\$ ^ ».v' <■■* > ^ t .•f' r^4 (f* ^ \, r .<érl/-. ^^'^ fVOl , v^. DICTIONNAIRE. RAISONNÉ UNIVERSEL D'HISTOIRE NATURELLE. ==^3fe TOME PREMIER. ^^ cbc" A = AZU A(J(Jirvil ea ad Aclani u( vjcJei^e£ Cjuicl vocai'ei ea . Ocncoc , lA I. DICTIONNAIRE RAISONNE UNIVERSEL D'HISTOIRE NATURELLE, CONTENANT L'HISTOIRE DES ANIMAUX , DES VÉGÉTAUX ET DES Minéraux , et celle des Corps célestes , des Météores , et des autres principaux Phénomènes de la Nature ; AVEC L'HISTOIRE DES TROIS REGNES, et le détail des usages de leurs productions dans la Médecine, dans l'Economie domestique et champêtre , et dans les Arts et Métiers j Et une Table ioncordantè des Noms Latins , etc. et le renveî aux objets mentionnés dans cet Ouvrage, Par M, V A L M O N T - B O M A R E , Voyageur et Démonstrateur d'Histoire Naturell-e avoué du Gouvernement • ancien Censeur Royal ; Directeur des Cabinets d'Histoire Naturelle de Physique , etc. de S. A. S. Monseigneur le PRINCE DE GONDÉ ; Honoraire de la Société Economique de Berne ; Membre des Académies Royales des Sciences de Naples , de Médecine de Madrid , Impériale ^qs Curieux de la Nature , Impériale et Royale des Sciences de Bruxelles ; Associé Regnicole des Académies des Sciences , Belles-Lettres et beaux Arts de Rouen et de Dijon ; des Sociétés Royale à^s Sciences de Mont- pellier , Littéraires de Caen , d'Orléans , de la Rochelle , etc. , d'Agri- culture de Paris ; Membre du Collège de Pharmacie. Quatrième Edition , revue et considérablement augmentée par l'Auteur, TOME PREMIER. A LYON, Chez BRUYSET Frères. M. Dec. XCL AVIS DES ÉDITEURS, Sur la quatrième Edition du Diclionnaire Rnifojiné Univerfel d'Hijloire Naturelle^ Lj e goût & l'étude de rHiiioité Naturelle ont faît des progrès tres-confidérabies dès le commencement de ce (îecle. C'cft depuis cette époque que les efforts réunis des Académies & à^s Sociétés lavantes , que les travaux des Réaumur ^ des Buffon ^ des Jujfitu^ des Duhamel , des Bonmt 6c de tant d'autres iiludres Naturaliftes ^ ont fait naître les plus belles découvertes , & préCenré les observations les plus importantes fur les trois règnes des Minéraux , des Fé^êtaux , & des Animaux, Depuis lors , la Chimie & la Phyfique fe font beaucoup perfedionnées entre les mains de plufieurs- Savans célèbres , dont les découvertes ont dû ne- ceffairement répandre un grand jour fur THlf^oire Naturelle , puifque la première de ces deux Sciences, s'occupe uniquement de l'analyfe des corps , & que l'autre n'a d'autre but que l'étude des phénomeiîes de la Nature. On a aulTi beaucoup écrit , depuis quelques années ; fur l'Agriculture , fur l'Economie rurale , fur les Manu- faclures ; & les Ouvrages des Savans qui fe font appliqués à traiter ces objets , nous ont enfeigné l'emploi que l'art doit faire des dons de la Nature ; en forte qu'aujourd'hui il n'y a aucune branche de THiftoire Naturelle , ni aucun des objets qui y font Tome /, a vj AFIS DES ÉDITEURS. relatifs , fur" lefquels nous n'ayons un o« plufieurs Traités , ou au moins quelques Differtations ou Mé- moire^ ALadémiques, Tant -de richeiies éparfes & répandues dans une infinité de Volumes , fembloient attendre qu'une mai a exercée à ce genre de travail les réunit & les rap- prochât pour en former un enfemble & un corps complet d'Hilloire Naturelle. M. Valmont-Boniarc ^ connu trcs-avantagcufement par les Cours publics qu'il fait à Paris fur cette Science , pendant irente-deux ans , a entrepris ce travail , auquel nous devons la rédaQion du DiclLcn-- nain Raljonné Univerfd (THiuoln Natur-zlle , dont la première Edition a été préfentée au Public . en 1764 , la féconde en 1768 , & la îroilieme ea : L'empreflement avec lequel le Public a accueilli cet Ouva-age 5 en fait connoitre affez l'importance & l'uti- Ut^. Larprenitre, la. féconde & la troiiieme Editions ^^ quoique: tirées à \\n grand nombre d'exemplaires , ont été'j enlevées rapidement,. à Paris : il n'y a peut-être point de livre qui ait été plus fouvent contrefait e». différentes Villes de France & des Pays étrangers ; 61 jp^gré lin grand nom.bre de fautes gromeres & ridi- Giiks ^^;ces -copies, informes <^nt trouvé, des. acheteurs.^ Git Oiiyi'ageVtout auffi varié que la Nature , & écrit (i) M. Valmont-Bomare a le premier établi en France des Cour*. fur toutes Us parties de i'Hiiloire Naturalle. II a vo} af^é pcndanr plufieurs années, & toujours avec l'aveu & la protetlion du Gouver- nement ; il n'a rien épargne pour fermer une CoIIedton convenable à Il Science qu'il profelie. L'on a Vu dans fen Cabinet , Un .nombreux. concoaYs d'Auditeurs rie Tua & l'autre fexe , de tout rang , & de prefque toutes les contrées du monde -, des Princes & des Frinceffès du Sang n'ont pas dédaigné de fuivie exa(n:ement (e^ leçons -, plu- fteurs Souverains de l'Europe ont aiis le fceau à fa gloire , par leur accueil ôcpar leurs préfens. Après trente-deux ans d'exercice public, ce ProfefTeur a formé le projet de céder , dans foa entier , fon ipyglgAfç St précieufe coliô^^ioia. M, de Condé en ayant été informé ^ AVIS DES ÉDITEURS, vi| Ae manière à communiquer à fes Le£leurs une ceftaina liberté d'efprit , une noble hardielTe de penfeîv,-qui efl le germe de îa philofophie ; cet Ouvrage , difons-nous , a été commenté par des hommes très-difdngués par leur favoir , entre autres par l'illuflre M. de Haîlcr» Il a été traduit dans plulieurs Langues ; il a été accueilli par toutes les Nations favanîes de l'Europe ; enfin , fa réputation cd folidement établie : ces fuccès ont engagé l'Auteur à exciter &: à mériter , par fon zèle ^ par fon travail , & par le prix qu'il y a toujours atta- ché , en un mot , par de nouveaux foins & par de nouvelles recherches , l'attention & l'eftime à^^ Lecteurs. Voici une quatrlem.e Edition , revue , & enrichie d'additions très-curieufes , très-importantes, qui ont rendu ce Di«^ionnaire plus volumineux Aq.s deux tiers que la dernière Edition : il n'étoit pas poilible d'exé- cuter un pareil travail fans multiplier les volumes ; & par cette raifon , on avoit d'abord penfé à l'imprimer in-folio , ou au moins in-A^.^ Mais pour mettre le Public à portée d'avoir cet Ouvrage dans le format des écrits de notre Auteur , d'en jouir plus prompte- ment , & auffi dans îa vue d'en diminuer le prix y & & voulant donner publiquement à ce Naturalise une marque dé fon eftime pour fa perfonne & fes talens , & favorifer en quelque forte fa jouiffance , en a fait l'acquilition ; en forte que le Cabinet de Chantilly , qui étoLt déjà enrichi par de magnifiques préfens en ce genre , faits par deux Souverains du Nord , & le Cabinet de M. Bomare n'en forment plus qu'un , rangé par les foins & fuivant Iq méthode des inftitutions de ce Profeffeur. Le Mercure de France , Décembre 1786 , dit à cette occafion : « Que le Cabinet du Château de Chantilly fera déformais Pun des plus importans , des plus complets Se des plus intérefîans , & que les Voyageurs curieux , que ce lieu de délices attire , pourront étudier mieux dans le Temple confacré à la Nature , le vafte tableau & la nombreufe férié de fes produftions , & que M. Bomare , qui eft le Direfteur de ce précieux dépôt , aura toujours fous les yeux Içs objets propres à exercer fon efprijç & f^ l^lume, &c, "j viij Ans DES ÉDITEURS. d'en rendre l'acquifition plus facile, on s'efl déterminé à Pimprimer clans deux formais ; favoir : //z-4.^ cara«:^ere de Ckcro , mèiV.e format de la féconde Edition , en 8 Volumes ," d'environ 800 pages chacun , carré fin d'Auvergne. On a tiré fur du papier velin d'Annonay , plus grand que le format ordiraire , vingt exemplaires de cette Edition» En grand in-S.^ caradere de Cicéro , même format de la Minéralogie de no:;re Auteur (2), en 15 Volumes d'environ 670 pages chacun , même papier. On croit avoir ainii fatisfait au defîr de ceux qui demandoienr un cara^ere facile à lire , & un format commode pour le cabinet , & au goût de ceux qui veulent à^s volumes portatifs , moins coûteux , plus commodes peur la campagne , pour les voyages Ô£ pour les leéhu-es habituelles. Nous pouvons encore ailurerque la pcirîie typographique foumife à Texamen de quatre revifeurs CiiiTérens , a été exécutée avec toute l'exa£titude poffible , & que toutes les feuilles de chacune de ces deux Editions , ont été lues ., cor- rigées & avouées par l'Auteur. ^^^ Pour prémunir les Acquéreurs de cet Ouvrage contre la furprife des Editions qui pourroient être contrefaites, nous les prévenons que l'Edition in-8^ porte notre iignature au revers de la faufle page du Frontifpice, Tome ï.^^ (2) Ce Traité de Miniralogie , avec des tables fynoptiques , a été réimprimé en dciu: Voluî-ne.-; en 1774, &l fe trouve thsz^ -5 iîi< ois U leune , O/.ji d en quelaue forte, de Ftinpire de la Nature, où font préfentés fes trois règnes , & leurs grandes divifions. Défire-t-on plus de détails , on les trouvera confignés dans les articles partimiiers , & en fuivant toujours les termes correfpondans & indiqués , on approfondira" la férié des Etres d'une même clafî'e. Chaque règne &: chaque clafTe font pré- cédés par un grand article , ou plutôt par des préliminaires qui en font connoître les carafteres principaux & les dépendances relatives. Cha- cune de leurs divifions eft pareillement décrite ; & il y a une progreffion nicnagée , par laquelle le Lefteur peut pafTer graduellement des géné- ralités des genres & des efpeces à ce qu'ils ont de particulier. C'eft conformément à ce plan , que dans l'article Animal^ je préfente les traits généraux qui caraftérifent tous les êtres compris dans le règne animal. L'article Homme foit connoître les variétés de fon efpece , & les attributs qui relèvent au-defius de celles des animaux. Les articles Quadrupèdes , Amphibies , Cétacécs , Serrens , T égards , Oi féaux , Poi^fons , Co^ quilles , /îifecids , Polypes , Génération , &c. offrent de même les formes diftinftives que la Nature leur a données , & un précis de leur oiganifation ^ de leurs fenfations , de PRÉFACE. îx leurs facultés , de leurs habitudes , de leurs appétits. J'ai lié 5 par une méthode femblable , tous les articles correfpondans d'une même claffe , foit dans le règne végétal , foit dans le règne minéral ; en forte que Ton pourra , fi l'on veut s'en donner la peine , fe procurer la leBure fuivie d'un Traité détaillé fur tel objet qu'on voudra étudier. Que l'on confulre , pour l'intelligence des Végétaux y les mots Plante , Arbre , Bois , Racine , Tige , E cor ce , Feuille , Fleur , Fruit y Graine ^ &c. , comme pour la connoif- fance des Minéraux , les mots Terre , Sable , Mines ^ Eaux , Sels , Pierres , Bitumes , &C-; on verra dans ces articles les généralités^ les principes , les caraft^es du genre , & comme autant d'introduftions , qui conduifent à l'examen particuHer des corps & des indi- vidus. Il y a des fingularités qui n'appartiennent fouvent qu'à une efpece ; ce font des diffé- rences, des propriétés caraftériftiques que je n'ai pas cru devoir féparer du terme généri- que , afin que le Lefteur trouvât rafl!emblé fous un même point de vue, tout ce qui forme & termine le tableau de l'objet qu'il veut exa- miner. Ainfi j'ai rapproché dans un feul article ce qui concerne les Abeilles , leur naiffance , leur accroiffement , leur façon de vivre , leur X PRÉFACE. fîolice , leurs travaux & leur induftrie : j'enfei^^ne a façon de les gouverner, les moyens d'en tirer le plus grand avantage , je décris les diffé- rentes efpeces connues de ces mouches labo- rieufes ; & je place tout de fuite les mots Ejfaim y Alvéole , Propolis ^ Miel ^ Cire ^ &c. , en forte que cet article devient en quelque forte, un Traité complet fur les Abeilles. Je traite avec la même étendue ce qui concerne les Chenilles , en décrivant dans le même article leurs variétés , leur manière d'être , leur induilrie particulière ^ leurs méta- morphofes , leur état de chryfalides, la ftruc- ture de leurs coques, en un mot tout ce qui les concerne. C'eft dans la même vue qu'au mot hifecle , après la defcription générale des lnfe6l-es , j'explique ce crue c'eft que Stigmate , Œil à réfcau , &c. Je termine les Corallines ^ qui fucce- dent au Corail , par la defcription des différentes productions à Polypier, telles que Lithophytes , Efcarres y Eponges ^ Alcyons^ &c. Je donne à l'article Fer, la defcription de ÏEmeril^ de Y Hé- matite , de la Manganaife , de V Aimant , de la Pierre de Périgord^ &c. j'ai rappelé , au mot Champignon , fiiiffoire des Mouffercns , Mo- j'iltes y Truies y Veffe de Loup , Oreilles de Judas^ &c. J'ai réuni au mot Pin^ riiiftoire des fucs réfineux qu'on retire des Piceas , tels que le S rai fec^ la Poix réjine , le Galipot^ le Barras^ PRÉFACE. xj la Poix grajfe , le Bijon , YEJJence de Téré- benthine , le Goudron , le Brol -gras , la Poix navale , le Noir de Fumée , le Zopijfa , &c. &e. Enfin 5 fans citer ici tous les articles où j'ai fuivi cet ordre fynthétique, il fuffit d'avertir le Lefteur qu'il a été obfervé par-tout où il pouvoit répandre plus de netteté , plus de lumières, 6i former un enfèmble curieux par rhiiloire comparée de certains objets, qui, appartenant au même genre, ont cependant des formes différentes. Je me fuis appliqué principalement à pro- portionner rérendue des articles de ce Dic- tionnaire , à l'importance & à l'utilité des objets qui y font traités. On fent qu'il eut été in> poffible , inutile même , de donner une des- cription également détaillée de toutes les pro- duâiions de la Nature. Une fimple ébauche , quelques traits prin- cipaux , ont fuffi pour efquiffer îe vulgaire des Etres répandus avec tant de profufion fur la furface de la terre. J'ai même paffé fous filence quelques Végétaux peu remarquables, & rayé de la lifte de vie certains Animiaux fa- buleux , qui n'ont d'exiftence que dans les Relations des Voyageurs crédules ou menteurs, & trop facilem.ent adoptés par le goût du merveilleux ou le caprice de l'imagination qui fe plaît à embellir, & plus fouvent à dénaturer xij PRÉFACE. ce qui ne paroît pas afTez extraordinaire. Un Diclionnaire à' Hifloirc NcaurdU doit être le dépôt des vérités de la Nature ; l'Ecrivain ne doit donc rien négliger pour éviter que le faux ne s'y mêle avec le vrai ^ en confé- quence, je dis ce qu'on doit penfer de ces fantômes qu'offrent certains lacs ,' & de ces fpeftres appelés Lilnh , Draoo?i , &c. Mais j'ai dû m/arrêter avec complaifance fur tous les objets qui méritent notre attention par leur utilité prochaine , par la îingularité de leurs formes , par les avantages de leurs pro- priétés 5 & par l'intérêt que nous avons de les connoître , de nous en fervir , ou de nous en garantir. Combien d'animaux fe pîaifent dans notre fociété , oii ils font compagnons de nos tra- vaux, efclaves laborieux , domeftiques attachés, amis agréables ! plufieurs d'entre eux , indigènes & naturalifés dans notre climat , ou étrangers , fourniffcnt à notre nourriture, à notre entretien , aux commodités , aux plaifirs de la vie , & font d'un commerce lucratif. Ces efpeces fi pré- cieufes ne peuvent être trop examinées , trop foignées, trop muitipHées; c'eil pourquoi elles occupent, des places diftinguées dans cet Ou- vrage. On aimera , fans doute , à confi- dérer le tableau fidelle de leur ftrnfture , de leur taille, de leur figure, de leur infrinft , de leurs mœurs , de leur éducation ^ & le tableau PRÉFACE. xîîj (îe leurs paffions : on eft curieux de les voir naître , s'élever , fe reproduire , & prendre foin de leur pcftérité. Ils nous intéreflent trop pour négliger d'étudier leurs maladies, & pour ne point nous empreffer de chercher les re^ medes convenables à leurs maux. A l'égard des Animaux fauvages , on a parlé de leurs rufes , de leurs guerres , de leurs demeurer , du temps de leur geftation, de leurs façons de vivre & d'élever leurs petits , de leurs mi- grations , &c. Que l'on confulte les articles Eléphant^ Coq^ Cheval^ Chien y, Ccfior^ Taureau , Morue , Hareng , Thon , Tortue , Léming , Bélier , Cerf ^ Lapin , Autruche , Baleine , FormicaAco , Fourmi ^ Vers à foie , Cochenille , & mille autres : ces articles piqueront la curio- iité de tout lefteur , foit par Fhiftoire même des Animaux , foit par l'expofîtion des reflburces qu'ils préfentent à nos befoins. Les mêmes motifs m'ont engagé à décrire , dans les occafions convenables , les avantages que le commerce retire de certaines efpeces 5^ comme la préparation du blanc de baleine , de la colle dé poiffon , du chagrin ; l'ufage du cafloreurà^ du mufc ^ de la civett$ , Sic, -, l'art d'élever fans poule des poulets ^ l'origine & l'ufage de la refîne lacque , du kermès ou graine d'écarlate , de la pourpre du buccin & du murex ; la manière de ramaffer les coquiU lagesj de les encaifler & de pêcher le corail ^ la préparation des inteftins de ï agneau ; xîv PRÉFACE. l'article Momie ofFre l'art des embaume- mens. J'ai décrit les riifes de la chaffe ; j'ai parlé de fes lois , de {ts, plaifirs , de fes peines ; j'ai indiqué la manière de tendre des pièges à toutes les peuplades du règne animal ; celle d'attaquer & de prendre les efpeces puiffantes ou dangereufes , foit pour leur donner la mort ^ foit pour les foumettre à l'efclavage de la domefticité. J'ai fouvent rapporté les moyens qu'on emploie pour dreiier & inftruire des animaux à féconder cette lutte entre l'homme & fes fujets , ordinairement très- rebelles. J'ai parlé de la tonte de l'animal qui nous habille de fon fuperflu j de la caftration , qui eft devenue un art pour perfeéLioiiner à notre avantage certaines efpeces deflinées à notre nourriture , ou un moyen de dompter des ca- rafteres fauvages que nous avons intérêt de plier à notre fervice. Je n'ai pas omis les arts du Manige , de la Pèche y de la Fauconnerie y & tous les procédés particuliers de l'induftrie , qui font valoir les productions ou les dépouilles de certaines efpeces. Parmi les animaux qui fervent à notre wfage , il en eft quelques-uns dont il efl eilentiel pour uous de conferver les belles PREFACE. xy formes^, & que nous voulons perpétuer avec toute la franchife de leur origine : j'ai marqué , à cet égard , l'utilité du croilèment des races , sfin d'empêcher qu'elles ne dégénèrent & ne s'abâtardiffent. Ici, les articles Bélier ^ Cheval^ &c. peuvent être cités en exem.ple j S^ fi l'on confulte les articles Jurnart & Léocrocotte , on reconnoîtra que la Nature eft quelquefois trom.pée , comme forcée par des méfaliiances les plus difparates : c'eft de ces unions fî étranges^qu'il réfulte , quoique rarement , des muUts par excès» Il eft d'autres fortes d'animaux ennemis du genre humain , malfaiteurs de naifTarîce ^ &: dont l'homme a prononcé la profcription ; après les avoir dénoncés , après avoir donné leur fignalement bien circonftancié , après avoir décrit leur caraftere méchant & leur înftinft perfide , j'ai enfeigné les moyens les plus efficaces pour éloigner ou détruire ces tyrans de la fociété. On peut en voir des exemples aux mots Crocodile^ Requin ^ S crp eut ^ Hanneton , Bruches ^ Charançon ^ Coujin , Fucc , Punaife , Pou , Teigne , Sauterelle ^ Kers rongeurs de vaiffea,ux , Ver folitaire ^ & tant d'autres , dont les efpeces ne font malheureu- fement que trop communes & trop ré- pandues. J'ai recueilli avec foin les réflexions & ks découvertes anatomiques les plus récentes ^ ^vj PRÉFACE. qui rendent raifon de plufieurs irrégularités dans quelques animaux. Il y a une oblërvation curieufe , qui juftiiîe le Coucou du reproche, j'ai prefque dit du crime, d'introduire lès œufs dans des nids étrangers , & de donner fes petits à nourrir par des oifeaux qui stn croient les pères. rexpofe l'appareil des os & des mufcîes peftoraux dans les (Hfeaux, & la mécanique de leur vol. Je rapporte de quelle #ianiere s'exécute la refpiration dans le Cygne &: le Péiican , & ce que l'on doit penfer du chant mélodieux du Cygne ; je fais connoître la con- formation finguliere de V Eléphant , du Paref- Jeux ^ de la Loutre & des Ruminans\ je décris la bizarre procréation du Crapaud pipai ^ du Sarigue , du Limaçon Sc des Crujîacées ^ la formation des écailles du poiffcn , celle des cornes, des poils , des dents , des os , de la peau & des ongles des Quadrupèdes. J'ex- plique quels font les mufcles qui fervent à redreffer èz. à développer la queue du Paon & du Coq- d'Inde , ou à élever & abaiffer la crête de la Huppe ; pourquoi les plumes de certains oifeaux ne font que peu ou point altérées par l'air ou par la pluie : je fois remarquer la confirmation finguliere du cœur & du poumon de la Tortue , la fl:ru6ture extraordinaire de la queue de la Poule & des pieds du Cormoran , celle de la langue du Pic & du Fourmilier j la fingularité de l'orifice & PREFACE. xvij &: du cloaque du Parejfeux , qui eft fejTiblable â celui des oifeaux : je fais connoître la cauie d'où dépend la couleur rouge de la chair du Saumon , ainiî que la couleur noire de XAfri^ quain : j^expofe la grande multiplication dii Lavin & du Lierre j je décris l'organe hy- draulique des animaux défignés fous le nom de Poijfons fouffleurs , la conformation de l'œil du Chat , la force expanfîve & contra6live des mufcles peauffiers dans te Rat mufqué , Ten* gourdiflement léthargique du Loir^ de la Mar- motte , &c* Je dis de quel ufage eil la grandeur de la glande pinéale de VtLlan , & de la trachée- artère dans le Kari^ & en quoi dépend la force digeflive de Teftomac des Chiens : j'expofe à l'article Oifeau la manière dont la digeftiôn s'opère dans les bipèdes , la divifion qu'ont faite les Phyhologiiies des animaux à ventricule , foit mufculeux , foit moyen , foit membraneux , la nature & l'ufage du fuc gaf-' trique. L'article Homme offre le Tableau de V économie animale,^ &i de la délicateffe infinie des organes de nos /ens : enfin , je cite la découverte de la fubftance qui , dans les mois où la lettre R n'entre pas , rend les Moules & fou vent les Huhrcs dangereufes à manger. Je rapporte les expériences & les obfervations qui ont été faites fur la reproduction des Limaçons décapités ^ &c. Le même plan a été obfervé pour les Vé- gétaux* Les plantes utiles 6c les plantes ufueîles. lonie u Jd ïviij PRÉFACE. exotiques ou indigènes, cultivées ou fâuvages , terrellres ou aquatiques , enracinées ou para- {itQS j ont été traitées avec une certaine étendue. J'ai rapporté non-feulement leurs propriétés en médecine, leurs ufages dans les alirnens, ou pour les arts de l'ébénifterie , du tour , de la menuiferie , du charronnage ^ de la teinture , & . de tant d'autres, mais encore ce qui concerne la culture , avec une inftruftion fur les la- hours y fur la manière de fumer , marner , femer, greffer & planter. Les articles Figne , Ray- ^rafs y C/iénêy Hêtre , Peuplier^ Erable^ Garance^ Pajhl y L'in^ Chanvre^ LuTcrne ^ Ga^oîi^ Foin, Prairies artificielles , Landes , Marne , Fumier ^ &c. en fourniffent une multitude d'exemples, notamment l'article du Blé , où j'ai expofé la pratique la plus accréditée pour conferver les grains. Je n'ai pas paffé fous filence les m^oyens dont la Nature fe fert pour femer elle-même les plantes. Je me fuis plu à décrire les procédés qu'on fuit pour élever ces belles fleurs qui font le charme des yeux & les délices des Amateurs , telles que les Rofes , les Œillets , les Oreilles d'ours , les Tulipes , les Renoncules^ l^s Jacinthes y les Anémones. J'ai préfenté fur tous ces objets plufieurs obfervaîions générales , qui peuvent aufîi s'appliquer à la culture des autres fleurs. Je me fuis ordinai remuent contenté de décrire \ts plantes par leurs carafteres les plus frappans , PRÉFACE. lâx & dWdiquer leurs principales propriétés par les termes Carminative , Alexitere , Vermifuge , Hyfiérique ^ Scc ^ mais on trouvera à la fuite du mot Plante , une explication plus étendue de leurs vertus, des termes propres, & un détail des carafteres botaniques. Notre premier intérêt eft en effet de connoître les fecours que nous pouvons attendre de ces végétaux , dans nos maux & pour nos befoins. Ceft auffi ce qui m'a engagé à donner ^ dans l'occafion , plu- fieurs préparations ufuelles , telles que celles de V Agaric de Chéne^ de V Amadou , des Fins d'Ab- jirithe , de Genièvre , à'Alkekenge , du Sirop d^ Orgeat , de YEJfence de Jafmin , & du re- mède contre la maladie du vernis des Chinois. Je rapporte les bons effets qu'a produits , dans des maladies dangereufes & défefpérées, Fuiacre interne & difcret du Napel , de la Ciguë ^ de la Pomme épineufe , de la Jujquiame , du Colchique , & d'autres plantes femblables , fuivant la nature du climat & du fol : en un mot, pour le bien de l'humanité , j'ai eu foin d'indiquer les efpeces nuiiîbles $ & , dans ces articles , le remède eft à côté du mal. Je fais connoître la préparation de V Indigo , du Roucou , du Maniaque^ de XOrfeille , de la Garance , du Paftel , de la Giu^ du Sagou^ du Salop 5 de la Térébenthine, Vd\ décrit l'art de conferver les Fleurs dans leur forme avec leurs couleurs & une partie de leur odeur. Je parle des différens aromates ou parfums , des b X XX P R É F A CE. fards adoptés par plusieurs Nations , & du moyen de fixer le Pajlel à.Qs tableaux. Je défigne la manière dont on récolte le Lahdanum , la Manne , les Datus , les Olives , la Vanille , le fuc que fournit ïarhre du J^ernis de la Chine j je rapporte les meilleures méthodes de hâter la maturité de certains fruits, comme des figues, &c. Je décris la manière de fe procurer , pour l'ufage des cabinets , les différentes efpeces d'animaux , Injecles , Poijfons , Reptiles , Oijeaux , Quadrupèdes ^ &c. &c. j celle de les préparer , & de les envoyer des pays que parcourent les Voyageurs. On fait que chaque fiecle , chaque âge , chaque pays eft marqué par de nouvelles dé- couvertes , & lé temps préfent ajoute toujours au paffé : j'ai recueilli tout ce qui eft relatif à cet objet. J'ai reconnu que le bois jaune eft le même arbre que le Tulipier ou arbre aux tulipes , & que Tarbre de la Folie eft celui d'où découlé la réfine Caragne. Il eft reconnu auffi que les animaux défignés fous les noms ^Alpa^ne , Guanaco , Glama , Lama , Vigogne , Paco , &c. font des individus de la même efpece , ou d'une efpece liiccurfale , & qu'il n'y a de différence réelle entre ces quadrupèdes , •que quelques légères nuances occafionnées par l'état d'efclavage. L'hiftoire du Paco , celles du Tapir & du Sangliçr^ fourniffent des exemples PRÉFACE. xxj que, dans toutes les langues , on donne quel- quefois au même animal plufieurs noms diffé- rens , dont l'un fe rapporte à fon état de liberté , un autre ^ celui de domefticité. Auffi les efpeces font- elles rangées dans ce Diftion- naire , fous leurs véritables dénominations ;, & tous 5 ou prefque tous les noms triviaux , favans, nationaux ou étrangers, étant rapportés par renvoi à ces vrais noms , on voit s'éclaircir la confufion. Il y a dans la Nature certaines productions qui , au premier aipeft y paroiflent avoir quelque reffemblance avec des objets qui nous font familiers, & dans ce cas, il eft affez ordinaire aux Amateurs , même aux Naturaliftes , de tranfporter le nom de ces objets aux êtres naturels dont ils offrent une image ébauchée. Ces dénominations , quoique fouvent triviales , font néanmoins d'autant plus admiffibles en Hiftoire Naturelle , qu'elles expriment dans un feul mot le caraftere qui fe tire du port , & qu'il eft fi difficile de rendre par une defcription. On trouve dans ce Diftionnaire beaucoup d'exemples de pareilles dénominations : Ckajujfc' trappe , Chirurgien ,; Cœurs-unis , Coutelier ou Manche de cou- teau , Dévidoir , Drap-£or , Fufeaii , Harpe ^ Luth , Marteau , Mufique , QuenQuille , Sou^^ fiet, &c. Je rapporte les phénomènes finguliers que préfentent les animaux , les végétaux & les minéraux : les effets de la Senjitive , de l'a Tour-- xxîj PRÉFACE. maline , de la Torpille , de X Aimant , Src, font mentionnés à leur place ; & j'ai eu foin de marquer les objets qui appartiennent à l'ancien Continent ou au nouveau. Je fais obferver que les plus grands quadrupèdes , tant vix ipares qu'ovipares , font fous la Zone Torride. II y a des produftions étrangères que le commerce nous a rendu familières , & dont l'ufage eil: devenu un befoin : elles nous inté- reffent trop , pour négliger de les connoître ; j'ai cru qu'à ce titre on liroiî avec plaifir les détails curieux qui concernent le Thé , le Café , le Coxao^ le Poivre^ le Girofle^ la Mufcade , le Quinquina^ le Cachou^ le Coton ^ la Canne à fucre^ le Tabac , &c. Comme l'homonymie , fur-tout en Botani-- que, offre un chaos difficile à débrouiller pour les Amateurs , & même pour les Etudians , j'ai tâché de donner des épithetes courtes & pré- cifes , lefquelles aplanifîént les difficultés en ce ^enre : c'eft pour faciliter l'intelligence de ces iortes de contradiftions , à toutes fortes de perfonnes , fur-tout aux Etrangers , qui ne font pas famiHarifés avec les noms françois , & aux Voyageurs de notre Nation qui fe trouvent en pays lointains , que j'ai donné , à la fin de cet Ouvrage , une Table latine , concordante & alphabétique des phrafes des Auteurs, ainfi PRÉFACE. xxiij que des noms èi des mets dont j'ai parlé dans ce Diclionnaire. La dcfcription des Pvîinéraux n'efl: pas la partie la moins efTentielle de cet Ouvrage. La Nature , admirable dans tous fes Règnes , fem- ble avoir renfermé , dans le Pœgne Minéral , ks tréfors les plus riches. Toutes les pro- duftions de ce genre méritent d'être connues particulièrement ; je les ai décrites avec plus ou m.oins d'étendue , à raifon de leurs propriétés & de leur importance. J'ai rapporté les fentimens les plus accré- dités fur l'origine , la formation & les ufâges de ces corps : je n'ai pas oublié l'Iiiftoire des Jeux de la Nature ; larticle Monjîre indique (ts caprices ou fès erreurs : j'ai m.arqué le mécanifir.e des Dendrites ou arborifations , & celui des Stalaclius ; la manière de retirer le fel Ammoniac , de filer X Amiante ^ & la foie de la Pinne marine , ainfi que le procédé employé pour imiter les Perles ^ au moyen de la matière nacrée que fourniffent les écailles de quelques poiffons. Je détermine la nature de X Alun de plume des Droguiftes , le véri- table Albâtre des Anciens , le Succin élajli- que des Curieux j & en quoi confifte la différence du Cinabre naturel y du Cinabrt faux. J'ai fait connoître la nature de la Pierre obfidienne & des Agates , tant naturelles que factices : j'ai donné leur defcription ^ & b'4 xxiv PRÉFACE. rhiftoiie des Métaux & demi-Métaux , de la Tourbe , des FoJJiles , des Pyrites , des Pierres précieufes. Je parle des expériences qu'on a faites depuis quelques années fur le Diamant , fur la Platine , fur la Zéclite , je fais connoître les carafteres d'une Ardoife de bonne qualité ; je parle auffi du travail àts mines de Cuivre , d'Or , de Mercure^ de la mine ^Argent , du Sel gemme , &:c. Je découvre aux regards des Amateurs cqs^ laboratoires profonds de la Na- ture , où elle fémble fe dérober loin de notre vue pour former, dans îe plus grand fccret, les tréfors que nous fofnmes fi jaloux de dé- couvrir & de lui arracher. Je me flatte qu'on trouvera dans cet Ouvrage , des recherches fur différens points importans du Syfteme du Monde. Le Tableau univerfel de XHifioire Naturelle eft complété , dans ce Diélionnaire, par le rang qu'y occupent les corps céleftes , les pla- nètes , l'hiftoire de notre Globe , les météores , les mouvemens de l'atmofphere , le fon appelé Echo y les propriétés des Elémens , & tous ces phénomènes fi étonnans , fi importans , où la Nature fe montre dans l'éclat de fa puiffance , & dans tout l'appareil de fa majefl:é. Les Naturaliftes avoient abandonné cette étude aux Phyficiens ; mais on me faura gré de la réclamer ici comme une des plus belles parties du plan que je me fuis propofé de remplir. PRÉFACE. XXV Pour juger de ce que j'ai écrit fur le Syftême Planétaire , il fuffira de jeter un coup d'œil fur les articles y^fire , Ciel , Comète , ConfltUation , Eclipfe , Globe ( terreftre & ce- leile) planète , &c. Les articles Âir , An- neau de Saturne , Arc -en- ciel^ Atmofphere , Aurore boréale , Brouillard , Chaud , Crê^ pujcule y Eclair , Etoile tombante , Exha^ laifons , i^^r/ électrique , Feux-follets , Foudre , Froid y Globe de feu , Grêle y Glace, Glaciers^ Harmatan , Lauvines , Lumière :^odiacale , ilfefcrlpùon des trois efpeces de Mouches qui font dans une ruche. Les cbfervations les plus exa£Ves nous ont appris qu'en' certain temps de l'année il y a dans une ruche trois fortes de mouches bien diftin£tes. La première , la plus nombreufe des trois , font les abeilles commu- nes , qu'on appelle auffi abeilles ouvrières , parce qu'elles recueillent le miel &: la cire ; ou mulets^ parce qu'elles n'ont point de fexe. La féconde , moins abondante , font les faux bourdons , ainfi nommés pour les diflin- guer de ces bourdons velus , qui volent dans la cam- pagne ; ou bien mdUs , parce qu'ils le font réellement. La troiiieme , qui eft la plus rare , font les femelles , qu'on nomme reine s- abeilles ou reines-meres , parce qu'elles font mères d'une nombreufe poftérité ; & non point rois , comme le croyoient les Anciens , puifqiie ce font vraiment des femelles. Entre les parties extérieures de l'abeille ordinaire, les plus remarquables font la tête , le corfelet ou la poitrine , le corps ou le ventre. A la tête on remarque deux yeux à réfeau placés fur les côtés , deux antennes, deux dents , ferres ou mâchoires , qui jouent en s'ou- vrant & fe fermant de gauche à droite : ces ferres leur fervent pour recueillir la cire , la pétrir , en bâtir leurs alvéoles, jeter hors de la ruche ce qui les incom- mode. Au-defîbus de ces deux dents on apperçoit une trompe qui a l'air d'une lame afTez épaifte , très-lui- fante, de couleur de châtaigne : cette lame eft repliée en deux , & on ne la voit dans fa longueur que lorfque la mouche eft occupée à la récolte du miel. Cette trompe ell une machine étonnante, dont M. de Réau- mur-à développé les refTorts avec une faga cité admirable: c'efl dans fes Ouvrages qu'il faut voir la defcription de cet organe , compofé de plus de vingt parties. A l'œil fimpleelle paroît enveloppée de quatre fortes d'écaillés ? A B E ç quî forment enfemble un canal, par lequel le miel efl conduit : la trompe qui efl dans ce canal , eu un corps mufculeux, qui , par fes mouvemens vermiculaires , fait monter le miel dans le gofier. Lorfqu'on a féparé les dents , on obferve à l'orifice de la trompe une ouver- ture qui efl la bouche , & au-defTus un mamelon charnu, qui eft la langue : toutes parties dont nous verrons l'ufage. Le corfelet tient à la tête par un col très- court : il porte quatre ailes au-defTus & fix jambes au-defTous, dont les deux dernières font plus longues que les au- tres, & ont extérieurement dans leur milieu (que M. de Réaumur appelle la palette triangulaire ) , un enfon- cement en forme de cuiller , bordé de poils un peu roides : c'efl dans ces efpeces de corbeilles que les mou- ches ramaffent peu- à- peu les particules de cire brute qu^elles recueillent fur les fleurs , de la manière dont nous le dirons dans la fuite ; les extrémités des fix pattes fe terminent en deux manières de crocs , avec lefquels les mouches s'attachent enfemble aux parois de la ruche , & les unes aux autres. Du milieu de ces deux crocs s'élèvent à leurs quatre jambes poflérieures, quatre brofTes , dont l'ufage efl de ramaffer la poufîiere des étamines attachée aux poils de leur corps ; ces brofTes font l'effet des mains , comme nous le verrons plus bas. Le corps, proprement dit , ou le ventre, efl uni au corfelet par une efpece de filet , &c compofé de fix anneaux écailleux. Tout le corps des abeilles ^paroît très-velu , même à la vue fimple. L'âge les fait un peu différer de couleur ; celles de l'année font brunes & ont des poiîs blancs ; celles de l'année précédente ont des poils roux & des anneaux moins bruns , & affez fouvent leurs ailes font un peu déchiquetées. On peut obferver fur le corfelet & fur les anneaux du corps , de petites ouvertures en forme de bouche , par oii l'infedle refpire : ce font fes poumons , on les nomme fii^matcs. Cette partie , d'une flru^ure merveilleufe ^ 6 A B E leur cft commune avec tous les înfeâes en général f^oyei Stigmates à l'article Infecle, L'intérieur du ventre confifte en quatre parties : les inteftins , la bouteille de miel ; celle de venin\ Se l'ai- giiillon. Les inteilins , comme dans les animaux , fer- vent à la digeflion de la nourx^iture. La bouteille de miel , lorfqu'elle eft remplie , eft groffe comme un petit pois, tranfparente comme le criftal , & conti€nt le miel que les abeilles vont recueillir fur les fleurs , & dont une partie demeure pour les nourrir ; la meilleure efl rapportée & dégorgée dans les cellules du mrgafm , pour nourrir toute la troupe en hiver. La bouteille de venin eft à la racine de l'aiguillon , au travers duquel Tabeille en darde quelques gouttes, comme au travers d'un tuyau, pour les répandre dans la piqûre lorfqu'elle efl irritée. L'aiguillon efl fitué à l'extrémité du ventre de l'a- beille , long d'environ deux lignes , & pénètre avec beau- coup de vitefTe par le moyen de certains mufcles placés fort près de l'aiguillon , qu'on apperçoit facilement ea prefîant le derrière de l'abeille. Ce petit dard, qui paroît fi délié à l'œil , eu un petit tuyau creux de matière de corne ou d'écaillé , qui contient l'aiguillon , com- pofé lui-même de deux aiguillons accollcs , qui jouent en même temps, ou féparément , au gré de l'abeille. Leur extrémité efl taillée en fcie , dont les dents font tournées dans le fens d'un fer de flèche , qui entre aifé- jnent Se ne peut plus fortir fans faire des déchirures terribles ; aufîî prefque toujours la piqûre que fait une mouche lui efl-elle fatale , l'aiguillon entraînant avec lui la vefîîe , & quelquefois une partie des inteftins. Leur piqûre eil prefque toujours accompagnée de dou- leur, d'inflammation , de tumeur. Elles font la guerre à îa manière des Sauvages , avec des flèches empoifoii- nées. Le poifon en efl: plus adif dans l'été ; la tumeur qu'il occafionne efl plus ou moins confidérabl fuivant les tempéramens. Il y a des perfonnes pour qui ces fortes de piqûres ne font prefque rien , tandis qu'elles A B E 7 jCaiifent à d'autres une enflure prodigicufe ; toujours cil-il confiant qu'un certain noir.bre de piqûres occa- fionneroit des inflammations , des irritations , & une forte de hevre qui feroit fuccomber l'homme le plus robufle. On trouve dans les livres des remèdes à choiHr, ainfi que pour un grand nombre d'autres maux : oa propofe l'urine , le vinaigre , le jus de diverfes plantes, l'huile d'olive , que l'on prétend même propre contre la morflire de la vipère. Tous ces remèdes & l'eau feule foulagent pour un infiant , mais la douleur reprend après , &c l'inflammation continue. Si ces remèdes ^ ainfi que bien d'autres , ont paru opérer , c'efl que- le poifon n'agifToit point avec vigueur dans ces circonf- ftances. Le moyen le plus sûr pour empêcher les fuites fâcheufes de ces blefTures , c'efî d'ôter l'aiguillon de la plaie aufîi-tôt qu'on efl blefTé, & de la laver avec de l'eau qui amortit la vigueur du poifon. Les faux bourdons ou mdlcs font très-faciles à diflin- guer des ouvrières. Ils font plus longs d'un tiers & ont la tête plus ronde & plus chargée de poils ; leurs antennes n'ont que onze articulations , celles des au- tres en ont quinze. Leurs yeux à réfeau couvrent tout le defTus de la partie fupérieure & poflérieure de la tête ; au lieu que les yeux à réfeau des abeilles ouvriè- res , forment chacun une efpece d'ovale fur chaque côté. Ils ont le corfelet plus velu & les anneaux plus liffes. Leurs dents font beaucoup plus petites que celles des abeilles ouvrières ; aufîi ne leur font-elles point d'ufage , comme aux abeilles , pour la récolte de la cire. Leur trompe efl plus courte & beaucoup plus déliée ; ce qui fait qu'ils ont beaucoup de peine à puifer le miel dans les fleurs où il efl caché dans des glandes à une grande profondeur; ils ne s'en fervent que pour fucer celui qui leur efl néceffaire pour les faire vivre , & ils n'en font point de récolte. Ils n'ont point de palette triangulaire à leurs pattes ; leurs broiTes ne font point propres au même ufage que celles des abeiliesv A 4 8 A B E La nnnire leur ayant refiifé les inflrumens propres ati travail , femble les en avoir exemptés ; aufîi ne travail- lent-ils point ; tout leur emploi eft de féconder les rei- nes. Leur organiiktion intérieure prouve que telle ell leur deftination. Que l'on prefTe le derrière d'un faux bourdon , on en fait fortir deux efptces de cornes , au milieu defquelles on apperçoit un corps charnu , qui s'élève en defTus en fe contournant en arc : cara61erç diflinclif de fon fexe. Ge corps efl: rempli de vaifTeaux: tortueux , qui contiennent une liqueur îaiteufe ; enfin il n'a point d'aiguillon. Les 7ncrcs abeilles , comme les faux bourdons , n'ont point aux jambes poftérieures de palette triangulaire propre à recevoir la récolte de la matière à cire. Leurs dents 5 quoique plus petites que celles des abeilles , font cependant plus grandes que celles des faux bour- dons. Elles n'ont point de broiTes à l'extrémité à^s pattes. Les mères abeilles font plus longues que les faux bourdons. Ce qui aide le plus à faire connoître une mère abeille , c'efl: le peu de longueur de fes ailes , dont les bouts fe terminent fouvent au troifieme an- neau , au lieu que le bout des ailes des abeilles ordi- naires, & fur-tout de celles àzs faux bourdons ^ vont par-delà l'extrémité du corps. Avec des ailes ii courtes, la mère abeille vo^e plus difficilement que les abeilles ordinaires; auffi lui arrive-t-il peu de fois dans fa vie de faire ufage de fes ailes. Son derrière efl armé d'un aiguillon , qui furpaffe de beaucoup en grandeur celui d'une abeille ouvrière ; mais qui au lieu d'être droit , ed: un peu courbé vers le ventre. El'e ne s'en fert que lorfqu'elle a été irritée fort long- temps , ou peut-être , comme nous le verrons dans la fuite , pour difputer l'empire à d'autres reines. Dans l'intérieur de fon corps , les œufs font diflribués en deux ovaires. Chaque ovaire efl un aflemblage de vaiffeaux qui vont aboutir à un canal commun , & qui tous font remplis d'œufs dans le tems de la ponte. A B E 5^ Dans la defcription de ces trois efpeces d'mre£^es , on a pu obferver un rapport admirable &c toujours confiant , ainfi que dans toutes les œuvres du Créateur, entre la f]:ru£lure des parties de chacun de ces infedles 6c leur delHnation. Nous pouvons même dire avec M. Dtkuie , que tous les infeftes du genre des abeilles ont effentiellement la même fl:niâ:ure ; les feules diffé- rences au'on y obferve , confiilent dans les proportions des parties & dans les couleurs. Ajoutons encore aux caraàeres généraux indiqués cl-delîiis , que ces mou- ches ont , outre les yeux à réfeau , trois petits yeux liffes fiu' le derrière de la tète ; que leurs antennes paroifTent brifées , parce que leur première articulation eu beaucoup plus longue que les autres ; les ailes infé- rieures font aulîi plus courtes que les fupérieures. Après avoir vu les inftrumens des abeilles nécef- faires pour leurs travaux , il faut développer l'indullrie de leurs ouvras;es. Récolte Je la Propolis & de la Cire pour la conjlriicilon des alvéoles. Le nombre des habitans d'une ruche eft très - confî- dérable. Il s'y trouve une reine qui eft feule de fon fexe, avec deux, trois, jufqu'à fept ou huit cents &: même mille mâles ou faux bourdons , & quinze à feize mille & plus d'abeilles fans fexe , qui font les ouvrières ou le gros de la nation. Lorfque les mouches s'établiiTent dans une ruche , leur prem-ere occupation eft de boucher tous les petits trous ou fentes qui s'y trouvent , avec une matière gluante , tenace , molle d'abord , mais qui durcit enfuite ; on lui a donné le nom de propolis. On croit que c'eft fur les peupliers , les bouleaux , les fapins , les pins, les ifs, les faules , qu'elles en font la récolte ; cependant M. de Réaumur , cet infatigable Obfervateur , n'a pu les découvrir occu- pées à cette récolte , 6c il a vu des abeilles employer 10 A B E la propclls dans des pays oii il n'y avoit aucuns de ces ar- bres : c'efl une découverte qui refle à faire. Quoi qu'il en foit, \d.propoUst^i une réfuie difToluble dansrefprit-de-vin te rhuile de térébenthine. Ellen'efi: pas toujours la même en confnlance , en odeur , en couleur ; communément , quand elle efl échauffée , elle donne une odeur aro- matique ; il y en a qui mériteroit d'être mife au rang des parfums. La propolis efl d'un brun roiigeâtre en dehors , jaunâtre en dedans. Outre l'ufage qu'on en fait en Médecine comme digeftive , quelques expériences ont fait connoître à M. di Rèaumur^ que cette fubUance diiTôute dans l'efprit-de-vin ou l'huile de térébenthine, pourroit être fubflituée au vernis qu'on emploie pour Aonn^x une couleur d'or à l'argent ou à i'étain réduit en feuilles. Si, par exemple, on Tincorporoit avec le maflic ou \q fandaraque , elle feroit très-bonne pour faire des cuirs dorés. L'emploi de la propolis eft un des ouvrages les plus pénibles des abeilles : elles s'y prennent , pour en faire la récolte & pour s'en décharger , de la même manière que nous verrons qu'elles font la récolte de la cire ; la ténacité de la matière rend feulement ce premier travail phis difficile. . L'aclivité efl ii grande parmi les abeilles , que pendant que les unes bouchent les fentes de la ruche , les autres travaillent à la conll:ruâ:ion des gdtcaux ou rayons^ compofés d'alvéoles ou cellules très-régulieres. Chaque rayon a deux ordres d'alvéoles oppofés l'un à l'autre , qui ont leur bafe commune ; & l'on obferve que la bafe de chaque alvéole eft formée de trois pièces qui font partie des bafes des trois alvéoles de l'ordre oppofé. Chacun de ces rayons eil dans \\n^ direction verticale ; &: il n'y a entre deux rayons qu'autant d'ef- pace qu'il en faut pour que quelques abeilles puiiTent pafler à la fois. H y a des trous qui traverfent chaque rayon pour leur abréger le chemin, L'épaifTeur de cha- cun de ces rayons eiî d'un peu moins d'im pouce ; A B E II ainfi la profondeHr de chaque alvéole , deftiné pour les abeilles ouvrières , eft d'environ cinq lignes , & leur largeur efl conflamment de deux lignes deux cinquiè- mes dans tous les pays où il y a des abeilles. Voilà^pnc une mefure qui ne peut jamais varier, que tout le monde connoît , qui le trouve par-tout , en un mot , une règle univerfelle en fait de mefure. Outre ces alvéoles , qui font les plus nombreux , elles en conflruifent un petit nombre d'autres , qui font un peu plus grands , deilinés à recevoir les œufs def- quels doivent naître les faux bourdons ; au lieu que les premiers font deftinés pour ceux d'où doivent fortir les abeilles ouvrières. Ces cellules , qui , ainii que les premxicres , varient pour la profondeur , font auiîi tou- jours d'un diamètre confiant , qui efl de trois lignes & demie ; de forte que vingt de ces cellules , dedinées aux faux bourdons couvriroient une ligne de cinq pouces dix lionnes , & un peu plus ; tandis que vingt cellules d'abeilles ouvrières ont juile quatre pouces de longueur. Les abeilles commencent à établir la bafe de Tédî- fîce dans le haut de la ruche , &c travaillent à la fois aux cellules des deux faces. Dans des circonflances où elles font prefTées par l'ouvrage , elles ne donnent aux nouveaux alvéoles qu'une partie de la profondeur qu'ils doivent avoir ; elles les laifTent imparfaits , Si différent de les finir jufqu'à ce qu'elles aient ébauché le nom- bre de cellules qui font nécefTaires pour le temps pré- fent. La conflru£lion des gâteaux leur coûte bien de la peine : le plus grand nombre de nos ouvrières efl oc- cupé à dreffer , à limer , à polir ce qui efl encore brut , à perfedionner le dedans des alvéoles ; elles en fînilTent les côtés & les bafes avec une û grande déli- cateffe , que trois ou quatre de ces côtés , pofes les uns fur les autres , n'ont pas plus d'épaiffeur qu'une feuille de papier ordinaire. Elles conflruifent encore li A B E pluficiirs autres alvéoles deftinés à être le berceau du reines : pour lors elles abandonnent leur archite£lure ordinaire; elles bâtiflent exprès des cellules de figure arrondie & oblongue , qui ont beaucoup de folidité. Une feule de ces ce'iKiles pelé autant que cent ou cent cent cinquante cellules ordinaires : il y a moins d'é- conomie dans celles - ci ; la cire y eft employée avec profufion, les dehors en font gifillochés ; ce font des cellules vraiment royales : elles font en petit nombre en comparaifon des autres. Le^ travailleufes favent ou paroîiTent favoir eue leur mère ne doit pondre, pour î'crdinc^re , que quinze à vingt œufs par an , d'où naî- tront d'autres mères, & qu'au contraire elle donnera naiffance à plufieurs milliers de mouches ouvrières & à plufieurs centaines de mâles. Quelquefois elle n'en pond eue trois ou quatre des premiers , quelquefois point du tout, ^ dans ce cas la ruche ne donne pas d'efTaim. \^x\ gâteau compofé d'alvéoles eft un fpe£lacle char-s- mant : tout y cft difpofé avec tant de fymétrie 6c fî bien fini qu'à la première infpedion on eft tenté de le regarder comme un chef-d'œuvre de l'indu^rie des infedes. Nos Archimedes modernes admirent comment, dans la difpofiti^n & la forme de ces alvéoles qui font hex?.gones & à fix pans , ( & dont les bafes font for- mées chacune de trois trapèzes , dont les angles obtus formant l'angle folide du fond , font d'environ cent dix degrés ) , on trou.ve réiblu par un mécanifme naturel un des plus beaux & des plus difîiciles problêmes de la Géométrie : Faire unir dans le, plus petit efpace pof- Jihle le plus grand nombre de cellules & les plus grandes pofjibles , avec le moins de matière pojjible. Une observa- tion très-curieufe , eft que les abeilles varient l'incli- naifon & la courbure de leurs rayons félon le befoin. Au rcfle , dit M. Deleu^e , quiconque aura pu voir les abeilles travailler à la conilrudion de leurs gâteaux, ou obfervé avec quelque attention è!^% gâteaux com- A B E ïj hiencés, fentîra le vice de l'explication mécanique que divers Naturalifles ont voulu donner de cette ré- gularité de figures , en luppofant qu'elle n'eft que le réfultat nécefTaire de ce qu'un grand nombre d'abeilles travaillent dans un efpace étroit ; d'où il fuit que la figure ronde qu'elles tendent à donner à leurs alvéo- les , devient hexagone par la prefîion que chacune éprouve de toutes parts. On voit au contraire que les pièces font faites l'une après l'autre , & ont chacune ^ dès leur première conftruftion , la figure régulière qui leur eft propre , fans aucun indice d'une comprefiion qui ne peut avoir lieu ni dans une ruche peu peuplée^ ni fur les bords des gâteaux. Lcuwenhoeck , en examinant les yeux des abeilles au microfcope , avoit cru obferver que la lumière , mêlée aux ombres , peignoir fur leur rétine des cellules fem- blables à leurs rayons, ce qui lui avoit fait conjec- turer que ces animaux, en travaillant , ne faifoient qu'exécuter ce qui s'ofFroit à leurs yeux. Nous ne nous arrêterons pas à difcuter cette iinguliere expli- cation. Revenons à confidérer l'induflrie de nos abeilles. C'eft avec un vrai plaifir qu'on les voit travailler, cha- cune fuivant fon diflrift, à l'ouvrage commun. Elles volent fur les fleurs de diverfes plantes , & s'y roulent au milieu des étamines , dont la poufîiere s'attache à une forêt de poils dont leur corps efl couvert ; la mou- che en paroît quelquefois toute colorée. Elles ramaf- fent enfuite toute cette poufîiere avec les brofTes que nous avons vu qu'elles ont à l'extrémité des pattes , & l'empilent dans la palette triangulaire : chaque pa- lette eft de la groffeur d'un grain de poivre un peu aplati. Quand les fleurs ne font pas encore bien épa- nouies, nos mouches preflTent avec leurs dents les fommets des étamines , oii elles favent que les grains de poufllere font renfermés , pour les obliger à s'ou- vrir & y faire leur récolte. On yoi,t bientôt les abeilles 14 A B E rentrer dans la ruche , chargées , les unes de peîofcs jaunes , les autres de pelotes rouges , ou d'autres di- veries nuances, félon la coultur des différentes pouf- fieres. Cette pcufTicre qu'elles rapportent çû la matière à cire ou la cire brute , car elles ne rencontrent nulle part la cire toute faite. A peine les mouches , ainfi chargées de la récolte , font-elles arrivées , qu'il vient plusieurs abeilles qui détachent avec leurs ferres une petite portion de cette matière à cire, qu'elles font paiTer dans un de kurs cftcmacs , car elles en ont deux , l'un peur le miel & l'autre pctir la cire. C'cfl dans cet eflomac que fe fait une merveilleufe élaboration ; la véritable cire y eft extraite en très-petite quantité de la cire brute , dont une partie leur fert d'aliment , & le refle cft rejeté en excrément ; ce que M. de Rèaumur a prouvé par un calcul ingénieux. Il obferva que dans une ruche de dix-huit mille abeilles , chaque abeille pouvoit faire quatre à cinq voyages par jour ; qu'il falloit huit pe- lotes de cire pour le poids d'un grain ; que les mcuxhes rapportcient pendant fept ou huit mois confécutifs cent livres & plus de cette matière ; & que cependant li l'on tire au bout d'une année la cire d'une ruche fem- blable , on n'y trouve qu'environ AtwiL livres de vraie cire ; d'où il fuit néceffairement que la cire brute fait partie de leur nourriture , & qu'elles en extraient peu de véritable cire. Les mouches dégorgent cette cire fous la forme d'une bouillie ou pâte par la bouche q^\Ç: nous leur avons vue ; &c à l'aide de leur langue , de leurs dents , de leurs pattes , elles conftruifent ces al- véoles , dont nous avons admiré la figure. Dès que cette pâte eft feche , c'eft de la cire telle que notre cire ordinaire. Les gâteaux nouvellement faits font blancs , mais ils perdent peu-à-peu lewr éclat en vieillifTant ; ils jaunif- fent, & les plus vieux deviennent d'un noir de fuie; les vapeurs qui régnent dans l'intérieur de la ruche ^ À B E 15 les dépouilles des vers , &c le miel en font la caiife ; la cire qui a été originairement blanche , recouvre fa blancheur , étant cxpofée a la rofée ; mais toutes les abeilles ne font pas la cire également blanche ; ce qui dépend moins de rinfe£l:e que de la nature des efpeces de poulîieres d'étamines qu'il va recueillir. On éprouve même dans les blanchifferies , qu'il y a des cires qu'on ne peut rendre d'un beau blanc. Dans les mois d'Avril $1 de Mai , les abeilles recueil- lent , du matin au foir , de la matière à cire. Mais lorfqu'il fait plus chaud , comme dans les mois de Juin & de Juillet, c'efl fur-tout le matin jufque vers les dix heures qu'elles font leurs grandes récoltes > parce qu'alors les poiiiîieres des étamines étant hume£i:ées par la rofée de la nuit , font plus propres à faire corps les unes avec les autres , &c à être réunies dans une mafTe. Ces pouiîieres ainii réunies qui forment la cire brute , différent eiTentiellem.cnt de la véritable cire , qui fe ramollit fous le doigt , devient flexible comme ime pâte , & eft duâ:ile ; au lieu que la cire brute ne s'amollit point fous les doigts , n'y prend point de duOilité 5 mais s'y brife. Des expériences très-faciles démontrent que les pouf- fieres d'étamines font les principes de la cire , mais ne font point la cire. Si l'on met une boulette formée de plufieurs petites pelotes de cire brute dans une cuiller d'ar- gent fur des charbons allumés, au lieu de fondre commue la cire , ces pelotes confervent leur figure , fe deffé- chent & fe réduifent en charbons. Si l'on fût un petit ^let de ces pelotes en les roulant entre les doigts , &c qu'on le préfente à la flamme d'une bougie , il brû- lera fans couler comme un brin de bois fec réfineux. Si l'on jette la cire brute dans l'eau , on la voit tom- ber au fond, au lieu qu'on verra la cire furnager : tous ces carafteres difrindifs prouvent d'une m^aniere inconteftable l'élaboration qui fe fait dans le corps de ces infedes. i6 À B E M. i^e Riaîimur^ dont le moindre objet d'utîlité atti- rcit l'attention , a fait plitTieurs tentatives pour voir s'il ne feroit pas poiTible de tirer par art la cire toute faite de la cire brute : il fe proporoit de concourir avec les abeilles à la fabrication de la cire ; mais fes expériences n'ont abouti qu'à lui apprendre qu'il ne nous efi pas plus aifé de parvenir à taire de la vraie cire avec les étamines des fleurs , qu'il ne l'eft de faire du chyle avec les différentes fubilances qui nous fer- vent d'aliment , ou qu'il le feroit d'extraire de la foie des feuilles de mûrier. ! Après avoir vu la manière dont les abeilles conf- tridfent leurs alvéoles , paffons à leur ufage. Ufage des Alvéoles, Police des Abeilles ; leur gênératlohé Les alvéoles fervent à contenir le miel , la cire brute que récoltent les ouvrières , & le couvain que la reine mère y dépofe. Voyons d'abord comment elle y dépofe fes œufs , l'efpérance de la république. L'abeille qu'on nomme la reine , eft une mère pro- digieufen'icnt féconde ; c'efl: à elle feule que doivent leur naifiance toutes les nouvelles mouches qui naiifent dans une ruche : aufTi n'eft-il point d'attachement qui puifTe aller plus loin que celui que les abeilles ont pour elle. Elles lui rendent tous les fervices , tous les hommages dûs à une fouveraine : elles lui font un cortège plus ou moins nombreux , foit qu'elle veuille faire la revue de fes états, ou prendre l'air, &c, ; elles la careffent avec leur trompe; elles la fuivent par-tout où elle va ; c'efl: Didon , entourée de Tyriens. Qu'on redonne une mère aux abeilles qui étoient dans une parfaite oifiveté, parce qu'elles avoient perdu la leur , les voilà dans l'inftant déterminées à travailler , & cela proportionnellement à la fécondité de cette nou- velle mère. La feule efpéronce de voir naître bientôt ime mère pariiii elles ^ fufîit pour les y exciter j car fî au A B E if Su lieu d'une mère abeille on met iimplement dans la ruche une nymphe de mère abeille , le travail renaît auïïi-tôt. La mère abeille eu Tame de la ruche ; û elle vient à périr , tous les travaux cefTent , 6c les abeilles fe laiA fent mourir de faim. Leur attachement pour elle eft cgal à Futilité dont elle eftà Ibn peuple, & cette reine ne fait fervir qu'au bonheur de fes fujets le pouv<:^t" dont elle jouit. La fécondité de cette reine eft telle , qu'elle peut mettre au jour, en fept ou huit femaines, dix à douze mille abeilles 6c plus. Suivie de fon petit cortège , & toujours occupée des foins du gouverne- ment & de la population , elle entre d'abord la tête la première dans chaque cellule , apparemment pour voir û elle eft en bon état ; elle en reftbrt , &c y fait enfuite entrer fa partie poftérieure pour dépofer dans le fond de la cellule un œuf qui s'y trouve collé à l'inftant* Elle pafle ainli de cellule en Cellule , & pond jufqu'à deux cents œufs par jour. La nature lui apprend à choifir les alvéoles les plus grands , lorfqu'elle va pon* dre des œufs d'où doivent naître les faux bourdons ; & les cellules royales , lorfqu'elle eft prête à mettre au Jour les œufs d'oii doivent éclore les reines. Au bout de deux ou trois jours , plus ou moins , félon qu'il fait plus ou moins chaud , il fort de l'œuf un ver que l'on voit au fond de la cellule. Ce ver eft long , blanc ^ toujours dans la même attitude , c'eft~à-dire , roulé en anneau , appuyé mollement fur une Couche aftez cpaifte de gelée ou de bouillie d'une couleur blanchâtre que les abeilles ouvrières y ont apporté, & c'eft de cette gelée qu'il fe nourrit» Les abeilles ouvrières conftruifent non^feulement les gâteaux , elles font encore les nourrices que la Nature a accordées aux vers. Elles ont grand foin de viftter chaque alvéole , pour reconnoître ft le ver qui y eft logé , a tout ce qu'il lui faut. L'aliment du ver eft le miel & la cire préparés dajcis le corps des abeilles» Tome /, B ïS A B E Elles ont un foîn particulier des œufs d'où doivent éclore les reines : elles leur donnent de la pâture avec profafion. En moins de fix jours, le ver prend tout ion accroiffement ; alors les abeilles, qui connoifTent qu'il n'a plus befoin de manger, ferment la cellule avec un petit couvercle de cire. Le ver , qui jufqu'alors s'ëtoit tenu dans le plus parfait repos , fe déroule , s'alonge , puis il tapiffe de foie les parois de fa cellule; car il fait filer , ainfi que les chenilles. Il faut obferver qu'avant que le ver commence à filer , il a confumé toute fa provifion de gelée ; les nourrices ont foin de. ne lui en point mettre plus qu'il n'en peut confommer. Lorfque le ver a ainfi tapiffé l'intérieur de fa cellule , il pafTe à un état connu fous le nom de nymphe , c'eil-à-dire , qu'il perd toutes les parties dont il avoit befoin étant ver , comme la filière & autres. Les par- ties qui lui font néceffaires pour fon nouvel état de mouche , fe développent. Cette transformation , une des plus admirables qiie nous préfente la Nature , étant commune à toutes les mouches , ainfi qu'à l'abeille , nous renvoyons à l'article Nymphe , pour en avoir un détail plus circonftancié , & conncître la différence de deux mots fouvent confondus, Nymphe^ ChryfaUdc^a), (û) M. Schïradi , l'un des Oofervateurs de îa Société des Abeilles établie en Luzace , fous les aufpices de UElecieur de Saxe, a miridé à M, Bonnet f que toute portion de couvain pouvoit donner ui:e reine- abeille ^ lors même qu'il ne s'y trouvcit point de cellule royale^ parce qu'un œuf contient le principe d'un ver de reine , & que l'indinél des abeilles fa- voit difccrner cet œuf. M. Schirach prétend même que les vers qui fe transforment en abeilles communes, c'eft-à-dire , cuvrierts neutres ^ peuvent suffi fe transformer en reines. C'eft , dit-il, un ver âgé de trois à quatre jours, que le gros du peuple abeille choillt pour devenir reine. Si ce fait exifte, toutes les abeilles communes appartiennent originairement au fexe féminin , & le développement des organes qui caraftérifent ce fexe, cépend , fuivant notie Obfervateur , d'une certaine nourriture appropriée & adminiltrée dans un logement aflez fpacieux ; 6c fans ces deux conditions, J'abeille commune eft condamnée à une virginité , ou plutôt à une ftéri- lité perpétuelle ; ainfi la mère- abeille eft féconde fans accouplement, & elle peut être , dit M. Boyinet , fembîable en cela aux pucerons qui ont un principe de fécondité pour plufieurs générations. Mais que fera donc Tuffige fecret t'es faux bourdons ? pourquoi la fage Nature les auroit-elle pourvus d'an û gr^nd appareil d'organes fécondateurs? Il faut ici con-.  B E 19 Vakîlle y dans fon état de nymphe , eft enveloppée d'une pellicule fi mince & il déliée , qu'on apperçoit (es fîx pattes rangées fur fon ventre , &c la trompe cou- chée dans toute fa longueur : l'abeille dans cet état ed d'abord blanche ; dans la fuite , toutes les parties du corps fe colorent par degrés , &c fe développent infen- lîblement : on y reconncît la marche de la Nature , qui, dans toutes {es opérations , va toujours par nuan- ces infenfibles ; l'abeille eil ordinairement dans fon état de perfedion au bout de vingt & un jours. Elle fait iifage de fes dents pour fortir de fa prifon &C rompre fon enveloppe : c'eft une opération très-diffi- cile pour la jeune abeille ; il y en a quelquefois qui ne peuvent en venir à bout : cependant les abeilles ont, ainfi que bien des animaux, jufqu'à un certain temps marqué par la Nature , tous les foins imaginables pour leurs petits ; ce temps efl-il pafTé , leur amQur fe fulter, dît M. Schirach , la Contemplation de la Nature ^ part. VIII. c. ^. Voilà des ohfervatlons neuves qui tendent à détruire la théorie que nous avions fur les abeil/es ; & lefavantM. Bonnet répond atout ceci, que la liqueur féminale eft un fluide nourricier & un fiimuîant qui peut produire les plus grands changeniens dans les parties intérieures àes embryons. Qui frit fi les mâles ne répandent pss leur fperme dans les cdluLes royales où Loge actuellement un œuf ou un ver? qui fait fi ce fperme n'eft pas mêlé à la neurriture fur laquelle repofe Toeuf ou lever^ ou fi ce fperme ne pénètre point dans le ver par d'autres voies que nous ne faurions deviner ni découvrir ? M. Bonnet , en expofant i'es vues philofophiques fur cet objet difcuté par MM. Schirach èc ÏTilhelmi , dit, avec raifon : Q^uel ahyme aux yeux du Sage qu'une ruche d*abeilles . ... I M. Riem , maître en Fharmacie , & membre de la Soc-e'té (Economique , établie à Lauter , dans le Palatinat , a mandé à M. Bonnet , qu'il avoit répété avec foin toutes les expériences de M, Schirachj & que les réfultats qu'il en a eus font contraires à tout ce que l'Obfervateur de Luz?ce avoit écrit; ils tendent aufiî à renverfer un àes principaux fon- demens de la théorie Réaumurienne. Les abeilles ouvrières , dit M. Riem, pondent au befcin , ôc donnent ainfi naiffance à des vers de l'une ou de l'autre forte. Tant de contrariétés multiplient nos doutes, & nous mon- trent, dit M. Bonnet, avec quelle circonfpefi;ion le Naturalifte philo- fophe doit procéder dans la recherche des lois qui regiffent les êtres vivans. D'après cet expofé, nous tenons encore à la logique de l'illuftre Réaumur. Confultez le Journal de phyfique , Avril , Mai , Juillet lyyy. On lit dans un des derniers volumes ^es Tranfaci. philofoph. des détails qui tendent à prouver que la fécondation chez les abeilles , s'opete hor« «du corps de la femelle, B 2 io A B E change en îndifFérence : contraire qiii fait fentîr la dif- férence de l'inflind 6c de la raifon. Cependant , dès que la mouche efl fortie , viennent d'autres mouches raccommoder la cellule, la nettoyer & la préparer pour recevoir ou de nouveau couvain , ou du miel. La pellicule qui enveloppoit la jeune abeille , fe trouve appliquée exaûement contre les parois de la cellule ; ce qui en fait paroître la couleur différente. A peine la jeune abeille en cft-elle fortie , à peine (es ailes font-elles déployées, que la voilà qui vole aux champs : elle eft tout aufli habile à recueillir & le miel ôc la cire, que les autres abeilles. Ce font ces jeimes mouches qui , lorfqu'elles feront toutes éclofes, & fe trouvant en trop grand nombre dans la ruche , formeront en partie la nouvelle colonie , que l'on nomme ejffaim , pourvu qu'il fe trouve une reine à leur tête , comme nous le verrons dans la fuite. Tandis que des abeilles , les imes prennent foin d'é«^ lever l'efpérance de l'État , les autres travaillent aux récoltes précieufes de la cire brute & du miel ( car l'un & l'autre confHtuent leur nourriture ) , les abeilles qui reviennent à la ruche chargées de deux petites pe- lotes de cire brute , vont s'en décharger dans des al- véoles vides , à moins que d'autres ne viennent les décharger à l'inftant pour l'employer : elles ont foin de pétrir ces pelotes , de les prefTer , de les arranger : autant en font celles qui fuivent. Elles en remplirent ainû des gâteaux entiers , qui font de diverfes cou- leurs : ce font des magalins oii elles ont recours au beibin , foit pour couvrir les alvéoles où font enfermés leurs petits , foit pour boucher ceux qui font pleins 4e miel, foit pour fe noiu*rir. Récolte du MieL Une récolte tlçn importante poiir les abeilles ^ eft celle du miel. A B E îi M. Llnnœus a mieux obfervé qu'on ne l'avolt fait avant lui , que les fleurs ont au fond de leurs calices des efpeces de glandes pleines d'une liqueur miellée. C'eft dans ces glandes neélariferes que les abeilles vont puifer le miel , & c'efl: dans leur eftomac qu'il fe fa- çonne. On avoir cru autrefois que le miel étoit une rofée qui tomboit du ciel : on ne le croit plus aujour- . d'hui ; on fait au contraire que la rofée & la pluie font très-contraires au miel. De tout temps nos abeilles ont connu ces glandes que nos Botanifles moder* nés ont découvertes ; de tout temps elles y ont été chercher leur miel. Quelquefois elles trouvent cette liqueur épanchée fur des feuilles. Un Obfervateur at- tentif peut voir au printemps , des arbres , & l'érable entre autres , dont les feuilles font toutes enduites d'une efpece de miel ou de fucre qui les rend luifantes ; & {i l'on pofe une de ces feuilles fur la langue ,. on y reconnoît bientôt une faveur mielleufe. Soit que cette liqueur réfide encore dans les glandes , fcit qu'elle en foit fortie , elle eft la matière première du miel : c'eft elle que l'abeille cherche & ramafle pour en com- pofer un aliment propre pour fa nourriture & pour celle de i^s compagnes. La trompe lui fert à la récolte du miel , & le conduit dans le premier eftomac , qui , lorfqu'il efl rempli de miel , a la figure d'une vefîle oblongue. ( Les enfans qui vivent à la campagne , con- noifient bien cette veffie ; ils la cherchent même dans le corps des abeilles , & fur-tout dans celui des bour- dons vdus y pour en fucer Te miel). Il faut que les mouches parcourent beaucoup de fleurs pour ramaflTér ime quantité fuflifante dé miel , qui puiflb remplir leur petite velîie. Quand les veflles font pleines , les abeilles retournent à la ruche., A les voir rentrer fans pelotes de cire aux pattes, on les prendroit pour àes paref- feufes ; mais toute leur récolte efl: dans l'intérieur de kur corps , car elles ne trouvent pas toujours l'occafion. de faire ces deux récoltes enfemble, Auflî-tôt qu'elles. B3 22 A B E font arrivées , elles vont dégorger le miel dans im alvéole. Comme le miel qu'une abeille porte à la fois n'eil qu'une petite partie de celui que l'alvéole peut contenir , il faut le miel d'un grand nombre d'abeilles pour le remplir. Quoique le miel fcit fluide , & que les alvéoles foient comme des pots couchés fur le côté , elles ont cependant l'art de les remplir. Qu'il y ait peu ou beau- coup de miel dans rn alvéole , on remarque toujours deffus une efpece de petite couche épaiffe , qui , par fa confnlance , empêche le miel de couler. L'abeille qui apporte du miel dans l'alvéole , fait pafTer dans cette pellicule les deux bouts de fes premières jambes, 6c par cette ouverture elle lance 6c dégorge le miel ^ont fon eflom.ac efl plein. Avant de fe retirer , elle raccommode la petite ouverture qu'elle avoit faite : celles qui fui vent font de même. Comme la maffe du miel augmente , elle fait reculer la pellicule , & la cel- lule fe trouve , par cette induflrie , pleine d'un miel fluide. Les abeilles ont foin de couvrir d'un couvercle de cire les alvéoles où ell: le miel qu'elles veulent conferver pendant l'hiver ; mais ceux où eil le miel deiliné pour la nourriture journalière , font ouverts & à la difpofition de toutes les mouches. Le miel qu'elles réfervent pour l'hiver , efl toujours placé dans la partie fupérieure de la ruche. Souvent l'abeille, au lieu d'aller vider fon miel dans une cellule , fe rend aux atteliers des travallkufes ; elle alonge fa trompe pour leur offi'ir du miel , comme pour empêcher qu'elles ne loient dans la néceïïité de quitter leur ouvrage pour aller en chercher. Quand les abeilles ont commencé à naître dans une ruche , on en voit quelquefois plus de cent fortir de leurs cellules en un jour ; la ruche fe peuple rapi- dement , 6c dans l'efpace de quelques femaines le nom- bre des habitans devient (i grand , qu'à peine elle peut les contenir ; ce qui donne lieu à cette colonie qu'on appelle jeton ou cjfaim^ A B E ij DiS Ejfaïms ou Jetons» Le favant Auteur des Confidérations fur hs corps organifés , ( M. Bonnet ) a dit qu'une ruche eft , aux yeux du Sage , un abyme où fe perd le génie le plus vafte. Lorfqu'une ruche fe trouve fi remplie de mouches que fa capacité ne fuffit plus pour les loger à l'aife , il en fort une colonie qui va fonder ailleurs fon éta- bliflement. L'émigration de cette colonie , qu'on ap- pelle jeton ou ejjaim , n'a lieu que lorfqu'elle a un chef, c'eil - à - dire , une reine propre à perpétuer l'em- pire qu'elle va fonder. Une feule reine fuffit pour conduire l'effaim. Lorfqu'une nouvelle mère a quitté fa dépouille de nymphe, au bout de quatre à cinq jours elle efl: fécondée & prête à pondre ; par con- féquent elle efî: en état de fe mettre à la tête d'une troupe difpofée à la fuivre par-tout : tel eft l'attache- ment des abeilles pour leur reine. Lorfqu'on peut faifir la reine abeille , on eft sûr de conduire les mouches d'une ruche dans tel endroit qu'on voudra. Cet oit l'unique fecret de M. Wïldmann , qui , en préfence de la Société de Londres , fe faifoit fuivre par un eiTaim, le faifoit pafTer d'une partie de fon corps fur une "autre : changeoit-il de place la mère abeille , bientôt tous fes fujetsndelles la fidvoient ( quelques abeilles colériques, car c'eil un vice de leur caractère , pourroient rendre ce jeu affez fatal ) : ainfi M. W^ildmami nous apprend un moyen prompt & facile pour faire pafTer les mouches d'un panier à im autre. Il tranfporte fa ruche dans un lieu où il ne règne que la lueur d'un crépufcule , & la renverfe. La mère abeille , dont la nature eft , comme nous l'avons dit, des plus vigilantes pour le bien de fon état , fe préfente des premières. Il la faifit ; la tenant une fois , il efl: maître des mouches ; il la met dans une ruche vide, toutes les abeilles la fuivent; B4 S4 A B E il s'empare du mîel , de la cire , reporte le couvâîn dans la nouvelle ruche qu'habitent les abeilles , & la place dans le rucher. Les efl'aims fortent naturellement en différens temps ; & dans le même pays ils Ibrtent tantôt plutôt , tantôt plus tard , félon que la iaifon a été plus ou mojns favo- rable. Les ruches dans lefquelles il y a le plus de mou- ches , effaiment les premières , parce que la mère y ayant été tenue plus chaudement tout l'hiver , le prin- temps vient pour elle plutôt que pour d'autres ; elle peut donc recommencer fa ponte de meilleure heure. Le temps le plus ordinaire de la fortie des efTaims dans ces pays - ci , eft au commencem.ent ou au milieu de Mai , jufqu'à la fin de Juin ; les efTaims qui viennent plus tard , ne peuvent guère réufîîr , a moins que d'être mariés , c'eil- à-dire , réunis à d'autres. Pludeurs fignes annoncent la fortie prochaine d'un efîaim.. i.^ Lorfau'on com.mence avoir voltigjer des faux bourdons devant la ruche , c'eil: une marque que cette ruche eifaimera dans quelques jours ; les faux bour- dons ayant été tous mafïacrés avant l'automne ^ comme nous le verrons , leur retour annonce un nouveau peu- ple. 2.° Lorfque les mouches font en fi grande quan- tité, qu'une partie eft hors de la ruche. 3.^ Lorfque îe foir on entend un bourdonnement très-confîdérabîe. 4/^ Le figne le moins équivoque , &c qui annonce un efTaim pour le jour même , c'eft lorfque les abeilles ouvrières ne vont point à la campagne en aufii grande quantité qu'elles ont coutume d'y aller, quoique le temps femble les y inviter, & lorf qu'elles demeurent chargées de leur récolte auprès de la ruche. Ce n'ell: guère que fur les dix à onze heures du matin , & jufqiie vers les trois heures après midi , que les eiTaims fortent des ruches. Un foleil piquant qui fuccede à un nuage ou à quelques gouttes de pluie, pccafîonne dans la ruche une chaleur fi inlupportable, ^ue 1^5 mciiches fe hâtent de prendre leur parti, Alors, A B E 2$ au bourdonnement qui ëtoit très-granJ la veîUe, éc qui avoit toujours été en augmentant, fuccede tout à coup un grand filence ; en moins d'une minute , toutes les mouches qui doivent compofer reffaim , défilent avec rapidité de la ruche , & fe difperfent en l'air , où on les voit voltiger comme des flocons de neige. Quelquefois les mouches , en fortant de la ruche , s'é- lèvent beaucoup , fur-tout s'il fait du vent ; 5c elles vont fi loin, qu'on les perd de vue. Si on leur jette du fable ou de la poufîiere , elles s'abaiflent à Finftant, parce qu'apparemment elles prennent ces grains de fa- ble , dont elles font frappées , pour de la pluie : on les arrête sûrement en leur jetant de l'eau qui fafle af- j>erfion de pluie. Prefque tous les gens de la campagne ont pour habitude de courir après leurs eifaims , en battant à toute force fur des chaudrons & fur des poêles ; ils croient que ce charivari les engage , comme le bruit du tonnerre , à chercher un afile ; mais il paroît que tout ce tintamarre n'arrêteroit point un eflaim difpofé à prendre fon vol , car quelque brmt que l'on faffe auprès d'une mouche occupée fur une fleur à fa récolte de miel ou de cire , elle ne fuira point à fa ruche. Les abeilles favent prévoir les orages , heureufement pour nous : on efl: quelquefois furpris de voir les mouches accourir & rentrer dans la ruche à flots précipités. Que l'on regarde , on verra de loin un nuage qui porte l'orage dans fes flancs. Lorfqu'une nouvelle colonie cherche à s'établir , 11 ne paroît pas que ce foit la reine qui faffe le choix du lieu où il leur convient de fe raflembler. Plufieurs mouches, qui vont à la découverte , & auxquelles une branche d'arbre a plu, fe déterminent à venir fe pof(?r deffus : elles y font fuivies de beaucoup d'autres : la mère fe pcfe elle - même auprès de cette branche ; ôc ce n'efl que quand la couche des mouches s'efl épaiffie, qu'elle va fe joindre au gros de la troupe. 16 A B Ë A peine s'y efl-elle rendue, que le peloton gro/Ht d'inftant en inftant ; fouvent en moins d'un quart- d'heure tout devient calme. Quelquefois l'effaim, qui a deux ou plufieurs reines. Te divife & fe place en deux pelotons féparés l'un de l'autre ; mais comme les abeilles n'aîment point à vivre en petite fociété , le plus fouvent les mouches du petit peloton s'en déta- chent peu à peu , & vont rejoindre le gros. Lorfque les mouches font ainfi fixées , on les fait entrer dans une ruche frottée de miel ou d'herbes d'ime odeur agréable : il faut que celui qui recueille l'ef- faim , ait grand foin de fecouer les deux pelotons dans la ruche , dans le cas où ils ne fe feroient pas réunis au- paravant. Sans cette précaution , on rifqueroit de voir fortir toutes les mouches de la ruche pour retourner à la branche , parce que la mère peut fe trouver dans ce peloton. Il arrive quelquefois qu'un inftant après qu'on les a recueillies , on les voit défiler & retourner à la ruche d'où elles font forties. Ce retour à la mère ruche efl vraifemblablement occafionné, parce que la jeune reine , qui étoit aux portes & prête à les accom- pagner , ne les a pas fui vies , pour n'avoir pas eu la force & peut-être la hardieffe de fe fervir , pour la première fois, de fes ailes. Les abeilles du nouvel eflaim ne fe mettent point férieufement à l'ouvrage , qu'elles ne foient affurées d'une mère féconde & unique : toutes les mères furnumé- raires de ce nouvel effaim font mafTacrées , on n'y conferve la vie qu'à une feule. Probablement la reine qui eft confervée , a , dans \é plus haut degré , la vertu qui intérefTe les abeilles , celle de mettre beaucoup d'oeufs au jour : c'efl peut-être la première née & la plus prête à pondre ; peut-être aulîi que deux mères, }aloufes l'une de l'autre , fe livrent un combat dont la plus foible efl la viftime. Il peut fe faire que la mère régnante , comme la plus forte & la plus vigoureufe, tue toutes les furnumérairçs. Les femelles font armées A B E î7 d'un aîguîllon , dont elles n'ont guère d'autre occafion de faire ufage. Le fort des reines mères qui reftent dans la ruche natale , n'y eu pas plus heureux ; elles y font également mifes à mort : on fait périr de même celles qui font encore au berceau , & quelquefois on y en tue un bon nombre. Il eft donc inconteflable qu'il y a un temps oh les abeilles ne fouffrent pas pkifieurs femelles , &c qu'il n'en faut qu'ime feule aux mouches d'un effaim. Il efl: à obferver que l'effaim eu compofé d'abeilles de tout âge , èz qu'il refte aufÏÏ dans la mère ruche des abeilles de tout âge. Quelquefois l'effaim eu com- pofé de quarante mille mouches ; le poids d'un pareil effaim efl d'environ huit hvres , car il faut cinq mille trois cents foixante & feize abeilles pour le poids d'une livre. Ces efiaims fi forts & fi puifTans ne font pas toujours les meilleurs , parce qu'ils contiennent trop de faux bourdons ; les mouches ne pouvant fufEre à les tuer avant l'automne , comme nous le verrons , ils affament la ruche. Un excellent eflaim pefe fix livres; un bon , cinq ; un médiocre , quatre livres. C'efl une chofe admirable de voir l'adivité avec laquelle les mouches travaillent dans la nouvelle ruche. Quelquefois en moins de vingt - quatre heures , elles font des gâteaux de vingt pouces de long fur plus de fept à huit de large : on voit fouvent des ruches plus d'à moitié remplies de cire en quatre ou cinq jours ; aufîi un effaim fait- il fouvent plus de cire dans les quinze premiers jours , qu'il n'en fait dans tout le refle de l'année. Lorfqu'un efTaim a été confidérable , ^l qu'il a paru de bien bonne heure , il donne quel- quefois un autre efTaim dans la même année; mais le plus ordinairement un efTaim n'en donne un autre qu'à la féconde année. 28 A B E MaJJacre des faux bourâonsl Les abeilles laiffent vivre fix femaines ou envîroa les mâles ou faux bourdons, à compter du jour de rétabliiTement de la colonie , afin qu'ils aient le temps de féconder la reine. Une mère abeille qui fe trouve feule de fon fexe dans fa ruche avec fept ou huit cents , & même quelquefois mille mâles , eft dans le cas de la reine d'Achem , qui a un fërail d'hommes à fes ordres. Si ces 772^7^5 ou faux bourdons euffent été tous des maris adHfs & pétulans , qui euflent voulu tous être les maîtres dans le même moment , ce n'eût été que chaos & confufion. Comme il a été établi qu'une feule femelle habiteroit avec un millier de mâles , il devoit l'être que ces mâles feroient tous fort peu a£lifs & comme engourdis; qu'ils ne pourroient être réveillés que par elle; qu'elle feroit hbre de choifir entre tous, celui qu'elle voudroit honorer de fes faveurs. Ceft aufTi ce qui arrive , comme l'a appris par l'expérience M. de Réaumur. Il renferma dans un valfTeau de verre une jeune reine avec un mâle ; il vit avec furprife que toutes les prévenances que les abeilles ordinaires ont pour une mère , la jeune reine les a voit pour le faux bourdon - elle le carefToit , foit avec fa trompe , foit avec fes pat* tes, en tournant autour de lui : elle lui ofFroit du miel: le faux bourdon foutenoit ftupidement tant d'agaceries; cependant , au bout d'un quart d'heure , il parut s'ani- mer un peu; & lorfque la femelle , placée vis-à-vis de lui en regard , eut broffé avec ies jambes la tête de cet infcnfible , & qu'elle eut fait jouer doucement {t^ antennes , le mâle fe détermina enfin à répondre à {t% avances par d'autres de la même nature : par ces pré- ludes pafîionnés, la reine excita enfin fon indolent époux 5 qui devint plus aâ:if & s'anima de plus en plus. On apperçut diflinàement qu'une partie de ces organes A B E 29 intérieurs , dont nous avons vu la defcriptlon , paroif-' foient au dehors : tout ce manège dura trois ou quatre heures , pendant lefquelles il y eut des temps de repos & des reprifes d'amour ; enfin le faux bourdon tomba dans un repos qui parut à la reine de trop longue du- rée ; elle voulut le retirer de Ta léthargie , en le failif- iant par le corfelet avec les dents ; mais fes foins em- preffés furent inutiles , il étoit mort. Il n'eft pas le feul infefte qui périfTe dans ces momens critiques. L'Obfervateur voulut confoler cette veuve ; il lui donna Hn autre époux jeune & plein de vigueur : mais à fon grand étonnement , elle demeura tout le refte du jour attachée contre le cadavre de fon premier époux. Le lendemain matin on ôta le cadavre , & on lui pré- fenta un nouvel époux , avec lequel elle fe com-r porta de la même manière qu'avec le défunt ; une feule mut fut fuffifante pour que notre Artémife ou- bliât fon Maufole. La reine , ainfi fécondée dans le mois de Juin , eft en état de pondre dans les mois de Juillet & d'Août y 6c même au mois de Mai de l'année fuivante , des milliers d'œufs : ces derniers œufs ont donc été fécon- dés neuf à dix mois avant qu'ils aient été pondus , 6>C cela lorfqu'ils étoient encore d'une petitefïe inconce- vable. Lorfque la reine mère a été mife en état de pou- voir donner de la poflérité , les abeilles déclarent une guerre cruelle aux mâles : pendant trois ou quatre jours , c'efl: une tuerie effroyable. Malgré la fupériorité que les mâles fembleroient avoir par leur taille , ils ne fauroient tenir contre les ouvrières ; armées d'un poignard qui porte le venin dans les plaies qu'il fait , elles fe mettent trois ou quatre contre un feul. Le moment de la profcription arrivé , la mort s'étend également fur ceux qui refpirent , & fur ceux qui ne refpirent pas encore ; ce qui eft ver mâle , ce qui n'eft «ncore qu^efpérance dç l'être ^ ççnjc qui font au berceau , 3© A B E & qiie Ton a nourris jurqu'alors avec une tendrefle de mère , tout cil mailacré , difperfé : elles traînent à cha- que infiant les corps des mâles , morts ou mourans , hors de la ruche. Tout le fexe doit être anéanti , & il l'efl : l'amour fe change en fureur , la haine fuccede aux ioins maternels. Dans ces trifles momens , tout le devant des ruches n'eft qu'un théâtre d'horreur & de meurtre. Il y a des ruches où ces carnages fe font plutôt , d'autres où ils fe font plus tard , luivant que les effaims y font entrés. On en voit dans les mois de Juin , de Juillet & d'Août. Il y a des cas où on voit aufn ces mouches jeter dehors des nymphes de jeunes abeilles ; c'tft lorfque la reine eu trop féconde , qu'elles ne peuvent fiiffire à les élever, & qu'elles n'ont plus de cellules pour mettre du miel. D'autres fois elles tuent les bouches inutiles d'entre elles ; ces mouches difpendieufes affameroient la ruche , & le falut du peu- ple laborieux doit être la première loi de l'Etat. Combats des Abeilles, Dans les beaux jours d'été , où le foleil brille avec toute fa vivacité, on a fouvent occafion d'obferver des combats entre les mouches d'une même ruche ; ce font de véritables duels. On voit les combattantes , réci- proquement failles avec leurs pattes , tête contre tête, derrière contre derrière , contournées de façon qu'elles forment enfemble un cercle ; elles pirouettent ainfi fur la pouiïïere, dardant leurs aiguillons avec rapidité. Comme les abeilles font bien cuirafTées , le combat dure quelquefois très-long-temps ; quelquefois ne pou- vant fe bkller ni l'une ni l'autre, elles quittent prife; mais fouvcr.t l'une des deux trouve le moyen de plon- ger fon poii:;riard ernpoifonné aux défauts des cuirafTes, & la vidorieufe laiffe l'autre étendue fur la poufîiere. Souvent ia vidtoire lui devient fatale , elle perd fon aiguillon. Outre ces duels particuliers d'abeille à abeille , A B E 31 11 arrive quelquefois des combats généraux , lorfqu'une colonie de mouches , abandonnant fes lares domeftiques, va chercher quelque demeure nouvelle dans le pays étranger , û elle tomJ^e malheureufement dans un pays déjà habité , c'eft- à-dire , dans une ruche dont d'autres font déjà en poiTeilion, il fe livre une bataille générale, p^ie des Ahellhs, Quds font leurs ennemis. Il y a deux faifons qui épuifent les ruches de mou- ches , l'automne &; le printemps. L'Abbé de la Ferrierc dit qu'il en meurt plus d'un tiers dans chaque ruche en automne , & qu'il n'en meurt pas moins au prin- temps ; ce qui l'empêche de croire , avec quelques Auteurs , qu'elles vivent fept ans & plus. Les grandes mortalités caufées par le grand froid , les maladies & mille autres accidens , lui font croire, avec aiffez de probabilité, qu'elles ne vivent guère qu'un an ou deux. M. de Réaumur penfe de même, quoique les expérien- ces qu'il a faites à cet égard n'aient pu lui donner de certitude ; ainfi ce que Ton dit de la durée de la vie des abeilles eft encore bien incertain. Au reile, les ruches font comme les villes, dont les habitans fe renouvel- lent fouvent , & dont la durée efl infiniment plus lon- gue que celle des particuliers qui les compofent. Outre le grand nombre de mouches qui périflent de mort naturelle 5 il en périt beaucoup de mort violente : elles ont hors de la ruche une mAiltitude d'ennemis. Quoi- qu'armées d'un aiguillon venimeux , pluiieurs oifeaux les avalent toutes vivantes ; les hirondelles &: les mé- fanges en font de grandes captures ; mais l'oifeau qui en détruit le plus , c'efl le moineau ; il les avale comme des grains de blé. On a vu un moineau porter à la fois trois abeilles à fes petits, une dans fon bec, & les deux autres dans fes pattes. La guêpe & le frelon ouvrent à belles dents le ventre de l'abeille, pour fucer tout ce qui y eft contenu. Les Voyageurs difent que phi- 32 A B E fleurs de nos Ifles de rAmériqiie manquent d'abelîles 9 parce que les guêpes y font en fi grand nombre , qu'elles les détruifent toutes : dans ces pays-ci les guêpes ne font pas ordinairement un fi grand ravage. Cependant l'an- née 1767 n'a été que trop favorable à la multipli- cation des guêpes ; aufîi ces mouches ont - elles fait beaucoup de tort dans les ruchers. Elles font d'abord venues en piller quelques-uns : les abeilles qui les ha- bitoient, ont cherché à fe réfiigier dans d'autres ruches; mais les anciennes habitantes leur en ont difputé l'en- trée ; il s'efl livré de fanglans combats, oii il eft péri ime mAiltitude de mouches ; ainfi les guêpes ont été doublement fatales aux abeilles. On a éprouvé auffi dans les jardins le tort que les guêpes ont fait aux faiits. Les araignées font fort peu redoutables pour les abeilles : les lézar^is, les grenouilles, les crapauds en man- gent , quand ils peuvent les attraper ; mais ils en attrapent îi peu dans une année , qu'il* ne font pas grand tort aux ruches. L'ennemi le plus dangereux des abeilles dans l'hiver , efl le mulot ; en une nuit d'hiver , lorfque les mouches font engourdies par le froid , il eil capable de déirulre la niche la mieux peuplée ; il ne leur mange ordinairement que la tête & le corfelet. Feroit-il le même traitement aux oifeaux ? Ce qu'il y a de certain, c'eil qu'on a trouvé quelquefois les petits de l'alouette commune étalés fur les bords du nid , auxquels il ne manquoit que la tête &c le cou. Les abeilles , princi- palement les vieilles , font fujettes à avoir une efpece de pou qui eft de la grofleur d'une tête d'épingle & de couleur rouge âtre : il s'attache fur leur corfelet ; fa troîiipe eil propre à s'introduire entre les écailles , mais il ne paroît pas incommoder beaucoup la mouche. Cependant , comme ces poux ne s'attachent qu'aux vieilles , on n'a pas bonne idée d'une ruche où la plupart des mouches en font attaquées. Teigne A B E 33 Teigne de la Cire, Les abeilles ont un ennemi bien plus dangereux; car ce n'efl pas feulement aux abeilles qu'il fait tort , en détruifant , mangeant & bouleverfant leurs travaux , mais encore à nous-mêiies , gu'iî prive de Fefpérance de partager avec elles un bien que nous regardons comme commun entre elles & noas. Cet ennemi fi dangereux eft im infede que l'on appelle tcignz de la cire , à caufe du dégât qu'il en fait. C'efl: une petite chenille tendre , délicate , fans armes & fan^ défenfe , qui fait vivre aux dépens des travaux de plus de dix-huit mille ennemis , tous bien armés , dont elle eft environnée continuellement , & qui tous veillent à la garde de leur tréfor. Notre mangeufe de cire efl- du genre à^sfatijfcs teignes J ^oyei Teigne, Son papillon eft du genre à(ts phatmcs ^ c'ell- à-dire , de ceux qui ne volent que la nuit. Ce papillon , ami de l'obfcurité, profite de la nuit où tous ks êtres de la Nature font livrés au fommeil ; il trouve le moyen de s'infmuer dans utlq ruche , de tromper la vigilance des abeilles , de traverfer une armée formi- dable pour aller dépofer fes œufs dans le coin de quelque gâteau. Au bout de quelques jours l'œuf éclôt; il en fort une petite chenille à feize jambes, rafe, donc la peau eft blanchâtre , la tête brune & écailleufe : cette chenille , qui naît environnée d'ennemis prompts à la vengeance , ne peut éviter la mort que par fon extrême petiteffe , qui dérobe les premiers momens de fa naiffance aux regards àts furveillans , & par la promptitude avec laquelle elle file dans Tinftant , &: s'enferme dans un petit tuyau de foie , qui fuffit alors pour mettre fes jours en fureté : voilà donc fon feul bouclier. Ce fourreau eft d'abord proportionné à fa groÛeur ; il efl collé contre les alvéoles de cire ; ainli elle trouve la nourriture tout autour de fa porte, Tom^ /. C 34 A B E Lcrfque l'aliment lui manque , elle alonge un tuyau qui forme une galerie , & marche ainfi cherchant fa nourriture au milieu de fes ennemis en chemin couvert. A micfure que la chenille croît & a befoin de nourri- ture, elle alonge &C élargit fa galerie, qui efl tortueufe, & qui va de celhiles en cellules. Plus elle avance en pays ennemi , plus elle fortifie fa galerie : elle n'étoit en commençant que de pure foie ; mais à mefure qu'elle l'agrandit, elle en couvre les dehors avec des morceaux de cire qu'elle hache , & avec fes excrémens qui ont la forme de poudre à canon : elle unit tous ces maté- riaux avec des fils de (oie, & fe forme un rempart inexpugnable aux traits des abeilles : l'intérieur efl garni d'une foie douce, en forte que fon corps dé- licat repofe très - mollement. Cette galerie , qui n'é- toit d'abord que de la groifeur d'un fil , devient , à me- fure qu'elle eft alongée èl agrandie, de la groiTeur d'une plum.e à écrire. Comme la teigne de la cire eu obligée de mettre la tête dehors peur prendre fa nourriture , fa tête & fon premier anneau font armées d'écailIes , contre lefquelles l'aiguillon de l'abeille ne peut rien. Il faut croire qu'il n'efi pas poiîible aux abeilles de détruire ces galeries , car cet ennemi fe miultiplie quelquefois à tel point dans la ruche, qu'il hache & renverfe tous les travaux , & réduit les mouches au point d'abandon- ner leur logement. Cet infede defîrudeur, arrive à fon dernier degré d'accroiffement , file une coque à l'extré- mité de fa galerie , s'y renferme , y fubit la métamor- phofe commune aux chenilles , & en fort en papillon. Il feroit très-avantageux de pouvoir trouver le moyen de l'anéantir : il paroît dans les m^ois de Juin & Juillet. Mais il convient de défignér ici ce papillon , qui , après avoir ravagé les ruches , efl: encore la caufe des guerres cruelles qu'on voit entre les abeilles, parce qu'elles veulent fe réfugier dans la république ou ruche voi- fme : alors les abeilles de chaque ruche fe battent en duel : qu'on juge du meurtre & du carnage, Lç papillon. A B E 3^ ^onî noufî parlons e(i un phaUjie , qui porte les ailes couchées &: parallèles à l'horizon ; il, efl cl'u.ne couleur grife obicure. Toute perfonne qui fe fait un plaiiir d'é* lever des abeilles , n'a que trop de facihté de le con- noître , loriqu'elle vient à enlever la cire de quelques- unes de fes ruches. Des précautions à prendre pour la confcrvatlon des Abeilles, Les abeilles nous font d'une fi grande utilité par ks récoltes de miel &: de cire qu'elles font , &; qu'elles feules favent faire , que pour nous mettre à portée de les partager avec elles , nous devons les aider de notre mieux à fupporter les faifons fâcheufes : elles nous récompenfent amplement des foins que nous prenons pour- elles- Les àzwiL plus grands fléaux des ruches , font le fi-oid & la faim : en voulant les garantir de l'un, on les fait quelquefois périr de l'autre. En hiver, lorfqu'il gelé, les mouches font entaffées & preiiées les unes contre les autres pour tenir peu de place : elles font pour l'ordinaire vers la partie fupérieure , ou vers le milieu de la ruche. Le froid les engourdit , &: elles refient ainfi jour & nuit, fans prendre de nourri- ture. Si le dégel furvient , ii l'air fe radoucit , & f.ir- tout fi les rayons du foleil échauffent la ruche, elles fortent alors de cette efpece de léthargie. Auiîi-tôt que Ta di vite leur efl: rendue , elles fentent le befoiii de prendre de la nourriture. Comm.e la campagne ne- fauroit leur en fournir , elles ont recours à leurs pro- vifions , en commençant par manger le miel des gâ- teaux inférieurs. Plus l'air continue d'être doux en hiver , plus la confommation eft grande , blolument mortes; & pourvu qu'il n'y ait point pluficurs jours qu'elles foient dans cet état , on les rappelle à la vie en les approchant d'un feu doux. Les anciens n'ont point ignoré cela ; mais ils ont regardé ce changement d'état comme une réfurredion , laquelle fe réduit à ce que ces infedhs peuvent perdre tout mouvement pendant un certain temps, fans ceffer de vivre. Un des meilleurs moyens pour mettre les mouches en état de réfifter à ces deux fléaux, c'e 11 d'avoir tou- jours des ruches bien peuplées ; car plus il y a d'ou- vrières , plus elles ont pu faire de récoltes , èz plus la chaleur qu'elles occafionnent dans la ruche les met à portée de réfifter au froid , qui , lorfqu'il efl fort , ne fait que les engourdir fans les faire mourir , & qui ceoendant les met hors d'état de confommer trop promptement leurs provifions. Mariage des EJfalms, Le moyen d'avoir des ruches toujours nombreufes, c'eft lorqu on recueille des effdims , d'en mêler deux ou trois enfemblefi on les trouve trop foibles ; ce qu'on appelle marier les ejfaims. Rien de plus facile que d'unir ainfi deux efTaims ; le mieux efl de le faire dès Tiniilant de leur fortie de la mère ruche j car pour lors , comme A B E 37 elles n'ont poînt encore de gâteaux ni de provîfîons , on les détermine plus facilement à paffer d'une ruche dans une autre. On fait cette opération dilFéremment , fuivant la forme des ruches. On les abouche l'une à l'autre , &c on les m.et l'une au-defTus de l'autre ; &: k l'aide de la fumée , on fait pafTer les abeilles d'une ruche dans l'autre. Le mieux eu. de faire l'opération le foir; ces deux peuples étant étourdis par la fumée, ne fon- gent point à fe hvrer bataille ; ces le lendemain ils vivent de bonne intelligence , après que l'une des deux mères abeilles a été tuée. Si les premiers jours où un effaim eu nouvellement établi dans une ruche , font froids, pluvieux, & que les mouches ne puiflent aller aux champs , il faut avoir foin de leur donner de la nourriture , faute de quoi elles périroient de faim. Moyens de confcrvcr les Ruches foibles. Si , faute d'avoir marié les efTaims , on a des ruches foibles, il y a cependant un moyen de les conferver. M. de Réaumur s'en eil affuré par l'txpérience : il a choifi des ruches très - foibles, qui n'avoient qu'une poignée d'abeilles. Il s'ell propofé les trois objets que doit avoir en vue tout hom.me qui veut conferver (es ^ruches. Le premjer , de mettre fes abeilles à l'abri des plus grands froids. Le fécond , de ne point boucher la porte de leurs ruches , afin qu'elles aient la hberté dé fortir dans les beaux jours , &: que l'air puiffe s'y re- nouveler. Le troiiieme , de leur faire trouver leur nourriture dans la ruche même , afin qu'elles ne foient point obligées de l'aller chercher au dehors , & de s'y expofer aux atteintes du froid. Il propofe de former , avec ce o^Ae: l'on voudra , deux cloifons des deux côtés de la planche oui foutient les ruches ; 6^ laiflant les ruches à leur diilance ordinaire , les couvrir dans toute leur hauteiu" de terre bien defTéchée ; de pratiquer à chaque ruche un tuyau de bois , qui ferve d'ouverture 3S A B E à Ja ruche pour renouveler l'air , & de mettre fous chaque ruche une affiette avec provifion de miel. Par ce moyen , dit-il , les plus grands froids font des froids médiocres, qui les jetteront dans ce doux engourdif- fem.ent qui leur ell falutaire. On peut fubilituer du foin fin ou les ba'ayures de grenier à la terre deffé- chv'e , dont la propriété eu. d'alDforber les vapeurs hu- mides qui tranl'pirent à travers la ruche. Il paroît que deux livres de miel ont fuffi pour nourrir pendant tout l'hiver une ruche ainfi empaquetée , qui contenoit un bon nomibre d'abeilles. Quoiqu'il foit avantageux de laiiTer à ces petits animaux la liberté de fcrtir , cepen- dant au comimencement du printemps il en meurt un grand nombre , qui , fe laiflant tromper par une aurore brillante , volent aux champs , où ils périlTent faifis par le froid. La chaîeu.r efl la vie de ce précieux infeôe ; un degré de froid, inférieur à celui qui congelé l'eau, le faiût au point de le faire mourir : une douzaine d'a- beilles tenues dans un bocal , dans un lieu oii la tem- pérature étoit de onze degrés , y font péries de froid. Le moyen d'éviter ces pertes , qui font affez confidé- rable« , eft d'avoir devant chaque ruche un grillage fin, qui laiffe entrer Tair , &c qui ne permette point aux mouches de fortir : celui qui prend foin des ruches fe gardera bien d'ouvrir le petit grillage , lorfque le ther- momètre marquera le degré de la congélation ; mais il leur ouvrira les portes , lorfqu'il marquera la tempé- rature des caves. Si l'Auteur de la Nature a voulu que la population fïît excefîive parmi ce petit peuple d'in- fectes , la deftrudion y eft confidérable ; c'eft fur-tout dans les infedles qu'on peut obferver la juileffe de la fublime réflexion de M. ^e Bi/ffon , qui dit que la Nature roule fur deux pivots inébranlables , la dellrudion fans nombre , &C la multiplication fans nombre. A B E 39 PllUgz des Ahdllzs. Indépendamment des ennemis qui afUegent les abeilles de toutes parts , elles trouvent , ainfi que Fliomme , un ennemi dans leur femblable. Dans les mois de Juillet & d'Août les eflaims foibles & tardifs , qui n'ont point encore fait beaucoup de proviflons , vont comme des brigands fe jeter dans les autres ruches pour piller le miel : il fe livre de fanglantes batailles , dans lefquelles il périt beaucoup d'abeilles; le pillage efl quelquefois il confidérable , que Ton rifque de perdre tout fon ru- cher. C'eft fur- tout deux ou trois jours après la pluie que le pillage eft le plus à craindre , parce qu'alors la faim preffe plus vivement celles qui ont fouffert par défaut de provilions. On connoît qu'une ruche eft livrée au pillage , lorf- qu'on entend un bruit plus grand qu'à l'ordinaire , & qu'on en voit fortir les abeilles avec plus d'aîlluence & de précipitation que de coutume. Le fecret le plus efiicace pour prévenir le pillage , c'efl de n'avoir que des ruches fortes & bien fournies. Pour c^t effet , il faut foigner attentivement les abeilles dans les temps critiques , fournir abondamm^ent à leur lubfiflance , veiller exaûement à leur propreré , réunir &: miarier dans le temps tous les petits eifaims enfemble ; en forte que l'on n'ait point de ruches foibles , foit à l'entrée de l'hiver , foit dans les autres faifons , dont les abeilles foicnt contraintes d'aller au pillage pour vivre. On peut empêcher le pillage en fermant les niches avec un grillage , où il ne puiiTe pafTer que trois ou quatre abeilles à la fois ; alors la ruche la plus foible fera en état de tenir tête aux aûaillans les pkis nombreux. Maladies des Abeilles, Les maladies connues des abeilles ne font pas ea grand nombre. La plus dangereufe efl la dyffenterie 40 À B E ou le dévoîement. M. de Rêaumur penfe qiie cette ma- ladie provient de ce que les abeilles ont été obligées de fe nourrir de miel pur, & de ce qu'elles n'ont pu fe nourrir en partie de cire brute : ce fentiment ell: fondé fur l'épreuve qu'il a faite de ne nourrir les abeilles que de miel pur pendant quelque temps ^ ce qui leur a donné effedivement le uux de ventre. Le moyen le plus naturel de les guérir de cette m.aladie , efî de leur donner un gâteau, dont les alvéoles foient remplis de cire brute , puifque c'eft l'aliment dont la difette a caufé la maladie ; mais il paroît qu'en hiver la confomma- tion qu'elles font de la cire brute eftjîeu confidérable , au lieu qu'en été elle eft très- abondante. Ce devoie- ment efl: une maladie contagieufe , qui fait mourir prefque toutes les abeilles d'une ruche : voici comment le mal fe communique. Dans l'état naturel il n'arrive pas que les excrém.ens des abeilles , qui font toujours liquides , tombent fur d'autres abeilles , ce qui leur feroit un très-grand mal. Dans le dévoiement cet incon- vénient arrive , parce que les abeilles n'ayant point aflez de force pour fe mettre dans une pcfition con- venable les unes par rapport aux autres , celles qui font au-deiTus laiiTent tomber fur celles qui font au- defTous une m.atiere gluante qui leur bouche les organes de la refpiration. Il eft donc imxportant de porter re- mède à cette maladie. Si l'on n'a point de cire brute , on peut leur donner une liqueur réduite à confiflance de firop , faite avec une chopine de vin , une demi- livre de fucre & autant de miel. Com.me la chaleur eft la vie de ces infefles, que c'eft elle qui les excite au travail & qui les conlérve , le mieux eft d'expofer fon rucher au midi , de manière qu'il profite de bonne heure du foleil levant , & que le foleil ne le quitte que le plus tard qu'il foit pcfti- ble : il eft eiïcntiel que les ruches foient garanties , de Cîuelque manière que ce foit , de la pluie & de la trop -^ran.de ardeur du fokil 3 qui fero^ fondre le miel ÔC la cire. A B E 41 avantages que Von retire du travail des Abeilles. Le profit que l'on retire des abeilles varie extrême- ment , félon les pays ; & dans le même pays il ne faiiroît être le même chaque année. Les pays remplis de prairies, qui font prefque toujours ëmaillées de fleurs , entrecoupées de petits ruiifeaux ; ceux où il y a beaucoup de bois, des plaines couvertes de farrafm, de fainfoin , de luzerne , font les plus favorables aux abeilles , & où par cônféquent le produit eft plus con- fidérable. Les fleurs des plantes crucifères , notamment celles du chou , de la roquette , de la moutarde ôc du navet , leur fourniiïënt aufîi des p- ovifions. On voit encore les abeilles rechercher les faules , l'olivier fau- vage , les grcfeilliers , la bruyère , le jonc marin, le pois , le fafran , le tufTilage , la ronce 6.qs haies , le cerifier, les groïïes fèves , le chèvre - feuille , l'aubépine , la vefce , le tournefol , le chêne , l'érable , le frêne , le peuplier , le mélèze. Comme on trouve des miels d'une blancheiu' , d'une odeur & d'une faveur plus agréables les uns que les autres , il faut l'attribuer à la nature à^s fleurs : les pays abondans en thym , roiiers à fleurs fmiples , lavandes , jafmins , jonquilles , marjolaines , niclifies , mélilots, fauges , origans , ferpolet , romarin, genêts &: autres herbes odoriférantes, doivent donner un miel balfamique ; tels étoient chez les Italiens le miel du mont Hybla en Sicile , & chez les Grecs , le miel du mont Hymette ; tel efl: auffi notre miel des coteaux du Rouflillon & de la montagne de Clape au]5rès de Narbonne. Il efl difficile de croire qu'il y ait autant de plantes défavorables aux abeilles , que le aiienl certains Au- teurs; s'il y en a quelques-unes qui puiîTent rendre leur miel pernicieux , ce feroient peut - être nos plantes narcotiques, telles que la jufquiame & autres; mais l'expérience , du moins dans ces pays-ci , ne nous '41 A B E a rien appris à cet égard. Il paroît cependant qiie le mîel peut , dans certains pays , avoir quelquefois de mau- vaiies qualités. Xcnophon , dans Thifloire de la fameufe Retraite des dix mille , rapporte qu'auprès de Trébi- fbnde les foldats n'épargnèrent pas le miel de plufieurs ruches , après quoi il leur prit un devoiement par haut & par bas ; ils reffembloient à des ivrognes ou ^ à^'^ pérfonnes furieufes ou moribondes. On voyoit la terre jonchée de corps comme après une bataille ; néanmoins perfonne n'en mourut , & le mal cefTa le lendemain environ à la même heure qu'il avoit commencé , de façon que le troifieme jour les foldats fe levèrent dans l'é- tat d'afFoîblifTement où l'on eft après avoir pris une forte médecine. M. d& Tournefon , dans fes voyages , cbferva dans ces lieux une plante très - venimeui'e , appelée chamœrodendros ; & il penfe qiie ce miel fi dangereux pouvoit avoir été extrait par les abeilles fur cette plante. M. Biic^hoi cite d'autres fleurs nuifibles aux abeilles , celles de l'orme & du narcifle , du fureau , d'arroche fétide , de cornouiller fanguin , de l'auréole des bois , d'apocin , de tithymale , d'ellébore , de tilleul , d'orme , de rue , d'ail , de ciguë , de fabine : voilà les fleurs qui leur occafionnent le fiux , ou des maladies qui les font périr, ou ce qui donne une mauvaife qualité à leur miel. Quoi qu'il en foit, il faut proportionner le nombre de ruches à la quantité de nourriture que peut fournir le canton , & ne pas placer cent ruches dans un lieu qui n'en peut nourrir que cinquante , cjiioique l'éten- due de ce canton puifTe être regardée comme de deux lieues à la ronde , fi , comme on le dit , elles vont chercher leur récolte jufqu'à deux lieues & plus. Il étoït d'ufage chez les Egyptiens de tranfporter les ruches à miel dans des bateaux fur le Nil , afin de faire jouir les abeilles de la richefTe des fleurs , lorf- qu'il n'y en avoit point dans le lieu de leur domicile. Lcrf qu'on jugeoit que les abeilles avoient moifTonné A B E ' 4Î les environs à deux ou trois lieues à la ronde, on conduilbit les bateaux plus loin à la même fin, &: ainfi de iuite. Les Italiens , voiiins des rivages du Pô, ont la même pratique ; ils voiturent fur ce fleuve leurs ruches jufqu'au pied des montagnes du Piémont. On dit que ces voyages par eau font aulli d'ufage à la Chine. Tel eil l'avantage d'être voifm d'une grande rivière ; on peut par ce moyen réunir en faveur des abeilles le printemps d'un pays fec avec l'automne d'un pays gras & ombragé , & fuppléer par - là abondam- ment à la difette natureUe du canton qu'on habite. Des perfonnes indurtrieufes ont trouvé que, compen- fation faite de la dépenfe & du produit , on pouvoit aufTi les faire voyager par terre , lorfqu'on n'avoit point la commodité de l'eau. On lit dans ColumdU ^ que les Grecs de l'Achaïe voituroient ainfi leurs ruches en Afâque , où la faifon des fleurs étoit tardive. Aujour- d'hui on pratique cette méthode dans le pays de Juliers : on a vu & on voit encore en France dans le Gâtinois ^ un économe intelligent faire tranfporter fes ruches en charrette , après la récolte dit fainfoin , dans les plaines de Beauce, où abonde le méhlot ; puis en Sologne , où la campagne eft couverte de farrafin fleuri jufque vers la fin de Septembre. La plupart des habitans de ce pays font maintenant dans l'ufage d'imiter notre économe, & de faire en petit ce qu'il fait en grand. Nous apprenons par un Mémoire de M. Duhamel^ que le profit que l'on retire des abeilles de ce pays-là avec de pareils foins , efl très-confidérable. Dès le com- mencement de Juillet , lorfque les mouches à miel ont jeté leur eifaim, & fait une ample récolte fur les fainfoiiis , on s'approprie tout le miel & la cire , en faifant pafîer les miouches dans une ruche vide , par le moyen de la fumée ; on s'empare promptement de la ruche pleine, dont on ôte les gâteaux oiri contiennent le couvain ; on les attache avec des bâtons en croix dans une ruche vide , ôc on y fait rentrer les mouches '44 A B E qui prennent foin de leur couvain : il éclot une multi- tude d'ouvrières, qui les aident bientôt à taire de nou- veaux travaux , & les mouches travaillent avec une nouvelle aâ:ivité. On tranfporte enfuite les mouches dans des pays où elles trouvent d'abondantes récoltes de fleurs. Si la faifon eil belle , & que les fleurs foient abondantes , les ruches , qu'on a changées au premier Juillet , font très-bien remplies à la fin du mois d'Août, Quand cela eft , on les vide une féconde fois , ayant grand foin de ménager le couvain. Aufîi-tôt que les abeilles ont été changées une féconde fois, on les tranf- porte dans les pays de farrafin ; &c lorfque la faifon a été favorable , les ruches font alTez remplies , pour qu'on puilTe rogner les gâteaux près d'un demi-pied. Voilà, à l'aide de l'induftrie humaine, dts récoltes furprenantes ; mais il faut avouer que toutes les années ne font pas fi favorables, & que qiielouefois on ne peut les changer au plus qu'une fois. D'ailleurs il y a des mouches plus laborieufes les unes que les autres : on a vu des paniers de mouches très- vigilantes , qui, au bout de vingt-quatre heures, fe font trouvés aug- mentés de fix livres , tant en cire qu'en miel. On retire d'un bon panier dans le Gâtinois foixante à foixante & dix hvres de miel, & deux hvres un quart & demi de cire. Le grand art dans ce pays , &C celui que ne doit jamais perdre de vue un bon économe, eil d'avoir des paniers extrêmement peuplés de mou- ches. Dans les pays qui ne font point fi riches en fleurs, &C cù Von ne prend point de femblables foins , le profit oue l'on retire des mouches efl bien moins confidérable. Dans les endroits du royaume oii la fituation efî: m.oins favorable pour les abeilles , on en peut cepen- dant encore tirer un aflTez bon profit. Dans ce pays-ci, par exemple , un bon effaim de deux ans peut donner deux livres 6c demie de cire, & depuis vingt jufqu'à tx-ente livres de miel & plus. Si l'on joint à ce produit celui de l'efTaim , on conclura qu'un grand nombre de A B E 4ç niclies qui ne coûtent prefque rien dans ïe cours de l'année , peuvent être à la campagne d'un grand profit. Dans les pays où l'on craint une difette de fleurs , & où les mouches , que l'on feroit paffer dans une ru- che vide , rifqueroient de ne point trouver de récoltes aiTez abondantes , & d'être ilirprifes par des temps plu- vieux &: orageux , une excellente méthode eft de leur mettre des haujfcs y c'eil- à-dire , des efpaces vides , au- defTous de la ruche , de la même forme & de la même matière. Les mouches rem.pliffent cet efpace de miel & de cire ; car ces infectes travaillent toujours à raifon de l'efpace vide qu'ils trouvent, pourvu qu'il ne leur paroifTe point trop fpacieux. On s'empare enfuite de ces haulTes , & on partage leurs travaux fans les faire périr. Combien entendent peu leurs intérêts , ceux qui , pour recueillir le miel & la cire , font périr les mouches par la vapeur du foufre ! Cette coutume con- damnable eft adoptée dans bien des pays : elle devroit être défendue , comme on dit qu'elle l'eil en Tofcane ; on fauveroit chaque année un grand nombre, de ru- ches , & l'on parviendroit à les multiplier beaucoup dans le royaume , où il ne fauroit y en avoir trop. Une méthode qui paroît r.'unir tous les avantages qui doivent concourir pour faire réuiiir les mouches , même dans les pays les moins riches , efl celle que M. Palteau a donnée dans fa nouvelle con{lru61:ion des ruches de bois , comme nous le verrons dans la fuite. Dans d'autres pays, pour s'emparer d'une partie des provifions des abeilles , on renverfe les ruches , on enfume les mouches , & avec un couteau on coupe les gâteaux de miel. Cette méthode , moins mauvaife que celle dont nous venons de parler, a auiîi beau- coup d'inconveniens : il périt dans cette opération beaucoup de mouches ; on détruit des gâteaux de cou- vain , & quelquefois on perd la ruche en entier. Le feul cas où l'on doit faire périr les mouches, c'efî: lorfqu'on ne veut point multiplier le nombre des ruches ; 46 A B E car même dans le cas où le corps d'une ruche cfl trop vieux, & que le temps l'a prelque détruite, eu lori- qiie les faufî'es teignes fe lont ttlkment emparées d'une ruche , que les véritables propriétaires Ibnt lur le point de la leur céder , on peut taire pnfler ces mouches dans des paniers foibles. Il faut avouer cependant que ces tranihiigrations de mouches dans une autre ruche , ne réufTiiîent pas toujours. Ufage du Miel ^ de la Cire ^ de la Propolls, Lorfqu'on a enlevé aux abeilles une partie de leurs gâteaux de miel , on les rompt , on les pofe fur àts claies d'ofier , & on met deflbus des vaifTeaux bien pro- pres : il découle un beau miel blanc , Xiui le durcit : c'efl ce qu'on appelle wiel vierge^ ou jniel de goutte. Comme tout le miel ne découle point de la ibrte, on exprime ies gâteaux fous la prefte ; ce fécond miel n'eft pas fî beau , parce que , s'il fe rencontre des vers ou des mou- ches dans le miel, la prefTe les écrafe & les y mêle. On peut auffi faire couler ce dernier à l'aide d'une douce chaleur. La meilleure méthode efl de laifier le miel affez long-temps fur des clayons peur qu'il puifTe s'écouler , & de lui procurer fur la fin une douce cha- leur ; on peut enfuite laver les gâteaux avec de l'eau , dont on fera de l'hydromel. Le miel récolté dans le printemps eft plus eflimé que celui qui l'a été en été, &: celui d'été plus que celui d'automne, à caufe des fleurs. On préfère aufîi celui des jeunes effaims à celui des vieilles mouches. Il y a des payfans qui , pour faire paraître leur miel plus blanc , y délaient de la fleur de farine ou de l'a- midon bien pulvérifé ; d'autres , avec les feuilles & fleurs de romarin fur lefquelles ils le font couler, lui donnent l'odeur & le goût du miel de Narbonne. La couleur du miel le plus blanc s'altère lorsqu'il vieiUit : le vieux miel eft ordinairement jaune ; mais il y en a _ A B E 47 €|Ui l'eft dès qu'il vient d'être dépofé dans les alvéoles des gâteaux. Le miel fait du fuc des fleurs de bruyè- res eu toujours très- jaune : il n'efl point eflimé ; celui de Sologne , recueilli fur le farrafin , eft dans le même cas. M. ^e Rlaumur a vu du miel vert dans une de ces ruches ; & ce miel fut trouvé d'un goût plus agréa- ble que les miels ordinaires. L'iUuftre Académicien foupçonne que cette couleur , qui eft très-rare , venoit de la difpofition intérieure des mouches. Le miel pris en fubilance efl pe£loral , laxatif & déterfif : il aide à la refpiration, en divifant la pituite grofîîere ëpailîie dans les bronches pulmonaires , & facilite l'expedoration. Le miel blanc fe prend inté- rieurement ; le jaune, plus acre, efl employé dans les lavemens. On fait , par expérience , que le miel étendu fur du pain dans lequel il y a de l'ergot de feigle , empêche qu'il ne faffe de mauvais effets fur le corps humain. L^ifage du miel n'efl point bon aux tem.péramens i^cs dz bilieux , parce qu'il fermente facilement. M. Bour^zols , prétend que le miel efl encore très - nuifible aux tempéramens qui ont beau- coup d'acide dans les premières voies, avec lequel il fermente & fe décompofe; c'efl par cette raifon, dit-il, que les femmes hyfl:ériques 6c les hypocondriaques doi- vent s'en abilenir. On fait avec le miel diverfes efpeces d'hydromel; il entre dans un très -grand nombre de compofirions. Le marc des mouches , qui efl ce qui refle après qu'on a exprimé la cire &: le miel , & qui efl compofé de la foie que le ver a filée & de la dé- pouille des nym.phes , efl réfolutif. Les maréchaux en font ufage pour les foulures des nerfs àes chevaux. Comme il rcfle toujours un peu de cire dans ce marc, on le vend encore à ceux qui préparent la toile cirée, La cire efl émoUiente , adouciffante & réfolutive. On appelle cire vierge , la cire telle qu'on la retire des gâteaux. Ces gâteaux, comme nous l'avons dit, nou- vellement travaillés par les abeilles 5 font ordinairement 48 A B E d'un très-beau blanc : ils perdent leur couleur , & donnent une cire jaune , que l'on rappelle à fa pre- mière blancheur , en la faiiant fondre , &c la réduifant à plufieurs reprifes en lames plus fines qu'un ruban très-mince , & en l'expofant un grand nombre de fois à la rofëe pendant plulieurs mois. Lorfqu'on fait fon- dre la cire , pour rendre la blancheur plus parfaite 6c plus luflrce , on y ajoute du criiîal de tartre qui la clarifie. Voyez à 1 article Cire. Les plus belles cires blanches de ce pays-ci, vien- nent de Bretagne & d'Anjou. On préfère la cire de Sologne à celle de Beauce ou du Gâtinois. La cire grenée efl de la cire blanche fondue & bat- tue avec des verges. La cire s'emploie peu intérieurement , à caufe de fa ténacité : elle çfl la bafe de prelque tous les onguens dont on fe fert en Médecine. Il y a des cires colorées par les ingrédiens qu'on y ajoute : telles font la cire verte ramollie par de l'huile de térébenthine , & colorée par le vert-de-gris , d'ufage pour les cors des pieds : la cire rouge , colorée par la racine d'orcanette ou avec le vermillon ; elle fert à appofer les fcellés : la cire à gommer , qui ell de la cire fondue & mêlée avec de la poix graffe ; les Tapif- fiers s'en fervent pour gommer leurs coutils. A l'égard de la cire Punique décrite par Plim^ c'efl, dit M. de Lorgna^ un favon formé par l'union de la cire & du natron : on s'en fervoit pour peindre à l'encauftique. La propolis qui efl , comme nous l'avons dit , une efpcce de réfine dont les abeilles font ufage pour bou- cher les plus petites fentes de leurs ruches lorfqu'elles s'établifTcnt , eft très-propre à avancer la maturation des abcès ; fa vapeur reçue par le moyen d'un enton- noir , pendant qu'on en jette quelques morceaux fur un réchaud de feu , adoucit la toux férine à: invé- térée. Racket A B E 4^ Ruches des Ahâlks, Il y a des ruches de pîiifieurs figures &: de différen- tes matières , fuivant les difierens pays. Les unes ne font qu'un tronc d'arbre creux; d'autres iont faites d'oller ou de quelque autre bois liant ; d'autres , de paille treflée : elles tiennent prefque toutes de la figure d'une cloche. Celles de paille de feigle font les meilleures ;. parce qu'elles font propres à défendre les abeilles con- tre la rigueur du froid en hiver, & contre la trop grande chaleur de l'été ; dans les pays où le hege eiî commun , celles faites d'écorce de liège font excellentes. Ces logemens iimples leur fufîifent. Le défir de fuivre les abeilles dans toutes leiu's opérations , a fait imaginer les ruches vitrées. Plme nous apprend que le Philofophe Arïflomaclms avoit étudié ces infedes pendant près de foixante ans , & qu'un Sénateur Rom.ain £t faire des ruches avec la corne la plus tranfparente. Une ruche vitrée , préfente, à toutes les heures du jour , ôc dans prefque toutes les faifons de l'année , \\i\ fpedacle amufant & infiniment varié. M. Paiuau a donné , dans im livre intitulé NoiivelU conflruclion de Ruches ds bois ^ la defcription d'une nou^ velle efpece de ruche , qui paraît réunir tous les avan-, tages propres à conferver, foigner, multiplier & châtrer les mouches, fans l'inconvénient de les faire périr ou- de les afîoiblir : voici une légère efquifîe de cette nou- velle ruche. Elle efl compofée de plufieurs efpeces de boîtes car- rées, de trois pouces de haut &: d'un pied en carré , qui n'ont ni fond ni couvercle ; on en emploie pour une ruche le nombre que Ton veut ; ce qui donne la faci- lité de la faire grande ou petite , félon le befoin. ha partie fupérieure efc couverte de petites planches qi;i fervent de couvercle : la ruche Q£t iowtQwwQ par un Tome L D plateau de boîs percé par fon milieu ; on y ajufte une crpece de tiroir , par le moyen duquel on donne du miel aux mouches lorfqu'elles en ont befoin , fans les fatiguer le moins du monde : on adapte à cette ouver- ture , qui fe trouve au-deifous de la ruche , des gril- lages de crin à jour pour leur donner de l'air. Lorf- qu'on le veut , on peut les réchauffer par le moyen de la cendre chaude que l'on met fous la ruche. Toutes ces boîtes carrées s'appellent des haujjcs ; &c plufîeurs réunies & placées les unes fur les autres, forment la ruche ; elles font recouvertes d'une grande boîte qui a un toît pour l'écoulem.ent des eaux ; & fur le devant eft une ouverture ronde , divifée en quatre parties , dont l'une , ouverte en plein , eft d'ufage dans les mois où le travail eft grand ; l'autre eft en arcade pour em- pêcher le pillage ; une autre eft percée de trous , pour tenir les mxouches enfermées fans les priver d'air ; la dernière eft pleine, & fert à enfermer les mouches abfolument. Ces ruches , comme l'on voit , font propres pour fatisfaire à tous les cas indiqués , & pour tirer tout l'avantage pofTible des abeilles. Les deux points les plus avantageux de cette ccnftru6lion , font cette ou- verture ronde à quatre parties , qui met en état de difpofer des mouches , & d'agir fuivant que les cir- conftances l'exigent ; &C l'autre , plus eflentiel encore , eft cette forme de ruche divifée par hauftes. On a par ce moyen l'avantage de châtrer les mouches fans les afFoiblir , de s'emparer du meilleur miel , en enlevant la hauffe fupérieure ; on excite les mouches au travail , ""en ajoutant des hauffes par le bas , à raifon de Tadivité avec laquelle elles travaillent : on ménage la vie des ouvrières qui font fi précieufes ; on taille les mouches dans la faifon où on le veut , & on ne fait point périr 'de couvain, parce qu'il n'cfl jamais dans la partie fupé- rieure de la ruche. Cette méthode ingénieufe , qui réunit beaucoup A B E 51 d^avantages , & qui part d'après la dirpofition intérieure des ruches , pèche maiheureufement par un défaut efîen- tiel : elle n'eft point afîez fimple, elle ne pourra jamais être à la portée des payfsns , & elle éû toujours coû- teufe dans ce pays - ci. Chaque économe qui veut adopter cette méthode , peut , en partant des deux points effentiels que nous avons obiérvés, chercher à la fimplifier & à la rendre moins coûteufe, fuivant les idées. M. de la Nux a préfenté à l'Académie royale des Sciences, le modèle en paille d'une nouvelle ruche à miel. C'ell un cylindre creux placé horizontalement ; il confeille de donner aux ruches cette forme & cette pofition , d'après l'expérience qu'il en a faite à Tifle de Bourbon , à l'exemple des Sauvages de Madagafcar , qui mettent leurs abeilles dans des troncs d'arbres creu- {és & couchés horizontalement. M. de la Nux préfère les ruches de paille , comme moins coûteufes , plus fai- nes , plus légères, plus faciles à employer , moins accefîibks aux animaux nuifibles , plus favorables à la folidité du travail des abeilles , & plus commodes pour les foigner ; ces ruches, faites de torons de paille, doi- vent avoir intérieurement douze pouces de diamètre , vins;t-deux pouces de longueur ; les torons doivent être afliijettis , maintenus par des baguettes qui pafTent à travers l'ouvrage. Chacune de ces ruches a deux fonds qui font faits de paille roulée & coufue , ainfi que celle du cylindre. Confultez le Journal de Phyjique j &c, par M. CAhhl Rosier y Février, 1773. Abeilles Villageoises. Le genre des abeilles n'efl point borné à la feule efpece de mouches dont nous avons admiré l'induflne, &; qui nous fourniffent le miel & la cire : il y a plu- fieurs autres efpeces d'abeilles qui ont été nommées villageoifes , vraifemblablenient parce qu'elles font répan- D z 52 A B E dues dans les campagnes , & qu'on ne les rafiembîe point en ruches. Quoicfue ces efpeces ne travaillent point utilement pour nous , 6c qu'elles foient peu con- nues , elles méritent cependant de l'être , par l'art ad- mirable que chacune dans ion genre va nous préfenter. Abc'dks bourdons, Uakeilk bourdon efl feule dans les commencemens ,' mais elle fait fe faire peu à peu à elle-même une nom- breufe compagnie, & fe pi-ocurer des fujets qui parta- geront avec elle les charges du ménage. Ces abeilles bourdons , qui ferment une efpece de petite flimilie, périffent prefque toutes dans l'autom.ne; &Z il ne s'en échappe qxxq: quelques femelles fécondées , qui cherchent une retraite dans des trous de mur, ou dans des creux qu'elles font elles-mêmes en terre. Elles y paffent la mauvaife faifon dans un jeûne, abfolu de toutes chofes , & dans une inaction parfaite ; miais le printemps qui ranime toute la Nature , leur rend le mouvement & la vie. L'abeille bourdon , qui paroît ailez groiîe , eft cou- verte d'une multitude de poils longs, très-preffés ; en volant elle fait un grand bourdonnem.ent , ce qid lui a fait donner le nom de bcurdcn. Notre abeille n'a rien de plus prefTé que de conftruire un nid pou.r y loger la famille à laquelle elle donnera le jour. Elle arrache brin à brin, avec fes deux dents écaille ufes, de la nioufTe fine qu'elle arrange , & à laquelle elle donne une forme de voûte d'un pouce d'épaiffeur, ^ fouvent de deux. Au premier coup d'œil ce nid paroît n'être qu'une motte de terre un peu élevée & recou.verte de mouile ; mais lorfqu'cn l'obfcrve , on voit qu'il a été conftruit avec art. Le plancher de ce petit nid eft couvert de mxcufle , ajfin aue l'humidité de la terre ne puifie nuire à ce qu'elle a deiTelnde pofer defTus. Elle ^'ole à la cainpagne , y fait récolte de miel Cv de cire ; A B E 55 elle en forme une petite mafTe qui reiTcmble à -ou dans les bois pourris , y entrent à reculons , dépofent leurs œufs avec du miel , ferment la loge où le petit ver éclos fubit fa méîamorphofe. V Ahdllz muçonnc. L'amour de la poilérité efî: une paflion fi déterminée 6c fi vive chez les infedes , qu'excepté le foin de leiu* nourriture , tout le reile de leurs allions paroît ne tendre ou'à l'entretien , au'au logement & à la confer- vation de leurs petits : tout ce qu'il y a déplus lurprenant dans leur conduite , tous leurs travaux , tous leurs arts paroiffent ne partir que de ce principe, dç.^ en con- féquence , &: feulement pour le dépôt de fes œufs , que Vahdlle maçonne bâtit l'édince qui lui a fait donner le nom de maçonne. L'abeille femelle , q\îi feule , comme on l'cbferve dans beaucou.p d'autres infedes , travaille à la conf- trudion du nid, eft de la groffeur ^< aufîi longue c^wq les m.âles des mouches à miel ; elle eft noire & fort velue ; elle eft feulement un peu jaunâtre par-deffous; à la partie poftérieure elle ed armée d'un aiguillon. Les infoumens dort, elle fe fert pour conftruire fon nid, font fes dents ôc i^s pattes. -Ses dents font deux A B E 6r mâchoires qiii jouent en lens horizontal , dont tes fur^ faces qui fe touchent font concaves &C bordées de poiîs , & propres par confcqucnî à contenir les petites mottes de mortier , avec lefquelles elle conÛruit fon bâîim.ent. Le mâle ne diffère de V abeille maçonne que par fa couleur , qui cil fauve &: approchante de celle de la mouche à miel ; le deïïïis de la partie poftërieure eft chargé de poils noirs , & le ventre pareillement. Ce mâle n'a point d'aiguillon : il t^i à peu près de la mèmet groffeur que fa femelle ; ce qui n'efl pas ordinaire parmi les infeftes , où les femelles font ordinairement plus grandes & plus greffes. Les mâles , ainfi que parmi les autres infe£tes , font pareiTeux ; auiîî-tôt que l'a- mour a ufé de fes droits , ils laiiTent leurs femelles , &; s'en vont courir le m.onde , où ils mènent une vie libre & vagabonde 5 fans fouci de leur poflérité. VabùlU maçonna , au contraire , travaille laborieufement à la conftrudion du nid. Lor (qu'elle a reconnu fur un mur un endroit propre au bâtiment qu'elle veut conflruire ( c'eft ordinaire- ment fur les murs expofés au midi , 6z fur les angles de ces murs , qu'elle travaille plus volontiers ) , elle va chercher les matériaux néceifaires pour la ccnftruclion ; elle choifit du fable grain à grain , qu'elle mêle avec de îa terre , elle la détrempe avec une liqueur vif- queufe qu'elle dégorge de ff:>n efiomac ; elle en forme des cellules dont elle polit l'intérieur , pour lequel elle emploie le fable le plus nn , oL laiffe le dehors grave- leux. Chaque cellule a environ un pouce de hauteur , & près de fix lignes de diamètre. Elle travaille avec tant d'a£i:ivité , qu'elle parvient à peu près à conilruire une de ces cellules dans \\n jour. Lorfque la cellule eft conflruite , elle y Gépofe la quantité d'alimens nécef- faires pour fournir à l'accroilTement complet du ver qui doit fortir de l'œuf qu'elle efl: prête d'y pondre , & le mettre en état de fubir toutes (qs métamorphofes. Cette pâtée QÏi fiùîe de niid ^cà^ pouffiere d'étamines. '(% A B E Cette abeille n'ayant point de corbeilles, comme les autres mouches à mkl , aux pattes poUérieures , elle apporte les poufîieres d'ëtamines entre fes dents , & dégorge defïïis le miel avec lequel fes pouiTieres doi- vent être délayées pour compofer la pâtée. A peine la première cellule eft - elle conilruite , qu'elle jette les fondemcns d'une féconde , qu*elle rem- plit & finit comme la première. Elle en fait fouvent îept à huit , plus ou moins , dans fon nid ; ces cellules font difpofées fans ordre , & féparées les unes des autres par un maiïif de maçonnerie. Parmi les plus petits infeftes , comme parmi les hommes , on veut quelquefois ufurper le bien de fcn voifm, & s'approprier les travaux d'autrui. M. Duha- md a obfervé plus d'une fois qu.e , pendant que l'abeille maçonne étoit allé chercher des matériaux pour conti- nuer fa cellule , une autre entroit fans façon dans cette cellule, la vifitoit , la ragréoit, & ne vouloit point la céder à la propriétaire , ce qui produifoit des difputes & cccafionnoit un grand combat. Cefl dans l'air que fe donnent les plus rudes chocs; elles ne fe faifiilent point corps à corps , comme font les abeilles , mais elles fe heurtent quelquefois tête centre tête : on a vu de ces combats durer une demi-heure. YlahùlU ma- çonne s'empare quelquefois fans injuflice des cellules déjà comimencées , fi par quelque accident celle qui la conftruifoit eft morte ; ou bien elle ragrée d'anciens nids; mais ces vieux nids ne l'empêchent point d'en bâtir de nouveaux , {oit parce que les \ieux ne fervent que deux ou trois fois, foit parce qu'il y a plus de fe- melles une année qu'une autre. Lorfque l'abeille a conflruit les cellules , elle recouvre le tout à\\n enduit épais de mortier ; & l'extérieur du nid refTcmble à une bofTe pierreufe qui a la forme d'un demi- œuf. Tout ce travail dure environ quinze jours fans relâche. La mouche ayant mis fa poflcrité en fureté , a fait tout ce qu'elle avcit à faire ; elle fe A B E gf retire Se abandonne ce nid qui n'a plus tefoîn de fes foins. Parmi les infedes qui ne vivent qu'un an , comme notre mouche, èc qui ne donnent qu'une génération dans toute leur vie, les femelles n'ont plus befoin du fecours de leur mâle , lorfqu'elles ont été mifes une fois en état de perpétuer leur efpece : cela fait ^ le defîein de la Nature eu accompli; & leur vie étant déformais inutile , elles meurent bientôt après. C'eft vers le 1 5 ou 20 d'Avril que ces abeilles com- mencent à conftniire leurs nids ; ils font habités pen- dant dix à onze mois confécutifs par les vers , enfuite par les nymphes , dans lefquelles ils font transformés. Ces nids , quoique peu coriimuns, ne font pas non plus fort rares pour des yeux attentifs &: obfervateurs. On en trouve fin* les faces des grands bâtimens qui font expofés au midi, fur celles des châteaux ifolés, aux fenêtres des églifes de campagne , & aux angles des murs ; ils ne font jamais appliqués fur un crépi , tow j.ours fur la pierre, L'efpece des abàlUs maçonnes efl: répandue dans di- verfes Provinces du Royaume : elles bâtiffent toutes fur le même principe ; mais elles fe fervent des divers matériaux que le pays fournit : auiii les nids varient- ils en couleur , fuivant les pays ; l'ouvrage viQn efl pas moins . pénible. Aux environs de Paris , ils font d'un blanc qui approche de celui de la pierre de taille ; en Touraine , de couleur grife ; ailleurs blancs. Le mortier dont ces nids font compofés fe durcit au point , qu'il furpafîe en dureté nos enduits , foit de plâtre , foit de mortier. La Nature nous fait voir , fuivant la remarque de M. de Rèamnur , qu'il peut exifter un ex- cellent mortier , fait de grains de fable unis avec une matière vifqueufe : celui qui trouveroit ce fecret ren- droit un grand fervice à la poflérité. Si une fois on étoit parvenu à faire \\n mortier liquide , lequel , en fe féchant , pût acquérir en peu de temps la dureté des pierres & du marbre , il n'y auroit plus qu'à le verfer i54 A B E dans des moiilcs j on en rireroit des pierres toutes tâll" lées &c toutes façonnées. Des gens peu inflruirs dans les arts , en voyant des pierres d'une grandeur énorme employées claiiS des lieux où on ne pou voit imaginer que rindufîrie hu.maine eût pu les tranfporter de fi îoin , ont cru que les Anciens avoient eu le lecret de fondre les pierres. Idée abfurde : la pierre ne peut être fondue fans fe vitrifier du moins en partie. Si on leur eût fuppofé l'art de mouler un mortier liquide qui en féchant eût pu acquérir la dureté de la pierre 6c ■du granit, l'on n'auroit fuppofé rien d'irnpolîible. Revenons à nos jeunes mouches enferm.ées dans une prifon dont les murs font très - épais & . très-folides. Les feuls inilrumens dont les abeilles fe fervent pour en fortir , ce font leurs dents ; à la fuite d'eiîbrts réitérés , elles font un trou dans ce mur , contre lequel s'émouf- feroient nos couteaux : c'efl par où elles fortent. Les vers des abeilles maçonnes , quoique fi bien clos & fi couverts , fe trouvent fouvent dévorés par d'autres vers. H y a un genre de mouches , que l'on nomme Ichmumoncs ^ dent il y a beaucoup d'efoeces différentes, ainfi que nous le dirons au m.ot Mouche ICHNEUMONE. Cette mouche , qui efl: carnaciere , efl à Taffùt de l'inilant où la mouche maçonne quitte fon Tiid 5 foit pour livrer combat , foit pour aller à la quête de nouveaux matériaux ; elle s'introduit furtivement dans la cellule , dépofe un œuf, d'où fort un ver qui dévore l'enfant de la maifon. Ce ver efl pourvu de dents propres A brifer les pierres , &: à percer le mur de fa prifon : on trouve dans une cellule quelquefois plus de trente de ces vers ; d'autres fois dix ou douze. L'ennemi le plus terrible pour les vers des abeilles maçonnes , efl un ver dépcfé furtivement auili dans rintérieur du nid par un fcarabée. Ce ver, qui a à^s dents très-fortes, au moyen defquelles il perce plu- fieucrs cellules , &: dévore icute la ivimille , efl ^'wn beau louge, d'une nuance plus forte que le couleur de rof:: A B E (?y il eft ras; fa tête eft noire; il a fix jambes écailleiifes. Ceft clans la cellule où il a fini fes ravages, qu'il ie prépare à fa transformation; il y fait un retranchement au moyen d'une toile bien tendue, qui a Tcpailleur 6c la confiilance d'un parchemin , & dont la couleur eft brune , plus claire que le café, il tapiffe de foie de même couleur les murs du logement auquel il s'eft reftreint. Puis après un long temps ( car on en a vu pouffer ce terme jufqu'à trois ans ) , on voit fortir de la nymphe un très-joli fcarahét , grand & long comme une mouche cantharide. Ce fcarahéc a la tête & le cor- felet d'un très-beau bleu; les fourreaux ou étuis des ailes font rouges , & traverfés par trois bandes d'un violet foncé. Le deffous de la tête , celui du corfelet & celui du corps font entièrement veUis ; ce n'eft qu'au travers de longs poils blanchâtres , qu'on apperçoit que le ventre eft d'un beau bleu. Quoique ce ver n'ait paru qu'au bout de trois ans fous la forme de fcara- bée , il y a un moyen de le faire paroîrre plutôt fous cette forme , en lui procurant une chaleur fuffi- fante. Ce fcarabée eft une efpece de clairon. Voyez ce mot. Autres efpeces cTAheilUs maçonnes^ II y a une efpece d'abeille maçonne qui profite des trous qu'elle trouve tout faits dans le bois, tels que ceux qui fe rencontrent quelquefois dans des portes ou poteaux. Elle n'a point été pourvue par la Nature d'inftrumens propres à en faire : elle enduit l'intérieur du trou d'une terre fine, le remplit de pâtée, y dé- pofe un oeuf, & le bouche de la même matière. Cette abeille maçonne reftemble aiffez à la mouche à miel , excepté que le deifus du corps a moins de poils, & qu'il eft rougeâtre & luifant. Une autre efpece choifit les trous des pierres pour en faire des alvéoles. Cette abeille eft plus c^3iirte , plus Tome /, ,: E C6 A B E grofle , plus velue qu'une mouche à miel ouvrière ; elle eft lur-tout reconnoi {Table par clés poils de deux couleurs : ceux du corps tirent fur Forangé ; ceux du corfelet font noirs : fes dents reiTemblent aux lames des cifeaux de Tondeurs, à cela près qu'elles font den- telées. Elle a des antennes qui différent des antennes ordinaires , en ce qu'elles font très-courtes , & ne font pas flexibles. Cette abeille, après avoir choifi les trous Gu'elle trouve dans les pierres , les enduit d'une terre fine bien humeftée , les rétrécit s'ils font trop larges , y met la provifion néceffaire pour nourrir le ver qui doit éclore de l'œuf qu'elle y pond , & elle bouche l'alvéole. Il y a encore des abeilles qui font des nids de fimple mortier de terre : ces nids font attachés fur les miurs , comme ceux des abeilles maçonnes ; ils ont peu de fo- lidité , aufîi n'ont-ils befoin que de durer trois femai- nes ^ à compter du moment de la conftru(^ion jufqu'au jour où la nymphe en fort en mouche. D'autres font leur nid dans les mortiers des murs de clôture : il n'y a rien de brillant ni de fmgulier dans leurs manœuvres, 'AhdlUs mlneiifes , ou AhdlUs qui creufmt la terre» Les abeilles de cette efpece ne favent que creufer la terre, &: y faire des trous cylindriques de la groffeur de leur corps , fouvent profonds de cinq à fix pouces , quel- quefois d'un pied. Ce qu'elles offrent de plus remar- quable, eft la patience avec laquelle elles enlèvent la terre prefque grain à grain , pour creufer leur trou. Elles apportent la terre fur les bords , & en forment un petit monticule ; le terrain le plus battu eft celui que quelques-unes préfèrent. On voit quelquefois des allées de jardin criblées de trous , qu'elles y ont creufés prefque perpendiculairement. D'autres efpeces creufent horizontalement. Chaque efpece choifit la terre ou le fable qui'-liû convient. Les terres ou fables coupé* A B E (?7 prefqu^à pic , qui s'élèvent au - defTus des chemins , offrent fouvent des milliers de ces trous. L'abeille dé- pofe , dans le fond du trou , de la pâtée , y pond un œuf, Si fait rentrer dans le trou la plus grande partie de ia terre qu*elle en avoit ôtée ; par cette induilrie , elle empêche les fourmis d'aller piller la pâtée. Parmi ces mouches qui creufent la terre , il y en a de plus petites que les mouches d'appartement. On rencontre quelquefois de celles-là fur diverfes fleurs , où elles fe faupoudrent de pouffiere d'étamines. D'au- tres efpeces de ces abeilles égalent ou furpaffent en grandeur les mouches à miel ouvrières. Toutes CQs abeilles différent par la forme du corps & la couleur. Celles qui fouillent dans les jardins ont la couleur de mouches à miel : celles qui creufent dans les fables gras , font noires &c ont les ailes d'un violet foncé. Celles qui fouillent dans la terre ordi- naire , font noires &: ont une file de houppes blanches fur les côtés ; au lieu de faire un monticule à l'en- trée du trou, elles étalent la terre. Abeilles couveufcs de feuilles» Ces efpeces d'abeilles creufent la terre c©mme les précédentes , & conllruifent dans ces trous des nids pour leurs petits. Elles les font avec è.^s morceaux de feuilles de figure arrondie & un peu ovale , courbés & ajuilés les uns fur les autres avec tant d'art , qu'il eft peu d'ouvrages aufîi propres à nous donner une idée de l'adreffe qui a été accordée aux infedles. Ces abeilles coupeufes de feuilles cachent fous terre , tantôt dans un champ , tantôt dans un jardin , leurs nids qui font des tuyaux cylindriques , de la lon£;ueur des étuis à cure - dents , & quelquefois de la même groffeur : ces étuis font compofés de petits gobelets ench âfTés les uns dans les autres , &: difpofés comme des dés à cou- dre mis les uns dans les autres, E t 68 A B E On voit de ces rouleaux , de différentes groffeurs; ce qu4 vient de ce qu'ils font l'ouvrage de plufieurs efpeces d'abeilles qui différent en groff^ur. Les abeilles qui coupent les feuilles de rofier^font plus petites que les mouches à miel ouvrières ; ces coupeufes n'ont point affez de poils fur le deffus des anneaux du corps pour en cacher le luifant ; le deffus des anneaux eft d'un brun prefque noir ; chaque cgté du corps a un bordé de poils prefque blancs, formé par une fuite de touffes, dont chacune part de chaque anneau. La coupeufe des marroniers ( car chaque efpece d'abeilles choifit une feuille particulière) eft plus grande que les mâles des mouches à miel ; le deffus du corps cft roux , & le deffous du ventre eff d'un gris blanc. Les dents font l'inffrument dont ces efpeces d'abeilles fe fervent pour couper les feuilles. Elles les coupent avec plus de promptitude, que nous ne le ferions avec des cifeaux. Trois fortes de pièces entrent dans la com- pofition d'un étui ; les unes font demi-ovales ; d'autres ovales; d'autres rondes. Il n'y a perfonne qui n'ait remarqué des feuilles de rofier , oii l'on voit des pièces emportées avec la netteté d'un emporte-pièce : c'eff-là que nos abeilles coupeufes ont pris leurs matériaux. Le hafard peut quelquefois préfenter à l'Obfervateur attentif ime de ces mouches occupée à couper une feuille : c'eft-là qu'il admireroit avec quelle juffeffe , fans compas , elle coupe une pièce circulaire , qui efl de grandeur jufte à fe rapporter à l'étui qu'elle conffruit , propre à boucher exadement chaque alvéole, dans lequel elle dépofe un œuf avec fa provifion , qui eft de couleur rougeâtre. H y a quel- ques années qu'un Payfan labourant fa terre , rencontra , a chaque coup de bêche , de ces nids en forme de rouleaux. Le Villageois faifi de frayeur , n'ofe y tou- cher , il va chercher un de fes compagnons , forme un confeil oii le Curé préfide. On raifcnne , au moins on A B E , /9 ffarle beaucoup ; on conclut que c'eft un fort jeté fur la terre ; peu s'en faut que le bon Pafteur n'en vienne à l'exorcifme. Le Laboureur , pâle , inquiet , tremblant., accourt à Paris. On le queftionne , on l'envoie à M. l'Abbé NolUt, Ce Phyficien calme fes alarmes , en lui montrant de pareils nids ou rouleaux qui fervoient de logement à des vers pleins de vie. A cette vue , Ife Villageois refle furpris, ébahi , rougit & rit enfuite groffierement de fa fotte crédulité , fe promettant bien de ne plus confulter , en pareille matière , fon bon- homme de Curé. Le nid de l'abeille coupeufe de feuilles eft donc tout compofé d'alvéoles placés ainfi au-defTus les uns des autres. Lorfque les vers ont pris tout leur accroif- fement , ils fe filent une coque de foie épaiffe & folide, qui tapiffe les parois de la cellule. La foie de l'extérieiu- de la coque ^Ç\ de couleur du café ; & les parois inté- rieures font faites d'une foie très - fine & blanchâtre , unie & luifante comme le fatin : c'eft-là qu'ils fubif- fent leur métamcrphofe , & paflent l'hiver fous terre à cinq ou fix pouces de profondeur , ou fous la forme de nymphe ou de mouche , bien enveloppés d'une coque de foie. La même mouche ichneumone , qui va dépofer its œufs dans le nid de l'abeille maçonne ^ vient les dépofer de même dans les nids de ces abeilles. Abeilles qui font des nids de membranes foyenfes. Cette efpece d'abeilîe fait fon nid dans le mortier qui unit les pierres des murailles ; mais elle en tapiffe l'intérieur de membranes foyeufes. Cette abeille place toujours fon nid dans un mur expofé en plein nord : elle eft la feule , avec une autre forte de m.ouche , qui choifiiTe cette expofition. Tous les animaux en général , & fur-tout les. infeôes volans , qui ne couvrent point leurs œufs ^ choifiiTent , pour placer leur nid^ des endroits expofés aux rayons du E3 70 A B E foleil ; mais 11 n'efl point dans la Nature de lois fi géné- rales , qti'elles n'aient quelques exceptions. Les nids de ces abeilles , comme ceux des coupeufes^ font des efpeces de cylindres , faits de plufieurs cellules mifes bout à bout, dont chacune a la figure d'un dé à coudre. Le terrain , dans lequel Tabeille a creufé , décide du plus ou moins de cellules. Ces cellules ont environ cinq lignes de profondeur , & deux lignes de diamètre : la matière dont elles font formées , efl une 'membrane foyeufe. Les vers à foie , & plufieurs autres infeâes , font pourvus de filières , avec lefquelles ils forment leur tifiii. Cette abeille porte , comme eux , dans fon ellomac une matière foyeufe; mais n'étant point pourvue de filière , elle la dégorge comme une écume , aufii fine que celle des bouteilles de favon, & en forme une efpece de membrane qui tapififc- la cellule. Ces mem- branes multipliées lui donnent la folidité nécefi'aire : elle dépoie dans cette cellule de la pâtée , y pond un ceuf , la bouche , 6c réitère cette manœuvre pour toutes les cellules. Ces abeilles éclofent vers la fin de Juillet : elles font plus petites que les mouches à miel ouvrières ; elles ont 5 comme elles , fiir le corfelet , des poils roux , les anneaux du corps bruns , mais bordés de poils roux. Leur trompe diffère notablement de celle des mouches Si miel ; loin de fe terminer par une partie déliée , comme celle des abeilles ouvrières , à quelque difîance du bout elle s'évafe , & finit par ime partie plus large que le refle. La flru£^ure du bout de cette trompe fait voir qu'elle efl propre à exécuter bien des mouvemens, & fa figure apprend que lorfqu'elle fe pHe en gouttière , elle peut retenir une matière vifqueufe. La femelle , dans toutes ces efpeces d'abeilles , a uft aiguillon , ôc le mâle n'en a point. A B E 71 Abeilles taplffiercs» En fe promenant au milieu d'une moifTon de blé ^ on peut oblerver quelquefois à fes pieds , dans les fen- tiers , de petits trous décorés dans leur circuit d un beau ruban couleur de feu : ce font les nids des abeilles tapijjleres. Ces abeilles font les feules à qui ce nom foit proprement dû : elles feules tapiffent à notre manière. L'abeille tapifîiere eft d'une fort petite efpece : elle eft plus velue que les mouches à miel ordinaires : elle a le corps proportionnellement plus court ; mais fa cou- leur approche fort de la leur. Le premier travail d'une abeille tapifïïere qui veut faire un nid , eil de creufer d'abord dans la terre un trou perpendiculaire. Elle lui donne trois pouces de profondeur , &; un diamètre égal depuis l'entrée du trou jufqu'à fept ou huit lignes de profondeur ; & elle l'évafe enfuite comme nos cafetières. Après que €e trou eft creufé , il «ft queition de revêtir fes parois pour foutenir les terres & contenir la pâtée. L'abeille le tranfporte fur une fleur de coquelicot , oii elle taille avec adreffe dans un des pétales une pièce qui a la figure d'une m^oitié d'ovale. La tapifîiere entre dans fon trou avec la pièce qu'elle a enlevée : elle la tient pliée en deux entre fes pattes ; mais malgré cela la pièce ne peut pas manquer de fe chiffonner en entrant dans une cavité fi étroite : la mouche ne l'a pas plutôt conduite à la profondeur 011 elle la veut , qu'elle la déplie & retend le plus uniment pofTible. Elle applique fur le fond & fur les côtés plufieurs feuilles qu'elle unit avec art. Les dernières pièces qui terminent l'en- trée du trou , débordent toujours de quelques lignes : c'efl ce qui forme ce petit ruban couleur de feu , capa- ble de fixer l'oeil d'un Obfervaîeur de la Nature. Quand l'intérieur du trou a été fufHfamment tapifTé ^ l'abeille accumule , dans la oartie du fond qui efl évafée, la E4 72 _ ^ A B E quantité de pâtée nécefTaire pour fournir à l'accroifle* ment du ver qui doit tclore de l'œuf qu'elle y depofe. Cette pâtée eft faite de poufTiere d'aamines , 6c de miel recueilli dans le nzcîarhnn des fleurs. L'œuf eft dcpoie au milieu de la pâtée. Elle n'a garde de la' (Ter à l'abandon & au pillage un travail qiri lui eft fi cher & qui lui a tant coûté. Pour en prévenir la perte, elle dérend toute la tapifTizrie qui fe trouve depu.s le bord du trou , y compris même ce petit cercle qui débordoit iiir la terre juiqu'èt ^a parce; & à meiure qu'elle la détend, elle la pnufl'e vers le fond, & en recouvre la furface. Lorlque la tapiiTcrie eft dépendue, le trousflui avoit trois pouces de profondeur, efl réduit à n'avoir plus au'un pouce ; c'efl la hauteur du fac qui ren- ferme la pâtée Ôc l'œuf La mouche remplit enfuite de terre les deux pouces de vide qui reiîe depuis le defîiis du fac jufqu'à l'entrée du trou ; en forte que quand l'ouvrage cil achevé , on ne fauroit plus recon- noître l'endroit oii la terre a été percée. L'abeille ne met guère que deux ou trois jours à la conftru^ion de ce nid , qui doit paroître un travail étonnant pour une fi petite mouche. M. de Riaumur efl j)orté à croire qu'elle fait plufieurs de ces alvéoles y & autant que d'œufs. La Nature , aui a difpofé la transformation des infefles fur le temps oii doivent paroître les alimens qu'elle leur a deftinés , a ufé d'une double prévoyance à l'égard de notre abàlU tapïjfurt .- elle ne lui fait quitter fon état de nymphe pour être abeille, que lorfque la fleur de coquelicot cuitte le bouton, afin que la tapifîiere trouve dans le même moment & vi- vres & meubles. Ahdlks étrangères. On trouve quelquefois en Mofcovie & aux Indes,' dans les troncs des vieux arbres, une cire noire, for- A B E 7? feée en morceaux ronds ou ovales, de la groffeur d'une mufcade : elle efl faite par de petites abeilles, qui conilruifent leurs gâteaux d^ns le creux de ces troncs , &C qui y portent un miel de couleur citrine , & d'un goût agréable Cette cire étant échauffée a ime odeur de Baume ; elle efl très-rare en France. Les abeilles de la Guadeloupe 6c de tout le Con- tinent des Illes de l'Amérique , font de moitié plus petites que celles d'Europe : elles font phis noires &c plus rondes. Il ne paroît pas qu'elles aient d'aiguillon, ou fi elles en ont , il faut qu'il (ok fi foible qu'il n'ait pas la force de percer la peau. Elles font errantes & vagabondes dans les bois ; elles fe retirent dans des arbres creux , pour conftruire leurs ruches : fi l'efpace eft trop grand, elles font une efpece de dôme de cire qui a la figure d'une poire, dans le dedans duquel elles fe logent ^ font leur miel & leurs petits. Leur cire efl d'un violet foncé , douce au toucher &: s'étendant facilement entre les doigts. On n'a pu parvenir à lui faire changer de couleur, ni à en pouvoir faire des bougies folides, car elle eft toujours trop molle \ on ne s'en fert dans le pays qu'à faire des bouchons de bouteilles, & pour tirer fort exadement les empreintes des pierres gravées en creux. Les Moines de la Nou- velle Efpagne & de la côte de Carac , s'en fervent pour faire des cierges qui donnent une lumière fort trifte. Les Caraïbes en compofent une efpece de maftic qu'ils appellent many , fervant à différens ufages, comme à recueillir le baume de Tolu , &:c. Ces abeilles ne font point de rayons : elles renferment leur miel dans de petites vefîies de cire , de la figure & de la groffeur des œufs de pigeon, mais plus pointues, à peu-près comme des vefîies de carpe. Quoiqu'on puifTe aifément les féparcr les unes des autres , il ne paroît cependant aucun vide entre elles. 'La plus grande partie de ces vefîies efl remplie de miel : on trouve dans quelques autres une certaine matière jaune , grenée comme des j4 A B Ê œufs de carpe : les Nègres difent qiie ce font les €xcrémens des mouches. Si on peut juger par analogie, on pourroit peut-être penfer que c'efl: de la cire brute. Leur miel eft toujours liquide , ayant la confiftance de l'huile d'olive &: une couleur d'ambre; il s'aigrit en peu de temps. Les Créoles en imbibent de la caflave fraîche, &: la mangent avec plaifir ; les Chirurgiens &C Apothicaires s'en fei*vent comme de celui d'Europe. On retireroit une quantité confidérable de ce miel , fi on logeoit ces abeilles dans des ruches , comme on fait en Europe ; mais on eft bien éloigné dans ce pays-là de fe donner de pareils foins. Le Père Labat dit qu'il n'a connu qu'an feul habitant qui en avoit quelques eflaims dans des pots de raffinerie percés en bas & bien couverts, où ces abeilles travailloient & profitoient beaucoup. 11 faut, dit cet Auteur, que le Père du Tertre, qui fe plaint de n'en avoir jamais pu élever dans ce pays , n'ait pas trouvé le fecret de délivrer fes abeilles des fourmis, qui, félon les appa- rences , les auront incommodées au point de les obli- ger de fe retirer. La cire de cette efpece d'abeille eu excellente, fuivant l'expérience du P. Labat , pour guérir les cors des pieds éc les verrues des mains. Les abeilles de la Louifiane font les mêmes qu'en France : elles font leurs nids en terre dans des lieux fées ; par ce moyen , elles fe dérobent aux ours qui font très-friands de leur miel. Vapper , dans fa Defaiption de V Àhyjjinïe , dit qu'il y a en Ethiopie un grand nombre d'abeilles , fur-tout de petites abeilles noires , qui font un excellent miel & une cire d'une blancheur extraordinaire. Ces abeilles n'ayant point d'aiguillon pour fe défendre & fe con- fei-ver , ont recours à la rufe ; elles fe cachent dans des creux fcuterrains , oii elles entrent par de petits trous qu'elles ont Tadrefle de boucher fi-tôt que quel- qu'un paroît ; pour cela elles fe mettent quatre ou A B E 75 cinq au trou , & s'y placent tête contre tête , en forte qu'étant de niveau avec la terre , on ne le découvre point. Sur la côte occidentale d'Afrique , il n'y a point de canton qui ne foit peuplé d'abeilles ; le commerce de cirey efttrès-confidérabîe parmi les Nègres. Les abeilles en Guinée donnent d'excellente cire , 6c un miel déli- cieux. Kenoc , Anglois , diilingue dans fa Relation de l'Ifle de Ceylan , trois fortes d'abeilles. La première , qui refîemble à celles d'Europe , fe loge dans les creux des arbres. Les Indiens en retirent facilement le miel , après avoir chafTé ces mouches , dont l'aiguillon n'eft pas redoutable. La fecofide eipece fe loge fur les plus hautes branches, où elles forment leurs niches fans prendre foin de fe cacher. Dans certaines faifons , des villes entières vont recueillir ce miel dans les bois , & tous en reviennent chargés. La troifieme efpece eft plus petite que nos mouches communes : elles donnent du miel en û grande quantité , que les Chyngulais l'abandonnent aux enfans. A la Chine , il y a grande abondance d'abeilles : la cire qu'elles donnent y çR employée aux ufages de la Médecine , & non à brûler. Les abeilles ont été trouvées naturellement à l'Ifîe de Bourbon & à Madagafcar , de là elles ont été por- tées à rifle de France. Ces mouches à miel font plus longues , mais moins groffes que celles de France. Elles ne font jamais engourdies par le froid à l'Ifle de Bourbon , & quoiqu'elles y trouvent toujours des fleurs , elles ne travaillent pas toute l'année , car elles ne fournifl^ent rien depuis la fin d'Avril jufqu'en Août & Septembre. Le peu d'aclivité chez ces abeilles , de- pendroit-il de la trop grande chaleur du climat ? Les ahdlles font très-abondantes dans les contrées des Hottentots en Afrique : on n'y apperçoit pas la moindre différence avec les nôtres Les Européens ne 7§ A B E A B I fe donnent pas la peine d'en élever , parce que pour lin peu de tabac ou d'eau-de-vie , ou quelqu'autre ba- gatelle , on peut acheter des Hottentots une bonne quantité d'excellent miel , qu'ils vont chercher fur des rochers efcaqDes ; mais ce miel efl mal-propre , attendu qu'ils le mettent dans des facs faits de peau , dont le poil efl tourné en dedans. Confului la defcrlption du Cap di Bonne.' Efpirancz. A B E L - M O S C ou Graine de Musc. Foye:^ Amerette. ABHAL ou A AL. Les Indiens Orientaux donnent ce nom au fniit d'ime efpece de cyprès. V Herbier d'Am- hoine en diftingue deux efpeces , l'une à petites feuilles & l'autre à feuilles larges ; on emploie l'écorce de ce dernier pour donner au vin de Sagou un goût aro- niaticfiie. ABÎSME ou Abyme , fe dit généralement d'un endroit très-profond , & qui , pour ainfi dire , n'a point de fond. On fe fert auffi du mot abyme ^ pour marquer le réfervoir imipenfe creufé dans la terre , où Dieu, ramaffa toutes les eaux le troifieme jour ; réfervoir défigné dans notre langue par le mot mer y dans Moyfe par le nom de grand abyme ^ & dans d'au- tres Auteurs par chaos. Les Hébreux ont penfé que les fontaines & les rivières ont toutes leur fource dans Vabyme ou dans la mer : elles en fortent , difoient-ils , par des canaux invifibles , & s'y rendent par les lits qu'elles fe font formés fur la terre. Au temps du déluge les abymes d'en bas, ouïes eaux de la mer, rompirent leurs digues ; les fontaines forcèrent leurs fources , & fe répandirent dans le même temps que les catara£les du Ciel s'ou- vrirent &c inondèrent toute la terre- Genef. rili, v. 2. La terre fortit enfuite du milieu de Vabyme , comme une lue qui fort du milieu de la mer, & qui paroît tout d'un coup à nos yeux , après avoir été long- temps cachés fous les eau::. Gcr.ef. i, z. A B I 77 Woodward , en parlant du grand nhymz dans fon "Hiftoire Naturelle de la Terre , Ibutient qu'il y a un grand amas d'eaux renfermées dans les entrailles de la terre , qui forment un vafte globe dans fon centre , & que la furface efl couverte de couches terreflres : c'eft , félon lui , ce que Moyfe appelle le grand gouffre ^ & que la plupart des Auteurs entendent par le grand abymc, L'exiflence de cet amas d'eaux dans l'intérieur de la terre , femble confirmée par un grand nombre d'obfervations. Le même Auteur prétend que l'eau de ce vafle abyme communique avec celle de l'Océan par le moyen de quelques ouvertures fouterraines; mais le fait eft-il certain ? Voy^^{^ Us articUs Mer , DÉLUGE, Gouffre, Chaos & Terre. Il eft fait mention dans les Mémoires de VAcadcmh des Sciences , année ty^i , de la fontaine fans fond de fable en Anjou, laquelle doit être mife au rang des ahymes^ parce que ceux qui l'ont fondée n'y ont point trouvé de fond; &; que félon la tradition du Pays plulieurs beftiaux qui y font tombés , n'ont jamais été retrouvés. C'ell une efpece de gouffre de vingt à vingt-cinq pieds d'ouverture, iitmé au milieu & dans la partie la plus baffe d'ime lande de huit à neuf lieues de circuit, dont les bords élevés en entonnoir defcen- dent par une pente infenfible jufqu'à ce gouffre , qui en efl comme la citerne. La terre tremble ordinaire- ment fous les pieds de tous les animaux qui marchent dans ce baflin. Il y a de temps en temps des débor- demens qui n'arrivent pas toujours après les grandes pluies, & pendant lefquels il fort de la fontaine une quantité prodigi-eufe de poiffons , & fur-tout beaucoup de brochets truites, d'une efpece inconnue dans le refte du pays. Il n'eil: pas facile cependant d'y pêcher, parce que cette terre tremblante &: qui s'affaiffe au bord du gouffre , & quelquefois affez loin aux environs , en rend l'approche fort dangereufe ; il faut attendre pour cela des années fechcs, Sc où les pluies n'aient 78 A B L pas ramolli d'avance le terrain inondé. Ce terrain feroît- il la voûte d'un lac qui feroit au-defTous ? On lit dans le Journal des Savani ^ année 1680 , page 1 2 , qu'il y a un goufFre dans la province de StafFord en Angleterre, qid n'a pu être fondé que iiif- qii'à la profondeur de deux mille fix cents pieds per- pendiculaires. Dans les gorges qui entourent le Mont- Blanc, il y a des précipices formés par la chute des tor- rens ou par rafFaifTement des rochers , qu'on ne peut évaluer , dit-on , à m.oins de neuf mille pieds de pro- fondeur. Vabymc du Mont A^arath , antique foyer d'un volcan qui s'efl éteint, parut incommenfurable au Savant Tournefort, ( Voyage du Levant , tom, ni, pag, iiG. ) AB LAQUE. Nom que les Commerçans François ont donné à la foie de perles ou ardajjîne. Cette foie vient par la voie de Smyrne : elle eft fort belle ; mais comme elle ne fouffre pas l'eau chaude , il y a peu d'ouvrages dans lefquels elle puille entrer. Voye^^ Bissus-PoiL DE Nacre. ABLE ou Ablette , alhumus , WVdughb. en Suéde, Benlcja ; en Danois ^ Luytr ; en Anglois , Bleak ; en Allemagne y Welfsfifch & Bl'ug ; à Francfort , AlhUn ; à Hambourg & dans le Slefwik , Wlnnck & Blicke, PoifTon de rivière du genre du Cyprin. Il eft long de quatre à fix pouces , & large d'un à deux pouces , & sffez femblable à l'éperlan ; mais dont les écailles font d'une blancheur plus vive & plus argentine. L'able, fuivant la dcfcription de Rondelet^ a les yeux grands & rouges , ( c'eft-à-dire , que leurs iris font marquées dans leur partie inférieure d'une tache de couleur de fang ) , le dos vert ou d'un bleu fombre , le ventre blanc , la tête petite , le corps plat ; la hgne latérale a la figure d'une S alongée ; le crâne eft comme tranfparent. Il efl fans fiel , fa chair efl molle. Ce poïfibn a une nageoire à l'anus, compofée de vingt ofTelets ou rayons. On le prend faciîemexit à rhameçon. A B L 7^ 11 eft commun dans les rivières de Marne &c de Seine en France , & dans plufieurs rivières d'Angleterre , d'Italie , 6c d'Allemagne. H y a quelques autres efpeces de poifibns^ auxquelles on a donné le nom ^AhUtuSy fans doute à caule de leur blancheur : l'ablette n'eft pas très-bonne à manger , excepté en automne. M. Z^- mcry met ce poiffon au nombre des apéritifs ; il dit qu'on en peut extraire beaucoup d'huile &: de fel vo- latil. Des lnfe(^és &: des vermiiTeaux s'attachent quel- quefois aux ouies des poiiTons ; ce qui a fait croire à des Obfervateurs , mauvais Phyficiens , que certains poifTons 5 & principalement les ablettes , engendroient par les ouies de petites anguilles ; ce qui eft très-faux. Le principal ufage que l'on tire de l'ablette , eft d'employer {ç:s écailles nacrées , argentines pour con- courir à la parure des Dames : on les emploie pour la compofition des fauffes perles. L'invention de cet art & fa perfedion font dues aux François. On enlevé les écailles de l'ablette en ratilTant le poiffon à l'ordinaire : elles font minces, peu adhérentes; on les met dans un baiïin ou jatte de faïence remplie d'eau claire , où oil= les frotte avec un linge fin , comme fi on vouloit \^% broyer. Cette opération qui occupe à préfent dans Paris un grand nombre d'Ouvriers , fe répète dans dif- férentes eaux , jufqu'à ce que les écailles ne dépofent plus de teinture. La matière argentée fe précipite au fond : on verfe l'eau furabondante en inclinant le vafe, & l'on s'arrête lorfqu'il n'y a plus qu'une liqueur ar- gentine , que l'on nomme Efcnce cT Orient : on mêle à cette effence un peu de colle de poiffon. Enfuite on a de petits globes de verre très -minces , foufîlés à la lampe d'Emailleur, de couleur de gyrafol ou de couleur bleuâtre , dans lefquels on infmue , à l'aide d'un cha- lumeau , ime goutte de cette effence d'Orient ou nacrée, que l'on agite pour faire étendre la liqueur fur toute la face intérieure des parpis. E.afin ^ pour donner à ces 8o A B L fautes perles du poids & de la folidîté ^ on les l'em- plit de cire qu'on y coule toute fondue. Voyez le Dicilonnairc des Arts & Métiers» Cette matière brillante & argentine ne fe trouve pas feulement fur les écailles du poiflbn : la m.embrane qui enveloppe Feftomac &. les inteftins, en efl toute par- femée. On eft porté à croire que la matière argentée fe forme dans les inteftins , qu elle pafTe dans les vaif- feaux pour arriver à la peau & pour former les écailles. Si c'efl - là le véritable mécanifme de la formation des écailles de Vahle , celles des autres poifTons pourroient avoir aufîi la même formation. Mémoire de M, de Réau- mur. On diftingue une autre efpece arable qui eft du genre é.\xSalmone ; Salmo albula, Linn.; en Finlandois, Molkii ; en Suédois , Sik-loja; en Allemand, Stïnt. On le trouve dans les lacs , principalement en Suéde. Ses yeux ont leur iris de couleur argentée ; la ligne latérale efl droite, la nageoire de l'anus a feize rayons , dont le premier cft très-court & délié. Willughby dit que quand le ciel efl ferein, ce poifTon s'enfonce plus profondément dans l'eau , & que dans les temps nébuleux , il remonte plus près de la furface. ABLETTE de mer, perça alburnus , Linn. C'eft Valbumus Amerïcanus de Catesby. Cet Auteur obferve eue ce poifTon fe trouve à la Caroline , & que le mar- ché de Charlestown en efl abondamment pourvu , parce qu'on en fait aflez de cas. Ce poifîbn a au m^oins un pied de longueur ; il eft du genre des Perfegiies, Sa couleur efl d'un bnyï clair , &: moins foncé encore fous le ventre ; les iris des yeux font jaunes , les ouies ont ime nuance pâle de rouge. La gueule eft large & armée de dents très-pjtites, la miâchoire inférieure , qui eft plus courte que la fupérieure , a cinq ou fix excroif- fances charnues en forme de dents, & qui pendent en dehors. La queue efl à peine écharxrée , & a fon lobe inférieur plus long que le fupéricur. ABOIEMENT. A B O A B R 8i ABOIEMENT. Mot qui exprime le cri du chien ^ Voyez à l'article Chien, ABRICOTIER , Armcnïaca malus. Genre de plante très-connu, & ainfi nomme , parce qu'il efl originaire d'Arménie, Province du Levant , d'où Ton pVétend qu'il ïui d'abord apporté à Rome , & depuis tranf planté dans le re(le de l'Europe. Il y en a de p'ufieiirs efpcces ou variétés ; entre autres on en remarque deux qui différent en ce que l'amande de l'une eft douce, tandiâ que celle de l'autre efl: amere* V abricotier le plus cultivé ou commun, Armzniacà frucîii majori ,nucUo amaro^Towm. Infl. 923. Prunus urmeniaca , Linn. eft un arbre d'une grandeur médiocre; fon écorce efl brune , Ion tronc eft aflez gros & {^s branches fort étendues. Tes feuilles font arrondies 6^ pointues; elles fortent enfemble d'un même pédicule au nombre de quatre ou de cinq. Cet arbre eft un de ceux dont la fève fe met en mouvement des premières : fes fleurs font feftiles & difpofées comme par bouquets fur les rameaux ; elles paroiftent avant les feuilles au commencement du printemps ; elles font en rofes , compofées de cinq pétales blancs ; le piftil fe change en un fruit (appelé abricot) charnu , fucculent , prefque rond (Se ffllonne dans fa longueur , contenant un noyau ofîeux , lifte , ovale & comprimé , garni d'une future éminente d'un bout à l'autre, dans lequel il y a une femence ou amande. Ce fruit eft jaune en dehors & en dedans , d'une faveur douce & agréable. On cultive les abricotiers dans les jardins & les vergers. Ces arbres doivent être mis en efpalier. Oa les greffe en écufTon &: à œil dormant fur les aman* diers 6l fur les pruniers de damas noirs. Ils fe multi- plient aufîi par leur noyau ; & ils \'ieniient mieux dans une terre légère &: fablonneufe, qu.e dans une terre phis grafte. On taille ces fortes d'arbres fur^k fin de Février, &: à-peu-près comme les pêchers : Cii ks^dépaliffe ; on coupe tout le bois mort & les brau" 'lomc /, F «2 A B R ches cliiffonnées; on n'y laifle que les mères brancnesj à bois & à fruit : on fait une féconde taille à la mi- Mai. On doit étêter tous les fix ou fept ans ceux qui font en efpalier , pour les renouveler. Le fruit des abricotiers en plein vent a toujours plus de faveur que celui des abricotiers en efpalier , parce que les premiers profitent davantage de toutes les influences de Tair. Comme la fleur de TabriGotief eil très-hâtive ^ il faut la garantir , au m.oyen de paillaf- fons , des gelées &: des vents roux qui foufîîent affez fréquemment dès le commencement du printemps * ces vents , occafionnant une évaporatlon trop conu- dérable , deffechent & font tomber la fleur ^ cette douce & frêle efpérance. Le fruit de l'abricot , de même que tous ceux qui pafîent vite , efl peu nourrifTant : il eft dangereux d'en manger trop 5 car il fe corrompt faci« lement , &; allume des fièvres comme tous les autres fruits précoces. Il fait l'ornement des tables , foit cru , foit confît au fucre, ou préparé en marmelade', foit en compote , &c. On fait avec les amandes d'abricot une émulfion propre à arrêter les tranchées des fem- mes nouvellement accouchées* Il découle des abricotiers une gomme qui pourroit être employée comme adou- ciiTante & incraÔante ^ au lieu de la gomme Arabique^ L'extravafion de cette gomme eft pour les abricotiers ime maladie qui fait périr plufieurs branches. Parmi les variétés nombreufes ^abricots qu'on a obtenues par la culture ) voici les plus intéreffantes. V abricot de Nanci-^ communément appelé aujourd'hui Ui icot pêche ^V abricot blanc ^ V abricot précoce ^ ou hatif mufqui ; V abricot Angoumois : Ibn amande efl douce & a un petit goût d'aveline nouvelle ; V abricot d'Hollande , ou amande aveline ; fon amande a un goiit d'aveline, & un arriere-goùt d'amande douce fort agréable ; ^abricot viokt, V abricot de Bruxelles y ou abricot prune ; V abricot de Sibérie : Armeniaca betulce folio & facie , frucîu ex fucco Sibirica ^ prunus Sibirica y Lmn, Cç fruit furpaife un peu engroil^ur l'aveline ordinaire. A B îl §1 'ABRICOT DE Saint-Domingue. Ceft un nom iqui ne convient guère à ce fruit que pour la couleuf de fa chair ; car pour tout le relie il ne lui reflemble point du tout. Ce fruit efl prefque rond , quelquefois de la figure d'un cœur, depuis trois pouces jufqu'à fix à fept pouces de diamètre : il efl couvert d'une écorce qui eu. une pellicule mince , laquelle jaunit en mûnf- faut. Cette pellicule enveloppe une matière fpongiei'fe, filandreufe , blanchâtre ; on découvre enfuite une chaif jaune, on£lueufe , de 3 34 lignes d'épaiffeur , parfemée de petites veines ladées, d'une odeur fuave & aro- matique 5 mais d'un goût un peu ainer & gommeux ; & félon quelques - uns , fade & doux. On trouve au milieu de ce fruit deux , trois ou quatre noyaux, mais plus communément trois ; ils font gros , ovales , convexes en deffus , aplatis du côté où ils fe tou- chent , compofés de plufieurs fîlamens pofés en tout fens les uns fur les autres , de deux pouces & demi de longueur , d'environ un pouce & demi de largeur , lifTes en dedans , & qui renferment une amande ligneufe, d'un goût acre , de couleur brune , divlfée en deux lobes. L'arbre qui porte ce fruit eft très-beau , très-grand : fa racine efl partie pivotante, partie traçante &c fibreufe, de couleur grifâtre &; d'un goût aflringent. Son tronc s'élève de 40 à 50 pieds Se même jufqu'à 60 , ôi a jufqu'à trois pieds de diamètre ; ce font les plus gros. Son écorce efl grife , écailleufe ; fon bois eil blanchâtre, filandreux ou facile à fendre. Ses branches croifTent au fommet Se s'élèvent également de toutes parts en py- ramide , ou forment une tête très - touffue. Elles font garnies de feuilles ovales > oppofées ^ obtufes , épaiffes , garnies chacune d'une côte très - faillante k laquelle aboutiffent une infinité de nervures unies en- femble par plufieurs petits filets, qui forment une quantité de petits compartimens irréguliers. Ses feuilles font d'un vert foncé en deûxis , clair en defibus , ôi F z S4 A B R paroiiTent criblées d'une grande quantité de petits trous 5 étant expofées entre le foleil & les yeux ; leut plus grande largeur eft de 4 à 5^ pouces , &c leur longueur commune ell de 8 à 9 pouces. Ses fleurs mâles & fes fl.eurs femelles croifTent quelquefois fur des individus diftérens. Le Père Nlcolfon dit , qu'il ar- rive auffi ou que le même individu porte à la fois des fleurs mâles & des fleurs femelles très - diflindles , ou •qu'étant hermaphrodite ^ il ne produit qu'une efpece de fleurs qui renferment les deux (qxqs. Sqs fleurs font compofées de quatre pétales arrondis ^ obtus , creufés en cuillier , blancs , d'une odeur douce , fuave , & d'un goût aflringent. Le centre efl: occupé par un piflil arrondi , environné de quantité d'étamiiies déliées , blanches , dont les fcmmets, c'efl-à-dire les anthères, font jaunes &: oblougs : le calice efl: d'une feule pièce > divifé jufqu'à la bafe en deux ou trois parties. Le pifl:il de ces fleurs devient un fruit fphérique ; nous en avons parlé ci-defîlis. Cet arbre croît par-tout ; les plus beaux fe trouvent dans les mornes. Il a été tranfplanté à Cayenne , dit M. de Préfoma'me : cet Auteur ajoute, qu'il eft très*- propre à être planté eh avenue & nullem.ent à faire des allées couvertes , & qu'étant ifolé & expofé au grand vent 5 il efl: fujet àfe caffer; eniîn, que fon bois qui efl mou & filandreux, n'efl: d'aucun ufage à Cayenne; il n'en efl pas de même à Saint-Domingue; on l'ex* ploite avec fuccès dans plufieurs quartiers , & fur-tout dans celui de JirémU , dit le Père Nïcolfon , oii il eO: fort commun. On en fait des efTentes , du m.errain ^ des chaifes , des tables ^ des poutres ôc quantité d'au- tres ouvrages. On tire de fes fleurs , par la diflillation 5 une liqueur renommée^ on l'appelle la Criok. Ses fruits que l'ort eflime très-fains ^ ftomachiques & fort nourriffarts , fe mangent ou crus infufés dans du vin avec du fucre„ Ou cuits en m.armelade. Les Efpagnols font aufli avec A B R A B S 8f te friùt une excellente marmelade , en y mêlant du ^ gingembre , des épiceries & des odeurs dont ils rem- pliffent des oranges qu'ils font confire & fécher. Ils regar-^ dent Tufage de ces oranges , après le repas y. comme pro* pre à faciliter la digeflion. Il tranfïïide du tronc de l'abricotier dé Saint - Do-^ mingue , fur-tout quand on lui a fait une inciiion , urv fuc gommeux qui tue les chiques. Voyez ce mot. Cet arbre çû le Marml de Plumier , le Manchiboni de Carrere, Abricot sauvage. Voye^ t article BouLET DE Canon. ABROTANOIDE. Nom donné par quelques-uns k une efpece de corail perforé, oU plutôt de madré» pore , qui fe trouve fur les rochers au fond de la- mer. Sa couleur eft grife jaunâtre extérieurement , &: blanchâtre en dedans. Les rameaux de l'efpece appelée bois de cerf ^ font arrondis, pointus, & hériiTés en leur l^iperficie de tubules faillantes étoilées en-dedans. Les branches de ref[>ece appelée chou-fieur , font un peu comprimées. On a donné le nom ^ahrotanoide à cette efpece de polypier , parce que des Auteurs ont cru que c'étoit ime plante marine qui avoit quelque ref- femblance avec l'aurone femelle , appelée abretamim , &c^ ABROTONE mâle, c'eft Xawone, L'abrotone femelle- eft la fantoline , petit cyprh. Voyez V article AURONE». ABRUS. Voyei LîANE à ReGUSSE. ABSINTHE j abfinthium, C'eft une plante vivace S> petits fleurons jaunes , & à feuilles décoiipées , d'uni- v-ert pâle ou blanchâtre , d'une odeur très-forte & aro- . matique qui n'eft point agréable , & d'une faveur très- amere. La tige de cette plante croît à la hauteur de deux à trois pieds : elle ell cannelée , moëlîeufe, dure 5». blanchâtre tz. branchue ; fa racine eil; épaiîTe , ligneufe,^ odorante, mais fans amertume : {^^ graines font nues: & non aigrettées , mais portées fur' un placenta garni d'un petit duvet. L'abiinthe vient naturellement eri: EiirQpe dans les terrains fecSjinailtes, ôcun peu çhaudSs|, 86 A B S ^ Il y a quatre efpeces d'abrinthe; fa voir , celle qiienoiî^ venons de décrire & qu'on appelle grandi ahjlnthz^ ou abfinthi vulgaire^ ou ahfîntkc romamey ou aluïm ; la petite appelée pditiqiLi ; celle de mer qui croît fur les bords marinmes ck: dc.ns les marais fal es ; & celle des Alpes ^ qu'on nomme gznlpl^ 6c dont on diftingue plufieurs fortes. Foyei Genept, Cette plante peut fe mettre en bordure dans ks jardins v& fe (cndre ; f elle donne de la graine difficile à vanner) ; cVft pourquoi on la renouvelle tous les deux ans en févrant les vieux pieds. L ablinthe vient de giaine crue l'on feme en Février &C Mars, & de plant enraciné ou de boutures; c'efi: la voie la plus ordinaire. Elle forme de belles touffes qui confervent leurs feuilles pendant Thiver. Son principal ufage ell pour la Médecine, dans la- quelle on l'emploie comme cordiale , ftomachioue , fébrifuge & emménagogue, toutes propriétés qu'elle doit à fes principes aromatiques & amers. On en rerire par la diflillation un efprit redeur ou eau aromatique y une huile elTentielle; ôc on en fait un extrait qui retient plus d'odeur de la plante , que la plupart des extraits des autres plantes aromatiques , parce que l'odeur de celle-ci eft fort tenace. Un peu d'abfmthe mis pendant l'été dans la bière , l'empêche de tourner à l'acide. On emploie l'abfinthe en fubflance , en infufion dans l'eau ou dans l'efprit-de-vin, avec lequel on fait ce qu'on appelle teinture d^abfinthe ; ou enfin dans le vin, pour en faire le vin d^abjintke. Cette dernière préparation eft fort ufitée. La meilleure m.éthode de faire le vin d'abfinthe, confiée à faire infufer à froid , pendant vingt-quatre heures , fix gros de grande & de petite abfmthe féchée , dans quatre livres ou deux pintes de vin blanc : on coul^ enfuite avec expreillon. Le vin d'abfinthe &: les autres préparations de cette plante s'ordonnent avec fuccès dans les foibleflés ou langueurs d'eflomac, pour exciter l'appétit &: faciliter la digeftion; pour tueries vers, exciter les règles aiLx femmes j ôc A* B s %r Bans toutes les maladies où il s'agît de donner du reffort aux folides , d'augmenter le cours des fluides,; Mais l'ufage irnmodëré de l'abfinthe détruit le défir de ra:â:e vénérien , & peut faire beaucoup de mal aux nerfs , ainfi que tous les amers. M. de HalUr dit cependant que l'abfintlie ordinaire eft le plus agréable des amers , il en a toutes les ver-* tus. La petite ahfînthe paroît plus aromatique & moins amere que Vabfinthe ordinaire. Un long ufage de cette plante détruit radicalement la goutte , même hérédi-^ taire; mais il faut en prendre la teinture deux fois par Jour , à la dofe de 80 gouttes ou environ , & en con-« tinuer l'ufage pendant plufieurs années. C'eft auffi , félon le même Obfervateur , l'un des meilleurs remèdes con-- tre les commencemens de Thydropifie, qui d'ordinaire çft une fuite d'une digeflion affoiblie. Les Botaniftes diftinguent ainfi les abjinthes dont l! eft fait mention ci-deiTus. i.° La grande abjinthe ou aluine : Abjînthîiim pon^ t'icum , feu romanum , feu officinariim , Diofcoridis, C. B"« Pin. 138, Tourn, 457. Arthemifia ahfînthium^ Linn. 1 1 8 8, 2.° La. petite ahfînthe^ appelée plus communément pontique : Ahfinthium ponticum îenuifolium y incanum* C. B. Pin. 138. Arthemifia pontica y Linn. 11 07. '^.^l^^ ahfînthe maritime : Ahfimhium fcriphium gallicum^ C. B. Pin. 139. Arthemifia maritima ^ Linn. ïi86. 4.^ Uahfinthe des Alpes ou genêpi des Savoyards t ^Abfinthium alpinum ^ candidum^ htimile. G, B. Pin. 139» Tourn. 458. ACACALIS. ArbrifTeau qui croit en Egypte : fes fleurs font papilionacées , ^ fes fruits en goufte ; fa graine eft femblabîe à celle du tamarin ; & fon infu-* fion eft à Conftantinople un remède populaire pour éclaircir la vue. Ray , Hifl, Plant, ACACALOTL des Mexicains , ou Acalot. Cefl le courlis varie du Mexique^ de M. Briffon, Fernandes paroît être le premier qui ait indiqué cet oiftai^ gg A C A M. Adanfon penfe qiie cet oifeau n'efl: pas un cmirG^i mais un genre particulier voifin de celui de l'ibis, Ô2 fon i'entiment eit fondé fur la nudité de la prartie an- térieure de la tête de ïacacaLotl^ qui efl couverte d'une peau rougeâtre. ACACIA ou AcACiE , ( Mimofa , Linn. ) Genre de plantes de la fimille des légumineufes , qui comprend un grand nombre d'efpcccs, la plupart fo.t intéref- fantes fous diverfes coniidcrations , ^ dont les prin- cipales font depuis très -long -temps connues fous le nom ^acacia. Ce lont des arbres, des arbriiTeaux, ou même des herbes, qui . la pUipart ont, dit M. le Che- valier de la Marck les feuilles ime ou pUîfieurs fois ailées fans impaire, 6i parmi lefouclles il s'en trouve qui font douées d'une irritabilité fi fingiiliere & (î mar- quée , Qu'on les a nommées par cette raifon , herbes vi* ves , h:rhes fmfihhs ^ oufmjîtlves en général. Le cara61:ere diftinâ:if de ce genre fe tire , félon M. de la Marck , de la conGdcration de la corolle qui efl régulière & en entonnoir ; de celle des étamines Quifdntune grande- faillie hors de la corolle ; & de celle des fleurs en- ;|:ieres , qui , en général , font fort petites , & toujours ramaffées plufieurs enfemble, foit en tête fimple ou fphérique , foit en épis , qui tous paroifTent hériffés de filamens, par l'afped que kur donnent les éta- mines , qui font les parties les plus apparentes de ces fleurs. Le fruit efl une gouffe alongée , munie de cloi- fons tranfverfales , ^ qui contient plufieurs femences arrondies , ou ovoïdes , ou anguleufes , & plus ou moins comprimées. Cette goufle varie beaucoup dans fa forme; elle ell tantôt articulée, tantôt cylindrique, tantôt charnue , & tantôt fimplement membraneufe & très- aplatie. Il y a des acacias épineux , & d'autres qui ne le font pas; parmi ces derniers on diftingue \e pois fucrin des Créoles, ou pois fucré de la Guyane; le pois doux d'A* méricjue j Vm^a de Cayenne ^ Y acacia à bois rouge ^ A C 'A ^ f acacia à fleurs pourpres ; Vacacia à grandes gouïïes , vulgairement cœur de Saint - Thomas ; Vacacia à tiges couchées & plongées en partie dans l'eau , c'efl le Niti'Toddavaddi du Malabar; Vacacia en arbre de la Jamaïque ; Vacacia de Malabar , c'efl le bois noir de Malabar ; Vacacia à feuilles étroites , c'efl: le tendre à caillou ; Vacacia à odeur de fureau , du Bréfil , c'efl: le Guabi - Pocacabiba , de Marcgrave ; Vacacia à feuilles de fougère , d'Amérique ; Vacacia à épis de tamarin , de l'Inde ; Vacacia odorant , de Ceylan. Parmi les acacias épineux on difllngue Vacacia ongU 'de chat , des Antilles ; Vacacia à tire-bouchon , c'efl: le retortunium^ du Pérou ; Vacacia pudique , c'efl \d.fenjitivc commune ; Vacacia porte- corne ^ du Mexique & de l'Ifle de Cuba ; fes épines qui naifient par paires , refl^em- blent à des cornes de bœuf. ( On dit qu'en Amérique, les fourmis établiflent leur demeure dans ces épines , après les avoir percées dans un endroit, & lorsqu'on ébranle l'arbre en lui donnant le moindre coup , elles tombent comme de la pluie & par paquets , fur les perfonnes qui font deflbus , & font des piqûres fort cuifantes. ) Y! acacia à épines d"" ivoire _, Vacacia des vo- leurs ; ( c'efl un arbrifl^eau très-rameux & extrêmement hériflTé d'épines , qui lui donnent un afpeâ: effrayant; il croît dans l'Inde : il y forme avec Vacacia a longues épines , Vacacia à épines d^ ivoire , 6c une efpece qui efl torîueufe , des forêts impénétrables , tant par l'en- trelaffement de leurs branches , que par les épines dont ils font affreufem.ent hériffés , & qui fourniffent aux voleurs & à diverfes efpeces d'animaux fauvages , des retraites fiires. ) \] acacia de Farnefe ou Vacacia des Jar- diniers , ( c'efl un arbre moyen , de douze à quinze pieds de haut , dont le bois efl blanc , dur ÔC plein ; l'écorce noirâtre ; cet acacia croît dans le Levant & en Amérique. On le cultive dans les Jardins en Italie & en Provence , à caufe de l'odeur agréable 6c un peu muf- guée de h^ fleurs , ^i pour fon feuillage qui eft fin & 90 A C A d'un vert gaî ; dans nos contrées , on le confen-e dans» les ferres chaudes , en hiver. ) Les acacias d'Egypte , d'Arabie & d'Afrique, dont il fera mention ci - après; Vacacla à larges épines , de Madagafcar ; \acacia à feiAlUs de caroubier, de l'Amérique méridionale; Vaca* cia à feuilles de tamarin , de rAmérique. Parlons maintenant Awfaux acacia & de Y acaciavéritahk. Acacia commun, Pfeudo-acacia vulgaris yTowmtï. Inft. 649; Robinia-pfeudo- acacia, Linn. 1043. ^^^ acacia cfî: appelé avec raifon faux acacia. On doit le diilin* guer des autres.. Ce faux acacia , connu généralement fous le nom ^acacia , efr V arbor filiquofa virginienfis , fpinofa , lolus^ noRranbus dicta ; c'eft un arbre dont la tige s'élève haut & rapidement ; fa racine eft grofie , longue y traçante ^ jaunâtre ; fes branches font garnies d'épines ; fes feudîeslont compofées de 19a 21 folioles, oblongues, rangées par paire fur un pédicule commun. Ce pédi- cule ne porte à fon extrémité qu'une feule foliole ; ce qui rend ici impair le nombre de ces petites feuilles. Les mouvemens des feuilles de ^acacia , quoique très-connus des Botaniftes , doivent trouver place ici. Nous parlerons d'après M. Bcnnet (^Recherches fur l'uf a gc des feuilles^. Pendant le jour, dans un temps frais & cou- vert, la direftion des folioles efl parfaitement horizon- tale ; m.ais dès que le foleil vient à donner diredement fur une partie de l'arbre, toutes les feuilles comprifes dans cette partie fe plient en forme de gouttière , dont la profondeur augmente à proportion de la chaleur,. Lorfqu'elle efl: très-forte , les folioles de chaque côté fe rapprochent tellement les unes à^s autres , qu'elles parviennent à fe toucher. Celle qui eil placée à l'ex- trémité du pédicule , s'élève alors ^perpendiculairement^ & ferme la gouttière. A mefure que le foleil fe retire , ou que la chaleur diminue , la gouttière s'élargit , les folioles s'abaiiTent , & reprennent peu à peu leur pre- mière direction. Elles ne la confervent pas néanmoins A C  çt' l^inHant la mût i après le coucher du folell , & fur- tout lorfque la rofée eft abondante , on les voit fe renverfer • & fe fermer en fens contraire à celui dans lequel elles s'ët oient fermées pendant le jour : alors c'étoit la fur- face fupérieure des folioles qui compofoit l'intérieur de la gouttière, préfentement c'eil la furface inférieure. La même gradation qu'on obferve dans l'effet que produit la chaleur fur ces feuilles , M, Bonnet l'a aufîi obfervée dans celui qu'y produit la rofée. Il a remarqué que celles qui font les plus baffes , fe ferment avant celles qid font les phis élevées ; 6c il l'avoit déjà conclu de la diredion du mouvement de la rofée. En même temps que les feuilles de Vacada revêtent la forme d'une gout- tière 5 chaque foliole la revêt aulîî , mais d'une ma- nière moins fenfible. Les feuilles de Vacacia tournent encore fur elles-mêmes, ou fur leur pédicule propre. Au lieu de fe trouver placées les unes à côté des autres dans le même plan , celles d'un même côté fe trouvent quelquefois placées les unes au-deffus des autres , en différens plans. Les fleurs de Vacacia font blanches , légumineufes i difpofées en épis , ou en belles grappes pendantes , d'une odeur reffemblante à celle de la fleur d'orange. A ces fleurs fuccedent des gouffes aplaties qui contiennent des femences de la figure d'un petit rein , 6c qui de- viennent noirâtres étant mûres. Cet arbre eff originaire de Virginie & du Canada: il s'eff tellement accoutumé à notre climat, qu'il s'y eu multipUé beaucoup. Il fleurit dans le printemps , & fait un très-bel effet. Dans la nouveauté , il y a en- viron cent ans , cet arbre étoit recherché de tout le monde : on en faifoit des allées , des bofquets ; mais on s'en çû dégoûté , parce que , comme fon bois eff fort caffant , lorfqu'il s'élève haut , le vent le brife & le fait éclater facilement ; de plus fes branches ne fe tournent point comme on veut ; ibn écorce eft raboteufe.> & {on feuillage petit ne peut donner un ombrage affez 9i A C A épais. Son boîs eu d'un jaune marbré très-beau : ïesf Tct-irneurs en font des chaiîes; les habitans de la Loui- fiane s'en fervent pour faire des arcs , parce qu'il efl fort roide : ils rapi>ellent en leur idiome hois dur. Il n*efl point fujet à être attaqué par les infecl:es. On a p^opofé aufli de cultiver cet acacia pour en tirer des échaîas & du menu bois : fon écorce & fes racines douces , fucrées , pafTent pour être pe61orales comme la réglifTe : fes fleurs font la7-fatives & antihyfcériques ; on en prépare des pommades dont l'odeur efl fort agréable. M. Bohafdch , Profefleur de Médecine & d'Hifloire Naturelle à Prague , fait voir dans un Mémoire en Allemand, publ-é en 1758, l'utilité que l'on pour* rcit retirer de Vacacia du Canada. Des expériences réi-* iérées lui ont fait eonnoître que fa feuille tant fraîche que {éché<^ , étoit un fourrage excellent pour les che- vaux &; tous les beftîaux , qui en font très-avides : il eft plus nourrifiant aue le trefie & le fainfoin , & donne beaucoup de lait aux vaches. M. Bohafdch a même ima- giné une échelle &; aes cifeaux pour cueillir les feuilles de Vacacia vulgaire , que M. Lïnnmis nomme robinia» Ces inilrum.ens pourroient être d'ufage auiïi pour le ùènç: , arbre d'une culture très-facile ; & les brebis font très- avides de fes feuilles. Il y a trois efpeces ^acacia de Sibérie , dont les fleurs font inodores , & qui font plutôt des arbufles que des arbres ^ dont une fe peut multiplier aifément de bou- mre. On diftingue aujourd'hui dans les jardins des Curieux le pfeudo-acacia de la Caroline à fleurs rofes. Il fait \m àts plus beaux arbrifTeaux d'ornement , ainfl que le pfeudo-acacia de campêche , à fleurs écarlates. AcACîA VERITABLE , Acacia vera, C'efl: un arbre qui croît en Egypte, en i^rabie & au Sénégal, & dont le fruit produit le fuc dont on fait ufage en Méde-- cme , fous le nom diacacia. Cet arbre efl haut de quinze à vingt pieds , fort branchu , ôc armé d'épines A C A 9Î îongi^^S d^Lin pouce , Se qui nailTent deux à deux , ou trois à trois ; fes racines font rameufes , & fon tronc ^ ■qui eft un peu court , a fouvent un pied de diamètre J î'écorce eft brune & Taubier jaunâtre ; le bois très- dur & d'un rouge brun ; fes feuilles font oppofees ; fes fleurs font difpofées en tête globuleufe^ de cou- leur d'or , fans odeur ; le fruit eft une gouffe aplatie ^ longue de deux à quatre pouces , large de fix lignes ^ glabre y brune ou roufîatre , & partagée dans fa longueur €n cinq à huit articulations orbiculaires , féparées les unes des autres par àes étranglemens larges feulement d'ime ligne. La femence s'appelle quarat en Arabie , êc i'arbre fanth. Cet arbre fe multiplie de graine ; mais cette voie eft trop longue , il vaut mieux le multiplier de plants enracinés. Cet arbre appelé par Linnœus , Mlmofa mlotlcd , eft très-commun au grand Caire ; il croît aufïi à la Chine ^ fous le nom de hoaichu ; dans ce pays- ci , il ne peut être élevé que dans des ferres chaudes : on en compte vingt-deux efpeces on variétés dans celles du jardin du Roi. Ses gouffes encore vertes étant pilées Si arrofées d'eau, donnent , étant exprimées, un fuc gommeux que l'on fait épaiffir , & qui fe nomme fuc d'acacia , ncacïa vera. Ce fuc bien préparé efl de couleur brune h l'extérieur , noirâtre ou roufsatre en dedans, d'une con-* fiftance ferme , s'amolliiTant dans la bouche , d'un goût aftringent : on nous l'apporte d'Egypte en forme de boules , dans des veiïïes afîez minces. Il eîl mis entre les aftringens incraiTans & répercuffifs : on lui fubfiiîue quelquefois le fuc du fruit de Vacacia nojlras ou ^Allù- magne\ c'eft le nom qu'on a donné à notre prunier fau'» vagc , ( qui efl Vacacia commun de l'Amérique ) , parce que l'on retire des prunelles un fuc aflringent. Vayt^^ Prunellier ou Prunier sauvage. Les Egyptiens font fréquemment ufage du fuc d'acacia , à la dofe d\m gros , pour le crachement de fang , pour gargarifer la gorge j, & en coU}Te pour fortifier la vue, Cheî nous 94 A C A on ne connoît poînt de meilleur remède pour arrêter les cours de ventre ordinaires & les dyllenteries. Les Corroyeurs & les Tanneurs du grand Caire, confu- ment beaucoup de graine d'acacia pour noircir les peaux. On dit que les Chinois emploient les fleurs d'acacia pour teindre le papier ou la foie en une cou- leur jaune aflez particulière. Il découle naturellement des fentes de l'écorce , & des incifions faites au tronc de cet acacia d'Egypte, qui e(t le gor/imier rouge ds M. Adanfon , & qui croit aufîi en Arabie & fur plufieurs côtes d'Afrique, un fuc vifqueux, qui fe durcit avec le temps , & qui eft la gomme Arabique , gumml ArcMciun, M. Adanfon nomme gommier blanc l'acacia du Sénégal ; il fe plaît particu- lièrement dans les fables qui bordent la côte maritime de cette partie occidentale de l'Afrique ; fon fruit eft- une goufîe aplatie , très-mince , elliptique , pointue aux deux bouts , jaune , longue de trois pouces & demi , large de huit à neuf lignes , chargée de poils courts, & contenant environ fix femences aplaties & un peu cordiformes; les fruits de l'acacia d'Arabie font des gouffes longues de fix à neuf pouces , larges de plus d'un demi-pouce, couvertes par-tout d'un duvet très-abondant , court &: blanchâtre , partagées dans leur longueur en douze ou quinze articulations arrondies; les femences font elliptiques' & d'un brun rougeâtre. La gomme arabique cil en miorceaux tranfparens , d'un blanc jaunâtre, fragiles, brillans, donnant à l'eau dans laquelle on les diffout une vifcofité gluante , d'im goût fade & fans odeur. Quelquefois les gouttes qui décou- lent font cylindriques , recourbées ; c'eft ce qu'on appelle gomme vermladaire. Cette gomme ne diffère de l'autre que par la forme; la propriété efl la même. Elles font propres à agluriner les humeurs féreufes , & à adoucir les acrimonies, Lorfque cette gomme efl aglutinée en gros morceaux, clairs, peu tranfparens ,k on l'appelle gomrji^ mrique. Elle eil employée par Iç^ A C A 9j Teinturiers en foie. Le grand commerce de cette gomme Arabique fe fait au Sénégal, P^oyei GOMME JDU SÉNÉGAL 5 & U mot Gomme, Acacia ou Cas5>i£ oes Jardiniers, eft un arbre du Levant , dont ies fleurs forment de petites boules très- jolies &: très- odorantes : cet arbrilîeau ne peut guère être élevé que dans les Orangeries. Il fe nomme en langue Egyptienne fkunc , & en langue Syrienne fa'ijfahan. On nous apporte d'Italie des pommades parfit- mées de fleurs de cet arbrifl^eau. ACÂJA ou Acaia, Spondias , Llnn, Voje.i^ MONBAIN. ACAJOU. Arbre qui naît dans les Mes de l'Amé- rlque , le Bréfil , Saint ^ Domingue & les Indes. On en diflingue Atwx efpeces. L'une eA Vacajoa à planches , de Cayenne , maurepajîa. Il vient haiit comme nos chênes , 6^ gros à proportion. Il y en a qui s'élèvent à plus de 8o pieds, (Se dont le tronc fert à conibruire des canots tout d\me pièce , longs de 2,0 330 pieds^ fur quatre de largeur & plus. Sa tige eft droite, di- vifée par le haut en plufieurs grandes branches qui fe fubdivifent en plufieurs autres. Le bois en efl tendre , ■rouflatre, odorant ôr fans aubier. Il y en a aufS de marbré , de noir , de jaune & de blanc-clain On rappelle acajou moucheté. Il s'élève moins haut que le précédent ; fes feuilles font plus petites , & fes fruits moins gros. L*une & l'autre variétés croiflent dan5 les mornes. \2 acajou à plandus^ deCayenne, fe polit aifé<- îiient 5 & a un coup-d'œil fort luifant : il pourrit dif* ifîcilement dans Peau , ^ les vers ne l'attaquent jx)inî» On prétend qu'il l'emporte fur celui des Mes par la ^nefle de fon grain, comme par la nuance de fes fibres ; on en fait des ouvrages de charpente & de «nenuiferie, & particulièrement des meubles qui com- muniquent leur odeur fuave au linge & aux bardes qu'on y renferme, odeur qui écarts les infedes. Cet (u:*ijou fe nomme ada à Sâint-Doiriingue, C'efl ie udrd^ ^S A C A odorant , ctdrela odorata , Linn. M. Duj acqiulln nous mande que Técorce de cet arbre efl roufTe ou brune , & crevafTée , raboteufe , d'un goût & d'une odeur défa- gréable dans fa fraîcheur ; fa feuille eit large , épaiiTe , alterne , & d'un vert très-foncé : fa fleur eft à cinq pétales, verdâtre 5 ou d'un blanc jaunâtre; fon friiit arrondi ou en forme de cœur, toujours vert, de la grofTeur d'un œuf de poule , ligneux , lequel contient communément quatre am.andes ou graines plates , fort ameres & couvertes d'une peau brune , ni trop épaiffe, ni trop mince. Quand on incife l'écorce de cet arbre, il en tran/Tude abondamment une gomme tranfparente, afiez feniblable à la gomme arabique. \J acajou a plan- dus , dit M. de Préfontaine , eft appelé par les hommes Caraïbes , oubouheri , par les femmes , iacaïcachl. L'autre efpece à. Acajou fe nomme acajou-pomme ou pommier d^ Acajou ( cajuyera ) ; acaja iha , Marcg. Ana^ cardium occidentale^ Herm. Cajou ^ Pifon; Pomifera feu prunifera indica , Ray. Caffuvium , Rumph. Kapa-mava^ Hort. Malab. Sa racine elt pivotante &: chevelue. La principale s'enfonce perpendiculairement en terre : l'é- piderme qui couvre cette racine efl: brun ; l'enveloppa cellulaire eil rougeâtre ; les couches corticales qu'on nomme le liber , font blanchâtres, le bois tendre & blanc , rempli d'un fuc gcmmeux & fort acerbe. Cet acajou efl un arbre affez touffu dont le corps eft quel- quefois alTez bien fait. On en voit à l'Artibonite & dans d'autres parties de Saint-Domingue, qui s'élèvent jufqu'à 20 pieds , & qui ont jufqu'à 1 2 à i 5 pouces de diamètre. Cet arbre efl communément plein de nœuds, crevaffé, tortueux; tel eft le tronc , telles font les branches , qui d'ailleurs font placées fans ordre. Le tronc ell en général peu gros , & ne s'élève pas beau- coup au deffus de douze pieds : fon épi derme efl gris; l'enveloppe cellulaire d'un vert clair ; le liber blan- châtre ; le bois blanc, léger, fendant, d'un goût acre; la moelle jaunâtre. Les feuilles croiffent par bouquets à l'extrémité A C K , ^7 Pextremîté des branches ; elles font fermes , bien nour- ries, divifées par une côte faillante en deffous, à laquelle aboutiffent plufieurs nervures parallèles, obtufes au fommet , pointues vers la bafe , ëpaifles , de 4 à < pouces de longueur fur 3 à 4 de largeur , d'abord rougeâtres , & palTant enfuite par différentes nuances , jufqu'au vert le plus foncé , quelquefois jaunâtres , fui- vant leur expolition , d'une faveur âpre. Du centre des bouquets de feuilles, s'élève, dit le Père Nicolfon^ un panicule de 7 à 8 pouces de Ion* gueur, qui fe divife en plufieurs rameaux, aux extré- mités deiquels font attachées 10 ou 12 petites fleurs en parafol , difpofées par bouquets ^ portées fur un: pédicule grêle , compôfées de 5 pétales oblongs , blan- châtres , pointus , rabattus en dehors ; parfemées de veines fanguines dans leur naiffance, de couleur de pourpre dans la fuite ; les pétales font renfermés dans un calice découpé jufqu'à la bafe en cinq parties égales. Ses fleurs , qui paroiffent en Septembre , font d'une odeur très-douce ; elles durent 6 & même 8 jours ^ fans fe flétrir. Il s'élève de leur centre ordinairement 10 étamines très-déliées , terminées par des anthères brunes. Le ftyle efl: plus long que les étamines ; il porte un ftigmate brun , arrondi : de plus de cent fleurs qu'il y a fur chaque panicule , il n'y en a que 2 ou 5 qui fruftifient. On reconnoît à la chute de ces fleurs, que le piflil efl: changé en un fruit oblong , ou en forme de poire , qui peu-à-peu groflît & acqui'ert 334 pouces de longueur , fur un diamètre de 2 pouces. Ce fruit, qui mûrit en Décembre & en Janvier , efl: d'abord vert , enfuite jaunâtre , & en partie de couleur de feu plus ou moins vive , fuivant fon expofltion. Il y a plus ; te! Individu , ( acajou a pommes) a la peau jaune-blanche, & tel autre l'a rouge ou pourprée. La diverfité des fruits que produit cet arbre , en fait diftinguer quatre fortes ; fa voir, à fruits rouges mamelonnés ; à fruits rouges & un peu ronds ; ci fruits blancs & mamdonnés ; à fruits blancs 6*, Tome /, G * 98 '^S ^ un peu ronds. Chaque individu ne porte communémeht que la même lorte de fruit. On a obi'ervé que X acajou à fruits blancs , foit ronds 9 foit mamelonnés , n'eft diiiingué de l'efpece rouge , qu'en ce que les feuilles font moins larges 6c plus longues , & que fes fruits font moins arrondis &: moins acerbes, La fublknce intérieure de ce fruit eft fpongieufe , aqueufe, épaiiTe comme de la gelée , environnée de quantité de fibres longues , tendres, déliées. Son fuc eft d'un goût vineux , mais un peu acre. Ce fruit , un pt u ailringent , efl très- bon dans le cours de ventre; les Indiens même en font ufage comme aliment. Il paroît, à l'endroit où plu- fieurs fruits ont une efpece d'œil , ou d'ombilic , ou de couronne , un noyau en forme d'un rein, nommé noix d'acajou, Ainfi le noyau , au lieu d'être dans l'intérieur du fruit , efl à l'extérieur : (la noix, dit M. Ddcu^^ efl , à proprement parler , le fruit ; car le corps charnu qui la porte , efl le réceptacle ou placenta fort gros ). La noix d'acajou t9i\QTi^t d'environ un pouce, hl large de huit à dix lignes; elle a une écorce grife , épaifTe, dure 5 ligneufe , coriace , compofée de deux membranes , entre lef quelles efl une efpece de diploé ou de fubflance fpongieufe , qui contient un fuc huileux, acre , mordicant, très- inflammable ,& qui en exfude par un grand nombre de petits trous , lorfque la noix efl récente , & qu'on la fait chauffer : quelques Caraïbes s'en fervent pour con- fumer les cors des pieds &: les vernies , fans douleur & fans danger. Ce fuc huileux teint le linge d'une cou- leur de fer , qu'il efl très-difHcile de faire difparoître. Cette noix renferme en outre une amande de la même figure , couverte d'une pellicule brune. Sa fubflance efl blanche , divifée en deux lobes ; elle efl fort bonne à manger en guife de cerneau , ou grillée , elle a un goût d'aveline. On prétend que îa chair des perroquets qui s'en nourriffent, contrarie un goût d'ail. Les habitans des pays où croît la noix d'acajou , re- tôent de fon amande luie huile cauflique , dont ils fe A C A 99 fervent pour peîndre le bois , &c qiiî Tempêche de fe corrompre. On fait avec fes fruits d'excellentes com- potes. On exprime des»fruits écrafés un fuc qui , ayant bien fermenté , devient vineux ( & fi l'on veut , il devient acéteux ) , & dont on retire par diftillation un efprit ardent fort vif. Si on fe contente de couper ces pommes par quartiers , Se les laiffer tremper quelques momens dans de l'eau fraîche, on aura une boiflbn très - rafraîchiflante , & regardée comme un fpécifîqua contre les obftruftions de l'eflomac. Il tranffude de l'ar- bre, quand on le taille, une gomme roufsâtre, tranf- parente , tenace &c qui , étant fondue dans un peu d'eau , tient alors lieu de la meilleure glu. On s'en fert à Cayenne pour coller tout ce qu'on veut fouftraire à l'humidité & aux infeûes. On la paffe auffi fur les meubles pour leur donner un luftre ou un vernis agréable à la vue. Le bois d* acajou-pomme , quoique moins dur, moins odorant , plus brun , &c féchant moins vite que celui de V acajou à planches , efl cependant très-recherché pour faire des meubles & pour bâtir. Comme il eft tor- tueux , on tire de fes branches des ceint res propres à former des defTus d'armoires, des corniches arrondies. Ses contours font quelquefois fi naturels , qu'il n'y a plus qu'à leur donner quelques coups de cifeau pour les perfedlionner. Les Teinturiers emploient l'huile que l'on retire de la noix £ acajou dans la teinture du noir. Les habitans du Bréfil comptent leur âge par zes noix ; Us en ferrent une chaque année. L'homme peut bien mefurer le temps ; mais tous its efforts ne peuvent l'arrêter dans fa courfe rapide. La racine de \ acajou à pommes eft un peu purgative. Il ne faut pas confondre ces arbres avec celui qu'on nomme tendre acaiou ( dans celui-ci 1'/ eft voyelle , àt dans les autres il eft confonne ). Voyez tendre Acaiou^ ACALOT. Voyez Acacalotl. ACANTHE ou Branc-ursine, Acanthus fatlvusi yd mollis rirgUil , C, B. Pin, 3 83 : Carduus acanthus g 9^ îôo A C A Jive brancha' urjina ^ J. B. 3 , 75 : Acanthus mollis^ Linn. 891. Plante que l'on cultive dans nos jardins. On prétend qu'elle ed: originaire d'Italie. Elle croît dans les lieux humides & pierreux des provinces mé- ridionales de cette contrée ; elle fe multiplie par le moyen des rejetons que l'on feme dans une terre graffe. Ses ra- cines font épaiffes , chevelues , noires en-dehors , blan- ches en-dedans; elles pouffent une tige élevée de la hauteur de deux coudées , droite , fimple , terminée par un épi chargé d'une belle fuite de fleurs d'une feule pièce , irrégulieres , de couleur de chair , & qui fi- ni fTent par derrière en manière d'anneau. Chaque fleur efl: garnie de bradées découpées & épineufes ; fon fruit a la forme d'un gland , &: contient dans deux loges deux femences roufsâtres & aplaties. L'acanthe cfl de la claflie des plantes à quatre étamines inégales , & à fruit capfulaire ; la fleur n'a qu'une lèvre rabattue , divifée en trois ou quatre découpures , & le calice efl: formé de fix feuilles afl'emblées deux à deux. Ses feuilles font à rafe terre , de la longueur d'ime coudée , & larges d'un empan, molles, épaifl^es, glabres , d'un vert foncé, finueufes , un peu crépues , & fans épines. Toute la plante efl: remplie d'un fuc mucilagineux & gluant. On emploie fes feuilles dans les lavemens , les fomentations & cataplafmes émolliens , propres à appaifer les douleurs vives & les inflammations. On en fait ufage avec fuccès en Pologne pour la mala- die nommée /?//V^ Pùlonka\ maladie fmguliere où le fang fort par la pointe des cheveux. Jotirn, iconomîq, année 1761. On s'en fervoit autrefois pour teindre en jaune. L'art puife dans l'imitation de la nature {qs plus beaux ornemens. Les découpures des feuilles d'acanthe ont paru il belles , qu'on les a choifies pour modèle d'ornemens en Architedure ; elles forment le chapiteau des colonnes de Tordre Corinthien. Les Anciens ornoient de la figure de ces feuilles les habits précieux : f^irgilc , en parlant de l'habit à'HéUnc , dit qu'il étoit relevé de feuilles, A C A A C E lor d'acanthe en broderie. Et clrcumtcxtum croceo vdamen acantho, JEntià, I. 653. Cette efpece d'acanthe n'eft pas la feule connue des Botaniftes : dans ce genre de plantes de la divifion des monopétaks perfonnées , & dont la plupart des efpeces , fur-tout celles qui font le plus anciennement connues , font des herbes remarquables par un beau feuillage ; on en diftingue trois autres : i.^ l'acanthe épineufe ou acan- the fauvage , Acanthus rarionhus & breviorlbus aculds mu- nitus ^ Tourn, Infl:. 176: Acanthus fpinofus ^ Linn. 891 : 2.** celle à feuille de houx, Acanthus iliàfolius , Linn.* qui eft un arbriffeau des lieux humides & fangeux de l'Inde : 3.^ celle herbacée de Madrafpatan, A l'égard de la faujfc branc-urjîm , voyez l'article Berce. ACARAUNA , au Bréfil : c'eft le clutodon rayé. iVoyez ce mot, ACARÎCABA. Plante du Bréfil, dont la racine aro- matique peut être comptée entre les meilleurs apéritifs , & le fuc des feuilles parmi les vomitifs &; les anti- dotes. Les propriétés de Vacarkaba font affez connues,; mais nous fommes peu inilruits fur les caraderes de cette plante : cependant Linnœus la range dans le genre de Vhydrocotik, ACARIMA. A Cayenne , dit Barrete^ on donne ce nom à une efpece de fagouin , connu vulgairement fous la faufTe dénomination àe Jinge-Uon, C'eft le /tz^- rikina de M. de Buffon, Voyez Marïkina, ACARNEou AcAMANE. C'eft le pagcL Voy. cz mot^ ACATECHICHICTLL C'eft le tarin du Mexique 'de M. Biiffon. ACCIOCA. Les habitans de la montagne de Laxo donnent ce nom à une herbe qui croît au Pérou , & que l'on fubflitue dans le befoin à l'herbe du Paraguay , dont on lui croit les propriétés. Voyt^;^ ThÉ du Paraguay. ACÉTABULE ou Androsace de u.^^ ^acaabulum marinum. Selon quelques Obfervateurs modernes , c'eil: ^^ 1 ïoi A C H une efpece de polypier , de fubftarice pîerreufe ^ formi par des vers de mer; produdion mîfe autrefois au rang des plantas marines. Ce polypier eft un petit bafTin fait en forme de cône renverfé , qui tient par fa pointe à un pédicule fort mince & fort long. Il fe trouve, ainfi que les polypiers , adhérent tantôt à une pierre , tantôt à une coquille, Fo^i^i Polypier de M£R , & le mot CORALLINE. ACHALALACTLI. Les Mexicains donnent ce nom à Xalatli, Voyez ce mot, KQYimkQk. Plante de l'Inde , dont la feuille ref- femble à celle du chou ; mais elle n'eft pas fi épaifle , & les côtes en font plus tendres : fon fruit qui efî gros comme un œuf & de couleur jaune, naît au milieu des feuilles. On l'appelle altard ou Utach. Les Indiens cftiment beaucoup ce fruit pour la vérole. ACHE , apium. L'ache d'eau eft la berle, L'ache vul- gaire efl le céleri non cultivé. L'ache de montagne eft la Uvêcke, Voyez ces mots, ACHÉES. On donne ce nom & celui de lalcke aux vers de terre , dont on fait ufage comme appât pour la pêche. On verra leur hiftoire au mot Ver de terre. Comme il eil affez difficile d'avoir de ces vers dans les grandes fécherefTes , on a recours à divers moyens. Il faut trépigner fur la terre dans un lieu humide , ou bien y remuer pendant un demi-quart d'heure un gros bâton , en l'agitant en tous fens ; ces ébranîemens font fortir les vers qui croient fentir l'approche de la taupe , leur ennemi mortel. On peut arrofer aufïî la terre avec une eau que l'on a rendue amere en y faifant bouillir des feuilles de chanvre ou de noyer : on peut auflî en ra- maffer pendant la nuit dans des prés humides , fur-tout quand il a plu ou après un brouillard. ACHIA ou AcHiAR , ou Achar. Efpece de canne ( rejeton du bambou) , confite en vert dans le vinaigre, le poivre & autres épiceries , de la longueur à-peu-près ^ de la conliftance de nos cornichons , d'im jaune pâle A C H 105 & j\m tîffu iîbfeiix : ce font les Maîayes, & fur- tout les Chinois qui font répandus dans les liles de la Sonde & des Moluques, qui font cette préparation. Ils ap- pellent achiar tout ce qui eft confit au vinaigre ; & pour diflinguer , ils ajoutent le nom de la chofe confite. Ce font les Hollandois qui apportent des Indes Orien- tales V achiar dans des urnes de terre. ACHIO ou ACHIOLT. Voyei Roucou. ACHÎRE , pl&uronccics lineatus y Linn. achirus. Nom d'un poiffon qui fe trouve dans les fleuves de l'Amé- rique feptentrionale & à Surinam. Il efl du genre du pUuromBe, L'individu décrit par Gronovïiis avait fix pouces d€ long , & trois pouces & demi dans fa plus grande largeur. Le corps efl liffe ^ couvert de petites écailles bordées de cils d'une couleur brune fur le côté droit , qui efl: marqué d'un petit nombre de lignes noires tranfverfales ; le côté oppofé efl d'une couleur blan- châtre ; le feul côté gauche de la tête efl tout cou- vert de barbillons. La ligne latérale eft lifTe ; les yeux font placés tous les deux du côté gauche ; la nageoire dorfale efl très-longue ; elle efl maintenue par foixante rayons. Il n'y a point de nageoires pe£lorales. Quatre rayons à chaque nageoire abdominale , quarante-huit à celle de l'anus ; la queue efl arrondie par fon extré- mité. Les couleurs des nageoires participent de celle qui efl fur le corps de chaque cblè^ ACHITH^ cijfus. Genre de plante qui a beaucoup de rapport avec celui des vignes^ 6c qui renferme des herbes vivaces & des arbriffeaux munis de vrilles , grim- pans & tous étrangers à l'Europe , mais propres aux contrées chaudes de l'Afie & de l'Amérique. On dif-* tingue Vachit a fimllcs larges , vulgairement la vigne cil-* phanu de Madagafcar ; c'efl le fchunambu-vallî du Ma- labar. L'efpece trilobée s'appelle karetta- tsjorl'valli ^ l'efpece rampante, neriam-pulll \ l'achit à feuilles pé- diaires, btlutta'tsjori-valli^ l'achit charnu, tsjorï-vatlî^ Vachit quadranguUire. Les habitans du Bengale & de ha, G4 î04 A C H ACM côte de Coromandel mangent fes rameaux écorcés , ma^ cérës ou bouillis dans l'eau ; les fruits font nommés yoachit/i. ACHOAVAN ou Achoava. Plante commune en Egypte 5 & fur-tout en Sbechie. Pwfper Alpin , qui l'a fouvent cueillie fraîche , dit qu'elle eft moins haute que la camomille ; mais elle lui reffemble afiez par fes iîeurs , & à la matricaire par fa feuille. Ce Bctanifte lui a trouvé le goût & l'odeur défagréables. ACHOU ou AcHouROu. Nom que porte aufîl le lois d^Inde, Voyez ce mot. ACHRAS. Foyci Sapotillter. ACHYOULOU. Foyei Cerisier de Saint- Domingue. ACHYRI. Voyei Corde a violon. ACIDE. Voyez à l'article Sel acide, ACIER. Voyez à l'article Fer. ACIN THI. Èfpece de poule fultane qui fe trouve dans le pays de Cayenne. Le pourpre noirâtre fait le fond de la couleur de fon plumage ; fes doigts font jaunes ou verdâtres. On 'en diftingue une variété appelée par M. BrifTon poule fultane à tête noire. Leur vol efl pefant. ACÏPE. Nom d'un genre dans l'ordre des poijfons car* tilagineux. Voyez à l'article Poisson. ACMELLE , verhejma acmella : Spilanthus acmella , ILinn. : Ahecedaria^ Rumph. Plante annuelle du genre des hidens , haute d'environ deux pieds , & qui eft très- commune dans rifle de Ceylan. Hotton dit que fa tige eft carrée & couverte de feuilles pofées par paires y femblables à celles de l'ortie morte : fes fleurs fortent de l'extrémité des tiges , & font compofécs d'un grand nombre de petites fleurs jaunes, qui forment en s'unif- fant une tête conique , portée fur un calice à cinq feuilles : à ces fleurs fuccedent des femences d'un gris obfçur , aplaties , longues & bordées de cils courts , ôi terminées par deux dents droites & capillaires. La ra-, cine de ïacmdla eil fibreufe ^ blanche. A C O lof On cueille les feuilles de cette plante avant que les fleurs paroifTent ; on les fait fécher au foleil , & on les prend en poudre dans du thé ; fouvent on fait in- fufer la racine, les tiges 6c les branches dans de l'efprit- de-vin , que Ton diftille enfuiîe : l'on fe fert des fleurs , de l'extrait , de la racine &: des fels de Xacmdla , dans la pleuréfie, les coliques &: les fièvres. Suivant le témoignage donné par un Officier Hol- landois à la Compagnie des Indes Orientales en 1 690, & confirmé par un Chirurgien de la ville de Colombo, & par le Gouverneur de la même Ifle , cette plante acre & piquante poflederoit encore une vertu bien pré- cieufe pour l'humanité. Ils ont dit avoir guéri plus de cent perfonnes de la néphrétique, & même de la pierre , par l'ufage feul de cette plante ; mais on emploie plus communément fa graine & fa feuille. Par quelle fata- lité une plante qui auroit pofTédé cette vertu , ne feroit- elle pas devenue commune à tout l'univers ? ACOHO ou AcHO efl le nom du coq à Madagafcar, Voyez Coq. ACOLALAN ou A col A ou. Infede affez reflemblant à la punaife , fort commun dans les Ifles d'Afrique. Il croît fort vite 6c en peu de temps , de la groffeur du pouce ; alors il lui vient des ailes. Cet infede multi- plie beaucoup , ronge tout , fur-tout les étoffes. Toutes les cafés des Nègres de Madagascar font remplies de ces infedes, qui deviennent encore plus incommodes lorfqu'ils commencent à voler. Cet infefte ne feroit-il pas un rava , un kakerlaque ? ACHOLCHICHI. Nom du trouplah du Mexique. Son corps eft jaune; tout le refle du plumage eft noir. 'Voyez Troupiak, ACOMAS, homalium. Grand & gros arbre de l'Amé- rique, dont la tige efl: fort élevée, droite & peu bran- chue ; l'écorce cendrée , mince , un peu crevafTée , écail- leufe quand l'arbre vieillit; le bois jaunâtre , compacte, 4ur, exempt des piqûres d'infedes. La feuille efl liiTe, îo6 A C O longue, obtufe , d'un vert clair , portée fur une qiieiTé dont la longueur fait ordinairement la cinquième partie de celle de la feuille. Ses fleurs font blanches , à cinq pétales , & produifent un petit fruit gros comme une olive , d'une couleur jaune & d'un goût amer , dans lequel on trouve un noyau brun , ligneux , dur , poli ; dont l'amande efl: amere aufîi. On diilingue deux fortes ^acomas , \e franc & le bâtard. On les trouve tous deux dans les Mornes à Saint-Domingue. On fait ufage de leur bois dans les ouvrages de charpente, dans la condrudion des navires , & l'on en fait des poutres de dix-huit pouces de diamètre fur foixante pieds de longueur. De cette efpece Racontas eft l'efpece à grappes^ homallîLm raczmofum ; l'efpece petite ou à épis , homa- lïum fpïcatum , eft le racoubca de la Guiane , un arbrif- feau dont le tronc n'a que quatre ou cinq pouces de diamètre. Les Créoles appellent le racouhea du norn de mavévé: ils emploient fa racine en tifane pour guérir les gonorrhées. On donne aufTi très-fouvent en Amérique le notn ^acomas à ime efpece de càimïtlcr. Voyez u mot, ACONIT, aconitum. Genre de plantes vivaces , propres à l'Europe ; elles portent des fleurs irrégu- îieres , fans calice , & qui repréfentent en quelque façon la tête d'un homme revêtu d'un capuchon : ea effet, le pétale fupérieur a l'apparence d'un cafque oii d'un chaperon redreffé. Ces fleurs , dit M. Vdcuiç , ren- ferment un grand nombre d'étamines, quinze à trente , & outre cela deux petits corps ou cornets qui paroifTent des glandes nediariferçs, courbés & portés chacun par un pé- dicule. Elles contiennent aufîi trois ou cinq piftils , aux*- quels fuccedent autant de capfules membraneufes , ob- îongues , remplies de quelques femences ridées. Les fleurs font en épi ou en grappe, terminales; & les feuilles toujours alternes , pétiolées & palmées. De toutes les efpeces d'aconits, il n'y en a, dit-on,, ■qu'une feule qui puilTe fervir dans la Médecine ; ellç A c o îôr ^ft à cinq plflils , c'efl Vanthora "^uîgaîre \ aconïium falutiferum , Jive anîhora , J. B. Pin. 1 84 : Aconïtum anthora^ Linn. 751. Sa racine, qui eft vivace , efl le conîre-poifon du tkora , efpece de renoncule , ainfi que des autres aconits , dont la corolle efl jaune , velue , (aconitum lycocionuniy luteum ^ Tourn.) & à trois piftils , & entr'autres du napel , efpece ^aconit à fleurs bleues , dont le poifon très-violent agit en coagulant le fans. M. HalUr obferve que Xanthora n'entre pas ferieu- fement dans la Médecine , & que cette plante feroit très-certainement un très-mauvais antidote contre le poifon du thora , s'il étoit pofTible , dit-il , que le thom pût fervir de poifon. Le thora efl: trop acre, étant frais, pour être mangé ; &: fec il n'a plus de poifon. Notre Obfervateur ajoute qu'on s'en fert commimément dans le gouvernement d'Aigle en SuiflTe, au lieu de Vafarum dont on lui donne le nom. Il efl poflîble, dit encore M. Haller^ que chez les anciens guerriers, des flèches trempées dans le fuc de thora aient fait des bleflures mortelles ; mais cet ufage n'efl plus à craindre dans nos climats. Hé pourquoi ? c'efl parce qu'on fe fert de fufils. Les accldens de ceux qui ont mangé du napel , dont la racine reflTemble à un petit navet, font que la langue 6i les lèvres s'enflent & s'enflamment , que le corps devient livide & enflé ; il arrive des vertiges, des convul- fions & la miort , fl on n'y remédie. Les remèdes les plus eflicaces font fans doute les alkalis volatils , ainfl qu'on les emploie contre le venin de la vipère. Voici un fait, dit-on, qui prouve combien l'ardeur du foleil, jointe à la nature particulière de chaque terre , peuvent rendre la fève fufceptible d'une infinité de modifications différentes, h^ aconit à finir h Une ou napel ^ dont la racine fur-tout efl un poifon très-dangereux dans les Provinces méridionales du Royaume , ne caufe pas un Q^Qt aufïï mauvais en Bretagne , mêm.e entre les mains àç^s vieillards ôc des enfans. Plus on avance >io8 A C O vers le Nord , moins Vaccnit bleu ou naptl eft nuifiblel' On y mange même fes feuilles en falade pour fe réveiller Tappétit. Il faut cependant s'expliquer, dit M. H aller , fur l'innocence de Y aconit hku ou napd qui croît dans les pays feptentrionaux. Il y a , dit-il , deux aconits bleus, dont l'un efl propre au Nord : c'eil une variété bleue de Vaconltum lycoclomim , luteum ; ( tue- loup , ) ou fi elle en dilfere, elle en a du. moins les feuilles fort larges, le port & les cafques fort longs. Ceft cette efpece d'aconit que M. HalUr foupçonne entrer dans les falades du Nord. Mais pour le véritable napel à cafques raccourcis, à feuilles étroites, fermes & fillonnées, il conferve fa qualité dangereufe dans les pays fepten- trionaux : il tue les chèvres qui en mangent quel- quefois , dans le voifmage de Falhun en Suéde , & il a caufé la mort à un Chirurgien qui en a voulu manger en falade dans ce même canton. Ce fait bien circonf- tancié fe trouve infcrit dans les Mémoires de l'Académie de Suéde. La racine a tué des chats ; ainli l'influence du climat froid ne change pas affez notre 'napel aiv point de n'être plus dangereux. L'efpece d'aconit falutaire agit en divlfant les humeurs» Les Payfans des Alpes en font ufage contre la morfure des chiens enragés & la colique . Foye^ Anthora & Thora. Voyez auiïi Napel. Ondiftingue encore V aconit des Pyrénées ^ proprement dit , aconitum pyrenaïcum , luteum \foliorumfe§mentisJihi invicem incumbentibus. Cette efpece a beaucoup de rap- port avec Vaconit-tuc'loup ; elle n'en eft peut-être qu'une variété : (ts fleurs font jaunâtres , difpofées en épi pen- ché avant fa floraifon. On trouve cette plante dans les Pyrénées & en Sibérie. L'aconit à fleurs panachées , aconifum variegatum , feu napellus minor , fe trouve dans les montagnes d'Itahe &: de Bohême ; fa racine eft une efpece de bulbe conique. L'aconit à grandes fleurs , (iconitum^ cammarum aut judmbergenfe , fe trouve fur, A C O ro^ ïcs montagnes de Styrie & d'Autriche ; la tîge haute de trois pieds , d'un vert rougeâtre ; les fleurs d'un bleu pourpre &C grandes , peu nombreufes. ACONTIAS. royei Serpent Aurore , & l'article Serpent , dit le Sombre. ACOPIS. Pierre prëcieufe, tranfparente comme le verre , avec des taches de couleur d'or. Des Anciens lui ont donné le nom ^acopis , parce qu'on a prétendu que l'huile dans laquelle on la fait bouillir , efl un remède contre la laflitude. Quelle peut être cette pierre ? ACORUS. C'efl le nom qu'on donne a trois plantes différentes , dont l'une eft Vacorus véritable, ; l'autre , Vacorus des Indes ; & la troiiieme eft un gldieuL de marais • AcORUS VERITABLE , acorus verus offidnis falsh ca- lamiis aromatïcus , Ger. : Acorus verus Jîve calamus officia naruTUy C. .B. Pin. 34: Acorus odoratus^ acorus calamus , Linn. 461. Plante de l'ordre des Llliacêes, Suivant plufieurs Botaniiles , fes racines font vivaces , longues, traçantes , genouillées , groffes comme le doigt , garnies de beaucoup de chevelus , blanchâtres intérieurement , roufsâtres en - deifus , fpongieufes , d'un goût acre , amer , aromatique , approchant de celui de l'ail , d'une odeur fort agréable. Une tige fort de la tête de la principale racine ; elle eft , dit M. Leflïboudois fils , en forme de feuilles , du miheu fort un chaton de deux à trois pouces , digitiforme , un peu incliné , cou- vert de petites fleurs peu apparentes. Les feuilles de cette plante font longues , droites, étroites, enfi- formes , & s'engaînant par le côté , comme celles de Xirïs, Le ftuit efl triangulaire , à trois loges , & contient trois femences. U acorus croît dans la Flandre, en Hollande , en Alface & en Angleterre , le long des ruifleaux; en Lithuanie , en Tartarie, dans les endroits très-humides & même baignés. Comme la. racine de cette plante contient beaucoup de fel volatil , aromatique ^ huileux , elle efl: alexipharmaque , liyftérique, cordiale: cette racine ellfujette à la carie. iio A C O A C R Accrus DES Indes ou Asiatique, aconis Indkuî eut Ajîaticus , radicc nriuiorc , 1 hef. Zeyl. ou la BafTombe. Cette rac-ne croir dans les Indes Orientales & Occidentales : elle efl plus petite que l'acorus vé- ritable , d'une odeur plus gracieufe , d'un goût amer agréable : elle a les mêmes propriétés. P'ifon attefle qu'on trouve dans le Bréfil cette même efpece ^acoms ; elk efl: extérieurement fembîable à celle d'Europe ; elle n'en eft , dit-on , qu'une variété , mais elle eft plus menue. Cet acorus efl le tchianpon des Chinois , le va^abu du Ceylan , le vacmbu du Malabar , & le bembi des Bra- mes. Nous avons reçu des grandes Indes , fous le nom de rofeau aromatique , des tiges brunâtres , de 4a grofîeur d'une plume à écrire , d'ime odeur aromatique , & d'une faveur amere. C'efl-là le véritable calamus aro-- maticus des Indes ; nous l'avons trouvé encore fous cette même défignation , chez des Droguifles de Lon- dres & d'Amflerdam. On en avoit aufîi envoyé de femblables des grandes Indes & de l'Ifle Bourbon , à feu Monfeigneur le Duc de Bourbon, Le V A.VX' KCOKVS ^ pfeudo- acorus y eflla racine d'un gldicul de marais à fleur jaune. Cette racine , genouillée & roufs âtre , a peu d'odeur : elle laifTe dans la bouche, une grande acrimonie. On la prétend aflringente ; mais M. Halkr prétend qu'il faudroit bannir de la Médecine Viris lutea^ (iris jaune). Sa racine n'a aucune des qualités aromatiques du calamus , & elle lui paroît fufpefte, en ce qu'elle naît dans le fond des folTés. Voyez Iris jaune des marais, \J acorus véritable entre dans la thériaque, ainfî que plufieurs autres fubflances, comme on peut le voir dans l'expofition publique que les A pothicaires de Paris en font dans la falle de leur jardin. ACOUTI. VoyeT, AGOUTI. ACRIDOPHAGES. Nom donné aux perfonnes qui vivent de fauterelles. On appelle Ptirophages , ceux qui mangent des poux ^ Struthlopkages , ceux qid mangent A C R iir &S autruches ; Anthropophages , ceux qui mangent de la chair humaine ; Icihyophagcs , ceux qui fe nourrirent de poiiTons ; Sarcophages , ceux qui vivent de chair de quadrupèdes, &:c. ACROPORE. C'eft le grand pore à'Impirati Voyez Madrépore, ACROSTIQUE , acrojîlcum , Linn. Genre de plante de l'ordre des cryptogames qui ont du rapport avec les fougères; le deffous des feuilles eft entière- ment couvert de fruftification , au moins vers leur ex- trémité. On en diftingue 3 2 efpeces ou variétés , dont les unes font à feuilles Jimples & entières , comme 1'^- troflique lancéolé de l'Inde ; c'eil: le tyri-panna du Ma- labar ; Vacrojlique à feuilles de citronnier de l'Amérique méridionale ; Vacrofîique hérêrophille , c'eft le maktta* mala-maravara du Malabar, &c. Il y a les acroJTiques à feuilles Jimples ayant des divl-» Jions , tels que Vacrojlique feptentrional , qui fe trouve en quantité au mont- d'or en Auvergne & en Alface; Vacrofiique aujlral , qui fe trouve dans l'Inde , aux Mes de France & de Bourbon; il forme de petits gazons très-fins & d'un blanc argenté; Vacrojlique des bois montagneux de l'Europe, c^^Vofmunda fpicans ^ Linn. 1522; Vacrojlique de la Jamaïque & de la Virginie , c'eft racrojiicum polypodioïdes , Linn. , &c. Il y a les acrojiiques à feuilles ailées , tels que Vacrof" tique doré des lieux humidies de l'Amérique méridio- nale, &c. Il y a les acrojiiques à feuilles prefque deux fois ailées^ tels que Vacrofiique à feuilles en JiUques des Célebes 6c celui du Ceylan ; c'eft le millejolium aquaticum de Rumph. 5 &c. Enfin , il y a les acrofliques à feuilles deux fois ailées ou furcompofées ; tels que Vacrofiique à feuilles d^ofmonde , d'Afrique ; Vacrojlique prolifère , des Ifles de France ÔC de Bourbon j c'eft VacroJUcum yiyiparum de Linné ^ &C. &c. 112 A C O ACTIF. Nom que M. l'Abbé Dicqutmart donne à lin petit infede de mer, qu'il a obrervé près d'une pê- cherie du Havre. Il eft très - vorace , &: d'une agilité étonnante. Sa forme tient un peu de celle d'un clo- porte, &: de celle de la puce de mer ; il en a la couleur, mais il efl bien plus petit ; il a quatorze pattes articulées,, fept de chaque côté; cinq doubles nageoires vers la queue , douze anneaux au corps , deux antennes ÔC deux antennules {Journal de Phyf. Mai 1783). ACOUCHÏ , quadrupède de la Guyane & des autres parties de l'Amérique méridionale ; il reffemble beau- coup à V agouti. Uacouchi efl: le cuniculus mïnor ^ eau- datus , olïvauus ^ de Barrere. Il n'habite que les grands bois éloignés du féjour de l'homme. Il eft plus com- mun encore , mais moitié moins gros que Vagouti. Son poil qui n'eft pas roux , mais de couleur olivâtre , n'eft pas fi long fur le dos ou fur la croupe que chez l'^- goun; cependant il le redrefle, comme le fait cet ani- mal , lorfqu'îl eil pourfuivi. Il paroit moins peureux que Vagoud , donne des coups de tête , emporte des vivres à fa gueule comme les chiens ; & pour les man- ger , il les tient avec fts pattes , à la manière de l'é- cureuil. Uacouchl a une queue ; Vagouti n'en a pas bien fenfiblement. Le premier étant pourfuivi par les chiens, ne fe jette point à l'eau comme Vagouti^ il fe laifTe plutôt prendre. On n'a point vu boire les acouchis ; ces derniers paroifTent plus courageux & peu amis des agoutis ; au befoin , ils font ufage opiniâtrement de leurs dents qui ne la: fient pas de maltraiter. Ils dor- ment comme les chiens, plies, & le nez entre les cuifies. Leur chair efl très-bonne à manger; elle a la couleur ôc le fumet du lapereau. Les acouchis ont d'ail- leurs les mômes habitudes & les mêmes puifTances de reproduftion de Vagouti : m.ais les différences aue nous avons défignées, parolifent fuffifantes , dit M. de Bufon^ pour conllituer deux efpeces diflln^es & féparées. Foy, Agouti. ACOULEROU, A C O A C U ÏT5 'ACOULuROU. Voyez Llam à vers , à l'article Liane. ACUDÏA. Infede volant & lumineux àts Indes Occidentales. li y a auffi en Amérique \\n infede qui a les mêmes propriétés , connu fous le nom de Ciicnju ou Cocojus^ que l'on foupçonne être le même. Cet infede, de la clafie des fcarabées, & de la fa- mille des bupreftes, eft de la groiTeiir du petit doigt, & long de deux pouces. Lorfqu'il vole pendant la nuit, il répand une très - grande clarté. On diroit , dit le P. du Tertre y que ce font de petites étoiles errantes dans la campagne : le jour il ne paroît point lumi- neux , c^ moins qu'on ne l'agite ^^ qu'on ne fe place dans un lieu obfcur. On ignore de quelle partie de leur corps vient cet éclat; mais il eft à préfumer que c'efl du corfelet , de même que chez la grande (i^^^ecQ de mouche à feu. /'Vvqa Farticle Maucke luljlmu. On prétend que fi on fe frotte le vifage avec Fhumidité provenant des taches luifantes ou étoiles de ce petit phofphore vi- vant , on paroît tout refplendifïànt de lumière 5 tant qu'elle dure. Quoi qu'il en foit , cet infede phofpho-. rique efl d'une grande utilité aux Indiens. On dit qu'avant l'arrivée des Efpagnols , ils ne faifoient point ufage de chandelle ; qu'ils fe fervoient de ces infeéles dans leurs maifons pour s'éclairer pendant la nuit : avec un de ces acudla on lit , on écrit auiîi facilement qu'avec une chandelle allumée. Lorfque les Indiens voyagent pendant l'obfcurité de la mut, ils en atta- client un à chaque orteil du pied, ôc en portent un autre à la main ; c'efl-là auiîi le flambeau , la lanterne dont ils fe fervent pour aller de nuit à la chaffe de Vutlas^ efpece de lapin ou de petit quatlrupede de la grandeur d'un rat. Lorfque ces infeftes font pris , ils ne vivent que quinze jours ou trois femaines au plus : tant qu'ils fe portent bien , ils font très - lumineux ; mais lorfqu'ils font malades , qu'ils languiffent , leur lu- jniere s'afFoiblit ; ils ne brij.lent plus lorfqu'ils font morts, Jom^ /, ^ H 114 A C U Lorfqu'on veut aller à la chalTe du cuaijn , on îott dès la pointe du jour armé d'un tilon allumé. Etant élevé fur une hauteur , on fait faire la roue à ce tifon» Les cucujus , attirés par la lueur du tifon , viennent pour dévorer les coufms & les autres petits infe£les qui fui vent toujours la lumière , & on les prend en les abattant avec des branches d'arbres. Ces infectes font doublement utiles. Lorfqu'on les a pris , on les laiiTe voler dans la maifon , après en avoir fermé les portes : étant ainfi en liberté, ils furètent par-tout & dévorent les coufms, ces ennemis cruels du fommeil , fi incommodes dans ce pays. Ainfi , pen- dant la nuit , les cucujus font des gardes vigllans , qui veillent à votre repos , ôc qui empêchent qu'aucun coufin ne vous pique. Les defcriptions que les Auteurs nous ont données de Vacudla & du cocojus font fi imparfaites , que l'on efl incertain li ces infe£les font les mêmes que le porte- lanumz de l'Amérique. Cette finguliere propriété lumi- neufe donne cependant lieu de le croire. Le porte'- lanterne ( ainfi nommé , parce que la partie antérieure de la tête d'où la lumière fort, a été regardée comme une efpece de lanterne ) eft une m-ouche d'une efpece très-fmguliere , & qui , à caufe de la ftruûure de fa trompe, a été mife par M. de Réaumur au rang à^s procigales. On peut remarquer au Cabinet du Jardin du Roi , dans les cafés des infedles , deux très-beaux /»or/e- lanternes. Cette mouche a quatre pouces dans toute fa longueur ; fi on regarde la lanterne comme une portion de la tête même, elle a plus d'un pouce de longueur; fa forme contournée eu très -finguliere. Près de la lanterne, il y a de chaque côté un œil à réfeau de couleur rougeâtre. Cette mouche a quatre ailes ^ dont les fupérieures n'ont pas une parfaite tranfparence. La couleur de ces infcftes efl variée & très-agréable. On remarque fur leurs ailes un grand œil , qui a quelque relfemblance avec celui des ailes its papillons - paorn» A C U îif On volt auffi dans le Cabinet de Chantilly deux porte- lanternes , le mâle Se la fciPielle ; celle-ci a les ailes diipofées comme les paniers que portoient autrefois nos dames. On ignore encore pour quel ufage la Nature a donné à cet infede cette lanterne lumineufe : il ne iemble pas au moins que ce foit pour l'éclairer pendant qu'il vole; une Ham.me plus large que notre front & qui en partiroit, ne ferviroit qu'à nous empêcher de voir les objets qui font par-delà. Vacudia &c le porte- lanterne ne fe noUrriflant que de petits infectes volans , n'y auroit-il pas lieu de croire que la kimiere que ces animaux répandent autour d'eux , attire les petits infedes , ce qui leur donne beau* coup plus de facilité pour les attraper ? Cttte idée paroît d'autant plus vraifemblable, qu'on remarcue tous les jours que les infecles qui volent la nuit recherchent la lumière 5 & s'en approchent le plus qu'ils peuvent par un mouvement circulaire. MadQm.oifelle Merian , qui a obfervé ces fortes de mouches à Surinam , dit que leur lumière eft telle , qu'une feule lui a fuffi , à chaque féance , pour peindre les figures qui font gravées dans fon Ouvrage fur les infedes de ce pays. Elle dit âufîi que les Indiens ont voulu lui perfuader que les mouches vielkufes (aiiifi nommées à caufe que le bruit qu'elles font imite le fon d'une vielle ) fe métamorphofoient en porte- lanternes. Il femble qu'elle en ait été convaincue , piiifqu'elle nous donne une des figures de fa planche pour celle d'un vielleur^ dont la tête s'eft alongée pour devenir un porte- lanterne. Si cette métamorphofe étoit véritable, elle pourroit être comparée au changement qui arrive aux mouches éphémères, oui, après avoir volé, ont encore à fe défaire d'une dépouille : ainfi il paroîtroit que la mouche proci gale , connue fous le nom de vielleur ^ ne différeroit du porté- lanterne , que parce qu'elle a là tête plus courte, H % Mi6 A C U A D I ACULLÎAME. Efl, dans Ilemandei , le nom du cerf de la Noiivelle-Efpagne , femblable à nos cerfs communs en Europe. Vcyei Cerf. ADANE, Atùlus, Cefl VEfiurgeon, Noy^ ce mot. ADDAX. Les anciens Africains donnoient ce nom à YAîUilcpc 5 efpece de GaielU. Voyez à l'article Ca- ndis, ADDIBO. Nom donne aux Indes à la petite efpece - de Chacal^ qui eft VAdive, Voyez Adil & Chacal. ADENE , Adcn'ia jolïïs palmans , florihus fpicatis", C'eil un arbriffeau grimpant dont la tige eft verdâtre , de la groiTeur du bras , ù qui pouffe des rameaux flexi- bles, cylindriques, alternes ; les fleurs font en épi court, PAIX extrémités des branches ; le calice efl cylindrique , long de deux pouces , découpé en fix parties ; la co- rolle eft blanche & compclee de fix pétales , fix éta- mines , un pifl:il. Cet arbrifleau croît dans l'Arabie ; il efl. très-vénéneux. Forskal dit C|a'une potion faite avec îa poudre de {zs jeunes rameaux, infufée dans une liqueur quelconque , eil un poifon qui fait enfler le corps , & peut fervir à de pernicieux ufages. Il regarde îe câprier épineux comme Tiintidote du poifon de Vûdcm. ( Flore d^ Egypte de Forskal ). ADENOS. Nom donné à un coton de marine qui vient d'Alep par la voie de Marfeille. P^oye^^ Coton. A DH AT O D A ou A d a t h o d a. Nom qui , dans la langue de Ceylan , fignifle plante qui a la vertu d'expulfer le fœtus mort. Vadluitada ou adathoda , efl du genre des Carmantines. Voyez ce mot, ADIANTE. Voye?^ Capillaire. ADIL ou Addibo, ou Adi ve , ou Adirés. Cet animal carnaflier 8i fauvage, qu'un inflinft deflrudcur fait re- douter dans toute l'Aile & la Turquie, fiu'-tout dans le Levant & en Afrique , efl: le loup doré de quelques Natu- ralifles. Il reflTemble au loup par la figure , le poil & la queue, mais fa taille çfl: au-deflous de celle du renard. Son eipece paroît très-ycifine de celle du chacal ; A D I ADO i\i Viidlve eft raoins farouche & plus facile à apprivoifer. On lit dans nos chroniques , du temps de Charles IX, que beaucoup de femmes à la Cour a voient de petits adlves au lieu de petits chiens. Ces adlves nains étoient privés. Uadive paroît être une race petite dans l'efpece du chacal, Uadive marche accompagné d'un nombreux cortège ; on en voit quelquefois des troupes de deux cents. Il aboie la nuit , de même que le chien , & crie diflinftement hau , hau , ou oua , oua , oua, La peau des adUs efl d'une couleur jaune , dont les habitans font de belles fourrures , qu'ils vendent à grand marché. Voyez Lo2^p 6c l'article Chacal, ADÏMAIN ou Adim-Naim. On nomme ainfi une grande race de brebis à poil rude, à cornes courtes , à oreilles pendantes avec une efpece de fanon & de pendans fur le cou. Elle habite les contrées les plus chaudes de l'Afrique 6c des Indes ; elle efl connue des Naturalises fous le nom de bdkr de Sénégal^ helkr de Guinée^ brebis d'' Angola; elle efl domeftique , 6c fujette à bien des variétés. C'eft de toutes les brebis domeiliques, celle qui paroît approcher le plus de l'état de nature : elle eil plus grande , plus forte , plus légère ,î & par conféquent plus capable qu'aucune autre de fubiiiler par elle-même ; mais comme on ne la trouve que dans les pays les plus chauds, qu'elle ne peut fouffrir le froid , & que dans fon prapre climat elle n'exifle pas par elle-même, comme animal fauvage,' qu'au contraire elle ne fubfifte que par les foins de l'homme, qu'elle n'eft qu'animal domeitique, on ne peut la regarder com.me la fouche première ou la race primitive. Le mouflon porte feul les caraâ:eres ori- ginaires de la race. Voyez Mouflon. ADIVE ou Adirés. C'efl le Chacal de la petite taille. Voyzi ci-dejfus Adil. ADONIS. Voyez^ Muge volant. Adonis. Genre de plante à fleurs polypétalées , de la famille des renoncules , &; qui comprend des herbes. H 3 ii8 ADR JE G O annuelles ou vivaces, dont la plupart font indigènes & ont d'affez belles fleurs. On dillingue entre autres YAdoms d'été. Adonis œfdvciLs ^L\nn. 771. Plante an- nuelle que M. Tournefort a rangée parmi les anémones. Elle le trouve dans le s champs. Sa tige eft haute de fept à huit pouces , grêle , un peu rameulé. Ses feuilles font découpées très -étroitement; les fleurs font d\ia rouge afléz vif, à cinq péîales : le fruit efl ovale , & compofé de plufieurs capliiles réunies. Il y a une efpece à^ Adonis d^ automne qu'on cultive dans les jardins , Adonis autumnalis ^ Linn. 771 , qui eft originaire de Provence. Sa tige eft plus haute que la précé- dente. Sa fltur a huit grands pétales. Son fruit tfi rond. Il y a V Adonis printanie^-e ^ Adonis vcmalis , Linn. Ranunculus fœniculaceis foliis ^ hdUbori ni^ri radice ^ TouRN. Les pétales font ovales , ouverts en rofe , & leur nombre varie de dix à quinze. Cette plante le trouve dans les lieux montagneux des Provinces Méridionales de la France ; elle fe rencontre aufTi en Italie , en Au- triche, dans la SuifTe & en Sibérie. ADRACHNÉ ou AndrachnÉ. Vcyci à t article Arbolsier, ADRAGANTE , ( gomme ). Foyei t article Barbe DE RfNARD. tEGCLETHRON. Plante qui a été décrite fous ce nom par PUnt , & qui paroît être le Chamœrodcndros pontica maxima , mcfpili folio , Jtore lutco , qui a ete très-bien obfervé par Tournefort^ corolL 42, dans fon voyage au Levant. Cette plante , A^^alca pontica , Linn, eft curieufe à connoître , à caufe de TefFet fmguhtr que produifent le fiic & l'odeur de fes fleurs. C'eft une efpece de petit arbufte droit , toujours vert , qui croît naturellement clans le voiftnage de la mer Noire , & particulièrement dans la Colchide ou la Mingrelie : il s'élève à la hauteur de cinq à fix pieds. Son tronc eft accompagné de plufieurs branches me- nues 5 divué^s en rameaux foiblçs , plians , 6c couverts :^ G R M t V 11^ 3\me écorce grisâtre , liffe , cependant velue vers leurs fommets. Ces rameaux portent des touffes de feuilles qui reifemblent à celles du néflier des bois : fes fleurs jaunes-verdâtres font affez femblables à celles du chè- vre - feuille , mais d'une odeur bien plus forte ; elles naiflent par bouquets à l'extrémité des branches ; il leur fuccede des fruits longs d'environ quinze lignes fur dix de diamètre , bruns & relevés de cinq côtés. On a remarqué qu'ils s'ouvrent de l'une à l'autre extré- mité en fept ou huit endroits creufés en gouttières, lefquels vont fe terminer fur un axe qui traverfe le fruit par le milieu : cet axe eft cannelé , & diiîribue l'in- térieur du fruit en autant de loges qu'il y a de gout- tières à l'extérieur. On peut voir cette plante dans le Jardin Royal des plantes. Dans la Colchide , oii elle eft fort commune , les abeilles vont recueillir le miel fur fes fleurs , ainfi que fur d'autres ; mais le miel qu'elles en tirent rend af- foupis ou ivres , furieux ou moribonds ceux qui en mangent , comme il arriva à l'armée des dix mille à l'approche de Trébifonde. P^ojei ce que nous avons dit à r article ABEILLE , pag, 42. On diflingue plufieurs autres plantes de ce genre ; entre autres , l'une originaire de l'Inde , Aiçilca indien , Linn. : Ckamcerodendron exoticum , amplijjlmis jlorihus Li-^, liaceis^ Breyn. Prod. i. pag. 24. Cette belle plv/îte croît dans l'înde, & dans les contrés Orient:>les de l'Afie. Elle fleurit dans le milieu de l'été ; ies fleurs font à peine pedunculées , grandes , d'un rouge écar- late, éclatant & très- vif; les fleurs font fi abondantes que la plante femble couverte d'un voile rouge & magnifique ; aufli au Japon , où Cette plante efl: très- commune , elle fait l'ornement des jardins & des cam- pagnes. !iEGREFIN ou Anon. Voye^^ ranicle MORUE. iELG , en Norvège , efl: VElan. Voyez ce mot, iELURUS, dans Fcmandez^ eilla Civette. Voy. ce moti H4 îio JE s ? À G A iESFîNG. M. Linnœus donne ce nom à une efpecè de couleuvre petite , rougeâtre , qui fe trouve en Smolande : elle a cent cinquante bandes ëcailîeufes au bas-ventre , & trente-quatre écailles à la queue. > On pi-étend que fa morfure eft mortelle. ^THUSE. C'eft I^a petite Clgué, Voyez ce ?7zo/. iETTTE. Voyci Htites* AFIOUME. Efpece de lin qui nous vient du Levant par r^arfeille. Foyei Lin. AGACE. Voyei Pif. AGALLOCÛM. C'eû le kAs Saloà, Voyez a mot. AGAME. Lacerta Agama: Laurta caudd tercti kmgd , collo fuprà capueque pcflice acukato , occipitis fquamîs reverjis ^ Linn, Lézard d'Amérique , dont les pieds , tant de devant que de derrière, ont cinq doigts; fa tète efl d'une forme ovale , garnie vers la partie anté- rieure d'écaillés difpofées en recouvrement, & près des oreilles, vers l'occiput, d'écaillés inégales & aiguës, qui la font paroître épineufe ; le cou ert pareillement garni d'écaillés en forme d'épines ; les tious des na- rines font relevés & tournés en arrière ; les paupières £nement dentées ; fous la mâchoire inférieure eft une peau lâche en forme de fanon; les trous des oreilles îbnt recouverts d'une membrane. Le tronc eft couvert ^'écailles arrondies ; celles qui garniftent le defTus font relevées en carène , & terminées par une épine ; celles du deiTous du corps font un peu obtufes , & fans renflement ni épine ; la future du dos eft garnie vers fa partie antérieure , & notamment fur le cou , d'une crête compofée d'écailîes droites, diftinélcs & fem- blables à un fer de lance ; les écailles qui couvrent la queue font plus aiguës & plus fenfiblement relevées en carène que celles qui font fur le corps , ce qui fait paroître , dit M. Daiihmton ^ la queue un peu angu- leufe. La crête de la femelle fe prolonge à peine jufqu'aux épaules; de plus, le cou de la femelle n'a point d'é- A G A 111 pines latérales : maïs on en obferve de très - petites îlir les côtés du tronc ^ & celles qui recouvrent les parties antérieures du dos & toute la queue , font plus aiguës que celles qui leur correl pondent fur le mâle. Cette efpece de Ll\ard efl du quatrième genre. Voy&\^ Vartick LÉZARD. AGAMI ou Agamie. Les Habitans de Cayenne ap- pellent ainfi une grande & belle efpece d'oifeau , remar- quable par le bruit bizarre de fon chant. C'eil: le falfan des Antilles , de M. Br'iJJon ; Volfeaii trompette de M. la Condamine, ( Voyage des Amazones , pag. 175. ) U agami eft aux oifeaux ce que le chien efl aux qua- drupèdes; l'homme faifant tourner à fon profit îa fagacité de Y agami , comme il emploie à fon ufage celle du chien , il fe repofe en partie fur lui du foin de conduire , de défendre , de raffembler les autres oifeaux qu'il met fous fa garde. Foye^ r article Trompette, ( Oifeau ). AGARIC , Agariciis, Plante charnue ou tubereufe , qui croît ordinairement attachée par le côté & fans tige au tronc des arbres , & qui reffcmble en quel- que façon au champignon. M. Mickeli eft le premier qui ait vu des fleurs dans ce végétal. ( M. H aller paroît même douter encore de Texiilence des fleurs de V agaric^ elles font, dit-il, plus que fufpeftes. Il y a des champignons qui ont une poufîiere atta- chée à leurs lames , dont îa nature paroît être fémi- nale, & il ne connoît pas cette poufïïere aux polypores^ dont V amadou efî une efpece, auffi bien que V agaric de chêne ^. U agaric efl, dit M. Micheli ^ im genre de plante dont les caractères dépendent principalement de la forme de fes différentes feuilles ; elles font compofées de deux parties différentes : il y en a qui font poreufes en-defTous , comme dou- blées de trous verticaux ; d'autres font dentelées en forme de peigne ; d'autres font en lame ; d'autres enfin font unies, Lçurs fleurs font fans pétales , & 122 A G A n'ont qii'un feiû ûlei; elles font fiénîes; elles n*ont ni calice, ni piflil, ni ëtamines ; elles naiffent dans des enfoncemtns, ou à l'orifice de certains petits trous. Les femences ibnt arrondies &C placées dans difFërens endroits, félon les efpeccs d'agaric. Ces fleurs 6c ce-^ graines long-temps inconnues, même depuis Toiirmfon^ prouvent que ce n'eil qu'avec peine & à l'aide du temps que l'on par^/ient à dévoiler la Nature. On trouvera à l'article Champignon une grande lifle ^agarics. On doit obferver oue Vagarlc ne s'attache quel- quefois h l'aubier de l'arbre que lorfqu'il eft mort , él n'efî: nullement la caule de fon dépcrifiemcnt , comme l'ont écrit quelques Obfervateurs. Vagarlc purgatif ^ dont on fait ufage en Médecine, refîemble affez à celui qui fournit V amadou. M. Haller en a cueilli fur les m.ékzes de Jorogne , au pied des. Alpes ; il forme , comme l'amadou , des coins ou des ferions de fphere , dont la bafe efl droite & pleine de petits trous qui font l'embouchure des tuyaux de ce polypore. La furface fupérieure efl: convexe , & fait un tranchant avec l'inférieure ; t^Aç: eft brune ou blonde , comme velue , 6i commimément partagée par zones parallèles de différentes teintes. Vagarlc croît aufîî fur les plus beaux arbres , les plus pleins de vie^ & ordinairement fur le larlx ou mileie , & y reçoit fa nourriture comme les faufies plantes parafites. Dans le commerce, on le trouve fouvent m.ondé. Il efl en morceaux de daTérentes groffeurs. La partie extérieure de cette efpece à^agaric eil encore calleufe , grife ; fon intérieur efl blanc , léger , friable , & fe met aifément en farine, d'un goût amer & acre. Ses graines , femées fur des arbres , ont produit des agarics. On croit que Vagarlc purgatif qu'on nous apporte du Levant , vient de Tartarie , & c'efl le meilleur ; il en vient auiîi des Alpes & des montagnes du Dau- phiné & du Trcntin. On donne improprement à cet A G A Tt? agaric le nom à^ agaric femel/e, Cefl VJgaricusJivc Fungiis laiicls de C. B. & de Tournefort , 562. On nomme aiifli improprement agaric mâk une autre efpece ^a- garic qui croît fur les troncs des vieux noyers, des chênes &: des hêtres , dont l'ufage feroit pernicieux. Foyei Agaric de chêne, ^ , Comme Vagaric médicinal eCî un purgatif afTez fort , on le tempère par des aromates : il a peu de vertu en infufion; mais il fait mieux ion effet en fubftance. M. Boulduc ( Mlmoircs de l' Académie des Sciences ) dit que Vagaric étoit un médicament fort eflimé d^s Anciens , quoiqu'il le foit peu aujourd'hui & avec rai- fon ; car il ell très-lent dans fon opération , & par le long féjour qu'il fait dans l'eilom.ac il excite des vo- milTemens , ou tout au moins des naufées infuppor- tables, fui vies defueurs, de fyncopes , de langueurs , &c. il laifle auffi un long dégoût pour les alimens; &; M. HalUr eflime que c'eft un mauvais remède, dont on feroit mieux de purger la Pharmacie ; il ajoute que les Psyfans du Piémont s'en fervent quand il leur arrive d'avaler une petite efpece de fangfue , qui eft fréquente dans leurs eaux. La partie réfineufe ou purgative ôc émétique de Vagaric eft toute entière dans l'écorce , &c en très-petite quantité dans la partie farineufe. Agaric de Chêne , Jgaricus pedis equinl fade , feu Fungus igniarius, Boletus igniarius ^ Linn. 1645. C'efl une efpece de champignon en chapeau feifile , gros , arrondi en fabot de cheval , dur , fort pefant , qui croît attaché par le côté fur le tronc des vieux chênes , àes noyers & d'autres arbres. Ce champignon a la fuperfîcie rude & raboteufe , & la fubflance inté- rieure fibreufe , ligneufe , difficile à divifer ; il eft com- munément brun , recouvert d'une poufliere blanchâtre ; la furface inférieure garnie de pores étroits , d'ime amertume & d'ime âcreté infapportables. M. Boulduc donne à cet agaric prétendu mâle , le nom de faux 124 A G A agaric. Dans le Nord on le récolte avant qu'il foît defTechë fur Tarbre ; enfiilte on Tëmonde légèrement de (on écorce : il efl employé par les Teinturiers pour colorer en noir. L'on emploie ^agaric médicinal^ en giiiie de noix-de-galle pour teindre la foie en noir. C'cft avec un femblable agaric que l'on fait de V amadou ; aulîi Tappelle-t-on amadouvier. On fépare la fubiîance calleufe & ligneufe qui -recouvre fa fuperfcie ; on prend celle du milieu qui efl molle , d'une couleur grife tirant fur le brun ; on la réduit en morceaux; on la fait bouillir dans une lefTive d'eau nitrée; on la feche; on la pile; on la fait bouillir de nouveau dans la lefTive, pour la laifîer enfuite bien fécher. On fait de quel ufage eft l'amadou pour avoir promptement du feu par le moyen de l'acier & de la pierre à fufil. Combien de temps a-t-on eu entre les mains cet agaric fans en connoître les précieufes propriétés ? Ce ne fut qu'en 1750 que M. Broffard ^ Chirurgien de la Châtre en Berry, annonça que la partie m.olîe de Vagaric de clilm étoit le meilleur aftringent dent on put fe fervir, &: qu'il étoit capable de fuppléer à la ligature qu'on eft obligé de faire dans les ampu- tations &: dans l'opération de l'anévrifme. Voici la manière (impie dont on le prépare pour cet ufage. n faut cueillir fur les vieux chênes Vagaric dans les mois d'Août & de Septembre. On fépare l'écorce dure extérieure, & la partie fiâulcufe la plus dure jufqu'à une fubftance fongueufe, qui obéit fous les doigts comme une peau de chamois. Suivant que Vagaric le permet, on en fait des morceaux plus ou moins épais : on les bat fous le marteau pour amortir la fubliance fongueufe , au point d'être aifément écharpée fous les doigts. Lorfqu'on veut employer cet agaric chirurgical ^ on applique fur la plaie à l'ouvertuj-e de l'artère un mor^ ceau de cet agaric ainfi préparé , ôc préfenté du côté le A G A 125 plus fpongieiix , qui eft le côté oppofé à l'écorce; par- cleiTus ce morceau un autre plus grand , & par-deiïus le tout un appareil convenable. Appliqué de la Ibite fiir les coupures de veines ou d'artères , il arrête le fang en rctréciffant le diamètre du vaiiTeau , & donne lieu de fe former au caillot fi ncceffaire poiu* boucher le vaiffeau qui iburnit le fang. Dans des cas preilans, on peut employer l'amadou _, qui conferve fa vertu flyptique. Nous devons cependant convenir que ce flyptique n'a pas toujours été fui^fant ou très-sûr pour arrêter les hémorragies après de grandes opérations chirurgicales , faites dans l'Hôpital de Londres. En vain dira-t-on que l'agaric étoit mal préparé ; l'expé- rience a fait voir plus d'une fois que fa principale vertu confiée dans la compreiîion , qu'il rcfifle en effet à de petites hémorragies ; mais , nous le répétons , plus d'un malade a fuccombé à l'hémorragie , lorf- c|u on s'eft repofé fur la vertu de cet agaric ^ après de grandes amputations. Cette efpece de champignon n'eft pas rare, il s'en trouve d'une grande beauté dans la forêt de Fontai-u nebleau. Par des expériences déjà tentées , il paroît que les agarics du bouleau, du hêtre, de l'orme, du charme & de plufieurs autres arbres, ont les mêmes propriétés que lefungus agaricus ou V agaric de chém^ L'efpece de champignon qui croît dans les caves fur les tonneaux , a auffi la même propriété aflringente. Cet agaric eft le Fungus vi/iofus de M. Ford de BriiloK On diilingue une autre forte d'agaric de chêne , \u4garicus quercinus ^ Linn. 1644. Il croît fur le bois qui fe pourrit ; il dk aufîi en chapeau fefîile ; fa fubf- tance eft ferme , dure , prefque ligneufe , cependant légère, grisâtre , douce au toucher; les lames fermes, irrégulieres , adhérentes les unes aux autres, forment des excavations fmueufes & irrégulieres. Agaric d'Iris ou Bolet bigarre , BoUtus ver- Jîcolor^ Linn, 1645. Cçt agaric qui fe trouve fur l^ iiS A G A tronc des vieux arbres , & fur les boîs demî-poums^ eu d'une fubflance ferme , blanche intérieurement , formant un chapeau fefTile , femi - elliptique , feftonné , velouté en - delTus , remarquable par des zones de di- verfes couleurs ; (es pores font blancs , très - petits &C inégaux. Agaric minéral, Mcdulla faxorum aut Agarkus mïmralis. Efpece de craie fine , blanche , douce au toucher , friable : on nous l'apporte communément d'Allemagne , oii elle fe trouve dans des carrières ou fentes de pierres calcaires. Quelques-uns donnent aufiî à l'agaric minéral le nom de moUk de pierre. Le tiffu de l'agaric minéral reiïemble beaucoup à celui de l'a- garic végétal. Voye{^ Farine fossile. AGASSE CRAOUÎLLASSE & AGASSE CRUELLE. Foyei Pte-griesche grise. AGATHE ou Agate , Jchates. L'agathe eft une pierre ignefcente , vitreufe , &: plus ou moins tranf- parente. Elle a pris fon nom du fleuve Achates en Sicile , nommé aujourd'hui Drïllo , fur les bords du- quel les premières agates furent trouvées. On la ren*- contre toujours en morceaux ronds, ifolés & détachés, dans les fables & dans les champs , &c. mais elle eft en maffe dans les rochers. Vagate ne diffère du caillou filex , connu fous le nom de pierre à fufil^ que par fa couleur & fa tranf- parence, car fa fubilance eft la même. L'agate impar- faite &: par la couleur & par la tranfparence , ne diffère point du caillou petro-Jilex, Lorfque la pâte ou matière du caillou filex a un certain degré de fineffe, de pureté & de tranfparence , ou àzs couleurs mar- quées , on la nomme agate. Elle prend un plus beau poli que le filex. On diflingue deux fortes à' agates , par rapport à la netteté , à la tranfparence , à la dureté & à la beauté de fon poli; fa voir , V agate orientale &C Vcccidcntale, La première réunit prefque toujours ces qualités j A G A f27 fee qui lui efl relativement commun avec toutes les pierres orientales ; cependant on en trouve quelouefois d'occidentales , qui le diiputent pour la beauté aux orientales. U agate orientale ou fine , a le tilTu du filex , fe cafle de même en fragmens îranchans , convexes d'un côté & concaves de l'autre; elle efl: pommelée & blanche, ou plutôt elle n'a pas de couleur ; car dès qu'elle a une teinte de couleur , elle ne retient plus le nom ^ agate. Si elle ell d'une couleur laiteufe , mêlée de jaiuie & de bleu , c'eft une calcédoine. Si elle eil d'une couleur orangée , ou de corne un peu enfumée , c'efl une fardoine. Si elle eft verdâtre, ou de couleur de cire laiteufe &C à peine demi-tranfparente , c'efl le Jade, Voyez ces mots. Les couleurs les plus rares font le vert , le couleur de faphir , de rofe-vive , de rofe pana- chée 5 de ponceau &; d'un beau noir. L"* agate occidentale , au contraire , a plufieurs couleurs différemment nuancées ; elle a quelquefois la couleur de la cornaline ou de la fardoine , ou de la calcédoine \ mais on l'en diflingue aifément par le peu de vivacité & de netteté de fa couleur comparée aux agates orien- tales , à la cornaline , à la fardoine , à la calcédoine ; telles font les agates des environs du Havre, & de plufieurs autres endroits. Cette agate occidentale a une tranfparence à demi- offufquée ; fes couleurs ont peu d'éclat & de netteté : on la diflingue cependant facilement du jafpe ^ parcs que ce dernier n'a point du tout de tranfparence. La matière demi-tranfparente de l'agate, fe trouve mêlée quelquefois avec le jafpe , matière opaque ; cette pierre porte alors le nom à^ agate jafpée , fi la matière d'agate en fait la plus grande partie ; & on l'appelley-^e agate^ fi c'efl le jafpe qui domine. Toutes les agates du Du- ché de Deux-Ponts , font réputées occidentales. 11 y en a de toutes les couleurs , & qui offrent les plus beaux compartimens , zones , rubans , filets , ÔCC» ËUçs font la plupart çiiftaliiiecs au centre» 128 A G A L'arrangement des taches & î'oppofiticn des cou- leurs dans les couches dont Vagate efl compofce , font des caraderes propres à diflinguer différentes elpeces, qui font Vagate fimphmmt dite , V agate œillk , V agate- onyx y Vagate hcrhcrifée ou moujjci/jl , àc Vagate cha^ toyante. \2 agate Jimplement dite eft fans couleur ; il y en a de nuancées de diverfes teintes avec ou fans ordre ; les unes font grifes avec des zones, filets, rubans, con- tournés en fpirales ; d'autres font fauves : ( Vagate Uontlne ou de panthère^ fi elles font rnouchetées fur lin fond jaune ) ; on connoît l'agate à veines rouges , ( achates facra ); celle à trois ou quatre couleurs , ou l'agate élémentaire ; îa fard'-agate ; l'agate-coralline ; l'agate laiteufe , opaque ou cackolong. Le jeu de la Nature fe fait fouvent remarc[uer d'une manière iin- guliere dans quelques agates ; & il y efî varié prefque à l'infini ; de forte que dans ce mélange & cette con- fufion , il s'y rencontre des hafards aufTi linguliers que bizarres. On croit y appercevoir quelquefois des niif- feaux , des gazons , des payfages ; & l'imaginaticn de certaines perfonnes croit y remarquer quelquefois àes tableaux entiers ; telle étoit la fameufe agate de Pyrrhus^ fur laquelle , au rapport de Pline , on prétendoit voir Apollon avec fa lyre , & les neuf fvlufes chacune avec fes attributs. L'imagination de quelques gens toujours amoureux du merveilleux , leur fait voir fur des agates, clés traits parfaits d'objets , dont les autres entrevoient à peine les efquiiTes. Telles font encore Vagate uranie qui repréfente des étoiles & la lune dans its phafes, écC. Vagate loomorphite , qui repréfente des figures d'a- nimaux ; Vagate technomorphite , où l'on croit voir des figjures de mathématicrues. 'Vagate-onyx ell: de la nature de Vonyx. Voyez et mot. Elle eft formée de deux bandes ou zones , ou cou- ches l'une fur l'autre , de différentes couleiu-s , qui font bien diftijiguer les diiFéren$ lits dont Vagate eil compofée : A G A 129 compofée : la couleur de l'une des couches n'anticipe point fur la couche voifine. La première ou la fupé- rieure, eft d*un beau blanc de lait , & l'inférieure d'une couleur grife d'agate commune , qui en fait le fond lorfqu'on la travaille en camée. Plus les couleurs font vives, oppofées & tranchantes, plus l'agate -onyx efl: eftimée ; mais pour l'ordinaire ces couleurs ont peu de vivacité. U agate œilléc eft une efpece d'agate - onyx, mais dont les cercles ou zones concentriques tournent autour d'un centre commun, où fe trouve quelquefois une tache qui reffemble en quelque façon à un œil; ce qui lui a fait donner le nom ^agau œllUe, Sur une même pierre , il y a fouvent plufîeurs de ces yeux y ( de là les diopthalmites ou à deux yeux , les triopthal-^ mites ou à trois yeux ) qui font le centre de plulieurs cailloux qui fe font formés les uns contre les autres , & confondus enfemble en grolTifTant par juxta-pofition. Foyei Caillou & Vanick Œil de Chat. L'induftrie humaine, qui fait relever les grâces de la Nature , profite de cette légère reffemblance de \ agate œilUe avec l'œil. On taille V agate œïllie , on l'achevé , c'eft-à-dire qu'on la creufe en deftbus , on diminue l'épaiffeur de la pierre en certains endroits , & on met deftbus une feuille d'or ; alors les endroits les plus minces paroiffent enflammés, tandis que la feuille ne fait aucun effet fur les endroits les plus épais : s'il lui manque quelque autre trait , l'art le lui donne. Le Roi pofiede une très - belle onyx ou agate - onyx , dont la gravur^ eft im monument de la piété & de la tendreffe que les Romains avoient autrefois pour leurs morts : on y voit fous le toit d'un bâtiment ruftique , ^ tel qu'on les ccnftruifoit dans l'enfance de l'Architeélure , une femme nue vis-à-vis d'un autel, fur lequel eft allumé le feu facré. Elle paroît occupée d'un facrifice qu'elle offre aux Dieux infernaux, avant que de placer dans la tombe l'urne qu'elle porte , ^ Tome /» I 150 A G A qui efl remplie des cendres de fon marî. Derrière eft pôle fur une colonne , un vafe rempli de fleurs. On ne peut trop admirer le génie de l'Artifte qui a fu mettre en fcene les imperfections apparentes d'une pierre. U agate herhorlfée OU arhoriféc^ que l'on nom.me aufîi dmdragate , & que les Anglois & les Italiens appellent mocco y de Moka , ville & port d'Arabie , d'où on l'ap- porte , eft celle fur laquelle on voit des ramifications qui repréfentent des mouffes , des buiffons, des arbres: il y en a de la dernière élégance ; les troncs , les bran- ches , les feuilles y font delîinés avec précifion & avec légèreté : dans quelques-unes , cii les extrémités des ramifications font d'une belle couleur jaune ou noire, ou d'un rouge vif, on les prendroit prefque pour à.z% fleurs ; par- tout on y reconnoît le pinceau de la Nature. Toutes ces belles herborifations ne font cependant dues qu'à des matières métalliques qui fe font filtrées & interpofées dans la fabftance des agates. La cou- leur du fond dépend de l'efpece d'agate : il efl tranf- parent dans les orientales. Les agaus herborifies ne font point toutes aufTi parfaites. Foye^ De nd rites. A l'égard des agates mcuffcufes , il y en a qui contiennent effedivement dans leur fubflance des plantes de la fa- mile des Byffus ; on diroit qu'il y a des filets cylin- driques rapprochés en flocons dans les unes , ou feu- lement entrelacés dans d'autres. Les agates verddtrcs tranfparentes font les pfcudo" prafes dures, U agate blanche efl le cacha- long. Voyez ce mot, ^ On donne aux agates lenticulaires le nom de pierres de Saffenage, Voy^T. Pierre d^ hirondelle. On eft parvenu à colorer les agates blanchâtres fans couleur , & à perfeQionner la régularité des agates jafpées, M. Du/ai a. fait fur cet objet plufieurs expériences inférées dans les Mioioim de l'Académie. Les A G A 131 pîerfes dures , telles que les agates , le crîftal de roche , ne fe diffolvent dans aucun acide ; cependant ces rnêmes acides , chargés de parties métalliques , en pénètrent plufieurs : phénomène curieux , qu'on a lieu d'obferver fouvent dans la Chimie. Si donc Ton met fur un morceau à^agate blanche de la diffolution d'argent dans l'efprit de nitre, & qu'on expofe cette pierre au foleil, & qu'aufîi-tôt que la dilTolution eft îechée, on la mette dans un lieu humide, qu'on l'expofe derechef au foleil, V agate {q teindra prompte- ment d'une couleur brune tirant fur le rouge; elle fera plus foncée & pénétrera plus avant, fi on y remet de nouvelle diffolution. Que l'on ajoute à la diffolution le quart de fon poids de fuie & de tartre rouge , la couleur tirera fur le gris ; fi , au contraire , on ajoute à la diffolution de l'alun de plume , la cou- leur fera d'un violet foncé , tirant fur le noir. Il y a dans cette forte ^ agate , & dans la plupart des autres pierres dures, des veines prefque imperceptibles, qui fe laiffent plus facilement pénétrer de la couleur , que le reffe; en forte qu'elles deviennent plus foncées, & forment de très- agréables variétés qu'on ne voyoit pas auparavant. La diffolution d'or ne donne à Vagatc Gu'une légère couleur brune ; celle du bifmuth la teint d'une couleur qui paroît blanchâtre & opaque lorfque la lumière frappe deffus , & brune quand on la re- garde à travers le jour. Les autres diffolutions de métaux & de minéraux n'ont donné aucune forte de teinture. Si l'on veut tracer fur V agate des contours, des deflins réguliers , le mieux eft de prendre de la diffo- lution d'argent avec une plume, & de fiiivre les contours tracés avec une épingle : comme il eff nécef- faire que V agate foit dépohe , il faut que la diffolution foit bien chargée d'argent , afin qu'elle puiffe fe criflal- lifer promptement au foleil , & qu'elle ne coure point rifque de s'épancher; les traits, pour lors, font aff^ I z i32 A G A délicats , maïs n'ont jamais la Hhq^Çq du trait de la plume. On diilingue facilement V agate naturelle de l'artifi- cielle. En chauffant l'agate colorée , elle perd une ien en montant & en rafe campagne ; mais il efl perdu lorfqu'il a le malheur de fe trouver dans un champ de cannes cou- pées ; à chaque faut qu'il fait , il s'enfonce dans les pailles qui ont quelquefois un pied de hauteur , oc il a beaucoup de peine à réitérer fes fauts , parce que fes jambes font très-courtes. Comme fes jambes de devant font plus courtes , dans les defcentes il culbute cul par-deffus tête. Lorfqu'il eft lancé , pourfuivi par les chiens , il court aufîi vite que le lapin partant du gîte , il tâche de gagner l'eau ou des trous qu'il creufe lui-même , ou des creux d'arbre oii il fait fa retraite ordinaire ; mais en fouillant l'un & en mettant le feu à l'autre , on l'oblige de déloger, & on le tue en fortant. Vagoutl refte enfermé dans fon trou pendant la nuit : s'il en fort y c'eft quand la lune éclaire. Alors il n''eft pas rare de les entendre de loin racler avec leurs dents les noyaux de palmier & même le bois. De même , & bien plus promptement que les rats , ils favent agrandir , avec leurs dents , les trous en bois , par où ils veulent paffer. Lorfque cet animal eft irrité , ou qu'il â peur , il hérifle le poil rude de fa croupe ; il frappe la terre de fes pattes de derrière comme les lapins ; il jette de la terre avec i^s pattes de devant ; il mord quelquefois , mais fes dents ÔC fes griffes ne font pas plus redoutables que celle du lièvre & du lapin. On peut , étant pris jeune, l'appri- voifer dans une habitation. Il s'y tient toujours à l'écart tant qu'il peut ; il fe laifle manier quelquefois. M. di la Bords en nourrifToit un avec du poiffon , de la viande cuite ou crue , & des bananes. Il pa- roiflbit friand A^s excrémens du perroquet & des poules ; il s'étoit fait im magafin , où il charioit tout ce qu'il pouvoit attraper de bon à manger. Vagoutl efl: très - commm;i en Ançiérique dans la 144 A G R Terre - ferme & dans toutes les liles , ( notamment dans les petites Mes marines vers Tembouchure de l'Ama- zone,) excepté à la Martinique : peut-être, dit- on , les ferpens en font-ils la caufe. Quand on commença k habiter la Guadeloupe , on n'y vivoit prefque d'autre chofe : fa chair efl un peu feche , blanche, fans graiffe, & a en tout temps un goût de venaifon : elle approche beaucoup de c lie du lapin ; on l'ëchaude & on l'ap- prête comme le cochon de lait. On mange les vieux comme les jeunes ; on diftingue même ceux de certains quartiers, ceux des bords de la mer font réputés les meilleurs ; il y a aufîî certains cantons de terre où leur chair devient plus favoureufe , & (i ce gibier n'eft pas plus eftimé , c'eft parce qu'il eft trop commun : en effet , les habitans en regorgent. Les Sauvages font iifage des dents incifives de V agouti , qui foat très- tranchantes , pour fe découper la peau dans leurs céré-» monies de deuil. La peau de V agouti efl dure & très-propre à faire des empeignes de fouliers. \J agouti parôît être du même genre que Yacouchi^ mais V agouti efl confiam- ment une efpece plus grande que celle de Vacouchi. Voyez AcoucHi. AGRA. Bois de fenteur qui vient de l'Ifle de Hainan à la Chine : on en diflingue de trois fortes. Il paroît que ce bois, fur lequel on n'a pas d'autre connoif- fance , eft très - eftimé , & qu'il fe vend très - cher à -Canton. Les Japonois font aulli grand cas de Vagraca- ramba , efpece de bois de fenteur purgatif. AGRAHALÏD. C'eft, félon Umery ^\m arbre grand comme un poirier fauvage , peu branchu , épineux , reffemblant au lycium ; auiïi Ray , qui dit que Vagrahalid naît en Egypte & en Ethiopie , le caraélérife ainft , Lycio affinïs jEgyptiaca : An, celajirus BuxifoUus , Linn. Sa feuille ne diffère guère de celle du buis ; elle efl feulement plus large & plus rare : fes fleurs font peu nombreufes, blanches, femblables à celle de l'hyacinthe, mais plus petites ; il leur fuccede de petits fruits noirs, approchant A G R 145 approchant de ceux de Thieble , & d'un goût flyptique amer : (es feuilles aigrelettes & aftringerites font efti-. niées antivermineufes , prifes en detocïlon. AGRESTE. Nom donné à un papillon de jour , qui n'emploie que quatre pattes pour marcher. On en diftingue deux efpeces , le grand & le petit. Leur couleur efl d'un brun clair ; près du bord des ailes fiipérieures la nuance eu moins foncée , & offre deux yeux à prunelles blanches. L'extrémité des ailes infé- rieures offre une bande compofée de quatre taches fauves ; un œil à prunelle blanche eu dans la dernière. Le deffous des ailes fupérieures offre un fond fauve, nué de jaune , avec un œil , le tout encadré dans une bordure marbrée de gris-brun ; le fond des ailes infé- rieures eft marbré de couleur de biflre , partagé en deux par une bande d'un gris -blanc & fmueufe ; la bafe de cette aile a un œil brun ; le deiTus des ailes fupérieures , dans l'efpece femelle , offre dans chacune une bande jaune avec deux yeux noirs à prunelles blanches ; le defTus des fécondes ailes offre quatre grandes taches fauves. Ce papillon paroît en été en Alface : on le voit dans les campagnes , les montagnes arides , pierreufes , èc les forêts fablonneufes de quelques autres contrées. Le defTus des ailes de la petite efpece , préfente dans chacune une bande fauve continue avec trois taches brunes chez la femelle, & feulement deux dans le mâle. La partie fauve , au-deffous de l'aile fupérieure, n'offre qu'un œil à prunelle blanche ; le deffous de la féconde aile oifre des bandes petites , brunes , grifes , en forme de croifTant. AGRIPAUME ou Cardiaque, Cardiaca^ L B. 3; 320. Dod. Pempt. 9^. Lob. Icon. ^16 : Leonurus tardiaca ^ Linn. 817. Plante qui vient communément dans les environs de Paris parmi les décombres , & aux lieux incultes & efcarpés. Sa racine efl vivace & fibreufe ; fes tiges font nombreufes , affez droites , quadrangulaires , ïories y dures , braachues , hautes de Î46 A G R A G 15 deux à trois pieds, &C d'un rouge -brun; les feuiîîes de la tige font vertes , lancéolées , échancrées ou dé* coupées en trois lobes , Si dentelées ; les feuilles infé- rieures font larges , arrondies , quoique incifées & dentées. Toutes font oppofées, pétiolées 6c ridées ; fes fleurs font petites , en gueule , légèrement purpu- i4nes & velues ; le calice eit cylindrique , ftrié , Si a cinq dents ou pointes égales & évafées , quatre étamines &c quatre ovaires. Aux fleurs fuccedent des graines oblon- gues 5 lifTes , brunâtres. Toute /cette plante efl d'une odeur forte Si d'une faveur un peu amere : on prétend qu'elle guérit la cardialgie des enfans, & fait mourir les vers plats &: les lombrics ; mais M. Huiler obferve que la cardiaque , qui par l'odeur doit avoir les Vertus du lamïum , n'eft prefque plus d'ufage. AGRIPENNE. Voyez Ortolan de la CarGllnc, AGROPILLE. VoyQi Egagropille. AGROSTIS. Nom donné par les Botanifles à un c^enre de plantes de l'ordre des Graminées , Si qui ont beaucoup de rapport avec les millets. Les fleurs font ordinairement en panicule finement ramifié ; la balle extérieure efl à deux écailles ,*& un peu plus grande que l'intérieure; il y a des agroftis à fleurs barbues ; leurs racines font annuelles , d'autres font à fleurs nues & fans barbe ; leurs racines font vivaces. Vkernlcc efl im agrojlis. AGROUELLES ou EcROUELLES, Scrophula aquatica. On nomme ainfi de petits vers aquatiques à pUifieurs pieds, dont le corps efl court. Si la queue courbée. Ces vers fe trouvent dans les puits , les fontaines & les livieres ; ceux qui ont le m.alheur d'en avaler , ont des ulcères à la gorge &: ailleurs. AGUA, Bnfo Brafiuzvfis ^ Seba. Efpece àt crapaud du Bréfil ; il efl: couvert de petites éminences , excepté dans le deffous du corps qui eil: liiTe. Le corps efl rond & marqué de taches d'un rouge de feu fur un fond gris-ccndrc. Il a quatre doigts aux pieds d§ devant \ les A G U ^ ^ 147 pieds de derrière en ont cinq réimîs par des mem- branes ; fes yeux font gros , étincelans ; la tête prefque triangulaire. Les Braûiiens nomment ce crapaud , agua-gua ^ & par corruption, aquaquaquan. AGUACATÈ, vulgairement Avocat, Voyez Avo- catier. AGUAPECACA. Ct^ le Jacana. armé» Foyei ce mot. AGUARA-PONDA, Flolafpkata Brafillana, Plante du Bréfil, haute d'un pied ou environ, lemblable à la violette pour le port ôc l'odeur. Sa racine eil droite, peu grofïe & fibreufe ; fa tige eil liffe , ronde , verte bc noueufe, il fort de chaque nœud quatre ou cinq feuilles étroites, crénelées, pointues, vertes &: inégales. Ses fleurs , qui naiiTent au fommet de la tige , font d'un bleu violet & à cinq pétales. On diflingue une autre efpece Jaguar a-ponda , dont les fommets des tiges font marqués d'un cube creux, qui forme une efpece de cafque vert. AGUARAQUYA. Les Caraïbes donnent ce nom ; alnfi que celui dioukoumeli ^ au folanum ( morelle ) de Plumur, C'eil le Laman de Saint-Domingue. AGUARIMA. Foyei Herbe a colet. AGUÏLLAT ou Aiguillât. Foyci Chien de MER. ÀGUL ou Alhagi , Planta fplnofa mannam rec'iplens: Hedyfarum dicîum alhagi maurorum^ Linn. fp. pi. 745. n. I. Petit arbrifleau épineux, haut d'une coudée, fort branchu , croiffant en buiflbn : fes racines font longues & rouges : fes feuilles font oblong;ues & de couleur • Al/ cendrée : il porte beaucoup de fleurs rougeatres , legu- mineules, auxquelles fuccedent de petites gouffes longues , rouges , reflemblantes à celles du genêt , pi- quantes &: pleines de femences qui ont la même couleur que la gouffe. On trouve Vagul en Perfe, aux environs d'Alep ôc de Méfopotamie. Ses feuilles & fes branches ie chargent dans les grandes chaleurs de l'été ^ d'iuie 148 A H A A H O liqueur grafle & ondlueufe, qui a la coufiftance du miel. La fraîcheur de la nuit la condenfe, & la réduit en forme de grains, que Ton nomme manne dW/z^«^i, & que les Naturels du pays appellent trangcbin. On réunit ces grains de la groileur des grains de corian- dlre, & on en fait des pains aflez gros, d'une couleur îaunc-foncée. Trois onces de cette manne dans une infufion de féné purgent bien . Cette manne eft cepen- dant inférieure en bonté à la manne de Calabrc, Voyez Manm, AHATÉ. Arbre originaire des Indes , & qui a été tranfporté aux Mes Philippines. Il s'élève à la hauteiu" d'environ vingt pieds : il eft d'une groffeur médiocre : ion écorce eft fongueufe & rouge en dedans : fon bois eft blanc & dur : {es branches font peu nombreufes , & couvertes d'une écorce verte & cendrée. Ses feuilles font oblongues ; froiffées dans la main , elles rendent une huile fans odeur. Sa fleur eft compofée de trois feuilles triangulaires , épaiiTes comme du cuir , blanches en dedans , vertes en deffus , & exhalant une odeur de cuir brûlé , quand on les met au feu. Son fruit , dans fa maturité , eft de la groffeur d'un citron ordi- naire y vert & ftrié par dehors , blanc en dedans , & plein d'une pulpe fucculente , d'un goût & d'une odeur agréables : fes femences font oblongues , lui- fantes & enfermées dans des cofTes. Ce fruit .^ de même que la nèfle , mûrit dans la ferre. Cet arbre , qui aime les clim.ats chauds , fleurit deux fois l'an. Sa racine eft jaunâtre , d'une odeur forte & d'un goût onélueux. On trouve une longue defcription de Vahaté de Pauncho Requi y dans le Di&ionnaire de James, AHIPHI. Voyei Bois Immortel. AHOUAI du Bréfil , Cerhera ahoual , Linn. : Arbor Americana ^ foliis pomi , friiciu trïangulo^ Bauh. Pin. 434. Arbre de la hauteur d'un poirier ordinaire , dont l'é- corce eft grifâtre , pleine d'un fuc laiteux , & qui porte, vers le fommet de fes branches, des feuilles A H O 14^ iéparfes , un peu coriaces , & qui ont afféz la forme de feuilles de poirier. Ses fleurs font jaunes , mono- pétales , découpées en cinq lobes obliques , ouverts en étoiles , & contiennent cinq étamines & un piftiL Les fleurs , au nombre de llx ou fept enfemble , ter- minent les rameaux. Son fruit a la figure d'ime poire ; il eu charnu , & contient un noyau ( quelquefois deux , ) triangulaire , brun &c très-dur. Les Indiens enfilent pkifieurs de ces noyaux , & les attachent à leurs jarretières &: à leurs tabliers , ou à leur ceinture, comme ornement , & à caufe du bruit que font ces noyaux, lorfqu'ils fe heurtent les uns contre les au- tres ; ce font leurs grelots. Le P. Labai , dans fon voyage aux Illes de l'Amérique , appelle ces noyaux noix de ferpent , parce qu'il prétend que l'amande de ce noyau , appliquée en cataplafme , guérit de la mor- fure àwfcrpcnt afonncttcs, M. Z/w^ri préfente plufieurs raifons de douter que le fruit que ce Père dit avoir employé , foit véritablement le fruit de cet arbre ; car fa defcription ne s'accorde point avec les arbres qu'on a élevés au Jardin du Roi, pro venus des fruits de VahouaL De plus , les perfonnes des Ifles lui donnent toutes une qualité venimeufe, tout-à-fait oppofée à celle que ce Religieux lui attribue. On diflingue plufieurs autres efpeees de ce genre de plante à fleurs monopétalées , de la famille des Apodns ; toutes font des arbres étrangers , pleins d'un lait caudlque ,. & qui offrent d'affez belles fleurs. Il y a V allouai des Antilles , Ahouai nerii folio , Jlore luteo ^, Flum. V Ahouai des Indes orientales , Manghas lacief- cens , foUis nerii , crajfîs , venenojis , jafmini flore ^ fruclit pirflcœ flmiU venenato , Burm. Zeyl. : Odallam du Mala- bar. Son fruit eu un poifon qui excite le vomilïement. On fe fert à Amboine de fon écorce pour fe purger. Paimpkius fait mention de V ahouai à feuilles oppolées, C&rhera oppofiti folia ; Laciariafalubris ; Upas lacki lackl Malacecnjîum ; ôc de Y Ahouai à fruit en moule ^ K3 MO A H U Cerbera fruclu mufmuformL Ces deux ahouals Crolïïent dans les Moluqiics & les Mes de la Sonde. AHU, Capna campcpis ^utturofa ^ Gmelin. Cet ani- mal , nommé par les Perfans ahu , & t^dran par les Turcs, cil une grande efpece de gazelle. îlreflemble, (elon Olcarlus , en quelque forte à notre daim , finon qu'il eft plutôt roux que fauve fur le dos & les côtés, & que {qs cornes font fans andouilleres , couchées fur le dos 5 félon Gmelin , qui défigne Vahu Ibus le nom de dshzrm : il reflemble au chevreuil , à l'exception des cornes , qui , comme celles du bouquetin , font creufes & ne tombent jamais. Cet Auteur ajoute qu'à mefure que les cornes prennent de l'accrciiTement , le cartilage du larynx grofiit au point de former fous la gorge une proéminence confidérable , fur-tout lorfque l'animal efl âgé. Selon Kempf&r , ^ahu ne dif- fère en rien du cerf par la figure , mais il fe rapproche des chèvres par les cornes qui font fimples , noires , comprimées en bas , annelées jiifqu'au miHeu de leur longueur , & longues d'un pied. Cet animal efl défigné dans les Voyageurs fous les noms corrompus de gàrari & de j airain. Les oreilles de Xahu font pointues &c très-longues ; la m.oitié àçs, poils du cou dirigée en haut, & Tautre moitié dirigée en bas ; ceux du dos également tournés , moitié en avant , moitié en arrière ; la queue aflez lon- gue & terminée par une toulFe de poils ; le train de devant plus bas que celui de derrière ; point de broffes de poils fur le genou , & au lieu d'ergots , une fimple éminence ou bouton ; la couleur du ventre eil blanche. La femelle de Vahu n'a point de cornes. Le mâle a fous le ventre , aux environs du prépuce , un fac ovale affez grand , & femblable à la poche du porte- mufc ; il s'y produit une fécrétion dans la faifon des amours qui eil vers la fin de l'automne. Le mâle a auffi des proéminences au larynx, kfquelles grofîiiTent à mefure que les cornes prennent de l'accrciiTement* Aï A I G 151 ' "Les ahits pris jeunes s'apprivoifent sifémê^rtt. Dans rétat de liberté, ces animaux vont en troupes,^ quelquefois ces troupes de tieirans ou ^ahus fauvages^ fe mêlent aux troupeaux domefliques ; mais ils fuient â la vue de l'homme. L'efpece de Vahu fe trouve en Turquie, en Perfe;;, à la Chine , en Sibérie , dans le voiiinage du Lac Baikal, & en Daourie. AI ou H A Y. Animal auquel on a donné , ainfi qu'à Vmiciu^ le furnom de parcjfciix. Voyez Un AU 6c Paresseux. . . A rifle de France on donne auffi le nom dV au papillon à tête de mort. Voyez cet article, AJACE-BOÎSSELIERE. ^oy^-^ Pie-griesche grise. AIAU. Voyei Campane jaune. -A AÎGLE , Aquïla, Oifeau de proie très-grand, qui va le jour 5 & qui poffede à un degré éminent les qualités qui lui font communes avec les autres oifeaux de proie, comme la vue perçante, la férocité, la vora- cité , la force du bec ^ à.^s ferres. Il a régné jufqu'à préfent parmi les Nomenclateurs la plus grande confufion dans la connoifTance des oifeaux, qu'on doit mettre au rang des aigles, dont les uns ne font que des variétés , & lés autres àç% efpeces qui s'en éloignent. M. de Buffon a obfervé^ comparé , difciité , & a porté la lumière , l'ordre o\% régnoient les ténèbres & la confufion. On a compté jufqu'à préfent, dit-il, en Europe, onze efpeces d'aigles : favoir , i.° Vaïi^le commun^ 2.!^ T aigle à tête blanche j, Aquila leucocephalos ; -^^^ l" aigle blanc ^ Aquila alba aut cygnea; 4.^ V aigle tacheté; 5.^ régie a queue blanche ^ Aquila albicilla ; 6.^ le petit aigle à queue blanche , Pigar- gus ; '^P Y aigle doré,, Chryfaëtos ; 8.^ V aigle noir y Bquila mœlenetus ; 9.^ V aigle barbu , ou le grand aigle de mer ^ ou orfraie; io.° V aigle de mer appelé balbuzard; ii.° l'aigle appelé jean-le-blanc^ & par quelques-uns oifeau Saint - Martin, Ce dernier eft d'abord rejeté k:4 n^i AGI de la lifte des aigles, dont il efl très- différent. On peut réduire à fix les onze efpeces d'aigles d'Europe mentionnées ci-defTus ; & dans ces ïix efpeces , il n'y en a que trois qui doivent conferver le nom d'aigles, les trois autres étant des oifcaux affez difFérens des aigles pour ex'ger un autre nom. Ces trois efpeces ^aigles qui appartiennent à l'Eu- rope, font, i.° y aigle dori^ que M. d& Buffon nomme aufîi le grand aigle ; 2.° V aigle commun ou moyen ; 3.® V aigle tacheté , qu'il appelle le petit aigle : les trois autres font \^ aigle à quau blanche , qu'il nomme pigargue de fon nom ancien, pour le diftinguer des aigles des trois premières efpeces , dont il commence à s'éloigner ^par plufieurs caraâ:eres ; V aigle de mer , qu'il nomme halbuiard de fon nom anglois , ce n'eu point un véri- table aigle ; enfin le grand aigle de mer , qui s'éloigne encore plus de l'efpece, & qu'il appeTle orfraie^ de fon vieux nom françois. Le grand &: le petit aigle font chacun d'une efpece ifolée &: n'ont point fourni de variétés ; ma' s \ aigle commun & le pigargue font fujets à varier. Uaigle blanc ne paroît pas être une efpece particulière, ni même une race confiante; c'eil: une •variété accidentelle du grand aigle produite par le froid du climat , la maladie , une trop longue diète , &: la vieillefTe ; \ aigle noir n'eft de même qu'une variété de X aigle brun ou aigle commun. XJ aigle à tête blanche^ & le petit aigle à queue blanche ^ ne font aufTi que des variétés individuelles dans l'efpece du pigargue ou grand aigle ^s briques frappées par un coup de foudre & qui en ont été noircies , ont acquis la propriété d'attirer & de repoufTer une aiguille ai- mantée. On a appris des Navigateurs que la foudre, en tombant près d'une boufTole , avoir changé exac- tement les pôles de raigiùUe. Ceci étant, la déclinaifcn ne dépendroit-elle pas des commotions fouterraines , de la flrudure du globe , de la nutation de l'axe , & notamment de l'adion du fluide éledrique : ce fluide , dont la quantité dans un efpace donné , varie fi con- fidérablement d'un infiant à l'autre.... Combien de fois n'a-t-on pas vu les aiguilles des boufToles fe livrer à des ofcillations irrégulieres aux approches d'un nuage orageux & lorfque le tonnerre fe faifoit entendre (^ ). {a) Dans les vues de préfet-ver les nigni'les des bonflo'es de l'in- fluence de réle^ricité atmofphérique , M. le Comte de M'iy propofe \\n moyen, lequel confifle à enduire le dedans de la bouflole de plu* A I M î79 Rien après îa longitude ne peut être plus utile à la navi- gation que la perfedion de la théorie qui traite de la dëclinaiibn , & notamment de l'inclinaifon de l'ai- guille magnétique. L'on fait aufîi des aimants artificiels plus forts que les naturels ; de même que l'on aimante du fer fans le faire toucher à X aimant. Les prérogatives àts aimants artificiels par rapport aux naturels , & à la diverfité des méthodes propofées autrefois par MM. Knight , Michel , le Maire , Canton , &c, engagèrent l'Académie de Saint-Pétersbourg à propofer , en I7^8, un prix fur la meilleure manière de faire ces aimants artificiels, L'Académie l'adjugea à M. Anthèaumz : fon procédé l'emportoit de beaucoup fur tous ceux qu'on avoit connus juf qu'alors. Pour parvenir aux deux moyens de faire ces aimants fadices ; i .^ l'on choiiit des lames d'acier quelconques de longueur égale ; on les fait pafler chacune pUifieurs fois fur une pierre d'aimant , on les réunit enfemble par le moyen de deux cercles de métal : voilà un aimant artificiel très-fort ; i.^ l'auc tre moyen eft de faire un aimant fadice fans le fecours de Vawiant naturel ; pour cela il faut placer fur une enclume des lames d'acier femblables aux précédentes, & dans la diredion d'un méridien , &: les frotter vi- vement & à plufieurs reprifes avec une grofTe barre de fer verticale. L'on trouve ces différens procédés très-circonflanciés dans V Encyclopédie , dans la Phy- Jîque de M. l'Abbé Nollet^ &c. Epinus^ dans fa Théorie de VéleBricité & du magnétifme , fait voir , que les fers généralement ( notamment les plus durs ) , font difpofés à recevoir les pâles magnétiques , fdon la pojïtion. ' qu ils fc trouvent avoir ^ relativement aux pôles de la terre » fieurs couches de vernis de gomme laque ou de cire d'Etpagne , qui, étant idio-é'eftriques , empêchent, dit-il, la communication de l'élec- tricité de l'a'T avec l'aiguille magnétique : il faut de plus, ajoute-t-il, ifoler la boîte de la bouffole fur un plateau de verre. M. le Comte de la Cépede prétend qu'il tuffit de renfermer les bouflbles dans des boîtes pu des caifTo de verre bien môftif^uées avec de la poix ou de la réHne^ M 2, :igo A I M AIR C'efl par le moyen de Xaïmant que différentes pér^ fonnes font mouvoir à volonté des figures fur des bafTins d'eau, favent découvrir où & en quelle fitua- tion font cachés certains objets , & tous ces autres effets naturels, dont les caufes font annoncées au petit peuple fous le nom pompeux de Y An de Nécromancie, Les Médecins inilruits ne font aucun ufage de la pierre ^aimant ^ foit pour l'intérieur, foit pour l'ex- térieur. On lit cependant dans les papiers publics , que V aimant , & fur-tout Y artificiel , a la vertu de détruire ia douleur des dents. Pour cela il faut que le malade sit le vifage tourné du côté du Nord , alors on fait loucher la dent afFeâ:ée avec \e pôle feptentrional de Vaimant, On dit qu'à Finflant toutes les dents reïTen- tent une douleur légère , enfuite on éprouve des pul- fations dans la dent malade , auxquelles fuccede un froid qui s'étend même dans les dents faines , & qui ie change en un engourdifTement qui efl fuivi de l'en- tière guérifon. 11 feroit à défirer que cet effet magné- tique fut aufïi utile dans l'odontalgie : Quid tentart Tiocebit ? On trouvera dans notre Minéralogie quelque -autres détails fur l'aimant. Voyez l'article Fer, Aimant de Ceylan. Voye:^^ Tourmaline. AIOLE ^ Labrus Cretmjis , Linn. : Labrus tetraodon v/- refcens , caudd , bifurcd , Arted. Ce poiffon , qui efl du genre des Labres , fe trouve dans la mer qui bai7,ne rifle de Crète & les Mes voifmes. Il eft d'en- viron treize pouces ; fa queue eft fourchue ; fa couleur eft en général d'un jaune verdâtre , mais plus foncé fur la tête & fiir les parties latérales au-deffous des ouïes. Chacune des mâchoires eft divifée en deux oifelets ; la fupérieure eft munie , de part & d'autre , de cinq petites dents aiguës , fituées extérieurement fur une ligne un peu courbe; la mâchoire inférieure offre une multitude de petites dents, & à l'extérieur un grand nombre de tubercules difpofés en quinconces; Les écailles font affez grandes, La membrane des ouïe^ «ft garnie de fix rayons» A > O AIR fSî; ^AIONC. f^oyei Genêt épineux. AIR , ^er. Vair eft ce fluide mobile , inodore , fans couleur , tranfparent au point d'être invifible , que nous refpirons &c afpirons continuellement, qui n'af-, fecle aucun de nos fens , fi ce n'efl le toucher, & qui eft répandu autour de nous jufqu'à une certaine hau- teur que Ton eflime de dix-huit à vingt lieues. Il eft fufceptible de dilatation & de comprefîion. Ceft urE des agens les plus confidérables & les plus univerfels qu'il y ait dans la Nature , tant pour la coniervation de la vie des animaux, & la végétation, que pour la production des plus importans phénomènes qui arrivent îur la terre. Tous ces merveilleux eiFets font dûs à fes; principales propriétés , qui font h ^uiditc , hp^fanteur & fon élajiicité : toutes propriétés que les expériences, de Phyfique démontrent d'une manière inconteflable. La nature de cet ouvrage ne nous permet que de donner un léger tableau des divers effets produits par; ces propriétés. On prétend que Vair doit au feu fa fluidité , & que fans cet agent il deviendroit une maife folide impéné- trable ; fa température efl: la même quand l'eau com- mence à {e geler, & lorfque la glace commence à fe fondre. La pefanteur de l'air efl à celle de l'eau , à peu près comme i à 850 : c'efl: fa pefanteur qui foutient le- mercure dans les baromètres (inflrument dont Tinventioa efl: dîie au fameux Toricellï ,. ami & faccefleiir du grand Galilée ) , élevé l'eau dans les pompes ^ occafionne auflî- l'écoulement des liqueurs par les iiphons , & fait couler le lait dans la bouche des enfans qui tettent. On eflime qu'une colonne d'^/V, du haut de Tat-^ mofphere jufqu'à nous, c'efl-à-dire de 18 à 20 lieues; de hauteur , à diamètre égal , pefe autant que 2^ pouces de mercure ou 3 2 pieds d'eau (^). \jïi pied (û) Des Phyfîciens difent, que \q% obférvatibns des aurores bo-^ réaies prouvent que la hauteur de l'atmofphere atteint à trois ou quatre ^ents lieues, & qu'elle peut s'étendre davantage. M3 iSi A I R carré, bafe de cette colonne, pefe 1728 livres ; & tout homme ( fa furface eflimée 1 5 pieds carrés ) , preffé tn tout fens par Vair , en foutient une mafîe de 2 5 900 livres & l'effort de cette maffe ; mais fon élaf- ticité nous empêche d'en être écrafés. La pefanteur de cet élément le force à fe précipiter vivement dans tous les elpaces qu'il n'occupe pas , & où il peut trou* ver accès , lorfqu'ils ne font pas remplis par des corps plus pei'ans que lui. On eflime encore que Vair que nous refpirons , e(\. quatorze mille fois plus denfe que celui de l'extrémité de l'atmofphere , & foixante-dix mille fois moins rare que ce lui de la région éthérée : celui-ci eft un air fupé- rieurement raréfié, dont la machine pneumatique ne peut fe purger entièrement. Vair , à la hauteur de 32400 to^fes, eft, fuivant M. ile la Hire, 4616 fois pUis rare qu'à la furface de la mer; & , félon M. Cajpni, à la hauteur de 34050 toifes, il eft 4026 fois plus tare. Enfin les Phyficiens efliment que Vair de la ré- gion fupérieure de l'atmofphere efi: un million de fois plus rare que l'or ; mais ce font des conjeûures d'ap- proximation , dont l'expérience ne peut démontrer l'exade certitude. Toujours eft-il vrai que Vair décroît de denfité , & augmente en froideur en raifon de fon élévation. Cet ^zV agit tellement fur nos fens, que fur les plus hautes montagnes , les liqueurs fpiritueufes font moins fapides , & le fon perd déjà un peu de fa force. La froideur de Vair fait balfler la liqueur dans le thermomètre ; fa féchereffe ou fon humidité occa- fionne les mouvemens de l'hygromètre. Vair , après le feu , eft l'élément le plus léger ; donc il eft toujours à la furface des corps avec lefquels il n'efi: pas com- biné ; il ne les pénètre que lorsqu'il ne rencontre pas de matière plus pefante que lui , & qui s'opp ofe à fon pafTage. Vair fe charge , pendant l'infpiration , Aes va- peurs dont le féjour nous feroit nuifible, &: nous en AIR îSj (délivre par l'expîratîon. Il efî: le principe de la vie & de la mort. Sans fon fecoiirs le feu 6c la lumière ne peuvent iubfifter. Vair eft le principe du fon ; il le propage à onze cents pieds dans une féconde , & cette propagation eft moins rapide que celle de la lu- mière. S'il n'exiftoit point, le goût, l'odorat, l'ouïe feroient des organes inutiles , & les femences demeu- reroient enfévelies dans le fein de la terre fans fe dé» velopper ; en un mot , fans Vair , point d'exiftence fenfitive , & par un effet contraire il concourt à la defl:ruâ:ion des corps inorganiques : il eft aufîi la caufe de la réfraftion & des crépufcules. Uair échauffé devient plus léger que celui dont la température efl plus froide : devenu plus léger, il s'é- lève , & l'air voifin plus froid & plus pefant le rem- place. Echauffé au milieu d'une chambre par un four- neau ou par un poêle , il gagne le haut , & fe répand au-deffus de l'air plus frais , jufqu'à ce que touchant aux murailles , ces murailles plus froides le condenfent : alors devenu plus pefant , il defcend & prend la place de Vair froid qui s'étoit porté vers le feu , pour occuper celle de Vair qui s'étoit élevé des environs. Ainfi , au moyen du feu , dit M. Franklin , il fe fait \mQ circu- lation continuelle de Vair qui efl dans la chambre ; circulation qu'on peut rendre vifible , en faifant danç cette chambre un peu de fumée , car elle prendra les mêmes direâ:ions. Entrouvrez une porte entre deux pièces , dont l'une foit échauffie , & l'autre ne le foit pas ; préfentez fiiccefîivement une bougie au haut, au bas & au milieu de cette porte , vous verrez un effet du même genre ; car vous connoîtrez par les diffé- rentes directions de la flamme , un courant d'û/r échauffé qui fort de la chambre par en haut , un autre ô^air froid qui entre par en bas , & très-peu ou point de mouvement au m.ilieu. M. Franklin prétend que la Nature produit , fur Vair de notre globe , un effet fem- blable , une pareille circulation. Vair échauffé entre les M 4 i84 AIR tropiques s'élève perpétuellement en Haut y & fa placé eu remplie par les vents du nord & du fud, qui vien* nent des régions plus froides. Vaîr plus léger , parce qu'il eu. plus échauffé , flottant au-defTus d'un autre plus froid & plus denfe , doit fe répandre vers le nord & le fud, 6c defcendre près des de,ux pôles, pour remplir la place de celui qui s'eft porté vers l'équa- teur. Les diredions différentes & même oppofées des miages , démontrent celles des airs de différentes pe- fanteurs , comme celles de la fumée ou de la flamme', dans rcxi>érience de la chambre ou de la porte dont il eu mention ci-deffus. Vair eu fufceptible de compreiîion & de dilatation; Il fe raréfie 6c fe condenfe en raifon des poids dont îl efl chargé ; la chaleur le dilate , le raréfie ; la feule eau bouillante augmente d'un tiers la force de fon^ reffort. La chaleur pouffée à un degré éminent, lui fait occuper un efpace treize à feize fois plus grand quô fon volume ordinaire. Ce ff ce reffort de l'^/V comprimé, 6c l'eau réduite en vapeurs , qui foule vent les entrailles de la terre , 6c occafionnent ces tremblemens de terre , ces explofions qui engloutiffent quelquefois des villes entières. Vair fe charge d'un nombre prodigieux de corps hétérogènes qui en altèrent la nature , 6c qui fouvent le rendent fi funefle aux êtres animés. Un air chargé d'exhalaifons des latrines , des cimetières , des caves fépulcrales , des boucheries , des marécages , des tan- neries , des cloaques ;, peut arrêter la circulation , & fuffoquer la perfonne qui le refpire. Le Dodeur Black donne le nom d^air méphitique à cette efpece d^air re- tenu en certains endroits & qui caufe la mort aux ani- maux , qui éteint le feu 6c la flamme , 6c qui efl attiré avec force par les fels alkalis 6c la chaux vive. Cet air meurtrier ou méphitique fe diflingue de Vair or- dinaire par la pefanteur fpécifique qui ell à celle de l'air comme 1 5 ^ ou 1 6 à 9 j & de là vient que ^ AIR igf lorfqu'll s'exhale de la terre , il ne s'élève pas au-delà d'un ou de deux pieds. Vair méphitique ou fixe exhale une odeur affez agréable , pareille à celle de la bière qui fermente , & il rougit la teinture de violette. Il y a aufîi Vair inflammable des marais , des mines de char- bon , Vair mifcible à l'eau , & plufieurs autres , de même faélices. Fojei les articles Gaz & Exhalaisons. Un grand nombre de bougies allumées dans un ap- partement fermé , de même que le feu des poêles & celid de matières grafîes , font perdre à Vair beaucoup de fon élafticité ; les émanations de la peinture à l'huile avec la cérufe l'altèrent & le rendent nuifible : ce qui peut occafionner en partie ces maladies de vapeurs fi com- munes parmi les Grands. La quantité de ce fluide ( Vair ) nécefTaire pour l'entre- tien d'une flamme, même petite, ell étonnante. On pré- tend qu'une chandelle ordinaire en confume quatre pintes de Paris dans une minute. Il feroit donc intérefTant de découvrir quel efl le changement que des feux al- lumés dans toutes les parties de notre féjour, la flamme des volcans , &c. opèrent dans Vair , & quelles font les refTources que la Nature emploie pour réparer ces alté- rations dans notre atmofphere. Il efl probable qu'un des grands moyens qui tendent à ce but , ou font def- tinés à entretenir dans l'atmofphere une falubrité con- fiante , efl la végétation , l'abforption par l'Océan & les autres grands amas d'eau. N'oublions pas de dire que dans nos fpedacles , & autres lieux trop fréquentés, comme dans nos hôpitaux , nos cafernes , les prifons , les étables trop peuplées , & autres habitations fer- mées , après un certain temps , on ne refpire qu'un air qui a perdu une partie de fon reffort , qui efl corrompu & chargé de quantité d'exhalaifons qui ne peuvent qu'afîe£ler l'odorat, gêner la refpiration , ou agir en la manière des narcotiques violens. Un oifeau enfermé fous une cloche de verre , infeâ:e bientôt de fon haleine Vair qu'il y refpire ; il s'empoifonne par ï86 AIR la moufette qu'il a produit ; il vomit , haleté • ^e débat & meurt. Les infe£les s'empoifonnent plus lentement ; mais Yair qu'ils ont infeclé, n'eilpas moins délétère, l^oyci à V article FoURMI. Il feroit à défirer que dans bien des circonflances on renouvelât l'^ir par le moyen d'un ventilateur. \}rv bon aïr^ tel qu'il convient à l'économie animale , doit être d'une température proportionnée à l'ordre des fai- fons, exempt d'exhalaifons hétérogènes, corrompues, & de tout mélange qui le rend trop grofîier , trop pefant ou trop humide. De quelle importance ne feroit-il pas, lorfqu'il eft queflion d'établir des habitations , de s'af- furer auparavant de la falubrité de l'^/V par le moyen d'un eudlometre , dont l'ufage peut devenir aiifîi facile & auffi général que celui du thermomètre & du baro- mètre ? Lefavant Cofmopolite , M. de Magellan^ 2l donné la manière de conftruire facilement un tel inftrument. Confultei le Journal de M. l'Abbé Rozier , Mars iJJ^» Un air long-temps calme eft bientôt nuif-ble ; mo- dérément froid , il eft préférable à Vair chaud. On pré- tend que Vair a fur mer un mouvement plus grand, plus confiant que fur terre , qu'il eft infiniment plus pur , & qu'il convient fort aux poitrinaires & à ceux qui font attaqués de la confomption. Confultez l'Ou- vrage intitulé : De V Utilité des Foyap^es maritimes. Tout ce que le feu peut volatjfifer , tout ce qui fermente ou pourrit , tout ce qui peut être converti en fumée, &c. peut prendre place parmi les fubflances aériennes ; mais de toutes les émanations qui flottent dans le vafle océan de l'atmofphere , les principales font celles qui confident en parties falines. L'^/r , ainfi que les autres élémens , tend à un par- fait équilibre : cet équilibre efl-il dérangé par un air plus vif, plus agité , &:c. il devient la caufe du vent. Foye:^ V article Vents. Tous les corps renferment de Vair\ mais de même qiie le feu , il ell foi^s deux états dilFérens. Lorfqu'il AIR 187 eft dans leurs pores , il iouit de fon reflbrt , il eft pur , ifolé , 6c une foible chaleur l'en déloge : s'il entre comme principe conftituant dans les corps , il y eft combiné, ûxé , confolidé, & n'y jouit point de fa pro- priété élaflique. Ainfi que le feu fous la forme de phlogiftique , il devient principe fecondaire , il revêt nicceiîivement différentes formes. Le volume d^air dans cev état de fixité efl tellement refferré , dit M. Dekuie , que lorfqu'onl'a dégagé (par la décompolition) , lorfqu'il . eft revivifié , & qu'il a repris fon élafticité , il occupe quelquefois un efpace deux cents ou trois cents fois plus grand que le volume du corps où il étoit renfermé. Au refte , quelques Phyficiens regardent cet air fixé €.omme le gluten , ou le moyen d'union des parties des mixtes. . Nous réfumons : Vair entraîne toujours quelques-uns des principes les plus fugaces , ceux avec lefquels il a le plus d'adhérence. Vair a une grande influence dans beaucoup de phénomènes de la Nature ; & fes modi- fications ou altérations , tant dans nos habitations que dans les fouterrains , même dans notre atmofphere , atteftent que ce fluide peut agir, en certaines circon- ftances , différemment de Vair ordinaire & principe. En un mot , la doftrine des fluides aériens ou des effluves aériformes , eft des plus importantes. Confultez kfavant Difcours fur les différentes efpeces d*air , prononcé en fa- veur du Savant Do£ieur Prieftley , dans V AffenibUe an- nuelle de la Société Royale de Londres , /^ 30 Novembre '773 9 P^^ ^i^ Jc>hn Pringle , traduit par M. Keralio ; & le Précis des Lettres de M. Alexandre Volta ,y«r fAir inflammable des Marais ; l'un & l'autre inférés dans le Journal de M. /'Abbé Rozier , Mars lyy^ , 6* Février Quels effets merveilleux ne réfultent point de l'har- monie des divers élémens ! ils ont tous un befoin mutuel les uns des autres ; la terre feroit ftérile fans Feau ; l'eau perdroit fa fluidité li le feu l'abandonnoit. i8S A I R & fans Vair le feu feroit bientôt éteint. Valr llbfë ell: donc Tame , le véhicule de la combiiftion : les expé- riences de Phyfique le démontrent. L'hiftoire nous apprend que les Romains regardoient Vair comme le fëjour des Mânes & des Dieux indigetes , ou demi- Dieux. Mais les Empereurs Grecs n'eurent pas une il haute opinion de cet élément , &: ils ne craignirent pas de le charger d'un impôt particuher , connu fous la dénomination odieufe : pro haujlu œris. Ils faifoient payer à leurs fujets l'air qu'ils reipir oient. AIRA. Suivant les obfervations de M. de la Bordc^ Médecin , c'eft une efpece de renard peu rare dans la Guiane. Il eft auffi gros que le renard de France ; fon poil eft noir & lon^ , celui du cou eft blanc & repré- fente la figure d'un lofange. La couleur du poil eft bien différente quand il efl jeune. VAïra eit très- vorace ; il boit fcuvent & lappe comme le chien ; il rôde autour des habitations ; c'efî un grand deftrufteur tle volailles ; il repaire dans les bois , chaife pendant le jour, fe tient à l'affût comme le tigre , pourfurpren- dre l'agouti, la perdrix, &c. Il fait fes petits comme le chien crabier ^ dans des trous au haut des vieux ar- bres ; la portée efl de deux à trois petits. Ce quadrupède fe défend vigoureufement contre les chiens ; il eft extrêmement vif , & toujours en mouvement. UAïra- n'efl peut-être qu'une variété du chien -raton, Voye^^ Chien des bois. AIRE. Nom donné généralement au nid des oifeauxi de proie. AIRELLE ou Myrtille, ^zV/5 /^/^^ , Tourn. tab; 377 ; 6- foUis ohlongis crznatis , frucîu nigricante^ C. B« Pin. 470: Myrtllliis officia. Volk. 297 : Vaccinia nigra^ Comm. Plant. Ufu. 1 1 : Vacciniiwi myrtillus , Linn. 498. V airelle^ que l'on nomme aufTi raijin des bois ou morcts ^ efl une plante à tige ligneufe, haute d'un à deux pieds, rameufe , couverte d'une écorce verte ; fes feuilles font plus grandes que celles du buis , moins A I R 189 fermes l ovales , obtufes , liffes , glabres , vertes en- deffus , veinées , un peu blanchâtres en-defTous , den- telées par les bords , & pofées alternativement ; Tes fleurs font à huit étamines & un piftil , monopétales & formées en grelots de couleur blanche - rougeâtre , { c'eft une corolle ovale à quatre ou cinq dents , dont le calice eft à quatre divifions , ) auxquelles fuccedent des baies de couleur d'un bleu foncé , d'un goût aftrin- gent , de la groffeur d'une baie de genièvre. Cette plante , appelée hrimbelîe en Lorraine , moureàeren Baffe Normandie , croît en terre maigre , dans les bois &C les lieux couverts & montagneux , en France , en Allemagne ^ en Angleterre ; elle fleurit en Mai , & fes fruits font miirs en Juillet. Ils ont une douceur mêlée d'acidité , qui les rend affez agréables au goiit : les Bergers & les Montagnards, fur-tout les enfans , en mangent avec plaifir ; leurs lèvres , les dents 6c la langue en font teintes en bleu-violet. C'efl un mets friand pour les coqs de bruyère. On exprime le fuc des baies , que l'on fait épaiffir , & dont on forme un roh. Cette compofiticn eil aflringente , propre pour la dyffenterie , & peut être fubftituée au liic d'acacia. Des Cabaretiers fe fervent des baies de Vaird/e pour rougir leurs vins blancs : cette falfification n'eft pas bonne, mais elle efl bien moins dangereufe que d'autres qui fe pratiquent en Allemagne. On fe fert du même fuc pour teindre les toiles , le linge & le papier en bleu ou plutôt en violet. La couleur violette qu'on peut extraire de cette plante, forme le fujet d'un Mé- moire inféré parmi ceux de Stockholm , pour l'année .1746. Cette plante croît naturellement à une certaine hau- teur 6c à l'ombre , dans les forêts de la Louifiane ; on diroit d'un petit arbulîe : fon fruit y eu fort eilimé. En l'écrafant dans l'eau , & la foumettant à la fermen- jtajiçn , on en feit une liqueiy: fort agréable. I90 A J U A L A 11 y a pluiieurs autres efpeces de ce genre ^ auquel; dit M. DeUuie y on rapporte aulîi la cannebcrgc , dont la frudifîcation eft ablolument la même, quoique la corolle en foit un peu différente. On diftingue Vairdk qui vient dans les lieux fangeux ; Vaccinïum uligi^ nofum , Linn. 499. AJURUCURL'CA. Nom Brafilien d'un Perroquet Amazone. Voye^ AouROU - cotjraou. AKKIN-ALBO. Ceft l'Akoim. AKOIM. Voyci Snak. AKOUCHI. Foyci AcoucHi. ALABANDINE. Foye^ Almandine. ALABASTRITE ou Faux Albâtre, Pfeudo-ala- hajlrum. Pierre gypfeufe , (blide , ordinairement blan- châtre & tranfparente comme de la cire : elle fe taille facilement , & eft fufceptible d'un poli moins brillant que le marbre. Les Allemands , & aujourd'hui les François , font avec cette pierre des tables , des co- lonnes , des vafes & des figures aflez agréables ; mais ils confondent mal-à- propos V alabaflrite ^ qui eil indif- foluble dans les acides , avec l'albâtre oriental , qui eft calcaire. Il y a des vafes d'alabaftrite fi tranfparens , que fi l'on y enferme une lumière , elle brille à travers le vafe , & répand affez de clarté pour lire à trois on quatre pieds de diflance; il y en a aufîî de prefque toutes les teintes de l'albâtre oriental. On vient d'en découvrir une belle carrière à Lagny , près Paris, Foyei Albâtre. ALACALYOUA. Voyei a Vartïch COROSSOLIER. ALACOALY. Voye:{^ à ranïck BoiS DE CHaNDELLE. VAlakoaly des Caraïbes efl le pois doux de Saint- Domingue. Voye{^ Pois DOLX. ALAGTAGA. Cet animal qiii fe trouve chez les Tartar.s Mongoux , fur le Wolga & jufques en Sibérie , efl plus petit qu'un lapin : il a le corps plus court , fes oreilles font longues , larges , nues , minces , tranf- parentes 6c parfemées de vaiiTeaux languins trèsr A L A 191 apparens. La mâchoire fupérieiire eft beaucoup plus ample que l'inférieure , mais obtufe Se affez large à Textrémité : il a de grandes mouftaches autour de la gueule; (es dents font comme celles des rats ; les yeux grands, Tiris Se les paupières brunes; le corps eil étroit en avant, fort large Se prefqiie rond en arrière ; la queue moins longue & moins grolTe que le petit doigt; elle efl couverte fur plus de deux tiers de fa longueur de poils courts Se rudes; fur le dernier tiers ils font plus longs , Se encore plus longs , plus touffus Se plus doux vers le bout , où ils forment luie efpece de touffe noire au commencement , & blanche a l'extrémité. Les pieds de devant font très- courts , ils ont cinq doigts ; ceux de derrière qui font très-longs n'en ont que quatre , dont trois font fitués en avant , Se le quatrième eu une efpece d'éperon , à un pouce de diftance des autres ; tous (es doigts font garnis d'ongles plus courts dans ceux de devant , & un peu plus longs dans ceux de derrière. Le poil de cet animal eil: doux Se affez long, fauve fur le dos , blanc fous le ventre. Cet animal qÛ une efpece de grande gerboife. Voyez ce mot, UAlagtaga eft le Cuniculusfeu O^p us indiens Utias dicîus , ài^Aldrovande ; le Cuniculus pumilio faliens , caudâ longijjlmâ de Gmelin. ALAIS ou Alethes. Oifeau de proie qui vient des Indes Orientales Se du Pérou, Se qui vole bien la perdrix. On en entretient dans la fauconnerie du Roi : ces oifeaux font fort chers. Voyei Faucon. ALAMATOU. Prune de l'Me de Madagafcar. On en diftingue de deux fortes : l'une a le goût de nos prunes ; toutes deux , au lieu de noyau , ont des pépins : mais celle qu'on nomme alamatou ijfaii , & qui a le goût de la figue , eu un aliment dont l'excès paffe pour dangereux. Encyclopédie. ALAN. Chien de l'efpece qu'on nomme dogue'* Foyei à la fuite du mot ChîEN. ALAPL^ Nom de la féconde efpece des oifeaux que i^t A L A M. de Buffon appelle fourmiliers roj/ignols, Voyeî' Fourmiliers. ALAQUECA. Pierre qui fe trouve à Balagate aux Indes, en petits fragmens polis, auxquels on attribue la vertu d'arrêter le fang , quand ils font appliques extérieurement. La pierre que nous avons \aie fous ce nom , ctoit une pyrite, ALATERNE , Rhamnus alaternus , Linn. 28 1 : AU- ternus prior , Clus. Hiil:. 56. ArbrifTeau rameux, delà grandeur du troène^ & couvert d'ime ëcorce afîez femblable à celle du cerifier. Ses fleurs font petites, en entonnoir, découpées en cinq parties, blanches , quelquefois jaunâtres , odorantes , & fuivies de baies Ciifpofées en grappes fucculentes, & noires lorfqu'elles font mûres. Ses feuilles , qui font aftringentes & rafraî- chifiantes , reifemblent à celles du filaria , dont on le di flingue facilement , parce que fes feuilles font arrangées alternativement , au lieu que le filaria les a oppofées. De plus il y a deux ftipules (efpece de petites feuilles) aux pédicules de fes feuilles , &; le filaria n'en a point* \J^oyei Filaria. ÏJalaterne , que M. Linnœus met dans le genre du nerprun , conferve le vert brillant de fes feuilles pendant l'hiver. On le cultive dans les bofquets en buiffon ou en haie. Il faut couvrir (qs racines de litière , pour' les garantir des fortes gelées : fi les branches meurent, la fouche repouffe & donne en peu de temps un nou.yel arbrifTeau. Sa femence nous vient de Provence, d'Itahe, d'Efpagne. Son bois ref- femble à celui du chêne -vert : on dit que Ion en fait de jolis ouvrages d'ébéniflerie. ALATLI. Grande efpece de martin - pêcheur du nouveau continent. C'efl le martin -pêcheur huppé du Mexique, de M. Brijjon^ 61 à^s pi. enL 184. Il efl de la grofleur d'une forte pie. Le dos efl d'un gris bleuâ- tre j les grandes pennes noirâtres en de/Tus, ainfi que les A L B 195 tes plumes de la queue ; le ventre eu roufsâtre ; îâ gorge blanche ; le bec brun , mais le bout de la man- dibule inférieure eu rougeâtre. ALBAGORE ou Albecor» roje^ â tartîcU Thon. ALBATRE, Alahaflrum. L'albâtre eft ime pierre calcinable , \\n peu moins dure que le marbre , dont la tranfparence efl d'autant plus grande , qu'elle appro- che davantage du blanc de cire» Il y en a de roufsâtre , de rougeâtre , d*un blanc fale , d'autres d'un beau blanc ou de couleur de citron , & de toutes les cou- leurs les plus riches. On en voit où il y a des veines, des bandes ou des zones; on les appelle onycks , &c on pourroit les comparer à celle des pierres d'agate fine, que l'on appelle onyces. Voyez Onyx. C'eft dans ce fens que l'on pourroit dire qu'il y a de V albâtre -onyx. il s'en trouve aufîî de figurées , avec de petites taches noires, diipofées de façon qu'elles reffemblent à de petites mouffes , & qu'elles repréfentent des bandes de gazon : c'efl pourquoi on pourroit l'appeler albâtre, hcrborifc^ à l'imitation des pierres demi-fines qui portent ce nom. Voye^;^ Dendrite. Il y a encore d'autres fortes à!albâtrz : celui qui étant fcié &c poli , offre de belles taches en forme de plis concentriques & ondoyans , s'appelle albdtr& d'agate ; celui qui efl: prefque tout criflallifé en rayons , & que l'on fcie de manière à rencontrer la fuperficie des aiguilles , efl V albâtre glacé ou le mayella gh'iacciatl des Italiens; enfin V albâtre qui a la pâte du marbre de Cararre & dont les Statuaires fe fervent , eil d\in blanc de lait &; fort tendre. \1 albâtre , que l'on ne doit regarder que comme ime efpece de jlalaclite , n'efl point fufceptible de prendre un poli aufîi beau & auiîi vif que celui du marbre, parce qu'il n'a point la même dureté, Lorfque fa furface efl polie , on la croiroit frottée avec de la graiiTe. On l'emploie à faire des manteaux de cheminées , de^ Tome L N 194 A L B tables, de petites colonnes, des vafes, des ftatues &C d'autres ouvrages d'une beauté finguliere. On difïingue deux fortes d'a/batre ; X oriental & le commun, U oriental efl celui dont la matière eft la plus dure 5 la plus pure , la plus fine , & dont les couleurs font les plus vives. Cet albâtre eil plus recherché & plus cher que V albâtre ordinaire. Celui-ci n'efl pas rare ; on en trouve en France , aux environs de Cluny dans le Mâ- connois : il y en a auiîi en Allemagne, en Lorraine & en Italie ; &: il efl encore* plus commun que l'on ne croit. \2 albâtre oriental fe trouve en Italie , en Efpa- gne 5 Ôcc. On voit au grand Autel de Saint-Marc , à Venife , deux fuperbes colonnes à^ albâtre oriental tranf- parent. Des Chimifles modernes & quelques Naturalises donnent le nom dH albâtre à une forte de pierre à plâtre , & fmgiiliérement à celle qui eil alTez pure , &: qui a la demi-tranfparence &' la couleur du marbre le plus blanc ^l le plus épuré ; m.ais cela demande une expli- cation. Ces Auteurs femblent avoir donné le nom di albâtre à une pierre qui , à la vérité , lui refiemble beaucoup , tant par fon tiffu Q\ie par fa blancheur ; par les veines ol les couleurs qu'on y remarque. Cette pierre qui eil un vrai gypfe ( alabajlrite ) , fe trouve fur-tout en différentes parties de l'Allemagne ; & c'eft fur elle que M. Pott a fait toutes fes expériences , pour découvrir la nature de la pierre gypfeufe : on vient d'en découvrir aufîi une très-belle carrière aux environs de Paris ( près Lagny ) , & qu'on exploite avec fuccès ; mais , nous le répétons , le vénta±>le albâ.tre , & fur- tout celui que nous connoiiTons fous le nom d^albâtrc oriental , dont on fait tant de beaux ouvrages , dont la plupart des ftatues , des urnes &; vafes anciens font faits, doit être regardé comme une pierre calcaire, puif qu'il fait effervefcence avec les acides, &: fe change en chaux par la calcination. Pour peu qu'un Natura- lise foit éclairé de la Chimie & de la PliYfique, il A L B 195 reconnoîtra fans peine, en voyageant & viiitant les car« rieres, que Valhdm n'efl qu'une flalaŒte fpatheufe & calcaire , & que c'efl le marbve ou une pierre à chaux qui produit cette flaladite. Tous les cabinets des Cu- rieiLx: en peuvent fournir des échantillons. Ainfi la pierre que MM. Walkrius^ Pou ^ &c. nomment albâtre ^ & qu'ils placent parmi les gyples , n'a rien de commun , fmon la reffemblance extérieure avec ce que nous enten- dons par albâtre. Voye^ Stalactite , Gypse ôc Alabastrite. Albâtre vitreux. C'efl exa£î:ement une efpece ôiQ. fpath fujil'le. Cette forte de faux albâtre^ quoique tendre, eft fufceptible d'un beau poîi; il efl fort pelant, & a été formé par voie de filtration ou par dépôt , comme Valbdtrc calcaire ou oriental. Nous avons vu en Angleterre , qui eft la patrie de Valbdtrc vitreux ^ quantité de bijoux & de vafes précieux faits de cette matière. La couleur en eft communément violette, tachetée par zones blanches ou jaunâtres , & chatoyantes comme des primes d'améthyfle. ALBATPvOS , Albatrus aut Albatroca marina. Nom donné au plus gros des oifeaux palmipèdes ; il eft reconnoiffable à fa corpulence maffive qui lui a fait donner le nom de mouton du Cap de Bonne- Efpé- rance par les Navigateurs qui l'ont comparé à ce quadrupède pour fa groffeur. Ses ailes ont dix pieds d'envergure ; fon bec eft d'un jaune très-pâle , long &: crochu par le bout fupérieur ; celui de l'inférieur eil comme tronqué ; les daix mâchoires font compri- mées latéralement ; ajoutons que le bec , comme celui de la frégate , du fou , & du cormoran , efl compofé de plufieiu-s pièces oui femblent articulées & jointes par des futures. Les narines font près de la tête , &: ont une forme conique ; le deffus de la tête eft d'un gris-rouffâtre ; les plumes de la gorge , du cou &: de tout le deffous du corps font de couleur blanche ; celles du dos ^ d'un brun fale ou mouche- N % it)6 A L B tées fie noirâtre fur un fond blanc. Le croupion 8i le defftis de la queue d'un beau blanc , le deiîiis des ailes rayé de noir fur un fond blanc. Les jambes font avancées vers le milieu du corps, hors de l'ab- domen &c plus courtes que le corps : elles font dégarnies de plumes par îe bas ; le pied n'a que trois doigts qui font tous dirigés en avant , & joints enfemble par une membrane ; le doigt du milieu a près de fept pouces de longueur ; la partie nue des jambes , les pieds , les doigts , leurs membranes , les ongles font de couleur de chair. Il y a des albatros d'un gris-brun ,. d'un brun foncé , d'un cendré-brun ^ d'autres grisâtres ; le fexe & l'âge peuvent produire ces différences de teintes , ainii que celle du volume de l'oifeau. On a repréfenté ^ /?/. enL 237, V albatros du Cap de Bonne-Efpérance , &/?/. enL 963 , V albatros de la Chine. Les albatros , dit M. de. Buffon , n'habitent que les mers Auftrales , & fe trouvent dans toute leur éten- due depuis la pointe de l'Afrique jufqu'à celle de l'Amérique & de la Nouvelle Hollande : on n'en a jamais vu dans les mers de l'hémifphere boréal; c'ell au-delà du Cap de Bonne-Efpérance , vers le Sud ,- qu'on a rencontré les premiers albatros ; ils ne vivent guère que de molliîfques , de zoophytes , d*œufs & de frai de poifibn que les courans charient ; malgré leur force , dont ils n'abufent pas , ils vivent en paix au milieu des autres oifeaux de mer , ^ ne paroiftent fe tenir en garde que contre les mouettes. Les alba- tros , comme la plupart des autres oifeaux qui vivent fur les mers Auitrales , effleurent en volant la furface de Teau , & ne prennent un vol élevé que dans le gros temps & par la force du vent ; ils fe portent à de très- grandes hauteurs en mer , fe repofent ôc dorment fur les flots. On ne rencontre ^albatros nulle part en plus grand nombre qu'entre les Iiles de glace des mers Auftrales , depuis le quarantième degré jufqu aux A L B A L C 197 glaces fotides qui bordent ces mers, jufqu'au 65 ou 66*^ degré. On dit que leur chair eft affez bonne à manger. ALBERGAINE, royei à r article MÉlongene. ALBERGAME DE MEK.Malum infanum. Zoophyte marin , que Ronddet a ainfi nommé à caufe de fa refTemblance avec l'efpece de pommes d*amour alon- gées ou en fornïe d'œuf , auxquelles on a donné le nom d'alùergaine à Montpellier. On voit (urV alkrgame des apparences de feuilles du de plumes; c'eilenquoi ce zoophyte diffère de la grappe de mer, H y a au'ii quelque différence dans leur pédicule. Voye:^ GRAPPE MARINE & Zoophyte. ALBERGE ou Albergier. Efpece de pêcher dont les fruits font des pêches précoces qui ont une chair jaune , ferme , & fe nomment alberges. Ces fruits femblent faire la nuance entre la pêche & l'abricot., Foyei PÊCHER, ALBRAND ou Alebran ou Hallebrand. C'efl le petit du canard , & notamment de Fefpece fauvage. Foye:;^ t article Canard. ALBULE, Mugll Albula ^ Linn. Poiffon du genre du muge ; il fe trouve en abondance dans le canal de riile de Bahama , l'une des Lucaies ; ce poiffon paffe dans le pays pour un mets délicat. Il eft long d'en- viron un pied ; les yeux grands ; les iris d'un blanc clair ; la gueule petite & dépourvue de dents ; la première nageoire dorfale a quatre rayons, & l'autre neuf ; les nageoires peâ:orales en ont dix-fept ; les abdominales fix , dont le premier eff épineux ; la na- geoire de l'anus en a onze ; les trois premiers font épineux; la queue large & fourchue a vingt rayons; les écailles font grandes ôc brillantes. ALCANA 5 eft le nom de la racine de buglofe , dont on fe fert pour teindre en rouge ; (es feuilles , infufées dans leau , donnent une couleur jaune; ôc dans un acide , comme le vinaigre , une couleur rouge. On exprime, des fruits de cette plante, une huile d'une N 3, 198 A L C odeur très-agréable , dont on fait ufage en Médecine. Si on prépare la racine de cette plante avec de la chaux vive , on obtient une belle couleur de rofe bril- lante, dont les O-ientaux ie fervent pour leurs dents & leur vifage. Quelques Arabes ont donné auiîi le nom ^alcana à la colle de poifTon. Voyc^ à Vartick ES- TURGEON. Il y a une fauffe efpece de troim des Indes & de Barbarie, nommé par les*Maures & les Turcs kmna ou knah ^ c'eft Valhenna^ dont les feuilles, réduites en poudre fine , &: mifes en pâte avec du fuc de limon , font employées comme cofmétiques ; les hommes en teignent leur barbe ; les NégrefTes de l'Afrique , les femmes Turques & Juives , l'emploient pour donner à J^urs ongles, & quelquefois aux cheveux, une belle couleur rouge qui dure jufqu'à leur nouvelle repro- duction. M. Dehuie dit que Valhcnna n'ell pas du genre du troène ; fa fleur efl: à huit étamines difpofées deux à deux, & n'a qu'un piftil : le calice efl: découpé en quatre pièces ; la corolle efl: formée de quatre pétales , & le fruit eft une capfule à quatre loges. ALCE ou ALCÉE. Animal connu des Anciens , que l'on croit être Vélan. Voyez ce mot. On donne auffi le nom à^alcée à un genre de plan- tes étrangères , à fleurs polypétales , de la famille des Malvacées , & qui comprend un petit nombre d'efpeces ; il y a la rofe trémiere ; V Aide à feuilles de figuier , Alcea fidfolïa , Linn. On la dit originaire de Sibérie. \!Alck de la Chine , efl: très - joUe , mais moitié moins grande que les précédentes ; toutes font cultivées dans les jardins. Y! Alck d'Egypte efl VAmhrette, Voyez ce mot, ALCHIMELECH. Plante connue fous le nom de mélilot égyptien. Voyez ce mot, ALCHIMILLE , Akhimilla, Genre de plantes pro- pre à l'Europe , à fleurs incomplètes , & de la famille des A L C icg Plmprenelks ; telles font Xo.perche-'pler^ lepied de lion , &c, ALCHMINIER. Foyc^ Néflier. ALCO. f^oyei à Vartïck Chien. ALCYON 5 Alcedo, Nom donné à différentes efpeces' d'oifeaiix. Il y a V Alcyon des modernes , en latin , Alcedo fiuvia- tllis , c'efi: le Martin-pêcheur de nos climats. Des auteurs ont fait mention ^Alcyon des Berhices , l'un à longue queue , & qui nous paroît/être le Jakamar àz Surinam ; l'autre efî: naturel aufîi aux Berbices , & a de même deux doigts antérieurs & deux poftérieurs ; mais ia queue eil courte. M. Vofmaèr a décrit ? il y a quelques années , deux oifeaux fous le nom de petits alcyons des Indes ; ils n'ont que deux doigts en avant & un en arrière ; l'un qui eft le m.âle , a le deffus de la tête & la queue de couleur châtain ; le plumage des ailes eil en partie bleu 5 & en partie noir ; tout le refte eft en quelque forte jaunâtre. Le pliunage de la femelle eil: prefque tout châtain roux. 'V Alcyon de Cateshy\ c'eil le Jagiiatl ; Voyez ce mot, L ^Alcyon vocal eil la E^oiifferclc ; Voyez ce mot, h^ Alcyon des anciens , (^Alcedo marina , ) eil un oifeaii très-célébré par les anciens &: duquel on a dit bien des merveilles : quelques-uns prétendent qu'on ne fait pas bien à quel genre d'oifeau on doit rapporter Valcyon des anciens , oifeau confacré à Téthys. Cet oifeau , dit-on , eil: de la couleur & de la forme de V hirondelle ; il a des membranes aux pattes , comme les canards : l'extrémité de fes ailes e(l d'un jaune- aurore. Les alcyons ne vont guère que par bandes, & ne paroiiTent ordinairement que pendant les tem- pêtes : ils fui vent les vaiiTeaux , volent fort vite à un pied ou deux au-deiTus de l'eau ,d^ç.n{e coupant les uns les autres; quelquefois ils frifent l'eau, & ne vivent qu'à la mer. On aiïïire que les Marins ,' fur-tout les Matelots ^ refpedent ii fort les alcyons ^ qu'ils n'ofent en tuer.- N4 loo A L C M. le Vicomte de Querho'dnt ^ nous mande que la quantité de voyages qu'il a faits fur mer , le met à même d'affirmer que les alcyons volent quelquefois feuls aux environs des vaifTeaux , &: qu'ils y paroiflent fans qu'il y ait de coup de vent. Cet obfervateur croît que V alcyon , le pctrd 6c Voifeau de tempête , ne font que le mêmeoifeau qui a fubi des altérations de variété, par la différence des climats où il fe trouve. M. Mauduyt ( Encyclop, Meth, ) dit au contraire , que V alcyon dont il eft queftion , & fi célèbre par l'ufage qu'on fait de fon nid , & par ce qu'on en a écrit , eft Vhirondcllc de rivage ( ou de mer ) de la Cochinchine de M. Briffon ; T. l\ , p. 510, pL XLVI,/^. 2, & qu'on lui donne aux Philippines le nom de Salagane o\i Salangane, Cetoifeau, continue M. Mauduyt^ n'eft pas fi gros que le roitelet ; toutes les parties fupé- rieures font noirâtres ; les inférieures font blanches ; \es pennes à^s ailes & de la queue font noirâtres ; les dernières îbnt de plus terminées de blanc ; le bec noir ; les pieds & les ongles bruns ; l'iris jaune. Tous les Auteurs , d'accord fur le cas que les Chinois & quelques autres peuples de l'Afie font du nid de la falangane ( ou de V alcyon ) , comme affaifonnement délicat dans les mets, fur le grand prix qu'ils y atta- chent , & la propriété qu'ils lui donnent , ne convien- nent ni de la fubflance dont ce nid eil formé, ni de fa configuration , ni des lieux oii le conflruit l'oifeau qui le fabrique : fui vaut les uns , les falanganes atta- chent leur nid aux rochers , à-peu-près à fleur d'eau ; d'autres prétendent qu'elles le cachent dans les creux des rochers ; & il y en a qui affurent qu'elles les conûruifent dans des trous en terre : ces rapports , dit M. Mauduyt , ne peuvent-ils pas être tous vrais , êr , fuivant les circonftances , les falanganes ne place- roient-elles pas leur nid dans le lieu qui leur fera le plus com.mode ? Quelques marins affurent que ces nids font compofés A L C 2or iîe goémon ; &iîs ajoutent que les alcyons tr^m^tnt leur nid jufqu'au bord de la mer , &: que lorf qu'il vient un vent de terre , ils lèvent une aile qui leur fert de voile , le vent porte le petit vaiffeau au large , & ils voguent ainfi fur leurs nids au milieu des eaux : voilà une idée brillante , à laquelle il ne paroît manquer que la vérité. Quant à la fubflance du nid , c'eft , prétendent les lins , ime humeur vifqueufe & blanche que les alcyons rendent par le bec , dans le temps qu'ils s'accouplent : peut-il y avoir plus de vérité dans ce dernier fait , que dans le précédent ? D'autres veulent que ce foit im fuc recueilli fur l'arbre appelé calambouc ; c'eft, fuivant d'autres, une écume de mer, du frai de poiffon; enfin , ce font des débris ^holothuries , ou d'animaux jiioux , de polypes de. mer. Ces nids ont , fuivant cer- tains Voyageurs , un goût aromatique ; ils font infipides , félon d'autres. Ce qu'il y a de certain , c'eft que ceux qu'on nous apporte , & que l'on voit en Europe dans les cabinets des curieux , font d'un blanc - gris , à demi-tranfparens , qu'ils reflemblent à de la colle de poiffon ; qu'ils ont une forme hémifphérique très- irréguliere , & qui paroît avoir été déterminée par la jbafe à laquelle ils adhéroient. Si l'on en croit Kœmpfer^ les nids à^falangane, n'exif- tent pas réellement , & ces nids , tels que nous les connoifTons , font une préparation faite par les matelots Chinois avec la fubflance de différens polypes. Mais écoutons ce qu'un voyageur philofophe & obfervateur très-écîairé , M. Poivre _, mandoit à M. de Montheillard , fur les nids ^alcyon ou de falangane ; qu'étant entré dans une caverne d'un illot près de Java , il en trouva les parois tapiiïees de petits nids , en forme de bénitiers , très-adhérens au rocher. Ces nids tranfportés à bord du vaiffeau furent reconnus par des perfonnes qui avoient fait plufieurs voyages à la Chine , pour les mêmes qu'on recherche èi qu'on met à li haut prix dans cet 202 A L C Empire. M. Poivre compare les oifeaux qiû les avoîenî conllriiits , aux colibris pour la groffeur ; il ajoute que dans les mois de Mars & d'Avril , les mers qui s'éten- dent depuis Java jufqu'en Cochinchine au Nord , & depids la pointe de Sumatra à l'Ouell , jufqu'à la Nou- velle Guinée , font couvertes de roguc ou frai de poiffon qui forrhe fur l'eau comme une colle-forte à dem.i-délayée. M, Poivre dit avoir appris des peuples qui bordent les côtes de ces mers , que la falangane fait fon nid avec ce frai de poiffon , 6c que tous s'accor- dent fur ce point ; le même obfervateur ayant ramaffé de ce frai & l'ayant fait fécher , Ta trouvé femblable à la matière du nid des falanganes. Ainfi la matière dont font conftruits les nids des alcyons , démontre la vérité de l'aiTertion de M. Poivre ; &z comme ces nids font très-recherchés en Afie , fur-tout en Chine , il feroit poiîible que des matelots Chinois euffent depuis long-tetnps l'induftrie de contrefaire ces nids, en ramaffant du même frai & lui donnant la configuration connue , à fur 6c mefure qu'il fe feche ; & alors Kœmpfer n'auroit eu connoiiTance que de ces nids faftices que l'on auroit aromatifés avant leur état de ficcité. C'efl à la fin de Juillet & au commencement d'Août que les Cochinchinois font la récolte des nids d"* alcyons ; éc comme c'eft en Mars & en Avril que ces oifeaux multiplient , l'efpece n'en fouffre pas ; on ne la trouve que dans cet Archipel immenfe qui borne l'extrémiité de l'Afie. M. Poivre affure que ces nids ne font eftimés des Chinois que comme unefubftance très-nourrifiante , & que lui-même n'a jamais rien mangé de fi refiau- rant qu'un potage- de bonne viande garni de nids à^alcyons ^ qui d'ailleurs font infipides. On prétend que le prix de CQ:S nids , appelés en Chine Sakoi - Bouka , eil: bien diminué , & qu'on en acheté aujourd'hui 345 fous l'once , argent de France. Les Chinois les font bouillir avec du gingembre , ou avec un autre aromate qui en déguife la faveur infipide & glutineufe ; ils eiliment A L C A L E loi ces nids comme un remède alimentaire pour les per- fcnnes ëpuilées &c dont l'ellomac fatigué fait mal les fondions. En 1768, lors du féjour du Roi de Dane- marck à Paris , dans une des fêtes qui lui furent données , on fervit fur la table où ce Prince mangeoit , un mets que tous les convives prirent pour des tendons de veau défigurés , ou des lazagnes d'une nouvelle forme ; c'étoit un plat de nids d'alcyons. Nous trou- vâmes le moyen d'en goûter ; ce mets nous parut d'un goût fort fade. Alcyon ( Polypier ) ou Alcyonium. Corps ou fubftance qui fe trouve dans les mers. On en voit qui font creufes & fpongieufes , ce qui les avoit fait regarder par qiielques-uns comme le nid de Valcyon ; d'autres avoient mis cette fubilance au rang des plantes marines. Enfin M. Peyjfonel a découvert que V alcyo- nium étoit une ruche quelquefois charnue , produite oc formée par des animaux de mer, affez femblables aux polypes. Foyei Polypier , Guêpier de mer , & Alcyon , à l'article Corallines. ALCYONITES. Ce font les alcyons devenus fof- files. Foyei VarticU FONGITES. ALEBRANDE , de Belon ; c'efl la Sarcelle commune, ALENE. Voye:^ Raie au long bec &: pointu. ALEPELECOU. Voye:^^ Bois de couille. ALERION : c'eft le Martinet noir. ALETHES. Voye?^ Al Aïs. ALETRIS. Nom donné à un genre de plantes exo- tiques , unilobées , & qui ont beaucoup de rapport avec les Alo'ès & les Jacintes : il y a VAletris farineux de l'Amérique feptentrionale ; celui du Cap de Bonne- Efpérance ; VAletris de Guinée ; celui de Ceylan , dont une variété eil le Katu - Kapel du Malabar ; VAletris odorant d'Afrique , qui a fleuri au mois de Septembre 1782, dans la ferre du jardin du Roi , qui en fut parfumée pendant pluiieurs jours; ce dernier efi: V Aloi africana arhorefcens , Jloribus albicantibiis _, fra^ran- io4 A L G tijjlmis^ Comm. Hort. : VAUtris de la Chine eft le Colli des Chinois: An Hclli^ Rai. ALGAZEL. Les Arabes déflgnent fous ce nom , la famille des Gazelles en général. Voyei à l'article Gazelle. ALGIRE 5 Alglra, Lacer ta candâ vmicillatâ longiuf- culd y corpore Uncis utrïnqut duahus Jlavls , Linn. Ce Lézard , qui eft du deuxième genre , fe trouve dans la Mauritanie ; fon corps efl à~peu-près de la lon- gueur d'un doigt , il efl d'une couleur fombre en-deffus & jaunâtre par-deffous. Les écailles du dos font ai- guës & relevées en carène ; le corps efl marqué de quatre lignes jaunes , dont les deux premières bor- dent le dos, & les deux autres féparent Tabdomen- é^s flancs. ALGUE , Alga, Genre de plante qui croît dans les eaux de la mer. Il y en a de beaucoup d'efpeces , ou plutôt on a donné ce nom à diverfes plantes de genres difFérens , tantôt à des fucus , tantôt à une forte de conferva, La plante qu'on appelle communément & improprement algue ^ celle dont on fait quelque ufage, efl une efpece de plante marine d'un genre de la clafTe des chiendens , une efpece de fouchet. Ses feuilles font étroites , longues d'environ deux à trois pieds , planes , molles , rafTemblées en faifceau , d'un vert obfcur, refTemblantes à des courroies. Cette plante croît en grande quantité le long des bords de la mer Méditer- ranée & ailleurs : les payfans la font fécher fous le nom de hauque , & en tirent un bon parti pour ferti- lifer leurs terres. Les Verriers & les Parfumeurs en enveloppent leurs bouteilles. Son incorruptibilité & l'élaflicité qu elle acquiert, lorfqu'on l'amoncelé, la fait entrer utilement dans la compofition des digues de la Nort-Hollande. On emploie les cendres de X algue vraie , qui contient beaucoup de fel, pour fervir de fondant au fable dont on fe fert pour faire le verre. Cette plante efl vulnéraire & defTicative. A L G ALI 20f Il croît dans la mer , fur les côtes de llflande 9 une efpece à' algue ^ alga facharlfira ^ qui ne diffère guère de la précédente , qu'en ce que fes feuilles font un peu plus graffes & jaunâtres. Lorfque cette algue a refté à nu expofée à l'ardeur du foleil , il fe forme fur fa furface de petits grumeaux d'un fel doux &: de bon goût , dont les habitans des côtes de cette ille fe fervent à la place du fucre. Ils recueillent aufîi cette plante avant qu'elle foit couverte de ce fucre , pour la manger en falade. Voye^ Fucus ; Varech; Plantes MARINES ; HeUBE FLOTTANTE; G OEM ON ; SaRGAZO. ALGUETTE , Zannïclullla. Genre de plante aqua- tique , décrit par Pontedcra fous le nom à'aponogeton , & auquel on a donné le nom d'un fameux Apothi- caire de Venife , appelé ZannlchcHL La Zannichellc ou alguette aquati que , ZanichelUa palujlrls , Linn . 1375. eft annuelle Sz croît dans les ruiffeaux ; (qs tiges font fbibles , menues , articulées , rameufes » plongées dans l'eau ; les feuilles font linéa-res , alternes , oppofées , & ramaffées aux fommets des rameaux. Ses fleurs font mâles & femelles , fans pétales. La fleur mâle efl fans calice, & n'a qu'une feule étamine ; la fleur femelle qui fe trouve auprès , efl enveloppée d'une membrane qui tient lieu de calice ; les fruits viennent aux aif- felles des feuilles , ce font des femences oblongues renfermées dans àes capfules. Antclcg. pag, 11 j. ALHAGL Voye?^ Agul. ALHENNA. Foye^ à tartlck Alcana. ALHASSER. Voye-i à rartïcU APOCïN. ALIBOUFÎER, Styrax folio mail rorc?7Zf/,BAUH. Pin. 452. Arbre de la grandeur d'un olivier & qui croît dans les forêts de Provence , autour de la Char- treufe de Mourieu , à Baugencier , à Soliers , & entre la Sainte-Baume & Toulon , même dans le Levant 6^ en Italie : il reffemble au coignaffier par fon tronc , fon écorce , & fes feuilles , îefquelles font vertes cn- delTus , blanches 6c cotonneufçs çn-deiTous ; i^% ôeurs io6 AL I qui paroiflent dans le ^printemps , font d'une feule pièce, femblables à celles de l'oranger , blanches , odo- rantes ; elles naiiTent cinq ou fix enfemble par bou- quets ou grappes fort courtes , qui terminent les ra- meaux. Son fruit efl une baie à peau blanchâtre & cotonneufe , & peu charnue , qui contient deux noyaux. Ces arbres , en Provence , donnent quelques grains d'une réfme analogue à celle du ftorax-calamite : les aliboiifiers qui croifTent dans les pays plus chauds , tels que la Syrie & la Cilicie , en produisent davantage , fur-tout il on fait quelques incidons au tronc & aux branches. Un Voyageur a voit dit à M. Duhamel qu'un petit vermiffeau s'attachant à Valiboufier , ronge fon écorce , & laiiTe , en fe retirant , un trou qui donne iifue au ftorax en larmes , qui par cet accident dé- coule de l'arbre , tout folide & couvert d'une fubftance farineufe ; mais il paroît que le vrai ftorax des Dro- guiftes & des Parfumeurs découle d'une efpece de li- quidambar oriental. /^oje^SxORAX-CALAMiTE , décrit à l'article Styrax. IJAliboufier d'A mérique eft le Styrax Amerïcana folïis ovato - lanuolatis , fubdentatis , fioribus oclandris , des Botaniiles. ALIDRE , Colubzr Alidras , Linn. Serpent des Indes , qui eil: du troifieme genre. Il eft d'une couleur blanche fur toute fa furface , de même que dans Xefcrpent blanc de Linnxus , qui habite le même pays. Mais Validre a l'ab- domen recouvert par 1 1 1 grandes plaques , & le deffous de la queue eft garni de 5 8 paires de petites plaques ; le ferpent blanc en a 1 70 des premières , ôc feulement 20 des fécondes. Vcyei Serpent blanc. ALIMOCHE. Foyci Aigle a tête blanche. ALIOTOCHTLI. Nom que les Mexicains donnent au tatuete qui eft le tatou à huit bandes. Foyei à Vartick ArmadillE. ALISIER ou Alizier , Cratœgus. Arbre de forêt , de moyenne grandevir , qui fe plaît dans les terres A L I 207. qui ont beaucoup de fond. Ses fleurs font en rofe , rafîemblées en bouquet. Son fruit eft une baie char- nue , arrondie , terminée par un ombilic qui eft îe refte du calice ; elle renferme deux femences oblongues & cartilagineufes. Les feuilles des alifiers font grandes , fermes , echancrées à l'infertion du pédicule , feptan- gukires & placées alternativement fur les branches. M. Dzlcu^c dit que les autres caraderes de ce genre font que la fleur , dont la corolle efl à cinq pétales & le calice à cinq pointes , contient plufieurs éta- mines attachées au calice , &: deux piflils. Il y en a une efpece nommée VAUJier blanc ^ VAlou- che de Bourgogne ou le Sorbier des Alpes , Cratcegus folio fubrotundo y fubtus incano ^Towxn, 633 , qui con- ferve plus long-temps la beauté de its feuilles. Le fruit de cet alijier efl rouge dans fa maturité , & afTez agréable à manger ; il attire les oifeaux dans les taillis : les litornes en font friandes; fes fleurs qui viennent par bouquets aux extrémités des branches, font blan- ches , & font un bel effet au printemps. Comme cet arbre vient afTez bien à l'ombre , il efl propre à garnir les clairières dans les bois de moyenne grandeur. On peut s'en fervir avec avantage , foit pour garnir les bofquets , foit pour faire des allées dans les parcs. Lorfque le vent agite fes rameaux , il découvre le defTcus de fes feuilles, qui efl garni d'un duvet co- tonneux très-blanc, & l'arbre paroît alors tout blanc. Cet effet forme dans les plantations d'agrément ^ une variété pittorefque. Son bois eft fort dur ; mais il n'a point de couleur. Les Charpentiers emploient celui de Valijier à fiuilks larges , & à fruits diun jaune-roii^ gedtre ^ pour faire des alluchons &: des fufeaux dans les rouages des moulins. Les Tourneurs le rether- chent; les Menuifiers en montent leurs outils : les jeunes branches fervent à faire des flûtes & des fifres. Le fruit de Valifier eft aflringent ^ fa racine donne une teinture noirâtre. îo8 A L î A L K On dîflingiie encore IWi/ler tormînal ^ Valijier nairîf Valijier à feuilles (Tarboujier ; il efl: originaire de là. Virginie. Ses fruits font noirs. ÂLISMA de Matthiole. Ceft le Doronlc à feuilles oppolces , V Arnica à^s boutiques. Koyei à VarticU DoRONic. Orihafc attribue à Xalifma la propriété de guérir ceux qui ont mangé du lièvre marin. Voye:^ Lièvre marin. \Jalifma de Linnœus &c de Dillenius eft d'un genre bien différent : c'eft une plante aquatique à petite fleur blanche , non radiée , mais en rofe , '6l que Tournefort avoit mife au nombre des renoncules. Quoique , fui- vant M. l'Abbé Bacheley , elle n'en ait aucunement les caraderes , puifqu'elle n'a que trois petits pétales , à l'onglet def quels il n'y a aucun ne£^aire , tandis que les renoncules ont toujours cinq pétales , avec autant de nedaires , qui les diflinguent des anémones , des po^ pulago , des adonis , des hellébores ^ &c. D'ailleurs Vaiifma de Linnœus diffère encore eilentiellement des renoncules par le nombre Aqs étamines & des pifliîs. Comme cet alifma a des feuilles qui reffem.blent affez à celles du plantain à grandes feuilles , il efl appelé aufîi par quelques-uns \^ plantain cTeau^ le jluteau , le plantain aquatique étoile: Dainafcnium fl-zllatum: Ali] ma damafonium , Linn. 486 : aut Ranunculoïdes ^ Linn. 487: aut Plantage , Linn. 486. ALKALI. Foyei ^^L alkali. ALKEKENGE vulgaire, ou Ccqueret ofîicinal ^ ou QUOQUERELLE , OU KerBE A CLOQUES : Alkekengi officinarum , Tournef. Inil. i «j i : Solanum vcficarium , C* B. Pin. 166 : Halicacahum^Q^x. 271 : Phyfalis'alkzkcngl^ Linn. 262. C'eil: une plante vivace qui croît dans les vignobles & les lieux ombragés de la France, de l'Allemagne , de l'Italie & du Jap'on. Ses racines font genouillées & garnies de fibres grêles. Ses tiges rou- gcâtres , foibles , un peu velues &: branchues , ont une coudée de haut ; fes feuilles naifient oppofées , afTez A L K 200 îaffcz femblables à celles de la mordle , mais plus grandes , ovales , pointues , pétiolées , & non créne- lées. Ses fleurs fortent des aiffelles des f:?uilles ; elles font pédunculées , folitaires , d'une feule pièce , en forme de baffin , d'un blanc pâle ou jaunâtre : le ca- lice s'étend en une veffie membraneufe , d'abord de couleur verte , qui devient enfuite écarlate & à cinq quartiers ; il contient un fruit ou baie , de la figiu-e , de la grandeur & de la couleur d'une cerife , d'un goût d'abord acide , enfuite fort amer. M. Halkr ajoute que ce fruit même a la propriété fmguUere de n'être acide que quand on peut l'avaler fans le toucher , ÔC de devenir amer , dès que la main y a touché. Trois ou quatre de ces grains font excellens dans la rétention d'urine & pour les hydropiques : le vin d'alkckenge , à la dofe de quatre onces tous les matins ^ eft très- utile à ceux qui ont la gravelle ; on met quatre parties de raidns & une de grains à^alkekenge» Quatre ou cinq de ces grains dans une émulfion , foulagont dans la colique néphrétique. Foye^ mainte-* nant HardcU COQUERET. M. le Vicomte de Qucrhoent nous mande du Croiiîc en Brenfgne , qu'il a apporté de l'ffle de France, una alkekenge qui y croît dans les lieux incultes : elle a la fleur de couleur bleue. Cette alkekenge eft bien fupérieure à la nôtre. Elle s'élève à la hautaur de quatre pieds. Elle s'ell: parfaitement naturaîifée en notre climat. L'herbe à cloques ou Valkekenge de Saint-Domingue » & que les Caraïbes appellent foufoiiroujoimm , ne dif- fère du coquerct de France , dit M. Poupé Dtfportes , que par la couleur jaune de fon fruit , àc par ies foK licules d'un vert rouge. ALKKKENGERE du Pérou , Atropa phyfalodes ^ Linn. 260, Plante annuelle , dont la tige eft haute de deux à trois pieds , étendue , droite , rameufe , anguleufe ; (ts feuilles font alternes , glabres , oblon- ^ues , fmuées Se angulevifes j lç§ fleurs font folitaires ^ 110 A L K A L L d'un bleu pâle , grandes , à cinq découpures obtufes } le calice grand , ovale , anguleux 6c recouvrant le fruit. Il leroit imprudent de manger ce fruit ou de mâcher quelque partie de la plante. ALKERMÈS ou improprement graine d'écarlate^ Voyez Kermès. ALLÉLUIA ou Surelle pÉtalÉe , en latin Oxys; Plante dont on diftingue deux efpeces : la première efl la furelle blanche , que l'on nomme aufli Pain A coucou , Oxys flore alho^ Tourn. Infl. 88 : Oxys ace- tofella , Linn. 620 : TrifoUum acetofum vulgare : Lujula: MUlu'ia officinarum , Merc. Bot. i. 74. Cette plante vivace & bafTe , qui croît naturellement dans les bois , à l'ombre, ne graine point, & ne fe multiplie que par de grandes traînaiTes ou rejetons qui fortent de fon pied , de même qu'il en fort des violettes & des marguerites. Sa racine efl ëcailleufe & articulée. Ses tiges ( hampes ) portent des fleurs en cloche , aux- quelles fuccedent des fruits membraneux , oblongs , divifés en cinq loges , qui contiennent quelques fe- menées rouiTâtres , enveloppées chacune d'une mem- brane élaÛique , qui les lance affez loin , lorfqu'elle efl mûre: fes feuilles qui font portées par de longs pétioles fortant de la racine , font ternées , c'eft à dire qu'elles ont la forme d'un trèfle : chaque foliole eft en cœur & d'un vert clair : étant defTéchée , elle fufe fur les charbons ardens , preuve qu'elle contient du n'tre. Toute la plante eft odorante Ôc contient un fuc aigrelet , qui la rend propre à modérer la trop grande fermentation du fang. On la préfère àl'ofeille dans les maladies inflammatoires. Indépendamment de V alléluia à fleurs blanches , il y a aufli celui à fleurs jaunes, Oxys lutea^ J. B. 2. 3 88 : Trifo- Uum acetofum , ccniiculatum , C. B. Pin. 330 : Oxys cor- niculata^ U.nn. 61'^. Cette efpece eil annuelle ; fa tige haute de cinq à nuit pouces , droite ou couchée , rameufe 6c difùife ; (qs feiiilk-s font pétiolées , ternées 6c cordi-» A L L A L M iiv formes. Ses fleurs font jaunes , axillaires & ramaf- fées en ombelles. Elle croît abondamment en ProvenceJ ALLIAIPvE ou Herbe des aulx , AUiaria , Math*, S43 , J. B. 2. 883 : Hefpens allium rcdolens ^ Morif^ hîfl. Oxon, part. IL 2^2. Eryjimum alliaria y Linn. 922. Cette plante vient prefque par- tout dans les buiflbns , dans les haies & fur le bord des foffés* Sa racine eft menue , blanche & ligneufe ; fes tiges font hautes de deux pieds & demi , velues , canne- lées & arrondies ; fes feuilles font verdâtres , lifles & en forme de cœur ^ & crénelées tout autour ; fes fleurs font nombreufes ^ placées au haut des tiges & des rameaux , compofées de quatre pétales blancs en forme de croix ; il leur fuccede des fruits flli- queiix , remplis de plufieurs graines cblongues &: noires* Toute la plante de Valliairc pilée a une odeur aail. M. Deleuié dit qu'on a obfervé que le lait des vaches & les œufs des poules qui en ont mangé , ont un goût d'ail : elle rougit le papier bleu* Sa dé-- codion efl: utile aux aflhmatiques & contre les co- liques venteufes. M. Hallcr ajoute que Vallialrc en cataplafme efl en ufage chez les gens de l'art contre îa gangrené ^ & Hildan en parle fort avantageufementé On range cette plante parmi les Julîanes. Voyez ce mou ALLIGATOR. Efpece de crocodile de couleur ver- cîâtre , qu'on voit en Afrique : c'cfl: V alligator des Anglois & le lagardo des Efpagnols. y~oye{^ r article Crocodile» ALLOCAMELUS/Nom fous lequel Gefner décrivit le premier lama qui ait été apporté du Pérou en Europe. Foyei à Particlc PacO. ALLOUATA. a Cayenne efl VJlouate, Voyez ce mots ALLUVION ou Accrue d'eau > Jlluvio, Voyez l'article Atterrissement. ALM ANDÎNE ou Alabandîne , Atahàndina gemmai Nom donné à une pierre précieufe peu connue , dont la couleur rouge foncé tient du grenat ou plutôt de i'améthyfle & du rubis , raais qui Vi^n a ni la dureté Q % Iii2 A L O ni la peianteiir. On lit dans le Mercure Indien , eue Valmandine eft d'un prix égal au rubis-fpinel , ( il faut dire au rubis-balais quand elle ell: belle , ) &: que fa mine «ft à Alabanda, ancienne ville de Carie dans l'Ane mineure. Pour avoir des connoifTances plus détaillées de cette pierre, voyez le trente-feptieme livre, chap. vu de l'Hlfloire Naturelle de Pline, ALOÈS, en latin Aloe ; en arabe Ceban: Aloes ^ Linr. Gen. Plant. 439. Végétal vivace, exotique, &: dont il y a beaucoup d'efpeces , fur-tout fi l'on y comprend les agaves 6c les aletris ; les unes s'élèvent en arbres , les autres ne font que de petites plantes. Elles varient par leurs formes , leurs figures. En général les A/ci's , font des plantes très - curieufes , très - belles , &c qui méritent d'être connues; la racine de Valoès eft afîtz tubéreufe dans l'efpece défignée par Parkinfon fous l'épitheîe fzmpervivum marïnum ; par Pifon & Marc^ ^rave , Caraguata ; & dans YHort, Malab, , Kadanaku. x^atsvala. Les feuilles de Valocs font en général racli- jcales , nombreufes , difpofées en rond , fort grandes , très-épaifTes , charnues , longues , la plupart armées de piquans liir les bords , calTantes , fermes, convexes en deffous , concaves à la partie fupérieure ; cylindri- ques , pyramidales verg la pointe , remplies d'une fubi- tance gluante , claire , verdâtre , qui devient violette en féchant , d'une odeur d'herbe & d'un goût amer ; du centre des feuilles s'élève une tige grofle comme le doigt , qui , à Saint-Domingue , croît à la hauteur de deux à trois pieds, & porte à fon fommet pluHeurs fleurs monopétales découpées en fix parties , ( àit^ Botaniftes les regardent comme liliades , ) difpofées en épi. H y a des efpeces à^aloes dont le calice devient le fruit ; dans d'autres c'eft le pifîil : ces fruits font ou oblongs ou cylindriques , triangulaires , & divifés dans toute leur longueiu* en trois capfules , remplies de (emences plates. Lçs plantçs de ce geare ont un gcût extrêmcmeni A L 0 irf ^îfïèf : elles croiffent naturellement en Perfe fur la Côte de Malabar , au Cap de Comorin & autres lieux de l'Inde , en Egypte , en Ethiopie , en Arabie , en Italie 5 en Efpagne , en France dans le Languedoc ^ dans les Ifles de rAniériqiie 6c dans tous les pays chauds. On a dit faufTement qu'il y avoit une efpece d^aloès qui ne fleuriffoit que tous les cent ans , & oui faifoit un bruit comme un coup de piftolet en s'ëpa- rouilTant. On fait néanmoins que Valoès d'Amérique fleurit rarement dans les climats froids. Auiî: a-t-on cité comme une anecdote mémorable un aloès américain ^ qui étoit en fleur dans le jardin du Comte de Limbourg- Styrum , près de Carlsbad ( Gaiçtu de France , y Septem- bre lyS^ ). La tige de cette plante avoit vingt-fix pieds de haut , & avoit pouffé vingt-huit rameaux , qui por- tèrent plus de trois mille fleurs éclofes dans l'intervalle d'un mois. On a vu fleurir auiîi un alots à Paris en 1663 & 1664; & nous nous reffouvenons d'en avoir vu un chargé de quelques fleurs dans le jardin de Leyde en Hollande , en 1760. On a vu encore un aloes d'Amé- rique entièrement fleuri dans le jardin Royal de Frie- drichsberg en Danemarck : cette plante avoit vingt- deux pieds de haut , vingt-ne«f branches , & plus de quatre mille fleurs. Cette plante croît à différentes hauteurs , fuivant le terrain , le climat , &c. La tig« étant morte & defféchée , pefe très-peu. Les aloes à feuilles bordées de dents eplncufis font ,- V aloes à feuilles bordées de rouge , de l'Ifle Bourbon ; Vahh fuccotrin à fleurs pourpres^ de Vliie Soccotera ; Valoh vulgaire ou le kadanaku , du Malabar ; Yaloes maculé , d'Afrique ; X aloes corne de helier , c'efl: celui des aloes qui s'élève le plus , ( aloe arborzfcens j ) le collet de fa racine pouffe une manière de "tige terminéa par les feuilles, & marquée dans fa longueur par les cicatrices des anciennes feuilles. V aloes mitre ^ d'Afri- que; \ aloes ou moucheté ou peint, d'Afrique ; les alohi a dents de brochet , celui à épines rouges , & celui fur«- o 3 114 . ^ ï^ ^. nommé ^artichaut , tous d'Afrique \ Valois nain % d'Afrique. Les aloes à feuilles non bordées de dents épineufes font Valohs patte à^ araignée , d'Egypte ; Valces perlé , d'Afrique; V aloes pouce écrafé^ d'Afrique; V aloes veineux ^ du Cap de Bonne - Efpérance ; Valoes triangulaire , d'Ethiopie ; Valoes épi de blé & piquant , d'Afrique ; Il aloes panaché ou bec de perroquet , d'Ethiopie ; Valoes langue d*afpic & à verrues blanches^ d'Afrique; Valcès langue de chat ou langue de bœuf ^ du Cap de Bonne- Efpérance ; Valoes en éventail^ de la montagne de la Table au Cap de Bonne-Efpérance ; Valoes à feuilles longues & étroites , ( un angle tranchant règne en defTous , dans toute leur longueur , ) du Cap de Bonne-Efpé- rance. On retire dans les pays chauds , par exprefîîon ^ un fuc gommo - réfineux des aloes. Ces fucs étant defféchés par l'évaporation , différent en pureté , couleiu* & odeur ; ce qui leur a fait donner divers noms : I**. Valoes fuccotrin ( alce fuccotorina ) , dont l'on a fait le mot chicotin , fe retire de Valoes à feuilles d^ ananas» C'eft le meilleur de tous : il efl: d'une couleur noire , jaunâtre en dehors , rougeâtre en dedans, tranfparent, friable , réiineux , amer au goût , d'une odeur forte , peu défagréable , & devenant jaunâtre en le pulvé- rifant. Pour retirer ce fuc , on arrache les feuilles de la racine ou du tronçon d'un aloes ^ nommé fuccotrin ; on preffe , dit- on , fes racines légèrement , ( ou plutôt fes feuilles , ) & on fait couler le fuc dans un vaiiTeau. Ce fuc épaifïï & defféché au foleil , eft Valoes fuccotrin ; on nous l'apporte dans àes cuirs , des Indes , & particu- lièrement de riile de Soccotera. Il eu toujours plus dur & plus friable en hiver qu'en été. 2.° Une autre efpece de ce fuc eft nommée aloès hépatique ( aloe hepatica ) , parce qu'elle a la couleur du foie des animaux ; fon odeur eil plus défagréable , fon goût plus amer, A L O 215 3.** La dermere eft la plus grofîîere de toutes, la moins bonne , &C elle efl appelée aîch caballin , parce qu'elle n'eft employée que pour les chevaux. Ces deux derniers fucs fe retirent de "Valois ordinaire , en coupant les feuilles & les pilant : le fuc le plus pur donne Valoh hépatique ; & la lie eft ^aloh caballin , qui fe diftingue facilement par fon odeur fétide , fa couleur noire &: fes impuretés. Il y a encore Valoh en cahhajje ^ ou Valoes des Bar* hades \ qui eft moUafte & noir-fauve , étant nouveau ; mais qui étant gardé , devient caftant , lucide & tranf- parent. Il eft fort recherché des Curieux. Le fuc Valois eft purgatif, vermifuge , vulnéraire. Son iifage modéré eft utile aux grands & aux gens riches qui vivent dans la bonne chère ; leur eftomac fatigué par le travail continuel de la digeftion, a quelquefois beioin d'être animé par ce remède amer ; fon ufage feroit pernicieux aux gens fobres oc tempérans. Il donne des hémorroïdes & excite des hémorragies à ceux .qui font fujets aux crachemens de fang. M. Boidduc a obfervé que la réftne Valoes étoit beaucoup moins purgative que l'extrait aqueux, & qu'en conféquence Valoès fuccotrln devoit être employé de préférence pour purger , à caufe de l'excès de parties extra^lives qu'il contient. La teinture ôialoes eft tonique , emménagogue ; on s'en fert à l'extérieur pour arrêter les progrès de la carie. On trouve d'ailleurs tant d'excellentes pro- priétés dans Valoes^ que quelques-uns, tels que Roger Bacon ^ n'ont pas craint d'avancer qu'il prolongeoit la vie. Qui vult vivere annos Noc , fumât pilulas^ de aloe, Paracclfe , qui parut fur la fin du quinzième ftecle , prétendoit qu'avec fon élixir de propriété , dont Valoes îaifoit la bafe , on pouvoit parvenir à l'âge de Mathu* falem , qui vécut , dit-on , 700 ans ; cependant Para-*, cdfe^ malgré fon élixir, n'a vécu que 48 ans. L'eau diftillée de la plante alohs , eft employée très* O 4 iî5 A L O efficacement par les Empiriqii'^s d'Egypte contre îà jaiinifTe , la toux & l'afthme. Alors Karatas. Voyez Karatas, Aloès pitte ou le Chanvre des Indiens , Aloe dîjlicha. On l'appelle cabouilkh Saint-Domingue , c'eft le coidaoïia des Caraïbes , efpece à'aloes ou plutôt ai agave fétide dont la racine eft tubéreufe & poufTe des feuilles longues de quatre à cinq pieds , piquantes à leur extré- mité , ^L larges d'environ quatre pouces. Elles font epaiffes , unies , dépourvues de piquans fur les bords & non dentées, d'un vert clair; lepiderme de ces feuilles eft prefque luifant ; elles s'élargiflent vers le tiers de leur longueur. Cette plante ne réufTit pas indiilin£lement dans tous les endroits de l'Amérique. On la rencontre à Cucao & à Saint-Domingue, dans les bois de cenains quartiers com.me au Mirbalais , à l'Artibonite , &c. cette plante fupplée au défaut du chanvre & du lin. C'eft Valoès le plus grand que l'on voie dans les ferres du Jardin du Roi , où fes feuilles ont de longueur trois pieds & plus , ramaffées en tête. Il efl bon d'obferver que la féconde écorce de cette plante efl: toute compcfée de fils très-forts, dont le tiffu reffemble un peu à de la groffe toile , mais dont les fils au lieu d'être entrelacés , comme le font ceux de la trame & de la chaîne de nos toiles , ne font Simplement qu'appliqués & collés les uns contre les autres ; mais du refle c'eft la même difpofition & le même arrangement. Ces fils font rougeâtres , & par leur efpece de tiflli , prcfentent une groffe toile tiflue par la Nature , & qui étant enlevée à de grands aloh phus dans leur pays naturel , peut être très-utile. C'efl des feuilles de cette forte Valois ^ préalablement battues ou écrafées & privées de leur fuc , que les Indiens de la Guiane tirent des fils très-forts , très-longs & aflez beaux , dont ils font à.^s hamachs , des voiles, à^s cordes &: d'autres ouvrages, même de grofles toiles pour emballer le café ; les Portugais du Brélil en A L O 117 4font des bas & des gants. On teille la pltt€ comme le chanvre ; on en fait des étoffes qu on apporte en Europe , fous le nom dVcorce Marbre, On retire des autres aloes des fiîs approchans de la nature de celui-là. Les Efpagnols &: les Habitans > ( Voyei Spart^ efl tirée AqV aloes commun, le même » qui vient naturellement dans les provinces méridionales » de la France, où quelques Payfans en plantent à >> l'extrémité de leurs champs , le long des chemins , >> pour en former des haies qui font impénétrables » à l'homme & aux quadrupèdes, {h' Opuntia ficus >> Indica feroit peut-être en cela préférable. ) Cette » efpece ^aloès a les feuilles de iix à neuf pouces » de large , trois à Quatre pouces d'épaiffeur par le » bas , fur cinq à fix pieds de long , armées de » pointes très - aiguës. On en a vu de plus confidé- » rables dans toutes les proportions. Il pouiTe , à l'âge » de cinq à fix ans , une tige qui , en moins de M huit jours, s'élève à la hauteur de huit à dix pieds , *> & en a plus de vingt dans un mois , épaiffe alors » par le bas d'environ quatre pouces & demi de » diamètre. Cette tige ou arbre , fe termine par unef >> quantité confidérable de rameaux de fleurs agréa- » blés , dont l'enfemble forme un luflre pyramidal. >> La plante meurt après avoir étalé fa beauté ; mais 2i8 A L O » elle dédommag-e , en laiffant à fa place des milliers » de jeunes plants vigoureux , en état de défendre la » brèche qu'elle femble laiiTer à réparer. » Valoès commun n'exige ni beaucoup de terre, ni un » excellent fol , puifqu'il vient avec fuccès auffi fur les » montagnes arides de la Provence. On trouve le même » a/oès dans le Languedoc, dans le RoufTillon. Per- » pignan eft entouré de beaux aloès , & cependant cette >> produdion naturelle y eft infruftueufe pour la fociété. » Il feroit à défirer que les Cultivateurs , dans les » provinces méridionales , multipliaient cette plante ; » qu'ils en défendifîent les extrémités de leurs champs , » & qu'ils s'occupaffent d'en extraire la filaffe. Le » procédé n'en eft pas difficile ; il fuffit de mettre les » feuilles, nouvellement coupées , fur une dalle de » pierre unie , d'en exprimer le fuc avec un rouleau » de bois , & de les peigner fur un peigne de fer » après les avoir fait fécher. De ces petites opéra- » tions , réfulte la filaffe dont nous faifons ufage , foit >> pour guides 6c rênes de voitures , foit pour cordons » de montre , de canne , de fonnettes & de rideaux , » de luftres & pour écuyers d'efcaliers , foit glands pour » le bout de ces cordons ou pour robes à la Polonoife «. Valoès commun eu le Pkto ou Pitta d'Efpagne : J.gavc americana^ Linn. 461. Ses feuilles font lan- céolées , bordées d'épines & terminées par une pointe alongée &: très- dure ; l'épiderme des feuilles eft comme farineux. Ses fleurs font d'un jaune verdâtre : cette plante efl venue de l'Amérique méridionale en 1561 , & s'efl naturalifée dans nos provinces méridio- nales de même qu'en Portugal , en É{\)?.gne , en Italie , en Sicile , en Corfe , &c. ALOIDES , Aloe palufirls. Fiante vulnéraire qui a la feuille de Valoh , feulement un peu plus courte & plus étroite, bordée d'épines & chargée de gonfles femblables à des pattes d'écrèvifie , qui s'ouvrent &: pouffent des fleurs blanches à deux ou trois feuilles ^^ A L 9 lî^r à-peu- près comme celles de l'efpece de némiphar appelé morfus ranœ , 6l qui portent chacune plufieurs petites ëtamlnes jaunes &; fix plflils : à chaque fleur fuccede une baie à fix loges , placée au-deilous du calice : îa racine de cette plante eft ronde , compofée de fibres blanches , qui tendent plus ou moins diredement àii fond de l'eau. ALOSE , Clupea alofa , Linn. ; à Bourdeaux , Caulac , Coulac ou Colac ; k Marfeille , Halachla ; à Rome , Laccia ou Lacchia ; à Venife & en Tofcane , Chipea , Chicpa, ou Savalum ; en Anglois , Mother of Herrings ; c'eft-à- dire la Mcrc des harengs ; en Afrique , Jarrafa, PoifTon de mer du genre du chipe ; il remonte dans les rivières. Sa longueur ordinaire eft d im pied & demi ou vingt pouces. Sa tête eft d'une groffeur médiocre , comparée au volume de fon corps. Les yeux font affez grands & couverts de membranes lâches qui ne s'étendent que jufqu'aux iris dont la couleur eft argentée , mêlée de bleuâtre & quelquefois de rouge-pourpre. La gueule a l'ouverture ample ; la langue eft petite, aiguë &: noi- râtre ; la mâchoire inférieure eft un peu plus longue que la fupérieure ; celle-ci eft fendue en deux , ôc comme fourchue à fon extrémité ; elle eft garnie feu- lement en fcs bords , de très-petites dents ; l'inférieure en eft dépourvue. Les ouïes, au nombre de quatre, de part & d'autre ont leurs membranes garnies de huit rayons ; leurs opercules font tantôt d'un jaune éclatant , & tantôt d'un rouge foible ; auprès des ouïes fe trouvent des tachegr|rondes & noires, dont une très- grande. Le ventre fe termine latéralement en forme de carène aiguë ; la hgne latérale eft compofée d'environ quarante écailles en recouvrement, & terminées en pointe ; les écailles du corps font grandes , & font fur les bords comme tachetées de gouttes noires. Le dos eft de couleur noirâtre ; les côtés & le ventre font argentins. Ses nageoires, dont les rayons font aftez jnous 5 font petites à proportion de fa grandeur j la iiô A L O nageoire du dos contient dix-huit à dix-neuf rayons i les peftorales , chacune quinze ; les abdominales en cnt neuf ; celles de l'anus quelquefois plus de vingt ; la queue eu profondément échancrée. Le printemps e(l la faifon où Valofe remonte dans les rivières , dans lefquelles elle s'engraifTe , & où fa chair prend un bon goût* Ces poifTons vont en grandes troupes en nageant è fleur d'eau , montrant leurs nageoires dorfales , & en pouflant , dit-on , un certain grognement fourd , pareil à celui d'un troupeau de pourceaux. On en pêche fouvent à la fois un très-grand nombre : on les voit cp.ielquefois fuivre des bateaux chargés de fel jufqu'à trois cents lieues de la mer. Rondda dit avoir vu des alofcs fenfibles à l'harmonie , fur-tout pendant la nuit ; elles accouroient au fon du violon , & fautoient en nageant fur la furface de l'eau. Il a vu prendre ^ans l'Allier plus de douze cents , tant alofes o^wçfawnons , ^\\n feul coup de filet. Valofe , dit-on , craint telle- ment le bruit du tonnerre , qu'elle en périt quelquefois «l'effroi. Il faut que ce poifTon ait féjourné quelque temps clans l'eau douce , c'efl-à-dire , dans les rivières , en remontant contre leur cours , pour y devenir gras , charnu & d'une faveur agréable ; car au fortir de la mer il efl (ec , maigre &: d'un mauvais goût. Aufîî efî-ce un proverbe à Orléans 6l fur la Loire : Jamais Riche n ^a mangé bonne alofe , ni Pauvre bonne lamproie. Valofe bien fraîche & prife ^^\n de la mer , efl un poifTon délicieux , qui fe fert fur les tables les plus délicates. On vend à Paris dans le printem.ps , fous le beau nom de pucdle , un poifTon afTez peu eflimé , qui n'eflr qu'une petite alofe , ou une petite efpece A^ alofe : on la nomme pucdle , parce qu'elle paroît au commence- ment du printemps , & qu'elle n'efl pas encore pleine d'œufs. Voye?^ l'article PucdU. Les Grecs ont appelé thriffa. AL O i2t Va/qfe , comme qui diroit poijffon plein de cheveux , àf caille de la multitude de petites arêtes qu'on trouve dans le corps de ce poifTon. ALOUATE ou Allouât a. A Cayenne on appelle ainfi une efpece de gros fapajou rouge , qui differv^ peu de Vouarine, Voyez ce mot, Ualouate eft \q Jinge. rouge de Barrcre , & le Jinge rouge de Cayenne de M. Brlfon, ALOUCHE DE Bourgogne. Koyei à PankU Alisier. ALOUCHI. Nom donné à une forte de gomme réfme fort odoriférante , qui fe tire du cannelier blanc, ALOUETTE , Alauda, Genre d'oifeau de la grof- feur d'un moineau , meifager du printemps , qui vit dans les champs, & fait l'agrément des airs lorfqu'iî s'élève en chantant jufqu'à perte de vue. Ces oifeaux , dont on diftingue plufieurs efpeces , ont trois doigts devant & un derrière. L'Alouette ordinaire ^ Alauda vulgarls ^ pefe une once & deinie : elle a fix pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité des pattes ;: l'envergure eft de dix pouces ; la partie fupérieure du bec eil: noirâtre , & l'inférieure eft blanchâtre ; les narines rondes & découvertes ; les plumes de la tête que i'oifeau hérifîe quelquefois en forme de crête , font d'un roux cendré , & le milieu en eft noir ; le derrière de la tête eft cerclé d'une bande pâle ; le menton efl blanchâtre ; la gorge jaune , tiquetée de brun ; les plumes du dos ont la même couleur que celles de la. tête ; les côtés font d'un roux jaunâtre ; le pennage des ailes & de îa queue eft roufsâtre , tacheté de blanc par les extrémités ; les pieds &; les doigts font bruns ^ les ongles noirâtres. Un des principaux caraderes difî:in£l:ifs des alouettes , eft d'avoir l'éperon ou l'ongle de derrière très-long ; it^ feuilles reffemblent à celles de la vigne. ALTISE ou Sauteur , en latin Altlca. On donne ce nom à un petit inferfe du genre des fcarabks , à caufe de la faculté qu'il a de fauter comme une puce. Il y a un grand nombre d'efpeces de ces infedes qui varient beaucoup en couleur : ils font leur habitation fur les feuilles des plantes & des arbres ; ils rongent ^ P a iiS A L V A L U criblent quelquefois toutes les feuilles des plante^ potagères. Ces inle<^es fauteurs , qu'il ne faut pas con- fondre avec les morddks ( Voyez u mot ) , fe recon- noiflent aifément à la faculté qu'ils ont de fauter , & d'échapper ainfi à la main de ceux qui veulent les prendre. Un des cara£l:eres des infedes de ce genre eft d'avoir les cuifles poilérieures grcfTes , prefque fphé- riques, plus grandes que les autres, toutes mufculeufes, qui fer\Tnt à exécuter un mouvement aufTi violent que celui que font ces animaux pour fauter. Leurs antennes font d'égale groffeur dans toute leur longueur. ALUCO. Nom donné à une efpece de hibou. Voyez ce mot. ALVÉOLES , Alvcolï. Voyez au mot Abeille. Ce mot fe dit encore des cavités dans lefquelles les dents font placées ^ Voyc?^ Dents. Les orthocératites & les bélemnites ont auiîi des alvéoles. ALVIN. Nom donné à tout le menu poiffon qui fert à peupler les étangs & autres pièces d'eau : ainii alvïmr un ét?ng , c'eft FempoifTonner en y jetant da Xalvin ; & Falvinage eft le poiffon que les Marchands rebutent , & que les Pêcheurs rejettent dans l'eau. En pîufieurs endroits on donne à Vahln les noms de norrain ou ne uraln ^ feuille , peuple , fretin 6c menuif aille, ALUÎNE. Efpece d'abfinthe marine, dont les feuilles découpées fort menu font verdâtres àc d'un goût falé & amen Voyei Absinthe. ALUN , A lumen, C'eft un fel fofîile & minéral qui fé trouve dans la terre , d'une faveur d'abord douce , accompagnée d'ime aftriftion confidérable. On en peut diftinguer de deux fortes ; l'un naturel , que l'on con- noît à peine aujourd'hui, & dont les Anciens faifoient un grand ufage; l'autre, que l'on peut appeler /^c7/r^ , parce qu'il faut faire plufieurs opérations pour le tirer de la mine. Ce fel eft compofé de l'acide vitriolique uni à une terre qui eft rççonnue aujourd'hui être de jiature argileufe. A L U 2Î9 Cette efpece de fel folïïle fe trouve le plus ordi- nairement dans les mines de charbon de terre , dans les terres brunes & feuilletées comme le fchiile , dans les pyrites. Ce fel minéral étant diffous dans l'eau Se évaporé , fe criflallife fous la forme confiante d'un odbedre, c'eil-à-dire , dun folide à huit pans ; mais il retient beaucoup d'eau dans fa criftallifation , ce qui lui donne la propriété de bouillonner fur le feu. L'alun de plume cil ainii nommé , parce qu'il efl compofé de beaux filamens droits , blancs , criftal- lins , & qui fe féparent aijement. Il fe trouve crif- tallifé fous cette forme dans des grottes ou caves gouttières , en Egypte , en Macédonie , dans les ifles de Sardaigne , de Milo. Cet alun naturel ell très- rare : on en voit dans les cabinets des Curieux , qui n'eft fouvent qu'un vitriol de zinc : on le confond tous les jours avec Vasbejle ou avec le gypfeflrlê , dont il diffère elTentiellement par fa faveur ftiptique & fa folubilité dans l'eau , &c. Nous ne craignons pas d'avancer que Valun de plume du commerce , ii com- mun en Saxe &: en Suéde , n'eft autre chofe qu'un asbefte fibreux & folide ; quelquefois aullî ce n'efl qu'un gypfe à ftries folides. Voyez Ashcfie , Gypfc ifl faux Ashefîe. On trouve aufîî de Valun naturel ou vierge , & criflalUfé en o£laedre, à Gravel en Bohême. \Jalun dont on fait ufage dans le commerce, varie de nom , fuivant les divers procédés que Ton emploie pour le préparer, & les matières dont on fe fert : on a Xalun rouge ou le romain ou le citronné^ Valun fucré^ Valun brûlé ou calciné. L'Angleterre, l'Italie, la Suéde, la Flandre & la France , font les principaux endroits où l'on fait Valun , nommé alun de roche ou de glace , parce qu'il eft crif- tallifé en grofles mafTes. On en prépare en France proche les montagnes des Pyrénées. Il y en a une veine courante fur terre dans la Viguerie de Prade& 150 A L U en RcufîîîîonJ qui a depuis une toîfe jufqu'à quatre de largeur , dans une longueur de près de quatre lieues , & qui efl: abondante. Il y a aufli une mine ^alun à Andrarum en Scanie ; c'eft un fchifle alu- mineux. Dans un canton de la Sibérie on trouve , dit M, Gmdln , un rocher dur , compofé d'ardoife alumi- neufe , dans les fentes duquel il fe forme un alun jaune , gras , mou , en forme de ftaladite ; on le nomme heurn d?, pierre ; on l'emploie dans le pays contre le cours de ventre. C'eft le kamina - mafia. Voyez ce mot, Valim de Rome fe trouve aux environs de Clvita^ ' Vecchla : on le retire d'une forte de pierre blanche , înfipide , farineufe , cependant un peu compare , de nature argileufe , & qui contient du foufre en na- ture : on la fait d'abord calciner fortement , pour en dëcompofer le foufre ; le phlogiftique du foufre , qui efl fon principe inflammable fe détruit , & l'acide vi- triolique qui y étoit combiné devient un fel fluor qui réagit fur la terre argileufe & la difpofe par combinaifon à l'alunation : on la met enfuite en tas à l'air libre , ayant foin de l'arrofer d'eau jufqu'à ce qu'elle s'exfolie ; en cet état elle boit l'humidité , elle fe gonfle peu - à - peu , elle tombe en effloref- cence , alors Valun s'eft formé. On met la pâte dans l'eau , on en diflbut le fel , on fait évaporer ; & là diflblution donne àes criflaux affez tranfparens , d'un rouge pâle : il faut obferver que ces criflaux ^alun n'auroient aucune teinte ^ fi la leffive eût été bien épurée. En Italie , dans le lieu qu'on nomme Soufrières ou la Solfatare , on retire du foufre & de Valun. Il s'élève de ce terrain beaucoup d'exhalaifons enflam- mées : Valun paroît fur la terre en efflorefcence : on le recueille avec des balais ; & par voie de difl^olu- Cion 6c d'évaporation , on le réduit en crifl:aux. A L U A L Y 231 Vatuft employé avec prudence eft un excellent aftringent dans les hémorragies. Les Enlumineurs , & notamment les Teinturiers , font un grand ufage de cette fubftance : ils font tremper leurs étoffes dans à^s eaux alumineufes , pour les difpofer à recevoir & retenir certaines couleurs : elles augmentent même la vivacité des couleurs , com.me on le voit dans la cochenille & dans la graine/ d'écarlate, \Jalim efl em- ployé à clarifier les liqueurs : on en fait ufage dans les fabriques de fucre , à caufe de cette propriété : on en met auiîi dans l'eau- de- vie , ou autres liqueurs dans iefquelies on garde les animaux , afin de leur conferver leurs couleurs. On s'en fert encore pour deffaler la morue. \Jalun brillé efl celui qui a été calciné : il fe pul- vérife aifément , & efl cauflique. Les Afiatiques s'en fervent pour confumer les chairs , ou pour en ab- forder l'humidité & les deffécher. Ailleurs on en met fur du linge pour empêcher la puanteur des aiflelles & des pieds. Ualun fucri efl de Valun ordinaire , cuit en con- fiflance de pâte avec des blancs d'œufs & de l'eau de rofe. Cette pâte refroidie acquiert la dureté du fucre : on lui donne la forme de petits pains de fucre de la hauteur de deux pouces. On emploie cette pâte comme cofmétique , & l'on prétend que des Dames Angloifes en font ufage pour donner plus de fermeté à la peau. ALUN-CATIN. Voyei à r article SoUDE. ALYSSON DE MONTAGNE, Alyjfon montanum , Linn; ^oy : Alyjfon fruticofum , incanwri , Tourn. Infl. 217: Thlafpi montanum luteum , J. B. Plante vivace qui croît naturellement fur les montagnes de la Suiffe. Ses tiges font nombreufes , longues de fix à huit pouces, cou- chées & diiFufes , perfiflantes l'hiver. Ses feuilles font lancéolées, obtufes, blanchâtres, parfemées de points blancs : les inférieures courtes & fpatulées. Ses fleurs îjî A M A font jaunes ", compofées de quatre pétales dîrpofés en croix. Il fort du calice un piftil qui devient dans la fuite un fruit aflez petit, relevé en bofle & par- tagé en deux loges par une cloifon qui efl parallèle aux portions qu'elle divife ; ce fruit renferme des femences arrondies. ValyJJon eft apéritif & propre contre la rage. On didingue plufîeilrs autres efpeces ^alyjfons, AMADIS. Nom que les Curieux donnent à une coquille univalve des Indes , & de la famille des Cor~ nets. Voyez ce mot. AMADOUVIER. Efpece d'agaric qui vient fur le bouleau & fur le chêne. On en fait l'amadou. Voye^ a. la fuite de f article AGARIC DE ChÊNE. AMANDAVA. Voye^ Bengali. AMANDE d'AndOS. Voye^ à la fuite du mot Coco. AMANDIER , Amygdalus communis , Linn. 677* Arbre à fleurs blanches en rofe ; il s'élève jufqu'à vingt-cinq pieds de hauteur. S^s feuilles font longues , étroites , pointues , dentelées , pétiolées , rangées al- ternativement fur les jeunes branches ; fes fleurs or- nent les premières nos champs ; elles font ou foli- taires ou deux à deux , prefque fefïïles , minces & très- blanches , piu-purines à leur bafe. Son fruit efl ovale , aplati fur les côtés ; fa robe efl \m brout médio- crement épais , ferme , coriace , d'un mauvais goût ; elle recouvre un noyau ligneux , perforé & fillonné ; ce noyau , vulgairement appelé coque , efl plus ou moins épais , mais fragile ; il renferme une amande oblongue , blanche en dedans , d'une faveur douce ou amere , félon les variétés de cet arbre dont elle provient : le bois de Vamandier efl très-dur , & a quelquefois de belles couleurs. On fait ufage de deux efpeces de fruits ^amande douce ; l'un a la coque mince & très- fragile , & a en quelque façon l'odeur de violette ( c'efl ce qu'on appelle amande princeffe ) , Amygdalus dulcis putamine moUiorc : l'autue a la coque plus épaiffe & A M A i-Jl fins dure J Zimygdalus fativa fruciii ma] on , C. B. Pin. 441 , Tourn. 627. U amandier fe plaît dans un terrain fec & chaud ; la plupart de nos Provinces font trop froides , pour que les amandes y mùriflent parfaitement ; aufli ne font-elles point bonnes à conferver feches , mais elles font excellentes à manger vertes. Les bonnes amandes viennent de Barbarie , de Provence , de Languedoc , de Touraine & d'Avignon : les amandes de ce pays-ci font préférables à celles de Provence , pour femer dans les pépinières & en former des fujets qui font d'un très-grand ufage. Voici la meilleure manière de les multiplier : fi-tôt c\\\e les amandes font parvenues à leur maturité , on les met par lits avec du fable ; elles germent pendant l'hiver. On les met en terre au printemps , après en avoir rompu le germe ; par ce moyen, au lieu qu'elles ne produifent ordinaire- ment qu'un pivot , elles forment un empâtement de racines , qui fait que les arbres reprennent plus aifé- ment lorfqu'on les tranfpîante. Il y a un petit amandier nain , Amygdalus nana , Linn., fort branchu , haut de trois à quatre pieds, & dont les fleurs d'un beau couleur de rofe font très-propres à décorer un jardin : elles viennent une â une , & s'épanouiflfent au commencement d'Avril ; tous les rejets , de même que la principale tige , en lont également garnis : elles donnent des amandes très-ameres. Ce petit arbriffeau croît naturellement dans diverfes contrées de l'Afie. Il nous eft venu d'Alep une efpece ^ amandier ^ dont la feuille reffemble à celle du pourpier ; elle eiî cou- verte des deux côtés d'un duvet fin & blanchâtre , ce qui la fait paroître fatinée & comme argentée ; aufîi lui a-t-on donné le nom à^ amandier fatiné ou ar^ ^entl : Amygdalus orientalis _, foUis argenteis , fpl^^' dcntibus ^ Diiham. M. le Duc de Noailles eft le pre- mier qui a fait élever cet arbuile dans its bofquets. a34 A M A Le Père Nicolfon dit qu'on diftingue aux Ifles deux efpeces ^amandiers ; favoir , X amandier à grandes feuilles , & V amandier à petites feuilles : on les trouve tous les deux dans les mornes, &i on emploie leur bois indifféremment dans les ouvrages de charron- nage , fur-tout pour faire des roues & des brancards de voiture. Cet Auteur ( Efai fur VHifl, Natur. de Saint - Domingue ) dit que X amandier de cette con- trée a la tige haute , droite , grofle , très-branchue ; répiderme brun , écailleux ; l'enveloppe cellulaire , blanche, d'un goût acre & d'une odeur d'amande amere ; fon bois , quoique léger & filandreux , efl dur ; fes feuilles font terminées par une pointe or- dinairement tronquée , affez femblable à celles du laurier ; fes fleurs petites , blanches , croifTant par bouquet le long des petits rameaux ; fon fruit de la forme d'un gland couvert d'une pellicule d'abord verte, en- fuite violette & enfin noirâtre. Les amandes d'Europe ou vidgaires , fe fervent fur îa table dans les defferts , foit vertes , foit feches ; elles offrent un aliment d'une faveur qui plaît affez gé- néralement ; elles contiennent beaucoup d'huile ; elles paffent pour être nourriffantes ; mais elles font de difficile dîgeflion , lorfqu'on en mange trop. On en fait avec le fucre différentes fortes de préparations , comme des maffepains , des macarons. On confît les amandes vertes & entières comme les abricots verts ; îorfqu'elles font mûres &: feches , on en fait du nougat , à.^s dragées , des pralines , &c. On retire des amandes douces , en les pilant peu-à-peu avec de l'eau , une liqueur laiteufe , douce , agréable au goût , dont les particules aqueufes & huileufes font unies par le moyen des fels. Cette liqueur fe décompofe comme le lait; & on en peut tirer une fubilance butireufe. Les amandes confervées trop long- temps deviennent rancos par Fcvaporation de la partie aqueufe. A quel- que ufage qu'on emploie les amandes , il en faut tou- A M A 23 f Jours ôter la pellicule jaune , qui contient une poui- ûere réfineufe 6c acre qui irrite le gofier. On en fait une èmulfion Ibus le nom ^^ amande ou de lait d^ amande , en pilant des amandes douces ^ en y verlant peu-à-peu du petit-lait ou de la décoftioiî ^or^e , & y ajoutant un peu de ûicre. Ces émul- fions font propres dans Tardeur d'urine , les fièvres ardentes , rinflanimation des reins ou de la veiîie , les dyflenteries & hémorragies. Si dans une livre de lait d'amande un peu épais l'on fait fondre fur le feu deux livres de fucre , l'on aura alors le firop d'orgeat que ^on aromatii'e quelquefois avec l'eau de fleurs d'orange. L'huile tirée par expre/îîon ^amandes douces & récentes , & mêlée avec quelque firop pe£loral , adoucit l'acrimonie des humeurs , & amollit les fibres endurcies. Elle eft utile dans l'ardeur , la fup- preffion d'urine , les coliques , ôi la aéphrétique ; elle facilite l'expeéloration. Cette huile, appliquée chaude à l'extérieur, amoUit les duretés. Suivant M. Bucquzt , l'huile qu'on tire fans feu par exprefîîon des amandes douces , lorfqu'elle eft récente, efl verdâtre & trouble , parce que l'effort de la preffe a fait couler avec l'huile une certaine quantité dé mucilage qui s'y tient fufpendu , & en altère la tranfparence ; mais en vieilliflant l'huile devient plus claire. Elle perd fa faveur douce , & en acquiert une acre & défagréable ; on dit alors qu'elle efl devenue rance. Cette rancidité eft produite par la matière mu- cilagineufe dont l'acide fe développe par un commen- ' cément de fermentation. On obier ve que les huiles graffes ranciiTent d'autant plus facilement qu'elles font plus fluides. Celle ^amandes douces , qui conferve fa fluidité jufqu'à dix degrés au-deffous du terme de congélation de l'eau , félon le thermomètre de M. de Rêaumur , rancit très-promptement , tandis que celle d'olives , qui fe gelé à dix degrés au-deffus de ce i3« A M A même terme, ne rancit qu'après troîs ou quatre ans J' & que celle de Ben , qui eft prefque toujours figée , fe conferve douze années , & même plus , fans s'al- térer ; efTet qui dépend de ce que l'état de fluidité eft pkis favorable à la fermentation. y amandier amer , Aniygdalus amara , ne diffère Açs précédens que par l'amertume de fes fruits; la coque ou robe eft plus dure que celle des amandes douces ; on fait ufage de fes amandes comme des précédentes. On a cru long-temps que l'huile d'amandes ameres etoit^plus réfolutive que celle d'amandes douces ;& on l'employoit peu intérieurement , à caufe de la trop grande amertume qu'on lui fuppofoit. Mais des expériences récentes ont fait connoître que l'huile d'amandes ameres ne diffère point de celle des amandes douces , attendu que l'amertume ne réfîde que dans la partie extraélive qui ne fe mêle point avec l'huile pendant l'expreiSon. Cette huile enlevé les taches du vifage qui viennent du foleil ; étant mêlée avec de l'huile d'œuf , elle peut empêcher les marques de la petite vérole. Les amandes ameres occafionnent aux oifeaux & à la plupart des autres animaux , des convulfions mor- telles , excepté à l'homme ; effet qu'il faut attribuer à la grande fenfibilité des fibrilles nerveufes de l'eflomac de ces animaux. Amandier du Cap de Bonne- Efpérance, On lit dans les éphémérides des Curieux, qu'il croît au Cap de Bonne-Efpérance un arbre qui , ainfi que fon amande , efl une des plus belles produftions qui fe voient dans le pays. Cette amande efl plus petite que les amandes ordinaires : fa forme efl recourbée & terminée à 1' une de fes extrémités par une efpece de mamelon. Ce qui fait principalement la beauté & la finguîarité de ce fruit , c'eft que fa peau extérieure efl revêtue d'un duvet fi bien tifTu , qu'on pourroit le comparer aux plus belles étoffes de foie , fous cette première en- A M A 257 veloppe eft une coque médiocrement dure , qui con- tient une petite amande. AMANITE , Amanita, Nom donné par des Bota- niftes à un genre de plante ciyptogame , de la fa- mille des Champignons , & qui comprend un affez grand nombre d'efpeces qui , en général , font d une lubilance molle, tendre & charnue, & fouvent font teintes d'affez belles couleurs. Les Amanites que Z/Vz- nœus a défignés par le mot agaric , ont un chapeau orbiculaire , fitué horizontalement en parafol , fur un pédicule plein ou fiftuleux qui s'infère dans fon cen- tre ; la furface fupérieure de ce chapeau eft lifle , quelquefois tannée ; & l'inférieure eil doublée de lames plus ou moins égales entre elles, qui divergent du centre â la circonférence en manière de rayons dans plufieurs efpeces de ce genre. La coiffe ( volva ) qui enve- îoppoit le chapeau dans la jeunefTe de la plante , laifTe fouvent fur le pédicule , après l'épanouiflement com- plet du chapeau, une portion de fes dépouilles ; & alors ce pédicule paroît muni d'une forte d'anneau aflez remarquable ; ce qui fournit un moyen de dif- tinguer ces efpeces de celles qui ont leur pédicule nu. Parmi les Amanites il y a des efpeces à fuc laiteux , & d'autres non laiteufes : on trouvera à l'article Ckam-^ pignon la lifte de la plupart des Amanites ( Agarics de Linnœus ). AMAPA. Voyei Mapas. AMARANTHE , Amaranthis, Plante anmielle très- belle à voir , & dont on diftingue plufieurs efpeces ou variétés : il y a Vamaranthe blette , Vamaranthe verte &c à épi ; Vamaranthe variée , Vamaranthe crêtée..^ Vama- ranthe jaune , Vamaranthe blanche , Vamaranthe à feuilles étroites , Vamaranthe trifle , Vamaranthe épinzufe ou Brede^ Vamaranthe enfanglantée , V amarante en queue , &c, Amaranthe en queue ou Passe-velours , Ama- ranthus caudatus ^Unn, 1406. Ceft une plante qui fait i'çrnçmçnt dçs jardins depuis le mois d'Août , jufqu'à U 238 A M A fin de raiitomne ; elle eft originaire de Perfe & du Pérou ; elle poulie une ti2;e d'un à deux pieds de haut , droite , branchue , rougeatre , &c garnie de feuilles alternes , larges , pointues , rougeâtrcs dans les bords , & vertes dans le milieu. Ses fleurs font terminales , ovales / difpofées en épis ferrés & paniculés , longs , pen- dans , & reiTemblent à un panache cramoifi ou pour- pre , ou jaune doré : elles iont compofces chacune de plufieurs feuilles difpofées en rofe. ( M. Dcku^c ob- ferve que ce qu'on prend ici pour la fleur , ou pour parler plus exadement , pour la corolle , n'efl: que le calice qui efl: ordinairement coloré &: compcfé de trois ou cinq feuilles. Il y a fur l'épi , dit-il , des fleurs mâles ; elles ont cinq étamines , & des fleurs femelles : celles-ci ont trois piflils ). Le fruit efl: de figure ronde , & s'ouvre en travers comme une boîte à favonnette ; chaque capfule ne renferme qu'une graine arrondie ou lenticulaire & luifante. Il faut en femer la graine , qui efl petite , fur couche , dans le mois d'Avril , & les planter en motte vers le mois de Juin ; elles demandent beaucoup d'eau. Vamaranthc variée & appelée tricolor ^ efl originaire des Indes , &: reniarquable par its feuilles nom- breufes , rayées d'écarlate , de jaune &: de vert : outre cette bigarrure des feuilles , qui paroît acci- dentelle , Vamaranthe tricolor fe diflingue , parce que fes fleurs font axillaires, difpofées par pelotons ver- dâîres, qui entourent la tige 5 5c que les fleurs mâles n'ont que trois étamines. On conferve la graine ^amarantkt dans At% boites pendant l'hiver , ou plutôt on garde la t;ae feche dans la ferre ; & après que les fortes gelées font pafl'ées , on l'égrené pour la femer. Voye^ Jalousie. Les AxMARANTHiNES , Gomphrma , que l'on cultive dans les jardins , font des eipeces à'amaranthes à feuilles non panachées j mais velues , comme coton-; neiifes. A M A 239 AMARILLIS. Nom d'un joli papillon de jour, qui ne marche que fur quatre pieds 6c qui vole le long des prairies 6c des bois. Il paroît au mois de Juillet : fon fond de couleur efl un beau jaune - fauve , glacé de brun à la naifî'ance des ailes près du corps. Le bord des ailes offre une large bande brune. Le mâle a feul au milieu de l'aile fiipérieure , une bande tranf- verfale brune. Vers l'angle de cette aile , il y a un œil ovale à deux prunelles blanches. Le deflbus des ailes fupërieures eft conforme au deffus ; fous les ailes inférieures , la couleur eil brune avec des ondes d'un blanc cendré : on y diilingue deux très- petits yeux. Sa chenille eu d'un vert obfcur , avec une bande lon- gitudinale 5 rougeâtre de chaque côté. Elle n'efl point épirieufe , mais fa partie poflérieure eil terminée par deux pointes en forme de cornes : elle fe nourrit de gazon dans les prés & dans les bois. On la trouve vers la un du printemps. Sa chryfalide fe fufpend par la queue. Elle eu de couleur grisâtre , avec quelques taches brunes. UAmariUis a été décrit par M. Geoffroi^ Tom, II. pag, 52. n^, 20. AMARYLLIS. Genre de plante unilobée de la famille des Narcîjfes , & qui comprend des efpeccs remar- quables par la grandeur , la beauté & l'odeur agréable des fleurs qu'elles produifent. Il y a des amaryllis uni- flores & multiflores. Voyez Nardjfc^ Lls-72arcijfe ^ Lis de Saint- Jacques , &:c. AMATOTE 5 Amatotus. On a décrit & caradérifé fous ce nom un genre de vermiculaire ou de tubu- laire dont l'animal a le corps conique , coupé d'an- neaux, &: dont environ la moitié a de chaque côté un mamelon armé d'une pointe ; & l'autre moitié , qui efl l'inférieure , a des mamelons latéraux fans pointes & plus petits ; la tête ell: fufceptible de s'alonger & de fe contrafter. Ce tu^/au , qui a un opercule, eft prefque c^^lindrique , membraneux, ou- vert à ie^ extrémités & recouvert de fables 6c de ^40 A M A petites coquilles ; l'animal y eu ordinairement placé dans une fituation renverfée , &: le tuyau eft enfcacé en grande partie dans le fable , fur la plage de la mer. Mémoires des Savans Etrangers, M. Gucttard place ïamatotc dans la claiTe des Tuyaux marins , & en fait le fécond genre. Voyez le troifieme volume des Mé- moires fur différentes parties des Arts & Sciences , page 6 5 . Voyez aufTi l'article Coralline de ce Didionnaire , où il efl parlé des fcolependres de mer _, qui conjîruifent des coraux tuhuleux, AMAZONE 5 PJitaccus ama^onicus. Nom donné par les Oifeliers à des perroquets d'efpeces différentes , qui appartiennent aux contrées méridionales & les plus chaudes du nouveau Continent ; mais la plupart iont apportés des pays qu'arrofe la rivière des Amar^ones, Ces perroquets ont la queue courte , & font, en gé- néral , affez grands ; ils font moins communs , plus grands , plus beaux , d'un plumage plus brillant & mieux luflré que les criks qui habitent aulîi les mêmes con- trées ; ces derniers n'ont pas de rouge au fouet de l'aile , alarum cojld fupernl ruhente , comme en ont les amazones. Les amû^oms , ainfi que les autres perroquets , font leurs nids dans des troncs de vieux arbres , pondent deux fois par an ; la couvée efl de deux œufs ; le mâle & la fcrnelle partagent alternativement les foins de l'in- cubation. Ces oifeaux nichent près les uns des autres, volent en bandes nombreufes , fe perchent furies mêmes arbres , fe nourriffent des fruits à^avoure , ( ou à^aavora ) de conana fauvage qui croiffent dans les favanes , de ceux des gommiers élafliques & des bananiers , &c.Lorf- qu'ils font raffafiés , ils voltigent & fautent fans ceffe d'arbre en arbre , en faifant un caquetage continuel. Ils fe tiennent le matin , au lever du ibleil , fur les bran- ches dénuées de feuilles , & y reilent jufqu'à ce que la chaleur ait diflipé la rolée , qui , pendant la nuit , « humecté leurs plumç§. Alors ils partent tous en- femblc A M A 24 î' fembîe, en pouffant un cri général, lequel fe fait en- tendre de fort loin. Les amaiones font en général affez fauvages & fujets à mordre ; pris très-jeunes, ils ap- prennent à parler trè^-nettement. Amazone. Oifeau indiqué & rangé par Lin- nczus au nombre des Ortolans ; le deiTus de la tête efl fauve ; les couvertures inférieures dés ailes blanchâtres, ^ le refle du plumage brun : il fe trouve à Surinam. Llnnceus le défigne ainii : Emherïr^a fufca vcrdce fulvo , crïjfo , albïdo , Ama^ona , Sy^, Nât. éd. XII, p, 311, n.^ 15. Amazone a tête blanche , Tfitaccus teucocepJmlos* Ce perroquet fe voit fouvent chez les Oifeîiers de Paris. Il y en a deux variétés , & qui différent très - peu Tune de Tautre. La première efl le perroquet de la Martinique ^ de M. Briffon ; c'eft le perroquet à tèt& Manche , ^Edward, La deuxième eft le perroquet à gorgé rouge de la Martinique , de M. Brijfon ; c'eft le perroquet d'Orénoque, de Barrere ; le perroquet de la Martinique, des pi. enL 5 49. Ceft certainement par erreur que la pre- mière variété a été repréfentée dans les pL enl. n.° 3^5, fous le nom de perroquet à front blanc du Sé- négal. Cette dénomination efî: impropre quant au pays QÙ fe trouve ce perroquet. L'une & l'autre variétés font d'une taille médiocre ; il y a une barre blanche fur le fommet de la tête , au-delà de laquelle il y a dans une variété une bande bleuâtre ; la plus grande partie du plumage eft d'un vert, plus ou moins foncé ; fur le ventre , entre les cuiffes , ell une plaaue d'uri rouge de pourpre plus ou moins obfcur; au lieu que le bas des joues , la gorge & le devant du cou font d'une nuance rouge , douce ou incarnate ; les grandes pennes des ailes font bleuâtres , avec du rouge fur le fouet de l'aile. Les pennes de la queue font d'un vert jaunâtre , mais teintes d'un rouge pkis ou moins vif dans le milieu de leur longueur ; le bec efl d'une couleur de chair pâle ; les picd^ d'un brun pUis ou Tome /, Q -i^t^ A M A iTibins roufTâtre, Se les ongles noirs. Ces perroqiKts retiennent facilement un très-grand ncnibre de mots 6l les articulent très-difliniftemcnt ; leur voix tÛ même 2 fiez douce en parlant; mais leur cri naturel eu aigre &-i très-fort : au rcfle ils ne crient pas très-fou- vent ; on en voit beaucoup de fort doux , 6c ils pa- roifient en général^ avoir des habitudes fociales. Amazone a tête* jaune. Ceft le perroquet ama^ ^om du Bréfil , de M. Briffon , il eft à- peu-près de la taille du pigeon rornaîà ; le fommet de la tête efl jaune , le relie de cette partie , la gorge & le cou ont le pkimage vert terminé de noirâtre ; les plumes du corps font d'un vert brillant , mais jaunâtre fur le ventre ; le pli de l'aile ef: varié de jaune &de rouge ; les pennes de cette partie le font de vert, de noir, de bltu-violet & de rouge ; la queue efl compofée de douze plumes dont la plus externe d-e chaque côté eft rouge à fon origine , enfuite d'un vert foncé , tl d'un vert jaunâtre au bout ; les autres plumes de la queue ont ces deux dernières couleurs ; le bec efl: rouge a fa bafe, & cendré fur le refle ; l'iris jaune; les pieds gris & les ongles noirs. M. de Ëuffon fait mention de deux autres amaiones, qu'il ne regarde que commue deux variétés , ou comm.e des efpeces très-voifmes de Yar;mzone à têu jaune. Le premier eft le perroquet vert & rouge de Cayenne , pL enl, 312. Les François établis à la Guiane le nomment tantôt ama^me hâiard , tantôt dcmi-ama-' lo?ic , parce qu'on croit qu'il eft le produit d'un amazone avec un perroquet d'une autre efpece. Ses teintes font bien moins vives que dans X amazone à tête jaune ; le fécond ell le perroquet ci bec varié ^ de M. BriJJcn ; les côtés du demi-bec fupcricur font de cou- leur d'ccre , le refte d'un bleu verdâtre , excepté à l'ex- trémité, qui eft traverf'j par une bande blanche; le dcmi-bcc inférieur efl jaunâtre dans fon milieu & de couleur ploirîbée fur (es bords ; fon plumage eft k même que celui de Vama:;cne à tête jaune. A M A A M B . 243' Amazone a tête rouge du Bréfil, de M. Brijjhn. Les Brafiliens lui donnent le nom de Tarahè ; il tll un peu plus grand que le paragua ; la tête , la poi- trine , le haut & le fouet des ailes font rou2;es ; le reile de fon plumage cil: vert ; le bec & k's pieds font d'un cendré obicur ; les ongles noirs. Marcgrave, ////?. Nat, DU Brésil , pag. 207 ; Ruifch* de avlb^ p. 142; Ray, p. 33, AxMAZONE JAUNE, c'eil \t perroquet jaunc^ de M. Brijfcn &c des pi. mL n.° 1 3 . Cette belle efpece de perroquet , qui eit fort rare , a un pied de longueur totale ; tout fon plumage efl d'un très-beau jaune , excepté le pli de l'aile & les grandes pennes des pâles &: de la queue qui font marquées d'un rouge très- v'f ; l'iris & les paupières font rouges ; le bec , \(ts pieds & les ongles font blancs. On foupçonne qu'il habite le Bréfil ; cependant on pourroit préfumer qu'il eft naturel au Mexique , dans la partie qui avoifine la Louifiane. On en a trouvé un , dans cette derniare contrée, après un ouragan furieux. A M B A I B A de Marcgrave ou B o i s A CANON OU Bois trompette, Urahifcba Braf. Jaruma Oviedl , Sloart. Les Caraïbes donnent le nom ^xAmbdiba èc celui de Coukkm à \\n arbre dont on dillingue deux efpeces , le franc &c le bâtard. Le boh trompette eil \\n arbre de moyenne grandeur : on le trouve à la Guiane , à la Jamaïque , à Saint-Dom^irigue, mais nctamm.ent au Brcfil. L'écorce du tronc reiïembîe à celle du figuier ; fcn bois très-poreux efl blanc , ten- dre 5 rude au toucher , facile à fendre : le tronc efl fouvent plein de nce^i.îs, comme articulé , & toujours creux dans toute fa' longueur: on s'en fert pour faire des gouttières & des canaux ; il porte quelques bran* ches à fon fommct. Ses feuilles qui croiflènt par bou- quets à l'extrémité des branches font grandes , ombi- liquées , palmées , larges de plus d'un ])ied , profondé- ment laciniées, c'eil-à-dire ^ découpées en lobes ova- Q ^ laires par rextrémitë. La feiiilk eft verte en defliis ^ & grilâtre en defTous. Chaque feuille ell aiTez rude au toucher, & eu portée fur une longue queue ver- dâtre. Les fleurs font dioïques , d'un vert clair , apétales. On prétend que les fleurs font en chaton, un peu tétragones , & pendent à un pédicule fort coiu-t au nombre de quatre ou cinq ; elles ont fept à neuf pouces àe longueur : il leur fuccede des amandes qui font bonnes à manger , les Nègres les recherchent . Le haut du creux du tronc donne une efpece de moelle que les Nègres mettent fur leurs bleffures. La pellicule du dedans du bois étant ratilTée , guérit les chancres s'ils ne font pas vénériens ; ils difparoiifent au bout de huit jours , en renouvelant l'ufige de cette poudre matin 6c foir. Le fel fixe que donne ce bois eft d'un grand fecours pour dégraiffer &c faire écumer le vin des cannes à fucre : peut-être , félon Barrerc , pourroit-il i'ervir à faire du verre , du favon , & être de quelque ufage dans le blanchiifage des toiles. Les J^méricains fe fervent de ce bois pour allumer du feu. Pour cela , ils pratiquent un petit trou dans ce bois , & ils y enfoncent un morceau d'un bois dur & pointu , qu'ils font tourner avec beaucoup de vîteile ; cette agitation fufFit pour allumer le bois de Vambaïba ou fa racine , que l'on emploie plus particulièrement à cet ufage. \Jamhaiha diflille , par une incifion faite à fon tronc , une liqueur huileufe aliringente. On at- tribue à toutes les parties de cet arbre , une fi grande quantité d'autres propriétés , que les hommes ne de- vroient point mourir dans un pays où il y auroit une douzaine de plantes de cette efpece, fi on favoit en faire ufage. Mais je ne doute point, ainfi qu'il efl dit dans l'Encyclopédie , que ceux qui habitent ces con- trées éloignées, ne portent le même jugement de nos plantes &; de nous, quand ils lifent les vertus mer- veilleufes que nous leur attribuons. Vambaïba eft le ^CouUkin onibiliqué , Cecropia peltata , Linn. ; Ambaiba. A M B 24y ^nmplijjimo folio digkato , caudlce & ramis èxcavatis , Barr. Franc. Equin. lo: Ficus dacliloïdes major ( & minor^^ folio fuhtus argenteo, Pliim. AMBAÎTINGA. Arbre du Bréfil, que Pifon reoarde comme une féconde efpece ^ambaiba , Voyez ce mot. On dit que fa feuille eil d'un vert éclatant au fomniet &: pâle à la bafe , ^ qu'elle eil d'un grain fi rude en dtfTous, qu'on peut s'en fervir comme" de lime pour polir le bois. Ses branches font rougeâtres ; fon bois efl d'un tiiTu fort ferré ; fon fruit^ eft large , long comme la main , bon &: doux au goût. On tire des petites vefTies qui font au haut de Vamhaïdnga une liqueur huileufe , que les Indiens effiment être un baume précieux pour les plaies , les humeurs froides & les maux d'ellom.ac. Histoire des Plantes de Ray. AMBALAM , Grand arbre qui croît aux Indes , & porte des fruits & des fleurs deux fois l'an. Le fruit efl rond , dur, oblong , jaune quand il efl mûr : il con- tient une amande qwi , au rapport de quelques - uns , a l'étrange propriété de rendre imbécille pour peu qu'on en mange ; fa pulpe efl d'un goût aigrelet agréable. Les Naturels du pays mêlent le fuc de ce fruit avec le riz , &c en font une efpece de pain qu'ils nomment ^pen. Le tronc de Vambalam efl très-gros; fa racine efl longue & fîbreufe ; le bois lifTe &: poli ; l'écorce épaiffe : fes branches s'étendent beaucoup : les plus grandes d'entr'elles font grisâtres ; mais les plus pe- tites font vertes & chargées d'une poudre bleue. Les feuilles font petites , irrégulieres , rangées par paires , oblongues , nerveufes & vertes. Les jets des grandes branches portent un grand nombre de fleurs à fîx pé- tales , pointues , dures & luifantes. Quand les boutons des fleurs viennent à paroître, l'arbre perd fes feuilles , & n'en pouffe d'autres que quand le fruit fe forme. Il efl encore digne de remarque que le fruit a toute ik furface recouverte de filets ligneux &: mobiles. Q3 X46 A M B A MB ARE, JmBarc Indica, Garz. Acofl. Trag. E{îr un grand ce g'"OS arbre des Indes , dont les feuilles ref- femblenî à celles qu noyer , d'un vert agréable , &C pai ramées de belles nervures : fcs fleurs Ibnt petites ik. blanch'.s; ion fruit tH de la grofilur d'une noix , jaune étant mûr, d'une odeur agréable, ô'wn goût ai- ^^relct, ôc plein d'une mcë'le cartilagineufe Oc dure, parfemé de nervures ; on le confit dans le fel ^z. le vinaigre, ik. on s'en fert , dit Lcmcry ^ pour exciter lappciit & faire couler la bile. AMBELA. ^^oyci Char A.AI Aïs. AJviBEl. ANIEK acide, ÀnManïa acida ^ Aublet, HiH. de la Guiane. C'eit le pataverïs des Galibis, le quunhkndmt des Créoles : petit arbre la'teux dans toutes fes parties , &: qui croît dans riile de Cayenne ; fon fruit e/l une efpece de baie charnue , ovale , oblongue , d\in jaune citron , ww peu ridée , chargée de verrues , partagée en deux lo9,e5 &: crui contient des femences larges , arrondies &: aplaties : ce fruit eil bon à manger ; on le dépouille de fa peau & on le fait tremper dans l'eau ; ainfi préparé , il a un goût acide & agréable, il adhère aux dents & aux lèvres par fa vifcofité. AMBIA. Nom donné à un bitume Indien , liquide & jaunâtre , dont l'odeur approche de celle de la réfme Tacamaque. \Jambia eft une efpece de fiiccin liquide ; on s'en fert dans le pays pour guérir la gale. AMBIZE ou Truie d'eau. Voye?^ Poisson- Femme. AiMEOTAY. Veyci^ Corossolier à petites fleurs, AMEREADE. Eft l'ambre jaune faâice, dont on fe fert pour la traite avec les Nègres. Voyc\^ Ambre JAUNE. AMBRE ELANC. On nomme ainfi , mais impro- prement, le blanc de. haleim. Voyez au mot BALEINE, à la fuite de l'article Cachalot^ celui de Blanc de BALEINE. Ambre gris , Ambra grif 5. Nous avons été requis, en 1761 , par un riche J^egociant de Marfeille , de nous tranfporter dans l'endroit où l'on avoit fait venir cette pièce d'ambre , afin de l'examiner : nous fîm.es faire une fonde de fer, pour la percer de part en part. La première couche étoit d'un afTcz bon am.bre, feuil- leté &C parfemé de becs de feches , que l'on fait être ^e fubflance cornée ; la deuxième c^ uche étoit ter- reufe , grenue , peu odorante , &; d'un goût de fel marin. Le noyau de la mafle étoit brunâtre, mollr.lTe & d'une odeur de bitume. Ce beau &z rare morceau d'ambre gris a été vendu, cinquante- deux mille livres. Les mafles d'ambre gris font ordinairement arrondies , forme qu'elles prennent en roulant dans la mer ou fur les rivages. On en trouve beaucoup dans les mers des Indes Orientales , près des Ifles Moluques, des Maldives & de Madagafcar & fur les parages de la Chine & du Japon , & de lolo aux Manilles. On en ramafîe fouvent fur les côtes de l'Ifle de Maragnon ou du Bréfil , mais plus communément fur celles d'Afrique, vers le Cap-Blanç , le Golfe d'Arguin , la Baie de Portendic , A M B 249 ê^ en quelques autres Mes qui s'étendent depuis celle de Mofambique, julqu'à la mer Rouge. Les habita!2-S des Ifles Sambales le cherchent d'une façon afTez fingu- liere : ils le quêtent à l'odorat , comme les chiens de chalTe fuivent le gibier. Après les tempêtes ils courent fur le rivage , & s'il y a de V ambre gris , ils en ï^n-^ tent l'odeur. Il y a de certains Oifeaux, & autres animaux, fur ces rivages , qui font friands de V Ambre gris ; avertis de loin par fon odeur , ils le cherchent pour le manger : on prétend que prefque tout Vamb'regris qu'on apporte en Angleterre vient des Mes de Bahama , & de celles de la Providence. Vambre gris , gardé un certain temps , fe couvre , comme le chocolat , d'une efpece d'efîlorefcence grife (a). Quoique cette matière fe trouve en plufieurs endroits , c'efl cependant un aromate rare & précieux. Sa valeur ordinaire eu d'une guinée , ou d'un fouis d'or, l'once. On le rend plus adif & plus agréable à l'odorat , en le mêlant avec une petite quantité de mufc , de civette, de fucre , &c. Les Parfjmeurs en font un grand ufage. Comme X ambre abonde en parties huileufes, ( a ) Le Dofteur Schwediawer dit , dans fes Recherches fur la nature & l'origine de Pamhre gris ( Journ. de Phyf. Oflobre 17S4), que les becs ds feches , dont font parfemés les gros morceaux à'amhrc gris , tant ceux trouvés fur les côtes ou à la furface des eaux de la mer, que ceux tirés du ventre des baleines , appartiennent à cette efpece à laquelle M. L'tnnxus a donne le nom de Sepia octo^poi/a. L'exiftence de ces becs ôc d'autres corps étrangers dans Vamhre gris , efl: une preuve conva'n- cante qu'il a été originairement dans un état de molIeiTe ou de liquidité. Ce même Obfervateur prétend que refpece de B?leine qui contient dans fon ventre de l'ambre gris ^ eft l'efpece d'où l'on rire le hlavc de haleine ^ laquelle paroît être le Phy fêter macrocephalus de Linnczus , & qui fait fa nourriture principale de la grande efpece de Secht cité-e ci - deiTus, C'eft dans le canal înteftinal , ( l'inteftin cacum) de ce cétacée que fe trouve Vamhre gris ; c'eft pour l'animal une fource de maladies ; ceît^ matière fortie du fac qui la renferme , acquiert peu- à-peu la folidi^ qu'on lui reconnoît ; nous devons convenir (\\\q Vi. Rome de l'iflc ^^râX. être le premier qui ait obfervé que les becs qui fe trouvent dans VamJrc gris ^ appartiennent à l'efpece de Sechc citée ci-deffu.. Le Sepia oclovclia. de Lin r. ans y eft le Polypus ocfcpus de Rondelet , & qui étoit défignépac les Anciens fous les noms grecs à'EIedone, d'O^aina , d'Ofmylus^k caufe de fa bonne odeur; les Grecs modernes le nomment mofchris , à caufe qu'il fent le mufc. 150 A M B tén'jes & volatiles, il cft utile pour fortiner le eerveau, Vcûom-àc : il donne pins de vivacité aux iens. Les Orientaux en font auiïi un grand ufage : ils reftiment , notamment les Turcs, propre a prolonger la vie &c à rappeler les p;a;firs d'un amour épuilé. Les p'.lérlns qui vont a la Mecque çn achètent une grande quantité, vraifcmblablcmcnt pour l'ciiVir & s'en feivir en fumi- gation , de la même manière qu'en fe fcrt de rencçns. La vertu la plus efienlielle de Va/Trhre gris , cfl, félon quelques -■ uns , a être artifîafrr.cdicuc & calmant , î\-peu-près com.nie le mnfc & le cajlcrcum , & de pou- voir procurer du fcu^agemcnt dans certaines çlTeclions hyftériques , vapcreufcs , convulhvcs , & autres mala- dies du genre nerveux. On peut le faire prendre inté- rieurement depuis un grain iufqu'à dix eu douze , même davantage ; car fur les deC^s-, il n'y a en quel- que forte aucune.' règle pour ces fortes de remèdes éi de maladie s. Peut-être oue la matière fcfnle , grafTe , inconnue, ti-ouvée en Finlande ,. oL dont il eft- mention dans les Mùinoïrts dz V Acadim'w de Suéde , vol. f^. ann, iy41y eft une efpece à'amhre blanchâtre , non odorant ; mais ."cjif étant mêlé avec de la poudre de mouffe & un peu . fîe'fuc.rc , puis cxpofé un peu à l'air , alors (on cdeur ])Ourroit fe développer ; peut-être aufïï n'eil-ce qu'une forte de fa von foxTde ou de lUric de haleine, Ambrf. jaune ou Succin , Siiccinum ^ Eldlmm , Karalé. C'efl une luLilarce biti.mineufe, dure, plus Gif moins tranfparcnte , de couleur tantôt jaune ou citrine , tantc)t iyanchatre , tantôt rouiTe , d'une faveur \m peu acre. Elle .accmicit par le frottement une propriété élcdrique; celle d'attirer des pailles &: autres corps minces , d'cii lui vient le nom à'EUchum , oc celui de Karabé ^ qui fîgnifie attire - paille. Cette prc- jP^icîé étoit déjà connue du temps de Thaïes^ célèbre fon- c lateur de la fede Ionique , c'cfl-à-dire ^ fix cents ans ■ a vant notre Ere. A M B ^ ijï Le fuccln .ç.{}i fiifceptible du poli de l'agate. Il ie fond fur le feu , s'enflamme , & répand alors une odeur aufîi défagréable que celles des bitumtes ; il fe difîbut dans l'efprit-de-vin , dans l'huile de lavande , & même dans l'huile c!e lin , mais difficilement lorfqu'il n'a pas ctë torréfié. On le fait entrer dans la compofiticn du lut gras : on en fait d*es vernis d'une grande beauté , & particulièrement le vernis de laque. Lefuccin expofe à l'air libre ou dans l'eau ^ n'éprouve aucune altéra- tion : réduit en poudre , il a une odeur afiez agréable. C'eft de tous les bitumes , celui qui rciTc-mble le plus aux réiines végétales ; mais il en diffère eifentielle- ment par des propriétés qui lui font particulières. Le fiiccin ne fe recueille ordinairement que dans îa mer Baltique fur les côtes de la Prufle. Les habitans- vont le recueillir fur les bords de la mer , au fort de la tempête : on le trouve en morceaux de diffé- rentes groUeurs & de diverfes formes. Les feuilles, les brins de paille , les mouches , araignées , fourmis ik autres infecles qui ne vivent que fur terre, &C qui' fe trouvent dans l'intérieur du fixcin , donnent lieu de penfer que c\{\. une fubflance végétale : obfervatioii- qui , prouvant d'une part que V ambre jatme a été primi- tivement liquide , s'accorde auffi avec la Chimie , qui reconnoît dans cette fubflance , ainfi que dans les bitumes , une hidle végétale , épaifîie parmi les acides^ minéraux qui leur ont donné les qualités qui les font différer des réfmes. M. Girtanmr prétend que lefuccin ell: une huile végétale rendue concrète par l'acide des fourmis , de même , ajoute-t-il que la cire n'ell qu'une huile rendue concrète par l'acide des abeilles ; cet obfervateur dit que les grandes fourmis, formica rufa, Linn. 5 habitent les anciennes forêts de fapins , où elles forment des fourmillieres qui ont quelquefois jufqu'à fix pieds de diamètre ; &: c'efl dans des lieux où il y en avoit autrefois , que fe trouve le fuccin fofîile , qui eil mcins dur cjue celui qui fe trouve dans 252 A M B la mer... Nous le répétons, des corps étrangers ont cré retenus dans V ambre jaune ^ lorfqu'il étoit liquide, vifqueux ; cVtoit à l'occafion d'un de ces animaux , ainfi emprifonné , que le poëte Martial avoit dit : Cicm pha'ctontea formica vagatur in timbra y Implicuit wiiizm fuccina gutta feram. Tout le fuccin du commerce , même le plus beau , nous vient de la PruiTe Ducale, où le droit de le retirer de fa mine eft regardé comme droit régalien ou de la Couronne : on l'eftime à 26000 écus d'Alle- 3nagne< On trouve dans le fein de la terre, de V ambre jaune fbfîile , en PruiTe & en Pomeranie. Les principales inmes (ont fur les Qol^s de Sudwic ; fouvent même on en voit dans les filions de la charrue. Cefl toujours dans une terre bitumineufe, qui prend feii comme le charbon , & qui paroît être formée des débris des végétaux & d'immenfes forêts , que fe trouvent le fuccin &c les bitumes. Le fuccin que l'on ram.afle fur le bord de la mer eft clair , & vient des collines qui en renferment , que la mer a détruites & renverfées avec la terre j il ell enfuite jeté ça &là par les flots. Plufieurs montagnes de Provence , plufieurs contrées, de l'Allemagne Septentrionale, de Suéde, de Danemarck, fournirent encore de Vambre jaune. On en a aufîi découvert ces années dernières une abondante quantité en Saxe. Ce fuccin efl: aiTez beau , ck: a fourni matière aux Differtations imprimées dans le Recueil des Curieux de la Nature. On en peut con- fulter l'extrait inféré à la fin de la Pyrithologie de Henckel , Traducl. Franc, p, 497. Cette Differtation porte à croire que le fuccin pourroit bien n'être formé que de la matière inflammable & acide de la pyrite alumineufe & vitriolique. Tout \e fuccin qui fe retire de la mer eft toujours affez clair ; celui qu'on trouve dans des rochers, eft couvert d une croûte grifej celui A M B 251 qu'on tîre de la terre a une enveloppe d'une faveur vitriolique. On voit dans les cabinets de quelques riches ama- teurs , des morceaux de fuccin élajîiqm. Mais tout ce qu'on nous a montré fous ce nom , n'efl qu'une gomme de prunier mollaffe , qui empâte la langue comme la gomme arabique. A l'égard du prétendu fuccin liquide de Vûlachie , dont on fe fert pour graiffer les roues & les cuirs des harnois , ce n'eil qu'une pétrole jau- nâtre épaiiîie. Avant l'ufage des dismans &: des autres pierreries que les deux Indes ont fournies à notre luxe , le fuccin étoit très-recherché : il paflbit pour une des chofes les plus précieufes ; on en décoroit les autels , & on en ornoit les perfonnes du fexe : c'étoit même dans ce temps-là la plus belle de its parures , ( Plint , Uh. 30. cap, 2 & 3 , f e récrie contre ce luxe frivole avec l'énergie qui le caraâ:érife. C'eil , dit - il , la frivolité des Grecs & leur raffinement qui l'ont mis à la mode. Enfin , on met des plaifirs de pure fantaifie à un fi haut prix , qu'ime petite figure Cambre travaillé , s'achète plus cher que des hommes pleins de vie & de force. ) On en faifoit , par le moyen du tour , des pommes de cannes , des brafTelets , des colliers , des tabatières , & divers autres bijoux qui ne font aujourd'hui regardés comme de grandes raretés qu'en Perfe , en Chine , en Turquie & chez les Sauvages. On prétend que quand ces bijoux fe cafTent, on les fonde facilement en enduifant d'huile de tartre l'endroit de la fra£lure qu'on a un peu échaufFé auparavant devant le feu. On dit que le Roi de Prufle pofTede un miroir ardent fait de fuccin ; il eft large d'un pied & fans défauts. On voit aiiiîî dans le Cabinet des Ducs de Florence une belle colonne Aq fuccin de la liauteur de dix pieds , & un ludre de toute beauté. On voit même encore des vafes faits de cette matière avec im travail i;ifîni. 2 54 A M B On afTiire que M. Kerkring , vers le milieu du fiecle dernier , avoit trouvé le fecret de ramollir Vambrc jauni autrement que par le feu , &: d'en faire comme une pâte , à laquelle il donnoit telle figure qu'il lui plaifclt. On apprend que depuis quelques années il y a en PruiTe un Ouvrier , nommé Samuel Som , qui a l'art non - feulement d'éclaircir le fucc'in , m^ais encore de le teindre de toutes les couleurs , 6^ même de le ramollir , &: d'y enfermer des infe£^es , pour en tirer bon parti en le vendant aux perfonnes curieufes de ces raretés. M. Bourgeois 5 Dof^eur en Médecine , obferve qu'il ne faut pas confondre les vertus médicinales diifucàn avec celles de Y ambre gris. Le fuccin efl , dit-il , \in remède très-cfHcace dans toutes les affedions hyfté- riques , vaporeufes & conyulfives , pour toutes fortes de tem.péramens : Vauibn gris au contraire , de même que le mufc , ne convient que dans quelques cas particuliers de ccnvulfions ; & on remarque que ce dernier remède , au lieu d'être efficace dans ces mala- dies , efl capable , par fa feule odeur , de les exciter & de les augmenter ; d'ailleurs la dofe en eft très- différente ; on ne donne Vambrc gris qu'à celle de quel- ques grains , tandis qu'on peut donner le fuccin depuis vingt grains jufqu'à quarante. Kccmpfer dit que les Chinois , les Japonois , t<. plufieurs autres peuples de l'Afie eftiment beaucoup plus le fuccin ou ambre jaune , que Vambre gris ; ils le brûlent en quantité par magniiiccnce , tant à caufe de la bonne odeur que fa fumée répand , que parce qu'ils croient cettQ vapeur très - falubre , & même fpécifîque pour les maux de tête &: les aire6^ions nerveufes. On a découvert depuis peu à Edimbourg, que la vapeur du fel de fuccin ell tellement pernicieufe aux rats qui fe cantonnent dans les magafms de drogue- ries , &c., qu'elle les fait difparokre totalement : cepen- dant ces animaux reviendront fi on retire le fel^ A M B 25I &: î!s s'enfuiront de nciiveaii li Pcn y reporte le kl AMBRETTE. ou Graine de musc, Semcnmofchiy nommée par les Egyptiens aUl-mofch , ou hamia , c'efl-à- dire , graïn-z de mujc , car elle en a efFeftivement Fodeur. Cette graine a la forme d'un rein : elle efi de la groiTeur d'un grain de millet , & fe trouve dans lui fruit de coideur brune , de forme pyramidale , qui croît fur ime efpece de kctmia , ou aide d'Egypîe , dont la fleur eil d'une feule pièce , mais découpée fi profoîidénient que les lobes femblent autant de {^étales , & de couleur jaune dorée ; les feuilles font approchantes de celles de la guin-îauve, ce cul la fait nommer aufn ^uh?iûuve veloutée des Indes ; an. Ma/va 7?iofchata y Linn. 971. Cette plante croît en abondance & fans culture dans le pays de Gakm , dans les Antilles, oL fur- tout en Arabie &: en Egypte, oii le peuple broie la graine &: la mêle avec la poudre de leur café pour le rendre céphalique & fo)machique. Les Nègres n'en font aucun ufage. Leurs femmes qui aiment beaucoup les odeurs , & qid font pafîionnées pour les clous de girofle, dont elles portent des paquets autour du cou , négligent cette graine , par la feule raifon peut-être qu'elle efî: fort commune. Les Parfu- meurs font ufage ici de cette graine , à caufe de fon odeur agréable. L'on donne anfTi le nom ^amhrette dîs jardins , à la faitr du Grand- S eJgneur(^Cy anus florldus odoratusTurdcus^ Jive Oricntalis major ^ Parle. Tourn. 445 : Centuurea mofckata^ Linn. 1286.) plante originaire de Pci-fe ôc du genre du hluet & de la centaurée. Elle efl annuelle ; fa tige eft haute d'un à deux pieds , rameufe , garnie de feuilles plus ou moins en lyre , dentées , vertes & glabres ; les fleurs font affez grandes , terminales ou Iblitaires , rougeâtres ou blanches , d'une odeur douce & agréable ; le calice eir arrondi , écailleux & g'abre.' On la cultive dans les jardins. A l'égard de Yaiibratc 25<5 A M B fauvfige 5 Jacea nlgra pratenjis lanfolia , Bauh. Pin. 1 271 J Toiirn. 443 . Voyc^^ à Cartick Jacee. Elle croît , ainiî que fes variétés , dans les prés & autres lieux incultes. AMBREVADE. Voye^ Pois d'Angole. AiMBROSIE. Voyez Thé du Mexique & Botrys. Qqs plantes n'ont pas les caraderes de Vambrojic , elles n'en ont que l'odeur. On donne par excellence , le nom ôxambrofie ( amhrofia ) , à un genre de plante qui tient le milieu entre les immortelles & les tanaijies. Ses fleurs font de deux fortes ; les unes composées , mâles , ou flériles , fe trouvent féparées des femelles , & raiiernbîées dans des enveloppes difpofées en épi aux extrémités des branches , tandis que les femelles font approchées en paquets aux ailTelles des feuilles qui font au bas des épis ; les fleurs mâles font à cinq étamines , & ont une corolle d'une feule pièce en entonnoir , découpée en cinq pointes. Les femelles n'ont point de corolles , elles ont deux ftyles. Il fuc- cede à chacune un fruit compofé d'une feule graine & du calice durci. Les feuilles d'en bas de quelques efpeces ^amhrojie font oppofées , les autres font alternes. On distingue VAmbrcJie maritime , Amibrojia maritima^ Lina. 1401, B. Pin. 158, Tourn. 439. C'efl Vherhe. vineufe de Gcfner, On la cultive dans les jardins. La plus belle fe voit en Tofcane. La tige de cette plante annuelle, tÇi haute d'un à deux pieds, droite, très ► branchue , couverte de poils mous. Les feuilles font bipinnées , très-molles & chargées de duvet. La racine efl ligneufe & menue , les fleurs font jaunes. Toute la plante a une odeur fuave , &: wrv goût aroma- tique un peu amer , mais agréable. On l't ilime cor- diale & céphaliaue. 11 y a encore VAmbrofa à feuilles d'armpife , Ambrofia artcmififolia ; {qs fleurs font d'un vert jaunâtre ; elles femblent renverfées &c tournées rers la terre ; on trouve cette grande efpece dans l'Amériaue AME 257 • r Amérique Méridionale , & dans Pînde ; c'eft le Katu-tsjctn-pii du Malabar* VAmbroJie trlfide de la Caroline 5 & VAmbrojîe arborefccntc du Pérou , fe cultivent , ainfi que les précédentes , au Jardin du Roi» U Ambrojic fauvage ell le crejfon fauvage» Voyez ce mot, AMEIVA Linn. Laccrta ( Ameiva ) caudâ verticîllata. longâ , fcutls abdominis trïgïnta y collari fubtàs riigâ duplïd^ Linn. ( Amph. rept. n.° 14.) Ce lézard eli du deuxième genre; il fe trouve à Surinam. Suivant M. Daubenton y V Ameiva a la tête longue , terminée en pointe par -devant , légèrement convexe par-defTus^ Se couverte d'écaillés , les unes hexagones , les autres pentagones. L'ouverture de la gueule grande ; les mâchoires égales Se lifTes ; la langue partagée en deux z la peau qui avoifme la gueule eft très-lâche Se forme des rides tranfverfales ; les narines ovales Se difpofées en longueur fur le fommet du mufeau ; les yeux grands , un peu faiilans , tournés en avant , Se placés un peu plus près des oreilles que du mufeau ; les oreilles grandes , excavées , couvertes d'une écaille arrondie , Se iituées de part Se d'autre fur les extrémités de la tête ; les flancs Se le dos font un peu convexes , Se couverts d'une grande quantité de petites écailles difpofées par bandes tranfverfales ; le ventre efl plus convexe que le dos ; 11 eft partagé en trente-un fegmens fitués tranfverfalement , Se divifés eux-mêmes en huit bandes longitudinales. La queue , dont la longueur eft triple de celle du corps , fe termine infenfiblement en une pointe très-déliée ; elle eft entourée d'environ 130 bandes d'écaillés carrées difpofées par anneaux. Le delTus Se les côtés de la tête font d'une couleur brune , blan- châtre , parfemée de tâches noirâtres , une large bande teinte d'un vert léger , Se deux bords très-étroits Sc d'un bleu pâle , s'étend fur le corps depuis la tête jufqu'à l'extrémité de la queue ; le long de ces bords ^'étendent deux autres bandçs . qui fe terminent à la^ Tome /, R 258 A M E ^ queue , & qui font d'une couleur noirâtre , parfemeé de points blanchâtres , avec deux bordures blan- châtres , très - étroites ; le refle des côtés eft chargé de taches noires , nuées de blanc vers l'abdomen. Les jambes font un peu arrondies avec un léger renflement ; chaque pied contient cinq doigts ; les doigts antérieurs font minces & garnis d'ongles un peu recourbés ; les ongles des doigts poftérieurs ont à peine une courbure fenfible ; les pieds de derrière font bien plus alongés que ceux de devant. AMELANCHIER. roye^ à la fuite du mot Néflier; AMÉTHYSTE. Surnom donné à Voifeau mouche ( petit ) à queue fourchue de Cayenne. VoyeT^^ à Var^ tkk Oiseau mouche. Améthyste, amethyjîus , pierre précieufe de cou- leur violette , ou violette pourprée. On ne peut faire connoitre la beauté de fa couleur , qu'en en tirant la comparaifon de la nature même. L'efpace au. fpedre folaire, que donne le prifme par la réfraction des rayons de la lumière , auquel Newton 3. donné le nom de violet^ repréfente au jufle la couleur deVamé" thyjte violette la plus commune. Si on fait tomber Fextrémité inférieure d'un fpedre, fur l'extrémité (w-- périeure d'un autre fpedre, on mêlera du rouge avec du violet , & on aura la vraie couleur d« VamêthyfcZ pourprée. On peut de cette façon voir les couleurs de toutes les autres pierres précieufes colorées. Foye^ rartïcle PlERRES PRECIEUSES. Peu de perfonnes prétendent avoir vu des ami" thyjtes orientales ; car il ne faut pas confondre certaines pierres d'un violet-pourpre qui ayant la dureté d'un rubis oriental , font des rubis d'orient pourpres ou violets , félon la couleur. Le nibis efl , après le dia- mant , la pierre précieufe la plus dure ; Vaméthyjle ne tient , parmi les pierreries , que le fixieme rang en dureté. Vaméthyjle orientale çi\ donc très-rare ; fa cou- leur doit être d'un beau violet - pourpre , d'un poli AME 2J9 vîf &C brillant , Sz d'une grande limpidité. Les amé- thyjîes occidentales ne font pas fort rares : il y en a de deux efpeces. La première , eil d'un violet un peu obfcur ; la féconde , eft d'un violet un peu pourpré» Elle eil bien moins commune : elle nous eft apportée de Carthagene , d'où lui vient fon nom à^améthyfte de Carthagene. C'efl , après Vaméthyjîe orientale , Fefpece la plus belle, la plus rare & la plus eftimée. Parmi les améthyfles , il y en a d'un beau violet - bleu , co- lombin ; d'autres d'une belle couleur gris-de-lin , mxê- lée d'un peu de bleu, femblable à la couleur de la fleur de pécher. Vamkhyjîc paroît être formée de criflal de roche coloré par une fubflance métallique fort atténuée : il s'en trouve dans la plupart des lieux métalliques où il y a du criftal de roche. ^Jaméthyjîe en a la dureté : elle fe forme aufîi comme le crijial ^ en aiguilles hexa- gones , terminées à chaque bout par une pointe à fix faces ( royei Cristal de roche ). La plupart de ces aiguilles ne font teintes de violet qu'en partie ; le refte eH: blanc , & c'ell: du vrai crijial de roche, La bafe en efl quartzeufe. On en trouve beaucoup dans les fentes des montagnes anciennes ; en Arabie , les habitans en tirent de très-belles améthyjîis. On voit des cuvettes , des couvercles de tabatières & autres bijoux , qui , quoique faits d'une feule pièce , font en partie de criftal &: en partie ^amlthyfie. On remaraue au Cabinet d'Hiftoire Naturelle du Jardin du Roi , dans l'armoire des pierres précieufes , quatre belles colonnes ^améthyjîe , ornées d'un chapiteau. Cette efpece de pierrerie , qu'on appelle auffi pierre d'Evêqiie , eft connue depuis long-temps , c'étoit la neuvième ( félon quelques-uns elle étoit la feptieme ) en ordre, fur le Pedoral du Grand- Prêtre Juif, &le nom ^IJfachar étoit gravé deffus. Lorfqu'on fcie Vaméthyjle tranfverfalement , on voit les pans à ûx faces que forment les différentes pcr- Ri i6o AME tions d'aîgullle? : elles ont ordinairement H peu d'adhe-» rence les unes avec les autres , que la lame qu'elles compoient , fe iepare aifement en plufieurs pièces, Vaméthyjie , foit d'Amérique , foit d'Europe j le trouve ;, ainfi que le criilal de roche , tantôt dans les fentes perpendiculaires des roches , &c tantôt dans les cail- loux caverneux ou chambrés. H y a beaucoup à^amé- thyjîcs dans les fentes des montagnes d'Auvergne , qui font en maffes irrégulieres , & unies au caillou &: à l'ao^ate. Celles - ci ne font que des primes quart^eufcs ^amkhyfli. Il y en a en Allemagne , en Bohême , en Efpagne , dans une montagne à deux lieues de Vie en Catalogne , & dans le Comté de Kerry en Irlande , où l'on en a découvert une aiTez belle mine , qui a du être exploitée par une Compagnie qui s'étoit formée à cet effet. L'art imite auiîi très-bien cette efpece de pierre précieufe. Vaméthyjîe mife dans un bain de fable , que l'orl fait chauffer , y perd fa couleur , & acquiert celle du diamant blanc, ainfi que le faphir. On la préfère même à ce dernier pour cette opération , parce qu'elle ne blanchit pas tant , &; qu'elle imite mieux l'éclat du diamant. M. Darcet a expofé au feu Vaméthyjlc des Indes & celle d'Auvergne ; la première a perdu fa cou- leur ^ & efl: devenue tranfparente comme le plus beau caillou de criflal ; l'autre a blanchi comme le quartz ; mais aucune ne s'eft fondue , comme le prétend f^^/- krius. Depuis quelques années l'on vend à Pétersbourg beaucoup de bijoux fous le nom ^amkhyfic blanche, : cette pierre qui fe trouve dans les Etats du Czar , eft d'une tranfparence fourde , comme gercée ou (Iriée : elle efl fort recherchée , quoique peu agréable. On a prétendu mal-à-propos que cette pierre garantiflbit de l'ivreffe , oc réfiftoit aux poifons. Le prix de Vaméthyjîe varie beaucoup : celle qui eft orientale ôc qui tient k fixieme rang en dureté dans AMI i6i f or^re Aes pierreries , augmente de prix dans une progreffion arithmétique qui eil fondée fur fa perfec- tion & fur fa pefanteur fpécifique ; en un mot , à pro- portion de fa grandeur , de la beauté , de la richeffe 6c de la pureté de fa couleur : par exemple , deux grains font comptés pour trois , quatre pour fept , onze pour feize ; tandis que les amétkyjles orientales 6i parfaites qui ont la dureté du rubis , doivent être eflimées dans la même progreflion que le rubis , étant elles-mêmes des rubis. Les améthyjles occident taies ne fe vendent qu'à proportion de leur grandeur^ c'eiî-à-dire , celles qui font doubles valent le double de celles qui font (impies , &c. Les Joailliers fe con- tentent fouvent d'eflimer celles-ci , à Toeil. AMIANTE, Amiantus, \J amiante, efl connue fous divers autres noms qui ont rapport à fes propriétés. On l'a appelée linum vivuni , lin incombiijîihle ; limint asbejîinum , laine de falamandrt , parce qu'on a crit que la falamandre étoit à l'épreuve du feu. Voye^^ a Vanicle SALAMANDRE ce qui a donné lieu à cette erreur. U amiante eil une matière folîiîe compofée de fîlets^ très-déliés , plus ou moins longs , quelquefois ifolés ou féparés , mais fouvent appliqués longitudinalement les uns contre les autres en manière de faifceau , &; dont les extrémités femblent avoir été tranchées avec un couteau. Il y a pluiieurs fortes ^amiantes , qui ^ quoique toutes de même nature , différent par la couleur, par le plus ou moins de longueur des fils , ô^ par Fâdhé* rence mutuelle de ces fils. Il y a des amiantes jau- nâtres , grifâtres , & de parfaitement blanches ; nous en avons vu de verte èc de rouge. On donne des noms à X amiante fuivant la texture de fes parties. Voye:{^ Cuir fossile, Liège de montagne , Chair fos- sile. On nomme asbejle une amiante dure ,, peu ou point flexible , pefante^ qui tombe au fond de i'eau|^ i6i AMI & felcn ran-angement des parties fîbreiifes , Vashcjlt til ou en bouquet , ou étoile , ou en ëpi , ou a le tiflli ligneux : nous avons trouvé une grande quantité de celui-ci dans les montagnes d'EcofFe ; celui de Zœblitz en Saxe efl verdâtre , & n'eft quelquefois qu'un fchorl , Voyez ce mot, \] amiante eft infipide : ce qui la diilingue du véritable alun de plume avec lequel on la confond fouvent , & dont le goût eft piquant. \jamiante ne fe calcine point par l'aftion du feu ordinaire : elle ne peut être vitrifiée que par un feu afTez violent. Les acides n'agifîent que peu ou point fur elle: on en peut dire autant de Vasbejie, Nous foupçonnons que Vamiante & Vasbejle font formés d'une argile fableufe extrêmement divifée & trans- formée ainii que le talc. M. Monnet prétend que Vas- hefle efl: un compofé de terre quartzeufe & de fer , unis d'une manière très-intime. M. Nehel dit que la falive eil: le diffolvant de Vasbejle & de Vamiante» La propriété fmguliere de cette fubftance (Vamiante^ eft d'être compofée de filets foyeux fi flexibles , 6c qui peuvent devenir fi fouples par l'art , qu'il eft pof- fible d'en faire un tifTu brillant & prefque femblable à celui que l'on fait avec les fils de chanvre, de lin, de foie. On file Vamiante , on en fait une toile que l'on jette au feu fans craindre qu'elle fe confume. Ce qui paroît très-fmgulier , on blanchit cette toile par le feu ; de fale & craffeufe qu'elle étoit , elle en fort pure & nette ; le feu confume les matières étrangères 6c com.buflibles dont elle eft chargée , fans pouvoir l'altérer. Cependant toutes les fois qu'on la retire du feu 5 elle perd un peu de fon poids & de fa flexibi- lité. Pline dit avoir vu une nappe de liri incombujlihle , que l'on jetoit au feu pour la blanchir. L'Hiiloire mo- derne nous apprend que Charles-Quint avoit plufieurs ferviettes de ce lin^ avec lefquelles il donnoit le di- yertifTement aux Princes de fa Cour , iorfqu'il les AMI 16$ régaîoît ; îl Jetoît au feu ces fervîettes engraiflees 6c fales , & on les en retiroit nettes & entières. Du temps des anciens Grecs & des Romains , on brûloir dans ces toiles les corps des Rois , pour que leurs cendres ne fe mêlalTent point avec celles du bûcher. On montre dans la Bibliothèque du Vatican un fuaire de cette toile ^amiante , de neuf palmes romaines de lon- gueur ^ fur fept de largeur , & qu'on prétend avoir fervi à cet ulage ( ^ ). Quoique ce lin fût autrefois plus cher que les plus belles perles , ainfi que le dit Plim , il n'étoit cependant point beau. Il étoit roux , difficile à travailler , & très-court : il venoit de la Perfe; c'étoit le feul connu de fon temps. Il vient de très-belle amiante de Flfle de Corfe ; on en trouve dont les filets ont quelquefois jufqu'à fix pouces & plus de longueur ; ce font les plus blancs , les plus brillans &: les plus rares : cette efpece feroit la plus propre à travailler & à donner une belle toile. U amiante eft très-propre à faire des mèches à lampe, parce qu'elles ne forment pas auffi promptement que le coton , un lumignon qui ofTufque & diminue tou- jours la lumière. Les Païens s'en fervoient, dit-on , dans leurs lampes fépulcrales qu'ils confacroient à leurs idoles ou à leurs vafes , tant oiTuaires que cinéraires. Les chercheurs de lampes perpétuelles n'ont pas manqué d'employer ces mèches incombuftil^les : il ne leur man- quoit plus que l'huile , que leur folie leur faifoit croire pouvoir être extraite de V amiante ; comme fi une ma- tière pouvoit jeter de la flamme , fans perdre de fa fubflance. Il y a de V amiante dans bien des lieux ; en Chine , {a) On trouva, en effet, un monument antique en 1702, auprès de la Porte de Rome, appelée autrefois Porta Nœvia , qui ne laiffe aucun doute fur la réalité de cet ufage. C'étoit une Urne funéraire ornée de bas-reliefs élégans , dans laquelle il y avoit un crâne, des os brûlés & Aqs cendres renfermés dans le fuaire dont il eft mention. Ce fut CUmsnt XI qui fit dépofer ce monument précieux, & peut - çtre unique , dans le Palais du Vatican. R4 :i^4 ^. AMI en Sibérie, à Eisfield , dans la Thurînge; dans lel aîiines de Fancienne Bavière ; à Namur , dans les Pays Bas ; dans l'Ifle d'Angleley annexe de la Principauté de Galles ; à Aberdeen en Ecoffe ; à Montaiiban en France , 6c notamment dans la Vallée de Camipan ; & près de Barrege aux Pyrénées , même en Italie, à Pouzzol, dans l'îile de Corfe , à Smyrne , en Tartarie , en Egypte. Souvent les fibres de Xamianu font déta- chées , quelquefois aufîi elles font enfermées dans du criflal de roche , dans du fpath , & autres corps mi- néraux très-durs, fouvent entre deux quartiers d'une pierre grife & très-compade. L'art de filer Y amiante , autrefois connu des anciens Orientaux, a été depuis long-temps ignoré, & même préfentement on ignore l'art d'en faire de belles toiles- Cïampïni , dans un petit Traité imprmé à Rome en 1691 , en dit quelque chofe. Mahudel a perfedlionné cet art. Faites tremper votre amiante dans de l'eau chaude pendant quelque temps ; enfuite divifez-la en la frottant avec les mains , afin de féparer toutes les iriatieres étrangères ; répétez cette lotion cinq ou fix fois dans de l'eau très-chrude : faites enfuite fécher au foleil & fur une claie de jonc vos fils à^ amiante féparés des matières étrangères. Vamiante étant ainli préparée & divifée avec les doigts en parcelles £breufes , on la met entre des cardes à dents très- fines , & l'on parvient à en retirer très - doucement quelques filamens que l'on trempe dans l'huile pour îes rendre plus flexibles. On prend du coton ou de la laine ou de la filafTe de lin ; & à mefure que l'on fait ce fil , mêlé ^amiante & de laine ou de coton , on a grand foin d'y faire entrer plus ^amiante crue d'autre matière , afin que le fil puifié fe foutenir avec Vamiante. Dès qu'on a fait la toile , on la jette au feu pour faire brûler la laine ou le coton, & il ne refle plus qu'un tifTu tout entier à'amiante. On em- ploie les brins le plus atténués , comme pulvérulens , A M I ^ 2(?y Ec qui reftènt après qu'on a employé les autres > à faire du papier. Ce papier incombuftible feroit très- précieux pour préferver du danger des flammes toutes ces archives , tous ces aâ:es , d'où dépendent la for- lune & le repos des Nations &c des Particuliers. Il ne manqueroit que de trouver préfentement une encre qui pût rciifler aux flammes fans en être détruite. On fait aftuellement aux Pyrénées des cordons , des jar- retières & des ceintures avec le fil d^amiante : mais tous ces ouvrages , toutes ces toiles ne pourront être de durée au fervice , & n'auront jamais qu'un ufage de pure curiolité , celui de les engraifler & de les falir pour avoir le plaifir de les retirer du feu nettes & entières. AMIDON , Amylum, Subftance qu'on retire des blés gâtés , des griots ou recoupettes de blé. Voy&i^ à la fin de l' article Farine. Plim^ en parlant de l'i^/zzi^/o^ , dit que l'invention de cette farine faite fans meule , eft due aux Habitans de l'Ifle de Chio. AMÎE ou BONITON 5 Scomber arma , Linn. ; à Rome Z>L à Livourne, Leccia, PoifTon qui a de la reffem- blanc avec le faumon , pour la forme de fon corps ; il fe trouve dans la Méditerranée , plus particulière- ment dans la partie qui baigne la Tofcane. Rondelet dit avoir vu de ces poifTons qui avoient jufqu'à trois pieds & demi de long. La gueule eil: affez petite : les mâchoires hériffées d\me multitude de petites dents ; la langue large & rude fur les côtés , ainfi que le palais & tout l'intérieur de la gueule. Les yeux font médiocrement grands , leurs iris blancs , avec un cercle brun près de la prunelle , le dos d'un bleu fombre , mié de rouge-pourpre. Les côtés ont la même teinte , mais plus décidée. Les nageoires peâ:orales ont vingt rayons chacune ; les abdominales en ont iix. La pre- mière nageoire dorfale a fept rayons épineux ; la deuxième en a trente - quatre , dont les trois premiers & le dernier font plus élevés; k nageoire de l'anus i66 A M I prëfente les mêmes différences dans fa conformation; mais il n'y a que vingt-un rayons, & leurs extrémités font blanches ; la queue profondement échancrée. Ce poilTon eft du genre de fon nom. H^ojei â VankU Poisson. Vamk remonte , en été , les rivières ; fa chair y devient plus délicate &: de meilleur goût. AMIGDALITE. Nom donné à des corps pierreux qui imitent des amandes qui feroient pétrifiées. Foye:^ Jeux de la Nature & Lltoglyphites. AiMIRAL. Les curieux donnent ce nom à une co- quille univalve du genre des Cornets, Voyez ce mot, ilamlral a des fafcies marbrées de taches blanches fur un fond jaune foncé. On y remarque encore une ligne ponduée vers le milieu , & qui ne fe trouve point dans la coquille appelée vice-amiral. Les amateurs dif- tingiient V amiral d'orange ; fa couleur eft d'un blanc nué de rofe vif , avec deux larges zones oran- gées. On y voit quelques ftries très-fines : fa tête efl fort élevée. Ces coquilles fe trouvent dans les mers des Indes , & font très-cheres. H y a auffi V amiral à deux bandes , V extra-amiral , &; ^amiral grenu ou cha^ griné. Toutes ces coquilles font d'un grand prix , à raifon de leur beauté & de leur rareté. Les Fleurifles donnent aufli le nom ^amiral à une forte ^œillet. Voyez ce mot. Amiral. Nom donné à un beau papillon diurne, très-commun , connu par toute l'Europe. Les forêts & les jardins en font remplis , fur-tout vers la fin de l'été. Sa taille eil d'une belle grandeur ; il n'emploie que quatre pattes pour marcher. Le deffus de ies ailes eft à fond noirâtre , les ailes inférieures font bordées de rouge , & ce bord eft orné de quelques points bleuâtres : les ailes fupérieures font traverfées cha- cune par une bande rouge qui offre adez communé- ment dans les femelles une tache blanche & ronde ; la partie antérieure des ailes fupérieures eft ornée de plufieurs taches blanches de diverfes grandeurs. Ce font AMI 2ÎÎ7 les bandes rouges qui ont fait donner à ce papillon le furnom de Vulcain, Les nuances ou les bigarrures du deffous des ailes , fur-tout des inférieures , varient beaucoup dans les deux fexes. Elles font communé- ment chargées vers le milieu de quelques caraderes de couleur de biftre foncé , qui , félon quelques ama- teurs , figurent les chiffres 98 ou 78 ou 67. Ces carac- tères, ainfi que la diverfité de fes nuances , lui ont fait donner beaucoup d autres noms , le ^^r5 ^ le ^z^^- trc-vingt-dix-muf ^ le papillon a numéros , ^amiral , Vatalante. Ce papillon fe fixe à un canton , & il combat vigoureufement pour s'en conferver la jouifTance : il paroît d'un caraûere intrépide , il ne craint point le danger ; autant il a été pufillanime dans fon état d'enfance , pendant lequel il a pris les précautions les plus extraordinaires pour fe dérober à fes ennemis, autant il affronte tous les dangers dans fon état par- fait. A-t-il été manqué par les filets du chafTeur ? il s'é- lève en l'air comme font tous les autres papillons ; mais notre rnars , bien loin de prendre la fuite , de s'éloi- gner 5 revient hardiment fe pofer fouvent fur le filet ou fur le chafTeur lui-même , en forte qu'on pourroit le prendre à la main. Ce papillon hiverne & ne reparoît qu'à la ^n. de Mars. Il provient d'une chenille épineufe , remar- quable par une ligne de points jaunes fur chaque côté , quelquefois deux : fa robe varie par les nuances de fes couleurs. On voit cette chenille depuis le com- mencement du printemps jufqu'à l'automne , fur-tout dans les mois de Mai , de Juillet &: de Septembre. Celles de cette dernière faifon réuffiffent toujours mieux que les autres , étant moins expofées à être attaquées par les mouches ichneumones , qui font les plus ter- ribles adverfaires des chenilles épineufes. La tête de notre chenille efl armée de très-petites pointes; fon corps efl hériffé d'épines garnies de plufieurs pointes fines & courtes. L'anneau du cou n'en a point ; les i(^S A M ï deux anneaux fui vans en ont chacun Cfiiatre , Se foiivent fix ; les autres après chacun fept , & le dernier enfin en a fix. Indépendamment de cette ar-» mure pour leur défenfe , ces chenilles favent encore pourvoir à leur fureté d'une manière différente des autres chenilles. Comme elles fe nourriffent fur toutes les efpeces d'orties , fur-tout fur celles qui font le long des murailles ou des haies , dont elles mangent plus particulièrement la graine, ou bien fur la plante appelée Lauréok ou Garouu\ elles fe placent ordinai- rement fur les fommités de ces végétaux. Pour n'être point apperçues , elles fe forment une loge , chacune îeparément , en roulant une , deux ou trois feuilles : elles en fixent les bords avec des fils de leur foie ; placées dans l'intérieur de cette loge , elles y refient jufqu'à ce qu'ayant rongé les feuilles , elles la quittent pour en conftruire une nouvelle : communément les arai- gnées fe placent dans les loges abandonnées. Cette inanœuvre cache ces chenilles de façon qu'il faut la bien connoître pour les trouver prêtes à quitter leur premier état pour pafTer à celui de chryfahde : ces chenilles fe fufpendent par les jambes poflérieures à quelques fils de leur foie ; mais avant de fe fufpendre ainfi , comme par la queue , elles fe tiennent pendant quelque temps en repos ou immobiles , le corps très- raccourci , & les anneaux pour ainfi dire rentrés les uns dans les autres. Enfuite étant fufpendues, la peau fe fend & fe retire vers les jambes poflérieures ; & à l'inflant que cette peau quitte , la queue de la chry- falide , par le moyen d'un faut , va s'engager dans les mêmes fils. Cette chryfalide , angulaire & nue , efl quelquefois d'un gris bleuâtre , rougeâtre ou brunâtre : elle efl ornée , plus ou moins , de taches d'or : enfin il fort de cette chryfalide , le beau papillon amiral qui paraît exifler aujourd'hui dans les quatre parties du monde. AMMI. Genre de plante de la famille des Oinhl- A M M 16^ Mferes , Si qui a des rapports avec les carottes. Dans les efpeces de ce genre , les feuilles font oblongues ^ «troites, dentées & placées par paires le long d'une côte: le fruit eft compofé de deux femences nues , appliquées l'une centre l'autre , petites , prefque ron- des ; c'eft une des quatre femences chaudes "mineures qu'on emploie dans les décodions carminatives. La femence de V^mmi de Candie , Fœnlculnm annuiim , Origcmi odore , Tourn. , eft la plus odorante , d'un goût amer , pleine de parties volatiles. Vammi ordi- naire de nos campagnes tû très-peu aromatique : Ammi majiis , Linn. 349 ? C. B. Pin. ; & vulgare^ femme minus cdorato y Tomn, 304. Ses fleurs font blanches ,& les ombelles amples. Cette plante eft annuelle. AMMITE ou Ammonite. Nom donné à de petits grains pierreux , arrondis &c plus ou moins gros : les uns refiemblent, pour la forme & pour la grofleur, à des œufs de poiffon , des grains de millet & à des femences de pavot , d'où iont venus les mots cen- crites 6c mèconites , que l'on trouve dans Pline, D'au- tres ammitcs font quelquefois grofTes & femblables à des pois ou à àts orobes , ce qui les a fait appeler pifolithos 6c crobias, La couleur des ammites doit varier comme celle de la pierre : il y en a de grifes , de blanches , &c. Les grains , quoique difl:in£l:s , font communément adhérens les uns aux autres, Voye^^ aujfi OOLITHE. AMMOCHRYSE. Nom donné par quelques-uns au mica brillant , jaune , plus connu fous le nom d'or de chat. Voyez à l'article Mica, Le plus bel ammcchryfc fe trouve dans l'Ifle d'Elbe, en Bohême,* à Rio- Janeiro. AMMODYTE. Nom d'un genre àe. poijfons apodes^ Voyez à l'anicle Poisson. Ammodytc eft un dérivé des mots grecs «V^to? , fable , & «TJt/^ , plongeur ; parce qu'il y a des poiiïbns, des ferpens , &c. qui s'enfoncent dans le fable. Voye^ APPAT DE VASE , à -j^^rtiçk Anouilh de fahlc. 270 A M M Ammodyte. On donne aufîi ce nom à Vangu'dk de fable. Voyez ce mot, Ammodyte 5 Ammoditcs : Col ub er f cutis abdomlna- libus \Afi\Squaniis caudallbus 3 2 , Linn. C'eft le f/nzi/zz^ de Bdon^ itin. 203. ( On Ta aufli appelé Dryin ^ du grec Ap^/vo? , qui fignifie chêne , parce qu'on a prétendu que fa robe avoit la couleur du chêne , & qu'il fe cache dans les creux de cet arbre.) \J ammodyte a la tête d'une figure prefque triangu- laire. M. Daubenton dit qu'il a entre les yeux , les narines & le mufeau , une multitude de très - petites écailles , ce qui le diflingue de la plupart des autres ferpens , qui ont ces mêmes efpaces garnis de lames très-grandes ; chaque côté de la mâchoire fupérieure eft armé de deux dents affez grandes , aiguës & ren- fermées dans une veffie pleine de venin ; l'inférieure efl garnie de plufieurs autres dents très-petites, &qiii ne peuvent faire aucun mal. Le mufeau efl redreffé , haut de deux lignes , femblable à une corne par fa figure, mais d'une fubilance charnue , mobile en ar- rière du côté de la tête , &: couvert de très - petites écailles. Entre cette efpece de corne & les yeux, elt de chaque côté de la tête , une efpece de tubercule un peu faillant : chaque narine eft fituée à la bafe de chaque tubercule. Les yeux font couverts d'une feule écaille qui fait la fon£lion de paupière ; fur l'occiput font deux écailles un peu plus grandes que les autres. L'abdomen eft revêtu de 142 grandes plaques , & le deflbus de la queue eft garni de 32 paires de petites plaques ; celles qui recouvrent le corps font oblongués , planes , obtufes & difpofées fur dix-neuf rangées. La queue eft déliée & longue feulement d'un travers de doigt. La longueur de \ ammodyte eft d'environ un demi-pied. La couleur de ce ferpent eft aflez femblable , pout le fond , à celle d'un fable nué de vert pâle ; de là peut - être le nom ^ammodyte. Les bgrds de fts kvrç* A M M 171 font panachés de blanc & de noir. Le dos eft par- tagé en fon milieu par une ligne aiTez large , noi- râtre &C dentelée dans un ordre alternatif. Linnœus dit que quiconque a vu une vipère , connoît la couleur de ce ferpent. L'individu décrit par ce Naturalise du Nord , avoit été pris au moment où il faifoit fon repas d'un lézard, qu'il avoit déjà avalé jufqu'aux pieds de devant , quoique cette proie fut auiîi grande que le ferpent lui-même ; pluiieiirs Auteurs ont dit que la queue de ce ferpent étoit d'une dureté conlidérable. Linnœus a obfervé qu'elle étoit feulement un peu plus roide que le corps. Matkiole rapporte dans i^s Comm, fur Dlofc. p. 950., que les Charlatans qui débitoient des fpécifiques contre la morfure à^s ferpens , don- noient à celui-ci le nom ^Afpic-comu ^ Afpide delcomo ; qu'en effet fon poifon n'étoit pas moins aftif que celui de l'afpic , puifque àos perfonnes , qui avoient été mordues par des ammodytes, étoient mortes au bout de trois heures. Altlus dit que ceux qui font d'un tempérament vigoureux , fiirvivent trois jours à cet accident ; quelques-uns mêmes n'expirent que le feptieme jour. Uammodyte fe trouve en Suéde , en Italie ; quelques-uns l'appellent vipère cornue d^Yllirie, Uammo^ dyu ell: du troifieme genre des ferpens. AMMON de Linnceus^ c'eft le mouflon. Voyez ce mot, AMMONIAC ( Sel ), Sal ammoniaciim. On dif- tingue aujourd'hui deux fortes de fel ammoniac , le naturel & le factice. Le fel ammoniac naturel fe fublime de lui-même à travers les fentes des foufrieres de Pouzzol ; il s'at- tache en forme de fuie blanche , ou de croûte jau- nâtre , aux pierres gxiç: la nature ou l'art entaffe fui* ces fentes : on fait fondre ce fel dans de l'eau , & par ëvaporation , il fe criftallife en cubes , & en cet état il paroît affez reffembler -àwfel ammoniac des Anciens ; ©n en ramaife auiîi de très -blanc à la bouçhs l'jpéi 172 A M M rieiire Se permanente du Mont ^Ethna. Celui que Poit rencontre dans la grotte du petit pays de Boton en Afie, eft beaucoup plus pénétrant que le précédent : les Habitans du pays l'appellent mufchader. Le fd am- moniac naturel ne le trouve guère dans le commerce , mais le faftice eil très-commun. On connoît deux fortes àe.fel ammoniac factice. ; l'un de la forme de nos pains de fucre , de couleur cen- drée , & qui vient des grandes Indes. Cette efpece commence à être fort rare : ce fel a été décrit par M. Gcofroi le jeune , dans les Mémoires de V Académie Royale des Sciences , année ly^;^. L'autre efpece de fel ammoniac la plus commune , & la plus d'ufage dans le commerce , eft en forme de pains ronds & plats , de deux à trois doigts d'épaiffeur , concave fur l'une des faces , &: convexe fur l'autre avec une efpece d'ombilic. Ces pains font de couleur cendrée à l'ex- térieur , blanchâtres en dedans , & demi-tranfparens. Sa criftallifation eil en aiguilles , d'un goCit falé , acre & piquant. On les apporte d'Egypte & de Syrie par la voie de Marfeille. Quelques Auteurs ont avancé faulTement que ce fel ammoniac n'étoit que de l'urine de chameau , fublimée naturellement par la grande ardeur du foleil fur les fables d'Afrique ; M. Rouelle le jeune ^ qui a analyfé l'urine d'un chameau qui vivoit à Paris en 1777 , a reconnu qu'elle ne contient point de fel amiTxoniac , & que le peu qu'elle en fournit n'efl que l'ouvrage du feu. On tient du Père Sicav d , Miffionnaire en Egypte , le procédé ufité de fon temps par ces peuples pour la préparation du fel dont il eft queftion. On emploie pour la formation du fel ammoniac , de la fuie que l'on recueille des excrémens des ani- maux, & fur-tout des chameaux. En Egypte , dans le village de Damaier , près de Mafoura , & où le bois eft fort rare , on mêle avec de la paille ces ex- crémens , ôc on en fait cks efpeces de mottes à brûler. A M M 275 On recueille cette fuie ; oq la met dans de grandes bouteilles de verre ; on la mêle avec du fel marin , difîbus dans de l'urine de chameau ou de quelqu'autre bête de fomme : le fel qui fe fublime de ce mélange , expofé à un feu vif & long , eil le fd ammoniac des Européens , & le mchabar des Arabes. Le plus blanc fe nomme mecarra , &: le plus noir aradi. Ainfi le J'd ammoniac eil un fel neutre, formé par la combinaifon de l'acide du fel marin avec l'alkali volatil. Maintenant nous devons citer la préparation aftueUe de ce fel , d'après la defcription que M. Haffelqiùfl a envoyée du Caire à l'Académie Royale de Suéde : cette defcription, qui confirme en quelque forte ce que M. U Maire ^ Conful de France au Caire, Se le Voyageur Anglois M. Thomas Shaw ^ ont avancé de la préparation du fel ammoniac , dit poiitivement que la matière d'où l'on tire ce fel, eîl uniquement la fuie produite par la fiente de toutes fortes de quadrupèdes, chevaux, ânes , bœufs , vaches , bufîles , brebis , chèvres, fans que celle de chameau mérite aucune préférence fiu* les autres. M. Hajfelquiji cfl le premier qui ait fait connoître que l'acide du fel marin , qui entre nécef- fairement dans la combinaifon du fel ammoniac , fe trouvoit abondamment dans la fiente des bêtes de charge de ce pays , & par conféquent dans tous les alimens de ces animaux, que l'on nourrit de luzerne, de bon-henri , &c. Ainfi l'acide du fel m^arin co-exiflant s'élève en même temps que la fuie , & fe combine avec l'alkali volatil que le règne animal fournit tou- jours. Enfin , quand on ' expofe cette fuie au feu dans des vaifTeaux fublimatoires , il en réfulte un fel neutre fublim.é & folide , qui eil le fel ammoniac. Les pauvres de l'Egypte , dit encore M. Haffelquifl^ ramaffent la fiente des quadrupèdes , & même les ex- crémens humains , pendant les quatre premiers mois de l'année : ils fe débarralTent de cette fiente aufîi-tôt qu'ils l'ont ramaiî'ée. Si cette fiente étoit a' ors trop Tomz /, S 274 A M M molle , ils y mêlent de la paille hachée , ou des brins de chaume ou de lin , enfuite ils l'appliquent contre une muraille , où ce fumier fe lèche à l'ardeur du foleil , & y refte jufqu'à ce qu'il foit affez fec pour brûler. Voilà le combuftible des pauvres , & même des perfonnes d'un état médiocre dans le pays. On ralTemble cette fuie qu'on vend aux Fabriques de fd ammoniac ; & la quantité du fumier en queilion eft fi grande , que lorfqu'on fort du Caire le matin , on rencontre toujours plufieurs centaines d'ânes qui ap- portent cette marchandife à la Ville. On eitime qu'il fort tous les ans des Fabriques de Delta, de Giza , de Rofette , &;c. en Egypte , près de fept mille quin- taux de livres , poids de Marfeille , de fd ammoniac , que l'on tranfporte chez l'Etranger. Comme ce fel efl volatil & pénétrant , il efl: très- utile pour incifer & atténuer les humeurs épaifîes 6c vifqueufes , & propre dans les cas où il faut exciter une forte ofcillation. Si l'on en croit l'illuftre Boïr^ haave^ ce fel garantit toutes les fubftances animales de la corruption. C'eft particulièrement dans les tra- vaux chimiques qu'on emploie ce fel ; il fert fur-tout à fublimer les métaux imparfaits , à exalter la couleur de l'or dans la fufion , à faire de l'eau-régale. On s^Qn fert auïïi pour étamer le fer , le cuivre &: le laiton , & on l'emploie dans l'étamage des cafetières à la Turque , dans lequel on ne fait point entrer le plomb. On s'en fert auffi pour argenter &: pour rafraîchir l'eau. AMMONIAQUE ( Gomme ) , Gummi Ammoniacuml C'eft une forte de fuc concret , qui tient le milieu entre la gomme & la réfme. 11 y en a qui s'amollit quand on le manie, & devient gluant dans les mains. Il a une faveur d'abord douce , enfuite amere ; fon odeur efl pénétrante , & fouvent auffi puante que celle du galbanum. Cette fubdance jetée fur les char- bons ardens , s'enflamme; elle fe dilTout dans le vi- A M M A M O Z75 îiaigre & en partie dans Teau chaude. Elle découle par incifion , fiiivant M. Geofrol , & fous une forme laiteufe , d'une plante ombellifere qui croît en Lybie ; la meilleure eft en larmes jaunâtres : celle qui eft en grumeaux bru- nâtres ou en maffe, fe nomme gomme ammoniaque en forte. On nous l'apporte d'Alexandrie. La gomme am^ moniaque eft un puifTant hyflérique , & un apéritif employé utilement dans l'afthme , & un très - boa réfolutif pour les loupes , employé extérieurement. Suivant M, Biiquet , l'eau bouillante diffout la gomme ammonïaqiu prefque en totalité ; cette diffo- lution eft trouble &: d'un blanc jaunâtre : lorfqu'on la laifte évaporer , elle laifte un extrait jaunâtre amer & d'une odeur virulente affez foible. L'efprit-de-vin diftbut la gomme ammoniaque mieux que l'eau. Il femble que dans cette gomme la matière réiineufe eft très-intimement combinée à la partie extraclive , & qu'elle eft de la nature des réfmes extractives. La gomme ammoniaque a en effet tous ces caraderes ; elle eft très-inflammable , elle fe diftbut dans l'eau & dans l'efprit de vin , & , comme il eft dit ci-defllis , mieux dans ce dernier menftrue que dans le premier, AMMONITE. Voyei^ Ammite. On donne aufti le nom ^ammonite à de petites cornes d'ammon foftiles. Voyei^ Corne d'Ammon. AMOME , Amomum. Genre de plante de la familla des Balïjkrs , à corolle quadrifîde , dont les feuilles reflemblent à celles des rofeaux , & dont les racines & les graines ont un goût aromatique &: piquant : ce genre comprend des plantes exotiques. Le fruit eft une capfule charnue ou coriace , ovale ou ar- ^ rondie, obtufément triangulaire & partagée intérieu- rement en trois loges qui renferment pluiieurs fe- mences ; tels font les cardamomes , les gingembres , &:c. Amome a grappes des Droguiftes , Amomum ra-* cemofum officinar, C'eft un fruit à capfule membra- neufe , obronde , ayant trois angles ou trois côtés ar-! S % '275 A M O rendis, & de la grofleur d'une noix de hen ; ces capfules font difpofées comme des grains de raifm , par petites grappes iitiiées alternativement le long des hampes couchées que produit Vamcme , qui croît à l'ombre dans les montagnes humides & in- clinées du Malabar. On obferve que les trois petits filions & les trois petites côtes qui fe voient à l'ex- térieur de ce fruit , répondent parallèlement aux trois rangs de graines qui remplirent l'intérieur. La couleur de ces fruits défféchés eft d'un gris fauve. Les graines font anguleufes , rouffes en dehors , blanches en de- dans. Ces femences ont ime odeur & une faveur qui approchent afiez de celles du camphre ou de la 2^- vande. On dit que c'efl: un excellent contre-poifon & un puifTant alexitere. Il rétablit aulîi l'ofcillation des fibres &: facilite la digeftion. On aiTure que les feuilles de cette plante étant fraîches , ont une faveur piquante, aromatique & un peu amere. Ses graines ont les mê- mes qualités ëc dans un degré plus éminent , ce qui les fait conftamment rechercher pour l'ufage , comme affaifonnement , par les Indiens. Les fruits de cet amomc font un objet de commerce à la Côte de Malabar. On donne aufîi le nom. çiomomc à la graine àwfifoni .Voyez u mot» M. Ddm^t dit que les Jardiniers donnent le nom a^amomiim à un folanum vivace , Solarium pfeudo-cap^ ficum , Lin. Sp. pi. , dont les tiges font fans piquans , & les feuilles oblongues , légèrement ondées, les fleurs blanches & les fruits rouges, de la forme &: de la grofTeur de petites cerifes. A l'égard du faux amome. C'efl: la berk aromatique , Sium aromaticum. Voyez à l'article BerlE. Amome de la Jamaïque , Amomï. Nom que les Commerçans donnent , avec les Hollandois , au poivre de la Jamaïque , que nous appelons autrement graine de girofle rond , qui efl le piment des Anglois. Foyei PoiVR£ i>£ LA Jamaïque» A M O 277 AMOURETTE. Dans les Ifles, & partîcuUérement à Saint-Domingue , on donne ce nom à des plantes , dont on diftingue deux efpeces principales ; l'une ré- putée franche , & l'autre bâtarde, IJamourctte franche ou tabac maron , Solanum non acukatiim , dit le Père Nicolfon , s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds. Sa racine eH chevelue, blanchâtre d'abord, enfuite roulTâtre, d'une odeur forte, & d'un goût amer : fa tige affez grolfe , & remplie d'une moelle tendre, eft verdâtre & couverte de poils très- fins. Cette tige fe divife en plufieurs rameaux tortueux & velus aufîi. Les feuilles font larges ^ pointues , di- vifées dans leur longueur par une côte faillante en deffous , à laquelle aboutiffent plufieurs nervures obli- ques : ces feuilles font de couleur vert pâle en deffus y blanchâtres en deffous , couvertes des deux côtés d'un duvet fin , épais , qui les rend très-douces au toucher. Elles ont fept à huit pouces de longueur, & quatre à cinq de largeur. Elles font portées fur des queues longues , arrondies , ôi veloutées , comme les autres parties de la plante. Les fleurs croiffent par bouquets fur les rameaux vers la naiifance des feuilles , elles font en forme d'étoiles , compofées de cinq pétales , quelquefois , mais rarement de fix , d'im bleu pâle & pourpré , pointues , rabattues en dehors. On obferve au centre de la corolle , cinq ou fix étamines droites , flriées , jaunes , arrangées autour du flyle qui s'élève du fond du calice où eil placé l'embryon qui eft le rudiment du jeune fruit. Le calice eft compofé auflî de cinq à fix feuilles pointues , d'un vert clair , can- nelées &: veloutées. Ses fruits font parfaitement ronds, 6i ont environ quatre lignes de diamètre , liffes , liu- fans , attachés fortement au calice de la fleur , d'une couleur d'abord verte , enfuite jaune & enfin rou- geâtre. Ils renferment une pulpe glaireufe , fucrée , qui environne de petites graines plates & arrondies. V Amourette franche croît dans les endroits incultes? lyS A M O AMP & arides. On prétend que fa racine , prife en décoc- tion , appaife l'ardeur de la fièvre , que , mêlée avec le cardamome , elle guérit les coliques venteufes , & que le fuc exprimé de fa racine ou de fes feuilles eft fiomadiique. On fait aufîi bouillir fes feuilles & (es fruits , avec un peu de chaux 6c de fucre ; ce qui pro- duit un puifTant vulnéraire maturatif pour la guérifon ées plaies. Uamountu bâtarde^ Solanum aculcatum , a fes feuilles échancrées dans leur contour , terminées par fept pointes ; divifées en deux parties égales par une groffe côte faillante , garnie d'épines jaunâtres. La tige & les branches font garnies auili de ces mêmes épines. Dans tout le refle elle efl femblable à la précédente. Amourette des prés. Voye^^ Fleur de coucou. Amourettes. Voyc^^ Brize. Amourette coléoptere. Voyc?^ à Vanlch An- 'threne. AiMPÉLITE ou Terre de vigne , Pharmacitls. Efpece de terre noire & bitumineufe , contenant des principes fulfureux & inflammables. Foyei Crayon IVOIR. AMPHIBIE , Amphih'ms. On déiigne par cette déno- ïîiination trop vague les animaux qui ont la double fa- culté de vivre fous l'eau fans refpirer , & fur terre en refpirant l'air , & qui peuvent alternativement pafler de Tiin à l'autre élément , comme le caflor , Vondatra , le dcfman y 'les phoques , la loutre , la farlcovienne , Vhippo- potame , le lamantin , le crocodile , les tortues , la plupart ^^. ANA-COLUPPA eft, félon YHort, Malabar, une plante délignée ainfi : Ranimculï facic indïcâ fpïcatâ , corymh'iferis affinïs , flofculis tetrapetalls. On dit que fon fuc mêlé avec le poivre, foulage les accès de répilepfîe, & qu'il efl: le feul remède connu contre la morfure d'une efpece de ferpent à chaperon y appelé par les Portugais, cobra de capzllo, ANAGYRIS FÉTIDE ou Bois puant , Anagyris fœ- t'ida 5 Linn, , Tourn. 647. Joli petit arbrifTeau qui croît naturellement dans l'Efpagne , l'Italie , la Sicile , & dans les lieux pierreux & montagneux des provinces méridionales de la France. Il s'élève à la hauteur de ' cinq à huit pieds ; fa tige efl: droite , rameufe , &: recouverte d'une écorce d'un vert brun ; fon bois efl d'un jaune pâle; fes feuilles font oblongues, pointues , verdâtres en deffus, blanchâtres en deflbus, alternes & difpofées fur une tige comme celles du trèfle ; de même que l'écorce , elles font d'une odeur fi forte & fi puante , fur-tout quand on les froifTe dans les mains , qu'elles font- mal à la tête ; les fleurs naiffent trois ou quatre enfemble par petits bouquets latéraux & axil- laires ; elles font d'un jaune pâle. Il leur fuccede des gouffes qui reffemblent affez à celles des haricots , ainfi que les femences qui font formées en petits reins & d'un noir bleuâtre. Les feuilles de Vanagyrls pafTent pour réfolutives , & les femences pour vomitives. De nouvelles expé- riences prouvent que le bols puant ^ préparé de la même manière que le café , eil wvi remède efïïcace pour les vapeurs. Les Habitans de Cayenne ^ dit M. de Pré fontaine , donnent aufîi le nom de bois puant , an Vakalou des Caraïbes : Hedera arbor fœtida , nucis juglandis folio , fruclu maximo 5 Bar. 5 8 , à wïx arbriiieau qui pouffe yM A N A plufieurs tiges ; il eft fort commun fur les bords de quelques iavanes , & fur-tout au bord de la mer : on l'emploie à faire des cercles pour les barriques. ANANAS. Genre de plante exotique , unilobéc , qui a de grands rapports avec les agaves &c les càragates ; il y en a de remarquables par la bonté des fruits ou par leur port agréable. On diilingue plufieurs ef- peces à^ ananas. Ananas épineux. C'efl: V ananas proprement dit , vulgairement ananas blanc ou ananas à coiircnne : Ananas acukatus , fruciu ovato , carne albidd , Tourn. 65 3 : Ananaja , Nana , Marcg. : Jayama , Pïnas , Bont. : Bromciia , ananas , Linn. : Carduus BraJiUanus , foliis aloïs ^ C. Bauh. C'eft le yayouua ( boniama ) des Ca- raïbes. Sa racine qui eit fibreufe , pouffe plufieurs feuilles difpofées en rond , fermes , rabattues en dehors 5 larges de deux à trois pouces , longues de deux à trois pieds , de couleur vert gai , jaunâtre &: pourpre , creufées en gouttières, dentelées, c'eft-à-dire hériffées fur les bords de petites pointes plus ou moins pi- quantes : ces feuilles font terminées par une pointe très - aiguè*-; du centre des feuilles s'élève une tige ( hampe ) ronde , haute de deux pieds , de la grof- feur du pouce. Elle foutient à fon fommet une rofe formée de plufieurs feuilles très-courtes , très-aiguës , de couleur de feu ou de cerife ( c'eft ce qu'on appelle la couronne ) , & qui couvrent &: cachent le fruit , lequel dans la fuite groffit peu-à-peu , & prend affez la forme d'une pomme de pin. L'écorce de ce fruit eft composée de plufieurs écailles triangulaires peu pro- fondes. Il fort de chaque écaille , avant l'accroiffement du fruit , une petite fleur bleuâtre , en entonnoir , dé- coupée en trois parties , qui fe fane , & tombe à mefure que le fruit groffit. Ce fruit devient ferme , jaunâtre en dehors , blanchâtre en dedans , d'une odeur & d'un goût très-agréables, que l'on compare au meilleur melon & à l'abricot le plus exquis , A N 4 2??7 donnant un jus rafraîchiilant. Cette chair efl pariemée de fibres très-menues , qui divergent du centre à la circonférence en manière de rayons , & qui , dans les branches horizontales de ce fruit , repréfentent une ro~ fette ëtoilée. Il faut obferver que la fleur de Y ananas efl: fouvent liérile & ne grene point ; quelquefois , ce- pendant 5 elle produit une petite femence rouïTâtre 6^ aplatie. Le fommet du fruit , ainfi que nous l'avons dit , efl garni d'un paquet de feuilles colorées ( la couronne ) qui , lorfqu'on cueille ces fruits , étant détaché &: mis en terre, y prend racine &: devient une nouvelle plante: au mois d'Août on détache les rejetons qui pouffent de côté ; on les met dans des pots , où ils pren- nent auiîi très -facilement racine; il faut obferver que ce paquet de feuilles du fommet ( la couronne ) rap- porte du fruit une année plutôt que les rejetons reflet qu'il faut attribuer à ce que cette couronne efl nourrie des fucs mûrs & digérés du fruit ; au lieu que le reje-t ton tire fa nourriture crue de la terre, & qu'il lui faut du temps pour la m.ûrir. Depuis quelques années on cultive afiez volontiers dans ce pays-ci les anajias dans les ferres chaudes, & l'on eft parvenu à en obtenir d'affez bons fruits ; mais ils n'y acquiereiit pas entièrement les bonnes qualités de ceux qu'on cultive dans les Indes & en Amérique : outre l'efpece que nous venons de décrire , il y a d'autres variétés : \J ananas jaune : fru&u pyram'idato , carne aureâ , Toiirn. : V ananas pain de fucre ^ maximo fruciu conico , Plum. ainfi nommé à caufe de fk forme conique ou en pain de fucre : il ne jaunit pas tant à l'extérieur que le premier ; fon écorce efî même ver- dâtre; & quand il efl mûr, fon goût efl meilleur, plus favoureux que celui de Xananas blanc. Le gros ananas blanc a quelquefois huit à neuf pouces de diamètre & plus d'un pied de hauteur ; lorfqu'il efl mûr , il répand une odeur ravilTante ^ encore plus fuave que celle de 283 A N A nos coings : quoiqu'il foit plus beau que les autres , Ton g^oût n'eft cependant point fi exquis. V ananas pomme de reinette , Fruclu ovato _, came aured , Plu m. , efr le plus petit & le plus exquis de tous ; on l'a ainfi nommé à caufe de l'analogie qu'on trouve entre ces deux fruits, tant pour l'odeur que pour le goût. V ananas de Montferrat , Fruclu pyramidato , olivœ colore , intus aureo , Mill. : il pafTe pour le meilleur. V ananas pitte ou fans épines , Ananas non aculeatus , Pïtta dïclus , Tourn. ; c'efl le coulao ou cahuyo des Caraïbes. Il ed auiïi très-bon à manger , mais on le recherche peu comme aliment. Les ananas , excepté celui nommé pomme de remette , font fujets à agacer les dents & même à faire faigner les gencives. Tous ces ananas croifTent avec ou fans culture dans l'Am-érique Méridionale , dans les Indes Orientales & en Afrique. Ils s'élèvent peu de terre , &: peuvent fe multiplier de plants ou d'oeilletons. On confît le fruit fur les lieux , & on en envoie par-tout : cette con- fiture efl propre à réveiller la chaleur naturelle. C'efl ordinairement depuis le commencement de Juillet juf- qu'en Septem.bre qu'on fert le fruit ^ananas cru fur les tables les plus fomptueufes , & il en fait l'orne- ment ce les délices. Des perfonnes , dans l'intention de dépouiller ce fruit cru de l'acide plus ou moins corrofif, dont il efl rempli, le coupent par tranches, après en avoir enlevé l'écorce , & le font infufer dans le vin avec du fucre , ou dans de l'eau-de-vie chargée de fucre ; alors on le mange avec plaifir & fans craindre de s'af^acer les dents ou de s'enflammer la bouche. On tire par exprefiion de ce fruit un fuc dont on fait une liqueur délicieufe , qui vaut prefque la malvoifie , &: qui enivre : on l'appelle Vin d'' ananas : on fait encore avec ce fruit une efpece de limonade très-rafraîchif- fante ; mais il n en faut pas faire beaucoup d'ufage , car elle refroidit l'eflomac & trouble la digeflion. On eftime que le viu à'ana/ias^ pris avec modération, efl cordial y A N A 2S9 tordlâl , arrête les naiilees , excite les urines & réveille les efprits ; les femmes enceintes doivent s'en abftenir. Un Botanifte, habitant des Ides Occidentales de l'Amérique , a annoncé le jus d^t^nanas à demi-mûr , comme un bon fpécifique contre la gravelle. Il fe trouve avix Ides une plante appelée Pingouin ou Ananas maron. Ses feuilles font dentelées , creufées en gouttière , alTez femblables à celles de Vananas épi-^ neiix ^ mais plus longues & garnies de pointes tres- piquantes. Cette plante ed: employée à faire des en- tourages que les Nègres ôc les bediaux n'ofent jamais fenchir. On range audî parmi les ananas , les karatas. Voyez c^ mot, ANASPE , AnafpLS. Genre d'infede dont les efpeces font adez rares. Leurs antennes font filiformes , ôc vont en grodidant vers le bout : l'écudbn ed im- perceptible , le corfelet plat , uni fans rebords ; leur corps ed alongé & rétréci par le bout. On trouve cet infede dans les fleurs. ANATE ou Attole. Sorte de teinture ou de pâte rouge , qui fe prépare aux Indes à~peu-près comme l'indigo. On retire cette fécule d'une fleur rouge qui croît fur des arbrideaux anates ; on la réduit en gâteaux ou en rouleaux. Les Eiu'opéens la tirent , pour la plus grande partie , de la Baie d'Honduras. Les Anglois avoient plufieurs plantations à^anatesÛMi^ la Jamaïque , qui ont été ruinées. Ce font aujourd'hui les Efpagnols établis au Mexique qui cultivent Vanate y lequel fert à leur chocolat ; Vanate ou attole dont il ed qued:ion, n'ed peut-être qu'un roucouyer dont les graines fournid'ent par la macération un extrait féculent. Voyei Roue ou. ANATRON ou Soude blanche. C'ed le natron. yoyez ce mot. ANAZE. Arbre qui croît naturellement à Mada*- gafcar. Il ed digne de remarque , que Vana?^ diminue Tome L T iço ANC en grofleur à mefure qu'il s'élève; ce qui lui donne la forme d'une pyramide ou d'un cône. Son fruit efl une efpece de gourde remplie d'une pulpe blanche qui a la faveur du tartre &: qui ell remplie de plufieurs noyaux durs. Encyclopédie, ANCHOIS 5 Apua : Clupea mcraficclus , Linn. ; en Anglois &: en Suédois, Anchovy. V anchois eft du genre du cliivc. C'efl un petit poiffon de mer très- connu 5 très-délicat , fans écailles , de la groiléur & de la longueur du doigt , remarquable par une forte de tranfparence qui n'elt interrompue qu'à l'endroit de l'épine ; fa bouche efl très-grande ; l'extrémité des mâchoires pointue , elles font luifantes & nuées de rouge ; la mâchoire fupérieure plus longue que l'inférieure : les ouïes &: les yeux très-grands , à proportion du vo- lume de ce poiffon ; les iris argentées. Le dos eft d'une couleur brune ou cendrée & nuée de vert ; celle du ventre eit argentine. Il y a quinze rayons à la nageoire dorfale , quatorze à chacune des pedorales , fept à chacime des abdominales , dix-fept à celle ^ de l'anus : la queue eft évidée en forme de fourche. Les anchois ont de commun avec les fardines , qu'ils vivent en fociété , & nagent en troupe fort ferrée. Comme la lumière efl un attrait pour eux , les Pê- cheiu's font ufage de ce moyen pour les faire donner dans kurs filets. La pêche la plus abondante des an- chois fe fait dans les parties de la Méditerranée qui baignent les côtes de Venife , de Rome , de Gênes , de Catalogne & de Provence , depuis le commence- ment de Décembre jufqu'à la mi-Mars. On en prend aufîi en Mai , Juin , Juillet , temps où ils paffent le Détroit de Gibraltar pour fe retirer dans la Méditer- ranée. On en trouve aufîi à l'ouefl d'Angleterre & du pays de Galles. Auffi-tôt que la pêche des anchois efl finie , on leur coupe la tête que l'on dit être très- amere , ( ce qui a fait donner à ce poiffon , par les anciens, le nom à^inckajicholus ^ ç'efl-à-dire qui a du ANC 291 fia dans la tête ) , on leur ôte auiîi les boyaux ; puis on les fale & on les met en petits barils. Les Grecs & les Latins faifoient avec Vanchols fondu & liquéfié dans fa faumure , une fauce qu'ils nommoient garum , & à laquelle ils ajoutoient l'épi- thete de très-prêcieufe. Voyez Garum. Cette fauce 1er* voit d'affaifonnement aux autres poiffons : elle exci- toit l'appétit , facilitoit la digeftion , ainfi que Van- chois pris modérément. Les anckois les meilleurs font tendres , nouveaux , blancs en dehors , rougeâtres en dedans , petits , gras &: fermes. ANCHORAGO. C'eft le bécard. ANCOLIE, Aquïkgia vulgarls , Linn, 752. Plante d'un beau , port dont la racine eft vivace , blanchâtre , groffe comme le pouce , branchue , iibreufe & d'une faveur douce : fes feuilles font grandes , découpées tout autour , verdâtres , difpofées trois à trois fur de longues queues. Sa tige eft haute d'un à deux pieds & demi , & même davantage , droite , ra- meufe , rouge âtre &: un peu velue. Ses rameaux por- tent des fleurs ou bleues ou rougeâtres , irrégulieres , compofées de cinq pétales plats , & de cinq qui font creux , femblables à un cornet , faillans fous la co- rolle , & entre-mêlés alternativement ( ces cornets font les neâaires. ) A ces fleurs fuccedent des fruits compofés de quatre ou cinq gaines , droites & mem- braneufes , remplies de petites graines ovalaires , noires & luifantes. Cette plante que l'on multiplie de graine & de plant enraciné dans les jardins , AquiUgla honenfis jlore var'io , aut fimpkx aut multiplex , varie beaucoup pour la couleur : on en voit à fleurs bleues , rouges , de couleur de cliair , vertes , panachées : elle croit na- turellem^ent dans les bois & les lieux couverts de la plupart des régions de l'Europe , & principalement aux environs de Paris , Aqiùlegia fylveflris , C. B. P. J44 ; aut fiore Jzmplici ^ J, B, 3. 484. Uancolie eu, T 2. I9i ANC AND apéritive , utile dans les garganfmes pour les ulcères de la gorge. Les graines de cette plante données en émul- fion ou en poudre à la dofe de demi -gros , de trois en trois heures , font paroître & poufler les boutons de la petite vérole. Uancolie efl appelée par quel- ques-uns gants de Notre-Dame ; nom donné auiTi à la digitale & à la campanule. Voyez ces mots. On diftingue pluiieurs autres efpeces ^ancolie ; il y a celle à Jleurs jaunes ; celle des Alpes ; celle de Si- bérie , & celle de Canada. ANCYLE. Nom donné à une efpece de lépas fluvia- tile 5 dont l'animal , à couvert fous fa coquille , qui eft pour lui une efpece de bouclier , fe tient ordi- nairement appliqué contre les tiges des joncs. AN DIRA ou Angelin a grappes, Angelln race- viofa y folÏLs nucis juglandis , Plum. Arbre du Bréiil & des Antilles , haut de quarante à cinquante pieds ; fon tronc a environ trois pieds de diamètre ; fbn bois dur & d'un rouge noirâtre à l'intérieur , efl propre pour la charpente des bâtimens. Son écorce efl cendrée , & fa feuille femblable à celle du laurier, mais plus petite : il pouffe des iDOutons noirâtres , d'où fortent beaucoup de fleurs ramaflees ou difpofées en grappe , odorantes , de belle couleur purpurine &: blanche. Son fruit , dont l'écorce efl dure , a la figure & la groffeur d'un œuf ; il efl noirâtre , ayant comme une future à un de fes côtés , d'un goût très-amer , renfermant une amande jaunâtre d'un mauvais goût , tirant fur l'amer & l'acide. On pulvérifé le noyau de ce fnzit & l'on en fait ufage pour les vers; mais il faut que la dofe foit au-defTous d'un fcrupule , autrement elle empoifonneroit. L'écorce , le bois & le fruit ont l'amertume de l'aloès. Il y a un autre andïra femblable en tout au pré- cédent , excepté par le goût qui efl prefque infipide. Les bêtes fauvages s'engraifTent de fon fruit , dont elles font friandes , an Voua capoua Amerïcana , Aublit. AND ANE 195 ANDIRA-GUACKU. Dans le Bréfil , on donne ce nom à une efpece de chauve- fourls de la groffeur d'un pigeon; elles ont une excroiffance fur le nez , ce qui les a fait appeler chauve-fourls cornues. Leur appétit efl fanguinaire. Foyci Vartich VAMPIRE, à la fuite du mot Chauve-souris. ANDORINHA. Voyei Tapera. ANDOUILLERS. Voyei la fignification de ce mot ; à l'article Cerf. ANDROGINE , Ubride &: Polygame. Foyei à Vanicle HERMAPHRODITE. ANDROPOPHAGE Voye^ MantICHôrë. ANDROSACE , Androface vulgaris , latïfolïa , annua , Tourn. 123. Plante qui pouffe beaucoup de tiges velues , haute d'un demi-pied , &: dont les fommités fe divifent en fix ou fept petits brins difpofés en ombelle , à la naiffance de laquelle font quelques folioles difpofées en fraife : fes feuilles , proprement dites , font radicales , affez grandes , ovales , pointues , vertes , nerveufes & dentelées : fa fleur elt petite , blanche & découpée en cinq pièces. La corolle de V androface efî: monopétale ; fa partie inférieure eil un tube renflé de forme ovale ; la fupérieure eft évafée en foucoupe, &: la fleur a autant d'étamines que la corolle a de découpures , c'eil-à-dire , ordinairement cinq. Il lui fuccede un petit fruit , femblable à un pois , rempli de peti- tes graines rougeâtres. Cette plante croît dans les parties méridionaks de la France. C'eil un puiffant apéritif. On diflingue plufieurs autres efpeces à'androface. On donne auffi le nom à^andrcface à V acetabulum marlnum. Voyez le mot Açétabulc, ANDPvOSEME. Voyei Toute-Saine. ANE ou AsNE , afînus, Udne eft un animal domef- tique , connu par plufieurs défauts 6c par plulieurs bonnes qualités. Quoiqu'un des animaux les plus dédaignés , il elt cependant un des plus utiles 6c des plus employés. Si on l'a toujours méprifé , la plume T3 ie}4 ANE élégante de M. de Biiffon ^ l'a afîez vengé , en k rendant l'objet d'un éloge raifonnable. Udm diffère beaucoup du cheval par la petiteffe de fa taille , par la groîTeur de fa tête , par fes longues oreilles qui ne contribuent pas peu à la fineffe de fon ouïe , par la forme de fa croupe , par fa queue qui n'eft garnie de poils qu'à l'extrémité , par fon port qui n'a point la noblelTe de celui du cheval , par fa voix effrayante , par fon braire défagréable , ( c'eft un grand cri très-long àc difcordant par diifcnances alternatives de l'aigu au grave , & du grave à l'aigu [ ^ ] ) & par la figure hideufe qu'il prend quelquefois en relevant (qs lèvres : mais combien de qualités utiles rachètent tous ces défauts extérieurs ! 11 eft de fon naturel tran- qui font enveloppées de graiffe , avoit donné lieu à beaucoup d'erreurs. On voidoit que les anguilles tiraf- fent leur origine des épcrlans ^ àes perches 6c de Vable^ parce que l'on prenoit pour des anguilles de petits vers qu'on trouve dans les ouïes de ces poilTons : la plupart des Pêcheurs font encore dans cette erreur ; mais la Nature fuit toujours fa marche dans la multi- plication des êtres. Parmi le grand nombre d'Auteurs qui ont donné la defcription anatomique de V anguille ^ y'alifnuri eft le feul qui ait donné une bonne figure avec une defcription des organes des deux fexes qui font fitués hors du péritoine & difpofés en grappe comme dans la lamproie. Il efl rare , dit M. Bwiijfomt^ qu'on prenne une anguille œuvée ; il paroît , dit^il , que les œufs prennent un accroiffement très -prompt dans ces animaux , &: qu'ils fe cachent dans la vafa au moment où ils doivent les jeter. Quelques - uns veulent encore que les anguilles foient vivipares comme les vipères , quoiqu'elles tirent leur origine d'œufs ; mais ces œufs éclofent dans le corps de la mère , Ôt elle met au monde fes petits tout vivans. D'autres prétendent que "^anguille n'efl point un poiiTon , mais une efpece de ferpent d'eau. 12 anguille multiplie -t-«lle dans l'eali douce ? C'eft une chofe qui ne paroît pas encore bien décidée. RUl X 2^' 324 A N G afliirc que les anpnlUs de la rivière d'Arfto defcendent tous les ans au mois d'Août vers la mer , pour y faire leurs petits , & qu'elles remontent de la mer vers cette rivière jufqu'à Pife , régulièrement depuis le mois de Février jufqu'en Avril. Vanguilb eft un mets très-agréable ; fur-tout celle à ventre blanc & argenté ; mais comme elle contient beaucoup de parties vifqueufes & groffieres , elle eli difficile à digérer &: contraire aux eilomacs délicats : rc^tie elle qH plus faine , parce qu'elle efl dégagée de fon flegme vifqueux. Dans la Provence &: le Lan- guedoc ( où l'on donne le nom de margaignon à VanguilU mâle , parce qu'elle a la tête plus courte , plus groffe & plus large que la femelle , que l'en appelle anguille fine ) on fale la chair de cet animal pour la conferver & pour corriger par le fel la mau- vaife qualité qui lui vient de fa vilcofité. Les Juifs , qui comprennent Vangullle dans la défenfe faite par la loi , de m.anger des poiffons fans écailles ne s'abf- tiendroient point aujoiu-d'hui de cet aliment , s'ils cultivoient l:Hiftoire Naturelle. Ce précepte étoit mal interprété aufTi chez les Romains; une loi de Numa défendoit de facriiîer des Poifibns fans écailles... Les payfans de plufieurs pays du Nord , au rapport de M. Broujfonet , qui long-temps avant Leuwenhoick , con- noiffoient les écailles de VanguilU , les ramaffoient avec foin pour les mêler avec le blanc delliné à blanchir les murs de leurs maifons, qui acquéroit par-là un brillant agréable , particulièrement lorfqu'elles étoient éclairées par le foleil ; on pourroit bien appeler ceci blanc à Vkailk, Les Kamtfchadales mangent rarement de VanguilU; ils donnent cet animal à leurs chiens. On dit que quelques Maquignons intrcduifent des anguilles dans le fondement des chevaux pour les faire paroitre plus gras & plus alertes. On pré- tend aufTi qu'il y a des Maréchaux oui font prendre par la bouche à un cheval pouffif une anguille A N G 325 en vie , pour qu'elle le purge en pa fiant à travers les inteilins. Anguille animalcule. On lui a donné ce nom à caufe de fa forme mince &C alongée. On ne découvre ces animalcules qu'à l'aide du microfcope dans certaines liqueurs , telles que le vinaigre , l'infufion de la pouf- iiere du blé niellé , ôc dans la colle de la farine. M. Nkdham a vu fortir de ces angullUs , qui fe voient dans la colle de farine, d'autres angidlks toutes vivantes. La multiplication d'une feule a été jufqu'à cent fix. Foyei VarticU ANIMALCULE. Anguille torpille de Cayenne & de Surinam , ou Anguille Electrique , Angidlla lacuflrïs tnmorcm infercns , aut Gymnotus eleclriciis , Linn. On trouve dans quelques contrées méridionales de l'Amérique , notam* ment à Cayenne , dans les eaux douces des trous de favannes ou des prairies 6c vers l'embouchure des grandes rivières , ime efpece à'anguiUe fort épaiffe , ayant quelques petites fentes qui ont un peu de reiTem- blance avec les évents de la lamproie ; fes ouïes font étroites , obliques. Cette anguille , privée de nageoires dorfales & ventrales , eil liiie fur le dos & fillonnée par dès rides fur les côtés. La tête eft courte , un peu plus large que le corps , plate en deiTus , inclinée par le bout fupérieur , nue & dépourvue d'écaillés ;. l'ouverture de la gueule affez ample; les lèvres font molles , épaiffes , charnues , & recouvrent les dents qui font liombreufes , petites, aiguës &: dilpofées comme par pelotons fur les bords intérieurs des mâchoires ; la mâchoire de deffous dépaffe celle de deilus ; la langue q£i large , arrondie à fon fcmmet. Les narines font fituées vers le bord de la partie antérieure de la mâchoire de defftis ; elles font percées chacune de deux trous voifins l'un de l'autre , & dont l'antérieur eft couvert par une efpece de valvule qui a la forme d'urr mamelon. Les yeux font placés loin l'un de l'autre, fur les côtés du haut de k tête j ils font ronds , petiis ^i6 A N G & recouverts par la peau de la tête. On voit au pouf- tcur de la tête de larges orifices qui appartiennent à certains canaux placés fous la peau : ces orifices font des tuyaux excréteiu-s qui fourniflent une liqueiu- parti- culière propre à lubréfier la tête. Le corps de ce poifîbn refiemble alfez à celui de V anguille vulgaire ; la nageoire de l'anus fe prolonge jufqu'à rextrémité de la partie inférieure de ce poiflbn ; car la queue efl dépourvue .de cette efpece de nageoire qui la termine dans la plupart des poifibns. La queue eft très-aplatie latéra- lement. Les lignes latérales offrent une file de petits trous 5 d'où fort , par la comprefîion , une humeur vifqueufe. Les nageoires pedorales font comme celles de l'anus , couvertes d'une peau épaiffe &: dont les bords ont une efpece de fmnge foyeufe : la peau de ce poifibn efl très-adhérente au corps &: dépourvue d'écaillés ; le defTus de ce poiiTon efi: noirâtre ^ mais le deffous eft d'un blanc rougeâtre. Ce poiflbn ne peut avancer dans l'eau qu'en exécutant une efpece de mou- vement d'ondulation. Cette angidlU efl du genre du gymnote ; on la nomme tremblante , parce qu'en la touchant , ou de la main , ou avec un bâton , ou avec ime verge de fer , elle caufe un tremblement forcé & involontaire, & qui fait tomber dans le moment ce qu'on tient à la main. Les Sauvages prétendent même que V anguille tremblante^ frappant les autres poiiTons avec fa queue , elle les endort &: les prend facilement pour les m.anger enfuite. Mais il paroît que lorfque cette anguille veut s'emparer d'un poiflbn ou d'une autre proie animée , elle s'avance vers lui comme pour le faifir ; &; dans l'inftant , fans le toucher , elle lui donne fon choc , &. on le voit auffi-tôt tourner fur le dos 5 tantôt mort , tantôt feulement étourdi. Il paroît ainfi par cette manœuvre que le plus grand effet de la com.mction efl au devant de là tête. M. de la Condamine a obfervé que cet animal fe trouve aufH aux environs de Para , dans la rivière des Amazones. A N G^ ^ 52^ ( Sa chair n'efi: pas d'un ufage également fain pour tout le monde ). Cet effet éledrique a beaucoup de rapport avec celui qu'occafionne la torpille, M. Adanfon , dans fon Voyage au Sénégal , dit qu'il y a dans le fleuve Niger un animal , qui efl éledtriqué aujFi , mais qui a quelques barbillons à la gueule : les Nègres l'appellent Onanïcar ; c'ell le Tremblcur. Voyez ce mot, Confultez maintenant V article Torpille , oii le ledeur trouvera nombre de faits très-curieux fur la propriété éledrique de V anguille torpille. Anguille de haie , ou Couleuvre serpen- tine , ou Serpent c'r.AU. C'efl le Serpent â collier. Foyei à r article CharbONIER. Anguille de mer. Foyc^ Congre. Anguille de sable , ou Appât de vase , Ammo* dytes Tobianus , Linn. , Anguilla de arena. Petit poifTon de la longueur de fix à dix pouces^ dont le dos efl bleu , le ventre & les côtes de couleur argentée. C'efl: à tort , dit M. Broujfonet , que l'on a repréfenté ce poiflbn avec deux nageoires fur le dos , il n'en a réellement qu'une , on y compte cinquante quatre rayons. Son mufeau eft très-effilé. La mâchoire de delîbus plus avancée que celle de deffus ; la gueule très-fendue , & fans dents ; fes écailles font fi petites qu'elles ont échappé à l'examen de tous les Ydhyologifles ; elles forment des lignes obliques diftindes entr'elles. Lorfque ce poilTon ouvre la gueule , la lèvre fupérieure forme une avance comme dans la Dorée. Sa langue elî longue & aiguë ; fes ouïes font garnies de barbillons. La nageoire de l'anus efl garnie de vingt-huit rayons ; les nageoires pedorales en ont douze, il n'a point de nageoires abdominales ; la queue efl peu échancrée. Ce poiffon , qui efl très - commun fur les côtes de rOcéan , en Angleterre , fe voit aufTi en France du côté de Boulogne , & fur les plages de la Zélande. On le trouve aulîi en Amérique , à Terre-Neuve , &:c. Dans de certains temps de l'année , foiî pour éviter X 4 328 A N G A N H les maquereaux & autres poillbns fes ennemis , foît par un infLintl: de la Nature , il quitte Peau pour s'enfouir dans le fable jufqu'à la profondeur d'un demi- pied ; c'efl-là qu'on le prend avec des bâtons ou avec un croc , ou avec une herfe faite exprès & traînée par des bœufs. Les pêcheurs profitent du moment oii la marée a laifle le fable à fec. Dans cette efpece , qui efr du genre de VAuimodyu , le mâle a le corps plus court & plus épais que celui de la femelle. Ce poiiibn efl le fandili des Anglois. Lïnncziis dit que V appât de vafe fe replie circulairement fur lui-même , de manière que fa tête occupe le centre du cercle qu'il forme , & pénètre par fon extrémité le fable où il fe tient caché. Les pauvres gens fe nourriffent de ce poiiTon ; fa chair efî ferme ; les autres poiffons en font avides. Anguille trembleuse. Voyez Anguille torpille de Caycnm , & l'article TorpïlU. ANHÎMA ou Camîchy. Voyez Kamichi, ANHINGA, Oifeau aquatique que les François de la Guiane , dit B ancre , nomment plongeon. C'efl , félon Matcgrave , l'oifeau nipïnamhis des Bréfilois. 'Uanhinga fe trouve aufli à Cayenne , & il paroît exifler dans les deux Continens ; car il a été obfervé au Sénégal par M. Adanfon , & M. de Buffon en a reçu un de Madagafcar , qui fe rapproche de Vanhïnga. noir de Cayenne , repréfenté ^pl. enl, 960 , c'eft le mâle ; ^ 959 la femelle. Y!anKinga eft aufîi fmgulier par fa forme que par fes m.œurs. Il eil d'un genre particulier : les quatre doigvs de chaque patte tiennent enfemble par une membrane commune. Son bec efl droit , pointu, & l'ongle du doigt antérieur &: intermédiaire eil: dentelé com.me une fcie. Sa queue eil large , longue d'un pied &: demi ; fon cou long d'un pied , mince , eiîilé , d'une feule venue , une tête étroite , aplatie , alongée ; tout , même dans l'oifeau privé de la vie, le fait reitcmbler A N H A N I 329 à un reptile. Mais fa rellemblance avec un ferpenî eu fur-tout frappante , lorfque , vivant , il plie , contourne , déploie , replie fon long cou. Quoique palmé , il fe perche fur les arbres ; il y fait fon nid , & c'ell de deffus leurs branches qu'il s'clance pour faifir le poiiTon dont il fe nourrit. Aux facultés des oifeaux de terre y il joint celles des oifeaux aquatiques , il nage , il plonge &c il s'exerce librement au milieu des eaux ^ ainfi que dans l'air ; mais il fe pofe rarement à terre : il eu d'un naturel fauvage 6c craintif; il fuit de loin & cherche à fe dérober à la vue en plongeant. A tant de finguîarités , fans y rencontrer plus de huit capfules. Ces capfules font réunies à un centre commun , & tiennent tou- tes enfemble : chaque capfule forme une feule loge qui s'ouvre dans fa longueur & renferme une graine , laquelle eft ovoïde & terminée par une petite pointe qui efî fouvent recourbée. ANNEAU DE SATURNE. C'efl une bande lumi- neufe qui entoure le corps de la planète nommée Saturne , fans cependant y toucher. Inconnu à toute l'antiquité , cet anneau fut découvert par Galilée au commencement du fiecle dernier. Les premiers effais que ht ce célèbre Aflronome des lunettes qu'on venoit de découvrir , lui firent appercevoir les fatellites de Jupiter 6c Vanneau de Saturne. Il prit ce corps pour .deux fatsllites dç Saturne ^ 6c il ftit fort furpris deux A N N 3Î7 ans après de ne plus les retrouver. Ce ne fut qu'en 1 6 5 5 5 que M. Huyghens découvrit que c'étoit un an- neau lumineux , fort mince & prefque plan , qui fe foutient comme une voûte ou com^me un pont fans piliers , autour de Saturne , qu'il enveloppe de toutes parts à une diftance égale. Le diamètre de cet anneau eu à celui du globe de Saturne , comme 7 efl à 3. L'efpace vide entre le globe & l'anneau eft à peu près: égal à la largeur de celui-ci , 6^ cette largeur eft le tiers du diamètre de Saturne, On ignore l'ufage de cet anneau ii extraordinaire, & le feul que l'on voie parmi les corps céleiks. M. de Maupenuis , dans fon Livre de la figure de la ttrre , explique , d'une manière ingénieufe , la formation de cet anneau. Lors , dit-il , que les comètes retournent de leur périhélie , on les voit traîner de longues queues ^' qui vraifemblablement font des torrens immenles de vapeurs , que l'ardeur du foleil a fait élever de leur? corps : ii une comète , dans cet état , palîe auprès de quelque puifiante planète , la pefanteur vers la planète doit détourner ce torrent , & le déterminer à circuler autour d'elle. La comète fourniffant toujours de nou- velle matière à chacun de ces paffages , ou celle qui étoit déjà répandue étant fuffifante , il s'en formera urt cours continu , ou une efpece d'anneau autour de la planète. La comète elle-même peut quelquefois être entraînée par Taftre , & forcée de circuler autour de lui , devenir un fatellite : c'ell ainfi qu'ont pu peut- être fe former les fatellites de Saturne 6c des autres planètes. M. D'ionls du Séjour a donné un Ouvrage fur les -phénomènes relatifs aux difparitions périodiques de Vanneau de Saturne. Il n'efl point lumineux par lui- même : fembiable à toutes les planètes , il réfléchit îa lumière du foleil. Il faut donc , pour qu'il foit vifi- ble , que le plan éclairé par le foleil , foit tourné du côté de l'obiérvateur. M. du Séjour dit qu'il faut prij> 358 À N N A N O cipalement ccnnoitre les phafes de Vannzau pour en conllater les élémens , & pour en conclure les phéno- mènes qui doivent avoir lieu dans les fiecles à venir;, la méthode trigonomëtrique a paru trop limitée , & infuîTiiante à M. du Séjour. La connoillance de ces phénomènes ne pouvcit ctre que le réiultat d'une ana- îyfe exade &; rigoureufe , & c'eil ce qu'a fait cet Auteur , par l'application heureule de l'algèbre à l'af-- tronomie, M. Huygluns avoit développé , le premier ^ dans Ion SyJIcma Saturnium , la véritable théorie des dii|3aritions & réapparitions * de Vanneau de Saturne, j\près avoir rapporté ce qui a été oblérvé , M. du Séjour confidere ce qui regarde les obfervations futu- res ; il réiulte de fes calculs, qu'en 17b' 9 , r anneau difparoîtra le 5 Mai : ce phénomène pourra être ob- fervé le matin avant le lever du foie il ; il reparoîtra le 24 Août , difparoitra le 1 6 Odobre , & reparoîtra le 30 Janvier 1790. Les années 1803 , 1819 , 1832^ ^848 , 1862, 1891 , feront favorables aux obferva- tions par les phénomènes d'apparition & de diiparition que cette phafe ronde eu anneau doit offrir. Foye:!^ maintenant C article PLANETE. Ccnfultez aufïï le Mé- moire fur les anneaux planétaires par M. Diicarla ^^ Journ, de Phyjique ^ Mai 1^82, ANNONE. Foyei Cachimentier. ANNULAIRE , Eruca anmdaria , eil la chenille que Mou§'et a appelé nmfcria ^ &c M. de Réaumur la livrée.. Le papillon qui en provient , fait des œufs qui fe tien* lient les ims aux autres , & qui forment une eij:>ece d'anneau au bout des branches des poiriers & pruniers où cette chenille prend nailiance. Foye^ Chenille LIVRÉE & r article LIVREE. ANOLIS ou Anouly , petite efpece de lézard , fort commun aux Antilles ; c'efl le Lacertus minor levis , Sloane. Le Père Nicolfon dit qu'il s'en trouve par-tout à Saint-Domingue de nombreufes variétés : on en voit de gris 5 de verts , de noirs , de jaunes , de mouchetés ; A N O 359 les uns font bariolés de zones tranfverfales , bleues , jaunes &: rouges ; d'autres offrent fur leur robe plu- fleurs bandelettes longitudinales de différentes couleurs. Les plus grands n'ont pas plus de fept à huit pouces de longueur , &c un demi -pouce de diamètre ; les plus petits n'ont pas moins d'un pouce de longueur èc deux à trois lignes de diamètre. La conformation efl la même dans tous ; mais dang les uns , la queue égale la longueur du corps : dans les autres elle eu plus courte ; dans quelques-uns , elle eft une fois plus longue. La tête de Vanolis eu alongée , triangulaire , apla- tie ; la gueule bien fendue , année de deux offelets taillés en fcie , qui forment les mâchoires fupérieure & inférieure ; la langue charnue , arrondie par l'extré- mité ; les yeux noirs , vifs ; les oreilles aifez grandes. La peau couverte de petites écailles ovales & tuilées ; la gorge fait le goitre , c'eft-à-dire , s'enfle & tombe jufqu'à terre , par le moyen de l'air que l'animal y introduit à fa volonté. Les pattes antérieures ont deux articulations & cinq doigts ; les pattes poiférieures ont trois articulations & cinq doigts , aufîi de différente grandeur. Tous les doigts font armés d'une griffe poin- tue & crochue , com-munément blanchâtre. La queue efl vertébrée , fort déliée , terminée en pointe extrê- mement fine. UanoUs efl un lézard fort vif, très-l & communique , ainfi que le zinc , cette propriété à îa plupart des autres fubiîances métalliques : plus iî contient de fouft-e , plus il fe fond facilement ; alors U fume & fe convertit en un verre couleur d'hyacinthe. Uantimoine a donné lieu à de grandes conteilations en Médecine : en 1.566 . fa nature n'étant pas encore l)ien connue, un décret de Médecine , confxrm.é paf Arrêt du Parlement , en profcrivit l'ufage. Malgré ces ordres , Paumier de Caen , grand Chimifte &: habile Médecin , prévoyant le grand avantage qu'on pouvoit en tirer en Médecine , ofa s'en iervir ei> 1609 , &; fut dégradé. » Par quelle fatalité ( dit un » Auteur moderne ) ^ les génies qui ont arraché le » bandeau de l'erreiu- , dévoilé des vérités , confacrd » leurs peines & leurs travaux au bien de l'humanité y >> ont - ils été de tout temps pourfuivis , perfécutés , Zl tyrannifés p?a' rvfprit de menibnge , de jaloufie ^ Tome L A a, 370 A N T » d'ignorance & de fiiperilition « ? Ait rerte , ce n'eil qu'avec lenteur , 6c après avoir lutté contre refpece humaine , qu'on parvient à lui être utile. La vertu de ce minéral fut enfin reconmie , & il fut inféré dans le livre des médicamens en 1637. M. Huxham^ célèbre Médecin Anglois , a donné un Mémoire fur V antimoine à la Société Royale de Londres. Dans ces Obfervations qui ont été couronnées par le Corps illuftre dont il eft Membre , on y trouve développée la nature de Vamimolne & fes effets dans le corps humain : on fait que ce minéral manié par la mam de Chimilles habiles , eil devenu une des bafes fondamentales des remèdes capitaux. L'art efl parvenu à maîtrifer ce minéral , & à lui faire produire les effets de vomitif, de purgatif , ou de fimple altérant. On en fait le kermès minéral , le tartre émétique , le foufre doré à^anti^ moine , & une multitude d'autres préparations. C'eil encore dans l'excellent DiBionnaire de Chimie^ qu'il faut apprendre à connoître la véritable nature de ce minéral , les diverfes préparations utiles qu'on en peut retirer , & l'art avec lequel il faut le préparer, f^^oye,^ aujfi cet article dans notre Minéralogie , Tom, II. On y trouvera , d'après Furetiere ^ une anecdote concernant fon étymolegie : mais je fuis tenté de croire que c'efl un conte fait à plaifir. Un des remèdes contre les coliques de Plombier &: de Peintre , eil fait de verre d'antimoine 6c de fucre en poudre mêlés , dont on fait une pâte. U antimoine \^it M. Bourgeois , n'efl pas feulement un minéral dont la Médecine retire ce grands fecours pour le corps humain , mais il efl encore trcs-efHcace pour une infinité de mxaladies des brutes. U antimoine cru , donné à la dofe de deux onces ( ou le foie à^antimcme à la dofe d'une once ) , aux chevaux vieux & ufés , fait des merveilles pour les rajeunir en quelque forte , 6l rétabhr leurs forces , en renouvelant la mafîe de leur fang. Il produit fon grand effet par la tranfpiratîon. Il guérit ces mêmes animaux de la gale ^ du farcin & de la pouile commençante. On l'a employé .avec le même fuccès pour les bœufs & vaches. Ùand^ moine cm guérit auffi les moutons de la gale , donné à la dofe de deux gros : on le fait prendre aux uns & aux autres animaux pendant vingt à trente jours; Uantimoim ti\ auiîi d'ufage dans les Arts : on s'en fert pour piu-iiitr l'or & pour polir les verres ardens; Mêlé au cuivre , il rend le fon des cloches plus fin ; mêlé en petite quantité avec le plomb , il forme des carac- ' teres dlmprimerie : il rend Pétain plus blanc & plus dur. L'émail jaune de la faïence le fait avec Vanti^ moin- 5 la fuie , le plomb calciné , le fel & le fabkà ANTIPODE. Voyzi k VarticU Gloee. ANTISPODE. Voyei a Vartick Spode. ANTOFLE DE GIROFLE. Voye^ Vanich GiROFLEi ANlRïBE , Antrihîis, Le caradere de ce genre d'inlédes coléoptères , dont il y a plufieurs efpeces ^ tfl d'avoir les antennes en malle , compolées de trois articles , & placées fur la tête ; de n'avoir point de trompe , d'avoir le ccrfelet large & bordé , & les tarfes garnis de pelotes. Ce genre d'infecle fe trouvé furlestieurs , qu'il ronge &paroît hacher en morceaux, ce qui l'a fait appeler Antrihe. Geoffroî. ANTROPOLÎÎ'ES , iont les offemens humains devenus fofTiles , ou pétrifiés , ou vitriolifés , ou miné- ralifés. Ces pétriifications font affez rares : on confond trop fouvent des parties Oiieufes de brutes avec celles de l'homme. M. de Lamancn dit avoir trouvé dans une pierre , partie calcaire & partie gypfeufe i, àQs environs dVvix en Provence , des écailles entières •(Mes carapaces ) de tortues , que les uns avoient prifes pour des têtes d'hommes , & d'autres pour des noyaux de nautiles. Voyc^^ Vartick PÉTRIFICATIONS^ ANTROPOMOFvPHîTE. Efpece de cruilacée pétrihé ou foiïile , qui repréfente d'un côté la face de l'homme^ fa furface fupérieure ell voûtée ^ comme divifée en tyois A a a; 574 A N T A O U parties , dont celle du milieu plus faillante que les autres , eft , ainfi que les collatérales , compofée d'anneaux. Cette pétrification ib trouve en Angleterre. L'on voit fur quelques ardoifes des environs d'An- gers 5 certaines empreintes cruftacées , qui ont quelque rapport avec Vantropomorphite ; mais on ne connoit pas fon analogue vivant. On donne le nom ^ antropo^lyphitts à des corps figurés & fofTiles , qui repréiëntent quelques parties du corps humain. ANTROPOPHAGE. Nom donné à ceux qui mangent la chair des humains. Confultez la Diffatanon fur rantropophage de Berg. Jena , 1781. ANVOYE ou Aveugle. Foyei Orvet. AORTE. Foy^i dans l'article de l'économie ani- male , à la fuite d\i mot Homme , la mécanique éton- nante de ce canal qui part du cœur, & porte le fang dans toutes les parties du corps. Foye^ aujjî CCEUR. AOUACA. Voyei Avocatier. AOUARA. Voyei Palmïer-Aouara. AOUARE. Nom du farigue à la Guiane. Voyei Sarigue. AOUAROU. Foyei CouRiCACA; Foyei auffi l'ar- ticle Liane à réglijj}. AOURAOUCHI. Subilance graffe , de couleur bnme> de la confiftance du fuif , & n'ayant aucune odeur, qu'on trouve dans les cabinets des Naturalises : on l'a nommée aufîi Guiamadou ; c'eft une efpece de beurre végétal tiré par la coftion des fruits du muf- cadier fauvage , nommé ihïcuïba, AOLJRNIER. Voyei Cornouillier franc. AOUROU-COURAOU. M. de Buffon donne ce nom à un perroquet amazone , indiqué par Marcgrave fous le nom brafilien d'ajuru-curau. La longueur totale de ce perroquet , qui fe trouve à la Guiane d: au Bréfil, eil d'un pied; fon envergure efl de deux piede A O U 373 tiii pouce Se quelques lignes ; le deffus de la tête eft d'un bleu nué de violet ; le refte de cette partis eft jaune ; les plumes de la gorge le font aulTi , maisj bordées de vert bleuâtre ; le reite du corps eft d'un vert clair , nué de jaunâtre fur le dos & le bas ventre ; le pli de l'aile , qui répond au poignet , eft d'un jaune orangé ; le fouet de l'aile eft rouge ; le refte de l'aile eft varié de vert, de noir , de jaune , de bleu-violet & de rouge ; les deux plumes du milieu de la queue font d'un vert foncé , mais nuées de jaunâtre à leur extrémité ; les latérales font variées de noir , de rouge & de bleu. Elles font toutes un peu étagées ; les plus longues font au centre , la peau nue qui entoure les yeux , eft d'un gris-blanc ; l'iris de couleur d'or , le bec cendré , les pieds grisâtres. M. di Buffon rapporte , comme des variétés , à Vaoïirou-couraou^ cinq autres perroquets ; favoir , i .*^ Le perroquet à tête jaune de la Jamaïque , de M. Brijjon ; PJittacus icleroo^phalos ; c'eft le perroquet a bec noir , de M. Salerue : le fmciput eft d'un bleu nué de vert, i.** Le perroquet ama^ne de la Jamaïque , de M. Brijfon : le fmciput eft d'un bleu d'aigue-marine ; le demi-bec fupérieur eft rouge à h bafe , bleuâtre dans fon milieu , noir à fon extrémité ; le demi-bec inférieur eft blanchâtre ; ce perroquet habite le Bréfil, la Guiane &: la Jamaïque. 3.^ Le perroquet à tête bleue du Bréfil , de M. BrijTon, Kirc^rave dit que les Brafiliens l'appellent ajuru - curuca ; Ite fmciput eft d'un bleu nué de noir ; il y a ftir le fommet de la tête une tache jaune , & une femblable au-deftbus de chacun des yeux ; la gorge eft bleue ; le bec cendré à fa bat-e , noir à fa pointe. 4.^ Le perroquet amazone varié ^ de M. Briffon ; c'eft le grand perroquet vert des Indes Occidentales ^Edward : le fmciput eft couleur d'aigue-marine ; le fommet de la tête d'un jaune pâle , nué de bleu ; les joues & la gorge jaunes ; le refte du plumage fupérieur varié de vert & de jaune , mais il y a quelques plumes rouges. 5.° Le perroquet aniaiouQ A a 3 574 . A P A ^ front jaune , de M. Brljjon ; le fommet de la tête elt d'un jaune pâle , & le pli de l'aile qui répond au poignet , efl d'un jaune-orangé. Il n'eft pas rare de voir cette variété , ainfi que V aourou-œuraou dans les. fcoutiques de nos Oireliers. APALACHINE. Voye-^ Thé des Apalaches. APALIKE^ Apalika^ Barr. : Cliipea cyprlnoïdes^ Brouff. : CamanpiLgîiacu , Marcg. ; en Anglois , Pcnd-King-Fislu Poiffon du genre du Clupc ; il le trouve dans la partie de l'Océan qui eft entre les Tropiques. Suivant Marc-, grave , il s'accroît jufqu'à une grandeur confidérable ^ & fa chair n'efl point agréable au goût. Uapa/îke , fuivant M. Brovjjonet , a le corps comprimé ; les écailles un peu convexes & de la forme d'iui rhombe , légè- rement crénelées , blanches en leur difque , &: entourées d'une m.embrane étroite & argentée ; les lignes laté-. raies fe recourbent vers la queue , à la moitié de 1^ longueur du corps ; l'efpace com^pris entre les yeux eil un peu enfoncé , & offre plufieurs mxcmbranes comme écailleuiës. La mâchoire de defîbus efl obtufe par le bout , & un peu plus longue que la fupérieure. L'une & l'autre ell garnie de dents très-fines & ferrées entre elles. Les yeux font orbiculaires &: leur diamètre confidérable; ils ïoiit recouverts d'une double mem- brane clignotaiite , & demi-circulaire ; la pcfiérieure deux fois auili large que l'autre ; les iris amples , argentés ; les paupières d'une couleur noire. La nageoire dorlale a des rayons de différentes longueurs , en forte que cette nageoire paroit avoir la ferme d'un fer de faux ; le rayon qui la termine efî: fortifié d'un offelet. Les rayons des nageoires pedorales font ofTeux à leur bafe , ainfi que les abdominales ; elles ont une écaille particulière à leur infertion. La nageoire de l'anus efl échancrée , écailleufe à fa bafe , 6c fes rayons font à-peu-pres diflribués comme dans la nageoire dorfale; celle de la queue efl ample , échancrée en deux parties d'une ligure ovale lancéolée; les rayons qu'elle contient A P A A P E 375 font ferrés les uns contre les autres. Les nageoires font d'un blanc obfcur. La couleur du corps en argentée , avec un teinte de bleuâtre fur le dos 6c fur le fommet de la tête. AFAR. Efpece ^armadïlk ou àe tatou à trois bandes. Voye^^ a V article ArmadiLLE. APARïNE 5 Aparina, Nom donné à une famille de plantes , dont les feuilles font verticillées ou accom- pagnées de fcipules placées entre elles fur les tiges. 11 y a de ces plantes qui fe couchent fur la terre , &: font fouvent femées de poils en crochets qui s'attachent à tout ce qui les touche. Leurs fleurs en godet font hermaphrodites dans| l'efpece ordinaire. ( Car , dit M. Halkr , il y en a d'autres avec les fleurs mâles , & des fleurs androgynes où les femelles viennent fur la même tige). Ces plantes font la Cwifcttc ^ la Garcncc^ le Cailk - lait ^ le Grat^ron ou Pdzbh , ëcc. Voyez ces mots, APEREA. Cet animal qui fe trouve au Bréfil n'efl ni lapin ni rat , & paroît tenir quelque chofe de tous deux & faire la nuance entre ces deux quadrupèdes. Il a environ un pied de longueur , fur fept pouces de circonférence , le poil de la même couleur que nos lièvres , &: blanc fous le ventre ; il a auffi la lèvre fendue de même ; les grandes dents inciiives , & la mouflache autour de la gueule & à côté àe?> yeux ; mais fes oreilles font arrondies comme celles du rat , &: elles font fi courtes qu'elles n'ont pas v.v). travers de doigt de hauteur : les jambes de devant n'ont que trois pouces de hauteur , celles de derrière font un peu plus longues ; les pieds de devant ont cjuatre doigts couverts d'une peau noire & munis de petits ongles courts ; les pieds de derrière n'ont que trois doigts , dont celui du milieu eil plus long que les deux autres ; Vapena n'a pas de queue ; fa tête efl un peu plus alongée que celle du lièvre , & fa chair efl d un auîH bon fumet que celle du lapin , auquel il reiieiBble A a 4 37^ A P E A P H par fa manière de vivre. Il Te blottk aufîi dans des trous , mais il ne creufe pas la terre comme le lapin ; c'eû plutôt dans des fentes de rochers & de pierres que dans des fables qu'il fe retire ; auffi eft-il bien aifé à prendre dans fa retraite. On le chaiTe comme im très-bon gibier , ou du moins auili bon que nost meilleurs lapins. Il y a lieu de croire que l'animal connu ions le nom de cori , eu V aperça ; que dans quelques endroits des Indes occidentales , on a peut- être élevé de ces animaux dans les mailbns ou dans les granges , comme nous élevons des lapins ; & qu'enfin c'eft par cette raifon qu'il s'en trouve de roux , de blancs , de noirs 6c de variés de cour leurs différentes. APHRO-NATPvON. Foye?^ Sel mural. APHRODIiE. M. Adanjon donne ce nom à des animaux dont chaque individu reproduit fon femblable par la génération , mais fans aucun ade extérieur de t:opulation ou de fécondation ; tels que quelques pucerons , les conques ( coquillages ) , la plupart des vers ians fexe , les infedes qui fe reproduifent par la fedion d'une partie de leur corps. En ce fens , les plantes qui lé multiplient de bouture , font aufii aphrodues. Cette irrégularité , fi contraire à la marche ordinaire de la Nature , oppofe bien des difficultés à la définition de l'efpece : oiH-ct qu'à proprement parler , il n'exiftercit point d'ei[ieces dans la Nature , mais feulement des individus ? Lifez main^ tenant les articles Génération , Hermaphrodite , Semence , Vivipare, Aphrodite. Efpece de chenille de mer qui fe trouve dans les mers d'Occident. Son corps a la forme d'un œuf : cet animal eft couvert de pointes couleur de pourpre , & de pciis d'un jaune-vert. Sa bouche eft garnie de filets , femblables à des poils d'animaux, Linnams dit que c'eft un ver loophite. Voyez ce mot^ îSi'çft-ce pas la taupe de mer ? Voyez ce mot, A P H 377 Toutes les efpeces èHaphrodites de mer ^ ainfi que la plupart des animaux mous , ont , dit M. le douleur Fallas , le corps long , divifé en fegmens tranfverfaux à la mairlere des iniedes. La figure de ce corps efl ou un peu quadrangulaire , aiîëz obtufe aux deux extrémités , ou alongée; la bouche paroît à l'extrémité antérieure , fous la forme d'une ouverture large très- ridée , qui fe termine par une efpece de fac fervant de réceptacle à la nourriture. Cette bouche eft envi^ ronnée de quantité de franges ou antennes plus ou moins longues. Chaque aphrodïu a quatre fériés de petits pieds compofés chacun d'un faifceau de poils ô^ de foies , & armés en outre d'une efpece de frange charnue : outre ces pieds on obferve fur leur dos une multitude de petites ouïes placées auprès des faifceaux de poils fur chaque fegment. Le nombre des parties extérieures eil prefque le même dans toutes les aphro- dites : cependant quelques-unes n'ont pas les faifceaux de poils 5 & d'autres manquent de franges ; de même qu'il y en a qui n'ont que des commencemens d'ouïes ; d'autres n'ont que des écailles fur le dos. Ces fortes d'animaux vivent errans dans la mer , ne cherchent point de retraite , & ne font point , dit notre Auteur , de petits tuyaux comme les néréides ; elles fe nour- riffent , au fond de la mer , des fucus qui s'y ren- contrent : mais comment fe propagent-elles ? On pré- tend cependant qu'elles ont deux lèxes. APHYE , Cyprinus biuncalis y ïridibus ruhris y pinnâ ani ojjiculorum novem , Artéd. ; en Suédois , Mudd , Skittfpigg : Cyprinus aphya , Linn. Très-petit poiffon du genre du Cyprin, Il abonde auprès des rivages , & dans les ports & les détroits de la mer Baltique , auprès de la Sudermanie. Linnœus dit qu'on le trouve auffi dans les petits ruiiTeaux de l'Europe : fa longueur varié depuis un demi-pouce , jufqu'à deux pouces ; il a le dos convexe , un peu (aillant ; les iris des yeux d'une couleur rouge. La mâchoire fupérieure eit un 378 API A P O peu plus longue que celle de delTous; la nageoire de l'anus efl ordinairement garnie de neuf rayons ; la queue eft un peu fourchue. On donne auiii le nom d''aphye marinz à la LoCHE DE MER. Voy^^ ce mot. APICHU. Voyci a rartïcU Batatte. APINEL. Racine qu'on trouve dans quelques Ifles de l'Amérique. Les Sauvages la nomme yacahanï , & les François apind , du nom d'un Capitaine de cava- lerie qui l'apporta le premier en Europe. Si on en préfente au bout d'un bâton à un ferpent, &: qu'il la morde , elle le tue : fi on en mâche & qu'on s'en frotte les pieds &: les m^ains , le ferpent fuira , ou pourra être pris fans péril : jamais ferpent n'appro- chera d'une chambre où il y a un morceau à'apind. Cette même racine fi utile à la confervation des hommes , feroit , à ce qu'on dit , très-utile encore à leur propagation , fi un tel acte avoit befoin de ces fecours forcés que l'on n'emploie guère luivant les vues de de la nature. Hijîoire de T Académie Royale des Sciences y^ lyi^. Cette racine paroît être celle de la plante appelée par Linnceus , Ariflolochia angiiicida. APOCALBASUM. Voye^ Oppocarbasum. APOCïN , Ouate ou Herbe de la Houette ^ ^Apocymim majus y Syriaciun , recîum , caule viridi , jlore ex albido, Hort. Reg. Par. : Afckpias Syriaca ^ Linn.. 313. C'efl une plante graffe , originaire de Syrie , dont la tige s'élève à la hauteur de trois pieds , ou environ , droite , fimple , herbacée , parfemée de points d'un pourpre oblcur vers fa bafe. Ses feuilles font larges, ovales , épaiffes , oppofées & blanchâtres , ou coton- neufes en defîbus , vertes en deiïïis ; les fleurs naiffent aux fommités des tiges , difpofées en ombelles pédun- culées ; elles font en cloche , découpées & purpu- rines , d'une odeur agréable. Ses fruits font gros comme le poing , oblongs comme de groiles gaines , qui pendent attachés deiLX à deux à une groffe queue ^ A P O 379 contenant des femences aigrettées. Il eft couvert de deux écorces : la première eft verte & membraneufe ; Se la féconde eu mince , polie , de couleur fafranée. Ces écorces contiennent une matière filamenteufe , fem- blable à de la moufle d'arbre , fous laquelle toute la capacité du fruit efl: remplie d'une efpece de coton très-fin , très-mollet , foyeux , &i d'un très-beau blanc- de-perle , qu'on appelle ouaie ou houette : ce coton eu conflitué par les aigrettes des femences. Cette plante vivace & traçante , & qui appartient , par la ftruclure de fa fleur , au genre de VAfcUpias , efî d'un bel afped : fa tige & its feuilles font couvertes d'une efpece de laine ou duvet , & remplies d'un iiic laiteux , acre & cauilique ; elle croit dans les lieiLX hu- mides 5 en Egypte &:près d'Alexandrie, &:c. On prétend que celle que l'on cultive dans nos climats eil venue du Canada ; ainfi on peut la cultiver dans tous les pays. Le coton , appelé ouau , qui eft dans fon fruit , eft employé pour fourrer les habits: les habitans du pays en mettent dans leurs lits. Depuis quelques années le fieur de la Rouvierc , Bonnetier du Roi , a fu employer plus induftrieufement cette ouate foyeufe ; il l'a filée , & il prétend en fabriquer des velours , molletons &: flanelles fupérieures à celles d'Angleterre : mais il efl à préfumer qu'on ne peut la filer qu'en la cardant & en la mêlant avec du coton , ou de la fîlofelle ou de la laine , la foie de l'apocin étant trop courte , &c. Les Chapeliers mêlent aufii ce duvet avec les poils de caflor & de lièvre : ils en font de très-bons chapeaux. 11 y a plufieurs efpeces à^apocin , du fruit defqueîs on peut tirer le même ufage : mais on n'emploie communé- ment que le coton de Vapocin de Syrie ou du Canada , qu'on nomme aujourd'hui la foyciifi , & qu'on trouve dépeinte & gravée dans Munt'mgius , iGjz &C 1702. L'efpece qui produit les fleurs les plus grandes 6c dont la tige s'élève à la hauteur d'un homme , eil VAfcU- pi as gîganua , Linn. j VApocynum srccîum , incanum ^ '^So A P O latlfoUum , M^ypùacum , fiorikis crocels , de Tourneforei C'eft le Rh'uiel de Croffar , à' Alpin , Egjpt. 85 , t, 86. Cette plante croît auiii dans l'Inde. On trouve , dans le premier volume de ^Académie, dis Sciences de Dijon , un Mémoire très-intéreilant , par M. G dot , dans lequel il donne l'hiftoire , la culture & les propriétés de Vapocin , appelé la foyeufe. Cette plante , dit cet Auteur , croît facilement par- tout 5 même dans les terrains les plus mauvais : elle s'y multiplie d'elle-même comme le chiendent ,&: elle ne foufFre aucune autre forte d'herbes ; avantages con- fidérables qu'elle a iur les plantes à filature , qui exigent de bons terrains , des engrais renouvelés chaque année , & une culture annuelle. C'eil en Mars ou en Avril qu'on doit femer la graine d^apocin , attendrie auparavant pendant deux fois vingt-quatre heures dans l'eau ; un feul labour lui (ùffit. La plante ne porte les gouiTes qui renferment la foie ou la graine , qu'à la troifieme année ; elle pouffe la première année une tige de dix-huit à vingt pouces de hauteur ; la féconde ^ elle en donne de nouvelles de trois pieds , & la troi» fieme enfin , elle pouffe des jets d'environ cjuatre , cinq , fix & même fept pieds de hauteur , fuivaat la bonté du terrain. Dès que fes fleurs , qui font en gros bouquets , paroiffent , on y voit arriver les abeilles qui en font tres-friandes. Un terrain de douze pieds en quarré , femé de cette plante , produit affez pour .enfemencer huit arpens , tant eu grande la multipli- cation de cette plante. Sur la fin d'Août & dans le courant de Septembre , les fruits ou gouffes s'ouvrent d'eux-mêmes , rarement au commencement d'Ociobre. M. G dot ayant porté fes obfervations fur la tige de Vapocin , a remarqué que fa partie ligneufe & fon écorce étolent femblables à celles du lin 6c du chanvre. Il a fait rouir pendant onze jours les tiges d'apocin ; &c les fibres longitudinales de l'écorce qui fe font enle- vées &: féparees très-facilement de la paitie ligneufe , A P O 3S1 font toutes de la longueur de la plante , ce qui ell très-important pour produire une matière propre à une belle filature. On a fait rouir à part , pendant cinq jours , l'écorce verte féparée de la partie ligneuie , elle s'enlève très-facilement : alors on en a retiré , par le feul frottement , la partie verte de Pécorce , & les fibres ont paru plus blanches , plus molles & plus foyeufes» Voilà donc la meilleure méthode ; elle eR auiTi la plus facile 6c la plus expéditive. L'efpece de filalïe que fournit cette écorce ainli préparée , efl d'une force , d'une fineffe & d'une blancheur qui la rendent capable d'être employée feule à faire des toiles 6c des étoffes de toutes fortes de qualités. Toutes les efpeces à'apocin font ameres , fur-tout dans leurs graines , leurs racines 6c leur écorce , oii réfide leur principale vertu. Leur infufion à froid Sc- à petite dole eu purgative ; fi on augmente la dofe , elle devient émétique. Le fuc de cette plante eft lai- teux , 6c appliqué extérieurement , c'eft un dépilatoire ; mais intérieurement , c'eil un poifon. On l'appelle quelquefois tue- tenailles : c'efl à l'extrémité de ces bras ou antennes des mâles , qu'il a obfervé un nœud qui ne fe trouve point à celles des femelles : il a penfé que ces nœuds étoient la partie mafculine ou fon étui dans les araignées à huit yeux ; & qu'ils faifoient alternativement leur fonftion dans l'accouplement. M. Lyonnet , grand Obfervateur , nous a confirmé la même chofe dans fes excellentes Remarques fur la Théologie des Infectes de Leffer, Voici fes propres termes : » Ces nœuds font plus remarquables qu'ils ne pa- v> roiffent. Peut-être aura-t-on peine à me croire , fi je dis » que ce font les inflrumens de la génération du mâle. » Je puis cependant alTurer , pour l'avoir vu plus d'une » fois , que certaines efpeces ^araignées s'accouplent » par-là. Les mâles de ce genre ont le corps plus mince , >> & les jambes plus longues que les femelles. C'eft un » fpe^lacle affez rifible que de leur voir faire l'amour. » L'un &: l'autre montés fur àt% tapis de toile , s'ap- >> prochent avec circonfpeftion & à pas mefurés : elles » alongent les jambes , fecouent im peu la toile , fe À R A 40 1 >^ tâtonnent du botit du pied , comme n'ofant s'appro- f> cher. Après s'être touchées , fouvent la frayeur les >> faifit : elles fe laiffent tomber avec précipitation & » demeurent quelque temps fufpendues à leurs fils. Le ^> courage enfuite leur revient : elles remontent , & » pouriuivent leur premier manège. Après s'être tâton- ^> nées affez long-temps avec une égale défiance de >v part & d'autre , elles commencent à s'approcher da- » vantage , Si à devenir plus familières. Alors les » tâtonnem^ens réciproques deviennent plus fréquens » 3>c plus hardis : toute crainte cciTe ; 6c enfin , de » privautés en privautés , le mâle parvient à être prêt ►> à conclure. Un des deux boutons des antennes s'ou^ >> vre tout d'un coup , 6c comme par reiiort ; il fait >> paroître 6c à découvert un corps blanc : l'antenne fe M plie par un mouvement tortueux : ce corps fe joint » au ventre de la femelle , un peu plus bas que fon » corfelet , 6c fait la fonction à laquelle la Nature l'a ^> defliné «^ Quand on Ignore que les araignées fe haïiTent na-^ tiirellement., 6c fe tuent en toute autre rencontre que îorfqu'il s'agit de s'accoupler , on ne peut qu'être fur- piis de là manière bizarre dont elles fe font l'am.our : mais quand ou connoit le principe qui les fait agir de îa forte , rien ne paroît étrange ; &: on ne peut qu'ad^ mirer l'attention qu'elles ont à ne pas fe livrer trop aveuglément à \?.nQ: pafTiort ou à ime démarche im- prudente , qui pourroit leur devenir fatale : c'efl un avis ' qu'elles donnent au leûeur. Voilà Un accouplement des plus iinguliers , 6c très- diiFérent de tous ceux que les autres infedes nous font voir. Sa fingularité ne fercit cependant pas une raifon de le nier : la Nature , aulU riche que variée dans fes produdions , nous fait voir à chaque inftant , qu'elle anive aux mêmxes fins par rnille moyens différens. Les Anciens 5 d'après Arijlott , difent que les araigniesi s'accouplent à reculons ; 6c quelques Modernes préten- C ç 2. 404 ARA dent que c'efl ventre contie ventre. L'Auteur du Me* moire fur les Araï-^nUs aquatiques , dit avoir cbiervé à la partie pcflérieure du mâle , un tuyau recourbé : ce tuyau a du reiibrt. Si on l'élevé comme pour le ren- verfer fur le corfelet , il- échappe à l'épingle avec la- quelle on l'élevé , &: reprend fa première fituation. Cet Auteur croit que ce canal recourbé n'efl que le fourreau , car on voit à travers un organe noir. La fituation de la partie qui caradérife la femelle , n'eft point douteufe : celle qui caraûérife V araignée mâle efl différemment placée. Je crois qu'on peut penler, d'après les obfervations de ces illuftres Naturalises , que la manière de s'accoupler varie beaucoup , fuivant les dif- férentes efpeces d^araignées. Quoi qu'il en foit de cet accouplem.ent , toutes les araignées font ovipares ; avec cette différence , que les unes font une grande quantité d'œufs , comme celles des jardins &; celles qu'on appelle commiuntment F au-' cheux ; & que les autres en font fort peu , comme nos araignées dcmefliques. Leurs œufs font ronds , de la grof- feur des femenccs de pavots ; la coque en ^£^ molle , tranfparente , m.embraneufe : ils différent en coideur , fuivant les efteces à^araignécs. Les araignées filent une fcie plus forte que celle dont leur toile elf ccmpofée , pour envelopper leurs œufs , pour les mxettre à couvert du froid & des infedes qui pourraient les m.anger. Les coques des diverfes efpeces {^araignées varient beaucoup pour \? forme & pour la couleur : certaines araignées iiient deux ou trois petites boules de couleur roiigeâtre , dans lefquelles leurs œufs font renfermés : elles les laiiTent fufpendues à des fils , &: ces boules font cachées derrière des feuilles feches ; d'autres donnent à leurs coques la figiu'e d'une poire qu'elles fufpendent à un fil ; d'autres font de petites coques rondes , d'un beau blanc , de la grofiéur d'un pois , &: qu'on trouve dans les feuilles repliées par les chenilles. ARA 405 Les araignées ne couvent point leurs œufs , mais elles en ont un foin extrême. Si on les fait fuir , elles emportent avec elles la coque qui contient l'elpërance de leur pollérité. Aufîi-tôt que les petits font éclos , ce qui arrive au bout de vingt-un jours , ils commencent à filer , & groiîiffent à vue d'œil. Lors même qu'ils n'attrapent point encore de mouches , ils grandiffent chaque jour de plus du double de leur grolTeur , fans prendre aucune nourriture fenfible. De la Soie des Araignées, On doit 5 pour ainii dire , autant de reconnoiifance aux Citoyens zélés , qui dans leurs travaux ont tendu à l'utilité publique fans avoir eu le bonheur d'y réufTir , qu'à ceux qui , avec les mêmes vues , font arrivés à leurs fins. Les premiers a voient la même intention : ils on^ mis fur la voie ; quelquefois il ne faut qu'un pas de plus pour la perfedion ; mais ce pas eil réfervé à la poftérité. M. Bon , premier Préfident de la Chambre des Comptes de MontpeUier , c d'huile : la toile Ci araignée ell vulné- raire , aftringente & confGlif;ante : elle arrête le fang étant appliquée fur les plaies récentes. Rien de fi commun parmi le peuple , que de s'en fervir pour les coupures. Il faut en mettre dans la plaie fi-tôt qu'elle eil faite , ce qui l'empêche de fe tuméfier. On raconte mille hifloires fabuleufes de l'inimitié qu'il y a entre V araignée 6c le fcrpent , &: de celle qui règne entre le crapaud cl Varaignét, Bien des perfonnes dilent que quand un crapaud palTe fous une toile à.^ araignée^ Varaignée defcend pour mordre le crapaud ; & que û elle le mord , il efl empoifonné. M. Lyonmt a fait l'expérience de faire defcendre une araignée fur un crapaud , & jamais ces animaux n'ont paru avoir I3. moindre envie de fe battre. Araignées aquatiques, Varaignée aquatique eA un infede en quelque forte amphibie ; car il vit Sc nage dans les eaux où périffenl^ ARA 411 toutes les autres efpeces à^araig?iie , & il peut vivre hors de cet élément dont il fort quelquefois pour pourfuivre des infecles , &: les emporter dans l'eau lorfqu'il les a pris. Cet infeûe nous fait voir les manœuvres les plus curieufes & les plus fingulieres. Cette efpece d'araignée reffemble prefque tout-à-fait ^ux araignées temfires : elle a la partie poilérieure , ainfi qu'elles, garnie de filières dont elle fait auffi lifage pour filer. On la voit quelquefois nager au milieu des eaux avec beaucoup d'agilité , tantôt en montant , tantôt en defcendant : elle nage fur le dos , le ventre en haut. Ce qui frappe le plus , lorfqu'on obferve cet infe£le nageant , c'efl: que fon ventre paroît brillant & comme enduit d'un vernis argentin , fem- blable à du vif-argent. Ce brillant dépend de ce que l'eau ne s'attache pas au ventre de cette araignée , qui efî: gras , & qu'il y a toujours une lame ou couche d'air entre l'un & l'autre. Cet air fert beaucoup à cet infe6le. Il fait par ce moyen fe procurer un domicile oii il eil à fec au milieu de l'eau. Pour cet effet , cette araignée attache quelques fils à des brins d'herbe dans l'eau même ; enfuite montant à la fur- face , toujours fur le dos , elle tire hors de l'eau fon ventre qui paroît itz Sc elévé fur la furface de ce liquide ; pour lors elle le retire vivement dans l'eau , &c entraîne avec lui une forte bulle d'air dont il refle couvert : elle defcend vers ces fils , & y laifTe cette bulle d'air , ou du moins une partie qui femble s'atta- cher à ces fils. Voilà déjà une bulle ronde , une efpece de cloche d'air au milieu de l'eau , que les fils qui font au-delTus empêchent de remonter à la furface. Alors V araignée y retourne , en rapporte de nouvel air ^ qu'elle porte à fa cloche , ce qui l'augmente de volume. Elle répète ce manège jufqu'à ce que la cloche foit plus groffe qu'une noifette , & capable de la contenir. On la voit alors y entrer , en fortir , y apporter les infeéles qu'elle prend pour les y manger, Quand çUe entre 4î2 ARA dans fa cloche, elle l'agran^iit en y apportant avec elle la lame d'air dont fcn ventre eu toujours eriutiit: quand elle en fort , elle la diminue en entraînant avec fon ventre une portion d'air. Telle eil la mécanique qifemploie cette araignée pour commenctr ion domi-* cile : elle recouvre enluite cette bulle d'air d'une eipece de matière vitrée ; &c elle la renfonce & la tapiffe , pour ainii dire , de fils au petit point. On ne peut voir fans étOxOnement qu'une bulle d'air ferve ainii de moule 6c de bafe à la coque de foie de V araignée , & qu'elle fubifle tant de firottement fans éclater. Ces logemens tranfparens différent quelquefois pour la forme ck pour la grandeur ; il y en a qui reilem- blent à des cloches de plongeurs , avec cette diffé- rence cependant qu'un poifion vorace peut entrer dans la cloche des plongeurs , & que Varaignée aquatique au contraire ne craint point d'ennemi dans la fienne , le defîcus n'étant point ouvert. D'autres ont la figure d'un rognon. Les ims font de la e,roireiir d'une noix ; d'autres font très-petits. Tous ces logemens font propres à diverfes efpeces de ces araignées , dont quelques-unes même font ii petites , qu'elles ne font vifibles que par leur bulle. Le P. L , Prêtre de l'Oratoire , qui , dans fon excellent Mémoire pour fervir a commencer rHlJioire des Araignées aquatiques^ a il bien détaillé tous les procédés induftrieux de cette efpece d'infede , foupçonne que ces araignées ont deux portées par an , l'une au prin- temps , & l'autre au mois de Septembre. On leur voit alors deux ou trois loges qui com.muniquent l'ime à l'autre , deftinées apparemment à fervir de logem.ent à leurs petits. Il croit que le mâle en fait une autre à côté de celle de la femelle , mais pourtant ifolée. Quand cette loge eft faite , le mâle en fait lortir fon corps en partie , &: entraîne avec lui fon domicile. Il perce la cloifon de la loge de la femelle ; &: intro- duifant fon corps dans cet appartement étranger 5 les ARA 4t5 deux bulles fe réunifient {ubitement par leurs bords ^ comme deux gouttes d'eau qu'on approche l'une àe l'autre , & les deux appartemens ne font plus qu'une chambre nuptiale. L'Ecrivain d'après lequel nous parlons, a cbfervé une de ces araignées qui habitoit dans un appartement à trois loges , 6c qu'il a reconnu depuis être une femelle. 11 l'a vue couchée fur le dos dans fa loge , le ventre en haut , les pattes étendues comme morte pendant un jour entier. Il a vu une autre araignée entrer dans la loge où celle-ci étoit gifiante ; elle giifia fon corps lur le ventre de l'autre ; cela diu^ un infiant . aprcs lequel Varaignéc qui avoit l'air d'être morte , fembla reiiufciter , elle fe releva & courut après l'autre qui s'enfuycit avec précipitation. Ce fpettacle qu'il a remarqué plulieurs fois , ùC l'examen des {ç:xes ne lui ont pas permis de douter qu'il ne fut queftion d'accouplement. La femelle prend foin de fa famille. Ces efpeces ^ araignées aquatiques font commimé- ment fort vives : on les voit traniporter fans ceiTe çà & là leur bulle. Elles fe dévorent les unes les aiîtres , ainfi que les araignées terrcfîres ; & il paroît que les petites araignées qu'on voit marcher fur l'eau pour y prendre des mouches aquatiques , font de leur goût. Mais elles ont elles -miêmes pour ennemi les punaifcs d'eau , & les nymphes à ma/que^ qui les détrui- fent très-promptement. Ces efpeces à^araignées aquatiques fe trouvent dans les eaux des m.ares & des étangs , rarement autour de Paris , mais fréquemment en Champagne , ainii que le dit yi. Geoffroy , qui , après avoir obfervé lui-même ces inlëdtes , & avoir il bien décrit , ainli que nous l'avons fait d'après lui , l'adrelTe des araignées dans la conilruôion de leur bulle , rend témoignage à la vérité des feits énoncés dans le Mémoire du P. L , fur Les araignées. Ce Mémoire eit devenu très-rare. 414 ARA Araignée Maçonne^ On poiirroît auffi la nommer araignée mlncufe , à caufe des difFérens genres d'induftrie dont elle eft capable , ôc que nous allons décrire d'après M. l'Abbé de Sauvages , de la Société Royale de Montpellier. lu araignée maçonne ne tend point de filets comme les autres : elle reffemble prefque entièrement à celle dis caves ; elle en a la forme , la couleur & le velouté : fa tête efl , de même , armée de deux fortes pinces , qui paroiffent être les feuls inilrumens dont elle puiffe fe fervir pour creufer un terrier com.me im lapin , & pour y fabriquer une porte mobile , qui ferme fi exactem.ent , qu'à peine peut-on intro- duire une pointe d'épingle entre fes joints. Elle apporte , ainfi que les fourmis & plufieurs autres infefi^es , une grande attention dans le choix d'un lieu favorable pour établir fon habitation. Elle choifit im endroit oiî il ne fe rencontre aucune herbe , un terrain en pente pour que l'eau de la pluie ne puiiTe pas s'y arrêter , & une terre exempte de pierrailles qui oppoferoient un obilacle invincible à la conilruûion de fon domi- cile : elle le creufe à un ou deux pieds de profon- deur ; elle lui donne alTez de largeur pour s'y mou- voir facilement , & lui conferve par - tout le même diamètre ; elle le tapilfe enfuite d'une toile adhérente à la terre , foit pour éviter les éboulemens , foit pour avoir prife à grimper plus facilement , foit peut- être encore pour fentir du fond de fon trou ce qui fe paffe à l'entrée. Mais où l'induflrie de cette araignée brille parti- culièrement , c'eft dans la fermeture qu'elle conflruit à l'entrée de fon terrier , & auquel elle fert tout à la fois de porte &: de couverture. Cette porte ou trappe eft peut-être unique chez les infeûes ; & félon M. de- Sauvages y on n'en trouve point d'exemple ^ fi ce a'efl ARA 4ïf i^aiîs le md d'un oifeau étranger , qui efl reprefcnté dans le Trefor à^Alhirt Slba, Elle eft formée de diii-erenteS' couches de terre , détrempées & liées entre elles par des fils 5 pour empêcher vraiiemblablement qu'elle ne fe gerfe , & que fes parties ne fe féparent ; fon contour eft parfaitement rond ; le deffus y qui efl à fleur dé- terre , eil plat & raboteux ; le deffous efl convexe & uni , & de plus il efl: recouvert d'une toile dont les fils font très-forts & le tiffu ferré ; ce font ces fils , qui prolongés du côté du trou , y attachent fortement la porte , & forment une efpece de penture ,, au moyen de laquelle elle s'ouvre & fe ferme. Ce qu'il y a de plus admirable dans cette conftruéiiony c'eil que cette penture ou charnière ell toujours fixée au bord le plus élevé de l'entrée , afin que la porte retombe & fe ferme par fa propre pefanteur ; effet qui eft encore facilité par l'inclinaifon du terrain cju'elle choifit. Telle efl encore l'adrelTe avec laquelle tout ceci efl fabriqué , que l'entrée forme par fon évafe- ment une efpece de feuillure , contre laquelle la porte vient battre , n'ayant que le jeu nécelTaire pour y entrer & s'y appliquer exa£lement ; enfin le contour de la feuillure &: la partie intérieure de la porte font fi bien formés , qu'on diroit cru'ils ont été arrondis au compas. Tant de précautions pour fermer l'entrée de fon habitation paroifTent indiquer que cette araignée craint la furprife de quelque ennemi : il femble aufïi qu'elle ait voulu cacher fa demeure , car fa porte n'a rien qui puifTe la faire diflinguer ; elle efl couverte d'un enduit de terre de couleur femblable à celle des environs , & que l'infede a laifTé raboteux à deiTeia fans doute , car il auroit pu l'unir comme l'intérieur. Le contour de la porte ne déborde dans aucun endroit , 6c les joints en font fi ferrés qu'ils ne donnent pas de prife pour la faifir & pour la foulever. A tant de foins OC de travaux pour cacher fon habitation & pour ^n fermer l'entrée , cçtte amignéc joint encore une %i6 ARA adrefie & une force fnigulieres poiir empêcher qii'orf n'en ouvre la porte. A la première découverte que M. l'Abbé de Sauvages en fit , il n'eut rien de plus prelTé que d'enfoncer une épingle fous la porte de cette habitation pour la fou- lever : mais il y trouva une réfiftance qui l'étonna : c'étoit Varaignée qui retenoit cette porte avec une force qui le furprit extrêmement dans un fi petit animal : il ne fit qu'entr'ouvrir la porte , il la vit le corps renverfé , accrochée par les jambes d'un côté aux parois de l'entrée du trou , de l'autre à la toile qui recouvroit le deflbus de la porte : dans cette atti- tude qui augmentoit fa force , Varaignéi tiro't la porte à elle le phis qu'elle pouvoit , pendant que le Natu- ralifle tiroit auffi de fon côté ; de façon que dans cette eipece de combat , la porte s'ouvroit & le refer- moit alternativement. \Jaraignk bien déterminée à ne pas céder , ne lâcha prife qu'à la dernière extré- mité ; & lorfque M. de Sauvages eut entièrement fou- îevé la trappe , alors elle le précipita au fond de fon trou. Il afouvent répété cette expérience , & il a toujours cbfervé que Varaignée accouroit fur le champ pour s'oppofer à ce qu'on ouvrît la porte de fa dc^meure. Cette promptitude ne montre-t-elle pas que par le moyen de la toile qui tapifie fon habitation , elle fent ou connoît du fond de fa demeure tout ce quifepafle vers l'entrée ; comme Varaignée ordinaire , qui par le moyen de .fa toile , prolonge , fi ce) a le peut dire, fon fentiment à une grande diflance d'elle ? Quoi qu'il en foit , elle ne cefie de faire la garde à cette porte , dès qu'elle y entend ou y fent la moindre choie ; &: ce qui eft vraiment fmgulier , c'efl que , pourvu qu'elle fût fermée , M. ^^ Sauvojges pouvoit travailler aux environs , & cerner la terre pour enlever une partie du trou , fans que Varaignée , frappée de cet ébranlem.ent ou du fracas qu'elle entendoit , ^ qui la menaçoit d'une ruine ARA 417 niîne prochaine , fcngeât à abandonner fon pofte ; elle fe tenoit toujours collée fur le derrière de fa porte , &C M. ^2 Sauvages Penlevoit avec , fans qu'il prît aucune précaution pour l'empêcher de fuir. Mais fi cette arai^ gnée montre 'autant de force &té un rameau qui avoit appartenu à un cep qui portoit des raifins blancs. Il a vu la matière colorante pafler fans altération fenfible du fujet dans la greffe , ëc s'élever par les fibres ligneufes , jufqu'au fommet de celles-ci. Une queftion très - importante & très-long- temps ccntroverfée , eil la rouie de la fève. MM. du Hamet & Bonnet ont démontré par les expériences les plus dire clés , que la fève s'élève uniquement par les fibres du bois jufqu'aux extrémités des rameaux & des feuil- les 5 &: qu'elle redefcend par les fibres de Técorce dans les ra-wines. On fent l'influence que ce fait ne peut manquer d'avoir fur la folution de quantité de petits problêmes de Phyfique végétale. Apres la greffe , on emploie la taïlk pour donner plus d'abondance , de propreté & de durée aux arbres fnii-^ tiers. Elle efc le chef-d'œuvre de l'art du jardinage : c'efl elle qui débarraffe l'arbre de ces branches chiffon^ nés ; foibles produ£tions , qui ne deviendroient ni bon bois , ni branches à fruit ; qui retranche ces branches- gourmandes qui enlèvent la fubilance de l'arbre : c'efl elle qui difpofe avantageufcment les branches qui viendront dans plufieurs années , &: qui confen^e les boutons à fruit , ou ceux qui promettent de le deve- nir. L'art de pincer eft de fon r^ffort. Lorfque les 432 A R B branches pouffent vigoureiiiement dans l'été , on de**' truit avec l'ongle ou la ferpe , l'extrémité de la branche ; &c la fève , arrêtée par cette opération , fait dévelop- per pendant l'été des boutons à fruit. La vertu reproductrice fe trouve dans toutes les parties des arbres , dans les femences , dans les bran- ches coupées que l'on pique en terre , & que l'on nomme boutures ; dans celles que l'on couche , & que l'on nomme marcottes ou provins ; dans les rejetons qui poulTent au pied de l'arbre ; enfin dans les racines êc dans les feuilles. Ces deux derniers moyens de multiplication font plus curieux qu'utiles , quoique cependant on puiiie couper une forte racine en plu- fleurs parties , & que l'on puiife fur chacune d'elles greffer une branche , & les planter tout de fuite aux lieux qu'on leur defline. Un arbre poufle avec d'autant plus de vigueur , qu'on retranche une partie de fes branches ; 6c l'on voit fe développer ces efpeces d'embrions de multi- plication , dès que l'arbre eil obligé de mettre au jour ceux qu'il tenoit en réfcrve. Les diverfes efpeces ai arbres affedent le plus ordi- nairement des terrains & vm climat appropriés à leur tempérament. La ferre & les étuves ne fuppléent que foiblement à la température du climat ; les arbres dé- licats n'y végètent cjue languiiTamment. Une preuve inconteilable que les feuilles contri- buent à la perfedion du fuc nourricier , c'eft que les arbres dont les feuilles ont été rongées par les che- nilles , ne donnent que peu ou point de fruits , ou que des avortons , quoiqu'ils aient eu beaucoup de fleurs. Quoique la réunion du bois &; de l'écorce conilitue l'organifàticn de l'arbre , on en voit cependant qui rapportent des bourgeons , des feuilles , des fleurs .& des fruits , du moins pendant quelque temps , quoique privés , ou en partie , ou entièrement , de l'un ou de l'autre. Ne voit-on pas tous les jours des faules pouffer très- A R B 435 très-vîgoiireufemènt , quoique n'ayant abfolument que l'écorce dans toute la longueur du tronc ? On peut l'obferver aulTi quelquefois dans les arbres fruitiers. On lit dans VHiJioire de l'Académie pour Vannée '7^9 •> ^^^^ Obfervation curieufe rapportée par M. Ma* gnol. En Languedoc , dit-il , on ente les oliviers en ëcuilbn , au mois de Mai , fur le tronc ou fur les grofles branches des vieux oliviers ; on coupe enfuite & on détache l'écorce d'environ trois ou quatre doigts tout autour du tronc ou des branches , un peu au- deiïiis de l'ente : la partie fupérieure ne peut donc recevoir de nourriture par l'écorce ; l'arbre cependant ne perd point fes feuilles. Ce qu'il y a de remarqua- ble , c'eil que l'arbre porte dans cette année des fleurs & des fruits au double de ce qu'il avoit cou- tume d'en porter. Enfuite les branches qui font au- deilus de l'ente , étant privées du fuc qui doit monter par l'écorce , meurent , & les rejetons qui fortent de l'ente , forment un nouvel arbre. Quelle que foit la véritable caufe de ce phénomène , on obierve que les plantes qui ont beaucoup de moelle , comme le rojiery le troène 6c le lilas , ont auiTi beaucoup de fleurs. L'expérience qui nous apprend qu'un arbre écorcé &C laiffé fur pied , produit, au moins pendant une année, des feuilles , des bourgeons , des fleurs & des fruits , prouve que la feule fève propre à nourrir le bois , a formé aufîi tout le refie : ainfi il n'eil pas vrai , comme quelques-uns le croient , que la fève de l'écorce , celle de l'aubier , &c celle du bois , nourriffent 6c forment chacune une certaine partie à l'exclufion des autres. Les arbres {ont quelquefois tout couverts de moiiffe ; fauffes plantes parafites qui les altèrent , non en les privant d'une partie de leur nourriture , mais en bou- chant les pores de la tranlpiration : il eft efTentiel de les garantir de cette efpece de maladie pédiculaire. L'expédient de racler la mouffe , efl long , & très- impart^ait dans bien des cas. M. d& Reffons a propofé ^ Tome /, E e 434 A R B ainii qu'on le peut voir dans les Mémoires de L*Acar démU pour l' année \y\6 , de faire une incifion dans toute la longueur de l'arbre , qui aille jufqu'au bois : il faut toujours la faire du côté le moins expofé au foleil ^ la trop grande chaleur empêcheroit la cicatrice de fe fermer. Le temps de faire cette opération , après avoir préalablement nettoyé l'écorce , eft depuis Mars jufqu'à la fin d'Avril ; en Mai , les arbres auroient trop de ieve. Après Pincifion , la fente s'élargit , parce que la fève étend l'écorce , &: la plaie fe referme au bout de deux ans. Par le moyen de cette opération , l'écorce eft toujours nette , & il n'y vient plus de moufle : effet que M. de Rejfons attribue très-gratuitement à ce que la fève fe dif^ribue mieux dans l'écorce après l'in- cifion , & ne fe porte plus tant dans les racines xles mouffes. On peut obferver tous les jours un phénomène fln- gulier , remarqué vers la fin du dernier fiecle par M. Dodan 5 & dont la caufe véritable paroît encore inconnue ( quoiqu'on ait bien differté fur cet objet ) ; c'eil: le parallélifme au plan d'où fortent les tiges , qu'afFeûe toujours la bafe des touffes à^ arbres , c'eil-à- dire les branches inférieures. Cette affe dation efl fî confiante , que fi un arbre fort d'un endroit où le plan foit, d'un côté , horizontal , & de l'autre , incliné à l'horizon , la bafe de la touffe fe tient , d'un côté , horizontale , &: de l'autre , s'incline à l'horizon autant que le plan. Les branches fituées du côté où le fol efl le plus élevé , font plus contraûées dans leur par- tie flipérieure que dans la partie inférieure. Le contraire a lieu dans les branches fituées du côté oppofé. Tout tend à l'équilibre ; les abris nuifent aux végétaux. La chaleur contrade davantage les trachées , que l'humidité ne raccourcit les fibres ligneufes. Voye:^ à Vanïcle Feuille. On trouve dans la Phyjique des arbres , par M. Du- hamd , des particularités fur ce f^t intéreiTant , bien A R B 43 5 digne de ^attention des Obfervateurs. On voit aufli dans l'Ouvrage yi/r l^ufagc des fmïlUs ^ par M. Bonnet ^ îes diverles expériences que ce fcrutateur de la Na- ture a tentées , pour tâcher de découvrir la caufe fecrete de la dinciïon & du repliement des tiges OC des branches. Cette matière eft une des plus curieufes & des plus difficiles de la Phyfique végétale. Lorfque certaines circonftances fe réunifient , les gelées , même médiocres , peuvent devenir nuKibles aux arbres 6c à leur production. Il y a fur-tout deux cir confiances fort à craindre ; Tune , que les arbres Ibient imbibés d*eau lorfque le froid furvient , 6c que le dégel foit brufque ; lautre , que cela arrive lorfque les parties les plus tendres 6c les plus précieufes de Varbre , les rejetons , les bourgeons 6c les fruits com- mencent à fe développer. Ce font ces alternatives fu- bites de gelées vives, &; de dégels , qui furent fmgu- liérement funeftes dans le terrible hiver de 1709 : les particules aqueufes gelées dans les arbres , en (bu^ levèrent l'écorce , 6c en détruifirent l'organifation. Aufii a-t-on obfervé que l'aubier de Tannée 1 709 ne s'ell point converti dans les arbres en véritable bois ; la végétation ordinaire fut comme arrêtée là , mais elle reprit fon cours dans les années fuivantes. Les gelées fréquentes du printemps , quoique afîez foibles , peuvent ibuvent , à cauie de ces circonfl:ances , faire beaucoup de mal. Les plantes réfineufes font moins fu jetés à la gelée que les autres , parce que les ma- tières huileuies ne fe gonflent pas comme l'eau par la gelée ; au contraire , elles fe reflérrent. On voit quelquefois des arbres fruitiers offrir deux récoltes dans la même année. VHljloire de VAcadémU des Sciences^ ann. lyzT, , rapporte , d'après une Relation envoyée par M. de Montagne , Conful de France à Lisbonne , que dans la Province des Algarves , les Arbres qui avoient porté des fruits en Juin 1722 ,, pai-urent couverts de nouYelles fleurs au mois de, E e % 43(5 A R B Décembre de la même année , & donnèrent au mois de Janvier fuivant des fruits aiiiïi bons que ceux qui étoient venus dans la fail'on ordinaire. Le même fait a été oblervé en 1765 6c 1779, dans les environs de Narbonne : ce phénomène a été attribué à la cha- leur des mois de Septembre &; d'Octobre de ces années, où le thermomètre monta à vingt-cinq degrés , & en Novembre & Décembre , depuis douze juiqu'à quinze degrés. M. Duhamel , cet Obfervateur {\ exaû de la Nature ; a remarqué que , lorfqu'on fait à une branche une incifion circulaire de quelques hgnes pour en enlever l'écorce , ou lorfqu'on fait une ligature à une jeune branche , il fe forme aux extrémités de l'écorce cou- pée , deux bourlets , dont le plus haut eil toujours plus fort que l'inférieur : effet produit par la plus grande abondance de fève defcendante. M. Duhamel ayant obfervé l'analogie de ces bourlets avec les grcffeurs qui furviennent à l'infertion ces greffes , efl parvenu à trouver le moyen de hâter &: d'alliirer la production des boutures , & même de faire réuiiir les plus rebelles , telles que celles du catalpa , qui relloit des dix à douze ans en terre fans y produire la moindre racine. Voici la manière dont il faut procéder. On fait faire à la branche , encore attachée à l'arbre , xme partie des productions qu'elle feroit en terre. Après avoir coupé & enlevé l'écorce circulairement d'une ligne ou deux y 6c recouvert le bois de quelques îours de fil cirés , ou avoii' fen^é la branche avec du £1 de fer ou du fil ciré , on enveloppe cette partie avec de la mouffe que l'on affujettit , ou avec de la terre humide. Dans le mois de Mars fuivant , on ob- fervé un bourlet chargé de mamelons ou de racines ; alors la réufiite eu certaine. On coupe les boutures au-dcffous du bourlet , on les met en terre , 6c eWs poulïent très-bien. Si à la portion des boutures qui -doit êtie on terre ^ il y ayoit des boutons , on les A R B 457 arracherolt , en ménageant leiilement les petites émi- nences qui les iuppcrtent, parce qu'on a reconnu qu'elles font dilpolées à fournir des racines. L'art parvient quelquefois à vaincre la Nature , &c à la forcer. M. de Bujfon a fait tourner à fruit deux branches de coignafiler , en enlevant en fpirale Pécorce de ces deux branches. Au Heu d'enlever Técorce , il a quelquefois ferré la branche ou le tronc de l'arbre avec une petite corde ou de la filaffe ; l'effet a été le même , 6l il recueilloit des fruits fur ces arbres ftériles depuis long-temps. \J arbre en grofii/fant ne rompt pas le lien qui le ferre , il fe form^ feulement deux bour- lets , le plus gros au-deflus , & le moindre au-defibus ; & fouvent des la première ou la féconde année , la corde fe trouve incorporée à l'arbre 6c recouverte de fa fubflance. Voici encore une expérience qui a donné à M. Z>/^- hamd un réfultat bien furprenant. Il fit planter des arbres à contre-fens , c'efl-à-dire , les branches dans la ierre , &; les racines en l'air : ils ont repris dans cette étrange pofition ; les branches ont produit des racines , & les racines des feuilles. Ils ont poiiffé d'abord plus foiblement ; mais dans quelques-uns de ces fujets , la différence au bout de quelques années ae s'apperce- voit plus. Il a difpofé des bouturer les unes dans leur pofition naturelle , les * autres dans une pofition ren- verfée , & les a placées de manière qu'elles pouffoient alternativement des bourgeons & des feuilles , enfuite des racines , & après cela des bourgeons ôc des feuilles i la partie entourée de terre donnoit des racines ; celle qui étoit à l'air donnoit des bourgeons &: des feuilles. D'après un tel fait , la conclufion ne feroit pas jiiile , fi l'on difoit que , de même que les bouriets , les germes qui exiilent dans les 'arbres font donc égale- ment propres à produire des bourgeons ou des racines : les bouriets favorifent l'éruption des germes , mais ne lui font pas nécefîairçs, tes germes qui produifent 438 A R B les bourgeons , dit M. Bonnet , ne font pas ceux quî produilent les racines ; mais les uns fe développent plutôt que les autres dans le rapport aux circonftances. Nous croyons devoir expofer ici ce que dit encore le favant M. Bonnet , Conjidérations fur Les corps orga- 72 if es , art. 2ji. » Un laule planté à contre -fen s , » ne périt pas ; mais fi l'on a foin de prévenir le def- » féchement des racines par une enveloppe qui n'in- » terdife pas tout accès à l'air , elles produiront des » bourgeons comme les branches naturelles. Il fortira y> en même temps , des branches qu'on aura mifes en » terre , une multitude de racines , dont les princi- » pales naîtront des nœuds qui font aux trifurcations y> des branches , & du petit bourlet naturel , qui fert » de fupport aux feuilles. Puifqu'un arbre planté à » contre-fens continue de vivre & fait de nouvelles » productions , on conçoit , & l'expérience l'a dé- » montré , qu'il en doit être de même des boutures » plantées auiTi à contre-fens. On peut même les » difpofer de manière que les racines fe développe- » ront au-deffus des bourgeons naiflans. On aura un » plant de racines placé au-deifus d'un plant de bour- » geons., mais la Nature n'aime pas la contrainte : >> dans tous ces cas, les produdions feront d'abord » moins vigoureufes que dans l'ordre naturel. Les y> bourlets produits par une incifion ou une ligature , » paroiiTent être de même nature , ( félon M. Bonnet ). » Si l'on étête un arbre , &C qu'on ait foin de le dé- » pouiller de tous fes rejetons , il fortira d'entre le » bois 6c l'écorce un gros bourlet , qui donnera naif- » fance à de petits bourgeons ; fi l'on coupe de même » une des principales racines de cet arbre , & qu'on >> recouvre de terre le chicot , il fe formera pareil le- » ment entre le bois Se l'écorce un bourlet d'où » fortiront de petites racines ; mais fi le chicot n'efl » point recouvert de terre , &c qu'il foit à l'air , le » bourlet produira des bourgeons. Tous les bourlets A R B 439 »> font donc propres à produire des bourgeons & des » racines ; des bourgeons dans l'air , des racines dans » la terre. Cette cir confiance purement extérieure , » a ici tant d'influence qu'elle va , ainfi qu'il eft » expofé ci-deflus , jufqu'à faire développer des bran- » ches fur les racines , à des racines fur les branches «. Une autre expérience curieufe , faite par M. Du-» hamd ^ prouve que fi l'on met une caiffe dans une ferre chaude , &: qu'il y ait un cep de vigne dont le pied foit planté hors de la ferre , la partie intérieure contenue dans la caifTe &: dans la ferre , végétera pen- dant l'hiver , &: la partie^ extérieure ne végétera pas» On place réciproquement la caifTe extérieurement , & fi on introduit une partie du cep dans la ferre , la partie introduite végétera , & celle qui refiera à l'exté-- rieur , ne donnera aucun caraûere de végétation, M. le Chevalier Mufld a répété ces expériences , & les a étendues fur des pommiers & des rofiers ; le fuccès a été le même , un rofier a fleuri. D'où les plantes foumifes à ces expériences , tiroient - elles la fève qui fourniflbit à la végétation ? Si la terre de la caifTe &; la tige fe gèlent , il ne peut donc pas y avoir une circulation ou une fluftuation de la fève , &: les plantes tireroient uniquement leur nourriture de l'air \ Attribuera-t-on ces phénomènes à une vitalité ifolée ^ indépendante , dans chaque portion de la plante ? La fufpenfion de la fève n'a lieu que dans la partie gelée. Au refle , les chenilles gèlent complètement fans en périr : la circulation efl comme fufpendue dans la faifon de l'hiver , chez le lérot y &cc. Il fuit de ce qui précède , ainfi qu'il efl dit dans VEncydopédh , que plus on étudie la Nature , plus on eft étonné de trouver dans les fujets les plus vils en apparence , des phénomènes dignes de toute l'at- tention & de toute la curiofité du Philofophe. Ce n'efl pas afTez de la fuivre dans fon cours ordinaire & réglé V il faut quelquefois çfTayer de la dérouter ^, E e 4 440 A R B pour connoître toute fa fécondité &C toutes fes ref- îburces. Le peuple rira du Philofophe , quand il le verra occupé dans fes jardins à déraciner des arbres pour les mettre la cime en terre & les racines en l'air; mais ce peuple s'émerveillera , quand il verra les bran^ ches prendre racine , & les racines fe couvrir de feuil- les. Tous les jours le fage joue le rôle de Dêmocrïu ; & ceux qui l'environnent , celui des Abdérïtains, Pour compléter l'hilloire de cet article , Voyc^^ hs mots Bois , Plante & Fleur. A l'égard de la perpendiculaii-e qu'offre en général la tige des arhns , & des pbntes herbacées ^ Voye\^ à Vanïck Tige. Maladies des Arbres & Plantes. Les arbres , ainu que les autres êtres organifés , (ont fujets à plufieurs efpeces de maladies occalionnées par l'altération des folides , ou par celle des rluides. Les maladies les plus ordinaires des plantes peuvent , félon M. Adanfon , fe diUinguer comme les caufes qui les produifent , en externes & en internes. On en recon- noît quinze efpeces d'externes : favoir , i ." la brulurz ou le blanc; z.° le givre ; 3.° la rouille ; 4.^ la nielle ; 5.^ le charbon ; 6.° V ergot ou le clou ; 7.° Vctiolcmem ; 8.^ la jaunijjl ou chute prématurée des feuilles; 9®. la mcujje ; 10.^ les gerces ou le cadran; ii.° la roulure ; 11.^ la gélivure ; 13.° la champ lure 6c le gélis ; 14*^. VexfoUation ; 15.^ les galles. On reconnoît huit ma- ladies dues li àts caufes internes ; favoir , i .° les exof- tofes ou excroiffances ; 2.*^ la décunanon &C le couron- i-.ement ou branches mortes ; 3.° la fullomanie ; 4^. le d^pot ; ^.° la pourriture ; 6.^ la carie ou moififfure ; 7.^ les chancres ou ulcères coulans ; 8.^ enfin la mon fubite. Les arbres fruitiers , ainiî que les arbres des forêts , ^ \i leurs maladies particulières. Les feuilles des ar- kss fruitieis deviennent quelquefois Jaunes ; cet effet A R B 44t eft produit par le défaut de fucs nourriciers : on y remédie en mettant au pied des arbres dans les terres légères , de la fuie 6c des cendres ; & dans les terres froides du fumier de pigeon. L'eau diffout les fels con- tenus dans ces matières : ils font pompés par Varbre , qui reverdit aufTi-tôt , & prend une nouvelle vie. On voit quelquefois dans les grandes chaleurs de l'été , les feuilles de quelques arbres fruitiers , pencher oc fe faner : on a beau arroier l'arbre , les feuilles ne fe raniment point. Le véritable remède eft d'arrofer les feuilles : l'eau qui entre dans les vaiffeaux ablorbans , répandue fur la furface des feuilles , répare la trop grande tranfpiration occafionnée par la chaleur , & le feuillage le ranime. Sans ce foin , il feroit tombé , èc cet accident auroit été fuivi quelquefois de la mort de Varbre. Les feuilles tombent aufîi dans les plantes trop abreuvées d'eau , ou qui ont les racines dans l'eau. La brûlure ou le blanc ( candor ) , eft cette blan- cheur qu'on voit quelquefois par taches fur les feuilles des plantes , qui les fait paroître vides &: comme tranf- parentes : elle n'arrive que lorfqu'après une pluie le foleil vient à donner vivement fur ces feuilles , avant que l'eau ait eu le temps de s'évaporer. Lorfque toutes en font attaquées , la plante périt ordinairement quelques jours après. Cette m.aladie eft plus commune dans les pays très-chauds que dans nos climats tempérés. La plupart des Auteurs ont prétendu , d'après M. Huct , que la brouiillire , appelée la brûlure , étoit due à l'ac- tion des rayons du foleil raflèmblés au foyer des gout- telettes d'eau répandues fur les feuilles chargées de pouffiere ; m.ais comme ce phénomène arrive aufîi fou- vent lorfque l'eau eft étendue comme un vernis fur les feuilles non poudreufes , que lorfqu'elle efl dif- perfée en gouttelettes , l'on pourroit conclure que cette maladie vient ou d'un épuifement de la fève , ou d'une obftruâiion des pores ^ ou de la putréfaftion des fucs. 44^ A R B La panachure reconnoît à-peu-près la même caufe^ & elle fe rencontre plus fouvent dans les plantes lan« giiilTantes. Des Cultivateurs donnent aufTi le nom de Tneun'ur au blanc ; c'eft , difent-ils , une efpece de lèpre végétale; cette maladie gagne peu après les feuilles , les bourgeons , les fleurs , les fruits , &: les rend comme couverts d'ime forte de matière cotonneufe, qui , bou- chant les pores , empêche la tranfpiration. Les pê- chers , le melon & le concombre ont communément le meunier. La nielle eft ce vice qui réduit en poufïiere noire la fleur des blés ; les plantes dans lefquelles on l'a ob- fervée jufqu'ici , font à-peu-près les fuivantes ; le fro- ment , le fpeautre ou froment locar , le feigle , Vorge ^ Vef- courgeon y Vavoinn , la perjicaire^ Ydic'igué aquatique (^phcl" landrium ) , la berce , la fcorfonere de marais y la Javon- niere y V œillet fauvage 6c le mais. Nous avons donné à la fuite du mot blé les détails qui concernent la nielle , la rouille^ la coulure , le charbon , îa carie^ &cc. , & expliqué à la iiiite du mot feigle , ce que c'efl: que Vergot. Les vents d'Eil Ôc de Nord-Eft , qui foufflent fou^ vent dans le printemps , occafionnent dans les plantes une û grande tranfpiration , que les fleurs fe détachent & les fruits coulent. Dans ce cas il faut arrofer les arbres de plufieurs féaux d'eau : un arrofement en forme de pluie fine , feroit vraifemblablement auiÏÏ très-bien fur les feuilles &: fur les fleurs. Les a.rbres , fur-tout dans les terrains humides , font fujets à être quelquefois tout couverts de mouffe, de lichens , d'agarics , &c. Ces fauffes plantes parafites qui tiennent immédiatement à l'intérieur de l'écorce & à l'aubier , les altèrent , en bouchant les pores d.^ la tranfpiration , lorfqu'elles font en trop grande quan- tité , mais point en s'appropriant une partie des fucs nourriciers , comme quelques-uns le croient. C'eil: ce qui forme la maladie appelée mouffe. Outre les moyens indiqués plus haut pour les en garantir , les livres A R B 445 8' Agriculture confeillent de déchauffer ces arbres , éc d'y mettre du fumier de mouton. Le chancre efl une efpece de ianie corrofive ou d'ul- cère coulant , qui altère l'écorce de l'arbre & même le bois ; elle fouleve l'écorce , gagne de proche en proche, & fuinte fous la forme d'une eau roulTe , corrompue & acre , au travers des fentes corticales , même dans les temps de féchereffe. Les poiriers font affez fujets à cette maladie. Le meilleur remède eiî de couper jufqu'au vif l'endroit malade , & de le cou- vrir enfuite de boufe de vache. On doit faire la même chofe aux parties des arbres fruitiers • dans lefquelles s'extravafe la gomme. Cette extravafation du fuc propre peut être regardée comme une forte d'hémorragie. Cet accident eft fouvent plus utile que nuifible aux arbres qui donnent les réfmes & les gommes ; des incifions faites à ces arbres pourroient les garantir de cette maladie qui attaque quelquefois le bois , & dont il découle une liqueur fanieufe. Il ne faut pas con- fondre les ulcères corrofifs avec les abreuvoirs ou goût" îieres dont nous parlerons ci-après , & qui rendent quelquefois aufîi de l'eau , mais feulement dans les îemps de pluie. La carie efl: une efpece de moiiiffure du bois , qui le rend mou & d'une confiftance peu différente de la moelle ordinaire des arbres. Cette maladie, qui a fon principe dans les racines , enfuite au bas du tronc , reconnoit trois caufes externes ; favoir , le grand chaud , le grand froid , & le féjour de l'eau ou l'écorchure des racines. Lorfque la carie eft due au grand chaud, on l'appelle aufîi échauffure , comme on dit du bois échauffé, ( Les Charpentiers appellent bois pouilleux un bois échauffé plein de taches rouges & noires , qui marquent qu'il fe corrompt ). La trop grande humidité des terrains donne fou- vent lieu aux liqueurs qui doivent porter la nourri- ture dans l'arbre , de fe corrompre ; ce qui fait pourrir 444 A R B les racines & même l'arbre. Ce qu'on a àe mîeiix à faire dans ces circonftances , c'eft de couper juiqu'au vif les racines pourries , de remettre au pied de l'arbre de la terre neuve , bc de faire des tranchées pour l'écoulement des eaux. . La pourriture ordinaire eft cette diffolution qui arrive au bois du tronc des arbres , & qui les creufe en com- mençant communément par le haut , & deicendant infenfiblement jufqu'aux racines. On la remarque prin- cipalement dans les arbres qui ont eu le faîtage ou quelque groffe branche caffée ou coupée. Le chicot meurt peu-à-p^u , & s'il n'eft pas recouvert entière- ment d'écorce , l'eau s'y infinue , & la putréfadion fe prolonge dans les couches ligneules du tronc qui lui font oj^pcfécs. Si c'efl: la tête de l'arbre qui eft cou- pée , alors la pourriture prend au centre du tronc & gagne prom^ptement , de manière qu'il fe trouve creufe en peu de temps ; c'eft ce qu'on voit arriver à tous les faules qu'on étête annuellement. Les trous qui fe forment dans le bois pourri des chicots , s'appellent abreuvoirs ou gouttières , parce qu'ils retiennent l'eau des pluies. On prévient cet accident , en faifant une coupe tres-obliquement à l'horizon , & prefque ver- ticale , parce que l'eau ne pourra féjourner long-temps fur la plaie , qui fera d'ailleurs bien plutôt recouverte d'écorce ; auÔi fe contente-t-on fouvent de cerner l'arbre juf qu'au vif. Un accident qui furvient aufîi aux jeunes arbres étêlés , c'eft un gonflement , & même des tubercules au bout du tronc , fous lefquels on voit le tiffu cellulaire réduit en une fubilance géla- tineufe. On guérit fouvent cette maladie par les inci- fions ; cet état de l'arbre eft un figne diagnoftique qu'il eft languiffant , & qu'il n'a aucune nouvelle racine. Quoique l'on voie pi iifieurs arbres ^ tels, par exemple, que le tilleul^ fe plaire dans des terrains un peu humides , le iumier mis en trop grande abondance dans cqs A R B .445 Icrtes de terrains , y fermente , s'y pourrit Se înfede le terrain , dans lequel s'altèrent alors les racines les plus délicates du chevelu des plantes. Le c^éjpot eft un amas de flic propre ou réfmeux ou gommeux , & qui occafionne la mort des branches où il fe fait. Il a pour caufe l'extravafation du fuc propre dans le tiflli cellulaire , ou dans les vaiiTeaux féveux , dans lefquels il occafionne des obflrudlions. On remé- die à ce mal , en emportant avec la f(.rpette l'endroit où s'eil fait le dépôt , ou bien en faifant une incifion longitudinale à l'écorce ; ce qui produit une éruption. Cette évacuation eil analogue à l'hémorragie dQS animaux. Quelques efpeces à^ arbres , dans les terrains gras , font fujets à une forte de pléthore; tel eft l'or/Tze à large fiu'ille , dont la fève , dans de femblables ter- rains , rompant le tilTu cellulaire , s'extravafe entra l'écorce &; le bois : on voit les feuilles des arbres attaqués de cette maladie , jaunir &: fe deffécher. M. Duhamel penfe que des incifions long'tudinales , en donnant l'écoulement à cette fève furabondanîe , pourroient la guérir. Les chênes , les frênes , les hêtres 6c Vomie à petite feuille ne font point expofés dans le même terrain , à cette forte de maladie. Les arbres font fujets à être attaqués d'ime maladie, qui fouvent leur eil mortelle : on voit la fève s'extra- vafer naturellement à travers l'écorce. Cette fève a une faveur mielleufe; elle attire les fourmis &: les abeilles. Il s'élève quelquefois fur les arbres des efpeces à^exof tdfcs recouvertes de l'écorce ridée de l'arbre. Ces exof- tofes ou excroiflances que l'on appelle loupes ou tumeurs végétales , font d'un bois très-dur , dont les diredions des fibres font en difFérens fens. On les appelle bois tranché ^ bois noueux & bois à rebours, M. Duhanut ignore quelle en peut être la caufe ; quelque eflai qu'il ait tenté , il n'a pu artificiellement en iàire naître {m 446 A R B un arbre. Mais M. Adanfon dit que ce mal ( les loup?s ) eft dû à un développement de la partie ligneuie plus abondant dans ces endroits qu'ailleurs , caufé Ibit par im coup de foleil vif, ibit par une forte gelée , ou par la piqûre à\\ïi infe£le , ou d'une pointe qui tra- verfant Pécorce & pénétrant un peu dans le bois, en altère &: dérange les couches &: les fibres nouvelles. Quant aux bojfes qui naiiient autour des greffes , M. de Tournefon en explique la caufe dans fon D if cours fur Us maladies des plantes ; elles proviennent, dit-il, de ce que les vaiileaux de la greffe ne répondent point bouta bout aux vaiffeaux dufujet fur lequel on l'applique. Il n'eil pas poflible que le lue nourricier les enfile en ligne droite ; les lèvres des écorces des arbres que l'on taille, fe tuméfient d'abord par le fuc nourricier qui ne peut pafTer outre , parce que l'extrémité des vaif- feaux coupée eft pincée , ôc comme cautérifée par le relTort de l'air , ce qui forme un bourlet , qui s'étend infenfiblement de la circonférence vers le centre , par l'alongement des fibres ; celles du chicot ne pouvant s'alcnger , fe durciffent extrêmement , &: forment les nœuds qui fe trouvent dans le bois : on voit de cqs nœuds dans des planches de fapin ; ils s'en détachent ordinairem.ent comme une cheville que l'on chaffe de fon trou. M. d'Aubentcn diftingue les tumeurs des vé- gétaux , d'avec les loupes végétales 6l les broufjïns. Le lierre en rampant en fpirale autour d'une tige , la comprime fortement , &: cette ligature produit un gonâement , une tumeur , un bourlet fpiral. Le brouf- Jin proprement dit , tel qu'en produifent le buis , le lentifque , V érable , Vofier , Volivier , Vorm.e , efl: formé de branches entrelacées , comme greffées par approche ; leurs fibres s'entre-croifent fous une en- veloppe commune ; un tel bo;s ell compare , diffi- cile à fendre ; fcié ou fendu , il offre différentes nuances , comme marbrées : la tige fait le fond de la couleur, la teinte des branches efl plus claire. A R B 447 Les Tourneurs-Ebeniftes , à Saint-Claude , en travaillent beaucoup. Les gerces font ces fentes longitudinales qui fuivent la direâion des fibres du bois , 6c qui fans fe réunir refient enfermées dans l'intérieur des arbres , où on les diflingue extérieurement par une arête de la couche ligneufé qui s'eft appliquée defTus. Cette maladie arrive fouvent par une abondance de fève : le remède efl alors de faire beaucoup de fentes longitudinales dans Téccrce, ou de retrancher des racines. On appelle bols cadrannis ceux dont le cœur , en fe defféchant , forme des fen- tes qui rayonnent au centre , comme les lignes horaires d'un cadran. C'efl im figne de la mauvaife qualité du vrai bois. Le grand froid faifant quelquefois geler les parties aqueuies qui font dans Marbre , ces petits glaçons ^ par leur force expanfive , occafionnent aufîi des gerçures à )^ arbre dans toute fa longueur : ces gerçures font ac^- compagnées de bruit à Pinftant de la rupture. Les plan- tes meurent de même , fi après une forte gelée le dégel efl trop vif: c'eft pour cela que les grands maux de la gelée arrivent plutôt aux plantes expoiées au midi , ou dans des lieux humides &: fujets aux brouil- lards , qu'à celles qui font expofées au Nord , ou au fec ; & la glace des arbres qui fe fond avant l'action immédiate du foleil , ne les endommage nullement. C'efl fur ce principe que les Habitans du Nord 5 lorfqu'ils ont un membre gelé , le frottent d'abord dans la neige , ou ne l'expofent que peu-à-peu à la chaleur ; & que lorfqu'ils l'expofent fubitement au grand feu , il tombe en pourriture. C'efl encore par la même raifon que la viande gelée a plus de goût lorf^ qu'on la fait dégeler lentement dans l'eau fraîche , avant de la cuire. La maladie qu'on appelle , en termes de forêt ^gélivure ou gelljjure , & qui a plutôt lieu à l'expofition du Nord qu'à celle du Midi , efl: un aubier ou bois im- 448 A R B panait qui fe trouve entre deux couches de bon bôîs ; on l'appelle gélivurc entrelardée , lorfque Vaiihier fe trouve enfermé avec une portion d'écorce dans de nou- veau bois qui les a enfermes dans l'intérieur de l'arbre. La maladie appelée givre efl différente de la géli- vure , ^ paroît auffi direclement oppolée , &c dans fa caufe & dans fa nature , à la brûlure qui vient de la chaleur. Voyei Givre. La roulure , ce défaut qui déprécie tant le bois , efl un vide , une féparation entre les couches ligneufes. Sa caufe eil due à l'enlèvement de l'écorce de deflus le bois , ou à fon écartement pendant le temps de la fève. Alors le bois ne fe prêtant pas toujours à la formation de la couche ligneufe , c'eit l'écorce qui fournit le nouveau bois qui n'efl pas appliqué exacte- ment à l'ancien , entre lequel il laifle un intervalle. Ce bois fe nomme bois roulé , ou bois rouli ; & l'on appelle bjis mouliné celui qui eft percé de vers. L'écorce des branches du frêne &c celle du tronc , font quelquefois toutes galeufes ; le bois lui-même eil tout couvert de rugofités : ces arbres ordinairement deviennent tcrtus & mal-faits. Il feroit bon d'obferver fi cela ne donneroit pas lieu au bois d'être coloré de quelques veines variées en couleurs , ce qid lui don- neroit un mérite. ^La champlure n'attaque guère que des plantes déli- cates & tardives , telles que la vigne ; elle confifle en ce que les farmens fe féparent prefque d'eux-mêmes , conîme les épiphyfes fe féparent du corps des os dans les jeunes animaux ; les iarmens en font quelquefois diminués au point qu'il ne refle pas fufHfamment de bois pour la taille fuivante : cette maladie elt entière- ment due à la gelée qui fdrprend les farmens avant qu'ils loient devenus ligneux. Le gelis efl une mortalité qui diffère de la champlure , en ce que les plantes qui en font attaquées ne fe fé- parent pas p^ articulations. Quant A R B 449 <5uant à ce qui regarde les galles , Foye^ l'article Galles. On appelle étîolement cet état de maigreur , pendant lequel les plantes pouffent beaucoup en hauteur ^ peu en groffeur , font toujours moins colorées que les individus de la même efpece ; & périffent ordinai- rement avant d'avoir produit kur fruit. La caufe en efl due à ce qu'elles font plantées ou trop près , ou dans des lieux privés du courant de l'air libre , & de la lumière du foleil. En effet , les plantes qu'on élevé dans des lieux renfermés , fubiffent communé- ment cette altération fi remarquable. Elles tendent à s'incliner & s'élancer vers les vides ou les jours qui les avoifinent. Un favant fcrutateur de la Nature , M. Bonnet , a démontré que Vitiokment des plantas provient de l'abfence de la lumière : le céleri , la chi- corée 6c les laitues , que l'on fait blanchir pour les avoir plus tendres , &: d'une faveur plus douce , fubiffent im étiolement artificiel que l'on produit en privant de lumière par des moyens connus , ces plantes , ou celles de leurs parties dont on veut faire ufage. Un Obfervateur moderne affirme que dans les arbres étiolés le prolongement exceffif des tiges provient de l'excès de dudilité des fibres , ce dégre de foupleffe leur per- met de s'étendre : elles s'endurciffent trop tard. Or la chaleur , & fur -tout la chaleur direde du foleil , paroît d'abord devoir être l'unique , ou du moins le principal agent de cet endurciffement. M. Chanceux prétend que la chaleur humide opère principalement , & eff le premier agent de ce phénomène : l'ombre , dit-il , produit X étiolement , & s'il fait quelquefois auiîi chaud à l'ombre qu'au foleil , il y fait toujours plus •humide. Il cite en preuve que X étiolement ell: on ne peut plus confidérable dans les bâtimens fermés , bas , humides , oc principalement dans les caves : & que dans tous ces endroits les deux caufes auxquelles il attribue ce phénomqjie j fe trouvent réunies & portées Tome /, F f 450 A R B à leur plus haut degré d'intenfité. Le principe d'oîi feniblent dépendre les effets de la chaleur humide fur la vie 6c la fanté des plantes , eil l'éleûricité de l'at- mofphere , qui , toutes chofes égales d'ailleurs , efl moins confidérable dans les temps où règne une cha- leur humide , que dans tous les autres. Une plante s'étlo/e , quand elle pouffe des tiges longues , effilées , d'un blanc éclatant , terminées par de très -petites feuilles , affez mal façonnées , d'un vert pâle ; l'en- veloppe cellulaire , qui eft la féconde écorce , n'eff pas colorée. ConfuLua^ la Phyjiquc des arbres , par M. DuhameL La dècunatïon , foit dans les épis , foit dans les branches ai arbres qui l'éprouvent quelquefois dans leurs rameaux ^ tels que le tilleul , Vorme , le mimer noir , Voranger ^ le citronnier , le pêcher , &: quelquefois le noijïtier 6c le prunier , foit dans les vieux arbres qu'on appelle pour cela couronnés , ou à^ entrée , ou en retour , ell un retranchement produit par une ceffation d'accroiffement dans la partie fupérieure du nouveau jet encore herbacé : cette partie jaunit bientôt , nieurt & fe détache de la partie inférieure qui continue de végéter. Cette maladie eff fouvent occafionnée ou hâtée par quelques coups de foleil > ou par la féche- reffe , ou par la gelée , ou par l'étiolement , ou par le défaut de fucs propres au développement & à la maturité des parties , &:c. La décurtation des épis di- minuant la quantité des grains , on peut la prévenir en fourniffant au froment plus de fuc par le moyen d'un labour fait avant l'apparition des épis , afin d'aug- menter leur groffeur & leur longueur. La fullomaîiie , qui eff caufée par la trop grande quan- tité de fucs groffiers , eff une abondance prodigieufe de feuilles à la produ^lion defquelles une plante s'abandonne, ce qui l'empêche de donner des fleurs &: des fruits : on y remédie en retranchant de groffes racines ^ ou mieux encore par la taille. A R B 451 Le tonneite , les vents , les coups de foleil , les grands froids & les grêles mutilent quelquefois les arbres , en produifent Texfoliation , c'eit-à-dire , le defféchement de l'écorce 6c du bois. Ce qu'il y a de mieux à faire alors , eft de retrancher les parties altérées ; les racines Eouffant avec plus de vigueur , donnent de nouvelles ranches. Les coups de foleil produifent fur-tout la mort fubite des herbes annuelles 6c délicates. Les ibarabées , les chenilles , les cantharides &c les pu- cerons attaquent les feuilles des arbres ; les guêpes 6c autres mouches dévorent les fruits ; le mieux eft d'attirer ces dernières dans des bouteilles d'eau miellée où elles périilent. Quant aux dégâ4:s par les chenilles , Foyei notamment l'article ChmilU commune. Les vers des hannetons rongent quelquefois l'écorce des racines des jeunes arbres , Se les font périr. Heureu- fement ces infeftes ne paroilTent pas en aufîi grande quantité toutes les années. Si , dans ces circonilances , on s'avifoit de fumer les arbres , on les attireroit encore davantage. On voit quelquefois des arbres , tels que des ormes &: des aunes , percés d'une multitude de petits trous par des vers rouges : s'ils ne font pas trop abondans , il faut les tuer dans leur trou avec une longue aiguille ; mais quelquefois ils percent l'arbre d'un fi grand nombre de trous , qu'ils l'affoibliiTent , & que le vent le renverfe. Dans les forêts , on remarque des arbres où il y a des trous à y mettre le doigt : ces trous creufés en deffous , font formés par de gros vers qui rongent le bois. De là l'origine de ces voûtes fi communes dans les arbres , fur- tout dans le baobab en Afrique , où l'on fufpend les cadavres des Guiriots. ^oye^ Baobab. Les lapins , les bêtes fauvages & les beftiaux font ,' comme l'on fait , de très-grands dommages au bois , àc retardent beaucoup fon accroiffement. .AjlBRE A ODEUR D'AIL. Foyei BAVANG. Arbre d'amour. Foyc^ Arbre de Judée; F f % 4^1 A R B Arbre de baume , ainfi nommé par les Habitans des Ifles Antilles. Cet arbrifleau porte des feuilles affez fem- blables à celles de la fauge , mais plus épaifles , plus farineufes , de fans odeur : on remarque lur ces feuilles dix à douze petites graines rudes. Lcrfqu'on arrache les feuilles , il fort de leur queue quelques gouttes d'une liqueur jaune , fans odeur , un peu amere 6c allringente. On cpnferve cette liqueur précieufement dans des fioles , 6c on en fait ufage comme du bawnc du Pérou , pour les blefTures : il n'en diffère guère que par l'odeur qui lui manque. ARBRE de cire , ou Cirier , efpece de gall connu fous le nom de myrïca , & qui n'efl pas l'efpece appelée piment royal, C'efl: un arbriiTeau aquatique , dont les uns portent les fruits , & les autres les fleurs fécon- dantes : il y en a deux eipeces très-curieufes. L'une croît à la Louifiane , oii on l'appelle arhrc de cirz ; & l'autre efpece , qui eft petite , croît à la Caroline , & efl connue fous le même nom. \j arbre de cire croît à la hauteur de nos petits cerifiers ; il a le port du myrte , &: fes feuilles ont aufîi à-peu-près la m.ême odeur. Ces arbres ont été ainiî nommés , parce que leurs baies , qui font de la groffeur d'un grain de coriandre &: d'un gris-cendré , contiennent des noyaux qui font couverts d'une efpece de cire , ou plutôt d'une efpece de rljine qui a quelque rapport avec la cire. Les Habitans de ces pays retirent de ces baies , en les faifant bouillir dans de l'eau , une efpece de cire verte qui furnage , &; dont on peut faire des bougies. Une livre de graine produit deux onces de cire ; un homme peut aifément en cueillir quinze livres en un jour : ils font parvenus depuis quelque temps à avoir cette cire allez blanche , ou du moins jaunâtre. Pour cela , ils mettent les baies dans des chaudières , ôc ils verfent deffus de l'eau bouillante , qu'ils reçoivent dans des baquets , après avoir laiffé fondre la cire pendant quel- ques minutes. Quand l'eau eil refroidie , on trouve A R B 4î,? ^effus une cîre rcfmeufe qui eft jaunâtre : mais la re- fîne qui fumage enfuite en répétant l'opération , efl plus verte. Cette cire réfineufe eft lèche ; elle a une odeur douce & aromatique , affez agréable : on la réduit aifément en poudre gralle ; mêlée avec un peu de cire ou de fuif , elle prend un peu plus de corps &c de blan- cheur fur le pré , mais toujours moins que la vraie cire. L'eau qui a fervi à faire fondre cette cire , eft aftrin- gente. • On prétend qu'en faifant fondre du fuif dans cette eau , il acquiert prefque autant de confiilance que ia cire. Plufieurs perfonnes de la Louifiane ont appris par des efclaves Sauvages de la Caroline , qu'on n'y brû- loir point d'autre bougie que celle qui fe fait de la cire dont il eu queflion. Un arbrifîeau bien chargé de fruit peut avoir , en fix livres de graine 6c une livre de fruit , quatre onces de cire. Quand on a enlevé la cire de deffus les baies , on apperçoit fur leur furface une couche d'une matière qui a la couleur de la laque : l'eau chaude ne la diffout point , mais l'efprit-de-vin en tire une teinture. Cet arbriffeau , qui conferve fes feuilles toute l'année ^ eft encore trop rare en France , pour qu'on ait pu lui reconnoître d'autres ufages que ceux que l'on a appris des Habitans de la Louifiane. M. Duhamel , dont les travaux &; les vues tendent toujours à l'utilité , propofe d'eflayer à naturalifer cet arbre , dont nous pourrions tirer de grands avantages. Il faudroit , dit^il , prendre de bonnes graines des deux efpeces d'arbres dont nous venons de parler , les femer dans des terrines ou caiffes , afin de les enfermer dans les orangeries jufqu'à ce que les tiges fuffent un peu groffes ; car ces jeunes arbres craignent nos grands hivers : on pourroit alors les mettre en pleine terre dans un lieu humide , avec la précaution de les couvrir d'un peu de litière. Lorfqu'ils auroient paffé quelques années , il y auroit lieu d'efpér^r qu'ils nibfifteroient. M. Duhamel en a vu en Angleterre &; à Trianon qui étoient chargés de fleurs oc de fruits. 454 A R B Toutes les obfervations s'accordent à confirmer {on fentiment. L'efpece du Canada eft , dit-on , la même que celle qui nous vient de la Louifiane : ce qui n'eft pas furprenant ; car il y a des efpeces de plantes qu'on trouve dans les pays chauds , & dans la partie froide de la Zone tempérée ; telle eil , dit cet Académicien , l'épine blanche , & une efpece de piment royal , arbufle tres-odcrant qui fe trouve en Efpagne , en Canada , en France, en Portugal &: en Suéde : on l'appelle même^^z// du Nord. Pris en infufion , il enivre & entête violemment. Beaucoup de. plantes fe naturalifent dans les endroits où on les cultive , fur-tout lorfqu'elles ont été ame- nées à la température du climat par degrés infenfibles ; ce qui fait penfer à M. Duhamel , que les cirlers qui proviendroient de graines élevées dans ce pays , feroient moins tendres à la gelée que ceux qui viennent des femences que l'on a envoyées de la Louifiane. Suivant les Voyageurs , on trouve les clriers à l'om.bre des autres arbres , fur-tout dans la baffe Louifiane : on en voit qui font expofés au foleil ; d'autres dans des lieux aquatiques ou terres baffes humides , fablonneufes & peu éloignées de la mer ; d'autres dans des terrains fecs ; enfin on en trouve indifféremment dans les pays chauds & les pays froids ; en effet cet arbriffeau croit dans la Floride , la Caroline , la Virginie , l'Acadie , & jufqu'cn Canada. Toutes obfervations qui , comme nous l'avons dit , confirment le fentiment de ce favant Académicien, Voyei les efpeces de gale à r article MyR-TE BATARD. 11 croît auffi à la Chine une efpece à^ arbre de cire ^ mais qui y eff très-rare ; on l'y ncmm.e pc-la-chu. Sur les feuilles de cet arbre s'attachent de petits vers , qui y laiffent des rayons de cire bien plus petits que ceux des abeilles. Cette cire efl: très-dure , très-luifante , mfis ëcailleufe , & coûte beaucoup plus cher que la cire ëes abeilles. ( Du Ha'de. ) Suivant une lettre du Père d'Incarville , écrite de la Chine à M. Geoffrci ^ on retire la cire blanche des vers A R B .455 même. On trouve , dit-il , dans une Province de cet Empire , de petits vers qui fe nourriffent fur un arbre. On les ramaile , on les fait bouillir dans l'eau , & ils rendent une efpece de graiffe , qui étant figée , efl la cire blanche de la Chine. Arbre de Dieu. C'eft le figuier des Pagodes. Arbre conifere^ Arbor conifera. Les Botaniftes donnent ce nom aux végétaux qui ont entr'eux une grande reffemblance dans leur port extérieur , Se qui portent des fruits de figure conique , comme le cèdre , le pin , le fapin ^ le picéa , le mlLe:{e, Voyez ces mots. Ces fruits qu'on appelle cônes ^ \_flrobili ^'\{oïit écailleux, fecs & durs , compofés d'un amas de couches lignnifes , coriaces , contournées en fpirales , attachées par leur bafe à un axe commun , & qui fe recouvrent par gradation , dont les interflices font remplis d'une ou deux femences anguleufes , fouvent entourées d'une aile membraneufe. La forme du cône efl ovalaire dans les pins & les y^« pins ; celui du thuya eil court & obtus , & celui du cyprès eft arrondi & prefque orbiculaire. Dans les pins proprement dits , les écailles du cône font plus épaiffes à leur extrémité , & ont conftamment im tubercule ou une callofité remarquable fur leur dos , un peu au-defTous de leur fommet ; au contraire , dans les fapins & les mélèzes , les écailles du cône font minces à leur fommet , moins ligneufes que coriaces , & conf- tamment très-liflés fur leur dos. Le bois de ces arbres efl peu fujet à fe corrompre : il contient abon- damment une réfine balfamique qui tranlTude fouvent par fon écorce. Voye^^ ce mot. On donne aulîi le nom de cône de cyprès à la noix de cyprès, ^oye^^ Cyprès. Arbre de Corail. Voyez Bois immortel^ ^Con-^ dori rouge. Arbre du Diable. On appelle ainfi un arbre qui croit en Amérique. Son fruit, dans l'état de matu- rité y eit élafdque ; defféché par l'ardeur du foleil ;, Ff 4 456 A R B il le gerce \ fe fend avec éclat , & lance au loin fes graines ; c'efl à ce jeu de la Nature que cet arbre doit fon nom. En eftet , dans le temps du dévelop- pement de les graines , le fruit produit l'effet d'une petite artillerie dont le bruit fe fuccede rapidement , s'entend d'affez loin , & arrête le Voyageur étonné. Ces mêmes fruits , tranfportés avant leur matiuité dans im endroit fec , ou expofés fur une cheminée à la douce impreifion de la chaleur , s'y deffechent peu-à- peu , & préfentent le même phénomène. Varhre du diahk eil: peut-être le HURA. Voye^ ce mot. Arbre de Diane. Voyez à V article Argent. Arcre d'encens , Tcnbinthuspijlaciœfruclunon eduli^ Plum. Barr. p. 107 : an Icicariba^ Marcg. Sipo. Gai. Barr. Arbre qui croît dans la Guiane. Son bois eil rou- geâtre , &: il en diftille abondamment une gomme- réfme d'une couleur femblable à la gomme élémi. On la brûle dans les Eglifes de Cayenne au lieu d'encens : fon odeur eil peu agréable. Maif. Ruji. de Cayenne, Arbre a enivrer les poissons ou Bois ivrant. Il n'a point d'autre nom , &: il le tire de fon effet. Cet arbre , qui croît à la Jamaïque & aux An- tilles , eil le PiJ'cidia erythrina , Linn. : Ichthyomethia fol'iïs pinnatis , ovatïs , racemis tcrmïnalihus , Jiliquis qua» drïalatïs , Brown. : Coral arhor polypkyLla non fpinofa , fraxini folio , Jiliqiiâ a lis foliaccis extandhus rotez molen- dinariœ, fluviatilis aucld , Sloan. : Pfeudo-acacia Jiliquis alatis , Plum. M. Jacqiùn dit que c'eil un arbre d'en- viron vingt -cinq pieds de hauteur & droit. Ses feuilles font ailées avec impaire ; i^s fleurs font en grappes rameufes, ôc produisent des gouifes qui, félon Sloane , ont une forte de reffemblance , par leurs ailes , avec les roues de moulin à eau. Son bois eil jaune ëc aifez dur. Au rapport du Père du Tertre , on prend l'écorce des racines de cet arbre , (même fes feuilles & fes rameaux) ; on la pile , on la réduit comme du tan , 6c on la met A R B ^ 457 dans des facs. Lorfqu'on veut alkr pêcher dans quelques rivières ou quelques baies de mer , on fufpend ces lacs dans l'eau , on les y agite : toutes les particules d'écorce qui fe détachent , fe répandent dans l'eau , &; ont la propriété d'enivrer les poiflbns , au point qu'ils fur- nagent de côté &: de travers , 6c peuvent être pris avec la main ; propriété commune à beaucoup d'autres plantes de l'Amérique, f^oyei CoNANi. 11 y a le Bois ivrant de Carthagene , Pifcedlafo- liolïs ohovatïs , Linn. : Phafeolis accedens coral arhor polyphyllos , foliis duriorïhus , non fpinoja , Pluck. Alm. Selon M. Jacquin^ cette elpece ou variété eft vme fois plus grande que la précédente dans toutes fes parties. Elle croît dans les boijs maritimes des environs de Car- thagene. Arbre dont on retire de l'huile , Dnandra, cordatcL ^ Thunb. Fl. Jap. 267 : Elœo cocca , CommerC Herb. : Ahrajîn , Ka^mpfer. Cet arbre , de la fa- mille des ELphorhes , eiî nommé à la Chine ton- chu. C'eft une efpece de cavalan. Au premier afpeâ: , il refTemble aiTez au noyer : il a des rapports avec les mèdicinurs & les crotons ; fes fleurs font dioiques : i^s feuilles font pétiolées , ccrdiformes , mais les inférieures ont leur fommet à trois pointes. Les fruits font comme des noix munies de leur brout , fillonnées , pleines d'une huile un peu épaiffe , ou mêlée avec une pulpe huileufe que l'on exprime fortement. Cet arbre croît au Japon. On fait ufage de cette huile comme du vernis. On la fait cuire avec de la litharge , & on l'applique ainfî fur le bois , qu'elle défend de la pluie ; on l'applique aufîi fur les carreaiix des appartemens , qui , par ce moyen , deviennent beaux & luifans. On ajoute à cette huile de la couleur , lorfqu'on veut peindre un appartement ; & on ne s'en fert qu'après avoir enduit les boiferies d'une pâte préparée : voilà ce qui forme une efpece.de laque. L'éclat de ce vernis eft prefque égal jà celui du tfi-çhu. Voyez Arbre du vernis. 45» • A R B Cette huile , qu'on appelle huile de bols , & qui {itrt auiîi pour les lampes , peut incommoder prife inté- rieurement , ainfi qu'on en a vu des exemples. Il croît naturellement fur les montagnes de la Chine , une autre efpece d'arbre , dont les fruits font des baies vertes , d'une figure irréguliere , contenant des noyaux cartilagineux. Ces fruits , confervés , rendent en abondance une excellente huile , la meilleure de la Chine. ( Du H aide ). Les Chinois donnent à cette huile le nom de mouycou , & au fruit qui la produit , le nom de mouipu. Arbre de Judée ou de Judas , ou Gaînier j Arlor Judœ y Dodon. Pempt. 786 : Sïlïquafirum , Cail. Dur. 417, Tourn. tab. 414. Cïrds filiquajlrum ^ Linn. 534. Cet arbre étalé & rameiLx ^ différent de celui qui donne le baume de la Mecque , efl nommé gaînier , parce que fss gouffes font faites comme des gaines de couteau. Le gaînier porte des fleurs légumineufes , agréables , purpurines & entaiTées plufieurs enfemble en bouquets. M. Ddeuxj. obferve qu'elles différent cependant des fleurs légumineufes ordinaires , en ce que les dix étamines qu'elles renferment ne font pas, comme dans les autres ^ réunies en une efpece de gaine , mais entièrement féparées , & que l'étendard efl: placé au-deffous des ailes. Ces fleurs naiflTent & s'épanouifTent au printemps , avant les feuilles : il leur fuccede des goufi'es longues , très-aplaties , membra- neufes , purpurines , renfermant des femences ovales, plus groiles que des lentilles , dures. Ses feuilles font grandes , fermes, glabres , pétiolées, cordiformes , prefque réni- formes : elles ne font point fujetes à être endommagées par les infe£les. Cet arbre fleurit dans le mois de Mai , & fes fl.eurs fe confervent dans leur beauté près de trois femaines. Il fait un bel effet dans les bofquets printaniers. Son bois efl d'une affez belle couleur , dur & caffant. On confit au vinaigre les boutons de fes fleurs \ ils ont cependant peu de goût , 6c font A R B 459 ordinairement fort durs ; cet arbre s'élève facilement de femence , & vient très-bien dans les terrains fecs. Le plus gros qui ait paru en France , étoit dans le jardin du Collège de Pharmacie , à Paris ; mais il étoit creux en dedans : un coup de vent le brifa , pendant l'hiver de 1778. Arbre de la folie. Il paroît que c'eil l'arbre d'où découle la réfine appelée caragne. Voyez ce mot. Arbre immortel de l'Isle de Madagascar, Humberna Madagafcarknjis , Endraài - cndrach , Flacc, Hiji. Madag, p 1 37, f. loo. C'efl vm grand & gros arbre (différent du bois immortel de la Guiane , & de Varbr& immortel des Indes , Voye^ ces mots. ) dont le bois eft jaunâtre , compafte , pefant , infiniment dur , & qui dure très-long-temps , même lorfqu'il eil enfoui dans la terre. AxRBRE LAITEUX DES ANTILLES , ainfi nommé , parce qu'il fort en grande abondance des incifioni qu'on lui fait , un fuc laiteux , acre & cauftique. Cet arbre croit naturellement fur les rochers de la Loui- fiane : fon bois eft fi tendre , qu'en le fecouant on caffe fes branches. D'un coup de bâton on le fait, dit-on , fauter en pièces. Il s'élève à la hauteur de deux piques , &: cil de la grolleur de la jambe. On prétend que cet arbre eft le même que le thé de Bo'érhaave , que l'on cultive en pleine terre depuis quelques années aux environs de Londres. Ses fleurs font petites , divifées en cinq parties , & placées , ainlï. que les épines que cet arbre porte , aux aiftelles des feuilles. A ces fleurs fuccedent des baies qui ont la figure de poires , & qui renferment un noyau dur &: affez long. Ses feuilles reftemblent un peu à celles du laurier ; elles tombent pendant l'hiver , & elles n'ont ni le parfum ni les autres propriétés du thé ordinaire. Le P. Nicolfon fait mention , dans fon EJfai fur tHifioire naturelle de Saint-Domingue , de deux arbres appelés bois laiteux ^ l'un franc ^ 6c l'autre bâtard. 45o A R B » Le l>oîs laiteux franc ou h ois laiteux fébrifuge , Rau-^ volfia lachfuns , Plum. C'eil Vourouankle des Caraïbes. C'efl un arbnâ'eau qui produit de fa racine plufieurs tiges grêles , caiiantes , hautes de cinq à fix pieds. Ses feuilles font oppoiees , longues d'un demi-pied , larges ti'un pouce 6c demi , ondées fur les bords , luifantes, pointues , divifées par une côte faillante en deflbus , à laquelle aboutirent des nervures droites , d'un vert foncé en deffus , d'un vert pâle en deffous. Ses fleurs croifient aux fommités des branches ; elles font petites , blanches. Il fort de toutes les parties de cet arbrifleau , lorfqu'on les froiffe , un fuc laiteux , dont on fe fert comme vulnéraire & fébrifuge «. » Le bois laiteux bâtard y Arbor laQefcens , Tabernce-' montana laclefcens , Plum. C'eil: le titoulihué , puipi^ nichi des Caraïbes. C'eil un très-grand arbre. Son tronc s'élève très-haut , 6c fe partage en plufieurs groifes branches ; fon écorce eil grifâtre ; fon bois tendre , blanchâtre , caifant net ; fes feuilles oblongues , poin- tues , larges de deux pouces 6c longues d'un demi-pied , alternes , épaiiTes , d'un vert foncé. Elles croiiiént par bouquets à l'extrémité des branches. Il pouife au centre des bouquets une efpece d'ergot , de même fubilance que les pédicules qui font très-courts , gon- flés par la bafe : fes fruits font ronds , verts , mollalfes , de la groifeur d'une cerife. Toutes les parties de cet arbre font remplies d'un fuc abondant , laiteux , très- acre. Cet arbre croît dans les endroits humides. On emploie fon fuc laiteux pour la guérifon des malingres «. Arbre de mature. Foye^ Canang a feuilles LONGUES, Arbre de mille ans. Voye^ à la fin de l'article Pain de Singe. Arbre de Moyse ou Buisson ardent. Foyei à la fuite de V article Nefflier. Arbre de neige de Virs^inie , Chionanthus Vlr- ginica^ Linn. : Amelanchier V irginiana ^laura cceraji folioy A R B 4^1 Pet. ûc 241 , Catesb. Car. i. p. 62. C'eft le friow- drap des Anglois : c'eft un arbriiTeau qui croît dans rAmérique Septentrionale , dans les lieux humides , & fur le bord des ruiffeaux. Il eft haut de fix à dix pieds ; fes feuilles font fimples , oppofées , ovales , entières , vertes &: glabres en deffus , un peu velues en deflbus ; les fleurs font de l'ordre de celles à.ç.% jafmins , blanches , difpofées en grappes paniculées , pendantes. L'arbrilïeau , vu de loin ^ paroît comme couvert de neige. Les fleurs paroiiTent au commence- ment de Juin ; & lorfqu'elles tombent , la terre en efl toute jonchée. On peut employer cet arbre à dé- corer les bofquets de la fin du printemps. Il paroît que Varhr& de, neige fe trouve auffi au Ceylan , mais fes feuilles font moins pointues aux deux bouts que dans l'efpece de la Virginie. Arbre de la Nouvelle Espagne ou Arbre du PAPIER , u4rbor papyracea. Efpece de palmier qui croît dans la Nouvelle Efpagne , & eft nommé par les Ha- bitans du pays guajaraba, La tige de cet arbre eil rougeâtre. La feuille eil grande , verte , & quelquefois rouge , épaiffe & ronde : elle fert de papier aux In- diens : ils écrivent fur cette feuille avec des flylets. Son fruit eft une efpece de raifm , gros comme une aveline , de la couleur des mûres : il eft fort bon à manger. On voit un de ces jeunes arbres dans les ferres du Jardin du Roi. Il croît aufli dans l'Amérique une efpece de pal- mier , dont le fruit a la figure d'un gros navet , & efl bon à manger. Ses feuilles , ainfi que l'écorce de plu- fieurs autres arbres de ce Continent , fervent de papier aux Indiens. Arbre a pain ou Rima, Arhor panlfcra: Socais, Rumph. Parmi les végétaux à fruits excellens , qui croiffent aux belles & fécondes Ifles Philippines , prin- cipalement dans celle qu'on appelle Ifle de Luçon , même à Java^» 6cç. , ou diftingue ceiiû dont le nom 46i A R B feul intéreffe , c'eft Varbre du pain , arbre qiie l'on doit bien diflinguer du fa^ou , palmier qui eft fujet à une pléthore farineufe , & que les Holiandois appellent encore arhrc à pain. Voyez fagou. Uarbre à pain des Philippines croît naturellement dans cette contrée. C'efl un arbre très-élevé , d'une belle forme & qui fe ramifie beaucoup ; fes feuilles naiffent aux extrémités des branches ; elles font alternes , très-grandes , longues de deiLX pieds , fur dix - huit pouces de largeur ^ iinuées ou dentelées aflez profondément fur les bords latéraux & d'un vert foncé. Cet arbre porte des fleurs maies & des fleurs femelles fur le même pied; les fleurs mâles font fur une partie de la plante , & com- pofées d'un nombre infini d'étamines , difpofées en chaton , &: portées fur un corps fpongieux affez alongé ; le piAil que la fleur femelle renferme eil fur une autre partie de la plante , & devient un fruit très-gros & fphérique , d'un pied de diamètre ou en- viron , dont la peau raboteufe & inégale , paroît com- pofée d'écaillés régulières ou tubercules , à cinq , fix ou huit pans. Ce fruit renferme une grande quantité d'amandes affez groiTes , attachées à un placenta charnu & très-confidérable , qui occupe le centre; les amandes recouvertes chacune par plufieurs membranes , font farineufes comme la châtaigne ; on coupe ce fruit par tranches , &: après l'avoir fait fécher on le mange comme du pain ; il en a un peu le goût , & fe con- ferve , étant féché , plus de deux ans fans s'altérer. Telle efl la defcription du rima par M. Sonmrat, On foupçonne que le rima eft le même arbre que le Caf- tança Malabarica ou VAngeiina de VHort. Malab. & le Soccus lanofîis de YH^rbar, Amboin. M. Sonnerai a ap- porté quelques plantes de cet arbre à l'Ifle de France , & l'on efpere qu'avec des foins il réufTira dans ce climat , quoique moins chaud que celui oii ils croiffent. Les Indiens nomment le fiiiit à pain rima ; mais les gens de l'équipage de l'Amiral Anfon , dans fon Foya^^ A R B 46^ amour du Monde , l'appelèrent le fruit à pain. Ils en mangèrent tous au lieu de pain , dans le iejour qu'ils firent dans l'Ifle de Tinian ; tout le monde le prëfé- roit même au pain ; en forte que pendant le iejour dans rifle fortunée de Tinian , où le vailTeau de l'Ami- ral Anfon , infedé du fcorbut , avoit débarqué heu- reufement , on ne diflribua point de pain à l'équipage. Ce fmit croît féparément &: jamais en grappe ; on ne mange le fruit à pain que lorfqu'il eil parvenu à fa groffeur. En cet état , il eft d'une faveur à-peu- j3rès femblable à celle qu'a le cul d'artichaiLX quand il eft cuit. Lorfqu'il eft tout-à-fait mûr , il a un goût doux , &: une odeur agréable qui approche de celle de la pêche mûre ; mais on prétend qu'alors il eft mal- fain & caufe la dyffenterie. On lit dans la tradu£lion du mangofan & du fuit à pain 5 ouvrage traduit de l'Anglois John Ellis , qu'il feroit à défirer qu'on cultivât dans les Ifles à.^s Indes Occidentales , & même en Europe , ces arhrzs naturels à l'Inde Orientale ; que le fruit du mangoftan eft fa- lutaire aux malades , & délicieux pour tout le monde; mais que le fruit à pain lui eft bien fupérieur pour l'utilité : il eft donc plus néceftaire & plus important pour la nourriture de toutes fortes d'habitans , & fpé- cialement Aqs Nègres , ou autres individus colorés. D'après les différentes mentions qu'en ont fait les Voyageurs qui ont vu cet arbre , tels que Wallis , Daînpier , Rumphius , Lord Jnfon , l'Amiral Solan- der ^ &c. &:c. il paroît qu'on doit diftingiier deux fortes à'arhres à pain , l'un portant graine , &: qui eft l'arbre primitif, foccus granofus ; l'autre eft une efpece qui a été négligée , qui ne fe multiplie que par boutures , & dont on préfère le fruit , parce qu'il eft fans noyau , foccus lanofus ; fa partie charnue , très-nourriffante , & la plus tendre , eft au centre du fruit. L'^efpece à noix & femence n'eft bonne , dit Rumphius 5 que cuite au four , ou préparée de quel- 4^4 A R B qu'autre manière , fur- tout avec les mets gras. C(* même Auteur rapporte que le fuc qui coule du tronc , bouilli avec l'huile de coco , fait une excellente glu. Enfin que dans la langue Malaie cet arbre fe nomme foccus ou focciim cap as ; auprès de la Ville de Bantam, à Java , Balega & Maduré , le foccus lanofiis s'appelle foccumbidji kukr\ à Amboine ^<, dans les Ifles voiii- nés , le foccus granofus s'appelle foccum titan ou kul- lus ut an. Le Capitaine DampUr dit que l'efpece de fruit à pain , fans femence ni noyau , croît aux Ifles Larrones , & efl dans fa faifon huit mois de l'année , & que les Habitans ne mangent pas d'autre pain pendant tout ce temps-là. Rumphius dit que le fruit efl en forme de cœur , que fa furface efi: épaiffe & verte , &: que plus les tubercules qui ornent l'extérieur de fon ecorce , font plats & unis , plus les femences contenues dans le fruit font en petit nombre ; plus alors il y a de pulpe , & plus fa coniîfîance efl gélatineufe. L'intérieur de l'écorce efl une fubflance charnue , pleine de fibres entrelacées , qui reffemblent à de la laine. Arbre du papier. Voyez Guajaraba ^ à l'article Arbre de, la Ncuvdk Ef pagne. Arbre du paradis terrestre. C'efl Varbrc de vie. Voyez ce mot. Arbre aux pois ou Caragan féroce , Arbor pi forum 5 feu Caragana ferox. C'efl un arbriffeau de la famille des Légumineufes , qui vient de lui-même dans la Sibérie & en bien des endroits de l'Aile Septentrio- nale : les rivages de l'Oby , du Jeniska , en font fournis. On l'y appelle caragogne. Il fe trouve plus fréquemment dans un terrain fablonntux , voifin àzs eaux vives &: claires , que dans les eiidroits maréca- geux & trop détrempés. Cet arbr.fTeau , qui croît très- promptement &: s'élève quclqu?tois à la hauteur d'un moyen bouleau , réunit rag'iaiîle ^k. l'utile. Outre l'ornement de fon feuillage , qui eil d'un beau vert , & A R B 4/îj de fes fleurs qui font d'un beau jaune & axiîlaires , fes feuilles & fes branches tendres , qui font un excel- lent fourrage pour les befliaux , étant préparées par la macération &c la putréfadion , fervent dans la tein- ture du pays ; en effet le bleu qu'on en tire peut fup- pléer à l'indigo &c au paftel. L'écorce de l'arbre n'eft pas plus fine & plus tenace que celle du tilleul , 6c fert à faire de bonnes cordes. Le bois eil d'un très- beau jaune , extrêmement dur , contient peu de moelle, & eR propre à toutes fortes d'ouvrages de tour ; quand il eil frais coupé , il a un goût qui approche beaucoup de celui de la réglifle. Les porcs aiment beaucoup la faveur des racines de cet arbre. Certains Habitans de Sibérie , 6c principalem.ent les Tungutes , fe nourrilîént des pois qu'il produit : ils mangent aufîi les feuilles en les dépouillant de leur amertume par l'ébullition. Les fruits font en filiques , qui contiennent quatre ou cinq graines ou pois à-peu-près de la groffeur d'une lentille. On a obfervé que quand Varbre aux pois fe trouve 'dans un mauvais terrain , il prend la forme d'un buif- fon , & fes branches font tortues & irrégulieres ; mais il profite beaucoup & en peu de temps dans un fol convenable. La multiplication de cet arbre fe fait non- feulement par la graine , mais auiTi de bouture, & par le moyen des branches auxquelles on laifîe prendre racine : on trouve aduellement de grandes plantations de cet arbre dans la Suéde , la Norvège , la Laponie , l'Iflande , &c. On en diflingue même de plufieurs for-^ tes. La taupe efl l'ennemi domeilique & le fléau des racines de Varhrz aux pois. On doit encore , tant qu'il efl petit & tendre , le garantir de l'infulte des cochons & des befliaux , qui autrement le détruiroient. M. le Comte de Bielche , Suédois de nation , & qui a élevé dans fon pays plufieurs de ces arbrilïeaux avec de la graine qu'il avoit obtenue , étant à Pétersbourg en 1744 5 dit que ces fortes de pois fe cuifent'plus 466 [^ ^ ^ facilement que les nôtres , qu'ils font plus faciles à di- gérer , plus ncurrilîans &C fort oléagineux. M. de Bidcks ajoute qu'il en a fait moudre , & qu'il en a fait des gâteaux d'un trcs-bon goût. StrahUmberg regarde V arbre aux pois comme uneelpece d'acacia, Afpalatus , cara- gcna Sibcrica pfcudo-acacia ; c'efl le robinia fpïnofa de Linnœus. Le pétiole commun des feuilles efl roide , piquant à fon fommet ; il perufie après la chute des feuilles , & fe change en vme épine droite , très-aiguë , roide , & qui a près de deux pouces de longueur. On peut, par le m.oyen de cette plante, faire des haies vives propres à empêcher de paffer les animaux. Aujourd'hui l'on cultive comme arbnfie dans nos jardins le robinia pygmœa ou nain ; en effet il mérite une place diftinguée dans les jardins d'ornement , fur- tout au printemps , par rapport à la beauté de fes fleurs. Arbre-poison. Plufieurs végétaux , en raifon des effets de leur fuc , &c. mériteroient ce nom , mais , d'après des Ecrivains modernes , on le donne plus par- ticuliérem.ent au bohonupas. Voyez cet article. Arbre puant. Cet arbre eil de la grandeur du chêne ; il croit au Cap de Bonne-Efpérance , & à la Côte de Coromandel. Il rend une fi mauvaife odeur quand on le coupe , que les ouvriers ont peine à la fupporter. Mais comme ica bois eil d'im beau grain & bien nuancé , les Européens du Cap l'emploient pour leurs meubles , ôc l'odeur fe diflipe avec le temps. Cet arbre feroit-il le mem.e que celui appelé bois de merde ? Voyez BoiS CACA. Arbre saint. Voye^ Azedarack. Arbre de Saint-Jean, ou May , ou Bois blanc DE la Gui ANE. Le tronc de cet arÎDre ne vient ja- mais gros , mais il s'élève très-haut &: droit , il formxC un fommet très-touffu ; fon écorce eft cendrée , blan* châtre , peu crevaffée , mince , d'un goût amer. Son bois eil fort léger , blanc , flexible , poreux , & très- en luage dans le pays ; on ejQ fait du îBeu^n, Dans A R B 4^7 la Guiane on préfère cet arbre à tous les autres , pour la cérémonie de planter U mai. Ses feuilles font ^ épailles , ovales , d'un vert clair en defliis , mat en de {Tous , rangées par paire le long d'une côte , d'un goût un peu amer ; fes fleurs font en entonnoir , aux- quelles fuccedent des baies jaunâtres. Arbre aux savonnettes. Foyei Savonier. Arbre a suif , Croton fiblfirum , Linn. : Rlclnus Ch'inmjîs fcb'ifcra , populi nigm folio , Petiv. Gaz. 5 3 : Evonimo affinis S'maruni , populi nigrœ folio tricapfiila^ ris y granis nigris candidijjîmâ fuhfantid oMucIis , Pluk, Amalth. 76 , t. 390. f. 2. : 6^ Arbor Smenjis fbifira , kieu-ycUj P. Martini ,^yé Arbor fcbacea , P. le Comte, Pluk. Amalth. 25 : Vuklm-mii des Chinois, Hiif. des Voyages , vol. VI , p. 464. Cet arbre croît naturel- lement à la Chine iiir les bords des ruiffeaux. On l'y cultive aufTi : les champs , dit le Père U Cornu , où ces arbres font ordinairement plantés en échiquier , fe préfentenî de loin comme un parterre de pots à fleurs. Cet arbre du genre des Crotôns , Voyez ce mot ^ s'élève à la hauteur de nos poiriers ; il reffem.ble à nos cerifiers par le tronc & les branches , & au peu- plier noir par fon feuillage ; mais fes feuilles ne font pas dentées ; elles font vertes , tombent ^ l'approche de l'hiver , & deviennent d'un rouge vif avant leur chute. Ses fleurs font en épis droits , & reffemblent à des chatons ; aux fleurs femelles fuccedent des cap- fules glabres , dures , brunes , ovales , pointues , à trois côtés arrondis , divifées intérieurement en trois loges bivalves : chaque loge contient une graine prefque hémifphérique d'un côté , aplatie de l'autre avec un fillon , & couverte d'une efpece de fuif un peu ferme & très - blanc. Ces graines attachées par leur partie fupérieure interne à trois placentas qui traver- f^nt le fruit , y reflent fufpendues après la chute des valves de la capfule ; de forte que l'arbre paroît alors couvert de petites grappes très - blanches , qui lui G g 2 4^8 A R B donnent, fur- tout dans Péloignement,un a{pe£l agréable ^ par le contraile qu'elles font avec le rouge des feuilles. V arbre à fui f 'iowmit aux Chinois la matière de leurs chandelles ; ils tirent en outre de ^zs graines beaucoup d'huile pour les lampes. Pour obtenir ce fuif végétal , on broie enfernble la coque & les graines , on les fait bouillir dans l'eau , on écume la graiiTe ou huile à mefure qu'elle s'élève ; & lorfqu'elle fe refroidit , elle fe condenfe d'elle-mcme comme le iuif. Sur dix- livres de cette graiffe, on en met quelquefois trois d'huile de lin , avec un peu de cire , pour lui donner de la confiftance. Les chandelles qu'on en fait font d'une grande blancheur ; mais l'on en fait aujîi de rouges en y mêlant du vermillon. On aiiiire qu'on trempe ces chandelles dans une forte de cire qui vient aufîi d'un arbre en Chine ; ce qui forme autour du fuif une efpece de croûte qui l'empêche de couler. Foyei Arbre a cire. M. le Vicomte de Querho'ènt nous a mandé du Croific , en Bretagne , avoir apporté de l'Ifle de France )^arhr& à fuif ^ oii il réufiit parfaitement. La graine que M. di Qiicrho'ént a femée a parfaitement levé , & lui a fourni des plants qu'il conferve depuis 1774. Ils n'ont point encore fruftifié , ( Novembre 1 779 ) ils font un peu fenfibles à la gelée ; mais il efpere que lorfqu'ils feront plus forts ils pourront fupporter la rigueur de notre climat «. Arbre a suif de la Guiane. f^oyci Ouarouchî» Arbre triste , Jrhor trlfiis , mania pumcran. Cet arbre qui croit aux îndes , au Malabar , à Sumatra & à Goa , porte ce nom , parce qu'il ne fleurit que pendant la nuit. En effet , fes fleurs fuient l'éclat agréable de la lumière ; elles ne paroiiient qu'après le coucher du foleil , & difparoilfent au lever de cet aflre. On voit quantité de ces arbres autour des mai- sons Indiennes , fur-tout dans l'ifle de Sumatra. Uarbre trific a le port ce la figure du prunier. Ses branche3 A R B 4^9 font menues , ayant d'eipace en efpace un petit nœud y d'où fortent deux feuilles vertes , molles & lanugi- neufes. Ses fieurs reflemblent à celles de Toranger ; elles font même plus belles & plus odoriférantes ; elles font partagées en huit quartiers 6c renferment deux étami- nes ; leur calice eil rougeâtre , 6c les Habitans s'en fervent pour colorer leurs viandes , de même que fes fleurs donnent aux alimens une bonne odeur & un goût agréable. Son fruit , qui efl: gros com.me un lupin , a la figure d'un cœur &: renferme àes femences blanches , tendres 6c un peu ameres. Cet arbre eft appelé à Pondichery fiur dcfafran. Voyez Pariaticu dans VHort. Malah, vol. I , tab. i . U arbre trijk eil de Tordre des Jafmins. Arbre aux tulipes , Tuliplfera^ Catesb. 48. Cet arbre croît dans prefque tout le Continent de l'Amé- rique feptentrionale , depuis le Cap de la Floride juf- qu'à la Nouvelle Angleterre. Il devient fort grand , 6c quelques-uns ont jufqu'à trente pieds de circonférence. Cet arbre eft remarquable par fes branches pliées en toute forte de fens. Ses feuilles on| la figure de celles de l'érable. Ses fleurs ont toujours été comparées aux tulipes , d'oii l'arbre a pris fon nom ; mais elles ap- prochent davantage de celles de la fritilUire ; elles îbnt d'un vert pâle , teintes à la partie inférieure de rouge 6c de jaune. ( M. Ddmiç obferve que le calice efl compofé de trois pièces ; la corolle a neuf pétales , hc renferme plufieurs étamines. ) Aux fleurs fuccedent des capfules oblongues ^ qui toutes réunies forment ua fruit écailleux comme les cônes du fapin. Les graines ou femences font comme en fer de lance. Cet arbre fe plaît particulièrement dans les terrains humides. Il efl très - propre à former des malîifs & de fuperbes avenues : on en voit un très-beau à Paris dans le Jardin des pépinières du Roi. On peut l'élever de graines venues du Canada ou de la Louifiane. Le bois de cet arbre eft d'im grand ufage pour les bâtimens» G g 3 470 A R B Il pafle danj le pays pour être le meilleur beîs dont on peut faire des pirogues ou des canots d'une feule pièce. C'eft le même arbre que le tulipier ou le hols jaune. Arbre du vernis dé la Chine , Arhor vcrnlds y Rumph. Cet arbre , dit M. de la Mark , efl de la forme f-c de la grandeur d'un manguier'^ fes branches font étendues prefque horizontalement ; fes ram^eaux vien- nent quatre ou cinq enfemble , difpofés en vcrticille. L'écorce efl: d'un brun cendré , hffe. Ses feuilles font difpofées comme dans les hadamiers , Voyez ce mot ; elles font longues de neuf à onze pouces , & ont environ deux pouces & demi de largeur ; les fleurs font en grappes pendantes , petites & d'un blanc jau- nâtre ; il y a plufieurs étamines rouges : les fruits Ibnt cymbiformes. Cet arbre efî nommé par les Chinois //zi- chou ou tjl-chu , ce qui fignine arbre du vcniis. Les Chinois retirent à l'aide d'une inciiion faite à fon tronc , une liqueur qui eft leur vernis. Le thi-chou croit naturellement fur les montagnes de plufieurs provinces m.éridionales de la Chine 6c dans les Moluques. Son bois efl afTez folide & du- rable , diiiîcile à couper ; fon aubier efl blanc , m.clc de noir ; le bois proprement dit , efl brim ; il y a peu de moelle : on prétend que fes fruits defTéchés peu- vent être mangés fans aucun danger : fans cette pré- caution ils empoifonneroient. Le principal ufage qu'on fafTe de cet arl^re , foit à la Chine , foit aux Moluques , ell d'en tirer ce ver- nis fi renommé , dont les Habitans de la Chine , du Tonquin & du Japon , enduifent avec tant d'élégance & de propreté la plupart de leurs meubles , tels que leurs tables , iîéges , armoires , leurs plats & fervices de table , les murs même de leurs appartemens , ce qu'on appelle communément en, Europe des meubles de laque. Cette dénomination impropre trompe quel- quefois ceux qui croient mal à propos que ces fortes A R B 471 de meubles font recouverts de la fubftance réfineufe appelée laque , &; qui fërt fouvent à des ufages à peu près pareils : on verra à l'article fourmi de quelle manière des infe£les de ce genre nous préparent la réjim laque proprement dite. Revenons au fuc réfuieux de Varbre au v&mis : les arbres qui font à l'ombre don- nent plus de vernis , mais moins bon. Ceux qui font cultivés donnent du vernis trois fois dans l'été ; celui qui découle le premier ell le meilleur. On ne fait à un arbre que trois ou auatre légères en- tailles fur l'écorce , fous chacune defquelles on place miQ coquille de moule de rivière pour recevoir la liqueur laiteufe qui en découle ; on les retire environ au bout de trois heures , & on verfe la liqueur dans un petit feau de bois de bambou. Voyez ce mot. Les vapeurs de ce vernis font vénéneufes ; auiîi doit- on, lorfqu'on le tranfvafe , tourner la tête pour les éviter. Peu d'ouvriers parmi ceux qui y travaillent font exempts d'être attaqués une fois de la m.aladie à^s clous de vernis , ou pullules fur la peau ; mais elle n'efl que douloureufe , & n'efl point mortelle. Une loi bien digne de l'hum^anité de ce peuple , ordonna au Maître qui les emploie à cette récolte , d'avoir chez lui un vafe rempli d'huile de rabette , dans laquelle on a fait bouillir l'enveloppe d'une panne de porc. Les ouvriers s'en frottent les m.ains & le vifage avant & après leur travail. Outre cela , il leur efï ordonné de fe fervir d'un mafque , d'avoir des gants , des bot- tines , & un plaftron de peau devant Peflomac. Lorfque le vernis fort de l'arbre , il reffemble à de la poix liquide & laiteufe : expoie à l'air , fa furface prend d'abord ime couleur rouffe , & peu-à-peu il devient noir. Les Chinois diflingûent plufieurs fortes de vernis ^ qui tirent leurs noms des divers cantons où on les recueille. Le nien-tfi pur eil le plus beau ; il eil noir ^ mais il eft très-rare. Le roaang-Ji eil un autre vernis G g 4 472 A R B qui tire fur le jaune , &c dans lequel on mêîe environ moitié d'une huile fort deiTicative éc très-commune à la Chine , que l'on exprime du fruit d'un arbre appelé long-cûu. Voyez Arbre dont on retire de l'huile. Le P. d'Incarville ^ dans un excellent Mémoire corn- pofé fur le lieu même , 6c inféré dans le troifieme tome des Mémoires pi tj entés à r Académie , 6c duquel nous donnons ici un petit extrait , dit qu'il a oui dire qu'on vend cette huile à Paris fous le nom de. vernis de la Chine : elle reiTemble aflez à de la téré- benthine. Lorfque les Chinois veulent faire leur beau vernis ordinaire , ils font évaporer au foleil le vernis nommé nien-tfi , environ à moitié : ils y ajoutent fix gros de £el de porc par livre de vernis : ils remuent fortement, &: y incorporent quatre gros de vitriol romain. Ils font parvenus depuis quelques années à imiter le bril- lant du vernis noir du Japon , en mêlant avec d'autres fubilances ce premier vernis préparé , ainfi qu'on en peut voir le détail dans le Mémoire. Il n'y a que peu d'années que le fecret de ce vernis brillant du Japon a tranfpiré hors du Palais. C'eiî avec le vernis jaune , que les Chinois font ces ouvrages qui imitent l'aventurine : ils faupoudrent avec de la poudre d'or une couche de ce vernis , fur laquelle ils remettent enfuite de nouvelles couches ; au bout de quelques années , ces ouvrages deviennent plus beaux. L'application du vernis demande de l'habileté & des foins étonnans , qui tendent fur-tout à éviter le moin- die atome de pouffiere. Lorf qu'une couche très-mince de vernis a été appliquée , on la laifle bien fécher avant d'en appliquer une autre. Une obfervation fm- guliere 6c contraire à l'expérience ordinaire , c'efl que ce vernis feche mieux & plus vite dans im lieu hu- mide que dans un euv-lroit fec ; auiîi en pratique-t-on un exprès. Avant d'appliquer la féconde couche , on A R B 475 polit bien la première avec un bâton compofé d'une poudre de brique très-lîne. On trempe ce bâton dans une préparation de /ang de cochon & d'eau de chaux. On ne met que trois couches de ce vernis fur l'ouvrage. Pour empêcher que le vernis de la première couche n'entre dans le bois , avant d'appliquer cette première couche , on palTe fur la pièce une eau gom- mée empreinte de craie. Le bois que les Chinois emploient pour leurs petits ouvrages de laque , efl pliant , & extraordinairement léger : on prétend qu'il rend im plus beau fon dans les inftrumens de mufique que les autres efpeces de bois. Les Chinois nomment l'arbre dont ils le retirent ngoutong. Peut-être cet arbre , dit le P. d^IncarvïlU , fe trouvera-t-il au MiiTiffipi. Depuis le Mémoire de ce Millionnaire , M. E/lis a donné une DilTertation pour reconnoître l'arbre dont on tire le vernis à la Chine & au Japon , pour en augmenter la, culture dans les Colonies de l'Amé- rique , & corriger les erreurs où les Botaniftes font tombés à fon fujet : il en réfulte que ce n'eft pas , comme prétend M. Miller , V anacardium occidentale ou éicajou de Tourne fort , qui le produit ; mais V anacardium orientale ou avicennia de Linnceus, M. le Chevalier de la Marck prétend , au contraire , que V arbre du vernis de la Chine efl un badamicr, Jufqu'à préfent les Chinois n'ont pu trouver le fecret du vernis tranfparent comme de l'eau , que les Ja- ponois appliquent fur leurs deffeins en or. Le vernis tranfparent de la Chine tire fur un vilain jaune ; c'efl celui qu'ils erriploient pour imiter l'aventu- rine , mais qui efl bien inférieur à celui des lapo- nois. On obferve que l'ancien laque eil plus pré- cieux , très-recherché , & que fon vernis efl beaucoup plus endurci. Le ( ou la ) laque nouvelle efl: plus facile à s'écorcher. Foy^i Vanicle Laque. 474 A R B Arbre de vie , Thuya. On lui donne ce nom faf^ tueiix , parce qu'il reile vert été ec hiver , ou à caufe de fon odeur forte , cTow , fujfio. Il y en a plufieurs efpeces ; les unes de Canada 6c de Sibérie , & l'autre de la Chine. Uarbre de vu de Canada efl de hauteur médiocre : fon tronc eft dur , noueux , couvert d'une écorce rouge-obfcure. Ses rameaux fe répandent en ailes. Ses feuilles reflemblent à celles du cyprès , ou il l'on veut à celles de la fougère : elles ne pouHent guère que fur le jeune bois , & font pofées les unes fur les autres , ainfi que des écailles , attachées à des tiges apla- ties. Cet arbre porte , au commencement du prin- temps , & même en hiver , des fleurs mâles & des fleurs femelles fur le même pied. Son fruit eft oblong , c'ell une efpece de cône alongé & compofé d'écaillés. En général , le fruit du thuya de la Chine m^ûrit un mois plus tard que celui du Canada. Ses icuilles , écrafées dans les doigts , ont une odeur forte , réfmeufe , oc leur goût efl amer. On diftingue dans les thuya celui d'Occident, TAz/j^ occïdmtalïs ^ thuya Thcophrafti ^ C. B. Pin. 488 : Arbor vït(Z Jîve Paradijîaca vulgo d'icia , odorata , ad Jabinam acccdms ^ J. E. J. 286 '.Arbor vitœ ^ Cluf. Hift. 36. Celui d'Orient ou thuya de la Chine , thuya Oricntalis^ le thuvoïdcs. Il y en a du Canada ou de . Sibérie de deux ef- peces y ou plutôt deux variétés , dont l'une a les feuilles panachées. Ces thuya font très - propres à mettre dans les bofquets , parce qu'ils fe confervent en pleine terre avec leurs feuilles été & hiver. Ils font vm ornement très-agréable dans les mallîfs d'ar- bres qui confervent auffi leurs feuilles , Je vert obf- cur de leur feuillage fait en quelque forte valoir celui des arbres qui les avoifment. il traniîude de ces arbres des grains de réfme jaune , tranfpa- rente , qui ne font point durs ; en les brûlant , ils répandent une odeur de galipot ; le bois en efl fu- dorifique. A R B ARC 475 Quoique le bois de cet arbre ibit moins dur que celui 'du fapin ^ il efl prefque incorruptible ; auffi en Canada , en fait-on grand ufage pour les paliiï^îdes. En le tra- vaillant il répand une odeur qui n'eft pas très-agréable. Le, premier arbre de vie qu'on ait vu en Europe , fut apporté à François I. On peut voir au Jardin du Roi plufieurs efpeces de ces arbres, qu'on appelle quelquefois ccdres Amiricains [a)» On peut multiplier Varhre dt vu par fes graines ou par fes branches inférieures que l'on couche en terre au printemps , après leur avoir fait à l'endroit des nœuds une petite entaille comme aux marcottes d'œillets. On peut auiri les ékver de boutures coupées tout auprès de la tige , oL les planter à la cheville dans une terre fraîche ^<, ombragée. ARBPvISSEAU ou Arbuste. Voye^^ cet article dans le Tableau alphabétique a la fuite du mot Plante. ARC ^ Arcus, Nom d'armes ofFenfives qui font ou de bois ou de corne, ou de toute autre matière élaf- tique , ainfi qu'on peut l'obferver dans la plupart des Cabinets. L'ufage des arcs pour lancer la flèche , efl très-ancien, & a été prefque univerfel chez les Na- tions de l'un ôc l'autre hémifphere : cet ufage s'eil confervé même dans notre Continent , jufqu'à la dé- couverte d'autres armes plus redoutables. Certains (3) M. Fougcroux ^ de V Académie des Sciences ^ a préfenté dans le Journal de Phyfiqui , Novembre ijSi , une difficulté & une incertitude. Quel eft , dit il , le thuya qu'on doit appeler thuya Jheophrajli ? eft-ce celui d'Orient oi{ d'Occident; ou ne feroit-ce pas un arbre du genre des cyprès ou des c^.'.ircs , dont Théophrafii auroit voulu parler , Sc qu'il auroit nommé thuya ? Si l'on doit nommer rLj'^j Tk eophr a fli cçAwi d'Occident, comment cet Au- teur Grec a-t-^ pu connoître une plante de la partie Occidentale de noLre Globe? ... Le fruit du thuya d'Occident reflemble à un petit cône fie fapîneîte ou de mélèze i fa graine très-£ne eft ailée. Au contraire le thuya d'Orient a le fruit & la graine approc'nans du cyprès ; enfin il fcmble que ie thuya de Ihécphrajîe doit être celui d'Orient qui eft le pltis élevé : ie tronc nu ; l'écorce brune ; la tige terminée par une L elle tête cor.ique , formée par les rameaux redrefles : Tes feuilles très- petites , ferrées, & imbriquées les unes fur les auti^s : les cônes hé- liffés & verdâtres. Les rameaux du thuya occidentaiiont plus ouverts U plus lâches , les ccnes lilies. 47^ ARC Peuples Sauvages de l'Amérique & d'Afrique , !es Montagnards d'Ecoffa , &c quelques corps de Troupes des Rufîes &c des Turcs fe fervent encore de Parc» C'eil de l'ufage qu'on faifoit autrefois de cette arme que fe font établies ces Compagnies bourgeoifes de l'Arbalète , qu'on voit encore dan. quelques Villes de nos Provinces, ^oye^ Vart'ick Armes. ARCANSON ou BRAY SEC. Voyci ks artkks Pin et Sapin. ARC-EN-CIEL ou Iris céleste , Cœkjlis arcus. C'eil ce beau météore en forme d'arc de différentes couleurs , que l'on voit , lorfqu'ayant le dos tourné au foleil , à l'inflant oii il n'eft plus élevé fur notre horizon que d'un peu moins de quarante-deux degrés , on regarde une nuée qui fond en pluie fine , Se qui efi éclairée par cet afl:re. On apperçoit fcuvent deux arcs à la fois ; l'un in- térieur , ôc l'autre extérieur qui embraffe ce premier : on appelle le àQxmcX faux arc-en- ciel ^ parce que {qs couleurs font moins vives , & qu'elles font dans un ordre renverfé. Pour que l'on puifle voir deux arcs-- CTî'ckl filaircs , il fufHt que la nuée fcit aifez étendue 6c affez épaille. Cet arc extérieur , eft formé de même que l'arc intérieur ou principal , par les rayons que le foleil darde dans les gouttes fphériques de pluie , & qui s y rompent & s'y réiléchiffent , de façon que chaque rangée des gouttes renvoie à l'œil du fpe£lateur des rayons primitifs de différentes couleurs , les uns rouges , les autres violets , & ainfi des autres , félon Pefpece dont efl le ra}'T>n , félon l'endroit dans lequel il entre dans la goutte d'eau , &: félon la manière dont il fe brife en fortant de l'eau. On fait que cette différente réfrangibilité des rayons rouges , orangés , jaunes , verts , bleus & violets , rend feule raifon de la caufe de Varc-en-ckl}, en un mot, ce font les mê- mes couleiu-s que l'on voit dans les ra}"ons du foleil qui traverfent un prifme de verre. On a remarqué des ARC . . 477 mrs-en-cUl qui , dans leur intérieur , en laiffoîent dil- tlnguer de contigus ou de concentriques. D ef caries ^ Languewith ^ Wcgner , Parent , &c. en ont fait men- tion. Le 1 1 Juillet 1 770 , un Phylicien étant aux bains de Freyenwald , vers les fept heures du loir , du côté de l'Orient, apperçut un triple arc- en-cul ^ celui du anilieu n'étoit pas concentrique aux deux autres ; il faifoit partie d'un plus grand cercle , & alloit couper cet arc. M. Halky a vu , en 1698 , à Ghefter , trois arcs-m-cid en même - temps. Vitdlïon dit avoir vu à Fadoue quatre arcs-cn-cid dans le même inftant. Ulris célejie paroit en forme d'arc , parce que les ïayons efficaces de lumière qui parviennent à Pœil fous un angle déterminé , forment un cône , dont la bafe efî la nuée fur laquelle l'iris eft répandu , & au fommet duquel fe trouve ?œil du fpedateur ; auiS Verrions-nous le cercle entier , fi nous étions affez élevés. M. Pajfumot , étant au fommet du Mont-d'Or ^ le 23 Septembre 1765 , flit furpris par des brouillards épais & très-condenfés ; il fixa fa vue fur le vafte 6c profond vallon de Chambon , qui en étoit auffi tout rempli ; un rayon de foleil perça les brouillards âipé- rieurs , &: lui fit voir dans le vallon un petit iris entier ( arC'Cn-ckl^nûtx^ d'environ dix-huit à vingt-un pieds de diamètre. M. l'Abbé Dicqmman a obfervé au Havre , un iris fmgulier par fa figure &: fa pofition à l^égard du foleil; c'étoit le 18 Juin 1777 , à fept heures &: demie du foir. Ce phénomène , qui étoit un peu plus élevé que le lieu du foleil , & à l'Oueft , ofFroit fur un nuage léger un petit ïrïs en zigzag , dont on ne voyoit dillindement que le vert &: le rouge. Cette derniers coideur étoit du côté du foleil ; une gloire compofée des mêmes couleurs &: dans le même ordre , couronnoit le nuage qui paroiffoit au travers de Vins , le tout enfemble formoit un grouppe tendre & fort agréable, M. de. Saint- Amans , ancien Officier de Vermandois, a obfervé , le 6 Février 1778 , à dix heures du matin 5 478 ARC dans les nuages dont l'atmofphere étolt chargée , deux halos ^ ou plutôt deux iris fort remarquables à caufe de leur lituation refpeciive ; en effet, ils étoient adoffés l'un à l'autre. C 'étoient deux portions de cercles colorés qui fe touchoient par un point de leur circonférence , & qui mêloient leurs couleurs à l'endroit de leur con- tact ; le plus grand de ces arcs avoit le foleil pour centre , & oppoibit intérieurement la couleur rouge , puis l'orangé, le jaune, le vert, à cet ailre. Le plus petit qui répondoit un peu au nord du zénith de rObfervateur , étoit extérieurement peint de la même couleur , ëc préfentoit au contraire dans fa concavité le violet , enfuite le pourpre , le bleu , ôcc. enfin le rouge. Ainfi les nuances prifmatiques de ces deux cercles pro- cédoient dans un ordre renverfé. Voici une expérience bien fimple du célèbre Antonio de Dominis , Archevêque de Spalatro' en Dalmatie , ( De radio v'ifus & luc'is , Venife , 1 6 1 1 . ) qui prouve que ces belles couleurs prifmatiques de Varc-en-ckl n^ font formées cxio. par la difTérente réfrangibilité des rayons de lumière. On prend une boule de criilal bien tranfparent: ou la remplit d'eau , & on la fufpend à une certaine hau- teur , expofée aux rayons du foleil. Quand cette boule efî fufpendue à telle hauteur , que le ra3/^on de lumière , qui donne du foleil fur la boule , fait , avec le rayon allant de la boule à l'œil , un angle d'environ qua- rante-un degrés , cette boule donne une couleur rouge. Quand cette boule eft fufpendue im peu plus bas , & que fes angles font plus petits , les autres cou- leurs de V arc-en-ciel parciiTent fuccefiivement. C'elî là le fondement de la connoiflance de Varc - en - ciel : mais il étoit réfervé à Newton de la mettre dans fon plus grand jour , en appliquant à ce phéno- mène fa découverte de la décompoiition de la lu- mière , & de la réfrangibilité propre à chaque efpece de rayon : ç'eil fon Ouvrage qu'il faut étudier, fi A R C 479 Ton cherche des râlions complètes & exactes de toutes les circonflances. Arc -EN- CIEL LUNAIRE. La réfraftion des rayons de la lune donne lieu quelquefois à un arc-en-ciel lu- naire , lorfque les circonflances requiles fe trouvent réunies. 1? arc -en -ciel lunaire a toutes les mêmes cou- leurs que \q folâtre , excepté qu'elles font prefque toujours plus foibles, à caufe de la diiférente intenfité des rayons; ti même ce phénomène ne peut frapper la vue , que lorfque la lune eii dans fon plein. M. Mufchenbroélk a obfervé un de ces arcs- en- ciel fort éclatant , mais qui €toit par-tout de couleur jaune. Nous en avons obfervé un pendant trois minutes au château de Chan- tilly , le 1 8 Juillet ï 777 , fur les dix heures du foir , dont l'éclat étoit fort foible , mais plus lumineux que celui de la voie laûée. Cet arc célejlc lunaire étoit très-régulier , d'une égale largeur , touchoit à l'horizon par fes deux jambes. Le coiè méridional ou la partie convexe , c'eil-à-dire le milieu de l'arc , en face de la lune 5 parut , pendant un infiant , affez brillant ; le jaune dominoit ; ce fut au moment c|ue le ciel parut pur 5 & la lune à la veille de fon plein , bien vi- îîbk , & qu'une légère ondée venoit de ceffer. Il étoit tombé beaucoup d'eau pendant la journée , & j'avois obfervé à fix heures & demie un double arc- en-ciel Jo^ laite ^ très-brillant, & un autre pareillement double à fept heures. Uarc-en-cid lunaire ayant difparu , oC ob- fervant le ciel vers la partie occidentale , fur les onze heures trois quarts , la lune étant couverte , je vis fe former derrière le carré de la grande Ourfe les effets les plus beaux d'une lumière boréale dont les jets s'élançoient , fe balançoient , & prirent toute forte de forme , pendant une demi-heure. Leur mouvement étoit très-rapide ; ces jets lumineux & leur longueur varioient de mênie que les écartemens des éle&rof^ copes ; l'on appercevoit alors , ainfi qu'on l'avoit vu la Ycilie j un graud noiïibre ^holk$ tombantes^ 48o ARC Arc-en-cîel marin. C'eft un phénomène c[iiî s^ob- ferve fur mer à l'heure de midi , lorique la mer efl extrê- mement tourmentée , & que la fuperficie de fes vagues eft agitée par les vents : les rayons du foleil qui tom- bent fur la furface de ces eaux agitées , s'y rompent , s'y réfléchiffent, & y peignent des couleurs , foibles à la vérité : on n'en diftingue guère plus de deux ; favoir , du jaune du côté du foleil , &c un vert pâle du côté oppofé. Les arcs fur la furface des eaux font nom- breux : on en voit fouvent vingt ou trente à la fois ; ils s'offrent dans une pofition contraire à V arc-en-cUl f claire , c'eft-à-dire renverfés. Ce phénomène de la réfraclion , qui fait le jeu du prifme , s'obferve quel- quefois fur les prairies par la réfraction des rayons cîu foleil dans les gouttes de rofée. Arc-en-queue. C'efl le troupiaU a queue annelk de M. Brïjfon^ tom. I, pag. 89. Voye?^ tartïcU Trou- PIALE. ARCHANGÉLIQUE. C'efl Vïmperatoria Archange-^ Ika âicla , de Tour nef on , Inft. R. Herb. 3 1 7. ARCHE DE NOE , Arca No'e. Efpece de coquillage bivalve qui fe rapproche le plus , félon M. ^ArgenvilU^ de la famille des Cœurs, Sa forme qui repréfente une efpece de cœur oblong dont le fond eil: plat ,' lui a fait donner ce nom. Sa partie alongée en defîbus forme comme la quille d'un vaiffeau , avec deux élévations par-deffus du côté de la charnière : fa carène eft large , & {^s valves béantes vers le bas. Les lîries longitu- dinales qu'on voit fur fa robe , forment un ouvrage chagriné , de couleur fauve-bnni fur un fond blanc. Plufieurs font bordées de drap marin. ARCHIPEL. Se dit d'un endroit de la mer qui a beaucoup d'Ifles. Il y en a un dans la Méditerranée , un dans les Indes Orientales , ôcc. ARCTOPITHEQUE , ArUopahccus , Gefner. C'efl XA'i ou grand PareffeuK, Voyez VarùcU PARESSEUX. ARDASSINE, A R D 481 ARDASSINE. Voyzi Ablaque. ARDERELLE. Voyc^^ Mésange ( grosse )* APvDERET. Voy^i Pison d'Ardenne. ARDOISE, Lapis jifjllls , Ardifia, V^rdo'fi efî une efpece de fchïjîe , matière de la nature de l'argHe eu de la glctlfô y fans tranfparence , de couleur bleuT^re, grife , ou même rouiie , qui fe dlvife en lames minces , plates &: unies , employées pour couvrir les maifons. Cette efpece de pierre a fervi dans les temps pafies de moilon pour la conflrudicn des murs : elle efî: encore employée au même ufage dans les pays cii les carrières en font communes. On fait que la plupart des murs d'Angers font bâtis de blocs "^(^ardoilh , ce qui donne à cette ville un trifte afpeâ:. Va^doifi au for tir de la carrière elt tendre , mais elle fe durait à l'air : elle eil difpofée dans la carrière par bancs , dans lefquels il y a des fentes qui font fi près les unes des autres , que les lames qu'elles forment ont très-peu d'épaiffeur ; c'eil par ces fentes qu'on les divife faci- lement , lorfqu'elles font fraîches encore , pour les pré- parer à fervir de couverture aux bâtimens. C'efc avec de grands rifques qu'on entreprend d'ou- vrir & de travailler une carrière dCardoifc. Si la carrière trouve à Aqs profondeurs plus ou moins c^randes. Lcrfqu'on a enlevé les terres 6l fait la première ou- verture de la cojfe ( première furface que préfente le rocher immédiatement au-delTous de la terre ) il arrive quelquefois que la pierre ou ardoife eil tendre 6c parfemée de veines, ce qu'on d.'^ptV.eé^reenfinUktls; alors elle n'eft pas aiTez faite ; elle n'a pas affez de confiflance pour être divifée en lames d'une dureté requife. Il refte cependant alors quelque efoérance ; car Vardoife devenant plus dure & plus confiflante à meliire que la pierre (carrière) acquiert plus 'de Tome /, H h 4S2 A R D profondeur , il peut arriver que Von trouve de bonne ardoijl après les fzuilktis. D'autres fois Vardolfe fe trouve dès l'ouverture être excefîivement dure & caffante , alors il n'y a plus d'efpérance ; car on eft sûr que plus on avancera , plus on la trouvera dure & de mauvaife qualité. C'efl à la difFërcnce des parties confl:ituantes de cette forte de pierre , que nous devons Vardoife de table ou de carreaux , fufceptible de poli ; Vardoife de toits qui fe divife en feuilles minces & fonores ; Vardoife tendre & friable qui fe gonfle à l'hu- midité , fe brife facilement &: iè réduit en poufilere ; le crayon noir ; Vardoife groiîlere ou iQfchifie. Voyez ce mot^ On rencontre dans les montagnes des Pyrénées des carrières à^ardoife dont l'exploitation n'eft pas aufîi dangereufe pour la dépenfe que celle dont nous venons de parler , car on y découvre Vardoife à fleur de terre le long des côtes. On trouve dans prefque toute la Suiffe de grands lits à^ardoife , dont C|uelques-uns font aifez perpendi- culaires ( prefque par - tout ailleurs , ils font in- clinés ) ; ces lits à'ardoife ^ comme ceux des teiTes & des pierres, n'ont pu être formés que par les eaux , & dans l'eau même. L'extrême fineiié du grain argi- leux de cette pierre, les empreintes d'animaiLx marins , & de plantes qu'on y trouve communément, démontrent qu'elle efl l'ouvrage des eaux. Les couches minces ou lamelleufes qui la compofent , prouvent auiTi que le limon mis en mouvement , foit par des ccurans y foit par le fmx &: le reflux , s'eil dépofé peu à peu ^ ôc en difFérens temps. Cette précipitation des matières différemment colorées ëi de différente nature , qui fe trouvent de diilance en diftance entre les grands bancs à^ardoife , démontre encore qu'elle n'a pu fe faire que dans une longue fuite d'années , au moyen des eaux qui fe feront répandues fubitement en certains cantons , & s'en feront retirées enfuite. Dans ce féjour des eaux, le limon gras , tres-iin oc comme fluide , fe fera dépofé A R D 4%y peu à peu , & fe fera arrêté facilement far un pian plus ou moins incliné. Si on remplît , dit M. de Kéralio^ un vafe , dont les côtés foient perpendiculaires , d'eau chargée d'une terre légère , {qs parties les plus fines s'attacheront aux côtés perpendiculaires du vafe , & y formeront une couche mince , mais très - fenfîble ; cette couche deviendroit épaiffe , fi l'expérience étoit répétée un grand nombre de fois. Les parties grof- fieres , plus pelantes , fe feront àé^oïéits les premières , uniquement à la bafe du vafe ; auffi trouve-t-on des couches d'un fchijic graveleux en couches prefque ho- rizontales, d'autres fois verticales. Il efl donc très- poiiible qu'une eau limoneufe renfermée entre des côtes prelque perpendiculaires , & faifant effort dans tous les fens , comme tous les fluides , y dépofe de part & d'autre un limon ou une vafe graiTe & fine. La première couche ayant pris un peu de confifiance , efi: en état d'en recevoir & d'en retirer une autre , celle-ci une troifieme , 6c ainfi de fuite. La firuâ:ure ou le tifiu feuilleté des bancs ^ardoifc , leur pofition , ajoutez-y les empreintes dont nous avons fait mention , tout s'accorde allez bien avec la théorie de cette for- mation. Lorfque les matières fe font dépofées bruf- quement , elles ont formé toutes enfemble une malTe prefque verticale , folide , non feuilletée , telle qu'on en trouve en pkifieurs pays ; c'efi: le fchijîz informe* Voyîi_ ce mot. A l'égard des bancs ^ardoife qui fe croi- fent en fens diiférens , l'on peut préfumer que des com- motions fouterraines auront produit ces irrégularités. Nos plus fameufes carrières ^ardoife font aux en- virons d'Angers , dans la Province d'Anjou , où il s'en fait un grand commerce. Il y a , à quelques lieues du pays de Charleville , de Vardoife auiîi bonne que celle d'Anjou , quoiqu'elle ne foit pas d'une couleiu: auffi bleue ou auifi noire, il y en a en Auvergne , en Bretagne & en Angleterre de la bleue èc de la grife. Celle-ci eil connue fous le nom de pkrre de Horsham^ Hh s 484 A R D On choifit la plus dure pour faire des tables & les caiTeaux ou compartimens de pavé dans les veilibules , faiies à manger , falons, &c. On préfère celle qui eu d'une teinte noire ; on l'appelle pierre de Caïn ^ quoiqu'elle fe trouve en Anjou & ailleurs. On prc- fiime que leur couleur , ou bleue ou rouge , eil com- munément due à des m.atieres pyriteufes , rarement de cuivre , mais de fer , dans l'état d'ocre ; ( M. Sage prétend que le fer qui s'y trouve , eft coloré par l'al- cali volatil. ) Il n'eil pas rare de trouver parmi les ardoifes des environs d'Angers, des lames de cette pierre entiérem.ent chargées ou de pyrites ou de mar- cafTites : de même on en voit qui font furfemées d'une félénite étoilée , &: d'autres colorées de jaune ocracé & de bandes azurées, d'autres bronzées par des va- peurs pyriteufes ; d'autres enfin font plus ou moins marneufes , font une légère effervefcence avec les acides : on les trouve dans une bande de pierre ou terre calcaire , dont une portion s'efl combinée avec celle de Vardoïfe, Quand on eft parvenu à une certaine profondeur ,' l'eau abonde de tous côtés & defcend du rocher par des veines : on a foin, dès l'exploitation des premiers bancs , de pratiquer une fon.cée ( rigole ) en pente , qui réunit tous les filets de ce fluide , & le détermine à couler dans une cuve profonde qui eft au pied de la carrière , d'où on la remonte à l'aide des m.achines que fait mouvoir un cheval. Les Tranf actions philofophiques préfentent quelques moyens fimples de diflinguer la bonté & la folidité de plufieurs efpeces à'ardoifis : la meilleure a un fon clair , 6: a un œil d'un bleu léger ; celle dont le bleu tire beaucoup fur le noir , s'imbibe volontiers d'eau : une bonne ardoife paroit dure 6i raboteufe au toucher ; une m.auvaife , au contraire , eil auffi douce que fi on l'eût frottée d'huile. M. Samuïl CoUprcJf donne un moyen sûr de s^af- ARE A R G 48f furer fi Vardolfc eft folide , bonne , durable , en un mot , de nature à ne fe point imbiber d'eau. Frappée contre un corps dur , étant fufpendue , elle doit être fonore. Placez un morceau de cette pierre perpendi- culairement dans un vafe oii il y ait un peu d'eau ; faites-le tenir dans cette pofition une demi -journée. Si Vardoifz ell d'une contexture ferme , elle n'attirera point l'eau au-delà de fix lignes au-deffus de fon ni- veau ; & peut-être n'y aura-t-il que les bords qui , étant un peu déumis par la taille , fe trouveront hu- medés : au contraire , fi Vardoife eil de mauvaife qua- lité , elle s'imbibera d'eau , comme une éponge , jufqu'à fa furface fupérieure : & , dans cet état , étant bien efTuyée , elle pefera davantage qu'avant fon immerfion. Celle qui efl marneufe efl encore une ardoife de mau- vaife qualité , elle eil tendre & friable. AREQUIER, efpece de palmier : onavoit prétendu que l'on retiroit de fon fruit nommé arec^ le cachou, Voyci cette erreur à L"" article Cachou. ; ARÊTE 5 Spinci, Nom donné à toutes les parties dures & piquantes qui fe trouvent dans les poiffons : on en diftingue de plufieurs fortes pour la forme & la confiftance. Les piquans qui fe trouvent dans les na- geoires de certains poiifons , même dans la queue êi fur d'autres parties de leur corps , font auiîi des arctzs ou épines odeufes. Il y a dans la chair de plufieurs poiffons , des filets folides , pointus , plus oii moins longs , & de différente groffeur , dont les uns font fmiples & les autres fourchus ; l'on ne peut regarder ces parties que comme des efpeces ^arêtes. Voyez cl Vartick PoiSSON. ARGALI , efpece de mouton fauvage qui fe ren- contre dans les montagnes de la Sibérie^ & chez les Tartares Mongous : on le regarde comme la fouche originaire & primitive de nos moutons : on lui donne aufii le nom de mouflon. Voyez u mot: ARGAULE, Voy^i^ Hirondelle de rivage. Hh 3 4S6 A R G APvGEMONE. P^oyei Pavot ÉPiNEtJx. ARGENT , Ar^mtum. C'eft un métal blanc , parfait, qiii , après l'or , eil le plus beau , le plus dudile , le plus fixe au feu , & le plus précieux des métaux. On trouve quelquefois de Var^znt pur formé natu- rellement dans les mines ; mais ce métal , ainfi que les autres , eft , pour Tordinaire , m.êlé avec des ma- tières étrangères. On le trouve fous diverfes formes , ^ fous diverfes couleurs très^variées. On voit avec plaifir dans les Cabinets des Naturaliiles & des riches Amateurs , ce beau jeu de la Nature dans les mines d'or 5 d'argent & d'autres métaux. On y remarque , entre plufieurs autres efpeces de mines très-curieufes , que V argent erz cheveux , ( Argcntum capillarc , ) elt par filamens fi déliés & fi fins , qu'en ne peut mieux les comparer qu'à un tapé de cheveux , à des fils de foie , ou à un flocon de laine qui feroit tacheté de points brillans : cette forte d'argent s'eil rencontrée à Ma- rienberg & en Hongrie : V argent en filets efl en effet compolé de fi.ls fi bien formés , qu'on croiroit qu'ils auroient été pafTés à la filière ; on en trouve beaucoup en Saxe. Uargent en végétation reffemble en quelque forte à un arbriffeau , car on y diflingue une tige , des branches rameufes , &c. telle efl la mine de Kunsberg en Nor^^ege. U argent en feuilles refiemble beaucoup à des feuilles de fougère ; en y voit une côte qui jette de part & d'autre à^s branches. Uargent en lames efî étendu en petites plaques fimples , unies , & fans au- cune forme de feuillage , quelquefois fous forme d'é- cailles ou de feuillets appliqués , ou incruflés fépare- ment dans de la gangue : on en rencontre dans les mines de Freyberg. Il y a V argent m grains difTémincs dans de la gangue. Toutes ces variétés d'argent por-- tent le nom d'argent vierge ou natif : il y en a aufli en bloc ou en miafie & folide. Cette efpece ou Icrte d'argent vierge fe trouve notam.ment dans une mon- tagne du Pérou nommée Juanta-Caya , dépendante du A R G 489 Gouvernement à^Arka, Les Naturels du pays donnent le nom de papas à ces morceaux d'argent , qui fe rencontrent à dix ou douze toifes dans une matière arénacée. Il y en a de cent marcs ; &; en 1 740 , on en découvrit un qui pefoit fix mille cinq cents marcs. Quelques - uns font mention d'un argent arfmical de Quadanal-canaL Nous difons que les mines à^argent les plus ordi- naires font celles oii ce mxétal efl renfermé dans la pierre : les particules métalliques font difpofées dans le bloc , & la richeife de la mine dépend de la quantité relative & de la groffeur de ces particules ou volume du bloc : dans ces fortes de mines , V argent efl de couleur naturelle ou d'un blanc jaune ; mais comme ce métal fe montre fous d'autres couleurs fous un grand nombre d'autres formes dans le fein de la terre , citons - en les principales. Les mines les plus riches , après la mine naturelle , font les mines d^argent cornée : elles cèdent fous le marteau comme le plomb; elles fe coupent comme la corne ; elles font , félon quelques - uns , minéralifées par le foufre & l'arfenic : mais il paroît que cette forte de mine eft une combinaifon de l'argent avec l'acide marin. Ces mines font rares , & d'autant plus riches , qu'elles font plus brunâtres : elles donnent ordinairement de 50 à 60 livres d'argent au quintal. Il s'en trouve fur lefquelles il n'y a que dix livres de déchet fur chaque quintal de mine : elles font très- fufibles. Après celles-ci , pour la richeffe , viennent les mines émargent rouge ou rojidaire , qui font très-pefan- tes 5 tantôt en grappes &: d'un rouge de cinabre , tantôt écailleufes & tachetées de noir , tantôt d'un beau rouge , tranfparentes & criflalllfées en prifmes hexagones ; de forte qu'à la première vue on les prendroit plutôt pour des mines de rubis ou de grenat, que pour des mines d'argent ; celle - ci ell: compofée d'argent , de foufre ôc d'arfenic , 6c peut-être d'un p2u de fer. H h 4 488 A R G L'argent rciige fe trouve comni,urxément à Sainte-Mane- aii»mines , & en Saxe. Sa matrice dï ou un quartz ou un Ipath tufible , &:c. Celle qui cfî en maffe informe y d'ini rci!ge tres-icmbre , cil la plus riche ; elle four- nit de 60 à 70 livres d'argent au quintal. Enfuite vient la rrùne 6^ argent vurcufe , la mine à^argcra blanche ^ celle (x^argjnt grije , celle a^ argent noire. Celle qui tli véritablement vurevfe , efl minéralifée avec un peu de i cuire Icul ; elle a à-pcu-près la cou- leur a'un plomb ncirâire , eu luliante extérieurement : tilc :ll: tcrt tendre, plus eu moins flexible, fe laifle ïack r tv couper avec un couteau , s'aplatit fous le mc^rteau; elle cft facile à fendre , pelante & tres- riche ( ^ ). La mine Chargent blanche eft luifante , com- pciée a'argcnt , de cuivre , de foufre , d'arfenic , & fouvent d'une portion de plomb : fa couleur efl partie grife & partie blanche. ( M. Monnu prétend que la vraie mine à^ argent blanche^ tÛ une combinalion del'arfenic, du fer & cie l'argent : l'eau-torte la diflcut entièrement. Liclépcndammcnt de cette mine ^argent blanche arfeni- çale \ il y a aulTi une mine à^argmt blanche fulfureufe , fom.bre , d'un v&\\ moins ferré ; el^e fe fond facile- ment , & eil abondante en métal fin). Plus cette mine contient de cuivre , plus elle cfl d'une couleur foncée & dure ; alors on la nomm.e mine à^argmt gr'ifz. On en trouve abondamment à Giromany & à Sainte-Marie- (rt) M. Monnet a fcit 6qs Cbfervaîions fur pliifuiirs fortes de mines â''a--ycr.t vurtifts trouvées à yilUmont en Dauphiné ; l'une offre fouvent rcs'flcurs de cobalt : elle contieiit aulfi do l'arfenic qui la rend dure & roiçle : on y diHingiie aufli des parties d'argent vierge : l'analyfe a <1'nnontié aufTi du fer & du foufre. Sa g-ngue eft de nature argileufe, comme font prefque toutes les gangues terreufes des to/t^j. On a trouvé ^ufli à Salfed une mi-e d'argent vipei.fe , noirâtre & çoha'tifce. Une autre mne d'urgent vitreufe , reflen-ibiart à la mi.ie a'argert g-ife , s'eft trouvée minôrslifée psr \t foufre bi VcrferJc. Une expérience fur la mifie d'argent T'fe.-fc ord'caire ^ lui a démontré l'exifience d'un peu de fer, & appris que cetre lorte de mine e>;pofée au feu grrdué , fe convertit en argent d'un bLnc mat ou gris , en filets , ou comme un tiffu de cht veux , & n'y prend noint k form.e de végétation à! argent vierge , corime l'a dit IFalierius, A R G 4S9 aux-mînes. Il y a encore la mine ^argent amimoniéc ou en plumes ; elle eft légère, faiée, noire comme de la fliie, & colore les doigts. Cet argent eft minéralile par l'arfenic , le foiifre &: l'antimoine. Quand il ne s'y trouve pas d'antimoine , mais en échange le fer & le cobalt , la mine eil brune, & s'appelle mmz de foie. On prétend que la înine d^ argent de couleur de nurde dioie^ ell un mélange de la mine ^argent rouge & gr]fe , &: de Vargent natifs dans une roche verdatre ou dans une efpece d'ocre. Cette efpece de mine eli fort rare. On trouve communém.ent l'argent allié au fer , au cobalt , à la blende. La mine d'argent noire efî: ou en mafîes folides , ou en colonnes rameufes , ou fpongieufe , & comme poreufe. La mine d^argmt glacée eft une mine vitreufe; il y en a de différentes couleurs. Il y a des miines A^argmt dans les quatre Parties du Monde , mais il y a des contrées , telles que l'Amé- rique , plus riches que les autres. L'Europe n'en manque pas. La mine de Quadanal-canal en Efpagne eil connue depuis long- temps. La mine de Freyberg en Saxe , ëc le pays d'Hanovre , cii il y a beaucoup de mines d' ^'-^^ V argile à potier , lavée , expofée à Pair & imbibée d'eau de fontaine , a acquis au bout de quelques années , la dureté du caillou. On pré- tend que l'on a obfervé la même chofe en Amérique fur la terre glaife qui fe trouve fur les bords de la mer. M. Pott attribue ce phénomène à l'écume graffe de la mer. Uargile des jnines , ou la terre grafTe qui fe trouve dans les montagnes à mânes & les filons , ( Letten ) fe laiiTe pétrir aifément ; on prétend qu'elle contient beaucoup de parties martiales , quelquefois du vitriol ou du foufre. M. Wallerius parle d'une efpece ^argile rougeâtre^ qui fe trouve mêlée avec une terre qui a la propriété d'abforber beaucoup d'eau , ^ d'augmenter beaucoup de volum.e en fe gonflant; Lorfque cette terre délayée par les pluies , fe deffeche , elle s'aifaiiTe &: revient à fon premier volume : elle fe durcit très-aifément , & forme une croûte à la furface ; en forte que des Voyageurs qui croient marcher fur la terre folide , font quelquefois engloutis fous ce fol perfide. Voilà l'origine des fondrières &: de certains chemins fi mau- vais. M. Wallerius ajoute qu'il y a beaucoup de terre de cette efpece dans la Dalccarîie & dans le North- land ; & que les exemples de perfonnes qui s'y font enfoncées & perdues , ne font pas rares. Les bâtimens, dit-il , qu'on élevé fur de pareilles terres , ne font jamais folides : ils fe haufTent en automne d'un pied & demi ; & dans l'été ils redefcendent à leur pre- jniere place. joo A R G Il y a une efpece ^argile favonmufc qui eft femlîetée dans fa carrière ; elle n'a point alTez de dudilité pour fe laifler travailler ; battue dans l'eau , elle fe réduit en molécules très-fines , & forme de l'écume : c'efi: V argile à foulon que l'on emploie aujourd'hui de prétérence pour fouler les étoffes , même dans les pays où fe trouve la prétendue véritable terre àfou-^ Ion , qui faifant un peu d'effervefcence avec les acides , eft du nombre des marnes. Foye^ Terre a foulon. L'art nous préfente V argile tous les jours fous diverfes formes dans les Manufactures de poterie qui font en Champagne , en Normandie , en Picardie , en Languedoc , 6c dans les Pays-Bas. On la voit employée dans les Manufadures de terre , à Paris , au Faubourg Saint- Antoine , où on en conftruit des poêles variés pour la forme 6c pour la grandeur. C'eft toujours des efpeces d'argiles que l'on emploie dans les Manufachires de porcelaine , de faïence , de grès & de terre d'Angle- terre. Foyei r article Glaise dans ce Didionnaire , & Vartide TERRE ARGILEUSE dans notre Minéralogie, Tome I , Clajfe 2. M. Linnœus regarde les argiles comme le fédiment terreux de la mer. M. Macqucr a donné fur les argiles , un Mémoire rem.pli de recherches curieufes ; on en trouve un extrait au mot Argile dans le Di£lion- naire de Chimie , qu'on peut confulîer. M. Baume a donné auffi un très-bon Mémoire fur cette efpece de terre. Les bols , les terres bolaires ow JigilUes , ne font auffi que des efpeces d'argile. Voyez le mot Bols. A l'égard de la terre à porcelaine , Voyez à V article KaOLIN. ARGOUSSIER. Voye^ Hïppophaès. ARGUILLE ou Motteux. Voyez Cul-blanc, APvGUS , Ckœtodon Argus , Linn. Poifîbn de la mer des Indes. Il eil du genre du Chètodon, Son corps, dit Linnœus , eft couvert d'une multitude de points noirs; la nageoire dorfale a vingt-huit rayons , dont onze font épineux; les abdominales en ont fix, dont A R G 501 un épineux ; celle de l'anus en a dix , dont trois épi- neux; celle de la queue en a dix-fept, Argus. On donne encore ce nom à un poiffon,' mais qui eft du genre du Pkuromcie. Cette efpece fe trouve à Surinam. Son corps offre quatre taches noires que l'on a comparées à des yeux , d'où lui eft venu le furnom ^ocdlatus (œillé). La nageoire du dos efl comme pliffée , &: oére ioixante-fix rayons ; les na- geoires pectorales en ont chacune trois , & les abdomi- nales fix ; celle de l'anus en a cinquante-cinq ; celle de la queue en a quatorze , ^ eft marquée d'une bandelette noire. Argus ou Luen. On donne ce nom à une efpece de faifan qui fe trouve au nord de la Chine ; {ç.s ailes & fa queue font feniées d'un très-grand nombre de taches rondes femblables à des yeux ; les deux plumes du milieu de la queue font très-longues & excédent de beaucoup toutes les autres. Cet oifeau eft de la groffeur du dindon , il a fur la tête une double huppe qui fe couche en arrière. Tranf. Philofoph. tome XL , page 88. Argus. Nom que l'on donne à un fort joli petit papillon de jour oc d'Europe , qui marche fur fes fix pattes , dont les ailes font arrondies à l'extrémité , d'une envergure prefque égale ^ fur lefquelles on voit la figure d'un grand nombre d'yeux ; fon corps eft velu : ce papillon efl fort commun le long des haies , dans les prairies , fur les bords des marais & fur les bruyères , même fur les genévriers. Il y a plufieurs efpeces de ces papillons remarquables par des taches en forme d'yeux deiTmés fur leurs ailes , notamment au deifous. ils ne différent que par la couleur des ailes, le nombre , la pofition & la couleur de ces efpeces d'yeux ou points , qui leur ont fait donner le nom A'argus. Ils paroiffent provenir de chenilles du genre de celles que M. d& Réaumur appelle clopoms ^ 6c qui Ç02 A R G ont feize jambes. Foyei Particle cheml/e cloporte. Elles fe métamorphofent en chryfalides nues , fufpendiies horizontalement par la queue , &c par un lien au milieu du corps. Il y a deux générations de ces papillons , ce qui fait qu'on les voit dans plufieurs mois de l'année. Il y en a qui paroiiTent dès le Printemps. Ils volent aiTez rapidement : on en voit jufqu'en Automne. Il y a I .^ Vargus hku , fon mâle efl brun ; on le trouve fur les fleurs du fainfoin , du trèfle &: du mé- lilot. 2.^ Uargus bleu , découpé aux ailes inférieures ; fa couleur d'azur change un peu en violet. Ce papillon eu. le meleager à'Efper^ tom. I. pag. 375. 3.^ \J argus bleu celijîe ; c'efi le bel argus d'EJpcr. 4.^ V argus bleu nacre; c'eil le ceridon à'Efper 6l de Scopoli ; fa couleur a la tranfparence &: le changeant de la nacre de perles ; il paroît fréquenter le lotier odorant , ou trèfle mufqué à fleur jaunâtre. 5.° V argus bleu pale; c'eft V/iylas é^E/per. 6.° U argus bleu violet ; c'elt le plus petit des argus bleus. J.^ L^ argus bleu à bandes brunes ; c^^i^ le plus grand des argus bleus, C'eil Varion des Auteurs, 8.° h' argus bleu , à bandes brunes & à taches blanches ; c'efl le buon à'Efper. 9.^ Le demi-argus ; c'efl Vargio- lus des Auteurs. Sa chenille vit fur l'aune noir. I G.*' \J argus Tvyvpe ; c'eit le phocas à'Efper ; fes ailes inférieures ont ainfi que celles des argus fatinés , un petit appendice comme les petits porte-queues , mais infiniment m^oins marqué. {Vargus myope violet n'a pas de points noirs au milieu des ailes inférieures. ) 1 1 .° \Jùrgus vert ; c'ell: V argus ruhi de plufieurs Au- teurs , oc X argus aveugle de M. Geoffroi , parce que le deilbus de lés ailes n'a point d'yeux comme tous les papillons de ce genre. 11.^ ]J argus bronzé ; c'efl le phlœas de plufieurs Auteurs. Il s'en trouve une très- grande efpece dans le pays des Grifons. Les ailes in- férieures , dans cette efpece , font bronzées tant en deflus qu'en defTous. 13.*^ h' argus jatiné ou papillon de la verge -d'or ; la couleur ponceau a le briliaut du A R G A R I 50? fatln. î^,^ Uargus fatiné â taches noires ; c'eft Vhîppothoé de la plupart des Auteurs : il y en a de changeans en bleu violet. 15.^ U argus appelé le miroir. Voyez ce mot. i6.° Vargus appelé cumedon par Efper, Voyez Eumcdon, Argus. Coquillage de mer , univalve , & du genre des porcelaines. Voyez ce mot. Sa robe eil toute par- femée de figures d'yeux ; c'eft ce qui l'a fait nommer ainii , par allufion à V argus de la Fable. Argus. (Serpent du Bréfil. ) Foyei Ibiboboca, ARIANE. Variété du papillon appelé fatyre. ARIMANON. Foyei Perruche (petite) à'Otahitl. ARISTOLOCHE , Arijiolochia. On a donné ce nom à un genre de plantes dont les racines , de quatre efpeces , font d'ufage en Médecine. La première eil Varijioloche ronde , Arijiolochia ro- tunda ^ flore ex purpura nigro ^ Tournef. 161 ,0. B. Pin. 307, J. B. 3. 559, Dod. Pempt. 324, Linn. 1364. C'eil une racine tubéreufe ^ folide , arrondie , groffe de trois pouces & garnie de quelques fibres de cou- leur grife en dehors , jaunâtre en dedans , d'une faveur acre & amere. Cette racine poulie plufieurs tiges far- menteufes , anguleufes , hautes d'un pied & demi , qui portent des feuilles vertes échancrées en cœur à l'in- fertion du pédicule qui eil très-court , alternes &: vei- nées. Les fleurs purpurines &: folitaires fcrtent des aiflelles de ces feuilles , & font monopétales , irrégu- lieres & en tuyau terminé par une languette : elles font fans calice , placées au-deffus du germe , & ren- ferment iix étamines attachées chacune à un piilil : à ces fleurs fuccedent des fruits arrondis , membraneux, divifés en fix loges , remplis de graines noires & aplaties. La deuxième eil Varifloloche longue , Ariflolochia longa^ vera^ C. B. Pin. 307,]. B. 3. 560, Dod. Pem.pt. 324: Ariflolochia caudata ^ Jacquin. Sa racine émouifée par l'extrémité , efl moins groife &: plus longue que la î i 4 504 A R I précédente : fa tige eft quadrangulaire , farmenteufe ; îa feuille plus petite que dans la précédente efpece , &c imitant aifez la forme d'un fer à cheval ; fa fleur eÛ d'un vert blanchâtre , couverte intérieurement de poils comme dans les fleurs des autres arifloloches. Le fruit fufpendu par un pédicule plus ou m.oins long , repré- fente un peu un encenfoir ; il a la forme d'une poire , ôc les graines en font brunâtres. La troifieme eil Varijloloche clématite , ArïflolochicL clcmaûtis vul^aris^ J. B. 3. 560; etiam recia^ C. B. Pin, 307. Sa racine eft longue, divifée en plufieurs branches, peu groife , d'une odeur plus forte que les précédentes. Cette racine , qui trace & ferpente de tous côtés , s'enfonce profondément dans la terre , & multiplie beaucoup ; elle pouffe des tiges droites , fimples , fer- mes , arrondies & cannelées ; les feuilles font alternes , petiolées , cordiformes &: veinées. Ses fleurs viennent plufieurs en nombre dans chaque ainelle des feuilles ; elles font jaunâtres. Les fruits font gros , ainfi que les graines qu'ils contiennent. La quatrième efl la petite arijloloche , Arijlolochia, tennis ^Pijîolochia dicta ^ Tourn. 162, C. B. Pin. 307. Sa racine efî: fîbreufe , jaunâtre , d'une odeur aroma- tique affez agréable , d'une faveur acre & amere. Ses fleurs ont la m-ême foiTne que celles de Varijlo- loche ronde. Dans le commerce on appelle cette ra- cine Varifloloche tenais. Le fuc des racines à^arijlolcche rougit le papier bleu. On fait beaucoup plus d'ufage des deux premières ef^ peces que des autres : elles font eflimées céphaliques , pe£lorales , hyilériques , vulnéraires , apéritives- & alexipharmaques. Les femmes enceintes doivent éviter d'en prendre intérieurement. Plufieurs Voyageurs pré- tendent que toutes les efpeces à^ arifloloches ont la propriété d'enchanter les ferpens ; mais l'on peut douter de cette vertu. Elles font vivaces. L'effence à'ariJioloch& eil employée par quelques Chirurgiens A R I 505 contre les chairs fongueufes & dans les caries. On nous apporte du Languedoc & de Provence , même d'Efpagne, ces racines defféchées. Parmi les arijioloches exotiques , on diflingue refpece furnommée anguicide , Arijîolochia anguicida , Linn. Elle croit naturellement aux environs de Carthagene , dans la Nouvelle Efpagne ; elle croît auiîi à la Jamaïque & au Mexique. M. Jacquin dit que fon odeur ell défagréable &. nauféabonde ; fa racine , que l'on eilime être la même que celle appelée aplnel^ eft cylindrique , rameufe , contient une moelle blanchâtre , pleine d'un fuc amer , fétide & d'une couleur orangée : on dit que ce fuc mêlé avec la falive par la maftication , & répandu à la quantité d'une ou deux gouttes dans la gueule d'un ferpent médiocre , l'enivre & l'hébête , ou l'étourdit tellement , qu'on peut alors le manier impunément , & même le mettre fur fon fein fans ea avoir rien à craindre , au moins pendant quelques heures. Si on lui en fait avaler une quantité plus con- fidérable , fur le champ fon corps eu faiii d'un trem- blement convullif^ôc il meurt en peu de temps. Les Américains qui ont connoiffance de ce fecret , faififfent avec adreffe par le cou quelque ferpent des plus dan- gereux , mais d'une groffeur médiocre , répandent dans la gueule une dofe de falive imprégnée de ce fuc , fufHfante feulement pour hébêter l'animal , & le pré- fentent dans cet état d'ivrefle au public , qui paye avec pîailir ce petit fpedacle , à caufe de la fatisfadion qu'il a d'apprendre un fecret pour fe garantir de la morlure des ferpens. M. Jacquin convient que l'on fait fuir au loin ces animaux , lorfqu'on approche d'eux avec cette arijloloche. On peut , félon cet Auteur , avaler quelques gouttes du fuc de cette racine fans en être incommodé ; mais il préfume qu'une certaine quantité de ce fuc occaiionneroit le vomiffement , ou caufe- roit quelque mal. On lui a rapporté que ce même fac appliqué fur la morfurç réççaîe d'un ferpent ço6 A R L A R M venimeux , eu pris intérieurement dans cette cir* conilance, guénlfoit immanquablement. ARLEQUIN DORÉ. C'efï le nom d'une efpece de chryfomeU. On appelle arUquim une efpece de porce- laine. Voyez ces mots. ARMAI)ILLE ou Tatou. Nom donné à un genre ou famille d'animaux , défignés dans les nomencla- tures latines fous les dénominations de dafypus , cata^ ■phraBuj , ufiuiinatiis eclimus. Les Efpagnols les appel- lent armadillo : on prétend que c'efl: le fneuberdauo des Portugais ; le hardato des Italiens ; le cajfamin des Mexiquaiiis : le mot tatou, eil Caraïbe. C'efl impro- prement que Scba a donné le nom de tatou au diable de Java & de Tajova ou de Tavoyen , &: qui ell: dé- figné dans plufieurs Auteurs fous le nom de lézard i:ailkzLx. Voyez ces mots 6c les articles pangolin &c p/iatagîn ; c'eil encore à tort que l'on appelle grand armadilh à écailles mobiles , ce même U^ard écailleux. Les tatous font à.t'^ animaux digités , cuiraffés , & propres aux contrées chaudes de l'Amérique. Ces ani- maux étoient donc inconnus avant la découverte du Nouveau Monde. Leur caradere , dit M. Brijjon , efl de n'avoir ni dents incifives , ni dents canines , mais des molaires feulement. Leur corps , au lieu de poil , eft couvert d'iui têt femblable pour la fubflance à celle des os ; ce têt qui couvre la tête , le cou , le dos , les flancs , la croupe & la queue jufqu'à fon extrémité , ell lui-même recouvert au dehors par un cuir mince , Me & tranfparent ; les feules parties fur lefquelles ce têt ne s'étend pas , font la gorge , la poi- trine & le ventre , qui préfentent une peau blanche & grenue comme celle d'une poule plumée ; & en regardant ces parties avec attention , l'on y voit par-ci par-là , Aqs ruciimens d'écaillés qui font de la même fiMance que le têt du dos , & ce têt n'efl pas d'une feule pièce comme celui de la tortue , il eil partagé en .plufieurs bandes fur le corps , lefquelles font attachées ARM 507 îes unes aux: autres par autant de membranes , qui permettent un peu de mouvement dans cette armure ou cuirafle. Le nombre de ces bandes ne dépend pas de l'âge de l'animal , car les tatous nouveaux nés , & les tatous adultes ont , dans la même ejpece , le même nombre de bandes ; le tatou appelé apar , a trois ban- des ; Vencoubcrt en a fix ; le tatmtc en a huit ; le cachi- came en a neuf ; le kabajfou en a douze ; le cirquinçon en a dix-huit. Ces efpeces fe voient , la plupart , au Cabinet du Jardin du Roi. Ce têt il lingulier dont les tatous font revêtus ;, eil un véritable os compofé d'une multitude de petites pièces contiguës , 6c qui , fans être mobiles ni articu- lées 5 excepté aux commifiures des bandes , font réu- nies par fymphyfe ^ & peuvent toutes fe féparer les unes des autres , &: fe féparent en effet fi on les met au feu. Lorfque l'animal efl vivant , ces petites pièces , tant celles des boucliers que celles des bandes mobiles , prêtent & obéiiTent en quelque façon à fes mouve- mens , fur-tout à celui de contradion : ces petites pièces offrent, fuivant les différentes efpeces, des figures différentes , toujours arrangées réguliéremient comme de la mofaïque très-élégamment diipofée ; la peUicule ou le cuir mince dont le têt efl revêtu à l'extérieur , elf une p^au tranfparente qui fait l'effet d'un vernis fur le corps de l'anim.al ; cette peau relevé de beau- coup , & change même les reliefs des mofaiques , qui paroiffent différens Icrfqu'elle efl enlevée. Au refie ce têt offeux n'efl qu'une enveloppe indépendante de la charpente & des autres parties intérieures du corps de ranimai , dont les os & les autres parties conflituantes du corps font compofées & organifées comme celles de tous les autres quadrupèdes. Ces anim.aux ont tous plus ou moins de facilité à fe refferrer , & à contrafter leur corps en rond ; le défaut de la cuirafle , lorfqu'ils font contrariés , efl bien plus apparent dans ceux dont l'armure n'ell 5o8 ARM compofée qiie d'un petit nombre de bandes ; aucun tatou ne peut fe réduire auffi parfaitement en boule que le hérïffon ; ils ont plutôt la figure d'une fphere fort aplatie par les pôles. Les tatous , en général , font des animaux innocens , trifles , ténébreux , & qui ne font aucun mal , à moins qu'on ne les laifTe entrer dans les jardins , oii ils man- gent les melons , les patates & les autres légumes ou racines. On prétend qu'ils ne dédaignent pas les vers de terre , les poux de bois , les fourmis , &;c. Quoique originaires des climats chauds , ils peuvent vivre dans les climats tempérés ; ils marchent avec vivacité , mais ils ne peuvent pour ainfi dire ni fauter , ni cou- rir , ni grimper fur les arbres ^ en forte qu'ils ne peu- vent guère échapper par la fuite à ceux qui les pour- fuivent. Leur feule reiïoiirce efl de fe cacher dans leur terrier , ou , s'ils en font trop éloignés , de tâcher de s'en creufer un avant que d'être atteints ; & il ne leur faut ^ue quelques momens pour cela : car les taupes ne creufent pas la terre plus vite que les tatous ; on les prend quelquefois par la queue avant qu'ils n'y foient totalement enfoncés , &: ils font alors une telle réfiflance , qu'on leur caffe la queue fans amener le corps ; pour ne pas les mutiler , il faut ouvrir le terrier par devant , ÔC alors on les prend fans qu'ils puilTent faire aucune réfiflance. Les Indiens , pour leur faire lâcher prife , leur chatouillent le ventre avec un bâton. Dès qu'on les tient ils fe refferrent en boule , & pour les faire étendre on les met près du feu. Leur têt , quoique dur & rigide , eft cependant fi fenfible que quand on les touche un peu ferme avec le doigt , l'animal en reffent une imprefîion affez vive pour fe contrarier en entier. Lorfqu'ils font dans des terriers profonds , on les en fait fortir en y faifant entrer de la fumée , ou couler de l'eau : on prétend qu'ils demeurent dans leurs terriers , fans en fortir , pendant plus d'un tiers de Tannée i ce qui efl: plus ARM 509 vrai , c'efl: qu'ils s'y retirent pendant le jour , &C qu'ils n'en Ibrtent que la nuit pour chercher leur fubfiilance. On chafle le tatou avec de petits chiens , qui l'at- teignent bientôt ; il n'attend pas même qu'ils Ibient tout près de lui pour s'arrêter &L pour fe contrader en rond ; dans cet état on le prend 6c on l'emporte. S'il le trouve au bord d'un précipice , il échappe aux chiens & aux chafîeurs : il fe reiïerre , fe laifîe tomber &c roule comme une boule fans brifer fon écaille & fans reiientir aucun mal. Ces animaux font gras , replets &c très-féconds ; le mâle porte à l'extérieur des fignes non équivoques d'une grande aptitude à la génération ; la femelle produit prefque tous les mois quatre petits ; ( l'on prétend qu'il y en a des efpeces dont les portées font de huit à dix , ) auffi l'elpece en eil-elle très-ncm- breufe , ôc comme ils font bons à manger , on les chafie de toutes les manières : on les prend aifément avec des pièges que l'on tend au bord des eaux & dans les autres lieux humides & chauds , qu'ils habi- tent de préférence ; ils ne s'éloignent jamais de leurs terriers qui font très-profonds, oc qu'ils tâchent de regagner dès qu'ils font fur pris. On prétend qu'ils ne craignent pas la morfure des ferpens à fonnettes , 6c qu'ils vivent en paix avec ces reptiles dans leurs trou". Les Sauvages font fervir le têt des tatous à plufieurs iifages ; ils le peignent de différentes couleurs ; ils en font des corbeilles , des boîtes 6c d'autres petits vaif- feaux fol ides 6c légers. Quoique nous ne pulfîlons pas afïïirer que tous les tatous ne fe mêlent ni ne peuvent produire enfemble , il eft au moins très-probable , puifque la différence du nombre des bandes , &;c. eft confiante , que ce font tous des efpeces réellement difïindes , ou au moins des variétés durables 6c produites par l'influence des divers climats. Dans cette incertitude , nous avons pris le parti de préfenter tous les tatous enfem- 510 ARM bîe, & de faire néanmoins l'éniimératlon de chacun d'eiLx , comme fi c'étoit en effet autant d'efpeces par- ticulières. Dans toutes ces efJ3eces , ou races , à l'ex- ception de celle du drquinçon , l'animal a deux boucliers oiîeux, l'un fur les épaules, & l'autre fur la croupe; ces deux boucliers font chacun d'une feule pièce , tandis que la cuiraiTe , qui efl ofTeufe auilî , & qui couvre le corps , efl divilee tranfverfalement , & par- tagée en plus ou moins de bandes mobiles & féparées les unes des autres par une peau flexible ; mais le cirquïnçon n'a qu'un bouclier , c'eft celui des épaules ; la croupe, au lieu d'être couverte d'un bouclier , ell revêtue , jufqu'à la queue , par des bandes mobiles pareilles à celles du corps. Donnons maintenant des indications claires , & de courtes defcriptions de cha- cune de ces efpeces. I .° L'Apar ou Tatou dont la cuirajfc , qui eft entre deux boucliers, cfi CQmpofcc de trois bandes. Ce tatou a la tête oblongue & prefque pyramidale ; le miifeau pointu , les yeux petits , les oreilles courtes & arrondies ; le deiTus de la tête couvert d'un cafque d'une feule pièce ; il a 0nq doigts à tous les pieds ; dans ceux de devant , les deux ongles du milieu font très-grands , les deux latéraux font plus petits , & le cinquième , qui efl l'extérieur , & qui efl fait en forme d'ergot , efl encore plus petit que tous les autres ; dans les pieds de deniere , les ongles font plus courts & plus égaux ; la queue efl très - courte , elle n'a que deux pouces de longueur , & elle efl revêtue d'un têt tout autour ; le corps a un pied de longueur , fur huit pouces dans fa plus grande largeur ; la cui- raiTe qui le couvre eft partagée par quatre commifTures ou divifions , & compofée de trois bandes mobiles & traniverfalcs , qui permettent à l'animal de fe courber & de fe contracter en rond; la peau qui forme les commifîures efl très-fouple. Les boucliers qui cou- yrent ks épavdes vk k croupe , font çompofés de pièces ARM 5Ji à cinq angles , très-élégamment rangées; les trois ban- des mobiles entre ces deux boucliers font compoiées de pièces carrées ou barlongues , & chaque pièce eu chargée de petites écailles lenticulaires dhin bianc jau- nâtre. Quand ce tatou fe couche pour donnîr , ou lorfque quelqu'un le touche ou veut le prendre avec la main , il rapproche & réimit pour ainfi dire en un point les quatre pieds , ramené fa tête fous fon ventre , 8c fe courbe ii parfaitement en rond, qu'alors on le prendroit plutôt pour une coquille de mer ( un nau- tille épais ) que pour un animal terreflre. Cette con- tra£tion fi forte fe fait au moyen de deux grands mufcles qu'il a fur les côtés du corps ; & dans cet état , les mains de l'homme le plus' fort parviennent dilîicilement à le deflerrer & à le faire- étendre. Sa chair efl aufîi blanche &C auiîi bonne que celle du cochon de lait. 2,^ L'encoubert ou Tatou dont la asimjfe, qui efl entre deux boucliers , ejl a fix hamies. Ce taiou eu plus grand que le précédent ; il a en« viron quatorze pouces de longueur , fans la queue, 'VencQuhzn a le ctelTus de la tête , du cou & du corps entier , les jambes & la queue , tout autour , revêtus d'un têt oileux , très-dur , & compofé de pîuileurs pièces aiTez grandes & très - élégamment diîpofées. Chaque bouclier efl d'une feule pièce ; il y a feule- ment 5 au-delà du bouclier des épaules , & près de la tête , une bande mobile entre deux jointures y qui permet à l'animal de courber le cou. Le bouclier des épaules eli formé par cinq ou fix rangs parallèles compofés de petites pièces qui , tan- tôt forment des hexagones irréguliers , tantôt font à cinq ou à fix angles , avec une efpece d'ovale dans cha- cune ; la cuirafTe du dos efî partagée en iix bandes , qui anticipent un peu les unes fur les autres , & i^cl tiennent entre elles ôc aux boucliers par fept jointure^., 512 ARM d'une peau fcuple & épaifle ; ces bandes font compo- fées aaffez grandes pièces carrées & barlongues ; de cette peau cies jointures , il fort quelques poils blan- châtres & femblables à ceux qui fe voient aufli en très-petit nombre fous la gorge , la poitrine & le ventre ; toutes ces parties inférieures ne font revêtues que d'une peau grenue. Le bouclier de la croupe a un bord dont la mofaïque efl femblable à celle des ban- des mobiles; il a dix rangs parallèles compofés de petites pièces droites , qui forment comme des cai-rés ; les rangs qui approchent de l'extrémité vers la queue , perdent la forme carrée & deviennent plus arrondis. La queue a environ fix pouces de longueur ; l'ani- mal , en marchant , la porte haute 6c un peu courbée ; le tronçon eft revêtu d'un têt offeux comme le corps ; fix bandes inégales par gradation le couvrent ; elles font compofées de petites pièces hexagones irré- gulieres ; le têt de la tête efr long , large , & d'une lëule pièce jufqu'à la bande mobile du cou ; le mufeau efl aigu , les yeux petits , la langue étroite & pointue ; les oreilles nues, courtes 6c brunes comme la peau des jointures du dos ; dix-huit dents de grandeur mc- diocre à chaque mâchoire ; cinq doigta à tous les pieds, avec des ongles affez longs , arrondis & plutôt étroiis que larges ; la tête &c le groin à-peu-près femblables à ceux du cochon de lait. La couleur du corps eil d'un jaune roufsâtre. Ue/zcouben eu ordinairement épais &c gras , &c le mâle a le membre génital très-apparent. îl fouille la terre avec une extrême facilité, tant à l'aide de fon groin que de fes ongles ; il fe fait un terrier où il fe tient pendant le jour, & d'où il ne fort que lefoir pour chercher fa fubfiflance ; il boit fouvent ; il vit de fruits , de racines , d'infecles 6c d'oifeaux , lorfqu'il peut en faifir. On prétend que fa chair efl d'un mau- vais goût. Umcoubcn efl le tatou-pé du Père ^Abbi- ville, 3°. Le ARM ÎÏ5 5.® Le Tatuete ou Tatou dont la culrajfc ^ qui eft entre deux boucliers , eji à huit bandas. Ce tatou efl bien moins grand que Vencouhen , il eil tnême un peu plus petit que Vapar^ Il n'a depuis la tête juiquà l'origine de la queue , qu'environ dix pouces de longueur ; il a la tête petite , le mufeaii pointu , les oreilles droites , un peu alongées ; la queue encore plus longue & les jambes moins baffes , à proportion que Vmcouhrt ; il a les yeux petits & noirs ; quatre doigts aux pieds de devant , & cinq- aux pieds de derrière : la tête efl couverte d'un cafque; les épaules , d'un bouclier , ainfi que la croupe ; le corps , d'une cuiraffe compofée de huit bandes mobiles , qui tiennent entre elles &; aux boucliers par neuf join- tures de peau flexible : la queue , qui a à peu près neuf pouces de longueur , efl revêtue de même d'un t^l compofé de huit anneaux mobiles , &: féparé par neuf jointures de peau flexible. Le ventre efl couvert d'une peau blanchâtre, gre- nue & femée de quelques poils. Le têî des boucliers paroît femé de petites taches blanches , proéminentes & larges comme des lentilles : les bandes mobiles qui forment la cuiraffe du corps font marquées par des figures triangulaires. La couleur de la cuiraffe fur le dos efl d'un gris de fer; fur les flancs ôc fur la queue elle eff d'un gris blanc , avec des taches gris de fer ; ce têt n'efl pas dur ; le plus petit plomb fiifïït pour le percer & pour tuer l'animal. Sa chair efl bonne à manger & fort blanche. Cet animal efl l'/Zio- tochtVi des Mexiquains. 4,^ Le Cachîcame ou Tatou dont la culrajfe ^ qui efl entre deux boucliers , efl a neuf bandes. ( Da-- fypus novem dncîus ^ Linn.) Excepté cette bande de plus, le caclûcamz reffemble , à tous autres égards ^ au tatuete ^ Se il efl à préfumer qu'ils ne font pas réellement deux efpeces différentes ; peut-être même le tatuettc ' cu-il le mâle 3^ le çaolmmu la femelle^ d'unç, feule Se Tomih " Kk 514 ARM même efpece , & qu'un plus grand nombre de bandes eu néeelfaire aux femelles pour faciliter la geitation & l'accouchement dans des animaux dont le corps eu fi étroitement cwrafTé. Le cack came ell le tatou -min de la Guiane. 5.^ Le Kabassou ou Tatou dont la culrajfe ^ qui eft entre deux boucliers , efi à dou\ç bandes. Le kahajfou efl le plus grand de tous les tatous ; U a une forte odeur de mufc , qui fait que fa chair n'ed pas mangeable. Cet animal a la tête plus grofle , plus large , & le mufeau moins effilé que les autres tatous ; il a auiïi les jambes plus épaifles & les pieds plus gros ; la queue n'a point de têt ; il a cinq doigts à tous les pieds ; il a fur le corps douze bandes mobiles , qui n'anticipent que peu les unes fur les autres. Le bou- clier des épaules n'eft formé que de quatre ou cinq rangs , compofés chacun de pièces quadrangulaires afTez grandes ; les bandes mobiles font auiîi formées prefque tetragone , garnie d'aigrettes : le port de Var- tichaut efl un caraûere qui le diflingue facilement des chardons. Ses feuilles font alternes , longues , molles , divifées en lanières larges , profondément découpées , prefque épineufes par les bords , d'un vert cendré en defTus , couvertes en deffous d'un duvet blanchâtre. Sa racine qui ell ferme , groffe , longue , fufiforme , pouffe une tige droite , épaiffe , cannelée , cotonneufe , qui s'élève à deux ou trois pieds de hauteur , garnie de quelques rameaux , au fommet defquels efl une tête écailleufe, fort groffe , terminée en pointe , & qui n'efl que le calice de la fleur : chaque écaille efl large, d'un vert de mer , charnue à la bafe qui efî épaifTe , tendre , bonne à manger &: blanchâtre : la Toms, /, 1, 1 530 ART partie inférieure du calice ou le placenta ' des femences eil fort dilaté , également charnu & bon à manger : on l'appelle cul £ artichaut. îl y a cinq efpeces ^artichauts connues dans notre climat; favoir, le vert ^ le violet y le rouge, \ç.fucrldiù Gènes & le bUnc ; chacune de ces efpeces a fes avan- tages & fes inconvéniens. Le blanc ell le plus hâtif, mais il efl: très-petit & très-diiîlcile à élever. Le violet eil de peu ce profit ; c'eif cependant celui dont on fait le plus d'uiage dans les Provinces. Le rouge n'eil bon à mxanger que jeiuie à la poivrade : li on le laiife groiiir , la chair devient dure. Le fucré de Gênes a \in eoùt fin ^: fucré étant mangé cru , mais il dé- génère dès la féconde année. Le vert ou artichaut commun , cinara vu/garis , eil: prefque le feul cultivé par les Klaraichers de Paris. Cette dernière eipece de- vient , par la culture & par les foins , d'une très-grande beauté , iiir - tout fi on ne laille fur le pied que la maîtreile pomme. On peut , avant l'hiver ^ couper les tiges à' artichaut qui fe confervent alors long-temps dans du fable frais. Cette plante craint extrêmement la gelée , dont on la garantit en la couvrant de litière. Dans les jours doux de l'hi^^er , il faut donner de l'air du côté du midi au cœur de la plante , de peur qu'elle ne pourrifie. On la multiplie par œilletons. Dans les endroits hu- mides 5 on doit planter fur des ados. V artichaut encore jeune & tendre , fe mange cru avec du fel &C du poivre ; lorfqu'il eu plus gros , on le fait cuire , &: on le fert préparé de diverfes façons. On de flèche au foleil pour l'hiver beaucoup de culs <£' artichaut. Le mulot eil le grand ennem^i àQS artichauts : on tâche de s'en garantir en plantant au- tour de fon plant des cardes de poirée , qui étant plus tendres, font plus de fon goût. La taupe grillcn en détruit aufFi les racines. Artichaut de Jérusalem , eu d'Espagne ; ART ASC 531 c'efl: la race du pcpon ^ appelée paflijfon. Voyez à la fuite de Cartick CoURGE à limbe droite. Artichaut des Indes ; c'eil la truffz rougi ou hatatu. Voyez ce mot. Artichaut sauvage ; c'eil la cardonate. Voyez Chardonnette. Artichaut de Terre , Coronci foUs mbior. Cette plante efl une efpece de topinambour afiez iemblable à ceux qu'on cultive dans les jardins en Europe. Les tu- bercules de fa racine fe mangent cuits , avec une fauce blanche : ils font d'un très-bon goût , mais difliciles à digérer. Voyez Topinambour ^ à la fuite de VarticU Batatte. ARTILE. Voyei^ CuL-BLANC. ARTISON. Ce nom fe donne à différentes fortes d'infeébs qui rongent les étoffes & les pelleteries , même à ceux qui percent le papier , ou qui pénètrent dans le bois , comme les coffons & les poux de bois : ceci étant , les teignes des étoffes & les fcarabées dïffcqueurs , font aufîi des efpeces cCartifons, ARTRE. Foyer^ MartîN- PECHEUR. ARUCO. Nom donné dans quelques endroits des Indes Efpagnoles , au cachicame , efpece de tatou. Voyez à tartidz ArmADILLE. ARUM. Foyei Pied de Veau. ASBESTE 5 Asbefius, Voyez Amiante, &: le Vol. I, de notre Minéralogie , édit. 2 , p. 171 , &c, ASCAP«.IDES. Ce font de petits vers ronds , coiu^ts 6c menus ; ce qui les fait diilinguer des Jîrongks qui font ronds & longs. Les afcarides reffemblent à des aiguilles à coudre , pour la groileur & la longueur. Leur couleur naturelle efl blanche : ils fe logent à l'extrémité de l'inteitin re£lum en très-grand nombre , êc collés les uns aux autres par une m^atiere vifqueufe ; comme ils fe meuvent continuellement , &; qu'ils font pointus par les deux bouts, ils y occaiionnent u^ie démangeaifon violente. Ces afcaridzs fe trouvent dans L I 2 J31 ASC A S E les inteftins des enf ans , & très-communément dans ceux des chevaux. Ces vers paroiiTent quelc[uefois colorés : couleur qu'ils tiennent des excrémens ou de la bile de l'animal dans lequel ils féjournent. Ces afcarides caufent beaucoup de mal aux parties naturelles des femmes dans certaines maladies , comme dans les pâles - couleurs. Les bêtes de fomme y font auifi fujetes ; & M. Guet- tard dit que tous les harengs qu'on mangea dans le carême de 1765 , avoient la laite infectée de vers afcarides. îl eft diflicile d'expulfer les afcarides : les Médecins eiliment qu'il vaut mieux les attaquer par en bas : les uns prefcrivent de mettre dans le fondement un fuppofitoire de coton trempé dans du fiel 6c de l'aloès diiïbus. D'autres difent, que fi l'on met dans le fon- dement un petit morceau de lard lié avec un bout de £1 j 6c qu'on l'y laiffe quelque temps , on le retire plein de ces petits vers. Des clyfteres faits avec des plantes ameres font auili très-avantageux , 6c fur-tout ceux qui font chargés de parties mercurielles. ASCITE , Silurus afcita , Linn. Poiffon du genre du Silure. Il fe trouve dans l'Inde. Linnœus dit qu'il a deux nageoires dorfales , dont la féconde eil d'une fubftance charnue ; fix barbillons font attachés à fa gueule; la nageoire de l'anus a dix-liuit rayons ; la première dorfale en a huit , dont un eft dur , épineux ; les peclorales en ont douze ^ dont un épineux ; les abdominales fix ; celle de la queue en a dix-huit. ASELLE , Onifcus. Infe£î:e aquatique , prefque tout- à-fait femblable au cloporte ; aufïï l'a-t-on défigné fous le nom de cloporte aquatique. Cet infe£le ne diffère du cloporte ordinaire , que par l'élément où il vit , par le nombre de fes antennes articulées ( car il en a quatre ) 'éc par les deux filets qui font à la queue , qui , au lieu d'être fimples , font fourchus. M. Geoffroi n'en a vu qu'une feule efpece autour de Paris dans les mares 6c les petits ruiiieaux ; mais A s E ÎÎ3 la mer en fournit plufieurs efpeces , & beaucoup plus grandes. Ceux des ruiiTeaux difparoiilent aux appro- ches de l'hiver , Se vont fe cacher dans les fources îes plus profondes. Pendant les grandes chaleurs , ils fe réfligient également dans les fources oîi la fraîcheur eu. plus grande. Nous ajouterons quelques obfervations fur cet infeck , d'après M. De/mars , Dodeur en Mé- decine. On compte douze à quinze lames pliées en demi-cylindre depuis la tête jufqu'à l'extrémité de la queue. Lorfque l'infe£le eu en repos , l'axe de ces lames qui font tuilées forme un commencem.ent de fpirale dont les efpaces vont en diminuant vers la queue. Le bout des pattes eil de la même flrudure que dans l'écrevifïe. Immédiatement après les pattes on voit trois plans de filets articulés 6l penniformes ; ces filets qui terminent la queue font aufTi pennifcrmxes. Lorfque l'infe£le veut nager , la fpirale ië développe en ligne droite , & l'infede fait un premier faut qui l'élevé à une certaine hauteur. Au même infiant , les trois plans de filets penniformes agiilent &c frappent l'eau de haut en bas avec yîteffe , en décrivant des fedeurs de cercle , d'où fuit le m.ouvement de l'infeCte dans l'eau. Non4eulement la Nature a pourvu d'ailes le cloporte aquatique , mais elle les a conftruites de manière qu'il peut varier fes mouvemens , ainiî que l'oifeau dans l'air : l'infede efl encore le maître de ne mouvoir qu'un ou plufieurs de fes filets , qui font fouples 6c flexibles. L'accouplement des cloportes aquatiques fe fait de la manière fuivante. Lorfqu'un mâle & une femelle iè conviennent , les préliminaires ne font pas longs ; le mâle impétueux faifit fa femelle avec fa première patte gauche , dont l'extrémité finit en griffe ; il la faifit , dis-je 5 entre le cinquième &; le fixieme anneau , & accroche fa première patte droite au prem.ier anneau. Dans cette attitude , la femelle harponnée ne peut échapper , &: efl dans la nécefTité d'obéir à l'ardeur L 1 X 554^ A S l A S O du mâle. Pendant les huit jours que dure cet accou- plement 5 le mâle emporte la femelle fufpendue , 6c nage à fon ordinaire. La fécondation j^aroît fe faire dans certains infians ou le mâle fe repliant fous le ventre de la fem^elle, y injecle peut-être la liqueur féminale. Après les quatre premiers jours , on apper- çoit entre les premières pattes de la fem^elle , une pcche qui contient les petits. Vers le feptleme ]our de l'accouplement , ils fortent la tcte la première de cette poche , & nagent déjà aulîi bien que leurs père & miere ; ils font cinq ou fix tours autour d'eux , 6c viennent quelquefois fe percher fur leurs antennes , jufqu'à ce qu'ils aient reconnu les lieux. Le premier aliment de ces nouveaux nés eft leur propre excré- ment , qu'ils tirent de leur anus avec leurs premières pattes; quoiqu'ils falTent ufage par la fuite d'autres mets , ils reviennent fouvent à celui-là. Quoique tous les petits infectes foient fortis de la poche qui les contenoit , racccuolement dure encore plus de vingt-quatre heures ; on voit alors le mâle re- payer fréquemment la faconde paire de pattes fur la tête de fa femelle; il femble les joindre , & les appuyant fur la bafe des antennes poilérieures , les faire gliffer de derrière en devant jufqu'à la bouche de l'infecte ; à force de recomimencer la même opération , la tête de îa femelle tombe en devant , ck: paroît fe détacher du, premier anneau ; mais ce n'eil que le cafque , car on voit paroître aufîi-tôt une nouvelle tête plus blanche & plus petite que la première. Prefque auiR-tôt le refte de la robe de la femelle fe fépare , 6c la dépouille eu. quelquefois fi complète , qu'on la prendroit pour un infecle mort ; quelques heures après les deiLx fexes fe féparent : le mâle , afTez fort par luinnême , n'a pas befoin de fecours étrangers peur changer de peau. ASILE. Foyei fo7i article , au mot Taon , & à celui de Ver de la moucke asile. ASOTE 5 Sïlurus Afoius , Linn. PoifTon du genre du ASP ,555 ^ïliin. Il fe trouve dans les mers d' Afie. Il a deux barbil- lons au deiiiis & deux autres en dellbus de la gueule , dont Finterieur efl garni d'un grand nombre de dents. La nageoire dorfale efr compofee de cinq rayons ; les pectorales en ont chacune quatorze , dont le premier efr épineux & dentelé ; les abdominales en ont treize ; celle de l'anus , qui s'étend jufqu'à la queue , en a quatre-vingt-deux ; celle de la queue en a feize. ASP AL AT , Afpalathus, Nom d'un genre de plante à ileurs polyp étalées , de la famille des Légumineufes , & qui a de très-giand-s rapports avec les genêts , les cytifes , les loners &c les ajuhyllïs ; ce genre comprend cies fous-arbriffeaux étrangers , la plupart peu cultivés en Europe, très-rameux , diiîus , & dont les feuilles iimjples , très - menues , fort petites , naillent par faifceaux alternes : Xlbms, de la Jamaïque appartient à ce genre. ASPE , Cyprmus Afpïus , Linn. PoliTon du genre du 'Cypr'm. 11 le trouve dans le lac Mêler , en Uplande , & dans le lac Sala, près d'Upfal. Selon Amdl , ce poiilbn a deux à trois pieds de longueur , & trois à ctuatre pouces dans fa plus grande largeur : il pefe plus de huit livres : la tête ell un peu aiguë , d'une grolleur médio- cre , & d'un blanc noirâtre fur fon fommet. L'ouverture de la gueule ell am.ple ; il n'a de dents qu'à l'entrée du gofier , cinq de chaque côté ; la mâchoire de deffous , relevée par une petite protubérance , dépaflé un peu la iupérieure ; le mufeau un peu échancré ;. les narines évafées , & percées chacune de dei&. trous , dont celui de den-iere efi comme fermé par une valvule ; les yeux fi tués fur le côté de la tête ; leurs iris d'une couleur d'or parfemée de points noirs vers le haut , & d'une teinte argentée vers le bas ; les paupières noires ; les opercules des ouïes font de couleiu' d'argent mêlé d'or , te garnis , vers la partie inférieure , de trois OiTelets ou rayons épineux & courbes. Entre les yeux font quatre îames cileufes que font mouvoir aifément les mufcles Ll 4 5}6 ^ ^ ASP de la mâchoire fupérieure. La ligne latérale forme une courbure qui s'élève vers les ouïes. Ses écailles font d'une grandeur médiocre , blanches fur le dos , avec des teintes de noirâtre & de verdâtre ; d'un blanc ar- genté fur les cotés , mais plus éclatant fur le ventre : ce poiiTon acquiert par l'âge des taches d'vm rouge de fang , même îlir les opercules des ouïes. Le dos eu. convexe ; le defîbus du corps eft plat jufqu'aux nageoires du ventre ; mais entre celle-ci &c celle de l'anus , il fe rétrécit en forme de carène un peu aiguë. La nageoire dorfale eft blanchâtre , garnie de onze rayons ; les pec- torales font rougeâtres & parfemées de petits points noirs à leurs extrémités ; elles ont huit rayons. Les abdomi- nales font d'un rouge-clair , 6c ont fix forts rayons; celle de l'anus eft blanchâtre , tachetée de noir ; elle a de quinze à dix-fept rayons dont la plupart font rameux à leurs fommets. La nageoire de la queue eft fourchue , tantôt blanche, tantôt noirâtre ;elle a dix-neuf rayons alongés & rameux, ASPERGE, Afparagusfatlva^ C. B. Pin. 489, Tourn, -^00 lAfparagus officinaiis ^ Lïnn. 448. Plante dont la tige herbacée & naiffante eft diUinguée par fon goût & par (es bonnes qualités , & qui d'ailleurs a l'avantage de iournir nos tables pendant trois mois de l'année , foit en ragoût, foit en petits pois , foit au jus , foit confite , &c. Un des caraûeres diftindifs de cette plante , efl de grim- per , d'avoir des feuilles longues , fort menues , linéaires, molles , verticillées ou réunies en faifceaux , & feus l'origine defquelles on trouve à chacune une très-petite écaille membraneufe & triangulaire. Ses fleurs , qui font en rofe , & d'un vert-jaunâtre , fe trouvent fou- vent hermaphrodites : quelquefois elles font mâles fur un pied & femelles fur un autre pied : il leur fuccede des baies globuleufes , rouges dans leur m^aturité , rem- plies de fem.ence. Sa racine eft un paquet ou faifceau oe bulbes cylindriques , charnues , & attachées à un collet épais , dur &c comme m tête. Les tiges parvicn- ASP 537 nent à une "hauteur de deux , trois , quatre Se cinq pieds , droites , cylindriques , très-rameufes. Il y a trois efpeces à'afperges ufitées , la groiTe , la commune ou vulgaire , & la fauvage. Celle-ci eft à feuilles très-minces , Afparagus fylvejîris unuïjjimo folio , C. B. Pin. 490. La groiTe , appelée aufli afperge de Pologne ou de Hollande , eil peu connue , parce que la planta- tion en efl coûteufe , ôc que le goût , dit M. H al 1er , en eft moins fin. On plante Vafpcrge en foffes , dans les terrains fablon- neux , & en ados dans les lieux humides : on dirpofe les grlfFes en échiquier à un pied de diftance. On ne peut commencer à jouir du plant , fi on ne veut point l'altérer , qu'au bout de quatre ans ; mais il dure , li on a foin de le fumer, qmnzc ou vingt ans. A l'appro- che de l'hiver , on dégarnit le plant de la terre dont on l'avoit réchauffé au printemps ; & par ce moyen , on le garantit de la pourriture. On peut fe procurer des afpergzs hâtives en réchauffant le plant avec du fumier ; mais elles n'ont jamais la même faveur. Uûjperge fauvage croit naturellement dans certains terrains fablonneux : on en trouve dans les Ifles du Rhône & de la Loire. Les afperges récentes excitent l'appétit , mais elles nourriffent peu : elles provoquent l'urine , & lui don- nent une couleur trouble , une odeur défagréable que l'eau de fenteur ne peut m.ême déguifer qu'en partie. Pour détruire abfolument cette odeur , M. Macquer dit qu'il faut mettre au fond du vaiffeau dont on fe fert pour uriner , de l'eau affez chargée d'acide marin , connu fous le nom ^efprit de fd. indépendamment de cette utilité de pratique , une telle obfervation peut conduire à connoître la nature du principe volatil qui fe déve- loppe de Vafperge par l'effet de la dlgefîion dans le corps humain. Le Dodeur Franyius a donné une Differtation pleine d'érudition concernant l'utilité de Vafpcrge , notanime-nt Pefpece fauvage , dans l'économie 5 la 558 ASP médecine &C ia chirurgie , dans rantiqiilté mcmc îa plus reculée. On compte la racine A^afperge parmi les cinq grandes racines apéritives , qui font Vache , le fenouil , le perjil & le petit houx. Voyez ces mots. On donne quelquefois le nom d^afperges de houblon aux jeunes pouffes du houblcn , qui fe mangent , en effet , comme celles des afpzrges , dont elles ont à peu-près la forme. Voyei^ Houblon. ASPHALTE , ou Karabé de Sodcme , Jfphal- tus. C'cft le nom que l'on donne au bitume de Judée , parce qu'on le tire du lac Afphaltide. On donne auffî ie nom aVûfphalte , en général , à tout bitume folide : auffi a-t-on donné ce nom à un bitume que l'on a dé- couvert en Suiffe au commencement de ce fiecle. Le bitume de Judée efl une fub fiance peu pefante, folide, friable , d'une couleur brune & même noire , brillante , d'une odeur bitumineufe , fur-tout lorfqu'on l'a échauf- fée ; elle s'enflamme aifément , & fe liquéfie au feu. Il s'élève du fond des eaux fur la furface du lac Afphaltidz eu mer de Loth , ou mer morte ( lieu oii étoient autre- fois les deux villes criminelles qui furent englouties , Sodcme 6c Gomorrhe ) ; il s'élève , dis-je , à la furface de ce lac maudit , & dont les eaux ont un goût defagréa- ble , beaucoup de ce bitume qui y furnage. Dans les ccmmencemens , il ell mou , vifqueux , très - tenace ; mais il s'épaiillt avec le temps , & acquiert plus de dureté .que la poix feche. Lorfqu'il eil encore liquide, les Arabes le ramaifent pour goudronner leurs baîc-aiix. On prétend que ce bitume entre dans la compofition des beaux vernis noirs de l'Inde , & dans celle des feux d'artifice que les Orientaux font brûler fur l'eau. Selon îe témoignage des Anciens , les murs de Babylone tu- rent cimentés avec Vafphalte. Ce bitume de Judée , qui eft un ingrédient de la grande thériaque , efl quelque- fois nommé gomme de funêraille & de momie , parce que le commun du peuple , chez les Egyptiens y en faifoit ASP 539 ufage autrefois pour embaumer les corps morts de leurs parens , Sz même les oifèaux facrés. Foyei Mor.iïE. On trouve auili dans le fein de la terre , des mines A'afphalu ou bitume. La première qui ait été trouvée an Europe , eil celle de Neufchâtel en Suifle. Le bi- tume en eil grenu & grifâtre. La découverte en a été faite par M. de U Sabloniere , ancien Tréforier des Ligues Suiilés. Il en a aulTi découvert une autre dans la baffe-Âlface. Le bitume que l'on retire de ces deux mines eil à peu -près de la même nature ; celui de Neufchâtel fe trouve filtré entre des pierres propres à fcûre de la chaux, & celui de la baffe-Allace entre deux îits d'argile : le lit fupérieur de ces deux mines cft recouvert d'un banc de terre noire , d'un ou deux pieds d'épaiffeur. On trouve encore des mines de ce bitume dans quelques autres endroits de la Suiilé ; félon M. Bourgeois , il y en a une très-abondante auprès du village de Chavornay , dans le Canton de Berne. La mine de bitume de Neufchâtel fe fond au feu , en y joignant une dixiemie partie de poix : on en forme \\n mallic impénétrable à l'eau , &: qui dure très-long- temps , pourvu qu'il ne foit point expofé à (ec à l'ar- deur du foleil , car il fe ramolliroit & fe détacheroit de la pierre. En 1743 , le principal baffin du Jardin du Roi a été réparé avec ce mélange ; & depuis ce temps il ne s'efl point dégradé. C'efl avec ce maflic que l'on a réparé les baffins de Verlailles , Latone , FArc-de-triomphe , ainfi que le beau vafe blanc fur lequel efl: en relief le Sacrifice d'Iphigénie. Avec cette mine çxafphalu de Neufchâtel , M." de ht Sabloniere a fait le pijfafphalte qui a été employé à caréner deux vaiiTeaux qui partoient de l'Orient , l'un pour Pondichery , & l'autre pour Bengale. Quoique ces vaiiTeaux à leur retour ^w^kivX perdu une partie de leur carène , ils revinrent bien moins piqués de vers , que ctux qui avoient eu la carène ordinaire. Ce qui donna lieu à la découver;e de la mine 540 ASP à^afphalntn Alface , eil une fontaine dont l'eaiî,quolque claire & limpide , fent un peu le goudron , à caufe des parties bitumineufes dont elle eft chargée. Les lia- biîans du pays eftiment fmguliérement cette eau pour tenir le ventre libre & exciter l'appétit : les bains de cette fontaine font auffi très-falutaires pour les mala- dies de la peau. Il s'élève fur la furface de cette eau ^ ii tous momens , un bitume noir & une huile rouge qui furnage en plus grande abondance en été qu'en hiver. On peut en recueillir dix à douze livres par jour : c'efl: ce qui a fait donner à cette fontaine mi- nérale le nom de Backdbrunn , ou fontaine de poix, La tradition du pays eil qu'on creufa cette fontaine dans l'efpérance d'y trouver une mine de cuivre & d*argent. La mine qu'on a ouverte s'étend à fix lieues à la ronde ; outre les veines à^afphaltc qu'on y trouve, qui ont quelquefois dans de certains endroits fix pieds a'épaifleur , & qui font les unes à trente pieds , les auties à foixante pieds de profondeur , on a efpérance d'y découvrir une grande veine de charbon de terre ; car on commence déjà à en trouver quelques mor- ceaux ; &: en continuant le travail , on pourroit y rencontrer une mine de cuivre 6c d'argent fort riche , car les pyrites qu'on y trouve font les mêmes que celles de Sainte-Marie-aux-Mines. M. Spidmann a donné à l'Académie des Sciences de Berlin , un Mé- nicire circonftancié fur ce bitume. Confultez le tome XIII de cette Colleciion Académique. Au refte , {^afphahc fe trouvant toujours au deflus des couches de bitumes terreiLX &: folides , tels que le charbon minéral , il n'a pu s'élever au deÔiis du charbon que par une diilil- ïation produite par la chaleur d'un feu fouterrain. On retire préfentement de cette mine , en faifant bouillir le fable dans de l'eau , une forte d'oing noi- râtre , propre à graiffer tous les rouages. Par le moyen de la diftillation per defanfum , on tire de la mine ou du rocher , 6c de fa terre rouge , un goudi-on minéral ASP 541 ou une huile de pétroU très - abondante : c'eil cette huile minérale préparée que M. de La Sablonkrc pré- tend employer pour la carène des vaiffeaux. On retire aujQi ( per afcmfum ) V huile rouge & V huile blanche , qui font employées très-utilement pour guérir les ulcères & toutes les maladies de la peau, roye^ Pétrole. M. Bourgeois obferve que ce bitume eft encore très- efFicace en parfum pour guérir les douleurs de goutte , rhumatifme, fciatique , & les enflures œdémateufes des jambes. Pour en faire ufage , on met un uftenfile appelé moiîie , dans le lit à côté du malade ; on y fufpend un petit chaudron plein de braife , & on y répand par intervalles de Vafphalte en poudre ; cette vapeur excite une fueur très-abondante , fur-tout dans la partie malade , & elle appaife les douleurs les plus violentes &; les plus opiniâtres. On vient de découvrir encore en France deux mines très-abondantes de ce bitume , dans les Paroiiles de Bailene & de Caupene , à quatre lieues de Dax : ce bitume efl d'une ténacité fi grande , qu'on ne peut le brifer ; on l'a employé avec le plus grand fuccès pour fonder ou cimenter les pierres qui ont fervi de pavé aux remparts du Château Trompette à Bourdeaux. ASPHODELE , Afphodelus. Genre de plante à fleur en lis , dont nous diflinguerons ici deux efpeces , l'une à fleurs blanches , l'autre à fleurs jaunes. L'Asphodèle blanc, Afphodelus ramofus ^ Linn. 444; & mas{& minor) Tourn. 343. Cette plante pouHe de fa racine des feuilles fort longues , nombreufes , enû- formes , & qui ont un angle tranchant fur leur dos. Sa tige nue , ronde & rameufe vers le haut , s'élève à la hauteur de deux à trois pieds , &: efl garnie de beau- coup de fleurs grandes , d'une feule pièce , en hs , de couleur blanche , découpée profondément en fix par- ties. Chaque pétale a extérieurement une ligne rou- geâtre ; la fleur efl fans calice , portée fur un pédicule court , & renferme , outre les fu' étamines y fix pièces 54Î A S P ^ en écailles , qui enveloppent l'ovaîre. A cette fleur ilîccede un fruit prefque rond , charnu , & renfermant des femences triangulaires &c brunes. Cette plante eu d'un port agréable , & mérite par la beauté de fes épis de fleurs d'être cultivée comme ornement dans les parterres. Sa racine confifle en un très -grand nombre de tubérofités oblongues , charnues , & réunies en un faifceau , qui reffemble à une botte de navets , d'un goût un peu amer &z acre. On la fait bouillir &c tremper dans de Teau pour en enlever l'âcreté : dans les années de difette , on peut faire ufage de cette pulpe , ainfi adoucie , que l'on mêle avec de la farine de blé 6c d'orge ; on y ajoute un peu de fel marin , 6z on en fait un pain d'ûfphodclc , que Ton cuit au four , &: qui peut fe m.anger. Les Anciens femoient cette plante auprès àes tom- beaux comme une nourriture agréable aux morts. Porphyre fait parler ainli un tombeau dans une infcrip- îion : Au dehors y je fuis entouré de mauve & d'afphodele , & au dedans ,je ne renferme quun cadavre. Lucien dit ( de Luciu ) que les mânes , après avoir traverfé le St}^x , defcendoient dans une longue plaine plantée Çiafphodele. Les racines à^afphodek font réfolutives , & propres à nettoyer les vieux ulcères. L'Asphodèle jaune ou Verge de Jacob , Jf- phodelus luteus , Linn. 443 ; 6' flore & radice , C. B. Pin. 28 : Aphodelus feminci ^ Cam. Epit. 372. Sa tige eft haute d'un pied oc demi , fimple , garnie de feuillet felTiles , entières , longues , pointues y à trois angles & comme fifaileufes ; les feuilles qui partent de la racine font plus longues ; les fleurs font jaunes , terminales ôi comme en épi , & chaque pétale traverfé dans fa longueur par une raie verte. Vafphodcle à fleurs jaunes croit très-abondamment dans les prés en Sicile , & aux environs du Croific en Bretagne ^ & ailleurs. Uafphodcle à fleurs blanches ASP Î4î ^roît abondamment en Provence , en Efpagne , en Italie , &G. ASPiC , ^fpls'i cherfea. Efpece de ferpent , dont îes Anciens ont beaucoup parlé. li eil diiHcile préientement de reconnoître Peipece à laquelle ils ont donné ce nom. Ce que Pon lait de ce ferpent paroît fort in- certain , & en partie fabuleux. Les uns ne lui don- nojent qu'un pied de longueur , d'autres cinq coudées ; les uns difoient qite {qs dents fortoient de fa bouche comme les dents d'iui fanglier ; d'autres qu'il avoit des dents creufes , qui diililloient du poifon comme le crochet de la queue du f cor pion. Quoi qu'il en foit , il paroi t , par PHiiloire , que Cléopatre fit ufage d'un afplc pour fe donner la mort. Accoutumée à la mol- leflé , elle choifit ce moyen com^me le plus doux. Le coup que lance Vafpïc eil , dit-on , ii imperceptible , qu'on ne le fcnt pas : le venin qui fe répaud dans les veines caufe Wïi^ agréable laiîitude , enfuite le fommeil , & enfin \\x^ mort fans douleur. Hivpocratc dit que la morfure de ce ferpent ne fe guérit point ; & c'efi un de fes aphorifm.es. EUen dit que la Déeffe IJis , étant irritée contre les fcélérats , étoit coiffée d^ajpics comme d'un diadème ; elle leur lançoit ces reptiles dangereux , qu'il appelle ailleurs les e-mblcims de la Jujiiu^ à l^ œil per- çant de laquelle rien ne jkuroit échapper, M. Dauhentcn dit qu'on a donné le nom ^afpic ù un ferpent de ce pays-ci , aiTez commun aux environs de Paris. Il paroit plus effilé &c un peu plus court que la vipère. Il a la tête moins aplatie ; il n'a point de dents mobiles comme la vipère ; fon cou efl aPfez mince. Ce ferpent ell marqué de taches noirâtres fur un fond de couleur roufiâtre; Si dans certains temps les taches diiparoiffent. L'abdomen eil recouvert par 1 46 grandes plaques , &C le deffous de la queue garni de 46 paires de petites plaques. Notre ajpic efl du troifieme genre dans l'ordre des ferpens. Il mord ôc déchire la peau par fa morfure ; 544 ASP mais on a éprouve qu'elle n'efl point venimeufe : au moins on n'a reffenti aucun fymptôme de venin , après s'en être fait mordre au point de rendre du fan g par la plaie. Cette expérience a été faite & répétée plu- fieurs fois fur d'autres ferpens de ce pays-ci , tels que la couleuvre ordinaire , le ferpent à collier , & Vorvet , qui n'ont donné aucune marque de venin. Si ces expé- riences étoient bien connues , on ne verroit point tant de perfonnes trembler à la vue de ces reptiles ; & leur morfure ne donneroit pas plus d'inquiétude qu'elle ne caufe de mal. A l'égard de V^Jpic cornu , Voyez Ammodyte. Aspic. Voye^^ Lavande. ASPREDE , Silurus afpredo , Linn. PoilTon du genre du Silure ; il fe trouve dans les fleuves de l'Amérique , Ôc en particulier à Surinam. Des Auteurs l'ont défigné fous le nom à^ afpredo , de l'efpece de dentelure dont le premier rayon de fes nageoires pe£lorales eli tout hériffé ; d'autres lui ont impofé le nom de myflus , comme qui diroit moufiache ^ parce qu'il a des barbil- lons autour de la gueule. Sa tête efl fort volumineufe , comprimée en deffus , beaucoup plus large que le corps , &: chargée de pla- ideurs inégalités , mais dépourvue d'écaillés , ainfi que la peau du corps , qui eft liffe ; le corps eil épais , aplati par les côtés ; le ventre large , un peu plat ; le dos furmonté , depuis la nageoire dorfale jufqu'à la queue , d'une petite faillie aiguë , d'une fubfrance prefque oiTeufe ; les lignes latérales prefque droites ; la gueule efl fur le defllis du mufeau , & a fon ou- verture large ; la mâchoire de defîiis dépaffe de beau- coup celle de defîbus ; toutes deux , ainfi que le gofier , font garnies de dents. Ce poiffon a fix barbillons , dont les deux fitûés à la mâchoire fupérieure font beaucoup plus longs que les autres , & s'étendent prefque jufqu'aux nageoires pedorales ; il y en a deux fur Ui cotés de la lèvre inférieure , ôc deux fous le menton. A s P A s s 545 menton. Les narines font très-écartées Tune de Pautre, 6c percées chacune d'un leul trou ; les yeux petits , fort écartés l'un de l'autre , tournés en haut , noirâ- tres , 6c placés fur le haut de la tête ; la nageoire dorfale eil d'une forme prefque triangulaire , & a cinq rayons ; les pedorales en ont chacune huit , dont le premier eft d'une confiiîance ofîeufe , plane & garni fur les deux bords , dans fa longueur , de dents difpofées comme celles d'une fcie , mais dont les intérieures font inclinées , 6c les extérieures relevées en fens con- traire ; les autres rayons font flexibles &c rameux. Les nageoires du ventre font auprès de l'anus : elles ont chacune fix rayons ; celle de l'anus , qui s'étend prefque jufqu'à la queue , offre 55 à 56 rayons. Celle de la queue eft oblongue , étroite , très-échancrée ; elle offre neuf rayons rameux. La couleur de ce poifTon eil tantôt d'un blanc mêlé de roux , & tantôt mélangée de noir & de brun. Il y a une variété qui a huit barbillons ÔC dont la nageoire de la queue n'a que cinquante rayons. ASPRESLE ou Presle. Foyei ce mot. ASSA-FŒTIDA. C'eil une eipece de gomme-ré/ine ^ compa6le , molle , en partie jaune & rouiTe , fouvent blanche intérieurement , en gros morceaux d'une odeur tres-défagréable , d'où vient cjue les Allemands l'ap- pellent Jlzrcus Dïaholi. Quoique cette odeur nous paroiiTe iî détefiable , les Perles û, tous les Afiatiques n'en font point afFedés de même ; car ils l'appellent le manger des Dieux, Les Indiens en mangent familièrement', &: y trouvent une bonne odeur & un goût exquis : les Pv-omains eftimoient fort celui qui venoit de la Province Cyrénaïque & de la Médie :*tant il exifle peut-être de diiîérence dans la flruûure ou les aiîeclions des organes des peuples de divers pays , &: même de divers habitans du même pays. Ne voit-on pas tous les jours des gens qui ont une telle horreur i^owxVail^ que bien loin de pouvoixen Tome L Mm" 54^ A s s goûter , ils ne peuvent foufFrir l'haleine de ceux qui en ont mangé. ? Cependant d'autres le regardent comme un afTaifonnement û excellent , qu'ils le prodiguent dans tous leurs mets. Notre fiecle a vu une inconitance mar- quée fur les odeurs. Les parfums que l'on faifoit il y a cinquante ans avec le mufc , &: qui étoient fi agréables , font tellement mis en oubli , que la poilérité ne faura ce que c'étoit ; car il lui fera très-difficile de concilier avec fon ancienne fuavité , la puanteur ou l'odeur •nuifible qu'elle croira y trouver. Il eft certain qu'il y a beaucoup de chofes qui ont plu aux Anciens , foit par leur goût , foit par leur odeur , qui font préfente- ment défagréables , & qui nous paroiftent très-puantes. Nous favons au contraire , que la plupart des Anciens ont eu en exécration Podeur du citron. Arriveroit-il dans la révolution des fiecles , quelque changement ou altération dans la ilrucku'e des organes de l'efpece humaine , ou dans les prcdiidions de la Nature ? Les Indiens elTuient , à la récolte de Vajfa-fœtlda , les fatigues les plus pénibles , qui confiftent à errer pendant plufieurs jours far les lieux les plus efcarpés des montagnes de la Province de Laar en Perfe , de- puis le fleuve Cuau jufqu'à la ville de Congo & aux environs de celle de Heraath , dans la Province de Coraiian. Là ils fe trouvent ex-pofés à l'ardeur la plus brûlante du foleil. Kczmpfer rapporte comment on fait la récolte de Vajfa-fœûda far le fommet des m.ontagnes d'Hingifer. (Sa plante efl encore fort commune en Médie^ ) Ceux qui la recueillent fe rendent en troupe fur le haut des montagnes à la mi- Avril ; ils arrachent les feuilles de la plante qui donne la gomme-réfme ^ VaJJa-fœt'ida , nommée en Perfe hingifch , & par les Arabes altiht, C'eil une plante férulacée , du genre des panais (une \rm.Q férule félon M. Linnœics)'^ les Perfans , les Ethiopiens &: les Abyffms l'appellent anjudm , angzidan ; fa racine eft d'une fubflance folide comme celle de la rave , noire en dehors , très-blauçhç A s s ^ Î47 kn dedans ^ ayant à-peu-près la même forme ; longue quelquefois d'une aune , &: de la groffeur de la cuiiïe : du fommet de la racine naiffent , fur la fin de l'au- tomne , fix ou fept feuilles qui fe fechent vers le milieu du printemps , branchues , d'une odeur puante & d'une^iaveur acre : fa tige efl fimple , droite , ronde ^ cannelée , moclleufe , longue d'une braffe &c demie , & grofle de fept à huit pouces par le bas , fe ter- minant en un petit nombre de rameaux qui portent des fleurs en parafol comme les plantes férulacées , & auxquelles fuccedent des femences aplaties , feuil- lées , d'un roux brun , ovalaires , velues , cannelées , d'une odeur de poireau &: d'une odeur déiagréable. Cette plante , qui fe plaît dans les terraiias arides de Heraath &C de Corofaan ou CorafTan , a une racine peu fucculente avant l'âge de quatre ans ; mais plus elle efl vieille , plus elle abonde en un fuc laiteux ^ liquide , gras comme de la crème de lait. Revenons à la manière de retirer ce fuc. Ce font fouvent des familles ou des villages entiers qui vont à la récolte de Vaffa-fœdda, Chacun s^em- pare d'un certain terrain, quatre ou cinq hommes fe chargent de la récolte d'environ deux mille pieds» Avant d'arracher les feuilles feches , ils découvrent un peu la terre , afin de les arracher jufqu'au collet z ils recouvrent enfuite la racine de terre 6c de feuilles , pour que le foleil ne puifTe pénétrer, ce qui feroit périr la racine. Cette opération faite , ils retournent tous à la maifon ; 6c au bout de trente ou q^iarante jours , ils vont de nouveau fur les montagnes , 6c chacun prend fa première place pour retirer des racines le tribut de fon premier travail. Ils coupent tranfver- falement le fommet de la racine ; de forte que le tronc repréfente un difque , fur lequel fe rend fa liqueur y, fans être expofée à s'écouler : ils recouvrent chaque racine d'un fagot d'herbes qui fait l'arc ; &C au bout d^ devix jours , ils viennent recueillir le fuc , qu^î]J M m 2, 548 A s s , mettent dans de petits vafes attachés à leur ceinture; enfuite ils emportent la fuperfîcie extérieure qui bou- choit les pores , aiîn que le lue puiiTe couler de nou- veau : ils viennent le recueillir de même au bout de quelques jours : ils font la même opération fur chaque racine plufieurs fois , jufqu'à ce qu'ils en aient retiré tout Vajpi-fœtlda ; ils mettent ce fuc gommo-réiineux fur des feuilles , &: l'expofent au foleil pour lui faire prendre de la folidité. C'eft alors qu'il perd beaucoup de fa puanteur. Suivant M. Carthcufer ^ Vajfa-fœtida eft compofé d'environ un tiers de réfme pure , & de deux tiers de partie extra£live. -- Il paroit que le fdphium des Anciens , le lafcr des Romains, & Vajja-fztida des Modernes, ne font pas des fucs diîFérens. ( Voyc^ ces jjiots, ) Quoi qu'il en foit 5 la gomme-réfme affa-fœtida eil employée comme remède en Europe : elle excite puilTamment la tranf- piration , & eit utile dans les mxaladies des nerfs : fon plus grand ufage eil pour délivrer les femmes de la îliffocation hyïlérique, & pour les maladies des che- vaux. M. Bourgeois prétend que Vajfa-fœdda eft non- feulement im très-excellent remède pour les vapeurs hyfîériques des femmes, mais qu'elle efl: aufîi très-efficace dans l'épilepfie hyilérique & dans toutes les maladies convulfives. On a obfervé que Vajfa-fcenda commu- nique fon odeur aux excrémens de ceux qui en font ufage , même pris en très-petite dofe , ôc mêlé avec d'autres fubflances. ASSAPANIK. Nom donné dans quelques parties du Nord de l'Oueft de l'Amérique , à la petite efpece d'écureuil volant , ou de petit polatouche. Voye?^ Ecuretjil volant. ASSÉE. Voyei Bécasse, ASSIMINIER , Anona triloha , Linn. ; Anonafrucîu lutefcente f lœvl ^ fcrctum arietlnum referente ^ Catesb. Gar. C'eft un arbriiïeau , efpece de coroJfoUer qui croît na- turellement au MifFiffipi ôç .dans d'autres parties d^ A s T 549 î'^ mérique Septentrionale : il eu haut de dix à douze pieds ; ion tronc efl gros comme la jambe. Ses feuilles , qu'il perd tous les hivers , font grandes , alternes , lancéolées^ glabres 6c d'un afîez beau vert ; les fleurs qui paroiffent prefque en même temps que les feuilles, font à fix pétales , dont trois extérieurs font larges, & trois intérieurs petits ; elles font d'abord verdâtres & fe teignent enfuite d'un rouge obfcur ou noirâtre. Aux fleurs fuccedent des fruits divifés jufqu'à leur bafe en trois lobes ovoïdes , prefque en forme de con- combre à écorce lilTe 6c d'une couleur jaunâtre. Cha- que lobe contient environ douze femences lon-gues de huit à neuf lignes, un peu courbées , 6c difpoiees en deux rangées dans une fubftance charnue 6c jaunâtre. L'odeur de ce fruit eft déplaifante ; cependant les Sau- vages en mangent , 6c en trouvent la chair agréable. On dit que la peau de ce fruit s'enlève facilement , 6c laifTe fur les doigts une imprefîion d'acide fi vif, que fi on porte fes doigts aux yeux , fans avoir eu foin de les laver , ils y caufent une inflam.maîion ac- compagnée de démangcaifons infuppor tables. Ce mal ne dure que vingt-quatre heures , 6c eil fans fuites funeiles. On • prétend que cet arbriileau n'a point encore frudiiié en France , où on le cultive en pleine terre. On peut l'employer à la décoration des bofquets du printemps. ASTACOLITE , Jjîacoutus. Sous ce nom les Natu- raliiles décrivent des pétrifications d'écrevilTes , 6c fous celui êi ajlacopodlum , une portion du bras d'une écreviffe pétrifiée : on en trouve en Angleterre , 6c notamment à Pappenheim en Allemagne, ^oye^ EC RE VISSE. ASTER. On donne ce nom à un genre de plantes fort nombreux , à tiges , les unes ligneufes , ks autres herbacées , toutes à fleurs radiées , dont la couronne efl formée d'un grand nombre de demi-fleurons , mais jamais jaunes ; le calice éciiilleux 6c lâche par le bas ^ Mm 3 5fO A S T 6c les femcnces chargées d'une aigrette fîmple , portées par un placenta nu & fans balle. Il y a une efpece à^afier , plus connu fous le nom à'œll de Chrïjl , A fier Attïcus cœrukus vulgaris _, Tourn. 481, C. B. : Pin. 267 : Afier amdlus , Linn. 1 226 , & que M. Linnœus a tranfporté dans le genre de Vaunie. Voyez ce mot. L'œil de Chrift , oculus Chnjii , eu une belle plante à racine vivace , que l'on cultive pour l'ornement des jardins , & qu'on appelle ainli , à caufe de l'ar- rangement de fes fleurs qui font difpofées en rayons. Sa tige efl haute de deux à trois pieds , cannelée , rameufe , rougeâtre & un peu velue , garnie dans toute fa longueur de feuilles ovales , oblongues , obtufes , rudes , un peu ciliées en leurs bords , &: d'un vert clair. Cette plante agréable à la vue par {ts fleurs à rayons de couleur bleue ou violette , quelquefois blanche , è difque jaunâtre, terminales 6^: à écailles calicinales, obtufes 5 ciliées , fe multiplie au mois de Septembre de graines ou de racines éclatées. Toutes fortes de terres lui conviennent. Ses places ordinaires dans les jardins font les plates-bandes & les bordures , oii ces plantes figurent très-bien par la beauté de leurs fleurs &: la groffeur de leurs touffes. Elle croît naturellement fur les collines arides des contrées méridionales de l'Europe.. On l'appelle auiîi le hd AJicr de Virgile y parce qu'il paroît que cette plante a été connue de ce Poète , & que c'eft d'elle dont il parle dans ce vers : EJl etiam fios in pratis , ciii nomen amello, Virg. Georg. L. 4. On diilingue auiîi VAjîer de la Chine , appelé la rdnz mar guérite des jardins , AJier chincnjis _, Linn. 1232. Cette plante fait en automne l'ornement de nos parterres. Ses rayons font panachés de bleu , de violet , de blanc , &c. La culture les varie beaucoup ; les fleurs font pédunculées , grandes ; le calice large ôc feuille; la tige haute de plus d'un pied , branchue , garnie de feuilles cvales , anguleufes ôc dentées. Elle efl: annuelle. On voit auffi dans les Jardins des curieux VAJlcr A s T ^51 & la Nouvelle Hollande , /ijîer novl BelgU^ Lmn. 1 23 1 . Sa tige eil haute de deux à trois pieds , droite & ferme , foutenant un panicule rameux ; les fleurs font d'un bleu tendre ; le calice garni d'une efpece de membrane feche & luifante ; les feuilles éparfes , lancéolées , M-, files & pointues. VAJler qui croît fur les bords de la mer , JJlcr tri- poLium y Linn. IZ26 , a fes feuilles un peu charnues, chargées de trois nervures ; les fleurs terminales en corymbe à rayons bleuâtres &: le difque jaune. Sa tige efl haute de trois pieds , fa racine vivace. C'eil r djlcr maritimus , paluflris , cœmUus , falïcis folio , de Toumefort. Combien d'autres aficrs fe trouvent cul- tivés au Jardin du Roi & dans ceux des am_ateurs, La Conifc des prés eil aufH une vraie efpece à^aflcr* Foyei CONISE. ASTÉPJE. Pierre fine chatoyante, aufTi nommée pierre âufoldl : elle réfléchit la lumière. Des Modernes croient que cette pierre eft Vaventurim naturelle. Voyei AVENTURINE & CHATOYANTE. Astéries. Pierres étoilées que l'on rapporte aux petits os ou Vertèbres de certaines étoiles de mer arbreufes , appelées têtes de Midufe. Les lignes & les raies font des efpeces d'apophyfes. Les ajléropodes font les tiges d'une étoile de mer rameufe. Foye^ à C article Palmier marin. ASTRAGALE , Aflragalus, Plante de l'ordre de celles à fleurs légurnineufes ; on en diflingue plufieurs efpeces. Nous ne parlerons ici que de VaJlragaU de Mo7itpeUiery Ajlragalus Monfpejfulanus ^ Linn. , Tourn. 416. Plante qui croît en France fur les chemins , dans les Provinces qui font au Sud de ce Royaume. Sa racine , qui eil longue de plus d'un pied & groite d'un doigt , fe divife ou porte plufieurs têtes longues de trois ou quatre daigts , d^où partent de petites tiges funples , creufes , rougeâtres , chargées des deux côtés de petites feuilles ameres , pointues , velues ^ oppofées , ou rangées par paires iiir M m 4 5Î2 A S T une côte qui eft terminée par une feule feuîlîe : les fommités des hampes font garnies de beaucoup de fleurs légumineufes , tantôt purpurines oc tantôt blan- ches y difpofées en épi court & lâche ; ces fleurs ont leur calice prefque glabre, &c font remarquables par l'étendard de leur corolle qui eu fort alongé. A ces fleurs fuccedent de petites gouffes arrondies , doubles , rougeâtres & remplies de graines qui ont la figure d'un petit rein. La racine de Vajiragale de Montpellier eil dure ^ ligneufe , blanche intérieurem.ent & brunâtre en dehors,, d'un goût douceâtre : on s'en fert intérieurement , ainfi que de la femence , pour arrêter le cours de ven- tre & pour provoquer les urines. On l'em^ploie exté- rieurement pour déterger &: deïTécher les plaies. L'efpece à^ajîragale (T Orient , à feuilles de galéga , étant mâchée , brûle la langue à-peu-près comme la perficaire. M. Haller dit qu'il y a un grand nombre d'efpeces de ce genre , la plupart exotiques , dont aucune n'efl connue en Médecine , excepté le tragacantha , qui eil une véritable ajîragale , & dont on parlera à l'article Barbe de renard. Il y a auiÏÏ Vajîragal - orglijffe. Voyez RÉGLISSE SAUVAGE. ASTRE , AJîrum, Mot qui s'applique en général aux étoiles 5 tant fixes qu'errantes , c'eft~à-dire , aux étoiles proprement dites , aux planètes & aux comètes. Voyez ces mots, Ajire fe dit |X)urtant le plus ordinairement des corps ccleltes , lumineux par eux-mêmes , comme les étoiles fixes &: le foleil. Il efi: bon de remarquer qu'il n'y a aucun aflre lu- miaeux par lui - même qui tourne autour d'un autre ajîrc. L'Ailronomie eft la fcience qui s'occupe du ciel étoile, des corps planétaires , de leurs phénomènes , &c. La Chaldée , ancienne contrée de l'Afie , paroît avoir été A s T în le berceau de l'AftroRomie. PtoUmie fait mention d'une éclipfe de lune qui avoit été obiervée à Babylone , capitale de l'Empire des Affyriens , &: fituée au milieu de la Chaldée, 721 ans avant la venue de /. C A cette époque, les Chaldéens avoient déjà Inventé le Zodiaque & divifé le ciel en conilellations , mais ils ne connoiffoient pas encore la caufe des phafes de la lune. Bérofc , un de leurs Auteurs , qui vivoit dans un temps fort pofiérieur à celui dont nous parlons , croyoit que cette planète fecondaire avoit deux cblès^ l'un brillant & l'autre obfcur. Les Egyptiens ont aufîi acquis beaucoup de gloire dans la fcience des Ajlres, Ces deux peuples paroiffent être les premiers qui aient appliqué la connoiiTance du ciel à l'ufage de la navi- gation ; l'on croît communément que les autres peu- ples leur doivent celui de l'obfervation des étoiles boréales , pour fe conduire en mer. Hérodote prétend que prefque tous les noms des Divinités Grecques , donnés aux Conilellations , tiroient leur origine de l'Egypte. Il paroît c|ue les Perfes , les Indiens , les Grecs & les Arabes , ont fuccédé aux Chaldéens & aux Egyptiens, dans l'étude du Ciel. L'hifloire de VAJlro' nomïe ne nous offre aujourd'hui que la décadence de cette fcience , chez les peuples qui l'avoient cultivée avec le plus de fuccès & d'éclat. Les Copernic , les Tychohrahé , les Kepler , ont vécu dans le feizieme fiecle , qui , félon M. Maclot , efl l'époque des grands progrès de l' Agronomie en Europe. Le fiecle iuivant ell: celui des Gaffendi , des Dif cartes , des CaJJîni , des Huyghens, Le célèbre Newton y né dans le même fiecle, peut être réclamé par le nôtre , qui ell: encore illuilré par pluiieurs Agronomes du premier ordre. ASTPvOlTE, Jfiroites. Vaftroïte eil un corps pier- reux , plus ou moins gros , organifé régulièrement , de couleur blanche , &: qui brunit par diiférens acci- dens ; il fe trouve dans la mer. Comme la furface de ce corps qui eiî fans ramifications ou avec ramifica- n4 A s T lions , eft couverte de figures étoilées , pafftie en creux & partie en relief , & ces étoiles font à pans , tantôt pe- tites & tantôt grandes, quelquefois pentagones, d'autres fois hexagones ; on a cru y voir des figures d'aflres & d'étoiles , ce qui la feit nommer aflroiu &: pknc itoïlk^ lorfqu'on croyoit que c'étoit une pierre : on l'a regardée enfuite comme une plante marine pierreufe; enfin Vafiroite.^ ainfi que plufieurs autres plantes ma- rines pierreufes , ont été démontrées être du règne animal par les obfervations de M. Peyjfoml , qui a découvert des animaux , au lieu de fleurs dans ces corps marins polypiers, ainii qu'on le peut voir au mot Corail & Corallines. Vajlwïu eft une pro- dudion de polypes qui fe trouvent dans la mer. Nous difons qu'il y a plufieurs efpeces à^ajlroàcs qui différent par la grandeur des figures dont ils font par- femés , & par le^nombre des rayons. UaJirGÏu à l'exté- rieur efl couvert de figures à pans ou obrondes , ter- minées par un bord prefque circulaire & faillant ; il y a dans l'aire de chacune de ces efpeces de cercles , des feuillets perpendiculaires & efpacés , qui s'étendent en formée de rayons depuis le centre jufqu'à la cir- conférence : ainfi l'intérieur efl compofé d'autant de cylindres ou de tuyaux à pans , qu'il y a de cercles fur la furface fupérieure. En un mot les ajîroïtes font autant de tubes parallèles joints enfemble par leurs côtés , & dont la cavité eft remplie de plufieurs lames , qui partent de leurs parois , & vont aboutir à un centre , ce qui forme des étoiles ou rondes , ou ova- les , ou anguleufes , plus ou moins grandes , Se à plus ou moins de rayons. Les afiroïtes diiferent à^s madré- pores , en ce qu'ils ont des pores étoiles , joints & parallèles , qui n'en fopt qu'une feule maffe ; ils dif^ ferent auiïi des tubipores , en ce que ceux-ci ont de5 tubes fourchus & irréguliers , fort faillans & non parallèles. Il y a une autre forte de corps qui n'eft pas t\n aflroiu , dont la furface liipérieure eft creufée par A s T A T E 555 filions ondoyans , que l'on a comparés aux anfra£luo- fitcs du cerveau ; ce qui lui a fait donner le nom de cerveau de mer. On en peut remarquer un très-beau au Cabinet du Jardin du Roi , fous le nom à^ajlroïte cer- veau. Voyez Vartïck MÉandrites. On trouve auiïi des apoites fojjiles, M. le Comte de Tnffan en a trouvé de pétrifiés dans le Barois & le Toulois. Les ajirdites pétrifiés en marbre , en pierre £ne 5 fur-tout en fubilance d'agate , font les plus rares. Ces derniers font fufceptibles d'un très-beau poli ; & les figures qu'on y voit font un fort joli effet : auiîi les emploie-t-on à faire des boîtes &: autres bijoux : on trouve en Angleterre de ces aflroites pétrifiés en agate , & nos Lapidaires les appellent improprement cailloux d'u4ngUterrc. On en trouve de femblables à Touque en Normandie. ASTPcOLEPAS, Nom donné à un lipas ou patelle , dont la bafe du contour fe termine par fept angles , comme l'on repréfente quelquefois les étoiles. Voye^ Lepas. ASTROPHYTE. Nom donné à l'étoile de mer ar- borefcente , efpece de médufe à côte. Foye^ à VarticU Etoile de mer. ATALANTE. Voye:;^ à r article AMIRAL papillon. ATÉ , Ata. Fruit qui croit à Siam & à la Côte de Coromandel fur un très-bel arbre. Ce fruit a à-peu- près la figure d'une pomme de pin , & efl beaucoup plus petit ; la peau en eft épaiffe , d'un jaune brillant , comme vernie , & la chair blanche &: molle : il a le goût de la crème fucrée. Cet arbre fe voit au Jardin du Roi fous le nom de guanabanus. Ses feuilles ont une faveur aromatique : infufées dans le taffia , elles hii donnent un goût agréable. On prétend que Vata n'eft autre chofe que le fruit d'un cachimentier. Voyez à r article COROSSOLIER à fruit écailleux. Nous avons vu , en 1771 , chez M. Gilbert de Voijins 3 à Paris ^ une brajiche de l'arbre ati;, il y avoit y55 ATI ATM environ i 50 fruits attachés. Cette branche ou régime lui avoît été envoyée des grandes Indes. ATIMOUTA. Voyei Varûcu Bauhine. ATINGAUT CAMUM. Voye^ Coucou cornu du Bréfil. ATLAS. Les curieux Holîandois appellent ainfi deux efpeces de beaux papillons de Surinam. L^ plus grand a les ailes rayées de bleu , de blanc & de brun , cer- clées de jaune ôc de noir ; il eft d'ailleurs admirable- ment émaillé. La petite efpece n'eft pas moins belle , êc fe voit gravée avec fon papillon , dans les Inficîes de Surinam. PL 23 & Go, ATMOSPHERE , eil proprement cette mafle fl|.ide & élal^ique ; cette fphere des vapeurs rem_plie ou compofée d'exhalaifons , qui environne le globe ter- reftre , &: dont la terre eft couverte par-tout à une hauteur confidérable. Cet atmcfphcre , dit M. ToaUo , reçoit de la terre , de la furface des eaux & de tous les corps 5 fur-tout des organiques , ces émanations, pré- cieufes qui s'en détachent , &: qui ne font que des décompofitions des principes déjà préexiilans dans les corps naturels ; & ces émanations dans V atmofphcrô y font ou attirées par la chaleur du foleil , ou pouiîées par jles feux fouterrains , par les fermentations , & iiir-tout par l'a£l:ion du fluide éleûrique : tous ces corpufcules , en s'élevant , vont , dit encore M. Toaldo ^ fe mêler dans l'air , o^i^AriJlou appelle la grande, mer , V Océan , où vont aboutir les courans de toutes les vapeurs & des exhalaifons de la terre. Cependant , quoiqu'il fe faite une confufion immenfe de toutes ces matières volatiles dans ce grand chaos , il peut arriver que chaque efpece de corpu feule retient fa propre nature ; c'eft une opération chimique en grand qui par l'analyfe fépare la partie aqueufe , la partie hui- leufe , la partie faline , la partie volatile , & les difperfe. Les odeurs le prouvent , par exemple , lorlqu'à plu- iieurs milles de diftance en mer , on fent les émana- A T O A T R 557 îions des plantes aromatiques des Ifles Moluques. C^'eil à cet atmofphcre , à celui le plus élevé , que nous devons les aurores , les crépufcules , & l'effet de k lumière qui nous éclaire. Voye^ AiR. Les phénomènes atmofphériques méritent la plus grande attention des Oblervateurs , ils femblent occa- iionner le balancement du feu éledrique , celui des nuages , l'agitation de l'air , le rétabliliement d'équi- libre ; leur action ne s'anéantit pas toujours dans les nuages , ils parviennent aflez louve nt aux objets ter- reftres ; les fluides de V atmofphcre paroiiïent avoir beaucoup d'influence fur les corps organifés : le fluide électrique y joue un grand rôle ; en effet , tous les corps animés languiffent quand la partie de notre at- inofphre , que nous refpirons , efl comme dépouillée de fqn éle£tricité ou de l'aâ:ivité de ce fluide. ATOCALT. Nom que l'on donne à une araignée du Mexique^ qui vit près de l'eau , &>qui n'efl point venimeulè. C'efl un des infedes qui nous préfente les ouvrages les plus variés en couleur. Cette araignée file un tiffu , qu'elle entrelace de fils rouges , jaunes & noirs , avec tant d'art , que l'oeil ne peut fe laffer d'admirer la beauté de l'ouvrage. Foye^ Araignée. * ATOME. A ce nom eff attachée ordinairement l'idée de corpufcules invifibles ou infécables , que les Anciens regardoient comme les élémens primitifs des corps naturels. Voyei Vartïck ÉlÉmens. On donne aufTi ce nom à un animal microfcopique , le plus petit , à ce qu'on prétend , de tous ceux qu'on a découverts avec les meilleurs microfcopes. On dit qu'il paroît au microfcope , tel qu'un grain de iable fort fin paroît à la vue , ô^ qu'on lui remarque plu- iieurs pieds , le dos blanc , & des écailles. ATROPOS , Colubcr Atropos , Linn. Serpent d'Ame* rique , dont la robe efî d'une couleur blanchâire ; {ç^^ yeux font bruns , avec des iris blanches ; il a 131 grandes plaques fur l'abdomen^ & zz paires de petites 558 AT T plaques fur la partie inférieure de la queue. Sa moi-- fure eil très-dangereufe. Ce ferpePxt efl du troifieme genre. ATTAGAS. Cet oifeau , d'après les obfervations & les recherches faites par M. de Buffon , eil Içfran- colin de Bclon ^ &C non celui à^Olina; & notre attagas à plumes variées , eit Vattagm de Jdim, Voyez Lagopède. ATTAGEN. Oifeau très-vanté des Anciens comme un des mets les plus délicats. Foye^ V article Lagopède. Quelques-uns ont regardé le coq des marais , de Gefner^ comme un attagen ; on croit q^'l Albin en a parlé fous le nom ^cegodphale, ATTARSOAK. Les Groënlandois donnent ce nom à une efpece de phoque , remarquable par deux taches noires fur la peau en forme de croisant. Ces peuples défignent par les mots attarak , atteitfiak , Sec. le mêm.e animal fuivant fon âge. Voye^ à tanicle Phoque. ATTELABL^S , Arachnoïdes. Efpece d'infecte aqua- tique qui a la tête de la fauterelle & le corps de l'arai- gnée : il nage dans l'eau , eu il rampe fur la terre. On peut cependant le regarder comme une efpece de fau- terelle. Voye^ Sauterelle. ATTERRISSEMENT , eft un accroiflement qui fe fait par degrés plus ou moins rapides , au rivage de la mer ou à la rive d'un fleuve , par les terres ou les fables , ou un limon compofé de lubftances de toute efpece , les cailloux roulés ou galets que l'eau ou des alluvions y apportent fucellivement. C'cll bien ici le cas de dire avec Joh , cap. XIV. verf 1 9 : Lapides excavant aquce , (S* alluvione paulatim terra confumitiLr „ La maffe des atterrijfemens s'élève & devient d'autant plus confidérable , qu'on approche davantage de l'em- bouchure des fleuves , ou de celles des rivières , des torrens &: des fleuves dont le fol eil moins profond , ou qu'il s'y trouve des rochers qui , en retardant l^ Yîieffç dé l'çau , lui fpnt dépofer fur les bords de ATT ^ 559 fon lit les terres & les fables , qu'elle charîe ordinai- rement vers le confluent des fleuves. Les att&rrijfcmms ne font que iliperficiels. Les dépots que les eaux de la mer font fur fes bords , font dus ^ tantôt à des matières que les fleuves y portent , 6c à celles que les flots , en battant avec violence contre les falaifes ou les montagnes qui bordent le plus fouvent fes rivages , arrachent de ces falaifes , ballot- tent enfuite plus ou moins long-temps, &: dépofent enfin fur les plages , réduites en poudre ou en maffes peu confidérables. A ces matières entraînées ou arra- chées des montagnes , fe joignent celles que les flots détachent également des rochers cachés ou couverts par les eaux de la mer , ou des montagnes qui s'y trouvent dans les Ifles , auxquelles fe joignent auffi les corps marins plus ou moins mutilés ou broyés , 'tels que des coraux , madrépores , coquilles , os de poiflbns , &c. Ces dépôts fe font fur les bords de la mer , ou dans la mer même , & quelquefois ils s'y accumulent tellement , qu'ils deviennent des digues infurmontables à fes flots. Les pierres appelées vaches noires près de Caen , font des atterriJJcTîzcns glaifeux , anciens , & remplis de cornes d'ammon , de belemnites , &c. : elles font fituées fur un plateau de dunes près la mer. De tout temps le Rhône a produit à fon embouchure des atterriffcmens fort étendus. Le Danube n'efl: pas moins célèbre à cet égard , il tend journellem.ent à combler le Pont-Euxin , &: la mer d'Azoph. Chez les Anciens , la baffe-Egypte nommée Delta , à caufe de fa figure triangulaire , a toujours été regardée comme un préfent du Nil. Il femble que les terrains de la Hollande , &: peut-être de la Zélande , font l'ouvrage de l'Efcaut , de la Meufe & du Rhin. Il en efl de même , fans doute , de la grande Ifle à l'entrée du fleuve Amour , dans la mer Orientale de la Tartarie Chinoife ; la campagne de Ferrare paroîî due ^ux acHrriJfmms i\\ P$ j VerujÇe ^ les Iflots qui 5^o ATT entourent cette piiîfTante Ville , parolffent tenir leur foî des aturrijfcmens du Pô & de l'Adige ^ &c. &c. Il efl: un grand nombre d'autres faits de ce genre gravés dans les fafles les plus anciens de la Nature. Foye^ ce qui eil dit encore des aturrïffcmms dans la théorie de la Terre, ATTOLE. Voye^^ Anate. ATTRAPE-MOUCHE , Mufcipula, Plante qui croît naturellement dans les lieux incultes &: fecs. C'eil une efpece de petit (zilkt , ou plutôt de lychnïs , dont les fleurs font aux fommités des tiges , difpofées en petit bouquet , d'une belle couleur rouge & un peu odorante. Les fruits contiennent de petites femences rondes & rougeâtres. Cette plante efi: finguliere , en ce qu'il découle de fa tige une fubilance vifqueufe , où les mouches fe prennent ; ce qui Ta fait nommer attrape- mouche. Il y en a une efoece à fleurs doubles d'un beau rouge que l'on cultive dans les jardins , & qui fleurit en Juin & Juillet. On peut la multiplier facile- ment en la marcotant. Depuis trois à quatre ans , les Anglois ont reçu du fond àts terres en Penfilvanie , une plante herbacée , qui y croît fpcntanément fur le bord des eaux , dans les lieux ombragés , & à laquelle ils ont donné le nom de tip'itlwklie , &: celui de Vénus attrape-mouche, M. EUls en a donné la defcription : les François l'appelent attrape-mouche ; car à^^s qu'un tel infedte vient à fe pofer lur une des feuilles de cette plante , la feuille s'agglomère & enferme fi promptement le petit animal, qu'il ne peut pas s'échapper; on. pré- tend même qu'il y efl: quelquefois écrafé. Les Bota- niHes la défignent ainfi , Dionœa mvfàpula aut mufci- capa. On voit adhiellement cette plante au Jardin Royal dé Trianon , &c. Voilà une nouvelle efpece de fcnjztive ou mimeufe : à Tinilant que l'on pofe le doigt au centre creux de la feuille , les fibres nerveufes , végétales j qui en font irritées , fe conir.iai\at , & le doigt A V A ^ U B 5^1 èoigt eu enveloppé dans la feuille. Il naît du milieu de ces feuilles une hampe nue , grêle , herbacée , haute de fix à fept pouces , &c qui foutient à fon fomânet cinq à fept fleurs blanches , pédunculées , & diipofée? en corymbe terminal. Le fruit efl une capfule obronde , enflée , uniloculaire , & qui contient un grand nombre de femences menues , attachées à fa bafe. En fuivant le fyilême fexiiel de Linné , cette plante ( la ^lionée ) offre des caraderes qui la placent dans la décandrie monogynle. Son calice eft à cinq feuilles ; fa corolle , compoiée de cinq pétales blancs , dix étamines , un piftil ; fes racines vivaces ; les feuilles rangées en rond îiir la terre , fucculentes , prefque recourbées , avec deux efpeces de géniculations , dont la fupérieure eu à deux lobes fémi-ovales , irritables , bordés de cils ou foies longues & roides. Ces deux lobes , quand on les touche , s'approchent & fe joignent en forme de iàutoir tant que l'infe£le fe débat 6c fe meurt ; les cils qui fe croifent , les lobes étant conllamment fermés , ne s'ouvrent que lorfque Pinfede cefTe de fe mouvoir ; ils fe romproient plutôt que de les forcer à s'ouvrir : dans ce cas , fi le prifonnier n'efl qu'épuifé de fatigue , il peut fubitement recouvrer fa liberté. AVALANGE. Fojei Lavancke. AUBÉPIN 5 Aubépine. Fojsi à lafulu de VarticU NÉFLIER. AUBERGINE. Voy^i Mélongene. AUBIER , arbriffeau. Voye^ Obier. Aubier , Alburnum. C'eil: une ceinture ou couche circulaire plus ou moins épaifle de bois imparfait , qui elï entre l'écorce & le cœur ou le vrai bois , dans tous les arbres. On le diftingue aifément du bois par- fait, par la différence de fa couleur & de fa dureté. On doit ôter Vauhkr dans les bois que l'on emploie ; car il fe pique de vers , & efl peu folide. M. cU Buffon a pourtant démontré les moyens de le rendre auffi bon que le reile du bois, Foyc^ Us mots Arbre 6c Bois. Tom& I, N n ^6i A V A AVE AVAOUS. En Languedoc on donne ce nom à iirt arbiiile , efpece de chêne vert qui porte le Kermes" infecta. Il croît abondamment dans les ganiques (communes) du pays. AUBiFOIN. Vcyei Bluet. AUBOURS. Voyei ÉEÉNIER DES AlpES , à la fuite du mot CytiSE. AUCHA , dans quelques Voyageurs , efl le fangm. Voyez Sarigue. AVELANED ou Valanede. Voyci à Canick Chêne. AVELINIER. Voyei Noisetier. AVENTURINE. On entend communément par ce mot y une compofition de verre brun , jaunâtre , opa- que ou d'émail , rouffâtre , parfemée de points brillans de couleur d'or. La découverte de cette compofition fort jolie , eft due au hafard. Un Verrier lailla tomber, fans y faire attention , dans fon creufet qui tenoit du verre en fufion , des particules de laiton ; la vitri- fication étant refroidie , il y remarqua des paillettes brillantes , dorées , &: qui donnoient à la mafie confo- lidée par le refroidiffemxent , le coup d'oeil de certaine* topa^^s artificielles & opaques. Ce phénomène mérita -à ce verre-émail le nom à^aventurine , comme qui di- roit pierre trouvée par aventure. S'il y a quelque pierre fine qui reffemble à cette compofition , éc qu'on puiiTe aujourd'hui nommer avcnturine naturelle , il faut la chercher parmi les pierres chatoyantes à tiffu ou à pâte de celle qu'on appelle ail du monde. Il y en a une efpece dont la couleur à fond brun-roux, ou gris-rouflatre , & à peine tranf- parente , approche beaucoup de celle de Vavemurim facilce ; mais elle diffère de Vaventurine facîlce en ce qu'elle efl dure , & elle diffère de Vœ'il du monde , en ce qu'elle eft parfemée de points chatoyans , très-bril- lans , clair-femés & de couleur d'or : il y a àt^ (Lvcmuiines à fond vert , à petits points d'or & pail- AVE AVI 5(^5 kttes d'argent. Il y a des pierres fines réputées aventurims^ à demi tranfparentes , dures comme l'agate , qui font comme truitées ou trézalées , & qui, dans un beau jour, ont la propriété de très-bien chatoyer , c'efl-à-dire , de réfléchir agréablement la lumière , & même d'offrir des éclats de lumière de différentes nuances ; & ces éclats , qui font le plus grand plaiiir aux yeux des Amateurs , partent de différens points , en la manière des pierres précieufes taillées à facettes. La couleur de cette pkrrz chatoyante & fon jeu empêchent de la confondre avec les autres pierres chatoyantes , telles que V opale , le girafol , Viris , la pierre de lune , Vœil de chat , Vœil du monde , &c. Voyei CHATOYANTE & AS- TÉRIE. On prétend que la véritable pierre d'^aventurine réfléchit l'image entière du foleil , tandis que les autres cha- toyantes ne font que rendre la lumière du foleil dans une forme alongée. On taille prefque toujours en cabochon la YXd^ie pierre d'aventurine. Cette pierre a un prix d'af- fedion. AVEPvANO. C'efl Vave de verano des Portugais ; le guira punga des Braffliens ; le cotinga tacheté de M. Brifi fon , tom. 2. p. 3 54. Sa chair eff un comeilible agréable & nourriffant. Cet Oifeau , en vie , pouffe un fon fem- blable à celui d'une cloche fêlée , & tantôt femblable à celui qu'on feroit en frappant fur un coin de fer avec un inffrument tranchant, ^oye^^ maintenant COTiNGA. AVERHAHN. Voyeià l'article Coq des BRUYERES. A VERNE. Nom donné aux grottes ou foffes d'oii fortent des vapeurs empoifonnées : ce font des efpeces de moufettes. Voyez ce mot a t article EXHALAISONS MINÉRALES. AVÉRON , ou AvENERON. Voye^^ à la fuite de Var" ticle Avoine. AVEUGLE , ou Anvoie. Voye^ Orvet. AVIGNON. Voyei Lavignon. AVILA. Fruit des Indes qui croit fur une plants N n 2 5 raies d'un jaune-brun ; une tache noire auprès de chaque ouïe , ëc une autre tache rouge qui borde la première. AUROCHS. Nom Allemand ibus lequel on ccnnoît un anim^al refîemblant beaucoup à notre taureau , au- quel il eil fupérieur par la grandeur ce par la force r c'eft Vurus des Naturalilles. Il paroît , d'après les ciiricufes & favantes recherches de M. de Buffoîi , que Vaiirochs peut être regardé comme étant notre taureau domejilqiie dans fon état naturel & fauvage : on doit le confidérer comme la race première 6c primitive , mais altérée , changée ^ -modifiée par la diveriité des climats , des nourritures ^ & par la domefiicité. U aurochs , autrefois , remplilToit les forêts de la Germanie ; on le connoit encore dans les forêts du Nord, en Mofcovie, fous ce même nom ^aurochs, 'L'aurochs ell: donc Tefpece du taureau fauvage , le véritable animal primitif d'où dérivent d'autres ani- maux , qui , à l'extérieur , paroiiTent avoir des diffé- rences elfentielles , mais qui , comme le prouve très- conflamment M. de Burfon , ne font qu'accidentelles. On doit par conféquent rapporter à V aurochs plufieurs animaux comius fous des noms divers par les Natura- lises 5 tels que le bonafus , le bifoii , le y^chu , &: toutes les diverfes efpeces de bœufs , tant de l'Europe &: de l'Afie 5 que de l'Afrique 6i de l'Amérique , qui tirent leur origine de cette fouche. On ne peut bien taire Tentir toute la vérité de ces faits qu'en parlant d'aprcs Tomz /, O o 578 A U R M. dz Buffbn j dont la plume développe avec une- énergie finguliere tous les faits qu'elle préfente. Il n'en eit pas , dit cet illuftre Auteur , des animaux domeftiques , à beaucoup d'égards , comme des ani- maux fauvages. Leur nature , leur grandeur & leur forme font moins confiantes & plus lu jetés aux varié- tés , fur-tout dans les parties extérieures de leur corps. L'influence du climat , û puiffante fiu- toute la Nature , agit avec bien plus de force fur des êtres captifs ^ que fur des êtres libres : la nourriture préparée par la main de Fhomme . fouvent épargnée &c mal choifie , jointe à la dureté d'un ciel étranger , produifent avec le temps des altérations ailez profondes , pour devenir confiantes en fe perpétuant par les générations ... * Cette caufe générale d'altération n'eft pas afTez puif- fante pour dénaturer efTentiellement des êtres ; mais elle les change à certains égards , elle les mafcue ôc les transforme à l'extérieur; elle fuppnme certaines parties , ou leur en donne de nouvelles : elle les peint de couleurs variées ; & par fon aftion fur l'habitude du corps , elle influe aufil fiir le naturel , fur l'inflind èc fur les qualités les plus intérieures. Une feule partie modifiée dans \m tout aufTi parfait que le corps d'un animal , fuiEt pour que tout fe refiente en effet de cette altération ; oc c'efc par cette raifon que no5 animaux domeftiques différent prefque autant par le naturel 6c l'inflind que par la figure de ceux dont ils tirent leur première origine. La brebis nous en fournit un exemple frappant. Cette eipece ^ telle qu'elle efl aujourd'hui , périroit en enlier fous nos yeux , &c en fort peu de temps , il l'homme cefibit de la foigner , de la défendre ; aufii efl-elle très-différente d'elle-m.ême , très-inférieure à fon efpece originaire ^ ainfi qu'on le peut voir au mot Moiifon , fous lequel on défigne la brebis fauvage , race primitive de nos brebis. Nous allons voir ici combien de variétés les bœu.fs A Ù R , 579 mit effuyées par les effets divers & diverfemeht con>- binés du climat , de la nourriture & du traitement dans leur état d'indépendance , ÔC dans celui de do- mefticité. La variété la plus générale & la plus remarquable dans les bœufs domefiiques &C même fauvages , con- fifle dans cette efpece de bofîe qu'ils portent entre les deux épaules : on a appelé i^ifons cette race de bceufs bolTus , &C l'on a cru jufqu'ici que les bifons étoient d'une efpece difrérente de celle des bœufs communs ; mais com.me nous fommes maintenant aifurés que ces bœufs produifent avec les nôtres , 6c que leur boifé diminue dès la première génération , & difparoît à la féconde ou à la troifieme , il efl évident que cette fcofTe n'efl qu'un caradere accidentel &c variable , qui n'empêche pas que le bœuf bofîii ne foit de la même (efpece que notre bœuf: on a même trouvé autrefois dans les parties défertes de l'Europe 5 des bœufs fau- vages ^ les uns fans bofle , & les autres avec une boiTci» Cette boile , dit M. ^e Buffon , eu moins un produit de la Nature , qu'un effet du travail , un ftigmate d'ef- C! rivage. On a , de temps immémorial , dans prefque tous les pays de la terre , forcé les bœufs à porter des fardeaux ; la charge habituelle &c fouvent exceîTive , a déformé leur dos , & cette difformité s'eil enfuite propagée par les générations. îl n'eft reflé de bœufs lion-déformés que dans les pays où l'on ne s'efl pas fervi de ces animaux pour porter. Dans toute l'Afrique 6c dans tout le Continent Oriental , les bœufs font boiliis j parce qu'ils ont porté de tout temps des far-^ deaux fur leurs épaules. En Europe , ou on ne les emploie qu'à tirer , ils n'ont pas fubi cette altération , & aucun ne nous préfente cette difformité : elle a vraifem.blablement pour caufe première , Je poids & la comprefîion des fardeaux , &c pour caufe féconde , la furabondance de nourriture ; car elle difparoît lorfquô l'animal ell niaigre Si mal noiini Des bceufs efclaves O 0 ^ 58o A U R & boffus fe feront échappés , ou auront été aban- donnés dans les bois ; ils y auront laiffé une pofténté fauvage &: chargée de la même difformité , qui , loin de dilparoître , aura dû s'augmenter également par Tabondance des nourritures dans tous les pays non- cultivés ; en forte que cette race fecondaire aura peuplé toutes les terres défertes du Nord & du Midi , & aura paiTé dans le nouveau Continent , comme tous les autres animaux dont le tempérament peut fupporter le froid {a). Une autre différence qui fe trouve entre Vaiirochs & le hifon ou bœuf bojfu , eil la longueur du poil ; le cou , les épaules &: le delTous de la gprge du bifon , font couverts de poils très-longs ; au lieu que dans Vaiirochs toutes ces parties ne font revêtues que d'un poil affez court & femblable à celui du corps , à l'ex- ception du front qui eil garni d'un poil crépu : mais cette différence de pcil eff encore plus accidentelle que la boffe , & dépend de même de la nourriture & du climat. {a) Des Le£l:eurs attentifs prétendent que cette théorie, toute belle qu'elle eft, ne parcît pas encore fuffiiante pour expliquer la boffe qu'on dit accidentelle dans le bifon ; car fi elle ei\ l'effet du travail , le ftigmate tant. Diodore rapporte même une façon de prendre ces animaux , fondée fur leur grand attachement pour leur couvée ; c'efl de planter en terre aux environs du nid & à une jufte hauteur , des pieux armés de pointes acérées , dans lefquels la mère s'enferre d'elle-même , lorfqu'elle revient avec emprefiement fe pofer fur (es œufs. On a eiTayé en vain de faire éclore à la cha- leur du foleil fur une couche ^ ou dans un athanor à feu lent , des œufs à^ autruches élevées dans le Parc de Ver failles : on n'a pu découvrir dans ces œufs la moin-