Priestley | d’In- genhousz, de Senebier, de La Méthrie, et surtout de Théodore de Saussure. Ce dernier physicien, en faisant végéter dans une atmosphère artificielle de gaz acide carbonique et d'air ordinaire, des plantes qu’il exposait à l’influence de la Lumière solaire , a vu, au bout de quelques jours, 1° que le volume du gaz employé n'avait pas diminué ; 2° qu’une portion de l'acide carbonique avait été décomposée ; 5° que le carbone s'était fixé dans la plante; 4° enfin que le volume de gaz oxy- gène avait augmenté dans une proportion cor- respondante à celle de l’acide carbonique décom- posé. La Lumière paraît être la cause de la coloration des parties vertes des plantes; nous disons des par- ties vertes , car son influence sur la coloration des fleurs est beaucoup moins prononcée : les nuances de ces dernières sont un peu plus pâles, voilà tout. Il n’en est pas de même des tiges, des feuil- les, etc., dans lesquelles se fixe le carbone, base de la couleur verte, Si on prive du contact de la Lumière ces parties (tiges et feuilles) d’un végétal, ou un végétal tout entier, comme le font les jardi- niers en nouant ou en descendant à la cave une espèce de chicorée avec laquelle ils font ce quils nomment Barbe de capucin, on voit que la végé- tation, que la succion languissent ; que l’émana- tion n’est plus aussi active, que l’acide carboni- que est absorbé et non le carbone seul, que la plante devient comme hydropique, qu’elle blan- chit, enfin qu’elie s’étiole. L'émanation des odeurs n’est pas aussi immé- diatement sous l'influence de la Lumière ; cepen- dant les plantes qui sont privées de cet agent physique sont un peu moins suaves que les autres. La tendance avec laquelle tous les végétaux se dirigent vers la Lumière n’a point échappé ‘aux agriculteurs et aux jardiniers. Tous savent. très- bien que, d’une plante déposée dans un endroit obscur, une cave, par exemple, dans laquelle la lumière ne pénètre que par un soupirail, toutes les branches, tiges et feuilles se dirigent du côté où vient la lumière : le contraire a lieu pour la radicule , qui se plaît naturellement dans l’obscu- rité. Ceux qui avaient pensé que cela pouvait tout aussi bien être le fait de l’air que celui de la Lu- mière, ont abandonné leur opinion quand ils ont vu que la même expérience , répétée dans une cave ayant deux soupiraux, un ouvert pour l'entrée de l’air, et l’autre fermé par un verre de vitre pour l’entrée de la lumière , donnait lieu au même phénomène, Action de la Lumière sur les animaux. Pour rendre aussi complet que possible ce paragraphe, il nous faudrait passer en revue les différen- tes classes d'animaux, et indiquer pour chacune les modifications qu'elle peut éprouver de l’ab- sence où de Ja présence de la Lumière ; mais tel nest pas notre but, et telle n’est pas non plus nolre intention, Bornant notre étude aux actions les plus évidentes de la Lumière sur les animaux, à celles que l’on peut le mieux étudier, et qu'il nous importe de bien connaître, nous examune- LUMI 509 LUMI rons seulement cet agent sous le rapport.de l’in- fluence qu’il exerce sur la surface de nos corps: son action sur l’œil sera étudiée au mot Vision. Si tous les hommes placés dans les mêmes con- ditions ou à peu près, exposés aux mêmes degrés de chaleur et aux mêmes rayons solaires, avaient la même coloration de la peau, on pourrait, s’en rapportant à celte simple observation, que le teint des habitans des campagnes est plus foncé que celui des habitans des villes, on pourrait, disons-nous , attribuer la couleur noire de la peau des nègres à l'influence simultanée de la chaleur ardente et de la Lumière vive des lieux qu’ils ha- bitent; mais cette hypolhèse, tonte séduisante qu’elle est, ne peut complétement être admise. En effet, on sait que , dans le Nouveau-Monde, et directement sous l'équateur, il ya des hommes dont la peau n’est pas noire, mais seulement cuivrée, comme celle des habitans de certaines contrées voisines des cercles polaires. À ceite propriété de la Lumière unie au calori- que, de changer, de brunir lo teint de la peau (nous ne disons pas de colorer, de noircir, ear il ÿ a d’autres causes plus puissantes que l'influence du climat), il faut en ajouter une autre qu’on ne peut pas contester; c’est celle de changer, pour ainsi dire, la contexture de l'organe cutané, de détruire sa souplesse, de le rendre dur, épais, ridé , quelquefois d’en altérer les fonctions. La première action exercée de la part de la Lumière sur les êtres organisés est tonique, sti- mulante où excitante, suivant les circonstances ou les proportions dans lesquelles elle agit. On sait que Je retour de la clarté interrompt le sommeil de la plupart des animaux; que l’ob- scurité, au contraire, prédispose au sommeil, et que cetle dernière circonstance se prolon- geant au-delà du temps ordinaire, pendant des jours , des mois, des années, il en résulte, pour les personnes qui y sont condamnées, des accidens plus ou moins graves, des phénomènes tout-à-fait semblables à ceux qu’éprouvent les végétaux dits étiolés. C’est ainsi que l’on voit très-souvent sur- venir chez de malheureux prisonniers, renfermés depuis long-temps dans des lieux bas, humides et inaccessibles à Ja Lumière, un relâchement du tissu cellulaire , de la bouffissure, etc. Les mêmes affections s’observent aussi chez les mineurs, chez les tisserands ou autres individus travaillant habi- tuellement dans des caves ou dans des souter- rains, » Jnfluence de la Lumière sur la manifestation et le développement des eétres organisés. Dans une des séances de l’Institut (27 septembre 1830), M. Morin à lu un Mémoire où se trouve exposé le résumé général des expériences entreprises pour + déterminer l'influence qu’exerce la Lumière sur la manifestation et le développement des êtres dont l'origine avait été attribuée à la génération directe - spontanée ou équivoque, -et où il conclut : se 1° Que les couleurs élémentaires de la Lumière n'’exercent pas la même influence sur la maniles- Aation des êtres organisés dans les milieux liquides capables d’en soutenir la vie, et que ces influences varient avec les couleurs; 2° De toutes les couleurs élémentaires, celles qui favorisent le plus la manifestation et le déve- loppement des êtres organisés des deux règnes, quand les milieux aqueux qui doivent en soutenir l'existence ne contiennent pas des masses tissulai- res en macération , sont le rouge et le jaune, et celte propriété est, à peu de chose près, au même degré pour l’une et pour l’autre ; 5° Si les êtres crganisés se développent de pré- férence sous les rayons rouge et jaune, cette in- fluence est due bien plutôt à la propriété calo- rifique de ces rayons, qu'à leur pouvoir éclairant respectif ; 4° Le temps qu'il faut aux rayons rouge et jaune pour montrer les êtres organisés développés sous leur influence , n’est pas toujours le même, puis- qu'il est coordonné d’après l'ensemble des circon- stances agissantes qui ne proviennent pas de la Lumière; tandis que, sous des influences rigon- reusement identiques , le temps qu'il faut à ces rayons pour donner un résultat positif, varie si peu que la différence peut être considérée comme pulle. ; Lref 5° Il est infiniment probable que , sous une at- mosphère d’air commun et renfermé, le rayon jaune accélère le développement des végétaux les plus simples d’un temps égal à celui qu'il faudrait rigoureusement pour que ces mêmes espèces se manifestassent par la Lumière blanche et compo- | sée. Dans ces circonstances identiques, le rayon rouge jouit de la même propriété, et ce temps est la mesure des influences ; 6° À mesure que les influences lumineuses des rayons rouge et jaune se prolongent sur les mêmes masses aqueuses , les êtres organisés qui s’y déve- loppent augmentent, sous le rapport numérique des individus et des espèces, en raison directe de cette prolongation, mais avec une légère diffé- rence pour le rayon rouge, sous lequel la vie prend plus d'énergie, en ce que, sous son in- fluence, les êtres sont spécifiquement plus nom- breux et plus compliqués en structure que sous celle du rayon jaune ; ce qui tient apparemment à la plus grande chaleur qu'offre le rayon rouge ; 7° Les animaux gymnogènes , soit simples comme les Gymnodés, soit composés comme les Mys- tacinées , ne naissent dans les milieux aqueux sou- mis à l'influence des rayons rouge et jaune qu’a- près que les plantes s’y sont déjà développées; de sorte qu’on ne sait pas si c’est à la longue durée de cette influence ou à la présence des végétaux que sont dus ces mêmes animaux ; 8 L'organisation va en se compliquant à me- sure que les influences lumineuses des couleurs du spectre durent plus long-temps, de telle ma- nière que les échelles animales et végétales sont d'autant plus graduées que les temps d’action oué été plus prolongés ; RO” 9° Sous les couleurs du prisme, les végétaux développés sous livfluence des rayons vivifians ( lc rouge et le jaune ) occupent constamment le em LUNA 510 dévant des vases; de sorte que la clarté de ces rayons est, sous un certain rapport, comparable : à celle que donne une couche d’eau de cinq à six pouces d'épaisseur , éclairée par la vive'Lumière : du soleil ; 10° Toutes les couleurs du prisme donnent lieu aux mêmes productions végélales et animales , lorsqu'elles sont trop affaiblies pour agir comme couleurs pures, et qu'elles permettent les in- fluences partielles d’une Lumière blanche , intro- duite entre les rayons colorés 11° Enfin, il existe pour les’êtres organisés , de quelque nature qu'ils soient , animaux ou végétaux, une si grande fixité dans leur organisation, que la moindre différence de varitté ne s’obscrve jamais; que ces êtres naissent ou se développent sous l’in- fluence d’une Lumière décomposée. Dans celte dernière circonstanee , les raÿons rouge , jaune et oransé peuvent agir ‘indifféremment : jamais on n’ubservera la moindre déviation de structure , le moindre changement d'organisation, la moindre différence individuelle. De la Lumière considérée comme agent thérapeu- tique. Gonsidérée comme agent thérapeutique , la Lumière du soleil convient aux scrofuleux , aux rachitiques, aux scorbutiqués , et en général à tous les individus chétifs et débilités. Bien entendu qu’il faut que l’insolation soit appliquée avec pré- caution et par des personnes de l’art; car, trop vive, trop long-temps prolongée, son action peut devenir funeste et même mortelle. . Goncentrés au loyer d’une lentille, les rayons solaires sont quelquelois employés pourremplacer le cautlère actuel, pour résoudre des tumeurs in- dolentes , des tumeurs blanches, desengelures, etc. (FF) LUNAIRE , Lunaria. (8or. pnaw.) Genre dela famille des Crucifères de J., et de la Tétradyna- mie siliculeuse de L. De Candolle (Syst. Regn. veget. , t. [[,:p. 280) l’a placé dans la tribu des Alyssinées ou Pleurorhizées , et l’a caractérisé de la manière suivante : calice serré et à deux sépales -bossus à la base; ovaire pédicellé; style court ; stigmate échancré ; silicule grande , plane , arron- die ou elliptique , entière ; chaque loge renferme deux à quatre graines; fleurs grandes, blanchies ou violettes ; feuilles en forme de cœur, quelque: fois opposées. Ce genre se rapproche des Carda- mines par le défaut de nervures à son fruit, mais en diffère essentiellement par l'aile membraneuse qui borde ses graines. Il se distingue du Macropo- dium et du Savignya, du premier par ses valves sans nervures, du second par son calice à deux renflemens à sa base, et par ses cordons ombili- caux adnés à la cloison. Le ÆRicotia de Linné, qui avait éLé réuni aux Lunaria par Gaertner, Roth et Desvaux , a été rétabli par la plupart des auteurs modernes. Deux espèces seulement sont mainte- nant comprises dans le genre Lunaria : 1° La LunaiRe vivace, Lunaria rediviva, L., plante à racine vivace, du collet de laquelle, cha- que année, s'élèvent les “tiges; à feuilles très- grandes, légèrement velues, opposées vers le bas, le plus souvént alternes vers le haut, et portées sur de longs pétioles ; ovales-cordiformes ;'acami- -nées et dentées en''scie ;* À fleurs exhalant une odeur délicieuse, d’un rose clair ou même quel- quefois d’an pourpre assez vif, marquées de veines longitudinales plus foncées , et'disposées en pani- cules terminales sur de longs pédoncules ; à fruit qu’on pourrait sppeler silique plutôt que silicule, ‘Jancéolé et atiénué aux deux éxtrémités. Cette es- pèce croît dans les montagnes un peu’élevées et ombragées de l'Europe. 90 La Lunaike BISANNUEELE , L, biennis ,, Monch et D. G., L. annua, L. , reconnaissable à sa silicule elliptique et obtuse aux deux extrémités. De sa racine simple, fusiforme et épaisse, s'élève une tige rameuse, droile;'scabre, garnie .de feuilles pétiolées, cordiformes , acuminées, atténuées vers le haut, les supérieuresovaleset dentées en scie. Les fleurs de cette dernière espèce sont inodores, de couleur violette, blanche dans une ‘variété. La chute des valves laisse voir les cloisons, dont l’é- clat argentin vaat à cette plante les noms de Sat:- née et Passe-satin. Elle a recu en outre les noms de Grande Lunaire , Médaille et Bulbonac. Elle-est indigène des contrées montueuses et boisées de la Suède, de PAllemagne, de l'Alsace et de la Suisse, (G. à.) LUNE. ( asrr. ) La terre , dans sa révolu- tion annuelle autour du soleil, est toujours ac- compagnée d’un corps qui sujt tous ses mouve- mens de translation , et qui, à cause de cette ap- titude, aété qualifié du nom de Satellite. Ge corps, que nous connaissons tous, et que chacun de nos lecteurs a déjù nommé, c’est la Lune. Constitution physique. — Detous les corps cé- lestes , la Lune est celui qui est le‘plüs rapproché de notre planète; sa distance, qui n’est que de soixante rayons terrestres, a permis d'examiner avec ‘plus de'soin sa constitution physique. Et ce- pendant, jusqu'à ces derniers temps, les observa- tions faites sur le satellite de Ja terre ; bien que remarquables et intéressantes ,ne nous avaient pas fait connaître bien exactement les diverses parties constitutives de ce corps. On disait bien que c'était un corps opaque, de forme sphérique, sans éclat par lui-même ,; mais réfléchissant avec viva- cité les-rayons .du soleil : on avait bien remarqué qu'ilexistait des montagnes à sa surface; on en avait calculé la hauteur au moyen des ombres qu’elles projetaient ; on avait même dressé une carte de la partie de Ja Lune soumise à nos regards, et dans celte carte, on avait donné des noms de savans anciens ou modernes à la plus grande partie des aspérités lunaires. C'était là toul ce qu’avaient pu nous apprendre les nombreux travaux des Heve- lius et des Riccioli. Mais voilà qu'il y a quelques mois , un libraire anglais, M. Murray, se disant investi de la con-. fiance du savant astronomé anglais sir John Her- schell, livre au public des fragmens des grands … travaux astronomiques exécutés par sir John Her schell au cap de Bonne-Espérance, où il observe ayec une commission de savans , et surtout avec L] LUNE Dia LUNE l'énorme et miraculeux télescope qu’il tient de la munificence du roi d'Angleterre , toutes les parti- cularités du ciel austral. Ces fragmens , qui sont détachés d’un grand ouvrage intitulé : Publica- tion complète des nouvelles découvertes de sir John Herschell dans le ciel austral, à ce que dit, tou- jours M. Murray, nous entretiennent de.la Lune, et de la Lune seulement. Mais quelles merveilleuses observations ne nous offrent-ils pas:! Quel curieux spectacle ne. viennent-ils pas étaler à nos yeux! Tout ce que nous apprend le savant astronome, toujours par la bouche de M. Murray, est tellement intéressant , que nous ne pouvons nous dispenser d’en instruire nos lecteurs, et de les faire jouir de toutes ces découvertes. L'on sait que jusqu’à présent tout Île monde savant était à peu près d'accord sur cette opinion ue la Lune n’était point habitable. Les trois in- compatibilités de vie à la surface de cet astre étaient : 1° La longueur excessive des jours et des nuits lunaires, et les températures extrêmes que cette cause semblait devoir produire. 2° La grande quantité de cratères de volcans éteints , ce qui faisait supposer que le sol était en- tièrement vitrifié. 8° L'absence d’atmosphère généralement ad- mise. Certes, ces trois objections étaient fort graves ; car comment imaginer que des êtres vivans pour- raient exister sur un monde frappé pendant qua- torze jours terrestres des rayons brûlaos du soleil, et privé pendant.le même espace de temps de la chaleur vivifiante de l’astre qui nous éclaire? Dans le premier cas, la température élevée devait être | nécessairement insupportable , et dans le second cas, les froids devaient être d’une rigueur extrême. Voilà pour la première objection. En second lieu un solentièrement vitrifié paraît peu propre à la culture, et à moins de supposer que les habitans de la Lune ne fussent des corps glorieux , il était difficile de se rendre compte de leurs moyens de nourriture, Enfin, en troisièmelieu, un monde sans at- mosphère doit être peu commode à habiter; car l'existence d'êtres animés n’est pas admissible dans le vide. Ces trois objections étaient donc très-grayes ; mais sir John Herschell, par ses observations, les a toutes détruites’; car il nous a fait voir combien la température élevée du jour était tempérée par l’évaporation lente et continue des grands réser- voirs d’eau formés par les rosées extrêmement abondantes, qui à leur tour devaient leur existence aux vapeurs chaudes qui s’échappaient: des vol- cans pendant la nuit, se répandaient dans l’at- mosphère , et agissaient ainsi contre le froid ex- - cessif de. la nuit, non seulêment par leurchaleur propre ; mais,aussi en empêchant le rayonnement qui, en pareilles circonstances, serait la cause d'un très-grand refroidissement. & Les volcans n’élant point éteints, il n’y. avait plus alors à redouter un sol vitrifié, el par consé- quent, une absence lotale de végétation. Bien au contraire, sir Herschell a observé, toujours selon M. Murray, d'immenses végétaux, de magnifiques forêts , de superbes moissons. Enfin l'atmosphère avait été parfaitement re- connue par tous ceux qui avaient usé du mérveil- leux télescope, hi IL était bien évident, qu'après avoir détruit tou- tes. les objections qui s’opposaient. à Phabitativité dela Lune, sir John Herschell devait y voir des habitans et les décrire avec une minutieuse exac- titude; c'est en.effet ce qui arriva. Ce ne fut qu’au bout de trois mois de peine et de travail, que la colonie savante du Cap put enfin commencer ses. observations, Tout ce Lemps avait été nécessaire pour. établir l'immense télescope auquel on est.redevable de toutes les découvertes lunaires dont nous entretenons nos lecteurs. Aussi, avec quelle ardeur et quelle impatience bien com- préhensibles Herschellet ses compagnons n’atten- daient-ils pas le premier lever de la Lune ! Ecou- tez-le parler lui-même : « Tout était prêt, et nous attendions le moment où l’astre entrerait dans le champ de l'instrument; chacun de nous, pendant cet instant d’expectation, s’élançait par la pensée vers ce globe que nous allions. enfin connaître et parcourir en tous sens, comme si un charme puissant nous eût entraînés dans son atmosphère, à moins d’un mille de sa surface. Nos imaginations rêvaient précipices et prairies, volcans, rochers, scories, crevasses et glaciers. Plusieurs d’entre nous éprouvaient un tremblement nerveux qu’ils ne pouvaient maîtri- ser. Tous nous avions le cœur serré et l'esprit dans un état impossible à décrire. Enfin un cri général vint meitre fin à cette anxiété. » N'est-ce pas, lecteur, que vous concevez bien ce cri? La première nuit d'observation les mit à même de voir la construction de la Lune , et surtout d'examiner les contrées montueuses. On vit que les crêtes des montagnes décrivaient des courbes circulaires ou elliptiques; la plupart formaient plu- sieurs étages, séparés par d'immenses crevasses ; on n’y apercevait aucune trace de végétation. Les rochers sont composés de cristaux mal développés, idiosyncrasés avec des monades calcaires et entre- mélés de laves couvertes d’écailles micacées. Ils en étaient là de leurs observations lorsqu'ils aper- curent tout à coup un bipède à jambes courtes, à peau de Rhinocéros , possédant une queue platé et une tête triangulaire armée de cornes, et de la grosseur d’un Loup. C'était d’un aspect affreux ; mais bientôt cet être immonde disparut du champ du télescope, et fit place à la nature la plus riante, au paysage le plus gracieux. C’est au mi- lieu d’une vaste plaine d’une rare fertilité, à l’en- trée d’une forêt, que fut apercu le premier être de Ja race humaine lunaire. Bientôt on eut lieu de reconnaître des agglomérations d'individus appar- tenant à différentes espèces. Trois races habitent la Lune : l’une, la mieux organisée , a été nommée par sir John Herschell LUNE PR 512 LUNE NN EN NN” LÉ 25 CORRE Re OT 2° la race des Ændro-Séléniens ; la seconde, à cause de sa construction, a reçu le nom de Wespertilio, et la troisième , qui ferme l'échelle des êtres hu- mains luoariens, a dù à sa forme d’être appelée la race des Castors. Le Sélénien n’a guère que deux pieds huit pou- ces. Son corps est souple et allongé ; ses arlicula- tions ont l’apparence de la vigueur, ses épaules sont douées de vastes ailes, plus longues encore chez la femelle, et qui rappellent, par la nature du plumage et par celle des attaches, les ailes de l'Autruche. Les pennes sont longues et flueltes, et donnent à l’ensemble de l’aite beaucoup de res- semblance avec celle du Goëland. La peau du Sé- lénien est parfaitement blanche, son œil très- foncé, et des cheveux très-noirs et très-touffus ac- compagnent parfaitement ses deux ailes déployées. La race Sélénienne est la race aristocrate de l’île; elle ne participe pas aux travaux grossiers, qu'elle laisse aux races inférieures ; elle seule a le droit de pêche et le droit de chasse; et même elle n'a pas craint d’imiter notre ancien régime dans ses vanités mondaines, et elle a, quoi? Je vous donne à le deviner... Des armoiries ? Oui, des armoiries : sir Herschell a observé quelque écusson qui porte de gueules à trois fasces d'argent, accompagné en chef d’un lion léopardé, et en pointe, d’une étoile, le tout du même, et gravé sur le portail de quel- que vieux domaine féodal. Quant au Vespertilio, c’est l’esclave qui ne vit que pour son maître, c’est l’ancien serf attaché à la glèbe, c’est le nègre des états du sud dans la république américaine. Son infériorité physique est bien visible : au lieu d’être blanc, il est gris fauve ; au lieu d’avoir de belles plumes et une no- ble envergure, il a des ailes de chauve-souris , et sans étendue. Sa femelle est lourde et épaisse, au lieu des formes gracieuses des jeunes femmes Sé- léniennes. Aussi le Vespertilio reconnaît-il toujours le Sélénien pour son seigneur et maître. Le Castor est encore placé plus bas que le Vespertilio. Lui, il n’a point d'ailes, il se traîne péniblement sur ses deux pieds de derrière, et est soumis aux travaux les plus fatigans et les plus pénibles : c’est lui qui remplace là-haut les mal- heureux condamnés aux mines sur celte terre. Tout cela n'est-il pas bien merveilleux? et n’êtes-vous pas étonné de retrouver dans la Lune une assez grande partie de ce que vous voyez chaque jour autour de vous ? * Mais vous croyez peut-être que nos savans du Cap sesont arrêtés en si beau cliemin ? Point. Faites comme moi , lisez l'ouvrage publié chez MM. Mas- son et Duprey, à Paris, vous y verrez bien d’au- tres choses! Vons saurez comment se font. les mariages lunarieng; vous saurez quelle est la construction de l’homme et de la femme luna- riens ; seulement, par pudeur, ces renseignemens sont donnés en langue latine qui dans les mots brave lhonnéteté; enfin vous y apprendrez que les lanariens sont , je ne dirai pas catholiques, car je ne pense, pas qu'ils relèvent de notre saint père le pape, mais bien chrétiens, oni, chrétiens F croyant à un Dieu en trois personnes, et en l’hon- neur de la trinité faisant tout par trois. Voilà pourtant toutes les découvertes que nous a values le magifique et gigantesque télescope de sir John Herschell. Certes, la munificence du roi d'Angleterre est bien récompensée, Mais quel désenchantement ! Rien de yrai dans tont ce que je viens de vous dire : cette œuvre, très-spirituelle d’ailleurs, cette mystification qui s’est vendue à plus de cinquante mille exemplaires, n’est pas du tout l’ouvrage du grand astronome anglais : voyez avec quelle simplicité de termes il se défend de pareïlles découvertes, dans une lettre récemment adressée par lui au capitaine Caldwell qui lui avait transmis les fragmens qu’on lui at- tribuait, Au cariTAINE GALDWELL, sur le bâtiment améri- cain le Levant, Table-Bay. Veldhauser, près Wymberg, cap de Bonne- Espérance, 5 janvier 1836. «Sir John Herschell présente ses complimens » au capitaine Caldwel}, et le remercie de lui avoir »communiqué la fable singulière et artistement » conçue qui à paru dans le Journal de New-York » du 2 septembre 1835. Sir John Herschell serait » bien aise de pouvoir la regarder un peu comme » curiosité , et aussi comme nous faisant perpétuel- »lement souvenir combien sont vaines les décou- » vertes que toute notre science si vantée a jusaw’ici » réalisées ou pourra réaliser dans les siècles à:ve- »nir, en Comparaison de ce qui nous est inconnu »et de ce que nous ne soupconnons pas parmi les »réalités de la nature et même parmi celles qui ÿ sont sous notre main, et qui ne sont pas hors de »notre portée. Sir John Herschell serait heurenx »si le séjour du capitaine Caldwell au Cap lui » permet de lui faire voir par ses yeux sur quelle » humble échelle ses observations astronomiques » sont conduites. » Ainsi donc, adieu, mes beaux Séléniens avec vos ailes d’Autruche ! mes belles Séléniennes aux formes si sveltes et si élancées! et toi, pauvre Vespertilio que je regrette moins, car l'escla- vage ne Le pesait pas! adieu, pauvre Castor, que l'injustice et la brutalité condamnaient à un rôle si malheureux! Adieu les bélles campagues les belles prairies , les belles forêts , les HR castels armoriés el’ toutes ces belles cérémonies ! Adieu, mon beau monde lunaire ! Il n’y à que quelques mois que nous Le connaissons, et déjà tu nous es ravi, | Puisque nous sommes ainsi dépossédés de toutes ces ingénieuses inventions qui nécessairement de- vaient tre le produit d’une imagination française spirituelle et un peu moqueuse, il nous faut bien revenir aux réalités que Mous connaissions par le passé, c'est-à-dire aux découvertes graves et sé- rieuses faites sur la Lune, sur sa marche et enfin sur ses influences. Nous avons déjà dit au commencement de cet article que la Lune était un corps opaque, sans éclat oo < LUNE 513 LUNE ES éclat par lui-même, mais réfléchissant les rayons du soleil avec une certaine intensité ; nous avons dit que des montagnes hérissaient sa surface et qu’on y voyait de nombreuses traces de volcans. Nous allons maintenant entretenir nos lecteurs des différens mouvemens de ce corps. La Lune suit tous les mouvemens de translation de la terre ‘dans l’espace. Gette planète manquee tourne autour de notre globe, ou plutôt la Lune et la terre tournent ensemble autour de leur centre commun de gravité, et ce centre s’appli- que à décrire autour du soleil une orbite elliptique sans s'inquiéter du mouvement propre des deux corps qu'il entraîne dans la rapidité de sa course. Ainsi donc, on peut dire que ce n’est point pré- cisément la Lune qui obéit à laterre, mais bien la terre et la Lune qui, s’attirant l’une l’autre, et joignant leurs efforts, marchent de concert vers un même but, soumises toutes deux à la force in- vincible du centre de gravité du système qui les unit et qui ne peut leur permettre ici aucune vo- lonté individuelle. Nous venons de dire que l'orbite décrite dans sa marche, par le centre de gravité, était ellipti- que, mais qu’elle est loin d’être uneellipse parfaite. Élle forme une courbe dont les ondulations s’élè- vent au nombre de treize dans une révolution en- tière , lesquelles ondulalions sont fort minimes et présentent toutes leur concavité vers le soleil. Comme le centre de gravité du système se trouve placé dans l'intérieur de la terre, 11 s'ensuit né- cessairement que les excursions de la terre de chaque côté de l’ellipse exacte sont de peu d’éten- due, puisque l’orbite mensuelle décrite par le centre de la terre se trouve comprise dans un es- pace moindre que la grandeur de la terre elle- même. Malgré leurs proportions minimes, l’in- fluence de ses déviations est assez forte pour faire croire à un déplacement apparent du soleil. Le lien qui unit ainsi la marche de la Lune à la marche de la terre est facile à concevoir. Il ne s’agit pour cela que de se rendre compte de la distance de la Lune à la terre. Or, cette distance n’étant que de 60 rayons, il s’ensuit que la Lune est obligée par son centre d'attraction de graviter vers la terre. Si elle était plus éloignée de la terre, il en résulierait alors qu'étant hors de la sphère d'attraction de la terre, et rentrant dans la loi commune de la gravilation universelle de tous les corps autour du soleil, elle redeviendrait indé- ‘pendante et se mettrait à tourner autour du soleil comme une autre planète. Seulement la terre ap- porterait nécessairement de graves perturbations périodiques dans son mouvement , lorsqu’elle viendrait à la dépasser dans sa marche autour du soleil, ou lorsqu'elle serait dépassée par elle. 11 ne faudrait pas cependant tirer de ce que nous ve- nons de dire la conséquence que la gravitation de “Ja Lune vers le soleil est nulle ou ne produit même pas d’effet sensible. Pour détruire une pareille opinion , il suflit de se rappeler ce que nous avons dit plus haut , que toutes les ondulations décrites par l'orbite lunaire avaient leur concavité tournée T. IV. vers le soleil. Geci prouve, en effet, que le s0: leil tend sans cesse à ramener vers lui ja Lune, à chaque effort qu’elle fait pour s’en écarter. La Lune, dans sa marche, met une grande ra- pidité à parcourir le ciel : il n’est aucun de nos lecteurs qui n’ait été surpris, en regardant le ciel par un beau clair de Lune, de la promptitude avec laquelle elle court à travers les cieux dans un sens contraire au mouvement général diurne des astres. Sa période sidérale, ou en d’autres termes, le temps qu’elle met à faire le tour du ciel, se compose de 27 jours 7 heures 45 minutes 11 se- condes, si l’on a égard aux points équinoxiaux; mais si on la considère par rapport au soleil, elle emploie alors 29 jours 12 heures 44 minutes 3 secondes. C’est là le mois lunaire ou la révolu tion synodique de la Lune. Les différentes posi- tions que , dans cette révolution , la Lune occupe par rapport au soleil et à la terre, nous la font voir sous différentes formes; c’est là ce qu’on appelle les phases de la Lune. Nous y reviendrons tout à l'heure. Le plan dans lequel la Lune fait sa révolution n’est point le même que le plan de l’écliptique. Il s'ensuit donc que l'orbite de la Lune doit couper l’écliptique en deux points : c’est ce qui arrive en effet : ces deux points de section se nomment les nœuds. L'un porte le nom de nœud ascendant ; c’est celui par lequel passe la Lune , lorsqu’elle monte au nord de l’écliptique ; l’autre , au contraire , qui est le nœud descendant , est celui opposé au précé- dent, et que rencontre la Lune en descendant au sud de l’écliptique. Il y a encore quelques autres termes qu’il est bon d'expliquer ici ; ainsi on dit que la Lune est à son apogée, lorsqu’elle est par- venue à son point le plus éloigné de la terre; et qu’elle est à son périgée , lorsquelle s’en est rap- prochée autant qu’il est en elle. La ligne qui joint ces deux points porte le nom de ligne des apsides. Enfin , lorsque la Lune occupe le point de son or- bite le plus rapproché du soleil , ou qu’elle est en- tre le soleil et la terre , on la dit en conjonction: et lorsqu'elle en occupe le point le plus éloigné , “on la dit en opposition. Maintenant que nous som mes fixés sur ces termes importans, nœud ascen dant , nœud descendant , apogée , périgée, ligne des apsides , Lune en conjonction , Lune en opposition, examinons les différentes phases de la Lune. La Lune étant un corps, opaque, comme toutes les planètes, ne peut être aperçue par nous qu’au- tant qu’elle nous présente la partie de ses héini- sphères qui recoit les rayons du soleil. Elle ne peut donc être visible pour la terre qu'autant qu’elle a dépassé le point À (voir la figure dans notre Atlas, pl. 312, fig. 2) , où elle se trouve en conjonction; car, en ce moment qu'on nomme Ja nouvelle Lune, la partic éclairée nous tourne le dos , si je puis m’exprimer ainsi. ( Dans la figure, le point S représente le soleil, et le point T la terre. } Maintenant, si nous supposons la Lune transpor- tée au point E, opposé à celui dont nous venons de parler , si nous la supposons enfin en opposi- tion, elle devra nécessairement recevoir sur l'hé- 305° Livraison. 65 EUNE misphère; qui sera tourné vers nous les rayons. dn soleil, puisque ce sera aussi ce même hémisphère qui regardera le soleil. C’est là,le moment de la pleine Lune. La véanion des points où la Lune est nouvelle et pleine, se nomme les syzygies. i En transportant la Lune à son point d'opposi- tion; nous lui avons fait fairé, la moitié de sa ré- volution entière: supposons-la arrivée au point CG; et voyons ce qui en adviendra. Dans cette position, elle.ne nous.montrera que la moitié de son disque éclairé par les rayons du soleil; le même effet se réproduira au point G ;;où la Lune aura parcouru les trois quarts de sa car- rière : ces deux derniers points, qui sont distans d'un quart de.cercle des syzygies, et qui forment le premier et le second quartier de; la Lune, se nomment quadratures. Passons maintenant à l’examen des points in- termédiaires. Après avoir passé’ au point. À, où elle est en conjonction, la Lune reste troïs jours dans une profonde obscurité; ce n’est qu’après ce temps qu’elle nous laisse voir un léger filet éclairé et tourné;par conséquent, vers le soleil : ce filet va toujours en s’élargissant de plus en plus jusqu’au septième jour, où la Lune esl en quadrature , et où elle offre à nos regards son premierquartier , c’est- à-dire la moitié de son disque éclairé. Cette partie augmenté toujours de plus en plus; au dixième jour, les trois quarts de la Lune brillent pour nous ; et au quatorzième jour, elle se trouve dans son plus grand éclat : elle est en opposition, et par consé- quent c’est à ce moment que nous Jouissons de la pleine Lune ; ici s'arrête La période croissante, A partir de ce moment, la partie éclairée décroît sans cesse; ainsi, au dix-huitième jour, elle ne nous offre que les.trois quarts de son disque éclai- rés; au vingt-unième jour, élle arrive au point qui forme le second quartier; enfin, au 24° jour ce n’est plus qu’un léger filet argenté qui disparaît bientôt entièrement. Ges différens points se nom- ment les octans. Cette période porte le nom de pe- riode de déclin. Telles sont les phases de la Lune. Nos lecteurs ont dû remarquer que les mêmes effets se repro- duisaient, mais en sens inverse , dans l’espace parcouru par le satellite de la terre pour deveair pleine Lune ou pour repasser à, l'état de nouvelle Lune. On doit se rappelerque, lorsque nous avons dé- fini les syzygies ; nous avons dit que, pour que la Lune füt en conjonction, il fallait qu’elle se trou- vât placée entre le soleil.et la terre, et que, pour qu’elle fût.en opposition , la terre devait être en- tre le soleil et là Lune. Or, sila Lune, se trouve entre le soleil et la terre, il doit y avoir pour nous éclipse de soleil :: et si la terre se trouve entre la Lune ct le soleil, nous devons avoir une éclipse de Lune. De plus, comme la Lune occupe succes- ‘sivement tous les quinze jours les points de syzy- gies ,,nous devons avoir alternativement, tous les quinze jours ; une éclipse de soleil et une de Lune. Or, les choses ne se passent pas ainsi; pourquoi donc? Pour nous rendre compte de cette espèce 14 LOUNE d'irrégularité., souvenons-nous.qne l'orbite. dela Lune n’est pas dans le planyde l’écliptique, ouau- trement, que le plan dans lequel Ja Lune. fait sa révolution autour, de la terre, n’est pas le même que.le plan dans lequel la terre fait sa révolution autour du soleil. Il-suit delà, que la Lune en:con: jonction ou en opposition ne se.trouve pas néces- sairement et toujours sur la ligne d'intersection des deux plans des orbites ; mais.que souvent elle se trouve un peu au dessus ,,,un. peu au dessous, suivant les circonstances : dans ce cas, les rayons du soleil. ne l'en frappent pas.moins de la même manière, car cet astre est à une telle distance de la Lune que ses rayons peuvent être regardés comme parallèles. L'éclipse donc ne peut avoir lieu qu’autant que la Lune se .trouve, au mo- ment de sa conjonction ou..de.son opposition; aux points que nous avons désignés sous le nom de nœuds, Toutefois il ne sera pas toujours nécessaire, pour. qu'il y ait.éclipse, que le centre. de la Lune corresponde exactement avec l’un des nœuds : celte correspondance exacte: ne sera nécessaire que pour les éclipses annulaires de soleil et pour lès éclipses totales de Lune; mais: il pourra y avoir une grande quantité d’éclipses partiel- les qui auront. lieu toutes les, fois que la Lune approchera plus ou moins, des nœuds, vers les syzygies. Getle conséquence sera facilement com- prise par nos, lecteurs , que nous. renvoyons , d’ailleurs, pour plus amples, informations: sur ce sujet, à l’article Ecxips£ inséré dans ce Diclion- paire. Ces nœuds n’occupent pas toujours Ja même position sur l’écliptique : ils tendent tou- jours à rétrograder ; et c’est [à ce qu’on appelle Je mouvement des nœuds. e Outre,son mouvement de translation autour de la terre, la Lune a un. mouvement de rotation sur elle-même. La période, dans laquelle s’accomplit cette rotation est exactement égale à celle de sa ré- volution sidérale. Cette rotation s'exécute dans un plan incliné sur lécliptique de 1° 30/11"; on voit donc que ce plan. se confond presque avec le plan de l'orbite lunaire. C’est là ce qui fait que nous ne voyons jamais que le même hémisphère. Cependant, comme le mouvement de son orbite n’est pasuniforme , et que l’axe autour dnquel. elle tourne n’est pas précisément perpendiculaire :à cette orbite, ilen résulte qu’au moyen de ces phé- nomènes qu'on appelle librations de longitude et de latitude, nous sommes à même de voir quel- ques degrés de plus sur les bords. de la Lune ,. et ses pôles alternativement l’un après l’autre. Pour se faire une idée de ces librations, on peut les comparer , avec quelque vérité, aux hochemens de la tête usités pour aflirmer ou pour nier. On concoit facilement qu’un corps comme la Lune, placé seulement à la distance de 60 rayons terrestres, doit avoir nécessairement une puis- sance d'attraction assez forte pour faire sentir son influence sur notre globe.L'influence la moins contestable, ou plutôt qui ne peut être contestée, est celle qu'elle exerce sur les marées, Le flux et LUNE le reflux de la mer produits par l'attraction de ‘la Lune s'élèvent deux fois par jour;'ils se rénouvel- ient donc à chaque demi-jour lunaire. Le flux et lerreflux causés par l'attraction du soleil se repro- duisent aussi à chaque demi-jour solaire. Lorsque ces deux attractions agissent dans le même sens, elles se combinent: et forment alors les grandes marées observées dans nos ports , puisque ces ma- rées se trouvent être le produit des deux marées partielles. Nos lecteurs comprendront facilement qu'elles doivent avoir lieu vers les syzygies , puis- qu'alors les centres du soleil, de la Lune et de la terreise trouvent sur la mêmeé ligne droite, ou'à peu près. Au contraire, lorsque ces deux attractions se con- trarient , la marée composée se trouve être à son minimum, effet qui ne se produit que vers les qua- dratures. La marée varie donc suivant les phases de la Lune , et il est à remarquer que ce n’est pas au moment des syzygies et des quadratures que cetle influence se fait le plus vivement sentir, mais bien un jour et demi après chaque phase. Les anciens astronomes avaient observé qu'après dix-neuf années révolues , ou pour parler plus exactement après 239 révolutions synodiques de la Lune , le soleil ; lâterre et la Lunese trouvaient à peu de chose près dans les mêmes positions, par rapport aux phases lunaires. Celte période était connue sous le nom de nombre d’or ou de cycle de Méton. Elle était fort utile en ce sens qu’elle permettait aux astronomes de prédire les différen- tes phases avec assez d’exactitude, Il ne s'agissait, pour cela que de transporter à la 236° révolu- tion synodique les phénomènes observés à la pre- mière, Or ; comme les marées sont le résultat des pha- ses lunaires, ou plutôt des positions respectives de l° Lune , du soleiliet de la terre , on pensa que l’on pouvait leur appliquer, pour les prédire , la si- militude observée dans le nombre d’or. On dit “donc : si, après 235 révolutions synodiques, les phases de la Lune se représentent dans les mêmes conditions par rapport au soleil et à la terre, les marées qui sont produites par des phases identi- -quement les mêmes , devront êtré à leur tour iden-, iquement semblables. Au premier abord , ce rai- sonnement paraît assez juste ; mais, pour peu qu’on veuille examiner sérieusement les faits, on verra que les marées ne dépendent pas seulement des positions angulaires respectives du soleil, de la terre et de Ja Lune, qui sont les seules sembla- bles dans le cycle de Méton , mais bien aussi de la distance recliligne de la‘ Lune à la terre. Or nous avons vu que les nœuds n’occupaient pas toujours Jlamême position sur l’écliptique, et que, par leur. mouvement rétrograde , ils parcouraïent successi- vement tous les signes du zodiaque. Ge mouve- ment; ilest vrai, s'opère aussi pendant une cer-! taine période, après) laquelle les nœuds viennent oceupef les mêmes points de l’écliptique par les- quels ils ont déjà passé ; mais cette période n’est -Plus de dix-neuf années , comme célle du nembre “d’or, mais bien de huit ans et dix mois, Il ne peut 535 BUNE | donc plus y avoir aucun rapport , aucune ressem= blance entre les marées qui correspondent à/la 17° révolution et les marées de la 256". Voyons maintenant quelles’ sont les autres in- fluences qu’on attribue au satellite de la terre, et examinons jusqu’à quel point elles sont admissi- bles. La Lune a-t-elle quélque influence sur la pluie? Est-ce à ses phases que nous devons nos jours de pluie, et dans quelle proportion celte ‘influence s’exerce-t- elle ? Des expériences fort curieuses ont été faites en Allemagne à ce sujet par M. Schübler , professeur de l’université de Tubingen. Elles sont le fruit de 28 années d'observations météorologiques faites sur trois points de l'Allemagne, savoir : à Mu- nich, de 1781 à 1788; à Slultgard, de 1809 à 1812 ; et à Augsbourg, de 1819 à 1828. Je né rapporlerai pas ici le tableau de ces ob- servalions ; jé n’en ferai connaître que les résul- tats les plus importans. + D’après ces observations, le maximum des jours pluvieux a lieu entre le premier quartier et la pleine Lune, c’est-à-dire entre le 7° et le 14° jours, et le minimum entre le deuxième quartier et la nouvelle lune, c’est-à-dire entre le 22° et le 28% jour de la Lune. Ce maximum et ce mi- nimum sont entre eux comme 6 : 5. Il paraît donc avéré, d’après cela, qu’il pleut davantage pendant la croissance de la Lune , que pendant la période du déclin. Voilà un premier résultat : voyons maintenant ce qui se passe pendant les différentes phases de la Lune. M. Schübler a observé que, depuis la nouvelle Lune jusqu’au 2% octan , il y avait un accroïsse- ment assez régulier dans le nombre des jours plu- vieux ; qu'après cette époque, il survenait un dé- croissement graduel , et qu’enfin le minimum était placé entre le dernier quartier et le 4"° octan. M. Schübler a été plus loin ; par déduction , et en prenant pour base les résultats de ces 28 an- nées d'observations produisant 348 révolutions sy- nodiques pendant lesquelles'il y avait eu 4299 jours pluvieux , ila établi un tableau du nombre de fois qu’il pleut au sud-ouest de l'Allemagne, dans les différentes phases de là Lune, sur un nombre total de 10,000 jours pluvieux. Nous donnons ce ta- bleau. Le jour de la nouvelle Lune. . . 306 Le jour du premier.octan . . .. 306 Le jour du premier quartier , . 825 Le jour du deuxième octan. , . 341 maxim. Le jour de la pleine Lune. . . . 337 Le jour du troisième octan .. . 318 Le jour du dernier quartier. . 284, minim. Le jour du quatrième octan. . . 290 Ces résultats étaient assez importans pour êkre consignés, et, quoiqu'il y ait quelque chose de prà- blématique ; puisqu'on a pris pour base du calcül 10,000 Jours pluÿieux, tandis qu'en réalité on n’en avait observé que 4299, cependant ces ob- der Ÿ ” LUNE 516 LUNE servalions paraissent assez exactes pour qu'on y | opinion parmi les préjugés populaires qui ne mé ait cru quelquefois. : Nous n’en dirons pas autant des différens tra- vaux qui traitent de l'influence de la Lune sur les changemens de temps : en effet, ce mot de chan- gemens de temps est trop vague pour servir de base à un travail sérieux : tel météorologiste re- gardera Comme changement de temps tout pas- gage du calme au vent , d’un vent fäible à un vent fort, d’un ciel serein à un ciel nuageux, etc. Tel autre au contraire voudra des variations beaucoup plus tranchées. On ne peut donc ajouter foi à de pareilles observations , et nous ne reproduirons pas ici les résultats des travaux de Toaldo de Pa- doue et de Pilgram de Vienne. Ils nous paraissent beaucoup trop problématiques pour en entretenir aos lecteurs. C’est au moyen dunombre d’or, dont nous avons déjà parlé, qu’on a prétendu pouvoir prédire les changemens de temps : c’est de ce moyen que se servent les héritiers de Mathieu Laensberg, dans cet almanach dont toutes les paroles sont accep- tées comme actes de foi dans les campagnes. Nous espérons que nos lecteurs auront peu de croyance en-une méthode qui transporte au mois de janvier de la seconde période les phénomènes correspon- dans au mois de mars de la première période. On conçoit qu’une pareille idée n’est point admissible. En dehors des influences accordées à la Lune sur notre atmosphère, on lui fait encore jouer un au- tre rôle, celui de pronostiquer le temps. Ainsi Aratus, il y a plus de 2000 ans, disait dans ses Phénomènes : « Si le troisième jour de la Lune, les cornes du croissant sont bien.effilées, le ciel sera serein pendant le mois qui com- mence. » Varron, de son côté, s’exprimait ainsi : « Si la corne supérieure du croissant de la Lune paraît noirâtre le soir, au coucher de l’astre, on aura de la pluie au déclin ; si c’est la corne inférieure, il pleuvra avant la pleine Lunemême.» Enfin Théon : « Si la Lune, lorsqu'elle est âgée de quatre jours, ne projette pas d'ombre, atten- dez-vous à du mauvais temps. » Notez bien que c’est Virgile, le grand poète, Germanicus César , le vainqueur d’Arminius , Pline , le grand naturaliste de Rome, et Cicéron, le grand philosophe , qui recommandent vivement tous ces pronostics aux agriculteurs. Nos lecteurs comprendront sans peine qu’il est inutile de réfuter de pareils dictons, qui ne s’ap- puient et même ne peuvent s'appuyer sur aucun rasonnement et:sur aucune observation directe, Enfin nous terminerons cet article en entrete - nant nos lecteurs de la Lune qui inspire tant de craintes à nos jardiniers, et qu'ils ont surnommée Îa Lune rousse. Pour cela nous ne croyons pouvoir mieux faire que de transcrire ici les paroles de l’as- tronome le plus célèbre de France, de M. Arago. «On croit généralement, surtout près de Paris, que la Lune, dans certains mois, a une grande-in- fluence sur les phénomènes de la végétation. Les savans ne se sont-ils pas trop hâtés de ranger œætte ritent aucun examen ? » Les jardiniers donnent lenom de Lune rousse à une Lune qui commence en avril, devient pleine, soit à la fin de ce mois, soit plus ordinairement dans le courant de mai. Suivant eux, la lumière de la Lune, dans les mois d’avril et de mai, exerce une fâcheuse action sur les jeunes pousses des plantes. Ils assurent avoir observé que la nuit, quand le ciel est serein, les feuilles, les bourgeons, exposés à cette lumière, roussissent, c’est-à-dire se gêlent, quoique le thermomètre, dans l’atmo- sphère, se maintienne à plusieurs degrés au dessus de zéro. Ils ajoutent encore que, si un ciel couvert arrête les rayons de l’astre,et les empêche d'arriver jusqu'aux plantes, les mêmes effets n’ont plus lieu sous des circonstances de température d’ailleurs parfaitement pareilles. Ges phénomènes semblent indiquer que la lumière de notre satellite est douée d'une certaine vertu frigorifique : cependant , en dirigeant les plus larges lentilles , les plus grands réflecteurs vers la Lune , et plaçant ensuite au foyer des thermomètres très-délicats, on n’a ja- mais rien aperçu qui puisse justifier une aussi sin- gulière conclusion. Aussi , dans l’esprit des phy- siciens , la Lune rousse se trouve maintenant re- léguée parmi les préjugés populaires , tandis que les agriculteurs restent encore convaincus del’exac- titude de leurs observations. Une belle découverte, faite par M. Wells, il y a quelques années, me permettra ; je crois, de concilier ces deux opi- nions en apparence contradictoires. f » Personne, avant M. Wells, n’avait imaginé que les corps terrestres, sanfle cas d’une évaporation prompte, pussent acquérir la nuit une tempéra- ture différente de celle. de l'atmosphère dont ils sont entourés. Ge fait important est aujourd'hui bien constaté, Si l’on place en plein air de peti- tes masses de coton, d’édredon, etc. , etc. ,on trouve souvent que leur température est de 6, de 7 et-même de 8 degrés centigrades au dessous de l'atmosphère de la température ambiante. Les vé- gétaux sont dans le même cas. Il ne faut donc pas juger du froid qu’une plante a éprouvé la nuit, par les seules indications d’un thermomètre sus- pendu dans l’atmosphère : la plante peut être for- tement gelée, quoique l'air se soit constamment maintenu à plusieurs degrés au dessus du zéro. » Ces différences de température entre les corps solides et l'atmosphère ne s'élèvent à 6, 7 ou 8 degrés du thermomètre centésimal, que par un temps parfaitement serein. Si le ciel est couvert , la différence disparaît, tout-à-fait ou devient in- sensible. » Est-il maintenant nécessaire que je fasse ressor- tir la liaison de ces phénomènes avec les opinions des agriculteurs sur la Lune rousse ? » Dans les nuits des mois d’avrilet de mai, la température n’est souvent que de 4, 5 ou 6 de- grés centigrades au dessus de zéro. Quand cela arrive, lés plantes exposées à la lumière de la Lune, c’est-à-dire à un ciel serein, peuvent se geler, nonob- stant l’indication du thermomètre. Si la Lune, au D LUPÉ 517 LUPÉ contraire, ne brille pas, si le ciel est couvert, la tem- pérature des plantes n’élant pas au dessous de celle de l'atmosphère , il n’y aura pas de gelée, à moins que le thermomètre n’ait marqué zéro. Il est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent , qu’avec des circonstances thermométriques toutes pareil- les , une plante pourra être gelée ou nel’être pas, suivant que la Lune sera visible ou cachée derrière des nuages; s'ils se trompent, c’est seulement dans la conclusion : c’est en attribuant l'effet à la lumière de l’astre. La lumière lunaire n’est ici que l'indice d’une atmosphère sereine : c’est par suite de la pureté du ciel que la congélation nocturne des plantes s'opère : la Lune n’y contribue aucu- nement ; qu’elle soit couchée ou sur l'horizon, le phénomène a également lieu. L'observation des jardiniers était incomplète : c’est à tort qu’on la supposait fausse. » ï Telles sont les paroles de M. Arago : elles mon- treront à nos lecteurs que le rayonnement est la puissance qui, pendant la Lune d’avril, produit la gelée des premiers bourgeons. C’est la même cause qui produit le phénomène de la Rosée (voy. ce mot).; Nous nous arrêterons ici ; nous nous sommes suf- fisamment étendu sur cette matière, pour croire que ceux qui nous auront lu comprendront main- tenant ce que c’est que la Lune, et quelles sont les influences qu’elle peut exercer sur notre pla- nète, (G. J.) LUNULINE, ZLunulina. ( zooPn. 1xr. ) Genre qui tient le milieu entre les Arthrodiées et les Mi- croscopiques gymnodés , famille des Bacillariées , et dans lequel sont comprises cinq espèces bien constatées : 1° la Lunulina diaphana de Bory de Saint-Vincent, que l’on trouve sur le Conferva glomerata de Linné, sous forme de paquets jau- nâtres; 2° la Lunulina olivacea, qui vit dans les marais ; 5° la Lunulina Mougeotit, qui croît dans les eaux des Vosges; 4° la Lunulina vulgaris, qui habite les lacs de la vallée de Montmorency, parmi les Ectospermes : cette espèce a une couleur verte, une tache oblongue centrale ; elle est diaphane et remplie de molécules hyalines ; 5° la Lunulina mo- nilifera, qui est plus grande que la vulgaire, d’une couleur verte, etc., et que l’on trouve parmi les Conferves. (F. F.) LUNULITE, Lunulites. ( zoopn. rozxr. ) Les caractères du genre Lunulite, ordre des Millépo- res, division des Polypiers, sont les suivans : po- lypier pierreux , libre, orbiculaire , aplati, con- vexe d’un côté, concave de l’autre ; surface con- vexe , poreuse et striée; surface concave offrant des sillons divergens. Les Lunulites ravonnée et urcéolée, que l’on trouve à l’état fossile dans les terrains tertiaires des environs de Paris, sont les deux espèces connues de ce genre qui a été établi par Lamarck. (F.F.) LUPÉE, Lupa. ( crusr. ) C’est à l'ordre des Décapodes , à la famille des Brachyures et à la tribu des Nageurs, Pinnitarst, qu’appartient ce genre, établi par Leach aux dépens du genre Portunus de Fabricius, M. Edwards, dans son Histoire naturelle des Grustacés, place ce genre dans sa tribu des Portuniens. La plupart des espè- ces qui composent ce genre sont remarquables par l’aplatissement et [a grande étendue transver- sale de leur carapace. Généralement le diamètre transversal de ce bouclier dorsal a plus du double de sa longueur. Le front est presque toujours étroit et moins saillant que le: bord inférieur de l'angle externe de l'orbite. Les bords latéro-anté- rieurs de la carapace sont, au contraire , très- longs, et forment enïfgénéral, avec le bord anté- rieur , un segment de cercle très-régulier et très- ouvert ; chacun d’eux est armé de neuf dents plus ou moins saillantes et spiniformes : ce caractère suffit pour distinguer les Lupées de tous les Por- tuniens. La dernière de ces épines est en général beaucoup plus grande que toutes les autres et se porte directement en dehors; cependant il arrive quelquefois qu’elle ne diffère pas de celle qui la pré- cède. Les orbites sont ovalaires et dirigées oblique- ment en avant ct en haut. Les fossettes qui logent les antennes internes sont peu profondes et à peine re- couvertes par le front ; la lame verticale qui les sé- pare entre elles est armée d’une pointe spiniforme qui se prolonge souvent au devant du bord antérieur de la carapace ; en dehors, ces cavités sont entière- ment séparées des orbites , et la tige des antennes qui s’y insèrent est assez courte pour s’y reployer en entier. L'article basilaire des antennes externes se soude au bord inférieur et externe du front; il a peu de largeur et donne insertion par l’extrémité de son bord interne à la tige mobile formée par les articles suivans , de facon que cette tige, dont la longueur est considérable, paraît naître du canthus interne de l’œil, et que rien ne s’oppose à ce qu’elle se reploie en dehors pour se cacher dans la cavité orbitaire. L’épistome est extrême- ment étroit, et le cadre buccal est à peu près carré, mais en général plus large en avant qu’en ‘arrière. Le troisième article des pattes-mâchoires externes est assez fortement tronqué en avant et en dedans. Le plastron sternal est presque tou- jours bombé longitudinalement , très-large, et à peine resserré postérieurement; sa suture médiane en occupe les trois derniers segmens. Les pattes de la première paire sont très-grandes ; les doigts sont allongés et presque pas courbés en dedanss Les pattes des trois paires suivantes sont beaucoup moins longues et ont toutes à peu près la même grandeur ; tantôt l’article qui les termine est grêle, arrondi, styliforme , et en général cannelé; d’autres fois il est aplati, lamelleux et natatoire ; dans le premier cas, ces pattes paraissent desti- nées spécialement à la marche, tandis que dans Ik second leur disposition est plus favorable à la nat tation. Les patles de la cinquième sont très-fortes et constituent , par l'élargissement de leurs deux derniers articles , des rames puissantes. Ces crustacés sont essentiellement pélagiens et se rencontrent souvent en pleine mer : plusieurs voyageurs en ont vu au milieu de l'Océan , n'ayant pour lieu de repos que des fucus flottans. La faci- lité avec laquelle ils nagent est extrême ; ct, d'a- à + | LUPÉ près les observations de Bosc, il paraîtrait même qu’ils ont la faculté de se soutenir à la surface de T'eau dans un état stationnaire, et sans exécuter aucun mouvement apparent. Par l’organisation et les habitudes que ces crus- tacés présentent, M. Edwards les a divisés en trois groupes. A. Espèces ayant le corps très-épais et bombé en dessus ; les pattes de la première paire grosses et peu allongées ; la main notablement moins longue que la carapace. Elles constituent le premier sous-genre , ou les Lur£rs conNvexes. Æ Ce sous-genre ne renferme qu’une seule espèce, c'est la Lupf£e DE TranouErar, Lupa trangueba- rica, Fab.; Cancer olivaceus, Herbst, tab. 38, pag. 8. Chez ceite espèce , la carapace est unie en dessus et assez régulièrement bombée; son dia- mètre antéro-postérieur égale les deux tiers de son diamètre transversal. Le front'est saïllant et armé de six dents triapgulaires , larges et courtes; les bords latéro-antérieurs sont beaucoup moins droits que chez les autres espèces et se prolongent plus loin en arrière. Les neuf dents dont chacun d’eux est garni sont spiniformes, aiguës, dirigées un peu en avant et semblables entre elles. Les pattes de Ja première paire ne sont pas très-longues , mais elles sont très-grosses ; on comple trois épines sur le bord interne du bras , deux sur son bord externe, trois sur le carpe , et trois sur la main , qui est renflée et un peu courbée en dedans. Les pattes des trois paires suivantes sont aplalies ; mais leur dernier article est épais et plutôt styliforme que lancéolé, Cette espèce se trouve dans les mers d'Asie, B. Espèces ayant le corps très-comprimé ; les pattes de la première paire très-allongées ; les mains presque toujours plus longues que la ca- rapace. + Parses des pattes des deuxième, troisième et quatrième paires aplatis, lamelleux , et de forme ;. lancéolée. Elles composent le deuxième sous- genre, ou les Lup£es NAGEUSES. Parmi les espèces remarquables que renferme ce sous-genre , nous citerons la LUPÉE PÉLAGIENNE , Lupa pelagica , Linn., Savign., Descript. de l'É- gypt., Grust., pl. 3, fig. 1, et reproduite dans notre Atlas, pl. 312, fig. 3. La carapace est un peu plus de deux fois aussi large que longue, lé- gèrement convexe , toute couverte de petites gra- nulations, et représentant dans sa portion anté- rieure un segment de cercle très-régulier. Le front est armé de six petites dents etest dépassé de beau- coup par l’épine inter-antennaire. Les dents des bords latéro-antérieurs sont triangulaires , cour- tes et pointues, excepté la dernière, qui est deux fois aussi grandeque les précédentes , large à sa base ct dirigée directement en dehors. Les pattes anttrieures sont très-grandes et. présentent trois fortes épines sur le bord antérieur da bras ;‘deux sur le’ carpe ; et trois sur la main , qui estpresque prismatique , garnie de plusieurs crêtes longitudi- nales ; et plus'd’une fois et demie aussi longue que la carapace. Les pattes des trois paires suivantes 518 LUPI ; sont très-longues , aplaties , ciliées en dessus étun peusillonnées. Le:troisième article des pattespos- térieures’est presque globuleux. Sa couleur est jaunâtre variée de vert. Elle se trouve dans la mer Rouge et dans l'océan Indien, ++ Tarses des pattes des deuxième , troisième et quatrième paires, étroits et styliformes. Elles for- ment le troisième sous-genre, ou les Lupées MARCHEUSES. C’est à ce sons-genre , qui ne se compose que de quelques espèces, qu’appartient la Lur£e La: DIATEUR, Lupa gladiator, Fabr.; Cancer menes- tho, Herbst. Le bord supérieur de l'orbite est armé d’une dent pointue placée entre deux fis- sures ; la carapace est'un peu bombée et pubes- centé , mais très-peu granuleuse, Le front est très: relevé, armé ‘de six petites dents triangulaires ; pointues , étroites , dirigées en avant.'Les orbites sont presque circulaires et dirigées en haut. La dernière épine latérale est très-longue , mais étroite. Les pattes antérieures sont médiocres; on aperçoit quatre ou cinq épines sur le bord anté- rieur du bras , deux en dehors , deux sur le carpe; et deux sur la main, laquelle est garnie. de plu- sieurs lignes longitudinales élevées. Gette-espèce est d’une couleur rougeâtre ; elle se trouve-dans l'océan Indien. (H. L.) LUPERE , Luperus. (ins. ) Genre de Coléo- ptères, de la section des Tétramères , famille des Cycliques, tribu des Galernéites, distingué parles caractères suivans : antennes insérées entre les yeux, très-rapprochées, aussi longues au moins que le corps ; à articles allongés , presque cylin= driques. Les Lupères sont de petits insectes ayant la têle verticale , plate, de même largeur que !le corselet ; le corselet court; les élytres longues et molles. [ls vivent sur les feuilles des arbres. L. rLavirbpe ,-L. flavipes , Oliv. Long de deux. lignes; mâle entièrement noir brillant , avec les pattes fauves , excepté la base du fémur, qui est , noire ; la femelle en diffère par la base des anten- nes et le corselet fauves ; la larve est blanchâtre ; courte, avec la tête brune; elle se nourrit de feuilles :d'orme et de quelques ‘autres ‘arbres; Très-commun aux environs de Paris. (A.P:) LUPIN , Lupinus, L. ( BoT. PHAN. et GR. ) Quoique le nom latin de ce genre de plantes di- cotylédonées, dela famille des Lésumineuses et de la Diadelphie décandrie , annonce qu’elles dé- vorent la terre où elles sont cultivées , comme le Loup , Lapus , dévore les animaux qu'il rencontre, et que le nom de @ps:, plante chaude, qu’il por- tait chez les vieux Grecs, ait à peu près la même valeur, le Lupin est, de toutes les semences, la plus utile à la terre, celle dont la culture consomme le moins de journées et exige le moins de mise de- hors. En effet, enterré avec la charrue au moment de la floraison , le Lupin fournit un excellent en- grais pour les vignes maigres et pour les terres la- bourables ; de quelque manière qu’onile traite , il réussit toujours, Vingt-quatre espèces de Lupins nous sont con- nues aujourd’hui ; quelques unes sont indigènes à oo LUPI. 519; LUPI l’Europe ; plusieurs ÿ:sont parfaitement acclima- tées ; les autres peuvent être aisément conquises. Il y en a d'annuelles , ce sont celles de l’Europe ; les: autres sont vivaces et même frutescentes. Toutes ont les racines fibreuses , rameuses et sous- ligneuses ; elles pénètrent profondément le’sol , et, loin de l’effriter , comme on le lit dans presque toutes les, compilations agronomiques, l’humus que fournissent ses feuilles rétablit le lien d’adhé- sion des molécules terreuses sur les sols épuisés etrendus stériles par des labours inconsidérément trop profonds ou par les plantes chevelues. Les tiges qui s'élèvent du collet principal sont droites, cylindriques, un peu velues., inédiocrement ra- meuses; elles montent de trente-deux à soixante et soixante-dix centimètres; les feuilles qui les garnissent, alternes, d’un tissu lâche et spongieux jusqu'au moment de la maturité, sont simples dans quatre espèces seulement ; chez les autres , elles sont digitées et se rangent circulairement au sommet d’un long pétiole, cinq ou sept folioles oblongues ensemble , teintes d’un vert peu foncé et: couvertes de poils soyeux. Leurs fleurs sont grandes, blanches, bleues, roses ou jaunes , dis- posées en épis terminaux autour d’un axe com- mun ; elles s’'épanouissent en mai; il leur succède en août une gousse comprimée , allongée, renfer- imant. des semences dures, orbiculaires, médio- crement grosses, un peu aplaties, blanchâtres extérieurement, jaunâtres à l'intérieur ; elles mû- rissent en automne et manifestent sous la dent une saveur fortement amère quand on ne les dé- pouille point de l'épiderme qui les recouvre. Lesrespèces indigènes ont été augmentées , il y atout à l’heure deux siècles, par une belle espèce vivace , le Lupinus perennis, originaire de la Vir- ginie, de la Caroline, et même du Canada. Sa racine, très-grosse, longue et traçante, subsiste plusieurs années ; ses tiges herbacées , légèrement xelues , portent des feuilles digitées à sept et dix folioles oblongues, et de longs épis Tâches de fleurs d’abord roses, puis. bleu-lilas, médiocre- ment grandes. Ge Lupin aime à se trouver dans un: sol sec et léger; on le multiplie de graines, qu’il faut avoir soin de semer.en place. La bractée linéaire, pointue, très-étroite, qui accompagne chacune de ses quinze à trente fleurs durant l’in- florescence, tombe peu de temps après le déve- loppement total de la corolle en mai, juin etjuil- Jet..Je regarde comme une simple variété de cette espèce le Lupin des îles Aleutiennes, dont, au rapport du voyageur Sauver, on mange les racines à Ounalaschka. , S'il faut en croire Miller, le LuriN Lance, L. al- bus, nous serait venu du Levant. Cependant il .passe pour être indigène dans quelques uns de nos départemens du midi, et on le cultive dans plusieurs autres, non seulement comme plante alimentaire pour l’homme et les bestiaux, mais encore comme engrais et comme plante d’orne- ment. Je l'ai vu spontané dans l'Italie, dans l'E- pire ; on le trouve également en Espagne. Ce qu'il -y à de certain , c’est qu’on l’a cultivé très-ancien- nementenEgypte, oùon lui donnaitlenom de Lupin, termis. Du collet de sa racine fibreuse et ligneuse sort une tige qui monie très-rapidement à un mètre environ, se divise en un grand nombre de petits rameaux velus , se couvrant de feuilles compcsées de cinq à. sept folioles épaisses, d’un vert foncé en dessous , couvertes en dessus et sur les bords de longs poils soyeux , couchés, lésèrement ar= gentés, qu'on retrouve sur les stipules et: sur les calices. Ces feuilles tapissent si exactement le ter- rain, qu'elles privent d'air et de lumière les plan- tes étrangères à l’ässolement qui croissent autour d’elles , et les font périr. De même que ses congénères, admis en nos cultures, le Lupin blanc paraît soutirer de l’at- mosphère tout l’engrais qui le fait végéter ; cette propriété explique comment il prospère sur les sols maigres , arides, sur les sables et les graviers , lui qui demande de préférence un terrain humide et meuble tout à la fois. Il redoute ceux qui sont compactes, aquatiques , limoneux, crayeux el alumineux. Quoique le Lupin ne résiste pas toujours aux froids, surtout quand ils sont rigoureux, et qu'il périsse lorsque des gelées trop fortes succèdent à des pluies de quelque durée, il n’est point de plante qui , par sa constitution , soit plus propre à alterner les productions de la terre; il doit en- trer dans les assolemens d’une ferme bien mon- tée. Le Lupin parcourt très-vite le cercle de son existence; il fleurit jasqu’à trois fois, et laisse après la récolte le temps nécessaire pour préparer aux semailles d'automne la terre qu'il occupait. Il n'exige , à proprement parler, aucune culture: il lui suflit que le champ ait été labouré une fois. On le sème en février et mars, à raison de dix à douze décalitres pour un hectare; on le couvre à la her:e , et on l’abandonne jusqu’à la moisson, qui attend , sans aucun risque , la commodité du cultivateur, Ses semences tiennent assez dans leurs cosses pour ne pas craindre qu’elles puissent être répandues par les pluies , les vents, les Au- tres météores ordinaires. Gilbert, à qui l’agricul- ture pratique doit un excellent Traité des prairies artificielles , dit, à ce sujet, avoir vu dans nos dé- partemens du nord-ouest, surtout aux Niches de Pompart , département d’Ille-et-Vilaine , des champs de Lupins dont les pluies continuelles avaient retardé la récolte de plus d'un mois; les cosses étaient encoreentières dans les premiers jours de novembre, quoiqu’elles eussent été jetées sur le sol en juillet. Partout où les terrains légers et secs sont mal- heureusement trop communs, comme dans le midi de la France, et plus particulièrement dans plusieurs des départemens des Hautes-Alpes, de Ja Drôme, de l'Isère, du Rhône , de la Loire et de l'Ain , où le Lupin est regardé comme très-propre à fertiliser économiquement de semblables sols , on le sème avec beaucoup de succès, en juin et juillet, sur les chaumes , immédiatement après la récolte, On enterré sa semence par un labour lé- ger, et on l'enfouit en fleurs aux approches de 2 RE Yhiver. C’est ainsi qu'en agissent EL RE vignerons des rians coteaux de Damazan, département de Lot-et-Garonne , pour leurs vignes élevées en lar- ges rideaux. Dans la province napolitaine que l’on nomme Zerre de Labour , et aux environs de Pa- vie , on cultive le Lupin dans les prairies artifi- cielles comme plante fourragère. Au nord de À France, les semis se font nd au printemps , raison du froid ou de l'humidité des hivers; ce qui est cause que le Lupin n’y remplit point toutes les données qu'il offre au midi. Dans le départe- ment des Pyrénées-Orientales > on sème le Lupin mêlé de trèfle : ce mélange n’a aucun inconvé- nient si l’on a soin de semer clair. Les bêtes à cornes trouvent cette nourriture très-succulente ; elle les engraisse et les fortifie mieux que tout autre fourrage. Le menu bétail, au contraire, la dédai- gne, quoique naturellement avide des jeunes tiges du Lupin. En Espagne , en Portugal, et plus par- üUculièrement en Toscane, on cultive beaucoup cette légumineuse pour l’enterrer lorsqu'elle est arrivée à quarante centimètres de haut, et semer du Blé par dessus. Les cultivateurs de divers can- tons du Frioul font subir un léger bouillon aux graines de Lupin. et les répandent ensuite avec T’eau sur le champ qu'ils destinent au Maïz. Comme on le voit, la culture du Lupin a deux buts; lorsqu'on Pt récolter la graine, il faut semer sur deux bons labours croisés. Lorsqu’on veut enterrer la fane, on peut se contenter d’un seul. Les Romains, qui ne connaissaient point le Sarrazin , faisaient grands cas du Lupin sous ce dernier point de vue ; ils l’enterraient à la charrue. Outre cette propriété, le Lupin présente d’au- tres avantages. La tige desséchée est très-dure , pe appétissante et beaucoup plus propre à former itière qu’à servir de nourriture aux animaux; on Vemploie dans nos Vosges à chauffer les fours et donner d'excellentes Fenires pour les lessives, ou de la potasse. Le filament qui la recouvre peut fournir de bons cordages. J’ai vu, dans les envi- rons de Florence, en ‘aire de la grosse toile pro- pre au service de la cuisine et aux emballages, et à Crema une dame en obtenir une trés-belle toile et parvenir à colorer la filasse. On, a fabriqué du papier à dessiner avec celte même filasse; les con- naisseurs l'ont trouvé aussi beau , aussi bon que le papier de Hollande, * Frais, le Lupin offre aux animaux un excellent fourrage. Les Bœufs, les Vaches, et surtout .les AU l’aiment beaucoup ; il les engraisse il les fortifie, Les vieux cultivateurs grecs et romains le leur donnaient , tantôt en herbe, mêlé à de la paille hachée, tantôt , et particulièrement en hi- ver , en grains cuits et détrempés ; car les bestiaux ne les mangeraient point s'ils étaient crus. Cette remarque est de Théophraste ; l'expérience la confirme tous les jours, Autrefois le Lupin fournissait aux hommes un aliment qu'ils regardaient comme très-bon et fort PR Cette légumineuse était le mets favori des philosophes grecs, et particulièrement des cyni- 520 LUPI ques , qui en portaient habituellement sur eux. Elle parut ensuite sur la table somptueuse des gastronomes les plus fameux , pour être ensuite convertie en pain, offerte aux mânes, et refoulée chez les pauvres et dans la mangeoire des animaux domestiques, Les généraux romains dans leurs triomphes, les édiles dans les fêtes publiques , les intrigans, les ambitieux qui aspiraient au pouvoir, distribuaient la graine du Lupin au peuple, qui la recherchait comme légume sec, tantôt cuit avec du garum , tantôt préparé seulement avec un peu de sel, ou bien en salade, assaisonné avec du vinai- gre, des herbes fines et de l'huile. En Corse, jai mangé de la farine de Lupin réduite en une sorte de pâtisserie, et, dans le midi de la France, préparée en purée accommodée avec du sel et de l'huile. | Cet aliment n’est nullement indigeste , quelle que soit la forme qu'on lui donne. ‘On a voulu s’en servir comme succédanée du café; mais le véri- table ami de cette précieuse liqueur l’a repoussé, rien ne pouvant remplacer la Fève de l’'Yémen. L'analyse des semences a fait connaître que la farine jaune du Lupin diffère de celle de toutes les autres légumineuses ; elle ne contient ni amidon ni substance saccharine , mais une matière végéto- animale qui ressemble beaucoup au gluten 1166 qui lui donne tous les caractères d’une plante es- sentiellement alimentaire. L'analyse a encore pro- curé : 1° une huile verte tirant sur le jaunûtre , d’une nature âcre, se rapprochant des huiles fixes par ses propriélés ; 2° une proportion considérable de phosphate de chaux et de magnésie; 3° quel- ques traces de phosphate de potasse et de phos- phate de fer. D'où l’on peut conclure que les mé- decins , en parlant des inconvéniens qu’ils exagè- rent ou qu'ils attribuent au Lupin, ont cédé plus à la prévention et à la théorie qu’à une sévère ob- servation. La farine de cette plante est une des plus éminemment résolutives. Ses tiges brülées donnent le meïlleur charbon que l'on puisse employer à la fabrication de la poudre à canon ; il est préférable à celui du Fu- sain, Le miel cueilli par les Abeilles sur ses fleurs centracte une légère amertume très-précieuse dans les préparations pharmaceutiques. Gette plante peut servir d'horloge champêtre. Elle est toujours dirigée vers l’astre Solaire et montre l'heure au la- boureur, lors même que le soleil ne paraît pas, ou qu’il est momentanément couvert par un nuage. Ce phénomène est surtout très-sensible sur Tes Lupins à feuilles digitées; tous les soirs, lorsque le soleil est à l'horizon, les folioles se plient lon- gitudinalement en deux, de manière à rapprocher leurs bords l’un de l’autre ; et de plus, elles se ré- fléchissent sur leur pétiole et s’inclinent vers la terre. Ses grains, que les anciens faisaient sécher à la famée pour empêcher qu’ils ne fussent enta- més par les larves d'insectes , étaient mis au nom- bre des étalons pour les poids publics. [ls servaient aussi dans les jeux et sur la scène en guise d’argent monnayé. De là le proverbe latin : Vummus lupi- nus, et aurum comicum, pour signifier un objet très-commun et par à ab sie de nulle valeur. Nos | | | | | | LUST 521 / LUTR Nos parterres sont embellis par les toufles de Lupins quand elles sont bien groupées ; le jardi- nier habile doit donc marier ensemble les espèces portant de belles fleurs dont les couleurs varient entre elles. Auprès du grand Lupin 8LEu, Z. pi- losus , et de sa variété rose ou couleur de chair, on met le Lupin Bi@anré, L. varius, aux folioles blanchâtres, aux fleurs tantôt rouges, tantôt bleues, qui abonde en Corse et dans nos départemens méridionaux , etle Lupin pes ENVIRONS DE Moxr- PELLIER, L. luteus, qui fournit des épis’de fleurs d’un jaune d’or, agréablement odorantes , de grandeur médiocre, verticillées cinq à six ensem- ble, et se succédant durant plusieurs mois. Il croît au Brésil une espèce, le LuriN Mucri- FLORE , L. multiflorus, dont la tige ligneuse ac- quiert jusqu'à deux mètres de haut ; elle est cou- verte de poils soyeux ; les fleurs qui l’ornent sont grandes, d’un bleu azuré. Le Lupin EN ARBR& , L. arboreus, monte plus haut; sa végétation est très-aclive en été ; je l’ai vu, durant cette saison , pousser des branches d’un mètre de long, mais les perdre bientôt si, à l'approche des froids , on ne le rentre pas dans l’orangerie. Ses fleurs , d’un jaune pâle, disposées en grappes terminales, tran- chent d’une manière remarquable sur le vert foncé des dix folioles composant chacune de ses feuilles. Je soupconne le Lupin bigarré, qui pullale dans les moissons des régions méridionales , être le Lupin sauvage des anciens. De tous les individus du genre , c’est celui dont la semence est la plus etite. (T. ». B.) LUPULINE , Lupulina. (Bot. PHan.) Espèce du genre Luzerne, connue sous les noms vulgaires de Trèfle jaune ou Trèfle noir. V. Luzraxe. (G. £. LUPULINE , LUPULIN ou LUPULITE, (emm.) Substance amère, unie à un peu de tannin et d’acide malique, qui recouvre les écailles des cônes du Houblon, Æumulus lupulus, et dont voici les “principales propriétés : la Lupuline a une couleur ‘tantôt blanche ou légèrement jaunâtre et opaque, tantôt jaune-orangée et transparente ; son odeur, analogue à celle du Houblon , est surtout sensible quand on la soumet à l’action de la chaleur ; sa sa- veur est amère ; sa solubilité, peu prononcée dans l'eau, presque nulle dans l’éther, est complète dans l'alcool ; elle n’a aucune des propriétés des acides et des alcalis, et ceux-ci sont sans action sur elle. La Lupuline s'obtient à l'état de pureté en trai - tant le soluté aqneux de la poussière de Houblon par la chaux pour saturer l'acide malique , concen- trant la liqueur jusqu’à siccité, traitant le résidu par J’éther, puis par l’alcoo!, etévaporant. On en obtient depuis 8,5, jusqu'à 12,9 pour cent. La Lupuline est employée en médecine dans le traitement des affections dartreuses, scrofuleuses, etc. Voyez Houscow , dont elle est le principe actif. (F. F.) LUSTRE D'EAU. (Bor. Puax.) Nom vulgaire de l'Hottone des marais. On l’étend quelquefois” aux Charagnes. (GuËr.) LUTH. (rerr.) Nom d’une espèce de Tortue. Foy. CHÉLONÉE. (Guén.) T. IV. 300° Livraison. LUTIJAN , Lutjanus. (poiss.) On donne ce nom à plusieurs poissons si différens les uns des autres que, pour éviter la confusion qui pouvait en résul- “ter, ila été rayé du catalogue ichthyologique. Nous nous bornerons donc simplement à rappeler les espèces qui ont été désigaées sous ce nom par plusieurs auteurs, et plus particulièrement par Bloch. C’est d’abord le genre Mesoprion, c’est aussi le Que Centropriste, celui des Pristipo- mes , des Urénilabres ; c’est enfin le genre Sublet. (Azpu. G.) LUTRAIRE , Lutraria. (morr.) Genre de coquil- les bivalves, créé par Lamarck et comprenant certaines espèces confondues auparavant dans les genres Myes et Mactres de Linné, avec lesquels elles ont, en effet, beaucoup de rapports, puisque , comme les premières , elles n’ont point de dents latérales, et qu’elles se lient aux Anatines par la forme de leur charnière, qui à chaque valve offre en outre une à deux dents, dont alors l’une est repliée , et une protubérance dans laquelle est creusée upe fossette. Lamarck leur assigne les caractères suivans : coquille inéquilatérale , trans- versalement oblongue ou arrondie, bâillante aux extrémités latérales, à charnière ayant une dent comme pliée en deux, ou deux dents dont une est simple, etune fosselte adjointe, deltoïde, oblique, saillante en dedans; dents latérales nulles, liga- ment intérieur fixé dans les fossettes cardinales. L’animal de ces coquilles est très-comprimé par l'extrémité postérieure de sa coquille, qui est aussi la plus petite; il fait sortir un pied petit et sécuri-" forme, et en avant il donne issue à deux siphons. I} vit ordinairement dans la vase ou le sable qui couvre le fond des rivières à leur embouchure: mais il peut aussi changer de place à l’aide de son pied, qui est propre à la reptalion. Lamarck divise ces coquilles, qui ne forment encore qu'un pelit nombre d'espèces peu remar- quables d’ailleurs, en deux sections. Dans la pre - mière il place celles qui ont la coquille transversa- lement oblongue. La seconde contient celles qui sont orbiculaires ou subtrigones. . Pour exemple de la première division, nous citcrons : É La L. sozénoïine, L. solenoides, Lamck ; Mya oblonga , Gm., Gualt. Grande coquille d’un blanc sale ou roussâtre, à test épais, oblong, marqué de stries irrégulières transversales, à ouverture for- tement bäillante, très-inéquilatérale, ayant sur chaque charnière deux dents à côté de la fosseite, côté postérieur beaucoup plus court que l’anté- rieur et arrondi. Setrouve dans l'Océan d'Europe, : Dans la seconde division, nous citerons : La L. comrmmée, L. compressa, Encycl., pl. 259, fig. 4, mérite d’être nommée; son test, au lieu d’être épais comme celui de la précédente, est fragile ; il est comprimé, strié irrégulièrement - dans le sens longitudinal, d’une couleur ordinai- rement semblable à celle de la précédente, c’est- à-dire, comme elle, d’un blanc sale et jaunâtre, mais tirant quelquefois sur le roussâtre. Très-com- mune sur les côtes de la France. 66 LUZE 529 LUZE IL est encore beaucoup d’autres espèces, mais qui ne présentent aucun intérêt, et pour lesquelles nousrenvoyons en conséquence aux ouvrages spé- vid (V: M.) LUZERNE , Medicago. (or. pnan et 4er.) Mer- veille du ménage des champs , ainsi que l’appelait notre Olivier de Serres, le genre Luzerne foarnit le premier des fourrages artificiels et assure la longue prospérité de l'habitation rurale, Il appar- tient à la grande famille des Légumineuses et à la Diadelphie décandrie. Ses espèces nombreuses sont toutes des plantes annuellesou vivaces; très-peu sont ligneuseset habitent particulièrement. le voisinage du vaste bassin de la Méditerranée; elles amélio- rent le sol qui les nourrit et sont'avidement re- cherchées par les animaux domestiques! Très-voi- sines des Trèfles , dont elles ont le port , et faciles à être fort souvent confondues ensemble, princi- palement pour les petites espèces et pour des yeux inexpérimentés!, outre les feuilles alternes, pétio- lées, composées de trois folioles ; d'ordinaire den- tées , elles se montrent munies à la base du pétiole de deux stipules tanlôt larges, tantôt profondé- ment divisées, Mais c’est surtout par la gousse que les deux genres diffèrent entre eux. Chez les Lu- zernes ; on les trouve roulées en escargot et décri- vant plusieurs tours de spirale , ou bien arquées et courbées en cercle, tandis qu'elles sont très-cour- tes et droiles dans les Trèfles ; les semences des Luzernes sont nombreuses, petites, brunes et jaunâtres avant la parfaite maturité; celles des Trèfles ne dépassent pas le nombre de deux et sont entièrement recouvertes par le calice. Tous les botanistes qui jugent d’après les livres et craignent de se livrer à des recherches avant de se faire une opinion, répètent sans cesse de- puis trois siècles, Lantôt d’après Kart Sprengel ou Marsigli, tantôt d'après Amoreux et Manetti, qui tous quatre ont copié, sansle citer aucunement, Maranta de Naples, qui le premier l’avait avancé, que la LuZERNE ARBORESGENTE , M. arborea , est le Gyrise des anciens, sans se douter que cette plante à demi ligneuse, condamnée à s'élever au plus à trois mètres, est très-sensible aux fortes gelées, même dans la Campagne de Rome, qu'elle est limitée à un petit nombre de localités dans l'Italie méridionale , dans la Sicile, dans les.îles de l’Ar- chipel, etque nulle part elle n’est l'objet d’une cul: ture en grand. Discoscoride a décrit avec beaucoup d’exactidude la Luzerne en arbre.; on la reconnaît à ses rameaux, à ses feuilles, à son calice, à ses gousses contournées , dont la couleur blanchâtre et les petites soies blanches lui ont mérité chez les vieux Grecs l’épithète de Oäuvos heuz0:, frutexalbus, que lui donne aussi le médecin d’Anazarbe, et juslifient le rapprochement qu'il en fait avec les buissons du Jujubier, Zizyphus sativa, qui, dès le mois de mai, lorsqu'ils sont en fleurs, parais- sent tout blancs; on la reconnaît encore à la forme et àla disposition de ses feuilles qui sont celles des Trigonella et des Lotus, à l'odeur très-voisine de celle de la Roquette, Brassica eruca, qu’elles exhalent quand on les froisse entre les doigts, Cette belle espèce de Luzerne est remarquable par l'élégance de son port, par son feuillage qui.se conserve toute l’année, ainsi que par l’aboidance et la longue durée de:ses fleurs ; mais il ne faut point, à l'exemple de quelques auteurs , croire que les Turcs se servent de son bois extrêmement menu, flexible, pour faire les poignées de leurs sabres, et même qu’on l’emploie pour meubles dans d’autres contrées. Ils confondent avec elle le Gytise, Cytisus laburnum. (Voyez au surplus ce que J'ai dit plus haut, tom. Il, pag. 458 et 459.) Une espèce qui réclame toute l'attention du propriétaire rural, c’est la Luzerné cucrivée, M. sativa. Geite plante, originaire ‘de Médie, dont l'introduction. dans nos cultures remonte au temps.des Romains ,,a été mal connue d’Aristote ; il l’accusait de faire tarir le lait des vaches. Théo- phraste a prouvé le contraire. La Luzerne jouit au plus: haut degré de l'avantage d'améliorer le sol sur lequel on la tient de huit à dix années de suite, et de réunir à celui de fournir jusqu’à sept coupes d'un fourrage excellent aimé de tous les bestiaux , et les engraissant promplement, la pro- priélé de croître et dese renouveler avec une étonnante rapidité, particulièrement dans nos ,départemens du midi. Quand elle est placée sur une terre substantielle, limoneuse, profonde, douce, facile à être arrosée , son rapport est très- important; sa racine y acquiert de la grosseur en peu de temps, et s’y enfonce perpendiculairement à une profondeur assez grande. La graine destinée pour semis doit êlre nouvellement récoltée , d’une belle couleur brune , répandue à raison de douze à dix-huit kilogrammes par hectare, suivant la nalure du terrain, et surtout clairsemée, si l’on veut que la plante talle convenablement, qu’elle soil mieux nourrie ct qu'elle donne abondance de feuilles et de fanes. Nous connaissons deux méthodes pour-opérer un bon semis de Luzerne: l’une a lieu dès le com- mencement da mois de mai, mêlée avec quelques grains d'avoine, d'orge, de navetle et, ce qui me paraît préférable, avec le Mona (voy. ce mot), qui tempère et rend même nuls les inconvéniens d’or- dinaire causés par la Luzerne quand les bestiaux la mangent en vert; l’autre s'emploie en juin, la graine semée toute seale. La première méthode est plus certaine. La Luzerne ne manque jamais lors- qu'elle est protégée par un grain quelconque qui , tout à la fois, empêche l'herbe de l’étouffer et la préserve des gelées et des grandes sécheresses ; la seconde exige plus de préparations pour détruire entièrement l'herbe, pour procurer à la terre une humidité suffisante et une fraîcheur capable de la garantir contre les’ ardeurs de l'été. Les cultiva- teurs habitués à réfléchir sur toutes leurs opérations sont dans l’usage de semer à raies espacées, afin de faciliter les sarclages, quise font à la seconde année. Comme la Luzerne en graine.et en herbe jeune redoute beaucoup les attaques des insectes, prin- cipalement celles des larves du Hanneton et du Rhinocéres, il faut avoir grand soin de ne point placer sa luzernière au voisinage des bois ni LUZE 22 5 LYCI aux licux plantés d’arbres épars , ou seulement bordés de Peupliers ; donnez-lui Loujours un ter- rain très-découvert, Cette plante fleuriten juillet; quand on la fauche avant l’entier épanouissement, on obtient un fourrage aqueux d’une mince consis- tance, perdant les trois quarts de son poids par Ja dessiccation et noircissant promptement. Il: faut donc attendre après, à .moins que l’on n’y soit forcé par les gelées tardives du printemps. Faucher en pleine floraison et leplus près de terre possible, par un jour clair, serein, et surtout quand souflle le vent du nord; laisser le soleil la dépouiller de son eau de végétation, sans lui donner le temps de faire tomber une partie de ses feuilles , car ce sont elles qui constituent la meilleure nourriture des animaux ; ne l’entasser au grenier que lorsqu'elle est bien sèche : c’est le triple moyen d’avoir tou- jours un bon fourrage ;, de prévenir les accidens d'une fermentation qui gâte tout , et, le plus sou- vent, détermine ‘un/incendie général, par consé- quent la ruine de la maison rurale. Quand une Jluzernière devient vieille’ la pre- mière coupe est constamment de pauvre qualité , parce qu’elle contient beaucoup de plantes qui, n'ayant pas une végétation aussi vigoureuse, mêlent une fane sans valeur à celle de la Luzerne. On a in- diqué divers moyens pour rétablir une prairie lan- guissante ; tous sont bons quand ils ont pour base des amendemens ou des composts préparés-avec soin; mais du moment qu’elle donne des signes de vieillesse, ne cherchez point à la rajeunir, défon- cez le sol, changez l’assolement et placez votre nouvelle luzernière sur an terrain neuf. Rozier l’a judicieusement observé, plus on s'élève “vers le nord, plus la Luzerne perd de ses qualités alimentaires; aussi, plus que partout ailleurs, cette plante demande-t-elle au midi, durant les grandes chaleurs surtout, à étredonnéesèche en petitequan- tité. Sans cette précaution, elle détermine bientôt une irritation telle dans l’'économieanimale , que les bœufs et les vaches rendent le sang par les voies urinaires, maladie que l’on guérit.facilement par un “régime rafraîchissant, mais qui dégénère parfois en accidens graves. Verte, et en petite quantité , elle les relâche , elle les purge , elle finit même par les affaiblir au point de ne pouvoir plus répondre aux besoins de la ferme; verte, et en forte quantité, la météorisation, qu’elle cause entraîne: la perte des vaches, des brebis , le plus souvent en peu d'heures. La meilleure méthode. de l’administrer est de la laisser après la fauchaison et pendant vingt-quatre heures au moins , perdre la surabon- dance de son eau de végétation , et de la stratifier avec de la paille coupée : ce mélange est parfait quand les deux substances, étroitement unies, participent de la saveur de l’une et de l’autre. L’habitude où l’on est de faire paître la Luzerne dès les premiers beaux jours du printempsest es- sentiellement nuisible aux animaux et à la luzer- -nière, pour laquelle le piétinement des chevaux et le broutement des moutons sont surtout une cause de ruine totale. _ Tous/les bestiaux aiment et recherchent. avide- mentla LuzerNe HouBcoN, M. lupulina, connue aussi sous les nomsvulgaires de Minette dorée ét Trèfle jaune , dont la cultureest fort ancienne-et convientessentiellement aux coteaux erayeuxgre- belles aux autres productions, Ellescroit naturel- lement dans toutes les parties de la France , prin- cipalement aux lieux élevés , sur les sables les plus secs, où elle abonde, oùelle est toujours en feuilles , en:fleurs , en graines, $Ses:tiges rampan- tes, très-rameuses , fournissent un fourrage de pà- ture propre aux bêtes à laine et quertous des ani- maux mangentavec-plaisir, sans enéprouver ja- mais aucune indisposition. Sa présence dans les prairies naturelles bonilie Je foin;et le rend plus appétissant ; on l'ysème en automne.et au prin- temps , à raison devingt kilozrammes par hectare. La graine est d’une belle couleur jaune. Mélée dans les gazons, elle;tapisse le sol d’une verdure agréa- ble , entretient l'humidité, et produit.leplus bel effet par ses fleurs nombreuses ,ramassées en:pe- tites boules dorées. {T, ». B.) LYBIE, (céocr.Pays.) Les anciens (et par an- ciens je veux désignerici non seulement l’école Ionienne; mais Hérodote lui-même) comprenaient sous le nom. de Lybie tout le paysisitué à l’ouest du: Nil. Les parties des basses ‘terres de l'Afrique recevaient le nom de Lybie méditerranée. Quoi- que les connaissances géographiques des anciens ne fussent, pas très - étendues , Hérodote .pour- tant donne de ce:pays une descriptionqui se rap - porte enlièrement à la situation actuelle de ces contrées : il les décrit comme désertes, privées de pluie , contenant peu d'animaux et:n’ayantpas de forêts : il appelle en particulier celte partie, qui confine à la Lybie fertile et peuplée d'animaux, une région de sable, affreuse, sans eaux et déserte pantout. Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur cetteancienne dénomination d'une par- tie de l'Afrique ; nousrenverrons nos lecteursà l’ar- ticle Arrique, et surtout à l’article Sanara.(G,3.) LYCHNIDE, ; Lychnis. (B0T.:PHan. ) À cause de leurs fleurs d’un rouge dediverses nuances-et toujours.éclatant ,:onrecherche.comme ornement les plantes:qui.composent ce genre dela famille des Caryophyllées et de la Décandrie pentagynie. Elles sont au nombre d'une trentaine environ , presque;toutes indigènes à l’Europe ; annuelles ou vivaces , eJles-ne demandent d’autres soins qu'une bonne terre plus fraîche que sèche , sans être om- bragée. On les reconnaît aux caractères suivans : tiges herbacées ; feuilles simples, opposées ; fleurs souvent disposées-en corymbe terminal; calicemo- nophylle, tubuleux, nu, à cinq dents; corolle tubuleuse dont l'entrée est le plus souvent couron- née par. des appendices , munie de cinq pétales on- guiculés , à mbe souvent échancré ; dix étamines attachées alternativement à la,base,des onglets et au-réceptacle ;.oÿaire.supère portant.cinq. styles à stigmatées simples; capsule ovale-oblongue ou co- mique , entourée ypar,de calice persistant; cette capsule à de une à cinq loges; elle s'ouvre en son sommet , et reuferme.un grand nombre de graines “arrondies ; attachées sur un placenta central, Tou- LYCI 224 LYCI oo en tes ces plantes se multiplient d’elles-mêmes par leurs semences , et surtout en étendant en peu de temps leurs pieds gemmifères ; elles résistent aux plus grands froids. Une des plus belles, la LycHnine À GRANDES FLeuns , L. coronata, que Thunberg a vue cultivée dans tous les jardins du Japon, et qui nous est venue de la Chine en 1774, esttrès-répandue. Sa tige monte à un mètre de haut; elle est garnie de feailles d’un vert glauque , et de grandes fleurs ter- minales écarlates, aux pétales laciniés à leur sommet , épanouies de la mi-juin ou juillet jusqu’à la fin de septembre. Son nom botanique lui vient de l’existence à la base de chaque pétale de deux appendices redressés, d’un rouge un peu diffé- rent, et dont la réunion forme une sorte de cou- ronne. Nous avons recu de la Sibérie une autre espèce non moins belle, la Lycanipe BRILLANTE, L. ful- gens , dont l'acquisition est d'autant plus précieuse qu’elle ne craint point la rigueur de nos hivers. Elle est vivace , produit une tige peu rameuse , haute de trente à quarante centimètres , chargée de poils courts , blanchâtres , qui la rendent presque aé- rienne, à cause du vert foncé de ses feuilles semi-amplexicaules , au dessus desquelles se mon- tre une cime terminale de sept à dix fleurs larges , d’un rouge vif, offrant en leur centre dix étamines et les dix appendices de pétales disposés en cercle régulier. Cette plante est d’un magnifique aspect tout le temps que dure sa fleuraison. La Lycunine moucasrTée , L. variegata , remar- quable par ses jolies fleurs variées de petites ban- ‘des violettes sur un fond tantôt roux, tantôt gri- sâtre, croît sur les sommets du mont Ida, dans des terrains pierreux, où Tournefort la recueillit en juillet 1700. La Lycunide De CHaLcfnonne , L. chalcedonica, vulgairement appelée Croix de Jérusalem, porte des fleurs nombreuses , simples ou doubles , d’une écarlate vive, que l’on voit pas- ser au blanc , à la couleur de chair et même au safran. La LycaniDe Laciniée, L. flos cuculi, con- nue des jardiniers sous la fausse dénomination de Véronique, ainsi que leur prétendue Jacée, la Lycanine pioïique, L. dioica, aux grandes fleurs rouges ou blanches, tantôt simples, tantôt dou- bles, sont cultivées depuis long-temps pour l’or- nement des parterres et même des jardins pay- sagers. Chacune d'elles y remplit très-bien sa place et est agréable à voir, soit qu’on la tienne en bordure autour des gazons et des prairies, soit en massifs au pied de grands arbrisseaux. Dans toutes les situations , elles produisent un bel effet. De juillet à septembre la dernière de ces plan- tes est sujette à voir ses feuilles, ovales , assez lar- ges et molles, couvertes de fausses galles velues provenant de la piqûre d’une Cécydomie, où la larve s’enferme dans une coque blanche et soyeuse. (T. ». B.) LYCIET , Lycium. ( sor. rxan. )Plus de trente espècés répandues sur l’un et l’autre hémisphère, donnant toutes des Liges ligneuses , droites ou pen- ” dlantes, à rameaux grêles, épineux, à ‘euilles en- tières , quelquefois fasciculées et glauques , à fleurs axillaires et pédonculées , composent le genre Ly- cium , lequel appartient à la famille des Solanées et à la Pentandrie monogynie. Son nom se trouve dans les auteurs anciens, et quand on étudie, en présence de la nature et des textes hébreux, grecs et latins, la plante qu'ils ont en vue, il est facile d'acquérir la certitude, d’abord, que le 4bel- Mitsraim ( Deuil d'Egypte ) de la Genèse est le Lycict reconnu par Bélon au milieu de la plaine de Jéricho etsur les bords du Jourdain. En second lieu, que cet arbuste, compris par les Grecs et les Romains sous la dénomination générale de Rham- nos (plante épineuse et baccifère ), était par eux cultivé , non seulement comme plante d'agrément, mais encore pour son fruit , que l’on maugeait et -dont on retirait un médicament fort estimé, selon le rapport de Dioscoride et d'Oribaze ; troisiè- mement enfin, que c’est encore lui que les Arabes nomment Uzeg, comme au temps de Prosper Alpin. Le génre actuel, distribué en deux sections par Kunth, a pour caractères : le calice urcéolé , per- sistant, à troiset cinq dents tantôt régulières , tan- tôt offrant des découpures peu profondes et irré- gulières ; la corolle monopétale, infundibuliforme ou tubuleuse, ayant le limbe plane , à cinq lobes, ou bien à dix divisions plissées ; cinq étamines, le plus souvent saillantes , portées sur des filamens grêles , insérés au milieu, velus à leur base, et surmontés par des anthères ovales-oblongues ; ovaire supère, à style filiforme, et à stigmate pelté, déprimé ; baie ovoide ou oblongue, bilocu- laire, appuyée sur le ‘calice, pulpeuse et poly- sperme; semences nombreuses, rémiformes , pla- nes, attachées à des placentas adnés. Les fleurs varient dans la couleur de leur robe; il y en a de roses, de purpurines, de violettes, de jaunâtres, et même des blanches. Dans la première section, chez laquelle le calice est irrégulièrement divisé, l’on trouve le type es- sentiel du genre, le Lycrer »’Eurore, L. europæum, qui croît spontané sur le sable aux rivages de la Méditerranée; cet arbuste sert, dans le midi de la France, en Italie, en Egypte, en Espagne, en Portugal , à former des haies vives; on le retrouve dans l’intérieur des terres au voisinage des salines, sur les sols pour ainsi dire muriatiques ; et, quoi- qu'ami des lieux chéris de l’Oranger, du Myrte et de l’Olivier, il peut vivre en pleine terre, ré- sister aux hivers rigoureux de Paris et de l’Alle- magne, pourvu toutelois , dans ce dernier pays, qu’on l’abrite et qu’on lui donne l'aspect du midi. Elle renferme aussi : 1° la jolie espèce originaire du Pérou, d’où elle a été envoyée à Paris par Jo- seph de Jussieu, le LyciEr À FEUILLES DE BOER- HAVIE, L. boerhaviæfolium , tout couvert de fleurs blanches ou légèrement purpurines, qui répan- dent une odeur agréable pendant les mois d'août et de septembre; 2° le Lycrer ancéosé, L. lan- ceolatum, arbuste de la Grèce et de l'Italie méri dionale, confondu souvent avec le Lyciet d'Eu- rope, dont il diffère, non seulement par la taille ” ES LYCO 525 LYCO (haute de trois mètres et demi ), par la forme irrégulière de ses tiges étalées , fléchies en zig-zag, et par leurs sommités qui se courbent vers la terre, mais encore par ses rameaux qui s’écartent à angle droit, par ses fleurs plus petites et plus rouges, et par ses baies qui sont oblongues; 5° le Lycrer ve La Cine, L. chinense, donnant un buis- son touffu ; ses rameaux nombreux, qui s’entrela- cent et se penchent vers la terre, sont ornés d’un beau feuillage vert, de fleurs violettes, de baies d’un ronge vif. Introduit en France aux premières années du dix-huitième siècle, il s’est répandu partout, s’accommode de tous les terrains, et, placé dans nos jardins paysagers, il y produit un con- traste agréable, autant par sa forme que par la grande quantité de fleurs dont il est habituclle- ment couvert, depuis les premiers jours du prin- temps jusqu’à l’équinoxe d'automne, et même jusqu’aux approches de l'hiver ; 4° le LyciET DE BanBanie, L. barbarum, apporté de l’ancienne Numidie en Europe, par Shaw ; il est garni de pe- tites épines ; l'écorce de ses branChes, qui est gri- sâtre, est couverte d’un coton fort tendre et fort lé- ‘ger, ec. Pour la seconde section, qui renferme les es- pèces dont le calice campanulé présente cinq dents régulières, le limbe de la corolle dressé , quinquéfide, les étamines non saillantes, nous possédons uniquement le Lycrer D’ArriQue , L. afrum, arbuste toujours vert, portant, sans dis- continuer , des fleurs brunes ou d’un violet foncé, à partir du milieu du printemps jusqu’à la fin de Tautomne, et exhalant une odeur ambrosiacée fort agréable. Quoiqu'il ne soit point délicat, il demande, sous la zone de Paris , à être retiré dans l’orangerie ; on le multiplie de semences mises sur couches ou en pot; la voie des boutures et des marcottes n’est point aussi sûre. Quand on l’aban- donne à lui-même , le buisson qu’il forme est ir- régulier, | C’est à cette section que l’on rapporte le LycreT HÉRissé, L. horridum , que Thunberg a découvert au cap de Bonne-Espérance , et qui est surchargé d’aiguillons. Toutes les jeunes pousses des Lyciets peuvent être mangées à l'huile et au vinaigre , leurs feuilles un peu charnues être unies aux salades, comme on le fait dans les campagnes aux environs d'Aix, de Montpellier , dans diverses autres contrées du midi, en Espagne, etc. Leurs fruits sont suscepti- bles de subir les mêmes préparations que ceux de lEpine-Vinette.'Les bestiaux recherchent les feuil- les , et les oiseaux se montrent très - avides des baies. (T. ». B.) LYCOGALE, Lycogala. ( BoT. crypT. ) Cham- pignons. Genre fondé par Micheli et placé dans la classe des Champignons angiocarpes, ordre des Dermatocarpes de la méthode de Persoon. Carac- tères : péridium sous-arrondi, membraneux, lisse, réticulé sur sa surface iuterne, renfermant une masse pulpeuse, d'abord liquide, puis pulvéru- lente. Les Lycogales se rencontrent sur les écorces et les vieux bois: Des neuf à dix espèces connues, nous nous contenterons de citer : 1° La LycoGALE COULEUR D£ VERMILLON , Lyco- gala miniata de Persoon, qui a la grosseur d’un pois, qui est sessile, aplatie, d’abord rouge ou orangée, etc., et qui est remplie d’une humeur visqueuse au milieu de laquelle se trouvent quel- ques filamens. 2° La Lycocaze AnGENTÉE , Lycogala argentea de De Candolle, qui vit, comme la précédente , sur les bois morts, dont la grosseur est celle d’un petit pois, la forme variable ( aplatie, sphérique ou turbinée ), la couleur brune , la surface lisse, etc. Son intérieur renferme des gongyles bruns. (EE) LYCOPERDACEÉES , Zycoperdaceæ. ( 307. crypT. ) Ces plantes, réunies pendant long-temps JOtERT | P o 1 “aux vrais Champignons, et correspondant exacte- ment à la division des Angiocarpes de Persoon , ont les caractères suivans : sporules renfermées dans un péridium fibreux, déhiscent, s’ouvrant ou non à l'époque de la maturité ; péridium formé de filamens très-fins, presque byssoïdes , entre- croisés et disposés de manière à simuler deux cou- ches superposées ou deux péridiums , un externe, l’autre interne. Séminules nombreuses , très-fines, placées entre des filamens également nembreux et analogues à ceux du péridium, et sur le mode de développement desquelles on n’a encore aucune donnée certaine. On sait seulement que les Lyco- perdacées existent d’abord à l’état lactescent ; que leur accroissement est très-rapide, ainsi que leur dessiccation, et qu’elles arrivent promptement à l’état fibreux et pulvérulent. Les Lycoperdacées ont été distribuées dans quatre tribus appelées Fuzreinées , Lycoperpac£es VRAIES, ANGIOGASTRES et ScLÉRoTrIÉEs. De ces quatre divisions, établies d’après la forme, la structure et le mode de déhiscence du péridium , et aussi d’après la disposition des séminules, la dernière est encore très-mal connue, et ce n’est qu'avec doute que M. Adolphe Brongniart l’a ad- mise. Dans la première tribu, les Fuliginées, plantes à péridium sessile , irégulier , finissant par se dé- truire ou tomber en poussière, ne renfermant que peu ou point defilamens mêlés aux sporules', etc., se trouvent les genres Trichoderma , Strongilium , Dermodium , Diphterium , Spumaria, Fuligo, etc. Les vraies Lycoperdacées, ou deuxième tribu , celles dont le péridium est ordinairement pédi- cellé, d’une forme déterminée, présentant des filamens nombreux mêlés aux sporules, renfer- ment dans les deux sous-divisions T'richiacées et Lycoperdinées, les ‘genres Physarum, Diderma , Didymium, Trichio, Leocarpus , Asterophora , Ly- coperdon, Bovista, Mitremyces , Calostoma, etc. La troisième tribu, les Angiogastres, subdivi- sée en Carpobolées , Nidulariées et Tubérées, a pour caractères : un péridium renfermant un ou plusieurs péridiums secondaires ( appelés péridio- les ) remplis de sporules sans mélange de filamens, et pour genres : les Thelebolus, Sphærobolus , a —— 2 —————_—_—_—— LYCO 526 LYCO Cyÿathus, Nidularia, Polygaster , Tuber , Rhizo- pogon, elc. Enfin la quatrième tribu, ou les Sclérotiées, vé- gétaux à péridium indéhiscent, remplis d’une sub- stance compacte, celluleuse , entremélée de‘spo- rules peu distinctes , comprend les Pachyma , Scle- rotium, Xyloma, Acinula, etc. | Les Lycoperdacées croissent le plus ordinaire- ment dans les’régions tempérées ; les régions très- froides et excessivement chaudes en fournissent à peine deux ou trois espèces. (FT. LYCOPERDINE, Lycoperdina. (1xs.) Genre de Coléoptères de la section des Trimères , famille des Fungicoles. Ge genre, très-voisin des Endomiques, en a élé séparé par Latreille, qui lui assigne pour caractères d’avoir les antennes presque monilifor- mes et les deux derniers articles plus grands que les précédens, tandis que dans les Endomiques l4 massue est formée des trois derniers articles; ces insectes vivent dans les Vesses-de-loup, et ne se trouvent par conséquent qu’en automne. LYGOPERDINE À LARGE BANDE, L. succincta , Oliv. Longue de deux lignes ; d’un rouge brun avec une large bande noire transverse sur le milieu des ély- tres. Des environs de Paris. (A. P.) LYCOPERDON. (807. cnypr.) Champignons. Champignon terrestre , globuleux , plus ou moins volumineux, appelé vulgairement Vesse-de-loup, et dont voici les caractères : Péridiam globuleux ou turbiné, charnu d’abord, puis pulvérulent , s’ouvrant à son sommet quand il est mûr, et ren- fermant une poussière abondante, verte ou bru- nâtre, entremélée de filamens. Les Lycoperdons, bien connus depuis!le moyen- âge seulement, ont été rangés parmi les Cham- pignons angiocarpes ou Gastromyciens. Leurs es- pèces principales sont : Le LycoreRDON GIGANTES- ous et le LycopsrDon EN roRME D’ourre. Le pre- mier , Lycoperdon giganteum , de Ratsch (pl. 319, fig. 4), vitau milieu du gazon , dans les prairies, sur les collines ; etc. 11 n’a pas de pédicule ; il’est globuleux, grand, d’un blanc pâle , couvert de squamules éparses, et son diamètre a quelque- fois près de deux pieds. Le second, ZLycoperdon utriforme de Bulliard, a un péridium court, cy- lindrique , renflé , sans pédicule apparent , un peu plissé à sa base; son volume est celui d’an œuf ordinaire; sa couleur est lustrée, sa chair ferme et épaisse , etc. On le trouve à la surface du sol, dans les environs de Paris'et dans toute la France. LYCOPERSIGUM. (sor. PuAn.) Nom latin d’un genre de la famille des Solanées , et de la Pentan- drie monogynie, connu sous le nom vulgaire de TomarE (voy. ce mot). (G.°É.) LYGOPODE , Lycopodium, (soT.. orveT.) Ly- copodiacées.\ Genre qui est le type des Lycopodia- cées de Swartz, que. Linné: avait placé parmi les Mousses ; Jussieu parmi les. Fougères , et‘dont on a fait plusieurs: sections ou sous-genres ; en raison 1° des différences très-marquées qu'offrele port des végétaux qui des composent ,2° en raison des ca- ractères variables que présente a fructification. Mais la plupart de ces sous-divisions , et surtout celles établies par Palissol-Beauvois, n’ont point été accueillies par tous les botanistes. Toutefois nous croyons, avec M. Adolphe Brongniart, que l’on peut , que l’on doit même faire deux genres des divers groupes de Lycopodes. Dans le premier , le Z'ycopodium proprement dit, seraient toutes les espèces qui n’ont qu’un seul genre de capsules, sortes d’involucres qui probablement renferment, dans la jeunesse de l4 "plante , les organes mâles et femelles, comme les involucres du Marsilea, de la Pilulaire, des Prêles. Le second, appelé si l’on veut, avec Palissot-Beauvois , Sachygnandrum, renfermerait toutes les espèces à sexes séparés dans des capsules ou involucres différens. Les Lycopodes sont des herbes rameuses, viva- ces, rarement ligneuses , le plus souvent ram- pantes, à feuilles simples, épaisses , imbriquées ou distiques ; leur hauteur n’a pas plus de deux à trois pieds ; leurs sporanges ou capsules sont solitaires, placées dans l’aisselle des feuilles , et sous forme d’épis sessiles, solitaires , géminés où dichotomes et à plusieurs épis. On les trouve dans les lieux ombragés, frais et humides des bois. Quelques es- pèces cependant habitent les endroïts secs et ari- des , et un très-petit nombre croît en Europe, dans les Indes et l'Amérique septentrionale, Parmi les nombreuses espèces de ce genre, nous cilerons : 1° Le Lycorobe EN Massue , L. clavatum, de Linné , que l’on connaît encore sous les noms de Mousse terrestre , Pied de Loup, Soufre végétal , représenté dans notre Atlas, pl. 313, fig. 1, et dont voici les caractères : Tiges rampantes, très-rameu- ses, vivaces ; rameaux dressés ; feuilles éparses, sans nervures ; épis (fig. 1 &,b) géminés, cylindriques, pédoncuiés ; pollen ou capsules pollénifères (pou- dre de Lycopode des pharmaciens) , d’un jaune soufre , pulvérulent , subtil, non miscible à Peau, mais s’attachant facilement à la surface de la peau (de: là da facilité de plonger les mains , préalable- ment frottées avec du, Lycopode, dans an vase rempli d’eau, sans se mouiller ; expérience que l’on voit tous les jours sur les places publiques de Paris, ou dans les cabinets de physique amu- sante )}, susceptible de s’enflammer subitement quand on le projette sur les flammes d’an corps:en ignition. Cette dernière propriété est mise xprofit dans les'salles de théâtre , à FOpéra , etc. ; toutes les fois: que l’on veut simuler des éclairs. | Le-Lycopode n’a ni odeur ni saveur: Lamé- decine le regarde comme diurétique , et le: con- seille pour dessécher les écorchures qui survien- nent entre'les cuisses des personnes très-grasses , “des enfans , etc. Les nourrices lc‘connaïssent sous ‘le: nom de Poudre de vieux bois. En: pharmacie on s’en sert habituellement poar rouler les pilales set les empêcher d’adhérer les unes avec les autres. Soumis à l’analyse chimique, le Lycopode a fourni de la cire, du sucre, de la fécule , de la matière extractive , de l’alumine et du fer. : ##j Le Lycopode nous vient de la Suisse et de FAI- lemagne. Le commerce le falsifie souvent-avec le PT, 520% RD ce D) 2 RES Ymenud " 1.lycopode . 2.Lycose . 3.4. Lycus. 5.6. Lygée : 7-Lyncée . 8.Lystre. £. Guérin del LYCO tale ou la fécule. La première fraude se recon- näît en délayant le Lycopode suspect dans l’eau ; le tale se précipite, le Lycopode surnage. La se- gonde se démontre au moyen de lateinture d’iode qui coloreen bleu le décocté aqueux de Lycopode. 2° Le Lycorone seaco, L. selago de Linné, qui habite les lieux très-humides de l'Europe et de la Virginie (Amérique). Caractères. Tige presque droite, haute de cinq à sept pouces, rameuse; rameaux cylindriques, épais, compactes ; feuilles éparses disposées sur huit rangées; capsules axillaires ; odeur nulle ; sa- veur un peu asiringente et amère. On dit cette es- èce narcotique. (Eu) LYCOPODIACEÉES, Lycopodiaceæ. (80T.crYPT.) Famille établie par Swartz, adoptée par tous les botanistes , et qui renferme environ cent cin- quante espèces, herbacées, rarement ligneuses , différentes des mousses par une fructification cap- sulaire sans opercule ni coiffe. Les Lycopodiacées sont composées des genres Lycopodium , Tmesi- pteris , Psilotum , lsoctes et Stachygynandrum. Leurs caractères principaux sont : des capsules déhiscentes ou indéhiscentes, placées à l’aisselle des feuilles ou des bractées, éparses ou disposées en épis distincts. Ges capsules renferment, dans quelques espèces, un grand nombre de séminu- les probablement mélées, dans le premier âge, de graines de pollen; c’est ce que l’on peut voir dans les involucres du Marsilea et du Pilularia. Dans d’autres espèces, les séminules sont réu- nies dans des capsules de deux sortes , les unes qui ne contiennent que des grains de pollen , les autres que des séminules plas volumineuses que les grains de pollen; tel est le cas de l/Zsoetes et du Stachygynandrum , genres chez lesquels les graines , sphériques et de couleur blanche , pré- sentent trois côtes rayonnant d’un même point, Les graines des autres genres sont tellement peti- tes, difficiles à observer, que c’est à peine si on y distingue la forme un peu trigone que nous ve- nons de signaler. Excépté dans les Zsoetes, les feuilles des Lyco- podiacées sant pourvues de pores corlicaux; les tiges ont à leur centre un faisceau de vaisseaux réunis, et la couche de tissu cellulaire qui les en- toure va en augmentant de densité, à mesure qu’elle approche de la circonférence. | Les Lycopodiacées habitent l'Europe, les Indes et l'Amérique; les genres Psilotum et Tmesipteris ne se rencontrent qu'entre Jes tropiques ou à peu | de distance de celte zone, à la Nouvelle- Hollande et à la Nouvelle-Zélande d’un même côté, et le Psilotum jusque dans la Floride de Pautre. Si la germination dicotylédone observée sur une seule espèce , le Polypodium denticulatum, se pré- sentait de nouveau, et sur d’autres espèces, il faudrait nécessairement éloigner ces plantes des Fougères, etles rapprocher des Conifères, avec les- quelles elles auraient alors plus d’analogie. Quelques Lycopodiacées fossiles gigantesques ontélé indiquées par plusieurs auteurs dans dester- rains houil-lers. (Es Fi) 527 LYCO LYCOPSIDE,, Lycopsis. (son. PHaN.) Genre de la famille des Borraginées.de Jussieu, et de la Pen- tandrie monogynie de Linné. Caractères : calice tubuleux, quinquéfide; corolle, monopétale , in- fundibuliforme , à tube grêle et recourbé en arc, à limbe découpé en cinq lobes , à cinq appendi- ces convexes et connivens, garnissant l'entrée du tube. Ce genre ne comprend qu’un petit nombre d'espèces ayant absolament le port des Buglosses, dont elles ne diffèrent que par la courbure du tube de la corolle, qui est droit dans les Buglosses. Ces espèces sont herbacées, annuelles ou vivaces, hérissées de poils comme Ja plupart des autres Borraginées , et. se couronnent de fleurs violettes, disposées en grappes terminales. Nous mentionnerons ici : 1° le Zycopsis bullata de Cyrille, dont les feuilles offrent une multitude de ballosités blanchôtres, dont les fleurs sont grandes, et qui croît aux environs de Naples; 2° le Lycopsis arvensis , Linné, que l’on trouve dans nos champs incultes , et sur le bord des chemins. Cette dernière espèce fleurit pendant presque toute la belle saison. ( G. £.) LYCORIS, Lycoris. (annéz.) C’est un genre qui appartient à l’ordre des Néréidées, famille et section des Néréides Lycoriennes , éiabli par Savigny (Syst. des Annélides!, p. 12 et 29} qui lui assigne pour caractères : trompe sans tentacules à son orifice; antennes exlérieures plus grosses que les mitoyennes ; première et seconde paires de pieds converties en quatre paires de cirrhes tentaculaires ; des branchies dis- tinctes des cirrhes. Les Lycoris s’éloignent de tous les autres genres de la même famille par Ja présence des mächoires ; elles partagent ce carac- tère avec Les Nephthys, dont elies se distinguent cependant par l’absence de tentacules à l’origine de la trompe. Le genre Lycoris, auquel Linné avait d’abord donné le nom de Néréis, est un des plus naturels de la classe des Annélides; toutes les espèces qui le composent ont des caractères assez tranchés, et que Savigny a fort bien fait res- sortir, Le corps, chez ce genre, est toujours étroit , fort allongé , presque linéaire, atténué pos- térieurement, comme tronqué en avant et divisé en un grand nombre de segmens ; le dos est con- vexe ; mais la face ventrale est aplatie, et on y re- marque toujours une ligne longitudinale qui en occupe la partie médiane; la tête est libre, bien distincte du corps, comprimée en dessus , un peu rétrécie en avant et pourvue de deux paires d’yeux placés l’un au devant de l’autre; en géncral l’an- tenne impaire manque; les mitoyennes , pelites et subulées, sont insérées au devant du front ; enfin les externes , très-yrosses el formées bien distinc- temenl de deux articles, occupent les côtés de Ja têle et ne dépassent que de peu les miloyennes. La trompe est très-grosse , cylindrique et partagte en deux anneaux, dont la surface est hcrissée de petits points ou tubercules cornés plus ou moins nombreux; son orifice n’est pas entouré de tenta- cules, mais présente deux mâchoires saillantes et latérales qui sont formées par une lame cornée, LYCO ‘ 528 LYCO courbée en faux et dentelée sur le bord interne ; le premier anneau du corps est souvent plus grand que le suivant, et donne insertion, près de son bord antérieur, à quatre paires de cirrhes tentacu- laires qui avancent de chaque côté de la tête, et ont la forme de longs filamens subulés. Les pieds sont assez saillans et formés de deux rames dis- tinctes, réunies par leur base sur un tronc com- mu, et portant un acicule et un ou deux faisceaux de soies, dont le mode de conformation est assez constant. Ces appendices sont composés de deux articles : l’un basilaire, un peu renflé vers le bout, est échancré de manière à recevoir la pièce termi- nale, qui y est logée comme dans une charnière ; la forme de la pièce terminale varie; tantôt elle est longue , étroite et subulée; d’autres fois courte, aplatie et légèrement recourbée en crochet. Les cirrhes sont toujours filiformes et subulés; on en voit un près de la base de chaque rame, et celui de la rame ventrale est constammeënt plus court que celui de la rame dorsale ; les branchies entrent, pour ainsi dire, dans la composition des pieds, et consistent en trois mamelons pu languettes char- nues qui en occupent l’extrémilé. Deux de ces ap- endices sont fixés à la rame dorsale , l’un sous le cirrhe supérieur, l’autre sous le tubercule sétifère et le cirrhe inférieur. La forme de ces languettes branchiales , ainsi que leur grandeur relative, va- rient souvent dans les différentes parties du corps; mais elles existent à tous les pieds, excepté quel- quefois sur les deux ou trois premiers, où elles sont plus ou moins rudimentaires ; enfin les appendices du dernier segment se présentent toujours sous Ja forme de deux longs filets stylaires. Ces annélides sont très-communes sur toutes nos côles : on les rencontre fréquemment sur les huîtres, et à marée basse sous les pierres. Les espèces qui composent ce genre, connues sous le nom de Scolopendres marines, sont très-nombreuses:; aussi MM. Au- douin et Edwards, dans un ouvrage ayant pour titre : Recherches pour servir à l'Histoire naturelle du littoral de la France, ont-ils cru, pour rendre plus facile à l’étude la connaissance de ces espèces, les partager en trois subdivisions. A. Espèces dont les antennes sont au nombre de quatre, el dont le bord supérieur de la rame dorsale est élevé en forme de lobe au dessus du niveau de l'insertion du cirrhe correspondant, Lycons DE Marion, L. Marioniü, Nereis Ma- rionit, Aud. Edw. Le corps, chez cette espèce, est cylindrique antérieurement, mais très-atténué et un peu déprimé vers l'extrémité anale; on lui compte cent quarante segmens, dont le premier n’est pas notablement plus grand que les suivans; la tête est assez forte ; les antennes mitoyennes sont très-courtes, tandis que les externes sont très-développées ; les mâchoires sont minces, al- longées et très-pointues; elles présentent sur le bord interne quinze à seize petites dentelures. Les cirrhes tentaculaires sont courtset n’atteignent pas l'extrémité des antennes externes; les pieds sont assez grands; leur composition est essentiellement la même dans toute la longueur du corps; mais leur forme change beaucoup; ceux des neuf ou dix premières paires ne présentent aucune lame foliacée ; leur cirrhe supérieur est filiforme, subulé et.plus grand que l’inférieur ; il dépasse un peu le tubercule branchial placé au dessous, et s’insère près du point de réunion du dos avec la base du pied , qui n’est pas élevé en manière de crête. Leur branchie supérieure est très-grosse, en forme de mamelon conique; le tubercule sétifère situé au dessous est saillant et garni d’un nombre assez considérable de poils ; leur second tubercule bran- chial a la même forme que le premier, mais il est plus petit. La rame ventrale présente à son sommet un petit lobe membraneux, au devant du- quel sont implantées les soies ; leur languette bran- chiale, située au dessous, est conique et arrive à peu près au même niveau que le lobule terminal ; enfin le cirrhe inférieur est moins long que la bran- chie correspondante , et on ne remarque pas de renflement lobulaire au dessous de son point d’in- sertion. Dans tout le reste du corps, la rame ven- trale, ainsi que la branchie inférieure et le tuber- cule sétifère dela rame dorsale, ne présentent aucun changement notable; mais il n’en est pas de même de la partie supérieure des pieds ; car celle- ci se modifie d’une manière remarquable ; ainsi le point d’inserlion du cirrhe dorsal se rapproche de plus en plus du sommet de la languette branchiale, et la portion de la base du pied comprise entre ce cirrhe et le dos de l’animal s’élève en forme de crête arrondie; en même temps la branchie supé- rieure devient de plus en plus saïllante et plus com- primée, et, dans les trois quarts supérieurs du corps , celte portion du pied prend même la forme d’une grande lame foliacée, dont le sommet est échancré et donne insertion à un petit cirrhe fili- forme, qui disparaît presque entièrement vers le quatre-vingtième segment; enfin ces espèces de feuilles membraneuses finissent par conslituer à elles seules la presque totalité des pieds, et, sere couvrant l’une l’autre, forment de‘chaque côté une bordure qui donne à ces Lycoris ou Néréides une apparence singulière. La couleur générale de cette espèce, lorsqu'elle est conservée dans l'alcool, est fauve , sans mélange de tache, et sa longueur est d'environ six à sept pouces. Habite les côtes de la Vendée. Les Lycoris fucata , podophylla, folliculata , Sa- vigny , Vereis heteropoda, Chamisso, fimbriata , Mull., et le Spio caudatus, Delle Chiaje , appar- tiennent à cette division. B. Espèces dont les antennes ne sont qu’au nom- bre de quatre , et dont la base de la rame supé- rieure des pieds n’est pas élevée en forme de lobe foliacé et de crête très-élevée. Lyconis ne Beaucoupray, Lycoris Beaucoudrayi, Nercis Beaucoudrayi, Aud. et Edw. Le corps de cette nouvelle espèce, qui a été trouvée aux îles Chaussey par MM. Audouin et Edwards, est long de sept à hait pouces, cylindrique et divisé seule- ment en une centaine d’anneaux : le premier sez- ment n’est pas notablement plus long que le se- cond; la tête et les antennes ont les mêmes for- mes « LYCO mes et les mêmes proportions que chez la Néréide de Marion; la trompe est grande , le premier an- neau qui la constitue présente en dessus quelques pointes cornées assez grosses, el en dessons une double ligne transversale d’aspérités de même na- ture ; sur le second anneau, ces pointes sont beau- coup plus fixes , et forment six groupes très-dis- tincts Les uns des autres ; enfin les mâchoires sont d’une couleur rouge, et présentent sur leur bord interne une série d'environ dix fortes dentelures qui s'étend jusqu’à leur sommet ; les cirrhes tenta- culaires sont assez développés, le plus grand dé- passe l'extrémité de la trompe, et si on le renverse en arrière , il arrive à peu près au sixième anneau ; les pieds sont petils et peu saillans, et les deux rames qui les constituent ne deviennent bien sé- parees entre elles que vers le milieu da corps ; le cirrhe supérieur, d’abord à peu près de la même lon- gueur que Ja languette branchiale correspondante, la dépasse ensuite ; mais il est Loujours assez court ; les branchies ont la forme de mamelons coniques, et sont toutes à peu près de même longueur, si ce n'est vers l'extrémité postérieure du corps, où la supérieure dépasse un peu les autres. Le tuber- cule sétifère de la rame dorsale est petit et ne porte que très-peu de soies; celui de la rame in- férieure se divise à son sommet en deux petits lo- bes, et dans la moitié postérieure du corps est un peu moins saillante que la branchie. Enfin le cirrhe inférieur est plus court que la languette branchiale placée au dessous , et les soies présentent la même disposilion que dans les espèces précédentes. , Lyconrs RouGEATRE , L. rubida, Sav. Cette es- pèce , qui a été trouvée par Péron pendant son voyage , paraît assez voisine de la Néréide de Beaucoudray. La seule différence connue consiste dans le nombre de dentelures dont le bord des - mâchoires est armé. Il en est de même de la Ly- coris égyptienne, L. ægyplia, Say. La Lyconis nNéBureuse, Lycoris nubila, Sav. 2 Cette espèce, dont la patrie est inconnue , ne dif- fère de la précédente que par la grandeur du pre - mier segment du corps et par les cirrhes supérieurs qui sont égaux à leur languette branchiale, près de la tête, mais deviennent ensuite beaucoup plus courts. Les Lycoris pulsatoria, fulva , margaritica, Sa- Vigny, et quelques autres espèces, viennent se ran- «ser dans cette division. | C. Espèces pourvues de cinq antennes, Aucune Néréide de nos côtes ne présente d’an- tenne médiane ; mais Müller a fait connaître une annélide des mers du Nord qui ne paraît différer des espèces précédentes que par celte disposition ; c’est la Néréide versicolore, W. versicolora, Mül-. ler, Lycoris versicolora, Say. (H..L.) _ LYCOSE, Zycosa. (aracun.) Cest à l’ordre es Pulmonaires, à la famille des Aranéides, section des Dipneumones, et à la tribu des Citi- grades qu’appartient ce genre qui a été établi par Latreille, adopté par Waickenaër et tous les ento- mologistes. Ses caractères sont : yeux disposés en quadrilatère aussi long ou plus long que large, T. IV. ————————— 529 Ÿ LYCO et dont les postérieurs ne sont pas portés sur une éminence; première paire de pieds sensiblement plus longue que la seconde. Ces aranéides- ont un peu d’analogie avec les Dolomèdes de Latreille; mais elles en diffèrent par la manière dont les yeux sont placés sous le thorax, et par les pattes dont la seconde paire est aussi longue que la première. Les yeux des Lycoses forment un quadrilatère ; ils sont dispo- sés sur trois lignes transverses : la première for- mée de quatre et les deux autres de deux ; les quatre derniers composent un carré dont le côté postérieur est de la longueur ge la ligne formée par les antérieurs, ou guère plus long; les deux postérieurs pe sont pas portés sur des tubercules comme ceux des Dolomèdes. La lèvre des Lycoses est carrée, plus haule que large. La longueur de leurs pattes va dans l’ordre suivant : Ja quatrième paire la plus longue, la première ensuite, la se- conde et la troisième qui est la plus courte. Leur corps esi couvert d’un duvet serré , et leur abdo- men est de forme ovale. Les Lycoses courent très-vite, elles habitent presque loules à terre, car elles pratiquent des trous qu’elles agrandissent avec l’âge, et dont el- les fortifient les parois intérieures avec une toile de soie , afin d'empêcher les éboulemens. D’autres s’établissent dans les fentes des murs, les cavités des pierres , etc.; quelques unes (L. alladroma) \ font un tuyau composé d’une toile fine, long d’en- viron cinq centimètres, et recouvert à l'extérieur de parcelles de terre; elles forment ce tuyau au temps de la ponte. Toutes se tiennent près de leur demeure, et y guettent leur proie, sur laquelle el- les s’élancent avec une rapidité étonnante. Ces Aranéides passent l'hiver dans ces trous , et SU vant Olivier, la Lycose tarentule a soin d’en bou- cher exactement l'entrée pendant cette saison. Les Lycoses sortent de leurs retraites dès les premiers jours du printemps, et elles cherchent bientôt à remplir le vœu de la nature en s’accouplant : sui- vant les espèceset suivant la température du prin- temps, l’accouplement a lieu depuis le mois de mai jusqu'à Ja mi-juillet. D’après Clerck, les deux sexes de celle qu'il nomme Monticola préludent long-temps par divers petits sauts ; la femelle s’é- tant soumise, le mâle, par le moyen d’un de ses palpes, rapproche de son corps et un peu obli- quement son abdomen : puis, se plaçant par der- rière et un peu de côté, se couche sur elle, ap- plique doucement , et à diverses reprises , SOD or- gane générateur sur un corps proéminent (que Clerck nomme trompe) de la partie sexuelle de Ja femelle ; et faisant jouer alternativement l’un de ses palpes, jusqu’à ce qne les deux individus se séparent par un sautillement très-preste. Les Ly- coses pondent ordinairement des œufs sphériques et variant en nombre, suivant les espèces, depuis vingt à peu près jusqu’à plus de cent quatre-vingts. Ces œufs, à leur naissance, sont libres ; mais la. mère les renferme dans un sac où cocon circu- laire, globuleux ou aplali, et formé de deux ca- lottes réunies par leurs bords. Ce cocon ou sac à 307° Livraison. 67 re 0 2 ge + mg 550 D cm ou eue OS UT CT CCC TO COQ QUO € À QC LYCO œufs esl toujours attaché sous le ventre de Ia fe- melle, près des filières, au moyen d’une petite pe- lote ou d’un lien de soie. La femelle porte partout avec elle celle postérité future, et court avec cé- lérilé malgré cette charge ; si on Ven sépare, elle entre en fureur , et ne quitte le lieu où elle a fail celle perle qu'après avoir cherché long-temps et être revenue souvent sur ses pas; si elle à le bonheur de retrouver son cocon, elle le saisit avec ses mandibules, et prend la faite avec précipitation. Les œnfs des Lycoses éclosent en juie et en juil-' let. Degéer , qui a beaucoup observé ces araignées, présume que la mèré aide les petits à sortir de l'œuf, en perçant la coque. Les petits restent en- core long-temps dans leur coque générale; el ce n’est qu'après le premier changement de peau qu’ils abandonnent leur demeure, et marchent sur le corps de leur mère où ils se cramponnent ; c’est surtout sur l'abdomen et sur le dos qu'ils s’é- tablissent de préférence, en s’y arrangeant en gros pelotons qui donnent à la mère une figure hideuse et extraordinaire. Par un temps seremm, et vers la mi-octobre, Lister a observé unegrande quantité de jeunes Lycoses voltiseant dans l'air ; pour se soutenir ainsi , elles faisaient sortir de leur filières, comme par éjaculation , plusieurs fils sim- ples en forme de rayons de comète, d'un éclat extraordinaire et d’un prourpre brillant, Ces pe- tiles araignées faisaient mouvoir leurs pates avec rapidité et en rond au dessus de leur tête, de manière à rompre leurs fils, ou à lesrassembler en petites pelotes d’un blanc de neige. C’est, soute- nues par ce petit ballon, que les jeunes Lycoses s’abandonnent dans l'air et sont transportées à des hauteurs considérables. Quelquefois ces longs fils aériens sont réunis en forme de cordes em- brouillées et.inégales , et deviennent un filet avec lequel ces jeunes aranéïides prennent des petites mouches ét d’autres insectes de pelite taille. Le genre Lycose se compose d’un assez grand nombre d'espèces ; il en est une surtout qui est très-commune aux environs de Tarente, et qui jouit d’une grande célébrité, parce que le peuple croil que sa morsure produit des accidens très-gra- ves. Nous dirons quelques mots sur ces préten- dus accidens lorsque nous traiterons de cette es- pèce. M. Walckenaër, auquel la science est rede- vable d’an grand nombre de travaux sur les Ara- néides, divise le genre Lycose en trois familles. Première famille. Les Terricoes (Terricolæ). Ligae antérieure des yeux n'étant pas plus large que Ja ligne intermédiaire; abdomen revêtu de couleurs obscures; filières égales, peu ap- parentes, Les espèces qui composent celte tribu courent toutes à terre, elles se cachent dans des trous. Leur cocon est toujours aplati. C’est à cette famille des Terricoles qu’appartient la Lycose rarenruze, L. tarentula, Lair. ; Ara- nea tarentula, Linn., Fabr., Albin. (Aran. , tab. 39). Guérin, Icon. du Règa. anim. ; Arachn., pl. L, fig. 6; reproduite dans notre Atlas, pl. 315, fig. 2 et 2 a. Elle est longue d'environ un pouce, LYCO ct présente sur le dessus de son céphalothorax un duvet couché grisâtre, tanlôt unilorme, tantôt offrant de chaque côté de la ligne médiane une grande tache longitudinale plus obscure, qui ne paraît souvent que comme une nébulosité. Les bords du tronc sont constamment colorés d’un gris ocracé ou argileux. Les mandibules sont noi: res, excepté à leur base antérieure, qui est revêtue d’un duvet plus où moins ocracé ou gris. Les palpes ont une teinte ocracée assez vive , mais tou- jours noirs à leur extrémité. La coulenr de la robe de l’abdomen, vue par dessus, est d’un gris foncé tirant sur le noirâtre ; dans les individus frais, le gris jaunâtre plus où moins pointilléde noir do- mine, mais le pourtour est d'un gris ocracé plus clair ; antérieurement il présente deux taches noi- rés en fer de flèche, mais rarement trois. L'ab- domen en dessous est orangé très - vil, traversé au milieu par une large bande noire ( fig. 2 a }. Les pattes sont constamment d’un gris nojrâtre ou jaunâtre. Celle espèce élant très - célèbre a été figurée par une foule d’auteurs, mais si mal, qu'il semble que plusieurs d’entre eux se soient plu à exagérer ses formes hideuses, afin d’inspirer plus d'horreur pour elle et d’accréditer, par ce moyen , les absurdités qu’ils ont débitées sur les propriétés de son venin. Îl serait trop long de mentionner ici les noms des auleurs qui ont parlé de la Tarentule , et qui l’ont figurée. Nous dirons seulement ‘que, selon les uns , son venin produit des symptômes qui approchent dela fièvre maligne ; selon d’autres, il ne procure que quel- ques taches érysipélatcuses , et des crampes légè- res ou des fourmillemens. La maladie que le vul- gaire croit que la Tarenlule produit par sa mor- sure a reçu le nom de Tarentisme, et l’on ne peut la guérir que par les secours de la musique. Quel- ques auteurs ont poussé l’absurdité jusqu’à indi- quer les airs qu'ils croient convenir le plus aux Ta- rentolati : c'est ainsi qu’ils appellent les mala- des. Samuel Hafenreffer, professeur d'Ulm, les : a nolés dans un trailé des maladies de la peau ; Baglivi a aussi écrit sur les Tarentules du midi de la France; mais on est bien reveuu de la frayeur qu'elles inspiraient dans son temps, et aujourd’hui il est bien reconnu que le venin de ces Araignées n’est dangereux que pour les insectes doni la Ta- rentule fail sa nourriture. Si celle espèce a été célèbre par les fables dont elle a été l’objet, elle ne l’est pas moins par ses mœurs, quisont vraiment curieuses. Nous emprun- terons à L. Dufour, qui a été à même de l’obser- ver en Espagne, les observations suivantes. La Lycose tarentule, dit cet auteur, habite de prété- rence les lieux découverts, secs, arides, incultes, exposés au soleil. Elle sc tient ordinairement, au moins quand elle est adulte, dans des conduits souterrains , dans de véritables clapiers qu’elle se creuse elle-même. Ces clapiers, signalés par plu- sieurs auteurs, ont été imparfaitement saisis et mal décrits. Cylindriques et souvent d’un pouce de diamètre , ils s’enfoncent jusqu’à plus d’un pied dans la profondeur du sol; mais ils ne sont pas LYCO 531 LYCO perpendiculaires, ainsi qu’on l’a avancé. L'habi- tant de ce boyau prouve qu'il est en même temps chasseur adroit et ingénieur habile, Il ne s’agissait pas seulement pour lui de construire un réduit profond qui pût le dérober aux poursuites de ses ennemis ; il fallait encore qu'il établit 1à son ob- servatbire pour épier sa proie ets’élancer sur elle comme un trait. La Tarentule a tout prévu. Le conduit souterrain a effectivement une direction d'abord verticale ; mais, à quatre ou cinq pouces du sol, il se fléchit en angle obtus, il forme un coule horizontal, puis redevient perpendiculaire. G'est à l’origine de ce coude que la Lycose, éta- blie en sentinelle vigilante, ne perd pas un instant de vue la porte de sa demeure ; c’est là, qu'à l’é- poque où je lui faisais la chasse, j'apercevais ses yeux élincelans comme des diamans , lumineux comme ceux du Chat dans l'obscurité. ; L'orifice extérieur du terrier de la Tarentule est ordinairement terminé par un tuyau construit de toutes pièces par elle-même et dont les auteurs ne font pas mention. Ge tuyau, véritable ouvrage d'architecture, s'élève jusqu’à un pouce au dessus du sol et a parfois deux pouces de diamètre , en sorte qu'il est plus large que le terrier lui-même. Cette dernière circonstance, qui semble avoir été calculée par l'industrieuse aranéide, se prête à merveille au développement obligé des pates au moment où il faut saisie la proie. Ge tuyau est principalement composé de fragmens de bois sec unis par un peu de terre glaise et si artistement disposés les uns an dessus des autres, qu’ils forment un échafaudage en colonne droite, dont l'inté- rieur est un cylindre creux. Ge qui établit surtout la solidité de cet édifice tubuleux , de ce bastion avancé, c'est qu'il est revêtu, tapissé en dedans d un lissu ourdi par les filières de la Lycose et qui continue dans tout l’intérieur da terrier. Il est fa- cile de concevoir combien ce revêtement si habi- lement fabriqué doit être utile, et pour prévenir les éboulemens, les déformations , et pour l'entre- üen de la propreté, et pour faciliter aux grilles de la Tarentule: l'escalade de sa forteresse. J’ai laissé entrevoir que ce bastion du terrier n'existait pas toujours, En effet, j'ai souvent rencontré des trous de Tarentule où il n’y en avait pas de trace, soit qu’il eût été détruit accidentellement par le mauvais temps, soit que la Lycose ne rencontre pas toujours des matériaux pour sa construcliôn, soit enfin parce que le talent de l'architecte ne se dé- clare peut-être que dans les individus parve- nus au dernier degré , à la période de perfection de leur développement physique et intellectuel, Ge qu'il y a de certain, c'est que j'ai eu de nom- “breuses occasions de constater ces tuyaux, ces ouvrages avancés de la demeure de ja Tarentule, Ïs me représentaient en grand les fourreaux de quelques Phryganes. Cette aranéide a voulu at- teindre plusieurs buts en les construisant. Elle met son réduit à l’abri des inondations; elle Je prémunit contre la chute des corps étrangers qui ;, balayés par les vents, finiraient par l’obstruer; enfin elle s’en sert comme d’une embûche, en offrant aux mouches et autres insectes dont elle se nourrit un point saillant pour s’y poser, Qui nous dira toutes lesruses employées par cel adroit et intrépide chasseur? Disons maintenant quelque chose sur la chasse assez amusante de la Taren- tule, Les mois de maiet de juin sont la saison la plus favorable pour la faire. La première fois que je découvris les clapiers de cette aranéide, et que je constatai qu’ils étaient habités en l’apercevant en arrêt au premier élage de sa demeure, qui est le coude dont j'ai parlé, je crus, pour m'en ren- dre maître, devoir l’attaquer de vive force et la poursuivre à oulrance. Je passai des heures en- tières à ouvrir la tranchée avec un couteau pour investir sou domicile..Je creusai à une profondeur de plus d’un pied sur deux de largeur, sans rencon- trer la Tarentule. Je recommencçai celte opération dans d’autres clapiers, et toujours avec aussi peu de succès. Il m’eût fallu une pioche pour atteindre mon but; mais j'étais trop éloigné de toute habi- tation en Espagne. Je fus donc obligé de changer mon plan d’altaque,.et je recourus à la ruse. La nécessité est, dit-on, la mère de l’industrie. J’eus idée, pour simuler un appât, de prendre un chaume de graminée surmonté d’un épillet et de frotter, d’agiter doucement celui-ci à l’orifice du clapier. Je ne tardai pas à m’apercevoir que l’at- tention et les désirs de la Lycose étaient éveillés. Séduite par cette amorce, elle s’avançait à pas me- surés et en tâtonnant vers l’épillet, et en relevant à propos celui-ci un peu en dehors du trou pour ne pas laisser le temps de la réflexion , elle s’élan- çait souvent d’un seul trait hors de sa demeure , dont je m’empressais de lui fermer l'entrée. Alors la Tarentule, déconcertée d’avoir perdu sa liberté, était fort gauche à éluder mes poursuites, et je l’o- bligeais à entrer dans un cornet de papier que je fermais aussitôt. Quelquefois, se doulant du piège, oumoins pressée peut-être par la faim, elle se tenait sur la réserve, immobile, à une petite distance de sa porte, qu’elle ne jugeait pas à propos de franchir. Sa patience lassait la mienne. Dans ce cas, voici la tactique que j’employais : après avoir bien reconnu la direction du boyan et la po- sition de la Lycose, j’enfonçais avec force et obli- uement une lame de couleau , de manière à sur- prendre l'animal par derrière et à lui couper la retraite en lui barrant le clapier. Je manquais ra- rement mon coup, surtout dans des terrains qui n'étaient pas pierreux. Dans cette situation criti- que, ou bien la Tarentule, effrayée, quittait sa demeure pour gagner le large, ou bien elle s’ob- stinait à demeurer accuiée contre la lame de cou- teau. Alors, en faisant exécuter à celle-c1 un mouvement de bascule assez brusque, on lançait au. loin et la terre et la Lycose , et on s’emparait de celle-ci.\En employant ce procédé de chasse, je prenais parfois jusqu’à une quinzaine de Taren- tules dans l’espace d’une heure. Dans quelques circonstances où la Tarentule était tout-à-fait désabusée du piége que je luiten- dais, je n’ai pas été peu surpris, lorsque j’enfon- çais l’épiliet jusqu’à la toucher dans son gîte, de w oo LYCO 32 - LYCO la voir jouer avec une espèce de dédain avec cet épillet et le repousser à coups de pattes, sans se donner la peine de gagner son réduit. 8E Les paysans de la Pouille, au rapport de Ba- glivi, font aussi la chasse à la Tarentule, en imi- tant , à l’orifice de leur terrier, le bourdonnement d’un insete au moyen d’un chaume d’avoine. Ru- ricolæ nostri, dit-il, quando eas captare volunt , ad illarum latibula accedunt , tenuisque avenaceæ fistulæ sonum apum murmuri non absimilem modulantur , quo audito foras exit Tarentula ut muscas vel alia hujus modi insecta, quorum murmur esse putat, cap- tet; captatur tamen ista à rustico insidiatore. Ba- glivi, Opera omnia, pag. 356. La Tarentule, si hideuse au premier aspect , surtout lorsqu'on est frappé de l’idée du danger de sa piqûre , si sauvage en apparence, est cepen- dant très-susceptible de s’apprivoiser, ainsi que j'en ai fait plusieurs fois l'expérience. Le 7 mars 1812, pendant mon séjour à Valence en Espagne, je pris, sans la blessér , une Taren- tule mâle d’une belle taille, et je l’emprisounai dans un bocal de verre clos ‘par un couvercle de papier, au centre duquel j’avais pratiqué une ou- verture à panneau. Dans le fond du vase, j'avais fixé le cornet de papier dans lequel jel’avais trans- portée, et qui devait lui servir de demeure habi- tuelle. Je plaçai le bocal sur une table de ma chambre à coucher, afin de l’avoir souvent sous les yeux. Elle s’habitua promplement à sa réclusion , et finit par devenir si familière, qu’elle venait saisir au bout de mes doigts la mouche que je Jui servais, Après avoir donné à sa victime le coup de la mort avec le crochet de ses mandibu- les, elle ne se contentait pas, comme la plupart des Araïsnées, de lai sucer la tête, elle broyait tout son corps en l’enfonçant successivement dans sa bouche au moyen de ses palpes ; elle rejetait ensuite les tégumens triturés et les balayait loin de son gîle. Après son repas , elle manquait rarc- ment de faire sa toilette, qui consistait à brosser, avec les tarses de ses pattes antérieures, ses palpes et ses mandibules tant en dehors qu’en dedans, ct après cela elle prenait son attitude de gravité immobile. Le soir et la nuit étaient pour elle le temps de Ja promenade; je l’entendais souvent gratter le papier du cornet. Ces habitudes noctur- nes confirment l’opinion, déjà émise ailleurs par moi, que la plupart des Aranéides ont la faculté de voir pendant la nuiïtet le jour comme les Chats. Le 28 juin, ma Tarentule changéa de peau, el celte mue, qui fut la dernière, n’altéra d’une manière sensible ni la couleur de sa robe ni la grandeur de son corps. Le 14 juillet, je fus obligé de quitter Valence, et je restai absent jusqu’au 29. Durant ce temps, la Tarentule jeûna. Je la ‘trouvai bien portante à mon retour. Le 20 août , je fis encore une absence de neuf jours que ma prisonuière supporta sans alimens et sans altéra- tion de santé. Le 1 octobre, j'abandonnai encore la Tarentule sans provisions de bouche. Le 22 de ce mois, étant à vingt lieues de Valence, où j'é- tais destiné à demeurer, j’expédiai un domestique pour me l’apporter. J’eus le regret d'apprendre qu'on ne l'avait pas trouvée dans son bocal, et j'ai ignoré son sort. Je terminerai mes observations sur la Taren- tale, dit L. Dufour, par une courte description d’un combat singulier entre ces animaux, Dans le mois de juin 1810, un jour que j'avais fait une chasse heureuse à ces £ycoses, je choisis deux mâles adultes bien vigoureux que je misen pré- sence dans un large bocal, afin de me procurer le spectacle d’un combat à mort. Après avoir fait plusieurs fois le tour du cirque pour chercher à s'évader , ils ne tardèrent pas, comme à un signal donné, à se poster dans une attitude guerrière. Je les vis avec surprise prendre leur distance, se redresser gravement sur leurs pattes de derrière , de manière à se présenter mutuellement le bou- clier de leur poitrine. Après s’être observés ainsi face à face pendant deux minutes, après s'être sans doute provoqués par des regards qui échap- paient aux miens, Je les vis se précipiter en même temps l’un sur l’autre, s’entrelacer de leurs pattes, et chercher, dans une lutte obslinée , à se piquer avec les crochets des mandibules. Soit fatigue , soit convention , le combat fut suspendu. Il y eut une trève de quelques instans, et chaque athlète, s’éloignant un peu, vint se replacer dans sa po- sition menaçante. Gette circonstance me rap- pela que, dans les combats singuliers des Chats, il ÿ à aussi des suspensions d’armes. Mais la lutte ne Larda pas à recommencer avec plus d’acharne- ment entre les deux Tarentules : l’une d'elles , eprès avoir long-temps balancé la victoire, fut en- fin terrassée et blessée d’un trait morte] à la tête; elle devint la proie du vainqueur, qui lui déchira le crâne et la dévora. Après ce combat singulier, j'ai conservé vivante, pendant plusieurs semaines , la Tarentule victorieuse. Cette espèce se trouve en Espagne et dans l’Italie méridionale. Il existe dans le midi de la France une espèce de Lycose qui diffère très peu de celle que nous venons de décrire, et qu'Olivier a confondue avez elle : c'est la Lycose mélanogastre de Latreille (Lycosa narbonensis, Walck. ). Elle est un peu plus petite que la précédente, et en diffère surtout par un abdomen qui en dessous est entièrement noir , et dont les bords seulement sont rouges, Cette espèce se trouve à Nimes et aux environs de Montpellier. Deuxième famille. Les Consaines ( Piraticæ). Ligne antérieure des yeux un peu plus large que * Ja ligne intérmédiaire; abdomen orné de taches ou raies d’un blanc éclatant; filières égales , peu apparentes. — Aranéides courant sur les bords ei à la surface des eaux; cocon sphérique. L'espèce type de celte famille est la Lxcose CORSAIRE , L. piratica, Walck. Le corselet est verdâtre, bordé d’un blanc très-vif; l'abdomen est ovale, noirâtre , entouré de chaque côté d’une ligne blanche, et ayant six points blancs sur le dos. Gette espèce se trouve sur le bord des étangs et des marais. Elle court sur la surface de l'eaa LYCU 5e 3 LYGÉ sans se mouiller. Elle pond vers la fin de juin. Son cocon est d’un beau blanc mat; ilest parfaite- ment sphérique et très-petit. Elle le porte attaché à l'anus, mais quelquefois aussi entre ses mandibu- les, lorsqu il a été détaché de son abdomen par quel- que accident. Ses œufs sont d’un jaune orangé. Troisième famille. Les Ponre-queuss (Caudatæ ). Ligne antérieure des yeux n’étant pas plus large que l'intermédiaire ; filières supérieures appa- rentes et beaucoup plus longues que les infé- rieures. — Aranéides courant par lerre et se ca- chant sous les pierres. Une seule espèce compose celte troisième fa- mille. c’est la Lycoss acrimans, L. albimana , Walck. Le corselet est très-déprimé, d’un brun noir luisant et glabre , entouré d’une raie fine d’un blanc très-vil, lormée par des poils. Les mâchoi- res sont d’un rouge sale, avec la lèvre plus fon- cée. L’abdomen est couvert de poils fauves, rou- geâtres, avec une petite raie blanche à la partie antéricure', qui fait suite à celle du corselet. Les paltes sent rougeâtres. L Cette petite aranéide se retire sous les pierres ; elle pond vers le milieu d'août, et fait un petit cocon sphérique blanc, qu’elle traîne attaché à son anus. (H. L.) LYCTE, Lyctus. (ixs.) Genre de Coléoptères de la section des Tétramères, famille des Xylo- phages, tribu des Trogossitaires. Ce genre a été créé-par Fabricius; les caractères qui le distin- guent se réduisent à ceux-ci: mandibules saillantes; antennes de onze articles dont les deux derniers forment la massue; corps étroit et allongé. Ces pe- üts insectes se trouvent sur le bois, dans lequel vivent probablement leurs larves; ce genre a été établi sur l’espèce suivante. L. canaucuzé, L, canaliculatus , Fab, Oliv., t. 2, pl. 1, fig. 5. Long de deux lignes, brun rou- geâtre avec les yeux noirs, corselet carré, fine- ment crénelé sur les côtés, ayant dans son mi- lieu une impression longitudinale profonde; tout le corps est couvert d’un duvet jaunâtre clair- semé, lequel duvet forme sar chaque élytre neuf à dix raies distinctes. Commun à Paris. (A. P.) LYCUS , Lycus. (1xs.) Genre de Coléoptères de la section des Pentamères, famille des Serricor- nes, tribu des Lampyrides, ayant pour caractères : têle avancée en {orme de museau; mandibules étroites; palpes maxillaires terminés par un article presque sécuriforme; antennes irès-rapprochées à leur base, longues, comprimées , denteles en scie; pénullième article des tarses bilobé; corps étroit ; élytres dilatées postérieurement, Les Lycus sont bien reconnaissables à leur têie allongée , large en arrière, rélrécie en avant, inclinée ; les yeux sont globuleux ; les antennes; instrées au de- vant d'eux,'ont leurs premiers articles plus courts que les autres ; le corselet est plat, plus large en arrière qu’en avant ; il est difficile d’assigner une forme générale aux élytres , car elles varient beau- “coup; dans le Lycus sanguineus, qni se trouve dans notre pays, elles sont d’égale largeur partout ; mais dans un grand nombre d’espèces exotiques elles offrent quelquefois des dilatations telles que l’insecte devient de forme presque circulaire; M. Guérin, qui prépare une Monographie de ce genre , l’a divisé en plusieurs sous-genres très-na- turels, dont il a donné un tableau dans la partie entomologique du Voyage autour du monde de M. le capitaine Duperrey. Les limites de cet ou- yrage ne nous permettent pas de présenter ici sa classification ; ce travail, du reste, ne peut inté- resser que les personnes qui s'occupent spéciale- ment de l’étude des insectes. On rencontre les Lycus sur les fleurs, dont ils recherchent les sucs, qu’ils puisent au moyen de leur longue tête. Nous réunissons à ce genre celui des Dictyoptères , créé par Latreille, L. sanquIn, L. sanguineus , Linné, figuré dans notre Atlas , pl. 513, fig. 4. Long de trois à quatre lignes; noir brillant; corselet et élytres rouge sanguin ; le corselet a sur son milieu une “grande tache noire qui s'étend jusque sur l’écus- son ; la larve vit sous l'écorce des chênes ; elle est noire avec le dernier anneau de l’abdomen terminé par deux cornes cylindriques; on ne la trouve pas très-communément. Lycus mrès-Larce, L. latissimus , représenté dans notre Atlas, pl. 315, fig. 4. Lat. Long de hüit à neuf lignes ; noir; corselet et élytres fauves, celles-ci très-dilatées dans les mâles avec une ta- che marginale ; l’extrémité noire. Je lai recu du Sénégal. CAEN) LYGÉ, Lygeum. (mor. pan.) Ce nom, qui, en grec, exprime la souplesse, a élé donné par Linné au Spart, graminée originaire d'Espagne, et qui, avec la Stipa tenacisima et quelques autres, est employée aux ouvrages de paille appelés spar- teries. Son chaume est vivace, dressé, ferme, cy- lindrique , haut d’un à deux pieds; il n’offre qu’un seul nœud , d’où part la dernière feuille. Les feuil- les , rapprochées vers la partie inférieure du chaume, sont linéaires, raides, tubulées et pres- que cylindriques. , Les caractères génériques du Lygeum s’éloi- gnent assez de l’organisation ordinaire des Gra- minées pour nécessiter quelques détails ; ils ont été souvent mal décrits, ou plutôt mal compris. On a cru que, dans ce genre, deux fleurs se réunissaient poar former un fruit à deux loges : c’eût été en ef- jet un accident fort remarquable dans l’histoire des plantes, et une exception unique dans la fa- mille des Graminées. Mais le professeur Richard, dans les Mémoires de la Soc. d’Hist. nat. de Pa- ris, an VIF, p. 28, a rectifié cette erreur, et fait connaître le premier, d’une manière précise, l’or- ganisation du Lygeum. V4 Les fleurs sont hermaphrodites, disposées en épillets biflores (rarement à trois fleurs) , enve- loppés chacun dans une spathe foliacée , verdâtre, striée, enroulée sur elle-même et amincie à sa partie supérieure ; les deux fleurs sont appliquées l’une contre l’autre, soudées ensemble jusqu’au tiers de leur hauteur, et recouvertes à leur base de poils soyeux, blancs, longs et touffus. Chaque le RICE. - 53 4 LYMN fleur offre une glume à deux valves inégales ; l’ex- térieure embrassant l’autre, linéaire, aiguë, ca- rénée, formant un tube ovoïde avec la valve de la fleur voisine ; l’intérienre, beaucoup plus lon- gue, étroite, mince, bifide au sommet, soudée avec celle de la seconde fleur. Le tube formé par la soudure des valves externes des deux fleurs est en quelque sorte biloculaire, les deux valves in- ternes y formant une cloison. Les étamines, au nombre de trois, sont insérées au fond du tube, au dessous de l'ovaire : leurs anthères, saillantes,, longues de près d’un pouce, sont éiroiles, pris- matiques. L'ovaire est fusiforme , font petit, et se distingue à peine du style qu'il porte; celui-ci se termine par un stigmate simple et subulé, Le fruit se compose du tube des glames, qui augmente et, devenu cartilagineux, a été pris pour un péri- carpe à deux loges monospermes.Ghacun des fruits ou grains renfermés dans ce faux péricarpe est allongé et terminé en pointe à son sommet, Le Lygeum spärtum est la seule espèce du genre. (L.) LYGÉE, Lygous. (ixs.) Genre d'Hémiptères de la section des Hétéroptères, famille des Géocori- ses , tribu des Longilabres ; ce genre, dont le nom signifie sombre, par allusion à la couleur de plu- sieurs des espèces qui le ‘composent, a été établi par Fabricius ; il offre les caractères suivans : ros- tre atteignant l’origine des pettes intermédiaires , de quatre articles, dont les trois premiers d’égale longueur , et le qnatrième plus court ; antennes de quatre articles insérées très-près de l'origine du rostre, en avant et plus bas que les yeux, lesquels sont globuleux ; ocelles au nombre de deux, situés entre et très-près des yeux. Les Lygées ont la tête triangulaire, un peu bombée en dessus ; le thorax plat, deux fois plus large en arrière qu’en avant ; l’écusson triangulaire , médiocre; leur corps forme un peu Ja carène en dessous, et est méplat en des- sus. Ces insectes vivent sur les plantes, et atta- quent principalement les petits insectes, De nom- breuses subdivisions ont été depuis peu établies dans ce genre; mais, n’ayant pas encore été dé- finitivement adoptées, nous les réunissons sous leur : ancien nom. Lycée équestre, L. equestris, Fab. Long de 5 lignes; lête, antennes, poitrine, bord antérieur du prothorax en dessus et pattes, gris ; prothorax, élytres , abdomen, une grande tache sur la tête, rouge de cinabre ; sur le corselet, en arrière de la bande grise, deux points , et au bord postérieur deux petites bandes de la même couleur; écusson noir ; en arrière de l’écusson , deux points noirs ; quatre de même couleur plus loin, accolés deux à deux; en haut et en bas se voit une bande grise transverse ; la membrane des ailes est noire avec une bande à la-base, et un gros point au milieu, noirs; en dessous le corps offre deux rangs de points noirs, tant sur la partie rouge que sur la partie grise. Commun aux environs de Paris. Lycée pemi-aLé, L. apterus , Lin. ; représenté dans notre Atlas, pl. 315, fig. 5. IL est long de quatre lignes, sans ailes, rouge ; la tête, une ta- che au milieu du corselet, et un gros point sur chaque étui, noirs. Il est très-commun dans nos jardins et sur le tronc des arbres de nos promena- des ; on en a trouvé , mais très-rarement , des in- dividus ailés. Toutes les espèces qui restent maintenant dans ce genre offrant presque la même disposition de couleurs, nous n’en décrirons pas d’autres ; mais nous citerons une espèce de l'Inde remarquable par sa taille. Lycke erAND, L. grandis, Gray. Cette belle espèce est figurée dans |l’Iconographie du Règne animal, [ns., pl. 56, fig. 5 , et nous reproduisons ce dessin dans notre Atlas, pl. 315, fig. 6. Long de viugt lignes; abdomen dépassant les ailes de la moilié de sa longueur, rouge cinabre; antennes excepté la base et le dernier article, les trois der- piers articles du rosire, tibias et tarses, milieu des fémurs dans les deux paires postérieures, noirs; sur le corselet et l’écusson sont des taches diffu- ses de même couleur ; chaque élytre en offre aussi une au milieu de son disque, ronde; la membrane est également noire; le dessous du corps offre quelques taches diffuses noires sur les côtés. Elle vient du Bengale. M. Alexandre Lefèbvre a pensé, avec raison, qu'elle différait assez des autres espè- ces pour qu'on puisse en faire un genre particu- lier, et il propose de le nommer Aacrocheraia , nom que M. Guérin a adopté dans son Iconogra- phie du Règne animal. (A. P.) LYMEXYLON. (ixs.) Genre de Coléopières de la section des Pentamères, famille des Serricornes, tribu des Limebois, ayant pour caractères : tête glo- buleuse; mandibules courtes; palpes maxillaires re- tombant en bas, sécutiformes dans les femelles, et divisés en lanières ou en forme de houppes dans les mâles ; antennes en fuseau; corps cylindrique. Ces insectes sont de forme très-allongée et d’égale grosseur partout. La tête globuleuse, portée sur une espèce de col, est occupée en grande partie par les veux ; le thorax est cylindrique ; l'abdomen dans les femelles dépasse de beaucoup les élytres, et ses derniers anneaux peuvent former une ta- rière par leur allongement; les pattes sont minces, les tarses filiformes avec les articles des tarses en- tiers. Les larves vivent dans le bois de chêne; el- les sont très-longues , menues ; leur multiplication dans les magasins de bois de la marine a souvent donné des inquiétudes. L. navaz, L. navale, Oliv. Long de 7 à 8 li- gnes , fauve , tête noire avec le bord de l’extré- mité des élytres enfumé. Rare aux environs de Paris; on le trouve plus communément dans les forêts du nord, (A. :P.) LYMNORÉE, Lymnorea. (zoopu. rozyr.) Ge genre, de l’ordre des Actinaires, division des Po- lypiers sarcoïdes , est ainsi caractérisé : Polypier fossile, en masse irrégulière, sablobée ou presque globuleuse, adhérent.par sa base, présentant en dessous une sorte de tégument membrauiforme peu épais, irrégulièrement plissé en travers et on- dulé ; dans son intérieur un Lissu spongieux , gros- | sicr, très-serré en filamens laineux; à la surface LYMP 535 LYNC a —_————————————————————————"———————————————————_—_—_—_ _—_—_—_—_—— supérieure, de gros mamelons de même tissu que l'intérieur, plus ou moins nombreux et saillans , percés à leur sommet d’un oscule peu profond, arrondi ou fendu en étoile, La seule espèce connue dans ce gente, la Z, mamillosa , est assez commune dans les environs de Caen. Elle est de nature calcaire; grande de cinq à dix-huit ligues; extrémité variable dans sa forme, etc.; son enveloppe est peu épaisse, non poreuse , irrégulièrement plissée en travers. Les Lymnorées sont quelquefois couvertes de serpules, de plaques de polypiers encroûlans de la famille des Eschares, de petites coquilles, et spécialement de l'Ostrea terebratuloides. (F.F.) LYMPHATIQUES ( Vaisseaux , Ganglions ). (anar.) On donue le nom de Vaisseaux Iympha- tiques à des canaux qui naissent par des radicules extrêmement fines dans la profondeur des divers organes, el qui : après s'être réanis en troncs plas ou moins gros, vont enfin déboucher dans les veines près du cœur. Ils sont en général plus pe- tits que les artères et les veines, très-minces, dia- phanes, cylindriques ; de distance en distance, ils présentent des dilatations plus ou moins considé- rables, qui sont le résultat de valvules placées à leur intérieur. Assez droits dans leur trajet, ils s’anastomosent sur de nombreax points et s’entre- croisent souvent en formant divers plans. On les trouve dans toutes les parties du Corps, formant toujours deux plans , lun superficiel, l'autre pro- fond. Gette disposition ne se borne pas aux mem- bres; on la rencontre dans chaque organe , aux poumons, au foie, au pancréas, etc. Les vaisseaux profonds et superficiels communiquent souvent entre eux. Un grand nombre de physiologistes re- gardent ces canaux comme les agens spéciaux de l'absorption, et les nomment vaisseaux absorbans. Mais celie opinion est controversée ; des expé- riences de M. Magendie viennent même la dé- menlir. Toutefois il est impossible de dire que les vaisseaux lymphatiques sont entièrement étrangers à celle fonction. La plupart d’entre eux se réu- nissent en rameauxelern branches, comme les vei- nes, et forment ainsi un gros tronc qui remonte au devant de Ja colomne vertébrale , et qui va dé- boucher dans la veine sous-clavière du côté gau- che. Ce tronc se nomme canal thoracique. D'au- tres s'ouvrent isolément dans la veine du côté op- posé du cou où même dans quelques vaisseaux sanguins plus voisins de leur origine, Pendant leur trajet , ils passent à travers de pelils organes irré- gulièrement arrondis el situés aux aisselles, aux plis de l’aine, au cou , dans la poitrine , dans l'ab- domen, Cet pelits organes sont appelés Ganglions ou Glandes ]ymphatiques. Leur siructure est peu connue ; ils ont sans doute pour usage une élabo- ralion nécessaire au liquide que charrient les vais- seaux. Le système lymphatique n'existe pas chez tous les animaux, el dans ceux chez lesquels on le rencontre , il n'a pas le même degré de complica- tion. Ainsi, dans les Reptiles et les Poissons , il consiste seulement en vaisseaux ouverts d’un côté aux diverses surfaces du corps et duns les profondeurs de toutes les parties, et qui aboutis- sent d'autre part par un ou plusieurs troncs dans le système veineux. Dans les autres classes d’ani- maux vertébrés , au contraire , les seules chez les- quelles il existe, dans les Oiseaux et les Mammi- fères , il offre en outre ces glandes ou ganglions dont nous avons parlé. (P. G.) LYMPHE. ( puysios. ) Liquide contenu dans les vaisseaux lymphatiques. Ses propriétés physiques sont variables ; il est parfois opalin et à peine opa- que; quelquefois, au contraire , il est jaunâtre et même rouge. Examiné au microscope, on y voit une mullitude de petits globules analogues à ceux du sang. Lorsqu'on l’abandonne à us -même, ik se coagule comme ce dernier liquide, et comme lui se sépare en deux parties, l’une séreuse , et l'autre formant un caillot solide , qui se teint en rouge lorsqu'on l’expose à l'air. Sa coagulation est rapide, et, comme on le voit par ce que nous venons de +: 26 , Sa composition ct ses propriétés sont les mêmes que celles du sang. La Lymphe est formée de fibrine, d’albumine, de chlorure de so- dium, de soude carbonatée, de phosphate de chaux et de magnésie, et de carbonate de chaux. Elle est alcaline. C’est , dit M. Raspail, un chyle ou un sang blanc. La Lymphe est puisée dans tous les organes par les extrémités des canaux destinés à conduire ce liquide jusque dans les vaisseaux sanguins. Â’oyez Agsorprion et LymPnATiques (Vaisseaux). Les botanistes ont défini la Lymphe, cette li- queur aqueuse, incolore, qui existe en plus on moins grande abondance dE les végétaux, et qui coule Fa le tissu interne des plantes lorsque le soleil , au sortir de l'hiver, commence à réchauffer la terre encore glacée. Si, à cette époque, on in- cise la Vigne, J'Erable, l'Orme, le Noyer, le Bouleau, le Peuplier , le FN etc. , on en voit s'écouler une quantité ob de celte li queur. Si la Lymphe circule dans les plantes dans tous les temps de l’année, elle est plus abondante au printemps; elie diminue pendant l'été, en rai- son de la transpiration qui s'écoule par les fouil- les ; vers oiduhe, elle se ralentit, change de nature, contracte upe saveur et une odeur her- bacées assez désagréables , et s’épaissit au point de devenir g gélatineuse dans ee plaies faites aux végé- Laux ; des l'hiver, enfin, elle se ralentit bras coup. La Ly mphe , ainsi qu’on l’a démontré par de nombreuses expériences, ne transsude que fai- blement des vaisseaux de l'écorce et de ceux qui sonL placés entre celte écorce et le bois; maiselle coule en quantité du corps-ligneux qui approche davantage de l’étui médullaire, (P. G.) LYNGÉE , Lynceus. (crusr.) Genre de l’ordre des Lophyropes, famille des Cladocères ( Cours d'entomologie de Latrcille} , établi par Muller et ayant pour caraclères , suivant cet auleur : deux yeux dislincls ; des antennes simples, velues ou ex pinceau ; buit pattes. Ce genre, qui est intermé- diaire entre les Cypris et les Daphnics, puisqu il a la tête des uns et la queue des autres, s’éloi- gne des premiers par les antennes, qui sont au LYNX 536 À mm. LYSI mme nombre de quatre dans ceux-ci et par les pieds, et des seconds par les yeux. Le corps des Lyn- cées est arrondi, comprimé, renfermé ainsi que celui des Daphnies dans un test plié en deux, imitant les deux baltans d’une coquille bivalve , dont le centre , qui forme une ligne saillante sur le dos, représente la charnière ; la tête est plus ou moins séparée du corps par une échancrure du test en dessous; les yeux sont placés au devant l'un de l’autre, et non dans une ligne transverse au corps de l’animal ; il y a quatre antennes insé- rées au dessus de la tête, toutes inégales et gar- nies de longs poils sur leur côté inférieur, qui servent plus directement à l’action natatoire que dans les Gypris ; les pattes, difficiles à compter, sont au nombre de huit ou de dix, terminées par des soies et accompagnées à leur base d’écailles barbues ou branchiales. La queue est petite , pointue , ordinairement replite sous le ventre et enfermée dans le test ; les œufs sont apparens dans celui-ci, dans la région du dos, tantôt seuls, tan- 1ôt au nombre de deux par ponte; c’est au prin- temps qu'on les aperçoit comme des points noirâ- tres à travers le test. Les Lyncées sont les plus petits de tous les Entomostracés : ils habitent les eaux dormantes où croissent les plantes âquatiques. Ces crustacés sont assez communs aux environs de: Paris; cependant on ne les rencontre pas si sou- vent que les Cypris et les Daphnies. Ce genre n’est pas très-nombreux en espèces, et parmi celles qui sont les plus remarquables, nous citerons : Le Lyncée rose, L. roseus, Desm., Monoculus roseus , Jurine, Monocl., p. 150, pl. 15, fig. 4,5. Longueur totale = de ligne ; couleur générale- ment rose, avec l'intestin d’un jaune brunûtre, et les deux œufs contenus dans la matrice dorsale roses, verts ou bruns: antennes et leur pédoncule longs ; un grand filet attaché à la base de la bran- che supérieure de ces antennes; tête infléchie, pointue et terminée par deux barbillons crochus; tête lisse, avec des petites épines sur les bords de son ouverture inférieure. Getle espèce nage hori- zontalement dans les eaux douces. Nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 513, fig. 7et7 a. Le Lyncée srrié, L, striatus, Desm., Monocu- lus striatus, Jur., Monocl., pag. 154, pl. 16, fig. 1 et 2. Longueur totale # de ligne; corps com- primé surlout en avant, ayant la carène du dos continue à celle de la tête, et formant une courbe régulière ; bord inférieur du test droit; tête inflé- chie, pointue; antennes ayant leurs branches de grandeur inégale, et leur pédoncule entièrement caché dans la coquille, ce qui peut faire croire qu'il en existe quatre simples; barbillons sous forme de deux tubercules allongés , placés sous la tête , et portant à leur extrémité deux petits filets ; inteslin faisant une circonvolution avant de se rendre à l’anus; test verdâtre, obliquement strié et fortement cilié en dessous; œufs au nombre de deux Ou trois , presque ronds et de couleur verte. Voy.'pour les autres espèces Latreille, Jurine, Desmarest et Muller. È (I L.) -L LYNX. (mam.) On comprend sous ce nom des espèces de Chats dont les oreilles sont ornées de pinceaux de poils verticaux, dont la fourrure est longue et Louflue, et la queue généralement courte. Les animaux qui composent ce groupe ont été dé- crits ou mentionnés à l’article Crar. (V. M.) LYRE. (o1s.) Nom spécifique de l'espèce uni- que qui constitue le genre Ménure. 7, ce mot. ù (Guér.) LYRIOCÉPHALE , Lyriocephalus. (:REPT. ) Reptiles sauriens formant, d’après le Règne ani- mal, un sous-genre de la famille des Iguaniens , plus remarquable encore par sa forme étrange que par ses couleurs, assez bellescependant ; ce singu- lier animal, qui a tous les caractères généraux des Lophyres, s’en distingue par la présence d’un tympan placé, comme celui des Caméléons, au dessous de la peau et des muscles ; il est en outre remarquable par une crêle dorsale très-bien mar- quée, et par sa queue forle, comprimée et ca- rénée. Le Lyriocephalus margaritaceus , Merr., Lacerta scutata , L., seule espèce jusqu'à présent bien connue, se recommande par sa coloration ; supé- rieurement, elle est d’un bleu violacé plus ou moins vif; un jaune orangé, dont la teinte varie égale- ment pour les différentes parties du corps, la co- lore en dessous ; mais ce qui rend surtout cette espèce remarquable, c'est l'énorme développement des crêtes sourcilières, qui exagèrent de beau- coup ce qu'on connaît chez le Lophyre à casque fourchu. Dans le Zyriocephalus margaritaceus, ces crêtes, qui se dirigent vers l'extrémité du museau que termine une protubérance écailleuse , pren— vent, en se recourbant au dessus des yeux, là forme d’une lyre : de À le nom qu’on a donné à ce rep- tile. Son corps est couvert d'écailles de grandeur inégale ; les petites, en plus grand nombre, sont entremélées d’autres d’une grandeur plus con- sidérable. Sur la queue, qui est carénée, ces. écailles sont imbriquées. Cette espèce singulière, dont les mœurs sont encore peu connues, se trouve dans différentes contrées de l'Inde, particulièrement au Bengale. x (V. M.) LYSIDICE , Lysidice. ( axNëz. ) Genre de l’or- dre des Néréides, famille des Eunices, fondé par Savigny ( Syst. des Annélides, pag. 23 et 52 ): MM. Audouin et Edwards ( Recherches sur l'hist. nat. de France) ont remplacé le nom d’Eunices, donné par Savigny, par celui d'Euniciens; et, suivant ces auteurs, ce genre fait partie de la deuxième tribu ou les Euniciens abranches. Les caractères assignés par Savigny à ce genre sont : trompe armée de sept mâchoires, trois du côté droit , quatre du côté gauche ; les deux mâchoires inférieures très-simples; antennes découvertes, les extérieures nulles, les mitoyennes très-courtes ; l'impaire de même ; branchies indistinctes ; front arrondi. Le genre Lysidice, établi aux dépens de celui des Néréides de Linné, oflre plusieurs points de ressemblance avec les Léodices et les Aglaures. IL diffère des premières par la petitesse des antennes et PRG LYSI 93 7 LYSI et par les branchies indistinctes, et il s'éloigne essentiellement des secondes par un plus grand nombre de mâchoires. Chez ces Euniciens, le corps est généralement grêle, linéaire, cylindri- que , et divisé en un grand nombre de segmens : Ja tête est plus large que longue, très-petite, mais jamais cachée sous le premier segment du corps; les antennes sont courtes et moins longues que la tête; leur nombre ne s'élève pas au-delà de trois. L’armature de la bouche est essentiellement la même que dans le genre Eunice ( voy. ce mot }, c'est-à-dire qu'on trouve toujours au dessous de l'ouverture de la trompe une espèce de lèvre ster- pale plus large que la première paire de mâchoires, et formée par la réunion de deux pièces cornces. Le nombre des mâchoires est de sept, et leur forme ainsi que leur disposition sont exactement les mêmes que dans les genres précédens. Dans le repos, ces organes s’appliquent les uns contre les autres, et ceux de la première paire , qui sont lou- jours étroits, crochus et sans dentelures , s’articu- lent sur une tige moins longue qu'eux. Le premier segment du corps est plus grand que les suivaas , mais n’avance pas sur le front et ne porte pas de cirrhes tentaculaires. Les pieds manquent aux deux premiers anneaux, et sur le dernier ils sont rem- placés par deux filets stylaires. Toujours peu développés, ils se terminent par un gros tuber- cule armé de deux faisceaux de soies , de deux aci- cules, et qui constitue à lui seul la majeure partie de l'organe locomoteur; le cirrhe supérieur est grêle, subulé , et un peu plus long que le tubercule mé- dian ; l’inférieur est, au contraire, court et obtus:; il n’arrive pas jusqu’à l’extrémiré de la rame. En- fin ce genre est entièrement dépourvu de bran- chies. Savigny décrit trois espèces qui sont nou- velles, et dont il ne donne pas la figure. #& La Loysipice VALENTINE , L. valentina, Sav. : INereidicevalentina , Blainv.; Lysidice, Risso. Corps long de près de deux pouces, grêle, formé de quatre-vingt-dix-neuf segmens d’après un individu incomplet ; les couleurs qu’il présente sont les re- flets de la nacre ; le premier segment à peine plus long que le second; antennes subulées; têle à yeux noirs, sans autres taches; pieds à deux fais- ceaux de soies jaunâtres ; le faisceau supérieur , plus mince et plus long, se compose de soies très- fines ; l'inférieur de soies plus grosses, terminées par un appendice; acicules jaunes; cirrhes supé- rieurs subulés et assez saillans; cirrhes inférieurs fort courts. Cetle espèce habite les côtes de la Méditerranée. La EvysipicE OLYMPIENNE, L. olympia, Sav.; Nereidice olympia, Blainv. Le corps de cette es- pèce est long de quatorze lignes , composé de cin- quante-cinq segmens , sans compter une douzaine de petits anneaux qui forment au bout du corps une queue conique, ciliée de deux rangs de poils imperceptibles, et terminée par deux filets courts; premier segment à peine plus long que le suivant; yeux noirs ; antennes subulées ; un petit mamelon conique derrière l'antenne impaire, sortant de la jonction de la tête avec le premier segment du T. IV, corps ; pieds de l’espèce précédente, à deux aci- cules très-noirs; sa couleur est d’un gris blanc, avec les reflets de la nacre sans taches. De nos cô- tes occidentales , sur les coquilles d’huitres, La Lysinice GazaTmiNE , L. galathina, Sav. Corps épais; antennes très-courtes , ovales, avec un large mamelon derrière l'antenne impaire; couleur blanc-laiteux; les trois premiers segmens d’un roux doré en dessus ; les yeux sont comme noyés dans une tache ferrugineuse ; les acicules sont très-noirs. Cette espèce ne nous paraît pas de- voir être considérée comme une espèce distincte de la précédente. De même que cette dernière, elle se trouve sur les côtes de l'Océan. MM. Au- douin et Edwards ( Recherches sur le litt. de la France, pl. 5 B, fig. 1 à 8 }nous ont fait connai- tre une jolie espèce qui a été désignée par ces au- teurs sous le nom de Lysipice NINETTE , L. ni- netta, Aud. et Edw. C’est la plus grande de ce genre; elle a près de cinq pouces de long, et à peine une ligne et demie de large. Son corps est cylindrique, sans renflement près de son extrémité antérieure et formé d’environ cent soixante-douze anneaux ; le bord antérieur de la têle est divisé en deux lobes arrondis ; l’antenne médiane est si- tuée un peu au devant des’externes, qui ont exac- tement la même forme et la même grandeur qu’elle; le premier segment du corps est plus grand que le second et les suivans; les pieds ne commencent à paraître que sur le troisième an- neau ; ceux des premières paires sont très-courts , mais bientôt ils deviennent assez saillans; le tu- bercule sélifère qui les termine est gros et obtus, les filets stylaires sont courts , et on apercoit à leur base un pelit cirrhe rudimentaire. Cette espèce est d’une couleur brune, avec des reflets métalliques irisés. Elle se trouve aux îles Chauzey. (H. L.) LYSIMACHIÉES. (or. ) On a quelquefois donné ce nom à la famille généralement désignée aujourd’hui sous le nom de Primuracées (v. ce mot ). Il convient donc de le rayer des nomencla- tures pour éviter toule confusion. Il y en a déjà bien assez. (T. ». B.) LYSIMAQUE , Lysimachia. ( BoT. PHaN. ) Une vingtaine d'espèces , dont plusieurs sont commu- nes en France et aux lieux humides de l'Europe , les autres habitant les diverses contrées du globe, depuis le nord jusqu’au sud du continent améri- cain , et depuis l’Asie centrale jusqu'aux dernières limites de la Nouvelle-Hollande , forment le genre Lysimaque tel qu’il existe aujourd’hui. Compris dans la famille des Primulacées et dans la Pentandrie monogynie, ce genre offre les plus belles plantes parmi les espèces indigènes, Cependant elles sont négligées , méconnues, parce qu’elles vivent trop près de nous , el pour juslifier cette sorte de mé- pris, on leur reproche d’être tellement traçantes qu’elles incommodent les végélaux placés dans leur voisinage et que l’on a beaucoup de peine à les détruire. Sans doute ce double reproche est légitime ; mais on pourrait remédier à l’inconvé- nient ct profiter du mérite réel de nos Lysimaques en les cultivant sur le bord des ruisseaux et des 308° Livraison. 68 ER 9 à MACA 938 MACA mr Enr eseesreteneeeene ne tee cernmmnteeinn enréreenr remet en retenir ere teque pièces d’eau; là, elles seraient dans la place que la nature leur assigne, elles ÿy produiraient un très-bel effet, et, loin de nuire , elles contribue- raient à maintenir les rives dans toute leur inlé- grilé. Ainsi, j'appellerais auprès de la Lysimaque cow- mune, L. vulgaris, chargée, de juillet à septem- bre, de fleurs nombreuses, d’un jaune brillant et disposées en corymbe, la LysIMAQUE A FEUILLES DE SAULE , L. ephemerum, qui nous est venue d’Espagne , dont la tige , haute de un à deux mè- tres, offre de longues grappes spiciformes et ter- minales, de superbes fleurs blanches ; auprès de la Lysimaque pes Bois, L. nemorum , et de la Ly- SIMAQUE NUMMULAIRE, 2. nummularia, aux tiges couchées , longues , rougeâtres et rampantes, for- mant de beaux tapis de verdure sur lesquels se jouent de grandes fleurs jaunes, j’éleverais la Ly- SIMAQUE VERTICILLÉE , L. verticillata, originaire des forêts ombreuses du Taurus et du Caucase, qui étale ses corolles dorées, monopétales et par- tagées profondément en cinq découpures ovales , à l’aisselle d’un groupe de cinq à six feuilles d’un vertglauque. ou bien la LYsiMAQUE NOIRE POURPRE, L. dubia, des mêmes contrées , qui porte des fleurs purpurines, à calice d’un noir pourpre, disposées au sommet de la tige et des rameaux en épis serrés. Ges dernières aiment à être protégées par l’ombre des grands arbres. On sème la graine des Lysimaques aussitôt après sa maturité; c’est le moyen de la voir ger- mer promptement. (T. ». B.) LYSTRE, Lystra. (ins. ) Genre d'Hémiptères appartenant à la section des Homoptères, dans la famille des Gicadaires, et rangé par Latreiïlle dans sa tribu des Fulgorelles. Ge genre, établi par Fabri- cius, contenait beaucoup d’espèces dont les carac- tères élaient assez hétérogènes; nous avons cherché à débrouiller ces insectes à l’occasion d’un travail publié dans le Voyage aux Indes orientales de M. Be- langer, et nous avons été conduit à former plusieurs genres très-distincts avec lesespèces que les auteurs avaient laissées ensemble. Ayant eonservé un genre Lystre, nous l’avons caractérisé de la ma- nière suivante ( Voyage aux Indes orientales , pag. 459 ): Antennes ayant leur second article ovalaire, plus long que large, arrondi au bout, fortement gra- nuleux , avec la soie insérée au côté extérieur et non à l'extrémité, et précédée d’un petit article obconique; deux veux lisses placés un peu en avant et au dessous des yeux, entre eux et les an- tennes; front-mutique; espace compris entre la naissance du front et celle du rostre aussi large ou plus larse que long, aplati, caréné sur les côtés ; labre grand , un peu en forme de cœur; bec long, de trois articles , atteignant la base des pattes pos- térieures ; élytres moins larges que les ailes, beau- coup plus longues que larges, ayant une colora- tion différente ; pattes allongées , épineuses, pro- pres au saut ; prothorax un peu moins large que le mésothorax, très-peu échancré au bord postérieur; abdomen aplati. Ces insectes diffèrent des Aphènes, dontils sont très-voisins, par l’élendue en largeur que leur front acquiert aux dépens de sa longueur. Une ob- servation qui deviendra importante si elle est faite sur un grand nombre d'espèces, c’est que les Lys- tres semblent toutes propres à l'Amérique, tandis que les Aphènes appartiennent , au moius en grande partie, à l’ancien continent. Toutes les es- pèces de Lystres que nous avons vues jusqu’à pré- sent viennent du Brésil ou de Surinam. Nous en avons fait connaître une espèce du Bré- sil dans notre Entomologie du Voyage autour du monde du capitaine Duperrey , pl.10:, fig. 8, sous le nom de Lystra Survillei; nous rapportons encore à ce genre les Lystra lanata et perspicillata de Fa- bricius, et les {’ulgora pulverulenta, reticularis , elegans et coccinea, d'Olivier ( Encycl. ). Nous al- lons donner la description de l'espèce type, la Lystra lanata , que nous avons représentée dans notre Atlas, pl. 315, fig. 8. Elle est iongue de plus de six lignes , et a plus d’un pouce et demi d'envergure ; ses ailes ct ses élytres sont noirä- tres , avec despoints blancs et bleuâtres ; les cô- tés de la tête et l’anus sont rouges; elle porte un paquet de substance laineuse et blanche à l’extré- mité de l'abdomen. De Cayenne et de Surinam, (Guér.) LYTTA. (rs. ) Nom que Fabricius a donné au genre CanNTHaRDE. ( Woy. ce mot.) (Guén.) » M, MABOUYA. (rerr.) Les hapivans des Antilles donnent ce nom, qui dans leur langue signifie diable, à une espèce de Gscxo (voy. ce mot). On a aussi proposé ce nom pour désigner une plante du genre MorjsoniE. Woy. ce mot. (Z. G.) MACACO. (wa. ) Nom du Makivari, qu’ilne faut pas confondre avec le Mococo, qui est une autre espèce nommée Lemur Cotta par Linné. Ÿ, Maxr. Guir. MACAHANE etMACANE, Macanea _ Genre de plantes que l’on range dans la famille des Gutlifères, quoiqu'il ne paraisse pas réellement devoir en faire partie; il se rapproche d’une ma- nière remarquable du Mammei d'Amérique, Mam- mea , L., et appartient à la Polyandrie monogynie. On ne connaît qu'une seule espèce de Macane, indigène à la Guiane , le Â1. guiannensis , et encore n’en possède-t-on que le fruit. C’est , nous apprend Aublet, un arbuste d’un mètre'et demi de haut, rarement de deux, à écorce grisâtre et gerçée, sous laquelle on trouve un bois blanchâtre , peu compacte, et vivant sur le bord des criques. Les Galibis l’appellent Macacahana. Les rameaux de cet arbuste sarmenteux s’attachent aux arbres voisins, les lient ensemble par des festons de ver- dure ; ses feuilles opposées , ovales, aiguës, den- : PLEA 1036 F PE < Tug D uma e 1. Macaque Bonnet chinois . Da rhesas . 3.Macareux . £ Cusrin del. ———— MACA 5) D.) MACA oo tées en scie, longues de seize centimètres, sont d’une belle couleur vert foncé; le fruit est une grosse baie de forme irrégulière, le plus souvent pyriforme , à surface inégale , brune, épaisse, co- riace, parsemée de bosses et de petites taches rondes, roussâtres. La pulpe, mûre au mois de juin , renferme quatre à six semences ovales, qui sont enfoncées et fixées à des réceptacles latéraux. Les fruits naissent plusieurs ensemble. (T. ». B.) MACAQUE, Macacus. (mam.) Genre de Qua- drumanes appartenant à la division des Singes de l’ancien continent, Les Macaques, par leurs carac- ières et par leurs mœurs, prennent naturellement place entre les Guenons et les Cynocéphales. Leurs dents sont au nombre de trente-deux, comme chez l'homme; les molaires de l’ane et de l’autre mâchoire sont terminées par un petit talon, et les canines supérieures, arrondies et non point apla- ties à leur face interne, présentent à leur face ex- terne une dépression assez forte. L’angle facial, développé dans quelques espèces plus que dans quelques autres, est, terme moyen, de 4o° envi- ron. Les caractères les plus importans et les seuls qui pourraient servir à les distinguer des Guenons et des Gynocéphales, consistent dans la forme de leur tête et de leur museau. Ce dernier, beaucoup plus gros et plus prolongé que chez les Guenons, du moins dans la plupart des espèces , est beau- coup plus court que chez les Gynocéphales ; ceux- ci s’en distinguent d’ailleurs par la disposition de leurs narines terminales et tout-à-fait antérieures. Les Macaques ont en outre des lèvres minces, des abajoues assez développées, un corps généralement trapu et épais, le cou court, la tête grosse, les membres robustes, à peu près égaux, conformés comme ceux des Guenons; et, de même que chez ces dernières, leurs mains sont pentadactyles ; les callosités des fesses très-prononcées; et la queue, quelquefois nulle, alteint dans plusieurs espèces beaucoup de longueur , mais pourtant jamais assez pour devenir, comme chez presque tous les Singes américains, un organe de préhension. À l'égard de leurs habitudes, les uns se rap- prochent des Gynocéphales par la douceur de leur caractère; quelques autres, beaucoup plus mé- chans, plus indociles et surtout plus lascifs, pour- raient être comparés aux Guenons ; il en est enfin qui se trouvent intermédiaires aux uns et aux au- tres et qui ont un naturel qui leur est propre. En général, les Macaques ont beaucoup d’adresse et de sagacité ; plusieurs d’entre eux sont susceptibles de beaucoup d'éducation, comme par exemple le Magot; mais il en est aussi que la domesticité ne parvient tout au plus qu’à adoucir, et encore arrive- t-il souvent que leur caractère change entièrement et qu'ils deviennent indociles et intraitables lors- qu'ils commencent à vieillir. Il était naturel qu’on essayât, comme on l’a fait généralement pour tous les Singes, de faire reproduire ceux-ci dans nos climats, Assez souvent les efforts tentés dans ce sens ont été couronnés de succès. À la ména- gerie du Muséum on a souvent rapproché les deux sexes d’une même de ces espèces, et de leur ac- couplement est quelquefois résulté de jeunes in- dividus, M. F, Cuvier a donné (Hist. nat. Mam., par Geoff. St-Hil. et F. Cuvier ) l’histoire d’un jeune Macaque âgé de quarante-neuf jours et né à la Singerie en novembre 1824. Nous emprantons à ce zoologiste et à M. Isidore Geoffroy les re- marques qu'ils ont faites sur ces jeunes Quadru- manes. L’accouplement se fait de la même ma- nière que chez les autres quadrupèdes, et la gesta- tion dure environ sept mois. Le jeune individu a dès sa naissance les couleurs de l’adulte, seulement avec une nuance un peu plus pâle ; mais ses mem- bres sont plus grêles , et la tête sensiblement plus grosse. Il a dès-lors les yeux ouverts, paraît voir les objets qui l'entourent, et suivre du regard les mouvemens qui se font près de lui; du reste, s’attachant avec ses quatre mains aux poils de la poitrine et du ventre de sa mère, tenant le ma- melon dans sa bouche, et ainsi toujours disposé à téter lorsqu'il en sent le besoin, il reste pendant long-temps à peu près immobile. La mère paraît peu gênée de ce fardeau, et marche comme à l’or- dinaire, soit à quatre, soit à deux pieds, embras- sant alors et maintenant son petit au moyen d’une de ses mains antérieures. Elle lui prodigue d’ail- leurs les soins les plus empressés, les plus ten- dres, pendant tout le temps qu'ils lui sont néces- saires; surveille avec beaucoup d'attention, et aide ses premiers mouvemens, Cependant, dès que le petit, devenu un peu âgé, commence à vouloir prendre une autre nourriture que le lait de la mère, celle-ci, sans jamais cesser d’ailleurs de le soigner avec le même zèle, ne souffre pas qu'il satisfasse son désir ; elle lui arrache le peu d’ali- mens qu’il vient à saisir, remplit ses abajoues , eb s'empare de tout pour elle-même. Le petit, dès lors , plein d'intelligence cet d’adresse, sait cepen- dant bien prendre de temps en temps un peu de nourriture que sa mère lui refuse. M. Isidore Geof- froy a vu plusieurs fois l'individu dont il s’agit saisir adroitement des amandes dans la main de celle-ci au moment même où elle les portait à sa bouche , puis s'enfuir rapidement à l’autre extré- mité de la loge, et les manger alors, en ayant la précaution de tourner le dos. Il avait aussi tou- jours le soin de s’écarter pour prendre de la nour- riture , lors même que sa mère venait à lai en pré- senter elle-même, ce qui arrivait très-rarement, surtout lorsqu'il s'agissait de quelque friandise. D'ailleurs, quoique ce jeune individu, à l’âge de treize mois, fût déjà presque aussi gros qu’elle, elle continuait pourtant toujours à lui prodiguer les mêmes soins et le portait encore assez souvent sans paraître gênée de son fardeau. Le genre Macaque, auquel MM. Desmarest et F, Cuvier ont rapporté des Singes que quelques auteurs systématiques avaient classés parmi les Guenons et les Cynocéphales , tels que le Bonnet chinois, la Toque et l’'Ouandourou , se trouve formé par un assez grand nombre d'espèces que M. Isidore Geoffroy, d’après leurs affinités natu- relles, divise en trois petits groupes, savoir : les Cercocèbes , les Maimons et les Magots, correspon- oo MACA 540 MACA dant aux genres Cercocèbe, Macaque et Magot des divers naturalistes. fre section, les GERCOCÈBESs. Les espèces que M. Is. Geoffroy comprend sous ce nom forment, à plusieurs égards, le passage des Guenons aux Macaques ; quelques auteurs les ont même placées dans le premier de ces genres, et d’autres ont formé pour elles un petit groupe par- ticulier (Cercocebus), intermédiaire aux Guenons et aux Macaques. Les Macaques cercocèbes se distin- guent facilement des Maiïmons et des Magots par les proportions de leur queue, plus longue que le corps; leur museau est aussi moins gros et moins allongé , et leurs formes plus rapprochées de celles des Guenons. Les deux premières espèces de cette section se distinguent en outre par la disposition remarquable du poil de leur tête; leur front est nu, tandis que le reste du crâne est couvert de longs poils divergeant d’un centre commun, et formant dans leur ensemble une sorte de ca- lotte, La Toque, Geoffr. St-Hil., Ann. du Mus., t. 1x; Macacus radiatus, Desm.; Cercocebus radia- tus , Geolf. La couleur de son pelage est d'un gris verdâtre en dessus et blanche en dessous. Les poils divergens sont assez courts. Sa taille est de dix-huit pouces environ. Suivant Desmarest ses habitudes sont les mêmes que celles des Guenons. Elle habite l'Inde, et particulièrement le Malabar. Le Bonnet cos, Macacus sinicus, Desm., représenté dans notre Atlas, pl. 314, fig. 1, n’est pas le même, selon M. F. Cuvier, que le Simia sinicus de Linné. Il se distingue par son pelage d’un fauve brillant en dessus, avec la queue un peu plus brune, les favoris, la face interne des mem- bres et le dessous du corps blanchîtres , les mains, les pieds et les oreilles noirâtres. La face est cou- leur de chair, avec la lèvre inférieure bordée de noir, Les poils du sommet de la tête disposés en rayons forment une sorte de chapeau de couleur variée de jaune et de noir. Sa patrie et ses habi- tudes sont les mêmes que celles de l'espèce pré- -cédeute. Le Macaque, Buff,, t. 14, 20 ; Simia cynomol- gus et Cynocephalus , L.; Macacus irus, F. Cuv., Mém. Mus., t. 1v. Il est verdâtre en dessus, avec la face interne des membres et le dessous du corps d’un gris blanchâtre : la queue et les pieds sont noirâtres, et la face, à peu près nue, est de couleur de chair livide,-avec une partie plas blanche entre les yeux. La femelle est un peu plus petite que le mâle, et présente quelques ca- ractères parliculiers. On doit rapprocher du Ma- -caque l'espèce que Buffon a cru n’en être qu’une wariélé, et qu’il a fait connaître sous le noi d’Ai- grette. Ces singes vont souvent par troupes, et se rassemblent surtout pour voler des fruits et des légames. Ils sont moins indociles ct paraissent moins lubriques que les autres espèces. On les trouve dans les parties de l’Afrique méridionale et au Congo. M. Isidore Geoffroy à fait connaître ( Voyage aux Indes orientales, par Belanger ) une espèce sous le nom de Macaour roux- port, Macacus au- reus, Is. Geoff., qui a le dessus du corps d’un brun roux tiqueté de noir; la face externe des membres d’un gris clair, le dessous du corps, la queue, la face interne des membres, et les longs poils des joues, gris: la face supérieure de la queuc est noirâtre vers sa base et grise dans sa portion terminale. MM. Leschenault et Reynaud ont rapportée du Pérou. Un individu presque en- lièrement semblable a aussi été envoyé de Su- matra par M. Duvaucel, et un autre de Java par M. Diard. 2e section, les Marvons. Ils se distinguent facilement de tous les précé- dens, par une queue toujours beaucoup plus courte que le corps, et quelquefois même d’une extrême brièveté. L'Ouanpourou, Buff., t. 14; Simia silenus , Schreb., Linn.; S. leonia, Linn.; Maca silenus, Desm. Son pelage est généralement noir, avec l'abdomen et la poitrine blancs. Cuvier lui a donné le nom de Macaque à crinière, à canse des longs poils blanchâtres et cendrés qui entourent sa têle. Sa queue, terminée par une longue mèche de poils, l’a fait également appeler par Pennant Singe à queue de lion. Sa face et ses mains sont noires et ses callosités rougeâtres. Dans les Indes orien- tales , où cette espèce habite, elle porte les noms de Nil-bandar, de Lowando ou d'Elwanda. Sui- vant quelques naturalistes , elle est tout-à-fait in- docile et intraitable. Le Ruësus, Audebert ; Macacus erythrœus , M. rhesus, Desm. ; Simia erythræa, Schreb. ; représenté dans notre Atlas, pl. 314, fig. 2. Buffon le décrit sous le nom de Macaque à queue courte; il est en dessus d’un vert-gris roussâtre , avec les membres antérieurs et les jambes plus grises et les cuisses jaunes à leur partie externe : le dessus est blanc. Suivant M. F. Cuvier, on aperçoit sur la face dont la couleur ést livide, entre les deux yeux, un petit tubercule qui grossit à l'approche du rat. Le même naturaliste a décrit, sous le nom de Rhé- sus à face brune, un Singe qui ne diffère de celui dont nous parlons que par une couleur plus brune. Le Rhésus habite les Indes ; ses mœurs sont celles des véritables Macaques ; doux dans le jeune âge, il devient ensuite très-lubrique et presque tout-à- fait intraitable. M. Isidore Geoffroy a décrit, sous le nom de Aa- cacus libidinosus, une espèce déjà indiquée par : M. F. Cuvier, qui la regarde comme nouvelle, et par M. Desmarest, suivant lequel elle ne serait qu’un Maimon. Elle est brune en dessus, blanche en dessous ; une calotie noire couvre sa têle, et ses joues sont fauves légèrement olivâtres. Ge qui rend cette espèce extrêmement remarquable, c’est l'énorme turgescence de toutes les parties sexuel. les pendant le rut. Toutes les parlies qui environ- nent la vulve, l'anus, les callosités (et même le dessous de la queue dans presque toute son éten- due) , acquièrent un développement prodigieux tédtaies om MACA dont il est impossible de se faire une idée, par la fluxion quelquelois cependant abondante qu'on observe périodiquement chez les autres Macaques. Le Macaque unsiN, Macacus arctoï les, Isid. Geoff. Cette espèce, que M. Isid. Geoffroy ( Voy. auxInd. orient. et Mag. de Zool.,1833, cl. 1, n°11) donne comme douteuse, et qui, selon lui, pour- rait bien être le Macaque de l'Inde, M. maurus, F. Cuv. (Mam.), Magus maurus ; Less. (Man. de Mammal.), Simia Cuvieri,J. B. Fisch.(Syst.Mam.), est d’un brun tiqueté de roux. Les poils sont longs, lusieurs fois annelés de brun et de roux clair, et L queue est excessivement courte. Ge Macaque vient de la Gochinchine , d’où il a été rapporté par Diard. Par l'extrême brièveté de sa queue, cetle espèce forme le passage des Maimons aux Magots. 3° section, les Macors. Caractérisés par l’absence de la queue, qui se rouve remplacée par un pelit tubercule. C’est à cette section que M. Isidore Geoffroy rapporte, dans le Voyage déjà cité, le Macaque 4 FACE NOIRE, qu'il plaçait auparavant (Dict. class. des scien. nat.) parmi les Gercocèbes, et les Ma- CAQUE A FACE ROUGE, A1. speciosus, K. Guv., et Macaoue DE L'INne, M. maurus, F. Cuv., qu'il faisait entrer dans la section des Maimons. (Foy. Macor. (Z. G.) MACAREUX, Fralercula, Briss.; Mormon, Illig. ; Alca, Lath. (o1s.) Dans la classification de Cuvier , les oiseaux connus sous ce nom forment une subdivision du genre Pin@ouin (voy. ce mot). D’autres ornithologistes, Vieillot, Lesson , etc. , ont cru devoir les constituer en genre. On leur donne pour caractères : un bec plus court que la tête, plus haut que long, très-comprimé, sillonné transversalement , à arêle supérieure tranchante et surmontant le niveau du crâne, et à base gar- nie d’une peau plissée ; des mandibules arquées et échancrées vers la pointe; des narines marginales, linéaires , presque entièrement fermées par une membrane nue : des ailes courtes , la première et la seconde rémige de la même longueur, ou à peu près. Les Macareux , par leur organisation et par leurs mœurs, prennent naturellement leur place entre les Guillemots et les Pingouins. Gomme ces oiseaux, en effet, leur système alaire est si im- parfait , si défavorable pour le vol, que c’est à peine s’ils le mettent en usage pour se transporter d’un lieu à un autre. Lorsqu'ils le font, ce n’est jamais que par volées courtes et tellement basses, que de leurs pieds ils efileurent l’eau. Ils marchent aussi mal qu'ils volent difficilement, On a comparé leur progression terrestre à celle d’un chien de- bout sur ses jambes de derrière, tant elle est lente, balancée et peu assurée. Aussi ne viennent-ils à terre que pour se reposer , pour chercher un abri contre le mauvais temps ou pour y faire leur ponte; encore ont-ils soin de choisir des licux où ils soient à portée de se jeter promptement dans la mer lorsque les circonstances l’exigent : en un mot, ils sont essentiellement organisés pour un genre 541 MACA ; de vie aquatique; ils nagent et plongent avec une rare facilité. Ces oiseaux changent de climat sui. vant les saisons. Leur départ du lieu d’où ils sont originaires se fait en automne, el leur retour au printemps. Ces deux époques leur sont funestes. Comme ils tiennent difficilement la mer si elle n’est calme, il arrive très-souvent que, surpris pendant leur voyage , par une tempête, ils péris- sent en grand nombre, l'instinct de sociabilité les faisant ‘se réunir en troupes quelquefois très- considérables. On a remarqué qu'ils se plaisent sur les mers glacées du cercle arctique plus que partout ailleurs, et on les y voit confondus avec les Pingouins et avec les Guillemots. Les Ma- careux visitent rarement les parages tempérés de l'Europe : pourtant l'espèce la plus commune, le Macareux moine, Alca arctica, L., pendant l’hi- ver, abonde sur nos côtes et niche même quel- quefois sur celles d'Angleterre. Ges oiseaux se nourrissent de petits mollusques, de crustacés, de chevreites, enfin de tout insecte de mer et même de petits poissons qu'ils saisissent en plon- geant. Ils ne construisent point de nid, ils déposent seulement leurs œufs au fond d’un trou creusé dans le sable ou entre les fentes des rochers. Les espèces que l’on connaît sont : Le Macarneux Moine, Alca arctica, Lin.; La- bradoria, Gm., et Mormon fratercula, Tem. Son plumage, qui paraît plus composé de duvet que de plumes, est noir sur Ja tête et sur tont le des- sus du corps, et blanc en dessous. Cet oiseau, comme nous l'avons dit, visite nos côtes pendant l'hiver; le soir, on le voit s'approcher du rivage, et se retirer avec sa femelle dans des espèces de ter- ricrs qu'il se pratique, ou dont il s'empare. Sa ponte est d’un seul œuf, un peu moins gros que ceux de l’'Oie. Une espèce très-voisine de celle-là par son plu- mage qui est absolument le même, mais qui en diffère pourtant par un bec beaucoup plus haut, dont la mandibule inférieure est très-arquée, est le Macareux GLactAL, Mormon glacialis, Leach. Il appartient exclusivement à l'Amérique du nord, Le Macareux aurré, Alca cirrhata, Pall. , fase. 5, p. 7, pl. 1. Cette espèce, dont on doit la des- cription à Pallas, séjourne accidentellement ou seulement pendant l’été à la mer; vole assez bien, mais se repose très-souvent. Gomme le Macareux moine, chaque soir il va coucher à terre. La fe- melle pond un seul œuf oblong, d’un goût exquis et d’une grosseur disproportionnée avec sa taille, Il a recu divers noms, selon les pays où il se trouve. Au Kamichatka, on l’appelle T'schelata ; les Russes établis dans cette presqu'île le nomment Kara, et Les habitans des Kourdes, Etubirga. De la taille à peu près des espèces d'Europe, il s’en distingue par un plumage entièrement noir sur tout le corps, excepté aux tempes et à la face; ces parties sont blanches ; par un faisceau de longues plumes dé- composées, d’un beau jaune, qui partent du dessus des yeux pour relomber avec beaucoup de grâce sur le derrière du cou: ses ailes sont bordées de blanc et les pieds sont rouges, Gette espèce n’ha- MACA 942. oo MACE bite que la partie septentrionale de l'océan Paci- fique. M. Temminck a désigné sous le nom générique de Sranique, Phaleris, les espèces dont le bec moins élevé , dilaté sur les côtés, est presque qua- drangulaire : un autre caractère qui les différencie également des précédens, c’est que la première rémige est la plus longue. Avant lui, Vieillot avait déjà séparé ces Macareux de ceux que nous venons de voir, pour les placer parmi les Pingouins. On ne connaît bien que deux espèces qui appar- tiennent à cette division ou genre , l’Al{ca antiqua n’ayant jamais été revu par les auteursmodernes. Le Macareux PETIT PERROQUET , actuellement le STARIQUE PERROQUET , Alca psittacula, Pallas ; Phaleris psittacula, Temm. (voy. notre Atlas, pl. 514, fig. 8 ). Cet oiseau a été découvert par Steller ; mais Pallas est le premier qui, dans le cinquième fascicule de ses Spicilegia zoolo- gica, p. 18, en ait donné une description com- plète, accompagnée de figures et de détails ana- tomiques. Le vrai nom sous lequel il est connu au Kamichaika, par les Russes qui y sont établis , est Starik, mot qui signifie vteillard, Cet oiseau est à peine plus grand que le petit Guillemot. Il a toul le dessus du corps noir ; la poitrine d’un gris- nôirâtre et le ventre blanc ; une’tache blanche au ‘dessus de l’œil, et une raie de même couleur formée par des plumes eflilées et décomposées, qui descendent de l’angle externe de l’œil le long da corps. Ses habitudes diffèrent peu de celles du Macareux moine ; comme lui, il vit en troupe, s'éloigne peu des flots et des rochers ; mais il va passer la nuit dans le premier trou qu’il rencontre, sans en adopter ‘un. Îlest si confiant, ou poar mieux dire , son instinct est tellement borné, qu'il donne dans les piéges les plus grossiers. Les habi- ans des pays où il vit vont le soir au bord de la mer, s’asseyent et retirent leurs bras des longues et larges manches de leurs casaques , qui, étant composées de bandes de peaux cousues ensemble, sont raides, ne’ s’affaissent point et restent ouver- tes comme si le bras les remplissait. Fls laissent ces manches pendantes sur le rivage et demeurent immobiles. L'oiseau dont il s’agit s'approche du rivage, le soir, prend l'ouverture de ces manches pour celle d’un terrier , et il y entre suivi de plu- sieurs de ses compagnons; on n’a plus alors que la peine de les tuer. Si cette chasse, comme le dit Pallas , est facile, elle est aussi d’un très-pelit rap- port, cet oiseau ayant une chair dure, et ne pou- vant être dépouillé de son duvet et de son plumage, si on ne l’écorche. La femelle pond , en juin ,-un seul œuf d’un blanc sale ponctué de brun , qu’elle dépose sans soin sur le sable ou sur la roche nue. I habite le Kamtchatka et les îles répandues entre l'Amérique septentrionale et le Japon. Le STARIQUE cRISTATELLE où MAcAREUx HUPPÉ, Phaleris cristatella, ‘Temm. ; ÆAlca cristatella , Pall. Cet oiseau, de la grandeur de la Gaille, est irès-remarquable surtout par six cu huit plumes à barbes accolées, qui partent da front et se re- courbent en avant sur le bec ; il a un trait blanc —— — — — — —_— ——"— " —] — "+ —— au dessus de l'œil et: plusieurs autres lignes de même couleur vers le: haut du cou, formées par des plumes eflilées, décompostes el soyeuses ; tout son plumage est noir en dessus, avec quelques traits de brun rouiilé sur le dos ; son croupion est d’un gris clair, et son ventre également gris est fouetié de taches longitudinales , brunes ; les pieds sont rougeâtres. Gelle espèce habite au nord de l'océan Pacifique, au milieu des archipels des Kouriles et des îles Aléoutiennes, et sur les côtes de'la Sibérie. (Z. G.) MACÉRATION. (cmm.) C’est l'opération par laquelle on met une matière , qui est presque tou- jours d’origine organique, en contact avec un liquide dont la température n’est pas plus élevée que celle de l’atmosphère. (Gu£r.) MACERET. (8or.) On donne vulgairement ce nom à toutes les espèces d’Airelles, V'accinium , mais plus particulièrement , dans quelques locali- tés, à l’Airelle anguleuse, 7. myrtillus, dont les fleurs paraissent avec les premiers jours du prin- temps, et dont les fruits sont bons à manger deux mois après que les fleurs sont tombées. (T. ». B:) MACERON, Smyrnium. (not. PHAN. et AGR.) Genre de plantes dicotylédonées de la famille des Ombellifères et de la Pentandrie digynie; elles sont herbacées, vivaces ou bisannuelles, se trou- vent sur le bord des chemins et des fossés des cantons cultivés; elles aiment surtout les lieux frais et ombragés. On en connaît huit espèces, dont quatre appartiennent à l'Europe, la cin- quième habite les forêts du Caucase, la sixième en Egypte, la septième le cap de Bonne-Espérance, et la dernière diverses parties de l'Amérique sep- tentrionale. Leurs tiges portent deux sortes de feuilles, les radicales qui sont composées, et les caulinaires qui sont simples ou ternées. Elles offrent pour caractères génériques des fleurs disposées en ombelles, dépourvues de collerettes générales et particulières ; un calice entier très-peu apparent; cinq pétales presque égaux, relevés en carène, et légèrement réfléchis en leur sommet; cinq étami- nes; ovaire infère, avec deux styles fort courts et des stigmates obtus, avortant souvent dans les fleurs du centre; fruit presque ovale, formé de deux graines appliquées l’une contre l’autre et: marquées de trois nervures sur leur face externe. Plusieurs agronomes ont confondu le MacEroN commun, S. olusatrum, L., avec le Persil de Ma- cédoine, qui appartient au genre Bubon, d'où il a recu le nom vulgaire de gros Persil. De sa ra- cine, grosse, blanchâtre et bisannuelle, s'élèvent des tiges hautes d’un mètre, garnies à leur base de feuilles trois fois ternées et dans la partie supé- rieure de feuilles simplement ternées ; elles portent des fleurs jaunes. Autrefois ses racines figuraient sur les tables et se mangeaient, comme on le fait aujourd’hui des racines du Céleri ; ses feuilles ser-, vaient d'accommodement , et ses jeunes pousses, mises à blanchir, entraient dans les salades. L’odeur fortement aromatique de toutes les parties de cette plante l’a fait proscrire de nos cuisines; mais un changement dans nos goûts, mais un caprice de l EE MUSES \) | 13 Ë | SALPELION 1. Machile. 2 Macraspis. 3 Macreuse 4. Macronyque ; 5. Macrophthalm e £. Cucrtr dir MACH 545 MACH la mode peuvent la rendre encore utile. Déjà l'An- glais admet à sa table les jeunes pousses blanchies ; nos amateurs du gothique voudront limiter, et le Maceron redeviendra plante économique. On l’a également abandonné pour la médecine ; :ses feuilles, estimées d’abord comme anti-scorbu- tiques , ses graines recommandées comme cordia- des etcarminatives, sont maintenant tombées dans de discrédit, (T. ». B.) MACHAON. (ixs.) Nom spécifique de l’une de nos espèces du genre Papillon (Papilio). MACGHAONIE , Wachaonia. (8oT. Pnax.) Encore un genre incertain ou du moins que l’on a placé provisoirement parmi les Rubiacées, mais qui ap- parlient positivement à la Pentandrie monoyynie. L'on ne connaît encore qu’une seule espèce origi- paire du Pérou, c’est le Machaonia acuminata , arbre très-rameux , très-Louffu , qui fait l’ornement des rues de Guayaquil, par sa taille élancée, par sa cime d'un vert obscur, par ses rameaux étalés dontle feuillage épais procure une ombre salu- taire, et par ses panicules florales de couleur blanche. On dit que cet arbre monte à plus de dix mètres. Le fruit qu'il porte est une capsule oblon- gue, couronnée par les cinq divisions persistantes du calice, ayant deux loges monospermes se sépa- rant en deux coques coriaces, ligneuses , indéhis- centes. La semence est oblongue. (T. ». B.) MACHE, Waleriana locusta. (acnr. et BOT.) Quoïque, à la rigueur, j’aurais dû attendre pour parler de cette salade d'hiver la plus commune, le moment où j'aurai à traiter du genre Valeriana , je crois utile de lui conserver ici la place à laquelle son nom francais lui donne droit. C’est, comme chacun le sait, une petite plante annuelle, crois- sant naturellement et en abondance dans les champs , dans les vignes, et que nous avons ad- mise dans nos potagers pour l'avoir sous la main toutes les fois que le goût et l’appétit l’appellent sur notre table. Sa culture est aussi simple que la plante est rustique : il suffit de répandre la grame à la volée sur les planches qui se trouvent vides en automne , de l’enterrer avec le râteau et de l’aban- donner à elle-même ; elle pullule, selon l'expres- sion proverbiale, comme chiendent en bonne terre. Un léger sarclage, donné à propos, facilite sa crois- sance; on laisse quelques pieds monter en graines, ‘et la Mâche se propage d’elle-même sans qu’il soit nécessaire d’en semer de nouvelle. Au moindre souffle du vent, elle s’échappe des capsules jaunis- santes , dès qu’elle est mûre. Quand on veut avoir de la Mâche en été, l’on répand sa graine, tantôt nue, tantôt couronnée de trois ou six dents, au premier printemps et même plus tard ; elle réussit également bien par- tout, pourvu qu’elle soit abritée contre les rayons solaires et arrosée de temps à autre. On compte plusieurs variétés de Mâches, que Willdenow élève à tort au rang d'espèces, puisque, en cessant de les cultiver, elles reviennent exacte- ment au type Valeriana locusta. La principale, connue sous le nom vulgaire de Mâche d'Italie ou de double Mâche , a latige plus forte et les feuilles plus larges, elle donne aussi plus tard sa graine ; mais la surface cotonneuse de ses feuilles la rend moins agréable à manger. La plus parfaite est la Doucette commune, qui est excellente servie jeune en salade. La naïne est fort gentille et re- marquable par ses feuilles supérieures qui sont très-découpées. La Mâche est très-recherchée par tous les bestiaux, surtout par les moutons; voilà pourquoi quelques auteurs du moyen-âge l’appel- lent Lactuca agnina, Laitue des agneaux. Je me suis très-bien trouvé toutes les fois que j’ai pu em administrer aux nouveau-nés de mes brebis. (T. ». B.) MACHILE, Machilis. (1xs.) Genre de l’ordre des Thysanoures , famille des Lépismènes , offrant les caractères suivans : yeux très-composés rap- prochés, occupant la plus grande partie de la tête , palpes maxillaires très-grands , pédiformes ; trois filets situés à l'extrémité de l'abdomen, pro- pres au saut. Ces insecles avaient d’abord été confondus avec les Lépismes, ensuite Latreille les en avait séparés sous lenom de Forbicines; mais il finit par adopter le nom de Machiles, pour éviter toute confusion; on les distingue facilement du genre dont nous avons parlé par la forme générale de leur corps; en effet, au lieu d’étreallongé, il est court, en forme de cône, les côtés sont com- primés et le dos voûté; les antennes et les man- dibules sont insérées sur la même ligne ; la tête est petite, enfoncée dans le prothorax qui est beaucoup plus petit que les segmens suivans ; les autres anneaux du corps vont en diminuant jus- qu’à l'extrémité de l’abdomen , où l’on voit trois filets, dont deux inférieurs et un supérieur plus long; ces filets peuvent se replier sous l’abdo- men et servent à l’insecte, en se débandant, à produire des sauts remarquables; les segmens ab- dominaux offrent en dessous des petits appendices bi-articulés , cylindriques’, et dont l'usage est in connu ; les pattes sont courtes , terminées par des tarses de deux articles, dont le dernier est armé de deux petits crochets. M. Guérin, dans une note présentée à l’Institut, dans sa séance du 20 juin 1856, a fait connaître le résultat d'observations très-curieuses qu’il vient de faire sur ces singuliers insectes ; cette note a été reproduite dans divers journaux d’une manière plus ou moins abrégée; nous ne pouvons mieux faire que de la donner textuellement en produi- sant à l’appui (Atlas, pl. 315, fig. 1 ) l’une des fi- gures encore inédites du Machilis polypoda, dont M. Guérin l'avait accompagnée, et qui feront par- tie de son Iconographie du Règne animal, « Les dix segmens abdominaux sont un peu re- pliés en dessous avec les bords arrondis. Chacun d'eux, à l'exception du dernier, porte en dessous une grande lame (arceau inférieur). Celle du pre- mier est échancrée au milieu. Elle porte de cha- que côté une petite vésicule blanche; mais elle n’a pas de filet articulé ou fausse patte. Le second segment inférieur est semblable au premier pour la forme; il a de chaque côté deux vésicules 544 MACI blanches et extérieurement un petit appendice articulé. » Les troisième, quatrième et cinquième sont tout-à-fait semblables. » Le sixième offre une vésicule à gauche et deux à droite; la plus extérieure de droite est au moins deux fois plus grande que l’autre. » Les septième et huitième segmens n'offrent de chaque côté qu’une seule vésicule ; mais elle est grosse, pyriforme, d’un blanc mat. » Les segmens suivans n’ont plus de ces vési- cules. » Le huitième porte deux appendices plats qui font l’effet des deux lames des précédens, mais qui sont séparés. Chacun est terminé par un petit filet articulé, comme on en voit aux précédens. » Le neuvième porte aussi deux appendices pa- rallèles ; mais ils sont le double plus longs que les précédens, atteignent l'extrémité de l'abdomen et portent deux filets articulés de leur longueur, plus du double plus longs que les précédens. » Le dixième et dernier segment donne attache sur les côtés aux deux grands filets terminaux et au bord supérieur du grand filet dorsal, » L’oviducte s’insère au septième segment; sa base est recouverte par la lame inférieure de ce segment. Elle est cylindrique et dépasse l’extré- mité de l'abdomen de la moitié de sa longueur. Quand on le serre, il se divise en quatre filets” égaux et ciliés. » Les vésicules blanches observées au bord des James inférieures de l'abdomen me paraissent être des organes de respiralion analogues à ceux qu'on trouve sous l’abdomen de beaucoup de Crustacés, et qui sont placés à la base des fausses -e pattes abdominales. Cela est d'autant plus proba- ble que Latreille (Ann. du Mus. (nouvelles) t. 1°", p- 101)n’a pas trouvé de traces de sligmates sur les nombreux individus qu’il a observés à la cam- pagne. » Les lames ventrales ne sont pas composées de deux pièces, comme le dit Latreille pour l'espèce qu'il a étudiée : dans nos individus la sixième ayant été isolée m'a offert une échancrure au mi- lieu ; mais elle est d’une seule pièce. Les filets Ja- téraux (fausses pattes) ne m’ont pas paru composés d’un grand nombre d'articles, comme les a repré- sentés M. Templeton (Trans. ent. soc., t. I*, part. 2°, pag. 92, pl 11, fig. 1); mais j’y ai vu des plis peu nombreux qui ne peuvent être comparés à de vraies arliculaticns. » Les stries fines qu’on voit aux écailles qui re- couvrent toutes les parties de l'animal, ne parais- sent pas faire corps avec cette écaille; elles sem- blent dues à une membrane qui peut s’en détacher en lout ou en parlie, car j’en ai vu qui avaient des stries dans des portions seulement de leur surface, d’autres qui n’en avaient pas du tout, et un plus grand nombre qui étaicnttrès-régulièrement striées. » Deux des filets de l’oviducte s’attachent au milieu du côlé interne de chacune des lames du huitième segment, et les deux autres s’insèrent à la base interne des longues lames du neuvième, Ces quatre insertions sont réunies dans l’état de repos, et les quatre filets concourent à former un tube pour le passage des œufs. » Les parties de la bouche rangent bien cet ani- mal parmi les insectes ; comme eux il a un labre, deux mandibules, deux mâchoires palpigères ct une lèvre inférieure également palpigère, Comme eux aussi il n’offre qu’une paire de pattes aux trois segmens qui forment son thorax, mais là se bor- nent ses points de ressemblance avec un insecte, car toutes les autres particularités de son organisa- tion , l’absence de stigmates, la présence de sacs branchiaux, de fausses paltes abdominales, etc... le rangent évidemment parmi les Crustacés. » Ces insectes sautent avec facilité; on les trouve habituellement dans les bois au pied des arbres. M. rozyronz , 1H. polypoda, Linn. Longue de deux lignes, couverte de petites écailles , et ayant deux rangs de petites épines de chaque côté des segmens abdominaux ; entièrement de couleur en- fumée. (A. P.) - MACHOIRAN , Mystus. (porss. } Ces poissons appartiennent à la famille des Siluroïdes, et se rapportent à l’ordre des Malacoptérygiens abdo- minaux de Guvier. Ge groupe, d'abord établi par Linné sous la dénomination de A/achoiran, se rapporte aux genres Pimélode et Doras de Lacé- pède. Voyez à ce sujet les articles Pmm£one et Doras de ce Dictionnaire. (Azpn. G.) MACHOIRE, Maxilla, Mandibula. (axar.),On a donné ce nom à deux os recouverts par le tissu des gencives et destinés à soutenir les dents. ( Voy. SQuELETTE. ) (M. S. A.) MACIGNO. ( wi. et Géo. ) Nom donné en Toscane à une roche arénacée, composée essen- tiellement de petits grains de quartz mélés à du calcaire, e# renfermant quelquefois du mica et d’autres fois de l'argile. M. Al. Brongniart, à qui l’on doit un travail très-complet sur les roches, divise le Macigno en quatre variétés : le Macigno solide, qui est rude au toucher , et dont la texture est grenue ; ie Ma- cigno schistoïde, dont la texture est la même, mais dont la structure est feuilletée ; le Macigno mollasse, dont la texture est grenue, lâche , sa- bleuse et presque friable; c’est celui qui est le plus argilcux; et enfin le Macigno compacte, dont la texture est compacte , rarement un peu lamellaire, et dans lequel le calcaire domine. Les Macignos, que l’on a long-temps confondus avec les grès, parce qu’ils en ont en effet quelques uns des caractères, appartiennent à des forma- tions d’époques très-difftrentes, Les variélés so- lide, schistoïde et compacte se lrouvent dans des terrains compris entre les granites et la craie ; ce sont eux que les géologisles ailemands désignent sous le nom de Grauwackes. Mais le Macigno mol- lasse appartient au terrain supercrétacé, Il est très- développé daïs certaines contrées, principale- ment en Suisse : ainsi les collines que l’on tra- verse en allant depuis les bords de l’Orbe jusqu’à Lausanne, près du lac de Genève, sont entière- ment composées de cette roche, qui renferme des corps MACL corps organisés, et principalement des végétaux. (J. H.) MACIS. ( 8or. PHan. ) Espèce de réseau mem- braneux, de couleur rouge-écarlate ou rose, pas- sant volontiers au jaune légèrement rougeûtre , qui couvre la noix du Muscadier, Myristica aro- matica. L’on nomme Arille ce réseau, dont les la- nières minces, frangées, répandent une odeur agréable, pénétrante, quand on les froisse entre les doigts, et donnent un peu d’huile également très-aromatique. Elles laissent sur la noix autant d’impressions en creux qu'elles comptent de di- visions. Je ne suis pas éloigné de croire que les gyptiens et les Grecs ont connu ce fruit el re- marqué le Macis ou enveloppe singulière qui le recouvre ; le commerce leur apportait de l'Inde, par la mer Rouge , un fruit sous le nom de Mare, qu'ils employaient, ainsi qu’on le fait encore de nos jours, dans la médecine, comme médicament stomachique, carminatif, cépbalique et cordial ; comme un remède eflicace contre la dysenterie et pour arrêter les vomissemens. Je sais bien que l’on a émis une opinion contraire ; mais les rap- prochemens sur lesquels on :s’appuie sont à mes yeux de fort peu de valeur. Foy. aux mots ARILLE et Muscapier. (T. ». B.) MACLE. ( mix. ) Nom donné à une variété d’an- dalousite remarquable en ce qu’elle se trouve en prismes carrés, qui portent au centre une matière noire qui forme une tache se prolongeant dans le sens de l’axe du cristal. Foy, AnbaLousirE. . (ESS à 2) " MACLURE, Maclura. (Bot. PHAN. et 4Gr.) Près du Broussonnetie, dans la famille des Ürti- cées , et faisant partie de la Dioécie triandrie , Nut- tall a créé, en mémoire de N. W. Maclure, son compatriole, ur genre particulier sous le nom de Maclura , lui donnant pour type un arbre lactes- cent qu'il rencontra sur les rives du, Missouri et de l’Arkansa, à l’ouest de l'Amérique septentrio- pale. Ce genre a pour caractères essentiels de ren- fermer des plantes ligneuses , à feuilles alternes , à fleurs dioiques : les femelles réunies en un cha- ton axillaire , sans calice ni corolle ; style filiforme, velu ; ovaires nombreux réunis en une baie globu- Jleuse, multiloculaire, du volume d’une orange or- ‘dinaire, contenant dans chaque loge une graine ovale, comprimée. Les fleurs mâles sont encore inconnues, ce qui force, quand on veut le multi- plier, à recourir à la grefle, ou mieux encore aux boutures prises sur les jeunes branches et sur les racines. On connaît deux espèces de Maclures. L’une est un arbre dont le tronc rameux monte à dix mè- : tres et quelquelois plus. Ses feuilles, très-entières, ovales-acuminées , légèrement pubescentes sur les nervures et les pélioles, sont dépourvues de sti- pules. Nuttall lui a donné le nom de Maczure ORANGÉ , M. aurantiaca, L'autre , découverte dans la Jamaïque par Sloane , et par lui décrite sous le nom de Morus tinctoria, acquiert aussi plus de dix mètres'de hauteur ; son écorce est brune; ses feuilles sont Toue IV. 949 80° Livraison. MACO cordiformes, irrégulièrement Jlobées ; ses épines axillaires ou nulles ; ses chatons petits. Quelques cultivateurs-botanistes le rapprochent du Brous- sonnetie. On croit que cet arbre est le même quele Bois jaune de Cayenne, qui fournit une couleur solide aux teinturiers, Dernièrement on a proposé d'adopter la culture de la première espèce , afin de remplacer par sa feuille celle du Mürier comme nourriture du Ver à soie, On n’a pas encore une assez longue expé- rience pour attester positivement les avantages promis. Les résultats entrevus font espérer que le Maclure orangé, résistant aux degrés de froid aux- ‘quels les espèces du Mûrier chéries du Bombyx à la soie perdent toute leur puissance végétante, pourra, quand il sera admis dans les cultures, e suffisamment répandu, servir à altendre la pous- sée des secondes feuilles du Mûrier. Dans un essai comparatif, les Vers nourris avec douze à quinze pieds de Maclures ont eu d’abord un accroisse- ment assez rapide durant les deux premiers âges ; ceux nourris avec un nombre bien moindre de Müûriers ont bientôt pris le dessus, et le conser- vèrent jusqu'à la montée; les cocons des pre- miers ont, dit-on, la structure régulière , le tissu ferme des seconds ; mais on ne nous apprend point si la soie réunissait les mêmes qualités et la même force. Il y a beaucoup à faire encore pour tirer une conclusion vraie d’une semblable proposition : c’est aux Etats-Unis, patrie du Maclure, où l’on peut se le procurer sans frais, qu’il appartient de résoudre la question; nous provoquons à ce sujet les agriculteurs de celte contrée, qui , depuis 1829, s'occupent avec ardeur du Bombyx fileur et de la production de la soie. (T:1n Ba) MACLURITE. (min. ) Nom qui a été donné à deux substances très-différentes : la Diapride , qui est un silicate de chaux et de magnésie , et la Condrodite, qui est à la fois un phthorare de ma- gnésium et un silicate de magnésie. (J. H.) MACON et MACÇONNE. ( zoor. ) On appelle Macon la Sittelle d'Europe, parce qu’elle enduit de terre l'ouverture du trou d'arbre dans lequel elle fait son nid. Les marchands donnent le nom de Maconne à une coquille nommée aussi Fri- pière ( Trochus agglulinans ) à cause de la faculté singulière qu'a son animal d’y agglutiner divers corps étrangers; enfin les entomologistes ont donné le nom de Maconne à une Abeille et à une Arai- gnée qui construisent leur nid avec une sorte de mortier en lerre. (Gu£r.) MACOUBÉ, Macoubea.(Bor. PHAN.) Aublet a dé- couvertdans les forêts de la Guiane, principalement dans celles du quartier dit de Caux, un grand arbre qui est devenu le type d’un genre inscrit provisoi- rement dans la famille des Guttifères, sous le nom de M. guianensis. On n’en connaît encore que les fruits, dont la grosseur rappelle celle d’une orange; ils sont quelquefois un peu comprimés et d’autres fois comme à trois faces; ils viennent en grappes à la bifurcation des rameaux, qui sont opposés; Ja pellicule qui les recouvre est rude, ferme, brune, marquée de points grisâtres ; la pulpe est charnue 09 oo ————————————_ ZE MACR 546 MACR SEE “et renferme «an grand nombre de semences épar- ses, oblongues , assez grosses .-convexes d’un côté, sillonnées de l’autre. Sous ane membrane épaisse ét jaune, divisée en deux loges, on trouve une amande ferme et blanche. Toutes les parties de cet arbre, qui monte à treize et quatorze mètres de haut, fournissent un suc blanc et laiteux quand on les entame. Les feuilles sont opposées, entiè- res, elliptiques , un peu pointues, vertes, glabres et partagées par-une forte nervure. On ne connaît point les fleurs. Le bois est d’un jaune verdûtre , recouvert d’uneécorce grise et lisse, (T. n.B.) MACRANTHE, Macranthus. (mor, pan. } Ce genre, de ia famille des Légumineuses et de la Dia- delphie décandrie, est encore très-peu connu, malgré ce que Loureiro en a dit dans sa Flore de la Cochinchine. On sait que l’on mange ses cosses fraîches dans l'Inde , et que, comme le Haricot , il a des espèces volubiles dont les feuilles sont composées de trois folioles, ovées, velues, mu- nies de stipules #iliformes. Les fleurs sont blan- ches , nombreuses , et portées sur des pédoncules axillaires. Les graines contenues dans les légumes sont ovales. (T, D. B.). MACRASPIS, Macraspis. (xs. ) Genre de Co- léoptères, de la section des Pentamères, famille des Lamellicornes , tribu des Scarabéides , établi par Macleay, et ayant les caracières suivans : mandibules triangulaires , avec la pointe échan- crée ;mâchoires dentelées ; menton carré, un peu plus étroit antérieurement; crochets des tarses , ou au moins l’un de ceux des deux paires anté- rieures bifide; écusson très-allongé, une pointe sternale atteignant:au moins lesipattes antérieures. Les Macraspis sont des insectes de taille moyenne, ayant le corps un peu carré, en pointe obtuse à ses deux extrémités ; leur tête est enfoncée dans une échancrure du corselet ; celui-ci est transver- sal, beaucoup plus étroit antérieurement, lobé ; échancré vis-à-vis de l’écusson à sapartie-posté- rieure ; l’écusson , en triangle allongé, atteint au moins le tiers des élytres dans sa longueur ; celles-ci sont coupées presque droit à leur extré- milé , étlaissent à découvert la plaque anale qui a la forme d’un angle obtus; le métasternum s’a- vance en pointe entre les deux paires de pattes antérieures , et est plasou moins divergent , selon les espèces ; les fémurs , les tibias et les tarses sont presque de même longueur;.les crochets ne sont pas très-développés. Tous les insectes qui composent cé genre sont propres à l'Amérique méridionale. M. A massuz, AZ. clavata, Fab. Figuré dans notre Atlas, pl. 815, fig. 2. Longue de douze li- gnes , entièrement d’un brun-rouge cuivreux, avec les élytres fauves ; la saillie sternale est très-diver- gente du thorax et forme massue à son extrémité. Du Brésil. M. verre, M. viridis, Dej. Longue de huit à neuf bgnes , entièrement d’un beau vert: d’éme- raude chatoyant; la saillie sternale est pointue et se recourbe vers la poitrine à son extrémité. Du Brésil. (A. P.) : MACRE , Zrapa. ( nor. puan. et acr. ) Succes- sivement placé dans la famille des Hydrocharidées, des Onagrariées, et parmi les Hygrobiées non reçues de G. Richard, ce genre appartient essen- tiellement à la première de ces familles et à la T- tandrie monogynie. Il renferme des plantes di- cotylédonées herbacées , aquatiques, hétérophyl- les, à feuilles opposées, presque sessiles , à fleurs axillaires et à fruits remarquables par les pointes corniformes dont ils sont armés. Il présente pour caractères : un calice monophylle, persistant , à quatre lobes dressés; une corolle composée de quatre pétales allongés, chiffonnés , alternes avec les divisions du calice; quatre étamines à filets subulés, à anthères arrondies, comprimées, in- trorses, à deux loges, s’ouvrant par un sillon longitudinal ; ovaire semi-infère , terminé par un style et un stigmate discoïde, épais, glanduleux, bilobé ; une noix irrégulière, coriace lorsqu'elle est sèche, presque ligneuse, monosperme, munie de pointes dures, opposées, en épines recourbées, formées par les divisions épaissies et endurcies du limbe calicinal. La germination de cette plante est fort cu- rieuse à suivre; elle se rapproche des Monocoty- lédonées par les filets radicaux qui percent l’é- corce et nesont point continus avec-eile ; elle s’en éloigne pour toutes les autres circonstances et montre qu'elle suit les mêmes erremens que les Dicotylédonées. Ge que certains botanistes ont pris et désigné sous le nomde stipules des cotylé- dons et de feuilles submergées.et pinnées, ne sont autre. chose que des racines apparaissant aux deux côtés du deuxième cotylédon. Fi} Trois espèces de Mâcres nous sont connues ; toutes trois vivent dans les eaux stagnantes ; deux apparliennent au continent asiatique et se trou- vent, le Trapa bicornis, en Chine, et le Trapa co- chinchinensis, dans la Cochinchine. Peut-être ne sont-elles que des variétés de la Mâcre d'Europe , Trapa natans, sur laquelle nous allons plus par- ticulièrement attacher nos regards comme don- nant des fruits comestibles. Cetteplante vivace, etnon pas annuelle (comme on le lit dans divers ouvrages), rampante dans l’eau, vient garnir sa, surlace de beaucoup de feuilles flottantes grossièrement dentées, alternes, triangulaires, à pétiole renflé, et disposées en roselles élégantes. Sa Lige grêle et-rameuse s'élève d'autant plus que les eaux sont plus profondes. De l’aisselle des feuilles sortent des fleurs solitai- res, petites, blanches , qui s’épanouissent au commencement de l'été. Le pédoncule qui perte les fleurs s’allonge après la floraison. Le fruit, à peu près gros comme une châtaigne, d’où lui est venu le nom de Chätaigne d’eau qu’on lui donne vulgairement, tombe aussitôt qu’il est mûr, de sorte qu'ilest important de saisir le véritable mo- ment pour le cueillir , sinon onen perd beaucoup, et celui qu’on retire de l’eau perd de ses qualités nutritives. D'ordinaire chaque pédoncule porte deux fruits; j'en ai compté jusqu'à huit dans les marais de Mantoue, et dans-les lagunes de Venise. Appelée encore Gornuelle flottante , Trufle \ D MACR 547 MACR d’eau, Saligot , etc., la Mâcre de nos marais était connue des anciens sous le nom de Zribulus aquaticus. Elle se propage avec facilhé, n’exige aucun soin; son fruit une fois tombé dans les eaux tranquilles et peu profondes des étangs, vient très-bien et se multiplie même plus qu’on ne veut. On le voit par les nombreux individus qui cou- vrent toutes les mares et les viviers du départe- ment des Landes, depuis qu’ils ont été semés par l'habile botaniste Thore, mort persécuté par son pays qu'il avait honorablement servi, par les sa- vans qu'il avait toujours favorisés durant ses voya- ges, et par de faux amis qui ont abusé de sa bonne foi , de son désintéressement et de son zèle géné- reux. On le voit par les Mâcres aujourd’hui flottant sur toules les eaux stagpantes du département de la Seine-Inférieure , elc., etc. En Chine, où l’on cultive avec le même soin et la terre et les eaux, cette plante est l’objet d’une culture réglée. Elle y porte les noms de Pi-tsi et de Lin-kio. Dans plus d’un pays, en Europe, elle a été du plus grand secours durant les désastreu- ses années de disette réelle, Son amande, fort saine, peut se conserver plus de six mois et servir d’aliment. Les Chinois la mangent dès qu’elle a atteint sa maturité parfaite, comme nous man- geons les noisettes ; sèche et réduite en farine, ils en font une très-bonne bouillie, surtout quand lon y mêle de la farine de froment; confite au four, au sucre ou au miel, elle figure sur toutes les tables. Quand la récolte est très-abondante , ces peuples donnent aux oiseaux de basse-cour la Mâcre qui les engraisse promptement et im- prime à leur chair un goût exquis. Au rapport de Dioscoride et de Pline, les Thra- ces, voisins des rives du Strimon, fabriquaient avec son fruit un pain assez agréable aux yeux et bon à l'estomac. Parmentier conteste à la Mâcre cette propriété, fondé sur ce que la présence du sucre et de l’amidon ne suflit pas pour la panifi- cation. Cependant notre expérience personnelle nous a prouvé que l’on peut en introduire dans le pain ; mais il faut que ce soit en petite quantité, car elle passe difficilement à la fermentation panaire. Dans nos départemens de Maine-et-Loire, de la Loire-Inférieure, de la Haute-Vienne, de la Vendée et des deux Charentes, on mange la Mâcre, cuite sous la cendre ou dans l’eau , réduite en bouillie ou simplement torréfiée. On en fait une consom- mation considérable. On la vend sur les marchés, dé même qu’en Suède, en Italie et en Espagne. On a dit que sa présence dans les eaux nuisait aux poissons; Join de leur nuire, la Mâcre leur est utile en les protégeant de l’ombre de ses feuilles pendant les grandes chaleurs de l’été ; partout où elle se rencontre , le poisson mulliplie beaucoup. Ses feuilles, qui servent de nourriture aux bestiaux, qui sont employées à Soustons, près de Dax, avec le fruit, pour engraisser les porcs , ont la propriété d’absorber l'air infect qu’exhalent les marais. On doit donc'solliciter sa propagation sous ce triple rapport. (T. ». B.) MACREUSE, Anas niger, Lin, (o1s.) Nous avons déjà parlé à l’artiele Gavan» des caractères zoolo- giques, des habitudes naturelles de, cet oiseau, et de la chasse au filet qu’on lui faitsur les côtes dela Picardie. Nous donnerons ici sa figure (pl. 315, fig. 3) et quelques détails relatifs à la chasse appe- lée battue aux Macreuses. Gette chasse , que l’on fait dans plusieurs départemens du midi, est un fait trop important pour n'être pas mentionné, D’ail- leurs elle doit trouver place à côté de l'histoire des mœurs de ces animaux, puisqu'elle servira à nous les faire mieux connaître. Les Macreuses , comme on le sait, arrivent en hiver sur nos côtes de France, et elles y sont alors en si grand nombre, que la mer en paraît, pour ainsi dire, toute couverte. Quoique nos plages maritimes puissent leur offrir partout une nour- riture abondante, cependant elles paraissent pré - férer les étangs, les anses, où elles trouvent un abri contre les tempêtes : c’est là, en eflet,, qu’on les voit tous les jours occupées à plonger, et c’est là aussi qu'on leur fait la chasse dont nous allons parler. Il n’est que trois localités, à notre connais- sance, où ces baltues aient lieu : à Hyères (Var), dans les étangs de Berre ( B.-du-Rhône }, et dans ceux de Pérols (Hérault ). Dans ce dernier endroit surtout , l’époque de ces chasses est une fête. Le préfet , par qui elles sont autorisées , y as- siste , et toute la bourgeoisie des environs s’y rend, Au jour indiqué, tous ceux quiont acheté le droit de tuer des Macreuses ( car ici un objet de plaisir devient une affaire de spéculation pour la com- mune à qui appartient l'étang) se rendent sur les lieux, montent les bateaux qu’ils ont en le soin de se procurer et attendent le moment du départ. À un signal donné tous quittent les divers points du rivage qu’ils occupentets’avancent lentement vers le groupe de Macreuses, de manière à les cerner de tous les côtés, et à les tenir toujours dans un juste- milieu. Ces oiseaux , qui voient les bateaux s’avan- cer à eux, plongent alors sans relâche, tantôt se montrant à mi-corps, tanlôt ne sortant que la tête de l’eau; mais bientôt, pressés de toutes parts, ils s’élèvent, et c’est de ce moment que commence contre eux une guerre qui dure des heures entiè- res; car, leur vol, quoique rapide, ne s’étendant pas fort au loin, on ne tarde pas à les atteindre de. nouveau. Lorsque tous les bateaux, arrivés à un point commun, n’ont plus rien à poursuivre de- vant eux, ils virent de bord et se dirigent alors soit vers les Macreuses blessées (les réglemens voulant qu’elles appartiennent non pas à celui qui les a abattues , mais au premier qui achève de les tuer), soit vers celles qui, ayant échappé au pre- mier feu , ‘se trouvent dispersées sur l'étang. Cette seconde battue n’est ‘pas aussi fructueuse que la première. Les Macrenses fatiguées plongent pour se dérober aux attaques des chasseurs, au lieu de s’envoler; et comme, outre qu’il serait très-diffi- cile de les atteindre lorsqu'elles nagent la tête seu- lement hors de l’eau, il y a encore des réglemens qui défendent de les tirer sielles ne s'élèvent, il en résulte alors qu’on en tue très-peu. Les chas- seurs, revenus au lieu d’où ils étaient partis, font REED MACR o48 MACR nn tin entente ere halte, laissent rassurer ceux de ces oiseaux qui . ? restent et qui ne tardent pas à s attrouper de nou- veau , et recommencent quelque temps après une autre battue, etc. Ces chasses, très-coûteuses par elles-mêmes, ne se font que deux ou trois fois durant l'hiver, en janvier et en mars. Un mois avant qu'elles aient lieu, on les publie dans tous les environs; et comme, outre le plaisir qu’elles offrent , la Ma- creuse elle-même est un gibier recherché et es- timé, elles ne laissent pas que d’aitirer un con- cours nombreux d'amateurs. La chair de la Ma- creuse est blanche, tendre et n’a pas cette odeur qui s’attache ordinairement à presque tous les oi- seaux de rivage : on sait qu’elle est autorisée en carême. Lorsqu'on cherche ce qui a pu faire tolérer lu- sage d’une viande dans un temps où les lois de l’église condamnent toutes les autres, on trouve que cela tient à une erreur des plus bizarres. De- puis le treizième, et même avant , jusqu’au seizième siècle , on s’est beaucoup occupé de l’origine des Macreuses. On voyait ces oiseaux apparaître spon- tanément en nombre considérable, et on ne pou- vait jamais découvrir le lieu de leur reproduction : dès lors les esprits étaient naturellement portés à faire des conjectures. Les uns pensaient qu'elles naissaient du fruit d’un arbre sur la nature duquel on n’était pas bien d’accord ; d’autres voulaient que ce fût du bois de sapin pourri et flottant dans la mer, des champignons ou mousses marines , d’un coquillage, enfin des diverses matières vé- gétales qui s’attachent aux débris des navires ; une troisième opinion, depuis long-temps émise par Aristote pour d’autres animaux , était que ces oi- seaux s’engendraient de pourriture. Ces opinions, que l’on voit reproduites dans beaucoup décrits d'alors, devenaient même quelquefois le thème des poètes. On trouve dans Du Bartas (Poème sur Ja création du monde, 1578) quelques vers dans lesquels la genèse de la Macreuse est parfaitement tracée selon l'esprit du temps. Dieu (dit-il), non content d’avoir infas en chaque espèce Une angeandrante force, il fit par sa sagesse; Que sans nulle Vénus, des corps inanimés , Maints parfaits animaux ca bas fassent formes: Ainsi le vieil fragment d’une barqne se change En des canards volans , Ô changement étrange! Même corps fat jadis arbre verd, puis vaisseau, N’aguère champignon et maintenant oÿseau, Cest à de pareilles idées qu'il faut rattacher la coutume de manger des Macreuses aux Jours mal- gres. La croyance générale étant qu elles ne nais- saient pas par accouplement ni d’un œuf, mais plutôt des végétaux, les conciles en permirent l'usage. Le pape Innocent III fat le premier qui s’éleva contre; mais on n’en tint compte , et lors- que plus tard on sut, par Gérard Veer, qui venait de faire une troisième navigalion vers le nord, que ces oiseanx avaient la même origine que tous les autres , et qu’ils nichaient dans des contrées que Gérard Veer croyait être le Groënland, alors on chercha d’autres raisons pour motiver une aulo- risation que les rapports du voyageur détruisaient. On dit que les plumes des Macreuses étaient d’une nature bien différente de celles des autres oiseaux, que leur sang était froid, qu’il ne se condensait point quand on le répandait , et que leur graisse, comme celle des poissons, avait la propriété de ne jamais se figer. Dès qu’on eut inventé l’analo- gie qui existait entre ces derniers et les Macreuses, et qu’on l’eut fait goûter, ce qui avait été fait par les conciles persista. Voilà d'où vient que nous mangeons ces oiseaux en carême, (Z. G.) MACROCGNÈME , Macrocnemum. (BOT. PHAN.) Sous ce nom tant soit pêu barbare, Patrick Brown a créé un genre dans la famille des Rubiacées , qui fait partie de la Pentandrie monogynie. IL com- prend des arbres et arbrisseaux de diverses con- trées de l’Amérique méridionale, portant des feuilles opposées avec stipules, des fleurs disposées en corymbes ou bien en belles panicules termina- les, munies de bractées très-grandes et colorées, et des fruits turbinés , bivalves et à deux loges po- Iyspermes ; leurs graines sont planes, imbriquées et légèrement membraneuses en leurs bords. Environ une dizaine d'espèces sont inscrites dans ce genre; toutes ne peuvent se cultiver en Europe que sous la température factice de la serre chaude. Parmi elles, il en est une qui fournit, dans son écorce mise à macérer, un principe colorant rouge, c’est le Macrocnemum tinctorium, qui croît le long de l’'Orénoque, arbre de sept mètres de haut, aux rameaux cendrés, au feuillage léger, aux corolles blanches. Une autre espèce, dont l'écorce un peu amère est souvent mélangée à celle des Quinquinas que le commerce nous ap- porte du Pérou, le M.-corymbosum, est un grand arbre des Andes, garni de feuilles luisantes , obovales, allongées, cordiformes à leur base; ses fleurs, d’un blanc pur en dedans, sont d’un pour- pre foncé en dehors; ses capsules, d’un brun pourpre, renferment des semences jaunâtres. On reconnaît facilement , quand on le veut , la sophis- tication de cette écorce par sa couleur intérieure, qui est blanche, par sa nature visqueuse et son amertume inférieure. Les plus belles espèces sont : 1° le H7. candidissi- mum , des bords de l’Orénoque, dont les corym- bes trichotomes ont leurs dernières divisions char- gées de trois fleurs très-blanches, membraneuses et longues de trente millimètres ; 2° le M. cocci- neum , de l’île de la Trinité, qui porte des feuilles très-entières et velues, de quarante centimètres de longueur, de superbes corymbes empourprés sur lesquels tranche la couleur écarlate des bractées qui accompagnent chaque corolle; 3° le A1. spe- ciosum , très-bel arbuste des environs de Garaque, haut d’un mètre et demi, garni de feuilles lancéo- lées elliptiques, de fleurs presque sessiles , roses en dehors, rouges en dedans, velues, très-nom- breuses , avec de grandes bractées rosées, et for- want une charmante panicule. Comme la corolle est campanulée, à cinq lobes, qu’elle repose sur un calice vert, turbiné, à cinq dents, et que les cinq étamines, attachées au fond du tube, laissent oo 1 MACR 949 MACR ————————— ——— ———— ““Û_ —û—_— Em saillir à son extrémité leurs anthères dorées, la panicule produit un très-bel effet quand elle est entièrement épanouie, (T. ». B.) MACROCGYSTE, Macrocystis. (BOT. cRYrT. ) Genre établi par Agardh et faisant partie de la fa- mille des Laminariées ;4l est caractérisé par des tubercules fructifères plongés dans la substance de la fronde, et contenant des séminules aggiomé- rées. Ce genre ne comprend que trois on quatre espèces peu connues ; ce sont les Fucus comosus , Labill., pyriferus, Lin., Mentziesii, Turner, et la Laminaria pomifera de Lamouroux. (Guér.) MACGRODACTYLES, Macrodactyli. (xs. ) Tribu de Goléoptères de la section des Pentamères, fa- mille des Glavicornes , établie par Latreille qui lui assigne les caractères suivans : antennes de neuf articles , dont les trois derniers formant une mas- sue ; tarses étroits, longs, dont le dernier article grand, avec deux forts crochets au bout; corselet se Lerminant de chaque côté par des angles aigus; corps épais et convexe, Cete tribu a été ainsi nommée de ses tarses allongés et robustes qui forment son caractère le plus apparent ; elle com- prend les genres Potamophile, Elmis, Macrony- que et Géorisse. (A. P.) MACROGLOSSE, Macroglossus. (uam.) Genom a été donné par M. F. Cuvier à un sous-genre des Chauve-souris , dont le type et la seule espèce en même temps est la Roussette kiodote, Ptero- pus minimus, Geoff., Pier. rostratus, Horsfied, que Geoffroy a le premier fait connaître. (Foy. Rous- SETTÉ.) (Z. G.) : MAGROGLOSSES. (os. ) Vieillot comprenait sous cette dénomination deux genres d’oiseaux qui ont une langue longue et grosse ; ce sont les Pics et les Torcols. (Z. G.) MACROGNATHE, Macrognathus. (poiss.) Ce mot, indiquant la grandeur des mâchoires de ces poissons, convient parfaitement aux espèces dont nous allons parler ; car elles ont toutes le museau singulièrement allongé, et terminé par une pointe cartilagineuse, aplalie, qui dépasse de beaucoup la mâchoire inférieure ; ces poissons ont le corps allongé, dépourvu de nageoires ventrales; une dorsale épineuse longue, mais très-basse; la na- geoire molle rapprochée d’elle, plus élevée et courte ; une anale située vis-à-vis de cette seconde dorsale, mais distincte de la caudale. ° Cette particularité d'organisation rend les ha- bitudes des Macrognathes assez différentes de celles des aulres espèces de la même famille. Ces pois- sons ont l'habitude de s’enfoncer dans le sable des eaux qu'ils habitent; leur tête pointue, plus étroite que le corps , est l'instrument qu’ils em- ploient pour pénétrer dans le sable des rivages Jusqu'à une »rofondeur assez considérable, pour y chercher es vers dont ils se nourrissent. On n’y rapporte encore qu’une seule espèce, le Macnoënarue oëlLLE , Macrognatus ocellatus , Bloch , planche 159, figure-2. Son corps est al- longé et comprimé, couvert de petites écailles, du double plus longues que larges ;.tout ce pois- son paraît d’un gris brun; trois bandes brunes peu prononcées parcourent sa longueur, l’une au dessus de la ligne latérale, une autre à sa hauteur, la dernière au dessous. [l y asur la base de la dorsale, moitié sur elle, moitié sur le tronc, trois ocelles noirs, bordés de fauve; mais l'espèce pa- raît sujette à d’assez grandes variations pour le nombre des ocelles. M. Leschenaut dit que ce poisson se nomme Aral à Pondichéry; selon cet observateur, l’Aral habite les rivières et les étangs d’eau douce des environs de Pondichéry, et l'on en prend dans toutes les saisons. Il.est d’un excel- lent goût. Sa taille ne dépasse guère un pied. Thelia est le nom sous lequel on le désigne à Ceylan. (Azpn. G.) MACRONYQUE, Macronychus. (1xs.) Genre de Coléoptères, de la section des Pentamères, fa- mille des Clavicornes, tribu des Macrodactyles. Ce genre a été établi par Muller, qui lui assigue pour caractères : antennes très-courles, de six articles; dernier arlicle des tarses très-long ; corps oblong. Comme Muller n’a formé son genre que sur une espèce, la seule qui soit connue, ce que nous allons dire de ce genre d’après lui nes’appliquera qu'à celte espèce. Son corps est cylindrique ; sa tête est enfoncée dans le corselet ; les antennes in- sérées au bord interne des yeux se logent dans les rebords du corselet; elles sont, comme nous l'avons dit, composées de six articles, dont le premier est plus long que les quatre suivans, mais dont probablement le dernier ou la massue est composé de plusieurs articles agglomérés; la bou- che se compose d’unlabre demi-circulaire, de man- dibules bifides à l'extrémité, de mâchoires ter- minées par deux lobes ciliés, d’une lèvre et d’une languette; les quatre palpes sont couris , presque égaux et terminés par un article plus épais que les précédens, ovale; le corselet offre un sillon transverse ; l’écusson est petit, triangulaire ; enfin les pattes sont longues , grêles et cylindriques. Ces insectes vivent dans l’eau, à la manière des Dryops et des Ælmis. 4 | M. quapnirumencuLé , M. quadrituberculatus , Muller ; Iconogr. du Règne animal, Ins., pl. 20, fig. 4. Long d'environ deux lignes, noir bronzé, avec les antennes, le bord antérieur du corselet et le bord extérieur des élvtres roussâtres; près du bord postérieur du corselet est une série de petits tubercules disposés sur une ligne transverse; les élytres offrent des stries de points enfoncés. Rare aux environs de Paris. (A. P.) M. Léon Dufour a publié sur ce genre et sur un autre insecle assez voisin, un Mémoire très- intéressant, dans les Annales des sciences nalu- relles. Il fait l’histoire complète du genre , en mo- difie les caractères’ d’après des observations minu- tieuses et faites avec la précision que l’on sait qu’il apporte dans ses beaux travaux. 11 donne des fign- res exactes de toutes les parties de cet insecte cu- rieux , de son appareil digestif, de ceux de la gé- nération et des sécrétions, et termine par des observalions neuves sur ses mœurs. Nous repro- duirons dans notre Atlas, pl. 315, fig. 4, la figure de cel insecte et de ses principales parties , telles MACR Oo OM OU nt que les antennes (fig. 4 a), les mâchoires (fig. 4 c), les mandibules ( fig. 4 6 ), la lèvre inféricure (f- gure 4 d), et nous allons donner ici le passage de M. Léon Dufour relatif à ses mœurs. i «Les coarans les plus rapides des rivières et des ruisseaux sont le séjour de prédilection des Macronyques et des Stenelmis, quoiqu'ils soient, comme je l’ai déjà dit, inhabiles à nager. Si vous rencontrez sur les bords des fleuves des batar- deaux, des éperons, des clayonnages destinés à en régler le cours, c’est sur les pieux, les bran- chages et surtout sur les vieux bois flottans ou im- mergés qui s’arrêtent contre ces sortes de digues , que vous trouverez ces Leptodactyles. [ls se plai- sent principalement sous l'écorce sapée et soulevée des branches mortes, et semblent en eela p‘rtager quelques habitudes des Goléoptères xylophages. » Dans le double but d’avoir des victimes pour mes dissections et d'observer à loisir leur genre de vie, j’en ai conservé de vivans pendant plus de trois mois dans un bocal rempli d’eau claire, où j'avais placé une portion du support qu'ils habi- taient dans la rivière et une tablette de liége flot- tante. Ils se complaisaient surtout dans les anfrac- tuosités de cette dernière, et je serais porté à croire qu'ils vivent du détritus végétal. J'ai cru remar- quer qu’ils se tiennent plus volontiers comme collés à la face inférieure du support de manière à avoir une altitude renversée. Ils recherchent l’ombre, la retraite , et jé me suis convaincu que la lumière du soleil les offense, leur donne de l'inquiétude, et qu'ils s’agitent pour s’y soustraire, Admirons dans la conformation et la structure de leurs pattes la sage prévoyance de la nature. Pouvait-elle ne pas être conséquente au but de ses créations ! Puisqu’en. refusant à ces insectes la faculté de nager, elle les avait néanmoins destinés à vivre au milieu des flots agités , il fallait bien qu’elle eût pourvu à leur conservation. » À quelles chances malheureuses n’auraient-ils pas élé condamnés sur leurs légers supports, jouets de la turbulence des vagues, si leurs longues pattes habituellement étendues n’eussent pas été terminées par six paires d’ancres robustes qui les assuraient contre les naufrages ! La manière éx- traordinairement lente dont s’exécute la locomo- tion dans ces Coléoptères n’est-elle pas encore la conséquence obligée du but de leur conservation individuelle au milieu de conditions qui la mena- cent incessamment ? Je ne connais pas d'insectes qui mettent autant de facon , autant de calcul à se mouvoir que ceux-là. Ce n’est qu'après avoir suc- cessivement désaccroché et de nouveau fixé les pattes de devant et celles de derrière, tandis que les intermédiaires appliquent davantage le tronc contre le support, qu’à leur tour celles-ci soulèvent le corps pour le faire avancer ou reculer tout au plus d'une demi-ligne. Par une série de ces com- bimaisons compassées, la progression s’exécute à pas de tortue. Quand on retire ces Leptodactyles de l’eau pour les placer à sec sur un plan, ils contrefont les morts; mais, au lieu de ramasser leurs pattes vers le tronc , comme beauconp d’au- LOS ï MACR tres Coléoptères, ils les tiennent éténdues , raides, immobiles, avec les tarses plus ou moins fléchis sur les tibias, ce qui leur donne une attitude assez grotesque. Îls ne vivent pas au-delà de deux ou trois heures, quand on les prive d’eau ou d’humi- dité. Si, peu de temps après les avoir retirés de l’eau, on les y replace, ils en gagnent aussitôt le fond, les pattes étendues, mais immobiles, le corps étant tantôt en supination , tantôt en prona- tion. Quand ils marchent dans l’eau, ils tiennent étalés leurs palpes et leurs antennes; mais je n’ai pas encore pu constater que celles-ci leur servissent à larespiration, comme M. Audouin l’a observé et m'en a rendu témoin pour les Hydrophiles. » J'avoue même que je n’ai pas encore pu saisir comment s'exécute l'acte respiratoire dans ces pe- tits Goléoptères aquatiques. J'ai seulement parlois aperçu au bout de leur abdomen une bulle d’air brillante comme une perle, et je présume que les élytres s’entr'ouvrent en arrière pour que l'air ar- rive jusqu'aux stigmates. » Outre ces intéressantes observations sur les mœurs des Macronyques, M. Léon Dufour a fait encore la découverte d’un fait curieux et insolite ; c’est que les ailes de ces insectes sont tantôt très- courtes, rudimendaires , impropres au vol (fi- gure 4 f), tantôt plus longues que le corps, par- faitement développées, et ployées transversalement dans leur milieu dans le repos (fig. 4e). Sur une vingtaine d'individus qu’il a sacrifiés à la dissec- tion, il a cru reconnaître que les mâles étaient aptères; mais parmi les femelles, il en a trouvé qui avaient des ailes bien favorables au vol, et d’autres tout aussi nombreuses, qui n’avaient que des moïgnons d'ailes. (Guér.) MACROPE, Macropus. (1xs.) Thumberg à donné ce nom à un genre de Goléoptères longicornes de la tribu des Lamiaires , qu'Illiger avait nommé Acrocine. Il se distingue de tous les Longicornes par son corselet qui a de chaque côté un tubercule mobile, terminé en pointe ou par une épine, Le corps est aplati avec le corselet transversal; les antennes longues et menues, et les pieds antérieurs plus longs que les autres ; les élytres sont tron- . quées au bout et terminées par deux dents dont, l'extérieure plus forte. Ce genre est propre à l'Amérique méridionale et se compose de troïs espèces dont l’une , le type du genre, est fort belle et recherchée des ama- teurs qui commencent à s'occuper d’entomologie. En effet, quel est le jeune élève qui n’a pas fait son possible pour posséder ce beau Capricorne que les marchands appellent l’Ærlequin de Cayenne? Ce superbe insecte et le Scarabée hercale, voilà ke but de l'ambition des commençans. Pour les en- tomologistes plus avancés , il est encore intéres- sant comme type d’un genre bien tranché ; enfin, poar les personnes étrangères à la science, il forme le principal ornement d’un cadre garni des in- secLés les plus brillans et les plus grands. Le M. zowenvawe, M. longimanus ; ou l’Arlequin | de Cayenne, variebeaucoup pour la taille; noûs en possédons qui atteignent jusqu’à près de trois pou- , « À fs W N QE Dumemil, Je LCaërin dr 1 Macrope (Arlequin de Cayenne ) 2 Maia 3 & 6. Maillots M MACR 591 MACR Uy ces de long, tandis que d’autres, véritables avor- tons, n’ont pas plus d’un pouce et demi. Tout le -corps de cet insecte est d’un beau noir velouté, agréablement varié de gris et de rouge vermillon. Les pattes antérieures sont plus longues que les autres , surtout chez les mâles, où elles sont mons- trueuses par leur grandeur; ces pattes sont garnies d’épines en dedans, courbes, terminées par des tarses élargis et par deux crochets assez forts. Il est probable qu'elles servent à l’insecte pour s’ac- crocher aux gros troncs d'arbres sur lesquels on le trouve. Les antennes sont plus longues que le corps, surtout dans les mâles, Ce bel insecte, dont nous avons représenté un mâle dans notre Atlas, pl 317, fig. 1, se trouve, plus communément à Cayenne; on en a pris au Brésil, dans l’intérieur de la république de Bolivie, etc. | Les deux autres espèces sont plus petites et moins ornées de vives couleurs; ‘elles ont recu les noms de Ï7. acentifer, Olivier, et M. trochlearis, Linné. La première vient du Brésil, et l’autre de ‘Cayenne. : (Guér.) MACROPHTHALME, Macrophthalmus. (crusT.) C’est à l’ordre des Décapodes, à la famille des Brachyures et à la tribu des Quadrilatères qu’ap- partient ce genre qui a été élabli par Latreille (Fam. nat. du Règ. anim.). Les caractères de ce nouveau genre sont d’avoir la carapace en forme de quadrilatère, plus large que longue , légère- ment bombée; en dessus elle présente des granu- lations assez saillantes, surtout sur les régions branchiales qui sont assez prononcées; ses bords latéro-antérieurs sont épineux ; les pédoncules oculaires, conronnés par de petits yeux, sont très- allongés, légèrement courbés et logés dans une fissure assez profonde , pareïllement courbée, la- quelle présente son bord supérieur très-déntelé ; les antennes externes sont peu allongées , filifor- mes ; les pieds-mâchoires sont très-larges , et re- couvrent entièrement la cavité buccale. La pre- mière paire de pattes est peu allongée, elle est terminée par une main en pince qui s’élargit à sa parlie antérieure, laquelle est terminée chez les mâles par des doigts robustes, allongés, courbés à … Jeur côté interne; chez les femelles, ces doigts sont bien allongés, maisils sont bien plus grêles ; les se- condeet cinquième paires|de pattes sont peu allon- gées, tandis que les troisième et quatrième le sont beaucoup; celles-ci sont robustes, et ont lepre- mier article très-large, épineux sur ses tranches supérieure et inférieure ; le second article est très- court, très-élargi à sa base ; le troisième article est plus allongé, et hérissé d’épines à ses parties su- périeure et inférieure ; enfin le dernier article est . très-court, un peu élargi, et terminé en pointe à sa base. L’abdomen chez les deux sexes est com- posé de sept tabieltes; chez la femelle, cet abdo- smen.esttrès-élargi avec le dernier article arrondi à sa base, tandis que chez le mâle il est très-étroit. Cergenre.a quelque analogie avec les Ocypodes et les Gélasimes ; mais il s’en distingue au premier “abord,avec assez de facilité par la disposition des | pédicules oculaires qui sont très-grêles et très-al- longés; on ne pourra non plus le confondre avec le genre Grapse par la forme de sa carapace qui est bien différente, car chez le premier elle est presque carrée, tandis que chez le genre Macroph- thalme elle est plus large que longue. Ge genre, lors de sa formation, se composait d’une seule es- pèce qui est la MacRoPATHALME PETITES-MAINS , M. parvimanus , Latr., Guér. , Iconog. du Règne anim. de Guvier, Crust, , pl. 4, fig. 1; depuis il a été augmenté de deux autres espèces, par M. Guérin, dans un mémoire publié en extrait dans le Bulletin de la Société des sciences natu- relles , et qui sera inséré dans le Magasin de zo0- logie, cl. VII ; nous ne présenterons ici que leurs principaux caractères : MacroparHaLue DE Roux, M. Rouxit, Guér.,'Magas. de Zool., cl. VIT; la ca- rapace de cette espèce est trapézoïde, à angles laté- raux antérieurs bidentés, ayant quelques petits tubercules sur les côtés; le chaperon est bilobé ; les bords des fossettes oculaires sont dentés; les doitgs des pinces sont denticulés en dedans et à l'extrémité ; le doigt mobile est armé vers sa base d’une forte dent tronquée ; les pattes sont lisses, velues, simples, non épineuses. La seconde espèce, à laquelle il a donné le nom de MacroPaTHALME PIEDS-DENTÉS, M. dentipes, Guér., Mag. de! Zool., cl. VIT, représentée dans notre Ailas, pl. 316, fig. 5, diffère de la première par la carapace qui est trapézoïde, à angles latéro-antérieurs biden- tés, entièrement couverte de forts tubercules ; le chaperon est bilobé ; les bords des fossettes ocu- laires sont fortement dentelés; les doigts des pinces sont infléchis en dedans, sans dents à l’extrémité; le doigt mobile présente une forte dent tronquée à sa base; les pattes sont granuleuses, armées de rangs de fortes dents sur plusieurs de leurs tran- ches. Ces deux espèces ont été trouvées à Bombay par feu.P. Roux. À ces deux espèces on peut en- core ajouter celles qui ont été décrites dans la Faune japonaise sous les noms dejMacrophthalmus, japonicus. et ÎM. dilatatus, et celles qui ont été figurées sous les noms de M, Boscii, M. Lea- chi, ete. , par M. Savigny, dans le grand ouvrage d'Egypte, pl. 2, fig. 1, 2. (H. L.) MACGROPHYLLE, Macrophyllus. (sor.) Adjec- tif formé de deux mots grecs, néxpos, gros et 95e, feuille, c’est-à-dire à grosses ou grandes feuilles , dont on se serljpour distinguer des espèces du même genre qui portent des feuilles plus petites ou mi- crophylles. Tels sont un If, T'axus macrophylla, dont les feuilles, éparses , réfléchies, ont quatre- vingts millimètres de long; une Achillée, Achillæa macrophylla, portant de larges feuilles ailées vers la base; un Sébestier, Cordia macrophylla, aux feuilles gigantesques de plus de deux mètres de longueur , etc. , etc. (T. ». B.) MACROPODE, Macropodus. ( poxss. ) Ce nom, qui dérive de deux mots grecs, signilie grands pieds. Il a été donné à un genre particulier de oissons de la famille des Labyrinthiformes, qui ne diffère des Polyacanthes que par une dorsale moins étendue, qui se termine, ainsi que.la cau- MACR 5 dale, par une pointe grêle et plus ou moins allon- gée ; les ventrales sont également de la même structure. Le type du genre est le MACROPODE VERT-DORE, Cuv. Cet animal est d’un vert doré, avec des bandes nuageuses qui traversent son corps. On voit ensuite”sur la joue et l’opercule trois bandes longitudinales nuageuses et quelquefois noirâtres; toutes ses nageoires sont rouges. Les habitudes de ce poisson sont peu connues; néanmoins elles peuvent se présumer d’après leur degré d’aflinité avec les Polyacanthes et les Ophicéphales, qui jouissent de la faculté de vivre long-temps hors de l’eau. Gette espèce, qui atteint environ trois à quatre pouces de longueur, est originaire des eaux douces de l’Inde et de Ja Chine. Lacépède dit que les Chinois la recherchent pour animer leurs viviers ; voici comment il s'exprime à leur sujet : « Ge poisson est magnifique dans ses mou- vemens légers, et dans ses évolutions variées. Aussi n'est-il pas surprenant que les Chinois , qui cultivent les beaux poissons comme les belles fleurs , et qui aiment, pour ainsi dire, à faire de leurs pièces d’eau , éclairées par un soleil brillant, autant de parterres vivans, mobiles et émaillés de toutes les nuances de l'iris, se plaisent à le nour- rir, à le multiplier et à multiplier aussi son image par une peinture fidèle. » (Azen. G.) MACROPODIE, Macropodia. ( crusr. ) Genre de l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures, tribu des Triangulaires, établi par Leach, et au- quel Latreille ( Fam. nat. du Règn. anim.) donne le nom de Siénorhynque , que Lamarck lui avait imposé avant Leach. #. Srénornynque. (H. L.) MACROSCÉLIDE, Macroscelides. ( man. } Ce nouveau genre, qui ne figure encore dans aucun Dictionnaire, appartient au groupe des Carnassiers insectivores ; il a été proposé , il y a quelques an- nées seulement, par M. Smith, naturaliste anglais, qui s’est beaucoup occupé des productions zoolo- giques de l'Afrique australe. L'espèce pour la- quelle il a été fondé est propre au cap &e Bonne- Espérance ; elle se fait remarquer tout d’abord ar son museau allongé en forme de petite trompe assez semblable à celle du Desman, mais plus ar- rondie; par sa queue allongée, et par ses jambes postérieures qui sont beaucoup plus longues que les antérieures. Les Macroscélides, dont le nom (uärpos, grand, oxéhos , cuisse ) exprime préci- sément cette particularité, représentent, parmi les Insectivores, les Gerboises qui appartiennent à l’ordre des Rongeurs , et, si l’on veut, les Kangu- roos qui sont du groupe des Didelphes. Ils ont le port extérieur des uns et des autres; mais la nature de leurs organes génitaux les éloigne con- sidérablement des Didelphes, animaux que d’ail- leurs on ne trouve point dans les terres fermes de l’ancien continent: et, d’un autre côté, leurs dents ne permettent pas de les placer parmi les Rongeurs, c’est-à-dire dans le même degré d’or- ganisalion que les Gerboises. Les Macroscélides ont en eflet le système dentaire analogue à celui des Carnassiers insectivores ; mais la disposition BE il MACR PE de ces dents est, comme celle de presque tous les autres animaux de la même famille , assez irrégu- lière ; aussi les auteurs en donnent-ils des déter- minations diffurentes. Toutefois les molaires sont hérissées d’épines comme chez les vrais insectivo- res, Il existe vingt dents à chaque mâchuire ; les yeux sont médiocres, les oreilles grandes et les pieds plantigrades et à doigts onguiculés ; les on- gles sont à demi réticulés. Les Macroscélides sont d'Afrique; on en con- naît aujourd hui trois espèces, deux du Cap, Ma- croscelides typus et rupestris, l’autre de Barbarie , c’est le Macroscelides Rozeti, plus récemment dé- crit. Macrosañzine Tyre , M. typus , représenté dans notre Atlas, pl. 316, fig. 1. M. Smith a le premier fait connaîlre avec détails cette espèce, qu'un au- teur du siècle dernier, Petiver ( Opera historiam naturalem «pectantia , pl. 25, fig. 9 ), avait déjà indiquée et même représentée sous le nom de Sorex araneus maæimus capensis. La figure de Petiver , quoique assez exacte, n'avait point, à cause de la bizarrerie des formes de l'espèce qu'elle fai- sait connaître , inspiré une confiance suffisante , et le Soreæ (Musaraigne ) qu’elle rappelait n’avait point été admis par les naturalistes ; tous n'avaient cru y reconnaître qu'une caricature de la Musa- raigne du Gap. Cette espèce a la partie supérieure du corps revêlue de poils d’un gris noirâtre dans la plus grande partie de leur longueur , puis noirs, el en- fin fauves à leur pointe, et paraissant dans son ensemble d’un fauve varié de bran, couleur qui diffère peu de celle du Lièvre commun ; les poils de la face concave des oreilles sont blanchâtres ; ceux, moins nombreux encore, de la face convexe, sont d’un fauve roussâtre ; le dessous du corps , dont les poils sont noirs à la racine, blancs à la pointe, la face interne des avant-bras et des jam- bes, ainsi que les mains et les pieds, sont blancs; la queue , variée de roux brunâtre et de blanchâtre à son origine , est noire dans le reste de son éten- due. Sa longueur totale est de neuf pouces , sur lesquels la queue est pour quatre pouces, et la tête, y compris la trompe, pour deux pouces à peu près. ! Le Macroscélide type est rare dans les collec - tions ; mais cependant les voyageurs ont rapporté de temps à autre quelques individus; M. Smith a également décrit l’autre espèce du Gap; mais celle-ci ne nous est pas connue en nature ; il l’ap- pelle, ainsi que nous l'avons dit, Macroscelides rupestris ( Proceedings of zoological Society el London, t. 1, p. 11, 1890 ). La deuxième espèce bien connue de Macroscé- lides est le M. ne Rozer, Macroseelides Rozeti, qui a été décrit par M. Duvernoy dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg. Cet animal est commun en Barbarie, et se trouve dans plusieurs points des possessions françaises de cette partie de l’Afrique ; à Bone et à Oran, il n'est pas rare et il reçoit le nom de Rat à trompe. On assure qu'il ne se trouve pas aux environs d’Alger. 2. Macroscelide 2.Mactre £'Cuerin di - Madrépore 4. Magille . à, MACR 593 MACR d'Alger. Son pelage, sur tout le corps, la tête , les cuisses et les bras, est gris de souris, plus foncé en dessus qu’e en dessous, et varié d’un peu de jaune et de brun, comme on le voit chez les Rats; les moustaches sont longues et composées de poils dont la couleur est jaune, g grise ou noire; les oreilles sont couvertes d’un épiderme sale, ayant très-peu de poils ; la queue paraît formée de petits anneaux écaillés et imbriqués, ce qui tient à la disposition de l’épiderme; elle porte quelques poils raides , peu nombreux. Le Macroscelide de Rozet est un peu plus grand que celui qu ’ont décrit MM. Smith et Is. Geoffroy, mais il lui ressemble tout-à-fait par le port. Ses mœurs sont douces, et on peut, dans certaines circonstances , le tenir en captivité comme on le fait pour plusieurs espèces de l'ordre des Ron- geurs. Il se nourrit de graines de diverses sortes , mais il préfère à tout FETE aliment, les insectes, et lorsqu'on lui en présente, il les saisit avec rapi- dité. (GERv.) MACROULE ou MORELLE,. (ors.) C’est le nom d’une espèce du genre Foulque. (Guën.) MACROURE, Macrourus. (rorss.) Genre de la famille des Cdi des , élabli par Bloch, dans son ouvrage sur les Poissons ; il lui donne pour carac- ières : une première dorsale distincte, courte et élevée, et les autres verticales, réunies autour d’une longue queue pointue. Les écailles sont ea- rénées , les dents petites; le bout de la mâchoire snférieure est armé d’un barbillon comme chez les Morues. Ce genre a été contesté par Cuvier, comme fai- sant double emploi avec le genre Grenadier de Risso. En effet, l'espèce qui le forme paraît être identique avec celles qui portent le nom de Gre- padier, Cœlorhynchus et, Trachyrhyncus. (Azru. G.) ! MACROURES, Macroura. ( crusr.) C’est la se- conde famille de l’ordre des Décapodes établie par Latreïlle, et renfermant, suivant la classification de cet auteur, une grande partie des Canceres ma- crouri de Linné, ou l'ordre des Exochnates, Exochnata de Fabricius. Tous les Crustacés qui composent cette famille ont des branchies consis- tant en des pyramides vésiculeuses, barbues ou velues , rapprochées mr faisceaux or à cha- que) au dessus des pieds, et accompagnées d’un _ appendice membraneux, vésiculeux , en forme de sac allongé, représentant la lanière des pieds-mâ- choires des brachyures ; l’avant- dernier segment dupost-abdomen a, de chaquecôté, un appendice analogue à ceux du dessous des segmens précé- dens , et formant le plus souvent avec ce dernier une r'ageoire en éventail. Le post-abdomen est aussi long ou plus long que le thoracide, simple- ment courbé en dessous vers son extrémité posté- rieure, composé constamment, dans les deux sexes, de sept segmens distincts. Il offre ordinai- rement à sa face inférieure cinq paires de fausses pattes, formées de deux feuillets ou de deux filets insérés à l'extrémité d’une petite tige ou de sup- port commun, Les ouvertures génitales de la fe- T. IV. melle sont situées sur le premier article des pieds de Ja huitième paire. Le corps est généralement plus étroit ct plus allongé que dans la famille des Brachyures, avec le dessus du post - abdomen convexe et souvent caréné. Les antennes sont aussi plus longues; les intermédiaires sont générale- ment avancées ainsi que les latérales, et termi- nées par deux ou trois filets sétacés. Les pieds- mâchoires extérieurs ont participé aux change- mens de proportions qu’a éprouvésle corps ; ils ont la forme de palpes ou de pieds grêles. Celle des pieds antérieurs varie; dans les uns, tantôt les deux premiers, tantôt ceux encore je la seconde paire et même de Ja troisième sont terminés par une paire de mains à deux doigts; dans d’autres aucun n’est didactyle ; quelquefois même les deux antérieurs sont adactyles. On en connaît où les pieds d’un côté diffèrent de ceux de l’autre. Les pédicules oculaires sont très-courts. Les appendi- ces inférieurs du post-abdomen sont généralement plus grands, même dans les mâles, que dans la fa- mille des Brachyures, et forment des pieds à na- geoires. Le test est proporlionnellement plus fai- ble que dans les Brachyÿures, très-peu solide et flexible dans plusieurs. Latreille désignait d’abord sous le nom de Ma- croures (Gener. crust. et insect.) la seconde tribu de son ordre des Décapodes, et il la divisait en trois familles. Dans le Règne animal, il a converti cette tribu en famille ; dans ses familles naturelles il la partage en deux sous-familles ; enfin dans son dernier ouvragé, ou le Cours d’Entomologie, il la regarde comme dans le Règne animal , c’est-à-dire comme famille, et en forme la deuxième famille de l’ordre des Décapodes, ou les Macroures, MWa- croura, Latr. Celte famille embrasse le genre Ecrevisse, Astacus de Degeer, Gronovius, d'Oli- vier, etc. , et est partagée dans le Cours d'Entomo- logie en trois sections. 1, Ceux dont les antennes et les pieds sont toujours à nu, et où le pédoncule des antennes latérales , de niveau avec les intermédiaires, n’est point recouvert par une grande écaille, ou en offre une, mais latérale, et le laissant à découvert. 2°, Ceux qui, ayant aussi les antennes et les pieds à nu, ont une grande écaille au dessus du pédi- cule des antennes latérales, le recouvrant, et où les intermédiaires sont supérieures aux précé- dentes. 3°. Ceux dont les antennes et les pieds peuvent se retirer sous un test, qui forme, par l’abaisse- ment et le repli de ses côtés, une sorte de boîte, avec une ouverture longitudinale en dessous, en manière de fente. Tous les pieds sont mutiques, simples, en forme de lanières, avec un appendice latéral. La première section est partag sée en deux : ceux dont les deux ou quatre pieds antérieurs au plus sont didactyles ou terminés par deux doigts, et ceux où les six premiers préschlent ces carac- tères. Les premiers ou ceux de la première division sont distribués de la manière suivante : 310° LivrAIsON. 79 MACT 1° Appendices du bout de la queue, soit nuls, soit rejetés sur les côtés ; et point réunis ,à une pièce commune ayec le dernier segment ï les deux derniers pieds tantôt filiformes et très-différens des précédens, tantôt conlormés de mêmé, natatoires et dorsaux, soit seuls, soit avec les deux pénul- tièmes, — Les, tribus suivantes: Noloptérygiens ;- Hippides ei Pagurtens. 2° Appendices du bout de la queue réunis avec son dernier segment pour composer une nageoire enévental, membraneuse ou moins épaisse à son. extrémiié, Tous les pieds onguiculés etsemblables; les deux antérieurs simplement un peu. plus forts, ayec l’avant-dernier article unidenté au plus dans l’un des sexes , mais ne formant point avec ce der- nier une pièce. —La tribu des Scyllarides et celle des Langoustines. WE “ 3 Appendices du bout de Ja queue réunis aussi ayec le dernier segment en une nageoire, mais entièrement crustacés. Les deux pieds antérieurs en pince parfaitement didactyle; les deux der- niérs ordinairement irès-pelilts et;repliés : yeux très-sros et appendices du bout de la queue com- posés d’une seule lame, dans ceux dont les deux pieds postérieurs né diffèrent pas des autres. An- tennes mitoyennes, courbées.et dont le pédon- cule est plus long que les deux filets du bout. — La tribu des Galathines. 4° Appendices du bout de la queue comme dans la division précédente , les deux pieds postérieurs presque de la grandeur des précédens, et point rephés; les quatre premiers en pince didactyle dans la plupart; index plus court que Je pouce dans ceux où les deux antérieurs sont seuls didac- iyles : antennes, mitoyennes ayangées, droites et à pédoncule de la longueur, au plus des deux filets dubout.—La tribu des 'halassinides. La seconde division, distinguée par six pieds an- térieurs en forme de serres didactyles,. composera la tribu des Astacines. G _ La seconde, section comprendra , ainsi que nous l'avons: déjà dit, les Macrourés dont les an- tennes latérales, plus basses que les mitoyennes, (| : chets protubérans; une dent cardinale compri- ont leur pédoncule recouvert par une grande écaille ; «elle nous offrira la tribu des Salicoques. Kufin la troisième seclion sera formée de la tribu des Coléopodes. (H. L.) MACTRACÉS, ( mor. } Famille proposée par Lamarck (Philosophie zoologique) , dans laquelle se trouvaient réunies les coquilles bivalves, régu- lières, plus ou moins bâillantes et à ligament in- térieur. D'abord il l'avait formée des cinq genres Érycine, Onguline , Crassatelle , Mactre et Lu- traire ; mais plus tard, dans son dernier ouyrage, il ft subir à celte famille quelques modifications relatives à l’arrangement des genres, et y en ajoula deux nouveaux. Îl les distribue comme.il suit : + Ligament uniquement intérieur. À. Coquille bâillante sur les côtés. Genres Lutraire, Mactre. B. Coquille non bäïllante sur les côtés. Genres Crassatelle , Erycine. . 1,1 Ligament se montrant au dchors ou élant 554 ‘ment les types de chaque division. MAGE double, l'un interne et l'autre externe. Genres Onguline, Solémye, ÆAmphidesme. RO Latreille n’a ,admis cette famille ainsi composée par Lamarck qu'après en avoir retranéhé le genre Lutraire, et M. de Blainville la complétement démembrée en rapportant une, partie des genres dans Ja famille des Conchacés, et l'autre dans celle des Pyloridés. ner (Ze. Fo MACTRE, Mactra. (mozz/) Genre-de. la famille des Mactracés de Lamarck, sur;lequel il y a eu une dissidence d'opinions, quia Lenu long-temps douteuse;la place qu'il devait occuper dans da série des Acéphales ou,Conchifères, Liané, qui l'a éta- bli, voulait, en lui.donnant le nom qu'il a con- servé, (nom employé par. Bonani pour désiener une espèce d’arche., de coffre), rappeler d’un seul mot,la forme générale de ce Conchifère ; aussi a:t- il été conduit à introduire dans ce genre; des. co- quilles qui , au premier apercu, offrent l'aspect des Mactres, mais que, les auteurs plus modernes ont dû en séparer. Lamarck le premier a débarrassé ce genre des Lutraires ; de plusieurs Crassatelles et, de quelques Lucines, et ainsi modifié, il a été adopté par tous les, zoologistes. Cuvier le placa à la fin de la famille des Cardiacés et en fit le pas- sage à celle des Enfermés, à la tête de laquelle il mit les Myes et les Lutraires, à cause des rapports qu'ils ont, par la coquille, avec les Mactres..Fé- russac adopta celte, opinion après l'ayoir un peu modifiée, d'après les derniers travaux de Lamarck. M. de Blainville, ayant égard. non plus à la forme de la coquille, mais à la disposition de l’animal, fut conduit naturellement à rapprecher plus qu’on ne l’avait fait jusqu'alors les Mactres des Vénus : i les placa entre ces dernières etles Gyprines. En cela:il fut d'accord avec Poli, qui réanit l’animal des Vénus et celui des Mactres dans un seul et même genre, sous le nom de Callistoderme, La- treille , dans ses Familles naturelles ; a adopté la manière de voir de Lamarck, sans restriction. On caractérise les-Mactres : animal très-voisin des Vénus; coquille transverse, inéquilatérale , subtrigone , un peu bâillante sûr les côtés, à cro- mée, plice en goutlière sun chaque valve, et au- près, une dent en saillie; deux. dents, latérales rapprochées ‘de la charnière, comprimées, in- trantes ; ligament intérieur inséré dans la fossette cardinale, ligament extérieur très-petit. Ce genre renferme de nombreuses espèces qui viennent de toutes les mers : elles vivent enfonccées dans le sable à une petite distance des rivages. Quoique par la forme les Mactres, semblables en- ire elles, offrent peu de moyens de les sous-divi- ser, cependant M. de Blainville , d’après des ca- racières tirés de la charnière, les a partagés en cinq sections. A. Espèces dont les dents cardinales sont pres- que nulles par l'agrandissement de la fossette du ligament. Nous nous: bornerons, à indiquer seule- La Macrre:céante, Mactra gigantea, Enc. Méth,, pl 269, fig. 1. Goquille grande, solide, MACT 555 MADA d’un blinc fauve: un bâillement lon#itudinal en- tre les crochets. Elle habité lcs'mérs de l’AMméri: que méridionale. MoLa Macrre DE Srencrer, Mact. Spengleri , Gml., Ency. méth., pl 259, fig, 3. Coquille tri- gone, lisse ; l’écusson plane’; an bäillement entre les crochéts, mais transverse et semilunaire. Des mers du cap de Bonne-Espérance. B; Espèces dont toutes les dents sont fort gran- des } lamelleuses et non striées: La Macrre risor, Mact, stultoram, Lin., re- présentée dahs notre’ Atlas, pl. 316, fig. 2. Co- quille ovale ; subtrigone, lisse, un peu diaphane, d’un fauve pâle en dessus , avec quelques rayons blancs peu ‘marqués, divérgeantidu sommet ; les crochets violets däns les‘individus complets, Elle est commune dans toute la Manche, l'Océan et la Méditerranée. A cette division se rapportent encore la MacTre FAUVE, Mact. helvana; Glemn. ; Mact. glauca , Gml. Enc., pl 256: la Macrre PaAntée, Mact. straminea, Lamck', etc. G:' Espèces épaisses, solides, sans épiderme : les dents latérales finement striées? le manteau percé de deux ouvertures presque sans tubes. La Macrre socine, Mact, solida, Gml., Ency. méth:, pl. 58. Coquille très-commune dans la Manche, assez petite, ovale-subtrigône , très-opa- que, solide et toute blanche. Quelquefois ses stries d’accroissement forment des zones élevées. D: Espèces dont les dents latérales sont presque nulles, | F La MacTre mricongize , Mact. trigonella , Lamck., Enc. méth., pl 259, fig. 2. Coquille trigone, inéquilatérale, blanche; les dents car- dinales presque nulles. Elle vit dans les mers dé la Nouvelle-Hollande. ; E. Espèces très-épaisses , solides, striées lon- gitudinalement; les dents cardinales nulles’ où presque nulles; les latérales fort épaisses, très- rapprochées , relevées ; un ligament externe outre l'interne. | M. de Blainville‘ donne comme type de cette division la Macrre ÉPaisse , Mact. crassa , espèce du Brésil rapportée par MM. Quoy et Gaimard. Outre les nombreuses espèces à l'état vivant que renferme ce genre, il en fournit aussi quelques unes à l'état fossile, qui toutes se trouvent dans les couches postérieures à la craie. M, Defrance en cite huit, dont une identique, une analogue dans Je Plaisantin ; et une analogue dans la Caro- line du nord. Dans les environs de Paris, à Gri- non et à Chaumont, on trouve la MÂCTRE Der: SILLONNÉE, Mact, semi-sulcata, Lam. Ann. du Mus. d'Hist. nat, ,t. IX, p. 2, fig. 3. Coquille mince, transverse, subtriangulaire , lisse en de= dans ; couverte de légères stries, également sil- lonnée sur son côté postérieur à la place de la lu- nule. Le côté antérieur porte des stries minces régulières, Dans diverses autres localités de Ja France on rencontre aussi quelques uns de’ ces Conchifères fossiles, tels que la MAcrre TRrAN- GULAIRE, MZ. triangula, Renieri; la MAGTRE DE BücrranD, M. Picklandi, Def; la MAcrke 1188! IT. lœvipata, Def. k | (Z.:G.) MACUÜLE , Maculatus et Maculosus. (vor.)'Il est peu de plantes et même, de parties de plantés qui né soient susceptibles de recevoir cette épi- thète, à cause dés véritables tachës'formées par des changemens résultant de la ‘culture, par des accidéns dus aux intempériés ou par des intérrup: tions habituelles dé couleur en divers éndroits de la surface des fénilles, de Ta tige, dé la corollé, ete. Le Trèfle rampant, Zrifolium repens, L., qui a sès folioles tachéés de blanc; la Pulmobaire conimüne, Pülmionaria officinalis, Li, chez qui la'base des tiges est tachetée de noir où de brun pourpre; le Bou- ton d’or; Ranuncalus acris, L., dont les feuilles sont souvent ponctüces de rouge, etc. , prennent, place parmi des plantes Maculées ; comme les graines de la fausse Réglisse, Abrus precatorius', L., du Ricin, Riciniis Ccommunis, L: ,ete., parmi les semences Ma- culées. D’autres récoivent cet adjectifcommesigne distinctif: le Phlox maculata:, L,, à cause du grand nombre de points bruhs, allongés', très-TYoisins les uns des autres; qui couvrent ses tiges très-droites ; le Geranium maculatum, L., pour ses’ feuilles marquées à leur base dé taches tantôt jaunâtres, tantôt d’un blanc sale : l'Orchis maculata ; L., aux corolles ponctuéés de blanc et de pourpre; le Ficus maculata, L:, à raison de ses fruits parsemés de taches ;'etc., etc. (T. ». B.) MACUSSON , Lathyrus tuberosus. (B0T. PHAN.) Comme ‘on le voit, le mot Macusson est vulgaire- ment employé pour désigner la Gesse tubéreuse. Cette plante, long-temps comestible, croît spon- tanée dans le nord de la France sur les bonnes terres à blé ; on vend encore en quelques villes ses racines pyriformes ; légèrement noïres;. mais on leur préfère maintenant la Pomme de’ierre. Si le Macusson est désormais pour nous une faiblé res- source alimentaire, il n’en est pas de même comme ébjét d'agrément; ses jolies fleurs roses, odorantes, réunies cinq à six ensemble, lui mé- ritent une placé distinguée dans nos jardins. On le multiplie par ses graines et par :sés racines; la culture est #imple et ‘se réduit à sarcler de temps en temps, et à donner’ des appuis aux tiges qui sont faibles, angüleuses et'de quarante centimè- tres de haut. Au moyen des vrilles diphylles dont elles sont munies, ces tiges‘ $’acérochent à Ieurs tuteurs et aux corps voisins. (T. ». B.) MADAGASCAR (îzr ne). (céocr. Pays.) Sitüée sur la côte orientale de l'Afrique, dont ellé est séparée par le canal de Mozambique ; elle s'étend” du sud au nord l’espace de 550 lieues sur plus de cent en largeur ; ses côtes, sans comprendre leurs moindres sinuosités, ont un développement de lus de huit cents lieués. Madagascar est donc, après la Nouvelle-Hollande, uné dés plus grandes îles du monde. * Elle a dû rester inconnue aux anciens; Marco Polo en parla d’après les Arabes; elle échappa à Vasco de Gama dans son célèbré voyage aux Indes, et’ce fut le portugais Lorenzo qui ÿ aborda le pre- mier au commencement du 16° siècle; de Jà le MADA 556 MADI : nom de Saint-Laurent qu’on lui donnait à cette époque ; les Français s’y établirent plus tard, et l'appelèrent île Dauphin. Mais le nom arabe a pré- valu en géographie. Les indigènes primitifs de Madagascar sont nè- gres ; mais la plus grande parlie de la population appartient à la race malaie , qui, avec les Arabes, s’y est élablie long-temps avant la découverte de Y'île. De leur mélange s’est formée la famille et la . langue Malgaches ou Madécasses. Quelques auteurs, et entre autres Commerson, qui à la bonne foi joint ordinairement l'exactitude, parlent d’une race d'êtres nains, élevant des troupeaux et vi- vant en société dans les parties centrales de l’île ; ils les peignent à peu près comme intermédiaires entre l’Orang-outang et le Chimpanzé; rien de plus problématique que l'existence de cette race, qu’on nomme À imos. Une chaîne de montagnes, courant du sud au nord, partage l’île dans sa longueur en deux par- ties inégales, celle de l’orient étant la moins large. Leurs plus hauts sommets s’élèvent à plus de 1800 toises. Elles sont couvertes de forêts, et donnent naissance à un grand nombre de rivières et de ruisseaux. La minéralogie y trouve des pierres précieuses (lopazes, saphirs, émeraudes), des tourmalines noires en abondance, des lits de pur cristal de roche, de l’or, du fer, etc. Cette branche de l’histoire naturelle ainsi que les deux autres offrent un champ vaste, encore peu exploré, et d'autant plus intéressant que, par sa position isolée et son immense étendue, Madagas- car est un véritable continent où la nature a créé des types spéciaux, qui souvent conirarient les classifications imaginées sous les latitudes septen- trionales. Ainsi, en zoologie, la famille entière des Makis appartient à Madagascar ; les Tenrecs, les Z'endracs en sont éyalement originaires; et parmi les oiseaux , les Vouroudrious, les Couas, l’Euricère, etc. Le règne botanique n’est pas moins riche ; les Orchidées, les Fougères y sont multi- pliées à l’infini en genres et en espèces qu’on ne trouve point ailleurs , et tous les végétaux de l’A- frique et de l'Asie y croissent ou y réussissent. | Madagascar offrirait aux Européens un com- merce et des comptoirs rivaux de ceux de l’Hin- doustan , s’il avait été possible d’y fonder des éta- blissemens durables ; malheureusement l’état politique des insulaires s’y oppose, si toutefois on peut employer le mot de politique en parlant de tribus à demi sauvages , occupées de leurs guerres et de leurs haines ; sans lois, sinon quelques tra- ces du régime féodal et des castes indiennes ; sans industrie, parce qu’elles la dédaignent et n’en sau- raient goûler les produits ; d’ailleurs les Madécas- ses onttoute la férocité des Malais, leur indiscipline, leur opiniätreté dans la vengeance; rarement les étrangers. y sont bien accueillis, si ce n’est pour les dépouiller et les trahir. Gependant , sous l’in- fluence des Francais et des Anglais, un chef en- treprenant el courageux avait tenté récemment d'établir une monarchie régulière dans l’île ; mai- tre de la tribu des Ovas, il avait soumis celles de Bombetoc, des Soclaves, des Antavares, des Bes- timsares, des Bétanimènes ; près de deux millions de Malgaches et Arabes lui obéissaient sar une étendue de 120,000 milles carrés; d’après les idées européennes, des monumens, des écoles, des ateliers s’élevaient; de jeunes insulaires se formaient aux écoles de Paris (quelques uns de nos lecteurs ont peut-être vu à l'institution Morin, le jeune Berova, héritier présomptil de quelques territoires de Madagascar) , de Londres et surtout de l’île Maurice. Mais l'homme qui créait tant de merveilles dans l’Afrique australe a péri par le crime d’une femme, et avec lui s’éteignent pour long-temps les espérances des Européens. Les Français possèdent Tamatave , rade excel- lente et facile à défendre. Les autres ports et lieux principaux sont : Andevourante , Foulpointe , Ta- panarive, Mananzari , Malatane, Sainte-Lucie, Mouzansaye, etc. (L. MADEÈRE. (céocr. Pays.) Ile de l’océan Atlan- tique , à cent lieues environ au nord de Ténériffe, qui est comptée par quelques auteurs au nombre des Canaries, dont elle offre à peu près le climat et les productions; elle a une longueur de seize lieues sur douze de large. L'histoire de sa découverte offre trop de roma- nesque pour se placer dans les pages si positives de notre Dictionnaire ; laissons donc les aventures de ces deux amans qui, fuyant une odieuse ty- rannie , vinrent naufrager sur des côtes alors dé- sertes, où ils expirèrent au sein du désespoir ; laissons ces ténèbres effrayantes qui, au récit des navigateurs, cachaient l’île de Madère aux regards des mortels, et semblaient annoncer, l'approche du gouffre des enfers ; Moralès et Zarco bravent couragensement les terreurs de leurs camarades , et abordent dans l’île en 1421. Nous avons dit qu’elle était déserte ; colonisée par les Portugais , elle renferme aujourd’hui près de quatre-vingt mille habitans. L'île de Madère est très-montagneuse et boisée dans ses parties centrales ; quelques rivières arro- sent ses vallées. Elle apporte peu à l'histoire na- turelle ; mais sous l'influence d’un climat regardé comme Je plus agréable et le plus salubre du globe, elle est devenue une riche et délicieuse co- lonie , où abonde tout ce qui rend la vie heureuse , séjour digne de l'Elysée antique, si l’homme n’a- busait pas de tout , même de sa félicité. On a cultivé d’abord à Madère le blé et le sucre; quelques ceps envoyés de Chypre ayant réussi d’une manière inespérée, on y a multiplié ces vi- gnes célèbres qui sont aujourd’hui le seul produit de l’île. Du reste tous les fruits des contrées chau- des, et même ceux d'Europe, y vicunent parfai- tement. f La capitale de Madère est Fanchal, petite ville de 20,000 habitañs, à laquelle il manque un bon port. (L.) MADI, Madia. ( soT. pan. ) Sous ce nom le Chili possède un genre de plantes de la famille des Corymbifères et de la Syngénésie superflue à qui présente aux habitans de celte vaste région du oo MADR continent américain méridional, une ressource très-importante comme fournissant une huile excellente. On ne lui connaît encore que deux es- pèces, l’une sauvage, le Aadia mellosa de Molina, l’autre cultivée en grand, HMadia sativa. Cette dernière fournit des semences longues, couvertes d'une pellicule mince ‘et brunâtre, aplaties d’un côté, convexes de l’autre ; on en retire par expres- sion ou par la simple coction une huile très-douce que Feuillée compare à notre huile d’olives, et qu'il place même au dessus pour son goût agréable. Elle est non seulement employée dans les prépa- ralions culinaires et pour le service des lampes, mais encore comme médicament propre à apaiser les douleurs. La tige du Madi cultivé, herbacée et rameuse, monte à un mètre et demi de haut; elle part du collet d’une racine blanchâtre et pivotante; est ornée de feuilles alternes, nombreuses, linéaires, aiguës, d’un vert clair, chargées, ainsi que la tige et les rameaux, de poils courts et blanchä- tres. De grandes fleurs jaunes radiées se montrent agglomérées à l’aisselle des feuilles et à l’extré- milé des rameaux. C’est une plante fort agréable à voir, surtout au temps de la floraison. Les botanistes rapportent au Madi sauvage le Madia viscosa de Cavanilles; dans l’un comme dans l’autre, les feuilles sont visqueuses, embras- sant la tige ; les semences sont dépourvues d’ai- greltes, eb toutes les parties extérieures sont cou- vertes de poils glanduleux. (T. ». B.) MADRÉPORE, Æadrepora. ( zooPs. rouvr, ) Ce nom fut d’abord donné à des corps que l’on considérait comme des plantes marines; ce fut Impcrati qui, ayant observé la substance mem- braneuse dont ils sont couverts, soupconna le premier la nature animale de ces prétendus végé- taux, et proposa de les considérer au moins comme intermédiaires aux deux règnes organisés; plus tard , les observations d’Imperati ayant été répétées par Donati et Ellis, ceux-ci confirmèrent les résultats auxquels était arrivé le savantitalien, et renforcèrent son opinion de la leur. Imperati, après avoir reconnu la näture des corps qui étaient désignés sous le nom de Madrépores , ap- pliqua en propre ce nom à une espèce particulière de Polypiers pierreux ; mais plus tard il fut étendu à toutes les espèces de ces zoophytes qui sont poreuses. Linné , senlant la nécessité de res- treindre cette dénomination, qui comprenait ainsi des animaux très - différens , nomma Madrépores les Polypiers poreux dont la surface est parsemée d’expansions stelliformes et lamelleuses. C'était déjà une amélioration : Pallas fit plus; il établit dans ce genre ainsi circonscrit des coupes spécifi- ques, et la plupart des espèces, au nombre de huit, qu'il y a admises, ont été érigées en gen- res par Lamarck; dès lors, ce naturaliste con- serva le nom de Madrépore seulement à quelques unes des espèces que contenait ce grand genre linnéen , et les répartit toutes dans sa division des Polypiers lamelliformes. Les Madrépores , circonscrits comme l’a fait Lamarck, sont donc, ; 597 MADR suivant les caractères que leur assigne ce grand na- turaliste , des Polypiers pierreux , subdendroïdes, rameux, à surface garnie de tous côtés de cellules saillantes, à interstices poreux. Leurs cellules sont éparses, distinctes, cylindracées , tubuleuses, saillantes, à étoiles presque nulles, à lames très- étroites. C'est dans les régions intertropicales que se trouvent les Madrépores ; là leur nombre est tel, et leur force de reproduction si active , qu'ils for- ment le plus grand nombre des récifs qui rendent la plupart de ces mers si dangereuses pour la na- vigation. Accumulés par masses considérables er certains endroits , ils constituent des couches en- tières de pierres calcaires; ils servent de base à un grand nombre de petites îles; néanmoins, mal- gré leur prodigieuse multiplicité , et peut-être à cause de leur éloignement des lieux où les scien- ces sont le plus activement cultivées, et aussi par suite des difficultés que présente leur examen, ils sont peu connus , et n’ont été l’objet que de rares observations, qui n’ont appris que fort peu de chose sur leur compte. Lesueur , qui a eu occa- sion d’étudier l’une des espèces vivantes , le W/a- drepora palmata , celte magnifique espèce connue vulgairement sous le nom de Ghar de Neptune, et qui, par sa taille considérable et par sa forme re- marquable, a fréquemment attiré l'attention des navigateurs, a consigné dans les Annales du Mu- séum le résultat de ses observatians. « Ces ani- maux, dit-il, sont , de tous ceux que j’ai eu oc- casion de voir, ceux qui se conservent le moins , et qui, après leur mort, ne laissent aucune trace de leur existence....; au contraire, une humeur visqueuse comme du blanc d'œuf, et nauséa- bonde, couvre toute la surface de ce Madrépore ; cette liqueur coule et tombe en filtrant lorsqu'on retire ces Polypiers de l’eau. Ceux des animaux que j'ai examinés se développèrent peu, et je ne les ai point vus s'élever au dessus de leurs étoiles : peut-être étaient-ils fatigués ; cependant je les ob- servai presque au sortir de l’eau, et dans un petit baquet apporté tout exprès. » w FRumph, qui, dans les mers de linde, avait eu fréquemment l’occasion d’observer ces Poly- piers, fut, après Imperati, l’un des premiers qui soupconnèrent leur nature animale; mais 1l ne vit autre chose, dans la substance qui en re- couvre la partie calcaire, qu'une sorte de gelée animale. Lamarck pense , en effet, que les ani- maux des Madrépores envoient antérieurement des expansions membraneuses qui les lient les uns aux autres, et qui recouvrent d’une pellicule , à la vérité très-mince, leur face externe. C’est sur celte masse que chacun des Polypiers étend pen- dant le calme les tentacules qu’il porte , et qui for- ment ainsi autant d'espèces de flocons dont le nombre considérable et les couleurs ont souvent frappé ceux qui en ont été témoins , et expliquent aisément la méprise que l’on a commise en les considérant , après un simple apercu, comme de véritables plantes. … C’est à peu près Ià tout ce qu’on sait des ani- Ece 558: MAG maux qui forment. ces, Polypiers; comme on le: voit, ces, notions sont..celles:qu'un ‘simple: coup. d'œil saffit pour acquérir. Pour ceiqui-concerne: le mode, d;accroissement , la reproductiomtet.la:. mort, c’est. à.de. nouvelles observations-à: nous: éclairer. ut YF Lamarck divise en neuf espèces le genre Madré- pore ; M. deBlainyille , en admettant ces espèces, les répartit en, deux,sections différentes. :| dans-la première il place les espèces dont Ja tigeiet: les branches sont ;compriméés : celte. section :conw prend, deux espèces : dans la seconde, celles dont Ja tige ct les ramifications sont-plus ou moins ar- rondics : telles sont les sept autres, espèces. Pour exemple de la première section; nous décrirons l’espèce,que nous avons déjà notée : Le MaprÉPoRE PALME, Madrepora palmata,;La- marck, connu vulgairement sous lé nom de,Char de Neptune, fort remarquable par la taille à la- quelle, il atteint, à. expansions presque palmées , larges, fortement aplaties, enroulées à la base, profondément divisées, et muriquées des deux côtés. Cette espèce se trouve dans les mers d’A- mérique: Parmi celles de la seconde section:: * Le Maprérore muriqué, Madrepora muricata, ? Soland., Ellis; Madrépore abrotanoïde; Lamarck;, mérite par son abondance d’être-noté, Grande-et belle espèce cylindroïde, rameuse ; à. branches: pyramidales , envoyant latéralement des ramuscu- les très-courts, épars, hérissés de papilles, tubu- leuses entre lesquelles sont des.étoiles sessiles as- sez nombreuses. Quoy a représenté! les animaux qui garnissent les loges, dans l'Atlas du Voyage de l’Astrolabe; nous reproduisons cette figuredans notre Atlas, pl. 316, fig. 3 et 3 a. Ges animaux. sont jaunes. Gette espèce habite, l'océan Indien, “ Le Maprérore EN corvmBe, Madrepora corym- bosa , Lamarck, Rumph, n’est.pas moins remar- quable par sa beauté ; 1rès-rameux el cylindroïde comme le précédent, sesrameaux sont très-divisés, à cellules tubuleuses, serrées, striées en, dehors inégales. Cornme les précédens, il.se trouve dans l'o- céan Indien. (V.M.) MADRÉPORITE. (mn. ) Calcaire. bacillaire , c’est-à-dire formé de cristaux tantôt accolés pa- rallèlement , tantôt divergens, auquel on a donné de l'importance en le désignant sous le nom de Madréporite, qui semblait indiquer simplémentun Madrépore fossile. :Gelte variété, de: carbonate; de chaux n’est d’ailleurs, remarquable, que, parce qu’elle contient.ordinairement une petite quantité de carbone , ainsi que Je prouventdifférentes ana- lyses qui en ont. été faites. C'est à un-calcaire semblable que lon a donné le nom, d’Anthraco- nie. (J,H.) On appelle encore Madréporites des fossiles dé-: couverts en Normandie, qui offeentau premier coup d’œil des pores comparables à ceux des-Ma- Crépores, et, qui me-sont cependant que-des.os fossiles de grands Sauriens ou de Cétacés. (GuËn+), MAGAS (morz.} Genre proposé par Sowerby” (Minéralkeuncholozy), pourune espèce voisine des - Térébratules; dont elle paraît ne différer"que par” des appendices dela charnière; 'et'qui à ététronvée : dans: Ja:craie dé Meudon'et celle‘dé Mändesly= Norwich:(Anglet.): M2" Séwerbÿ caractérise ainsi ce genre.t coquille bivalve, équilatérale, inéqai- valve; l’une desivalvés munié d’un becrecourbé, le” long duquel s’étend'un'sinusanguläire ; charnière droite, ayant: deux’ tubercules däns son milieu. Depuis, M: Defrance, ayant étüdié ce genre, a reconnu que l’une des valves test’ garnie d’une lame, qui; dans l’état vivant , devait séparer l’a- nimal‘en: deux portions: Mais l'organisation in- terne des Térébratules est si variable; qu'on ne saibsi ces caractères, qui, dans tout autreeas, se- raient d’une; grande valeur, sont ici suflisans pour asseoir üne distinction générique, M:'dé Blainville se prononce contrecetle opinion, ét fait de cette coquille un sous-genre de Térébratilé; quoi qu’il enssoit,- il n'y a encore qu’une seule espèce nom- mée par Sowerby AZ. pamilus, et correspondant att Terebratula concava de Lamarck: (V. M.) MAGELLANo(pérroiT pe). (céocr. Pays.) Ga+ pal entre l’extrémité de l'Amérique’ méridionale: et les îleside la Terre dé Feu. L’illastre Magellan , à la tête d’une flottille équipée par Charles-Quint, eut pour’but de se rendre aux Méluques par la route du sud-ouest, devant laquelle J’Amérique semblait former une-barrière; chérchiant l’extré- mité de .ce nouveau continent; il le côt6ya jas- qu'à ce qu'un détroit s’offrit à ses vaisseaux, et immortialisa son nom.La navigation en test péni- bleet-dangereuse ; qu’on se figure un canal long d'environ 175 lieues. entre des côtes. quelquefois à peine distantes d’une Jieue, et qui n’offrent à des naufragés qu’une ‘terre désolée, sans végéta- tation, sans chalenr: Aussi le détroit découvert: par Magellan est.- il plus célèbre dans l'histoire: de laiscience au’utile au commerce; Lemaire en indiqua bientôt un nouveau entre la Terre de Feu et l’île des Etats; puis Rogers pénétra dans la mer du: Sud: en. évitant les ‘îles, et doublant le cap Horn. C’est aujourd’hui la seule route suivie.” Les Espagnols, pour s'assurer en quelque sorte la propriété duseul passage alors connu entre les deux Océans, y avaient établi une colonie, qui , au bout de quelques années périt'‘de misère et de faim, (L.) MAGILE , Magilus. (moix.) Ces animaux avaient d’abordété placés parmi les Annélides tu- bicoles; parce qu'ils se construisent un tube plus ou moins long dans lequel ils se retirent; mais cesont; ainsi que le fait remarquer le premier M. de Blainville , des Mollusques, et leurvorgani- sation les rapproche des Turbos et des Littorines, en même temps qu'ils ont dans leur’ forme plu- sieurs traits de ressemblance avec les Siliquaires etles Vermets, ce que Guettard avait déjà soup- conné. L'animal. des Magiles ( voy. notre Aulas; : ph: 316, fig. 4 4), que M. Rappel a fait connaître: dernièrement avec quelques détails, est de former conique, un -peuenspirale, etterminé postérieure /MAGI ment.en:namelon nono ChenUREétE noir tolle:| lime ht an paetéecialne dla RE sa a tête unetr ompe cylin- drique, courte, mais bien développée à l’intérieur: ses tentacules ( ) sont coniques , au nombre de deux , et portent Îles yeux au ‘côté externe de leur’ base: Je pied (c c) est assez grand ,'musculeux et asa ec inférieure sillonnée longitudin alement; il porte à.sa partie postérieure un “opercule corné (detfig, 4c), de forme elliptique mince, à élérnens ou siries d’accroissement subconcentriques etrà sommet marginal. Get opercule a moins: de «dia- mèlre que la coquille. Le mañteau a.sa surface lisse ; sonbord estrenflé, surtout du côté droit; mais d'ailleurs sans ornement, et se prolonge à. gauche en une espèce de siphon échancré {k,) , qui forme, moyennant deux arêtes Jongitudinales ,; un tube qui se loge dans la gouttière du.bord columellaire de la coquille. Lorsqu’ on, jette l’animal dans l’al- cool , il découle du bord renflé du manteau une quantité notable de matière blanchâtre qui} in- cruste le fond du vase. Sous la cavité que forte le bord flottant du manteau au dessus de la tête , il y a, du côté gau- che, une grande branchie pectinée. Le côté droit de la AP: branchiale est occupé par le rectum et par l'anus. Un peu au devant de celui-ci, sur le côté droit du cou, se trouve , chez les individus mâles, une longue verge cylindrique, acuminée vers son extrémilé (2), el renflée en massue à sa base; ét chez d’autres individus , que M. Ruppel regarde comme des femelles, ces appendices manquent complétement. Ghez les premiers, la partie posté- rieure du corps est occupée en outre par une masse blanchâtre qui peut être regardée comme le testicule, tandis que chez les individus dépour- vus de verge , ces organes sont remplacés par des ovaires jaunätres, dans lesquels on reconnaît par- faitement, selon M. Ruppel, de petits œufs. La couleur de la tête, dumanteau.et du pied est d’un blancjaunâtre, avec le rebord du manteau (e) d’an beau violet , et Jes rainures‘qui forment le siphon sont Pants Le foie, placé derrière la cavité “branchiale, fait paraitre Jes técumens qui le re- couvrent,d’un brun foncé ; enfin l'extrémité pos- térieure du corps-est tantôt blanche , tantôt jau- pâtre , selon le sexe de l’individu. La trompe ne porte intérieurement aucune par- te solide qui puisse faire l'office de dents : sa ca- vilé est faiblement sillonnée ,et conduit à un es- tomac membraneux un peu D nnoniflé et de forme irrégulière, qui se trouve logé dans la masse du foie. Dans le j Jeune âge la coquille des Magiles est épidermée, pyriforme, ventrue, eb..à spire compo- sée de trois ou anatre ours el à péristome continu (fig. 4); à mesure que l'animal s'accroît, il produit de nouveau de la matière calcaire, et le dernier tour, abandonnant tout à coup la forme spirale, se prolonge en un tube inégalement sinueux, co- nique, et un peu comprimé Yatéralement (fig. 4 a). Les jeunes Magiles s’établissent. dans les exca- vations de Dis madrépores mais, Ceux-Ci ve- nant bientôt à grossir leur masse autour de lui, il est obligé, pour se ménager une ouverture au dehors, de consiruire un tube dont l'orifice se RL MAGN maintient toujours pariaccroissement Successif ax niveau de lasurface dw polypier qui le recèle; aussi l'accroissement que’ lé madrépore prend en diamètre détermine:t-l'la Joñgueur du tube ‘du Magile'; celui-ci: abandonne bientôt la partie spi- ralé -dé-son habitation , pour sé ténir dans la par- tie tubuleuse; iline laisse point de'cloïson derrière lui , comme le font les Céphalopodes, ét sa co- quille:ne se détruitpas-commie célle de quelques espèces de Mélanies, ou’de: Bülimes, Buülimus de- collatus , etc. ;'les tours de spire se remplissent au contraire de lmalière calcaire dans toute léur capacité, Les tubes et Jes'coquilles ainsi remplies des Magiles »s’observent ‘assez souvent dans les collections. L' espède unique de ce genre à recu le nom de Magilus: re si Elle se trouve dans la mer Rougei.i (GErv.) MAGNÉSIE. (avi!) Les chimistes désignent sous ce nom une terre où plus exactement J’ oxide d'un métal appelé Magnesium. Sa couleur blan- che, son onctuosité; sa légèreté ét son infusibilité, sont les principaux! caractères physiques qui ser- vent à la distinguer, Mais la Magnésie ne se trouve pas toujours pure dans la nature; la facilité avec laquelle cet oxide métallique se combine avecles acides , fait que les minéralogistes en ‘admettent:'huit ‘espèces : la Magnésie. pure, mélangée toutefois avec une 'cer- taine quantité d’eau, et que l’on nomme ‘aussi Brucite; laMagnésie mêlée au chlore, ‘ou le C'hlo- rure de magnesium ; 1a Magnésie unie à l’acide ni- trique, ou le Nitratede Magnésies laMagnésie com- binée avec l’acide borique, él’ que l'on appelle Boracite; la Magnésie unie x l’acide phosphorique ou la 4 agnérites)la Magnésie mélée à l'acide sul- furique, ou Epsomite; la Magnésie combinée avec l'acide carbonique, ou la Giobertite; et enfin la Magnésie unie à la silice , ou la Mugnésite, La Magnésie boratée été décrite au mot Bo- racite ; nous allons décrire les autres espèces. La Brucite, appelée par plusieurs minéralo- gistes Magnésie nalive et AMagnésie hy dratée, est une substance blanche, laminaïre «ét nacrée, qui ne cristallise point: et qui donne de l’eau par la calcination : en eflet ; elle se compose de 69 à 76 parlies de Magnésie et de 30 -d’ eau Le Chiprureide magnésium, qui n’apoint encore recu de nom minéralogique univoque ,. est ‘uné substance déliquescente, d'une saveur piquante et amère , el toujours en solution dans l’eau , princi- palement dans l'eau de mer;:on le trouve cepen- dant aussi dans celle de quelques lacs et de plu sieurs sources. À un grand degré de concentrations il est susceptible de cristalliser en: hexagones ré- guliers. Le Mitrate.de Magnésie ésb aussi une substance sun tre composée: de 72 parties d’acide ni- trique et de 28 de Magnésie: On parvient à faire cristalliser cette espèce en prismes rhomboïdanx. Elle est utilisée dans la préparation du salpêtre. La 'agnérite, ou la Magnésie phosphatée, estune substance blanche : qui cristallise en prisme rom- boïdal, Elle raie diflicilement le verre, ne donne DO MAGN 560 MAGN "oo pas d’eau par la calcination et est altaquable par l'acide nitrique. Elle se compose d'environ 43 par- ties d'acide phosphorique, de 38 de Magnésie , de 11 de phiore et de 8 de magnesium. L’Epsomite, ou la Magnésie sulfatée, blanche comme les précédentes, est reconnaissable à sa saveur amère. Elle cristallise en prisme rhomboï- dal, donne de l’eau par la calcination et est so- luble dans l’eau. Elle présente à l’analyse 33 par- ties d'acide sulfurique, 18 de Magnésie et 48 d’eau. C’est: cette espèce qui donne aux eaux d’Æpsom en Angleterre et de Sedlitz en Bohême, la qualité purgative qui les distingue. La Giobertite cristallise dans le système rhom- boédrique , raie le verre, et est soluble dans l’acide nitrique. Elle se présenté aussi en masses lamel- laires compactes et terreuses. Elle se compose d'environ 51 parties d'acide carbonique, de 46 à 47 de Magnésie et de quelques parties d’eau et d'oxide de manganèse. Enfin la Magnésite est une substance blanche ou grisâtre , tendre, feuilletée et happant à la langue. Elle ne cristallise point ; donne de l’eau par la cal- cination et est attaquable par les acides. Elle se compose d'environ 54 parties de silice, de 24 de Magnésie , de 20 à 25 d'eau et d’an peu d’alumine. Cette variété, très-commune dans l'Asie mi- neure, est la plus utilisée de toutes les espèces de Magnésie; lorsqu'elle est blanche ou jaunâtre , on en fabrique des pipes diles d’écume de mer. La France possède aussi des gisemens de cette sub- stance, mais moins belle et moins pure que celle que l’on exploite en Orient. (J. H.) :. MAGNESITE. (uin.) La Magnésite, écume de mer, magnésie hydro-silicatée, est une substance blanche, plus ou moins terreuse, assez tendre, dure au toucher, donnant de l’eau par la calcina- tion, altaquable par les acides, difficilement fusi- ble au chalumeau en un émail blanc, composé de silice, de magnésie , d’alumine , d’eau, etc. On Ja trouve en rognons ou en masses informes , com- pactes, mêlées avec des portions de silex, des ar- giles verdâtres , etc., dans le Piémont, l’île de Né- grepont, aux environs de Madrid, de Montpellier, de Saint-Ouen, de Montmartre, Crécy, etc. Avec les variétés de Magnésite homogènes, blanches ou jaunätres, qui nous viennent de l’Asie mineure, on fabrique des pipes dites d’écume de mer, qui sont très-recherchées par les amateurs. (EF. EF.) MAGNESIUM. (cnm.) Métal isolé pour la pre- mière fois de Ja magnésie par M. Bussy, en faisant réagir le potassium sur le chlorure de Magnésium. Le Magnésium est d’un blanc d’argent , très- brillant et très-malléable; il s’aplatit en paillette sous le marteau; il est fusible à une température qui n’est pas très-élevée ; il est inaltérable à l’air sec, mais il perd son éclat métallique si l’air est humide, et sa surface seulement s’oxide un peu. Réduit en petits fragmens et chauffé à l’air libre , le Magnésium brûle en sautillant à la manière du fer projeté dans le gaz oxygène ; l’eau pure, privée d'air, est sans action sur lui; si on élève la tem- pérature jusqu’à l’ébullition , quelques bulles de gazhydrogène se dégagent. Teiles sont les princi- pales propriétés de ce nouveau métal. (F.F.) MAGNÉTISME. (puys.) Il existe sur le globe que nous habitons, certains corps, certaines sub- stances minérales qui ont la propriété d’attirer le fer. Ces minéraux, qu’on appelait autrefois Pierres d’aimant, à cause de leur apparence piérreuse , portent le nom d’ÆAimans naturels. Parmi ces ai- mans , ilen est qui sont très-faibles, où en d’au- tres termes, qui, sous un très-grand volume , n'exercent qu'une attraction peu sensible : il en est d’autres , au contraire , qui sont très-puissans, et qui, sous un volume de quelques pouces car- rés, soutiennent suspendues des masses énormes, L’aimant n’est autre chose que du fer sulfuré ma- gnétique. Toutes les mines de cette combinaison minérale sont donc des mines d’aimant. Comme cette force attractive était bien dis- tincte de toutes les autres forces naturelles, il a fallu lui trouver un nom spécial , et on l’a appelée force magnétique. du mot grec #zy%<, qui, chez les anciens, désignait la pierre d'aimant. Toute la suite de cet article nous fera voir que la force ma- gnétique est due à une substance analogue à celle du calorique, à un fluide particulier répandu, ainsi que le calorique , entre les molécules de la matière pondérable, fluide curieux à observer, que nous appellerons Fluide magnétique ou Ma- gnétisme tout simplement. T'héories du Magnétisme. — Les anciens étaient bien loin de notre niveau sur ce curieux chapitre de la physique moderne : ils avaient peu de don- nées à ce sujet : toutefois, comme ils connaissaient les effets d'attraction de l’aimant sur le fer, ils avaient cherché à expliquer ce phénomène. Leurs définitions se ressentent beaucoup dn vague de leurs idées , et toutes leurs théories sont emprein- tes d’un vernis métaphorique qui ne laisse rien de net et d'arrêté dans l'esprit. Ainsi, Thalès et Anaxagore nous représentent l’aimant comme doué d’une âme qui attire et fait mouvoir le fer, Cornélius Gemma prétend qu'il y a des fils rayon- nans entre le fer et l’aimant; Epicure, que les ato- mes du fer conviennent à ceux de l’aimant et qu'ils s’épousent ; Plutarque , que l'émanation de l’ai- mant produit le vide autour de lui. Cardan dira que le fer est attiré parce qu'il est froid; Costeo de Lodi, que le fer est la nourriture de l’aimant. Descartes, avec son imagination brillante, son esprit inventif, et son besoin de tout expliquer , soutiendra qu’un tourbillon de matière subtile passe rapidement sur la terre, allant de l'équateur vers les pôles ; la matière qu’il rencontre, étant poreuse , ne peut l'arrêter; mais comme les sub- stances magnétiques, ou en d'autres termes, les substances susceptibles d’être attirées par lai- mant , ont des molécules rameuses et lissues en- semble, il s'ensuit que le tourbillon, trouvant un ob- stacle, agit avec plus d'énergie, et voilà pourquoi elles sont dirigées. Getie théorie fut en honneur pendant près d’un siècle, et elle ne tomba que de- vant les travaux d'OEpinus qui soumit au calcul les op MAGN 561 MAGN les phénomènes magnétiques , et démontra qu'ils étaient la conséquence naturelle des lois de l’at- traction et de la répulsion. C’est donc OEpinus, qui est le véritable fondateur de la science du Magnétisme; car c’est sa théorie modifiée en cer- tains points qui a cours aujourd’hui, et la vérité de ses observations ne permet pas d’en faire un objet de doute : en se débarrassant de toute l’in- fluence des génies inventifs qui l'avaient précédé, et revenant à la méthode expérimentale, OEpi- nus est rentré dans la réalité. La modification la plus importante qu’on ait faite à cette théorie, a été de reconnaître l’exis- tence de deux fluides différens, au lieu d’an seul admis par OEpinus. Ces fluides combinés forment l’état naturel des corps ; séparés, ils donnent nais- sance à l’état magnétique; et, ainsi que Goulomb l'a fait observer très-judicicieusement , ces fluides ne peuvent éprouver dans les corps qu’un dépla- cement insensible. Ainsi donc , aujourd'hui, on admet que le vo- lume apparent d’une substance magnétique est composé d’une foule de petits espaces où-est con- tenu du Magnétisme, et d’une foule d’autres pe- tits espaces où il y a absence de Magnétisme ; que dans chacun des petits espaces magnétiques, deux fluides s’y trouvent contenus, lesquels sont sus- ceptibles d’être séparés, s’ils sont soumis à une force capable de produire un pareil effet; qu’ils peuvent bien s’équilibrer en suivant certaines lois, dans les intervalles qu'ils occupent ; maisqu’ilsne peuvent se mouvoir, attendu que tout ce qui les entoure leur est imperméable. On a donné le nom d'élémens magnétiques aux petits espaces dont nous venons de parler, et où se trouve contenu du Magnétisme, et d’élémens non magnétiques aux petits espaces sans Magné- tisme. La force qui tend à séparer les deux flui- des porte le nom de force magnétique , et celle qui, au contraire, tend à les réunir, est appelée force coërcilive. Nous verrons tout à l'heure qu’on donne aussi ce nom à la résistance que les fluides ma- gnétiques éprouvent, dans certains corps, à se réunir, quand ils ont été séparés une première fois. Nos Lecteurs savent déjà à quoi l’on doit attri- buer l’action magnétique : indiquons-leur mainte- nant quelles sont les substances magnétiques. Des substances magnétiques. — Le fer, que nons avons fait connaître comme étant altiré par l’ai- mant, n’est pas la seule substance magnétique. L’acier est aussi un corps magnétique : toutefois, il est loin d’être susceptible d’être attiré par l'ai- mant dans toutes les occasions. Il est nécessaire our cela qu’il y ait cerlaines dispositions connues. Ainsi les fils d’acier de peu d'épaisseur , la limaille d'acier produiront exactement les mêmes effets que les fils de fer et la limaille de fer. Mais si, au lieu de corps fort petits dans leurs dimensions, nous prenons pour expérimenter un morceau d’a- cier un peu considérable et surtout fortement trempé ; nous trouverons des résultats très-diffé- rens. L’aimant alors n’aura plus d'influence, et nous n’aurons plus de phénomènes magnétiques: T, IV. 311° Livraison. On peut donc en conclure que, dans de sembla- bles conditions, l’acier à une très-grande force coërcilive. Cependant sinous venons à laisser en contact pendant quelque temps l’aimaut et l'acier, ou bien si nous frottons l’une contre l’autre ces deux substances , nous trouverons bientôt que peu à peu il s’est développé une certaine force ma- gnétique , qui peut devenir très-püissante , et ce qui est bien plus remarquable, cette force, une fois acquise, sera pour toujours inhérente au mor- ceau d’acier où elle se sera développée. Geci nous amène à conclure nécessairement que, quelle que soit la résistance rencontrée par la force magné- tique à la séparation des deux fluides , cette résis- tance sera de même valeur pour recomposer ces deux fluides ensemble, et pour ramener le corps à l’état naturel. Nous avons déjà dit que cette ré- sistance , dans le cas de décomposition et de re- composition , porte le même nom et s'appelle force coërcitive. Elle varie avec les différentes es- pèces d’acier, et comme les proportions du car- bone dans l’acier font éprouver à ce métal des va- riations infinies dans ses propriétés , il s’ensuivra que la force coërcitive sera successivement plus ou moins intense, et suivra les diverses modifi- cations introduites par les préparations chimiques dans les élémens de l’acier. L’acier des outils tran- chans, l’acier des ressorts, l'acier des burins , au- ront donc des forces coërcitives très-différentes ; et en général, l'acier qui aura recu la trempe la plus froide aura la force coërcitive la plus grande; l'acier employé pour la fabrication des ressorts conservera aussi très-bien son Magnétisme, et enfin le fer lui-même, qui à l’état de fer doux n’a au- cune force coërcilive, en acquerra, lorsqu'il sera battu, tordu, ou tourmenté en diflérens sens. Le fer étant un corps simple, l'acier étant un composé de fer et de carbone, l’aimant un com- posé de fer et d'oxygène, et le carbone et l’oxy- gène ne présentant aucune trace de Magnétisme , il faut en conclure que le fluide magnétique appar- tient au fer , et qu'il suivra ce mélal dans toutes les combinaisons chjmiques où il entrera. Aussi reconnaissons-nous pour magnétiques toutes les substances ferrugineuses , telles que la fonte, la plombazine , les oxides et les sulfures de fer : di- sons aussi qu'il est certaines substances qui ont la propriété d’affaiblir considérablement la vertu magnétique du fer combiné avec elles. D’autres corps ont aussi la propriété d’être atti- rés par l’aimant, Nous allons les énumérer ici. Le nickel, découvert par Gronstedi vers 1750, et obtenu à l’état de pureté par Bergman en 17575 ; et le cobalt, découvert par Brandt en 1733. Les travaux chimiques de MM. Sage et Thénard ne per-° mettent pas de douter du Magnétisme propre de ces substances. Le chrôme et le manganèse sont encore deux métaux magnétiques : le manganèse ne devient magnétique qu'à une température de 15 à 20 de- grés au dessous de zéro. Voyons maintenant comment le Magnétisme est distribué dans les aimans, 71 » or MAGN 562 MAGN Distribution du Magnetisme.—Le Magnétisme, ou le fluide magnétique, n’est pas également ré- pandu dans les aimans : il ÿ a certains points où la force attractive est très-puissante, d’autres où elle agit moins activement , d’autres enfin où elle estentièrement nulle. On pourra facilement re- connaître la vérité de ce que nous avancons , en renant un morceau d'aimant, et en le roulant dans de la limaille de fer. La limaille de fer s’alta- chera à l’aimant, non pas également sur toute sa surface, mais bien d’une manière inégale, et en formant des courbes régulières. Les parcelles de limaille s’attachent les unes aux autres , et présen- tent l'aspect d’une chevelure de plusieurs lignes de longueur. Les deux extrémités de l’aimant at- tireront à elles une grande quantité de limaille, tandis que la partie médiane sera entièrement dépourvue de puissance. Il est facile de conclure d’une pareille observation que l'attraction ne s'exerce pas également, qu’elle se rencontre en deux points des deux extrémités , et qu’elle est nulle vers la partie centrale. La suite des lieux où l'attraction est nulle, peut être représentée par la ligne qui sépare l'aimant en deux parties égales; on l'appelle ligne neutre ou ligne moyenne. Les deux points qui sont pour le Magnétisme ce que le centre de gravité est pour la pesanteur, qui for- ment deux centres d’aclions, se nomment pôles. Un fait assez singulier el qu'il est important de rappeler ici, c’est qu'un aimant est complet dans toutes ses parties, c'est-à-dire que si vous brisez un aimant suivant la ligne moyenne, les deux mor- ceaux que vous avez ainsi séparés auront chacun leur ligne moyenne et leurs deux pôles, .et vous subdiviseriez ainsi chaque partie à l'infini, que vous n’en auriez pas moins pour chacune d'elles une ligne moyenne et deux pôles. Quelle sera la nature de ces deux pôles? seront-ils de même es- pèce ? exerceront-ils la même influence? Ainsi que les choses se passent dans l'électricité, nous avons aussi dans l’aimant deux pôles diffé- rens. En effet, snpposons que deux aimans soient supportés par deux fils de soie SAns torsion, et qu’on les présente successivement l'un à l’autre : il arrivera que le même pôle de l’un des aimans attirera le premier et repoussera le second pôle de l’autre aimant. Les deux pôles d’un même aimant n’ont donc pas une valeur semblable, puisque un est attiré par la même puissance qui repousse l’autre. On dit alors que les pôles d’un aimant sont de nom contraire; et comme tous les aimans sont construits semblablement ; ils auront tous leurs pôles de nom contraire. Telle est la dénomi- nation donnée aux pôles qui se repoussent , en op- position à ceux qui s’attirent ct qui sont de même nom. C’est celte curieuse observation qui à con- duit Goulomb à dire que le Magnétisme n’était pas un seul et unique fluide, mais bien deux fluides distincts, de force égale, mais de valeur diffé- rente, chacun d’eux prédominant dans l’un des ôles. Telle est l’importante modification faite au système établi par OEpinus, modification dont nous avons entretenu nos lecteurs lorsque nous avons parlé des diverses théories du Magnétisme. Cette propriété de deux pôles de nom contraire et d'une ligne moyenne n’est pas spéciale aux ai- mans ; elle appartient aussi à tous les corps aiman- tés : ainsi, quand, au moyen des procédés d’aiman- tation que nous verrons plus tard, on est parvenu à aimanter un morcedu de fer ou d'acier, on re- trouve dans cet aimant artificiel les mêmes dispo silions que dans les aimans naturels : c’est aussi en se servant de celte belle observation que l’on parvient à reconnaître si telle matière est aimantée ou seulement magnétique. Dans le premier cas, il y aura alternativement attraction et répulsion du même pôle d’une aiguille : dans le second cas, au contraire , il y aura loujours altraction, Quelque- fois il se présentera un:fait assez curieux. Tel corps, soumis à cette épreuve, sera attiré, re- poussé, puis de nouveau attiré, repoussé, etc. , etc. Ilest évident que dans ce cas le corps a plusieurs pôles; on dit alors qu’il a des points conséquens. On pourra rendre ces points visibles en plongeant le corps dans de Ja limaille de fer , elle s’attachera aux pôles; en laissant loujours dans leur nudité les lignes moyennes. Pour terminer les diverses indications que nous avons données sur la distri bution du Magnétisme, disons ici que dans les ai- mans régulièrement construits, les pôles se trou- vent toujours à dix-huit lignes des extrémités, lorsque les aimans sont de grande dimension. Coulomb, auquel on doit cette observation, a trouvé aussi que dans les aimans de très-petite dimension, les pôles sont silués au tiers de la demi-longueur , ou au sixième de la longueur to- tale : on a donc ainsi deux limites dont les pôles ne peuvent jamais sortir. ; Nos lecteurs comprendront facilement mainte- nant Lous les phénomènes qui sont la conséquence du Magnélisme. Les hommes ont su en tirer parti pour la satisfaction de leur esprit et le plaisir de leurs yenx. Ainsi, M. Quatremère de Quincy, dans les ingénieuses et savantes recherches qu’il a faites sur le Jupiter Olympien, nous rapporte que Phidias avait formé deux statues, dont l’une représentait l Amour et la seconde Vénus sa mère, Ces deux statues, dans de certaines conditions de distance et de position, étaient attirées l’une vers: l’autre jusqu’à s'unir entièrement. Phidias avait donc su reconnaître les propriétés des pôles de même nom et de nom contraire, et avait cherché à présenter aux yeux élonnés de la Grèce le spec- tacle merveilleux de deux statues se mouvant. d’elles-mêmes, pour se rapprocher et s’étreindre. Cette application des sciences physiques aux beaux- arts nous à paru assez curieuse pour mériter d'être rapportée ici. Développement de la force coërcitive. — Nous avons dit ce qu'était la force coërcitive; celte force se développe dans les substances magnétiques au moyen de diverses actions mécaniques ou chimi- ques. Le marteau est un des moyens les plus sim- ples qu’on puisse employer à cet efiet. Ainsi en frappant fortement une barre de fer à ses deux extrémités, on développe en elle la force coërci- , MAGN 963 MAGN tive, et on sépare les deux fluides qui , dans le fer doux , étaient unis. Cetle force, au surplus , n’exisle que dans les endroits frappés : et ce qui peut le mieux le prouver , c’est qu’en retournant cette barre de fer et en la frappant de nouveau, on l’aimante en sens inverse. On peut donc chan- ger ses pôles à volonté par ce procédé, mais cette action du coup de marteau ne dure que peu de lemps, et souvent après quelques heures de repos, la force coërcitive a disparu ,-et la barre est reve- nue à l’état de fer doux. La rouille produit aussi la séparation des deux fluides magnétiques , et par conséquent la force coërcitive. Gassendi, en 1630, observa que la croix du clocher de Saint-Jean- d'Aix, qui était tombée, frappée par la foudre, présentait à sa base fortement rouillée tous les phé- nomènes magnétiques ; une foule d'expériences , faites depuis cette époque , ont confirmé le monde savant dans celte vérité, qu'un morceau de fer rouillé est un aimant plus où moins puissant. Ainsi l’oxidation est un nouveau moyen qu'il faut join- dre à ceux déjà connus de battre le fer, de le tordre, de le limer , enfin de le tourmenter d’une manière quelconque , pour en faire un aimant. Avant Coulomb, on n’avait d’autre moyen de comparer les forces magnétiques de plusieurs -ai- mans, qu'en les présentant successivement au con- tact d’une même pièce de fer que l’on surchageait de poids graduellement croissans, jusqu’au mo- ment où elle se détachait de l’aimant : le poids total dont elle avait été surchargée représentait nécessairement la limite de la force magnétique de Vaimant. Coulomb eut recours à d’autres moyens que nous ne ferons qu'indiquer ici, parce que leur démonstration nous entraînerait à nous servir du calcul, ce que nous avons toujours évité dans les divers articles de ce Dictionnaire. Les moyens em- ployés par Goulomb furent les suivans : 1° L’examen des oscillations d’une aiguille sus- pendue à des fils de soie plate. : 2° les torsions des fils de cuivre ou d'argent dis- posés dans un appareil qu’il nomma balance de torsion, et qui depuis fut appelée balance de Cou- lomb. k Il parvint aussi, par les mêmes moyens , à dé- couvrir que les attractions et les répulsions magné- tiques sont en raison inverse du carré des dis- tances. Des aimans naturels et artificiels. — Nous avons déjà dit que l’aimant naturel n’était autre chose que de l’oxide intermédiaire de fer : nous avons indiqué quelles étaient ses propriétés d’attraction et de répulsion ; nous allons faire voir maintenant que ces propriétés, au moyen de certains procé- dés, peuvent se transmeltre à d’autres corps. Nos lecteurs doivent se rappeler qu’en leur par- lant de la force coërcitive , nous leur avons expli- qué que l'acier conservait très-bien la force coër- citive qu’on avait su développer en lui. - Ainsi préparé, l’acier devient lui-même un ai- mant jouissant de toutes les propriétés des aimans, ayant une ligne moyenne et des pôles, Examinons donc par quels procédés on peut former les sai- mans artificiels. Procédés d’aimantation. Armature. —11 y a deux procédés d’aimantation, l’un que l’on nomme Procédé de Duhamel ou de la touche séparée , Yau- tre, Procédé d'OEpinus ou dela double touche. Le procédé de Duhamel ou de la touche séparée consiste à disposer bout à bout, sur une même ligne et à une certaine distance, deux puissans faisceaux dont les pôles opposés se regardent. Sur ces faisceaux, qui restent fixes pendant l’expé- rience, on place l’aiguille à aimanter de telle sorte qu’elle empiète au plus de quinze à dix-huit li- gnes sur chaque extrémité, ou seulement de sept à huit lignes si elle n’a que trois ou quatre pouces de longueur. Alors, on prend les deux barreaux glissans, lun dans la main droite, l’autre dans la main gauche, on les pose au milieu de Vai- guille, on les incline sur elle de 25 ou 50 degrés à et en les séparant, on les fait glisser sous cette in- clinaison, d’un mouvement lent et uniforme, pour qu’ils arrivent en même temps à chacune de ses extrémités : là, on les relève, en les rappor- tant au milieu , et l’on répète la même opération jusqu’à ce que l’aiguaille ait recu le nombre de frictions nécessaire. Quand l'aiguille est trop mince ou trop fragile pour supporter le poids des barreaux glissans, on la soutient par une pièce de bois sur laquelle on peut même la fixer afin qu’elle -n’éprouve aucun déplacement pendant l’opéra- tion. Il est évident que chacun des barreaux doit toucher l'aiguille par le même pôle que-le barreau fixe vers lequel il marche. Ce procédé est le plus avantageux pour aimanter de la manière la plus complète et la plus régulière les aiguilles de bous- sole et les lames dont l'épaisseur ne dépasse pas quatre ou cinq millimètres. Quand les lames ont une épaisseur plus grande que quatre ou cinq millimètres , la méthode dont nous venons de parler est insuflisante, et il faut alors avoir recours au procédé d'OEpinus ou de la doubletouche, quine diffère du premier queparla po- silion et le mouvement des barreaux glissans. Ces barreaux sont encore l’un et l’autre posés au mi- lieu de la lame, chacun la touchant par le pôle de même nom que celui de l’aimant fixe dont il est le plus voisin; mais celte fois , leur inclinaison n’est plus que de 15 à 20 degrés, et on les pro- mène ainsi du milieu vers l’une des extrémités , puis de celte extrémité vers l’autre, en parcourant toute la longueur de la lame ; puis on revient au milieu , où l’on enlève les barreaux glissans. Si l’on veut donner un plus grand nombre de frictions, il suffit de répéter plusieurs fois le mouvement de va-et-vient, d’un bout de la lame à l’autre, avec la double condition de finir toujours au milieu , et d’y arriver en revenant de l'extrémité de droite, sion a commencé les frictions en allant vers la gauche, ou réciproquement : c’est le seul moyen de passer le même nombre de fois sur chaque moitié. ( Pouillet, ) : La quantité de Magnétisme absorbé par un corps peut êlre augmentée en se servant pour J'ai MAGN RE sr 564 MAGN mantation de barreaux plus puissans ; ainsi des corps pourront êlre inégalement aimantés, sui- vant que l’on aura employé à cet effet des bar- reaux plus ou moins énergiques; il n'y a donc point ici de limite : il n’en est point de même du Magnétisme que chaque corps peut conserver. Gette limite est ce qu'on appelle le point de saturation. Lorsqu'on y est parvenu, toute la peine que l’on prend pour augmenter l’aimantation est peine perdue , puisque le corps abandonuera successi- vement tout ce qui a dépassé son point de satura- tion. Il arrive même que, dans de certaines dispo- sitions particulières, les corps aimantés sont sou- mis à une influence qui tend à détruire la force coërcitive et à recomposer les fluides. Ainsi, par exemple, un barreau qui, dans nos climats, se- rait tenu le pôle boréal en bas, perdrait néces- sairement une partie de sa puissance, et pourrait même être ramené à l’état naturel. C’est pour em- pêcher cette recomposition des fluides par l’in- fluence des agens exttrieurs, qu’on emploie les armaiures. Les armatures sont des pièces de fer doux qui sont mises en contact avec les aimans pour maintenir leur activité par la décomposition magnétique qu'ils éprouvent. Pour armer des barreaux, on les dispose parallèlement dans leur boîte, en ayant soin que les pôles de nom con- trairese correspondent ; on place aux extrémités deux pièces quadrangulaires de fer doux qui com- plètent le parallélogramme : chacun forme alors un aimant, qui, par sa réaction, ne permet pas aux premiers barreaux de perdre de leur force coërcitive. Examinons maintenant quelle est l'action ma- gnétique de la terre. C’est ici que nous parlerons de la direction des aimans, de leur déclinaison, et de leur inclinaison. Action magnétique de la terre.—Si l'on suspend : une aiguille à l’état naturel par un fil de soie sans torsion , l'aiguille restera dans la position où on la placera, aucune force ne la dirigeant d’un côté plutôt que d’un autre ? mais si, au lieu d’une ai- guille à l’état naturel, vous prenez une aiguille aimantée, un phénomène très-parliculier va se présenter à nos observations. L’aiguille aimantée, au lieu de conserver la position où vous aurez voulu la fixer, décrira plusieurs oscillations plus ou moins rapides , el, malgré tous nos efforts, se dirigera toujours vers un même point de l'horizon. À quoi donc attribuerons-nous une semblable pro- priété ? Dirons-nous qu'aux environs du lieu oc- cupé par l'observateur, il se trouve quelque masse ferrugineuse attirant l'aiguille aimantée vers elle? Mais le même phénomène se reproduisant sur tous les points de la terre et de la mer, au sommet des plus hautes montagnes comme dans le sein des mines les plus profondes, aux pôles du globe ter- restre comme à l'équateur > nous ne pourrons admettre une semblable explication. Cette pro- priété de l'aiguille aimantée prenant toujours une direction fixe, à laquelle elle revient sans cesse lorsqu'on l’en écarte, nous indique qu’il y a une force magnétique qui fait sentir son influence sur tous les points du globe terrestre. Nous avons dit force magnélique, et nous pouvons nous assurer qu’en effet c’est bien une force magnétique, par une expérience bien facile à répéter. En effet, renversons l'aiguille aimantée bout à bout, et voyons ce qui arrivera. L’aiguille, pawun mouve- ment brusque, se détournera de la place que vous lui aviez assignée , et viendra occuper la place où elle se trouvait tout à l'heure : la force qui agit sur elle est donc bien une force magnétique, puisqu'elle sait distinguer les pôles, qu’elle re- pousse l’un et attire l’autre, phénomène qui, comme nous le savons déjà, ne pourrait être le résultat produit par une masse de fer; car dans ce cas, les deux pôles seraient également altirés. Les nombreuses expériences faites sur tous les points de la terre, ne nous permettent pas de douter que le globe de la terre est magnétique, et que c'est à son action qu'est due la direction de l'aiguille aimantée. Gilbert, qui écrivait vers la fin du seizième siècle , est le premier qui ait su dépouilier le vieil homme, en débarrassant son esprit de toutes les hypothèses mensongères de ses devanciers : ainsi, sans s'inquiéter de l'avis de ceux qui, avant lui, placaient la force magnétique dans la dernière étoile de la queue de la grande Ourse ; sans avoir égard à l’opinion de ceux qui prétendaient que cette aclion était due au pôle du zodiaque, ou de ceux qui, ne trouvant pas le ciel assez vaste, supposaient au-delà des étoiles un centre attractif très-puissant, Gilbert, dans son Traité De magnete, magneticisque corporibus, et magno magnèle telluris, affirmait que la terre seule, par une propriété toute spéciale, était magnéti- que, et que c'était elle qui possédait l’action di- rectrice des aiguilles aimantées. Depuis cet illustre physicien, de nombreuses découvertes sont venues enrichir la science qu'il avait créée. Nous allons nous appliquer à en faire connaître les résultats les plus importans. ) En résumant les nombreuses observations faites sur toute la surface du globe, nous pouvons con- clure que la terre est un véritable aimant, ayant, comme tout aimant, sa ligne moyenne et ses pô- les, de telle facon que si l’on pouvait le rouler dans de la limaille de fer, il se garnirait à ses ex- trémités, et laisserait vers l'équateur une partie entièrement nue. Voilà donc deux hémisphères magnétiques déterminés ; disons qu'ils ne corres- pondent pas exactement aux deux hémisphères astronomiques, par la raison toute simple que la ligne moyenne ne correspond pas précisément avec l’équateur astronomique : on les a appelés hémisphères boréal et austral, et les deux fluides dont nous avons parlé se sont appelés, l'un bo- réal, c’est celui qui habite l'extrémité de l'aiguille qui se tourne vers le nord, l’autre austral, c’est celui qui maintient le second pôle tourné vers le sud. On comprend parfaitement, sans que nous ayons besoin d’insister, que les pôles prennent à leur tour les noms de pôle boréal et pôle austral. Des aiguilles aimantées, peu distantes les unes des autres, conservent des directions parallèles ; MAGN 565 MAGN mais du moment où les aivuilles se trouvent éloi- gnées les unes des autres | de quelques degrés de longitude , ce parallélisme n'existe plus. Nes lec- teurs concevront qu'une fois cette vérité reconnue, on s’est appliqué avec soin à constater les rapports qui existaient entre les directions observées dans des lieux différens, et les changemens éprouvés par chaque direction dans le même lieu. Or, pour cela, 1l fallait trouver un terme de comparaison fixe et invariable , une suite de points nou interrompue avec laquelle la direction de l’ai- guille pût être rapprochée. Or cette suite de points, cette ligne invariable , la géographie l’a construite depuis long-temps, c’est le méridien terrestre. Nos lecteurs savent, en effet, que la méridienne terrestre d’un lieu n’est autre chose que la trace laissée sur la terre par un plan mené par ce lieu et l’axe de la terre. Or la direction de cette trace est invariable. La méridienne magnétique d’un lieu sera la trace laissée sur la terre par le plan pas- sant par le centre de Ja terre et la direction de l'aiguille aimantée en ce même lieu. Il sera bien aisé maintenant de connaître si la direction de l'aiguille aimantée varie dans tel lieu, en exami- nant l'angle qu’elle fait avec la méridienne ter- restre de ce lieu ; et enfin, si la direction de l’ai- guille aimantée n’est pas la même pour tous les lieux de la terre, en comparant les différens angles faits par le méridien terrestre avec les différentes méridiennes. Cet'angle si important pour les recherches sur l'aiguille aimantée est ce qu’on appelle la décli- naison. Eile sera orientale ou occidentale suivant qu’elle sera située à droite ou à gauche de la mé- ridienne terreslre, et lorsqu'elle sera dans la di- rection même de la méridienne , lorsque la direc- tion de l'aiguille se confondra avec la méridienne, la ligne sera dite sans déclinaison. Nous avons déjà € eu occasion de parler dans ce Dictionnaire de l'instrument avec lequel on mesure la déclinaison, et qui a recu le nom de Boussore; nous renvoyons nos lecteurs à cet article pour la description de cet instrument. L’aiguille aimantée peut occuper d’autres posi- tions que la position horizontale. En effet, sup- posons-la placée de manière à ce qu'elle puisse se mouvoir librement autour de son centre de gravité, mais dans le plan vertical du méridien magnétique , et voyons ce qui arrivera. Si l'aiguille n’était pas aimantée , sa pesanteur l’entraïînerait vers la terre, et elle serait toujours verlicale : mais comme elle est aimantée, il n’en sera pas de même; l'aiguille s’élevera plus ou moins vers l'horizon, suivant les différens lieux où elle sera transportée, et formera ainsi avec l’ho- rizon un angle qu’il est important d'observer. Get angle est ce qu’on appelle l’énclinaison, et les instrgmens qui servent à la mesurer se nomment boussoles d’inclinaison. De même que nous avons vu tout à l'heure qu'il y avait des points où la déclinaison était nulle, de même il y aura aussi À des points où inclinaison sera nulle, et la suite de ces points formera l'équateur magnétique. La ligne sans déclinaison sera donc la méridienne magnétique, et la ligne sans inclinaison l'équateur magnétique. Maintenant, où sera située cette ligne sans in- clinaison ? Si nous partons de Paris, par exemple, avec une boussole d’inclinaison, et que nous nous dirigions vers le nord, nous verrons qu’au fur et à mesure que nous avarcerons, noire aiguille se redressera, ou en d’autres termes l'iuclivaison augmentera en même temps que la latitude : ar- rivé même dans certains lieux, l'aiguille sera pres- que verticale, l’inclinaison sera presque de 90 degrés. Geci nous amène à conclure que dans cer- tains points la direction de l'aiguille aimantée se confondrait avec la direction du fil à plomb. Ces points n’ont point encore été trouvés; mais ils n'en existent pas moins, et l’on peut même aflirmer qu'ils sont à plusieurs centaines de lieues des pôles terres- tres et qu’il y en a deux dans l'hémisphère boréal. Revenons à Paris, et prenons notre course vers le sud : un phénomène inverse viendra se pro- duire à nos yeux : l'aiguille d’inclinaison, au lieu de se rapprocher de la verticale, tendra au con- traire à prendre la position horizontale , et il arri- vera qu’en cerlains points assez bien déterminés, grâce aux travaux très remarquables de M. le ca- pitaine de vaisseau Duperrey, l’inclinaison sera tout-à-fait nulle. Gomme nous l'avons déjà dit, la : suile de ces lieux est ce qu’on appelle l'équateur magnétique. Cette courbe paraît plus régulière qu’on ne l’avait d’abord présumé. Elle sillenne le globe suivant un cercle incliné à l'équateur ter- restre de 11° environ, coupant cet équateur en deux points situés , Fe dans le golfe de Guinée, par 5° 0’ de longitude E., et l’autre dans le Grand-Océan, par 177° longitude E. Il résulte des observations faites dans le voyage de la corvette la Coquille, par M. Duperrey, que l'équateur magnétique, que l’on nomme aussi ligne sans inclinaison , coupe les méridiens terrestres de 10 en 10° de longitude par les latitudes suivantes : HÉMISPHÈRE NORD. HÉMISPHÈRE SUD. Lons. Est. Lat. Nord. Long. Ouest, Lat. Sud. 3° 20° © oo’ 0° 2° 920” 10 3., 30 10 8 20 20 71.10 20 11 29 30 9 20 30 15 90 Lo ‘10 45 Lo 19 00,5 20 11, 20 5o 15 45 6o 11 20 Go 15e 70 10 99 70 11 45 80 9 90 80 8 20 90 8 10 90 5 20 100 7 50 100 5 40 110 6 4o 110 2 39 120 6 20 120 2 19 130 6 50 130 2 oO 140 6 35 140 2 o 190 6 20 150 1}, 45 160 4 10 ‘160 1 99 170 T 10 170 1 2070 177 0 o 180 0 19 MAGN 566 MAGN La déclinaison de l'aiguille aimantée est Join d’être toujours la même pour le mêmelieuterres- tre. À Paris, par exemple, on sait qu'elle a varié de plus de 30 degrés depuis 1580 jusqu'à nos jours. En effet, en 1580, elle était de 11° 30’ E., tandis qu'aujourd'hui elle est de plus de 22° N.-0. On sait combien la boussole de déclinaison est utile aux navigateurs pour se diriger sur la surface des mers : plus de mille ans avant J.-C., elle était déjà connue en Chine; on a prétendu que le fa- meux voyageur Marco Paolo était celui qui l’avait importée en Europe ; cette opinion ne peul être ad- mise, puisque Marco Paolo ne fut de retour de son voyage en Chine que vers l’année 1295, tandis que dans les vers de Guyot de Provins, qui remon- tent à 1180, il est déjà parlé de cet instru- ment. L’aiguille de déclinaison est soumise tous les jours à quelques mouvemens particuliers ; brus- ques et accidentels, ces mouvemens portent le nom de perturbations; réguliers et périodiques , ils s’appellentvariations diurnes. Ges variations diurnes sont assez curieuses pour que nous nous y arrêtions quélques instans. Lorsque le soleil se lève, l'aiguille aimantée de la boussole de déclinaison semble fuir l’astre qui nous éclaire, et par conséquent son extrémité nord sedirige vers l’ouest : ce mouvement continue pendant plusieurs heures , et enfin, entre midi et trois heures, le même phénomène s'opère , mais en sens inverse, c'est-à-dire que l'aiguille va re- prendre par degrés la même place qu’elle occupait au lever du soleil, ce qui a lieu entre 4 heures et 11 heures du soir; pendant la nuit, les varia- tions de l'aiguille sont insensibles. Tels sont les effets observés à Paris par M. Arago, au moyen de l'aiguille de déclinaison de l'Observatoire. Il était curieux de savoir si les mêmes effets se pro- duisaient de l’autre côté del’Equateur. Voici, à ce sujet , quelques renseignemens nouveaux et ré- cens. Dans sa séance du 28 septembre 1835, l’Aca- démie des sciences a pris communication d’une lettre qui lui était adressée par M. Gay. Ge savant écrit du Chili qu'il a déjà fait un assez grand nombre d'observations de variations diurnes au moyen d’une boussole de M. Gambey à suspension de soie détordue. Lorsqu'on déduit des résultats annoncés par ce voyageur la manière dont mar- che dans les 24 heures la pointe de l'aiguille ai- mantée tournée vers le sud, on retrouve exacte- ment les mêmes mouvemens présentés dans notre hémisphère par la pointe nord. On sait d’ailleurs qu'à mesure que l’on s’avance vers les pôles , lam- plitude, qui n’estautre chose que l’angle parcouru par l'aiguille aimantée dans ses variations diurnes, augmente, tandis qu’au contraire elle diminue au point de devenir nulle, lorsqu'on descend vers l'équateur magnétique. Quant aux perturbations , elles sont ordinaire- nient la conséquence de quelques causes naturel- les, telles que les aurores boréales , les tremble- mens de terre, les éruptions volcaniques. L’in- fluence des aurores boréales surtout est très-puis- | sante : toutes les fois qu'ils’en montre une à l’un des: pôles de la terre, elle fait sentir sa présence sur l'aiguille de déclinaison de l'Observatoire de Paris. Cette curieuse observation est due à M. Arago, notre grand astronome. Il a pris des notes exactes, depuis l’année 1825 , de toutes les perturbations de l’aiguille aimantée, et elles se trouvent coïn- cider parfaitement avec les aurores boréales obser- vées en Laponie et au Groënland. Ces déviaions, qui d’abord mènent l'aiguille à l’occident, et la ramènent le soir à l’orient, sont quelquefois de 15/; mais c’est là leur limite supérieure. [l est à. penser que, de même que les aurores boréales | des régions seplentriontles se font sentir sur le pôle nord de l'aiguille aimantée, de même aussi les aurores boréales des régions australes doivent influencer le pôle sud de cette même aiguille. Ce- pendant on ne peut ici que hasarder cette hypo- thèse, attendu que les observations faites jus- qu’à présent à ce sujet ne sont pas assez nom- breuses pour être péremptoires et permettre une conclusion. Terminons cet article en nous demandant si tous les corps peavent devenir des aimans artifi- ciels ; ou bien si cette propriété est inhérente seu- lement aux quatre corps que nous avons fait con- naître, au fer, au colbalt, au nickel et au chrôme. Et pour cela rappelons ici que Coulomb fit à ce sujet des expériences très-minulieuses : disons que, après avoir fait des mélanges artificiels et des alliages de fer en très-petites proportions , et après avoir comparé leurs”effets au moyen de ces mé- thodes si précises et si ingénieuses dont il avait le secret, il fut conduit à conclure que, si les sub- stances magnétiques en étaient la vraie cause, elles devaient du moins entrer pour des parties si mi- nimes dans les corps qui produisaient ces phéno- mènes , que l’analyse chimique serait impuissante à les y retrouver. Ne pouvons-nous donc pas dire que la propriété attractive est répandue dans tous les corps de la nature, et qu’elle est plus forte dans le fer, le colbalt, le nickel'et le chrôme ? (G. 3.) MAGNÉTISME ANIMAL. (puysioc.) Ce mot a aujourd'hui une double acception :ilsignifie, d’une part, un principe spécial qu’on indique comme la source des aclions organiques, qui siége particu- lièrement dans le sysième nerveux, et qui se transmet d'un corps vivant à un autre, par le con- tact, par le simple approchement, ou mieux en- core, s’il faut en croire les adeptes, par l'effet d’une ferme volonté. D'autre part, on appelle aussi Magnétisme animal l'application des propriétés de ce fluide à l’art de guérir : c’est ainsi qu'on dit magnétiser et magnétiseur , pour désigner lac- tion d'appliquer ce fluide et celui qui l’appli- que. ÿ F L'étude du Magnétisme animal a été l’objet de controverses nombreuses, de luttes acharnées : les uns en ont fait un culte, les autres l’ont regar- dée comme une hérésie. Elle a enfanté une immense quantité décrits , sans que la science ait beaucoup PL — | on dt ll | 2 (CES en ! RU | MAGN profité à ces longues disputes, sans que la ques- tion soit aujourd hui beaucoup plus avancée qu'à “son origine. Nous pourrions donc hésiter et crain- dre de : nous jeter à travers ces discussions aux- quelles on attache en ce moment si peu d'intérêt, mais nous abordons au contraire ce sujet sans crainte et sans hésitation; bien décidés que nous sommes à per seulement sous les yeux de nos M lecteurs les pièces du procès, en les laissant seuls juges de la canse. Vers le commencement du dix-huitième siècle, un certain jésuite, du nom de Hell, fat guéri d’un rhumatisme opiniâtre par l'emploi de aimant , dontles propriétés contre diverses affections étaient alors prônées dans les écrits et les enseignemens de plusieurs praticiens célèbres. Ge jésuite révèle à Mesmer cette admirable cure, et ce dernier l'applique bientôt avec succès chez un certain nombre de malades. Ses expériences se multiplient : il couvre l'Allemagne d’anneaux, de colliers, de bracelets, de baguettes aimantées; les gazettes retenlissent de ses cures magnétiques , on en raconte des merveilles, et tout ce qu'il y a de vrai dans ces écrits se gonfle inévitablement des fables inventées par l'ignorance et la crédu- lité. Bientôt Mesmer croit s’apercevoir que l’aimant n’est pas nécessaire pour obtenir les effets obser- vés: d’où il conclut qu’ils sont dus à la puissance . d’un agent particulier essentiellement différent de l'aimant , et qui tient en quelque sorte sous son empire suprême tous les phénomènes de l'univers. « C’est, dit-il, un fluide aniversellement répandu; »il est le moyen d’une influence mutuelle entre »les:corps célestes , la terre et les corps animés... » L'action et la vertu du Magnétisme animal peu- »vent être communiquées d’un corps à d’autres » corps animés ou iuanimés. Gette action a lieu à »une distance éloignée, sans le secours d'aucun » COrpS intermédiaire ; elle est augmentée ou réflé- »chie par les glaces, communiquée, propagée , » augmentée par r le son... Quoique ce fluide soit » universel, tous les corps animés n'en sont pas » susceptibles ; il en est même, en très-petit nom- » bre à la vérité, qui ont une propriété si opposée, » que leur seule présence détruit tous les eflets de »ce fluide dans les autres corps. » Mesmer était _ alors à Vienne : il fit part de ses observations au premier médecin de l'empereur, qui ne parut pas convaincu. Il s’adressa à la plupart des académies d'Allemagne sans en obtenir autre chose que du dédain ; celle de Berlin répondit à l’expérimenta- teur, mais d'une facon peu favorable, Mesmer voyagea en Svuabe, en Suisse, cherchant à pro- pager sa doctrine, répétant ses expériences, et quelquefois avec succès. Il trouva en Suisse un certain père Gassner qui lui faisait concurrence , en guérissant lui toutes les maladies par des exor- cismes, Loin de répudier la ‘pratique de ce thau- maturge , Mesmer n’y vit autre chose que l’appli- cation du Magnétisme. Après être retourné dans son pays, Sans y avoir trouvé plus d'appui , Mes- mer vint à Paris. C'est à qu’il commenca sa for- 967 MAGN tune, qu'il acquit en the. Ce nai dé la célébrité. Ce ne fut pas ; om io sans rencontrer de nombreux ob- stacles, mais qu’il sut vaincre par sa persévérance et par son humilité. Dans cette foule avide de mer- veilles et de nouveautés, il eut bientôt un public, des prôneurs, des disciples qu'il ne tint qu’à lui de transformer en fanatiques sectaires. Îl fit sur- tout connaissance d’un médecin , M. d'Eslon, docteur-régent dé la faculté, et premier médecin du comte d’ Artois : le trouvant favorablement disposé à l'adoption de ses idées , il l’initia dans sa doctrine. Ge patronage assura la vogue du Ma- gnétisme, et beaucoup de malades se soumirent au traitement. Voici comment on opérait alors : Les malades étaient reçus dans un appartement mystérieux, à peine éclairé; on les faisait asseoir en silence autour d’une pelite cuve ronde, ovale, ou carrée, de quatre à cinq pieds de diamètre ; et fermée par un couvercle en deux pièces. Au fond de cette cuve, à laquelle on donnait le nom de baquet, se plaçaient des bouteilles en rayons convergens ; d'autres étaient disposées au centre en sens contraire, ou en rayons divergens, toutes remplies d’eau, bouchées, et, autant que possible, magnétisées par la même main. La cuve était en- suite remplie d’eau de manière à couvrir les bou- teilles, et l’on y ajoutait aussi parfois du verre pilé, de la limaille de fer, etc. Le couvercle du baquet était percé de trous pour la sortie de trin- gles en fer ou baguettes de ce métal, mobiles , plus ou moins longues, afin de pouvoir être diri- gées vers les différentes régions du corps des ma- lades. De l’un de ces morceaux de fer, ou de l’an- neau du couvercle , partait une corde très- longue, destinée à être appliquée aux parlies souffrantes ou à entourer les malades, sans les nouer. Ceux-ci se regardaient face à face, et s’approchaient le plus possible, de facon à se toucher par les genoux, par les pieds, afin que la circulation du fluide magnétique fût plus aisée, qu’elle eût lieu comme dans un seul corps continu, et fût renforcée par un plus grand nombre de points de contact. Tous ceux qui magnélisaient avaient dans la main une baguette de Fe , longue de dix à douze pouces, et qui était considérée comme le conducteur du fluide magnétique; elle avait, disait-on, la pro- priété de le concentrer dans sa pointe et d’en ren- dre les effets plus puissans. À ces pratiques on ajoutait souvent l'effet de la musique instrumen- tale et vocale, et comme le fluide se propage par le son, on magnétisait le forte - piano dont les accords se faisaient entendre pendant l’opéra- tion. Le Magnétisme se pratiquait encore en parlicu- lier : l'opérateur se plaçait alors face à face du malade pour se mettre en harmonie , pour établir entre ses organes et ceux du patient des rapports nécessaires À la circulation du fluide, En touchant pour la première fois, il mettait d’abord les mains sur les épaules du malade , puis il suivait les bras jusqu’à l'extrémité, relenait les pouces pendant quelque temps et recommencait ainsi deux où MAGN 568 MAGN trois fois : il établissait ainsi des courans par de douces frictions sur les vêtemens de la tête aux ieds. Il tonchait surtout le siége du mal pour le désobstruer à l’aide du fluide magnétique, et comme les nerfs sont les meilleurs conducteurs de ce fluide, il avait soin de palper long-temps la région abdominale , parce que là résident les nerfs les plus multipliés, comme le centre nerveux du diaphragme, les plexus hépatiques, les grands sympathiques, etc. On palpait avec le pouce et l'indicateur , avec la paume de la main ou un doigt renforcé par l’autre, en suivant le trajet des nerfs sans remonter par la même ligne. Si l’on touchait le devant de la tête, la poitrine , le ventre avec une main, il fallait opposer l’autre du côté du dos, pour suivre les pôles ; car le corps représente un aimant. Il y avait beaucoup d’avantage à magné- tiser en face, en raison des courans qui émanent de toute l'habitude du corps. On magnétisait aussi à certaines distances, par des gestes; l’action même était plus efficace qu'élant appliquée immédiate- ment. Les magnéliseurs savent combien les yeux lancent et recoivent de fluide magnétique, sur- tout d’un sexe à l’autre. On magnélise aussi les objets inanimés , les arbres par exemple ; les va- ses : une bouteille, un verre , une tasse ; le liquide qu'ils contiennent , etc. Voici les effets éprouvés par les malades rangés autour du baquet mesmérien et soumis à ses éma- nations : quelques uns étaient calmes et tranquil- les ; d’autres toussaient, crachaient, sentaient de la douleur, avaient des sueurs; d’autres se tour- mentaient , s’agitaient convulsivement, éprou- vaient un resserrement à la gorge , des soubre- sauts à l’épigastre, aux hypochondres, poussaient des cris perçans, versaient des pleurs , avaient des hoquets, riaient d’une manière irrésistible et im- modérée. On voyait des malades se chercher ex- clusivement, en se précipilant les uns vers les autres, se sourire, se parler avec affection et adoucir mutuellement leurs crises. L'Académie des sciences, la Faculté de médecine et la Société royale de médecine furent appelées à constater les effets du Magnétisme, et les com- missaires déclarèrent que pendant les expériences on ne pouvait s'empêcher de reconnaître une grande puissance qui agite les malades , les mai- trise, et dont celui qui magnétise semble être le dépositaire ; mais qu'il n'existait aucun fluide par- ticulier qui méritât le nom de magnétique; que tous les effets obtenus n'étaient que le résultat d’une imagination frappée , puisque d'après leurs expériences on avait obtenu ces effets magnéti- ques sans Magnétisme, pourvu que les malades crussent qu'ils étaient magnétisés, et que d’une autre part ces effets n'avaient pas eu lieu lors- qu'on avait magnétisé les malades sans qu'ils s’en doutassent ; enfin que les crises produites dans les traitemens magnétiques pouvaient être dangereu- ses et Jamais utiles. Ce rapport, fait, au nom des corps savans, par lillustre et infortuné Bailly, excita Pindignation des mesméristes. On l’accusa de nier l'évidence, on voulut l’entacher de mau- vaise foi, et les expériences reprirent avec une nouvelle ardeur. Quelque temps après, M. de Puységur , l’un des plus fervens propagateurs du Magnétisme , l’enri- chit d’une découverte préciense, du somnambu- lisme , qui dès lors modifia la doctrine et les pra- tiques des magnétiseurs. M. de Puységur avait en- dormi un malade par les procédés ordinaires, il lui adressa la parole, et ce malade alors lui dé- peignit son état intérieur ; il l'instruisit ainsi de la possibilité de produire un semblable état chez d’autres malades. C’est sous le fameux orme de Buzancey, magnétisé par M. de Puységur , que le phénomène du somnambulisme fut d’abord apercu: et ce phénomène depuis s’y répéta souvent. Cet arbre était célèbre dans la contrée , et les habitans des environs venaient s’y soumettre aux essais de M. de Puységur. Celui-ci écrivit des Mémoires pour servir à l’histoire et à l'établissement du Wa- gnétisme , et quelques uns de ses élèves tracèrent bientôt la théorie du somnambulisme. Gette théo- rie consiste à reconnaître 1° qu'il existe un fluide, principe de vie et de mouvement dans toute la na- ture ; 2° qu’en traversant les corps, il les modifie et en est modifié à son tour. Quand il circule d’un corps à l’autre avec le même mouvement, ces corps entrent en harmonie. C’est par ce fluide que nos nerfs recoivent les sensations ; mais , outre les sens extérieurs, l’homme possède un sens in- térieur, dont l’ensemble ‘du système nerveux est l'organe , et dont le siége principal est le plexus solaire. C’est ce principe qu’on appelle instinct chez les animaux. Lorsque les sens extérieurs sont engourdis par une cause quelconque , et que l’or- gane du sens intérieur acquiert plus d'activité, il remplit seul les fonctions de tous les autres. No- tre âme en recoit les impressions les plus intimes et les plus délicates ; elles nous affectent vivement, parce que rien ne distrait à l’extérieur notre atten- Lion : c’est là ce qui s’opère dans le somnambu- lisme. À l'égard des prévisions , elles résultent des combinaisons de l'intelligence raisonnant d’après les impressions qu’elle ressent ; et quant à la con- naissance des objets éloignés, elle arrive au som- nambule par le fluide magnétique, qui passe dans tous les corps, comme la lumière à travers du verre. : A cela on ajoute d’autres explications métaphyÿ- siques, mais que leur abstraction éloigne du do- maine de la science. Depuis M. Puységur jusqu’à nous le Magnétisme n’a pas subi de révolution bien importante ; il s’est conservé, comme le feu sacré, par le zèle de quelques propagateurs obscurs, Il y a quelques années seulement qu'il est devenu de nouveau l'attention du monde savant parce que des hommes dont le nom est honorablement placé dans la science, l’ont réchauffé de leur zèle et couvert de l'autorité de leur réputation. On en a soumis une fois encore la théorie et les pratiques à l'examen des corps académiques, qui, celte fois, se sont montrés plus favorables. Avant de faire connaître les conclusions de leur rapport, nous croyons uütile d'indiquer ici le procédé des magné- tiseurs | L MAGN 509 MAGN tiseurs modernes. Le pompeux appareil de Mesmer est désormais abandonné. La personne qui doit être magnétisée est sur un fauteuil, une chaise , un canapé. Assis sur un siége un peu plus élevé, en face et à un pied de distance de là , le magnétiseur paraît se récueillir quelques momens, pendant lesquels il prend les mains de la personne à magné- liser, de telle manière que l’intérieur des pouces de celle-ci touche l’intérieur des pouces de l’opé- rateur, lequel] fixe ls yeux sur elle, et reste dans cette position jusqu’à ce qu’il sente qu'il s’est établi une chaleur égale entre les pouces mis en contact. Alors il retire ses mains, et les tourne en dehors, les pose sur les épaules, où il les laisse environ une minute, et les ramène lentement par une sorte de douce friction le long des bras jusqu'à l'extrémité des doigts. Ce mouvement, connu sous %e nom de passe, doit être répété cinq à six fois. Le magnétiseur place ensuite ses mains au dessus de la tête, les y tient un moment, les descend, en passant devant le visage à la distance d’un ou deux pouces jusqu’à l’épigastre , où il s’arrête en- core en appuyant ses doigts, puis il descend len- tement le long du corps jusqu'aux pieds. Ces” passes suffisamment répélécs , le magnétiseur termine en les prolongeant au-delà de l’extrémité des mains et secouant les doigts à chaque fois. Enfin il fait devant le visage et la poitrine des passes transversales à la distance de trois à quatre pouces, en présentant les deux mains rapprochées et les écartant brusquement ensuite. Quelquelois, le magnétiseur place les doigts de chaque main à trois ou quatre pouces de distance de Ja tête et de l'estomac, les fixe dans cette position pendant une ou deux minules , les éloignant ou les rapprochant de ces parties avec plus ou moins de promplitude. f Mais pour que ces manœuvres réussissent , disent ceux qui les pratiquent, il est des condi- tions indispensables. Il faut, par exemple, que toutes les personnes qui assistent à celte opération observent le silence le plus religieux, et que l’ex- pression de leur physionomie n’inspire ni gêne au magnétiseur, ni doule au magnélisé. Quelques uns même voulaient que tous les assistans eussent une foi sincère , tandis que d’autres n’en font pas une condition nécessaire, Ce fut M. Husson qui présenta à l’Académie le rapport de la commission chargée d’assister aux expériences magnétiques faites alors par M. Fois- sac. Voici quelles furent les conclusions de ce rapport : Les moyens qui sont exlérieers et visibles ne sont pas toujours nécessaires pour opérer les effets magnéliques, puisque, dans plusieurs occasions, la volonté , la fixité du regard ont sufli pour pro- duire les phénomènes, même à l'insu des magné- lisés. | : Le temps nécessaire pour transmettre et faire éprouver l’action magnétique varie depuis une minute jusqu'à une demi-heure. Le Magnétisme n’agit pas en général sur les personnes bien por- tantes ; il n’agit pas non plus sur tous les malades. Il se déclare quelquefois , pendant qu’on magné- T. IV. tise , des effets insignifians et qu’on attribue tout aussi bien à l'émotion, à l'ennui, à l'imagination du patient qu’au Magnétisme. Les effets produits par celui-ci sont très-variés : il agite les uns, calme les autres, il accélère le pouls, cause des mouvemens convulsifs passagers, un engourdissement, de l’assoupissement , de la somnolence, mais dans un petit nombre de cas le somnambulisme. Cet état ne peut être considéré comme existant que lorsqu'on voit se développer les facultés nouvelles qui ont été désignées sous les noms d'intuition, de clairvoyance, de pré- voyance , de prévision intérieure , ou bien de grands changemens dans l’état physiologique, comme l’in- sensibilité , un accroissement considérable des for- ces qu'on ne peut attribuer à une autre cause. Le somnambulisme peut quelquefois être simulé ainsi que plusieurs autres effets du Magnétisme. Les commissaires se sont assurés que le sommeil arri- vait constamment par le Magnétisme, et qu’on l'avait provoqué dans des circonstances où les magnétisés n’ont pu voir, et ont ignoré les moyens employés pour le déterminer. Le regard du magnétiseur, sa volonté seule ont souvent sur le patient une assez grande influence pour que les passes ne soient pas nécessaires ; quelquefois même l’expérimentateur peut faire tomber le magnétisé en somnambulisme, l’en tirer en se tenant à distance, hors sa vue, à travers les portes. Quelques uns des patiens somnambules n’entendent, à travers le bruit confus des conversa- tions, que la voix deleur magnéliseur, ilsrépondent d’une manière plus précise aux questions que celui- ci ou que les personnes avec lesquelles onles a mis en rapport leur adressent ; d’autres entretiennent des conversations avec toutes les personnes qui les en- tourent. Les yeux sont fermés, les paupières ne s'ouvrent qu'avec effort; le globe de l’œil est con- vulsé. Quelquefois l’odorat est comme anéanti et les odeurs les plus pénétrantes sont sans action sur lui. Parfois ce sens conserve sa sensibilité, La plupart des paliens sont complétement insensibles; on les chatouille, on les pince, on leur enfonce des épingles dans les chairs sans qu’ils manifestent la moindre douleur ; une femme, en état de som- nambulisme, a été opérée d’un sein cancéreux sans se douter de cette opération. Le somnambu- lisme ne se manifeste guère qu'après sept ou huit séances. Les individus déja magnétisés sont plus accessibles à l'effet de ce moyen que ceux qui n’y ont point encore été soumis. Des somnambu- les conservent la mémoire des choses apparues pendant l’état de veille, mais le plus ordinairement ils perdent en s’éveillant le souvenir de Jears ac- Lions et de leurs paroles pendant leur somnambu- lisme. Les commissaires ont vu des somnambules distinguer, les yeux fermés, la couleur des cartes, ils ont lu. L’un d’eux a prévu le jour et l'heure du retour d’accès épileptiques, un autre sa guérison, et ces prévisions se sont réalisées. Enfin ils en ont vu un, mais ur seul, qui ait indiqué les sym- ptômes de la maladie de trois personnes avec les- quelles on l'avait mis en rapport. 812° Livraison. 72 MAGN Tous les partisans du magnétisme se sont étayés de ces conclusions, ils en ont fait l’applica- tion à leurs théories, à leurs expériences. Mais le rapport de MM. les commissaires de l’Académie esten même temps devenu l’objet de vives atta- ques de la part de ceux qui ne voient dans le Ma- gnétisme qu’une déception , une jonglerie, ou du moins l'erreur de quelques hommes prévenus, Ce n’est pas seulement avec des raisonnemens , c’est aussi avec une plaisanterie vive et ingénieuse que quelques uns l’ont combattu. Quelle que soit la nature des objections faites au magnétisme , sévères ou railleuses , toutes ont eu pour but de prouver que les effets produits par ce moyen pouvaient être expliqués naturellement et sans le secours d’un fluide particulier. Que li- maginalion , arrivée à un certain degré d’exalta- tion pouvait enfanter tous les phénomènes qui, chez les somnambules, excitent l’étonnement de ceux qui en sont témoins. Les miracles opérés sur la tombe du diacre Pâris, a-t-on dit, sont bien plus extraordinaires que les miracles des magné- tiseurs , et cependant, on ne peut voir dans les premiers que le résultat d’une forte persuasion chez des individus faibles d’esprit et d’un tempé- rament excitable et convulsif. Plusieurs états ner- veux , la catalepsie, l’hystérie, ne présentent-ils pas des symptômes identiques aux divers élats dans lesquels se trouvent les individus magnétisés? Les pandiculations, les bäillemens, les mouve- mens convulsifs, le sommeil, le somnambulisme avec insensibilité plus oumoins marquée, des cris, des rires, etc., ne sont-ils pas des phénomènes physiologiques facilement explicables? Et quant à ceux dont la physiologie ne donnerait pas une ex- plicalion satisfaisante, non seulement ils ont été niés par un grand nombre d'observateurs, mais les plus fervens partisans du Magnétisme sont con- venus qu'il était assez rare de les déterminer, et que souvent ils étaient simulés par la friponnerie, la fraude, le charlatanisme. La vuesans le secours des yeux, par l’épigastre, le front, le bout des doigts; la prophétisation, la détermination du siége, de la nature et des traitemens des maladies par des individus qui n’ont point étudié la méde- cine ; la communication des pensées sans aucun signe , señhi ou contestés ou expliqués par le sou- venir, l'imagination , et souvent aussi par Ja bonne volonté avec laquelle les spectateurs se prêtent aux succès qu'on veut obtenir, On a objecté encore au Magnétisme tout ce que les anciens nous ont transmis sur les augures , les pythonisses; on lui a objecté les sorciers de bonne foi, les rêveurs, les hommes à seconde vue dont les romanciers ont;tiré si bon parti. Mais les par- tisans de celte doctrine on! à leur Lourrépondu que les uns et les auires étaient sous l'empire d’eflets magnétiques , et qu'ils s’'appnyaient volontiers de résultats qu'on leur présentait comme opposés à leur système. -. Nous n'avons jusqu'ici donné aucun des nom- breux exemples de somnambulisme répandus dans les ouvrages des hommes qui ont écrit sur le Ma- 570 MAGN ; gnétisme ; nous allons en citer un seul, parce que toutes ces histoires ont.entre elles une grande res- semblance, et que celui que nous choisissons , rapporté dans une thèse inaugurale, l’est non seulement avec toute la candeur d’un jeune adepte, mais aussi avec toute la ferveur d’un fidèle desser- vant. Voici l’histoire : « Mademoiselle Juliette est une jeune personne de dix-huit ans ; d’une imagination vive, et d’une assez grande susceptibilité nerveuse : elle est douce, timide, réservée, simple dans ses manières et dans ses goûts, remplie de sentimens élevés et délicats. La perte de ses parens et d’autres cha- grins de famille ont altéré beaucoup sa gaîté natu- relle, et l'ont remplacée par un penchant à la so- litude et à la mélancolie. Ge qui la distingue sur- tout, c’est une candeur et une ingépuité presque cnfantines, répandues dans tous ses traits comme dans tous ses discours, ct imprimant à sa conver- sation un: caractère d'originalité et de vérité qui plaîl et persnade. Ces qualités contrastent avec um Jugement solide et une fermelé voisine de l’opi- nitrelé : elles ne se démentirent point dans l’état somnambulique ; chaque expérience, au contraire, ne les fit que mieux ressortir, » de fus assez heureux pour endormir mademoi- selle Juliette dès la première séance. Pendant quelque temps, je fus obligé de joindre à laction de ma volonté l'imposition des mains et les passes connues de tous les magnétiseurs ; plus tard, ces moyens me devinrent inuliles ; je n'avais qu’à lui presser les pouces et l’engager à me regarder fixe- ment; presque à l'instant ses yeux fuyaient les miens: leur impression, disait-elle, était doulou- reuse, trop forte, elle en était comme éblouie ; ou si elle s’efforcait de supporter mon regard, ses paupières ne tardaient pas à s’abaisser el à se fer- mer. Aujourd'hui ma puissance est bien plus grande encore : ma volonté, sans contact, sans gestes ni regard, suîlil pour l’endormir, quelque- fois même malgré elle ou à son insu. » Rarement, chez mademoiselle Juliette, le som- nambulisme se déclare brusquement et sans signes précurseurs ; rarement aussi il s'établit avec calme, et parvient de suite an degré de la lucidité. Gepen- dant je l'ai vue s'endormir à l'instant même sans agilation, sans douleur; je lai vue répondre de suite avec clairvoyance à mes questions, causer, marcher, se livrer à ses occupations habituelles , et passer ainsi des heures entières dans Ja tran- quillité la plus parfaite. Mais le plus souvent, sur- tout lorsqu'elle ,est triste, préoccupte, voici ce qui arrive, » À peine mon attention s’est-elle concentrée sur elle, que déjà la somnolence, les bâtllemens, les pandiculations surviennent. [lle ressent dans les paupières de la pesanteur, des picotemens, et y porte à chaque instant Ja main; sa tête devient lourde et embarrassée ; elle lui semble pressée par un cercle de fer ; et si je dirige mes passes surelle, même sans la toucher, elle la rejette brusquement en arrière, comme pour Ja soustraire à mon ac- tion , tandis que ses mains cherchent à arrêter on oo oo MAGN 571 MAGN esçcçcçsçcsçcçcçsççssççcsmqeeç ççcçsççee nee à repousser les miennes. En même temps, un état indéfinissable d’agacement, de malaise et d'inquiétude Ja tourmente et la trouble ; elle s’a- gite en tous sens, porte vaguement la main à ses vêtemens ; une matière subtile lui semble parcou- rir tous ses membres, et porter an frémissement dans tous ses nerfs, Au moindre brait , au moindre mouvement de ma part, elle tressaille et pousse un cri de frayeur. Enfin son impatience et son anxiélé éclatent en murmures ; elle se plaint avec humeur qu’on Ja mette dans un état aussi étrange, et se promet bien à l’avenir de persister invinci- blement dans ses refus. Cependant peu à peu elle cesse de gémir , sa figure reprend sa sérénité, ses membres sont immobiles, ses yeux constamment fermés : elle est en somnambulisme. Souvent alors de vives douleurs apparaissent à Ja tête, à l’épigas- tre ou dans les hypôchondres; parfois elles sont tellement vio'entes qu’elles lui arrachent des lar- mes et des cris. Ordinairement la main, présentée à quelque distance ou appliquée avec une volonté ferme sur la partie qui en est le siége, les exaspère d’abord, puis les déplace, les entraîne avec elle de haut en bas , et ne tarde pas à les faire entière- ment disparaître. Le plus souvent fugitives, quel- quefois opiniâtres ou revenant à de courts inter- valles avec une nouvelle acuité, elles s’accompa- gnent d’un’ sentiment de défaillance et d’anxiété telles, qu'il en résulte de véritables crises ; ces crises furent très-nombreuses dans les commen cemens. Un tel orgasme nerveux, se prolongeant dans l’état de veille, déterminait de fréquentes attaques d’hystérie, auxquelles elle est naturelle- ment peu sujette. La moindre émotion, la moin- dre contrariété la plongeaient dans des angoisses inexprimables et des convulsions; elle jetait des cris perçans, se mordail les lèvres, s’arrachait les cheveux , se tordait les mains, se frappait la poi- trine , se roulait sur le carreau; puis, les yeux baignés de larmes, le corps trempé de sueur, gémissante et presque sans voix , elle restait éva- nouïie. » Sa santé'et son repos ainsi compromis me firent un devoir de suspendre le Magnétisme. Dès ce moment, les accès perdirent graduellement de leur fréquence, de leur intensité, et disparurent enfin complétement. Malgré de nouvelles expériences , ils ne se montrèrent plus, soit que quelque chan- gemént favorable opéré dans les dispositions orga- niques ou morales de ma somnambule, ou, ce qui me paraît plus probable, l'asage de procédés plus méthodiques , une distribution plus douce et plus uniforme du principe magnétique, une manière d'interroger plus prudente , plus ayare de ques- tions faligantes , en aient prévenu le retour. » Péndant le somnambulisme, mademoiselle Ju- liétte conserve ordinairement sa physionomie ha- bituelle ; je n’observe aucun changement dans le pouls et dans les mouvemens respiratoires; ses dispositions morales restent toujours les mêmes que dans l’état de veille ; en un mot, sans l’occlu- sion complète des paupières , que je ne suis jamais parvenu à soulever, même légèrement , tant elles étaient sensibles et contractées, il serait impossi- ble de soupconner qu’elle ft endormie. Ce n’est donc point cliez elle qu'il faut chercher cette obéissance passive dont on! a fait tant de bruit , et qu’on à tant exagérée ; ce n’est point d'elle qu’on doit attendre cette dépendance absolue qui faît d’un somnambule un véritable automate livré à x discrétion de son matnéliseur ; jamais elle ne n’a rien présenté de sembiuble : non seulement elle conserva toujours son libre arbitre, mais souvent elle montrait plus d'indépendance et de fermeté que dans l'état naturel, et résistait avec une obsti- nalion invincible à des demandes , même insigni- fiantes , que je lui faisais. » Jamais elle n’a trouvé dans l’état magnétique ces sensations si vagues el si douces qui plongent certains somnambules dans une délicieuse extase, et les font jouir d’une félicité sans bornes. Lors- que le somnambulisme n’est pas pour elle un état de crise, de souffrances où de malaise continuels, c’est toujours un état ennuyeux, incommode, pé- nible , qu'elle voit arriver avec appréhension, et dont elle voudrait toujours abréger la durée : aussi répugne-t-elle constannment à se laisser magnéti- ser ; les expériences de curiosité surtout l’impor- tunent et la fatiguent. Bien différente de ces somnambules qui demandent à paraître en public et qui jouent les inspirées, mademoiselle Juliette n’aime point les nombreux témoins, s'exprime toujours avec le même naturel, la même simpli- cité, et se défie tellement de sa clairvoyance, qu’à l'entendre elle ne pourra jamais. répondre. Cependant elle se trompa rarement, et ce fut toujours lorsqu'on méconnaissait ses avertissemens, qu’on voulait forcer sa lucidité; venait-elle, au contraire, d'en donner une preuve, loin d’en ti- rer vanilé ou seulement d’en montrer de la satis- faction , elle demeurait impassible, insouciante , se plaignait d’avoir été tourmentée, s’impatien- tait et se fâchait si on voulait linterroger de nouveau. » Lorsque mademoiselle Juliette est plongée dans le sommeil magnétique, ma volonté seule peut l'en tirer. C’est en vain qu’on fait du bruit autour d’elle; c’est en vain qu’on la pince, qu’on la mord; qu’on lui fait respirer les odeurs les plus péné- trantes ; non seulement elle ne se réveille point , mais toujours elle s’y montre complétement in- sensible. Jamais aussi, quelque vif que soit son désir, quelque énergique que soit sa volonté , ses paupières ne cèdent à ses tentalives réitérées ; tandis qu’il me suffit de les toucher , ou même de dire, soit verbalement, soit mentalement : Ré- veillez-vous , et à l’instant ses yeux s'ouvrent, Par- faitement fixes d’abord, ils semblent exprimer la préoccupation ou la stupeur ; puis elle les porte sur tous les objets qui l'entourent, lentement et d’un air étonné, comme si leur impression était nouvelle ou inattendue. Elle se reconnaît enfin , rit de son incertitude, qu’elle appelle de la sim- plicité, et, sans douleur, conservant à peine un peu de fatigue et d’engourdissement , elle se Livre tranquillement à Ja conversation, | MAGN 572 MAGN » Lorsqu'elle est endormie, elle se rappelle faci- lement toutes les circonstances de son somnam- bulisme. Pendant l’état de veille, elle n’en a ja- mais la moindre conscience ; et comme elles lui furent presque toujours tenues secrètes, tous ces momens semblent avoir appartenu à un autre in- dividu , et pourraient être rayés du tableau de sa vie : aussi la voit-on sonvent se démentir à son ré- veil de la manière la plus piquante, s’étonner de la présence de personnes auxquelles elle vient de parler , nier la réalité de certains phénomènes ma- gnétiques , de ceux-là même qu’un instant aupa- ravant on observait en elle. Toujours d’ailleurs in- souciante sur ce sujet, elle ne songe presque ja- mais à s’informer de ce qui s’est passé pendant qu’elle était endormie, et lorsqu'on raconte de- vant elle quelques expériences curieuses, elle ne prend la parole que pour exprimer son incré- dulité. » Je viens d’esquisser les principaux caractères du somnambulisme chez mademoiselle Juliette ; je passe maintenant au résumé des faits les plus re- marquables qu'il présente. » En mars 1855, ma montre est tenue six fois dans ma main à quelques pouces derrière son occiput ; elle Ia voit, et me dit cinq fois l'heure à la minute, Elle reconnaît également un mouchoir, un briquet phosfhorique, un flacon d’eau de Cologne, tantôt ouvert ; tantôt fermé, et plusieurs autres objets , tous présentés par moi derrière elle ; mais rare- ment elle les indique de suite ; elle ne le peut qu’a- près avoir, suivant sa coutume, décrit successi- vement leur forme , leur étendue , leur couleur, leurs usages, en un mot, leurs principaux at- tributs. » Le 25 janvier 1834, mademoiselle Juliette dit encore l'heure à ma montre, après s’êlre trompée d’abord d’une minute, Elle reconnaît une salière tenue dans ma main bien loin d’elle ; elle la désigne comme un objet long , blanc, brillant, creux, qui renferme de petits grains blancs dont on se sert quand on mange; elle ne peut en dire davantage, et ne parvient pas à en trouver le nom. » Vers cette époque, il se déclara chez made- moiselle Juliette, sans cause bien connue, une douleur de côté, offrant beaucoup de caractères névralgiques : elle était fixe, intermillente, et principalement ressentie vers le soir, sous l’in- fluence de dispositions morales tristes, ou lors- qu’elle travaillait assise et long-temps. Dans ce der- nier cas, cette douleur devenait insupportable, et ne cessait qu'avec les occupations qui l’avaient agsravée. Le Magnétisme fut suspendu pendant quatre mois; des moyens antiphlogistiques et antispasmodiques furent employés ; mais sans succès. » Le 25 avril 1834, je mets mademoiselle Ju- liette en somnambulisme; à peine est-elle endor- mie , que la douleur de côté se manifeste aussitôt. Elle s’exaspère d’abord au. contact de ma main, se déplace ensuite pour céder à une nouvelle im- position aidée d’une volonté énergique, et dis- paraît enfin complétement. Devenue assez calme, mademoiselle Juliette me recommande de la ma- gnétiser d’une manière suivie, m’assurant qu’elle sera ainsi guérie en peu de jours; elle ne peut m’em préciser le nombre ; toutefois elle guérit prompte- ment comme elle l’avait prévu. Je lui présente à une grande distance, derrière elle, ma montre enfermée dans ma main : elle la reconnaît; mais elle se trompe de dix minutes sur l’heure , et, par une coïncidence assez singulière , elle indique pré- cisément celle marquée par la montre d’une per- sonne qui venait d'entrer. Je lui adressai ensuite plusieurs questions : Pourriez-vous me dire ce que je pense maintenant ? Sa réponse fut d’abord négative; jinsistai : Pourquoi, reprit-elle, de- mander des choses inutiles et si difficiles? Elle consentit cependant à essayer : elle appliqua la main contre son front, parut se recueillir, et, après plus de cinq minutes derrecherches pénibles el au milieu d’interpellations fréquentes de ma part, elle me dit : Vous voulez vous lever, vous placer derrière le lit de ma tante, là...., près de la porte ( en la désignant du doigt }, et poser vos mains sur les rideaux. C'était exactement ma pen- sée ; c'était une idée prise au hasard, que rien certainement ne pouvait moliver à ses yeux. » Le 19 octobre, je magnétise mademoiselle Ju- liette chez M. Hamard. Lorsqu'elle est endormie, plusieurs personnes, qui jusqu'à ce moment étaient demcurées dans une chambre voisine, en- trent successivement et sans bruit ; mademoiselle Juliette les reconnaît , indique exactement la po- sition de chacune, en les montrant du doigt. On lui adresse plusieurs questions ; elle y répond d’a- bord suivant sa coutume. Je lui ordonne mentale- ment de ne plus entendre, et c’est en vain que de toutes parts on Jl’interroge à très-haute voix et à plusieurs reprises, elle ne répond qu’à moi, et m'assure n'avoir rien entendu. Je lui fais ensuite, et toujours mentalement, l’injonction contraire ; et, dès qu’on lui parle, elle répond aussitôt. Je répète cette expérience de la même manière, et avec le même succès. Enfin, j’engage quelqu'un à l’interroger vivement et à quelque intervalle , et tantôt elle lui répond , tan!ôt elle garde le silence, toujours conformément à ma volonté. l » Le lendemain, elle est beaucoup plus calme ; elle me rappelle tous les incidens dont je viens de parler ; elle me dit qu’elle avait élé beaucoup agi- tée, qu’Elisa pleurait, qu’elle me priait de la dé- magnétiser ; toulelois ce ne fut qu'après de lon- gues recherches qu’elle parvint à préciser ces deux dernières circonstances. N’en avait-elle point eu conscieuce la veille? ne les connaissait-elle au- jourd’hui que par une sorle de rélrovision ? cela me paraît probable ; je ne prétends point l’aflirmer. Elle dormait depuis près d’un quart d'heure, cau- sant tranquillement avec moi, lorsque tout à coup je ressens dans le pied une douleur vive et insolite; je ne fis aucun mouvement, mais je m'écriai en m’adressant à elle et en y mettant beaucoup d’af- fectation : Gomme je souffre maintenant | dites- moi donc où j'ai mal? — de le sais.., répondit- elle aussitôt. Attendez. Elle paraît chercher pen- - MAGN 575 MAGN I ‘dant quelques secondes, et dit sans hésitation : C’est au pied. Je m’éloigne alors , et, lui tournant le dos à l’autre extrémité de la chambre, je prends avec précaution, et en évitant bien de les faire résonner l’une contre l’autre, deux pièces de mon- naic que je mets dans ma main sans les regarder; m'approchant alors de mademoiselle Juliette : Où est ma main?lui dis-je, en la tenant à une grande distance derrière elle. — Derrière moi. — Est-elle onverte on fermée ? — Elle est fer- mée. — Que contient-elle ? — Attendez, je ne vois pas encore très-bien. ( Elle cherche pendant quelque temps. ) Je sais bien la couleur; c’est quelque chose de blanc. — Qu'est-ce donc ? — Ce n'est pas grand, c'est petit. — Mais encore ? — C’est rond. — Qu'est-ce donc ? qu’en fait-on ? — ( Avec un air d’impatience. } Mon Dieu, je lesais bien , mais je ne puis pas en trouver le nom, — Cherchez. — Ah! oui, c’est de l'argent. — En êtes-vous bien sûre ? — Oui, j'en suis bien sûre , c’est de Pargent. — Ce sont donc des pièces de monnaie ? — Oui. — Combien yen at-1l? — Il y en a deux. — Sont-elles de la même grandeur ? — Il yen a une grande et une petite. — De com- bien est la petite? — De vingt sous. — Et la grande? — Je ne la vois pas bien maintenant. ( Après quelques momens de recherche.) Ah ! oui , elle est beaucoup plus grande, beaucoup plus grosse : elle est de cinq francs. — Quelle en est l'efligie? — Vous me fatiquez beaucoup. ( De vi- yes douleurs la tourmentaient en effet pendant le cours de ces recherches, el me forçaient quelque- fois de suspendre mes questions. } — Quelle est donc l'effigie de la plus grosse pièce ? — Je la vois assez bien. — Quelle est elle? — Attendez... Ge n’est pas celle d’un ancien roi..…., non, c'est lefligie de celui qui règne maintenant. — De qui donc ? — Eh bien , vous savez, de celui qui règne maintenant. ( Elle ne parvint pas à en trouver le nom. ) — Quelle est à présent l'effigie de la plus pelite pièce? — Vous me fatiguez trop, je ne la vois plus bien. — Est-ce la même que celle de Yautre? — Non. — Quelle est-elle donc? — Je ne la vois pas assez bien , je suis trop fatiguée , je souffre: — Est-ce celle de Charles X , ou de Na- poléon? — Je crois que c'est celle de Charles X. Elle se trompa sur ce point; la pièce était à l'effi- gie de Napoléon. Le reste élait parfaitement exact. » Nous avons expliqué ce qne c'était que le Ma- gnétisme , et nous avons dit que la définition adop- iée aujonrd’hui ne pouvait être applicable à celle qu’on lui donnait autrefois ; nous avons, par l’his- toire de cette découverte, et en rapportant les phases qu’elle a parcourues , fait connaître les vi- cissitudes de ces définitions. Nous avons résumé les principaux argumens présentés par ses parlisans comme nous avons indiqué les objections les plus fortes de ses adversaires. Nous avons laissé de côté, à dessein, tous les détails de cette longue guerre , parce qu’en tombant dans de minulieuses explica- tions, la question en devient plus obscure; nous avons enfin rapporté un exemple qui ressemble à un grand nombre de ceux qu'on a reproduits : ce sont là, nous le pensons, des pièces suffisantes pour juger ce procès. Mais nous le répétons , nous en abandonnons le jugement à nos lecteurs. Les expériences dont nous avons été témoins nous ont étonné sans nous convaincre que le Magnétisme fût autre chose que le résultat d’une vive impres- sion faite sur l’imaginalion des patiens , et en tout analogue à ceux que produisent toutes les émotions vives, toutes les passions. Gomme moyen curalif, nous sommes loin de nier qu’il ne puisse produire de favorables résultats dans certaines affections nerveuses. qui changent de nature ou disparais- sent lorsqu'on modifie l'irritation existante, mais nous croyons aussi que la perturbation que les pratiques magnétiques doivent jeter dans l’en- semble du système nerveux , peut avoir sou- vent des suites fâcheuses , et est par conséquent dangereuse. Le temps, les nombreuses expérien- ces auxquelles se livrent ceux qui voient dans le Magnétisme une grande puissance curative, ne peuvent manquer de détruire les préventions fa- vorables ou opposées à cette doctrine. (P. G.) MAGNIFIQUE. (ors.) On donne ce nom à une espèce du genre Paradis, à un Colibri et à un Pi- geon de la Nouvelle Hollande. (Gu£n.) MAGNOLIACÉES , Magnoliaccæ, (mor. PHAN. ) Famille de plantes dicotylédonées , ayant pour type le genre Magnolier dont nous allons parler ; elle est composée d’arbres très-élevés, et de grands arbustes élégans , tous limités à l'Amérique sep tentrionale , et entre le vingtièmeet le quarantième degré de latitude nord, sur le continent oriental de l'Asie; mais tous s’accommodent assez volon- tiers dans nos jardins d'ornement, à l'exception des genres répandus sur le sol de l'Amérique du sud et sur celui de la Nouvelle-Hollande, qui se soumettent moins facilement à nos cultures. Ils sont munis de feuilles alternes , simples, envelop- pées d’abord comme celles des Figuiers, dans les contours de deux grandes stipules foliacées, ca- duques , qui laissent après leur chute une impres- sion circulaire sur Jerameau qu'elles terminaient, Des fleurs d’un diamètre de seize à quarante cen- timètres les décorent plus ou moins de temps , elles se font en outre remarquer par leur beauté, leurs couleurs pures et les parfums qu’elles exha- lent : elles sont un des plus nobles présens que lhorticulture européenne ait recus des régions éloignées, si riches en beautés vévétales. Les autres caractères de la famille des Magno- liacées sont : un calice quelquefois entièrement enfermé dans le bouton, qu’il rompt au moment de l'épanouissement, et composé de trois, rare- ment de six pièces arrondies , concaves, qui Lom- bent bientôt ; le nombre des pétales est de trois , six, ou neuf, qui va toujours croissant trois par trois jusqu'à trente; ils sont disposés sur plusieurs rangées et sont caducs aussi bien que les sépa- les da calice; étamines nombreuses, portées sur des filets distincts , généralement planes, et ter- minés par des anthères à deux loges, immobiles et appliquées contre leur sommet ; pistil composé de re MAGN 574 MAGN plusieurs ovaires assis sur un réceptacle commun, munis chacun d’un style court, d’un stigmate simple , et donnant naissance à autant de baies ou capsules uniloculaires mono ou polyspermes. Deux tribus partagent la famille des Magnolia- cées; l’une, dite des Izzicrées , renferme les gen- mannia de Robert Brown; l’autre, dite des Maano- zibes, contient les genres Liriodendron, Magno: liaet Michelia de Linné, Hayna d'Aublet, et Ta- lauma de Jussieu. Cette belle famille est voisine des Renoncula- cées. (F.». B.) était dans la pensée du législateur de la botanique moderne d’attacher aux divers rameaux de l’ar- bre scientifique les noms et les titres des grands botanistes, afin de rendre les uns et les autres fa- miliers aux vrais amis de l'humanité, de l’étude et des plaisirs doux. En créant la botanique ac- tuelle, il a donc profité de leurs travaux, et pour le témoigner il en a rappelé l’utile souvenir dans sa docte nomenclature. À Pierre Magnol, qui le premier rangea les plantes par familles et déclara que, pour rapprocher les espèces, il ne faut point s’arrêter à un caractère isolé, mais bien faire coin- cider ensemble toutes les parties; car, disait-il, les espèces s’enchaînent plutôt qu'elles ne se grou- pent ; au célèbre professeur de Montpellier , dis-je, Linné a consacré un genre qui renferme les plus beaux végétaux étrangers que l’on ait introduits dans nos cultures d'agrément. Les Azalées de la Caroline, les Dahlias du Mexique, les Ghrysan- thèmes de la Chine, les Rosages, les Kalmies et nos Rosiers odorans pâlissent, semblent fléchir leurs disques brillans quand s’épanouissent les fleurs géantes , quand se montrent les coupes ar- gentées des Magnoliers sur lesqueiles se jouent le jaune doré, le plus beau bleu d'azur ou la pourpre somplueuse. ; Ces arbres superbes de l'Amérique et de la Chine portent réellement de très-grandes fleurs et forment un genre des plus intéressans. Ils sont en- core chez nous réduits à l’état de grands arbris- seaux, mais en s’acclimatant ils gagneront la hau- teur qu’ils ont dans leur patrie. On en connaît une quinzaine d'espèces , toutes remarquables par un port élégant et majestueux, par des corolles:soli- taires aux pétales tantôt pendans, tantôt redres- sés, par un feuillage du plus joli vert qui persiste toute l’année chez quelques espèces , et; qui , chez les autres, tombe aux approches de l'hiver, par l'odeur agréable qu’exhalent les fleurs et le bois, par l'effet pittoresque que ces végétaux produisent quand ils sont habilement distribués dans nos jar- dins-paysagers. On les multiplie de graines ; les individus encore peu faits à nos hivers rigoureux demandent à être propagés au moyen des mar- cottes, qui s'enracinent facilement, et peuvent être plantées à demeure. ou en pépinière quinze ou dix-huit mois après avoir été. levées. Gepen- dant je préfère recourir aux semences que l’on se procure dans leur pays natal ; elles réussissent | très-bien etse naturalisent promptement. On réus- | sit parfois à obtenir les Magnoliers de boutures. Toutes les espèces d'Amérique sont de pleine | terre et se sont répandues très-volontiers ; une seule se montre quelquefois récalcitrante , surtout | dans le climat de Paris et au dessus ; on éprouve res llicium de Linné, Drymis de Forster, et T'has- | plus de difficaltés pour celles originaires de l'Asie orientale et du Japon, mais l'industrie saura les surmonter et la conquête des Magnoliers sera bien- tôt complétement assurée. Afin de jeter dans la nomenclature un nom nouveau, l’on a proposé de distribuer le genre en | deux sections ; l’une, à laqueïle on yeutbien conser- MAGNOLIER, Magnolia, L. (ror. Pnan.) Il | ver lenomde /#fagnolia, renferme les espèces amé- ricaines, lesquelles ont une seule stipule ou bractée recouvrant le bouton, les ovaires rapprochés , et les anthères extrorses ; l’autre, appelée Gwillimia, est réservée aux espèces asiatiques fort mal con- nues, ayant deux bractées opposées recouvrant entièrement le bouton; les pistils sont éloignés les uns des autres, et les anthères sont introrses. Le temps nous apprendra si cette coupe mérite quelque attention. Quand Linné créa le genre, on ne connaissait que quatre espèces de Magnoliers, provenant dæ continent américain ; depuis on en a découvert deux autres dans la même région, ét quatre à la Chine et au Japon habitant ies mêmes parallèles que cellés de Amérique septentrionale. Ge genre à des caractères tranchés qui le font aisément dis- tinguer : il est bon de les citer. Le calice est à {rois folioles ; les étamines portant des anthères lon- gues, unies aux filets dans toute leur longueur, et les ovaires, qui sont terminés chacun par un style très-court et un stigmate velu , sont attachés en grand nombre sur un axe ou réceptacle cen- tral allongé; les capsules, uniloculaires, mono— spermes et bivalves, forment un cône très-serré ; les graines , qui sont extrêmement amères , et gé- néralement regardées comme un poison pour les oiseaux, quoique l’on assure que les Perroquets les mangent, sont enveloppées d’une arille char- nue et demeurent suspendues à un cordon ombi- lical après l'ouverture des capsules. La disposi- tion et la forme des bourgeons sont également re- | marquables. Les bourgeons terminent les rameaux comme chez les Figuiers; lorsqu'ils se dévelop- pent, ils offrent à chaque feuille deux stipules réunies en forme de corne qui recouvrent toutes. les productions intérieures. Dans une espèce, le Magnolia grandiflora, ces stipules sont.attachées tout autonr du rameau , presque sans faire corps avec le pétiole de la feuille; dans toutes les autres espèces, elles sont attachées tout autour du ra- meau, jusqu’à la base da pétiole, et font corps avec Jui, chacune de son côté, jusqu'à une cer- taine hauteur. Cette remarque prouve déjà con- tre la division proposée; mais si l’on voulait la conserver, il faudrait l’établir sur un caractère plus constant, tel serait celui de la longueur de la cicatrice que les stipules laissent sur le pétiole lorsqu'elles tombent ; elle est différente dans les deux sortes de coupes indiquées. MAGN 1575 MAGN Le bois de toutes les espèces de Magnoliers est aromatique, mais dans une seule, le Magnolia acumirata , ilest dur, d’un beau grain, couleur d'orange ; aussi s’en sert-on aux États-Unis pour divers ouvrages d’ébénisterie et de menuiserie. L'écorce d’une autre, le Magnolia glauca , s'em- ploie, réduite en poudre, contre les fièvres ; elle est connue dans le commerce sous le nom de Quin- quina de Virginie. Parlons maintenant des principales espèces. La première de toutes, pour l'élévaiion et la beauté, le MAcNOLiER À GRANDES FLEURS, M. grandiflora, est garni de feuilles grandes , persistantes, fermes et coriaces , offrant à leur surface inférieure, lors- qu'elles sont jeunes , un duvet couleur de rouille. Il acquiert la grandeur de notre Noyer, Juglans c les élytres très-molles recouvrent entièrement l’abdomen ; l’extrémité des élytres offre dans l’un des sexes un appendice en forme d’épine qui per- met à l’autre sexe de le saisir quand il le poursuit ; mais ce que ces insectes offrent de plus singulier, ce sont des vésicules d’un rouge vif qu’ils font sortir des côtés du corselet et de l’abdomen, quand on les saisit; ces vésicules, que quelques auteurs ont appelés cocardes, sont à trois lobes, l’insecte les fait sortir et rentrer à volonté ; esl-ce un moyen de défense ? on peut le présumer ; mais on ne sait rien de cerlain à cet égard ; on a essayé de couper ces vésicules à quelques individus, ils n’ont pas paru souffrir de cette opération et ont été ensuite aussi agiles qu'auparavant. Ce genre est très-nombreux en espèces, nous en citerons quelques unes de notre pays. M. RONZÉE, 2 EP |. + Re ARR ie PE . ‘in M. snonzé, M. œneus, Linn. Long de 5 li- gnes, vert bronzé; élytres rouges avec une lon- gue bande triangulaire sur les deux tiers de la su- ture verte, une tache rouge de chaque côté du corselet ; partie. de la tête en avant des antennes, et ue des trois premiers segmens de celles- -ci, jaunâtres; antennes ao Des environs de Paris. M. roue. AL. rufus, Fab. Long de 56 lignes, vert bronzé ; élytres et corselet rouges , une grande ta- che bronzée sur ce dernier ; antennes noires ; tête en avant des antennes jaunâtre, extrémité des mandibules et des palpes noire ; extrémité des ti- bias et tarses antérieurs fauve. Dé la France mé- ridonale. HEM. a fneux ‘racues , M. bipustulatus, Olivier Long de 3 lignes, vert bronzé avec une tache san- guine À rénté des élyires ; la partie de la tête avant les antennes et les palpes eulièrement noirs , le dessous des quatre premiers arlicles des antennes est.jaune, le reste est noir. Commun dans toute la France. M. rascié, M. fasciatus, O1. Long d’une ligne et demie, noir, avec le corseletédanhiies et [a télerert bronzé ; deux larges bandes transverses rouges sur les élytres ; “as antennes et les pattes, excepté ! la base des fémurs, sont fauves. Moins commun que l'espèce précédente. (4. P.) MALACHITE. (win. ) On nomme ainsi le carbo- nate vert de cuivre. G’est un composé de 18 à 20 parties d'acide carbonique, de 71 à 72 de deutoxide de cuivre et de 8 à 10 d’eau. Gette substance d’un beau vert crislallise en prismes droits rhomboïdaux. Elle raie le calcaire et est rayée par la fluorine; elle donne de l’eau par cal- cination ; sa solution précipite du cuivre sur une lame de fr. La Malachite cristallisée est assez rare dans la pature: ellese trouve plus communément en masses concrétionnées, en groupes aciculaires qui ont tout-à-fait l'aspect de la soie, ou bien en petites masses compactes ou terreuses. La Malachite concrétionnée présente des zones de diverses nuances d’un beau vert qui se fondent graduellement l’une dans l’autre, et se dessinent de la manière la plus agréable par le poli velouté qu'elle recoit. Ces qualités la font rechercher pour en fabriquer des objets d’ ornement ; malheureuse- ment on ne peut l'avoir qu'en masses d’un pelit volume qui, par leur structure concrélionnée , présentent des vides : ce qui oblige à scier cette substance et à l'employer en placage comme les objets en marqueterie. En employant ainsi la Ma- lachite, on en fuit des meubles d’un grand prix. On peut prendre une idée de l'effet que produit cette substance ainsi travaillée, en examinant plu- sieurs meubles et surtout une coupe de plusieurs pieds de diamètre, qui furent envoyés en présent par l’empereur de Russie Alexandre à Napoléon : ils ornent un des salons du palais du grand Trianon, près de Versailles. On cite quelques exemples de masses de Mala- chile d’un volume assez considérable : ainsi le Toue V, 998 &19° Livraison. 79 MALA docteur Guthrie, à Saint- Are MTS érenss din: Dont dalsiE || dédiée Gel Pelé terchénr sen possédé , en possédait une de 52 pouces de longueur sur 17 de lar- geur et 2 d'épaisseur, et qui était estimée à 20,000 francs. Le musée du corps des mines à Saint-Pétersbourg renferme une masse du poids de 1440 kilogrammes , et qui provient des mines de Fourchàninaff Jusque dans ces derniers temps, cette masse était citée comme un exemple unique du volume que peut atteindre la Malachite ; mais en 1835, par une note de M. de Humboldé lue à Académie des sciences de l’Institut , une masse plus considérable encore a été signalée au monde sa- vant. Elle a été trouvée dans les mines que possèdent MM. Paul et Anatole Demiduff, aux pieds des monts Ourals , à Nijnei- Taguilsk, à la profondeur de 216 pieds. On n’en ui point encore exac- tement les dimensions, parce qu ‘elle n’est point complétement dégagée de son gisement ; mais ses plus petites ne sont lei suivantes : lon- gueur 5,29 mètres, largeur 2 ,45 mètres, hauteur 2,80 mètres : ce qui fait; jager qué son poids peut être d'environ 5,600 kilngrammes au moins. La Malachite se trouve “ep les monts Ourals, comme nous venons de le voir, ainsi que dans d’autres montagnes de la Sibérie. On en trouve aussi, mais en moins grande quantité et d’une qualité moins belle, en ‘Hongri ie, en Bohême, en Saxe , en Angleterre AT Élle paraît appartenir aux terrains none (J. H.) MALACODERMES , Malacodermi. (ixs.) Nom donné par Latreille à une division établie dans la famille des Serricornes, avec toutes les espèces qui ont les élytres molles ; tels sont les Lampyre, Lycus, Cébrionites, etc. (A. P.) MALACOLITHE ou MALAKOLITE, (min. ) Nom que l’on donne à une espèce du sous-genre Pyroxène que l’on nomme aussi Diopsine (voyez ce mot). (d. H.) MALACOLOGIE, Aalacologia. (2001) Les Mollusques , appelés aussi Malacozoa ou Mollusca, forment un des quatre types dans lesquels les na- turalistes modernes partagent les animaux ;'et la science qui traite de leur organisation, de leurs mœurs , de leur répartition à la surface du globe, ainsi que de leur classification , a recu le nom de Malacologie. Cette dénomination est une abrévia- tion de Malacozoologie qui signifie Traité des ani- maux mous ou mollusques ; vêlle a été proposée par M. de Blainville, et est aujourd’hui générale- ment adoptée, une il est assez die de trai- ter séparément des Mollusques et de la Malacolo- gie, nous renvoyons, pour ce qui les concerne “he les deux, à l’article Mozzusques de ce Dic- lionnaire. (Gerv.) MALACOPODES. ( zoou. ) M. de Blainville, qui distribue les animaux articulés ( Entomozoaires ) en classes, d’après la considération de leurs ap- pendices oo a donné le nom de Mala- copodes, c’est-à-dire pieds mous, à ceux de ces animaux qui ont sur les côtés du corps des mame- lons subarticulés au moyen desquels ils se meu- vent. Ces animaux semblent lier entre eux les My- riapodes, qui ont les pieds nombreux, mais mani- a i so MALA féstement articulés , et les Annélidos à soies (Ché- topodes, Blainv. }, chez lesquels ces appendices sont'en forme de soïes non articulées. On ne con-: naît parmi les Malacopodes qu’on seul xenre, ce- lui des Péripates, dans lequel se rapportént deux espèces seulement: Peripatus iuliformis, Guilding, Zool. journ., tom. IV, espèce de la Guiane et des îles Ca- raibes. Peripatus brevis, Blainville, du cap de Bonne- LE Mn M. Guilding, qui a établi le enre Péripate, en avait fait un groupe de Mollasques ; MM. Audouin et Mine Edwards le rapprochent, Aie que le fait M: de Blamville, des Annélides ; mais ils le placent dans une famille particulière de celte classe d’ani- maux, Voyez, pour plus de détails sur les carac- tères et sur les espèces qu’on y rapporte, l’article P£rpaTe de ce Dictionnaire. (Gerv.) MALACOPTÉRYGIENS. ( rorss. } Artedi, qui ne une classification de la classe des poissons, a proposé le nom de Malacoptérygiens, c'est-à- dire nageoires molles, pour désigner un groupe de poissons à squelette osseux , dont tous les rayons des nagcoires sont mous , à l’exception cependant du premier et quelquefois du second, qui sont épi- neux: réservant au contraire le nom d'Acantho- ptérygiens pour ceux dont les rayons sont épineux; uvier , qui adopta cette division , la partagea en trois ordres d’après la disposition des ventrales. Aux Malacoptérygiens appartiennent les ordres suivans : les ABDOMINAUX, caractérisés par des na- geoires ventrales suspendues sous l’abdomen ; les Apopes , qui sont dépourvus de nageoires ventra- les, et enfin les SuBBRACHIENS, ainsi nommés à cause de la position que les nageoires occupent, c'est-à-dire qu’elles sont’ situées sous les organes de la respiration, ou, en d’autres termes, sous les branchies. (Azrx. G.) MALACOSTRACÉS, Malacostracea. ( crusr. ) Latreille, d’ après Leach , désignait ainsi, dans ses ouvrages antérieurs au Règne animal par CGuvier, et forgé sous ce nom un edf de Crustacés cor- respondant au genre Cancer de Linné, et il don- nait le nom d’Æntomostracés aux Crustacés qui forment aujourd’hui les ordres des Laphyropodes et des Phyllopodes. Dans le Règne animal et dans les Familles naturelles du Règne animal, ce célè- bre entomologiste n’a plus partagé les Crustacés en Entomostracés et Malacostracés, et ceux qui formaient ((Gever. Crust. et Insect. ) ce dernier ordre , ou ceite légion, ont été divisés en cinq ordres, qui sont les Décapodes, Stomapodes, Lœ- mod ipodes , Amphipodes et Isopodes. (H: L:) MALACOZOAIRES , Malacozoa. (2001. ) M. de Blainville donne, dans son Système de nomencla- ture , le nom de Malacozoaires, en latin Malaco- zoa ( qui signifie animaux: mous, palace , mou , cäov, animal ), au type des animaux que l’on appelle ordinairement Mollusques , et la science qui ras- semble lesanatériaux de leur histoire est la Mala- cozoologie, ou, par abréviation , la Malacologie. (GEnv.). 594 MALA MALADIES. ( vnvs. et wen, ). Les Maladies sont leipartage de tous les êtres: l'homme , les animaux et les plantes sont condamnés à payer un funeste tribut à la douleur. Getie situation pénible est l'effet d’une altération dans l’ordre régulier des fonctions vitales ; elle résulte aussi d'habitudes nées d’une forme vicieuse de la société , imposées par Ja violence, maintenues par la routine, et dontlafâcheuse inflaence s’estétendue de l’homme, d'une part, sur les animauxassociés à son exis- tence actuelle, de l’autre, sur les végétaux qu'il oblige à une culture plus ou moins big raisonnée. De la sorte , outre les maladies inséparables de la vie, nous en avons appelé que ni les uns ni les autres n’auraient connues dans l’état de na- ture. Fred fl Quoique depuis de longs siècles on it voulu rattacher aux mêmes lois l'examen des maladies particulières aux animaux et celles qui affectent les végétaux , l’analogie n’existe réellement pas ; atissi , pour préciser ce que nous avons à dire, al- lons-nous tirer deux lignes distinctes. La première est destinée aux animaux domestiques ; la seconde comprendra les plantes. S'il y à quelques points de contact Fe chacun sera à même de jes saisir: S I. Marais Des animaux, — Tâchons de tra- cer ici la marche à suivre dans l’eximen des Ma- ladies, afin de forcer les yeux jusqu'aujourd’hui peu ou point exercés à apprécier tout ce qui dé- nonce d’une manière cerlaine Ja lésion des parties ou le désordre des fonctions , afin de les habituer à découvrir le vice matériel qui détermine et en- iretient l’état de douleur, à remonter aux causes! qui l'ont produit, et à déduire dés faits observés les moyens de prévenir un plus grand mal, d’ar- rêter ses progrès et de guérir radicalement. Ges sortes d’investisations sont de la plas haute im- portance dans un établissement rural. Mais un premier point que je regarde comme base essen- tielle de tout succès ; c’est de repousser les médi- castres et de ne pas céder à leurs prédictions , à leurs insinuations toujours perfides ; c’est de se- couer le jorx de la superstition et de se convain- cre que la sécurité , sous l'empire de iiquelle nous enchaînent et les-préjugés et les amulettes prônées par le charlatanisme, est plus désastrénse pour nos-bestiaux que la contagion la plus rapide et la plus cruelle. En traitant de l'Hycrbne vÉTÉRINAIRE ( voy. ce mot, page 90 de ce volume }, j'ai dit à quels si- gnes on pouvait reconnaître une altération dans la vie animale, et ce que, dans l'intérêt de l’être souffrant et de son propriétaire, l’on doit fäire pour y porter remède en attendant l’arrivée du médecin vélérinaire. Indiqnons maintenant les causes très-multipliées qui peuvent solliciter cette altération. Je les rapporte à quatre catégories gé- nérales. Elles sont particulières à l'mdividu quand elles proviennent d’un vice dans la conformation du corps, ou dans le développement des facultés physiques et instmctives. Elles sont éloignées, quand elles agissent pendant un temps plus ou moins long sans produire d° effet positivement per- eee S :MALA 599 MALA ceptible. On les désigne sous le nom d’acciden- telles quand, parmi les animaux également placés sous leur influence, ilenest sur lesquels son action est impuissanie. Il faut un tact bien exercé pour saisir les causes de ces trois premières catégories. Il n’en est pas de même de la dernière , dont les causes permanentes résultent , savoir : 1° de l’inac- tion trop prolongée, d'un excès de travail, et, ce qui est plus affreux encore , de mauvais traitemens; 2° d’alimens mal choisis, administrés en abon- dance, ou bien en quantité insuflisante, couverts de rosée ou de terre, détériorés par la pluie ou la gelée, par un trop long séjour sur les greniers, récoltés nouvellement , ou dont le grain a germé durant le javelaue ; 3° d’eau lourde, crue, puante, chargée de graviers, ou provenant de marécages, donnée en boisson , en lotions ou en bâins : 4° des vicissitudes atmosphériques passant subitement d'un excès à l’autre ; 5° d’une atmosphère viciée, soit parce qu’on ne fournit pas à la respiration un volume d'air proportionné au nombre des animaux et aux besoins de chaque individu en particulier ; soit parce qu'il y a trop de bêtes réunies dans un même local, que l’on n’y entretient pas la pro- preté , l’ordre, un courant d’air suffisant ; soit, en- fin , parce que le sol et les murs sont imprégnés d'humidité; 6° de la présence d'insectes qui tour mentent sans cesse l'animal, ou bien à l’action de plantes vénéneuses avalées dans les pâturages, etc. Da moment que l’on a découvert la cause réelle d’une Maladie quelconque, on doit d’abord administrer les premiers secours ; ensuite il faut détruire ou combattre la cause par les moyens mêmes qu'elleindique. Méfiez-vous surtout du son qui est dépouillé de farine , qui ne blanchit même pas l’eau dans laquelle on le jette, et qui ressem- ble à de la sciure de bois : en cet état, il relâche d’une manière très-sensible, 1l est inattaquable -par les sucs digestifs, et loin de nourrir, il charge inutilement l'estomac. Il fait donc plus de mal que de bien. - Après avoir fait connaître les causes des Mala- dies , cherchons maintenant à les individualiser , afin d’en mieux saisir les différens aspects. Les Maladies sont générales , quand elles affec- îent à la fois tout le système organique d’un indi- widu : locales , lorsqu'elles sont limitées à telle ou telle partie ; enzootiques , si elles sont particulières à certaines races; sporadiques , une fois qu’elles attaquent en différens temps dessujets,tantôt d’une espèce, tantôt d’une autre; épizootiques, frap- pant tout à coup'et sans distinction de sexe , d'âge , et même de race, un grand nombre d'individus , dans une même contrée; contagieuses, se propa- geant d’un individu àun autre, ou par le contact immédiat, ou par des particules subtiles qui sont transportées à l’aide des corps étrangers ou bien à l’aide des vents. Chacune de ces sortes de Ma- ladies a des caractères qui lui sont propres , d’au- tres qui lui sont communs avec d’autres. Ces ca- ractères peuvent être modifiés ou singulièrement aggravés par les causes que j'ai signalées ; tous demandent l'œil exercé du praticien; c’est à Jui qu’il faut recourir pour en arrêter le développe- ment et couper cours à leurs ravages. Cependant , consignons ici quelques notions sur chacune des quatre dernières espèces. Les” Mala- dies enzootiques sont stationnaires et presque Lou- jours bilieuses ; elles tirent leur origine d’un ré- gime vicieux, d’une nourriture ou d’une boisson malsaine, de la stagnation de l'air ou des éma- palions de gaz délétères, principalement des ef- fluyes des marais. Les Maladies sporadiques se présentent assez généralement avec des circon- stances particulières et prennent naissance dans la constitution actuelle et intempestive de l’atmo- sphère : elles cessent d’ordinaire avec le change- ment de temps. Les Maladies épizooliques , sous l’action desquelles les fonctions digestives et sur- tout les lésions des organes paraissent jouer un très-grand rôle , sont la suite des inondations ou des pluies qui ont altéré la qualité des foins , de la paille et des autres substances alimentaires sèches ou fraîches. Dues-aux sécheresses prolongées qui produisent positivement les mêmes effets, mais en sens contraire , à la multiplication outre mesure de certaines plantes nuisibles dans les pâturages , à l'absence ou bien à l’altération des eaux servant à abreuver lés bestiaux, elles attaquent indistinc- tement les mammifères et les volailles de toutes les sortes ; mais, semblables aux rentes viagères , les individus atteints ne peuvent les transmettre à qui que ce soit, Eloignez-vous à temps du foyer de l'infection , et vous échappez à son influence. En- fin, les Maladies essentiellement contagieuses ont la funeste propriété de se communiquer d’un indi- vidu affecté à un individu sain, du moment qu'il y a contact médiat où immédiat; elles attaquent les sources de la vie avec la rapidité la plus ef- frayante; leur véhicule est un certain levain pes- tilentiel qui propage les miasmes délétères et les alimente avec une désespérante activité. De ce genre sont la gale, la rage, la clavelée, la morve, le farcin , les ulcères, etc. De ces généralités, descendons à quelques par- ticularités. On appelle : MazD’Axe, les crevasses qui se forment autour de la couronne du sabot chez le Cheval, le Mulet et le plus souvent chez l’Ane ; elles leur causent une grande démangeaison. Mazanie DE Bois ou de brout, l'affection des animaux qui vont, au printemps, pâturer dans les forêts et y mangent les feuilles nouvelles et les jeunes pousses des arbres et arbrisseaux ; Mac pe Cerr, le spasme ou crispation de nerfs qui se manileste dans plusieurs parties du corps du Cheval ; quelquefois il est général. Gette maladie est produite par l'irritation du genre nerveux ou par la blessure d’un tendon. Maxrapre pes CHrens, maladie très-commune , très-meurtrière, quiparaît avoir élé apportée d’An- leterre en France vers la fin de 1755; du moins elle n’a été observée avec soin qu’en cette année ; elle attaque les Chiens durant leur jeunesse , ceux qui luiéchappent à cet âge n’en sont point atteints ; De MALA 596 MALA elle se déclare dans toutes les saisons , particuliè- rement au printemps et en été, quand ces deux saisons sont sèches ; elle règne souvent d’une ma- nière épizootique : c’est une fièvre muqueuse sui generis que l’on peut comparer au croup si fatal aux enfans les plus robustes. J’ai vu des chiens ne point succomber à cette maladie, mais perdre à sa suite la finesse de la vue et de l’odorat, deve- nir sourds, tristes, et perdre toute agilité. MaLapie DES corps, expression familière aux bergers des Cévennes et des Pyrénées pour dési- gner une Maladie des Montons et des Chèvres. Elle consiste dans une tension rhumatismale d’une aponévrose du muscle grand peaucier dans son trajet derrière l'extrémité antérieure. Mazapre pu GaroT, provenant d’une blessure occasionée par la selle; elle consiste rarement dans une simple entamure de la peau ou dans une tumeur inflamwatoire ; le plus souvent elle déter- mine une tumeur squirrheuse qui devient énorme avec le temps. Maz pu pre, ou fourchet, tumeur doulou- reuse affectant le bas des jambes du Mouton. Mazanre pu sanG, affection putride des bêtes à laine ; elle est ainsi nommée parce que l’animal perd du sang par la bouche, les naseaux, la vulve, le fondement ou par le canal des urines ; elle est très-prompte dans sa marche, irès-dangereuse, principalement en juin et juillet, règne endé- miquement partout où les prairies manquent , et attaque très-rarement les troupeaux bien nourris et commodément logés. Mar rorr. Dénomination vulgaire du Charbon, qui n’a point de place déterminée sur les animaux. On sait que c’est une tumeur , presque toujours unique, accompagnée d’une douleur vive, d’une chaleur ardente, dont le développement rapide est l'effet de la gangrène. Cette tumeur a, dans son point milieu , une grosse pustule ou plusieurs petites qui sont de couleur noire, d’où lui vient le nom d’Anthrax donné par les Grecs, et de Char- bon par les modernes. Mazanie RÉRÉDITAIRE, est transmise du père et de la mère à leur progéniture par l'acte même de l’accouplement; mais il ne faut point croire, comme on le dit d'ordinaire, que ce triste héri- tage soit inévitable ; il est constant que le jeune animal n’y sera point sujet, à moins d’une prédis- position actuelle ou d’une négligence des gardiens. MALADIE PIQUANTE, particulière aux Pourceaux. Cette Maladie a son siége à l’un des côtés du cou, quelquelois aux deux, entre la jugulaire et la trachée-artère, à quelque distance des parotides, et directement sur les amygdales. Les poils ou soies se hérissent, s’unissent douze à quinze en- semble, forment une sorte de houppe, et détermi- nent des douleurs tellement aiguës, qu’il n’est point rare de voir l'animal périr dans le court es pace de vingt-quatre heures. | Mazanre rouce. Diffère essentiellement de la Maladie du sang , et affecte aussi les bêtes à laine ; c’est même leur maladie la plus habituelle. Elle n’attaque jamais que quelques individus à la fois , soit aux pâturages, soit à la bergerie. Elle est de tous les lieux où les fourrages sont vifs ; elle est aussi fréquente sur les sols légers, cal- caires , sur ceux qui produisent Je sainfoin, qu’elle est rare sur tous les autres sols. Maranre vermineuse. Elle est d’autant plus dan- gereuse qu’elle est assez souvent accompagnée chez le Cheval du tic, des eaux aux jambes , du crapaud , elc. ; chezle Mouton , de la pourriture ; chez le Porc, de coliques , de diarrhtes , d'épilep- sie, elc. ; chez le Ghien, d’un vice scorbutique , de la consompliion, etc., etc. Verrico. Maladie qui attaque et fait périr pres- que tous les Chevaux que l’on excède de travail et qui sont mal nourris ; elle est symptomatique et ne doit pas être confondue avec le Vertige es- sentie]l , où Imflammation des membranes du cer- veau, maladie terrible, presque sans remède, que l’on désigne ordinairement sous la dénomination de A/al de feu. (Dans un article particulier, je m’oc- cuperai des maladies des oiseaux de basse-cour. V'oy. au mot Voraize.) Boerhaave conseille avec raison dene point se per- dre sur ce sujet dans des distinctions minutieuses autant que ridicules, et nous apprend que le grand art consiste plus à prévenir les Maladies qu'à les guérir. Celles des animaux domestiques proviennent presque toutes de la négligence du propriétaire , du mauvais choix qu’il fait de ses agens , de l’i- gnorance et de la mauvaise foi de ces derniers. Ce peu de mots n’a pas besoin de commentaire. . S IT, Mazanies pes vécéraux. — De même que les êtres d’ane échelle plus élevée, les plantes, ainsi que je l’ai dit au commencement de cet article, sont sujettes à plusieurs Maladies ; les unes sont causées par une surabondance ou par le défaut de nourriture , les autres par une séve corrompue ou se distribuant dans les divers organes d’une ma- nière inégale. Les variations intempestives de l’at- mosphère , la présence de certains insectes ou de plantes parasites, la dent des animaux, l’écorce- ment chez diverses espèces d’arbres, l’enlève- ment des feuilles , la foudre , la neige et le givre, le manque d’air, la grêle , les gelées, la mauvaise qualité du sol, les chaleurs excessives , la grande humidité, etc. , etc., sont autant de circonstances plus ou moins graves qui déterminent et entre- tiennent les Maladies des plantes. Le botaniste et le cultivateur sont également intéressés à connaître les altérations que les plan- tes éprouvent : le premier, pour ne point offrir, ainsi que cela se voit, comme des espèces nouvel- les, des végétaux malades, mutilés ou prolifères ; le second pour éviter des accidens plus ou moins graves que ces altérations peuvent provoquer. Précédemment j'ai examiné plusieurs de ces altérations et indiqué les moyens de les prévenir et de les détruire ; on me permettra de renvoyer au tome III de ce Dictionnaire, et d'inviter les lecteurs à y revoir les mots ErGor , p. 08 et 478; Froin (action du), p. 281; FroMENT , p. 287; GE- ée, p. 865 et 564; Géuivure, p. 865; GRamr- nées, p. 478. En traitant plus tard le mot Vécé- | 0 rt MALA 997 MALA TAL, je m'étendrai sur les causes qui souvent dé- terminent des changemens singuliers dans certains organes. Pour le moment, je dirai seulement quel- ques mots sur le blanc mielleux, la brûlure , l’é- tiolement, les panachures et la roulure. Divers arbres fruitiers, entre autres l’Abrico- fier, le Pêcher, le Prunier, sont sujets, dès la fin de juin et durant les mois de juillet, août et sep- tembre, à voir leurs feuilles tomber, leurs boutons à fruit avorler , el jusqu ’à leurs pelits rameaux se couvrir d’une teinte blanchâtre, que les jar- -diniers appellent Lépre et Meunier. Geite substance blanchâtre fait transsuder à travers les pores de l’épiderme une liqueur mielleuse, d’où la maladie a recu le nom de Blanc mielleux. On en ignore la cause; ce que l'on sait, c’est qu’elle fait de grands ravages, et que lout espoir de récolte est pour long-temps perdu, si le mal gagne les parties inférieures. On attribue d'ordinaire auxrayons solaires tra- versant les gouttes de pluie dont les feuilles se trouvent chargées, les taches blanches que l’on remarque sur Î= feuilles des arbres. Sous ce point de vue la Brûlure n’a rien de bien dangereux ; il n’en est pas ainsi lorsque la chaleur du soleil fait, enhiver, fondre trop rapidement la glace et lelgivre qui couvrent les branches et les rameaux des ar- bres, surtout ceux de l’ordre des fruitiers tenus en espaliers; la Brûlure sèche les bourgeons, crevasse et pagarit l'écorce , tout devient noir et se réduit en poussière sous x doigts. Get accident arrive à toutes les expositions, mais plus fréquemment à y ; UE ‘ | f 1 sv 1 uw LS 1} | RER O1 VU LU { 7.4 ! ATOM ANT, Le y) 5, 3 {> YAav NN of / ( V4] | AY AY & JV y | SAVE eu) vf lu ua lv vu] Nu 9, À À } 1 SDS TO A PRET LÉ 16 O4 97 a v AN eV ÿ v 1 | D (#) AC Lens Mamelies ne 2.Masnelles de Didelphe. {4 avec poches 116 sans poches ) LE d'Ormithorynque. / &-oue a l'erterirur. 4 vue à l'intérieur ) 3 = d'Éciudne. joue a Wexterieur. ) he ; : Î . avrotegee par l'areole 3 — de Cetace | Dauphun Ex , : ! 2 | 6 d mamebn decouvert £ * Ê.Cuere de lement vers la fin du siècle dernier ou au com- mencement de celui-ci. Ils se rapportent aux deux genres Echidné et Ornithorhynque ; leur organi- sation présente plusieurs des traits de celle des ‘Ovipares, et on a pensé qu'ils avaient le même mode de génération qu'eux; mais il paraît dé- montré que leurs petits apparaissent vivans au monde extérieur, comme ceux des véritables mam- mifères, et qae leur génération, qui est ovovi- vipare, semble faire le passage de celle des vivipa- res aux ovipares. Meckel a fait connaître, en 1826, et représenter dans son Ornithorhynci paradoxi descriptio anatomica, les Mammelles de l’Ornitho- rhynque, et on a depuis constaté: leur existence chez l'Echidné. Ces organes se présentent, chez les Monotrèmes ou Ornithodelphes, sous la forme de deux amas de cryples ou mieux de cœcums allon- gés, logés entre le peaucier et le muscle grand oblique, et venant aboutir à l'extérieur, par un grand nombre d’orifices arrondis, dans un mame- lon ovale et fort surbaissé, situé de chaque côté du corps vers le milieu de la face inférieure de l’abdomen (pl. 328, fig. 2). Chez l'Echidné (ibid., fig. 5), il n’y a point de mamelon. E. Geoffroy n'a point admis que ces glandes fussent de vé- ritables mamelles; il a pensé qu’elles étaient analozues aux glandes odorifères qui existent sur les flancs des Musaraïgnes. On doit néanmoins faire remarquer qu’elles n’ont pas la même struc- ture; qu'elles sécrètent véritablement du lait, et qu’au lieu d’être plus évidentes chez les mâles que chez les femelles, comme cela se voit pour les glandes des Musaraignes , c’est au contraire chez les femelles qu’elles ont le plus de développe- ment. Ainsi donc tous les mammifères ont des ma- melles, et ces organes présentent des variations que l’on peut employer avec succès dans la clas- sification de ces animaux : nous verrons à l’article Mawmrère quel parti les naturalistes en ont tiré. Quelques naturalistes admettent aussi que chez les Ornithorhynques et les véritables Cétacés, la disposition des tubes sécréteurs du lait permet à ces organes de lancer le lait au dehors sans que le petit suce le mamelon ; c’est une assertion qui n’a point encore été complétement démontrée. Nous avons dit que les mammifères étaient les seuls animaux pourvus des organes mammaires. En effet aucune espèce des autres classes n’en pré- sente de traces, et c'est bien certainement en vain que plusieurs auteurs ont essayé de les retrouver chez les oiseaux. Mais il peut arriver dans quel- ques cas que la mère donne aux petits une nour- riture plus ou moins analogue au lait des mammifè- res; toutefois cette nourriture ne provient pas d’or- ganes spéciaux, Ce phénomène peut être surtout signalé chez les Pigeons, qui dégorgent dans le bec de leurs petits un suc assez analogue au lait, mais qui est un produit de la membrane muqueuse de leur jabot. On ne doit point non plus considé- rer comme un véritable allaitement les rapports que beaucoup d’animaux ovipares conservent avec les produits de leur reproduction. Ces espèces peuvent continuer plus ou moins long-temps à leur prodiguer les soins qu’exige leur faiblesse, mais dans aucun cas il n’y a production de lait. Avant de terminer cet article, nous devons dire quelques mots sur diverses anomalies que présente l'appareil mammaire. Ces anomalies, comme on le pense bien, sont incomparablement plus fré- quentes, ainsi que toules les autres difformités , chez les espèces domestiques que chez celles qui vivent dans les conditions où les a placées la na- ture. L’espèce humaine, modifiée par la civilisa- Lion, rentre dans la catégorie des espèces domes- tiques. Les Mamelles, ordinairement au nombre de deux dans notre espèce, sont quelquefois plus nombreuses chez certains individus; ce vice de conformation est un des plus fréquens. On cite dans les arnales de la science un très-grand nom- bre defemmes et même d'hommes multimammes: le plus souvent, le nombre des Mamelles est porté à trois; deux présentent la position et le volume ordinaires, et la troisième est située sur la ligne médiane un peu plus bas que les deux autres , ou bien au dessous de l’une d’elles à droite ou à gau- che. Lorsque la Mamelle surnuméraire est médiane, elle reste ordinairement peu volumineuse, même pendant l'allaitement ; les Mamelles surnuméraires latérales diffèrent au contraire fort peu des Ma- melles normales et peuvent, comme elles, fournir du lait. Lorsqu'il existe quatre Mamelles, elles sont ordinairement bilatérales et placées comme les Mamelles abdominales des animaux, l’une au dessous de l’autre; cette disposition est moins commune que la précédente, et la présence de cinq Mamelles est plus rare encore. Percy n’en rapporte qu’un seul cas observé par M. Gorre. Ce cas fut présenté par une femme valaque trouvée en l'an VIII parmi les nombreux prisonniers faits à l’armée autrichienne et qui ne tarda pas à périr de froid et de misère. Sur les cinq Mamelles de cette femme, quatre étaient très-saillantes , dispo- sées sur deux rangs, gonflées et pleines de lait ; la cinquième était médiane et située à cinq pouces de l'ombilic; elle n’était pas plus volumineuse que celle d’une fille impubère. On a aussi constaté que des Mamelles surnuméraires pouvaient se pré- senter sur d’autres points du corps; ainsi M. Ro- bert a fait connaître le fait d’une femme multi- mamme de ce genre , laquelle descendait elle-même d’une mère dont les Mamelles étaient plus nom- breuses que d'habitude. Mais chez elle la Mamelle surnuméraire était placée à la partie externe de la cuisse gauche. Jusqu'à la première grossesse celte Mamelle fut prise pour un simple nœvus ; mais à cette époque elle se développa et acquit le volume de la moitié d'un citron ; l'enfant tétait al- jernativement l’une des Mamelles pectorales et celle-ci, qu’on pourrait appeler inguinale. L'augmentation du nombre des Mamelles n’est pas rare non plus chez les animaux domestiques, et l’on peut dire que ceux-ci en ont constamment plus que leurs représentans à l’état sauvage ; mais chez eux il arrive fréquemment que le nombre ne soit pas fixe : Daubenton avait déjà signalé ce fait pour le Chien : le nombre des pelits est ordinai- rement en rapport avec celui des Mamelles et sur- tout avec l'abondance de la nourriture , mais ce rapport est plutôt vrai chez les animaux pris dans l’élat de nature que dans l’espèce humaine ; ainsi il est démontré que, toute proportion gardée, les femmes multimammes ne sont pas plus sujettes à la superfétation que celles qui n’ont que deux ma- melles. Une autre anomalie est celle de la dimi- nution du nombre des Mamelles ; mais celle-ci est plus rare que celle dont nous parlions plus haut, et on le concoit facilement, puisque l'effet de la domesticité est d'augmenter les facultés re- productrices des animaux, et par suile de déve- lopper proportionnellement les organes qui servent à cette fonction. On cite cependant quelques faits de ce genre, et entre autres celui d’une femme qui, privée d’une Mamelle, mit.au monde une fille remarquable par le même défaut de conformation. Levaillant rapporte dans son second Voyage qu’il a observé une femelle d’éléphant qui n’avait éga- lement qu’une seule Mamelle au lieu de deux. Les Mamelles ne sécrètent ordinairement de lait que chez les femelles ; mais il peut arriver aussi que, dans quelques circonstances, celles des mâles prennent un plus grand, accroissement et fournis- sent un véritable lait : ce fait a été signalé plusieurs fois dans l’espèce humaine, chez des individus de races différentes. (GERy.) MAMELONS , Mamillæ. (sor.) Excroissances tubercaleuses qui naissent à la surface d’une plante ou d’un de ses organes. Telles, sont celles qui recouvrent l'espèce de Cactus qui de là a recu l’épithète de mamullaris. Ges Mamelons servent à la multiplier, comme de véritables boutures. Diverses espèces de Champignons ont recu de M. Paulet le nom de Aamelon. (L.) MAMMAIRE, (anar.) De mamma ( mamelle), qui a rapport aux mamelles. On désigne sous. ce nom la glande qui sécrète le lait et qui conslitue la partie la plus importante des mamelles; on donne aussi le même nom à des artères (artère mammaire interne, arlère mammatre externe) qui se distribuent à la face interne eb externe, de la poitrine, aux muscles inlercostaux, et enfin aux mamelles. On désigne aussi de la sorte les veines qui, suivant un trajet analogue à celui des artères marmmaires , vont reporler le sang de ces, mêmes parties dans la veine cave supérieure pour le côté droit et dans la veine sous-clavière, pour le côté gauche. (A. D.) MAMMALOGIE ou MASTOLOGIE. (z001.) Le mammalogiste. est le savant qui s'occupe de l’his- toire naturelle des animaux mammifères ; il exa- mine leurs mœurs, décrit leur organisation interne et externe, recherche les lois de leur répartition géographique, et essaie, en même temps qu'il in- dique les espèces les plus utiles à l’homme et aussi celles qui lui sont nuisibles, de dresser le catalo- gue de toutes celles qui existent présentement à la surface du globe ou qui y vivaient avant que dés causes qu’on n’a pas encore bien appréciées. G14 les en aient fait disparaître. Puis, s’aidant des faits que l’observation lui a. démontrés et des données qu'il s’est acquises par son expérience, le même savant doit chercher à classer les mammifères eux- mêmes, c’est-à-dire à les disposer.en groupes na- turels, qu’il rapproche plus ou moins entre eux se- lon que les espèces qu’il y rassemble sont liées par des affinités plus au moins évidentes. La Mammalogie , subdivisible en divisions aussi nontbreuses que les divers points de vue sous les- quels elle peut être envisagée, est la science du naturaliste dont nous venons de parler; elle em- prunie son nom aux objets dont elle traite, de: même que ce saxant doit le sien aux animaux et à la science. quil’occupent. Mais, comme.onlafait remarquer , les mots Mammalogie et Mamma- logisie sont vicieux par cela seul qu'ils sont hy- brides, puisqu'ils empruntent leurs racines à deux langnes différentes. Aussi convient-il mieux d’ap- peler Mastologie la zoologie des mammifères. et par suile de nommer Afastologistes les auteurs auxquels elle doit ses progrès. Ges dénominations proposées en 1816 par M. de Blainville semblent donc devoir être préférées, Les mammifères élant les animaux qui jouent le rôle le plus. important dans l’économie de la nature, sont par suite ceux qu’il importe le plus: de connaître ; aussi n'est-il pas étonnant que leur étude remonte à la plus haute antiquité; et, bien que leur histoire n’ait véritablement été érigée en science particulière que chez les modernes, on ne saurait nier qu'ils n’aient été de tout temps les plus fréquemment observés. Les causes en sont.fa- ciles À reconnaître, et ne permettent pas de s’éton- ner que les anciens connussent déjà un bon nom- bre de ces animaux. Geux de l’Europe orientale et méridionale, ceux d’une partie de l’Asieetquelques uns de ceux de l'Afrique leur. étaient pour: ainsi dire familiers. Les Romains virent dans les jeux du Cirque plusieurs. des mamnufères que: l'on re- gardait il n’y a qu’un siècle comme fort rares, et parmi lesquels il en est qu’on n’a revu que dans ces dernières années. Les Lions, les Panthères, les Eléphans, les Rhinoctros, les Girafes ou jCame- lopardalis , et les Zèbres, que Pline appelle: Hip- poligres, en sont des exemples. remarquables. L'Hippopolame fut aussi conduit à Rome, Tous cesanimaux , alors plus communs encore dans leur pays nalal qu'ils ne le sont aujourd'hui, étaient amenés à grands frais, et on en devait surtout la découverte et la capture aux armées expédition naires qui procurèrent à Pline, mais surtout à Aristote, le précepteur d’Alexandre-le-Grand , de si précieux renseignemens, L'Europe était aussi beaucoup plus riche, si l’on peut employer cette expression pour une foule d'animaux nuisibles ; beaucoup plus fournie en mammifères indigènes qu’elle ne l’a été depuis, non. pas que le nombre: des espèces elles-mêmes fût plus grand, mais celui des individus bien plus considérable, Les vastes et épaisses forêts dont la vieille Europeétait ombragée recélaient d'innombrables troupeaux de ruminans: d’une force prodigieuse , des Loups en plus grande EI RP TS a CUS MAMM 615 MAMM a abondance, et même des Lions, puisqu'il est con- stant, d’après le témoignage du père de l’histoire na- turelle, que ces animaux vivaient peu avant son temps dans quelques parties de la Grèce. Mais la ci- vilisation diminuant l'étendue des terres incultes, priva les bêtes fauves et les animaux plus timides, mais non moins variés, qui leur servaient de pâture, de la sécurité qui leur était nécessaire. Elle fit plus, elle s’arma contre eux et les refoula dans les mon- tagnes ou dans les forêts glacées. Les Bœufs au- rochs, l'Elan, qui vivaient en Germanie, ainsi que . le rapporte César dans ses Commentaires, n’exis- tent plus aujourd’hui que dans l’Europe boréale , et leur nombre va chaque jour diminuant. Le Loup, beaucoup plus rare qu'autrefois par toute l'Europe civilisée, a été complétement détruit en Angle- terre. La chasse était à ces diverses époques plus pratiquée encore qu'aujourd'hui; aussi presque tous les anciens auteurs lui ont-ils consacré diffé- rens passages de leurs ouvrages, et Oppian en a-t- il fait l’objet d’un Traité spécial. Quelques auteurs anciens nous ont aussi laissé des renseignemens plus ou moins curieux sur la manière de vivre des animaux, et quelquefois sur leur organisation, Elien, Hérodote, Pline, Athénée, Galiéen, mc- ritent surtout d’être consultés, et à leur tête se place Aristote, qui sut créer l’histoire naturelle des animaux et rester supérieur à tous ceux qui s’en occupèrent après lui. Pendant long-temps, en effet, on n'ajouta qüe peu de chose à ses ouvrages, qui furent jusqu’au moyen-âge presque les seuls dans lesquels on pût chercher quelques observations originales; et on doit aller jusqu’à Albert-le-Grand ét même jusqu'à Gesner avant de rien trouver de plus complet. Gesner traita dans un ouvrage in- #olio, accompagné de planches faites sur bois et qui sont souvent assez reconnaissables, des mam- milères qu'il appelle, comme on l'avait fait dans toute l'antiquité, guadrupèdes vivipares ; mais les ouvrages de Gesner et ceux de ses successeurs ne sont point encore exempts de tous ces récils exa- gérés, de ces descriptions hypothétiques, auxquels avaient donné lieu des animaux fabuleux, fruit de Vimagination des anciens. Ceux qui les suivirent ne surent point non plus s’affranchir de cette sorte de servilisme qui faisait admettre et même représen- ter, sur l’autorité d’un seul homme, des êtres qu’on reconnaissait pour monstrueux, mais dont néan- moins on admettait sans difficulté l’existence. Aïnsi Jonston, qui vint après Gesner, nous donne parmi ses figures celle de Lièvres pourvus de bois ; quelques uns avaient aussi représenté la Licorne, lés Sirènes au corps de femme et à la queue de pois- son et plusieurs autres non moins étranges. Âlors les Cétacés étaient rangés parmi les poissons, et Jes Chauve-souris parmi les oiseaux, non parce que leurs rapports avec les quadrupèdes vivipares étaient méconnus, mais parce qu’on n’attachait à la manière de classer les animaux aucune impor- tance réelle, et parce que d’ailleurs tout animal vi- vant dans l’eau était nécessairement un poisson , comme ceux qui vivaient dans l'air, et quin’étaient “point insectes, rentraiént dans la catégorie des oi- seaux.Parcootre, on réunissait aux quadrupèdes vi- vipares les reptiles à quatre membres en les distin- guant seulement par le nom de quadrupèdes ovipa- res. Cette classification entièrement contraire à la nature est encore conservée dans quelques ouvra- ges du commencement de notre siècle. En 1695 parut l'ouvrage de Ray (Synopsis me- thedica animalium , in-8°, Londres). L'auteur, qui ne traite dans ce volume que des quadrupèdes vi- vipares , est réellement le premier qui ait entrepris une classification rationnelle de ces animaux. Les pieds lai fournissent, selon qu'ils sont onguiculés ow ongulés et selon que. les doigts varient dans leur disposition, les caractères sur lesquels reposent les subdivisions principales qu’il établit parmi les qua- drupèdes; sa classification a été suivie pendant long-temps, surtout en Angleterre, et plusieurs des caractères qu il emploie ont été conservés jusqu’à présent avec une valeur presque égale à celle qu'il leur accordait, Quelques rapprochemens heureux indiquent que Ray sentait déjà le besoin d’une mé- thode naturelle, et bien qu'il ait employé pour désigner les mammifères le nom de quadrupèdes vivipares, il fait remarquer qu'il.est loin d’être bon, puisqu'il y a des animaux dont le cœur a deux ventricules comme celui de ces quadru- pèdes , dont la génération est vivipare à la même manière , la respiration également pulmonaire et le corps en partie couvert de poil , qui n’ont cepen- dant que deux pieds au lieu de quatre ; tel est, dit-il, le Manati, que Didgène ne connut pas sans doute, car il n’aurait pas eu besoin de déplumer un Coq pour critiquer avec une même facilité la dé- finition de l’homme de Platon, puisque le M anati est naturellement un bipède sans plames. Ray place ce curieux animal à côté des Phoques, comme on l’a fait long-temps après, en lui adjoignant les véri- tables Cétacés. Quant à ces derniers, il les laisse à la tête des poissons, non pas qu'ils aient avec eux beaucoup de ressemblance, mais parce qu'il craint de faire trop d'innovations. Il admet au contraire qu'ils ont l’organisation des quadrupè- des. Il appelle ceux-ci, pour en donner une idée plus exacte, vivipares pileux (animalia vivipara pilosa ), et de plus ildit des Cétacés (Pisces cEracer seu BELLUÆ marinæ) : Vam præter locum in quo. de- gunt, figur am corporis externam , culem depilein et molum progressivum seu natatum , nihil ferè cum piscibus commune habent, sed in reliquis cum qua- drupedis viviparis conveniunt. (Synopsis metho- dica avium et piscium , p. 4. ) Nous avons vu aax articles D'aursix et Mamwiri- RES qu'on avait observé chez plusieurs Cétaéés des poils analowues à ceux des autres animaux à ma- melles ; ce fait eût sans doute complétement dé- cidé Ray à considérer les Cétacés comme des vi- vipares à poils, c’est-à-dire des mammifères, car, ainsi que les anciens l'avaient déjà remarqué, tout animal qui a le corps garni de poils fait des petits vivans et les nourrit avec du lait, D'ailleurs la peau des Cétacés ne saurait être comparée à celle d'aucune espèce des diverses classes de vertébrés, si ce n'est à celle des mammifères, Néanmoins MAMM 616 MAMM 4 c’est à Bernard de Jussien, célèbre en botanique par quelques essais d’une Méthode naturelle, qu'on doit d’avoir admis le premier que les Céta- cés devaient rentrer dans la même classe que les quadrupèdes vivipares. Linné, qui, dans la première édition de son Systema, avait fait des Cétacés un ordre de poissons, adopta dans les suivantes la manière de voir de Ray et de Jüs- sieu, et réunissant ces animaux aux quadrupè- des vivipares, sous le nom commun de Mam- malia (d’où Mammifères, animaux qui portent des mamelles), il fit des Cétacés (Baleine et Dauphin) l’ordre des Mammalia cete. D’autres sa- vans réunirent aux Cete les Phoques que Linné avait mis à leur véritable place, c’est-à-dire à côté - des Chiens, mais en y joignant les Manates, qui représentent parmi les aquatiques les Éléphans et les Pachydermes, à côté desquels ils paraissent de- voir être classés, et ils en firent l’ordre des Amphi- bies qui a long-temps subsisté. & Les Mammalia furent définitivement répartis dans la ciassification linnéenne en sept ordres que voici : 1° Primates : des ongles, quatre dents incisives et une canine, ou, pour nous expliquer plus clai- rement (ces expressions sont la traduction de celles du Systema), 3 incisives et 1 canine de chaque côté de chaque mâchoire. Les Primates, qui s’appelaient d’abord Anthro- pomorphes , sont l'Homme, les Singes, les Makis, auxquels Linné et Gmelin joignent, d’après -Pallas , le Galéopithèque , dont Bontius avait fait le Vespertilio admirabilis, et que nous verrons plus tard être encore placé parmi les Ghauve-sou- ris, Vespertilio; enfin le genre Vespertilio lui- même. 2° Bruta : des ongles, point d’incisives. En tête est le Bradypus que Linné rangeait d’abord parmi les Primates; puis le Myrmecophaga, le Manis où Pangolin, et le Tatou, Dasypus, ainsi que le Rhinocéros , l’Eléphant et le Dugong, Tri- chechus. 5° Les Feræ : ils ont des ongles, six dents in- cisives à chaque mâchoire et des canines isolées, ainsi que des molaires. Parmi eux se placent les genres Phoque, Phoca; Chien, Canis; Chat, Felis; Civette, Viverra; Marte, Mustela; Ours, Ursus, Didelphe, Didelphis ; Taupe, Talpa ; Musaraigne, Sorez , et Hérisson, Érinaceus. 4 Les Glires , qui ont deux dents incisives très- rapprochées entre elles à chaque mâchoire et sé- parées des molaires, qui sont leurs seules autres dents, par un espace vide. Genres : Porc-épic, Hystrix; Gabiai, Cavia; Castor, Castor; Rat, Mus; Marmotte, Arctomys; Ecureuil, Sciurus; Loir, Myoxus; Gerboise, Dipus; Lièvre, Lepus; Daman, Hyrax. 5° Les Pecora, qui manquent d’incisives supé- rieures, et qui ont en bas six ou huit de ces dents très-éloignées des molaires. Leurs pieds sont à sa- bots. Genres : Chamean, Camelus; Chevrotain, Mos- chus; Cerf, Cervus; Girafe, Camelopardalis ; Antilope, Antilope; Ghèvre, Capra; Mouion, Ovis; Bœuf, Bos. 6° Les Bellucæ : ils ont des sabots : des incisi- | ves au nombre de six à chaque mâchoire, et des canines éloignées des autres dents; ce sont les. Chevaux, Æquus ; Hippopotames, Æippopotamus ; Tapirs, Tapirus ; Gochons, Sus. 7° Les Cete ou Cétacés, partagés en Monodon ,. Balæna, Physeler et Delphinus. d Cette disposition, qui est celle de Linné, très- légèrement modifiée quant au nombre des genres par Gmelin , dans la 15° édition du Systema, 1789 , diffère notablement de la première édition du Sys- tema (Leyden, 1754); celle-ci, qu'avait précédée un tableau synoptique, ne donne que cinq ordres de quadrupedia : Anthropomorphæ, Feræ, Glires , Jumenta (Equus, Hippopotamus, Elephas, Sus) et Pecora. Les Cétacés où Plagiuri, parmi lesquels se trouve, malgré l’observation judicieuse de Ray, le Manatus, forment le premier groupe des pois- sons , celui des Plagiuri, dont le caractère distinc- tif est d’avoir la queue horizontale et non verticale comme celle des vrais poissons; mais la deuxième édition , 1787, avait déjà réparé cette erreur. Avant la dernière publication du Systema na- turæ de Linné, par Gmelin, avaient paru plu- sieurs ouvrages parmi lesquels le premier qui doive être remarqué est celui de Brisson (le Règne animal divisé en neuf classes, Paris, in-4°, 1754), qui fait des Cétacés une classe distincte, et établit parmi les quadrupèdes plusieurs bons genres et décrit un grand nombre d'espèces avec exactitude. Mais un travail plus important fut celui qu'Erxle- ben publia sous le titre (Systema regni animalis, in-8°, Leipzig), et dans lequel le nombre des es- pèces est plus considérable encore. Get ouvrage, que l’on consulte fréquemment , traite seulement des mammifères. Pour continuer la série des au- teurs systématiques, nous pouvons mentionner Pennant , auquel on doit aussi de nombreuses fi- gures de mammifères (Synopsis quadrupedum , in-8°, 1771,et History of quadrupeds, in-4°, 1781). Après lui vint Storr , 1780; Boddaert (1785) qui indiqua quelques rapprochemens heureux ; puis le célèbre Vicq d’Azyr, qui admet quinze classes ou groupes primordiaux : 1° Pédimanes, que Bod- daert avait nommés Quadrumanes ; 2° Rongeurs ; 3° Aile-pieds (Ghauve-souris) ; 4° Taupens ou Taupes; 5° Sorinens (Musaraignes) ; 6° Edentés ( Paresseux, Tatous, Fourmiliers, Pangolins ) ; 7° Carnivores; 8° Empétrés (Phoques, Lamantins, Morses); 9° Chevaux d’eau ou Hippopotämes; 10° Eléphans; 11° Tapiriens; 12° Porcini; 13° Ru- minans; 14° Solipèdes. Blumenbach, dont le Traité d'Histoire naturelle a eu un si beau succès, mérite que nous lui consacrions quelques lignes. Blumen- bach établit le premier l’ordre des Bimanes dans lequel l’homme est séparé des Singes auxquels son organisation le réunit, mais dont il diffère zoologi- quement par ses pieds dont le pouce n’est pas op- posable. Après les Bimanes viennent les Quadru- manes, les Chéiroptères, les Digités fissipèdes (1° Güres; 2° Feræ; 8° Bruta), les Solipèdes, Bi- sulques, MAMM Gi7 MAMM sulques, Multungules, Palmipèdes ; parmi ces der- niers il y a des représentans de l’ordre des Glires (Gastor), de celui des Feræ (Phoques, Loutres), et de celui des Bruta ( lOrnithorhynque, qui se trouve décrit pour la première fois). MM. Geoffroy et Cuvier publièrent ensuite dans le n° VI du Magasin Encyclopédique une classification des Mammifères que nous transcrivons en entier. Ordre 1. Quanrumaxes. Doigts onguiculés ; trois sortes de dents ; pouces séparés aux quatre pieds. — Singe, Simia ; Indri, Cebus; Maki, Le- mur ; Loris, Prosimia ; Cucang , Bradicebus ; Khoyak, Churosciurus ; Tarsier, Macrotarsus. Ordre Il°. Cuérroprknes. Doigts onguiculés ; trois sortes de denis; narines allongées , palmées ; membrane s'étendant du cou entre les pieds à l'anus. — Galéopithèque, Galeopithecus ; Chauve- souris, V’espertilio; Noctilion, /Voctilio; Nyctère, Nycteris ; Roussette, Pteropus; Fer à cheval, Rhi- nocrepis ; Nosalam , Phyllostoma. Ordre HI°. Psanricrapes. Doigts onguiculés ; trois sortes de dents ; point de pouces séparés ; plante entière appuyée. — Hérisson, £rinaceus ; Musaraigne, Sorex ; Taupe, Talpa; Coati, Nasua ; Ours, Ursus ; Raton, Lolor ; Glonton, Gulo ; Blai- reau, T'axus; Mangouste, Mungos; Kinkajou, Potos. Ordre IV°.. Vermronmes. Doigts onguiculés ; trois sortes de dents; point de pouces séparés ; corps ailongé; pieds n’appuyant que les doigts ; métatarses inclinés ; membres courts. —Mouffette, Meplutis ; Belette , Mustela; Loutre, Lutra. Ordre V°. Cannivores. Doigts onguiculés ; trois sortes de dents; point de pouces séparés ; pieds n’appuyant que les doigts; membres redressés. — Civette, Civetta; Hyène, //yæna; Chien, Canis; Chat, F'elis. - Ordre VI°. Pépimaxes. Doigts onguiculés ; trois sorles de dents; pouces séparés aux pieds de der- rière seulement.—Sarigue, Didelphis; Phalanger, Phalangista. Ordre VII°. Ronczurs. Doigls onguiculés ; dents incisives et molaires seulement, sans canines, — Kanguroo, Kangurus; Gerboise, Dipus; Loir, Glis; Ecureuil, Sciurus ; Souris , Mus; Marmotte, Arctomys; Lièvre, Zepus; Agouli, Cavia ; Da- man, Hyraz; Castor , Castor ; Porc-épic, Hystriz. Ordre VIII:. Enexrés. Doigts onguiculés ; point d’incisives ni de canines. — Fourmilier, Myrme- cophaga ; Pangolin, Mants; Tatou, Dasypus. Ordre IX‘. Taroigranes. Doigts onguiculés ; point d'incisives; des canines et des molaires. — Paresseux, Bradypus. Ordre X°. Pacaypermes. Pieds à sabots, plus de deux doigts aux pieds. —Eléphant, Elephantus ; Rhinocéros, Rhinoceros; Hippopotame, Æippopo- tamus ; Tapir, Tapir ; Cochon, Sus. Ordre XI: Ruwinans. Pieds à sabots, deux doigts à chacun. — Chameau, Camelus; Chevrotain, Moschus ; Cerf, Cervus ; Girafe, Camelopardalis ; Gazelle, Antilope; Chèvre, Capra; Brebis, Ovis; Bœuf, Bos. Ordre XII°. Sozrrknes. Pieds à sabots , un seul doigt. — Cheval, Æquus. T. IV. 318° Livraison. à Ordre XIII. Amemares. Pieds en nageoires, ceux de derrière distincts. — Veau marin, Phoca; Vache marine, Rosmarus; Lamantin , Manatus : Dugong, Trichecus. Ordre XIV°. Céracés. Pieds en nageoires ; point d’extrémités postérieures dislinctes. — Ba- leine, Balæna; Cachalot, Physeter; Narwal, Ho- nodon ; Dauphin, Delphinus. La subdivision adoptée par Guvier dans son Tableau élémentaire de l'Histoire des animaux, 1798, et celle qu’il avait mise peu après dans ses Lecons d'anatomie comparée, diffère peu; et se rap- proche davantage de celle de Storr et de Blumen- bach. L'ordre des Garnassiers comprend les Chéi- roplères ( Chauve-souris et Galéopithèques }, les Plantigrades , les Carnivores et les Pédimanes ou Didelphes; et les Amphibies sont placés après les Solipèdes , à côté des Gétacés, qui terminent , comme dans les autres classifications, la série des Mammifères. M. Desmarest (1804, Dict. d'Hist. nat., t. XXIV) s’éloigna peu également de ce qu’a- valent fait ses prédécesseurs. En 1811, Iliger, jeune naturaliste prussien, fit paraître son Prodro- mus systematis Mammalium et Avium, dans le- quel il admit quatorze ordres et un assez grand nombre de genres anciens et nouveaux; mais on -reconnait facilement qu'il négligea de se laisser guider par le principe de la subordination des ca-\, racières ; déjà si utilement employé par les bota- nistes sous la dénomination de dignité des carac- tères, M. de Blainville publia en 1816 (Bulletin. de la société philomatique } un nouvel essai certaine- ment bien supérieur : il admet que la fonction. gé- nératrice doit fournir les caractères dominans , et partage les animaux mammifères. (qu'il. appelle aussi pélifères , parce qu'ils sont les seuls qui aient des poils) en deux sous-classes, les Monadelphes et les Didelphes qui sont les Marsupiaux , plus les Monotrêmes; puis il établit dans chaque sous- classe divers ordres qu'il regarde comme autant de degrés d'organisation, dans chacun desquels il reconnaît, sauf quelques exceptions ; des animaux modifiés pour les différens genres de vie terrestre, fouisseur , aérien el aquatique. Les modifications apportées dans les caractères de quelques espèces par leur genre de vie, semblent les éloigner d’a- bord de leur véritable place; mais l’examen at- tentif de leur organisation permet de la déter- miner avec précision, et M. de Blainville les y rapporte , mais en indiquant qu'ils sont pour ainsi dire anomaux dans leur groupe. L'ordre des Bimanes est retiré de la série des animaux, non parce que l’homme {leur est étranger sous le rapport matériel, mais parce que les nom- breuses facultés de son intelligence , et les hautes, conceptions auxquelles il s'élève, l'en tiennent à une distance immense. Les Quadrumanes ouvrent la série et comprennent, outre les animaux que la plupart des auteurs y placent, les Aye-aye, que G. et F. Cuvier considèrent comme des Rongeurs, et de plus les Galéopithèques et les Paresseux ou Tardigrades, qui sont les uns anomaux pour grim- per et les premiers pour fouir. Les Carnassiers 78 MAMM e 618 MAMM composent le second ordre ou dégré ; les normaux sont plantigrades, digitigrades où insectivores , ce qui constitue trois! familles; et: les anomaux sont les Chéiroptères disposés pour’ le: vol, les Taupes disposées pour fouir, et lés Phoques dispo- sés pour nager. Dans le troisième degré, celui des Edentés , les espèces sont terrestres et fouisseuses; ce sont les Tatous, les Oryctéropes.letc.;'les aquati ques sontles Cétacés'ordinaires, qui ont de commun avec eux un-modé à peu près analogue d’articula- tion dela mâchoire inférieure, souventle mêmesys- ième dentaireet plusieurs autres caractères. M. de Blainville fait remarquer que lés noms d’Edentés, de Carnassiers, de Quadrumanés , sont mauvais , puisqu'il y a des Quadrumanes qui n’ont que deux mains , des Carnassiers qui sont frugivores, des Edentés, soit terrestres , soit aquatiques, qui ont plus de dents qu'aucun des autres mammifères ; mais il ne les change pas, parce que souvent ils s’appliquent à la majorité des espèces d’un ordre donné. Le quatrième degré est celui des Rongeurs, parmi lesquels on distingue encore des espèces qui grimpent ;, fouissent, sautent ou marchent seule- ment. Le cinquième comprend les Gravigrades ou Eléphans, auxquels l’auteur rapporte, comme anomaux et disposés pour la vie aquatique, les Lavwanrins (v. ce mot). Le sixième, qui est le dernicr de la sous-classe des Ménadelphes , com- prend les Pachydermes , les Solipèdes, les Brutes et les Ruminans ; il reçoit le nom d’Ongulogrades, et la deuxième sous-classe comprend toutes les espèces qui ont un os marsupial, qu’elles soient ou non pourvues de bourse. La classification de M. de Blainville, à laquelle tous les auteurs qui sont venus ensuite ont emprunté uv plus où moins grand nombre de rapprochemens heureux, a été coinplétement adoptée par d’autres. MM. Van- der-Hoeyen et Duvernoy (1827, Discours) ont imité la répartition des deux sous-classes que l’au+ teur y établit; mais la plupart des’autres n’ont oint adinis cétte manière de voir. En 1817 Cu- vier (Le Règne animal distribué d'après son orga- nisation) fait des Didelphés une simple famille de Carnassiers, el place les Monotrêmes à la suite des Edentés. M. de Blainville, dans les trarauxqu’il a publiés depuis (Principes d'anatomie comparée), est resté fidèle à sés principes; mais dans ces der- niers temps (Nouv. ann: Mas., t. IT) il à établi que les Monotrêmes , dont il rémplace lé nom par celui plus convenable d'Ornithodelphes, devaient définitivement former, comme anciennement il l'avait indiqué,uñetroisième sous-classe, Le mode de géntralion de ces animaux!et les diverses par- ticularités de leur ’ostévlogie, sont les raisons principales sur. lesquelles repose ce nouvéau‘per- fectionnement,; qui’ est complétement en rapport avec la dégradation du/squélette et de la fonction reproducirice des mammifères, Qiélques auteurs, MM: de Lamarck, Geoffroy, Latreille, ont été eon- duits à lormer pour les Monotrêmes une classe distincle-de celle des- Mammifères ;’ mais ‘on ne saurait. plus, aujourd’hui les! séparer de ces der- niérs animaux; puisqu'il estbieñ reconnu qu'ils ont dés mamelles; leur corps est d’ailleurs cou- vert de poils comme celui des Mammilères, et ils ont aussi les principaux caractères qui distinguent ces animaux ; toutéfois leur mode de génération , que tout porte à considérer comme subvivipare et von franchement vivipare, les rapproche: ainsi que’ leur squelette des ovipares. C’est ce qui fait que M: de Blainville les place les derniers parmi les Mammifères. : D'autres classifications suivirent celles que nous venons d'examiner , mais la plupart: furent sans influence sur la Mammalogie ; toutefois celle de M. Fr. Cuvier ne rentre pas dans cette catégorie. Son savant auteur, le frère du descripteur des mamimilères fossiles, et celui de tous les natura- listés qui a observé dans cette classe le plus grand nombre d'espèces à l’état vivant, fut surtout guidé, pour l'établissement ‘des coupes qu’il admet; par la considération du système dentaire. Il ne pense pas, avec M. de Blainville, que la fonction géné- ratrice doive être consultée pour la distribution des espèces, et, conséquent à celte détermina- tion , il répartit, dans lés divers ordres aux- quels leur mode de dentition les rattache, les Di- delphes et les Ornithodélphes: Le débat est, en effet, entre ces deux opinions; doit-on ou: ne doit-on pas prendre en considération le mode de reproduction et les différences ostéologiques qui semblent en dépendre ? Entre ces deux manières de voir, tout terme moyen semble une décision sans fondement, Si le mode de génération ne doit pas être pris en considération pour l’établisse- ment dés sons-classes , il doit encore moins l'être pour la distinction des ordres, paisqu'’il tend alors à faire séparer par des animaux très-différens des espèces qui se ressemblent par leur mode deges- tation et d'allaitement : et ilest plus rationnel ; dans ce cas, de suivre la marche adoptée par M. Fr. Gu- vier. Ce célèbre mammalogiste (Dictionn. des Sc. nat., t. LIX, 1829) parlage les Mammifères en onze ordres, savoir : I. Quadrumanes. Familles : Singes, Sapajous , Lémuriens. IL. Iniectivores. Familles : Roussettes , Chauve- souris, Inseciivores proprement dits (Galéopi- thèqués, Taupes, etc. , Péramèles , Sarigues, Dasyures, elc.; ces trois derniers genres'sont des Marsupiaux , c’est-à-dire Didelphes). IL. Carnivores (Thylacine du genre Didelphe) ; Chäts, Hyères, Muries, Oùrs, Chiens, etc. IV: Phoques. Familles : Phoques proprement dits, Morses. V. Marsupiaux frugivores. Familles : Phalangers, Kanguroos. VI. Rongeurs : sections 1° à molaires simples ; 2° à molaires composées. | VilcÆdentes. Familles: Tardigrades-ou Pares- seux\. Dorakophores :ou Tatous, Oryctéropes,, Myrmécophages ou Fourmiliers, Lépidophorés-ou Pangolins. VIT Monotrêmes. | à IX. Pachydermes. Familles: Pachydermes pro- - ae + = ns LMAMM 619 WMAMM om prement. dits (Hippopotames, .Sangliers,. etc.) , Proboscidiens ou Eléphans ,. Solipèdes. X. Raminans. Familles : Chameaux , Chevro- tains ; Girafes, Cerfs et. Ruminans à cornes creuses, XI. Cétacés. Familles : Cétacés herbivores (La- mantins , etc.), Cétacés piscivores (Narwals ; Ca- chalots,. Baleines), En 1829, fut aussi publiée la seconde édition de l’oavrage de G, Cuvier (Le Règne animal dis- tribué d’après son organisation.) , qui avait. paru pour la première fois en 1817. La planche 328 de ce Dictionnaire donne le synopsis de la méthode de l’illustre auteur français, dans laquelle sont con- seryées, plasieurs/dispositions du travail de 1817, -mais, qui. présente aussi plusieurs additions impor- tantes. Georges Cuvier.conserve neuf ordres ainsi rangés :,Bimanes, Quadrumanes , Carnassiers, Marsupiaux, Rongeurs, Edentés ,: Pachydermes , Raminans et Cétacés. L'ouvrage de Cuvier est entre les mains de tout le monde; aussi ne nous arrêlerons-nous pas à l'expliquer, voulant revenir quelques instans sur la méthode de M. de Blain- ville , que ce savant a de nouveau présentée en 1854, dans, son cours de la faculté -des sciences qui. n’a, point été publié. Les divers ordres ou degrés d'organisation sont subdivisés ainsi qu’il suit : Sous-classe I, MonaneLpnes. TL. Quadrumanes. narines Normaux, pour voler, . ... ados +... Galeopitheci. rapprochées, Pitheci (Chimpanzé,, Gibbon et Orang, | éloignées, . . Neopitheci (Atèle, Sajou, Nycticèbe, Ouistiti). - Pseudopitheci (Maki, Indri, Lori, Galago, Tarsier, Aye-Aye), Cercopithèque, Macaque; Cynocéphale). pour grimper. . + «+ « « s Tardigradi, Paresseux, IL. Carnassiers. pour le vol. Chviculéss qi) AYHANOMEXz, pour nager. NOTIDAUX. « + e «+ + » + ; DOTMAUX, , « « + » Non caves. tata NN L anomaux pour nager ..» : Cheïropteri (1° Méganyctères, 20 Nyctères (Noctilio, Vespertilio , etc.), 30/Rhinonyctères ). Orycteri (Taupes ,-etc:). Insectivort (Tenrec, Hérisson, Musaraigne , Macroscélide, Gymnure, Tupaia ). Plañtigradi, 1° où omnivores. Digitigradi | 20 Digitigrades, Punigradi, 3° ou Phoques, auxquels on est conduit par les Chiens et les Protèles, III. Édentes, Claviculés et terrestres, Brutes, Tatou, Oryctérope, Fourmilier, Pangolin. Non claviculés nageurs, Cétacés, Dauphin, Narwal, Physéter, Baleine. IV... Rongeurs. . * .. ke = s ses Grimpeurs, Sciurei, Écureuil, Marmotte, Spermophile, etc. Clavicules. : À 2 È a 3 . Fouisseurs! ou Murini : x°,dents molaires, sou *, tubercnlenses, ** non taberculenses. 2° dents molaires, À. * à replis non compliqués. à replis compliqués. *** Jamelleuses. xx . Sabclaviculés, Coureurs ou Lepores, les Lièvres. 1 Non claviculés, Marcheurs ou Cavia, Chloromys, Cavia, Hydrochærus. V. Gravigrades. Normaux terrestres, Proboscidei | Eléphans. Anomaux pour nager, Sirenei, Lamantins. impairs . . _...... À doigts. pairs, antérieurement au moins VI. Ongulogrades. | 3 doitgs, Pachydermes. °® | x doigt, Solipèdes : Cheval. 4 doigts; Brutæ : Cochon,.ete, 2 doigts, Raminantia. Sous-classe II., Dipezpues. I degré. À doigts postérieurs libres, { Pédimanes. Phascogales. IT: degré. Deux des doigts postérieurs iréunis. . Animaux disposés pour grimper, Phalangers (Phälanger, Phascolarctos). . sauter, Sauteurs (Potoron, Kanguroo). fouir, .Fouisseurs, Phascolome. Sous-classe III. ORrNITHODELPHES. Disposés pour | fouir, Échidné. nager, Ornithorhynque, MAMM Tout récemment M. Is. Geoffroy a donné, dans -un cours qu'il fait au Muséum de Paris, une nouvelle disposition des Mammifères. Voyez un extrait de ce cours, intitulé : Résumé des lecons de Mammalogie professées pendant l’année 1855, par M. Isid. Geoffroy. Après ces nombreux auteurs méthodistes , nous devons mentionner un autre ordre de mammalo- gistes, dont les travaux, non moins imporlans quoique moins appréciés le plus souvent, ont égale- ment eu sur les progrès de la science une influence considérable. Les savans dont nous voulons parler ont surtout étudié les Mammifères sous le point de vue de la détermination des espèces ; les uns ont entrepris des travaux généraux sur les espèces de celte classe, et leur travail les rapproche davan- tage des méthodistes ; d’autres ont étudié une fa- mille, un genre, ou même seulement une espèce, mais ils en ont fait l’histoire d’une manière plus complète ; ce sont les monographes. Parmi les auteurs qui se sont occupés de toutes les espèces de la classe des Mammifères d’une : manière plus ou moins heureuse, il en est plusieurs que nous avons déjà eu l’occasion de citer, et parmi eux, Gesner , Brisson , Pennant , Shaw, etc. Les plus modernes sont M. Desmarest, dont l’ex- cellent Traité de Mammalogie (in-4°, 1820) (1), faisant partie de l'Encyclopédie méthodique ,:a servi de base au Manuel de Mammalogie de M. Les- son (in-18, 1827), et au Synopsis mimmalium de J. B. Fischer (in-8°, 1829). D’autres ouvrages gé- néraux sur les Mammifères ont, par suite de leur caractère moins élémentaire, une plus grandeex- tension et aussi plus d'importance. A leur têle se placent l'Histoire naturelle générale et particulière avec la Description du cabinet du Roi, dues à Buffon et à son célèbre collaborateur Daubenton, et formant 12 volumes in-4° (du 4° au 15°), pu- bliés de 1749 à 1757. Le Supplément à l'Histoire des quadrupèdes, par Buffon seul, forme 4 volumes (33°-56°) ,et a été rédigé pendant les années 1776 à 1789. Cet ouvrage impérissable renferme sur les Mammifères des documens descriptifs zoologiques et anatomiques de la plus grande valeur; mais il est surtout admirable par le style élevé et digne de leur sujet, que les auteurs ont su employer dans chacun de leurs articles, et par les idées philosophiques que tous deux, mais surtout Buf- fon , y prolessent. Les Cétacés n’ont point été traités dans cet ou- vrage ; leur histoire, donnée par Lacépède comme devant combler cette lacune, est loim d’avoir at- teint le but que se proposait son auteur (Histoire naturelle des Cétacés , dédiée à Anne Caroline La- cépède, 1 vol. in-4°, an XII). Des Suites et des Complémens à l'Histoire des animaux par Buffon et Daubenton, ont été publiés à plusieurs reprises en France. Les suites de Sonnini, qui sontlespremières, (x) Les planches ont été en partie faités sous la direction de Bonnaterre , qui publia aussi le texte et les planches des Céta- cés dans le même recueil. Le Dictionnaire des Quadrupèdes et des Cétacés de l'Encyclopédie fut rédigé par Daubenton, 620 MAMM | 2 sont aussi les moins appréciées. Le Complément publié par M. Lesson, et les Suites de M. Fr. Cu- vier, ainsi que l'Histoire naturelle des Cétacés par le même, renferment la description des ani- maux les plus intéressans observés depuis Buffon. L'Histoire naturelle des Mammifères par MM. Geoffroy St-Hilaire et Cuvier , et à laquelie le dernier a presque senl travaillé, est aussi un mo- nument remarquable élevé à la science mammalo- gique. Les belles figures dont il est orné, les descrip- tions exactes et toutes faites avec éloquence et dans un esprit philosophique, que ce savant illus- tre y rassemble , feront de son ouvrage un des re- cueils les plus précieux. M. Fr. Cuvier a d’ailleurs observé à l’état vivant la majeure partie des ani- maux qu'il décrit, Les divers recueils publiés depuis le commen- cement de ce siècle, les narrations de voyages, et beaucoup d'ouvrages particuliers , renferment encore de nombreux matériaux pour l'Histoire des Mammifères. Les monographies y sont surtout nombreuses : celles de MM. Geoffroy (Catalozue des Mammifères du Muséum d'Histoire naturelle, in-8° , et beaucoup de Mémoires dans les Annales du Muséum de Paris) ; Temminck (Monographies de Mammalogie, 1 vol. in-4°, Paris; la première livraison du tome deuxième vient de paraître à Leyde) ; Lichtenstein dans l’Académie de Ber- lin, etc.; De Blainville dans le Journal de Physi- que et la Société philomatique ; Fréd. Cuvier, Desmarest, Isid. Geoffroy, Bennett, Gray, etc. , dans différens recueils , sont surtout importantes à consulter. De nombreux voyageurs ont aussi contribué avec utilité à l'avancement de la Mam- malogie; Diard et Duvaucel, dans l’Inde, ont, par leurs observations communiquées à M.}Fr. Guvier, et à sir Raffles qui les a publiées dans les Transac- tions Linnéennes , t. XIII , fait connaître beaucoup d'animaux du continent et des îles de la Sonde. Bruce, Geoffroy, Hemprich et Ehrenberg, Dela- lande et beaucoup d’autres ont découvert diffé- rentes espèces africaines ; l'Amérique, déjà étudiée par Molina et d'Azara, a été visitée depuis par Spix, de Humboldt, Aug. de St-Hilaire, le prince Maxim. de Neu-Wied, Rengger, etc., et plus récemment par Gay et Alcide d’Orbigny; enfin les expéditions à la Nouvelle-Hollande par les Fran- çcais Péron et Lesueur (Voyage aux terres ausira- les), Quoy et Gaimard (Expéditions de l’Uranie et de L'Astrolabe, sous le commandement du capi- taine Freycinet et du capitaine Dumont d’Urville); Garnot et Lesson (Voyage de La Coquille comman- dée par M. Duperrey}), ainsi que les fréquentes relations des Anglais avec ces contrées, ont fait connaître les mammifères si curieux de l'Australie ; mais il reste néanmoins à y faire encore d'immen- ses MOIsSOns. Beaucoup d’autres voyageurs ont parcouru les continens et les mers ; Pallas avait fait connaître le résultat de ses voyages dans diverses narrations, dans son ouvrage sur les Glires, dans ses Spici- legia zoologica, ainsi que dans divers recueils ; il y décrit et représente beaucoup d'espèces remar- PL 520. / ; Ordres 1% Bimanes €/*/omme 2° Quadrumanes € Vrang Vrang c'ampanze à fesses blanches 3€ Carnassiers 67° (at 7 Chat quepard DUT 4° Marsupraux GC Sarique / Methode de € ( Sarique crabier of Rongeurs 6% £cureul. 5 Æaureuil palmiste devises en neuf Ordres ee ÿ »| 0 Gdentes ME T AT Tatou encoubert \ MAMMIFERE 7 Mais” qui n’en existent pas moins. Les autres nerfs ont! été bien étudiés aussi, et il est constaté que les Mammifères ne présentent qu’un très-petit nom- bre dé variations importantes. Les nerfs qui par- tent de la moelle vertébrale sont au nombre de trente-quatre ou trente-ciuq paires chez l'homme: (six proviennéntide l’origine dela moelle vertébrale, huit de la région cervicale où du cou, douze de la dorsale, cinq de la lombaire et six dela sacréé) ; chezles autres Mammilères leur nombre varie en même temps que celui des vertèbres, Le nerf grand symphalique est placé sar Les cô- tés de la colonne vertébrale, sans la toucher im- médiatement, même à la région cervicale ; il se fail surtout remarquer pär ses nombreuses ana storhoses avec le pneumogastrique (deuxième paire naissant de l’origine dela moelle vertébrale). Ces à MAMM anastomoses ont été démontrées par Weber-et plusieurs autres sur divers Carnassiers, sur des Ruminans, des Pachydermes, des Solipèdes el aussi sur des Singes, M. Bazin nous les a tout récemment montrés, presque dans tous leurs détails, sur plusieurs animaux des mêmes ordres, et particulièrement chez la Loutre et l’Ours blanc parmi les Carnassiers. ++ De la peau et des organes des sens. Le système nerveux est de toutes les parties qui composent l’animal celle qui remplit les fonctions les plus élevées; il enregistre pour ainsi dire et contrôle ses rapports avec le monde extérieur, et les continue et les modifie, selon les besoins de l'individu et les circonstances dans lesquelles il se trouve placé; mais c'est par son enveloppe exlé- rieure et les parties qui en dépendent, que l’ani- mal établit ces rapports et qu’il en acquiert la per- ceplion. Nous devons donc maintenant traiter de la peau et des sens qui ont leur siége à sa surface, ainsi que de l'appareil de la locomotion, en indi- quant d’une manière aussi abrégée que possible les différences et les dispositions qui sont spéciales aux Mammifères. : La peau doit être distinguée, comme chez tous les animaux, en peau externe et .peau interne ou rentrée; celle-ci contribue à former les instestins ainsi que les organes respiratoires et génito-uri- paires ; elle ne doit pas nous occuper maintenant, La première, qui semoule à la surface du corps de animal, présente, comme chez les autres Verté- brés, un derme, un réseau vasculaire , une cou- che de pigmentum, un réseau papillaire et un épiderme. Le développement de ces différentes couches varie suivant les animaux chez lesquels on l’'étudie, et ces modifications sont en rapport avec leur manière de vivre. Le derme est beaucoup plus° développé chez certains Mammifères que chez d’autres; ainsi les Pachydermes, par exemple, doivent leur nom à son épaississement ; l’épiderme est aussi plas ou moins épais, et chez certaines espèces il peut acquérir, dans divers points de la surface du corps, un plus grand développement; c’est ainsi qu'il forme les callosités fessières des Singes de l’ancien monde, celle que les Chameaux présentent aux jambes et à la poitrine, les châ- taignes des Solipèdes, etc. Les sécrétions qui se font à la surface de la peau sont liquides ou solides; dans celte dernière caté- gorie rentrent les poils, ainsi que les cornes qui ne sont que des agglutinations de poils. Les poils qui recouvrent le corps des Mammi- fères fournissent nn des meilleurs caractères que l’on puisse assigner à ces animaux; ils sont de deux sortes, les uns laineux, les autres soyeux; la pro- portion selon laquelle ces deux sortes de poils en- trent dans la robe de tel animal, détermine la na- ture de son pelage. Les caractères qu’il présente ont une grande fixité , non seulement dans les in- dividus d’une même espèce, mais encore dans les diverses espèces d’un même genre ou d’une même famille, et on peut très-souvent arriver à la dé- 624 MAMM CE + 1, RU termination d’un animal en examinant seulement un fragment de sa peau. Le pelage des Mammifè- res présente dans tous les individus d’une même espèce la même coloration, et les nuances qui le distinguent sont loin d’être aussi brillantes que celles dont le plumage des oiseaux est orné, Le brun, le noir et le fauve plus ou moins foncé sont avec le gris les couleurs les plus fréquentes ; le: blanc n’est ordinairement que le résultat d’une altération maladive, ou bien une coloration que les espèces des pays froids prennent pendant l'hi- ver pour l’abandonner enété. Les nuances des par- ties supérieures du corps sont généralement plus foncées que les inférieures, et celles-ci tendent tou- jours au fauve plus ou moins clair, au grisâtre où même au blanc pur; on cite cependant quelques exceplions à cette règle générale , et c’est princi- palement par les espèces des genres Blaireau et Glouton qu’elles sont offertes. Les reflets métalli- ques purs n'existent chez aucun Mammifère, et l'on ne trouve que deux ou trois espèces chez les-. quelles il existe des reflets irisés ; ces Mammifères sont les Chrysochlores ou Taupes du Cap. La Taupe ordinaire offre aussi quelques reflets, mais seule- ment lorsque son pelage est humide; il en est de même du Desman des Pyrénées. On peut citer aussi une espèce de Bathyergue de l'Afrique orien- tale, que nous ne connaissons que par ce qu’a bien voulu nous en dire M. Ruppel qui doit la pu- blier. L’âge des individus et leur sexe! ont quel- qu'influence sur la nature de leur fourrure; les mâles l’ont plus abondamment fournie que les fe- melles, et c'est surtout chez eux que l’on voit avec tout leur développement ces espèces de pa- rures qu’on appelle des crinières. Les jeunes ani maux de beaucoup d'espèces, de quelque sexe qu'ils soient, ont rarement le pelage aussi com- plétement développé que les adultes; ils manquent surtout des ornemens dont nous venons de par- ler, principalement de ceux qui sont caraciérisli- ques du sexe mâle ; ils sont alors dans la condition des femelles, on, ce qui est plus rationnel, les femelles restent toute leur vie dans des conditions. qui ne sont pour les mâles que des conditions de jeune âge. Les exemples de ce genre sont beau- coup plus fréquens chez les oiseaux que chez les Mammifères ; pour les premiers la mêmerègle s’é- tend également au système de coloration. Ghez les Mammifères, au contraire, lorsqu'il existe un système différent de coloration dans le jeune âge. et dans les adultes, les deux sexes y sont égale- ment soumis ; la robe du jeune âge est ce qu’on appelle la livrée. Les lionceaux ont une livrée, mais la coloration est la même chez les Lions et. les Lionnes; il en est de même chez beaucoup d'espèces de Cerfs. Les différences que les poils présentent dans la série des Mammifères sont fort nombreuses; ils sont plus ou moins abondans sur le corps des animaux , suivant la nature de Ja peau de ces derniers et les circonstances dans lesquelles. ils habitent. Souvent très-abondans, comme on le voit chez la plupart des Carnassiers, ils sonk. d'autrefois fort rares, comme chez les Pachyder- mes, | A Se MAMM 625 MAMM mm mes, et peuvent même manquer entièrement ainsi que la plupart des Cétacés nous en fournissent l'exemple. Il est vrai que dans ce cas on peut re- connaître leurs représentans dans les petits fila- mens perpendiculaires dont est composé le cuir de ces animaux. D'ailleurs il est parmi eux plusieurs espèces qui ont de véritables poils, comme on le voit sur le museau de l’Inia de Bolivie. Les fœtus des Marsouins ont aussi des moustaches (v. Dau- pHIN). Dans beaucoup d'espèces, c’est par la con- sistance que les poils varient ; d’abord soyeux ou même laineux , ils prennent chez quelques autres plus de raideur (les Cerfs, quelques espèces de Rats), puis ils acquièrent la consistance que l'on connaît aux soies des Cochons et des San- gliers; enfin chez les Hérissons, les Coendous, les Porc-épics, les Echidnés , ils sont transformés en véritables piquans, dont la composition rap- . pelle à quelques égards Ja tige des plames. Il y a plus , de véritables Mammifères peuvent avoir les poils remplacés par des plaques plus ou moins dures (Tatous, Chlamyphores) ou transformés en écailles : ainsi les Pangolins et les Phatagins pré- sentent celte dernière disposition ; mais il est fa- cile de voir que ces prétendues écailles n’ont rien de comparable à celles des poissons ni aux squames des reptiles ; elles ne sont, comme les ongles, que le résultat de poils agglutinés, et qu’il est aisé de rapporter par la macération à la véri- table composition. Tous les animaux qui ont des mamelles peuvent donc être considérés comme ayant des poils, et ils sont les seuls qui en aient de véritables et sur tout le corps : de là le nom de Pilifères, ou porte-poils, que leur donne M. de Blain- ville; Ray les appelait quelqueloïs Animalia piloxa. Cependant, si l'anatomie générale démontre Panalogie de ces productions en apparence si dii- férentes, le mammalogiste me doit pas moins prendre acte des varialions que les poils présentent dans la série des Mammifères, pour arriver à la classification et à la disposition naturelle de ces animaux, et les parties selon qu'elles se présente- ront sous la forme de poils, de soies, d’épines, d’écailles , etc., fourniront autant de différences atiles à la caractéristique. Les ongles subissent aussi des variations; les plus importantes sont celles qui les ont fait distin- guer en ongles proprement dits et en sabots. Les animaux qui ont des ongles sont appelés onguicu- lés, et ceux qui les ont remplacés par des sabots sont les ongulés ou ongulogrades. Les onguiculés sont tous les Mammifères des divers ordres des Quadrumanes, Carnassiers, Rongeurs el Edentés auxquels on peut joindre les Lamantins et les Elé- phans, ainsi que les espèces de la sous-classe des Didelphes et de celle des Ornithodelphes; la plupart se nourrissent.de substances animales ou bien sont omnivores; les autres Mammifères, qui sont les ongulogrades ou les ongulés, se rapportent aux groupes des Pachydermes ou Brutæ, des Solipè- des et des Ruminans; ils sont principalement phytophages. Les ongles de l’homme et des pre- miers Singes sont aplatis ; mais ils perdent ce ca- T. IV. 519° Livraison. ractère à mesure qu'on s'approche des espèces plus inférieures, et chez les derniers Quadruma- nes ils sont déjà demi-cylindriques et même un peu crochus. Chez les Chats ces organes présentent une par- ticularité remarquable ; ils sont aigus et très-acé- rés, el par une disposition particulière des mus- cles moleurs des doigts, ils peuvent être retirés en arrière à la volonté de l’animal, de telle sorte qu’ils ne s’usent point par la marche comme ceux des Chiens ; on dit alors qu’ils sont rétractiles, et c’est dans ce cas surtout qu'ils prennent le nom de grilles. Quelques espèces ont les ongles à demi rétractiles, mais il en est un bien plus grand nom- bre qui n’offrent aucune trace de cette disposition; nous cilerons pour exemple une espèce du genre même des Chats, le Gnépard. D’autres parties qui dépendent de la peau ont, avec les poils et les ongles, des rapports dans la pature de leurs élémens et dans la manière dont elles sont produites ; ce sont les cornes, qu'ils ne faut pas confondre avec les bois des Cerfs. La cou- che épaisse de matière cornée qui les revêt est de même nature que l’épiderme et les poils ; ces cor- nes sont ordinairement au nombre de deux; une espèce d’Antilope en présente normalement qua- tre , et la Girafe en a réellement trois dans l’âge adulte. La corne des Rhinocéros, tantôt unique, tantôt double , est aussi une particularité à noter; elle résulte évidemment d’une agglomération de poils ; mais ellenerecouvre pas, comme les cornes des Ruminans, un prolongement de l’os frontal. Les organes sécréteurs de la peau , dont le pro- duit reste à l’état liquide ou seulement semi-so- lide, sont les cryptes, dont la réunion au pour- tour des narines prend le nom de mufle ; extrémité nasale de la face est appelée museau lorsqu'elle ne présente point de cryptes. Des espèces d’un même genre peuvent avoir un mufle ou seulement un museau : ainsi les Bœufs et les Cerfs offrent ordinairement la première disposition , tandis que leurs congénères , l'Elan, le Renne, le Bœuf mus- qué, etc., dontles narines sont entourées de poils, ont un museau, D’autres amas de cryptes nais- sent aussi dans beaucoup d'animaux auprès de l'anus , et sécrètent une odeur plus ou moins abon- dante; elles prennent à l’époque des amours un plus grand développement. Les cryptes de l'anus sont assez développées chez les Chiens ; les Castors ct les Viverras les présentent avec une étendue beau- coup plus grande encore. Enfin il est d’autres amas de cryples sécrétrices qui sont siluées dans diverses autres parties du corps, et déterminent le petit appareil que les Pécaris ont sur le sacram, et que l’on avait d’abord décrit comme lorifice des organes urinaires. La glande que les Eléphans ont derrière les yeux est aussi de celle sorte, et l’on peut lui comparer les glandes particulières de quel- ques Chauve-souris, ainsi que celles qu’on ob- serve sur les flancs des Musaraignes. Leur usage chez ces animaux est écalement de sécréter une matière odorante, et comme c’est à l'époque des amours que cette odeur se fait sentir avec plus de 79 MAMM 626 MAMM force, on peut supposer qu'elle, est destinée à aver: tir les individus de sexe différent et à faciliter leur rencontre. Des sens. — Les Mammifères ont les cinq, sens (toucher, goût, odorat, vue et ouïe ). Le toucher n’est pas développé au même degré chez tous ces animaux ; il est des Mammifères qui ont la peau épaisse ou couverte.de poils nom- breux, ce qui rend moins fine la sensibilité de leur toucher général. Le tact ou toucher actif est aussi plus ou moins développé , suivant les espè- ces, et, de plus, il s’exerce chez toutes aumoyen du même organe. Chez l’homme il a pour prin- cipal agentles extrémités des membres supérieurs; chez les Quadrumanes les quatre extrémités jouissent à peu près à un même degré de la fa- culié de percevoir les sensations ; chez beaucoup de Carnassiers les membres ont aussi cet usage, mais c’est surtout sur les côtés de la lèvre supé- rieure, dans les moustaches, qu’on doit chercher l'organe du tact; des nerfs puissans se rendent à ces moustaches, et leur permeitent de remplir les fonctions auxquelles les mains sont destinées chez d’autres espèces: il est d’autres animaux qui peuvent toucher avec leur queue, ce sont ceux chez les- quels cet organe est préhensile; dans le Cheval c’est la lèvre inférieure qui remplit cette fonction, et dans d’autres espèces, un prolongement nasal auquel on donne le nom de trompe ou de. boutoir jouit de la même propriété; c’est ce que l’on voit our les Musaraignes, les Desmans, les Taupes, les Condylures, les Tapirs, les Sangliers et surtout l'Eléphant. Chez celui-ci le poids du corps ne per- met pas aux membres, transformés en colonnes de soulien, de. servir la sensation tactile, et la masse de l’animal ainsi que son genre de vie rendraient inutile un simple organe de toucher analogue à ceux des espèces que,nons avons déjà citées. Les narines prennent alors un accroissement, déme- suré: elles se disposent en un long tube mobile, et leur extrémité peut en même temps servir à la préhension et au tact, deux actions qui semblent s’éclairer l’une l’autre, et qui sont le plus souvent confiées à un même organe. C’est, en effet, ce qui a lien pour la main des Quadrumanes et de l’homme, pour la queue prenante des Singes d'Amérique, du Kinkajou, du Goendou, des Sarigues, etc. , qui perçoivent à la fois la sensation du toucher et saisissent les objets. Le goût réside dans la langue et dans les parois de l’arrière-bouche ; la langue présente quelques modifications dans la forme et la nature des pa- pilles molles, ou recouvertes d'un étui corné, (exemple les Ghats), qui sont à sa surface, et qui influent beaucoup sur la délicatesse de,ces percep- tions. LesMammifères aquatiques, et surtoutles Gé-, tacés , sont , de tous ceux qui ont cesens, le moins développé. C’est principalement chez les Garnas- siers des genres Chat, Givette, Hyène, que les papilles ont leur étui le plus dur,et le plus pro- noncé ; on ne peut mieux comparer ces petits cro- chets qu’à des ongles aigus, à de véritables grif- fes, et als ont pour usage de déchirer, en la lé- chant, la proie dont.ces animaux.se nourrissent, L’odorat acquiert, chez les Mammifères un bien plus grand développement que chez les autres ani- maux, et c’est. principalement dans les espèces qui se nourrissent de.chair qu’il a le plus de fi- nesse, L'homme a su mettre à profit pour la chasse l’odorat si délicat du Chien, et pourune autre. fin celui du Cochon, qui n’est pas moins étendu. L'organe de la vue est peut-être moins compli- qué chez les animaux qui nons occupent que chez les, oiseaux, et. il conserve bien, moins de fixité dans le degré, de son développement; mais chez beaucoup d’espèces la disposition des muscles qui l’agitent et le feu dont il est animé témoignent de la supériorité intellectuelle des Mammifères sur les autres animaux. Rapprochés l’un de l’autre dans l'espèce humaine, ainsi que dans beaucoup. de Quadrumanes, et dirigés en avant, les yeux sont, au contraire, plus latéraux chez les autres espèces, et à mesure qu’ils s’écartent entre eux, la physio- nomie prend un caractère de plus en plus stupide; le Bubale est un des animaux chez lesquels ce fait est le plus évident, st Chez la Taupe aveugle, Talpa cæca, dont l'œil est plus petit encore que chez la Taupe ordinaire, et chez le Zemmi, Mus typlus, ainsi que, dans plusieurs espèces voisines, il est réduit à un. petit tubercule caché sous la peau. Nous n’avons point à nous occuper ici des variations anatomiques de: cet organe, qui seront décrites dans un autre,ar ticle. Mais nous ferons remarquer que.les paupières qui le protégent sont ordinairement garnies de poils, qu’on appelle cils; les. Gétacés ordinaires, man- quent cependant de cils et leurs paupières sont elles-mêmes rudimentaires. Le bulbe oculaire présente dans ses dimensions et dans la forme de son ouverture pupillaire des varia- tions quisontenrapportayecle genredeviequemè= nent les espèces ; beaucoup plus gros.chez celles, qui sont nocturnes, il a souvent chez.ces mêmes espèces la pupille verticale. C’est chez les.espèces qui passent leur vie dans des galeries souterraines, qu’il offre le.moindre développement. Les modifications que présente l'appareil auditif dans sa partie externe, sont également en, rap- port avec le genre de vie des animaux. Les espèces qui habitent les plaines découvertes, celles aussi que la nature a dépourvues d’armes, ont le sens de l’ouie très-actif, et la conque auditive très-dé+ veloppée; d’autres qui, vivant de la chair des ani- maux, se trouvent dans des lieux favorables à la chasse, ont aussi une. conque auditive fort grande, tels sont le Corsac et surtout le Fennec, appelé à cause.de cela Megalotis. Celui-ci vit dans le, dé- sert, ei. il se retire pendant le jour dans desiter- riers qu’il creuse sous Je sable : on a remarqué que son. oreille.est garnie de poils qui empêchent l’en- trée des corps les plus petits.. D’autres espèces à grandes oreilles, telles que les Ghauve-souris et surtout les Oreillards, cherchent leur proie, qui se, compose d'insectes, après la chute du jour.et pen- dant la nuit, Leurs énormes conques auditives leur; permettent d'entendre le vol.des animaux les plus: "MAMM ‘627 MAMM légers; mais elles deviendraient pour elles, lors- qu'elles cherchent le repos ,'une source de tour- mens continuels si ces mêmes animaux n’avaient ‘alors aucun moyen de s’y soustraire... C’est en repliant leurs oreilles en espèce de tampons, ou en fermant avec l'Orerzzon (voy. ce mot) l’orifice du canal auditif que les Ghauve-souris échappent à cet inconvénient ; et l’organe qu’on aurait cru d’a- bord pouvoir l’occasioner , est celui-là même qui l’entrave. Ces animaux setiennent d’ailleurs, autant que possible, dans des lieux écartés. Chez beaucoup d’autres, il n’existe pomt de conque auditive, mais le trou auriculaire est alors peu étendu et entouré de poils, ou susceptible de se fermer par un sphincter ou muscle circulaire. Presque toutes les espèces aquatiques (les Phoques ; excepté ceux qu'on appelle Otaries, les Gétacés herbivores et les véritables Cétacés ), et celles qui passent leur vie sous terre (Taupes, Chysochlores, Bathyer- gues ) ; en sont autant d'exemples. +tt Organes de locomotion. Les Mammifères, de même que tous les animaux du type des Vertébrés, jouissent de mouvemens très-variés , soit partiels, soit généraux. Les mou- vemens généraux auxquels ils se livrent, c’est-à-dire ceux de changemens de lieu, ont pour but prin- cipal de procurer à ces animaux les alimens dont ils doivent se nourrir. La nature de ces alimens et celle des milieux où il faudra les chercher étant très-diverses , on conçoit que le genre de vie et par suite l’organisation des Mammifères devront être fort variés. Ces différences, néanmoins, pourront être rapportées à quatre ou cinq modes principaux. Certains Mammifères seront, en effet, modifiés, ainsi que le fait remarquer M. de Blainville, pour vivre et chercher leur nourriture à la surface de la terre , ou sur les arbres, ou dans les airs, ou dans l’eau , ou même encore dans la terre qu'ils sillonneront en tous sens : de là, la distinction des Mammifères en plusieurs catégories , les uns étant terrestres ou grimpeurs, les autres aériens, d’autres aquatiques , et quelques uns , enfin, fouis- seurs. La forme du corps des animaux de cha- cun de ces groupes est en rapport avec leur genre de vie, Les espèces terrestres ont la disposition que nous leur connaissons, mais qui peut éprouver quelques variations , selon qu’elles doivent sauter, . Courir, marcher seulement, ou bien grimper. Les espèces aériennes auront le corps plus petit, pro- portionnellement à l’étendue des membres, aux- quels s’ajouteront, ainsi que’on le voit chez les Galéopithèques, les Chéiroptères, les Polatouches, les Phalangers volans, des membranes étendues sur les flancs seulement, entre les membres ou bien entre les doigts, ordinairement fort allongés dans ce cas, et disposées en de véritables ailes. Les membres antérieurs présentent le plus souvent cette particularité ; c’est aussi sur eux que portent principalement les modifications chez les espèces subterranéennes et aquatiques; mais, chez ces der- nières (les aquatiques) le corps est: allongé et fu- siforme , il est, au contraire, en coin et plus dé- veloppé antérieurement que postérieurement chez les espèces qui fouissent. Les” espèces affectées à ces différens genres de vie semblent exister dans les divers groupes primordiaux que lon distingue parmi les Manimni- fères. Ainsi, il est facilé de reconnaître qu'il y a parmi les différens animaux qui vivent dans l’air, sur la terre, ou au dessous de sa surface et dans l'eau, des espèces destinées à se nourrir de sub- stances animales ( espèces carnivores , inseéclivo- res, etc. ), et d’autres qui recherchent les pro- ductions végétales ( espèces frugivores , herbivo- res , etc. ); mais comme les caractères que four- nissent les organes de nutrition sont plus importans que ceux qui déterminent le mode de locomotion, ils doivent être considérés avant eux dans certains cas; aussi doit-on admettre que les Mammifères dont le régime est analogue sont destinés à cher- cher leur nourriture dans l'air, dans l’eau , à la surface de la terre ou dans son intérieur, au lieu de supposer que des animaux d’un même genre de vie ont une organisation intéricure différente, selon qu'ils doivent s’alimenter aux dépens des animaux de diverses sortes, et des végétaux ou de leurs fruits. Il paraît au premier abord peu important d’adop- ter l’une de ces deux opinions plutôt que autre; mais elles doivent-être discutées avec soin, à cause de leur importance pour la classification et des conséquences tout-à-fait contradictoires qui résul- tent de l’admission de l’une ou de l’autre. Ainsi, en prenant pour point de départ la consi- dération du genre de vie, on a été conduit à réunir d’abord dans une même classe les Oiseaux et les Chauve-souris, parce qu’ils vivent dans l'air ; les Cétacés et les Poissons, parce qu'ils vivent dans l'eau;'et les Reptiles quadrupèdes , ainsi que'les Quadrupèdes vivipares, parce que les uns et les au- tres ont des membres au nombre de quatre et dispo- sés pour la marche. Ce sont autant d'erreurs qui n’ont été abandonnées par les savans que dans ces derniers temps, et qui ne l’ont malheureusement pas été par tout le monde. » Les organes de la locomotion sont les os et les diverses parties dont l’ensemble constitue avec eux le squelette; et les muscles qui agissent sous l'influence des nerfs et sont les organes de la con- traction : ceux-ci sont constamment actifs; lé rôle du squelette, au contraire , est passif seulement, Nou$passérons rapidement sur les parties plüs'ou moins dures du squelette, qui n’ont pas la consis- tance de véritables os : ce sont les aponévroses, les tendons et les cartilages, toujours plus nombreux chez les jeunes sujets que chez les adultes, et qui prennent fréquemment chez ces derniers, et surtout chez les sujets avancés en âge ; la consistance os- séuse. Le Les os, qui sont les séules parties que l’on con sidère ordiaairémént ; mais à tort, comme formant seuls lesquelette, appartiénnent àla tête et au trône, ainsi qu’à leurs appeñdices ; qui sont les mâchoirés et les membres. La tétéest, comme là colonne dorsale elle-même, composée de vertèbres, sûr1éndmbre désquellesles MAMM 628 MAMM auteurs ne sont pas d'accord. MM. Oken et de Blainville, qui ont les premiers donné cette déter- minalion des parlies osseuses de Ja tête, en ad- mettent quatre (M. de Blainv. ), ou trois seule- ment (M. Oken ). Ces vertèbres sont l’occipitale, la pariétale , la frontale et la nasale, poar M. de Blainville. Les mâchoires peuvent être considérées, ainsi que l’admet ce dernier, comme les appen- dices, ou si l’on veut les membres de la tête : elles sont au nombre de deux paires, toujours horizonta- les et jouent l’une sur l’autre; la bouche, qu'elles déterminent par leurouverture, esltoujours trans- verse. M. Laurent admet, au contraire, d’après une formule générale, que les mâchoires sont à la tête ce que les apophyses transverses sont à la colonne vertébrale, c’est-à-dire des arcs transver- ses de vertèbres convergeant et inscrivant les pa- latins qu’il considère comme des côtes céphali- ques: Ces considérations s'appliquant aussi aux au- tres vertébrés, nous ne devons que les indiquer ici. : Les mâchoires présentent, chez les Mammi- fères, le caractère remarquable d’être pourvues, dans une partie plus ou moins grande du bord par lequel elles sont en rapport l’une avec l’au- tre, de corps d’une grande densité , que l’on con- naît sous le nom de dents , et qui fournissent des caractères d’une grande fixité et d’une importance qu’on ne saurait nier. Les dents implantées dans Jes mâchoires, sont les seules que possèdent les Mammifères ; elles se distinguent, selon leur forme et surtout leur position, en molaires, en canines et en incisives. Beaucoup de Mammi- fères ont ces trois sortes de dents ; quelques uns manquent d'incisives, certains autres de canines : tels sont les Rongeurs ; et il en est qui sont à la fois privés d’incisives et de canines, et même aussi de molaires : tels sont les Fourmiliers, les Echidnés, et quelques autres. Chez certaines espèces, les dents ont une forme tout-à-fait singulière, si on les compare à celles des autres animaux du même groupe que l'espèce étudiée; mais ces anomalies ne se montren! jamais , ou au moins très-rarement, d’une manière subite dans la série; le plus sou- vent on y est pour ainsi dire insensiblement pré- paré par une sorte d’oscillation, laquelle semble comme résulter d’un manque d'uniformité ou d’une dégradation dans le système dentaire des es- pèces voisines, Les exemples les plus remarquables sont , sans contredit , parmi les Carnassiers, ceux des Scalops et des Protèles ; ceux-ci semblent faire le passage de la dentilion des Phoques à celle des Chiens et des Morses , dont les dents sont encore plus profondément altérées que celles des Phoques et des Protèles eux-mêmes. La forme des dents est en rapport avec la nourriture des animaux. Ainsi les molaires , tuberculeuses chez les Omnivores, sont épineuses, au contraire, chez les Insectivores, tranchantes chez les Carnassiers, inégales et à col- lines chez les Herbivores. Les impressions et les replis que présentent leur surface offrentune grande constance dans les divers individus d’une même espèce, même pour les plus minutieux détails, et dans les genres et souvent les familles la même chose à lieu pour le système de disposition que les dents affectent. Leur nombre est aussi d’une ré- gularité remarquable, et les seules differences qu’elles présentent sous ce rapport portent pres- que exclusivement sur ces dents, d’une utilité dou- teuse, qu’on appelle fausses molaires. Les dents , dont nous parlons ici parce qu’on ne peut indi- quer les mâchoires sans les mentionner aussi, ne font point partie du squelette : ce sont comme les poils, les cornes et les sabots, des parties non or- ganisées que l'animal sécrète, mais qui lui sont inhérentes. Les dents sont de nature cornée chez les Ornithorhynques, mais toujours implantées dans les mâchoires. Nous ne chercherons point à faire l’énuméra- tion de tous les os de la tête, et encore moins à déterminer leur nombre d’une manière rigoureuse, puisqu'ils peuvent offrir sous ce rapport des va- riations très-nombreuses. Les verièbres du cou sont néanmoins d’une fixité remarquable. Chez toutes les espèces de Mammifères connues, elles sont au nombre de sept : deux espèces font seules exception à cette règle : ce sont l’'Unau et l’Aï qui composent le genre Bradypus ou Paresseux; le premier a huit vertèbres cervicales, et le second en a neuf. Les vertèbres dorsales, qui sont les seules qui por- tent les côtes, varient en nombre, et le sternum, auquel aboutissent inférieurement les côtes, pré- sente, dans la disposition et le nombre des pièces qui le composent, quelques variations; la forme de chacune de ces pièces a, dans beaucoup de cas, l'apparence d’un corps de vertèbre. Les au- tres vertèbres, celles des lombes par exemple, qui, ainsi que celles du dos, sont toujours mobi- les, sauf quelques anomalies, varient aussi en nom- bre, mais dans d’étroites limites. Il en est de même de celles du sacrum, qui sont soudées entre elles et forment l'os sacré. Les vertèbres sacrées s’arti- culent avec le pubis. Les vertèbres coccygiennes ou de la queue sont, de toutes, celles qui varient le plus, et l'organe qu’elles constituent présente aussi des dispositions assez différentes : nulle à l’ex- térieur chez un grand nombre d’espèces (Homme, Chimpanzé, Gibbon, Orang , Magot ; Loris, Bra- dype, Gabiai, Daman, etc., etc.), n’existant pas même à l'intérieur chez quelques autres du genre Roussette, par exemple, la queue est dans cer- tains.cas fort longue et peut servir à des usages très-divers. Chez beaucoup d'espèces, soit du groupe des Singes d'Amérique, soit de la famille des Givettes (les Paradoxures), soit de celle des Porc-épics, ou bien encore dans les Kinkajous, les Phalangers et les Sarigues , la queue est sus- ceptible de s’enrouler; on dit alors qu’elle est préhensile ou prenante. Elle est appelée lâche dans le cas contraire. Dans quelques autres elle acquiert, à cause des muscles qui s’y ajoutent, un volume et une force remarquables, et elle sert à différens usages. Chez les Cétacés et les Castors elle est déprimée et sert à la nage; chez d’autres elle est, au contraire, comprimée, tels sont les Desmans. Enfin, chez les Kanguroos elle VS MAMM 629 MAMM remplit l’oflice d’un nouveau membre sur lequel l'animal s’appuie lorsqu'il se repose. La queue four- nit aussi dans certains cas une sorte de balai, au moyen duquel plusieurs se débarrassent des mou- ches et des autres insectes qui les incommodent, et elle se termine alors par un pinceau de long crins, comme on le remarque chez les Ruminans des genres Girafe, Bœuf, et chez quelques espèces des autres ordres. Les membres sont toujours au nombre de deux ou, ce qui est plus fréquent, de quatre. Jamais ils ne manquent entièrement, mais ils peuvent offrir dans leur proportion de nombreuses diffé- rences, qui sont ordinairement en rapport avec le mode de progression des animaux. Les espèces à deux pieds seulement sont les Cétacés, qu’on dis- tingue en deux catégories , les G. ordinaires et les C. herbivores; chez ces animaux ce sont les meim- bres postérieurs qui manquent. On reconnaît aux deux paires de membres des Mammifères, ainsi qu’à ces organes chez les au- tres vertébrés, quaire parties principales, qui se correspondent antérieurement et postérieurement. 1° La ceinture osseuse ou la racine, composée antérieurement de la clavicule et de l’omoplate, auxquels s'ajoutent, chez les Ornithodelphes, un troisième os que l’on retrouve chez tous les ovi- pares, oiseaux etreptiles. Cuvier le considère comme l’apophyse coracoïde exagérée ; c’est au contraire, dans la manière de voir de M. de Blain- ville, un nouvel os correspondant à l'ischion, et que ce savant appelle præ-ischion. Postérieurement sont le pubis, liléonet l’ischion. # Gette partie est la seule dont on trouve des traces au lieu des membres postérieurs des espèces dipodes. » 2° Le pédicule, formé en avant de l’humérus et en arrière du fémur. 5° La manche ou manubrium, sur lequel repose la parlie terminale, et qui est composé en avant du radius et du cubitus, et postérieurement du tibia et du péroné. Le fémur chez les Mammifères di- delphes, et surtout chez les Ornithodelphes, s’ar- ticule en même temps avec le tibia et le péroné. Chez les Moncdelphes , au contraire, c’est seule- ment avec le Libia; quelques espèces de l’ordre des Edentés font néanmoins exception à cette rè- gle, mais chez elles il ÿ a réun'on de la tête supé- rieure des deux os de la jambe. Les ovipares of- frent encore ici la même disposition que les Orni- thodelphes. 4 La partie terminale, qui est la plus impor- tante et se compose de la main subdivisée en carpe, métacarpeet doigts, ou du pied etse partage alors en tarse, métatarse et doigts. Les principales différences pour la ceinture ou parlie radicale antérieure consistent dans la forme de l’omoplate, qui présente plusieurs variations importantes, et dans celle de la clavicule, qui est plus ou moins longue, et peut être réduite à un simple appendice d’aspect liÿamenteux , ou même manquer antérieurement. La ceinture postérieure offre dans son évasement et sa direction, ainsi que dans la largeur des pubis, quelques variations qui sont en rapport avec la station qu'aflecte chaque es- pèce; chez la Taupe les pubis ne sont pas réunis par une symphyse; le détroit? du bassin est fort étroit, et c'est par dessus lui et en avant que pas- sent le tube digestif et les organes génitaux. Le Desman, qui est de la même famille , offre une disposition diamétralement opposée. Une modi- fication plus importante se voit chez les Didel- phes et chez les Ornithodelphes; nous voulons parler des os marsupiaux ou os prépubiens bilaté- raux qui s’articulent au devant du pubis. On peut admettre , ainsi que nous l’avons fait remarquer à l’article Dinecpne de ce Dictionnaire , que les os marsupiaux sont destinés à donner plus de solidité aux parois de l'abdomen, au moyen des attaches qu'ils fournissent aux muscles de cette région ; ils sont , en effet, dirigés au dessous des mamelons, et l’on sait que les petits des Didelphes sont suspen- dus pendant un temps assez long aux mamelles de leur mère , puisque c’est, pour ainsi dire, at- tachés à ces organes, qu'ils passent leur vie fœtale. Chez les Ornithodelphes il est probable que les os marsupiaux ont aussi avec la gestation, mais avec la gestation utérine, quelque rapport qu'on m'a point encore suflisamment constaté. Les os marsupiaux de la ceinture postérieure n’ont point de représentans dans la ceinture osseuse anté- rieure ; néanmoins un jeune analomisie, récem- ment enlevé aux sciences dont il eût certainement agrandi le domaine, M. Louis Desvignes, a cru pouvoir les comparer aux clavicules ; suivant d’autres savans, les clavicules sont les représen- taus des os pubis. L Les hamérus, très-courts chez la Taupe, les Phoques, les Cétacés et les autres animaux qui possèdent une plus grande force de membres antérieurs, sont au contraire beaucoup plus al- longés dans certaines autres espèces; mais leur longueur n’atteint point celle des fémurs , qui sont dans beaucoup d’espèces les os les plus grands de tout le squelette. La direction de la tête du fé- mur et de l’humérus, ainsi que celle de l’axe de ces os, varient également dans certaines limites. Chez l'Eléphant, qui a besoin d’une résistance considérable pour supporter la masse énorme de son tronc, le col et le corps de ces os sont presque dans la même direction. Les os de l’avant-bras ou de la jambe ne varient pas moins pour la forme, et il en est de même de ceux de l’extrémité du membre. Les os du corpset du tarse, et pour cette dernière partie le calcaneum et l’astragale surtout, présentent des formes fixes suivant les espèces et même les genres, et comme ces os sont fréquens dans les terrains fossilifères , ils suflisent souvent. pour la détermination des espèces. Chez les Rumi- nans et même chez quelques Rongeurs, par exem- ple les vraies Gerboises , le tarse est composé d’un seul os qui porte le nom de canon; cette disposi- tion rappelle celle du tarse des oiseaux. Les doigts et par conséquent les métacarpes ou les métatarses qui les supportent ne sont jamais plus nombreux que cinq; dans quelques cas même ils le sont. MAMM 6 A —_—_—_—]_—_—_—_—_—_— 30 MAMM ait moins. Chez les Solipèdes il n’y a même qu’un seul doigt qui se développe, mais les deux petils os grêles et allongés qui sont sur les parties latérales du pied, et qu'on nomme les siylets, doivent être considérés comme des doigts rudimentaires. Les phalanges sont généralement au nombre de trois; quelques Cétacés en ont cependant un plus grand nombre, mais pas à tous les doigts. Lu disposition des pieds fournit des caractères importans pour la classification des Mammifères, et qui, joints à ceux des parties cornées , ongles, griffes ou sabots, par lesquelles les doigts sont ar- més, ont fourni pendant iong-temps les principales ” indications sur lesquelles les naturalistes ont basé leur classification. Les parties actives de la loco- motion, ou les puissances qui mettent en mouve- ment les os (ceux-ci ne sont queles points d'appui), n’ont rien d'assez remarquable et surtout d'assez caractéristique dans leur disposition pour que nous nous y arrêtions; aussi devons-nous nous contenter de renvoyer pour ce qui les regarde aux articles Musczes et MyoLoare. +++ Des fonctions de nutrition chez les Mammi- fères. Elles comprennent , ainsi que nous l’avons dit , la digestion , la circulation et la respiration , aux- quelles viennent se joindre les fonctions qu’on a nommées de défécation, et qui comprennent la dé- fécation intestinale du résidu alimentaire et celle de l'urine (défécation urinaire). Nous commen- cerons par k digestion. Organes de digestion. Les organes au moyen desquels elle s’exécute sont le canal intestinal et ses annexes. Le canal intestinal a, chez les Mammifères, deux ouvertures : l’une d’entrée, qui est la bouche; et l’autre de sortie , qui est l’anus. Il a toujours une étendue plus considérable que celle du corps de l'animal, aussi est-il plus ou moins replié dans la cavité abdominale. La bouche des Mammifères offre quelques varia- tions dans la disposition de la langue et des dents: les joues ou les parois latérales charnues qui la limitent sont susceptibles d’une extension plus ou moins grande. Ghez les Singes les joues sont un peu dilatables, mais c’est surtout chez quelques espèces de l’ordre des Rongeurs, les Saccophores ou Saccomys etles Anthophiles, qu’il existe des abajoues plus développées. Chez les Saccophorus, dont on connaît maintenant trois espèces , elles forment, ainsi que le nom de ces animaux l’indi- que, un double sac placé de chaque côté de la face. Le pharynx fait suite à la bouche ou plutôt la complète. Après lui vient l’œsophage, qui‘est un tube plus ou moins musculeux conduisant dans l'estomac. C’est dans l’estomac que commence la digestion ; cet organe est ordinairement une espèce de sac courbé, n’offrant qu’une seule cavité ; mais dans les Ruminans, les Cétacés ordinaires et même dans quelques espèces du groupe des Singes (les SEMNOPITHÈQUES , voy. ce mot et l’art. Rumina- TION), il se partage en loges plus ou moins vastes, plus où moins distinctesfet qui modifient d’une manière remarquable le rôle'qu'il doit remplir. L’estomac, dont nous ne devons pas décrire ici la structure, sécrète par sa paroi interne un mucus plus ou moins abondant qui est le suc gastrique ; après lui viént le duodénum qui commence l'in- testin proprement dit , et dans lequel se déversent les sécrétions du pancreas et du foie. Il communi- que avec l'intestin grêle, qui acquiert une très: grande longueur, et après celui-ci vient le gros Intestin, quise termine à l’anus par le réctum. L’anus est séparé plus ou moins des conduits ex- créteurs de l'urine et des voies génitales. Les espè- ces ornithodelphes,qui ont un cloaque, c’est-à-dire un vestibule commun dans lequel débouchent le rectum et les conduits génito-urinaires, font excep- tion. À l'entrée du gros intestin existe chez beau- coup d'animaux un appendice de même nalure, fermé à son extrémité et qui est plus ou moins long suivant les espèces ; c’est le cæcum qui, chez les Mammifères, est toujours unique, au lieu d’être pair, comme celui des oiseaux ; l'intestin gréle ne présente pas, ainsi qu’on le voit chez plusieurs de: ceux-ci, de nouveau cœcum, ct quelquefois même il n’existe aucune trace de celui du gros intestin. Le foie , qui sécrète le fluide biliaire, est plus ou moins volumineux, et toujours placé du côté droit, bien qu’il puisse s'étendre plus ou moins à gauche. ! Sa partie glandulairé ou sécrétrice est le foie lui- même, dans lequel se ramifie la veine porte; son conduit excréteur est le conduit hépatique ; la vési- cule biliaire représente le réservoir, et son canal éducteur est le conduit cystique. La vésicule bi- liaire manque chez beaucoup de Mammifères. Le pancréas, dont le canal excréteur s’unit à celui du foie , est placé du côté gauche. Kespiration. Les Mammifères, que l’on a dit avoir des branchies pendant les premiers temps de la vie ntérine, parce qu’on a considéré comme telles des stries vasculaires dont la véritable nature n'a peut-être pas été entièrement reconnue ; rés- pirent l'air en nature au moyen de poumons aus- sitôt après la parturition. Leurs poumons sont di- visés en plusieurs lobes enveloppés d’une plèvre, retenus dans lai cavité pectorale , et séparés des viscères de l’abdomen par un plan musculaire transverse dont les ovipares manquent le plus souvent ou dont ils n’ont que de faibles radimens. L’organe respiratoire en lui-même se compose de la trachée-artère , des bronches et de leurs subdi- visions qui sont d'innombrables ramuscules, tous terminés en cul-de-sac, mais non dilatés à leur extrémité , ainsi que l’ont démontré Reïssessen et tout récemment le D. Bazin. Au commencement de la trachée-artère est le larynx ou l’organe qui module les sons si variés que font entendre les Mammifères ; diverses dispositions anatomiques sont en rapport avec ce dernier phénomène et ont sur lui une influence appréciable. La particularité la plus remarquable est sans contredit celle des Alouates ou Singes hurleurs qui ont une voix d’une force et d’une étendue prodigieuses : aussi ont-ils été appelés du nom générique de Stentor. Les MAMM 631 MAMM Mammifères n’ont point de larynx inférieur, et leur trachée, composée d’arceaux cartilagineux, est loin d’éprouver autant de modifications que celle des oiseaux. ‘Circulation. La circulation des Mammifères estétablie, sauf quelques légères modifications , surle même type que celle des oiseaux; le cœur est, double également, c’est-à-dire composé de deux ventricules et de deux oreillettes, Pendant la vie fœtale seulement les oreillettes communiquent entre elles au moyen du trou de Botal. Le cœur varie un peu pour la forme ; il est toujours entouré du péricarde adhérent ou non au diaphragme. Si ce n’est chez quelques espèces , le cœur est ordinai- rement placé sur la ligne médiane et toujours dans la cavité de la poitrine. Chez l'homme sa pointe est dirigée à gauche; presque tous les Singes pré- sentent également cette particularité, que l’on re- marque aussi chez quelques autres espèces. Chez beaucoup d'animaux le cœur présente dans la par- tie médiane un os plus ou moins volumineux. Le sang des Mammifères est rouge comme celui de tous les vertébréset chaud comme celui des oiseaux; il renferme une quantité, variable suivant lesespèces, de globules qu’il charrie (voy. Sanc). Les vais- seaux qui le conduisent sont les veines et les artères. Le sang vivifié dans le poumon est transmis au côté gauche du cœur, qui doit le distribuer dans toutes les parties du corps par les veines pulmo- naires, qui se rendent à l'oreillette, Par cette pre- mière cavité le fluide nourricier par excellence est transmis au ventricule duquel part l'artère aorte. La contraction du ventricule gauche fait passer le sang dans cette dernière et il est conduit dans toutes les parties du corps par les nombreuses _ subdivisions que celle-ci fournit à la tête, au tho- rax, à l'abdomen et aux membres. Après ce trajet le,sang, qui a changé de couleur pour devenir d’un brun plus foncé, ou, comme on le dit, pour se, convertir en sang noir, est transmis par les vaisseaux capillaires aux veines. Gelles-ei, d’abord très-nombreuses, ne tardent pas à se réunir en convergeant les unes vers les autres, et en défini- tie le sang qu’elles contiennent est porté à la partie droite du cœur par les seules veines caves inférieure et supérieure qui se rendent à l’oreil- lette.. L’artère pulmonaire naît du ventricule da même. côté, et conduit le sang dans les pou- mops, oùil doit reprendre de nouveau sa couleur rouge. Le caractère de la circulation des Mammifères est:d’être double comme. celle des oiseaux, c’est- à-dire de résulter pour ainsi dire de deux circula- tions particulières : 1° trajet du sang du ventri- cule gauche à la périphérie du corps, au moyen desartères, et retour par le système veineux à l’o- reillette droite : c’est la grande circulation, ou circulation générale; 2° trajet du sang du ventri- cule droit à l'oreillette gauche en, traversant le poumon pour recevoir d'influence de l'air : c’est la petite. circulation, ou ; circulation pulmonaire, Dans le premier :cas , le sang. rouge est contenu | parles artères , et le sang noir par les veines : c’est le contraire dans le second. Les veines, prises là où elles recoivent le sang , vont en se réunissant au lieu de se subdiviser comme le font les artères envisagées de la même manière ; mais au foie, elles présentent une parti- cularité remarquable qui est d’ailleurs commune aux Mammifères et aux autres animaux. La veine porte se rend au foie, et elle se ramifie dans son intérieur à la manière des artères. Les ovipares présentent mêmela particularité d’avoir une veine porte rénale, c’est-à-dire une ramification veineuse destinée au rein, comme celle de la veine porte l'est au foie. Gelte nouvelle particularité n’existe point chez les Mammifères, ce qu’il importe de noter. Chez les espèces aquatiques, les veines de cer- taines parties du corps sont susceptibles d’une grande dilatation au moyen de laquelle la circu-, lation se trouve ralentie, de telle sorte que, le sang arrivant moins abondamment au poumon, les in- spirations peuvent être moins fréquentes, ce qui permet à ces animaux de rester plongés plus long- temps. Il existe aussi chez les mêmes espèces, et pour remplir une fonction analogue, des anasto- moses et des lacis artériels ou veineux. Les tra- vaux de Hunter, et ceux plus récens de MM. Baëér, Breschet , etc., donnent sur ces dispositions des détails auxquels nous renvoyons. Les vaisseaux lymphatiques ont pour but prin- cipal l’absorption des matériaux nutritifs retirés des alimens et qui constituent le chyle ; aussi sont-ils plus développés le long du canal intestinal et sur- tout des intestins proprement dits, que partout ailleurs; mais ils existent aussi dans les diverses autres parties du corps et se réunissent pour la plu- part au canal thoracique , lequel se rend à la veine , sous-clavière gauche. Le système lymphatique est moins développé chez l'homme que chez aucun des autres Mammifères. Meckel lui assigne les ca- ractères suivans dans les animaux de cette classe : 1° un plus grand développement des valvules ; 2° la distinction des vaisseaux en deux couches, l’une superficielle et l’autre profonde ; 3° un nom- bre considérable de ganglions ; 4° un nombre plus limité de communications avec le système sanguin; ordinairement il n’y a qu’un seul tronc ( canal thoracique ) qui se jette dans la veine sous-clavière, ainsi que nous venons de le dire , et un autre ac- cessoire qui aboutit à la veine sous-clavière droite. Organes urinaires. Ils diffèrent peu de ce que l'on connaît chez l’homme, c’est-à-dire qu'ils présentent ordinairement une partie sécrétrice ou glanduleuse comprenant les papilles qui exsudent l'urine et les calices qui la reçoivent pour la trans- mettre à un bassinet commun, d’où elle coule dans les uretères, conduits excréteurs qui la mè< nent à la vessie. De celle-ci, qui est le réservoir de l'appareil urinaire , le fluide sécrété passe dans l'urètre , qui doit le verser à l'extérieur. Les Orni- thodelphes néanmoins offrent une particularité remarquable ; leurs uretères, au lieu de s’ouvrir dans la vessie, débouchent aw contraire au dessous MAMM 632 de cet organe dans un canal commun à l'urine et au produit de la génération ; ce canal a été nommé canal urétro-sexuel, il aboutit au cloaque. Chez les Mammifères monodelphes, on trouve quelques variations dans la forme des reins : ceux-ci peuvent être décomposés en lobules plus ou moins nombreux et plus ou moins distincts, ainsi qu’on le voit chez les Ours et surtout chez les Baleines. Chez les mdividus femelles, la Taupe et le Loris exceplés, l’urètre s’ouvre dans la vulve, au des- sus de l’orifice du vagin ; chez les mâles, il recoit le fluide séminal à une certaine partie de son éten- due ; ce produit lui est transmis par les conduits éjaculateurs, lesquels s'ouvrent par deux petits orifices oblongs chez l’homme et situés sur les parties latérales du verumontanum, Les organes urinaires nous mènent à parler im- médiatement de ceux de la reproduction. +tttt Fonctions de reproduction. Les appareils que nous avons éludiés servent au développement des individus ou à leur conserva- tion , ou bien encore ils sont destinés , comme cela se voit pour les sens , à percevoir les rapports de ces animaux avec le monde extérieur, Ceux dont nous devons indiquer maintenant les principales dispositions ont pour fonction exclusive la repro- duction de nouveaux êtres : les premiers entrete- paient la vie des individus, ceux-ci perpétuent la vie des espèces. Les organes sexuels sont les principaux agens du phénomène reproducteur; chez les Mammifères ils sont mâles ou femelles, et toujours portés sur des individus différens ; aussi faut-il, pour repré- senter chaque espèce, deux animaux au moips , Vun mâle, l’autre femelle. IL n'existe point natu- rellement dans la classe des Mammifères d’indivi- dus neutres où sans sexe, comme cela se voit pour quelques insectes hexapodes. Les hybrides que Von voit dans la famille des Solipèdes provien- nent du mélange de deux espèces Voisinss ; ils sont incapables de se reproduire. Les autres animaux inutiles à la reproduction sont des mâles que l’on a mutilés pour les rendre plus faciles à dompter; leur étude appartient plutôt à l’économie do- mestique et à l’art vétérinaire qu’à la Mammalogie proprement dite, qui ne s'occupe que des êtres tels qu'ils sortent des mains de la nature. : Les organes de la reproduction doivent être classés parmi les appareils de sécrétion; ils sont de deux sortes chez tous les Mammifères : les uns, internes, sont les organes de génération propre- ment dits; ils sécrètent l’œuf ou la matière qui doit le féconder , et ils lui permettent d’acquérir dans les diverses parties qui le composent un dé- veloppement plus ou moins grand. Les organes externes qui dépendent de la génération sont les mamelles , glandes particulières qui fournissent le lait et permettent au jeune animal, après qu’il a été mis au monde, dé se nourrir aux dépens de ses parens jusqu'à ce qu’il puisse lui-même se pro- curer Jes alimens nécessaires. Dans toutes les espèces , les femelles portent dans leur sein les MAMM jeunes individus, et elles sont également chargées de les nourrir de leur lait après les avoir mis au monde. On pourrait encore rapporter à l’appa- reil de la reproduction plusieurs parties plus ou moins, importantes de l'organisme : telles sont diverses glandes odorilérantes placées près des organes générateurs , les ornemens de nature variable qui se développent surtout à l’époque du rut, et d’autres qui n'existent que chez l’un des deux sexes; mais ce sont plutôt, dans beaucoup de cas, des modifications d’autres appareils uti- lisés pour la fonction reproductrice, que de véri- tables dépendances de cette dernière ; elles ne lui sont pas d'ailleurs d’une nécessité absolue. Les mamelles et les organes génitaux internes. mâies et femelles sont des appareils de sécrétion complets et présentant par conséquent une partie sécrétrice ou glanduleuse, un canal afférent, un réservoir et un canal déférent disposés comme nous l’avons vu pour tous les autres appareils du même ordre. ie Parlons d’abord des organes internes, qui sont communs, à quelques modifications de détail près, aux Mammifères et aux autres vertébrés. Organes femelles. Les ovaires, que l’on considère comme la partie glanduleuse et principalement sé- crétrice, sont doubles chez tous les Mammifères : les différences que leur structure présente dans la série de ces espèces ne sont pas d’une grande im- portance. Chez les oiseaux il n’y a au contraire qu’un seul ovaire qui se développe. Après eux vien- nent les trompes de Fallope on oviductes, égale- ment en nombre pair; leurforigine n’est point en communication directe avec l'ovaire, mais elle est. dilatée, frangée et dirigée de son côté. L’utérus est plus ou moins bifurqué; dans ce cas, des subdivisions de cet organe, qui portent le nom de cornes, sont en communication non interrompue avec les trom- pes; elles se réunissent plus ou moins près de leur base; mais quelquefois elles ne le font point, et cha- cune d’elles débouche séparément dans le canal qui fait suite à l'utérus et qu’on appelle le vagin. Plusieurs Rongeurs, les Lièvres et les Rats, par exemple, sont dans ce cas; les Didelphes et les Onuithodelphes (voy. plus bas ) présentent aussi cette particularilé; mais, chez beaucoup d’ani- maux, les cornes se réunissent avant la jonction de l'utérus au vagin ( Chéiroptères, Ruminans , Carnivores, Agoutis, Cochons d'Inde, Solipè- des , etc. ) ; elles sont ordinairement d'autant plus longues , et leur forme s2 rapproche par consé- quent d’autant plus de celle d’un intestin , que le nombre des petis qui devront s’y développer est plus considérable : dans les Ruminans, le corps lui-même de l'utérus, c’est-à-dire cet organe, après la réunion des cornes, est encore divisé par une cloison, laquelle est , il est vrai, incomplète; mais chez les Solipèdes, ce caractère n'existe plus. Enfin, chez la femme et les animaux qui ont le plus de ressemblance avec notre espèce, l'utérus est simple et n’existe bifurqué que par anomalie. Dans ces espèces , le col de l’utérus est plus ou moins prononcé, ainsi que chez plusieurs autres ————_—_—————"——————_—_———_———_—_——_—__—_ _—__—— MAMM 633 MAMM autres qui ont l'utérus en partie bifurqué ; mais il n'existe point chez les Didelphes, non plus que chez les Monotrêmes ou Ornithodel- phes. Le vagin présente aussi d'importantes variations; simple chez beaucoup d'animaux, il est double chez les Didelphes ; il peut recevoir plus ou moins rès de son orifice extérieur l’urètre ( Monodel- phes et Didelphes ), ou bien s'ouvrir de même que celui-ci, mais séparément, dans un organe particulier, le cloaque, appelé aussi vestibule , et auquel aboutit également le rectum. Les Orni- thodelphes présentent cette dernière disposilion, et c’est un nouveau rapport qu'ils ont avec les ovi- pares. Chez la Taupe, une anomalie très-remar- quable a été signalée ; l'urètre , le vagin et le rectum ont chacun une ouverture spéciale ; et chez les femelles vierges , comme la vulve est encore imperforée, on observe une disposition tout-à-fait analogue à celle que présentent les màâ- les ; aussi, chez ces animaux, est-il alors difficile de distinguer les uns des autres les individus de sexe différent. C’est en quelque sorte une prolon- gation de ce qui n'existe que chez le fœtus dans beaucoup d’autres Mammifères. Organes mâles. Les testicules, ou les organes sé- créteurs du fluide fécondant, seront étudiés dans un article spécial ; aussi ne devons-nous point aborder ici l’étade de leurstructure. Ils sont , de même ane les ovaires, au nombre de deux; dans quelques es- pèces, ils n'apparaissent à l’extérieur à aucune époque de la vie, et ils restent, comme ceux des ovipares, placés plus ou moins près des reins ; mais chez beaucoup d’autres, tels que les Rumi- nans , les Pachydermes, lês Carnassiers, les Qua- drumanes, l'Homme, ainsi que les Didelphes , ils sont placés dans les bourses ou scrotum , et ils y descendent plus ou moins long-temps après la nais- sance. Le canal excréteur des organes mâles de sécrétion se compose de ce qu’on appelle chez l'Homme épididyme et vaisseaux déférens ; après lui, vient la poche de dépôt, comparable, quant à sa fonction, à l'utérus , et qui se compose de deux réservoirs membraneux, Communiquant par un canal court et étroit avec les conduits déférens. Ces vésicules n’existent point chez un certain nombre de Mammifères. On a principalement si- gualé leur existence chez l'Homme, les Quadruma- nes et une grande partie des Carnassiers. Chez beaucoup d’autres, celte partie de l’appareïil mâie n’estreprésentée que par de simples renflemens des canaux excréteurs; chez le Lièvre, ces vésicules existent, mais elles sont confondues en une seule, Plusieurs des anatomistes qui ont adopté et cher- ché à démontrer cette idée à la fois heureuse et vraie des anciens auteurs, que les organes de la génération du mâle correspondent dans toutes leurs parties à ceux de la femelle, ont admis que les vésicules sé- minales, qui sont les réservoirs du sperme (qu’elles élaborent, pour ainsi dire, au moyen du fluide sé- crété par la prostate, comme l'utérus conserve l'embryon et le modifie plus ou moins), sont les représentans de l'utérus simple ou double des fe- Toue IV. melles. D’auires ont pensé, au contraire, et M. Carus est de ce nombre, que c’était dans Ja prostate qu'on devait chercher le représentant de l'organe utérin, et ils ont surtout appuyé leur manière de voir sur ce que la prostate existe chez tous les Mammifères, et est, par conséquent, d’une plus grande fixité que les vésiculesséminales ; car Meckel, dit M. Carus, a démontré que dans les animaux auxquels Guvier refuse la prostate, on devait considérer comme telle les organes aux-- quels il donne le nom de vésicules séminales ac- cessoires. Mais on peut faire remarquer qu’un or- gane n’est pas nécessairement le représentant d’un autre, parce qu'il est aussi fixe que lui; le carac- tère de fixité ne doit pas l’emporter sur ceux de connexion et d’analogie fonctionnelle. Les autres parties accessoires de l'appareil mâle ne nous oc- cuperont point ici; nous avons seulement à parler parmi elles de la verge ou appareil excitateur ; mais il faut d'abord dire quelques mots du canal éjaculateur qui forme la quatrième partie impor- tante des organes mâles ; le canal éjaculateur est double comme les vésicules et les canaux défé- rens, ÿ La verge, à laquelle se rendent les conduits éja- culateurs pour se déverser dans l’urètre qui la tra- verse, existe chez tous les Mammifères ; mais elle présente, suivant les groupes chez lesquels on l’é- tudie , de nombreuses variations dans sa forme, sa longueur, ses dimensions et la direction qu’elle affecte. Elle est pendante au dessous de la sym- physe des pubis chez les Mammifères de l’ordre des Primates; chez les Garnassiers elle est appli- quée le long de la paroi inférieure de l’abdomen et protégée par un fourreau dépendant de l’appa- reil cutané; c’est aussi la disposition qu’elle pré- sente chez les Ruminans et chez plusieurs autres familles : la portion des téçumens qui sépare le scrotum et la verge de l’anus, recoit, de même que celle qui sépare l’anus du vagin des femelles ,: le nom de périnte. Lorsqu'il existe un cloaque, et que par conséquent il n’y 2 point de région péri- néale, la verge est elle-même rentrée dans le cloaque; c’est ce que l’on voit chez les Ornitho- delphes, qui offrent la singulière particularité d’a- voir le gland divisé en quatre lobes. Les Didelphes, dont les testicules pendent dans un scrotum, mais sont placés au devant de la verge et non en'ar- rière (comme cela se voit chez tous les Monodel- phes à scrotum pendant), ont le gland bifide ; on a dit que cette disposilion était en rapport avec le vagin biparti des femelles de ces animaux. Le gland présente chez les Chats la particularité remarqua- ble d’être hérissé de petites épines dont la pointe est dirigée en arrière. La verge de beaucoup d’es- pèces est soutenue par une pièce osseuse qu’on in- dique sous le nom d’os peénial. La forme et les dimensions de cet os varient beaucoup ; chez les Baleines , il a souvent plus de deux pieds de lon- gueur , et c’est sans exagération qu’on l’a comparé au battant d’une cloche. Le pénis est représenté chez la femelle par le clitoris ; ce dernier est peu développé chez beau- £20° Livraison. 80 . MAMM 654 MAMM coup d'espèces, prend chez d’autres un accroisse- ment considérable , et quelquelois il est aussi vo- lumineux que le pénis des mâles lui-même, c’est ce que présenteut plusieurs Quadrumanes , et principalement les Atèles. Le clitoris peut, de même que le pénis , livrer passage à l’urètre; ainsi ilest, chez le Loris grêle et chez la Taupe, ercé dans toute sa longueur par ce canal. Chez les Mammifères, de même que chez beau- coup d’autres espèces d'animaux, les organes de la reproduction n’ont point une égale énergie à toutes les époques de la vie, non plus que dans les différentes saisons de l’année. Chez les jeunes mâles ainsi que chez les femelles du même âge, ils sont trop peu développés encore pour accom- plir les fonctions auxquelles la nature les destine ; et chez les individas avancés en âge, leur énergie les abandonne et ils restent sans utilité. L’époque de leur parfait développement est celle qu’on ap- pelle chez l’homme âue viril. Mais l’homme est presque le seul animal chez lequel le rapproche- ment des sexes puisse avoir lieu à toutes les épo- ques de l’année. On peut attribuer cette énergie des organes génitaux à l'abondance des alimens qu’il a constamment à sa disposition, et cela est si vrai que dans les années de disette le nombre des conceptions est moindre. «Boire sans soif, manger sans faim, faire l’amour en tout temps, c’est, a dit Beaumarchais, ce qui distingue l’homme de la bête. » Le faitest vrai, mais la conclusion n’est pas entièrement exacte, car beaucoup de bêtes, princi- palement parmi celles qui vivent en domesticité, peuvent, comme nous l'avons déjà fait remar- quer, reproduire en tout temps. Mais ce n’est qu'à certaines époques ( et ces époques varient suivant les espèces) que la plupart des autres Mammifères sont aptes à reproduire. Le rut, tel est le nom qu’on donne au penchant instinctif qui rapproche les animaux de sexe différent, est indiqué chez les Mammifères par diversiphénomènes qui rappellent ce que l’on sait de quelques oiseaux, mais qui sont loin d’être aussi caractéristiques. Les mäles en effet ne revêtent point, comme ceux de la classe des oi- seaux, ces ornemens magnifiques qui relèvent en- core la beauté du plumage des Combattans, des Paradisiers et de tant d’autres espèces; mais chez quelques uns les diverses glandes odoriférantes de la surface du corps sécrètent avec une aclivité nouvelle les produits qui leur sont particuliers ; le pourlour des organes générateurs prend un ac- croissement rapide et’se gonfle de sang, ainsi qu'on le voit chez quelques espèces de Singes, etc. Chez les femelles, la vulve sécrète une quantité plus ou moins grande de malière muqueuse, et il s’é- tablit quelquefois un commencement de men- struation ainsi qu’on l’a constaté chez les Rousset- tes. Le flux périodique lui-même doit être rap- porté à cet ordre de phénomènes. Mais après que l'acte reproducteur est accompli, la prostration des forces succède à l’£nergie, et dans beanconp d’es- pèces les mâles, épuisés par les nombreux combats qu'ils ont eus à soutenir pour la possession des fe- melles et par Fexcès même de leur ardeur, ont be- soin de se refaire, ainsi qu'en le dit pour les Cerfs; et ce n’est qu'après un temps plus ou moins long qu’ils ont recouvré leur vigueur. Chez les femelles, la conception succède à la réunion des sexes; leurs organes générateurs ont été fécondés par le liquide spermatique du mâle, et l'ovaire sécrète le germe qui doit donner naissance à un nouvel être. Le produit de la génération des animaux est étudié depuis bien long-temps; mais les parties dont il'est constitué aux diverses époques de la vie intra-utérine n'ont pas toujours été constatéesavec la même précision, On n’a d’abord étudié l’em- bryon, ou plutôt le fætus ( car il doit alors prendre cenom), qu'aux époques de la gestation lesplus voi- sines de la parturition, et ce n’est que dans ces dernières années qu’on a pu l’observer au moment de sa première formation. Chez les Mammifères , comme chez tous les ani- maux, le produit de la généralion est un œuf, et cet œuf esl de même produit par l'ovaire. L’œuf des Mammifères a été vu d’abord par MM. Prevost et Dumas, en 1825 ; mais ces observateurs n’ont point reconnu avec certitude sa véritable nature. Ils ont trouvé, au milieu des vésicules qui se déve- loppent à la surface de l'ovaire après la féconda- tion, un petit corps globuleux. Baer admit que ce corps, qu’il observa quelque temps après, était réellement l'œuf; mais il crut devoir admettre éga- lement que la vésicule de Graaf, dans laquelle cet œuf se développe , était aussi un œuf. L’œuf des Mammifères était ainsi, selon lui, un œuf qui en contenait un autre ; c’est pourquoi il l’appelait un œufélevé à sa seconde puissance : expression assez sin- gulièrement mathématique, comme le dit M. Du- trochet. 11 eût été plus conforme à Ja vérité de considérer, comme le fit M. Coste, la vésicule de Graaf comme une capsule ovarienne qui, au lieu de contenir l’œuf tout seul, ainsi que cela se voit chez l'oiseau, contient de plus un liquide dans le- quel nage cet œuf. M. Coste a aussi démontré qu'il existait constamment dans cet œuf, pris dans l’o- vaire, un petit corps sphérique semblable à celui de l’œuf des oiseaux. Ge corps est la vésicule que Purkinje a démontrée dans l’œuf des oiseaux et à laquelle on donne son nom ; il n'existe que dans les premiers momens du développement. L’œuf des Mammifères, pris dans; l'ovaire, est donc entièrement comparable à celui de loi- seau observé dans les mêmes circonstances; on y trouve, en effet, ainsi que le savant embryogé- niste français l’a démontré : 1° Une membrane intérieure, membrane vitelline, l’analogue de la membrane qui renferme le jaune de l’œuf des oiseaux ; # 2° Le vitellus , l'analogue du jaune; did 3° La petite vésicule transparente renfermée avec le vitellus dans la membrane vitelline, et qui re- présente la vésicule obsérvée par Purkinje dans l'œuf des oiseaux. De l'ovaire l’œuf passe dans les trompes, et de celles-ci dans l’utérus; alors la vésicule de Purkinje n'existe déjà plus; mais on reconnaît que la mem- MAMM 655 MAMM brane vitelline s’est recouverte d’une couche ad- véntive exhalée par l'utérus même, et qui est l’ana- logue du blanc de l'œuf des oiseaux, c’est-à-dire de l’albumen; c’est aussi à M. Coste que l’on doit cette détermination; il nomme le nouveau produit couche corticale ; c’est la membrane caduque décrite par quelquesauteurs. Ce corps apparaît, chez la Brebis, au treizième ou auquatorzième jour de la gestation. La membrane blastodermique, quiest intérieure à la vitelline, devient apparente un peu avant celte épo- que. Celle-ci fournit, par une disposition que nous indiquerons en parlant de l’œuf en général (voyez OEur): 1° le point où va commencer l'embryon ; 2° la vésicule ombilicale sur laquelle se dévelop- pent les vaisseaux omphalo-mésentériques; 3° la vésicule allantuide, qui présentera les vaisseaux ombilicaux et servira à former la partie vascu- laire du placenta. Le fœtus continue ensuite à se développer dans la matrice ou dans ses cornes, et il se fixe au moyen du placenta, jusqu’à ce qu'ayant pris un développement assez considéra- ble pour pouvoir se nourrir du lait qu’il sucera aux -mamelles, il soit mis au jour, ce qui constitue l’acte de la parturition. La gestation dure autant de temps que le petit resle à l'intérieur des organes génitaux, c’est-à- dire depuis l’époque de la conception jusqu’à celle de la parturition ; elle est plus où moins longue suivant les espèces, ce qui dépend essentiellement du volume que le pelit doit avoir en venant au monde. Certaines espèces ont plésieurs portées dans une même année; d’autres reproduisent une seule fois; et ilen est qui, portant une année environ , n’ont de petits qu’à plusieurs années d’in- tervalle, parce que les femelles allaitent pendant une ou même deux années après la parturition. Le nombre des petits que chaque portée fournit est également très-variable ; plus considérable chez les petites espèces, chezlesquelles ils’élève jusqu’à peuf et même dix, il est, au contraire, réduit à un chez beaucoup d’autres plus volumineuses, Plusicurs espèces ont été observées dans les di- vers phénomènes de leur reproduction; maisils’en faut de beaucoup que toutes soient également con- nues sous ce rapport. C’est surtout relativement à l’histoire des premiers temps du développement de l'embryon, et aux formes qu'il présente, qu’on manque de renseignemens, Le Lapin , la Brebis, le Chien et l’Homme ont été étudiés plus qne tous autres , et c’est surtout à Wolf, Ratke, Dutrochet, Baër, Coste, Muller, elc.,etc., qu’on doit les re- cherches les plus complètes sur ce sujet. Les espèces qui présentent les variations les plus impor- tantes, sous le rapport des phénomènes reproduc- teurs, sont certainement les Didelphes et les Or- nithodelphes ; tous les autres Mammifères, dont le développement est à peu de chose près le même, ‘peuvent recevoir le nomde Monodelphes, que leur utérus soit bifurqué ou non. Chez eux le fœtus se fixe à la matrice au moyen du placenta, et reste dans cet organe pendant un lemps souvent assez long. Mais après qu’il a été mis au monde, il n’a plus avec la mère d’autres rapports que ceux de la lactation ; il saisit le mamelon lorsqu'il a besoin du lait qu’elle lui fournit, mais il ne lui est pas constamment adhérent, Chez les Didelphes la, vie intra-utérine est fort courte , l’œuf échappé de l'ovaire passe des trom- pes dans cet organe, mais il le traverse rapide- ment sans s’y fixer ; il avorte, pour ainsi dire, ce qui tient en partie à la disposition de Putérus, qui ne présente pas de col utérin, ainsi que cela existe chez les Monodelphes. Il franchit le vagin, et lors de Ka parturilion , il est encore à l’état embryon- paire. La mère le fixe alors à ses mamelles aux- quelles il adhère par la bouche jusqu’à ce qu’il ait pris le développement qu'ont à leur naissance les animaux du groupe précédent; il y vient à l'état d’embryon , si l’on veut admettre que la vie fœtale ne commence qu'après que l'embryon s’est fixé à l'utérus, et il y acquiert le développement que le fœtus prend pendant la vie utérine. C’est ce qui a fait dire d’une manière figurative que ces animaux avaient une double matrice, ou, pour formuler cette pensée, qu'ils étaient Didelphes ; il eût été plus rigoureusement exact de dire qu’ils ont deux gestations, la gestation utérine fort courte, et la gestation mammaire plus longue et qui en est le complément. Chez les Ornithodelphes, les organes génitaux présentent la disposition de ceux des Oiseaux, ce qui justifie le nom que nous adoptons pour les dé- signer ; mais comme il y a deux ovaires et non um seul comme chez les Oiseaux, il y a aussi deux trompes et un utérus double. L'œuf, lorsqu'il s’é- chappe de lovaire, est beaucoup plus gros que ce- Jui des autres Mammifères , ce qui tient aux di- mensions de son vitellus. On a pensé qu’il passait, de même que celui des Didelphes et des ovipares, rapidement dans l’ovaire , et qu’après s’êlre con- stitué comme celui des Oiseaux , c’est-à-dire re- couvert d’une couche adventive épaisse (albu- men), etenveloppé d’une coquille qu’on a décrite et même représentée, il était pondu pour éclore après un certain nombre de jours d'incubation. Celle opinion a été soutenue par différens natu- ralistes français et anglais; d’autres savans des mêmes nations, et particulièrement MM. de Blain- ville et Owen, amxquels se joint encore le cé- lèbre anatomiste allemand Meckel, ont admis que les Monotrêmes naissent vivans: mais ils ont sup- posé qu’il y avait chez ces animaux tendance à l'o- viparité ; que c’élaient des sub-ovipares ; ce mode de génération différant de celui des ovovivipares de la classe des Reptiles ou de celle des Poissons, en ce que le petit, ou le puétrule , est éduqué par Ja mamelle comme chez les autres Mammifères. Mamelles. Nous avons parlé de ces organes dans un article spécial de ce Dictionnaire (voy. Mawerres ). Rappelons seulement ici que les mamelles existent chez tous les Mammifères , puisqu'elles ont été bien démontrées chez les Or- nithorhynques et les Echidnés, qu'on supposait seuls en être privés. uit ff On peut done rapporter à trois modifications principales les différences que les Mammifères 2 | go mom, MAMM 656 MAMM présentent dans leurs organes générateurs et les fonctions auxquelles ceux-ci président. Ces dif- férences conduisent à distinguer cesanimaux dans trois groupes différens, les Monodelphes , les Di- delphes et les Ornithodelphes, que nous caractéri- serons plus bas. $ IT. Classification des Mammifères. La classificasion des Mammifères, que tant de naturalistes ont essayée avec plus ou moins de suc- cès, paraît devoir reposer 1° sur les grandes diffé- rences de la fonction génératrice , ainsi que plu- sieurs l’ont admis , et comme l’a exécuté M. de Blainville en distinguant les Mammifères en trois sous-classes : les Monodelphes, les Didelphes et les Ornithodelphes ou Monotrêmes ; 2° sur les va- riations du système nerveux cérébral, plus ou moins volumineux , selon que les espèces sont plus ou moins élevées dans la série, et sur les diverses particularirés de l’appareil locomoteur , qui, join- tes aux variations du tube digestif, peuvent servir, suivant leur importance , à l'établissement des or- dres ou degrés d'organisation et des familles, les familles d’un même degré d'organisation étant prin- cipalement établies d’après la disposition des ap- pareils du mouvement. Ainsi,-dans l’ordre des Gar- nassiers , les espèces qui volent, fouissent, mar- chent’ ou nagent, forment autant de familles. Il est} une autre particularité des appareils de la locomotion qui est d’une plus grande importance et devient caractéristique des ordres eux-mêmes, c’est celle que présentent les appendices cornés des doigts, Ces parties, suivant qu’elles sont dispo- sées en. ongles dont la forme varie, ainsi que nous l’avons déjà dit, ou en véritables sabots, fournis- sent des caractères que leur fixité rend très-im- portans. C’est en se laissant guider par les indications que fournit chacun de ces caractères, c’est , sur- tout,/en appréciant chacun d'eux à sa juste va- leur qu’on est parvenu à une disposition ration- nelle des Mammifères. Mais avant d’exposer l’état de la science à cet égard nous devons d’abord cher- cher quelle position doivent occuper les Mammi- fères dans la série des animaux. De la place des Mammifères dans la série zoologique. Tous les naturalistes , sauf quel- ques exceptions fort rares, ont, d’un commun accord, placé les Mammifères en têle de la sé- rie zoologique. Ces animaux sont , en réalité, supérieurs à tous les autres dans presque tous les points de leur organisation , puisque les fonc- tions caractéristiques des animaux , c’est-à- dire Ja locomotion et la sensibilité, jouissent chez eux d’une étendue plus grande que chez aucun autre groupe , et sont aussi plus variées, On voit en même temps chez les Mammifères des espèces qui marchent, sautent ou grimpent, et d’autres qui nagent, fouissent le sol, ou s’élèvent dans les airs ; c’est aussi dans les animaux de cette classe que l'intelligence acquiert son plus haut point d'extension. Les Mammifères, qui sont des ainmaux vertébrés, devront donc prendre place à la tête de toute la série et avant toutes les classes du même type qu'eux. Néanmoins on a aussi pensé que les Oiseaux devaient être considérés comme supérieurs aux Mammifères; mais c’est en se guidant par d’autres considérations. On a allégué, en effet, la plus grande activité de la fonction respiratoire de ces derniers , activité qui dépasse tout ce que l’on connaît chez ces vertébrés ; mais la fonction de la respiration entre dans la catégorie des appareils de nutrition, et ceux-ci sont communs, sauf les modi- fications secondaires qu’ils'présentent dans chaque groupe, à tous les êtres organisés (animaux et végé- taux). Commeil est préférable , lorsqu'il s’agit de déterminer Ja position et les rapports d’un groupe quelconque , de prendre d’abord en considération: les organes qui sont caractéristiques de ce groupe, et que la locomotion et la sensibilité sont les fonc- tions par lesquelles les animaux diffèrent des autres corps de la nature, c’est aux différences que chacune d'elles présente en plus ou en moins qu'on doit recourir, pour indiquer le rang qu'un groupe d’animaux devra prendre dans l'échelle z00- logique ; or nous avons remarqué tout à l'heure que les Mammifères sont de tous les animaux ceux qui sont le mieux partagés’sous le rapport de la loco- motion , de la sensibilité et de l'intelligence. La disposition des Mammifères , c’est-à-dire le classement rationnel des divers groupes qui com- posent la classe qui nous occupe, est moins facile à décider. Il est aisé d’indiquer quelle place le groupe entier doit occuper parmi les animaux ; mais il faut une étude plus approfondie de l’orga- nisation interne et des caractères extérieurs de ses espèces, pour arriver à saisir les véritables rapports que les Mammifères offrent entre eux ; car des modifications souvent moins profondes qu’évidentes peuvent changer complétement {la physionomie d’un animal , et tendre à le faire éloigner jd’un groupe auquel cependant il ap- partieut; les Mammifères de cette sorte sont assez nombreux, et c’est principalement dans les mem- bres et dans les dents qu’ils offrent le plus d’ap- parences anomales. La véritable place que ces es- pèces presque paradoxales doivent occuper a été souvent pour les naturalistes un obstacle insarmon- table; nous citerons par exemplelesGaléopithèques, les Chauve-souris, les Phoques, les Cétacés ordinai- res et herbivores, enfin les Monotrêmes. Beaucoup d’auteurs ont réuni les Galéopithèques aux Chauve- souris, et, ainsi que nous l’avons dit à l’article Maumazocte, les Dauphins, les Gétacés et les Phoques ont été mis dans le même ordre, et les Bradypes , placés non loin des Monotrêmes , éga- lement dans n ordre commun. Ces rapproche- mens divers, tous erronés, sont fréquens dans les classifications systématiques, et si divers métho- distes plus récens en ont encore laissé échapper quelques uns , c’est que tous n’ont peut-être pas abandonné complétement les vues des anciens au- teurs. Le principe que nous avons indiqué, celui que profeses M. de Blainville, à savoir, qu'il existe parmi les Mammifères plusieurs degrés d’organi- sation susceptibles d’être répartis dans trois sous- MAMM 637 D oo MAMM classes, et que dans chaque degré il y a des es- pèces disposées pour différens genres de vie, l’a conduit à rapporler à leur place naturelle plu- sieurs des genres ci-dessus mentionnés : ainsi les Galéopithèques deviennent ( comme l'avait fort seaux que dans celles du groupe des Mammifères. On n’en doit pas cénclure néanmoins que ce der- nier soit moins naturel. Il importe surtout que la disposition que l’on adoptera pour classer les Mammifères soit en rapport avec la dégradation bien senti le célèbre Pallas, qui les a nommés Le- |-de l'organisme de ces animaux, et la représente Je murs volans) des animaux du même groupe que les Lémuriens. Les Ghauve-souris elles-mêmes restent des Carnassiers modifiés pour le vol , et ne devien- nent pas un ordre spécial. Les Phoques, que l’on réunissait aux Cétacés, sont aussi des espèces du même groupe que les Carnassiers, mais dont la destination est de vivre dans l’eau, et les Cétacés eux-mêmes sont séparés en deux groupes, ainsi que nous le dirons plus bas. Quant aux Bradypes, ils sont plus difficiles à classer ; leur analogie avec le Mégathérium et celle de ce dernier avec les Oryctéropes semblent devoir les joindre aux Eden- tés, ainsi que l’a admis Linné; mais on est tenté d'imiter M. de Blainville, et de les rapporter , comme anomaux, au groupe des Quadrumanes, si l'on remarque qu’ils ont le bassin et le genre de vie de ces animaux, et que, s'ils se rapprochent des Mégathériums par quelques points de leur or- ganisation, ils s’éloignent considérablement de tous les vrais Edentés par leur articulation femoro- crurale. Les Monotrêmes ( Ornithorhynques et Echidnés), qui ont aussi été placés dans un même ordre avec les Bradypes et les vrais Edentés, s’en éloignent trop, ainsi que des autres Monodelphes, pour qu’on les laisse réunis dans une même sous- classe, encore moins dans un seul ordre. Les mêmes principes servent à ramener à leur véritable place d’autres espèces non moins difformes en apparence. De la distribution des Mammifères. La distri- bution des animaux d’un groupe donné est leur arrangement en série naturelle ; il est facile, lors- qu’on est parvenu à distinguer les divers ordres de la classe des Mammifères, et les familles de cha- cun de ces ordres, de distribuer les espèces qui les composent, de telle sorte qu’elles soient plus ou moins rapprochées les unes des autres selon qu’elles se ressemblent plus ou moins, que les espèces qui sont placées les premières dans un groupe ressemblent plus qu'aucune de celles quiles suivent aux espèces du groupe précédent, et enfin que celles qui sont les dernières se rapprochent davantage par leurs caractères des espèces des genres suivans, C’est ainsi que l’on doit établir la série des espèces d’une même famille. Il est même utile d'éviter que des intervalles trop considéra- bles ne séparent les Vespèces de deux familles voisines; mais il est souvent bien difficile d’y par- venir. Les familles ont entre elles des rapports plus ou moins intimes; Mais on ne peut pas toujours arriver à une distribution si naturelle que les der- nières espèces d’une famille et les premières de celle. qui la suit continuent véritablement la série. Ge résultat s’obtient fréquemment dans la classification des Oiseaux, mais chez les Mammi- fères il n’est possible que dans un petit nombre de cas. C’est qu'il y a une plus grande uniformité Le) #ésentent en effet presque toutes les es- pèces bien étudiées qu’on lui a reconnues; et comme la France occupe une position à peu près centrale , et que son climat peut être appelé tem- péré, si on le compare à celui des autres parties de l’Europe, elle réunit en même temps des espè— ces qui sont exclusivement méridionales, et d’au- tres qui sont principalement du nord. La plupart de celles du midi sont communes à l'Espagne, l'I- talie et la Grèce , et il en est même qui vivent dans l’Afrique septentrionale et dans l’Asie oc- cidentale, Les espèces du nord qui viennent en France pendant les saisons rigoureuses , ou même qui s’y trouvent toute l’année sans être néanmoins abondantes, se voient aussi en Hollande, en Alle- magne, en Russie, en Suède, dans l’Asie septen- trionale. On sait même que plusieurs sont encore de l'Amérique du nord; mais, de même que les con- trées du sud nourrissent beaucoup d’animaux qui manquent à la France, celles du nord en ont également qui lui sont étrangers. Les grandes espèces terrestres de France sont toutes connues depuis long-temps , mais il n’en est point de même des plus petites, et l’on peut facile- ment supposer que des observations plus suivies en ferontreconnaître parmiellesun certain nombrequi étaient restées jusqu'ici ignorées des naturalistes, MAMM et qui sont, par suile, inédites, ou bien dont la présence n’avait encore été signalée qu’à l’étran- ver. Quant aux Mammifères marins, on n’a sur eux que très-peu de renseignemens. Les lois de l'apparition de beancoup d’entre eux, ou le nom- bre des espèces que le hasard peut faire échouer sur nos côtes , restent à déterminer. Les Mammifères que nous sachions avoir été observés en France sont les suivans (nous ne les décrivons pas, parce qu'ils le seront dans les divers articles de ce Dictionnaire auxquels il est facile de recourir) : FE. Carnascrens. Chauve- souris. 1 Wespertilio murinus , le Murin ; 2 W. Beschteinü ; 3 V. emar- ginatus ; 4 VW. Natterert; 5 F. mystacinus; 6 F, noc- tula, la Noctule; 7 V: pipistrellus, la Pispistrelle ; 8 V. serotinus, la Sérotine; 9 7. humeralis; 10 V. brachiotus (cette espèce et la précédente sont décrites par M. Baillon ; chacune d'elles vient du département de la Somme, et n'y a élé trouvée qu'une fois ); 11 V. auritus, VOreillard ; 12 V. Barbastellus, la Barbastelle ; 13 Æhinolophus unt- hastatus , le Grand Fer-à-cheval; 14 À. bihasta- tus, le Petit Fer-à-cheval. Insecrivores : 15 7alpa europæa, la Taupe ; 16 Talpa cæc., la petite Taupe ( de Provence ) ; 17 Erinaceus europœus, le Hérisson ; 18 Sorex araneus , la Musette ; 19 S. tetragonurus ; 20 S. leucodon ; 21 S. constrictus; 22 $. lineatus ; 25 D. remifer; 24 S, D'aubentoni ; 25 S. coronaius ; 26 Mygale pyrenaica, le Desman des Pyrénées. III. Carnassiens PLANTIGRADES : 27 Ürsus arc- tos , l'Ours ; 28 Meles tazus, le Blaireau. IV. Cannassiers p1@1TIGRADES : 29 Mustela pu- torius, le Putois ; 50 A. erminea, l'Hermine ; 31 M. vulgaris, la Belette; 32 M. martes, la Marte; 33 M. Foina, la Fouine; 54 M. vison, le Vison ( du Poitou, d’après M. F. Prevost ); 35 Lu- tra vulgaris, la Loutre ; 86 F'iverra genetta, la Genette; 57 Felis catus, le Chat sauvage ; 58 F. lynz, le Lynx (des Pyrénées ); 59 Canis lupus, le Loup ; variété noire, C. lycaon; 4o C. vulpes, le Renard ; variété à ventre noir, C. alopex. V. CARNASSIERS PINNIGRADES : 41 Phoca vitulina, le Phoque ( Océan, Manche ); 42 Calocephalus discolor ( Océan ); 43 Phoca leporinus ( Océan ); 44 P. monachus, Phoque à ventre blanc ( Médi- terranée ). Céracés : 45 Delphinorhynchus santonicus, Les- son, compl. à Buff., X, pag. 830, espèce nouvelle? de l'Océan ; 46 Delphinus micropterus, Dauph. de Dale, Blainv. ( Océan ); 47 D. delphis, le Dau- phin ordinaire; 48 D. tursio; 4g D. grampus ou griseus , l'Epaulard ; 50 D. aries ; 51 D. deduc- tor ou globiceps ; 52 D. edentulus, Schreb. ; 93 Physeter macrocephalus, où Trumpo, le Ga- G4o MAMM chalot; 54 Balæna musculus ( Océan, Méditerra- née ); 09 B. rostrata ( Océan }), Ronceuns : 56 Sciurus vulgaris , Ecureuil ; 57 Myoxus nitela, le-Lérot; 58 A. glis, le Loir ; 59 M. avellanarius, le Muscardin ; 6o Mus decu- manus , le Surmulot , originaire de l'Inde ; 61 AZ, rallus, le Rat, originaire de l'Inde; 62 Mus musculus , la Souris ; 63 7. sylvaticus, le Mulot ; 64 M. campestris, le Mulot des champs; 65 A4. messorius ; 66 Lemmus aquaticus, le Rat d’eau : 67 L, terrestris, le Shermaus; 68 Z, æconomus ; 69 L. arvalis, le Campagnol; 50 L, fulous; 7x L. rubidus , Ballon, Arvicola rufescens? Selys ; 72 L. pratensis , Baillon; ces deux dernières es- | pèces n’ont encore été signalées que dans le dé- partement de la Somme; la première est aussi de Ja province de Liége , Belgique; 73 Castor fiber ; 74 Lepus timidus, le Lièvre; 55 L. cunicularius , le Lapin , originaire d'Espagne et de Barbarie. OxcuLocranes , Pachydermes : 756 Sus scropha, le Sanglier. Rowumnans : 77 Cervus Elaphus, le Cerf; 78 C. dama, le Daim; 79 C. capreolus , le Chevreuil; 80 Aniilope rupicapra, le Chamoïs ( Alpes, Py- rénées ); 82 Capra ibex, le Bouquetin ( Alpes où il est rare et Pyrénées ); 83 Ovis musimon, le Mouflon (Corse). À ces espèces, qui se trouvent naturellement en France, ct qui y vivent pour la plupart depuis des temps anté-historiques, on peut ajouter celles que l’homme y a amences à l’élat domestique et qui s’y sont acclimatées. Tout le monde les con- naît ; les principales sont : le Chien, €. familiaris, qui descend probablement en grande partie du Chacal, C. aureus, et qu’on peut regarder par conséquent comme une espèce entièrement fac- tice ; l’Ane et le Cheval qui nous viennent de l'In- de ; la Chèvre, le Mouton et le Bœuf, dont les types, probablement multiples, sont peu faciles à reconnaître ; le Chat, dont la souche se trouve en France à l’état sauvage ; le Lapin, qui est dans le même cas; le Furet, Mustela furo, qui est origi- paire d'Afrique ; et le Cochon d'Inde, qui provient du Cavia aperea de l'Amérique du sud. Celui-ci, dont la coloration est si profondément modifiée, ne se voit chez nous que depuis le règne de Fran- cois I‘, Toutes ces espèces et toutes celles que l'on a aussi plus ou moins'acclimatées (l’Axis, le Cerf de Virginie, etc., etc. ), sont plutôt du res- sort de l’économie rurale que de Ja mammalogie proprement dite. (GERv.) 1 l Nota. C'est par une erreur qu'il serait inutile d'expliquer ici que dans le courant de l’article Mammifères on a changé le nom de la première sons-classe de ces animaux (Monodelphes) en Mo- nadelphes, employé par les botanistes avec une tont autre signi- fication:. \ L'article Mammifères fossiles commence le volume suivant. * FIN DU TOME QUATRIÈME. dC A. 20 Te Ce re