-y < M iP "**:tfe' if-*^'}. '^... »j*-^^ %* ^. N \ LIBRARY OF ie85_l056 L^ '• , DICTIONNAIRE RAISONNE UNIVERSEL D'HISTOIRE NATURELLE. riS^'- TOME SECOND. BA = CAO DICTIONNAIRE RAISONNÉ UNIVERSEL P' HISTOIRE NATURELLE, CONTENANT L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX ET DES Minéraux , et celle des Corps célestes , des Météores , et des autres principaux Phénomènes de la Nature j AVEC L'HISTOIRE DES TROIS REGNES, et le détail des usages de leurs productions dans la Médecine , dans rEconotnie domestique et champêtre , et dans les Arts et Métiers ; Et une Tabie concordante des Noms Latins , etc, et le renvoi aux objets mentionnés dans cet Ouvrage. Par M. Valmont-Bomare,' Voyageur et Démonstrateur d'Histoire Naturelle avoué du Gouvernement ; ancien Censeur Royal ; Directeur des Cabinets d'Histoire Naturelle , Ae Physique , etc. de S. A. S. Monseigneur le PRINCE DE CONDÉ ; Honoraire de la Société Economique de Berne ; Membre des Académies Royales des Sciences de Naples , de Médecine de Madrid , Impériale des Curieux de la Nature , Impériale et Royale des Sciences de Bruxelles ; Associé Regnicole des Académies des Sciences , Belles-Lettres et beaux Arts de Rouen et de Dijon ; des Sociétés Royale des Sciences de Mont- pellier , Littéraires de Caen , d'Orléans , de la Rochelle , etc. > d'Agri* culture de Paris ; Membre du Collège de Pharmacie. Quatrième Edition , revue et considérablejnent du^mentéé ftar l'Auteur. TOME SECOND. A LYON, Ghez BRU Y SET Frères; M. DCC. XCL ï BAC B A D BACHE. Nom donné au fniit 4u latankr, Voyes ce TIIOC. BACILE. T^oyci Passepîerre. BACKELEYS. Foyei Bakeleys. BACKER , eft le nom d'une hirondelle de mer , très-connue aujourd'hui en Eiland ou Œlande , partie de l'Ide de Gothland en Suéde , &: dans Pîfle de Su- dercop , près de Pelvorm. Lorfque quelqu'un va dans l'endroit où l'un de ces oiièaux a fon nid , il vole autour de fa tête , & femble vouloir le fuivre croît par- tout dans les bois des lieux cités ci-defuis. On préfère le bois de cet arbre pour les pirogues. 11 eil vraifemblablement très-ré fnieux , car M. de Commerf on lui avoit d'abord donné le nom de refinaria , comme on le voit dans fon herbier. 4.^ B ADAMIER au BENJOIN , Croton ben:{o'è ^ Linn. Mant. 297. Cet arbrifîeau , que l'on cultive aûuelle- ment au Jardin du Roi , croît dans les Indes Orientales4| Ses rameaux répandent un fuc laiteux quand on les coupe , & l'on préfume aujourd'hui , dit M. de la Marck , que c'eft lui qui produit l'efpece de réfine , connue fous le nom de benjoin , & non un laurier , comme l'avoit penfé Linnœus d'après Commelin. Les nervures des feuilles de ce hadamier font rouges. 5.** Badamier au vernis , Arbor vernicis. C'efl Varbre au vernis. Voyez ce mot. BADA. C'efl VAbada. Voyez ce mot. BADÉ , Pleuroneclcs mancus , BroufTonet. C'efl Varamaca de Marcgr. ; dans l'Ifle d'Anamoka , badc ; & pathi-maure , dans l'Ifle d'Ulietea. Ce poifTon efl du genre du PUuronectc ; il fe trouve dans la mer Paci- fique. Son corps efl comprimé ; les écailles font en recouvrement ; il s'en trouve aufîî fur les deux côtés de la tête ; la ligne latérale eft arquée ; la partie pof- térieure de la tête efl comprimée & aufïï large que le corps ; il y a un enfoncement entre les yeux ; l'ou- verture de la gueule efl ample ; le menton ofFre un' B A D B A G ^ tubercule obtus & ofîeux; il y a dans chaque mâchoire deux doubles rangs de dents , p^-^ites , fixes , déliées &: pointues ; la rangée extérieure efl plus courte ëc plus épaiiTe. Les yeux font fur le côté gauche de la tète ; ils font ovales , très-écartés Pun de l'autre ; l'iris eu argentée , la prunelle eblongiie eu noire. La nageoire dorfale commence au deffus du mufeau , & fe termine près de la nageoire de la queue ; fes rayons font fourchus à leur fommet ; la nageoire pectorale gauche eR échancrée ; l'autre eu ovale , & leurs rayons ibnt fimples , ainfi que ceux des abdominales ; la nageoire de l'anus eft longue & écailleufe ; celle de la queue efl d'une figure ovale , plus large que longue. La furface gauche de ce poiffon efi: cendrée , avec des points noirs & des taches d'un blanc verdâtre de dif- férentes grandeurs ; la furface droite eil d'un blanc verdâtre , moucheté de brun. BADGER. Nom donné par quelques-uns au blaireau. Voyez ce mot, BADIAN ou Badîane , Illiclum\ Linn. Genre de plante à fleurs polypétalées , de la famille des Anonts , & qui comprend des arbres ou des arbriffeaux exoti- ques. Voyc:^ l'article Anis ÉtOîLÉ DE LA ChiNE. BAGAGE. Nom donné aux cannes à fucre qui ont paffé au moulin , &: dont on fe fert pour brûler après les avoir féchées au foleil : on nourrit les beûiaux avec celles qui ont été trop brifées fous le cylindre. Foyei Canne a sucre. BAGADAL Nom donné à une variété ou race dans l'efpece du pigeon de volière. Voyez ce mot. BAGASSiER , Bagajfa arbor qud Indi ad extriiendos lintres utuntur , Barr. Fr. Equin. p. 20. C'efl un très- grand arbre de la Guiane ; fon tronc ell: droit & s'élève à quatre-vingts pieds de hauteur , fur quatre à cinq de diamètre. Son bois efl blanc & recouvert d'une écorce lifle & cendrée ; fes rameaux font nom- breux , s'étendent au loin de tous les côtés , & lui A3 « B A G forment une cîme vaiie & touffue ; ils font garnis de feuilles oppoiees , pc*lolées , amples , à demi divifées en trois lobes pointus , âpres au toucher , vertes 6c munies chacune à leur bafe de deux ftipules lancéolées & caduques. Les fruits ont la forme & la groffeur d'une orange moyenne ; ce font des baies jaunâtres , recouvertes d'une peau grenue ; leur chair intérieure eu ferme , & l'extérieure , qui eil molle 6z luccu-i lente , enveloppe un grand nombre de femences , qui ont la forme de pépins bruns & vifqueux. Ces fruits font d'un tres-bon goût ; les Créoles 6c les Naturels du pays les mangent avec plaifir. Le bagajjur fe trouve dans les forêts de la Guiane, JLorlqu'on l'entame il rend un fuc laiteux. Son tronc eft employé pour conftruire de grandes pirogues , &: l'on en peut tirer des courbes , &c. pour la conflruc- tion des navires. On fait dans le pays une différence entre les arbres, qui croiffenî fur les mornes eu petites montagnes , & dans les marécages. On prétend que le bois du hagaf- Jier des mornes , quoique coriace 6c plus difficile à fe fendre , eft plus léger , 6c qu'il flotte ; celui des marécages efl plus pefant ; de forte que la pirogue qui en efl conflruite coule à fond lorfqu'elle fe remplit d'eau , tandis que les autres reviennent fur Teau dans la miême circon (lance. La partie d'Oyajx)ck elî la plus abondante en bayajjîers. Les Habitans de ce Canton font un commerce de ce bois , avec les Habitans de Cayenne. BAGLAFECHT. Oifeau d'AbyiTmie , qui n'eit qu'une variété du toucnam-courvi : il n'en diffcre que par quelques nuances & diflributions de couleurs ; il fe rapproche encore du loucnarn-courvl par la manière dont il fuipend fon nid , prefque toujours au-dcifus. d'une eau dormante , à l'extrémité d'une petite, branche , 6c l'ouverture tournée du coté de l'Eft ; 5nais il lui donne une forme différente de celui du B A G 7 foucnam , & 11 le roule en fpirale ^ à-peu-près eomme lin nautile. BAGNAUDIER , Coluua. Genre de plante à fleurs polyp étalées , de la famille des Léguminmfts , qui a beaucoup de rapports avec celle des Jjiragaks , & qui comprend des arbriffeaux, des fous-arbriiîeaux & des herbes dont les fleurs font papilionacécs ; les fi'uits véficuleux & fans cloifon , parfaitement uniloculaires , -avec des femences réniformes , attachées aux deux bords des futures fupérieures ; les feuilles ailées avec impaire. Bagnaudïer commun ou Faux Séné , Colutea^ Dod, Pempt. 784; Cohitca veJîcdria^C. B. Pin. 396; Colutea arborefcms ^ Linn. 1045. ArbriiTeau rameux , haut de huit à dix pieds , & dont les fleurs font eri grappes , jaunes & légumineufes ; on obferve une ligne rougeâtre , courbée , à la bafe de leur étendard. Les feuilles font alternes , ailées , compofées de neuf à onze folioles , d'un vert glauque , fur-tout en delTous , ovales , un peu échancrées par le l^out : à la fleur fuccede une gouffe très-renflée , en forme de vefîie alTez groffe & prefque vide , dans laquelle on trouve plufieiu'S femences figurées comme un rein. Cet ar- briiTeau , qui croît naturellement en Italie , & dans les Provinces Méridionales de la France , fleurit fou- vent deux fois par an , en Mai & en Septembre ; il efl très-propre à décorer les bofquets du printemps & d'automne. Il convient fort dans les remifes ^ car il fe multiplie très-facilement. Son écorce efl d'un gris- brun. Les feuilles & goufles de cet arbriiïeau font au bagnciîidier , ce que les feuilles du féné & les fol- licules font à l'égard de la plante àxxféné: elles font également purgatives ; mais il en faudroit une plus grande dofe que de celles du féné : on ne s'en fert guère en Médecine. Le fruit du bagnaudkr , qui mûrit fur la fin d'Août , ferî en quelques pays à engrailTer ks brebis ôc à leur faire avoir beaucoup de lait : il eflt A 4 8 B A G bon auffi pour les volailles. Les abeilles en aiment la ileiir. On dillingue une variété à gouffes purpurines. On connoît encore trois autres efpeces aufîi à tige îigneufe ; la première fe nomme bagnaudur d'Ethiopie , Colutza jEtkyopica , Jlore purpuno , Tourn. C'eft urî tres-joli arbufte , mais bien plus petit que le nôtre ; Tes feuilles font oblongues & fes fleurs purpurines , de couleur de feu ou d'im rouge affez vif; il mérite d'être placé aufîi dans les bofquets du printemps & même dans ceux d'été : on l'élevé de femences fur couche & fous des cloches pour en orner les jardins. La deuxième eil le hagnaudler du Levant , Coliiua, Orient alis , flore fanguinei coloris , lutcd macula notato , Tourn. Cor. 44. Ses fleurs font d'un rouge de fang , avec une double tache jaune à la bafe de leur étendard. La troifieme efl: le bagnaudier d^Alep , Colatca foliis cvatis intcgerrimis , caule fruticcfo , Mill. Il commence à fleurir dans les premiers jours de Mai , & continue ainii fans interruption jufqu'à la mi-0£lobre. On cul- tive ces trois efpeces au Jardin du Roi. Les bdgnauditrs à tige herbacée font , i .*^ le bagnau- dier annuel d'Afrique , Colutea A f ricana , vcjiculis corn- prcjjis , floribus atro-ruhuitibus , Volk. Les fleurs f^nt d'un violet-brun. 2.° Le bagnaudier des Alpes , Phaca Alpin a , Linn. Les fleurs font jaunâtres , avec quelques poils noirâ- tres &: courts fur leur calice. Cette plante croit fur les montagnes du Dauphiné , de la Suiile , de la La- ponie & de la Sibérie. 3.^ Le bagnaudier Auflral ^ Phaca Auflralis ^ Linn. C'eft l'efpece la plus petite de ce genre ; elle croît dans les montagnes de la Provence , de l'Italie & de la SuifTe. Ses fleurs font d\m blanc-jaunatrc avec une teinte de violet à l'extrémité de leur carène. BAGRE , Silurus Bagre , Linn. Poiffon du genre du Silure. Il fe trouve dans le Bréfil , & dans les autres grands fleuves de l'Amérique Méridionale ; on le fert B A G 9 fur les tables. Selon Gronovïus , ce poiffon n'a point d'écaillés ; fa peau eft liffe &: d'une couleur à reflet d'or & d'argent , mais d'un bleu fombre fur le dos. Le ha^rc a la tête courte ; la mâchoire fupérieure eft plus longue que l'inférieure ; les dents très-fines , & difpofées comme par groupes fur autant de petits ef- faces. La gueule très-ample ; les yeux fitués près les angles de cette dernière partie ; quatre barbillons , dont deux font comprimés & fitués avant les yeux , & ont trois fois la longueur de la tête ; ils font fortifiés à leur bafe par un oflelet articulé. Les deux autres barbillofts font courts , déliés , & pendent fous le menton. La ligne latérale efl droite , & a des ramifications courtes & oppofées , deux à deux , qui fortent en plus grand nombre près de la queue ; la première nageoire dorfale eil petite , triangulaire , & garnie de huit rayons , dont le premier , qui a une longueur égale à celle de tout le tronc , eft triangulaire à fa bafe , terminé en forme d'aiguille , & hérifle de petites épines fur la furface antérieure ; la féconde nageoire du dos efl près de la <]ueue , & efl d'une confiftance charnue. Les nageoires pedorales offrent douze rayons , un peu rameux , qui dépaffent la membrane qui les unit , & dont le premier efl roide , aigu & hérillé de petites dents fur fon bord intérieur ; un filam.ent très-alongé fort de la partie fu- périeure de ce premier rayon. La nageoire de l'anus contient trente - deux rayons fourchus à leur fommet ; celle de la queue , profondément divifée en deux lobes, dont le fupérieur efl: le plus long , contient quinze rayons, fans compter ceux des parties latérales qui font plus petits que les autres. Il y a une autre efpece de ha^n appelée le Matou. Voy^i^c^ mot. BAGUENAUDIER. C'efl le Bagnaudier. Voyci ce mot. BAGUETTE DIVINATOIRE ou Verge d'Aaron. On donne ces beaux noms à une branche de faule ou fo BAH à un rameau fourchu de coudrier , ou d'aune , ou de chêne , ou de pommier , dent les Jongleurs ou Empi- riques en Métallurgie fe fervent , lui attribuant des vertus merveilleuies pour découvrir , en vertu des éma- nations 5 les mines , l'eau fouterraine , une pièce d'or ou d'argent cachée. Nous doutons très-fort de l'au- thenticité de ce phénomène : depuis long-temps la faine Phyfique a défabufé fur ces ufages fuperflitieux , & nous ne craignons pas de dire que l'intérêt mafqué par l'af- tiice ck: la charlatanerie , trouve toujours des reliburces aéTurées dans l'efprit des gens fimples 6c crédules. On trouve cependant des peribnnes -qui , quoique très-inf- tmiîcs d'ailleurs , donnent encore leur croyance à ces tours de main 6c de paiié-pafîe , 6c qui ont de la peine à revenir de ces erreurs. Si on a trouvé effeûivement des mines dans l'endroit où l'on avoit vu ou cru voir tourner la baguette , c'efi: parce que celui dans les mains de qui elle tournoit par un mouvement purement mé- canique , & qui dépend de la pofition initiale d'un point dpnné par rapport au centre de gravité , ne la faifoit jouer qu'à propos , c'eft-à-dire après s'être aflùré de la nature du terrain. On peut confulter un Traité qui a été fait fur cette matière par M. l'A]:>bé de Valînont^6>C la DiiTertation que M. Lzhman en a donnée dans le pre* mier tome d'un Journal Littéraire qui paroît à Berlin , fous le nom à^ Amufimens Phyfiqms, BAHEL-SCULLÎ, Barkria Longifolia , Linn. ArbrifTeau épineux , qui croit naturellement dans les lieux aqua- tiques , aux Indes & au Malabar. Ses tiges font fim- ples , dures , articulées , tétragones , rougeâtres , hérillees de poils blancs. Ses feuilles font oppofécs , étroites, enfiformes , rudes au toucher. De l'aifTelle de chaque feuille fortent trois épines roides , rougeâtres : fes fleurs font verticillées & d'une couleur pourpre foncé. C'efl le ^znifla fpïnofa Indlca , vtrticillata , florz purpuno-cœru" ko. On attribue à la décoûion de fa racine 6c à fa feuille confite dans du vinaigre , la vertu de provoquer les B A J . fe A I II urines , fur-tout û la déco£lion a été faite dans l'huile du Jicus infirnûlis. On ajoute que les feuilles du hahcU failli , réduites en poudre & prifes dans de l'huile tirée par expreifion à\\ ficus infernalis , réfolvent les tumeurs des parties natiu*elles. (^Ancienne Encyclopédie, ) Ce genre de plante ( Barkria ) eil de la divifion des Perfonnècs, Il offre encore la BarrcUerc à feuilles de mo- relie , de l'Amérique Méridionale ; la Barrclicre hérijjhnne^ des Indes Orientales , qui eil le Lycium Indicum de Seba , & qui a une variété délignée ainfi dans Rheed. Mal. co- letta-vetla. La Bamliere a feuilles de buis ; celle à crête ; celle à longues fleurs , du Malabar & de l'Inde ; celle à feurs écarlates , & celle à èpïs pyramidaux de Saint-Do- mingue, BAJANG. Voyei Bessi. BAIE y Bacca, On donne ce nom à de petits fruits qui 5 dans leur maturité , font mous , pulpeux , fuc- culens , plus ou moins arrondis ou ovales , qui ne font point réunis en grappes , mais ilblés , ^l qui , fous une enveloppe charnue , contiennent des pépins ou des noyaux non renfermés dans des loges , mais flottans dans la chair ou le parenchyme ; ce qui s'obferve dans les fruits du folanum : tels font encore ceux du gené- vrier , du laurier & autres. On donne le nom de Bacciferes aux plantes qui portent des baies comme la brione , le chèvre - feuille , le fceau-de-Salomon ^ le lis des jardins , la belle-de-nuit , Vajperge. Lorfque de pareils fruits font petits , réunis en grappes ou en corymbe , on leur donne alors le nom de grains. Par exemple , on dit des grains de grofeille , un grairz de raiiin , un grain de fureau. On coniidere fouvent le nombre de femences contenues dans la baie ; on dit baie monofperme , quand il n'en a qu'une , comme dans les thymélces 6c les fumacs ; dijperme , quand il y en a deux , com.me dans le caffcyer , le vinetier ; trifperme , quand il y en a trois , comme dans le muguet ; polyfperme , quand il y en a un 12 B A f B A K .nombre indéterminé , comme dans le câprier, Voyeî Vanicle Plante. Baie ou Baye , jEJluarlum. Nom donné à un petit golfe. C'efl un petit bras de mer qui le jette entre deux terres , &: qui s'y termine en cul-de-fac , par im enfoncement plus grand que celui de Vanfc , ÔC plus petit que celui du golfe. Dans une baie les vaif- feaul font ordinairement à l'abri des vents &: des .tempêtes. Tous les Navigateurs connoiffent la baie de Sierra-Leona , & celle de Bénin en Afrique. Foye^ Us articles GOLfE & Mer. Baie a ondes. On lit dans VEjfaï fur PHifloirc Naturelle de Saint-Domingue , que ce nom eft donné dans cette contrée à un arbre de moyenne grandeur , qui eft fort commun dans les Savannes. Il fe plaît dans les endroits fabîonneux^ Sa racine elt fibreufe & traçante ; fon tronc noirâtre , droit , crevafle. Il fe divife en plufieurs branches qui fe fiibdivifent en ramilles fourchues , auxquelles les feuilles font atta- chées. Ces feuilles font oblongues de quatre à cinq lignes , larges d'une à deux lignes , difpofées par paires Jufqu'au nombre de vingt fur une même ramille , travttfées dans toute leur longueur par un petit filet , écartées durant le jour , repliées durant la nuit les unes fur les autres. Les fleurs font légumineufes , jau- nâtres , inodores ; elles croiffent par bouquets aux extrémités des branches. A ces fleurs fuccedent des gouiTes longues d'un demi-pied , arrondies , &: qui renferment plufieurs petites graines plates , alongées , bnmes , luifantes , groffes comme une lentille , envi- ronnées d'une pulpe blanchâtre , fans odeur ni faveur. BAISONGE ou Badzenge. Foyei Cartick Puce- ron. BAKELEYS ou Bakkeleyers ou Backeleys. Efpece de bœufs A bojfe ou bifons que l'on voit en Afrique chez les Hottentots , où il y en a de difFé^ rentes tailles ^ des grands , des petits , des moyens ^ B A K 15 de même qu'on en voit aux Indes : les Hottentoîs prennent pour ces animaux les mêmes foins que les Arabes pour leurs chevaux ; ils les élèvent avec tant de douceur , que ces quadrupèdes courageux devien- nent afFeôionnés , feniibles , intelligens , & qu'ils font par amour ce qu'ils ne font chez nous que par crainte ; leur nature s'élève même par la douceur de l'éduca- tion & par les attentions alîidues , au point qu'ils deviennent capables d'adions prefque humaines : auiîî le bœuf efl-il l'objet de la vénération 6c du culte fuperllitieux des Indiens. Les Hottentots en élèvent pour la guerre , dont ils fe fervent comme les peuples de l'A fie emploient les éléphans ; on choifit toujours les plus fiers 6c les plus généreux. Chaque armée eu. fournie d'un bon trou- peau de ces bœufs de combat , qui fe lailTent gouver- ner fans peine , 6c que leurs conduûeurs lâchent à propos : ils font auffi dociles à leur voix que le font ici nos chiens ; habitués à connoître l'ami 6c l'en- nemi , au moindre fignal , ces animaux belliqueux tombent fur l'armée ennemie avec fureur ; rien ne peut les arrêter ; ils frappent des cornes , ils ruent , ils renverfent , éventrent , foulent aux pieds avec une férocité alfreufe , tout ce qui fe préfente devant eux; ils s'élancent au milieu des rangs , y jettent le défor- dre 6c la confulion fans que rien les effraie , 6c pré- parent ainfi une vicloire facile à leurs maîtres ; mai^ dociles à la voix de leur conduQeur , ils modèrent leur furie , 6c rentrent dans l'obéiffance à fa volonté. Ainfi cet animal joint à l'intrépidité martiale du cheval Faifection 6c la fidélité du chien. Le génie des animaux qui fe flétrit par la crainte, fe développe donc , comme on le voit , lorfqu'on les traite avec douceur , & qu'on les élevé avec art. Les Hottentots ont encore de ces bœufs qui font inflruits à garder les troupeaux lorfqu'ils font au pâ- turage , à les raiîiener quand ils s'écartea:it , 6c les défen- !4 B A It dre des bêtes féroces. Dans chaque village il y eii a plufieurs qui font dreffés k ce manège ; ils connoif- ient tous les Habitans du lieu , hommes , femmes , en- fans, qui peuvent impunément approcher des trou- peaux , &c pour lefquels ils ont le même refpe£i: qu'un chien a peur tous ceux qui demeurent dans la maifon de fon maître ; mais fi quelque étranger , 6c en parti- culier un Européen , s'avifoit d'approcher du troupeau , fans être accompagné d'un Hotteutot, ils iroient fur lui au grand galop , 6c s'il n'étoit pas à portée d'être entendu du Kraal ( Village Hottentot ) , ou qu'il n'eût point d'armes à feu , ou qu'il ne trouvât pas d'arbre pour s'y fauver en y grimpant , il feroit tué à coups de cornes 6c foulé aux pieds. Cette fureur à la vue d'un étranger qu'ils ne connoilîent pas , leur vient de ce qu'on les a dreffés à courir contre tous ceux qui approchent des . troupeaux , afin de fe garantir des lufchis ou voleurs qui font affee fréquens dans ces pajo , 6c qui en veulent aux troupeaux. Toutes les habitudes qu'on voit prendre à ces fortes de bœufs à bojfe , font beaucoup d'honneur au génie 6c à l'induf- trie des Hottentots. Bachzkys , dit Kolh , en langue des Hottentots , fignine la giizrre. Aux Indes on ie fert aulfi de ces bœufs à boffe ^ comme nous nous fervons ici des chevaux pour voyager ; il y en a qui font tout blancs ; leur aUure ordinaire eil douce , on ne leur met au lieu de mors qu'une cordelette paiîee en double par le tendon des narines , 6c on renverfe par-defTus la tête de l'animal un gros cordon attaché à ces cordelettes , qui fait l'ef-* fet d'une bride que l'on alfujettit par la boffe. On les couvre de belles bouffes , on leur met quantité de fonnettes au cou , on garnit les bouts des cornes d'é- tuis de cuivre ou d'un autre métal. On leur met des felles , & il y en a qui courent auffi vite C[ue de bons chevaux. On fe fert de ces bêtes généralement par toutes les IikIcs , pour tirer les carroffes ^ les voitures: B A K T| tômniimes, les chariots. On attelle ces animaux avec un long joug qui eil au bout du timon , & qu'on pofe iiir le cou de deux bœufs ; le cocher tient à la main le cordon qui fert de bride pour les conduire. Ces bœufs attelés à une voiture peuvent faire des voyages de foixante journées, en parcourant depuis douze jufqu'à quinze lieues par jour & toujours au trot : à la moitié de la journée on leur donne à chacun deux ou trois pelottes de la groffeur de nos pains d\in fou, faites de farine de froment , pétrie avec du beurre 6c du fucre noir ; le foir on leur donne des pois-chiches concafTés qu'en a laifîes trem.per une demi-heure dans Peau. TaverTikr avoit deux de ces bœufs attelés à fon carrofîe. Ils avoient coûté fix cents roupies. Il femble que le bœuf eil né d'up naturel propre à fupporter toutes fortes de climats , les plus chauds Gomm.e les plus froids. On a trouvé , dit M. de Bufon , quantité de bifoiis ou bœufs bojjus dans toute la partie Septentrionale de l'Amérique. Ces blfons qui habitoient autrefois les bois des terres du Nord , ont probablement paiTé d'un Continent à l'autre; ils font devenus , comm_e tous les autres animaux , plus petits dans ce nouveau Monde ; & félon qu'ils fe font habitués dans des cli- mats plus ou moins froids , ils ont confervé des four- rures plus ou moins chaudes : leur poil eil plus long & plus fourni , leur barbe plus longue à la Baie d'Hudibn qu'au Mexique ^ lus forte que la harpoirç. BAL 4t mortels. Ce moment eft le plus dangereux. Toujours elle rejette l'eau avec fureur &c un bruit épouvantable ; fouvent elle fuît rejaillir fon fang en il grande quan- tité , qu'elle en couvre les chaloupes & les Pêcheurs , 6z que la mer en paroît teinte dans un grand efpace. Le bâtiment toujours à la voile , fuit de près , afin d'être à portée de remorquer la baleine harponnée. Loriqu'elle eu morte , ou que l'animal épuifé n'a plus de force , ce qui fe reconnoît à la corde qui paroît lâche , Se au foible bruit de l'eau que la haleine rejette alors par fes nafeaux , on la remorque , on lui coupe la queue , &C on l'attache aux côtés du bâtiment avec d^s chaînes de fer : la tête ell: vers la poupe 5 & l'endroit oii l'on a coupé la queue , vers la proue. AufTi-tôt les Charpentiers fe mettent delïiis la kîkine , vêtus d'habits de cuir , avec des bottes ar- mées de crampons de fer aux femelles , crainte de gliiTer fur la peau. Dans cet état , ils enlèvent le lard de la baleine fufpendue dans l'eau , &: on le porte à l'inilant dans le bâtiment où on le fait fondre. Les Hollandois craignant les dangers du feu dans les vaiHeaiLx , tranfpcrtent les barriques de graifle dans leur pays pour la faire fondre , en quoi ils fe mon- trent moins hardis* que les Bafques. La hardielTe de ces derniers eu récompenfée par le profit qu'ils font , qid efî communément triple de celui des Hollandois. Comme les François 6c les Bafques font fondre la graille ou le lard des haleines à mefure qu'on l'enlevé , les huiles françoifes font auffi meilleures & moim puantes que celles que préparent les Hollandois. Une haleine moyenne produit environ i looô livres pefant d'huile. Elle donne un plus grand nombre de barriques d'huile , à raifon de fa grandeur & de fon embonpoint. En général , la couche de lard dont une bonne haleine efl totalement recouverte , a dix ou douze pouces d'épaiffeur. Les couteaux dont on fe fert dans cette opération ont jufqu'à cinq pieds de 42 BAL longueur : on fe tient loin de la graifle , on la croît capable de caufer une cohtradion de nerfs , &c de ren- dre perclus les bras 6c les mains. Lorsqu'on a tourné 6c retourné la baleine pour en enlever la graiffe , on retire les barbes ou fanons qui font attachés dans la gueule , & que nous avons dit lui fervir de dents. La côte entière & ofTeufe appartient non-feulement au propriétaire du vaiffeau , mais encore à tous les intéreflés dans l'entreprife. L'Equipage a la moitié du produit de l'huile , 6c le Capitaine , le Pilote , le Charpentier , ont encore par - defîiis les autres une gratihcation fur le produit des barbes ou fanons. L'huile &. les fanons iont les grands produits que l'on retire de la baUïne, L'huile fert à brûler à la lampe , à faire le favon du Nord , à la préparation des laines des Drapiers , aux Corroyeurs pour adoucir les cuirs , aux Peintres pour délayer certaines cou- leurs , aux Marins pour graiifer le brai qui fert à enduire & fpalmer les vaifl'eaux , aux Architedes & aux Sculpteurs pour faire une efpece de maflic avec de la cérufe ôc de la chaux , lequel durci , fait une croûte fur la pierre , & la garantit des imprefTions de l'air &: des injures du temps. ' On diflingue à Paris deux fortes à^huile de haleine. Celle qu'on nomme de grande haie ou de pkhe fran-^ çoife , efl la meilleure , pai* la raifon que l'on a dite ci-defîlis. A l'égard à^s lames , appelées fanons de ba^ leine , & que le vulgaire nomme improprement côtes de baleine , leur ufage s'étend à une infinité de choies utiles : on s'en fert dans les Arts , & en particulier dans l'ajuftement des femmes , à faire tout ce qui exige à la fois de la force & de la fouplelTe , du reffort fans roideur , ôc de la flexibilité fans moUeffe ; en un mot , on en fait des bufques de corps , des branches de parafol , &: mille autres ouvrages. La chair des bakines eft difficile à digérer , mais BAL 45 cependant propre aux eftomacs robufles des Habitans des contrées qu'elles fréquentent. La néceffité a appris aux Iflandois & aux Pêcheurs des Ifles de Féroe , le moyen de s'emparer de l'ef- pece de baleine qu'on nomme le nord-caper^ quoiqu'ils foient dépourvus de chaloupes , de bâtimens &: des uilenfiles nécefîaires à cette pêche. Lorfqu'ils apper- çoivent le nord-capcr donner la chafîe aux harengs , & les poufler adroitement fur les côtes pour en attra- per un plus grand nombre à la fois , ils fe jettent à l'inflant dans leurs canots ; ils pourfuivent la baleine par-derriere à force de rames ; & fi le vent fouffle fur la côte , ils verfent dans la mer quantité de fang , dont ils ont fait bonne provifion. La baleine qui veut regagner la haute mer , s'effraie lorfqu'elle voit ce fang ; & plutôt que de nager à travers , elle retourne en fuyant vers la côte , où elle échoue , 6c alors ils s''tn emparent aifément. Ennemis des BALEINES, Les baleines ont, indépendamment de l'homme ,' plufieurs ennemis très-dangereux , dont quelques-uns font eux-mêmes de véritables baleines , mais d'efpece différente ; telle efl la licorne de mer ou le narhwaL Voyez au commencement de cet article Ll CORNE DE Mer. Tel efl Vourque ou épaulard dont nous parlerons ci-après. Les baleines , malgré leur force &: la groffeur pro- digieufe de leur maffe , tremblent à l'afped de Vépée de mer de Groenland, & de hifcie de mer ; elles s'a- gitent en fautant d'une façon extraordinaire , & fe fauvent avec précipitation du côté oppofé. Voye^^ t ar- ticle Scie de Mer , & à-aprïs Épée de Mer de Groenland. La baleine a un autre ennemi qui la tourmente beau- coup , quoiqu'il foit en apparence infiniment moins redoutable que ceux dont nous venons de parler i 44 BAL c'cll un ver teftacée , qui , lorfqu'il eu étendu , peut avoir fix à fept pouces de long , & qu'on nomme peu de baleine. Cet animal eft armé d'une coquille à nombre de pans , dont les deux extrémités forment une ouverture par où il paiTe fes bras , avec de longs poils qui lui fervent à piquer la baleine ^k{t nourrir de fa graifie. Cet animal fe loge fous les nageoires , dans les oreilles & vers le membre génital. Lorfqu'ii efl étendu , il a tout l'air d'un polype de mer. Voyez Pou DE Baleine, Eph de mer de Groenland. VÉpée du Groenland eil une petite efpece de ba-^ leine de la longueur de dix à douze çïeàs , d'une agilité étonnante. Ses deux mâchoires font armées de petites dents pointues : fa queue efl horizontale ; & elle rejette , comme la baleine , par un évent , l'eau qu'elle avale. Elle porte fur le bas du dos une efpece d'épée ou de fabre , d'où lui efl venu fon nom. Cette efpece de fabre a trois ou quatre pieds de haut , & rcifemble plutôt à un pieu pointu qu'à un fabre. De plus , il efl revêtu de la même peau que l'animal , & paroît être hors d'état de blefTer la baleine. On penfe qu'il fert à cet animal pour s'arrêter dans fa courfe , ou pour en modérer quelquefois la trop grande rapi- dité. Ce pieu efl-il une efpece de nageoire ? M. Briffi^n défigne ainfi cette efpece à^épée de mer : Ddphinus pinnâ in dorjo unâ gladii recurvi amuld , dentihus acutis , rofiro quaji. truncato. C'efi par leur gueule que ces animaux font à crain- dre : ils marchent en troupe , &: attaquent tous enfcmble la baleine : ils lui arrachent avec leurs dents , chacun de leur côté , quelques morceaux du corps , jufqu'à ce qu^étant harcelée & fatiguée , elle ouvre la gueule 6c en fait fortir fa langue. A l'inflant ils s'élancent fur cette langue , qui eu prefqué la feule partie de la haleine propre à leur nourrirure , 6c s'éîant prefque BAL 45 întroduits dans la gueule , ils Tarrachent toute entière : ce qui fait que les Marins trouvent quelquefois des haldms mortes qui ont perdu la langue. \Jipk de mer eft le kafatkl des Kamtfchadales : il efl aufii très- commun dans leurs mers. Les Pêcheurs de ces înfu- laires le redoutent tellement ., que loin de l'attaquer , ils l'évitent , & lui font même des offres pour qu'il ne leur faffe pas de mal : tout cela ne l'empêche pas de renverfer leurs barques. Les Pêcheurs de haldms , fur les Côtes de la Nouvelle Angleterre , l'appellent kïlU-zrs , ^a.ffajjin^, A l'égard de VlpU de mer dite efpadon ^^o'Aon feul de fon genre , /^ dus ces animaux marins , un conduit pour alpirer l'air & rejeter l'eau : c'efl un ennemi qui fe rend -redoutable 9 même aux plus grandes baleines^ par fa férocité, fa force & fon agilité dans l'attaque, & par le s dents larges , tranchantes & pointues , dont fa gueule eft ar, tnée ; il mord la baleine 6c la fait mugir ôc fuir' fur l es côtes , ce qui eft très-favorable aux Pêcheurs: au. iîi empêchent-ils autant qu'ils peuvent, qu'on ne blelTe 6c qu'on ne tue Us épaulards. Dauphin^ BAL 49 Dauphin. Le Dauphin efl mis au rang des haleines. Son nom cfl: formé dans la plupart des langues du Grec hx^piv ; c'efi: la balœna minor , mrâquz niaxiUâ dcntatd , dorfo pinnato , delphmus vulgo dtcla , d'Anderfon. C'cfl un animai marin dont la tigure a peu de rapport à celle qui entre dans le Blalbn , & à la forme fous laquelle les Sculpteurs & les Peintres repréfentent cet animal. Le dauphin eil un cétacée moins grand que Vourque , & plus grand que le marfoum ; tous trois forment le groupe à.ts petits cétacées , qui , pour toutes les di- mentions , font infiniment au-delTous des baleines &c ces cachalots. Le dauphin a communément dix pieds de longueur &: deux d'épaiffeur à l'endroit le plus gros du corps ; fa queue eil à-peu-près de la même largeur. ( Celui qu'on a vu à Paris en 1773 , avoit un peu plus de dix pieds de longueur , il étoit gros comme un bœuf, ôc du fexe mâle : on le montroit au public fous le nom àe petite balclm.) Il a deux nageoires ou palmes latérales , longues d'environ feize pouces , & larges de dix ; & une autre d'un pied &; demi de hauteur ," élevée en manière de gouvernail Rir le nûlieu du dos. La forme du corps efï ronde , oblongue , renflée à la partie antérieure , & fe terminant en pointe ; fa peau eil dure 6^ très-liiTe , noire fur le dos oc blanche fous le ventre. Le mufeau efl cylindrique , très-alongé eu manière de bec , d'où vient le furnom de bec d'oie , que l'on a donné au dauphin : ce long bec ou mufeau efl profondément fendu , &: les deux mâchoires font garnies , fur plus d'un pied de longueur , de petites dents pointues , rangées en peigne , & dont l'atteinte paiIe pour être venim-eufe. Sur la tête paroit l'évent ou l'ouverture de la trachée par laquelle il afpire l'air & rejette l'eau. Les yeux font allez grands , 6c beau- coup plus à proportion du corps , que dans les plus grands cétacées. Tome IL D *çô BAL Bélon dit que le fquelette du dauphin refîemble k celui de l'homme ; il faut en excepter les jambes , il n'en a pas. On y diflingue vingt- quatre groiTes ver- tèbres , dont les premières font percées &: contiennent la moelle épiniere ; mais celles qui dcfcendent depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue , ibnt autant de petites rouelles rondes , attachées les imes aux autres & non percées. La queue ell uniquement compcfée d'une matière nerveufe , fans autres ofTemens ; mais les bras & avant-bras , quoique courts , ont les mêmes ojfremens que dans l'homme. Le dauphin a auiïi vingt- quatre côtes , un flernum , des omoplates , des clavicu- les ; l'efpece de main efl: compofée auffi de cinq doigts à articulation ; le pouce a deux os , le doigt d'après en a trois , le maître doigt en a quatre , celui d'après en a trois , le petit doigt n'en a qu'un. On lui trouve auffi les os du poignet in carpo , au dedans de la main. Etr, Poif foi. 4S & 46, Le dauphin paroît être le plus vif, le plus léger & le plus intelligent des cétacées : il nage , s'élance dans l'eau & pouruiit fa proie avec tant de vîteiTe , qu'on l'a nommé la Jleche de mer : il devance les navires à la voile ; il eft , dit Pline , plus vite qu'un oifeau , plus rapide qu'un trait : Ocyor volucre , ocyor tclo ; 6c fuivant la remarque du même Naturalise , aucun pciflbn ne pourroit échapper à fa pourfuite , ni éviter de devenir fa proie , fi l'ouverture de fa bouche n'étoit coupée de manière qu'il eu obligé de fe renverfer llir le flanc pour faifir , ce qui laifTe au poiflbn un inftant pour échapper. Cependant les nageoires du dauphin font aflez petites , &: la rapidité de les mouvemens tient plus à l'élancement & à la force mufcuJaire de fon corps qu'à l'impulfion de fes rames. Il lui arrive quelquefois , en pourfuivant avec cette impétuofité les poifîbns fur les bords de la mer, de fe mettre à fec,ainfi que lorfqu'il eil , dit-on , tourmenté par de certains petits infedes qui le moleflent d'une manière infupportable. B A L 51 La génération Se l'accouplement de ces efpeces de cétacées font les mêmes que dans la baleine : la femelle ne porte ordinairement qu'un fœtus , & rare- ment deux ; Ion terme efl à fix mois ; elle allaite fon petit , & le perte tant qu'il ne peut nager : tout fon accroiiTement efl à dix ans. On croit que la durée de leur vie eft de vingt-cinq à trente ans. On les voit ordinairement nager par troupes , ou feulement deux à deux. On en voit dans prefque toutes les mers : les Grecs difent qu'ils font des migrations , qu'ils vont de la Méditerranée vers l'HcUelpont , qu'ils reftent quelque temps au fond du Pont-Euxin , Se qu'ils re- viennent enfuite d'où ils font partis. Lorfqu'on les voit s'agiter , s'élancer , bondir à la furface de l'eau , & pour ainfi dire fe jouer fur la mer, en temps calme, on en tire l'augure d'une tempête. On dit qu'ils fe battent par troupes contre les bonites 6c les albicores. Ces bonites , ainfi que les albicores ( ou thons ) pour- fuivent les poijjons volans pour s'en nourrir. Voye^ Bonite & Poisson volant. Malgré ce qu'on a dit du caradlere focial de ces animaux , de l'aiFedlion que les dauphins ont pour les hommes , & leur goût prétendu peur la mufique , s'ils fuivent les vaiiTeaux , s'ils en approchent de très- près lorfque les Mariniers les fifïïent , c'eil plutôt par la gourmandife d'attraper ce qu'on leur jette , que par amour pour l'homme ; aufîi les attrape-t-on avec un morceau de viande mis au bout d'un hameçon ; d'autre- fois on les pêche en les harponnant comme les autres cétacées. Néanmoins , dans les mers de Grèce ils çon- fervent une efpece de franchife fondée apparemment fur la tradition des hiftoires que contoit l'ancienne Grèce , du fervice qu'ils avoient rendu à plufieurs Grecs , &c. , en les fauvant du naufrage : & Bclon dit que jamais aucun des Pêcheurs Turcs , Grecs , Efclavons^ & Albanois , ne fait de m.al à un dauphin, Conililtes Etr. Poijf, pa^, 7. ver^o^ D ^ 52 BAL Le dauphin peut vivre plus long-temps 6.-?:^% Taîr fans eau , que ians air dans l'eau , oii il fercit furoqué , s'il ne pouvoit venir de temps en temps refpirer à la furface. Gcfmr en a vu un qui vécut trois jours hors de l'eau. On raconte que lorfqu'ils font pris , ils ré- pandent des larmes & font entendre quelques fons plaintifs. On prétend auiîi que , flottant & dormant à la lurface de la mer, on les entend ronfler. Le dauphtr a, comme tous les cétacées , un lard ou une graille qui lui recouvre tout le corps , d'où vient que quc'lqueS'Uns l'ont appelé porc de mer , nom qui néanmoins appartient au marfouin. On retire de la grajife ou larci du dauphin une huile qui n'cft bonne qu'à brûler. Sa chair eft noirâtre , a une odeur & un goût défagréables ; elle eft difficile à digérer. Autres efpcccs de BALEINES, Les mers du Nord ne font pas les feules où l'on trouve des hakims ; on en voit auffi dans la mer des Indes , au Cap de Bonne-Efpérance. Ces animaux ont en général la môme conformation , à l'exception , peut-ctre , de quelques petites diiTérences. L'hiftoire qu'en a donnée des hakïnes convient donc aufîi à celles-ci. On ne peut apprendre fans étonnement quelle eft la force oc l'adrefle de l'homme fauvage , privé de tous les fecours que l'indullrie de l'homme civilifé a imaginés , & jouiiTant de toutes les forces de la Nature. Lorfque les Sauvages de l'Amérique apperçoivent une hakïnz , ils fe jettent à la nage , vont droit à elle & ont l'adreile de fe jeter fur fon cou , en évitant fes nageoires &: fa queue. Lorfque la baleine a lancé fon premier jet d'eau , le Sauvr.ge prévient le fécond , en mettant un tampon c?^ bois qu'il enfonce à coups de malfue dans un des i^ver.ti ou nafeaux dç la baUim : celle-ci plonge B A' L . 55 auffi-tôt , &Z entraîne avee elle le Sauvage qui la tient fortement embrailee , au moyen de crochets, qu'il a. promptement fait entrer dans ia ^em,h3. l^akine ^ qui a heihin de reipirer , remonte fur l'eau , & donne le temps au Sauvage de lid enfoiicer un fécond tampon dansU'autre nafeau, ce: qui l'oblige à replonger dans le fond de la mer , oii elle ell: étouffée faute de pouvoir faire évacuation ce fes eaux pour refpirer. Dans les mers qui, -baignent les Mes de Fercë , on voit plufieurs efpeces dé ces baleines , que les Pêcheurs de ce pays , qui ne l'ont pas auili hardis que les Sauvages , n'oient attaquer. La plus dàngereufe de toutes eu. celle au'ils apnellent trold-wal., oui culbute fouvent leurs barques , eu qui les foule ve en palTant par-deiTous. , & les foutient fur fon dos , comme fur wxï rocher. Les Pêcheurs ont cependant trouvé un fecret de les éloigner, en cachant du cajiorcum entre des pfenches fur le devant de leur barque ; l'odeur défagréable qui s'en exhale , ck qui fe fût fentir des baleines , dont l'odorat eil très - délicat , les fait fuir auiîi-iôt. L-es Kamtfchadales n'ont pas d'autres manières de prendre les baleines , qu'en les perçant de traits empoifonnés. On a remarqué depuis quelques années , - que ces cétacées fréquentent volontiers les mers de Kamtfchatka ; on y en voit de. très-grands qui appro- chent quelquefois des bords du rivage , &: élèvent leur dos au-deilus des eaux , afin que les grolles & les mouettes puifTent enlever les coquillages qui s'attachent à leur corps & les incommodent beaucoup. B A L î , Coluber plicatilis , Linn. Ce ferpent a au moins un pied de longue-ar. Sa tête efl ovale , liiTe , à peine anguleufe ; les yeux très-petits , les ouvertures des narines très -peu fenfibles , & fituées au fommet du mufeau ; les dents peu confidérables ; le tronc épais , livide en delTus , marqué fur les côtés d'une bande longitudinale 5 formée par des écailles brunes, excepter à leur fommet où elles font blanchâtres ; l'abdomea D X U BAL eft aflez btanc , mais fur chacun de fes côtés eft une rangée de petites écailles jaunâtres ; les grandes plaques qui (Couvrent l'abdomen font' au nombre de 128 ; la queue eu très-courte & garnie de 46 paires de petites plaques , ayant chacune une tache brune afiez grande ; on diUingue aufTi quelques points bruns fur l'abdomen 6c fur les premières grandes" plaques. Ce ferpent eil du trcifienie genre. EALICASSE. C'eil le choucas des Philippines , de M. Bnjfjn ^ & des pL cjil. 603. Il efl: à-peu-près de la groficur du nurlc ; fa queue eft fourchue ; le bec , les ongles & les pieds font noirs. On prétend que le chant du bal'c.tjje efl auiïi agréable que le cri des choucas efl rauque. Le plumage du ballcajfz efl noir changeant en vert. BALISIER, ou Canne d'înde ou Baralou , ( Baroulou ) Arundo înd'ua Florida ^ Cannacorus quorumdam ^ Lcbel. Icon. 57; Cannacoiis mufcc foUo & facLC , Barr. Efl. p. 30 ; Racua-cau^a , Pil*. Kutu-hala , Rheed. Mal. ; Alpina ractmofa , Pluni. ; Canna Indica , Linn. i . Les Caraïbes l'appellent ccuroualy , halyri ; c'efl le canmicoru^ latif^Uus , vulgaris , Tourn. /nfl. 367, Le halijier efl une fort belle plante qui croit en Amérique, notamment au bord des ruiffeaux. Sa racine efl un peu tubéreufe & garnie de fibres; elle poufîe- des tiges fimples , droites , feuillées &: hautes de trois à quatre pieds & plir,. Ses fleurs font en épi terminal, d'une btlle couleur rouge , & reflémblent en quelque forte à celles du glaïeul : elles font , dit M. Ddmi_e^ d'une feule pièce droite , partagée en fix lanières , dont une efl courbée en dehors : elles n'ont qu'une étamine &: qu'un piflil, auquel fuccede une capfule ovale à trois loges , garnies de femences globuleufes. Ses feuilles , qui ont environ quatre pieds de long fur vingt pouces de large , font ovales &: reffemblent à celles du bananier : elles font alternes , pétiolées , d'un vert fatiné , munies de nervures très- fines & parallèles : elles fe développent en fe déroulant comme un cornet. C'efl fur ces feuilles BAL 55 que Von étend k cacao , lorfqu'on le fait fécher. Les feuilles du balijier fervent quelquefois à envelopper la gomme cléml , & à faire des cabas. Les Sauvages s'en fervent en guife de ferviettes.Onen faitufage à Cayenne pour couvrir les cafés , en les fendant par le milieu le long de la côte, & les rangeant eniuite fuccelTivement fur le toit qu'on veut couvrir ; on les coud de pied en pied, pour qu'elles ne foient pas endommagées par le vent : d'autres les attachent côte à côte ; de cette dernière manière les couvertures durent le double du tiemp5. La racine de cette plante eft regardée comme diurétique & déterfive. La graine du balijier teint en beau pourpre : il feroit à défu'er qu'on pût fixer cette couleur &; la rendre durable. Divers oifeaux , les pigeons ramiers fur-tout , font fort friands de cette graine , ce qui rend leur chair amere dans la faifon où ils en mangent. Barrere dit que les Sauvages mangent aufîi ces graines par délices. Dans quelques contrées on fe fert de ces mêmes graines en place de plomb , pour tuer les animaux. On aflùre que le balijier fe trouve aufîi dans rifle de Madagafcar, ôc dans les régions chaudes de l'Afie &: de l'Afrique. Il y a le balijier à feuilles étroites , Canna Indica , angujîifolia , Linn. Cette efpece eft plus petite , & fes feuilles font lancéolées , étroites ; fes fleurs jaunâtres. Elle croît en Amérique entre les Tropiques. On diûingue une variété à fleurs d'un jaune pâle , tacheté de rouge. M. Le Vicomte de Querhoènt^ habitant du Croific en Bretagne , nous mande que le Balifur d'Amérique s'eft parfaitement naturalifé au climat du Croific. » J'en ai , » dit-il , en pleine terre depuis plufieurs années , à » différentes expofitions & fans aucun abri, qui me » donnent tous les ans des graines parfaitement mûres. >> Ses tiges périflent tous les ans aux premières gelées , » & dès le mois d'Avril les nouvelles pouffes repa- » roiifent. Comme il n'a pas encore gelé ici , C i î D4 56 BAL » Novembre 1779) j'ai aduellement des haîijlcrs en » fleur. Il en efl de cette plante comme de Vyucca de » \^irginie que l'on a d'abord tenu en ferre , ôc qu'on » a éprouvé foutcnir enfuite les plus niJes hivers de » ce pays. Barrcrz fait un conte, lorfqu'il dit que les » Sauvages mettent les fruits capfufeires du baiijier » auprès du feu pour qu'ils s'ouvrent &: donnent » leurs fcinences. Lesgixiines du /'.j/z/Tir font renfermées » dans iwie enveloppe herbacée , à trois loges , tré^s- » aifées i\ rompre i<. EALISTE. Nom d'im genre de poifTons cartilagineux. Foyci à VanicU PoiSSCN. BALIVEAU. Voyti U mot Bois. BALLOTE. Foyi:^ Marrube noir & puant. Les Arabes donnent le nom de ballotz à un chêne dont les fruits , deux comme les châtaignes , donnent de l'huile & fei-vent de nourriture aux Habitans de l'Atlas. BALSAMINE , Balfam'ma f.mina , C. B. Pin. 306 ; Balfamina pcrjiccz folio , impatiens balfamma , Linn. 1 5 28 ; TilcHjnapu , Rheed. Mal. Plante annuelle , cultivée dans les jardins pour l'ornement des parterres en automne. Des mômes graines que l'on leme , il levé des plantes dont les unes donnent der; fleurs fimples, les autres des fleurs doubles. Cette plante pouiTe des tiges droites , cylindriques , hautes d'environ im pied & demi , tendres , facculentes , im peu renflées , qui portent des feuilles d'un beau vert , alternes , oblongues , pointues , lancéolées , dentées, affez femblables à celles du /^V/z^r. Des aiflelies des feuilles fortent des fleurs ou d'un beau rouge ou panachées , compofées de cinq pétales inégaux , dont la fupérieure efl: voûtée , & dont l'inférieure reflemble à une chaufle d'hippocras ou à un capuchon : les deux latérales tombent en devant en manière de rabat , garnies chacune d'une oreillette. A la fleur fuccede un fruit de la longueur d'un pouce, ayant la forme d'une poire, ôc compofé de pluiiçurs pièces aflembiécs coîiLne BAL 57 les douves d'un tonneau. Lorfque ce fruit qÛ mur , auffi-tôt qu'on le touche il fe détache une des pièces ; îes autres , par une force élaflique , fe roulent fur elk-s- memes , & la graine cû lancée aux environs ; aind toutes les parties de ce fruit paroilTent tendues comme des reilbrts , que la maturité ou le conta£l détendent. C'eil un des moyens dont la Nature fe iért dans certaines plantes pour femer les graines. Cette balfaminc ■ell; originaire des Indes. La plante connue fous le nom à- herbe impatiente ou de merveille à fleur jaune , s'appelle balfamine faiivage ou des bois , Balfamina lutea , ( impatiens ) , iioli me tanière , C. B. Pin. 306, Linn. 1319. Sa racine efl vivace , à fleu.r de terre, &: nbreufe. Sa tige efc haute de plus d'un pied , cylindrique , glabre , verdâtre , genouillée , creufe ; les feuilles "pétiolées , ovales , dentelées ôc alternes ; fes fleurs font jaunes & fuccédées de fruits longs , menus , noueux , & qui s'ouvrent comme ceux de la balfamine ordinaire. Cette plante croît dans les bofquets , aux lieux humides &: ombragés de l'Europe , de la Sibérie &^ de l'Amérique Septen- trionale : on la peut placer entre les plus puiilans diurétiques. M. Bo'érhaave aiTure que les feuilles de cette plante ayant été employées pour des lavemens au lieu de mercuriale^ à laquelle elles relTemblent allez , l'effet en a été trè- -pernicieux. M. Odhelius a décrit dans les Actes d'Upf al de 1774 5 une fubftance concrète de la groffeur d'im grain d'orge , qu'il a trouvée dans le nedaire de cette balfamine , &: qui ctoit un vrai fucre natif , dur , tranfparent. On a appelé noli me tangerz cette plante , parce que , quand elle eil mûre , elle a cette propriété fmguliere , que pour peu qu'on touche aux liliques qui contiennent fa femence , elles s'ouvrent & la laiiient échapper : c'eil une propriété commune à l'une &: à l'autre efj^ece. Le genre des balfamines offre encore d'autres efpeces. Il 7 a la halfauilni de U Chi^ze ^ Impatiens Chinenjis ^ 58 BAL Llnn. ; fa tîge eft rouge , &c fa fleur pourpre. La baljamine à feuilles larges de l'Inde , Impatiens Ladfolia , Linn. ; Valli-onapu , Rheed. Mal. ; la fleur eli rougcntre, La balfamim Jafciculée du Malabar , Impatiens fafcicu-* lata , Linn. ; Onapu , Rheed. Malab. ; l'a ileur eft rouge. La balfamïnt à feuilles oppqfées , Impatiens oppofitifolia ^ Linn. ; Koudan-pullu ^ Rheed. ; iei fleurs font d'ua pourpre-bleuâtre : cette efpece fe trouve dans les Ueux fablonneux de l'Ifle du Ceylan & du Malabar. La halfamine cornue , Impatiens cornuta , Linn. ; fon capuchon efl très -long &: filiforme : cette plante fe trouve à Ceylan. La halfamine à trois fleurs , Impatiens trïflora , Linn. ; la ileur efl d'un rouge agréable : cette plante croît dans les lieux humides à Ceylan. BALTIMORE , Ickrus. Oifeau du genre des Troiipiahs. On en diftingue de plufieurs efpeces. Ces oifeaux font à-peu-près de la grolTcur du pinçon ; ils ont la tête , la gorge , les parties fupérieures du cou , le haut du dos , les ailes & la queue d'un beau noir brillant ; le bas du dos & les autres parties du corps d'un très-bel orangé. Il y a une bande de cette couleur à l'origine des ailes &. au bout de la queue ; les pieds & les ongles font de couleur plombée. Ces oifeaux fe trouvent en été dans la Virginie &: le Maryland. Le Baltimore vulgaire ell repréfenté ,/?/. enL. 506 5 fig. I. Celui du Canada efl appelé baltimore bâtard , pL enl. 506, fig. 1 ; il a les couleurs un peu fombres. Le baltimore vzrt de Saint - Domingue efl appelé y^^^z^r. Voyez ce mot. Ces oifeaux difparoillent en hiver. Ils placent leur nid fur les arbres les plus élevés , ordinairement à l'extrémité d'une branche alfez forte , & pour l'afTurer ils entrelacent dans its bords une menue branche de chaque côté. Les femelles ont les couleurs moins vives que les mâles : il y a des haltimores mâles qui ont les grandes plumes des ailes bordées , à l'extérieur , d'iuie ligne blanche. BAL BAN î9 Baltimore , Baltlmora ercBa , Linn. ; Chryjanthemiinz Americanuîji , cauk alato , ampiioribus fol'ds hïnatis , pùbus palllde lut^funiïbus^ parvis , Pluk. Cette efpece de plante radiée croît dans le Maryland , auprès de la ville de Baltimore ; elle eft annuelle. Sa tige eft tétragone , velue , rude au toucher , ainfi que i^s, feuilles. Ses fleurs font compofées , jaunes , terminales. BALTRACAN. Plante qui croît dans la Tartarie , dont les feuilles , dit-on , reiiemblent à celles de la rave. Sa tige eâ grolTe comme le pouce , haute de deux pieds , creufe U revêtue d'une écorce verte- jaunâtre. Son fruit s'ouvre dans la faifon , &: il répand alors l'odeur de l'oranger : il contient des graines femblables , pour la figure & l'odeur , à celles du fenouil. Les Tartares mangent ce fruit pour fe foutenir en voyage. BAiMBLA , pi enL 703. Nom donné à un oifeaii de l'ordre des Fourmïllkrs , & qui fe trouve quelquefois à la Guiane ; fon plumage eft d'un brun-roulTatre. Voyei^ FOURMÎLLIER. BAMBOCHE. Voyci à VartïcU BoiS DE BAMBOU. BAMBOU, ^oyci les mots Bois de Bambou & VOULOU. BANANIER ou Figuier d'Adam , ou fi^udra , en latin , mufa , Plum. ; Bala , Hort. Malab ; Poma paradlfi^ palma humilïs ^ longls latïfquz folâs , C. B. Le bananier paroît être plutôt une plante herbacée qu'un arbre , dit le Père Nicolfon ; car il n'y a point d'arbre fans bois ni branches , &: le bananier n'a ni l'un ni les autres : fon port , fa grandeur repréfentent cependant à la vue un arbre plutôt qu'une plante herbacée. Le bananier ne feroit-il pas un paiTage de la Nature entre ces deux manières d'être des végétaux ? Le bananier eft , fi l'on veut , une efpece d'arbre exotique qui croît dans les climats chauds de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique, & dont le plus grand diamttre du tronc cil: de huit à dix pouces. On n'y diilingue ni écorce nî 6o BAN bois proprement dit ; on ne peut reprifenter le tronc ou tige arborée ci, nmple , que comme un gros rouleau de plufieurs feuilles couchées les unes fur les autres , & non adhérentes. Cette groffe tige, qui eft verdâtre , très-tendre , s'élève à la hauteur de dix à douze pieds , ( d Saint-Domingue de fix à fept) : on l'abat facilement d'un coup de labre. On voit cette grande plante dans les ferres du Jardin du Roi , mais bien infé- rieure fans doute à celles qui croiffent dans leur pays natal : on l'a cependant vu fleurir 6c porter des fruits en 1744. Lorfque la tige commence à fortir de terre , elle a la figure conique ; elle produit enfui te deux feuilles roulées , qui pcu-à-peu fe déploient , s'éloignent du centre pour faire place à deux autres qui en fortent de même ; à celles-ci fuccede une troifieme paire , 6c ainfi de fuite ( en total quatre à cinq paires ) , jufqu'à ce que la plante foit parvenue à fa grandeur naturelle. Les feuilles , en y comprenant le pétiole ou la queue qui les foutient , ont fix à neuf pieds de longueur , 6c prefque deux pieds dans leur plus grande largeur. Ges feuilles font donc plus longues 6i plus larges qu'aucunes que nous connoiifions ; deux fuffifent pour envelopper tm homme : elles font d'un vert fatiné admirable , foncé en deffus , & pâle en deflbus ; oblufes à leur fommet; compofées d'une quantité de petites nervures tranfverfales , parallèles 6c ferrées étroitement les unes aux autres; quelques-unes d'entre elles (ont plus appa- rentes , & forment autant de bandelettes de huit k dix lignes de lartT,eur : le moindre vent fdffit pour les diviler ; mais le plus fort ne peut leur faire quitter la côte , qui eil le prolongement du pétiole auquel elles font attachées. Ces pétioles s'élèvent du centre de la tige en ligne droite , fe fuccedent à mefure que la plante croît , 6c ne s'écartent que peu les uns des autres ; ils font convexes en dehors , plats en dedans , verdâtres , d'un goût fade , ( les feuilles font d'un goCit douceâtre 6i un peu BAN 6t aflîingent) , compofés de filamens blancs de fermes , dîvifés intérieurement par des cellules & des cloilbns , qui fe refferrent à mefure qu'elles approchent de Textré- mité de la feuille. Lorfque toutes les fe-uilles ont paru ^ il s'élève de leur centre une greffe tige comme un rameau unique , ligneufe , verte , penchée ou pen- dante, divifée par nœuds , terminée par un bouton alongé , pointu, long d'un demi-pied. Il efl compofé de plufieurs feuilles oblongues , appliquées les unes fur les autres , verticillées , veinées , d'un rouge ~ clair en dedans , rembruni en dehors , couvertes d'une efpece de rofée bleuâtre. Ces petites feuilles ou écailles fpathacées s'ouvrent les unes après les autres , tombent éc laiflenî à découvert les fieurs & les embryons des fruits attachés quatre ou cinq enfemble fur le même péduncule. La corolle du bananier^ félon Nicolfon , ell compcfée de quatre pétales blancs, dont deux oblongs , droits, épais, veinés , creufés en cuillers ; les deux autres font minces , terminés en pointe : le centre eft occupé par cinq étamines droites , blanches , qui environnent un piflil cylindrique , terminé par un Oigmate épais , arrondi , roufTâtre. Les fleurs qui fortent des aiffelles des dernières feuilles vers la pointe du bouton , font ftériles & ne produifent point de fruits , fans doute parce que l'arbre , dit le Père Nicolfon , a épuifé toute fa vertu prolifique en fécondant les premières fleurs ; celles-ci fe changent en un fruit oblong , arrondi , long de cinq à huit pouces , tantôt droit, tantôt arqué com.me nos concombres , recouvert d\me pellicule épailTe , unie , d'abord verte , enfuite jaune , compofée de filamens longitudinaux. L'intérieur efl: rempli par une ilibflance jaunâtre , molle , onclueufe , humedante , d'un goût douceâtre , aigrelet , agréable , divifée par plufieurs filets longitudinaux , parlëmés de petits points noirs , qui font les feules graines ^que cette plante produit : elles ne fruOifiÇnt point. Ces u-uit§ çroifTent 6i BAN en grappe , & ferment neuf à dix étages autour de la tige ligneufe : plus ces étages approchent du fommet de la tige , plus l'intervalle qui les fépare efl grand. Ils font compofés de 5 , 6,7, 8 ou 9 individus "terres les uns contre les autres : c'eil ce qu'on appelle aux nies , pattz de banane ; l'enfemble cies pattes fe nomme régime de banane. Chaque fruit eft appelé banam par les Indiens : il devient d'un brun-noir quand fa maturité eft paffée. Les plus gros régimes font compofés de plus de cent fruits dans les individus vigoureux qui vivent dans leur climat naturel. Les fruits appelés bananes font très-nourriiTans , mais de difficile digeftion. Les Egyptiens en font ufage contre les âcretés de la poitrine. A Caycnne , on les mange crus ou cuits au four , ou coupés en trois morceaux fur le gril , ou coupés en deux & féchés au foleil : on les mange aufîi au vin , à l'eau , au fel, ou cuits avec de la graifle. Dans ce même pays , on donne le nom ^embagnon k une forte de bouillie qui fe fait avec des bananes. Les Habitans de la Grenade en font une efpece de pain , qui eil d'un grand ufage parmi eux. Enfin on en fait une boiffon agréable : des bananes cuites avec leur peau dans de l'eau, la rendent fucrée ; après avoir ôté la peau , on les brafTe. Cette boillbn efi: très-néceifaire aux Nègres. Quelques Auteurs croient que c'eft ce fruit qu'ap- portèrent à Mdifc les efpions qu'il avoit envoyés à la découverte dans la Terre Promife , &: que deux hom- mes avoient peine à porter , ( c'étoit lans doute un régime entier. ) Dans les pays où croît le bananier ^ on retire des fils de fa tige , en lui donnant certaines préparations. L'eau qui fort du corps de la plante ou d'une feuille qu'on romproit, efl jaunâtre, & laiffe au linge une tache qui ne s'etface jan'iais : mêlée avec le jus des feuillet du pois dz fept am^ qui rend une belle couleur verte , die lui donne de la confiilaiice , ôc l'empêche de pâlir» BAN 6y On lit 5 dans VHiJloirc générale des f^oyages , Tome 1 , que la banane , fruit qui croît dans l'Ifle de Madère , eit eilimée des Habitans avec une forte de vénération , comme le plus délicieux de tous les fruits ; jufqu'à fe perfuader que c'eft le fruit défendu du Pa- radis Terreflre , fource de tous les maux du genre humain. Pour confirmer cette opinion, ils allèguent la grandeur de (es feuilles^ qui ont allez de largeur pour avoir fervi à couvrir la nudité à^s pr^^miers pères du genre humain. M. de Préfontaine dit aufli ( Malf. Ruji, de Cay, ) que les Portugais n'oient manger de ces fruits par iii- periliition , parce qu'en les coupant en travers , ils croient , dans la figure qui s'y trouve marquée , recon* noître la croix du Chrifl. Ce n'eft qu'un Y. Ce même Auteur dit que dans la Cuiane il y a deux efpeces de bananiers , ou deux variétés qui ditierent par le fruit. Le fruit de l'une s'appelle pacobe ou bacove , & on lui donne le nom de figue banane. Il ell: plus court , plus gros , plus droit 6l même moins pâteux , plus fondant &: plus délicat que celui de la banane com- mune & ordinaire , qui efl plus long. La tige du hacovier^ Miifa fruclu cucumerino breviori , Plum. , efl en dehors d'un vert-jaunâtre , taché de noir ; celle du bananier eu toute verte. Le bacovier croît dans les Indes , & fpécîalement en Guinée , au Brélîl , aux Antilles & dans la Guiane. M. de Préfontaine ajoute qu'il n'y a qu'une figue bacove à Cayenne , mais qu'il y a plufieurs fortes de bananes qu'on difî:ingue par des noms différens , & qu'un Habitant doit avoir de toutes fur fon habitation. La Jimple &C la mi/Jquée font celles dont les Blancs font le plus d'ufage. C'efl une excellente nourriture : les Ne9;res de la Grenade ne vivent prefque pas d'autre chofe. Les fruits du bananier miifqué font de quatre à cinq pouces de lon- gueur , un peu arqivés & d'un bon pouce de diamètre, lia hanar^e-^QQhon eft la plus grofle ^ elle eft arquée 64 BAN &i a quelquefois plus d'un pied de longueur fur deux à trois pouces de diamètre. C'cil une variété de la banane proprement dite , Miifa fruclu cucumerino , Ion-- glori y Plum. , c'efl le plantain ou plantanier des Efpagnols ; le pljfang-tando de Rumph. : fon fruit', quoique moins délicat , fe mange avec plaifir , fur- tout quand il cil cuit au four. La gidnga fournit moins que les autres : elle ne rapporte que cinq ou iix fruits par régime , les autres en donnent vingt- cinq ou trente. Les Sauvages , pour avancer la maturité de ces fruits , les enveloppent dans des feuilles de la plante même , & les mettent dans im trou pratique au coin de leurs cafés ; quelques jours après ils les retirent mûrs & d'un beau jaune. On voit aux Lndes Orientales une autre forte de petite banane appelée bananz de fingc , parce que ces animaux en font très-friands ; elle n'a que deux à trois pouces de longueur fur cinq à fix lignes de diamètre : c'eil de toutes les bananes celle dont le goût efl: le plus iin & le plus délicat. On trouve dans les Molu- Gues un bananier à grappe droite , Kntfa trc^^lodytarum , Linn. ; Mufa uranojcopus , Rumph. Son fruit ne fe mange que cuit. Il provoque l'urine , & la teint en rouge. Les régimes en contiennent jufqu'à cent cin- quante &: plus. Les régimes des bananes ont cela de particulier , qu*ils ne miûrifTent jamais bien tant qu'ils font atta- chés à la plante ; il faut les couper verts , & leur laifTer prendre ainfi toute leur maturité. Les bœufs, moutons , &:c. aiment beaucoup les tiges des bana-- nien ; 6z comme elles confervent long-temps leur fraî- cheur , on en embarque fur les vaifleaux en guife de fourrage , pour la nourriture de ces befiiaux , dans les voyages de long cours. Le bananier offre un genre de plante qui paroît trcs- voifm de celui des balijiers. Le bananier fe multiplie , comme Xananas , par des œilletons qui naiffent au pied. B A M/ df Jvîed; Il ne porte jamais qu'une feuîe fois ; après quoi ^ io'it qu'on le coupe ou non , il fe flétrit peu - à - peu comme un rofeau , fe feche & tombe ordinairement : mais fa racine , qui eu une efpece de groffe bulbe ar^ rondie ^ rem.plie d'une liqueur vifqueuië , couverte de petites fibres ligneufes , & qui forme une touiie d'envi- ron un pied de diamètre , produit des caieux avant que (k tige périlTe ; ainli cette racine a bientôt pouilé d'autres rejetons , qui dans l'efpace de douze à quatorze moii» portent du fruit &C meurent enfuite* Un caieu de bananier ^ planté dans un terrain convenable à ce végétal , fleurit communément au bout de w^xd h dix mois ; il a acquis en quelque forte toute fa grandeur à cet âge ; fa culture exige un terroit humide , gras & profond. Les étoffes faites avec la fiîaffe de bananier , font beaucoup plus belles que celles qui font faites avec lé fil d^agave. Les Caraïbes appellent halatana les groifes bananes i baloufou , les petites bananes, BANC , Stratum. On donne ce nom à des lits de pierre qui s'élèvent les uns fur les autres , tantôt ho- rizontalement , comme la pierre calcaire , & tantôt inclinés à l'horizon , comme ceux de l'ardoife. On n^ peut fixer ni la hauteur ^ ni la largeur du banc ; elles varient l'une & l'autre , félon la quantité de la ma« tiere , la profondeur , l'étendue & la nature de la carrière. On dit aufii un hanc de fable , ( arenarum cumtdi ) 5 c^QÛ. \u\ amas de fable qui s'élève dans la mer vers la f iirface de l'eau ; celui de Terre-Neuve eil le plus grand qu'on connoiife ; il a environ cent cinquante lieues de long fur cinquante de large , & n'a au-deiTus de ku qu'environ vingt brafles d'eau. Ce banc n'efl pas dan- gereux ; les Européens y 'ïoïit la pêche de la morue^ Foye7^ ce mot. On dit aufîi banc de baldnes &C banc d^ pales. Voyez Baleîne^Ê' /VmV/^ Nacre de Perler, Tvme //a Et 66 BAN BANCHE. Efpece de pierre tendre & feuilletée, qiie M. de Réaumur regarde comme de la glailë durcie par la vifcofité des eaux de la mer. La hanche , à fa furface fupérieure , eft affez dure ; plus on approche de la pure glaife , plus elle paroît aufîi infenfiblement s'ap- procher de la nature de cette terre , & cela par degrés il infenfibles , qu'il n'efl pas poffible de déterminer précifément oii la hanche finit & oii la glaife commence. La hanche , de grife qu'elle eft , devient blanche & dure lorfqu'elle n'efl plus humeftée par l'eau. Nous avons obfervé que la hanche ( celle que M. de Réaumur a défignée fous ce nom , & qu'il dit faire partie des couches de terres qui bordent certains parages ) eft une forte de marne compofée du trltus des coquilles marines , & de glaife ou vafe fine de la mer ; le tout plus ou moins endurci. BANDE BLANCHE (k) , Efpece de tortue; Tefiudo terrejlris puJilLa , ex Indïâ Orlentalï , 'W^orm. ; Tejludo tejfellata mïnor A f ricana , Edwards & Rai ; Tejludo pedi" bus fuhdï^itatïs , tejlâ hemifphœricâ , fcutellis convexis trape^iis y marginejîrlatls ^ difco punHatis ^ Linn. L'écaillé fupérieure de cette tortue efl à peine longue de quatre doigts ; elle n'a pas plus de largeur ; elle eft compofée de trois rangées de lames , & d'un rebord qui règne tout autour. Ces lames font agréablement panachées de noir , de blanc , de purpurin , de verdâtre & de jaune ; & lorfqu'elles tombent en s'exfoliant , les par- ties dont elles fe font détachées paroifTent d'un jaune noirâtre,' L'écaillé inférieure efl blanchâtre dans toute fon étendue , avec différentes lignes qui imitent des dentelures. La tête , en y comprenant le mufeau , reffemble à celle d'un perroquet avec fon bec ; elle a fur fon fommet quelques protubérances d'une couleur de vermillon , mélangée de jaune ; le cou efl étroit. Les pieds de devant font garnis , ainfi que les bras , de petites écailles qui reffemblent à de la corne ; ils font armés de quatre ongles. Les cuifTes , à\\ plutôt BAN 67 les Jambes de derrière , font plus alongées , plus minces , & couvertes d'une peau commune qui a rafpe Q & portent des fieiirs dioïques , difpofées fur une forte de chaton terminal , qui tll: environné de toutes parts de ramifications courtes oC très-nombreufes. Le fruit efl ime greffe tête ovoïde , fermée par l'auemblage de quantité de noix anguleufes , rétrécies prefque en forme de coin par leur bafe , ferrées les unes contre les autres , & qui renferment chacune une femence lifTe &c ovale, ( Linnœus fils ^ Suppl. 64. ) BaquoiS odorant , Pandamis verus , Paimph, Amb. ; Kaida , Rheed,; Keura odoiifcra , For.sk. ^^gypt. Cette efpece croit naturellement dans l'Inde oc aux Moluc[ues : on la cultive à l'Iile de France , où elle en. connue fous le nom de baquois ou de vdcoiut. Le$ chatons des fleurs mâles répandent une odeur tres- ^gréabîe , & affez forte pour qu'un ou deux chatons fîtruris puiflent fuffire pour parfumer une chambre pendant un temps aiTez long. En Egypte on vend ces cliiitons à un grand prix pour la bonne odeur qu'ils exhalent lorfqu'ils font cueillis nouvellement. ' Baquois a plusieurs têtes, Fandanus (^poly^ çzphalus ) humils , Riimph. Cette efpece croît dans les Moluques , dans les terrains fablonneux eu pierreux cru: avoifinent la mer, Ses fleurs font inodores. Du îniiieu des feuilles , dans les individus femelles , fort im péduncule trigone , dur , t<, qui foutient cinq à huit têtes glcbuleufes , difpofées en une grappe droite ; les feuilles intérieures de chaque faifceau de feuilles font , dans leur jeunefle , très-blanches vers leur bafe , molles , d'une faveur douce , &: fe mangent comme les bourgeons ou les jeunes feuilles de certains palmiers qu'on nomme choux palmïfus, Baquois 'ÇK.%Q\Qv\.xiK^^Kaïdatadai^ Rheed. Mal. Cette ei'pece croît au Malabar. Son fruit efl: une très- groffe tête ovoïde , formée par l'affemblage d'un grand pombre de faifceaux particuliers , féparés les uns des autres dans leur partie fupérieure , & compofés chacun ^e fLX à huit ncl^ oblongues, Ce gros frvùt çfl rouge BAR 75 dans fa maturité ; la chair intérieure de chaque noix eft jaune ; celle du réceptacle commun efl blanche , fpongieufe , & a une cavité dans fon milieu. BaquOIS CONOÏDE , Pandanus ceramicus , Rumph. Amb. Cette efpece fe trouve dans les Moluques , & fpécialement dans l'Iile de Ceram. Son fruit, qui efl rouge dans fa maturité , a plus d'un pied de long ; il eit conique , obtufément trigone. Ses noix font très- nom-breufes & petites. BARALOU ou Baroulou. Foye^ Balisier. BARBAIAN. Foyei Duc. BAR-BARESQUE ou Écureuil de Barbarie. ^Fojei CL la fin de. r article Rat PALMISTE. BARBARINE ou Barbaresque. Voye^ à la fuits, de l'article CoURGE à limbe droit. BARBARINS. Nom donné aux petits barbeaux , & au furmulet, BARBASTELLE. C'eft une efpece de chauve-fouris. Voyez ce mot. BARBE , Barba. Nom donné au poil qui croît fur la partie inférieure du vifage de l'homme. Ce poil efl le caraûere de virilité le plus confiant ; la barbe pa- roît à l'âge de puberté , & croît jufque dans l'âge le plus décrépit ; feulement elle change de couleur & de îblidité. Voyei ce qui en ejl dit à P article POIL , & à <,elui de /'HoMME. Barbe ou Fanons de baleine. Voyei â l'article Baleine de Groenland. Barbe de bouc. Foye^ au mot Sersifi sauvage: Barbe de Chèvre, Barba caprœ fioribus oblongis ^ C. B. Pin. 163 , Tourn. ; Spirœa aruncus ^ Linn. Cette plante reffemble à la reine des prés ( ulmaria ). Ses tiges font hautes de quatre pieds ou environ , rondes , rameufes; fes feuilles oblongues , pointues , dentelées , attachées plufieurs fur une même côte qui efl terminée par une feule feuille , n'ayant entre elles aucunes petites feuilles , comme dans la reine des prés. 74 BAR Ses fleurs naliTent en grappes longues aux fommités des branches ; elles Ibnt blanches &c compoiees de cinq pétales dilpofés en rofe. Ses femences font oblongues. Sa racine eil fîbreule. Cette plante vivace & propre à l'Europe , croît aux lieux humides , dans les bois , iiir les montagnes , 6c eil eftimée aftringente. La petite l^arbe de clicvre eft la reim dis pris. Voyez ce mot. Barbe espagnole ou Caragate muiciforme , Vïfcum carycphylloidcs , tenuiffimum è ramis arborum mufci in modum dcpcndens , folïïs pruincs, injîar candi^ canùbus , jlon tnpaalo , femim filamcntofo , Sloan. Jam. Suivant le Père Nicolfon , c'ell" une efpece de gui qui s'attache aux arbres 6l forme de longs filamens enchâflés les uns dans les autres , ( ils ne font que mâles ) & qui flottent au gré des vents. Ils font couverts de petites écailles , & renferment un petit filet noirâtre , élaftique , afTez femblable au crin de cheval. Ils font divifés dans leur longueur par des nœuds , placés à deux ou trois pouces les uns des autres ; de chaque nœud fort une petite fleur oblongue , jaunâtre , à trois pétales , envi- ronnée de cinq , lix , fept ou huit filaméns , qui s 'éten- dent de tous côtés , &; fe divifent également en nœuds qui en produifent d'autres , & ainfi de fuite. Aux fleurs iuccede une capfule oblongue à trois côtes , qui s'ouvre en trois parties par le fommet , & qui contient les femences. Cette plante parafite fe trouve fur les arbres qui croifTent au bord de la mer , le long des rivières & des étangs , à Saint-Domingue , à la Jamaïque , dans le Brélil & dans la Virginie. Barbe de Jupiter , Barba Jovls , pulchre luuns , J. B. J. 385 , Tourn. 651 ; Anthyllïs barba jovis y Linn. Petit arbrifTeau , haut de trois pieds à fix , qui croît dans les lieux pien-eux & montagneux , eiî Efpagne , en Provence , en Languedoc & dans le Levant. Cette plante , dont l'afped efl aflez agréable , a une tige dure , ligneufe , droite ^ rameufe j fes jeunes BAR 7$ rameaux & fes feuilles font couverts d'un duvet court, couché , luifant , très-foyeux & d'une couleur argentée ; ies feuilles font rangées comme par paires fur leurs côtes ; la foliole terminale eu feifile. Ses fleurs petites , jaunâtres , légumineufes , qui reffemblent à celles du genêt , naiffent aux fommités des tiges : à ces fleurs liiccedent des gouffes ovales ^ contenant chacune une femence. Cette plante eu apéritive. Barbe de renard , Adragant ou Épine de BOUC , Tragacamha^ C. B. Pin. 388 , Cluf Cur. Poil. Add. 60; Tragacantha MaJJHunjîs ^ J. B. J. 407,Tourn. 417. Sous-arbriffeau épineux qui croît naturellement en Provence. Sa tige eil épaifîe d'un pouce , haute d'environ un pied ; elle forme par fes ramifications nombreufes une touffe large , diffufe , couchée en rond fur la terre ; fes rameaux , qui font comme hériffés d'épines , font dénués de feuilles à la partie inférieure , qui paroît feche & comme morte : la partie fupérieure efl chargée de petites feuilles oppofées , oblongues , obtufes y cotonneufes , blanchâtres , & même un peu foyeufes ou argentées lorfqu'elles font jeunes. Les fleurs font petites , légumineufes , axillaires &; blan- châtres : aux fleurs fuccedent des gouffes velues , renflées , à deux loges & remplies de petites graines de la figure d'un rein. Cette plante , ainfi que la fuivante , eft de la famille des AflragaUs, Barbe de renard de Crète , Tragacantha, Credca tncajia , jlon pan'o l'inùs purpuras flrlato , Tournef. Cor. 29. Sous-arbriffeau qui croît dans le Levant , &: fpécialement dans l'Ille de Candie. M. di Tournefort en a trouvé une grande quantité dans les vallées qui font auprès du Mont Ida. Ce fous-arbriffeau à tiges ligneu- fes 5 très-rameufes , velues , noirâtres , très-piquantes , hautes ou longues de deux à trois pieds , forme une touffe par-tout bien garnie ; les épines , comme dans l'efpece précédente , font les pétioles dépouillés de leurs folioles ; ils font fort aigus , roides ôc jaunâtres ^ 75 BAR les feuilles cotonneufes & blanchâtres ; le5 fleurs font d'un pourpre clair & rayées de blanc. Au commencement de Juin , jufqu'en Août , découle naturellement le fuc gommeux , qui eft connu dans le commerce fous le nom de gomme adragarukc , Traga-^ cantha gummi. Les fibres dont la tige &: les branches font tiflues , dit M. de Tournefon , fe contraftant dans les grandes chaleurs , exprim.ent le fuc glaireux dont cette plante abonde ; ce fuc extravafé le congelé en gros filets , ou en manière de petits rubans tortillés , ou comme autant de petits vermiffeaux , qui percent à travers l'écorce dans les endroits où elle réfifle le moins ; les Bergers meurtriffent en marchant diffé- rentes parties de ce fous - arbrifieau , & c'efl par ces endroits meurtris plutôt que par les autres , que les lames ou filets vermiformes de la gomme, adraganu s'échappent. Lorsqu'on met tremper dans l'eau cette gomme , elle fe gonfle beaucoup , Ôc paroît comme une efpece de crème enlacée : c'eil ce mucilas:e de ^ommc adracranthe que Ton emploie en Pharmacie & chez les Confîfeurs , pour donner du corps aux comportions dont on veut former des pilules , des pâtes , des tablettes , des paf- tilles , &:c. On mêle aufïï cette gom.me avec du lait pour faire des crèmes fouettées , & l'on y joint un peu d'eau-rofe ou de fleur d'orange. La gomme adraganthe , prilë intérieurement , efl hu- medante , rafraîchiffante , aglutinante , propre à calmer les douleurs de colique , les ardeurs d'itrine & la toux, Lorfqu'on veut la pidvérifer promptement , il faut que le mortier foit chaud , afin de difTiper l'humidité aqueufe qu'elle contient. Les Peintres en miniature rendent le vélin fur lequel Ils veulent peindre , auiTi uni qu'une table d'ivoire , en le vernifTant avec de la gomme adraganthe. Pour cet effet , ils mettent du mucilage de cette gomme dans un nouet de linge fin , 5c en frottent le vélin. Les Teinturiers» BAR 77 tn foie Se les Gaziers emploient fouvent cette gomme par préférence pour donner de la confiHance ôc un luflre particulier à leurs ouvrages. Profper Alpin , de exoticis , fait mention d'une féconde efpece de plante adraganthe , tragacantha alura y qui reffemble en quelque forte au dos du hérilTon ter- reilre , & même à certains gros ourfms garnis de leurs piquans. Sa racine eil fibrée. ( On voit cette plante dans le Cabinet de Chantilly avec cette étiquette , Lïmo" nïiim mnaccum Crcticum. Plante cueillie fur le Mont Ida ou Pfillority , le 20 Juillet 1730, par M. Baume ^ Conful à Candie ). BARBEAU ouBarbot , Cyprinus barbus , Linn. Eft Italie , barbio ; en Allemagne , barble ; en Angleterre harbel. Poiflbn de rivière & de lac d'eau douce , du genre du Cyprin, Au bout ou plutôt aux angles de foii. mufeau , qui efl pointu &: cartilagineux , pendent deux barbillons de chaque côté , d'où lui eft venu le nom de barbeau. Une petite veine rouge règne dans l'inté- rieur de ces barbillons. Les yeux font petits & tournés vers le bas ; la couleur des iris efl dorée ou argentée, avec des taches brunes. La forme du corps du barbeau efl oblongue &: un peu arrondie dans fon contour ; le dos fe courbe en arc , & a à fon fommet une arête aiguë. Le ventre efl: plat , en forte que quand ce poif- fon repofe fur cette partie , fa gueule touche la terre , ainfi qu'on l'obferve dans prefque tous les poiffons qui fe tiennent au fond de l'eau. La ligne latérale efl for- mée d'une fuite de petits points ; le dos efl aufîi par- femé de points noirs. La mâchoire fupérieure plus longue que l'inférieure. Il n'a point de dents ; la fente des ouïes efl petite , ce qui fait qu'il vit long-temps hors de l'eau. Ses écailles foht peu grandes , tendres , &: minces ; leur couleur efl olivâtre fur le dos , & argentée fur le ventre. Les nageoires du ventre font jaunes , & celles de la queue font rougeâtres. La nageoire dorfale a dix rayons ^ dont \% fécond efl le plus élevé ; les n^- 7? BAR ^^eoires pe£lorales font d'une grandeur moyenne ; les abdominales ont chacune neuf rayons ; celle de l'anus en a fept ; celle de la queue efl échancrée en forme de fourche. Ce poiffon a communément un pied ou un pied & demi de longueur , & pelé ordinairement deux ou trois livres ; il s'en trouve dont le poids va à huit livres & plus. Quand il eu pêche dans les eaux pures, ia chair eil blanche & d'un très-bon goût. Les anciens Romains faifoient un grand cas de ce poifTon , qui fe plaît plus dans les rivières que dans les lacs. Le froid leur eil: nuifible , car ils font languifîans en hiver. On doit éviter en tout temps de manger les œufs du tar- beau , car ils troublent la digeftion , &: purgent par haut & par bas , quelquefois très-violemment , fur- tout dans le printemps. Comme ce poiflbn eft vorace, il fe prend facilement à la ligne. Son fiel efl eflimé très-propre à rétablir la vue : on en a eu un exemple bien frappant à Paris en 1767 , dans M. BaraddU , Artiife très-connu pour les inftrumens de Mathéma- tiques. L'on prétend mêm.e que c'étoit là le remède qu'avoit employé le jeune Tohk pour guérir la cécité de fon père. Les infeftes , les petits poiiTons , même ceux de fon efpece , font fa nourriture ordi- naire. Il eft moins gras & moins bon à manger en hiver qu'en été. La laite de ce poiffon efl, en certaines faifons, groffe , d'un blanc-rougeâtre & bonne à manger. On donne à ce poifibn le nom de barbillon quand il ell jeune , & celui de barbeau quand il a acquis fa croiffance. Barbeau. FoyeiBLVET, A l'égard du barbeau Jaune ^ ÔCC. Foyei à Vartïck CENTAURÉE. Barbeau de Mer. C'eil le PvOUGEt. BAPv.BET. Nom donné à une race de chiens qui font couverts d'un poil long , fourni & laineux comme une toifon. Pour le refte des cara£leres du barba , Voyez à V article Chien. BARBICAN , pi. enU 601. M, de Buffon a donne BAR ^ 79 ce nom à un oifeau apporté des Côtes de Barbarie, cil il n'eft pas rare. Son nom indique d'une manière affez jufte fa nature mixte. 11 reflemble aux toucans ^ aux harkis par le nombre & la pofition de fes doigts. H a le bec fort 6c dentelé comme le toucan , mais bien plus compacte , bien moins long , comprimé fur les côtés & cannelé ; il reflemble au harhu par des poils qui entourent la bafe de fon bec , & par la conformation de fa langue. Le harhïcan a le plumage de couleur noire fur la tête , le cou , le corps , les ailes , les cuifles &; la queue ; la gorge efl rouge ; le ventre eil: rougeâ- tre ; une large bande noire traverfe la poitrine ; le bec efl jaunâtre , long de dix-huit lignes fur dix d'épaifîeur. Les pieds font bruns. Cet oifeau a neuf pouces de long; fa queue en a trois &: demi. BARBICKON , /?/. ml, 803. Efpece A^goU- mouche de Cayenne , long de près de cinq pouces , & d'un jaune verdâtre. Sa femelle efl un peu plus grande que lui , & la couleur du plumage eft plus foncée ; le bec efl: noir , les pieds grifâtres ; de longues barbes ou foies entourent la bafe du bec. Cet oifeau femble fifîler dou- cement les deux fyllabes pïpi. Le mâle ôc la femelle vont aiTez de compagnie ; leur nid efl pofé fur les ra- meaux les moins touffus , & conflruit avec de b moufle. Ce nid efl d'une groffeur excefllve , il a un pied de haut ^ cinq pouces de diamètre , & une petite ouverture fur le côté à trois pouces du fommet. BARBIER , Labrus anthïas , Linn. Poiflbn du genre du Labre ; il fe trouve dans les Mers de l'Europe &: de l'Amérique Méridionale. Ce poiflbn , dit Linnœus , a toute la furface du corps de couleur rouge ; la queue efl fencjue en forme de fourche ; la nageoire dorfale a dix-neuf rayons , dont dix-fept font épineux ; les opercules des ouïes font dentelés comme la lame d'une fcie. Se^on Rondelet , cet anthïas a le premier rayon de la nageoire du dos long , fort ôc tranchant comme 8o BAR un rafoif , & de là eu venu le nom de harhhr à ce poîftorîi Les Anciens étoient dans l'opinion que Vamhias voyoit! fort clair & de loin , & que quand il étoit pris à la ligne , il la coupoit avec fon aiguillon tranchant : on a dit plus , on a ajouté que les autres poiûbns de la même efpece venoient au fecours de celui qui étoit pris , & le délivroient en coupant la ligne... La chair de ce poiflbn eil d'un goût agréable &: le digère facilement. Voilà tout ce qu'on fait fur le barbUr, BARBILLON. Nom donné au barbeau encore petit. *Voyei Barbeau. On donne aufiî le nom de barbillon à une efpece de chien de mer , dont il eil mention à la fuite de l'article barbu. Voyez ce dernier mot. BARBI-ROUSSA ou Barbi-ronsa ouBaby-roesa ouBabiroussa. Faux fanglier des Indes Orientales , de la grandeur du cerf , dont il a à - peu - près la figure* Ce n'eil ni un fanglier ni un cochon ; il n'en a ni la tête , ni les foies , ni la queue ; il a les jambes phi s hautes &: le mufeau moins long ; il eft couvert d'un poil court & doux comme de la laine , & fa queue eiî terminée par une touffe de cette laine ; il a aufîi le corps moins lourd & moins épais que le cochon ; fon poil eft gris , mêlé de roux,& d'un peu de noir ; fes oreilles font courtes &: pointues. Le caradere le plus remarquable , & qui diftingue le babiroujfa de tous les autres animaux , ce font quatre énormes défenfes ou dents canines , dont deux fortent de la mâchoire fupc- rieure en perçant les lèvres , tl s'étendent en courbe jufqu'au - deffus des yeux , en imitant parfaitement des cornes ; les deux autres dents , qui font moins longues , partent , comme celles du fanglier , de la mâchoire inférieure. Ces défenfes font d'un très -bel ivoire , plus net & plus iîn , mais moins dur que celui de l'éléphant. On prétend que les femelles manquent de celles de la mâchoire fupérieiire. Ces jnormes défenfes donnent à ces animaux un air formidable; BAR Bt foîmîdable ; cependant ils font peut-être moins dan- gereux que nos fangliers. Quoique grofîiers 6c féroces ils s'apprivoifent ailëment. Cet animal , dit-on , fe fufpend la nuit par fes dents d'en haut à une branche fort élevée d un arbre , pour dormir en fureté & à Tabri des tigres &c autres ani- maux fauvages : refle à concevoir de quelle manière ce quadrupède grim.pe plus facilement fur des arbres que fes ennemis , d'ailleurs plus agiles & plus fouples que lui. Il paroîtplus naturel de dire avec M. de Buffon^ que le bahlrouffa ne s'accroche ainfi à des branches que pour repofer fa tête ou pour dormir debout. Cette hcibitude lui efl commune avec l'éléphant , qui pour dormir fans fe coucher , foutient fa tête en mettant le bout de fes défenfes dans des trous qu'il creufe à cet effet dans les murs de fa loge. Le babïroujfa marche légèrement & en troupe ; il exhale une odeur forte qui le décelé , ce qui fait que les chiens le chafTent avec fuccès. Il grogne terrible- ment , fe défend & bleffe des défenfes de deflbus : car celles de delîus lui nuifent plutôt qu'elles ne lui fer- vent. Comme il a le poil fin &; la peau mince , il ne réiiile pas à la dent des chiens , qui le chaffent de pré- férence aux fangliers , &: en viennent facilement à bout. Il a l'odorat très-fin , &c fe dreffe fouvent contre les arbres pour éventer de loin les chiens &: les Chaffeurs : mais s'il eil pourfuivi fans relâche & long - temps , il court fe jeter à l'eau , oii il nage aufii bien que le canard , plonge de même , & échappe de cette manière fou- vent aux ChaiTeurs. Les Indiens trouvent la chair de cet animal très- délicate , .la plus favoureufe & la meilleure de toutes celles des bêtes fauvages ; cette chair fe corrompt en alitez peu de temps. Le hahïrouffa fe trouve en Afie ^ dans Tlfie de Bouro , l'une des Moluques : on prétend qu'il fe trouve auffi dans les Contrées Méridionales de l'Afrique. Toim //. F 82 BAR BARBON , Andropogon. M. le Chevalier de la Marck donne ce nom à un genre de plante iinilobée, de la famille des Graminées , & qui comprend des herbes dont les fleurs , en général , font difpofces fur un réceptacle linéaire , denté alternativement , formant foit un feul épi , foit plufieurs épis fitués en faifceau ou comme des digitations. Les fleurs font glumacées , velues ou laineules à leur bafe , & de deux fortes fur chaque épi ; les unes font hermaphrodites &: fefîiles , bl les autres font mâles & légèrement pédiculées. Parmi les efpeces dont les fleurs font difpofées en un feul épi ou en panicule , on compte : I .° Barbon CARIQUEUX , Andropogon fpïcd folïtanâ , imbricatd , feminibus hirfutis , arijlls nudis , contortis , Linn. Selon Rhumphius , fes tiges ont quatre à cinq pieds de hauteur. Cette plante croît dans les Indes Orientales ; on s'en fert à Java & à Balaya pour couvrir les maifons ; les pauvres ramaffent le duvet foyeux de fes épis pour en former des coufTms &: en garnir leurs lits. En général , comme cette plante eft plus nuifible en incommodant les Chaffeurs , en bouchant les chemins , & en gênant les befliaux dans leur pâtu- rage , qu'elle n'efl utile , on la détmit ordinairement par le feu. i.** Barbon a épis tors, Andropogon fpicd falharld^ florihus infiriorihus muticis , Linn. ; uEgilops Madcraf- patana , glumïs pllofis ^ arïflatïs , Scheuchz. Cette efpece croît naturellement dans l'Inde ; fon épi eil un peu tors en fpîrale. 3.^ Barbon a fleurs divergentes , Lagurus humïlïor , panïculd conicd , laxd , mitante , culnimn terminante , Gronov. Virgin. Cette efpece fe trouve dans la Virginie. 4.^ Barbon panicule , Andropogon panicule pedunculis fimpUciffîmis trifloris ( aut quadrijloris ) , Jlofculo hermaphrodito , arïjlato , ciliato , bafi barbato , Linn, \ Phœnix , Hall. ; ALgylops bronioïdes , juba. BAR 83 purpurafcente , Baiih. Hift. Cette efpece croît à Vérone , aux environs de Montpellier &; dans la Siiiûe. 5.° Barbon penché , Andropogon paniculâ nutante , arlftis tonuojis lavibus , glumis calycinis hirfutis , Linn. Cette efpece croît dans la Virginie & à la Jamaïque. 6.^ Barbon QUADRI valve , Andropogon paniculâ nutante , calycïbus quadrivalvulibus , trifioris , jlofculo hermaphrodito arijîato ^ Linn. Mant. Cette elpece croît dans l'Inde. 7.° Barbon cymbifere , Andropogon cymharium^ Linn. Ses bradées font purpurines &: cymbiformes. 8.^ Barbon couché des Indes Orientales , Andropogon projlratum , Linn. Ses tiges , qui font très- rameufes , Ibnt couchées fur la terre , & y prennent racine. 9.° Barbon AlopÉCUROÏDE , Andropogon Alope^ €uroïdes , Linn. Cette efpece croît dans l'Amérique Septentrionale. Sa tige eil haute de fix pieds ; foa panicule eft long, lâche & laineux. lo."^ Barbon a balles rudes de ITfle de Ceylan , 'Andropogon fquarrofum , Linn. Ses tiges font glabres & flottent à la furface de l'eau des étangs profonds oit elles croifTent. 11.^ Barbon des Isles , Andropogon infulare ; Linn. Cette efpece croît à la Jamaïque. Brown dit qu'elle efl vulnéraire OC déteriive. 12.° Barbon NARD , Andropogon nardus ^ Linn. On croit que c'eft le nard Indien des boutiques , c'eft- à-dire , le fpica-nard. Voyez l'article NarD. Les barbons à fleurs difpofées fur plufieurs épis fitués en faifceau , ou en forme de digitations , ou par paires , font : i.*^ Barbon double kv\ ^ Andropogon dlflachium , Linn. Cette plante croît dans les Provinces Méridio» nales de la France , fur les côtes feches &: pierreufesj Ses épis font fouvent un peu violets. F 2 84 BAR 2.° Barbon hérissé , Andropogum hlnmn , Lînn. Cette efpece croît dans la Sicile , en Provence , dans l'Elpagne &: le Portugal. Ses épis font courts , barbus & hérilles. 3.^ Barbon OTtORKKT ^ Andropcgon fchœnantus y Linn. C'eft \e jonc odorant. Voyez ScHÉNANTE. 4.° Barbon de Virginie , Andropogon Vlrglnicum , Linn. 5.*^ Barbon bicorne , Andropogon bicorne. , Linn. C'eil le cupiiplha de Pifon. Cette efpece croît à la Jamaïque , au Bréfil ; on la trouve auffi en Arabie. 6.^ Barbon CRÊTELÉ , Andropogon barhatum , Linn. Cette efpece , qui efl le kouda-pidlii ^ Rheed. Mal. , croît dans les Lndes Orientales. 7.^ Barbon MUTIQUE , Andropogon miiticum ^ Linn. Cette efpece croît au Cap de Eoniie-Efpérance. 8.^ Barbon BIGITÉ, Andropogon ifchczmum , Linn, Cette plante fe trouve dans les lieux flériles & pierreux de l'Europe auilrale. 9.^ Barbon de Provence , Gramen dacîylon, yïllofum , ramofum ^ altijjîmum ^ Galloprovinciak , Tournef. 321. On foupçonne que c'efl une variété de l'efpece précédente. 10.^ Barbon fascicule , Andropogon fafcicU' latum , Linn. Cette efpece croît dans les Indes. ii.° Barbon a épis nOxMBReux , Andropogon polydaciylon , Linn. Cette efJ3ece croît à la Jamaïque. 1 2.^ Barbon a anneaux , Andropogon annulaïuni , Forsk. Cette efpece croît en Egypte , le long des rives du Nil. BARBOTE franche. Voye^ Franche-barbote. BARBOTINE. Voy^i Poudre a vers. BARBU , Bucco, Genre d'oifeau dont le caraftere efl d'avoir quatre doigts , deux devant & deux der- rière , le bec un peu convexe en deffous & comprimé par les côtés. On en diflingue plufieurs efpeces , qui toutes oiU pour trait fpéçialemeot caraftériHique , BAR 85 une efpece de harhe à la baie du bec , qui eft compofée de plumes roides comme du crin , & tournées en devant. Ces oiieaux ont les mœurs fanguinaires , à-peu-près comme les pies-grieches ^ & font propres à l'Ancien Continent : les tamanas qui ont beaucoup de rapports extérieurs avec les barbus , font d'un na- turel tranquille , qui approche de la flupidité , &: font propres au Nouveau Continent. Les barbus & les tamanas ayant les ailes fort courtes , ne peuvent four- nir un long vol , &: par conféquent , dit M. de Bu^on , n'ont pu paffer d'un Continent à l'autre ; ainfi les tamanas doivent compofer un fous-genre du Barbu. Barbu ( à gorge jaune ) des Philippines , pi. cnL 331. 11 eft au moins de la groffeur du moimau-franc ; ia longueur totale eft de cinq pouces trois lignes ; l'envergure de neuf pouces quatre lignes ; la queue n'a que quinze lignes de longueur : la partie anté- rieure de la tête eft dans le mâle d'un beau rouge ; une bande de cette même couleur fur la poitrine ; le refte du plumage fupérieur d'un vert obfcur ; le refle de l'in- férieur jaune , mais d'une teinte foible fur le ventre , avec des traits d'un vert obfcur ; l'œil eil auffi entouré de jaune ; le deffous de la queue d'un cendré-bleu : les jambes & les pieds jaunâtres ; le bec &: les ongles bruns. Il y a le barbu â gorge noire de Tlfle de Lucon. ( Foyage à la Nguv. Gu'm. ) Le barbu à plajîron noir du Cap de Bonne-Efpérance , /?/. ml. 688, jig, \. Le grajid barbu de la Chine, pi. enl. 871 ; le vert eil la couleur dominante de fon plumage : cet oifeau a près de onze pouces de long. Le barbu vert de Mahé ; ion bec efl blanchâtre. Voyez pi. enl. 870. Le petit barbu du Sénégal ; fon bec &; fes pieds font jaunâtres, 'WoyQxpL enl. 746 ^fig, 2. A l'égard du barbu à gros hzc , de celui à poinine ?toire , de celui à ventre tacheté , & ceux à tête 6c gorge rouges de Cayenne &C de Saint- Domingue , de du barbu des Maynas , Foyei r article Tamatia, F3 86 BAR Barbu. M. BrouJJomt donne ce nom à une efpece de chien de mer de la iedion de ceux qui ont une nageoire derrière l'anus , avec les trous des tempes ; mais ce qui diilingue ce barbu , e le grand nombre d'appendices qu'il a fur la partie inférieure du mufeau. La delcription de cette efpece , donnée par M. Brcujjcnet^ eft extraite des manufcrits du Dodeur Solander. » Sa tête étoit large , aplatie & courte ; l'ouvertiu'e » de la gueule fituée prefque au bout du mufeau ; les >> dents en forme de lance , & difpofées en plufieurs » rangs : à la partie inférieure du mufeau étoient » plufieurs appendices de différentes forme & longueur ; » il y en avoit une d'un demi-pouce de long , placée » au-devant de chaque narine ; elle étoit diviiée latéra- >> lement en plufieurs autres plus petites ; il y en avoit ^> cinq autres de chaque côté ; au-defîiis de l'angle ^> que formoit l'ouverture de la gueule , elles étoient V vermiformes , & avoient un demi-pouce de long : » on en obfervoit encore deux de chaque côté au-delà ^> de l'angle de l'ouverture de la gueule ; l'antérieure ^> étoit la plus longue & bifide : on en voyoit en outre >> deux autres au-delà de celles-ci ; la poftérieure » formoit plufieurs divifions : enfin , entre ces dernières » &: les nageoires pedorales , on en trouvoit deux w affez grandes , divifées fur un de leurs côtés en ^> lobules obtus ; les trous des tempes étoient grands ; >> les narines placées immédiatement au-devant de » l'ouverture de la gueule ; il y avoit cinq bouton- » nieres ou évents ( expiracula ) de chaque côté ; >> l'anus placé au-delà du milieu du corps ; la pre- >> miere nageoire dorfale à l'aplomb de l'anus ; la ^> féconde fituée entre la première & l'aplomb de la V nageoire de derrière l'anus : les pedorales plus grandes » que les abdominales; la nageoire de la queue légé- » rement divifée ; la peau recouverte de très-petites » écailles , dures , liffes & luifantes : le corps avoit >* trois pieds &: demi de long ^ & il étoit garni de taches BAR 87 ^> dé différentes grandeurs , noires , placées fans ordre , » rondes 6c anguleufes , entourées d'un cercle blan- » châtre , & reiîembiant en quelque forte à des yeux. » Cette efpece de chien de mer a été prife dans la Mer » du Sud , fur la Côte de la Nouvelle Hollande , » dans une Baie que le Capitaine Cook a nommée » Stîng RayS'Bay , à caufe de la grande quantité de » raies qu'il y a trouvées «. M. Broujfonet fait mention d'une autre efpece de chien de mer , qu'il nomme le barbillon : » Celui-ci ( dit-il ) » eil de la même fedion que le barbu ; mais une >y appendice vermiforme à chaque narine forme un » caradere diilindif dans l'efpece du barbillon , &: lui » en a fourni le nom. Le barbillon eit de couleur » rouffe. Les individus dont la longueur n'excède pas » un pied , ont fur tout le corps de petites taches » noires, rondes, qu'on ne retrouve point dans les » gros. Cette efpece de chien de mer fe trouve dans » les Mers d'Amérique «. M. Broujjomt en a vu plu- sieurs individus qui avoient été péchés aux environs de la Jamaïque ; M. le Chevalier Banks l'a encore vue dans la Mer du Sud , fur la côte de la Nouvelle Hollande. Les plus ' longs que M. Broujfonet a eu occafion d'examiner , avoient un peu plus de cinq pieds ; les écailles font larges , aplaties , très-luifanles : comme elles font aufîi très - rapprochées , notre Obfervateur préfiime qu'on pourroit faire avec leurs peaux def- féchées , les plus beaux ouvrages en galluchat ; mais qu'elles prendroient , à la vérité , difficilement les couleurs. On voit au Cabinet du Roi un affez grand nombre d'individus de cette efpece defféchés , d'après îefquels M. Broujfomt a fait la defcription fuivante , & d'après plufieurs individus confervés dans la liqueur , & qui fe voient dans la Colledion de M. le Che- valier Banks. » La tête du chien de mer , appelé le barbillon , ef^ » aplatie ; le mufeaii coïirt ôc obtus ; les lèvres F 4 88 B A R » ëpaifles fur les côtés ; les dents en grand nombre , » alongées , aiguës 6c dilatées à leur bafe ; au-devant » de chaque narine , une appendice vermiforme ; les » yeux 6c les trous des tempes très-petits ; cinq évents » ou boutonnières de chaque côté , dont les deux » derniers plus rapprochés , îiir-tout dans les adultes , » femblent n'en faire qu'un feul : les nageoires pedo- » raies grandes ; l'anus également diilant du bout du » mufeau 6c du bout de la queue ; les nageoires qui » l'entourent arrondies , 6c plus petites que les pefto- » raies ; la première du dos à l'aplomb des abdominales ; » la féconde fituée avant l'aplomb de la nageoire de » derrière l'anus ; celle-ci eft petite 6c très-rapprochée >> de la queue : la queue forme le quart de la longueur » de tout l'animal ; elle eft d'abord divifée en deux » lobes 5 6c légèrement échancrée vers l'extrémité «. BARBUE , Ophidium harhatwn , Linn. PoilTon du genre de la Don^dU. Il efr commun dans le Golfe de Venife ; fa chair eft blanche 6c ferme ; Bclon dit qu'elle eft d'un goût très - délicat. Ce poillbn a beaucoup de rapport , pour la figure , avec 1 ^anguille. 6c le congre ; mais la barbue a le corps bien plus court à proportion de fon volume , plus comprimé par les côtés , 6c d'une couleur plus claire : le dos efl d'une teinte cendrée ; le milieu des côtés a un éclat argenté ; la peau a de petites écailles oblongues , étroites , éparfes 6c fans aucun ordre ; la gueule eft fpacieufe ; les mâchoires 6c le palais font hériffés de très-petites dents ; la langue eft aiguë ; les yeux font grands , recouverts par une membrane commune , tranfparente , leurs iris argentés. Les quatre barbillons que ce poiftbn a fous la mâchoire mférieure , partent d'un point commun , 6c ont un pouce de longueur. De môme que V anguille , la barbue n'a que trois nageoires ; favoir , deux pe£lorales ; & l'autre fur le dos , à la diftance de deux pouces & demi de la tête ; elle fe prolonge de manière qu'elle fait , fans interruption , l'office BAR 89 de nageoire dorfale ; de celles de la queue & de Panug , elle fe termine à cette dernière partie ; le bord fupérieur de cette nageoire unique , efl noir comme dans le ccnj^re. FUlughby obferveque laveiîie aérienne de cepoiffon, a le fond percé d'un trou dans lequel s'infère un petit tube fermé feulement par une membrane d'im tiiiu lâche & délié; en forte que quand on comprime la veffie , l'air entre dans le tube & le diftend : ce même tube ell rempli d'une liqueur vifqueufe & tranfpa- rente. A la partie oppofée de la velTie , efl un corps dur & glanduleux , lemblable à un opercule ; en forte que cette veiîie paroît avoir deux prolongemens dans la diredion de fon axe. BARDANE , Glouteron ou Herbe aux tei- gneux, Zi^/^p^/zz^'or, arciium Diofcoridis ^ C. B. Pin. 198 ; Pcrfonatafeii Lappa major aiit Bardana^ J. B. 3. 570; Lappa tommtofa , arciium lappa , Linn. 1143. C'eil une plante annuelle qui croît naturellement dans les prairies &: fur les chemins , dont la racine efl: blanche en dedans & noirâtre en dehors , d'une faveur douceâtre , terreufe & un peu auftere ; elle rougit légè- rement le papier bleu. Sa tige efl haute de deux ou trois pieds , épaiffe , flriée , un peu cotonneufe. Les feuilles de la bar dam font molles , cordiformes , p étiolées _, vertes en-deffus , blanchâtres en-deffous , larges , 6c longues d'un pied & plus. Ses fleurs , ramaffées en bouquets , font compofees de plufieurs fleurons pur- purins , contenus dans un calice globuleux , compofé d'écaillés imbricées , terminées par un crochet qui s'attache aux habits lorfqu'on en approche. Aux fleurs* fuccedent des femences ovales à aigrette. La racine de cette plante efl regardée comme un excellent fudorifique ; fa décodion efl préférable à celle de la fcorfonere dans les fièvres malignes ; on prétend que fon infufion a guéri des goutteux : mais elle efl bien défagréable à boire. Les feuilles de 90 BAR hardam font réfolutives , vulnéraires , & doivent leur vertu au nitre qu'elles contiennent ; car étant (eches , fes feuilles fufent fur les charbons. Sa femence efl un puiiTant diurétique. On appelle aufTi la hardam , hzrbù aux teigneux ^ parce qu'employée extérieurement elle eft très-utile pour la gale. On fe fervoit autrefois de fes feuilles pour fe mafquer le vifage , ce qui l'avoit fait nomm.er pajonata. Le genre de la hardam a de très -grands rapports avec les chardons. La petite hardane eft le glaitcron. Voyez ce mot. BARDEAU. C'eil le nom donné au mulet provenant du cheval & de l'âneffe. Foye^ à r article MuLET. BARDEAUT , en Guienne , eft le hruant, BARGE , Capriceps aut Limofa. Oifeaii aquatique & de pafiage , très-commun en Egypte , affez femblable au courlis. Cet oifeau , très-délicat à manger , a un cri qiii imite celui du bouc & de la chèvre. Il vient fur nos Côtes en Septembre , &: cherche à vivre la nuit dans les marais falugineux , ainfi que font la plu- part des oifeaux de nuit : comme les bécaffes , la barge vit de vers & de vermiffeaux qu'elle tire de la vafe : cet oifeau court très-vite. M. de Buffon , à l'occafion des barges , obferve que de tous ces êtres légers ( les oifeaux ) , fur lefquels la Nature a répandu tant de vie & de grâces , & qu'elle paroît avoir jetés à travers la grande fcene de {^s> ouvrages , pour animer le vide de l'efpace & y pro- duire du mouvement ; les oifeaux de marais font ceux qui ont le moins de part à fes dons Aucun d'eux n'a les grâces ni la gaieté de nos oifeaiix des champs : ils ne favent point , comme ceux-ci , s'amufer , fe réjouir enfemble, ni prendre de doux ébats entre eux fur la terre ou dans l'air ; leur vol n'efl: qu'une fuite , une traite rapide d'un froid marécage à un autre. . . . Ils gifent à terre & fe tiennent à l'ombre pendant le jour ; une vue foible , un naturel timide , leur font BAR 9 r préférer l'obfcurité de la nuit , ou la lueur des cré- pufcules , à la clarté du jour ; 6c c'eft moins par les yeux que par le tacl , ou par Podorat , qu'ils cherchent leur nourriture. C'eil: ainfi que vivent les bécaffes , les bécafTmes , les Barges , &: la plupart des autres oifeaux de marais. La barge eft d'un genre particulier ; on en diftingue plufieurs efpeces : leur caraflere ei\ d'avoir quatre doigts , trois devant 6c un derrière ; le bec eft menu , fort long , plutôt recourbé en haut que droit , & obtus par la pointe. Il y a la Barge grife , pi. enl. 876 ; c'efl la barge aboyeufe , le totano des Vénitiens , le crex de Belon : la barge aux jambes & pieds rouges : la barge brune , pi. enl. 876 : la barge commune , pi. enl. 874 , fon plumage efl en général d'un brun roufîatre : la barge rou[fe , pi. enl. 900 ; elle fe trouve dans le Nord Aqs deux Continens ; c'eft le francolin à poitrine rouge d'Edwards , &: l'on en diflingue en Amérique une très- grande efpece , pL enl. 916: la barge variée relTemble à la barge grife ou aboyeufe , mais le croupion de celle- ci eil blanc , & i^s pieds font gris ; l'autre a le crou- pion brun & les pieds d\m noir verdâtre : la barge blanche fe trouve à la Baie d'Hudfon ; Edwards lui donne le nom de francolin blanc, BARNAQUE. Voye^ Bernacle & Conque ana- TIFERE. BARNET. Nom donné par M. Adanfon à une efpece de buccin qui offre une fmgularité remarquable. Toutes les vieilles coquilles , dit-on , foit mâles , foit femelles , fe caiTent par l'extrémité du fommet , loriqu'elles ont atteint le nombre d'onze à douze fpires , de manière qu'il ne refle que les quatre ou cinq fpires d'en-haut ou de fa bafe. Par quelle mécanique l'animal peut-il procurer cette rupture dans une coquille operculée , auffi dure &'auiîi épaiife que l'eil celle-ci dans fa yieilleiTe ? 91 BAR BAROUTOUS. Nom que l'on donne à Cayenne à une tourtirclLe, qui y efl: affez commune ; on diroit d'un grand cocot^iji. Voyez ce mot, BARRAS. Voyei Galipot. BARRE. Nom donné par les Normands au flot ou flux des eau5^ de la Seine , lorfque la mer monte. Voyei PanicU Mer. Barre ou Barrus aux Indes Orientales , eft Vêlé- phant. Voyez ÉLÉPHANT. BARRE , (le) Sïlurus fafilatus , Linn. Poiffon du genre du Silure. Cette efpece fe trouve au Brélil & à Surinam : c'efl: le myjlus cirris fex , maxïllâ inferiore brcviorl , roflro plagïo-plateo , lato , de Gronovius. Cet Auteur dit que la tête de ce poiiTon eft aplatie en deffus , marquée d'un fillon longitudinal ; elle eil par- tout de la même largeur que la plus grande de celle du corps ; la gueule efl: un peu ouverte &: placée fur le defliis du mufeau ; les mâchoires , le palais & le go fier font garnis de petites dents ; la mâchoire fupérieure efl immobile , & beaucoup plus longue que celle de deflbus ; des fix barbillons , deux font beau- coup plus longs que la tête, & fortent de l'angle de la mâchoire inférieure ; les quatre autres , un peu moins longs , font difpofés fur cette même mâchoire. Les yeux font faillans , arrondis , petits , fitués fur le -fommet de la tête ; les opercules font dépourvus d'aiguillons ; les lignes latérales font liffes & relevées à leur naiiTance. La première nageoire dorfale eft garnie de fept rayons rameux , excepté le premier qui eft fim.ple ; la féconde dorfale eft petite ; les pectorales ont chacune dix rayons , dont l'antérieur eft roide ; les abdominales font dépourvues d'aiguillons , m.ais garnies chacune de fix rayons ; celle de l'anus en a treize ou quatorze ; la queue eft très-échancrée , & fon lobe inférieur bien plus long que celui de deftus. La peau lifte & fans écailles ; la couleur des parties de deffus eft rouffàtre ; celle de deffous eft blanchâtre ; BAR BAS 93 les côtés font panachés de grandes taches d'une teinte fombre , & les nageoires parlemées de taches noires, Lïnnmis prétend que le dos eft marqué de bandes blanches fur un fond noir. BAPvRELIERE. Voy^i à VarticU Bahel-sculli. BARRIS ou Homme des bois , ou Grand Orang- outang. Voy^i Homme sauvage , VarticU Singe & celui ûf'ORANG-OUTANG. BARROS, Foyei Bucaros. BARTAVELLE. Efpece de perdrix de Savoie & de Grèce. Voyei à l' article PERDRIX. BASAAL. Genre de plante à fleurs polypetalées ^ qui paroît avoir des rapports avec les Antifdcrms ; Voyez cù mot, 11 y a le hafaal à pétales pointus , Rhccd, Mal. ; les Brames l'appellent ^'ikngi ; les Por- tugais 5 frnita perdrica ; & les Hollandois , fiVin-beJfen. C'eft un arbrilTeau toujoi^trs vert ; il croit dans les terres fablonneufes du Malabar , & particulièrement aux environs de Cochin. Sa durée efl d'environ quinze ans. La décoftion de fes feuilles dans l>eau , avec un peu de gingembre , foulage dans les maux de gorge ; les Naturels frottent le front 6i les tempes des fré- nétiques avec fes baies rouges , fucculentes & frites dans le beurre ; {qs amandes font blanchâtres & efti- mées vermifuges. Une autre efpece de hafaal , efl; à pétales arrondis. C'eil le tsjerium-cottam , Rheed. Mal. ; le ramifol des Portugais , & le liis-hejfcn des Hollandois. Cet arbrif- feau croît naturellement à la Côte de Malabar. BASALTE 5 Bafaltes, Ce nom déligne , en Minéra- logie 5 une efpece de pierre de touche propre à éprou- ver les métaux , & qui fe trouve en Lorraine , en Bohême , en Saxe , en Siléfie. C'efl une pierre dure dont Pline a parlé le premier , & qu'il dit fe trouver en Ethiopie {a). Quelques Naturaliftes modernes re- (â) Pline entend par le nom hafahe , la pierre d'Lchiopis noire 5c très-dure , dont Strahn a vu des cttlonngs & ùes mwceaujt d'une 94 BAS gardent comme un hafdte la fameufe pierre de Stoîpen en Miihie , près de Drefde : cette pierre , qui a diveries configurations & grandeurs , eft en malles qui fe dé- tachent communément en morceaux de figure carrée. On a aufTi trouvé dans le lit du Rhin , proche Bonne , lin véritable bapJte , & nous en avons conlervé un bel échantillon dans notre Cabinet : il efî hexagone. Telle eft encore la pierre connue fous le nom de pavé de la chaujféc des Géans y ( bafanos maximus Hïbcrnicus^ ) ÔC que l'on voit dans le Comté d'Antrim , au Nord de l'Irlande. La pofition naturelle des morceaux de cette forte de pierre ou pavé des Géans , offre en cette contrée un fpedacle cligne de l'attention des Naturalises : qu'on fe figure une immenfe quantité de pierres fort obfcures , noirâtres , pefantes , très-dures , alfez lilTes en leur fur- face extérieure , d une figure prifm.atique ou polygone , communément à cinq pans & quelquefois à fix , à fept, rarement à huit, à neuf, à trois & à quatre pans; chaque pierre ordinairement convexe par une furface & concave par l'autre , très-rarement plane par les deux furfaces : plufieurs de ces pierres de la même configuration , empilées perpendiculairement à l'horizon les unes fur les autres , de manière que ce font comme autant d'articulations qui s'emboî- tent , s'engrènent ou fe joignent toujours exacte- ment pour former une colonne. Chaque articulation efl facile à iéparer. Voilà la première efquiffe de ce phénomène aufTi curieux que fingulier. On rc- connoît déjà que la nature , la figure & la pofition de ces pierres leur donnent un caradere unique ; main- tenant qu'on fe figure un aflemblage de plufieurs milliers de colonnes angulaires, (on diroit d'un groupe de foiides piliers artificiels ) dans une grande éten- cpaifTsur confidérable. D'une feule colonne , l'Empereur Vcfpafiin £t faire une ftatue entière , avec feize enûns , qu'il dédia au Nil , dans Jç Temple de la Pîiix. BAS 95 (lue de terrain , &C qui fait une digue vers PEcofle ; autre beauté des plus frappantes. Chaque articula- tion ou morceau a environ dix-huit pouces de haut & vingt de large, & même plus. Quant à la diffé- rence des figures que l'on obierve entre quelques- unes de ces pierres, ne pourroit-on pas dire que ceci a dépendu de la différence des milieux, dans lefquels les matières conflituantes fe feront réunies pour s'y criftallifer? L'équilibie des fluides ou leur agitation, peut-être l'intervention accidentelle de corps étran- gers , auront produit ces différences. Quant à l'efpece d'irrégularité dans les affiles continues (k. refpedives des colonnes , ce fait eil plus difficile à expliquer. On peut dire feulement qu'elles auront pris leurs hau- teurs par intervalles dans l'eau chargée de la matière du bafalu ; 6c comme dans une même mafie chargée de criffaux de roche ou de fels , il y des crillaux plus gros , plus grands 6c plus réguliers les uns que les au- tres , il a dii arriver que les articulations ayant acquis chacune dans la même direcfion plus de volume, les colonnes qui en feront compofées dépalferont les co- lonnes voifmes. La féconde articulation fe fera criflallifée fur la première déjà confohdée; la fuperficie convexe de la première aura donné fon empreinte en creux dans la culalle de celle du deflus , 6c ainfi de fuite. Cette exphcation fuppofe des dépôts affez tranquilles, ou des fluides peu agités : cependant un bon Obfev- vateur trés-connu , M. Defmanjis , regarde ces criftal- lifations comme le produit des volcans, une matière graniteufe comme vitrifiée ou en fuiion; &: cette forte de lave , en fe refroidiffant , a dû fe criff aUier , peut-être fe fêler , fe fendre , fe divifer en morceaux aufîi réguliers : il a trouvé des articulations de bafalu en Auvergne , d'une groffeur énorme , dans des en- droits qui ont autretois fubi des éruptions & à^s catarades de feux fouterrains. Ce dernier fyflême ne laiflé pas d'avoir des partifans, M. Dcfmantis dit encore ç,6 B A S ^ que les hafjît:s articules ne peuvent être confulérés comme l'efet de la retraite de la matière de la lave, mais comme celui de la comprelîion des boules de lave. Journal de Phyjiquc ^ Juillet & Août lySy. Peut-être ces boules balaltiques ont-elles été formées ainfi lors de l'éruption du volcan; peut-être fcnt-ce des noyaux de priimes ou de colonnes baialtiques ufées & chariées par l'eau. Revenons à la hmteur des colonnes en Irlande; il y en a depuis trois 6c quatre pieds julqu'à trente & quarante ; on n'en trouve prelque point d'ilb- lées ; elles forment des mafles énormes ; la plus grande efl particulièrement appelée h chauffée des géans ^ l'autre pone le nom de jeu d'orgue ; celle-ci n'ell compofée que de foixante piliers, tandis que dans celle de la chauiTce on en compte plus de trente mille. Dans les balles marées on obferv^ que cette chauflee s'avance de Cent to!fes dans la mer, & il ell probable que fa longueur eil beaucoup plus confidérable. On eftime fa plus grande largeur à deux cents quarante pieds , ♦ Les Péruviens, de temps immémorial , M ont fu fe préferver de toute efpece de difette & de famine , par la culture M de cette plante, qui, avec le maïs » eft leur unique nourriture. Comme « cette denrée eft fufceptible de la pourriture , les Péruviens ont obvié î» à cet inconvénient par deux manières (impies de les préparer. Ces >» Peuples fobres entreprennent les plus grands voyages à pied avec un >» havrefac plein de pomma de um defféchées & un peu de màU qu'ils G4 104 ^ BAT On doit être fiirpris qiie ce n'ait été qu'au corri'^ mencement du dix-feptieme fiecle , long-temps après la découverte de l'Amérique, que les Européens ont penfé à en faire ufage. Les Irlandois commencèrent les premiers cette culture. La Bretagne eft, après l'Irlande, l'endroit où elle croît le mieux. De l'Irlande , la cul- ture de cette plante a paiTé bientôt en Angleterre , de là fucceiTivement en Flandres , en Picardie , en Franche- Comté, en Alface , en Bourgogne , en Languedoc 6c dans d'autres endroits de la France ; enfin en SuilTe , où depuis vingt-cinq à trente ans la culture s'en ell: tellement accrue dans les champs , que cette manne fait en hiver la nourriture du peuple , fur-tout des enfans , qui , comme l'on fait, ne deviennent pas des hommes moins robuites que nos François nourris avec le plus beau froment. La culture de la pomme dt une n'a pas été traitée Jufqu'à préfent avec autant de foin qu'elle le méri- toit. Elle eil digne d'attirer l'attention du gouver- nem.ént & de chacun de nos Cultivateurs modernes, fur-tout il l'on fait réflexion à la grande utilité dont elle peut être en cas de difette; & avec d'autant plus de raifon, qu'un petit efpace de terrain peut iùiîire pour produire la nourriture d'une famille con- fidérable ; car par la culture dont on parlera plus bas, un arpent de terre qui produirait douze quin- taux de froment, en rapporteroit deux cents àt pommes s» mâchent continuellement : la première préparation nommée par les 3» Péruviens p^pa féca , confiée à faire cuire la porr.mi de terre dans l'eau; 5» on la pelé , on l'expoie enfuite au ferein , puis au foleil , jufqu'à ce ri qu'elle foit feche ; dans cet état , elle peut fe conferver pîufieurs fîecles , 5» en la garantiflant He l'humidité. Dans le pays on en fait une grande « confommation , mélangée avec d'autres alimens. L'autre préparation eil >» appelée chunno : on fait geler la pomme de terre , on la foule enfuit* SI aux pieds pour lui faire quitter la peau : ainlî préparée , les Péruviens >» lamettcr.'- dans un creux d'eau courante , & la chargent de pierres; quinze >» ou vingt jours après, ils la fortent de l'eau, & l'expcfent au ferein 6c r> au foleil jufqu'a ce qu'elle foit feche. Ces Peuples en font des efpeces yy de conn:ures , une farine pour les coow»Iefcens, & If reélangent avec >» prefque tous leurs met* **, BAT Ï05 'de terre. Dans les cas même d'abondance de grains , cette plante , tant par fes tiges que par les racines , four- nira une excellente nourriture à nos animaux domef- tiques. La culture en feroit beaucoup plus lucrative que celle des menus grains; d'autant mieux que, lorfque les chevaux y font habitués, ils mangent la pomme de terre avec le même plaifir que Vavoine. Cet alim.ent étant cru paroît un peu acre, & étant cuit un peu fade; mais des peribnnes qui ne deman- dent qu a fe fubftanter , s'y accoutument bientôt , avec d'autant plus de facilité, qu'il n'eft point mal- faifant. Des Sybarites reprochent à la pomme de terre d'être venteufe ; mais qu'efl-ce que des vents pour les organes vigoureux des Payfans &: des Manœu- vres ? On peut faire manger généralement à toutes fortes de volailles les pommes de terre cuites ; on peut de même les faire cuire pour commencer à y habimer les bœufs, vaches, chevaux, moutons & cochons; enfuite ils en viennent à les manger toutes crues. A^xhs avoir labouré la terre, on doit fonger, à la fin de Février ou au commencement de Mars , fuivant que la faifon eft précoce, à femer les pommes de terre. On met les petites tout entières à deux pieds les unes des autres : on peut couper les grofles pommes (^racines) par tranches ; car il fuffit qu'il y ait fur chacune de ces tranches un ou deux yeux ( germes ) pour qu'elles puiflent pouffer. ( M. Bourgeois dit que les Cultivateurs ont cependant obfervé que les pommes de tare qu'on coupe par tranches , & les petites qu'on plante , ne viennent jamais auffi groffes que lorfqu'on fait un choix des plus belles & des plus groffes pour les planter; d'ailleurs elles produi- fent moins de pommes latérales , & la récolte en eit beaucoup moins abondante ). On peut faire cet enfemen- cement en fe fervant d une charrue qui trace les rigoles , à laquelle eft attachée une trémie, d'où fortent les io6 BAT tronçons de pomme de terre , qui fur le champ font recouverts par un râteau qui eft attaché à la charrue; autant de germes qui fe trouvent dans cha- que tronçon, ne tardent pas à fe montrer par une petite pointe blanche , rouge , purpurine , qui efl le principe de la plante. A mefure qu'elle s'élève on l'entoure de nouvelle terre, afin de la foutenir &: de faire multiplier les racines ; par ce moyen on s'afliire d'une plus grande récolte ordinairement affez confi- dérable; quelque temps qu'il faffe on ne la voit jamais manquer entièrement. Vers le mois d'Août, on peut faucher le feuillage, que les befliaux mangent très* bien en vert ; &: en automne , même dans prefque tout le coiu-s de l'hiver^ on peut récolter les pommes- de terre. Suivant un Cultivateur zélé, (Voyez le /oz/r;2. Ecorio. 1762.) la. pomme de terre eit nourriffante , légère 6c tempérante : elle tient le ventre libre; elle efl ua excellent anti-fcorbutique. Les Anglois la cultivent, avec foin dans toutes leurs Colonies, notamment à Sainte-Hélène , & la préfèrent à toutes les autres racines qui y croiffent. Nous avons dit ci-defTus que quand les hommes fe font accoutumés à cette nour- riture, elle plaît au goût, fur-tout fi on fait cuire ces pommes avec un peu de lard. On peut retirer^ dit M. Duhamel^ de la pomme de terre ^ une farine très-blanche , laquelle , mêlée avec celle du froment , fait d'affez bon pain. J'en ai mangé, dit-il, où il n'étoit entré de farine de froment, que ce qui avoit été neceflaire pour faire lever la pâte. M; Mujîcl^ Che- valier de Saint -Louis , a préfenté , en 1770 , à la. Société Royale d'Agriculture de Paris du pain fait avec moitié farine de froment , & moitié farine de pomme de terre : nous goûtâmes ce pain , qui fut trouvé très - bon & fans fadeur. Le même citoyen fît goûter du pain oii il n'étoit entré que très- peu de froment , 6c il fut trouvé excellent» Cet BAT 107 tifage de la pomme de terre eft fans contredît le pliis utile : il efl facile d'y réuffir en fuivant la méthode imaginée par M. MuJleL On fe fert pour .cela d'une efpece de varlope renverfée , en un mot femblabîe à celle des Tonneliers ; on promené fur la longueur de cette varlope, garnie de fon fer, une efpece de petit coffre fans fond & rempli à-peu~près aux trois quarts de pommes de terre , que l'on a pelées aupara- vant ; ces pommes font recouvertes d'une planche qui puifle facilement entrer dans l'intérieur du coffre ; on met un poids quelconque fur cette planche, afin de la charger & de la faire pefer fur les pommes : la planche doit être percée de plufieurs trous, qui lalflent un paffage à l'eau que l'on verfe de temps en temps pour faciliter l'opération : à l'aide des deux mains , on fait aller &: venir liir la varlope le coffre garni de pommes de terre; ce qui s'en trouve râpé à chaque coup de main, tombe par la lumière de la varlope, en une bouillie que reçoit un vafe placé deffous. En veut-on faire du pain , on incorpore cette bouillie avec telle quantité que l'on veut de farine de froment ou de feigle , ôcc. Quelques perfonnes , pour manger les gommes de terre , fe contentent de les faire cuire fous la cendre , puis on enlevé leur pellicule , & on accommode la chair pulpeufe coupée par tranches , en la manière des culs d'artichauts , Ôcc. On en retire aufîi une fécule qui produit une efpece d'amidon , &c. M. Mufid obferve que les terres qu'on lailTe en jachère peuvent être employées à la culture des pom- mes de terre : elle améliorera celle du blé ; & même la terre déjà bien difpofée par le remuage qu'on eu obligé de faire pour leur récolte , n'exigera qu'un labour. Que d'avantages réunis ! Maintenant on peut confulter VExamtn chimique des pommes de terre , & les divers Mémoires fur cette plante , par un vertueux & favant citoyen , M, Parmmtier , Apothicaire Major des Inya- io8 BAT lides. Heufeux celui qui confacre (es fueufs au bien de l'Etat &c au bonheur de l'humanité ! Confultez aufîi les Obfervations fur ce végétal , par M. Lcjiiboudois , Journ, de Phyjiquc ijy^. Topinambour, Le Topinambour, Corona folls parvo fiorc ^ tuberosd radiez , Tourn. Infl. 489 ; Battatas de Canada , Park. 1383 ; Hdianthiis tuberofus , Linn. 1278 ; c'efi: le grundbim des Allemands ; V artichaut de terre ; la poire de terre ; la turatouflc, C'efl une plante dont la tige eil affez groiïe , & s'élève à la hauteur de cinq à fix pieds , quelquefois plus. Son écorce eil verte , rude au tou- cher ; fes feuilles , qui ont plufieurs nervures , font larges vers la queue , & fe terminent en pointe. Sur le haut des tiges font des ileurs radiées , comme nos foleils vivaces de jardin , mais plus petites. Ses racines font de gros tubercules verdâtres , qui tiennent fou- vent de la figure de nos poires ; mais quelquefois de forme irréguliere. Ces tubercules pouffent en telle abondance , que fix pieds en carré peuvent en donneî trois à quatre boiffeaux. Cette plante eff originaire de l'Amérique Septen- trionale , & naturelle à la Nouvelle-Angleterre : elle porte rarement graine en France , quoiqu'elle y fleu- riffe ; mais elle fe multiplie par fes racines , & fa cul- ture eil la même que celle de la pomme de terre : on dit qu'on pourroit préparer fon écorce comme celle du chanvre. Les beftiaux en mangent bien les feuilles ; les vers à foie pourroient même s'en nourrir. On peut faire des mèches avec la moelle des tiges , comme on en fait avec celle des rameaux du fureau. On mange quelquefois fes tubercules cuits à la manière des artichauts. BATAULE. Voyei Beurre de Bambuck. BATIS maritime , Bâtis maritima , Linn. ; Kali fru^ tlcofum coniferum , fiorc albo , Slcan. Petit arbrilïeau BAT B A U 109 qui croît à la Jamaïque & aux Antilles , dans les lieux falés 6c voiïins de la mer. Les jeunes rameaux font verts 6c tétragones , munis de quatre filions & oppofés. Ses feuilles font courtes , convexes fur le dos , un peu aplaties en deffus , charnues &c fucculentes comme celles de certaines foudes. Ses fleurs font incom- plètes , dioïques , fort petites , & viennent fur des chatons axillaires ; les fruits Ibnt des baies unilocu- laires , qui renferment chacune quatre femences trian- gulaires Se pointues. BATRACHITE. Foyei Brontias. BATTAJASSE , Battelessive ou Battequeue. Foyei Lavandière. BAVANG 5 Alliaria^ Rumph.; Maliace caju-hawang, C'eft un grand arbre des Moiuques, très-remarquable par l'odeur d'ail qu'exhalent prefque toutes fes parties. Ses feuilles ont un côté plus large que l'autre ; {t% fruits font des noix piriformes , verdâtres en {dehors , & qui , fous une coque d'un rouge de fang , renfer- ment un noyau dont l'amande peut fe divifer en trois à cinq parties. Onfe fervoit autrefois , à Amboine, de ces fruits pour affaifonner les alimens en guife d'ail & d'oignon , qui font maintenant en ufage depuis qu'on les y a tranfportés de Java 6c des autres Régions de l'Inde. Le bavang femble avoir des rapports avec les crotons, ( Encycl. Méth. ) BAUBIS. Efpece de chien Anglois , qui fe plaît à chalTer le renard , le fanglier , 6c autres bêtes d'une odeur forte. Les bauhis ont le nez dur , 6c font comme des barbets à demi-poil , plus longs & plus bas de terre que les autres chiens. Foyei Chien. BAUD. Nom donné à une race de chiens courans qui viennent de Barbarie. Ils font propres à la chafîe du cerf: la plupart font blancs 6c d'une feule couleur. On les appelle aulîi chiens muets , parce qu'ils ceiïent d'aboyer quand le cerf vient au change. BAUDIR les chiens, en tçrmes d« chafTe, ç'eft les exciter, Foy, Chien. iio B A U BAUDET, f^oyei Ane. BAUDROIE , Lophius , Linn. Nom d'un genre de poiiTons à nageoires cartilagineufes , & qui ont un év^ent près des ouïes. H y a : La grande Baudroie , Lophius plfcatorius , Linn. ; Rima pifcatrix , ( marina ) Belon ; en Italie , Marina pefcatore & Diavolo-di-niare , c'eft le galanga de Ronde- let ; Pcfcheteau à Montpellier. Ce poiflbn efl commun près de la côte de Gênes ; mais il fe trouve aufli dans la Manche & dans l'Océan. Willughby dit que fa chair eil blanche & d'un goût femblable à celui de la gre- nouille de marais. Ronddct dit qu'elle efl molle, de mauvais goût & facile à digérer. La forme de ce poiHbn fingulier a du rapport avec celle d'un têtard^ 6c cette reliemblance , jointe à fon adreile pour pêcher , lui a fait donner le nom de grenouille pêcheufc. Le volume de fa tête égale ou même iurpafîe celui de fon corps ; elle eft d une figure cir- ailaire. L'ouverture de la gueule efl très-fpacieufe , & la mâchoire de deffous dépaffe celle de deffus , ce qui fait que ce poiiTon a toujours la gueule ouverte en partie ; les mâchoires , & fur-tout l'inférieure , font armées de dents longues , aiguës ^ ferrées , dont plu- fieurs font mobiles '; le palais &: la bafe de la langue offrent auffi des dents. Dans la gueule fous l'angle de la mâchoire fupérieure , efl un large trou , avec une cavité fituée vers le cerveau , que Willughby foup- çonne faire la fonûion de narine ; il y a auffi deux rangées de chacune huit dents , qui partent des angles de ce trou ; la langue efl grande & large. Les yeux peu faillans , & litués fur la partie fupérieure du corps ; les iris font blancs. Il y a quelques rides qui vont des yeux vers la gueule. Sur la tête font deux rayons mobiles au gré de l'ani- mal , longs d'environ un pied ; on prétend que la h.nidroic s'en fert comme de lignes pour pêcher les autres poifions qui viçnaent en mordre l'extrémité. B A U lit ôl qu'il recourbe alors ces mêmes rayons vers fa gueule pour y faire tomber fa proie. Vers le milieu du dos font trois rayons moins longs que les précédens. Au- deifus des deux côtés de la mâchoire fupérieure fe trouvent deux fortes épines. A l'entour & au-deflus des yeux paroiffent des tubercules épineux ; la nageoire dorfale eft placée près de la queue , & garnie de dix rayons ; le dos eu brunâtre ou verdâtre , avec une teinte de rouge , parfemée de taches blanches ; la queue affez ample , n'efl point fourchue , 6c les rayons dont elle eu garnie font ramifiés. Les rayons de toutes les nageoires dépaffent les membranes qui les réunifient. Les nageoires pe£lorales font placées fous la gorge , voifmes l'une de l'autre , 6c divifées en cinq rayons ou efpeces de doigts. ( Bchn a comparé ces nageoires à des efpeces de pieds femblables à ceux de la grenouille, ôc prétend que Id baudroie s'en fert pour mar- cher au fond de l'eau. ) Les nageoires abdominales font fituées vers les bords latéraux du corps , chacune con- tient vingt rayons ; l'extrémité de ces nageoires , ainfi que celle de la queue , efl d'une couleur noire ; fous ces mêmes nageoires du ventre font deux grands trous , au fond defquels fe trouvent les ouïes. Le corps de ce poifTon efl entouré dans fes bords d'appendices char- nues 5 difpofées par intervalles. Nous avons vu plu- fieurs de ces polfTons , au fortir de la mer , dont l'un avoit plus de quatre pieds & demi de long ; fa plus grande largeur étoit d'environ deux pieds , fur un pied d'épaiffeur. On trouve dans le Journal de Médecine , (Janvier 1765 ) li defcription 6c la figure de deux diables de mer , échoués fur le fable dans la Rade de Brefl , en 1764 : l'un d'eux avoit dans fon eftomac un petit chien de mer de la longueur du bras , 6c une anguille de mer ; ce fait prouve la voracité de la grande baudroie. Comme la figure de ce pcifTon a quelque chofe de înoiîflrueux , quel(^ues*uns l'ont nommé diable ds rmry 'tl^ B A U en effet , fa figure hideufe , fon regard de côté , fa gueule énorme , tout répond affez à l'idée fantaftique cjue l'on s'ell: formée de l'être mal-faiiknt , furnommé le Prince des ténèbres , ( le Diable. ) Des perfonnes fe font un amufement puéril , de produire , à l'aide du corps de ce poiffon mort , une illufion effrayante , en- lui introduisant une bougie allumée dans le corps , après en avoir retiré les entrailles , &: en l'expofant ainfi comme un fpectre dans l'obfcurité. Baudroie tachée , Lophïus hijlrio , Linn. ; Gua" perva Brafilïmfihus , "^illug. , Marcg. ; i^ifcis Brajîlknjîs cornutus , Petiv. Gaz. Cette efpece , dit Linnœus , fe trouve dans l'Océan , parmi les fucus qui flottent fur l'eau. Lorfque ce poiffon nage il étend fes nageoires en même temps qvi'il enfle fon corps , qui prend à-peu- près la forme d'un ballon. Il fe nourrit de fquilles ; fa chair ne fe mange point. Selon Wdlughby , fa gueule étant ouverte , imite à-peu-près celle d'un chien. Ses dents font très-petites ; fes yeux ont à peine la grof- feur d'un grain de millet ; ils font d'un bleu de tur- quoife. Sur le frOnt eil une petite corne qui fe redreffe vers l'arriére , oc devant cette corne efl un fil délié , mobile au gré de l'animal , long d'un pouce , dirigé en avant & terminé par une petite appendice. La nageoire doriale longue d'un pouce , ainfi que celles de l'anus àc de la queue ; les deux pedorales très-petites. Vers le milieu du corps , il fort de chaque côté une efpece de bras , terminé par une nageoire longue de huit lignes 5 fur autant de largeur ; cette nageoire renferme huit petits rayons divergens , épineux & faillans ; chaque bras eîl compofé d'une feule articulation, &: fe recourbe vers la partie antérieure du corps. Ce poiffon n'a point d'ouïes ; fa peau eit fans écailles , molle à l'endroit du ventre ^ & par-tout ailleurs rude au toucher. Ce poiffon a environ quatre pouces de lon- gueur, fur fix d'épaiffeur ; la couleur eft d'un rouge-brun, avec des taches noirçs ondées , ép^fçsfur toiit le corps. Unç B A U ' lïî Une troificme efpece du genre de là baudroie porte le nom de Chau.ve-SOURïs (poiilbn). Voye^ ce mot. BAUDRUCHE. Nom donné à la pellicule d'un boyau de bœuf apprêtée , dont les Batteurs d'or fe ferve/it pour étendre l'cr , &:c. Foyc^ à la fuiu de. rhlfiolre du TauREAU. BAVEUSE , BUnnlus pholîs , Linn. ; Bavofa , à Livoiu-ne ; Galeio , llir les Côtes de Cornouailles ; en Angleterre , Mulgranoc 6c Bulcard^ PoiiTon du genre du Blâme : il fe tient dans les cavités des rochers , ce qui lui a fait donner par plufieurs Naturalises le nom de percz-pierre. On le trouve fréquemment dans la Méditerranée , fur-tout près d'Antibes , & dans TOcéan. On dit qu'il mord quelquefois la main des Pêcheurs , mais que cette morfure n'eil point dangereufe ; retiré de l'eau , il vit encore pendant plufieurs heures. Sa chair n'eft pas un mets très-eflimé. Le nom de bayehfi a été donné à ce poifTon à caufe du fuc muqueux , ou de l'efpece de bave gluante dont tout fon corps eft enduit ; il a plus de facilité à nager , à l'aide de cette onduofité qui rend fa furface gliilante. CepoiiTon a la tête comprimée latéralement , amincie en forme de tranchant par fon bord fupcrieur ; les yeux petits , recouverts d'une membrane ; les iris blancs nues de rouge ; la gueule médiocrement fendue ; la mâchoire de deiTus plus longue que l'inférieure ; les dents difpofées dans un ordre régulier ; un enfonce- ment entre la tête & le corps femble former un cou à ce poifTon ; les opercules des ouïes font réunies & forment une membrane continue. Gronovïus a obfervé autour des narines plufieurs barbillons courts , fem- blables à des poils foyeux. La nageoire dorfale efl fort étendue, oc garnie de trente-deux rayons; celle de l'anus en a vuigt-huît ; la queue bien déployée eil de forme circulaire. La veiîie aérienne eil adhérente au dos. La couleur de la bavcufc varie beaucoup ; il y en a qui font olivâtres , d'autres ont fur les côtés , Tom^ IL H 114 B A U fur le dos & Tur la nageoire dorfale , des bandes tfanA verfales d'un bleu clair , qui font un effet agréable ; celles du dos ont leurs interllices d'une couleur qui , félon l'exprelîion de Willughby , imite celle des feuilles de vigne defféchées ; d'autres individus ont deux b-andes de cette même couleur , &: une jaunâtre , fur la lon- gueur du dos : il y a aufîi entre les yeux de petites bandes brunes qui aboutiffent à trois autres bandes azurées. Le ventre eft blanchâtre. BAUGE , Apri volutabrum. Les ChalTeurs donnent ce nom au lit du fanglier , qui eft ordinairement dans l'endroit de la forêt le plus fort & le plus fourré , fuB \\n tas de feuilles feches. Foyei Sanglier, BAUHINE ^ Bauhinia, Genre de plante à fleurs po* lyp étalées , de la famille des Légumincufcs , qui a des rapports avec les cajfes & lecozirbaril ^ & qui comprend des arbres ôl des arbriîTeaux remarquables par leurs feuilles 5 qui font toujours partagées en deux lobes plus ou moins profonds : les fraits font des gouffes affez longues , communément comprimées , unilocu- laires , & qui contiennent plufieurs femences aplaties , réniformes ou elliptiques. il y a douze efpeces de ce genre : favoir , la hauhi/zs grimpante ; c'eft le Naga-ma-valli ^ Rheed. Mal. La bauhine à fleurs pourprées , celle à fleurs couleur de rofe & panachées de jaune & de pourpre , celle à feuilles cotonneufes ; les Indiens fe fervent de (q^ fleurs , qui font d'un blanc jaunâtre , pour parer leurs idoles ; la bauhine à fleurs en grappe , celle à feuilles un peu pubefcentes en deifous , & dont les deux lobes font acuminés ; c'efl le Velutta-mandam , P».heed. Mal. Toutes ces efpeces croiffent dans les Indes , notam- ment au Malabar , dans les Moluques. Il y a la bauhine à feuilles d'un brun - roulfâtre d'Afrique : les autres efpeces font de l'Amérique Méridionale , telles que la hauhinc à tige &: rameaux épineux ; celle dont les deux lobes des feuilles font pointus & dlvergens ; celle à B A U iiç lobes droits ; celle k feuilles glabres ; celle de la Guiane , appelée Jtimouta à feuilles dorées. BAVION àQs Allemands. C'ell le Babouin. Foyci ce mot. BAUME 5 Bcilfamum, On ne donnoit autrefois ce nom qu'à Parbre d'oii découle le baiimt ^ nommé en latin opobalfamum , dont on verra l'hiftoire au mot Baume de Judée , jointe à la defcription de l'arbre d'où découle cette liqueur balfamique /, tnL 357. ou Coupeur BEC 135 D^EiU , de Catesby ^ en latin RygchopfaÛa.. Genre croifeaii dont îe caradere efl: d'avoir trois doigts anté- rieurs palmés , & un pcftérieiir ifolé ; un trait bien plus faillant , & qui n'appartient qu'à lui , le diûingue de tous les bipèdes : le bcc^ compoie de deux pièces minces y mouiTes à leur extrémité , eft édenté , droit , aplati & déprimé par les cotes ; la mâchoire inférieure eft beau- coup plus longue que la lupérîeure , fillonnée & creufée dans fa longueur , & les bords en font fort tranchans. La mâchoire fupérieure*, qui , lori'que le bec eft fermé , fe trouve comme emboîtée dans l'inférieure , à la ma- nière du tranchant d'un couteau entre les deux côtés du m mche , cil arrondie en deffus ; en deffous elle eft tranchante & en forme de lance. C'eft avec ce hzc d'une conformation fi particulière , & qui paroît d'un ufage fi difficile , que le bec m cffcaux prend le poif- fon dont il fe nourrit : il le failît en rafant d'un vol lent la furface de l'eau , d'aftez près pour que la partie inférieure de fon bec plonge dans Peau par fon extrémité ; c'eft de là qu'on a donné à cet oifeau le nom de coupeur d'eau , comme celui de bec m cijcaux exprime le mouvement &: le Jeu de fon bec. Le bec en c' féaux a plus d'un pied & demi de lon- gueur ; fon envergure eft de trois pieds & demi ; fon plumage eft , fur le cou &: le dos , d'un brun noirâtre ; le deftbus du cou & du corps eft blanc ; la queue eft fourchue &: variée , ainfi que fes ailes , de hrun-noirâtre fur vm fond blanc ; fes pieds font rouges , les ongles noirs ; le bec eft rouge à fon origine ^ & noir dans le refte de fa longueur. On- trouve cet oifeau , qui eft unique dans fon genre , à Cayenne , à la Louiftane & à Saint-Domingue. Bec courbé, Voye^ Avocette. Bec croise , pL eiiL 118, en XdXmLoxïa, Genre d'oifeau un peu plus gros que le moineau franc , re- connoiftable fur-tout par la forme fmguliere &; unique de fon bec , lequel eft compofé de deux pièces pro« 1 3 lon2;ées , courbées à leur extrémité en fens contraire l'une de l'autre , ( la iupérieure de haut en bas , & l'intérieure de bas en haut ) & qui fe croifent mutuel- lement ; ce qui a fait donner à cet oifeau le nom de h.c crcijc. La fituation de ces pièces n'efl: pas toujours la même dans les oifeaux de cette efpece. Il y en a dont la pièce fupérieure pafle à droite en fe croifant avec la pièce inférieure : &; dans d'autres , elle fe trouve à gauche. La forme de ce bec fert à ces oifeaux pour gi imper, pour s'accrocher, pour ouvrir, fendre par le milieu les pommes de fapïn , tous les fruits des arbres conifères , même , luivant la faifon , les pommes , les poires & autres fruits , pour prendre dans leur intérieur les pépins ou femences ou amandes , dont ils font fort friands : on voit cet oifeau au Cabinet du Jardin du R.oi. On dit que la couleur de fon plumage , excepté celui de la queue ^ des ailes , change trois fois de couleur par an , fuivant les faifons de l'année ; qu'il efl vert en automne , jaune en hiver , & rougeâtre au printemps ; d'autres afiurent qu'il paile par chacune de ces couleurs d'une année à une autre : fentiment qui parcît auffi vraifemblable , ce changement pouvant très-bien dépendre autant de l'âge ëc du iéxe de l'oifeau que de la mue. Le chant de cet animal eil foible mais afîez agréable , & ne fe fait entendre que pendant l'hiver. Il fait ordinairement fon nid fur les fapins , vers la fin de l'hiver ; il ne fait qu'une ponte par an ^ & elle ell de quatre ou cinq œufs. Ces oifeaux qui font fortement imprégnés de l'odeur de térébenthine , ont cependant la chair d'un bon goût ; ils font com- muns en Allemagne , en Suéde & en Nor^'ege ; il en vient aufTi quelquefois fur les Côtes Occidentales d'Angleterre , où ils font grand dégât dans les vergers. Il y a environ trente ans qu'on en vit arriver une grande quantité aux environs de Paris. On ne compte qu'une véritable efpece de hec crcifé , celle dont nous Venons de parler^ Loxia yafuolor , dont le dos eil BEC IÎ5 ïioirâtre , la poitrine & le ventre font d'un brun- pourpre ; l'autre n'eneft qu'une variété ,&: s'appelle le bec croifé roufs atre^ Loxia rufefccns. Sa tête eil affez rouge. Bec a cuiller. Voyei Cuiller. Bec a Faucon de Dampkr, Voyez mé C indus , & d'autres Glanola ). Nom donné à un genre d'oifeau différent de celui de la bécajjl , 6l dont on diflingue plufieurs efpeces. Le caraâere du bUaffeau efl d'avoir quatre doigts à chaque pied, trois devant & un derrière, le bec d'un vert obfcur, croit juf- qu'au milieu de la longueur un peu obtus , & légère- ment courbé vers la pointe. Le bécajfeaîi vulgaire , pi. enL 843 , Gui perte aufîl le nom de cul-blanc ^pied-vert , pive:te ^Jiffl^jjon ,a les pieds verts , le corps bmn tacheté de blanc , le cou cendré tacheté de brun , ck eft de la grofîeiLr du pluvier doré. Les ailes étant croifées font prefoue de la lon- gueur de la queue j les pieds font verdâtres 6c les 144 BEC ongles noirâtres : ce bécajfcau fe plaît 'dans les lieux pailîbles & iblitaires , excepté dans les temps de l'ap- pariement; alors le mâle & la femelle vont de com- paonie ; mais on ignore en quels lieux ils font leur j3onte. Ils fréquentent ordinairement , pendant la fin de l'Eté & l'Automne , les bords découverts ëc fableux des rivières &: des ruilleaux ; cet oifeau fe nourrit de vers & de différentes efpeces d'infedes qui vivent dans i'eau ou en peuplent les bords ; il les prend à la courfe ou au vol ; il entre aifez fouvent dans Peau , & on l'y voit faifir fa proie ; il court légèrement &: avec grâce , en balançant fouvent la queue ; il rafe en volant la furface de l'eau ; fon cri n'eft pas défa- gréable. Les bicajfcaux n'ont de rixes entre eux qu'à la découverte d'une proie ou plus abondante , ou pour laquelle ils ont un goût plus décidé. BECASSINE , pL ml, 883 , en latin Gallinago mïnor. Oifeau de paffage , de la groffeur à-peu-prés de la caille , remarquable par la longueur de fon bec qui a près de trois pouces. Les plumes du dos de cet oifeau font de la couleur de celles de l'alouette ; le dellous de la gorge & des ailes elf blanc Ôc entremêlé agréablement de noir dans plufieurs endroits. L'iris des yeux ell de couleur de noifette , les pattes font d'un vert pâle , les doigts font longs & féparés dès leur naiflance. La bkafjim eft du genre de la bécajfc. Ces oifeaux nous arrivent de l'Allemagne en Au- tomne 5 &: s'en retournent au Printemps : ils vivent afléz folitaires , & habitent les prairies balles , les lieux marécageux : ils fe plaifent fur les bords des petites mares d'eau , ou dans les herbages & les plants d'ofiers qui bordent les rivières , où ils cherchent des vers & d'autres infedes à l'aide de leur bec. Ils nichent quelquefois dans les parties les moins acceffibles de nos marais ; ils placent leur nid au pied des faules ou des aunes ; ce nid efl conllruit d'herbes feches , àc garni de plumes à l'intérieur. La femelle pond quatre BEC 14^ t[uatfe où cinq œufs blancs tiquetés ck rouge. Lorfqué k bkajjinz prend Ion efîbr , elle jette un petit cri : €lle eft fort diiîicile à tirer , à moins qu'on ne choiiifle l'inflant où elle vole en ligne droite ; car fon vol eft k plus communément îrèi-fiaueux , c'eil-à-dire , en crochet. L'efpece de la hkajjim ell très-rcpandue flir les terres QS Botanifles défignent ainfi le bmen rouge ^ Valc* rianœ rubrœ Jîmilïs pro Limonio mljja^ Dod. Pempt. 351; Limonium Maridmum majus ^ C. B. Pin. 192 ; Limonium majus miiltïs , alus Behcn rubrum , J. B. 3 , app. 876. Ils ont ainfî déiigné le béen ou béhen blanc des jardins , Lychnis fylvcjîris^ quce Behen album vulgo , Tourn. 335, C. B. Pin. 20^ ; Been album cffxïnar, J. B. 3 , 356; Been album fîve Polemonium^ Dod. Pempt. 172. Pour ce qui concerne le Béhen rouge de nos jardins ; Voye^^ à la fuite de Vartlck Statice. L'efpece appelée Béhen blanc ou Carnillet , Cucu^ halus Behcn ^ Linn. 591 , eil vivace par la racine. Ses tiges font longues de deux à trois pieds , noueufes vers le bas, branchues, étalées, foibles &: garnies de poils foibles. Ses fleurs font pédunculées, blanchâtres & pendantes : la corolle eft à cinq pétales écartés; le calice eft globuleux & veiné : les feuilles font lancéo- BEI BEL I5Î îées, cîîgiiës, glabres 5c d'un vert-glauque. Cette efpece croît naturellement dans les prés fecs, lur le bord des champs & des chemins. Foye^ Vartick Cucubalf. ' BEÎDELSAR ou Beidel-ossar. Efpece à'apodn ou plutôt à'afckpias^ dont on fait beaucoup d'ufage en Afrique contre la fièvre, &: ûir-tout contre la niorfure des bêtes venimeufes. Les Nègres réduifent en poudre l'écorce de fa racine, & la mêlent avec de la poupre de charbon de la même racine : ce mé- lange eil un excellent caufiique qui ronge les boutons galeux & vénériens. Voye:( Apocin. BÉJUCO GRIMPANT, Hippocratea fcandens ^ Linn, Jacq.; Coafcandens ^fructu trigemino ^fubrotundo ^ Plum. ; Bejîico pmdulus ^ flonhus pmdïcidatis y Laefl. C'eii un arbre fannenteux, qui grimpe & fe foutient fur les arbres qui font près de lui , fans s'entortiller autour de leur tronc. S^s fleurs font fans odeur, petites, à cinq pétales, & d'un jaune- verdâtre; les fruits font compofés de trois capfules obtufes, comprimées ; elles contiennent chacune environ cinq femences, garnies d'une aile membraneufe. Les feuilles font oppofées, ovalaires, légèrement dentées. Cet arbre croît à Saint- Domingue, à la Martinique, & aux environs de Car- thagene dans l'Amérique Méridionale. BEKKER-EL-\YASH. Les Arabes donnent ce nom au Zehu , petit bœuf à boffe. Voyc^^ AuROCHS & Zebu. BEL AME, Cliipea Bcclama^ Forsk: Cliipca fetirojîns ^ Broullbnet , Icht, decas prima. Poificn du genre du dupe. Il fe trouve dans la Mer Pacifique. Son corps eft comprimé, de la forme d'un fer de lance; entre îa gueule oC l'anus , ' efl une efpece de dentelure for- mée par environ vingt- cinq ofTelets pointus , dont chacun a deux autres ofTelets adjacens qui s'élèvent en ligne droite ; les écailles font en recouvrement , dif- pofées fur des lignes obliques , peu adhérentes à la peau ; la iètt com.primée par les côtés, en forme de carène ^jar-deiTous ; la peau de la tête percée d'une multitude 1^6 ^ .^ L de trous inégaux; la mâchoire de defTus p^us largué que celle de defibus; les dents courtes & d'inégale grandeur ; chaque narine a deux ouvertures ; les yeux Tont orbiculaires , les paupières noires ; leurs iris ar- gentés, & nues de vert 6c de rougeâtre, fur -tout vers le haut ; les opercules argentés ; la nageoire dorfale a fes rayons mous & flexibles , & les derniers font fourchus à leur extrémité. Ce poifTon a des nageoires pedorales , abdominales ; celle de l'anus & celle de la queue font partagées en deux lobes égaux. La couleur du dos eft d'un bleu-verdâtre ; les côtés & le ventre d'un brillant d'argent; les nageoires font blanchâtres. BÊLEMENT , Balatus. Se dit du cri du bélier , des brebis , des agneaux & de la chèvre. Quand le petit de ces efpeces bêU , la mère qui l'entend lui répond. Les moutons bêlmt beaucoup en fortant le matin de l'étable , pour aller aux champs , & le foir quand ils en reviennent, l^oyci Brebis & Chèvre. BÉLEMNITE. Corps tcfîile, dur, pierreux, cal- caire , de forme conique , de diverfes grolieurs , 6c que l'on trouve dans toutes fortes de lits de terr- , de fable , de marne ou de pierre , prefque toujours accon>^ pagné de coquillages ou autres dépouilles de l'Océan, Dans toutes les langues on a nommé les hélemnltes pierres de foudre ou de tonnerre , dans la fauffe luppo- fition qu'elles étoient formées dans les nues, & qu'elles tomboient avec la foudre. D'autres les ont nommées pierres de lynx ^ prétendant qu'elles fe formoient dans l'urine du lynx. Les Naturalises ne font point d'accord fur l'origine de ce fofTile : on n'a pas encore prouvé d'une manière bien décifive, fl c'eft une pétrification originaire du règne animal. Eft-ce une holothurie fojjile ^ ou une forte à'orthocératite^ ou une pointe d'ourjin d'une efpece particulière, ou une dent d'animal? Quant à leur ilruâure , on peut remarquer que les béUmnites font en général d'une figure fort régu- lière , quoique de formes différentes entre elles. Les u^c:^ B EL 157 font parfaitement coniques , ou reflfemblent au fer d'une flèche, les autres prefque cylindriques, & les autres renflées dans le milieu ou en fufeau , ou comprimées. (M. V'iaht^ de la Société de Chatons^ en a trouvé près de cette ville une à deux pointes : l'on en a vu auiîi deux femblables dans notre Cabinet , qui ont été trou- vées p'-ès de Caën). Leur longueur efl depuis deux pouces jufqu'à huit & plus. Leur grolTeur efl: depuis celle d'une plume à écrire jufqu'à trois ou quatre pouces de c'^rconférence. Elles ont à leur furface une ou plu- fieurs cannelures plus ou moins marquées qui régnent depuis la bafe jufqu'à la pointe. Dans leur intérieur on obterve un petit tuyau ou (iphon pyramidal , qui traverfe tout le cône & en fait l'axe, & la matière paroît difpofée en rayons qui divergent du centre à la circonférence , ainfi qu'on l'obferve dans celles qui font cafTées. Elles font aufîi toutes compofées de couches circulaires, qu'on peut aifément féparer les unes des autres, en mettant la pierre fur un charbon ardent ou à la flamme d'une forte bougie , & la plon- geant enfuite dans de l'eau froide. Alors il en fort une mauvaife odeur de corne brûlée, ou d'urine de chat. C'efl cette conformation organique qui a déterminé M. Bourguct , dans fes Latres philofophiques fur la fcr^ mation des fels & des criflaux , à regarder les béUmnites comme les dents de quelques animaux , & particuliè- rement comme les dents droites du crocodile. M. U Monnïer , d'après d'autres obfervations , les regarde comme appartenantes au règne minéral. Enfin dans le Diclïonnaïre d^Oriclolog'ie , oii l'on voit une afTez longue differtation fur les béUmnites , on les foupçonne d'avoir été la demeure &: l'ou- vrage d'un polype articulé , olTeux , ôc doué d'un fiphon. D'après cet expofé , & la comparaifon du nombre prodigieux de héUmnlus quç nous ayons pu faire y foit îj8 BEL dans les Cabinets , foit en voyageant , nous ferions tentés de croire que la hclcjnn'm efî: un coquillage droit , fans Jplrales y mais chambre & fojjlk ^ d'autant plus que toutes celles qui font entières ou les mieux confer- vées 5 ont à leur bafe une cavité de figure conique , plus ou moins large & longue ; cette cavité eil fou- vent vide , & quelquefois pleine de fable ; d'autres fois aufîî on y trouve une alvéole fort curieiu^e , com- pofée de petites clôifons ou coupes orbiculaires , convexes en defiiis , femblables aux verres des montres de poche , empilées l'une dans l'autre , & qui , toutes enfemble , forment un cône fort analogue à Vorthccé- ratite. Voyez ce mot. Ces coupes femblent commu- niquer entre elles par un petit fiphon ou canal , qui fe prolonge dans toute la longueur de l'axe de la héUmnitc» On prétend que la hlkmnite calcinée eft la bafe du fameiLX remède lithontriptique de Mademoifelle Stcfms de Londres. Les Allemands la croient bonne contre le cauchemar. BELETTE , Bhnnius mujldaris , Linn. Poiflbn du genre du Blewie ; il fe trouve dans la Mer des Indes. La première nageoire dorfale n'a que trois rayons ; la féconde en a environ quarante ; les nageoires peclorales en ont chacune feize ou dix-fept ; les abdominales deux; celle de l'anus vingt-huit ou vingt-neuf; celle de la queue en a environ douze. Cette efpece de hlmnt n'a point de crête fur la tête. Belette , Muflda vuLgaris. Joli petit quadrupède , d'une forme alongée , très-bas de pattes , & qui femble fait pour fe gliffer &: s'infmuer dans les plus petites ouvertures. Son dos & les côtés du corps font de cou- leur rouffe ; la gorge & le ventre font blancs ; fa tête efl alongée ; fes oreilles qui font courtes , ont de fm- gulier que la partie poUérieure de la conque eft dcubie , c'eft-à-dire compofée de deux panneaux qui forment une forte de poçhep dont l'enti'ée çft au bord de 1^ conque. BEL i^^ Cet anîmaî , qui a ûx dents incifîves à chaque mâ- choire 6c les doigts onguiculés , eft aufTi commun dans les pays tempérés &: chauds , qu'il eii rare dans les climats froids. Comme parmi les l^eUttes ordinaires il y en a quelques-unes qui , comme V hermine , devien- nent blanches pendant l'Hiver , même dans notre climat^ cela avoir donné lieu de les confondre , & de les prendre pour le même animal. Il eli à oblerver que V hermine , roufTe en Eté , blanche en Hiver , a en tout temps le bout de la queue noire : la belette au contraire , même celle qui blanchit en Hiver , a le bout de la queue jaune ; & cette queue , ainfi que la corpulence de la belette , font fenfibîement plus petites. De plus , V hermine habite les déferts 6c les bois , & ne fe trouve qu'en très-petit nombre dans les régions tempérées : on n'en trouve point vers le Midi ; mais elles font tr^s-abondantes dans le Nord, /^ojq Hermine. La belette eft avec l'hermine , la plus petite , mais non la moins fmguinaire de cette claffe inférieure de menues bêtes de proie à corps alongé 6c à marche rampante , furets^ fouines ^ putois ^ qui s'infmuent dans les colombiers , les poulaillers , dans les volières , 6c y font les exécutions les plus fanglantes. La belette eil: fort vive 6c fort agile : en Hiver elle habite dans les greniers , les granges , les é tables , 6c fur-tout dans les trous en terre. En Été , elle va à quelque diiîance des maifons , fur-tout dans les lieux bas , autour des moulins , le long des ruiffeaux 6c àQS rivières. Sa rufe la porte à fe cacher dans les builfons pour attraper de petits oifeaux. La belette , quoique moins forte que le putois 6c la fouine , puifqu'elle n'a que fept pouces de longueur , fait néanmoins la guerre aux volailles, aux pigeons, &c. En eitet , elle eil le fléau des baifes-cours 6c du gibier. Elle cherche avec avidité les œufs de poules 6c de pigeons , qu'elle caiTe pour les fucer. Ce petit animal tue les jeunes poulets & les petits pouffins ^ 4'uu coup de- dent qu'il leui i^o BEL donne à la tête , Se les emporte les uns aprèà les autres dans ion trou. Il eil tres-triand de cervelle. Il parcourt les champs & les prairies , dévore les cailles 6c leurs ceufs. Il eil fi courageux &: li hardi , qu'il attaque des animaux plus gros que lui , tels que de gros rats d'eau ; on prétend même qu'il leur donne la chaffe de quelque efpece qu'ils foient. Il furprend les taupes dans leur îrou : il efl affez lefle &: affez fin pour attraper des chauve-fouris 6c des moineaux , 6cc. dont il llice le fang. Il ne dédaigne point d'attaquer les mulots & les couleuvres , 6c de lavourer la chair corrompue. II n'entre point dans les ruches comme le putois 6c la fouine , n'étant point friand de miel. Dans fes courfes fanguinaires , la belette ne marche jamais d'un pas égal, elle ne va qu'en bondiffant par petits fauts inégaux 6c précipités ; 6c lorfqu'elle veut monter fur un arbre , elle fait un bond par lequel elle s'élève tout d'un coup à plufieurs pieds de hauteur ; elle bondit de même iorfqu'elle veut attraper un oiiéau. La femelle met bas au Printemps ; fes portées font de quatre ou cinq petits , qu'elle tient dans le foin ou la paille. Lorfqu'elle met bas dans le creux d'un vieux faule , elle leur prépare un lit avec de l'herbe , de la paille , des feuilles. Ces petits naiffent les yeux fermés , mais en peu de temps ils prennent affez d'accroiifement 6c de force pour fuivre leur mère à la chalTe. Cet animal dort les trois quarts du jour , 6c emploie îa plus grande partie de la nuit à manger ou à chercher fa proie. Il marche toujours en filence , 6c ne donne jamais de voix qu'on ne le frappe ; il pouÛe alors un cri aigre 6c enroué qui exprime la colère ou la dou- leur. En Été il a une odeur extrêmement forte 6c défagréable : on dit cependant qu'en fe frottant fur les arbres il y laiffe une efpece d'humeur onciueufe , qui fent beaucoup le mufc ; ce qui pourroit être , puifque l'odeur du mufc elle-même eu tres-défagréable lorf- qu'elle eil trop concentrée, La kkuc eu ix farouche , BEL i6i fi conftamment fauvage , qu'on ne peut rapprivoifer : elle s'agite dans fa cage , & cherche à fe cacher ; c'eft pourquoi , fi on veut la conferver , il faut mettre dedans un paquet d'étoupes , dans lequel elle puilie fe fourrer. A l'égard de la belene Amériquaine à longue queue & à griffes d'écureuil , Foye^ à Vanïck PoTTO. La bd-uu de Java , elf le Vansire. Voyti^ ce mot» La grojfc belette noire du Bréjîl , efl le Tayra. Foye:i^ ce mot. BELIER , Arles. Ce quadrupède à pied fourchu eft le mâle de la brebis, il porte le nom à' agneau ( agnus ) dans les premiers temps de fa vie , & prend celui de mouton (^vervcx") , lorlqu'il a été coupé. La brebis (ovis) porte auiïi les noms à^agmau & de mouton dans les mêmes cir confiances. Foye^ Agneau. On peut dire en quelque forte , que les moutons font des animaux factices , que l'induftrie humaine a façonnés pour en tirer plus d'avantages. L'homme a joui de tout fon empire fur cette efpece d'animal , qui 5 fuivant la remarque de M. de Buffon , ne doit , pour ainfi dire , fon exiflence qu a la protection qui lui a été donnée. Sans le fecours de l'homme , cet animal foible feroit devenu & dévie ndr oit encore la proie de la voracité des efpeces qui font fes ennemis : aulîi obferve-t-on que l'on ne trouve point de brebis fauvages dans les défe rts , tandis qu'on y retrouve les analogues des diverfes autres efpeces d'animaux domef- tiques. Nous difons que notre brebis domeflique , telle qu'elle eil aujourd'hui , ne pourroit fubiifler d'elle- même , c'ell~à-dire , fans le fecours de Phomme ; mais il eft également certain que la Nature ne l'a pas pro- duite auiîi fcible qu'elle l'cfl préfentement : cet animal a donc dégénéré « il s'ell abâtardi entre nos mains ^ ôC l'on en peut reconnaître la fouche primitive dans le moufflon qui fe trouve en RuiFie , en Tartarie, en Perfe^ en Syrie , &c. Foys^ MouFFLON, Tome IL L i6i BEL De tous les animaux quadrupèdes dans î'ctat de domeliicité , cette efpece eft la plus ftupide ; elle a moins de rellources & de fentiment que la chevn : &C ce qui dans les animaux , dit l'illuftre M. de Buffon , paroît être le dernier degré de la timidité ou de l'in- lénfibilité , la brebis fe laiffe enlever fon agneau fans le défendre , fans s'irriter , fans réfijfter & fans marquer fa douleur par lui en différent du bêlement ordinaire. Mais cet animal , ajoute-t-il , fi chétif en lui-même , fi dénué de qualités intérieures , tû pour l'homme J'animai le plus précieux , celui dont l'utilité eil la plus immédiate 6c la plus étendue ; feul , il peut fufîire aux befoins de première néceiïité ; il fournit tout à la fois de quoi fe nourrir & fe vêtir , fans compter les avan- tages parti cifiiers qu'on fait tirer du iiiif , du lait , de la peau , &: même des boyaux , àts os & du fumier de cet animal , auquel il femble que la Nature n'ait pour ainfi dire rien accordé en propre , rien donné que pour le rendre à 1'hom.me ; auiii cette efpece cil- elle immolée à nos befoins. Il n'y a que l'amour , dit M. de Buffon , qui dans les animaux eii: le fentiment le plus vif oc le plus général , qui femble donner quelque vivacité ôc quelque mou- vement au bclier : lorfqu'il ell: en rut , il devient pétu- lant , il fe bat , il s'élance contre les autres béuers ; quelquefois même il attaque fon Berger. Mais la brebis quoique en chaleur , n'en paroît pas plus animée , pas plus émue : elle n'a d'inftind qu'autant qu'il en faut pour ne pas refiifer les approches du mâle , pour choifir fa nourriture , & pour reconnoître fon agneau. L'inftin£t eft d'autant plus sûr , qu'il efî plus machinal , 6c , pour ainli dire , plus inné. Le jeune agneau cherche lui- même dans un nombreux troupeau , trouve & faifit la mamelle de fa mère , fans jamais fe méprendre. Il y a des efpeces dans la Nature où la femelle peut également fervir à deux mâles d'efpeces différentes , êc produire de tous deux ; la brebis produit aA'ec le BEL 165 houe aiiffi bien qu'avec le bélier , & produit toujours des agneaux , des individus de fon eipece ; le bélier^ au contraire, ne produit point avec la chèvre ; on peut donc regarder la brebis comme une femelle commune à deux mâles difFérens , ôc par conféquent elle conftitue l'efpece indépendamment du mâle. Que de conjedures fur le croiiement des efpeces s'offrent ici à l'elprit qui réfléchit ? Le bélier porte fur la tête des cornes , qui viennent fe coPxtourner fur le devant en forme de demi-cercle : elles font aulîi quelquefois contournées en fpirale , creufes & ridées. On connoît l'âge du bélier par ces cornes : elles parolffent dès la première année , fouvent même dès la naifiance , &: croillent tous les ans d'un anneau jufqu'à l'extrémité de fa vie. Communément les brebis n'ont pas de cornes , mais elles ont fur la tête des proéminences offeufes aux mêmes endroits où naiffent les cornes des béliers, A un an les béliers , les brebis 6c les moutons perdent les deux dents de devant de la mâchoire inférieure ; car ils manquent de dents incifives à la mâchoire fupérieure. Ils perdent le refte de leurs premières dents jufqu'à l'âge de trois ans , cil elles font remplacées par d'autres qui font égales, affez blanches , mais qui , à mefure que l'animal vieil- lit , fe déchaufïent quelquefois , s'émouffent , & de- viennent inégales 6c noires. Ainfi on juge de l'âge des moutons par l'état de leurs dents. Ils n'ont d'abord que huit dents canines à la mâchoire inférieure ; deux de ces dents font , au bout d'un an , remplacées par des mâchelieres , quatre à deux ans , fix à trois ans , ôc les huit enfin à quatre ans. Elles fe foutîennent en bon état environ un an ; & leur dépériffement fucceilif indique la fuite de cet âge. Il y a des béliers qui n'ont point de cornes ; on en voit beaucoup en Angleterre ; mais ceux qui en ont paffent pour être plus ardens & plus propres à féconder les hreh'is. On doit choiiir pour couvrir les brebis^ L i i(Î4 BEL & pour fe procurer une belle race , les héliers qui paroiflent les plus vigoureux 6c les plus propres à la génération. Tels font ceux dont les teflicules font les plus gros , qui font les plus garnis de laine dans les endroits oii il en manque ordinairement. Ils doivent avoir la tête forte ôc grolTe , le nez camus , le front large , les yeux noirs 6c gros , les oreilles grandes , le corps long 6c élevé , l'encolure 6c le râble large , le ventre grand , la queue longue , 6c de belles cornes , quoique ces armes les rendent dangereux ou incom- modes dans un troupeau ; mais pour les empêcher de daguer , on leur perce les cornes près des oreilles , à l'endroit où elles fe courbent ; d'autres fois on attache à la racine des cornes un morceau de planche garni de pointes de fer tournées du côté du front , qui piquent l'animal toutes les fois qu'il donne un coup de tête. Les brebis dont la laine eft la plus abondante , la plus touffue 5 la plus longue , la plus foyeufe 6c la plus blanche , font aufTi les meilleures pour la propagation ; fur-tout fi elles ont en même temps le corps grand , le cou épais 6c la démarche légtre. On obferve auffi que celles qui font plutôt maigres que graffes , pro- duifent plus sûrement que les autres. La durée la plus ordinaire des béliers efl de douze à quatorze ans. Cet animal pourroit engendrer à dix-huit ou vingt-mois , mais on ne doit lui permettre de faire uiage de fes forces qu'à l'âge de trois ans ; ( à deux ans pour les brebis ; ) un feul peut fafîire à vingt-cinq ou trente brebis ; 6c par un goût qui doit nous paroître bizarre , il s'attache de préférence aux brebis âgées , 6c dédaigne les jeunes. Au bout de huit ans il n'eft plus guère propre à la génération de l'efpece. Alors on le bif- tourne , ( c'eû lui comprimer 6c lui tordre les tefli- cules , ) afin de le faire engraiffer ; mais fa chair tient toujours un peu de l'odeur 6c du goût de celle du bouc. Il n'en efl: pas de même de celle du mouton qui a fiibi la caûration d^ns fa jeunefle. BAL i^j' Quoique la toifon d'un hélkr foit entièrement blan-» tîie , on prétend qu'il ne produit que des agneaux tachetés , lorlqu'il a la moindre tache à la langue ou au palais. On ne voit en France que des moutons blancs , bruns, noirs & tachetés ; il y en a de roux en Efpagne , de jaunes en EcoiTe. La bnhis & les moutons ^ dont le naturel efl fi {im- pie , font d'un tempérament délicat. Dès qu'ils cou- rent , ils palpitent , &: font bientôt effoufflés ; la fatigue les abat; la grande chaleur, l'ardeur du foleil les incommodent autant que l'humidité y le froid & la neige : quelquefois ils deviennent boiteux, ou de lafîîtude , ou parce que leurs ongles font ramollis pour avoir refté long-temps dans la fiente de l'animal. Les moutons & les brebis font fujets à la vermine , à la gale , à la fièvre , à l'enflure , à la difficulté de ref- pirer, à la morve, à Vavcrtln^ vertige ou étourdif- fement ( ^ ) , en un mot à un grand nombre de ma- ladies , dont la plupart font contagleufes. Les mauvaifes herbes qu'ils peuvent rencontrer dans les pâturages y contribuent beaucoup ; notamment la crapaudine & une efpece de renoncule, appelée par les Payfans douve j^, & par les Botaniftes , Ranunculus longifolius palujlrïs , ( Gafp. Bauh. Pin. ); cependant la crapaudine, T^^m^w, ne leur eft point encore li dangereufe que cette efpece de renoncule. Les moutons font quelquefois tourmen- tés par un infefte qui dépofe fes œufs dans leur nez, C'eft un Oîjïre. Voyez l'article MouCHE DES VERS. BU NEZ DES Moutons, Les Bergers appellent du nom de claveau ou cla^ velée , ou clavin , une maladie qui fait beaucoup de ravage parmi les brebis ; c'efl: une efpece de petite vérole qui eu beaucoup moins dangereufe dans le (a) M. l'Abbé Fontana dit qu'il fe trouve une vefTie au cerveau ^ dans le côté oppofé à celui fur lequel les moutons ^ dans leur accès de folie, tombent; c'eft une efpece d'hydatid» remplie d'une lymphe partie. euUere, & dans laquelle fe trouvent des vers oviformes. L5 i66 BEL printemps & l'automne qu'en été & en hiver. Cette maladie fe manifefle par des puftuîes ou boutons qui s'élèvent fur tout le corps de l'animal , & principa* îement fur les parties dénuées de laine. L'éruption eiî retardée ou accélérée félon la température de l'air , la force & l'âge des bêtes , & que le troupeau eft pli; s ou moins nombreux. En un mot , les périodes & les circonflances de cette maladie ont beaucoup de reffemblance avec ceux de la petite vérole qui affefte les hommes. Confultez le Traité intitulé : Médecine des Bêtes à laine. Il paroît que l'air eft le véhicule de ce venin contagieux , de même que dans la plupart des maladies épidémiques ou épizootiques. En effet , une brebis attaquée du virus variolique, communique très rapidement ce mal à tout un troupeau. Une obfer- vation bien digne de remarque, c'eft que tous les agne aux qui naiflent de brebis infeftées , ne font point attaqués, même en tétant leur mère durant tout le cours de la maladie. Ces agneaux n'auroient - ils pas eu la maladie dans le ventre de la mère ? Dès que le clavin fe manifefte , la brebis devient trifte & lan- guiffante ; il faut aufTi-tôt la mettre dans une étable à part 5 valle , plus aérée en été qu'en hiver. Il faut faire prendre du foufrc ou de Vajfa fœtida en poudre à l'animal , à la dofe d'une demi-once mêlée avec du fon & un peu de fel marin. L'un de ces remèdes agit par tranfpiration , & l'autre par les urines. Il faut auiîi faire ufage d'un feton enduit de bafiUcum, On propofe aujourd'hui d'inoculer le clavin à l'inflar de l'inocula- tion de la petite vérole. La faifon de la chaleur des hrehis eft depuis le commencement de Novembre jufqu'à la fin d'Avril. Cependant elles ne laifTent pas de concevoir en tout temps , fi on leur donne , auffi-bien qu'au hélicr , des nourritures qui les échauffent, comme de l'eau falée & du pain de chenevis. Elles portent cinq mois , & mettent bas au commencement du fixieme : elles ne BEL i6y prodiilfent ordinairement qu'un agneau , & quelquefois àtwK, Dans les climats chauds elles peuvent produire deux fois par an ; mais en France & dans les pays plus froids , elles ne produifent qunne fois par année. Pendant les premiers jours qui fui vent la fécondation , l'œuf d'une hnhis , dit M. de Halhr ^ ( Mémoires dz r Académie des Sciences , année ijdo^ , ) paroît ne ren- fermer qu'une efpece de lymphe ; il eit encore gélati- neux le dix-feptieme jour. Après ce terme , l'on diilin* gue fort bien le fœtus enveloppé de fes membranes. Sa longueur eft d'environ trois lignes. Il avoit donc pris un accroiffement conhdérable fous la forme de fluide , & enfuite fous celle de gelée ; mais fa tranf- parence ne permettoit pas de le reconnoître. Les brebis mettent bas difficilement : auffi eft - on fouvent obligé d'aider à leur accouchement ; elles font fujettes à fe bleifer, à avorter fréquemment ; elles devien- nent quelquefois llériles , & il n'efl pas rare qu'elles fajffent des monftres ; auiîi demandent-elles beaucoup plus de foins qu'aucun des autres animaux domeftiques. On ne îaiiTe point teter à l'agneau le premier lait contenu dans les mamelles de fa mère , parce que ce lait , dit-on , efl: gâté , & feroit beaucoup de mal à l'agneau ; mais c'eil une erreur. La brebis a du lait pendant fept ou huit mois , & en grande abondance. Ce lait efl une alTez bonne nour- riture pour les enfans & les gens de la campagne ; on en fait auiîi de bon fromage , fur - tout en le mêlant avec celui de vache. Le temps de traire les^ brebis efl avant qu'elles aillent aux champs , ou immédiatement après qu'elles en font revenues : on peut les traire deux fois par jour en été , & une fois en hiver. Les brebis & les moutons aiment beaucoup le fel, qui leur efl en effet très-favorable ; car on a obfervé que quelques troupeaux avoient été garantis de mala- dies contagieufes par l'ufage du fel , ainfi que des trou- peaux de vaches & autres bêt^s à cornes ; le fel pro- L4 î6S BEL duit un effet merveilleux ; il leur facilite la digertîoîi ; & ces animaux extraient de la même quantité d'herbes une p'us grande quantité de fubitance nutritive , ce qui leur procure une plus grande abondance de lait. On efl dans Tufage, en Languedoc, de ne donner du lel aux beftiaux que pendant l'hiver. La quantité qui leur fuffit eft une livre de fel en huit jours pour vingt moutons : on a foin de les empêcher de boire le reile du jour oii ils ont mangé du fel ; ils ont enfuite un grand appétit. Les laines des moutons qui ufent de fel , font plus belles & meilleures. Il n'y a que le Gouvernement qui puifTe faciliter cet ufage important, en diminuant le prix du fel ; ce feroit une perte paf- fagere qui tourneroit en plus grand émolument. Voyc^ le Tome 1 des Mémoires prifcntés à l^ Académie Royale des Sciences, La cb?ar des moutons qui paifTent dans un terrain fec & dans des pacages ou près falés , acquiert im goût des plus agréables, (tels font les moutons de Dieppe^ connus tous le nom de moutons de pré f aie , ceux de Ganges en bas Languedoc , &: ceux de la plaine de la Crau en Provence ) . Aufîi dans quelques bergeries a-t-on foin de mettre dans quelque endroit un fac de fel ou une pierre falée , {falégre) , que les moutons yont tous lécher tour-à-tour. Rien ne contribue plus à l'engrais des moutons que l'eau prife en grande quantité , 6c rien ne s'y oppofe davantage que l'ardeur du foleil ; mais ceux qui les ont engraiiiés de cette manière , & même de toute autre , doivent s'en défaire aufîi-tôt qu'ils font en- grailTés , c'eil-à-dire les vendre pour la boucherie ; car on ne peut jamais les engraifler deux fois , & ils périment par des maladies du foie , occafionées par les vers qui s'y engendrent. Les moutons n'ont pas d'au- tre graijfc que \e fui/ ^ & cette matière domine û fort dans l'habitude de leur corps , que toutes les extrémi- tés de la chair en font garnies ; ôc le mouton a le fuif BEL 1^9 |>!iî§ abondant , plus blanc , plus fec , plus ferme & de meilleure qualité qu'aucun autre animal. Voyti l'arti- cle Graisse. La caflration doit fe faire à l'âge de cmq ou lix mois , ou même un peu plus tard , au printemps ou en automne, dans un temps doux. Cette opération peut fe pratiquer de deux manières. La plus ordinaire fe fait par incifion en enlevant les tefticules ; mais on peut aulTi fimplement lier avec une corde les bourfes au-def- fus des tefticules ; &: l'on détruit par cette compreiTion îes vaifTeaux fpermatiques. Tous les ans on fait la tonte de la laine des moii' tons , des brebis & des agneaux. Dans les pays chauds , où Ton ne craint pas de mettre l'animal tout- à- fait à nu , l'on ne coupe pas la laine , on l'arrache , & on en fait fouvent deux récoltes par an. En France & dans les climats plus froids , on fe contente de ton- dre les moutons une fois par an. Le temps le plus favorable efl au mois de Mai ; la toifon a le temps de recroître pour garantir les moutons du froid de l'hiver. La laine du cou & du dos des moutons eft de la pre- mière qualité : celle qui recouvre les autres parties efl moins bonne. La laine blanche efl plus eflimée que celle qui efl colorée , parce qu'à la teinture elle peut pren- dre toutes fortes de couleurs. La laine lifle vaut mieux que la laine crépue. Les laines d'Italie , d'Efpagne & même d'An- gleterre , pafTent pour être plus fines que les laines 3e France , & la France fe voit nécefîitée d'ache- ter fort cher de l'Étranger des laines longues , blanches , fines & foyeufes qu'elle pourroit tirer de fon propre fonds , ainfi que le prouve un bon Citoyen dans un Mémoire qui a pour titre ; Cou-- Jzciirations fur Us moyens de rétablir en France Us bonnes efpeces de bêtes à laines. Cet objet mérite tellement d'attirer notre attention par fa grande utilité & par fon importance pour la richefTe de l'Etat , Î70 BEL eue l'on va préfenter un tableau raccourci cles vues de ce Patriote. La France , ainii que le prouve très-bien cet Auteur , a été en poffeiTion , pendant près de ilx fiecles , de pro- duire d'excellentes laines , tant de carde que de peigne , de toutes les qualités , 6c fi belles , que l'Etranger étoit obligé de venir fe fournir en France des laines & mcme des étofres dont il avoit befoin. Elle a perdu cet avan- tage depuis que l'Efpagne 6c TAngleterre , la Hollande & la Suéde ont eu le fecret de perfedicnner la qualité , & d'augmenter la quantité de leurs laines par l'impor- tation d'une race étrangère m^eilleure que celle du pays. L'avantage qu'a eu la France autrefois , peut fe recouvrer. Le climat 6c les pâturages qui influent tant fur la qualité des laines , font les mêmes qu'autrefois , peut-être même ces derniers font-ils perfectionnés. Les véritables moyens à employer font d'importer & de multiplier en France de bonnes efpeces de moutons , 6c à.es races choifies , appropriées au climat 6>c à l'efpece de pâturage des Provinces où on les renouvellera ; car on a dans la France plusieurs fortes de climats , & qui font pour le m.oins auffi avantageux pour élever les moutons , que ceux des voifms qui nous ont fupplantés. Les foins que l'on prendra dé ces animaux influent aufli beaucoup fur la beauté de leurs laines. Il eft utile de détniire un préjugé enraciné depuis long-temps , 6c de montrer dans le dernier degré d'évi- dence , que la France poiTede des laines de la même qualité que celles d'Angleterre. L'Auteur , d'après lequel nous parlons , s'eil afîiiré , par un examen exacl: , que la laine des plus beaux moutons de Flandres , eft d'une qualité femiblable à celle d'Angleterre , en lon- gueur , en blancheur 6c en fîneiTe. Après avoir fait pafTer par un Ouvrier intelligent une peau en fuint à\\n mouton de la meilleure efpece des environs de Lille en Flandres , il obferva que lorfqu'on enlevoiî la fuperficie de la toilbn où la fiente avoit féjourné , 6c qui avoit BEL 17Î une couleur jaune fale , le refte étolt d*une blancheur éclatante. Les tlocons de la mere-laine de cette toifon avoient fept pouces de longueur ; encore faut -il ob- ferver que l'on avcit tué l'animal cinq mois avant le temps de la tonte : les filets de la laïm préfervée ref- fembloient à de la foie blanche , tant ils étoient fins & luifans. Cette laïm comparée à celle d'Angleterre filée , car on ne la reçoit jamais autrement en droiture , ne préfenta pas la moindre diîiérence en qualité. Il fuit donc de ces obfervations , que l'on pourroit recueil- hr, fans fortir du Royaume , en tenant les bêtes à laine proprement , &; en en prenant les foins néceiTaires , des laïms aufli longues , aufïi blanches & auiîi fines que celles d'Angleterre. Le François ayant la manie de préférer les matières étrangères , à qualités égales ^ à celles de fon crû, les Mar- chands font convenus dans le commerce de vendre fous le nom de lalm d^ Angleterre la belle laine de Flan- dres triée , qui , ainfi que celle d'Angleterre , fe vend jufqu'à cent fous la livre. Les Hollandois en ufent de même, & on a recours à la même fupercherie pour certaines étoffes de foie. S'il exifte quelque légère différence entre nos belles laines de Flandres &: celles d'Angleterre, c'efl que les nôtres ne prennent pas auiîi bien la teinture de cou- leur de feu que celles d'Angleterre, défaut qui difpa- roîtra dès qu'on aura foin de tenir proprement les bêtes à laine. On peut faire de toutes les qualités de laines deux claffes principales , & rapporter toutes les laines cour- tes à la clafie des laines d'Efpagne, les longues à la claiTe de celles d'Angleterre. Le Roufîillon-, le Langue- doc , le Berry , font des qualités d'Efpagne ; les mou- tons de ces Provinces donnent ordinairement quatre livres d'une laine qui diffère peu de celle que donnent les moutons des plaines de Ségovie en El pagne. Les moutons Flandrins , qui font notre efpece la plui> groiïé. \ji BEL donnent depuis huit jufqu'à dix livres cfe laîne de U même efpece que celle d'Angleterre. En jetant ainfi lin coup d'œil général fur les diverfes Provinces du Royaume, on voit qu'elles font propres à nourril" diverfes efpeces de moutons. Comme il y a une analogie, un rapport eflentiel entre les pâturages, la laine & la chair des moutons^ il faut nécelTairement aiTortir les pâturages à chaque efpece de moutons, L'efpcce de mouton choifie, que Ton fera paître fur le penchant des coUines, fur les peloufes d'herbes fines, donnera une laine fine, courte & très-belle. L'efpece dont la corpulence demande une nourriture plus fubilantielle , donnera ,dans des pâtu- rages abondans & fous un climat favorable, une laine longue, belle & foyeufe, La France pourroit donc fe pafier de tout fecours étranger en pcrf.dionnant , mul- tipliant les bonnes races, fupprim.ant les moindres ^ & appropriant chaque efpece de mouton au climat & à îa nourriture qui lui ell propre. \]n coup d'œil jeté fur la manière dont les étran-- gers s'y font pris pour nous fupplanter dans cette efpece de commerce, fera peut-être très-propre à rani- mer notre émulation , & à nous faire profiter de leurs leçons pour recouvrer notre ancienne fupériorité. Vers le milieu du quatorzième fiecle, Dom Pedr& IV ^ Roi de Caftille , fuccefleur ^Alphonfi , ayant appris qu'il y avoir en Barbarie des moutons qui faifoient à leurs propriétaires un grand profit , fit venir en Efpagne im certain nombre de cette belle efpece de hélurs & de brebis d*outremcr, ganados-mmnos\ voilà l'origine è.ts belles laines de Caftille. Cette race de moutons tranfportée en Efpagne réufiit affez bien pendant deux fiecles. Le Cardinal Ximmes ^ fous le règne de Ferdi- nand h Catholique & à'ifabelle de Cajlille , la voyant dégénérer, fit venir de nouveau des béliers de Barbarie de la plus belle efpece. En Minière intelligent, ce grand homme eut foin d'exciter parmi les Efpagnols une BEL I7Î îioHe émulation pour le foin des troupeaux , en forte qu encore aujourd'hui des Chefs de familles très-diilin- guées fe font un plaifir de vifiter eux-mêmes leurs troupeaux, & que le jour de la tonte, jour d'une nouvelle fource de richefles , eft célébré par des fêtes brillantes & fomptueufes. Les Efpagnols fe fcuviennent que les Rois étoient autrefois propriétaires de la plus grande partie de ces troupeaux : de là ce grand nom- bre d'Ordonnances, dé lois pénales, de privilèges & d'immunités, établis fous difFérens règnes pour la conr fervation &c le gouvernement des troupeaux; de là cet ancien Tribunal formé fous le titre de Conjkil du grand troupeau royal , ( Conc.jo de la méfia. ) C'eil par une telle attention que les moutons rapportent annuel- lement dans le tréfor plus de trente millions de réaux : aufïï les Rois d'Efpagne^ dans leurs Ordonnances , les appellent- ils h précieux joyau de la Couronne. On fe rappelle que Philippe établit, en 1429, C Ordre de U Toifon-d'Or^ en mémoire d'une vente de laine très- confiderable , dont le produit avoit beaucoup aug- menté la rlcheffe de (qs peuples dans fes domaines de Flandres & de Brabant. Tout cela annonce de quelle importance eft pour la Nation ce genre de richelies. La Nature s'embellit & fe perfeâ:ionne fous la main du riche poiTefîeur; cette ém-ulation à foutenirla bonne race des moutons par le choix des béliers^ efi même devenue en Efpagne une forte de jaloufie ii grande, qu'on a vu de riches particuliers payer jufqu'à deux cents ducats un excellent bélier. Ce font ces mêmes .foins qui leur procurent des chevaux d'une fi belle forme , & d'une taille fi élégante, Foyc^ à fanick Cheval. Au quinzième fiecle-, Edouard IV , Roi d'Angle- terre , fit venir , avec la permiffion du Roi d'Efpagnej îrois mille bêtes blanches de cette belle race de mou- tons dont on vient de parler. Par la fageiTe de l'admi- niftration;^ l'Angleterre^ au bout de quelques aimées ^ 174 B E L fut peuplée de cette précieufe efpece. On forma des écoles de Bergers , on leur donna les inilruâ:ions né- ceffaires ; on parvint par degrés à habituer les moutons qui paiîoient d'un climat fous un autre bien différent, à fupporter le froid de l'hiver en plein air au milieu d'un parc. L'Angleterre nous fupplanta alors par les foins qu'avoit eus le prédécelTeur q\ Edouard , d'attirer en Angleterre des ouvriers François. La Reine Elifabcth s'eil couronnée de gloire par l'attention de renouveler cette race de moutons , pour l'empêcher de dégénérer ; gloire que lui avoit préparée Henri VIII. L'Angleterre doit beaucoup à ce Roi. Toutes les laines d'Angleterre ne font pas de la même beauté ; les Anglois ont trois fortes de bêtes à laine : l'efpece commune qui eft l'ancienne , oc dont les toifons ne valent pas mieux que nos groffes laines de Picardie ; l'efpece bâtarde produite par les bclUrs d'Efpagne & les brebis d'Angleterre , dont la laine tient le milieu pour la bonté ; 6c enfin la troifieme efpece qui efl celle d'Efpagne. 11 ell digne de remarque que le féjcur des bêtes Efpagnoles en Angleterre a fait changer leur laine de nature. Elle eft beaucoup plus longue , mais moins fine que celle d'Efpagne , appa- remment par la nature des pâturages àc du climat. Elle eil auifi plus blanche &: plus nette , parce qu'on y a l'attention de tenir les troupeaux plus proprement qu'en Efpagne. Une des caufes en général qui peut contribuer le plus à la beauté ÔC à la blancheur àts laines , c'eil la méthode de laver la toifon fur le corps des moutons , fur-tout lorfqu'on fait ufage d'eau favon- neufe , telle qu'en donnent quelques fontaines ; ce lavage purifie parfaitement bien les laines. En Efpagne , des Paileurs conduifent leur bétail dans des vacans immenfes , fous un ciel doux pour la faifon , &: c'efi: de ces promenades d'un territoire à l'autre , que ces moutons ont été nommés bêtes trafumantes , (^trans- humantîs, ) La vie de ces animaux 6c des Bergers qui, BEL 175 les gouvernent , eu un voyage continuel , un palTage des pâturages d'été dans les pâturages d'hiver ; poirit de bergerie ; point d'abri ni de parcs domeftiques ; point de féjour que le temps néceilaire à l'opération de la tonte. Les Anglois rafîemblent leurs bêtes à laine dans de vaftes enceintes , le long des côtes de la mer, ou à la campagne dans des terrains circonfcrits de haies vives , ou par d'autres défenfes. Ce font autant de prairies naturelles ou artificielles ; les moutons y mènent la vie fauvage , tant de jour que de nuit , fans Berger & fans chiens. Il faut en convenir , on ne voit point de loups en Angleterre , &c les voleurs n'exercent guère leur cupidité que fur les grands chemins. Au fiecîe paffé les Kollandois convaincus par l'exem- ple des pigeons , des poules-d'Inde & d'autres animaux transfplantés , que les efpeces de la vafle contrée des Indes Orientales , accoutumées une fois à Pair de l'Europe , y deviennent plus fécondes & y multiplient à fouhait , tranfporterent des Indes Orientales une efpece de béliers & de brebis , haute , alongée , groiTe de corfage , -/<:/2^o/^- tfao ou kive , c'efl-à-dlre plante pour les balais. U Her- bier Chinois cite les vertus fans nombre de cette plante qui croît naturellement dans la Grèce & en Italie. BELZEBUT de M. Brifion, Efpece de finge de la famille des Sapajous ^ qu'on voit aduellement au Jar- din du Roi , ëc qui a paru , il y a quelques années u Paris , aux yeux du public , fous les noms de behe- but , de diable de l'Inde. On l'appelle quonti à la Guiane , ôc chamcck au Pérou. C'eft le quatto de Surinam. Les Hollandois lui donnent le nom de flinger-aap ( finge voltigeur ) qui exprime très-bien l'allure de ce qua- drumane , d'autres l'ont appelé dlabk des bois à caufe de fa couleur noire. Ce Ul^ebut du Lardin du Roi , refTemble un peu à l'homme par la face. Il l'a efFedive- ment moins alongée ou phis aplatit^ que celle des BEL 197 iahouîns ^l des guenons^ ûir-îout aii-defiiis des yeux. Sa face efl de couleur roudatre , (k. fercit entièrement nue s'il n'y avoit par-ci par-là quelques poils aiTez longs. Ses oreilles font noirâtres , nues ùz, faites comme celles de l'homme ; fur les côtés de la tête , au devant des oreilles , fe voit un petit rang de poils ; la lèvre fupérieure a un peu de barbe , l'inférieure en a davan- tage ; les yeux font fort gros : le front n'a point de cils , mais il e^ élevé , ëc le poil qui y croît entre les yeux fe dirige en bas & fe termine en pointe. Le nez eft aflez large , long , aplati , 6c defcend avec tout le mufeaii en ligne oblique. Les narines ne font ouvertes qxio. vers les côtés. Les dents antérieures font au nombre de quatre à chaque mâchoire , indépendamment des autres dents de chaque côté, qui, fur-tout celles de deffus, font plus pointues éc la moitié plus longues que les autres. Ce Jingc n'a point de falles ou poches au-deiTous des joues; prefque tout fon corps eil d'un beau noir ; les poils des côtés font roux ; toute la partie inférieure du corps & l'intérieur des jambes, (ont d'un blanc-jaunâtre : il manque de pouce aux pieds de devant ; fes ongles font noirs. On obierve que fa queue , qui ell longue , eil à fon origine fort épaiffe , couverte d'un poil ferré , noir &: fe terminant en une pointe ; mais elle n'a point de poils en-deffous vers l'extrémité : on y voit une efpece de peau noire & feniblable pour la dureté à celle de la plante de pieds de l'homme. Cette queue lui lért comme d'une cinquième m.ain : elle fait, de même que la trompe de l'éléphant, l'oflice de main, & lui fert pour porter fa nourriture à la bouche , &: pour tout faifir. On voit adluellement (en 1 77 5 ) à la Ménagerie de Chantilly , un de ces fmges : il efl affez docile ; il donne la main aux dames , fouille dans leur poche & fait y prendre la boite aux bonbons qu'il mange : il prend à pleines mains le tabac en poudre & €n frotte tout fon poil. Il marche fur la corde lâche, ôc s'y fufpend par la queue qui ferre très-fort, N 3 198 BEL Il y a quelques années que je vis un fembîabîe quâ- dnimane à Amflerdam, dans la Ménagerie de M. Berg- mcycr. Il étoit attaché par une chaîne &: un anneau , à une longue corde tendue, autour de laquelle il entortillcit fa queue d'une manière fi ferrée , que fans autre appui il s'y fufpendoit, faifoit toutes fortes de tours ,& volti- geoit d'une manière furprenante. Je me fouviens que pour avoir voulu badiner avec cet animal, il faifit ma main de fa queue , 6c la ferra alTez fortement pour me caufer de la douleur : on fut même obligé de frapper l'animal pour lui faire quitter prife. J'eus le temps d'ob- ferver que cette efpece àt fmge ^ fans être méchant, eft un peu traître. Je remarquai aufîi que le hdryvut mange prefque de tout ce qu'on lui prefente; mais il fembloit préférer les fruits, ainfi que le font toutes les efpeces de fmges. Dampier dans fes Foyages , Edit, Fnznç, d'Awft, 171 1 , in-8'% T. ///, /;. 91 ; & Wafcr^ dont les Voyages font imprimés à la fuite de ceux de Dampkr ^T. IV^ p, 87, font mention de cette efpece de fmg- , ùC ce qu'ils en difent mérite d'avoir place ici. En voici Texti-ait : Ces Jinges fe trouvent à l'Ifle de Séries dans la Baie de Campêche , &c. Ce font les plus laids du genre des Shzgcs. Tout le deifus de leur queue ell garni , ainfi que tout le refte du corps, d'un poil rude, long, noir & hériile. Ils vont vingt ou trente de compagnie rôder dans les bois , 011 ils fautent d'un arbre à l'autre : s'ils trouvent une perfonne feule , ils font mine de vouloir la dévorer ; c'efl ce qui arriva à Dampkr. Les uns craquettoient des dents & faifoient beaucoup de bruit , tandis que d'autres faifoient des grimaces de la bouche ^ des yeux , &; mille pcflures grotefques. Quelques-ims Tompoient des branches &: les lui jetoient; d^autres répandoient leur urine & leurs excrémens fur lui : le plus hardi d'entr'eux dei'cendit de branche en branche ëc fauta tout droit contre Dampkr^ ce qui le fît reculer tn arrière : bientôt le fmge bdiebut fe prit à une bran- BEL 199 che avec le bout de fa queue ; là il demeura fufpendu en le balançant & lui failant des mines. 11 faut la pré- fence de plufieurs hommes pour les faire enfuir. Les femelles font fort embarralTées pour fauter après le? mâles avec leurs deux petits : elles en portent un de leurs bras, & l'autre, qui efl affis fur leur dos, fe tient accroché à leur cou avec fes deux mains. Quand ils veulent paffer du fommet d'un arbre à un autre , dont les branches font trop éloignées pour y pouvoir attein- dre d'un faut, ils s'attachent à la queue les uns des autres , 6c ils fe balancent anifi jufqu'à ce que le der- nier attrape une branche de l'arbre voifm, & tire tous les autres après lui. JFafir dit que ces Jinges font fort gras dans la belle faifcn , lorfque les fruits font mûrs : la chair en eft bonne à manofer. Ce finge hdiibut eft le Coaita. Foye^ ce mot. M. Vofmaér a donné la defcription d'un Sïngz Vold- gr^z/r Américain , furnommé \ejifflcur\ ce fapajou fiffl^ur reffemble , dit-il plus ^Lwfajouhrun qu'au bd^thu^\ cepen- dant il en diffère tant par la forme que par cette pro- priété naturelle &: remarquable qui lui a fait donner le nom àtjiffleiir, Lefiige de cette efpece efl naturellement affez bon; mais il fe fouvient des perfonnes qui l'ont offenfé , éc alors il paroît méchant envers elles , & il crie lorfqu'il fe met en colère : mais quand l'animal n'eil point provoqué 6c qu'il eft en paix , il fiffle comme un homme, & à chaque infiant; ce fon eil monotone, très-fort en commençant & s'affoibliifant par degrés. Ce Jirzge qui fe voit aujourd'hui dans le Cabinet du Stathouder à la Haye , ell grand ou long de quatorze pouces , à prendre du fommet de la tête jufqu'à l'ori- gine de fa queue : la face tout autour des yeux & du nez eu. nue ou pelée , mais un peu plus loin fe voient des poils très-courts, gris-bruns, couchés à plat jufque fur les lèvres ; les oreilles font fort grandes 6c peu velues ; les yeux gros 6c fans fourcils ; le nez plat & les narines ouvertes ; les dents antérieures ou incifives font N4 200 B E N ^ ^ au nombre de quatre à la mâchoire inférieure , & de trois à la fupérieure; les canines font au nombre de quatre de chaque côté, tant en haut qu'en bas, & une fort grofTe défenie , &c. Chaque pied efl a cinq doigts fort longs & à trois articulations; (le couita ou hdiçbut n a que trois doigts aux mains ou pieds de devant ) les deux doigts du milieu font X^^s plus longs , & les pouces les plus courts; les ongles ionX noirs, aplatis par les côtés , recourbés en bas & pointus ; ceux des pouces des pieds de derrière font un peu plus larges & mieux arrondis : les doigts font couverts de poils courts & noirs jufque fur les ongles. La queue eft affez longue & garnie jufqu'au bout d'un poil noir , fort ferré : la couleur du dos eft d'un brun obfcur, plus clair aux flancs & à la poitrine ; la tête &; les pieds de derrière tirent plus fur le noir; l'articulation fupérieure des pieds antérieurs eil en devant d'un jaune-brunâtre clair ; îa face chauve & d'un gris-rouffâtre , donne à ce fmge une figure de mafque. Quoique fa queue foit totale- ment velue , il s'en fert comme le belicbut pour tout faifir , pour fe tenir ferme en montant & en àd- cendant, ou pour foulever fa chaîne dans les maifons lorlqu'il grimpe, & fouvent on le voit, au moyen de cette queue , raniader à terre & porter en haut plufieurs chofes qu'on lui jette. Ce' caudimane prend plaifir à voltiger fufpendu uniquement par fa queue , & la plu- part du temps il marche en portant le bout de cette efpece de main recourbé. Il eli trés-friand d'œufs ^ d'araio;nées , qu'il cherche avidement. Au refle il mange & boit volontiers de tout. Celui qui a vécu pendant plufieurs années à la iMénagerie du Stathouder ne rcfu- foit pas Feau.-de-vie de genièvre : c'étoit un mâle d'un tempérament fort chaud; fouvent il fe lavoit toute la face avec fa propre urine , qu'il recevoir à cet eixet dans fes pattes antérieures. BEN. Petite noix de figure tantôt "oblongue , tantôt arrondie eu tiiangulaire, couverte d'une coque blan- BEN 201 châtre, fragile, contenant une amande blanchâtre allez greffe : on Tapporte d'Egypte. C'efl le fruit d'un arbre appelé gUns unguentarla , Bauh. Pin. 402, dont on voit la figure dans VHortus Farnefianus : arbre que Bclon dit reffcmbler au bou- leau , & qu'il a vu auprès d'une montagne d'Arabie que l'on appelle pharagou , dans le chemin qui conduit du Caire au Mont Sinaï. Cet arbre porte , dit -on, deux fortes de feuilles, l'une funple & l'autre branchue; la feuille branchue eu affez femhiable à un petit rameau de genêt; ces rameaux de feuilles en portent d'autres petites à leurs nœuds. On retire par exprefîion de l'amande de la noix de hn une huile épaiffe &: une autre huile effentielle acre, d'où dépend la vertu que Ton attribue à ces noix d'exciter le vomiffement & de purger. Mais comme elles troublent l'eilomac & qu'elles ont même quelque chofe de cauflique, on en ""a aboli l'ufage parmi nous ; on ne fe fert qu'extérieurement de Phuile tirée par expreiïïon pour corriger les vices de la peau , 6c cette huile efl: prefque toujours figée. Nous devons dire que dans le commerce on fubititue fou vent à l'huile de^^/z, celle Aq fefame. Voyez Vanidc JuGOLiNE. Les Parfumeurs recherchent beaucoup cette dernière efpece ^ huile de h en , parce qu'elle efl: très-propre pour fe charger de l'odeur des fleurs odorantes , puiiqu'à peine parvitnt-elle jamais à rancir; la raifon en efl:, dit M. Bucquet ^ qu'elle efl éloignée de la fluidité , état favorable à la fermentation , Se qu'étant fans odeur, elle n'altère point celle des fleurs. Pour cet effet , on prend un vaiffeau de verre ou de terre, large en haut , étroit par le bas ; on y arrange de petits tamis de crin par étage ; enfuite on met des fleurs par lits fur ces tamis , & fur ces fleurs du coton cardé imbibé ^hulle de ben. Cette huile fe charge de l'efprit relieur des fleurs qui conflitue l'odeur : on remet ce même coton fur de nouvelles fleurs ; on exprime enfuite l'huile îol BEN du coton 5 & elle a l'odeur de VhuUc eJfcntldU de c^% plantes. Il y a une autre forte de groffe noix de bcn triangulaire, qui s'appelle mouringou , Rheed. ; Guilandïna mcringa , Linn. ; Balanus myrtpfica , Black^'.; Moringa oUifcra, C'eli le fruit d'un arbre qui croît abondamment dans les iables du Malabar, de Ceylan , Mor'mg.i Zeyianua , follorum plnnïs pinnatis ^ jion majore^ ffuciu angulofo , Burm. Les Indiens le cultivent dans leurs jardins, à caufe de fa femence que Ton envoie vendre comme les fèves au marché. Cet arbre ell: haut d'environ quatre toifes ; fon ëcorce ell blanchâtre en dedans & noirâtre en dehors , d'une odeur 6l d'un goût de raifort lauvage. L'écorce des branches eil verte, &: celle des racines jaunâtre. Les feuilles font ailées , alternes ; & les fleurs qui paroiflent en Juin , font blanchâtres , hermaphrodites , difpofées en grappes éparfes à l'extrémité des rameaiLX. A ces fleurs luccedent des gouffes cylindriques, lon- gues d'im pied ou environ, cannelées, à trois pan- neaux , contenant dix-huit à vingt noix fur un feul rang , triangulaires , de la grofleur d'une noifette. Sous l'écorce de ces coques font des amandes blanchâtres très-huileufes. Les Indiens préparent des pilules anti- fpafmodiques avec les feuilles , l'écorce de la racine & les fruits. Hort, Malab. Tom. Vî ^ page 19, tab, 11. Cette efpece paroit la même que la précédente. BENARL Efpece à'Ortoldn paffager en Languedoc, qui devient trcs-gras, ^ qu'on fert fur les grandes tables comme un mets des plus exquis. Voye^ Ortolan. BENÊT. Nom donné par quelques Voyageurs à l'oifeau appelé Fou. f'^oyc^ ce mot. BENGALI. Nom donné à de petits oifeaux du genre des Moineaux : il y en a de bruns , à ventre bleu 6c de piquetés. Ces petits bipèdes, qui ont la plupart le bec rouge, font d'une forme charmante, du plumage le plus agréable, de la grofleur de la hnotte : ils habi- tent également la Terre Ferme ôc.les Illes de l'Afrique BEN 203 & de l'Afie^ maïs notamment le Royaume de Bengale, ce qui les a fait appeler bengalis : ctux-ci ont le defîus du corps d'un joli gris ÔC le refte bleu, au-defîbus des yeux un trait pourpre ou rouge; ceux de Java font piquetés de petits points blancs iur un plumage rouge différemment nuancé, comme du nougat : on les appelle cunandava. Les bengalis vivent de grain, & ils font, par leur nombre, de grands dégâts dans les plantations de millet. Les Nègres en prennent une grande quantité par le moyen de calebafîes qu'ils tiennent à demi-fculevées avec V.ÏÏ bâton auquel ils ont attaché une ficelle qu'ils tirent quand le grain , mis fous la calebaffe , y a attiré un nombre fufRfant de ces bipèdes. Ces oileaux s'appri- vcifent aifément; quoique vifs, leurs habitudes lent très-douces. On en peut nourrir plufieurs ( mâles & femelles ) dans une m-ême cage ; leur chant eil foible , cependant agréable. On en apporte fouvent dans nos climats , mxais il en périt beaucoup en route. On diflin- gue le bengali , appelé par nos oifeleurs le cordon bleu , & le marlpofa ; celui-ci a le trait rouge fous l'œil , en travers : le bengali brun : le bengali piqueté. Voyez ^/. e/2/. 1 1 5 , fig. I , 1 , 3. A l'égard du bengali rouge de la Guiane , Foye^ Senegali. Benguelinha à'Euward, Voyez â tartlcle Ven- GOLINE. BENJOIN , Benicinum aut Bel^oinum , feu AJfa dulcis Cficinarum. C'efl une réfme feche , dure , fragile , inflammable , d'une odeur fuave & pénétrante , fur-tout lorfqu'on la brûle. Cette réfine découle naturellement ou par incifion d'un arbre appelé bel^of , ( c'efl le comingham des Chinois , le louanjaoy des Malais , ) lequel croît dans les bois du Royaume de Siam &; dans ceux des Ifles deMalacca, de Java &: de Sumatra. M. LinncBus ^ Spec, s 30, le place parmi les lauriers. Mais M. Bernard de Jujjieu obferve dans la Pkarmaccpée de Ulle ^ que ce vCtÛ. pas le lodiru s -benjoin qui fournit 104 ^ BEN » la vraie ùjinc de benjoin. Nous ne connoiflbns point » encore , dit ce l'avant Botanifle , l'arbre d'où elle » découle; cet arbre ne croît que dans les Indes Orien- V taies. Le Liurus bm^c.in ne vient que dans la Virgir- » nie &; autres pays d'Amérique ; fes feuilles froiiTées » ont une odeur approchante de celle du hmjoin , » ce qui avoit fait croire à Boèrhaave que c'étoit le vrai » benjoin. Enfin l'on croit aujourd'hui que Varhrc aie » bmjoin eft le Badamïcr au benjoin. Voyez tarticlz Badamier. Quand l'arbre qui donne le benjoin a cinq ou fix ans , on lui fait àits incifions en longueur & un peu obliquement à la couronne du tronc; c'eft de là qu^ découle cette excellente réfinc, qui efl d'abord blan- che , glutineufe & tranfparente , & qui fe fige & fe durcit peu-à-peu à l'air , ëc devient grfe-jaunâtre, quel- quefois d'un brun-rougeâtre , macu.lé comme des aman- des calfées ou du nougat , ce qui l'a fait appeler benjoin amygdaloïde ou amande. Si on lépare cette réfme dans le temps convenable , elle efl belle & brillante ; mais fi elle rtile long-tcmips à l'arbre , elle devient brune , & il s'y mêle des ordures. Voilà ce qui lait la dilïé- rence des deux fortes de benjoins ^n forte cl en larmes ^ qu'on trouve dans les boutiques. On ne retire pas plus de trois livres de benjoin d'un même arbre. Comme les jeunes arbres donnent pliis de réfine que les vieux , les Habitans ne les laiilent pas croître au-delà de fix ans , à compter de i'inftant Bijiorta major , radice magis intortd, BISTOURNÉE. Foye^ Dévidoir. BISULCE. Voyei Quadrupède. BITARDE ou BISTARDE. Foyei Outarde. BITUME 5 Bitumen, Les bitumes font des matières huileufes & minéralifées , qu'on rencontre dans le fein de la terre fous une forme fluide , ëc nageant quelque- fois à la furface des eaux , ou fous une forme tantôt moUafle , tantôt concrète , & plus ou moins folide. On ne connoît qu'une feule efpece de bitume liquide ; c'eil la ( ou le ) pétrole ou huile de pierre , ainfi nommée parce qu'elle découle des fentes des rochers : car il paroît que ce qu'on nomme n aphte n'efl autre chofe que la pétrole la plus fluide , la plus blanche 6c la plus pure. Foyei Pétrole. Les bitumes folides font le fucdn , le jayet ou jais ^ Vûfphalte 6c le charbon de terre : il y en a de mollaffes & qui poifTent la main comme la piffafphalte. Voyez chacun de ces articles. Le délir de répandre quelque jour fur l'origine des bitumes , queflion intéreflante fur laquelle les Natu- ralifles ne font point d'accord , nous a engagé à ob- ferver foigneufement , toutes les fois que nou avons vifité des minières bitumineufes , les différentes fubf- tances dans l'ordre où elles s'y trouvoient , & les fm- gularités qu'elles pouvoient offrir. Plufieurs phénomènes nous ont déjà paru expliqués dans notre Minéralogie , & à l'article charbon minéral de ce Diciionnaire : on y lit que l'origine des bitumes paroît due à des végétaux enfévelis dans la terre par des révolutions locales. Cettq BIT 257 Cette opinion eu nouvellement appuyée paf des expé- riences chimiques , prélentées fous un feul point de vue dans le ï>lciionna'nc de Cklmic ^ oii l'on tâche de démontrer que les bitumas font le réfultat des fub- fiances végétales , qui ont été amenées à ces différens états de pétrole , de fuccin , &:c. par leur union avec les acides minéraux , (S: par leur long féjour dans les entrailles de la terre ; car il eft bien démontré qu'il n'y a pas un feul corps d'une origine bien décidément minérale , dans lequel on trouve un feul atome d'huile , puii qu'il n'y en a pas même dans le foutre , celle de toutes les fubflances minérales qui approche le plus des bitumes, L'analyfe chimique démontre que les bitumes , ainfî que toutes les matières huileufes concrètes du règne végétal 6c animal , font compofés d'huile & d'acide. Ils différent des réfmes par leur folidité qui eft plus confidérable , par leur indiâfolubilité dans l'efprit de vin , 6c par quelques autres cara6leres chimiques , ainfî qu'on peut le voir dans le Dictionnaire de Chimie. Entre les bitumes , il y en a d'affez compares pour fe tailler 6c fe polir : tels font le fuccin 6c le /ûyet. Voyez CCS mots. On vient de découvrir dans le Der- byshire un bitume iLiJlique , mou 6c foffile , 6c qui réunit les propriétés phyfico-chimiques de la gomme élailique ou caout-chouc ; fa couleur efl d'un brun foncé à l'extérieur , 6c d'un jaune-verdâtre intérieure- ment ; les morceaux fe trouvent mélangés avec de la galène de plomb 6c du fpath calcaire. Il paroît que le bitJime ûajliqne en queflion eft la même fubftance ou au moins une fiibilance très-analogue au caout-chouc; mais ce der ier ne fe trouve aujourd'hui que dans l'Amérique Méridionale. Ceci confirme donc les an- ciennes révolutions qu'a éprouvées notre globe. Voyez RÉSINE ÉLASTIQUE. Les bitumes étant très-inflammables & très-abondans, on les regarde comme une des caufes de la flamme Tome IL R 258 BIT B L A perpétuelle, des volcans , & de tous ces autres phéno-^ menés défaftreux qui ont donné lieu à tant de differ- tations , & qui méritent bien de fixer encore l'attention à.ts Savans. Voy^i^ Volcans. Bitume des Arabes. C'eil un compofé de poix minérale & de poix végétale. Voyc^^ Pissasphalte. Bitume de Judée. Voye^^ Asphalte. BIVALVES , Bïvalvïa. Nom que l'on donne aux coquilles à deuxbattans , c'eil-à-dire , pièces ou écailles. Les HoUandois les appellent doublâtes ; telles ibnt les huîtres , les moules , &c. Il y a des bivalves de mer dont les pièces font irrégales ; d'autres les ont égales & femblables l'une à Pautre. Les premiers font les huîtres de notre pays ; les autres font la mere-perle , la moule , &c. Parmi les bivalves ^ il y en a dont les deux pièces ferment exactement de tous côtés , comme la came , le peigne ; dans d'autres , les deux pièces ne fe touchent qu'en partie , & laiffent une ouverture à chaque bout , comme le coutelier. Voye^^ Coquille. BIZARDA. Voye^^ ce que c'ejl à P article CITRONNIER. BLACOUEL , Blakwellia, C'eft , félon M. delà Marck , un nouveau genre de plante , qui paroît avoir beaucoup de rapports avec Vaccmas , &:' qui com.prend des arbres 6c des arbriiTeaux exotiques , dont les feuilles font fimples & alternes ; &: dent les fleurs velues, petites & nombreufes , font difpofées en grappes ou en panicules : le fruit paroît être une petite caplule iiniloculaire , polyfperme. Il y a le blacouel à feuilles entières , de l'Ifle de France ; le blacouel paniculé ou le lois à, écorce blanche , de l'Ifie Bourbon ; le blacouel à fleurs axillaires , de l'Hle de Madagafcar. Les fleurs font terminales dans les deux efpeces précédentes. BLAIREAU , en vieux françois Taîsson , en latia Taxus ou Mêles, Le blaireau qui reffem-ble au chien par le înufeau , efl un animal lourd , bas de jambes. Il a le corps alongé , le cou court , les oreilles courtes , îUi"ondies , ^liez femblables à celles du rat domeilique , B L A .259 le poîl long , très-épais , Se rucle à-peii-près comme des foies de cochon. Le dos de cet animal eil mclé de noir &C de blanc , ce qui lui a fait donner le furnom de grlfart : les poils de deffous le ventre font prefque noirs , ce qui efl allez remarquable ; car dans prefque tous les animaux le poil du ventre eft d'ime couleur moins foncée que celle du dos. Ses jambes, quoique courtes , font très-fortes , ainfi que la mâchoire & les dents : les ongles , fur-tout ceux ^qs pieds de devant , font très-longs & très-fermes. Il a des caraderes tran» chés & dignes de remarque qui lui font propres : tels font les bandes alternativement noires & blanches qu'il a fur la tête , & l'efp^ce de poche qu'il a entre l'anus & la queue. Cette poche aifez large ne com- munique point à l'intérieur , elle ne pénètre guère qu'à un pouce de profondeur ; il en iulnte continuel- lement vme liqueur onctueufe d'aR'ez mauv^aife oaeur, qu'il fe plaît à fucer : la queue eil courte & garnie de poils longs & forts. Le blaireau , dit M. de Buffon , eft un animal paref- feux , défiant , folitaire , qui fe retire dans les lieux les phis écartés , dans les bois les plus fcmbres , & s'y creufe une demeure foutcrraine ; il fcmbie fuir la fo- ciété , môme la lumière , & paile les trois quarts de fa vie dans ce féjour ténébreux , d'oii il ne fort que pour chercher fa fubfiflance. Cette demeure eil tor- tueufe , oblique , &: pouiiée quelquefois fort loin. Le renard , qui n'a pas la même facilité que lui à creufer la terre , tâche de profiter de fes travaux: ne pouvant le contraindre par la force , il l'oblige par adreiTe à quitter fon domicile , en l'inquiétant , en faifant fen- tinelle à l'entrée , en l'infedant même de fes ordures ; enfdite il s'en empare , l'élargit , l'approprie & en fait fon terrier. Le blaireau ne change pas pour cela de pciys , il va à quelque diilance de là fe pratiquer un nouveau gîte , d'où il ne fort que la nuit , d'oii il ne s'écarte guère , ôc où il revient dès qu'il craint quelque R z i6o B L A danlée. La chair du blaireau n^efl pas abfolument mauvaife à manger , & l'on fait de fa peau des fourmres grof- fieres , des colHers pour les chiens , des couvertures pour les chevaux de trait. Quant à fon poil /il efl toujours gras & ma -propre. Blaireau puant du Cap de Bonne-Espérance. M. de Biiffon regarde cet animal, décrit fous ce nom par Kolbe , comme une eiJDece tout-à-fait différente du blaireau. Cet animal efl le plus grand peteur , le plus grand veiTeur & le |.his puant animal qu'il y ait fous le foleil , dit le P. Labat, Cette puanteur efl: même la meilleure défenfe que la Nature lui ait donnée centre fes ennemis ; car dès qu'il fent fon ennemi affez près de lui 5 il lui lance en fuyant une bouffée d'odeur fi détefîable , qu'elle étourdit l'animal , & l'oblige de fe retirer. La bête puante de la Zoz^i/?iZ«^ fc défend à-peu- près de même en lançant Ion urine. Voye^^ Bête PUANTE. Blaireau de rochers. Les Zoclogifles HoUan- dois l'appellent klipdaas, C'efl le même animal que le daman du Cap. Voyez Parncle MARMOTTE BATARDE. BLANC, (le) Foyei à Canicle Quatre dents. BLANCHAILLE , Rouiss aille & Blanquet. Noms donnés aux poiffons des étangs qui ne font point encore marchands , & plus particulièrement aux petits poiffons blancs , dont les Pêcheurs ne peuvent encore diflinguer l'efpece , ôc dont on emploie la chair pour faire à.^^ appâts. B L A 265 BLANCHET , Siliims fœtens , Linn. PoifTon du genre du Silure : il fe trouve à la Caroline ; il a le corps long &: effilé ; la tête affez ovale ; les yeux noirs , & leurs iris rcugeâtres ; la gueule très-fendue ; les mâchoires , le palais & la langue garnis d'une mul- titude de petites dents aiguës. La première nageoire du dos a douze rayons ; la féconde , très-petite , efl d'une fubllance charnue ; les pe£lorales ont chacune quatorze rayons ; celle du ventre en a huit ; celle de la queue douze ; celle-ci eft échancrée en formée de croiffant ; la couleur du corps eft d'un noir cendré. BLANC-JAUNE, Salrjio Nïlotkus ^ Linn. Poiffon du genre du Salmom : il fe trouve dans le Nil ; toute la iiu-face de fon corps eft blanche ; les nageoires font d'une couleur jaune ; celle du' dos a neuf rayons ; les pedorales en ont chacune treize ; celle du ventre ea a neuf ; celle de l'anus vingt-fïx ; celle de la queue dix-neuf, celle-ci eu. fourchue. Blanc de baleine. Foyei Cachalot â l'article Baleiné. Blanc-nez. Nom donné à la petite guenon à lèvres blanches , dont l'efpece eft rapportée au Moullac. Foyei Moustac. Blanc d'Espagne , Blanc de perle ou Blang DE BISMUTH. Foyei BïSMUTH. On donne auffi le nom de Manc d'Efpagne à de la craie très-friable. Blanche-coiffe ou Geai de Cayenne ,/?/. cnL 373. Cet oifeau eft un peu plus gros & plus grand que notre geai , mais fa forme eft moins maiîive ; le finci- put , les joues , la gorge &: le bas du cou font noirs \ trois taches blanches fur chaque côté de la tête ; le fommet & le derrière de la tête blancs , ainfi que le haut du cou , la poitrine , le ventre & les côtés ; le dos d'un violet clair ^ ainfi que prefcue tout le reile du plumage ; le bec , les pieds & les ongles gris. BLANCHE-RAlE,efl: Vctourneau des Terres Magella* niques. R4 2.64 B L A BLASÎE naine , B/a/za piiïilla , Llnn.. ; & llchenis pyxidaù fcic'u , Michel. ; Mnlum lichmis fack , Dill. Mule. 237. Cette plante , que l'on trouve iiir les bords des ïo^és , & dans les bois humides de l'Europe ^ eil très-petite ; elle eft cryptogame & de la famille des Algues, Elle a l'afped d'un lïchm , & fa frudification paroît conftituée par deux ibrtes de parties , qu'on prend , l'une pour des fleurs mâles , &: l'autre pour des fleurs femelles. BLATTAIRE. C'eft Vhcrhe aux mites. Voyez ce mot. BLATTE DE CONSTANTINOPLE , Blatta Bj^an- tlna. Nom donné au couvercle ou opercule carti- lagineux d'une coquille univalve , oblongue , dont la fubftance reiiemble afTez à de la corne : il y en a de très-grands qu'on nomme feudUs de laurier : cet oper- cule étoit autrefois fort en ufage pour fumiger la matrice , &: en fuppofitoire. Il y a eu de grandes dif- putes entre les Naturalises , pour favoir fi le blatta étoit le couvercle de la pourpre murex , ou fi ce n'étoit pas Vongle odorant. Tout ce cjue nous pouvons dire ici , c'efl que les divers blatta que nous avons eu occafion de voir , font des opercules de buccin. Foye^ Ongle ODORANT. Blatte , Blatta. Nom que l'on a donné à plufieurs fortes d'infedes de nature très-différente , tels que les vers qui naiffent dans les ore lies , & ceux qui rongent les étoffes ; très - connus fous le nom de teigne. Voyez leur hijloire au mot TeiGNE. Suivant M. Lin- nœus , on ne doit réunir fous le nom de blatte que les infeftes dont les antennes font longues , filiformes , dont les fourreaux des ailes font mous & comme mem- braneux , &; dont la poitrine eft aplatie &: arrondie. •Ces infedes courent affez vite ; ils ont cinq articles aux deux premières paires de pattes , & quatre feule- ment à la dernière ; ils font affez hideux à la vue , & remarquables fur-tout par deux appendices en forme de longues véficules ridées &: placées aux deux côtés B L A 16^ de l'anus : quelques-unes de ces efpeces d'infedes volent , fur-tout les mâles ; car la femelle n'ayant que des moignons d'ailes fort courts , ne peut aucunement voler. \jne autre diftindion , c'ell: que les étuis dé- bordent le ventre d'un bon tiers dans les mâles , & nullement dans les femelles. La larve des bLnt^s ne diffère guère de l'infefte par- fait que par le défaut total d'ailes 6c d'étuis. Cette larve fe nourrit de farine , dont elle efl très-vorace ; à fon défaut elle ronge à la campagne les racines des plantes. C'eft de ce m.ême genre qu'ell ce fameux ka- kerlac des [fies de l'Amérique, qui dévDre fi avidement les provifions des Habitans. Foyci Kakerlac. Cet infecte , ainfi que nos blancs , fuit le jour &C la lumière : tous ces infedes fe tiennent cachés dans des trous dont ils ne fortent que pendant la nuit. Du nombre des hLmes font les infedes qu'on trouve fur les lunettes des latrines , dans les bains , dans les boulangeries , dans les étuves , dans les cuifnies. Ils font très-fréquens dans les poêles des Finlandois , où ils rongent leur pain pendant la nuit. On trouve aufîl cet infede dans les cafés des Lapons : il y en a une efpece qui fe loge entre les écailles des poifTons que l'on fait defTécher fans être falés. La biatie des cuifmes eu l'opprobre des maifons qu'elle habite , par fa fécon- dité ,- fa figure & fa mauvaife odeur ; c'efl la béte noire des Boulangers ; Blatta OrUntaUs de Linnœus, On la croit originaire du Levant. ELATTI acide , Blattl feu Jamhos fylvefirls, Rheed. Mal. ; Mano'ium cafcolare ruhruni , Rumph. Amb. ; Rhi- \ophora cafeolaris ^ Linn. ; Bagatbat Camdli ^ P^aj. Luz. 85 , N.^ 10 ; Pcigapatt , Sonnerat. Arbre qui croît au Malabar , dans les Moluques & à la Nouvelle Guinée , dans les lieux humides. Il efl de la famille des Myrus , & ne s'élève qu'à environ quatorze pieds de hauteur ; fa cime efl arrondie ; fes rameaux font oppofés , à quatre angles îranchans ^ & d'un rouge-brun , l'écorce i66 B L A BLÉ eft épaiffe & cendrée ; les feuilles oppofées , ovales j; glabres , épaiiïes our la fubfifîance d'une famille, jufqu'à celui qu'il faudroit pour l'approvifionnement d'une ville entière. Voici l'idée d'un grenier de moyenne grandeur , propre à con- tenir mille pieds cubes de f:oinent : il eÛ bon d'obfer- ver que pour les conferver fuivant l'ufage ordinaire , il faudroit un grenier de cinquante-neuf pieds de long fiîr dix-neuf de large. Le grenier dppt il s'agit doit être fait iS4 BLÉ à-pcu-près comme une grande calfîe, à laquelle Oîf donne treize pieds en carré ilir fix de haut : on fait avec de fortes planches les côtés & le fond : on la poie fur des chantiers. A quatre pouces de ce premier fond, on en fait un autre de deux rangs de tringles qui fe cro'fent à angles droits ; on le recouvre d'une forte toile de crin, qui empêche le blé de s'échapper, & laiiTe à Pair un pafTage libre. A la partie fupérieure , de cette caiffe , on fait un couvercle plein , pour empê- cher les fouris & autres anim.aux d'y entrer : on y prati- que feulem.ent quelques trous qni s'ouvrent &C fe fer- ment à volonté : on m.et le b/é dans cette grande caiffe; & pour le conferver, en fait jouer des foufflets. Un homme peut faire jouer, à l'aide d'un levier, deux de ces foufUeîs imaginés par M. Haks , 6^ auxquels il a donné le nom de vmtïlauurs. Ce fouifiet , appliqué fi heureufement par M. Duhamel à (on grenier de con- fcrvation, afpire l'air extérieur, &, par le moyen d'un porte-vpnt, introduit l'air par un trou pratiqué au fond de la caiffe. L'air, pouffé vivement dans l'efpace qui fe trouve entre les deux fonds , traverfe rapidement le grain , fe charge de l'humidité, & fort par les ouvertures du couvercle fupérieur : le vent traverfe fi puiffamment le froment^ qu'il élevé des grains jufqu'à un pied de hauteur. Comme dans nos pays & dans tous les pays Septen- trionaux les blés font toujours humides, M, Duhamd exige, avant de mettre le grain dans le grenier de con- fervaticn, de lui donner deux préparations : la pre- mière, celle du nettoiement; la féconde, celle de le faire paffer à Tétuve. La manière dont nous avons dit que l'on s'y prenoit comimunément pour la confervation des grains, continuée pendant une année , fufHt lorfqu'on ne met que peu de grains dans le grenier de conferva- tion; mais lorfque la quantité de ^/V eff grande, après avoir paffé le grain à travers les cribles, on peut le laver dan:; l'eau , 6c le mettre fécher dans une ctuye. Le hU y BLÉ 2S5 perd toute fon humidité : la chaleur de l'étuve fait périr les teignes fans exterminer les charcriçons ; mais toutes les expériences donnent lieu de penfer qu'ils ne peuvent fe multiplier dans le grenier de confervation, parce que le blé y eft tenu dans un état de fraîcheur contraire à leur multiphcation. Un Fermier qui n'auroit que mille pieds cubes de fro- ment à conferver, peut condruire à peu de frais une petite étuve de cinq à lix pieds en carré avec des claies, & réchauffer par le moyen d'un grand faurneau de tôle où il mettroit du charbon. On ne dépenfe que pour vingt à trente fous de bois pour étuver deux cents pieds cubes à^ froment. La chaleur de Fétuve pour le parfait dcfféchement, doit être de cinquante à foixante degrés; on reconnoîfque le hic ell bien hc^ lorfqu'en le caiTant fous la dent , il rompt comme un grain de riz , fans que la dent y fafTe impreiTion. C'eA dans les fources même qu'il faut puifcr un plus grand détail de tous ces objets. Malgré les grandes difficultés qui fe rencontrent dans la conservation des grains , on a l'exemple d'un m_a- gafm dans la citadelle de Metz , 011 le blé g\\q le Duc à^Epernon y avoit fait dépofer , s'efl ccnfervé dans fon entier pendant cent trente-deux ans, ainfi qu'on l'apprit par la date marquée fur le /'/Vmeme. En 1707, on en fit du pain qui fut trouvé très- bon; Louis XÎV en mangea & plufieurs perfonnes de fa Cour. Il s'étoit formé à la furface du tas de ce grain , une croûte qui contribua le plus à fa confervation. On dit qu'à Metz les Habitans font dans l'uiage de conferver ainii du hlè dans des m^agafms fouterrains , ayant grand foin d'y former , par le moyen de la chaux , wno. croûte fupcrfîcielle. Le blé qui efl: far la furface du tas , germe , & poufle une tige qui périt l'hiver ; après cela on cil sûr que le tas de hlè le confervera : on n'y regarde plus que lorfque la nécefiité prefTe les Habitans. Lor§ de ia maladie de Loids XV y à Metz 5 en 17443 on 286 B L Ê fit avec du hU gardé un iiecle & demi, du paîn que. feu Mgr. le Dauphin goûta & trouva excellent. Dans toute TAfrique on conferve les grains dans des puits très-profonds , creufés au milieu des rochers , & qui font fecs en tout temps : les Arabes les nom- ment mattamons. L'entrée de ces puits eft fort étroite ; ils vont en s'élarglfTant ; on en tapiffe le fond avec de la paille feche avant que d'y jeter le grain : lorfqu'ils font pleins , on les ferme d'une manière bien fimple , avec de petits morceaux de bois bien entrelacés , fur lefquels on jette du fable, & par-deffus quatre pieds de bonne terre en talus , afin que l'eau de pluie n'y féjourne pas. Les blés fe confervent dans ces fouter- rains un temps confidérable fans fe gâter , ni fe cor- rompre. Il arrive même quelquefois que les proprié- taires , qui ont tout à craindre fous une domination arbitraire & defjjoti que , n'en ofent faire aucun ufage , & qu'on ne les retrouve que plufieurs années après leur mort. En L'kraine & dans le Grand-Duché de Lithuanie , les Habitans ne ferrent leurs bUs que dans de fem- blables greniers fouterrains ; mais ils ont foin de ne point ouvrir ces foifes à blé tout d'un coup, & de les éventer par degrés, fans quoi il en lortiroit, dit- on , des exhalaifons (i meurtrières , qu'elles étouffe- roient tous ceux qui, par ignorance ou par mcgdrde, fe trouveroient expcfés à cette ouverture : c' ft ce que l'en apprend de M., Dijl^ndes ^ dans fon Traité fur la manicre de conjèrver les grains. L'ufage des mattamores ell certainement d'un grand avantage ; en cas d'incen- dip ,^ la perte de l'habitation n'entraîne point celle des fuhiifl:ances , malheur trop ordinaire dans nos pays. Voye:^ maniunant P article Farine. Confu^tez aufîi les Obfcrvations f'ir les blés germes , par le Comité de t Ecole gratuite de BouUmprie , à Pa:is ; & Recherches fur l^originc des mattamores , par M, le Baron de Servieres, Journ^ de Phyf Dec. i/S'j. B L È î§7 Blé d'abondance. Foyei Blé de miracle. Blé barbu ou SorGO. Foyei aux articles MiLLET & Blé de Mars. Blé de Guinée. Voyci Millet. Blé d'Inde ou Blé d'Espagne. Foyci Blé de Turquie. Blé ergoté ou cornu. Foyci VankU Seigle. Blé de Mars , Tritlcum œjîivîim, C'eft une efpece de ^Qtit fromzm qu'en ne fenie guère qu'au printemps, & que l'on récolte dans la même faiibn que le blé ordinaire qu'on a Icmé en automne. Il y en a de deux efpeces ; l'une qui a les balles renflées , velues & garnies de longues barbes , & que l'on nomme bU barbu ro?/ge , Trilicum ariflis drcumvallatum , granïs &fp'icâ rubmtïbus , glianis lœyibus & fpïtndmtïbus , Pvaii Slnopf. 224 ; &: l'autre qui eli ras , c'eft-à-dire , à balles non velues. Tous les deux donnent une bonne farine , mais rendent peu. Ces efpeces de bll ont été d'une grande relTource en 1 709 ; comme les bUs furent gelés , on fema , après l'hiver , de ces bUs , qui donnèrent leurs épis en abondance au mois d'Août; au lieu que le bU d'au- tomne, , que l'on femercit en Mars , ne donneroit que peu de tuyaux & des épis fort petits, dans lefquels le grain feroit à peine formé , à moins qu'après le printemps il ne furvînt un temps des plus favorables pour le froment. La paille du bU barbu diffère effentiellement de celle du /'/t/ ordinaire ; car elle eft pleine de moelle , & n'ell creufe que vers le pied ; aulfi cette efpece de blé étaat fur pied, eft-elle moins fii jette à être attaqué par les in-- fedes ; ou fi la paille l'efl, le grain n'en fouifre point, Ôi efl toujours plein, dur & pefant. Dans les hivers doux , les blés de Mars ne périfTent point, & dans ce cas ceux qu'on a femés en automme viennent plus beaux, &: donnent plus de gra'ns que ceux qu'on a femés vers le printemps. Ces bUs font auffi llijeîs à la nielle que les bUs ordinaires, 288 .^ L È Deux raîjfons empêchent les Fermiers de femer beau^ coup de ces blés de Mars ; l'une , parce que quand ils font à leur maturité , ils s'égrènent trop ailemcnt ; & la féconde, parce que s'il falloit femer leurs blés dans le temps de Mars , ils ne pourroient fufnre à tous leurs travaux. Il ell cependant effentiel que les Fermiers en recueillent une certaine quantité pour fcrvir de reiTource dans les cas malheureux. Blé de Miracle , Tridcum fpkd multiplia ^Q. Eauh, Tourn. Inil. 511; Triùcum tiirgldum , Linn. Cette ef- pece de blé ^ qu on nomme aufli blé de Smyrm^ (^abon- dance ou de Providence^ produit, outre l'épi principal, des épis latéraux. Il n'eft pas rare de voir des trouffes de ce blé compofées de trente-fix tuyaux ou chalu- meaux , & chaque chalumeau avoir dix épis , dont l'un occupe le milieu. Tous ces épis de chaque cha- lumeau réunis forment un volume plus gros qu'un ceuf de poule ordinaire. Chaque épi contient trente , trente-cinq à quarante grains , & le total des épis efl de trois cents cinquante grains ou environ; & le pro- duit total àts trentc-fix brins ou chalumeaux fera de douze mille fept cents quatre-vingts grains ou environ , pour la fécondité d'un feul. C'eft fans doute de ce blé dont le Gouverneur de Byzance envoya à Néron une trouiTe compofce de trois cents quarante tiges* C'ell probablement le mcme que F une cite , &: dont nous avons fait mention à l'article Bléfioj::ent. De fept livres de femence , on en a retiré quatre cents trente livres de grains, dont on a fait de bon pain. Suivant M. Bourgeois , on crue le blé de Smvrm comme Torae ci 1 avome , 2c on en fait d'excellentes fcupes ; mais ce gram ne peut réufiir que dans les terres fubilan- tiellcs , bien amendées oc bien cultivées, parce qu'il demande beaucoup de nourriture ; femé dans des terres trop maigres ou trop fechcs , il n'a prefque pas d'épis ra- tneux. On feme ce blé en autom.ne; mais étant femc en Mars , Iqrfque la faifoa devient favorable , c'eft-à- BLÉ 289 éite , îorfquVlle cft chaude &c légèrement humide , il produit dcivanlage que le l^U de Mars , que l'on leme au printenips. Ce hlé a encore un avantage fmgulier , c'eft de n'être pas iujet au charbon : on a feulement la précaution de l'enfoncer avec la herfe un peu plus avant que le blé ordinaire , parce qu'il prend plus de racine. Il ne doit pas être femé fi dru que le froment. Huit boiileaux faffifent pour cnfemencer un arpent. Ce ferbit bien ici le cas de dire , O fcrtunatos nimiùm , fua Ji kona nôrlnt „ agrkolas. On connoît aufli \\n défa- yantage dans ce blé , c'eil que les lièvres en font fort friands lorfqu'il efr jeune ,& qu'ils le détruifent prefque entièrement , fi on n'a pas foin de les éloigner ; & quand il efl à fa maturité , la force de fa paille eil lelle 5 que les oifeaux s'y perchent & en dévorent tous les grains : on efi pour lors obligé d'avoir recours à des épouvantails. Les gelées fortes lui font aufli quel- quefois préjudiciables. Le blé de miracU eft à-peu-près de la même groffeur que le blé de Mars ; mais fon poids excède d'un douzième celui du froîmnt ordinaire. Au xdà.t , le blé de Smyrm , luivant M. Adanfon , peut £tre qualifié , préférablement à toute autre plante , d'^/- pece nci.ivdk. C'eil une m-onflruofité par excès & plus confiante dans la multiplication qu'aucune autre ; néan- moins fi on néglige fa culture , il rentre bientôt dans Teipece dont il efî: originaire , qui eiî en épi fimple .ëc régulièrement conformé. Bl£ noir. Voyei_ à l'article SarrasîN. Blé de Providence. Koyei Blé de miracle.. Blé rouge. Voyc^ à L'article SarRASîN. Blé de Smyrne. ^oyei Blé de miracle. Blé trÉmois. C'eil le fiigle d'été. Blé de Turquie ou Blé d'Inde , connu au/ïï fous le nom de maïs. On donne à cette plante eu- rieufe & utile le nom de blé d'Inde , Triticiim Indiciim ; Frumentum Indicum ^ May s dlcliun ^ C. B. Pin. 25 ; Zea mays .^ Linn. 1378 y parce qu'elle tire, dit-on, ' Toine IL ■ • î îço BLÉ fon origine des Indes , d'où elle fut apportée en Turquie , Trhicum Turcicum , & de là dans toutes les autres parties de l'Europe , de l'Afrique & de l'Amérique. On donne à cette plante , dans la Guienne , dans l'Angoumois & dans le Limoufin où on en cultive , le nom de LU d'Ej pagne. Maïs efî: le nom Américain. Quelques-uns l'appellent au/îi gros milUt ; ( en Allemand , TurJdjcIur wcu:ien ; en Anglois , îndian Wluat ; en Italien , Mallga , Mdlica , Sagg'na. ) Cette plante poufTe une grofTe tige roide , noueufe, haute de quatre à fix pieds, bi pleine d'une moelle blanche qui a le. goût fucré. Elle porte llir le même pied des fleurs mâles & femelles , mais fans pétales ; les fieurs mâles font au fom.met de l'épi , compofées de trois étamines ou blanches, ou jaunâtres, ou pur- purines , & formées d'un grand nombre de panicules. Des nœuds des tiges fortent des tuniques compofées de plufieurs feuilles ; & du fomimet de ces tuniques , il fort de longs filamens qui font autant de piflils , au bas defquels font les embryons de chaque graine. Lorf- que les étamines font m.ûres , elles s'ouvrent & fé- condent ces piflils qui font au-deiTous. Les feuilles du Hé d^Indd font engainées , d'un beau vert, très-longues , larges d'un à trois pouces , & femblables à celles du roleau ; fes racines font nômbreufes , dures , blanchâ- tres , fibreufes & traçantes. La tige fraîche de cette plante , efpece de grami- r.ée , eft de couleur de vert d'eau , & contient un fuc de même que la canne à fiicre ; on en peut faire un firop très-doux, & qui a 1- véritable goût du fucre. On propofe , dans les Mémclres de VAcadîmic , d'efiayer s'il ne pourroit point le crillallifer comme le fuc de ia canne à fucre. Les Américains tirent aulîi un bon parti des tiges defféchées ; ils les taillent en plufieurs iilamens , dont ils font des paniers 6c des corbeilles Aq différentes formes & grandeurs. B L Ê 291 ''■ L'épî du maïs croît par degrés , quelquefois jufqu'à la groiïeur du poignet , & à la longueur de près d'ua pied. A mefure qu'il groffit & qu'il mûrit, il écarte les tuniques & paroît jaune , rouge , violet, bleu ou blanc , luivant l'efpece ou variété : celle à grains jaunes ell la plus eftimée ; c'eil du moins la plus univerfel- lement répandue ; Mays granis auras , Toum. Infl. 551. Les hommes Caraïbes l'appellent AouaJû , &: le; femmes , Marichl. On voit des épis , 6l même à^^ grains qui préfentent à eux feuls cette bigarrure de trois '6l quatre couleurs. Lorfqu'cn feme • cette plante en plein champ , comme le blé , elle ne rapporte qu'ua cpi ; mais fi on la feme , ou plutôt fi on la plante féparément , même par touffes , à dix-huit pouces de diilaiice les unes des autres , fes racines prenant plus de nourriture , elles rapportent plufieurs grappes , c'efl- à-dire , plufieurs épis. Ces grains de blé de Turquie multiplient prodigieufement ; celui qui croît dans les Indes , rapporte quelquefois des épis qui ont fept cents grains. Il n'eil peut-être point de plante où la diflribution des grains foit plus fenfible que dans le mais ou blé di Turquie. On fe plaît à l'y obfcrver. Les épis de cette plante , fi féconde & fi utile , forment des mafiTes coniques qui ont quelquefois plus de neuf à dix pouces de longueur , fur deux à trois pouces de diamètre à leur bafe; nous l'avons déjà dit. Les grains de figure elliptique, &: un peu plus gros que des pois, font, dit M. Bonnet , rangés à la file fur plufieurs lignes , tantôt droites ou parallèles à l'axe de l'épi , tantôt courbes ou qui montent en fpirales autour de cet axe. Les grains font placés fur ces lignes de façon que leur grand diamètre coupe à angles droits l'axe de l'épi. M. Bonnet ayant eu la curiofité de compter le nombre des lignes , ou des rangées de diiférens, épis , a reconnu que la plupart en avoient douze ou quatorze \ notre Obfervâteur , curieux de s'affurér fi ic,2 BLÉ l'Auteur de la Nature avcit préféré ces polygones î' toute autre figure pour la cliflribution des grains dt^ b/c di Turquie , examina eniuite fept cents vingt- Quatre épis de cette plante. De ce noiribre il en trouva cent quarrc-vingt-dix-neuf où la diilribuiion des grains^ éîoit iiTéguliere , c'efl-à-dire , oii les rangées étoient tellement confondues les unes dans les autres , qu'il ne put les fuivre dliiindement d'un bout à l'autre de l'épi. Il- a reconnu que cette confufion étoit bien plus grande à la bafe de Tépi que vers îcn extrémité iupérleure. Venons aux épis réguliers , ceux dont les rangées étoient parfaitement diiHncles : il en trouva trois où la diilribution des grains étoit fur huit lignes; feize où cette dillribution étcit fur dix-huit lignes; trente- deux fur dix lignes ; foixante-dix-hu:t fur feize lignes; cent quarante-quatre fur quatorze lignes; deux cents cinquante- deux fur douze lignes. On voit par cet exa- men que les polygones de douze &: de quatorze côtés font ceux qui dominent dans les épis du blé di Turquie^ Nous avons dit ci-delfus que les grains de blé de Turquie font elliptiques ; cela eft très-vrai , comme Ta remarqué M, Bonnet , de ceux qui font placés vers le milieu de l'épi ; mais il a paru à cet Obfervaîeur que ces grains s'arrondiiToient à mefure qu'ils s'ap- prc choient de la baie de l'épi ou de fon fom.met. Quelle c£i la raifon phyfique de ce changement de forme ? Quelle en ed la caufe finale ? Les grains placés dans le milieu de l'épi , plus preflés par les grains qui font au-deiTus & au-deffous d'eux, que par ceux qui font placés fur les côtés, trouveroient-ils plus de facilité à s'étendre dans ce dernier fens que dans le premier ? Le blé dz Turquie offre une efpece précoce & une efpece tardive ; ck l'on en diftingue pUifieurs variétés par rapport a la longueur de la tige , le volume & la couleur de l'épi. Le blé dz Turquie donne une farine blanche , lorfqu'elle efl féparée du fon , & on en ^it du pai^ âiÎÊ^f agréable., mais qiii eft peûmt , oc qui BLE 295 a^eil: bon qiie pour les eflomacs vigoureux Se les per- fonnes qui y font habituées de jeunefTe. Cette farine, mêlée en petite quantité , comme d'une huitième partie , avec de la farine de froment , donne au pain un goût favoureux. Les avantages que l'humanité retire de ce grain font infinis. Une grande partie des hommes & des animaux privés en font leur nourriture. Cette plante efl cultivée avantageufement dans prefque tous les climats des quatre Parties du Monde : elle eil un objet intéreffant de commerce dans la Bourgogne , la Franche-Comté, la Brelfe , oii on engraiiie des volailles qui profitent à vue d'œil avec cette feule nourriture : les chapons de Breffe, fi fort en réputation, &c qui pefent dix à douze livres , en font preuve. Cette noumture fait prendre aux cochons un lard ferme : les femeux cochons de Naples , qui pefent jufqu'à cinq cents livres , ne font engraiffés qu'avec ce grain. La chair des pigeons de volière qu'on en nourrit , eu blanche 6c tendre ; lem- graifîe eu ferme &: favoureufe. Les feuilles en vert font ua excellent fourrage pour les beftiaux , qui en font avides. Ce b/é , qui ne demande à être femé qu'après l'hiver , peut être quelquefois d'une grande reliburce : on le mange & on le prépare de diverfes manières. Les Indiens en mandent les orrains en vert comme les petits pois , ou grillés ou bouillis. On le mêle, comme nous l'avons dit , avec la fiirine du blé pour en faire du pain : on en fait aufîi de la bouillie. On a même trouvé le moyen d'en faire un mets délicat : on cueille les jeunes grappes lorfqu'elles font de la grolfeur du petit doigt , & encore vertes ; on les fend en deux , ôc on les fait frire avec de la pâte comme des artichauts. On les confit auiTi dans du vinaigre comme des corni- chons , ck ils font très-agréables dans la falade. Quand le grain eil prefque mûr , il efl encore fucré : nous avons dit qu'on peut en m.anger comme des petits pois , ëC les préparer de même. Les Am.éricains reti- ^ T 3 ^94 BLÉ rent de ces grains piles & macérés dans de Peait , une liqueur vineufe qui enivre ( c'eft la chicka ) , & dont on peut extraire un efprit ardent. Les Sauvages de la Loui- îiane , dès que le Tiiaïs du printemps commence à mûrir , font une fête qui dure huit jours, pour remercier le Bon Efprit^ qu'ils logent dans le foleil, de leur avoir fait un aiiffi beau préfent. Les François de ce pays nomment ces réjouiiïances la ^randt fêé du petit blé. Le blé de Turquie fe conferve plus facilement que le froment vulgaire : il fe plaît principalement dans les terres grafTes & fcrtes ; le binage que l'on donne au pied de la tige , fait qu'elle poufle avec vigueur. Lorf- <[ue les feuilles font grandes , & que la pouffiere fécon- dante efl diiîipée , on coupe une partie des feuilles, ainfi que la tête de la tige , afin que la plante prenne plus de corps. Le blé de Turquie efl fujet à la nielle ou au charbon. Voyez ce que c'eft à V article Blé. Mainte- nant confultez le favant Mémoire fur le mais , couronné en 1^84 y par l'Académie de Bourdeaux : ce Mémoire €Û de M. Parmentier. Blé DE VACHE. Voyei a V article SarRASIN. BLhCHNE, BUchnum^\l\ïm,Ç]t^ un genre -de plante cryptogame , de la famille des Fougères , qui a des rap- ports avec les doradilhs^ & dont le caradere difrin^tif efl d'avoir la frudificaiion difpofée fur deux lignes parallèles & rapprochées de la côte des feuilles. Il y a la blechne Occidentale, de l'Amérique Méridionale ; la llechm Orientale , de la Chine ; la blechne Auftrale , du Cap de Bcnne-Efpérance ; la bLchne de Virginie ; la llechne à feuilles radicantes , de Madère ; la blechne du Japon. BLENDE , Galena inanis aut Pfeudo-galena. Subf- tance minérale. Ce mot , dans le langage des Mineurs Allemands , lignifie une fulfiance qui aveugle ou qui trompe , parce qu'il y en a qu'on prendroit au premier coup d'oeil pour de la mine de plomb, tant leur tiflli efl également feuilleté ou ccmpofé de lames- BLE 295 ide différentes gran:!curs , & difpofëes de manière à produire quelquetcis des cubes. MM. Pott &i Margraf^ de l'Académie de Berlin , & dont rautorité eft d'un grand poids en Chimie , ont examiné cette fubilance : il réfulte de leurs obfervations , fur-tout de celles de M. Margraf^ que la blendz efl une vraie mine de ^inc; qu'on peut s'en fervir comme de la calamine peur convertir le cuivre rouge en laiton. Elle a une forte de conformité extérieure avec la galène ou mine de plomb cubique. Outre le zinc , elle contient du foufre & quelquefois de Parfenic , communément du fer , quel- quefois même de l'argent ; mais qu'il ed très-difficile d'en féparer , à caufe des parties arfenicales & volatiles avec lefquelles il eil: combiné. Là blende ^ix une mine de zinc vitreufe ; elle fe trouve dans prefque toutes les mines en Allemagne, en Suéde, &c. fous difrérens états de couleur , de dureté & de denfité , & avec diflerentes propriétés particulières ; l'une eft fort femblable à de la corne , & s'appelle hom-bUndc ; une autre efl noire , lamelleufe, à petites écailles , luifantes comme la poix, & porte le nom de pech-bknde. On en rencontre encore une efpece qui efl; brune , jaunâtre ou rougeâtre , quel- quefois criflallifée & traniparente comme la mine d'ar- gent rouge : celle-ci efl rare & paroît phofphorique , fi on la frotte dans l'obfcurité ; elle abonde en foufre , tandis que celle qui eil grife ^ jaunâtre , participe encore de beaucoup d'arfenic : il y en a atifîi de flriée. M. B'irgmann obferve que plufieurs variétés àpp/eudo- galènes ( fauHes galènes , ou efpeces de blende ) frottées dans les ténèbres , donnent de la lumière : celle d'entre elles qui m.ér-ite , dit-il , le plus de colébrité , efl celle de Scharfenberg en Mifnie. Frottée avec du verre, un os , du fer , ou quelque autre matière dur^ , elle fent mauvais , &: dans l'inftant du contad , donne une lumière couleur d'or , même dans l'eau ; & enfin dans les acides , elle retient cette propriété après une forte iûcandefcencc. Jeiihial de l'Aï)\}i Koznr ^Juillet ^ 1780. T 4 ipô BLE M. Ddmic obferve que prerqiie toutes les hkncfes font cfFervefcence avec les acides; calcinées, elles de- viennent rouges ou griles. On en compte, dit-il , deux cfpeces principales : la première , de couleur cbfcure ou noire , a pour variétés Xhorn-blendc 6c la pech-hlende dont il efl: parlé ci - defTus , & qui font teiTulaires ; la Jlrahl-blendi , qui eft à écailles en parallélogrammes , & quelques autres. La féconde efl rougeâtre : il en eft parlé à la fin de cet article. Foye^ Calamine & Zinc. B.LENDE DE FER, OU miïie de fir en blende^ efl une efpcce de wolfram. Voyez ce. mot. BLENNE , BUnnius, Nom d'un genre de poîjTon. .Voyez ce mot. ELETTE, en latin Blhum. Plante très-commune ^ qui croît dans les terres graftes , dans les potagers , & dont on diilingue deux efpcces générales ; l'une blanche &c l'autre roi/f^e. La première, Blitimi album niajus^ C, B. Pin. ii8, croît jufquà la hauteur de quatre pieds. Sa racine efl longue & ^vgKq comme le pouce , & d'un goût fade» Sa tige efl ferme, blanche & rameufe. Ses feuilles forrt femblables à celles de la poirée. Ses fleurs .font petites-, à étamânes , verdâtres ; il leur fuc- cede des femences oblongucs , qui ont beaucoup de rapport à celle de Vatriplex ( arroche ) : il y a aufTi la petite blette blanche'. La deuxième efpece , qui efl rouge, lin peu noire, Blitum nibrum majus , C. B. Pin. 1 18; Blïtum nigrum:^ Ang. , ne diffère , pour ainfi dire , de la précédente que par la couleur & par la petitefTe de (qs feuilles , qui font quelquefois femblables à celles du folanum. Il y a aufîî la petite blette rouge. On eflime leurs vertus humedantes, rafraîchiffantes & émollientes. îl y a encore la blette épineufe de l'Amérique ; la blette cl fruits en tçte, Blitum capitatum , Lin. ; elle croît dans quelques régions de l'Europe tempérée &; auflrale : la blette effilée , Blitum virgatum , Linn. ; elle croît dans la Tartarie, FEfpagne , le Languedoc & la SuifTe ; la blette. à feuilles d anferine , de la Tartariev»^ BLE 297 BLEU (le). Voyci Glauque. Bleu d'émail , ou Bleu d'azur, ou Bleu de Cobalt. Voyc?^ Vanlck Azur & le mot Cobalt. Bleu d'Inde. Voy-z^ Indigo. Bleu-manteau. Foye^ Goéland à manteau gris. Bleu de MOJ-îTAGNE, CœruUum moîîtaJiuîn.Mmérû ou efpece de pierre bleuâtre , tirant un peu lur le vert- d'cau, & allez fetiiblable au lapis- la'{uli ^ ou à la pierre Arménienne d^ Europe, Voy^^: ces mots. Le hlcu de montagne difFcre cependant de ces fub- ûances , parce qu'il eft plus tendre , plus léger , plus poreux &; plus callant : en un mot , il ne peut recevoir le poli , & fa couleur ne rëfiiîe point de même au feu. Il ne faut pas confondre la mine de cui\Te appelée hku de montagne , avec celle qui cfl: connue fous le nom de mine de cuivre aiiirie ; le bleu de montagne cft tou- jours graveleux, pierreux, fouvent lamelleux Juperfî- cicllement , quelquefois étoile , plus communément folide. On trouve cette fubilance minérale en Sibérie , en France , en Italie , en Allemagne , oL fur-tout dans le Tirol Ôi la Saxe , près des li-ux où il y a des mines de cuivre. On la regarde aujourd'hui comme une terre colorée par un ocre cuivreux : quoique l'on fâche que cette couleur bleue n'appartient pas feulement aux mines de cuivre ; car l'expérience a appris que le fer, furchargé d'une plus grande quantité de phlogiflique , donne aufîi avec Talkali minéral cette couleur : tel eil le bleu de Friiffe ou de Berlin ; & on dit ç\\\^ les Hol- landois Timitent , en faifant fondre du foufre , & y mêlant du vert-de-gris pulvérifé. On réduit cette pierre en poudre ; on la broie pour remployer en peinture en détrem^pe ; mais ce bleu dans la peinture à Thuile efl fujet à devenir verdâtre , tout au contraire du bleu d'' email ^ qui efl fort vif au jour, êc qui paroît gris aux lumières. Voye^^ Cen'DRES BLEUES, 198 BLE B L O Bleu d'outremer, roje^ Lapis-Lazult. Bleu pe Prusse i^u Commerce. Ce n'eft point une prodiiôion de la Nature , c'efl une compofition tirée du fer divifë par un acide , & par le moyen de l'alkali iiXQ: végétal , bien phlogiiliqué , Ôcc. M. Baunach , Apothicaire à P Hôpital militaire de Met^, a configné dans le Journal de Phyjique , &c. Avril lyyS , des Obfer va- lions chimiques llir la préparation du bku de Pmjje y ufitée en Souabe près d'Augsbourg, dans les Fabriques en grand. Confultez aufîi le Diclionnaire de Chimie, Le bleu de PruJJe naturel eft un fer qui s'efl uni avec l'alkali minéral Ôc le principe inflammable. Cette fub- tance préparée par les mains de la Nature , eft fort rare. BLEUET. Nom que l'on donne en Canada à V airelle. Voyez ce mot. Bleuet eft au/Ti le nom du martin-pêchzur y en Pro- vence. BLONGÎOS de SuifTe, pi. enl 113, Ardeola. Oifeau, l'un des plus petits du genre des Hérons , & de la fec- tion de ceux que M. de Buffon nomme crahiers , de l'ancien Continent. C'eft le petit butor ^Edwards ; il n'efl pas plus gros qu'an râle, 6c il habite les marais de la SuifTe. On en dillingue deux efpeces ou variétés : la première a le bec & les pieds d'un vert-jaunâtre , le defTus de la tête & du corps, ainfi que les pennes des ailes 6c de la queue , d'un noir vert-brillant & un peu doré ; le cou , le ventre , le delTus des ailes font d'un gris- fauve ou marron : un blanc mêlé d'une légère teinte de fauve marque le bas- ventre ; celles de la poitrine font' cfueiqi.ipfois mêlées ou variées de grandes taches noires. Q'2{ l'article CÉPHALANTE. Bois DE Brésil ou Bresillet , Cœfalpinia / Lignum Brafiliamun, C'efl: \\w genre de plantes à fleurs polypétalées , de la famille des Lêgumincufes , qui , félon M. le Chevalier ^e la Marcky a des rapports avec les poincillades & les canéficiers , & qui comprend àes arbres ou des arbriiïeaux exotiques , communément épineux , & dont les feuilles font deux fois ailées. Les fleurs font à cinq pétales ; il y a dix étamines. Le fmit eft une goufîe ou ovale , ou oblongue , avec une pointe oblique à fon fomm.et , un peu aplatie , imi- loculaire^j ôc qui contient de deux à fix femences ovoïdesk 3i6 B O I OU rhomboïdales. On diilingue plufieiirs efpeces de lois de Bréjil ou hrifiLUt. Le BrcfilUt de Fernambouc , vulgairement hois de Brijil , Arbor Brajilïa , Rai. Hift. ; Pfiudo-fantalum rubrum ^ feu Arbor Brajilïa^ Bauh. Pin. 393 ; Acacia glorïofa , fpinïs armata , ( cujus lignum Brajilïa dïcium ) tinclorla , Pluk. Alm. 5 ; Arahoutan , quorumdam ; Ibirapitanga , Pifon. C'eft un arbre qui croît naturel- lement au Bréfil , dans les bois & parmi les rochers ; il devient fort gros & fort grand ; fon écorce , tant fur le tronc que fur les branches , eft brune & armée de piquans courts & épars ; fes rameaux font longs & étalés ; fes feuilles font alternes , deux fois ailées , & portent des folioles comparables à celles du buis. Les fleurs viennent en grappes fimples ; elles lont petites , panachées de jaune 6l de rouge , &: ont une odeur agréable. Les fruits font des gouffes aplaties , oblongues, dun brun obfcur , hériflees à l'extérieur de beaucoup de petites pointes , & qui renferment quelques femences Hli'es & d'un rouge-brun. Le bois intérieur du tronc de cet arbre efl: rouge , mais il eil recouvert d'un aubier fort épais. Ce bois eft très-pefant , fort fec , ôc pétille dans le feu , où il ne produit prefque point de fumée, à caufe de fa grande féchereffe ; ce bois , à l'inllant qu'il efl divifé en éclats , paroît d'un rouge pâle , mais frappé par l'air 5 il devient d'une teinte plus foncée ; étant mâché , il donne une faveur comme fucrée. Il efl propre pour les ouvrages de tour , & prend bien le poli ; mais fon principal ufage efl pour la teinture , où il fert à teindre en rouge , & fait , fous ce point de vue , un grand objet de commerce en Europe : néanmoins c'efl une fauffe couleur qui s'évapore aifément , & qu'on ne peut employer fans l'alun & le tartre. C'eft communément avec ce bois que l'on teint en rouge la coque des œufs de Pâques, les racines de guimauve poiir nettoyer les dents , & plufieurs autres chofes. B O I 327 On en tire auffi , par le moyen de l'aîim , une efpeee de carmin végétal , & le faux heiata ; on en fait une laque liquide pour la miniature , 6l c'eft de la teinture de ce bois , qu'ell compofée cette craie rouge âtre qu'oa nomme rofette , 6c qui fert pour la peinture. Le Bréjilkt de Bahama , Pfmdo-fantalum croceum , Sloan. Jam. ; Catesb. Carol. C'eit un fort arbriffeau qui croît dans les Mes de Bahama &: à la Jamaïque ; les piquans dont fes rameaux font armés , font redreffés ; les fleurs font blanchâtres 6l viennent en grappes droites: les femences obrondes. Son bois fert en tein- ture ; fa couleur efî: d'un rouge de fafran. Le Bréjilkt à vcjfies , Cœfalpinia vejicarla , Linn, C'eil un arbre qui croît naturellement à la Jamaïque ; il s'élève à la hauteur d'environ quinze pieds. Son tronc eft à-peu-près de la groffeur de la cuiiTe , un peu tortu , & recouvert d'une écorce unie & blan-» châtre ; fes rameaux font tortueux & munis de pi- quans. Les fleurs font jaunes ; les fruits font des goufles ovales , prefque obtufes , noirâtres , lillonnées , & qui ne contiennent que deux ou trois femences. Cet arbre efl le Celiiua verœ. crucis ^ Vcpcaria de Pluknet Tab. 165, Le BrifilUt des Antilles , Cœfalpinia crijla , Linn. C'eil: un petit arbriffeau qui croît aux Antilles ; fon tronc efl à peine de la groffeur de la cuiffe , & ne s'élève qu'à environ quatre pieds de hauteur ; il fe partage à fon fommet en plufieurs branches , de la groffeur du poignet , hériffées d'aiguillons nombreux , épars 5 courts , crochus , très-roides , noirâtres , & pofés chacun fur un tubercule. L'écorce du tronc eil un peu épaifTe , cendrée à l'extérieur , & rouge à l'in- térieur ; le bois , proprement dit , efl rouge , pefant , folide , facile à fendre ; feS fleurs font d'un vert- blanchâtre & à cinq étamines ; elles font en grappes droites & pyramidales. Le Brljiila des Indes , vulgairement bois de Sapan ^ OU bréJîlUù du Japon , Cœfalpinia Sappan , Linn, ? X4 328 .SOI L'igno Brafiliano Jimile , Bauh. Fin. 393 ; Lignum Sap^ pan , Riimph. ; Tsjampangaîji , Rheed. C'eft un arbre qui croit aux Indes Orientales , à Siam , dans les Moîuques & au Japon ; il s'élève de dix à quinze pieds de hauteur ; le tronc efl un peu plus gros que la cuifTe ; les branches font chargées de beaucoup de piquans , courts , courbés & épars. L'écorce efl cen- drée , rouffâtre à l'intérieur ; le bois eft dur , d'un rouge pâle, ô^ la moelle eil bien "diilincle au centre du tronc. Le» fleurs ibnt jaune:3 ; les fruits offrent des gouffes aplaties , prefque en forme de coin , d'un rouge-brun , & contiennent deux ou trois femences. Son bois , appelé auiîi par corruption hois^ de Lamon , fe vend dans les Indes peur teindre en rouge , & pour faire de jolis meubles. Si l'on fait bouillir ce bois dans l'eau , il donne une teinture noirâtre , mais qui devient rouge lorfqu'on y m.êle de l'alun , &: efl d'un grand ufage pour teindre en vm beau rouge , les cotons &: les laines. Le BrijîUet à feuilks d'acack du Malabar , Cœfal- pinia mimcfoïdes ; Kal-todda-vaddl ^ Rheed. Mal. C'efl im arbrifieau d'environ quatre pieds de hauteur , dont la tige , les rameaux , les pétioles & les pédun- cules font chargés de piquans ou aiguillons nombreux , très-aigus , petits & épars. Rheede dit que les pin- ïiules & les folioles des feuilles de cet arbriffeau fe contradent lorfqu'on les touche, comme celles des fmjidves. Voyez ce mot. Ses fleurs font aifez grandes , jaunes , &: difpofées en longues grappes ; les fruits font comme dans l'efpece précédente. Le BréJîlUt bâtard^ Spondias fpurius. Cet arbre croît dans les mornes , aux Ifles fous le vent. Son bois donne une couleur plus brune que rouge ; fon écorce cfl ailïingente. ^ Le BrcJilUt faux d'Amérique , ou BrèfîUot , Brajî- liajirum Âtmrkanum , De la Marck ; Tariri arhor tincio- ria 3 fol'ùs alurnis ohfcurh vlolacco , Barr. 1 06. M. de B O I 329 ta Marck dit que cet arbnffeau eft de la famille des Balfarnhrs, Il croît dans la Giiiane , à la Jamaïque & à Saint-Domingue ; il s'élève à la hauteur de huit à dix pieds ; fa tige a deux pouces de diamètre ; les rameaux font couronnés de grandes touftes de feirilles ; les folioles font ovales , pointues , entières , îiffes , vertes & luifantes en deifus , velues dans leur con- tour , & foutenues par un pétiole rougeâtre. Elles prennent une couleur pourpre-noirâtre en fe dellé- chant. Les fleurs font petites , d'un rouge obfcur , d'un feul fexe fur chaque individu , & viennent lur des grappes rameufes &: terminales. Les fruits font mous , pulpeux , de la formée de nos olives , d\ui rouge de corail , légèrement acides , & contiennent chacun un noyau. Plumier dit que quand on entame le tronc , il en fort un flic qui noircit , & qui , par fa cauflicité , forme une tache prefque ineffaçable s'il tombe fur quelque partie du corps. Son bois , qu'on nomme faux-brljillct en Amérique , parce qu'il eil comme le brljilkt de Fernambouc , propre à teindre en rouge , donne une couleur qui elt plus brune que rouge. Ce bois eïl d^m rouge-brim , ou au moins prend cette couleur quelque temps après qu'il a été expofé à l'air. M. AithLu dit que {es feuilles écrafées toutes vertes & preffées dans du coton , lui donnent d'abord une teinture verte , qui peu après devient d'une couleur violette. 11 croît à Saint-Domingue un bréfilUt plus petit , dont le bois efl: d'un blanc pâle , & les feuilles tout- à-fait glabres : il eft bien moins propre en teinture. Bois cabril bâtard. C'eil le Beurrcria de Brown ; le Cordia , de Linnœus ; le Jafminum de Sloane, Bois caca ou Bois de merde ^ Surculia , Linn. Grand arbre affez commun à Cayenne , & dont le bois étant employé eiî de peu de durée en terre. L'odeur très-fétide qu'il répand , quand on le coupe , 3ÎO B O I lui a fait donner le nom fous lequel il eft conni!. Cette odeur s'évapore en féchant. On prétend que cet arbre elt le kavalam de VHortus Malabaricus, Cet arbre qui fe trouve auifi dans les endroits fa- blonneux &: incultes , à Saint-Domingue , a la racine groffe , pivotante , fibreufe , blanchâtre & un peu amere ; fon tronc eil couvert d'une écorce épaifle , d'un vert-cendré en delTus , blanchâtre en deffous \ fon bois eft blanc , poreux , filandreux ; (es feuilles oblongues , terminées par une pointe qui eft recour- bée d'un côté , unies , d'un vert clair en deiTus , obfcur en deiTous , d'une odeur forte , portées fur des queues qui font gonflées vers la bafe ; les fleurs font petites , à cinq pétales étroits , formant une rofe de couleur rouffe en dehors , d'un vert-jaunâtre en dedans & velouté ; ces fleurs font tantôt ifolées , tantôt portées deux à deux fur de longs pétioles ; elles ont une odeur femblable à celle des excrémens de l'homme , & leur odeur eil même plus fétide que celle du bois. Les fruits qui leur iuccedent, croiftent à Pextrémité d'un pédicule com.mim ; ils font ferrés les uns contre les autres , oblongs , couverts d'une écorce épaiffe , dure , 6c renferment une pulpe blanchâtre, & neuf ou dix graines attachées à un placenta ; ces graines font oblongues , noirâtres, remplies d'une fubftance blanche, farineufe. M. Tlumbcrg ^ dit que le bois de jnerde croît auffi fpontaném.ent dans les Mes de Java & de Ceylan. Ce favant Botanifte Suédois a vu fa décodion guérir com- plètement plufieurs vices cutanées chroniques. Bois a caleçons ou Bots Bâcha. C'eft , félon Nicoljàn , un arbrifieau qui fe pi ait dans les endroits montagneux & dans les rochers à Saint-Domingue ; fa racine eft fibreufe , peu profonde ; il s'en élevé plufieurs tiges hautes de dix à douze pieds , & d'un pouce de diamètre par le bas ; elles fe fubdivifent par le haut en plufieurs petites branches flexibles ; fon écorce eft grisâtre , lifle ^ fon bois mou , blanc , fendant ; fes B O I 331 feuilles minces , d'un vert foncé , oblongues , alternes , longues de deux à trois pouces, & larges d'environ deux pouces , divifées vers le milieu en deux parties obtiifes ; fes fleurs font blanches , difpofées par bou- quets , légumineufes , inodores ; au centre fe trouvent plufieurs ëtamines longues , déliées , & -un piilil dont le ftyle eil terminé par un fligmate brun , oblong : à ces fleurs fuccedent des gouffes de quatre à cinq pouces de longueur & d'un demi-pouce de largeur , brunes , très-minces , brillantes , qui renferment dix à douze petites graines aplaties & grifâtres. Bois de Campêche ou Bois de la Jamaïque , Lignum Campcfcanum , Sloan. Jam. ; c'eft VHamatoxi- liim de Linnœus y le TJiam pcngam de VHort, Malabar. ; le faux briJilUt d'Amérique , Pfmdo-brafilium , Plum. Les Auteurs ont contondu mal-à-propos cet arbre avec celui appelé bois d'Inde : ce dernier efl de la famille des Myrtes, Le bois de Campêche ell de la famille des Légumineufes, On trouvera à la fin de cet article la deicription des ufages du bois d'Inde ; &c aiin qu'on en puifTe mieux juger , ou trouvera à l'article Poivre de la Jamaïque , la defcription de l'arbre appelé bois d'Inde, L'arbre qui donne le bois de bréjïl ou brèfilkt de Fernambouc eft auiîi très-différent. L'arbre appelé bois de Campêche efl très-grand & fort épineux ; fon tronc s'élève perpendiculairement , répand des rameaux de tous côtés ; il efl communé- > ment à côtes, fur-tout par le bas; fon écorce efl grife - brunâtre ; l'aubier jaunâtre ; le cœur du bois efl rouge ; fes feuilles font petites , prefque rondes , rangées deux à deux fur une côte ; fa fleur efl d'un jaune-blanc , petite , & fe change en une follicule membraneufe , lancéolée , mince , plate , qui ren- ferme quelques petites graines aplaties : cet arbre croît également bien par-tout , à Saint-Domingue , & particulièrement aux environs de Campêche. A Saint - Domingue , félon Nicolfon , on en fait des 532 B O I haies vives qui croiiîent en peu de temps , & font un aiifîi bel effet que le citronnier , pourvu qu'on ait foin de les tailler cinq ou fix fois par an , ce qu'un Habitant attentif ne manque jamais de faire , car lorf- que l'on cefTe de couper les branches de cet arbre , elles s'élèvent en peu de temps à une hauteur confi- dérable , produifent quantité de graines qui donnent nai fiance à une infinité de jeunes plants qu'on a bien de la peine à détruire; les épines viennent fur les branches , Se ont ouatre à fix li2;nes de loneiueur. Le bois d Inde dont l'arbre elt décrit à l'article Poivre de la Jamaïqiu , ell: un bois dont on fait ufagé en teinture pour les couleurs noires &: violettes , & pour les gris : il A fourni par un grand arbre qui croît en Amérique , dans PIfle de Sainte-Croix , à la grande Terre de la Guadeloupe, à la Grenade , aux Grenadins , à Marie-Galante , au gros Morne de la Martinique , au quartier des Tartanes. Ses feuilles font aromatiques & ont quelque reifemblance avec celles du laurier ordinaire , ce qui l'a fait nommer aufîi lau- rier aromatique ; mifes dans les fauces , elles leur don- nent un goût femblable à celui de plufieurs épices. Ses fruits font de la groffeur d'un pois , d'un goût piquant , femblable à un mélange de cannelle , de girofle & de poivre. On connoît ce fruit, en Angle- terre , fous le nom de graine des quatre épices ; il efl propre à alTaifonner les lauces. Les ramiers , les grives , les perroquets font avides de ces graines : fi on en met digérer dans de l'eau-de-vie , on en retire par la diilil- îation une liqueur d'une odeur agréable ;, qui devient délicieufe au goût , & propre à fortifier l'eflomac , en y ajoutant une quantité fufRfante de fucre. Cette liqueur efl très-eflimée dans les Ifles. Le bois d'Inde eft dur , compacte , d'un beau brun- marron , tirant quelquefois fur le violet & fur le noir : on en voit à fond brun tacheté de noir très- réguliérçment ; on en fait des meubles très-précieux. car il prend un très-beau poli , & ne fe corrompt jamais : les Luthiers emploient ce bois , qui a quel- quefois le coup-d'œil de l'écaillé , pour faire des archets. On s'en fert dans la teinture : fa décodion efl fort rouge , lorfqu'on fait ufage d'alun ; mais fi on n'y en ajoute point , la décoftion devient jaunâtre , & au bout de quelque temps noire comme de Pencre : au-ii fait-on ufage de cette décodlion pour adoucir & velouter les noirs ; c'efl ce velouté qui fait tout le mérite des noirs de Sedan. Le hois de Campêchc efl: pefant , rouge ; il brûle fort bien ^ & fert à teindre en rouge ou en violet ; comme c'eft le cœur de l'arbre qu'on emploie pour la tein- ture , on enlevé tout l'aubier qui l'environne avant de le tranfporter en Europe. Q^ielque temps après qu'il eft coupé , il devient noir ; & s'il eil mis dans l'eau , il lui donne une couleur d'encre affez vive , & on s'en peut fervir pour écrire : il peut donc teindre aufTi en noir. Bois de Cannelle. Nom donné à la Cannelle ELANCHE. Voye7^ ce mot. Bois a canon. Foyci Ambaïba. Bois Capitaine. Voyei Cerisier Capitaine. Bois Capucin ou Bois signor. Très-î>rand arbre du pays de Cayenne , que Ton peut regarder comme iiîie efpece de balatas ( Voyez cz mot ) , mais ^v^.n grain plus fin. Son bois , quoique bon pour bâtir , eil encore de peu d'ufage ; peu d'Habitans le connoif- fent^ quoique les quartiers de Ko & de Provaî en foient affez fournis. On en doit même la connoiffance à des Indiens fugitifs du Para. Maif. Ru(î, de Cayzn. Bois de Cavalam. Il a l'odeur fétide d'excré- mens humains , ce qui lui a fait donner le nom de ho'is de jnerdc dans les Pays chauds. Voye^ Bois caca. Bois de Cayan. Foy^i Simarouba. Eois DE chambre. Nom donné dans nos Mes , ©a Amérique , à une plaiite dont la tige fert d'amadou. 334 B O I Cette plante qui eil annuelle , croît dans les lieux maré- cageux &c incultes ; elle s'élève à plus de fix pieds ; fa racine efl blanche , chevelue ; fa tige eft groffe comme le doigt , cannelée & fpongieufe , rougeâtre ; fes rameaux oppofés en croix ; fes feuilles alongées , d'un pouce <^ demi de longueur fur deux lignes de largeur , difpofées deux à deux jufqu'au nombre de cinquante fur une côte, d'un vert pâle , couvertes d'une pouiTiere fine. Bois de chandelle. C'eft le Taouia ou Alacolay des Caraïbes : on en diflingue à^xu. efpeces , le blarx & le noir ; le premier eft un arbre de moyenne gran- deur , & croît dans nos Ifles , en Amérique , dans les bois qui font fitués aux bords de la mer. Son bois eil compa<^e , dur, pefant , réfmeux , odorant; aulîi les Indiens le coupent par éclats , & s'en fervent pour s'éclairer la nuit , ce qui lui a fait donner le nom de bois de chandelle. Sa belle couleur citrine le rend propre à faire de beaux ouvrages de marqueterie ; il prend avec le temps un poli auffi beau que celui du coco : à la beauté de la couleur il réunit ime odeur approchante de celle du citron , ce qui Pa fait appeler hois de citron , Lignum citri , par quelques-uns. S^s feuilles font pointues, en forme de fer de lance , fermes , odorantes , fans dentelure , de deux pouces de longueur , larges d'un pouce , paroilTant percées lorf- qu'on les regarde au foleil , luifantes , d'un vert foncé en deffus , d'un vert pâle en deiTous , difpofées trois à trois à l'extrémité des branches , qui font toujours terminées par une feuille impaire : fes fleurs font petites , blanches ; il leur fuccede de petites baies noires , qui , comme les fleurs, font d'un goût aro- matique , & d'une odeur qui tire un peu fur celle du jaimin, (ce qui a fait auiîi nommer par quelques- uns , cet arbre , bois de jafmin. ) Le bois de chandelle noir a i^s feuilles plus longues & plus larges ; fon éccrce efl noire , & fon bois efl plus pefant , plus réiineux ôc noirâtre. B O I 335 A l'égard du hols de ckaizdelk de l'îfle de France, Voyez Dragonkr à feuilles rcjléchus. Quelques-uns prétendent encore que le bois de rofc de la Guiane eft le même arbre : on le nomme aufîi bols citron &C bois jaune aux Illes ; c'eft Varbor ligna ci- trïno rofam fpirante de Barrere ^ p. i6. Son bois efi: de couleur de citron , ayant une petite odeur de rofe ; fa feuille a l'odeur de citronnelle , & quand on la fait bouillir avec le bois de crabe ^ elle donne à l'eau une odeur qui tient du citron & de la cannelle : cette liqueur eit agréable à boire. Les Naturels l'emploient auffi dans les bains contre les eifervefcences de fang , appe- lées échauboulures. Bois de Cheval, royci Bois major. Bois de la Chine. Voyc^ au dernier article du mot Bois de Palixandre. Bois de Chypre. Voye^^ Bois de R.ose. Bois Citron. Voye^^ à la fin de V article Bois de Chandelle. Bois de Clou du Para. Voyei Cannelle giro- flée. Bois a cochon. Voye^^ Baume a cochon. Bois de corail d'Amérique. Voye\^ Bois immor- tel. Le bois de corail des grandes Lides , eft le condori rouge. Voyez cz mot. Bois CÔTELET OU BOïS DEGuiTARD, Citharcxilum cinereum. Lmn. Arbre qu'on trouve aux îiles , particu- lièrement à Saint-Domingue , & qu'on a nommé ainfî à caufe de fa tige qui efi: garnie de côtes faillantes ; fon écorce eil d'un brun- cendré, unie , peu crevaffée: fon bois eil blanc , tendre ; on l'emploie dans la charpente du pays , & il dure aiîez long- temps , pourvu qu'il foit à l'abri du foleil & de la pluie ; fes feuilles font oblcn- gués 5 pointues aux deux bouts , d'un vert commun , lifTes tant en delTus qu'en deilous, luifantes, fans den- telure 5 alternativement pofées , très-veinées : fes fleurs font petites , monopétales , blanchâtres , odorantes ^ il 336 B O I leur fiiccede de petits fruits a trois côtes , verts , enfuite joiiges-noirs Bois de couille ou Pétard, Breynia. Cefl, dit Nicclfon^ le Menecouy ou AkpcUcou des Caraïbes. » C'ell ,> un arbrilTeau qui le trouve fréquemment fur les bords » de la mer, à Sainî-Domingue. Ses tiges font grêles, » minces, droites, 6é ie divifent en plufieurs rameaux » quj s'éievent perpendiculairement. Son ëcorce eft gri- » latre, unie ; fon bois blanc , fendant >.lcger ; fes feuilles » font fermes , bien noun les , caffantes , d'un vert foncé , » longues de quatre à cinq pouces & larges de deux à » trois pouces, ovales, très-veinées, fans dentelure, .» divifces par une côte rouge âtre , portées fur un petit » pédicule d'un rouge-brun. La fleur eft en rofe , » compofée de cinq pétales blancs , arrondis , pointus , » creulés en cuiller , portée fur un calice mono- » pétale , dentelé : le centre efl occupé par plufieurs » étamines minces , dont les anthères font fphériques ; » elles environnent le piftil , qui efl très-long , blan- » châtre , arrondi, gonflé au fommet : ce piflil devient » une goufie d'un demxi-pied de long , boiïelée , arron- » die, d'un demi-pouce au plus de diamètre, jaunâtre » en dehors , rcitge en dedans , ligneufe , d'un goût » un peu amer , divifée intérieurement en plufieurs » loges : les graines qui y font contenues ont environ ?> deux lignes de diamètre & quatre lignes de longueur, » d'un vert fcmbre , couvertes d'une pellicule rou- » geâtre, d'un goût fort amer. La racine de cet arbrif- •» feau efl employée en décodion dans les maladies » v^énérienncs «. » Jacquin , à l'article Marcgravia umhzllata , donne la » dcfcription d'une plante parafite que les Habitans de » la Martiniqu.e appellent bols des ccuïlles ; mais elle >> n'a aucune reffembiance avec l'arbriffeau dont on » vient de faire mention «. EOIS DE COULEUVRE OU EoiS COULEUVRE, Lig- num ce lubr'mum 'dwl OphiGxïluni ferpmtïnum ; en langue Malaie , B O I 337 Mâlaie , Caju-ular ; à Ceylan , &c. Rametul , Camc^ îui , Nay-ldU , Ehawcya, C'caI une rac'ne ligneiiie, de la groiTeur du bras , qui renferme fous une ëcorce brune, marbrée , un bois dur, compare, fans odeur, d'un goût acre & très-amer. On appelle citte racine bois de, couleuvre , parce que Ton dit (:\i\Q ce bois guérit de la moriiire des ferpens , ou , félon d'autres , à caufe de l'écorce des racines , qui efl marbrée comme la peau des ferpens. On nous apporte ce bois des Ifles de Samar ou Soloo , & de Timor , oii il efl appelé caju-najjî. Cet arbre porte une efpece de noix vomique , beau- coup plus petite que la noix vomique ordinaire ; mais qui lui reilemble par la confifîance, le grût & la cou- leur. Quoique quelques perfonnnes faffent beaucoup d'éloges de cette racine pour chaffer les vers & pour les fièvres intermittentes , elle ne paroît cependant pas exempte de danger ; car on fait mention de perfonnes qui , en ayant fait ufage , ont été faifies de tremblement éc de ftupeur , fymptômts prefque femblabJes à ceux qui font produits par la noix vomique. Voyez ce mot. Le pohon ou foulamoe-caju des Malais , & qui efl: peut- être le bouati amer , ( Voye:^ ce mot , ) eil encore un pareil remède en vogue à Ternate , où il eft appelé panawa-maffou , oepas-majfou , & panawar-pipis : c'eil: la racine d'une plante qui croit à Java & dans les Ifles Moluques. On foupçonne que c'eft aufîi une efpece ^ophioxylon : quelques-uns prétendent que c!^£t la racine du bois des Moluques, Voyez cz mot. Le bois ds. couleuvre des Antilles efl une efpece à^arum. Voyez Var- tick PiÉ DE Veau. Bois de crabe ou de grave. Voye^^ Cannelle GIROFLÉE. Bois de Cranganor. Voye^ Pavate. Bois de cuir. Voye^ Bois de plomb ^^s Cana- diens. Bois des Dames ou Bois d'huile. C'efl ^Érytrho- xylon à feuilles de millepertuis. Foye? Érytroxylou^ Tome II. Y 33S B O I BOîS DE DENTELLE. f^:)yei LâGETTO. Bois dur du Canada. /%2{ Charme & Acacia COMMUN. BoîS d'écaillé. Foyei à l'article Bols de Campêchc» Bois a écorce blanche. Foyei Balouet. Bois a enivrer le poisson ou Bois-ivrant. Foyei Arbre a enivrer les poissons , & rarticU CONANÏ. Bois d'ébene. Voyci Ébene. Bois épineux des Antilles. Sous ce nom on en diftingue deux fortes ; l'un qui eft blanc , & appelé cotonnur-mapou ; Voyez à l'article FROMAGER : l'ciutre eft jaune ; c'eil un dav aller ^ Voyez ce mot ; & on en diftingue deux fortes , le grand &: le petit. Le hois épineux jaune , ^rand , eft VAgoualaly des Caraïbes : on le trouve par-tout , fur- tout dans les mornes , tant aux Antilles qu'à Saint-Domingue. Nkolfon dit qu'il s'élève &: devient gros comme le chêne du pays : fon tronc efl droit , élevé , très-bran* chu , couvert d'épines fortes , peu nombreufes ; î'écorce rude 5 légèrement crevafTée , roufîatre ; le bois jaune , dur 5 compade ; les feuilles oblongues , pointues , un peu dentelées , rangées deux à deux fur une côte qui eft termjnée par une feuille impaire , d'un vert gai en deifus , pâles en deflbus , armées de trois ou quatre petites épines. Les fleurs naiffent le long des ramilles : elles font blanches & produifent une graine noirâtre , groffe comme un grain de m.illet. Son bois eil recherché pour les bfitimens. La féconde efpece de hols épineux jaune , efc bien })uis petite que la première ; elle s'élève à peine à douze pieds : fon tronc n'a guère que cinq à fix. pouces de diamètre. L'écorce eft noirâtre en dehors, jaune en dedans , couverte de cjuantité d'épines plus petites & plus aigucs que celles du précédent , d'un "goût fort amer : il lui refîemble dans tout le reile. Soa bois & fou écorce peuvent fournir en teinture une belle B O I 339 êôuleur jaune -fafranée. Les Sauvages font iifage de rinfufion de fon ëcorce pour guérir les vieux idceres : c'eft un vulnéraire déterfif qui paffe pour excellent. Elle a encore la réputation d'être fébrifuge. Bois de fer , Llgnum firri ; Ib^ra puterana ; Iblra. obi , Marcg. ; Sidcroxylum Amcricanum ^ Pluk. ; Slde^ roxyloïdes ferreum , Jacq. Ce bois eft ainfi nommé k cauie de fa dureté : il nous efl apporté de l'Amérique en grolies pièces. Il efl très-pefant & va au fond de l'eau ; fa couleur eft rouge âtre ou obfcure , & on l'em- ploie pour des ouvrages de menuiferie : il prend un très-beau poli. Les Indiens en font divers inftrumens; les Sauvages en font leurs flèches : mais ce qui eft fmgulier , c'eft que fon bois , quoique dur , eft très- fujet à être attaqué par les poux de bois. Les Indiens font ufage de l'écorce de bols de fer râpée , dans les maladies oii il faut exciter la tranfpiration. L'arbre du bois de fer fe voit dans les ferres du Jardin du Roi. Dans nos Mes en Amérique , on diftingue deux efpeces de bois de fer; le blanc, &c le rouge. Le bois de fer blanc eftun grand arbre dont la tige efl: droite, haute, très- branchue, garnie de feuilles au fommet; l'écorce efl épaiffe , cendrée en dehors , brune en dedans , d'une faveur aflringente, profondément fillonnée; fon bois amer, fort dur, jaunâtre; le centre efl de couleur de fer rouillé ; fes feuilles font ovales , terminées par une pointe moufTe, larges d'environ un pouce, longues de deux pouces, peu veinées, difpofées tantôt alternati- vement , tantôt deux à deux fur les rameaux , d'un vert foncé en deffus, un peu pâle en deffous, luifantes, fans dentelure : fes fleurs croifTent par bouquets ; elles font en entonnoir, d'une couleur violette & blanchâtre , afTez. femblable à celles du lilas. Il leur fuccede une baie d'abord violette , enfulte noirâtre, qui renferme trois petites graines. Cet arbre fe trouve dans les mornes : Xo'o. bois efl employé dans les ouvrages de charpente & de menuiferie. Y X 34Ô B O I L'arbre appelé le his de fer rouge diffère du précé- dent , par ies feuilles qui font longues de cinq à fix pouces, larges d'environ deux pouces, divifées dans toute leur longueur par trois côtes faillantes, fans nervure apparente ni denttlure , fermes , d'un vert fom- bre ; fon écorce efl rouge en dedans ; (on bois eft rouge , pcfant , plus dur que le blanc , ?- 3^^^^ 33^ » y. 19 , n."" 6 , 7 , 8 , 9. On y voit la figure de l'arbre , de fa feuille , de fon fruit , &: ds fon noyau. Bois de LuiMiere ou Pala de Luz. On donne ce nom dans l'Inde Efpagnole à vme plante qui s'élève ordinairement de la hauteur de deux pieds ; elle eft compofée de plufieurs tiges qui fortent d'une racine commune ; qui font droites &; unies jufqu'aii fommet , où elles pouftent de petits rameaux garnis de feuilles très - menues ; ces tiges font à-peu-près égales : elles ont environ trois lignes de diamètre ; lorfqu'on a coupé cette plante , elle s'allume quoique toute verte , &: donne une lumière auffi forte que celle d'un flambeau. Ce phénomène , tel qu'on l'expofe , paroît hors de vralfemblance : il eft vrr-i que des plantes qui abondent en fubftance huileufe , inflammable , vo- latile 5 peuvent s'enflammer ; mais il faut exciter cette fiamme en y approchant la lumière , comme on le fait à la fraxinelle , Voyez DiCTAME BLANC ; ou bien il faudroit fuppofer que le frottement occafioné en la coupant , fiit aifez violent pour déterminer la plante à l'inflammation. Obfervez encore que cette plante croît dans les pardmos du Pérou : ce font des efpeces de plaines extrêmement froides , &. communément couvertes de neige , qui fe trouvent entre les fommets des montagnes qui forment les Cordillieres des Andes. Bois de Mafoutre des Madagafles. Voyei An- TIDESME. Bois de M ah agoni ou de Mahogani. Les Anglois &; les Hollandois donnexit ce nom à un bois dont ils fe fervent très-communément pour faire des tables , des boites , & ce qui eft en bois dans les inftmmens de Phyftque. Ce bois eft d'un rouge de B O I 349 bols de brcjillet ou à' amarante ; il eft fufceptîbîe de pcli, &: devient brun à la longue. On prétend que les An- glois tirent ce bois d'une de leurs Colonies Améri- caines. Catesby a fait mention de l'arbre qui fournit ce bois ; voici fes cara£^eres botaniques : Cinq à onze feuilles impaires & paires ; les fleurs en épis & pani- cules ; le calice à quatre ou cinq dents ; la corolle à quatre ou cinq pétales ; les étamines , huit ou dix réu- nies ; le piftil , un ftyle & un iligmate ; le fruit eft à quatre ou cinq loges &: de quatre ou cinq valves ; les graines font plates , ailées , imbriquées dans chaque loge.' On prétend que le makigoni eft V acajou à planches. Voyez à f-article ACAJOU. Bois major ou Bois de Cheval. « Sa racine, » dit Nicolfcn , eft mince , fibreufe , grifâtre ; il s'en élevé » plufieurs tiges articulées de trois à quatre pouces de » diamètre , droites , couvertes d'une écorce mince , » liffe , grifâtre dans les vieilles branches , vertes daiis » les jeunes. Le bois eilléger, blanc , compare , flexible, » rempli d'une moelle blanche comme le fureau, Sts » feuilles font alongées , pointues au fommet , rudes au » toucher , fans dentelure , divifées par une côte qui fe » fubdivife en plufieurs nervures , qui font toutes diii- » gées vers le fommet , d'un vert pâle tant en deffus » qu'en deffous , portées fur un pédicule très-court , » longues d'un demi-pied , & larges de deux à trois » pouces. Ses fleurs croifîent par bouquets au fommet » des branches ; il leur fuccede une petite graine jau- » nâtre de forme ovale. On emploie les feuilles du boi§ » major en: décodlion pour panfer les plaies des che- » vaux. Ce bois croît dans tous les endroits humides » à Saint-Domingue >k Bois Mandrou. On lit dans VEjfai fur Vlîijloir^ Naturelle de Saint-Domingue ^ que c'eft un arbre dont les feuilles font de différente grandeur ; les unes ne font longues que de trois pouces &. demi , d'autres onl jufqu'à neuf pouces de lo*ngueur , &". deux à trois ^50 Soi pouces de largeur ; elles font lilTes , d'un vert foncé en defTus , d'un vert pâle en deiTous , pointues , fans dentelure , divifées par une groffe côte faillante , portées fur un pédicule recourbé du côté de la branche où il eil attaché. Bois Makaque. Grand arbre des Antilles & de peu de durée : il eft plein de trous. L'arbre efl ainû appelé , parce que l'efpece de fmge makaque préfère ion fruit à tout autre. Bois marbré. Voyc^ Bois de Féroles. Bois Marie. Nom donné à l'arbre dont on tire par incilion le baume veit. Voyez ce mot. Bois de mèche. Voyei Kàratas & Ouaye. Le bois de mèche des Créoles , eil: VApeîba foLiis glabris y ficribus vlrefcmtibus , fruclu afpero , de M. Auhlet. C'efl un arbre de la Guiane , qui croît près de la Crique des Galibîs ; fon tronc s'élève à la hauteur de douze pieds ou environ ; il a huit à dix pouces de diamètre ; les fleurs font pclypétalées , en graj^pes & terminales ; le fruit efl une capfule arrondie , aplatie en deffus & en deiTous , & chargée dans toute f i farface de petites afpérités qui reffemblent aux dents d'une lime. Les Garipous appellent cet arbre yvouyra ; ils fe ferv^ent de fon bois , ainfi que les Galibis , pour avoir du feu : en frottant l'un contre l'autre deux morceaux de ce bois arrondis & pointus , ils parviennent bientôt à en avoir. Bois de merde.' /^tjye^ Bois caca. Bois de Merle. Cq^Xq célajîre ondulé ^ Celafims vndulatus , Hort. Reg. ; Ornitropha merularla y Comm. Cette efpece de céiajlre efl un arbiiffeau haut de huit à douze pieds , ^L qui croît à Madagafcar & aux Ifles de France 6c de Bourbon. Ses fleurs font blanchâtres & difpofées en bouquets ombcUiformes. Bois minéralisé] Voyei à l'article Minéraux. Bois des Moluques , Lignum Molucenfi. C'eil le bois d'tfn arbrifleau qui croit aux Ifles Moluques , ( Crotum Tigtium , Linn. Sp. ) Voyez RiCïN Indien, B O I îjï "Bois néphrétique , Lignum mphraicum aiit pcn- grïnum, C'eil un bois d'un jaune pâle , pelant ^ d'iia goût acre & un peu amer , dont l'écorce eil noirâtre : le cœur du bois efl d'un rouge-brun. Ce bois a une fmgularité remarquable : lorfqu'on a fait infufer dans de l'eau le véritable bois néphrétique ^ l'eau mife dans un vafe tranfparent , paroît d'un beau jaune fi on la regarde en tenant le vafe entre fon œil & la lumière; mais fi on tourne le dos au jour , l'eau paroîtra bleue ; effet qu'il faut vraifemblablement attrPDuer aux parties colorantes , qui font conilituées de manière à laiffer paiTer les rayons jaunes comme un tamis , 5c à réfléchir les rayons bleus que l'œil ne peut appcrcevoir que lorf qu'il eil entre le vafe & la lumière. Si l'on mêle une liqueur acide dans le vafe , la couleur bleue dif- paroît fur le champ ; &; de quelque manière qu'on regarde l'eau , elle a toujours alors la couleur d'or ; auiîi-tôt que l'on y .ajoute un fel alkali , la couleur bleue lui eil: rendue. Tous ces effets fi fmguliers font produits par les divers arrangemens des parties colo-^ rantes , & leurs combinaifons avec les matières falines. L'arbre dont on retire ce bois , efl le Guilandinct îjiorïnga , Linn, Sp. , ol croît en Amérique , dans 1^. Nouvelle Efpagne. On prétend que cet arbre efl, ori- ginaire du Ceylan. On l'appelle dans le Malabar mo-* rlngu , & dans le Ceylan kaiu-murimgka ou wcittu-* imirunga. Ses feuilles reffemblent à celles des pois- chiches. L'infufion de ce bois eil apéritive & utile ^ dit-on , dans la néphrétique , ce qui lui a fait donner ce nom ; on l'eflime auffi très-fébrifuge. Quoique biea des perfonnes fallent de grands éloges de cette infu- iion pour difToudre la pierre , les Auteurs de la Matierd médicale doutent fort de cette vertu. S'il exifloit quel- que dilfolvant véritable de la pierre , ce feroient les favôns 5 qui , compofés de parties falines & huileufes , font propres à diiioudre les parties coriilituantes de ia pierre. 35^ B O I Comme ce bois ell peu uiité , on le trouve tare^ ment dans le commerce : des Marchands de mauvaife foi lui fubflituent fouvent l'aubier du gayac d'Europe. Quelques-uns foupçonnent que le mimcudu ou bcn- cudu ou lakki'lakki , dont les racines donnent dans la teinture une belle couleur rouge , efl l'arbre à bois ncphritique du Ceylan , tranfporté à Malacca , à Java & aux Moluques ; d'autres prétendent que cette ra- cine à teinture rouge efl le Ronas. Voyez Racine d' Armcnh, Le bois néphrétique d'Europe efl le bouleau. Voyez ce mot. Bois de lait de l'Ifle de France , Antafara. Il paroît que c'eft le franchipanier à feuilles retufes. Son bois eft eftimé pour toutes fortes d'ouvrages au tour 6c pour la marqueterie. Bois de Nicarague. C'efl le Bols defang. Voyez ce mot. Bois noir. Ses feuilles croiflent oppofées le long des ramilles ; elles font cblongues , pointues, longues de quatre à cinq pouces , & larges d'environ deux pouces , fans dentelure ; portées fur de petites queues , elles font d'un vert tres-foncé en defiiis , tirant fur le noir & luifantes , d'un vert fombre en deffous. Telle eil la defcrlption trop fuccinte de ce bois , par l'Auteur de VEJuiifiir fHJI. Nat. di Salnt-Dominpie. On diilingue le bols noir de Malabar ; c'ell V Acacia de Malabar , Mimofa Ubbcck , Linn. ; Acacia non fpi^ nofa Indice Orientdis , colutice foliis , jiliquâ crujla^ c:d ^ &c. Pluk. Cet arbre croît dans l'Inde & dans l'Arabie. L'écorce en eft aiîcz unie & grifâtre ; fes feuilles font deux fois ailées ; les folioles ovales , oblongues , glabres & d'un vert glauque ; les fleurs font blanchâtres, difpofées en faifceau ombel li forme ; les étamines ncmbreufes &: très -longues ; les fruits font des gouiTes longues de fept pouces , larges d'un pouce ÔC demi , très - aplaties , d'un blanc jaunâtre ^ prefque B O 1 355 pîeTque liufantes , & qui renferment chacune huit à dix lèmences planes & orbicula res. Bois d'or du Canada, f^oyei à CarticU Charme» Bois d'Ortie. Fvyci Bois de Frédoche. Bois de la Palile. Voyc^^ à VanïcU Sang- Dragon. Bois de Palixandre ou Bois violet, Lignum violaceum. C'eft un bois que les Hollandols nous en- voient des Indes en grofîes bûches. Il réunit à une odeur douce 6l agréable une belle couleur tirant liir le violet , & enrichie de marbrures : ce bois eft d'au- tant plus eilimé que fes veines tranchent davantagre. Comme fon grain eil ferré , il eil fufceptible "de prendre un poli luifant : il eli: propre au tcur & à la marqueterie. On en fait grand ufage pour les bureaux , les bibliothèques 6c autres ouvrages. C'eft de ce bois que les Luthiers font la plupart des archets de violon. Il nous vient encore par la voie de Hollande , une autre efpece de bois de couleur rougeâtre tirant fur le violet , propre à la marqueterie ; mais il fe ternit aifément , & il efl trop fujet à le fendre , fi on n'a foin de le cirer de temps en temps : on le nomme improprement bois de la Chine ; car on prétend que l'arbre dont on le retire , ne croît que dans le Conti- nent de la Guiane en Amérique , au bord des maré- cages ; il eft monté fur des arcabos , dit M, de Prê-^ ■fontaine, C'eft le Spartium arboreum tri/Jaim iigno violaceo. Barr. Eff. p. 105. Bois Palmiste. Les Habitans de Saint-Domingue donnent ce nom à un arbre qu'il ne faut pas confondre avec les palmifles proprement dits. La tige du bois pal-- mijie eft d'une hauteur médiocre , droite , branchue dans fon fommet & très-garnie de feuilles ; fon écorce eil d'un noir cendré , liffe dans la jeuneffe de l'arbre , & crevafîée lorl'qu'il vieillit ; fon bois eft d'un blanc fale & pefant ; fes feuilles affez femblables à celles du noyer, plus étroites cependant ^ conjuguées; fes Igiuc il Z 354 B O I ileurs font fameufes & d'un blanc pourpré ; il leiif fuccede un fruit femblable à celui de Vhermodacis, ( Ejfai fur l'Hïfi. Naturelle de Saint-Domingue, ) Bois pelé. Voye?^ Bois de Frédoche. Bois pétrifié ou Dendrolite , Z/V^o;t^/7o/z. Voyez à l'article PÉTRIFICATION. Bois a pians. Nom donné à Saint - Domingue k un arbre très-branchu , & qui s'élève beaucoup ; il croît dans les endroits humides de cette contrée. Ses feuilles font cblongues , arrondies par la bafe , ter- minées au fommet par une pointe alongée & recourbée d'un côté 5 d'un vert très-foncé en defiiis , un peu clair en deflbus , liffes , opaques , fans dentelure , lon- gues de quatre à cinq pouces , larges d'environ un pouce , difpoféesf fur une côte tantôt par paire , tantôt alternativement ; chaque ramille eil: terminée ou par une feuille ou par deux feuilles. Aux fleurs fuccede une gouffe plate, longue de deux à trois pouces , large d'un pouce & demi , qui renferme une ou deux: graines ridées , cotonneufes , d'un vert pâle , très- veinées , plates , en forme de cœur , de douze à quinze lignes de diamètre , rouflatres , d'un goût défagréable. On prétend que les feuilles de cet arbre , appliquées en cataplafme fur les pians , les guériifent radicalement. On emploie l'écorce de l'arbre pour teindre en jaune. Bois de pieux. Voye^ Belo. Bois piquant. Voyei Tavernon. Bois de plomb des Canadiens , ou Bois de CUIR , Dirca palujlris , Linn. ; IhymœUa Jloribus albis primo vere erumpentibus , foliis oblongis acuminatis , yiminihus & corticz valdc tenacibus , Gron. Virg. Petit arbriffeau de la famille des Garous ; il croît naturelle- ment dans les endroits marécageux &; couverts de l'Amérique Septentrionale. Son bois efl: léger ; fes ra- meaux & fon écorce fort tenaces , &: peuvent à peine fe rompre fans le fecours d'un couteau ; fes feuilles , qui tombent tous ks ans j font vertes ôc glabres en B O ï 3J5 cieffus , blanchâtres & un peu velues en deffous , alternes , ovales ; les rameaux font à artidilations comme enchevillées les unes dans les autres. Les fleurs paroiiîent avant les feuilles développées , trois en- femble , latérales , pendantes &c blanchâtres ; le fruit eft baccifere , ovale & monofperme. Bois pouilleux. Foye^ ce que c\fl à VartlcU Arbre. Bois rfE ptisane. Dans le pays de Cayenne on donne ce nom à la lïam feguim ; on en prend une ou deux poignées , que Ton mêle avec force citrons , pour faire tremper les malingres. Foye^ a Partictc Liane. Bois puant. Voyci à VanicU Anagyris. Il ne faut pas confondre ce boïs puant avec le bois caca. Voyez ce mot. Bois punais. Voye^ Cornouiller sanguin. Bois de Quassie , QuaJJîa amara , Linn. Spec. pag. 553. Il nous vient d'un arbrifîeau qui croît dans les forêts de Surinam , & porte le nom d'un efclave Nègre nommé Quaffi qui l'avoit découvert , & s" ta fervoit avec fucces pour guérir les fièvres malignes de fes camarades dans la Colonie de Surinam , dont l'air chaud & humide eft tres-mal-fain. M. de la Borde , Médecin à Cayenne , nous a dit qu'on a tranfporté dans l'Ifle de Cayenne plufieurs plants de quajjîe ; qu'ils y ont bien réufTi ; que vers la fin de l'^'j'i ^ ils avoient déjà fleuri & frudifié ; qu'ils fe plaifent dans les lieux frais & humides ; & qu'en les plantant fur les bords des rivières , il y a lieu de préfumer qu'on les verra multiplier autant qu'on peut le défirer. Planté de graine s , cet arbrifTeau y donne fes premières fleurs au bout de deux ans , ou de deux ans & demi. Il efl , dit M. Patris , de moyenne hauteur , produifant» une ou plufieurs tiges d'un pouce de diamètre , qui s'élèvent de fix à huit pieds , avant de donner Aqs branches. Jufqu'à ce que les tiges commencent à fe Z 2 55^ B O I ramifier , elles font, dans toute leur longueur, garnies de feuilles , dont elles fe dépouillent alfez ordinaire- ment après la formation des branches. La tige de l'arbriiïeau eft cylindrique &C cendrée ou grifâtre. Les jeunes poufles ont l'écorce verte 6c très- ïégérement pointillée de blanc ; celle des branches , dans leur naiffance , eft d'un beau rouge , bruniffant ëc fe marquant de quelques lignes ou fines grifâtres en viellliffant. Les feuilles font alternes , compofées de trois ou quatre rangs de folioles fans pétales , mais de forme ovale. Cet arbriiTeau quitte rarement fes feuilles. Les fleurs de quaffie , dit M, Llnnœus , font difpofées en grappes à l'extrémité des branches , & ont le port & le volume des fleurs de la fraxinelle ; leur couleur eft d'un beau rouge de corail ; le calice efl court & compofé de cinq pièces ; les pétales font aufîi au nombre de cinq , égaux , arrondis , larges à leur bafe , roulés en cornet les uns fur les autres , & ne s'épa- nouilfant jamais ; les filets des étamines font au nom- bre de dix , fur montés de fommets oblongs , jaunes , & qui ont une pofition à -peu -près horizontale; le piflil efl un peu plus long que les étamines. Il lui fuccede cinq femences de forme ovale. La racine du qnaffîc efl pivotante , groffe comme le bras , blanchâtre en dedans , &: jaunifTant à l'air. Elle efl toute en aubier , 6c l'on ne peut pas en féparer la moelle : fon écorce efl fine , grife , raboteufe , 6c comme gercée en quelques endroits. Cet arbriffeau efl un des plus agréables à la vue par la multiplicité de fes bouquets & la variété des cou- leurs dans fes feuilles. La racine , feule partie en ufage de l'arbre , efl légère & n'a point d'odeur , fur-tout ii elle a été defTéchée à propos ; elle efl , ainfi que toutes les parties de cet arbrifleau , d'une amertume extrême , durable, fans avoir la ilipticité du quinquina. On eflime ce bois très-ba]famique, & propre , par fon amertume, B O I 357 à réfîfter aux acides 6c à la putréfaâ:ion , les deux principaux de{lruâ:eurs des végétaux & des animaux. On s'en fert dans rAmérique pour les ncvres intermit- tentes 5 continues , malignes & putrides. On le prend en poudre, 6c plus efficacement en déccdion.'Un gros de cette racine râpée lliffit pour ime livre ou chopine de vin ; on peut aufîi fe fervir d'eau au iieu de vin. Il n'y a que peu d'années que ce remède s'ell in.troduit dans la Médecine de l'Europe. On fc fert aufii de fa teinture au vin contre la goutte 6c peur fortiacr l'ef- tomac. On en prend deux cuillerées à loupe avant le repas. En un mot le bois de quaffie peut liippléer au défaut de quinquina , il a les mêmes vertus , 6>c fcuvent môme il termine des fièvres qui avoient été très- rebelles au quinquina & aux fleurs de poincillade. Bois Quinquina , Malpi^hia latifolla conicc fungui- mo^ Barr. EfT. p. 72 ; dans la langue desGalibis , Xou- rouquouy. On ne fait point , dit M. de Préfontaine , ce qui a fait donner à ce bois le nom de quinquina , avec lequel il ne paroît avoir aucun rapport. Cet arbriffeau croît naturellement dans les grandes favannes , ou prai- ries abandonnées depuis long-temps dans la Guiane. Barnre ajoute qu'on s'efl fervi quelquefois , dans la dyllenterie , du bois & de l'écorce de cet arbriffeau , avec le même fuccès que du Jimaiouba, Voyez ce mot, M. Deleuiç dit que les fleurs de cet arbre 6c des autres plantes du genre des Ma/pigkia , font à dix éta- mines 6c trois piftils , 6c ont dix nedaires en dehors du calice. Bois Ramier, f^oyei Bois de soie. Bois Ram on. Nom d'un arbriffeau qui croît à Saint-Domingue ; fon écorce eu amere ; fes feuilles font épaiffes , rudes au toucher , d'un vert foncé , larges ; fes fleurs croiffent par bouquets , d'un blanc- jaunâtre 6c. d'une odeur agréable , qui fe changent en un fruit affez femblable à une amande. ( EJ/ai fur rmji, Natur, de Saint-Domingue, } 35S B O I Bois de Reinette. P^oyei Dodonee â feuilles étroites^ Bois de Rose , Lignum Rhodium ; ainfi nommé à caufe de fon odeur , qui approche de celle de la rôle : on l'appelle aufîi bois de Rhodes ou bois de Chypre , parce qu'il croît dans ces Ifles , ainfi que dans celles de Canarie , aufîi bien qu'au Levant , le long du Da- nube , & à la Martinique oii on le nomme aufîi afpalath. Nous avons obfervé que ce bois odorant n'ofFre guère que la partie des racines. Il y a diverfité de fentimens fur l'arbre dont on retire ce bois aromatique , qui efl: de couleur de feuille-morte, dur , tortueux &: rempli de veines , qui , par leurs va- riétés, forment des compartimens agréables. Les An- tilles en fourniflent beaucoup : il efl très- propre pour le tour & pour la marqueterie , parce qu'il reçoit très-bien le poli , ainfi qu'on en peut juger par les jolis meubles qui décorent nos appartemens & nos cabi- nets : il efl d'un jaune pâle & qui devient roux avec le temps ; il efl réfmeux/, dur , amer & parfemé de nœuds : fon aubier efl blanc & fans odeur. Quelques- uns croient que c'efl le même que le bois citron. Voyez ce mot. D'autres foupçonnent que le lignum Rhodium efl un cytife. Les HoUandois retirent , par la diflillation du bols de rofe ^ une huile très -pénétrante , que l'on peut fubftituer à l'huile effentielle de rofe dans les baumes apople^liques , céphaliques. Les Parfumeur^ font ufage de ce bois de rofe , à caufe de fon odeur. Il y a une efpece de bois de Rhodes , ayant peu d'odeur , qui croît à la Jamaïque : Amyris balfamifera , Linn.; Lauro àjfnis terebenthi .^ folio aluto^ ligno odorato^ candldo ., flore albo ^ Sloan. Jam. Hifl. ; Lucïnium ., Pluk. Quelques perfonnes le prennent pour le bois de rofe , quoiqu'à bien examiner il en diffère. L'illuflre Natura- lifle Sloane dit que le tronc de cet arbre , qui s'élève à environ vingt pieds , efl blanc çn dedans , & que ce B O I 359 boîs réfineux étant brûlé , répand une odeur de rofe très-agréable. Ses fleurs font blanches , en bouquets , comme celles du fureau. Ses fruits reflemblent aux baies du laurier. Il y a auiîî à la Guiane un bois qu'on appelle bois de rofe. Voyez à Vartide BoiS DE CHAN- DELLE. Le hois de rofe de Saint-Domingue , dit Nicole fon y a les feuilles oblongues , larges de douze à quinze lignes , longues de deux à trois pouces , terminées au fommet par une pointe mouffe , recourbée d'un côté y d'un vert clair en deffous , plus foncé en defllis ; très- veinées, fans dentelure. Il croît à la Chine un hoïs de rofe nommé tftan ^ qui eft d'une très-grande beauté. Sa couleur eil d'un noir tirant fur le rouge , rayé & femé de veines très- £nes qu'on diroit être peintes : c'efl Veryfifccptum de quelques-uns. Les ouvrages faits de ce bois font ii effimés qu'ils fe vendent plus cher que ceux auxquels on applique le vernis. Du H aide. Bois rouge ou Bois de sang ou Bois sanglant; Terebinthus procera halfamïfera ruhra ^ Barr. p. 107 ; an, Cahiieriha , Pifon. C'efl: V Anacoucou des Caraïbes. Ce bois provient d'un très-grand arbre qui croît en Améri- que , près du Golfe de Nicaragua & dans les environs de- Cayenne. Le cœur de ce bois efl d'un très-beau rouge étant travaillé , mais il s'éclaircit &: devient gris à la longue. Son écorce qui efl grife d'abord , devient rouge en féchant , tant en dehors qu'en dedans,. Les Indiens fe fervent quelquefois de cette couleiu: pour colorer certains ouvrages. Ce bois efl cher ; ils s'en fervent cependant pour s'éclairer , de même qu'on emploie le pin dans les Pyrénées. M. d& Préfontaine dit que c'efl , après le balatas ^ le meilleur bois pour bâtir. On donne aufll le nom de Bois ROUGE ,. Lignum rubrum , Pterocarpns draconk fanguis , à un arbre qui croît à Java , Sumatra & Malacca , & que les Indiens appellent en langue Malaie Anxana^ Z-4 3^0 B O I Nicolfon obferve que le bois rouge eft un grand arbre dont on diltingue plufkiirs efpeces , qui difftrent entre elles tantôt par les fleurs , tantôt par les feuilles. Dans le quartier de Léogane , au bord de la mer , à Saint- Domingue , il en croît une elpece fort commune , qui s'élève environ à vingt pieds. Son. bois eil: liiTe , gri- fâtre , dur , pefant , malîif : fes feuilles ont fix à lept pouces de longueur 6c environ deux pouces de lar- geur ; elles font oblongues , terminées par une pointe recourbée d'un côté ^ d'un vert gai en deffus , clair en dellbus 5 fans dentelure , partagées par une côte &: plufieurs nervures laillantes. Sa fleur devient une baie fphérique , de quatre lignes de diamètre , remplie d'une pulpe molle, mince, charnue, d'une odeur aromatique, d'un goût fade; l'écorce qui couvre ce fruit eft mince, grifâtre , lilTe en dedans. On trouve au centre une graine prefque ronde , divifée en deux lobes , dure , noirâtre , farineufe , ayant le même goût &; la même odeur que la pulpe. Son bois efl: employé dans les ouviagts de menuiferie. Bois satn. C'ell le garou. Voyez ce mot. Bois saint. Foye^ Gayac. Bots de Saint-Jean. Voyez Arbre de Saint- Jearz. Bois de Sainte- Lucie. Voyez Mahalep^ à l'article Cerisier. Bois de sang. Voyei^ Bois rouge. Bois de Sapan. C'eil le bréfdUt des Indes, Voyez à Vartïck Bois DE Brésil. Bots satiné. Bel arbre des Antilles ; c'ell: le même que le bols de Féroles, Voyez ce mot. On emploie fon bois en marqueterie : il a le fond rouge , veiné de jaune. Le bols fatlnl d'Europe eft le prunier. Voyez ce mot. Bois de Savanne. Voyei Poirier sauvage de Cayenne. Bois savonneux. Voye^ Savonnier. Bois de Saxafras. Voyei Sassafras. Bois de Senil. Voye^ Conise àj}uilks deJauU. B O I 361 Bois de seringue, royei à L'anlck RÉSINE ELAS- TIQUE. BOïS SIFFLEUX. Voyer^ COTONNIER SIFFLEUX , à VartïcU MahOT. Bois signor. Voyc^ Bois Capucin. Eois DE Soie ou Bois Ramier , Muntingïa folio fcrlceo molli ^ frucîu majon , Piiim. Gen. 41. C'elt un arbre de la famille des JdUuls ; il s'élève à environ trente pieds de hauteur ; fon écorce eit épaifl'e de près d'un demi-pouce ; elle efl blanche & toute hachée ; fon bois eit gris , il a le ni long , tendre &: plein de fève ; cet arbre elt affez branchu , de belle apparence , bien fourni de feuilles , qui approchent fort de celles du charme ; elles font alternes , tendres , douces ^ fines 6c couvertes notamment en deflbus d'un petit duvet blanchâtre , doux ^ ï\\\ comme de la foie. Son bois n'eil: bon qu'à faire des douves pour les barriques , encore durent-elles peu. A Saint-Domingue , où cet arbre fe trouve, les Nègres font des cordes avec fon écorce. Bois de Tacamaque. Voyc^ Tacamaque. Bois tapiré. Grand arbre de la Colonie de Cayenne , dans lequel le cœur du bois eft mêlé de rouge 6c de jonquille : on en fait des meubles dans le pays ; & comme il eil d'une excellente odeur , il la com- munique au linge qu'on renferme dans les armoires faites de ce bois. L'on commence à nous en apporter en Europe pour l'ufage des Ébénilfes. Bois trompette. Voyc^ ArviBAÏBA. Bois veiné. Nom donné par des Amateurs à une coquille univalve du genre des Murex , parce que fa couleur imite celle du bois veiné. Voyez Murex. Bois vert , ainfi nommé de fa couleur dominante. C'eft le his d'èbme de la Guadeloupe & de toutes les Antilles. Voyc^^ à l^articU Ébene. Bois violet. C'eft le Bois de Palixandre ; cependant les Ébénifle.^jippeilent plus particulière^ 362 BOL ment hois violet , celui dont les veines tranchent davan- tage & font plus vives, f^oje^ Bois DE Palixandre. BOLDU , Boldu arbor ollvkra , Plum. Journ, du Pérou. Arbre qui paroît avoir quelques rapports avec les Lauriers , 6^ qui croît dans les forêts du Pérou : il s'élève à la hauteur de vingt à vingt-quatre pieds ; fon tronc ell de la grofleur d'un homme. Son écorce a le goût de la cannelle ; fes feuilles font oppofées , cordiformes , longues de trois pouces , de moitié moins larges , vertes , un peu velues , & d'une odeur d'encens. Les fleurs viennent en bouquets au bout des branches ; elles font blanches , à fix pétales difpofés en rofe ; il y a iix étamines jaunes , & un piiîil ; le fruit reffemble à nos olives ; fon noyau efl noir , rond & olTeux. Les Indiens mangent ce fruit par déhces. BOLET , BoUtus , Linn. Gêner. 12 10. Voye^^ à VartkU Champignon. On a donné le nom de Boht de cerf ^ ( BoUtus Urvinus , ) à une efpece de champignon à cavité pul- vérulente ; ceux que nous avons vu fous ce nom font des vefTes-de-loup , petites , orbiculaires. BOLS , Terres bolaires ou Terres sigillées , Terrez bolares. Ce font de vraies argiles ; mais il pa- roît qu'on a afFeâ:é finguliérement ces noms à celles qui font un peu poreufes , affez friables , s'attachent & happent fortement en empâtant la langue , de même qu'à certaines argiles rempUes d une grande quantité de terre ferrugineufe , & colorées par cette terre d'une manière uniforme en jaune ou en rouge , &:c. Il y a une efpece de terre bolaire de couleur de chair , que l'on voit avec étonnement avoir été de tous temps célèbre parmi les hommes , puifque du temps môme ^Homère & ^Hérodote , on ne la tiroit de la terre qu'avec de grandes cérémonies. On nous apporte cette terre fous la forme de paftilles convexes d'un côté , 6c aplaties de l'autre par l'impreffion du BOL 3^5 cachet que chaque Souverain des lieux oti il fe trouve aujourd'hui des bols , y fait appofer , moyennant un tribut, ce qui kii conferve le nom de terre Jîgillée, Autrefois les Prêtres y imprimoient l'image d'une ihevre , fymbole de Diane. Les bols ou terres JigllUes qui nous viennent de Saxe , font en paftllles rondes au pourtour , &: planes tant en deffus qu'en deiTous : l'une des faces offre l'empreinte de deux fabres croifés. On voit en Allemagne , dans les boutiques , plu- fieurs efpeces de terres Jzglllées , marquées de cachets dilférens. La plus grande partie de la terre Jîgillêe , que l'on nomme aufli terre de Lemnos , parce qu*on la tire de cette Me , appelée aujourd'hui Stalimem ^ eft marquée du fceau du Grand -Seigneur. Le Gou- verneur de rifle en vend auiïi une partie aux Mar- chands , fur laquelle il imprime fon fceau. Les Anciens ont beaucoup vanté cette terre , dont on ne fait aujourd'hui prefque point d'ufage : les cé- rémonies qu'on employoit pour la tirer de la terre , ne contribuoient pas peu à augmenter , dans l'efprit du peuple toujours crédule , l'idée de fa vertu. Ils la regardoient comme un alexipharmaque , comme un remède très-utile à la dyffenterie , &: propre à refer- mer les plaies /écentes ; effets qui , quoique très-foi- blés , pouvoient être produits par l'acide vitriolique , qui efl contenu dans les terres argileiifes, Henckel dit que l'ufage de ces terres efl propre à engendrer & à augmenter les calculs , de même que le talc que les Chinois brûlent, & qu'ils boivent mêlé avec du vin, comme un remède propre à prolonger la vie. Il efl étonnant que les terres bolaïres foient toujours d'un ufage aufîi familier dans la Médecine. Il efl reconnu que les acides n'agiffent pas fenfiblement fur les terres grajfes ; fi ces difîblvans ne peuvent les attaquer , il n'y a guère lieu de croire que ceux qui fe trouvent dans l'ellomac prodiiifent ççt effçt, Nous dirions vor 364 BOL lontiers , avec la plus faine partie des Médecins inf- traits , qu'on peut regarder comme un abus l'ufage des urres bolaires èc des terres Jigillées. Erredivement , ii elles ne ie diffolvent peint dans les premières voies , elles ne peuvent que fatiguer Feilomac fans paffer dans l'économie animale. S'il s'en diflbut une partie , c'eli: une preuve que la terre boUirc ëtoit mêlée d'une portion de terre calcaire ; &. alors il vaudrcit mieux em- ployer des terres abforhanîes , telles que la craie lavée , les yeux (Pécrcviffes , ckc. Si c'efl à la partie ferrugi- neufe qu'on attribue \^s vertus des terres Jigillées , il feroit beaucoup plus fimple d'employer des remèdes martiaux. On a des bols & des terres Jigillées de plufieurs autres Contrées , & ces bols font aulîi plus ou moins vantés. La terre de Mafia , près de Lisbonne , a la réputation de guérir les cancers. Celle de Saint-Ulrich a , dit-on, la vertu de chafler les rats ; & celle du Chaw au Pérou paiTe pour rendre les femmes fécondes. En Allemagne les terres bolaires ont encore beaucoup de crédit. On met au rang des bols une terre du Mogol de couleur grife tirant fur le jaune , que l'on nomme terre de Fatna ; on en fait des pots , des bouteilles , des carafes qu^ l'on nomme gargoulettes , capables de contenir une pinte de Paris , mais fi minces & Il lé- gères , que le fouffle de la bouche les fait rouler çà & là fur le parquet. On prétend que l'eau y con- trade un goût d>c une odeur agréables , ce qui n'a point heu dans ce pays-ci , lorfqu'on veut répéter rexpcrience dans ces vafes. Quoi qu'il en foit , ce vafe s'humecte infenfiblemtnt , &: après que les Da- mes Indiennes ont bu l'eau qu'il contenoit , elles le croquent & mangent avec plaifir , & principalement quand elles font enceintes ; car alors elles aiment avec fureur cette terre de Patna ; & fi on ne les ob- fervoit point , dit plaifamment Lémeri , il n'y a point de femme groffç au Mogol qui , en peu de temps , B O M 365 n^eut grugé tous les plats , les pots , les bouteilles , les coupes & autres vaies de la maifon. On dit qu'en Efpagne on fait ufage d'une efpece de tern qui a pref- que les mêmes vertus , & qu'on nomme bucaws. Voyez ce mot. Le bol d^ Arménie , fi célèbre comme ingrédient de la grande thériaque , efl: d'un rouge- brun. Il s'en trouve d'à fiez femblable auprès de Saumur, Les Naturalises diftinguent encore plufieurs autres efpeces de terres bolair&s par leur couleur , ainfi qu'ils donnent à beaucoup d'argiles des épitheîes qui indi- quent leur couleur ; comme argiles blanches , argiles grifes j argiles bleues. Mais toutes ces dénominations , comme le dit avec railon l'Auteur du Diciionnaire de Chimie , ne donnent que fort peu ou même point du tout de connoifîances fur la vraie nature des diffé- rentes argiles naturelks. Ne feroit-il pas , dit-il , plus avantageux d'examiner d'une manière plus particu- lière 5 ëc fur-tout par des épreuves chimiques , quelles font les m.atieres hétérogènes dont le mélange altère dans les différentes argiles naturelles la pureté de la terre argileufe , fimple 6c primitive , à laquelle elles doivent tout ce qu'elles ont de propriétés argileufes , & de leur donner des noms qui indiquaffent ces ma- tières hétérogènes , ou du moins celles d'entre elles qui dominent , en y joignant , fi l'on veut , la cou- leur de V argile ? Dans ce plan de nomenclature , on auroit les argiles blanches , fahUufes ^ micacées , cal- caires ; les argiles grifes ou bleues , pyriteufes ; les ar-^ giles jaunes ou rouges , ferrugineufes : les argiles noire» ou bitumineufes. Ces obfervations judicieufes prouvent combien la Chimie peut répandre de lumière dafis VHiJloire Naturelle fur l'objet préfent & fur une infi-» nité d'autres , particulièrement dans la Minéralogie. Comme cet article a une liaifon intime avec celui de la glaijé 6c de V argile , Voyez Argile & Glaise. BOM , Borna, Grand ferpent du Bréfil & du pays ^66 B O M d'Angola J^ qui fait un bruit iingulier en rampant , & dont il eft parlé dans VH'iJîolrc Générale des Fojages, Le Borna eA le Boa. Voyez cet artïck. BOMBAPvDIER ou Canonnier. Nom donné à une efpece de buprejie qui fait par l'anus une explofion femblable à un coup de feu. Cet infede y que M. SoLander a fait connoître le premier , efl de moyenne grolîeur &: de l'efpece des vers-luifans ; voici la phrafe qui défigne {ç.s caradleres : Cicindela capitc , thorace , pedibufque riifis , elytris nigro'CœruUis, Le bombardier a les yeux faillans 6l d'un bleu- noirâtre ; fes cornes font courtes. Il a la tête , l'eftomac , le ventre &: les pattes d'un rouge mat : l'extrémité des pattes de derrière efl d'un bleu foncé. Les étuis de fes ailes ont une largeur inégale &: des pointes obtufes. C'eft vers le commen- cement d'Avril que cet infeûe fort de terre : il refle d'abord caché fous des pierres ; mais lorfqu'il fe met en marche , il va toujoiu's en fautant & fans faire ufage de fes ailes ; ii on le touche , il jette aufTi-tôt par Tanus , avec un bruit prefque femblable à celui d'une arme à feu , une fumée qui parort d'un bleu fort clair, L'Obfervateur avoue que dans la frayeur que lui caufa pour la première fois cette explofion , il lâcha l'in- îefte ; mais que dès qu'il en eut trouvé un autre , & qu'il l'eut pris , l'animal tira fon coup comme le pre- mier. M. Solandcr , familiarifé avec l'artillerie de ces petits animaux , s'avifa de chatouiller celui-ci avec une épingle fur le dos , & il tira jufqu a vingt coups de fuite. Etonné de voir tant d'air contenu dans un fî petit corps ', il ouvrit l'infede , &: il lui trouva vers l'anus une petite vefîie aftaifiee. Cette veiîie eft donc l'arfenal foudroyant de cet infecle , qui efl lui-même une efpece de petite baflille , dont la manœuvre pé- tulante ôc fans effet nuifible , mérite l'attention de rObfervateur. Cet animal a un ennemi qui lui donne continuellement la chaflé , c'efl le grand carabus dé- crit dans le Fauna Su^cica de Linn(çus. Quand le tireur BON 367 eft fatigué par les pourfuites du carahus ( qui efl un autre bupreue) , il fe couche devant fon emiemi. Celui- ci , la bouche béante , & les pinces ouvertes , efl tout prêt à dévorer fa proie ; mais à l'inflant qu'il s'apprête à fauter fur elle , le tireur lâche fon coup de bombe , &.le carahus effrayé recule. Le bombardUr pourfuivi cherche à mettre le chaffeur en défaut , & s'il eft aifez heureux pour trouver un trou , il échappe cette fois au danger ; autrement le carahus , qui revient tou- jours à la charge , le prend par la tête , le coupe & l'avale. M. Solandcr eft furprls que cet infede qui a des ailes , ne cherche pas à fe fauver en volant ; mais il ajoute que cet infede fait apparemment comme l'oie qui, dit-on, vole devant l'épervier , 6c ne ;fait que fauter devant le renard. M. Solandcr vient de nous faire connoître une autre forte d'infcde fort lingu- lier : c'eft une chenille qui mange de la foupe ôc d'autres chc fes graftes. BONANA. Nom tranfporté par corruption au pin- çon de la Jamaïque de M. Brijfon , parce qu'il a l'ha^ bitude de fe percher fur le conana pour fe nourrir des fruits ou femences de cet arbre. Cateshj dit que c'eft par la même raifon qu'on donne aufîi au troupïaU le même nom de bonana, BONASUS. Efpece de taureau que l'on trouve en Pébnie , dans les vaftes forêts de Lithuanie , &: dans quelques parties des Monts Crapacs , & peut-être dans le Caucafe. Ce quadrupède bifulce eft de la grof- feur de notre taureau domejiïque , mais fon cou eft depuis les épaules jufque fur les yeiLx couvert d'un long poil , bien plus doux que le crin du cheval. Cet animal vient originairement de V aurochs , qui eft le taureau fauvage , animal fupërieur au bonafus pour la grandeur &: pour la force. Voye^ , au mot Auroghs, toute la variété des bœiffs & les caufes de leur dégé- nération. Le bonafus a été connu ^Arïflotc ; c'eft le monops ^Elien , le taureau fauvage de Péonie , le même 3é8 BON animal qiie Jules- Ce far a décrit fous le nom germaîit aurus ; en un mot , ceft une eipece de blfon. Voyez ce mot, BONDRÉE ^pl. enl. 420. GoiRAN de Bdon , Buteo cpivorus. Cet oifeau de proie a tant de reffemblance avec la bufe , qu'à moins de les comparer bien foi- gneufement , il ell ailé de les confondre. Ces deux efpeces , quoique voifmes , & quoique ayant beau- coup de cara^kres communs , offrent cependant des traits de différence dans le naturel , dans le caradere , dans les habitudes , fufiifans pour conftituer deux efpeces. La bondrèe efl à-peu-près aufTi grolle que la bufe ; elle a vingt-deux pouces de longueur depuis le bout du bec jufqu'à celui de la queue , & dix- huit pouces jufqu'à celui des pieds ; fes ailes , lorf- cu'elles font pliées , atteignent au-delà des trois quarts de la queue ; elle a quatre pieds deux pouces d'en- vergure ; fon bec efl un peu plus long que celui de la bufe ; la peau nue qui en couvre la bafe ell jaune , cpaifïe 5 inégale ; les narines font longues &: cour- bées ; lorfqu'elie ouvre le bec , elle montre une bouche très-large & de couleur jaune ; l'iris des yeux efl d'un beau jaune ; les jambes & les pieds font de la même couleur , & les ongles , qui ne font pas très-crochus , font forts & noirâtres ; le fommet de la tête paroît large & aplati : il eft d'un gris-cen- dré. Ces oifeaux , ainfi que les bufes , compofent leurs nids avec des bûchettes , & les tapilTent de laine à l'intérieur ; c'eft fur elle qu'ils dépofent leurs œufs , qui font d'une couleur cendrée &: marquetés de pe- tites taches brunes. Quelquefois ils occupent des nids étrangers ; on en a trouvé dans un vieux nid de mi- lan. Ils nourriflent leurs petits de chryfalides , &: particuliérem.ent de chyfalides de guêpes. On a trouvé des têtes & des morceaux de guêpes dans un nid où il y avoit deux petites bondries : elles font dans ce premier âge couvertes d'un duvet blanc , tacheté de noir ; BON 3^^ •Tioîf ; elles ont alors les pieds d'un jaune pâte , 6c la peau , qui eft llir la baie dui^bec , blanche. On a auiîi trouvé dans Feftomac de ces oifeaux , qui efl fort large , des grenouilles ôc des lézards entiers. La femelle eu , dans cette efpece , comme dans toutes celles des grands oifeaux de proie , plus grolTe eue le mâle ; 6c tous deux piettent &: courent , fans s'aider de leurs ailes , auiïï vite que nos coqs de baffe-cour. La hondrée eu. moins commune que la bufe ; fa manière ordinaire de chaffer , eft de fe placer fur les arbres en plaine , pour épier fa proie. Elle prend les mu- lots ) les lézards , les grenouilles , les' chenilles &: autres infectes. Elle ne vole guère que d'arbre en arbre ^ de buiffon en buifibn , toujours bas & fans s'é- lever comme le milan , auquel du reile elle reffemble aflezpar le naturel, miais dont on pourra toujours la dif- tinguer de loin & de près , tant par fou vol que par fa queue , qui n'efl pas fourchue comme celle du milan. Comme la bondrk cft graffe en hiver , & que fa chair alors eft affez bonne à manger \ on tâche dans cette faifon de prendre cet oifeau au pié<>e. BONDUC , Guilandina. Genre de plante à fleurs polypétalées , de la famille des Leguminei/fes , & qui comprend des arbres & des arbnffeaux exotiques , épineux , dont les feuilles ibnt une ou deux fois ailées , & dont les fruits font des gouffes courtes, prefque rhom.boïdales , tout-à-fait uniloculaires , & qui renfer- ment quelques femences dures , offeufes , &: la plupart prefque fphériques. BONDÙC commun^ ou PoiS QUENÎQUE, OU GuENIC^ ou CnîQUIER , ou (ÉIL DE CHAT , Guilandïna Bon-^ duc , Linn. ; Bonduc vulgaU , majus ^polyphyllum , Plum i Acacia gloriofa lentifci folio , fpinofa , fion fpïcaîo luuo ^ filïqiiâ magna mur Lcatd ^ Pkik. Alm. ; Lobus échinât us ^ fnichi fiavo ^ folïis rotundiorihus , Sloan. Jaiti. ; Frutzy: Glohulorum , Rumph. Amb. C'eil Un arbriffeàU épineux; qui croit naturellemçnt daus ks climats chauds dçg Joim Uf A H 370 BON deux Injes; on le trouve très- communément au bord de la mer, aux Ifies fous le vent; fes tiges font ver- dâtres , cannelées ^ comme larmenteufes & caflantes ; la tige , les rameaux & les pétioles des ieuilles font munis d'aiguillons nombreux , fort petits & en crochets ; fes feuilles font deux fois ailées , à pinnulcs oppofées & fans impaire , &: à folioles ovales , glabres , un peu pétiolées ; les ileurs font idiez petites , jaunâtres ou roufîatres , terminales , garnies de dix étamines très- déliées : le piilil devient une gouffe ovale ou rhom- boïdale y légèrement comprimée par les bords , renflée au milieu , d'un brun roufTâtre , large de quinze à dix-huit lignes , longue de trois à quatre pouces , couverte d'épines fouples & nombreufes ; cette goufle eft uniloculaire , & contient deux ou trois graines fphériques , fort dures , liiTes , d'un gris bleuâtre ou nué de vert , groffes comme des avelines ; chaque graine renferme une efpece d'am.ande blanchâtre , ridée, huileufe , d'une odeur &C d'un goût de pois vert, mais amer ou peu agréable ; quand la gonflé , garnie de fes graines , eif bien defféchée & qu'on l'agite , elles réfonnent. EONDUC rampant^ Guïlandlna Bonducella ^ Linn. ; Crijîa pavonis , glycirrkiiœ. folio , mïnor , repzns , fpïno^ filJima , &c. Bregn. Prodr. ; Carctti , Rheed. Malab. Cette efpece eil plus petite ÔC plus rampante que la précédente ; les Habitans du Malabar s'en fervent comme d'un fpécifique dans les hernies : on en peut faire des haie§ impénétrables aux animaux , à caufe de la grande quantité d'aiguillons dont fes rameaux , qui s'étalent à la manière des ronces , font garnis. BONDUC à goujjes lijfes , Gu'dandina nuga , Linn. Cette efpece croît à Amboine , dans les lieux pierreux ^ vers les bords de la mer. BONDUC à fiaurs en grappes panïculks , Gidlandlna paniculata , Linn. Cette efpece croît au Malabar^ M. di Conmcîfon dit l'avoir* vue à la Nouvelle Brç^ BON 371 tagne : c'eil le Cacu-mullu , Rheed. Mal. ; le Ticanio de M. A dan fort, BONDUC à Jleurs axillains , Guilandinx axillaris. Cette elpece croît au Malabar , dans les bois épais : c'elî le Bcni'caretti , Rheed. Mal. " BON-HENRI ou Épinard sauvage , Bomis hm-^ r'icus ^ J. B. 2^ 965^ Linn. 310; Chcnopodium folio tiian- gulo^ Toiirn. Infl. 506. Plante à fleurs à étam^nes , allez i'émblable, pour la figure extérieure, aux épinards y 6c cju'on peut leur iubiîituer , étant également émolliente Se îaxative. On dit que (es feuilles écrafées & appliquées en cataplafme furies plaies nouvelles, les cicatrifent proniptement , révuiilTant le double avantage de net- toyer les ulcères 6c les plaies. On trouve fréquemment cette plante dans les lieux incultes , les mafures , 6c le long des chemins. Des perfonnes la cultivent aufii avec les herbes potagères ; l'on mange fes jeunes tiges en manière d'afperges , 6c fes feuilles en guife d'épinards. Le bon-hcnri , dit M. Ddeuiç , eil du genre appelé patu-d'ok , ( Chenopodium. ) Sa racine efl vivace , épaiiTe , rameufe , jaunâtre dans {on intérieur , acre 6c amere ; fes tiges font hautes d'un pied 6c plus, épaiiics y droites , creufes , cannelées & garnies de feuilles alter- nes , triangulaires, fagittées, un peu ondulées , liffes^ nerveufes , fans dentelures dans leur contour , d'un gros vert en defîiis, & comme chargées d'une pcuf- fiere farineufe en deflbus ; elles font portées fur de longs pédicules 6c renfoncées à leur infertion : fes fleurs naiifent en épis au bout des branches ; elles font d'une couleur herbacée. Bon -HOMME. Fby^{ Bouillon-blanc. ' Bo N- JOUR- COMMAN D EUR. Nom donné, à Cayenne , à un petit cifeau qui a le plumage , les mœurs & les caraQeres de notre moineau ; fon chant fe fait entendre de grand matin, 6c dtil le premier des oifeaux dont le cri frappe l'oreille àz ceux qui commandent les Nc^gres, A a 2 372 BON BONITE. Polffon fort commun dans la mer Atîan^ tiqiie 5 d'une couleur affez approchante de celle des maqmuaiix , auxquels il refTemble aulTi pour le goût ; mais il en diffère beaucoup par la grandeur ; il a julqu'à deux ou trois pieds de longueur. Son corps eil fort épais 5 charnu &: couvert d'une petite écaille fi ferrée , qu'à peine l'apperçoit-on : quatre raies jaunâtres qui naiffent du côté de la tête , rognent le long du corps à diflance à-peu-près égale , &: fe réuniffent à la queue. La honïu a l'œil grand & vif. Ces poiffons fe trouvent plutôt en pleine mer que près des côtes ; ils vont en troupe, & la mer en eft quelquefois prefque toute couverte : on les prend à la fouine , au trident & de diverfes autres manières. Si l'on attache une ligne à la vergue du vaiffeau lorf- qu'il vogue , & qu'on l'amorce avec deux plumes de pigeon blanc , on a le plaifu* de voir les borates s'élancer îlir ces plumes qu'elles prennent pour un poifTon volant y & fe prendre ainfi à l'hameçon. Quoique les bonites ou germons des mers d'Améri- que & d'Europe foient un excellent manger, on dit que la chair de celles que l'on pêche dans les mers d'Angola eil très-pernicieufe. Les Nègres de la Côte ^'Or mettent ce poiiTon au rang de leurs Dieux ou Fétiches. Ce poiûbn n'eft-il pas le Thon ? EONITON. Voyei Amie. BONNE-DAME. Voyei Arroche. BONNET-CHINOIS. C'eflun.fmge delà famille des Guenons , & qui paroît n'être qu'une variété de l'efpece du malhrouck. Voyez ce mot. Bonnet ^'Électeur. Voyei_ à la fuite de Var^ ticle Courge à limbe droit ou BoNNET de Prêtre, C'eft une race de pepons. On l'appelle pajlijfon. Bonnet de Neptune. C'eflun fcngipore de formé arrondie ; fa partie convexe ed quelquefois terminée par une efpece de tubercule en façon de bouton, d'où partent en tous fens des lames minces fort ferrées , BON .373 3ont les dentelures faillantes forment de dlftance en diilance de petits tubercules comme étoiles , qui leur font donner le nom de grand bonnet de Neptune , ou la mitre Polonoife. Les efpeces ordinaires font plus petites , &: n'ont point ces tubercules étoiles , mais quelquefois des boucles irrégulieres. La partie concave du bonnet de Neptune eli garnie de flries granuleufes , quelquefois pointues. On donne auiîi le nom de bonnet de Neptune à une efpece il reffemble à du lucre peu tranfparent 6c candi , ou à un amas de criflaux confus de tartre vitriolé. On le nomme borax en rucher de la Chine, L'autre efpece de borax eft aflez tranfparent, luifant, d'un blanc mat , dur ; fa figure tit un prifme hexaèdre , com,)rimé , &: tronqué par les deux bouts. On le nomme borax raffuti £ Hollande , Borax depuratus , Mus , ociangularis Wallerîi ( ^ ). Son goût eft d'abord allez doux; il devient enfuite acre-piquant; mis fur des charbons embraies , fon odeur , qui efl fuave au commencement, devient enfuite alkahne &: urineufe. Le raiHnage du borax efl une efpece de manipulation que les Holiandois annoncent comme un fecret; mais ils s'en font fait trop gratuitement un privilège exclufif. Je peux dire d'avance qu'il en efl du rafBnage ccaborax comme de celui du camphre. Pendant combien de temps n'a-t-on pas dit que le camphre ne fe pouvoit purifier que par la fimple liquéfaction ? Quelques-uns cependant foupçonnoient que cette réfme fi fmguîiere pouvoit être purifiée par la fublimation : tant d'incertitudes auroient dû fciire tenter l'expérience ; mais chacun parloit le lan- gage de fon Auteur ; il n'y avoit que les Holiandois -_ jiences que le ventaûie pro- cédé du ra{Hnage du camphre brut , fe réduifoit à une feule fublimation, au procédé que j'ai décrit avec les dt^tails nécf flaires pour accélérer & faciliter l'opération. Si l'on eut tenté en France la purification du borax brut {a) J'ai eî^pofé aux yeux de TAcadémie ces différentes efpeces porfix , & toutes les expérieiices (^ue j'ai faites lur ce fel. de B O R 377 3e l'Inde & qu'on Peut rendue publique , on fauroit qu'on en peut faire le raffinage lans l'intervention de l'eau de chaux vive 6l d'autres matières , qu'on a pré- tendu ou ignorer ou Ibupçonner. Enfin on lauroit déjà que la puritication du horax eu fondée far le même procédé ufité pour les autres fels que l'on purifie par la voie de la diflolution , de la filtration , de l'évapora- tion 6c de la criftallifation. Etant à Amflerdam, un riche Négociant de cette ville me fît entrer dans un de ces fameux laboratoires , oii l'on ne fait des opérations de Chimie qu'en grande quantité : la théorie efl bannie de ces efpeces d'atteliers , la pratique feule conduit la main d'un ouvrier qui ne manque jamais de réufïïr , & de produire à fon maître un bénéiice dont la fpéculation lui tient lieu de toutes réflexions phyfiques. Ce fut dans ce laboratoire HoUan- dois où je puifai diverfes inftrudions, dont je rendrai compte dans un inftant. Le borax brut nous efl apporté de Bengale & d'Ormus: on en trouve aufîi dans la grande Tartarie. De tous les vaifTeaux Européens qui mouillent dans le Bengale , ce font ceux des Hollandois qui apportent le plus de borax ; je fais même que ce qu'en apportent quelquefois les François ou les Anglois , eft auffi-tôt revendu à quelques Négocians d' Amflerdam qui ont l'art de le purifier. Les Vénitiens ont eu les pre- miers la réputation de rafîiner ce fel ; mais ils pré- tendent que la longue guerre des Turcs avec les Perfans ayant interrompu toute efpece de commerce dans les Echelles du Levant , ceux qui avoient à Venife l'art de rafnner le borax des Indes, manquant de matière à borax , périrent de mifere , & emportèrent avec eux leur fecret. Que ce fait foit ou non , toujours cfl-il vrai que les Vénitiens & tous les Européens tirent aujourd'hui & imiquement le borax rafHné des Droguifles de Hollande , & que ceux-ci fontiin myflerô de la manière dç k raffiner. 37S B O R L'Auteur du Dlciionnaire du Citoyen dit à cet égafd que le grand fecret des Hollandois efî l'économie & leur application à rendre la main-d'œuvre à très-bon marché, pour empêcher les autres Nations de tenter la même chofe; fecret qu^ils appliquent efFeftivement à plufieurs autres objets de commerce, tels que la préparation du minium , du cinabre , du fublimê corroff, les huiles de mufcadcy de giroflt ^ de bois de rofe ^ de fajfafras^ de ^édoaire , de couidawan , de cannelle , & de plulieurs autres matières , dont ils font feuls le commerce à l'excîufion de toutes autres Nations. Je reviens au borax ^ comme étant le feul objet que je me fois propofé de traiter dans ce Mémoire. La quantité de borax brut qui m'a paffé par les mains, ou que j'ai eu occafion de voir dans les magafms de Marfeille , de Londres , d'Amflerdam & de plufieurs autres endroits de l'Europe , les récits de plufieurs Négocians Arméniens & de Voyageurs inftruits que j'ai entendus dans mon dernier voyage, tant en Angleterre qu'en Hollande , tout me porte à dire que le borax fe tire par lixiviation d'une terre grafle & faline , laquelle fe trouve en manière de dépôt dans des efpeces de puits creiifés exprès en certains cantons de la Perfe & du Mogol , & où l'on n'a l'art de purifier ce fel qu'à demi , même à l'aide d'une féconde diffolution. Le procédé ufité dans l'Inde pour cette première purification du borax sppeîé borax gras brut de l'Inde^ diffère peu de ce qu'on lit dans le premier volume de notre Minéralogie , pre- mière édition, lyCz ^ pag, j4^ , &c. d'après la lettre qui ni'avoit été écrite en 17^4 d'Ifpahan. Voici le précis de cette lettre ; Le borax tire fon origine d'une terre grifâtre, fablon- ncule , graffe, que l'on trouve en Perfe & dans le Mogol , proche des tonens de Radziaribron , & notamment au bas des montagnes de Purbeth, d'où il découle une eau moiiiicufe*, laireufe, acre, lixivielle & comme favon- neufe. Lorfque la terre efl dure &C par monceaux, on B O R 379 rc:vpoie à l'humidité de l'air, oîi elle s'amollît 8c devient marbrée en fa fiiperficie. Cette terre ou pierre à borax ^ & cette eau , font les matrices , les matières premières du borax. On ramaiTe aufîi une eau de la confiflance d'une gelée très-claire qui fe trouve en Perfe dans des fofTestrès profondes, près d'une mine de cuivre jaune; cette liqueur a un œil verdâtre , & la faveur d'un fel fade. On mélange la pierre à borax avec l'eau favon- neufe & la liqueur gélatineufe ; on les leiTive ; on fait évaporer la liqueur jufqu'à confillance requife ; puis on la verfe à demi-refroidie dans des foffes enduites de glaife blanchâtre ; on couvre ces foffes d'un toit ou cha- piteau enduit de la même matière. Au bout de trois mois on trouve un dépôt terreux , grilâtre , d'une confiiîance vifqueufe , d'une faveur faline &: nau- féabonde, entremêlée de quelques criftaux pUis fales, verdâtres & afîez opaques; quelquefois aufïï le dé- pôt efl grilâtre & peu tenace, mais d'un goût plus alkalin. On dilTout aufîi ce dépôt terreux & falin; on procède comme ci-deffus; on verfe la liqueur dans une autre foife femblable à la première , & deux mois après l'on y trouve encore un dépôt terreux , mais plus falin , rempli d'un plus grand nombre de criflaux plus réguliers , demi-tranfparens. Tel efl le borax qu'on apporte en Europe fous le nom de borax brut. Celui qui m'a affuré, en 1766, que ce procédé efi toujours le même dans l'Inde, m'a dit auffi que le pro- duit des folTes à borax des diftrids de Patna , du Décan , de Vifapour , de Golconde & de quelques autres con- trées du Mogol , étoit porté à Bengale ; tandis que le produit des fofîes de Schiras, de Kerman & de quelques autres lieux de la Perfe , étoit porté à Gomnon , eu Bender-AbafTy. Le m.ême Narrateur m'affura qu'avant la guerre des Turcs contre les Perfans , les Arméniens alloient , par Smyrne , près l'ancienne Babylone , où il y avoit auffi àçts puits ou foiTes à borax., éc que là ils achetoient le borax briUy ôc l'apportoient aux Véni- 3So B O R tiens , qui alors avoient l'art ce le raxliner ; il me mon- tra aufîi un borax naturel , qu'il me dit fe trouver tan- tôt dans des cavernes en Perfe , & tantôt dans un lac du grand Thibet (a) Ce borax natif Ç[\\W me "donna , eft blanchâtre , formé par couches , ôc un peu fableux , d'un goût très-alkalin & peu fucré , ou moins fade (^wç: le borax ordinaire : on l'appel) ey^/ de Perje. En cet état il ne peut fonder; il lui manque Tondueux du tlnkal ç^x^on. lui donne à volonté (^) ; c'efl de ce fel dont les femmes Tartares fe fervent quelquefois pour adoucir la peau des bras & du vifas^e. {a) M. j^inor , Chirurgien fur l*iin des vaîffe?ux de la Compagnie des Indes , a communiqué les détails fuivans à M BaLlurt , de l'Académi» de Rouen , à-peu-près dans le même temps que nous avons lu ce Mé- moire : »♦ Le horax eft un fel foflile qu'on tire d'un endroit du Royaume du »> grand Thibet , nommé Sembul. Il y a dans ce Iieu-!à un grand lac f» de cinTJ lieues de tour ou environ. Dans un certain temps de l'année, >» les gens du pays débouchent des égouttoirs qu'ils ont pratiqués pour »» faire fortir du lac autant d'eau qu'il leur eft pcffible : il en refte ordi- »» nairement deux ou trois pieds. Alors fept ou huit hommes fe jettent >♦ à l'eau .".près s'être bien bouché la bouche Se les oreilles: fans cette «précaution, cette eau leur feroit enfler tout le corps, ce qui arrive ^ louvent. Ils fe rangent en fi!e dans l'eau , & tous raclent avec les »> mains & les pieds pour détacher le korax qui eft au fond. Ils le »> mettent enfuite dans dts bourfes pour le bien laver en le frottant >' entre les mains. Us le font paffer ainH de main en main jufqu'au « dernier homme , qui met ce borax dans un grand vafe attaché à un 5> poteau au milieu du lac Qu:nd ce vafs eft plein, ils mettent le tout 9» dans une out^re ou f'C de pesu , & au moyen d'une corde , ils ti- M rent le borax hors du lac , fans y faire d'autres préparations. On ne « trouve p?s autre chofe dans ce lac. Il y a feulement auprès de cet >» endroit une minière d'or. En partant de Négral pour aller à Sembul, »> lieu du borax , il faut marcher entre le Levant & la Tramontane ; le vt chemin eft à-peu-près de trois cents lieues »». ( Ce borax ne feroit-il pas un natron)} (^) Cette fubftance oniHiueufe eft le t'mkal même, cette matière dont le borax brut eft mélangé , & qui étoit inconnue aux Chimlftes & aux Katuraliftes. Cependant, en 1741 , M. KnoU , qui étoit à Tranquebar , «nvcya à M, Langius , Profeffeur à Hall , de la mine du lorax & du fel qui en avoit été tiré , avec du favon 6c du verre qui en avoient été faits. M. Pott , Chimifte de Berlin , fit par la fuite des recherches fur la terre fablor.neufe & lixiviclle du horax , & découvrit qu'elle con- teno t en effet un fel alkali terreftre. Voyti Pott de Borace , png. /. Mais on ignore toujours la manière dont*^le tinkal fe fait avec un al- Icali terreftre , &. peut-être M. Knoll aura-t-il donné de plus grands éclaifciffemeris fur cette importante madère. B O R 3S1 On \m fit en même temps obferver ïa forme &c ia nature des inflrumens dont on fe fervoit dans le laboratoire Hollandois : j'examinai d'abord le tamis à uitrer ; le tiffu de fa toile étoit ourdi entièrement (de fils très-fins de cuivre jaune ; cette circonitance jointe à la nature & à l'emplacement du réfervoir qui contient la liqueur comme gélatiaeufe , 6c dont il eft fait mention ci-deiTus , me firent un peu réflé- chir fur l'origine de la partie terreufe &: de la por- tion verte cuivreufe , foupçonnée par les uns , & comme démontrée par M. Cadet, C'efl cette même couleur verte du Borax brut qui a fait dire à pref^ que tous les Auteurs que le borax naiiToit dans diiié- rentes mines de cuivre ; on a même avancé qu'un tel borax étoit préférable pour les Arts à celui qui ie tiroit des autres mines. Examinons maintenant fi les Hollandois ajoutent ou diminuent la dofe du cuivre dans la puritication qu'ils font du borax , ÔC fi les artifans qui font ufage de ce fel , emploient également celui qui efl tranfpa- rent fans couleur , très-raffiné , & celui qui efl ua peu tranfparent verdâtre , & qui contient plus d^ cuivre en apparence. Dans le laboratoire déjà cité j'appris : I .^ Qu'ils diftinguoient deux fortes de borax brut ; l'un apporté par mer de Gomnon & de Bengale , c'étoit le plus commun. L'autre étoit un borax de^ -caravane , apporté par terre de Bender-AbafTy à If- pahan , & jufqu'au Gihlan. Là on l'embarque fur la Mer Cafpienne jufqu'à Aflracan , & de là on l'apporte par terre à Pétersbourg , & de Pétersbourg par mer à Amflerdam. Le borax de caravane efl prefque tout en criflaux verdâtres. 2.° Que cent livres de borax brut de l'Inde ne don-^ noient que quatre-vingts livres de borax purifié. 3.® Que ce fel , dans fon état d'impureté , efl fî iiffiçil^ à fe dilToudre dans l'eau , qu'il faut s'y pren» 382 B O R dre jiifqu'à huit 2t: quelquefois douze reprlfes , &C verrer à chaque fois le double du poids d'eau chaude, pour en extraire ou féparer toute la matière purement îaline. 4.^ Que par ce moyen on pouvoit obtenir huitô<: douze criflallifations de l^orax , différentes entre elles par la couleur , la figure , la tranfparence , la pefan- teur nt de vin enflammé , n'ont point altéré la couleur de la flamme. 6.° Les vitriols du commerce contiennent tous plus ou moins de parties cuivreufes ; auiîi ont-ils donné , étant unis au borax , une couleur verte à la flamme de l'efprit de vin. Le vitriol blanc faclice , & non mêlé avec le borax ^ n'a cependant point altéré la flamme. Le vitriol vert faclice , non uni au borax , en a fait autant ; le vitriol bleu fadice , non pulvérifé avec le borax , a feul donné à la flamme de l'efprit de vin une teinte légère de vert, 7.° J'ai traite ces mêmes fabflances folides 3 tantôt avec le borax d'Hollande , tantôt avec celui que j'avois rafîiné ; enfin je me fuis fervi , au lieu d'efprit de vin ordinaire , tantôt de l'éther vitriolique , &: tantôt de la liqueur vitriolique d'Hoffmann ; toutes mes expé- riences n'ont rien offert de plus. Je conviendrai ce- pendant qu'en jetant dans de l'éther enflammé le fel fédatif préparé avec mon borax , la couleur verte paroît infiniment plus belle qu'avec l'efprit de vin. D'autres expériences , faites tant chez moi que chez divers artifans , m'ont affuré que le borax que j'a;).'ois rafîiné vitrifîoit très-promptement les pierres , facili- toit finguliérement la fufion de l'or , de l'argent & du cuivre {a), ( Comme le borax a la propriété de pâlir l'or dans fa fufion , les AfHneurs ont foin de joindre à ce flux ou fondant , du nitre ou du fel ammoniac (fl) M. Achard prétend que la propriété qu'a \q lorax de vitrifier 1&5 ^£;g5 , viefit du fvl fédatif t^ui entre dan* fa compofuioa. B O R 3S9 qiiî maîntient l'or dans fa couleur naturelle. ) On l'a auiïi employé avec fuccès pour braler Ôc^fouder ces métaux les uns avec les autres , même avec le fer. Un Teinturier , très-habile dans fon art , m'a alTuré qu'il donnoit éminemment de l'éclat aux étoffes de foie, êc qu'il lui paroilToit avoir au moins toutes les qua- lités du plus beau borax d'Hollande : on s'en ell fervi avec fuccès pour blanchir des dentelles. Je reviens à la hqueur reûante de la première crif- tallifation ; je l'ai fait évaporer affez rapidement au degré d'ébullition &< au -bain de fable. J'ai tranfvafé la liqueur dans une terrine que j'ai couverte d'un iimple papier gris , je l'ai portée au frais , & j'ai ob- tenu au bout de trois jours des criilaux moins tranf- parens , îumultuairement groupés , en un mot feni- ^ blables au borax de la Chine que les HoUandois nous ' vendent fous le nom de borax demi-raffiné. Non con- tent de ces imitations des différentes fortes de borax plus ou moins raffiné , j'ai diiTous de nouveau du borax gras brut : je n'ai paiTé la dilTolution que par lui tamis de crin , & je n'ai obtenu que des criflaux confus , colorés & aftez obfcurs ; ainfi l'on peut dire que le borax demi -raffiné des Chinois, travaillé en Chine ou dans le Bengale , diifere de celui qui eft rafîiné en Hollande , moins par les corps étrangers qu'on feroit en droit d'y foupçonner , vu fon opacité &: fa difî^é- rence de criftallifation , que parce que ces efpeces de criftaux ne contiennent pas eflentiellement tout ce qui entre dans la compofition d'un borax bien clair & fait fuivant les principes de l'art. Mais ceci demande une explication plus détaillée &: des exemples. Nous avons vu que le borax brut terreux contient des criflaux de ce même fel , & qu'ils font d'un vert de poireau , pr'efque opaques & rhomboidaux ; nous avons vu aufîi que le borax raffine efl au contraire en criltaux aiïez tranfparens, &: d'une figure communé- ment octogone.. J'ai pris des criilaux de borax verdâtrss. Bb 3 590 B O R 6c cpacrues , je les ai dilTous , & j'en aï obtentî par l'évaporaticn des criilaux d\in vert plus clair , plus purs , mais rhomboidaux. J'ai dilTous une partie de ces mêmes criilaux vcrdâ- tres , &c i'ans en leparer la terre vilqueufe & faline qui leur iert comme de matrice , & j'en ai obtenu des criilaux o£lcgones ; donc la terre falinc du horax eH eficnîiejle à la nature ck à la configuration de ce f'el , indépendamment des autres précautions requifes , îorf- qu'on veut avoir des criftaux bien réguliers , précau- tions qui dépendent de la quantité du diilolvant , de la force du teu , du degré d'évapcration , de l'équi- libre que la liqueur éprouve en fe rt froidiflant ; de fon retroidilTement même &c de plufieurs autres cir- conflances que les gens de l'art Tentent de refle , mais que les Chinois , ou plutôt les H-^bitans du Bengale , éc d'autres Nations méprifent ou ignorent. Des Chimiftes , dilons plutôt les ouvriers du labo- ratoire Hollandois dent j'ai parlé , m'ont dit auffi que les dernières criflallifations de leur borax raffiné étoient opaques ou rouffes , parce qu'ils n'y portoient pas autant d'attention que pour la première criflallifation ^ 6i qu'ils vendoient ce borax terne pour du borax demi- raffiné de Chine , mais qu'il falloit bien fe donner de garde de le confondre avec le vériti.ble tinkal , cette drogue fi recherchée dans l'Inde Oriente le , & dont les Auteurs ont parlé avec beaucoup d'obfcuritéc Le tinkal eft le tyncar des Arabes ; le borax rafi7:é eft le vn^w ^ctvpctP^ii des anciens Grecs ;le bo'itk des Hébreux ( car le /later ou nather des Hébreux efl le nation ; & quand les anciens Grecs fe fervoient du natron , ils difoient feidement vn^ov ; ) le ptpùço;^û;^Act ou le ^m^ax^w des Grecs modernes ; le baurach ou bo:a des Arabes ; le horcck des Perfans ; le burax des Latins , & le burach des Turcs. Enfin le tinkal n'tfl, à proprement parler, que la terre vifqueufe & faline du borax , celle qui fert de matrice aux çriftaiix de ce fçl encore brut. B O R 391 On m'a afTuré que le tînkal efl infiniment plus efficace pour la fonte des pierres , pour brafer & fouder les métaux. J'en ai propofé l'expérience à un Chaudron- nier, elle lui a très-bien réufîi. On m'a dit encore que le t'mkal t^t plus efficace en Médecine que le borax. Je fais auffi que les Apothicaires d'Allemagne achètent beaucoup de borax brut , ôi l'emploient ainfi pour les maladies àts femmes {a). J'ai examiné la terre que j'ai ramaffée fur les filtres de laine 6c de papier ; elle ell légère , d'un gris-blan- châtre 9 tenace , d'un goût vifqueux , comme inlipide ; je l'ai expofée à l'air libre pendant un mois ; elle a augmenté fenfiblement de poids , &: la faveur propre au borax s'y éfl décélée de nouveau ; phénomène qui me confirme de plus en plus que la matrice terreufe des fels, celle qui»efî: comme partie intégrante du fel même , le convertit peu-à-peu en fubflance faline. Il en faut feulement excepter la terre abfolument pure , & qui n'a point été attaquée ou combinée, elle refle élémentaire. Maintenant nous favons d'où fe tire le borax , & comment on s'y prend pour l'extraire & le purifier. ^ Nous pouvons déformais le raffi.ner nous-mêmes ; nous avons intérêt de partager avec les HoUandois le com- merce lucratif ^e ce fel. Peut-être que fi l'on faifoit beaucoup d'expériences fur les terres glaifeufes de la nature de celles de l'alun , ou de la marne combinée avec des fubilances alka- lines , &c. parviendroit-on à découvrir en Europe des matériaux propres à faire en grand le borax. Si j'avois plus de temps à moi , je continuerois mon (a) Le horax eft eftimé comme un excellent apéritif, propre à divi- fer & atténuer les humeurs épùiffes & vilqueufes; on en fait un ufnge fréquent dans la fuppreflîon Ats règles des femmes & des lochies. On le regarde auiïi comme un cofménque propre à blanciiir le teint , ôc à faire difparoître les taches rie roufîeur. Nous avons dit que c'eft avec le borax & Tacide minéral , connu fous le nom é^huiU de vitriol , qu'on obtient le Tel fédatif é^Homberg , qui eîî fort eftimé pour calmer i§s cffervsfcenies & ios rêveries , dit M. Bourgeois, Bb 4 392 B O R travail fur cet objet. Trop heureux il je pouvoîs par- venir à une découverte fi importante pour le progrès de la Chimie , & ii utile pour le commerce de ma patrie ! Nous avons déjà l'exemple d'un Particulier de Drefde , qui découvrit en 1755 dans TEleélorat de Saxe une terre minérale dont il compofa un Borax propre à la foudure &: à fondre l'or 6c l'argent. Les CommiiTaires que le Gouvernement avoit chargés d'en faire l'examen , ont jugé que ce ùorax avoit toutes les propriétés de celui qu'on raffinoit autrefois à Venife. Les environs d'Halberlladt , le lac Cerchiaco , ont aufîi fourni ou du borax combiné , ou la matière du borax (jz). Tout ce que j'ai rapporté dans cet article , tend à confirmer de plus en plus les connoiffances que nous avions déjà fur le borax , & on peut en déduire les corollaires fuivans ; favoir : I .^ Que la matière première du borax eft fofîile , & fe trouve en Perfe & dans le Mogol. 2.*^ Que la terre grafle &: vifqueufe qui englobe le borax , entre eifentiellement dans la compofition de ce fel. (a) M. Baume a donné , en 1767, un procédé pour fabriquer du ho- rfiar.'equel confifte à faire digérer féparément de^a graiffe avec ées matières vitrifiables très- atténuées , telles que du fable , de la terre «i'alun , de Târgile , du quartz & un peu d'eau. Voyci ce procédé qui a occafioné quelques difcuflions chimico-polémiques dans YAvant-Cou" Teur , année ijCy , mois de Déamb.'c & fuivans. Lémcry , Traité des Drogues , dit que l'on fait un borax artificiel avec du nitre fixé par les charbons , de l'alun & de l'urine. On fait cuire le tout enfemble juf- qu'a. .Gccité , .& l'on y ajoute , dit-il , d'autres matières , fuivant l'idée qu'on a dans le travail. Le hafard a fait rencontrer à M. Hxfer le fel fédatif tout formé darvs les Cdux du lac de Cçrchiaco en Toic^ne. M. Antoine Carrere , ivlédecin établi au Potofi , vient de découvrir en cette contrée des Indes Occidentales plulîeurs mines de tincan ou borax : il dit que les mines de Viquintipa , &: celles qu'on trouve dans les environs d'Eicapa , offrent ce fel en abondance ; les gens du pays l'appellent qu.majon , & le font fervir dans la fonte des mines de cuivre affez nombreufes dans ces parages. Ils l'emploient tel qu'il fort de la terre. B O R 393 3.^ Qu'on peut purifier ce lel à l'aide de l'eau pure , 6c que l'eau de chaux vive y paroît inutile, d'autant plus que û l'on verfe de l'eau de chaux dans la leilive filtrée du borax , il fe fait auiïi-tôt un dépôt grifâtre qui annonce une forte de décompofi- tion , laquelle me paroît être de la nature de la terre tinkal. Le point néceffaire à fa criflallifation s'annonce par des flocons falins , femblables à ceux du fel fédatif fublimé. 4.° Que le borax efl un véritable fel neutre ; il ne tombe point en déliquefcence , mais en efîlorefcence. 5.° Qu'il fe fond , fe calcine & le vitrifie fans fe décompofer. 6,^ Qu'en raifon de fa terre , ce fel exige beaucoup plus d'eau pour entrer en diffolution , qu'il n'en re- tient dans l'état de criflalhfation. J'ajoute qu'il femble que par des difTolutions réitérées , on réduit prefque toute la bafe de ce fel ondueux à un état comme terreux. 7.° Que la bafe du borax efl alkaline , terreufe & minérale , & qu'elle a beaucoup de rapport avec l'alkali du fel marin ^ 6c notamment avec le natron d'Egypte. 8.° Que la portion de principe cuivreux qui fe trouve caché dans toutes les efpeces de borax , n'efl point un être de raifon , & qu'il y exifîe , & que s'il n'y efl point effentiel , au moins il ne nuit point à {qs propriétés ; en un mot , que fon origine eil due autant & même plus à une efpece d'intervention lo- cale , qu'au produit des uflenliles dont on s'efl fervi pour la purification ordinaire de ce fel , & dont nous avons fait mention. 9.^ Que la différence des criflaux de borax raffine ^ comparés à ceux du borax brut , dépend de la terre tbikaL qui fe trouve combinée dans le borax punfié , tandis qu'elle fert prefque uniquement d'enveloppe -aux criflaux de borax brut. 35-4 B O R B O S lo.^ Enfiii, que la matière grade , faline , terreufe 8c vitrefcible du horax brut , efl le tinkal fi célébré àts Chinois , & , jufqu'à ce jour , ii peu connu en Europe. BORDELIERE , Cyprmus halUrus , Linn. PoiiTon fuffifent à peine à la pétulance & à la rapidité des mouvemens qui lui font naturels. L'inconiîance de fon naturel fe marque par l'irrégularité de fes avions ; elle marche , elle s'arrête , elle court , elle bondit , elle faute 5 s'approche , s'éloigne , fe montre , fe cache ou fuit comme par caprice , & fans autre caufe détermi- nante que celle de la vivacité bizarre de fon fentiment intérieur. Elle eft robufte , aifée à nourrir ; prefque toutes les herbes lui font bonnes , & il y en a peu qui l'incommodent. Elle n'eft pas fu jette à un aufli grand nombre de maladies que la brebis ; elle s'expofe volontiers aux rayons les plus vifs du foleil , fans que ion ardeur lui caufe ni étourdiffement ni vertige . comme à la brebis. Elle ne s'effraie point des orages j ne s'impatiente pas à la pluiç, B O U 403 Les dîsvres entrent ordinairement en chaleur aux mois de Septembre , Odobre & Novembre ; elles cherchent le mâle avec emprelTement , & s'accou- plent avec ardeur ; elles portent cinq mois , &: mettent bas au commencement du fixieme. Elles allaitent leurs petits pendant un mois ou cinq iemaines. Elles ne commencent à produire que depuis Page d'un an ou dix - huit mois , jiifqu a fept ans. Elles ne mettent bas ordinairement qu'un chevnau , i^^ci//:f , quelquefois deux, très - rarement trois, & jamais plus de quatre. Elles n'ont point, non plus que^ la brebis , de dents incifives à la mâchoire fupéi'ieure : le nombre des dents n'(t{ï pas conftant dans les chèvres ; elles en ont ordinairement moins que les i>oucs : elles ont , ainfi que les bœufs & les moutons , quatre eflomacs , & elles ruiTiinent. Dans la plupart des climats chauds on nourrit des chèvres en grande quantité. En France elles périroient fi on ne les mettoit à l'abri pendant l'hiver. Il paroît cependant que celles qui font habituées au froid , pourvu qu'il ne foit pas auffi exceffif qu'en Iilande , y réfiftent bien , quoiqu'elles ne multiplient pas tant dans les pays froids. Lorfqu'on conduit les chèvres en troupeau avec les moutons , elles ne refient pas à leur fuite , mais les précèdent toujours. On peut commencer à traire les chèvres quinze jours après qu'elles ont mis bas ; elles donnent du lait en très-grande quantité pendant quatre à cinq mois foir & matin , 6c même plus que la brebis. Les chèvres dont le corps eif grand , la croupe large , les cuiffes fournies , la démarche légère , le poil doux & touilu , les mamelles groffes & les pis longs , font les meil- leures. Elles font fi familières qu'elles fe laiflent aifé^ ment teter, même par les enfans qui les appellent , &: pour lefquels leur lait eu une très-bonne nourrituie. Elles font , comme les vaches ôc les hrehis , fujettes à être tçtées par la couleuvre^ Ce X 404 B O U L'efpece clela chcvrc eft beaucoup plus répandue qu5 celle de \d.Bnbis , & on trouve des chèvres femblables aux nôtres dans plufieurs Parties du Monde ; car , indépen.- damment des deux races fauvages du houqiuùn 6c dit chamois , on trouve en Guinée , à Angoie &c fur les autres Côtes d'Afrique ^ vine chèvre à laquelle on a donné le nom de bouc de Juda , & qui ne diffère dt la nôtre qu'en ce qu'elle efl plus petite , plus trapue & plus grafle. Sa chair eft aufîi bien meilleure à manger , &: on la préfère dans le pays au mouton» On trouve également en Afrique une autre variété ^ à laquelle on a donné le nom de chèvre naine , à caulir de fon extrême petiteffe. Les chèvres d'Héraclée , ainfi qu'on .le lit dans la Madère médicale , font de la taille de nos moutons , & ont de petites cornes. Leur poil eft plus blanc qu« la neige , aifez long , mais plus délié qu'un cheveu. On ne les tond pas comme les brebis, mais on leuE arrache le poil. La chair en efl aufTi délicate que celle du mouton , & ne fent point la fauvagine comm0 celle de la chcvre ordinaire. Tous les plus fins . cam^r lots fi eflimés , font faits de la laine de ces chèvres. Les chçyres d'Angora 6c de Syrie font de la même efpece que les nôtres , car elles le mêlent &: produi- fent enfemble , même dans nos climats. La tête du bouc d'Angora efl: ornée de cornes qui s'étendent hcr rizontalcment de chaque côté , cl font agréablement contournées : elles forment des fpirales à -peu -près comme un tire -bourre. La femelle en porte aufii , mais d'une forme différente ; elles font com'tes &: fe recourbent en arrière , en bas & en avant , de forte qu'elles aboutillent auprès de l'œil ; fes oreilles font pendantes. Il y a eu de ces chèvres à la Ménagerie du Roi ; & on voit avec plaifir ces animaux peints de la maniQre la plus élégante dans le Recueil de l'HiJloirc Naturelle qui ell: dans le Cabinet des Efîampes à la Bibliothèque 'Royale. Ces chèvres , ainii que prefque B O U 46f tous les anîmaiix de Natolie 6i àe Syrie , ont le poil très-blanc , très-long , très - fourm , bien frile & fi fin qu'on en fait des étof^s aulTi belles 6c aufii liiRrées que nos étoiles de foie. C'efl de ce poil précieux qu'on fait le beau camelot de Bruxelles. D'après ce qu'on orient de dire , il paroît que les chèvres d'Héraclée fe rapprochent beaucoup des chèvres d'Angora ou Angouri X Angora eft l'ancienne Ancyre dans l'Afie mineure , aujourd'hui Natolie. Le climat a fans doute la propriété de rendre le poil des animaux plus doux & pîus long. Ceft de là que viennent les chats d'Angora , que nos Dames appellent angola , parce que le nom eft plus doux à prononcer : ce qui a induit quelques Natura- lises en erreur. Angola efl un grand pays d'Afrique dans le Congo ; il n'en vient point de chats. ) Dans le même pays , en Syrie , aufîi bien qu'en Egyp'te ce aux Indes Orientales , on trouve la chèvre mamhrine ou chèvre du Levant à longues oreilles pen- dantes ; cette chèvre qui n'efl: qu'une variété de celle d'Angora , donne beaucoup plus de lait ; il eft d'affez bon goût , & les Orientaux le préfèrent à celui de la vache 6i du buffle. Le fromage qu'on en fait eft auiîi meilleur ; elle porte ordinairement deux che- vreaux. Son poil eil très-fin 6c bien fourni. Ce font les chèvres de Barbarie , de l'Afie mineiu-e & des Indes , qui fournirent la plus grande quantité de ce beau poil de chèvre , arec lequel on fait des étoffes. Cette marchandife efl fujette à être altérée frauduleu- fement par le mélange de la laine avec le fil de chèvre. En Provence il y a une petite efpece de chèvre à poil gris , & dont les chevreaux s'appellent béfons. La chèvre commune en Europe , le chamois ^ le boîi^ quetin , ne font point originaires en Amérique ; ils y ont été trànfportés d'Europe. Ils çnt y ainfi que la brebis", dégénéré dans cette terre nouvelle ; ils y font d^evenus plus petits ; la laine des brebis s'efl changée lEn wn poil rude , comme celui de la chèvre^ Dans les Ce î ^40(J B O U premiers temps , lorfque les Espagnols tranfporteferît' les chèvres au Pérou , elles y furent d'abord fi rares qu'elles s'y vendoient d'abord jufqu'à cent dix ducats pièce ; mais elles s'y multiplièrent enfuite fi. prodi- gieulement , qu'elles le donnoient prefque pour rien , 6l que Ton n'eflîmoit que la peau ; elles y produifent trois , quatre & jufqu'à cinq chevreaux d'une feuls portée , tandis qu'en Europe elles n'en portent Qu'un ou deux. Les grandes & les petites Ifles de rAméricaie font auiîi peuplées de chèvres que les Terres à.\\ Conti- nent ; les Elpagnols en ont porté jufque dans les Ifles de la mer du Sud ; ils en avoient peuplé Vljle di Juan Fernandcs , oii elles avoient extrêmement mul- tiplié ; mais comme c'^toit un fecours pour les Flibuf- tiers , qui dans la fuite coururent ces mers , les Efpa- gnols réfolurent de détruire les chèvres dans cette Ifle , oc pour cela ils 3^ lâchèrent des chiens , qui , s'y étant multipliés à leur tour , dclruifirent les chèvres dans toiUes les parties acceiîibles de l'Ilfle .; & ces chiens y font devenus (i féroces qu'aciuellemcnt ils attaquent les hommes. On trouve dans le nouveau Continent , i .^ le capri- corne , qui n'eft qu'un bouquetin dégénéré ; 1.^ une petite chèvre à cornes droites , recourbées en arrière au fommet , & à poil court , qui ne parok être qu'un chamois d'Europe aufii dégénéré & devenu plus petit en Amérique ; 3 .^ une autre petite chèvre à cornes tj-cs* courtes^ très-rabattues , prefque appliquées fur le crâne, & qui a le poil long. Cette petite chcyre , qui tire fon origine de celle d'Afrique , produit avec le petit cha-- mois d'Amérique dont nous venons de parler. Les Hifloriens Nomenclateurs , féduits par quelques caractères équivoques , ont fait de ces variétés autant d'efpeces différentes ; mais après les avoir confidérées une es cépofent leurs œufs , que leurs larves ëclofent , croiiîent &: fe métamorpholent. On en diiiingue de plun?;urs fortes , connues feus les noms de capucin^ hoticntot ^ araignée^ 6zc. BOUSSEROLE. Foyei Raisin d'Ours. EOUTARQUE ou Poutargue. Dans les Pays Méridionaux on donne ce nom à une préparation d'œufs de poiffon. l^cA-ei ^ '^^^^tlck MuGE. BOUT DE PETUN ou Ani des BrafiHens , Cro^ lophagî's. Oifeau du LIî- genre, de la Méthode de M. Brijfrji ; on en diilingue deux el|:feces , favoir : le grand bout de petiin , pi. enl. lOi , iig. 2 , ou Vnni des paUtuvicrs ; le bout dipetnn petit, ou Winl dds favanms. Le premier eft à- peu-près à\\ double plus grrnd que le deuxième : celui-ci eil: gros à- peu- près comme un fort merle. Ces oifeaux font propres au nouveau Continent. Ils font fort communs dans FAm.érique Méridionale , au Bréiil , à Cayenne & à Saint-Domingue , &c. Les Créoles ont donne à ces oifcaiLx le nom de bout de petun , bout de tabac , diable desfavannes , diable des pahtuviers ; on les a nommés aufii bcuilleurs di Canari^ parce que , dit-on , leur cri rcf emble au bniit que l'eau fait en bouillant ; cependant leur cri , ou fi Ton veut, leur chant , efl une forte de fixement toujours aigre & défagréable. Les anis ou bouts de pctun , vivent en troupes , & l'on prétend que plufieurs femelles fe réunilTent pour confiruire un nid dans lequel elles pondent , & 011 elles couvent en commun ; le nid eft conftruit de brins de bois ' fec , fans garniture à l'intérieur , proportionné , dit-on , au nombre de femelles qui fe font aiTociées pour le construire & y couver ; on prétend qu'il y a dans ce nid bannal des fcparations qui diilinguent leurs ceiifs en particulier. Quand Içs femelles quittent leurs B O U 43J œufs , elles les couvrent avec des feuilles. Les œufs font de couleur d'aigue-marine uniforme, &c fans taches* Les femelles font deux ou trois pontes par an ; elles nourrirent indifféremment tous les petits , aux- quels elles donnent la becquée , & les maies aident à fournir les alimens. Ces oifeaux réunis , même dans 4e temps des amours , contre ce qui eit ordinaire aux autres oifeaux , vivent également en fociété dans le reile de Faurrée ; les compagnies font compofées depuis huit à dix individus jufqu'à vingt- cinq. Le plumage des anis eû noir dans les deux efpeces ; mais la nuance efl plus foncée , & les reflets de violet & de vert-doré , font, fuivant les afpects, plus fenfibles , plus vifs & plus étendus dans la grande efpece. Le bec de les pieds font noirs ; le bec eft court , crochu , plus épais que large ; la mandibule fupérieure efl déprimée fur les côtés , & relevée en demi-cercle tranchant. Les plumes de la queue font au nombre de dix. Les doigts longs , arrondis 6c placés deux en avant 6c deux en arrière. Ces oifeaux ont le vol court & peu élevé ; ils fe pofent plus fouvent fur les buiffons que fiu* les grands arbres ; ils fe placent très - près les Uns des autres ; l'inftinâ: focial a beaucoup d'impulfion fur tous leurs mouvemens. Ils fe nourrliTsnt de graines, d'infedles &c de reptiles ; comme les pies , ils fe perchent fur les bœufs , pour chercher les tiques éc les autres inlecles attachés au cuir de ces animaux ; ils ne font ni farouches , ni craintifs ; on les approche aifément ; mais on en tue peu , parce que leur chair n'efl: pas mangeable , & qu'ils ont , même vivans , une odeur défagrcable. Vani s'apprivoife aifément , il apprend. à parler , & dans l'état de liberté il ne fait aucune, forte de tort. BOUTîS. Terme ufité dans la chafTe du fanglkn yojc{^ le Tabkau alphahltiaju des termes de Vénerie à la fuite de VmicU Cerf, 436 B O U BOUTON D'ARGENT. Nom que les hràmleri Fleuriiles ont donné à la ptarmiquc à ficurs doubles. On connoît le bouton d'argent d'Angleterre dont la racine eil une patte refTemblante à celle de l'alperge , &: la feuille à celle du fraificr. Bouton de mer. Nom que l'on donne à Vourjm. Voyez ce mot. Bouton d'or 6c Bouton blanc. Voyei Immor- telle & PtarMIQUE. Foyei aujji rartïde Herbe BLANCHE. Bouton & Bourgeon. Voyez ces mots dans le Tableau alphabétique , &;c. de Vanïcle Plante. Bouton gris. Nom donné par M. V Abbé Dkquc- marc à un corps marin & animal , dont le nom fait prelque ieul la définition extérieure. Journ, dz Phyf, Juill, lyS;^, BOUT-SALLICK. Ceil le coucou brun & tacheté xle Bengale. Foyc^ Coucou. BOUTURE. Voyez à X Alphabet des termes à la fuite du mot Plante» BOUVERET &: Bouveron. Voye^ à r article Bou- vreuil. BOUVIER. Voyei GoBE-MOUCHE ( Oifeau ). BOUVREUIL , pi, enl, 145 , /^. i , le mâle ; jlg, 2, la femelle ; Pivoine de Belon . Pyrrhula, Geme d'oifeau \\ï\ peu plus gros que le moineau appelé pierrot , ôc que fes couleurs mâles & foncées rendent agréable : le deffus de la tête eil d'un noir brillant ; le deiTus du cou , le dos & les plumes fcapulaires font de couleur cendrée , très - légèrement teintes de roux ; le croupion efl blanc , ainfi que le bas-ventre ; les ailes & la queue d'un noir luHré ôc à reflets violets. Le mâle a toute la poitrine , le cou & les joues d'une b^rlle couleur rouge : ( chez la femelle cette partie du phunage eil de couleur brune-vineufe ; ) fon bec eil: noir , gros , court , fort , convexe eiî deillis oC en deifcus ,• 6c la partie fupcrieure eit sou 437 courbée en en bas à fon extrémité ; fes ongles iont noirs , ^ les pieds bruns. Les bouvreuils aiment les pays montueux & boifés^ Ils pafTent Pété dans les bois , vivent de grains ^ font leur nid fur les buiffons , d>L le compofent de moufle en dehors ; de laine , de plumes , &:c. à l'intérieur. La femelle pond communément quatre œufs , d'un blanc teint de bleuâtre , &C tachetés vers le gros bout de violet & de noir. En hiver , ces oifeaux fe répandent par bandes dans les plaines ; on les prend alors avec des nappes. Cet oifeau , pendant le printemps , fait un grand dégât dans les vergers ; il aime beaucoup les premiers boutons qui précèdent les feuilles &C les fleurs des pommiers , poiriers , pêchers &C autres arbres , auxquels il caufe de grands dommages : auiïi les Nor- mands l'appellent-ils bourgeonnUr ou ihour^œnncux ; le bouvreuil eil un des oifeaux qui réunit le plus d'agrémens : il plaît par la beauté de fon plumage , par les mœurs fociales & par la douceur de fon chant. On l'élevé facilement en cage ; mais fa belle couleur rouge s'y aftoiblit. On en a vu qui y prenoient un plumage pres- que totalement noir, & d'autres prefque tout blanc. Le bouvreuil eil fufceptible d'attachement &: d'une belle éducation ; il apprend , fans beaucoup de peine , à imiter le fon de la flûte , & à répéter des airs. Son chant efè agréable , mais cependant moins fort que celui de la linotte. On dit que la femelle chante auiîi bien que le mâle : fi cela eft vrai , c'eft une des exceptions que la Nature fe plaît à mettre aux règles générales , pour répandre plus de variétés dans fes produdiions. Suivant M. de Salerne , le bouvreuil efl appelé bouvreux , bour^ geonnler en BaiTe-Normandie ; bœuf , pinçon-mailU en Cologne ; chovpard , grojfe tête noire en Picardie ; pive en Provence ; pivane en Berry ; pion ou piene en Lor- raine ; pinçon £ Auvergne en Saintonge ; & ailleurs pinçon rouge , fiffl^ur , fiuttur , groulard , perroquet de France ^ écojjonncux , rojjïgnol-momt , civière , tapon» Ee 3 438 BOY Parmi l'efpece du bouvreuil , on dlflingue : Le hou^ vreuil tout noir & à, bec blanc de la Guiane : le bouverorz ou petit bouvreuil noir d'Afrique ; il a trois bandes blanches fur la the. ; la partie antérieure du cou , &: îe defTous du corps d'un beau blanc ; les plumes du bas-ventre , jm^qu'au-defibus de la queue, font longues , contournées , frifées à contrc-fens. On trouve auiîi dars le Eréfil , îe bcuvcrcn à plumes plus ou moins frifées, ^, pL ml, 319 ^ ji^* I : Le bouvreuil bien d'Amérique, Foyei Bec rond : Le bouvreuil d'Hambourg^ Voyez Hambouvreux : Le bouvcra ou le bouvreuil de Plile de Bourbon & du Cap de Bonne-Efpérance , pL enl, 2.04 : ils ont le defîbus du corps blanc , le deiïïis Ô£ la queue de couleur orangée ; le bec brun & les pieds rovigeâtres : Le bouvreuil huppé d'Amérique ; il eft beau- coup 'plus gros que les nôtres ; une belle huppe noire s'élève fur fa tête ; le deffiis du corps , les ailes & la queue font d'un rouge d'écarlate ; le delTous du corps efl: d'un bleu éclatant ; fon bec efl blanc. Le grand bouvreuil noir d'Afrique , efl de la taille de notre gros - bec ; tout fon plumage efl noir , excepté une petite tache blanche au milieu des ailes ; le bec & les pieds d\m gris - blanchâtre. Le bouvreuil noir du Mexique , à bec rond , noir & blanc. Les bouvreuils violets &c à bec rond de la Caroline èc de Bahama ; ceux de Bahama ont la gorge , la queue &c les fourcils rouges. BOYAUX , Intejlina, Nom donné aux inteflins. lî y a des animaux dont les boyaux font utiles dans le Commerce , après avoir été préparés par les Boyau- dicrs. Tout le monde connoît les cordes de violon , de baffe 61 d'autres inflrumens de Mufique. Voye^ la manière dont les Ouvriers s'y prennent pour fabri- quer les cordes à boyau, à la fin de r article. ACNEAU , & dans le Diclion, des Arts & Métiers. On a donné le nom de boyau de chat à 1 *ulva in* tcjîinalis^ Voyez à Variich Ulve, B R A 439 BRAC. C'eft le Calao d'Afrique. Voyzi à VanïcU Calao, BRACELETS , Armillœ, On voit dans les Cabinets ces ornemens des Anciens : ils paroiiTent avoir été du goût de prefque toutes les Nations. On les a portés autrefois au haut du bras . quelquefois auiTi on mettoit de femblables anneaux aux jambes. Ils ont été des mar- ques arbitraires d'honneur ou d'efclavage ; c'étoient quelquefois des récompenfes de la valeur. Il y en a eu de fer , d'ivoire , d'argent , de cuivre jaune (k. de lames d'or. On a trouvé à Store , près de l'Ule Adam , dans un endroit appelé le Camp de Jules- Céfar , des fquelettes humains qui avoient encore des hauffe-cols, des braccUts Sc des anneaux d\iri cuivre comme doré , cil l'on fufpendoit des bulles d*or ou d'argent. Les Sauvages en ont de coco ou de coquilles. On lait que le goût du luxe & de la parure n'eft pas moins vif chez les Sauvages que parmi les hommes policés. N'a-t-on pas vu des peuples barbares vendre leurs parens , même leurs pères , leurs mères , leurs femmes oC leurs enfans pour podeder des bracelets de verrote- rie ? &:c. BRADYPE. Foyei Paresseux. BRAI. Voyci Poix liquide aux articles Pin & Sapin. Le hral iqc eft Varcançon, BRAÏNVÎLLIERS. f^oy^i Spigelîa. BRAIRE , Braiement. Nom du cri rauque , bruyant &: difcordant que pouffe Vdne , lorfque le défir , l'impatience ou le beioin le preffent. Foyc^ à r article A NE. BRAMIE 5 Brami , Rheed. Mal. Plante qui croit dans rinde ^ au Malabar , dans les lieux humides ; elle efc rampante comme certaines g^atioles ; fes tiges font d'un vert- rougeâtre ; fes feuilles prefque femblables à celles du GrzticAa mcnnkra de Lïnnœus ; les fleurs font mo- nopétales , bleues , folitaires , axillaires. Le fruit eil une çapfifj^ conic^ue ^ environnée par les feuilles du Ee 4 440 B R A B R E calice uniloculaire , & qui contient beaucoup de femences menues. BRANCHES , RamL Voyez ce mot dans le Tableau alphabétique , &c. à V article PLANTE. BRANCHIALE. Voyei à ranicle LAMPROIE, BRANCHIES. Se dit des ouies des poiiTons. Voyei^ Poisson. BRANC-URSLNE. Voyei Acanthe. BRANDHIRTZ. Voye^ a l'article Cerf. BRAQ'JL. Nom donné à une race particulière dans l'efpece du chien. Voyez l'es caraderes a V article Chien. BRASIL. Les Mineurs Anglois donnent ce nom à une marcafiite fouvent lamelleufe , mais unie &: iem- blable au laiton ou au cuivre jaune. Voye^^ Mar- CASSITE. BRASSICAIRES. Ce font les papillons du chou. ^(TK^:^ Chenille du chou. BRÉANT ou Bruant. Voye?^ Bruant. BREBIS. Voyei à t article BÉLIER. BRÉCHITE ou Goupillon de mer. M. Guettard donne ce nom à un foffile qui pourroit être regardé comme une forte ^arrofoir marin , mais d'une elpece iingialiere. Le cara£kre générique de ce polypite ou polipier foiîile , eft d'être d'une figure conique y & d'être percé de trous en fon fommet , d'avoir des crêtes circulaires & des ftries longitudinales. BRÉDE de Malabar. C'eil Vamarante épineufe. On remarque entre les fleurs , qui font difpofées en épis verdâtres , quelquefois purpurins , droits , plufieurs écailles en alêne & fpinuliformes : cette plante fe trouve à Amboine , à Ceylan , & en Amérique dans les Antilles. BREDIN. royei Lepas. BREHAIGNE. Mot populaire reçu en Vénerie , & qui exprime que la biche ou un autre individu femelle cft ftérile & n'engendre point. Voye? à V article Cerf. BREHÉME. Voyei Melongéne, B R E 441 BREHIS. Nom d'une licorne quadrupède , de la grandeur d'une chèvre , & que l'on dit fe trouver à Madagalcar. Son exiftertce eiî une chimère , ainfi que celle de la licorne terreilre , appelée camphur. Voyez ce mot. BHÊME, Cyprinus (^Intus^. En Angleterre , Brcam; en Allemagne , Brajfem ; en Suéde , Brax ; Brama , Linn. Poiflbn du genre du Cyprin ; il f e trouve dans les eaux douces de l'Europe , notamment dans les lacs & dans ceux qui confluent aux embouchures des grandes ri- vières ; on le pêche plus fréquemment au printemps que dans les autres faifons. Ce poiffon a le corps large & aplati latéralement ; il y en a d'un pied de long 6c même plus. Le defïïis de la tête eil prefque noir ; la gueule efl petite , 6l les lèvres font grolîes ; on diflingue plufieurs dents qui font crochues ; la langue efl ivKèe au palais & rouge ; les iris des yeux de cou- leur d'or , quelquefois argentés ; le dos très-convexe ; la ligne latérale courbe ; les écailles grandes & en re- couvrement , difpofées fur des lignes parallèles , d'une couleur jaune pâle & mêlée de brun ; celle du ventre efl argentée, La nageoire dorfale , qui a douze rayons branchus , eil d'un gris foncé , avec une bordure noire ; les pectorales ont chacune dix-fept rayons ; les abdominales en ont neuf ou dix ; celle de l'anus , qui efl noirâtre , en a vingt-fept ; celle de la queue , qui ell fourchue , en a dix-neuf. La chair de ce poiiTon eil blanche & délicate ; mais elle paroi t défagréable , fi le poifTon a été péché dans des eaux fangeufes. La hrême que les Pêcheurs nomment gardonnU , n'eft qu'une jeune brime qui a les écailles plus brillantes ^ cet âge. Brème de mer ou Brame , Spams Rhomboïdes , Linn. ; Perça Rhomboïdes , Catesb. Poiflbn du genre des /pares ; il fe trouve dans les mers de l'Amérique. Le dos efl: fillonné par une efpece de canal comme dans les fàenes, Lqs mâchoires font garnies de dents ÎÏ4Î B R E BRI obtufes ; une tache noire entre les nageoires pe£loraies ëc la dorfale ; celle-ci a vingt-trois rayons , dont les douze premiers font épineux ; les peâorales en ont chacune (eize ; les abdominales fix , dont un épineux ; celle de Panus quinze , dent trois épineux ; celle de la queue vingt. Le corps eu. de couleur jaune , marque longitud^nalement de plufieurs lignes qui le font pa- roître- flrié. Les trois dcraicres efpcces de nageoires font rouiTes. On eftime la chair àc ce poifTon bonne à manger. ERENACHE ou Berkache, Foyei Oie non- KETTE. BRESILLET &c Bresillîot. roye^ à CanicU Bois XE Brésil. BP.ESLINGE. Nom d'une race de Fraijlcr, Voyez ctt articU, BRESSDIUR. Efpece d'Ours de Ncrr/cge. Voyci Ours. BREVE. Nom donné à des oifeaux de l'ancien Continent , qui , dans la Méthode de M. Brijfon , font ^u genre XXII : ce font des merles , mais qui ont le J^ec plus épais , plus fort ; les jambes beaucoup plus longues , êc la qu»ue &: les ailes au contraire beaucoup plus courtes que les autres oifeaux du même genre. On en dlftingue quatre ou cinq efpeces : \P la, brcvc de Bengale , pU mL 258, qui eil le merle vert des Mo- luques de M. Brijfon ; fa gcrge eil noire ; une variété efl la brève de Bengale à gorge blanche ; 2.^ la brève du Ceylan , c'eft la pu à conne queue des Indes Orienta- les , ^Edwards ; 3.° la brève de Madngafcar , c'eft le merle des Moluques ^ pi. enL 257 ; 4.^ la brève de Ma- laca , ( Voyag. aux Indes ) ; 5 .^ la brève des Philippines, c'eit le mcrk vert à tête noire des ivlolucues , de M. Bnjfon , pL enL 89. BRIDÉ , (le) Chœtodon capiflratus , Linn. ; Pifds miutarïs ^ fvldaten or klipvifck^ Ruyfc Polûbn du genre du ChétGuon ;_ il fe trouve dans IK^céan Atlantique , BRI 445 fous la Zone tOJ-ride. Grcnov'ms a dicflt un de ces poiffons ; il avoit trois pouces &: un quart de lon- gueur ; la mâchoire inférieure plus longue que celle d . delîus , ôc toutes deux garnies d'une midtitude de petites dents oblongues ; les yeux allez grands ; les opercules des ouïes liiTes &: écailleux. La nageoire dorfale garnie de douze rayons épineux , & de douze autres flexibles &: rameux ; les pedorales ont chacune quatorze rayons ; les abdominales ea ont lix , dont la premier efl épineux ; celle de l'anus en a dix -huit , dont les deux premiers font forts & épineux ; celle de la queue , qui eft arrondie, offre d'x-huit rayon§„ Les lignes latérales offrent un arc conv--;xe. Le^corps &: la tête font recouverts de grandes écailles liffes ; le fond de la couleur eft jaunâtre. Il y a fur chaque côté du corps , vers l'extrémité de la nageoire du dos , deux taches noires , grandes , & une blanche ; la partie fupérieure des côtés efl marquée de plufieurs lignes obfcures , parallèles entre elles , & qui s'étendent obliquement : une partie allant de la nageoire dorfale aux opercules , &: l'autre allant en fens contraire du dos à la nageoire de l'anus ; en forte qu'elles coupent les premières , & forment une fuite d'angles continus fur les furfaces latérales du corps. Bridé , Spa,ri:s capifiratus , Linn. M. Daubenton donne ce nom à un poiuon du genre à\\fpare;\\ fe trouve dans les mers de l'Amérique. Les écailles font difpofées à l'aife , U bordées antérieurement de à^wx petites bandes blanchâtres , qui , par leur jonûlon , forment un angle droit , de manière que le corps du poifTon paroît marqué d'un réfeau blanc. Les deiLX premières dents de la mâchoire de defTus , & les quatre premières dans celle de deifous , font beaucoup plus grandes que les autres ; la nageoire dorfa'e eft très- longue & garnie de vingt rayons , dont les neuf pre- miers font épineux ; les pe£lcrales en ont chacune douze ; les abdonainales fix , dont un efl épineux ; 444 _ BRI celle de ranus foze, dont le premier eft épineux; celle de la queue en a quatorze. BRIGNOLIER. Nicolfon dit qu'on en diflingue ceiLx elpeces à Saint-Domingue , l'un à fruit jaune, & l'autre à fruit violet ou d'un rouge - violet. Les feuilles font longues , terminées en pointe , affez ëpaifTes & bien nourries , verdâtres & luifantes en delTus , lanugineufes en deffous ; fes fleurs petites , blanches , épa'fTes , ferrées par bouquets les unes contre les autres ; elles fe changent en un fruit oblong , de la forme d'une olive , mais plus petit , mou , charnu y un peu aigrelet. On en mange les fruits avec plaifir. BPJN D'AMOUR. Suivant l'Auteur de VEfii fur VHïjl. Natur. de Saint - Dominguc , c'efl un végétal dont la tige a deux pouces de diamètre , & fept à huit pieds de hauteur; elle eil verte, cylindrique, tendre^ ipongieufe , couverte d'aiguillons très -fins & très- aigus ; fes branches font difpofées alternativem^ent autour de la tige ; elles fe foudivifent en pîufieurs petites branches , au bout defquelles font placées des feuilles tendres , luifantes , d'un beau vert foncé en deffus & mat en defTous , découpées largement fur les bords , longues de huit à neuf pouces , fur fix de lar- geur , terminées en pointe , portées fur une grofTe queue de quinze à dix-huit lignes de longueur , cou- vertes d'un duvet fin & piquant , qui s'infinue pro- fondément dans la peau lorfqu'on y touche , &: excite une démangeaifon très-cuifante , qui dure cinq à fix heures. Les nervures de ces feuilles , ainfi que la côte à laquelle elles aboutirent , font garnies de petits ai- guillons jaunâtres , très-piquans. A_utour de fa tige & des principales branches , naiffent de petites fleurs d'un rouge de carmin, très -agréables à la vue, qui de- viennent bientôt de petites baies fphériques , groffes comme un grain de grofeille, tranfparentes , blanches, luifantes , attachées à un long pédicule : elles re^ifer- ment deux ou trois petites graines oblongues , envir BRI 445. tonnées d'une fubftance douce , agréable. On dit que ces fruits excitent à l'amour. Cette plante croît dans les endroits fecs & rocheux à Saint-Domingue. BRIN BLANC &: Brin Bleu. Noms donnés par quelques-uns à des efpeces de colibris à lojigue queue ; le premier, eu de Cayenne , &: l'autre du Mexique. Foyei Colibri. BRiNDONES. Fruit des Indes Orientales , & dont les Portugais , établis à Goa , ont fait pendant long- temps un commerce affez confidérable , fa pulpe étant d'uiage en teinture , & fon écorce fervant à la confec- tion du vinaigre de ce pays. Le brindoms eft rougeâtre en dehors , &. d'un rouge de fang en dedans. Il con- ferve toujours fa couleur intérieure , ainfi que fon goût , qui eft affez acre ; mais à mefure qu'il mûrit , il devient noirâtre à l'extérieur. On en mange quel- quefois, mais rarement. Ray, Hiji, Plant, 1831. BRISE-OS. Foye^àr article CHIENDENT. On a donné aufîi le nom de brije-os à l'oifeau Orfraye. Voyez ce mot, BRISSOIDES ou Brissîtes. Nom donné à un genre ^Oiirjins devenus foiTiles. Voye:^ P article OuRSiN. ERIZE , Bri:^a , Linn. Nom donné à un genre de plante unilobée de l'ordre des Graminées : on en dlAin- gue plulieurs efpeces : i .^ La bri^e très-grande , Briy^a maxima ^ Linn. 103 , celle que l'on cultive dans les jardins , qui efl originaire d'Italie & qui s'efr naturalifée & très-multipliée en France : fa tige eft grêle , cylin- drique , longue d'un pied ou environ , terminée par \\n panicule de deux à fept épillets fort gros , liffes , pana- chés de blanc & de vert , pendans & compofés chacun de cinq à fept fleurs : 2.^ La bri^e tremblante , Briy^a trcmula ; la mobilité des panicules de cette plante lui a fait donner le nom qu'elle porte : elle produit un effet agréable dans les bouquets des Dames au moment qu'elles danfent. Il y en a deujx variétés : l'une , Bri7^a média ^ Linn. 102: l'autre, Bri{a minor ^ Linn. 103 ; elle efl annuelle , les épillets font ovales ou uiangulaires , miles 446 B R O de bhnc ou de vîolei, ccmpofés de cinq à fept fleurs : elle crvOÎr dans les près lecs : 5.^ La briie amourau ^ Brl^ia eragrojîls , Linn. 103 ; elle croît dans les lieux fablonneux ; (es épirets font lancéolés , d'un vert-brun, olivâtre ou violet : ils contiennent chacun quinze à vingt-c-nq fleurs imbriquées iur deux rangs oppoles ; on la trouve en France & dans d'autres régions de l'Europe Auftrak ôc temperét. La bri:^e vcrdatre d'Ef- pagne , Bii^a virens ^ Linn. La è>n:(e de la Caroline, Bri^a Carolïniaîia , Linn. ; elle le trouve aufli dans la Virginie. La belle bn:^e hipïnnk d'Egypte , Bri^a bipiti- nata , Linn. La brÏT^ mucwnée de l'Inde , Umola mucro~ nata , Linn. La bri^e en épi , Uniola fpïcata , Linn. ; cette efpece fe trouve dans les lieux maritimes de l'Amérique Septentrionale. BROCARD DE SOIE. Nom donné par les Curieux à une coquille du genre des roukaux. Sa couleur eil gris de Im nué de coiîleur de chair , à bandes longi- tudinales de taches d'un rouge-brun , en forme de rcfeau , & à deux zones de grandes taches de même couleur. Sa tête efl: aplatie , &: les orbes en font un peu tuberculeux, f^cyc^ Rouleaux. BROCHET , Efox Indus , Linn. Pciflbn du genre de Vfcz ; il fe trouve dan^ les lacs , étangs & rivières. Il e£t remarquable par fa tête longue , de figure fmgu- licre , aplatie dans fa partie antérieure depuis les yeux jufqirau bout du bec, de fcrm.e carrée , &c percée d'en- viron douze petits trous. Sa mâchoire inférieure efl plus longue que la fiipérieure , ayant fur les côtés environ treize trous , elle eit armée de petites dents très- aiguës , alternativement iixes & mobiles ; il n'y en a point à la liipérieure , mais il y en a deux rangs fur le palais. Le venire du bro:het efl évafé & large. Il a le dos cbfcur , la queue fourchue , la ligne latérale aflTez droite, fon ventre tacheté de peints blancs & lui- fans ; {^s yeux enfoncés dans leur orbite ; les iris iont mêlés de ijiane , de noirâtre , de verdâtre de de jaune B R O ^ 447 obfcur ; les pnmelles ovales & bleuâtres ; les narines font placées devant les yeux , grandes , ouvertes , &: ont deux oriiîces. M, Ddeuie obferve que le brochet eil du genre tes poiffons à nageoires molles : celle du dos , formée de vingt-un rayons , eil placée tout près de la queue , &: il a quatorze rayons à la membrane des ouïes. Les rayons de la nageoire dorfale font en partie fourchus à leur extrémité , &: formés de deux cffelets étroite- ment unis entre eux ; les pedorales ont chacune quinze rayons ; les abdominales , chacune onze ; celle de l'anus en a dix - huit ; celle de la queue en a dix-neuf. Les nageoires font jaunâtres , tachetées de noir. Ce poiffon n'aime nullement les eaux falées; il ne fe trouve que rarement aux embouchures des rivières , à moins qu'il n'y foit porté par l'impétuofité de l'eau; alors il devient maigre & {qc. Il efl très-vcrace, dé- truit les autres poifibns , & prefTé par le befoin , ceux de fon efpece ; il fuit les carpes dans le temps où elles fraient , pour avaler leur frai. Cts poiiTons , dont la gueule eft ample ôi fendue prefque jufqu'aux yeux , font il carnalîiers , qu'ils s'efforcent d'avaler d'autres poiiTons prefque auffi gros qu'eux ; ils commencent par la tête , & ils attirent peu-à-peu le refte du corps , à mefure qu'ils digèrent ce qui eil dans leur ei^omac. On a vu de ces poiiTons d'égales forces vouloir fe dévorer l'un l'autre , & l'un, reiîant engagé dans la gorge de l'autre , s'étouffer réciproquement , & venir expirer fur le rivage. Le brochet s'élance avidement fur la grenouille & même fur le crapaud ; il les avale , mais il vomit ce dernier, ainii qu'on en a fait l'expé- rience. On dit qu'il n'attaque point les groifes perches, parce qu'elles font armées d'aiguillons Qu'elles hériifent; d'autres aiTurent qu'il les prend en travers , àc les ferre juiqu'à les étouffer. La femelle du brochet ^ lorfqu'elle veut jeter fon frai , (c'eil en Mars S^ m Avril ,) s'éloigne , dit-on, du lieu 44» B R O où elle a coutume de demeurer , de peur que fes œufs ne foient dévcrés par d'autres brochets : ce qui paroît afîez vraifemblable , vu que les mâles de plufieurs autres efpeces de poiffons pourluivent les femelles qui font prêtes à mettre bas , pour en avaler les œufs aufîi-tôt qu'ils font jetés. Dans bien des pays on fe garde bien , lorfqu'on empoiiibnne un étang, d'y jeter du brochaon ; car il s'en trouve toujours affez fans qu'on y en ait mis. On croit que cela vient de ce que les œufs du brochet fe collent aux pattes ou aux cuifTes du héron , s'en détachent enfliite lorfqu'il vient à la pêche dans un autre étang, & le peuplent ainfi de frai de brochet. Quelques-uns ont dit que quand un héron, ou un canard , ou quelqu'autre oifeau , après avoir avalé des œuts de brochet , venoient à fîenter fur l'eau d'un étang , il naiffoit des brochets de cette fiente remplie d'œufs intaâs & féconds. On efl dans l'ufage , dans certains pays , d'enfermer les brochets dans des cailles de bois qu'on laiiTe flotter fur les étangs , & dans lefquelles on les engraiffe en leur jetant de la nourriture. Le brocha q{x rufé ; il fe tient comme à l'affût contre le courant de l'eau , & lorfqu'il apperçoit quelque proie, il fe jette defuis avec avidité. On dit que ce poiiTon vit très-long-temps : on cite pour preuve celui que l'Em-pereur Frédéric II jeta dans un étang avec un anneau/ d'airain paile dans les opercules 'de fes ouïes, ce portant une imcription Grecque ; on aiTure que ce brocJict flit retrouvé deux cents foixante - deux ans après : mais ce récit a bien l'air d'une fable. Le hochet efl aufîi un des pcifTons qui entend le mieux. On en ^ vu dans le vivier du Louvre, du temps de Charles IX ^ qui 5 quand on crioit lupule ^ liipuk , fe montroient 6c venoient prendre le pain qu'on leur jetoit. Les brochets différent entre eux pour la grandeur & peur la coulera- , fuivant l'âge &: les lieux ; il n'efl pas rare d'en voir qui ont jufqu'à deux ou trois coudées ' dé B R O 449 itîe longueur, M. Darcy ^ ancien Contrôleur de la bou- che de S. A. S. Mgr. le Prince de Coiidé ^ nous a dit avoir vu , chez le Prince Lobkcviti en Bohême , deux brochets qui pefoient chacun cinquante livres , & qui furent fcrvis fur la table de fon S. A. S. Mgr. le Prince de Cont'i. On a trouvé quelquefois des tœnia attachés aux intcitins de ce poilTon. On appelle le petit brochet ou brocheton^ lanceron ou iançon ; Ion dos eft verdâtre ; le moyen , celui qui eil gros comme le poing , brocha ou poignard ; & le gros , qui a plus de dix-huit pouces entre œil & bat , brocha- carreau, La fécondité de ce poiiTon eïl: merveilleufe : on a compté dans un brocha femelle de moyenne gran- deur , jufqu'à cent quarante - huit mille œufs. Ces œufs excitent des naufées &: purgent violemment : auffi les gens du peuple s'en fervent -ils quelquefois pour fe purger. La chair du brochet eft blanche , ferme , &: fe divife par feuillets. Ceux des lacs & des grandes rivières font les plus efrimés. Il n'eil pas rare d'en voir dont la grofle arête & ime partie de la chair font d'une couleur verte ; les gens friands efliment beaucoup cette variété. Le foie du brocha efl très-bon à manger. On les prépare de plufieurs manières , au court-bouillon , à la fauce d'anchois & à la Polonoife ; on les frit , on les met en ragoût , ou on les farcit. Il y a des brochets , ainfi que quelques autres poilTons , auxquels on a trouvé en même temps des œufs & une laite ; d'où l'on peut conclure qu'ils étoient hermaphrodites. Comme ce poiiTon eil fort vorace , & que par conféquent il court beaucoup , la pêche en efl fort facile ; il fe prend de lui-même dans les filets ou mord à l'hameçon. Sa grande voracité lui a fait donner le furnom de loup ou de tyran des eaux. On en a vu dévorer de petits chats & des chiens nouvellement nés que l'on avoit Jetés dans un vivier. Gmdin dit qu'en Sibérie ij y a Jcuie II. F f 450 B R O des Pêcheurs qui font fécher les brochets à l'air libre au ibleil , pour les conierver. On emploie en Médecine les mâchoires & la graifTe de brocfut : cette dernière eil fort en ufage dans bien des pays , & on en oint la plante des pieds pour détourner les caîarres 6c pour appaifer la toux. La mâchoire inférieure eil , dit-on , fpécifîqiie dans la pleuréfie. Ces mâchoires ont donné le nom aux Pillidx de. mandibula liscii. Le brochet s'appelle en Italie , lucclo ou lu^^o ; en Allemagne , hccht ; en Flandres , fnook ; en Angleterre , pike ; en Suéde , gïadda ; en Turquie , turna ; à Bourdeaux ;, luc^i ; en Anjou, bequet &z bcchct. Brochet de mer. Foyei Sfet. On donne auiîî le nom de brochet d^ mer ^ au menus. Voyez à r article Morue. Brochet de terre. C'eftle lézard , appelé mahouja, .Voyez ce met. BROCOLIS. Fcyci à rartîck ChOU-FLEUR. BR.OME ou Droue , Brcmus. Genre de plante uni- lobée , de la famille à^^ Graminées , qui a beaucoup de rapports avec les avoines & les fitiiques , & qui comprend des herbes dont les fleurs font glumacées , & ont communément leurs épillets difpcfes en pani- cule , oblongs , plus ou moins cylindriques , contenant des balles florales , difpofées fur deux rangs oppofés & tout garnis de barbes, placées dans plufieurs efpeces fur le des àzs> écailles fiorales , un peu au-delTous de leur extrémité ; le fruit eft une femence oblongue , convexe d'un côté , m.unie d'un iillcn de l'autre , & enveloppée dans la balle florale qui tombe avec elle lans s'ouvrir. Ce genre contient un affez bon nombre à"^i'^^^Q':ts^ Il y a : Le Brome seglin , Bromus fccallnus 6* mollis , Linn. m. Cette efpece qui efl: haute de deirx pieds , &: qui croit fur le bord des champs , des che- mins & fur les murs en Europe , cfrre plufieurs va- B R 0 4P rietés. Le hrorm rude. & à barbes divzrgzntts ^ Brornus fquarrofiis , Llnn. ; il fe trouve clans les champs. Le hrom€ cathartique^ Bromus purgans ^ Linn. ; une efpece croît dans le Canada ; une autre dont parle FeuiUée , croît au Chili , &: fa racine efl purg-.tive ; les Habita ns de cstte Contrée en font beaucoup d'ufage en décoction. Le bro^ne à éplllets nus , an Fejluca Haller ? Brornus 'viermïs , Linn, ; cette efpece , qui a beaucoup de rap- ports avec la fétuque flottante , croît en Allemagne ô^: dans la SuifTe. Le brome de buijjons , Brornus dumc^ torum , Flor. Franc. ; c'eft le plus grand de tous ; il fe trouve dans les lieux couverts & les bois , en Eu- rope. Le bromz a balles ciliées , Brornus ciliatus , Linn. ; il fe trouve dans le Canada. Le brome Jîérile , Brornus fierilis , Linn. 113; il croît dans les lieux incultes y en Europe ; une variété eft la Fcjluca. avenacea Jïerilis chtior , Bauh. Pin. 9. Une autre plus petite eil: le Brornus teclorum , Linn. Le brow.e à tiges genouillées , du Portugal , Brornus geniculams ,lÀnn, Le brome à. petits épillets y Brornus giganteus , Linn. ; malgré fa de- nomination latine , il eil moins grand que celui des buiilons ; il fe trouve far le bord des champs mon- lueux & pierreux , en Europe. Le brome a épillets droits^ Brornus pratenj: s ^ Fejlucm. pratenjis lanuginofa ^ Bauh. Pin. 10; il ^{X commun dans les champs & les prés fecs , an Brornus racemofus , Linn. ? On dillingue encore le brome à panicuks rougcdtreSy d'Efpagne , Brornus rubens ^ Linn. Le brome en balais , Brornus fcoparius , Linn. ; cette efpece croît en Ef-' pagne. Le brome à épis dilatés , d'Efpagne , an Brornus Mudritenjîs , Linn. ? Le brome à épi roidc , du Portugal , Brornus rigens , Linn. Le brome triflore , Brornus trijlch- rus , Linn. ; cette efpece croît dans les bois de l'Alle- magne & du Danemarck. Le brome à panicules épais y d'Italie & d'Efpagne , an Brornus flipdides , Linn. ? Le brome rameux ^ du Levant & du Por^J2;al, BrowMs ra^ aniofus y Linn, 114. Le brome comiculé ^ Brornus pin-- Ff i 451 B R O natus^ Lînn. ii^ ; il le trouve clans les champs 5^ î^s endroits -montiieux. Le broim des bois, Bromusjylva- t'cns , FI. Franc. 1 1 8 1 . Le brojîic à barbes en crête , Bromus crljiatus , Linn. ; cette eipece croit dans la Tarîarie &: la Sibérie. Le brome à épilUts plats , Bromus dlftachyos , Linn. ; il fe trouve dans difFérentes Régions de l'Europe Auflraîe. Forfkal a découvert quelques autres bromes en Egypte. BRONTIAS. Pierre fort célèbre chez les Anciens , qui la nommoient aufîi batrachïte 6c chclonue ; ils prétendoient , mais fans aucun fondement , qu'elle tomboit des nuages avec la grêle. Le brontias n'eft qu'une pyrite fulfureufe m.artiale , brunâtre à l'exté- rieur , llriée du centre à la circonférence. Il y en a de difFérentes groffeurs. Voye:^ V article Pyrite. BROU , Viridc nucis corium, C'eft ain(i qu'on ap- pelle l'enveloppe verte de la noix. Foyc^ à CarucU JNOYER. BROUILLARD , Nebiila, Efpece de météore com- pofé de vapeurs & d'exlialaifons , que la chaleur des rayons du foleil élevé infenfiblement de la fiirface de la terre & des eaux , & qui retombent enfuite lente- ment de la région de Tair , en forte qu'elles y paroif- fent comme fufpendues. Les brouillards ne font le plus fouvent compofés que de parties aqueufes , alors ils n'ont point de mau- vaife odeur , & ne font point nuifibles à la fanté ; mais quelquefois ils font mêlés d'exhalaifons , comme cela eft aflez ordinaire dans les pays fulfureux & ma- récageux ; alors ils ont une mauvaife odeur , & font très-mal-fains. Selon M. Bourgeois ^ les brouillards ùoïds 6>c glacés de l'hiver font prefque toujours nuifibles à la fanté , quoiqu'ils ne foient point chargés d'exhalai- fons fulfureufes & putrides , parce qu'ils diminuent Se fuppriment en partie la tranfpiration infenllble. Lorf- qu'ils durent pUifieiirs feiuaines , on voit ordinaire B R O 455 ment régner à leur fuite des maladies épklémiques très - dangereufes. Lorfque le brouillard eii compofé d'exhalaiions , & qu'il eil tombé , on trouve quelque- fois fur la furfice des eaux une pellicule rouge , Ôi même affez épaifle. En général , les brouillards font plus fréquerxs en hiver qu'en aucun autre temps , & plus fenfibles le foir & le matin : lori qu'ils paroiHent , l'air eft calme ^ tranquille, mais ils fe diiTipent dès que le vent vient à foufîler. Les plus forts brouillards^ dans nos climats, paroifient en automne 6c au printemps. Quand les années font pluvieufcs , il tombe fouvent en France des brouillards gras , que l'on croit caufer aux blés la maladie que l'on nomme nidU. Le fdgU fur-tout fe corrompt quelquefois à un tel point , que le pain dans lequel on en met , occafionne la gangrené. Foyei au m.ot Blé l'article des maladies du blé , ainfi qu'au mot Sei^j:le les maladies de ce grain. Les brouillards ne font que de petits nuages places dans la plus baife région de l'air , & les nuages ne font que des brouillards qui fe font élevés plus haut. M. de Saujfure dit que les brouillards font formés par l'eau réduite fous la forme de vapeur véficulaire. Les objets qu'on voit à travers le brouillard , pa- roilTent plus grands & plus éloignés ; eft^t produit par la réfradion de la lumière. Si le brouillard eft fort délié & difperfé dans une grande étendue de l'atmof- phere , on peut alors envilager le foleil à nu fans en être incommodé ; mais alors cet aflre paroît pâle , tan- dis que le reile de l'atmoiphere eft bleu <5i ferein. Les Matelots donnent le nom de brume au brouillard qui fe voit fur mer. L'année 1783 e(l devenue mémorable dans une partie de l'Europe , notamment dans les Régions Sep- tentrionales , par fes brouillards extraordinaires , no- tamment en Juin & Juillet ; & comme ces brouillards avoiçnt été précédés de la terrible cataftrcplie de la ff 3 454 B R O BRU Sicile & de la Calal^re , des iciécs finirtres de toute elpece avoient préocaipe refprit du peuple ; ôc com- bien dans ce lens le peuple n'efl-il pas nombreux ? Ces brouillards étoient dus aux failbns froides &: hu- mides qui avoient précédé ; le foleil paroiliclt d'un rouge de grenat; il en étoit de même de la lune. Cette année 1783 a été fertile en météores de toute efpece. BROUNE, Erowma cQccinea ^ Linn. C'eil un arbrif- feau de la famille des Légumineiifes ; il croît dans les bois de l'Aniéiique Méridionale. Selon M. Jaccjuln , il ^£t rameux ; fon bois allez dur & jaune ; les fleurs font grandes , de couleur écarlate , difpofées fLX à dix enfemble par bouquets latéraux : le fruit efl une gouiie unilocuîaire. EROUSSTN D'ÉRABLE. Voyei Érable. BRUANT, pL enL 30, j%. i. En latin Emhcriia, Le bruant des Ornitholcgilles efl le vcrdicr çn langue \-Tilgaîre ; & le verdier des Oiieleiu-s &: des gens de la campagne eil le bruant des Ornithologiiles ; le hniant eit le verdelet des Provençaux ; verdat en Solo ©ne : yerdok en Poitou ; vcrdaiip en Périgcrd ; binay dans rOrleanois : bardzaut en Guienne. Le bruant a la forme , les couleurs (^x\ plumage , la chair délicate, la quantité de graiiTe tl le l)ec de Portolan ; il ell à-peu-pres cie la grcfleur du moineau franc , m.ais il eil plus alongé ; la tête , les joues , & la gorge font plus ou moins jaunes; le defTus du cou eii olivâtre ; les plumes du dos 6c les fcapulaires font mêlées à\m confirva. Le bry à Lonp pédicules ; les tiges font très- courtes : cette efpece croît dans la Sixtà^ , l'Alltmagi-ie & la Siiiiîe. Le bry àfiidlks imbriquées comme fur cinq rangs & recourbées ; cette efpece , qui croît dans les marais de l'Europe Septentrionale , eil le Bryum fquar- rojum y Linn. ^jy^5' il urnes penchées ou pendantes. Il y a : Le bry d'un vert argenté ; il croît fur les mi. railles & fur les pierres, ainii que le bry coujjinet^ qui efî le Bryum pulvinatum , Linn ; celui-ci tti d'un vert- noirâtre , velu ou laineux. Le bry de ga^on ; fes pédicules font purpurins dans leur partie inférieure: cette elJ3ece croît dans les lieux frais &: fur les murs. Le bry rougeâtre , Bryum carneum ^ Linn. ; il croît dans les lieux frais & argileux. Le bry à tiges fimpLs & à pédicules rouges , des prairies. Le bry . des Alpes ; cette efpece eil d\m rouge-noirâtre. BRYONE ou CouLEuvRÉE ou Vigne blanche, Bryonia. Quelques-uns en diilinguent deux efpeces principales , dont l'une porte des baies rouges & ovales, de la groileur d'un pois, 6c l'autre des baies noires. La première , dont on fait plus a uiage , Bryonia afpera Jzve alba , baccis i-ubris , C. B. Pin. 297 , Tourn. 102 ; Bryonia alba , Linn. 1438 , a une racine vivace,plus ou moins greffe , dont la fiibftance eiî marquée par des cercles , d'une faveur acre , défagréable , & d'une odeur fétide. Cette plante poufie des tiges herbacées , longues de cinq à lix pieds , grêles , gmiipantes , an- guleufes , garnies de petits poils roides & diflans. Les feuilles reiîemblent un peu à celles de la vigne, elles font alternes , pétiolées , anguleules , palmées , cordiformes & un peu rudes au toucher ; à la bafe de chaque feuille naît une longue vrille , {im[)le & roulée en fpirale ; des aiflelles des feuilles lortent des fleurs monopétale^s ,> petites, d'un blanc-verdâtre, en forme de balîin^ dé-* Gg 2 468 B R Y coupces en cinq parties. Il y a deux efpeces de ces fleurs fur le même pie^ ; les unes plus grandes , qui ne lont point fertiles , &c d'autres plus petites , aux- quelles fuccedent des baies de la grolTeur d'un pois , rondes , rouges lorfqu'elles font mures , pleines d'un flic qui excite des naufées. Cette plante croît dans les haies , autour des villages , en Europe. La racine a la forme d'un navet , elle efl d'un blanc- jaunâtre , & a un gcùt acre ; c'eil pourquoi quelques-uns la nomment le 72avct du diable. Des Charlatans & des Bc.teleurs fe fervent de cette racine pour en faire des cfpeces de figures monftrueufes , qu'ils mettent quel- ques jours dans le fable fec , & qu'ils vendent en- fuite pour des ma?! dragons. Voyez ce mot. On a pré- tendu que cette racine étant fraîche ^ diffout puiflam- nient la pitidîe tenace ; mais c'eil im purgatif acre trop violent ; on dit encore qu'étant tempérée par la crème de tartre , elle étoit utile dans l'hydropifie , les afTeclions foporeufes , & la plupart des maladies chro- niques, M. le Dodeur lîarmand la recommande aujour- d'hui comme un fpécifique certain contre les diiien- teries épidémiques ; cependant cette racine , mangée mêm.e en petite quantité , eil un poifon. M. Morand^ réilcchiffant fur la nature de ce poifon dont il avoit vu des effets flmefles , a examiné cette racine , & lui a trouvé beaucoup d'analogie avec ceUe du manioc , dont on retire , quoiqu'elle foit un poifon , la caffavs qui eil une efpece de pain. Il a fait macérer cette racine , & en a retiré par la macération une efpece d'amidon ramaflé en grumeau , qui , traité & préparé de la même manière que le manioc , lui a donné un pain ou galette femb^able à la caffave. Voyez la manière de prépar^^r la cajjavd au mot Manchot. Après la ma- cération de la racine il ne rdle que le fquelette ifolé de tout le parenchyme , qui étoit renfermé dans le lacis réticulalre. Il réiulte de ces expériences , qu'il n'A pas icipCiTiblc d'enlever le mauvais goût ^l le B R Y 4^9 poifon mie contiennent ces plantes , pour s'approprier les parties amidonnées , qui dans des temps fâcheux poun-oient devenir une nourriture douce &i fucculènte. Il en réiiilteroit un avantage conlidërable par la facilité avec laquelle ces plantes croiflent fpontanément : la culture les dépouilleroit peut-être de leur amertume & de, leur Qualité véneneufe. M. Baume a prouvé auiîi par des expériences , que la fécule que l'on retire de la hryonc , dégagée de fon fuc par la liltration & par le lavage , fournilToit une matière fort analogue à l'ami- don. La racine de hryone à baies rougis , appliquée extérieurement , eil , félon M. Bourgeois , très-efficace dans les fciatiques & rhumatifmes invétérés. On pile cette racine dans un mortier avec un quart de fon poids de beurre frais , &: on en frotte la partie malade trois à quatre fois de vingt-quatre heures en vingt- quatre heures ; elle fait lever de petites veiîies qui rendent beaucoup de férofités acres. li y a auiïï la bryone palmée , de l'Ille de Ceylan , Bryonla palmata ^ Linn. ; fes baies font jaunâtres. La hryone a grandes jlairs , de l'Inde , Bryonla grandis , Linn. La bryone de Madras , an Mucca-piri ? Rheed. Mal. ; elle croit au Malabar & dans TLide. La bryone k feuilles en cœur , du Ceylan. La hryone amplexicauU , de l'Inde , an Karivi-valli ? R-heed. Mal. La bryone à feuilles laciniécs , du Ceylan ; fes pcduncules font prefque épineux , & le font même plus que la tige ; le fruit eit marqué de fix raies d'un blanc de lait. Cette plante paroi t être le Nèhoémeka de Rheede, La bryone kériffic des Indes Orientales. La bryone d'Afrique. La bryone naine d'Afrique. La bryone d'AbyfLnie. La bryone de Crête; fes feuilles font tachées de blanc. La bryone d'Amérique ; elle fe trouve aux Antilles , dans les haies. La bryone à feuilles de figuier ; elle croît aux environ^ de Buenos- Ayres. Le faau de Notre-Dame , ou la racine vierge , Bryo-* r/ia Uvis Jive nigru ^ racen^ofay eil, félon quelques-uns >- Gg 3 470 B U B une autre efpece de hryone j inais ^ (lûv^nt M. Ilal/ery ïe fceau de Notrc-Damt n'a rien de commun avec la hryonc ; qui eft de la cîafTe àes Cucuméracics , clafTe naturelle & très - bien déterminée. Foye^ Racine .Vierge. BUBALE. Quadrupède défigné chez les Anciens fous le nom de Buhalus ^ & dans plufieurs Auteurs fous celui de BucuLi cervlna. Animal qui tient pour la forme de celle de la vachi & de celle de la biche ; il paroît faire une efpece moyenne eiitie celle du bœuf 6c celle du ctrf: deux carafteres eitentiels féparent le bubale du genre des cerfs ; le premier , ce font les cornes qui ne tombent pas ; le (econôi , c'eft la véficule du fiel qui fe trouve dans le bubale , & qui , comme l'on fait , manque dans les cerfs , les daims , les chevreuils , &c. Le buhj.le efl aiTcz commun en Barbarie & dans tou- tes les parties Septentrionales de l'Afrique. On retrouve cet animal dans l'intérieur d^es terres du Cap ^ où on les voit courir en grandes troupes & avec une vîteiTe qui furpaffe celle de tous les autres animaux. Il paroît qu'ils n'habitent que les plaines. Leur cri , difent les "Voyageurs , elrune efpece d'éternuemerit ; leur chair ell d'un très-bon goût ; les Payfans qui font éloignés du Cap la coupent par tranches minces , qu'ils font fécher au foleil, & qu'ils mangent avec d'autres viandes au lieu de pain. Le bubale ed de la grandeur du cerf d'Europe ; il a le train de devant plus élevé que celui dç derrière ; fes dents font larges , tronquées &: égales ; la lèvre in- lériciu-e efï noire , & porte un petit faifceau de poils noirs de chaque côté. Il y a fur le menton & le long du chanfrein , une bande noire terminée fur le front par une tou^e de poils plantée en devant des cornes ; des bandes de même couleur font placées de chaque côté de la tête , & fur les cuifTes & les jambeé. La tête efl longue , étroite ; les yeux vifs , d'un noir -bleu , & des larmiers iiu-deffous. Les cornes font permanentee , B U C 471 noîres , fortes , épaifTes , & chargées de gros anneaux , rapprochées par la bafe & très-diftantes à leur extré- mité , recourbées en arrière &: tories comme une vis. La queue longue d'un pied & garnie au bout d'un bouquet de ciins. Les oreilles femblables à celles de l'antilope. Le pelage du dos d'un rouge-brun , clair fur les û^ncs , blanc au ventre , à la croupe , à l'inté- rieur des cuifTes & clés jambes. La femelle du bubale n'a que deux mamelles , ne fait qu'un petit à la fois , met bas en Septembre , quel- quefois en Avril ; fon corps efl uniform.ément roux , mais toutes fes parties font plus petites que dans le mâle. On prétend que cet animal eft fi timide , qu'il n'a d'autre reûburcc que la fuite pour éviter les bctes féroces ; mais il tft très-léger à la courfe. Quelques-uns veulent que le bubale foit le même animal que la vacJîe de Barbarie dont a parlé M. Per^ rault dans les Mcmoircs de P Académie. Voyez Vache DE Barbarie. M- P allas range le buba.le parmi les antilopes ly ri-cornes. Voyez à r article Gazelle. BUCARDITE 3 eft la coquille bivalve appelée cœur de bœuf y &c devenue foffile. BUCAROS ou Barros. Il eft dit dans l'ancienne Encyclopédie , qu'on donne ce nom en Efpagne & en Portugal à une efpece de terre figillée ou bolaire qui eft rouge & fe trouve dans ces pays , notamment dans le voifmage de la ville d'Eftremos , dans la Province d'Alentejo. Kcye^ Terre sigillée & ranicle Bols. On attribue à cette terre beaucoup de propriétés ÔC de vertus ; elle eft fort ftyptique & aftringente ; on la dit bonne dans plufieurs maladies , on prétend que c'eft un excellent antidote contre toutes fortes de poi- .fons. Les Dames Efpagnoles fe font fait autrefois une telle habitude de mâcher & de prendre conthiiielle- ment du bucaros , ( les François prononcent hov.caro } qu'on prétend que la pénitence la plus féveie que les ^g 4 47Î B U C Confefïeurs de ce pays-là pouvoient impofer à îeufs pénitentes , étoit de s'en priver feulement pendant lin jour , IbJt que les vertus qu'on lui attribuoit , les déterminoient à en prendre û opiniâtrement , foit que la force de l'habitude la leur eût rendu néceffaire. Le vin confervé dans des vafes faits de cette terre ^ en prend le goût 6c l'odeur qui font aflez agréables. Il en efl de même de l'eau; mais quand on l'y verfe, il fe fait une efpcce de bouillonnement & d'efFervefcence ; & fi elle y iéjourne quelque temps , elle en fort à la fin 5 parce que la matière de ces vafes eil très-poreufe &i Ipongieufe. BUCCIN , Buccinum, Genre de coquilles univalves 3^ &c nommées ainfi à caufe de leur reffemblance avec une trompette. Le cara£lere diflinclif de ce genre de coquil- les , eu d'être contournée en volute, à plufieurs fpirales, dont la plus baffe eil beaucoup plus grande que les autres ; ce qui les rend groifes par le milieu. Un autre caradere , c'eil d'avoir le ventre un peu gros , l'ouver- ture de la coquille ou bouche , large,. très-alongée, peu garnie de dents , ou entière ou échancrée , ou terminée par une efpece de queue plus ou moins alongée ( cet alongement produit par le noyau , s'appelle le l^ec de la coquille , & ce bec eil fouvent recourbé &: creule en gouttière ) , en quoi il diffère Aes pourpres , dont l'ouver- ture efl ronde ; il diffère aufîi des murex , en ce que fa coquille n'eil point couverte de pointes proprement dites. En perçant le petit bout ou fom.met du buccin marin appelé bourct de mer par quelques - uns , on s'en fert comme d'un cor ou d'une trompette pour fe faire enten- dre de loin. Cette efpece de trompette eil citée plufieurs fois dans l'Exode ; on attribue l'invention de cet inilru- nient à vent à Thyrrene fils à' Hercule , l'an du monde 2884. Les Rabbins prétendent que le premier buccin ^ tut une des cornes du bélier o^^ Abraham immola à Dieu au lieu de fon fils Jfaac, On fe fervoit du buccin à l'armée , pour avertir les foldats , pendant la nuit, des heures B U C 473 âiixqirelles Ils dévoient moiiter cl defcendre îa garce. Les AnciQïiS ^liGiQvXbucc'mum dare ^ lonnerou donner du buccin; delà les Anatomiftes ont appelé mufclcs bucci- nateurs^ ceux des joues qui le dilatent ou s'enflent quand on foufïle à l'embouchure d'un inflrument à vent. Quoique Ton fafle trois familles des buccins^ des murex &c des pourpres , par rapport à la figure exté- rieure de leurs coquilles , l'an'mal qui les habite eil preique entièrement le même ; ils ont tous la propriété de donner une liqueur femblable à celle que les Anciens tiroient de la pourpre. On diflingue les buccins en buccins à bouche entière & fans bec, en buccins a bouche echancrée &: fans bec, en buccins à bouche garnie d'un bec peu long, & en buccins à bouche garnie d'un long bec. La famille des buccins contient un grand nombre d'efpeces de coquilles , tant de terre que d'eau douce. On a donné à celles de mer divers nom.s qui ont quel- ques rapports avec leurs formes ; telles font la quenouilU ; le grand fufcau blanc , efpece de buccin fort rare ; la viitre. à fond blanc , tachetée régiîljérement de rouge ; Vivoirc ou mitre ]aun2trz\ la tour de, Babel ^ dont les con- tours font formés de diîTérenîes moulures rayées de taches rouges ou noires fur un fond blanc ; la tulipe remarquable par fa belle marbrure de coideur brune ou jaune fur \m fond blanc; le minaret^ la tiare ou ccw renne Papale'^ V aveline; V oreille de Midûs ; \r licorne; le cabejlan ; îa trompe marine ou concilie de Triton ; la corde- lière ; le tapis ou la robe de Perfe ; 6c un trop grand nom.- bre d'autres dont la vue dans un coquillier flatte plus que les defcripticns qu'on pcurroit en donner, quel- que détaillées qu'elles fuflent. L'animal qui habite les coquilles que l'on nomme buccins, cil remarquable par ime trompe qu'il porte à l'extrémité de la tête, qui lui fert à fouiller le limon & à pomper l'eau de la mer; c'til par ce canal qu'il iaifie écouler la liqueur purpurine employée par les 474 B U C Anciens, ainfi Cfiie celle de la pourpre ^ pour teindre en ronge. Le réfervoir de cette liqueur eu dans un petit vairteau à côté du collier de l'animal. Ce vaiffeau ne con- tient qu'une bonne goutte d un fluide un peu jaunâtre, qui pafle A la couleur de pourpre après qu'il a été expofé à l'air un certain temps. La trompe du buccin n'étant point armée de dents à ion extrémité , ainfi que celle de la pourp^-c^ il ne perce point comme elle les coquillages. L'animal a outre cette trompe une bouche éc une autre efpece de petite trompe qui lui ferî de langue ; c'efi par ce mo^.en qu'il attire à foi les ali- mens néceflaires. L'opercule attaché à la plaque char- nue fur laquelle il rampe , lui fert de clcifon quand il veut le renfermer. La Société Royale de Londres a découvert , il y a en- viron foixante & dix ans, fur les côtes d'Angleterre, une efpece de buccin très-commune qui fournit la coiiUitr pourpre ii recherchée des Anciens. Sur les côtes du Poi- tou, M. de Réaiimur en a auiH découvert une efpece qui donne cette belle couleur. Les buccins du Poitou qui donnent la pourpre , fe trouvent ordinairement affemblés autour de certaines pierres ou fables , fur lefquels on voit beaucoup de grains ovales, longs de trois lignes, pleins d'une liqueur blanche un peu jaunâtre, affez femblable à celle qui fe tire des buccins mêmes , & qui , après quelques changemens , prend la couleur de pourpre. Il paroît, par les cbfervations de M. de Réaumur , que ce ne font point les œufs des buccins , ni les grains de quel- que plante marine, ni des plantes naiffantes; il y a lieu de croire que ce font des œufs de quelque poifîbn. On ne commence à les voir qu'en automne. Ces grains écrafés fur la toile, ne font d'abord que la jaunir'imper- ceptiblement ; mais fi on expofe cette toile au grand air, à un foleil vif ou au ïqw^ elle paffe en trois ou quatre minutes , de cette couleur foible à un beau rouge de pourpre, qui s'aiToiblit un peu par le grand nombre de blanchifiages. Si la toile n'étoit expofée qu'à un foleil B U C 475 peu vif, elle prendroit d'abord une couleur verdâtre , enfiiite une couleur de citron , un vert plus clair , & puis plus foncé ; de là le ^^iolet , & eniîn un beau pour- pre. Ce feroit une chofe alTez curieufe que de fixer à volonté ces couleurs , à chacune des nuances par lef- quelles elles pafîent fucceffivement. Suivant les expériences de M. dz Rcaumur , l'eftet de Tair fur la liqueur des grains , confifle non en ce qu'il lui enlevé quelques-unes de fes particules, ni en ce qu'il lui en donne de nouvelles^ mais feulement en ce qu'il change l'arrangement des parties qui la conipofent, M. de Rcaumur n'a pas manqué de comparer la liqueur que l'on tire des buccins ^yqc celle de ces grains; &: les expériences lui ont démontré que ces liqueurs font à- peu-près de même nature. Celle des grains ell feulement plus aqueufe , elle a une faveur falée ; au lieu que celle des buccins paroît extrêmement poivrée (^c piquante. La cochenille donne une très belle couleur rouge, mais qui n'eft bonne que fur la laine & fur la foie. Le cartamc donne le beau ponceau & le couleiu- de rofe ; mais ce n'efl que fur la foie , le fil &: le coton. Peut-être , dit M. de Fontcnclle , les grains de M. de Rc:zumur nous fourniroient-ils le beau rouge pour la toile. Si on vou- loit faire ufage de cette couleur en teinture , il feroit plus commode &; moins coûteux de la tirer des grains que des buccins. On pourroit écrafer une grande quantité de grains à la fois ; au lieu que pour avoir la liqueur des buccins , il faut ouvrir le réfervoir de chac|ue buc- cin çin particulier, ce qui demande beaucoup de temps : ou fi, pour expédier, on écrafe le plus petit de ces coquillages , on gâte la couleur par le mélange des diffé- rentes matières que fournit l'animal. La Chimie, cette fcience qui analyfe tant de pro- duirions de la Nature & les fait paroitre fous di- verfes formes , pourroit trouver des moyens de per- fedionner cette couleur , de la faire paroitre plus promptemenî , plus belle , & de la rendre plus tenace. 47S }i V C M. Je Riaumur a éprouvé que le faibli me corrofif pro- duit cet effet fur la liqueur des buccins. Les buccins fluviatiles périment quelque temps après Sîvoir été tirés de Feau ; ils n'ont que deux tentacules larges ôc aplatis comme des oreilles. Quoique herma- phrodites , raccouplement n'eft pas double comme dans le Limaçon, Mais il x^^^ pas rare de trouver dans les ruiiTeaux , notamment à Gentilly , près Paris , des ban- des très-conlidérables de ces animaux , dont tous font l'office de mâle & de femelle avec deux de leurs voi- fins , tandis que les deux qui font aux extrémités de ce chapelet , moins fortunés que les autres par leur pofition ^ n'agiiient que comme femelle ou comme mâle ieulement. BUCCINiTES. On appelle ainli des buccins de- venus folTiles. Voyzi_ Buccin. BUCÉPHALE. Voyzi t article Cheval /^^r la fin. BUCK-BEi\.N , ou Trèfle aquatique à feuilles moins larges que celles du mcnianthe vulgaire , Menianthes^ palufîre angifftifoUum & triphyllum ^ Tourn.. Inft. ; T/f foUum palujlre minus ^ acuiiore folio , C. B. Pin. 327^ Trifoiium fibrinum , Tabern. îcon. 521. Parmi les ani- maux de première utilité , nous voyons des efpeces en quelque forte fecondaires , &: qui elles feules nous tiendroient lieu des efpeces principales , fi elles ve- no.ient à manquer : Pane peut être regardé comme l'efpece fecondaire du cheval , & la brebis comme celle de la vache. Il efl encore plus fréquent parmi les végétaiiLx de trouver des efpeces fecondaires , & qui peuvent être fubftituées aux premières , lorfque celles-ci ne font point affez nomibreufes , ou même qu'elles \';ennent à manquer. La plante appelée buck^ bean ed dans ce cas : elle pourroit aifément remplacer le houblon , & donner à la bière une amertume agréa- ble : à ces qualités elle joint l'avantage de pouvoir fe multiplier facilement dans des terrains tres-marécageiix. oii il ne croît que de mauvaifes herbes. B U C 477 La racine de huck-han eil fort grande, d^uaê forme irréguliere &: d'une fublhnce fpongieufe ; elle eil longue, fort épaille ôc ne perce pas perpendiculairement dans la terre , mais elle coule obliquement fous la furface, envoyant de divers côtés les poulies de fes feuilles; par ce moyen elle s'étend & fe multiplie conlidérable- ment. Les feuilles y font placées far chaque pédicule comme dans les trcfics , mais elles font beaucoup plus grandes que dans cqs plantes , d'une forme ovale & de la grandeur d'une feuille de laurier. Il s'élève enfemble pluneurs tiges; de forte (:\\\ç. fouvent une feule plante produit une quantité confidérable de feuilles. Lorfoue les tiges fleurilTent, elles ont environ dix pouces de hauteiu:. Les fleurs dont elles font chargées ont une couleur blanche avec une nuance de rouge, & elles font un peu velues : il leur fuccede des capfules à graines qui font ovales & contiennent beaucoup de femence. Le buck-bcan eil une plante fort connue en Médecine fous le nom de trafic de marais , & nous l'avions déjà délignée dans notre féconde édition fous le nom de ménianthc , nom que Tourmfort a tiré de Théophrafic pour le donner à cette plante. Voyc^^ V article MÉNIANTHE. Cette plante croît naturellement en Angleterre dans les marais & les lieux humides, & même autour à^^s terres à tourbe. Lorfqu'on veut faire une plantation de cette plante , on peut choifir une pièce de terre cn.ii foit humide par elle-même , ou fujette à être fouvent fubmergée , qui ne produife que des joncs , des gra- mens en joncs , & autres plantes inutiles ; on doit commencer par arracher toutes les grandes touffes de rofeaux ou de flambes qui peuvent y croître : quant aux autres produdions on peut les laiiTer. Le buck- hean n'en fleurit que mieux quand ia racine court fous une fmiace couverte. La plantaùon efr des plus aifées : il ne s'agit que de fe pourvoir de morceaux de racines de cette p-aiite qui aient enviroa deux pouce 478 B U C de longueur , 6z une bonne tête ou œil. Pour les planter on prend une truelle coupante avec laquelle on coupe une touffe d'herbes ; on place la racine du buck-bcan à un pouce ou environ au-deflbus de la lurface , & on en laifie retomber le gazon par-deffus. Cette plante s'empare peu-à-peu du terrain , ëc fi com- plètement , que les mauvaifes herbes ne peuvent plus y trouver place. Comme on n'a en vue dans cette plantation que de faire pouffer les feuilles en abon- dance , il faut faire couper légèrement avec la faux les tiges à fleurs. La manière de recueillir les feuilles de cette plante eft de la faucher &: de la tranfporter fur un terrain {qc , pour la faner en la remuant fréquemment , comme on le fait pour le foin. La faifcn vraiment favorable pour la cueillette , c'eft lorfque les feuilles font pleinement ouvertes ; li on attend plus tard , elles perdent leur couleur verte 6c fraîche , &: dimi- nuent de qualité. Quand elles font entièrement fèchèes , il faut les féparer d'avec les tiges ; car il n'y a que les feuilles qui poffedent les qualités du houblon. La tige eff fpongieufe , acueufe ; & bien loin d'avoir de Tamer- tume , elle reffem.ble à de la farine lorfqu'elle a été bien léchée & réduite en poudre au m.oulin. M. Linncsus prétend même que dans les pays Septentrionaux , le petit peuple , dans les difettes de blé , fe fert de cette tige au lieu de farine pour faire du pain. Les feuilles de buck-bean érant bien defféchées , peuvent fe conferver en bon état pendant trois ou quatre ans , ou même plus long-temps , s^il ne leur arrive point d'accidens par l'humidité ou autrement ; mais elles font toujours meilleures dans la prem.iere année. Il paroit certain que ces feuilles , employées d'une manière convenable par un Braffeur expérimenté, égaleroient pour le moins le houblon ; elles donnent à la bière une amertume qui n'a rien de défagréable , comme eff ceilQ de l'eibfimhe qu'on avoit cherché à B U F 479 fubflituer au houblon ; peut-être même pourroient- elies empêcher quelques-uns de ces accidens nom- breux qui arrivent à la bière lorf qu'on la garde , & qui , quoique attribués à des cauf es fort différentes , font la plupart occalionés par le houblon. Les vertus médicinales du buck-hcan font celles de tous les amers , c'eft- à-dire , de fortifier l'eftomac & d'aider à la digefiion : fes feuilles fo^auffi diuiétiques lorfqu'on les prend ûmplement en infufion ; elles ne peuvent donc donner à la bière que de très-bonnes qualités , fans pouvoir lui commimiquer rien de nuifible. BUFFLfi , Buffdus, Animal quadrupède bifulce , originaire des climats les plus chauds de l'Afrique &: de l'Afie , &: qui eil devenu domeflique en Europe : il fut amené en Italie vers la fin du feizieme fiecle , où depuis ce temps l'on s'en fert , ainfi que dans quel- ques-unes de nos Provinces Méridionales , pour cul- tiver la terre ; & il y a confervé l'avantage de fe re- produire. Il vit de dix-huit à vingt ans. La taille & la grandeur de cet animal juftifîent & rendent confiante une obfervaticn faite par un grand Phiiofophe; c'efl que l'on trouve les plus gros qua- drupèdes feus la Zone Torride ; tels font VéUphant , le rhinocéros , Vhyppopotamz , après lef quels l'on peut mettre le buffle peur la groûeur. Le hu^c relTemble pour la forme au taureau ; il eil domeftique comm.e lui , fert aux mêmes ufages , & fe nourrit des mêmes alimens que le bœuf; mais il eft en général plus grand , plus fort que le bœuf; il a le corps plus court & plus gros , les jambes plus hautes , la tête proportionnément plus petite , les cornes moins rondes , noires oc eh parties comprimées , un toupet de poil crépu fur le front; fa peau & fon poiL font d'une couleur foncée ; Ion poil eft fort comme celui du fanglier ; le ventre , la poitrine , la croupe , la plus grande partie des jambes &: de la queue font ^miéremçnt ras j & en général il n'y a que peu de 48o B U F poil liir le corps de cet animal ; ia peau eft dure & tr Jo-épaifie ; fa chair noire & dure , ei\ non-feulement défagréable au goût , mais répugnante à l'odorat. Ce quadrupède efl d'une autre efpece que le tau- reau , car les maies &c les femelles de ces animaux , quoique également réduits en efclavage , & fe trou- vant fouvent réunis dans les mêmes pâturages, fous le même toit , ma toujours refufé de s'unir , malgré qu'on eut cherche à y exciter les mâles par l'abfence de leurs propres femelles ; leur nature efi: par confiquent plus éloignée de celle du taureau , que celle de l'âne ne l'eil de celle du cheval , elle paroît même antipa- thique; car on afTure que les mères hnjflcs refufent de fe laifîer teter par les veaux , & que les vaches re- fufent de nourrir les petits i^ufp:s Qz), Ces animaux différent aulli par le caradere. Le buffle ^ dit M. dd Buffon , ell d'un naturel plus dur & moins traitable que le bœuf; il obéit plus difficilement ; il eft plus violent; il a des fantaiiies plus brufques & plus fréquentes ; toutes fes habitudes font grolTieres & brutes ; il eil: , après le cochon , le plus laie des ani- maux domefliqueSjpar la difficulté qu'il met à lé lailTer nettoyer 6l panier : fa figure eil grolTiere &; repouf- fante , fon regard ftupidement farouche ; il a la vue très-foible ; il voit mieux la nuit que le jour ; il avance ignoblement fon cou , & porte mal fa tête , prefque toujours penchée vers la terre ; fa voix eft un mugif- fement épouvantable , d'un ton beaucoup plus fort en- core & beaucoup plus grave c[ue celui du taureau ; il aies membres maigres, la queue nue, le mufeau noir comme (d) Des expériences faites dans le Brandebourg, par les l'oins de M le Préfident de Benck&ndorf, prouvent cependant que quelques T.iches domeftiques ont été fécondées par des buffles ; m.-îis l'on eîl généralement d'opinion à Af^racin , que les veaux m.iiets qui eu, résultent ne vivent pas , & que très-fouvent les vaclies mèmei périment des fuites d'une telle portée; il faut en convenir, quoiqu'il y ait beaucoup de difproportion entre la taille des bi:ffl.es & celle des vaches, elle n'ert pas auili conlidécibl* qu'entie le taureau ik rànelïe qui produil'eat le jtiTiart. B U F 481 comme le poil & la peau ; cet animal aime beaucoup à fe vautrer Ôl même à iejourner clans l'eau ; il nage très-bien 6c traverie hardiment les rivières les plus rapides : comme il a les jambes plus hautes que le bœuf, il court aufTi plus légèrement fur la terre. Le hi^ffie eft très-ardent tn amour; il combat avec fureur pour fa femelle , &c quand la ^idoire la lui a afTurée , il cherche à en jouir à l'écart : elle porte en- viron douze mois , ne met bas qu'au printemps ; elle a quatre mamelles , &c ne produit qu'un petit ; ou fi par hafard elle en produit deux , fa mort eu pref- que toujours la fuite de cette trop grande fécondité ; elle produit deux années de fuite , & fe repofe à la troifieme, pendant laquelle elle demeure ftcnle, quoi- qu'elle reçoive le mâle ; fa fécondité commence à rage de quatre ans , & finit à douze ; quand elle entre en chaleur , elle appelle le mâle par un mugiilement particulier, & auquel il ne manque pas d'accourir. Quoique le buffle naiile & foit élevé en troupeau , il conferve cependant fa férocité naturelle ; en forte qu'on ne peut s'en fervir à rien , tant qu'il n'eft pas dompté : on commence par marquer , à l'âge de quatre ans , ces animaux avec un fer chaud , afin de pouvoir didinguer les ùu^es d'an troupeau, de ceux d'un autre; on donne à chaque kijjïe un nom qu'on répète fou- vent d'une manière qui tient du chant , 6c en careflant en même temps l'animal fous le menton. L'habitude d'entendre ces tons cadencés efl tellepour le ùu^^^ , que fans cette efpece de chant, il ne felaifïe point approcher, fur-tout la femelle pour fe laifier traire. La marque efl fuivie de la caflration , qui fe fait à Page de quatre ans 5 non par compreiîion des teflicules , mais par in- cifion 6c amputation. Cette opération paroît néceiTaire pour diminuer l'ardeur violente 6c furieufe que le buff/e montre au combat , 6c en même temps le difpoi'er à recevoir le joug pour les difFérens ufages auxquels on veut l'employer. Peu de temps après la cailration , Tom^ II, H k 4S2 B U F on lui pafle un anneau de fer dans les narines ; mai:? ia force & la férocité du buffle exigent beaucoup d'art pour parvenir à lui palTer cet anneau. Après l'avoir fait tomber au moyen d'une corde que l'on entrelace dans {qs jambes , des hommes fe jettent fur lui pour lui lier les quatre pieds enfemble , &: lui paffer dans les narines l'anneau de fer; ils lui délient enfuite les pieds, ^l l'abandonnent à lui-même : le buffle furieux court de côté & d'autre , &, en heurtant tout ce qu'il ren- contre , cherche à fe débarraffer de cet anneau ; mais avec le temps iî s'y accoutume infenfiblement , & l'habitude autant que la douleur l'amènent à l'obéif» fance. On le conduit avec une corde que l'on attache à cet anneau , qui tombe par la fuite , au moyen de TefFort continuel des Conducteurs , en tirant la corde; mais alors l'anneau efl devenu inutile , car l'animal déjà vieux ne fe refufe plus à fon devoir. C'eil ainfi que les hommes, pour dompter & diriger les anim^aux, les faifilfent par les parties les plus fenfibles. Le buffle paroît encore plus propre que le taureau à ces chalTes dont on fait des divertilTemens publics , fur-tout en Efpagne ; aulii les Seigneurs qui tiennent des buffles dans leurs terres , n'y emploient-ils que ces animaux. La férocité naturelle du buffle augmente lorf- qu'elle eft excitée , &: rend cette joute aufli animée qu'elle eft périlleufe. En effet , le buffle pourfuit l'homme svec acharnement , jufque dans les maifons , dont il monte les efcaîiers avec une facilité particulière ; i! fe préfente aux fenêtres , d'oii il faute dans l'arène , franchiffant même les murs , lorfque les cris redoublés du peuple font parvenus à le rendre furieux. Les buffles font cependant des animaux très-utiles ; comme leur corps eft très-maiTif , ils font propres au labour ; on leur fait traîner & non pas porter les fardeaux ; on en fait un grand ufage en Italie ; il y a des endroits dans ce pays , comme par exemple les con£ns de la Tolcanç ôc de l'Etat Éccléfiaflique , daiis B U F 485 îes Fefnies de Marfiliana , Montaoïito ^ Caftîglîone , Corneto , &:q, où l'on lailTe paître les l>iiffles domef- dques dans les bois : (les marais Pontlns & les ma-' remmes de Sienne font en Italie les endroits les plus favorables aux huffles ; mais ils y gagnent fouvent le harboncy exprefîion Italienne qui a rapport au fiége principal de cette maladie très-contagieufe , 6^ qui eil dans ces animaux , à la gorge &: au menton.) Lorfque le Laboureur vient à la charrue , il fait figne à un de fes chiens ( ce font de ceux de forte race ) d'aller dans les bois ; le chien court , faifit avec la plus grande adreffe un buffic par l'oreille, & fans quitter prife il l'amené à fon maître, qui l'attache fous le joug pendant qu'il retourne dans les bois lui en chercher un autre , qu'il met à côté du premier. Le Laboureur leur fait tracer fcs filions , les fait tourner à volonté d'un côté &: d'autre , & les conduit facilement en tirant une petite corde qui eil attachée à cette forte d'anneau de fer, dont nous avons fait mention, & dont la pointe picote le nez de l'animal. Lorfque les buffles ont fourni leur travail , on les ôte de la charrue , &: ils retournent dans les bois fe repofer & fe nourrir jufqu'au lendemain où les diiens viennent les y cher- cher de nouveau. Comme ces animaux portent natu- rellement leur cou bas, ils emploient en tirant tout le poids de leur corps; auifi un attelage de deux buffles enchaînés à un chariot , tire-t-il autant que quatre forts chevaux. Nous tenons ces détails d'un homme de mé- rite, qui a fait valoir des fermes confidérables dans les cantons d'Italie dont nous avons parlé plus haut. Il y a une grande quantité de troupeaux de buffles fauvages dans les contrées de l'Afrique & des Ind^s , arroféss de rivières & où il fe trouve de grandes prairies. Ces animaux ne font point de mal , à moins qu'on ne les attaque ; mais fi on vient à les bleffer , ils vont droit à leur ennemi , le terraflent & le foulent aux pieds» L'afpeil du feu les çfFraie j la couleur rouge «h 1 484 B U F les irrite &C les met en fureur , au point que l'on n'ofe s'habiller de rouge dans les pays où il y a des buf-les; parmi nos bœufs nous n^^n voyons que peu fur lef- queîs cette couleur faffe cette impreflion. Les Nègres de Guinée &: les Indiens du Malabar vont à la chaffe des buffles fauvages : ils n'ofent les attaquer de face ni les pourfuivre à terre ; ils grim- pent fur les arbres & de là ils leur décochent leurs flèches ; ils font un grand profit de leurs peaux &: de leurs cornes , cjui font plus durfs &: meilleures que celles du bœuf ; ils trouvent la chair de ces animaux affez bonne à manger : la langue eft le mets le plus délicat de tout l'animal. En Italie les Juifs mangent la chair du hnffle engraiffë , & l'on fait d'excellens fromages avec le lait des femelles buffles , qui en donnent en grande abondance ; ce lait a un petit goût mufqué ; on dit qu'en Perfe il y a des femelles qui en fournif- fent par jour jufqu'à vingt-deux pintes. Les cornes , les ongles , la graiiïe & la fiente du buffle ont, dit-on, les mêmes vertus en Médecine que celles du bœuf. Quand fa peau a été paffée à l'huile commue celle du chamois , elle porte le nom de buffle,- Les Militaires s'en fervoient anciennement pour armure; & les Grenadiers Anglois , de mtme que la Cavalerie Françoife ^ l'emploient encore à préfent, à caufe de fa légèreté , de fa dureté §i de fa réliftance : en s'en fert à faire des ceinturons , des bouri'es , &c. Le buffle fait un objet de commerce ttès-confidérable chez les Fran- çois, les Anglois & les Hollandois, qui en trafiquent à Confiantinople , à Smyrne <5c le long des Côtes d'Afrique; mais com.bien de peaux d'élans, de bœufs, d'orignacs , & d'autres animaux de la même efpece , qui étant pafîees à l'huile ^i préparées comme celles oblon- gues, fpatulées, dun vert foncé ^ légèrement fmuées, très-peu dentées , quelquefois purpurines à leur partie inférieure : leur laveur eil un peu amere &c aflringente. Ses fleurs fortent des aifTelles des f:uilles ; elles font bleues , quelquefois pourprées , verticillées & dîfpc^ées en épi terminal ; ces fleurs font labiées , mais n'ayant qu'une leule lèvre : à la place de la lèvre fupérieure ii y a des dentelures ; elles font garnies de bradées , fouvent colorées en bleu. Cette plante eft aujourd'hui très -peu d'ufage en Médecine ; cependant on eftime qu'elle eil très-utile tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; car c''eÛ un excel- lent vulnéraire aftringent. La déco£rion de la hug/e efl reconnue pour un fpécifique dans les maux de gorge ulcérés 6c gangreneux , qui fuppurent après des efqui- nancies rebelles. Elle a de plus la propriété de diffoudre le lang grumelé ; ceû pourquoi on en fait boire aux perfonnes qui ont fait de grandes chutes : elle con- vient auffi dans les hémorragies , le crachement de fang , la dysenterie oC les fleurs blanches. Son fuc appbqué ù l'extérieur , guérit les coupures , les plaies & les ulcères. Les autres efpeces de higàs font : la bug/e des Alpes 5 ^Jugcz Alpina. M. de la Marck l'a auiïi obfervée fur le Mont Cantal en Auvergne. La buglc en épi py- ramidal & feuille , Ajiiga pyramidalis , Linn. ; Bugula fylvcjins villofa.^ flore. cczruUo^ Tourn. 109 ; cette efpcce> qui le trouve dans les endroits fablonneux , & les prés montao;neux 6c couverts , efl abondam.ment velue & n'a point de rejets rampans comme l'efpece première. La huvU du Levant , Bugida Orïzntalïs vïllofa ^ fiore ïnv. rjo cœruLo , alhâ macula notaio , Tourn. Cor. 14; ie$ fleurs font panachées de bleu 6c de blanc , ou de B U G^^ 4^9 blanc & de pourpre ; la lèvre inférieure de la ileur tû tournée en haut. BUGLOSE vulgaire , Bus^Iofum vulg.zre mu; us , J. ^' 3 7 57^ j ^^^ Biiglojjurn angi^ifoliiin^ , LoD. l:c.n, 570 ; 6* majiis flore œruUo , C B. Pin. 256 ; AnJiufa officinalis ^ Linn. 191. Cette plante, qui ^^t cie la fa- mille des Boura^inks , croît dans les champs , lur le bord des chtmins , en France , en Italie & dans TAl- lemagne. Elle efî d'un afpeCt agréable iorfqu'eile eil en fleur. Sa racine eft vivace , de la groifeur du petit doigt , rougeâtre ou noirâtre en dehors , b- anche en dedans , remplie d'un f«c gluant ; les tigf s font hautes de deux pieds ou environ , rameufes , cylindriques & chargées de poils roides & épars. Ses feuilles alternes , lancéolées , trés-pointues , fîniples , &: difpv rfées fur les tiges auxquelles elles (ont attachées iniinédiatement , ne font point ridées comme celles de la bour-'-achc , mais garnies des deux côtés de poils iemblables ; &: la buglofe en diiîere encore eiTentiellem^nt par fes fleurs , qui font d'une feule pièce , en* entonnoir, d'un bleu - purpurin , garnies dans leur milieu d'un bouton obtus , compofé de cinq petites écailles velues qui couvrent cinq étamines ; le calice cil oblong , & re- fendu profondément en cinq pièces : les branches qui portent les fleurs font repliées comme la queue d'un fcorpion, avant que les fleurs s'épanouiflent. La biiglofe s'ordonne avec la bourrache^ , ou y efl: fubflituéc : fa décoftion avec le lait , efl utile dans la dyflenterie ; fes feuilles fufent fur les charbons comme le nitre ; aufli fes vertus font-elles femblables à celles de la bourrache. Voyez ce mot. Ses feuilles bouillies dans de l'eau avec de l'alun donnent une belle cou- leur verte. On diflingue plufieurs autres plantes de ce genre à fleurs monopétalées. Il y a : La bugl fi à feuilles étroites , Buglojfum angufllformm minus , Bauh. Pin. 2 0 ; ce n'efl peut-être qu'une variété de la précédente. La 490 BUG huglcfe oncïiilëe , Buglojfum Lufitanlcum , echii folio un^ ditLito ^ Toiirn. 134; cette efpece fe trouve dans le Portugal & en Efpagne ; its fleurs font bleues, termi- nales , & clifpofées en épis glomerulés & roulés dans leur jeunefTe : il y a des variétés de cette efpece , à feuilles tout-à-fait linéaires & légèrement dentées. La Buglofc laineufe , Anchufa lanata , Linn. ; cette efpece qui fe trouve aux environs d'Alger , a beaucoup de rapports avec la buglofc teignante , &: qui efl Vorcanem proprement dite. Foye7^ Crcanette. La buglofe de Virgmie , Anchufa minor lutea , Vïrgïniana , puccoon ( aiLt paccoon ) indlgenis dicla , qiid fe pingunt Americani, Pluk. Alm. 30 ; {qs> fleurs font d'un beau jaune & d'un afpe£l agréable. Les Habitans de l'Amérique Septentrionale fe peignent le corps en rouge avec fa racine. La biiglof à larges feuilles , Bugloffum latifoUum fempervlrens , Bauh. Pin. 256; on dit qu'elle efl ori- ginaire d'Angleterre : cependant elle croît naturelle- ment en Efpagne ; fes feuilles font periiilantes l'hiver. La bugloft à feuilles longues d'Italie , Anchufa longifolia. La buglofe en gazon , Bugloffum Creticum , humifufum , cicaulon , perennc , échu folio angufïffimo , Tourn. Cor. 6; cette efpece a été découverte dans l'Ifle de Candie , par TiAimefort. La buglofe k feuilles verruqueufes , An- chufa venucofa , H. R. ; elle croît en Egypte ; {qs feuilles paroiflènt panachées de vert &: de blanc ; {qs fleurs font jaunâtres. La buglofe de Crète à feuilles hui- lées , ou chargées comme de verrues perlées , blanches & chargées de piquans , Bugloffum Creticum , annuum , foliis bullatis , flore variegato , Tourn. 134 ; an Lyco- pfis variegaia , Linn. ? La buglofe hcrilTé^ , comme épi- neufe , Anchufa echinata ; c'efl Tefpece la plus hérif- fée ; fes poils font , en quelque forte , de petites épines blanches. BUGRANE, Ononis. Genre de plante à fleurs poly- pétalées de la famille des Légumineufes , & qui com- prend des herbes & des fous-arbriffeaux plus ou moins. BUG 49ï épîneux , dont les feuilles font fimples ou ternées, &c dentelées en leurs bords. Le fruit efl une gouffe fort courte , enflée , communément un peu velue , unilo- culaire, & qui renferme quelques femences réniformes. Ce genre de plantes offre un allez grand nombre d'efpeces. Il y a , félon M. le Chevalier de la Marck : Les Bug RA NES à feurs purpurines ou blanches i mais point panachées de jaune. La hugrane à longues épines , vulgairement arrête-hœuf. Voyez ce mot, La hugrane des champs ou Varrcte-bœuf des champs ; Ononis aryenjis , Linn. ; cette efpece eil commune dans les champs incultes & fur les bords des chemins. Ses tiges font dures, très - rameufes , rougeâtres , velues , & ordinairement couchées &: étalées fur terre ; elles n'acquièrent d'épines qu'en vieilliffant. La bugrane rampante , des lieux maritimes & fablonneux de l'Angleterre, Qnonis repeiis ^ Linn.; elle n'ell: point épinerife , mais pubefcente dans prefque toutes fes parties. La bugrane élevée de la Siléfie , Ono- nis altijjima , Linn. Celle à Jlipules blanches , du Por- tugal , Ononis mitlfjima , Linn. La hugrane à fleurs en épis feuilles , épais , barbus , longs ^ terminaux , Ononis alovecuroïdes , Linn. ; cette efpece. croît dans la Sicile , l'Efoagne & le Portugal. La bugrane a grand calice ftrié , des Ifles Baléares , Ononis calycina , an Ononis puhefcens , Linn. Mant. 267 ? La bugrane à gouifes penchées , Ononis reclinata , Linn. ; cette petite efpece , à duvet vifqueux , fe trouve dans le Dauphiné , en Italie & en Elpagne. La bugrane a feuilles cunéi- fornus du Mont Cenis , Ononis Cenifia , Linn. La bu,* grane fluette des Provinces Méridionales de l'Europe , Ononis Cherleri ; Anonis pujilla^ vifcofa & villofa , pur-' purcfcente flore , Tourn. 408, La bugrane à feuilles rondes des Alpes & des Pyrénées, Ononis rotundifolia , Linn. La /^//^r^T?^ précoce, Ononis fruticof a ^ Linn.; cette efpece qui croît dans les montagnes du Dauphiné , 491 BUG BUT forme un fous - arbri/Teau d'un afpe£l très-agréable J lorlcu'il eu en pleine fltur ; fes fleurs font purpurines & commencent à paroître vers la fin de Mai ; elles durt nt long-temps ; cette efpece figure très-bien dans les plate-banucs d un bolbuet printannier , &c dans les parterres. La bugranc à feuilles a trois dents ci'Efpagne , Ononis trid.ntata , Linn. La hugram à feuilles étroites d'Eipagne , 0/iorâs aîiguffijjîma , Linn. Bu GRAN ES à jlciirs jaunes & plus ou moins rayées de pourpre. Il y a : La hugrane gluante , de l'Europe Auftrale , Anonis vifcofa fpmis ca.enr. , lutea ^ major ^ C. B. Pin. 389 , Tourn. 409 ; Ononis natrix & pingus^ Linn. 1008. La bugrant vifqueufe , des Contrées McTidionales de la France bl de l'Efpagne , Ononis vifafa , Linn, La bu glane à goujje aornitLopod^^ de la Sicile, Ononis craith'pcdicLdes ^ Linn. ; F cenum- g: cecum S iculum ^ Jiliquis ornithopodii ^ Tourn. La hugrcne fans feuïLUs , d'Italie, Ononis aphylla. La bugrane des rochers , Onorùs faxatllls; elle fe trouve en Franc.- ^ en Efpagne. La bugrune à feuilles flriëes , Ononis fzriata , Gouan. La bugrane à petites fleurs^ dcs Provinces Méridionales de la France, Anonis flore luteo^parvo , Tourn. 409. La bugrane à tiges effilées y d'Efpagne , Ononis juncea , d'Af. La bugrane à feuilles crépues , d'Efpagne , Ononis ciifpa , Linn. La bugrane a'Aragon , A noms Hifpanica frutefcens , folio Totundljri^ Tourn. 409. BUHOR , en Poitou, & Eehors près d'Orléans, efl le Butor. BUJIS. Petit coquillage , dit M. Delcuie , qu'on nomme aufTi kouris ou kauris. Voyez Cauris ÔC Por- celaine, BDÏO ou AviosA. Serpent monilmeux des Indiens de rOrcnoque. Foyei a C article SERPENT , 6- /^ mot Cor AL, B U I 493 BUÎS ou Eouis , Biixus. Genre de plante à fleurs Incomplètes; il y en a de grandes & de petites efpcces ; elles font toujours vertes. La petite efpece , appelée huis nain ou le biùs d'Artois , Buxus foUis rotundlorlbus , Bauh, Pin. 471 , Toiirn. 579. Il eft très-rameux & vient en touffes épaiffes &: bien garnies ; il croît en France , dans plufieurs Provinces , autour des villages &: dans les lieux pierreux 6i incultes ; fes feuilles font efiimees fudorifîques. C'eft le huis que l'on emploie pour former les defîins des parterres & les bordures des plate-bandes. Il y a d'autres efpeces de hiùs , dont le tronc s'élève jufqu'à feize & vingt-quatre pieds : ce tronc eil tor- tueux , quelquefois gros comme la jambe & garni de beaucoup de rameaux aff^z droits. L'écorce eft grifâtre ou brune , raboteufe , &: le bois compa£le , dur , pefant , ' jaune , fans moelle. Les feuilles font nombreufes , tou- jours vertes , liiTes, luifantes, dures ^ entières j, ovales > glabres , fmiples , oppofées , grandes , creufées en cuilleron , d'une odeur & d'une faveur défagréables. Les fleurs viennent par petits paquets dans les aiilelles des feuilles ; les fleurs mâles font compofees d'un calice à cinq feuilles , de deux pétales & de quatre étamines ; les fleurs femelles ont un calice à quatre feuilles , trois pétales ^ trois piflils , dit M. Deleuie ; les fleurs font jaunâtres, ramaflées quelquefois fur la même branche, & prefque toujours dans le m.ême paquet de fleurs. Les fruits font en quelque façon femblables à une marmite renverfée ; ils s'ouvrent en trois parties par îa pointe ; ils font divifés en trois loges , qui renlër- jnent chacune deux femences revêtues d'une capfule élaftique. L'efpece de buis qui fe trouve dans les Ifles Baléa- res , Buxus arboreus Balearica , s'appelle buis de Mahon ; il y forme , à ce qu'on prétend ^ des bT>is qui en font entièrement compofés. 494 EU! B U K Il y a le hu'u arhorefunt de l'Europe Auflrale &: du Levant ^ Buxus arborëfcens , Bauh. Pin. 471 , Toiirn. 1578. Cette efpece s'élève JLifqu'à douze 6c feize pieds. Son écorce efl: brune ou noirâtre; les feuilles font d'un afiez gros vert. Ce grand arbrifleau fe plaît à l'onibre , & fert ti faire des paliflades ; il fupporte le chaud & le froid ; il dure fort long-temps & n'exige prefque aucun foin ; on le multiplie de graine & de bouture. On dit que fon bois rapë elt fudcrinque , & peut être fub- ftitué au gayac. Il donne un efprit acide & une huile fétide bonne pour l'épilepfie &c le mal de dents : {qs feuilles font ameres ôi rougiffent le papier bleu. Elles ne tombent point pendant Fhiver. Le buis panaché , employé en buifTons y fait un très -bel eifet dans les bofquets d'hiver. Il eft très -propre à planter dans les remifes , oii il pourroit former une retraite commode pour le gibier pendant l'hiver : on tire le gros buis de Champagne &: d'Efpagne. Ce bois qui eil très-dur , eft employé par les Tourneurs , les Table tiers , les Graveurs , les Faifeurs de peignes , & pour divers autres ouvrages où il remplace très-bien l'ébene 6c l'aubier jaune , auquel il reiTemble parfaitement. Il porte bien la vis , & eft très-eftimable à bien des égards. On diftingue encore le buis à feuilles de myrte , Buxus myrtifoiia. Sa tige s'élance comme un petit ar- briff^au , & poufle des rameaux un peu lâches ; ïts feuilles font un peu étroites. Buis piquant. Foyc^ Houx-îrélon. BUISSON , Dumus. On appelle ainfx un arbre nain, Voyz7^ la Table alphabétique de rarûcU Plante. Buisson ardent. Voye^^ Néflier. Buisson d'or. Voye^ Chrysobate. BUKKU ou Bocho des Hottentots , ou DiOSMA velu , Dinfma hïrfuta , Linn. ; Spircca Africana ^ odorata , foins pilofis , Comm. Rar. 3 , t. 3 ; etiam Laricis foliis , Rai. Suppl. Dcndr. 91 , n.° 7. C'efl: le nom d'un ar- briiTeau qui croît au Cap de Bçanç-Elpérancç, ^ dont B U L 495 les Hottentots font grand cas. Lorfqiie fes feuilles font feches , ils les réduifent , ainfi que les capfules des fruits , en une poudre qui efl odorante , d'un jaune luifant , avec laquelle ils poudrent leur che- velure : cette couleur leur paroît une partie conli- dérable de leur parure : en cela ils ont ainfi que nous , plus de coquetterie que de propreté. Hifiolrs des Voyages, Les fleurs font blanches , à cinq pétales ; les Habi- tans du Cap de Bonne-Efpérance tirent de cette plante, par la diftillation , une huile aromatique , très-péné- trante , dont on fe fert à l'extérieur pour fortifier les nerfs ; fa décodion efl utile à l'intérieur , dans les retentions d'urine. BULANGAM. Nom donné par les Malais à la ra- cine d'une plante qui croît à Malacca , Sumatra & Java. Les Portugais , qui en envoient en quantité à Goa , ont une haute idée de fes vertus médicinales, Ils l'ap- pellent Rais wadre de Dïos ( Radlx De'iparœ ). BULBE , Bulbus , & Bulbeux, Voyez à l'Alphabet de l'article Plante. BULBIPARE. Voye^ à la fuite de r article ViViPARE. BULBOCODE printannier , Bulhocodiiim vernum^ Linn. ; Cokhicum vernuni Hifpanicurn , Bauh. Pin 69 ^ Tourn. 350. Petite plante qui croît dans l'Efpagne & dans le Dauphiné. Elle a beaucoup de rapports avec les Colchiques , & n'en diffère qu'en ce que fon flyle ell iimple , les fleurs des colchiques ayant trois flyles dif- tinâs. Le bulhocode efl la campanette de la Flore Fran* çoife. Cette plante , qui fleurit à l'entrée du printemps , n'a que deux ou trois pouces de grandeur : fa racine efl un bulbe arrondi , d'oii fortent quelques feuilles lancéolées, qui s'enveloppent inférieurement. Sa fleur efl en entonnoir , d'abord blanche , enfuite d un pur- purin plus ou moins foncé ; elle naît prefque immé* diatement de la racine & efl compofée de fix pétales à languette ^dont les onglets font fort longs , étroits ^ 49^ B U L nipprochés on rciinis en tube ; de fix étamines , o^: d'uix oviiire lupericiir , iuriTicnté d un ftyle fîiiforme qui eil termine par trois ftigmates : le fndt eil une capfule tiiaiigulaire , pointue 6c diviiée en trois loges pclyfpcrmes. BlLBONACH ou Lunaire , Lunaria, Genre de plaiite cnicitere , dont M. Tourne fort a diftingué fept eipecej. Nous en citerons trois principales : i.^ celle appelée mèdailL , Lunaria majcr , jîtlquâ rotimciiore , J, B. 2 , o8i , lourn. ; Viola lunaria jlvc Bulhonach , Ger. 377 5 Park. Sa racine eft glanduleufe : elle pouffe une tige haute de deux à tiois pieds , groffe cocnme le petit doigt , rameiife , velue , de couleur verte-rou- geâtre ; les feuilles ibnt dentelées , femblables à celles de Vonu , communément plus grandes : Tes fleurs , dif- pofces comme celles à\\ chou , ^ compofées chacune de quatre feinlles rangées en croix , font rayées ; leur couleur eft purpurine : à ces fleurs fuccedent à^s lili- ques oblongues , très-plates , arrondies : les lames ex- tcritures de Tes cofTes font traverfees àts deux côtés par un bord de couleur d'argent, comme fatinées ; elles contiens eut des femences formées en petit rein y d un rouge-brun & d'une faveur acre , aniere. 2.^ L'îut^e efpece fe nomme plus particulièrement hulbonach , Lunaria viajor ^fdiquâ hngiore^ J. B. 2, 88i , Tourn. ; Viola lunaria major^JiUqiid cblongdy C. B. Pin. 203 : elle croît , de même que la précédente , avec ou fans culture ; fes feuilles font plus larges ; lés fdiques plus longues & plus étroites que dans la médailU ; fes racines font rameufes & chevelues. Les femences de cts plantes font eftimées diurétiques & antiépileptiaues. On diltingut une petite lunaire qui eft vivace , à fleurs jaunes, à trts-petite filique plate &: arrondie, à feuilles ^ herbe à l'ép-rxier , ÔC velue , Thlafpidium Monfpelienjîs , hieracii folio hirfuto , aut Lunaria liiua ^ bifcutata y C eil Wi faux thlajpi ; c'eft le thlafpidium velu. La B U L B U P 497 La petite Lunaire vulgaire efl iiPxC drave , Lunana kiLcol fclio , JiUqud oblongd , majorï , Toiirn. Infi:. 218,; Luna* na nd'wivci , Linn. 911. BULITHE DE EŒUF. Nom donné à Vègcigropïh qui le trouve dans reflomac de cet animal. A^oje^ Égagrôpile. BUNE ou Bure. Voyzi Coulon- chaud. BuNODE , Bunodus. Nom donné par M. Gucttard à des tuyaux vermicul aires. BU PLEVRE , BupUvrum, Nom d un genre de plante à ficurs polypétalées , de la famille des Ombel/ifercs , ê^ qui comprend d.s h.rbes & des arbuflts la plupart indigènes de l'Europe , & prefque tous munis de feuilles très-fimples. Tous les hupUvres connus font très-glabres dans toutes leurs parties. On dlfdngue : Les BuFLtVRES à Uf^e herbacée. Il y a : Le buplcvre appelé la perce-fcuilh anniizlk^V oyez ce. mot. Le huplevrt étoile , des montagnes du Dauphiné & de la Siiiffe , Buplcvriim jlellatum , Linn. Le buplcvrc de roche , Bupkvnim petrœum , Linn. ; cette efpece croît dans les montagnes du Dauphiné, de la Suiffe & de l'Italie. Les feuilles radicales font aiguës , graminées & longues d'un demi - pied ou environ. Le bupkvrs. à larges feuilles , BupUvrum montanum latïfolium^ Tourn* 310 , Bauh. Pin. 277; il croît fur le Mont d'Or ^ dans les montagnes de la Provence , du Dauphiné &: de la SuifTe. Le buplevre des Pyrénées ^ Bupkvrum Py» renœum , Gouan. Le bupkvre à feuilks en faux ^ c'eft la perce-feuilk vivace , Voyez ce mot. Le bupkvre a feullks. nervcufcs , des Provinces Méridionales de la France , Bupkvrum rlgidum^ Linn. Le bupkvre ranunculcïde, Bu- pkvrum ranunculoïdes , Linn ; il croit dans les Alpes ôc dans les parties Méridionales de la France : wnQ très- petite pointe termine les folioles de fes collerettes , & les feuilles inférieures font étroites , graminées 6c nerveufes ; les fupérieures font lancéolées & aaipkxj^ Tome JI. I i 498 B U P cailles. Le buplevre à feuilles à trois nervures , Biipkvrum odontltes , Linn. ; cette efpece fe trouve dans les mon- tagnes du Valais & en Italie , dans les endroits pier- reux & les vignes. Le buplevre à ombelles demi-compo- fëes , Buplevrum femicompojituni , Linn. ; cette plante ie trouve en Efpagne. M. Goiian dit que les feme;ices font chargées de petits points faillans. Le buplevre menu , FI. Fr. , Biipkvrmn tenul(Jimum , Linn. ; cette efpece fe trouve en Italie , en France &: en Efpagne , dans les endroits fecs ëc pierreux. Le buplevre à rameaux effilés , Buplevrum junceum , Linn. ; on le trouve dans les lieux incultes en Provence , dans la Siiiffe &: dans l'Alle- magne. Il y en a deux variétés. BUPLEVRES à tige l'igneufe. Il y a : Le buplevre frntef cent d 'Efpagne , Buplevrum frutefcens , Linn. ; il naît fur les ramifications de la tige principale , des tiges grêles , herbacées , garnies à leur bafe de feuilles linéaires & aiguës. Le buplevre épineux d 'Efpagne , Buplevrum Hifpanïcum , fruticofum acu- leatum , gram'meo folio ^ Tourn. 310 ;. les dernières ramifications font aiguës & refTemblent à des épines. Le buplevre d'Ethiopie , Buplevrum fruticofum^ Linn. Ce petit arbrifTeau toujours vert , toujours garni de feuilles , convient à la décoration des bofquets. Il fe trouve aiifîî dans le Levant & dans les Provinces Méridionales de la France. Toutes fes parties ont une odeur qui approche de celle à\\ panais & du chervi. Sa fem.ence efl eftimée bonne contre la morfure des bêtes veni- îTieufes. Le buplevre des environs de Gibraltar, Buple- vrum Glbralîarium , Linn. Il paroît n'être qu'une va- riété du précédent. Ses fleurs font jaunes - verdâtres. Enfin le buplevre hétérophylle , Buplevrum difforme , Linn. Il croît dans l'Ethiopie , dans l'hiver ou à l'en- trée du printemps ; il porte deux fortes de feuilles ; les unes font petites , pétiolées , compofées de trois foUolcs planes , trifîdes , incifées & afTez femblables B U P 499 à celles du perfil ; les autres , & larbrifTeau conferve celles-ci en été , font plus longues , menues , filiformes , anguleufes ^ vertes & à demi-divifées en trois parties pareillement filiformes , mais dont celle du milieu efl plus longue , terminées chacune par trois petites pointes. BUPRESTE , Bupreftus aut Buprcfiis, Ce nom efl formé de deux mots grecs , qui fignifient faïn crever les bœufs. Cet infefte efl: le même ou du même ordre , que Venfie-bœuf. M» Deleuy^e dit avec raifon que la nomenclature varie pour les infedes comme pour les autres parties de l'Hifloire Naturelle. M. Geoffroy ^ qui a mis beaucoup de fagacité dans la divifion fynoptique ou rétabliffement des caractères des infeâes , donne le nom de buprejie à un genre de coléoptere qui fe diflingue des autres genres du même ordre. Les efpeces de buprejîes font des plus liomhreufes : leur cara£l:fcre eft d avoir les antennes filiformes ou faites en filet , c 'efl- à- dire , prefque d'égale grofTeur par-tout , diminuant feulement un peu vers leurs pointes & compofées d 'anneaux ou articles qui ne font pas fort gros , ÔC peu faillans ; mais un caractère parti- culier & efTentiel à ce genre de coléoptere ^ dont toutes les jambes ont cinq articulations aux tarfes y c'efl: une grande appendice qui fe trouve près de l'arîi-^ culation ou à la bafe des cuiiTes poflérieures ^ fem- blable à un moignon d'une autre cuifTe : ces infe£res font encore rem.arquables par la forme de leurs mâ- choires qui pincent fortement 6c qui font plus groffes , & débordent davantage la tête que dans la plupart des infeûes à étuis ; par leurs longues pattes , la légèreté avec laquelle ils courent , leur odeur puante & fétide comme du tabac . corrompu , & qui efl due à une ef- pece de liqueur brune , acre & cauflique que jettent par l'anus & la bouche la plupart des btiprefl^s lorf- qu'on veut les prendre ; &: par le manque d^ailes dans le plus grand nombre d 'efpeces , car on n'en trouve? point fous leurs étuis* U % 5Ô0 B U P Les hupreflcs font à^s infedes très-voraces , qui man» gcnt & dévorent iirpitoyabltmcnt tous les autres , & même ceux de leur genre ou de leur efpece , & cela moits ou vifs ; on les rencontre fouvent dans les jar- dins , dans les endroits humides , fous les pierres dans les campagnes , parmâ les tas de plantes pourries , &c. Leur courïe eft très-rapide : plufieurs de leurs efpcces ont une parure fort belle , fort brillante ; quelques-uns ont des points de couleur d'or. Ceux qui font entiè- rement dorés , &; qu'on voit courir rapidement dans les champs , font de ceux qui mianquent d'ailes fous leurs étuis. Il y a des buprejîes d'un petit volume , comme une puce ; d'autres font de la longueur d'un travers de doigt , &c. Nous avons dit que la plupart de ces infecles ^ même ceux qui ont une parure brillante , font dange- reux : il faut fe mener de ces dehors trompeurs , c'eft un habit perfide qui cache le poifon : il faut donc les prendre avec précaution , car ils contiennent une li- - queur acre , caufrique 6c brûlante , capable d'occafio- Yi^'î à un Obfervateur une cuifTon & une douleur aiTez vive , lorfqu'elle rejaillit foit dans l'œil , foit fur les lèvres. On doit aufii fe garantir de leiu-s pinces. On prétend que lorfque les bœufs ou autres animaux pâ- turans en ont miangé , ou avalé , ils enflent , qu'il leur furvient une fuppreiîion d'urine ôc qu'ils périffent ; ce qui a fait nommer cet infefte enfle-bœuf. Les larves de ces in/edes vivent en teiTe ; c'efl ce qui fait qu'elles font difHciles à rencontrer ; &: le buprcfa dans l'étr.t de larve ( ou ver ) , efl aufîi vorace que fous celui d'iiifcdle ailé & parfait. Ces larves font longues , cylindric[ues , molles , blanchâtres , armées de^ fix pattes brunes , écailleufes : leur tête efî dô même de couleur brune ; elle a en defTus une efpece de petite plaque ronde , brune , écailleufe , au-devant de laquelle efl: la bouche, accompagnée de deux fortes de mâchoires : ces larves induiliieiifes par néceffité ont B U P 501 recours pour vivre à la force ou à la rufe ; les unes font ouvertement la guerre aux infedes qu'elles pour- fuivent ; d'autres s'établiflent dans des nids de chenilles procefTionnaires ; d'autres enfin fe mettent en embuf- cade à l'ouverture ronde de leur trou : car ces larves, dit M. Geoffrdi , fe creufent en terre des trous cylin- driques , profonds , perpendiculaires , dans lefquels elles fe logent ; l'ouverture de ces trous ell parfaitement ronde ; quelques efpeces les font dans des terrains fecs & arides ou fablonneux ; d'aujres dans des terres plus humides , au bord des ruiffeaux. C'eil au fond de ces trous qu'on rencontre fouvent la larve du bupnfie. Pour la trouver' ti la furprendre , il faut creufer peu- àrpeu le terrain dans lequel ce trou eft pratiqué. Mais comme fouvent dans cette opcration la terre ., en s'écroulant , remplit le trou , & empêche de le recon- noître &: de le fuivre , il t'a nccelTaire d'ufer d'une pre- mière précaution , c'efl de com.mencer par enfoncer dedans une paille ou un petit morceau de bois , qui pénétrant jufqu'au fond de la retraite , fert à conduire 61 à empêcher de perdre la fuite de ce conduit. Lorf- qu'on cfl: parvenu au fond , on trouve la larve en queflion , qui tirée hors de terre , fe replie volontiers en zigzag. Ces ouvertures que pratique dans la terre cette larve , ne lui iervent pas feulement à fe loger &: à mettre à l'abri fon corps qui efl mou tk: tendre , mais encore à fe cacher pour drefler des pièges aux infedes dont elle fe nourrit. Cette larve fe tient en ernbufcade , précifément à l'ouverture ronde de ce trou. Sa tête eft à fleur de terre , & l'ouverture ou entrée eil exade- ment remplie & bouchée par la plaque ronde & écail- leufe que la larve a au-deiTus de fa tête. C'efc dans cet état que fe tient patiemment cette larve , à moij.is que quelque alarme ne la faile enfoncer dans fa retraite. Les infedes qui ne fe défient pas du piège , fe pro- meneuit fur ce terrain , & venant à paffer fur l'ouver- ture du trou que ferme la tête de la larve , ou font îi t 502 B U P^ B U R faifis par les fortes mâchoires de l'ennemi qui les guette , ou bien s'ils ne font pas arrêtés fur le champ par ces pinces vigoureufes , ils tombent dans le préci- pice ( dans le trou ) qui s'ouvre fous leurs pas par le mouvement que fait la tête de la larve , précifément, comme une bafcule. Telle efl: la nife de la larve du huprejh pour dévorer fa proie à loifir. Rien n'efi: plus amuiant que d^obferver le manège de cet infe£le , qui fans fortir de fa retraite , trouve moyen de faire tomber dans fes pièges les autres infedes dont il fe nourrit. Tous les curieux peuvent trouver un grand nombre de ces vers au commencement du printemps. M. Linnœus donne le nom de buprejîc à fept efpeces d'infecles coléoptères , mais qui font réellement d'un genre différent ; tels font les hannetons , les caniharides» .Voyez CCS mots. Bupreste. C'eft aufli le nom, mais impropre, d'une petite araignée rouge , qui dévorée par les bœufs , leur caufe les mêmes accidens que le buprcfie enfie-bœuf dont on vient de parler. BUREOT. Nom donné par quelques-uns à la Lotte. Voyei ce mot. BURES. Nom donné aux puits profonds que l'on pratique dans une mine : on en fait deux ordinai- rement à la fois ; l'un pour remonter les m.atieres & donner de l'air ( c'eil la bure d'airage ) ; l'autre pour l'établifTement des pompes à épuifement. On pratique cette dernière bure plus profonde , afin de donner lieu à l'écoulement facile des eaux. Voye^ r article M IN ES. BURGAU. Limaçon à bouche ronde , qui , félon le P. du Tertre dans fon Hijloire Naturelle des Antilles' ^ efl aulTi commun dans ces liles bordées de rochers , que ies limaçons en France. Il y en a de plufieurs efpeces différentes : on voit de ces coquillages de la groffeur du poing ; mais communément ils n'en excédent point la moitié. Il y en a une efpece très-grande , appelée B U R 505 olearia ou rotunda , qui contient quatre livres d'eau : on en faiibit ulage autrefois pour mettre de l'huile, Lorfqu'on retire ces coquillages de la mer , la coquille paroît grife' - brune ; mais lorfqu'à l'aide des acides on a enlevé toute la matière terreufe & l'épiderme qui l'environnoient , &: qu'on l'a fait paffer fur une meule douce , alors on voit briller une coquille argentée ou nacrée , nuancée de grifiiille d'une manière inimitable. 11 y a une efpece de bureau très-beau , émaillé de vert , &; que l'on appelle . la pian de. Jh'pent, C'efl de ces diverfes efpeces de coquilles , & notam- ment du nautile épais , autre efpece de coquille , que les Ouvriers tirent cette belle nacre qu'ils appellent hurgaudine , & qui ell plus brillante que celle des perles : ils font avec cette nacre de jolis ouvrages de bijouterie , comme tabatières , navettes , couteaux àc autres. Le burgaii a pour opercule une écaille noire , ronde , & mince comme une feuille de papier , mais plus forte que la corne , avec laquelle au moindre danger il s'en- ferme exatlement dans fa coquille. On ne peut retirer l'animal de fa coquille qu'en le faifant cuire : on n'en mange que la partie tournée en limaçon , après avoir ôté lui intefîin verdâtre qui contient fes excrémens , 6c que Ton dit être fiévreux. BUR.MANE , Burmannia, Nom d'un genre de plante unilobée , qui paroît avoir quelques rapports avec les caragates , & qui comprend des herbes exotiques dont la tige efl fimple & dont les feuilles radicales font gra- minées. La fleur confifle en un calice monophylle , coloré , long , prifmatique , à angles mem_braneux , & divifé en fon bord en fix découpures , dont trois inté- rieures & pétaliformes , petites ; il y a fix étamincs & un ovaire : le fruit efl une capfule trigone , couverte par le calice , triloculaire , ôi qui contient des femences très-menues, li 4 504 B U R , B U S II y a : La burmaiie k deux épis , Biirmannïa dijîicha ^ Linn. ; elle croît dans les lieux huniiaes IDALL A o^. Sain-foin oscillant. BUSARD 5 Circui. Oîl'tau de proie dont on diilingue plufr.'urs efpeces ; il y a : Le ^ os bufard ou bufard des jfl. cnL 423 ; c'efî: une variété de l'autour ou l'autour blond. Le bufard varié ; autre variété de l'autour. Le hufard roux ou harpayt ; il en exiite auiii fept elpeces à Cayenne. Le bnjard du Erlfil ; Voyez caracara du Bréiil. Le faux pcrdrim de Bdon , ou le bufard de marais , pi. enl. 414 , en latin"^, Mllvus œruginofus ; celui-ci, que nous décrirons , efl de la groiieur de la corneille: les p' urnes du corps lent de couleur de rouille foncée ; le deffus de la tête eft d'un jaune-rculiâtre ; le bec efl noir, crochu, &: a preique un pouce & demi de longueur ; la membrane qui couvre le bec efl: d'un jaune-verdâtre : l'ouverture des narines efl obiongue : le dedans de la bouche efl moitié noir & moitié bleu ; la langue fort. large: les yeux font peu gros , l'iris efl de couleur de fafran : quand les ailes font pliées , elles s'étendent prefque jufqu'au bout de la queue ; les pieds & les jambes font jaunes , & les ongles noirs ; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par une membrane. Il efl à remarquer que le côté intérieur dt l'ongle du m'' l'eu efl tranchant. Le bufard efl en ginéral un oif^au çui a quelque refTemblnnce avec le m'' lin: il en diifere parce au'il a, comme la bufc & la bondrée , le cou gros &; coiirt ; au lieu que les milans l'ont beaucoup plus long : & on difl:'r!gue aifément le bufard Aq 'a bufe ^ i.^ par les lieux qu'il habite ; 1.° par b vol qu'il a plus rapide & plus kxiv^ -y l.^ paice qu'il ne fe perche pas fur de grands BUS 505 arbres , maïs fur des arbufles , &: que communément il fe tient à terre ou dans des buifTons ; 4.*^ on le reconnoît à la longueur de fes jambes , qui , comme celles de Voifeau S aint'Ma.rtln & de la foubufc , font à proportion plus hau es & plus minces que celles des autres oifeaux de rapine. Cet oileau eft plus vorace & moins parefTeux que la bule , & c'eft peut-être par cette raifon qu'il paroît moins ftupide &: plus méchant. Il fait une cruelle guerre aux lapins , &: il efl aufîl avide de poifîbn que de gibier. Au lieu d'habiter , comme la bufe , les forêts en mon- tagne , il ne fe tient que dans les buiflbns , les bruyères , les haies , les joncs , & à portée des étangs, des marais, & des rivières poifTonneufes. Il niche dans les terres balles , & fait fon nid à peu de hauteur de terre , dans des buiffons , ou même fur des mottes couvertes d'herbes épaifT.s ou en friche. Il pond trois ceufs , quel- quefois quatre , oC quoiqu'il paroifTe produire en plus grand nombre que la bufe , qu'il Ibit , comme elle , pifeau lédentaire & naturel en France , & qu'il y demeure toute Tannée , il tfl néanmoins bien plus rare ou bien plus difficile à trouver. • Le hiifard chaffe de préférence les poules d'eau , les plongeons , les canards , & les autres oileaux d'eau : il prend les poifTons vivans , & les enlevé dans fes ferres. Au défaut de gibier ou de poifîbn , il fe nourrit de reptiles , de crapauds , de grenouilles & d'infeftes aqua- tiques. Quoiqu'il foit plus p-tit que la bufe , il lui faut une plus ample pâture , & c'eil vraifemblablement parce qu'il eil plus vif, & qu'il fe donne plus de mou- vement , qu'il a plus d'appétit : il ell: auffi plus vaillant. Bdon aiTure en avoir vu qu'on avoit élevés à chafler & prendre des lapins, à.t% perdrix & des cailles. Il vole plus pefam^ment que le milan , & lorfqu'on veut le faire chafler par des faucons , il ne s'é^eve pas comme celui-ci , mais fuit horizontalement : un feul faucon ne fufnt pas pour le prendre > il fauroit s'en débariaffer îo5 BUS &: même l'abattre ; en forte qu'au lieu d'un feu! faucon il en faut lâcher deux ou trois pour en venir à bout. Les hobereaux & les crécerelles le redoutent ^ évitent fa rencontre , & même fuient lorfqu'tl les approche. BUSE , pL etiL 419, en latin, Buteo vulgaris, C'eil, après V aigle , le condor & le grand faucon , le plus gros de nos oifeaux de proie ; on le voit fréquemment dans ces pays-ci ; il eft de la groffeur àufaifan, La longueur de fon corps eft d'environ vingt pouces ; fes ailes éten- dues ont quatre pieds & plus ; fa queue n'a que huit pouces s & fes ailes, lorfqu'elles font plices, s'étendent un peu au-delà de fon extrémité ; le plumage fupérieur de cet oifeau , eft mêlé de couleur de rouille & de noir ; celui du ventre &: de la poitrine efl: varié de blanc fale & de brun ; l'iris de fes yeux efl d'un jaune pâle & prefque blanchâtre ; il a , ainfi que tous les autres oifeaux de proie , la vue perçante , & efl armé d'un bec noirâtre , pointu , un peu recourbé , & de griffes vigoureufes & noires ; les pieds font jaunes, auffi bien que la membrane qui couvre la bafe du bec. Lorfque la biifi eft en colère , elle ouvre le bec 6c y tient pendant quelque temps fa langue avancée juf- qu'à l'extrémité. L'obfervation n'a point confirmé ce que l'on avoit avancé , que le mâle avoit trois tefli- cides. Cet oifeau , dit M. de Buffon , demeure pendant toute l'année dans nos forêts. 11 paroît alTez ftupide , foit dans l'état de domellicité , foit dans celui de liberté. Il eft affez fédentaire & même pareffeux : il refte fou- vent plufieurs heures de fuite perché fur le même arbre : fon nid eft conflruit avec de petites branches, & garni en dedans de laine ou d'autres petits maté- riaux légers & mollets. La hifc pond deux ou trois œufs qui font blanchâtres, tachetés de jaune : elle élevé & foigne fes petits plus long -temps que les au- tres oifeaux de proie , qui prefque tous les chaffent du nid avant qu'ils ibiçnt çn état de fe pourvoir. Ray^ BUS 507 affure même que le maie de la bufe nonrnt &: foigne fes petits lorfqu'on a tué la mère. Cet oileau de rapme, le plus commun dans nos campagnes , eft un chalTeur qui ne donne pas la chalTe à la proie en la pourfuivant au vol ; il relie fur un arbre , un buiffon ou une motte de terre , &: de là le jette fur tout le petit gibier qui palTe à fa portée ; il prend les levrauts & les jeunes lapins , aulîi bien que les perdrk & les cailles ; pen- dant l'été, il dévalle les nids de la plupart des oifeaux; il fe nourrit aulTi de grenouilles , de lézards , de fer- pens , de fauterelles ; 6l lorfque le gibier lui manque, il ne dédaigne pas au befoin les rats, les taupes & même des vers de terre. S'ell41 emparé d'une grofle proie , il fe retire à l'écart dans un lieu folitaire , pour y dévorer paifiblement fa picorée. Cette efpece elt fujette à varier , au point que fi l'on compare cinq ou fix biifes enfemble , on en trouve à peine deux bien femblables. Il y en a de prefque entièrement blanches , d'autres qui n'ont que la tête blanche , d'au- tres enfin qui font mélangées différemment les unes des autres , de brun , de blanc. Ces différences dépendent principalement de l'âge &: du fexe ; car on les trouve toutes dans notre climat. Buse a figure de Paon , de Catesby. Voyez Urubu. Buse cendrée , Buteo colore cîmrco. Cet oifeau , ap-pelé par M. Brijfon , Faucon dz la Baie d'Hudfon , ell de la grandeur d'un coq ou d'une poule de moyenne grolTeur. Il relTemble par la figure , & en partie par les couleurs , à la bnfe commune : le bec & la peau qui en couvrent la bafe , font d'une couleur plombée, bleuâtre ; la tête & la partie fupérieure du cou , font couvertes de plumes blanches , tachetées de brun foncé dans le milieu ; la poitrine ell blanche comme la tête , mais marquée de taches brunes plus grandes ; le ventre & les côtés font couverts de plumes brunes, mar-- quées de taches blanches , rondes ou ovales , les jambes 5o8 BUS font couvertes de plumes douces &C blanches , irré- gulièrement tachées de brun ; les couvertures de parties du cou , du cos y des ailes 6c de la queue , font couvertes de plumes d'un brun - cendré , plus foncé dans leur milieu , 6c plus clair fur les bords ; les couver- tures du defTous des ailes font d'un brun fombre , avec des taches blaxiches ; les plumes de la queue font croifées par - defïïis de lignes étroites 6c de couleur obfcure , 6c par - delTous croifées de lignes blanches ; les jambes 6c les pieds font d'une couleur cendrée , bleuâtre ; les ongles font noirs , 6c les jambes font couvertes jufqu'à la moitié de leur longueur , de plumes de couleur obfcure. Cet oifeau fe trouve dans les terres de la Baie d'Hudfon , 6c fait fa principale proie de gelinottes blanches. M. de Buffon ayant comparé cet oifeau avec les Imfes , foubufes y harpaycs & bufards , il lui a paru différer de tous par la forme de fon corps & par fes jambes courtes : il a le port de l'aigle, & les jambes courtes comme le faucon , & bleues comme le lanier. Il lui a paru qu'il vaudroit mieux le rapporter au genre du faucon ou à celui du lanier : mais , dit M. di Buffon^ comme M. Ed'^/ards eft un des hommes du monde qui connoît le mieux les oifeaux, 6c qu'il a rapporté celui-ci aux bujh , nous avons cru ne pas devoir tenir à notre opinion , 6c fuivre la fienne, Âui?i , par cette raifon , M. de Buffon place-t-il cet oifeau à la faite de l'hiftoire des bufcs. Il ell: mention dans le Voyage aux Indes & à la Chine , d'une petite biife criarde & difficile à approcher ; elle fe tient dans les champs enfemencés de riz. BUSELAPHUS de Caïus , eft le biihak. Voyez Bubale. BUSSEP.OLE ou BOUSSEROLE. Voyei Raisin x>'(X;rs, BUT 509 BUTONIC , Buîonica. Riimph. Amb. ; Mammai JJiûtica , Linn. ; Ccmmcrfcna , Scnnerat, Giiin. t. 8, 9 ; Barrir? gtcn'ia fpecîofa , Forft. C'eft un bel arbre de la famille des Myrtes ; il croît ordinairement vers les bords de la mer , &: près de l'embouchure des fleuves , dans les Indes Orientales , les Moluques , liir la Côte Auurale de la Chine , &c. Cet arbre intéreffe ncn-feulement par fon port & par l'cmibre cpaiffe que produit l'étendue de fa cimie , mais encore par fcs fleurs qui (ont grandes , terminales , difpofécs cinq à vingt enfcmible en bouquets iolitaires , & d'un blanc éclatant , mêlé de pourpre ; elles s'épa- nouifîent le foir , tombent d'elles-miUiies à la naif/ançe du jour ; &: la terre jonchée de leurs longues étamines , qui font d'un pourpre vif , paroît alors comme teinte de fang. Le fruit eu une greffe noix pyra- midale , quadrangulaire , couronnée par le calice , confervant le flyle de la fleur, d'un brun-rouffâtre , de la grcfTeur du poing , & qui contient fous un brou charnu , dur & épais , un noyau ovale , obtufément quadrangulaire , ridé & fibreux à l'extérieur r, unilocu^ laire & monofperme. Les Indiens font ufage de ces fruits parmi leurs alimens , & s'en fervent aufîi pour prendre le poifîbn qu'ils enivrent par leur moyen , en les jetant dans reau. Les feuilles , qui ont plus d'un pied de longueur , font élargies vers leur fcmrnet, cunéiformes , entières , glabres , luifantes , un peu épaifîés , d'un beau vert , & avec quelques nervures latérales. BUTOR. C'efl le hércn koïlL Voyez à ranlck HÉRON. BUTRON. Efi:ece de bœuf fauvagc de la Floride, C'efï im bifon , efpece à^aurcchs. Voyez ces mots. BUTTNERE , Buttneria. Genre de plante à fleurs polyp étalées , de la famille des Cacaoyers , & qui com-? prend des arbrifTeaux exotiques ; les feuilles font fim- ples , alternes j les fleurs axillaires ^ les rameaux 6l çio B U T B U X la tige fouvent munis d'aiguillons comme ceux des ronces ; le fruit eil une capfule globuleufe , hériffée de petites pointes , oc diviiée intérieurement en cinq loges polylpermes. Il y a : La hitttntre. à feuilles longues , de l'Amérique Méridionale , Buttneria fcahra , Linn. ; celle à feuilles cvales , du Pérou ; c'cil le China - cacha àes Péruviens, La huttnere à feuilles en cœur j des environs de Lima; celle à rameaux cylindriques , du Pérou ; celle à puites feuilles , de l'Amérique. BUTUA. Voyzi Pareira-brava. BUVEUR DE VIN ou Berbe. Voyei Fossanë* BUXBAUME, Buxhaumia aphilla ^ Linn. 1570, Dillen. tab. 68. f. 5. Efpece de moufîe fort finguliere, & qui mérite d'être connue , d'après la defcripticn qu'en ont publiée MM. Linnœus & Martin. Cette plante obfervée d'abord près d'Ailracah par le Botanifle Buxbaum , l'a été depuis dans les pays SeptentrionauTi : on la trouve en Avril & Mai fur les bords fablonneux des folles. Elle eil infiniment petite , & commence à fortir de la terre fous la forme d'un petit œuf garni en deifous de deux ou trois petites fibres qui font les fonctions de racines : les côtés font parfemés de quel- ques petites écailles qui tiennent lieu de feuilles. Cette efpece d'œuf s'ouvre horizontalement par fon milieu en deux portions à-peu-près égales , mais dont la fu- périeure eil foulevée comme une coiffe ( calyptra ) , pnr une tête ovoïde qui fort du milieu de la portion inférieure creufée en foucoupe , & qui reile attachée à la terre par fes racines. La coiffe tombe , & la tête qui efl articulée avec ion pédicule , s'alonge jufqu'à cinq lignes environ. Cette tête ell couronnée d'un opeixule qui tombe aufîi après s'être ouvert horizon- talement comme dans les autres mouffes. Les Obfer- vateurs du Nord ont remarqué une anthère pendante par un petit filet , ^ attachée au-deffcus de cet oper- cule ; & au fond de la capfule des graines fous la B U X 511 îbrme d\me poufîiere fort fine , jaune , verdâtre & trcs-ondueufe. Cette finguiaritë obfervée dans le huxhaumia , don- nera peut-être lieu d'éclaircir quelques points de la fru£liiication des autres mouiTes , fur-tout dans celles qui ont des anthères operculées , parce qu'elles peu- vent avoir auili les étamines renfermées dans la même capfule , comme il arrive dans le kmma & la pillulaire. Voyez ces mots. Il paroît que ce qu'on a pris jufqu'ici pour àes grains dans les cônes des plantes mouffes regardées comme femelles , ne font , dit M. Adanfon , que des rejetons qui font les fonâ:ions de graines. Mais la connoiffance qu'on a de la nature des anthères des autres moufles & de la pouffiere qu'elles con- tiennent , femblent nous démontrer que la tête du buxbaumia n'ell qu'une anthère prefque entièrement femblable à elle, qu'elle contient une pouffiere de même nature , & qu'enfin ce n'eil qu'une étamine , qu'une fleur mâle , qui doit faire foupçonner que la fleur femelle fe trouvera fur un autre individu. L'Ob- fervateur DilUn afTure avoir femé . plufieurs fois la poufîiere des anthères à^s mouffes fans en avoir vu lever aucuae plante , tandis que la pouffiere des têtes femelles , fort différentes des anthères , étant femée , produifoit de petites plantes femblables à leur mère. Ainfi les cônes & les étoiles obfervées dans les mouffes, font des fleurs femelles de même que leurs capf.iles ; & il paroit de la dernière évidence que les corpufcules doués de la faculté de végéter , qu'on trouve entre les écailles de ces cônes , font , comme il efl dit ci- deffus , de vraies graines , ou au moins des rejetons qui en tiennent lieu. M. H aller dit, dans l'édition de ce Diciionnalre faite à Y Verdun , être le premier qui ait découvert la bux- baumia en Europe, & il l'a trouvée en Suiffe : l'an- thère qu'on y a cru reconnoître , efl , félon lui , quelque chofe de bien difêrent d'une véritable étamine, Il.y a 512 B Y A B Y S phîfieurs mcuffes qui , comme la buxhaumla , ont (îeiî% iacs l'un dans Fauti e , dont la capfule eft compofée , l'extérieur dur &: prefaue cartilagineux , l'intérieur tendre & foible. 11 defcend du haut de la capfule un filet oui entre dans c^tte capflile , & qui s'attache à fon fond. Plufieurs h-yums & un fphagnum que j'ai découv rts , pourfuit M. HalUr , ont la mêm.e ftmc- ture. Voyei MousSE. BYARÎS. Nom eue les Bafcues donnent au cachalot^ BYSSE ou Eyssus. Voyc^^ Bïssus. CAA-APIA, C A A 5,15 A A - API A, Marcgr. Braf. 52, Pif. Braf. 232; C'eft une efpece de dorjîme qui croît au Bréfil , à Monte- Video &: au Magellan, dont la racine eil de la groiTeur d'un tuyau de plume de cygne , noueufe , garnie de fîlamens , d'un gris - jaunâtre en dehors , blanche en dedans ; d'abord infipide au goût , puis clevenant un peu acre & piquante. Ses feuilles font d'un vert luifant en deffus , blanchâtres en delibus , prefque arrondies , légèrement crénelées : fa fleur efl radiée, & fes femences font rondes. Les Habitans du Bréfil pilent la plante entière , & font ufage de fon iiic pour arrêter le flux , faire vomir , remédier à la morfure des ferpens & à la bleffure des flèches em- poifonnées. On dit même qu'il fuffit de préfenter la racine du caa-apia ou celle d'angélique , au ferpent nommé boiciningua , pour l'étourdir & le faire périr. Mémoires de VAcadlmk des Sciences , lyoo. Voyez DORSTENE. C A AIGU ARA. Nom donné par Marcgravc au pécari ou tajacu , efpece de fanglier du Bréfil. Foyc^ Tajacu. CAAOPÎA. Petit arbre du Bréfil , dont l'écorce eft d'un rouge-cendré , &: contient une efpece de moelle. Son bois efl fort & branchu ; fes feuilles font fermes, rouges en defTous &: vertes en deffus ; fes fieurs font en ombelle , d'un vert- jaunâtre , cotonneufes & fui- vies de baies verdâtres , groffes comme des cerifes , cou- vertes d'une coque molle. Ce fruit donne par expref- iion un fuc d'un beau jaune. Cet arbre fleurit en Novembre , & fon fruit mûrit en Janvier. Si l'on fait une incifion à fon écorce en Oftobre , il en fort une Tome IL Kk V4 C A A rcfine d'un beau jaune, fort érofive. Les Nègres s'eiî fervent pour fe purger. Ray^ Hijî, Fiant, CAAPÉBA ou Liane a glacer l'Eau , ou Liane A Serpent , Anfloloààa folio hdcracco^ trifido^ maxima flore , radice upmu ^ Plum. Cat. 5. C'efl une^ plante du Bréfil, qui a beaucoup de rapports avec V arijîoloche: clématite. Elle pouffe des tiges très-farmenteufes , & qui s'attachent aux arbres voifins. SeSr feuilles font fort minces , verdâtres en delTus , tantôt rondes & tantôt ayant la forme d'un cœur. Il s'élève d'entre elles des pédicules roux , portant en leurs fommets au mois de Juillet des fleurs jaunâtres ; il fuccede à chacune de ces fleurs un petit fruit gros comme un pois , ovale ^ rouge en dehors , vert en dedans. Sa racine , principale partie de cette plante d ufage en Médecine , efl d'a- bord grisâtre & greffe comme le petit doigt ; m.ais en vieilliffant, elle devient noire, brunâtre à lextérieur & groffe comme le bras. Sa fubilance intérieure eft eompad:e , ondueufe , d'un goût amer. Quelques Bo- taniftes ont cru que c'étoit le contrayerva. Voyez Lochner , & les nouveaux genres du P, Plumier. D'au- tres difent , mais fans vraifembîance , que le caapcba cft le pareira-brava. Voyez ce mot. Ne feroit - ce pas plutôt Vapinel} Voyez ce mot. Le caapéba eil alexipharmaque : coupé par tranches,: înfufé &: macéré pendant quelques jours dans de l'eau, il donne à cette liqueur un goût de vin ou de bière. Cette déc©£tion eff benne pour la morfure des ferpens venimeux. On tire aufîi le fuc de la feuille &: de. la racine pilées cnfcmble, & on le mêle dans du vin pour le même ufage. Il faut encore avoir foin d'ap- pliquer le marc fur la morfure après en avoir un peu frotté la plaie : par ce moyen on guérit furement en vingt-quatre heures. On a appelé le caapéba , liane à glacer^ parce qu'infufée dans l'eau elle la rend muci- lagineule comme une gelée. On a donné auffi le nom de caapéba à la liane à cœur. Voyez cet article» C A B jîj CAÊARET , Oreille d'Homme ; Rondelle ^ Girard - Roussin , Nard sauvage , Afarum , Dod. Pempt. 3s8,Tourn. 501 -^Afarum Europœum ^ Linn. 633. C'efl une plante d'Europe qui a été en grande réputation dans le fiecle dernier , comme errhine ; elle fe plaît dans les forêts ; elle eft très^ baffe, fans tige, &: toujours verte; fes feuilles, qui font toutes radicales , par paires , pétiolées ^ très-en- tières , glabres , très-liffes en deffus , font réniformes ou d'une figure affez approchante de celle de l'oreille ; ce qui l'a fait nommer orcilU d'homme ; fes fleurs font à douze étamines , purpurines ou verdâtres , portées fur des pédicules qui partent de la racine, mais fi courts , qu'elles font cachées fous les feuilles ; à ces fleurs luccedent des fruits divifés en fix loges , qui contiennent des graines femblables aux grains de raifm; fa racine efl: vivace , rampante , petite , anguleufe , re- courbée , fibreufe , tortueiife , noueufe & brunâtre. Les feuilles 6c les racines du cabant font douées d'une odeur pénétrante , &: d'un goût acre» Elles pro-* voquent fortement le vomiffement & les felles. \.^s^ femmes enceintes doivent en éviter l'ufage comme capable d'expulfer le fœtus. Les meilleures nous font apportées lèches de l'Allemagne , du Dauphiné , du Languedoc & de l* Auvergne. Un Médecin Anglois a éprouvé que quatre ou cinq grains de feuilles de cette plante en poudre ^ prifes en guife de tabac , font très-utiles dans les maux de X.q,X.q. On les prend le foir en fe couchant ; le fommeil n'en efî peint troublé , & le lendemain il s*évacue une grande quantité de férofités par les glandes du nez.' Ce flux , fuivant l'obfervation de l'Auteur de la Mature. Médicale , dure quelquefois trois jours entiers , ce qui caufe un grand foulagement au malade. Ce remède a été aufîi éprouvé avec fuccès dans une paralyfie de la langue &: de la bouche. On appelle aufîi cette plante Id, panacée des fiivns quartes : les Payfans en font leuï 5i6 C A B fébrifuge. Les Maréchaux font prendre de ïa racine dé cabaret aux chevaux , depuis une once jufqu'à deux , pour les guérir du farcin. On trouve quelquefois , au rapport de Poma , fous les racines du cabaret , en- viron un pied dans terre , wne manière de truffe ronde, de couleur jaunâtre en dehors , blanche en dedans , empreinte d\in fiic laiteux, cauilique & brûlant. On a donné , dit-on , à Yafarum le nom de cabaret , parce qu'on s'en fervoit autrefois dans les cabarets pour fe faire vomir quand on avoit trop bu. On voit au Jardin du Roi un très-bel afarum étran- ger , qui eil le grand cabaret du Canada , afarum ^TTiericanum , majus , Hcrt. Reg. Par. ; Afaroii Cana- dcnfe , Corn. 24. Cabaret, pL enl, 485 , fig. 2. Oifeau de paf- fage , de la groffeur ^ à-peu-près de la couleur du roitelet; c'efl la plus petite des linottes^ le picaveret de Belon. Il a le chant fort agréable , & efl encore rare ; mais on en trouve chez quelques Oifeliers dans l'état de liberté ; le defîiis de fa tête efl rouge ; il y a fur le croupion du mâle , une tache de la même couleur ; la poitrine eft rouffâtre y le ventre blanchâtre , les côtés & le defîlis du corps variés de brun & de rouffâtre , ainfi que la queue qui ell fourchue ; le bec jaunâtre , & terminé de noir à fa pointe ; les pieds bruns , les ongles noirâtes. Cet oifeau arrive dans nos Contrées vers le milieu de l'automne , & difparoît au printemps ; il vit ou folitaire , ou en compagnie peu nombreufe. CABASSOU ou Kabassou. Foyei à r article Armadille. CABÉLIAU ou Kabliau ou Cabillaud. Efpece de petite morue fraîche , nommée ainfi par les Fla- mands , & que l'on fert fur nos tables en Février , &:c. Sa chair ell d'un goût exquis , &: pafle généralem.ent par-tout pour un manger délicieux. Fojci au mot Morue. C A B 517 CABîAï ou Porc de Rivière, Porcus fluvïatilis. Çuadrupede demi - amphibie qui fe trouve dans toutes les terres baffes de l'Amérique Méridionale , ainfi qu'au Bréfil , aux Amazones &: à la Guiane ; c'efl le capyhara des Braiiliens. Conlliltez Marc^ravù & Pif on ; c'efl le cochon d\au de Def marchais ; le capivard de Fro^tr ; le fus maximus palufris de 5^r- rere ; VHydrochœrus dans la Nonunclaturc latim de M. Brljfoîi, Cet animal eft un fiffipede irrégulier, comme le tapir ; il ne reffemble que très-peu au cochon , auquel plufieurs Naturaliftes l'ont comparé ; au contraire il en difrere par de grands carafteres très - effentiels & très-apparens : {'à tête eft beaucoup plus courte ; fa gueule a moins d'ouverture , & elle eft fans dents canines ; mais chacune de fes mâchoires eft garnie de deux dents incifives & de huit dents molaires affez fingulieres , car elles font fendues à demi , chacune en trois parties , & repréfentent trois dents attachées les unes aux autres. Le cabiai eft de la grandeur d'un co- chon de deux ans ; les plus grands peuvent pefer juf- qu'à cent cinquante livres : fon mufeau eft gros & obtus ; fes yeux grands ôc noirs , {es oreilles petites & pointues : il a des mouftaches longues & dures comme celles du chat ; à chaque pied de devant il a quatre doigts garnis d'ongles , & aux pieds de derrière trois feulement : tout fon corps eft couvert d'un poil brun y rude , court ôc affez épais ; il n'a point de queue ni de défenfes, & il a les pattes poftérieures palmées. M. de la Borde ^ Médecin, nous a dit que \e câblai a la tête du pak , le poil du pâtira , les pieds du ca(Ior. Cet animal diffère encore du cochon , autant par le naturel &: les mœurs , que par la conformation : il ne fouille pas la terre ; il fe tient fouvent dans l'eau, où il nage comme une loutre ; il y cherche de m.ême fa proie , 61 vient manger fur \q ^oxà le poiffon qu'il prend & faifit avec la gueul© & les ongles ; il mange Kk 3 5i8 C A B aiiffi des herbes aquatiques , des grains , des fruits , Sz fur-tout de la canne à fucre : comme fes pieds font longs èc plats , il fe tient fouvent afTis fur ceux dfe derrière ; fon cri n'imite point le grognement du cochon , mais il reffemble aiîez au braiement de l'âne. On les voit prefque toujours aller de compagnie ou deux à deux , mâle éc femelle ; mais ils ne marchent que la nuit ; & comme ils courent mal , ils ne s'éloignent pas beaucoup du bord des rivières , où ils fe précipitent tout de fuite au moindre danger, plongent ÔC nagent entre deux eaux , &c en fortent au loin , ou reftent quelquefois allez long -temps fous l'eau pour faire croire au Chaffeur qu'ils fe font fauves fans qu'il s'en foit apperçu. Quand on les tue dans l'eau , ils ne vont pas au fond comme les autres animaux; 6c comme les câblais ne courent pas fur l'homme ni fur les chiens , on les attend volontiers en fiîence fur le bord de l'eau , ou bien dans les endroits oii l'eau eft baffe. La chair de cet animal eft gralTe , blanche , tendre , & a plutôt le goût d'un allez mauvais poiffon ; la hure efl la partie la meilleure , & qui approche le plus du goût de la viande. Le cabiai eft d'un naturel tranquille & doux ; il ne fait ni mal ni querelle aux autres animaux : pris jeune, on Tapprivoife fans peine ; il vient à la voix , & fuit affez volontiers ceux qu'il connoît & qui l'ont bien traité. Dans l'état de nature , c'ell-à-dire , fauvage , il paroît farouche ; il fuit les lieux habités par l'homme ; il paroît , par le grand nombre de fes mamelles , que la femelle produit des petits en quantité ; miais nous ignorons le temps de la geftation , celui de l'accroiife- ment , Ôc par conféquent la durée de la vie de cet animal. CABINET D'HISTOIRE NATURELLE, Mufium Naturœ , fe dit d'un lieu où l'on met en évidence , & OÙ Ton réunit &us un feul point de vue les C A B 519 •âîverfes produûlons de la Nature. Foye^ à la fuite de. r article HISTOIRE NATURELLE'. CABIONARA. Nom que l'on donne à la Guiane au cabiai. Voyez ce mot. CABOCHE. Poiflbn le plus commun qu'il y ait dans la grande rivière de Siam , &: dont les Nations voiiines font grand cas. Les HoUandois en font de groffes provifions pour Batavia. Etant fëché au loleil, il leur tient lieu de jambon. Ce poiHon eil long d'un pied & demi , &C gros de dix à douze pouces. Il a la tête im peu plate 6c prefque carrée : on en diilingue de deux efpeces ; l'un gris & cendré , ôc l'autre noir, qui efl le meilleur. P^oyei Hijî. génér, des Voy, Tome IX, ■€dit^in-4.'',pagesf;^. , , .• CABOT ou Mulet ou Mullet. Foyei â ranicle Muge. A l'égard du cahot de la Chine , f^oye^ SCHLOSSER. CABOUÏLLE.- C'eft le calmja de quelques Indiens. Nom donné à Saint-Domingue à I'Aloès pitte. Foyei ce mot. CA.BRA. Nom qu'on donne en Portugal au cke- vreiiil. Voyez ce mot, CABRE. T^oyei à ranicle Negre. CABRIL ou Chevreau , Hizdiis, On donne ce nom au jeune bouc ou petit mâle de la chèvre ; lorf- ^u'il n'a pas encore fix mois, il eft bon à manger. f^oyei au mot Bouc. CABRILLET, Ehntla. Genre de plante à fleurs monopétalées , & qui comprend des arbres ou des ar- briffeaux exotiques, dont les feuilles font fimples & alternes ; la fleur en entonnoir , le calice campanule ; cinq étamines ; le fruit baccifere , arrondi , & conte- nant quatre femences convexes d'un côté &: angu- leufes de l'autre. Il y a : Le cabrillet à feuilles de thym , Ehretla tinl- fclia , Linn, ; cet arbre fleurit en janvier ; il croît à ia Jamaïque & dans l'ifle de Cuba, Le cahrïlkt épineux^ Kk 4 jiG C A B Ehretia fp'mofa , Liiin ; cet arbrifTeau croît en Amé- rique , dans les bois des environs de Carthagene. Le cabrula bâtard , Ehretia bourreria , Linn. ; cette efpece en arbrifleau fe trouve aux Antilles, Le cahrilUt à fruits fecs , Ehretia exfucca , Linn. ; cet arbriffeau fe trouve aux environs de Carthagene. Le cahrillet à longs pétioles, Cordia petiolata , H. R. ; cet arbrifîeau eft originaire des Antilles ; on en trouve une variété dans les Indes Orientales & à Plfle de France. Le cahrillet à vrilles , Etiretia cirrhofa^ Marlpafcandens ^ Aublet. Guian. ; cette ej'pece croit à la Guiane , fur le bord des rivières. CABURE ou Caboure. Au Bréfil, on donne ce nom à un hibou qui s'apprivoife , joue avec les hommes comme un fmge ; fes mouvemens , dit Marcgrave . ont quelque chofe de plaifant. Cet oifeau n'eft pas plus gros qu'une litorm ; il a la tête ronde , le bec court & crochu , avec deux trous pour narines ; fes yeux font beaux , grands ; l'iris eu jaune & la prunelle noire : fous les yeux & à côté du bec il y a des poils longuets & bruns ; fur fa tête font des aigrettes de plumes; fes jambes font courtes & entièrement cou- vertes 5 ainfi que les pieds , de plumes ou d'un duvet jaune ; quatre doigts armés d'ongles noirs & crochus ; fa queue de couleur brune , ondée de blanc en zig- zag , &: large , & à l'origine de laquelle fe terminent fes ailes : la poitrine ck îe bas du ventre font d'un gris-blanc marqué d'ombre pâle : le corps ^ le dos , les ailes & la queue font de couleur brune ferrugi- neufe ^ marquée ou diverfifiée fur la tête & le cou de très-petites taches blanches , & fur hs ailes , de grandes taches de cette même couleur : fa tête tourne fur fon cou comme fur un pivot, de façon qu'il porte & préfente facilement le bout de fcn bec fur le milieu du dos. Il fe nourrit de chair crue & fait du bruit, une efpece de craquement, par le mouve- ment de fon bec. Il peut encore remuer les pîum.cs qui font des deux côtés de fa tête, de manière qu'elle s C A C 521 fe redreffent , &C préientent de petites cornes ou des oreilles. CACALIE , Cacalia, Nom d'un genre de plante à fleurs conjointes, de la divifion des flofcukujcs^ quia beaucoup de rapports avec les tuffdaoes 6c les fineçcns^ & qui comprend des herbes ou de petits arb ri jffeaux, dont les fleurs font difpofées en corymbe terminal ; le fruit confiHe en plufieurs femences oblcngues , cou- ronnées d'une aigrette feiTile , longue &: velue. Il y a les Caca lies à tige charnue & frutcfccntc. Telles font : La cacalle papilLiirc &C la cacalie antheuphorbe , d'Egypte ; celle à feuilles de laurofc , des Cc.naries ; la cacalie ficoïde , d'Afrique ; l'efpece rampante , du Cap de Bonne-Efpérance. On en confit quelquefois les feuilles 6c les fommitës dans le vinaigre , pour les manger comme celles de la bacille. La cacalie à feuilles en. coin y 6c celle à feuilles roncinees , du Cap de Bonne- Efpérance ; la cacalie fous- ligncufe ^ du Bréfil ; celle à feuilles cylindriques , d'Afrique ; la cacalie à feuilles de laurier, du Mexique; la cacalie à feuilles en cœur , 6c celle à feuilles d'afclépiade , de l'Amérique Méridio- . nale ; la cacalle à longs pétioles appendiculés , des lieux aquatiques de l'Ifle de Ténérifle. On difîingue aufîi les Caca il es a tige herbacée. Telles font : La cacalie porophylle , d'Amérique ; la cacalle à feuilles de laitron ; l'efpece blanchâtre , des Indes ; la cacalie des Indes , particulièrement dite ; la cacalie a feuilles de verge - d\r , du milieu 6c du Sud de la France ; celle a feuilles hajièes , de la Sibérie ; la cacalie a feuilles fagittées ; celle a, fullles d'^arroche , du Canada 6c de la Virginie ; la cacalie à feuilles de pétajite , 6c l'efpece cotonneufe , des Alpes ; celle à feuilles d^alUalre , des Pyrénées 6c des montagnes du Dauphiné ; la cacalle biplnnée , du Cap de Bonne- Efpérance. M. Forskal fait mention de trois efpeces de cacalles , qui fe .trouvent en Arabie ; Vwxi^ pendante ou à tiges J22 C A C penchées : celle dont les tiges fëchées font odorantes ^^ &c qui fervent dans le pays à faire des fumigations , particulièrement dans la petite vérole : la- troifieme eft à feuilles de joubarbe ; arrachée de terre , elle ne fe delleche qu'après un temps confidérable. CACAO eu Cacaoyer. C'eft un arbre propre au nouveau Continent , & qui croît naturellement fous diverfes contrées de la zone torride de l'Amérique & particulièrement au Mexique , dans les Provinces de Nicaragua &: de Guatimala , fur la Côte de Caraque. Il y en a des forêts entières far les hauteurs d'Yapock, dans la Guiane. Le cacaoyer ou cacaotier cultivé, Arhor cacav'i aut coicavLJera , Plukn. , Hern. ; Tkeobroma cacao , Linn, C'eil un arbre de grandeur ôc de groffeur médiocres , qui varie un peu fuivant la nature des fols ; ceux de la Côte de Caraque prennent plus de croifîance que dans toutes les liles Françoifes. L'écorce de fon tronc efl de couleur de cannelle , plus ou moins foncée , fuivant l'âge de l'arbre ; fon bois eft poreux & fort léger ; fes rameaux font garnis de feuilles alternes , lancéolées, acuminées, très-entières, glabres, liiTes, pendantes , nerveufes & veineufes en deiTous , longues de huit à dix pouces , &: larges d'environ trois pouces &: demi ; elles font foutenues par des pétioles larges d'un pouce : aux feuilles qui tombent, il en fuccede d'autres, en forte que cet arbre n'en paroît jamais dépouillé : il e/l auffi garni en tout temps , fur le tronc & fur les branches , d'une multitude de fleurs en faifceaux , extrêmement petites & fans odeur ; mais il en efl plus chargé vers les deux folflices qu'en toute autre faifon. Une grande quantité de ces fleurs coulent , & à peine fur mille y en a-t-il dix qui nouent ; en forte que la terre qui eft au-defîbus paroît toute couverte de ces fleurs avortées ; plus la fleur eil petite , par rapport à l'arbre 6i au fruit , plus elle paroît fm- guliere ôc digne d'attention, Ces fleurs font complètes i C A C 523 le calice efl de cinq foli'oles lancéolées , pointues , pales en dehors , roiigeâtres en dedans , ouvertes &c caduques; la corolle eft formée de cinq pétales faits en cuilleron & dentelés , jaunâtres , ou de couleur de chair fort pâle , tachetés de pourpre vers leur bafe : au centre eu wnmclanum formé de cinq lames, auquel font attachées cinq étamines , dont chacune porte cinq fommets. Les fruits, parvenus à leur perfe£lion , font de la groffeur &: ont la figure d'un concombre , qui feroit roulTâtre , pointu à fon fommet , & dont la furface feroit relevée comme nos melons par une dixaine de côtes peu faillantes. Ces fruits font fufpendus le long de la tige &: des mères branches , &; non point aux petites branches comme nos fruits d'Europe. Cette difpofition des fruits n'eft point particulière à cet arbre ; elle lui ell: commune avec le bUimbï , les cakbaffiers , les ahrïcGtkrs de Saint-Domingue , les papayers , & plufieurs autres arbres de l'Amérique. On voit prefque toute l'année fur le cacaoyer des fruits de tout âge , qui mùrilTent fucceiîivement ; la capfule de ce fruit ell coriace & a environ deux à quatre lignes d'épaiffeur ; elle efl divifée intérieurement en cinq loges membraneufes , non perfidantes , & rem- plie d'environ vingt, trente & trente -cinq femences ovoïdes , attachées à un placenta commun , & nichées dans une pulpe blanche , mucilagineufe & d'une aci- dité agréable , lorfque le fruit efl mûr : un morceau de cette pulpe ^ mis dans la bouche , étanche la foif , & rafraîchit agréablement , pourvu que l'on ne com- prime point avec les dents la peau du cacao , qui eil très-amere. Les femences ou amandes de cacao , Cacao , Cîuf. Exot. 55 ; Amygdalls fîmïlïs Giiatîrnaknfis ,C. B. Pin. 442 , Inil. R. H. App. 660 , font affez femblables aux amandes vulgaires , mais plus grandes &: plus grolTes , arrondies ^ couvertes d\ine pellicule feche &: dure ; la fubiîance de l'amande eft un peu violette , roufsâtre , 514 C A C d'un goût amer & légèrement acerbe , quî cependant n'ell pas cléfagréable. On en diilingue dans le commerce de deux fortes principales ; la première 5 qui eft la plus grofTe , eft appelée gros canzque ; 6c l'autre , cacao des Ijlcs ou de Cayenne. Il ell à remarquer que le germe du cacao eft placé au gros bout de l'amande , au lieu que dans nos amandes Européennes il efl à l'autre bout. On dit que plufieurs Nations de l'Amérique faifoient iifage de ces amandes comme de monnoie ; c'eil pour- quoi quelques-ims ont appelé ces Rmandes pécuniaires. Aujourd'hui elles font la bafe du chocolat, M. Aiiblet fait mention du cacaoyer fauvage , dont la capfule du fruit n'a point de côtes , & eu cacaoyer dont la capfule efl: relevée à l'extérieur par cinq côtes» On trouve ces deux arbres dans la Guiane ; le premier croît dans les forêts ; 6c le fécond , dans les endroits marécageux. Plantation du Cacao, Le cacao fait un objet aiTez conlidérabîe de com- merce dans le nouveau Continent ; aufTi apporte-t- on beaucoup de foin à la culture des cacaoyers. A la Côte de Caraque on difpofe ces arbres à la didance de douze à quinze pieds , afin qu'ils profitent mieux ; on a grande attention fur-tout de les^mettre à l'abri des vents & ouragans , qui renverfent &: quelquefois déracinent ces arbres , qui font à pivot & n'ont que quelques racines fuperfîcielles ; ils fe plaifent dans les lieux plats & humides , au milieu des bois que l'on a brûlés pour défricher un emplacement. Comme on ne fait venir ces arbres que de femences , on a foin de ménager de l'om-bre au jeune plant ; pour cet effet on plante du manihot (arbufte avec la racine duquel on fait la cajfave & la farine qui fert de pain à tous lesHabitans naturels de l'Amérique. /^oj^^Manikot); &: c'eft à l'ombre de ces arbuiles qu'on plante les -amandes de cacaoi Lorfqu'au bout dç neuf mois la C A C yîç pkntule a commencé à s'élever , on arrache le ma-^ nihot 6c on replante , entre les rangées d'arbres , des giraumonts , des citrouilles , des concombres , des choux caraïbes^ qui par leurs larges feuilles empêchent les herbes étrangères de croître. Au bout d\m an les cacaoyers ont environ quatre pieds de haut ; leur ma- nière de croître ell de former une tête en couronne ; fi l'on abandonne l'arbre à lui-même , il fe forme plufieurs ordres de couronnes, les unes au-deiîtis des autres ; mais elles ne font que nuire à la première , qui efl la principale ; auffi a-î-on foin , en cueillant le fruit, d'ébourgeonner les couronnes fuperflues. Nous ne faifons à ces arbres aucune forte de' taille r les Efpagnols , dit-on , ont des arbres plus vigoureux & qui donnent de plus beaux fruits que les nôtres , pai- le foin qu'ils px-ennent de retrancher tout le bois mort. La nature eft fi riche dans ce pays , que per- fonne n'a encore tenté de faire fur k cacao ufage de la greffe , ce moyen fi merveilleux d'améliorer les fmits : il y a cependant lieu de penfer que les cacaos en feroient encore meilleurs. Les cacaoyers ne font dans leur plein rapport qu'à la quatrième ou cinauieine année. Un bon terrain pour le plant d'une cacaotiers doit avoir au moins fix pieds de profondeur. Récolte du Cacao ^ & manière de le préparer pour pouvoir être confervé & tra?iJponé en Europe, Lorfqu'on juge que le cacao eft mûr , on envoie à la récolte les Nègres les plus adroits , qui , avec de petites gaules, font, tomber les cahojfes ou coffes mûres , prenant bien garde de toucher à celles qui ne le font point , non plus qu'aux fleurs. Dans les mois d'un grand rapport (Juin), on cueille tous les quinze jours : dans les faifons moins abondantes , on cueille de mois en mois ; on met tous ces fruits en tas pendant quatre jours ; fi les graines refcoient plus long- temps dans leurs capfules , elles germeroient; auiïl ^iS C A C iorfqii on a voulu envoyer des graines de la Martinî-*' que aux liles voifines pour femer , a-t-on eu un foin extrême de ne commencer à cueillir que lorfqiie le bâtiment de tranfport alloit mettre à la voile , & de les employer d'abord en arrivant : dès le cinquième jour au matin on retire les amandes de dedans les cofîes ; on les met en tas fur un plancher couvert de grandes feuilles de balifier; on les recouvre de fem- blables feuilles qu'on affermit avec des planches , pqur faire éprouver au cacao une légère fermentation , ce qu'on nomme fur les lieux le faire refTuer. Les Nègres vont remuer ces tas de cacao foir & matin ; cette opération dure cinq jours : on reconnoît , à fa cou- leur rouffe 5 qu'il a affez rej/ué ; plus le cacao reffue , plus il perd de fa pefanteur & de fon amertume; mais s'il ne reffue pas affez , il eff plus amer , fent le vert & germe quelquefois. Lorfque le cacao a reffué , on le fait fécher au foleil fur des nattes faites de brins de rofeaux re- fendus , 6c affen:blés avec des liens d'écorcé de malwt. Voyez Makot. Ce font ces graines de cacao ainh préparées , qui font apportées en Europe , & vendues par les Epiciers qui les diffinguent , com.me nous l'avons dit ci-deffus , en gros & en petit caraque , ou gros & petit cacao des Ifies ; diftinftion faite moins d'après la différente préparation , que d'après le choix & la groffeur des amandes elles - mêmes ; car il n'exifle point réellement deux efpeces différentes d'arbres de cacao. Le cacao de la Côte de Caraque eft plus ondueux & moins amer que celui de nos Ifles ; on le préfère en Efpagne & en Fiance à ce dernier ; mais en Allemagne & dans le Nord on efl d'un goût tout op- pofé. Il ne iauroit y avoir entre le caraque & le cacao des Illes, des différences intrinfeques bien effentielles , puifqiie c'efi: le même arbre qui croît auffi naturel- kmeût dans les bois de la Martinique, que dans ceux C A C 527 'de îa Côte de Caraque; que le climat de ces lieux qR preique le même , & par conféquem la température des faifons égale. La différence des cacaos n'eu pas confidérable , puifqu'elle n'oblige qu'à augmenter ou diminuer la dofe du fucre pour tempérer le plus ou le moins d'amertume de ce fruit. Quant aux diffé- rences extérieures , peut-être ne viennent-elles que de la nature du fol & des foins de ceux qui les cultivent ; on dit cependant que le cacao-camque a été terré fur les lieux pendant huit jours , c'efl-à-dire , que pendant qu'on l'a fait reinier on l'a couvert de quelques pouces d"e terre : quelques-uns prétendent même qu'on le met dans une folfe en terre creufée exprès; mais fi cela étoit , ne germeroit-il pas ? M. Jublet dit que pour conferver l'amande du cacao , lorfque le fruit efl dans fa parfaite maturité , Ton raffemble auprès d'une cuve la récolte qu'on en a faite ; on coupe par le travers îa capfule en deux portions pour en tirer toute la fubilance & les amandes qu'elle contient, qu'on verfe enfemble dans la cuve. Cette fubflance , en vingt- quatre heures , entre en fermentation , enfuite fe liquéfie & devient yineufe : on laiffe ces amandes dans cette liqueur jufqu'à ce que leur pellicule ait bruni , & qu'on reconnoiffe que leur germe foit mort; car^ la bonté du chocolat dépend en partie de la ma- turité du fruit & du degré de fermentation que l'amande a éprouvée par ce procédé. Les amandes fe féparent avec facilité de la fabiîance qui les enveloppoit , & feclient bientôt; la liqueur vineufe eil un peu acide, & bonne à boire : mile dans un alambic & diflillée \ elle donne un efprit ardent, inflammable & d'ui| bon ooiit, o Le cacao de Caraque efl un peu plat , & relffemble affez , par fon volume &: fa figure , à une de nos grofîes fèves; celui de Saint-Domingue, de la Jamaïque, deTIile Cuba, efl généralement plus gros que celui des Antilles. L'amande du cacao a l'avantage de ne fe :528 C A C point rancir ; c'eft , peut-être , le fruit le plus oléa- gineux que la Nature produife. Les Américains , avant l'arrivée des Espagnols & des Portugais, faifoient une liqueur avec le cacao délayé dans de l'eau chaude , affaifonné avec le piment , coloré par le rocou , & mêlé avec une bouillie de maïs pour en augmenter le volume : tout cela joint enfemble donnoit à cette compolitioa un air fi brut & un go ut il fauvage , qu'un Ibldat Espagnol difoit qu'il n'auroit jamais pu s'y accoutumer , fi le manque de vin ne l'avoit contraint à fe faire cette violence , pour n'être pas toujours obligé à boire de l'eau pure. Ils appeloient cette liqueur chocolat^ 6c nous lui avons confervé ce nom. Les Efpagnols , plus induflrieux que les Mexicains , cherchèrent à corriger le défagrément de cette liqueur , en ajoutant à la pâte du cacao divers aromates d'Orient , 6c plufieurs drogues du pays. De tous ces ingrédiens nous n'avons confervé que le fucre , la vanille 6c la cannelle. Préparation & ufage du Chocolat, On dépouille les amandes du cacao déjà mondée de leur écorce y par le feu ; on les pelé ; on les rôtit dans une baffine à feu modéré ; on les pile dans un mortier bien chaud ; plus communément on les écrafe avec un rouleau de fer fur une pierre peu épaiffe, dont la furface efl: courbe 6c creufe , 6c que l'on place fur un petit brafier ; c'efl: ainii qu'on en forme une pâte qu'on mêle avec prefque poids égal de fucre , & que l'on met toute chaude dans des moules de fer- blanc dont la forme efl arbitraire ; quelquefois on l'é- tend fur un papier , où elle fe fige 6c fe rend folide en très-peu de tem.ps. Le chocolat ainfi préparé s'ap- pelle chocolat de famé. Quelques perfonnes prétendent qu'il eft bon d'y mêler une légère quantité de vanille , qui en facilite la digeilion par fa vertu ftomachique 6c cordiale. Lcrfqu'on C A C 529 Lorfqu on veut un chocolat qui flatte les fens plus agréablement , on y ajoute une poudre très-fine , faite avec des gouiTes de' vanille & des bâtons de cannelle, piles & tamifés : on broie le tout de nouveau , & oa le met ou en tablettes ou en moule; ceux qui. aiment les odeurs , y ajoutent un peu d'eifence d'ambre. Lorf- que le chocolat fe fait fans vanille , la proportion de la cannelle eil de deux drachmes par livre de cacao; mais lorfqu'on emploie la vanille , il faut diminuer au moins la moitié de cette dofe de cannelle ; à l'égard de la vanille ;, on en met une ou deux petites goulïes dans une livre de cacao. Quelques, Fabricans de chocolat y ajoutent du poivre 3c du gingembre; mais les gens fages doivent être attentifs à n'en point ufer qu'ils n'en fâchent la compofuion. Dans nos îiles Françoifes on fait des pains de cacao pur oC fans addition ; & lorfqu'on veut prendre du chocolat , on réduit ces tablettes en poudre , Si on y ajoute plus ou moins de cannelle , de fucre en poudre 6c de iieuT d'orange. Le chocolat ainfi préparé efl brun 5 d'un parfum exquis & a'une grande délicateile ; quoique la vanille foit très-commune aux îiles , on n'y en fait point du tout d'ufage dans cette conteaion. L'ufage du chocolat ne mérite ni tout le bien , ni tout le mal qu'on en a dit; il devi. nt prefciie indif- férent par l'habitude : on ne voit point qu'il faiTe ni grand bien , ni grand mal aux Efpagnols , qui s'en font fait une telle nécelTité , que manquer de chocolat chez eux, c'eft être réduit au même point de miftre que de manquer de pain chez nous. Le chocolat de fojitl fait fans aromates , a la propriété d'exciter l'appétit on en a fait celui de cacholong. M. le Préfident Ogier^ ci-devant AmbafTadeur de France auprès du Pvoi de Danemarck , a rapporté plufieurs beaux morceaux de cacholong qui avoient été trouvés en Iflande & aux liles de Feroë. CACHONDÉ. C'eft une pâte fort agréable au goût, te qui donne une bonne haleine. Elle efl compofée de cachou , de graines de bangue, de calamus, & d'une terre argileufe^ farinacée, appelée mafquïqui\ quelque- fois on y mêle de la poudre de pierres précieufes, de l'ambre & du mufc. Zacutus fait un fi grand éloc^e de cette compofition, qu'il lui attribue les avantages de prolonger la vie & d'éloigaçr la mort; enfin c'efl, feloa Ll 2 ^x C A C ^ lui , un femerle vraiment royal. Les Maîabares , îcs Cliinois & fur-tout les Japonois ^ en mâchent toujours & en ofFient à ceux qui leur rendent vifite , de même que les Indiens & les Maures font à réc';ard du cachcii &c du hétel. Voyez ces mots & celui du TerRE DE MasquîQU J. CACHORRO DOMATO. Nom donné en Portugal zwfarlgui^ efpece de dïddphc^ Voyez a rartïck DiDEL- PKE. CACHOU 5 Catecliu^ & improprement terra Japonica; terre du Japon , feul nom fous lequel il a été long-temps connu dans le commerce , parce que les Marchands trompés par la fécherefTe & la friabilité de cette lubf- tance , Pont pris pour une terre. Le cachciL cil un fuc gommo-réfineux , fait &: durci par art en morceaux gros comme un œwï de poule , de différentes couleurs & figures; opaque, ccmmuncment d'un roux-noirâtre extérieurement, Cfuelquefois marl^ré de gris intérieurement ; il efl: fans odeur, mais d'un goût aflnngent , un peu amer d'abord , enfuite plus deux & d'une faveur agréable d'iris ou de violette. Le plus pur fe fond en entier dans la bouche & dans l'eau ; il s'eniîamme , 6*: brûle dans le feu. Les Nations qui le vendent y mêlent quelquefois du fable ou d'autres matières étrangères pour en augmenter le poids. On apporte le cachou des Moluques , du Mr.labar , de Surate , du Pégu , 6^ des autres Côtes des Indes. Les fentimens avoient été long - temps partagés fur la nature du cachou. M. de Jiijjieu a donné un Mémoire "bien circonftancié, imprimé parmi ceux de l'Académie pour l'année 1710 , dans lequel il démontre que le cachou n'eft autre chofe qu'un extrait d'arec rendu folide par évaporation. On donne proprement le nom à^arcc ou areca à la femence ou noix qui fe trouve dans le fruit d'une efpece de palmier , qui croît fur les Côtes ma- ritimes des ïndes Orientales. F aima cujus frucius fcJjîUs , Faufel tiit-vr^r, Bauh. Pin. 510; Areca prJmcz foUïs ; drcca catQcku ^Uxïxxx Su racine çfi noirâtre 5 oblongue êc C A C 535 fîbreuîe. Son tronc eft haut de trente à quarante pieds, gros d'un empan près de la racine , droit , nu , marqué dans toute fa longueur par des anneaux circulaires qui font les cicatrices qu'ont laiïTies les anciennes feuilles après leur chute; Ion bois eil plus fibreux que celui du cocotier, fpongieux dans fa jcunefle, enfuite tenace, ,dur & compare ^ & auiîi facile à fendre dans ia longueur, que difhcile à couper en travers. Son écorce efl: verdâ- tre. Les branches feuillées fortent du tronc en fautoir deux à deux ; elles enveloppent par leur bafe le fommet du tronc , comme par une gaine cylindrique èl coriace ; elles forment par ce moyen une tête oblongi^e au fom- met : cette couronne eflplus groffe que le tronc de l'arbre même. Le pétiole de ces branches fe fend & fe rompt, & elles tombent fuccefiivement Tune après l'autre. Leur côte eft creufe. Au haut du tronc il fort de chaque aiiTelk de feuille ime capfule en forme de gaine , qui renfeima les tiges cîiargées de fleurs & de fruits, concaves, par oii elles fe rompent & s'ouvrent. Ce fruit a la groifeur & la forme d'un œuf de poule ; fon écorce elr très- mince , liiTe y d'abord d'un vert-blanchâtre , jaune enfuite , & recouvre une chair fucculente , blanche 6c fibreafe, que les Indiens mangent & nomment pi nûngiie, Lorfcyue ces fruits font defTéchés, leur écorce efl grlfâtre ou roiif- iikre, & leur fubflance efl mie efpece de bourre fila- menteufe , molle , rouffâtre , fans flic. Au centre de cette bourre efl une capfule qui contient une amande ou noix affez fernblable à celle de la mufcade. Ce noyau, quand le fruit efl (ec , fe fépare aifém.enî de la pulpe fibruiife ; il efl dur, difficile à coiiper, de couleur rouge, pana- ché de veines roufBitres & griiatres- Les Ind-ens don- nent le nom de kofol ou ckctoo/ k celle aman-^e féchée. Son goist un peu aromatique & aflringent, oui la r; les articulations font prefque cylindriques , & naiffent auiîi les unes au bout des autres , mais elles forment des ramifications trop foibles pour fe tenir droites fans appui ; les piquans font blancs. Le cacller cruci- forme ^ vulgai^-ement la croix, de Lor^a^ge , Caclus j4i C A C Jpinndimus , Hort. Reg. ; cette efpece eft très-remar- quable : elle s'cleve à la hauteur de trois à cinq pieds liir une tige comprimée , non cannelée , ni anguleuie , infiniment épineuîe & un peu foible ; vers fon fommet naiiTent des articulations oblongues , très-comprimées , rétiailées en leur fuperficie , hériffées d'épines & dif- pofées prefque en manière de croix, c'efl-à-dire, for- mant les unes avec les autres des angles à peu près droits : chaque faifceau d'épines en offre de deux fortes ; en effet, les épines inférieures font longues, jaunâtres, très-minces &; divergentes ; les fupérieures font courtes &: ramaffées en paquet droit comme les poils d'un pinceau. Le caciur à feuilles de fcolopendre , Cactus phyllanthus , Linn. ; Nopalxoch-cue:ialticqui{l , Hernand. Mex. 592; cette efpece ell: compofée d'articulations afîez longues , enfiformes , très-aplaties , larges d'en- viron deux pouces , un peu fermes , & bordées de grandes crénelures; ces articulations, qui fe ramifient, ont une nervure affez grofl'e parce qu'il n'y a que la dilTeition fréquente des cadavres qui puiffe les faire appc-rcevoir ! Pour moi , j'imitcrois volontiers Salra François de Sales , tl tant d'autres qui étant malades , ou à la v>:ille d'être chaflés des régioiis de vie & de lumière , ont voulu léguer leur corps par teilament à l'amphithéâtre de la Facilite de Mèdeclie, On trouve , a L' article Momie , les moyens de pré- ierver les cadavres de la corruption. CADE, Junïperus major ^ baccâ ruf:fcente. C'eft ime efpece de grand genévrier, très - commun en Langue- doc , qui fe diftingue des autres par la hauteur & par la groileur de fes fruits rouiTâtres , ôc dont le goût tiï moins fort ; on retire de fon bois , par la cornue , une huile îétide , cedrœleum , dont on fe fert en Mé- decine pour déterger. Celle dent les Maréchaux fe fervent pour la gale des chevauT-: , efl une forte de réfine tirée des vieux pins dans le Nord , loriqu'on les brûle pour en obtenir d'autres produits , que nous décrirons à Phiiloire des pins térébenthiniers. Voyez à l'article CÉDRTA & à celui de GENEVRIER. CADÎTES. Nom donné aux vertèbres des étoiles de mer arbreufes ; elles font en forme de petits barils , 6c foililes. CADMIE FOSSILE ou Naturelle , Cadmia fof Jilis. Nom que l'on donne à la calamine ou pierre, calaminaire , efpece de minéral qui contient du zinc , du fer , &:c. Voye^^ Calamine & Zikc. Le mot cadmie a quantité d'autres fignifications. Chez les Artilles , on dcfigne , par cette exprefllon , une efpece de luie ou de fuW imation métallique qui s'attache au haut & aux parois des fourneaux des Fondeurs en bronze, &c. D'autres difent que le mot cadmie vient de Cadmus , ce célèbre Fondeur Phéni- cien 5 qui trouva le pretnier l'art de fondre en grand , de CAD C A F 545 lie purifier , d'allier & de jeter en moule les métaux , & que l'excellence de ion art fit appeler en Grèce pour y travailler le bronze ; opération dans laquelle il entre du zinc , lequel fe fublime en partie 5c en manière d'incruftation contre les parois intérieures des fourneaux. Telle eu la tutie , appelée par excellence , cadmu dis fourneaux , Cadmici fjrna.aim , & qui a la même propriété que la cadmic fojjîk , pour convertir le cuivre rouge en laiton. Voyzi^ Cuivre. Le nom de cadmk a encore été donné à plufieurs fubflances bien différentes entre elles , telles que Tar- fenic , le cobalt , le huttm-nlcht , &c. Les Grecs , les Arabes & les Latins ont jeté beaucoup de confufioa fur cette matière. Confukei notre Minéralogie , Tome IL CADOREUX , en Picardie , eft le chardonneret, CADRAN. Nom donné , par les Amateurs , à une coquille du genre des Limaçons à Bouche aplatie , & qui fe trouve dans les Indes. Sa llruâure offre , à fa plus grande furface , plufieurs plans , en manière de cadrans , mais dont les diamètres diminuent progrefîivement en gagnant l'œil de la volute CAFÉ. C'efi: le nom que l'on donne aujourd'hui par-tout à la graine du fruit d'un arbre qui s'appelle cafier ou cafeyer. Selon quelques-uns, fon analogie avec le jafmïn lui a fait mériter , à jufie titre , le nom de Jafminum Arahïcum. Selon M. de la Marck^ le cafiyer efi: de la famille des Rublacécs , Voyez ce mot. Voici les différentes phrafes des Botaiiiiles qui ont déiigiié le cafiir : Bon officinarum laurifollum ; Bon y Profp. Alp/ iEgypt. C. XVI , pag. 26 ; Bon vel Ban arhor , J. B. L. IV , p. 422 ; item Buna , Bunnu & Bunchos ejufdem , ibid. p. 421 ; Evonymo Jimills jEgyptiaca ^ frucîu baccis lauri Jimili y B. Pin. 428; Jafminum {^fed pirperàni ) Arahicum , lauri folio ^ cujus femen apud nosc^iïk. dicitur ^ Ad. Acad. Reg. Se. Parif. ann. 171 3 ; Jafminum Ara- biçurn , caflaneœ. folio , flore albo odoravffimo ^ cujus frucius coFFY inoficinisdicuntur^ Boerh.ïnd. PI. Edit. %, Tome, II. Mm 54^ C A V part. 2, p. 1 1 7 5 S' Commel. PI. Uf. 72 ; Co^aa Jrahlca^ Linn. Cet arbre croît en abondance dans l'Arabie Heii- reiife , &: principalement au Royaume d'Yemen , vers le canton d'Aden & de Moka. C'eft dans un excellent Mémoire de M. de Jufjicu , que l'on apprend la plus grande partie de ce que nous allons dire du café. Ce Mémoire ell inféré dans ceux de l'Académie, année 1 7 1 3 » L'Europe , dit M. de JuJJîeu , a l'obligation de la cul- ture de cet arbre aux foins des Hollandois , qui , de Moka , l'ont porté à Batavia , &: de Batavia au Jardin d'Amilerdam. La France en eft redevable au zèle de M. de Rejjon , qui fe priva , en faveur du Jardin du Roi , d'un jeune pied de cet arbre qu'il avoit fait venir de Hollande. Lorfque M, de JuJJieu en donna la defcrip- tion dans fon Mémoire , il n'avoit alors que cinq pieds , & étoit de la groffeur du pouce. Le cafier ne fubfifre guère , dans les ferres chaudes , que dix ou douze ans : au bout de ce tem.ps , il peut avoir deux pouces de diamètre , & être haut de huit ou neuf pieds , ainii qu'on peut le voir dans les ferres du Jardin du Ptoi. Cet arbre ou arbrilfeau croît aflez vîte ; fa racine cft pivotante ^ peu fibreufe ôc rouffâtre : fon tronc porte des branches fouples , cylindriques , couvertes d'une écorce qui fe gerce en fe delTéchant; l'épiderme eft blanchâtre ; l'enveloppe cellulaire d'un vert léger , un peu amer ; les branches font oppofées deux à deux, de manière qu'une paire croife l'autre. Le bois efl fort tendre dans les jeunes branches , affez dur dans les anciennes ; fes feuilles font fimples , entières , oppofées par paires , & rangées de manière qu'une paire croife l'autre paire , comme dans les branches ; elles font tou- jours vertes , liiles 6c luifantes en defTus , pâles en deffous , fans dentelure , pointues aux deux extré- mités , rabattues en dehors , longues de quatre à cinq pouces , 6c larges d'environ deux pouces ; elles n'ont aucun goût particulier ; elles font portées fur des pédi- çulçs allez courts qui font gonflés vers leur nailTajice ^ c A F ^y Xxtiè côte faillante en deiïbus les divife en deux parties égaies : fes fleurs forteiit des aiffelles des feuilles au nombre de quatre ou cinq , foutenues chacune par un petit pédicule; elles font blanches , peu odorantes, quel* quefois d'un rouge pâle, complètes , régulières, mono- pétales , c'efl-à-dire , d'une feule pièce , en forme d'en- tonnoir , partagées le plus fouvent en cinq décou- pures , comme le jafmin d'Efpagne , hermaphrodites , 6z portant fur l'ovaire quatre ou cinq étarnines , dont les filets font blancs , cylindriques , 6c les anthères jaunes : la partie poflérieure de la fleur efl un tuyau , êz l'antérieure une eipece de pavillon découpé en étoile : la tète de l'ovaire , de laquelle part une trompe fourchue qui enfile la fleur , eil relevée d'autant de pointes que cette fleur a de découpures; ces pointes forment un calice verdâtre , en façon de couronne antique , dans laquelle s'articule le bas bout du tuyau de la fleur : enfin , le piflil ou l'ovaire devient un fruit comme baccifere , mou , rond ou oblong , partagé in- térieurement en deux loges par un placenta pofé en médiaftin; chaque loge contient une femence : le fruit tii vert d'abord , enliiite rouge, &C enfin d'un rouge- bnm ou d'une couleur tannée , lorfqu'il eil dans fa parfaite maturité , de la groiTeur d\in bigarreau , ayant à fon extrémité une efpece d'ombilic ; la queue de ce fruit n'a guère que fix lignes de longueur : la chair de cette baie efl: mucilagineufe , pâle , d'un goût dou- ceâtre aflez agréable , d'une odeur aromatique ; elle fert, ainfi que nous l'avons dit, d'enveloppe commune à deux coques (ou tuniques , ou loges ) minces , ovales , étroitement unies par l'endroit où elles fe joignent , & qui contiennent chacune une demi-feve ou femence ^ îiflTe , d'une nature cornée ou cartilagineufe , d'un vert pâle ou jaunâtre , ovale , convexe far le dos , plate du côté oppofé oui efl: le ventre _, 6c creufée de ce même côte , oc dans fa longueur , d'un filon allez profond. On donne à ce fruit entier & defleché^ Mm 2, 54? C A F le nom de tafc m coque ; & l'on appelle cafc monde i^ les lemences dépouillées de leurs enveloppes propres & communes. On fépare la pulpe qui environne la graine , en faifant pafier le fruit entre deux râpes cylindriques , que l'on fait tourner dans un fens con- traire ; & l'on détache le grain de fon enveloppe , ou parchemin bien defféché, par le moyen d'un moulin à gros rouleaux , garnis de lames de fer , &:c. , ou d'un pilon dans un mortier ; l'adion du Vanneur ou d un ventilateur chaile les dépouilles qui font les coques. C'ell ià ce grain fi connu fous le nom de cafi^ & dont les feuls Kabitans d'Yemen , qui fournirent le cafl Moka y débitent tous les ans pour plufieurs millions. Le cafi Moka a une couleur jaunâtre , & une bonne odeur. Ce font des navires qui nous l'apportent du Port d'Ormus. Il efl: plus gros que celui qui nous vient du Caire par les caravanes de la Mecque, 6c dont le grain efî petit , jaune-verdâtre , meilleur au goût ôc à conferver. Celui de Bourbon ou de Mafca^ reigm eft d'un jaune-blanchâtre , alongé &: inodore ; celui de Java eft un peu jaunâtre ; mais celui des Ifes eft verdâtre , & a l'odeur & le goût un peu herbacés , fur-tout lorfqu'il eft nouveau. Le meilleur café de la Martinique fe récolte aiLx Anfes d'Arlet. L'arbre du café eft toujours vert ; il croît dans fon pays natal , &: mêm.e à Batavia , jufqu'à la hauteur de vingt à vingt-cinq pieds; on en a vu de trente à quarante pieds ; mais le diamètre de fon tronc n'ex- cède pas quatre à cinq pouces. On en recueille à la main deux ou trois fois l'année des fruits mûrs que l'on fait fécher pour en avoir la graine , & que l'on retire de la coque en la battant avec un pilon de bois dans un miortier fait en entonnoir. On nétoie la graine de la coque , la pcuftiere ou la pellicule , par le moyen dim van. Nous l'avons dit; on préfame bien que l'induftrie a inventé divers autres m.oyens pour né- toyer entièrement le grain du café , pour le rendre C A F 549 tnarchând. On voit fur cet arbre, en toutes les lai- fons, des fruits Se prefque toujours de:, iieurs. Les vieux pieds donnent moins de fruit que les jeunes , qui en donnent dès la troifreme ou quatrième année de leur accroiiTernent. La l'emence du cnfé ne germe point , aînfi que plufieurs airires femences des plantes , à moins d'ctre mile en terre toute récente oc garnie de fa pulpe ; pour lors on la voii lever douze à quinze jours après : il fort de terre une petite tige très-délicate , qui porte au fommetles deux lobes de la fève , 6c qui iè divife, peu de temps après, en deux feuilles oppofées; la tige pouffe de fon centre en grandilTant deux autres feuilles , &C ainfi de fuite. Ce fait , dit M. de Juffim , juflifie les Habitans du pays oii fe cultive le café , de la ma- lice qu'on leur a imputée de tremper dans Peau bouil- lante , ou de faire fécher au feu celui qu'ils débitent aux Etrangers , dans la crainte ç\ney venant à élever comme eux cette plante , ils ne perdifTeat un revenu des plus confidérables ( ^ )- L'ulage du café , atant le feizieme fiecle , r^'étoit (a) Nous devons dire ici qu'en 1779 , dans les premiers jours croaobre , un Seigneur étant à la table de S. A. S. Mgr. le Prince, de Condé , rapporta avoir vu germer ÔC pouffer des feuines , à des grnins de cafi Moka , dans de Teau bouillante , entretenue en cet état pendant un quart d'heure. S. A. S. m'invita d'en faire rc-xpérience^ en- fa préfence : douze grains de café Moka mondé furent plongés dans l'eau bouillante fur un réchaud à l'efpiit de vin : au bout de quinze- minutes, quatre griins offrirent chacun par un bout une tfpece de germe long d'environ une ligne i en vingt minutes, iix grains parurent germes; ea trente minutes , ces fix germes s'aloagerent JLifqu'à environ une ligne & demie, dont deux étoient terminés par un petit bouton : les autre» grains ne germèrent pas. Je ne diftinguai aucunement de feuilles ; l'eau continuant de bouillir fit que les grains, à force de fe heurter, perdirent leurs germes ; ils s'en détachèrent. Ces apparences de germes ne m'ont tien offert qui pût être cararcérifé , pas même à la loupe.^ Depuis ce temps , i'ar répété l'expérience comme ci-defiFus , c'eft-a-dire , par la chaleur d'un réchaud à l'efprit de vin , ainfi que par les charbons allumés , même par la fimple infufion dans l'eau bouillante 6c dans l'eau froide. J'ai cru reconnoître que l'expérience par le moyen d'im réchaud à l'efprit de vin , eft plus prompte , plus efficace , plus abon- dante. La feule aftion de la chaleur pourroit donc rendre vifible l'em- bryon plufieurs jours avant le temps où on le diftingue , lorfqu'il ne fe jdévcloppc ^ue par les feules forws- de la nature. Mm ^ 5 50 ^ C A ¥ prefqiie point connu. L'Arabie ëtoît autrefois le fêul lieu d'oii il en vint. On l'a tranlporté 6c cultivé avec fuccès dans aiverfes Colonies appartenantes aux Eu- ropéens , telles que celles de Surinam & de Java. Nous ne pourrions fans ingratitude omettre de parler du zélé Citoyen qui a fait palTer le cafor dans nos IHes. L'État, le Commerce 6c les Am.éricains en ont l'obligation à M. Dccl'icux ^ qui l'apporta de France à la Martinique. L'eau douce du vaiileau dans lequel il paiîbit , deve- nant rare , & n'étant diflribuée à chacun qu'avec me^ fure , ( parce que le pailage fut long 6c pénible , ) ce digne Citoyen fut fouvent obligé de partager avec quelques-uns de ces arbuiles qu'on avoit dépofés 6c multipliés dans le Jardin du Roi , la portion qu'on lui donnoit pour fa boiiibn ^ afin de conferver le pré- cieux dépôt dent il s'étoit changé. C)n eil quelquefois furpris aux îfl^s de voir dépérir un beau cajicr 6<. même une cnfiterle entière en peu de lem.ps ; cda eil iouvent occalioné par un infede ap- pelé mouche à café : cette mouche , extrêmem.ent longue, porte à fa tête deux fcies avec leiquelles elle entaille ces arbres jui qu'au vif. Quelquefois les pucerons blancs attaquent aufu le cûfier ; alors il faut planter des ananas entre ces arbres , parce que ces infedes préfèrent de fe goigcr du lue acide de ce fruit qui les tue , ou les empêche de pulluler. Il paroît que les terrains mon- tueux 6c bien acres , conviennent au caficr^ pnrce que la pluie , qui efl nécefiaire à cet arbre , tombe plus fréquemment daas ces endroits ; on allure que l'expo- fitlcn au couchant eil plus favorable à cet arbre , o^xe celle du levant. Les graines qui tombent du ccfizr ^ germent dans la terre , 6l fournirent naturellement du plant ; il fuffit que la terre foit meuble 6l profonde , car la racine du caféycr eft pivotante 6c nullement traçante ; au refte y le café ne s'élève pas fi haut dans nos ïfles , que dans foç pays natal. Dans les cnféurks ^ en fait des lignes droites, en quinconce; 6c ayec un C A F f5ï loucKet ou la houe , on fait des trous de douze à dix- huit pouces de profondeur , à la diilance d'environ huit pieds; on y plante alors les petits cafias bien alignés, lefquels rapportent bien à la troilîeme ou quatrième année de tranfplantation. On récolte deux fois par an le café à Saint-Domingue : la récolte du mois de Septembre efl la plus abondante. On préfume bien que le café nous étant apporté de différentes Contrées , il ne peut pas , par confé- quent , avoir la même qualité ; la variété des climats , l'âge des arbres qui le produifent , &:c. doivent nécelTairement en diverfiflir les efpeces & les qualités^ Les deux efpeces les plus employées font généra- lement connues fous le nom de cafc du Levant & de café des Antilles, Le café de Moka , ville d'Arabie , efl toujours plus eflimé par fon odeur plus fuave ^ plus agréable. On le partage encore en trois qualités différentes , dont la meilleure appelée bahouri , efl léfervée pour le Grand -Seigneur &: le Sérail; les deux autres qui font le faki & le falahi , fe débitent dans le Levant en Europe. On laifîe à d'autres, dit M. de Jufjîeu , le foin de rapporter au vrai ce qui a donné occafion à l'ulage du café , Se d'examiner a l'on en doit la première expérience à la vigilance du Supérieur d'un Monaitere d'Arabie , qui , voulant tirer fes Moines du fommeil qui les tenoit affoupis dans la nuit aux Offices du Chœur , leur en ût boire l'infufion , (m la relation des effets que ce fruit caufoit aux boucs qui en avoient mangé ; ou s'il fiut en attri- buer la découverte à la piété d'un Mufti , qui , pour faire de plus longues prières , & pouffer les veilles plus loin que les Dervis les plus dévots , a paffé pour s'en €tre fervi le premier. Quoi qu'il en foit , l'ufage du café eu devenu préfentcment fi familier chez les Turcs „ chez les Perfans , chez les Arméniens , & même chez différentes Nations de l'Eiu'ope , qu'il eu prefque inu- tile de s'étendre fur la préparation 6c fur la qualité Mm 4 5 5- C A F des vaiiTeaux & înftrumens qu'on y emploie. On doit préférer les vaiffeaux de fer à ceux de tout autre métal. On ne devroit même employer que ceux de terre bien cuite ; griller le grain à propos ; étant tor- réfié , renfermer dans un vaiffeau ; attendre qu'il foit refroidi peur le moudre , & n'en moudre à la fois que la quantité qu'on veut em.ployer pour l'uilige du jour. Il doit être jeté dans l'eau bouillante, & ne fublr que quelques bouillons. Il efl bon d'obferver que des trois manières d'en prendre l'infufion ^ favoir , ou du café mondé &c dans ion état naturel , ou du café rôti , ou feulement des enveloppes propres &: communes de cette fubilance, auxquels nos François , au retour de Moka , ont im- proprement donné le nom de fleur de café ; la féconde de ces manières efl préférable à la première & à la troifieme , appelée aulîi petit café à la Sultane ; car le véritable café a la Sultane fe fait ^ tantôt par la feule décodion des graines non rôties , & tantôt en verfant de l'eau bouillante dans une petite chauffe qui con- tient de la poudre des graines de café rôti. Le café ^ par {^s principes falins , volatils & fulfureux , caufe dans le fang une fermentation utile aux perfonnes replettes , pituiteufes , & à celles qui font fajettes aux migraines & aux aftedions foporeufes, ou à dormir après le repas. Pris le matin , il difperfe les pavots d'un fom.meil opiniâtre , & donne de l'invention à i'ame épuifée par les fatiques de la veille. Ces mêmes effets le rendent nuifible aux perfonnes qui font d'un tempérament très-fenfible , de même qu'à ceux qui font d'un tempérament ardent , fec & bilieux ; & l'on peut dire qu'en général le grand &: fréquent ufage en eff dangereux , fur-tout lorfqu^on le prend fans lait ; mais il a l'avantage de ne laiffer dans la bouche aucune odeur défagréable , d'accélérer la di- geffion , de faire ceffer l'ivreffe, & de favorifer l'ap- parition des règles. ( On prétend que ceux qui aujour- C A G 55? d'hiû grillent ou \epois chuke d'Efprcgne ^ ou la racine de chicorée fauvage , pour en faire une liqueur cafëi- forme , fe procurent une boifTon plus falutaire. Voye^i aux articles Pois & Chicorée ). M. Brun , Doyen des Maîtres en Chirurgie du Cap , cite , dans un Ouvrage fur Putilité du café en Médecine , Tuiage àei bains entiers de café , ou des bains de vapeurs du cûfé. Cet Auteur dit en avoir obtenu des erFets faîu- taires & très-marqués dans la paralyfie , dans luie hémiplégie , dans une épilepfie , dans l'eipece de fpafme appelé op/Jîhotonos , dans des douleurs dans les arti- culations 5 dans ime migraine habituelle , pendant une groffeiTe fuivie de vapeurs hyftériques , &c. Dans le commerce on appelle café mariné ou avarié , celui qui , dans le tranfport, a été moidîlé d'eau de mer: on en fait peu de cas , à caufe de Pâcreté faline que la tor- réfaÔion ne lui ôte pas. M. Ryhiner a fait Tanalyfe chimique des femences du café', on la trouve inférée dans le Journal de Phyfpar M, l'Abbé Rozier , Siipplém, Tom. XIIL iyj8. Des Botaniiles font mention du cafiycr monofperme qui croît naturellement à Saint-Domingue & à la Mar- tinique , Coffœa Occidmtalis , jLoribus quadrifidis , baccis monoj'pcrmis , Linn , Jacq. Amer. 67. Tab. 47 ; Pavctta folûs oblongC'Cvatis , cppojitis , flipulis fetaceis , Brown. Jam. ; Jajminum- arborefcens lauri foliis ^ flore albo ode- nuifjimo , Plu m. , Biu'm. ; ks fleurs font blanches , d'une odeur agréable , & viennent en grappes paniculées , dont les unes font terminales , & les autres axillaires; les fruits font d'un noir -bleuâtre & ne contiennent qu'une fem^nce arrondie & lîriée. GAGAPvEL. Foyci Mendole. GAGNOT. Efpece de IpoifTon cartilagineux de la famille des Chiens de mer. Voyez Milandre. CAGUI. Nom qu'on donne au Bréfil au fagoiiin. Voyez ce mot. ÇAGUPUGUACU. Foyei SANGUINOLENTE, 554 C A H C A I CAKCANE ou Kaouanne. C'efl la tortue de tmrl^ appelée Caouanne. CAHUiTx4HU ou Kamichi. Voye^ Anhima. CAICA. C'efl la perruche à tête noire de Cayenne^ CAJEPOUTOU ou Cajeput. Foyei à Varùck Cardamome. CAIGUA. yoye:{_ a ranicle POMME DE MERVEILLE. CAILLE , Coturmx, Oifeau de paffage d'un ramage affez agréable , plus petit que la perdrix ^ avec laquelle il paroît d'ailleurs avoir bien des rapports à l'extérieur; mais la caille n'a point derrière les yeux cet efpace nu & fans plumes qu'ont les perdrix , ni le fer-à-cheval que les mâles de celles-ci ont fur leur poitrine. C'eft au peu de durée de leur vol , qui efl pefant &; peu élevé de terre , qu'on doit la facilité de les prendre à la courfe , quoiqu'elles courent beaucoup & dili- gemment. Dans le vol, elles filent en glilïant obli- quement & en frappant l'air de toute l'étendue de l'aile par reprifes. Leur groffeur & leur plumage difîerent peu dans tous les climats où l'on en trouve , tels qu'à Madagafcar , à la Cambra , à Cayenne & en Europe. La caille proprement dite , pi, enL 1 70 , a le bec long d'un demi-pouce ; il eft wvi peu aplati ; la pièce inférieure eft noirâtre ; la fupérieure efl: brunâtre , pointue & courbée. L'iris des yeux eft couleur de noifette ; le ven- tre & la poitrine d'un jaune pâle , mêlé de blanc : la gorge a une teinte, de roux. L'on remarque fous la pièce inférieiu'e du bec , une large bande noirâtre qui s'étend en bas , & au- deiTous des yeux une ligne blanchâtre qui pafTe fur le milieu de la lête , dont les plumes font nuées de verdâtre. Ces diverfes couleurs fe rencontrent fous les ailes & dans prefque tout le plumage de cet oifeau : elles repréfentent comme des écailles. La queue de la caille eu courte ; fes pattes font grifes , pâles , recouvertes d'une peau écailleufe comme tuiléejj, le deifous du pied eft jaunâtre. Une chofe remar- quable , ell que le doigt extérieur tient par une C A I nç menibrane au doigt du milieu jufqu'à la première articulation. La caille eft du genre de la perdrix , & fe nourrit ordinairement de blé , de millet, & de quelques autres graines ; elle avale aufTi des plantes herbacées , même des vers &: des infeéles. Elle ne perche point , elle fe tient à terre , & on la trouve préférablement dans les blés verts , ou dans leur chaume quand ils font cou- pés ; aufTi ne les voit-on ni avant , ni après ce temps. Cet oifeau huiltiplie prodigieufement. La femelle, pour faire fon nid , gratte la terre avec fes ongles, foit au milieu des pièces de blé , ou des prairies ; ce nid efl: cornpofé d'herbes & de feuilles : elle y dépofe douze , quinze & vingt oeufs , mouchetés de brun fur un fond grisâtre ; cette ponte fe fait au comm.encement du niois de Mai : la durée de l'incubation eft de trois femaines j auiîi-tôt que les petits font éclos , ils fe mettent à trotter &: font en état de prendre leur nourriture. Les femelles de cette couvée font déjà en état de s'appa- rier vers la fin d'Août ou le commencement de Sep- tembre. Les petits fe nomment cailUteaux : on remarque que la niere les conduit dans la campagne , & qu'elle les retire fous fes ailes à la manière des poules & des perdrix. On fait que les cailles arrivent au printemps , tous les ans , en grand nombre des Côtes d'Afrique fur les Ifies , les promontoires de l'Archipel , de la Sicile & de l'Italie ; qu'il n'y en demeure qu'une petite quan- tité , en proportion de celles qui ne font que s'y repofer à leur paffage , &: qui de là fe répandent dans les con- trées de l'Europe : on fait également qu'au mois de Septembre , quand la faifon des récoltes eft paffée , quand la main de l'homme a dépouillé la terre , les cailles fe raliemblent aux mêmes endroits &: qu'elles repaifent fur les Côtes d'Afrique. Elles voyagent la nuit ou de très-grand matin , & fe repofent pendant le jour. Le génie de la nature qui conduit les cailles aux bords des mers par un inftincl fecret , ne pouvoit Ï5^ C A I manquer de leur révéler les moyens d'en- franchir l'ef* pacc, & de leur indicruer la route qu'elles doivent fuivre & oii elles trouveront vivres & température. Ces oifeaux muent deux fois par an , à la fin de l'hiver & à la fin de l'été. Chaque mue dure un mois. La caille jeune , tendre , grafTe & bien nourrie , tient un rang diftingué parmi les mets les plus exquis qu'on fert lur nos "tables. Sa chair eft de bon fuc ; elle excite l'appétit , & convient à toutes fortes d'âges ô^ de tcmpéramens : on en fait des confommés laxatifsv ^ Pour prendre les caïllts on fe fert des nifes fuivantes. Si c'efl à leur nouvel avènement dans nos climats , c'efl-à-dire quand le blé eft dans fa verdure &: dans le temps de leurs amours ^ l'Oifeleur ayant tendu fes filets de grand matin, fe cache à une certaine diftance, dans les blés ; là , il contrefait par trois fois foir & matin , le chant de la caïlk , avec un inftrum.ent de zviix & d'os appelé courcaïlkt ou carcaïllot : alors le mâle , croyant que c'eft la voix de la femelle , accourt au plus vite pour fe fatisfaire ; auffi-tôt l'Oiieleur fe levé & fe montre à lui : l'oifeau voulant s'envoler, donne dans le filet ^ fe prend. Mais après l'été , loffque la faifon de l'amour eil paflee , qu'elles ne chantent plus , ou qu'elles n'accourent plus au fon de l'appeau , & qu'elles fe tiennent dans les chaumes pour y vivre àts grains qui font tombés des épis , on les prend à la tirafTe , ov^ mieux encore , par le moyen d'un chien couchant drelle à cette chaiTe , qui les arrête tout court , alors on les tire au fufil , &c. Les cailles n'ont pas les mœurs douces & fociales de la plupart des autres oifeaux; le mâle ne tient pomt compagnie à fa femelle; il n'a ni tendrefie ni attachement pour elle ; il ne connoît que des befoins violens & impétueux , & il n'eit jamais père dans le fcns moral , puifqu'il ne prend aucun foin de la couvée & à.^s petits : il ne fert à la propagation de l'efpece que par fon ardeur, en accovirant de très-loin, quelquefois. ÏTune clemî-lîeue , à la voix de la temelle , & en en fer- vant un gi-and nombre à mefure qu'il en rencontre. Les mâles font courageux ; provoqués par leur pro- pre tempérament , ils fe montrent jaloux les uns des autres , aufîi ie battent-ils cruellement ; ils aiment tant à le battre , qu'autrefois dans Athènes on prenoit plaifir à les dreffer au combat à la manière des coqs: on voit encore quelquefois à Naples , tout le monde s^afîembler avec un vif empreflement à ce fpe£racle , comme à un combat de srladiateurs. Il eu étonnant de voir un oifeau fi foible montrer autant d'audace & de courage. 11 efl fi amateur de fa liberté , que , quoiqu'on l'ait nourri pendant deux ou trois ans , pour peu qu'il trouve l'occafion de la recouvrer , il s'envole & va chercher les endroits oii il fe plaît. Des Ornithologilles font m.ention de la caille à gorge blanche ; de la calile à trois doigts , de l'ifle de Luçon. Telle eft aufii l'efpece appelée turnix , & qui fe trouve à Madagafcar. La cailk blanche eft une variété de la cailU ordinaire. La cailk petite ^ de Gingi ; elle fe trouve à la Côte de Coromandel. La caille de la Chine &: des Philippines, Voye^^ Fraise. La grande caille de la Chine; elle eft beaucoup plus groffe que la nôtre. La cailh de la Nouvelle Guinée ; elle eil: d'un tiers moins groffe que la nôtre , ( Voyag. à la Nouv. Guinée ). La caille de la Louifiane , Foye^ COLENICUI. La très -petite cailk de l'Ifle de Luçon ; elle efl moins grofle qu'un moineau. La grande cailk de Madagalcar , efl du double plus grande que notre cailk. Les cailles du Mexique , Voyei^ les articles COYOLCOS , COLIN ( grand ) & ZoNE- COLiN : cette dernière efl huppée. La cailk des Mo- luques ; c'efl la plus petite de toutes les-cailks connues, elle n'efl guère plus grofle qu'un tarin ; fon bec n'cfl point convexe en deflus comme celui de la cailk , mais droit & conique , ainfi que les becs de s deux cailles de l'Iûe de Luçon, & de celle de la Nouvelle Ruinée, toutes quatre décrites par U., Sonner at ; ce 558 C A I qui feroit foiipçonner ces quatre cailUs comme cï^iil genre différent. La cadU des liles Malouines tranfparens , font des fortes d'a- gates : la fubitance efl la même. La couleur met feule la différence entre ce que Ton nomme fardoim 5 onice, chalccdoine , cornaline , jade , & autres pierres qui dans la diilribution fynop tique , appartiennent au même ordre. Confulte:^ notre Minéralogie , vol. 1. Vojei dans ce Dictionnaire chacun de ces mots & Vardcle Agate, A l'égard des cailloux opaques , colorés , marbrés , ou à zones d'une ou de plufieurs teintes vives, Foyei^ Jasfe. Foyei auffi C article SïLEX. Caillou d'Angleterre. Voye^ Astroïte & Poudingue. Cailloux d'Alençon , de Bristol , de Médoc , DU Rhin , de Cayenne , &c. Voye^ Cailloux- cristaux. Cailloux arborisés. Voye^ Dendrttes , & tartïcu Agate. Cailloux-cristaux. On appelle ainfi des pierres dures , plus ou moins tranfparentes , de différentes couleurs &: de différentes formes ; ce font pour la plupart des criftaux de roche ou des quartz. Tels font I ^ le caillou en quille ou diamant £ Alençon qui fe trouve dans le granit du village de Hertrey près d'Alençon ; 2.° les criflaux polyèdres qui fe trouvent enfermés dans des pierres arrondies & en forme de géode , ôc qu'on trouve en Dauphiné près d'Orel <î>c de Mélan , de P.emufat & de Die ; 3 .^ le caillcu arrondi de Médoc en Guienne , &: celui du Bas-Poitou appelé pierre de Camherlau ; le caillou ovale du Pvhin , celui de Cayenne ,& le caillou de Briftol , celui-ci efl un criilal de roche à deux pointes. Toutes ces efpeces de cailloux font des pierres ignefcentes dont la matière ou fflicée ou quartzeufe fe rapproche par fa pureté de celle des criilaux de roche, & même de celles des pierreries dures. Foyei Cristal de kocke & Quartz, Nn 3 5 U croît dans les bois à la Mrèi'tiîiique^ Nîî 4 5^8 C A I CAL CaÏMITIER h fruit pyriforme , Chryfcphylhim Ma^ coucou , Aublet. Ce grand arbre croît dans la Giiiane ; fes fruits ont un goût plus agréable que ceux des autres caimitiers. CAJOUS ou Cajou. Voyez Acajou-pomme à l'article Acajou. CAÏPON. Nom donné à un arbre très-élcvé, qui croît à Saint-Dcmingue. Son tronc eil droit , grand & branchu au fommet ; Pécorce unie , épaiffe , d'un rouge-cendré ; fon bois eft blanchâtre , fblide , peiant : fes feuilles font oblongues, pointues, dentelées fur les bords 5 luifantes : fes fleurs font blanchâtres , & fuc- cédées de fruits ovales , verdâtres , qui deviennent rouffâtres en féchant. Son bois eil employé dans les ouvrages de charpente ; mais pour qu':l dure il doit "être à l'abri de la pluie & du foleil. Ejfaï fur CH'ifl. Natur. de Saint-Domingue, CAITAIA. AuBréfil, Mon Marc grave ^ Saïmiri; ef!:)cce de Sapajou, Voyez Saï:v1îri. 'CAJU-BESSÎ. Voy:i Bessï. CAKATOCHA ou Catacoua. Foye^ Kakatou. CAKILE , Cakilc maritima ampliors, folio , Corol. Ind:. 49 ; Eruca maritima , Italica ^ fdiquâ Jiafœ cufpidi fmili , C. B. Pin. 99, Quelques Auteurs prétendent que c'eft un raifort marin ; d'autres l'appellent roquette de mer. Quoi qu'il en foit , cette plante croît fur les parages élevés des mers dans les lieux pierreux : elle pouffe beaucoup de tiges , hautes d'un pied. Ses feuilles font oblongues, plus ou moins étroites, grades, d'un goût acre & falé : fes fieurs de couleur purpurine , reil'emblent à celles de la roquette. 11 leur fuccede pour fruit , des gouffcs courtes , pointues , ayant la figure du fer d'une pique , &: renfermant chacune deux feminces : on s'en fert dans les lieux oii cette plante naît, pour le fcorbut &: pour la colique néphrétique. CALABA , Calophyllum, Nom d'un genre de plante à fleurs polypétalées , qui a des rapports avec le CAL .5^9 mangoiijîan , & qui comprend des arbres exotiques dont les teuiiles-iont fimples, oppolees & remarquables par la Hnefle de leurs nervures. Le fruit efc une noix fphéri- que 5 charnue ^ contenant un noyau globuleux , dans lequel efl une amande de même forme. Il y a : Le calaba à fruits ronds , des îfles de Bourbon, de France , &c. Calophyllum inophyllum ^ Linn.; Ponna , Rheed. Mal. ; Bitan^or marïtima , Runiph. Amb. C'tll Tarbre qui donne le baume vert , Voyez ce mot. Sa variété s'appelle le bois marie , 6l fe trouve en Amé- rique. Le calaba à fruits alongés , Calophyllum calaba , Linn. ; Tsj croît- Ponna , Rheed. Mal. Ses fruits font rouges , & reffemblent allez par leur forme &: leur volume à ceux du cornouiller mâle. Les Indiens le mangent , & tirent par expreflicn de fes amandes wv.ç. huile qui fert pour les lampes. Le calaba à feuilles acuminées , Bitangor fylvejtrls , Rumph. Amb. Ses fruits font un peu pomtus. On trouve cette dernière efpece dans les endroits mon- tagneux des Moluques , &: dans l'Ifle de Java. CALAC 5 Carïjfa. Nom d'un genre de plante à fleurs monopétalees , & qui comprend des arbriffeaiix exotiques com.muném-ent épineux , dont les feuilles font iimples ôc oppofées , & dont les fleurs ccnfor- niées à-peu-près comme celles des jafmins, produiient des baies biloculaires , & à plufieurs femences. Il y a : Le calac à feuilles obtufes , des Indes , Cariffa carandas , Linn. ; on fait avec fes baies de très-bonnes confitures. Le calac à feuilles de faule , des Indes. Le calac à feuilles ovales , de l'Arabie & àç:s Indes Orien- tales, oïL à feuilles de myrte , Cariffa jyinarum ^Isiïm, Le calac du Cap de Bonne-Efpérance , CariJJa arduina h'ijpinofa^ Linn. , Mant. 52. CALAF. On croit que c'eil une efpece de faule nain , qui naît en Egypte , en Syrie , aux lieux humides , & dont il çfi fait mention dan^ quelques Auteurs, feus «J70 Cal les noms de han , de fr.fsaf & de :{amth ; fa fleur naît avant la feuille. Cette fleur efl -longuette , blanche , lanugineufe , odorante : l^s feuilles , graffes au toucher & de couleur perlée , font beaucoup plus grandes que celles du iaule ordinaire. Les Egyptiens diflillent les fleiu-s , & en tirent cette famtufe eau cordiale qu'ils appellent mac.ihaUf^ dont ils font ufage pour réprimer le trop grand défir de l'afte vénérien. On prcpare auin à Damas de cette eau , & l'odeur en eil fi agréable & fi pénétrante qu'elle fufHt pour diffiper la défaillance. Les Maures s'en fervent tant intérieurement qu'extérieurement oans les fièvres ardentes & peflilentielles. Lcmzry dit que le faule que nous anp:4ons mcirfza.ii , eft fi femblable à ce calaf ^ que rAmbalîadeur de Perfe , qui vint à Paris en 1 7 1 5 , en fit foigneufement rc.mafrer les fleurs pour les dilliller , & en boire î'eau qu'il re'2;ardoit comme un puiffant rafraîchifTant. Le C2laf n'eft-il pas un chaUf^ celui appelé olhur de Bohême. CALAGUALA. Plante qui croît à Quito & à Popayan dans le Pérou. De fa racine fortent plu- fieurs pédicules coudés , triangulaires , creux , flriés , & portant des feuilles larges par la bafe , étroites par îe bout , vertes , luifantes , & garnies extérieurement d'un nombre de capfules orbiculaires, feminales, dentées & rangées far deux lignes : ces femmces font menues comme de la pouiTiere , &: font lancées au loin avec force élallique tous les ans , lorfque les capfules vien- nent à s'ouvrir. On diftingue trois fortes de racine de cala^u.ila , qui cil la feule partie d'ufage en Médecine. La première ne fe trouve que fur les rochers , & efl épaiffe , de couleur i'aune-brunâtre, entourée de mouffe, cxtérieib lement lieneufe , compofée intérieurement de fibres •blanches & longues , &: au milieu de cette racine eâ ' une mz'i^'^.'-z un peu fpongieufe. CAL ^ '571 La deii^cieme ne croît que dans les terrains fablon- neiix; elle efl moins volumineufa que la précédente , 6c h couleur eil d'iui bnui-rougeâtre , quelquefois grilâtre. La troifieme forte de racine de calaguala eft cultivée dans les jardins ; fa couleur ell obfcure , cendrée par la partie convexe. On préfère la première forte , qui efl la mieux nourrie, non cariée ou vermoulue, qui fe coupe faci- lement 5 & qui a un goût favonneux. On l'eflime apé- ritive, & très-fudoriiique : on en fait ufage, lolt en décoction , foit en poudre , à la dofe d'un demi-gros 6c quelquefois d'un gros. Le calaguala eft beaucoup plus connu & plus ufiîé en Efpagne &: en Portugal , qu'en France. Pkarmacop. Matntenf. edit. z^. CALALOU, Cucurbua pcpo ^ Ammca.na , an Ketmia Brafdknfis , folïc ficus ^fruau pyramidato fiiUato ? înfl. ; Karculou ^ Barr. ElT. , pag. GG ; Ouaouciyama , des Caraïbes ; Quingombo Lujïtanis , Marcg. Plante ramipante très-eifentielle aux Blancs &: aux Nègres de la Guiane ; les Habitans l'appellent auiïi citrouïlU , potiron , gombdut & giraumont. Le giraumont croît naturellement à la Louifiane : cette plante , ou race particulière dans i'efpece àwpepon^ (Voyez à lafuïu di VanlcU COVRGE à limbe droit ) porte des femlles qui font prefque auffi larges qu'une aiTiette ; fes fleurs font j aimes , ÔC S leiu: faccede des fruits tendres , remplis de petites graines mucilagineufes. Ce fruit étant jeune fe cueille pour être mangé en falade , à l'e-.u &" au fel. Il eft bon pour l'ellcm.ac 6c convenable aux convalefcens. Lorfque le fruit eft miir , on le hache par petits mor- ceaux avec les feuilles de la plante , on fait cuire le tout avec du lard; c'eft le mets que les Dames Créoles donnent par préférence aux perfonnes les plus diftin- guées ; quelquefois on les met dans la foupe , on les îVlcaiTe ; d'autres fois on les fait cuire au four & feus 57i CAL la braife. On les mange en purée ; de toutes façons ,' ils font bons 6c agréables : on en fait auffi des beignets. Quelquefois les glraumonts font très-volumineux , & kur écorce varie pour la couleur , fuivant la variété. La chair cil une pulpe fine d'un jaune pâle , plus ferme , d'un fucre moins fade, & dun goût beaucoup plus relevé que celle de !a citrouille ; on en fait des confi- tures feches. Pour cet t^Qi on les taille en forme de poire ou de qiielqu'autre fruit , & on les confit auiîi à {ec avec fort peu de tlicre , parce qu'ils font natu- rellement fucrés. Les perioanes qui ne les connclfTent pas font furpris de voir des fruits entiers coniits , (ans trouver en dedans aucuns pépins. Il y a des glraumouiS qui fentent un peu le mufc ; ce qui en relevé la faveur. Nicolfon ÇE.Jiû fi/r l' I-Ii.fi, Natitr. d: Saïnt-Dom'tn- gue) difl;ngue trois efpeces de giraujjionts \ favor, le Vert , le jaunt & gros , le jaune & pztïî. Il dit que c'efl Vanguria du Pcrc Plumier , le jujuru , bahom à.(^s Caraïbes. CALAMBAC &CALAMBOUC. Voyc/J^^ois d'Aloès. CALAMBOîjPvG ou Cunamboirk. Bois odori- férant de couleur verdâtre ; il diffère du calambouc qui vient de la Chine , & dont nous avons parlé au mot bois d'aloes , Voyez ce mot. On emploie le calam^ bourg en ouvrages de tabletterie, ê^ dans les bains de propreté. CALAMENT , Calaminihci. Cq.^ une plante qui s'élève environ à la hauteur d'un pied , & qui fe divife en plufieiu's rejetons anguleux ; i'es feuilles font prefque rondes , un peu pointues , légèrement lanu- gineufes , & rangées deux à deux l'une vis-à-vis de l'autre. On fait ufage de trois ou quatre efpeces principales de calamcnt ; favoir ; le calament ordinaire , le cala- niera a odeur de pouliot ^ le calaïucnt de montagne ou à grande fleur, & le calament dis champs ou \q pouliot-* CAL 573 thym, ( M. DehuT^z cbîerve que les trois premières font clu genre de la Mélîjje , &. la quatrième eil une mmthi , ielon Llnnœus : c'eff le calamait des marais , Manhafm Calamintha aquat'ica ,,'^À\.Sjno^{, 3 , 232; Mcmha arvmjîs , verticillata , hirjuta ,J. B, 3,217. Si^s fleurs font verticillées , peu garnies ; les étamines égales , Si quelquefois furpaiTanî la corolle. ) Elles por^ tent dans les aiiTelles des feuilles , des fleurs en gueule , de coiileur purpurine , auxquelles fuccedent quatre embryons qui fe changent en autant de graines arron- dies oC noirâtres. Toutes ces efpeces de plantes font remarquables par leur odeur forte & aromatique , qui les rendent utiles dans tous les cas où il s'agit d'in- cifer puiiTamment les humeurs vifqueufes : on en prend en manière de thé pour provoquer les règles : appli- quées extérieurement , elles atténuent , répercutent & réfclvent. On a donné le nom de calaimnt en arbriiTeau à la farriette de montag^ne. Voyez cz mot» CALAMINE FOSSILE ou Pierre Calamînaïre, Calaminaris lapis, La pierre calaminaire eil la cadmlc- foffJ.e par excellence , Cadmia native , ou , à proprement parler , la matrice , la mine de zinc terreufe , ou à l'état de chaux. Foye^ Zmc, La calamine n'afFecle point de figure déterminée ; elle efl plus ou moins friable Se compa£):e , quelque- fois poreufe , de différentes couleurs , & contient , outre le zinc , de la terre , du fable , du kr précipité , ou ochre martiale , fouvent de la gaUnc de plomb , Voyez ce mot. En général , la calamine, eil plus légère que les moines de fer. Celle qui efr rougeâtre eiî: très-pauvre en zinc; elle contient beaucoup dé fer ; celle qui eil grife ou d'un jaune pâle contient beaucoup plus de zinc, & eft la meilleure pour convertir le cuivre rouge en laiton, Ainfi 5 toute pierre appelée calaminairz , qui , mêlée j&vec dçs chaxboos &: ^r^fiiite expofç^ à l'aftion là pins 574 CAL véhémente d'un feu renfermé, ne produit point de zinc , ou qui à un feu découvert ne compofe point le laiton lorfqu'elle eft mêlée avec le cuivre rolette & le charbon , n'ed point une vraie pierre calamlnaire, Ceft la règle que nous en donne M. Margrajff, Toutes les calamines femblent être des réfultats ochracés pro- venant naturellement de la décompchtion &: précipi- tation du vitriol de zinc & du vitriol martial dans à^^ matrices limoneufes plus ou moins mélangées. On trouve la calamine dans les environs d'Aix-la-Chapelle, dans le Berry , aux environs de Saumur en Anjou , & en d'autres endroits de l'Europe. Elle fe préfente très- fouvent fous la première couche de la terre. Dans le Duché de Lîmbourg,les mines à^. calamine font abon- dantes &: s'exploitent , de même que le charbon de terre , par bures , par galeries , &c. C'eil à Namur qu'on la travaille , à l'aide des fourneaux & des ma- chines faites exprès , pour en extraire le zinc , & l'af* focier au cuivre rouge. Cette opération eit diiiicile & curieufe. Confultci^ notre Minéralogie & le Diciion- naire de Chimie. On emploie en Médecine la pierre calaminaire à l'extérieur : on l'eflime adringente , propre à fécher & à cicatrifer les plaies & les ulcères , mais pour cela il faut qu'elle foit bien lavée & porphyrifée. CALAMITE. Epithete que l'on donne au jlorax en larmes , à caufe qu'on le mettoit autrefois dans des rofeaux appel es calami pour le conferver. Voye\ Stor AX. M. Guettard donne auiîile nom de calamité^ Calamités^ à des polypites dont le caradere générique eil: d'être en groupe , dont chaque piirtie font des tuyavix plus ou moins cylindriques, non raminés ou très-peu , ter- minés par le bout fupé rieur en étoiles uniques. CALaMUS aromatique vrai ou Roseau AROMATIQUE , Calamus aromaticus verus. Beaucoup de Pharmaciens confondent le véritable calamus avec Vacorus vrai , ils fe trompent : ces fubftances végétales différent beaucoup l'une de l'autre : il fuifit de les exa*, CAL 575 înîne^ dsns les boiniques & de les ccmparer dans les del criptions de Diofcoridc . de Pline , de Galicn , &c, pour s'en convaincre ; Vasonis eft une racine , Voye:!^ AcORVS. Le calamus ou îoieau aromatique, Arundo Syrïaca foliis ex adverfo Jitis^ Morif. , eft au contraire la tige d'une plante arimdinacée , crcufe comme m\ chalumeau , grofTe comme une plume médiocre , ge- nouillée, d'un jaune pale ou d'un gris-rougeâtre en dehors , blanche en dedans , rem.plie d'une îubilance fongueufe ou moelle , d'un goût acre , d'une amer- turne légère , &: d'une affez bonne odeur. On nous l'appcrte\les Indes & d'Egypte toujours lec , en petites bottes hautes de deux ou trois pieds , faciles à calTer. Paludamis , Piofper Alpin & le Portugais Gar^ias , font les premiers &: les feuls qui aient rencontré & décrit la plante du vrai calamus aromatique. Cette plante s'appelle cajfahl-d arriva. Il fort de chaque nœud de la tige deux feuilles longues, pointues , vertes ; fes fleurs naiffent aux fommités de la tige & des rameaux , dif- pofées en petites ombelles ou bouquets jaunes , auxquels fuccedent de petites capfules oblongues , pointues , noires , qui contiennent des graines menues & de la même couleur. Les Peuples des Indes emploient la tige pour alTai- fonner le poiiTcn &: les viandes bouillies ; elle fortifie Teflcmac &: facilite la digeflion : prife en déco£lion elle provoque les micnflrues. Les Egyptiens s'en fervent pour appaiier la toux , en en afpirant la flimée avec wn chakuneau. Les Indiens en font fouvent ufage dans les maladies hyfîériques & les douleurs de nerfs. En Europe , on l'emploie dans la thériaque , comme propre à réfifter au venin. CALANDRE , pL enl, 363. /j^. 2, Calendra en ef- psgnol & en italien. C'efl la grolfe & grande alouette; elle a les mœurs de r alouette vulgaire , le chant ^ même la faculté d'imiter celui de pluiieurs autres oifeaux y ainfi que difFérens fons , loi-fqu'çlle a étQ 575 CAL éd'.qiiée de bonn3 heure , par les foins de lliomme; La calandre eil répandue dans les Pays chauds , & on ne la trouve en France que dans les Provinces Mcri- dionales : diiFérem.nent de Xaloactu vulgaire , la calandre brife (en grain avant de lavaler. La calandre qui fe trouve au Cap de Bonne-El'pérance , a reçu le furnora de cravattc jaune. CALAO. C'eil le nom générique de plufieurs efpeces d'oifeaux , allez gros , & très-remarquables par la forme finguliere de leur bec. Les calaos font du LXI.^ genre de la Méthode de M. Brijfon. Des Auteurs donnent au calao , en latin , le nom à^iydrocorax ; d'autres le défignent très -improprement ahifi , corviis Indiens ; mais les calaos n'ont aucun rapport avec les corbeaux, & ne vivent point au bord des eaux comme fembleroit l'indiquer le nom ô.-hydrocorax. Ce font des oifeaux terrefîres & qui fc nourriffent de fruits comme les toucans ; ces derniers font propres au nouveau Con- tinent ; les calaos ne fe trouvant qu'aux Indes Orien- tales & en Afrique , appartiennent uniquement aux- contrées chaudes de l'ancien Continent. Quelques Naturaliiles appellent les calaos , clfcaux rhinocéros , quoique ce nom ne s'applique communément qu'à une efpece de ce genre. Les calaos ont les jam.bes couvertes de plumes juf- qu'au talon ; les pieds , qui font courts , ont quatre doigts , gros , dénués de membranes , trois devant , un derrière ; celui du milieu des trois antérieurs efl étroitement uni au doigt extérieur iufqu'à la troifieme articulation , ër au doigt intérieur jufqu'à la première ; îe bec très-gros , à large ouverture ^ cependant foible , d'une fubiiance fragile & fujette à fe féparer par écailles; il eil alongé &: courbé comme une faux , dentelé le long de fes bords ; ce bec , incommode par fon poids , eil encore fouvent furchargé d'excrcillances qui doivent en augmenter la pefanteur 6i en gêner les mouvemens. Ces gifemix femblent doac être xsx^ conformés pour marcher CAL iç'7'j^ hiaîcher , fe percher , fe foutenir ^ & même pour prendre la nourriture dont ils ont befoin ; ils font à nos yeux des êtres traités peu favorablement, informes en quelque forte , & infortunés ; mais il faut croire , dit M. Mauduit , que la Nature , occupée de la penfée de la création , a tout vu dans l'avenir , connu tout d'avance , calculé les rapports & les relations entre les parties & le tout , entre les befoins & les moyens , & que rien n'a pu fortir de its mains informe oU mal-afîbrti. On diftingue plufieurs. efpeces de calaos \ i.^ le calao à h ce ou noir ou rou^e. , du Sénégal. Voyez TOCK. i."* Le calao (VAbyJfink , pi. enl. 779. C'efl un des plus grands de ce genre ; tout fon plumage eft noir ; les grandes pennes des ailes blanches ; le bec noir, long de neuf pouces, moufle par la pointe, & une plaque rouge fur chaque côté ; la proéminence du bec a deux pouces & demi de diamètre. 3 .° Le calao d'Afrique , appelé le brac ou trompette de brac ; il eft de la groffeur du dindon ; fon plumage eft noir ; fon bec eft en partie rouge , en partie jaune & bordé de noir. 4.^ Le calao de Gingi ; on le trouve à la Côte de Corornandel; fon bec efl très-long, fortement courbé; FexcroifTance fur le bec forme comme un fécond bec , mais moitié moins long que le premier ou véritable bec , qui eft noir , bordé de blanc ; le plumage d un gris-brun. 5.^ Le calao à bec cifelé ou dentelé^ de l'Iile Panay. M. Sonmrat dit qu'il eîl à-peu-près de la taille du gros corbeau d'Europe; fon bec, dentelé le long de^fes bords, efl fillonné en travers dans les deux tiers de fa longueur; la couleur du bec eft brune , mais les rainures ou enfoncemens font couleur d'orpin ; l'ex- croiiTance de ce bec eil comprimée fur les cotés , tran- chante en deiîiis ; le plumage fur le corps efl d un Tome II. O o . '^578 C A £• noir chatoyant le bleu-verdâtre ; le deffous du corp^ efl roufîàtre. 6.^ Le calao de Malabar efl: de la groiTeur dii corbeau ; l'excroifiance furmonte & forme comme lin fécond bec , appliquée & couchée fuivant la cour- bure du véritable bec , élevée de plus de deux pouces , ^ finit à deux pouces du vrai bec : on diroit d'un bec tronqué & fermé à fa pointe ; l'intérieur en efl cel- lulaire ; fa fubilance efl mince , blanche - jaunâtre au milieu , les deux extrémités noires ; de longs cils arqués en arrière garniffent la paupière. On a vu un de ces individus à Paris ; & , en général , la figure j l'allure & toute la tournure de ce calao , ont paru im compofé des traits ôc des mouvemens du geai , du corbeau &: de la pie : il faifoit entendre un glouffement comme la poule d'Inde qui conduit fes petits ; le plumage à-peu-près le même qu'au calao d^ l'Ifle Panay. 7.° Le calao de Manille^ pi. enl. 89 î. Il efl de la groffeur du tock ; fon bec 5 couleur de chair pâle , efl fans dentelures , afTez pointu , & tranchant ^ar les bords ; ce bec efl furmonte d'un léger feflon proéminent; fon plumage efl brun-noirâtre fur le corps , Ôc d'un blanc fale en delibus. 8.^ Le calao des Moliiqms , pi. enl. 283. Il efl dç la grofTeur du coq ; fon plumage efl , pour la plus grande partie , de couleur fauve mêlé de noir ; le \)(ic efl cendré-noirâtre ; PexcroifTance du bec efl blan-^ ch^re 5 arrondie en arrière , plate en de fuis. 9.° Le calao des Philippines efl de la grofTeur d'un, dindon ; le plumage efi: noir fur le corps & blanc en defTous ; les pieds font verdâtres ; fon bec efl long de neuf pouces , de couleur rougeâtre , ainfi que l'ex- croiiTance qui efl longue de fix pouces , large de trois , arrondie en arrière , concave en defTus , & terminée par lii^wn angles avancés ; les narines font placées à l'origine du bec^ feus cette exçroiffance. CAL ^79 '10.^ Le calao des Indes de M. Briffon ^ OU calao fhinoceros, li efl bien plus grand que le corbeau d'Europe ; fon plumage efl tout noir ; fon bec eil jaunâtre , & feulement rougeâtre dans le haut de la partie fupérieure ; l'excroiffance eft longue & en forme Be corne courbe , relevée &: ifolëe par le bout qui finit £n pointe mouffe ; elle elt variée de rouge & de jaune ^ avec une ligne longitudinale & noire de chaque côté. 1 1 .^ Un calao dont on ne connoît que le bec , repréfenté , pi, enL c)-^^; ce bec a fix pouces de long , prefque droit, fans dentelures ; la protubérance en forme de cafque , d'un rouge de vermillon , prefque ronde, haute de deux pouces, &c huit de circonférence. M. Brijffon parle d'un calao indiqué par Bomius ^ fous le nom de corbeau des Indes, Voyez ce mot, CALCÉDOINE ou ChalcÉdoine , Lapis chai- cedoniiis, C'ell: une pierre qui a été mife dans la clafîe des pierres fines demi - tranfparentes. La cal- cédoine efl ignefcente , & fem]:)le être de la nature d'un beau caillou , fikx ^ ou à pâte d'agate ; elle ed nébuleufe, de couleur blanche, laiteufe & légè- rement teinte de gris , de bleu ^ rarement de jaune : on y diftingue prefque toujours trois couleurs dans lefquelles le bleu laiteux domine. Cette pierre a été aufïï nommée a§au blanche laiteufe. Si la teinte du bleu efl affez foncée pour approcher du brun ou du noir , la^ pierre prend le nom ^ agate noire ; il la teinte de .jaune efl aiiez vive pour approcher de la couleur orangée , la pierre doit être appelée fardoine ; fi fa teinte étoit d'un rouge de chair vive , on l'appéleroit cornaline. Voyez ces mots. Si la teinte de bleu domine & efl d'une belle tranf- parence , la pierre s'appelle calcédoine faphirine. Les calcédoines,, dont les couleurs grifes, nuées de bleu font les plus nettes & les plus vives , font réputées orientales. On en voit de liufantes & qui chatoient d'une fa^on remarquable ^ notamment la calcédoine 580 C A L faphïrinz , qui efl la plus dure , la plus rare , la pîu§ belle &: la plus eftimée. La calcédoine laheufe , d'une feule couleur , d'un blanc pâle ou blanc de lait , eil la plus commune & moins dure que la calcédoine orlaitak : elle n'eit dillin- guée de Vagate blanche qu'en ce qu'elle eil moins dure , &: qu'elle eft nébuleufe. Il y a auffi la calcédoine rayée & tachetée ; elle eli panachée ; on y remarque de petites raies , de petits points , tantôt gris , tantôt rouges , fur un fond blanc laiteux. On trouve ces cal- cédoines communes à Chemnitz & en Flandres. La calcédoine égale Vagate en dureté : on en fait des bijoux, des bagues, des cachets , des manches de couteaux , parce qu'on trouve ces pierres ordinaire-^ nient en petits morceaux; on en voit cependant quel- ques vafes , mais qui font rares. Le Roi de Danemarck a donné au Cabinet de Chantilly quelques morceaux de cette pierre , ^ qui font d'un très-gros volume, & très-beaux : ils avoient été trouvés dans l'Ifle de Feroë. Feu M. le Préfident Ogier , étant Ambadadeur auprès de ce même Souverain , en avoit fait une col- îedion des plus rares , pour le volume , pour la figure , & la pureté des blocs. Les m.orceâux qui compolbient cette colle61:ion , avoient été trouvés en diiîerens en- droits de la Norvège , fur-tout en Iflance. On pré- tend que les Anciens avoient une fi grande eftime pour la calcédoine , qu'ils ne l'employoient que dans les plus beaux ornemens de leurs édifices, & que le Roi Salomon la prodigua , pour ainfi dire , dans le magnifique Temple qu'il fit bâtir à Jérufalem : aufîi les Empereurs Romains recherchoient-ils cette pierre comme une matière rare & précieufe. On donne le nom de pierres calcédoineujes à toutes celles qui ont des nuages ou des teintes laiteufes irré- gi'.lieres qui ofFufquent leur tranfparence. Ce défaut efV afiez commun dans les grenats îk. dans les rubis, &: plus encore dans les faphirs ôc les chryfolites da ^ C A L 5§i Bréfil. On tâche de faire difparoître ces taches par la manière de les tailler, en rendant concave l'une des faces de la pierre , S:l l'autre convexe. La Chimie a trouvé l'art d'approcher de ces beautés de la Nature , par un procédé avec lequel elle imite auiîi Pagate &: le jafpe. C ALCHITES , Calchids. Voyez Colcothar Fossile. CALCOU ROUGE. Foyei Couroucou à vmtrc Tomc. o - ■ CALCUL , Calculus. Aujourd'hui on entend par ce mot , des concrétions pierreuf es , inorganiques , qui ont beaucoup de rapport avec les ^lejrres des animaux ou b égards. Voyez u mot. Le mot calcul eft même le nom générique de toutes les efpeces de pierres qui fe trouvent dans les divers animaux , telles que les perUs ^ les pierres dicrevïjfcs , la pierre des poijfons , celle des arriphibies , des oifeaux & des quadrupèdes. Voyez chacun de ces mots. Selon les Lithotcmiites , le mot caLul eil plus par- ticulièrement confacré à l'efpece de corps pierreux qui fe trouve en plufieurs endroits du corps humain , & principalement dans la veille , dans les uretères , dans les reins & dans la véficule à\x fiel. On nomme ces pierres Calcul d'humains ou Gr av^elle , Calculus humanorum. Elles font ou graveleufes , ou légèrement calcaires , contenant un alcali volatil , une matière gélatineufe animale ; formées par couches concen- triques com.me le bézoard , tantôt unies , tantôt rabo- teufes : celles de la veffie font prefque unies , arron- dies ou oblongues, avec une couleur grisâtre &: fauve ; celles des reins font protubérancées comme le fruit du m.ùrier ; ce qui fait qu'on les a nommées pierres murales. Celles-ci font rougeâtres , mais celles du fiel font d'un jaune fafrané. On connoît les pierres biliaires ; elles font inflammables. Celles de la vélicuk du fiel des bœufs, font d'ufage en peinture. Oo } j82 CAL Combien de perfonnes font attaquées plufieiirs fois dans leur vie de cette maladie grave , & combien en font la viclime ! En ouvrant le corps d'un Gentilhomme, mort en Angleterre en 1750, on lui trouva quarante- deux pierres dans les reins , quatorze dans la véficule du fiel 5 & dix dans la veffie qui pefoient huit onces & demie. On lit beaucoup d'anecdotes de ce genre dans les Mimoircsdcr Académie Royale des Sciences^ années 1702, '3706, 1730& 1735. Le Père Catillon^ Supérieur des Earnabites d'Étampes , mourut de douleurs qui annon- 'çoient Texiflence de pierres ou calculs dans la vefTie : â l'ouverture du cadavre , on trouva en effet neuf pierres , dont hl^it avoient la dureté du marbre , & ëtoient ufées , lifres^& polies fur différentes faces , par les frottemens qu'elles avoient éprouvés les unes contre les autres : la neuvième étoit toute raboteufe. L'illuflre de Buffon , mort à l'âge de 82 ans de la même maladie , ayant été ouvert , on a trouvé dans fà vefîie 56 petites pierres. Les caïues produdives ^ts calculs , tirent-elles leuf effence de la nature & des propriétés de la maffe du fang , & des diiîérens fluides qui le compofent ? c'cil ce que nous ne favons pas bien ; car les recherches que Ton a faites jufc.u'ici fur la formation de ces pier- res & des concrétions gravekufes dans le corps hu- main , font moins une théorie exade , que quelques cbfervations faites au hafard fur ces fortes de pro- duâions ( ^ ). Il feroit cependant à défu-er qu'on {n) Les liqueurs qui circulent dnns le corps hutr.nin , t'it M. Grnnd- charnp j^sr.cien Chirurgien Major de THÔpital Général de la Charité, à Lyon, c de l'Inde. La peau de la gî-raffe eii tigrée comme celle de la panthère & du léopard ; {on cou cil long comme celui à^im chameau ; & c'efl fans doute d'après ces deux traits , que les Anciens avoient com- polë le nom de Camdo-pardalis (^chameau-léopard^ , qu'ils donnoient à la g'irajfe. Le caméllopard ou la g^raffe , par la douceur de fon naturel , par les habitudes phyfiques , & même par la forme A\\ corps , approche plus de la figure &: de la nature du chameau , que de celle d'aucun autre ani- mal. La girafe a la tcte petite , ainfi que les oreilles ; les yeux bnllans ; les dents petites & blanches. On prétend que cet animal n'a point de dents inciiives à la mâchoire fupérieure ; mais il en a huit à l'infé- rieure ; fa langue efi noirâtre ; fa tête porte au-deffus du front deux cornes ûmples , moulles , d'environ fix pouces de longueur ; ces cornes ne font point creufes comme celles des chèvres ; elles font d'une fubdance folide comme le bois des cerfs ; mais nous ignorons fi elles tom.bcnt de même tous les ans. Outre ces cornes , la giraf} a , au milieu du fiont , un tubercule élevé d' environ deux pouces, 6c qui reiiembie à une tïoinem.e corne ; les cornes font revêtues de poil , 3c C A M ^ 6.ÎÎ font un peu plus longues dans le mâîe que dans la femelle. La girafe cl la tête , étant levée , de quatorze à feîze pieds de hauteur ; le cou feul a fept pieds , 6c l'animal a vingt-deux pieds de longueur depuis l'extrémité de la queue jufqu'au bout du nez ; les jambes de devant & de derrière font à peu près d'égale hauteur ; mais les bras , proprement dits , font li longs , en com- paraifon des cuiffes , qu'ils lemblent ramener à terre la croupe de l'animal , 6c que fon dos paroît être incliné comme un toit : tout fon corps eu blanchâtre , marqué de grandes taches fauves , de figure à peu près carrée : cet animal a le pied large & fourchu comme le bœuf; fes fabots /ont noirs, obtus , écartés; la lèvre fupérieure plus avancée que l'inférieure ; la queue menue , pendante 6c allant aux jarrets , garnie de poil à l'extrémité , 6c ces poils ou crins de la queue font noirâtres 6c trois fois plus gros que ceux de la queue du cheval. La girajffe rumine comme le bœuf, & mange comme lui de l'herbe ; elle a une crinière comme le cheval , depuis le fommet de la tête, jufque fur le dos, & d'une couleur rouflatre ; quand cet animal marche , les deux pieds de devant vont enfemble , ce qui lui donne une démarche vacillante ; & lorfqu'il veut paître ou boire à terre , il faut qu'il écarte prodigieuiement les jambes de devant : il mange volontiers les feuilles 6c les bourgeons des arbres. La girdff} , dit Belon , fe couche le ventre contre terre , 6c a une callofité au fternum & aux cuilTes comme le chameau. Le nom de giraffe tû formé de l'Arabe girnafa ou ^urnûfa, h?L giraffe eil propre à l'ancien Continent, 6c ne s'cfl: jamais répandue dans les pays du Nord, ni même da.ns les régions tempérées. Elle ne fe trouve que dans les déferts de rAbyiîinie, de l'Ethiopie, & de quel- ques autres Provinces de l'Afrique Méridionale & des Indes. C'efl un animal doux à gouverner. Plufieurs Qq 2 €ii C A M empereurs Romains ont orné leurs triomphes de quel- ques-uns de ces animaux. On les montroit aufli en fpe£lacle. Nous avons vu une girafe au Jardin bota- nique de Leyde. On obferve que la Nature , pour donner des preuves de Ion immenfe & riche fécondité , a placé aiiiîi dans les mêmes climats brùlans de l'an- cien Monde , des animaux dont elle a varié d'une ma- nière toute iinguliere les formes. Il fuffit de jeter un coup d'œil fur les chameaux , les éléphans , les rhi- nocéros , &c. Nous venons de voir que la girafe eft remarquable par la hauteur démefurée de fes jambes de devant ; la gerboife offre la même difproportion ^ mais c'eft dans les jambes de derrière. La gerboife , quoique avec quatre piecfs , paroît, dit M. Sonnini.^ s'éloigner un peu de la claiTe des Quadrupèdes , pour prendre quelque empreinte de celle des Oifeaux. Placée fur le premier échelon du paffage de l'une à l'autre , elle conftitue la première dégradation des quadrupèdes y &: commence la nuance de ceux-ci aux oifeaux. CAMELINE 5 Myagrum. Nom d'un genre de plan* tes à fleurs polypétaiées , de la famille des Crucifères, & qui comprend des herbes dont les feuilles font alternes , 6i les fleurs jaunes difpofées en grappes ou en panicules terminais ; il y a fix étamines , dont deux font plus courtes que les quatre autres. Le fruit tfl une filique courte , non comprimée , ovale ou pyriforme , ou pyramidale , fouvent articulée , ou an- 2;uleufe , & qui contient une ou plufieurs femences. M, le Chevalier de la Marck les divife ainfi qu'il fuit: Camelines à filique articulée, îl y a : La camdïne vivace , Myagrum perenne, Lînn.; Rapiftrum monofpermum ^ J. Bauh. 95 , Tourn. 211 ; cette efpece fe trouve dans l'Alface , la SuifTe & l'Al- lemagne, La çameline ridée , de l'Europe Aiiftrale -^ C A M 6ii Myagnim rugofum , Linn. ; elle efl annuelle. La came- Une du Levant , Myagrum Orientale. , Linn. Celles d'Efpagne & d'Egypte. Camelines à Jilîque non articulée. Il y a : La camdine perfoliée , Myagrum perfollatum, Linn.; Myagrum monofpermumlatifolium^Qj, Bauh. Pin. 109 ; cette efpece fe trouve dans les champs en France ^ dans la Suifle. La cameline cultivée , ou féfame jd' Allemagne , Myagrum fativum ^ Linn. 894; Alyjfon Jegetum , foliis auriculatis acutis , Tourn. 217; cette efpece , qui ell annuelle , ne s'élève guère plus haut que le lin , & on la feme de même en Flandres , pour exprimer l'huile de fa graine , huile que l'on vend improprement fous le nom de celle de camomille. Cette cameline n'ell pas rare aux environs de Paris , dans les feigles , les orges & les avoines. Sa tige e^ droite , cylindrique & rameufe vers fon fommet. Elle porte des fleurs jaunâtres , en croix , qui donnent des fruits ou petites filiques en forme de poire , dans lef- quelles font des fe menées triangulaires , jaunâtres , d'un goût approchant de celui de l'ail , dont les petits oifeaux font très-friands. Sa tige efl garnie de feuilles longuettes , pointues , un peu velues , vertes , molles , à dentelures petites & dînantes ', elles embralTent par leur bafe la tige , de façon que les deux côtés repréfen- tent deux appendices ou oreilles. Cette cameline croît aufîi aux lieux montagneux. L'huile qu'on en retire efl très-propre pour adoucir la peau , &: pour la lampe, La cameline paniculée ; cette efpece fe trouve fur les bords des champs en Europe. La cameline à filiques en bec d'oifeau ; cette efpece fe trouve en Syrie , à Sumatra , & en Autriche. La cameline à feuilles de pifTenlit , Cramhe O rient alis , dentis Uonis folio , eruca- ginis facie , Tourn. Cor. 41; cette efpece croît -dans le Levant. La camdine k filiques verruqueufes ^ d'E-^ gypte j Bunias uEgyptiaca , Linn, La cameline à filiques Qq i 6î4 C A M en petites maiTes , vulgairement la majje au Bedeau^ Voyez Roquau fauvagz des champs. La camel'mc é^i-' neule , du Levant , Bunias Jp'mofa , Linn. La camzlïne cornue , du Levant , Burfa pajlorïs Oruntalis , drahiZ folïis ^ filïquïs cornutis , Tourn. Cor. 15. La camdïne. de Mahon , Bunias Bakarica , Linn. Celle des Pyre- ni^s,^ Sïfymbnum Pyrcnaïcum , Linn. ; on en trouve aufîi des variétés dans les montagnes de PAuvergne & de la Suilîé. La cameline naine, Myagrum pumilum. La camclïnc aquatique , Sijymhrïum aquaticum , raphani ^ folio ^ fdiquâ brevion ^ Tourn. 226; cette eîpece croît, ainii que fa variété , Raphanus fylvejiris ojjîcinarwn aquadcus , Lob. le. 319, lur le bord des eaux. La cami-' Une des marais , Raphanus Jive Sifymbrium aquaticum , foliis in profundas laànias divijis , Jiliquâ bnviorl , Tourn. 226, Bauh. Prodr. 38. CAMERIEÎi , Canuraria. Nom d^un genre de plantes à fleurs monopétalées , de la famille des Apocins , qui a des rapports avec les frangipanicrs , &: qui com- prend des arbres & arbrilleaux propres à l'Amérique Méridionale : les fruits font foliiculaires , lancéolés , univalves. Il y a : Le camcricr à feuilles larges ; celui à feuilles linéaires ; & celui à fleurs jaunes. CAMîCKl ou Akhima. Voyei Kamichi. CAiviOMILLE , Chamœmelum. Anthémis , Linn. Nom d'un genre de plantes à fleurs conjointes , de la divifion des Ccmvofies-radiêcs , & qui comprend àes herbes annuelles ou vivaces, dont les feuilles font alternes &: ordinairement très - découpées. La fleur a un calice commun , hémifphérique , imbriqué d'écaillés linéaires , ferrées ; elle efl: compofée de fleurons her- maphrodites , tubulés , à cinq dents , placés dans le difque de la fleur , & de demi-ileurons femelles qui forment fa couronne. Le fruit confiffe en plufieurs petites femences oblongues , nues , fituées fur le récep- tacle commun , & environnées par le calice de la fleur. C A M 6i à Monte- Video , près de Buenos-Ayres. De la même fous-diviiion font encore : La campa-- mile pyi'amidale , Campanida pyramidalïs ^ Linn. 232; elle eii bifannuelle. Selon M. Scopoli , cette très-belle efpece croit naturellement dans la Carniole ; elle efl employée comme ornement dans les jardins , fur les terraffes , &:c. Elle pouffe plufieurs tiges très-droites y effilées , fimples , glabres , hautes de quatre ou cinq pieds , & feuillées dans toute leur longueur ; ( les tiges vigoureufes pouiTent des rameaux latéraux ; ) les feuilles font vertes , glabres 6c crénelées ; les radicales font cordiformes ôc ont de longs pétioles ; celles de la tige font ovales-lancéolées , & à pétioles bien moins longs ; les fleurs font bleues , quelquefois blanches , &: vien- nent plufieurs enfemjDle , par bouquets latéraux & terminaux , fur des péduncules courts , 6l forment dans la partie fupérieure de chaque tige , un long épi pyramidal d'un afped fort agréable. La campanule à fleurs planes, Trachelium Americanum minus ^ flore cceruleo. patulo , Dodart ; an Campanula Americana , Linn. ? La campanule à longs flyles , de la Sibérie & de la Tar- tarie. La campanule a feuilles de périploque ; elle fe trouve dans la Sibérie , ainfi que celle à feuilles de lis , & que l'efpece dite campanule gentianoïde ; les fleurs de cette dernière font très-grandes , & d'un bleu magnifique. La campanule à feuilles rhomboïdaUs , des pâturages fecs &: montueux du Dauphiné , de la Provence , de la Suiile 6c de l'Italie, La campanule C A M 621 'S^Alph ; elle croît en Italie , près de Baffano , dans des lieux couverts & humides. La campanuU à feuilles crépues , Campanula Or'untalïs ^ folioriim crcnis amplio^ rihus & crijpis ^ flore patulo ^ Tourn. Cor. 3. Ce Botaniile l'a obfervée dans l'Arménie. La campanule de l'Iile de Bourbon ; fes feuilles reffemblent prefque à celles de Vyiicca, La campanule verticillée , de la Tartarie Orientale. Campanules a faùlhs rudes au toucher; les Jinus du calice non réfléchis. Il y a : La campanule à feuilles larges; elle croît dans les endroits montiieux & couverts de la SuiiTe ^ de la Suéde & de l'Angleterre. La campanule gantelée , ou Gant de Notre-Dame^ Campanula vulgatior ^ foliis urticœ ; yd major & afperior^ C. B. Pin. 94 ; Trachelïum majus Jive Cervicaria y Merc. Bot. i , 73 ; Campanula tra- chelïum ^ Linn. 235. C'eil une plante dont la racine eil vivace , allez groffe , longue , branchue , blanche , & d'un goût aufîi agréable que celui de la raiponce : elle poulie plulieurs tiges à la hauteur de deux pieds ^ cannelées , droites , rougeâtres ôc velues, ^ts feuilles font difpofées alternativement le long des tiges , char- gées de poils courts , & allez femblables à celles de l'ortie commune : les fleurs font bleues ou violettes ou blanches , axillaires , &: contenant un pillil dont le Higmate ell divifé en trois pièces, & cinq étamines attachées à autant de petites lames qui ferment le fond de la corolle. Aux fleurs fuccede un fruit membraneux placé fous le calice , divifé en plufieurs loges trouées latéralement , & qui renferment beaucoup de femences menues , luifantes & roulTâtres. Cette plante contient un fuc laiteux, qui la rend aflringente & déterfive. Elle croît fréquemment dans les bois taillis , dans les haies , dans les prés , &c. en Europe. Elle fleurit en été , & fa graine mûrit vers l'automne. On la cultive dgns quelques jardins poti^gers, à caufe de fes. jeunes <5i2 C A M racines que l'on mange dans les faïades au commen<- cernent du printemps : mais les Curieux ont trouvé Tart de faire porter à celte plante de belles fleurs doubles blanches , doubles bleues , même triples Se quadruples. Une expérience de M. Marchand , rap- portée dans les volumes de V Académie Royale des Sciences^ nous apprend que ii l'on coupe une racine de campanule par tranches de l'épaifleur de trois ou quatre lignes , chacune de ces rouelles mife Séparé- ment en terre , produit une plante de la même elpece. Nous devons convenir ici que , long-temps avant la découverte de M. Marchand^ les Fleuriiles d'Angle- terre, de Hollande & de Flandres , ne connoifToient pas de meilleure m.éthode pour multiplier leurs belles fleurs à racine tubereufe ; méthode qu'ils continuent toujours de fuivre avec fuccès , & qui prouve alfez ce que peut l'induftrie pour arracher les iecrets de la Nature. La campanule rapunculoïde ; cette elpece fe trouve dans les lieux iecs & fur le bord des vignes, en France , dans la SuifTe & en Autriche. La campanule en longs épis , terminaux ; elle croît aux environs de Bologne & dans la Carniole. La campanule à feuilles de chiendent , Campanula gramànifolla , Linn. ; elle fe trouve fur les montagnes , en Italie. La campanule k fleurs ram.affées en tête , Cainpamda glomerata , Linn. ; elle croît dans les lieux fecs & montagneux de l'Eu- rope. La campanvle de roche , Campanula petrœa , Linn. ; cette efpece ie trouve en Italie , fur le Mont Baldo, parmi les rochers. La cam.panule cervlcairc , Flor. Franc. , Campanula ccrvicaria , Linn. ; elle eil toute hcrifiée de poils blancs qui la rendent rude au toucher; les fleurs font bleues , ramaflces en tête , en partie terminales & en partie axiilcures : cette efpece croît dans les bois , & les endroits pierreux des montagnes de l'Europe. La campamde à fleurs enthyrle , Cam.panula thyrfoidcs , Linn. ; Campamda Alpïna , echioïdes pyra- midatay Tourn. 109 : cette eîpece croît àms les C A M 615 montagnes de la Provence , de la SuiiTe , de rAutnche & de la Carniole; elle eil: hérillee comme la précé- dente, mais fes fleurs font d'un blanc-jaunâtre, nom- breufes & dllpcfées en épi denfe , ferré , cylindrique ou pyramidal , terminal , & long de quatre ou cinq pouces. La campanuU lamigÏTieuJl , de Tartarle , Cam^ panula lanuginofa , Hort. Reg. , Bauh. Pin. 94 , Tourn. j 10 : il y en a une eil^ece toute tomenteufe, & dont les feuilles radicales font fpatulées, Tourn. Cor. 3 . La campanule à feuilles argentées , de l'Arménie , Campanula Orientalïs , JaxatUls , a^genteo leucoii folio , Tourn. Cor. 3. La canipamiU à feuilles de calament, CampanuLi faxatilïs , foins inferïorïhus bdlidis , cœteris nummularl(Z fubliiifutis ^ crenatis ac veludrugojis , Tourn. Cor. 3. Tourn fort a trouvé cette efpece dans l'ifle de Naxe , dans l'Archipel. La campanule érlm , Fl. Fr. , Campanula erinus , Linn. ; Campanula minor annua , fcliis incifis , Tourn. i i 1 : ct^tte efpece fe trouve dans les parties Auftrales de la France , de l'Efpagne & en Italie. La campanule irincïde , d'Afrique , Campanula erinoïdes , Linn. La campanule hifpide _, du Cap de Bonne-Efpérance , Fl. Franc. Campanules dont le calice efl à flnus réfléchis. Il y a : La campanule naine ^ des Alpes. La campawil^ CL tig: fourchue , de la Sicile & du Levant. La camp.muk à grolfes fleurs , Campanula médium , Linn. ; 6* hortenfis folio & flore oblcngo , Bauh. Pin. 94 ; Fiola mariana , Dod. Pempt. 163 ; cette efpece croit dans les lieux arides de la Provence , de l'Italie ^z de l'Ailemagne. La campanule à corolle blanchâtre , marquée de points pour- pres à rintérieur ; elle croît dans la Sibérie. Celle dont la corolle , d'un bleu pâle , eft prefque en baffin ; elle fe trouve dans Tlfle de Candie, ainii que l'eipece à corolle tubuleufe. Celle à corolle b-irbue à l'intérieur, Campanula fVis echii , fl'-tribus villcfls , Bauh. Pin. 94 , Tourn. iio; cette eloece croît dans les montaî?,nes «14 C A M du Dauphiné , de la Sulffe , du Piémont & de l'Au- triche ; il y en a une petite efpece lanugineufe dans les Alpes. La campanule, à fleurs en épi lâche ^ du Valais, Campanula Alpma , altïjjima hirfuta , parvo flore , Tourn. 1 1 0. La campanule à feuilles de pâquerette ; elle fe trouve dans l'Ifle de Candie , parmi les rochers & les pierres. Celle à capfules triloculaires , de Sibérie. Celle à feuilles de violette , de Sibérie. La campanule hétérophylle , des rochers de l'Archipel. Celle à feuilles à trois dents , du Levant. Celle à petites fleurs , mais très-nombreufes , du Levant. Celle dont les feuilles font en lyre , de la Grèce. La campanule , de Syrie , Campanula jiricia y Linn. Elle fe trouve aufîi dans la Paleffine. Campanules à capfules columniformes ou prifmatiques. Il y a : La campanule à tige Ugneufe , du Cap de Bonne-Efpérance 5 Campanula fruticofa ^ Linn. La campanule doucette , délignée par Bradley , dans fon Calendrier des Jardiniers , fous le nom de Miroir de Vènus^Campanulafpeculum{^ ,Linn. 2.38; Campanula arvenfis erecla ^ Tourn. m , Bauh. Pin. 215. Cette efpece , qui eft annuelle , fe trouve dans les champs parmi les blés ; fes fleurs font d'un pourpre- violet , folitaires & terminales ; la corolle ell plane , en roue , & en fe fermant le foir , elle forme un pentagone dont les angles font minces & tranchans. La campanule bâtarde des champs , Campanula hy brida , Linn. , eil une variété de la précédente , ainfi que la campanule pentagone , de Thrace. La campanule à feuilles de limonium , du Levant. La campanule perfoliée , de la Virginie ; fes feuilles font cordiformcs àl amplexicaules. Enfin , M. Linnœus fils , cite plufieurs autres cfpeces de campanules moins connues ; les unes du Cap de Bonne-Efpcrancc , les autres de Madère ^ de l'Arabie. CAMPHRE , Camphora. C'efl une réfme végétale , blanche , tranfparente , friable , légère , concrète , très- volatile , C A M 6ï^ Volatile , éthérée , fort odorante , furnageant à l'eau , & y brCilant , d'ailleurs inflammable à la manière des huiles eilentielles , liquéfiable par le moyen du feu , dillbluble dans l'efprit de vin , cependant différente des huiles 6c des réfmes par pluiieur.> propriétés eifen- tielles qui lui font particulières. Cette fubftance eu d'un goût acre , amer , échauir'.-int beaucoup la bou- che , 6c fi combuftible , qu'elle brûle entier ment far l'eau ; propriété qui la tait employer dans la matière des feux d'artifice. On prétend que le camphre ctoit aufii un des principaux ingrédkns àwfzu g-égeois , dont on faifoit aiul'efois tant d'ufage. On en mêle auffi dans quelques compofitions de vernis , particulièrement dans celui qui eu defliné à imiter le vieux laque. On dit que dans les Cours des Princes Orientaux , on le brûle avec de la cire pour éclairer pendant la nuit. Le camphre des boutiques dccoule du tronc 6c des grofies branches d'un arbre qui croît abondamment dans la partie Occidentale du Japon 6c dans les liles voi- fmes , Camphor'ifcra arbor , ex quâ camphora officinarum , Kermann. Catalog. ; Arbor camphorfcra Japorâca , foUls laurlnïs ^ fruttu parvo glolojo ^ calice brevïjfuno ^ Breyn. Cent. la. Cet arbre, qui eft une véritable elbece de laurier, s'appelle dans le pays caphura^ 6c en lang'.e Malaie , capu- & cafur ; il égale en hauteur les tilleuls 6c le chêne. Etant jeune , fon tronc e^ rond , revcîu d'une écorce lifie & verdâtre ; devenu vieux , il ell raboteux, & fon écorce efl couverte de boffes. Son bois , ainfi que celui àes racines , ell d'un tilïïi peu ferré , d'abord blanc , enfuite rougeâtre , panaché comme le bois de noyer , 6c d'une odeur forte 6c aromatique : on en fait plufieurs ouvrages. Ses feuilles, femblables à celles du laurier, font petites à propoition de fa grandeur ; étant froiiiées , elles ont une odeur de camphre^ de même que tout le relie de l'arbre. Des aiffclles de ces feuilles , s'élève un pédicule long de deux pouces, portant plufieurs petites fleurs !)lanches. Tome IL R r 6x6 C A M en forme de tuyau , à neuf étamines garnies de fommets ëc d'un piflil tendre. A ces fleurs fuccedent des baies de couleur pourpre , brillantes , ligneufes , de la grof- feur d'un pois , portées chacune fur un calice très- court , 6l d'une faveur tenant du girofle &: du camphre , renfermant une amande blanchâtre , huileufe , couverte d'une peau noire , fe féparant en deux lobes. Le camphrier de Bornéo & de Sumatra s'appelle i'/^ii; Arhor camphorïfera Sumatrana , Grimm. Raii Hifi:. ; 6* follis carycphyllï aromatici longiiis mucronalis , frucfu majore oblongo , calice amplijfuno ^ tulipœ fie^iiram qiwdam" modh rcprefentarzte , Breyn. Il eft plus petit ; fongueux comme le fureau , ayant des nœuds comme le rol'eau , & des fruits de la grofîeur d'une aveline , que l'on confît pour en faire ufage contre le m.auvais air. Cet arbre contient très-peu de camphre ; il s'y trouve en petites larmes concrètes ; &: il fufHt de réduire le bois en petits morceaux comme des allumettes , & de les froiffer , pour le retirer au moyen d'un crible. Il parvient très-peu de camphre de Bornéo en Europe ; il efl réfervé pour les Grands du Pays : celui du Japon eil moins eflimé au Japon même , puil'que les Com- merçans de cette Contrée donnent depuis loo livres jufqu'à 600 livres pefant du leur , pour en avoir feulement une livre de celui de Bornéo ou de celui de Sumatra près Barras. Le camphre elt diiperfé fur toutes les parties de l'arbre caphur. Kœmpfer dit que dans les Provinces de Satfuma & de Goteo , les payfans coupent la racine & le bois du camphrier par petits morceaux ; ils les font bouillir avec de l'eau dans un pot de fer fait en veflie , fur lequel ils placent une forte de grand cha- piteau argileux , pointu , & rempli de chaume ou de natte : le camphre fe fublime com.me de la fuie blanche ; ils le détachent en fecouant le chapiteau , & ils en font des mafles friables , grenelées , jaunâtres ou bifes comme de la caiioiiadej remplies d'impuretés : telle eft l'ef- C A M 6ij pece de camphre, mie les Hollandois nous apportent des Indes. Ils ont leuls Part de le raffiner en grand ; & quoique Poma , Létnery - ferve dans les pains de fel ammoniac fublimé , ne favo- rifoit pas l'idée de la feule fufion. Ainfi je me perfuadai que le camphre purifié étoit fublimé. De retour à Paris , je voulus m'affi,irer fi mon foupçon étoit fondé , & j 'ai fait à ce fùjet plufieurs expériences fur divers camphres bruts , tant du Japon que de Bornéo , &c. De ce travail , dont j'ai rendu compte eh 1761 à l'Académie Royale des Sciences ^ U Rr a 6ii C A M réililte : i .^ Que l'axiome adopté le plus généralement y que le camphre chauffé au degré à^ l'eau bouillante , éc même au-deiTus , ne peut lé fiiblimer fans fe dé- compcfer , doit fouffrir quelque exception : 2.^ Que pour parvenir à la fublimaticn du camphre ( qui eft fa puriiication ) , le feu doit être gradué & alTez violent: 3.'^ Que l'ufage d'un vafe de verre vert convient moins pour cette opération que le verre blanchâtre, & que ces vafes ou bouteilles de verre n'ont point leur fond intérieur convexe , ainfi qu'on le difoit ; il eft au con- traire très-plat : 4.^ Que l'ufage des couvercles efl de faire la fondion d'un réverbère qui, confervant & réflé- chifTant la chaleur , accélère la fufion du camphre , étant nécefTaire à fa purification & à fa fublimàtion : 5.° Que le contad: de l'air extérieur bien ménagé , contribue à faciliter l'opération ; le truite ou le tre- zalé qu'on obferve fur les parties extérieures des pains de camphre , ne provient que d'un refroidillément fubit ou très-prompt à l'inflant où l'on retire les bouteilles du bain de fable encore chaud , & qu'on les expofe à l'air libre ; alors on entend un cliquetis qui produit des lignes ou des raies en tout fens , comme le feroit un coup de marteau fur un morceau de criflal ou d'eau convertie en glace : 6.° Que le camphre bru.t du Japon ne perd que peu ou point de fon poids étant mis feul fur le feu dans un vafe fublimatcire ; mais qu'étant mêlé avec le même camphre purifié , il déchet d'un feptieme : le camphre purifié au contraire , étant mis feul à fublimer , ne diminue point ; tandis que le camphre brut de Bornéo perd un vingtième de fon poids : 7.^ Que la partie du pain de camphre qui touche immédiatement à la pointe du bouchon ( qui eft fait de coton ) , au bas intérieur du goulet de la bouteille , &: même l'incrufle , efl commiunément poreufe , fans confifîance & d'un ^ris-rouffâtre : pour obtenir ces pains , on cafTe les bouteilles à l'aide d'un petit marteau , enfuite on prend v^n inflrument de fer dont la partie tranchante C A M 629 tû c?.mbrée , on pare les fuperiicles de chaque pain , notamment celles du cote du verre ; &c pour parvenir à retirer tout le coton ^ on en arrache une partie au moyen des doigts , &: l'on en obtient le reile en tail- lant 61 perçant la maile de part en part avec le même indrument de fer , de manière à faire un trou qui y refte , & qu'on obferve au centre des pains de camphre : 8." Enfin, que la manière de purifier le camphre telle que je l'ai exécutée , n'ell: pas auffi compliquée que celle qu'on lit dans les Auteurs , & notamment dans la DiJJertanon de M. Jean- Frédéric Gronovlus , qui efl inférée dans la Matière Médicale de M. Geoffroy , & qu'il feroit peut-être difficile de répéter. Néanmoins toutes ces efpeces de camphre expofées à l'air ^ s'y font tota- lement difiipées à la longue, & m'ont entièrement convaincu que le camphre eft \\n(t fubflance toute par- ticulière 5 & qui a des caraderes qui la diilinguent de tous les autres corps du règne végétal. On retire auffi du camphre , du thim , du romarin , des lauriers , de Vaurone , de la lavande ^ de lâfauge, &c de prefque toutes les labiées ( Conliiltez Cartheuser ), même de i'écorce & de la racine du canncUer ^ des racines de :^êdoaire , de la menthe , du jonc odorant de l'Arabie & de Perfe. Voye^^ ces mots. Le camphre eil calmant, fédatif , antiputride & réfo- hitif : il réufîit merveilleufement dans les afredions du genre nerveux ; il eft aufîi d\m très-grand fecours dans les maladies contagieufes & inflammatoires du bétail ; il eil, félon M. Bourgeois ^ très-recommandable dans les fièvres mialignes &: putrides , accompagnées de délire & d'infomnie ; on en donne deux grains avec vingt grains de nitre de trois heures en trois heures , avec le plus grand fuccès , dans une once d'eau de tilleul. Quelques perfonnes prétendent que le camphre détruit les feux de l'amour; & l'on dit même que fon odeur rend les hommes impuiffans ( Camphora per nares cûjhat edore marcs ) j mais il efl certain que les gens qui tia* tS'^o C A M Vaillent continuellement fur le camphre , n'ont jamais rien éprouvé de iemblable. Il n'en efl pas moins vrai entièrement à l'air. Il imprègne donc l'air facilement c fa propre fubfiance. Si l'on jette du camphre dans un balîin fur de l'eau-de-vie , qu'on les faiTc bouillir jufqua leur entière évaporation dans quelque lieu étroit & bien fermé, èc qu'on y entre enfuite avec un flambeau allume , tout cet air rentermé prend feu fp" le champ , &: paroît comme un éclair , fans inconiinodet- les ipettateurs ni endommager le bâtiment. CAMPHR EE de Montpellier , Camphorata Monf- pelienfis , J. B. ; & hiijiita , C. B. Pin. 486 ; Cam- phorofma Munjpséiaca ^ Linn. 178. Plante ou fous- arbrifTeau qui croît aux lieux fablonneux de TEfpagne , de la Tartarie , du Languedoc & de la Provence ; fa racine ell vivace & ligneufe ; fes tiges font nom- Breufes , un peu groffes , hautes d'un pied ou en- viron , ligneufes , cylindriques , rameufes , comme velues & blanchâtres , garnies de nœuds placés alter- nativement , de chacun defquels fortent beaucoup de pentes feuiU.es étroites , un peu rudes & velues , en- taflees & médiocrement roides, d'une odeur aroma- tique , & qui approche un peu du camphre lorfqu'on les frotte entre les doigts , d'une faveur un peu acre. Cette plante fleurit au mois d'Août & de Septembre ; fa fleur eil un petit vafe herbeux fans pétales ; elle a quatre étamines garnies de fommets de couleur de rofe ; le calice eft perfiflant , échancré en quatre parties ; le "fruit efl une capfule environnée par le calice , & qui contient une petite graine noire , liu- fante & arrondie. L'd camphrée eu vulnéraire , apéritive, céphalique , fudorifiqiîe , & elle excite les règles : elle eft fort en ufage à Montpellier pour les hydropifies ; on la prend en C A M C A N ^31 guife de thé : 'A faut la faire infufer avec précaution. On en met une demi-once fur une pinte d'eau ou de vin blanc ; on choifit les brins les plus tendres , les plus déliés comme étant le« plus aromatiques , & on rejette le reile. Cette plante eft d'autant meilleure , qu'elle eft plus récente; cependant elle fe conferve très-bien une année entière. On l'emploie encore avec les plus grands fuccès dans l'ailhme, fur-tout fi l'on joint à cette tifane , qu'il faut prendre dans l'accès ou avant l'accès , cinq ou fix gouttes d'effence de vipère , & autant de laudanum, ' Linnœus fait mention de plufieurs autres camphrées % favoir , celle à feuilles aiguës^ de la Tartarie & d'Italie; celle à feuilles glabres , de la Suiffe ; celle à péduncuUs enjiformes & dilatés , de l'Arabie. M. Linnœus fils , cite une camphrée a paillettes , du Cap de Bonne-Ef- pérance. C AMPHUR. Sous ce nom , les Anciens ont défigné un animal d'Arabie & d'Ethiopie , une licorne terrejire , une efpece ^dne fauvage , portant une corne unique , pofée au milieu du front. Cet animal eft inconnu , ou mal décrit , & même fabuleux. On en peut dire autant du bréhis. Voyez ce mot. CAMPULOTE, Campulotus, Nom donné par M. Guettard aux tuyaux de mer en tire-bourre ou villebrequin ; les fpires en font plus ou moins régu- lières. CANADE , Gaflerofleus Canadus , Linn. Poifîbn du genre du Gaflré-^ on le trouve dans les mers de la Carohne. Selon Linnœus , ce poifîon a le corps oblong; la première nageoire dorfale eft garnie de huit rayons , tous épineux ; la féconde en a trente-trois ; les pec- torales en ont chacune deux ; les abdominales , fept ; celle de l'anus en a vingt-fix , dont aucun n'efl épi- neux ; cette nageoire eft comme échancrée ; celle de la queue eft à deux lobes , & garnie de vingt rayons, CANAL DE MER ou Pas. Foyzi Détroit. Oa Rr 4 6}î C A N dit Canal di Mofam bique , Canal de Bahama & Détroit de BabelniandeL Celui de Bahama ell dans le Nouveau Monde , le canal où Teaii de la mer a le plus de rapidité. CANANG, i/v^n^. Selon M. /^ Chevalier de la Marck, cei\ un genre de plantes à fleurs monopctalées , de la tamille des Aïones^ qui a beaucoup de rapports avec le coroflol , 6cq. 6c qui comprend des arbres 6c des arbrifllaux exotiques, dont les feuilles font fimples Se alternes ; les ëtamincs trcs-nombrcules ; il y a fix pétales : les fruits viennent en grand nombre enfemble de la même fleur , attachés à un réceptacle commun ; ils contiennent une à fix femcnces. Canang odorant, Cananga , Rumph. Amb.; Jrbor fanguifan^ Raj. Supp. Luz. 83. Les fleurs font verdâtresou jaunâtres, 6c ort une odeur forte, mais très-agréable; dans cette efpece , les pétales font prefque linéaires , très- pointus , 6c longs d'un pouce 6c demi. Cet arbre croît naturellement dans les Moluques , dans Tlfle de Java & à la Chine. On le cultive dans les bourgs , près des maif^^ns , à caufe de l'odeur agréable que répandent au loin fes fleurs. Les Indiens mettent fes fleurs dans leurs appartemens , dans leurs habits 6c dans la pommade dont ils fe fervent , afin de leur communiquer une bonne odeur. Canang aromatique , vulgairement poivre d'Ethiopie, Voyez ce mot. Ca'^X'NG farmenieux ^ des Indes Orientales, Uvarla Zeylanlca ^ Linn. ; N arum-panel ^ Rheed. Mal.; F unis mi/Jarlus ^ Rumph. Amb. C'elt un arbrlfîeau farmen- teux 6c grimpant; {^s fleurs, d'abord jaunes, devien- nent d'un rouge de fang , 6c font enduites d'un fuc vifqucux qui en découle ; les fruits font d'un jaune- rougcâtre , 6c d'un goût d'abricot ; fon écorce 6c fes feuilles font aromatiques. Canang monofperme , Cananga ouregou , Aublet. C'efi im arbre giû s'élève à cinquante pieds 6: phis, fur C A N 633 deux pîeds de diamètre ; il croît dans les grandes forêts de la Guiane ; fes plus grandes feuilles ont dix pouces de longueur, fur une largeur de trois pouces &;deini. Canang à feuilles Xorv^w^s^Uv aria long) folia^ Sonner. C'efl un arbre fort grand & très-droit , ce qui lui a fait donner le nom £ arbre de mature ; fes feuilles font longues de fept à huit pouces , larges d'un peu plus d'un pouce par leur bafe. M. Sonmrat a obfervé cet arbre à la Côte de Coromandel ; comme il donne beaucoup d'ombrage, on en fait des allées aux environs de Pondichery. Il y a encore quelques autres efpeces de canjuigs , mais peu connues. On diilingue cependant le canang à trois pétales, , àj^s Moluques ; & le canang du Japon , Uvaria Iiponica , Linn. ; Futo-kadfura , Jap. CANARD , Anas, Sous ce nom générique nous parlerons des canards tant fauvages que domeiliques , & des canards , foit de mer , foit de rivière , &c. On trouvera égalemefît dans cet article les oifeaux étran- gers qui ont des noms françois , tels que le canard di M.idagaf.:ar , le cana'd à crête noire , le canard dt Barbarie ou C-inm de Guinée , &c. Quant au C3/gne &: à l'oie que plufieurs Ornithclogiil:es aboient rangés fous le nom gcncriqiie précédent , nous en parlerons fépa- rément. Voyei^ chdcim de ces mots. Le caradcre du canard ell d'avoir quatre doigts , favoir trois antérieurs joints enfemble par des membranes entières , & le doigt poflérieur féparé ; le bec eil denticulé comme une lime , convexe en deffus , plane en deflbus , plus large qu'épais ; ( l'oie , au contraire , Ta plus épais que large , ) le bout du bec onguiculé & obtus ; û. ce bec varie de forme, ainfi que la couleur du plumage , fuivant l'efpece. Canards domejliques. Le Canard domestique , pi. enl. 776 , le mâle 777 P la faiiçlle; en latin, Anas domepca, çft ti'ès-^ 634 _ C A ÎJ privé , quoiqu'il vienne originairement d'œuf âe canard iauvage. Ces deux races font certainement de la même eipece , ilTues de la mêm^e fouche , & il naît de leur union un produit fécond. Le mâle de la race domeftique , & qui eft le canard proprement dit , ou le malard des Normands , efl un peu plus gros que la femelle , du volume d'une poule : Ion envergure a près de trois pieds ; il pefe depuis deux livres jufqu'à trois , & a toujours au-defîlis du croupion quelques plumes frifées ou retournées en rond. Les couleurs de fon plumage font belles , ordi- nairement brillantes & variées ; la tête , la gorge , & environ la première moitié du cou font d'un v^rt brillant , changeant en violet : au-delTous de cette couleur efl une zone étroite qui forme un collier blanc ; le bas du devant du cou & la poitrine font d'un mar- ron très-foncé ; la partie fupérieure du corps eil rayée en zigzag de gris-blanc & de cendré-brun ; le crou- pion eft d'un noir changeant en vert foncé ; l'aile traverfée par une large bande d'un violet chatoyant le vert-doré ; au deffus eft une bande blanche , mais bien plus étroite. La femelle , appelée canne ou boure , eil communément grifâtre , variée de brun. Les plumes principales des ailes font au nombre de vingt-quatre ; outre que les fix premières varient plus ou moins en couleur , elles font encore recouvertes d'autres plumes plus courtes : la queue efl ccmpofée de vingt plumes , & efl pointue à l'extrémité ; les quatre du milieu font d'un noir-verdâtre , &: recourbées en demi- cercle vers la partie fupérieure ; les latérales font d'un gris-brun, bordées de blanc. Le canard a les jambes plus courtes que le corps, & un bec d'un jaune-vert, (rougeâtre chez la femelle , ) large , terminé par une efpece de croc ou de clou : la couleur des pattes ou doigts qui font unis par une membrane , ainfi que celle des jambes, efl orangée ; les ongles des trois doigts antérieurs noi- râtres y 6c celui du doigt poftérieur rougeâtre : fér ^ _C A N ^ 635 ïnarche paroît gênée ; il s'élève peu ie terre pour voler. Telle eu. la couleur la plus commune chez les canards domeftiques , & la plus confiante dans l'efpece fauvage. Cet oifeau , devenu domeftlque , efl d'une grande refiburce à la campagne , & de peu de dépenfë : il vit & le multiplie au milieu de nos habitations ; il fe nourrit de racines , de plantes aquatiques , de vers &: d'autres infedes qu il trouve : on appelle ce canard le harhouux , parce qu'il fe vautre dans les lieux bourbeux , dans les ruiiTeaux , aux bords des étangs & des marais 011 il trempe fon bec pour y trouver fa nourriture. Il eft fi vorace & fi glouton qu'il fe met quelquefois en befogne pour avaler un pcifTon eu une grenouille entière ; mais fouvent il en efl étran- glé : il ne fe croit pas railafié , qu'il ne foit contraint de rejeter une partie de ce qu'il a^avalé. (On trouve à l'article oifmu , des détails curieux fur le fuc gaf- îrique & le ventricule mufculeux du canard. ) On doit être attentif à ce que les eaux 011 vont ces bipèdes nageurs , ne contiennent pas des fangfues qui font périr les jeunes , en s'attachant à leurs pieds. La canne. pond de deux en deux jours , & dépofe dix , quinze ou vingt œufs , aufîi gros que ceux des poules , aflez bons à manger , & qui ont la coquille un peu plus épaifie , d'une couleur blanchâtre , teinte de vert mêlé de bleu. Le jaune qu'on trouve dans ces œufs efl gros & rougeâtre ; un feul mâle fuffit à trois femelles qu'il s'approprie , qu'il conduit & protège ; l'incuba- tion eft de vingt-huit à trente jours. Les nouveaux nés portent le nom de bourets, La chair du canard efl plus ou moins eftimée : il y a des eftomacs qui la digefënt difficilement & qui la trouvent pefante. Le cri naturel ou le ramage ce cet oifeau exprime alTez bien can-cam ; d'où l'on pré- tend que l'on a formé fon nom de canard, 11 eil inutile de faire l'énumération de la variété 636 C A N ^ des canards domciîiques ; les variétés les plus frap- pantes , & qui s'éloignent le plus de la race primi- tive, font les canards à plumage tout blanc , ceux à bec courbé , Anas curviroftra ^ dont la livrée varie comme celle des canards ordinaires , & qui n'en différent que parce qu'ils ont le bec tors & courbé en bas ; ennn , les canards huppes , Anas domejlka cïrrhata , dont il y en a de différent plumage , de tout blancs , & dont l'attribut tfl une petite touffe de duvet en forme de huppe fur le fonimet de la tête. La mue des canards eil très-prompte , elle s'opère quelquefois en une feule nuit ; chez le mâle, c'eft sprès la pariade ; & chez la femelle , c'efl après la couvée : ceci paroit indiquer que la mue efl l'effet de répuifement , du moins pour ces oifeaux. Canards fauvagcs , {Anas fcra^. Ceux qui étudient les oifeaux reconnoiffent autant de difitrence entre les canards privés & les fauvages , qu'il y en a entre les oies domefliqucs & les fauvages. A l'égard à^'ô couleurs , nous avons àHi^xii celles qui font , en général , aufH confiantes clans les canards fauvages , qu'elles font communément variées dans les domeiliques. Entre les oifeaux défignés plus ou moins vérita- blement fous le nom de canards faiivagzs , les uns fré- quentent les eaux douces d'étangs , de lacs , & par- ticulièrement de rivières : ce qui les fait appeler oifeaux de. rivières : tels font le canard fauv âge ordinaire^ le canard a large bec & à ailes bigarrées , le canard à mciLches , le canard à qj^euc pointue en fer de pique , la farcclk , &c. Les autres femblent fe plaire davantage dans les eaux fnk'es ; auffi ne quittent-ils guère les lieux mariiîmes , parce qu'ils y trouvent leur principale Ecurriture : tels font Veidredon appelé improprement canard a duvet ^ la macrcufi ^ le canard eux yeux d'or y C A N <ÎÎ7 le canard a hec large èc arrondi en forme de bouclier, le canard crête, appelé morillon ^ le canard à quaic dliironddk , &:c. Canards de Rivières, Canard sauvage ordinaire , petit Canard DE RIVIERE A COLLIER : Bofchas , anas torquata minor^ aut Anas fylveflris vera. Cet oifeau a un grand rapport avec le canard privé ou domeftique ; il eil: de palîae^e & va par troupes pendant l'hiver; il commence à arriver à la mi-Odobre, dans nos contrées , par petites bandes , qui font bientôt fuivies de troupes plus nom- breufes ; ils viennent des régions les plus Septentrionales de l'Europe , telles que la Sibérie, la Laponie , le Spitzberg ; la troupe dans les airs eil difpofée en deux colonnes : celvii qui efl placé à la tête fend J^'air , c>C facilite le vol des deux colonnes qui le fuivenî ; fatigué , il va fe placer à la queue d'une colonne : celui qui étoit placé derrière lui , prend ia place, fend l'air le premier. Chacun à fon tour devient ainfi le condudeur. Les canards fauv âges pafTent la plus grande partie du jour fur les eaux , 4oin du rivage : ils s'y repofent, ôc on les voit fouvent la tête fous l'ime de leurs ailes , dans l'attitude d'un oifeau qui dort ; ils ne s'écartent des étangs qu'autant qu'on leur donne la chaffe , ou qu'ils font pourfuivis par des oifeaux de proie ; mais dès que le foleil efl couché , ils quit- tent les eaux pour aller pâturer dans les prairies oL les terres enfemencées; lorfque les eaux dormantes font gelées , ils le réfugient fur les eaux coulantes ; ii la terre eft couverte de neige , ils s'approchent àciis. lifieres des bois , & ils y cherchent des glands ; fi le froid devient trop rigoureux , ils s'éloignent pour pafîer en des contrées plus tempérées ; c:Q.Çi ordi- nairement de nuit qu'ils voyagent. Lorfque X^'^ froids foiit paiîés , ces canards partent , mais en petites bandes , quelquefois par couples , &: retour- 638 C A N nent dans leur climat natal , oii ils pafTent l'été pour y propager leur efpece en fureté dans les joncs 6c les roleaux des marais immenfes dont ces terres font cou- vertes. Il en relie toujours quelques-uns dans nos pays. C'eft au printemps que , parmi ces traîneurs , le mâle fuit la femelle ; alors ils marchent par paires ; le mâle paroît s'occuper du {(An de rechercher 6c de décou- vrir un lieu propre à pofer le nid ; c'efl ordinaire- ment une touffe de joncs ifolée au milieu d'un marais : la femelle lui donne la forme convenable, en arran- geant, en pliant 6c en coupant les joncs. Cependant on trouve aufïï quelquefois des nids fur des troncs d'arbres mutilés , & fur des amas de paille dans les terres labourées , même dans les bruyères ; la femelle garnit l'intérieur du nid du duvet qu'elle s'arrache , 6c elle ^n couvre les œufs toutes les fois qu'elle les quitte ; elle ne revient à fon nid qu'avec la précau- tion de s'abattre à cent pas au moins , & de le regagner en fuivant une route tortueufe ; la ponte ell depuis dix jufqu'à feize &: dix-huit œufs ; ils font d'un blanc- verdâtre; l'incubation ell de trente jours; pendant ce temps , le mâle veille près du nid , accompagne fa femelle à la picorée 6c la défend de la pourfuite des autres mâles ; le lendemain que les petits font nés , la mère defcend du nid , les appelle 6c les conduit à l'eau ; fi le nid eil trop élevé , elle les emporte , à fon bec , l'un après l'autre ; ils font long-temps couverts d'un duvet jaunâtre ; ils ne commencent gueres à voler qu'à trois mois. Les jeunes fe nomment canards liaU- hrands^ ou cannctofisfauvagzs , {aîiaticiùa^ ; la chair de ces canards efl trèî.-bonne , cependant m.oins délicate que celle du canard di rivière de la Louifiane , car l'efpece du canard fauvagz fe retrouve au Nord de l'Amérique. On compte aufïï dans l'efpece de canard fauvagd quelques variétés ; il y' a : Le grand canard fauvage ; on en trouve de noirs , de couleur de fuie y de gris , de tachetés. C A N 639 Il n'y a peut-être pas d'oifeaii plus diflicile à appro- cher , plus rufé , qui fe mélie davantage des pièges , que le canard faiiv âge ; ma*' s comme fa chair eft un manger très-eflimé , on a imaginé un grand nombre de moyens pour furprendre & s'emparer de ces oifeaux. On tue ces canards fauvages au fufil dans les grandes pièces d'eau ; on les y prend aufîi avec des hameçons amorcés àc attachés à une ficelle fixe ; d'autrefois on en prend , &Len très-grand nombre, par le moyen des canards domijliques , auxquels on a coupé les plumes du vol. On donne à ces canards privés , le nom de canards traîtres ou appdlans , parce que leur cri invite les canards fauvagcs à s'abattre , ëic. On appelle les pièces d'eau ou étangs , qu'on emploie à cet ufage , des canardiercs. Canard de rivière gobbe - mouche , Anas muf caria. Cet oii'eau eft ainfi nommé de l'efpece de nourriture qu'il attrape fur la furface des eaux ; en marchant il fufpend fes pas pour attraper les mouches , & la nuit il pouffe un cri femblable à ceUii d'un homme qui s'attrifre ; ce canard a les pieds jaunes , les -doigts &: la membrane jaune-noirâtre , le bec jaune '6c dentelé : fon plumage efl communément magnifique , de différentes couleurs , noir , vert clair mêlé de couleur de feu , blanc & de couleur de belette , confondues enfemble dans des endroits , réparées dans d'autres : c'efl un très-bel oifeau. La Canne mouche eff de cette efpece. Canard de rivière dit Sarcelle. Voycr^ ce mot. On donne encore ce nom quelquefois à un petit canard^ dont le plumage de la tête eff roux comme le poil du renard ou de la belette : il a beaucoup de reffemblance avec la far celle proprement dite. Quand il efl un peu roux , on l'appelle cajiard de rivière roux. Canard huppé jaune ou Canard de Marsilly , Anas crifiata Jlavefcens. Il a quelquefois un pied de iong j le bçç très-rouge ; le front élevé , garni de (?4o C A N plumes molles & d'un beau jaune, qui defcendent fiïf le bec ; le cou , la poitrine , la queue d'un gris-bleuâtre ; les jambes blanches , 6c les pieds d'un beau pourpre : quelques-uns l'appellent fircdle huppèz. Canard étoile , Anas jkllata. La fmgularité de ce canard ccxnlifie en ce que les yeux font environnés d'une tache ovale &: noire , placée très-haut , &: que fon dos efl conflamment couvert d'une étoile blan- che : quelques Ornithologilles rangent dans cette claffe le Canard blanc , Anas albdla : mais Klein penfe que ce n'eil qu'un plongeon du Rhin. Canard a tête rousse ou Canne Pénélope; c'eft le Millouin. Voyei ce mot. Canne petiere appelée improprement canard de pré de France , & par quelques-uns Canne pÉtrotte , Canne pÉtRACE , Anas campejlris & pratenfis GalUca. Cet oifeau eft particulier à la France ; il efl de la groffeur d'un failan , &; vit de graines , de fourmis , d'efcarbots , de petites mouches & du blé en vert : fa chair eft aufli délicate que celle du faifan : cet ani- m.al n'eft point un canard.^ &C nous croyons avec Belon ^ que c'eft une petite efpece d'outarde, ^oje^ a la fuite du mot Outarde. Le canard appelé SoucHET ou le RouGE ; c'eft le canard d' Amérique au grand bec , de Catcsby. Voyez SOUCHET. Oiseaux appelés par quelques-uns Canards de Mer. Le Canard Colin ou Grisard , ou Canard de Belon, Larus gavia major. Cet oifeau eft le goéland varié. Voyez cz mot. Canard a duvet ou a plumes molles , ou de Saînt-Cutbert , ou Canard de l'Isle de Farne &: d'Islande , Anas Farnenfis ^plumis mollijjîmis. Cet oifeau eft Yeidredon ou Veider des Danois , pi. enl. 209, le mâle ; 208 , la femelle ; c'eft l'o/g à duvet propre- ment dite, & dont le duvet chaud & léger eft appelé- Edredon C A N _ 641 '£Jredôn ou Eidcrdon , par les François , & par corrtio- tion aigUdon. Cet oifeau aquatique , du même genre que Voie , fe trouve au Nord des deux Continens ; ils ne différent que par quelques nuances du plumat^e ; nous ne parlerons que de Veidcr d'Europe. Veider n'eft pas fi gros que Voie commune ^ mais il eft plus grand que le canard vulgaire. Son envergure eft de deux pieds huit pouces ; fon bec efl court , le milieu en eft rouge, le bout noir, plus cyli»?driaue & plus pointu que dans nos canards domejîiques ^ & terminé par un crochet qui ne joint pas en cet endroit la mâchoire inférieure. Ce bec eil dentelé fur les côtés : il a dans le milieu deux trous oblongs qui fer- vent à la refpiration. On diilingue le mâle à la couleur du plumage : il a le fommet de la tête d'un noir de velours qui fe prolonge par le moyen de plumes très- courtes , en trois traits , dont un s'avance fur le milieu du bec 5 &: les deux latéraux fur fes côtés , jufque près des narines ; ce même noir s'étend fur le derrière de la tête , & y forme deux bandes féparées par une raie blanche &: étroite ; le derrière du cou eft d'un vert- pomme fort clair ; le ventre &: le milieu du croupion îbnt d'un beau noir ; les grandes couvertures des ailes font noirâtres , ainfi que les pennes de la queue ; le refte du plumage efl blanc ; la partie nue des jambes , les pieds , les doigts , leurs membranes &: les ongles font noirâtres. La femelle eft affez de la couleur du faifan bruyant ; elle a le ventre brun ; on l'appelle quelquefois faifan de mer. Dans cette forte d'oifeau uniquement , & tant mâles que femelles , Tellomac eft garni de plumes ou d'une forte de duvet très-doux , très-moëlieux , fort léger 5 fort chaud &: très-recherché pour les lits : ce duvet a encore un avantage très-précieux ^ c'efl qu'il a beaucoup d'élaflicité & eil très-durable ; en un mot , il l'emporte par tous ces avantages , fur tous les autres duvets. L'oifeau s'arrache ce duvet dans le temps Tome IL S s 641 C A N_ qu'il Couve les œufs; il en garnit l'intérieur de {on nid dans la vue de conferver une chaleur propre aux petits qui en doivent éclore. Son nid eu fait de moufle. Cet oifeau , que l'on regarde comme une efpece d'o/e, & qu'on appelle oie à duvet ^ Anfcr lanugincfus ; cet oifeau , dis-je , habite les lieux maritimes ; on voit des eiders , en Gothland , qui font leur nid au pied du genévrier dans les rochers , & y pondent ; on en trouve aufli dans les liles de Feroë , & particulière- ment dans les rochers de l'Iflande , ce qui le fait encore appeler canard d'IJlande ; auiîi les Iflandois ne par- viennent à ces nids qu'avec beaucoup de rifque , parce qu'il faut y defcendre avec des cordes. Ceux qui font voiiins des pays fablonneux de ces petites Ifl:s oii cette efpece d'oifeaux eft encore abondante , ne manquent pas atn rechercher beaucoup les nids immédiatement après le départ des petits , éc d'en ôter avec précau- tion ce tendre & précieux duvet ^ que nous appelons édredon : l'on a foin , fi la femelle efl encore fur fon nid , de l'éloigner fans l'efFrayer trop précipitamment; car alors elle lâche fa fiente fur le duvet , le falit , & il faut beaucoup de foins pour le nettoyer & le faire fécher fur des claies. Les plumes à duvet qu'on arra- che de ces oies , dans tout autre temps , ne font pas fi eftimées. Andcrfon dit , que non - feulement cet oifeau efl naturellement très - fécond , mais qu'on peut encore augmenter fa fécondité en plantant dans fon nid un bâton d'environ un pied de haut ; par ce moyen , dit-il , l'oifeau ne ceffe de pondre jufqu'à ce que fes ceufs aient couvert la pointe du bâton , & qu'il puifTe fe coucher defîiis pour les couver. Les Habitans de riflande ont long - temps pratiqué cette manœuvre pour avoir une plus grande quantité de ces œufs dont lé goût eft des plus e::quis ; mais ce moyen de faire produire à l'oifeau une ponte furabondante , aiFoiblit l'animal au point de le ;6u'e înourir. C A M §4^ M. Ênmiche y favant Danois, a donné, en 1763 , Une DifTertation avec iignres fur Veider : aujourd'hui les Wandois veillent avec un grand intérêt à la eonfer- vation & à la réprodudion de cet oifeau , à cauié dit profit qu'ils retirent des œufs & du duvet. Ils forment de petites îfles folitaires &: tranquilles , pour leur pro- curer une retraite agréable ; c'eil une propriété cer-* taine & confiante. Ils parviennent même à les rendre familiers au point que ces animaux s'établifTent autour de leur habitation. La femelle y conllruit fon nid , le tapiiie de fon duvet &i y pond cinq à fix œufs oblongs & d'un vert foncé. Ji on fe contente de retirer le nid avant le terme de l'incubation , la femelle , fans fe décourager , en conflruit un autre , fe dépouille encore une fois , garnit fon nid , fait u«e nouvelle ponte ( qui n'eii: plus que de trois œufs ) dont l'illandois profite. Si l'on retire encore ce nid , elle en confiruit un troifieme , & y pond ; mais le duvet de celui-ci efl fourni par le mâle. Le propriétaire éclairé fur {es intérêts , refpefte cette troifieme & dernière couvée , qui n'efî ordinairement que de deux œufs , bien fur que l'année fuivante la nouvelle famille y établira foa domicile , & fournira à fon tour une abondante ré- colte. Les petits eUers éclos & en campagne , on recueille le duvet de cette dernière couvée ; il efl blanc : c'efl celui du mâle. Celui de la femelle efl; gris & efl moins eflimé* Comme dans Tefpece de VeUer^ il y ^ P^^^s de mâles que de femelles , les premiers fe combattent avec acharnement dans le temps de la pariade* M. Bruniche dit que la femelle tranfporte les petits à la mer d'un vol doux , peu d'heures après leur naif- fance , les tenant placés fur fon dos ; dès-lors le mâle, qui avoit fait fcntinelle autour du nid pendant l'incubation , quitte fa famille , & les mères feules en prennent foin ; elles ne reviennent plus à terre , & le tiennent conflammcnt fur l'eau qu'elles battent juicefTamment pour faire monter du fond les infe£les S s 2, 644 . ^. ■^ ^ & les plus petits coquillages dont fe nournffent îer^ petits , qui ne peuvent encore plonger. Tous les petits eiders font couverts d'un duvet noirâtre , & les mâles ne prennent un plumage décidé qu'à trois ans ; le développement de celui des femelles efl moins lent , & elles font aufîi plutôt fécondes. Les eiders adultes pourfuivent avec beaucoup de vivacité le poifîbn , en plongeant très-profondément ; ils fe nourrifîent auffi de difFérens coquillages. On trouve de ces oifeaux juf- qu'au Spitzberg , 6c dans le point oppofé jufqu'aux Ifles Kerago & Kona , près des côtes d'Ecoffe. Le girfaut fournit auiïi un duvet fort fin , très-léger & très-chaud , que des Marchands vendent pour le véritable cdrcdon ; on le tire du cou , du ventre & de defibus les ailes. Veider fe trouve auffi dans le Canada ; car depuis quelque 'temps l'on nous envoie de ce pays une grande quantité d'^aigledon , c'efl-à-dire d^cdrcdon. Le véritable cdrcdon n'eft en ufage en France que depuis la fin du dix-feptieme fiecle. Canard a bec étroit de quelques-uns. C'eft le fou. Voyez ce mot» Canard de mer a crête noire , Anas marina crïjlata nigra. Cette forte de canard ^ qui n'habite que les rivages de la mer , eft regardée comme une efpece de petit plongeon ; fon corps eil: court , large , un peu aplati ; il a derrière la tête une crête qui pend de la longueur d'un pouce & demi : tout le ref(e de la partie fupérieure de fon corps efl: d'un brun - noi- râtre ; fon ventre eft blanc , &: il a fur les ailes une raie tranfverfale blanche ; fes doigts font longs. Canard de mer noir , Anas nigra. On en con- noît de deux efpeces , l'une grande , l'autre petite , qui eft la macrenfe^ Voyez ce mot. Le grand canard de mer noir , eft plus grand que le canard vulgaire. Le Canard tacheté de noir et de blanc , eft , félon Klein &c quelques autres Obfervateurs , un oifeau fort joli dont on connoît dçux efpeces ^ l'ime C A N 645 foiîs le nom de fargon , en latin clanguU , & l'autre €ft le qiiatti ocdii des Italiens , ou le garrot {^pUty- rhyncos mas , ) pi. enl. 482. Ces canards font plus petits que le canard ordinaire ; il fréquente nos étangs en hiver & fe retire au printemps vers le Nord. Il niche €n Suéde dans le creux des arbres. Le fargon a la tête d'un bleu-verdâtre &: d'un noir qui chatoie le pour- pre. Le quattr'occhi a une tache blanche fur les joues & proche du bec. A l'égard du canard quatre ailes , Voyei Quatre ailes. Grand Canard a large bec ou Canard des Allemands , Anas clypeata Gcrmanorum. C'efl un très-bel oifeau qu'on trouve dans toute l'étendue de la Suéde , du Groenland , de l'Iile de la mer Baltique &: notamment en Allemagne. Il efl plus petit que le ca- nard domefhque : il a la moitié de la tête , du cou , & des petites ailes , d'un beau bleu ; le milieu des grandes plumes eft d'un vert luifant ; le relie de la poitrine & du ventre eft rouge jufqu'au croupion , le deffous de l'anus eft noir. Ce canard femble être le même que le canard de V Amérique au large bec. Le canard arctique eft une efpece de mouette. Voyez ce mot. La canne de mer , ou la canne au collier blanc de Bdon y efl le crayant. Voyez ce mot» Autres CANARDS étrangers. Canard musqué, Anas mofchata^i^hnch. enl. 9^9- GroJJe Canne de Guinée^ de Belon , vulgairement Canard d'Inde^ Canard de Barbarie , Canne de Guinée ; par quel- ques-uns , Canne de Libye , Canne du Caire , Canard de Turquie^ Canard de Mofcovie. C'efï , félon Ray ^ la plus grande efpece de canard qui foit connue ; fa lon- gueur efl de deux pieds un pouce , & fon envergure de trois pieds m.oins un pouce. Les noms par lef quels on a coutume de défigner ce canard , ferablent indiquer qu'il ell originaire des côtes d'Afrique ^ cependant les Voya- Sf 3 64^ C A N geiirs n'en font pas mention ^ &: en le trouve en grand nombre dans les favannes noyées de la Guiane ; les Européens établis dans ces cantons , l'ont nommé canard ' franc ; 6c il efl probable que cet oifeau , fi répandu aujourd'hui en Europe , efl originaire de cette contrée de l'Amérique , & qu'il nous tut apporté du temps de Bc/cri, Il s'cfl habitué à notre clim.at , & perpétué dans les balles -cours oii il multiplie facile- ment. Les Seigneurs Suédois en ont toujours dans leurs ménageries , & ces canards ont pris à Dantzig , depuis long- temps , une efpece de droit de bcurgeoifie , tant îi y en a. Ils font feulement un peu moins gros que dans leur pays natal. Le plunjcge, deffus le corps, efl d'un noir luflré , à reflets partie verdâtres & partie rougeâtres ; fur les ailes une large bande tranfverfale blanche ; autour des yeux une peau nue 5 femée de papilles d'un rouge fort vif; elle couvre la plus grande partie des joues , s'étend derrière les yeuTc & forme une caroncule fur la racine du bec ; les plumes du fom>rnet de la tête 6c du haut du derrière du cou font prolongées, étroites, & un peu contournées ; elles forment une huppe ; le bec efl rouge , large , court , barré de bandes noirâtres ; la partie r^ue des jambes, les pieds, les doigts & leurs mem.branes font rouges , les ongles blanchâtres. La femelle de ce canard n'a point de huppe, & Ion plu- mage efl brun-noirâtre. Dans l'état de domefticité, quel- Cjues individus de cette efpece , font devenus entiè- rement blancs. Dans l'état de liberté , ces canards ni- chent fur le tronc des arbres qui tom^bent de vétufté; la mère tranfporte fes petits à Peau , en les prenant par le bec , à. fouvent ils fervent de pâture aux Caï- mans qui en détruifent un grand nombre. jilhiii clit que ce car.ard a la partie naturelle d'un pouce de groffeur fur quetre à cinq de longu^uir, ëc rouge comme du fang : fa voix efl rauque & ne fe fait entendre que quand il eft en colère \ Li femelle eu C A N 647 tïès-féconde & fait plufieurs pontes dans l'année. La chair du canard mufqué efl d'une odeur un peu muf- quée & d'un goût exquis. On prévient Pinçon vénient de l'odeur ou faveur mufquée , en coupant le croupion aufli-tôt qu'on a faigné le canard ; ce goût n'étant communiqué à la chair que par le reflux de l'humeur de certaines glandes fituées fur le croupion. On prétend que les canards de Kanahi , fur les Côtes Occidentales de l'Afrique, différent peu de la canne ou canard d'Inde : après s'être baignés , ils s'envolent fur le plus haut des arbres pour y prendre l'air &; s'y fécher. Canard de Ma-DAGASCAR^ Jnas Madag^fiarien/is. Cet oifeau eft d'une couleur des plus belles & des plus brillantes ; il eu plus grand que le canard pnvé; il vient ordinairement de Madagafcar dans les Indes Orientales : plufieurs Curieux en ont en Angleterre. Son bec & la poitrine font d'un brun-jaunâtre ; l'irïs des yeux d'un beau rouge ; le cou Sc la tête d'un vert fombre ; le dos d'un pourpre foncé mêlé de bleu ; les bords des plumes rouges ; les plumes longues des ailes font rouges aux bords. Canard de Bahama. royei Marec. Canard huppé de l'Amérique, Jnas crlfiata Amzrkana, On reconnoît cet oifeau à ion bec , rouge au milieu &: tacheté de noir à l'extrémité ; il a l'iris jaune , avec un cercle de pourpre ; deux plumes lon- gues , comme chevelues , &: bariolées de bleu , de vert & de pourpre , pendent de chaque côté de la tête qui eft d'une couleur violette ; la poitrine eil rouge , ponduée de blanc; le delTus des ailes de diverfes couleurs : cet oifeau porte au croupion deux plumes étroites , jaunes aux bords : fa queue eft bleue ôc pourprée ; {es pieds font bruns & rouges. Canard siffleur, Anas fiflularïs^ pi. enl. 815. C'eft le penru de la Baffe - Bretagne ; on l'appelle m^nard dc^os quelques-unes de nos Provinces. Ce carM,ri Ss 4 <548 C A N doit fon furnom à fon cri qui efl un fiiîlement aîgii ; il le fait entendre en volant , &c fe décelé par ce cri qu'il pouffe plus fréquemment lorfqu'il vole ôc qu'il voyage , & c'efî ordinairement de nuit. Ce canard arrive des contrées du Nord dans nos Provinces mari- times vers le mois de Novembre : alors le gris , chez les adultes , eft leur couleur dominante ; mais quand ils quittent notre climat , vers le mois de Mars , par un vent de Sud , ils ont pris leurs belles couleurs : la tête efl fauve clair , tachetée de noirâtre ; la gorge eft d'un gris -marron; le dos & le croupion offrent des raies en zigzags , blanches & noirâtres ; la poitrine & le ventre d'un beau blanc ; chaque aile offre deux larges bandes , l'une d'un noir de velours , l'autre d'un vert -doré ; les deux pennes du milieu de la queue , plus longues , pointues , & d'un cendré- bnm ; les latérales grifes & bordées de blanchâtre ; le bec eft d'un cendré-bleu en deffus , noirâtre en deffous ; l'onglet noir ; fes jambes , fes pieds , doigts & membranes , font de couleur de plomb , &: les ongles noirâtres. La femelle de ce canard a la poitrine & le ventre blancs ; le gris efl la couleur du reffe du plumage ; les plaques ou bandes qui traverfent l'aile font bien moins larges 6c leurs teintes bien moins vives. Le canard Jiffleur efl plus petit que le canard domef- tique ; on le retrouve à la Louifiane , fous le nom de canard gris. M. de Buffon croit que c'efl à cette efpece qu'on doit rapporter le vingeon des habitans de Saint- Domingue êc de Cayenne. On diftingue encore : Le canard Jiffîeur à bec noir , de la Jamaïque & de Saint- Domingue , /?/. cnL 814. Le canard Jifflcur à^ Cayenne , pL enl. 826, à bec rouge & narines jaunes. hQ canard Jiffieur huppé ; il eff un peu plus gros que le canard Jauvage : fa huppe eu élégante , compofée de plumes douces com.me de la foie , longues , effilées , & d'un rpux clair ; fon bec eft d'un beau rouge , ainfi que fes C A N 649 ïambes , fes pieds , fes doigts ; mais les membranes font noires. Brijjon ^ tom. VI. pag. 398. Canard de Nankin. Cet oifeau qui efl du genre de la farcelle , n'eft encore guère connu en France que par les relations des Voyageurs , & la defcription qu'en ont donnée MM. Edwards , Brijfon Sc Linnœiis, Nous allons le décrire d'après deux individus , l'un mâle & l'autre femelle , qui ont été apportés à Paris en 1773 , & dépofés parmi la Colledion de M. Mdu- duyt 5 Dodeur en Médecine. M. Edwards a donné une figure affez correde du mâle, tom, 11^ p. 101, pi. cii. On en voit un de ce fexe, au Cabinet de Chantilly. M. Brijjon n'a décrit non plus que le mâle , & n'en a parle que d'après MM. Edwards &c Linnœus, Il a nommé le canard de Nankin , la farcdU de la Chine , (/>/. enL 805 le mâle , 806 la femelle. ) Mais je préfère l'autre dénomination , parce que ce canard ne îe trouve pas dans toute l'étendue de la Chine , mais feulement dans la province de Nankin, & parce que les Voyageurs le connoiffent fous cette même déno- mination. Le mâle eft un peu plus gros que la femelle : il eft plus fort que noxxe farcelle commune , & d'un tiers moins gros que le canard de baile-cour. Les plumes qui couvrent fa tête & fon cou , font longues & étroites : celles qui s'étendent depuis la racine du bec en delTus , jufqu'au milieu de la tête , font d'un vert îuHré & foncé ; les iuivantes , qui deviennent beau- coup plus longues , jufqu'au derrière de la tête , font d'un pourpre luilré. Les plumes qui partent de l'oc- ciput , & qui font les plus longues de toutes , font d'un très-beau vert. Les plumes qui font fur les côtés, entre l'œil & la bafe du bec , font courtes & d'un marron clair : celles qui font au-deffus de l'œil, & en arrière jufqu'à l'occiput , font blanches. Les der- nières de ces plumes font très-longues , & fe mêlent parmi les plumes vertes qui n^lient de l'occiput. Il 6p C A N réf^alte de l'arrangement des plumes que je \îens de décrire , une huppe qui prend fon origine à la bafe du bec , dont la direction efl inclinée en arrière , 6c dont la pointe flottante tombe fur le milieu du cou. Cette huppe ed d'abord verte dans fon milieu , puis pourpre , enfuite verte , & blanche fur les côtés , avec un mélange de cette dernière couleur à l'origine des plumes vertes qui partent de l'occiput. Les plumes du cou font d'un marron foncé ; elles Ibnt longues ÔC étroites , &: forment comme un^ crinière , fi ce terme convient à un oifeau : celles qui lont en devant fur les côtés , font rayées , dans leur milieu , par un filet longitudinal d'un marron plus clair que le refle des plumes. Le bas du cou en devant , &: la poitrine fur les côtés , font pourpres. Le haut de la poitrine , dans {on milieu , le ventre tout entier & le deffous de la queue , font d'un très-beau blanc. Les plumes laté- rales du ventre , qui recouvrent l'aile quand elle eil fermée , font d'un marron clair , fiUonnées par des raies tranfverfales , noires , ondoyantes , 6c très-rappro- chces les unes des autres. L'extrémité des dernières de CQS plumes , eft traverfée par trois raies plus larges & plus fortement exprimées. La première efl noire , la féconde cfi blanche , &c la troifieme , qui eu la plus large 6c qui termine les plumes, efr noire. Entre le pli de l'aile & le cou , il y a quatre raies traniverfales fur chaque côté ; une blanche , enfuite une noire , puis une blanche 6c ime noire. Le dos efl brun ; mais quand les ailes font pliées , on n'en apperçoit que le haut. Les couvertures de la queue font de la même couleur que le dos. La queue efl grife , afTez longue 6c pointue ; mais elle efl couverte par quatre plumes longues qui partent du bas du croupion , qui la cachent 6l la font paroître d'un vert obfcur & changeant. Les petites plumes des ailes font d'un brun-gris : les grandes font de la même couleur à Uwx origine j mais Içur çùié extériçur fç nuance de C A N 651 blanc , qui devient d'autant plus vif, qu'on approche de l'extrémité de la plume. Cette même extrémité du côté intérieur , ed terminée par un vert ail'ez vif. Les plumes m.oyennes des ailes font nuancées de noir velouté , de blanc & de couleur d'acier poli. Ces nuances forment fur le milieu de l'aile , quatre larges raies longitudinales , deux blanches , & deux d'un noir de velours. Les Natur£lilles n'ont parlé jufqu'à préfent que d'une plume plus large que les autres , qui part du milieu de l'aile , fe relevé , s'incline ou s'arque en dedans, &c recouvre le dos. Cependant il y a trois plumes à l'aile qui ont cette conformation : mais , à la vériïé , les deux premières, quoique plus larges que les autres plumes , le font beaucoup moins que la troifieme , qui eu la plus extérieure, &: qui les couvre. Ces deux plumes ont leurs barbes internes brunes , Se les externes , qui font les feules que l'œil découvre , d'un noir d'acier poli , animé d'une nuance de vert. La troifieme plume a une forme triangulaire. Son plus grand côté efî à fa partie poftérieure , fon plus petit du côté de l'aile , 61 le moyen du côté du dos. Le plus grand côté a trois pouces ; en forte que cette plume , au lieu de fe terminer en pointe , finit par un épanouiilement de trois pouces de diamètre. Le tuyau de cette plume eft fortement exprimé dans les deux tiers de fa longueur , & formie une raie cou- leur de paille. Les barbes internes qui font très-Ion-? gués , font de couleur marron , terminées au fom^met du triangle par un blanc fale , & à f a bafe par du noir couleur d'acier poli. Les barbes externes ibnt couleur d'acier poli , 6c forment une large raie longi- tudinale. La plume cil: donc marron dans fon milieu, bordée en bas à fon extrémité par un filet noiï cou- leur d'acier , en haut par un limbe blanchâtre , & bordée du côté de l'aile par une large bande couleur d'acier bruni, Cettç plume k dirige naturellement fur ^52 C A N le dos : celles de chaque côté venant à fe rencontrer^ en couvrent la plus grande partie. Le bec efl d'un rouge de laque foncé ; l'extrémité de la mandibule fupérieure ou l'onglet , efl blanchâtre. Les pieds font rougeâtres , les ongles font blancs &: non pas noirs , comme l'a écrit M. Brïjfon, L'iris eil d'un rouge allez vif. C'eft au moins ce qui a été €té attefté à M. Mauduyt par des perfonnes qui ont vu l'animal vivant. La femelle eft un peu moins groiTe que le mâle. En deffus ëc fur les côtés fa tête ^ fon cou font gris. Il y a derrière la tête une huppe affez courte , dirigée en arrière &: pendante , de la même couleur. A la bafe du bec , fur les côtés , on voit une raie blanche , étroite & perpendiculaire, oL derrière l'œil il y a une raie de même couleur , mais horizontale. La poitrine eil: grife , mouchetée de taches fauves ; la gorge & le ventre font blancs ; les cuiiTes font grifes ; les plumes latérales du ventre , que recouvrent les ailes fermées , font de la même couleur que la poitrine ; les ailes , le dos & la queue font gris , m.ais le dos efl chatoyant &: renvoie des reflets verdâtres ; les grandes plumes des ailes font, comme celles du m.âle , bordées de blanc en dehors , & terminées de vert en dedans , mais fans cette plume qui diflingue le mâle ; l'iris , le bec , les pieds , les ongles font comme dans le mâle. J'ai été forcé de m'étendre fur la defcription d'un oifeau dont on parle fouvent , que les Voyageurs vantent beaucoup , qu'on connoît peu en Europe , &: dont on n'avoit que des notions imparfaites. Les Chinois font le plus grand cas du canard de Nankin ; on le tranfporte vivant , de cette province où il efl fauvage , dans tout l'Em^pire. Ses mœurs font douces & aimables. Il s'apprivoife facilement; il recon- noit les perfonnes qu'il a coutume de voir , il les fuir, il les careiTe , & à leur vue il exprime fes fenfations pai' des mouvemens vifs & agilçs, Cependant il nç C A JSf (^53 perd jamais l'idée de la liberté , & il en conferve toujours le défir. Si l'on n'a pas foin de lui couper les ailes 5 il profite de l'avantage qu'on lui laiiTe , s'envole & ne revient pas. Toutes les perfonnes allées ont à la Chine des canards de Nankin. On a communément le mâle &: la femelle , qui ont l'un pour l'autre beau- coup d'attachement. On les laifie en liberté , mais les ailes coupées , dans ces cours ou jardins qui féparent à la Chine les corps-de-logis , qui font entourés de murs 5 au milieu defquels il y a un baiTin rempli de poiffons & où on élevé des plantes & des animaux rares , dont le foin e(l un ùqs. plus doux amufemens àes Chinois. On regarde encore à la Chine le canard de. Nankin comme le fymbole de la fidéhté conjuo^ale. Cette idée a contribué à lui faire valoir un prix qui eil toujours très -haut dans les Provinces éloignées de celle oii il efl: naturel. De cette idée auiïi eiî venu Fufage fuivant ; Lorfqu'une fille de fam^ille honnête fe marie , les jeunes perfonnes de fon fexe , de fa famille & de {^s amies , lui font préfent , quelques jours avant fon mariage , ou le jour même , d'iyie paire de canards de Nankin vivans , ornés & liés de rubans. On en a vu dans une pareille occafion payer une paire deilinée à la fille d'un Mandarin , la valeur de fept cents livres argent ^e France. Le prix le plus bas de la paire de ces oifeâux vivans , efl de cinquante écus ou deux cents livres monnoie de France, On tient de M. Poivre , connu par fon 2pVit pour l'Hilloire Naturelle , par fes lumières , & qui a fait plufieurs voyages à la Chine , qui y a féjourné ^ y a €U des canards de Nankin dans fa maifon , les détails que l'on vient de donner. Il en faut préfumer que le canard de Nankin ne multiplie -pas , même à la Chine , dans letat de domefliciié , autrement fon prix auroit néceffairem.ent baiiîe. Les Chinois repré- fentent fouvent ce canard ^ fur leurs papiers peints 6c iiir leur porççlaine» 6^4 d A N Les Canards de la Cote d'or , ceux du Cap de Bonne-Elpérance , de la Jamaïque &C de Cayenne , font également lauvages dans chacun de ces pays : on les trouve dans les fa vannes ; leur chair eft un peu falfandée &c bonne à manger : ce font autant de canards mufqués , Voyez ce mot. On diilingue le canard domïniquabi , du Cap de Bonne-Eipérance. Voyages aux Indes & à. la Ch'uu , tom. II. p, 22/. Canard du Mexique , Anas Mcxlcana. Cet oifeaii eft de la grandeur du canard privé ; il eft fort fingulier & mérite d'être connu. Il a une tête groft'e & noire , garnie d'une huppe bien iournie ; le ventre & le bas du cou couleur d'argent comme au grèbe ; le bord des yeux eft garni ae plumes blanches chez le mâle , & jaunes chez la femelle. Il marche mal , vole difHcile- ment , mais il nage bien dans les lacs. Il fait fes petits dans les rofeaux & dans les joncs. La grande crédulité des Indiens porte les habitans de cette contrée à dire qu'on trouve dans la tête de cet oifeau une pierre précieufe d'un grand prix , ck: qui ne doit être confacrée qu'à Dieu. On voit encore au Brcfil un canard fauvagc ou de paftage , que les Indiens appellent tzmpatlahaou : il eft remarquable par fon plumage , orné de taches lui- fantes , fouvent femblables aux miroirs de la queue du paon , ou à la plante nommée toiin^cfol : le defibus de la queue eft d'un vert brillant ; le deffus eft blanchâtre. Canard branchu, ou le beau canard huppé ^ ou le canard d'été de M. BriJJon, Cet oifeau , l'un des plus beaux de fon genre , n'eft guère plus gros qu'une f?r- celle : les François établis à la Louîfiane, 6c les Créole?, l'ont nommé canard branchu , parce qu'il aime à fe percher fur les plus hautes branches des arbres les plus élevés , propriété que n'ont que peu ou point les autres canards d'Europe. Les plumes du devant de la tête font d'un vert-doré brillant ; celles de l'occiput font fort longues , étroites & comme foyeufes : elles font difpofées par touffes , les unes blanches , les autres C A N 65J d'un beau vert-doré , & les troiiîefnes d'un violer éclatant ; toutes ces toufFes , parallèles de chaque côté , forment une huppe élégante qui pend en arrière 6c dont la pointe tombe fur le milieu du dos : les joues & le haut du cou font d'un beau violet ; la gorge &: le devant du cou font blancs ; le dedus du corps d'un brun foncé changeant en vert-doré ; la poitrine efl d'un pourpre-vineux , femée de taches blanches trian- gulaires ; chaque côté ofFre deux bandes traniVerfales, l'une d'un noir de velours , l'autre d'un beau blanc ; les plumes fcapulaires chatoient le vert-doré, le bleu & le cuivre-rofetîe ; l'iris eft couleur de ncifette ; les paupières font d'un rouge fort vif; le bec , en defTus , eil jaune à fa bafe , eniuite d'un rouge vif, puis marqué d'un peu de blanc ; le bout eft noir ainfi que toute la mâchoire inférieure ; la peau nue des jambes , les pieds & les doigts font d'un jaune obfcur ; les membranes brunâtres, 6c les ongles noirs. La femelle a le plumage brun-grifâtre , une huppe brune, courte 6c peu foiu-nie, la gorge blanchâtre. Le canard hranchu fe trouve à la Louifiane , à la Caroline 6l à la Virginie : il niche dans des troncs d'arbre , & particulièrement dans les trous abandonnés par les pies. Le canard hranchu eil: indiqué fous le nom de canard huppé de la Louiliane, dans les pi, enl, 980 le mâle , 98 1 la femelle. L'enfemble des belles couleurs de fon nlumaee , fait rechei#ier cet oifeau par les Indiens : ils ornent de la peau de fon cou le tuyau de leurs calumets. La chair de ce canard eu un peu mufquée. On trouve dans l'Ornithologie de M. Brijfon , & dans d'autres Auteurs , une plus grande lille de canards ; entre autres : Le canard d'hiver qui niche dans les arbres , qui 6c croît dans l'eau. Le canard d'hiver de M. Bfi^on , ou le petit canard à grojje tête , parce que les plumes qui la couvrent font très-longues , 6c lui donnent l'apparence d'un foit 6^6 C A N volume ; ce canard fe trouve à la Caroline, encore r/y paroît-il que l'hiver. Les canards à longue queue , dont une efpece appelée pîUt , ( pi. enl. 9 54 ) , eu pennard^ fe voit à la Louifiane ; un autre appelé canard de Mïclon , Ifle de l'Amérique , (/?/. ml, ioo8 , ) & qu'on trouve aufîi à Terre-Neuve & en Mande ; le milieu de la queue Onre deux plumes très- longues. Le canarda face blanche ; c'efî: le canard du Maragnon , pi. enl. 8o8. ^ Le canard à tête grife ou le canard de la Baie d'Hudfon; il eft bien plus grand que notre canard domejlique : il eu coiffé d'une calotte cendrée - bleuâtre & can-ée , iéparée par une double ligne de points noirs fem- blables à des guillem.ets ; le bec eÛ rouge & lurmonté de deux bourlets qui refTemblent, iuivant Edwards ^ à peu près à des fcves. Le canard du Nord appelé marchand. Voyez MA- CREUSE A BEC ROUGE. Le canard à collier , de Terre-Neuve, (/?/. enl, 978 le mâle , 979 la femelle. ) Ce cellier elî une bande blanche tranfveriale entre deux bandes d'un noir de veloius; ce canard {q retrouve au Kamtfchatka & dans riflande. C'eit VAnas h'ijirionïca de Linnaus, M. Pallas a deiliné & décrit un canard chantant ( Anas glccïtans ) ; oifeau très-rare & qui ne fe trouve que dans la partie Orientale de la Siléfie. Confultez Mémoires de V Académie Royale des Sciences de Miede y ann, lyy^, Ohfervations fur les CANARDS, D'après cette defcription des différentes efpeces prin- cipales de canards , on reconnoîtra que ces oifeaux font palmes ; OC malgré ce rapport commun avec Voie , ils en diîierent en ce qu'ils ont les pieds placés hors du centre de gravité ; en marchant , ils vacillent de la poitrine , chancellent du derrière, 6c iemblent fe mouvoir C A N (ÎJ7 moiivolrv-difficilement : ils marchent avec lenteur , &: volent avec plus de vîteffe ; mais ils font fi pefans & Ci peu agiles , que leurs ailes, en volant, font toujours beau- coup de bruit. La Nature a choifi dans leur conftruc- tion , la forme qui leur éîoit la plus favorable pour nager avec faclliré. Le camird eH , en quelque forte , un oifeau amphibie ; il nage , il marche fur terre , &c vole dans l'air , mais plus difficilement encore dans le temps de la mue , qui arrive vers la fin de Mai , lorfque les cannes commencent à couver. Au contraire , la mue des cannes n'arrive que quand leurs petits font devenus grands 6c capables de voler; tous peuvent voler de nouveau , après avoir recouvré leurs plumes. Dans Tefpace d'une femaine , & quelquefois de vingt-quatre heures , toutes les vieilles îom_bent. On croit que la mue dans les oifeaux , provient de la mêm.e caufe que la chute du poil dans les hommes & dans les autres animaux nouvellement refaits à la fuite d'une maladie ou d'un épuifement critique, La pafTion de l'amour caufe également aux canards &c à tous les animaux rnâles , non-feulement une efpece de fièvre , mais en- core ils deviennent tous m.aigres , parce que leur corps s'efl épuifé par les dcfirs 6i l'uiage des plaifirs que l'amour infpire &c procure. Quant aux femelles , le temps eu de la couvaifon , ou de la portée 6c de l'éducation de leurs petits , équivaut à une m.aladie ou à un long jeûne , attendu que , pendant ce temps- là , elles fe macèrent par la diète , 6l fouvent par un travail continuel. Lorfque ces temps font paffés , les deux fexes recouvrent en peu de temps leur ancien embonpoint , & fe rengraiffent. La langue de ces oifeaux eft munie d'efpeces de petites dents des deux côtés , & armée de nerfs ex- quis , qui leur fuffifent pour faire , par le goût feul êc fans y voir , le choix des alimens. Le canard a la voie plus foible , plus raiique ou moins perçante que la canm. Aldroyande ^ étonné de ;i/oir que cet oifeau Tome //, T t 6^S ^ C A N pouffe un cri û grand & fi aigu , & qu'il ti^it fa têî& û long-temps dans Peau , prétend qu'il en faut cher- cher la caule dans la figiire de fa trachée , qui , à l'endroit où elle fe partage en deux branches pour aller aux poumons , a une forte de veiîie dure , carti- lagineufe & concave , & qui eu penchée du côté droit , oii elle paroît beaucoup plus grande. Leurs femelles, ainfi que celles des oies , font fujettes à pondre des ceufs monftrueux. Lorfque le temps paroît orageux , ils crient plus que de coutume , battent des ailes , & fe jouent fur l'eau. Ils plongent entre deux eaux^ lorfqu'ils veulent éluder les pourfuites de leurs ennemis. CANAPJ. f^oyei Serin. A l'égard du canari fauvage , Voyez Penduline. CANARI VULGAIRE , CanariiLm commune , Linn. Mant. 1 27 ; aut vidgarc , Rumph. Amb. Nom d'un arbre réfmeux , de la famille des Balfamiers^ qui s'élève à une grande hauteur , & dont le tronc , recouvert d'une écorce blanchâtre, porte une cime étalée & bien garnie : fon bois eft blanchâtre , afîez folide , mais peu durable ; il efl bon à brûler ; fes feuilles font ovales , oblongues , acuminées , glabres , entières ; fes fleurs lont dioiques, terminales, blanchâtres : le fruit tii une efpece de noix ovale , &: qui renferme un noyau trigone &: pointu. Le canari croît dans les Indes Orientales , dans les Ifles Moluques , ck à la Nouvelle Guinée. Les naturels de ce pays , tirent eii grande partie leur nourriture des amandes de fes fruits , qu'ils mangent crues , ou dont ils font une efpece de pain ; ils en expriment une huile , dont ils fe fervent pour cuire le poidon ou pour préparer d'autres alimens. Les vieux arbres don- nent une réfnie blanche & tenace , que Ton emploie à Am]:)oine comme flambeau , en l'enveloppant dans des feuilles feches. ( Encyclop. Mith. ) CANCAME. Foyez^ GOMME cancame. CANCERILLE. C'cil le ^arou des bois. Voyez Garou; C A N ^59 CANCHE. Voyzi Foin. CANCRE, Cancer, Les cancres font des animaux: xrulhcées dont il y a un plus grand nombre d'efpeces que parmi les crabes. Quelques Auteurs ont rangé improprement avec les cancres., la langoufie., le homard^ la J quille , Vécrevijfe d'eau douce , les crabes & tourlou- roux , &c. Mais nous ne parlerons ici que des cancres proprement dits & les plus connus. Pour les autres cruftacées de ce genre , Voye?^ aux noms particuliers qu ils portent. Voyez maintenant IVrr/c/t: CrustacÉes. On divife les cancres ielon les lieux qu'ils habitent le plus communément : on appelle ceux qui vivent autour des xookiQx^ ., faxatiUs ; ceux qui vivent dans la boue , limoji; ceux qu'on trouve dans le fable , arenoji; ceux qui fe plaifent dans l'algue , a.lgofi. Une autre divifion adoptée par plufieurs Natura- îiiles , eil de les diflinguer en cancres de mer &" en cancres de rivière. Il ne fe trouve point de ces derniers dans nos fleuves ; mais ils reffemblent , par la couleur & par la forme , aux cancres de mer. Les cancres ont le corps arrondi ou cordiforme , & différent en cela des écrevijfes de mer & des langoujîes qui l'ont très-long , & des crabes qui l'ont fort évafé. îl y en a de différentes grandeurs & couleurs; tous ont dix pattes , en comptant les deux bras fourchus , tantôt longs , tantôt courts ; leur queue efl repliée par deifous. La tête , le corps & le ventre différent îliivant la diverfité de l'efpece ; leur écaille ou croûte leur tient lieu d'os : c'eff d'elle que les mufcles tirent leur origine , ainfi que leurs infertions. Ils font privés de fang , & tiennent , dit-on , de la nature des ovi- pares éc des vivipares. Voyez ces mots. La première efpece de cancre eft V araignée de mer ^ Aranea crujlata. Sa chair eft dure &: de mauvais goût : elle habite peu la Méditerranée, plus communément l'Océan & la Mer Atlantique. Le bras droit de V araignée de mer efl y ainii que chez la plupart des cruflacées , Tt 2 €66 C A N ordinairement plus gros que le gauche ; les bouts Ou les doigts en font quelquefois noirâtres , mais moins communément que dans les crabes. Ce cancre a quatre cornes devant les yeux , deux courtes qui fortent du milieu du front , & deux plus longues qui fortent au- defTous des yeux : elles font proches l'une de l'autre; 6c il avance fes ferres , qui font repliées & mobiles , à volonté. On diftingue facilement ce i:fl«cA-e des autres cfpeces , i.'^ moins per fa grandeur, que par la tête de fa cuiraiîe plus diftinâ:e , plus pointue &: plus' avancée; 2.° par fcs pieds longs & menus; 3.^ par fes yeux qui font placés Pun auprès de l'autre, & qui font fort faillans. Il y a des araignées de mzr très-petites , d'autres qui font allez groilos ; elles ont fous la cuiraffe inférieure quelques petites veffies qui s'enflent comme font les gorges des grenouilles, La queue des femelles eil large &: arrondie; celle des mâles efl étroite & longue. Cancre Cavalier ou Coureur, Cancer eques eut curfor. Ces cancres font gros comme une châtaigne ; il n'y a prefque rien à manger ; ils font en quelque forte amphibies , puifque dans les chaleurs de l'été , fur le midi , ils fortent en troupe de la mer pour paiTer le refte du jour au foleil ou à Tombre , ou , peut-être , pour n'être pas dévorés des gros poiifons. Ils ne cherchent que les lieux pierreux &: bourbeux pour y trouver leur noiirriture ; ils ië promènent hors de la mer en long &: en large , tantôt autour des ri- vages oii ils font nés, tantôt plus loin. Belon dit qu'en partant de Memphis pour Jérufalem, il en vit fur les confins de l'Egypte qui retournoient à la mer ^ & couroient d'une fi grande vîteffe , qu'il n'étoit pref- que pas pofTible de les atteindre. Il ajoute qu'un lézard qui étoit à l'ombre fous une plante nommée ambrojie , ayant apperçu un de ces cancres , le pourfuivit ; &: que ce cancre^ qui parolffoit plutôt voler cjue courir, lui échappa. C A N é6i Cancre commun , Cancer maritlmus. Il tient le milieu entre le cancre, de rivière 6c le cancre de mer. Il a les bras fourchus & courts ; les pieds longs , finif- fant en pointes , deux petites cornes au front. Il vit long-temps hors de l'eau ; fa chair efl fort nourriffante. Cancre en forme de cœur , Cancer figura cordis. Il eft petit; le tronc de fon corps a la forme d'un cœur ; les deux bras font fourchus ; les ferres en font fort courtes; il a deux cornes au front. Il vit dans la haute mer. Rondelet dit en avoir fouvent trouvé de petites femences. îl y a : La cannabine. glaire , de l'Ifle de Candie , Da- tifca cannahina^ Linn. ; Cannahïna Cntïca florifira & fruc- tlfcra , Tourn. Cor. 5 2 ; elle a un peu l'afpecl: d'une ortie ou d'un chanvre, ha cannabine hirïjfle , de la C A N 6(,f Penfylvanle , Datifca caule hlrfuto , Lînn. ; elle eft en- core plus grande que la précédente qui a de quatre à fix pieds de hauteur. CANNAMELLE. Foyci Canne a sucre. CANNANGOLIS ou Angoli. Les habitans de Ma- labar donnent le premier de ces noms à la poule fultam de Madras , de M. Br'jjon. Cet oifeau eft de la grofleur d'un canard \ le plumage fupérieur ell cendré; l'infé- rieur ed blanc , avec quelques taches noires en forme de croiflant. CANNE ou Cane. C'eft la femelle du canard. Voyez- en les efpeces à La fuite du mot Canard. Canne épineuse. Voye^^ à l'article Rotin. Canne a main. Efpece de rofeau des Indes. Voyei à l'article PvOTiN. Canne a sucre ou Cannamelle , Arundo fac-- charifira^ C. Bauh. , Sloan. ; Calamus faccharinus ^ Ta- bernasm. ; Canna mellaa , Csefalp. ; Viba , Tacomaréc ^ Pifon, Caniche des Caraïbes. C'eft une efpece de ro- feau articulé , dont la moelle fucculente fournit par exprefîion , le fucre , ce fel eflentiel , doux oC agréable , dont un ii grand nombre de Nations font ufage dans nos Colonies , en Amérique. Ce rofeau , qui eft de la famille des Graminées^ s'élève à huit ou dix pieds de hauteur & davantage , fur un pouce & demi de diamètre : fa tige eil pelante , caifante , d'un vert tirant fur le jaune : les nœuds qui font à trois doigts ou environ les uns des autres , font faillans , en partie blan- châtres , & en partie jaunâtres. De ces nœuds partent des feuilles qui tombent à mefure que la canne mûrit; les nœuds contiennent donc le principe des feuilles ". on voit d'abord paroître un bouton alongé d'un brun- rougeâtre , qui , peu à peu , fe dilate , verdit &: devient une feuille longue de trois à quatre pieds , plane, droite , pointue , large d'un pouce , d'un vert-jaunâtre , ilriée dans fa longueur , avec une côte blanche au milieu , alternativemsiit pofée , embraiîant la tige par fa bafe , 668 C A N glabre, mais armée fur les côtés de petites dents im- perceptibles. Il arrive quelquefois que les canms , par- venues à onze ou douze mois de croiffance , pouffent à leur fommet un jet de fept à huit pieds de hauteur , & de cinq à fix lignes de diamètre , liffe , fans nœuds ; c^Q^ ce qu'on appelle flechz. Ce jet porte un pani- cuîe ample , long d'environ deux pieds ,^ divifé en plufieurs épis noueux , fragiles, compofés de plufieurs petites fleurs foyeufes &: blanchâtres ,' fans pétales, dans lefquelles on diftingue trois étamines dont les anthères font un peu oblongues; Tembryon efl alongé &: porte deux ftyles : à ces ileurs fuccedent quelquefois ( car elles font fouvent ilériles ) è^s femences oblon- gues , pointues. Il faut obferver qu'une m^^me tige ne fleurit & n^fiechi jamais qu'une fois. Lorfque la caniw approche de fa maturité , alors la tige efl jaune & pefante ; fon écorce eft liffe, luifante , ôc la matière ou fubftance blanchâtre , facculente & fpongieufe que contient la tige' dans fon intérieur , fe brunit ; fa racine eft épaiffe , fucculente , grifâtre , genouillée & fibrée. La canne à fucre croît naturellement dans les Indes Orientales , dans les Ifles. Canaries , & dans les pays chauds de l'Amérique. Elle fe plaît dans les terrains gras , humides & bien aérés : les terres maigres , ufées , qui n'ont pas de fond , ou qiii font pelantes , ne pro- duifent que de petites cannts barbues , pleines de nœuds , dont on ne retire que peu de fucre difficile à fa- briquer. Les fourmis , les pucerons , & les rouleurs , font beaucoup de tort par leurs dégâts , à la canut à fucre. Les plantations de cannes à fucre fe font très-facile- ment. On couche les plants de cannes dans des filions alignés & parallèles entre eux; les trous alignés font plus ou moins éloignés les uns àts autres , depuis deux pieds jufqu'à trois pieds OC demi , fuivant la qualité du terrain ; on les fait de quinze à vingt pouces de longueur , de quatre à cinq de largeur , 6l de C A N 669 fept à huit de profondeur; on met dans chaque trou deux ou trois morceaux de cannz , longs de quatorze à dix-huit pouces , & qu'on prend au haut de la canne ; on les 'couche au fond du trou horizontale- ment , & on les couvre de terre. Lorfque le terrain efl: comme marécageux &: plein d'eau , on place, le plant de façon que le bout fupérieur forte hors de terre de quatre à cinq pouces ; c'eft ce qu'on appelle planter en canon. On plante ordinairement les cannes dans le temps qu'on les récolte , afin de profiter du plant. Quand le temps a été favorable , au bout de fept à huit jours que les cannes font en terre , on voit fortir des œille- tons , à l'endroit de chaque nœud ou articulation , un bourgeon de la forme d'une petite afperge , qui , quel- ques jours après , fe divife en deux feuilles minces , longues , peu larges & cppofées : la tige continue de s'élever en pointe ; elle produit peu de temps après deux autres feuilles , & ainfi de fuite. Quand elle efî: parvenue à la hauteur d'environ un pied, il fort de fa bafe d'autres bourgeons plus ou moins nombreux , fui- vant la qualité du terrain : le farclage efl ici néceffaire ^ ^ y à défaut de pluies , il faut arrofer. Au bout de dix , douze à quinze mois , félon la vîteiTe de la végé- tation , les cannes à fucre font parvenues à leur matu-^ rite ; on les coupe très-près de la racine ; (ces fouches reproduifent deux ou trois fois de nouvelles coupes ; ) on rejette les feuilles , & , au moulin , on comprime ces cannes entre deux rouleaux, qu'on appelle roks ^ faits d'un bois très-dur , & qui tournent en fens con- traire : les cannes répandent par ce moyen une liqueur douce , viiqueufe , appelée miel de canne , & que l'on fait cuire enfuite juiqu'à la conûftance du fucre. On procède promptement à la cuifTon de cette liqueur , car, au bout de vingt-quatre heures , elle s'aigrit ; & même iî on la gardcit plus long-temps , elle fe changeroit en fort vinaigre. Les fagots de cannes exprimées portent îe nom de hamacs ^ 6c Iç fuç ou jus de la canne celui 670 C A N de vzfou. Quelques-uns l'appellent aufîî vin de canne. M. Dutrôm-la-Coutun , Médecin , a propofé un moyen pour convertir ce lue exprimé , en une liqueur analogue au cidre , ou au vin. Joiim, dz Phyf. Septembre lySy, En quelques endroits de l'Amérique, on donne ibuvent aux chevaux les tiges de cannes àfucre exprimées ; ces animaux en font friands , & prennent beaucoup d'em- bonpoint : plus communément les hagaces fervent à chauffer les chaudières. On fait bouillir , pendant environ fix heures , en verfant de temps en temps de l'eau , la liqueur extraite des rofeaux .• on l'écume , & cette lie qui fumage fert à nourrir les animaux. Pour purifier davantage lefucre^ on y jette , pendant l'ébullition , une forte leiTive de cendres de bois & de chaux vive , & on écume conti- nuellement ; enfuite on paiTe la liqueur au travers d'une étofle de gros drap blanc ; d'autres fois , on tranfvafe feulement la liqueur , à différentes reprifes. C'eft dans l'art d^enivrer ou purifier ainfi le vefu que confifle l'art du manufadurier ; car trop de cendres le grille, 6c trop de chaux le rougit ordinairement. Le marc fert en quelques endroits à nourrir ou les efclaves ou les pourceaux ; d'autres , en y mêlant de l'eau & le laifTant fermenter , en font une liqueur vineufe : on fait bouillir de nouveau cette liqueur vefou ; on ap- paife l'impétuofité des bouillons en verfant quelques gouttes d'huile ou de fuifila plus petite quantité de fuc acide empêcheroit le fucre de fe criflallifer 6c de prendre une confilfance folide. On verfe la liqueur encore chaude , dans des moules de terre en forme de cônes creux, (ce^ moules doivent avoir été humedés auparavant par Peau , & cerclés aux deux extrémités) : ouverts par les deux bouts , 6c dont le petit trou qui efl à la pointe , efl bouché avec du bois , ou de la paille , ou du linge mouillé. Les Caraïbes appellent canlcke-ira , le JUS de la canne , le firop i 6c choucre-^ le fucre. C A N _ (Ç7, Toutes les cpérations que l'on fait dans îa pré- paration du fucre 6c dans l'art de le raffiner , tendent à débarraffer Se purger ce fel eilentiel d'un fuc mielleux ^ qui lui ôte la blancheur , la iolidité , la finefle & le brillant du grain qu'on lui procure en le bradant à droite & à gauche avec \ine palette. On ouvre eniiiite ^ au bout de quelques jours , le petit trou pour donner, écoulement au llic mielleux. On verlé l'ur la partie fupérieure du cône une bouillie claire , faite avec de la terre blanche argUeufe détrempée dans de l'eau. Ce menftrue le charge d'une fubllance glutineufe de îa terre , & paiTant à travers la malîe du fucre , lave les petits grains & les purifie du fuc mielleux. Au bout de quarante jours ou environ , le fucre eft defîéché. Celui qui eft en morceaux , de couleur roufTe , s'ap* pelle alors fucre terré rouge ou de Chypre : il eft pur- gatif. S'il eii d une couleur grife , blanchâtre , & en morceaux friables , il prend le nom de mofcouadç moyenne : c'efl-là la matière dont on fait toutes les autres efpeces de fucre. Lorfque la mofcouade a fubi de nouveau à peu près les mêmes opérations dont nous venons de parler , elle ell purifiée de fuc mielleux ; & c^eft alors de la cafjonade ou cafonade , dont la meil- leure efl blanche , lèche , aya.ot une odeur de violette. La caffonade purifiée elle-même par les mêmes moyens que ci-defTus , ou par les blancs d'oeuf, ou par le fang de bœuf, donne le fucre raffiné , le fucre fin ou le j'ucre royal , ainii nommé parce qu'on n'en peut faire de plus pur , de plus blanc , ni de plus brillant. Ce fucre étant très-fec & frappé avec le doigt , pro-^ duit une forte de fon ; frappé ou frotté dans l'obfcu- rité avec un couteau , il donne un éclat phofphorique : douze cents livres de bon fucre ne doivent produire que iix cents livres de fucre royal ; aufîi la plupart des RafFmeurs & des Marchands font-ils pafTer le plus beau fucrs raffiné pour Jucre royal , ovi au moins pour du 67i C A N demi-royal. La llc|ueiir mielleiife qui découle des meules , ne peut s'épaiiîir que jufqu'à la confiftance de miel ; c'efl: pourquoi on l'appelle vùd de fucre , remet ^ & plus communément melaîje ou doucette. Quel- ques-unb la font fermenter avec de l'eau & en retirent une liqueur vineufe qui , diftillée , donne une eau- de-vie nommée tafia, Lç: fucre candi n'ell que à\\ fucn fondu à diverfes tois & criflallilé : il y; en a du blanc &: du rouge. Il fe fait en Hollande un commerce très-confidé- table àe fucre de toutes fortes, fpécialement des Indes Orientales , du Bréfii , des Barbades , d'Antigoa , de Saint - Domingue , de la Martinique & de Surinam. Le fucre du Bréfil eft moins blanc , plus gras & plus huileux que celui àes Barbades , de la Jamaïque & de Saint-Domingue. La majeure partie desfucres arrivent préfentement tout raffinés ; au lieu qu'autrefois ils venoient bruts en France , Se on les raffinoit à Dieppe & à Orléans. Cn regarde comme une faute commune aux Anglois 6c aux François d'avoir foufFert des raffi- neries de fucre dans les colonies qui le produifent ; car pour tirer le plus grand avantage poiTible des colonies de l'Amérique , il faut les mettre dans le cas de ne fe pouvoir paffer ni des fabriques , ni des denrées de l'Europe. Quoi qu'il en foit , des fucres qui fe raffinent encore en France , celui de l'affinage d'Orléans paffe pour le meilleur ; il eft moins blanc que ceux de Hollande & d'Angleterre ; mais il fucre davantage , parce qu'il efl moins dépouillé de (es parties mielleufei &i viiqueufes. On remarque la même différence entre la cajfonade comparée mi fucre raffiné ^ & même entre, la manne grafle 6c la manne en larmes. Le fucre qui vient d'E- gypte par la voie du Caire , paile pour être plus doux & plus agréable que celui d'Amérique. Cependant on ne fait uiage en Europe que du fucre d*Amérique , 6c on l'apporte préfentement en û grande qua.ntité^ C A N ^ (S75 quantité , qu'on le met parmi les premières marchan- difes de ce nouveau Monde. Il eil étonnant de voir combien l'on confume de fucre dans les ciiifmeii & dans les Pharmacies : il n'y a point d'alimens agréables , s'ils ne font aiTaifonnés de fucre , fur-tout dans les deiïerts ; c'ell ce qui a donné naifTance à im nouveau genre d'Artifles, (les Confifeurs) incon- mis aux Anciens. L'ufage m.odéré du fucn peut être très-utile ; car il engraiffe , adoucit ce qui eil acre , émouffe les acides, rend plus doux ce qui efl: âpre & préferve. les fruits de la corruption , &c. Un petit morceau de fucre à la iin d'un repas , après avoir beaucoup m.angé , aide la digeffion, & arrête communément le hoquet. I^q fucre. fondu dans de l'eau-de- vie , eft un très-bon vulné- raire , &u*cfiile à la pourriture. Le fucre candi ou crif- lallifé réduit en poudre &: foufflé dans les yeux , diilipe la taie de la cornée. M. Bourgeois dit que le ficre canarie broyé fur une afîiette d'étain avec un morceau de plom.b jufqu'à ce qu'il ait acquis une couleur d'un gris-cendré , efî beaucoup plus efficace pour cette maladie. Le fucre entre dans les firops , les marmelades, les éleûuaires , les tablettes , &: les liqueurs & ratafias. Les Anciens retiroient un fucre naturel du bambou , efpece de rofeau de l'Inde Orientale , appelé mamba. ou hamho'è , dans la Province de Malabar. Ce bambou eil le tahaxir à'^vicenne , que Juha dit croître dans les îiles Fortunées ou Canaries , & produire du fucre. On retire auffi une efpece de fucre gras & brunâtre de l'érable de Canada; Foyei Érable & Bois de Bambou. On efl parvenu à retirer auffi dai fucre de plufieurs autres plantes , telles que la bette-rave & le chervi. Il y a en lilande une efpece d'algue dont on retire une forte de fucre; Voyez Algue. On retire de i'apocin , dans les pays chauds , une efpece de nian/ie ou de fucre nommé aihajjer. Voyez Apocîn. Tome IL V y (Î74 C A N Il paroît encore par la tradition , que les Anciens ont connu un fiicre qui naiffoit dans l'Arabie ; ce fucre eft nommé par Archigem , lel Indien. Strabon , Lucaïn , Séncquc , Gallen , PUnc & Diofcorïâe en ont également fait mention ; mais comme ils l'ont décrit avoir toujours été mielleux , peut-être n'étoit-ce que le fuc extrait du fruit q^xq porte le carmbur\ peut- être auiîi n'étoit'ce que la manne , ou le miel y ou le fucre du rofeau en arbre. Voyez ces mots. Nous ignorons fi qç: fucre avoit bien la qualité du nôtre ; étoit-il auiîî favoureux , aiifîi propre à nourrir ; en \\r\. mot , étoit-il inflammable &: lufceprible de phofphorefcence , comme le fucre des Modernes ? On cultive dans quelques jardins l'efpece de canne à fucre appeîéeyl'cr^ de Ravenne , Saccharum Ravennœ , Murr. 'è'^o '^ Gramen panïculatum arundinacemn ramojuîji^ panïculâ dznsâ fericcd y Tourn. 523. Cette plante vivace eft auiîi de l'ordre des Graminées ; fa tige eft ime efpece de rofeau haut de trois à quatre pieds , ferme , fouvent rougeâtre vers fon fommet ; les feuilles font longues d'un pied , larges de trois à quatre lignes , ftriées & garnies d'une nervure blanche ; les fleurs en panicule rameux , de fix à huit pouces , im peu Q.Qn{e ; la balle fert de calice ; elle eft velue en dehors , ce qui diilingue , dit-on , les fucres des rofeaux. Cette canna- mellz de Ravenne fe trouve en Italie, en Provence & dans l'Efpagne , fur le bord des niilTeaux Ck dans les lieux marécageux. On diilingue encore : La cannamellefpontanée^àes lieux aquatiques du Malabar , Saccharum ffontaneum , Linn. ; Kcrpa. ; Rheed. Mal. La cannamelU de Tènlriffe ., Linn. fils. La cannamelle à éui cylindrique & droit , du Levant , de l'înde ck des contrées Méridionales de la France, Gramen tomentofum fpicatum ^ Bauh. Pin. 4 ; Tourn. 518. La cannamelle à épi plumeux & pourpré , de Madras , Tsjeria-kurbi'-pullu , Rhecd. Mal. La cannamelle à p-^.t de punis , des Indes Orientales, C A N 67.5 Canne Bamboche. Foye^ Bois de bambou. Canne-Congo. A Cayenne on donne ce nom à une elpece de roieaii qui elt le Jinoiirou de Barrcrc , 7. Alpïna fpicata purpurca cannacorï foUis , ablctis conuni ufirens^ Bcirr. Eff. p. 7; Jacuanga^ Piibn 1648, 98; P^co càotinga , Pii'. 1658 , 214; c'eft Canachiri ài^s Caraïbes : fa fleur efî: d'une feule fc-uille ; le calice , qui dans la fuite devient le fruit , eil enveloppé avec la fleur dans une efpece d'étui. Le fuc exprimé de la îacine de celte plante , bit en guife de tifane matin &: Ibir 5 s'emploie avec fuccès dans le pays pour la gué- iiibn des aphtes^ Malfon Ruft» à Vufagz de Cayenne. Canne ou Jonc a écrire , Calamus fcrïptorlus y aut Arundo fcrlptoria. Nom donné à une elpece de rofeau dont on fait, dans une grande partie du Levant^ àit^ liylets pour écrire fur le parchemin ou fur le papi.r. En Italie on donne le nom de canu,e à une efpece de rofeau dont on fe fert au lieu de dofTes , pour garnir les travées entre les cintres dans la conftruclion des voûtes. Les payfans s'en fervent auiTi pour couvrir leurs niaifons. AVk^{ à l'article R.OSEAU. Canne d'Inde. Foye^ Balisier. CxiNWE iMARONE, (Seguine). Nicolfon dit, dans fon ÉJjdifur rHlJl.-Naturi de Saint-Domingue^ que « cette » plante ne doit pas être confondue avec la canne >> dUndi , ni avec la canne de rivière dont parle Jacquin y» au mot Alplnla, Sa tige efl ronde , droite , articulée , » divifée par des nœuds peu éloignés les uns i bananier ; le5 anciennes fe fanent , & tombent à V v 2 (Î7<î . C A N » mefiire qii'll en pouffe d'autres. Il s'eîeve du centre >> de la tige un corps cylindrique , alongé , qui efl le ^> fruit de cette plante. On n'y remarque ni corolle , M ni filets , ni piilil , mais feulement des anthères &i » plufieurs nectaires difpofés autour du fniit. Cette M plante croît fur le bord des étangs , des rivières Se M dans les endroits marécageux. C'eft vm poifon » violent. Quelques habitans la font entrer dans la » compofition d'une leffive qui fert à purifier hficre». Canne FÉTIERE- ou canne pétracc ou canne pkroitc» C'efi la petite outarde. Canne de Tabago. Voyc:^ â rartkk CccoTiER de Guinée. CANNEBERGE , ou Coussinet des ?^arais ; Oxy caecum , Tourn. 431 ; Vacc'miiim ^ oxyccccos , Linn. 500. Cette plante qui rampe fur la terre, croît dans les marais , & fes tiges îrè:>-déliées , filiformes , rameufes cC étalées fur la terre , perfiftantes l'hiver , font garnies de feuilles affez femblables à celles du ferpolet , petites , ovales , oblongues , un peu roulées en leur bord ; elles portent des fleurs purpurines , moncpétaîes , découpées en quatre parties , aux- quelles fuccedent des baies rondes ou ovales , piquetées de points rouges ^ &: ornées d'un ombilic purpurin en croix; leur goût aigrelet les rend déterfives & aflrin- 'gentes , & M. Halhr dit qu'on les mange dans le Nord après qu'elles ont éprouvé la gelée. Cette plante efl du genre des Airelles. CANNELLE, Clnnamcmum. C'eil la féconde écorce d'un petit arbre appelé cannellier , lequel efl très- comniun dans l'Ifle de Ceylan ; il y eft nommé par les Naturels du pays , Kurundu. On en cultive maintenant dans nos colonies en Amérique , mais en très-petite quantité. Les Naturalifles le nomment Laurus cïmiamô" mum , feu Cannella Zeylanica , C. B. Pin. 408 ; Cafjîa cinnamomea^WoxX. Lugd. Bat. 129. CinnamomuirAx^^niti'^ aufîi arbre odorant de la Chine, Cet arbre, que Linnms C A N &iy idéligne aînfi, Laurus folïis ohlongo-ovads ^trlncrviis y niticiis , planïs , croît à la hauteur de trois ou quatre toifcs ; fes racines font groffes , fîbreufes &: couvertes cî'une écorce qui a une odeur de camphre ; le bois en efl dur , blanchâtre & fans odeur ; le tronc ell cou- vert , aUiîi bien que les branches qui font en grand nombre , d'une écorce qui eil verte d'abord &: qui rougit enfuite avec le temps. Le bois reffemble à celui de la racine ; fes feuilles , aflez femblables à celles du lau- rier & du malabathrum , en différent par leur odeur de cannelle. Cet arbre porte des ileurs petites , étoilées , blanchâtres 5 à fix pétales , & difpofees en gros bouquets à l'extrémité des rameaux : elles ont une odeur admi- rable , . &: qui fe fait fentir en mer à plufieurs milles de diftance du rivage , lorfque le vent (buffle de terf e. Aux Heurs fuccedent des baies ovales , loîigues de quatre à cinq lignes , d'un brun-bleuâtre , tachetées de points blanchâtres , & qui contiennent , fous une pulpe verte ^ onQueufe , aftringente & aromatique , un petit noyau caiîlmt qui renferme une amande de couleur purpurine. Dans la faifon cii la fève efï abondante ^ & oii les arbres commencent à fleurir , on détache î'écorce des petits canndlkrs de trois ans : on jette l'écorce extérieure qui eil épaiffe , grife &; raboteufe. On coupe par lames , longues de trois à quatre pieds, l'écorce intérieure, (l'intermédiaire, entre l'épiderme &; le hber ) qui eil mince ; on l'expofe au foleil , oc elle s'y roule d'elle-même de la groiTeur du doigt ; fa couleur eft un jaune-rcugeâîre ; ion goût eil acre , piquant , mais agréable &; arom.atique ; fon odeur eil très-fuave & très-pénétrante. L'âge des arbres „ leur poiition, leur culture , les diverfes parties de l'arbre dont on retire la canndk , en font diilinguer trois fortes : la fine , la moyznnz 6c la groffzere. La canmlk la plus vantée eil celle que les Naturels du pays ap- pellent vafcz comnde. Après qu'on a enlevé la cannelle , i'a-'bre reile nu pendant deux eu trois ans : enlin. 678 C A N au bout de ce temps , le canmllUr fe trouve revêtu d'une ncuvelle écorce , & eil propre à la même opé- ration. M. Foivre , qui dans Ion voyage aux Indes Orientales , a été en Cochinchine , nous apprend qu'il s'y trouve , quoique en petite quantité , une cannelle fupérieure à celle du Ceylan , & que les Chinois payent trois ou quatre fci>; plus cher que celle que les Hollandois leur apportent. Toutes les parties du canndllcr font utiles : fon écorce , fa racine , fon tronc , fes tiges , fes feuilles , fes fleurs &: fon fruit. On en tire des eaux diflillées , des fels volatifs , du camphre , du fiûf ou de la cire , àt^ huiles précieufes : Ton en compofe des firops , des pallilles , des eiiehces odoriférantes , d'autres qui con-^ vertiffent en hypocras toutes fortes de vins , ou font la baie de ces épices fuaves qui entrent dans la con- fe£i:on de nos ragoûts : en un mot , le canndlkr eft le roi des ar]}res à tous ces égards ; & c'eit ce qu'on peut prouver par les détails fuivans. On retire d'une livre de canndlz , lorfqii'elle eft récente , plus de trois arcs d'huile eUentielle ; mais très-peu lorfqu'elle eiî: vieille. Auffi l'huile de canndk^ que vend la Compagnie Hollandoife , eft-elle difiillée à Ceylan ou à Batavia. Com.me cette huile efl d'un bon débit , & qu'elle vaut jufqu'à 70 &: 90 livres l'once , on la falfifie quelquefois en la mêlant avec l'huile de girofle , ou mieux encore avec l'huile de ben : l'excellence de fon parfum la fait employer dans les mélanges d'aromates , qu'on ^omme pots-pourris^ Les Chingalois l'emploient comme flomachique ^l en oignent leurs bougies pour parfumer leurs appartemens^ Du coton trempé dans cette huile efTentielle de canndk ^ & mis dans le creux des dents lorfqu'clles font mal , appaife les douleurs, parce qu'elle deiToche & brûl? le nerf par fon âcreté cauiiique. Rien de plus agréable, ni de plus admirable pour animer , échauffer & fortifier tçvU d'un cou.p 1^ machine , tjue ccîle huile piife avec C A N 679 du fiicre. Les femmes froides de la Géorgie & de Goa , &c. en font ufage avec fuccès. Cette huile eiîentielle de l'écorce du canmWxr va au fond de l'eau , quand elle efl pure : il la faut garder dans un flacon hermétiquement bouché ; &: l'on a obfervé que la plus grande partie s'efl quelquefois transformée en un iel qui a les vertus de la cannelle , & qui fe difTout dans l'eau. On retire aulîi par la diriillation de l'écorce de la racine , une huile & un fel volatil ou camphre. L'huile efl d'un goût fort vif; elle fe diffipe aifé- taQnt : fon odeur tient le milieu entre le camphre &c la cannelle. Elle eft employée extérieurement , aux Indes , dans les rhumatifmes 6c dans les paralyfies ; on l'y donne intérieurement broyée avec du fucre pour provoquer les fueurs , les- urines , & chalTer les vents. Le camphre de la cannelle çû très-blanc : il a ime odeur beaucoup plus douce que le camphre ordi- • naire ; il eft très-volatil , s'enflamm.e très-prompte- ment, &c ne laiiTe point de réfidu après avoir été brûlé. Les Indiens efliment ce camphre le meilleur dont on puiiTe faire ufage en Médecine ; on le garde avec foin &i on le defline pour les Rois du pa^'s , qui le prennent comme un cordial d'une efficacité peu commune. On obtient , par la diilillation des feuilles du cann.ll'.er , une huile à odeur de girofle , d'abord trouble , mais qui s'écîaircit bientôt & acquiert pref- que les mêmes propriétés que celle de l'écorce ; cette huile paffe dans le pays pour un correctif des violens purgatifs. On fait ufage des feuilles dans les bains aromatiques. L'eau diftillée des fleurs de cannelU a une odeur des plus agréables. On s'en fert pour ranimer les efprits , pour adoucir la mauvaife haleine , &: pour donner du parfum & de l'agrément à différentes fortes de mets : on en fait aufu une conferve d'un trè:,-bon goût. Les fruits donnent deux fortes de fub- flances ; on en tire par la diflillation une huile effentielle dont l'odçur tient du girofle ; du genièvre 6c de la Vv 4 '68o - C A N ^ cannelle : par la décoction on en tire une efpec^ de graiffe d'une odeur pénétrante , de la couleur &; de la confiilance du fuif , & qu'on met en pain comme le favon. La Comnasinie des Indes Orientales Hollan^ doile nous l'apporte fous le nom de cire Je cannelle^ parce que le Roi de Candy , Province du Mogoliilan , en fait faire fes Bougies & fes flambeaux , qui rendent une odeur très-fuave , & font réfervés pour fcn ufage & celui de fa Cour. Elle fert d'un remède intérieur 6c extérieur chez les Indiens , foit pour les contufions , foit dans les onguens nervins. Quelques Voyageurs prétendent ou'on en fait aujo\u"d'hui une excellente pommade oaorante pour nettoyer & adoucir la peau , pour les petits boutons , les gerçures , les enge- lures , tkc, Dans les vioix troncs du canmlller , il y a des nœuds réfmeux qui ont l'odeur du bon bois de rofe. Nos Ebcniftes pourroient en tirer parti pour certains ouvrages. En Europe , la cannelle &c toutes les fubilances qu'on €n retire , données à propos , font un excellent effet , comme cordiaux & flomachiques chauds ; mais leur ufage trop long- temps continué 5 difpofe à l'inflamma- tion : un peu de cannelle dans une médecine , en corrige le mauvais goût , oL prévient les flatuofités &: les tranchées. Les Ilollandois font prefque parvenus à faire feuls le commerce de la cannelle , ainfi que celui du ^irojh & de la mufcade , en conquérant fur les Portugais , d^'un côté , les iHes Moluques , qui produifent feules le girofle ( Voye^ Girofle ) , &: de l'autre , l'îfle de Ceylan , autrefois Taprobane , feule féconde en canndU. Les ^oUandois , poyu fe rendre maîtres exclu- fivementdu commerce de cette écorce precieufe , après avoir chaffé les Portugais de Ceylan , conquirent encore fur eux le Royaume de Cochin fur la côte de Malabar, pQvir leur' enlever' fe comiriefç^ d'une can-. ^. ^ C A N ^ 6Si mile qui croiffolt dans ce pays , &C qu'ils vendoient fous le nom de cannelle Portugaife , cannelle fauvagc ou cannelle gr'ife. La première chofe qu'ils firent après cette conquête <» fut d'arracher cette cannzlk (auvagc. Toute la cannelle dont les Holîandois fcurniflent les deux hémifpheres , fe récolte dans un efpace d'environ quatorze lieues , le long des bords de la mer à Ceylan. Cet endroit, qui porte le nom de champ de la cannellz^ eft depuis Negambo jufqu'à Gallieres. Ils ne laiilent croître qu'une certaine quantité de ces arbres, & ont im grand foin de faire arracher de temps en temps une partie des cannellïers qui croiffent fans culture ^ ou même ceux qui feroient cultivés ailleurs que dans certains diflrids de l'ïfle , fâchant par une expérience de plus de cent vingt ans , la quantité de cannelle qu'il leur faut pour le com.merce , ck perfuadés qu'ils n'en débiteroient pas davantage , quand même ils la don- neroient à meilleur marché. On eilime que ce qu'ils en apportent en Europe va à iix cents mille livres pefant par an, & qu'ils en débitent à-peu-près autant dans les Indes. Il s'en conlbmme une grande quantité en Amérique , particulièrement au Pérou , pour le cho- colat dont les Efpagnols ne peuvent fe paffer. Telle eil l'hiiloire abrégée de la cannelle , ce^tréfor de luxe 6c de commerce , qui de fuperflu eft devenu nécelTaire. Nous donnerons à l'article Muscade , un détail de ce que les Holîandois font en Europe quand la récolte de la cannelle , du projle & de la miifcade a été mé- diocre, & quand elle a été abondante. Cannelle blaîsîche ou Cannelle du Pérou, Cojlus conicofus. C'eil la deuxième écorce du canndlier propre à l'Amérique , Cinnamomum Amerïcammi , can^ nella P émana ^ C. B. ; Cafjîa cinnamomea ^ Pluk. Elle eil nommée dans l'Ifle des Tortues & à Saint- Domingue , cannelle bâtarde poivrée : elle efl en gros rouleaux épais, d'un blanc fale-, d'une odeur aro- pîaticjuej à d'un goût qui tient dç la camielle 3 du 682 C A N girofle &c du gingembre. L'on prétend , fans fon- dement , que l'arbre qui la porte eft le même que celui qui donne le caffia-lignea , dont le goût eft diîFcrent ( f'^ojc:^ ce mot ) , mais qui , tranfplantë dans la Jamaïque , a beaucoup changé. Ce même arbre , que M. Linnœus range parmi les efpeces de laurur ^ & M. Adanfon dans l'ordre des garous , eit aujour- d'hui cultive dans les Terres Magellaniques , où il efl appelé , comme à Madagaicar , jimpi, C'eft de cet arLre que découle la gomme alcuchï. Quelques-uns ont confondu avec la canndU blanchi réccrce appelée icom dz Wïnur ^ du nom de GuiUaumc Wmte'- , Capitaine de vaiiieau , qui accompagna , en I 567, François Drack julqu'au détroit de Magellan, fans aller p-us loin. Wïnur a découvert cette écorce fur les côtes de Magellan ; c'efl le premier qui l'ait apportée en Europe. Cette écorce avoit été fort utile à tous ceux qui étoient fur fon vaifleau ; elle leur avoit fervi d'epiçes pour leurs mets , & d'excellent remède contre le fcorbut. Les habitans du détroit de Magellan font toujours munis de ctt antidote , pour fe prélerver des accidens qui arrivent à ceux qui mangent imprudemment de la chair de lion marin , ù. qui elr \m veau marin vénéneux, ^(Ojy^:^ ces mots ; auiïi appellent- ils Vkorci de Winur , écorce fans pardlU, On la vend encore quelquefois dans la droguerie , fous le nom ^korce dz caryocojlin. Cette écorce efl roidée en tuyaux, grifaire , un peu fongui ufe , chargée de crevafiés , intérieurement lolide , denfe , rouflâtre , d'un goiit de poivre aromatique &: d'une odeur pénétrante. Comme ti'e e(l fort rare en Europe , on lui fubftitiie toujours Ja cannelle blanche. Voyez maintenant Écorce de \yiNTER. La cannelk blanche fert aux habitans de la Jamaïque dans les n^coûts à la place du poivre & des clous de girofle : fon u'age nuit à ceux qui ont le tempérament bieux &: cciiaLiitç, On en ccnSt dans la verdeur j C A N 68> alors on l'emploie avec un grand fuccès contre le icorbut. L'arbre qui donne la canndU blanche ne s'élève guère : fa tige tfl droite, peu greffe . On y diflingue deux écorces ; l'une externe qui eft liile , grifâtre ; l'autre interne qui eft blanchâtre, plus épaifle que mince , d'un goût aromatique & piquant ; ion bois ell dur , pefant , quoique corruptible ; fes feuilles fermes , bien nour- ries, d'un vert obfcur, attachées par un pédicule au fommet des tiges , difpofées par bouquets , garnies de trois côtes faillantes , d'une faveur de canndU ; les fleurs font à cinq pétales, de couleur pourpre-violet; il leur fuccede un petit fruit arrondi , très-aromatique. Cet arbre fe trouve dans les Ifles , à Saint-Domingue dans les mornes. On fait avec fon fruit une liqueur ftomachique très-agréable. Cannelle DE la Chine. Il croit à la Chine, fur quelques montagnes , une efpece de cannelle de couleur griie , qui , quoique plus épaifTe & moins odoriférante que celle de Ceylan , ell cependant a-iïez bonne , & croît en allez grande quantité , pour qu'on n'ait point befoln à la Chine de celle de Ceylan. Cannelle Giroflée ou Cannelle noire , EcoRCE DE Girofle , Bois de Girofle , Capelet, Bois de Grave , ou Bois de Clou du Para , Canmlla caryophyllata, C'ell: une écorce roulée comme la cannelle , mais un peu plus grofie , grifâtre exté- rieurement , brune , noirâtre , & comme rouillée en dedans , d'une légère odeur de girofle. Sa faveur ell plus m.ordicante , & approche de celle du girofle , ce qui la fait nommer , quoique improprement , éccrcc de gircjlc ^ car elle ne fe tire point de l'arbre qui porte le girofle , m.ais d'un autre que l'on ne connoit pas encore , & qui croît dans les Ifles de Cuba & de Madagafcar, dans le Bréfil & dans les provinces Mé- ridionales de Guianc & de Maranhon. Barrerc , France MquinaxiaUy dit cependant que ç'eft un fort cubrifeau 684 C A N qui croît dans la terre ferme du coté de la rlvîefe d'Ourapeu : Myrtus arborea caryophyUi aromatid odore , BaiT. , Eugenhi , & qu'il a vu des carbets d'Indiens faits tout de ce bois , qui eil aromatique. C'eil le caningua. de quelques Auteurs. Les Indiens le nomment en leur langue ravmd-fara. Les Portugais appellent fon écorce canndia gafofanatà : elle eit la bafe de leurs épices. Les Colporteurs &c autres gens de mauvaife foi ^ altèrent le clou de girofle en poudre avec cette écorce, qui eil à meilleur marché. L'arbre dont on retire la ^anntlk girofiie , porte des fruits de la grolTeur des noix de galle, ayant l'odeur ^ la faveur du girofle; ce qui les a fait nommer improprement noix de girofle ^ ou noix de Madagafcar. Les Indiens les nomment vao- ravend-fara , &: par corruption,- arahim-jara, L'écorce & les fruits font céphaliques , flomachiques , & peu- vent être employés en aflaifonnement. Il efl parlé de ctXXç: écorce -dans la. Matière Médicale^ fous le nom de Cafje giroflée. Voyez ce mot. M. de la Condamine dit que le fruit du bois de Cravc cil: à peu près de la groffeur d'une olive , & qu'îl entre dans la compofition de diverfes liqueurs fortes en Angleterre & en Italie. Le bois 4e Grave , dit cet Académicien , eft fort commun au Para , ville Por- tugaife près de la rivière des Amazones , où les habi- tans l'appellent pao de cravo, .C'efî le palo de clavo des Efpagnois. Cannelle matte. C'efl: le nom qu'on donne à l'écorce des vieux troncs de cannelliers / OC qu'on rejette , étant fort inférieure par fon odeur ^ fon goût ^ fes vertus, à la ûxié cai2ndle. , . ] 'Cannelle FOI VRÉE.. A^(>y^{ Cannelle blanche. Cannelle sauvage. Dans nos colonies Améri- -caines , on donne ce nom à un véritable caundlier dont- - l'écorce n?a pas la bonté dé celle de Ceylan , mais qui pourra 1 acquérir par la culture , c'eil:-à-dire> -par-unetranfplaatiition répétée. On dqnne auffi Iç C A N 6S^ nom de hoîs de canndk à l'écorce appelée camidU blanche. L'arbre qui la donne efî le canndlkr du Pérouç Voyt7^ Cannelle blanche. CANNELLIER DE WINTER. Voyci à Urt'uk Cannelle blanche. CANONNIER. Foye^^ Bombardier. CANOT des Sauvages, ou Pirogue , Zz;z/£t. De même que les hommes polices , les Sauvages ont leur induflrle. De fimples écorces d'arbres font les barques de ceux-ci ; on les a appelés canots^ parce que lès Sauvages ne s*en fer virent d'abord que fur des canaux qui communiquoient à"de' grands fleuves; Les crz^o/^ n'étant point leiîés, ils ont été de tout temps fujets à fe culbuter : le Sauvage s'en effraya dans les premiers momens ; mais enhardi par le belbin & Tadreife 5 il apprit à fe jeter à l'eau, à nager, à braver èri quelque forte cet élément , & fut bientôt relever fa barque , la vider & la remettre à flot. Il y a des Sauvages qui courbent les éccrces d'arbres avec art^ les aiTujettiffent ^ leur donnent une forme dé gondole. Ces pirogues font très-légères , elles n'ont que deux ou trois pieds de largeur t<. douze à qua- torze de longueur.- Lorf qu'en voguant les Sauvages rencontrent des chutes d'eau, des catarades , ils vont abord pour defcendre à terre: ils portent la barque flir leurs épaules , &: la remettent à flot au-delà de la catara£le. Les Sauvages du détroitde- Davis & les Groen- îandois eonftruifent des pirogus-s qui flottent & V02;uent fwu^ les eaux avec une légèreté -étonnante , & qui ne -peuvent jamais être fubmergées. Ces canots font formés 'd'un cMlîîs en bois recouvert ' de peau de chien de mer'ou 'd'iin autre cuir bien tendu ;. ce font autant de coiires longs, très - pointus par les deux bouts. Le Sauvage ménage un trou dans le ïtiilieu/s'y place, s'y feeen fe fanglant le pourtour du corps avec la peku même qui tait partie du canot ^ en cet endroit ; il mgé fur î'eau comme uja balioji^ ^^m rames lui 6È6 C A N fervent à ie conduire où il veut , 6c à exécuter les lïîouvernens ou les contre - temps les plus brufqiieSrf On le voit attaquer hardiment les baleines à coups de harpon ; fou vent d'un coup de queue la baleine lance en l'air l'homme 6c la pirogue , qui retombent &i furnagent auiïi - tôt. On voit de ces canots k rAmiraiité d'Amfterdam , dans le Mujkum de Londres Ôc ailleurs. Les canots des Nègres de Guinée font des troncs d'arbres qu'ils ont creufés exprès. Huit à dix hommes, tous poiuvus de rames , s'y tiennent à la file l'un de l'autre ; ils font voler cette pirogue fur la furface des eaux avec tant de rapidité , qu'vme chaloupe ne peut les fuivre : un bâton dans le milieu fert de mât ; des nattes de jonc fervent de voiles. Sur les bords du Sé- négal 5 on fait avec le tronc du ceiha des pirogues bien phis grandes. Voyc^^ à r article Ceiba. M. l'Abbé TeJJîer , dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, dit qu'à la Louifiane on fait, avec un feul tronc du Cyprès à feuilles d'acacia , Cuprejfus dijîicha ^ Linn* plufieurs pirogues d'un pouce d'cpaifl'eur , &: en état de porter juiqu'à quatre milliers & au-delà. CANSCHY , efl un gros, arbre du Japon, dont les habitans du pays fe fervent pour faire une efpece de papier. Foye^ à la fuite de l'article PAPYRUS, au mot; Papier. CANTARELLE. Voyei Proscarabée. CANTHARIDE, Mouche Canth aride ou Mouche d'Espagne , Canthandes. La caïuharide n'efl point une mouche , c'eft un fcarabée obîong , dont les ailes membraneufes font recouvertes par des étuis id'un vert-doré. M. Ddeii^e dit avec raifon qu'on donne quelquefois, dans le langage vulgaire, le nom dt can-' iharidcs à divers infectes coléoptères qui ne reffem- blent aux camkaridcs eue x?r la couleur , tels que le grand buprefte vert-doré , ^'émeraude , &c. Voilà pour- ,quoi on cite plufieurs efpeces de cantJmridis qui dif- C A 5l '6îi ferent entre elles par leur grandeur , leur ' figure 6c leur couleur : il y en a de plus greffes qu'un hanneton. Entre ces cantkarides il y en a dont la couleur ell de pur azur ; lés autres paroiffent ornées d'or pur; d'autrc^s Ibni mêlées d'or &: d'azur étincelans ; d'autres enfin font d'un vert-bleu doré ; mais toutes ont un brillant qui charme la vue. Celles dont on fait ufrige dans lei Pharmacie , & qui font les véritables , ont environ neuf lignes de longueur , fur d. ux ou trois de large : elles font d'une couleur verte , luifante , azurée , mêlée de couleur d'or. La Nature les a habillées fuperbement. La bouche de cette efpece d'infe£le cantharlde eil munie de mâchoires & de dents , avec deux efpeces de pinces articidëes , propres à faifir & à approcher la nourriture de leur bouche. Sur le front font àQS yeux de couleur d'or, un peu faillans ; & au-deffous, deux antennes noires , fihfbrmes , pyramidales & qui font mobiles au moyen de douze articulations égales. Le fommet de la tête eft partagé en deux hémifpheres extrêmement liffes. Cet infeôe a fix jambes. M. Geoffroy divife les cantkarides en deux familles : la première à tarfes nus & fans broffes ou pelottes ; la féconde famille a les tarfes garnis de pelottes. Les deux pre- mières paires de jambes ont cinq articulations aux tarfes, & la dernière en a quatre. Son corfelet efl: un peu raboteux &; non bordé , cependant il y a une pointe mouffe de chaque coté. Sa poitrine un peu aplatie , efl: remplie intérieurement de trachées ou vaiffeaux aériens , avec leurs valvules d'une flni£lure merveilleufe. Les fauffes ailes font flexibles, àc les -côtés du ventre pliffés. Les cantkarides naiffent d'œufs d'où fortent des ver- milTeaux qui ont une figure approchante de cqWq d'une vraie chenille : ces larves habitent dans les terres & pénètrent fouvent dans les fourmillieres , où elles fe nourriffent de fourmis & de nymphes de fourmis, cUçs y font mê»ie levu* coque. Les mouches cantha- 688 C A N rides font plus communes dans les pays chauds & dans les provinces Mériaionales de la France , que dans les pays froids : il s'en trouve cependant prefque par toute l'Europe dans . certains temps de l'année. Ces mouches dévorent les feuilles de plufieurs efpeces d'arbres & arbriffeaux , tels que les chèvrefeuilles ^ lilas > rofiers , noyers , troènes & peupliers : les feuilles infectes. Mais M. le Vicomte de ^Qncrhcént , homme ■ infrruit, nous mande ^quef>> ceux qui ont parlé de l'ag- coupiement des cantkarldcs {q font trompés , lorfqu'ïls ont dit quil étoit fort vif. ïls ont pris le prélude de ,î accouplement pour , l'accouplement mqme. Le mâle beaucoup plus ardent que fa femelle ,. après être monté fur elle , tache de d'exciter à répondre ^(q^ défirs par des mouvemens brufques ôc fréquens de la partie poflérieure de fon -corps contre celle de, fa fer melle , & en lui pinçant :1a tête à plufieurs reprifes. Ge - n'eil qu'après , ces .préludes , qui . font quelquefois longs, que raccouplemenî a ^ea,;^; pendant lequel ces infedles attachés fortement, i'n-n à l'autre , iont .tranquilles. Cette adhérence du îîifiie à la femelle efi il .foi-te qu'en les mettant, lorsqu'ils. font ^accoiiplés , dans dvL .vinaigre, ils y péiifTent.faus fe^féparer. Quoique jaie icuvent , obfervé ces infe£les, je n'ai jamais viii les fe,niielles monter far les. mâles ^&: je. doute mpm^ que cela foitj vu la pétulance dçs d^nycr§.«, :!^ C A N 689 Les canthandes multiplient beaucoup , & font quelquefois réunies en fi grand nombre , qu'elles paroifTent en l'air comme un efTaim qui feroit pouffé par les vents ; alors elles font précédées par ime odeur défagréable qu'elles répandent au loin , fur -tout quand le foleil efl prés de fe coucher. Ordinairement cette mauvaife odeur qui approche beaucoup de celle de la fouris , fert de guide lorf- qu'on cherche à ramaffer de ces infeftes pour les faire fécher. Quand ils font fecs , ils deviennent li légers 5 que cinquante pefent à peine un gros. Les parties volatiles qu'exhalent les canthandes font iî vives & fi corrofives , qu'il arriva à un hom.me d'être attaqué de la fièvre pour s'être endormi feus un arbriffeau où il y avoit des cantharides , & en avoir refpiré la mauvaife odeur. Au rapport de Boyle , quelques perfonnes pour avoir tenu dans leurs mains des canthandes feches , ont fenti une douleur confidérable autour du col de la veffie , & ' ont même eu quelques-unes des parties qui fervent à la fécrétion de lurine , oiienfées. Les Auteurs de la Matière Médicale nous apprennent que des domeftiques ayant ramaffé fur des frênes, dans un beau jour d'été, une grande quantité de canthandes fans précaution &: avec les mains nues, furent enfuite attaqués d'une ardeur d'urine à laquelle fuccéda un piffement de fang. Une perfonne ayant pris en potion des cantharides qui. lui avoient été ordonnées pour un emplâtre , en fut empoifonnée : tout ce que l'on put faire à force de remèdes , fut de lui fauver la vie ; mais elle en perdit la raifon.Oans ces cas , les rem.edes les plus avanta- geux font les adouciffans & les mucilagineux ; tels que l'huile d'olive , celle d'amande douce , le lait pris en grande abondance , les émulfions. On peut encore prendre des demi - bains d'eau tiède , & faire , s'il ell poffible , des injedions dans la veffie avec de la décoc- tion de graine de Un, de racine de guimauve & de Tom6 //• X X 6^0 C A N nénuphnr. Le camphre pafTe aiifTi pour être un puiffant correCtït du venin de ces infe6^es. Quoique les cantharidcs , prifes intérieurement ^ piiiiî'ent être regardées comme un poifon , quelques Médecins en ont prefcrit l'ulage intérieur avec iliccès , en les mêlant avec quelque corredif , dans l'hydro- pifie & les fupprelîions d'urine. On fait grand ufage des cantharidcs à l'extérieur : c'eft la bafe de tous les véiicatoires qu'on prépare pour l'ordinaire en mêlant de la poudre de cantharidcs avec du levain ou quelque onguent convenable. On les applique dans les cas où il faut réveiller le fentimerU dans quelques parties , ou détourner les humeurs qui menacent de quelque dépôt dangereux. M» Bourgeois obferve que les Mé- decins modernes font un ufage beaucoup plus fréquent des cantharidcs appliquées extérieurement , que les Anciens ^ & preique toujours avec un grand fuccès dans un grand nombre de maladies aiguës , fur-tour dans les fièvres putrides malignes , miliaires , fièvres chaudes, le mal de gorge gangreneux, dans tous les cas où le malade eft menacé ou attaqué de rêveries. L'ufage de ce remède , tant intérieur qu'extérieur , demande beaucoup de prudence & d'expérience de la part du Médecin. Nous avons connu deux jeunes gens <]ui vivoient avec des courtifanes : celles - ci les ayant prefque épuifés par la fréquence de l'adle vénérien , & voulant rappeler chez eux les feux éteints de i'amour , elles leur firent avaler à leur infu de la poudre de cantharidcs dans des truffes. Les deux athlètes fe trouvèrent attaqués d'un priapifme con- tinuel , les urines devinrent enfanglantéél ; ils en moururent. Nous devons ajouter ici une obfervation du célèbre Dodeur Werlhoff fur l'efficacité des can-- tharidcs pour prévenir les fuites de la morfure des animaux enragés. Ce Médecin eft toujours parvenu à dompter ce venin en en faifani prendre intérieure- ment un grain chaque jour pendant fix femaines , C A N .691 avec un grain & demi de mercure doux & dix grains de camphre ; le tout incorporé avec le mucilage de la gomme adragante. On trouve , au rapport à^Aldrovande , aux environs de Bologne en Italie , des cantharides aquatiques qui ont à peu près la forme d'une punaife. Leur couleur noire paroît verte au foleil. Lorique ces mouchés font portées fur les eaux, elles jettent un éclat auilî brillant que celui de l'argent. Ces cantharides aqua-- tiques volent aufli quand elles veulent. CANTHENE, S parus cantharus ^ Linn. ; Cantheno ^ des Efpagnols. Poiiîbn du genre du Spare : il eft affez commun dans la Méditerranée; il eft très -connu à Borne & à Gênes : fa chair a le goût de celle du fargue. Ronddet penfe que le nom de cantharus donné à ce poifTon , & qui iignifîe en Grec un efcarbot^ défigne %. manière de vivre de ce poifTon , qui aime à fe cacher dans la fange , & s'y tient plongé pendant l'hiver , femblable en cela à Pefcarbot auquel las lieux les plus fales fervent de retraite ordinaire. JFillughby dit que ce poilTon a les dents arrondies & aiguës ; le corps eft noirâtre , marqué dans fa longueur , de pluiîeurs lignes jaunâtres ; les iris des yeux ont un éclat très-argenté ; les lignes latérales fort larges & très-apparentes. C'eft notamment aux bords des ports de mer , à l'embouchure des fleuves , & dans les en- droits où les flots entraînent & dépofent les immon- dices , que l'on prend ce poiflbn. C ANUDE ou C ANUS, Labrus Cynœdus^ Linn. PoiiTon de mer, du genre du Labre ; il fe trouve dans la Médi- terranée. Selon Rondelet , fa chair eft molle , friable , fans vifcofité , & facile à digérer. Il fe tient entre les rochers ; fa longueur eft d'environ un pied ; fa gueule cil petite; les dents font ferrées les unes contre les autres ; le dos eft rouge , & le refte du corps jaune. La nageoire dorfale s'étend depuis la tête jufqu'à la' ijueue^ ôc eft garnie de raygns épinçvix. 69i e A N _ CANUT , Canutus, Cet oifeaii quî vît committie- ment dans le Nord de l'Europe , fe trouve fouvent dans les provinces Septentrionales de l'Angleterre où il eft nommé knot ; il eil à peu près de la groiTeur de la maubêchc gr'ife ; il efl du LXXV^ g^nre de la Méthode de M. Bnjfon. A chaque côté de fa tête eft une bande blanche, au-deffiis de laquelle en eft une autre d'un brun foncé. Il eft varié de blanc & de cendré-brun par des taches qui imitent un croif- fant 5 à la partie inférieure du dos & au croupion : le bec eft d'un cendré très - foncé , les pieds & les ongles d'un brun-verdâtre. Cet oifeau , qui fe nourrit fur lé bord des eaux , eft très-bon à manger lorfqu'iî cft gras. Fillughby dit que cet oifeau étoit le mets favori du Roi Canm , d'oii vient le nom qu'on a donné à cet oifeau. CAOLIN. Voyci Kaolin. CAOUAC. Dans les Iftes du Vent on donne ce nom à une efpece de tuf jaunâtre qui y eft très-abon- dant y & que l'on vend fecrétement dans les marchés publics. Les Nègres Caraïbes font ft friands de cette terre , qu'il n'y a point de châtimens qui puiftent les empêcher d'en manger : le défir accroît par la défenfe , ils ne peuvent y réfifter. Cependant cette terre que les Noirs mangent aufîi dans la Guinée , leur caufe un mal d'eftomac mortel. On regarde comme perdu un Nègre qui en eft attaqué. Voyage, à la Martinique» CAOUANNE. Nom donné à une efpece de tortue de mer. Voye^ a l'article Tortue. Plufieurs Natu- raliftes regardent la caouanne comme une efpece on variété du carret. Voyez ce mot. CAOUT-CHOUC. Voyei Résine élastique. Fin du Tome fécond. .g***?. '^^ 'âh.. à, ^^ -Nj" hy