1)1 i • i I ^i-i- * ' ^ m \ '%« 1 i^- ':'M. 3ûlm r^baras N THE CUSTODY Or TME BOSTON PUBLIC LIBRARY. 5HELF N° ADAMS °iù,a r.f: i < v N :^: m^ % X îi ^- DICTÏONNA RAISONNÉ UNIVERSEL D'HISTOIRE NATURELLE. •«s !5* TOME TROISIEME. •€; ;»= DICT 5 RA I S O N N É UNIVERSEL D^HISTOIRE NATURELLE CONTENANT L'HÏSTOÏRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX ET DES MINÉRAUX, Et celle des Corps cëleftes, des Météores, & des autres principaux Phénomènes de la Nature; AVEC L'HISTOIRE ET LA DESCRIPTION DES DROGUES SIMPLES TIRÉES DES TROIS REGNES ^ Et le détail de leurs ufages dans la Médecine, dans l'Économie domeflique & champêtre, & dans les Arts & Métiers : ~ Plus j une Table concordante des Noms Latins ^ & le renvoi aux objets mentionnés dans cet Ouvrasse. Par M. Val M ONT de Bomare, Démonftrateur d'Hifloire Naturelle avoué du Gouvernement; Cenfeur Royal; Dire£leur des Cabinets d'Hiiloire Naturelle, de Phyfique, &c. de S. A. S. Monfeigneur le PRINCE DE CONDÉ; Honoraire de la Société Économique de Berne ; Membre des Académies Impériale des Curieux de la Nature , Impériale &c Royale des Sciences de Bruxelles ; AlTocié Regnicole de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres & beaux Arts de Rouen; des Sociétés Royales des Sciences de Montpellier, Littéraires de Caen, de la Rochelle, &c. d'Agriculture de Paris; Maître en Pharmacie. Nouvelle Edition , revue & confidérablement augmentée par V Auteur,, TOME TROISIEME. A P A R I S, Chez B R u N E T j Libraire , rue des Écrivains , vis-à-vis le Cloître Saint Jacques de la Boucherie. weasmmn^mma: M. D C C. L X X V. Avec Approbat loy , et Privilège dv Pc \qs comblent, à caufe que la mer les poufl^e d'un côté, & le courant de l'autre. Ces fortes de pierres varient beaucoup pour la compofition , étant ou de quartz , ou de marbre , ou de jafpe , ou de granité , ou d'autrest cailloux , tels que les pierres à fuûl , en vin mot , félon les efpeces à^ 9 G A L maffes pierreufes qui bordent ou fervent de fol aux eaux ; les galets tvetï (ont que les débris. II eft aifc de comprendre que la figure & le poli dea galets leur viennent d'avoir écé long-temps battus , agités par les flots 8c par les coups de vents , &: ufés les uns contre les autres. A l'égard des galets qu'on trouve dans les terres , les vallées ôc les montagnes , il faut foupçonner qu'ils y ont été portés de main d'hommes , ou dépofés lors d'une alluvion très-confidérable , qui a baigne de tels endroits , foit par les eaux de la mer qui ont pu y féjourner autrefois. Quand un galec qui , pour Pordinaîre , eft une mouche à quatre ailes , un p.iplllon , un fcarabée , en un mot une mouche ichneumone , un cinîps , a été pourvue d'un inftrumenr propre à percer, ou à entailler le bois j l'écorce ou les feuilles j elle le porte au derrière , c'eft une tarière ou un aiguillon : ceux des mères de différentes claflTes font ordinairement faits fur différens modèles. Nous ne pouvons pas diftinguer à la vue tout ce qu'il y a dans la ftrudure de ces inflrumens , mais nous en appercevons aifez pour l'admirer : (on peut voir au mot Mouche a scie, la defcription d'une de ces tarières d'une ftrudture tout-à-fait étonnante ). Dans des infedes très-petits, tels que font les différentes efpeces de mouches à quatre ailes qui font naître les différentes efpeces de galles du chcne, l'aiguillon eft très-grand par rapport à la grandeur de l'infede j la Nature a cependant trouvé moyen de le loger dans le corps même; il y eft courbé & contourné. Quand la mouche veut , elle fait fortir cet inftru- menr de fon corps j avec la pointe elle perce tantôt une feuille , tantôt un bourgeon , tantôt un jet d'arbre, &: elle dépole un œuf dans le trou qu'elle a formé. Quelquefois la même mouche perce ainfî plufieurs trous les uns après les autres , dans chacun defquels elle laifïe un œuf. Chaque cellule fert de logement à chaque individu. Les endroits de l'arbre qui ont été bleffés , ou ce qui eft la mèmechofe, ceux à qui un ou plufieurs œufs ont été confiés , végètent pl*ts vigoureu- fementque le refte, parceque la fève fe porte plus abondamment en cet endroit ; elle s'y accumule , la plaie fe ferme très wne , & l'endroit où elle eft fe gonfle. Il y paroît bientôt une nouvelle produélion , qui n'eft autre chofe que la galle dont nous parlons ; elle devient le domicile du ver qui y trouve le vivre & le couvert. De ces galles les unes font a-peu-près fphériques , petites , de la grofleur d'un grain de grofeille ; d'autres de- viennent groffes comme des noix ; & d'autres comme de petites pommes : quelques - unes font colorées comme les plus beaux fruits , & l'œil Us prend même pour de vrais fruits : les unes font lilfes , les autres font épineufes; les unes ont une chevelure bien furprenante , telle que le be- deguar qui fe trouve fur le rofier ; d'autres femblent de petits artichauts ; d'autres pourroient être prifes pour des fleurs. La fubftance de quelques- unes eft fpongieufe : il y en a même certaines qu'on mange en quelques pays , ôc qu'on porte au marché. Les Voyageurs nous rapportent qu'à Conftantinople on vend au marché des galles ou pommes de fauge: voyez ^u(ïi Baifange à. VanidQ Puçcrvn. Saus aller chercher des exemples fi loin j- Tom^ l IL ô i^ G A L des payfans des environs du bois de Saint-Maiir , près de Paris , fe font avifésde manger de ces galles en pommes , prifes fur le lierre terreftre : ils les ont trouvées très bonnes : leur faveur eft aromatique. 11 faut les cueillir de bonne heure avant qu'elles foient trop feches èc trop filamen- teufes j cependant il n'y a pas lieu de penfer qu'elles parviennent jamais à être mifes au rang des bons mets ; d'autres font plus dures que le bois. Enfin parmi les galles , il y en a plufieurs dont les Arts font un grand iifage -y telles font les noix de galle d'Alep. Foye"^ ce mot. L'œuf qui a été enfermé dans une galle nallfante , y croît lui-même ; & ce n'eft qu'après que cet œuf a pris un afTez grand accroilfement , que l'in- fede en fort , ordinairement fous la forme de ver. Ce ver , par la fuite , fe métamorphofe , foit en une mouche à deux ailes , foit en une mouche à quatre ailes , foit en un fcarabée , félon l'efpece dont il eft lui mcme. Après avoir fubifi dernière transformation , il quitte ce logement , où il a été il bien défendu contre toutes les intempérances de l'air, & qui lui a donné à vivre. Il y a quelques infedes de galles , qui font de fauiïes chenilles, & des vers de fcarabées , qui fortent de leurs galles , lorfqu'ils ■fcnt prêts à fe transformer pour la première fois. Dans l'inftitution de la Nature , ces infeéles eux-mêmes doivent fervir à nourrir d'autres infedes. Des mouches carnaffieres , & qui donnent naif- fance à des v^ carnalfiers , ioni munies de tarières qui valent bien celles des mouches qui font naître les galles. La mouche carnafliere va percer ime galle \ elle dépofe im œuf dans fa cavité j il en naît un ver qui mange celui qui fembloit devoir être en sûreté dans un logement environné de murs folides& épais. La quantité de vers étrangers , introduits dans les galles , les variétés de leurs efpeces & des belles mouches qu'ils donnent , font encore de vé-- ritables merveilles. Il fort des galles plus de mouches qui doivent leur naiflance aux vers étrangers , qu'il n'en fort de celles qui la doivent aux habitans naturels, f^oye:^ Cinips & Ichneumones ( mouches ). Entre ces divcrfes efpeces de galles, les unes ne nous offrent qu'une grande cavité , dans laquelle plufieurs infeéles vivent 6: croilTent enfem- ble ; ou diverfes cavités plus petites , entre lefquelles il y a des commu^*- jiications. L'intérieur de quelques autres eft rempli de plulieurs cellules ^ quelquefois au nombre déplus de cent, &; quelquefois feulement au nombre- de trois ou quatre, qui toutes font féparées les unes des autres, par une cloifon. Enfin d'autres , quoiqu'afiez grofies , ne font occupées ^ G A L it dans leur cavité, que par un feul infede. On recouiioît qu'une galle fur l'arbre eft encore habitée par les infedies j lorfqu'on ne voit point qu'elle (bit percée nulle part. Les infedes de certaines galles font fi petits, qu'on ne peut les appercevoir qu'avec une loupe. Galles de chêne ou fausses galles. Les pommes de chêne & les rai- iins de chêne , font, félon les Naturalilles , des excroiflances produites pat la piqûre de certains moucherons qui y dépofent leurs œufs & qui y pro- duifent des vers : ces excroilfances font aftringentes. ^^oye:^ Noix de CALLES. Galles de la germandrée. M. de Réaumur a obfervé que tandis que les galles des autres plantes font produites fur les feuilles , celles de la ger- tiiandrée le font fur la fleur ; 5c pour furcroît de (îngularité , par une pu- naife , le feul infecte connu de fa clafl^e , qui Ce forme &: croiflè dans ces fortes de tubercules monftrueux. Cet infeéte eft niché en naiflant dans la fleur toute jaune du chamAdrïs ( germandrée ) , ôc il la fuce avec fa trompe. La fleur fucée croît beaucoup fans pouvoir s'ouvrir j parceque fa lèvre qui devroit fe dégager du calice fait par les autres pétales , y refte retenue a caufe qu'elle a pris trop de volume , & la petite nymphe de punaife y çonferve fon logement clos. Voyf-:^ Germandrée £• Punaise. Galle résineuse du pin. Cette galle fe rencontre fur les jeunes bran- ches du pin dans toutes les faifons de l'année. Elle a une forme ovale , 5c eft longue d'un pouce environ , d'une couleur blanchâtre fale : elle de- vient brune en vieillilTant. Cette galle eft de fubftance réfineufe , car elle eft diffoluble dans l'efprit-de vin. On trouve dans fon intérieur une petite chenille qui fait fa nourriture de la fubftance réfineufe de la partie de la branche renfermée fous la galle. Elle s'accommode de cette réfine , & ré» fifte à l'odeur de l'huile elfentielle qu'on en retire j tandis que toute autre chenille en périt au bout de deux ou trois minutes. Ces obfervations font de M. Gec- j Sr font inférées dans le Tome II des Mémoires préfentés à l'Académie. Cet article fournit un exemple que plufieurs infedes trouvent la vie 5c le couvert fur de certaines plantes. C'eft au foin qu'ils prennent d'y loger leurs petits , que nous devons l'invention ou la matière des plus belles couleurs , rouges , noires , &c. que l'on emploie tant en peinture qu'en teinture : notre reconnoiflance , ni notre admiration , n'égalent pas le fervice de ces infedes. GALLINACE, voye-^ Pierre dh gallinace. Bij 11 G A L GALLINASSE ou GALLINAZA. Nom que les Efpdgnols donnent a un oifeau noir de la gi'oflTeur d'an dinde j il fe trouve au Pérou. GarcUaJfa Jaca dit que les habitants du pays le nomment y^y/i^/î^z/ ( qu^il faut ^xo- noncer/ouyouncou). Cet oifeau, quieft d'une odeur défagréable , eft très soulu , très carnaflier : il vit de charognes comme les corbeaux , ôc enlevé les immondices des chemins. Le gallinaza, ( les Efpagnols prononcent gailUnaca ) fe rencontre auiîî dans le Mexique , où il y eft appelle aura & tropillot. Voyez le mot Aura. GALLINE. Foyei à l'article Rouget. GALLINSECTES. Les Naturaliftes modernes donnent ce nom à des infedtes qui relTemblent fort à des galles , mais qui n'ont de commun avec elles que la relTemblance extérieure. C'eft fur les arbres , fur les arbrif- feaux, & comniunément fur des plantes qui paflent l'hiver , que nai^ fent & croifiTent les gallinfedes : il faut à ces fortes d'animaux , une plante qui les nourriffe près d'un an , terme auquel eft fixée la durée de leur vie. Il y a peu d'arbres & d'arbuftes , dans notre pays , qui n'^en nourrif- fent différentes efpeces : on les y reconnoît à leur figure &c à leur couleur. Elles naiftent toutes d'aiîez petits animaux. Après leur accroilTement , les unes femblent être de petites boules attachées contre une branche par une très-petite partie de leur circonférence : elles font ordinairement groftes comme un grain de poivre j d'autres font comme fphériques , excepté la partie plate par où elles font attachées à l'arbre. Il y en a qui ont la figure d'un rein ou d'un bateau renverfé j & elles font toutes appliquées aux petites branches par la partie la plus échancrée ou enfoncée de leur corps. Les couleurs des gallinfeéies n'ont rien de bien frappant : commu- nément elles en ont une qui tire plus ou moins fur le marron : il y en a âufll de rougeâtres , de violettes , & d'un beau noir j d'autres dont le fond eft jaune , avec des ondes brunes, M. de Reaumur ea a trouvé de brunes veinées de blanc. Les pêchers & les orangers ont des gallinfcdes faites en bateau ren- verfé j & ce font de tous les arbres ceux defquels on eft le plus attentif à les ôter, Les Jardiniers les appellent improprement puna'ifes d'orangers : ces gallinfectes font les plus communes , ôc celles fur lefquelles on a fait des obfervations dont on peut faire l'application aux autres efpeces. Les gallinfectes font prefque toujours nuifibles aux arbres : il y en a G A L >^ tependant de très-iulles , 6c dont on defire la multiplication j telle eft celle du kermès , appellée coccus ou graine d'ecarhte. Voyez Kermès. Ces foi tes d'animaux parviennent à leur dernier terme d'accroilTemenc à la fin de Mai & au commencement de Juin. Il faut obferver les gai- linfedes dans tous les temps pour les bienconnoître j fans cette exactitude , on les prend aifément pour des coques où divers infedes renferment leurs œufs. L'infede a fix jambes , qu'il tient appliquées contre fon corps :ily en a quatre plus aifées à diftinguer que les autres. La dernière paire de celles-ci eft immédiatement au-deilus du premier des cinq anneaux. Au-delTus de la première paire de jambes on apperçoit une efpece de petit mamelon , qui eft la partie par le moyen de laquelle l'infeéle fe nourrit. La gallinfeéle couvre fes oeufs de fon corps , qui leur tient lieu d'une coque bien clofe. La ponte étant finie, l'infede meurt bientôt, ôc à la même place où il s'étoit fixé depuis long-temps : fon corps fe defïeche , & ce cadavre qui femble transformé en une efpece de coque , fert de berceau à fa famille. Selon M. de Réaumur ^ les petites gallin- fedes font douze jours à éclore , & ne prennent l'effor que plufieurs jours après leur naiflTance : il y a des Auteurs qui ont compté depuis mille jufqu'àdeux mille œufs fous certaines efpeces de gallinfedes. Celles qui font nouvellement nées fur les pêchers , commencent à fortir de deffous le fquelette de leur mère au commencement de Juin. Les fourmis qui ? comme nous l'avons dit , indiquent les pucerons , indiquent aulîî les gallinfedes des pêchers. Ces infedes tirent des feuilles fous lefquelles ils fe fixent la fubftance propre à leur nourriture & à leur accroKTement : ils ne rongent point les feuilles ^ ils en pompent le fuc avec leur trompe, qui ne fe laifle diftinguer que dans les grolTes galiinfedes,. L'expérience a appris aux Jardiniers fleuriftes à nettoyer de leur mieiîx leurs arbres fruitiers des galiinfedes , & fur-tout les orangers & les pê- chers ; fans quoielles épuifent , en quelque forte , la fève de ces arbres j ee qui les fait languir, 6c même périr. Les galiinfedes tombent en automne avec les feuilles fur lefquelles elles font attachées j mais elles regagnent bientôt l'arbre, & s'y fixent. C'eft en Avril qu'elles fe défont de leur vieille peau j après quoi elles croiftent très- vite , &: prennent la figure de galles : arrivées au deiniçi: terme d'aceroiffement , (en Mai) elles font ea état de pondre. De petites mouches fort jolies, à deux ailes , dont la tête , le corps. ^ le çoïfelet , de les fix jambes font d'un rouge foncé , font les mâles qui T4 - G  L fécondent les gallînfedes : la fin d''Aviil ell la faifon de leurs plaifirsi Ces maies ont une torme bien différente de leur femelle , & une grandeur bien difproportionnée. Autant les femelles font mimobiles , autant on \oitun même mâleadif , léger , aller fucceÛivementfur plufieurs femelles , les parcourir chacune d'iin bout à l'autre , d'un côté à l'autre , tenant çoujours la partie en forme d'aiguillon inclinée vers leur corps. Parcourant ainfi (on férail , & paflant en revue fes femelles , enfin il s'arrête , il fe fixe ; de quand il s'eft placé fur la partie fexuelle d'une femelle toute prête à le recevoir , il introduit la partie qui fait la fondion nécelfaire à la reproduction. Différentes efpeces de nos chênes fournilïent aufîi des gallinfed:es , arrondies , greffes comme de petits pois, qui y tiennent par une bafe circulaire allez étroite, & qui relîemblent beaucoup au kermès. La char- mille , l'épine , la vigne , font aullî voir des gallinfedes , dont les œufs paroifîent être dans une coque de foie. Enfin , M. de Reaumur cite une efpece de gallinfede brunâtre , liiîe & femblable à une valve de la moule de mer. Pro-Galllnfccies. On donne cenom a de petits animaux qui tiennent beaucoup des carade- res des gallinfedes, mais qui en ont pourtant qui leur font particuliers. Les pro-gallinfedes pafient une grande partie de leur vie attachées contre l'écorce des arbres , fans changer de place &: fans donner de mouvemens fenfibles \ cependant on les reconnoît en tout temps pour des animaux , Ç\ on les regarde avec la loupe , on diftingue toujours leurs anneaux : on a étudié encore peu cette efpece d'animaux. La cochenille eft peut-être la pro-gallinfede la plus importante à examiner. î^oye';^ Cochenille. On connoît une pro-gallinfede qui fe tient volontiers fur l'orme : elle eft petite & peu allante j on la trouve dans les bifurcations des petites branches qui n'ont qu'un an ou deux j on en trouve quelquefois contre les branches & les petites liges. Leur dernier terme d'accroiffement eft fait en Juillet. La vue ne peut néanmoins diflinguer qu'une petite mafie ovale & convexe , d'un affez mauvais rouge-brun , entourée d'un cordon blanc & cotonneux. La partie ovale eft le deffus du corps de l'infedte j on y reconnoît, avec la loupe, des anneaux j du refte l'animal eft parfaite- ment immobile : il ne montre ni tête ni jambes, tout eft caché par un bourrelet cotonneux , qui ne laiffe à découvert que la partie ovale. Cette G A L G A M 15 matière cotonneufe fait une efpece de nid , en forme de corbeille & comme goudronne, dans lequel l'infede eft logé en grande partie. Son ventre , qui pofe fur le fond de ce nid , fe trouve féparé de l'arbre par une couche de coton. Ce nid eft non-feulement deftiné à mettre le corps de l'infede plus à fon aife , mais aullî à recevoir les petits qui doivent naître en Juin ou en Juillet. En retirant alors la pro-gallinfede de {on nid , on trouve dans le fond S>c dans les inégalités des côtés un grand nombre de petits , vivans , dont la couleur eft d'un blanc jaunâtre. Ils portent devant eux deux petites antennes j leur corps eft aflez fem- blable à celui des gallinfeéles nouvellement nées. Ils marchent fur Gx jambes , allez courtes : on a de la peine à reconnoître leur trompe ou fuçoir. Quand la mère pro-gallinfede met Ces petits au jour, ils fortenc par l'anus , ou par une ouverture qui en eft proche : ils palfent fous le corps de la mère , qui s'applatic à mefure qu'elle fe vide. L'enfantement fini , la mère périt : elle fe defteche , ôc par la fuite elle tombe du nid. On eft encore incertain Ci les mâles des pro-galinfe6tes font ailés. La graine de Pologne , dont nous avons parlé à l'artiele cochenille du Nord 5 eft encore une pro-gallinfede ou un ver à (îx jambes , qui porte également fur la tète deux antennes , & qui a d'ailleurs une reiïem- blance générale avec la gallinfede &: la pro - gallinfeéle. Ce ver du Nord pond des oeufs \ de très-petites mouches à deux ailes blanches Se bordées de rouges , qui fortent de la graine d'écarlate , en (onx. les mâles. Voye^ au mot Cochenille du Nord. GALLIOTE ou GALiOT. Foye^ Benoîte. GAMAICU. Nom que les Indiens donnent tantôt à un morceau de madrépore foffile , tantôt à une concrétion pierreufe , ronde , protubé- rancée , femblable aux fialagmites ou ooUthcs. Voyez ces différens mots. Les Indiens attribuent au gamaïcu des vertus merveilleufes. GAMMA DORE , garma aureum. On donne ce nom à un phalène ou papillon nodurne , dont les ailes font agréablement variées & d'un brun nébuleux. On diftingue fur chaque aile fupérieure le gamma ou lambda des Grecs bien marqué de couleur d'or , quelquefois blanchâtre. Sa chenille eft , dit M. Deleu-^e , une arpenteufe verte à douze jambes. Ce pap^lon fe trouve fur la mauricaire , fur la bourrache 8c fur la laitue.- Le gamma qui n'eft point doré , eft le double C , ou le gamma vulgaire* \o^ez double C. GAMMAROLITES ou CRABITES , gammarolitus. Les Lithologiftes 1^ . G A R donnent ce nom aux fofïîles congénères , aux ajlacoîltes B^ aux cancrkes'^ c'eft-ci-dire , à des cirufl-acées enfevelis dans la terre , & qui y font deve- nus très-durs , ou qui y ont changé de nature : tels font les crabes On voir dans les cabinets àes Curieux , des crabes pétrifiés ou fofliles , que l'on trouve abondamment fur les côtes de Coromandel , de Malabar & de Schepy , île Angloife. F'oye^ Crabe. GÂNDOLA. royeiBASELLE. GANG A. Cet oifeau qu'on nomme vulgairement ^//i/zor^ des Pyrénées, eft de la ^rotleur d'une perdrix grife j elle a le tour des yeux noir , ôc point de flammes ou fourcils rouges au - deCTus des yeux j fon bec eft prefque droit ; l'ouverture des narines eft à la bafe du bec fupérieur , ôc joignant les plumes du front j le devant des pieds couvert de plumes jufqu'à l'origine des doigts ; les ailes aiïez longues , la tige des grandes plumes des ailes noire , les deux pennes du milieu de la queue une fois plus longues que les autres , & fort étroites dans la partie excédente j les pennes latérales vont toujours en s'accourcillant de part Ôc d'autre jufqu'à la dernière. La femelle eft de la même grofteur que le mâle j mais elle en diffère par fon plumage , dont les couleurs font moins belles , ôc par les filets de fa queue qui font moins longs. On trouve cette efpece d'oi- feau dans la plupart des pays chauds de l'ancien continent, en Efpagne , dans les parties méridionales de la France , en Italie , en Syrie , en Tur- quie , en Arabie , en Barbarie , ôc même au Sénégal. GANGUE , matrïx mïneralïum & metallorum. Ce nom, qui eft allemand, & qui fignifie en cette langue filon ou veine métallique , fe donne à des ferres endurcies ou à des pierres de roches qui contiennent ou renferment des matières minérales ôc métalliques. Ces pierres étrangères à la nature des minéraux mêmes , font tantôt du quartz , tantôt du fpath ou du fchifte , &c. Elles fe réduifent en fcories dans la fufion des métaux ou demi-métaux. GANTELÉE ou GANTS DE NOTRE-DAME. Voye^ Campanule, GANTS DE NOTRE-DAME. Quelques-uns donnent ce nom à la digitale , à la gantelet ÔC à Vancolic. Voyez ces mots. GARAGAY. Oifeau de proie de l'Amérique : il eft de la grandeur &: vrrofleur du milan j fa tête eft blanche, de même que les extréwiités de les ailes : fa nourriture confifte en œufs de crocodiles ôc de tortues , qu'il Cait découvrir aux bords des rivières , fous les fables où ils font cachés. Les CAR ir Les oîfeaut aura tc gallinajfes pourfuivent les garagays pour leur enlevée leur proie. Vo^jct^ Gallinasse & Aura. GARANCE , ruhïa. II y a plufieurs efpeces de garance , qui toutes fournilTent de la teinture. L'azala ou izari de Smyrne , que l'on emploie à Darnéral 6c Aubenas pour faire les belles teintures incarnates à la façon d'Andrinople , eft une vraie garance. Il en croît naturellement quelques efpeces dans les haies , dans les bois , & dans les joints des pierres des murailles de jardins , dont les racines , lorfqu'elles font féchées avec précaution , fourniflent d'auill belle teinture que l'azala de Smyrne. M. Dambournay , des Académies des Sciences & d'Agriculture de Rouen, a cultivé une efpece de garance qui s'eft trouvée fur les roches d'Oizel en Normandie : les racines de cette plante lui ont donné une aiiili belle teinture que l'azala. Suivant les expériences de M, Guettard 3 on peut tirer aufîi une couleur rouge des caille-laits. Le grand Colberc qui ne négligeoit rien de tout ce qui pouvoit faire valoir les avantages naturels du Royaume, regrettant les fommes immenfes qui en fortoient tous les ans pour le commerce de cette racine , eft le premier Miniftre qui foit entré dans le détail de tout ce qui regarde la culture &: la préparation de la garance. Voye-^ l'injiruclion générale peut la teintures , du mois de Mars lôji. L'efpece de garance que l'on cultive le plus ordinairement pour la teinture , eft le rubia tinciorumfatiya. Cette plante pouffe des tiges quife foutiennent affez droites , longues de trois ou quatre pieds, quarrées , noueufes , rudes au toucher j chaque nœud eft garni de cinq ou fîx feuilles qui font l'anneau autour de la tige. Ces feuilles font longues , étroites ^ garnies à leurs bords de dents fines & dures qui s'attachent aux habits. Les fleurs font d'un jaune verdâtre j elles naident.vers les extrémités des branches , & font d'une feule pièce en godet. Il leur fuccede un fruit .compofé de deux baies attachées enfemble , d'abord verdâtres , puis rouges, enfin noirâtres quand elles font tout-à-fait mûres. Chaque baie contient une femence prefque ronde. Les racines de cette plante font longues , rampantes , de la groffeur d'un tuyau de plume , ligneufes , rou-» geârres , ôc elles ont un goût aftringent* C'çft cette même efpece de garance , dont ont fait des plantations en Zélande & aux environs de Lille. On la deffeche , on la pulvérife , Se on l'envoie vendre en France fous le nom de garance' , grappes de Hollande. Il n'eft pas polîîble de faire un aufli bel incarnat fur le coton Tome III, G ^ 1$ ^G A R avec ^ cette gât-ance ., qu'avec Tazala de Smyrne. Au refte , ii n'y a pas lieu de penfer que cette différence provienne de la plante j car la graine tirée du Levant fous le nom d'a^ala , a produit au Jardin du Roi la même efpece de garance , que celle de Lille. Ces différences proviendroient- elles du degré de maturité ou de rexficcation de la plante, ou de la main- d'œuvre , ou de la nature du fol , &:c. M. Bertin , Secrétaire d'Etat , vient de faire venir de Smyrne une quantité de graine êia-^ala ou î:^an ; ce Mi- niftre , toujours occupé de tous les moyens qui peuvent tendre à l'avan- cement & aux progrès de l'agriculture , fait diftribuer gratuitement cette graine à tous ceux qui veulent en faire la culture. Quant à la garance d'Oizel , elle pouffe plutôt au printems , que celle de Lille ; fes tiges menues fe penchent jufqu'à terre j fes racines font moins groffes , moins vives en couleur , moins garnies de nœuds & de chevelu , que celles de la garance de Lille. La garance d'Auvergne , celles des dehors de Car- caflonne &: des environs des étangs de Montpellier , donnent des cou- leurs aufli vives, que celle que fournit la garance des Indes. Selon M, Hallery la garance de Suiffe eft beaucoup plus rude que celle de Zélande ; les racines font d'un rouge plus vif , & n'ont point à l'axe un point noir , qui ôte à la garance de Zélande une partie de fa belle couleur. Culture & propriétés de la Garance. •^ La garance fubfifte dans toutes fortes de terres, mais elle ne pouffe 'point par- tout d'âuffi belles racines : elle aime les terres fortes , douces, •humides en deffous j cependant elle périt quand elle eft fubmerg'ée. Les garancieres ou les terrains les plus favorables pour la garance , font les marais delféchés", bien expofés au foleil, & dont le terrain eft un peu laie. 0\\ peut multiplier la garance de trois manières différentes , foit par la graine , foit par les racines , foit en la provignant. La première manière eft la plus' longue , mais cependant néceffaire lorfqu'on eft- *éloigné des garancieres. On doit femer la graine de garance depuis Mars jufqu'en Mai , & le plant qui en provient n'eft bon a tranfplanter dans 'les champs qu'aprcs la féconde année. La garancierel eft bien plutôt formée, lorfqu'on plante des racines.' Quand on arrache des racines de garance pour les livrer aux Teinturiers , on peut fe procurer beaucoup ae plant, qui ne diminue que t'res-peu le produit de la vente : car il eft G A R 19 d'expérience, qu un bout ou tronçon de racine , pourvu qu'il foit garni d'un bouton , ou d'un peu de chevelu , produira un pied de garance. On peut aufli avoir recours aux provins , en couchant les tiges de garance , qui prennent racine , &c que l'on replante enfuite. Il faut un certain temps , pour que ces branches converties en racines , puiflent être aufli abondantes en couleur , que les vraies racines : on doit avoir grand foin d'arracher les mauvaifes herbes , de donner des labours à la garaneiere , & de recouvrir les racines de terre , afin <^u'elles deviennent plus belles. Dans le mois de Septembre , on peut faucher l'herbe de la garance* Cette herbe fournit un excellent fourrage pour les vaches j l'ufage do Cette nourriture leur procure beaucoup de lait , qui eft d'une couleur tirant un peu fur le rouge , ôc dont le beurre eft jaune 5c de bon goûr^ La récolte des racines fe fait en Odobre & en Novembre. L'état le ^lus favorable où elles puiflent être pour la teinture , c'eft lorfqu'elles font de lagro(reur d'un tuyau de groffes plumes. Si on les laifTe trop vieillir» elles donnent moins de teinture j fi on les arrache trop menues , elles ne font point de profit. A mefure que les racines font arrachées , on les étend fur le pré pouc les faire fécher. Il faut éviter de les laver pour les débarrafTer de la terre qui leur refte attachée j car on apperçoit bien à la couleur que l'eau contrade , qu'elle a un peu diflous la partie colorante. La racine de garance eft difficile à faire fécher ; fon fuc eft vifqueux , Se elle perd ar i'étuve fept huitièmes de fon poids. En Flandre , on fait delTécher la garance dans une étuve , dont la chaleur eft bien ménagée. Quelques effais faits en petit donnent lieu de croire que la qualité de la garance feroit meilleure , iî on pouvoit la deftecher au foleil, ou même àl'om-' bre , & par la feule adion du vent , comme on prétend qu'on le fait i €myrne , où l'air eft bien plus fec qu'en Flandre. Pour cet effet il feroit avantageux d'arracher les racines au printems , de non point en automne ,. comme on le fait. Il ne fuffit pas que la garance foit aflez feche pour ne fe point gâter, il faut encore qu'elle puifle fe pulvérifer , ou comme l'on dit fe grapper. On reconnoît que la garance eft fuffifamment deftechée , iorfqu'elle fe rompt en la pliant.On bat les racines de garance à petits coups de fléau , pour les débarrafTer du chevelu, d'une partie de l'épiderme, & d'une portion de terre Bne , que l'adion de l'étuye afait defTécher ; toutes ces C il lô G A R matières pourroient rendre la teinture moins belle. Les plus petites raeines^ àinfi préparées portent le nom de billons* Pour avoir une belle teinture de garance , fuivant les épreuves qu'en, A faites M. Pagne de Darnétal , il faut trier les bonnes racines féchées & épluchées , les mettre dans un grand fac de toile rude , les fecouer violemment j le frottement du fac 6c celui des racines les unes contre les autres ^ détachent prefqu'entiérement i'épiderme , qui achevé aifémenc de fe féparer au moyen du van. On a , dit il , par cette méthode , de belles racines de garance robée , dont l'effet prévaut fur l'azala , autant que celle-ci a d'avantage fur la plus belle garance de Hollande, mais cette garance devient nécelTairement plus chère. Les terres fubftancielles & légères donnent de meilleures racines que les terrains fort gras & marécageux j mais ces derniers en donnent ea plus grande abondance. On ne peut guère compter que fur quarante- cinq ou quarante-fix millieis de garance verte par arpent : huit milliers d« racines vertes ne donnent au fortir de l'étuve , qu'un millier de racines feches. On fais palTer la garance féchée fous les pilons ou fous la meule. On voit dans les Elém ns d'Agriculture de M. Duhamel y dont nous avons ciré une partie de cet article , la defcription de l'étuve & du moulin à grapper la garance qui font à Lille en Flandre , ainlî que celle du moulin à pulvérifer la garance , qui a été conftruit à Corbeil.. M. Uambournay a fait fur la garance une découverte d'autant plus impor- tante, qu'elle tend finguliérement à l'économie. L'expérience lui a appris que quatre livres de garance fraîche , font le même effet dans un bain de teinture > qu'une livre de garance feche &: réduite en poudre. D'où il eu aifé de conclure qu'en employant la garance en vert , on épargne une moitié de racine , puifque huit livres de vertes n'en donnent qu'une livre de feches. Ç^w peut encore confulter un Mémoire fur la culture de la garance , par le Jieur j4lthen dans le Journal d^HiJloire Naturelle y Mai 1771. Les racines de garance , pour être bonnes , doivent avoir une odeur forte , tirant un peu fur celle de la réglilTe ; l'écorce , qu'U faut bien diftinguer de I'épiderme y doit être unie & adhérente à la partie ligneufe : c'eft la partie la plus utile j car c'eft dans l'écorce que l'on appeiçoir , à l'aide du microfcope, des molécules rouges : on remarque aufïi mie fubftance ligneufe de couleur fauve, qui probablement altère, ainli que I'épiderme , la couleur louge. M, di Tournure croit que les leflives & CAR 1 1 i'avlvage ne donnent cl^ l'éclat à la teinture de garance » que parce qu'elles emportent ce fauve. Ce feroit une découverte bien utile , que de trouver le moyen d'extraire la partie rouge , fans aucun alliage de la partie jaune ou fauve j je crois, dit M. Duhamel y que ces tentatives devroient cLre faites fur des racines vertes , afin que la partie rouge > qui eft en diffolution , fût plus aifce à extraire. De nouvelles expériences ont fait connoître que Técorce donne à la vérité une couleur plus foncée ^ & le bois une couleur plus pâle , mais que l'épiderme étant enlevée a l'une ^ l'autre font bien enfemble. La garance en poudre doit être ondueufe , fe peloter lorfqu'on la manie entre les doigts. Lorfqu'elle eft vieille , elle perd fon onduofité , & produit une poudre feche. La racine de garance eft un àts meilleurs ingrédiens qu'on puifle em- ployer pour la teinture des laines ; elle donne un rouge , à la vérité peu éclatant , mais qui réllfte fans altération à l'adion de l'air , du foleil , Si à l'épreuve des ingrédiens qu'on emploie pour éprouver la ténacité Aqs couleurs j elle contribue aulîi à procurer de lafolidité a plulieurs autres couleurs compofées : on s'en fert pour fixer les couleurs déjà employées fur les toiles de coton. Enfin il y a un grand nombre de cas ou le fuccès des opérations demande qu'on fafte le garançage. On appelle fa teinture rouge de garance. On vante beaucoup le rouge de bourre ou nacarat qu'on en prépare, La meilleure manière de connoître la qualité de la garance , eft d'en faire des eflais fur des morceaux d'étoffe que l'on a fait tremper dans un bain d'alun , & prendre pour objet de comparaifon , de l'étoffe teinte avec de la belle garance de Zélande , ou avec de l'azala. M. Haller obferve que la garance de Zélande a de l'avantage par l'exaditude avec laquelle elle eftféchée chez un peuple qui ne néglige aucune précaution. D'ailleurs fa couleur eft moins vive que celle de la garance de Smyrne ou même de Suide. La garance appellée mulle dans le commerce , eft la moindre de toutes Les tiges Se les feuilles de la garance font très bonnes pour nettoyer la vailfelle d'étain , à laquelle elles donnent le plus beau luftre. Les vackes mangent avidement les feuilles , qui font pour elles une nourriture excel- lente. La racine de la garance eft mife au rang des cinq petites racines apéritives , (qui font celles de l'arrêt-bœuf , de câprier , de garance , de chiendent , 6c chardon-roland }. Elle réfout puifîamment les humeurs 11 G A R épaiifes : on lui attribue auiTi la vertu de dilToudre le fang coagulé ; elle donne aux urines une couleur rouge ; elle eft d'un ufage familier en Hol- lande , ( fous le nom de krapp ) étant cuite dans le vin , l'eau Se la bière , & prife intérieurement, pour les chutes confidérables. Elle convient dans riiydropifie naiffante , dans la jaunifTe Sc dans les obftrudions du bas- ventre. Quelques Médecins du Nord s'en fervent pour procurer les règles aux femmes. M. Duhamel 3. aufli reconnu (d'après Belchier) dans cette plante la propriété de teindre en rouge les os des animaux qui en ont été nourris quelque temps. Trois jours fuffifent pour un pigeon : il eft digne de remarque que ni tous les os dans un même animal , ni les mêmes os en différens animaux ne prennent pas la même nuance. Les cartilages qui doivent s'offifier , ne fe teignent qu'en s'oilifiant. ( M. Halkr ajoute que le cal ne fe colore qu'àmefure qu'il devient ofTeux. } Si on ceiïe de donner en nourriture les particules de garance , les os perdront peu-à-peu leur teinture. Les os les plus durs ^ foit qu'ils foient formés par la Nature , ou qu'ils foient l'ouvrage d'une maladie , fe coloreront le mieux , ils fou- tiendront l'épreuve des débouillis : ils ne font cependant pas tout-à-faic intads à l'adion de l'air ; les plus rouges y perdent de leur couleur. La moelle de c^^ os teints , &: toutes les autres parties molles de l'animal confervent leur couleur naturelle. Une autre remarque , c'eft que la ga- rance que prend la volaille agit aufîi fur leur jabot & fur leurs inteftins j ils en font colorés pour peu qu'on les tienne à ces aliments, ils tombent en lan- gueur & meurent \ on leur trouve quand ils font morts , les os les plus gros plus moelleux , plus fpongieux &; plus caflTans. Mais pourquoi les parties colorantes ne fe portent-elles qu'aux os? Ne feroit-il pas fage de préfumer, d'après les expériences précédentes, que l'ufage de la garance eft tout au moins mal-fain. On voit dans le Recueil de l'Académie des Sciences ann. \-j^l. qu'elle n'eft pas la feule plante qui ait la propriété de teindre en rouge •, mais on a fait de vains eflforts , ainfi que l'obferve M, Haller, pour teindre les os en bleu , en jaune , en vert. GARANCE PETITE , rubeola. Cette plante , que l'on appelle aufî» herbe à l' efquinancle , relTemble à un petit plant de garance. Ses fleurs font rouges, quelquefois blanches &: d'une odeur de jafmin. Ses tiges fe cou-^ chentla plupart à terre. Cette petite garance porte aufli le nom de cinan." chine y & fes racines teignent très bien en rouge. Elles font d'un grand ufage dans les îles de la Mer Baltique. L'Académie de Stockholm a fait des eflais fur ces racine?» G A s 25 GARDE-ROBE. Foye^ à Vartïdc Aurone. GARDON , leucljcus. Petit poiflon d'eau douce , qui eft au rang des poiiïbns blancs , & peu eftimé j il eft femblable au meuniei: par la figure des écailles, par le nombre &: par la figure des nageoires j il a le corps large , le dos bleu , la tête verdâtre , le ventre blanc , & les yeux grands : ia chair eft femblable à celle du dard: voyez ce mot. On l'appelle ^^ri/o/z, parcequ'il fe garde plus long-temps que les autres poillons dans un vafe plein d'eau : il peuple beaucoup. GARENNE. Nom donné à un efpace de terrain , rarement cultivé , mais toujours peuplé d'une grande quantité de lapins. Voyez ce mot. GARGOULETTE DU MOGOL. Foy e^ à r article Bols. GARIGUE. Nom donné par les Naturels de l'Acadieàune efpece de champignon qui naît fur le fommet du pin blanc de ces contrées. Les Sauvages du pays s'en fervent avec fuccès contre les maux de gorge , de poitrine , & même dans la dyiïenteri^, GAROU. Foye^ Bois gentil. . GAROUPE. Foyei Cam£lée, GAROUTTE. /^oyeç Laureole. GARROT. C'eft le canard de mer que les Italiens appellent quattro- ©chi ( clangula ) voyez à l'article Canard. GARSOTTE. C'eft la cercelle* Voyez ce mot. GARUM. Etoit chez les anciens une efpece de faumure fort délicate , qu'ils faifoient avec les entrailles d'un petit poilTon faxatile nommé ga" rus. Cette faumure friande eft encore autant en ufage chez les Turcs, que le vinaigre parmi les Aubergiftes à Conftantinople pour conferver plii- iieurs poiftons , &c. Foyc^^aux mots Picarel & Anchois. Plufieurs perfonnes recommandent le garum pour nettoyer les vieux ulcères , pour la morfure du chien enragé , & pour réfifter à la gangrené. On en fomente les parties malades , on en mêle aufîî dans les lavemens pour l'hydropifie. GAS. Nom donné à des exhalaifons plus ou moins vifibles , & pro- duites dans des fouterrains profonds , comme les galeries des mines * quelquefois elles fortent de certains creux , grottes , ou fentes dé la terre : il y en a qui font accompagnées d'une odeur forte & fufFocante. Le prétendu efprit des eaux minérales eft une forte de gas : Fanhdmont donne aufli ce nom aux vapeurs invifibles & incoercibles qui s'élevenr 4es corps doux aduellement en fermentation , du charbon embrafé , du 14 G A U foufre brûlant , 6cc. Aujourd'hui on donne aulîî le nom de gas à toute efpece de vapeurs invifibles qui font capables de déciuire l'élafticiré de l'air , qui altèrent la refpirarion des animaux au point même de les fuf- foquer quelquefois , qui éteignent la flamme , qui fe décèlent d'ailleurs par une odeur plus ou moins fétide , & fouvent en irritant les yeux juf- qu'à en arracher des larmes : toutes les vapeurs qui réfultent des fubftan- ces végétales & animales en combuftion , celles des corps pourrilTans Se des latrines , font encore des efpeces de gas. Voyez l'article Exhalai- sons. GASCANEL. Eft le maquereau bâtard de Rondelet, Voyez Sieurei. GATEAU DE MIEL & DE CIRE. Voye^ au mot Abeille. GATEAU FEUILLETÉ. Coquille bivalve de la famille des huîtres. Il y en a de différentes couleurs , blanches , lilas , rouges , jaunes. Sa forme eft arrondie & bombée. Les deux valves font couvertes de feuilles circu- laires profondément découpées. La charnière de chaque valve efl une double moulure , dont la plus grande eft garnie de petites dents qui sen* grainent dans les cavités correfpondances des deux valves \ cette char- nière eft la mcme dans toutes les huîtres appellées feuilletées. GAUDEou HERBE A JAUNIR, luteola herba falicîs folio. On cul- tive cette plante avec foin en Efpagne èc en France pour la teinture. Elle croît naturellement dans prefque toutes' les provinces du Royaume j mais la gaude cultivée lui eft bien fupérieure pour la teinture. La racine de cQttt plante eft ligneufe , & poulTe des tiges qui s'élèvent à la hauteur de trois ou quatre pieds : elles font garnies de feuilles lon- gues , étroites, douces au toucher^ le haut des rameaux porte en Mai de longs épis de petites fleurs jaunes qui font formées par des pétales de gran- deur inégale \ le fruit eft une capfule qui contient de petites femences fphériques , noirâtres , & mûrilfent en Juin & en Juillet. Cette plante , qui eft le refcda foliis Jimplïcibus lanceolatis întegris de Linnaus j vient parfaitement bien dans les terrains propres au chanvre. Sa xrulture eft la même que celle du chanvre. Voyez ce mot. On feme la gaude en Mars ; & comme la graine de cette plante eft ex- trêmement fine, pour lafemer plus également , il faut la mêler avec de la cendre. Dans le mois de Juillet ou d'Août on arrache la gaude ^ on la bar pour recueillir la graine , &;on la met en botte j la plante eft alors d'un jaune verdâtre. Dans les pays chauds , comme en Languedoc , elle eft fouvent aftez feche lorfqu'on la recueille j mais dans les pays tempérés, comm? G A U G A Y if <:émme la Normandie , la Picardie , &Cc. il eft eiïentiel de la faire féchec exadtement. U faut encore obferver de ne la point couper qu'elle ne foit mûre , 8c d'empêcher qu'elle nefe mouille quand elle eft cueillie : en la cueillant il faut la couper à fleur de terre. Les Teinturiers regardent la gaude la plus menue Se la plus rouiïette comme la meilleure j ils la font bouillir , pour teindre les laines & les étoffes en couleur jaune , couleur de chamois, &c en couleur verte ^ fa- voir , les blanches en jaune d'un bon teint , & en vert les étoffes qui oîit été préalablement mifes au bleu. Suivant les réglemens de France , les céladons , vert de pomme, vert de mer , vert naiffant & vert gai, doivent être alunés j enfuice gaudés j ôc puis pa(îés fur la cuve d'inde : voye:^ I-NDE &: lNi>iGO.La gaude eft eftimée en Médecine pour réfifter au venin. Sa racine eft apéritive prife en décodion : on l'applique aux bras des fé- bricitans pendant le paroxifme , pour chaiïer la fièvre. GAUDRON ou GOUDRAN. Foye^ à Vartidc Pin. GAYAC ou BOIS SAINT , gayacum , aut guajacum j feu Hgnumfanc" tam. Arbre qui donne un bois très compaéte 6c très dur , & qui croît na- turellement à la Jamaïque , dans prefque toutes les îles Aqs Antilles , èc généralement dans la partie de l'Amérique qui eft fituée fous la zone tor- lide. Il y a deux efpeces de gayac , l'un \ fleurs bleues , l'autre \ fleurs hlarw chcs dentelée:. La première efpece de gàyac devient un arbre très grand , iorfqu'il eft dans un bon terrain. Le tronc de cet arbre a peu d'aubier, qui eft pâle j le cœur eft de couleur verte d'olive foncée & brune \ {on bois eft très foiide , iiuileux , pefant , d'une odeur qui n'eft pas défagréable , d'un goût amer &c un peu acre. Ses branches ont beaucoup de nœuds, ainfi que les petits rameaux qui en partent. Ses feuilles font compaétes, d'un vert pâle , & ont en deffous cinq petites nervures : elles n'ont point de queue , fi ce n'eft la côte commune , fur laquelle elles font arrangées. Ses fleurs bleues font enrofe : il leur fuccede un fruit charnu , de la gran- deur de l'ongle , qui a la figure d'un cœur , un peu creufé en manière de cuiller , & qui eft de couleur de vermillon. Ce fruit contient une feule graine de la forme d'une oliv.e. L'arbre du gayac à fleurs blanches croît moins haut que le précédent j fon bois eft auiîi foiide , mais de couleur de buis. Les fruits de cet arbre font quadrangulaires , comme ceux de iiotre fufain , & de couleur de cire. Cette féconde efpece de gayac eft très-fréquente dans l'île de Sainï- pomingue aux environs du Porc de Paix» Tome III, D ^ -G A Y Le gayac à fleurs bleues 8c legayacà fleurs blanches, fleuriflTent ati mois d'Avril , Se donnent des fruits mûrs au mois de Juin. On ne peut les élever que dans nos ferres ^ encore faut-il que la graine ait été femée dans leur pays natal , Se qu'on tranfporte ici le jeune plant. Le gayac ne croît qu'avec une extrême lenteur , même dans fon pays natal : il 41Q donne point de réfme dans nos climats* Ses racines font jaunes dC fortent beaucoup hors de terre. Le gayac a éré connu en Europe à-peu-^prèsdansle même temps que .'la maladie vénérienne , par les fecours qu'on en tira contre cette maladie , avant qu'on eût trouvé le fecret de la traiter plus efficacement par le mercure. On aflure que dans l'Amérique Méridionale , le gayac eft un Spécifique aufli éproitvé contre la vérole, que le mercure l'eft dans nos ^climats. Nous ne nous fervons de la décodion du bois ou de l'écorce 'de gayac râpé, que dans le traitement des maladies vénériennes légères., -qui font cenfées n'avoir point infeélé la malTe entière des humeurs , ou du moins n'y avoir répandu qu'une petite quantité de virus qui peut ■^tre évacué parles couloirs de la peau., alors ce remède eft un fudorifique rrès-aétif : il convient aufli dans les traitemens de diverfes maladies -chroniques, comme dartres , humeurs froides, œdèmes , fleurs blanches,, rhumatifme , vieux ulcères humides & fanieux. M. Bourgeois obferve qu'en •:général ce remède ne convient pas aux perfonnesmaigres,feehes&: exténuées. Le bois de gayac eft très-réflneux , Sz contient une petite quantité 'd'extrait proprement dit , que l'on peut retirer par décoction j ce qui >-rend ce bois un excellent fudorifique. L'extrait qu'il donne eft en petite ^quantité, en comparaifon de h. réfine qu'il contient.; car à l'aide de jl'efprit-de-vin , on peut retirer deux onces de réfine par livre j au liea •qu'il ne donne qu'un ou deux gros d'extrait. La réfine que l'on retire ainfi par le moyen de l'efprit- de-vin , eft îîoute femblable à celle qui découle naturellement ou par incifion de cec -arbre dans le pays. Se que l'on nomme improprement gomme de gayac, ^^Cette réfine doit être luifante, tranfparente , brune en dehors , blan- 'châtreen dedans j tantôt rolifsâtre, tantôt verdâtre,; d'une odeur agréable ■.quand on la brCde , d'un goût acre : elle excite puiflamment la tranf- ipiration infenfible , Se eft très-utile dans les maladies de la peau. Le bois de gayac réduit en copeaux Se diftillé à feu nu , donne beau- tcoup d'air , qui briferoit le récipient , fi l'on n'avoit foin de lui donner iifîuej^r cette opération on obtient une huile empyreumatique , devenue C A X x-^ €imèiiré comme étant une des premières qu'on ait enflammée par le moyet» de i'efprit de nitre. Cette huile , qui efl aulîî fort acre , eft recherchée pour faciliter Texfoliation des os cariés, ^oyei l'analyjc du gayac dans U. Dlcllonnaïre de Chimie, GAZELLE , Antilope ou Animal porte-musc , en latin gaiella^ C'eft un joli quadrupède à pied fourchu , d'une taille fine , bien puife &c des plus légers à. la courfe. Il fe trouve communément en. Afrique , em. Afie & aux Indes Orientales. Il y en a de plulieurs efpeces, qui ont des différences entr'elles. Il y a des gazelles d'Afrique qui approchent du chevreuil pour la taille &; pour la figure. Ces. gazelles ont les oreilles: grandes & pelées en dedans , où la peau eft noire & polie comme de l'ébene. Leurs cornes font noires , cannelées en travers, creufes jufqu'à la moitié- de leur longueur: elles fe rapprochent par le bout comme les bran ches^^ d'une lyre. Les cornes des femelles font rondes , mais un peu applaties dans les mâles , &: plus recourbées en arrière : l'intérieur ou le dedans de cet étui comme écailleux , eft rempli d'une corne ofleufe. On. remarque à l'origine de ces cornes une touffe de poil plus long que celui du refte du corps , qui eft court &: de couleur fauve. Les antilopes ont à leurs fabots ou cornes des pieds , des efpeces de venues comme les chèvres. Le% Arabes donnent à ces animaux le nom de chèvre. Les gazelles vivent en fociété èc ruminent j.elles^ n'ont point de dents^^ âîcifives à la mâchoire fupérieure j. elles n'ont que deux mamelles. Ek général ces animaux ont les yeux noirs , grands , très- vifs ôc en même, temps fi tendres , que les Orientaux en-ont fait un proverbe, en compa- rant les beaux yeux d'une femme à ceux de k gazelle. Les jambes anté- rieures de cet animal font moins longues que celles de deriiere , ce qui lui donne, comme au lièvre, plus de facilité pour courir en montant qu'en defcendant. La plupart font fauves fur le dos., blanches fous le ventre , avec une bande brune qui fépare ces deux couleurs au bas des, fîancs j leur queue eft plus ou moins grande , & toujours garnie de poils aftez longs & noirâtres. On va à la chaile de ces. animaux avec une- gazelle mâle & apprivoifée , qu'on mené dans les lieux ou il y a des gazelles fauvages, on lui entrelace dans les cornes une corde lâche , dont les bouts font attachas fous le ventre. Aufli tôt que cet animal approche d'un troupeau de gazelles , le mâle , quoique d'un naturel, timide , s'avance avec agilité pour faire face à ce rival ; il préfenre fes cornes pour l'attaquer îèce contre tête j mais danj.les divers mouvemens qu'il fait, il ne manque? D-ij, iS GAZ pas de prendre fes cornes dans les cordes , dont la tête de fon rival eÛ garnie ^ le Chafïeur qui s'eft mis en embufcade , arrive à l'inftant & s en faifît fans peine. On prend à-peu-près de même les gazelles femelles. On voit au Sénégal &c fur la Gambra de grands troupeaux de gazelles* Ce font , dit Bofman , les plus charmantes créatures du monde : elles ne font guère plus grandes qu'un lapin ; les Nègres les appellent les petits rcis des cerfi; lems jambes font de la grofTeui' d'un tuyau de pipe ; leurs cornes font au(îi très-petites & d'un noir luifant : elles font fi légères , qu'elles paroiffent voltiger au milieu des buiflbns j cependant les Nègres en prennent quelquefois pour en manger la chair qu'ils trouvent aiïez bonne. Ces animaux qui ne (ont que des cJievrotains , font trop délicats pour pouvoir être rranfpoités dans ce pays-ci : lorfqu'on veut les faire venir , on les couvre avec du coron j mais ordinairement à peine ont-ils paiïe la ligne qu'ils meurent; on dit cependant qu'il y en a eu deux vivans au Palais Royal , à Paris , il y a quelques années, F'. Chevrotain» La gazelle des Indes, celle qui donne le bézoard , eft de la grandeus de la chèvre domeftique , ou , fuivant d'autres Auteiu-s , de la grandeur du cerf: fon poil eft court, &c d'un gris mêlé de roux : elle a une barbe fous le menton comme notre chèvre : fes cornes font rondes , afifez lon- gues, droites , comme garnies d'anneaux prefque du haut en bas , excepté le bout qui eft lifte. Les femelles ont les cornes beaucoup plus courtes C[ue les mâles. On trouve ces gazelles dans la Province de Laar en Perfe, Quant à la nature des bézoards que l'on retire de ces animaux ^ vc)yf| Bézoard. '* Selon M. de Buffon j il paroît que l'animal dit mufc , donc M. de U Peyronie a parlé dans les Mémoires de l'Académc Royale des Sciences, année 175 1 , eft une efpece de ^ihet ou civette Voyez ce mot. M. le Docteur Pailasdïty dans fes Mélanges zoologiques, qu'il ne faut pas confondre le genre des antilopes avec celui des chèvres ; que la diff^é- rence eft plus confidérable que celle de la brebis à la chèvre , dont on fait à tort, die- il , deux genres différens. Les antilopes tiennent le milieu entre les cerfs &c les clievres. Ils ont l'air du cerf ; leur taille eft plus élé- gante : l'Amérique eft une contrée qui paroît plus favorable à ces ani- maux que nos climats. M. Pal/as divife les efpeces d'antilopes d'après les caradercs tirés de la difpofition des cornes : i'^. en curvi' cornes ; z°. ea iyri- cornes 3 5^. en recii - cornes ^ 4"^. en contorti - cornçs ; 5". 6c ea iri - cornes. GAZ 29 t*al*mî îes curvl-comes , il y en a dont les cornes fe recourbent vers le front , & les autres en ont qui fe recourbent fur le dos : tels font \" antilope kucophaa ^ V antilope rupi.apra , V antilope dama de Pline , ou le Nanguer ; Xantilope reverfa , ou le Nagor ^ &c Yantilope trago-camdus. Les lyn-cornes ont leurs cornes doucement recourbées en deux fous la forme d'une lyre antique : tels font Yantilope faïga ; V antilope dorcas y ou le SzEiNAN de M. de Buffon ; Yantilope gaielU ; Yantilope kevel j l'an- îllope corine j Yantilope bufclaphus , ou le Bubale. Dans les reeli-cornes j M. Pallas ne reconnoît que deux efpeces bien diftindes : favoit , Yantilope beioartica , ou le Pas an j & Yantilope grimme. Les contorti- cornes oni leurs cornes finguliérement contournées : tels font le guib de le condous ( antilope orix ) décrits par M. de Buffon. Les fpiri-cornes ont leurs cornes roulées en fpirale : tels font Yantilope Jîrepjlceros , ou Condoma j Yantilope ceryl-cafra , ou Antilope de M. de Buffon. L'animal qui donne le mufc , & qui a été regardé encore impropremenc par pluiieurs perfonnes comme une ga-^elle , a des caractères qui lui font particuliers. Cet animal a le poil rude èc long, le mufeau pointu , & des défenfes à-peu-près comme le cochon j mais ce qui le diftingue de tous ces animaux , c'eft une efpece de petite bourfe placée près du nombril , & qui contient la fubftance appellée mufc. Cette bourfe a près de trois pouces de long & deux pouces de largeur , de s'élève au-defTus du ventre 'd'environ un pouce : elle eft garnie de poils extérieurement, ôc inté- rieurement d'une pellicule qui renferme le mufc , Se qui eft garnie de glandes , qui, lelon les apparences, fervent à faire la fécrétion : chaque vefïîe pefe depuis deux gros jufqu'à quatre gros. M. Daubenton dit , dans un Mémoire lu à l'Académie àes Sciences le 14 Novembre 171 1 , que l'animal avec \qç[\xq\\q porte mufc auroit plus de rapport , eft le cheyrotain. Les caraderes extérieurs de l'anim.al porte-' mufc , qui indiquent fes rapports avec les autres quadrupèdes , font deux pieds fourchus , deux longues dents canines , huit dents incifives à L^î mâchoire de delTus , de il n'y en a point à la mâchoire de defTous. Par ces cara<3:eres le porte -mufc relTembie plus au chevrotain qu'à aucun autre animal. Il en diffère cependant en ce qu'il eft beaucoup plus grand j car il a plus d'un pied & demi de hauteur , prife depuis le bas des pieds de devant jufqu'au-deiïus des épaules j tandis que le chevrotain n'a guère plus d'un demi-pied. Les dents molaires du porte-mufc font au nombre 3G ^ A % de fix de chaque côté de chacune des mâchoires le thevrotaîn n*en ^ que quatre. Il y a aulTi de grandes différences entre ces deux animauîî. pour la forme des dents molaires 6c les couleurs du poil. La poche du inufc fait un caradere qui n'appartient qu'au mufc mâle ; la femelle n'a ni poche de mufc , ni dents canines , fuivant les obfervations de M. Gmelin. Si ce fait eft confiant , l'on a donc tort de dire que le meilleur mufc eft celui que donnent les mâles, &: que les femelles ont aufîl une poche- f^mblable près du nombril , mais que l'humeur qui s'y filtre n'a pas la; même odeur y il paroît de plus que cette tumeur du mâle ne fe remplie de mufc que dans le temps du rut j dans les autres temps la quantité de cette humeur eft moindre , & l'odeur en eft beaucoup plus foible. Le mufc le plus pur & le plus eftimé par les Chinois, eft celui que l'animal laiffe couler fous une forme grenelée (Se ondueufe fur les pierres., ou les troncs d'arbres contre lefquels il fe frotte , lorfque cette matière devient irritante ou trop abondante dans la bourfe où ellafe forme. Le mufc qui fe trouye dans la poche même, eft rarement aufîi bon, parce qu'il n'eft pas encore mûr , ou bien parce que ce n'eft que dans la faifoii c les cerifes qu'il aime beau- coup. On prétend que le geai qui fréquente nos forêts , eft carn allier , 8c qu'il fe nourrit de petits levrauts & de perdreaux , ^c. On lui fait la guerre. Le geai commun a le bec noir , fort &: robufte , long de deux doigts ; les yeux bleus. Le champ de fon plumage eft diverfifié ; il a le derrière de la tête compofé de roux & couleur perfe \ le dos plus pâle &: tirant fur le cendré j les plumes proche du croupion font blanchâtres ; de fa queue tiquetée de blanc eft beaucoup plus courte que celle de la pie j il a la poitrine &c le ventre d'un cendré pâle , ainfi que les pieds & les doigts 5 les ongles font noirs & un peu crochus. Le geai mâle eft un peu plus gros que la femelle : les plumes de fa tête font plus noires , & celles de (qs ailes d'un plus beau bleu. On dit que cet oifeau eft fujet au mal caduc. Elevé en cage , il apprend à parler , à iîfïler. II contrefait plufieurs fortes d'oifeaux , & fe rend fort familier j mais pour cela il le faut prendre niais. Sa femelle pond quatre ou cinq oeufs cendrés avec Aqs taches plus apparentes , èc va faire fon nid fur les chênes & autres arbres : elle prend foin de fes petits. Cet oifeau eft aufll voleur que la pie ; il fe plaît à dérober , ôr à chercher les lieux les plus fecrets pour cacher ce qu'il a pris. Le geai blanc n'a de coloré que l'iris àes yeux qui eft rougeâtre ; car le bec , les pieds & les ongles font , ainfi que le plumage , parfaitement blancs : on en a tué un dans la forêt de Chantilly j on le voit dans le Cabinet de S. A. S. Mgr. le Prince de Condé. Le geai d'Alface ou de Strasbourg y galgulus Argentoratenjls , eft le rollier de M. Brijfon. Cet oifeau a le plumage varié de jaunâtre , de bleu , de vert , de noir & de violet. 11 eft de la groifeur de notre geai vulgaire. 11 fe nourrit , dans le temps de la moilTon , de grains &c d'infedes qui îq trouvent dans les champs \ il aime fur-tout les fcarabées. Ses couleurs font fi vives & fi agréables, qu'elles lai ont mérité le nom de corneille bleue j ou àt perroquet d'Allemagne, Après la moifton , il nourrit fes petits de fruits d'arbres fauvages &: de différentes forces d'infecles. Cet oifeau fe trouve aufii à Malthe. Le geai de Bengale eft plus grand que le geai commun ; le defTus de fa îète eft tout bleu j le deffous de fou ventre & fes cuiffes eft violet ou Tome J I L - ^ 54 G E A aurore j le clos &: le croupion font d'un vert obfciir ; la queue efl noire Se bleue , les pieds fauves ôc les ongles noirs. C'eft encore une efpece de ro/iier. Le geai de Bohême efl: un oifeau de partage , èc qui fréquente les lieux limitrophes de la Bohême. Il y en a beaucoup en Italie , où on en voit par centaines voler enfemble autour de Plaifance & de Modene. Klein croit que c'eft une efpece de grive. 11 eft de la grandeur d'un merle. Sa tète eft ornée d'une huppe fauve qui fe renverfe en arrière : fes yeux font d'un beau rouge & environnés de noir : cet oifeau eft très -friand de raifin. Le geai du Cap de Bonne- Efperance a le bec long & rouge ; d'ailleurs il reflemble au geai de l Europe : il aune beaucoup les amandes fauvages j il apprend facilement à parler. Oï\ le trouve perché fur le haut des rochers ou dans les arbres de haute futaie. Le geai de la Chine. Cet oifeau , qui a été envoyé de Canton vers la fin de 1772. j eft à-peu-près de lagrolfeur du geai commun ou du geai d'Eu- rope. Les plumes du fommetde la tête, celles qui entourent la bafe du bec & du cou jufqu'au pli de l'aile, la gorge, font d'un noir foncé. Les noires font terminées par des taches d'un gris cendré y ce qui fait que cette partie paroît mou:hetée : les plumes du delfus du cou jufqu'au fommet du dos , font d'un gris clair ; les plumes du dos fonrd'un bleu pale, teint de violer. Le mélange de ces deux couleut-s forme des reflets, & l'oifeau eft de cou- leur changeante , fuivant les afpeéts dans lefquels il fe trouve pofé. Les ailes font du même bleu que le dos , mais chaque plume eft terminée par une ligne blanche , qui eft d'autant plus large que les plumes font moins longues. Cette ligne eft à peine fenfible dans les dernières, & les plus longues plumes de l'aile j celles de la queue font marquées par trois larges bandes , une fupérieure qui eft bleuâtre , une moyenne qui eft noire, Se une qui eft à l'extrémité de la queue, & qui eft blanche. Le ventre eft d'un giis perlé tirant fur le blanc : le bec &; les pieds font rouges. Cet oifeau eft un de ceux qu'on voit le plus fouvent deflinés fur les papiers de la Chine, &c qu'il fera facile de reconnoître d'après cette defcriprion. 'Logeai de Cayenn a le dos vert, les ailes aurore, & le ventre jaune. On trouve en Canada des geais ou bruns ou bleus. Le geai de montagne eft le ca(fe-noifette. Voyez ce mot. On c'onne aufli le nom de geai à pieds plats au petit corbeau d'eau ^ efpece de plongeon. Voyez Petit Cormokan. G E A 55 GEANT , gigantus. On entend par ce mot un homme d'une grandeuî: excefli ve. La queftion de l'exiftence des géants a été fouvent agitée : toute Tantî- quité fait mention de plufieurs hommes d'une taille démefuiée , qui ont paru en divers temps, & tous les Ecrivains, tant facrés que profanes , même les Navigareurs , s'accordent à en dire des chofes étcnnaiites. Des Modernes, pour donner du poids à cette opinion, rapportent des décou- vertes de fqueletres ou d'offemens fî monftrueux , qu'il a fallu que les hommes auxquels ils ont appartenu , ayent été de vrais cololTes. Cependam quand on vient à examiner de près tous ces témoignages; à prendre dans leur fignilication la plus naturelle les paroles du texte facré ; à réduire les exagérations orientales ou poétiques à un fens raifonnable ; à pefer le mérite des Auteurs j à ramener les Voyageurs d'un certain ordre, aux chofes qu'ils ont vues eux mêmes , ou apprifes de témoins non fufpeâ:s ; à confldérer les prétendus oflTemens de fquelettes humains y à apprécier l'autorité des Navigateurs dont ii s'agir ici , & à fuivre la fage analoo-ie de la nature , le problême en queftion ne paroît plus il difficile à réfoudre. M. le Chavalier de /<^:^co«rr a difcuté tous ces ^àiis àznsV Encyclopédie', il fait voir que ces fortes de narrations font pleines de contradidions S>C d'anachronifmes \ en un mot , qu'elles fe trouvent détruites par les feules circonftances dont les Auteurs les ont accompagnées. Plufieurs nous difent que d'abord qu'on s'eft approché des cadavres de ces géants j ils font tombés en poufliere , & ils le dévoient , pour prévenir la curiofiré de ceux qui auroient voulu s'en éclaircir : ailleurs on voit que la fîmplicicé d'un Auteur a pris pour vrai un conte forgé dans un fiecle d'ignorance : ici c'eft un défaut de tradudion ou d'interprétation , qui rend un mot par un autre , dont le fens n'eft pas le même , bec. Pour ce qui regarde la découverte des dents , des vertèbres , des côtes, de fémurs , d'omoplates , qu'on donne , attendu leur grandeur & leur grofleur , pour des os de géants , que tant de Villes confervent encore , &: montrent comme tels , les Naturaliftes ont prouvé que c'étoient de véritables ofiemens d'éléphant ^ de vraies parties de fquelettes d'animaux terreftres, ou de veaux marins, de baleines &: d'autres animaux cétacées , enterrés par hazard & par accident dans les différens lieux de la terre où on les trouve. Ces os , par exemple , qu'on montroit à Paris en i(j 1 5 , & qui furent enfuite promenés en Flandres & en Angleterre , comme s'ils euiîent été de Teutolochus dont parle l'Hiftoire Romaine ,fe trouvèrent 5^ G E H GEL des osiVéléphans. Cette fourberie n'eft pas nouvelle : Suétonne remarque dans la vie d'Augufte , que dès ce temps-là l'on avoir imaginé de faire parfer des ofFemens de grands animaux rerreftres pour des os de o-éants ou des reliques de Héros. Tout concouroit à tromper le peuple à ces deux égards. Il eft donc contre toute vraifemblance qu'il exifte dans le monde une race d'hommes compofée de géants : ceux qui , comme les Patagons ( habitans du Chili vers les terres Magellaniques ) , ont une taille gigan" tefque , n'excèdent point fix pieds 6c demi de hauteur. La plus haute taille de l'homme ne paroît pas, dit M. Haller, avoir atteint neuf pieds. l.es géants nés de temps en temps en Europe , & ceux de la Patagonie , varient de fept à huit pieds du Rhin. Ainii les géants , de même que les nains , doivent être regardés comme Aqs variétés très-rares , indivi- duelles &: accidentelles. Au refte , le Ledeur peut confulter l'excellente Cigantologie phyfiquc du Chevalier Hans-Sloane , inférée dans les Trati", faci'ions philofophiques n9. 404 j ainfi que la récente & futile Glgantologie (1756) du P. Jofeph Tarruhia , Efpagnol. GEHLIPH. C'eft un arbre très eftimé dans l'Inde : Ton écorce eft jaune, fafranée j fes branches font courtes ; {es feuilles petites j fon fruit eft rond & gros comme une balle de jeu de paume : les Indiens de l'île de Suma- tra appellent ce fruit pêche de Trapohana. Il contient une noix , dont le dedans eft fort amer & a le goût de la racine d'angélique : on en tire.de l'huile qui a de grands ufages dans le pays ^ elle appaife la foif , guérit les maladies d'obftrudion , &c. Il découle encore de cet arbre une gomme qui a les mêmes propriétés que l'huile. GEIRAN. Foyei Ahu. GEKKO. C'eft le Cordyle. Voyez ce mot. GELEE. Se dit du froid qui congelé l'huile graffe , qui convertit na- turellement l'eau &" les liqueurs aqueufes en glace dans un certain can- ton , ou dans toute une région déterminée j en un mot, qui augmente la folidité de la croûte de notre globe. La gelée eft oppofée au dégel. Voyez ce mot. On fait que la gelée a un rapport marqué à la température de l'air & à la conftitution de l'atmofphere , c'eft-à-dire , que l'eau fe gelé par tout au même degré de froid, &" qu'elle ne fe convertit naturelle- ment en glace , que quand la température du milieu quelconque qui l'environne eft parvenue à ce degré. On a obfervé que lorfqu'il gelé très fortement , le foleil paroît un peu pâle , l'évaporation des liquides eft confidérable, l'air eft médiocrement agité j cependant il eft moins fereiii G EL 57 que dans certains jours d'hiver , où l'on a que des gelées médiocres. Les effets de la gelée fur les végétaux méritent une attention particulière : plus leurs racines abondent en fève , &c mieux ils réfiftent au froid. Une forte gelée ne produit jamais de plus funeftes. effets fur les plantes & fur les ar- bres , que quand elle fuccede tout- à-coup à un dégel , à de longues pluies, à une fonte déneiges. l^oje:( les articles Arbre & Plante. Les fruits fe djrcilTent par la gelée : dans cet état ils perdent ordinairement tout leur goût j «Se lorfque le dégel arrive , on les voit le plus fouvent tomber en pourriture. On obferve quelque chofe de femblable fur les animaux- qui habitent les pays froids ; il n'eft pas rare d'y voir des gens qui ont perdu le nez ou les oreilles 5 pour avoir été expofés à une forte gelée. Voyer^^ les autres effets de la gelée fur le corps humain & en général dans Fccono- mie animale à l'article Froid. Il ne gelé jamais fous la Zone torride , ni aux extrémités des Zones tempérées voifines des Tropiques \ mais dans les Zones glaciales la gelée dure pendant prefque toute l'année. Les Zones tempérées ont des vicifîitudes de gelée ôc de dégels prefque régulières. Dans la Nature , dit à ce fujet M. de Maïran j tout tend à une efpece d'é- quilibre & d'uniformité , & on ne peut douter que l'inconftance même n'y ait fes lois. Voye-^ l'article Glace. GELÉE BLANCHE, prulna autumnalis. C'eft une efpece de rofce qui tombe le matin vers la fin de l'automne , dans le commencement & à la fin de l'hiver , & quelquefois même dans le printems , & qui a la pro- priété de s'attacher étroitement aux feuilles des végétaux ou à d'autres corps , &: de s'y congeler. Les Phyfîciens expliquent d'une manière dif- férente la formation de cette gelée blanche contre les vitres des édifices. Voye-71^ leurs ouvrages fur cette matière ^ & les mots Givre (S* Frimât de ce Dïclïonnaïrc. GELÉE DE MER. Voye\ à l'article Ortie dh Mer. GELEE MINÉRALE. Nous donnons ce nom à une efpece de guhrroii- geâtre , luifant , très tendre ou comme gélatineux , que l'on trouve adofïé fur les parois des puits de mines , ou près des bures métalliques. On en rencontre afTez fouvent dans les mines de plomb , de cuivre , mais no- tamment dans celles d'or & d'argent. On fera mention à l'article Zéolite d'une gelée minérale particulière qui , analyfée , paroît différer peu de la pierre écumante , qui eil une efpece de -^éolite. Voyez ces mots. GELFT ou GÏLFT. Foye^ à V article Or. CELINE j gaUina junior. C'efl une jeune poule engraiilée à2.ns une ^S GEL balTe-cout : on l'appelle aufiî gtUnote, Voyez le mot Poule à l'article Coq. GELINOTE , galUna ruflica aut Bonafa. Cet oifeau , très eftimé des pre ' miers Romains , eil moins gros que le francolin : il a les jambes garnies de plumes, Scies pieds faits comme ceux de la perdrix grife \ les plumes du dos font comme celles de la bécafle ; celles du ventre &: de l'eftomac font noires , tiquetées de blanc j celles du cou font femblables à celles de la faifande : fa tète & fon bec font de même que ceux de la perdrix ; les grolTes pennes des ailes font madrées comme celles du hibou : c'eft ce qu'on appelle en terme de Fauconnerie pennage chathuanné, Belon dit très-bien , que ceux qui s'imagineront voir une perdrix métive , qui tien- droit le milieu entre la perdrix rouge 6c la grife , & qui auroit quelque chofe des plumes du faifan , pourront fe figurer la gélinote des bois : telle eft aulli celle du Sénégal : l'efpece mâle eft un peu noirâtre. Cet oifeau fréquente les lieux où il y a beaucoup de coudriers & d'é- pines. On en voit en hiver dans la Lorraine , dans la forêt des Ardennes , dans les montagnes du Forez & du Dauphiné , aux pieds des Alpes : celles de la Laponie font friandes des fleurs &: des fruits du bcukau nain. Il y a dans la mer de Gènes une île , nommée Xîle des Gélïno:es ^ parce qu'on y trouve une grande quantité de ces oifeaux. Les gélinotes font deux petits , l'un mâle & l'autre femelle. Quand cqs petits font un peu grands & élevés, le père (Se la mère les mènent hors de leur pays natal , s'évadent enfuite , & lem" laiffent le foin de pourvoir à leurs befoins. On les prend en Mars &■ en automne , avec un appeau qui fert à contrefaire leur chanc, & on leur tend des filets , des lacets , ou des collets. Leur chair , qui devient blanche par la cuiflbn , eft plus délicate Se plus faine que celle de la perdrix. La rareté de cet oifeau fait auflî qu'il eft très-recherché. On a fait , par ordre de Louis XIV, deseflais pour multiplier &: natura- lifer les gélinotes dans ce pays-ci comme les faifans j mais on n'a pu y réuffir. Les gélinotes du Nord U du Mexique font différentes des nôtres , »Sc font , dit-on , ou àQ% faifans, ou des poules. La gélinote blanche ^ ( lagopus) eft la. perdrix blanche : voyez ce mot & Arhenne. La gélinote des Pyrénées eft la perdrix de Damas : voyez ce mot. On connoît encore la gélinote d'E- cojje : celle de la Baye d'Hudfon eft une forte de coque de bruyère. La gélinote hupéc y auagen j habite les hautes montagnes de l'Europe Se de l'Américjue. La Gélinote du Canada, D'après l'examen &c la comparaifon faite GEL 5^ pair M. de Buffon ^ des oifeaux connus fous les noms de coq de bruyère à fraife ^ coq des bois d'Amérique ^ grojfe gélinote de Canada j il regarde ces oifeaux comme une feule &c même efpece. Cette grolTe gélinote de Canada ell un peu plus grofTe que la gélinote ordinaire ; elle lui reffemble par fes ailes courtes , & en ce que les plumes qui couvrent (es pieds ne defcendenc pas jufqu'aux doigts : elle n'a ni fourcils rouges , ni cercles de' cette couleur autour des yeux : ce qui la carad:érife , ce font deux touffes de plumes plus longues que les autres &c recourbées en bas , qu'elle a au haut de la poitrine une de chaque côté j les plumes de ces toufïes font d'un beau noir , ayant fur leurs bords des reflets brillans qui jouent entre la couleur d'or & le vert : l'oifeau peut relever quand il veut ces efpeces de fauffes ailes, qui, lorfqu'elles font pliées , tombent de part & d'autre fur la partie fupérieure des ailes véritables. Le bec , les dcigts , les ongles font d'un brun rougeâtre : cet oifeaa eft connu en Penfylva- nie , dans le Maryland fous le nom de faifan : il a fur fa tête 6c autour du cou de longues plumes , dont il peut , en les redrefTant à fon gré , fe former une huppe & une forte de fraife , ce qu'il fait principalement lorfqu'il eft en amour ^ il relevé en même temps les plumes de fa queue en faifant la roue , gonflant (on jabot , tramant les ailes , Se accom- pagnant fon aélion d'un bruit fourd & d'un bourdonnement femblable â celui d'un coq d'Inde \ & il a de plus , dit M. de Buffon j pour rappeller fes femelles , un battement d'ailes' très-fingulier , & aflez fort pour fe faire entendre à un demi-mille de diftance par un temps calme , il fe plaît à cet exercice au printems & en automne , qui font le temps de fa chaleur , & il le repère tous les jours à des heures réglées j favoir à neuf heures du matin , & fur les quatre heures du foir , mais toujours étant pofé fur un tronc £qc Lorfqu'il commence , il met d'abord un inter- valle d'environ deux fécondes entre chaque battement , puis accélérant ia vîteiTe par degrés , les coups fe fuccedent à la fin avec tant de rapidité , qu'ils ne font plus qu'un petit bruit continu , femblable a celui d'un tambour j d'autres difent d'un tonnerre éloigné : ce bruit dure environ une minute , & recommence par hs mêmes gradations après fept ou huit minutes de repos j lonz ce bruit n'efl: qu'une invitation d'amour que le mâle adrefle à fes femelles, que celles-ci en tendent de loin, & qui devient l'annonce d'une génération nouvelle , mais qui ne devient aufh que trop fouvent un fîgnal de deftrudion \ car les ChalTeurs , avertis par ce bruit qui n'eft pas pour eux , s'approchent de l'oifeau fans être apperçus , & de longues épines vertes , d'où il en part d'autres plus petites , qui font encore garnies de plus petites épines. Le grand &: le petit genêt épineux font communs dans les landes , les montagnes & bruyères d'Angleterre , & l'on en voit de cultivés dans leurs jardins , qui y font une belle figure , èc qui ne le cèdent point aux meilleurs arbrifleaux toujours verts. On les tond comme l'if j mais ils le furpaflent à tous égards \ car ils fleuriflent dans toutes les faifons de l'année , &: gardent long-temps toutes leurs fleurs. Quand ils font bien taillés & foignés , ils forment des haies impénétrables. Leur culture efl: la même que celle du genêt d'Efpagne : ils fe plaifent dans une terre feche &: fablonneufe : on les multiplie de graine. En Normandie , dans une partie du Poitou &: en Bretagne , on en feme des champs entiers, parce que dans ces lieux, où les bois font rares , on en fait des fagots pour chauffer les fouis èc cuire la chaux. En Provence on s'en fert pour caréner les bâtimens de mer. On le feme avec de l'avoine &: du blé de Mais , &c l'on prétend que cet arbrifleau n'épuife point la terre. On fait ufage de ce genêt , dans les pays où il croît naturellement , pour nourrir le bétail , quand les autres fourrages font rares : pour cet effet on bat le genêt pour en rompre les épines ,. & les beftiaux le mangent très-bien. En Bretagne , on le fait pourrir , & il en réfulted'excellens fumiers : ou bien on diftribue ce genêt deffeché, par poignée , continue fur les champs ; on y met le feu , & il en réfulte une cendre faline qui produit de très - bons effets dans le fol où l'on fait cette préparation , & qu'on mélange avec la terre au moyen deâ labours, GtNÊT DES Teinturiers. F'oye-:^ Genestrole. GENÊT, On donne ce nom à une efpece de petit cheval , qui vient 4'Eipagne , 5c dont la taille efl bien proportionnée. Foye^:^ Cheval* G E N 45 GENETTE. Foye^ au mot Civette. GENÉVRIER, juniperus. Cet arbrilleau, qui quelquefois s'élève à la hauteur d'un arbre , eft connu de tout le monde , parce qu'il croît dans toute l'Europe , dans les pays Septentrionaux & dans ceux du Midi , dans les forets , dans les bruyères Ôc fur les montagnes. 11 eft fauvage ou cultivé , plus grand ou plus petit, ftérile ou portant des fruits , domeftique ou étranger. Entre les efpeces de genévriers que comptent nos Botaniftes , il y en a deux générales & principales j le genévrier commun en arbrijjeau , ôc le genévrier commun qui s'élève en arbre ; mais fuivant Mrs. Delcu^e Se Hallerj ce ne font que des variétés. Le Genévrier arbrisseau , juniperus vulgaris fruticofa , fe trouve par-tout : (on tronc s'élève quelquefois à la hauteur de cinq ou fix pieds j ion écorce eft rougeâtre j fon bois eft tendre , léger j lorfqu'il eft bien fec , il eft d'un rouge-clair , il donne une odeur agréable de réfine. Les Ebéniftes en font quantité de jolis ouvrages. Ses feuilles font pointues , étroites , roides , piquantes , toujours vertes , placées le plus fouvent trois à troi-i autour de chaque nœud : on reconnoît aifément cet arbrif- feau à l'odeur de fes feuilles écrafées dans les doigts. Les fleurs mâles & les fleurs femelles viennent fur des individus différens : on voit fur les uns de petits chatons au mois d'Avril Se de Mai : les fleurs femelles , formées d'un calice fans étamines, s'obfervent fur d'autres pieds j il leur fuccede des baies fphériques , contenant une pulpe huileufe , aromati- que , d'un goût réflneux. Ces baies portent le nom de genièvre. Cette efpece de genévrier peut réuflîr même dans les endroits les plus arides. Les Allemands emploient fréquemment dans leur cuifine les baies de genièvre comme un aflaifonnement j nous n'en faifons guère ufage qu'à titre de médicament. Les vertus du genièvre les plus évidentes , font une qualité ftomachique , carminative Se diurétique \ il donne à l'urine une odeur de violette. Quelques-uns ont appelle l'extrait des baies de genièvre , la thériaque des gens de la campagne ^ à caufe de fa vertu alexi- pharmaque. D'autres remplifl^nt un petit baril de baies de genièvre Se de pruneaux , l'un Se l'autre écrafés. Se ils prétendent que l'eau que l'on tire de cette efpece de râpé, eft très-propre à foulnger les afthmatiques. On peut faire avec le genièvre , une boiflon très-falutaire Se très- peu coLiteufe , c'eft le vin de genièvre j on pourroit l'appeller le vin des pau- vres i Se i\ pourroit être un bon médicament pour les riches j il feroi? 4^ G E N bon pour les animaux. Il fe fait avec fix boiffeaux de graines de ge- nièvre concafTées, ôc trois ou quatre poignées d'abiinrhe : on laiOTe infufer ôc fermenter le tout durant un mois dans cent pintes d'eau de fontaine j on tire enfuite la liqueur à clair j cette efpece de vin eft d'autant plus agréable qu'il eft vieux. Il eft très - eftimé pour les coliques venteufes , pour fortifier l'eftomac Se pour arrêter les diarrhées opiniâtres. Il débar- raife les reins des matières vifqueufes qui empêchent le paftage des urines. Cette liqueur fpiritueufe déjà connue fous le nom de genevretu , feroit , je crois, bien meilleure , dit M. Duhamel , fi l'on y ajoutoic de la mélafte, & fi on la traitoit comme on fait l'épinette en Canada. Foye-^ Epinette ouSapinette du Canada , & l'article Sapin. Le ratafia préparé par rinfufion des baies de genièvre dans l'eau-de-vie, eft un excellent cordial ftomachique. On brûle dans les hôpitaux & dans les chambres des malades, le bois & les baies de genièvre pour en chafier le mauvais air. La décodion légère da bois de genièvre fe prend pour fortifier l'efto- iTiac : on l'emploie aufiî comme celle du fafiafras pour exciter les fueurs & Durifier le fang j quelquefois on y mêle de l'antimoine crud pour guérir les maladies vénériennes où il paroît des puftules ulcérées fur le vifage. On brûle la plante en entier dans un four pour préparer la cendre qu'on fait infufer dans le vin blanc , à la dofe d'une livre fur une pinte de vin. Cette liqueur dont on boit un petit verre matin & foir , eft aufli efficace dans l'hydropifie que celle préparée avec la cendre de genêt. Le Gfnévrier en arbre ^ junïperusvulgaris arhcr , a t celfîor ^ diffère de celui dont nous venons de parler, par fa hauteur , qui d'ailleurs varie beaucoup fuivant les lieux où il croît. Nous avons dit que ce genévrier n'eft qu'une variété du précédent. Il s'élève à trente pieds dans les menus bois, où d'autres plantes moins heureufement placées reftent tapies contre terre. On dit qu'en Afrique il égale en hauteur les arbres les plus élevés : fon bois, dur & compade, eft employé pour les bâtimens. On diftingue cet arbre d'avec le cèdre , non-feulement par fon fruit , mais encore par fes feuilles , qui font fimples &: plates , au lieu que les feuilles du cedrc relfemblent davantage à celles du cyprès. On cultive le grand genévrier dans les pays chauds, comme en Italie, en Efpagne , en Afrique. Il en découle naturellement , ou par des inci- fions faites au tronc pendant la chaleur , une réfine que l'on nomme vernix ou la fandarai^ue des Arabes, Toutes les efpeces de genévriers iiQ G E N 47 donnent pas une réfine aiifîl belle : la pins eftimce eft celle qui eft en larmes claires , luifantes , diaphanes , blanches ôc nettes ^ en la faifanc diiToudre dans de bon efprit- de-vin, ou dans de l'huile de lin, elle donne un vernis. Ce vernis eft très-blanc &c brillant ^ mais il eft fort tendre &C s'égratjgne aifémenr. Pour lui donner plus de corps , on y mêle de la laque & un peu de réllne appellée gomme élémi : le vernis eft alors plus folide , mais il perd une partie de fa blancheur. La fandaraque en poudre fert aufli à vernir le papier , à lui donner plus de confiftance &c à l'em- pêcher de boire , fur- tout dans les endroits où on a été obligé de le guatec pour enlever l'écriture. 11 y a une efpece de genévrier commun en Languedoc , qui porte des baies roiigeâtres , Se d'un goût peu favoureux : juniperus major bacca ru- befcente. ( M. Halleràiz que cette efpece eft différente du genévrier). On diftille fon bois dans la cornue , & on en retire une huile fétide j que les Maréchaux emploient pour la gale & les ulcères des chevaux. Gn la nomme huile de cade ; cedrdeum Cette forte d'huile effenrielle eft uficée dans plufieurs de nos provinces méridionales pour les maladies extérieu- res des beftiaux , & fur-tout dans la maladie éruptive des moutons, 'X)^- ^QÏléQ petUe vérole on picote. Voyez Cade & Cédria. Cette huile eft vé- ritablement cauftique j fi l'on en touche l'intérieur d'une dent creufe , elle cautérife le nerf &: calme la douleur ; mais fi l'on continue à l'appli- quer, elle fait bientôt tomber la dent en pièces. Quelques-uns ont ofé la donner intérieurement , contre la colique de les vers j mais on ne peut avoir recours à ce remède fans témérité. Le Genévrier d'Asie a grosses baies ^juniperus Afiatica laùfoUa ^ arborea j cerajifruclu j n'eft qu'une variété du genévrier précédent. On cultive avec fuccès en Angleterre , les genévriers de Virginie & ^es Bermudes: ils s'élèvent jufqu'à vingt-cinq pieds de haut , & croiflent fort vite , lorfque les quatre premières années font paftées , & qu'on en a pris bien foin. Ces arbres réfiftent au plus grand froid de ce climat. On les multiplie de graine qu'on retire de la Caroline. Le bois de ces efpeces de genévriers tire fur le rouge , &; abonde en réfine d'une odeur ex- c[uife. On honore communément le bois de genévrier , fur tout celui des Bermudes , du nom de bols de cèdre _, quoiqu'il y ait dans la Grande Bre- tagne d'autres bois de ce même nom, qui viennent d'arbres bien diifé- rens &; originaires des Indes occidentales j cependant c'eft du bais de ces 48 G E N efpeces de genévriers , qu'on fait en Angleterre des boiferies , des ef- caliers , des lambris , des commodes Se autres meubles. La durée de ce bois l'emporte fur tous les autres , ce qu'il faut peut-être attribuer à l'ex- trême amertume de fa réiîne , qui le défend contre l'attaque des vers. On l'emploie en Amérique à la" conftruclion des vailTeaux marchands j c'eft dommage qu'il ne convienne pas à la bâtifle des vaifleaux de guerre j il eft fi caflant, qu'il fe fendroit au premier coup de canon. GENICE ou GENISSE , juvenca. Eft la petite & jeune vache , qu'on appelle ainfi jufqu'à deux ou trois ans , ou jufqu'à ce qu'elle foit livrée au taureau. Voye'^^fon article au mot Taureau. GENIEVRE. Foyei Genévrier. GENIEVRE DOUX , eft une efpece de camarlgne. Foye^ ce mot, GENIPANIER. Foye^ Janipaba. GENISTELE , gemjldla. Plante qui diffère du genêt en ce que {ç.% tiges naiiïent l'une de l'autre , & font comme articulées enfemble & feuilletées ou applaties de manière que chaque partie comprife entre deux nœuds , reffemble à une feuille étroite & alongée : les feuilles , propre- ment dites , font un peu oblongues , pointues & naiflent une à une 'à chaque articulation. Les fleurs en font jaunes. Voye-^ Spargelle. GENOUILLET. Voyez l'article Sceau de Salomon, GENS-ENG , ou Gins-Eng, ou Ging-Seng. Les Naturaliftes &: les Botaniftes n'ont point encore décidé , fi le gens-eng & le ninzin font deux plantes différentes ou une feule & la même : peu des Voyageurs qui ont été en Chine & au Canada , où ces plantes croiffent , fe trouvent d'accord entr'eux. M.Geoff'roi y dans fa Matière Médicale , Tome II page 192, dit que ces plantes font de différent genre , &c qu'elles ne fe reflemblenr que pour la figure &:- les vertus. Ilditaufîîque les Médecins de l'Europe font peu d'ufage de ces plantes j &c que la racine du gens eng coûte beau- coup plus que celle du ninzin. Nous avons confulté tout ce qu'on a écrit à cefujet, Scnous préfenterons au Leéteur l'extrait de ce qu'on lit dans les Lettres édifiantes & curieufes , Jome X ^pag. 171 ^ dans le petit Ouvrage duP,Lafiteauy adrefté au Régent de France en 1718 5 & dans la Thefe de Médecine de M. Vandermonde , foutenue dans les Ecoles de la Faculté de. Paris en 1 73 (î. Nous joindrons donc à la fuite du gens-eng , la defcription du ninzin , afin que le ledeur puiffe les comparer &: en porter fon juge- ment. Nous y ajouterons la mapiere d'en préparer les racines, les lieux ou elle^ G E N ^^ elles croifTeiit, Tordre & la méthode qu'obfervent ceux qui vont les ra- cnafler. Defcrlpîlon du Gens - Eng, Cette plante , que les Chinois nomment /'^r -7?, & les îroquois garen^ toguen (ces mots flgnifîent dans les deux langues cuijfes d'homme) , eft connue en France depuis que les AmbaflTadeurs de Siam en apportèrent à Louis XIV. Le gens-eng a une racine de deux pouces de longueur &: à- peu-près delagroiTeur du petit doigt , un peu raboteufe , brillante , &: comme demi- iranfparente, le plus fouvent partagée en deux branches, quelquefois en un plus grand nombre, fibreufe vers la bafe , roufsâtre en dehors & jaunâtre en dedans \ d'un goCit légèrement acre , un peu amer & aromatique; d'une odeur d'aromate, qui n'efl: pas défagréable. Le collet de la racine eft un tilîu tortueux de nœuds où font imprimés obliquement te alternativement , tantôt d'un côté & tantôt de l'autre , les vefliges des diffcrentes tiges qu'elle a pouflées chaque année. La tige du gens-ena eft haute d'un pied : elle eft unie , &;d'un rouge noirâtre. Au fommet de la tige nailTent trois ou quatre queues creufées en gouttières , & difpofées en rayons, chargées chacune de cinq feuilles inégales & dentelées; la côte qui partage chaque feuille , jette des nervures qui s'entrelacent. Du lieu où les feuilles prennent naiiTance , s'élève un pédicule fimple , nu, d'en- viron cinq à fix pouces de long, terminé par un bouquet de petites fleurs jaunes, dont le calice eft très petit ; les pétales & les étamines font an nombre de cinq \ le ftyle de la fleur eft furmonté d'un ftigmate , & pofé fur un embryon arrondi , qui en mûriflant devient une baie fphérique , cannelée, couronnée & partagée en trois ou quatre loges , qui contien- nent chacune une femence applatie & en forme de rein. Si l'on en croit l'Ouvrage Chinois intitulé , Pen-Sau-Kam Mou-LU Tcki-Sinj les vertus de la racine du gens-eng font admirables : les Afia-» tiques crbient qu'elle eft une panacée fouveraine ; &c les Chinois y ont recours dans toutes leurs maladies , comme à la dernière reflource : leurs Médecins ont écrit des volumes entiers fur ce fpécifique , qu'ils décorent du titre de Simple /piritueux , à'Efprhpur de la terre j & de Bxcette d'im" mortalité. Mais citons quelques unes àts, propriétés de cette racine : point de diarrhée , de foiblefle d'eftomac , de dérangement d'inteftins à'^n-^ gourdiflemens , de paralyfie , de convulfions qui ne cèdent au gensene ; l?ette racine, félon eux , eft merveilleufe pour réparer d'une manière fur- fO C E N prenante les forces affoitîies , augmenter la refpîratîon , ranimer les vieillards. Se même les agonifans , retarder la mort , affermir la moelle des os Ôc tous les membres , enfin pour réparer dans un inftant la perte que procurent les plaifirs de l'amour , ëc les faire renaître aulli-tôt , pourvu qu'on mange &; boive fobrement : cette reftridion nous paroît afTez judi- cieufe Se ctrc de tour, les pays. 11 eft étonnant qu'on n'ait pas auflî ajouté à ce panégyrique du gcns-eng la propriété de guérir les maladies véné- riennes. Les Médecins Holiandois le recommandent dans lesconvuliions 5 la fyncope, le vertige , 3c pour fortifier la mémoire : mais il faut prendre garde d'en fiire trop ufage , car il allume le fang : c'eft pourquoi on l'in- terdit aux jeunes gens ôc à ceux qui font d'une conftitution chaude : an refte la cherté ôc la rareté de cette racine font qu'on en ufe peu. Defcrlption du Nln-^ïn, Le ninzin diffère du gens eng en ce qu'il naît au Japon ôc dans la Corée, qu'il efl plus épais, plus mou, creux en dedans, & beaucoup inférieur en propriétés. K&niffer défigne ainfi cette plante : Sifarum montanum Cor&enfc y rad'ice non tuberod ; il dit que la plante du ninzin étant encore jeune, n'a qu'une petite racine fimple , femblable à celle du panais, de trois pouces de long , de la grofieur du petit doigt , garnie de quelques fibres cheve- lues, charnue, blanchâtre, entrecoupée de petits anneaux, & partagée quelquefois en deux branches, d'où lui eil venu le nom de nln \in ^ qui fîgnifie plante , dont la racine a dans la terre la figure des cuiffes d'un homme : cette racine a le goût du chervi ôc l'odeur du panais. Cette plante devenue plus forte , eft haute d'un pied j fa racine cil fouvent double , bien nourrie : du collet de fes racines naiflent des bourgeons qui par la fuite deviennent des tiges ôc des tubercules qui fe changent en racines : la tige s'élève à la hauteur de deux pieds ou environ , ôc eft prefque groffe comme le petit dî^gt, cannelée, géniculée ôc pointillée tout autour comme dans le rofeau ; de chacun de fes nœuds il fort àts rameaux. Cette tige efl folide dans fa bafe j mais elle efl creufe dans le refle , ainfi que £qs rameaux : les feuilles qui embralTent les nœuds font légèrement cannelées ôc creufées en gouttière , fort femblables à celles de la berle ôc du chervi : dans le dernier accroi^Tement de la plante , elles font découpées en trois lobes. Les bouquets de fleurs qui terminent les rameaux font garnis à leur bafe de petites feuilles étroites ôc difpofées «n parafol. A chaque flenr fuccede un fiuit qui en tombant fe partage en deux graines cannelées , applaties d'un côté , nues , femblables à, celles de l'anis, d'un roux foncé dans leur maturité, ayant le goût de la racine , avec une foible chaleur. Dans les aiflelles des rameaux naiflent des bourgeons arrondis, de la groiïeur d'un pois, verdâtres, charnus, d'un goût fade ôc douceâtre , lefquels , lorfqu'on les plante ou qu'ils tombent d'eux-mêmes fur la terre , produifent une plante de leur genre, 3c qui eft ombellifere , dit M. Haller. Le ninzin eft , après le gens-eng ôc le thé , la plus célèbre de toutes les plantes de l'Orient , à caufe de fa racine qui a beaucoup d'utilité. La plante ninzin , qu'on a apportée de Corée dans le Japon , & que l'on cultive dans les jardins de la ville de Meaco , y vient mieux que dans fa propre patrie, mais elle eft prefque fans vertu: il en eft à-peu-près de même du gens - eng. Le ninzin qui naît dans les montagnes de Kataja ( dans la Province de Siamfai } &c dans celle de Corée , où l'air eft plus froid, dure plus long-temps j fa racine eft vivace , mais fes feuilles tom- bent en automne : dans le Japon elle produit plutôt des tiges chargées de graines , & elle meurt le plus fouvent en un an. Dans le Canada où elle eft appellée garent-ogen , elle eft allez nourrie. Les Japonois & les Chinois prétendent que les principales vertus de la racine ninzin font de fortifier & d'engraifler j ils en font entrer dans tous les remèdes aa défaut du gens-eng , principalement dans tous les cordiaux j mais avant que d'en faire ufage , on le prépare comme le gens-eng. Recoàe du Gens-Eng y & fon débit en Chine , &c. On ramalïe le ninzin &c le gens-eng au commencement de l'hiver; Lorfque ce temps approche , on met des gardes dans toute l'entrée de la Province de Siamfai, pour empêcher les voleurs d'en prendre. Les lieux où croiftent les racines du gens - eng font entre le trente- îieuvieme &: le quarante-feptieme degré de latitude feptentrionale , 8>C. entre le dixième & le vingtième degré de longitude orientale, en comp- tant depuis le méridien de Pékin : c'eft dans ce vafte intervalle qu'on découvre une longue fuite de montagnes, que d'épailTes forêts dont elles font couvertes & environnées , rendent comme impénérrables j c'eft fur !e penchant de ces montagnes, & dans ces épailTes forêts , fur le bord des rivières , autour des rochers , au pied des arbres , & au milieu de Gij >i G E N toutes foïtes d'herbes , que fe trouve la plante de gens-eng. Cette planté eft ennemie de la chaleur 5c croît toujours à l'ombre. Il n'eft pas éton- nant qu'on en trouve en Canada , dont les forêts ôc les montagnes font aflez femblables à celles de la Chine , principalement vers le cinquante- feptieme deçré. Les endroits ou croît le gens-eng font tout-à-fait féparés de la Province de Carton, appellée Leao-tong dans les anciennes cartes Chinoifes , par une barrière de pieux de bois qui renferme toute cette Province, Se aux environs de laquelle des gardes rodent continuellement pour empêcher les Chinois d'en fortir & d'aller chercher cette racine. Cependant quelque vigilance qu'on y apporte, l'avidité du gain rend aveugle fur les dangers. Cet appât fait trouver à des Chinois le fecret de fe gliffer dans ces déferts , quelquefois jufqu'au nombre de deux ou trois mille , au rifque de perdre la liberté ÔC le fiuit de leurs peines s'ils font furpris en forrant de la Province ou en y rentrant. Dix mille Tartares font commandés pour faire la récolte du gens-eng, de après que cette armée d'Herborilles s'eft partagée le terrain fous divers étendards, chaque troupe, au nombre de cent ou deux cents, s'étend fur une même ligne, jufqu'au point marqué, en gardant de dix en dix une certaine diftance; ils cherchent eiifuite ai^ec foin. & à travers les buifTons & les épines, la plante dont il s'agit , en s'avançantinfenfiblement fur un même rhombe , & de cette manière ils parcourent pendant un certain nombre de Jours l'efpace qu'on leur a marqué. Dès que le terme eft expiré, les Mandarins placés avec leurs tentes dans les lieux propres à faire paître leurs che- vaux , envoient vifiter chaque troupe pour lui intimer leurs ordres, 3C pour s'informer fi le nombre eft complet : en cas que quelqu'un manque , comme il arrive allez fouvent , ou Dour s'être égaré dans ces affreux dé- ferts, ou pour avoir été dévoré par les bêtes, on le cherche un jour" ou deux , après quoi on recommence de même qu'auparavant. Ces Tartares éprouvent de rudes fatigues dans cette expédition y ils ne portent ni tentes, ni lits , chacun d'eux étant alTez chargé de fa provifion de millet rôti au four , dent il fe' doit nourrir tout le temps du voyage. Ainfi ils font con- traints de prendre leur fommeil fous quelques arbres , fe couvrant de branches ou de quelques écorces qu'ils trouvent. Les Mandarins leur en- voient de temps en temps quelques pièces de bœuf ou de gibier qu'ils dévorent après les avoir expofées un moment au feu. C'eft ainfi que ces dix mille hommes palTent fix mois de l'année , depuis le commencemenc de l'aucomne jufqu à la fia du printems , pour la recherche d'une racine (j E N 53' ^âonc ia principale vertu efl: vraifemblablement de produire un grand revenu à l'Empeteur de la Chine. On conferve pour ce Prince celui qui a été ramafle fur les montagnes de Tfu-ToangSeng ^ comme le meilleur. Quelques tentatives qu'on ait faites chez nous pour faire venir le gens* eng de graine, Ton n'a pu y réulTir. Tout le gens eng qu'on ramaOTe en Tarrarie chaque année , & dont le montant nous eft inconnu , dcîtt être porté à la douane de l'Empereur dq la Chine , qui en prélevé deux onces pour les droits de capitation de chaque Tartare employé à cette récolte : enfuite rEn)pereur paye le fur- plus une certaine valeur, &: fait revendre tout ce qu'il ne veut pas à un prix beaucoup plus haut dans fon Empire , où il ne fe débite qu'en fou nom , & ce débit eft toujours aduré : c'eft par ce moyen que les Nations Européennes trafiquantes à la Chine , sQn. pourvoient , & en particulier la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales , qui vend prefque tout le gens- eng qui fe confomme en Europe. Le prix du gens-eng eft tel chez les Chinois , (ju'ils en vendent une livre de poids, trois livres pefant d'argent. Les Hollandois en vendent aufli au poids de l'or , qu'ils diftribuent aux Européens fous le nom de g'ing ge g , ^ aux Japonois fous celui de nijî ; c'eft pourquoi le gens-eng eft» toujours li rare. Celui des Marchands de l'Europe eft fouvent mêlé de ninzin, qui eft plus commun , ce qui produit alors un gain plus con- sidérable & un débit plus sûr. On prétend que les Hollandois en ont planté au Cap de Bonne -Efpérance. Parlons maintenant de fa prépara- tion» Préparation du Gens-Eng, Les Tartares appellent le Gens-Eng , orothi , ce qui fignifie Is. pre^ mïert des plantes. Pour en conferver la racine, ils enterrent dans un même endroit tout ce qu'ils peuvent en amaller durant dix, douze & quinze jours: ils ratilTent & nettoient foigneufement ces racines , dès qu'elles font tirées de terre , avec un couteau fait de bambou , car ils évitent re- ligieufement de les toucher avec le fer ^ quelquefois ils en rerirent la terre avec une brofte : ils les trempent enfuite dans une légère décodion pref- que bouillante de graines de millet & de riz , puis ils les font fécher avec foin à la fumée d'une efpece de millet jaune qui eft renfermé dans un vafc avec un peu d'eau j les racines font alors couchées fur de petites uaverfes de bois au-deifus du vafe , 6c fe fechent peu-à-peu fous un liuge ^4 G E îT ou fous un autre vafe qui les couvre. Quelquefois on fait fécher ces ra* cines en les fufpendant à la vapeur d'une chaudière couverte & placée fur le feu, laquelle contient de l'eau de millet jaune & de riz. Par ces procédés les racines acquièrent en fe féchant une couleur jaune ou roulTe y avec une forte de dureté , &: elles paroiflent comme réfineufes Se demi- tranfparentes. Après avoir bien féché ces racines , on en retranche les fibres , & lorfque le vent du nord fouftle* on a foin de les placer à fec dans des vafes de cuivre très propres 6c qui ferment bien : on fait un extrait des plus petites racines , & on conferve les feuilles de la plante pour en faire ufage comme du thé. GENTIANE, gendana ^ eft une plante qui croît par-tout, mais prin- cipalement fur les montagnes des Alpes , ^qs Pyrénées &: de l'Auvergne : on en diftingue de plufieurs fortes fous le nom générique de gentianelle ; nous parlerons d'abord de celle qui eft la plus en ufage , ik qui eft la grande gentiane vulgaire. Sa racine eft grofte comme le poignet , 8c longue de plus d'un pied , rameufe , fongueufe , brune en dehors , d'un jaune rcvufsâtre en dedans , d'un goût fort amer: elle pouile plufieurs tiges droites, fermes, hautes de deux à trois pieds : fes feuilles font femblables à celles de l'hellébore blanc, lirt^es , de couleur verte pâle , ayant cinq nervures comme celles du plantain \ les unes naiffent en grand nombre près des racines , les au- tres font placées vis-à-vis l'une de l'autre à chaque nœud des tiges qu'elles embraftent en fe réuniftant par leur bafe. Les tiges portent des fleurs verticillées ou rangées par anneaux & par étages dans les ailTelles , &: qui font de couleur jaune : chacune de ces fleurs eft une cloche fort évafée, découpée en cinq quartiers. Il leur fuccede un fruit membraneux , ovale, qui s'ouvre en deux panneaux , & qui contient des femences applaties , comme feuilletées & de couleur rougeâtre. On peut confulter la char- mante defcription poétique de la gentiane, par M de Haller. Nous ne pouvons nous difpenfer de dire un mot fur la petite gentiane d* Amérique à fleur bleue ^ dont les capfules fervent d'étui pour garantir {q% graines des injures de l'air &; de la terre , jufqu'à l'approche du temps le plus propre à les faire fortir. Alors , dès que la moindre humidité touche le bout des capfules , il fe fait une explofion des graines qui vont Çcà & là fe femer naturellement. Cette obfervation eft du Chevalier Hans-Sloane ^ qui la fit pendant fon féjour à la Jamaïque ; obfervation qui fe trouve vérifiée jpar d'autres exemples femblables. / / GEO $$ II y a auiîî h gentiane croïfette y gentiana cruc'iata ^ dont la vertu eft éga- lement fébrifuge j elle eft haute d'environ un pied j fes fleurs font bleues , verticillées , faites en entonnoir , dit M. Deleu^e j découpées ordinairement en quatre lobes , fans franges à l'embouchure , mais feulement une petite languette à chaque angle rentrant des découpures. La racine de la grande gentiane eft la feule partie de cette plante eu ufage dans la Médecine ; elle eft vulnéraire, fébrifuge, très-flomachique & d'un très-srand fecours dans la morfuredes chiens enragés : elle levé les obftriiélions : elle provoque les menftrues , chaiTe les vers , excite l'appétit êc facilite la digeftion comme les autres amers : non feulement elle réiifte aux poifons, mais encore à la gangrené &c même à la pefte : dans l'ufage extérieur , elle mondifie les plaies j c'eft un fort bon dilatant pour agrandir un ulcère fiftuleux Ôc en entretenir l'ouverture. Elle détruit les chairs fon- gueufes & calleufes. Elle eft la bafe de la poudre cordiale des Maréchaux. On en tire une eau fpiritvieufe ,. qui , félon M. Haller ^Q^ fort en ufage dans l'Eft de la Suiffe. GEODES , lithotonù cavernoji. On donne ce nom à des pierres de diffé- rentes figures, foit fphériques, foit triangulaires, intérieurement caver- neufes , & qui contiennent dans leur cavité centrale ou une criftallifation , ou de la terre y ou du fable , en un mot un noyau communément mobile ^ même une matière fluide comme de l'eau; voye-^ Enhydre j fubftances qu'on n'apperçoit pas à l'extérieur , mais qu'on reconnoit , lorfqu'en agi- tant la pierre fortement, on entend du bruit ou un fon fourd ou creux» Les géodes les plus communes font celles qui tiennent de la nature des mines de fer , & qu'on appelle pierres (T aigle ou étites : voyez ce dernier mot. On connoklQS cgates géodes à criftallifations intérieures du Duché de Deux- Ponts. On voit dans les Cabinets, de ces globes lapidifiques 6c creux, tapifles intérieurement de l'améthyfte de couleur vineufe. Le prix des géodes augmente à raifon de leur matière & de celle des criftaux. Il y a aufli des géodes de fpath ôc de quartz criftallifés 3c graveleux des en- virons de Soiflons. On nomme ces dernières y^/i^rej. Leur criftallifation intérieure refl^emble en eftet à du fel pelotonné. GÉOGRAPHIE. On appelle carte de Géographie une coquille univalve qui eft une efpece de porcelaine j ôc table de Géographie une efpece de rouleau. Voyez ces mots. GERANIUM ou GERANION. Nom latin qu'on donne vulgairement: 5<î G E R avec une épîchete au bec de grue , à Vherbe à Robert ou pied de pigeon! F'oye^ Bec de Grue. GERBOISE. Petit quadrupède fîngulier pout la forme , & dont il y a plufieurs variétés fous les noms de tarjler ^ de gerho , A'alagtaga , de daman Jfrael ou agneau d'Ifrael, Ces animaux n'ont guère les pattes de devant plus grandes que les mains de la taupe j & celles de derrière , qui font fort longues , reflTemblent en quelque forte aux pieds d'un oifeau. Ces quadrupèdes ont la tète faite à- peu-près comme celle du lapin ^ ils ont les dents conftruites de la même manière. Leurs pieds de derrière n'ont que trois doigts \ celui du milieu eft un peu plus long que les deux au» très , & tous trois font pourvus d'ongles j le talon femble garni d'une ou de deux efpeces d'ergots. Leur queue eft trois fois plus longue que leur corps , & couverte de poils rudes \ l'extrémité eft fort touffue. 0\\ voit de ces animaux en Egypte , en Arabie , en Barbarie , en Tartarie & jufqu'en Sibérie. Ils fe fervent de leurs partes de devant comme de mains pour porter à leur bouche ce qu'ils veulent manger \ ils fe fou- tiennent droits fur leurs pieds de derrière , & cachent ordinairement ceux de devant dans leurs poils , en forte qu'ils ne paroiftent pas en avoir : lorfqu'ils veulent aller d'un lieu à un autre , au lieu de marcher , ils fautent légèrement & très-vîtej toujours debout comme les oifeaux, ils avancent à chaque faut de trois ou quatre pieds de diftance. Lorfqu'ils fe repofent ils s'afiTeient fur leurs genoux , ils. ne dorment que le jour & Jamais la nuit : leur nourriture eft le grain &: les herbes j ils fe creufent des terriers comme les lapins , &: ils ont la prévoyance d'y faire provifion d'herbes pour palfer l'hiver. La gerboife ne feroit-elle pas le gcrbuah dôs •Arabes, qu'on appelle le rat fauteur de montagne? GERBUAH. Voye':^ cl-dejfus à la fin de l'article GtRuoisE. GERCE, teredo j eft la petite vermine qui ronge les habits 6c les meubles. Foye^ Teigne. GERFAUT, gyrofalco. Oifeau de proie Se de leurre , qui tient du vautour , ôc qui fert à la volerie. Foye^ Faucon Gerfaut. GERMANDRÉE ou PETIT CHÊNE , chamAdrys officinarum. Cette plante croît aux lieux incultes, pierreux, montagneux & dans les bois. Ses racines font ligneufes , Ébrées , fort traçantes , &: jettent de tous côtés des tiges couchées fur terre , quadrangulaires , branchues , hautes d'environ demi -pied, grêles, rougeâtres 6c lanugineufes. Sqs feuilles naiffeaE G E R rr naiiïent deux à deux , oppofées ; elles font d'un vert gai , fermes , velues , dentelées comme celles du chêne , longues d'un demi-pouce , d'un goût amer, un peu acre &: aromatique : fes fleurs nailTent dans les ailTelles des feuilles le long des tiges, elles font de couleur purpurine , & d'une odeur agréable j chacune d'elles eft un tuyau évafé par le haut en forme de gueule , dont la levre fupérieure manque ; les étamines en occupent la place : la levre inférieure a de chaque côté deux petites languettes ou ailerons pointus , &c fe termine par une pièce en cuilleron. A cette fleur fuccedent quatre graines arrondies & formées de la bafe du piflil. Les Botaniftes comptent une vingtaine d'efpeces de germandrées : on en cultive en Anglererre quelques-unes. F'oye:^ ce quen dit Miller j voye^ aiijjl à l'article Galle, de ce Dictionnaire ^ le fiege bizarre des galles de germandrée. Les feuilles & les fleurs de la germandrée font d'ufage en Médecine , & font rangées dans la clafl^e des amers aromatiques j elles font incifives, fortifient le ton des parties relâchées, provoquent les urines , les menftrues & les fueurs , lèvent les obftruétions Aqs vifceres , & font bonnes contre les premières attaques de l'hydropifie , du fcorbut & de la goutte. Bien des perfonnes en Egypte en font une efpece de thé , dont elles fe fervenc avec fuccès dans les maladies fcrophuleufes Se les différentes fièvres, GERMANDRÉE D'EAU , ou Chamarras , ou Vrai Scordium , fcordium offic. Plante qui croît aux lieux humides & marécageux , le long des fûflés remplis d'eau. Sa racine efl: rampante , fibrée , ëc vivace j elle pouffe pjufieurs tiges hautes d'un pied ou environ, carrées, velues, rameufes ôc ferpentantes. Ses feuilles font oblongues ridées , dentelées , velues , oppofées ', d'une odeur d'ail & d'un goût amer. Ses fleurs font petites &c formées en gueule j elles naiiïent en Juin & Juillet dans les ailTelles des feuilles le long des tiges 8c des branches, ordinairement deux à deux : il leur fuccede quatre femences menues &: arr .dies. Le fcordium eft: amer, aromatique , rougit un peu le papier bleu : il eft eftimé vulnéraire , alexipharmaque , déterfif , vermifuge & diurétique: on en fait ufage en infufion théiforme pour procurer les fueurs , pour guérir les fièvres continues j fur-tout pour hs ulcères internes , pour xéfifter à la gangrené & rendre la vie aux parties demi-mortes. On donne aufli le nom de faux fcordium ou de chamarras à. la faucre fauvage ou des bois , ( cham^dris fruticofa j fylvejlris , melifféi folio ) dont l'odeur tire égalemei)t fur celle de l'ail , inais avec moins de force : oa Tome II L ^ 5^^ G E R . G E 5 la diftingue principalement par là difpofitîon de fes fleurs , toutes placées du même côté fur de long épis. Elle eft ftomachique , ôc convient en topique dans les ulcères gangreneux. La germ^ndrée en arbre efl; une efpece de teucrium. GERME. F'oye':^ aux articles Plante & Homme. GEROFLE. Voyei Girofle. GEROFLIER. /oye^ Giroflier. GESSE , lathyrus. Plante qu'on cultive dans quelques jardins. Sa racine eftmsnue & fibrée , elle poufle plu(ieurs tiges rampantes , comme rele- vées d'une côte en dos d'âne , & qui fe fubdivifent en plufieurs rameaux* Ses feuilles naiflent deux à deux j elles font oblongues , étroites & poin- tues. Ses fleurs font légumineufes , blanches , tachées au milieu d'une couleur de pourpre brun , ( c'efl: l'étendard ) Se foutenues chacune par un calice formé en godet dentelé , dont les deux denrs fupérieures fout plus courtes que les trois autres ôc rapprochées : le piftil fe termine par un ftigmsite plat ,oblong , & un peu velu : l'étendard efl:fort grand & perpen- diculaire à la longueur de la fleur : il fuccede à chaque fleur une goufle courte & large , blanche , compofée de deux colfes qui renferment des femences anguleufes , blanches en dehors, jaunes en dedans. Dans les pays méridionaux on mange ces femences comme les pois j» les fèves & autres légumes y elles font fort nourrifl^intes & très-prolifiques t ie bouillon en efl: un peu relâchant &c apéritif, ]l y a une autre efpece de geffe qu'on appelle gejfe d'Efpagne , Sc qui cft plus f-euillée. Les branches de l'une & l'autre efpece fonc terminées par des filamens ou vrilles qui s'accrochent & s'entortillent autour des. plantes voifines ou des rames pofées exprès. Le genre du lathyrus comprend tin grand nombre d'autres efpeces. On mange les racines charnues de l'efpece de gelfe appelée makoife ou macjon : on multiplie les gelîes de graine ou de racine : elles font très propres à être plantées contre des hai'ïS mortes, qu'elles couvriront, fi Ton veut , dans une été; elles donneront quantité de fleurs &: fubfifleront plufieurs années : la petite ge e à. grande fieur orne très bien un jardin, parce qu'elle ne s'élève pas au delïus de cinq pieds, & qu'elle produit des bouquets de larges fleurs & d'un beau rouge foncé. Mais Xxgcjj'e que les Anglois appellent thef\>^ eetfenter peafe ^ mérite le plus d'être cultivée à caufe de la beauté & de l'agréable odeu^ de fes fl^Hus pourpres : au refle pour bonifier toutes les. variétés de la gejje^ il faut les femer an mois d'Août près d'iui mur oii d'une haie expoféc G E s G ï A 59 au midi , alors elles poufTent en automne , fubiiftent en hiver , com- mencent à fleurir en Mai, ^continuent jufquàla fin de Juin : par cette méthode elles produifent une très-grande quantité de fleurs & d'excel- lentes graines. GESTATION , gejlatw. Se dit de la durée de la groflefTe , du temps que les femelles des vivipares portent leur fœtus dans la matrice. GEUM ou SANICLE DE MONTAGNE , geum rotundïfolïum majus. Plante qui , félon M. Haller ^ eft une efpece de faxifrage qu'il ne faut pas confondre avec les geumsàQ M. Linndus^ elle croît aux lieux montagneux & ombrageux : fa racine efl: écailleufe en haut & grofle , mais garnie de fibres blanchâtres dans le refl:e \ fes tiges font hautes d'an pied , tor- tues , velues & rameufes. Ses feuilles font larges , arrondies & dentelées, renfoncées à Tinfertion des pédicules ; fes fleurs font compofées de cinq pétales oblongs , dipofés en rofe , blancs , tiquetés de plufieurs points rouges : elles ont dix étamines & deux piftils. A ces fleurs fuccedent des capfules membraneufes remplies de femences menues , & terminées par deux cornes qui font les reftes des piftils. Cette plante eft un bon vulnéraire. GHIAMAIA. Eft un grand animal qui fe retire particulièrement a l'eft de Bambuck dans les cantons de Gadda & de Jaka : on prétend qu'il eft plus haut de la moite que l'cléphant , mais il n'approche pas de fa grofleur \ il a beaucoup plus de reflemblance avec le chameau par la tête & par le cou : il a deux bofles fur le dos comme le dromadaire • fes jambes , qui font d'une longueur extraordinaire, contribuent beau- coup à le faire paroître encore plus haut j il n'eft jamais fort gras \ il fe nourrit comme les chameaux de ronces & de bruyères : les Nègres en aiment aflez la chair. Cet animal pourroit devenir propre à porter les fardeaux les plus lourds , fi les Nègres étoient capables de l'apprivoifer , car fa marche fe foutient long-temps & eft très-prompte j mais il eft extrêmement fé- roce. On dit qu'il a fept cornes fort droites , longues chacune d'environ deux pieds ; la corne de fon pied eft noire &c femblable à celle du bœuf. M. Halkr dit que cet animal paroît erre une caricature de la giraffe, Voye-^ ce mot. GIACOTIN. C'eft le faifan de l'île de Sainte-Catherine 5 fa chair eft bien moins délicate que celle de nos falfans. Voyez ce mot. GIAM-BO, Arbre des Indes Orientales , dont le Voyageur Boin f Hij Cq G î A donné la figure Se h defcription dans fa f/ora Slnenfis. On diftin^rue deux efpeces de glam - bo. La première porte des fleurs pourpres : fes feuilles font lifTes , longues de huit pouces & larges de trois : fon fruit eft moitié rouge & moitié blanc , gros comme nos petites pommes de reinette, & contenant une pulpe à-peu-près du même goût : on en fait dans le pays d'excellentes conferves. Ce fruit eft mûr au commencement de Décembre : il n'a point de pépin , mais un noyau rond, dont l'amande eft verte 5c coriace : larbre qui le donne , offre en même-temps à la vue des fleurs , des fruits verts & des fruits mûrs. L'autre efpece de gïam-bo croît à Malaca, à Macao , &: dans l'île de Hiam-Xam : fes fleurs font jaunâtres : fon fruit qui fent fort la rofe , eft jaune , & a une couronne comme la grenade : il mûrit en Mars & en Juillet : fon noyau eft féparé en deux , mais fa chair eft aufli douce que celle de la première efpece de glam-ho eft acide. GIARENDE , GERENDE ou GORENDE. C'eft un magnifique fer- pent , dont on diftingue trois efpeces. La première eft un ferpent tortueux qui fe met en divers plis & re- plis j fa peau eft très-agréablement maculée \ elle eft couverte de petites écailles minces, jaunâtres, entremêlées de très -jolis rubans, comme brodées , d'un roux enfumé \ fa tête eft oblongue , cendrée , couvert^e d'écaillés en chaînons \ les bords des lèvres font tournés en dehors 6c pliiTés j fes dents font petites , iti yeux brillans & {^s narrines larges. Cette efpece de ferpens eft fort honorée des Samagetes & des Japo- nois , parce qu'ils nuifent aux hommes. Les habitans de Calecut lui por- tent aulïi beaucoup de refped , &: s'imaginent que l'Être tout - puiflant n'a créé ces animaux que pour punir les hommes \ cependant ils ne font aucun mal à l'homme, fi on ne les irrite point \ mais ils attaquent conf- tamment les loirs , les rats , les pigeons , & les poules : ils fe cachent fous les toits des maifons pour guetter ces animaux. Le {econà ferpent gerende fe trouve en Afrique j il eft d'une grandeur prodigieufe : les habitans idolâtres lui rendent aufll un culte divin. Oiî en a apporté de la côte de Mozambique en Afrique j le tiqueté de fa peaa eft jaune , cendré & noir mais moins agréable q^ue le premier j fa langue eft fourchue , rougeâtre , &: fa queue pointue. Le ttoiCieme ferpent gerende eft appelle Jauca acanga par les Brafilienst ce nom (x^mÇiQ ferpent qui porte un habit à fleurs. Les Portugais le nom- meni fedagofo ; les Hoilandois établis au Breii! Vz^p^lUxii ferpent chajffeur:. G î B Si ' parce qu'il court .ivec une vîteflTe incroyable fur les cliemins de côte &c d'autre , à la manière d'un chien de cliaffe. Lorfque ce ferpcnt fe met à la pourfuite d'un homme , le meilleur parti qu'il ait à prendre , eft de le carelTer , le flatter, & l'adoucir en lui donnant quelque chofe à man- ger. Les Braiiliens lui donnent gracieufement l'hofpitalité dans leurs maifons Se fous leurs toits : par ce moyen , loin d'en être maltraités , ils fe trouvent délivres d'autres petits animaux incommodes dont il fe nour- rit. Ce ferpent eft paré fiiperbement j fa tête eft oblongue , {es yeux , grands; (es écailles font d'un beau blanc , ombrées de rouge & mar- brées d'un jaune doré : fa gueule eft liferée d'une jolie bordure : fes deux mâchoires font garnies de dents crochues j fa langue eft rouge &c fendue. Voyez Seia Thef. tome H. t :b. loi, n, \. GIBBON ou GIBBO. Nom donné à des finges fans queue , dont on diftingue deux efpeces. Ils différent un peu pour la grandeur & pour la couleur. Ceux de la plus grande efpece peuvent avoir quatre pieds de haut. Il paroît qu'on doit rapporter à cette première efpece de gibbon^ le finge du Royaume de Gannaure, frontière de la Chine, que quelques Voya- geurs ont indiqué fous le nom de féfé. Les dents canines font à pro- portiorr plus grandes que celles de l'Komme \ les OTeilles font nues, noires & arrondies \ un cercle de poils gris qui entoure fa face , la fait paroître comme environnée d'un cadre rond , ce qui donne à ce finge un air très- extraordinaire. Ces quadrumanes habitent les Indes Orientales , les îles Moluques, le Royaume de Malaca, la côte de Coromandel : leurs feffes font pelées, avec de légères callofités. Mais le caradere qui les diftingue d'une manière très-précife de tous les autres finges , eft d'avoir les bras aufti longs que le corps & les jambes pris enfemble , enforte que l'animal étant debout fur {es pieds de derrière, (es mains touchent encore terre. Ils marchent ordinairement debout , leur corps dans une attitude aftez droite lors même qu'ils marchent a quatre pattes. On obferve qu'après V orang-outang & \e pitheque , c'eft l'efpece de finge qui reiTembleroit le plus à l'homme , fi à fa figure hideufe ne fe joignoit cette longueur exceflîre & difforme des bras. Au refte, les gibbons nen. font pas moins adroits , légers 'y ils font d'un naturel tranquille , de mœurs ou d'un caradere doux, pleins d'aff^edion : ils témoignent leur attachement en fautant au cou Se en embraffant tendrement leur maître. Leurs mouvemens ne font ni trop brufques, ni trop précipités; ils prennent doucement ce qu'on leur pré- fente à manger. On les nourrit de fruits, ils aiment les amandes &^ le Cl G î B GIN pain y mais délicats par nature , lis ont de la peine à vivre long-temps hors de leur pays natal , & par conféquent ne peuvent guère réfifter au froid & à l'humidité de notre climat. GIBECIERE ou BOURSE. Nom donné à une coquille du genre des peignes à oreilles peu inégales. Ses valves font blanches , un peu nuancées de jaune ou d'orangé :fes côtes font longitudinales comme fur le manteau ducal^y oyez ce mot. GIBIER. Nom donné généralement à tout ce qui eft la proie du Chaf- feur \ ainfi les renards & les loups font gibier pour ceux qui les chafiTent j les buzes , les corneilles font gibier dans la Fauconnerie. Cependant on appelle plus particulièrement du nom de gibier les animaux fauvages qui fervent à la nourriture de l'homme. Une terre giboyeufe abonde en lièvres , lapins , perdrix , cailles , &c. Dans une foièt bien peuplée de gibier, ilfe trouve beaucoup àe cerfs ^ de daims , de chevreuils ^ àQ/an- gliers , &c. Voyez ces mots. GIBOULÉE. On appelle ainfî une ondée de pluie froide & très-agitée. Communément ces ondées donnent de la neige & de la grêle. Voye-^ Pluie, Neige 6' Grêle. GIBOYA. C'eft le plus grand de tous les ferpens du Brefil ; il a jufqu'à vingt pieds de longueur , & eft fort beau : il a fous le ventre & fous la queue des bandes écailleufes , la tête couverte de petites écailles , & la queue fans appendices \ ce ferpent eft (î grand & fi vorace , qu'on lui a vu engloutir d'aftez gros animaux entiers j fes dents font fort petites, eu égard à la grandeur de {q>\\ corps. Lorfqu'il veut furprendre des bêtes fauvages , il fe tient à l'afFut près des fentiers , puis fe jettant fur celles qui paftent , il les entortille de manière qu'il leur cafte les os j après quoi, à force de les mâcher , il les amollit aftez pour pouvoir avaler l'animal tout entier. Ce ferpent n'eft point venimeux. On foupçonne que ce ferpent diffère peu du boiguacu de Marcgrave , du conjlrlclor ou eVa^/^e^/rde Kxmpfer, duya^oyade Lact , & peut-être à.xx pimperah de Séba , & même de ceux défignés fous les noms de reine dcsferpents , ^ana* candaia & àe ferpent Jlupide, GIFT-MEHL. Nom que les Mineurs Allemands donnent à \z farine empoifonnêe ( fubftance arfenicale ) , qui fe dégage du cobalt , lors- qu'on le grille pour en faire du fafre< Voye-:^^ Arsenic 6" Cobalt. GINGEMBRE , gingiber. Dans le commerce de l'épicerie , on donne ce fiom 4 u^e raciuç feçhe que les Indiens appellent im^ibd , ôc qui ^fi, GIN ?l tubetculeufe , noue'ufe , bran chue , un peu applatie , longue Se large comme le petit doigt j la fubftance en eft réfineufe , un peu fibrée , recou- verte d'une écorce grife , jaunâtre j la chair de la racine eft roufïâtre , brune , d'un goût très acre , brûlant , aromatique, comme le poivre j d'une odeur forte , aflez agréable. On nous l'apporte feche des îles An- tilles en Amérique , où elle eft préfentement cultivée ; mais elle eft ori- ginaire de la Chine, du Malabar &c de l'île de Ceylan : le gingembre de la Chine palfe pour le meilleur. La plante que cette racine porte, a, félon le P. Plumier j une efpece de rapport avec le rofeau j elle poulTe trois ou quatre petites tiges rondes & grolfes comme le petit doigt d'un enfant , renflées &c rouges à leur bafe , verdâtres dans le refte de la longueur. Parmi ces tiges , les unes (ont garnies de feuilles , les autres fe terminent en une malfe écailleufe j celles qui font feuillées ont environ deux pieds de hauteur, & ne fonc formées que par la partie des feuilles qui s'embraflTent : les feuilles fonC en grand nombre , alternes , épanouies en tous fens , & femblables à celles du rofeau , mais plus petites. Les petites tiges qui fe terminent en maiTe ont à peine un pied de hauteur : elles font entourées & couvertes d® petites feuilles verdâtres , & rougeâtres à leur pointe. La maflTe qui ter- mine chaque tige eft d'une grande beauté j car elle eft toute compofée d'écaillés membraneufes , d'un rouge doré , ou verdâtres &: blanchâtres ; de railfelle de ces écailles fortent des fleurs qui s'ouvrent en fix pièces aiguës , en partie pâles , & en partie d'un rouge foncé & tacheté de jaune ; les fleurs durent à peine un jour , & s'épanouilfent fucceflivement l'une après l'autre. Le piftil , qui s'eleve du milieu , fe termine en maîTue ^ ce qui a donné lieu à quelques Botaniftes d'appeller la plante du gin^ gembre , petit rofeau à fleur de majfue. La bafe du piftil devient un fruit coriace , oblong , triangulaire , ôc a trois loges remplies de pluiieurs graines. Lesmafles ont une vive odeur. Cette plante ne vient en Europe que dans les jardins où on la cultive. Elle naît également par la culture dans les deux Indes. Nous avons déjà dit qu'elle n'eft point naturelle à l'Amé- rique y elle a été apportée des Indes orientales ou des îles Philippines dans la Nouvelle Efpagne & dans le Brefil : ceux qui la cultivent en laiflenc toujours quelques rejetons, afin qu'elle multiplie de nouveau : au défauï de ces rejetons ou patres , on en feme la graine dans une terre graife y humide ôc bien cultivée» V?4 GIN On ramaiîe tous les ans une immenfe quantité de racines de gingembre, fur lefquelles les fleurs ont féché j ou quatre mois après qu'on a planté des morceaux de fa racine , on en enlevé l'écorce extérieure , on les jette dans une faumure , pour y macérer pendant une ou deux heures ( on les fait bouillir dans les environs de Cayenne ) : on les retire de cette leffive , & on les expofe autant de temps à l'air ôc à l'abri du foleil ; enfuite on les place à couvert fur une natte , jufqu'à ce que toute l'humi- dité foit diflipée j quelquefois on les met à l'étuve. Les Indiens râpent la racine de gingembre dans leurs bouillons , leurs ragoûts & leurs falades : ils en font une pâte pour le fcorbut. Les Mada- gafcariens , les Hottentots Se les Philippiniens en mangent en falade les racines vertes , coupées par petits morceaux , avec d'autres herbes aflai- fonnées de fel , d'huile ôc de vinaigre. A Cayenne . ces racines fraîche- ment cueillies , fe fervent fur table comme àes raves : il n'y a d'autre apprêt que de les bien laver. Les Brafiliens en ufent en mafticatoire , comme d'un pnilfant prolifique : ils ont auflî coutume de les confire avec du fucre lorfqu'elles font fraîches , pour les fervir au deiïert , & fur-tout pour réveiller l'appétit aux convalefcens. On en fait aujourd'hui des mar- melades &c àes pâtes. On nous en envoie en Europe de préparées ainfi ; leur couleur eft jaune , & le goût en elr aflez agréable. Cette confiture eft d'ufage fur mer. M. Bourgeois dit que le gingembre infufé dans le vinaigre en relevé beaucoup le goût , & le rend agréable dans les falades : on y joint ordinairement le poivre d'Efpagne ou poivron ^ le poivre long ôc la piretre. Les Indiens regardent le gingembre récent comme un fpécifique pour les coliques , la lienterie , les vieilles diarrhées , les vents , les tranchées ôc les autres maux de cette nature : ils en mâchent pour faciliter le cra- chement , quand les rhumes font opiniâtres. 11 eft reconnu que cette racine réchauffe les vieillards , donne ce que les Médecins appellent pudiquement la magnanimité ^ fortifie l'eftomac , aide la digeftion , & qu'elle fortifie la mémoire ôc le cerveau. C'eft un bon carminatif ôc alexipharmaque , qui excite puiffamment à l'amour j mais il en faut modérer l'ufage , lorfqu'on a le fang trop^bouillonnant j car il allume plutôt le fang que de l'appaifer. Le gingembre (ec eft la bafe des épices : on dit que plufîeurs Epiciers s'en fervent pour fdfifier le poivre. On donne le nom de gingembre fau- vage à la \édoair€. Voyez ce mot, En GIN G I R 6 j En général , les plantes de la famille des gingembres , relies que le le cojlus j le curcuma j le pacoceroca \ le karatas ^ Yananas ^ le mufa ^ &c. iont toutes , comme les palmiers , étrangères à l'Europe , &: particulières a,ux climats les plus chauds : elles font vivaces feulement par leurs ra- cines , qui font charnues , traçantes , fibreufes , comme géniculces ou annelées. Les jeunes poufles forment , aux extrémités des racines , une çfpece de tubercule conique couvert d'écaillés imbricées , & qui ne font , comme dans les palmiers & les gramens , que des appendices de feuilles imparfaites. Leur tige eft ordinairement (impie & fans ramifi- cations , leurs feuilles fans dentelures. Leurs fleurs font hermaphrodites, difpofées en ombelle , ou en épi , ou en panicule , portées fur un pédi- cule écailleux ,* accompagnées d'écaillés fort différentes de la fpathe ou graine des palmiers. Leur pouffiere fécondante eft compofçe de globules ûffez gros , blanchâtres & luifans. ' GINGLIME. Voye^ à la fuite de l'article Coquille. GINOUS. Voyez à l'article Singe du Sénégal. GINS ENG. Foyei Gens=.eng. GIRAFFE , giraffa. La plupart des Auteurs ont donné ce nom au camé/'rpard Se zn panthère. Voyez ce que nous en difons à l'un & à l'autre arti •dant quelques heures un clou de girofle dans de l'eau tiède : alors on re- connoît que les clous de girofle font tout à la fois le calice , le bouton Aqs fleurs , & les embryons des fruits. Les clous de girofle font pefans, gras , d une odeur excellente , Se d'une faveur fl mordicante', qu'elle brûle les papilles nerveufes & la gorge. Si on les met en ptefle , il en fort une humidité huileufe. L'arbre qui porte les clous de girofle , s'appelle giroflier des Moluques ^ car'iophyllus aromaticus frucîu oblongo. Cet arbre qui croît dans les îles Moluques , fltuées près de l'Equateur ,. eft de la forme & de la grandeur du laurier j fon tronc a un pied &: demi d'épaiflTeur j il efl: dur , branchu &: revêtu d'une écorce , comme celle de l'olivier : fes branches , qui s'éten- dent fort au large , font d'une couleur roufle-claire , &: garnies de beau- coup de feuilles alternes , femblables à celles du laurier , &c pleines de nervures , avec des bords un peu ondes : les feuilles font portées fur une queue longue d'un pouce : les fleurs naiffent en bouquet à l'extrémité des rameaux : elles font en rofes à quatre pétales bleus , & ont une odeur très-pénétrante. Le milieu de ces fleurs eft occupé par un grand nombre d'étamines purpurines, garnies de leurs fommets : le calice des fleurs eft cylindrique, partagé en quatre parties en ion fommet , de couleur de fuie, d'un goût fort aromatique ; lequel , après que la fleur eft féchée , fs change en un fruit ovoïde , ou de la forme d'une olive , creufé en nom- bril , n'a)ant qu'une capfule , de couleur verte , blanchâtre d'abord , puis roullâtre , enfuite brun-noirârre , contenant une amande oblongue , dure , noirâtre , creufée d'un fillon dans fa longueur. Dans les boutiques , ou chez les Droguiftes , on appelle ce fruit mûr , antofle de girofle j antophyllus : les Indiens le nomment mère des fruits , & les Européens l'appellent clou matrice. Comme on le laifle fur l'arbre , il ne tombe de lui-mcme que l'année fuivante j &c quoique fa vertu aromatique foit foible , il eft dans l'état requis pour fervir à la plan- tation j car étant femé , il germe , & dans l'efpace de huit â neuf ans, il forme un grand arbre qui porte dufruit. Les Hollandois ont coutume de confire fur le lieu même ces clous matrices récens , avec du fucre ; Sc dans les voyages fur mer , ils en mangent après le repas , pour rendre la digeftion meilleure & pour prévenir le fcorbut. Recohe & débit du Girofle. . On cueille les clous de girofle avant que les fleurs s'cpanouifTent j îa faifon ed; depuis le mois d'06lobre jufqu'en Février. La cueillette s'en fait en partie avec les mains : on fait tomber le refte avec de longs rofeaux ou verges j on reçoit ces efpeces de fruits fur des linges que l'on étend fous les arbres ; quelquefois on les laifle tomber fur la terre , dont on a coutume de couper toute l'herbe avec un grand foin dans le temps de cette récole. Dans ces premiers inllans, les clous de girofle font louflâtres j mais ils deviennent noirâtres en fe féchant & par la fumée j car on pré- tend qu'on les expofe pendant quelques jours d la fumée fur des claies , & qu'enfuite ow les fait bien fécher au foleil. Perfonne n'eft plus infl;ruit fur cette matière, que les Hollandois établis à Ternate & a Amboine ; ce font euxfeuls qui ciilrivent, récoltent ôc préparent avec foin les clous de girofle , & qui les portent par toute la terre. ( On en a planté tout récemment à l'île de France plufieurs milliers de pieds qui viennent très- bien, ainfi qu'un grand nombre de mufcadiers). Le girofle , la cannelle &: la mufcade , font pour eux un objet àQS plus importans : leurs magafins Orientaux de girofle font à Amboine , dans le Fort de la Victoire j c'eft là que les habitans portent leur récolte, dont on a fixé le prix a foixante réaies de huit la barre, qui efl: de 550 livres de poids. Les habitans font obligés de planter un certain nombre de girofliers par an y ce qui les a multipliés au point qu'on l'a defué pour le débit annuel qu'il n'eft guère poflible d'évaluer fans être dans le fecret. 11 fufïira de dire que la France feule en acheté cinq ou fix cents quintaux par année. 11 efl: incroyable combien tous les clous de girofle contiennent d^huile quand on les rap- porte des Indes , &: qu'on vient à les débaler : pour peu qu'on y touche , les mains en font teintes. Par quelle hngularité en trouve-t-on , dans ceux qu'ils nous diftribuent , (î peu qui aient leur première qualité : j'ai cru remarquer que dans feize onces de girofle , il y en a près de trois onces de fort fec , noirâtre , prefque fans goût , & qu'il n'a d'odeur que celle que lui communiquent les treize autres onces, avec lefquelles il fe trouve mêlé, yoye'^ la réflexion qui efl à la fin de l'article Muscade, Ufage du Girofle, Les clous de girofle ^rgcens donnent par expreflion vine huile épaiffe , G I R ^^9 tonrsâtre Se odorante ; mais dans la diftillation il fort beaucoup d'huile effentielle aromatique , qui eft d'abord claire , légère & jaunâtre , enfuite roufsâtre , pefante , & qui va au fond de l'eau , enfin une huile empyreu- matique , épaille , avec une liqueur acide. Souvent on lire l'huile du girofle per defcenfum : mais l'huile de girofle qui fe débite dans le commerce , n'eft pas toujours pure. Combien y en a-t-il de mêlée avec 1 huile de couUla- wan ! Voyez ce mot. La bonne huile de girofle récente eft d'un blanc doré , elle rougit en vieillifllint. On fait principalement ufage des clous de girofle dans les cuifmes •. il n'y a point de ragoût, point de fauce , point de mets, peu de liqueurs fpiritueufes, ni de boiflTons aromatiques , où l'on n'en mette. Aux Indes on méprifeprefque toutes les nourritures qui font fans cette épicerie: on l'emploie aufli parmi les odeurs. Bien des Médecins difent que le girofle a la vertu d'échauffer 8c de de{'' féclier : on le recommande contre le vertige , la pamoifon , la foiblefle d'efl:omac & de cœur, l'impuiflance , la fuppreffion du flux menftruel Sc les maladies hyftéiiques : on en ufe en mafticatoire ou en fumigation , pour fe préferver de la contagion de l'air : il excite utilement la falive dans la paralyfie de la langue èc le mal de dents. On fait avec le girofle une poudre dont on remplit de petits facs , que l'on plonge dans du vin de Canaries , ôc qu'on porte enfuite en amulette fur l'eftomac pour le fcorbut & la pefte. Quelquefois on y joint de l'angélique feche , de la noix mufcade , de l'iris &c des fleurs de lavande, avec du rtiorax & de l'encens oliban , & on en mec une quantité entre deux pièces de coton , qu'on en- veloppe enfuite d'une étoffe de foie piquée , &on s'en fait une efpece de bonnet , utile danî les maladies de la tète , qui viennent de vieilles dou-» leurs catharreufes. L'huile de girofle fî en- ufage parmi les Parfumeurs , eft excellente pour la carie des os Se le mal de dents j il fuflSt d'en imbiber un peu de coton , ôc de l'appliquer adroitement fur la partie affligée : dans l'apoplexie , on en frotte le haut &c le bas de la tête. Elle convient aufli dans les maladies ftoides ôc pituiteufes , dans la ftupidité accidentelle ôc les affeébions fo- poreufes. Difloute dans l'efprit-de vin bien redifié , c'eft un excellent to- pique pour arrêter les progrès de la gangrené. Le grand fecret des Char- latans ôc Arracheurs de dents confifte à diffoudre un peu de camphre ôc d'opium dans Thuile éthérée du girofle, mais l'abus de ce remède a quel- quefois caufé la furdité. GIROFLE : CLOU MATRICE. Foyei l' article Girofle. GIROFLE ROND. C'eft Vamome ou graine de girofle : on donne auiïi ce nom au piment ou poivre de la Jamaïque. Voyez ces mots. GIROFLE ROYAL, carophyllus regius ramofus vel dentatus. Les Au- teurs font mention d'une autre efpece de clous de girofle , que celle dont nous avons parlé ci-defliis. Ce clou de girofle royal , qu'on ne trouve point dans le commerce , eft effedivement très rare & trcs-précieux j c'eft une efpece de petit fruit qui imite la couleur , l'odeur &: le goût du clou de girofle ordinaire , mais il eft bien plus petit , il n'eft pas étoile , il n'a point de tête y il eft comme partagé depuis le bas jufqu'en haut en plu» fieurs paiiicules ou écailles , & il fe termine en pointe. Les Hollandois difent que les Rois & les Grands des îles Moluques l'ef- timent jufqu'à la fiiperftition , non pas tant pour fon goût &: fa bonne odeur , que pour fa figure (inguliere , ou plutôt parcequ'il eft infiniment rare : car ils foutiennent qu'on nQn a trouvé jufqu'à préfent qu'un feul ar- bre, & dans la feule ile de Makian. Ils prétendent encore que le Roi de cette île fait qarder cet arbre à vue par Îq.s foldats , de peur que quelqu'au- tre que lui n'en recueille le fruit. Les Naturels du pays difent que quand l'arbre eft chargé de ce petit fruit , les autres arbres voifins s'inclinent devant lui , comme pour lui rendre leurs hommages j mais nos Voya- geurs font ils la dupe de tels contes ? Les Indiens nomment le girofle royal tincaon tshinha-popona. Ils ont coutume de pafl^er un fil dans la lon- gueur de ces clous , afin de les porter à leurs bras pour en fentir fouvent- la bonne odeur : c'eft un talifman parfumé que les Princes des Molu- ques confacrcnt a leurs Divinités. Il faut être chez eux une courtifane à prétention , pour avoir le plailir d'en refpirer l'odeur de près : il faut être un Wouli-Haga ( Chef Miniftre ) , pour avoir l'honneur d'en porter deux attachés & pendans ou aux oreilles , ou aux narines , ou aux lèvres , ou au menton , ou au bras : de forte que l'on dit en ce pays-là un ïJ^ouli-Haoa. à deux tshinka { girofles ) comme l'on dit en Turquie un Bâcha à deux queues. On. voit par-là que chaque Nation a des étiquettes qui lui font particulières. Au refte le nombre de ces clous marque les degrés de dif- tinclion. Tous les ans on préfente un de ces girofles au Fétiche ou Dieu du pays , afin de fe le rendre propice , foit à la pèche , foit dans d'autres expéditions. GIROFLIER ou VIOLIER JAUNE , leucoium luteum. Ceft une plante, fort commune qui vient aflez ordinairement fur les vieilles murailles , fur G I R rr les décombres , fur les rochers , &: qu'on cultive aufll dans les jardins , le long des murs. Ses racines font nombreufes , blanchâtres , ligneufes j fcs tiges font hautes d'un pied & demi j elles pouffent beaucoup de rameaux, pareillement ligneux & blanchâtres : fes feuilles font nombreufes, oblon- gues , pointues , d'un vert blanchâtre , &c d'un goût un peu acre , het* beux , amer; leur fuc rougit le papier bleu; (es fleurs qui parolifent en Avril & Mai font jaunes , d'une bonne odeur , mais d'une faveur peu gracieufe , difpofées en croix , agréables a. la vue : on les appelle giro" j^e^jj il leur fuccede des iiliques longues (Se applaties, qui fe divifent en deux loges remplies de femences larges , roufbâtres , d'un goût acre ôc amer. L'on compte trente-quatre efpeces de girofliers , connues dès Curieux. Leur fleur eft feule l'objet qui engage les amateurs à cultiver les plantes qui la donnent ; elle leur a même enlevé leur nom dans la plupart des langues modernes ; le girqfiierne fe dit plus en François que de celui des mafures : les Anglois ne l'appellent également que -wallflowcr j tandis- que celui de leurs jardins fe nomme par excellence X-i fleur de Juillet ( {tock July flower). Enfin les Flamands laiffant à la plante fauvage la dénomi- nation de violier , violier boomte je ^ caradérifent celle àQS jardins par le nom de nas^el-bloem. Ceux qui s'occupent de la culture des fleurs , favent qu'il y a des "iro* flées doubles &; de fimples de toutes couleurs j blanches , bleues , vio- lettes bc jaunes, pourpres , écarlates , marbrées , tachetées , jafpées. Les doubles font les plus recherchées , elles viennent de graine , excepté la jaune. Cn la feme fur couche au mois de Mars & à claire voie : on couvre les plants pendant les froids \ elles commencent à marquer à la fin de Septembre : on met celles qu'on a remarqué être doubles , dans des pots ou des caifllss remplies moitié de terreau , moitié de terre à potager , pour les garantir du froid pendant l'hiver ; enfuite on peut les tranfporter dans les plates-bandes d'un parterre : on peut aufli les femer en pleine terre. Les giroflées doubles & fimples fe multiplient par marcottes : on en choifit les plus beaux brins qu'on couche en terre en les y alfujettiflànt avec de petits crochets de bois : on les arrofe pour faciliter la reprife , & on les plante en plates-bandes. On préfume qu'une giroflée fera double (&;ceft ce qu'on cherche ) par fon bouton gros &: camard qui pointe. On mar- cotte la giroflée quand la fleur eft paflTée , ce qui arrive au plus tard daii^ 1' '^ ' ete. 7i G I R Dans le nombre des giroflées (loubles , il y en a qui font principalement recherchées des amateurs : telle eft la grande giroflée de couleur d'écar- late, nommée à Londres \â girqfiee de Brompton ; les Fleuriftes l'aiment beaucoup à caufe de fa grandeur Se de fon éclat : elle a cependant le défa- vantage de produire rarement plus d'un jet de fleurs. En échange la giro- flée des Alpes , à feuilles étroites Se à doubles fleurs , d'un jaune pâle , eft très curieufe par le touffu de fes jets de fleurs , qui néanmoins font étroites & d'une foible odeur. 11 femble que la grande giroflée double , jaune en dedans , rougeâtre en dehors , que>les Anglois nomment the double ravC' nalfiower^ l'emporte fur routes par le contrafte des deux couleurs oppo- Hqs , la grandeur des fleurs Se leur odeur admirable. M. Bourgeois obferve que les Flebriftes cultivent une autre efpece de giroflée jaune Se double» qui a le même port que celle-ci , mais qui paroît beaucoup plus belle , parcequ'elle efi: panachée de raies rouges en dedans Se en dehors de fes feuilles j car la grande giroflée qui eft jaune en dedans Se rouge en dehors, perd la plus grande partie de fa beauté, lorfqu'elle eft entièrement épa* lîouie en devenant toute jaune. La Juliane porte aufli le nom de giroflée mufquée. YoyQ'i Juliane. La plupart des Fleuriftes prétendent que la plus sûre méthode pour multiplier les giroflées doubles , eft de le faire par marcottes ou par bour tures j Se cela eft très-vrai \ mais les giroflées doubles qui s'élèvent de mar- cotte , font toujours moins apparentes que celles de graine , Se ne pro- duifent jamais ni de fi belles ni de fi grandes fleurs j ( cela dépend peut- être de la terre dans laquelle on les plante Se du foin qu'on y donne ). Il •vaut donc mieux en femer chaque année de nouvelles , Se troquer en même temps fes graines avec celles d'un autre amateur qui cultive ailleurs de femblables giroflées. Cette découverte due au hafard , Se dont on a long- temps douté , eft aduellement reconnue de tout le monde. Les fleurs du violier jaune appaifent les douleurs : elles excitent les re'^les Se chaflent le fœtus Se l'arriére- faix : on en fait une confcrve dont le fucre conftitue le plus grand mérite , un firop plus vanté pour fa bonne odeur que pour fes vertus. On prétend que la graine , prife intérieure- ment en grande dofe , facilite beaucoup l'accouchement , mais aufli qu'elle tue quelquefois le fœtus. Les Auteurs de Y Herbier d'Embrun difenjt à-peu- près la même chofe du fuc de cette plante, Se ils avcrtiflent pru- demment qu'il ne faut le donner que dans une néceflité très- prelfante: jpn prépare une huile par l'infulioii de fes fleurs , qui eft fort réfolutive , G I R G L A Xj^ 8f qui appaîfe les douleurs de rhumatifme 8c d'hémorrhoïdes , étant mêlés avec un jaune d'œuf dur. En Italie, on frotte la région du pubis avec cette huile pour faciliter l'accouchement» GIROFLIER DES MOLUQUES. roye^ Girofle. GIVRE ou FRIMAT. Le givre eft une forte de gelée blanche , qui en hiver , lorfque l'air eft froid &c humide tout enfemble , s'attache à différens corps , aux arbres , aux herbes 8>C aux cheveux. On ne donne proprement le nom de ge/ee blanche qu'à la rofée du matin congelée j au lieu que le givre ne lui doit point fon origine , mais à toutes les autres vapeurs aqueufes , quelles qu elles foient , qui , réunies fur la furface de certains corps , en molécules infenfibles ou fort déliées , y éprouvent: un froid fufHfant pour les glacer , & les rendre diftindes. Le givre s'attache aux arbres en très grande quantité : il y forme fouvent des glaçons pendans , qui fatiguent beaucoup les branches par leur poids ^ parce que les arbres attirent , avec beaucoup de force , l'humidité de l'aie. &■ des brouillards. Communément le givre eft cette blancheur qui couvre la furface fupérieure des feuilles j de manière qu'elles en paroiiîent plu$ épaiiTes , plus pefantes , plus opaques & comme fales. Le houblon fur*^ tout & le melon y font très-fujets , & quantité de plantes qui croiflene^ dans les vallons abrités. Les plantes qui font attaquées du givre pro- duifent ordinairement des fruits mal formés , rabougris &: d'une crudité défagréable. Les poils des animaux font , ainfi que les végétaux , très-fujets às'hu- meder considérablement à l'air libre , c'eft pourquoi on voit le givre s'attacher aux cheveux , au menton , aux habits des Voyageurs , aux four-»., rures & aux crins àQS chevaux. Il eft bon d'obfe.rver que dans ce cas les particules d'eau , auxquelles le givre doit foii origine , ne viennent pas toutes de l'atmofphere j une partie eft due aux vapeurs qui s'exhalent du corps de l'homme ou des animaux , puifque le givre s'amafTe autour de la bouche & des narines en plus grande quantité que par-tout ailleurs. Dans les villes l'on a occaiion de faire cette remarque fur les perfonnes qui viennent de la campagne. On doit encore rapporter au givre cette efpece de neige qui s'attache aux murailles après de longues &: fortes gelées. Les réfeaux de glace qu'on obferve quelquefois aux vitres des fenêtres , font aufîi une efpece parti- culière de 2^ivïQ.-Voye-^ les anicks Gelée blanche. Glace &: Froid. GLACE , glac'ies. Eu, uneeau terreftre . congelée j&.;.deYeniie compadle^ Tome IIL K 74 G L A jpar l'adion du froîcl , c'eft-à-dii-e , par l'abfence de la chaleur. Les phéno- mènes de la glace font remarquables &; en très-grand nombre j aufli ont- ils excité dans tous les temps la curiolîté des Naturaliftes ôc des Phyliciens. Tous à l'envi fe font empreifés de les examiner avec foin pour en recon- noître lescaufes : voici un court expofé de cette multitude de phénomènes. L'eau &z tous les liquides fîmplement aqueux fe gèlent naturellement , quand la température de l'air répond au zéro , ou à un degré inférieur , du thermomètre de M. de Réaumur , ce qui arrive fouvent en hiver dans nos climats. ( C'eft là le terme où la végétation celfe. ) Mais les liquides,, fujets à^e glacer , n'offrent pas tous à beaucoup près dans leur congélation les mêmes phénomènes : nous nous bornerons à confidérer la glace commune , ou celle qui refaite de la congélation de l'eau \ fans ceffe expofée aux regards curieux des Savans &: aux yeux du vulgaire , on a dû l'examiner avec plus de foin & la foumettre à un plus grand nombrs d'épreuves. La glace fe forme d'autant plus promptement, que l'eau qui eftfoumifeau froid , eft plus pure &: plus tranquille. Elle ne fe corrompt pas facilement : on remarque que , félon le degré & la durée du froid , qui a rendu l'eau folide , la glace eft d'autant plus épailfe , poreufe , tranf- parente , & plus ou moins pefante. La: quantité d'air qui s'y trouve inrer- pofée , concourt également à donner à la glace ces qualités , ainfî que celles dont nous allons parler. Il eft de fait que plus il gelé , plus la. glace augmente de volume , &: cependant plus elle diminue de poids ^ ce qui eft le contraire de ce qui arrive dans les autres corps. La gelivure des arbres , les tuyaux des fontaines qui crèvent , les rochers qui contienneiu de l'eau &" qui fe fendent , font des faites néceffaires de la dilatation & de la force expanfive dont nous venons de parler. Les expériences faites en 1740 fur la glace par M. de Mairan , fixent l'augmentation du volume que l'eau prend en fe glaçant à la quatorzième partie de celui qu'elle àvoit étant fluide. L'eau expofée près du feu augmente aufli de volume ; tandis que la glace y diminue. Celle-ci peut nager & demeurer fufpendujî dans l'eau même , ce qui démontre que fa pefanteur fpécifique eft infé- rieure à celle de l'eau fluide. Avant la congélation de l'eau & pendant qu'elle fe gelé , il en fort une grande quantité d'air en bulles plus ou moins grofles , & qui viennent crever à fa furface. On diftingue facile- ment à l'aide du microfcope j celles qui font interpofées dans la glace. La glace a la propriété de réfléchir ôc de réfrader les rayons du foleil ^ comme feroic un morceau de criftal : quoique la glace foit un corps trçs- G L A 75 i&Viàe , elle efl: fujetfe à s'évaporer confîdéi-ablemeiit t elle fô fond plu$ vîte fur le cuivre que fur aucun autre métal. Elle fe divife fouvent dans le dégel en colonnes cannelées, irrégulieres & enclavées , quoique formée ca apparence par feuillets ou par couches horizontales , appliquées le5 unes fur les autres à la furface de l'eau. La figure de la glace dépend de la pureté de la liqueur , &c des cir- conftances de la congélation. Lorfqu'elle fe fait régulièrement , elle forme dss aiguilles qui fe cioifent ou s'implantent les unes fur les autres , en formant des angles de trente ou de foixante , ou de cent vingt degrés. L'eau geie du centre à la circonférence , Se dégelé en raifon inverfe, f^oys:^ l'Explication Phyfique des principaux phénomènes de la congéla- tion de l'eau , dans le Traité de la Glace de M. de Mairan j Paris , 1740. Au refte, lorfque la glace efb fondue, elle pofTede les mêmes propriétés que l'eau de pluie ou de neige. Par ce qui précède , on voit combien la congélation eft différente de la coagulation ; celle ci nèfMii que l'épaiffif- fement fpontanée de certains liquides, /^oye:^ Cûrtick Gelée & ceux de Grêle, Njeige , Givre, Froid, Glacière naturelle. Dégel, Gla- ciers. Il efl: bon d'obferver que le mouvement tranfiatif de l'eau apporte toujours du changement à fa congélation. On fait qu'une eau dormante , comme celle d'un étang , gelé plus facilement & plus promptement que l'eau d'une rivière qui coule avec rapidité \ il eft même aftsz rare que le milieu d'une grande rivière , & ce qu'on appelle le^/ de Veau^ fe glace de lui même. Si une rivière fe prend entièrement, c'eft prefque toujours par la rencontre des glaçons qu'elle cliarrioit , &: que divers obftacles auront forcés de fe réunir : ces glaçons s'entaffant & s'amoncelant les uns fur les autres ne forment jamais une glace unie comme celle d'un étang : les glaces du Spitzberg 6c d'Iilande font préçifément dans ce cas : voye-^ Mer glaciale. C'eft à tort qu'on croit vulgairement que les ri- vières commencent à fe geler par le fond \ il eft démontré que, comme les autres eaux , elles fe gèlent toujours par la furface. Un petit vent fec eft toujours le plus favorable à la formation de la glace , & l'on prétend que la dureté en eft quelquefois fi grande qu'elle furpaile celle du marbre. Il paroît que la glace eft d'autaiit plus forte pour réfifter à fa rupture ou â fon appiatifTement , qu'elle eft plus compacte & plus dégagée d'air, ou qu'elle a été formée par mi plus grand froid & dans des pays plus froids. Les glaces du Nord font fouvent fi folides , fi dures , qu'il eft très-diffi- cile de les rompre ou les caifer avec le marteau ; voici une preuve bien Kij fè G LA fînguliere cîe la fermeté & de la ténacité de ces glaces feptenttionaleSi que l'on attribue à i'intenfité du froid, à la force 6c à la durée de la congélation. Pendant le rigoureux hiver de 1740, on cor.ftruifit à Pétersboorg , fuivant les règles de la plus élégante architedure , un palais de glace de cinquante-deux pieds & demi de longueur, fur feize pieds & demi de largeur & vingt de hauteur , fans que le poids des parties fupérieures & du comble , qui étoit aufli de glace , parût endommager la bafe de l'édi- iice : la Neva, rivière voifine , où la glace avoir deux à trois pieds d'épaifTeur , en avoir fourni les matériaux. A mefure qu'on riroit les blocs déglace de la rivière , on les tailloit&: on lesembellifloit d'ornemens j puis étant pofés , on les arrofoit par une face d'eaux colorées de diverfes îeinces , & quife congeloient auiîî-tôt en offrant des ftaladites , àQ.s gro- ' îefques très-variés. Pour augmenter la merveille , on plaça au devant dii palais fix canons de glace faits fur le tour , avec leurs aftuts, leurs roues de la même matière, & deux mortiers à bombes dans les mêmes piopor- tions que ceux de fonte. Ces pièces de canon étoient du calibre de celles qui portent ordinairement trois livrés de poudre : on ne leur en donna cependant qu'un quarteron : après quoi on y fit couler un boulet d'étoupe &c un de fonte : l'épreuve de ces canons fut faite un jour en préfence de toute la Cour, S>c le boulet perça à foixante pas de diftance une planche de deux pouces d'épaiflTeur. Le canon dont l'épaifleur étoit au plus de •quatre pouces , n'éclata point par une fi forte explofion. Ce fait peut ïendre croyable ce que rapporte Olaus Magnus ^ l'Hiftorien du Nord, des ''fortifications de glace dont il alTure que les Nations Septentrionales fa- Vent faire ufage dans le befoin. Un Phyficien d'Angleterre fit en 1 7(33 , où i îe froid fut allez cor^fidérable , une autre expérience fort curieufe : il prit lin morceau de glace circulaire de deux pieds neuf pouces de diamètre & de cinq pouces d'épaiffeur j il en forma une lentille qu'il expofa au foleil , /.8c enflamma , à fept pieds de diftance , de la poudre à canon , du papier, • du linge & autres matières combuftibles. On fent bien que la glace étant plus légère que l'eau , elle peut fup- rporter des poids confidérables , lorfqu'elle eft même portée & foutenue I ipar l'eau. Dans la grande gelée de 1(^83 , la glace de la Tamife n'étoit que de onze pouces \ cependant on alloit delTus en caroiïe. On fent bien aufli qu'une glace adhérente à des corps folides , comme celle d'une rivière iTeftii-fes bords j, doit fupporter un plus grand poids _que celle qui G L A 77 ,£otte fur l'eau , ou qui eft rompue &c fclée en plufieurs endroits. Des Auteurs font mention de la glace d'Iflande , & de celle de quel- 4;ques endroits des Alpes , qui ont une odeur mauvaife , &: qui brûlent dans le feu , au lieu de l'éteindre j mais ces fortes d'eaux concrètes ne donnent le phénomène de l'inflammabilité , qu'à caufe du bitume qu'elles contiennent. GLACIERE NATURELLE. C'eft une des curiofités que la Franche- Comté offre aux Naturaliftes : c eft une efpece de glacière formée par la Nature. Foyei ce qui en ejl dit vers la fin de l'article Grotte. GLACIERS ou GLACIERES. Il n'eft peut-être point de fpeftacle plus frappant dans la Nature, que celui des glaciers ou montagnes glacées de laSuifle j on en voit dans plufieurs endroits des Alpes. Leurs fommets ■ fi élevés, que quelques-uns ont , fuivant Scheuch^er ^ deux mille braffes de hauteur perpendiculaire au-delTus du niveau de la mer , font plongéç dans une région froide , & font perpétuellement couverts de neiges & de glaces : près de ces fommets fe trouvent des lacs ou réfervoirs im- menfes d'eaux qui font gelées jufqu'à une très grande profondeur : mais qui par les vicilTitudes des faifons font fujets i io. dégeler & à fe ^eler enfuite de nouveau j alternatives qui produifent quantité de phénomènes des plus curieux. ^ De tous les glaciers qui fe trouvent dans les Alpes le plus remarquable eft peut-être celui de Grindelwald j on le voit à vingt lieues de Berne , près d'un village qui porte fon nom. M. Ahmann^ dans fon Traité in 8°, fur les montagnes glacées & glaciers de la Su-JJe ^ dit que le village de Grindelwald eft /itué dans une gorge de montagnes , longue ôc étroite j . de-là on commence déjà à appercevoir le glacier j mais en montant plus haut fur la montagne on découvre entièrement un des plus beaux fpeda- clés que l'on puifle imaginer : c'eft une mer de glace ou une étendue immenfe d'eau congelée. En fuivant la pente d'une haute montagne par l'endroit où elle defcend dans le vallon &c forme un plan incliné , il part de ce réfervoir glacé un amas prodigieux de pyramides , formant une efpece de nappe qui occupe toute la largeur du vallon , c'eft à-dire , en- viron cinq cents pas ; ces pyramides couvrent toute la pente de la mon- tagne : le vallon eft bordé des deux côtés par deux montagnes fort éle- vées, couvertes de verdure &c d'une forêt de fapins jufquà une certaine hauteur j mais leur fommet eft ftérile & chauve. Cet amas de pyramide» . <3tt de montagnes de glace relTemble à uae mer agitée par àçs Ysnxs or*- 78 G L A geux 8c dont les flots très - élevés auroient été fubitement faifis par îi- gelée j ou plutôt on voit un amphithéâtre formé par un afTemblage im- menfe de tours ou de pyramides hexagones , d'une couleur bleuâtre , dont chacune a trente à quarante pieds de hauteur ; cela forme un coup d'œil d'une beauté merveilleufe. Rien n'eft fur-tout comparable à l'effet qu'il produit lorfqu'en été le foleil vient à darder tranfverfalement fes rayons fur ces groupes de pyramides glacées j alors tout le glacier com- mence à fumer, 6c jette un éclat que les yeux ont peine à foutenir. C'eft proprement à la partie qui va ainii en pente en fuivant Tinclinaifon de la montagne , & qui forme une efpece de toît couvert de pyramides , que l'on donne le nom de glacier ou de gletfcher en Langue du pays. On voit à l'endroit le plus élevé d'où le glacier commence à defcendre , ^QS cimes de montagnes perpétuellement couvertes de neige : elles font plus hautes que toutes celles qui les environnent : aufli peut-on les ap- percevoir de toutes les parties de la Suiffe. Les glaçons & les neiges qui les couvrent, ne fe fondent prefque jamais entièrement ; cependant les annales du pays rapportent qu'en 1 5 40 on éprouva une chaleur fi exceflîve pendant l'été , que le glacier difparut tout-à-fait j alors ces montagnes furent dépouillées de la croûte de neige ôc de glace qui les couvroit , èc montrèrent à nu le roc qui les compofe \ mais en peu de temps toutes chofes fe rétablirent comme dans leur premier état. Dans cette affreufe contrée , un Groënlandois croiroit être dans fon pays. Ces montagnes glacées qu'on voit au haut du glacier de Grindelwald , bordent de tous côtés le lac ou réfervoir immenfe d'eau congelée qui s'y trouve. M. Altmann préfume qu'il eft d'une grandeur très-confidérable , 3c qu'il peut s'étendre jufqu'à quarante lieues , en occupant la partie fupérieure d'une chaîne de montagnes qui occupe une très-grande place dans la SuilTe. La furface de ce lac glacé paroît en quelques endroits unie comme un miroir \ il s'y rencontre de grands tas de glaçons , ou des fur- faces fcabreufes , comme hérifïées \ il s'y trouve aufli des fentes ou d'énor- mes crevalTes , fouvent larges de plufieurs pieds , d'une profondeur im- menfe , & quelquefois remplies d'eau fluide j dans les grandes chaleurs cette furface fe fond jufqu'à un certain point. Ce qui femble favorifer la conjedure de M. Altmann fur l'étendue & l'immenfité de ce lac, c'eft que deux des plus grands fîeuves de l'Europe, le Rhin & le Rhône , pren- nent leurs fourccs aux pieds des montagnes qui font partie de fon bafîxn , fans compter le TefTm ^ une infinité d'autres rivières moins confîdéra- G L A ' 75 blés , Se des ruifleaux. Dans les temps où ce lac eft entièrement pris, les habitans du pays fe hafardent quelquefois à paflTer par-deiïlis pour abréger le chemin ; mais cette route n eft point exempte de danger , foit par les fentes qui font déjà faites dans la glace , foit par celles qui peuvent s'y faire d'un moment à l'autre par les efforts de l'air qui eft renfermé ôc comprimé au'deflous de la glace : lorfque cela arrive on entend au loin un bruit horrible y &c des paftagers ont dit avoir fenti un mouvement qui partoit de l'intérieur du lac , fort femblable à celui des tremblemens de terre : peut-être ce mouvement venoit-il auffi réellement de cette caufe, attendu que les tremblemens de terre, fans être trop violens^ne laifTent pas que d'être afTez fréquens dans ces montagnes. La roche qui fert de baffin à ce lac eft d'un marbre noir veiné de blanc, au fommet des montagnes du Grindelwald : la partie qui defcend en pente , ôc fur laquelle le glacier eft appuyé , eft d'un beau marbre varié : les eaux fuperflues du lac ôc des glaçons qui font à la furface , font obli- gées de s'écouler & de rouler fuccelUvement par le penchant qui leur eft préfenté ^ voilà , félon M. Altmann ^ ce qui forme le glacier ou cet aftem- blage de glaces en pyramides , qui, comme on a dit, tapiftent fi fîngu- liérement la pente de la montagne ( a ) . On a obfervé que le glacier du Grindelwald eft fujet à augmentation te à diminution , quoiqu'il gagne toujours plus dans le vallon qu'il ne perd. Ce glacier eft creux par deftbus , Se forme comme des voûtes d'où fortent fans cefte deux ruilfeaux j l'eau de l'un eft claire , & l'autre eft îrouble & noirâtre, ce qui vient du terrain par où il pafte : ils font fujets ( tf ) M. KaLler dit qu'en général les montagnes neigées font des rochers couverts d'une croûte de glace , fur laquelle la neige s-'arrêce. Toutes les Alpes font cuirafTées de glace déplus ou moins de centaines de toifes , fuivant leur hauteur, & les glaces peuvent commencer à 7000 pieds au-deflus de la mer. Les vallons pavés de rochers, qui ont le dos le plus élevé des Alpes , au Sud , & d'autres hautes montagnes , au Nord , font généralement remplis de glace, qui couvre les i rochers , & devient une mer glacée avec fes vagues , comme le dit M. Altmann. Il y a de ces vallons où la glace règne , fans difcontinuité , jufqu'à quatorze lieues j peut-être y en a-t-il de plus longs. Les vallons glacés fe continuent par les intervalles de deux hautes montagnes 5 elles defcen- dent jufqu'aux prairies, toujours inégales , parce qu'elles tapiflent des rocs ; il yen a cependant de fort unies , comme la glacière qui donne naiflance au Rhône. Sous cçxiz pente glacée coule de l'eau , qui s'amafle dans cette voûte naturelle ; tous les fleuves de la Suiffe naiflent de cette maaiere. Les roches font de différences efpeces j la plus, commune eft un granit. 8o C L A à fe gonfler dans de certains temps , Se ils entraînent quelquefois deè fragmens de criftal de roche qu'ils ont détachés fur leur paflage. On re- garde les eaux qui viennent du glacier comme très-falutaires pour la dyf- fenterie &c plufieurs autres maladies : il eft de fait que la glace de ces glaciers eil beaucoup plus froide ôc plus difficile à fondre que la glace ordinaire j & il paroît que c'eft la foiidité de cette glace, fa dureté ex- traordinaire, &C la figure hexagone des pyramides dont les glaciers font compofés , qui ont donné lieu à l'erreur de Pline Se de quelques autres Nacuraliftes , Se leur ont fait prétendre que par une longue fuite d'années la glace fe changeoit en criftal de roche. M. AUmann j dans l'ouvrage que. nous avons cité ci-delTus , parle encore d'un autre glacier fitué en Savoie dans le Val d'Aoft j il cite aufTi le glacier du Grimfelberg en Suifte , qui femble donner naiflance à la rivière d'Aar.C'eftdans les cavités des roches voifines du glacier que l'on trouve le plus beau criftal de roche j on en ak tiré une fois une colonne de criftal qui pefoic 800 livres. Le Dodteur Langhans nous a donné en 1753 la defcription du glacier de Siementhal dans le canton de Berne : on y diftingue des pyramides de glace dont les unes font hexagones, les autres pentagones , ou quadrangulaires , Sec. au fommet de ces montagnes le fpedateur étonné voit une étendue immenfe de glace. Se tout à côté un terrain couvert de verdure Se de plantes aromatiques. Une autre fingularité , c'eft que tout auprès de ce glacier il fort de la montagne fur laquelle il eft appuyé , une fource d'eau chaude très-ferrugineufe qui forme un ruiiïeau affez confidérable. Tous ces glaciers , ainfi que les lacs d'où ils dérivent , font remplis de fentes qui ont quelquefois quatre ou cinq pieds de largeur Se une profondeur très-confidérable : cela fait qu'on n'y peut point pafter fans péril Se fans beau- coup de précautions , attendu que*^ouventonn'apperçoit ces fentes que lorfqu'on a le pied deffus , Se même elles font quelquefois très -difficiles à ap- percevoir par les neiges quifont venues les couvrir. Cela n'empêche pas que deschalîeurs n'aillent fréquemment au haut des montagnes pour chafter les chamois Se les bouquetins qui fe promènent quelquefois fur les glaces par troupeaux de douze ou quinze. Il n'eft pas rare que des chaiïeurs fe perdent dans ces fentes j Se ce n'eft qu'au bout de plufieurs années que l'on retrouve leurs cadavres préfervés de corruption , lorfque ces glaciers s'étendant dans les vallons Se en fe fondant fucceffivement , les laiflent à découvert. Ces fentes de glaciers font fujertes à (e refermer. Se il s'en forme de nouvelles en d'autres endroits j ce qui fe fait avec un bruit femblablc G L A Si feml^lable à celui'du' tonnerre ou d'une forte décharge d'artillerie : on entend ce bruit effrayant quelquefois jufqu'à fîx lieues. Outre cela les glaçons qui compofent les glaciers s'affaiffent parce qu'ils font creux par- deiïbus y ce qui caufe un grand fracas qui eft encore redoublé par les échos des montagnes des environs ; cela arrive fur-tout dans les change- mens de temps 8c dans les dégels : aufli les gens du pays n'ont pas befoin d'autres thermomètres &c baromètres pour favoir les temps qu'ils ont a attendre. M. Grouner a entrepris la defcription générale des monts de glace de la SuifTe. On y trouve la poiîtion , l'enchaînement , la nature , la formation , l'utilité , les défavantages &: toutes les circonftances de ces maiïes énormes de glace & de neige. Cet Ouvrage écrit en Allemand , vient d'être traduit en François , à Paris , par M. de Kéralio. On y décrit ces monftrueux vallons de glace , ces monts fcabreux qui préfen- tent une fblitude effroyable , où la curiofité fe»le peut conduire au péril de la vie. Les détails qu'on y lit font inftrudifs , intérelfans , fur-tout pour un Naturalifte. Ce font des montagnes fur montagnes , r«chers fur rochers , couches fur couches de neige &: de glace j un craquement continuel des amas de glaçons , Aes maflfes de rocher & de neige qui tombent des fommets , des lavanges de poulîîere de glace & de neige , le trifte murmure des eaux qui coulent fous la glace &: par les fentes des rochers j dans une folitude effrayante par elle-même, tout infpire la crainte, l'horreur & l'admiration. Cependant on voyage dans cqs contrées fauvages Se horribles , où l'on entend tout-à-coup , même en été , des bruits pareils à celui du plus fort tonnerre. La refpiration devient très- pénible aufommet de ces glaciers , d'où l'on voit quelquefois la pluie, éclairée parles rayons du foleil, offrir un arc- en-ciel. On trouve dans la Tradu&ion de M, de Kéralio la comparaifon des gla- cières de Suiffe avec celles du Nord. Les plus hauts fommets des monts de Norv/ege font couverts de neige en été comme en hiver , 8>c les enfon- cemens qui font expofés au Nord en font toujours remplis. Cette neige , en vieilliifint , fe change en une glace bleuâtre qu'on nomme isbrede , ceft-à-dire côte de glace. Rien ne relfemble mieux aux glaciers de Suiffe, que ces isbredes de Norwege. La Suéde a des montagnes couvertes de neige & de glace , mais on n'y voit point des glaciers comme on en trouve en Suiffe. L'îflande a , fur- tout au Nord èc à l'Orient , une chaîne de mo»*i- Tomi l IL L Si G L A tagnes glacées. ÏI y a des exemples de glaciers femblables à ceux de îa SuiiTe , & du milieu de ces glaces les volcans vomiflenc des flammes & de la lave. Quant aux glacières de Laponie , du Groenland , du Spitz- berg , & des autres terres fituées vers le Pôle , elles furpaOTent de beau- coup les glacières de SuiiTe , tant par la quantité des glaces que par le degré du froid , mais elles ne font pas aulîi fertiles. La grande chaîne des montagnes du Pérou , connue fous le nom de Cordillères j eft couverte auffi de neige de de glace , 8c la plupart des hautes montagnes des autres Continens. Tous les monts de glace ont des fituations ôc des directions fort différentes j les plus confidérables vont de l'OricMit à l'Occident ,. d'autres , du Midi au Nord. Ces glaces ne font que peu ou point tranf- parentes : cependant elles font en général beaucoup plus dures , plus légères & plus durables , que celles qu'on trouve en hiver dans nos can- tons & par tout ailleurs. On a même obfervé que ces glaces des mon- tagnes ne fe divifent pas. en lames , ni par angles , comme les nôtres. Ce qui eft digne d'admiration , c'eft que les montagnes voifmes des- glaciers font toutes couvertes de plantes : quand on va viiîter le gletfcker de Grindelwald en Suiiïe , on eft étonné que les diflférentes expofitions des montagnes voifines du village foient auftl fertiles. On y trouve dans la même faifon des fraifes , des cerifes, des pommes, des poires , des pêches , des prunes , des fleurs de printems & des fleurs d'automne ; les plus nourriflans pâturages s'étendent ici jufqu'aux fommets , couverts d'une glace perpétuelle. On voit en même temps dans les vallées l'orge , le froment, le foin & le chanvre dans leur maturité. On y peut femer & moiifonner dans l'efpace de trois mois. Tous ces objets forment une forte de théâtre , dont l'afpect frappe d'admiration ceux qui ne font pas accou- tumés à ce grand fpedtacle. P^oye:^ à la fuite du mot NtiGE l'article Lau- ViNEs j ce font des pelotes de neige qui , en roulant de ces montagnes ,. font des ravages des plus redoutables. GLAïS. Foye^ Glayeul. GLAISE , terra pinguis aut mifcella terra. Laglaife eft une terre grafl^, qui tient le milieu entre l'argile , le bol , l'ocre & la marne. Les Natu- laliftes diftinguent la glaife d'avec l'argile , en ce qu'elle ne contient que peu ou point de parties fableufes. Elle n'eft point aufli graffe & auflî onCtueufe que la terre favonneufe & le bol : elle n'eft point friable &: aride comme l'ocre : elle ne fait point d'effervefcence avec les acides comme la marne : elle relTemble^ à une argile fine , qui feroit privée de G L A fable. Les parties qui compofent la glaife font très-dudlles , étant fort liées &c tenaces : il y en a de différentes' couleurs , qui varient encore par les fubftances étrangères qu'elles peuvent contenir. Elles s'amoU iilTent dans l'eau , &c ont la propriété de prendre corps & de Te bour- fouftler , &: enfuite de fe durcir confidérablement dans le feu : plus elles font blanches, plus elles font réfradaires , Se plus elles conviennent dans la fabrique des porcelaines. Lorfqu'elles font colorées , feuilletées , & douées d'une faveur ftyptique , elles tendent , félon les circonftances lo- cales , à devenir ardoife , ou des fchiftes de différentes natures, l^oye:^ les mois- Argile & Ardoise. La glaife fert à faire des ouvrages de poterie Se des tuiles ; on l'emploie 'Sufîl pour retenir l'eau dans les canaux, les étangs Se les réfervoirs. Se pour faire des modèles de fculpture. Les environs de Paris , fur-tout près Gen.' dlly, abondent en glaifes de différentes couleurs. Les terres abfolumentglaifeufes ne font pas bonnes à favorifer la végé- tation des plantes : en général elles forment des terrains ftériles , mais elles font excellentes pour dégraiffer les étoffes. On prétend qu'en Anale- terre on fe fert avec le plus grand fuccès du fable de mer pour ferrilifer les terrains glaifeux. C'eft à la propriété que la glaife a de retenir les eaux Se de ne poinr leur donner paffage , que font dues la plupart des fources Se des fontaines que nous voyons fortir de la terre. La glaife ne fe rencontre pas feulement à la furface de la terre , mais même à une très grande profondeur : on la trouve ordinairement par lits ou par cou- ches , qui varient pour l'épaiffeur Se les autres dimenfions : on y trouve fouvent beaucoup de pyrites. Foye':^ les articles Argile & Bols. GLAITERON ou petit Glouteron, ou petite Bardane ou Grap- PELLES , xanthïum. Plante qui croît dans les terres graffes , contre les murailles , le long des ruiffeaux , dans les décombres des bâtimens , Se dans les foffés donc les eaux font taries. Sa racine eft fibreufe , blanche Se annuelle : fa tige eft haute d'un pied Se demi, anguleufe, velue, affez lameufe, marquée de points rouges. Ses feuilles font plus petites que celles de la bardane , alternes , d'un vert tirant fur le jaune , velues , légèrement découpées , attachées à de longues queues , d'un goût peu acre Se aromatique : its fleurs naiffent dans les aiffelles des feuilles : ■chaque fleur eft un bouquet à fleurons femblables à de petites vefîîes ; ces fleurons tombent facilement, Se ne laiffent aucune graine; mais il fiaîc fur le mè.me pied , au-delTous de ces fleurs mâles ou ftériles, d'autres Lij «4 G L A fleurs femelles ou fertiles , qui laiGTcnt après elles de petits fruits G4)long!r, hérifTés de piquans qui s'attachent aux liabits des pafTans , &c qui con- tiennent dans deux loges desfemences oblongues ôc rougeâtres. Les fleurs de cette plante naiiTent en Juillet , èc les femences mùriiTent en au^- tomne. On ne fe fert en Médecine que de fes feuilles & de fes fruits : on tire le fuc des feuilles pour guérir les écrouelles , les dartres , la gratelle , & pour purifier le fang. Sa femence infufce dans le vin blanc fait un boa remède pour débarralTer le gravier des reins.. On a encore appelle le glaiteron plante à jaunir ^ parce que les An»- ciens s'en fervoient pour teindre les cheveux en jaune ou blond : cette couleur de cheveux qui étoit autrefois la pluseftimée, démontre que les idées d'agrément font fouvent fantaftiques.. GLAMA. Nom qu'on donne à un animal ruminant & fans cornes^; appelle improprement par quelques-uns mouton du Pérou ou chameau du Pérou, Les individus de ce genre d'animaux varient comme nos brebis : les uns font blancs , d'autres noirs , d'autres bruns ou variés de toutes cou-r- ieurs. Les Péruviens donnent à ceux-ci le nom de moromoro. Voyez l'article Paco. GLAND èc GLANDÉE. Foye^ aux mots Chêne & Liege^ GLAND DE MER , halanus marinus , feu glans marina j eft un genrg de coquillage de la claflTe des multivalves , &. qui s'attache en forme de petit vafe fur. les rochers , fur les cailloux , les coquillages & fur les crufta^ cées , même fur les plantes marines j fur les litophytes , fur les coraux ^ fur le dos des animaux de mer cétacées &: fur celui de la tortue : on en; trouve encore dans les fentes & fur les bois des vieux vailfeaux qui fé-- journent long-temps dans le port. Rarement le gland de mer efl: feul : on les trouve prefque toujours groupés en grand nombre , & unis par la même matière qui forme la coquille. Le gland de mer eft compofé de deux portions , l'une extérieure , de forme cylindrique ou conoïde j & l'autre intérieure , de forme pyrami- dale quadrangulaire : la première de ces portions reffemble à un calice de plante , formé de douze pétales triangulaires, oblongs , liés intime* ment les uns aux autres , dont fix plus épais , ftriés , ont leur pointe vers lehautjScfix plus minces ont les leurs renverfées. La féconde portion «il compofée de q^uatre valves , triangulaires àcoulifle, que l'animal a G L A S^ h. faculté d'écarter les unes des autres par leurs pointes , pour en faire fortir un panache au moyen duquel il fe procure fa nourriture. Ce pa- nache de poils ou fils relTemble allez à celui des conques anatïferes & des poujfe-pieds. C'eft donc au moyen de ces quatre valves intérieures , for- mant une croix au centre , que ce teftacée ferme fon ouverture ou fa bouche , & l'ouvre dans le befoin. Ces coquillages ont leurs battans inté- rieurs ferrés l'un coniïo, l'autre , avec les bords édentés pour fe joindre mieux , &; des efpeces|i.de charnières en dedans. Ces vers ont douze pieds ou bras longs &: crochus , garnis de poils , qu'ils relèvent en haut , avec huit autres petits , &: qui font inférieurs. Anderfon dit qu'il eft plaifant de les voir ouvrir de temps en temps la porte de leur habitation , & alonger le cou pour refpirer : cette partie eft for- mée de plufieurs anneaux élaftiques &: d'une infinité de valvules , qui font fans doute les ouies , par le moyen defquelles ils féparent l'air de l'eau : ils retirent leur cou avec la même agilité , & referment leur porte. Leur corps eft cartilagineux j leur chair eft glaireufe & mauvaife \ cepen- dant Macrobc dit que dans le feftin que Lentulns donna , quand il fut reçu parmi les Prêtres du Dieu Mars , il en fit fervir de blancs &: de noirs j il y en a aufïî à coquille rofe , violette. Ces fortes de coquillages multivalves font connus des amateurs fous les noms fuivans j favoir , le turban , la tulipe ou clochette^ le gland rayé y la cote de melon _,.&c. fuivant leur forme & leur couleur. Leur grofteur eft peu conftante , il y en a d'aufli gros que des oranges , & d'autres qui ne font pas plus gros qu'un grain de poivre. M. Linn n G L E G L O d'un vert noirâtre & luifant , d'une odeur puante de punaife quand on les frotte ou qu'on les rompt : il s'élève d'entre fes feuilles plufieurs tiges de groiTeur médiocre , droites , unies , portant chacune en leur fommet une petite fleur femblable à celle de l'iris, compofée de (ix pétales, d'un pourpre fale , tirant fur le bleuâtre j les pétales rabattus n'ont pas cette ligne de poils , dit M. Deleu'^^e j qu'on remarque dans d'autres efpeces de ce genre. Il fuccede à ces fleurs des fruits oblongs , anguleux , qui «'ouvrant dans leur maturité , laifl'ent paroîtrc des femences arron dies , groffes comme de petits pois , rougeâtres , d'un goût acre ou bridant. Cette plante fleurit en Juillet , & fes fruits font mûrs en automne. La vertu principale du glayeul puant confifte dans fa racine , qui eft propre à évacuer puiflamment les eaux , de à fondre les matières tenaces qui en- gluent fouvent le? vifceres. Cette même racine eft, félon M. Bourgeois _, un excellent remède pour guérir les membres attaqués d'atrophie la plus rebelle : on en fait une forte décoétion dans l'eau de rivière , dans la- quelle on baigne chaudement matin de foir pendant l'efpace d'une heure le membre malade. Le Glayeul a fleurs jaunes , irîs palujlris lutea ^ fe trouve dans les marais \ la racine de cette plante infufée dans de l'eau imprégnée de par- ties ferrugineufes , fournit une encre aux Montagnards d'Ecoffe. GLETTE. Nom que les Monnoyeurs donnent quelquefois à hilïthargt» Voyez ce mot. GLINMER ou GLIMMER. C'efl ainfi que les Minéralogiftes Aile- mands nomment la pierre talqueufe que l'on défigne communément par le nom de mica. Foye:^ ce mot, GLOBE. Nom qu'on donne i *. à la mafle totale de l'eau & de la terre, globus aut orbis terraqueus ; 2°. à la vafte étendue du ciel : de forte que l'on dit le globe terrejlre 8c le globe célejîe. La terre eft convexe par rapport au ciel \ 8c le globe célefte , qui renferme la terre , eft concave par rap- port à nous. Tout le globe terreftre en général eft recouvert à fa furface de plufieurs couches ou lits crevafl^és de terre ou de pierre , qui en vertu de leur parallélifme , font l'office de fiphons propres à raifembler l'eau , à la tranfmettre aux réfervoirs des fontaines , &: à la laifler échapper au de- hors. Le globe entier attefte que fa ftrudure extérieure eft pour la plus grande partie , l'ouvrage des eaux , ce font elles qui ont travaillé 8c tno- 4elç les montagnes 8c les vallées , &c. Plufieurs ont donné ou propofé des plans G L O h plans pour faire voir l'économie naturelle du globe terreftre : c'eft ainfl que le Natuialifte décrit, range par claiïe & par ordre de coUedion , ce que le Géographe prend pour bafe de fes defcriptions topographiques. ^'''oje^ f article Terre , & celui de Fontaine. GLOBE DE FEU , globus igneus. Météore qui paroît quelquefois dans les airs , mais avec des variétés. C'eft une boule ardente , qui pour l'or- dinaire fe meut fort rapidement en l'air , &: qui traîne le plus fouvent une queue après elle. Lorfque ces globes viennent à fe diffiper , ils laif- fent quelquefois dans l'air un petit nuage de couleur cendrée : ils font fouvent d'une groffeur prodigieufe. En i68(j , Kirch en vit un à Leipzig, dont le diamètre étoit auffi grand que le demi-diametre de la lune \ il éclairoit fi fort la terre pendant la nuit , qu'on auroit pu lire fans lumière -^ & il difparut infenfiblement. En i6-j6 , Manati vit un globe lumineux qui traverfa la mer Adriatique & l'Italie : cette malfe de lumière fit en- tendre du bruit dans tous les endroits où elle palFa , fur-tout à Livourne ôcenCorfe. B a3us \it aud] un globe de feu à Boulogne en 1719 , dont le diamètre paroifloit égal à celui delà pleine lune j fa couleur étoit com- ' me celle du camphre enflammé j il jettoit une limiiere aulîi éclatante au milieu de la nuit 3 que celle que donne le foleil lorfqu'il eft prêt à pa- roître fur l'horizon. On y remarquoit quatre gouffres qui vomiffbient de la fumée , 5c l'on voyoit au dehors de petites flammes qui repofoient def- fus^ & qui s'élançoient en haut. Sa queue étoit fept fois plus grande que fon diamètre j il creva en faifant un bruit terrible. Celui qu'on avoir ob- fervé au Quefnoi en 1 7 1 7 , parut dans un nuage au milieu de la place pu- blique j alla , avec l'éclat d'un coup de canon , fe brifer contre la tour de l'Eglife , de fe répandit enfuite fur la place , comme une pluie de feu. L'inftant d'après la même chofe arriva encore au même lieu. On voit quelques-uns de ces globes qui s'arrêtent dans un endroit , Sc d'autres qui fe meuvent avec une grande rapidité : ils répandent par-tout ouilspalTent une odeur de foufre brûlé : il y a de ces globes qui ne font point de bruit , 6c d'autres en font. On a plufieurs obfervations de globes de feu , tombés avec bruit dans le temps qu'il faifoit des éclairs , accom- pagnés de tonnerre ; & fouvent ces globes ont caufé de grands domma- ges. Depuis que les Obfervateurs en Hiftoire Naturelle & en Phyfique fe font multipliés , on a remarqué un grand nombre de ces météores en- flammés qui s'élèvent plus ou mf)ins dans l'atmofphere. Les gazettes ont fait mention , ces années dernières , de pluileurs de ces météores , donc Tome II F. M 5?o G L O quelques-uns ont détonné c!e façon à fe faire entendre de très-loin , &ont offert des chevrons lumineux de différentes figures qui aliarmoient le peuple. Le 17 de Juillet 177 1 , vers les dix heures & demie du foir, Tair étant fort chaud ( à zj degrés au thermomètre de M. de Réaumur ) ^ le temps très-ferein , à l'exception de quelques nuages qui bordoient l'horizon du côté du couchant , on vit tout d'un coup , au Nord-Oueft , dans la moyenne région de l'air , une lumière qui croifToit à mefure qu'elle avançoit. Ellï parut d'abord fous la forme d'un globe , enfuite avec une queue fembla- ble à celle d'une comète. Ce globe ayant traverfé avec affez de rapidité une partie du ciel , du Nord-Oueft au Sud-Eft, en s'appiochant de l'ho- rizon , répandit, comme en s'ouvrant , une lumière fi vive &: fi brillante, que prefque tous ceux qui la virent ne purent en foutenir l'éclat. Cette lumière reffembloit à celle des bombes lumineufes d'artifice. Au dernier inftant de fon apparition , ce globe prit la forme d'une poire , &: fa lumière étoir d'un blanc pareil à celui d'un métal en fufion j cepen- dant il fembloit que dans quelques endroits cette lumière étoit plus rouge , & l'on y voyoit des efpeces de bouillonnemens avec une matière fumeufe. La queue étoit d'une couleur plus roiigeâtre. La durée de ce phénomène n'a guère été que de quelques fécondes. La grolfeur extraor- dinaire de ce globe & fon extrême hauteur ont fait croire à la plupart de ceux qui l'ont vu , qu'il étoit tombé au-deffus d'eux. On l'a vu par- tour aux environs de Paris , même à Lyon , à Dijon , à Tours , à Argentan , à Rouen 5 à Londres, &c à plufîeurs autres endroits encore plus éloignés» Deux ou trois minutes après fa difparition , on entendit un bruit fourd , approchant de celui d'un coup de tonnerre qui éclate au loin , quelques- uns ont comparé ce bruit à celui d'une maifon qui écroule , ou à celui d'une voiture chargée de tonneaux & de pavés , èc qu'on décharge dans le lointain. On affure que dans plufieurs endroits les vitres & les meu- bles ont tremblé , ce qui a pu être occafionné par la commotion de l'air. Le lendemain matin on reffentit une chaleur plus forte , il tomba quel- ques gouttes d'eau dont l'odeur étoit fort défagréable. Cette pluie rafraîchit le temps, le thermomètre defcendità 17 degrés. Ces phéno- mènes , leur durée & les autres circonftances de ces météores , paroif- fent, ainfi que ceux du tonnerre , tenir à ceux de l'éledricité. Voye:^ Ton- nerre. GLOBOSlTESou Tonnites. Les Conchyliologues donnent ce nom à G L Oj ^i des coquilles foflfiles univalves , globuleufes , prefque fans volutes , & or- dinairement fphériques comme de petits tonneaux. La bouche en elt large , quelquefois dentée, d'autres fois éventée, c'eft-à-dire, que leur opercule laiHe quelquefois une petite ouverture. Le fommet a un nœud ou mamelon, quife trouve alTez fouvent dans l'endroit où fe terminent les fpirales. Le fui eft fouvent liiTe , quelquefois ridéouftrié j d'autres fois le corps eft garni de côtes : on trouve toutes ces particularités dans les co- quilles analogues ou vivantes, ôc que l'on appelle la couronne d'Ethiopie , la harpe _, la i^ulie d'eau , &c. de la famille des conques fphériques. Voyez ces mots. On rencontre beaucoup de ces coquilles devenues folïiles , fort peu de pétrifiées j on en trouve plus communément les noyaux. M. A'Argenville fait de ces coquilles vivantes un genre , fous le nom de tonnes ; &:M, Adanfon les a rangées fous le nom générique de pourpres. Voyez ces mots. ' GLOBULAIRE ou BOULETTE. Ce nom fe donne à deux fortes de plantes : ( il y a plufieurs efpeces de ce genre , qui eft de l'ordre , dit M. Deleu-^e , des plantes aggrégées ). On ne parlera ici que de deux efpeces les plus connues, La première, eft \e glohularia vulgaris de Tournefort: elle eft haute d'un pied. Ses feuilles reftemblent aifez à celles du hellis cArulea. Celles du bas font ovales , échancrées parle bout , de manière à former trois dentelures , dont celle du milieu eft un prolongement de la côte : les feuilles de la tige font étroites. Ses fleurs font à fleurons, bleues , difpofées englobe : chaque fleuron partagé en deux lèvres, l'une de deux, l'autre de trois lanières , & contenant quatre étamines féparées , il eft fou- tenu parfon calice propre , qui eft un tube divifé en cinq pointes : plu- fieurs fleurons font réunis fur un réceptacle commun & féparés les uns des autres par des balles. 11 fuccede à chaque fleuron une femence nue con- tenue dans le calice propre. La deuxième efpece qui eft la plus curieufe , eft le TURBiiH BLANC OU le Séné des Provençaux alypum ^ aut frutex terribilis de /. Bauhin. C'eft un petit arbrifteau fort agréable à voir dans le temps de la fleur. Il croît à la hauteur d'une coudée en Provence 6c en Languedoc , dans les lieux voifins de la mer : on en trouve beaucoup aupiès de Montpellier, & principalement fur le Mont de Cette. On n'a point encore pu parvenir à le natuialifer dans nos jardins : voici la àei^ cription de ce petit arbufte. Sa racine eft fibreufe , grofTe comme le pouce & longue de quatre , couverte d'une écoice noirâtre : fes branches dé- M ij f 1 G L 0 liées Se cafTantes , font couvertes d'une pellicule rougeâcre. Ses feuilles- fontplacées fans ordre , tantôt par bouquet, tantôt ifolées , ayant quel- que refTemblance à celles du myrte. Chaque branche porte pour l'ordi* naire une feule fleur à demi-fleuron , d'un beau violet , & d^un pouce de large. Toute cette plante a beaucoup d'amertume. Son goût eft aufli défagréable que celui du lauréole , & fon amertume augmente beaucoup pendant fîx ans. Ualypum eft non feulement un très-violent piugatif, mais encore un émétique puiflant & même dangereux. Des Charlatans d'AndalouCe en ordonnoient autrefois la décoction dans les maladies vé- nériennes : aujourd'hui que l'on connoît la violence de ce remède , cîi n'en fait ufage , ainfl que du tuhymale , qu'avec grande prudence. GLORIEUSE. /^<9yqPASTENAQUE. GLOSSOPETRES , ^/q/7o/'^;r^. Nom qu'on a donné improprement par une fuite d'erreurs populaires , à des dents pétrifiées ou fofliles , & qu^'on croyoit être des langues de divers animaux , &: notamment des langues de grands ferpens , changées en pierre , lors de l'arrivée de l'Apôtre Saint Paul dans l'île de Malthe-. Les gloflopetres , qu'on devroit nommer odontopedres ou ichtyodontes y font des dents de plufieurs animaux matins. Leur grandeur , leur forme & leur couleur font aflez différentes : on en trouve qui ont jufqu'à quatre &:cinq pouces de longueur , & qui ont appartenu à une lamie ou au carcha- rïas -y voilà les vraies lamlodonta : d'autres font celles d'un poiflbn de la Chine, du genre des raies. Les moins grandes , qui font triangulaires ou en faulx , font crénelées par les angles , avec une bafe fourchue : elles font reconnues pour les dents de la mâchoire du requin j les pointues , qui reiTemblent aux dents de chien , font reconnues pour celles de la mâchoire inférieure du même animal. Quelquefois elles font carrées , & appar- tiennent au cheval de rivière j d'autres fois elles font hémifphériques^, pour lors elles font les dents molaires du poiflon nommé grondeur , ou de la dorade. Voyei^ ces mots , celui de Crapaudine ■, & celui de Turquoise. La croûte des gloffopetres eft mince , polie Scluifante, communément grisâtre ou jaunâtre , quelquefois blanchâtre, &: renfermant un noyau fibreux &: ofteux , qui eft de la fubftance des dents. On les trouve en divers pays , notamment à Malthe , dans la terre ou dans à.QS bancs de toutes fortes de pierres. Les lamiodonies ne font pas rares en Béarn aa pied des Pyrénées , près de Dax. G L O 93^ Les Lithographes ont donné à ces corps foirdes figurés , des noms tirés des chofes qu'ils reprcfentent j c'eft ainfi qu'ils ont nommé ornicho' glo(fum la dent conique , qui imite la langue d'une pie, &:c. Cette mul- titude fatigante èc inutile de différens noms barbares , ne fert qu'à embrouiller l'étude de l'Hiftoire Naturelle j c'eft pourquoi nous les épargnerons au Ledteur. GLOUTERON. Foye^ Bardane. Le petit glouteron eft le glaheron^- Voyez ce mot. GLOU TON ou GOULU , gulo. Quadrupède qui fe trouve dans les grandes forêts de la Dalécarlie , de la Laponie &: dans toutes les terres voifines dn Nord , tant en Europe qu'en Afie. Cet animal eft un peu plus long , plus haut de plus gros qu'un loup j il a la queue plus courte ; fa peau eft d'un brun obfcur j la plus eftimée eft extrêmement noire 6c comme luftrée : cependant le poil en réfléchit une certaine blancheur luifante , comme celle des fatins &: des damas à fleurs : aufli cette four- rure eft elle très-recherchée & fort chère en Suéde. Dans les régions du Nord , on dit qu'un homme eft richement habillé, quand il eft vêtu de fourrure de glouton. Les Naturels de Kamtfchatka préfèrent aufli cette fourrure à celle de la zibeline Se du renard noir j ils la vantent tellement, qu'ils difent que les Anges n'en portent point d'autres j 6<: ils ne peuvent faire un plus grand préfent à leurs femmes ou à leurs maîtreftes , que de leur en donner une. Les pattes du glouton font blanches : les femmes des Kamtfchadales s'en fervent pour orner leurs cheveux , &: elles en font encore un fi grand cas , qu'elles donnent en échange , pour avoir deux de c&s pattes ^ deux caftors marins. La chair du glouton eft fort mauvaife , & (qs ongles font très dangereux \ comme cet animal eft très-vorace , on lui a donné le nom de vautour des quadrupèdes j quelques-uns le regar^ dent comme une efpece de carcajou. Voyez ce mot. Le glouton déterre les cadavres comme l'hyène , les dévore & s'en remplit à l'excès. L'inftin6b qu'on lui donne , s'il eft vrai , eft bien fingulier : dans les forêts de Kamtfchatka il grimpe fur un arbre, emportant un peu de lamoufte que les daims aiment le plus *, lorfqa'un daim palfe près de l'arbre , le glouton laifte tomber fa moufl^e \ fi le daim s'arrête pour la manger , le glouton fe jette fur fon dos , 6i s'attachant fortement entre fes cornes, lui déchira les yeux & lui caufe des douleurs fi vives , que ce malheureux animal pour fe débarrafter de fon cruel ennemi , va fe frapper la tête contre les arbres jufqu'ace qu'il combe fans vie. Alors le glouton partage avec fe& 9^ GLU G O B dents fortes Se pointues la chair en morceaux dont il dévore une partie ; il creufe la terre , enfouit &c cache le refte pour le retrouver au befoin. Le glouton tue les chevaux de la même manière fur la rivière de Lena. On peut apprivoifer cet animal féroce , lui donner des talens & lui apprendre .plufieuts tours, y.ye'^la nouv.Hifî. de Kamtfchatka ^ & T article Govlm de ce Diclionnaire. GLU 5 vifcum^ eft une fubftance vifqueufe , tenace , réfineufe , que l'on tire de l'écorce du houx 5 de la racine de viorne , quelquefois du fruit du gui & des lebeftes. On. nomme la glu du houx , glu d' Angleterre ; celle du gui , glu des Anciens ; & celle des febeftes , glu d'Alexandrie. P^oye^ leur pr-épafation & leur utilité aux mots Gui j Houx & SbBESXES. Ce que l'on nomme glu d'acajou eft une gomme. J^ oye':^ au mot Acajou. Comme les efpsces de glu , notamment celle de houx qui pafiTe pour la meilleure, perdent promptement leur force, &c qu'elles ne peuvent fervir à l'eau , on en a inventé une forte particulière qui a la propriété de fouffrir l'eau fans dommage. Voici comme il faut la préparer : joignez à une livre de glu de houx bien lavée & bien battue , autant de graille de volaille qu'il eft néceflTaire pour la rendre coulante j ajoutez-y encore une once de fort vinaigre, demi once d'huile &: autant de térébendiine; faites bouillir le tout quelques minutes à petit feu, en la remuant tou- jours , & quand vous voudrez vous en fervir , rechauffez-le ; enfin , pout prévenir que votre glu fe gelé en hiver , vous y incorporerez un peu de pétrole. Cette glu eft non-feulement propre à prendre les oifeaux , mais elle fert aulîi à fauver les vignes Aqs chenilles bc à garantir plufieurs plantes particulières de l'attaque des infeûes : on trouve auflî une forte glu dans les branches de fureau , dans les racines de narcifïe ôc d'hyacin- the : fi l'on prend les entrailles de chenilles pourries , qu'on les mêle avec de l'eau &: de l'huile , on en formera une efpece de glu tenace. GLUTEN. Mot latin que les Naturaliftes ont adopté pour défigner la matière , le lien qui fert à unir les parties terreufes dont une pierre ou roche eft compofée, ou à joindre enfemble plufieurs pièces détachées pour ne faire plus qu'une feule malfe : il eft très-difficile de déterminer en quoi cette matière confifte , & à quel point elle eft variée : au refte chaque pierre, chaque terre, &c. donnant àos produits diiférens, on doit y trouver des glutens de différente nature. GOBE-MOUCHE , eft une efpece de petit lézard Aqs Antilles, très- joli ôc fort adroit à prendre les mouches &; les ravets j c'eft de-là que G O B '95 les Européens lui ont donné ce nom; les Caraïbes l'appellent o/^//a o^/za, Il n'eft guère plus gros de plus long que le doigt j les mâles font ordi- nairement verts , & les femelles grifes & plus petites : on en voit qui font ornés de toutes les plus belles couleurs. On les trouve non feuler- ment dans les forêts , mais encore fur les arbres des vergers & dans les maifons j ils y font fort familiers ôc ne font point de mal. Rien n'efl: aulîî patient que ce petit animal ; il fe tient une demi- journée entière comme immobile , en attendant fa proie ; mais quand il la voit , il la pourfuit avec tant d'avidité , qu'il fe précipite &c s'élance comme un trait du haut des arbres pour la faifir & la dévorer. Il fait de petits œufs , gros comme des pois , qu'il couvre d'un peu de terre , les lailfant éclore au foleil. Dès qu'on tue ces animaux , ils perdent aulfi-tot leur luftre , & deviennent pâles &c livides. Cette efpece de gobe-mouche, qui fe trouve auffi aux Indes Orientales , prend , ainfi que le caméléon , la cou- leur des objets auprès defquels il fe trouve : il paroît vert à l'entour des feuilles des jeunes palmes 5 près d^une orange , il devient jaune , &c. GOBERGE 5 gobergus j eft la plus grande & la plus large efpece de morue de l'Océan : fa chair eft dure & un peu gluante \ elle eft en cer- tains pays la nourriture des pauvres gens & des payfans. Dans quelques parages le goberge n'eft qu'une efpece de merlus qu'on apporte de Terre- Neuve tout falé : fon ventre eft arqué en dehors , fa bouche eft petite , mais fes yeux font grands : fes écailles font cendrées , il n'a point de dents. Voye:^ Morue. GOBEUR DE MOUCHES ou Gobe -mouche, mufcicapa. Genre d'oifeau dont on diftingue plulîeurs efpeces. Le gobe mouche vulgaire ^ Jloparola j eft un petit oifeau qui a le bec d'un brun roufsâtre , la tête ôc le dos de couleur plombée , mêlée de jaune , la poitrine blanchâtre , les pattes noirâtres. Les ongles de fes doigts de derrière font fort grands , comme dans les alouettes , ôc un peu courbes. Ces oifeaux fuivent les bœufs 8c les vaches, à caufe des mouches qu'ils trouvent à leur fuite, & dont ils font fort avides j ce qui leur a fait donner les noms de bouvier j de moucherolle ôc de gobe - mouche. Les gobeurs de mouches du Cap de Bonne-Efpérance , font ou blancs ou aurores, ou à collier, ou huppés. Les gobe mouches de Madagafcar ont la queue fort longue, ôc le plu- mage ou aurore ou noirâtre , quelquefois tacheté de blanc \ leur huppe naît de la bafe du bec , ôc eft dirigée vers la pointe du bec , fur-tout lorf- quej'oifeau eft agité de quelque pafliow. L'Amérique offre auilî quan- 'ç^ G O E G O ï tiré de variétés de gobeurs de mouches : les petits oifeaux appelles tyrans dans le Nouveau Monde , font aulîi des gobes-mouches. On donne en- core le nom de gobe-mouche à une efpece d'apocin. T^oye^ Apocin gobe- mouche , & l'article Attrape mouche. GOEMON ou GOESMON. Les Marins donnent ce nom à certaines plantes , noueufes èc longues , qui croillent en grande quantité dans le fond de la mer, jufqu'à une demi-lieue du rivage : elles font fouvent entrelacées les unes aux autres par le mouvement des eaux , de manière à former une barrière formidable : on a vu plus d'une fois des vaifleaux arrêtés par ces fortes de filets fur la pointe du Cap de Bonne-Efpérance j aufiî les Pilotes tâchent-ils d'éviter ces fortes d'écueils ; d'autres fois la mer, par le mouvement de fes vagues , arrache ces plantes & les rafïem- ble fur les côtes , où on les prend pour fumer les terres : ces plantes font des efpeces de varec ou àQ fucus ^ ou A' algue ^ ou àQ farga^o. Voyez ces mots. GOIFFON. Foye^ Goujon. GOILAND ou GOELAND , larus. Genre d'oifeau aquatique & ma- ritime dont on diftingue beaucoup d'efpeces , parmi lefqueiies fe trou- vent les mouettes j voyez ce mot. Le caraélere du goiland eft d'avoir quatre doigts à chaque pied , favoir trois antérieurs qui font réunis par des membranes entières , le doigt poflérieur eft ifolé. Les jambes fe trou- vent près du milieu du corps , au-delà de l'abdomen , mais beaucoup plus courtes que le corps. Le bec qui eft édenté , eft comprimé latérale- ment &; crochu vers la pointe. La mâchoire inférieure eft anguleufe en delTous. 11 y a le Goiland noir, larus tiîger ; il eft noir fur le dos Se blanc au ventre , il n'eft pas plus gros que le canard mufqué. Cet oifeau fré- quente les rivages de la mer : c'eft la grande mouette noire & blanche d'Albin i ou la mouette religleufe. Le goiland cendré Q^i un peu plus gros j celui qui eft gris eft du volume du canard domeftique : c'eft Voifeau bour- guemejire. Le goiland brun ou le cataracte ; le goiland varié om le grifard , c'eft le skua de Willugkby ou le canard colin ^ voyez ce mot. On l'appelle auffi grande mouette grife ^ car il y a la petite efpece de la même couleur , gavia grifea. Ray dit que le goiland eft un oifeau palmé : fon bec eft un peu arqué ; fes ailes font grandes & fortes : il a les jambes baftes & les pieds petits : fon corps eft léger . couvert d'un épais plumage de couleur cendrée : il plane G o i rf plane dans l'air avec fracas , jette de grands cris en volant , & vit prin- cipalement de poiiïon : on en diftingue deux efpeces qui chaiïentfur terre & fur mer : les plus beaux goilands fe trouvent dans les mers du Pérou &: du Chili. Ces fortes d'oifeaux nichent fur les rochers, bc pondent deux œufs tiquetés de rouge Se un peu plus gros que ceux de perdrix. Il paroît par le récit des Voyageurs , que la famille des goilands eft plus étendue qu'on ne penfe. GOIRAN. Foyei BoNDRÉE. GOITREUX. Nom donné à plufieurs efpeces de lézards de TAmé- rique. Le premier qui fe trouve au Mexique , porte une efpece de peigne , lequel s'étend fur le cou , fur le dos ôc fur une partie de la queue : il porte aullî une efpece de fac qui lui pend de la mâchoire inférieure , & lui ferc de poche pour y retenir (qs alimens jufqu'au temps convenable pour en faire l'entière déglutition : ce fac , de même que les pieds , la queue , l'efpece de peigne Se tout le refte du corps , eft couvert de petites écailles en lofanges , Se qui font d'un bleu clair nuancé de vert : le cou te la z^iQ font marqués de taches blanchâtres j la couleur du dos eft variée de gris & de blanc pâle. La féconde efpece de lézard goitreux fe trouve à Saînt-Iago de Chili , près du fleuve Mexo à Cadix. Le delTous de fa mâchoire inférieure eft garni d'un long & gros* goitre , creux en dedans , Se qu'il enfle prodi- gieufement quand il eft irrité \ fa tète & notamment fa mâchoire inférieure font couvertes de grandes écailles d'un vert de mer & quelquefois tiquetées de points rouges': fa queue eft cerclée de bords jaunâtres piqués de noir j fes yeux font grands Se vifs , £qs oreilles rouges Se précédées de tubercules oblongs : tout le deflus du corps , les cuifles Se les jambes colorés d'un vert d'herbe avec des taches de ponceau de diverfes figures : fes pieds font revêtus de grofles écailles »S: fe partagent en cinq doigts longs , armés d'ongles crochus j la peau de l'entre - deux des cuifles eft garnie de vingt tubercules ovales : la grofle queue de ce lézard , qui dans quelques-uns eft fourchue , femble poufler fur le côté quelques rameaux ; le bout fupérieur eft couvert de petites écailles , Se formé d'anneaux en- viron jufqu'à la longueur d'un doigt, mais le bout inférieur eft fort menu, & c'eft de ce bout que naifl^ent les excroiflances obtufes dont nous venons de parler. La femelle reflemble au mâle par la couleur , la figure Se les raches , mais Çon goitre eft plus petit, Sc fa queue toute formée par an- Tome l IL N •>5 COL neaux ne préfente aucune excroifTance. Comme ces lézards varient pour !a couleur, la madrure &c la figure du goitre, on les défigne à l'Amérique fous différens noms , tels qn ayamaka y cordyle ^ leguana ou iguane j ou fenembi j &c. yoye:^ ces mots. Quelques Naturaliftes ont aufll donné le nom de goitreux à l'oifeau onocrotaie. Voyez ce mot. GOLANGE ou GOLANGO ou GOULONGO : efpece de daim de la- bafTe Ethiopie. Sa peau eft roufsâtre & tachetée de blanc : il a des cornes fort pointues , & eft de la grofleur d'un mouton j il lui reiïemble beau- coup pour la figure & pour le goût de la chair. Les Nègres le comptent au nombre des meilleurs alimens \ mais les habirans de Congo , & une- partie de ceux d'Ambundos , tiennent par une tradition fort ancienne , que la chair de cet animal eft une chofe facrée : de forte qu'ils aimeroiene mieux mourir, non feulement que d'en manger, mais encore que de mettre aucuns alimens dans un vafe où l'on en auroit fait cuire. GOLFE , finus. Nom donné à un bras ou à une étendue de mer qui s'avance dans les terres , 6<: qui eft plus grand que \2.baïe. Voyez ce mot. Les golfes d'une étendue confidérable font appelles mers. Telles font la Méditerranée , la mer de Marmara , la mer noire, la mer rouge , la mer vermeille. Les petits golfes des lies Françoifes de l'Amérique fontappeilés. tftt/ de-fac. Voyez Mer. On diftingue les golfes propres &, médiats ; & les golfes impropres 8c immédiats: les golfes propres font féparés de l'Océan par âes bornes na- turelles, & n'ont de communication avec la mer à laquelle ils appartien- nent que par quelque détroit , c'eft-à-dire , par une ou plufieurs ouver- tures moins larges que l'intérieur du golfe. Telle eft la Méditerranée qui. n'a de communication à l'Océan que par le détroit de Gibraltar ; telle eft la mer Baltique qui a pour entrée les détroits du Belt & du Sund, Les golfes impropres font plus évafés à l'entrée, & plus ouverts du côté de la mer dont ils font partie j tels font les golfes de Ga.{cognQ ôc celui de Lyon. Le golfe immédiat eft celui qui eft féparé de l'Océan par un autre golfe j foit qu'il en fafte une partie , comme le golfe de Venife ; foit qu'il forme une mer à part , refterrée dans {qs propres limites que la Nature lui a marquées , comme la mer de Marmara qui communique avec l'Ar- chipel. Le golfe médiat , eft celui qui communique à l'Océan , fans autre golfe entre- deux 5 comme la mer Baltique , la mer rouge Se le golfe Perfique,. Les golfes font en fi grand nombre , qu'il feroit très difficile d'en don- ner une lifte exade. Nous expoferons feulement ceux qui font le5 plus G O M çs> connus dans les quatre parties du Monde , & dont il eft mention dans l'Encyclopédie. Savoir 'y 1*'. En Europe , les golfes de Bothnie , de Finlande, de Venife ou Adriatique , de Lyon , de Gènes , de Valence , de Gafcogne , de Tarente Se de Lépante. 2°. En Afie, les golfes de Perfe , de Bengale, de Cambaye , de l'Inde , de Siam , de Tonkin & de Pekeli. 3^. En Afrique, les golfes Arabique & d'Arquin, On cite auflî les golfes de Sidra, de la Goulette 6c celui de Guinée. 4**. En Amérique, les golfes du Mexique , de Saint-Laurent , de Da- rien , de Panama , de Honduras , &c ceux appelles improprement baies d'Hudfon &c de Baffin. G O M A L A. Nom qu'on donne dans quelques er^droits des Indes Orientales au rhinocéros. GOMBAUT. royei Calalou. GOMME , gummi. Selon M. Geoffroï j ( Mat. Médic. ) c'eft un fuc végétal , concret , afTez tranfparent , & d'une faveur douceâtre , qui fe difTout facilement dans l'eau, qui n'eft nullement inflammable , mais qui pétille & fait du bruit dans le feu. La gomme , félon cet Auteur, eft compofée d'une petite portion de foufre unie avec de la terre , de l'eau &; du fel; de forte que ces chofes étant jointes enfemble, elles forment un mucilage , un corps muqueux qui eft nourrilTant , & fufceptible de la fermentation vineufe étant étendu dans de l'eau : telles font la gomme. adragante ^ celle de Bajfora j celle de notre pays ^ la gomme arabique y ôcc, Foye:( ces mots. Ces fucs mucilagineux découlent ordinairement d'eux- mêmes des arbres & plantes connus fous les noms d'acacia j barbe de renard y du cerijîer ^ de X abricotier ^ Sec. les gommes n'ont prefque point d'odeur ni faveur. Leur nature eft prefque la même dans toutes les ef- peces. Elles ne différent que par la plus ou moins grande quantité de mucilage qu'elles contiennent. On donne encore en Droguerie & en Pharmacie le nom de gomme à. àes fucs qui n'en ont point les caractères , ils font réfineux : c'eft ainfî que l'on dit im^roptement gomme animé ^ gomme lacque ^ gomme copale , gom- me élémi y gomme caragne ; au lieu du mot gomme , &c il faut donc dire ici réfine animé ^ Voye-;^ ces mots. On donne aulïi le nom de gomme-réJinQ aux fubftances peu ou point tranfparentes 3 qui participent tout à la fois des propriétés de la. gomme, Nij loô G O M ôcde celles cîe Xzréjîne proprement dite. Voye^ l'article Résine. Ali fîm-' pie coup d'œil on peut foupçonner la nature de ces fucs compofés : l'opa- cité les décelé. Les gommes bc les réfines font rranfparentes. La réiine elt inflammable. Les gommes-rélînes ordinaires du commerce font , la gomme ammo- niaque j Vajfa-fœtida j le bdellium j X euphorbe , le galbanum y la myrrhe , Vopopanax , le fagapenum , & X^farcocolle. Ces fucs , qui fuintent natu- rellement , ou par incifion , à travers l'écorce de certains arbres ou plantes dont il eft parlé dans ce Dictionnaire fous les noms qui leur font propres , mis dans des menftrues aqueux , produifent une difTolution imparfaite ÔC laiteufe. Cette liqueur éclaircie par le repos , fournit un dépôt où la refîne pure domine & qu'on peut retirer par le moyen de l'efprit-de-vin. On peut diiroudre enriérement les gommes réfines avec un menflrue partie aqueux & partie fpiritueux , tels que l'eau-de-vie, le vin 6c le vinaigre : il efl bon d'obferver que plufieurs de ces fucs contiennent les uns plus de mucilage ou gomme, &: les autres plus d'huile ou réfine. Il n'eft pas encore bien décidé fi l'écoulement de ces fucs eft une maladie de l'arbre qui les pro- duit , ou une fimple furabondance de la fève. GOMME D'ABRICOTIER. Voyey^ Gomme de pays. GOMME D ACAJOU. Voye^ à l'anick Acajou. GOMME ADRAGANTE. Foyei Barbe de Renard. GOMME ALOUCHI. On donne ce nom à une fublknce friable ,. grife-roufsâtre , qui participe plus de la nature réfineufe , que de la gom- meufe. Elle découle d'un arbre appelle fimpl à Madagafcar , il s'en trouve aufîî dans les terres Magellaniques. Les Indiens l'emploient dans leur parfums : elle eft fort rare, f^oye^ le /;7orCANELLE blanche. GOMME AMMONIAQUE , efl une gomme réfiiie. Foyei au mot Ammoniaque. GOMME ANIMÉ, Foyei Résine animé. GOMME ARABIQUE. Foye^ Acacia véritable. GOMME DE BASSORA , gummi Bajjora. On donne ce nom â une gomme d'un blanc fale , de la nature de la gomme adragante , & qu'ont nous apporte , depuis quelques années , des Echelles du Levant. Cette gomme peu tranfparente , mais folide , efl en morceaux de la giofTeur da pouce : on dit que pendant les fortes chaleurs de l'été, elle découle abon- damment , fans incifion artificielle , d'un petit arbre épineux , fort îen^-' blable à celui qui donne la gomme adragante» G O M ïôt La gomme de Ba{Jora eft adouciirante Se pedorale : les Teintnriefs Se les Confifeiirs du Midi de l'Europe s'en fervent pour les mêmes vues Se avec le même fuccès , que des gommes arabique Se adragante. Comme la cou- leur Se la propriété de ces gommes font à-peu- près les mêmes , on ne doit pas être furpris que la o-o/;z/7;d de Bajfora foit (1 communément mélangée avec ces deux autres gommes , fur-tout dans le temps où leur prix ordi- naire éprouve quelque augmentation, tout ce qu'on en peut déduire, c'eft qu'il doit fe faire dans le pays une grande récolte de cette forte de, gomme. GOMME CANCAME , cancamum. Efl; une gomme-réfine très-rare : elle paroît être formée d'un amas fortuit de pluiieurs efpeces dégommes &■ de réfines agglutinées les unes contre les autres : il y en a des parties qui comme le fuccin , ont une couleur jaunâtre, une odeur de réfine-lac- que , Se. qui fe liquéfient fur le feu , oU s'enflamment à la lumière d'une bougie. Une autre portion eft noirâtre , impure & fe liquéfie en partie, en exhalant une odeur aflfez fuave. Une troifieme & quatrième parties font: blanchâtres , jaunâtres , Se fe diflblvent dans l'eau, Oï\. y trouve des par- ticules de bois ou de pierres comme enclavées. Comme la récolte du can* came ne fe peut faire que quand le hafard en fait rencontrer d dos Ma- riniers qui remontent les fleuves en Afrique Se en Amérique , on en doit préfumer qu'elle provient de différentes efpeces d'arbres qui bordent ces^ rivières ,& que les différensfucs qui en ont exudé, font tombés dans l'eau, & fefont accidentellement rencontrés Se conglutinés enfemble avant que de fe durcir. On eftime fort lagomme-réfine cancame pour les maux de dents. Cette fubftance quoiqu'impure eft fort chère Se très-recherchée poiu* les Droguiers à caufe de fa fingularité. GOMME CARAGNE. Foye^ Caragne ou Caregne. GOMME DE CEDRE. Foye^ Résine de cèdre. GOMME DE CERISIER. Voyez Gomme de Pays. GOMME CHIBOU. Foye^ à V article Gommier. GOMME ELÉMÎ. Foye-^ Résine elémi. GOMME DE FUNERAILLES ou GOMME DE MUMIE , gumml funerum. C'eft le nom que l'on donne quelquefois au bitume de Judée ou afphalte. Foye'^ Asphalte, GOMME DE GAYAC. Foye^ Résine de Gayac au mot Gayac. GOMME DE GOMMIER. Tc^yq Gommier. 402 G O M GOMME DE GENEVRIER, Ceft là fxndaraqut : ou l'appelle aufli vernis. Voyez Genévrier, GOMME GUTTE. roye^ Carcapulh. GOAIME LACQUE. ^. Résine Lacque à l'art. Fourmis de visite. GOMAIE DE LIERRE. F'oye:^ Résine de lierre , au moi Lierre. GOMME MONBAIN. Elle eft jaunâtie , rougeâtre , tranfparente , fort agglutinante : elle découle du tronc de l'acaja , du ftuic duquel ou tire une liqueur vineufe. Voye^ Acaja. GOMME OLAMPI. Voyei Résine olampi. GOMME D'OLIVIER. Elle découle de certains oliviers fauvages qui bordent la Mer Rouge : elle eft aftringente & déterfive , fa couleur eft jaune , & fa faveur un peu acre. GOMME OPOPANAX.Ceft une gomme-réfine. Foye^ Opopanax, au mot Grande berce. GOMME D'OXICEDRE. Foyei Sandaraque. GOMME DE PAYS , gum.mï nojiras. On donne ce nom aux différen- tes gommes qui découlent d'elles-mêmes des bifurcations de plufieurs arbres , tels que le pommier ^ lo pêcher j \q prunier , le ceri/îer j V abricotier^ V olivier , dcc, Foye^ ces mots. La gomme de pays eft plus ou moins pure: d'abord blanchâtre, enfuite jaunâtre , puis rouge & brunâtre : elle a une forte d'élafticité. Les Chapeliers s'en fervent dans leurs teintures. GOMME- RÉSINE. Foye:^ à l'article Gomme, GOMME DU SÉNÉGAL , gummi Senegalenfe. C'eft la gomme qui découle de plufieurs efpeces d'acacias , dont les uns font nommés ^o/wm/er^ hlams , &: les autres gommiers rouges , parcequ'on en recueille deux for- tes de gommes la blanche & la rouge , ce font ces efpeces de gommes que l'on appelle dans le commerce gomme d' Arabie ou Arabique , ainiî nommée de ce que l'on nous a apporté la première de l'Arabie heu- reufe , enfuite d'Egypte , &c. mais le grand commerce stn fait au- jourd'hui au Sénégal, parceque ces efpeces d'acacias font très-communs clans les forets qui avoifinent ce pays. Les Maures de l'Afrique en vien- nent faire la traite: c'eft un objet de commerce d'autant plus important, qu'il y a peu de manufadures qui n'emploient beaucoup de gomme ara- bique. On choifit pour l'ufage intérieur celle qui eft blanche ou d'un jaune pâle , tranfparente , brillante \ & l'on réferve pour les autres ufages celle qui eft. roufsâtre. Les Nègres fe nourriftent fouvenc de cette gomme bouillie avec du lait. Foyc^ Acacia 6" Gommier. G O M 103 GOMME ISÉRAPHIQUE. Ceftla gomme-réfine a^^QWée fagapenum. Voyez ce mot. GOMME TACAMAQUE. Ceft la réfuie tacamahaca. Voyez Taca- MAQUE, GOMME TURÏS ou TURIQUE ou VERMICULAIRE. roye^ à r article Acacia véritable. GOMMIER , arbor chïhou. Ceft un grand arbre de l'Amérique , ainfi nommé à caufe de la grande quantité de gomme qu'il jette : on en diftin- que deux efpeces j l'un fe nomme gommier blanc , & l'autre gommier rouge^ \.t gommier blanc , eft un des plus hauts & des plus gros arbres de nos îles, & en même temps l'un des plus utiles aux Sauvages de l'Amérique Septentrionale. II s'élève jufqu'à la hauteur de cinquante pieds , & a fou- vent quatre à cinq pieds de diamètre. Son bois eft blanc , dur , difficile à mettre en œuvre \ on en fait des canots d'une feule pièce. Ses feuilles ref* femblentà celles du laurier j mais elles font beaucoup plus grandes. Ses fleurs font petites , blanches , difpofées par bouquets au haut des rameaux 1 fon fruit eft gros comme une olive , prefque triangulaire , verdâtre d'a- bord & enfuite brunâtre : fa chair eft tendre ôc remplie d'une matière gluante & blanchâtre» Le gommier rouge , qui croît aux lieux fecs & arides dans la Guadeloupe porte un bois également blanchâtre , mais tendre , de peu de durée , & qui fe pourrit promptemenr. 11 eft revêtu d'une écorce épailTe &: verdâtre^ & d'une peau mince & roufsâtre qui fe fépare aifément : fes branches font fort étendues , & portent en haut des feuilles difpofées par touffes , reffem- blant à celles du fiêne, fans dentelures & d'un vert foncé : fes fleurs font, comme les précédentes , par bouquets & blanches : il leur fuccede un fruit charnu, femblable à la piftache » réfineux , & contenant un noyau dur. Le P. P/w/K/Vr prétend t^ e ces gommiers ne différent de nostérébin- thes que par la ftru<5hire de leurs fleurs , qui ne font pas à étamines. Une obfervation très-importante à faire , eft que les gommiers du Sé- négal ne donnent effeétivement pendant l'été qu'une gomme , que l'on vend dans le commerce fous le nom de gomme du SénJgal ; voyez ce mot : tandis que les gommiers de l'Amérique ne diftillent qu'une refîne. Peut êtieces arbres gommiers n'ont-ils qu'une reffemblance apparente, & que ceux de l'Amérique devroient être plutôt nommés réfinïers. En- Î04 G O M effet, le prétendu gommier d'Amérique donne, avec ou fans încifion ; depuis trente jufqu'à cinquante livres d'une réfine blanchâtre &: gluante comme la térébentliine , qu'on nous apporte quelquefois dans des ba» rils 5 d'autres fois elle a affez deconfiftance, 6c eft enveloppée dans degran- des ôc larges feuilles qui naiffent fur un grand arbre nommé cachibou y lequel croît dans le pays : c'eft de-là qu'eft venu le nom de gomme chibou ou réjine cachibou. Les Américains & les Sauvages emploient ces feuilles àplufieurs ouvrages , & principalement à garnir \qs paniers d'aromates, afin d'empêcher que l'air n'y pénètre : ils brûlent quelquefois cette réfine au lieu d'huile. On prétend que quelques Négocians mêlent cette réfine dont l'odeur eft pénétrante , dans la réfine élémi , même avec la réfine animé & la taçamaque. Si la réfine du gommier d'Amérique étoit une gomme , ce mélange frauduleux feroir impoilîble. La réfine du gommier d'Amérique eft bonne pour la dyflenterie & la néphrétique : on la prend intérieurement comme la térébenthine, en bolus Ôc au poids d'un demi-gros : appliquée extérieurement , elle eft nervale, Les feuilles du gommier de l'Amérique font eftimées vulnéraires. GOMMIER RÉSINEUX DES ILES MALOUINES. Cette plante nouvelle & inconnue à l'Europe , que M. de Bougainville a obfervée dans fou voyage des Iles Malouines , eft, dit-il , d'un vert pomme , & n'a en rien la figure d'une plante : on la prendroit plutôt pour une loupe ou excroiftance de terre de cette couleur j elle ne laiflTe voir ni pied , ni bran- ches , ni feuilles. Sa fleur &C fa graine font très-petites : fa furface de forme convexe , eft d'un tiflTu fi ferré , qu'où n'y peut rieu introduire fans déchirement : fa hauteur n'eft guère de plus d'un pied & demi, & on en voit qui ont fix pieds de diamètre : on peut monter delfus & s'y aflTeoir comme fur une pierre. Leur circonférence n'eft régulière que dans les petites plantes , qui repréfentent allez la moitié d'une fphere \ mais lorfqu'elles font accrues , elles font terminées par des bofles èc des creux fans aucune régularité. Il fort de plufieurs endroits de leur furface des gouttes gommo-réfineufes j leur odeur eft forte , alfez aromatique , &: approche de celle de la térébenthine. Lorfqu^on coupe cette plante , on obferve qu'elle part d'uij pied d'où s'élèvent une infinité de jets concen- triques, compofés de feuilles en étoiles enchâllées les unes fur les autres , £c comme enfilées par un axe commun. Ces jets font blancs jufqu'à peu de diftance de la furface , où l'air les colore en vert. En les brifant il en fort un fuc abondant 6c laiteux , ^ lus vifqueux que celui des cjchymales j le C 0 N G O R Ï05 le pied e(l une fource abondante de ce fuc , ainfi que les racines qui s'étendent horizontalement Se vont provigner à quelque diftance , de forte qu'une plante n eft jamais feule. Le gommier léfuieux paroîcfe plair* fur le penchant des collines , & toutes les expofitions lui font indiffé- rentes. Quoique le fuc de cette plante ne foit didoluble pour la majeure partie que dans les fpiritueux, lorfqu'elle eft détachée de deflus le terrain, retournée à l'air ôc expofée au lavage des pluies, elle perd alors même fa fubftance réfineufe j elle devient d'une légèreté furprenantc , & brûle comme de la paille. Les Matelots fe font fervis avec fuccès de la réilne de cette plante pour fe guérir de légères bleCTures. GONDOLE. On donne ce nom à plufieurs efpeces de coquillages du genre des tonnes ôc de la clafTe des univalves ; voyez ces mots. M. Adanfon fait un genre particulier de ce coquillage , &: le place à la tête des uni- valves , à caufe de la fimplicité de fa ftru6ture. GONOLEK. Cet oifeau a été nommé ainfi par les Nègres du Sénégal, c eft- à-dire dans leur langage , mangeurs d'infecles. M. Adanfon l'a envoyé fous le nom de pie grleche rouge du Sénégal. Cet oifeau remarquable par les couleurs vives dont il eft peint , eft à-peu-près de la grandeur de la pie-grieche d'Europe. Il n'en diffère pour ainfi dire que par les couleurs , qui néanmoins fuivent dans leur diftribution à-peu-près le même ordre que fur la pie-grieche grife d'Europe \ mais comme ces couleurs en elles- mêmes font très - différentes , M. de Buffon a cru devoir regarder cet oifeau comme étant d'une efpece différente. GORDIUS ou CRIN DE MER ou SOIE DE MER. Il paroît qu'on a défigné fous ces différens noms le même individu aquatique , ou des efpeces analogues , dont les unes vivent dans les eaux douces , & les autres dans les eaux falées. On trouve communément le gordius dans les lacs &: dans les fontaines. Si on le coupe par morceaux , alors chaque mor- ceau coupé conferve fon mouvement, reprend , de même que le polype, une tête , un corps de une queue , quand on le remet dans l'eau. F'oye^ Polype. M. linnms j qui parle de ce ver iom le nom de gordius pallidus ^ caudâ capiteque nigris ^ dit que les Naturaliftes ont regardé ce qu'on difoit de ce ver , comme une fable fi ridicule & fi contraire à la Nature , qu'ils n'ont pas même fait une feule expérience pour le vérifier. Gefner ^ Aldroyande & Jonjion j ont parlé de ce ver fous le nom de fêta ou de vitulus marinas. Les Smolandois l'appellent vndu'bad. Il occafionné des inflammations Tome II L Q ïo^ G O R dans 1.1 gorge des animaux qui l'avalent. Le gordius n'auroit-il pas quelque analogie avec les draconcules ou dragonncaux &c les crlnons. Voyez ces mots. GORFOU , catarracles. Nom donné à un oifeau feul de fon genre , de la groflTeur de l'oie domeftique , & qui fe trouve dans la Mer Méridionale , & dont le cara6tere eft d'avoir quatre doigts à chaque pied j favoir trois antérieurs ^ palmes ,. celui de derrière eft ifolé , fort élevé & placé dans- l'intérieur du pied. Le bec eft droit , épais , & long de deux pouces & demi &: rouge. En un mot, le bec &: la mandibule fupérieure ont à-peu- près la forme de ceux du manehot. Son plumage eft d'un brun pourpré fur le dos , blanchâtre au ventre ; le defîus de la tête Sr la eor^e font bruns & bordés de blanc j {qs ailes qui font fort courtes , &: que l'oifeau porte étendues & déployées fans pouvoir s'en fervir pour voler , font cou- vertes de plumes petites &c roides , au point qu'on les prendroit pour des écailles. Cet oifeau ne fait que nager &; plonger : les petites plumes du. dos font très-roides ; les plumes du front s'étendent jufqu'aux narines. Les pieds , les doigts & leurs membranes font rouges , mais les ongles font jaunes. GORGE ou GOSIER , gula plumbea, C'eft un petit oifeau de la figure & de la groiïeur de la gorge-rouge : voyez ce mot. Cet oifeau a une tache jaune près des yeux , la poitrine couleur de plomb. Son cou , fon dos &; fa queue font bruns , fon bec eft noir & ^QS pieds font roux : on lui donne aufli le nom de véron. GORGE BLANCHE , albecula. C'eft un oifeau de paflTage qui paroît en Angleterre au printems , & qui quitte ce pays à l'approche de l'hiver i fon bec eft noir en partie , fon plumage eft prefque tout blanc , particu- lièrement à la gorge \ il fréquente les haies & les jardins , fe nourrit de cerfs volans , de mouches & d'autres infedtes \ il fe tapit & faute de côté Se d'autre dans les buiffons , où il fait fon nid fort près de terre \ le dehors en eft conftruit de petites tiges d'herbes & de brins de paille feche , le milieu eft compofé de ]o\\qs fins & d'herbes molles , & le dedans de crin5 tJc de poils fins : il pond cinq ou fix œufs de couleur brune- noire , mèlan- sée de noir &: de vert, GORGE BLEUE , ruhecula cétrulea aut cyanecula. Cet oifeau qui a la *Torge bleue &:le ventre rouge, eft du genre des fauveues : voyez ce mot. La gorge bleue eft commune dans les champs aux environs de Strasbourg 5. & eft aufli belle ciue celle de Gibraltar. G O R 107 GORGE NUE. Cet oifeau que l'on a vu vivant à Paris , chez feu M. le Marquis de Montmira'd ^ avoit le deflTous du cou &: de la gorge dénué de plumes 5 & fimplement couvert d'une peau rouge j le refte du plumage étoit beaucoup moins varié &: moins agréable que celui du francolln. La gorge nue fe rapproche de cette efpece d'oifeau par les pieds rouges ôc fa queue épanouie , Sr du bis-ergot par le double éperon qu'elle a pareille- ment à chaque pied. On n'a point encore alTez d'obfervations pour juger à laquelle de ces deux efpeces elle reiTemble le plus par fes mœurs ou par fes habitudes. GORGE-ROUGE ou ROUGE-GORGE, crithacus aut rubecula. C'efl: un petit oifeau facile à diftinguer , à caufe de fa poitrine d'un rouge- orangé, ïl a le dos d'un cendré-obfcur , comme les grives. Il s'apprivoife aifément , devient familier. Pendant l'hiver il cherche fa nourriture daws les maifons , dans lés jardins , fans avoir peur des perfonnes qu'il y ren- contre. Cet oifeau ne paroît que l'hiver ; il fe retire dans les bois pendant l'été. En Septembre , il commence à fe montrer dans les villes & dans les villages j il s'approche des habitations. C'eft la faifon où il chante. 11 égaie alors la trifte Nature , fur-tout en hiver. En effet , il chante mélodieufe- ment j fon ramage agréable confole de l'abfence du rolîignol. Sa corpulence eft unpeu inférieure à cet oifeau j fa taille eft fvelte, élégante j fon bec eft grêle » délié &: noir ; fa langue eft fourchue j il a le ventre blanc , les jambes & les pieds rougeatres ; tout le refte tire fur le cendré un peu ver- dâtre. On obferve une ligne d'un bleu pâle , qui fépare la couleur rouge de la cendrée fur la tête. Sa queue a deux pouces &: demi de longueur ; il la tient élevée & la remue continuellement j l'iris de iqs yeux eft de la couleur d'une noifette. On connoît le mâle aux mêmes marques qui font diftinguer ie roffignol mâle d'avec la femelle. On élevé en cage le gorge- rouge 5 en lui donnant de la pâtée. Quand les petits font élevés, ils mangent de tout comme les autres oifeaux. L'âge & le pays caufent de grandes variétés dans ces fortes d'oifeaux : le printems eft la faifon de leurs amours : ils font leur nid avec art au milieu des épines ou fur de petits arbrllfeaux : ils le couvrent de feuilles de chêne , & y font, d'un côté feulement , une entrée difjiofée en voûte. La femelle ne pond pas moins de quatre œufs , & jamais plus de cinq. Si elle fort de fon nid pour aller chercher fa nourriture , elle bouche ce paffage avec des feuilles. Quelque- fois elle fait fon nid dans des creux d'arbres avec de la moufte , de i'iierbe fauchée & de menues brouftailles. Ces oifeaux aiment beaucoup la foli" Oij io8 G O R G O U tude, d'où vient le proverbe qui dit : «< Deux gorges- rouges ne vivent s> pas fous le mènife arbufte ss. Unicum arhujium non alït duos ertahacos. La Lorraine fur-tout abonde en cqs oifeaux , dont la chair eft excel- lente. On a donné le nom de gorge-rouge de rocher au merle hleu. Voyez ce mot. La rouge-gorge de Bologne eft tiquetée de cendré , de blanc , de roux & de noir. Dans la Jamaïque on trouve aufïi une efpece de gorge-rouge j dont le haut de la tête , le dos & les ailes font verts j le tour du golier eft marqué d'une tache couleur de pourpre , ou d'un rouge éclatant ; le ventre eft d'un jaune-blanc j la poitrine eft verte j les pieds font noirs , & les ailes couleur de cerife. Le gorge- rouge de l'île de Cayenne , eft un petit oifeau de favane , te qui eft appelle au Brefil itirana. GORGONE. Voye')^^ à l'article Zoophyte. GOSSAMPIN. Arbre des Indes, d'Afrique & d'Amérique , dont îe fruit mûr produit une efpece de coton, connu fous le nom ^q fromager dans nos îles Françoifes. 11 tire fon nom des deux mots latins , gqffipium ,, coton , bc plnus , pin j parce qu'il a quelque reffemblance avec le pin ^ ôc qu'il porte une efpece de coton. F'oye:^ Fromager» GOUDRAN ou GOUDRON ou GAUDRON. Foye:^ â l'article Pin, On donne le nom de goudron des Barbades à la pétrole d'Amérique. Voye^ Pétrole. GOUET. Nom qu'on donne au pied de veau, GOUFFRE. Nom donné à ces tournoiemens d'eau caufés par ra(5l:ion de deux ou de pluiieurs courans oppofés. L'Euripe , fi fameux par la mort d'Ariftote , abforbe & rejette alternativement les eauxfept fois en vingt- quatre heures. Ce gouffre eft près àQS cotes de la Grèce. Le plus grand gouffre que l'on connoilfe, eft celui de la mer de Norwege , à environ quarante milles au nord de la ville de Drontheim , entre le promontoire de Lofoden & file de Waron. On aifureque ce gouffre a plus de vingt milles de circuit Aux fimples bruits populaires , on a ajouté bien des fables fur les propiétés de ce gouffre. On a dit qu'il faifoit un bruit épouvantable, que pendant fîx heures il attire à une très-grande diftance les baleines , les YaifTeaux , & rend enfuite pendant autant de temps tout ce qu'il a abforhé» On Ut dans Us Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Suedç ^ t5 0 tr 10^' Tomc'KlI. année 1750, que ce courant a fa diredlon pendant fix heures du Nord au Sud , &c pendant fîx autres heures du Sud au Nord : il fuit conftamment cette marche qui eft toujours oppofée au mouvement delà marrée, Lorfque ce courant eft violent, il forme de grands tourbillons ou tournoiemens qui ont la forme d'un cône creux Se renverfé. Il eft dan- gereux uniquement dans les temps de tempête &c de vents orageux , qui font fréquens dans cette mer. C'eft dans le temps que la marée eft la plus haute & qu'elle eft la plus bafte , que ce gouffre eft le plus tranquille. Il n'y a que vingt braffes d'eau en cet endroit, Foyei ks articles QoV' RANS , Mers & Vents. GOUJON ou hOVlUJEKOT , goblus fluvlatUis. C'eft un petit poif- fon de rivage , de rocher, de rivière & d'étangs de mer , qu'on confond fouvent , mais à tort , avec Vable. Voyez ce mot. On diftingue plufieurs fortes de goujons : il y en a de blancs, de noirs, de jaunâtres, de grands , de petits & de moyens. Nous ne parlerons ici que du goujon de rivière , qui eft le golffon du Lyonnois, C'eft un poiftbn à nageoires molles , couvert d écailles , & qui eft connu par-tout. Il a deux petits barbillons à la bouche , ôc comme les poiflons du genre des carpes , trois offelets à la membrane dés ouies , & la bouche dépourvue de dents: il eft garni d'une nageoire au dos , de deux au-delTous des ouies , & de plufieurs fous le ventre. Il vit dans la fange & l'ordure. Sa longueur ordi- naire eft de cinq pouces : il a la mâchoire fupérieure plus longue que l'in- férieure. Sa chair étant frite eft afifez agréable à manger, Ruifch^ dans fa CoUedtion des poiftbns d'Amboine , parle de plufieurs cfpeces de goujons de rivières , dont les habitans de ce pays fe nourrhfent. On voit à Augsbourg en Allemagne un goujon de rivière , qui a le corps plus ferré & plus pâle que le notre. La faifon de pêcher le goujon , eft depuis Novembre jufqu'en Avril. On le prend à la nafte dans \qs rivières, quelquefois aufîi dans des filets , dont les mailles font étroites. L'on peut en faire une pêche abondante , en jetant dans un endroit une tête de cheval ou de bœuf, car ils s'y affemblent auflî-tôten très- grand nombre, GOULU , gulo Animal quadrupède , qui a cinq doigts aux pieds , & que M. Brljfon regarde comme ï hyène des Anciens , mais que M. Linnxus «met dans le genre des bel ttes. Voyez ces mots» Ce goulu terreftre , que Scaliger appelle vautour quadrupède ^ parce qu'il ie nourrit de cadavres , eft le même animal que le glouton. V. ce mot, Fayius qui a autrèfçis fait , en préfence de Jean La'ét^ fanatomie d'iia 110 G ou goulu j dit y avoir remarqué trois chofes fîngulieres qu'il a communi- quées à Thomas Banhoim. La première eft qu'il n'a point de cordon ombi- lical. La féconde eft que le foie du goulu eft fortement lié avec le liga- ment du diaphragme j & en cela il a rapport avec la conftitution inté- rieure du foie de l'homme j car , dans les brutes , le foie eft fufpendu par un ligament. La troiiieme eft que l'inteftin , depuis un bout jufqu'à l'autre, eft de la même figure : il n'a point d'inteftin cœcum , & les autres font droits. On conferve dans le Cabinet Royal de Drefde deux peaux de ces animaux. GOULU. Efpece de cormoran apprlvcifé. Voyez ce mot. GOULU DE MER. Efpece de mouette, oifeau qui fe trouve en grand nombre au Cap de Bonne-Efpérance : on en voit de verts , de gris &: de noirs. Leurs plumes font d'excellens lits. Leurs œufs font délicats. Les mouettes refïemblent beaucoup aux canards, à l'exception du bec, qui eft pointu. GOULU DE MER. Animal de mer antropophage , qui fe trouve au Cap de Bonne-Efpérance , tk: l'un des plus voraces de tous les animaux aquatiques. On en diftingue deux efpeces^. La première a jufqu'à feize pieds de longueur. Son dos eft bleuâtre 6c fon ventre blanc. L'expérience a malheureufement fait voir que fa gueule Se fon gofier font ii dilatables, qu'il peut avaler un homme tout entier : fes dents font crochues, fortes &: poin- tues -, & il en a trois rangées à chaque mâchoire. 11 a deux nageoires fur le dos & quatre fous le ventre. Sa peau eft dure, rude & fans écailles. Divers petits poiilons ( remores) s'attachent ordinairement à Çqs côtés. La plupart des vaifteauxqui doivent aller près de la ligne, ou la paiïer , fe pourvoient de tout ce qui eft nécelfaire pour prendre cqs goulus de mer. Pour cela , ils ont un gros croc de fer qui eft ordinairement attaché à une forte chaîne d'environ une douzaine de chaînons j l'autre extrémité eft liée à une forte corde d'une longueur coniidérable. L'amorce dont on fe ferteftune grolTe pièce de lard ou de bœuf. Dès que les Matelots découvrent cet animal, ils lui jettent l'hameçon. Le goulu amorcé fuit cet appât ; & fe jetant defTus tout d'un coup , l'engloutit avec beaucoup d'avidîté : le voilà pris. Quelques Matelots le tirent à bord , tandis que d'autres font tout prêts à fondre fur lui avec des haches pour le tuer au moment qu'il arrive fur le tillac. Sans cette précaution , ii briferoit c la fuppreflion des règles : extérieurement il amollit les tumeurs , réfouî les fquirres , les nœuds ôc les ganglions : c'eft un des ingrédiens de la grande thériaque. GRANDE ÉCAILLE. PoifTon êiQs Antilles , qui tire fon nom de ce qu'il eft couvert de grandes écailles j il nage en troupe ; fa longueur eft de cinq à ftx pieds j fa chair eft grafte & d'un bon gouc. GRAND GOSIER ou ONOCROTALE. Foyc^ Pélicaît. GRANIT ou GRANITE, granitum. Le granité eft compofé eiïentieîle- ment de petites pierres opaques comme grenelées, les unes très-dures, d'autres alTez tendres , toutes liées enfemble par une efpece de ciment naturel plus ou moins fort. Ce mélange qui donne des étincelles quand on le frappe avec le briquet , fait regarder le granité comme une pierre de roche plus compofée , mais moins durable que le porphyre. Voyez ce mot. Les granités dont la liaifon eft imparfaite , ou dont le ciment eft trop tendre , ne peuvent être employés aux ouvrages qui exigent que la pierre foit pleine , ou qui demandent un poli vif. Ceux dans lefquels le cimenr eft d'une force &: d'une dureté fuflifantes , font les plus folides & les plus beaux. Les grains du granité , & la matière qui les lie > varient de cou^ G R A ïi5 leur î on en trouve dont le fond eft blanc Sc quartzeux ; dans d*autres il eft rouge , ôc de nature filicée ou de fpath fufible j dans d'autres enfin il eft ou vert ou jaune, &: très-dur. Eft-il tendre & fpatheux, il eft fari- neux & quelquefois calcaire j alors il fe détruit promptement , & ce n'eft qu'un faux granité. Si l'on confîdere bien les granités &: leur tiftu , on diftingue au pre- mier coup d'oeil une forte de reffemblance avec les marbres ; ce qui les a fait placer dans ce genre de pierres par quelques Naturaliftes. Ils en différent cependant elFentiellement par les parties conftituantes. Le marbre eft une pierre calcinable y au lieu que le granité eft compofé ordinairement de petits grains durs , de matières vitreufes , &: d'un ciment mêlé de paillettes de mica 3 qui réfifte au feu ordinaire fans pafiTer à l'état d'un verre parfait. Le ciment qui unit cqs pierres vitrefcentes , étant plus ou mornJi terreux , doit à la longue être en prife à l'injure des temps 5 c'eft eftedivement ce qui arrive. M. de la Condamîne a remarqué que les faces de l'aiguille de Cléopâtre fubfîftanre encore à Alexandrie , qui font les plus expofées aux mauvais vents , fe calcinent à l'air , de façon qu'on ne peut plus rien connoître aux caraéleres hiéroglyphiques dont elles étoient chargées. A la vérité cette deftrudion n'eft produite qu'après un laps de temps confi- dérabie j & peut-être l'énormité de la mafte eft-elle la feule caufe qui ait fait crevafter & défunir les petites malfes : par ce moyen le ciment aura été en prife aux injures de l'air, & le granité aura perdu fon poli \ mais d'ailleurs le fond de ce granité eft encore excellent : il n'en eft pas de même des colonnes de granité que l'on voit dans la place de Séville j quoiqu'élevées depuis peu de temps , elles font prodigieufement altérées. Cette différence vient de la nature des pierres &: du ciment. Les carrières de l'Egypte ont fourni aux Egyptiens ces morceaux de granité d'une g;randeur prodigieufe , dont les Rois ont fait conftruire à l'envi de fuperbes monumens pour braver la mort & le temps , ou pour fauver leur être de l'oubli \ monumens qui , après la deftruétion de cette Monarchie , ont fervi & fervent encore à l'ornement & aux faftes des plus riches Capitales , tant de l'Europe que de l'Egypte même. Les fameux obélifques Egyptiens que l'on voit encore à Rome font d'un rouge violet 5 c'eft le granito rojjo des Italiens. La grandeur énorme de ces pierres , & la diverfité de nature que paroiirent avoir entr'elles les parties dont le granité eft compofé , a fait croire à quelques uns que ces pierres avoient été fondues, en un moç, qu'elles étoient l'ouvrage de l'art, &; non de la ia(î G R A nature : mais, -nous le répétons , roiu Vnn des Anciens, rinduftrie Egyp" tienne , r>e conlîftoit à cet égard qu'à ciieicher ces grolTes mafl'es de granité , ôc à détacher Se tirer des entrailles de la terre les morceaux très- grands , dont ils faifoient leurs colonnes ôc leurs obéiifques. On s'eft imaginé , fans fondement , qu'il n'y avoir que TEgypte qui pût fournir du granité. La plupart des îles de l'Archipel font couvertes d'un granité blanc ou griHâtre , pétri naturellement avec des morceaux de mica noirâtres ôc brillans. M. de Tournefort en a vu à Conftantinople , dont le fond eft ifabelle , piqué de taches couleur d'acier; Le granité violet orien- tal , qui eft marqué de rouge & de blanc , vient de l'île de Chypre \ celui cle Corfe , qu'on tire près de San-Bonifacio , eft rouge , mêlé de taches blanches j celui de Monte-Antico près de Sienne , eft vert & noir j celui de nie d'Elbe fur la côte de Tofcane , eft roulîâtre \ les Romains l'ai- moient &" en tiroient une grande quantité de cet endroit-là. Le granité Pfaronien eft ainfi nommé de fes taches qui imitent la couleur du fan- fonnet. Le granité de Saxe eft pourpre. On trouve en abondance dans l'île de Minorque du fuperbe granité rouge & blanc , marqueté de noir , de blanc &: de jaunâtre , dont on fait à Londres de très -beaux deftus de table. L'Angleterre , l'Irlande , &:c. poftedent deux fortes de granités , du noir &; blanc fort dur , & du granité rouge , blanc &: noir , d'une grande beauté. Enfin M. Guettard nous apprend dans les Mémoires de. l'Académie Royale des Sciences jy année 1752, que plufieurs Provinces du Royaume de France pourroient nous fournir des carrières immenfes de granité , & que quelques-unes en peuvent donner des morceaux qui ne le céderoient , ni en grandeur ni en dureté , à celui qu'on tiroit autrefois de V Egypte, Dans les voyages, pour l'Hiftoire Naturelle , que nous avons faits en France , avec la proteétion & l'aveu du GouvernemiCnt , nous avons examiné ces mêmes carrières de granité \ ôc dans la comparaifon que nous en avons faite à l'aide du cifeau , du briquet , ôc par les expé- riences chimiques , nous avons Jugé que celui des environs d'Agey , près la montaçrne de Sombernon en Bourgogne , étoit le plus beau granité du Royaume , ôc qu'il pouvoit par fa dureté , fa pefanteur , fa nature , contrebalancer à tous égards celui d'Egypte. Il fe trouve de même en maffes de roches d'une (^i-p.ndeur énorme. Ou trouve le même ordre dans les folFiles ôc les differens terrains de rE<7ypte , de l'Afie-^ de la France. 11 paroît qu'il y a , comme en France , une bande marncufe , qui ne produit que des pierres blanches à bâtir , G R A 117 enveloppées d'une bande fchifteufe , qui contient des marbres , des grar jiites , & toutes forces de productions métalliques , & qui enveloppe à fon tour une bande purement fablonneufe j telle eft la remarque de M. Guet tard. Dans plufieurs de nos Provinces on bâtit les maifons , èc on pave les chemins avec du granité , capable d'être employé aux ouvrages les plus recherchés. Il y a déjcà quelques années qu'on en fait des chambranles, des portes , des cheminées : toutes les colonnes qui pafiTent pour être de pierre fondue , font de granité de France. Nos granités les plus beaux , font ceux des environs d'Agey & du Mont-Daupliin , ceux des environs d'Alençon , de Limoges & de Nantes. Il s'en trouve d'alTez beaux près de la fource de la Dordogne. Il y en a aufli aux environs de Saint-Sever en baiTe Normandie , du côté de Granville j on le nomme dans le pays carrcéw de Saint-Sever ou du Gaji y parce qu'effedivement dans la forêt du Gaft y il s'en trouve qu'on fépare facilement en tablettes avec des coins de fer. Voici une anecdote qui mérite de trouver place ici. Au mois de Novembre 17(18 , on a découvert une énorme malTe de granité , &c ifolée, dans un vafte marais, près d'une baie que forme le golfe de Finlande. On l'a fait mefurer , & l'on a trouvé que fa hauteur , prife de la ligne horizontale , eft de vingt-un pieds , fur quarante-deux de longueur &; de largeur j on a ofé former le delfein hardi &: digne des anciens Romains , de faire rranfporter ce rocher jufqu'à St. Pétersbourg pour fervir de pié- deftal à la ftatue équeftre de Pierre le Grand , que Catherine II fait éri- ger en cette Ville à la gloire de ce Héros légiflateur. A l'infpedion de ce bloc, on fut frappé d'étonnement j on reconnut qu'un coup de foudre avoir fracalTé la pierre d'un côté j on abattit ce morceau endommage , & l'on crut diftinguer comme un afTemblage. de pierres fines. Mais on fait que le granité n'eft pas une pierre homogène , c'eft un compofé de quartz , de fpath fufible , de mica, liés enfemble par un ciment. Le quartz eft quelquefois criftalifé en pointe de diamant, & peut être de différentes couleurs ^ le fpath fufible eft quelquefois teint de rouge foncé , comme les grenats ', en jaune , comme la topafe j en violet, comme l'améthyfte ^ le mica a fouvent l'éclat de l'argent natif en feuilles ; & tous ces accidens naturels ont été pris pour autant de pierres précieufes par des perfonnes qui n'étoient pas Naturaliftes , ainfi que nous Tavons jugé d'après les échantillons qu'on nous en a remis : au refte ce granité eft très-beau , il eft de la nature de ceux qu'on appelle indejiruclibles. Mais cette indeftiudi», Ï28 G R A bilité ne peut pas être comparée à celle du porphyre. Lé granité étant une pierre formée par raggrégacion de matières de différentes natures , une telle malfe expofée à l'air libre pourra recevoir des altérations par le grand froid & le poids de la ftatue j heureufement que l'Artifte chargé de l'exé- cution de ce monument a imaginé de le laifTer en roc brut & efcarpé , afin de marquer à la poftérité d'où le grand Monarque étoit parti , & quels obftacles il avoit furmontés : cette idée aufli neuve que fublime, confer- vera la malTe en fon entier j elle ne pourra être altérée que par le pour- tour , &c la ftatue fixée au milieu de la fuperficie n'altérera pas fenfible- menc un tel bloc , dont le poids calculé géométriquement monte à trois millions deux cents mille livres. Le plus grand obélifque qu'on connoiffe, celui que Conftance , fils de Conftantin le Grand , fit tranfporter d'Alexan- drie à Rome , ne pefoit que neuf cents fept mille fept cenrs quatre-vingt- neuf livres j ce qui ne fait pas la troifieme partie du poids du rocher porté à Pétersbourg. Au relie le tranfport de l'élévation de ces monumens colof- 4aux effraient toujours l'imagination. GRAPPELLES. Foye^ Glaiteron. GRAPPE MARINE. Foyei Zoophyte & Raisin de mer. GRASSEITE. Foyei Orpin. GRASSET! E , pinguicula aut oleofa. Cette plante , curieufe &: utile à connoître, fe nomme aufiî herbe grajfeon huiUufe : elle croît fans cul- ture dans les prés & autres lieux humides &: marécageux , & fur les mon- tagnes arrofcesdes eaux qui proviennent de la fonte des neiges. Quoiqu'on la rencontre aux environs de Paris , elle aime mieux les pays froids. Elle eft vivace , &: fe multiplie de graines fans être cultivée j car on a de la peine à la faire venir dans les jardins. Sa racine confifte en quelques fibres blanches , afTez grolfes , eu égard à la petiteffe de la plante : elle pouffe fix à huit feuilles , couchées fur terre , oblongues , obtufes en leur extrémité , luifantes comme fi elles étoient frottées d'huile ou de beurre , unies , fans dentelures , & d'un vert pâle. 11 s'élève d'entr'elles des pédicules hauts comme la main, qui foutiennent chacun en fon fommet une fleur violette , ou blanche, ou purpurine, femblable à celle de la violette , mais d'une feule pièce coupée en deux lèvres , & terminée dans fon fond par un long éperon. A la Heur fuccede un fruit ou coque enveloppée d'un calice par le bas , laquelle s'ouvre eu deux quartiers , &: lailfe voir un bouton qui contient plufieurs femences menues ^ arrondies. La G R A li^ La grafTette efl: vulnéraire , & ficonfolidante , que fes feuilles , froiffées entre les doigts , 8>c appliquées fur les coupures Se autres plaies récentes, les guérilfent promptemenr. Le fuc ondueux &; adoucilTant qu'on en ex • prime , ferc d'un Uniment merveilleux pour les gerçures des mamelles des femmes , des vaches &c du pis des rhennes : on en fait en quelques pays un vin médicamenteux , ou un iirop qui purge afTez bien les férofités. Il y a des perfonnes qui jettent une poignée de fes feuilles dans un bouil- lon de veau j ce qui le rend laxatif ôc propre dans les conftipations. Mais le principal ufage de cette plante eft extérieur : fa racine pilée ôc cuite en cataplafme , foulage &-même guérit les douleurs fciatiques de les her- nies des enfans. Dans le Nord on fe fert de fes feuilles écrafées pour rendre les cheveux blonds. Les Payfannes , en Dannemarck , fe fervent du fuc gras de fes feuilles , au lieu de pommade : elles en frottent leurs cheveux , dont elles forment enfuite des boucles & des trelfes. Cette efpece de pommade donne de la condftance à leur frifure. M. Linmzus dit qu'il y a peu de Médecins qui connoilfent les vertus fingulieres de cette plante , &c fur tout du fuc graiifeux de fes feuilles : il ajoute que les Laponnes verfent par-deiTus ces feuilles fraîches le lait de leurs rhennes récemment trait oc encore tout chaud , après quoi elles le laifTent repofer pendant un jour ou deux pour qu'il s'aigrilTe. Cette opération lui fait acquérir plus de confiftance , fans que la férolîté s'en fépare , & le rend très-agréable au goîit , quoiqu'il ait moins de crème. Il fuffit de mettre une demi-cuillerée de ce lait caillé fur de nouveau lait , pour le faire cailler de même , & ainiî de fuite , fans que le dernier foit inférieur eu rien au premier : néanmoins fi on le garde trop long-temps, il fe con- vertit en férofité , que les Lapons appellent fyra. Les Anglois méridior naux appellent la graflette whytroot ^ ce qui fignifie tue-brebis j parce qu'elle fait mourir les moutons qui en mangent , faute d'autte nourri- ture. GRATECUL , efl: le fruit qui fuccede à l'églantine , c'efl:- à-dire , à la fleur de l'églantier. Voye^ au mot Rosier sauvage. . GRATERON. Nom donné au muguet des bois & au glouteron, dont les fruits s'accrochent aux habits des paflans : voye':^ Glaiteron & Mu- guet DES BOIS. Le véritable grateron eft: le Rieble, aparine vulgarïs. Cette plante qui vient communément dans les haies & quelquefois parmi les blés , a une racine menue , fibreufe. Ses tiges font carrées , rudes au Tome 11 L R i|0 G R A toucher , genouîllées , pliantes , grimpantes , branchues Se fort longues. Ses feuilles étroites , rudes ôc terminées par une petite épine , font au Jiombre de cinq , fix ou fept , difpofées en étoile , comme celles de la ga- rance autour de chaque nœud des tiges. Ses fleurs font petites , blanchâ- tres , en cloche , découpées en quatre parties , 8c portées fur de longs pé- dicules attachés aux nœuds de la tige. Aux fleurs fuccede un fruit dur ,, cartilagineux , noirâtre , contenant deux graines creufées en leur milieu , & qui , en fe durcifTant, prennent un poli vif. Dans ce pays-ci , les filles qui travaillent en dentelles , en font des têtes à leurs aiguilles. Cette plante eft apéritive & un peu fudorifique. La racine de grateron engraifTe la volaille , mais elle rougit ainfi que la garance les os des animaux, P^oye^ Garance. GRATIOLE , ou Herbe a pauvre homme, gratiola ^ eft une plante qui croît dans les prés &: dans les marais. Ses racines font blanches , noueufes , fibreufes & rampantes. Ses tiges font droites, également noueu- jfes &c longues de plus d'un pied. Ses feuilles nailFent deux à deux, op- pofées : elles font longues , étroites, crénelées en leurs bords , veinées ôc fort ameres. Ses fleurs nailTent des aiflelles des feuilles en Juin & Juillet : elles font feule à feule , attachées a des pédicules menus : elles ont la figure d'un dé à coudre j ordinairement elles font purpurines, quelque- fois blanches. Elles contiennent quatre étamines , dont deux font ftériles ou fans fommets, & un feul piftil. A chaque fleur fuccede une petite coque ovale , divifée en deux loges , qui contiennent des femences me- nues , roufsâtres , qui mùriflent en Août &; en Septembre. Toute cette plante eft fans odeur j mais elle a une grande amertume mêlée d'aftridion. On la place parmi les purgatifs hydragogues j en effet , elle purge fortement la pituite épaiffe : elle eft vermifuge Se utile contre les vieilles douleurs du coccyx & les fièvres invétérées : elle ne convient qu'aux perfonnes robuftes j car elle caufe fouvent à ceux qui font foibles des fuperpurgations. On prefcrit cette plante fraîche à la dofe de demi- poignée j ou étant feche Se mondée de fes tiges , à la dofe d'un gros après l'avoir fait macérer dans de l'eau bouillante ou dans du vin. L'infufion de cette plante purge davantage que fon fuc. Les payfans delaSuifl^e en font un grand ufage. On a obfervé que fi dans certains climats la gratiole fraî- che eft un émétique dangereux Se un purgatif puifTant, dans d'autres elle eft , étant féchée , fans vertu. Au refte , félon M. Bourgeois ^ on peut G R A lyi adoucir coniîdcrablement l'adioii de la gratiole en la faifant infufer pen- dant douze heures dans l'eau froide , &c radouciiîanc avec le miel, après avoir coulé l'infufion. GRAVFXLE. On donne ce nom au calcul & à la lie de vin qui a paffé à la preiTe. Voye^ Calcul & le mot Vigne. GRAVIER , faburra mixta. Nom qu'on donne vulgairement au gros fable , qui n'eft fouvent qu'un amas de petits cailloux & de petites^ pierres, c'eft-à-dire , de fuagmens de fpath dur^ de quartz, de petits éclats de filex & de paillettes talqueufes. La groffeur &; la proportion des parties de ce gravier font adez inégales. Les graviers fe trouvent dans l'anfe de certains rivages de la mer , fur le bord des rivières , & au pied des montagnes arrofces par des torrens , même dans quelques endroits de la campagne , où ils font répandus par couches qui varient infiniment pour l'étendue , la profondeur & la nature des pierres qui les compofenr. Mais en général , dans quelque endroit que le gravier fe trouve , il fem- ble toujours y avoir été apporté par les eaux , attendu que les pierres qu'on y remarque font toujours plus ou moins arrondies ; ce qui a du fe faire par le roulement. On fe fert du gravier le plus fin pour fabler les allées à^s jardins , les parterres ôc les bofquets : on choifit le plus gros pour donner du corps aux ciments que l'on emploie dans les grands chemins , pour les chauffées & pour la groiTe maçonnerie. Les Anglois ont un gravier dur d'une nature excellente , & qui furpalîe tous les autres en bonté ; on l'emploie aufli aux grands chemins , & on en fait des routes très- unies , & beaucoup plus commodes que le pavé pour les voitures : le gravier d'Angleterre le plus eftimé eft celui de Black- Heath j il eft entièrement compofé de petits cailloux parfaitement arron- dis. Louis XIV offrit à Charles 1 1 de lui fournir affez de grais taillé en cube pour paver la ville de Londres , à condition que ce Princelui don- nât en échange la quantité de gravier néceffaire pour fabler les jardins de Verfailles \ mais cet échange n'a pas eu lieu. GRAVISSANTE. On donne ce nom à la chenille qui fe nourrir de l'abfinthe verte qui croît fur les digues de la mer. Cette efpece de che- nille eft farouche , & rue de la partie poftérieure du corps pour peu qu'on ^y touche. Lorfqu'elle mange, elle s'enveloppe dans les feuilles , de façon qu'on a de la peine à l'appercevoir \ en defcendant , elle fe couvre adroi- tement la tète de la partie poftérieure de fon corps : elle ronge auiîi les R ij i|i G R A GRE branches d'abfiiithe qu'elle lailTe tomber à terre , & s'y envelojjpe pour attendre le temps de fa métamorpliofe. Il fort de fa chryfalide un pa- pillon 5 dont la bigarrure ôc les couleurs font admirables. GRAYE. Foyci Freux. GREBE, ou CoLiMBE, colymbus. Nom donné à un genre d'oifeaux aquatiques dont on diftingue plufieurs efpeces , & dont le caradere eft de ne point avoir de queue. Le ( ou la ) grèbe a près de deux pieds de lon- gueur depuis l'extrémité du bec jufqu'au bout des ongles j il eft plus gros que la foulque, fur-tout le grèbe vulgairedu lac Léman. La tète eft pe- tite , les ailes & les jambes très-courtes , le bec étroit , droit , aigu , èc long de deux pouces : les plumes du derrière de la tète font un peu plus longues que les autres , & forment une petite crête partagée en deux pointes j le plumage fupérieur de la tète , du dos 8c du defTous des ailes eft brunâtre : le plumage du cou & du ventre eft d'une couleur blanche , lui- fante & argentée. Les côtés de la poitrine &: du corps font tiquetés de teintes fauves : les pieds font grisâtres & ont chacun quatre doigts garnis d'ongles qui reflemblent à ceux de l'homme. Les doigts font bordés d'une membrane , mais qui ne les unit pas les uns aux autres. La poitrine & le ventre du grèbe font très - recherchés a caufe de la belle couleur blanche &; brillante des plumes & de leur finefle. On en fait des manchons , des garnitures de robes & d'autres parures de femmes: on trouve beaucoup de ces oifeaux fur le lac de Gqwqwq : c'eft même de cette ville qu'on tire le plus grand nombre des peaux de grèbe , & les plus belles j mais elles y deviennent toujours de pKis en plus rares: il en vient aufli de Suifte : il s'en trouve en Bretagne & quelquefois en d'au- tres provinces de France, mais elles ne font pas i\ eftimées j on les ap- pelle dans le commerce grèbes de pays. Il y a la grande & petite grèbe huppée y ( colymbiLS crïjiatus ) qui fréquentent les lacs , les Seuves & les bords de la mer. La grèbe corn e ou a capuchon de la grande & petite efpece , dont le cou & la tète font ornés de longues plumes noires & d'ua faifceau de plumes orangé près de chaque œil. Ces faifceaux font très- flexibles dans l'efpece appellée grèbe à oreilles ^ &c qui fréquente les en- droits empoilTonnés. La grèbe de l'île de Saint Thomas en Amérique n'eft pas plus grofte qu'une poulette j fes yeux font d'un gris roux envi- ronnés de blanc. On appelle caftagneux la grèbe de rivière j elle eft de la grofteur d'un petit poulet , le plimiage du dos eft ou brunâtre ou noL- GRE 13^ râtfe. L'on trouve auflî des grèbes de rivière en Amérique , notamment à la Caroline ôc à Saint Domingue. GRÊLE , grando. Efc une eau de pluie qui eft condenfée & criftallifée par le froid , en paflTant dans la moyenne région , avant de tomber fur la terre. La grêle eft en criftaux de différentes formes &: groffeurs : on en voit en petits grains , qui font également durs , de même nature que la glace ordinaire , & prefque toujours anguleux j d'autres font d'un côté demi-tranfparens j concaves ou à noyaux, & de l'autre part, farineux , comme fi c'étoit de la neige conglomérée j d'autres enfin font en grains ou arrondis , ou coniques & pyramidaux , ou en tablettes oblongues. Quelquefois on y trouve de petites pailles enfermées. Nous difons qu'on remarque dans les grains de grêle une affez grande variété , qu'ils diffé- rent par la groffeur, par la figure , par la couleur. Examinons plus parti- culièrement toutes ces différences» Il eft conftant que la groffeur de la grêle dépend beaucoup de celle des gouttes de pluie dont elle eft formée j &; tous les Naturaliftes ont ob- fervé que la grêle & la pluie qui tombent fur le haut des montagnes, font toujours plus petites , toutes chofes d'ailleurs égales , que celles qui tombent dans les vallées: ainfi la pluie peut être fort menue à une certaine hauteur de l'atmofphere &: devenir toujours plus grofle à mefure qu'elle tombe, parce que plufieurs petites gouttes s'uniffent en une feule : de même un grain de grêle déjà formé par un degré de froid confidérable , gelé toutes les parties d'eau qu'il touche dans ùx chute , ce qui augmente confidérablement fon volume & fon poids. C'eft par ces caufes , ou pat quelqu'autre femblablc qu'il arrive quelquefois que la grêle eft d'une groffeur prodigieufe : on en a vu dont les grains éroient auffi gros que des œufs de poule t<. d'oie : il y a quelques années qu'il tomba dans les envi- rons du Périgord des criftaux de grêle plus gros que le poing & qui pefoient plus d'une livre. h'HiJ?oire de l'Académie des Sciences parle d'une grêle femblable qui ravagea le Perche en 1705 j les moindres grains étoient comme des noix , les moyens comme des œufs de poule , d'autres étoienï comme le poing , & pefoient cinq quarterons. Tels éroient encore les grains qui tombèrent à Vienne le 7 Juin 1712,, pendant la proceffion du Saint Sacrement \ Se ceux du fameux orage qu'on a éprouvé à Grenoble eu 1770. F'oye^ à l'article Orage^ Nicephore Califte, HiJî.Eccl. Ub. c. ^6 ,pag.-joi , rapporte qu'après îa. prife de Rome par Alaric , il tomba dans plufieurs endroits des morceaus J$4 GRE de grêle qui pefoient huit livres. En 824 il tomba près d'Autun en Bour- gogne , parmi la grêle , un amas de glaçons long de feize pieds , large de fept & de répaiiïeur de deux. Le premier Mai 1713 , il y eut un violent orage autour de Londres, pendant lequel il tomba des morceaux de grêle de l'épaifleur de quatre pouces : celle qui tomba à Leicefter avoir cinq pouces 5 & tua plus de vingt perfonnes. A la fin d'Août 1 720 , il s'éleva près de Crème en Italie un orage, pendant lequel il tomba des morceaux de grêle qui pefoient fix livres. A Boulogne en Picardie , dans le fameux orage qu'on y eiïuya au mois d'Août 1722 , la plus petite grêle qui tomba accompagnée de la foudre , pefoit une livre , &c la plus forte huit : tous les habitans crurent que la ville alloit périr j plufieurs de ces grains étoient en aiguilles ou en fourchons. On eft porté à croire qu'il ne grêle que pendant le jour , cependant les grêles nodturnes du fameux orage de Baile &c de Zurich du icj Juin en 1449 > du 2 i Juin Se du 20 Août en 1574 dans la Valteline , du 14 Juillet i 597 à Rothembourg , du 1 1 Juillet 1689 à Vienne, ( les grains de grêle étoient fî gros, qu'ils écra- ferent hommes , beftiaux , blés , Sec. ) , du 4 Juillet 1719a Triefte , du 25 & du 29 Juillet fuivnnt à Nuremberg Se à Genève , du 19 & du 30 Septembre fuivant à Carrai , bourg fitué fur le bord du golfe de Nicomédie en Turquie , èc quantité d'autres , fourniflent des exemples trop frappans du contraire. La plupart des glaçons de ces grêles no6lurnes étoient gros comme àes œufs d'autruche. On trouva près de Cartinare trois énormes grêlons auili gros que les plus groiïes bombes , qui après être fondus en partie , pefoient encore chacun fix livres. Unechofe aflez confiante parmi toutes les variétés de la grêle , c'eft que les grains qui tombent dans le même orage , font tous à-peu-près de même figure. La tranfparence Se la couleur de la grêle ne font pas plus exemptes de variations que fa grolFeur 6c fa figure : la chute Se la vîtelTe de ce météore font accompagnées de plufieurs circonftances la plupart afiez connues : en cet inftant le temps eft communément très-fombre , Se lorfque la grêle eft un peu grofle , l'orage qui la donne eft excité d'ordinaire par un vent aftez impétueux , & qui continue de fouftler avec violence pendant qu'elle tombe : dans ce cas le vent n'a quelquefois aucune diredion bien déter- minée , Se il paroit fouftler indiftéremment de tous les points de l'horizon. Ce qu'on remarque aftez conftammenc , c'eft qu'avant la chute de la grêle il y a toujours du changement dans les vents. Quand il grêle > Se même GRE 155 avant que la grêle tombe , on entend fouvent un bruît dans l'air caufé pai le choc des grains que le vent poufTe les uns contre les autres avec impétuoficé. La grêle tombe feule ou mêlée avec la pluie, & dans le premier cas la pluie la précède ou la fuit. On a obfervé que quand la grêle eft un peu confidérable, elle ert: prefque toujours accompagnée de tonnerre ^ jamais le tonnerre ne gronde &: n'éclate avec plus de force que dans ces grêles extraordinaires dont nous avons parlé , dont les grains font d'une grolFeur fi prodigieufe j les éclairs , les foudres fe fuccedent fans inter- ruption j le ciel eft tout en feu ; l'obfcurité de l'air eft d'ailleurs effroyable. Quoique les orages qui donnent la grêle foient quelquefois précédés de chaleurs étouffantes , qn remarque néanmoins que pour l'ordinaire aux approches de l'orage , &c plus encore après qu'il a grêlé , l'air fe refroidit conhdérablement. La grêle eft plus fréquente à la fin du printems &c pen- dant Tété qu'en aucun autre temps de l'année. Communément la grêle ne conferve pas long-temps fa forme & fa fo- lidité : elle fe réfout en liqueur aufli-tôc qu'elle eft tombée fur la terre , dont la température eft bien oppofée à celle de l'atmofphere d'où elle nous parvient. Cela n'empêche pas que les ravages qu'elle produit fur la terre ne foient très-confidérables , & d'autant plus affreux ôc plus fu- neftes , qu'on ne fait comment les prévenir , ni comment les réparer , fur- tout lorfque l'orage eft impétueux. Lorfque les grains de grêle font un peu gros , ils mettent en pièces tout ce qu'ils rencontrent ; ils renverfent les moiffons , hachent jufqu'à la paille des blés , détruifent fans ref- fource les vendanges , brifent les branches , les feuilles & les fruits des arbres, caifent les vitres des habitations, tuent les oifeaux dans l'air, écra- fent ou terraffent les troupeaux qui fe trouvent dans la campagne ; les hommes même en font quelquefois blelTés mortellement. Au mois d'Août 17(38, il tomba dans le canton de Berne en Suiffe , fur vingt villages , une grêle dont les grains les plus communs étoient gros comme des œufs de pigeon , les moyens comme dQS œufs de poule , & les plus gros comme le poing & au-delà j il y en avoir qui pefoient dix-huit onces. Cette grêle ravagea non-feulement tout ce qui reftoit dans la campagne , & cafîa plus d'un million de tuiles fur les toits des maifons j en forte que les pau- vres habitans fe trouvèrent fans couvertures , & inondés par un délu^^e d'eau qui fuccéda à la grêle ^ leurs fourrages & leurs grains en furent con- iidérablement endommagés : elle tua en outre les vaches & les mourons qui fe trouvoient dans les campagnes. On a vu des grêles dont la qualité îjS GRE éroit tell-e , quelle détruifoit pour plufieurs années l'efpérance de la ré- colte. De-U vient que des économes intelligens arrachent les arbres trop maltraités de la grèle , & en plantent d'autres à la place. Heureufement que tous les pays ne font pas également fujets à la grêle : les nuages qui la donnent fe forment Se s'arrêtent par préférence , fi l'on peut s'exprimei: ainfi, fur certaines contrées; rarement ces nuages parviennent jufqu'au fommet de certaines montagnes fort élevées , mais les montagnes les ïompent & les attirent ou les renvoient fur les vallons voifuis. L'expofi- tion à de certains vents , les bois , les étangs , les rivières qui fe trouvent dans un pays doivent être confidérés. Indépendamment des variétés qui naiflent de la fituation des lieux j il en eft d'autres d'un autre genre , dont nous fommes tous les jours les témoins ; de deux champs voifms expofés au même orage , l'un , dit M. de Ratte j fera ravagé par la grêle, Tautre fera épargné : c'eft que toutes les nues dont la réunion forme l'o- rage fur une certaine étendue de pays , ne donnent pas de la grêle y il grêlera fortement ici , & à quatre pas on n'aura que de la pluie. Tout ceci, dit cet Obfcrvateur , eft alTez connu. Nous avons vu aflTez fouvent en Suifle la erêlefe former au-dcfiTus d'un vallon à une hauteur fort inférieure à celle des montagnes voiiines, qui jouifîoient pendant ce temps-là d'une douce température. Au refte ce n'eft pas dans les feuls écrits des Physi- ciens qu'il faut chercher des détails fur ces fortes de phénomènes j les Hiftoriens dans tous les temps ont pris foin de nous en tranfmettre le fouvenir. Aujourd'hui , lorfqu'une de ces grêles extraordinaires défoie quelque contrée , les nouvelles publiques ne manquent guère d'en faire mention, /'oy^:^ la DifTertation fur la nature & la formation de la grêle, par M. Moncicler ^ qui a remporté le prix de l'Académie de Bordeaux en 1754. GRÉMIL ou Herbe aux Perles , l'uho-fpermum aut mïlïum fol'is. Plante de la famille des borraginées , & qui vient d'elle-même en cer- tains pays aux lieux incultes , & qu'on cultive aufli dans quelques en- droits , à caufe de fa femence qui eft d'ufage en Médecine. Sa racine eft à-peu-près grofTe comme le pouce , ligneufe &: fîbreufe : elle pouŒe plufieurs tiges à la hauteur d'un pied , droites , cylindriques , rudes 6cbranchues. Ses feuilles font nombreufes Se alternes , longues, étroites , pointues , fans queue , velues , d'un goût herbeux , d'un vert plus ou moins foncé. Ses fleurs font portées fur des pédicules courts , qui naiHent aux fommets des tiges & des rameaux , dans l'aiflelle des feuilles : elles GRE 137 elles font petites , blanches , monopétales , en forme d'entonnoir ou éva- fées en haut, découpées en cinq parties, renfermant cinq étamines'& im piftil , ôc contenues dans un calice oblong 6c velu , qui eft aufîi fendu en cinq quartiers. 11 fuccede à ces fleurs des femences dures , ordinaire- ment au nombre de quatre, arrondies , polies , luifantes , de la forme ôc de la couleur des perles. Cette graine a un goût de farine , vifqueux 8c un peu aflringent. Nchc- mie Grew dit qu'elle fait effervefcence avec les acides : elle paflTe pour un- grand diurétique &c un anodin très-doux : elle défend les reins 8c la vef- fie de l'acreté des urines. Prife en émulfion : elle chalfe le gravier, arrête la gonorrhée, facilite l'accouchement : elle eft également bonne pour la colique venteufe 8c la néphrétique. On fubftitue fouvent à la graine de V herbe aux perles f celle dngremll rampant i ou celle de la larme de Job Voyez ces mors. GREMIL RAMPANT , lïtho-fpermum m'imis repens. Sa racine eft tor- tueufe 8c noire. Ses tiges font grêles , couchées à terre 8c noirâtres , ainfi que ie% feuilles. Ses fleurs font bleues , 8c fes graines reflemblent à celles de Torobe. Cette efpece de grémil a les mêmes vertus que la précé- dente. GRENADE 8c GRENADIER , malus punie a. Il y a plufleurs efpeces de grenadiers , différens par leurs fleurs 8c par la faveur de leurs fruits. On les diftingue en cultivés ou domeftiques , 8c en fauvages. Le grenadier qui donne la grenade , eft cultivé; c'eft un petit arbre dont les branches font menues, anguleufes, revêtues d'une écorce rougeâtre ; ies rameaux font armés d'épines roides \ fes feuilles font placées fans ordre , ayant quelque reiïemblance à celles de l'olivier ou du grand myrte : elles font d'une odeur forte 8c défagréable , lorfqu'on les froifle entre les doigts. Les fleurs font de couleur écarlate , difpofées en rofe â cinq pétales , conte- nues dans un calice qui repréfente une efpece de petit panier à fleurs j ce calice eft oblong , dur , purpurin , large par en haut , &: a , en quelque manière, la figure d'une cloche : on l'appelle cytinus. Aux fleurs fucce- dent des fruits à-peu-prcs de la grolTeur des pommes , garnis d'une cou- ronne , un peu applatis des deux côtés. L'écorce de ces fruits eft de cou- leur rouge en dehors : elle eft ridée , épaifte comme du cuir , dure 8c caftante. Le fruit eft jaune intérieurement : il a une faveur acide , ou douce ou vjaieufe , fuivant l'efpece de grenadier : il contient un grand Tome ///, S ->3S GRE nombre de grains , aflez femblables à ceux du raifin , dans lefquels eft une amande amere & un peu aflringente. Les grenadiers croifTenc naturellement dans les terrains fecs & chauds de l'Efpagne, de l'Italie, de la Provence ôc du Languedoc. Pour les éle- ver dans les climats froids de la France , il faut les mettre dans des caif- £qs , Se les porter dans des ferres chaudes en hiver , ou les planter contre les efpiliers , & les couvrir de paillaflons pendant la faifon rigoureufe. Il eft edentiel de tailler les grenadiers j le fecret confifte à rogner ou à re- trancher les branches qui nailTent mal placées ; on conferve celles qui font courtes 8>c bien nourries , Se on raccourcit les branches dégarnies , afin de rendre le grenadier plus touffu : c'eft ce qui en fait la beauté. On a foin de les pincer après leur première pouffe de l'année , quand on voit qu'il y a quelques branches qui s'échappent. Sur cela confultez les excellens préceptes de Miller. Les pépins, ôcfur tout l'écorce des grenades, font très-aflringens. On donne, dans les boutiques , à l'écorce le nom de malïcorïum ^ comme qui diroit cuir de pomme : on peut en faire ufage comme de l'écorce de chêne , pour préparer les cuirs : elle change en noir la folution du vitriol martial qui eft verte , Se eft propre par conféquent à faire de l'encre , ainfî que la noix de galle. Le fuc de grenade eft excellent pour précipiter la bile , pour appaifer l'ardeur de la foif dans les fièvres continues : dans le Languedoc on en fait un iirop , ou une efpece de limonade , en y mêlant du fucre , qu'on eftime cordial & aftringent Se qu'on boit avec plaifir ^ on fait plutôt ufage en Médecine des grenades aigres, que de celles qui font douces. La gre- nade aigre contient un acide agréable , qui excite l'appétit Se nettoie la bouche. On voit dans les jardins , des grenadiers à fleurs doubles en caiffe , que l'on regarde comme fauvages ; ils font l'ornement des jardins, par la quantité & l'éclat de leurs fleurs qui durent long-temps , & qu'on emploie fréquemment en Médecine pour la dyffenterie , pour la diarrhée, en un mot comme incrafllmtes, & un peu moins aftringentes que l'écorce» Les Apothicaires & les Droguiftes vendent ces fleiurs doubles de grena- dier , fous le nom de Balaustes, balaujlïa .-ils les font venir du Levant Ces arbres en caiffe ne donnent tant de fleurs , que parceque leurs ra- cines font refferrées j en pleine terre ils ne poufleroient que du bois. M. Duhamel défireroit que l'on multiplia: davantage , dans les Pro- GRE 159 vinces Méritlionaîes , une eTpece de grenadier nain d'Amérique , afia que l'on put enter defTus de grolTes grenades douces j ce feroit, dit il, un ornement pour les orangeries : d'ailleurs comme ces arbres feroient moins grands que les autres , leur fruit pourroit mûrir dans les ferres. GRENADIER. Nom donné au cardinal du Cap de Bonne-Efpérance , quin'eft qu'une forte de moineau. Voyez ce mot. GRENADILLE ou FLEUR DE LA PASSION , granadiUa ^ eft le pafflflora de Limidus. C'efl une belle plante étrangère qui croît en la Nou- velle-Efpagne , dans la vallée appellée Zi/e; elle eft nommée grenadil/e ^ de ce que l'intérieur de fon fruit relTemble un peu à celui de la grenade ; ôcjieurde la PaJJïon , parcequ'on prétend que le dedans de fa fleur repré- fente une partie des inftrumens de la pafîîon de Jefus-Chrift. On en con- noît plus de vingt efpeces , dont on va décrire la principale. Les racines de cette plante font rampantes , nouées , fibreufes , faciles à rompre , de couleur grisâtre , & d'un goût douceâtre : elle pou(ïe des farmens longs , grêles, rampans , d'un vert rougeâtre , jetant des tenons ou mains qui lui fervent pour s'attacher aux muraiHes ou aux arbres voifins , comme le lierre. Ses feuilles font lifles , nerveufes , dentelées en leurs bords , d'une belle couleur verte , un peu femblable à celle du houblon , rangées ?dter-- nativement ; d'une odeur d'herbe & d'un goût un peu acre, ayant vers la queue deux petits appendices ou oreilles fort vertes. Ses fleurs fortent pen- dant tout l'été des aiflelles des feuilles : elles font grandes , à plufieurs feuilles j difpofées en rofe , blanches , foutenues par un calice divifé eu cinq parties : du milieu de cette fleur s'élève un piftil garni de cinq éta- mines , &c qui foutient un jeune fruit furmonté de trois petits corps qui font les ftyles , & qui repréfentent en quelque maniete des clous. Entre les feuilles ôc le piftil , eft placée une couronne frangée : le fruit en croifl^ant devient charnu , ovale , prefque aufli gros qu'une grenade , & de même couleur quand il eft dans fa parfaite maturité , mais ne portant point de couronne: il eft empreint d'une couleur aigrelette , ôc renferme plufieurs femences ovales , platces , chagrinées & noires. Les Indiens, lesBrafiliens & les Efpagnols de lAmérique ouvrent ces fruits , comme on ouvre des œufs , & ils en hument le fuc vifqueux avec délices : ils appellent ce fruit en langue du pays murucuja ou maracoc. Cette efpece de grenadille fe trouve aufli en plufieurs lieux de S Do- mingue , ôc diftere des autres gtenadilles , principalement en ce que le Ï40 GRE neclarium au lieu d'être plat & frangé , a la forme d'un tube fimple 5^ droit. Les Jardiniers-FIeuiiftes s'occupent à cultiver pour la fleur un grand nombre d'efpeces de grenadilles j Mil/er ait que Ton en connoît aujour- d'hui treize efpeces en Angleterre. Le P. Feuïllée a aufîi décrit quelques efpeces de grenadilles de la vallée de Lima , & entr'autres celle qu'il fur- nomme pomifere. Ces plantes peuvent s'élever en efpalier à l'expofition du midi, Grenadille de Marqueterie. C'eft une forte à'ébem rouge. Voyez Ebene. • GRENA-DIN , granatlnus j très-petit oifeau du genre du moineau , & qui fréquente les rivages ou côtes de l'Afrique & du BLélîl, Son plumage eft charmant à voir , il eft d'un beau maron ou brun châtain à la partie Su- périeure de la tête , au cou , à la poitrine \ fa queue eft d'un très - beau bleu : on voit fur fa tête quelques petites plumes de la même couleur , ii a la gorge , le bas ventre , les jambes noires , les joues d'un fort beau violet , & le bec d\m rouge de corail. GRENAT , granatus gemma , eft une pierre précieufe , d'un rouge de gros vin , & affez tranfparente : on en diftingue de plusieurs efpeces de de différentes beautés par l'intenfité des couleurs , par la régularité de la forme & par d'autres propriétés. Il y en a d'un rouge foncé ou obfcur ; d'autres font jaunâtres , violets & d'un brun foncé , tirant fur le fang de bœuf: ce caractère joint à la dureté & au volume, intéreiTe beaucoup les Joailliers. Nous poiïédons un grenat de la groffeur d'une petite pomme d*api, & nous en avons vu un en Hollande dont le volume égaloit celui d'une grofle orange de Malthe. Les deux qu'on voit dans le cabinet de Chantilly , font dodécaèdres 5<: de lagrofteur d'un œuf de poule : l'un a été donné par le Roi de Danemark , &: l'autre par le Roi de Suéde. Le grenat n'afte6te point de figure déterminée : on en trouve de rhomboï- daux, d'odaédres , de dodécaèdres, d'autres à vingt-quatre côtés : ces cara6teres joints à la nature des gangues qui leur fervent de matrices, font les marques auxquelles les Naturaliftes s'attachent par préférence. Il y a des grenats qui contiennent des particules d'or , d'autres des parties d'étain , quelquefois du plomb , les autres enfin du fer : ceux-ci font les plus ordinaires \ mais tous participent peut-être de Vétain & toujours du fer» Voyez ces mots. M. Geoffroy dit que le grenat ne fedécompofe poirxt GRE 541 dans le feu ordinaire , qu'il fe fond au feu du miroir ardent en une maflTe vitreufe &c métallique , qui contient un fer attirable à l'aimant , de qu'il ne perd point pour cela fa couleur. Si cela étoit , il feroit facile de faire un très beau grenat , à la dureté près, en fondant enfemble une certaine quantité de petits grenats-, mais l'expérience ne réufïit pas. Ce troifieme caradere efl: du reffort du Chimifte. Le o-renat n'a ni la tranfparence ni l'éclat brillant des autres pierreries , à moins qu'on ne l'expofe à une lumière vive : de plus il eft fujet j dit-on , à s'obfcurcir avec le temps Se par l'ufage. Sa dureté répond à fa beauté , & tient le fixieme ou le huitième rang dans les pierres précieufes , à compter depuis le diamant. La lime a un peu de prife fur cette pierre j, qu'on taille ordinairement en goutte de fuif chevée endelTous. Dans le commerce on diftingue les grenats en deux efpeces principales ^ à raifon de leur beauté , de leur éclat & de leur dureté : on les divife en grenat oriental Se engrenât occidental. Le grenat oriental, le plus beau en couleur, eft d'un rouge refplendiffant tirant fur le noir pourpre ou b violet , &c tient le milieu entre l'amétliyfte & le rubis : le plus haut & le plus riche en couleur fe nomme verwa/Ze : ceUlQrubinl di rocc^z des Italiens j il nous vient de Syrie : ceux du même pays , & qui font d'une beauté inférieure , font nommés grenats Syriens. On en apporte auffi des Royaumes de Calecut , de Cananor , de Cambaye & d'Ethiopie j on les trouve ordi- nairement détachés & répandus dans la terre de certaines montagnes 6c dans le fable de quelques rivières j mais on ne peut jouir de l'éclat ou du jeu de cette pierre qu'au grand jour j car elle paroît prefque noire à la lumière d'une bougie. Le grenat occidental a beaucoup moins d'éclat : fa couleur tire fur celle de l'hyacinthe : tel eft le grenat de Sorane ou de Soraw : on les apporte de Galice en Efpagne , de Pyrna en Siléiie , de Hongrie , de Bohême près de Prague , de St. Saphorin au Canton de Berne : on les trouve ordinairement dans des ardoifes , dans toutes les pierres feuille- tées & talqueufes , même dans la pierre à chaux , dans le grais & dans les pierres de roches j quelquefois on les rencontre détachés & ifolés , & alors ils font plus durs. Il y a aufli de riches mines de grenats dans le Brifgaw & près de l'Airol dans le pays d'Ourner en Suifte. Ils font dodé- cagones ôc de la groiTeur d'une noifette j leur matrice eft fchifteufe, . On connoît encore les grenats de Zœblitz:, qui ont pour matrice la pierre appellée fcrpentwx. Us fe trouvent dans une carrière qui eft dans la même i4i GRE montagne d'où l'on tire la ferpentine. Siii: la fuperficie de la même mon- tagne fe trouvent des grenats verdâtres dodécaèdres aiiflî dans leur ma- trice , & on les nomme dans le pays grenats impurs ou non mûrs. On. voit à Fribourg en Brifgaw les moulins & machines où on les polit , &C les ouvriers qui les percent pour en faire des colliers. A l'égard des grenats d'or , ils font noirâtres : on les trouve ifolés à la furface de la terre &: dans la première couche , enveloppés dans du fable & de la glaife : les rivières & les ruilTeaux découvrent ces grains j ils con- tiennent peu d'or. Voye-^ l'article Or. Quelques Auteurs confeillent l'ufage du grenat en poudre depuis dix grains jufqu'à quarante-huit grains pour arrêter le cours de ventre j mais il y a lieu de penfer que l'ufage intérieur de ce verre dur & naturel eft fans efficacité. Le grenat eft quelquefois un des cinq fragment précieux. Voyez ce mot. GRENOUILLE , rana, C'eft un animal qui eft aufli connu que le crapaud : il eft en partie terreftre &: en partie aquatique. Il a quatre pieds, refpire par les poumons , n'a qu'un ventricule dans le cœur , &: eft ovi- pare. 11 y a des différences notables entre la grenouille & le crapaud : celui- ci a le tronc prefque également ample j les grenouilles ont le bas ventre bien fait & délié , la tète tout près de la partie antérieure du corps ou de la poitrine , des cuiftes menues \ leur tête eft plus alongée que celle des crapauds. La grenouille, comme les chiens, fe tient accroupie fur fes pattes de derrière , & le crapaud rampe communément à terre. Les grenouilles font très- vives, leur dos devient arqué &; même anguleux fi on les touche ou qu'on les prenne par les pattes de derrière \ les crapauds au contraire font engourdis. Au refte les pieds de devant des uns & des autres font garnis de quatre doigts , ceux de derrière en ont cinq. On diftingue plufieurs efpeces de grenouilles , dont les différences fe peuvent prendre des variétés qui fe trouvent aux parties de leur corps. Les pieds font fouvent d'une ftruifture différente , car les uns font garnis de plus ou moins de doigts , les autres ont des ongles , d'autres n'en ont point , àc enfin d autres ont les pieds palmés. De plus , quelques gre-r nouilles ont le tronc du corps long &: menu \ d'autres l'ont convexe 6c rond j d'autres font couvertes d'une peau unie èc fans taches j d'autres l'ont charsée de verrues ou de frioffeurs. Les grenouilles les plus ordinaires font , la grenouille brune terrejlre ^ GRE 145 la grenouille d'arhre y nommée raine ou grenouille verte j ^ la grenouille aquatique 3 qui eft la grenouille vajle ou commune. La Grenouille aquatique , eft une fpece d'amphibie , très-vivace , mais plus aquatique que teri-eftre : fon corps eft long de deux pouces & demi , & large d'un pouce \ il eft couvert d'un peau lifte , dure , verte en delfiis , tachetée de points plombés , &: jaunâtre fur un fond blan- châtre en deftbus \ ion dos eft applati j fon ventre ample & comme gonflé \ fa tête eft groft^e , mais un peu applatie j fes yeux font grands &: faillans , avec une membrane clignotante j la bouche eft grande & très- fendue \ la mâchoire fupérieure de cette grenouille eft armée d'une ran- gée de petites dents , outre deux grandes dents fttuées aux deux côtés du palais j la langue eft longue , fortement adhérente au bout de la mâ- choire inférieure , & libre vers le fond du gofier , comme dans les poif- fons \ par ce moyen la langue lui fert à enfoncer les alimensdans le fond du gofter. Cet animal a peu de cervelle dans le crâne \ il a quatre pieds , dont ceux de devant font plus courts , terminés chacun par une efpece de main à quatre petits doigts détachés \ ceux de derrière font plus gros , & fournis de cinq & même fîx doigts jaunâtres & palmés j le pouce eft plus long que les autres doigts. Cette grenouille n'eft point dange- reufe. La Grenouille verte aquatique vit ordinairement dans l'eau des rivières , des lacs ou des étangs : cependant elle fort auflî au bord quand il fait un beau foleil j mais fi-tôt qu'elle entend quelque bruit , ou qu'elle apperçoit quelqu'un, elle fe plonge aulli-tôt dans l'eau. Quand les mâles croaffent, ils fontfortir des deux coins de la bouche deux vef- £es blanches 6c rondes , qui manquent aux femelles ; ce qui fait qu'au lieu de croaffer , elles ne font que grogner en enflant la gorge. Cette efpece de grenouille furpalfe toutes les autres en grolleur , excepté une efpece particulière à l'île de Cuba. La grenouille verte croît pendant dix ans j & peut vivre jufqu'à feize : elle s'accouple en Juin : c'eft la meil- leiu'e efpece à manger. Elle eft très-vorace : elle ne fe nourrit pas feule- ment d'mfeâ:es & de toutes fortes de lézards aquatiques , elle fe jette aufli fur les jeunes fouris & fur les petits oifeaux, fouventfur les canards nouvellement éclos. Au temps de leurs amours , les mâles croaflent for- tement. Le frai des femelles tombe au fond de l'eau fans y remonter. C'eft l'efpece de grenouille la plus féconde en œufs, j les fortes de vers 144 GRE qui en proviennent , ont befoin de cinq mois pour arriver à la forme de grenouille parfaite. La Grenouille d'arbPvE ou Raine, rana arborea y eft la plus petite de toutes les grenouilles , quelqu'âge qu'elle ait. La partie fupérieure de fon corps eft d'un fort beau vert, & l'inférieure blanchâtre 9 à l'exception des pieds dans les deux (qxqs , 6c de la gorge du mâle. Les raines ^ qu'on nomme auiîî Grenouilles de Saint-Martïn ou Graissets , fe diftinguent encore des autres grenouilles , en ce que les quatre doigts des pieds de devant , auffi bien que les cinq de derrière , cnt à leur extrémité un petit bouton de chair : elles ne nagent que peu ou point. Elles ne font pas plus venimeufes que les autres efpeces de gre- nouilles. Elles vivent ordinairement en été fur les arbres , où elles fe mettent en embufcade pour faifir les mouches c attachées aux parois de leur calice , qui eft découpé en cinq parties, & auquel font attachées les étamines au nombre de cinq. Il leur fuGcede des fruits ou baies rondes ou ovales , féparées , molles, pleines de fuc , de la groftèur d'un grain de raifin , rayées depuis le pédi- cule jufqu'au nombril , en manière de méridiens j vertes d'abord & acides au goût -, jaunâtres étant mûres , d'une faveur douce de vineufe , remplies de plufieurs petites graines blanchâtres. L'epece G R O \6f L'efpece de grofeillîer cultivé ne diffère du précédent qu'en ce qu'il eft moins épineux, Se que fes feuilles S>c [qs baies deviennent plus grandes & plus aromatiques. Ce font ces fortes de baies qu'on appelle grofeilles blanches ou grofdllcs douces y étant vertes , on en fait ufage dans les ragoûts au lieu de verjus : c'eft alors qu'on les nomme grofeillcs à maquereau. Elles font rafraîchif- fantes & aftringentes, excitent l'appétit , &: font ordinairement agréables aux femmes enceintes , lorfqu'elles ont du dégoût pour les alimens : elles guériiïent les naufées Se arrêtent les flux de ventre , même les hémorra- gies j cuites dans le bouillon , elles font utiles aux fébricitans. L'on mange celles qui font mûres au fortir de l'arbriiïeau j mais elles fe corrompent facilement dans l'eftomac. Leur fuc devient un peu vineux par la fermen- tation. Il s'en confomme une grande quantité en Hollande Se en Angle- terre , où l'on en cultive une quantité confidérable. Ray dit que les Anglois font du vin de ces fruits mûrs , en les mettant dans un tonneau , &r en jettant de l'eau bouillante par-defllis : ils bouchent bien le tonneau , & le laiflenc dans un lieu tempéré pendant trois ou quatre femaines , jufqu'à ce que la liqueur loit imprégnée du fuc fpiri- tueux de ces fruits, qui reftent alors infipides. Enfuite on verfe cette li- queur dans des bouteilles, & on y met du fucre : on les bouche bien , Se on les laifle jufqu'à ce que la liqueur fe foit mêlée intimem.enr avec le fucre par la fermentation , Se foit changée en une liqueur pénétrante , agréable Se femblable à du vin. Le Groseillier a grappes : on en diftin^ue deux efoeces. 1**. Le Groseillier rouge, rïbes ruber ^ eft un arbriffeau non épi- neux , qui croît dans les forêts à^s Alpes Se des Pyrénées j mais qu'on cultive communément dans les jardins Se les vergers. Ses racines font branchues , fîbreufes Se aftringentes: fes tiges ou rameaux foi\t nombreux , durs , rortus \ cependant flexibles Se hauts de cinq pieds ou environ , cou- verts d'une écorce brune- Le bois en eft vert. Se renferme beaucoup de moelle : fes feuilles font prefque rondes, vertes & dentelées : fes fleurs font difpofées en petites grappes , dont les pédicules fortent des aiflelles des feuilles. Chacune de ces fleurs eft compofée de plufieurs feuilles , difpofées en rofe Se attachées aux parois du calice. 11 leur fuccede de» baies grofles comme celles' du genièvre , vertes d'abord , rouges étant mûres , fphériques , Se remplies d'un fuc acide fort agréable au goût Se à l'odorat. Se de plufleurs petites femences. Ces baies font les grofeilles Tome I IL Y i;o G R O rouges. Le grofeillier rouge tranfplanté veut une terre grafTe bien fumée : on le met en bordure. 2°. L'autre efpece de grofeillier à grappes porte des baies blanches , mais la plupart des Botaniftes le regardent plutôt comme une variété du précédent , que comme une véritable efpece. Ces baies font appellées petites grofellles blanches : elles ne font pas fi communes que les rouges ; mais elles ont le même goût & la même vertu : elles font même plus efti- mées , &; les grappes en font plus grofTes. La grofeille blanche & perlée , dite de Hollande j demande une terre forte & humide : on la plante de diftance en diftance , 6c on ne taille que fort peu ces builTons les deux premières années j mais les fuivantes , on les taille affez court. En gé- néral les grofeilliers fe multiplient de rejetons enracinés , ou de boutures coupées fur du vieux bois. C'eft en Hollande que l'on entend le mieux la culruie & la taille des grofeilliers à grappes. Au refte tous les grofeilliers quittent leur écorce extérieure. On mange les baies blanches ôc rouges des grofeilliers, encore atta- chées à leurs grappes 8c fans aucune préparation , ou bien on les fépare àQS grappes, &c on y ajoute un peu de fucre. Les enfans, &c fur tout les j-eunes filles qui ont les pâles couleurs, même les femmes qui fout atta- quées du pica &c du malacia y ainfi que les fébricitans , les recherchent avec avidité , à caufe de leur faveur acide , vineufe 6c agréable au goût. On confit avec le fucre ces grappes toutes entières , de même que les ee- rifes. On prépare aufli avec ou fans feu une gelée de grofeilles , qui efc très-belle , tremblante & très-agréable au goût , en mettant le fuc de gtofeilles avec du fucre jufqu'à une confiftance convenable. C'eft une confiture que l'on fert non-feulement au deftert , mais qu'on réferve en- core pour foulager les malades , &: fur-tout ceux qui ont la fièvre. Elle convient très - bien dans les convalefcences Aqs maladies aiguës \ elle fournit un aliment léger , tempérant & véritablement rafraichilTant. Dans les boutiques on prépare un firop avec ce même fuc , ou un rob ou ré- finé , en le faifant épaiflir jufqu'à confiftance de miel. Ce fuc étendu dans trois ou quatre patties d'eau & édulcoré avec fuffifante quantité de fucre, eft connu fous le nom à' eau de grofeille. Le goût agréable de cette boilTon l'a fait pafter de la boutique de l'Apothicaire à celle du Limonadier, 6c cette boiftbn eft exadement analogue à la limonade. Tout le monde convient de la bonté des grofeilles rouges pour tem^ pcrer le bouillonnement intérieur du fang , 6c réprimer les mouvemens G R O 171 de la bile : elles font modérément aftringentes , fortifient Teftomac , ôtent le dégoût Se adoucifTent le mal de gorge. Elles conviennent dans les vc- mifleniens , les diarrhées & les hémorragies , dans les fièvres malignes & les maladies contagieufes : cependant l'ufage en devient nuifible , fi l'on en prend trop oc mal-à-propos j car l'ufage continu des acides nuit a l'eftomac , excite la toux , eR pernicieux pour la poitrine , 6c fur - tout lorfqu'on craint l'inflammation des vifceres du bas-ventre. Il y a encore d'autres efpeces de grofeilliers , tel que le caffis ou cûjjler des Poitevins j a.ntïemenz g rofei/iier noir. Voyez Cassis. Le grofeiilier des Antilles , dont les Créoles mangent le fruit, eft le folanum fcandens aculeatum ^ hyo/ciami folio y flore intus alho Jextiis purpureo. Plum. &lBarr, GROS-VENTRE. C'eft le nom qu'on donne à plufieurs poiiTons ronds ou orbis j que l'on trouve dans l'Ile de Cayenne , & dont l'ufage eR: afTez dangereux : ils font mcme regardés par bien des gens comme des poifons. Le gros-ventre eft orné de taches ou rubans de couleur brune & jaune. GROS-YEUX. C'eft un poiftbn fort abondant en l'Ile de Cayenne , ^ que les habitans êiQ cq pays nomment houttai. Ses yeux font faillans en dehors de plus d'un demi-pouce : il fe tient fur le rivage de la mer , &: fe laifle aller au gré des vagues. On tue ce poifTon à coups de flèche ou à coups de fufil. M. Barrere croit que ce poiiTon eft vivipare : il eft fort ton à manger , fur-tout étant frit. GROTTE 5 fpeluncj. On nomme ainfi les cavernes , les creux ou les efpaces vides , fort ventrus , qui fe rencontrent dans le fein de la terre , te fur-tout dans l'intérieur des montagnes. On attribue la formadon àts grottes à divers bouleverfemens caufés par des révolutions particulières » telles que celles qu'ont pu caufer les feux fouterrains , ou les eaux qui, en pénétrant au travers des montagnes & des rochers , ont détaché & en- traîné la terre & le fable qui leur préfentoient le moins de réfiftance, 5c ont ainfi donné lieu à des cavernes. On ccnnoit en divers endroits des cavernes & à.QS grottes qui préfentent des fingularités propres à piquer la curiofité. F'oye-^ Caverne. La grotte d'Arcy en Bourgogne , dans l'Auxerrois , eft remarquable par fes falles qui fe fuccedent les unes aux autres, & dans lefquelles on ob- ferve difrérens jeux de la Nature. L'entrée de cette grotte eft fi bafie , qu'on ne peut y palkr que courbé : depuis quelques années on l'a fer- mée , èc le Seigneur en gards la clef. Lorfqu'on a pafte une première falle 3 on entre dans une autre très-vafte , dont le loi eft rempli de pierres 1-]% è R o entaflees confufément : on y voit un lac , dont le diamètre peut avoir cent vingt pieds j l'eau en efl claire & bonne à boire. On entre enfuite dans une troifieme falle , qui eft très - remarquable par Tes trois voûtes portées l'une fur l'autre, la plus haute étant fupportée par les deux plus bafTes. Il y a plusieurs falles dans lefquelles on voit des ftaladites & des pyramides , qu'on croiroit être de marbre blanc. Dans une autre on voit une efpece de ligure humaine grande comme nature , qui de loin paroît être une Vierge tenant entre i^s bras l'Enfant Jefus \ d'un autre côté , une efpece de forterelTe avec des tours. L'art eft peut-être venu là un peu à l'aide de la Nature , ou l'imagination y voit les objets plus diftinds qu'ils ne le font réellement : le cheval & les autres objets que l'on voit dans la fameufe grotte de Bauman , dans le Duché de Brunfwick , font peut-être dans le même cas. La concavité du dôme d'une autre falie paroît être à fond d'or , avec de grandes fleurs noires \ mais lorfqu'on y touche , on efface la beauté de l'ouvrage , car ce n'eft que de l'humidité. On voit au milieu de cette voûte une quantité de chauves-fouris , dont quelques-; unes fe détachent pour venir voltiger autour des flambeaux. 11 eft digne de remarque que dans cette grotte l'air eft extrêmem.ent tempéré j celui qu'on y refpire dans les oîus grandes chaleurs , eft auffi. doux que l'air d'une chambre , quoiqu'il n'y ait point d'autre ouverture que la porte par laquelle on entre j ce qui eft contraire à ce qui arrive or- dinairement dans les lieux fouterrains , fur-tout lorfqu'ils ont très-peu de communication avec l'air extérieur. ha. groite de Lombrives ^ dans le pays de Foix , a été décrite par M. Marcorelle. Cette grotte eft dans le fein d'une montagne toute compofée de pierre calcaire. La grotte eft à deux étages l'un fur l'autre , & les falles en font très-fpacieufes & fort multipliées : on en compte plufieurs de huit cents pieds de longueur fur quatre- vingt pieds de largeur. Leur longueur réunie & ajoutée , eft de plus de quatre mille pieds. La voûte de la grotte eft ornée de ftaladtites pendantes & trouées d'un bout à l'autre. Le mer- cure refte à douze degrés dans les grottes fupérieures , &: à neuf dans les inférieures. La température extérieure , dans le même temps que M. Marcorelle vifita ces grottes , étoit à vingt-un degrés. Les grottes de Bedhullac y dans le même pays , ont beaucoup de relTem- blance avec les précédentes j &c la mine de fer décrite par M. de Réaumur dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris , eft à peu de diftance de cette grotte. G R O 175 Tout le monde a entendu parler de la fameufe grotte d'Antlparos ^ dans l'Archipel , dont M. de Tournefort a donné une li belle defcription dans (on Voyage du Levant 3 Tome 1 3 page \^)o. On trouve d'abord une caverne ruftique d'environ trente pas de largeur , partagée par quelques piliers naturels, où l'on lit quelques infcriptions faites par les Anciens: entre les deux piliers qui font fur la droite, il y a un terrain en pente douce , & enfuite jufqu'au fond de la même caverne une pente plus rude d'environ^ vingt pas de longueur : c'eil là le palfage pour aller à la grotte intérieure , où. l'on pénètre par un trou fort obfcur , par lequel on ne fauroit entrer qu'en fe baiflant , & au fecours de flambeaux. On def- cend d'abord dans un précipice horrible , à l'aide d'un cable que l'on prend la précaution d'attacher à l'entrée : on fe coule dans un autre bien plus effroyable encore , dont les bords font fort glillans , 6c répondent fur la gauche à des abymes profonds , où la voix forme des échos & ré ' fonne comme le bruit du tonnerre. On place fur les bords de ces gouffres une échelle, au moyen de laquelle on franchit un rocher tout-àfait coupé à plomb : on continue à glilfer par des endroits un peu moins dan- gereux j mais dans le temps qu'on fe croit en pays praticable , le pas le plus affreux vous arrête tout court, &: on s'y calîeroit la tête fi on n'étoit averti ou arrêté par fes guides. Pour le franchir , il faut fe couler fur le dos le long d'un gros rocher , & defcendre une échelle qu'il faut porter exprès. Quand on eft arrivé au bas de l'échelle , on fe roule quelque temps encore fiu des rochers , & enfin on arrive dans la grotte. Ou compte trois cents bralTes de profondeur depuis la furface de la terre. La grotte , qui efl de la plus grande beauté , paroît avoir quarante brafTes de hauteur fur cinquante de large : elle eft remplie d'un grand nombre de coquilles folfiles , & notamment de belles &: grandes ftaladites de diffé- rentes formes , tant au-defïus de la voûte , que fur les terrains d'en-bas. On y voit encore la fameufe pyramide appeliée autel y où l'on lit: Hîc ipfe Chrljius adfu'it ^ ejus natalï die média nocle celehrato y i(>73. Cette infcription eft de M. le Marquis de Nointel y Ambaffadeur de France à la Porte, qui y fit célébrer la Meffe en grande folemnité la nuit de Noël. Ces ftalaélitcs font une efpece (X albâtre Oriental y qu'on ne doit regardée que comme un marbre plus épuré , veiné , de couleur d'onyx , entraîné par les eaux , &: dépofé enfuite fur les parois de la grotte. Voyer Sta- lactites. Les rochers qui compofent les Alpes font remplis , en quelques ea- 174 G R O droits , de cavités ou de grottes , où les habitans de la Suide vont tirer le criftal de roche. Onreconnoît qu'on va rencontrer quelques-unes de ces cavités , lorfqu'en frappant avec de grands marteaux de fer fur les rochers , ils rendent un fon creux. Ce qui les indique encore d'une manière bine plus sûre , c'eft une zone de quartz blanc qui coupe la roche en difFérens fens. Si l'on voit fuinter de l'eau au travers du roc , près des endroits où l'on a obfervé ce quartz , on eft sur que ces cavernes contiennent du crïjial. Voyez ce mot. La fameufe caverne ou grotte dans l'Ile de Minorque offre aufli les plus belles fîngularités. La Nature a formé dans le roc cette vafte caverne. Son entrée eft étroite & difficile \ mais elle s'élargit de tous côtés , à mefure que l'on defcend. Des flambeaux , à la lueur defquels on y pénètre , laiflent appercevoir , chemin faifant , plulieurs autres cavernes , plus petites de qui communiquent à la grande. Il dégoutte continuellement à travers les fentes fupérieures de ces cavernes une eau tellement chargée de matières pier- reufes , qu'elle forme un nombre infini de ftaladtites de différentes grofleurs , & dont la figure eft très-variée. Il y en a qui, en fe réuniffant par leur accroiffement , ont formé des colonnes qui femblent foutenir la voûte de cette caverne. En voyant cqs flalaétites , un Nacuraliile peut bien obferver les gradations de leurs progrès. On rem.arque en quelques endroits de petits chapiteaux qui defcendent de la voûte , &: qui tendent à fe réunir à des bafes proportionnées \ celles-ci s'élèvent au-deffous , à mefure que l'eau ou le fuc pierreux qui dégoutte du haut , fe condenfe. En d'autres endroits, l'intervalle qui fépare la bafe & le chapiteau , efl rempli par la tige d'une colonne plus ou moins régulière. Le plus grand nombre reffemble aux colonnes grofîieres de l'ordre gotliique. On préfume bien que ces fîngularités doivent leur exifVence à la réunion fortuite des flalac- îiies & des flalagmites. La grotte du Chien , en italien grotta de/ Cane , eft ainfi nommée de l'épreuve que l'on fait de ies exhalaifons fur un chien, pour fatisfaire la curiofité" des Voyageurs. Cette grotte eft fituée en Italie , dans le terri- toire de Pouzzols j dans le royaume de Naples. Elle a environ huit pieds de haut , douze de long & fîx de large. Il s'élève de (on fond une vapeur chaude , ténue , fubrile, qu'il eft aile de difcerner à la fimple vue. Cette vapeur en s'élevant couvre toute la furface du fond de la grotte \ & ce qu'il y a de remarquable , c'eft qu'elle ne fe difperfe point dans l'air , mais qu'elle retombe un moment après s'être élevée. Si l'on y introduit un G R O i/î flambeau allumé , &c qu'on le baiiTe contre terre , on le voit s'éteindre à mefure qu'il en approche, &c la fumée qui devroit naturellement s'élever , rafe le fol &c gagne vite le grand air par l'ouverture. Le Docteur Méad a éprouvé fur lui-même qu'on peut fe tenir debout dans cette grotte fans reiTentir aucune incommodité , tant que la tête eft au-delTus de la hauteur où s'élèvent les vapeurs. 11 n'en eft pas de même lorfque la tête y eft plongée. L'Hiftoire rapporte que Charles VIII , Roi de France , en fit l'elTai fur un âne j & que deux efclaves qui y furent mis la tête en bas par ordre de Pedro de Tolède , Viceroi de Naples , y perdirent la vie. Aujourd'hui un homme qui a les clefs de cette grotte, en fait l'expérience fur un chien qui eft au fait de ce manège. Il couche cet animal à terre dans la grotte j au bout d'une trentaine de fécondes il paroît comme mort j dans l'efpace d'une minute fes membres font atta- qués d'une efpece de mouvement convulfif , & il ne conferve bientôt d'autre figne de vie qu'un battement prefqu'infenfible du cœur Se des artè- res , qui feroit fuivi de la mort , fi on le laiOToit deux ou trois minutes en cet endroit. Si après la défaillance on le retire hors de la grotte , il reprend £es fens & fes efprits , aufll - tôt qu'on l'a plongé dans le lac d'Agnano qui eft tout près , ou qu'on l'a jeté fur l'herbe. Quelques perfonnes avoient regardé ces vapeurs comme des moufettes ou vapeurs minérales j mais par les épreuves qu'en a fait M. l'Abbé No/iet , il ne leur a reconnu aucune des qualités de ces efpeces d'exhalaifons j ce qui lui a fait penfer que celles de la grotte du Chien ne produifent ces effets pernicieux & ne mettent l'animal en danger de mort , qu'en produifant l'effet que feroit la vapeur de l'eau bouillante fur un animal qu'on obli- geroit de la refpirer. 11 y a d'autres endroits en Italie où. il y a cepen- dant des efpeces de moufettes. Voye':^ ce mot à la fuite de t article Exha- laison. L'Antiquité nomme plufieurs autres cavernes célèbres par des exhalai- fons mortifères. Telle éroit la méphitis ( moufette ) d'Hiérapolis , dont il eft parlé dans Cicèron , dans Galien de dans Strabon , qui avoient été témoins de Ç^s efïets. Telle étoit encore la caverne méphitique de Corycie , fpecus Corycius , dans le mont Arima en Cilicie , qui , à caufe de (qs exha- laifons empeftées, étoit appellée l'antre de Typhon , cubile Typhonis. Au refte les vapeurs pernicieufes de toute nature ne font pas rares. Foyer à l'article Exhalaisons. La grotte de la Sy bille eft ptès du lac d'Averne dans le royaume de i-jS G R O Naples. La principale entrée en eft déjà comblée , & celle par laquelle on y parvient aujourd'hui s'affaife & fe bouche tous les jours : c'eft une des merveilles de l'Italie qu'il faudra bientôt rayer de (ts faftes. La grotte de PoJiUppe , placée dans le territoire de Pouzzols , eft un fouterrain percé dans le tuf & dans le fable. Le chemin pratiqué fous la montagne porte au-defïus de lui Aqs campagnes cultivées , des maifons , des vignes , &c. L'entrée de Pofilippe eft d'une hauteur de foixante pieds j " ies Voyageurs font obligés de s'avertir de la voix , de crainte de fe heurter dans les endroits où il fait obfcur. Cette grotte a deux mille trente-fix o pieds de longueur , quarante à quarante-cinq de hauteur , &: fa largeur eft de vingt à vingt-deux pieds. Elle eft pavée comme la voie Appienne de grands carreaux d'une pierre dure , dont la forme eft irréguliere. Ce fut Philippe II, Roi d'Efpagne , qui la fit ainli paver. La grotte de Noce eft une des plus bizarres a la vue. Sur le penchant de la montagne de Noce eft un théâtre d'écueils effroyables j qui , au premier coup d'œil , femblent menacer ruine. On ne fauroit mieux com- parer ces écueils qu'à une montagne mife en pièces à force de mines. Ce font apparemment des rochers qui ont écroulé, & qui font tombés l'un contre l'autre. Les uns font reftés droits en forme de tour , les autres ont roulé jufquesdans la plaine, d'autres enfin font reftés attachés à la montaene. Dans leur rencontre mutuelle , ils ont formé des cavernes très-variées , mais horribles & des plus bizarres. Au rapport ^qs payfans , quand il doit pleuvoir, on voit fortir par reprifes, du milieu de ces affreux & inacceflibles précipices , de la fumée ou du brouillard. Au- deftus de l'Eglife de Noce , on trouve à mi-côte de la montagne une grotte trcs-fpacieufe & fi bien conftruite , qu'on auroit peine à la croire naturelle: l'entrée en eft très-vafte. & rellemble à la porte d'un palais : dans l'intérieur de la grotte , l'on voit comme Aq^ efpeces de petites chambres de figure prefque ovale , & couvertes de voûtes en dôme, avec des ouvertures cjui communiquent d'un lieu à l'autre , & par où l'on a la vue des pentes de U 'montagne : il rouie au milieu des appartemens uae fource d'eau qui murmure en tombnnt : enfin on voit dans ces grottes plufieurs congélations qui prennent différentes figures , félon la différente courbure àes parois. "L^i grotte de la Balme mérite d'être connue , à caufe de fa grandeur , à caufe des produdions qu'elle renferme , & par la curiofité qu'eut Fran- içois I. de la faire examiner étant en Dauphjné , mais malheureufement par des G H O Î77 3es gens peu îiardls qui en dirent des fables. M. Morand en a donné la Defcription dans le deuxième tome des Mémoires étrangers. Cette grotte, fituée à fept lieues de Lyon, eft dans une montagne qui s'étend très-loin. Des congélations de diverfes couleurs Se de différentes formes , y font un très-bel effet. Quelques-unes qui ont la figure de baflins qui feroient dif- pofés les uns audelïus des autres , reçoivent l'eau qui forme des nappes ôc des cafcades naturelles. On voit fortir d'une des rues de cette grotte ^ un courant d'eau qui fe perd fous terre , vient enfuite reparoître à l'en- trée de la grotte , &c va fe décharger dans le Rhône. Un Curé du canton fit avec quelques-uns de Ces amis , l'entreprife de remonter le courant fourerrain. Suivant leur relation , à peine , dans certains endroits , y avoit-il de l'eau j dans d'autres , il é toit fans fond ; quelquefois ils furent obligés de porter leurs bateaux , d'autres fois de s'y coucher. Après l'avoir remonté environ l'efpace d'une lieue , leur navi- gation fe termina à une ouverture ronde de fpacieufe , dont l'eau fortoit à gros bouillons : c'eft fans doute le bruit qu'elle fait en tombant , qui épouvanta les Obfervateurs de François I. La grotte de Quingey j près du Doux , en Franche-Comté , eft lono-ue &: krge y de la Nature y a formé des colonnes , des feftons , des trophées , des tombeaux j enfin , l'on y voit, pour ainfi dire , tout ce que l'on veut ima- giner j car l'eau dégouttant , s'épaifiit fous diverfes figures accidentelles & fait mille grotefques. Cette caverne , ainfi que toutes les autres de cette efpece , eft le féjour d'un nombre très - confidérable de chauves- fouris. ha grotte de Befancon ou. la. glacière j eft une grande caverne creufée dans une montagne près de Beaume, à cinq lieues de Befançon. Plufieurs Mémoires inférés dans ceux de TAcadémie , ont parlé diverfement de cette grotte. M. de CoJJlgny , Ingénieur en chef de Befançon , en a donné une defcription détaillée , inférée dans le tome premier dès Mémoires préfentés à l'Académie. Le thermomètre , fuivant fes obfervations , eft prefque toujours fixé dans cette caverne à un demi-degré audelTus d,u terme delà glace, Le bas de cette cavej^ne eft de cent quarante-fix pieds au deftous du niveau de la campagne : l'entrée eft large de foixante pieds & haute d'environ quatre-vingt ^ la grotte a cent trente cinq pieds dans fa plus grande largeur , &: cent foixante huit de longueur. On y voit treize ou quatorze pyramides de glaces , de fept à huit pieds de hauteur. Ces pyiamides fe font fans doute formées en place de femblables colonnes de Tome 111. Z ï7« G R O glace qu'on y voyoit au commencement de ce fiecle , & qui furent dé- truites en 1717 pour l'ufage du camp de la Saône, la glace manquant alors dans Befançon. On dit que cette glace eft plus dure que celle des rivières: on explique ce phénomène , en obfervant que les terres du voifinage ôc celle du deflus de la voûre , font pleines d'un fel nitreux ou d'un fel ammoniacal naturel. La variation du thermomètre pendant l'hiver ôc l'été , y eft très-peu confidérable j auffi y a-t-il de la glace en tout temps. Il fort quelquefois de cette grotte , pendant l'hiver , un brouillard ou une vapeur qui y annonce un léger dégel ^ mais aufli-tôt que la chaleur fe fait fentir 5 la glace augmente. Il règne continuellement dans cette glacière un froid très- vif. Un coup de piftoiet tiré dans la caverne y fait un bruit confidérable. Peut-être feroit-il fage de ne pas répéter trop fouvent cette dernière expérience , qui pourroit détacher des glaces qui font attachées à la voûte. On voit par ce qui vient d'être rapporté , que cette grotte préfente aux Phyficiens un phénomène unique dans la Nature j la glace qui s'y forme dans les chaleurs de l'été , prouve que le froid qui règne dans cet endroit fouterrain eft très- réel , ôc n'eft point relatif comme celui des autres fou- terrains , 8c fait par conféquent une exception aux règles que fuit ordi- nairement la Nature. Aulîi M. de VanoUes , Intendant de Franche-Comté , inftruit qu'on enlevoit la glace à raefsre qu'elle fe formoit , & voulant conferver cette curiolité naturelle , fit fermer l'entrée de la grotte par une muraille de vingt pieds de haut , dans laquelle fut pratiquée une petite porte dont la clef fut remife aux Echevins du village , avec défenfe d'y lailfer entrer perfonne pour enlever de la glace. Voye-^ les articles Glace & Glaciers. Les Naturaliftes Allemands nous ont fait connoître la fameufe grotte de Bauman , près de Blakembourg. L'on y trouve , félon Bruckman ^ EpiJioL itiner. 34. des os connus fous le nom de licorne fojjlle. La grotte , de Schartzfels , près de celle de Cellerfeld & Nordhalgen , eft prefque aufïi remarquable. Les grottes des dragons , près Marfleck ne font pas moins fameufes^ l'on y trouve des^os par tas &; femblables à ceux que l'on voit dans les antres de la forêt d'Hyrcinie. GROUGROU. C'eft une efpece de petit palmier de l'Amérique : il eft garni d'épines longues de quatre à cinq pouces. Cet arbre , différent du véritable palmier épineux, porte fon fruit en grappes de la grofteur d'une balle de paume , 6c renfermant un petit coco plus gros qu'une aveline , G R O G K\S J7J noir , poli & très-dur , aa-dedans duquel eft une fubftance blanchâtre , coriace , itifipide , ÔC très indigefte : cependant les Nègres en mano-ent beaucoup. Les Sauvages en font une huile dont ils fe frottent le corps. Le chou qui provient de cet arbre eft infiniment meilleur que celui du pal- mier franc , mais moins exquis que celui du palmier épineux. Les mon- tagnes de la Grenade, en Amérique , font toutes couvertes de grou^ grous. GROULARD. Ceft le bouvreuil. Voyez ce mot. GRUAU , grutum. Voyez au mot Avoine. GRUE , grus. Ceft un oifeau fcolopace & de grande taille , qui pefc quelquefois jufqu'a dix livres. Il a depuis le bout du bec jufqu^au bout des doigts près de cinq pieds de longueur. Il a le cou très-long , auflî-bien que les jambes ; le bec droit, pointu, d'un noir verdâtre, fiUonné depuis les narines & long de près de quatre pouces j le fommet de la tête noirâtre. Derrière la tête , le mâle aune efpece de plaque en forme de croiiïant, couverte de poils rougeâcres , ce que n'a pas la femelle. La grue a deux raies blanches derrière les yeux, la gorge & lescôtés du cou de couleur obfcure , le plumage du corps cendré, une envergure très -large ; les plus grandes plumes font noires ; fa queue eft courte , noirâtre , &: paroît ar- rondie quand elle fe développe j fes jambes font noires & nues au-deiTus des jointures j fes doigts au nombre de quatre font noirs & très-longs , le doigt extérieur eft lié par une membraue épaifte à la dernière articulation de celui du milieu. On range la grue dans l'ordre des cigognes , mais M. P allas dit qu'elle dent le milieu entre les hérons & les outardes. La trachée artère de la grue a une conformation rare , elle entre pro- fondément dans le fternum par un trou fait exprès , elle s'y réfléchit quel- ques tours , puis elle fort par le même trou pour aller aux poumons. L'ef- tomac de cet animal eft mufculeux : il ne mange point de poiftbn , il mange du grain ou de l'herbe , quelquefois aufti des fcarabées &; d'autres infedbes. Ces oifeaux font paffagers comme les cicognes : les Auteurs de la fuite de la Matière Médicale , difent en avoir vu pafter par Orléans en pleiti jour , dans les quinze premiers jours du mois d'Odobre en 1755 , des milliers qui voloient du Nord au Midi par troupes de cmquante , foixante Se de cent j plufieurs de ces bandes s'étant abattues la nuit dans des plai- nes de blé farrafîn en Sologne , y firent beaucoup de dégât. La grue ne fait Z ï\ i-So , G R U orclinaîrementqi-îedeux petits , nommés gruaux ou gruons 3 dont Wui elî mâle, l'autre eft femelle, 6: li- tôt qu'elle les a élevés j Se qu'ils ont appris à voler , elle les abandonne & s'en va en poulfant un cri qu'elle fait en-^ rendre de loin. On dit que les jeunes grues n'ayant pas encore de plumes courent cependant fi vite , qu'un homme ne fauroit prefque les at-r teindre., Quoique la grue foit un grand oifeau , il y a plufieurs petits oifeaux de proie inllruits par les Fauconniers , qui ofent fe hafarder à la combattre corps à corps j mais on a coutume d'en- lâcher pluiieurs , afin de pouvoir jouir de la vue de leur combat» Ces oifeaux aiment les lieux marécageux j ils fe battent quelquefois entr'eux très-vivement. Lorfqu'ils voyagent , ils volent en troupe , & ils obfervent l'ordre de triangle, foit qu'ils paf- fent la mer , foit qu'ils volent fur terre. Le premier en tête fend l'air , quand il eft fatigué , il fe met derrière , un autre prend fa place.. Se eft fiicceflîvement remplacé par un troifieme , &:,ainfi de fuite chacun à fon tour. II y a peu d'oifeaux dont le cri fe fafle entendre d'aulîi loin. Les Polonois nourrilTent des grues auxquelles ils arrachent les plumes de la queue : ôc ils verfent de l'huile dans les creux d'où elles ont été ar* rachées : il y renaît enfuite des plumes blanches , qui font chez eux de grand prix pour orner les bonnets des Gentilshommes du pays. La grue eft facile à tromper , car elle fe joue &c. faute à la voix de l'homme, qui con^ trefait (on cri j elle aime la compagnie &: s'apprivoife-aifément : mais fans appeau il eft fort difficile d'en approcher & d'en tuer une feule, quoiqu'on les. voie enfouie par terre : C\ elles ne font pas toutes aux aguets , il y en a toujours une qui fait la fonélion de fentinelle , 3c avertit les autres à la moin.- dre apparence de danger , & la troupe s'envole aulîî-tôt. Les grues ont d'abord beaucoup de peine à s'élever de terre j mais quand, une fois l'efTor eft pris, & qu'elles font à ime certaine hauteur, elles volent avec aifancej 8c fouvent à perte de vue , au point de ne paroître pas plus grolfes que des mivesron prétend que ces animaux vivent plus de quarante ans. Les pierres qu'on trouve dans l'eftomac des grues , leur font utiles pour broyer les alimens &.faciliter la digeftion : ces pierres fervent comme de petites meules , étant mifes en mouvemejit par l'aâdon de. deux mufcles forts & robuftes qui compofent le géfler. La grue étoit autrefois recherchée dans les repas; Plutarque dit qu'on îâ tenoit enfermée dans des volières 8>c qu'on lui crevoit les yeux pour l'engraiftec*. cependant fa chair eft malîive ^ fibreufe & coriace : elle doit G R U î8i èire bien faifandée Se chargée d'afTaifoilnemens pour qu'on en puiiïe manger fans eu ctre incommodé. En Médecine on l'eftime propre pour le genre nerveux : fa graifTe eft pénétrante & réfolutive , elle convient dans la paralyfie & les rhumatifmes : elle eft utile dans certaines fur- dites. On donne encore le nom de grue à plulîeurs autres oifeaux : favoii: , la grue de Numidic. Voyez Demoiselle de Numidie. La Grue Baléarique ,grus Balearïca^ eft un très-bel oife.au , feul de fon genre , de la figure de la cigogne , qui a le cri & la manière de vivre du paon : d'ailleurs il eft alTez femblable à la grue ordinaire. Sa tête eft ornée d'une crête ou huppe compofée de quantité de plumes très déliées 6«: menues, quelquefois frifées, dorées & placées fur la tête même auprès des tempes j cet oifeau a une tache blanchâtre affez longue , au bas de laquelle fe voient deux pendans de chair couleur de rofe. Son bec eft court, droit &: crochu. On voit ordinairement cet oifeau aux environs du Cap Vert. Belon dit que la grue Baléarique eft le bihoreau j & M. Perrault fbupçonne,avec plus de fondement, que c'eft Voi/èau royal qui a vécu quelque temps à la ménagerie de Verfailles. f^oye:^ les Mémoires pour fervir cl l'HiJloire Naturelle des animaux _, io?n. III. pan. IIL pac femblable au roucoulement d'un pigeon. GRUE, POISSON, gras ^ pifcis marinas. Ce poiffon qui fe trouve dans l'Attique , a quinze pieds de longueiu: , & n'a que la grofïeur d'une médiocre anguille : il eft trè-s-rare Ôc ne fe voit guère fur les côtes de France. GRYPHITES , conchiti curvi-rojlrl. Ce font des coquilles bivalves & fofliles du genre des huîtres^ voyez ce mot. La gryphite eft très-commune, elle reiTemble un peu à un bateau : elle eft compoféo- de deux pièces inégales , dont l'une qui eft inférieure , a un bec recourbé en dedans ; la valve fupérieure eft plate ou légèrement concave : il y en a de feuille- tées , d'unies , de cannelées & lilionnées : les unes font petites , les autres font grandes : l'analogue marin de cette coquille n'eft pas bien connu. La tête des valves inférieures des huùri.s delà mer rouge ^ valves que l'on trouve prefque toujours ifolées Se qui paroiftent avoir perdu leurs feuilles proéminentes par le frottement, eft également contournée comme la gryphite. GRYPS , ^ry/7/i//.y. Voyez Condor. GUACUCUJA ou CHAUVE-SOURIS AQUATIQUE , vefpertïlio aquatlcus. Poifton du Brefil dont la tête , fort grande à proportion du corps , a la figure d'un foc de charrue. Il a entre les yeux une corne fort dure & longue de deux doigts j fa bouche eft fans dents. Sa peau n'a point G U A 185 d'écailles , mais des tubercules, elle eft brunâtre fur le dos , tiquetée de noir fur le côté , &c rouge fous le ventre. Ses nageoires font fore élevées. GUAFFINUM ou GUAîNUMU : gros cancre du Brefil , fort bon à manger. Sa gueule eft ii large , que le pied d'un homme peut entrer dedans ; il fe tient dans des trous auprès du rivage. Quand il tonne ces cancres fortent de leurs cavernes j & font un tel bruit entr'eux , qu'on . croiroit qu'ils veulenr furpafTer celui du tonnerre. GUAJACANA. Foye^ Plaqueminier. GUAJARABA. Voyez au mot ^rbre de la Nouvelle Efpagne. GUAINIER. Foye'^ Arbre de Judée. GUAINUMBI ou GUINAMBI. Foye^ à Vartïck Colibri. GUANA. Animal demi r.mphibie d'Afrique qui tient du crocodile, & qui n'a guère plus de quatre pieds de longueur. Son corps eft noir &: tacheté , fesyeux font ronds & fa chair tendre jil n'attaque ni les hommes ni les bêtes , à l'exception des poules , dont il fait quelquefois uiî grand carnage. Quantité d'Européens qui en mangent, trouvent fa chair au-defTus de la meilleure volaille. GUANABANE , eft l'arbre qui porte le fruit appelle c r ^ . - • % Guêpes canonnières. Les ouvrages des guêpes de notre pays dont nous venons de parler , ont fans doute de quoi piquer la curiofîté j mais ils nous fembleront très- imparfaits fi nous les comparons avec ceux d'une efpece de guêpes dés environs de Cayenne , qu'on peut nommer guêpes canonnières. Ces guêpes font plus petites que celles de notre climat : elles naiffent, croiffenr & vivent à-peu-près de la même manière ; mais leur guêpier efl: -digne de toute l'attention d'un Obfervateur de la nature. Il eft fait d'un carton qui ne feroitpas défavoué par ceux de nos Ouvriers qui le font le plus beau , le plus blanc , le plus ferme , 6c qui favent lui donner le grain le plus fin. Ces mouches attachent leur guêpier à une branche d'arbre. Son enve- loppe eft une efpece de boîte du plus beau carton , Se de l'épaifieur d'un «eu : cette boîte eft longue de douze à quinze pouces , & quelquefois plus ; ^lle a la figure d'une cloche alongée , fermée par en bas , qui n'auroit pour toute ouverture qu'un trou d'environ cinq lignes de diamètre à (on fond. Son intérieur eft occupé par des gâteaux de même matière, dif- pofés par étage , comme ceux des guêpes fouterraines. La circonférence de chaque gâteau fait par-tout corps avec la boîte : chacun de ces gâteaux .a un trou vers fon milieu , qui permet aux mouches d'aller de gâteau eji gâteau , & d'étage en étage* Le guêpier des guêpes de Cayenne prouve donc , encore mieux que celui des guêpes fouterraines , qu'il feroit poffible de faire de beau pa- pier en fe fervant immédiatement du bois. Ce feroit vraifemblablement parmi les bois blancs qu'il faudroit chercher la matière de ce papier» M. de Réaumur^ dans un mémoire qu'il a donné en 1719 fur les guêpes , fentit l'ufage qu'on pouvoir faire de ces obfervations pour la perfection des papeteries. Voyez auflî le fixieme volume de fon Hijîohe des In- fectes. Il eft fi certain qu'on peut faire du papier par cette méthode , qu'au rapport de Kempfer les Japonois n'emploient point d'autres matières. Ils pilent les écorces de certains arbres qu'ils mettent en bouillie j &: cette bouillie , plus ou moins fine , eft la matière dont ils font leurs difFérens papiers , qui valent bien les nôtres. B b ij j^€ GUE Guêpes ichneumones ou Guêpes maçonner. Les Naturaliftes ont défigné par le nom à' ichneumones j des mouches guerrières qui attaquent ôc tuent les araignées , telles que font les efpeces de guêpes dont nous allons parler \ ils ont étendu auiîi la fîgnification de ce mot à des mouches qui laiflent les araignées en paix , mais qui percent le ventre d'une chenille , & y dépofent leurs œufs. On peut voir au mot Mouche ichneumone , pourquoi on donne ce nom d'ichneumon à ces infedes. Les guêpes ichneumones différent principalement des autres guêpes ^ parce qu'elles n'ont point leurs ailes fupéuieures'pliées en deux: elles ont pour caractères diftindifs bien fenfibles , d'agiter continuellement leurs antennes , ainfî que les mouches ichneumones , Se de porter au derrière les unes une tarière , les autres un aiguillon qui n'eft point caché dans l'intérieur du corps, comme l'aiguillon des guêpes ordinaires : auiTi les Méthodiftes les féparent du genre des guêpes ; elles appartiennent a celui des mouches ichneumones. Dans quelques efpeces l'aiguillon fe coule dans une coulilTe taillée pour le recevoir dans les derniers anneaux. Elles fondent fur les infedes comme le faucon fur fa proie : elles ae fe nourriffent , elles Se leurs petits , que de leurs chaffes. Il y a plufieurs efpeces de guêpes ichneumones qui vont nous préfenter un fpedacle curieux. Ces guêpes ne vivent point en fociété , non plus que quelques efpeces d'abeilles folitaires dont on peut voir l'hiftoire au mot Abeille. Nous avons obfervé qu'elles ont d^aillears quelque chofe de commun avec ces abeilles , même avec l'abeille maçonne , pour la manière de bâtir Se de creufer, foit dans le fable j foit dans le boiî. Les murs faits de moilons unis par un mélange de fable Se de terre , Se placés à rexpoficion du midi j font les lieux qu'habitent certaines guêpes ichneumones: on peut remarquer fur ces murs de petits tuyaux creux qui faillent hors du mur : ces trous font l'ouvrage d'une efpece de guêpes ichneumones : ce font les berceaux qu'elles ont conftruits pour leurs petits. La couleur dominar.te de cette efpece de guêpe eft le noir ^ Ces anneaux font bordés d'un peu de jaune. C'eft ordinairement dans le mois de Mai quellefe mec à l'ouvrage 'y elle creufe dans le mortier du mur un trou de plulîeurs pouces de profondeur. Pour y parvenir elle humede ce mortier GUE 197 avec une liqueur vifqueufe qu'elle dégorge j à mefure qu'elle le détache, elle le pétrit , & élevé à l'entrée du creux qu'elle fait , un tuyau qui en prolonge la continuité au-dehors. Cet infede travaille avec tant d'aéii- Tité , qu'il ne lui faut pas plus d'une heure pour creufer un trou de là longueur de fon corps , &c élever un tuyau aufïi long que la profondeur de ce trou. Nous avons vu bâtir un de ces nids contre l'angle d'un mur ^ ce nid qui étoit compofé de plufieurs cellules féparées , avoir un pouce Se demi de hauteur. Le tuyau extérieur formé par l'aflemblage des pe- lotes de mortier , reflTemble à cet ornement d'architedure que l'on nomme guillochis, Lorfque la guêpe a donné à ce trou la profondeur ncceiTaire , elle y dépofe au fond un œuf, d'où doitéclore un ver j & elle va enfuite cher- cher des provifions , afin que ce ver en naiGTant puilTe trouver fa nourri- ture. Cette provifion confifle en plufieurs petites chenilles vivantes , de couleur verte , toutes de la même efpece. Elle en porte d'abord une au fond de fon trou : cette chenille s'y roule fur le champ en anneau , &: refte-là auffi immobile que fi elle n'avoir point de vie : une féconde eft pofée fur celle-ci &: fe place de même, ainfi que les autres qui arrivent fucceflîvemenr , jufqu'au nombre de dix ou douze. Elles font arrangées par lits les unes fur les autres , 6c en font d'autant moins en état de fe défendre contre les attaques du petit ver qui en doit fucer une tous les jours. La guêpe fe fert enfuite du mortier qui faifbit le tuyau extérieur pour boucher le troiu Elle conftruit ainfi fuccefiivement plufieurs trous pour dépofer un œuf dans chacun , & y raûTembler de même une provi- fion de ces chenilles , qui font arrivées à leur état de perfeétion , & n'ont par conféquent plus befoin de nourriture , ce qui fait qu'elles reftent vi- vantes , & que les vers naiilans des guêpes , les trouvent toutes prêtes pour en faire leur nourriture. Lorfque les vers des guêpes ont confumé leur provifion , qui étoit tout jufte ce qu'il leur falloir pour le temps de la durée de leur accroifiement , ils fe filent une coque , fe changent en nymphe. Se enfuite en une mouche guêpe , qui fait bien s'échapper de fa prifon , va voler en plaine Se faire la chafie aux infedlres. D'autres efpeces de guêpes ichneumones , de la grofleur de celles qui donnent des chenilles vertes à leurs petits , mais fur le corps defquelles le jaune domine davantage , fournifient leurs petits d'araignées , qui font apparemment mieux de leur goût. On voit quelquefois dans leur trou fept ou huit araignées toutes vivantes , d'une efpece à longues jam- t^^ GUE bss. D'autres gucpes donnent à leurs petits des araignées d'une efpece différente des précédentes ^ ce qui prouve que chaque efpece de guêpe choifit conftamment pour la nourriture qui convient à fes petits , des iu- feéres d'un certain genre. On ne trouve point dans un même trou des chenilles , des araignées ôc des vers mêlés enfemble : il n'y a ordinairement ^ue d'ime feule efpece de ces infedes. Certaines efpeces de guêpes ichneumones creufent leurs nids dans des morceaux de bois j ce qui leur fait donner le nom de guêpes perce-bois. Les guêpes ichneumones de l'Ile de France font entièrement noires ; îeur corps a un long étranglement , aufîî déli^ qu'un fil. Ces guêpes ap- pliquent leurs nids comme les hirondelles , dans quelque endroit d'une maifon : elles forment ce nid avec une terre détrempée , & lui donnent la forme d'une boule de la grofifeur du poing : fon intérieur eft de douze ou quinze cellules. A mefure que chaque cellule eft conftruite , la guêpe porte dedans une certaine quantité de petites araignées , qu'elle y ren- ferme enfuite avec l'œuf d'où fortira le ver qui s*en doit nourrir. 11 y a aufli dans l'Ile de France une efpece de guêpes très-belles Se très- utiles. Leur forme approche de celle des guêpes ordinaires j leur tête, leur corps & leur corfelet font d'un bleu changeant : elles paroiffent bleues ou vertes , fuivant la po(ition où on les regarde : leurs antennes font noires j leurs yeux font couleur de feuille morte j leurs jambes de .couleur violette , & bronzée près de leur origine. Ces "uêpes font armées d'un terrible aiguillon ou poignard': elles font hardies , guerrières , elles livrent des combats à des infedes fort fupé- rieurs en grandeur , ôc fur lefquels néanmoins elles remportent une pleine victoire. Ces infeéles font les kakeriaques , connus dans nos îles êc fur nos vaifTeaux par les ravages qu'ils y font. On peut voir au mot Kakerlaque le combat de ces guêpes avec cet infede. GUÊPIER. Nom donné à l'habitation , ou plutôt aux gâteaux & alvéoles des CTuêpes , &c. Voye-^ à V article Guîèpe. On trouvera à la fuite du même article /'Hiftoire des Guêpes cartonnieres qui conftruifent le beau guêpier de Cayenne. GUÊPIER ou Mangeur d'Abeilles , merops apiafier. Genre d'oifeau dont le caradere eft d'avoir les pieds comme ceux du martinet pêcheur ^ le bec arqué , étroit &: pointu. On diftingue plufieurs efpeces de gué- |)îers. Le guêpier vulgaire qui fe trouve dans les Provinces méridionales de GUE G U H Ï99 TEiirope , eOi un oifeau àe la grandeur d'un merle , mais plus long. Poui: la figure du corps , il relTemble beaucoup au martin-pècheur. L'iris de fes yeux ell d'un brun-rouge j fon plumage eft fort varié pour la couleur ^ rougeâtre derrière la tête , d'un jaune-verdâtre au cou \ les plumes de* ailes font vertes , mêlées de noiï ; quelquefois bleues , mêlées de rouge» La conformation du pied de cet oifeau eft finguliere j car le doigt extérieur tient à celui du milieu par trois phalanges , de le doigt intérieur par une phalange feulement. Le guêpier a les jambes courtes ôc grofles ; fes griffes font noires. Cet oifeau fe nourrit non- feulement d'abeilles ^ de cif^ales , même de fcarabées , mais auiïi des femences d'hépatique , de perfll bâtard , de navets , &c. On trouve à Bengale une efpece de guêpier cendré, un peu bigarrée celui du Brefil a le bec long , pointu , mais de la forme d'une faulx. Celui de rifle de France eft d'un bleu verdâtre , excepté le deflu^ de la tête de du cou qui eft brunâtre. Celui de Madagafcar eft vert , fa queue ePc fort longue & de couleur brune , ainfi que fa tête &c {on. cou. U y en a aulîi' à Bengale ôc à Madagafcar qui ont un collier , merops torquatus ^ d'un vert doré. Le guêpier d'Angola &: celui des Philippines ont un plumage de la plus grande beauté. GUÊPIER DE MER , eft un alcyon en forme de ruche y d'une fubftance dure & en quelque forte cartonneufe , quelquefois charnue , de couleus: rougeâtre , percée ça & là d'une infinité de petits trous. Au fommec fe ■trouve communément une ouverture en cône renverfé , qui lailTe voir le$ compartimens celluleux dont l'intérieur eft garni. Voye-:^ Alcyon. GUEULE. C'eft cette ouverture que l'on voit à la tête des quadrupèdes carnaftiers , où fe trouvent leurs dents , leur langue, & où ils mâc'hent ce ainfi nommé, lorfqu'il eft pur 5c tranfparent, eft connu chez le vulgaire fous le nom impropre de talc j les ouvriers ne donnent le nom de gypfi qu'à celui qui eft opaque & graveleux : il ne fait point G Y P 107 d'efFei-vercence avec les acides ; enfin ils appellent /j/arre le produit que donne le gypfe lorfqu il a été calciné. Le gypfe eft une pierre ou blanche ou grife , ou roufsâtre , plus ou moins criftallifée , quelquefois claire , quelquefois terne ; fes parties font ou feuilletées, ou rhomboïdales , ou en filets , brillantes intérieurement, mais en général toujours rudes au toucher. Le gypfe eft fi tendre qu'on peut ou l'écrafer fous les dents , ou l'égratigner avec les ongles , ou le di- viferavec le couteau. La friabilité de cette pierre fait qu'on ne peut guère la polir. Nousexpoferons à la fin de cet article la plus grande partie des propriétés du gypfe J paiFons à l'hiftoire des différentes efpeces de cette pierre. Le gypfe , proprement dit , ou Pierre à Plâtre , ou Moilon de Plâ- tre , gypfum j eft compofé de particules moitié fphériques ou grenelées y moitié oblongues \ tellement unies &; ferrées entr'elles , qu'on a de la peine à les difcerner fans le fecours de la loupe : ce gypfe eft comme fa- blonneux , ou reftemble à du grès tendre j on en trouve qui fe divife en morceaux irréguliers ou écailleux. Il ne prend point le poli , & ne devient point bfillant par le frottement j calciné en poudre il fait un léger mou- vement d'efFervefcence ou d'ébuUition abforbante avec l'eau : on en trouve dans tous les environs de Paris. Le plâtre qu'on en fait fert à enduire les murs , ou à cimenter les pierres dans les travaux grofliers. Le Gypse en cristaux , cryflallus gypfia ^ eft en criftaux qui afFedenc aiïez de prendre une forme rhomboïdale , dont les angles font obtus : on l'appelle SÉlénite , gypfeo-felenites ; c'eft en quelque forte le plus pur des gypfes. Ses particules font feuilletées , fouvent indéterminées , mais fe caftent en rhomboïdes. On en trouve beaucoup en Sibérie & aux en- virons de Balle en Suifte , & de la montagne de Sombernon en Bour- gogne , qui eft brillant , de la plus grande blancheur & aftez tranfparent Il y a aufll le gypfe criftallifé en crête de coq , à lames lenticulaires larges & épaiftes. Le Gypse feuilleté , gypfum lamellofum ^ fe calcine dans le feu fans y pétiller fenfiblement : il eft rarement opaque. Nous en avons trouvé dans les Pyrénées &: fur le flanc des Alpes qui n'avoir point de couleur : il fe divife en feuilles irrégulieres : il n'eft pas rare d'en trouver 6.qs blocs la- jnelleux & traverfés par des criftaux gypfeux d'une figure pentagone. Celui des environs de Dax eft écailleux comme le mica , & fait un petic bruit quand on le rompt ou lorfqu'on le gratte avec la pointe d'un clou* io8 G Y P Ses Inmes fe lèvent par écailles irrégulieres , & il y en a de toutes les couleurs , quelquefois avec des pyrites cubiques. En général les parties du gypfe écailleux font irrégulieres ; celles du gypfe feuilleté font per- pendiculaires ou horizontales ou obliques. Le gypfe de Montmartre près de Paris , dont-la criftallifation eft cunéiforme , avec une ligne de future au milieu, eft un beau plâtre tranfparent , feuilleté dz jaunâtre : il eft excellent pour lambrilïer èc modeler. Les Stucateurs en font un grand ufage : on fait que les buftes , ftatues & toutes les figures qui font deve- nues fi fort a la mode , font faites du plâtre de Paris , & qu'il ne faut pas confondre cette matière avec le verre de Ruflie , appelle glac'us maria. Voyez Mica j c'eft le véritable miroir d'âne ou la pierre fpécuLdre pro- prement dite. Le Gypse strié , gypfum Jlriatum , eft compofé de parties filamenteu- fes , longues , claires , friables , parallèles & perpendiculaires ou incli- nées , femblables à des fils de foie étroitement unis les uns aux autres ; quelquefois il eft coloré. Bien des perfonnes le confondent abufivement avec l'amianthe , avec l'asbefte , ou avec Talun de plume \ mais il en dif- fère par fa nature & par fes propriétés. On trouve ce beau gypfe en Chine, à Falhun en Dalécarlie , en Efpagne dans la montagne de S. Claude près de Compoftelle, à Sombernon près Dijon , à Boudri dans le Comté, de Neuf-Châtel , en Savoie , & en Suifte dans le Canton de Soleure^ aux environs d'Yverdon dans le Canton de Berne. Il s'en trouve dont les lames ftriées forment des rayons , alors on l'appelle fieurs de gypfe : cette pierre à plâtre eft excellente pour les plafonds. Le Gypse solide ou Alabastkite , pfeudo-a/dljalirum ^ z l'apparence d'un marbre tendre Se plus ou moins demi-tranfparent, fouvent gras au toucher comme les pierres ollaires , mais fans particules fines ni brillantes en leur totalité: c'eft le faux albâtre, /^oy^^ Alabastrite Ôc Albâtre. Le véritable gypfe phofphorique eft \a pierre de Bologne _, le fpath vitreux Se fufible j &c. F'oye:^ ces mots. Ohfervations fur le Gypfe & f,r fes proprités générales. Cette pierre qui eft. rude & brillante dans l'endroit de la fradure , varie beaucoup pour la dureté , pour la couleur & pour la figure des par- ticules qui la compofent. Si elle eft pure , elle n'admet que peu ou point de poli , 6v ne fait aucun mouvement d'eftervefcence avec les acides , ne donne G Y P 109 donne point d'étincelles avec le briquet , ne s'endurcit point dans le feu \ mais elle y pétille & s'y calcine en une poudre farineufe , appellée plâtre ^ qui arrofée d'une certaine quantité d'eau , ne produit que peu ou point de chaleur , donne une odeur d'œufs pourris , ôc fe durcit aufli-tôt. Si le plâtre bien tamifé , ainfi mêlé avec l'eau, a été jeté en moule, il pro- duira une figure des plus régulières, parce qu'il éprouve une augmenta- tion de volume en féchant. 11 faut obferver que ce plâtre une fois noya d'eau , n'eft plus fufceptible d'une nouvelle calcination : fi on le fait cal- ciner dans un creufet , il pétille , décrépite &: paroît bouillir comme de l'eau y il a alors la propriété de reluire un peu dans l'obfcurité. Si on aug- mente le feu , il fe liquéfie & paroît fe vitrifier : on doit avoir foin de conferver dans des tonneaux bien fecs le plâtre cuit , ôc de l'employer préférablement en été : le plâtre bien cuit eft doux ou ondueux dans les doigts. S'il eft rude & ne s'attache point aux doigts , alors il eft mal cuit : lorfqu'il eft vieux , calciné Se éventé , il prend difficilement de la con- fiftance. Nous avons toujours remarqué que le gypfe fe trouve en lits , Jlrata j fous différentes formes ôc couleurs ^ communément fous des cou- ches de pierres calcaires , ou remplies de corps marins : on y trouve ra- rement des corps métalliques ; mais fouvent les environs font des terrains glaifeux ôc pyriteux. En faut il davantage pour préfumer que l'acide vitrio- lique qui fe rencontre dans ces terrains venant à attaquer les matières calcaires, aura produit la terre ou pierre neutralifée dont il eft queiHon , c'eft- à-dire le gypfe. Ajoutons qu'il n'eft pas rare de voir des morceaux de plâtre qui participent en grande partie des propriétés générales ôc parti- culières de la chaux. Ainfî le gypfe n'eft point une pierre primitive. C'eft un produit accidentellement formé ; ôc quand il fait effervefcence , c'eft une preuve qu'il n'eft point pur , ôc qu'une partie de la pierre calcaire y eft encore à nu. Nous venons de dire que les gypfes fe trouvent par couches dans le fein de la terre. Prenons pour exemple la butte de Montmartre qui fournit prefque tout le plâtre qui s'emploie dans les bâtimens de Paris. Obfer- vons en même temps que cette petite montagne préfente plufieurs phé- juomenes dignes de l'attention des Naturaliftes. Elle eft placée au milieu d'un pays tout-à-fait calcaire , ôc eft compofée d'un grand nombre de couches parallèles à l'horizon , dans lefquelles on afl'ure n'avoir jamais trouvé de coquilles fofliles, quoique tous les environs de Paris en foient remplis , ôc ne foient pour ainfi dire formés que de leurs débris ; nous Tome I IL D d aïo G Y P H A G pouvons cependant arrefter qu'on y trouve fréquemment des oîTemetis & vertèbres de quadrupèdes qui ne font point pétrifiés , mais qui font «déjà un peu détruits, & qui font très -étroitement enveloppés dans la pierre j nous y avons même rencontré des noyaux ou empreintes de cames , i&dans les fentes des carrières nous y avons détaché des congélations d'un fort bel albâtre très-calcaire. Nous confervons de ces divers morceaux dans noixe cabinet. Confultez maintenant l'analyfe du gypfe par M. Lavoijler ^ •dans ie cinquième volume des Savans étrangers GYRIN , gyrinus. Non générique donné à plufieurs efpeces d'infedes , mis dans le rang des coléoptères , c'eft-à-dire , qui ont leurs ailes dans ^es étuis : ce font des efpeces de fcarabées fauteurs. On en trouve \°, dans la fcrophulaire j 2°. dans les plantes potagères j 3*^. en terre \ 4°. dans îa pulmonaire &: la dentaire, Foye-^ ScARABtE & Coléoptere. M. De^ ieu-^e dit que les gyrins font des altïfes j voyez ce mot, &: que le nom de gyrinus donné à ces infeétes dans les Aétes d'Upfal , ell: employé par d'autres Naturaliftes pour défigner un genre de fcarabée qui nage fur l'eau. ■Foye:^ Tourniquet, On donne aufîi le nom latin gyrinus j au Têtard. ^oye':^ à l'article Grenouille, GYROLE. Foye:^ Chervi. H. ix ACHES DE PIERRE. Les Lirhologiftes donnent ce nom à des pierres verdâtres , noires, grifes, d'iuie dureté alfez considérable, opaques, psfantes, «aillées en hache ou en coin , & que l'on trouve en terre à quelques pieds de profondeur. On prétend que ce» haches ont du jadis fervir aux Snu- vages de l'Amérique pour couper & fendre divers matériaux , jufqu'au ■temps où ils ont connu les inftrumens de fer. Par quelle éfpece de révo- lution ces haches de pierre fe rencontrent-elles fi communément dans les fouilles qu'on fait en Europe ? Aurions-nous été réduits autrefois â îa même néceflité ? ou y auroit-il eu aufli des Sauvages dans nos climats? Les haches de pierre fervoient aufîi dans les combats : les Amazones en |)ortoieiit .à deux tranchans. Après leur mort on les enfermoit dans leurs Tombeaux. Ces haches d'armes étoient appellées /èc^^r^^ j ainfî que celles «à^iirain dont on faifoit ufagc dans les facrifices poar alTon^imef tes vidi- aues. Voye^ maintenant rartide Armes, H A C H A L î»» HACUB. Plante épineufe du Levant, dont les feuilles font un peit femblables à celles de la carline. Elle pouHè au printems des rejetons tendres, que les Levantins mangent après les avoir fait cuire. Mais quand on les laifTe croître, ils portent des têtes cpineufes qui donnent de petites fleurs rouges à fleurons foutenus par des embryons , qui de- viennent autant de femences arrondies & nichées dans de petits trous pra- tiques dans le calice commun de ces fleurons. M. de Tourncfort a donné à CQiiQ plante le nom de gundelia^ qui étoit celui de fon ami & fon com- pagnon de voyage au Levant. Cette plante croît proche d'Alep aux lieux rudes & fecs ; fa racine qui efl: longue & grofle , efl: vomitive & laxative. HyEMACATE , eft l'agate rouge. P^oyei Agate. H^M AGATE. Serpent d'Afie qui eft d'un rouge d'agate ; on le trouve- en Hircanie , aujourdhui Mafonderan ou Tabareftan , vafte province de la Perfe. Ce ferpent eft fort dangereux. Il eft paré d'une Tupe^be robe-» rayée , vermeille. On trouve auffi ce ferpent au Japon. HyEMATITE. Foy<:i ce mot à'fardcte Fer. H/EMORRHOUS. Fc>y^:^ Aimorrhous. HAIE ou HAYE , eft une longueur de plants fei^vant de clôture à ua champ ou à un jardin. Ces plants font compofés d'ormes , de charmes , (d'épines blanches , de ronces. La haie eft ou vive ou morte ou à^ appui ; celle-ci a pris fon nom de fa hauteur j la haie morte , des échalas, fa- 'gots 6c branches feches dont elle eft faite j la haie vive , de la nature de fes plants qui font enracinés ôc vivaces. HALE. Qualité de l'atmofphere , qui eft l'effet de trois caufes combi- nées : 1 ^. le vent, i*. la chaleur , 3 °. &: la fécherefle. Le haie a la pro- priété de fécher le linge de les plantes. 11 noircit aufli la peau de ceux qui y font expofés. HALEINE , fe dit de l'air que l'on expire par la bouche , ôc dont la force ou la durée dépend de la conformation du thorax , du volume des pounTons-& de leur dilatabilité. Ceux qui chantent favent combien la conformation de la glotte , de la trachée-arteie &c des cornets du nez contribue à rendre l'haleine ou la voix longue ou courte, grave ou aiguë, ôcc. Koye-^ à l'article Homme. HALINATRON , halinatrum j eft un fel alkali naturel que l'on ren- contre par rayons ou par bandes fur la fuperflcie intérieure des vieilles voûtes & contre les parois des vieux bâtimens : on le trouve auûî fur la Ddij 411 H A L H A M fuperficie de certaines terres , mais il eft alors fort impur. Ce fel a un goût lixiviel : il ne fe criftallife point ; mais quand on le fait bouillir dans l'eau , il fume beaucoup : il contient ordinairement un peu d'alkali volatil qui fe diflipe en vapeur. HALIOTITES. Nom qu'on donne à un genre de coquilles univalves 6c foffiles : elles font contournées en dedans , mais elles ne font pas tur- binées fenfiblement en dehors : elles font ouvertes ôc ont une certaine reffemblance avec l'oreille humaine. Leur analogue vivant fe nomme oreiile de mer. Voyez ce mot. HALLEBRAN. ^cTy^:^ Albran (S* /'<7r/ic/d Canard. HALLIER , fe dit d'un plant de buiffons & d'arbriflfeaux , parmi lefquels des lièvres fe fauvent pour éviter le Chaifeur. HALOS. Voye^ Couronne de couleurs. HALOS ACHNÉ ou SEL D'ÉCUME Jpuma maris. Divers Naturaliftes ont donné ce nom à une efpece de fel marin qui fe trouve quelquefois fur le bord de la mer contre les rochers & les pierres : il relTemble à une écume falée & endurcie. HALOS-ANTHOS. Bitume falin qui nage fut les eaux de certains fleuves , &: dont les Anciens ont parlé. HALQUE. Par la defcription que nous en donne Marmol ^Liv. Fil, chap. I 5 c'eft une efpece de genévrier du Levant. Son bois eft fort ufîté en Afrique chez les Menuifiers & les Luthiers. On l'emploie auiîi contre les maladies vénériennes. On eftime celui que l'on ^i^i^qWq fangu. HAMAC, On voit dans les Cabinets de quelques Curieux cette forte de lit portatif , qui eft fort tn ufage en Afrique & en Amérique. On le fufpend entre deux arbres pour fe garantir la nuit des bêtes farouches & des infedles. Les Matelots s'en fervent auffi fur les vaifteaux : celui qui y eft couché ne fe reftent que peu ou point du mouvement ofcillatoire que les vagues impriment au vaifîeau. En quelques pays de l'Afrique ce font autant de litières plates fur lefquelles on fe fait porter. Aux lies Fran- çoifes , les femmes de diftindion reçoivent leurs vifites couchées noncha- lamment dans un hamac fufpendu au milieu de la chambre : une jeune Négrede , efclave , eft occupée d'une main à balancer le hamac , & de l'autre à chafler les mouches qui pourroient incommoder fa maîtrefle. La moUefte & le luxe font de tous les pays. Les hamacs font de différentes matières j les uns font tiflus d'écorces d'arbres entrelacées en forme de H A M 213 filets , les antres font de coton : il y en a qui font teints de différentes couleurs, même à l'aide des fucs de certains végétaux on y diftingue des figures allégoriques. HAMBRE. Arbre du Japon , d'une grandeur médiocre. Ses feuilles font toujours vertes j (es fleurs font jaunes & inodores, mais purpurines inté- rieurement. Ses graines font velues & jaunâtres. Les chèvres ôc les mou- tons en mangent les feuilles avec avidité. Son bois fert à brûler. Ephemer. natur. cur. HAMMITES. Nom qu'on donne à des pierres grenelées , comme formées d'un amas de parties fablonneufes jovalaires &: grolfes comme la tète d'une bonne épingle. Des perfonnes les regardent comme un amas d'œufs depoiflon, & les appellent pierres ovûire^. Voyez Ammite. HAMMONITE , eft félon quelques-uns la petite corne d'Ammon , & félon d'autres \ammite. Voyez ces mors. HAMSTER , hamjîerus. Efpece de rat qui eft très-fréquent en Alle- magne, qui fait fe conftruire des fouterrains très-curieux, & qui fait de très-grands ravages dans les grains , dont il fe nourrit & s'engraifTe, Le hamfter relïemble un peu au rat à^eau par la petitefle des yeux & la finefle du poil ^ il lui reflemble aufli par fes parties intérieures \ mais fa queue eft beaucoup plus courte que celle du rat d'eau j il a ordinai- rement le dos brun &: le ventre noir j on en voit qui font tout noirs , & d'autres tout gris : variétés qui peuvent venir de l'âge feul. Les hamfters habitent fous terre \ la forme de leur terrier varie fuivant leur âge , leur fexe & la qualité du terrain. Le mâle & la femelle fe forment leur terrier chacun de leur coté \ celui du mâle a une ouverture oblique qui fert d'entrée \ au bout de cette iftiie eft un trou qui defcend per- pendiculairement jufqu'à des chambres ou caveaux j l'entrée de celui de la femelle eft conftruite de même, mais au lieu d'un feul trou perpendiculaire il y en a jufqu'à quatre , fept , huit , qui fervent à donner une entrée & une fortie libre aux petits. A côté de ces'trous perpendiculaires , à un ou deux pieds de diftance , les hamfters des deux (qxqs creufent trois ou quatre caveaux particuliers , auxquels ils donnent la forme de voûte en delTus &: en deftous *, dans l'un ils fe retirent avec leurs familles „ & dans les autres ils font les provifions néceftaires pour leurfubfiftance.La profondeur des caveaux eft très-différente j un jeune hamfter dans la première année ne donne qu'un pied de profondeur a fon caveau y un vieux le creufe fouvent jufqu'à quatre ou cinq pieds. Le domicile entier , y compris toutes 114 H A N les communications & tous les caveaux j a quelquefois Kuit à dix pieds. de diamètre j c'eft par le trou oblique qui forme l'entrée du terrier , que l'animal exporte dehors les terres qu'il retire pour pratiquer fes caveaux , auflî voit-on toujours à côté de l'entrée de leurs trous une petite monticule de terre , c'eft aufli par-là que l'air fe communique & circule dans les eaveaux. Les hamfters font leurs proviiîons de grains dans l'automne y lorfqu'ils trouvent des grains de blés fecs &c détachés de leurs épis , ils les empor- tent dans leurs bajoues , qui peuvent en contenir un quart de chopine ; d'autres fois ils ramaiïent le blé en épis , ainfi que les pois & les fe^es avec leurs coffes , S>c enfuite tout à leur aife ils les épluchent &c portent dehors les codes & le déchet des épis. La fécondité de ces animaux, fur-tout dans les années humides, eft prodigieufe j ils ont deux à trois portées par an , & chacune eft de cinq a fix petits 5 cette grande multiplication occafionne quelquefois la difette jîans certains cantons par la dévaftation générale des blés. Le hamfter eft: mordant & colère j s'il eft pourfuivi par un cheval ou par un chien , il faute à fes babines &c le mord cruellement. La manière la plus ordinaire de leuE faire lachafle eft de creufer leurs terriers j c^eft un travail aiTez confidé- rable à caufe de leur proiondeur 8>c de leur étendue, mais dans chaque domicile on trouve en automne deux boilTeaux de bon grain , de on profite de la peau de ces animaux , dont on fait des fourrures. HANCHOAN. Nom que l'on donne au Brefil à un oifeau de proie , fort femblable au bufard. Du temps de R>:dï , on en a vu un dans la ménagerie du Grand Duc de Tofcane. Les Portugais , établis dans le Brefil , &: les Naturels du pays , difent que la raclure des ongles ^ du bec de cet oifeau , eft un des meilleurs contre poifons qui foient an monde \ &c que {qs plumes , fa chair & fes os guériftent beaucoup de maladies. Redi , Ohfervations fur diverfes chofes naturelles. HANNEBANNE. Voyei Jusquiame. HANNETON, fcarah&us jlr'idulus 6* arhoretis vulgaris, \nÇii€tQ coléop- tere ^ c'eft-à-dire , quia des fourreaux par-delTus les ailes. C'eft à propre- ment parler une efpece àQ fcarabée , dont on diftingue plufieurs efpeces*, Defcr'iptlon des Hannet ns. Le hanneton le plus ordinaire, ou fcarabce ïo)x^ ^ fcarabdus vuigarls H  N 215 TîtfuSi eft celui qui eft appelle en Angleterre &: en Zélande Meunier , en latin molhor ; nom qu'on lui a donne, parce que cet infede broie les feuilles des arbres comme fi elles écoient moulues , ou parce que fes ailes paroifiTent couvertes d'une efpece de poufliere farineufe. Cette efpece de fcarabée eft grofTe comme le petit doigt, longue d'un pouce, de couleur brune-roufsâtie fur le deflus des ailes ; mais la tète , le deffus du corfelet Zc le ventre font noirâtres, les bords du ventre ou des articulations font tachetés de points blancs , triangulaires ^ le deflous du corfelet , de la tète &c de la poitrine eft velu j il a fix partes , dont quatre longues dépen- dent du corps , &c deux courtes du corfelet. La tête eft ornée de deux cornes ou antennes houppées par le bout, que l'art a imitées pour en faire Torne- ment ou agrément des robes des Dames , fous le nom àQ foucls de hanne- tons. Lorfque la houppe eft longue & formée de fept feuillets , c'eft un •mâle: fi elle eft courte Se fans feuillets, c'eft une femelle ^ ils déplient tous ces houppes lorfqu'ils prennent leur eftor. Les antennes font repliées fur les yeux qui font noirs. Il y a au bas de la bouche deux autres antennes petites & pointues. La lèvre fupérieureeft obtufe.La queue eft fort pointue & recourbée en bas : il a deux paires d'ailes , dont l'une eft faite de pelli- cules , & l'autre qu'on appelle élytre , c'eft-à-dire fourreau ou étui de corne. La première paire d'ailes eft pliée au-delTous de cette dernière, & ne paroît jamais que quand l'animal s'apprête pour s'envoler : les ailes "de corne font roufsâtresj un peu tranfparenres , ornées chacune de quau^e ftries , couvertes d'une poulliere blanche qui s'eftuie aifément. Ce hanneton- fe trouve par-tout. Son premier écat eft celui de ver hexapode à tête écailleufe. Quand il n'eft que ver , il ronge les racines de froment j ïîevenu infede volant, il mange les bourgeons de la vigne, les feuilles des arbres , & fur- tout celles du hêtre. Le Hanneton pu Poitou a les fourreaux marqués de taches blancheSp épacfes çà &: la : on V appelle fcarabée peint. On le voit au mois de Juillet. Le mâle a les antennes feuillées , & la femelle les a rondes : an le ren- contre auÛi fur les Dunes de la Hollande 8c de la Scanie. Dans l'état de ?rer il ronge les racines des arbres ôc des plantes. Le Hanneton du rosier eft le mtme que le fcarabée des rofes , qui eft de couleur de cuivre verdâtre. Foye^ à la fuite du mot Scarabée. Les Auteurs font mention d'une quatrième efpece de hanneton d\m î>run clair, dont le corfelet eft v^elu , qui a les fourreaux d'un jaune pâle, ^ trois ligues blanches en lojig , c'eft le fcarabée lanugineux d'.ai:kg* 116 H A N Ceft en quelque forte une petite efpece du hanneton ordinaire : «lie eft plus commune en Suéde que par-tout ailleurs. Les hannetons qui fe nourriiïent de feuilles ôc d'herbes , commencent à paroître avec les premières chaleurs fur les arbres , particulièrement fur les noyers , d'où leiu: eft verm le nom de fcarabée d'arbre, Accouplement & propagation des Hannetons, Les deux fexes reftent long-temps attachés l'un à l'autre pendant l'accou- plement. La femelle ayant été fécondée , creufe un trou dans la terre avec la pointe de fa queue j elle s'y enfonce de la profondeur d'un demi-pied , & elle y pond des œufs oblongs , d'un jaune clair. Ces œufs font rangés les uns à côté des autres , mais fans aucune enveloppe rerreufe. Après cette ponte , la mère fort de terre : elle fe nourrit encore pendant quel- que temps avec des feuilles d'arbres , & difparoît enfuite. Sur la fin de l'été les œufs font éclos , & il en eft forti de petits vers qui fe nourriftent de gazon & des racines de toutes fortes de plantes en vigueur : ils paftent quelquefois deux années dans cet état de ver , quelquefois davantage : les Jardiniers & les Laboureurs les nomment alors vers blancs ou mans. Ces vers ou larves font périr les plantes dont ils rongent la racine j auflî voit-on fouvent en arrachant de terre une plante flétrie ou delTéchée, qu'elle a été rongée par un de ces vers. On en trouve quelquefois en (î grande quantité , qu'ils défolent en peu de temps des potagers entiers &: les prairies les mieux couvertes. En un mot , ce ver eft le fléau des racines du froment , du feigle , des autres fortes de gramens j & de toutes les plantes qu'il rencontre dans fa route fouterraine. Defcrïption du ver ou larve du Hanneton j fa métamorphofe en. Scarabée j & fa fortie de terre, A l'âge de trois ans , le ver du hanneton eft au moins long d'un pouce & demi , &; gros comme le petit doigt : il eft pour la plupart du temps reccquillé j la couleur de fon corps eft d'un blanc jaunâtre , prefque tranf- parent. Tout le corps de ce ver fur lequel on voit quelques poils, con- fifte , comme celui des chenilles , en douze fegmens , fans compter la tète : le dernier eft le plus grand, le pkis gros, & paroît d'un gris-violet, parce qu'on y voit les excrémens à travers la peau. A chaque fegment on H A N 417 on apperçoic une couple de rides qui fervent au ver à s'alonger ôc à s'a- vancer dans la terre , & fur tous les fegmens s'étend une efpece de bour- relet, dans lequel on apperçoit neuf points à miroirs. Ainfi ce ver refpire l'air par neuf trous ( ftigmates ) , qui répondent à autant de fegmens : fous les trois premiers font fix pieds roufTâtres , compofés de cinq à fix pièces articulées 8c un peu velues. La tcte de ce ver eft afTez grande , applatie &c d'un jaune luifant, munie d'une efpece de tenaille dentelée , avec laquelle il coupe les matières dont il fait fa nourriture : on remarque deux antennes derrière la tenaille. Il n'arrive guère que ces vers qui ont fix pieds fortent volontairement de la terre : fi le foc de la charrue ou la bêche du Jardinier les font for- tir au dehors , ils ne tardent pas à y rentrer ; autrement ils deviennent bien vite la proie des oifeaux ^ les corbeaux & les cochons font fort friands de ces vers , aufli bien que des hannetons qui en proviennent. Le ver change de peau à mefure qu'il prend de l'accroiffement j il creufe une pe- tite maifonnette pour pouvoir s'y dépouiller plus commodément : cette cavité eft dure & ronde comme une pillule. Après avoir quitté fa peau , le ver fort de fa caverne pour chercher fa nourriture ordinaire ; mais il ne peut butiner qu'en été ^ car dans l'hiver la gelée l'oblige à fe relferrer , à s'enfoncer en terre à une plus grande profondeur , jufqu'à ce que la chaleur du printems l'attire de nouveau vers la furface j au refte il faut une forte &c longue gelée pour le fiire périr. Ce n'eft guère que fur la fin de la quatrième année , au mois de Mai , que la métamorphofe de ce ver ou larve en hanneton arrive,. Il fufîit de fouiller la terre en cette faifon pour en être convaincu j l'on y trouvera non- feulement des hannetons tous formés , mais aufii des vers à différens degrés de grandeur. Voici comment fe fait la métamorphofe. Dans l'au- tomne le ver s'enfonce en terre , quelquefois à plus d'une braffe de pro- fondeur , & il s'y fait une cavité lilTe ôc commode. Sa demeure étant faite , il commence peu de temps après à fe raccourcir , à s'épailîir , à fe gonfler , & il quitte avant la fin de l'automne fa dernière peau de vei pour prendre la forme de nymphe. D'abord celte nymphe paroît jaunâtre, puis jaune , & enfin rougeâtre j ôi alors on commence à difcerner l'apparence d'un hanneton. Si on irrite cette nymphe , on obferve qu'elle a un mouvement fenfible , Se qu'elle peut fe tourner d'elle-même : ordinairement elle ne conferve fa forme que jufqu'au commencement de Février, Akns on apperçoit diftinûement un hanneton d'un blanc jaunâtre , qui eft d'abord Tome III. E e 2iS H A N mou , mais qui prend fa dureté & fa couleur naturelle au bout de dix a douze jours. Il refte encore trois mois en terre dans cet état de h-anneton- formé : voilà pourquoi ceux qui fouillent la terre dans cet intervalle , de y trouvent des hannetons parfaits , croient que ce font des infeétes de l'année dernière , qui s'étoient mis en terre feulement à caufe de l'hiver. Après que l'infecte a paflé quatre ans dans la terre , la plus grande par- tie en forme de ver ou larve ^ il en fort enfin dans le courant du mois de Mai : c'eft alors qu*on peut, fur-tout les foirs , les voir fortir de leurs an- ciennes demeures ; & c'eft auffi ce qui fait que pendant ce mois , princi- palement dans les années où il y a beaucoup de hannetons, on voit que. les chemins ôc les fenriers , durcis par la fécherefTe , font tout criblés de trous. Il faut obferver qu'une extrême chaleur n'eft pas moins pernicieufe aur hannetons qu'un grand froid : aulÏÏ pendant les années chaudes fe tiennent- ils tranquillement fur les arbres à l'ombre du feuillage, qu'ils ne quittent que fur le foir , où ils s'élèvent par eflaims pour folâtrer dans les airs , dc font emportés par le vent d'une contrée à l'autre. Selon les rigueurs des faifons ik l'avancement de l'état du ver en hanne- ton , on peut prédire l'année fertile ou ftérile en hannetons à plaque^ rouge ou noire fur le cou ; car ils paroilTent tour-à tour de deux années l'une : ceux à plaque rouge paroifiTent dans les années impaires , & les autres à plaque noire dans les années paires. On n'en peut pas prédire autant des autres infedes qui naiflenr & périlTent dans la même année. Au refte , la pointe de la partie poftérieure du hanneton eft mince & courte dans celui qui eft à plaque rouge ; elle eft plus grolTe &c plus longue dans les autres efpeces. Foye^ les Amufemens Phyfiqucs fur les Infectes ^. par M, Roefel. Ravage que caufe le Hanneton,. Le nombre des hannetons eft fi prodigieux , que leurs ennemis ne peu- vent fufïire pour les exterminer : le meilleur expédient pour diminuer le nombre de ces infedes , eft de battre les arbres avec de longues perches ,. balayer les hrannetons en tas ôc de les détruire enfiiite : il y a quelques années qu'un certain canton de l'Irlande fouffroit tant des hannetons,, que les habitans fe déterminèrent à mettre le feu dans une forêt de plu- sieurs lieues d'étendue , pour couper la communication avec les cantons: qui en étoieiit infeftés* Nous le répétons , cet infedte ne vole guère peu- H AN ii9 dant le jour : il fe tient caché fous les feuilles ou du clûne , ou du figuier fauvage , ou du tilleul , ou du noyer , &c. Il femble y être affbupi jufqu'au coucher du foleil j car l'horreur de cet infede pour l'air libre, chaud ôc le foleil , eft très-grande. Alors ils fe réunifient en troupes ; & avant de fe mettre en route , ils déploient & alongent leurs houppes j ils volent autour des haies en bourdonnant , & donnent brufquement contre tout ce qu'ils rencontrent j d'où vient le proverbe , étourdi comme un hanneton. Les hannetons fe noupriflent de feuilles d'arbres , des œufs de fauterelle, & deviennent à leur tour la proie des corbeaux , des pies. Les Fermiers n'entendent donc guère leurs intérêts lorfqu'ils m.ettent tout en œuvre pour exterminer ces oifeaux. Les poules mêmes & les renards en dévorent dans l'état de fcarabée ou hanneton. 11 s'en noie aufli une grande quan- tité dans l'eau. Les corneilles & les chiens en mangent confidérUlement beaucoup dans l'état de vers ou de mans , lors des labours du priniems &: de l'été. On peut dire ici que les individus périfTent , mais la race fubfifte. Quand les hannetons ont ravagé les feuilles des chênes 6c des arbres fruitiers 5 ces arbres meurent en partie , ou ne pouffent l'année fuivante leurs boutons que fort tard. Les hannetons difparoififent au bout de deux mois , foit que ce foit là le terme de leur durée , ou que d'autres animaux en abrègent le terme en les mangeant : mais avant de périr , ils pondent des œufs dont il fe forme des larves plus connues fous le nom de vers blancs , qui au bout de quatre ans fe métamorphofent. Autres efpeces d'Infectes appelles Hannetons. Les hannetons des Indes , difons blattes ^ font un fléau pour les vaif- feaux qui reviennent de ce pays où il y en a beaucoup. Ils jettent une puanteur infupportable lorfqu'on les écrafe : ils mangent le bifcuit dans les vaiffeaux , & percent les coffres & les tonneaux j ce qui caufe fouvent la perte du vin & des autres liqueurs. Foye^ Ravet. Mademoifelle Mérian a vu forrir une efpece de petit hanneton d'un petit infede noir , qui fe trouve fur la mille-feuille fleurie & l'ofeille : elle a vu de petits œufs rouges fur les feuilles vertes du lis orangé , fe métamor- phofer en vers , de couleur de vermillon , puis en nymphes rouges , & enfin en hannetons rouges. Elle a fait les mêmes obfervations fur les feuilles d'aulne , fur le bois pourri , fur la méliffe , fur l'œillet , la nielle , E e ij 210 H A P H A R les feuilles de faule , &c. Elle a fuivi la métamorphofe de petits œufs qui fe chaiigeoient en vers, &c qui , chacuns fuivanc leur couleur différente , produifoient en dernier lieu des hannetons d'une couleur analogue : ces hannetons n'étoient probablement que des efpeces différentes àefcarabées. Voyez ce mot. Palfons à l'étymologie du mot hanneton. Il paroît qu'il fe dit par corrup- tion pour alleton j du latin alïtonans j à caufe du bruit qu'il fait avec fes ailes quand il vole. De-là vient aulîi que les Latins l'ont appelle j'cûm- h&us Jiridulus , comme qui diroit fcarabée bourdonnant. On prétend que les ardoifieres de Claris , & autres pierres du même pays , contiennent des hannetons pétrifiés , mais ce ne font que des em- preinte^e ces infedles. HAMYE ou HARPAYE. Foye^ Busard. HARDEAU ou BOURDAINE BLANCHE. Foye^ Viorne. HARENG , halcc aut harcngus. Les harengs font des poiffons de paf- fage , remarquables & intéreffans par l'ordre qu'ils obfervent , lorfque partis des contrées éloignées du Nord , ils defcendent fur nos côtes pour aller jufques dans le midi fournir à prefque tout le monde entier une nourriture abondante & faine. Defcription du Hareng : fa nourriture. Ce poiffon efl: femblable aux très-petites alofes ou aux très-grandes fardines : ion lieu natal eft l'Océan. Il eft long de neuf à dix pouces ou environ , &: a près de deux pouces de largeur j il meurt dès qu'il eft forti de l'eau. Sa tête eft applatie fur les côtés , un peu pointue j l'ou- verture de fa bouche eft grande j fa mâchoire fupérieure eft plus alongée que l'inférieure , & armée de dents prefque imperceptibles. Ses yeux font grands , fitués aux côtés de la tête , & l'iris eft de couleur argentée. Les couvercles des ouies font compofés inférieurement de trois ou quatre lames olfeuffes , & de huit arrêtes un peu courbées 5c jointes enfemble par une membrane ; l'extrémité de ces* couvercles a ordinairement une belle tache rouge ou violette ^ l'ouverture des ouies eft très-dilatée. Les écailles de ce poiffon font grandes à proportion du corps , de couleur argentée , comme tuilées &c faciles à détacher. Le àos eft d'un bleu obfcur , mais qui devient plus bleu au printems : les côtés & le ventre font d'un blanc d'arg^ent j tout le ventre , depuis les ouies jufqu'à l'anus , eft H A R lit un peu reiïerré en manière de cauene aigub'j au lieu que le dos efl: con- vexe ou arqué. Ce poilTon a une nageoire au milieu du dos , unique Se blanchâtre \ les nageoires de la poitrine font blanchâtres & fituées près du ventre j les nageoires du ventre font également blanches , ainfi que celle de l'anus qui approche de la queue j la queue eft fourchue &: grisâtre. Ce poiiron a trente-cinq côtes de chaque côté , &c cinquante-fix vertèbres : il a la moelle dorfale fort différente de celle des autres poiflTons j elle n'eft point divifée en parties égales , mais continue &c fans interruption comme chez l'homme Se les quadrupèdes. La chair du hareng eft graflfe , molle , de bon goût Se de bon fuc. S .On voit par cette defcription du grand hareng commun , que le petit hareng, nommé vulgairement Ce/enn en l'rançois , ou Harengade à Mar- feille , eft de la même efpece : cependant on ne pêche point le vrai hareng dans la Méditerranée. La fardine du Nord eft notre véritable hareng. Malgré la conformité qu'a le hareng avec les petites alofes , on les diftingue cependant aftez facilement : l'alofe a toujours le ventre garni d'épines plus âpres que le hareng. Tous les harengs ne font des œufs qu'une fois l'année, vers l'équinoxe d'automne :ils font plus eftimés Se meilleurs quand ils ont le corps plein d'œufs ou de laitance , comme tous les autres poifTons. Le hareng multiplie beaucoup j il nage en troupes, & luit la nuit. Sa nourriture ordinaire confifte en très-petits poiftbns , en vers de mer , Se même en très-petits crabes. Schoockius nomme le hareng , le Roi des poijfons , à raifon de fon excellence Se de fôn utilité. Les Pécheurs de Hambourg nomment le hareng , poijfon couronné. Endroits où l'on rencontre les Harengs ^ & leur féjour continuel au pôle du Nord. Le grand hareng , dit M. Linmus^ habite la mer Occidentale : le petit habite la mer de Bothnie. La mer glaciale , du Qox.k. de l'Afie , ne manque pas non plus de harengs. M. Anderfon croit que le pays ordinaire de cette efpece de poiflon font les abymes les plus reculés du Nord, &: il fe fonde fur ce que les glaces immenfes de ce pays leur fervent d'une fùre retraite pour la confervation de leur frai , leur accroiftément , &: parce que les cétacées , leurs ennemis , qui ne peuvent refpiret l'eau , & qui n'y pour- i2i H A R roient pas vivre k caufe des glaces , ne peuvent par conféquentleur nuire dans ces contrées. On prétend cependant que les harengs fraient aufli fur les cotes d'Angleterre ^ du moins ils arrivent pleins , & ils fe vident long- temps avant qu'ils quittent ces côtes j d'autres foutiennent qu ils difpa- voifFent des qu'ils ont jeté leur frai. En quelque endroit que foit le premier domicile des harengs , il paroît que leur principale demeure elt entre la pointe dEcoffe , la Nor- wege & le Danemarck. Il en part tous les ans des colonies Se des peu- plades qui enfilent à différentes reprifes le canal de la Manche ; & après avoir rangé la Hollande , la Flandre , l'Angleterre Se l'Irlande , ils vien- nent fe jerer fur les côtes de Normandie. Jufqu'd piéfent on n'eft allé au- devant d'eux que jufqu'nux îles de Shetland ou Hithland , du côté de Fay- rhill Se de Bochenefs , où les Hollandois arrivent tous les ans vers la Saint Jean avec leurs buyfes Se leurs barques : ils y tendent des filets entre deux buyfes , qu'ils oppofent direétement à la colonne des harengs qui y pafFe alors en venant du Nord. Ils en prennent par ce moyen des quan- tités prodigieufes à la fois : ils les préparent fifr le champ à leur façon , & les ramènent chez eux, d'où ils les.diftribuent dans tous les pays de l'Europe. M. Anderfon dit qu'on trouve dans les golfes de l'Iflande , Se même fous le pôle du Nord , les harengs les plus gras , les plus gros , &: en fl grande abondance , qu'il feroit aifé aux habitans de ces endroits d'éta- blir en peu de temps un commerce des plus avantageux , s'ils étoient en plus grand nombre Se plus habiles pour de pareilles entreprifes. Il dit en- core qu'il y a une efpece de ces harengs qui a près de deux pieds de lo»g fur trois bons doigts de large j Se il préfume que c'eft le vrai Roi des harengs 3 c\\x on regarde communément comme le condu6teur de leurs troupes. En effet lorfque les Pêcheurs en prennent un vivant , ils ont grand foin de le rejetter aufîl-tôt dans la mer ^ perfuadés que ce feroit commettre le crime de léfe-hareng , en dçtruifant un poifTon ii utile. Ainfi ils lui font grâce par reconnoilFancfjP^ llufes des poïjjons & des autres animaux de mer ^ &c, auxquels les Harengs fervent de nourriture. M. Anderfon qui en remontant jufques fous le pôle , a rencontré des croupes de harengs , ctoit être fondé â dire , que par-tout où les groffes H A R 213 Se petites efpeces d'animaux de mer le trouvent en abondance Se fort graflfes, on y trouve aufli nécefTairement le liareng en quantité , & dans fa plus grande délicatelTe j parceque les très-petites efpeces attirent le hareng dont elles font la nourriture , de que le hareng attire les grofles efpeces dont il eft la pâture à fon tour. Entre les grandes efpeces d'ani- maux de mer le chien marin ^ le marfouin , &: parmi les efpeces de ba- leines celles que les peuples du Nord appellent hareng-baleine ; ou nord- caper , font ceux qui mangent le plus de harengs. Lorfqu'on leur ouvre l'eftomac, on le trouve toujours rempli de ces poiflTons. Le nord-caper fe tient principalement aux environs de la dernière pointe du Nord de la Norwege , qu'on appelle Cap du Nord j c'eft même de cet endroit qu'il a tiré fon nom. La nature conduit cet animal à choifir ce pofte préférable-- ment à tout autre , à caufe des troupes prodigieufes de harengs qui cô- toient la Norwege en defcendant du Nord. M. Anderfon ajoute que quand le nord-caper eft tourmenté par la faim , il a l'adreffe de raifembler les harengs , &: de les chalTer devant lui vers la cotQ, Lorfqu'il a amafle dans un endroit ferré autant de harengs qu'il lui a été polîible , il fait exciter ,. pîir un coup de queue donné à propos , un tourbillon très rapide j en forte que les harengs étourdis ôc comprimés entrent par tonneaux dans fa gueule- qu'il tient ouverte en ce moment , en afpirant continuellement l'eau & l'air. Le nord-caper en. fait de même à l'égard des maqueraux ôc des fardines.. Malgré la dépopulation que le nord-caper femble faire du harencr , à peine s'en apperçoit-on. La raifon en eft que le hareng multiplie d'une manière prodigieufe j tandis que les monftres marins ne font qu'un ou îout au plus deux petits par an. D'ailleurs la plupart des cétacées font ré- duits a une autre forte de nourriture. C'eft ainfi , par exemple , que la- plus grande efpece de baleine , dont le gofîer eft extrêmement étroit & la gueule embarraffée d^appendices appelles barbes , eft réduite à manger de petits crabes &: certains infedes aquatiques j d'autres mangent des fucus j ÔCc^ Le hareng devient encore la proie des efpeces de cabeliau Se de morue : ces poiftbns font tellement avijdes du hareng , que quand les Pêcheurs de Hambourg & de Groenland veulent en prendre du côté de Spitzberg,, ils fe fervent fouvent pour appâts , au défaut d'un hareng frais & naturel y, d'une figure de hareng faite en fer-blanc : ce moyen leur réuftk merveil- ieufement. Quelques- uns prétendent q^ue nous ne devons L'arrivée dos 224 H A R harengs fur nos côtes , qu'à la chaffe qu'en font ces divers animaux pour fe nourrir. La peur qu'ils ont de leurs perfécuteurs les oblige à fe ferrer ou à fe cacher dans le gros de la troupe , qui rcflemble par-là à une île mouvante. Cette difpofition favorife beaucoup les Pêcheurs j car , pour peu qu'ils attrapent le fil de la colonne , ils en prennent autant que leurs filets en peuvent contenir, lien eft de même des crabes qui , étant chaf- fés par quantité de poiffons , fe reflerrent par troupes , & croyant fe faii- ver , tombent tous à la fois dans les filets des Pêcheurs. Les Pêcheurs ont remarqué que dès que les colonnes de harengs for- tentdes glaces, elles font immédiatement attaquées par ces animaux qui les attendent à leur fortie. Se qui en ferrant de tous côtés ces colonnes épailïes, les chafTent continuellement devant eux d'une mer&: d'une côte à l'autre ; les oifeaux de proie leur font auffi une guerre cruelle j mais il n'eft point d'écueil pour eux plus fatal que les filets des Hollandois, Marche & route annuelle des Harengs. Les mouettes &c quantité d'autres oifeaux maritimes qui voltigent au- delTus de la mer , font connoître , ainfi que les céracées &: les gros poif- fons 5 aux Pêcheurs en quel lieu font les troupes de harengs : ces ani- maux les pourfuivent continuellement pour en faire leur proie , 6c ob- fervent tous leurs mouvemens. Les harengs nagent par grandes troupes , Se aiment à fréquenter les bords de la mer : on les trouve quelquefois en fi grand nombre , qu'ils s'oppofent & réfiftenc au pafiàge des vaiflTeaux : dans ces momens les Matelots en prennent quelquefois un bon nombre avec la pelle dont on fe fert pour arrofer les voiles des vaifleaux. Comme les harengs font nodiluques ou phofphoriques dans la mer, il ne doit pas paroître étonnant Ç\ la pèche en eft plus heureufe èc plus abondante de nuit que de jour. La grande colonne de harengs fort du Nord au commencement de l'an- née : fon aile droite fe détourne vers l'Occident , & tombe au mois de Mars vers Tlftande , l'aile gauche s'étend vers l'Orient. Cette colonne fe fubdivife encore j les uns vont par détachement au banc de Terre-Neuvej che eft finie. La pêche du côté de la Norwege eft beaucoup diminuée depuis l'an 1 560 , temps auquel le commerce du hareng étoit très-florilTant, fur-tout Ffii ziB H A R à Berghen où il y avoit un comptoir pour cette pêche , établi fous le nom de Confrérie de Berghen ou de Scandinavie. Jufqu'à ce temps plufieurs milliers de vaifleaux de Danemarck , d'Allemagne , de Hollande , d'An- gleterre 6c de France , avoient coutume d'aller tous les ans chercher fur les côtes de Scandinavie les provifions de l'Europe \ mais le gros banc de harengs a pris une autre route vers le Hitland & du côté de l'Ecofle. Quand les Pêcheurs EcolTois ont fait leur coup fur le hareng , ceux de Dumbar , de France, du Brabant, & même des buyfes IloUandoifes ré-- quipées une féconde fois , vont au devant de ce poiiFon près les bancs , les baies , les rivières par où doivent pafTer les colonnes, & ils en font encore une capture confidérable. On voit que ce n'eft qu'à raifon de leur nombre que quelques harengs fe fauvent de la conjuration formée contr'eux par les habitans de la terre , de la mer & des airs. Toute la côte de la Suéde & de Finlande , &c. fournit un mauvais ha- reng , à l'exception de la petite efpece qui fe trouve dans le Golfe Both- nique , & qui eft d'un goût exquis. Le hareng de la mer Baltique ôc du Holftein fe pêche vers l'équinoxe du printems. Une chofe afifez fingu- liere , c'eft que dans les mois de Décembre , Janvier & Février on pêche du hareng auprès du Caire en Egypte, & qu'on n'en voit point ni à Ro- fette , ni à Damiette , ni dans la Méditerranée. Préparation & dejiî nation du Hareng. Les Hollandois, parmi lefquels la feule pêche du hareng nourrit ordi- nairement plus de cent mille perfonnes & en enrichit beaucoup , les Hollandois , dis-je , avant que de tranfporter plus loin le hareng de leur pêche, le falent de nouveau. Le meilleur hareng que l'on connoifiTe à Hambourg , &; qu'on envoie dans l'Empire , eft celui qui vient de Hollande j mais avant cette dernière deftination , les Jurés- Emballeurs de Hambourg le falent & l'encaquent encore une fois à la façon Hollandoife j puis en font fous ferment une efti- mation qu'ils marquent fur les tonneaux. Si le hareng de Hollande eft d'un goût infiniment plus délicieux que celui des harengs pris & préparés par d'autres nations , c'eft que les Pê- cheurs Hollandois y prennent des foins & des ptécautions particulières : ils lui coupent les ouies à mefure qu'ils le prennent j & l'ayant préparé avec attention , ils ne manquent jamais de ferrer tout ce qu'ils ont pris H A rt 229 dans une nuit avant la chute du jour. Les tonneaux dans lefquels ils en- caquent leurs harengs , font de bois de chêne , & ils les y arrangent avec beaucoup d'ordre dans des couches de gros fel d'Efpagne ou de Portugal, Les tonneaux dont les Norwégiens fe fervent, font de bois de fipin , ce qui communique un mauvais goût au poiiTon : d'ailleurs ils le falcnt trop ou point affez, &c l'encaquent mal dans les tonneaux. De plus , le hareng de leur pêche eft moins gras que celui du Hirhland j il eft même défendu dans les Provinces-Unies, par un Edit do 1720 , de pêcher aucun hareng entre les rochers de Norv/ege , ou d'en acheter des gens de ces pays, fous peine de confifcation de la marchandife, &c de trois cents florins d'amende. L'Angleterre a fait de grands efforts pour faire fleurir en Ecofle le com- merce du hareng j mais les Ecoflois fe font avifés de pêcher ce poiflbn avant fa perfedion j de plus , ils n'en font la pêche qu'avec de petites chaloupes , en côtoyant la terre : ils font même dans l'ufage de ne point préparer leur poiflfon fur le champ : ils attendent pour cela que leurs cha- loupes en foieiit remplies. Cette façon lente de le préparer ôte au poiffon fa délicatefl^e naturelle 3c la faculté de fe conferver. Les habitans d'Yar- mouth fe contentent d'en pêcher auffi cinquante mille tonneaux ou en- viron , dont ils font leur hareng rouge ou enfumé. Depuis quelques an- nées , Se par les confeils du Prince de Galles Frédéric , on a encouragé la pêche des harengs en Angleterre , par une prime que le Parlement y a mife. Il y a aduellement trente chaloupes Angloifes qui vont aux mers voifines des lies Orcades pour cette pêche. Les Hollandois y en envoient jufqu'à cent, dit M. Haller. Les Flamands, qui étoient autrefois de grands Pêcheurs , ont inventé les premiers la meilleure façon de préparer & de faler le hareng j mais trop voifins d'un peuple induftrieux , ( les Hollandois ) jaloux du com- merce & du gain , ils on: été bannis de la mer. 11 n'y a pas long-temps qu'on difoit hareng de Flandres j aujourd'hui on dit hareng de Hollande. Nous difons que l'ufage d'encaquer les harengs n'efl: guère connu cjue de- puis trois cents cinquante ans au moins j quelques Hiftoriens fixent l'épo- que de cette fimple & utile invention à l'an i 597, & d'autres à 1416': l'inventeur s'appelloit Guillaume Benchels^ natif de Bieruliet dans la Flan- dre HoUandoife. Le fouvenir du nom de Benckels fut par la fuite fi agréa- ble , que l'Empereur Charles-Quint & la Reine de Hongrie fa fœur allè- rent en 1536 en perfonne voir fon tombeau à Bieruliet, comme pour té- moigner leur reconuoiflance d'une découverte fi avantageufe à leurs Su,- 2jc. H A R jets de Hollande ; M. de FoUaire dit que la pèche du hareng & l'art de le faler, ne paroilfent pas un objet bien important dans l'hiftoire du monde; c'eft là cependant, ajoute-c-il, le fondement de la grandeur d'Amfterdam en particulier , & même ce qui a fait d'un pays autrefois méprifé &: ftérile , une Puid'ance riche &c refpedable. Dès l'an 1610 , le Chevalier Waher RaUigh donna un compte qui n'a pas été démenti par le Grand Penfionnaire de whït ^ du commerce que la Hollande faifoit en Rullie, en Allemagne , en Flandre & en France, des harengs péchés fur les côtes d'Angleterre , d'Ecolfe & d'Irlande \ ce compte monte pour une année à i , (^5 9 , 000 livres fterling. Le commerce de la karenguaifon eft aduellement beaucoup plus profitable encore aux HoUandois. Tout le hareng que les HoUandois prennent par un fécond équipe- ment, ainfiqueles François & leshabitans de Galles, &:c. eft mangé frais en partie : le refte , qui va à plufieurs milliersde tonneaux , eft falé , & c'eft celui qu'on envoie en Efpagne &: dans la Méditerranée fous le faux nom de hareng de HollanJe. Ce font fur-tout les Négocians de Devonshire & de Cornwal qui favent le préparer en le preifant d'une façon particu- lière , & qui en envoient la plus grande quantité à Cadix, à Lisbonne, à Venife , à Livourne, & jufqu'en Afrique. M. AnderiOn dit que fur les côtes d'Yarmouthon vide & on coupe les ouies au hareng , dès qu'on en a amené une barque à terre j enfuite on le met dans des tonneaux avec du fel d'Efpagne , ayant foin de le remuer de temps en temps \ au bout de feize à vingt-quatre heures , ils l'ôtenc âts tonneaux , le lavent bien avec de l'eau fraîche , & le fufpendent à des bâtons pofés fur des lattes dans des cabanes fiites exprès pour cet ufage : ils y font enfuite du feu avec du bois fendu bien menu, qu'ils rallument toutes les quatre heures , ayant grand foin de fermer exa6tement les ca- banes pour y contenir la fumée, & la faire recevoir par le poilTon. Ils y laillent pendant fix femaines celui qui doit être envoyé hors du Royaume , •& on l'empaqueté bien pour l'envoi. Tel eft, dit M. Anderfon j le prin- cipal fecret pour bien enfumer le hareng. Les Iflandois prennent encore aujourd'hui des quantités prodigieufes de petits harengs, qu'ils entaftent vivans fur le bord de la mer, & qu'ils partagent enfuite entt'eux par tête. Dans la Bothnie occidentale, on le met dans de grands tonneaux avec beaucoup de fel ; & après l'avoir bien remué avec un bâton , on le laide dans le fel pendant vingt - quatre heures , jufqu'à ce que le fang foit forti, & que le poiiïoii fe roidifte : ou H A R IfX: Vote le lendemain , & on Tempaquete bien dans de petits tonneaux de toutes fortes de grandeurs : on le débite , foit dans le pays même , faits dans le voifinage. On choifidoit autrefois les plus petits j & après les avoir falés , on les faifoit fécher au foar pour les envoyer en préfent dans les pays étrangers : c'éroit dans certains cantons un régal aufli délicieux que' le rafFou rekel du Nord. La bonté de ce poifTon fe perd fur nos cotes ^- & d'ailleurs on n'y a pas la bonne façon de le faler & préparer pour le- tranfport , comme les HoUandois : ce qui fait qu'on le mange frais , oit que tout au plus on l'enfume pour en faire une marchandife un peu du* rable. On eftime affez cette préparation , dont la manière eft rapportée dans les Annales de Breflaw, /^m/ 1710. Dans tous les pays ou côtes à> harengs , on eft obligé d'enfumer ceux de ces poiflons qui font maigres Se coriaces j tels font les harengs de Lubeck , de Pruffe Se de Dantzig. Les HoUandois font encore beaucoup de hareng faur ou enfumé avec ce poiiTon qui , étant pourfuivi par l'épaular & le marfouin , vient fouvenc jufques dans l'Y Grec, devant la ville d'Amfterdam. On le prépare en Novembre ôc en Décembre : il eu très- gras & d'un goût exquis j mais on> le confomme dans le pays j car il fcroit difficile de le tranfporter bien loin à caufe de l'abondance de fa graifte. L'on envoie le hareng fumé le plus maigre, à Hambourg, à Brème , & de-là plus loin dans l'Empire, Le hareng fréquente aufli les cotes de l'Amérique Septentrionale, mais on y en voit beaucoup moins qu'en Europe : il ne va pas plus loin que les fleuves de la Caroline. Ces harengs feroient-ils les mêmes que ceux que i*on voit difparoître en fe jettant dans l'Océan Atlantique j ou un déta- chement de la grande troupe Septentrionale , qui , venant fur les côtes de Groenland, s'écarte fur les côtes du Nord Oueft de l'Amérique, au liées, de tirer au Sud- Eft avec les autres? A l'égard des harengs d'Amboine Se de Banda , que l'on y fale & en- fume , ce ne font point de vrais harengs , mais des poiflons qui leur ref- femblent beaucoup. Il n'en eft pas de même de celui qui fe trouve au Cap de Bonne-Efpérance : on l'y voit par troupes très-femblables à nos ha- rengs d'Europe : ils remontent quelquefois dans les rivières où ils fe nour- riffent d'herbes , de charognes , &c. Les Efclaves Nègres en prennent trèsfouvent au filet : ils l«s laiflTent quelques jours dans lafaumure avant de les manger. 11 eft étonnant que les Européens , & paticuliérement les HoUandois, a' aient encore pu trouver la véritable manière de faler le hareng au poins i^i H A R qu'il fe confervé aiïez pour l'envoyer dans nos Colonies , où il feroit d'un ufage infini ôc très-précieiix. Tous ceux qu'on y a envoyés jufqu'ici ont été gâtés avant que d'arriver. Le hareng frais fe nomme hareng-blanc : il eft d'une chair blanche & d'un bon goût : il convient à bien des tempéramens. Celui qui eft falé fe nomme blanc falé ^ il eft affez mal fain ; il ne convient qu'à des eftomacs robuftes : celui qui eft deflalé fe nomme hareng peck : il eft moins mal- faifant , mais moins délicat que le hareng frais. Quant au hareng faur ou enfumé, il eft pernicieux, quoique le menu peuple l'appelle appétit ou rouge falé y ou craquelin; c'eft le bockum des HoUandois ; il eft (qc , dur ôc très-difficile à digérer. En 176^ , un Epicier de Paris annonça aux Habitans de cette Capitale une efpece de poiffbn d'un goût fort exquis , & qu'il diftribuoit ( fous le nom de frigard ) à quatre fous la pièce. Ce poiftbii qui lui venoit des côtes de Flandre en très-petits barils , n'étoit qu'un hareng cuit dans une forte de court-bouillon aromatifé par la fauge , le laurier , le thym , ôcc. Le hareng eft apéritif. La faumure de ce poififon convient pour déterger les ulcères fétides : elle arrête les progrès de la gangrené. On en fait entrer dans les lavemens pour la fciatique. Foye^ Garum. On voit dans quelques Cabinets àes pierres fchifteufes ou marneufes chargées d'empreintes de hareng. A l'égard du hareng de Lipare, voye^ LiPARIS. HARENGADE , voye^ Celerin. HARFANG. Cet oifeau qui fe trouve dans les terres feptentrionales des deux Continens , eft une grande chouette ; il n'a point d'aigrette fur la tète , & eft encore plus grand &: plus gros que le grand duc. Son plu- mage eft d'un blanc de neige. Son bec eft crochu comme celui de l'éper- vier , il eft noir , & percé de larges ouvertures ou narines j il eft de plus prefqu'entiéiement recouvert de plumes roides , plantées dans la bafe du bec j fes jambes &c (qs pieds font couverts de plumes blanches. Cet oi- feau fe plaît dans les pays froids , &; on ne le retrouve point dans les Provinces méridionales. On afture que dans la baie d'Hudfon il chaftè en plein jour les perdrix blanches HARICOT , phafeolus vulgaris. Le nom de haricot eft commun à la plante &: au fruit qu'elle produit j pour diftinguer cependant la goufle qu'on mange en vert d'avec le grain lorfqu'il eft féparé de fa goufte , on dit H A R 155 dit haricot vert Se haricot blanc -, &c lorfque le grain eft fec , on dit fève de haricot. Le haricot eft urtiverfellement connu , & il s'en fait une grande con- fommation en tous pays. La feuille de cette plante eft uniforme dans toutes les efpeces de ce pays-ci j elle eft divifée en trois parties prefque égales. Ses fleurs font fans odeur , de forme irréguliere , ôc du nombre des fleurs légumineufes ou papilionacées ; elles font blanches ou purpurines, fuivant l'efpece , & forrent des aiflelles des feuilles par bouquets de quatre, fîx , huit ou dix , placées de deux en deux par échelon , le long du rameau où elles tiennent j la tige eft déliée , & ne fe foutient qu'en s'accrochant aux tiges voifînes au défaut d'autres appuis, A la fleur fuccede la goufte , qui eft plus ou moins longue , fuivant l'efpece , 6c contient plus ou moins de grains. Ce haricot eft le fmilax honenjis de Ray. 11. y a un très-grand nombre d'efpeces de haricots : on en a compte , dit-on , jufqu'à foixante &: trois efpeces , très-diftinétes par la forme & la couleur , mais qui n'ont que fort peu de différence pour le goût & les qualités. Nous ne parlerons ici que de quelques efpeces les plus ufitées. La différence la plus frappante qu'il y ait entre les diverfes efpeces de ha- ricots , c'eft que les unes filent , c'eft à-dire , montent , & qu'on eft oblif^é de les ramer ; d'autres reftent baffes , & font nommées haricots nains ou à la touff'e. Les unes ont dans l'intérieur de leur goufre une ef- pece de pellicule , &: les autres n'en ont pas : ce qui fait nommer cts dernières efpeces , hancots far^s parchemin j ce font les meilleures à manger en vert. Ces plantes ont un avantage far toutes les autres; elles réuflilfent mieux la féconde année dans la mcme terre que la première, pourvu qu'on la fecoure d'un peu de fumier : le grain devient plus clair & plus uni. Le haricot nommé haricot gris ^ eft des premiers qu'on feme dans les terrains hâtifs. Sa fleur eft purpurine ; (on grain eil de couleur noire jafpée de blanc: on n'en fait ordinairement ufage qu'en vert, parce qu'il n'a point de parchemin ; c'eft une efpece de haricot nain. Le haricot blanc nain hâtif e(k de toutes les efpeces celle qui donne le plus de profit dans un jardin bourgeois ; mais le grain fec ne renfle pas beaucoup. Le haricot de Soijfons eft' d'un beau blanc 6c d'un émail fupérieur à tous Tomi J 1 1. ^ g 2S4 HA R les autres j c'efi: ceini qui tient le premier rang pour être mangé en fec ou en grains lorfqu'il eft encore frais de tendre. Le harkot de Prague ou haricot à la Reine a une forme qui n'eft pas bien «décidée j il s^Qn trouve de carrés, de ronds, tous plus petits que les plus petits pois, de couleur ifabelle jafpée de noir, cette efpece mériteroit d'ê- tre plus répandue \ car elle fe peut manger en vert , en grain tendre \ ils ont Blême un goût fin en (qc : ils rapportent beaucoup. Le gros haricot de Hollande à confire eft reconnoilTable par fa gouflTe de fept à huit pouces de longueur j on le confit au fel pour l'hiver j c'eft prefque la feule manière dont on l'emploie : il s'en fait une confommation immenfe en Hollande &: dans les pays voifi nsj mais on ne le connoît pref- que pas en France. £n général , quand les filets des haricots ont atteint le bout des rames il faut les arrêter, car ils confomment inutilement beaucoup de fève dont le bas profiteroit. La farine de haricot eft employée dans les cataplafmes pour amollir, réfoudre & difpofer les tumeurs à fuppurer. On dit que le grain mâché & 4appliqué fur la morfure des chevaux , guérit la blelTure. On nous alTure que tien ne réuffit mieux pour poulfer les urines 6c en même temps les graviers que les colfes ou filiques feches des haricots prifes eninfufion , en guife de îhé. Bien des perfonnes font curîeufes de conferver les haricots verts pour les manger en hiver. Pour cet eftet on choifit les plus tendres & ceux où la fève n'eft pas encore formée dans la cofte ion en retire les pointes ou le fi- let, on les jette àplufieursreprifes dans un chaudron d'eau bouillante pour îes faire blanchir , on les retire pour les plonger dans de l'eau froide , ëc on îesfait égoutter fur des claies d'ofier*, enfuite on les laiife deffécher, ou à l'ombre ou à l'étuve, & on les ferre dans une caifte ou dans des facs de pa- pier. Lorfqu'on en veut manger en hiver ou en carême , on en fait tremper ^ans de l'eau tiède, ils y renflent , puis ou les accommode à quelque fiuce que ce foit. Ils ont encore la même couleur & prefque le même goût que s'ils venoient d'être cueillis dans le jardin. Il y a des perfonnes qui , au lieu •de les faire fccher comme nous avons dit , les confifentau vinaigre , ou au èeurr/ï fondu, ou à l'huile j mais ces préparations leur ôtent leur goût. On conferve encore les haricots pour lestnanger en hiver en compote, «jôinrae les cltoux & les raves ; pour cetttFet on les •Jioifit tendres avant H A R X3i que la fève foit formée, on les coupe par tranches fines & on les met par couches qu'on aiTaifonne avec le fel ôc le poivre dans une terrine verniflée : M. Bourgeois dit qu'il faut faire attention de ferrer &c comprimer chaque couche avec la main autant qu'il eftpoffible. HARICOT EN ARBRlSSE^U ,pkafeoIoïdes,Ce(ï\in petit arbrideaw, ou plutôt une plante farmenteufe de la Caroline , que l'on peut élever ici très-aifément de femences ou de marcottes. Cet arbriffeau porte des fleurs de couleur purpurine, ramaflTées en gros bouquets; fes feuilles font com» pofces de folioles pointues 8>c finement dentelées, rangées par paires fur une nervure, & terminées par une feule. Cette plante peut faire en Juin l'ornement des terrafles par {qs gros bouquets purpurins, HARICOT D'EGYPTE y pkafeolus Egyptiacus nigrofemine. Arbre far- menteux qui pouffe fes branches &: fes feuilles comme la vigne. Il fleurit deux fois par an. Conliiltez Profper Alpin. K&mpfer donne la defcriptioa du haricot des Japonois , dont ces peuples font des mets folides & liquides. HARLE ou HERLE, merganjkr. Genre d'oifeau aquatique, dont ors diftingue plufieurs efpeces , & dont le caradere eft d'avoir le bec dentelé comme une fcie, les mâchoires arrondies \ la fupérieure eft crochue par la pointe j trois doigts antérieurs à membranes ou palmés , & celui de derrière fans membranes. Le harle vulgaire a le dos noir , le croupion cendré ; le deflus de la tête & du cou verdâtre, nué de violet; le ventre d'un blanc nué de jaune. Cet oifeau qui habite les rivages de la mer, eft un peu plus gros que le canard domeftique , &a une efpece de huppe fur la tête ; la queue eft pointue. Il y a le véritable harle huppé dont la petite efpece s'appelle pieue. Voyez ce mot. Le harle blanc & noir fe trouve en Allemagne, ainfi que le harle tout noir. Le harle cendré qui fe nourrit de poiflons , a la tête roufle & hup- pée, fon bec eft bien dentelé; c'eft le bievre des Auteurs. Voye:^ ai' article BiEVRE. Le canard huppé de Virginie, dont parle Catesby , n'eft qu'une efpece de harle. La chair du harle a un goût fort marécageux & défa- ^réable. HARMALE , efpece de rue fauvage , fort odoriférante & particulière a l'Egypte. Les Mahométans attribuent à l'odeur de cette plante la vertu de chaffer les malins efprits. HARMATAN. Vent qui règne particulièrement fur les côtes de Gui- née. Il fe fait fentir pendant deux ou trois jours entre les mois de Décem- bre & de Février. Il eft fi froid &: fi perçant qu'il fait ouvrir les jointures Ggij 1^6 H A R H A S des planchers des maifoiis & des bordages des vaifTeaux. Ce vent qui fouf- fle entre l'Eft & le Noid-Eft , eft également froid , & n'eft accompagné ni de pluie, ni de nuages, ni de tonnerre j mais il fufFoqueroit tout ce qui refpire, fi l'on ne fe tenoit enfermé. roye:[ Vents. HAKPAYE ou HAPAYE. Cet oifeau qui n'eft certainement ni un vau- tour ni un bufard, a les mêmes habitudes que la. fous-bufe & Coïfeau de. S. Martin. Voyez ces mots. 11 prend le poilfon comme lejean-le-blancj & le tire vivant hors de l'eau. Il paroît avoir la vue plus perçante que les au- tres oifeaux de rapine , ayant les fourcils plus avancés fur les )eux. On le trouve en France , en Allemagne ^ les lieux bas, les bords des fleuves font les endroits qu'il habite par préférence. HARPE ou LYRE, lyra. On donne ce nom à un poilTon de moyenne grandeur , rond , de couleur rouge , fans dents , & qui porte à la tête deux cornes difpufées en forme d'une harpe , d'où eft venu fon nom : en foufflant il femble produire comme un grognement : il vit de plantes mêlées avec l'écume de mer : fa chair eft extrêmement coriace : on le pêche dans les en- virons d'Antibes. HARPE ou CASSANDRE. Efpece de coquillage univalve, du genre des conques fphériques, dont la coquille eft très-belle, très-variée dans fes couleifrs , &c ornée de cannelures ou plutôt de côtes longitudinales , qui vont en diminuant comme les cordes d'une harpe, d'où, lui eft venu fon nom. On l'appelle auffi fyre de David. Voyez au mot Tonne. HARPENS. Oifeau de nuit qui ne fréquente que les lieux inacceffibles des hautes montagnes du Dauphiné : on en voit aufll dans le Briançonnois. Cet oifeau, dit Belon., fait fon nid dans les ouvertures des rochers, où les bouquetins fe retirent communément : fon cri eft fort lugubre. Cet oifeau ne fort jamais de jour. HARPIE. Voyey^ à l'article Chauve-Souris. HARPONNIER, jaculator. Nom qu'on donne à des oifeaux fort fem- blables au héron : ils ont un bec long , fort & pointu, de la forme d'un pieu ou d'un dard; ils favent s'en fervir de la même manière que les Pê- cheurs ufent de l'inftrument qu'ils ont pour harponner les grands animaux de mercétacées. Le harponnier a la tête aftez grande ; les jambes grolTes & les pieds courts; le plumage cendré, mêlé de noir. Le harponnier du Mexique eft de couleur rouge. HASE ou HAZE. Nom que l'on donne à la vieille lapine & à la femelle du llcvre» Voyez ces mots. H A V H E B 237 HAVPvE ou PORT. Se dit d'un petit golfe , d'une anfe , d'un enfonce- ment d'un bras de mer dans les terres, où les vaiffeaux peuvent faire leur décharge , prendre leur chargement , éviter les tempêtes , ^i où le mouil- lage eft plus ou moins bon , félon que le lieu a plus ou moins de fond 3c d'abri. HAUT ou HAUTHSÏ ou HAY. Animal du Brefil qui eft de la grandeur d'un chien j il a la face d'une guenon , le ventre pendant, une longue queue , des pieds velus à la manière des ours , des ongles aigus & longs. Il fe plaît au haut des arbres , d'où lui eft venu fon nom j on l'apprivoife allez facilement j on croit que cet animal eft une efpece a aï ou. de pare [feux. Voyez ce mot. HAUTIN ou OUTIN, pifcis oxyrhincus , eft un poifton qu'on voit com- munément dans la Flandre & en Hollande. 11 a la bouche longue , menue , pointue, molle & noire j il n'a point de dents j la mâchoire fupérieure furpafte de beaucoup l'inférieure : il a la figure d'une truite. - Sur les bords de la mer Cafpienne on en trouve d'une grandeur confi- dérable. Les Marchands le vendent, en ce pays , delTéché & falé : fa graille eft nourriftante : fes boyaux étant cuits font employés à faire de la colle. Les Pêcheurs du Nil fe donnent bien de garde de toucher au hautin qui fe trouve dans leur fleuve, parcequ'ils ont pour lui une grande vénération. HAYE, eft la plus grande efpece de requin. Voyez ce mot. HAY-SENG. Les Chinois donnent ce nom à un poiflbn três-laid, & dont on ufe à la Chine prefque à tous les repas : il eft fans os & fans au- cune efpece d'arêtes : il meurt aufli-tôt qu'il eft preflé dans la main : mais un peu de fel étant fuffifant pour le conferver , on le tranfporte dans toutes les parties de l'Empire de la Chine. HAY-TSING. C'eft l'oifeau de proie le plus beau, le plus vif, le plus courageux & le plus remarquable qui foit à la Chine. 11 eft très-rare ; on n'en trouve que dans le diftrid de Hang-Chang-Su , Ville de la Province de Chenfy , vC dans quelques parties de la Tartarie. Il furpafl~e en beauté , en force & en groffeur nos plus beaux faucons j aulîî-tôt qu'on en prend un, il doit être porté à l'Empereur àes Chinois, qui le confie aux foins des Fauconniers Impériaux, l^oye-^ Faucon. HÉATOTOTL. Oifeau d'Amérique que Nïeremberg a décrit fous le nom 6!avis vend , oifeau du vent. Il parcît être une efpece à'oifeau couronné. Voyez Oifeau de plumes du Mexique. HÉBRAÏQUE, Nom donné à une coquille du genre des cornets. Sa 2^8 H E D H E L robe efl: ornée de taches qui imitent les lettres Hébraïques j de coaîenf violet-noir fur un fond blanc. HÊDÉRÉE. Les Epiciers Droguifles donnent ce nom on celui àe gomme héderée ^ à la réfine de liere. Fcye^ ce mot à l'article Lierre. HELIANTHEME , helianthemum vulgare. Plante qui vient communé- ment dans les bois&: les lieux montagneux , aux environs de Paris , & qui eft connue aufli fous les noms d'A<îrZ'e d'or, d'hyfope de gangues , de fieur dufolsil ,, & de cyjle bas , parce qu'elle eft de même genre que les cyftes. L'héliantliême a une racine blanche & ligneufe : fes tiges font nombreufes, grêles, rondes, velues , couchées fur terre , & revêtues de feuilles oblongues , étroites , oppofées , accompagnées chacune de deux ftipules, & attachées à des queues courtes , vertes en-deiïus , blanchâtres en-defious , d'un goût glutineux, & qui rougilfent légèrement le papier bleu. Ses Heurs font au fommetdes tiges , difpofées comme en longs épis , attachées à des pédicules , compofées chacune de cinq feuilles difpofées en rofe & jaunes. Elles ont un grand nombre d'étamines &: un feul piftil. Le calice eft compofé de cinq feuilles , dont deux très-petites & étroites > les autres beaucoup plus grandes Se veinées. Le-piftil fe change en un fruit triangulaire , aftez gros , qui s'ouvre en trois, & qui contient quelques femences également triangulaires & roulfes. On ne fe fert que des racines &: des feuilles de cette plante j elles font eftimées vulnéraires j & avoir les mêmes propriétés que la confoude , pour arrêter toutes les efpeces de flux _, &: fur-tout ceuxdefang; on s'en fert encore avec fuccès pour laver les parties de la génération qui font ulcérées. On. donne auflî le nom ^hélïanthcme tuhireux au.', poires de terre ou ^ topinambours. Voyez ce mot. HELIGITE. Nom qu'on a donné aux coquilles fofTiles , turbinées , en vis, &; notamment à ces folfiles dont les fpires font roulées fur elles- mêmes j ou en fpirales & intérieurement , telles que les pierres lenti- culaires. HELIOLITHE. M. Guettard donné ce nom à des poîypites dont le caradere générique eft d'être fimples ou branchus , &: qui ont des étoiles circulaires ou rondes , à plus ou moins de rayons, égaux ou inégaux. HÉLIOTROPE. Foye':^ Herbe aux Verrues , & Tournesol HÉLIOTROPE. On donne aufîî ce nom à une forte de jafpe d'un verr- bleuâtre , tacheté de rouge , on diroit d'une prime d'émeraude : ce jafpe H E L 235 cft très-eftimé. On le porte en amulette pour préferver de la contagion , c qui inveuta la purgation : il guérit avec ce remède les JîUes de I T£tus ^ qui étoient devenues furieufes. On retire de ces racines , par le moyen C portées fur de longues queues : il fort de la même racine pluiieurs tiges grêles , qui portent chacune une belle fleur en rofe , dont le piftil fe change en une petite tête , fur laquelle font entadées pluiieurs graines pointues , à la manière des renoncules : la couleur de la fleur varie \ elle ell bleue , de couleur de chair & blanche : on cultive cette plante dans les jardins , à caufe de la beauté de fa fleur qui paroît au cœur de l'hiver ; elle fait l'ornement des parterres en cette faifon. On jnet cette plante au nombre à^s hépatiques : elle efl: vulnéraire , rafraîchiifante & ailringente : elle convient dans les inflammations de la gorge \ elle levé l'obUruélion du foie ,, fur-tout dans ceux quife font trop livrés à l'amour ; on en faifoit autrefois une eau diilillée , dont les Dames faifoient ufage comme d'un excellent cofmétique , &: particulièrement pour blanchir la peau du vifage lorfqu'elle étoit gâtée par l'ardeur du foleil. HEPATIQUE DE FONTAINE. Foye^ d-dcfus à V article Hépa- tique. L'épatique printaniere de M. Lïnm.us efl; ï'herbe de la Trinité. Voyez Pensée. HÉPATITE. Pierre ollaire d'un roux -brunâtre , un peu ferrugineufe. HEPHESTITE , eft la pierre de Vulcain. Voyez ce mot. HERBAGE. Lieu où naiflent toutes fortes de plantes bafles : on dit rherbage d'un pré , d'un marais , d'un potager. Les herbages dont on fait le foin , & dont les beftiaux fe nourrilEent , donnent au lait fa bonne ou mauvaife qualité. Voye-:^ Prairies , Plante & Foin. HERBE , herba , eft le nom qu'on donne aux plantes dont les tio-es périflent en partie tous les ans. Il y en a de plufieurs fortes: i^. les herbes potagères qu'on cultive pour l'ufage de la cuifine j telles font celles au on appelle herbes fines j comme le cerfeuil , le petfil ^ la farriette j le pourpier ^ la pimprenelle , la corne de cerf ^ le creffon alénois. Uofeille & H h ij 144 H E R la poires j Sec. font également des herbes. t°. Les kerhes ou plantes odo" rlférentes i telles que le baume ou \q bajîlic ^ Vahjinthe j h marjolaine y la civette-appétit j la camomille j le romarin j la fauge , la citronelle , TAér/^e i/a co^ , l'^/zij j le fenouil ^ Vejlragon , le r/2v/72 , &c. 3°. Les ^er/^e^î fauvages _, qui font les plantes médicinales , telles que VhelUbore , la fcammonée , \ agaric , le tithymalc. 4°. On donne le nom de mauvaifes herbes à toutes les plantes qui enlèvent aux bons grains une partie de la fubftance de la terre qu'elles épuifent : celles qui font les plus nuifibles pour le blé , font la nielle dont la femence fe fépare difficilement du grain & noircit le pain : voye-^ Nielle des blés à l'art. Blé : la queue de renard ^ dont la femence relTemble à celle du froment & qui rend le pain amer : le ponceau ou pavoc fauvage j qui fe multiplie au pomt d'étouffer le froment : le vefceron qui couvre le blé quand il eft verfé & le fait pourrir : le chiendent , dont les racines s'étendent en traînalTe & nuifent au labour : le mélilot qui donne au pain une mauvaife odeur': Xivraie qui le rend de qualité nuifible : les chardons & les yebles. 5°. Il y a auffi des herbes dont les racines font vivaces : d'autres ne font qu'annuelles ou bis-annuelles. Voyc-^ Plante. Les herbes entières doivent être cueillies lorfqu'elles font dans leur plus grande vigueur , c'efl:- à-dire lorfqu'elles font en pleine fleur , ou un peu avant la maturité des premières graines , 6c il faut les faire fécher fufpendues à l'ombre. Celles qui font aromatiques comme la plupart des labiées , doivent être renfermées dans des boîtes qui ferment exadement , afin de conferver leur aromate. HERBE A L'AiMBASSADEUR , ou A LA REINE , ou SAINTE , &c. Voye-:^ Nicotiank. HERBE DE L'ARCHAMBOUCHER. Voye^ Saxierage dorée. HERBE D'ARBALÈTE. Voye^ â l'article Thora. HERBE AUX ANES , onagra. Plante qui nous a été apportée de l'Amérique , & qu'on cultive pour la curiofité dans plufieurs jardins : on la trouve même auffi dans les bois & le long des chemins : elle vient de graine , bc ne poufiTe fa tige que la (econàe année. La racine de cette «plante eil longue, de lagrofl'eur du doigt , blanchâtre êc fibreufe. Sa tige eft haute , grolTe comme le doigt , moelleufe , ronde par la bafe , anguleufe & rameufe en haut , guiiâtre & marquetée de points rouges -y (qs feuilles font longues & étroites , fmueufes & légère- ment dentelées j îts fleurs font grandes &; ordinairement à quatie feuilles H E R Z4^ jaunes , difpofées en rofe dans les échancrures d'un calice , duquel une moitié eiï tilhileufe , &c l'autre folide : elle a huit étamines & un piftil , dont le ftigmate eft fendu en quatre : cette fleur eft odorante , mais de peu de durée , car elle ne demeure qu'un jour épanouie fans fe flétrir : quand elle efl: pafles , le germe placé fous le calice devient un fruit cylin- drique , qui s'ouvre par la pointe en quatre parties , contenant quatre loges remplies de petites femences anguleufes : cette plante eft dérerflve 2>c aftringente. On prétend cependant que Cqs feuilles fervent aux Indiens du Para pour refoudre les bubons , maladie fort commune dans le pays. HERBE DES AULX. Foye^ Alliaire. HERBE A BALAI , malva u/mifoûci femine rojlrato j Barr. Cette efpece de mauve croît dans les rues à Cayenne j elle tire fon nom de ce qu'on l'emploie à faire de petits balais. Les habitans fe fervent de fa racine en décodion pour guérir la gonorrhée 6c le mal d'eftomac, Maifon Rujî, de Cayen. HERBE DE BENGALE. Plante dont la tige qui eft grofle comme le petit doigt , eft couronnée d'un bouton en forme de houppe , qui fe file , & dont les Tiflerands du pays font diverfes étoffes , fur- tout cette forte de taffetas , qu'on nomme en Europe taff'etas d'herbes, HERBh BLANCHE , gnaphalium marïtlmum. Cette plante qui croît au bord de la mer a une odeur un peu aromatique , approchante de celle du Jiccchas citrin , èc une faveur tant foit peu falée. Sa racine eft longue, grofle Se ligneufe , un peu fibrée j fes tiges font hautes d'un pied , grofl^es , lanugiaeufes, garnies de beaucoup de feuilles oblongues j Icfquelles étant rompues , paroiifent comme autant de petits flocons de laine cotonneufe, propre à fervir de mèche dans les lampes. Aux fommités des tiges naiflent des fleurs en bouquets à fleurons , évafés en étoile , de couleur blan- che & jaune : il leur fuccede de petits fruits blancs, compofés chacun d'une graine courbe Se d'une efpece de cafque qui la recouvre : cette plante eft déterfive, deflficative Se aftringente. HERBE BLANCHE ou PIED DE CHAT , hifpidu/a aut elychrifum ^ flore majore , purpurafcente. C'eft une plante cotonneufe qui fe plaît fur les montagnes expofées au vent Se couvertes d'herbes j fes racines font fibreufes Se très rampantes ; fes feuilles font couchées fur terre , oblon- gues ou obtufes, d'un vert gai Se duvetées , prefque blanches par-deflTous : au milieu de ces feuilles s'élèvent des tiges de neuf pouces de longueur, velues, blanchâtres, Regarnies de longues feuilles étroites: au fommec 24^ H E R de ces tiges font pliifieurs fleurs X Semons , dlvifées en manière d'étoile, portées chacune fur un embryon , & renfermées dans un calice écailleux , îuifant , blanc ou rougeâtre : elles repréfentent , étant épanouies , le pied d'un chat : l'embryon fe change en luie graine garnie d'aigrettes. Ce font- là, dit M. Deleu-^e j les fleurs femelles j d'autres pieds ne portent que des fleurs mâles : celles-ci font plus arrondies ou moins alongées. Ses fleurs font fur-tout d'ufige ; elles appnifenc la toux , facilitent i'ex- ped:oration , emp(;chent l'ulcération des poumons : cette plante convient à ceux qui ont les poumons engorgés : on l'emploie utilement en infu- fion ou en firop dans le crachement de fang. Les Pharmaciens en font une conferve qui convient aux poitrinaires. 'HERBE CAv:HÉE. Foye^ Clandestine. HERBE AU CANCER. Foyei DtNxtLAiRE. HERBE DU CARDINAL. Nom donné à la confonde royale, HERBE A CENT MAUX, roj'^^ Nummulaire. HERBE AU CHANTRE. Voye^ Vèlar, HERBE AUX CHARPENTIERS ou HERBE DE SAINTE BARBE, harharca j eft: une efpece de creflon ( ou de vetar ^ fuivantM. Deku'^e) qui croît fur le bord des foflcs , le long des ruilfeaux & des eaux cou- rantes ou dormantes , quelquefois dans les champs. Sa racine eft obîou- gue , médiocrement grolfe , blanche , vivace , d'un goût acre : elle poufle plufleurs tiges à la hauteur d'un pied & demi, rameufes, moelJeufes & creufes , portant des feuilles plus petites que celles de la rave , un peu approchantes de celles du crelTbn , d'un veif. foncé & iuifanc \ les fom- mités font garnies de longs épis de fleurs jaunes , perires , ayant chacune quatre feuilles difpofées en croix : il leur fuccede de petires gonfles lon- gues , cylindriques , tendres , contenant des feiriCnces rouflâcres : on cultive aufli cette plante dans les jardins potagers pour la falade : elle fleurit en Mai & Juin ; elle relie verte tout l'hiver , & fe makiplie très- aifément. Cette plante eft déterfive , vulnéraire : on en fait des bouillons ou tifanes utiles dans la colique néphrétique , le fcorbut ou l'hydropifie naif- •fante ; il y a des payfans qui pilent légèrement la plante , & la iowx. ma- cérer dans de l'huile d'olive pendant un mois de l'éié , & s'en fervent «nfuite avec fuccès , comme d'un baume excellent pour les blelfures. Quelques-uns donnent aufli le nom èihcrbc aux Charpentiers à la mille* feuille. ^ Voyez ce mot. H E R 247 HERBE AU CHAT. Toyq Cataire. HERBE DE CITRON. Foyez Mélisse. HERBE DU COQ. Foyei Coq des jardins. HERBE A COTON , fdago. Cette plante qui croît aux lieux ftériles , fablonneux, dans les terres en friche & dans les bois, a une racine fîbrée & chevelue j fes tiges font grêles , cotonneufes , hautes d'un demi-pied ,, branchues, couvertes d'un grand nombre de feuilles velues & oblonguts. St,s fleurs naiifent aux extrémités des tiges j ce font des bouquets à fleu- rons , évafés en étoile , jaunâtres & foutcnus par un calice écailleux :: à cette fleur fuccedent des femences alongées , & garnies chacune d'une; aigrette. Cette plante eft deflîcative Se aftringenre : on la fubftitue quelquefois; au pied de chat , pour le crachement de fang & pour les règles trop abondantes. Lobel dit que dans la partie occidentale de l'Angleterre y Je peuple pile cette plante , la fait macérer & bouillir dans l'huile, & s'en fert utilement pour les contuilons & les coupures. HERBE COUPANTE , cyperus fcandens foins & caule fcnat'is , Barr.- Efpece de fouchet qui croît à Cayenne , dont les feuilles & les tiges fonc dentelées fur les bords comme une fcie : l'on doit fe garantir d'être accro- ché & déchiré par cette plante , car les écorchures qu elle fait font diffi- ciles à guérir. HERBE AUX COUPURES. Foyei Mille-feuillè. HERBE AUX CUILLERS , cocJilearia. C'eft une plante qui croît communément aux lieux maritimes & ombrageux , même dans les Pyré- nées & fur les côtes de la Flandre , quelquefois dans les jardins. On diftingue flx efpeces de cochlearla ; mais nous ne parlerons que de la principale, qui eft celle des boutiques ,. autrement dite cochUaria folio fubrotundo. Sa racine eft blanche , un peu épaifle , droite & fibrée j fes feuilles font nombreufes , arrondies , à oreilles creufes , prefqu'en ma- nière de cuillers , vertes fucculentes , acres & piquantes, ameres , d'une odeur nidoreufe défagréable , &: portées fur des queues longues ^ fes tiges font branchues, couibées fur terre, hautes d'environ un" pied y liiïes , revêtues de feuilles découpées , longues & fans queues. Ses fleurs y, qui paroiflent en Avril, font compofées de quatre pétales blancs difpofés: en croix : il kur fuccede de& fruits arrondis , compofés chacun de deux: coquts qui renferment de petites graines rouftarres. Ces fruits fout mÛL% en Juillet» 24S H E R Toute cette plante tient le premier rang parmi les fpécifiques contre le fcoibut de terre j elle eft apéritive , déteifive, vulnéraire, [de très- propre à raffermir les gencives : on en fait prendre le fuc ou l'infufion : il y a dQS perfonnes qui en mettent dans la bière qu'ils boivent : cette plante deffechée , ou en extrait, n'a que peu ou point de vertu , la par- tie alkaline volatille , qui conftitue fa principale propriété, ne s'y trou- vant plus. Les Grocnlandois réuffiiTent très-bien à guérir le fcorbut de terre Se le fcorbut de mer , en mêlant le fuc de l'herbe aux cuillers avec celui de l'ofeiile : à la vérité , leur cùchlearia n'a point 1 acreté du notre : on tient dans les boutiques une eau & un efprit ardent de cochlearia dirtiUés. HERBE D'OR. Fcye:^ Héliantheme. HERBE DORÉE ou DAURADE. Foye^ Céterach. On appelle encore herbe dorée une très-grande jacobée des prés, à feuilles de limonier. C'eft le virga aurea major vel dorïa de C. Bauhin. Voyez Verge doree, HERBE A ÉCHAUFFURE. Plante qui croît à Cayenne fur les mu- railles , &: dont le nom indique fon ufage : c'eft le bégonia hïrfuta flore albo j folio aurico j fruciu coronato de Farrer. Le fruit eft garni d'une petite couronne , formée par les découpures du calice. On en fait des décodions pour les élévations de la peau. HERBE AUX ECUS. Foyei Nummulaire. HERBE ENCHANTERESSE. Foye^ Circée. HERBE A L'ÉPERVIER , hieracium. Plante qu'on compte au nombre des chicoracées j & qui croît dans dans les champs de tous les côtés, parmi les pâturages : fa racine eft longue, fnnple , charnue 6c laiteufe: fes tiges font hautes de deux pieds , anguleufes , creufes , rameufes , vertes-brunâtres , garnies de quelques feuilles : (ts feuilles principales ortent prefque toutes de fa racine , éparfes à terre , découpées & vertes. Les fleurs font des bouquets à demi-fleurons , Jaunes j il leur fuc- cede des femences longues , roufles & garnies d'une aigrette j la racine de cette plante eft humedante , rafraîchiftante 6c un peu aftringente. On diftingue encore deux autres efpeces A'hieracium ; l'une eft Vhcrbe à Véper- viir à feu'l/es tachées : voye'^ Pulmonaire des François : l'autre eft Vhcrbe à Cépervier odorante ; elle a effedivement l'odeur de l'amande amere. HERBE H E R 2^5 HERBE A L'ESQUINANCIE. Foye^ à Vartkk Bec de Giiue. On donne aufli ce nom à la petite garance. Voyez ce mot. HERBE A ÉTERNUER ou Ptarmique , ptarmica. Génie de plante à fleur radiée- , dont M. de Tournefort compte treize efpeces. Nous par- lerons de la plus commune , ptarmica vulgaris j folio longo ^ ferrato j fiore albo. Cette plante croît dans les lieux incultes & marécageux : elle eft haute d'un pied &: demi , & quelquefois de plus de trois pieds \ fa racine eft longue , genouillée , fîlamenteufe &; plongée obliquement en terre : fa tige eft grêle , ronde , fiftuleufe , & garnie de feuilles longues comme celles de l'eftragon , crénelées , en dents de fcie , & a dentelures fines & aiguës , verdâtres , & d'un goût piquant comme de la pyrethre ; le haut de la tige eft rametix j les fleurs qui paroiflent en Juillet font radiées &: blanches , difpofées en bouquets fort ferrés ou en parafol \ il leur fuccede è,e^ femences menues. Une feuille de cette plante , qui , fuivant M. Deleu-^e j eft du genre de la mille-feuille , mife dans le nez , fait éternuer long-temps : fi on la mâche , elle fait faliver &: eft propre à guérir le mal de dents. Sa racine en fait autant. HERBE A LA FIEVRE. Nom donné à une petite plante rampante de Cayenne ^ c'eft le hallïcm de Barrere : elle reflemble alfez au plantain par la forme -?c l'épaiffeur de fes feuilles : elle exhale une odeur forte &:défa- gréable ^ cependant elle eft agréable au goût : on fait ufage de fes feuilles en manière de thé , ou dans le bain pour les fièvres opiniâtres. HERBE AUX FLECHES. Foye^ Y ovloi. a. HERBE FLOTTANTE, ytzro^t7;(c» On donne ce nom çi\i fucus on varec qui couvre la portion de la mer des Indes qui eft entre les îles du Cap Vert , les Canaries & la terre ferme d'Afrique , & à laquelle le5 Portu- gais ont donné le nom defargafjo : cette plante s'élève fur la furface de la mer de trois à quatre pouces ; elle poufl^e plufieurs rameaux menus , déliés, gris , qui s'amoncelent de s'entortillent les uns avec les autres j fes feuilles font longues , minces , étroites , dentelées en leurs bords , roufsâtres , d'un goût approchant de plufieurs fucus de nos mers ou de la perce-pierre. Ses tiges font garnies de veflies rondes , grofl^es comme le poivre, légères & vides. Cette plante eft fort tendre quand on la tire de l'eau j mais elle devient dure & caflante quand elle a été féchée. On n'y a jufqu'àpré'fent découvert aucune racine ; on y remarque feulement la marque de l'endroit par où elle a été rompue quand on l'a tirée de la mer: il y a néanmoins bien de l'apparence qu'elle eft enracinée d'une manière Tome I J I, I i 230 H E R quelconque au fond de la mer. Cette herbe s par fon abondance , rend la navigation de cette mer fort dangereufe , à caufe des rochers ou bancs de fable fur lefquels elle croît. Voye-^ Goémon. On mange fur les lieux de cette plante en falade j elle eft apéritive , diurétique , & bonne pour le^corbut. HERBE AUX GENCIVES. C'eft le fœniculum annuum , lunbdla cûn- traclata oblonga de Icurnefon. Voyez Visnage. HERBE A GERARD. C'eft ïangéliquefauvage petite. HERBE GRASSE ou HUILEUSE. Foyei Grassette. HERBE AUX GOUTTEUX ou Herbe de la rosée ou Rosée dw Soleil , ros folis. Plante qui naît dans les lieux rudes, fauvages , humides & marécageux, le plus fouvent parmi une moulTe aquatique d'un blanc rougeâtre. Sa racine eft fibrée & déliée comme des cheveux : elle poufle plufieurs queues longues , menues , velues en deiTus , auxquelles font at- tachées de petites feuilles prefque rondes , concaves , en manière de cure- oreille , verdâtres , garnies d'une frange de poils rougeâtres , fiftuleux , d'où tranfudent quelques gouttes de liqueur dans les cavités des feuilles > de forte que ces feuilles & leurs poils font toujours mouillés d'une efpece de rofée, même dans les temps les plus fecs. Il s'élève d'entre ces feuilles deux ou trois tiges prefqu'à la hauteur d'un demi-pied , grêles , rougeâtres, dénuées de feuilles j lefquelles portent en leurs fommités de petites fleurs difpofées en rofes blanchâtres : il leur fuccede de petits fruits de la grof- feur &; figure d'un grain de blé, & qui renferment plufieurs femences. On trouve encore une autre efpece de roféc du foleil j qui ne diffère de la précédente que par la figure de (qs feuilles qui font oblongues : elles font l'une & l'autre également gluantes au toucher , à- peu-près comme Izgraffette j avec laquelle elles ont un certain rapport pour les propriétés : on doit les cueillir dans leur plus grande vigueur & par un temps ferein. Si l'on touche du bout du doigt les gouttes de liqueur qui en tranfudent^ cette efpece de glu forme de petits filamens foyeux Se blanchâtres , qui fe coagulent auflî-tôt. Toute la plante eft pedorale : on s'en fert dans la toux , l'afthme Se l'ulcère du poumon : elle s'ordonne en infufion jufqu'à deux gros , &: à un gros en poudre : dans les boutiques on en fait un firop béchique. On prétend que le ros»foUs ferré dans la main dillîpe la fièvre. Toujours eft- il certain que c'eft un poifon pour les moutons j il leur gâte le foie , le poumon , ôc leur excite une toux qui les fait périr infenfiblement. H E R i5< HERBE AUX GUEUX ou VIORNE DES PAUVRES. rqyqCLÉ- MATITE. HERBE DE HALOT. Nom donné à ï hépatique de fontaine. Voyez ce mot. HERBE AUX HÈBÉCHETS. Foye:^ Arrouma. HERBE AUX HEMORROÏDES. Cod h fcrophuiaire petite. Voyez Chélidoine petite. HERBE DE LA HOUETTE. Foye^ Apocin. HERBE IMPATIENTE. Foye^ Balsamine. HERBE A JAUNIR, f^oye^ Gaude. V herbe à jaunir des Canaries j eft une efpece de petit genêt. HERBE DE LA LACQUE. Foyei Morelle a grappes. HERBE INGUINALE. Ceft Vajler atticus. Dodon. HERBE AU LAIT , glaux maritima. Plante qui croît au bord de la mer , principalement en Zélande & en Angleterre : {ç.^ racines font fi- brées : Tes tiges grêles , balTes & rampantes , portent des feuilles oppofées ^ femblables à celles de l'herniole. Sa fleur eft un godet blanchâtre ou purpurin , fans calice, découpé en rofette à cinq quartiers : il lui fuccede une capfule membraneufe qui renferme des femences rougeâtres ôc mer nues. En plufieurs pays o\\ eft dans l'habitude d'en faire faire ufage aux nourrices , foit dans le potage , ou en décodion , pour leur augmenter Itf lait. On donne aufli le nom d'herbe à lait nupolygala. Voyez ce mot, HERBE AUX MAMELLES. Foye^ Lampsane. KERBE MAURE ou D'AMOUR. r , d'un jaune pâle j chacune de ces fleurs eft un tuyau évafé par le haut de difpofé en croix. Il fuccede à cette fleur une cnpfule membraneufe à deux loges qui renferme des femcnces menues , oblongues , noirâtres , liffes , luifantes Se femblables à des puces : cette efpece de pfyUium fe rencontre fréquemment aux en- virons de Montpellier , &dans les lieux incultes & fablonneux de la m.er: on la cultive aufli dans les jardins : elle fleurit en Juillet , & l'on récolte fafemence en automne. L'herbe aux puces annuelle, /7/y'^^'^'^'^^ annuum ^ eft l'efpece la plus commune \ fa racine eft annuelle, fimple , blanche &: fibrée \ (es tiges font hautes d'un pied , rondes, velues , rameufes j garnies de feuilles op- pofées & femblables à celles de l'hyfope ou de l'eftragon , nerveufes com- me celles du plantain : il fort des aiflelles des feuilles, des pédicules longs ^ garnis en leurs fommets d'épis courts qui font compofés de petites fleurs pâles, femblables, ainfi que les graines qui leur fuccedent , a celles de l'efpece précédente. Cette efpece de /?/)7/i;//';2 , croît abondamment dans les champs , aux bord àes vignobles. L'herbe aux puces contient beaucoup de parties mucilagineufes j fa fe- mence eft rafraichiflante & adouciflanre , elle convient dans les inflam- mations des reins. Les Egyptiens s'en fervent contre les fièvres ardentes j dans notre pays on en emploie tous les jours & avec fuccès dans l'ardeuc d'urine , & pour adoucir l'âcreté de certains purgatifs j enfin c'eft un aflez bon fpécifique pour arrêter le crachement de fang , la dyflenterie & les gonorrhées. On donne le novi\è^herbe à la puce au toxïcodendron. Voyez ce mot. HERBE AUX PUNAISES. Nom donné par Tournefon à la grande efpece de verge d'or 5 dont les feuilles font vifqueufes &; odorantes , èc les fleurs radiées. C'eft le cony-^a major ^ Monfpdïcnjîs odorata de /, Bauhïn, HERBE A LA REINE. Voye^ Nicotiane. HERBE AUX RHAGADES , rhagadïolus. Plante qui croît dans \e^ lieux incultes aux pays chauds \ fes tiges font hautes d'un pied & demi j,. lanugineufes &; rameufes ; fe$ feuilles fout longues , finueufes &: velues^ 254 H E R fa fleur eft un bouquet a demi fleurons jaunes , dont les Feuilles font plices en gouttières ; à la fleur fuccedent des graines membraneufes , dif- poféesen étoile de velues : les femences font longues &c pointues : cette plante prife en décoction , eft apéririve , déterfive & diurétique. HERBE A ROBERT. Foyei à l' article Bec de grue. HERBE SANS COUTURE, /^c^ye:^ Ophioglosse. HERBE DE SCITHIE. ^oj-^^ Reglisse. HERBE DE SAINT ANTOINE , chamœncrion. Ceft le petit laurier Tofe. Voyez ce mot. HERBE DE SAINTE BARBE. Foye^ Herbe aux Charpentiers. HERBE DE SAINT BARTKELEMI. C'eft l'herbe du Paraguay. Voyez Thé du Paraguay. HERBE DE SAINT BENOIT. Foyei Benoîte. HERBE DE SAINT CHRISTOPHE , ChriJIophoriana. Plante qui croît dans les lieux montagneux : fa racine efl: grofle , chevelue , noire eu dehors &; jaunâtre en dedans : elle poufle des tiges à la hauteur de deux pieds, menues ^rameufes : fes feuilles font grandes & larges , laciniées , dentelées & verdâtres. Ses fleurs qui naiflent aux extrémités àes branches, font à fleur en rofe , difpofées en grappes & fuccédées de baies molles , noirâtres & remplies de femences applaries. On ne fe fert de cette plante qu'extérieurement , foit pour guérir la gale , foit pour fi^ire mourir la vermine. Cette plante eft 1'^?^?^^ nigra de Limuus j ou V aconit, rameux : prife intérieurement on la regarde comme un poifon fubtil. HERBE DE SAINT ETIENNE ou DES MAGICIENNES. Foye^ CiRCÉE. HERBE DE SAINT FIACRE. Ceft l'herbe aux verrues. HERBE DE SAINT INNOCENT. C'eft la renouée ou centinode. HERBE DE SAINT JACQUES, /^oye^ Jacobée. HERBE DE SAINT JEAN. Foye^ Armoise. HERBE DE SAINT JULIEN. Foyei Sarriette. HERBE DE SAINT LAURENT. Foye^ Bugle. HERBE DE SAINT PIERRE. Foyei Prime-vere. HERBE SALUTAIRE , herbafalutaru. On prétend que c'eft Tépine blanche dont le Chrift a été couronné. CaJlelU Lcxicon. HERBE A SEPT TIGES ou GAZON D'OLIMPE. Foyei Statice. HERBE DU SIEGE, Foye-^ Scrophulaire aquatique. HERBE AU SOLEIL ou Fleur au soleil ou Couronne du soleii, H E R 25$ ou Soleil, corona folïs y Tournefort. C'eft VheHanthus de Linnâus. Plante différente de l'héliotrope ou tournefol, ôc dont il y a beaucoup d'efpeces : la première monte fort haut en peu de temps , & principalement en Ef- pagne , où l'on en a vu croître à la hauteur de vingt-quatre pieds : celle qu'on cultive eu France, eft de la hauteur de itx pieds environ. Sa ticre eft grofTe , droite , fans rameaux \ fes feuilles font grandes 6c larges comme celles de la bardane, & crénelées en leurs bords : elle porte en fon fommet une grande fleur large , ample radiée , jaune, arrondie , repréfentanr une couronne formée par des demi fleurons qui entourent un grand amas de fleurons : cette fleur efl; toujours penchée du coté du foleil , parcequ'é- tant pefante , & fa tige étant échauflée & amolie de ce côté-là , elle y doit naturellement incliner : [voyc^ l' explication de ce phénomène à l'article Plante ). A la fleur fuccede un (^rand nombre de femences oblon^ues » plus grofles que celles du melon , garnies chacune dans le haut de deux feuillets membraneux , èc enchâflées dans une feuille membraneufe en gouttière. yi. Antoine-Laurent de Jujjleu a obfervé fur l^s fleurons de cette fleur qui n'étoient pas encore épanouis , une exudation , qui étoit une fubf- tance filante , gluante &: collante , prefque en tout femblable pour le goût & l'odeur , à la térébenthine de Venife , & qui donne en brûlant une flamme très-analogue. Ce qu'il a obfervé de fingulier , c'eft que ces gouttes n'étoient pas foutenues par les divifons de la corolle du fleuron ou par les étamines , mais par une efpece de petite membrane qui fert d'enveloppe à la graine *, cette membrane efl: blanche à fa partie infé- rieure , & verte à fon fommet , & c'efl: le prolongement vert de cette membrane qui donne un œil verdâtre au cœur de cette fleur quand les demi fleurons du difque font épanouis , & lorfque les fleurons du centre ne le font pas encore. En vain a-t-il cherché dans l'intérieur de ces fleu- rons la fubftance miellée qu'on trouve ordinairement à la bafe de chaque fleur. Ces fleurons ou demi-fleurons en feroient-ils , dit-il , dépourvus , ou les abeilles plus diligentes , en auroient-elles déjà fait la récolte ? 'L,^ féconde efpece ^ ou variété d'herbe au foleil ^ eft plus petite que la précédente j elle fe divife en plufleurs rameaux : l'une & l'autre font vivaces. Il y a plufleurs autres efpeces à^foleils que l'on cultive dans les jardins. Ces plantes viennent du Pérou : on les cultive préfentement dans tous les jardins en Europe , lur-tout dans les potagers , à caufe de la beauté îS & de couleur bleue purpurine : il leur fuccede quatre femences jointes enfem- ble , ridées , & ayant féparément U figure de la tète d'une vipère ; d'où vient qu'on l'appelle herbe aux vipères» Pour foutenir l'honneur de fon nom , on a prétendu auflî que cette plante étoit fpécifique contre la morfure de la vipère : on eft plus sûx de fa qualité humectante & pecto- rale : elle adoucit les âcretés du fang , le rafaîchit , &: elle le purifie : elle abonde en parties nitreufes. M. Deleufe dit que les abeilles aiment beau- coup cette plante. HERBE VIVE. Ceft Xt. fenfuive. HERBE AUX VOITURIERS. Foye^ Mille-feuille. HERBE DE VULCAIN. Voyt-^ Renoncule. HERBES VULNÉRAIRES. Voyey^ Faltranck. HERBIER. On donne ce nom à uu amas de plantes entières ou de parties de plantes deflféchées , foit à la prefle , foit fans les comprimer , & con- fervées dans despapiers ou cartons , afin d'en avoir l'image fous les yeux fans fortir de chez foi, & dans des temps où la rigueur du climat nous empêche de les avoir fraîches & vivantes. On range ces plantes félon quelque méthode botanique. Quelques Curieux font de ces jardins fecs , foit en prenant l'empreinte des plantes comme nous le dirons ci-après , foit par le deflin , la gravure , l'enluminure ou la peinture. Mais ces dernières méthodes ont beaucoup d'inconvéniens : car quoique les figures en général , ou leurs deflins puiflent être regardés comme des lettres ou caraderes qui peignent ^ expriment aux yeux l'enfemble des différences des objets, quoique lem Tome 11 L Kk i5« H E R utilité ôc leur néceflité foient bien déniontuées en Hiftoire Naturelle ; cependant les défauts qui les accompagnent trop communément font tort à la Botanique. On y pourroit remédier en unifiant les defcriptions aux figures : par ce moyen on auroit non-feulement la figure de la plante , mais aufïî l'explication de toutes fes qualités phyfiqnes , comme la faveur, l'odeur , la durée , le lilTe, le lieu , le climat ^ les vertus , ôcc. Les quatre moyens les plus ufués de figurer les plantes , font la peinture , l'im- prefïïon en couleur, l'enluminure & la gravure. On doit avoir foin de defliner chaque plante dans tous (es détails ^ depuis fa racine jufqu'àfes graines , &c. repréfenter toutes fes parties dans leur fituation naturelle , en réduire la grandeur naturelle à une échelle moyenne , & grollir au luicrofcope les plantes infiniment petites : en un mot choifir un milieu entre ces deux extrêmes. Plus les plantes fe deflTechent promptement , plus elles confervent de leurs couleurs naturelles. Celles qui fe deflTechent prefque fubitement à la moindre chaleur , ont communément peu de fucs , telles font la plupart des gramens , des ombelliferes , des labiées , des légumineufes: celles qui exigent plus de chaleur èc un efpace de huit à quinze jours pour fe deirécher , font les brionnes , quelques renoncules &c autres plantes aqueufes : celles qui ne fe delTechent que difficilement & au bout de quelques mois , font les pourpiers, les joubarbes , plufieurs liliacées, les plantes marines , & autres plantes appellées grajfes ou charnues. M. Adanfon dit qu'il n'y a aucune plante de ces trois claiïes qu'il ne foit par- venu à defTécher , en employant trois fortes de degrés de chaleur^ favoir, celui de la chaleur humaine (30 ou ; 5 degrés ) qu'on peut employer pour les premières. La chaleur du foleil entre 40 & Co degrés pour les deuxièmes. Enfin celle du fer chaud ou du four , qui doit aller de 80 à 100 degrés pour les plantes charnues. Au refte de telle manière qu'on veuille deiïecher les plantes , il faut les avoir cueillies par un temps {qc^ fans rofée , dans toute leur vigueur &: fur-tout aux endroits qui font les plus favorables à chacune , & garnies ^e leurs racines , feuilles , fleurs 6^ fruits ou graines \ les étendre ou les difpofer de manière à bien développer leur forme , leur poficion , leurs différensafpeéts j fupprimer les endroits trop chargés , donner à l'enfemble l'élégante forme de la nature , &: les mettre fans aucun pli chacune entre deux feuilles de papier gris. Lorfque la première humidité de la plante a 'été abforbée , on la mec dans un nouveau feuillet jufqu à parfaite deflica- H E R 25^ tion , puis on les arrange Se on les conferve ainfi féchces dans de nouvelles feuilles de papier blanc. Des perfonnes font dans le mauvais ufage de coller de petites plantes pour les fixer en place j ce moyen empêche qu'on ne les puifle voir des deux côtés j il fuffit de les attacher au papier avec des épingles qui fixent leurs tiges ôc leurs branches principales. Quant aux plantes fort épaiffes 8c fort amaiïees , l'on peut , fi l'on veut , les coudre pour qu'elles ne glifient pas lorfqu'on ouvre fon herbier, mais le mieux de le plus commode pour l'ufage eft de les laifier libre chacune dans leur papier volant. Pour conferver un tel herbier , il fuffit de le garantir de la moifiiTure ôc des mittes , à l'aide de l'étuve & de la poudre de coloquinte. Pour ce qui concerne la manière de fécher les plantes fans les applatir ni les comprimer , voye:^ à l'article Fleurs. Lorfqu'on veut donner un vernis à la plante , on l'enduit fraîche d'un eau de gomme épaiiïe , puis on la met fécher au four ; mais la gomme prend la poufiiere dans les temps humides : il vaudroit mieux fe fervir du blanc d'oeuf bien battu avec quelques gouttes de lait de figuier ou de dthym.ale : ces fortes de gommes- réfines augmentent la limpidité de cette efpece de vernis. On fait que parmi les plantes qu'on delfecheà la prefTe , il y en a qui iaiifent fur le papier leur figure empreinte , foitpar une forte de gomme- réfine qui couvre leur furface , comme dans le cifte ladanifere , foit par une couleur que leur humidité y décharge , com-me dans la plupart des faules &c des peupliers ; ce qui , félon l'Auteur des Familles des Plantes , fait une imprellion que l'art a imitée , en gommant légèrement celles de ces plantes qui font aqueufes , huilant celles qui ne prennent pas l'eau on la gomme , puis répandant defiiis de la couleur en poudre , ôc les mettant enfuite à la prelfe fur un papier blanc auquel s'attachoit cette couleur , en marquant davantage les côtes & les nervures. Telle cd la manière d'avoir les plantes par empreinte. Enfin Boyle a indiqué un moyen de prendre l'empreinte grolfiere de la figure des feuilles de toutes fortes des plantes. Pour cela il faut noircir une feuille quelconque à la fumée de quelque réfine , du camphre ou d'une chandelle , &c. Enfuite ;iprès avoir noirci cette feuille fuffifamment , on la met légèrement à la prefie entre deux papiers brouillards, par exemple deux papiers de la Chine, ou bien l'on frotte fur le papier fupérieur avec un polilToir de verre , ou feulement avec le pouce , & l'on a l'exade étendue , figure ôc ramification des fibres de la feuille j voyez Boyle s works abiidgd ^ vol, i . pag. 1 3 i ; confultez auflî le Kk i] 2.So H E K. quatrième Journal (TRiJîoire Naturelle de M. VAhhé Rq^er :ma.is cette em- preinte s'efîace très-aifément en tout ou en partie* L'art a trouvé une autre façon de prendre la figure d^me plante fans l'applatir : c'eft en coulant dans fon moule fait de plâtre , du métal fondu , comme écain , plomb , &c. Ce procédé qui eft aduellement connu de tout le monde , produit îine plante métallique qui repréfente alTez parfaitement la naturelle. L'in- duftrie des hommes eft encore parvenue à dilTéquer les feuilles fupérieu- rement bien j l'on fait aujourd'hui des fquelettes de feuilles beaucoup plus parfaits que ceux que nous fournifTent les infedes fi vantés dans ce travail par quelques Naturaliftes, Severinus eft un des premiers qui ait ' montré l'exemple , quoique feulement fur un petit nombre de feuilles* ^ViÇmzQ Mujfchenhroeck 3 Kundman de autres ont poufie le fuccès jufqu'à faire des fquelettes de toutes fortes de feuilles. M, Haller dit qu'on y par- vient par la macération , &: que les eaux thermales y font propres. Voye":^ les articles Plantes , Fleurs , Feuilles , '&c, HERECHERCHE. Efpece finguliere de mouche luifante , qui, félon Dap-per j fe trouve dans l'île de Madagafcar , & dont les bois font rem- plis comme d'autant de bluettes de feu qui forment un fpedacle fingulier pendant la nuit. Quelquefois ces mouches s'attachent en nombre aux ïTiaifons. La peur groflît les objets. Un voyageur s'éveillant en fiufaut crutvoir fa chambre en flamme : il fut faifi d'effroi j mais il revint bientôt de fon étonnement. Flacourt crut un jour auflî fa maifon en feu ^ mais en ■examinant de près il ne trouva qu'un fujet d'amufement & d'admiration dans ce qui avoit caufé fa frayeur. Dapper dit que c'eft un efcarbot lu- mineux qui éclaire & étincelle dans les bois & fur les maifons pendant îoute la nuit , comme s'il étoit enflammé. F'oyex^ l'article Mouch.e luî- 3ÎANTE. HÉRISSÉE. Nom qu'on donne à la chenille velue de Tartichaut , & ^ui , dès qu'elle eft raiïafiée de fes feuilles , fe retire en terre : fcn pa- . |>illon eft blanc. HÉRISSON BLANC ou Barbet blanc. M. de Réaumur donne ce siom au plus fingulier des vers mangeurs de pucerons , à caufe de fa figure llnî^uliere &: remarquable. Tout fon corps eft couvert & hériflTé de cei- caines touffes blanches , oblongues g &: arrangées comme les piquans d'uia porc-épic : ce font des filets ou pinceaux rangés avec fymétrie fur fix lignes. Il y a de ces infedes àoat ;les touffes font beaucoup plus Icurgues «gue celles des -autres : ^llesne s'élèvent pas en ligne droite ^ mais fe xe- H E R x6i c<îurbent un peu en crochets , & en partie vers la queue ; les crochets du bord du ventre font tournés en dehors j ceux de la tête tombent fur les yeux ; ce qui donne à cet infede l'air de ces barbets à qui des touffes de poils tombent fur les yeux. M. de Réaumur explique l'origine de ces touffes cotonneufes , Mém, II. Tom, III, Ce Naruralifte dit avoir trouvé cet infede dans les mois de Juin &: de Juillet, fur des feuilles de prunier peuplées de pucerons j on en trouve aufîîfurle rofier : il ajoute que ces pucerons de prunier femblent être plus de ion. goût que tous les autres. Pendant toute fa vie il efl: entouré d'une abondante provifion de gibier. Quand ces barbets blancs en ont dépouillé une feuille, ils palîent fur la feuille voifine. Ces petits infedes barbets en moins de quinze jours parviennent à la grandeur qu'ils doivent avoir : fans quitter cette fourrure , & fixés dans un endroit , ils fe transforment en une nymphe peu différente de celle des fcarabées himifphériques. Après que l'infede efl refté environ a'ois femaines fous cette forme , il la quitte pour prendre celle d'un très -petit fcarabée. Foye^ Cocci- KELLE, HÉRISSON FRUIT. On donne ce nom à un fruit des Indes Orien- tales , de la figure & de iagrolTeur d'une poire, mais couvert d'une écorce hériffée d'épines. 11 croît par grappes à de grands arbres j & fa pulpe , <]ui eu de fort bon goût , fe conferve ii bien qu'on en fait provifion dans le pays pour les voyages de mer. HÉRISSON DE MER , echinus ovarlus j mafinus. Voyez à l'article Oursin. On donne aufïi le nom d'hériifon de m.QTL2i\xpoi£onarmé. Voyez ce mot. ^ HÉRISSON TERRESTRE , echinus terrejiris y eft un petit animai ter- Teftre , gros comme un lapin moyen , & qui fréquente ordinairement les bois j c'eft le feul quadrupède de notre climat qui foit couvert de piquans , ^ qui fe pelotonne au point de cacher tous (qs membres. Il eft long de huit à neuf pouces : fes yeux font petits & à ileur de tête : fes oreilles font larges , arrondies & élevées , fes narines dentelées j il a à chaque pie^ cinq doigts armés d'ongles , le pouce eft plus court que les autres. Tout le deflus du corps , fa voir ^ le dos , les côtés 6<: le fommet de la tête , font couverts de piquans durs & pointus , comme le font les coques de châ- taignes ; ces piquans font variés de brun & de blanchâtre , les plus lon^s «ont environ un pouce & demi., fur une demi ligne de diamètre. Lehé- ïiflon ievê & abaiûe à ion gré ces épines qui foju fes arme^ iiaturelles. Sa i^i H E R tête , fi on en excepte le fommet , fa gorge , fon ventre , fes piecîs Se fa queue font couverts de poiis bruns ôc blanchâtres : il a à chaque mâchoire deux longues dents incifives ; les fapérieures font éloignées l'une de • l'autre, Ôc les inférieures prefque contigues y & en outre de chnque côté de la mâchoire fupérieure font quatre petites dents canines féparées par paires , 6c cinq molaires , dont la première & la dernière font plus petites que les trois du milieu : de chaque côté de la mâchoire inférieure , il y a trois petites dents canines contigues & couch>''es obliquement en avant, & quatre molaires , dont la dernière eft plus petite que les trois autres î en tout trente-fix dents. La femelle a huit mamelons. Il ne faut pas confondre cette efpece de hériflon avec le porc épie . ces animaux différent l'un de l'autre par la grandeur, par la forme de leurs aiguillons, par la figure du corps , ôc par les pays qu'ils habitent» J^oye^ PoRc-ÉPic. On diftingue plufieurs fortes de heàjjons terrejlres , dont le caradkere eft d'avoir deux dents incifives à chaque mâchoire , des dents canines , les doigts onguiculés , & le corps couvert de piquans. Il y a des hérilfons qui ont le mufeau long, pointu, femblable au grouin d'un pourceau j dans les autres il eft plus court , plus applati , & femblable au mufeau d'ua chien. Quand le hériffon a peur , ilfe met en rond j & par ce moyen il cache fa tête & fes pieds , ôc n'offre de toutes parts qu'une boule épineufe. Dans cet état il fe défend très-bien contre les chiens & les autres bcres : fi on Tarrofe d'eau , {q^ pointes fe rabaifi'ent auflitôt. Cet animal ne fort que la nuit : il fe nourrit de fruits tombés a terre j il détache avec fes pattes les grappes de raifins : rien d'auffi fingulier que de le voir fe rouler fur qq% grappes qui font à fleur de terre , ou fur les pommes , poires , &c. que le vent a abattues. Dès qu'il fent que fes pointes ioni entrées dans ces fruits , il s'enfuit avec fa charge dans les lieux où il fe retire , foit dans les troncs des vieux arbres couchés cà terré , foit dans les cavernes , ou au pied èi^^ vieilles mafures. Cet animal paffe le fort de l'hiver à dormir. On prétend qu'il fouille auili la terre avec le nez à une petite profondeur j qu'il mange les fcarabées , les vers & quelques racines : il ne rejette pas la viande. 0\\ l'apprivoife dans les maifons pour détruire les rats & \qs fouris dont il fe nourrit. Entre les quadrupèdes, dit Mathlolc fur Diofcorlde , le feul hériffon a les parties naturelles attachées aux reins comme les oifeaux. Le mâle Se H E R i^s ■la femelle s'accouplent de bout face a face , à caufe de leurs piqiians : c'efl: au printems qu'ils fe cherchent , Se ils produifent au commencement de l'été : ils ont ordinairement quatre petits , lefquels font blancs en naiffant , ôc l'on voit feulement fur leur peau la naiffance des piquans. On trouve dans les Mémoires de l'Académie des Sciences , & dans les Ephémérides des Curieux de la Nature , la defcription anatomique du hériffon. Lé hériiïbn eft d'un naturel froid. M. Temple aflure qu'ayant ouvert deux de ces animaux , il en détacha le cœur, dont les mouvemens de fyftole &: de diaftole continuèrent pendant deux heures entières : il fie éprouver à ces vifceres , pendant la dernière demi-heure, une convulfîon à chaque piqûre qu'il leur faifoit. Le hérilfon abonde en excrémens : fa chair eft aftringente , difficile à digérer , Se nourrit peu \ mais dans les Indes, où. la chair du hériiïbn eft blanche, les Indiens s'en nourrirent. Comme ces animaux ne vivent que de fruits, d'ceufs de fourmis , d'herbe$ ' .& de racines , les Efpagnols en mangent pendant le Carême. On trouve aufli dans les pays étrangers plufieurs fortes de hériiïbns terreftres j favoir , le hériffon d'Afrique j qui , félon Dapper , fe trouve dans le pays des Nègres : il y en a de la groffeur de nos pourceaux , que l'on appelle quenia : ils ont des piquans forts longs , qu'ils hériiïent quand ils font en colère : ils tuent les léopards qui les veulent dévorer * car les plaies qu'ils font font incurables, à caufe de la longueur & de l'épaifiTeur de leurs piquans. Les petits n'ont pas plus d'un pied de hau- teur , Si. leurs pointes font plus foibles. Ce hériflbn eft un porc épie. Le hîriffon d'Amérique , qui eft de la grofteur du nôtre, n'a point les oreilles faillantes j elles font comme des efpeces de trous. Ses piquans font courts , gros & durs, d'un cendré jaunâtre j le refte eft comme dans les hériiïons ordinaires. Le hériffon de Malaca , qui a les yeux grands Se brillans : fes oreilles font glabres \ fes piquans font effilés , variés de blanc noirâtre j Se de blanc roufsâtre , longs depuis un jufqu'à lîx pouces. Les efpaces qui font entre ces piquans , font remplis de poils déliés , longs Se foyeux. On le «ijpve à Java, à Sumatra, Se fur-tout à Malaca. Ce n'eft peut-être encore qu'une efpece de porc-épic. Voyez ce mot. Le hériffon de Sibérie, qui eft fort petit, a les oreilles & le mufeau courts : (es piquans font gros, pointus, mais courts , & d'un jaune doré. Son ventre eft garni de poils fins , laineux , d'un cendré doré. 2^4 H E R Les Chafleurs dans Tlnde & dans l'Afrique » pour prendre les hcrifTons & les porcs-épics , fe fervent de rufes & retiennent leurs chiens j cas ces animaux bleflent les hommes Se les chiens avec leurs piquans, qui font comme autant de poignards : il y en a de blancs > de noirs & de différentes couleurs. HERISSONE. Chenille marte , ou efpece de chenille velue , dont le poil ferme des houpes. f^oye^ l'article Chenille marte. HERn INANDEL. Couleuvre fort dangereufe de la côte de Malabar» M. Linnxus dit que fa morfure corrompt toutes les chairs ^ qui pourriflenc & tombent enfuite j &: qu'après mille tourmens le malade meurt. HERMAPHRODITE. On donne ce nom aux individus dont les deux fexes font réunis dans une même enveloppe , &: peuvent fe féconder ré- ciproquement : tels font la plupart des végétaux. On n'a pas encore vu d'animaux qui puiflTent rigoureufement porter ce nom. Les limaçons , par exemple, quoiqu'ils réuniffent les deux fexes dans une ouverture com- mune, ne peuvent fe féconder eux-mêmes , & font une efpece particu- lière d'hermaphrodites. J^oye'^ Limaçon. Ceux qui portent les deux fexes fur le même individu , mais féparés l'un de l'autre , chacun dans une en- veloppe particulière , s'appellent androgïnes. M. Adanfon dit qu'on n'en a encore vu que dansles plantes. Parmi les hermaphrodites &: les andro- gines on voit fouvent, dit encore le m-ême Auteur, l'un des deux lç.-:iiQ% ftéiile : quelquefois auffi l'on voit des hermaphrodites mêlés avec des mâles & des femelles parmi ces androgines j on appelle ces derniers ubrides & polygames. On voit à Tarticle Coquillage les différentes efpeces d'hermaphro- difme connues : il eft maintenant facile de juger de la différence d'un hermaphrodite avec un aphrodite : celui - ci , que M. Linnétus a appelle monoïque j parce qu'il çdunifexe j produit feul & toujours par génération fans le concours d'un autre individu , &cc. voye^ l'article Aphrodite , de ce qui efl dit de l'hermaphrodifme des fleurs au mot Fleurs : voyez encore le mot Sexe , inféré dans le Tableau alphabétique j &c. a la fuite de l'article Plante. Le vulgaire s'imagine que les perfonnes qu'on appelle hermaphrodites ont à la fois toutes les parties naturelles des deux fexes : mais c'eft une erreur. Ces hermaphrodites font des monftres , n'y en ayant jamais eu d'aflez parfaits pour fervir en même temps de mâle à une femelle de de femelle H E R 2^5 kmelle à un mâle, 5c pour devenir propres à produire Se à concevoir avec l'un & avec l'autre des deux fexes. Les fujets humains que l'on qualifie de ce nom , loin d'être tout à k fois hommes Se femmes , ne font ordinairement ni l'un ni l'autre : ils ne doivent leur conformation iînguliere qu'à un jeu de la Nature dont l'opé- ration ordinaire a été interrompue. Nous difons jeu de la Nature j car la Nature ne confond jamais pour toujours ni (qs véritables marques, ni fes véritables fceaux. . Il n'eft pas abfolument rare de voir des fujets hermaphrodites , ou du moins qui fe font palTer pour tels , depuis qu'ils n'ont rien à appréhender à.Q^ préjugés Se des lois. Bien loin d'être jetés à la mer ou dans la rivière, comme on le faifoit à Athènes 5c à Rome j au lieu d'être relégués dans quelque île déferre , Se regardés comme des êtres de mauvais préfage , on les cherche avec foin , on defire de les voir comm.e un des objets les plus curieux que la Nature puifTe offrir. On a vu à Paris , en l'année 175 1 , un hermaphrodite âgé de feize ans, qui avoit été baptifé comme fille. Se nommé Michel- Anne- Drouan, Ce fujet étoit maigre, mince , fec , fa poitrine étoit plate , Se ne montroit rien qui annonçât une gorge naiflante j il ne fe fentoit aucune des in- commodités propres au fexe \ il avoit beaucoup de poils fur tout le corps , principalement au menton Se aux parties naturelles : fa marche , fon port , Ïqs geftes, le ton de fa voix étoient d'un garçon j mais l'examen qu'on en fit donna lieu de penf^r que ce prétendu hermaphrodite n'étoit qu'une fille pourvue d'un grand clitoris. On eft porté à croire que tous les hermaphrodites font des filles mal configurées. Leurs inclinations dominantes font plus propres que tout autre examen à décider le fexe qui les conftitue : celle de Paris dont ou vient de parler , Se qui s'eft préfentée en l'année 1 -jCG aux regards cu- rieux des perfonnes qui étoient dans ma maifon , n'a pas choifi une fille pour voyager , mais un garçon d'aflez bonne mine. Quoique cet herma- phrodite parût pourvu des parties viriles , il ne pouvoir en faire ufage ; car, quoique fufceptibles d'érection , elles ne pouvoient fe relever à caufe (d'un double frein qui les arrêtoit. Cependant la Nature n'eft pas toujours conftante à cet égard , Se l'on en a un exemple bien frappant dans le nouvel hermaphrodite que l'on a vu à Paris au commencement de I7 qui mérite d'être lu. Il eft intitulé : Parfons mechanical and critical in^ quiry into the nature of Hermaphrodites. HERMIN^E, mujîella armellïna ^ hermellanus, C'eft un animal du genre de la belette , dont le caradere eft d'avoir iix dents incifives à chaque mâr ehoire , à chaque pied cinq doigts onguiculés, tous jfcparés les uns des autres , & dont le pouce eft éloigné des autres doigts , &: articulé plus haut. Tous les quadrupèdes de ce genre ont le corps alongé 6c les jamoes courtes; aufli l'hermine femblet elle n'être qu'une efpcce de belette, L'herr mine eft un peu plus grande: elle a les ongles blancs & le bout de la queue noir. Tout le refte de fon corps eft blanc en hiver \ mais en été , la partie fupérieure du corps eft rouge , & la partie inférieure eft blanche ; on lui donne alors le nom de rofelet ; le tour de (qs yeux eft rouge & gris : elle fait fa nourriture de rats & de taupes. On trouve cet animal en Ruilie , en Scandinavie & dans tous les pays du Nord, rarement en France, plus communément en Suifte : on le rencontre abondamment au Cap de Bonne- Efpérance , & fur-tout en Arménie \ c'eft d'où lui eft venu le nom d'A^r- mine. Il gîte dans les cavernes. L'hermine a une très-mauvaife odeur : mais c'eft un joli petit animal dont les yeux font vifs , la phyfionomie fine & les mouvemens fi prompts , qu'il n'eft pas polÏÏble de les fuivre de rœiU L'hermine fait aufli fa nourriture de petits gris. Sa peau eft nés eftimée des Fourreurs : c'eft avec le bout noir de fa queue que les Pelletiers fone ces agrémens qui pendent à la bafe de l'aumufle à^s Chanoines : ces bouts de queue font très-chers. On prétend que les Pelletiers tavellent ou par- fement la peau de l'hermine de mouchetures noires faites avec de la peau d'agneau de Lombardie pour en relever la blancheur. C'eft de peau d'her- mine qu'eft doublé le manteau royal &c celui des Grands, qu'ils portent dans les grand.;s cérémonies. On en fait auflGi des manchons , des bon- nets , des fourrures pour les habillemens d'hiver des Dames &c pour les robes des Préfidens à mortier. HERMODACTE , hermodaclylus offic, C'eft une racine qui palïe pour être celle d'une efpece de colchique. F'oye:^ ce mot. On trouve cependant quelque différence entre le colchique commun ou mortel & l'hermodade des boutiques ; mais M. de Tournefort aftiire qu'il a trouvé très-fouvent: l'hermodade dans l'Afie Mineure , avec des feuilles & des fruits fembk- H E R 16^ bles à ceux du colchique : il n'eft donc plus douteux que Thermodade ne foit la racine bulbeufe d'un colchique oriental. Colchicum radïce Jiccata alba. On ne nous apporte d'Orient , d'Egypte & de Syrie que la partie in- térieure dépouillée de fcs tuniques ou enveloppes, c'eft-à-dire , une ra-. cine dure, tubéreiife , triangulaire , ou repréfentant la figure d'un cœur coupé par le milieu , applatie d'un côté , relevée en boîTe de l'autre , & fe terminant comme par une pointe , avec un fillon creufé de la bafe à la pointe fur le dos , d'un peu plus d'un pouce de longueur, jaunâtre en dehors , blanche en dedans : fi on. la pile , elle fe réduit Facilement en poudre , d'un goût vifqueux , douceâtre , & un peu acre comme l'eft la racine à'arum Ces racines font fujettes à être vermoulues. Les Arabes font les premiers qui ont enrichi la Pharmacie de ce re- mède , qui étoit inconnu aux anciens Grecs : ces racines étant récentes, purgent la pituite par le vomififement & par les felles. Lorfqu'elles font delTéchées & rôties , les Egyptiennes s'en fervent , dit-on , pour fe nourrir & s'engraiiïer. Les hermodades conviennent aux goutteux. HERNIAIRE ou HERNIOLE. Voyei Turquette. HÉRON, ardea. Genre d'oifeau aquatique , fcolopace & imantopede, qui vit de poilTons , &: dont il y a plufieurs efpeces. Nous en citerons les plus connues j enfuite nous donnerons l'hiftoire à\x butor , autrement dit le héron étoile. Quant au flamant , au pélican j à la grue & à la cigogne j que bien des Auteurs rangent improprement avec le héron , voyez à chacun de ces mots. Le HÉRON GRIS ou CENDRÉ Ordinaire , ardea cînerea major & vulgarîs^ C'eft un oifeau qui eft plus petit que la grue & la cigogne. Il a depuis le bout du bec jufqu'au bout des ongles quatre pieds de longueur , & trois pieds Jufqu au bout de la queue , ou environ j le bec long d'un demi-pied , fort, droit, pyramidal, & d'un vert jaunâtre ou brunâtre , ayant une fofifette gravée depuis les narines jufqu'à fa pointe , les côtés un peu âpres & dentelés en arrière vers l'extrémité , afin de pouvoir mieux retenir les poiOTons gliiïans dont il fe nourrit j les plumes antérieures du fom- met de la tète font blanches j il a une crête noire haute ou prolono-ée de quatre pouces & demi. Le mâle , que quelques-uns regardent comme d'une efpece diiférente , a communément une crête bleuâtre , compofés de trois plumes longues de huit pouces , pendantes ^ couciiées en airieret %7 elles n'ont que le devant de la tète velu. Il porte une nageoire fur le dos j fon ventre eft blanchâtre, gros Se enflé, la femelle eft encore plus ventrue r la queue de ces animaux eft quarrée , Se quelquefois recourbée comme un crochet j tout leur corps eft couvert de petits cercles cartilagineux Se poinLus , d'où foïtent de petits aiguillons ^ les cercles font attachés l'un à l'autre par une peau déliée qui eft de couleur brune avec quelques taches blanches» quand le cheval marin eft mort, tous fes filets tombent j Se à mefure que ce poiflon fe delfeche , on lui fait prendre ordinairement la. figure d'une S romaine. C'eft fous cette forme qu'on le voie dans les ca-- binets des Curieux. On trouve des hipoocampes plus grands que le précédent , Se à cri-» niere. 11 y en a qui n'ont point d'aiguillons &: peu d'anneaux • d'autres enfin qui n'ont point d'aiguillons , mais beaucoup de cercles ou d'anneaux : on en compte à leur queue jufqu'à trente-cinq. La plupart des Auteurs difent qu'il fort du ventre de cette forte de poiflon un venin , dont le remède eft d'avaler du vinaigre dans lequel on aura fait mourir une feche , animal qui fe dérobe aux yeux à^s Pécheurs en jetant mie liqueur noire comme de l'encre ; vQyç-{ au mot Sèche. On prétend que l'hippocampe eft bon contre la morfure des chiens enragés. JllPPOLlTHE , hippolitus. Nom qu'on donne à la pierre ou bézoard de cheval , laquelle fe trouve dans la véficule du fiel , ou dans les in- teftins H I P zSi reftijis , ou d^in^ la veille de cec animal. Elle eft ordinairement groiT'e comme le poing ; mais il s'en trouve de plus groflTes , & plus ou moins arrondies : elle eft grisâtre, compofée de couches circulaires. Voyc'^au mot BÉzoARD ou Calcul. Il s'engendre aulli quelquefois des pierres dans les mâchoires & dans d'autres parties des chevaux. Lémery dit qu'il y a même lieu de penfer que la plupart des maladies qui arrivent aux chevaux, & auxquelles les Maquignons ni les Maréchaux ne connoilTent rien, viennent de ces pier- res , qui ayant été engendrées & formées dans quelques-uns des vifceres de l'animal , y caufent des obftrudions naturelles qui les font périr. On prétend que l'hipolithe eft fudorifique , qu'elle rcfifte au venin, tue les vers , èc qu'elle arrête le cours de ventre. HIPPOMANE , hippomanès. C'eft un corps que les Anciens difoient être de la grofifeur d'une figue fauvage , de couleur noire , & adhèrent à la tête du poulain nouvellement né. L'opinion commune étoit que lî la jument ne dévoroit pas elle-même l'hippomane , elle abandonnoit le pou- lain. On regardoit aulîî ce corps comme la matière principale d'un philtre extrêmement puifTant. Cette opinion étoit fi accréditée du temps de./^- venal 3 qu'il n'a pas héfité d'attribuer une grande partie des défordres de Caligula à une potion que fa femme lui avoir donnée à prendre , & oix elle avoit fait entrer un hippomane entier. Des obfervations folides &: dénuées de préjuges , ont fait connoître la fauiTeté de ces divers fenti- timens avancés par les Anciens. On doit diftinguer deux fortes d'hippomanes. Le premier eft une li- queur qui fort des parties naturelles de la jument pendant qu'elle eft en chaleur j le fécond eft une matière qui a diverfe? formes , qui eft com- pofée de petites lames dans toute fon étendue , & qui n'a point l'air d'être un corps organifé , mais fimplement un fuc épailîî , ainfi que s'en eft affuré M. Daubemon. Cette matière eft le fédiment d'une liqueur qui fe trouve dans une cavité qui eft entre l'amnios & l'allanroïde : ainfi ce corps n'eft point placé fur le front du poulain , & la jument ne nourrit pas moins fon petit , quoiqu'on ait enlevé l'hippomane. Quant à leffet de ce philtre redoutable, fi vanté par les Démonocrra- phes &: les vieilles femmes qui fe font paflfer pour forcieres, on eft en droit de douter de fa poflibilité. Voyez ÏHiJioire de l'Académie des Scien- ces j année 1751. On voit dans le Cabinet du Jardin du Roi des hippomanès de difFé- Tçme II L Nn iSi H I P rentes grandeurs , confervcs dans refprit-de-vin. On donne le nom d' hip" pomanès végétal à la femence de la. pomme épineufe ^ & au fruit du man- celinicr. Voyez ces mots. HIPPOPHAES , eft un arbrifTeau qui croît dans la Morée., aux lieux fablonneux de la mer & des torrens des Alpes : il eft garni d'épines fort dures, & de feuilles qui reflemblent à celles de l'olivier , mais qui font plus longues, plus étroites & plus tendres. Ses fommets fe répandent en rond , en forme de chevelure blanche. Sa racine eft grofle , longue & rem- plie d'un fuc laiteux très- amer & d'une odeur forte : fes fleurs font en grappes , placées dans les aiflelles des feuilles : les fleurs mâles font, dit M. Deleu^e , à quatre étamines, foutenues par un calice à deux feuilles y les fleurs femelles , placées fur d'autres pieds , n'ont qu'un piftil , auquel fuccede une baie qui ne contient qu'une femence. Le fuc de l'hippophacs eft purgatif: les foulons du pays fe fervent de cet iarbrifteau. HIPPOPOTAME ou Cheval de rivière , hïppopotamus, Eft une ef^ pece d'animal amphibie à quatre pieds , qui habite plus dans l'eau que fur terre , qui tient extérieurement du cheval & du bœuf, mais dont le ca- radere principal eft d'avoir quatre doigts ongulés à chaque pied , & à chaque mâchoire quatre dents incifives, dont les fupérieures font féparées par paires , & les inférieures paroiflent en -avant parallèlement à la mâ- choire j les deux du milieu font beaucoup plus longues que celles du côté. M. Brïjjon dit que l'hippopotame a en tout quarante-quatre dents j favoir huitincifives, quatre canines &: trente-deux molaires : ces dernières dents font comme de l'ivoire j leur figure eft quarrée , elles reflemblent aftez aux ^ dents machelieresde l'homme \ les canines font fort dures , très-longues &: arquées , de même que les défenfes du fanglier. Cet animal a depuis la tète jufqu'à la queue treize pieds de long \ le diamètre horizontal de ion corps a quatre pieds & demi : fa tête a deux pieds & demi cfe large & trois pieds de longs \ l'ouverture de fa bouche un pied \ fes jambes ont trois pieds & demi de long, depuis le ventre Jufqu'à terre , & trois pieds de tour. Ses pieds font très- gros, fendus en trois, formant quatre doigts environnés par-tout d'un ongle & d'une forme de talon , qui fait comme une cinquième divifion. Son mufeau eft gros & charnu : il a les yeux allez petits & à fleur de tète , les oreilles minces bc longues de trois pouces. Sa queue, qui a un pied de long , eft grofle à fon origine , & fe termine tout - à r coup en pointe : fa peau eft très-épaifle , dure , ôc d'une couleur H I P ih obfcare , unie Se Inifante quand l'animal efl: dans l'eau : il n'a que peu ou point de poil , excepte au bout de la queue &c au mufeau j où il a une mouftache femblable à celle des lions &c des chats. On voit dans le Cabinet de Leyde , un hippopotame qui nous a paru aiïez conforme à cette defcripcion. On voit aufli une tête de cet animal, dont la peau efl. tannée , au Cabinet des Auguft:ins de la Place des Vidoi- res à Paris. Dans l'un des Cabinets d'Hifl:oire Naturelle du Château de Chantilly, il y a un jeune hippopotame bien confervé Se l'olfature entière de la tête d'un aflez gros cheval de rivière. Cette efpece d'amphibie fe trouve dans le Nil , ( equus noUticus ) dans le Niger , dans la rivière de Gambie, même dans l'indus en Afie , mais généralement dans toutes les rivières des côtes de l'Afrique : il peut marcher au fond des eaux comme en plein air , Se commme il n'efl: pas véritablement amphibie , il eft obligé de venir refpirer fouvent fur l'eau : il dort dans les rofeaux , fur le bord des rivières : il n'efl: pas rare d'en rencontrer qui pefentjufqu'à quinze cents livres. Leurs dents font d'une dureté extrême j leur cri fur terre & à la furface de l'eau efl: une forte de henniiTement ; leur vue efl: perçante Sc leur regard terrible. Les pieds &: les dents de cet animal font les feules armes dont la Nature l'a pourvu j fa courfe n'efl: pas aiïez vite pour attraper un homme aufl!i léger que le font les Nègres : c'ell ce qui les rend aflez hardis pour l'aller attaquer à terre. On a foin de lui barrer le chemin qui tend aux rivières j car fouvent il cherche moins à fe défen- dre qu'à regagner le féjour des eaux : mais lorfqu'il efl: dans l'eau , il pro- pofe volontier fa revanche \ car il nage aflTez vite , Sc tâche de fe placer de manière à excer toute fa force. Il entre peu dans la mer ^ il préfère l'eau douce , fur- tout celle qui coule dans des prairies Sc des terres cultivées. î. Il paroîtque le requin & le crocodile redoutent l'hippopotame, car on * ne les a point encore vus mefurer leurs forces avec lui. La peau du che- n val de rivere efl: extraordinairenient dure fur le dos , ainfi que fur la croupe , fur le cou Sc le dehors des cuifles : les balles de moufquet ne font queglifler deflus, & les flèches y rebrouflent j mais elle eft moins dure Sc moins épailfe fous le ventre Sc entre les cuifles : c'eft auflî dans ces endroits-là, que ceux qui ont des armes à feu, des flèches Sc ^qs fagayes , tâchent de le frapper. Cet animal a la vie dure j Se ne fe rend pas aifément. Les Européens qui vont à cette chaflTe tâchent de lui cafler ' les jambes avec des balles ramées j Sc quand il eft une fois à terre, iU Nn ï\ i?4 H I P en font en quelque forte les miîtres. Les Nègres qui attaquent le couteau à la main les crocodiles Se les requins , n*ofent pas fe jouer ainfi aux chevaux deriviere. Si cet animal a été blelTé dans Veau avec une lance , il dreiïe & fecoue les oreilles, il jette auiîî-tôt des regards menaçaris ) fes yeux paroifTent rouges & enflammés , il fe tourne & s'élance avec furie fur le bâtiment où il voit fes ennemis, & en enlevé quelquefois avec les dents des morceaux de bois ou des planches alTez confidérables j dans ces momens de colère, fouvent il frappe fes dents l'une contre l'autre, il en fait fortir des étincelles^ c'eft ce qui a donné lieu aux Anciens de feindre que cet animal vomilToit du feu ; quelquefois il y fait un fa- bord d'un coup de pied : fi c'eft une chaloupe j il la fait virer, quelque grande qu'elle foit. Nous avons dit ci-delTus que l'hippopotame dort dans les rofeaux Se halliers fur le bord des rivières j comme il ronfle très-fort , c'eft " là qu'il fe trahit & qu'il avertit ceux qui le cherchent, du lieu où il repofe : dans cette fituation , il eft aifé à furprendre Se à ruer ^ mais il faut y aller fans bruit, car fon ouie eft très-fine. Les Pécheurs redoutent cet animal qui ne ménage pas leurs filets, ni leur poiflbn , ainfi que les autres animaux qu'il peut furprendre : les Nègres difent que ce vivipare a plus d'averfion pour les blancs que pour les noirs Les femelles du cheval de rivière font leurs petits â terre : elles leur y donnent à teter , &: les y élèvent : elles marchent derrière eux pour les défendre, &c apprennent à ces nouveaux nés à fe jeter à l'eau au moindre bruit. On prétend que la portée eft de quatre petits : on ignore la durée de leur ^eftation. Les Nègres d'Angola, de Congo , de la Mina, ôc des côtes orientales d'Afrique, regardent le cheval de rivière comme un diminutif de quel* que efpece de divinité : ils l'appellent /eri/ô. Ils le mangent pourtant, quand ils peuvent en attraper , Se ne s'en font pas plus de fcrupule que les Egyptiens, qui mangeoient leurs ciboules Se leurs oignons, qu'ils avoient mis au rang de leurs dieux. Au rapport du P. Lal^ac ^ cet animal qui eft fort fanguin , fe phlébo- tomife d'une manière finguliere : pour cette opération , il cherche un coin de rocher aigu Se tranchant, & s'y frotte vivement, jufqu'à ce qu'il fe foit -fait une ouverture fuffifante pour laiffer couler fon fang : il s'agite même quand il ne fort pas à fon gré; Se quand il juge qu'il en a tiré fuSifamment , il va fe coucher dans la vafe , Se ferme ainfi la plaie qu'il s'eft faite. Si le fait eft vrai , cette efpece de Chirurgien demi-amphibie H 1 P 2S5 feroit piéfumer que l'art de îa faignée eft de route antiquité , ôc qu elle eft dans l'ordre de la nature. On fe fert de la peau du cheval de rivière pour faire des boucliers & des rondaches : lorfqu'elle eft feche &- bien étendue, elle eft à l'épreuve des flèches, des fagayes & des balles. Les Portugais emploient cette peau aux mêmes ufages que celle des bœufs , de elle eft infiniment meilleure quand elle eft bien apprêtée : on dit que les Peintres Indiens emploient le ûng de cet animal parmi leurs couleurs. Les groftes dents où défenfes font fort recherchées par les Opérateurs & tous ceux qui fe mêlent d'arracher les dents &c d'en remettre d'artificielles : ils ont éprouvé que la couleur de celles-ci ne jaunit point comme l'ivoire , qu'elles font beaucoup plus du- res , ôc par conféquent d'un meilleur ufé : en effet quand on frappe ces dents avec un morceau d'acier , il en refaite des étincelles comme par le moyen d'une pierre de fable : on en fait aulTi de petites plaques minces , que Ion perce en deux endroits, afin d'y pafler un ruban j c'eft une amu- lette que bien des perfonnes portent contre la crampe , la goutte fciatique ôc les hémorragies , mais qui certainement ne leur eft pas d'un grand fecours. La chair de l'hippopotame eft-très eftimée au Cap de Bonne-Efpé- rance 5 on l'y vend douze à quinze fous la livre , foit rôtie , foit bouillie j c'eft un mander délicieux pour les habitants, même pour les Nègres & les Portugais de toutes les rivières , depuis le Niger jufqu'au Nil. Cette chair eft pour l'ordinaire très-grafte ôc très-tendre : elle a un petit goût de une odeur qui tiennent du fauvageon. La graifte de cet animal fe vend autant que fa chair. Quoique l'hippopotame foit un faux amphibie, les Portugais n'ont pas laiiTé que de le déclarer poiftbn , apparemment afin d'en pouvoir manger en tout temps. , Le cheval de rivière , comme nous l'avons dit , fe nourrit de chair de poiflon ; mais dans l'occafion , il va aufli paître l'herbe dans les campa- gnes j il aime fur tout le riz, le maïs, le millet, les pois, les melons & autres légumes qu'on cultive en ce pays-là , &c dont il eft grand man- geur. Les Nègres, qui font contraints de faire leurs longans ( terres qu'ils enfemencent) aux environs des rivières , afin de jouir de la fraîcheur de êc de la graifie de la terre , qui fe trouvent , difent-ils , communément en ces endroits , font obligés de garder ces champs jour & nuit , & d'y faire bien du bruit &c du feu , afin d'en éloigner les chevaux de rivière de les cléphans. :tS(î H I P H I R HIPPRO. Foye:( au mot Peuplier. HîPPURIS. Voye\ à la fuite, da mots Conferva & Presle. HiPPURIl E , hippuries corallïnus. C'eft un polypier compofé de c6-. nés turbines , comme empilés les uns dans les autres : les jointures des ar- ticulations croiiTent &: décrdiflTent, conmie on le voit aixjparganiwn. L'hip- purite foflile efl: commun en Gothie 5c en Suifle, Se n'eft qu'une efpece de coralloïde foflile, tubulée & articulée comme la prêle cannelée ou fillon' née, quelquefois elle eft rayée & étoilée à l'extrémité , les hippurires en- tiers font rares. Lesfragmens d'hippuritespréfentent la forme d'une racine de bryone , ou d'une colonne fpirale , ou d'une corne de bélier. Pour l'in- telligence de cet article, li/e'^ les mots Corail ,Corallines j (où l'on trouvera celui de Litophyte ) & Madrépore. HIRONDELLE, hïrundo. Nous connoiflons en Europe cinq efpeces d'hirondelles j favoir, i°. V hirondelle de cheminée , qui a le ventre blanc de le dos noir ; 2°. Xz grande hirondelle qu'on nomme vulgairement ^r^/2ûf martinet; }°. ]^ hirondelle de fenêtre ou à cul blanc ^ que quelques- uns ^ppQWenz petit martinet j ^^.\ hirondelle de rivière ou de rivage \ 5*^. le tette-chevre , dit en Sologne ckauche branche , plus connu fous le nom de crapaud-volant ^ &cc. Les marques caraéiériftiques de ces oifeaux, font d'a- voir la tête grande; le bec court, un peu courbé, aminci vers le bout , applati à fa bafe, avec une ouverture grande de propre à avaler les mou- ches ôc les autres infedes qu'ils prennent en volant. Ils ont les pieds courts Se petits , car ils ne marchent pas beaucoup : leur queue eft longue & fourchue. Nous allons donner une hiftoire plus détaillée de l'hirondelle vulgaire, afin que le ledeur ait une idée fuffifante de la configuration de cette efpece d'oifeau : nous finirons cet article par la citation de quel- ques efpeces étrangères , & enfin par un expofé des particularités que les Naturalises en ont remarquées. L'Hirondelle domestique ou de ville ou de cheminée , hirundo vulgaris j aut domefica , pefe à peine une once : elle a fix à fept pouces de long , depuis le bout du bec jufqu'a l'extrémité de la queue , &c près d'un pied d'envergure : elle eft d'une grofleur mitoyenne entre le petit & le grand martinet. Son bec eft court , noir , fort large près de la tête , pointu par le bout : l'ouverture en eft très ample : fa langue eft fendue eu deux : fes yeux un peu grands , font fournis de membranes clignotantes : riris eft de couleur de noifeite \ fes pieds font courts 5c noirâtres j fou plumage eft d'une fort belle couleur bleue foncée rougeâtre : elle a une H I R 287 tache fanguine , obfcure au menton j fa poitrine Se Ton ventre font blan- châtres, avec quelque rougeur, &c fa queue eft fourchue. Cet oifcau a un gazouillement aflez agréable, &: qui approche du chant : c'eft principalement de grand matin , dans les longs jours qu'il chante j mais il ennuie bientôt par fa monotonie : on ne le peut tenir en cage ni en volière. On lui trouve quelquefois dans le ventricule plufieurs pe- tites pierres tranfparentes , inégales, rougeâtres, groîles comme une len- tille; on prétend qu'elles fervent, ou pour aider la trituration de fes ali- mens , ou pour nétoyer fon eftomac : on s'en fert pour mettre dans les yeux lorrfqu'on veut en faire fortir quelque ordure qui y eft entrée. Cette efpece d'hirondelle fait (on nid dans les cheminées j ce nid eft couvert en forme de panier. Sa couvée eft de cinq à fix œufs tout blancs. Villughby dit que fur la fin de Septembre , il a vu une grande quantité de ces oi-, féaux , quoique maigres , au marché de Valence en Efpagne. 11 n'y a point d'oifeau qui vole avec tant d'agilité que l'hirondelle : fon vol eft aufîî tor- tueux que rapide : elle a de fortes ailes : aulîi fe fiant à fon vol , elle entre familièrement dans les maifons , & fait hardiment , comme itous venons de le dire, fon nid, ou au plancher ou aux cheminées , & dans les en- droits où les chats , les rats & les oifeaux de rapine ne fauroient aller j elle le bâtit de chaume , de foin & de paille , en prenant toujours une bec- quetée de boue avec chaque brin de chaume , afin de mieux maftiquer le tout erifemble : elle lie fon ouvrage , comme un Maçon. Quand le nid eft bien uni en dedans , elle y apporte des plumes & toutes fortes de ma- tières molles. Elle mange envolant, ôc on ne la voit guère defcendre fur terre pour prendre fa nourriture : elle a les pieds trop courts 6c trop foibles pour pouvoir marcher , aulïl marche-t-elle alfez mal, & fort rarement. On prétend que les hirondelles font deux couvées par an , & lorfque la première s'envole , elle cherche dans le voifinage une mare ou un étang où il y ait beaucoup de rofeaux, pour palïer les nuits en fureté contre la pluie & les oifeaux de proie. Rien d'auffi fingulier que de voir l'agitation , & d'entendre les cris du père & de la mère de ces oifeaux pour appeller les autres hirondelles , lorfqu'on touche à leur nid ou à leurs petits. Ce font de toutes les hirondelles celles qui s'en vont le plus tard. Lorfqu'il s'agit de leur migration, elles s'aftemblent auparavant à un étang, ou dans les vignes fur les échalas , &: partent la nuit ou de grand matin en filence dans de beaux jours. On a remarqué que quand ces oifeaux volent bas , rafant la terre ôc l'eau , c'eft un figne de pluie : elles volent ainfi j foit pour 2S8 H I R faire la chafTe aux moucherons de aux autres infeâres dont elles fe nonr- riffent, foit pour éviter le vent. Le retour de l'hirondelle domeftique nous annonce leprintems. Comme elle part quinze jours plutôt que les autres efpeces , elle arrive auffi quinze jours avant ; en un mot , elle change ain(i de climat pour y trouver fa nourriture ordinaire, qui jie fe rencontre que depuis le printems •jufqu'à l'automne. Cependant M. de Réaumur a fait voir que ces voya- geufes n'étoient pas toujours inftruites de l'état aduel de notre climat, Eftedivement en 1740 il en coûta la vie à celles quin'avoient pas préva que le froid retarde la transformation des infedes qui font leur. nourri- ture , comme la chaleur l'avance \ aufïî les voyoit-on tomber aux pieds des paiïans , dans les rues , dans les cours & dans les jardins : les environs de Paris étoient, en certains endroits, jonchés de ces oifeaux morts oa mourans. Les rofiîgnols , qui ne prennent pas feulement dans l'air leur nourriture , comme les hirondelles , mais qui la- favent trouver fur la furface de la terre, n'éprouvèrent point le même fort, quoiqu'arrivés de bonne heuïe, L'HlB,ONDELLE RUSTIQUE OU DE CAMDAÇ.N!! , OU HiRONDELLE DE FENE- TRE OU A CUL ELANC, OU PETIT MARTINET j hlrundo agrcjîis aut minor. Elle fait fon nid aux fenêtres, aux portes & aux voûtes des Eglifes. Ce nid efi: artificieufement conltruit^ il eft compofé de boue & de paille gâchés en forme de mortier. C'eft la feule hirondelle qui aire aux portes , aux fe- nêtres & aux voûtes àQ^ Eglifes , elle fait fon nid de figure fphérique en n'y lailfant qu'une petite entrée. On dit avoir vu deux moineaux francs appareillés s'emparer hardiment d'un de ces nids enl'abfence du proprié- taire. Les deux moineaux y concertoient tranquillement \qs préludes de leurs amours j bientôt les deux hirondelles arrivèrent à la porte de leur nid & trouvèrent les deux brigands qui y étoient logés. On reclame fon domicile , on le refufe j on babille beaucoup , on menace les locataires , parafites ufurpareurs , on s'anime de part & d'autre , on en vient aux coups de bec , on fe harcelé inutilement j les deux hirondelles prennent le parti de fe retirer à quelque diftance \ là, elles fonnent l'alarme , le peuple hirondelle s'affemble, on écoute les plaintes, les parties inté- reffées & moleftées plaident, leurs cris fuppofent tantôt la chaleur du difcours &: tantôt un ton pathétique attendriffant : le fait expofé , on tient confeil , on avife aux moyens , quelques membres fuivent les parties inté- ceflées pour reconnoître les lieux qu'on trouve toujours occupés & bien défendus , H I R aSjj «défendus, on retourne à l'afiTemblée, on fait fon rapport. Aufli-tôt on dé- libère, & la troupe part à deffein d'exécuter la conjuration. Pour cet effet on fe met à l'ouvrage , chacun gâche de la poufliere avec une goutte d'eau , & emporte à fon bec cette petite motte de limon ou de mortier j on va près du nid , on invite encore les locataires à vider les lieux ^ ils lefufent de déguerpir ; alors le peuple hirondelle , comme d'intelligence , paffe alternativement Se dépofe le maftic dont elles fe font munies , elles fer- ment 6c claquemurent ainfi les moineaux qui y périrent de faim. L'hirondelle à cul blanc a le defTus de la tète , du cou & du dos , comme la précédente, mais elle n'a point de rougeur, excepté au haut dugofier ôc aux narines qui en font quelquefois tachetées : elle eft blanche par dell'ouS jufqu'aux doigts de (es pieds : fes jambes font couvertes de plumes blanches , ainii que fon croupion : fa queue eft moins longue que celle de h. précédente. La Grande Hirondelle ou grand martinet , qu*on nomme encore Hirondelle de muraille, ou de caverne, ou de rocher, ou mou- tardier , hirundo apus. C'eft la plus grande de toute les efpeces d'hiron- delles. Elle eft prefque de lagroOTeur de l'étourneau ; le deffus de fa tête eft large , le cou court \ l'ouverture du gofier fi ample qu'elle avale du premier coup des hannetons &c àes papillons : elle a des efpeces de pau*. pieres : fon bec eft petit , noir & aigu j Ïqs ailes font longues , fa queue eft fourchue , (qs jambes font couvertes de plumes jufqu'au deftus des doigts , qui font armés d'ongles aigus &c qui ferrent très- fort : les jambes & pieds ne fervent à cette efpece d'hirondelle que pour ramper j elle aire , c'eft- à-dire , fait fa demeure & fon nid bien cimenté fous les ponts , dans les fentes des arches , fous les toits des tours , à.QS vieilles murailles & dans les bâtimens les plus élevés. Sa vue eft des plus fines j elle apper- çoitde très loin une mouche , qu'elle pourfuit auflî-tôt avec vivacité : on l'entend crier de loin en volant : fa couleur eft par-tout grisâtre, obfcure, excepté à la gorge ou eft une tache blanche. En volant fa queue forme une grande fourche , & fes ailes un arc tendu j fon vol paroît planer Se eft d'une vîtefl~e extrême : quelquefois on la voit une des premières en France : & quelquefois aufli elle en fort la dernière, Cette efpece d'Ki- rondelle eft un peu fujette à varier. Le martinet eft friand des oeufs des petits oifeaux. On le voit fouvent coder autour de leurs nids , & y jeter en volant un coup d'œil de gour- roandife. Il donne bien de l'inquiétude d la mçre & au père qui l'éloignenç ^çme I IL Oo . 15)© H I R par leurs cris 8c même en le pourfuivant. En leur abfence le martinet entre , caiïe les œufs , les mange , tue quelquefois les petits nouvelle- ment éclos &c met la défolation dans le petit ménage. L'HiRONDLLLE DE RIVIERE OU DE RIVAGE , hlrundo rlpar'iajîve dre.panis^ diffère du martinet ordinaire , en ce qu'elle n'a point de blanc fui le crou- pion , ni de plumes fur les pieds , ni la queue li fourchue que les autres hirondelles j mais elle a un collier blanc. Elle ne fait aucun nid , elle creufe le bord des rivières & les montagnes argileufes j fon trou étant fait , elle y porte des plumes ôc d'autres matières propres pour y faire éclorre fes petits & les y élever. L'Hirondelle tettechevre ou crapaud volant , eft fort com- mune en Europe. Bien des Nacuralifces la confondent avec les hiboux , parcequ'elle ne fore que la nuit. Voyf"^ Tette-chevre. Lâchait des hirondelles paîTe pour être un fpécifique contre l'épilepfîe, l'efquinancie d<. les autres maladies de la gorge , même pour fortifier la vue. On tient dans les boutiques une eau d'hirondelles compofée , qui efl: très recommandée dans tous ces cas. La fiente de cet oifeau eft ex- trêmement chaude , acre, réfolutive & apéritive. Le nid d'hirondelles eft encore regardé par quelques uns , comme un antidote contre l'efqui- nancie & l'inflammation des amygdales \ on en fait un cataplafme qu'on applique extérieurement contre la partie malade , mais cette vertu eft précaire. On trouve quelquefois en Europe des hirondelles dont le plumage eft entièrement blanc. Hirondelles étrangères. "Vhirondelle du Brefil ^ qui eft appellée des habitans tapera ^ 8c des IPor-^ tugûs andorinha j reftemble beaucoup à notre hirondelle de muraille qui fait peu d'ufage de ùs pieds : elle a le bec grand, &c le peut ouvrir en ap- parence jufqu'aux yeux. Uhirondel e de la Caroline repaire auftî dans le Brefil & à la Virginie; & dans les mêmes faifons que les hirondelles d'Europe arrivent en An- gleterre. L'hirondelle de l'Amérique a le haut du gofier d'un brun blanc , Se la queue eft diviféeen fix. On en trouve encore une efpecedans l'Amérique qui eft de couleur de pourpre , & qui fait ïes petits comme les pigeons , dans des trous qu'on fait exprès pour eux autour des maifons , &: dans H ï R 191 des ralebaiïes qu'on attache à de grandes perches. L'hirondelle de Saint- Domingue a le plumage du dos de couleur d'acier poli , le ventre eft blanc. Se fon chant imite un peu celui de l'alouette. Les hirondelles , à la Martinique ôc dans l'île de Cayenne , font leurs nids dans le creux des arbres. Les hirondelles du Cap de Bonne-Efpérance font de pludeurs efpeces Il y en a de bigarrées , qui fréquentent les maifons j de noires , qui chaf- fent les précédentes de leurs nids j de grifes, qui ont les pieds couverts de longues plumes. Sur îa côte de Malaguette les hirondelles font fort petites , ainfi que celles de la Côte d'Or. U hirondelle de la Chine eft une efpece à' alcyon y dont on mange les nids. VoYe:ç^ Alcyon. \J hirondelle du Détroit de Gilhraltar ou à^Efpagne j eft de couleur fauve , & elle a le cou blanc ; c'eft une efpece d hirondelle de muraille. Celle du Sénégal reftemble à celle de Saint-Domingue , excepté le ventre qui eft de couleur roufte. M. Brijfon fait mention de plulîeurs autres fortes d'hiron- delles étrangères, Obfervations fur la migration des Hirondelles. Les hirondelles reftent-elles cachées pendant Thiver dans les lieux où elles ont pris naiftance , jufqu'à ce que le beau temps les fafte reparoître ? vont-elles palTer l'hiver dans les pays chauds ? Où fe retirent-elles ? enfin font-elles paftageres ? C'eft une queftion qui a été agitée par les Anciens & par les Modernes : les uns difent qu'elles fe cachent dans les trous de murailles & des arbres : d'autres afturent qu'elles vont fe percher fur des rofeaux aquatiques dans des étangs , fe mettent en tas , forment une efpece de môle , & fe lailfent tomber au fond des eaux , où elles reftent comme fans mouvement & fans vie jufqu'au retour de la belle faifon : d'autres difent qu'elles paftent à l'entrée de l'hiver dans les pays chauds en Afrique. Ce qu'il y a de certain , c'eft qu'elles difparoilTent à l'arrivée des canards fauvages qui font également des oifeaux paftagers , & qui viennent hiverner chez nous. C'eft pour cela , dit-on , qu'elles s'aftem- blent en cette faifon : elles paroiiTent concerter entre elles le moment de leur départ qui fe fait fouvent dans le filence de la nuit. Mais fî c'eft le froid qui les chafte de nos climats , il faut donc dire , avec Belon j Ooij 25>2 H I R qu'elles vont en hiver chercher un pays chaud. D'un autre côté il n*efi; pas moins certain qu'on en trouve d'engourdies pendant l'hiver dans les carrières , les trous des murailles Se des arbres. La contrariété des opi- nions oblige de fufpendre fon jugement j d'autant plus que les obfer- vations qu'on a faites à ce fujet paroilTent demander à être vérifiées. Il y a des faits rapportés à cet égard par trop d'Obfervateurs , pour qu'on ofe les nier j mais aulîi ils font trop contre la règle ordinaire pour qu'on doive les croire. Je ne trouve , dit M. de Buffon ^ qu'un moyen de concilier ces faits > c'eft de dire que l'hirondelle qui s'engourdit n'eft pas la même que celle qui voyage ; que ce font deux efpeces différentes que l'on n'a pas diftin- guées , faute de les avoir foigneufement comparées. Si les rats , les loirs ëtoientdes animaux aulli fugitifs Sraulîi difficiles à obferverque les hiron- delles j &c que faute de les avoir regardés d'afTez près , l'on prît les loirs pour les rats , il fe trouveroit la même contradidion entre ceux qui affureroient que les rats s'engourdiffent , & ceux qui foutiendroient qu'ils ne s'engour- dilfent pas j cette erreur eft affez naturelle , de doit être d'autant plus fré- quente que les chofes font moins connues , plus éloignées , plus difficiles à obferver. Je préfume donc , dit-il , qu'il y a en effet une efpece d'oifeau voifine de celle de l'hirondelle , Se peut-être auffi reffemblanteà l'hiron- delle que le loir Veiï au rat, qui s'engourdiffenten effet j cc c'efl: vraifem- blablement le petit martinet , ou peut-être l'hirondelle de rivage. Il faudroit faire des expériences fur cette efpece , la mettre dans une glacière pour s'alTurer Ci elle eft fufceptible d'entrer dans un état de torpeur , Se de fe ranimer à la chaleur. HIRONDELLE. Les Conchyliologues donnent ce nom à une coquille bivalve du genre des huîtres. Elle eft faite comme la mouchette dont on fe fert pour retirer le lumignon d'une bougie : étant ouver ce , elle ref- femble à la tête , à la queue Se aux ailes d'un oifeau qui vole j auflî l'rp- pelle-t-on V oifeau Se quelquefois la mou hette. Ses valves font commu- nément inégales entre elles : la charnière offre dans la valve inférieure une petite dent avec un long fillon , Se dans la fupérieure une cavité qui reçoit la dent , Se un petit filet qui engraine dans la rainure de l'autre valve. Cette coquille eft brune ou violette ou noire en deffus , nacrée en dedans , quelquefois dorée j Se quand fa partie fupérieure eft dé- couverte , rien n'eft au-deffus de fa couleur aurore. M. Adanfon met ce coquillage bivalve dans le genre àw. jambonneau* Voyez ce mot. H 1 R 293 HIRONDELLE DE MER , hïmndo marlnH aut ficrna j eft un oifeau d'un genre différent de celui dont nous avons parlé plus haut. Son bec eft droit , édenté & applati fur les côtés j les deux mâchoires font égales en longueur : il y a quatre doigts à chaque pied , trois antérieurs qui font palmés , & un poftérieur fans membranes : la queue eft fourchue. On en diftingue plufieurs efpeces , notamment la grande & la petite. Celle ci pefe environ cinq onces : elle a le corps menu , longuet 8c la queue fourchue. Son plumage eft d'un cendré obfcur ; le deffous du ventre blanchâtre j le bord des ailes noirâtre j le bec eft long , droit ôc de cou- leur rouge ; les pieds font de cette même couleur : on en voit beaucoup à Caldey , île de la Province méridionale de Galles. Les Hollandois en ont chez eux une efpece qui fent l'ambre. j4/hin dit que le mâle de la grande efpece d'hirondelle de mer a di^ pouces de longueur 8c deux pieds d'envergure j le bec, la tête , le cou &C la poitrine font noirs j les plumes du dos , des ailes 8c de la queue font de la couleur du frêne j celles du ventre 8c des cuilTes font d'un blanc fale y les jambes & les pieds font rouges , dégarnis de plumes au-defîiis des genoux , & les griffes font noires y fa femelle eft un peu plus petite.' Cet oifeau vole vite 8c fe foutient toujours en l'air : s'il voir un poif^ fon , il fe plonge dans l'eau , 8c s'envole dès qu'il a attrapé fa proie. On prétend qu'il fe repofe fur la fuperficie des eaux. Ils volent en troupe en pleine mer , environ à cinquante lieues proche l'extrémité d'un promon- toire de la partie occidentale d'Angleterre , où ils s'afTemblent d'abord • enfuite ils vont chercher les lies de Madère fur la mer Atlantique : ils vont dans les Iles déferres , nommées Salvages ^ faire leurs petits, 8c y multiplier en grand nombre. Ils font leurs nids avec des rofeaux , 8c pondent trois à quatre œufs pour chaque couvée. Ils fréquentent aufli les fleuves qui abondent en poiffon. Il y a îa petite hirondelle de mer ^ celle qui eft cendrée , celle qui eft noire 8c furnommée Ve'pouvantail celle à tête noire , appellée le gachet ^ Jlerna atricapilla ; l'hirondelle de mer tachetée , c'eft la mouette à pieds fendus d'Albin \ enfin celle qui eft brune. HIRONDELLE DE MER ou RONDOLE , pifds hirundo marina , poiffon fort curieux , & du genre de ceux qui ont les nageoires épineufes. On lui a donné le nom ^hirondelle j parce qu'il refTemble à l'oifeau qui poLte ce nom : fa tête eft offeufe , dure , carrée 8c âpre : le derrière finit en deux aiguillons qui ont leur pointe vers la queue \ les couvercles des S94 H I R H I S oiiies font ofTeux & fîniflenr également çn deux aiguillons. A chaque coin jde la bouche il a deux petites boulettes perlées j fes, yeux font grands j ronds &:rougâtres j le dos eft tout couvert d'écaillés âpres Se très-dures. Ce poiilon eft rond &c blanc fous le ventre ; fon dos eft carré , entre noir ÔC rouge y les nageoires des ouïes font Ci longues qu'elles touchent prefque à la queue j elles font femées de petites étoiles ou taches de diverfes cou- leurs comme les ailes des papillons : il s'en fert pour voler : il a encore au dos deux autres ailes , femblables aux précédentes , fa queue eft faite comme celle des hirondelles ; l'intérieur de fa bouche eft rouge &c luifanr. Ce poiiïbn vole hors de l'eau pour n'ctre pas la proie de plus grands poitfons qui le pourfuivent : fes nageoh-es qui font longues 3c larges font du bruit en volant j fa chair eft dure &c feche : elle nourrit beaucoup, mais elle eft de difficile digeftion j {es œufs font rouges. F. Muge volant & Poisson volant. HIRONDELLE DE TERNATE. Foyc- Oiseau de Paradis. HISOPE. Foye^ Hysope. HISTOIRE NATURELLE , kijiona naturalïs. Tout le monde fait que ce mot exprime la connoiflance & la defcription de ce qui compofe l'Uni- vers entier. L'hiftoire des cieux , des météores , de l'atmofphere , de la terre, de tous les phénomènes qui fe paftent dans le monde, & celle de l'homme même appartiennent au domaine de l'hiftoire naturelle. Son objet eft donc aufti étendu que la Nature , puifqu'il comprend encore tous les êtres qui vivent fur notre globe , qui s'élèvent dans l'air , ou qui reftenc dans le fein des eaux. Mais un tel champ eft trop vafte : d'ailleurs l'efprit de l'homme eft relTerré dans des bornes trop étroites , pour qu il puifte obferver à la fois toutes les beautés de l'Univers. Contentons-nous d'étu- dier ce que renferment les cabinets d'Hiftoire naturelle j car, on le fait, la fcience de l'hiftoire de la Nature n'a fait des progrès qu'à proportion que les cabinets fe font complétés : je dis plus , ce n'a guère été que dans ce fiecle que l'on s'eft appliqué à l'étude de la Nature avec aftez d'ardeur & de fuccès pour marcher à grands pas dans cette carrière. C'eft aufîî à notre fiecle que l'on rapportera le commencement des établiftemens les plus dignes du nom de Cabinet d'HiJloire naturelle, Ainfi nous nous bor- nerons à inviter notre Ledeur d'entrer dans un cabinet d'hiftoire natu- relle , dont la colledion foit ample &: rangée , autant qu'il eft poftîble , conformément au fyftème de la Nature elle-même. C'eft dans un tel fanc- tuaire qu'il trouvera en détail , & par ordre ce que l'Univers lui préfente H I S 295 en bloc : c'efl: dans un tel livre qui nous paroît éloquent pour tous les hommes , qu'il apprendra à connoître l'organifation des êtres créés , le concours , les rapports , la correfpondance réciproque de toutes les par- ties ou produdlions de la Nature , &c les différences fenfibles qui les carac- térifent d'une manière claire & précife félon leurs genres & leurs efpeces. Oui , une telle expoficion des êtres matériels fuffira pour lui préfentcr un fpeétacle magnifique & vraiment touchant. Si ce particulier eft un Phi- lofophe , il y contemplera avec fruit l'ordre des produélions de la Nature : s'il eft Phyfîcien , il découvrira des phénomènes nouveaux &c finguliers : s'il eft Chimifte , la feule infpedlion raifonnée de ces matériaux lui dévoi- lera quelques fecrets qui pourront le guider dans fcs recherches. Eft-ce un Voyageiu' lettré , la vue d'une telle colleélion lui infpire le defir de re- cueillir déformais de femblables curiofîtés ; & s'il a acquis quelques connoilfances , il décrira les richeffes des Provinces ôc Etats qu'il aura occafion de parcourir. ( L'hiftoire de la Nature a des utilités immenfes y elle y joint des charmes réels , dont le pouvoir fur le cœur des hommes fut reflenti dans tous les temps. ) S'il eft Artifte , il tentera de les faire fervir aux ufages économiques de la fociété : n'eft-il qu'un Cultivateur, il eftayera de multiplier & d'améliorer les efpeces qui lui auront paru les plus importantes à l'entretien de la vie j ne fût -il enfin qu'un fimple ouvrier, à force d'obferver & de confulrer les produûions de la Nature, il auroit également part aux confidences de cette mère commune. Celui qui ne s'adonne qu'à l'étude de la Minéralogie , y reconnoîtra les matériaux qui fourniftent des outils à l'induftrie 8c à rarchite(^ure j ces mines d'où le Commerce tire un figne invariable pour repréfenter les marchandifes , & un mobile prompt &c incorruptible qui lui en éternife la pofteftion : l'utile Laboureur en retire le foc qui va fendre là terre & la rendre fertile , &c la faux bienfaifante qui lui alTure fes moiffons. Eh , que d'avantages procurés ôc de befoins fatisfaits par le règne mi- néral ! Celui qui ne veut étudier que le règne végétal , en fe rappellant que les animaux dont la chair fucculente eft , pour ainfi dire , un léeume préparé par le mécanifme le plus merveilleux , & qu'ils n'ont pas d'autre nourriture que les plantes : en un mot , que l'homme de la brute n'ont que cet efpoir pour entretenir les fources de la vie , ne pourra donc trop chercher à connoître les produdlions d'un règne qui réunit tout ce qui peut fatisfaire nos befoins réels Ôc flater nos goûts. Le bois fert à là -■^6 H I S conftradlon de nos meubles. Plufîears arbres & plantes réunis, ( le chcne &: le chanvre ) ont formé ce vailï'eau qui tranfporte nos arts Se nos mœurs dans un autre hémifphere. Toutes ces merveilles font forties de ce pépin , de cette graine qu'un vent léger a tranfporte dans la vafte pleine ou fur la montagne. Enfin celui qui met toute fa philofophie à ne connoître que les indi- vidus qui fe rapprochent davantage de l'homme par le fentiment de la vie , trouvera dans le règne animal ce qui peut le fatisfaire. Le fimple curieux fe fixera d'abord fur la variété des objets ; il admirera avec complai- fance tantôt la nombreufe famille des oifeaux j le riche plumage dont l'In- dien fe couvre. Se ces aigrettes majeftueufes qui parent aujourd'hui la tête des Dames j tantôt les eflaims de papillons qui fembient infulter à toutes les fleurs , Se ne paroître que des diflipateurs agréables d'un bien où l'a- beillô fait puifer le miel qui nous enrichit. Puis il jettera les yeux fur la grandeur de Téléphant , animal propre à porter des fardeaux, fur la formç fveite du cheval , quadrupède né pour courir , Se fur la ma{Te du ÎDœuf , conformé pour fubir le joug : alors il dira, tous ces individus nous payent tour à tour un tribut d'utilité .... Bientôt il voudra connoître les particularités piquantes de leur hiftoire , ce que l'induftrie humaine en a fu tirer j alors il feuilietera les livres qui préfentent l'inventaire Se la defcription des lichelfes Se des produdions que la Nature étale à nos yeux dans fes trois reines. Le vrai Naturalise doit ctre inftruit de la Phyfique Se de la Chimie , 8c même des Arts : la Phyfique efl: la connoiflTance des agens cle la Nature. L'Hiftoire Naturelle eft la fcience des faits de la Nature. Les Arts font ou la Nature copiée , ou employée aux befoins Se aux plaifirs de la Société. La Chimie qui décompofe Se analyfe les corps , fert de guide Se de clef pour la plupart des obfervations fur l'hiftoire naturelle Se fur toutes les opéra* tions ou procédés des Arts. C'eft dans ce cercle de connoilTances que fe trouvent renfermés ley/'-îcïtzc/e j \qs propriétés Se V emploi des productions naturelles. Oui , c'eft à l'aide de ces connoilTances que le Naturalifte peut comparer les divers objets que les différentes contrées ont offerts à fon cabinet j il y reconnoîtra jufqu'à un certain point les caufes de leur alté-> rations , de leur variétés , de leurs accidens. Au refte , comme il eft cer-f tain que ceux qui veulent étudier l'hiftoire naturelle ne peuvent pas toujours voyager , Se qu'à ce défaut ils s'inftruifent plus dans le cabi-r îjet d'un Naturalifte éclairé , que dans tous les ouvrages qui ouf W^ité de H I s 297 de ces matières , nous croyons devoir donner à nos Lecteurs une defcription abrégée d'un cabinet d'hiftoire naturelle , on obfervant une distribution méthodique , par claflTes , par genres , par efpeces Se par variétés. Il s'agit d'y expofer les tréfors de la nature félon quelque diftribution relative , foit au plus ou moins d'importance des êtres , foit à l'intérêt que nous y devons prendre , foit à d'autres confidérations entre lefquelles il faut préférer celles qui donnent un arrangement qui plaît aux gens de goût , qui intéreflTe les Curieux , qui inftruit les Amateurs , qui infpire des vues aux Savans : en un mot , un arrangement fans fard & fans autre apprêt que celui que l'élégance , la fymétrie & la connoiflfance des objets doivent fuggérer & qui fafTe valoir utilement l'opulence de la Nature. Ceux qui ont trois pièces de fuite pour loger les différentes pro- dudions naturelles , y doivent diftribuer dans l'une les minéraux j dans l'autre les végétaux j ôc dans la troifieme les animaux. Ainfi chaque règne auroit fon quartier à part. Si l'on n'a qu'une très grande pièce , voici com- ment il faut les arranger , ayant toujours foin de joindre au travail de la main l'efprit d'obfervation j cardans ce genre d'étude plus l'on voit, plus Ton fait. Cabinet d'BiJloire Naturelle j Mufieum Nature. Sur une des ailes du Cabinet il faut pratiquer onze armoires garnies de tablettes fupportées par des taffeaux de bois à dents de crémailler : ce nombre d'armoires eft deftiné à contenir les onze clalfes fuivantes du Règne minéral : favoir , 7°. Les demi-métaux. S°. Les métaux. 9°. Les bitumes de les foufres. 1 0°. Les produ6lions des volcans. 11°. Les pétrifications , les foflîles ôc les jeux de la Nature. On fent déjà l'effet d'un tel arrangement où tout eft diftind &c diftrî- bué de la façon la plus favorable à la vue de l'Etudiant. Chaque armoire à grillage ou vitrée , doit être étiquetée en haut fur fa corniche , par le moyen d'une plaque d'émail qui indique la claflTe qu'elle renferme : indé- pendamment de cela chaque gradin dans l'armoire annonce fur fa bor- Tome III. P p 1°. Les eaux. 1°. Les terres. 3°. Les fables. 4". Les pierres. 5°- Les fels. 6°. Les pyrites. 25)8 H I S dure , par une petite étiquette , le genre des matières qu'il fupporte dans des bocaux de verre blanc , bien couverts & bien étiquetés. Tout ce que l'on mer en bocaux dans ces armoires , annonce le com- mencement d'un droguier : on y voit les terres, les argiles , les tourbes ,, les terres bolaires , les ocres , les craies , les marnes , les diftérens fables > les ardoifes ou fchiftes , les asbeftes , les pierres ollaires & micacées , les pierres calcaires ou à chaux , même les fpatlis , les congélations , \qs ré- fîclus pierreux, les ftaladtites , les albâtres , les gypies ou pierres à plâtre > les cailloux , les pierres de roche , les criitaux de roche ôc de mine , les fels & les pyrites fujets A tomber en eftlorefcence , les charbons & autres bi- tumes , les laves ôc fcories des volcans. On peut fc réferver dans le bas de chaque armoire i'efpace de deux tablettes , & garnir ce vide d'un bori^ nombre de petits gradins en emphithéâtre , afln d'y dépofer à nu ou fur de très - petits piedeftaux , des morceaux précieux 6c bien confervés ^ tels que du fel gemme tranfparent , des groupes de pyrites colorées , celle appelléela pierre des Incas, de beaux échantillons de cobalt , de bifmuth, de zinc, d'antimoine en plumes rouges, de mine de mercure coulant ôc de cinabre en criftaux : le tout bien étiqueté &c rangé félon fa claiïe. L'armoire des métaux doit offrir fous un même ordre les morceaux rares !k choifis des mines de plomb blanches , vertes , ôcc. la mine de Nikkel , des groupes d'étain criftallifé ou de grenats d'étain , Xv-, fios-ferri^ de belles aiguilles d'hématite, ôc un fort aimant brut , avec de la platine & des morceaux de fer réfraéxaire ôc de fer fpéculaire , la mine d'azur étoilée , le cuivre foyeux de la Chine , un groupe de malachite. Dans les métaux précieux , il eft agréable de voir l'argent natif en végétation ôc l'argent rouge, de même qu'un groupe de mine d'or. Ces fubftances forment un fpectacle aufli varié qu'inftrudtif : la Nature eft aufli riche ôc aufll brillante dans cette partie qu'elle Teft dans la diveriité des pierres. L'armoire des bitumes peut pareillement offrir fur des petits piedef- taux , des échantillons de jayet poli d'un côté , du fuccin de difï-nentes cou- leurs, qui quand il eft tranfparent ôc contient des infectes , doit être poli par les deux fiufaces oppofées, un bel échantillon de léfîne mkritime appel- iée ambre gris , des morceaux de foufre jaune ôc rouge tranfparens. Dans l'armoire des pétrifications ou folîiles on. doit également placer fur un amphithéâtre à gradins les pièces les plus rares ôc les mieux H I s 2^^ confervées , telles que la cunolite , le idium lapideum , les madi-épori- tes , les bélemnites tranfpareuces , les ourfins agatifés , le nautile concaméré, les cornes d'Ammon fciées & polies , rhyftérolite , la pierre lenticulaire , la gryphite , &c. les calculs ou bézoards, les turquoifes , les crapaudines , les glolTopeties , enfin toutes les pierres f«gurées , même le bois pétrifié. L'armoire aux pierres , avec un femblable réfervoir de gradins , fait voir différentes c]uilles de criftaux & toutes les pierres précieufes dans leur matrice. On met celles qui font détachées &: non taillées dans des capfules ou verres de montre j celles qui font taillées & montées , font dans un écrin ou baguier ouvert : on en fait de même à l'égard des morceaux , tafl'es , cuvettes ou plaques d'agate polies , de cornaline, de jade , de fardoine , d'onix , de calcédoine , de jafpe , de porphyre , de granité , de lapis lazuli , de marbre , d'albâtre , de fpath équilatéral , ap- pelle crijial cCIJlande : on y dépofe auifi la pierre de Bologne j la ferpentine , le talc, l'amiante , le zoolite, le bafalte , la pierre de touche , les cailloux d'Egypte &c d'Angleterre. A l'égard des empreintes & grandes arborifa- tions , ainli que des pierres de Florence , fi elles font bien confervées , on les fait encadrer & on les fufpend à des agraires fur les pilaflres qui unif- fent les armoires du règne minéral. Ces arm.oires qui font uniformes en hauteur , mais partagées par la largeur félon l'étendue ou le nombre des matériaux qui compofent la claiTe qu'elles doivent renfermer j ces ar- moires , dis-je , ainfi que celles qui régnent au pourtour , font pofées fur un corps de tiroirs à hauteur d'appui j le delTus de ces ftudioles pratiqués dans le bas , fert à pofer les tiroirs quand on veut les vifiter. Ces tiroirs doivent répondre à chacune des armoires qui font au-defifiis , & contenir des matières de la même clafiTe : cet arrangement , toujours méthodique , foulage beaucoup la mémoire, en ce qu'il tient lieu au befoin d'un cata- logue chiffré &c numéroté , & que dans une multitude d'objets , c'eft le feul moyen de trouVer dans Tinfrant ce que l'on cherche. Dans le règne minéral ces tiroirs font très-propres pour renfermer des terres figillées , des bélemnites , des entroques , des aftroïtes & autres fofliles à polypier , des coquilles univalves , bivalves & mulrivales , des pierres numifmales , des oS(Sc des tranches de bois "pétrifiés ôc polis , des fuites de marbres & de cailloux polis , des fuites du filex , des fables &c du fuccin , des colledions fuivies de minéraux , d'ardoifes , d'empreintes ôc de géodes , les morceaux provenans de la fonte des mines , tels que mat* Ppij 500 H I S tes , régules , fcories , Sec. fî quelques parties du règne minéral telles que les terres , certaines pierres , &c. n'offrent pas un coup d'oeil brillant dans un cabinet d'Hiftoire Naturelle , on peut dire qu'elles en font la partie la plus favante de l'une des plus recherchées de ceux qui s'attachent moins au plaifir momentané du fpedacle des riches couleurs ou des formes agréables , qu'à ia folide fatisfadion de fuivre la Nature dans fes diverfes produdions, fur-tout celles qui font élémentaires &c qui fervent de bafe aux autres. Les minéraux en général demandent a être tenus proprement & de fa- çon qu'ils ne fe touchent pas : il y en a quelques uns , comme les fels qui fe fondent aifément , & les pyrites qui s'effleurillent en fe décompofant \ les végétaux & les animaux font aufîî plus ou moins fujets à la corruption : ce défagrément exige des foins pour conferver certaines pièces fujettes a un prompt dépérilfement j mais heureufement toutes les faifons de l'an- née ne font pas également critiques. Sur la deuxième aile du Cabinet on doit faire mettre dix armoires diftribuées comme celles du règne minéral : elles font deftinées à renfer- mer les dix divifîons fuivantes du Reghe vécÉTAL : favoir , 1°. Les racines. S°. Les fucs de végétaux , tels que 1®. Les écorces. les baumes & réfines folides, 3°. Les bois & les tiges. les gommes réfines &; les 4°, Les feuilles. gommes proprement dites. 5°. Les fleurs. 9°. Les fucs extraits , fucres & 6°. Les fruits & femences. fécules. 7°. Les plantes parafites , même 10°. Les plantes marines &; ma- ies agarics &: champignons. ritimes. Dans ce règne on obferve le même ordre d'armoires , même fymétrie & même arrangement que dans le règne minéral. Les gradins du bas des armoires font très-utiles ici pour contenir dans de petits flacons carrés de vernis de la Chine , les huiles eflentielles , & quelques autres aromates particuliers , foit de l'Arabie , foit de l'Inde j ainfi que les racines de bambou, de mandragore, certains fruits des Indes , monfl:res ou ordi- naires , que les Indiens ont fait mûrir dans une ample bouteille à cou étroit , &: confervés dans de l'eau-de-vie de grain , tels que la pomme d'acajou , &c. On y peut placer auflî nombre de fruits rares ou volumi- îicux, comme coccjj <;a/c/^<2//cj^ courbaris _, huras ^ figue banane ^ froma" H I S joi ger ^ pommes de pin i coloquinte ^ des tumeurs ou loupes végétales ,& une branche de bois de dentelle , où les trois parties de l'écorce , notamment \e liber j foient diftindlement féparées. Comme la colledion des végétaux furpaflTe en nombre les minéraux , on eft dans l'ufage de ne mettre dans \qs bocaux que les parties féchées de plantes étrangères qu'on emploie tant en Médecine que dans les Arts , celles même qui ne font chez nous que de pure curiofîté : a l'égard des indigènes , on fait un herbier tant des plantes terreftres que marines, col- lées dans des livres, fuivantle fyftême des meilleurs Botaniftes. On peut encore , pour rendre l'ufage de cet herbier le plus commode qu'il foit poffible , mettre fes planches delTéchées entre deux papiers fecs , & les empiler les unes au-de(îus des autres, foit à découvert fur des tablettes , foit dans de grands cartons , en les rangeant par familles , genres & es- pèces, & plaçant fur le milieu de leur dos les étiquettes qui indiquent leurs familles , à leur extrémité une bande qui porte le nom du genre , & dans chaque feuille le nom de l'efpece qu'elle contient ; le tout fur des papiers volans , pour avoir la liberté de faire des changemens à volonté, Voye-:^ l'article Herbier. Les tiroirs fervent en partie à mettre les échan- tillons des bois avec leur écorce , coupés de manière qu'on y diftingue la tranche , \q Jil ôc le contrefil : on y tient auflî une colleAion de bois des deux Indes en petites tablettes polies & étiquetées. Une autre partie des tiroirs eft intérieurement divifée par cadetins ou compartimens , afin d'y mettre les graines : chaque carré eft recouvert d'une petite étiquette. On peut encadrer les fucus j les algues j petites plantes marines de forme élégante, dont le port , la couleur & la variété forment des tableaux agréables , & on les accroche aux pilaftres des armoires. Nous avons déjà dit que les végétaux &: les animaux font plus ou moins fujets à la corrup- tion. On ne peut la prévenir qu'en les defîéchant le plus qu'il eft poffi- ble , ou en les mettant dans des liqueurs préparées , dont on doit éviter l'évaporation. Les pièces qui font delféchées demandent encore un plus grand foin : les infedes qui y naiftent en abondance dès le mois d'Avril, & qui y trouvent leur aliment, les détruifent dans l'intérieur avant qu'on les ait apperçus : ce fléau dure environ cinq mois , pendant lefquels il faut veiller avec foin. Ainfi l'humidité de l'hiver & la chaleur de l'été exigent que l'on tienne fcrupuleufement fermées les armoires d'un cabinet d'Hif- toire Naturelle , excepté celles du côté du Nord. Sur la troiûeme aile qui doit faire le fond du cabinet en face Aq^îqJ ^ox H I S ïietres , il doit y avoir des armoires deftinées à contenir les dix divifions fuivantes du Règne animal : favoir , 1°, Les faiîffes plantes marines. 7°. Les amphibies & reptiles. 1°. Les zoophytes. 8°, Les oifeaux , avec leurs nids àC 3°. Les teilacées entiers. leurs œufs. 4°. Les cruftacées. 9°. Les quadrupèdes. 5*^. Les infedtes terreftres. 10^. L^homme. 6°, Les poifTons. On peut encore obferver la même décoration & diftribution extérieure de ces armoires, cjue dans les précédentes. L'intérieur de celle des fauffes p/antes marines doit être rangé de ma- niere àpréfenter au premier coup d'oeil l'hiftoire des lithophites, àes ma- drépores & du corail brut ou dépouillé , le tout monté fur des pieds d'ouche de bois noirci ou doré. Les corallines à collier peuvent, ainfi que les fucus , ctre collées fur un papier & encadrées : ces tableaux accrochés au dehors des pilaftres féduifent toujours les yeux des fpedateurs. Si la çolledion de ces faulTes plantes articulées &: flexibles eft confidérable, il faut prendre le parti de former une efpece d'herb er de productions molles à polypes & à figure de plantes. L'armoire des ■^oophytes contient les éponges , le jet d'eau marin , la plume marine , les holothuries , & tous ces corps marins qu'on appelle animaux plantes : on les doit conferver dans de l'efprit de vin bien dé- phlegmé j la quantité d'eau que contiennent ces fubftances eft plus que fuffifante pour l'affoiblir. Sur les côtés font les étoiles marines , tant épineufes qu'unies , à plu- fieurs rayons , la tête de Médufe , &c. L'armoire des tejlacées eft garnie de bocaux remplis d'une liqueur fpi- ritueufe dans laquelle font les animaux teftacées : fur l'amphithéâtre ou gradins du bas de cette armoire , on place les groftcs coquilles , ain{i que les petites , qui font recouvertes de leur drap marin : on y place aulîî des morceaux de pierres remplies de pholades & des, coquilles qu'on nomme dattes à Toulon. Des groupes de poufte-pieds , de conques anatiferes & de glands marins deftechés , y tiennent bien leur place. L'armoire des crujlacées eft prefque toute en gradins : elle renferme les cancres , les crabes , les écrevifFes : on encadre les petits homards , \e% H I s 305 fqiiilles de tous les petits cruftacées , à l'exception du bernard l'hemiite. Dans l'armoire des infecles terrejîres il y en a de deux fortes : les uns bien fécliés doivent être dans de petits cadres verniiïes & vitres par les deux grandes furfaces , afin de pouvoir examiner l'infedle des deux côtés : tels font les mouches , les mantes , les fcarab'ées , les papillons avec leurs nymphes ou chryfalides , ^c. ( Ces fortes d'animaux forment la partie d'Hiftoire Naturelle la plus brillante , &: celle des oifeaux la plus appa- rente \ mais elles exigent beaucoup de i^oins. ) Les autres infedes, tels que les fauterelles , les fcolopendres , les fcorpions , les falamandres , les arai- gnées , les tarentules, les vers, les chenilles &■ notamment tous lesin- fcdes mous doivent être dans des bocaux remplis de liqueur ck: dépofcs fur les gradins au-deffous des armoires j on y met aulli des gâteaux d'abeilles , des nids de guêpes , des bâtons garnis d'alvéoles , de ces fourmis qui donnent la réiine lacque. Dans l'armoire des poljfons on voit les bocaux des petits poifiTons étran- gers qu'on nous envoie toujours dans la liqueur. On conferve aiilîî de cette manière les poifTons mous de notre pays : on ëcorche les grands poif- fons d'eau douce Se de mer , & l'on colle la peau perpendiculairement fur un papier : quelquefois on embauche les deux parties , &c on fait re- vivre les couleurs avec du vernis. Le poilTon volant doit être fufpendu vers le haut de l'armoire j le poiffon armé , fur les gradins d'en bas. L'armoire des amphibies contient dans des bocaux remplis d'efprit de vin affoibli par de l'eau alunée , les ferpens , les vipères & couleuvres, les grenouilles, les crapauds , les lézards, les petites tortues terredres ou aquatiques , un petit carret avec (on écaille. Le bas des gradins eft garni d'un petit ferpent à fonnettes, d'un ca- méléon, d'un fcinc marin, d'un caftor, du lion marin, du phocas , &c. L'armoire des oifeaux eft remplie de ces animaux, tant étrangers que de France , 6c qui font écorchés , empaillés &: garnis d'yeux d'émail. On conferve parfaitement à fec la peau emplumée & embauchée d'un moule de mouflTe d'arbre , & faupoudrée intérieurement de poudre de chaux vive , de poivre , de camphre & de fublimé corroiif , afin d'éviter l'attaque des mittes & des fcarabées diiléqueurs : enfuite on tient ces oifeaux , dont la cervelle a été vidée , perchés & drelTés fur leurs pieds : il faut s'appliquer à rendre dans chaque pièce l'attitude , l'air, le maintien, &: pour ainfi dire le génie èc les inclinations de i'anim.al , afin que ceux qui examinent les détails d'une telle coUeélion puiiTent appliquer à chaque 504 H I S individu le mot de l'Antologie fur la géniffe de Miron : Ou la Nature eji morte _, ou l'Art eJi animé. Ce qu'on dit ici pouu les oifeaux regarde éga- lement les autres animaux. Les gradins d'en-bas font garnis des œufs & nids des oifeaux ; on faic auffi an plumier dans un livre, comme un herbier. L'armoire des quadrupèdes contient, dans des bocaux, de petits ani- maux , tels que les fouris & les rats , le didelphe ou philandre , &c. Les autres animaux font empaillés, tels que le chat, l'écureuil, le hériflbn , le porc- épie , le tatou, le cochon d'Inde, le loup, le renard, le che- vreuil, le lièvre, le chien, ôcc. L'armoire qui contient VHiJloire de l'homme j eft compofée d'une myologie entière , d'une tète injedée féparément , d'un cerveau &: des parties de la génération de l'un & de l'autre fexe , d'une névrologie , d'une oftéologie , d'embryons de tout âge avec leur arriere-faix , de fœtus monftres & d'une momie d'Egypte. On y met auffi de belles pièces d'ana- tomie , repréfentées en cire , en bois, &L des concrétions pierreufes tirées du corps humain. I Les fujets que l'on conferve dans des bocaux avec de l'efprit de vin ne réulliiïent pas toujours , parce qu'ils fe gâtent à mefure que l'efprit de vin s'évapore , à moins qu'on n'aie un foin particulier de vifîter les vaifTeaux dans lefquels il* font renfermes, ce qui demande du temps, des foins &; de la dépenfe. M. Louis Nicola ^ dans les Tranfaélions de Philadelphie, propofe , aptes avoir fait ufage des diverfes méthodes indiquées par feu M. de Réaumur 3 de mettre les fujets que l'on veut conferver , dans des bouteilles remplies d'efprit de vin , de bien elTuyer le goulot, de mettre fur le morceau de peau ou de veilîe qui doit le couvrir , une couche de potée d'étain de l'épaifleur de deux lignes. On renverfe enfuite la bouteille dans une talTe de bois , que l'on remplit avec du fuif fondu , ou avec un mélange de fuif & de cire qui empêche l'efprit de vin de s'évaporer. Les tiroirs qui régnent fous les armoires du règne animal , renferment de petites parties féparées d'animaux ; telles que les dents , les petites cornes , les mâchoires, les pattes , les becs, les ongles, les vertèbres, les poils , les écailles , les égagropiles , & une colle6tion d'os remarquables par des coupes , des fraârures , des difformités & des maladies. Afin de décorer un cabinet avec le plus d'avantage , & de faire un en- femble qui ne foit point interrompu , il faut meubler les murs dans toute leur hauteur : aulîx eft-on dans Tufage de garnir le delfus des corniches de$ H ï s 305 ées armoires , ^e tiès-grandes coquilles , de guêpiers étrangers , d'uue corne de rhinocéros , d une dent ou défenfe d'éléphant , & de celle d'une licorne; d'urnes & buftes d'albâtre , de jafpe, de marbre , de porphyre ou de ferpentine , de vafes de boucarot. On y met aufli des figures de bronze antique , de grands lithophites ou panaches de mer , des animaux faits de coquilles , des bouquets faits d'ailes de fcarabées , des couis ou. moitié de calebafTes peintes , faites en jattes , en plats , en vafes , & à l'ufage des Sauvages ; des coffrets d'écorce , des livres faits de feuilles de palmier , Sec. des globes ôc fpheres. La multiplicité &c la fingularité des objets fixent toujours l'attention des fpedateurs. Quoique les furfaces du pourtour du cabinet foient garnies, comme nous l'avons décrit , on peut aufii paver le fol avec les différentes pierres communes 8c fufceptibles du poliment. Le plat-fond bien blanc préfente encore une furface que l'on diflribue en trois travées , garnies de crampons ôc de fils d'archal : c'efl-là que l'on peut ranger par ordre différentes produébions végétales & animales , d'un volume trop confidérable pour tenir dans les armoires, telles que : 1°. La canne à fucre, la branche de palmier, ôc celle appellée V éventail Chinois j les cocos , la feuille du bananier, les bâtons des Indes ôc d'Eu- rope, curieux par les nodofités, les tubercules Se les fpires, dont ils fonc revêtus dans toute leur longueur. Une tige de bambou d.ivifée longitudi- nalement en deux parties , les efpeces de joncs-cannes. 2.°. Les peaux de gros animaux , même les animaux empaillés , tels que le crocodile , le cayman , le requin , l'efpadon , la tortue de mer , les: grands ôc longs ferpens , les bois de cerf, de bouquetin , de daim , de ihenne , le priape de la baleine. 3° La troifieme travée eft remplie de raquettes, de hamacs , d'habillé-' mens ou ajuftemens ôc plumages des Indiens, de calumets ou pipes, de, carquois , d'arcs , de flèches , de cafïe-têtes ou boutons j, bonnets de plu- mes , couyoux ou tabliers , pagaras ouarahés ou colliers , néceffaires Chi- nois , éventails de feuilles de latanier, gargoulette du Mogol, kanchoas ou fouet Polonois , canots Indiens , inftrumens de mufique Chinois , fa" gayes ou lances, une lanterne Chinoife, les boucliers Chinois ôc d'autres armes , équipages ôc uflenfiles des Indiens , ôc d'autres peuples anciens ôC modernes. Comme l'étendue d'une belle colleétion met dans la nécefîité de pro- fiter des places que les lieux nous offrent, on peut ranger dans le pour- Tpmc IJL Q q 5G(? H I s tour dn cabinet, & parricnliérement aux angles, des fcabellons pour poitei" de grofles veitebres , une tète de vache marine , ou de très-gros madrépores , ou de§ groupes Cônfiaérables , foit de criftal de roche ou de minéraux. Dans le milieu du cabinet on met le coquillier, qui eft une grande tabl'î on bureau à rebords relevés j la furface de cette table forme un parterre de vingt fept ccSqs particulières de différentes grandeurs , 6i pro- portionnées aux vingt fepr familles de coquilles marines qu'on y dépofe. Les réparations font fuites de bois ou de carton peints en bleu ; quelque- fois ces compartimens font en gradins : le fond des carrés eft enduit ou recouvert d'un coton bleu , ou d'un fatin vert; ou encore, ôc ce qui eft: le plus {impie , d'une étoffe de lin blanc, mais affez rude p'our retenir les coquilles dans leur place. Dans certains Cabinets , ces gradins font re- vêtus de glaces fur toutes les furfaces ; ce qui rend doubles les objets , de les fait voir des deux côtés oppofés. Dans d'autres Cabinets les cafés d& chrsque famille offrent quantité de cellules diftribuées avec fymétrie pour loger féparément les efpeces. Les coquilles de mer qu'on place dans le coquillier font toutes nettoyées , & préfentent , par la diverfité de leur forme & de leurs couleurs émaïUées , Se par leur inégalité, un tableau agréable &c enchanteur, qui eft d'autant plus piquant, que la diftribution méthodique s'y rencontre avec l'ordre fymétrique. Le deftus de cette ta- ble fe ferme par un treillage de laiton , recouvert d'une ferge, ou mieux encore par des châffis en glaces , afin de préferver les coquilles do la pouf- fiere. N'omettons pas de dire qu'au milieu de cette table eft un carré long & élevé qui contient les coquilles terreftres &z fluviatiles. Du milieu de chaque compartiment , ou à chaque famille de coquilles , s'élève un petit clocher pyramidal en bois, portant en fon fommet un carton ho- lizontal , ou une efpece d'écriteau qui en déligne le genre. Chaque fa- mille eft diftinguée de celle qui l'avoifine par ces fortes d'agrémens en foie que l'on appelle chenilles. Au moyen des teintes différentes, l'on voit les limites & l'étendue de chaque famille des coquilles, de même que l'on diftingue, au moyen àqs lavis fur les cartes de Géographie, les diffé- rentes Provinces d'un même Royaume On a vu ce fpcéiacle dans l'un des Cabinets de S. A. S. Monfeigneur le Prince de Condé , à Chantilly. Sous la table du coquiHier eft, du côté des fenêtres, une cage vitrée, affez ample pour contenir les fquelettes d'un animal de chaque claffe j favoir j d'un poiffon , d'un amphibie, d'un reptile ^ d'un lézard, d'un oifeau H 1 S '307 Si d'un quadrupède. Lorfqu'il eft poffible d'y joindre , pour l'oftéologio- comparée, les fquelettes des individus intermédiaires de ces animaux, êc ceux qui fe rapprochent le plus de l'homme , tels que X^finge Se Vours^ cela eft inftrudif & agi-éable. Dans le refte du deffbus de cette table, on place les meilleurs livres qui ont rapport aux différentes branches de î'Hiftoire Naturelle ; fur-tout ceux qui ont àes eftampes enluminées. On y peut mettre aufli ïherbier Scie plumier , arrangés en livres. Le deflus de la porte eft garni d'un grand cadre , rempli de peaux de poififons rares , delTéchées , vernies &c collées fur le papier. Les trumeaux des croifées font garnis d'une ou de deux armoires, qui contiennent fur des tablettes plufieurs inftrumens de phyfique , machine pneumatique ,- miroir ardent , lunette à longue vue , loupe , microfcope , télefcope , aimants naturels 8>c artificiels , ôcc. On voit fur les gradins du bas , la pâte du riz de la Chine , ainJfî que la pierre de lard ou larre, la pierre qui fervoit autrefois de hache aux Sauvages , quelques morceaux Se ouvrages curieux en laque , les pagodes de pâte des Indes , les bijoux des Sauvages du Nord & des Chinois, qui font ou d'ivoire ou d'ambre jaune , ou de corail , garnis d'or ou d'argent ; de la pâte de porcelaine , ôzc. Les krichsde Siam & canglars Turcs, qui font des poignards , les curiofités Indiennes en argent , les galians qui fervent aux Turcs & aux Perfans pour fumer le tabac & l'aloès. Les tiroirs desftudioles , fous cette armoire , contiennent unmédaillier, de l'encre de la Chine, des phioles lacrymatoires, les foufres & les plus belles pierres gravées de l'Europe , ou leur empreinte en cire d'Efpagne , les jetons, les camées, les anneaux antiques, les talifmans, les poids & les mefures des Anciens , les idoles , les cinéraires , les lampes , les inftrumens des facrifices , les faufles pierreries. Enfin les embrafures des fenêtres doivent être garnies de tableaux de pierre en pièces de rapport. On y peut mettre auftî , de même que dans les embrafures de la porte & lur les panneaux , des tubes fcellés herméti- quement , remplis de reptiles rares , confervés dans des liqueurs conve- nables. Quel immenfe & merveilleux affemblage ! quel fpedacle magnifique 1 Ce tableau varié par Aqs nuances à l'infini, ne peut être rendu par aucune exprefïion \ l'idée n'en peut être exprimée que par les objets mêmes dont il eft compofé : un Cabinet d'HiJloirc Naturelle eft un abrégé de la Nature entière. * Qqij 5d8 h I s h O a Me fera-t-il permis de finir cet article par rexpofirion d'un projet qu'biï. lit dans l'Encyclopédie j&qiii ne feroit guère moins avantageux qu'hono- rable à la Nation ? Ce feroit d'élever à la Nature un Temple qui fût digne d'elle. Il le faudroit compofer de plufieurs bâtimens proportionnés à la grandeur des êtres qu'ils devroient renfermer : celui du milieu feroit fpacieux , immenfe , & deftiné pour les monftres de la terre &c de la^ mer. De quel étonnemerxt ne feroit-t-on pas frappé à l'entrée de ce lieu habité par les crocodiles , l'éléphant y le rhinocéros &c la baleine ? On palferoit de-U dans d'autres falles contiguës les unes aux autres , où l'on verroit la Nature dans toutes fes variétés ôc fes dégradations. On entre- prend tous les jours des voyages dans les difFérens pays , pour en admirer les raretés j croit -on qu'un pareil édifice n'attireroit pas les hommes curieux de toutes les parties du monde , ôc qu'un Etranger un peu lettré pût fe réfoudre à mourir, fans avoir vu une fois la Nature dans fon^ Palais ? .... Si je pouvois juger du goût des autres homm.es par le mien ,. il me femble que pour jouir de ce fpeétacle , perfonne ne regretteroic: im voyage de cinq à fix cents lieues y &; tous les jours ne fait-on pas- la moitié de ce chemin pour voir des morceaux de Raphaël ôc de Michel- An^e ? Les millions qu'il en coûteroit à l'Etat pour un pareil établilTe- înent , feroient payés plus d'une fois par la multitude des Etrangers qu'il- attireroit en tout temps. Si j'en crois l'Hiftoire ^ le grand Colbert leur fit acquitter autrefois la magnificence d'une Fête pompeufe , mais palfagere.. Quelle comparaifon entre un carroufel ôc le projet dont il s'agit? & quel tribut ne pourrions-nous pas en efpérer de la curiofité de toutes les Nations ? HOANCYCIOYU. Animal qui fe voit dans la Province de Quantong en Chine : il tient , dit-on , delà forme du poiiïon ôc de l'oifeau. Ileft jsune pendant l'été, & vole fur les montagnes comme un oifeau : vers l'hiver il £e retire dans la mer j c'eft alors que pour l'attraper , car fa chair eftfort délicate , on lui drefTe des pièges , Ôc on lui tend des filets ; du moins: tel eft le récit du Réda6teur de VAmba^ade des Hollandois à la Chine. - Le même Narrateur dit qu'il fe trouve auflGi dans la province de Che^ Kiang du même Empire, un petit oifeau nommé hoancyngio ^ que les; habirans trempent dans leur vin fait de riz, & dont ils font des efpeces-^ de confitures, qu'ils vendent à bon prix. HQATCHE. Terre bolaire très-blanche dont les Chinois font une; porcelaine plus rare chez eux que celle qiii,eft faite avec le kaolin & le; H O A H 0 B 5©^ pttun-tfc : voyez ces mots. Les Médecins Chinois ordonnent dans de certains cas le hoatche , de même que les nôtres ordonnent les terres boJaires. HOAZIN ou Faisan huppé de Cayenne. Cet oifeau eft de la groifeur d'une poule d'Inde , fon beceft courbé , fa poitrine eft d'un blanc jaunâ- tre , iQ% ailes &: fa queue font marquées de taches ou raies blanches , à «n pouce de diftance les une5 des autres y le dos , le defl'us du cou , les côtés de la tète font d'un fauve brun , les pieds de couleur obfcure j fa tête eft ornée d'une huppe compofée de plumes blanchâtres d'un côté H noires de l'autre ^ elle eft plus haute que celle des hoccos , & il ne- paroît pas qu'il puilTe la baifter ou la lever à îow gré : il habite ordinai- rement les grandes forêts , fe perche fur les arbres le long des eaux pour guetter- &: furprendre les ferpents dont il fe nourrit : fa voix eft forte , c'eft moins un cri qu'un hurlement^ on dit qu'il prononce fan nom d'un- ton lugubre & effrayant, ce qui !e fait pafter parmi les Indiens pour un oifeau de mauvais augure. On le voit au Mexique \ quelques Auteurs^ foupçonnent que c'eft un oifeau de paftage. HOBEREAU ou HAUBREAU» dendro-falco. C'eft après rémérillon- le plus petit des oifeaux de leurre, dont on fe fert en Fauconnerie pour prendre les petits oifeaux. Le hobereau eft plus petit que le faucon j il eft lâche, & à moins qu'il ne foit drefte , il ne prend que les alouettes & les'' cailles -, mais , dit M. de Buffon , il fait compenfer ce défaut de courage & d'ardeur par fon induftrie j dès qu'il appercoit un Chafteur & fon chien ,. il les fuit d'aflez près ou plane au-deftus de leur tête , &: tâche de faiiir les> petits oifeaux qui s'élèvent devant eux j fi le chien fait lever une alouette, une caille , &: que le Chafleur la manque , le hobereau qui eft aux aguets y, ne la manque pas. H a l'air de ne pas craindre le bruit , &; de ne pas con- noître l'effet des armes à feu j car il s'approche très-près du ChalTeur qui le tue fouvent lorf qu'il ravit fa proie. Il fréquente les plaines voifines deS' bois , & fur-tout celles où les alouettes abondent j il en détruit un très- grand nombre , te elles connoiflent fi bien ce mortel ennemi , qu'elles ne l'apperçoivent jamais fans le plus grand effroi , & qu'elles fe précipitent: du haut des airs pour fe bloquer ou fe cacher fous l'herbe ou dans des» buiflons ;, c'eft la feule manière dont elles puiftent échapper j car quoique- l'alouette s'élève beaucoup , le hobereau vole encore plus haut qu'elle y. èc on peut le- drefter au leurre comme le faucon; & les autres oifeaux dw glus- haut vol : il demeure & niche dans les forets ^ où il fe perciie Iup I'q^ 310 H O B HOC atbres les plus élevés. Le hobereau fe porte fur le poing découvert 8>c fané chaperon : on en fait un grand ufage poùr'la chafTe d^s perdrix &c des cailles. Dans quelques-unes de nos Provinces on donne le nom de hobe- reau aux petits Seigneurs qui tyrannifeht leurs payfans, & plus particuliè- rement au Gentilhomme à lièvre qui va chafTer chez fes voidns fans en ctre prié. Se qui chaflTe moins pour fon plaiiir que pour le profit. HOBUS. f'oye:^ à l'anlc/e Myrobolans. HOCHE-PIED ou HAUSSE-PiED. Nom qu'on donne à l'oifeau qu'on iâche feul après le héron pour le faire monter. HOCHE-QUEUE ou HAUSSE-QUEUE : voye^ Bergeronette. On a donné aufli le nom de hoche-queue à un poiflon des Indes Orientales , parce qu'il remue toujours la queue comme Toifeau qui porte ce nom. Ce poiiTon fe trouve proche d'Amboine , dans l'endroit qu'on appelle golfe de Portugal : le mâle fuit toujours la femelle j l'un 6c l'autre font d'un bleu clair. HOCOS ou OCOS ou HOCCO , crax. On appelle ainfi un oifeau des bois qui femble exprimer par fes cris les deux fyllabes qui compofent fon nom. Sa tête eft furmontée d'une huppe de trois pouces de hauteur , &: compofée de pluiieurs plumes comme étagées. Ces plumes font blanches , noires par l'extrémité , & fe replient en devant comme ii elles étoient frifées. Le hocco levé & bailTe fa huppe à fa volonté. On diftingue plu- /îeurs efpeces de hoccos : il y a le hocco du Brejïl j fon bec eft rouge j on l'appelle aulîi hocco du Para ; fon ventre eft noir , celui du hocco de la Guiane eft blanc ; celui de Curafow a le ventre fauve : il y a le hocco du Mexique , celui du Pérou. On voit un hocco dans l'île de Curafow dont la tcte eft calleufe, craxvertice cono corneo onujio. l^efaifan cornu de Ben- gale n'eft point un hocco : voyez Napaul, On. voit l'oifeau hocco dans la ménagerie de Chantilly. C'eft à tort qu'on a rapporté l'hocco au genre des dindons on des fai/ans j il n'a point les caraéleres propres à ces deux efpeces d'oifeaux : il a la tête^ grofte , au lieu que le dindon l'a petite j le cou rentoncé , l'un & l'autre garni de plumes j furie bec un tubercule rond , dur & prefque ofTeux , 6c fur le fommet de la tcte une huppe que nous avons dit ctre mobile , qui paroît propre a cet oifeau , qu'il bailfe de redrelTe à fon gré , & l'on ne dit point qu'il relevé les pennes de la queue pour faire la roue. Le hocco n'a point le caradere fauvage & inquiet du faifan ; il ne témoigne point d'horreur pour la captivité j fon inftind n'eft ni défiant ni ombrageux , îi O 1 MI aucontraire c'eftun oifeau paifible ôc même ftupide , qui ne voit point le danger, ou du moins qui ne fait rien pour l'éviter j il femble , dit M. de Buff'on j s'oublier lui-même , & s'intéreirer à peine à fa propre exiftence» M. Aublet en a tué jufqu'à neuf de la mcme bande avec le même fufd , qu'il rechargea autant de fois qu'il fût nécefTaire \ ils eurent cette pa- tience. 0\\ conçoit bien qu'un pareil oifeau eft fociable j & l'on a obfervé dans la ménagerie de Chantilly qu'il s'accommode fans peine avec les autres oifeaux domeftiques , tels que les pigeons , Ôcc. &: qu'il s'appri- voife aifément. Le hocco , quoique apprivoifé , s'il n'eft pas détenu , s'é- carte de la maifon pendant le jour & va même tort loin , mais il revient toujours le foir pour y coucher \ cL M. Aublet aflure qu'il devient même fa- milier au point de heurter à la porte avec fon bec pour fe faire ouvrir , de tirer les domeftiques par l'habit lorfqu'ils l'oublient , de fuivre fon maître par tout , &s'il en eft empêché , de l'attendre avec inquiétude, &de lui donner à fon retour des marques de la joie la plus vive. Oh inftind, que de reconnoifTance ! . . . La démarche du hocco eft fiere \ fa chair eft blanche, un peu feche \ cependant lorfqu'elle eft gardée fuffifamment , c'eft un allez bon manger. Nous avons déjà fait voir que cet oifeau , ainfî que it^ diverfes efpeces , appartiennent aux pays chauds. M. de Buffon comprend fous l'efpece du hocco le mitou j le mitou pouranga de Marcgrave , le coq indien dà Mefiieurs de l'Académie des Sciences , le mutou ^ le moytou de Laet Se de Lery ; le temocholi des Mexicains, leur tepetotolt ou oifeau de montagne \ le quiri-^ao ou curajfo de la Jamaïque \ le pocs de Frifch ; la foule rouge du Pérou d'^ASi/2 ; le caxolijjl de Fernande^ ^ ^^ i^eizieme f ai/an de M. Bri:]on, M. de Buff'on fe fonde fur ce que cette multitude de noms défigne des oifeaux qui ont beaucoup de qualités communes , Se qui ne différent entr'eux que par la diftribution des couleurs , par quelque di- verlité dans la forme & les acceftoires du bec , Se par d'autres accidens qui peuvent varier dans la même efpece à raifon de 1 âge j du fexe ; du cli- mat. Se fur-tout dans une efpece auflî facile à apprivoifer que celle-ci , qui même l'a été en plulieurs cantons , Se qui par conféquent doit Participer aux variétés auxquelles les oifeaux domeftiques font Ci fujets. HOITALLOTL. Cet oifeau qui habite les contrées les plus chaudes du Mexique , eft d'un blanc tirant fur le fauve , il a la queue longue , d'un vert changeant , fufceprible de reflets comme les plumes du paon , les environs ont du noir , mêlé de quelques taches blanches j {qs ailes font }ïi ' H 0 î; h O L coufteâ , fort voï eft pefant , néanmoins il devance à la courfe les chevauîç les plus vîtes. HOKI - HAO. Colle de peau d'âne. Foye'^ à l'article Ane. HOLLl ou ULLI. Les Indiens donnent ce nom à une efpece de li- queur réfineufe d'un brun noirâtre , qui découle pat les incifions qu'ils font à un arbire appelle chiUloix holquahuylt ^ qui croît au Mexique \ fou tronc eft léger & moelleux , de couleur fauve : fa fleur eft large , blan- che 5 rougeâcre .& étoilée : fon fruit a la figure d'une aveline , & eft d'un goût amer. La liqueur holli eft employée dans la compofition du chocolat des In- diens : elle eft cordiale , ftomachique , & propre à arrêter le cours de ventre. HOLOTHURIES , holothurie. Efpeces de corps marins informes de J'efpece à^^ moUufques , qu'on a mis parmi les ■^oophytes ou plantes - ani- maux ; corps qu'on ne mange point, 6>c que la mer jette avec des ordures fur le rivage. On en diftingue plufieurs fortes \ les unes ne font point at- tachées aux rochers , mais elles font adhérentes à la vafe , & couvertes d'un cuir dur : elles font plates , & de la figure d'une rofe j il a tout autoui' de petits trous. De cet endroit pend une petite excroiftance molle j l'autre bout eft plus menu j en dedans toutes les parties font confufes : ce zoo- phyte fent mauvais. La féconde ei^ece fe trouve dans les ordures que la mer jette fur le bord du rivage. Sa peau eft dure & âpre : on en peut mieux diftinguer les parties intérieures. A un bout , il femble qu'il y ait une tête rond^ &: un trou , qu'on peut prendre pour une bouche ronde & ridée , qui s'ouvre &; fe ferre \ après quoi on trouve un corps afTez gros , plein d'ai- guillons , &: qui finit en pointe. Ceft comme une queue qui a de chaque côté un pied ou une aile : l'aile de deftiis eft plus étroite , découpée à Ten- tour , & finiflant en pointe ; depuis le haut de cette aile jufqu'â la pointe, il y a un trait j l'autre aile eft plus large par-tout. Ceft par le moyen de ces ailes que ce zoophyte paroît fe remuer. On parle beaucoup d'une efpece d'holothurie des Indes , qu on ne peut toucher fans fe fentir la main violemment enflammée.: le remède eft d'y appliquer promptemenr de l'ail pilé j fans quoi cette ardeur va jufqu'à donner la fièvre. Malgré la propriété finguliere de cette forte d'holothu- f je , dçs Indiens en lailTent macérer quelque temps dans leurs liqueurs pour H O M 5!| pour les rendre plus piquantes; mais ils fontfujets à avoir des maladies éphémères toutes les fois qu'ils en boivent : voye:^ Zoophyte. HOMARD ou HOMMARD. Foyei à l'ardc/e Écrevisse. HOMME , homo. C'eft un ètte qui fent , réfléchit, penfe, invente , travaille ] qui va &c vient à volonté fur la terre ; qui communique fa pen- fée par la parole , Se qui paroît être à la tète de tous les animaux fur lef- quels il domine. Il vit moins folitaire qu'en fociété , ÔC fuivant les lois qu'il s'eft faites. Nous ne parlerons que très-peu de l'homme moral j nous le confidérerons comme faifant partie de l'Hiftoire Naturelle. Les Anatomiftes ont beaucoup étudié la partie matérielle de l'homme , cette organifation qui le range parmi les animaux. A fuivre ôc à combiner le détail des parties extérieures de l'homme , voyant qu'il y a du poil fur le corps , qu'il peut marcher fur quatre comme fur deux pieds , à la ma- nière des quadrupèdes j que la femme met au monde des enfans vivans & porte du lait dans fes mamelles ; d'après ces rapports nous aurions le droit d'afl'ocier le genre des humains dans la clafTe des brutes quadrupè- des : mais cette condition de la méthode nous paroîtroit fautive , trop arbitraire , trop étrange. L'homme eft non feulement le feul des animaux qui fe foutienne habituellement dans une fituation droite & perpendi- culaire j le feul qui ne foit pas vêtu par la nature. Il eft plus encore j l'homme eft le chef d'oeuvre de la nature , le dernier ouvrage forti des mains de l'Artifte du monde , le Roi ou le premier des animaux , un monde en raccourci , le centre où l'univers entier fe réfléchit. Tout nous démontre l'excellence de fa nature Se la diftance immenfe que la bonté du Créateur a mife entre l'homme de la bête. L'homme eft un être rai- fonnable j l'animal brute eft un être fans raifon. L'homme le plus ftupide fuffit pour conduire le plus fpirituel de tous Iqs animaux j il le com- mande , le fait fervir à fes ufages , &c celui-ci lui obéir. Les opérations des brutes ne font que des réfultats purement mécaniques , purement matériels ôc toujours les mêmes ; l'homme au contraire met de la variété ou de la diverfité dans fes opérations S>c dans [es ouvrages , parceque fon ame eft à lui , & qu'elle eft indépendante & libre. Ainfi l'homme eft l'a- nimal par excellence , le feul de fon genre , mais dont les individus font fort différens par la figure , la grandeur, la couleur, les mœurs , le natu- rel , &c. Le globe que l'homme .habite eft couvert des productions de fon in- Tome III, Rr 314 II O M duftrie 8c des ouvrages de fes mains : c'eft réellement fon opération qui met toute la terre en valeur. Soit que nous confidérions Thomme dans fes difFérens âges , foit que lious jettions un coup d'oeil fur les variétés de fon efpece, foit que nous examinions fon organifation merveilleufe dans l'état de vie ou de mort , fon hiftoire nous touche fous ces difFérens points de vue tous également intéreiïans. Nous tâcherons donc d'en préfenter ici de légères efquiires : mais que pourrions-nous faire de mieux que de préfenter d'abord & en partie un extrait tiré de ce qu'en a dit un Philofophe très-éloquent Se très-éclairé^ c'eft- à-dire , l'illuftre M. de Buffon ! Prenons l'homme à l'inftant de fa naiifance. Incapable de faire encore aucun ufage de fes organes , l'enfant qui naît abefoin de fecours de toute efpece , c'eft une image de mifere & de douleur j il eft dans ces premiers temps plus foible qu'aucun des animaux. En naiftant , l'enfant pafle d'un élément dans un autre :auforiir de l'eau qui l'environnoit de toutes parts dans le fein de fa mère , il fe trouve expofé à l'air , & il éprouve dans l'inftant l'effet de ce fluide adif. L'air agit fur les nerfs de l'odorat ôc fur les organes de la refpiration ; cette adion produit une fecouffe , une ef- pece d'éternuement qui fouleve la capacité de la poitrine , & donne à l'air la liberté d'entrer dans les poumons j les'fecouffes du diaphragme pref- fent pendant ce temps les vifceres du bas-ventre , les excrémens font par ce moyen , & pour la première fois, chafTés des inteftins , &c l'urine de la vefîîe. Ainli l'air dilate les véficules des poumons , les gonfle ^ s'y raréfie à un certain degré j après quoi le reftort des fibres dilatées réagit fur ce fluide léger, & le fait fortir des poumons ; voilà l'enfant qui refpire, & qui articule des fons ou cris. • Cette fondionde la refpiration eft eiTentielle à l'homme ôz à plufieurs efpeces d'animaux : c'eft ce mouvement qui entretient la vie j s'il ceffe l'animal périt. AufTi la refpiration ayant une fois commencé , elle ne finit qu'à la mort j & dès que \e fœtus a refpiré pour la première fois, il con- tinue à refpirer fans interruption. L'enfant dans le fein de la mère nage dans un fluide , & y vit fans refpi- rer j le fiing pafle d'un ventricule du cœur à l'autre ventricule par le moyen du trou ovale: mais ces que l'enflint comnience à refpirer , le fang prend une nouvelle route par les poumons. Cependant on peut croire avec quelque fondement que ce trou ovale ne fe ferme pas tout % H O M 515 à coup au moment de la naiirance , èC que par conféquent une partie du fang doit continuer à paflTer par cette ouverture. Il feroit peut-être poflible d'empêcher que ce trou ovale ne fe fermât , en plongeant l'enfant nouveau né dans de l'eau tiède, en le mettant enfuite à l'air, & en réitérant cela pluficurs fois \ on parviendroit peut-être par ce moyen à faire d'excel- lens plongeurs , qui vivroient également dans l'air & dans l'eau. C'eft une expérience que M. de Buff, n avoir commencée fur des chiens : la chienne mit bas {qs petits dans l'eau tiède, où ils refterent une demi- heure ; on les lailFa enfuite refpirer l'air le même temps j on les replongea dans du lait j on les remit à l'air , & ils vécurent très bi^n. La plupart des animaux ont encore les yeux fermés quelques jours après leur naiffance : l'enfant les ouvre aullî-tôt qu'il eft né , mais ils font fixes , ternes & communément bleus. Le nouveau né ne diftingue rien , car fes yeux ne s'arrêtent fur aucun objet •, l'organe eft encore imparfait j la cornée eft ridée ; &: peut-être aulîi la rétine eft-elle trop molle pour recevoir les images des objets , & donner la fenfation de la vue diftin6le. Il ne commence à entendre & à rire qu'au bout de quarante jours : c'eft aulli le temps auquel il commence à pleurer j car auparavant les cris & les gémilTemens ne font point accompagnés de larmes. Le rire & les larmes font des produits de deux fenfations intérieures, qui toutes deux dépen- dent de l'adtion de l'ame \ aufîi ces lignes font-ils particuliers à l'efpece humaine pour exprimer leplaifir ou la douleur de Tame j tandis que les cris, les mouvemens & les autres fîgnes des douleurs & des plaifirs du corps , font communs à l'homme &: à la plupart des animaux. La çrrandeur de l'enfant né à terme eft ordinairement de vinçt - un pouces, & CQ fœtus qui pefe alors dix à douze livres , quelquefois plus, tiroit fon origine neuf mois auparavant d'une bulle imperceptible. La tête du nouveau né eft plus grolTe à proportion que le refte du corps j & cette difproportion qui étoit encore beaucoup plus grande dans le premier âge du fœtus , ne difparoît qu'après la première enfance. La peau de l'enfant qui naît paroît rougeâtre , parce qu'elle eft aftez tranfparente pour laliFer appercevoir une nuance foible de la couleur du fang : au refte on prétend que dans tous les climats les enfans dont la peau eft la plus rouge en naiflant , font ceux qui dans la fuite auront la peau la plus belle : elle fera auiîl la plus blanche en Europe, & la plus noire en Afrique. La forme du corps & des membres de l'enfant qui vient de naître n'eft pas bien exprimée , toutes les parties font gonflées 5 au bout de trois jours il lui R r ij }i6 H O M furvient ordinairement une jauniiïe , & dans ce même temps il y a dans les mamelles de l'enfant du lait qu'on peut exprimer avec les doigts , ce gonflement diminue a mefure que l'enfant prend de TaccroilTement. On voit palpiter dans quelques enfans nouveaux nés le fommet de la tète à l'endroit de la fontanelle , ôc dans tous on y peutfentir le battement des fînus ou des artères du cerveau , fi on y porte la main. Il fe forme au-deiïiis de cette ouverture une efpece de croûte ou de gale qu^on fiotte avec des brofïes pour la faire tomber à mefure qu'elle fe feche j il femble que cette production ait quelque analogie avec celle des cornes des ani- maux qui tirent aufli leur origine d'une ouverture du crâne & de la fubftance du cerveau. On aura lieu de voir dans la fuite que toutes les extrémités des nerfs deviennent folides lorfqu'elles font expofées à l'air, ôc que c'eil cette fublliance nerveufe qui produit chez les animaux les cornes , les ongles ôc les ergots. Voyez auffi ces mots. La liqueur contenue dans Vamnios lailfe fur l'enfant une humeur vifqueufe blanchâtre. Nous avons dans ce pays- ci la fage précaution de ne laver l'enfant qu*avec cie l'eau tiède j cependant des Nations entières , celles mêmes qui habitent les climats les plus froids , font dans l'ufagede plonger leurs enfans dans l'eau froide aufli-tôt qu'ils font nés, fans qu'il leur en arrive aucun mal \ on dit même que lei Laponnes laiflTent leurs enfans dans la neige jufqu'à ce que le froid les aitfaifis au point d'arrêter la refpiration , & qu'alors elles les plongent dans un bain d'eau chaude : ces peuples lavent auffi les enfans trois fois chaque jour pendant la pre- mière année de leur vie. Les peuples du Nord font perfuadés que les bains froids rendent les hommes plus forts & plus robuftes j c'eft par cette raifon qu'ils les forcent de bonne heure à en contra6ter l'habitude. Ce qu il y a de vrai , c'eft que nous ne connoiflons pas allez jufqu'où peuvent s'étendre les limites de ce que notre corps eft capable de fouffrir , d'acquérir ou de perdre par l'habitude. Oi\ ne fait pas teter l'enfant auffi tôt qu'il eft né : on lui donne aupa- ravant le temps de rendre la liqueur & les glaires qui font dans font eftomac, bc le méconïum qui eft dans it^ inteftins \ ce font des excrémens de couleru- noire : ces matières pourroient faire aigrir le lait. On commence donc par lui faire avaler un peu de vin fucré : ce n'eft que dix ou douze heure après la naiftance qu'il doit tetcr pour la première fois. A peine l'enfant jouit-il de la liberté de mouvoir 6c d'étendre fes membres, qu'on lui donne de nouveaux liens j on l'embeguine, on H O M 317 l'emmaillotte, heureux fîon ne l'a point ferré au point de l'empêcher de refpirer , & fi on a eu la précaution de le coucher fur le côté , afin que les eaux qu'il doit rendre par la bouche puilfent tomber d'elles niêmes ! car étant ainfi empaqueté , il n'auroit pas la liberté de tourner la tète fur le côté pour en faciliter l'écoulement. Les peuples qui fe contentent de mettre leurs enfansnusfur des lits de coton fufpendus, ou de les couvrir fimplement dans leurs berceaux garnis de pelleteries , nous donnent un exemple que nous devrions imiter. Les bandages du maillot ( je dirois volontiers ufage barbare des feuls peuples policés ) peuvent être comparés aux corps que l'on fait porter aux filles dans leur jeunefle. Cette efpece de cuiraiïe , imaginée pour foutenir la taille &c l'empêcher de fe déformer , caufe certainement plus d'incommodités &de difformités qu'elle n'en pré- vient. Les enfans qui ont la liberté de mouvoir leurs m.embres à leur gré , deviennent plus forts que ceux qui font emmaillottés ; car le défaut d'exercice retarde l'accroiflTement des membres. On voit les enfans des Nègres commencer à marcher dès le fécond mois , ou plutôt fe traîner fur les genoux ôc fur les mains : pour les obliger à marcher , leurs mereS leur préfentent de loin la mamelle comme un appât, & on les voit fe traîner pour l'aller chercher. Cet exercice leur donne la facilité de courir dans cette fituation prefque aufii vite que s'ils étoient fur leurs pieds. Ces petits enfans Nègres deviennent fi adroits & fi forts , que lorfqu'ils veulent teter ils embrafl~ent l'une des hanches de la mère avec leurs genoux & leurs pieds , & la ferrent Ci bien qu'ils peuvent s'y foutenir fans le fecours des bras de la mère : ils s'attachent à la mamelle avec leurs mains, ôc lafucentconftammenr , fans fe déranger & fins tomber, malgré les difFérens mouvemens de la mère , qui pendant ce temps travaille à fon ordmaire. Les enfans nouveaux nés ont befoin de prendre fouventdela nourri- ture. On les fait teter dans la journée de deux en deux heures^ d>C pendant la nuit , à chaque fois qu'ils fe réveillent. Ils dorment pen- dant la plus grande partie du jour & de la nuit dans les premiers temps de leur vie j ils femblent même n'être éveillés que par la douleur ou parla faim. Les entraves du maillot les tiennent dans une fituation qui devient fatigante & douloureufe après un certain temps : leur peau fine ôc délicate eft fouvent refroidie par leurs excrémens : il n'y a guère que la tendreiïe maternelle qui foit capable d'une vigilance alïez continuelle pour tenir les enfans bien propres. Les Sauvages qui fentent combien ce foin eft 3îS H O M nécetîaire , y. fnppléent d'une manière bien flmple. Ils mettent au fond du berceau une bonne quantité de poudre que l'on tire du bois rongé des vers , Se ils recouvrent leurs enfans de pelleteries : cette poudre pompe rhumidité, ôc on a foin de la renouveller En Orient, & fur -tout en Turquie , on attache les enfans nus fur une planche garnie de coton Se percée pour l'écoulement des excrémens. On cherche à appaifer les cris des enfans en les berçant , mais on ne doit les aciter que fort douce- ment; car cette agitation, fi elle étoit trop violente, feroit peut-être capable de leur ébranler la tète , & d'y caufer du dérangement. Pour que leur fanté foit bonne , il tant que leur fommeil foit naturel ôc long j cependant s'ils'dormoient trop, il feroit a craindre que leur tem- pérament n'en foufFrît : dans ce cas il faut les tirer du berceau , Se les éveiller par de petits mouvemens , ou leur faire voir quelque chofe de brillant. C'eft à cet âge que l'on reçoit les premières impreffions des fens : elles font fans doute plus importantes qu'on ne croit pour le refle de la vie. On doit avoir grand foin de mettre le berceau de manière que l'enfant foit placé diredement devant la lumière j car comme fes yeux fe portent toujours du côté le plus éclairé j fi le berceau étoit placé de côté , un des yeux , en fe tournant vers la lumière j acquerroit plus de force j &c l'enfant deviendroit louche. La nourrice ne doit donner à l'enfant que le lait de fes mamelles pour route nourriture au moins pendant les deux premiers mois , il ne faudroit même lui faire prendre aucun autre aliment pendant le troifieme & le quatrième mois ^ fur-tout lorfque (on tempérament eft foible &c délicat. Quelque robufte que puiGTe être un enfant, il pourroic en arriver de grands inconvéniens , fi on lai donnoit d'autre nourriture que le lait de la nourrice , avant la fin du premier mois. En Hollande , en Italie , en Turquie j en général dans tout le Levant , on ne donne aux enfans que le lait des mamelles pendant un an entier. Les Sauvages du Canada les allaitent jufqu'à quatre , cinq , & même fept ans. Dans ce pays -ci , comme les femmes n'ont pas affez de lait pour fournir à l'appétit de leurs enfans , elles y fuppléent par un aliment compofé de farine ôc de lait; mais ce n'eft guère qu'à deux ou trois mois que l'on doit commencer a leur donner cette nourriture plus folide , à laquelle même on devroit fubftituer du pain détrempé dans le lait : c'eft ainfi qu'on prépare peu à peu l'eftomac des enfans à recevoir le pain ordinaire , ôc les autres alimens dont ils doivent fe nourrir dans la fuite. H O M jip Les dents qu'on appelle incïjîves , font au nombte de huit 5 leur germe fe développe ordinairement le premier , & communément à l'âge de fept mois , fouvent à celui de huit ou dix j &: d'autre fois à la fin de la pre- mière année j auflî les appelle-t-on dénis de primeur ow de lait ou rieufes. Cette opération, quoique naturelle , ne fuit pas les lois ordinaires de la nature , qui agit à tout inftant dans le corps humain , fans y occafionner la moindre douleur , &c même fans exciter aucune fenfaiion. Ici il fe fait un effort violent &: douloureux , qui elt accompagné de pleurs & de cris. Les enfans portent leurs doigts à leur bouche , pour tâcher d'appaifer la démangeaifon qu'ils y reflentent. On leur donne un petit foulagement en mettant au bout de leur hochet un morceau d'ivoire ou de corail, ou de quelqu'autre corps dur & poli j ils le ferrent entre les gencives à l'en- dioit douloureux ; cet effort oppofé à celui de la dent, calme la douleuc pour un inftant j il contribue auiîi à l'amincifTemcnt de la membrane de la gencive, qui étant prefîée 6.^$ deux côtés à la fois , doit fe rompre plus aifément^ la Nature s'oppofeicià elle-même fes propres forces j on eft obligé quelquefois de faire une petite incifion à la gencive pour donnée paffage à la dent. i. o Sur la fin de la première , ou dans le courant de la féconde année, ou voit paroître feize autres dents que l'on appelle molaires ou mâchelieres quatre à chaque côté de chacune des canines ( les canines de la mâchoire fuoérieure font défignées auifi fous le nom à'œilleres ). Ces termes pour lafortie des dents varient : les deux incifives , les canines , & les quatre premières mâchelieres tombent naturellement dans la cinquième , la fixieme ou la feptieme année \ mais elles font remplacées par d'autres , qui paroifTent dans la feptieme année , fouvent plus tard , & quelquefois elles ne fortent qu'à l'âge de puberté. La chute de ces feize dents eft caufée par le développement du fécond germe placé au fond de l'alvéole , qui encroiffant , lespoufiTe au dehors j ce germe manque ordinairement aux autres mâchelieres , aufli ne tombent-elles que par accident , 6c leur perte n'efl prefque jamais réparée. Il y a encore quatre autres dents qui font placées à chacune des deux extrémités des mâchoires j ces dents manquent à plufieursperfonnes , leur développement ne fe fait ordinairement (j^u'â l'âge de puberté, &: quel- quefois dans un âge beaucoup plus avancé , & c'efl: par cette raifon qu'on les a nommées dents de fagejfe. Le nombre des dents en général ne va- rie , queparceque celui des dents de fageife n'ell pas toujours le me- 510 H O M me ; de-Ia vient la difFérence de vingt huit à trente-deux dans le nom- bre total des dents : Voye^ l'article Dents. Lorfqu'on laiOTe crier les enfants trop fort dc trop long-temps , ces ef- forts leur caulent des defcentes qu'il faut avoir grand foin de rétablir promptement par un bandage , ils guérilTent aifément par ce fecours ; mais fi on négligeoit cette incommodité , ils feroient en danger de la garder toute leur vie. Les enfans font fort fujers aux vers \ en leur faifant boire de temps en temps un peu de vin , on préviendroit peut-être une partie des mauvais effets que caufent les vers : car les liqueurs fermentées js'oppofent à leur génération. Quelque délicat que l'on foit dans l'enfance , on eft à cet âge moins fen- fible au froid , que dans tous les autres temps de la vie j la chaleur inté- rieure eft apparemment plus grande. On. fait que le pouls des enfans eft bien plus fréquent que celui des adultes : cette feule obfervation fufïiroit pour faire penfer que la chaleur intérieure eft plus grande dans la même proportion. On. ne peut guère douter que les petits animaux n'aient plus de chaleur que les grands , par cette même raifon : car la fréquence du battement du cœur & des artères eft d'autant plus grande , que l'animal eft plus petit : les battemens du cœur d'un moineau fe fuccedent fi promp- tement , qu'à peine peut -on les compter. La vie de l'enfant eft fort chancelante jufqu'à l'âge de trois ans , mais dans les deux ou trois années fuivantes , elle s'afTure , &: l'enfant de fix ou fept ans eft plus ailuréde vivre , qu'on ne l'eft à tout autre âge. Suivant les nouvelles tables faites à Londres fur les degrés de la mortalité du genre humain dans les différens âges , il paroît que d'un certain nombre d'enfans nés en même temps , il en m^urt au moins la moitié dans les trois premières années. Suivant ces tables, la moitié du genre humain devroit périr avant l'âge de trois ans , par conféquent tous les hom- mes qui ont vécu plus de trois Vns , loin de fe plaindre de leur fort , de- vroient fe regarder comme traités plus favorablement que les autres. Mais cette mortalité des enfans n'eft pas à beaucoup près fi grande par- tout , qu'elle l'eft à Londres j car M. Dupré de Saïm-Maur s'eft afturé par un crrand nombre d'obfervations faites en France , qu'il faut fept pu huit années , pour que la moitié des enfans nés en même temps , foit éteinte ; & M. W^argentein _, Secrétaire de l'Académie Royale de Suéde , exami- nant la proportion des morts dans les différens âges de la vie , cherche à déduire des principes certains pour le calcul des tontines 6c rentes via- ueres , H O M ^11 gères , en un mot combien un homme en fanté peut encore vivre d'années. Parmi les caufes de la mortalité des enfans & mcmes des adultes , on doit placer en tcte les effets de la petite vérole j mais heureufement per- fonne n'ignore que l'on trouve prefque toujours dans l'efpece de greffe ou de transfufîon appellée inoculation un moyen de pallier avec fuccès les difgraces de ce fléau : tous les Journaux de 1757 ont fait une mention honorable de l'excellent Mémoire de M. de la Condamine fur ce fujet. Ce beau plaidoyer de la caufe de l'inoculation & de l'humanité eft aujour- d'hui entre les mains de tout le monde Ôc traduit en toutes les langues. La multitude des faits réunis & la folidité du raifonnement forment un corps de preuves , à l'évidence defquelles il eft difficile de réfifter. En un mot on y démontre que l'inoculation eft moins dangereufe que la petite vérole naturelle , elle conferve un plus grand nombre de Citoyens à l'Etat, elle nous donne pour la fuite au moins la même fécurité que la natu- relle : d'après cet expofé pourroit-elle être contraire à la Religion ? Si les mères nourriffoient elles-mêmes leurs enfans , il y a apparence qu'ils en feroient plus forts & plus vigoureux. Le lait de leur mère doit leur convenir mieux que le lait d'une autre femme : car le fœtus fe nourrit dans la matrice d'une liqueur laiteufe , qui eft fort femblable au lait qui fe forme dans les mamelles. L'enfant eft donc , pour ainfi dire , accou- tumé au lait de fa mère : au lieu que le lait d'une autre nourrice eft quel- quefois pour lui un aliment affez diff^érent , pour qu'il ne puiffe s'y accou- tumer. Si l'on voit les enfans devenir languiffans , malades , il faut pren- dre une autre nourrice bien conftituée , propre , faine & de bonnes mœurs : tout influe de la part des nourrices fur les enfans ( on peut confulter l'ar- ticle Lait j II l'on n'a pas cette attention , ils périffent en peu de temps. Que de foins font néceffaires pour faire éviter à l'homme les écueils de l'enfance î L'éducation phyfique des enfans , eft un objet de la première impor- tance pour procurer à l'Etat des citoyens d'une bonne fanté. De tout temps on a du en fentir l importance j auiTi l'Académie de Harlem en Hollande a-t-elle propofé pour fujet d'un prix la queftion fuivante : Quelle ejî la meilleure direction à fuivre dans l'habillement j la nourriture & l'exercice des enfans y depuis le moment ou ils naijjent j jufquà leur adolcfcence , pour qu'ils vivent lo ?g-temps enfanté. Le prix a été remporté par M. Ballexferd, Tome III, S s 322 H O M citoyen de Genève , qui a très-bien difcuté cette queftion clans fon ou- vrage , qui a pour titre , Dijfenation fur l'éducation phyjique des enfans. Les enfans commencent à bégayer à l'âge de douze ou quinze mois. On doit cefler d'être furpris , de ce que dans toutes les langues & chez tous les peuples , les enfans commencent toujours par bégayer, baba y ma ma ^ pa pa y taha _, abada j ces fyllabes font, pourainfi dire , les fons les plus naturels à l'homme , parcequ'elle demandent le moins de mou- vement dans les organes de la parole. 11 y a des enfans qui à deux ans prononcent diftindement , &: répètent tout ce qu'on leur dit , mais la plupart ne parlent qu'à deux ans & demi , &: très-fouvent plus tard : on remarque que ceux qui commencent à parler tard ne parlent jamais aufli aifément que les aures. Ceux qui parlent de bonne heure , font en état d'apprendre à lire à trois ans. Au refte , on ne peut guère décider s'il eft fort utile d'inftruire les enfans de fi bonne heure ^ on a tant d'exemples du peu de fuccès de ces éducations prématurées , on a vu tant de prodiges de quatre ans , de huit ans , de douze ans , de feize ans , qui n'ont été que des fots , ou des hommes fort communs à l'âge de vingt-cinq ou trente ans , qu'on feroit porté à croire que la meilleure de toutes les éducations eft celle qui tend à exercer & à étendre les forces du corps & de l'efprit , fans jamais les excéder , ni les épuifer \ celle qui eft la moins fevere > celle en un mot qui eft la mieux proportionnée à la foiblefiTe aduelle Ats enfans , & en même temps aux forces qu'on prévoit qu'ils pourront ac- quérir , chacun fuivant leur différent tempérament. De la Puberté ^ de la Piraïnïté. La puberté accompagne l'adolefcence & précède la jeunciTe ; elle eft, pour ainfidire , le printems de l'homme , c'eft la faifon des plaifirs , des grâces & des amours , & plus cette faifon eft riante , moins elle eft du- rable. Jufqu'alors la nature ne paroît avoir travaillé que pour la confer- vation & l'accroiftement de fon ouvrage \ elle n'a fourni a l'enfant que ce qui lui étoit nécelfaire pour vivre & pour croître \ il a vécu, ou plutôt, végété d'une vie particulière , toujours foible , renfermée en lui-même , & qu'il ne pouvoir communiquer : mais bientôt les principes de vie fe multiplient , il a non feulement tout ce qu'il lui faut pour être , mais encore de quoi donner l'exiftence à d'autres. Cette furabondance de vie. H O M 5£{ cette fource de la force 8c de la fanté , ne pouvant plus être contenue au dedans , cherche à fe répandre au dehors , elle s'annonce par plufieurs fignes. Le premier figne de la puberté eft une efpece d'engourdifTement aux aines, une efpece de fenfation jufqu'alors inconnue dans les parties qui caradérife le fexe j il s'y élevé une quantité de petites proéminences d'une couleur blanchâtre j ces petits boutons font les germes d'une nouvelle produ6tion, de cette efpece de cheveux qui doivent voiler ces parties. Le fon de voix devient rauque & inégal pendant un efpace de temps alTez long, après lequel il fe trouve plus plein, plus affuré , plus fort, plus grave qu'il n'étoit auparavant. Ce changement eft très-fenfible dans les garçons ; s'il l'eft moins dans les filles , c'eft parce que le fon de leur voix eft 'naturellement plus aigu. Ces fignes de puberté font communs aux deux (exes, mais il y en a de particuliers à chacun : l'éruption des menftrues , l'accroiftement du fein pour les femmes j la barbe ôc l'émiftion convuîfive de la liqueur férai- nale pour les hommes : enfin le fentiment du defir vénérien , cet appétit qui porte les individus des deux fexes à fe faire réciproquement commu- nication de leurs corps pour Tade prolifique. Dans toute l'efpece hu- maine les femmes arrivent à la puberté plutôt que les mâles ^ mais chez les différens peuples l'âge de puberté eft différent, de femble dépendre en partie de la température du climat &c de la qualité des alimens. Dans toutes les parties méridionales de l'Europe &C dans les villes , la plupart des filles font pubères à douze ans , & les garçons à quatorze j dans les Provinces du Nord &c dans les campagnes , à peine les filles le font-elles à quatorze & les garçons à feize, Dans les climats les plus chauds de l'Afie, de l'Afrique ôc de l'Amé- rique , la plupart des filles font pubères a dix & même à neuf ans. L'écou- lement périodique, quoique moins abondant dans les pays chauds , paroît cependant plutôt que dans les pays froids. L'intervalle de cet écoulement eft à-peu- près le même dans toutes les nations , & il y a fur cela plus de diverfité d'individu à individu que de peuple à peuple j car dans le même climat Si dans la même nation il y a des femmes qui tous les quinze jours fontfujettes à cette évacuation naturelle, ôc d'autres qui ont jufqu'à cinq de fix femaines de libres , mais ordinairement l'intervalle eft d'un mois , à. quelques jours près. La quantité de l'évacuation paroît dépendre de la quantité des alimens &c de celle de la trarifpiration iiifenfible ; les femmes S s i/ ^ "^ 314 H O M qui mangent plus que les autres ôc qui ne font pas d'exei'cice , ont des menfti'ues plus abondantes. La quantité de cette évacuation varie beau- coup dans les difFérens fujets & dans les différentes circonftances ^ on peut peut-être l'évaluer depuis une ou deux onces jafqu'à une livre & plus. La durée de l'écoulement menftruel eft de trois , quatre ou cinq jours dans la plupart des femmes, 8c de fix, fept & même huit dans e^uelques-unes. La furabondance de la nourriture & du fang eft la caufe matérielle des menftrues. Les fymptomes qui précèdent leur écoulement , font autant d'indices certains de plénitude , comme la chaleur, la tenfion, le gonfle- ment Se même la douleur que les femmes reffentent , non-feulement dans les endroits mêmes oCi font les réfervoirs & dans ceux qui les avoifinent , maisaufil dans les mameles j elles font gonflées , Se l'abondance du fang y eft marquée par la couleur de leur aréole qui devient alors plus foncée ; les yeux (ont chargés , Se au-deflous de l'orbite la peau prend une reinte de bleu Se violet j les joues fe colorent, la tête eft pefante Se douloureufe. Se en général tout le corps eft dans un état d'accablement caufé par la fur- charge du fang. C'eft ordinairement à l'âge de puberté que le corps achevé de prendre fon accroiflement en hauteur j les jeunes gens grandiffent prefque tout- à-coup de plufieurs pouces. Mais de toutes les parties du corps celles où l'accroifl^'ement eft le plus prompt Se le plus fenfible , font les parties de la crénération dans l'un Se Tautre fexe ; cet accroiflement au refte n'eft dans les mâles qu'un développement , une augmentation de volume j au lieu que dans les femelles il produit fouvent un rétrécifl^ement auquel on a donné différens noms , lorfqu'on a parlé des fîgnes de la virginité. Il n'eft pas aifé de réuflir à détruire hs préjugés ridicules qu'on s'eft formés fur ce fujet: mais la contrariété d'opinions fur un fait qui dépend d'une fimple infpedion, prouve que les hommes ont voulu trouver dans la Nature ce qui n'étoit que dans leur imagination , puifqu'il y a plufieurs Anatomiftes qui difent de bonne foi qu'ils n'ont jamais trouvé ces carac- tères que l'on regarde comme les preuves de la virginité , c'eft à-dire, ni la membrane de l'hymen , :^ona virginea j ni les caroncules dans les filles qu'ils ont diflTéquées , même avant l'âge de puberté ( a ). Ceux même qui ( d ) Suivant M. Haller, tout ceci eft entièrement oppofé au vrai. Tout foetus femelle; toute fille nouvellement née, toute jeune pcrfonne de dix ans a , dit-il , l'hymen bien H O M jiS foiuiennent au contraire que cette membrane Se ces caroncules exiftent, avouent en même temps que ces parties varient de forme , de grandeur & de confiftance dans les différens fujets. Que peut-on conclure de ces obfervations , finon que les caufes du prétendu rétrécififement de l'entrée du vagin , ne font pas confiantes , &c qu'elles n'ont tout au plus qu'un effet paffager, qui eft fufceptible de différentes modifications. On a cru dans tous les temps que l'effufion du fang étoit une preuve réelle de la virginité ; cependant il efl évident que ce prétendu figne eft nul dans toutes les circonflances où l'entrée du vagin a pu être relâchée ou dilatée naturellement ^ ainfi toutes les filles , quoique non déflorées , ne répanient pas du fang j d'autres qui le font en effet , ne laiflent pas d'en répandre : il y en a même dont la prétendue virginité s'eft renou- vellée jufqu'à quatre &c cinq fois dans l'efpace de deux ou trois ans, 8c même tous les mois. Rien donc de plus chimérique que les préjugés des hommes à cet égard, 2c rien de plus incertain que ces prétendus figues de la virginité du corps. Les hommes devroient donc bien fe tranquillifer fur tout cela, au lieu de fe livrer, comme ils font fouvent, a des foupçons injuftes ou à de fauffes joies , félon ce qu'ils s'imaginent avoir rencontré. Quel contrafte dans les goûts &c dans les mœurs des différentes nations! quelle contrariété dans leur façon de penfer ! Après le cas que nous voyons que la plupart des hommes font de la virginité, imagineroit-on que certains peuples la méprifent , Se qu'ils regardent comme un ouvrage fervile la peine qu'il faut prendre pour l'ôter ? La fuperftition a porté certains peuples à céder les prémices des vierges aux Prêtres de leurs Idoles , ou à en faire une efpece de facrifice à l'Idole même. Les Prê- tres des royaumes de Cochin &deCalicut jouiffent de ce droit. Se chez les Canarins de Goa les vierges font proftituées de gré ou de force par leurs plus proches parens à une Idole de fer : la fuperftition de ces peuples leur fait commettre ces excès dans des vues de religion. Au royaume d'Aracan Se aux lies Philippines un homme fe croiroit déshonoré s'il épou- uniforme ,& généralement placé en manière decroifTant à la partie inférieure Je l'onVine du vagin. Cette partie fe conferve jufqu'à la vieillefîe , à moins que l'ufage réitéré de l'ade vénérien ne la détruife , car une feule faute ne fuiKroit pas pour l'anéautir ; c'efl: ainfi que s'exprime M. Hallsr, SiS H O M foit une fille qui n'eût pas été déflorée pat un autre , Sc ce n'efi: qu'à prix d'argent que l'on peut engager quelqu'un à prévenir l'époux. Dans la pro- vince de Thibec les mères cherchent des étrangers qu'elles prient inftam- ment de mettre leurs filles en état de trouver des maris. A Madagafcar les filles bs plus débauchées font les plutôt mariées : quelle grofl^ereté ! Les Anciens avoient au contraire tant de reipect pour les vierges , que lorfqu'elles étoient condamnées au fupplice on ne les faifoit point mourir fans leur avoir auparavant ôté la virginité. C'efl: ainfi que Tibère en dif- pofoit. Ce tyran fubtil de cruel détruifoit les mœurs pour conferver les coutumes. Le mariage eft l'état qui convient à l'homme , 8c dans lequel il doit faire ufage des nouvelles facultés qu'il a acquifes par la puberté. C'eft à cet âge que tout le follicite à la génération : mille impreflions ébranlent fon genre nerveux ôc le portent à éprouver cet état dans lequel il ne fent plus fon exiftence que par celle de ce fens voluptueux , qui femble alors de- venu le fiege de fon ame , qui abforbe toute la fenfibilité dont il eft fuf- ceptible , qui en porte l'intenfité à un point qui rend cette imprefîîon fi forte, qu'elle ne peut être foutenue long-temps fans un défordre général dans toute la machine. En effet la durée de ce fentiment ou de ces fa- cultés eft telle, qu'elle deviendroit quelquefois funefte à Thomme qui jouiroit trop , ou il en feroir de mcme s'il s'obftinoit à garder le célibat. Le trop long féjour de la liqueur féminale dans (es réfervoirs peut caufer, par fa qualité ftimulanté , des maladies dans l'un Sc l'autre fexe. Les irri- tations peuvent devenir fi violentes , qu'elles rendroient l'homme fem- blable aux animaux , qui font furieux & indomptables lorfqu'ils reflen- tent ces impreflions. L'effet extrême de cette irritation dans les femmes eft la nymphomanie j c'eft à-dire la fureur utérine j mais le tempérament oppofé eft infiniment plus commun parmi les femimes : la plupart font naturellement froides, ou tout au moins fort tranquilles fur le phyfique de l'amour, quoique les fymptomes d'hyftéricité foient plus multipliés qu'on ne le penfc. Au refte , les excès font plus à craindre que la continence ; le nombre des hommes immodérés , on prlapomanes ^ eft alfez grand pour en donner des exemples : les uns ont perdu la mémoire , les autres ont été privés de la vue, d'autres font devenus chauves , d'autres ont péri d'épuifement; la faignée eft , comme l'on fait , mortelle en pareil cas. Les perfonnes fages ne peuvent trop avertir les jeunes gens du tort irréparable qu'ils courent H O M 517 rifque de faire â leur fanté j & les pnrens aux foins defquels ils font confiés , doivent avoir la plus grande attention de les détourner de ces dangereux excès par tous les moyens poflibles ; mais un Titon , dans l'âge de puberté , ignore combien il importe de prolonger les jours de ce bel âge qui a tant d'influence fur le bonheur ou le malheur du refte de la vie : c'efl: alors précifément qu'il n'a ni prévoyance de l'avenir , ni expé- rience du pafle, ni modération pour ménager le préfent. Combien n'y en a-t-il pas qui celTent d'être hommes , ou du moins qui cefTent d'en avoir les facultés avant Tâge de trente ans ? Pourquoi forcer la nature ? U fuffit d'obéir ou de répondre quand elle nous interroge : telle eft donc la difpolition phyfique que l'Auteur de la Nature, ce Confervateur fuprême de l'efpece de de l'individu, a voulu employer pour porter l'homme par l'attrait du plaifir à travailler à fe reproduire , à fe conferver , &c. L'objet du mariage eft d'avoir des enfans : mais quelquefois cet objet ne fe trouve pas rempli. Dans les différentes caufes de la ftérilité , il y en a de communes aux hommes &c aux femmes j mais comme elles font plus apparentes dans les hommes , on les leur attribue communément. La caufe de la ftérilité la plus ordinaire aux hommes & aux femmes, c'eft l'altération de la liqueur féminale dans les tefticules. Dans les cas de fté- rilité , on a fouvent employé plufieurs moyens pour favoir fi le défaut venoit de l'homme ou de la femme. L'infpedion eft le premier de ces moyens : il y a des hommes qui , à la première infpedlion , paroiflent être bien conformés, auxquels cependant le vrai figne de la bonne con- formation manque abfolument j il y en a d'autres qui n'ont ce figne que fi imparfaitement ou fi rarement , que c'eft moins un figne certain de la virilité , qu'un indice équivoque de l'impuiffance. Au refte, lorfqu'il n'y a aucun défaut de conformation à l'extérieur dans les hommes, que l'éreétion & l'éjaculation ont lieu, la ftérilité vient alors le plus ordinairement des femmes ; car indépendamment de l'effet des fleurs blanches , qui, quand elles font continuelles, doivent caufer , ou du moins occafionner la ftérilité j les tefticules des femmes éprouvent des changemens &c des altérations confidérables. Ajoutez que les défauts de conformation de la matrice &c du vagin , le tempérament trop ou trop peu fenfible , font encore des vices phyfiques pour l'ade de la généra- tion. Dans le cours ordinaire de la Nature , les femmes ne font en état de concevoir qu'après la première éruption des règles j de la ceflation de cet iS H O M écoulement , qui arrive ordinairement à l'âge de quarante ou cinquante ans , les rend ftcriles pour le refte de leur vie. On en a cependant va qui font devenues mères avant d'être fujettes au moindre écoulement pé- riodique , & d'autres qui ont conçu à foixante &c foixante-dix ans , 8c même dans un âge plus avancé. On regardera , il l'on veut , ces exemples, quoiqu'alTcz fréquens, comme des exceptions à la règle j m.ais ces ex- ceptions fuffifent pour faire voir que la matière des menftrues ne'ft pas effentielle à la génération. L'âge auquel l'homme peut engendrer n'a pas des termes aufïi marqués j il faut que le corps foit parvenu à un certain point d'accroilTement , pour que la liqueur féminale foit produite , cela arrive ordinairement entre douze &c dix-huit ans. A foixante ou foixante-dix ans, lorfque la vieilleiïe commence à énerver le corps , la liqueur féminale eft moins abondante : ôc fouvent elle n'efl: plus prolifique j cependant on a vu plufleurs exem- ples de vieillards qui ont engendré Jufqu'à quatre-vingts &; quatre-vingt- dix ans : on a vu auflî de jeunes garçons qui ont engendré à l'âge de neuf, dix Se onze ans , 3c de petites filles qui ont conçu à fept , huit 8c neuf ans j mais ces faits, extrêmement rares, peuvent être regardés comme des phénomènes. De la conception ^ de la grojfejfe ^ du fœtus ^ de fan atcro'Jfement ^ & de l'accouchement. Les fignes que quelques Auteurs ont indiqués pour reconnoître fi une femme a conçu, tels que le faififiement Se le froid convulfif , koripilatioj que quelques femmes doivent avoir reflenti au moment de la conception , ne font que des fignes très-équivoques j car d'autres femmes allurent au contraire avoir relfenti une ardeur brûlante , caufée par la chaleur de la liqueur féminale de l'homme , Se le plus grand nombre avouent n'avoir rien reffenti de tout cela , finon le terme du prurit vénérien qui fuccede au plus grand degré d'orgafme. Mais les fymptomes qui dans les premiers mois font reconnoître aux femmes qu'elles font grofies , font moins équi- voques j favoir , un engourdilfement dans les lombes , un afioupifiement prefque continuel , une mélancolie qui les rend triftes Se quelquefois capricieufes , des douleurs de dents , la pâleur Se des taches dans le vifage , les paupières affaiiïees , les yeux jaunes , le goût dépravé , le dé- goût, le vomilfement , lacelTation de l'écoulement périodique, La fécré- tion H O M ji^ tîon du lait dans les mamelles , enfin le mouvement du fœtus , l'enflure particulière de dure de l'hypogaftre. Telle eft la force de l'inditution de la. Nature , que la femme fe livre invinciblement à faire les fondions dont dépend la propagation du genre humain , &: à ne pas fe rebuter par ks incommodités de la groffelfe. Tout la rappelle au plaifir inexprimable oa à l'épilepfie paflagere que la Nature emploie pour parvenir à fes fins. Au lefte, combien de femmes ne fe portent bien que lorfqu elles font en- ceintes ? , La groflTeiïe efc le temps pendant lequel une femme qui a conçu , porte, dans fon fein le fruit de la fécondation : ce temps qui défigne Tétat d'une femme enceinte, prend date depuis le moment où la faculté prolifique a été réduite en ade , &c où toutes les conditions requifes d.e la part de l'un & de l'autre fexe ont concouru à jeter les fondemens du fœtus mâle ou femelle dont la fortie eft ,1e terme. Auffi-tôt que la groffefle eft déclarée , dix l'Auteur de VEJfai fur la manière de perfectionner Vefpece humaine j la femme doit tourner toutes fes vues fur elle-même , &: mefurer fes adions aux befoins de iow fruit j elle devient alors la dépofitaire d'une créature nouvelle ; c'eft un abrégé d'elle-même , qui n'en diffère que par la propof- tion & le développement fuccelîif de fes parties. | L'expofition de ce qui fe pafTe pendant la grofTefTe , n'étant donc que riiiftoire de la formation du fœtus humain , de fon développement, de la manière particulière dont il vit, dont il fe nourrit, dont il croît dans le fein de fa mère, & dont fe font toutes ces différentes opérations de la Nature à l'égard de l'un 6c de l'autre , c'eft proprement Thiftoire du fœtus qu'il s'agit de placer ici. Nous difons que lorfque la conception a lieu , la femence du mâle s'in- troduit dans la matrice de la femelle \ 6c il y a apparence qu'après le mé- lange des deux liqueurs féminales , tout l'ouvrage de la génération eft dans la matrice fous la forme d'un petit globe. Trois ou quatre jours après la conception , il y a dans la matrice une bulle ovale , qui a dix lignes dans un de its diamètres. Sept jours après , on y peut appercevoir quelques petites fibres réunies, qui font les premières ébauches du fœtus. Ces pre- m'.ers linéamens ne paroiffent être qu'une maife d'une gelée prefque tranl^ parente. Quinze jours après , on commence à bien diftinguer la tête & à reconnoître les traits les plus apparens du vifage \ le nez n'eft encore qu'un filet prééminent, &; perpendiculaire à une ligne qui indique laféparation les pieds tournés en dedans , èc il nage comme une efpece de vaiffeau dans l'eau contenue par les membranes qui l'environnent , fans que la mère en relTente d'autre incommodité que le mouvement que le fœrus fait tantôt à droite , tantôt à gauche. Mais une fois que la tête vient à grollir alTez pour rompre cet équilibre , elle fait la culbute & tombe en bas , la face tournée vers l'os facrum , & le fommet vers l'orifice de la matrice : ceci fe fait fix femaines ou deux mois avant Taccouchemenr. Lorfque le temps de fortir eft arrivé , le fœtus fe trouvant trop ferré dans la matrice , fait effort pour en fortir , la tête la première. Enfin , dans le moment de l'accouchement le fœtus en réunifiant {qs propres forces à celles de fa mère , ouvre l'orifice de la matrice autant qu'il ell néceffaire pour fe faire pafTage. Il arrive quelquefois que le fœtus fort de la matrice fans brifer fon enveloppe , appellée placenta ( omentum ) , comme cela arrive dans l'accouchement des animaux j mais communément le fœtus par fon effort , brife fon enveloppe, dont une partie lui refte quelquefois fur la tête \ c'efl ce que l'on appelle natcre coiffé. La liqueur qui fort pendant l'accouchement , fe nomme le bain ou les eaux de la mère. Ce bain naturel qui met le fœtus à couvert des injures extérieures , en éludant la violence des coups que la femme groffe peut recevoir fur le ventre , dé- fend auffi par la même rràfon la matrice des fecouffes de des frottemens caufés par les mouvemens du fœtus : enfin , ces eaux fervent à faciliter la fortie de Fenfant dans le temps de l'accouchement , en rendant les paf- iages plus fouples. Lorfque le fœtus eft forti, le cordon ombilical entcsîné Ttij 5îi ' H O M par Ton poids ou par la main de l'Accoucheur , attire le placenta &c les Autres membranes , qui toutes enfemble portent le nom à!arriere-faix ou délivre : on noue ce cordon à un doigt de diftance du nombril , & on le coupe à un doigt au-deil'us de la ligature \ le refte fe delTeche. Le cordon ombilical eft long de trois pieds ou environ , &compofé de deux artères & d'une veiné j fon ufage dans le fœtus étoit encore de prolonger le cours de la circulation dufang oc de permettre au fœtus ou enfant de fe mouvoir , fans arracher le placenta. Les extrémités de ces vaiiTeaux fe divifent en ramifications , & prennent leur origine dans le placenta , cette mafle vafculeufequi abforbe le fuc nourricier provenant de la matrice ,de même que les inteltins abforbent le chyle. Le fuc nourricier eft porté enfuite au fœtus par la veine ombilicale. Le fœtus ne refpire point dans le fein de fa mère : ainfi ce que l'on dit des cris des enfans dans le fein de leur mère ne doit être regardé que comme une fable. La durée de la groftefle eft: ordinairement de neuf mois, quelquefois plus ou moins : mais le temps ordinaire s'étend à vingt jours de diffé- xence ,c'eft-à-dire depuis huit mois &; quatorze jours jufqu'à neuf mois & quatre jours. Le commencement du feptieme mois eft le plus court terme de la groflefte \ le fœtus forti plutôt avorte. Nous difons que l'enfanc fort de fa prifon rarement avant le feptieme mois ^ fi ce n'eft dans un premier accouchem.ent. On a obfervé que l'enfant qui vient à fept mois a prefque toujours quelque imperfeélion à la bouche , aux oreilles & aux doigts , parce que ces parties font achevées d'être parfaitement organifées les dernières. Quelquefois la foibleiTe du fœtus , ou l'âge de la mère , font que l'accoLKhement n'arrive qu'après dix mois , & il y a des exemples d'un terme plusloiîg.Les/emmes qui ont fait plufieurs enfans j aftiirent prefque -toutes que les femelles naiftent plus tard que les mâles. Au refte voyez ia Dijfertation fur les naîjfances tardives. L'enfant arrive aufili à huit mois , & d'habiles gens foutiennent qu'il n'eft pas vrai que les enfans nés à ce terme ne vivent pas. On prétend que c'eft le défaut de refpiration qui fait faire au fœtus les efforts néceftaites pour fortir : auflî ne voit-il pas plutôt le jour qu'il com- mence àrefpirer, & le fang fe jette dans les poumons pour circuler. Par cette. jcaifon , lorfqu'on veut connoître fi le fœtus eft venu mort, on met les poumons dans l'eau : s'ils furnagent, c'eft une preuve que le fœtus a -vécu , &: que l'air reçu par le moyen de la refpiration les a raréfiés. •"N'oublions pas de dire que , quoique la tête foit dans les enfans, à pro- y* ... H O M portion des autres parties <îii corps , la plus groiïe , elle eft fufceptible de le prêter dans le moment où l'enfant paroît à la lumière. Cette diminu- tion apparente de volume provient du rapprochement des os pariétaux , temporaux , frontal & occipital , qui font propres uniquement au crâne , & qui dans ce premier moment de naiffance ne font pas réunis par futures j ils font encore féparés , écartés les uns des autres j &c c'eft par ces ouver- tures , a l'endroit de la fontanelle , qu'on voit palpiter & qu'on fent alors le battement des artères du cerveau : il fufïit d'y porter la main , ainfi que nous l'avons déjà dit au commencement de cet article. On ne peut trop recommander aux Sages-Femmes , que la tcte de l'enfant étant tendre , molle, délicate , elle doit être m.aniée avec la plus grande précaution. Une prellion trop vive pourroit en altérer la perfecbibiliré des organes : c'eft ce qui fera démontré ci-après en parlant de Veconomie animale. Il eft plus ordinaire de voir des femmes n'avoir qu'un enfant à la fois qu'un plus grand nombre. Lorfqu'eiles en portent deux , trois ou plus , on les trouve très-rarement fous la même enveloppe j & leurs placentas , quoique adhérens j font prefque toujours diftinds : mais cette pluralité de fœtus dans une feule groirefte , cette fécondité de différens individus vivans tient-elle au myftere de la. fuperfœtaùon f' C'eft un point fur lequel on eft partagé. Les preuves de la fuperfoetation , phénomène qui a été contefté , fe multiplient déplus en plus. En 1753 , une femme de Louviers accoucha fuccelÏÏvement en trois mois de trois enfans qui furent baptifés. En 1755, une femme de dix-huit ans , mariée en Angleterre , près de Katwyk fur mer , a un homme veuf de foixante ans, qui n'avoit point eu d'enfans de fa première femme , y accoucha le matin d'un garçon vivant , le même jour au foir elle fut encore délivrée d'un enfant de fix mois , ôc le lendemain il en vint un troiiîeme d'environ trois mois. Voici un autre fait prefque incroyable, quoique récent. En 1755 , le 21 de Mars, on préfenta à l'Impératrice de Ruiïie un Payfan Môfcovite, nommé Jacques Kyrllof ôc fa femme. Ce Payfan , marié en fécondes noces , étoit âgé de foixante-dix ans : fa première femme étoit accouchée vingt-une fois ; favoir , quatre fois de quatre enfans , fept fois de trois , & dix fois de deux : total, cinquante -fept enfans qui vivoient alors. Sa féconde femme qui l'accompagnoit , comptoit déjà fept couches , une de trois enfans à la fois , Se fix de deux jumeaux chacune , ce qui faifoit quinze enfans pour fa part. Ainfi le Patriarche Mofcovite avoit eu jufqu'alors 354 H O M foixante-douze enfans. Quelle étrange fécondité ! Quelle vue peut avoir la Nature de produire deux jumeaux , un enfant à deux têtes , à deux corps , à quatre bras, à fîx doigts , &cc. ? P^oye^ Monstre. Pourquoi les enfans reflèmblent-ils tantôt à leur père , tantôt à leur mère? Ceft à-peu- près la même difficulté pour les différentes marques de nailTance que l'on rapporte à une imagination frappée. Parmi les jeux de la Nature , on la voit quelquefois travailler en minia- ture avec une judelfe admirable de proportion : ces frêles enfans ne jouif- fent qu'un moment de leur état de perfedion : on en verra des exemples en confultant l'article Nain. De la circoncijLon ^ de Vinjihulaûon & de la cajlraûon. La circoncifion , l'infibulation & la caftration . font des faits trop cfîen- tiels dans l'hiftoire de l'Homme , pour n'en point parler. La circoncifion eft un ufage extrêmement ancien , «S: qui fubfifte encore dans la plus grande partie de l'Afîe. On croit que les Turcs & plufieurs autres Peuples auroient naturellement le prépuce trop long , (i l'on n'avoit pas la précaution de le couper \ & que fans la circoncifion , certains Peu- ples , tels que les Arabes , feroient inhabiles à la génération. La circoncifion a lieu auiîi pour les filles j car dans quelques contrées d'Arabie , de Perfe , d'Afrique , l'accroiflement des nymphes devient trop confidérable , Se nuiroit aufiî à la génération , fi l'on ne prévenoit cet incon- vénient par la circoncifion. Cette opération s'appelle nymphotomie. C'efi:- U uniquement la caftration des femmes dont les Auteurs ont entendu parler. Voyez X^Généatithropie de Sinibaldus, Voyez Nymphes à la fin de l'article général Nymphe. Cette opération peut donc être fondée fur la néceflité , & elle a da moins pour objet la propreté : mais l'infibulation & la caftration ne peu- vent avoir d'autre origi!ie que la jaloufie ou l'intérêt. Uinfibulation pour les garçons fe fait en tirant le prépuce en avant : on le perce & on y met un anneau afTez grand , qui doit refter en place aufli long-temps qu'il plaît à celui qui a ordonné l'opération , & quelque- fois toute la vie. Ceux qui parmi les Moines Orientaux font vœu de chafteté , portent ainfi un très-grand anneau , pour fe mettre dans l'im- poifibilité d'y manquer. L'infibulation a lieu auflî chez certains Peuples pour les filles & pour les femmes. On ne peut rien imaginer de bizarre 5c H O M 3J5; de ridicule fur ce fujetque les hommes n*ayent mis en pratique, ou par paflion, ou par fuperftition. Les Ethiopiens ,'plufieurs autres Peuples de l'Afrique , & quelques autres Nations de i'Afîe , aufli-tôt que leurs filles font nées , rapprochent par une forte de couture les parties que la Na- ture a féparées , ôc ne laifTent libre que l'efpace qui eft nécefTaire pour les écoulemens naturels : les chairs adhèrent peu-à-peu à mefure que l'enfant prend fon accroiflement j de forte que l'on eft obligé de les féparer par une incifion lorfque le temps du mariage eft arrivé. On dit qu'ils emploient pour cette infibulation des filles un fil d'amiante ; parce que cette matière n'eft pas fujette à la corruption. Il y a certains Peuples qui paftent feu- lement un anneau : les femmes font foumifes comme les filles à cet ufage outrageant : la feule différence eft que l'anneau des filles ne peut s'ôter qu'en le détruifant , &c que celui des femmes a une efpece de ferrure, dont le mari feul a , dit-on , la clef. Souvent la ferrure eft pratiquée dans une pièce de linge , qiie l'on appelle ceinture de virginité* Voyez à l'ar- ticle Ceinture. L'ufage de la cajlration des hommes eft fort ancien &: généralement aftez répandu \ c'étoit la peine de l'adultère chez les Egyptiens. 11 y a plufieurs efpeces de caftrations : les Hottentots coupent un tefticule à leurs enfans , dans l'idée que ce retranchement les rend plus légers à la courfe : dans d'autres pays les pauvres mutilent entièrement leurs gar- çons pour éteindre leur poftériré , qui fe trouveroit un jour dans la mi- fere. Ceux qui , comme en Italie , n'ont en vue que la formation ou perfedion d'une forte de voix qui dépare la Nature , fe contentent de couper les deux tefticules : mais dans certains pays , & aujourd'hui dans toute l'Afie & dans une partie de l'Afrique , &c. ceux qui font animés par la défiance qu'infpire la jaloufie , ne croiroient pas leurs femmes en fureté , fi elles étoient gardées par àt% eunuques de cette efpece : ils ne veulent. fe fervir que de ceux auxquels on a retranché toutes les parties extérieures de la virilité. L'amputation n'eft pas le feul moyen dont on fe foit fervi : autrefois on empèchoit l'accroiftement des tefticules , &" l'on en détruifoit l'oroa- nifation par le fimple froiflement , en mettant les enfans dans un bain d'eau chaude , fait de décodion de plantes. On prétend que cette forte de caftration ne fèiit courir aucun rifque pour la vie. L'amputation des tefticules n'eft pas fort dangereufe , on la peut faire à tout âge : cependant gn préfère le temps de l'enfance \ mais l'amputation entière des parties 55<î ' H O M extérieures de la génération eft le plus fouvent mortelle. On ne peut faiie cette opération fur les enfans que depuis l'âge de fept ans jufqu'à dix : la difficulté qu'il y a de fauver ces fortes d'eunuques dans cette opéra- tion , fait qu'ils coûtent en Turquie cinq ou fix fois plus cher que les autres. Quoique , félon Chardin ^ cette opération foit (i douloureufe Se fi dangereufe pa(Ié l'âge de quinze ans , qu'à peine en réchappe-t-il un quart de ceux qui la fubififenr. Pietro délia Vallé ^ dit qu'en Perfe ceux à qui on fait fubir cette infâme &: cruelle opération pour punition du viol & d'autres crimes de ce genre , en guérifTent fort heureiifement , quoi- qu'avancés en âge , & qu'on n'applique que de la cendre fur la plaie. Il y a à Conftantinople, dans toute la Turquie , en Perfe, des eunuques dont le teint eft gris : ils viennent pour la plupart du Royaume de Gol- conde , de la prefqu'îfe en deçà du Gange , des Royaumes d'Aflan , d'Ara- can , de Pégu & du Malabar. Ceux du golfe de Bengale font de couleur olivâtre. 11 y en a de blancs , mais en petit nombre \ ils viennent de Géorgie & de Circailie. Les noirs viennent d'Afrique , principalement d'Ethiopie j ceux-ci font d'autant plus recherchés & plus chers , qu'ils font plus horribles. 11 paroît qu'il fe fait un commerce confidérable de cette efpece d'hommes neutres dans la Société \ car Tavernïcr dit , qu'é- tant au Royaume de Golconde en io'57 , on y fit jufquà vingt-deux mille eunuques. Les eunuques auxquels q>\\ n'a ôté que les tefticules , ne lailTent pas de fentir de l'irritation dans ce qui leur refte , &: d'en avoir le figne ex- térieur , même plus fréquemment que les autres hommes \ mais cette partie ne prend qu'un très-petit accroiflTement , & demeure à-peu-prés dans le même état où elle étoit à l'âge où on a fait l'opération. Si l'on confidere avec attention ces différentes efpeces d'eunuques, l'on reconnoît prefque toujours que la fatale opération & its fuites leur ont caufé des variations plus ou moins fenfibles dans la configuration , in- dépendamment des effets phyiiques qu'elle produit fur l'homme. Les eunuques font , dit M. Withof ^ timides , irréfolus j craintifs , foupçonneux , inconftans \ &c cela parceque leur fang n'a pas reçu toute l'élaboration néceffaire en paffantpar les vailTeaux fpérmatiques : ainfi en s'éloignant des qualités de l'homme , ils participent aux inclinations de la femme, ôc leur efpritmème eft d'un fexe mitoyen. Ils ont cependant quel- ques avantages j ils deviennent plus grands & font plus gras pour l'ordinaire que les autres hommes. Si les eunuques abondent plus en matières hui- leufes , t H 0 M M7 leiifes , ils font auffl moins fujets à la goutte 8c à la folie , que les hom- mes qui abondent plus en fang 6c en humeurs atrabilaiies : la liqueui: oléagineufe qui circule abondamment chez eux , empêche les inégalités dans la trachée artère , & dans le palais j ce qui , joint à la flexibilité de l'épiglotte èc des autres organes de la voix , rend la leur fi fonore c des plaines font bafancs & très bruns. Cette petite élévation au-defTus de la furface de la terre , produit le même effet que pluiieurs degrés de latitude fur fa furface. Tous les peuples qui habitent entre le vingtième , le trentième Se le trente cinquième degrés de latitude du Nord de l'ancien Continent, ne font pas fort difïérens les uns des autres , fi on excepte les variétés parti- culières, occafionnées par le mélange d'autres peuples plus feptentrio- naux. Us font tous en général bruns , bafanés , mais alfez beaux & afTei: bien faits. Ceux qui vivent dans un climat plus tempéré , tels que les habitans des Provinces feptentrionales du Mogol ôc de la Peife , les Arméniens , les Turcs , les Géorgiens , les Mingreliens, les Circafiîens , les Grecs & tous les peuples de l'Europe j font les hommes les plus beaux, les plus blancs &. les mieux faits de toute la terre. Le fang de Géorgie eft encore plus beau que celui de Cachemire : on ne trouve pas un laid vifage dans ce pays, & la nature y a répandu , fur la plupart des femmes, des grâces que l'on ne voit point ailleurs : elles font grandes , bien faites , extrêmement déliées à la ceinture j la plupart 55i H O M ont deux fourcils peints par ramour qui couronnent deux grands yeux ,' d'où il lance tous (es traits ; elles joignent à leur extrême beauté , un air de délicatelFe & un regard engageant , qui charme ôc enchante tous ceux qui les envifagent. Les hommes font aufli fort beaux & grands , ils ont naturellement de l'efprit j mais il n'y a aucun pays dans le monde où le libertinage 5c l'ivrognerie foient à un fi haut point qu'en Géorgie. C'efl: particulièrement parmi les jeunes filles de cette nation, que les Rois &c les Seigneurs de Perfe choififient ce grand nombre de concubi- nes dont les Orientaux fe font honneur. Il y a même des défenfes très- exprelles d'en trafiquer ailleurs qu'en Perfe , les filles Géorgiennes étant, fi l'on peut parler ainfi, regardées comme une marchandife de contre- bande qu'il n'efl: pas permis de faire fortir hors du pays : il a été cependant ftipulé entre le Grand Seigneur ôc le Sophi de Perfe, que le férail Otto- man feroit rempli par choix & à volonté , de jeunes Géorgiennes. Quoique les mœurs Se les coutumes des Géorgiens foient un mélange de celles de la plupart des peuples qui les environnent , ils ont en particulier cet étrange ufage , que les gens de qualité y exercent l'emploi de Bourreau; bien loin qu'il foit réputé infâme en Géorgie , comme dans le refte du monde , c'eft un titre auifi glorieux pour les familles de ce pays , que l'impudicité de leurs filles. En effet , elles éprouvent de bonne heure le fentiment que les deux (exes infpirent par leur différence. Les femmes de Circaffie font fort belles ôc fort blanches : elles ont fi peu de fourcils , qu'on diroit que ce n'efl qu'un filet de foie recour- bé : elles en font fâchées , mais elles ont tort ; elles feroient trop belles fi elles n'avoient pas ce léger défaut. L'été les femmes du peuple ne portent qu'une chemife, qui eft ordinairement bleue , jaune ou rouge j ôc cette chemife eft ouverte jufqu'à mi-corps : elles ont le fein parfaitement bien •fait ', elles font libres avec les étrangers , mais cependant fidelles à leurs maris qui n'en font point jaloux. Les Mingreliens font auffi beaux que les Géorgiens ôc les Circafliens ; & il femble que ces trois peuples ne falfent qu'une feule ôc même race d'hommes. Il y a en Mingrelie , dit Chardin , des femmes merveilleufe- ment bien faites , d'un air majeftueux , de vifage ôc de taille admira- bles y elles ont autant d'embonpoint qu'il en fant , des cheveux bien ©lantés relèvent la beauté de leur front j elles ont outre cela un regard engageant , qui carefle tous ceux qui les confiderent , ôc elles tâchent d'iiifpiteî^ de l'amour , fans cacher celui qu'elles fentenr. Les habitans époufent H O M 3 5 3 époufent leurs nièces Se les maris font très-peu jaloux : quand un homme prend fa femme fur le fiit avec un galant ,, il'a droit de le contraindre à payer un cochon j de d'ordinaire il ne prend pas d'autre vengeance : le cochon fe mano;e entr'eux trois. Ils prétendent que c'eft une très-bonne & très louable coutume d'avoir plufieurs femmes de concubines j parce qu'on engendre beaucoup d'enfans que Ton vend argent comptant, ou qu'on échange pour des hardes ôc pour des vivres j fouvent ils tuent ceux qui font défigurés , mal-faits ou infirmes : voilà toute leur politique 6c toute leur morale. Au refte , ces Efclaves ne font pas fort chers ; car les hommes âgés depuis vingt-cinq jufqu'à quarante-ans ne coûtent que quinze écus j &c les belles filles , d'entre treize Se dix-huit ans , vingt ccus. Les Turcs , qui achètent beaucoup de tous ces Efclaves , font un peu- ple compofé de plufieurs autres peuples. En général les Turcs font ro- buftes Se aflez bien proportionnés : leurs femmes font belles , blanches Se bien faites. On dit que les Turcs , hommes Se femmes , ne portent point de poil en aucune partie du corps , excepté les cheveux Se la barbe : ils fe fervent du rufrm pour l'ôter. Voyey;^ ce mot. Les femmes Grecques font encore plus belles Se plus vives que les Turques : elles ont le vifage d'un ovale charmant ^ le deffous de leur menton , leur poitrine , leur gorge forment des contours fi délicats Se (î beaux , que la volupté feule peut en avoir tracé^le deflin & l'avoir fuivi. Elles ont de plus que les Turques l'avantage d'une beaucoup plus grande liberté : Se. par une illufion douce &: confolante , la Nature les invite à mettre fouvent en adte le plaifir momentané qui expofe quelquefois la femme à perdre fa vie pour la donner à un nouvel individu. Les Grecs , les Napolitains , les Siciliens , les habitans de Corfe , de Sardaigne , les Efpagnols Se les Portugais étant fitués à-peu-près fous le même parallèle , font aflez femblabîes pour le teint j tous ces peuples font plus bafanés que les François , les Anglois Se les autres peuples moins méridionaux. Lorfqu'on fait le voyage d'Efpagne , on commence à s'ap- percevoir , dès Bayonne , de la diftérence de couleur : les femmes ont le teint un peu plus brun : elles ont aufii les yeux plus brillans. Les Efpa- gnols font maigres , affez petits j ils ont la taille fine , la tête belle. Les Voyageurs difent unanimement que la délicateffe de l'organifation fait de l'ame des François une glace qui reçoit tous les objets Se les rend vi- Tomc III, Y y 554 H O M vsment. Tour , à la vérité , parle en eux : voici leur caradere , vivacité ,. gaieté, générofîté , bravoure de fincérité. En tout ils donnent l'efTor de l'énergie à la nature. J'en appelle au témoignage de toutes les nations : la France eft le temple du goût , du génie Ôc du fenriment. On dit encore que de toutes les pallions l'amour eft celle qui lied le mieux aux femmes, & fur-tout aux Françoifes j il eft du moins vrai qu'elles portent ce fenti- ment , qui eft le plus tendre caradere de l'humanité , à un degré de dé- licateile & de vivacité , où il y a peu de femmes d'autres natiouï qui puif- fent atteindre. Leur ame femble n'avoir été faite que pour feniir j elles prétendent n'avoir été formées que pour le doux emploi d aimer & d'être aimées. Peut être leur amour eft-il plus éphémère que chez les femmes de nos voifins. Les François ne font pas moins favorifés de la Nature j leur taille eft à peu- près la même que celle des Anglois j mais ceux ci paftent pour être moins enjoués , plus mélancoliques ou plus philofophes. Les femmes de l'une & l'autre nation ont de beaux cheveux , les yeux grands. En général les Françoifes ont la gorge fort belle, la bouche petite, les dents blanches &c bien rangées , les lèvres d'un incarnat vif, l'air gracieux 6c tendre du fourire j le bras bien arrondi , bien fait & la main fort belle y la taille noble & dégagée j le pied fort mignon , &c la peau fine &c blan- che. On voit fouvent en Angleterre des hommes vivre plus d'un fîecle , ou acquérir un embonpoint extraordinaire, témoin le fieur Bright de la pro- vince d'Eftex , qui a l'âge de 1 1 ans pefoit i 84 livres , à 20 ans 3 3c qu'on ne les maltraite pas , ils font contens , joyeux , prêts à tout faire , &c la fatisfadion de leur ame eft pcin:e fur leur vifage j mais quand on les traite mal, ils prennent le chagrin à cœur , &: périifent quelquefois de mélancolie. Ils portent une haine mortelle à ceux qui les ont maltraités : lorfqu'au contraire ils s'affedionnent à un maître , il n'y a rien qu'ils ne fulfent capables de faire pour lui marquer leur zèle & leur dévouement. Quand les Nègres font expatriés , ils paroilTent naturellement compatiffans , & même ten- dres pour leurs enfans , pour leurs amis , pour leurs compatriotes j ils partagent volontiers le peu qu'ils ont avec ceux qu'ils voient dans le be- foin , fuis même les connoître autrement que par leur indigence. Ils ont donc, comme on le voir, le cœur excellent; ils ont le germe de toutes les vertus. Je ne puis écrire leur hiftoire , ( & je le dis avec M. de Buff'on ) fans m'attendrir fur leur étatj ne font- ils pas affez malheureux d'être réduits à la fervitude, d'être obligés de travailler toujours fans pou- H O M 5 57 voir rien acquérir ? faut- il encore les excéder , les frapper , Se les traiter comme des animaux ? L'humanité fe révolte contre ces trairemens odieux, que l'avidité du gain a mis en ufage. On les force de travail , on leur épar- gne la nourriture, même la plus commune. Ils fupportent, dit- on , aifé- ment la faim ; pour vivre trois jours , il ne leur faut que la portion d'un Européen pour un repas j quelque peu qu'ils mangent ôc qu'ils dorment ^ ils font également durs & forts au travail. Comment des hommes à qui il refte quelque fentiment d'humanité , peuvent-ils adopter ces maximes, en faire un préjugé , 8c chercher à légitimer par ces raifons les excès que la foif de l'or leur fait commettre ? Il naît quelquefois parmi les Nègres des blancs de pères ôc de mères noirs : chez les Indiens couleur de cuivre , des individus couleur de blanc de lait j mais il n'arrive jamais chez les Blancs qu'il naifîe des individus noirs. Les Peuples des Indes Orientales , de l'Afrique Se de l'Amérique où l'on trouve ces hommes blancs. Se les Albinos dont nous avons parlé, font tous fous la même ligne ou à-peu-près. Le blanc paroît donc être la couleur primitive de la Nature, que le climat, la nourriture Se les mœurs altèrent Se changent , Se qui reparoît dans certaines circonibnces , mais avec une fi grande altération, qu'il ne relTemble point au blanc primitif. y'oye'^ l'article Nègre. En tout, les deux extrémités fe rapprochent prefque toujours: la Na- ture, aufïi parfaite qu'elle peut l'être, a fait les hommes blancs j Se la Nature, altérée autant qu'il eft pofîible , les rend encore blancs. Mais le blanc naturel ou blanc de l'elpece , eft fort différent du blanc individuel ou accidentel. On en voit des exemples dans les plantes , auffi bien que dans les hommes Se les animaux : la rofe blanche , la giroflée blanche , font bien différentes , même pour le blanc , des rofes ou des giroflées rouges , qui dans l'automne deviennent blanches , lorfqu'elles ont fouffert le froid des nuits Se les petites gelées de cette faifon. Autre fingularité , les hommes d'un blond blanc ont les yeux foibles , 5c fouvent l'oreille dure. On prétend que les chiens blancs fans aucime tache font fourds , & en effet il y en a des exemples. On ne connoît guère les peuples qui habitent les côtes & l'intérieur de l'Afrique ; depuis le Cap Nègre jufqu'au Cap des Voltes j mais les Hot- tenrots , qui font au Cap de Bonne-Efpérance , font fort connus. Les Hotcentots ne font pas de vrais Nègres, mais âts hommes bafanés qui, dans la race des Noirs, commencent à fe rapprocher du blanc 3 comme 55^ H O M les Maures dans la race blanche conimencent à s'approcher du noir. Les Hocuentors vivent errans *, leur langage eft: quelquefois étrange : ils glouf- fent comme des coqs d'Inde j leurs cheveux relfemblent à la coifon d'un mouton noir rempli de crotte , ôc fout de la plus affreufe mal-propreté. Ce font des efoeces de Sauvages fort extraordinaires : les femmes fur- tout , qui font beaucoup plus petites que les hommes , regardent le nez proéminent comme une difformité j aufli Tapplatiffent-elles à leurs en- fans. Elles parent leurs cheveux avec des coquilles. Elles ont, dit Kolbe ^ une efpece d'excroilTance ou de peau dure & large qui leur croît au-deflus de l'os pubis, & qui defcend jufqu'au milieu des cuiffes en forme de ta- blier. Il n'y a que quelques femmes naturelles du Cap qui foient fujettes à cette monftrueufe difformité , qu'elles découvrent à ceux qui ont allez de curiofité ou d'intrépidité pour demander à la voir ou à la toucher. Quelques hommes de leur côté font à demi- eunuques , parce qu'à l'âge de huit ans on leur enlevé un tefticule , dans la perfuafion que cela les rend plus légers à la courfe. D'ailleurs ils font braves , jaloux de leur liberté , agiles , hardis , robuftes , grands , leur corps bien proportionné , mais leurs jambes font grolfes ; les exercices de la guerre font leur unique occupation , ils en font fi paflionnés qu'ils traitent avec les nations voiiines pour s'obliger à les défendre ; ce font les SuiiTes de l'Afrique, ii l'on peut parler ainfi. A l'Eft du Congo font les Anzicos , antropophages outrés. Des voyageurs attellent que leurs boucheries font quelquefois garnies de la chair de leurs efclaves, même de leurs parens &: de leurs amis. Au moin- dre dégoût de la vie , ils ont recours au Boucher. Les Anzicos ont la taille bien prife , une contenance agréable : leur juarche eft vive & légère. Les Cafres voifîns des Hottentots , font d'un noir peu éclatant : ils regar- dent comm eun devoir de tuer les vieillards infirmes. Il femble que l'on peut admettre trois caufes , qui toutes trois con- courent à produire les variétés que l'on remarque dans les différens peuples de la terre. La première eft l'influence du climat j la féconde , qui tient beaucoup à la première , eft la nourriture j & la troificme , qui tient peut-être encore plus à la première èc à la féconde , ioni les mœurs. On peut regarder le climat comme la caufe première & prefque unique de la couleur des hommes \ mais la nourriture j qui fait à la couleur beaucoup moins que le climat , fait beaucoup a la forme. Des nourritures grofîieres , mal-faines , peuvent faire dégénérer l'efpece humaine; chez nous-mêmes les <^ens de la campagne font moins beaux que ceux des villes j & on H O M 359 peut remarquer que dans les villages où la pauvreté eft moins grande que dans les villages voifins , les hommes font mieux faits & les vifages moins laids. Les traits du vifage de difFérens peuples dépendent beaucoup de l'ufage où ils font de s'écrafer le nez, de fe tirer les paupières j de s'alonger les oreilles , de fe groffir les lèvres , de s'applatir le vifage , &c. L'homme dans l'état de nature eft mieux fait j par-tout on obferve que dans l'état defociété , des habitudes , des geftes bizarres altèrent fa con- formation. Voilà ce qu'on appelle avoir de la grâce. En Amérique on trouve auffi des peuples qui défigurent de différentes manières le crâne de leurs enfans dès le moment de leur naiflfance. Les Omaguas ,. au rapport de M. de la Condamïne. ( Mémoires de t Académie des Sciences 1745 , page 418 ) ont la bizarre coutume de prelfer entre deux planches le front des enfans qui viennent de naître , & de leur procurer l'étrange figure qui en réfulte , pour les faire mieux re(îembler , difent-ils , à la pleine lime. C'eft ainfi qu'aux Indes on pétrit la tête de l'enfant deftiné à être Bonze : on lui donne la forme d'un pain de fucre j elle devient un autel fur lequel le Bonze fait brûler des feux. On préfume bien que toute l'organifation du cerveau eft dérangée par de telles opéra- tions : auiîî ces Miniftres ne jouiflTent-ils pas ordinairement d'un génie bien fupérieur. Les Créecks , nation de l'Amérique feptentrionale , vont tous nus, font fort belliqueux, &; même féroces j ils fe peignent des lézards, des ferpens , des crapauds, &c. furie vifage pour paroîrre plus redoutables. Les Sauvages du détroit de Davis font très-grands , très-ro- buftes & fort laids j ils vivent communément plus de cent ans j leurs femmes fe font des coupures au vi/age & les rempliflent de couleur noire pour s'embellir & pour s'attirer du refped. Le fang des animaux eft une boiiïon agréable à ces peuples barbares , errans &: carnivores. On trouve à l'article pierre à fard , ce que les différens peuples mettent en ufage pour s'embellir ou pour fe parer la peau. Les habitans de la Floride font aflez bien faits , leur teint eft de cou- leur olivâtre tirant fur le rouge , à caufe d'une huile de roucou dont ils fe frottent-: ils vont prefque nuds , font braves , &: immolent au foleil leur grande divinité , les hommes qu'ils prennent en guerre , &: les mangent enfuite. Leurs Chefs, nommés Paracuflis j & leurs Prêtres ou Médecms^ nommés Jonas , femblables aux Jongleurs du Canada , ont un grand pou- voir fur le peule. Les Natchez , l'une des Nations fauvages de la Loui- fiane , font grands ôc gros , leur nez eft fore long , ôc le menton un peu 3(^0 H O M arqué. Quand une femme chef, c'eft-à-oire noble ^ ou de la race du foleil, meurt , on étrangle douze petits enfans & quatorze grandes perfonnes , pour être enterrées avec elle. On met dans leur folTe commune des uften- iiles de cuifine , des armes de guerre & tout Tattirail d'une toilette j &: pour honorer la mémoire de la défunte , on exécute plufieurs danfes de ■triftelTe j les femmes & les filles les plus diftinguées y font invitées. Les Caraïbes, peuples de Tlle de Saint- Vincent , ont , ainiî que les Omaguas, la bizarre & monftrueufe habitude d'écrafer & de pétrir la tête de l'enfant qui naît, afin de le rendre plus difforme : aufll leur intelligence eft-elle fort bornée. Ils ne doivent peut être leur couleur rougeâtre qu'au roucou dont ils peignent leur corps avec l'huile. Leurs cheveux font noirs , jamais crépus ni frifés , cc ne defcendent qu'aux épaules : ils n'ont point de barbe , & ne font point velus aux jambes , aux bras, ni à la poitrine. Leurs yeux font noirs, gros, faillans &: d'un regard effaré : ils mettent, pour ainfî dire , leurs jambes en moule , en les liant par le haut & par le bas dès leur enfance : ils croient que ce font autant de moyens de fe donner de la grâce. Leur odeur efî: Il défagréable , qu'elle a pafTé en proverbe. Ils ne fe font baptifer une ou plufieurs fois, que pour avoir les préfens qu'on leur fait à cette occafîon. Les femmes ne mangent point avec leurs maris, ils s'en croiroient déshonorés. L'amour eft pour eux comme la foif ou la faim. Enfin ils ont un ul^ige qui étonne toujours : lorfque la femme efl accou- chée , elle fe levé aufîi-tôt, elle vaque à tous les befoins du ménage , & le mari fe couche j il refte au lit pour elle pendant un mois entier, fans man- ger ni boire pendant les fix premiers jours. Au bout du mois , les parens & amis viennent voir ce prétendu malade , lui font des incifions fur la chair, & le faignent de toutes parts fans qu'il ofe s en plaindre : il n'ofe pas en- core dans les fix premiers mois manger des oifeaux ni des poilfons , de . peur que le nouveau né ne participât des défauts naturels de ces animaux. Voilà de ces préjugés qui font honte à l'efprit humain , mais ce ne font pas les feuls des humains que l'ignorance & la fuperftiiion féduifent. Les habitans de Maduré , dans les Indes , fe croient defcendre en ligne direde de la race des ânes. î^oye-^ à l'article Ane. 11 n'y a , pour ainfl dire , dans le nouveau Continent qu'une feule race d'hommes , qui tous font plus ou moins bafniés. A l'exception du Nord de l'Amérique , où il fe trouve des hommes femblables aux Lapons , & auffi quelques hommes a cheveux blonds femblables aux Européens du î^ord, tout le refte de cette vafte partie du Monde ne contient: que des hommes H O M 5^1 îiommes parmi lefquels il n'y a prefque aucune diveiTité ; au lieu que dans l'ancien Continent on trouve une prodigieufe variété dans les diffé- rens peuples. 11 nous paroît , ainfi qu'à M. de Buffon _, que la raifon de cette uniformité dans les hommes d'Amérique , vient de ce qu'ils vivent tous de la même façon. Tous les Américains naturels étoient où font en- core fauvages, ou prefque fauvages : les Mexicains Se les Péruviens étoient Il nouvellement policés, qu'ils ne doivent pas faire une exception. Quelle que foit donc l'origine de ces nations fauvages, elleparoît leur être com- mune à toutes : tous les Américains fortent d'une même fouche j comme nous ils habitent la même planète , le même vailTeau dont ils tiennent la proue Se nous la poupe j mais ils ont confervé jufqu'à préfent les caraéteres de leur race fans grande variation , parce qu'ils font tous demeurés Sau- vages, & qu'ils ont vécu à-peu-près de la même fiiçon : que leur climat n'eft pas à beaucoup près auffi inégal pour le froid & pour le chaud que celui de l'ancien Continent ; Se qu'étant nouvellement établis dans leur pays , les caufes qui produifent des variétés n'ont pu agir afifez long- temps pour opérer des effets bien fenfibles. Il faut cependant en excepter un peuple entier tout blanc, qui, félon W^aff'cr ^ fe trouve dans l'ifthme d'Amérique : leurs fourcils & cheveux ont la couleur blanche de la peau , & leurs fourcils forment une manière de croiflTant qui a la pointe en bas. Ce peuple Darien voit clair la nuit , moment où ils fortent comme des Iiibous Se courent fort lertement dans les bois. Les autres Indiens les appellent Yeux de4une. Cette couleur dépend probablement de la même caufe qui fait les Albinos dans le Midi de l'Afrique , ainfi qu'il eft dit plus haut. Les Dariens ne mangent ni boivent avec leurs femmes j celles-ci fe tiennent de bout Se fervent leurs maris qui leur impriment la plus grande foumiiîion. Au refce ces maris ont pour elles la plus grande ten- dre ffe. Ainfi on peut avancer , avec beaucoup de fondement , que c'eft du cli- mat que dépendent les différences des peuples , prifes de la complexion générale ou dominante de chacun, de fa taille , de fa vigueur , de la cou- leur de fa peau S<. de it^ cheveux , de la durée de fa vie , de fa préco- cité plus ou moins grande relativement à l'aptitude de la génération, de fa vieillelTe plus ou moins retardée , Se enfin de i'i^ maladies propres ou endémiques. 0\\ ne fauroit coutelier l'influence du climat fur le phyfique des p.illions , des goûts , àzs mœurs. Les plus anciens Médecins avoient obfervé cette influence j & il femble que les lois , les ufages , le genres Tome III, Z z ^6t H O M de Gouvernement de chaque peuple ont un rapport néceffaire avec fes paillons , {qs goûts , fes mœurs. Mais en nous attachant principalement aux aftediions corporelles de chaque nation , ralativement au climat fous lequel elle vit , les principales queftions de Médecine qui fe préfentent fur cette matière , fe réduifent à celles-ci : Quels font les tempéramens y la taille j la vigueur ^ & les autres qualités corporell s particulières à chaque climat? Une réponfe détaillée appartient proprement à l'Hiftoire Natu- relle de chaque pays. On a cependant alTez généralement obf^ivé que les habitans Aqs climats chauds étoient plus petits , plus fecs , plus vifs , plus gais, communément plus fpirituels , moins lobotieux , moins vigou- reux j qu'ils avoient la peau moins blanche , qu'ils étoient plus précoces , qu'ils vieiîiiiïoient plutôt, & qu'ils vicillilToient moins que les habitans des climats froids \ que les femmes des pays chauds étoient moins fécondes que celles des pays froids j que les premières étoient plus jolies , mais moins belles que les dernières j qu'une blonde étoit une objet rare dans les climats chauds , comme une brune dans les pays du Nord , &c. \ que dans les climats nès-chauds l'amour étoit dans les deux fexes un defir aveugle & impétueux , une fondion corporelle , un appétit , un cri de la Nature , infurias ignefque ruunt ; que dans les climats tempérés il ctoit une paillon de l'ame , une aflPedion réfléchie , méditée , analyfée , fyfté- matique , un produit de l'éducation ; &c qu'enfin dans les climats glacés , il étoit le fentiment tranquille d'un befoin peu preflant. Quant à la pré- cocité coiporelle , c^eil une vérité d'expérience qu'elle eft due à l'exercice précoce des ficultés intelleéluelles. Terminons ce paragraphe j & difons, avec M. Fenel ^ que les hommes nouvellement tranfplantés font plus expofés aux incommodités qui dépendent du climat que les naturels du pays : c'efl: encore une obfervation confiante Ôc connue généralemcn-t , que les habitans des pays chauds, peuvent palfer avec moins d'inconvé- niens dans des régions froides, que les habitans de celles-ci ne peuvent s'habituer dans les climats chauds. Des Sens» Selon l'obfervation de M. le Cat _, dans fon Traité des Sens y les ma- chines particulières que la Nature a difpofées dans toute l'étendue de l'économie animale pour procurer à notre ame les diverfes fenfations , nous étoient abfoliiment néceffaires 3c pour notre être ôc pour notre H O M 3^3 blen-êcL-e. Ce font autant de fentinelles qui nous avertifTent de nos be- foins , 6c qui veillent à notte confervation au milieu des corps utiles ou nuilîbles qui nous environnent : ce font autant de portes qui nous font ouvertes pour communiquer avec les autres êtres , & pour jouir du Monde où nous fommes placés. Ce font ces organes qui établiOTent la communi- cation qui efl entre nous Se prefque tous les êtres de la Nature. C'eft à ces principes de nos connoilfances 5c de nos raifonnemens que nous de- vons notre principal mérite j & ce mérite eft proportionné à leur nombre &c à leur perfection : un plus grand nombre de fens ou des fens plus par- faits nous euîTent montré d'autres êtres qui nous font inconnus , & d'autres modifications dans ceux mêmes que nous connoifïbns. Le corps animal , dit M. de Buffon j efl: compofé de plufieurs matières différentes , dont les unes , comme les os j la graijfe ^ le fang j la fym' phe j Sec. font infenfibles , Se dont les autres , comme les membranes Sc les nerfs j paroilfent être des matières aCtives , d'où dépendent le jeu de toutes les parties Se l'adion de tous les membres. Les nerfs font fur-tout l'organe immédiat du fentiment : toute la différence qui fe trouve dans nos fenfations , ne vient que du nombre plus ou moins grand , & de la pofition plus ou moins extérieure des nerfs ; ce qui fait que \es uns de ces fens peuvent être affedés par de petites particules de matière qui émanent des corps , comme Yœ'il _, V oreille Se Y odorat : les autres par des parties p'us grofles , qui fe détachent des corps au moyen Mu contaét , comme le goût j Se les autres par les corps , ou même par les émanations des corps , lorfqu'elles font affez réunies Se aiïez abondantes pour former une efpece de maffe folide ^ comme le touch r _, qui nous donne les fenfations de la folidité, de la fluidité Se de la chaleur Aqs corps. Le touc er efl: la fenfation la plus générale. Nous pouvions bien ne voir & n'entendre que par une petite portion de notre corps j mais il nous falloir du fentiment dans toutes les parties , pour n'être pas des automates qu'on auroit montés Se détruits , fans que nous eullions pu nous en appercevoir. La Nature y a pourvu : par-tout où il y a des nerfs & de la vie , il y a aufli de cetre efpece de fentiment. Le toucher eft comme la bafe de toutes les autres fenfations j c'eft le genre dont elles font des efpeces plus parfaites ^ car toutes les autres fenfations ne font véritablement que des efpeces de toucher. C'eft par le toucher feul que nous pouvons acquérir Aqs connoiftances complettes Se réelles ; c'eft ce fens qui redifie tous les autres fens dont les effets ne feroient que des Z z i j 5^4 H O M illufions , fi celui-ci ne nous apprenoit à juger : car lorfque l'on voit pour la première fois , tous les objets paroiiTenc être clans les yeux ; ils s'y peignent renveifés : on ne peut en reconnoître la grandeur , la diftance y la polidon , la forme que par le toucher : auiîi voit-on que les enfans cherchent toujours à toucher tout ce qu'ils voient. M. Chéfelden apprit toutes ces vérités d'un homme à qui il eut le bonheur de redonner la lumière en lui fufant l'opération de la cataraéte. La peau j qui eft l'organe du toucher , eft un tilTu de fibres , de nerfs & de vaifTeaux , dont l'entrelacement en tous fens forme une étoffe à- peu- près de la nature de celle d'un chapeau. Cette tifTure fibreufe eft vifible dans les cuirs épais. Toute la furface de la peau eft garnie de mamelons nerveux ; ces mamelons font rangés fur une même ligne , & dans un certain ordre j & c'eft cet ordre qui forme les fiilons que l'on obferve à la furpeau ; ce font ces mamelons nerveux , qui , réunis étroitement &: expofés à l'air , deviennent à l'extrémité des doigts des corps folides que nous appelions les ongles, F'oye:^ ce mot à l'article Peau. La fenfation du toucher peut devenir fi parfaite dans l'homme , qu'on l'a vu , pour ainfi dire , quelquefois faire la fonétion des yeux , &: dédom- mager en quelque façon des aveugles de la perte de la vue. Il eft parlé d'un Organifte de Hollande , qui diftinguoit les couleurs des cartes par la finefte du toucher j ce qui le rendoit un joueur redoutable : car en maniant les cartes , il connoifToit celles qu'il donnoit aux autres, comme celles qu'il avoit lui-même. Il fufïifoit au Sculpteur Ganibafius de Vol terre , qui étoit devenu aveugle , de toucher une figure pour en faire enfuite en argile une copie parfaitement reflemblante. Le goût n'eft qu'une efpece de toucher , qui n'a pas pour objet les corps folides , mais feulement les fucs ou les liqueurs dont ces corps font imbus j ou qui en ont été extraits. Le goût [gujlus ) eft ce fens admirable par lequel on difcerne les faveurs , & dont la langue eft le principal organe. On peut dire que la bouche , le gofîer &c l'eftomac , ayant beaucoup de fympathie entr'eux , ne font proprement qu'un organe continu du goût j & il paroît que la faim , la foif, la faveur , ou le goût, font trois effets du même organe , prefque toujours au même degié dans les mêmes hommes. "L'odorat paroît moins un fens particulier qu'une partie ou un fupplé- ment de celui du goût. L'adorât eft en quelque forte le goût à^s odeurs , & l'avant-goût des faveurs. C'eft fur la mambrane pituitaire , qui tapilfe 0 H O M 3^5 les cavkés cîii nez , que fe faitlafenfarion des odeLius. Les animaux ont rodorat d'aucant plus parfait , que les cornets du nez font plus grands , de par conféquent tapilFcs d'une plus grande membrane. Les hommes ont pour l'ordinaire l'odorat bien moins bon que celui des animaux , par la raifon (^ue nous venons de dire. Cependant la règle n'eft pas abfolument générale , fi nous fuppofons les faits fuivans dignes de la créance d'unPhyficien. Dans les Antilles , il y a des Nègres qui, comme les chiens , fuivent les hommes à la pirte , Se diftinguent avec le nez la pifte d'un Nègre d'avec celle d'un Européen. Au rapport du Chevalier Digby y un garçon que (qs parens avoient élevé dans une foret où ils s'étoient retirés pour éviter les ravages de la guerre , & qui n'y vivoit que de racines , avoir l'odorat fi fin , qu'il diftinguoit par ce fens l'appro- che des ennemis , &: en avertifloit fes parens. Depuis il changea de façon de vivre , &: perdit à la longue cette grande finefie de l'odorar. Il en conferva néanmoins une partie j car étant marié, il dilHnguoit fort bien, en flairant, fa femme d'avec un autre , & il pouvoir même la retrouver à la pifte. Un tel mari en Italie , dit M. le Cat ^ feroit un argus plus ter- rible que celui de la Fable. Le Religieux de Prague , dont parle le Journal des Savans de KJ84, enchérit encore fur les obfervations précédentes. Non-feulement celui-ci connoilToit par l'odorat les différentes perfonnes,. mais ce qui eft bien plus fingulier , il diftinguoit une fille ou une femme chafte, d'avec celle qui ne l'étoit point. Ce Religieux avoit commencé un Traité nouveau des Odeurs , lorfqu'il mourut , & les Journaliftes en regrettèrent la perte. Pour moi , dit encore M. le Cat j je ne fai fi un homme fi favant dans ce genre n'auroit pas été dangereux dans la fociété. Il femble donc que la perfedion de l'organe de l'odorat des animaux dépende non -feulement de l'organe , mais encore du genre de vie , èc entr'autres de la privation àcs odeurs fortes dont les hommes font fans ceiTe entourés , & dont leur organe eft comme ufé j en forte que les odeurs, aufli foibles & aulfi fubtiles que celles dont on vient de parler ^ ne peuvent y faire imprefiion. Vouie j aud'uus , eft une faculté qui devient aélive par l'organe de la parole \ c'eft en effet par ce fens que nous vivons en fociété , que nous recevons la penfée des autres, & que nous pouvons leur communiquer la nôtre : les organes de la voix feroient des inftrumens inutiles , s'ils n'étoientmis en mouvement par ce fens : un fourd de naifiance eft nécef- fairement muet. ( Confultez cependant le cinquième volume des Savans. ^6S H O M Etrangers , où l'on trouve les principes de l'art de faire parler ceux des fourds & muets , qui ne font muets que parce que leur furdicé a ôté toute idée de fon & d'articulation ). La nature dévoile à tout le monde le fecret d'ouvrir la bouche & de retenir fon haleine pour mieux entendre -, mais c'eft en vain que l'air remué par les corps bruyans oufonores, ou agité par le mouvement de celui qui parle , nous frapperoit de toutes parts , (î la ftrudure de l'oreille ne la rendoit pas propre à recevoir ces fenfations. Nous allons préfenter ici fuccinélement les principales parties que la nature emploie pour faire fentir les fons. C'eft dans l'excellent Traité des fens de M. le Cat , qu'il faut voir la defcription anaiomique & complette de cet organe. | Quelle organifation merveilleufe dans ce fens ! Quelle harmonie dans la conftrnélion de cette admirable machine ! La partieextérieure de l'oreille fe nomme la conque : fa forme eft deftinée à recevoir les rayons fonores en plus grande quantité. Le canal creux fe nomme le conduit auditif Se aboutit au tympan , qui eft line membrane mince un peu concave, du côté du conduit auditif. Immédiatement après la membrane du tympan , font quatre oftelets qu'on appelle , à caufedc leur figure , l'un os orbiculaire , l'autre Vétrier , le ZïoiGcmQ y l'enclume , Ôc le quatrième \q marteau. Une partie de celui ci qu'on a nomme le manche , aboutit au centre du tympan , de fert à le tendre plus OU moins. Lorfque cette membrane du tympan eft lâche , les fons foibles s'y amortiftent & ne paftent pas outre j ou bien s'ils paftent j leur imprelîîon eft Ci peu feniible que l'ame n'y fiit point d'atten- tion j mais fi le tympan eft bien tendu , comme il arrive quand on écoute avec attention, le moindre fon fe communique par cette même mem- brane à lamaiïe d'air qui eft derrière , dans une cavité que l'on nomme la caijje du tambour; cette cavité eft pleine d'air. Se communique avec la bouche par un canal qu'on appelle la trompe d'EuJlache. Il fuit de cette ftru6ture, que l'air du tambour communiquant toujours avec l'air extérieur fait équilibre à celui qui remplit le conduit auditif. A la caiflfe du tam- bour répond une autre partie de l'oreille que l'on nomme le labyrinthe à caufe de Ïqs détours \ il eft compofé du vejîibule , des trois canaux femi- circulaires ôc du lunacon. Lorfque le fon ou l'air agité par la parole, vient donc à émouvoir la membrane élaftique du tympan , l'air qui eft dans la caifte du tambour fe trouve agité, & communique fon mouvement à .celui qui eft dans le labyrinthe, dont toutes les parties font revêtues H O M 3^7 des petites fibres du nerf auditif: c'eft principalement dans la partie du labyrinthe que l'on nomme le limaçon , & qui a vraiment la figure dô la coquille d'un limaçon , mais qui eft divifée par une cloifon ou lame membraneufe , que fe fait la fenfation des (ov\s. Par quelle fageiïe admi- rable, les olFelcts de l'oreille & ceux qui compofent le labyrinthe^ font- ils de la même grolîeur dans les enfans que dans les adultes ? Si les inftru- mens de louie venoient à changer, la voix des parens & les autres fons connus de l'enfant deviendroient pour lui étrangers Se fauvages .... Ce que nous difons ici pour l'ouie doit s'appliquer à la plupart dQS autres animaux. On voit un chien crier , on le voit pleurer , pour ainfi dire , à un air joué fur une fliite \ on le voit s'animer à la chafTe au (ow du cor ^ on voit le cheval plein de feu par le fon de la trompette , malgré les matelats mufculeux qui environnent en lui l'organe de l'ouie : fans le limaçon qu'ont ces animaux on ne leur verroit pas cette fenfibilité à l'harmonie , on les verroit ftupides en ce genre , comme les poifibns qui manquent de limaçon auili-bien que les oifeaux , mais qui n'ont pas comme ceux-ci l'avantage d'avoir une tète aflez dégagée , alTez fonore pour fuppléer à ce défaut. Une incommodité des olus communes dans la vieillefie eft la furdité. Il y a lieu de penfer qu'elle eft occafionnée , parce que la lame membraneufe du limaçon augmente en folidité à mefure que l'on avance en âge , ce qui rend l'ouie dure. Lurfque cette lame s'offifie on devient entiétemenc fourd. Un moyen de reconnoître fi la furdité eft occafionnée parce que la lame fpirale du limaçon eft devenue infenfible, eft de mettre une petite montre à répétition dans la bouche du fourd & la faire fonner j s'il entend ce fon qui fe communique par la trompe d'Euftache , fa furdité fera cer- tainement caufée par un embarras extérieur ( la matière cérumineufe ) dans le conduit auditif, auquel il eft polTible de remédier en partie. Comme la propagation des fons fe fait félon les mêmes lois que celle de la lumière , on a cherché à rafiembler les rayons fonores par le moyen d'un cornet de figure parabolique propre pour fe faire entendre de ceux qui ne font pas entièrement fourds. Le mécanifme de la vifion n'eft pas moins admirable que celui de l'ouie. L'tEz/ n'eft que répanouilîement du nerf optique : fon globe eft compofé extérieurement de plufieurs membranes les unes fur les autres qui tirent leur origine d'un nerf qui vient du cerveau & qui porte le ^^Sf H O Al nom de nerf optique \ le dedans cft rempli par trois humeurs de différente confiftance , dont l'afage eft de donner lieu à la réfraftion des rayons de lumière, par le moyen defqaeîs nous voyons les objets. Le nerf optique 3 ainfique les autres , a trois parties principales^ favoir , la dure -mère qui l'enveloppe extérieurement j la ple-mere qui eil comme uwQ féconde enveloppe j & enfin la moelle qui eft une fubftance plus molle : ces trois parties fe dilatent pour former le globe de l'œil , &: por- tent alors difFérens noms. La première , qui eft une expanfion de la dure-mere , fe nomme fclé- rotique ; elle forme cqiiq partie antérieure de l'œil que l'on peut toucher immédiatement du doigt ^ elle eft tranfparente comme de la corne , ce qui la fait nommer aulll cornée tranfparente. Cette partie de l'œil , à caufe de la faillie qu'elle a , procure à la vue une plus grande étendue. Si la cor- née étoit plane & à fleur de l'orbite , l'animal ne verroit que les objets qui font devant lui , à moins qu*il ne tournât la tête à tout inftant \ au lieu qu'étant arrondie &faillante , elle fait voir diftinclement ce qui eft devant l'œil , & appercevoir au moins contufmient ce qui eft fur les côtés jufqu'à une certaine diftance. L'irij eft ce cercle coloré que l'on apperçoit fous la cornée tranfpa- rente , ^ au milieu duquel il y a un trou rond , qu'on nomme la prunelle ou la/'/^/7i//e. L'iris eft fDtmée par l'épanouiflTement de la pie- mère ^ cette iris varie de couleur dans les difFérens individus, »Sc elle eft compofée de fibres mufculaires , qui £ox\i ou en cercles concentriques ou en rayons : leur ufige eft de dilater ou de rétrécir l'ouverture de la prunelle , afin de n'y lailTer entrer que la quantité de rayons convenable , &: que l'impref- fion ne foit pas trop vive & ne fatigiie pas l'organe. Aufîi lorfque nous paiîous d'un lieu obfcur dans un lieu éclairé , l'ouverture de la pupille fe rétrécit, mais plus ou moins, fuivant la fenfibilité des yeux : au contraire, elle s'élargit lorfque nous paflons du grand jour a l'obfcurité. Ce phéno- mène s'obferve d'une manière bien fenfible dans les chats , dont la pu- pille eft étroite &: de forme ovale dans le jour , 6c ronde .& très-ouverte dans la nuit,. La couronne ciliaire , qui n'eft elle-même qu'une partie de l'épanouif- fement de la pie-mere , tient fufpendu vis-à-vis la prunelle un corps tranf- parent , d'une figure lenticulaire , que l'on nomme le crïfiallïn. La partie médullaire du nerf optique s'épanouit aulîi & produit une tioifieme membrane 5 très-fine & baveufe , qui tapifte tout l'intérieur de l'œil , H O M i(^^ rœll , en fe terminant à la couronne ciliaire ; c efl: ce qu'on nomme la rétine j partie de l'œil fur laquelle fe fait vraiment la fenfation des objets. Toutes les parties dont nous venons de parler , partagent l'intérieur du globe en trois chambres. La première renferme une liqueur claire comme de l'eau , qu'on nomme l'humeur aqueufe. Derrière Thumeur aqueufe eft le criftallin , qui eft enchâlTé dans la couronne ciliaire , & fe trouve fufpendu vis-à-vis de la prunelle. Derrière le criftallin eft la der- nière chambre , qui contient une fubftance très-limpide , d'une confiftance a(îez femblable à celle de la gelée de viande , & qu'on appelle humeur Vitrée, Telle eft la ftrudure merveilleufe de l'oeil \ tel eft le rapport entre cet organe & l'océan de lumière qui nous environne. La lumière réfléchie par les objets que nous voyons , pafte par l'ouverture de la pupille , &: elle fubit au travers de la cornée tranfparente de l'humeur aqueufe ^ du criftallin & de l'humeur vitrée , les réfradions néceftaires pour que les objets viennent fe peindre ( dans un ordre renverfé ) fur la rétine plu- lieurs enfemblepar faifceaux, tous fans fe confondre avec leurs couleurs naturelles. Sans cet organe toutes les merveilles du ciel& de la terre , qui viennent, pour ainfi dire , nous toucher nous-mêmes , n'exifteroient plus pour nous : fans cet organe nous ne connoîtrions l'approche des corps que lorfque nous ferions frappés ou terraftes par eux. Nous ne connoif- fons parfaitement le prix de la lumière que quand nous fommes privés de la faculté de la voir. Perfonne n'a goûté un plaifir plus vif que cet Anglois né aveugle lorfqu'il parvint , par le fecours ào,^ Oculiftes , à jouir de fes rayons : l'afped des corps qui l'environnoient fut pour lui un fpedacle iî nouveau &; (i inopiné , qu'il le jetta dans un entier évanouidement , tant il reftentit de joie. En effet , quelle merveille ! fur une efpace de fept lignes d'étendue , vient fe peindre avec fidélité l'image d'une efpace de fept lieues , lorfque monté fur une montagne on regarde , dans ini beau jour d'été , un grand horizon : cependant les villes , les vaftes plaines , les forets , tout s'y peint diftindement. Il eft mille chofes en- core plus admirables les unes que les autres fur la vifion , mais qu'il feroit trop long de rapporter ici. Que de lois merveilleufes réunies fe combinent enfemble , tendent toutes au même but ! fi une feule de cqs lois venoit à ctre interrompue , tous les êtres animés feroient plongés dans des ténèbres éternelles. Tout dans la Nature porte l'empreinte de la Tome IlL A aa 17» H O M jnain divine qui les a créés .... Mais contentons-nous de dire qu*oîî diftingue ordinairement trois forces de vue *, favoir , i° la vue courte ou forte, 2^. la vue longue ou foible , ;''. la bonne vue ou parfaite. Ceux qui ont la vue courte font myopes j ils peuvent voir fort nettement les objets qui font fort proches , & ne font qu'entrevoir ceux qui font éloi- gnés : au contraire , ceux qui ont la vue longue , & que l'on appelle ^rej- bytes j voient mieux les objets éloignés que ceux qui font proches qu'ils ne fauroient diftinguer j ( l'on prétend que c'eft la configuration particu- lière du crifialUn qui fait qu'une perfonne eft myope ou presbyte ) : enfin ceux qui ont la vue bonne , &: qui tiennent le milieu entre les myopes & les presbytes , voient fort bien les objets qui font dans une médiocre dif- tance. C'eft cette forte de vue que l'on peut confidérer comme la plus parfaite , comme la plus propre à diftinguer de à reconnoître les formes , les couleurs 3 &: les diftances. De r Economie animale. Les grands rapports généraux qui fe trouvent entre l'économie animale du corps humain &c celle des autres animaux , nous ont déterminés à pré- fenter ici une légère efquiffe des principaux phénomènes de cette admi- rable machine du corps humain , où l'on reconnoît d'une manière bien frappante la main de la Diviniré. Les merveilles que l'on entreverra , d'a- près ce court expofé, feront bien propres à animer la curiofité , & à ex- citer le défît de les étudier dans leurs détails. La connoiiïance du corps humain &c de fes différentes fondions , dit M. Jadelot j eft la plus inté- reffante de celles qui font l'objet des recherches du Phyficien j non-feu- lement parce qu'elle nous éclaire fur la nature de notre conftitution & fur le mécanifme de notre exiftence j mais parce que cqiiq portion de matière organifée qui forme notre être , renferme les plus grandes merveilles de la Nature dont elle eft le chef-d'œuvre. Le vulgaire ne voit au-dehors qu'une décoration fimple ôc magnifique , qui réunit l'élégance des con- tours à l'harmonie des proportions , le Philofophe admire au dedans les refforts furprenans d'une mécanique vivante , qui , quoique foumife aux lois de la matière , eft douée d'un principe adif , &: obéit à un agent fe- cretqui luieft uni &: en mcme-temps inconnu. L'empire réciproque de ces deux fubftances eft la vie : nous verrons que le mouvement du caur eft le lien fragile qui rient ces deux fubftances réunies. H O M 571 Nous avons décrit les fens , par le moyen defquels l'homme commu- nique avec l'Univers entier , &c avec fes femblables. Quelle foule de mer- veilles , lorfqu'on vient à examiner fon économie intérieure ! tout y an- nonce une implicite admirable , Se en même-temps une compofition difficile à débrouiller. La machine animale eft comme le cercle , qui n'a ni commencement ni fin , un reflort prête fon action à l'autre qui lui doit fon mouvement , leur union confpire à former d'autres machines qui deviennent leur mo- bile j en^n tous les relForts réunilTent leur mouvement dans chaque ref- fort, de chaque reiTort partage aux autres fon adion & fa produdion. Le cerveau , n'agit , par exemple , que par l'impulfion du coeur , qui feroit immobile fans le cerveau j ces deux machines réunirent leur mécanifme , pour former la refpiration qui foutient leur aélion , ou la détruit j les fluides qui traverfent nos vaifleaux font préparés par ces trois forces mou- vantes , 3c les parties de ces fluides préparés animent le cerveau , don- nent au cœur tous fes moiivemens de font marcher la refpiration. Si nous confidérons préfentement la charpente humaine , qu'on peut regarder comme machine flatïque j on voit autant de force que de légèreté réunie dans les os. Quel enchaînement dans ceux des vertèbres ! que de cavités , de trous fans nombre & prefqu'imperceptibles , ménagés dans tous ces os pour donner palTage aux vaifleaux qui portent la nourriture par-tout, & aux nerfs qui diftribuent par tout le fentiment ! La peau recouvre toute la machine animale , c'eft elle qui donne à notre corps toute fa beauté ou par fa blancheur, ou par fa finelTe &; par fon poli , &: qui défend les parties qu'elle environne. Elle eft l'organe du toucher , ainfi que nous l'avons dit plus haut \ elle eft toute parfemée de pores par où fe fait la tranfpiration infenfible. Les pores de la rranfpira- tion , fuivant Leuwenoeck , font fi nombreux &: fi petits , qu'il y en a cent vingt-cinq mille fur l'efpace qu'occuperoit un grain de fable. Il fort par ces pores des vapeurs continuelles ; & fuivant les expériences de Sanc- îorius j un homme qui mange & qui boit la quantité de huit livres , en perd cinq par la tranfpiration infenfible , ôc trois par les évaluations fen^ fibles. ( Dans les plantes la tranfpiration eft égale à un tiers de leur poids ), Sera-t-on étonné après cela , d'apprendre que cette tranfpiration arrêtée ou diminuée occafionne la plupart des maladies , fur-tout à la rate. L'e- xiftence de l'infenfible tranfpiration par les pores de la peau &c par les poumons , eft donc une de ces vérités qu'il n'eft pas même permis de A a a i j 37i H O M mettre en problême. Si Ton refpire contre un miroir , on ramafTera dleS gouttes d'eau fur la glace j Ci Von. palTe un doigt fur de Técain , fur des glaces , fur des pierreries , on y laiflera une trace d'humidité ; fi après avoir réchauffé fon bras , on le met nud dans un matras ou bouteille de verre , on remarque à l'inftant qu'il fe ramiile des gouttes fenfibles ou des traces d'humidité dans ce matras. On >/oit en hiver les vapeurs qui fortent des poumons de la plupart des animaux ù condenfer. Si l'on fe met pour un inftant tête nue près d'une muraille expofée à la chaleur du foleil , on remarquera vifiblement l'ombre des vapeurs qui s'élèvent des pores de fa tête. Mais cette évaporation , qui n'eft: pas toujours la même , varie félon les climats , les tempéramens &: les occupations , difonsaulîi, & fuivant les paflions dont on eft aff^eété. On fait que la crainte & la trif- tefle , qui arrêtent ou diminuent le mouvement du cœur , doivent aufli diminuer la rranfpiration , ainfi qu'il arrive prefque toujours : la joie 6c les exercices modérés augmentant le mouvement du cœur , les fluides feront pouffes avec plus de force , ce qui augmentera la tranfpiratioa» Confultez \'x nouvelle édition latine de la Médecine Jiatique de ^2.n%kon\xs y commentée par M. Lorry. Les mufcles qui font diftribués dans toute notre machine , & qui ont leur atraclie aux os , ont une force qui furprend. Suivant le calcul du fameux Borelli j qui a fait un ouvrage fur le mouvement des animaux , lorfqu'un homme du poids de cent cinquante livres s'élève en fautant à la hauteur de deux pieds , fes mufcles agiffent dans ce moment avec deux mille fois plus de force , c'eft-à-dire , avec une force équivalente à un poids de trois cents mille livres ou environ. Le cœur, qui n'eft que tout mufcle , à chaque battement ou contraétion , par laquelle il pouffe le faner dans les artères , &: des artères dans les veines , où il fubit des fcot- temens immenfes , agit avec une force équivalente à plus de cent mille livres pefant. Le cerveau que l'on regarde , avec raifon , comme la partie principale du corps humain , efl: contenu dans le crâne , Se divifé en deux parties ^ l'une fupérieure , que l'on nomme le grand cerveau ; &c l'autre infé- rieure , que l'on nomme le cervelet : voyez le mot Cerveau. On recon- noît ces parties pour être l'origine d'où part tout le genre nerveux , fource de la vie , de la force , du plailir 6c de la douleur de Fanimal. Le cerveau eft le laboratoire des efprits vitaux. Mais par le fecours de quelle partie du cerveau tous ces grands effets s'operent-ils ? Sa nature merveilleufe H O M 373 s*ell: toujours dérobée aux recherches des plus grands hommes , Se peut- être leur échapera-t-elle toujours. Au refte voilà des expériences qui prou- vent que lefentiment &c le mouvement ont leur principe dans la lubf^ tance médullaire, i^. Lorfque la moelle du cerveau eft comprimée par quelque caufe que ce puilTe erre , par le fang , par l'aplatiffement méca- nique des os du crâne , par la concuffion , ou par la commotion , on tombe en apoplexie, i'^. La moelle du cerveau piquée, déchirée, donne des convulfions horribles. 3°. Cette même moelle , &: fur-tout les grandes colonnes du cerveau , le pont de en général la partie inférieure de la moelle , qui appuie fur le crâne , celle de l'épine , blefifées , coupées on comprimées, produifent la paralyfie des parties qui leur font inférieu- res : heureufement que la moelle du cerveau a pour rempart le crâne. Celle de l'épine trouve le fien dans le canal des vertèbres 4°. Si l'on com- pririie le cerveau , ou qu'on le coupe jufqu à la fubftance médullaire , l'ac- tion volontaire des mufcles efl: interrompue , la mémoire Ôc ie fentiment s'éteignent , mais la refpiration èc le mouvement du cœur fubfiftent, 5°. Quant au cervelet , fi l'on fait la même chofe , les convulfions font plus violentes que dans les irritations du cerveau , la refpiration & le mouvement du cœur ceffent : de-là il s'enfuit que les nerfs deftinés au mouvement volontaire ^a.nent du cerveau j ôc que les nerfs doù dépen- dent les mouvemens fpontanés fortent du cervelet. Mais eft-on robufte , eu égard a la quantité du cervelet ? Cela eft vraifemblable. L'expérience nous manque cependant ici. Maisdifons un mot de la dure-mere ôc de la pie-mere. ha. dure-mere ôcl^ ple-mere font deux membranes qui enveloppent le cerveau j le cervelet &c la moelle alongée, La dure-mere efl alfez épaiffè , d'un tifTu ferré : elle rapide la furface interne du crâne , s'y attache très- exadement : elle eft compofée de deux lames dont les fibres fe croifent obliquement j on y obferve fes prolongemens , Çqs replis , (qs vaiffeaux , fes finus. Son ufage efl de fervir de périofte au crâne , de défendre le cerveau , d'empêcher par fes alongemens que le cerveau & le cervelet ne foient comprimés , ôc de donner de la chaleur au cerveau par le moyen des fuius. hapie-mere eft une membrane très fine ôc très- déliée : elle revêt immédiatement le cerveau , le cervelet & la moelle alongée j elle fourme unegaîne particulière à tous les filets qui compofent chaque nerf, ôc eft étroitement unie au cerveau par une multitude de vaiffeaux fanguins» Son ufage ell d'envelopper te cerveau , de foutenir {qs vaifTeaux , afin 'J74 H O M qu'ils fe difti'ibuent avec plus de fureté par les plis Se les diverfes anfirac- tuofités de leurs marches , pour filtrer le fluide fubtile du cerveau ou l'efprit animal. hes nerfs font des corps longs, ronds & blancs , au milieu defquels fe trouve un conduit deftiné à recevoir les efprits vitaux. 11 y a dans le corps humain quarante paires de nerfs j dix forrent du cerveau , Se trente de la moelle de Tépine. La troifieme paire de nerfs qui vient de la moelle de l'épine, comme cette moelle vient du cerveau , dépend entièrement de notre volonté dans les mouvemens qu'elle fait faire au bras j c'eftà notre gré qu'elle les fait agir ou qu'elle interrompt leur adion. Mais ceux qui tirent leur origine du cervelet , meuvent continuellement &c indé- pendamment de notre volonté les organes d'où dépend notre vie : nous n'avons aucun pouvoir fur l'adion de ces nerfs d'où dépend notre exif- tence : tels font ceux qui fe rendent au cœur. Le diaphragme eft une partie ample Se mufculeufe , qui fépare la cavité du thorax d'avec celle de l'abdomen. Il eft convexe du côté de la poitrine, & on peut le regarder comme le principal organe de la refpiration , puif- qu'en s'abaiflant il dilate ^ &c qu'en fe relevant il rétrécit la cavité de la poitrine. Les mouvemens du diaphragme font foumis à notre volonté dans les grandes infpirations , par exemple , dans le temps qu'on chante ou qu'on parle. Le diaphragme reçoit deux nerfs qui fortent de la moelle de l'épine , Se qui appartiennent par conféquent à ceux qui dépendent de notre volonté. Mais comme il eft néceîTaire que la refpiratiotti continue pendant le fommeil, & que la plus grande peine qui put nous arriver, feroit d'ctre attentif â chaque inftant à notre refpiration , il fe rend au diaphragme des nerfs qui nailFent de l'intercoftal Se viennent du cervelet , de qui en continuent le mouvement , indépendamment de notre vo- lonté {a). Le fuc nerveux, ce fluide fubtil , qu'on nomme efprits animaux ^ dont la nature eft inconnue, contribue, ainfi que le fang artériel , aux mou- vemens des mufcles. La preuve en eft , que fl on lie l'artère où s'infère un ( a ) M. Huiler prétend que toute cette théorie , qui eft tirée de Willis , eft arbitraire. Les nerfs fupérieurs du diaphragme 8c les nerfs inférieurs de cet organe viennent, dit-il , également de la moelle de l'épine j & il n'eft pas probable que d'une fource commune il naiife des nerfs , dont les uns foicnt foumis à la volontc , & les autres n'en reconnoiflent pas le pouvoir. H O M 375 murde , le faiig ne pouvant plus y entrer, ce mufcle devient paralytique. Il en eft de même quand on lie les nerfs qui y aboutilTent : fans l'effet de ces deux fluides , nous n'aurions aucun mouvement. M. Haller obferve encore ici que ce n'eft qu'au bout d\m certain temps que la ligature de Tartere ôte le mouvement à une partie j celle d'un nerf l'ôte , dit-il, fur le champ. La langue j qui n'eft compofée que de fibres charnues , eft un organe qui furprend par la variété prodigieufe de fes mouvemens 8>c de fes effets. Elle eft le fiege principal du goût j placée dans la bouche par où palTe le fon en venant de la trachée-artere , elle le modifie 8c fait naître la pa- role , par laquelle un homme peut communiquer à un autre les penfées de (on. ame. Nous comprendrons dans ce paragraphe ce qui concerne les organes de la voix. Tous les differens tons ou accens dépendent unique- ment de l'ouverture plus ou moins grande de la glotte. Tel homme donc la voix eft déplaifante , a le chant très-agréable j mais fi nous n'avons pas entendu chanter quelqu'un , quelque connoiflance que nous ayons de fa voix 6c de fa parole, nous ne le reconnoîtrons pas à fa voix de chant , parce qu'il y a dans celle-ci de plus que dans l'autre , un mouvement de tout le larynx. La différence entre les deux voix vient donc de celle qu'il y a entre le larynx alTis &c en repos fur fes attaches dans la parole, de ce même larynx fufpendu fur (es attaches , en adion ôc mû par un balan- cement de haut en bas 8c de bas en haut j ce qui produit dans la voix de chant une efpece d'ondulation cadencée , ou roulée , ou foutenue , mais qui n'eft pas dans la fimple parole , quoique la voix du difcours marche continuellement dans des intervalles incommenfurables : ainfi la voix , foit du chant , foit de la parole , foit du fimple cri , vient toute entière de la glotte pour le fon 8c pour le ton. Nous devons à M. VaroU Se à M^ Dodard ces obfervations fur l'organe de la voix. Tous les deux ont comi paré cet organe à une flûte ou au tuyau d'un orgue , 8c ont trouvé dans le larynx & la trachée artère la même configuration que dans ces inftrumens de Mufique. Mais la découverte que M. Ferrein a faite depuis fur les effets des rubans membraneux fur les bords de la glotte dans la produélion du fon 8c des tons , fait voir qu'il refte des chofes à trouver fur les fujets qui femblent épuifés. Sans fortir de la queftion préfente , y a-t-il un fait plus fenfible , 8c dont le principe foit moins connu , que la différence de la voix d'un homme 8c de celle d'un autre ; différence fi frappante, qu'i! eft auffi facile de les diftinguer que les phyfionomies ? L'on pourroit même f7^ H O M étendre cette différence à ces efpeces de voix bizarres Se factices (les Eu" nuques ) que rinhumanité a donné pour rivales aux voix des femmes , fî bien faites pour porter l'émotion jufqu'au fond de nos cœurs. . . . Mais re- venons à notre fujet. A la nailFance de la langue commencent deux canaux couchés l'un fur l'autre, Se qu'on nomme Vœfophage ôc la trachée- artère. Le premier con- duit reçoit les boifTons & les nourritures pour les porter dans l'eftomac j Tautre plus intérieur & placé fous l'oefophage vers la poitrine , porte l'aie aux poumons , & donne iiïlie à^celui qui fort de cette machine pneuma- tique. Dès qu'il entre quelqu'autre matière que de l'air dans la trachée , de la mie de pain , par exemple , on reffent à l'inftant une toux convul- iîve. Oï\ a peine à concevoir que malgré le danger qu'il y a de laififer tomber le moindre corps dans la trachée, c'eft cependant par-defTus l'ori- fice de ce canal que le Créateur a préparé à toutes nos nourritures la route qu'elles doivent prendre pour enfiler l'œfophage & l'eftomac. Mais par un artifice dont la hardielTe eft digne de l'Auteur de toute mécanique, il fe trouve au haut de la trachée un petit pont- le vis qui fe hauffe pour le palfage de l'air, foit qu'il entre par l'infpiration , foit qu'il forte par l'expiration, mais qui s'abailfe de manière à fermer exaélement l'ouver- ture du canal, dès que la phis petite parcelle de folide ou de liquide fe préfente pour l'œfophage. La grande beauté de cette mécanique confifte en ce que la moindre portion de nourriture foule dans fa defcente les nerfs du bas de la langue , dont l'action eft toujours fuivie de i'abaifi:e- ment du pont fur la trachée , avant que la nourriture ou la boifton y arrive. Mais ces merveilles qu'on ne peut entrevoir fans étonnement , font dans tout le corps humain en aufii grand nombre que les organes , c'eft- à-dire , innombrables. L'Anatomie les obferve attentivement \ elle leur afligne un nom , elle connoît l'action àQS plus fenfibles , elle difpute fur l'ufage des autres , &c confefïe que la ftrudure de tous , quand on veut l'approfondir , eft un abyme où la vue & la raifon fe perdent. lettons un coup d'œil fur la manière dont la vie s'entretient & fe re- nouvelle par le changement merveilleux qui fe fait des alimens en notre propre fubftance. Les alimens après avoir été coupés & broyés dans la bouche, & avoir été humeélés de la falive , font portés par le canal de l'œfophage dans l'eftomac. Vejiomas eft donc cetce machine chimique deftinée à recevoir les H O M in les alimens &; à les digérer. C'efl; ce laboratoire vivant où s'opère une tranrmiitation continuelle d'autres fubftances en la nôtre. C'efl: là le grand cEuvre de la vie humaine. Ce laboratoire efl; compofé de plufieurs tuni- qiies. La première efl: membraneufe j la féconde mufculeufe , compoiée d'un double rang de fibres j la troifieme eft nervenfe & l'intérieur efl: ve- louté. T)^^ glandes fituées entre ces membranes filtrent la liqueur nécef- faire pour faciliter la digefrion & la fermentation. Les alimens dcfcendus dans ren:ornac y font tritures , divifcs & atténués aufli à l^aide du fuc gaftirique. Toutes ces fubfl:ances aqueufes , falines , huileufes, font com- binées enfemble. A l'aide de ces fucs &; de la falive , ils forment le chyle. Cette fubftance fi précieufe qui renouvelle le fang , porte la vie & la nourriture à toute la machine animale j mais ceci demande un plus am- ple détail. Nous avons dit que c'efl: dans la poche appellce ejlomac que les alimens fcjournent quelque temps , & qu'ils fe changent en une ef- 1>QCQ de bouillie , à l'aide des fucs que fournllfent des glandes particuliè- res , les artères & les nerfs , àonz le nombre efl: prodigieux dans refl:omac. Ces alimens, ainfi élaborés, pairent dans de grands canaux membraneux appelles imefilns j dont la longueur égale fix à huit fois la hauteur de l'homme j longueur ménagée parla nature , pour que le chyle ait le temps dans cette longue route , d'être féparé des matières inutiles. Toute la longueur des intefl:ins repliés avec l'art le plus merveilleux, fe trouve at- tachée au méfcnterc y qui efl: une membrane plate ôc pliiTée en fraife. Tan- dis que les fucs nourriciers fe féparent des alimens , & paffent par les ouvertures des veines ladées qui s'appliquent aux intefl:ins par une mul- titude d'embouchures , les glandes à^s, intefl:ins humedent Qt% alimens delTéchés , & les mettent en état de pouvoir toujours continuer leur route , jufqu'à ce que tout le chyle étant pompé , ils foient portés à l'extrémité des intefl:ins pour être rejetés. Comme les intefl:ins varient en grolTeur & en fituation , ils portent dans leurs différentes longueurs divers noms , quoique ce ne foit toujours que le même canal. Il faut obferver que des conduits qui fortent de la véficule du fiel & du foie introduifent conti- nuellement dans la partie des inreftins, que l'on nomme duodénum ^ la bile qui fe mêle dans cqi inteftin avec les alim.ens que i'eftomac y en- voie. C'efl: là cjue ces fucs , ainfi que ceux du pancréas ^ produifent àQ% effets fur lefqaels on n'eil point d'accord , mais qui font néceflTaires fans doute, fjir pour faciliter la féparation du chyle d'avec les parties plus groffieres, foit pour le préferver de corruption par l'amertume. Mais par^ Tomç. 1 1 L . Bbb 378 H O M Ions plus amplement an foie. Cet organe eft conftriiit avec un artifice acl^ iiîirable : c'eft , pour ainfi dire , un fécond cœur : le fang y reçoit un mou- vement fingulier. Revenu du corps , il fe raiïemble dans cette partie , &C en fort par quatre ou cinq ramifications. Sa fubftance eft compofée de l'alTemblage d'une multitude prodigieufe de vailTeaux de différens genres 3 qui fe diftribuent à une infinité de petits corps aflez femblables à des vé- iicules veloutées intérieurement. Ces véficules ou grains pulpeux fournif- fent chacun un vailTeau , qui eft le conduit excrétoire de chacune de ces véficules. Tous ces conduits communiquent les uns aux autres dans la fubftance du foie : on les nomme pores biliaires. La bile qui fe fépare ainfi du fang dans le foie, cette efpece de glande conglomérée, eft portée dans les inteftins & dans la véficule du fiel , petite poche en forme de poire: elle eft compofée de plufieurs membranes ou tuniques comme l'eftomac. On obferve dans fon intérieur de petites cellules , comme dans les gâ- teaux de cire des mouches à miel. C'eft là que s'aiïemble la bile \ cette liqueur précieufe y eft retenue pendant un certain temps, s'y perfedionne , eft verfée dans les inteftins, & fubtilife le chyle. Comme la bile eft de nature favonneufe , elle mêle les huiles avec le phlegme , diftbut les ali- mens, excite l'appétit, ôc nettoie les inteftins j ( la nature favonneufe de- la bile eft 'î\ certaine, qu'on l'emploie avec fuccès pour enlever fur les- Kabits les taches les plus anciennes ). llfe forme quelquefois des concré- tions pierreufes dans la véficule du fiel, par l'épaiffiiTement & le defte- chement de la bile. Ces pierres font inflammables , ont la couleur & le goût de la bile, preuve certaine de leur origine. On les rejette quelque- fois par les felles. 0\\ voit dans le Cabinet de Chantilly une de cqs pierres- hi.iaires ^ qWq eft de la grofteur d'une noifette franche. Revenons au chyle. Le chyle entre par la contradion des inteftins dans les veines ladées ou vaifteaux blancs qui portent cette liqueur dans le réfervoir de Pecquer,. Ce réfervoir 5 dans l'homme, eft compofé de trois grandes cavités, for- mées par une peau très-fine {a). Le chyle monte par le canal torachiquc ^, { a ) Suivant M. Haller, ce réfervoir n'eft que la réunion Je quelques gros vaiiTeaux lymphatiques, nés du mélange des vaiffeaux ladés avec les lymphatiques inférieurs Se les lymphatiques liépatiques. Ces vaifleaux font ordinairement plus gros à l'endroit de la féconde vertèbre des lombes , & ce renflement eft continué prefque jufques dans ïa poitrine, il eft rare que ce gonfleoieot rclkmble à une ycfTie ovale , ce qui elï i'idéc de Pecq:iei. H O M 379 le long de l'épine du clos y mais avant de monter il fe mêle avec la lymphe apportée par des vaifTeaux lymphatiques qui viennent aboutir à ce rcfer- voir. Ces liqueurs , ainfi unies , montent donc le long du canal tora- chique, & fe déchargent dans la veine fouclaviere : elles s'nniflent au fang qui coule dans la même veine , ôc vont fe rendre au cœur , par la veine cave , dans le ventricule droit. Le tout reflort du cœur pour être porté dans tout le corps , y circuler ôc lui fervir de nourriture. Un phé- nomène admirable, c'eft de voir le chyle s'élever contre les lois de la pe- ianteur dans le canal torachique , dont la membrane eft trop foible pour pouvoir fe contrader. Cette liqueur y eft élevée par les battemens de l'ar- tère defcendante 5 qui prefie le canal torachique, & oblige ainfl la li- queur de monter. Quand une fois elle eft élevée , elle ne peut retomber, parce qu'elle fe trouve arrêtée par un grand nombre de valvules à peu de diftance les unes des autres : ces valvules s'ouvrent pour laifTer monter la liqueur , qui par fon poids fait baifter enfuite ces mêmes valvules , de fe ferme ainli le paffage à elle-même, lorfqu'elle veut redefcendre. Les veines laétéesô: lymphatiques font aufli remplies de ces merveilleufes val- vules. Il fe trouve de même à l'endroit où le chyle entre dans la veine fouclaviere, une valvule qui empêche le fang de cette veine de tomber «dans le canal du chyle. On voit aulîî des vaifleaux ladés & abforbans •dans la furface intérieure des gros inteftins, ce qui rend raifon de ce qu'il eft poffible de nourrir pendant plufieurs jours un malade avec des lave- îiîens nourriffans. A l'égard de la veffîcj voyez ce mot (a). Le cœureU un mufcle ferme & folide , placé au milieu de la poitrine , la bafe en haut de la pointe en bas. Il eft enveloppé d'une efpece de fac îiiembraneux , que l'on nomme le péricarde j & dont Tufage eft de filtrer une liqueur qui humeéle le cœur & en facilite les mouvemens , qui de- mandent une grande liberté : elle fert auflî à foutenir le cœur, qui , pour ainfi dire , eft fufpendu , & à le défendre contre le froid de l'air qui en- tre dans les poumons , au milieu des deux lobes defquels il eft placé, de qui pourroit peut-être l'ofFenfer. {a) M. Hewfon vient de découvrir le lyftéme lymphatique dans les oifeaux , dans les amphibies & les poifTons. Cette découverte eft regardée comme très-avantageufe à îa Phyfiologie. Ccnjtiltei le Journal d'Hifioire Naturelle , &c, mois d'O^obre & Not •i^cmbre 1771. Bbb ij 3^0 H O M C'eft du cœur que partent (^e gros vailTeaux que l'on nomme artères dont l'ufage eft de porter le fang dans toutes les parties du corps ^i juf" qu'aux extrémités. Ces viiffeaux fe divifent , fe fubdivifenc , & fe rami- fient d'une manière prodigieufe \ & toutes cqs, ramifications infiniment déliées fe trouvent abouchées à autant d'autres vaiifeaux qu'on nomm.s veines ^ qui rapportent le fang au cœur. Celui ci a deux cavités féparées l'une de l'autre par une cloifon charnue fort épaiife. On donne à cqs cavités le nom de ventricules. Chaque veD- tricule eft muni d'une oreillette, qui eft aulîî une efpece de cavité, dont l'ufage eft de recevoir le fang & de le décharger dans le ventricule qui correfpond a chacune de ces cavités. Le cœur a deux mouvemens ^ l'un, par lequel il fe dilate, & qu'on nomme dlaflolc ; l'autre, par lequel il fe contradte, la pointe fe rappro*- chant de la bafe , & qu'on nomniQ JjJIole. Les oreillettes ont aufli leurs mouvemens de dilatation & de contraction , mais dans un temps diffé- rent j c'eft'à-dire qu'elles font dilatées lorfqiie le cœur eft contradé, ^ qu'elles font en contraction lorfque le cœur eft en dilatation. A l'inftant où le cœur fe contracte , le ventricule droit chaflTe le fanf^ dans l'arrere pulmonaire, qui le porte aux poumons, où il fe rafraîchie par le moyen de la refpiration j le ventricule gauche chalfe le fing dans î'artere nommée ^(^rr^ j qui le diftribue dans toutes les parties du corps j... aufli ce ventricule a-t-il des parois plus fortes que le ventricule droic. Après la contiaétion , il fe forme une cavité dans les ventricules du cœur par la dilatation j à l'inftant le fang ramafte dans les oreillettes, entre dans les ventricules , le cœur fe contracte de nouveau pour pouffer le fan"- ; dc c'eft ce mouvement continuel de diaftole & de fyftole qui forme le batte>- ment des artères. Le fang qui a été porté aux poumons par l'artère pulmonaire , doit revenir au cœur •, il eft rapporté par les différentes ramifications des veines à une gioffe veine, qu'on nomme la veine pulmonaire ^ qui fe décharf^e dans l'oreillette gauche du cœur j &: a l'aide de la contraction ,. il eft poulfé par le ventricule gauche dans l'aorte , qui le diftribue jufcju'aux extrémités du corps, où il eft reçu par les ramifications des veines qui le réuniffent toutes en une branche principale, que l'on nomme la veine cave j & qui le rapporte dans l'oreillette droite du cœur , pour repaffer. de nouveau dans les. poumons. On eltiiiie que le ventricule gauche du cœur peut contenir environ. tt Ô lH 381 «deux oiices de fang ; ainfî à chaque contuadion le cœur poufle <ïcux onces de fang dans l'aorte , qui en fe gonflant produit le battemenr. C'efl; l'opi- nion commune , qu'un homme a rarement plus de vingt quatre livres de fcing , 8c moins de quinze : dans la fuppofition de vingt-cinq livres , toute la mafle du fang pafle dans le cœur vingt quatre fois par heure , c'eft à- dire , cinq cents foixante-feize fois durant vingt-quatre heures. Quelle tiiachine hydraulique ! Plus on examine la mécanique du cœur , plus on l'admire. Il y a dans cet organe onze valvules, dont cinq font deftinées à y laifTer entrer le fang , & à l'empêcher d'en fortir par le même endroit où il eft entré j les fîx autres laillent fortir le fang du cœur , & empêchent qu'il n'y revienne par la même voie. Ces valvules ont des formes différentes 8c appropriées à leur ufage \ elles font placées dans les ventricules 8c dans les oreillettes ; en forte que le fang qui eft entré dans les oreillettes ne peut reffortir que par les ventricules , 8c que ce même fang une fois dans les ventricules ne peut plus rentrer dans les oreillettes : celui du ventricule droit eft obli-^é de fortir par l'artère pulmonaire , 8c celui du ventricule gauche par l'aorte. 11 y a de femblables valvules dans les grolTes veines , pour empêcher le fang de rétrograder, pendant qu'il eft rapporté des extrémités vers le cœur j mais il ne s'en trouve point dans les artères , où elles feroient pré- judiciables. Tel eft le mouvement admirable du cœur , dont la force , à chaque battement, pour diftribuer le fang dans toute l'économie animale, ell: égale à une force de plufieurs milliers de livres pefanr. Ce battement fe fait eiwiron deux mille fois par heure, fans jamais cefler, foit que nous veillions, foit que nous dormions , pendant toute notre vie. Les autres mufcles fe lafîent & s'affolbUlfent, après des efforts beaucoup moindres qui ne durent fouvent qu'un jour j mais les mufcles du cœur ne s'affoi- bliffent pas dans une longue fuite d'années. A l'égard de la ruU ôc des^ . reins j voyez ces mots [a ). {a) Avant 175,7 le Profcfîeur de Phyfique Alefeld démontra la préfence de l'air dans le fan^ par la pompe pneumatique , &: fourint , contre quelques Auteurs , que l'air entre dans le fang par le poumon , par le thyme & par le conduit He F^ecquet : il a donné même des preuves au(Tî fimples que claires , que ce fluide y conferve fa vertu élaftique ; il eft «litre enfija dans un détail des fuites funeftcs & de la mort même qui arrive queli.]uefois 582 H O M - Il ne nous refte , pour avoir parcouru légèrement l'économie anîmaïe i que de jeter un coup d'œil fur les glandes fecrétoires ôc excrétoires. On ne peut voir fans étonnement cette diftribution 3c cette diverfité de glandes qui féparent du fang , qui eft en quelque manière infipide , des humeurs qui prennent tant de faveurs oppofées , ôc dont l'ufage eft Ci diffé- rent dans notre économie. Uurine eft falée , ainfi que les larmes & hfueur ; h/alive eft douce , la bile eft amere y elle paroît n'être autre chofe que la partie faline du fang intimement mclée avec des parties huileufes 3c du flegme ; ce c]ui la rend un corps favonneux , dont l'ufage eft de fubtilifer le chyle , 3c de contribuer à la combinaifon des parties huileufes 3c aqueufes. D'autres glandes , telles que celles des mamelles , extraient le lait des artereres : ce lait, boifton fi douce, nourriture ii appropriée à l'enfant, n'eft autre chofe que du chyle , c]ui n'étoit pas encore mêlé avec le fang j .car il faut plufieurs heures pour qu'il puilTe fe combiner entièrement avec lui. Tel eft le tableau raccourci de l'hiftoire de l'homme , de fon exiftence , de fa deftination , de fon domaine , de fon gouvernement , de {es facultés phyfiques , de fa prééminence , &:c. La nature de cet ouvrage exigeoit que nous millions des bornes à nos defcriptions : nous l'avons fait parti- culièrement fur le fyftême de la génération j nous n'avons pas même dif- cuté dans cet article l'opinion de ceux qui l'établillent ovipare , tandis que d'autres la prétendent vivipare. Voyez la favante Thefe de M. Geof- froy ( Si l'homme a commencé par être ver) , qui piqua tellement la curio- fité des Dames du plus haut rang , qu'il fallut la traduire en François pour les initier dans des myfteres dont elles n'avoient pas la théorie. Voyez auzTi les articles Génération , Ovipare 3c Semence de ce Didion- naire. Nous en avons fait de même à J'égard du fiege de l'ame , que M. de la Pcyrpn'ie place dans le corps calleux : ce petit corps blanc , un peu ferme 3c oblong , qui eft comme détaché de la maffe du cerveau , 3c que aans les cas où l'on veut faire entrer de force & par violence l'air dans les vaiffeaux , Se dans le cas où l'air fc fcpare d'avec le fang Se forme de grandes ampoules. Mais M. Haller prétend que cet élément dans le fang n'eft pas démontré. La machine pneu- matique , dit-il , demande l'air dans le fang comme dans l'eau incompreflible , Se par conféquent dénué d'élafticité. C'eft , félon lui, l'air fixe qui délivré du poids de l'air dont il étoit comprimé , fe dilate &: reprend fon élaftiçité. H O M 5S5 Ton découvre quand on éloigne les deux hémifpheres l'un de l'autre. D'autres avant lui en avoient alTigné le fiege dans la glande pinéale 5 d'autres dans la moelle alongée. A l'égard de la nature ôc de la quantité des os qui compofent la char- pente humaine , nous avons cru devoir en parler à l'article Squelette : l'oftéologie de l'homme mérite bien qu'on en parle féparément. Il en eft de même à l'égard de la barbe j des cheveux , &cc. dont on fera mention a l'article Poil, Quant aux différentes efpeces dQ peau ,furpeau , ou cuti- cule , leurs préparations 8c leurs ufages dans les arts , voye^ le mot Peau. Nous expoferons à l'article Momie , les préparations que la Pharmacie en faito- Voyc.-^ aujp. l'article Pièces anatomiques injectées. Pour ce qui concerne la graijfe humaine dont on fe fert en Médecine , voye'^ au mot Graisse. La Médecine tire encore quelques autres remèdes des diffé- rentes parties de l'homme j le crâne ^ le cerveau humain donnent un fel èc une eau anti-épileptiques , ainfi que les cheveux & \c Jang ; mais tous ces remèdes font aujourd'hui prefqu'entiérement abandonnés. On tire de Vurine le fameux phofphore , connu fous le nom de phofphore d'An- «rleterre ou de Kunckel. Les o/z^/jj font très-vomitifs ; le /^ir des fem- mes eft reftaurant , &cc. ^oyei tous ces mots ^ & ce qu'en ont dit les Ou- vrages des Chimijies modernes. HOMME DES BOIS. Voye^ Homme Sauvage , & l'article Singe. HOMME MARIN , homo marinus. Beaucoup de Voyageurs font men- tion d'hommes marins , auxquels ils ont donné le nom de t-ritons _, de néréides y de fy renés 3 de poijfons femmes ou ambi^es ; tous s'accordent 'à dire que ce font des monftres marins , fort femblables aux hommes , du moins depuis la tête jufqu'a la ceinture. On lit dans les Délices de la Hollande j qu'en i4;?o , après une furieufe tempête qui avoit rompu les digues de Weftfrife , on trouva dans les prairies une femme marine dans la boue : on l'emmena à Harlem , on l'habilla & on lui apprit à filer ; elle ufa de nos alimens , & vécut quel- ques années 3 fans pouvoir apprendre à parler, &; ayant toujours con- fervé un inftindt qui la conduifoit vers l'eau j fon cri imitoit affez les accents d'une perfonne mourante. UHiJloire générale des Voyages dit , qu'en 1 5 60 des Pêcheurs de l'île de Ceylan , prirent d'un coup de filet fepc hommes matins 6c neuf femmes marines. Dimas Eofques de Valence ^ Médecin du Roi de Goa , qui les examina , 6c qui en fit i'anatomie en 5^4 n o u préfence de plufieurs MifTionnaires Jéfuites , ti'ouvâ toutes îeui'S parties intérieures très- conformes à celles de l'homme terreftre. Toutes les defcriptions de ces monftres marins leur donnent la taille ordinaire d'un homme , mêmes configuration 3c proportions jufqu'à la ceinture, la tête arrondie, les yeux un peu gros, le vifage large Se plein, les joues plates , le nez fore camus , des dents très-blanches , des cheveux grisâtres , quelquefois bleus , plats & fîotrans fur les épaules , une barbe grife &z pendante fur l'eilomac , qui eft aufli garni de poils gris comme dans les vieillards , la peau blanche & aiTez délicate. Le mâle & la femelle ont le fexe de l'homme & la femme : on appelle tritons les mâles , & Jyrencs les femelles : celles-ci ont des mamelles fermes &: arrondies comme les ont les vierges j les bras font allez larges , courts & fans coudes fenfi- bles , les doigts font à moitié palmés , & leur fervent de nageoires j mais Ja partie inférieure , à prendre du nombril, efi: femblable a celle d'un poif- fon dauphin , &: elle fe termine en queue large & fourchue. Nous dou- tons fort de tous ces faits. On trouve l'hiftoire de femblables hommes marins dans le cinquième volume des Mélanges d'HiJioire naturelle , S>C on laifie conjedurer que les hommes marins , dont on a donné.en difFé- rens temps plufieurs relations , pourroient bien provenir d'une race par- ticulière , dont le premier père & la première mère étoient de véritables humains qui fe feront habitués à la mer. Quand ceci feroit , quelles diffi- cultés naîtroient encore fur l'œuvre de la génération , celle de l'accou- chement & la nourriture des nouveaux nés. Ces individus aquatiques fe retireroient-ils exprès fur les Iles 6c les côtes inhabitées. Enfin pourquoi n'y auroit-il chez ces prétendus humains du mionde marin que les extrc- ■mités inférieures du corps qui auroient pris la refiemblance de celles des poilTons ? HOMME PORC-ÉPIC. M. le Dodeur ^fcanlus a lu à la Société Royale de Londres la defcription d'un homme venu au monde bien conf- titué , & né de parens fains & bien conformés , mais qui , fix femaines après fa naiffance , eut tout le corps , excepté le vifage , au-dedans des mains , fur le bout des doigts 3c defibus les pieds , chargé d'une infinité de petites excroiflfances , lefqueîles fe changèrent peu-à-peu en efpeces de foies brunâtres , à demi - tranfparentes , qui avoient la confiftance de corne , 3c roides-élaftiques , 3c dont rien ne" pur arrêter le progrès. Ces ^oies avoient fix lignes de longueur 3c deux ou trois de grofieur , & étoient implantées H O M 5S5 imphntées perpendiculairement dans la peau , comme dans les hérilFons. La barbe de cet humain étoit noire ainfi que fes cheveux , & fa figure etoit intéreflante. Mais voici un phénomène bien fingulicr : ces foies tomboient chaque année en automne , Se renailfoient après. A Tâge de vingt ans il fut attaqué d'une petite vérole confluence qui lui procura line mue générale fur le corps. Les foies repoulTerent aulîi-tôt. Croiroit- on que cette efpece d'homme fauvage [Edward Lambert j de Suffolk en Angleterre ) eft devenu amoureux d'une jeune fille qu'il a rendu fenfible > ôc dont il a eu fix enfans tant filles que garçons , tous conftitués comme lui , Se également couverts de foies. 11 ne refte aujourd'hui plus qu'un garçon de cette race d'hommes, que les Anglois appellent the porcupinc- man. Si cet homme fe marie , il pourra perpétuer fa race ; car la Nature offre quantité d'exemples qui démontrent qu'une variation , fur-tout du côté du père , peut fubfifter dans plufieurs générations. On a envoyé de Lisbonne , aux Auteurs du Journal étranger, l'hiftoire d'une fille , qui, à l'âge de fept ans, étoit d'une taille robufte &: gigantefque. Son vifage &: tout fon corps font couverts de grands poils de diverfes couleurs & longueurs , crépure & confiftance. Ses cheveux n'ont rien d'extraordi- naire. On voit actuellement (Mars 1774) à la Foire Saint Germain à Paris, une petite fille âgée de trois ans , d'une alTez jolie figure , mais dont le corps efi: prefque entièrement couvert de poils longs &: bruns : elle a dans plufieurs parties de fon corps , fur- tout dans la région du dos, des excroiirances de chair qui forment comm.e des efpeces de petites poches ; on a coupé une de ces poches qu'elle avoit au fein , parce qu'elle la gênoit beaucoup , 6c on a trouvé cette excroilfance abfolument vide : cette petite fiile paroît néanmoins jouir d'une bonne fanté j elle eft vive , gaie & douce. HOMME SAUVAGE , homo fylvejlris. C'eft encore une efpece de monftre , au rapport d'un grand nombre de Voyageurs. Il vit , difent-ils , dans le milieu des bois j il reifemble afifez en grandeur &c en figure à cer- tains Barbares d'Afrique j fa force eft extraordinaire j il ne marche que droit fur deux pieds qu'il plie comme un chien à qui on a appris à dan- fer j il eft fort adroit &: léger à la courfe ; les Seigneurs des pays où il fe trouve de ces hommes fauvages , leur font la chafle , comme on fait ici celle du cerf. Il a la peau fort velue , les yeux enfoncés , l'air féroce , le vifage brûlé & applati , 6c tous (qs traits font alfez réguliers, quoique Tome 1 1 1, C c c i8(î H O M rudes â: groflîs par le foleil : il fe fert , comme nous , de Tes deux bras r tout fon corps eft couvert d'une laine blanche , grife ou noire j il crie comme les enfans. Ces prétendus hommes fauvages font , dit-on , d'un naturel fort tendre , & témoignent vivement leur affedion &: leurs tranf- ports par des embraiFemens j ils trépignent aulîi de joie ou de dépit quand on leur rehife ce qu'ils défirent. On lit dans les Mémoires de Trévoux (Janvier & Février 1701 ) l'extrait d'une lettre écrite des Indes le to Janvier 1700 , où l'Auteur dit qu'étant le I 9 Mai i6<)<) à la rade de Batavia , il vit fur le London , frégate An- gloife qui revenoit de Bornéo , l'enfant d'un de ces hommes fauvages , ( ou orangs-outangs) qui n'avoir que tuois mois \ il étoit haut de deux pieds , & tout couvert d'un poil fort court j il étoit fort camus , & avoit àèyx autant de force qu'un enfant de fept ans : il en jugea par la réfif- tance extraordinaire qu'il fentit en le tirant par la main j il ne fonoit de fa loge qu'avec peine &: chagrin. Ses aélions fembloient humaines j quand il fe couchoit , c'étoit fur le côté , appuyé fur une de fes mains , le pouls du bras lui battoir comme à nous. L'homme fauvage dont on vient de parler , eft V homme brute des bois, c'eft-à-dire le barri des Auteurs , V orang-outang des pays chauds de l'Afie, Il fe trouve aulîi en Afrique fous les noms de pongos &c de jocko : fous ce dernier nom on défigne la petite efpece à'orang outang. Le v\.zifatyre ^ \q faune & Vég'pan _, ne font que des variétés de ce même animal. On verra à l'article orang-outang j que ce quadrumane devient aufîî grand que l'homme j qu'il eft prefque femblable à lui par la forme , par l'enfemble , par fa démarche & par fes mouvemens, & qu'il en dift'ere encore moins par l'organifation intérieure. En efFer , même difpofition dans la ftru6ture animale , même conformation ^ fa langue mobile auroit la faculté d'articuler, fi comme l'homme il étoir doué de la penfée j mais il a le langage de fon efpece , & cela doit lui fuffire. L'orang-outang livré à lui-même , libre , indépendant, vit dans les bois de fruits , de racines*, ne m.ange point de chair , dort quelquefois fur les arbres , fe conftruit fouvent une petite cabane de branches entrelacées, pour fe mettre à l'abri de la pluie Se de l'ardeur du foleil. Les orangs-outangs font torts , ro- buftes , agiles Se hardis , vont de compagnie , fe défendent avec des bâ- tons , attaquent l'éléphant , le chaftent de leur bois. On alTure qu'un feul tiendroit tête à dix hommes. D'un tempérament lubrique , ils cherchent à fe fatisfaire à chaque inftant j Se a défaut de leur efpece , ils attaquent H O M 387 les individus qui ont le plus de rapport avec eux ; ils mettent tout en ufage pour en faire la conquête. Les mâles /ont les plus entreprenans : paflîonnés pour les femmes &c les filles , ils tâchent de les furprendre , les enlèvent , les portent dans leur retraite , les gardent avec eux , les nour- rKTent très bien , ont pour elles de petits foins , de petites attentions.. Pleins d'ardeur ils les excédent par leur galanterie. Le befoin les rend induftrieux. Lorfquc les fruits leur manquent dans les forêts , ils def- cendent fur le rivage, croquent les crabes , les homards, les coquillages. Ils font principalement friands d'une efpece d'huître trcs-grofle &c à écaille très-épaifTe : apperçoivent ils ces huîtres ouvertes , ils ramalTent une pierre, s'avancent , la jettent dans la coquille j l'huître ne peut pas fe fermer , notregourmand ne craint plus d'avoir la main prife j il retire adroi- tement la chair de l'animal ôc la mange. On prend ces animaux dans des filets , ils s'accoutument à la vie domeftique , font fufceptibks d'éduca- tion , deviennent doux , paifibles , familiers , & même honnêtes &c polis j mais à leur vivacité naturelle , flétrie par i'efclavage, fuccede une efpece de mélancolie qui fcmble annoncer le regret de la liberté. On a vu de ces animaux réduits à la fervitude , rendre à leur maître tous les devoirs d'un laquais adroit , officieux & intelligent j rincer des verres , verfer à boire , tourner la broche , piler dans des mortiers , aller chercher l'eau dans des cruches à la rivière voifme j en un mot , fatisfairc à tous les autres petits emplois du ménage. Si on leur donne une éducation un peu plus diftinguée , ils fe préfentent avec décence , fe promènent en compagnie avec un air de circonfpedion , mangent à la table du maître avec propreté , boivent peu de vin , un peu plus de thé , préfèrent le lait, donnent la main aux Dames par politelfe , & font leur lit. Les femelles de l'orang-outang font très-modefles , ôc ont grand foin de cacher leur nudité j elles ont beaucoup de gorge. Le mâle ôc la femelle vivent en- femble dans la plus grande intelligence L'inftind eft fi voifin du {qii- timent dans cette efpece d'animal , qu'il femble connoître fon mal &c le remède. On en avoir embarqué un qui tomba malade ^ on le faigna deux fois du bras , il en fut foulage. Toutes les fois qu'il fe fentoit incommodé, il préfentoit le bras , & par le gefte pantomime de l'autre bras, des yeux, Sz des accens-pl-iintifs , il demmdoit une faignée. Foye:^mamienant Us articles Pongo & Orang-Qutang, M. de la Martiniere y dans {on Diclionnaire de Géographie _, rapporte qu'on prit un homme fauvage dans les bois d'Hanovre , & qu'on le porta Ccc i/ 5S8 H O M en Angleterre , où George I. le donna en garde à un particulier ; msis cet homme fauvage , qui étoic réellement un humain , mourut bientôt. En i66i , quelques ChafTeurs découvrirent dans une forêt de Lithuanie au milieu d'une troupe d'ours deux enfans , qui paroifToient avoir envi- ron neuf ans , Se dont les traits & la peau les firent reconno'itre pour être de nature humaine. Les Chaffeurs , après avoir mis en fuite les ours , ne purent fe failîr que d'^un de ces deux enfans , qui fe défendoit beaucoup avec les ongles & les dents : ils le préfenterent au Roi de Pologne. Cet individu étoit bien proportionné , il avoit la peau blanche , les cheveux blonds , la phifionomie agréable 5c belle. On le baprifa ; la Reine fut fa marraiiie , de l'Ambadadcur de France fon parrain : on lui donna pour nom de baptême celui de Jofeph ^ £■: pour nom de famille Ur^n j par allufion a la façon dont on prétend qu'il avoit été nourri. Mais quelque foin que l'on prît pour fon éducation , on ne put l'apprivoifer entiéremenr , ni lui apprendre à parler. Il ne put jamais fouffrir ni habits ni fouliers ^ toutes fes inclinations , fes habitudes étoient fauvages, relativement à la raifon & à la manière de fe nourrir. Le Mercure de France , ( Décembre lyji ) fait aufli mention d'une jeune, fille fauvage trouvée dans les bois de Songi près Châlons en Cham- pagne. On en a donné une hiftoire plus détaillée en 1755. ^" v°^^ dans cette hiftoire le caraélere 6c les reflources de l'homme fortant àts mains de la Nature. Cette petite fille qui n'avoit que neuf à dix ans, preflée par la foif entra dans le village , elle n'avoit à fa main qu'un bâton court & gros par le bout comme une malTe j comme elle étoit prefque nue , & qu'elle avoit les mains noires ainfi que le vifage , les Payfans qui la prirent pour le diable , lâchèrent contre elle un dogue donr le collier étoit armé de pointes de fer ; elle l'attendit fans crainte , & d'un coup de bâton elle l'étendit mort fur la place j elle regagna la campagne Se fe fauvafur un arbre où elle grimpa avec la légèreté des écureuils : on la prit par l'ordre du Seigneur , on l'emmena au château où on lui donna un lapin en poil qu'elle écorcha &: mangea tout cru. On eut enfuite le plaifir de lui voir prendre des lièvres à la courfe , & de la voir plonger dans la rivière où elle alloit chercher le poilfon qu'elle mangeoit tout cru. On apprit d'elle par la fuite qu'elle avoit eu autrefois une com- pagne , mais qu'étant dans les terres , elle apperçut un chapelet qu'elle voulut ramalTer pour s'en faire un bracelet , & que fa camarade qui défiroit auflî l'avoir , lui avoit donné un coup de maffe fur la main y HOP HOU 38? (nais que celle-ci lai avoit donné à l'inftant un pareil coup de maiïe au fi'onc & l'avoir lenveiTée noyée dans fon fang. Touchée de compaflion elle courut chercher des grenouilles , en écorcha une , lui colla la peau fur le front &z banda la plaie avec une lanière d'écorce d'arbre qu'elle avoit arrachée avec fes ongles j la blelfée prit le chemin de la rivière & difparut fans qu'on ait fu depuis ce qu'elle efl devenue. On conjedure que cette jeune fille étoit venue des Terres ardiques , &c qu'elle étoic de la nation des Efquimaux. Quelques queftions que je lui aye faites, je n'ai pu apprendre d'elle quels étoient {qs parens j elle m'a feulement répondu qu'ils cultivoient la terre , Se qu'elle alloit fouvent ramaiïer des herbes fur le bord de la mer pour engraifler leurs terrains. Cette femme vit encore à Paris fous le nom de Mademoifelle Leblanc. On. cite plufieurs autres exemples femblables d'hommes & femmes fauvages ou des bois , qui prouvent qu'on a en effet trouvé quelquefois des hommes fauvages, que des événemens particuliers avoient éloignés de leurs retraites ordinaires. Mais il ne faut pas confondre le véritable homme fauvage avec de grands fmges , ou d'autres animaux brutes qui ont quelque reiTemblance extérieure avec l'homme par la forme , par les geftes , par les fiçons d'agir , &c Ce qui diftingue elTentiellemenc l'homme d'avec la brute aux yeux du Naturalifte , c'eft l'organe de la parole & la perfedtibilité. HOPLITE. Les anciens Naturaliftes défignoient par ce nom des pierres pyriteufes & polies. HORLOGE DE LA MORT. Voyez à l'article Pou pulfateur 8C VrïUette. HORNBERG. La plupart des Minéralogiftes difent que c'eft Xz pierre de corne. Voyez ce mot. On l'appelle aufli hornjiein : ces mots font ufités chez les Mineurs Allemands & Suédois. HOTAMBŒIA. Nom qu'on donne ^\x ferpem puant de Ceylan : il eft d'une couleur jaune , il n'incommode perfonnepar fa morfure , à moins qu'on ne l'irrite : mais peu de gens s'occupent de cette befogne j car il exhale de fa queue une vapeur fi infede , fur-tout quand il s'eft repu , qu'on eft obligé de fuir. HOUATFEou HOUETTE. Voyci Apocin. HOUBARA ou PETITE Outarde d'Afrïque, otïs Arabica. Cette petite efpece d'outarde eft de la grofteur d'un chapon , elle eft huppée j cette huppe paroît renverfée en arrière & comme tombante j elle a une fraife 390 HOU formée pair de longues plumes qui naiffent du cou , qui fe relèvent un peu & fe renflent comme il arrive à notre coq domeftique lorfqu'il eft en colère. C'eftune chofe curieufe, lorfqu'elie eft menacée par un oifeau de proie , de voir par combien d'allées de de venues , de tours ôc de détours, de marches &c de contre marches , en un mot , par combien de rufes & de foupleflTes elle cherche d échapper à ion ennemi. On prétend que £on. fiel ainfî qu'une certaine matière qui fe trouve dans fon eftomac , eft un excellent remède contre le mal des yeux. HOUBLON ou VIGNE DU NORD , lupu/us. Plante ferpentante, très précieufe , & qui eft connue de tout le monde ^ {qs racines font me- nues & s'entortillent les unes avec les autres. Il en fort des tiges foibles , très longues, tortillées, velues 8c rudes j elles embralfent étroitement les perches & les plantes fur lefquelles elles grimpent : fes feuilles qui font araeres , fortent des nœuds deux à deux , oppofées , rudes , communé- ment découpées en trois ou cinq parties, portées fur des queues allez lon- gues. L'efpece qui porte les fleurs n'a point de graines , & celle qui porte des graines n'a point d'étamines. Les fleurs dans le mâle naiflent de l'aiflelle des feuilles j elles font en grappes comme celles du chanvre , pâles , fans pétales , composées de plufiears étamines ce d'un calice à cinq feuilles : elles fontftériles. L'efpece femelle porte des fruits , qai font comme des pommes de pin , compofés de plufieurs écailles membraneufes , pâles , jaunâtres , attachés fur un pivot commun , à l'aiflelie defquels nailfent de petites graines applaties, ro u (Tes , d'une odeur d'ail , ameres & envelop- pées dans une coeff^e membraneufe. Cette plante eft très-commune dans différens pays , ôc croît dans les haies &c dans les prés. En Angleterre , en Allemagne , en Flandres on feme & on cultive le houblon avec grand foin de beaucoup de dépenfe j on le fait foutenir par de grands échalas à la manière dss vignes j de comme il monie prefque aufli haut que les lianes d'Amérique , on pour- roit en le foutenant avec de longues perches , en former d'élégans por- tiques , des obélifques de cinquante pieds de haut dans le centre d'une étoile de petits arbrifleaux , des berceaux de verdure , des tonnelles, &c. Le houblon fe plaît dans un terrain humide , peu pierreux , mais gras & bien, fumé : on doit le labourer à l'entrée de l'hiver , & à la fin faire dans le plant des troiis d'environ un pied en tout (ens , & à quatre pieds de diftance j vers la fin de Mars on met dans ces trous du fumier, celui de poarceau.y eft très -bon. L'année Aiivante lorfque le houblon a poufle à HOU 5^r ' la hauteur d'un pied , on fiche en terre de petites perches , comme pour ramer des haricots , enfuite on jette de nouvelle teire autour d^ chaque plante ; au mois de Mai on donne un troifieme labour : vers le mois de Décembre on met un demi-piedde fumier fur chaque motte de houblon;, on bêche la terrée on renfouit le fumier. En Mars on bêche encore, 8c à la fin du mois on le raille , c'eft à- dire , qu'on coupe tout le vieux bois à ras du cœur de la plante ; en Avril on plante à côté de chaque motte de houblon de grofles perches de boi^ blanc , 3c on y lie le houblon avec de bon fil ; en Septembre & dès qu'il jaunit, ce qui en marque la maturité, on coupe avec la faucille les farmens à deux pieds de terre ; puis on dé- tache les fruits : mais ce n'eîl guère qu'a la troifieme année qu'on peut efpérer beaucoup de rapport de cette plante. • Le houblon dans le temps qu*il eft en fleurs , eft fujet à une maladie caufée par une rofée mielleufe , qui tombe en été au lever du foleil j la tranfpiraiion de la plante en eft arrêtée j elle fait fécher&; périr les feuilles , ôc ruine quelquefois la récolte. Pour remédier Se prévenir ces mauvais eftets , on doit aufii-tôt arracher les feuilles, il en pouflfe de nouvelles ; par ce moyen on fauve quelquefois les deux tiers de la récolte ordi- naire Toute cette plante devient beaucoup plus belle par la culture j fes épis font chargés de fleurs , fes écailles & fa graine font plus grandes j fes épis , que nous avons comparés à des pommes de pin , & que Ton appelle fou- vent, mais improprement J?c'i^r5j fe recueillent au mois d'Août 6c de Sep- tembre : on les feche dans un four préparé pour cela , on les renferma enfuite dans desfacs, on les vend en cet état, &c on les garde pour faire la bière. On mange les jeunes poulies de houblon qui pa-roifl^ent au com- mencement du printems : on lesfait cuire dans de l'eau comme les af- perges, ôc on les mange aflaifonnées à la mênje fauce : elles font de bon goût & purifient la mafie du fang. Ses feuilles Se fes racines font auflî d'ufage en Médecine ^ les fruits frais ont une odeur agréable , Se con- tiennent une matière graifleufe , réfineufe , aromatique , qui paroît être le principe de leur odeur ce de leur amertume. Tout le monde fait l'ufige que l'on fait des fruits du houblon pour affaifonner la bière , afin quelle ne s'aigrilTe Se ne fe gâte pas j ils em- pêchent par leur fel volatil Se par leur huile aromatique , qu'elle ne •prenne un goût de chaux j ils atténuent fa vifcofité , & la font couler par, la voie des urines : ils lui communiquent une très-grande amertume > •S9^ HOU mais qui 4 HOU blanches , petites , nombreiifes , d'une feule feuille &: en rofetre , dé- coupéss en quatre quartiers ; le piftil fe change en une petite baie molle èc ronde , creufée , rouge, douceâtre, d'un goût défagréable , remplie de quatre petits olTelets blancs , triangulaires 6c oblongs. Ces fruits font mûrs en Septembre, &: reftentfur l'arbriflTeau pendant prefque tout l'hiver. M. Martin j ProfelTeur de Botanique à Cambridge j a donné à* la Société de Londres fes obfervations fur le fexe du houx : ce Dodeur dé- truit l'ancienne opinion qui portoità croire que le houx étoit une plante hermaphrodite. Le célèbre Linnaus le place parmi les plantes qui ont quatre organes réciproques fur la même fleur ; mais M. Martin en exa- minant les fleurs de fix plants de houx difpofés deux à deux dans fou jardin , remarqua que chaque paire ofFroit une plante mâle ôc une femelle. Les fleurs mâles ont quatre étamines jaunes , chargées de pouiliere ; les fleurs femelles font caradérifées par un ovaire 6c par quatre petits fila- mens que quelques Botaniftes avoienr pris pour des étamines. M. W^atfon ,.. qui a voulu s'aflurer par lui-même de l'exaétitude de l'obfervation précé- dente , a reconnu qu'il y avoir effedivement beaucoup de houx dont les uns étoient mâles & les autres femelles , mais qu'il y en avoir dont les fleurs fembloient réunir les deux fexes : il dit encore que les houx ont comme le mûrier , plufleurs manières de fe multiplier , en femant les graines , en couchant les branches , & par la grefl^e. On cultive le houx , fur-tout dans les pays du Nord , pour fervir d'or^ nement dans les jardins : on l'emploie avec fuccès pour faire d'excellentes haies , de belles paliffades ; il figure très-bien dans des bofquets d'arbres. il fe refufe aux terres fortes, le fumier lui eft pernicieux , il exige un terrain frais &; léger. 'Lq houx panaché j dont on compte plus de trente fortes ou variétés qui font ornement dans les parteres , efl: une efpece de houx produit originairement par la greffe : confultez Bradley. Sa feuille eft tachetée de jaune. Quand on veut faire un femis de houx , foit pour former des haies ou en faire une pépinière , il faut cueillir la graine eu Décembre , & ne la femer qu'au fécond printems. On connoît peu d'ef- peces réelles de houx j il y a le houx ordinairt ^ le houx hérijjon , le houx c garnie de grofl^es fibres , d'un goût acre, un peu amer. Elle pouffe plufieurs tiges à la hauteur de deux pieds, rameufes , pliantes , difficiles à rompre , cannelées de divifées en plufieurs rameaux. Ses feuilles font femblables à celles du myrte, mais plus fermes, plus ru- des, pointues, piquantes, nerveufes, fans odeur, fans queue, toujours D d d ij ^^é fî U A HUE vertes 5 d'un goût amer de aftringent. Au milieu des feuilles naiflent des fleurs d'une feule pièce , découpées en fix parties ou en efpeces de pétales^ oblongs & d'un blanc jaunâtre ; il leur fuccede des baies rondes, grofles- comme des pois , un peu molles , & qui rougifTent en mûrilïant , d'^un goût douceâtre, contenant une ou deux femences dures comme de la corne. Cette plante fleurit en Avril & Mai : il fort de fa racine au printems quelques rejetons tendres & verts , qui peuvent être mangés comme des afperges. Si on les laifle croître, ils déviennent feuillus , ligneux &c plians : on en fait des balais. Autrefois les payfans couvroient avec ce houx les viandes & les autres chofes qu'ils vouloient défendre contre les rats Se les fouris; car ces animaux dedrudeurs ne pouvoient y pénétrer qu'en fe pi- quant bien fort. Toutes les parties de cette efpece d'arbrifTean font d'ufageen Médecine ^ &c font propres pour divifer les humeurs crafl~es , en les £iifant pafler par les urines. Sa racine eft une des cinc^ racines avéritives majeures ^c^n font celles d'ache, d'afperge , de fenouil, de câprier ( quelquefois.de perfil) , & de petit houx : on s'en fert communément à la dofe de demi-once dans les tifanes , apozemes 5c bouillons apéritifs , qu'on prefcrit dans la jaunifle, î'hydropifie, les pâles couleurs & la gravelle. Laconferve des baies'de pe- tit houx, e(l- bonne ponr l'ardeur d'urine & dans la gonorrhée.- HUART ou HUARD. Oifeau ainfi nommé parce qu'il prononce ce mot très-diftin6tement en chantant : on en trouve beaucoup dans la rivière de Miffiffipi & chez les Kamtfchadales j ces peuples prétendent prédire les changemens de temps , en obfcrvanrle vol & le cri de cet oiîeau. C'eft une efpece d'aigle qui rode le long des étangs , des fleuves & fur les bords de la mer : il niche fur la terre entre des rofeaux : fa nourriture confîfte en poiflons : fa ponte eft de quatre œufs blancs , moins gros que ceux de la- poule. F'oye'^i l'article Aigle. HUBARl , eft l'outarde des plaines fablonneufes de Damas. HUETTEou HULOTTE, CHOUETTE 'HOIKE, ulula. Ceft le niciicorax des Grecs, ou le corbeau de nuit. C'eft la plus grande efpece de chouette, elle a près de quinze pouces de longueur , depuis le bout du bec jufqu'à l'extrémité des ongles j fa têre eft très-grofle , bien arrondie ,, ans aigrette j fa face eft enfoncée èc comme encavée dans fa plume, Çq$. yeux fant auiïi enfoncés j l'iris de cet oifeau eft noirâtre , (on bec eft d'un^ blai-vjc jaunâvre ou verdâtre , arqué ^ luifant j le delTas- de fon corps eft de. H U I ,57 ioûîeur de gris de fer fonce , marqué de taches noires Se de taches blanches ; le deflous du corps eft blanc , croifé de bandes noires tranfverfales ôc lon- gitudinales , fes jambes font couvertes jufqu'à l'origine des doigts , de plu- mes blanches tachetées de points noirs. Cet oifeau , dit M. de Bufforij voie légèrement Se fans faire de bruit , & toujours de coté comme les autres chouettes. Son envergure eft fort grande : foncri Q9ihou^ououoû ou ou ou, qui relTembie aflez au hurlement du loup , ce qui lui a fait donner par les Latins le nom hulula. Pendant l'été il habite dans les bois , dans les ar- bres creux , s'approche en hiver de nos habitations , chafîe les petits oi- féaux j les campagnols , les avale tout entiers, £c en rend auffi par le bec les peaux roulées en pelotons : il vient quelquefois dans les granges prendre les fouiis, il retourne au bois de grand matin , s'y fourre dans les taillis les plus épais , ou fur les arbres les plus feuilles, Se y paffe tout le jour fans changer de lieu. La femelle pond ordinairement quatre œufs d'un gris fale Se delà groifeur de ceux d'une petite poule, HUILE DU BRÉSIL. C'eft le Baume de Copahu. Voyez ce mot. HUILE DE CADE , piJJ'dleon. Voyez à l'article Genévrier. HUILE DE MÉDIE ou des MEDES. Ceft la pétrole blanche. Foye^ PiTROÏ,B.- HUILE MINÉRALE DES BARBADES ou DE GABIAN ou DE TERRE. Foyci PÉTROLE Se Naphte. On donne auill le nom êi huile à différentes fubftances inflammables , plus ou moins grafles Se fluides ou concrètes , qu'on tire d'une grande quan- tité de végétaux , foit par expreflion , foit pat* diftillation. On en tire aufîi de quelques animaux par liquéfadion. Les huiles par exprejjlon font réputées grajffes ; les plus en ufage dans les arts , font celles d'œillette ou de pavot , de hêtre , de féfame ou jugeoline, de moutarde 5 de femences froides, d'olives, de noix, de navette, de colfa , d'amandes , de pignons , de lin, d'avelines, d'acajou : il y en a qui font prefque toujours concrètes, com.me celles de ben ; d'autres qui font burineufes , Se que l'on n'obtient que par la décodion dans Tepu bouillan- te , comme celles- de cacao , de coco ou de palmier , d'aouara , de muf- cade Se de baies de laurier. On pourroit joindre à ces huiles par expref- fion les efl'ences de jafmin, detubéreufe, de muguet , de jacinthe , de nar- cifle 5 de lys , Sec. que vendent les parfumeurs. Toutes les huiles qui ont une analogie à cdles-ci, ne fe tirent point par la diftillation, mais pas ^9S H U I transfufion Se expreflion : pour cela on pirend de bonne huile de ben qu oft impiégne de parfum. F'oye:^ Jasmin, Les huiles par diJiUlation le plus enufage , fontappellées du'nom à^ejjen- .ces j telles font les huiles de cannelle, de giroHe , de néroly, de cédra, de bergamote , de citron , de lavande , de genièvre , d'ongan , de coulila- wan. Plufîeurs de ces huiles aromatiques renfermées dans de petites loges ou véficules , fe laiffent appercevoir aux yeux nus , telles que dans les fleurs d'orange , l'écorce de citron & d'orange , les feuilles de mille- per- tuis, &c. Entre ces fortes d'huiles eflentielles , il y en a qui font fouvent congelées , telle ell celle d'anis ; il y en a d'empyreumatiques & de pefan- tQS , comme celle de gayac j d'empyreumatiques &de légères , comme celle décade, &c. Mais une propriété bien finguliere que n'ont point nos hui- les eûfentielles de l'Europe , Se que pofledent uniquement les huiles de i'Afie, de l'Afrique &:de l'Amérique, fur-tout celles de plantes aromati- ques , c'eft d'être plus pefantes que l'eau , & de fe précipiter au fond de ce liquide fans rien perdre de leurs vertus. L'huile de girofle , celle de cannelle , &c. que nous fournilTent les Hollandois, en donnent des exem- ples. On fait ufage intérieurement des huiles eflentielles en les combinant avec le fucre , ce qui les rend mifcibles aux liqueurs qu'elles aromati- fent. Les huiles des animaux fe tirent par liquéfadion de quelques unes de leurs parties \ telles font celles de morue Se de baleine , de chien de mer & de marfouin : on les appelle fouvent huiles de poijjon. Le ècurre de vache & le blanc de baleine ne font que des efpeces d'huiles anim.ales épailîies, &c la cire que les abeilles ramaflent dans la pouflîere des étamines des plantes , n'eft qu'une huile végétale concrète préparée par la digeftion dans ï'eftomac de ces infedes. On peut aufTi confulrer le mot Plante de cet Ouvrage , où l'on verra que la Nature a afligné le réfervoir des huiles vé- gétales, foit dans les fleurs , foit dans les fruits, ou dans l'écorce de l'ar- bre , &c. Les huiles grafl^es font ramafl^ées dans de petits réfervoirs , répan- .dus dans toute la fubftance des fujets qui les contiennent, au lieu que les cellules des huiles efi^entielles ne font placées qu'à la furface , dans l'enve-, Joppe ou membrane extérieure des végétaux pourvus de cette fubftance. Quant aux propriétés des huiles que nous venons de citer en exemple, ^es lUies fervent à éclairer à peu de frais j d'autres à préparer des laines 04 MUT scjç^ à cofroyer les cuirs : il y en a d'ufage en Médecine , dans les alimens, dans ks liqueurs de table, de toilette Se dans les parfums j d'autres enfin qui lient admirablement bien les couleurs &c fervent à immortalifer les ouvra- ges des Pemtres , &c. Souvent on altère les huiles effentielles qui font rares ou chères , foit avec de l'huile graiïe de ben ou d'amande douce , foit avec de l'efprit-de-vin , ou avec quelqu'autre huile elTentielle de peu de valeur. Voici la manière de connoître cette falfification j une goutte d'huile elfen- tielle pure mife fur du papier , doit s'évaporer à une douce chaleur , &c ne lailfer au papier ni grailTe ni tranfparence ; elle doit auffi fe diflfoudre entièrement dans l'efprit-de-vin j mais elle ne doit pas diminuer de quantité dans l'eau , ni rendre l'eau laiteufe , ni effacer l'écriture , ni donnek* au linge qui en feroit imbibé une odeur térébenthinée. HUILE DU STYRAX D'AMÉRIQUE. Foyq Liquidambar. aVYTRE , ojlreum. C'eft un genre de coquillage marin bivalve que tout le monde connoît. Il approche beaucoup du genre des coquillages operculés : fes deux battans font compofésde plufieurs feuilles ou écailles : récaille de l'huître eft épaifife, robufte , pefante , quelquefois d'une gran- deur confidérable , d'une figure prefque ronde, ordinairement raboieufe & inégale , à battans prefque toujours inégaux , rudes & âpres en dehors j, liffes 5c argentés en dedans , dont l'un eft plus ou moins creux , & l'autre applati 5 attachés enfemble dans le milieu de leur fommet par un liga- ment. Cet animal occupe dans l'échelle de la Nature un des degrés les plus éloignés de la perfedion , fans armes , fans défenfes , fans mouvement progreflif 5 fans induftrie, il eft réduit à végéter , à. opérer d'une manière monotone , dans une prifon perpétuelle , qu'il entr'ouvre tous les jours , &: régulièrement pour jouir d'un élément néceflfaite à fa confervation. Le ligament placé au fommet de fa coquille lui fert de bras pour cette manœu- vre. A peine peut-on diftinguer dans fa maffe informe ôc groffiere , la figure animale & les relTorts de fonorganifation. Dans l'Hiftoire naturelle que nous avons donnée des coquilles, à l'arti- cle Coquille de cet Ouvrage , nous nous fommes réfervés à décrire les par^ ticularités de chaque genre de coquillages à leur article féparé. Nous allons continuer de remplir ici cet engagement. 403 H U I Différences dans laftructure des coquilles d' Huîtres, - { Ceft dans une coUedion de ces coquilles , qu'on en peut voir la variété infiniment agréable. Les huîtres font fouvent garnies de pointes & de par- ties hériflTées j quelques-unes repréfentent un gâteau feuilleté ou un hérif- fon ; d'autres ont des excroiflances ou àes parties en zig.zag , imitant l'o- reille de cochon, ou la crête de coq; d'autres font groupées fur àQs ro- chers , fur des madrépores. Les huîtres ont un caraâiere générique qui les doit faire diilinguer Aqs cames avec lefquelles on les trouve prefque tou- jours confondues chez les Auteurs. J^oye-^ le mot Came. L'huître eftcompofée deplufieurs croûtes ou lames ; fa valve fuperieure eft plus plate que l'inférieure ; elle a un bec qui s'élève à une de fes extré- mités. Ce bec, qui fert aufli à diftinguer la différence des huîtres, eft quelquefois alongé , applati , recourbé , & terminé par un angle aigu. Dans d'autres le bec eft très-petit , pofé en deftbus , ôc prefqu entièrement caché. L'huître fe ferme exadtemcnt nonobftant (qs furfaces raboteufes , les tu- bercules & les pointes dont elle eft fouvent garnie. Ce font ces différen- ces bien étudiées qui les ont fait diftinguer en quatre fous-genres , 1-efquels font caradérifés par l'excès plus ou moins grand de l'une de leurs valves fur l'autre, Se par la propriété générale de s'attacher entr'elles ou à d'au- tres corps par le moyen de la même liqueur glutineufe dont elles ont été formées, i ^. Les huîtres dont les valves ou battans font compofés de plu- fieurs couches ou lames , formant une furface plus communément lifte que raboteufe , font les huîtres proprement dites j telles font \d.fclle Polo- noi/e j la. vitre Chinoife , la pelure d'oignon ^ la mère perle j la pintade j le dévidoir on labijiournée ^ V hirondelle ou Voifeau ^ la cuijje ^ la crête de coq ou Voreille de cochon , la feuille j le râteau jIq marteau. On foupçonneroit avec aftez de vraifemblance que Iqs pintades^ Vhirondelle , le marteau^ ôcc^ ne font pas exactement des huîtres , ayant pour caraélere une échancrure par où pafte une forte de hyffus qui fert à les attacher : mais ce byiTus eft fort différent de celui de lapinne marine. Voyez ce mot. i?. Celles qui font couvertes de feuilles relevées , plilfées, comme fri- fées &: fe terminant en feftons , font connues fous le nom àliuttres feuille^ tées j telles font les efpeces de gâteaux feuilletés ^ ôcc. 3^. Celles qui font chargées de ftries longitudinales , plus ou moins ferrées, hériftées d'épines nlus ou moins droites 6c longues, ôc dont le fommec ÏI U ï 401 fommet cle la valve inférieure eft applati, prolonge en dehors, 8sC plus ou tnoins recourbé en defïous, marqué dansfon milieu d'un trait longitudi- nal , font nommées huîtres épineufes ^ ou huîtres à talon ^ owfpondyles. Oc rien n'égale le fpedacle qu'offre une coUedion de ces fortes d'huîtres. Le i)lanc , le lilas, le citron, le rouge vif, le rofe. Se toutes les plus belles couleurs fe trouvent fur la robe des huîtres épineufes de Saint-Domin- gue j la robe de celles des Indes eft communément orangée ou aurore. Tel eft \q pied d'âne ; lorfque les piquans ou épines de ces huîtres s'élar- gififent à leurs extrémités , où elles forment autant de feuilles déchiquetées , alors on les nomme huîtres à feuilles de perJlL Les épines des huîtres dû Mahon &; la couleur de ces coquilles ne font pas d^une aufli grande beauté. 4°. Les huîtres dont le fommet de la valve inférieure eft percé d'un petit crou , & recourbé en forme de bec fur celui de la valve fupérieure , font nommées ancmies ou térébratules. Telles font les efpeces connues fous les noms de bec de perro(^uet j le coq & poule, Defcription de Vhuîtrc commune : frai j & faïfon de la maladie de ce coquillage. Huîtres vertes. L'huître eft compofée de toutes les parties qu'ont les autres animaux a coquilles j c'eft un coquillage immobile par fon poids , qui ne s'ouvre que d'un pouce au plus pour refpirer, prendre l'eau par £qs fuçoirs & les alimens qui lui font néceftaires , que l'on dit conlifter en fucs de petits animaux , de plantes ci de ceïtaines parties d'une terre limoneufe. Il n'y a que la partie ou valve fupérieure de l'huître qui ait un mouvement; l'in- férieure eft immobile & fert de point de réfiftance. L'huître perdroit fon eau fi elle n'étoit couchée fur le dos. L'ouverture de fa bouche eft entre les ouies', elle eft bordée de grandes lèvres chargées de fuçoirs , ce qui forme une efpece de fraife tranfparente & dure , qui tapifte des deux côtés les parois intérieures des deux valves. Elle conferve beaucoup d'eau dans (on réfervoir , & c'eft ce qui prolonge fa vie hors de la mer. Le ligament à ref- fort qui fait le jeu des coquilles eft renfermé entre les deux battans , pofî- tivement dans le talon ou fommet de lacoquille. Les deux écailles n'ont point de charnière , le mufcle tendineux, qui les réunir, leur en tient lieu. Les quatre feuillets pulmonaires fervent à l'huître à fe décharger d'une Ji^meur fuperflue , &: à afpirer un nouveau fuc. L'huître a la chair molle Tom.c 1 1 L E e e 402 H U I &:Line membrane blanche, contenant une matière marbrée d'un janntf brunâtte , qui paroît erre les inteftins. On préfume que c'eft de cette ma- tière épaiiïe ôc coagulée que fort l'humeur laireufe qui perpétue l'efpece 6C produit la femence. Cette humeur laiteufe paflfe par difFérens degrés d'ac- croiiïement avant que de laifTer entrevoir les deux écailles renfermées dans fon centre. On verra dans un moment que cette malTe glaireufe vivifiée , dit-on , par de petits vers rouges , Se portée par les flots agités fur les bran- ches des mangliers qui bordent les côtes ftériles de la mer dans l'île de Cayenne j &cc. produit des huîtres qui donnent aufli des perles & paroilTent pendre des branches de ces arbres. L'huître n'a que deux tendons ou atta- ches d'une couleur violette fiancée, qui la joignent à ces deux écailles, dont la fupérieure eft ordinairement plate j l'autre eft creufe & contient tout le corps de cet animal : elle a été anatomifée par Lijler ôc Wi/iis. S'il eil difficile de découvrir les parties de la génération de cet animal, il n'elt pas plus facile de diftinguer les maies d'avec les femelles. 11 paroîc inême que les huîtres ne pouvant quitter le lieu où elles ont pris naifTance , font dans l'impuiflance de s'unir : ainfi elles doivent être hermaphrodites, ^ il ne peut exiger de variété dans les fexes de ces individus. On fait feulement qu'au mois de Mai ces animaux jettent leur frai j qui eft de figure lenticulaire. On apperçoit avec un bon microfcope , dans cette fubftance laiteufe , une infinité d'œufs, &c dans ces œufs de petites huîtres ^éjà toutes formées. Le frai ou la femence des huîtres s'attache à des ro- chers , à des pierres , à de vieilles écailles , à des morceaux de bois Se à d'au- tres chofes femblablcs difperfées dans le fond de la mer: nous en avons vu fe fixer dans des bouteilles de verre, dans des moules à fucre, dans des fouliers Se fur un fufil , qu'on avoir jetés exprès dans la mer à la fin de lylars y le frai avoir été dépofé fur ces matières dans l'intervalle de cinq fe- maines. On conjeétureavec afTez de vraifemblance que les œufs commencent îL fe couvrir d'écaillés dans l'efpace de vingt-quatre heures. Les huîtres font malades Se maigres après avoir frayé j mais au mois 4'Ao^^f ^llss ont repris leur embonpoint. Lijîer Se Wdlj.s prétendent que l.a maladie de l'huître fe connoît dans le mâle à une certaine matière noire qui paroît dans les ouies j Se dans les femelles , à la blancheur de- cette matière. Au mois de Mai il eft permis aux Pécheurs, fuivant les Réglemens, de pécher toutes fortes d'huîtres j Se comme l'on compt-sfouventfar une feule H U î 40? pkire ou une feule écaille vingt petites huîtres , il leur eft enjoint , peur entretenir la multiplication de refpece , de les remettre à la mer j le mois de Mai pafTé , ils ne peuvent pécher que des huîtres d'une grandeur raifon- nable. Quant au frai qu'ils ont détaché des pierres Se aux huîtres encore tendres , ils les mettent comme en dépôt dans un certain détroit de mer, t)ù elles croilfent & s'engrailfent, de manière qu'en deux ou trois ans elles parviennent à leur perfedion. Pour donner aux huîtres la couleur verte , les Pêcheurs les enferment le long des bords de la mer dans des folTes profondes de trois pieds , qui ne font inondées que par les marées hautes à la nouvelle & pleine lune, y lailfant des efpeces d'éclufes par où l'eau reflue jufqu''à ce qu'elle foit abaiffée de moitié. Ces fofles verdiflent , foit par la qualité du terrain ,- foit par une efpece de petite moufle qui en tapifle les parois ôc le fond , ou par quelqu'autre caufe qui nous efl: inconnue j Se dans lefpace de trois ou quatre jours , les huîtres qui y ont été enfermées, commencent à prendre une nuance verte. Mais pour Itur donner le temps de devenir extrême- ment vertes , on a l'attention de les y laifler féjourner pendant fix femai- nes ou deux mois. Les huîtres vertes que l'on mange à Paris viennent or- dinairement de Dieppe. Les meilleures Sz les plus eftimées font celles qu'on pêche en Angleterre j on en tranfporte auflî en Saintonge vers les marais falans, où par le féjour qu'elles y font , elles acquièrent une couleur ver- dâtre Se prennent un goût beaucoup plus délicat qu'auparavant. Il fuffit donc, comme on vient de le voir , pour rendre les huîtres vertes, de les faire parquer dans des anfes bordées de verdure. Ces huîtres vertes font très-recherchées Se avec raifon. Il faut cependant fe méfier de la couleur verte artificielle que des imprudens favent leur donner. Il y a des endroits où la pêche des huîtres communes eft dangereufe , parce qu'on ne les trouve qu'aflez profondément fous la mer , attachées aux rochers. Sur les côtes de l'Ile Minorque , il n'y a que les Efp.To-nols qui ofent s'expofer aux dangers qui accompagnent cette pêche finguliere. Ils font toujours deux j l'un fe deshabille , attache un marteau à fa main droite , fait le figne de la croix , fe recommande à fon Patron Se fe jette à la mer. Ce n'eft qu'à dix ou douze brafles de profondeur qu'il trouve des huîtres. Il en détache d'un rocher autant qu'il en peut porter fous fou bras gauche , &: frappant du pied il remonte fur l'eau. On laide à rentrer <îans le bateau, Se tandis qu'il fe ranime en buvant un verre d'eau de- vie , fon camarade s'apprête à fe jeter à la mer, heureux «i'il ne fe ren- te e i j '404 H U ï contre point quelque chien de mer qui leur emporte quelque bras oj^ quelque jambç. Opinions fur la nature des huîtres de nos côtes ^ & fentimens fur celles des IndeSj qui croijfent aux branches dd palétuviers ou mangUers ^ 6c. Des Auteurs ont rangé les huîtres parmi l'es zoophytes ou plantes-- animaux , & ont cru qu'elles croiflToient & décroiiToicnt avec la lune. La' plupart des Modernes ont réfuté ce fentiment : l'un d'entr'eux dit qu'it n'y a que les huîtres &: les moules de mer, foit folitaires > foit en malfes ^, auxquels oi\ puiiïe refufer un mouvement progreffif, comme ne fortanc- jamais de leur place, à moins qu'on ne les détache exprès. L'huître ctanc en mafle ne peut fe mouvoir , étant, dit-il , attachée par fon byflfus ( qui eft dans ce coquillage une bave collante ) aux autres huîtres : elle eft aflife fur l'angle aigu de fa pointe comme fur un pivot : il n'y a que la valve fupérieure qui ait quelque liberté, &: l'huître ne fait rien fortir. Les» huîtres s'attachent à tout ce qu'elles: trouvent : elles ne demandent qu'un* point d'appui \ les rochers , les pierres ^ les bois , les produdions marines ,. tout leur ert propre : fouvent même elles fe collent les unes aux autres ,. au moyen d'une efpece de glu qui fort de Tanimal, & qui efl. extrê- mement forte. M. AdanCon qui a fait des obfervations particulières fur les coquilles ,- dit que la pluparr des huîtres qui vivent éloignées les unes des autres , font dans l'impuilTance de fe joindre par la copulation , 6^ que cependant" elles envf j tien- nent à l'extrémité des branches de l'arbre de ce nom qui croît au bord de la mer j & le grand nombre de coquillages qui tiennent à ces bran- ches, les courbe de plus en plus, de forte que ces animaux font rafraî- chis deux fois le jour par le flux & le reflux de la mer. Ces huîtres n'ont point de goût , leurs coquilles font demi-tranfparentes & nacrées : des Efpagnols s'en fervent en guife de verre. Il y a plufieurs fortes d'huîtres dans l'île de Cayenne j les unes y font appellées huîtres de Senamary ( rivière qui fépare Cayenne d'avec Surinam ) : elles font fort grandes \ ou les détache des rochers à coups de ferpe : on nomme les autres ver ^ c'eft-à-' od H U î dif e, huùres de palétuviers. On voit auflî , dit-on , deux fortes d'huîtres a la Guadeloupe : la. première eft affez fembUble aux nôtres ; la féconde eft toute plate Se a une petite houppe de poils dans le milieu , comme un petit barbillon , ( c'eft k conque anatifere ). Ces huîtres font tellement âcres^ qu'il eft impoflible d'en manger. Huures fécondes &JlérUes. Vers accoucheurs de ces coquillages. On diftingue dans les ports de mer deux fortes à'huùres : les fécondes Se celles qui ne le font pas. Une petite frange noire qui les entoure , eft , dit-on , la marque de leur fécondité & de leur bonté : les friands ne les manquent point, & les trouvent plus fucculentes au goût. Dans la faifon où les huîtres fécondes jettent leurs oeufs ou , comme parlent les Pécheurs , leurs grains , elles font laiteufes , défagréables &c mal- faines. En Efpagne il eft défendu d'en draguer &c d'en étaler aux marchés , à caufe des accidens qu'elles pourroient caufer à ceux qui inconfidérément en feroient ufage. M.. DeJIandes dit que dans la faifon où les huîtres Jettent leurs œufs, elles font remplies d'une infinité de petits vers rougeâtres. Ceux qui re- muent de gros tas d'huîtres pendant la nuit , apperçoivent quelquefois ces vers fur leurs écailles : ils paroiiïent comme des particules lumineufes , ou comme de petites étoiles bleuâtres j ^on voit facilement ces petits vers pendant le jour, par le moyen du microfcope ou d'une loupe. M. DeJIandes a auilî obfervé que tous les grands coquillages bivalves , fur-tout certaines groiïes moules , qui dans l'Océan s'attachent au fond des vaiffeaux , font pendant la nuit des phofphores naturels. Mais de quel ufage peuvent être ces petits vers rougeâtres aux huîtres fécondes , &c feulement dans la faifon où cette fécondité fe déclare ? M. DeJIandes conjeéture qu'ils leur fervent, pour ainfi dire , d'accoucheurs; M. de Re'aumur de d'autres leur ont donné auilice nom, en difant qu'ils excitent d'une manière qui nous eft inconnue les, organes deftinés à la génération. Pour son afturcr M. DeJIandes a ré- pété plufieurs fois l'expérience qui fuit. Cet Obfetvateur a pris des huîtres fécondes , & les a mifes vers le mois de Mai dans un réfervoir d'eau falée : elles ont laifTé à l'ordinaire une nombreufe poftérité. Il en a répété enfuite l'expérience avec d'autres huî- tres fécondes , dont il .avoit retiré tous les petits vers qui y étoient ren- fermés : ces dernières huîtres n'ont rien produit , & la ftérilité a régné dans le réfervoiv qù elles avoient été placées. Ces vers accoucheurs , dont H U I 407 M. de Reaumur Se d'antres Naturaliftes ont parlé , font tout-a-fait difFérens pois , & quelquefois de la grofteur d'une aveline. On la rejicontre encore près de Cananor , de Calecut & de Cambaye. Les Lapidaires &: les ama-s leurs recherchent celle dont la couleur tient quelque chofe de la flammg rouge &: jaune du feu, qui eft bien délavée , &: qui n'a, point de noir-^ ceurs. \Jhyacinthe Occidentale eft moins dure que la précédente 5 elle a une couleur plus fafranée ou orangée j elle tire un peu fur la fleur defouci ou de jacinthe : les Portugais nous l'apportent du Brefd. Elle eft en criftaus prifmatiques , quadrilatères , terminée par les deux bouts, en une pyra-? mide de même nombre de côtés. Dans le commerce on en voit de jaunes claires comme le fuccin , de laiteufes comme l'émail, d'un jaune graine comme le miel : ce qui les £ait appeller par les Marchands , hyacinthes fuccinées , ou d'émail , ou miellées j elles font tendres, mal nettes, ôc foutiennent peu le feu. Qp. HYA HYD 41J n-ous les envoie de Siléfie &c de la Bohême : les Lapidaires les taillent à facettes , de manière à en cacher les défauts. 11 y en a aufli dont la teinte eft il foncée , qu'elles paroiflent demi-opaques. Ce que l'on appelle hyacinthe de CompojIeUe , ne font que des criftaux de roche , opaques , de couleur de rouge de brique , pyramidaux par les deux bouts. On les trouve en plufieurs Provinces d'Efpagne & en Por- tugal. L'hyacinthe eft un des cinq' fragmenï précieux. Voyez' ce liiot» HYACINTHE, plante. Foye^ Jaciuthe. HYALOIDE. C'eft un morceau de criftal dur ôc arrondi qu'on trouve fur les bords de la rivière des Amazones; HYBOUCOUHU. C'eft un fruit de l'Amérique , de la figure &de la groffeur d'une datte , mais qui n'eft point bon à manger. Les habitans en tirent une huile qu'ils confervent dans un vaiffeau fair d'un fruit creufé , ôc dont on retire la chair nommée carameno en langage Indien. Cette huile eft particulièrement employée pour une maladie du pays , qui pro- vient d'un grand nombre de petits vers de la groffeur des cirons , lèfqueist s'amaffeni fous la peau , -& forment des tumeurs cuifantes , groftes comme des fèves, & qui caufent des accidens fâcheux. Foye^ Draconcule. Cette huile eft encore nervp.le , & propre pour fortifier les membres fa- tigués , même pour mondifier les plaies & les ulcères; HYDRE. La plupart des Ecrivains donnent ce nom à un ferpent à fept tètes , dont l'exiftence paroît abfolument contre l'ordre de la Nature. Ce-- ^QXïà-^ntSéba en décrit un qu'il dit avoir été vu en 1720 à Hambouro-, &r qu'on propofoit à acheter au prix de dix mille florins. Conrad Gefner^ dans fon Hijloire des Animaux ^ L. IV ^ pag. ^y^ , repréfente auflî un hydre à fept tètes , avec deux pattes &:• la queue bouclée. Ilraconte que cet horrible ferpent aquatique à fept têtes fut apporté de Turquie à Ve- jiife en 1530, qu'il fut expofé publiquemen^t à la vue de tout le monde, & qu'enfuite il fut envoyé au Roi de France : on ne l'eftimoit pas moins de fix mille ducats. Nous ne finirions pas fi nous prétendions rapporter de femblables exemples fur l'hydre , mais qui nous paroifient un tiffu de fables de de.fidions que l'on doit mettre fur la ligne de l'hydre qui in- fedoit les marais de Lerne , proche de Mycene , ôc qui multipliait à me- fure qu'Hercule la détruifoit. Plufieurs Auteurs difent avec plus de vraifembîance que l'hydre eft un ferpent aquatique qui fe trouve dans les lacs , dans les marais ôc rivisres'j 4-^4- H Y D c'eft le ferpent d'eau de l'Inde , natrix Indîcus j qui vît fuc la terre ^ dans l'eau : il relfemble à un petit afpic terreftre , mais il n'a pas la tête fi large. On prétend que la morfure de ce ferpenc d'eau eft dangereufe , qu'on en meurt en trois jours , après avoir fouffert cruellement : les re- mèdes ordinaires font la thériaque, le michridate, & particulièrement les .alcalis volatils. D'Ablancoun dit que quand on en eft mordu, le m.eillear remède eft de couper auffi-tôr l'a partie affligée , avant que le venin ait affecté les autres parties. Quant à notre ferpent d'eau ^ il n'eft aucunement .dangereux. J'^oye-^^ au mot Charbonnier. M. Lïnnétus donne le nom ^hydre. au polype verdâtre de M. Trembley^ qui fe trouve aulîi en Uplande , Province de la Suéde , dans des folTés. Quand on le coupe en morceaux , il en renaît autant d'hydres entières qui -prennent vie. Vofe^ Polipe. Les Voyageurs HoUandois donnent le nom anhydre d'eau à un poilToii •de la zone torride, qui fe trouve ordinairement aux environs de la ligne, & qui eft long de quatre à cinq pieds. Ils difent que cet animal a tant de force dans les dents, que s'il faifit un homme par le bras ou par la jambe , il l'entraîne au fond de l'eau. Sa gueule eft grande , (qs dents font aiguës j on le prend avec un gros hameçon de l'épaifTeur du doigt , où l'on atta- che un morceau de chair j mais c'eft moins fon goût qu'il faut confulter , que celui de certains petits poiftbns qui^ dit-on, le précèdent toujours, ^ qui vont fucer l'amorce avant que l'hydre y touche : s'il ne leur arrive aucun mal , alors l'hydre sen approche hardiment , & s'accroche en voulant avaler l'amorce. Ferhocum HoUandois , dans fon voyage des Indes Orientales en 1^07, en rencontra beaucoup , &: défendit aux équipages de fe baigner , parce qu'on eft fouveiit furpris par cqs animaux. Quantité de fes matelots refuferent d'en manger , d'autres en trouvèrent la chair fort bonne : ils leur ouvrirent le ventre pour en ôter les entrailles, qu'ils jetterent dans la mer , où elles furent aulli-tôt dévorées par d'autres hydres. L'hydre de verhocum paroît être un requin. Voyez ce mot. HYDROPHANE ou PIERRE CHANGEANTE. C'eft la chatoyante des Lapidaires. HYDROPHILE , hydrcphlUis. înfeéfce aquatique & coléoptere , à an- tennes en mafle , perfuliées 6c plus courtes que les antennules : fes deux pattes poftérieures fojit en nageoires &: velues. La larve de l'hydrophile a /ix pattes écailleufes , ^ le corps compofé d'onze anneaux : elle eft fore yoiace^ très-agile, & mange les autres infcdes aquatiques. 11 faut prendra HYD UYE 4Jf Finfede parfait avec précaution : outre que fes mâchoires pincent, il a encore fous le corfelet une longue pointe très- piquante , qu'il enfonce dans les doigts en faifant des efforts pour marcher en reculant : (es étuis écailleux le rendent prefqu'invulnérable. Cet infede dépofe fes œufs,, qui^ font allez gros , dans une coque foyeufe que l'on rencontre alTez fouvent dans l'eau. M Deieu^e dit qu'on connoît quelques efpeces d'hy- drophiles dont la plus grande a un pouce &c demi de longueur, ôc efi; toute noire. L'hydrophile eft le grand f carabe e aquatique. Voyez ce mot. HYDROSCOPE. Nom donné à ceux qui prétendent avoir la faculté de deviner ,& de voir l'eau qui eft fous terre , foit coulante , foit ftagnante ;- pure charlatanerie. HYDROTITE ou ENHYDRE. Géode qui contient de l'eau. HYENE , hy&na. Il n'y a point d'animal fur lequel ont ait fait autant d'hiftoires abfurdes , que fur celui-ci • nous n'allons préfenter de cet animal que les faits les plus vrais y d'après M. de Buff'on. L'hyène a été confondue par pluiieurs Voyageurs & plufieurs Natu- raliftes avec d'autres animaux , tels que le chacal y la civetce &c le gloutort on goulu de terre ^mais dont cependant elle diffère beaucoup , quoiqu'elle ait avec eux quelques rapports. L'hyène eft à-peu près de la grandeur du loup, mais fon corps eft plus court Se plus ramaffé 5 elle a la tcte plus carrée de plus courte que lui 5 fes oreilles font longues, droites, nues j èi fes jambes , fur-tout celles de derrière , font plus longues \ elle a les yeux placés comme ceux du- chien : le poil du corps long, une crinière de couleur gris obfcur , mêlée' d'un peu de fauve & de noir, avec des ondes tranfverfales. Elle eft peut-être de tous les quadrupèdes le feul qui n'ait que quatre doif^ts , tant aux pieds de derrière , qu'à ceux de devant : elle a comme le blai- reau , une ouverture fous la queue, mais qui ne pénètre point dans l'inté- rieur du corps ; c'eft cette ouverture qui avoir fait dire que cet animal étoit mâle & femelle. Cet animal fauvage èc folitaire demeure dans les cavernes des mon- tagnes , dans les fentes des rochers , dans des tanières qu'il fe creufe lui- même fous terre. Il eft d'un naturel féroce, & quoique pris tout petit, il né s'apprivoife pas. Il vit de proie , comme le loup , mais il eft plus fort , &r paroît plus hardi ; il attaque quelquefois les hommes , il fe jette fur le" Bétail, fuit de près les troupeaux ^ & fouvent rompt dans la nuit les" portes des étables 6c les clôtures des bergeries. Ses yeux brillent dans- Ai^ H Y M H Y S l'obfcurité , ôc l'on prétend qu'il voit mieux la nuit que le jour ; fon crî^ au rapport de K/zmpfcr , témoin auriculaire , imite le mugilTement .du veau, Coarageufe par nature, l'hyène fe défend contre le lion , ne craint pas la panthère, terraflTe l'once : lorfque la proie lui manque , elle creufe la terre avec les pieds , & en tire par lambeaux les cadavres des animaux S>c iàg,s hommes. On la trouve dans prefque tous les climats chauds de l'Afie & de l'Afrique j l'animal appelle farajfe à Madagafcar , paroît différer de l'hyène , que quelques-uns regardent comme le dabach des Anciens. On doit mettre au rang des abfurdités qu'on a débitées fur cet animal, qu'il fait imiter la voix humaine , retenir le nom des Bergers j les appeller , les rendre immobiles , faire courir les Bergères , leur faire oublier leurs troupeaux , les rendre foUjgs d'amour , 5fc. Tout^cela, dit M, de Bujfon , peut arriver fans hyène. On dit que l'on vit une hyène dans le Lyonnois&: les Provinces voifines vejrs les derniers mois de 1754, & pendant 1755 ^ ^75^) ^ cefujet le Pçre Tolomas Jéfuite donna une diirertation fur l'hyène , dans laquelle il a détaillé les abfurdités dont nous venons de parler j mais il ajoute , d'après Abraham Echdcnfis ^ que Thyene fe prend très- facilement au foa des inftrumeiits \ qu'au fon de la mufique, elle fort de fa tanière , fe laifTe çareffer, àc qu'on lui jette adroitement un licol & une mufeliere : tout ceci tient bien encore des abfurdités précédentes. Quant à l'animal qui , lorfque nous écrivions ceci , exerçoit depuis plus de quinze mois fa férocité Carnivore fur les habitans du Gevaudan , & que l'on a défîgné fous le nom d'hyène, il eft à préfumer que c'^ft m\ loup Uvriçr ^ donc l'efpece peut avoir multiplié. Foye-^ Loup. HYMANTQPE. Foye^ Echa s se. L'efpece d'échaiïe qui fe trouve au Mexique , eft un peu plus grolfe que celle de l'Europe. HYPOCISTE. Foyei Ciste. HYPOCRAS. Efpece de boilTon préparée avec du vin , du fucre , de i;^ cannelle 5 du girofle ^ du gingembre. On en fait auflfi avec de l'eau (Se des eflences. HYSOPE, kyjfopus. On diftingue communément trois efpeces d'hy- fope 'y mais comme elles ne différent que par la couleur , la defcriptioij d'une feule fufhra poiu: les autres. L'hyfope pouffe plufuurs tiges qui s'élèvent à un pied ou un peu plus àç hauteur^ Îqs tiges fpnt garnies de feuilles longue? j étroites, plus grandes H Y s 4ï7 grandes que celles de la faiiettè. Ses fleurs font en gueule , la lèvre iÀipé- xieure eft échancrée , l'inférieure divifce en trois parties, dont la moyenne ou le rabat eft crénelée y les étaminesfont alongées ôc écartées. Ses fleurs Jiaiflent en manière d'épi , mais tournées toutes d'un côté , de couleuL' ou blanche ou bleue , ou rofe , fuivant l'efpece j il leur fuccede des femences qui ont quelquefois l'odeur de mufc. On emploie cette plante pour faire des bordures dans les jardins , où elle répand une odeur aromatique fort agréable , principalement avant qu'elle entre en fleur. Les Juifs la faifoient fervir de goupillon pour les purifications. Elle eft incifive , vulnéraire , fortifiante : on la fait entrer- dans le vin aromatique , propre à difliper l'enflure des plaies : ce vin eft très-propre aulli à dilToudre le fang grumelé ôc extravafé. L'huile d'hyfope, par infufion , appaifeles démangeaifons de la tête & fait mourir la vermine. M. Bourgeois ait que l'herbe d'hyfope &z l'eau diflillée de cette plante font très-utiles ^ très-fréquemment employées par les Médecins contre l'afthme humoral. Cette plante eft auÛî d'ufage contre les fuppreflions des règles & des vuidanges. ~ HYSOpÈ des GARIGUES. Fojei Héliantheme. HYSTEROLITHE , hyjlera petra ^ aut hyjlerolïthus. On donne ce nom à des pierres figurées qui repréfentent les parties naturelles de la femme 5 VhyJleroUthe j autrement dite pierre de la matrice j n'eft , dit-on , que le noyau &: l'apophyfe d'une efpece d'anomie ou de térébratule , appellée ojîreo-peciiuite. La coquille fe fera trouvée entr'ouverte du bec ou de la charnière , une matière limoneufe , liquide , y fera entrée & aura pris l'empreinte de la coquille , elle fe fera enfuite durcie ^ & la coquille aura •péri. On en trouve communément de plus ou moins ailées & ventrues fur deux montagnes , l'une voifine de Coblentz , & l'autre de Cataloone : nous y en avons ramafle , ainfi qu'à Oberlahuftein , Eleclorar de Mayence , qui font toutes ferrugineufes. Il y en a aufli près du Château deBraubacIi fur le Rhin. M, Fakonet croit que l'hyrtérolithe eft la même pierre que celle que les Anciens appelioicnt pierre de la mère des dieux , tk: qu'ils croyoient tombée du ciel, l^oye-^ Térébratule. Le Père Torrubia rapporte que fur une autre montagne deCataloo-ne 011 -trouve des priapolites , « mais avec une telle providence , dit le charte »3 Francifcain , que fur la montagne où l'on trouve des pierres repréfen- -s> tant un des deuxfexes , on n'en trouve aucune de celles qui repréfentent » l'autre ». Quelle conclu'ion notre Auteur tireroit-il, fi les deux mon- Tomc llly ^SS 4iS H Y S H y V tagnes , Tune à priapolites , &c l'autre à hyftérolithes , étoient voifines l'une de l'autre , 5c qu'un tremblement de terre les fît heurter & fondre enfemble, au point que les deux genres de pierres figurées fe trouvaiïenc pêle-mêle ! Ce feroit un férail muet , mais qui ouvriroit une carrière à la réflexion de l'Ecrivain. P^oye:^ Priapolite. HISTRICITE. C'eft le bé-^oard du porc-épic. HYVOURAHÉ. C'eft un grand arbre du Brefil , dont on emploie récorce pour les maux vénériens. L'écorce du hyvourahé eft de couleur argentée en dehors &: rouge en dedans : il en fort avec ou fans inciiion un fuc laiteux d'un goût doux de réglilTe. On prétend que l'arbre dure long-temps , & qu'il eft quelquefois quinze ans fans porter du fruit, même après en avoir porté. Son fruit eft une forte de prune de couleur d'or j d'une grolTeur médiocre , tendre , & d'une faveur affez agréable : il ren- ferme un petit noyau : les malades le fouhaitent beaucoup , à caufe de fon bon goût. Hyvourahé , dans le langage des Brafiliens , fignifie une; xhofs rare» J A A J A C 4' s J A A I A. Nom que les Nègres donnent au palétuvier des Africains. Les Anglois l'appellent mangrove. Voyez ces mots. C'eft le maugelaar ■Aq% Hollandois. JABEBIRETTE. C'eft une eipece de raie du Brefd : elle a la queue longue ; la couleur de dedus eft d'un cendré brun j celle de deflous eft blanche. Sa chair eft alfez bonne : les Cayennois appellent le jabebirette. J'aie bouclée. Voyez à l'article Raie. JABIRU-GUACU. Oifeau du Brefil , qui pafte pour un manger déli- cieux. Le jabiru-guacu a un bec long de fept à huit pouces , arrondi &: un peu élevé à l'extrémité. 11 porte fur le fommet de la tête une efpece de couronne olTeufe d'un gris-blanc. Son long cou & fa tête font revêtus* de peau écailleufe fans aucunes plumes : le refte du cou eft couvert de plumes blanches j mais les groftes plumes dô5 ailes font noirâtres avec une teinte pourpre. Quelques-uns appellent cet oifeau nhanda-apoa ; c'eft le fchurvogel des Hollandois : en un mot , c'eft une cigogne du Brefd j fes ongles font larges 8c plats. JABOT , ingluvies , Colum. Eft la poche membraneufe fituée près du cou des oifeaux & au bas de leur œfophage : cette poche leur fert pour garder quelque temps la nourriture qu'ils ont avalée fans mâcher , avant que de la laifler entrer dans le ventricule, ou pour la rendre à leurs petits. Tous les oifeaux ont cette poche, mais elle varie de grandeur j il fufïit de confidérer celle du pigeon, celle du cormoran, celle du héron, mais fur-tout celle du pélican. JABOTAPITA. Arbre du genre des ochnas de linn^us. Marcgrave Se Pifon Iq défignent ainû : arbor baccifera j Brajilienjis ^ baccû tt'gonâ^ proliféra. Cet arbfe fe plaît fur les rivages , & a les mêmes propriétés du ■myrte. JÂBOTI. Tortue d'Amérique dont l'écaillé eft noire. Foye^ Tortue. JABOTIERE. Foyei à r article Oie. JACA ou JACHA. C'eft un grand arbre àQS Indes Orientales , nommé G g g i] "410 TAC au Calecut jaceros ; dans l'Inde Orientale , j'aaca Scjacqua ; &" pat d'au- tres, cachi-CLCcara. C'eft le joaca de Parklnfon , le tijaca- marum]àQ iHort, Malah. le palma fruclu aculeato prodeunte de C. Bauhïn ^. le papa' ^Acojia. Il croît en Malabar , à Java & aux Manilles , le long des eaux ^■ &c s'élève à* la hauteur d'un laurier : {on fruit naît fur toute la longueur de £on. tronc &, fur fes plus grofTes branches. Il efl; plus gros qu'une courge , & même plus que tous les autres fruits connus : on en voit qui pefenr cent livres. Sa couleur eft verte obfcure : il a une gro(Ie écorce. dure 5c entourée de toutes parts, comnie des pointes de diamant, lef— quelles finifTent en une épine courre verte, dont l'aiguillon eft noir. Ce fruir étant mur , rend une odeur û pénétrante , qu'on la fenr de cent. pas à la ronde : il y en a de deux efpeces j l'un appelle barca j qui eft- de ccnfiftance folide , c'eft le meilleur j un autre , appelle pap^z oMgyra-' j^/,quieft mollafle , c'eft le moindre. Ces fruits font blàncsen dedans j la;, chair en eft ferme & divifée en petites cellules pleines de châtaignes nn peu longues & plus groftes que les dattes 3 couvertes d'une pelure grife^- blanches en dedans comme les châtaignes communes j d'un goût âpre 5c> terreux étant mangées vertes j mais étant rôties , elles ont très-bon goûr». Toutes ces châtaignes font environnées d'une chair un peu vifqueufe ^ & aftez femblable à la pulpe du durio. Le goût du barca reffemble a-ftez à celui du melon j mais ce fruit eft de dure digeftion , & il excite , quand" on en mange fouvent, une maladie peftilentielle, que les Indiens appellent: morxi. Au refte , cqs châtaignes font aftringentes &.prolifiques. Les Efpa— gnols établis aux Manilles , nomm.ent le fruit du pxhx nangeas _, & les>. Qhinois po-^Io-mye ; ils fe fervent d'une hache pour le couper, & en pré — parent les noyaux oa châtaignes , qui font quelquefois jaunes comme de. l'or , avec le lait de noix de coco. Voyez ce mot. fç J ACAMAR fgalbu/a aut balbula. Suivant quelques - uns c'eft une; efpece de fanfonnet doré ou de pic du Brôfîl. M. Briffonea fait un genre:, particulier. Cet oifeau eft ainfi appelle de fon chant qui femble articulera jacamacirl. Le jacamarde Surinam Q^k. a queue longue j le bec de cet: oifeau eft. droit , quadrangulaire , poin-tu ,& reffemble à celui du pic,, mais fa langue n'eft pas plus longue que le bec , qui eft noirâtre , ainiî que.- les ongles &: les pieds* En général le jacamar eft de la grolFeur d'un étour-»- neau médiocre. Le champ de fon plumage eft d'un vert doré très-éclaranta „ &,cliatQyan|«>la couleur de cuivre de xofette. Oucounoic une efpece dû.. "î À C 411 facamar à longue queue , dont la gorge &c la partie inférieure du cou font blancs , la tête ôc quelques endroits du dos d'un brun changeant en violet fbmbreo JACANA. Genre d'oifeau étranger dont on diftingue trois efpeces & quelques variétés , qui toutes fréquentent les marais du nouveau Conti- nent. Il y a le jacana commun , dont le dos eft d'un noir-verdâtre , ainfl- que le ventre & les ailes. Son cou , fa tête & fa poitrine , offrent un beau violet chatoyant , parmi lequel on diftingue toutes les couleurs de l'arc- en-ciel ; une membrane ronde , d'un bleu clair ou de couleur de tur • quoife , lui pare le devant de la tête. Cet oifeau eft de la groffeur d'un pigeon , mais (on cou & les pieds font beaucoup plus longs. Il a trois doigts antérieurs & un derrière. Le bec qui eft droit & épais-vers la pointe eft moitié d'un beau vermillon , & moitié d'un jaune nué de vert j les ongles font fort longs & jaunâtres. On. le trouve au Brefil; Le jacana armé ,. ou le chirurgien, eft furnommé ainfi , parce qu'il porte a la partie antérieur-e de chaque aile une manière de lancette ou d'éperon, jaunâtre , grisâtre , fort aigu , d'une fubftance de corne , &c dont il fe ferc- pour fe défendre. Son plumage eft d'un noir-verdâtre, fes ailes font bru- nâtres. Il y a aufli le jacana noir armé , & dont la partie antérieure de la- lète ou le finciput eft couverte d'une pellicule membraneufe roufte j l'un- Sc l'autre fe trouve au Brefil,- Le chirurj.ien brun armé ^ ou le jacana brun armé ^ fe- trouve au Me-»' xiques-à Cayenne, à Saint-Domingue. Le chirurgien varié eft la foulque épineufe , fulca fpinofa de Linndus. Le-' devant de la tête eft rouge & membraneux ^ fon bec eft d'un jaune orangé 3. fes pieds bc fes ongles font d'un gris-bleuâtre : on trouve cet oifeau dans-"^ le pays de la nouvelle Carthagene, dans l'Amérique méridionale. - Ilfe trouve quelquefois desjacanas armés en Afrique, JACAPUCAIO , arborr nucifera Brajilienjis , cortice^ fruclu lïgneo^i quatuor nuces conûnens. Grand arbre qui fe pi ait dans les endroits maré- caseux du Brefd : fon bois eft fort dur : fes feuilles font comme torfes ; fon fruit eft gros comme la tête d'un enfant': l'écorce de ce fruit eft^ jaune & fermée vers fa pointe en façon de boîte , par un couvercle qui paroîc^ d'un artifice admirable , en ce qu'il fe détache de lui-même lors de la maturité du fruit, alors tom.bent avec lui des noix femblables aux myro- bolans chebules. On les mange rôties , elles font fort huileufes -, l'écorce- de. la noix eft employée à faire des gobelets 3ie bois de l'arbre pour des' 412 J A C axes cîs moulins à fucre j fon écorce cle(îéchée §^ pllée poiu* calfeutrer des JACARA ou JACAPvÉ. C'eft le nom qu'on donne au Brefil à une efpece de crocodile ou cayman , nomme akare àCayenne : il fent le mufc d'aiTez loin ; ce qui fert en quelque force d'avertilTemenc aux Voyageurs pour fe tenir fur leurs gardes , afin de n'être pas furpris par un animal fî vorace & Ci dangereux. Toutes les rivières qui dégorgent dans celles d'Oyapoc en font remplies, ^oy^^ Cayman 6" Crocodille. JACARANDA. C'efl. un grand arbre ou forte de prunier de Mada- gafcar , dont il y a deux efpeces : toutes les deux ont des fruits qui font d'une figure fort irréguliere, plus gros que le poing 6c alongés. Les habi- tans en font une efpece de marmelade fort faine ; ils la nomment manipoy. Ces fruits fe mangent cuits , & paiTent pour un bon ftomachique. On fe fert aufli d'une fubftance verte qu'il contient au lieu de favon. Le bois de ces arbres varie , l'un eil blanc èc l'autre noir ; mais tous deux font beaux , très-marbrés & fort durs : il n'y a que le noir qui foit odorant. Ces bois font d'ufage en marqueterie. JAGARINL C'efl: la tangara noir du Brefil. Voye^ Tangara. JACEE ^ jacea vulgaris. Cette plante, également connue fous le nom ^ambrette fauvage ^ croît dans les prés & autres lieux herbeux & incultes. Sa racine eft ligneufe, vivace , fibreufe , d'une faveur aflringente j & qui caufe des naufées. Les premières feuilles qui fortent de la racine , ont quel- que chofe de commun avec celles de la chicorée. Sa tige eft haute de trois ou quatre pieds , ronde , droite , rougeâtre , dure, cannelée & remplie de moelle : fes feuilles placées fur la tige , font nombreufes, fans ordre , oblon- gues , découpées & verdâtres. Des aiflelles de fes feuilles , il s'élève de petits rameaux , garnis de petites feuilles , feinblables aux précédentes j ils portent à leur fommet une , deux ou trois fleurs à fleurons , en tuyaux purpurins &c fort ferrés. A ces fleurs fuccedent des femences rougeâtres ou grisâtres , garnies d'aigrettes , 6c portées par un placenta garni de longs poils. Les Italiens mettent cette plante parmi les vulnéraires , d>c ils l'appellent herba ddle ferite : elle convient en gargarifme pour guérir les aphtes de la bouche , les tumeurs de la gorge , des amygdales &c de la luette j elle eft en* core utile pour les hernies. On peut l'employer , félon M. Dcleu^e^ pour ceindre la foie en jaune. JACÉE ORIENTALE. Foyei Vartïch Behen. J A C 42V JACHERE. Les Agronomes nomment ainfi la partie des terres qui fe tepofe alternativement tous les ans dans un corps de Ferme , c'eft-à-dire , qui ne porte point de grains pendant une année entière , & qui fert cepen- dant de pâturage aux beftiaux. JACINTHE, hïacïnthus. La jacinthe eft une de ces fleurs chéries A(t^ Amateurs de la belle nature , & elle le mérite à bien àts titres. Sa dili- gence ordinaire à fleurir aux premiers jours du printems , célérité qu'on peut augmenter ou retarder pour la tenir plus long- temps fur le théâtre des fleurs \ fon odeur fuave &: variée j l'avantage qu'elle a de former un bou- quet parfait d'une feule de {qs, tiges \ la confiance de ion état , qui ne dé- génère pas 5 la facilité de fe multiplier par Îq.% oignons; la grande diverfîré de fes parures^ enfin fa propriété de végéter dans l'eau comme dans la terre ; tant d'avantages réunis ne peuvent la rendre que très-recomman- dable. La jacinthe efV originaire de l'Orient , & fe trouve aufïî dans les Indes, Sa beauté la fait rechercher dans tous les pays ; les Amateurs l'élevent au» jourd'hui en France , en Allemagne , en Flandre , en Angleterre , fur tout en Hollande, &; particulièrement dans la ville de Harlem , où cette plante cft en grande réputation \ auffi les Fleurifles KoUandois en font-ils l'objet d'un commerce afPez important. La jacinthe eft compofée d'un oignon , de racines , de fanes , de tiees , de fleurs &c de graines. L'oignon eft une bulbe écailleufe & formée de différentes peaux , dont les unes couvrent les autres. Lorfque l'oignon a pouflé fes racines , il fait paroître en dehors des feuilles qui , quoique iné- gales félon les efpeces , font en général longues, étroites, luifantes,pliées en gouttières. Du centre de ces feuilles s'élève une tige à-peu-près ronde, luifante, fans nœuds , m.oelleufe, plus ou moins forte, qui croît depuis rrois jufqu'à douze pouces de hauteur. L'extrémité de cette tige fupporte les fleurs qui différent en grandeur , en coloris ôc en nombre, fuivant les diverfes efpeces. Ces fleurs font des tuyaux oblongs, évafés par le bout, ouverts & découpés en fix parties , rabattus fur les côtés, comme aux lis ; ce font les jacinthes Amples. A chaque fleur fuccede un fruit prefque rond Se relevé de trois coins, qui contient des femences de la figure d'un pépin de raifin. On divife les jacinthes en fimples 8c en doubles; dans les doubles le tuyau de chaque fleur contient plus ou moins de feuilles , félon la beauté & l'efpece. Toutes ces feuilles font formées par les étamines , qui acquie- 4^4 J  C 3:ent de l'ampleur 3c fe changent en pétales. îl y a d'aimables dîveifités de couleurs dans ces jacinthes : il y en a de blanches , de bleues , de couleur de i'ofe , de rouge j le plus ou moins d'intenfitc dans les teintes ou demi-teintes forme autant de variétés , que l'attention d'un Fleurifte zélé met fouvent i profit pour groflir fes <:atalogues. Certaines couleurs font plus rares que d'autres dans certaines fleurs j ce font alors ces couleurs dont les Amateurs font 11 curieux. On eft parvenu depuis quelques années à découvrir la cou- leur jaune dans quelques jacinthes j aufli fai-ton grand cas de celles-ci. La groifeur d'un oignon Se fa peau bien faine , donnent plutôt un relief à la belle jacinthe , que les vices contraires ne font des motifs fuflifans pour la faire méprifer. Il faut qu'une belle jacinthe double porte un nom- bre fufïifant de fleurons fur fa tige, c'eft-à-dire, quinze , vingt, ou au moins douze. Les fleurons doivent être grands j courts , unis, larges de feuilles, ou évafés, bien remplis j ceux qui forment une houppe , tienneat un rangdiftingué. Les jacinthes iimples ontaufli leur mérite, parce qu'elles font plus hâtive^s au moins de trois femaines que les doubles : les belles efpeces forment un bouquet entier agréablement tourné, lorfque trente, quarante ou cinquante fleurons font difpofés avec la plus charmante fymé- trie : elles ont de plus l'avantage de foutiiir une femence utile. L'expofition la plus àvantageufe pour placer les jacinthes, eft celle du foleil levant ou du midi ^ elles y profitent de l'influence des rayons du fo- leil , foit direélement, foit par léflexioji. Les effets du foleil à fon midi font fi avantageux, qu'un Académicien de Londres a propofé de placer le,s efpaliers comre un mur incliné à l'horizon environ de trente-quatre de- grés , afin que les fruits ainfi expofés jouilfent à plein des bienfaits du foleil à midi, -moment où il leur eft le plus favorable. La jacinthe ne demande à être arrofée que lorfqu'elle en a un befoin réel ; Sz il lui faut de l'eau courante j l'eau dormante lui eft mortelle. Les Auteurs d'agriculture propofent bien des recettes différentes pour le mélange de terres propres aux jacinthes. Une compofition bien fimple &c très bonne, c'eft de prendre trois parties de terre neuve ou de taupinière , deux parties de débris de couche bien terreautés , &c une partie de fable de rivière. Une obfcrvation cflentielle &c générale pour la culture de toutes les fleurs, c'eft d'avoir beaucoup d'égard à la températiue des climats où les Beurs ont pris naiftance j car il eft toujours à propos de leur en fournir une igale , -ou d'en approcher autant qu'on peut par des attentions particulie* res^ fuivant le goût , les facultés Ôc les payç. u J A G 425 " Le véritable temps de planter les oignons de jacinthe eft le mois d'Oc- tobre j l'ufage le plus ordinaire eft de les couvrir de quatre pouces de terre. On donne plus de profondeur à quelques fortes hâtives , & moins à quel- ques tardives pour que les unes de les autres puiïïent fleurir en mcme temps. C'eft fur tout dans l'ordre élégant qu'un induftrieux Flcuiifte peut donner à fes jacinthes en les plantant , que paroît fon goût & fon favoir : il mélange avec art les différentes efpeces j il les écarte , il les rapproche ou les adocie de façon que toutes les couleurs fe faffent valoir réciproque- ment, Ôc brillent avec tout leur éclat. Pour conferver aux fleurs des jacin- thes leurs couleurs , il faut les mettre à l'abri du loleil, fous une tente ou banne ; car fans cette précaution l'ardeur du foleil dans {on midi rendroit tout d'un coup leur couleur pâle, & feroit pafler les fleurs bien plus vite. Lefoirc'eftun fpedacle enchanteur, & l'air eft agréablement parfumé de cet aflemblage de fleurs. Lorfque le riche fpectacle de ces fleurs eft pafiTé , & que les fanes com- mencent à jaunir , on levé les oignons de terre , fans en féparer les caïeux ; opération que l'on réferve pour le temps du plantage : on enlevé toutes les^ enveloppes chancreufes j d quelques oignons font altérés , il faut les net- toyer jufqu'au vif. Comme j'ai reconnu, dit TAuteuï du Traité des Jacinthes ^ dont nous donnons ici un extrait, par plusieurs expériences que les infedes font la caufe du mal , ou l'augmentent j je mets ces oignons tremper dans de l'eau diftillée de tabac , ou dans une forte décoction de tanaifie ; je les laifle dans ce bain falutaire environ une heure , qui fuffit pour étouffer les animalcu- les j & je laifTe enfuite fécher ces oignons , ainfi que ceux qui font bien fains , dans un lieu bien aéré , mais à l'ombre. Enfuite je les enferme dans une boîte. Cette attention eft fuffifante pour la confervation des oignons que l'on veut planter en Odobre. Si l'on a delfein de les planter plus tard , il faut alors les mettre dans une boîte remplie de fable lîn bien defféché, & les mettre par couches alternatives de fable & d'oignons. Ces oignons ainfi préparés & gardés dans un lieu bien fec , peuvent enfuite être plantés dans les mois d'Avril , de Mai & de Juin , pour donner leur fleur dans ceux de Juillet & d'Août. On ne doit pas néanmoins conclure de ce procédé , qu'on puilfe garder les oignons de jacinthes , comme les griffes ou pattes de renoncules 6c d'ané- mones 5 au-delà de l'année. La perte des oignons feroit le fruit des nou- velles tentatives que l'on voudroit faire fur cela. Tomii 1 1 L H h h 42^ J A C Quand le nombre des caïeux oblige de les détacher des maîtres oignonr^ s'ils font encore petits , on en forme des pépinières , ôc on les plante à un- ou deux pouces de diftance l'un de l'autre, fous un pouce feulement de terre : ce font de jeunes enfans tout-à-fait femblables à leurs parens &c doués des mêmes qualités. Si leur taille eft avantageufe , on les diftribue parmi ceux d'où ils ont été tirés j dans ce nombre , l'oignon qui pefe une once ôc demie , efl celui qui fleurit pour l'ordinaire le mieux. 11 y en a qui parviennent à pefer jufqu'à deux onces ôc demie , ce qui eft leur dernière grolTeur j &c dans cet état ils peuvent encore fleurir cinq ou llx fois. L'oi- gnon fleurit ainfi un certain nombre d'années , parce que plufieurs germe* ^ui étoient dans l'oignon fe développent chacun à leur tour, jufqu'à ce qu'enfin il en foit entièrement privé. On. dit en avoir vu quelques uns qui ont duré jufqu'à treize ans. On peut dire en quelque forte que l'oignon de jacinthe ne périt pas de vieilleiïe , puifque tout ufé qu'il eft il rajeunit dans fa poftérité. Cette- vertu produdrice eft furprenante j chaque peau , & même chaque partie- de peau paroît la poftéder. On obferve en effet qu'une peau fe féparanc par la force de la croifTance ou par une incifion , les parties féparées for- ment enfuite de petits oignons. Cette obfervation a indiqué le moyen fîn- gulier de multiplier confldérablement quelques efpeces indolentes. Voici comment on y parvient. Un peu avant le temps de lever les oignons , on tire de terre celui dont on fouhaite des produdions : on y fait une inci- fion en croix qui pénètre jufqu'au tiers de fon volume j on remet enfuite cet oignon à fa place , le recouvrant d'un pouce de terre: on l'y laifTe pendant quatre femaines, après quoi on le retire, on le fait fécher, Ôc en fon temps on le plante comme à l'ordinaire. Il eft vrai qu'il ne por- tera pas de Heurs l'année fuivante , mais il fe divifera de façon que lorf- qu'on le lèvera, au lieu d'un oignon on en trouvera fix , huit, Se quel- quefois jufqu'à dix, qui, après deux années de culture, auront acquis- toute leur perfedion. On peut même faire un plus grand nombre d'inci- fions à l'oignon, &c en retirer de cette manière jufqu'à vingt ou trente 5; mais cette dernière divifion n'eft pas fans danger pour le chef. On. fe procure, pendant la trifte faifon de l'hiver, un petit théâtre de fleurs , en mettant des oignons de jacinthe dans des carafes d'eau expo- fées fur l'appui de la cheminée , ou fur une table dans un appartemens: dont la température eft à-peu-près à dix degrés. On doit les mettre dans- l'eau dès le mois d'Odobre, avoir foin que l'oignon ije plonge qu'à moi* J A C 417 tié , Se tenir toujours l'eau à ce niveau , en y ajoutant Se la renouvellant tous les quinze jours : une pincée de nitre , ajoutée à chaque fois , hâte la végétation. Pour les voir fleurir de bonne heure , il faut choidr les ef- peces les plus diligentes par elles-mêmes. Ces oignons, qu'on a tendus ainfi précoces à donner leurs fleurs , ne font pas toujours perdus par cette fatigue , pourvu qu'on ait foin de les tirer de l'eau auflî- tôt que leur fleur efl: paflee. Il faut les mettre tout de fuite dans la terre , & les y laifler jufqu'au temps qu'on en retire les autres: ils s'y rétabliflent quelquefois très-bien, &: fleuriflent, dit-on, en terre l'année fuivante. On peut en- core fe procurer cqs fleurs pendant tout l'hiver , fans courir rifque de perdre l'oignon , en les plantant en terre dans le mois d'Odobre , dans des pots qu'on place dans des chambres échauffées par un poêle j elles font •même plus belles Se ont plus d'odeur que celles qui fleurifl^ent dans l'eau. Dès que la feuille efl: fanée & féchée , on arrache les oignons Se on les plante l'automne fuivant , foit en pleine terre , foit dans un pot où ils fleuriffent l'année fuivante. On a vu des jacinthes doubles qui , après avoir fleuri dans l'eau , ont donné de la graine ; tandis que la même ef- pece de jacinthe , plantée quinze ans de fuite en terre , n'avoit jamais pu grener : ainfi on peut regarder ce procédé comme une méthode avanta- geufe pour obtenir ces femences fi précieufes. C'eft par le moyen des femences que les Fleuriftes obtiennent ces va- riétés dont ils font il curieux. On apprendra avec étonnement que les femences de jacinthe ne donnent point de fleurs femblables à l'oignon qui a fourni la graine; jufques là que le plus fouvent les femences des jacinthes blanches en font naître de bleues, &c celles des bleues n'enfan- tent que des blanches. La fource du beau vient des jacinthes iimples: on doit choifir par préférence , pour obtenir de la femence , celles qui ont deux ou trois feuilles daiis le milieu de leurs fleurons : elles ont plus de difpofition à donner des fleurs doubles j mais il eft très-rare de voir les fleurs doubles donner de la graine. On doit femer en Octobre , & recouvrir la femence d'un pouce de terre : ce n'eft guère que vers la quatrième année que les oignons commencent à fleurir. Tous ces oignons font bien éloio;nés d'être de la même beauté : fi dans uii millier de ces fleurs , quatre ou cinq méritent l'affedion du Heurifle , il doit croire fes foins récompenfés , fur-tout Ci dans ce petit nombre encore il fe trouve de ces rares beautés , de ces produdions pri- vilégiées de la Nature. Il eft' '^fai que parmi les autres tout n'eil pas à re- H h h i j 4i8 J A C buter ; on y en trouve quî , fans être de la première beauté , méritent ce^ pendant l'attention du Fleiuifte. C'étoit autrefois un ufage en Hollande de ne donner un nom a la fleur nouvelle qu'avec beaucoup de cérémonie & de gaieté. On invitoit à cette fête tous les Curieux du voifinage , chacun opinoit à fon gré , les voix étoient recueillies ^ &: la pluralité i'emportoit. Les oignons de jacinthe font fujets à plufieurs maladies, dont les unes font mortelles, & dont les autres peuvent être guéries. La plus cruelle eCt une corruption qui fe forme dans les fucs de l'oignon, & fe manifefte ex- térieurement autour des racines ou à la pointe de l'oignon , par un cercle quelquefois brun & quelquefois de couleur de feuille morte. Lorfque cette maladie fe déclare à la pointe de l'oignon , il faut le couper |ufqu'à ce qu'on n'apperçoive plus rien de corrompu j quand même par cette amputation l'oignon fe trouveroit réduit à moitié , il peut encore revenin. Lorfque le mal commence dans l'endroit qui unit l'oignon aux racines , il n'y a guère lieu d'en efpérer. Le moyen d'éviter ces maladies eft i°. de ne point planter les jacinthes dans un endroit où l'eau féjourne en hiver 5 1°. de ne pas mêler à la terre des fumiers de cheval , de brebis ou de co- chon , à moins qu'ils ne foient dénaturés par la vétuflié j 3."^. de ne point fe fervir de terre où l'on auroit planté plufieurs fois des jacinthes en peu de temps •, 4°. de ne pas planter de bons oignons auprès de ceux qui fonc infe6tés de ce mal. Quelquefois l'oignon fe corrompt en terre , de devienï; gluant ôc puant. Si ce mal pénètre l'intérieur , on perd l'oignon : on peut y remédier auparavant en enlevant les parties malades.. Tubéreufc on Jacinthe des Indes, La tubéreufe que les Indes ont donnée à l'Italie , & que l'Italie a fait paffer jufqu'à nous, eft eftimable par fa figure , par fon odeur & par fa durée. Ellle reffemble aux jacinthes par la forme & par la découpure de fes tuyaux 3. mais elle en diffère par l'étendue de ces mêmes tuyaux,, qui font une fois plus grands que ceux de la jacinthe : ils ne por- tent point fur une queue comme ceux de la jacinthe , mais tiennent immédiatement à. la tige. La conformation eft à-peu-près la même dans les graines ôc dans, le logement des graines : la différence eft fenfible entre les tiges &: les oignons. La tige de la tubéreufe s'élève de trois à quatre pieds, tandis que celle des jacintlies refte bafTè. L'oignon de la tubéreufe eil charnu 5 & non point par écailles comme celui des jacinthes. La jaciu»- J A C 415 the fleurit au piintems , Se la tubéi-eiife ne fleurit qu'en été & en automne à moins qu'on ne l'avance à l'aide de la chaleur. Il y a des tubéreufes doubles Se fimples : les unes Se les autres font blan- ches _, car la rougeur dont certaines paroifl^ent enluminées , ell un relief qu'elles reçoivent de l'Art &: non de la Nature, comme nous le dirons plus bas. La rubéreufe à fleur double a de particulier qu'elle efl: fujette à perdre de fa parure en perdant du nombre de £qs pétales j mais elle reprend quel- quefois fa beauté dans de nouveaux caïeux. L'oignon de la tubéreufe ne fleurit qu'une feule fois , apparemment parce qu'il ne contient qu'un feul germe de fleurs ; mais ces oignons qui ne donnent plus de fleurs j mis en terre, fourniflent des caïeux j & ceux-ci étant mis en terre , deviennent à la féconde année oignons portans ou en état de fleurir. Ici , Se mieux encore le long de nos côtes Méridionales , la tubé- reufe exige peu de foin ^ elle peut être établie en pleine terre , Se y donne de très-beaux bouquets , qui répandent une odeur fuave Se péné- trante. Comme la tubéreufe efl: originaire des pays chauds , elle aime la chaleur Se redoute le froid 5 on ne doit la mettre en terre qu'en Mars , &e la garantir de gelées. Plus les oignons ont de force Se degrofleuu, plus. la fane , la tige Se les fleurs deviennent belles.. Le génie des tubéreufes eft d'avoir entr'elles des progrès inégalement rapides , quoique fournies des mêmes nourritures , Se plantées de même. Les unes font en fleurs, tandis qae les autres ne font que de paroître 5 il arrive même que les fleurs d'une même tige ne paroiflent que fucceflî- vement : celles du bas fleuriflent les premières , Se ainfl de fuite. Quel- ques tubéreufes fleurilFent fort tard, Se étant mifes dans des pots elles donnent des fleurs afl^ez avant dans l'hiver. Le plus avantageux efl: de planter les tubéreufes dans des pots y on en jouit de cette manière à volonté , en mettant les pots dans uns couche de fumier. Quand on a mis les oignons en terre , il faut les ôter vers le mois d'Qdiobre, de peur qu'ils ne foient furpds par les. gelées. 11 eft un ingénieux moyen de relever la blancheur du teincde la jacinthe- des Indes, par une légère nuance de rouge qui l'embellit Se la fait, pour ainfî dire , méconnoître. On met une tige de tubéreufe dans le fuc colorant exprimé des baies d'une plante nommée par Tournefort ,. pkytolacca 'Americana fruclu majorî , qui efl: une efpece de morelle de Virginie. Cette plante dure plufieurs anaéesj &fe,s. baies font mûres vers les moisd'Aoûî: 430 J  C Ôc de Septembre. Il faut obferver que fi le fuc exprimé c on en . décoléra d'autres en total ou par partie feulement : ces bigarrures procurées aux jacinthes tandis qu elles font fur leur pied j font admirées par ceux qui ignorent la fimplicité du fecret qui les produit. JACKAASHAPUCK. Nom que les Souvages de l'Amérique Septen- trionale donnent à l'airelle. Les feuilles feches de cetZQ plante etoient en vogue, il y a quelques années , en Angleterre; on les mèloit avec le tabac à fumer , pour réprimer la trop grande abondance de falive, JACKAL. C'eft un animal de l'Inde , que plufieurs Européens prennent pour un grand chat fauvage ; les Hottentots le nomment ianii ou kenli , & les Portugais adlve ; il eft d'une force extraordinaire. Dapper dit que le lion mené toujours cet animal avec lui y ce qui eft peu croyable. Le jackal n'eft point l'hyène , c'eft le chacal des Voyageurs, yoye^ Chacal, JACKANAPER. Foyei Singes du Cap Vert. JACOBÉE ou HERBE DE SAINT JACQUES , JacoUa. Cette plante ainfl nommée , parce qu'on en trouve fréquemment fur les chemins de Saint Jacques en Galice j croît auiîî chez nous aux lieux humides &c dans les champs. Sa racine eft très-fibreufe Se fi fortement attachée dans la terre , qu'on a de la peine à l'en tirer. Ses tiges font nombreufes , hautes de trois ou quatre pieds j cannelées , un peu cotonneufes ôc rougeâtres , .garnies de beaucoup de feuilles placées fans ordre , mais découpées pro- fondément j d'une couleur verte- brune , d'un goût aromatique & un peu acerbe , rrès-défagréable. Ses fleurs naiCent aux fommités des tiges ; elles font difpofées en parafai , radiées , jaunes , compofées d'un amas de fleurons entourés d'une couronne de demi-fleurons. A ces fleurs fuccedent des femences rougeâtres , oblongues & garnies d'aigrettes. On diftingue |?lulîeurs forces de jacobées : celle des Alpes eft la même plante, connue J A C J A D 431 fous le lioîïî de confonde dorée. La Jacobée des jardins poiifle à^s [tiges qui s'élèvent quelquefois à la hauteur de cinq à fix pieds -, on lui donne des appuis pour l'empêcher de fe rompre j elle foutient le froid des plus grands hivers , & fe multiplie de bouture. La jacobée de Virginie s'eft naturalifée dans toute l'Europe. Tous les terrains femblent lui être pro- pres j elles croît aufli bien dans les fables les plus arides comme dans \qs meilleures terres , àc fur les montagnes comme dans les vallées. Cette plante eft vulnéraire, réfolutive & déterfive j elle eft propre à appaifer les douleurs des inflammations : prefque tous les Botaniftes recommandent extérieurement la jacobée pour les plaies &c les ulcères invétérés & fordides ; mais elle n^eft guère d'ufage. M. StelUr dit qu'il croît dans la péninfule de Kamtfchatka une efpece de jacobée qu'il déiigne ainfi , iacobua foliis cannabinis : qWq eft, dit-il 3 inconnue aux autres pays. Les Infulaires l'appellent utchïchlei. Quand les feuilles de cette plante font feches _, on les met cuire avec du poilTon , & le bouillon a le même goût que celui de la chair de chèvre fauvage. JACOBIN. C'eft le pigeon à chaperon ou pigeon jacobin. Voye-;(^ Pigeon, JACUA-ACANGA. Nom donné à une très-belle efpece d'héliotrope, & à un magnifique ferpent du Brefil : les Portugais appellent l'un & l'autre feda^ofo : les feuilles de cet héliotrope refTemblent à celles du nepeta ( cataire ) , fes graines à celles du plantain : fes fleurs font bleues & jaunes. Cette plante croît aux lieux fablonneux j. elle efl: eftimée confolidante & réfolutive. Voye^ Giarende. JACURU TU. L'oifeau du Brefil que Marcgrave décrit fous ce nom , eft une efpece de grand duc commun, foyc:^ ce mot. JADE , jade. C'eft une pierre d'un vert pâle ou olivâtre , ou d'un~ bleu blanchâtre, de la nature du filex , plus dure que le jafpe , fufceptible' d'un beau polij faifant feu avec l'acier, huileufe à la vue & au toucher.- On la trouve dans l'île de Sumatra , &plus abondamment dans l'Amérique Méridionale chez les Topayes , nation Indienne établie fur les bords de la rivière des Amazones. Cette pierre n'eft peut-être qu'une agate verdâ- tre , ou un filex d'une tranfparence de cire blanche. Cette pierre a diffé- rentes dénominations. Les Turcs &: les Polonois font un grand cas de cette pierre j fous le nom de jade; ils en ornent fouvent les manches de le-ursfabres , coutelas- & autres inftrumens. 45Î J A D T A G Les Indiens de la Nouvelle Efpagne ont tant d'eftime pour cette pierre^ qu'ils la portent pendue au cou , taillée pour l'ordinaire en bec d'oifeau. On voit dans les cabinets des Curieux des vafes de cette pierre, des talifmans fur lefquelles on a gravé des figures d'animaux, 6c faits par les Indiens. On ignore l'art avec lequel les anciens peuples de l'Amérique ont fu les former & y percer , malgré l'extrême dureté de la matière , des trous quelquefois de fix a fept pouces de profondeur, & fans aucun outil de fer j tandis que nos Ouvriers font obligés de travailler le jade avec l'égrifée , qui eft la poudre de diamant. Au refte ce n'eft pas le feul monument de l'induftrie des premiers Indiens. Bo'èce de Boode -i vanté le jade fous le nom pompeux de /'i^rr^ divine ; d'autres Auteurs, fous le nom impropre de limon vert pétrifié de la rivière des Amazones, Se particulièrement fous celai de pierre néphrétique. Il y a à Paris des gens qui fe mêlent de vendre cette pierre en petites plaques , fous ces différens noms, comme un remède propre à chalfer la pierre du rein , à guérir de la colique néphrétique , de l'épilepiie & de toutes fortes de maladies. Tant de vertus du jade fi vantées , pour ne pas dire exagé- rées , ne devroient , folon Voiture , trouver de partifans que dans un pays où il n'y a pas d'autre remède , bc où l'on doit plutôt attendre du fecours des pierres que des hommes. JAGRA ou JAGARA. Efpece de fucre tiré du tenga ou palmier àcocos. F'oye'^ Coco ou Cocotier. JAGUACINI. Animal du Brefil afTez femblable au renard pour la gran- deur , la couleur & la figure. Sa principale nourriture font les cancres &: les écrevilTes ^ il mange aufil des cannes à fucre , dont il fait un grand dé^at j mais comme cet animal dort fort ôc long- temps on le prend faci- lement. JAGUAR ou JAGUARA. Animal quadrupède du Nouveau Monde, qui relTemble alfez à l'once par la grandeur de fon corps , par la forme &: par la plupart des taches dont fa robe eft femée & même par le naturel. Le fond de fon poil eft d'un beau fauve comme celui du léopard , & non pas gris comme celui de fonce : il a la queue plus courte que l'un & l'autre : lorfque l'animal eft jeune , fon poil eft crêpé , mais lifte lorfqu'il devient adulre. Lorfque cet animal a pris tout fon accroiftement, il eft de la grandeur d'un dogue ordinaire ou de moyenne race. C'eft cependant l'animal le plus JAI JAL - ■ 43.* plus formidable , le plus cruel , c'eft en un mot le tigre du Nouveau Monde. Le jaguar vit de proie , comme le tigre il eft altéré de faiig y mais il ne faut , pour le faire fuir, que lui piéfenter un tifon allumé j & même lorfqu'il eft repu il perd tout courage &: toute vivacité ; un chien feu! fufïît pour lui donner la chaffe. Il n'eft léger, agile, alerte , que quand la faim le preflTe. Les Sauvages , naturellement poltrons , redoutent fa rencontre : ils prétendent qu'il a pour leur chair un goût de préférence , & que quand il les trouve endormis avec des Européens , il refpede ceux-ci , & ne fe jette que fur eux. On dit quelque chofe de femblable du léopard ; mais on prétend qu'il préfère les hommes blancs aux noirs , qu'il femble les connoître à l'odeur , de qu'il les choifit la nuit comme le jour, JAîRAM. Foye^ Ahu. JAKAMAR. Oifcau regardé par quelques-uns comme une efpece d'al- cyon à longue queue. 11 eft naturel aux Berbices ôc à Cayenne. Foye^ Jacamar. JAKANAPE. Foyei Singe du Cap Vert. JALAP. Plante dont la racine , en ufage en Médecine , eft une efpece de convolvule d'Amérique , convolvulus Americana j jalappa dicîa. Cette racine eft en forme de navet , groiTe comme le poignet , empreinte d'un fuc laiteux , 5c nous vient dans le commerce de la Droguerie en tronçons eu rouelles defléchées, grifes-brunâtres extérieurement, grifes- blanchâtres en dedans , & fujettes à être vermoulues. C'eft un aftez bon purgatif , quoique quelques uns le regardent comme trop fort : il convient très- bien à certains tempéramens : il a l'avantage de n'avoir point d'odeur défagréable & de purger à une petite dofe : il évacue à merveille les féro- fités. On extrait delà racine du jalap , par le moyen de refprit de vin, fa partie réfineufe qui eft très-purgative. La plante du jalap n'eft point une belle de nuit comme on l'avoir cru. P'oyeii Belle de nuit, JALOUSIE, 73'^;^^'^'z'^i eft l'amarante de trois couleurs ou trîco/oy ^ qu'on cultive dans les jardins à caufe de fa grande beauté : {e% feuilles font faites comme celles de la blette \ mais elles font colorées ou comme enluminées de vert , de jaune & d'incarnat. Les enfans font de la tige de cette plante des tuyaux , dont ils fe fervent pour produire une manière de fon ou d'harmonie j c'eft d'où lui vient (on nom latin. Foyer Ama- J^^ivNTE & TriCOLOR, 4M • J A M J A N JAMBOA. Ceft le citron des Philippines. JAMBOLOM. Efpece de myrte Indien , dont le fruit refTemble à de grofTes olives : on le confit au vinaigre pour exciter l'appétit : le goût en €ft fort âpre. Foye:^ MyRthe. JAMBON. Foye^ Mélochia. JAMBON ou JAMBONNEAU , perna. Efpece de coquillage bivalve, du genre des moules triangulaires : les bords de fa coquille font plus épais du côté qu'elle s'ouvre que vers la charnière : cette coquille eft toujours couverte de boue : on en voit dans les lieux où la mer a flux êc reflux : celles de la Chine tirent fur un rouge fort vif , d'où leur vient le nom ridicule de jambonneau : la chair de ce coquillage eft tendre êc aifez bonne à manger : ceux qu'on trouve dans des endroits à l'abri du vent, font meilleurs que ceux qui vivent dans des eaux continuelle- ment agitées. M. Adanfon , qui fait un genre particulier de ce coquillage bivalve , dit que le jambonneau vit attaché aux rochers , aux plantes marines & â d'autres corps folides du fond de la mer. La coquille appellée jambon cft aulîi une efpece de pïnne marine. Voyez ce mot. JAMBOS J eft le fruit d'un arbre des Indes , que les Portugais ont nommé jambeyro. Ces fruits font appelles par les François établis aux Indes , jambes rofades ; par les Malabares &: les Canarins , jamboli ; par les Arabes , tupha Indï ; par les Perfes , tuphat ; par les Chinois , ven-ku , & par les Turcs , aima. On. en diftingue plufieurs fortes , dont les meil- leurs ont une odeur de rofe ^ les uns avec un noyau , d'autres fans noyau. Ils fe mangent à l'entrée du repas comme le melon. L'arbre qui les porte n'eft jamais fans fleurs & fans fruits : les uns & les autres fe confifent au fucre : leur noyau eft gros comme celui d'une pêche : les feuilles font un très bel ombrage j & les fruits , dont le fol de cet arbre eft continuelle- ment jonché, forment un afped charmant. JANAKA, eft un animal connu &c terreftre du pays des Nègres en Afrique. Dapper dit qu'il eît de la groffeur d'un cheval , mais plus court & plus gras : fon cou eft afl^ez long , roufîâcre & moucheté de blanc : ii £iit de grands fauts en marchant ; fes cornes font aulîi longues que celles des bœufs. Il y a encore deux autres fortes de ces animaux qui font plus petits,' Se qu'on appelle cilla-vandoh : ils font de la grofteur de nos cerfs : ils ont, dit- on, aux côtes, ainfi que la précédente efpece , des velîies qui leus JAN JAÎ^ 455 fervent de magafin d'air , ôc qui les empêchent de fe laffer loifqu ils courent ou qu'ils fautent. JANDIROBE. Herbe rampante des parties méridionales de l'Amc- rique , dont le fruit relTemble à la poire de coing : la chuir eft blanche , &c contient trois amandes dont on tire une huile jaune , qui eft d'un grand fecours dans quelques contrées pour frotter les corps dans les douleurs qui viennent du froid. JANG. Animal de îa Chine qui fe trouve dans les montagnes de la province de Nankin : fa forme eft celle d'un bouc j fon nez & fes oreilles font très-vifibles ; mais on a beaucoup de peine à découvrir fa bouche , tant elle eft petite Se cachée. JANIPABA ou GENIPANIER , gen'ipa fruclu ovato. Plum. & Barr; Eft un arbre fingulier du Brefil , qui change de feuilles tous les mois. Il devient grand : ies fleurs font blanches & campaniformes. Il porte des fruits femblables à l'orange & remplis de graines. Ce fruit étant vert^ a une faveur amere ; mais étant mûr , il devient jaune en dehors & en dedans : fa faveur eft alors bonne , d'un goût de poire de coing , & fô fond dans la bouche ; fon jus eft clair comme de l'eau , & quoique blanche d'abord , il devient noir enfuite , & les Sauvages s'en fervent pour fe colorer la peau lorfqu'ils vont à la guerre , pour paroître plus effroyables à leurs ennemis. Les femmes du pays peignent auflî avec et fuc leurs maris en noir, quand ils font las de la couleur rouge. Cette même ceinture portée fur de l'étoffe , ou du papier , eft d'abord ineffaçable ; mais elle fe détruit d'elle-même vers le neuvième jour. Ce jus peut aufïi fervir d'encre pour écrire. JANOVARE , eft un animal de l'Amérique , grand comme un chien mâtin , & fort lefte à la courfe j fa tête eft étroite, fa queue fort ample 5 il a les oreilles courtes , le cou gros & long , les pattes d'un chien : la couleur de fon poil eft d'un roux jaune , cendré. Le janovare attaque toutes les bêtes féroces moins fortes que lui. Ceux qui habitent les forêts en redoutent beaucoup la fureur j car quand ils le pourfuivent , s'ils man- quent de le tuer , ils courent rifque de leur vie. JAPU ou JUPUJUB A. Oifeau du Brefd de la forme de la grive : il a le plumage noir & une tache jaune au milieu de chaque aile j les jambes 5c les pieds font noirs , le bec citron , les yeux fort bleus : {on nid eft compofé de gramen , de crins de cheval 3c de poils de cochon : il lui donne 1 • • • . lu Ij 43^ J A Q J A S la figure d'une gourde étroite par !e haut, & le pend ordinairemôilt ,au bout des plus petites branches des arbres près des habitations : par cette adrefle fes œufs & fes petits foat à l'abri de la rapine des linges. Le japtl eft une efpece de cajjlque du genre des troupiaks. Voyez ce mot. JAQUETTE-DAME. Nom donné à la pie-agace ou pie-grièche. Voye-^ au mot Pie, JARARA. Dans le Brefil on donne ce nom à différentes fortes de cou- leuvres longues de cinq pieds , ôc qui font aufli venimeufes que la vipère d'Efpagne. Leurs dents , où eft le plus dangereux venin , font cachées dans la gueule : ce venin eft jaunâtre j il fait mourir les hommes les plus ro- bulles en vingt-quatre heures. Les morfures ont un doigt de profondeur : le remède eft d'écorcher l'animal qui a mordu, lui oter la queue , la tête Se les inteftins , & faire cuire fa chair dans de l'eau d'une racine appellée junba j avec du fel , de l'huile , du poireau , de l'anis , & d'en donner au malade à manger. . Ces fortes de couleuvres multiplient beaucoup. Ray dit qu'on en a ouvert qui portoient treize matrices. JARGON. C'eft le nom particulier qu'on donne à une forte de criftal |aune ou blanc du Brefil : il eft moins dur que le véritable diamant blanc 5 ibuvent même il n'a pas la dureté du criftal de roche. Le jargon mis en CEUvre & vu de près a beaucoup de jeu , mais il le perd vu à une cer- taine diftance : le diamant au contraire garde tout fon éclat. Néanmoins le jargon eft une pierre dont bien des Labidaires abufent envers certaines perfonnes , & il devroit être prohibé. Ce font des Nègres qui lui don- nent la forme plate qu'il a, au moyen de la poudre d'éméril &: d'une roue 4e bois dur. On donne aufîî le nom de jargon d* Auvergne à de petits criftaux, frag- jnens de grenats &: d'hyacinthe brillans, qui fe trouvent dans le ruiffeau d'Efpailly , près du Puy en Vêlai. • JARS , eft le mâle de l'oie , comme le coq eft le nom du mâle de la poule, \yoye'^ Oie. JARSETTE , eft le petit héron blanc. Foye^ à l'article Héron. JASEUR. Nom donné à un oifeau de la groffeur d'une très-petite tour- terelle : fon plumage eft cendré fous le ventre , plus foncé fur le dos j la tête eft ornée d'une huppe aurore, le deffous de la gorge eft noir, \qs ailes 6c le bout de la queue fouç noirâtres , jaunâtres ^ blanchâtres. Tel JAS 457 <Êlt le jafeur de Bohême j homby cilla Bohemlca j il fe nourdt principale^ ment de raifins &: de baies de genièvre : c'eft le geai de Bohême à' Albin : il y a aufli le jafeur de la Caroline. JASMIN , jafminum Cetce efpece de plante , ainfi nommée du mot hébreu famin , qui fignifie parfum , eft diftingoée en plulieurs efpeces. Il y a des jafmins robuftes qui réfiftenc très-bien en pleine terre j tels font le jafmin bLnc ôc deux efpeces de jafmins jaunes ; mais il y en a d'autres qu'on ne peut conferver que dans les ferres. Les fleurs de jafmin font en forme de. tuyau , divifées en cinq pièces ovales , &c renferment deux étamines & un piftil : il leur fuccede des baies ovales qui contiennent deux petites femences. Les feuilles du jafmin font de figures très-différentes dans les différentes efpeces j mais elles font prefque toujours oppofées fur les branches , ôc le plus fouvent compo- fées de folioles , qui font rangées par paires , de attachées à un filet com- mun terminé par une feule feuille. he Jafmin blanc ^ jafminum vu! gatius flore alho ^ eft un arbriffeau far- menteux propre a couvrir ou former des berceaux charmans : dans le mois de Juin il eft orné d'une multitude de fleurs blanches , qui ont Todeur la plus fuave : cette odeur eft fi délicieufe qu'on a tâché de la tranf- porter dans différens fluides. Ces fleurs ne fourniffen: point d'eau odo- rante par la diftillation : ainfi ce qu'on appelle ejfence de jafmin , qu'on nous apporte d'Italie &: de Provence , n'eft qu'une huile de ben aroma- tifée par les fleurs de jafmins. Pour cet effet, on imbibe du coton d'huile 'de ben , &: on difpofe ce coton lits par lits , en les entremêlant de lits de fleurs de jafmin j le coton s'imbibe de l'odeur. On en exprime enfuite l'huile 5 qui alors eft fort aromatique & conferve affez long-temos cette odeur , pourvu que les flacons foient bien bouchés. On peut , en s'y prenant à-peu-près de même, faire contrader aufucre une odeur de jafmin. Pour faire acquérir à l'efprit-de-vin cette odeur de jafmin , qu'il n'acquer- roit point même par la diftillation , il ne s'agit que de verfer de l'efprit-de- vin fur l'huile de ben aromatifée , &: enfuite agiter le mélange \ l'odeur de |afmin abandonne entièrement l'huile graffe & paffe dans l'efprit-de-vin • mais celui-ci laiffe échapper cette odeur avec la plus grande facilité. Les jafmins fe multiplient aifément de marcottes de de drageons enra- cinés & même de bouture. On peut multiplier les efpeces rares en les greffant fur les jafmins communs ; c'eft ainfi que les Génois nous four- lûffeut beaucoup de jafmins d'Efpagne jaunes & blancs ^ dont l'odeur eit fi "J- 43s- J A s fiiave , Aq.% jafmïns d'Arable 3c des Adores ^\q jafmin Zamhac ou àfeulîteS d'orangers : ils les greffent en fente. Les fleurs du jafmin blanc font bcchiques : on prétend que fes feuilles appliquées en cataplafmes , amolliffent les tumeurs fquirrheufes : prifes en décodion , elles font narcotiques anodines. L'on nous apporte aufli d'Amérique une plante fous le nom de qua- moclit ou àe jafmin rouge ; c'eft une efpece de convolvulus ou de lifcron. Le jafmin de Virginie , plus connu fous le nom de bignonia , eft far-»' menteux & grimpant, par conféquent très-propre à couvrir des murailles & à former des tonnelles : il s'élève très haut , & produit une grande fleur, qui dure depuis la fin de Juillet jufqu'au commencement des gelées. Autant cette plante fe dégirnit par le pied , autant fa tige eft touffue, X^'arbre du café eft aufli , félon quelques Auteurs , une efpece àQ jafmin ; mais M. Delew^e dit que depuis que la méthode eft perfectionnée , on a reconnu qu'il étoit de genre & de claffe différente. Poye^ Café. JASPE , jajpis. Le jafpe eft ou un caillou de roche fîmple ou une efpece de pétro-filex dur ôc indeftruétible , de différentes couleurs , peu ou point tranfparent , à caufe de la grofliéreté de (qs parties colorantes , faifant feu avec l'acier , fufceptible d'être travaillé & poli : on en diftingus plufieurs fortes , favoir ; Le jafpe d'une feule couleur : il y en a peu de blanc , mais beaucoup de jaune , de rouge , de vert , de bleu & de noir : celui qui eft vert acquiert au feu la propriété de reluire dans l'obfcurité : on croit , mais à tort, que le lap's la^uli j autrement àït pierre d'a:iur , eft un jafpe bleu. F'oye:^ Lapis» lazuli. Le jafpe fieuri , ou fioride , eft compofé de plufieurs couleurs , quî quelquefois font mêlées enfemble, ce qui fait chatoyer la pierre : quand çUes font diftindes &: féparées , cela fait paroître la pierre panachée & mouchetée de différentes couleurs. Il y a du jafpe fleuri de toutes les cou- leurs , c'eft-à-dire , où l'on remarque une couleur dominante , ce qui faie dire jafpe fleuri rouge ou jaune , &:c. Celui qui eft fleuri de blanc &c vert à taches noires , s^p^qWq jafpe ferpentin. Le jafpe fanguin , fi vanté des Auteurs , eft un jafpe dont le ïonà opaque ôc vert eft rempli de taches rouges : s'il eft moucheté en jaune j, on l'appelle j&fpe panthère. Le jafpe térébenthine eft le jafpe jaune de Rochlitz. ^e jafpe héliotrope ^ non moins vanté que le précédent;» eft verd^tre d? J A s 43^ bleuâtre , parfemé de points rouges : quelques peifonnes trop faciles à perfuader portent ces jafpes en amulettes , pour brifer la pierre du rein & fe préferver d'épilepfîes , d'hémorragies , ècc. Ces vertus font, dit-on , occultes , magnétiques Ôc aftrales. Le jajpe agate femble erre un filex plus cpuré , moitié opaque & moitié demi-tranfparent : félon la pureté 6c l'arrangement des veines de ce jafpe , on le nomme jafpe chalcédoine , ou jafpe-onix ^ ou agate jafpéc , ou jafpe camée. Le jafpe unïverfel eft compofé d'une grande va- riété de couleurs. Les jafpes ont un poli plus ou moins éclatant , félon la finefTe ou l'homogénéité du grain qui les compofe. Le caillou d'Egypte , dont la pâte eft toujours fine, n'eft qu'un jafpe à fafcies d'une couleur brune 6c fort opaque. Voye-^ Caillou d'Egypte. On trouve rarement le jafpe par couches ou lits, plus communément il forme des veines dans les écartemens des rochers j on en trouve auflî en morceaux de différentes grofleurs , arrondis , & qui ont été roulés dans les torrens. C'eft dans les Indes que l'on rencontre les plus beaux jappes 5 ils font plus durs , plus purs j ils prennent mieux le poli , les couleurs en font plus vives : on en rencontre aullî en Bohême , en Saxe , en Suéde, en Sibérie , en Angleterre , en Italie , en France : nous en avons trouvé dans les Pyrénées & dans la foret de l'Efterelle en Provence , ainfi que dans l'Auvergne. Plus nous examinons le jafpe, & plus nous le regardons comme un pétrofilex endurci. Il y en a qui relfemble à du bois veiné de jaune & de vert-^brun : on l'appelle jafpe bois veiné ^ il eft commun dans le Duché de Deux-Ponts &: dans la Paleftine. Les pierres précieufes ne font pas les feules pierres qu'on met en ufage pour le luxe : toutes les efpeces de jafpes fervent depuis long-temps à la parure j on en forme des ornemens qui font très- agréables, fur- tout quand dans l'aftemblage de plufieurs petits morceaux de cette pierre l'on fait entrer quelques fragmens de jade , ou d'agate , ou de criftaux , & que le difcernement y piéfide dans l'oppofition des couleurs. Les jafpes ont été de tout temps la pierre fur laquelle le cifeau des plus habiles Sculpteurs s'eft exercé. La gravure , art aufli perfedionné de nos jours qu'il l'étoit du temps des Romains &: des Grecs , relevé beaucoup la beauté de cette pierre opaque dans les bijoux qui en font faits, tels que des cachets, des bagues , &:c. Prefque tous les Anciens avoient chacun leur cachet de |afpe , fiir lequel écoienc repréfencées quelques figures. Aujourd'hui l'on 440 J A T J A Y - fait des vafes , des delTus de tables ôc de petites ftatues de jafpe. Foye:^ les articles Silex , Agate & Caillou. JATARON. M. Aianfon donne ce nom à un genre de coquillage bi- valve connu fous celui de vieille ridée ^ coucha rugofa, JAV^ARIS. Efpece de pourceau fauvage qui fe trouve dans l'île de Ta- bago & au Brefil : il eft femblable en tout au tcjacu. Voyez ce mot. JAVELOT. Foyci Acontas. JAUCOUROU. Foye^ Serpent-fétiche. JAUNE DE MONTAGNE. Ceft l'ocre de fer jaunâtre. A l'égard du jaune de Naples , on prétend que c'eft une terre que l'on colore avec la décodion de la gaude : d'autres aiïurent que c'eft une préparation d'an- timoine. JAUNE D'CEUF. Efpece de prunier de la Guiane , qui paroît être le même que le ruema des Indiens, & que le lucuma qui eft cultivé dans le Jardin du Roi: cex. arbre eft très-beau, très-élevé , fort droit & touffu: fes racines font longues &: profondes. Son écorce eft gerfée d'un vert- grisâtre. Ses feuilles font alternes , vertes & nerveufes. Son fruit a la figure d'un cœur arrondi, applati par les deux bouts. Son diamètre a trois pouces dans fa largeur & environ deux dans fa longueur. Sa chair qui eft mollafle , douceâtre , d'un blanc fale , & couverte d'une peau fort mince , renferme au milieu deux ou trois noyaux de figure ovoïde & de couleur jaunâtre; ce qui lui a fait donner le nom do. jaune d'œuf. Ce fruit eft fi nourriftant , que deux perfonnes exilées fur le grand Ilet pour avoir tramé une confpiration , & condamnées à y mourir de faim , y vé-. curent pendant trois mois , nourries de ce feul fruit , & en meilleure fanté qu'elles n'y croient arrivées : c'eft dommage qu'un tel fruit fafte tomber les peaux de la bouche quand on en mange, mais par rhabitude, il ne produit plus le même effet, JAVOT. Foye^ Gaeot. JAYS ou JAYET, gagates ^ lapis Thracius aui fuccinum nigrum. Eft uns efpece de bitume foffile très -noir, qui a une confiftance & une dureté fuftifante pour être taillé &: poli. Ce bitume eft fec, uni 6< luifant dans fes fradiues, il s'enflamme promptement dans le feu & y exhale une va- peur noire & très-forte : étant frotté, il répand une odeur charbonneufe ou de pilfafphalte , & il acquiert la propriété d'attirer le papier , la plume, la paille, ^e. Le jayet, quoique compade , eft léger , il nage fur Teau ; Où ne le ucuve point par couche? inclinées comme le charbon de terr^ , 1 B I 441 ni à des profondeurs confidérables , mais on le rencontre pac ma^Tes dé- tachées ou par moixeaux de différentes grolTeurs dans la terre : le toit qui le couvre immédiatement eft prefque toujours enduit d'une eftlorefcence vitriolique , quelquefois accompagnée de pyrites ou de foufre , & de fubftances qui ont évidemment le tiiïu ligneux. D'après les obfervations que nous avons faites fur ce bitume , tant en Irlande qu'en Wirtemberg & dans le Duché de Foix, nous fommes portés à croire que le jayet a la même origine que le charbon de terre, le fuccin , le naphte , &c. Peut- être neiï-ce qu'une pétrole qui a fubi l'évaporation par une chaleur fou- terraine , &c qui s'eft endurcie dans l'état où nous voyons le jays. Le jayet eft plus pur que le charbon de terre. C'eft en Wirtemberg qu'on travaille la plus grande quantité du jayet qui eft dans le commerce : on en fait de!^ pendans d'oreilles , des brace- lets , des bijoux de deuil , des boîtes 8>c d'autres ornemens femblables , qui reçoivent un alfez beau poli : le jayet eft Vambre noir des boutiques, & peut-être Vagate noire d'Anderfon. IBIBOBOCA. Nom que les Brafiliens donnent à un genre de ferpent de leur pays , que Linnaus appelle coluber fcutis ahdominalihus 160 j fquammis caudalibus 1 00. Les habitans eftiment beaucoup ces ferpens , non-feulement à caufe de la beauté merveilleufe de leur robe , qui ref- femble à une broderie faite à l'aiguille , & nuancée de diverfes couleurs ; mais aufti parce qu'ils ne font du mal à perfonne, quoiqu'armés de bonnes dents, & que d'ailleurs ils mangent les fourmis, qui font fi incommodes dans ce pays par les dégâts qu'elles y font j & enfin parce que leur chair fournit un mets exquis. On prétend cependant qu'il n'y a que ceux de la petite efpece qui ne font point dangereux \ les Brafiliens & les Portugais difent même que le grand ibiboboca qu'ils nomment huilkanuilia ^ livre bataille à tous les animaux qu'il rencontre , &; il s'entortille autour de leur cou avec tant de force , qu'il les étrangle. Lorfque des hommes le rencontrent à l'im- provifte, & qu'ils montent pour l'éviter fur le premier arbre prochain , ce gros ferpent embralfe alors cet arbre , & le ferre au point qu'il rompt fon propre corps , & qu'il en meurt. On affure que les ibibobocas de la pe- tite efpece bâtilTent dans les lieux fauvages des retraites difpofées par étages , &C avec beaucoup de fymétrie. Ces domiciles font faits comme les fours de Boulangers : l'appartement le plus grand eft dans le milieu du corps de l'édifice , & il eft deftiné pour un ibiboboca de la grande efpece. Tome III, • Kkk 44^ I B I qui leur tient lieu de Roi. La morfure de l'ibiboboca ne fait pas mourir fur le champ. On fe fert dans le pays de la poudre d'une plante uppellée nhambus y étendue dans le fac des feuilles du caapéha , qu'on fait diftiller fur la plaie j par ce moyen on en guérit. On prétend que Vibiboboca eft le cobra de coral des Portugais. IBIJARA. Efpece d'amphisbene du Brefîl , nommé aufli bodety-cega ou cobra de las cabecas par les Portugais. Ce ferpent eft de la groflTeur du petit doigt & très-court j fa couleur eft blanche & chatoyante comme de la pyrite de cuivre j fes yeux font prefqu'imperceptibles ; fa morfure eft un poifon dangereux &c même mortel : les Portugais aft^urent qu'il n'y a point de remède à fon venin. Ce ferpent vit fous terre & fe nourrit de fourmis & de cloportes. IBIJAU. Oifeau de nuit du Brefîl : c'eft le no'uibo des Portugais , & le tette-chevre des Américains. Voye^ Tette-chevre. IBIRACOA. C'eft un ferpent du Brefîl très-redoutable : (on venin eft fi violent, que celui qui en eft mordu jette abondamment le fang par les yeux, les oreilles, les narines, le gofier , &: auffi par toutes les parties bafles de fon corps , & il meurt bientôt après. On diftingue trois efpeces d'ibiracoa , qui ne différent que par la bigarrure de leur peau , qui eft ad- mirablement bien nuancée. IBIRAPITANGA. C'eft l'arbre qui donne le bois de Brefîl. Voyez ce mot. IBIS. C^eft un oifeau de l'Egypte , du genre du courly , & que la plu- part des Auteurs ont confondu avec la cicogne \ mais l'ibis eft plus petit j il a le cou & les pieds plus longs à proportion j fon plumage eft d'un blanc fale, &: un peu roufsâtre prefqae par tout le corps : les grandes plumes du bout des ailes font noires : tout le tour de la tête eft dégarni de plumes , mais revêtu d'une peau rouge &: ridée : fon bec eft gros à fon origine , coupé par le bout , recourbé en deftous dans toute fa longueur & dans fes deux parties , &: de couleur aurore : les côtés du bec font tranchans, durs, capables de couper les lézards, les grenouilles, ô<: particulièrement lesferpens dont ii fe nourrit : c'eft pour cela qu'anciennement les Egyp- tiens lui avoient dreftc des autels. Us avoient mis l'ibis au nombre dts animaux qu'ils adoroient comme des Dieux tutélaires : ils l'embaumoienc après fa mort. ( Nous avons vu plufieurs de ces momies d'ibis dans le Muf&um de Londres ). Quiconque en tuoit un volontairement , étoit puni de mort. On repréfente quelquefois la déefle Ilis avec une tête d'ibis. Le ï B 1 I C H 443 bas des jambes de l'ibis eft congé , écailleux : cet oifeaii bâtit fon nid fur les palmiers les plus hauts. L'ibis a cela de particuliei- , qu'il ne boit ja- mais d'eau qui foit trouble : c'ell pour cela que les Prêtres Egyptiens fe pu- rifioient ordinairement avec l'eau où ces oifeaux avoient bu. On a pré- tendu que les hommes dévoient à cet oifeau l'invention des lavemens , parce qu'il fe feringue d'eau falée avec fon bec , lorfqu'il a befoin de ce remède j mais ce fait paroît douteux. On prétend que la chair de l'ibis ne fent pas mauvais , quoiqu'on la garde long-temps après la mort de l'oifeau : elle eft rouge comme la chaic du faumon. L'ibis noir, vu de près, paroît d'un bleu verdâtre mêlé d'un peu de pourpre ; des Auteurs veulent que ce foit une efpece de courlis. Voyez ce mot. Quoiqu'on dife que l'ibis ne vit pas dans notre pays , on en a cependant nourri un pendant pluHeurs mois à Verfailles. M. Perrault en a donné la defcription anatomique dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris. ICAQUE , eft, dit-on , un prunier des îles Antilles , dont le fruit eft aftez femblable à notre prune de damas. Les Sauvages en font tant de cas, que vers le temps de fa maturité on fait la garde avec des armes , pour em- pêcher que les vagabonds voifins n'en viennent cueillir: on appelle auflî ce fruit prune des anfes. M. Deleu^e dit que c'eft le chryfobal.mus de M. Linn<£us : genre qui diffère du prunier , en ce que les étamines font at- tachées au réceptacle, &c que le noyau eft creufé de cinq filions. ICHNEUMON ou MANGOUSTE , vulgairement appelle Rat de Pharaon ou Rat d'Egypte , mus Egypti, C'eft un petit quadrupède di- gité 5 du genre des belettes , qui fe trouve abondamment en différentes contrées , notamment en Egypte , &c dans les montagnes qui féparent l'Arabie d'avec l'Egypte : Çon nom arabe eft te^er-dea. ( 11 ne faut pas con- fondre cet animal avec le gerbuah j qui eft le rat fauteur de montagne ou d'Egypte , & qui paroît être la gerboife :■ voyez ce mot. ) La longueur de l'ichneumon parvenu à toute fa grandeur, & mefurée depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue , eft d'un pied neuf pouces , celle de fa queue de plus d'un pied a donné en 1771 la defcription d'un ichneumon mâle de Bengale , qui a vécu chez lui pendant un an. Il étoit extrêmement fami- lier , fe lailfoit manier comme un petit cliien , &c en jouant il prenoit le doigt dans fa gueule fans jamais mordre : le foir il dormoit couché dans la robe de chambre de notre Naturalifte ; dans le jour il dormoit fouvent, ayant la tête , la queue ôc les pattes cachées fous fon corps en demi-boule, ou en la manière d'un hériflon. Son poil éioit femé dru, noir pâle près du corps j fous le mufeau , la poitrine & le ventre d'une légère teinte oli- vâtre avec des taches noires irrégulieres par-tout , excepté au ventre. Son aliment ordinaire étoit toute forte de viande bouillie ou rôtie , mais le mouton par préférence. Il refufoit de manger du pain ; il étoit fore friand de cerifes , de prunes , d'autres fruits ainfi que d'œufs : il buvoit beaucoup. Un jour lui ayant lâché un moineau dans fa cage qui étoit très- fpacieufe , il le failit promptement de parut le manger avec plaifir. Fort fouvent il folâtroit dans l'eau de fon baquet , de y tournoit de même qu''un chien pour attraper fa queue. Ennemi de la faleté , fon corps étoit tou- jours propre , ôc pour fatisfaire à fes befoins , il fe mettoit toujours à un même endroit derrière fa cage: fa -fiente étoit liquide, noire 6c fort puante ainfi que l'urine. Il pouiroit un cri perçant comme un oifeau : au premier afped d'un petit chien , il grommeloit & fouffloit comme un chat. Sur la fin de l'hiver le poil lui tomba de la queue , qu'il mordoit continuellement. Cet ichneumon de Bengale avoit vingt & un pouces ôc un quart de longueur , mefure du Rhinland , la queue feule avoit neuf pouces : il avoit les yeux bleus avec un beau cercle orangé , les oreilles minces & rondes , dépalTant un peu le poil de la tête j le nez petit, fans poil , noir & ouvert en devant ^ la langue longue , arrondie par le bout & rude au toucher y la mâchoire fupérieure armée de fix dents incifives , une défenfe de chaque côté , enfuite trois dents canines Ôc deux dents ï C H 447 molaires; la mâchoire inférieure a auflî fix dents incinves , de chaque côté une grofTe défenfe , enfuite quatre dents canines de trois ou quatre mo- laires j la queue fort épailTe près du corps , va en aminciffant avec le poil fe terminer en pointe fine; les pattes, tant antérieures que poftérieures, font armées de quatre ongles, &: un peu plus haut, du côté intérieur d'un ergot , les deux du milieu font les plus longs , &c comme joints en- femble jufqu'à la première articulation par une petite membrane; la plante des pieds eft nue ôc noirâtre ; les tefticules font fort gros à proportion de la verge, qui eft très-petite. M. de F'ofma'er na point trouvé l'ouverture ou la bourfe au deffus de l'anus dont parlent divers Auteurs. Uichncumon d'Amérique, ow y^quiep ad ^ ou ^z/^jy'é des Américains, ref- femble un peu pour h figure &: les mœurs à celui du Ceylan. M. de Vofmaér foupçonne que c'eft un putois. Ces animaux ne peuvent fupporter le froid j ils dorment toujours le jour &: veillent pendant la nuit. Ceux qui defireroient de voir les figures de l'ichneumon & de l'hippo- potame aux prifes avec le crocodile réunies dans une même fculpture , peuvent aller aux Tuileries examiner la ftatue qui repréfente le Nil fous la figure d'un vieillard couronné de laurier, à demi-couché & appuyé fur fon coude, tenant une corne d'abondance : il a fur les épaules, fur les hanches, aux bras, aux jambes & de tous les côtés de petits garçons nus au nombre de quatorze : cette troupe d'enfans , placés ainfi , les uns plus bas , les autres plus haut , fur le Dieu du Nil , font les fymboles des diffé- rentes crues du Nil , qui font de quatorze coudées , & en même temps fi avantageufes à la grande fertilité de l'Egypte. Sur le lit de marbre de ce beau groupe copié fur l'antique fe voit aufîî le lotus j plante dont les Egyptiens font une forte de pain ou de galette : enfin on y voit Xïhh ^ Xich- neumon j le papyrus ^ &c. ICHNEUMONES (mouches). Ce nom à'ichneumon ^ qui fut donné originairement par les Egyptiens à l'animal quadrupède que nous venons de décrire, & que ces Peuples jugèrent digne de leur adoration à caufe du fervice qu'il leur rendoit en caflant les œufs de crocodile , a été tranf- porté par les Naturaliftes à un genre entier de mouches vives & hardies qui ne vivent que de chalfe , & dont plufieurs nous rendent de très-grands fervices , ainfi que nous aurons lieu de le voir. Ces mouches font armées de deux fortes dents ; elles ont quatre ailes : leur ventre ne tient à la poi- trine que par un filer très-fin. Elles ont d'alTez longues antennes qu'elles 448 I C H agitent continuellement *, ce qui les a fait nommer auflî mouches à an- tennes vibrantes : ce caradiere frappant les fait aifément diftinguer des au-» très efpeces de mouches. La chalfe favorite des iclineumones ell celle qu'elles font aux araignées , fur lefquelles elles tombent comme des vau- tours. Il feroit inutile & prefqu impoflible de parcourir toutes les différentes efpeces de mouches iclineumones. 11 fuftit de favoir que leur nombre efl: prodigieux , qu'il y en a de toutes les grandeurs, depuis celle de la mou- die demoifelle jufqu'à celle du plus petit moucheron. La plupart des mou- ches ichneumones ont la même forme ^ leur ventre eft féparé de la poi- trine par un filet , ainfî que nous l'avons dit. De ces mouches ichneu- mones , les unes n'ont point de queue apparente \ d'autres en ont, & fou- vent de très-longues. Ce font les femelles des ichneumones qui font pourvues de ces queues, qui renferment une efpece d'aiguillon , ou plutôt une véritable tarière capable de pénétrer les chairs les plus compares , &: quelquefois aufîi le ciment , en un mot, des corps qui ont la dureté de la pierre. Les unes portent cet inftrument renfermé dans le corps , les autres le portent tout entier au dehors ; ce qui fait que même quelques ichneumones femelles n'ort point ces queues apparentes. Lorfqu'une mouche ichneumone eft preflée du befoin de pondre fes œufs , elle va fe pofer fur une chenille ou fur un ver, dont le corps eft quelquefois plus grand que le fîen. L'infeéle a beau s'agiter, fe tourmen- ter , la mouche enfonce fa tarière , & coule un œuf au fond de la petite plaie qu'elle vient de faire : la chenille en reçoit de cette manière vingt ou trente , fiiivant que la mouche eft plus ou moins petite; car les mou- ches plus grofTes n'en mettent qu'un ou deux , fuivant la force des vers oui doivent naîtrt de ces œufs. D'autres mouches ichneumones fe contentent de coller un ou plufieurs œufs fur le corps de la chenille \ les vers ou larves fortent toujours par la pointe de l'œuf qui touche immédiatement le corps de la patiente , & s'y enfoncent. Ils y trouvent leur nourriture à l'inftant de leur naifTance , car ils fe nourriftent du corps même de la chenille. La ftrudure de la tarière de cqs mouches ichneumones eft très- curie ufe; on l'obferve aifément dans les mouches à longue tarière. Cette queue que l'on avoit prife autrefois pour un ornement , ou comme quelque chofe de propre à diriger leur vol , eft compofée de trois filets , dont les deux collatéraux I C H 44^ collatéraux font cteufés en gouttiete , & fervent d'étui pour contenir une tige ferme, folide , dentelée par le bout, le long de laquelle règne une cannelure qui effc le canal par lequel l'infede fait defcendre l'œuf. Ces mouches à longues tarières s'attachent aux endroits où elles reconnoilïent les nids de guêpes ou à' abeilles maçonnes _, foit qu'ils foient placés dans le bois , ou qu'ils foient conftriiits de mortier ou de fable \ elles fe placent fur ces nids , &: en faifant faire plufieurs demi-tours à droite &: à gauche à leur tarière , qu'elles foutiennent avec leurs pattes de derrière de peur qu'elle ne rompe , elles pénètrent dans le fond du nid , & y dépofent un ou plufieurs œufs , d'où doivent naître des vers qui mangeront ceux pouc qui l'abeille ou la guêpe avoit pris tant de précaution , afin de les mettre à l'abri de tous ennemis. Il y a des mouches ichneumones fi petites , & qui ont une tarière fi forte , qu'elles percent les œufs de papillon & y dépofent leurs œufs : on voit avec furprife fortir d'un tas d'œufs de papillons une multitude de pe- tites mouches. La chenille qui recelé dans fon corps un fi grand nombre d'ennemis , n'en paroît pas d'abord fort incommodée. Lorfqu'on vient à ouvrir cette chenille, ou trouve toutes les parties intérieures entières, ce qui donne lieu de penfer que ces vers n'attaquent point les organes de la vie, qu'ils ne pompent que les liqueurs ou fucs nourriciers qui fervent à l'entretien & à l'accroifiTement de la chenille , mais qu'ils les corrompent &: qu'ils les empoifonnent par leur féjour. On voit avec étonnement au bout de quel- ques jours, auprès du cadavre de la chenille, quelquefois une vingtaine ou trentaine de petites coques de foie d'un beau jaune , ou de quelque autre couleur Ce font les vers des ichneumones qui fe font filés ces coques pour fubir leur métamorphofe. Les mouches ichneumones font quelquefois périr un très grand nom* bre de chenilles : on en a eu la preuve dans l'automne de l'année 17;! & le printemps de ly^i.Ces années furent fi favorables aux chenilles, que leur multiplication donna de juftes inquiétudes. Le Public en fut alarmé, & les Magiftrats y apportèrent par de fages réglemens tout le remède que la prudence humaine pouvoir fuggérer. Mais ce qui faifoit multiplier ainfi les chenilles , fit aufll multiplier dans la même proportion les mangeurs de chenilles. Les trois quarts & plus àès chryfalides que l'on ouvroit, ( car il eftbon d'obferver que les chenilles qui ont le corps rempli de ces œufs étrangers , fubiflent leur métamorphofe ordinaire ) Tome III, LU 45 <* I C H avoieiiCitoutes des vers dans le corps qui les rongeoient. Ces vers étoîent nés des ichneumones , & ils firent plus de befogne que le travail des hommes pour nous délivrer de cette pefte. Il n'efl: pas rare de voir dans les jardins une chenille attachée fur une feuille , & auprès d'elle de petites coques de la groileur d'un grain de froment , rondes , blanches , que Ton prendroit pour des œufs que la chenille couve j la chenille paroît pleine de vie lorfqu'on la touche, mais elle eft cependant dans un état de langueur , & paroît fixée fur le lieu par les foies ,de la coque qu'ont filée les vers qui font fortis de fes flancs. Il y a une coque de vers d'ichneum.ons , qui cft des plus curieufes ; elle fe trouve le plus ordinairement fufpendue comme un luftre , par un fil long de trois, ou quatre pouces , à quelques branches de chêne j car c'eft fur cet arbre que' vit la chenille dans le corps de laquelle la mouche ichneumone dépofe fon œuf. Cette coque eft traverfée par une bande blanche dans [on milieu j dès qu'on la détache Se qu'on la pofe fur la main ou fur une table , elle faute à terre , où elle continue encore de faire plufieurs fauts qui fe fuccedent les uns aux autres. C'eft de cette efpece de coque dont M, Carré ^voit parlé dans les Mémoires de l'Académie j il en avoir vu un jour fautillant le long d'une ailée , mais il n'en avoit point découvert la mécanique. Cette coque contient un ver fauteur , qui en s'élançant l'élevé en l'air , & l'élevé quelquefois jufqu à trois ou quatre pouces en hauteur , Se autant en longueur ^ on peut s'en alTurer aifément , en préfentant une pareille coque aux rayons du foleil j elle eft alTez tranfparente pour permettre à un œil pénétrant de voir ce qui fe pafte au dedans. Les pucerons , les larves de charenfons , les œufs d'araignées , font aufli quelquefois le berceau de la mouche ichneumone. On trouve très- fouvent fur les feuilles de rofier des cadavres de pucerons , fans m.ouve- ment -, c'eft l'habitation d'un petit ver , qui , après avoir mangé les en- trailles , détruit les reflorts Se l'économie intérieure du puceron , fe méta- morphofe à l'ombre de la pellicule qui l'enveloppe , s'y pratique une petite porte circulaire , Se va s'élancer dans les airs. Il y a dans les bois des ichneumones qui ofent attaquer les araignées , les larder avec leurs aiguillons , les déchirer à coups de dents , Se venger ainfi toute la nation des mouches , d'un ennemi fi redoutable. D'autres fans ailes (ce font des femelles ) dépofent leurs œufs dans les nids d'araignées , peut-être l'icli- I C H 451 neumone du Bédéguau , ou éponge du rqficr , ne s'y établit-elle que parce qu'elle y trouve d'autres infedes qui lui fervent de pâture. On pourroit appeller la famille des mouches ichneuraones , un petit peuple de caraïbes. Il y a de certains petits ichneumons qui fe dillinguent de tous les autres infectes , par les préludes amoureux qui précèdent leur accouple- ment. Dans les tendres momens qui invitent à perpétuer l'efpece , les mâles préviennent leurs femelles par des empreffemens & des fignes redoublés & très-expreffifs de l'amour le plus vif j ils donneroient des leçons aux amans les plus galans & les plus paffionnés. A l'égard de l'ichneu" mon de Laponie , voyc"^ Urocere. ICHTYOCOLLE , ïclhyccoUa. En examinant le véritable caractère qui fert à didinguer la colle de poiffon proprement dite , on le trouve dans iow tiiki compofé de fibres continues , pliantes , coriaces , tenaces & réunies en malTes cordonnées , qui fe lailïent battre à coups de marteau & couper par le cifeau ou par le couteau \ au contraire le caradere de la cûlk-jorte , tauro-colla , eft d'être fragile , de fe féparer en petits éclats ^ & de reiïembler à l'endroit de la fracture à des morceaux de verre caflTés. Nous étions dans l'erreur quand nous avons dit à l'article ■ £7?^r- geon , Tome II , d'après tous les Ecrivains , que la colle de poiflon fe tiroir des différentes parties de ce poifTon , par diflolution , ébulli- tion j &:c. M. Chevalier , membre de la Société Royale de Londres , nous apprend qu'il n'eft pas nécedaire d'une chaleur artificielle pour faire Xïjjin" gliifs ou colle de poiiTon ; il faut même prendre garde à ne pas diiloudre cette matière , car fa conformation fibreufe feroit détruite par cette opéra- tion , & la mafife acquerroit les caraderes & les propriétés de la colle- forte. Au lieu de clarifier, épurer la drcche ou bière , comme elle fait dans fon état fibreux , elle formeroit une liqueur mucilagineufe , quilaren- droit épaiffe & louche. La propriété dépurative de la véritable ichtyocolle dépend principalement d'une divifion fine & mécanique de fes parties & non a'ane diifolution ; ViJJin-g'afs ou Ichtyocolle n'eft autre chofe que certaines parties membraneufes du poilTon , dépouillées de leur mucoficé naturelle , roulées . tordues dans les formes qu'on lui connoit . &c féchées à l'air La tunique intérieure des vefiies aéiiennes d'efturgeons , des poiiïons d'eau douce, font les plus recherchées , parce que fuivant M. Lllij 4'5* I C H Chevalier , ce font les fuÎ3fl:aiices les plus délicates , les plus flexibles ôc les plus tianfparentes , celles en un mot qui produifent les plus fines efpeces èiïijin-giafs: celles qu'on appelle colle de poïffon ordinaire ^ fe retitentdes entrailles & probablement du péritoine de ces poilTons : le béluga li commua dans toutes les rivières de Mofcovie , en fournit une grande quantité , ainfi que des poifïons de la mer Cafpienne &: dans pluheurs cantons au- delà d'Aftracan , dans le Wolga. , \^Yak j le Don , & même jufques dans la Sibérie^ où on les connoît fous le nom de kle ou. kla. On ne doit em- ployer les veffies aériennes que retirées du poilîon encore frais : on les ouvre pour les dépouiller par le lavage dans de l'eau de chaux très-lcgere , de toute la matière gluante qui les enduit : on en retire aulîi entièrement la fine membrane qui les recouvie, puis on les expofe à l'air pour y fécher peu à peu. Alors on les moule de f épailTeur du doigt ôc de la longueur requife. Dans le commerce la membrane fine dont nous venons de parler fe met pour l'ordinaire au centre du rouleau j le refte s'applique autour de celle-ci alternativement j l'on plie en forme de cœur à angles obtus ce rouleau ; on rapproche les deux bouts &c on les affujettit l'un contre l'autre au moyen d'une petite cheville de bois qui empêche les feuillets de fe défu- nir j enfin on fufpend ces rouleaux cordiformes à l'air pour les faire fécher. C'eft ainfi que l'on prépare ces petits rouleaux 5 ces formes particulières ont été originairement adoptées à. deffein de mafquer la vraie matière de la colle de poiflon. Quand on veut faire de plus gros & plus grands rou- leaux, on prend de grandes véficules que l'ouvrier alonge encore à volonté, en ajoutant enfemble plufieurs morceaux de véficules. On met enfemble un grand nombre de ces pièces defiechées en les enfilant avec une ficelle qu'on parte par les trous des chevilles , &c on vend & tranfporte ces rouleaux ainfi difpofés en chapelet. L'on voit quelquefois une efpece de colle de poifibn nommée livre , parce qu'elle reflemble à l'extérieur à la couverture d'un livre : elle eft faite de membranes grofileres 5c difficiles à manier. L'efpece de colle de poiflon appellée^.^f^^^ eft faite des débris de celle en gros cordons , & pour leur donner cette forme de gâteau , on eft obligé d'y joindre un peu d'eau qu'on fait chauffer fuffifamment dans un vafe de métal fort plat , alors tous les débris fe réunifient en fe deflé- chant 'y mais ce gâteau ne peut fervir de dépuratif, il a fubi une efpece de difiblution. On ne peut guère faire avec profit la belle colle de poifi^on qu'en été j la gelée lui fait prendre une couleur défagréable, diminue fon I C H I D O 45J poids , & altère fes principes gélatiiieiix. Quand on fait ufage de la colle de poilfon pour clarifier des vins , les coller , on doit prendre garde qu'il n'y ait des dépouilles d'ini'eéles qui pourroient gâter le vin. ICHTYODONTES. royei Glossopetres. ICHTYOLITHES. Nom qu'on donne à des poilTons pétrifiés , qu'on ttouve aiïez fréquemment dans les carrières d'ardoifes ou de pierres feuilletées grifes &c calcaires , 6c même dans le gypfe. Quelquefois ces poilïbns font en relief , adhérens à la pierre : d'autres fois la pierre fe fépare , ôc on voit le relief d'un côté &c l'empreinte de l'autre : fouvent aufli on n'a que l'empreinte que le pollfon a laiflée avant que d'être détruit. On a outre cela des parties de poiffons très-reconnoiiTables , des têtes , des ouies , des nageoires , des queues , des arêtes , des fquelettes , des vertèbres , des dents & des mâchoires. Il n'y a point de Cabinet de fofliles où l'on ne montre de ces poifions , ou quelques-unes de leurs parties , Ôc fouvent même minéralifées. Le mont Bolca , près de Véronne, fournit un grand nombre de pierres chargées d'empreintes de poilTons , on en trouve aulîi en Allemagne dans le voifinage d'Eifleben , de Pappenheim , de Mansfeld , d'Ofterode , ainfi que dans le Duché des Deux-Ponts ôc en Suifie. On donne le nom êiichtyomorpkes ou êiïchtyotypolites aux pierres qui portent & offrent les empreintes de poiflons : elles font plus communes que les ichtyolites en relief , ôc fouvent minéralifées par la pyrite. On donne le nom à'ichtyofpondiles aux vertèbres des poifions , ôc celui de glo(fopetres à leurs dents. ICHTYOPHAGÈS. On donne ce nom aux animaux qui ne vivent que de poilïons j de même qu'on nomniQ Jarcophages ceux qui ne vivent que de chair. ICHTYPERIE, Ichtyperla. Bill a donné ce nom aux palais ofleux des poiHTons, qu'on trouve fréquemment fofliles , à une grande profondeur en terre ôc prefque toujours enfevelis dans des lits pierreux. Ce font les Jiliquajlra de Lhuyd qui les a nommés ainfi , a caufe de leur refîemblance dans cet état à des filiques ou goulfes de végétaux. Les ichtypéries varient beaucoup de figures , de couleurs , ôc de dureté. L'Angleterre abonde plus qu'aucun pays en ce genre da fofliles. ICICARIBA. P oyei à l'article Résine Élémi. IDOLE DES MAURES. Nom que les Hollandois 'ont donné i un poiflon que les Maures ont en fi grande vénération, que quand ils es 454 J E A prennent dans leurs filets ils le rejettent à la mer. Les Chrétiens qui vivent parmi les Maures n'ont pas pour ce poifTon le même refpedt , puifqu'ils en mangent en bonne quantité. Ce poiffon a une efpece de dard fur le dos : il a le grouin d'un cochon , ôc des dents dans la gueule. JEAN-LE-BLANC , Uianaria. Quoique cet oifeau paroifle tenir quel- que chofe àQs aigles , du pigargue & du balbuzard , il n'en eft pas moins , dit Al. de Buff'on , d'une efpece particulière , ik très différente des unes Se des autres ; il tient aufîî de la bufe par la difpofition des couleurs du plumage , Se par un caractère frappant : dans de certaines attitudes ôc vu de face , il refifemble à l'aigle ; vu de côté &c dans d'autres attitudes , il reflemble à là bufe. Il eft fingalier que cette ambiguïté de figure réponde à l'ambiguité de fon naturel , qui tient en effet de celui de l'aigle & de celui de la bufe j en forte qu'on doit à certains égards regarder le jean-le- blanc comme formant la nuance intermédiaire entre ces deux genres d'oi- féaux. La longueur depuis le bout du bec jufqu'à l'extrémité des ongles, eft d'un pied huit pouces. Son bec peut avoir dixfept lignes de longueur , fa queue dix pouces , fes ailes cinq pieds un pouce d'envergure j la tête, le dciîus de fon cou , fon dos , fon croupion , font d'un brun cendré : toutes les plumes qui recouvrent ces parties font blanches à leur origine , mais brunes dans tout !e refte ; la gorge , la poitrine , le ventre &c les côtés font blancs , variés de taches longues & de couleur d'un brun roux j la membrane qui recouvre la bafe du bec eft d'un bleu fale ; l'iris des yeux d'un beau jaune-citron j les pieds couleur de chair livide dans la jeunelTe, & jaunes lorfque l'oifeau eft plus âgé. Cet oifeau voit très- clair pendant le jour, &c ne paroît pas craindre la forte lumière; on le voit même tourner fes yeux du côté du plus grand jour , & même vis à-vis le foleil. Loifque cet oifeau, que M. de iiuffon a élevé chez lui, vouloit boire, il commençoit par regarder fixement & long-temps, comme pour s'affurer s'il étoit feul \ alors il s'approchoit du vafe où on lui avoir mis de l'eau , il regardoit encore autour de lui; enfin après bien des héiîcations, il plongeoir fon bec jufqu'aux yeux , Se à plufieurs reprifes, dans l'eau : il y a apparence que les autres oifcaux de proie le cachent de même pour boire : cela vient vraifemblablemenr de ce quecesoifeaux ne peuvent pren- dre de liquide qu'en enfonçant leur tête jufqu'au-delà de l'ouverture du bec & jufqu'aux yeux , ce qu'ils ne font jamais , tant qu'ils ont quelque raifon de crainte. Le jean-ic blanc, que M, de Buff'on a élevé, ne mon- lE K JET 455 troic de défiance que fui: cela feul j car pour tout le refce il paroifToit in- différent & même affcz ftupide 11 n'écoit point méchant , Se fe laiffbit toucher fans s'irriter j il avoir même une petite exprelTion de contente- ment, cô-'co.j lorfqa'on lui donnoit à manger , m.ais il n'a pas paru s'at- tacher à perfonne de préférence. Cet oifeau cft très-commun en France , &c eft redouté des payfans, par les dommages qu'il leur caufe : il mange leur volaille encore plus hardiment que le milan. A le voir voler on le pren- droit pour un héron : il bat des ailes , &c ne s'élève pas aulTi haut que la plupart des oifeaux de proie. Soir & matin il vole contre terre dans les ba(îe-cours , le long des bois &c aux bords des forêts , en cherchant la vo- laille , les perdrix , les jeunes lapins Ôc les petits oifeaux. f^oye^ à l'article Aigle. JEK ou JEREPOMONGA. Ceft un ferpent aquatique du Brefil, qui fe tient fouvent dans l'eau fans faire aucun mouvement. Il fuinte de fon corps une fubftance Ç\ vifqueufe , que tous les animaux qui teuchent fa peau s y collent de manière qu'on a peine à les en arracher j ainfi il en fait aifément fa proie. Ruifch dit que ce ferpent fort quelquefois de l'eau pour fe mettre fur le rivage , où il s'entortille j & que fi quelqu'un alors y porte la main pour le prendre , elle s'y attache, & s'il en approche l'autre main, croyant s'en débarrafTer , elle y demeure pareillement attachée : auflitôc ce ferpent s'étend de fa longueur , 6c retournant dans la mer , emporte avec lui fa prife & en fait fa pâture. Ceft ainfi que la frayeur ôte les forces. JEKKO ou GEKKO. Efpece de lézard de l'ile de Ceylan. Le jekko a les pieds plus élevés & la queue plus courte que la falamandre ordinaire. Il a cinq doigts a chaque pied : il eft couvert de petites écailles : quel- quefois fa queue eft ronde & par anneaux. Il y a encore le jekko i toile ^ qui eft une efpece de falamandre aquatique de l'Arabie, ou la falamandre! cordyle d'Egypte. JEREPOMONGA. Foyey^ Jek. JET ou CANNE A MAIN. Foye^ à l'article Rotin. JET -D'EAU MARSN. Ceft une produdlion finguliere du Cap de Bonne Efpérance , &c. qu'on prendroit d'abord pour une éponge ou pour une mafte de moufle. Elle tient aflez fort aux rochers pour réfifter aux vents 6c aux vagues : fa couleur eft verdâtre. Ce jet d'eau marin diftille de lui-même une humeur aqueufe. Ce qui nous le fait regarder comme un zoophyte , c'eft que dans l'intérieur il renferme une fubftance charnue 45<^ JET JEU informe , qu'on prendroit pour un géfier : on ne lui découvre aucun fîgne de vie animale ; mais pour peu qu'on le touche , il pouffe par deux ou trois petits trous d'affez beaux jets-d'eau, & recommence autant de fois qu'on y porte la main , jufqu'à ce c|ue fon réfervoir foit entièrement épuifé. Tout ceci indique que c'eft une efpece d'hoioturie ou un zoo- phyte. JETONS D'ABEILLES. Foye^ à Varùc'e Abeille. JEVRASCHKA, Petite marmote de Jakusk en Sibérie. Voye\ Mar- MOTE. JEUX DE LA NATURE , lufus Nature, Les Lithologiftes donnent ce nom à des pierres que l'on tire du fein de la terre , & qui ont différentes configurations affez relatives aux productions organifées des autres règnes de la Nature. On peut diflinguer deux genres de pierres figurées : il y en a qui ne doi- vent leur figure qu'à de purs effets du hafard : c'eft ce qu'on appelle pro- prementyVwAT de la Nature ou du hafard. Des circonftances tout-àfait na- turelles , & qui ont pu varier à l'infini , paroiffent avoir concouru pour faire prendre à la pierre molle , dans (on origine , des figures fingulieres , parfaitement étrangères au règne minéral, & qui fe font « onfervées même après que la pierre a acquis un certain degré de dureté. Ces pierres figu- rées font en très-grand nombre. La Nature, en les formant, a agi fans é'aflujetrir à aucunes règles. La figure qu'on y remarque n'eft donc que la fuite de purs accidens , &: n'eft point foumife aux lois d'un modèle : mais il faut convenir ici que fouvent l'œil préoccupé d'un Curieux qui forme un cabinet, ou d'un Naturalifte enthoufiafte, croit y appercevoir & re- marquer des chofes qu'on n'y trouveroit peut-être pas en les examinant fans préjugés , fans compl-aifance 6c de fang froid. On peut regarder comme des pierre: figurées de cette première efpece les marbres de Flo- rence , fur lefquels on croit voir des ruines de villes & de châteaux j les cailloux d'Egypte qui préfentent en apparence des payfages , des grottes j les priapolites , &:c. On pourroit placer ici le garnîtes on pierre de mariage de Pline j où l'on voyoit deux mains qui fe joignoient j les dendrites ou pierres herborifees ; quelques pierres qui reflemblent à des fruits, à dQS os , ou qui portent l'image de quelques autres fubftances végétales ou ani- males. La plupart de ces jeux de la Nature n'ont qu'une reflemblance im- parfaite , ôc le plus fouvent arbitraire avec les objets auxquels on les com- pare. u I V 457 II y a des pierres figurées qui tirent leur origine de corps étrangers au règne minéral , iefquels ont fervi comme de moule à une matière pier- reufe encore molle Celle-ci en a pris de confervé l'empreinte intérieure à mefure qu'elle s'eft durcie : fouvent le moule s'eft détruit par le temps. Dans ce cas il n'a refté du corps qui a fervi de moule que la figure. On doit ranger dans cette féconde efpece un grand nombre de pierres qui reffemblent à des coquilles, des madrépores , du bois , des poilTons , &:c. ou qui portent l'empreinte de ces fubftances j empreinte qu'il ne faut pas confondre avec les fojji/es proprement dits. Il y a auflî àes pierres figurées qui repréfentent des chofes artificielles comme fi elles avoient été jetées en moule ou travaillées par un Sculpteur. Celles-ci ne doivent quelquefois cette configuration extraordinaire qu'à certaines efpeces de madrépores qui , comme l'on fait, ont des formes bizarres & variées à l'infini : communément elles n'ont point de type dans la nature , & elles ne font redevables qu'à l'art des hommes de la figure qu'on y remarque. Ainfi l'art vient fouvent au fecours pour abufer les Curieux. Il eft parlé d'une pierre où l'on voyoit, ou du moins on croyoit voir, une Religieufe ayant une mitre fur la tête, vêtue des ornemens pon- tificaux , èc portant un enfant dans fes bras On a obfervé que la plu- part des pierres figurées fe trouvent dans des lits de marne. Voye^ à Var^ t'icle Jeux de la Nature ^pag. 541 , \ol. II de notre Minéralogie. Foye"^ aujjl les mots Lithomorphites , LiThogliphites , Pierre de Croix, Géodes , Priapolites , Dendrites , Empreintes , Pierres figurées Fossiles , Pétrifications & l'article Stalactites dans ce Diclionnaire, On peut encore comprendre fous le nom de Jeux de la Nature les monf- truofités dans quelques individus du règne animal 6c du règne végétal. Voye-:^^ Monstre. IF ou YF , taxas. Arbre fort connu qui reflemble au fapin &: à la pefle, & qui croît aux lieux montagneux , pierreux & efcarpés , aux pays chauds, comme en Languedoc , en Provence & en Italie : on le rencontre aullî en SuifTe, en Angleterre & en d'autres pays, dans les montagnes & forêts ombrageufes. Sa racine eft grolTe , dure & profonde : elle poufie un tronc élevé qui forme un arbre toujours vert. Cette tige principale acouiert fouvent une grofieur très-confidérable. Ray cite deux ifs très-âgés, dont l'un avoir plus de trente pieds de tour, èc l'autre cinquante-neuf pieds de circonférence au tronc , c'eft-à-dire vingt pieds de diamètre. Le bois Tome II L Mm m 45» I F de rif eft fort dur , rongeâtre , veiné , incorruptible , propre â faire des cannes, des tables, des tafifes, 6c pludeurs autres meubles. Ses feuilles font . femblabies à celles du fapin , mais plus foibles , plus pointues & difpofées comme les dents d'un peigne, luifantes en delTus, d'un vert noirâtre, d'un goût un peu amer. Les fleurs mâles qui paroiiTent au piintems font des chatons d'un vert pâle , compofés d'un pivot garni à fa bafe de trois ou quatre petites feuilles en écaille , ôc terminé par un bouton d'où partent quelques étamines , dont les fommets font remplis d'une pouifiere très- fine , taillés en champignon , & recoupés en quatre ou cinq crenelures ; ces chatons ne laiflTent aucune graine après eux. Les fruits naiflent fur le même pied, mais dans des endroits féparés j ( fur des pieds difîérens , fé- lon MM. Haller ôc Linn£us : ) ces fruits qui miiriflTent en automne, font des baies molles , rougeâtres , pleines de fuc , creufées fur le devant en grelot, d'une belle couleur d'écarlate , qui ne renferment qu'une femence ovale dont l'écorce eft dure , brunâtre , Se contient une moelle d'un goût aflez agréable , mais foible & tirant fur l'amertume. On ne connoît qu'une efpece d'if, mais qui donne une variété, à feuilles panachées. L'if vient de marcote ou mieux encore de graine , mais elle refte plus d'un an en terre fans lever. Gefner dit qu'il reprend aifément fi on le tranfplante tout petit , d<. il dure plus d'un fiecle. L'if eft peut-être de tous les arbres celui qui foufFre la taille avec le moins d'inconvénient 3 & qui conferve le mieux la forme qu'on veut lui donner : on lui voit pren- dre fous les cifeaux du Jardinier des figures rondes , coniques , fpirales, en vafe. On le met dans les plates-bandes des grands jardins , pour ea interrompre l'uniformité : on le place aufti dans les falles de verdures 6c autres pièces de décoration j mais le meilleur ufage que l'on puifte faire de cet arbre , c'eft d'en former des banquettes , des haies de clôture , & fur-iout de hautes paliftades, qui deviennent bientôt d'une force impé- nétrable. Le mois de Juillet eft le temps le plus propre pour la taille de cet arbre. Les grands ifs ne font plus de mode qu'entre les arbres des grandes allées ou dans les parcs : on les réduit en pyramides de trois ou quatre pieds de haut pour les parterres. Ces pyramides faifoienr autrefois un des principaux ornemens des vaftes jardins : le Jardin Royal de Kenfing- ton près de Londres , en fournit un exemple. Les arcs les plus eftimés chez les Anciens étoient faits de bois d'if; &: encore aujourd'hui nos Menuifiers & nos Tourneurs en font grand cas. Evdyn dit que ce bois ne le cède à aucun autre en bonté pour faire des ï F 4S> dents de roues de moulin , des effieux de charrettes Se mcine des inftro.' mens de mufique. Les Allemands en décorent leurs étuves. Dio/coride j Gaiien 6c Pline y fuivis de toute l'antiquité, ont regardé l'if comme un poifon. JuleS'Céfar ^ dans le FI Livre de fes Commentaires j dit que Cativulcus , roi des Eburoniens, s'empoifonna avec le fuc d'if. MathioU Se J, Bauhin rapportent nombre d'expériences qui confirment fes mauvaifes qualités. Le P. Schoot ^ Jéfuite , affure que fi l'on jette de Tif dans de Teau dormante, les poiiTons en deviennent tout étourdis \ de forte qu'on peut les prendre avec la main. /. Bauhin a également obfervé cette vertu narcotique fur les beftiaux. Ray femble confirmer cette expérience , en parlant d'un if fort touffu qu'on cultivoit dans le jardin de Pife. Il die que les Jardiniers qui avoient foin de tondre cet arbre , ne pouvoient refter plus de demi -heure à faire ce travail, fans refi'entir une violente douleur de tête qui les empêchoit de continuer leur ouvrage. On lit dans les affiches de 1754 , que vers la fin de l'année 1755 plufieurs chevaux étoient entrés dans un verger voifin de la ville de Bois-le-Duc en Hollande , qu'ils y mangèrent des branches d'if, & quatre heures après , fans aucun autre fymptome que des convulûons qui durèrent une ou deux minutes ; ils tombèrent l'un après l'autre. Jufqu'ici tout paroit concourir à rangée l'jf dans la claffedes poifons. Cependant , fi on écoute Lobcl Se Camerarius 5 Se encore plus l'expé- rience , on reconnoîtra bientôt que cet arbre n'eft pas dangereux dans tous les pays. Lohel rapporte qu'en Angleterre les enfans mangent impu- nément tous les jours des fruits de l'if, Se que ces mêmes fruits fervent de nourriture aux pourceaux. Le Botanifle Anglois Gérard dit en avoic mangé avec plufieurs perfonnes, fans qu'il en ait relTentit aucun trouble, & qu'il a dormi fouvent à l'ombre de cet arbre fans mal de tête & fans aucun accident : on voit tous les jours des enfans manger des baies d'if au Jardin Royal des Plantes de Paris Se dans celui àes Tuileries , fans qu'il en réfulte aucune incommodité. Tant de faits fi contraires nous portent à croire que le fruit de cet arbre n'a aucune qualité venimeufe par lui-même ; Se que s'il eft dangereux dans d'autres pays , on doit l'attribuer au climat qui lui donne cette mau- vaife qualité. Les qualités des plantes varient fuivant les climats : on en a des exemples fenfibles dans le napel Sse la ciguë j l'if peut être dans le même cas. 11 paroît confiant que les rameaux qui contiennent en même- temps le bois , la feuille & la fleur , font d'un ufage très-dangereux j il M m m ij •46-0 I G N y a fur cela un exemple' aflez intéreflant : il y a quelques années qu'un paiticulier ayant attaché fon âne dans une arrière- cour du château du Jardin du Roi où il y avoir une palifTade d'ifs , l'animal preflfé de la faim , brouta des rameaux d'ifs qui éroient à fa portée j 6c iorfque le maître vint pour prendre fon âne & le conduire à l'écurie , il le vit tomber par terre ôc mourir fubitement tout enflé , malgré le fecours d'un Maréchal qui fut appelle far le champ , & qui reconnut par quantité d'indices , que l'animal avoit mangé quelque chofe de venimeux. IGNAME ou iNHAMEou ÎNIANS Efpece de plante de Nigritie , dont les Nègres 3c quelques Sauvages de l'Amérique, où il s'en trouve aulîi , fe nourrirent de la racine. L'igname eft regardé à laGuiane comme une liane. Sa racine eft longue d'un pied & demi dans les bonnes terres : elle fe plante en Décembre y on peut iix mois après l'arracher : on connoît fa maturité Iorfque les feuilles fe flétriflent j on la coupe en morceaux ^ on la mange rôtie fous la braife , au bien quand elle eft d'une grofîeur moyenne , on la fait bouillir entière avec le bœuffalé : elle fert quelquefois de pain : on en faitaufîl des bouillies agréables. Les Nègres en font du langou & du pain. Maif^ Rujl. de Cayenne. L'igname eft une plante rampante , garnie de filamens ,, qui prennent racines & qui font très-propres à la multiplier : fa tige eft carrée & à~ peu -près de la grofteurdu petit doigt : {qs feuilles font en cœur, d'un vert pâle , &: grandes comme celles de la bardane : Ces fleurs font en forme de cloche &c difpofées en épis j il leur fuccede des liliques garnies de petites graines noires. L'igname vient plus communément de bouture j on emploie à cet effet la tète du fruit ôc une partie de la tige qui le porte. IGNARUCU j eft un animal amphibie qui fe trouve quelquefois au Brefil , &; communément dans les rivières de Saint-François & de Paraqua. Cet animal , qui eft ennemi de l'homme , a la forme d'un crocodile : il vit dans l'eau, &: peut aiilli fe retirer fur terre dans les buiftbns , il grimpe même far les arbres. Il eft d'une couleur noirâtre ; fon corps eft uni & tacheté comme la peu d'un ferpent. L'ouverture de fa gueule eft grande j. fes dents font d'une médiocre grandeur ôc menues ; (es ongles font étroits ôc arquées , mais trop foibles pour faire du mal : fes œufs , qu'il fait en grandes quantité , font d'un fort bon goût y fa chair eft très-douce , ôc paffe pour un mets délicieux en Amérique. Les Efpagnols qui en avoient horreur , ôc qui n'en mangeoieut point autrefois , ont appris des Ainéri- I G U ILE 4(^1 Clins le cas qu'il en faut faire ; aufli en font-ils ufage aujourd'hui. L'igna- rucu peut vivre dix jours , de même quelquefois vingt , fans boire ni manger. IGUANE. P^oye^ Leguana. ILE ou ISLE, infula. nom donné à une portion de terre environnée d'une mer, d'une rivière , d'un fleuve, d'un lac, d'un étang, mais qui s'élève aii-defilis des flots. Le plus grand nombre des îles de la mer fe trou- vent entre les Tropiques. Les îles ne font en général que les fommets les plus élevés des chaînes monrueufes , qui iillonnent par diverfes rami- fications la partie du globe que la mer recouvre. Les parties de la conti- rsuation de ces chaînes marines , forment des bas-fonds , des écueils & des rochers à fleur d'eau : en forte que ces terres plus ou moins proémi- nentes nous tracent fenliblement la route que fuivent ces chaînes de montagnes fous-marines. On pourroit inférer de ceci que les détroits ne font que l'abaifl^ement naturel ou bien la rupture forcée des montagnes qui forment les promontoires. Ce qui tend à le confirmer , c'eft que les détroits font les endroits où la mer a le moins de profondeur j on y trouve une éminence continuée d'un bord à l'autre j & les deux baflins que ce détroit réunît , augmentent en profondeur par une progrefliîon confiante : ce qu'on peut voir dans le pas de Calais & dans le détroit de Gibraltar. Voys':^ Détroit , Montagne & t article Terre. Il eft digne de remarque que les nouvelles îles ne paroiflent jamais qu'auprès des anciennes , &c l'on n'a point d'exemple qu'il s'en foit élevé dans les hautes mers. Les grands amas d'îles qui préfentent une multitude de pointes peu éloignées les unes Aqs autres , font voifins des continens , & fur-tout dans de grandes anfes formées par la mer. Les îles folitaires font au mi- lieu de l'Océan & en petit nombre. Les îles flottantes que l'on voit dans la partie fupérieure de la mer Adriatique, fe forment des racines de rofeaux arrachées , chariées , Se qui fe font entrelacées. La plupart des îlots qui fe forment tous les jours près la terre ferme , proviennent des dépôts de limon , de fable & de terre , que les eaux des fleuves & de la mer entraî- nent &: tranfportent à difFérens endroits , notamment à l'embouchure des rivières où il fe forme des bancs de fable afl^ez confldérables pour farmer des îles d'une grandeur médiocre» La mer en fe retirant & s'éloi- gnant des côtes laifle à découvert les parties les plus élevées du fond , 4e même en s'étendant fur certaines plages elle ne couvre pas les parties les plus élevées j dans l'unôc l'autre cas, ceci forme encore autant d'îles 4^1 ï M B I M M nouvelles Se petites. Voici la citation des îles les plus fameufes 5r les plus confidérables j favoir en Europe s la Grande Bretagne, l'Irlande , 1^ Zélande , l'Iflande , la nouvelle Zemble , la Sardaigne , la Sicile , Candie, Majorque , Malthe : en Afrique , les Canaries , le Cap Vert , Mada- gafcar ,Ste. Hélène, l'Afcenfion , l'île Bourbon , Zoccotora, &c. en Afie , Manille ou Luçon , Niphon , Bornéo , Sumatra , Java , Ceylan , Minda- nao , Celebes , Gilolo , 7'imor , Amboine , Céram & Jedfo : en Amé- rique , Terre Neuve , la Terre de Feu, Cuba, St. Domingue , la Jamaï- que, les Açores , la Guadeloupe , la Barbade , Curaçao, Porto-Rico , Chiloc. Dans les pays où les pluies font très-fréquentes & très-abondantes, à la Martinique , par exemple, où l'on compte plus de quarante rivières prefque toutes navigables, on y voit une multitude d'îlots , dont les uns ont été formés lentement par de pareils dépôts , les autres font la fuite & l'effet fubit des tremblemens de terre. Toutes les îles de la Martinique éprouvèrent ce défaftre en 1727. IMBRICATA , eft un coquillage bivalve du genre des cœurs. Voyez Faîtière. IMBRIM , eft un oifeau des parages de l'île de Feroc , Se qui ne fort jamais de l'eau , difent les Ades de Copenhague, ( ann, i6yi &c i6yiy Obf. 49.) parce que fes aîles font trop petites pour voler, ôc {es pieds trop foibles de trop en arrière pour foutenir le poids de fon corps. Les gens du pays croient que c'eft une efpece d'alcyon , nommé vulgairement Jis fugl ; mais l'imbrim eft plus gros, il excède même la grofteur d'une oie \ fon plumage eft gris , à l'exception d'un cercle blanc au cou. On a encore remarqué qu'il a fous chaque aile un creux capable de contenir un œuf \ l'on prétend qu'il y tient fes œufs cachés 6c qu'il les couve ainfi, Cet oifeau ne fait jamais plus de deux petits. On ne voit guère ces oifeaux fur les côtes qu'à l'approche d'une tempête : leurs cris font connoître aux habitans l'endroit où ils font. On amorce les jeunes imbrims en leur pré- fentant des morceaux de linge blanc pour les attirer à la portée du fufil j mais les vieux ne font pas la dupe de cette rufe. IMMA j efpece d'ochre rouge , ferrugineufe , dont les Teinturiers &: les Peintres fe fervent en Perfe. Dans tous les pays les femmes fe con- tentent rarement des attraits que leur a donné la Nature pour plaire. En Perfe elles rehauftent la couleur de leur teint avec ce rouge minéral. Cette terre fe tire particulièrement de la montagne de Chiampa près de Bander- Abaffi. I M M i M P 4(^5 IMMORTELLE , elkhryfum. Cefl: une plante qui s'élève à la hauteur d'un pied , dont les tiges font très-duues, lanugineufes , garnies de feuilles étroites , velues & blanchâtres. Les fleurs naififent aux fommités des tiges , ramalTées en manière de tèt ; , compofées de plufieurs fleurons réguliers, foutenus par des calices écaiileux fort fecs : il y en a de jaunes , de blan- ches & de rouges j c'eft de la différence de ces couleurs qu'on l'a nom- mée quelquefois amaranthe jaune ou bouton d'or j éternelle ou bouton blanc 3 ôcc. Cette fleur eft nommée avec raifon immortelle ; car cueillie à temps fur fa tige , elle fe conferve plufieurs années fans fe flétrir ni s'altérer j effet qu'il faut attribuer à ce que les pétales des fleurs font dans un état de ficcité , femblable à celui que l'on procure à d'autres fleurs en les faifant deflécher dans un bain de fable chaud , afin de les conferver. y'oye'^ Fleurs. L'immortelle croît naturellement aux lieux fecs , fablonneux & arides des pays chauds , en Efpagne , en Portugal , en Italie , en Languedoc , à Montpellier , en Provence : elle fleurit en Septembre, On ne la cultive dans nos jardins quepourla fleur qui efl: d'une grande beauté, d'une odeur forte & agréable : les Dames la mettent pour fe parer dans leurs cheveux. La graine qui fuccede à chaque fleuron eft pareillement odorante , oblon- gue , fauve ôc garnie d'une aigrette j fa racine eft (impie j bien nourrie , ligneufe , ayant une odeur approchante de celle de la gomme élémi. Cette plante eft apéritive , vulnéraire & hyftérique. On. replante l'immortelle en Septembre , comme beaucoup d'autres fleurs. Selon M. Adanfon , les xeranthema ou immortelles à fleurs rougeâtres & blanchâtres , ne différent des chardons qu'en ce que l'enveloppe commune de leurs fleurs & de leurs feuilles eft fans épines. IMPANGUEZZE. ^oyé:j; Emparasse. IMPÉRATOIRE ou BENJOIN FRANÇOIS , împeratoria major ; e(t une plante qui fe plaît dans les Alpes , les Pyrénées &: fur le Mont d'Or. Sa racine qui eft fameufe en Médecine , ferpente obliquement \ elle eft de la grofTeur du pouce , & très-garnie de fibres , genouillée , brune ea dehors, blanche en dedans, d'un goût très-âcre , aromatique, un peu amer , qui pique fortement la langue , & qui échauffe toute la bouche. Les feuilles font compofées de trois côtes, arrondies , vertes , grandes, partagées en trois & découpées à leurs bords. La tige s'élève à la hauteur de deux pieds : elle eft cannelée , creufe , & porte des fleurs en rofe, dif- pofées en parafol : les fubdivifions de l'ombelle ou les ombelles partiales 4f^4 I M P INC font garnies , dit M. DeUu-^e , d'une fraife de feuilles très-étroites de même longueur que les rayons : aux fleurs fuccedent des fruits formés de deux graines applaties , prefque ovales , un peu rayées & bordées d'une aile très-mince. Uimpératoire qu'on cultive dans les jardins a moins de force que celle des montagnes. Lorfqu'on fait une incifion dans la racine , dans les feuilles & la tige de l'impcratoire , il en découle une liqueur huileufe d'un goût aufli acre que le lait du tithymale. La racine ôc la graine donnent dans la diftillation beaucoup d'huile^ tflentielle, qui furpafle , par fon odeur & par fes vertus , celle de l'an- gélique. La racine eft fudorifique , dilîipe les vents de l'eftomac , des inteftins &c de la matrice. Hoffmann la vante comme un remède divin pour rétablir les règles des femmes , & pour guérir la ftérilité ou la froideur des hommes : elle aide la digeftion & facilite la refpiration ; mais fon principal ufage eftdans les maladies qui viennent de poifon coagulant &c dans les coups d'inftrumens empoifonnés, même dans les vertiges qui menacent d'apoplexie : cette racine entre dans l'orviétan ^ la thériaque. IMPITOYABLE ou MANGE ROSE. C'eft une larve tellement perni- cieufe aux jeunes &; tendres boutons de rofe , qu'elle confume en peu de temps le cœur è.Qs rofes & toute la fubftance , de façon que ces fleurs n'arrivent jamais à leur perfedion quand elles ont été une fois attaquées par ces fortes d'infectes. IMPOSTEUR. Ce nom a été donné par les Indiens à un poiflon qui reiremble à la carpe par la forme de fa tête , & dont la langue faite en forme de dard, s'alonge à la volonté de l'animal. Il la fait fortir lorfque la fin le prefl^e , &: il s'en fert pour attraper les petits poiflons : il en avale jufqu'à douze à la fois ; enfuite il retire ce long aiguillon, &: nage tran- quillement la bouche fermée , jufqu'à ce qu'un nouveau befoin & l'oca- fion demandent qu'il en fafie ufage. Les Voyageurs difent que les Indiens font grand cas de ce poiflon , &: que fa chair efl: un mets délicieux. F^cye"^ RuiscH, de Pifc. T.ii. INCRUSTATIONS , incrujlata. Nom qu'on donne à une croûte ou en- veloppe comme criftallifée , plus ou moins compacte Si dure , c]ui fe forme peu à peu en manière de dépôt autour des corps qui ont féjourné pen» dant quelque temps da4is de certaines eaux , lefqueîles tiennent en diflb- lution des molécules terreufes , ou pierreufes , ou falines , ou minérales , OU métalliques, Voye:^ la théorie de cette mécanique naturelle à l'article Stalactites, 1 N C I N D 4^î Stalactites. Les iiicnifbations les plus ordinaires font ou calcaires , ou ocracées. INCUBATION ) incuhatio. Se die de l'adion de la femelle de certains finimaux j lorfqii'elle fe met & demeure fur fes œufs pour les couver, dans le deffein de multiplier fon efpece. La durée de l'incubation n'eft pas la mcme dans tous les animaux : félon quelques-uns , l'incubation ell; propre à tous les animaux ovipares j mais elle eft prefque particuliera^ aux oifeaux. f^oye:^ Oiseau. INDE, Indicum. Nom que l'on donne à une fécule ou a un fuc épaiiîî , bleu , ou de couleur d'azur foncé , & qu'on nous apporte en maiTe ou en pâte feche des Indes Occidentales. Cette pâte féculente eft tirée des feuilles de la plante nommée anillo par les Efpagnols , laquelle croît au Brefil. Elle eft haute d'environ deux pieds j fes feuilles font rondes , affez épaifles , petites &: verdâtres ; fes fleurs font femblables à celles des pois rougeâtres : ii leur fuccede At% goufTes longues & recourbées , contenant quatre ou fix femences oblon- gués & olivâtres. Toute cette plante a un goût amer &: piquant : des Voya- geurs difent que c'eft une efpece de fainfoin, qui d'abord ne s'élève qu'à la hauteur de deux pieds &: demi; mais qui, lorfqu'on ne le coupe pas, prend forme d'arbriffeau , &: pouffe un grand nombre de rameaux. Les Indiens difent que l'anil eft vulnéraire Se céphalique. C'eft Xcmerus AmC'^ ricanus JiUqua incurvata de Tournefort j V indigo vera j coluteA foUis _, utriufque Jadix des Savans de Londres y le mlfive anïl glajlum Indicum de Parkinfon j le coronïlla aut colutea 'Indica ex qua indigo ; le caachira primcu de Pifon j ïhervas de anil ^ lujïtanis de Marcgrave ; le xiuhquilith pitxahac ' Jlvc anil tenuifolia d'Hernandez ; le colute£ affinis fruticofa ^ floribus fpi^ catis j purpiirafcentibus JiUquis incurvis de Catesby \ le sban aniliferum In^ dicum coroniila foliis de Breynius \ le phafcolus Brafdianus fextus de C, Bauhin j Yifatis Indica j rorifmarini glajlo affinis j ibid. le àin awaru de Hermann. Il y a plufieurs efpeces d'inde ; le meilleur eft celui qu'on appelle i^de de Serquijfe ou de Cirkeji y du nom du village Indien où il fe fait. On choifit l'inde en morceaux carrés , applatis , peu durs , nets, nageant fuc l'eau , inflammables , d'une belle couleur bleue ou violette foncée , fur.8 chargée de purpurin j femblable en cela à l'indigo. Uinde en marons ^ qu'on appelle indigo d'Agra^ eft encore d'une affez bonne qualité. On fait ufage de l'inde dans la teinture, dans la peinture : on l'emploie Tome I IJ, Nnu 4^^ I N D broyé 8c mêlé avec du blanc pour faire une couleur bleue ; car fi l'on s'en fervoit fans mélange , il reindroit en noirâtre. L'on ne doit pas s'en fervir dans la peinture à l'huile , parce qu'il fe décharge & perd une partie de fa force en féchant, mais à la détrempe il produit des effets admirables : il eft abfolument néceffaire pour peindre le ciel, la mer, ôc pour toutes les parties fuyantes d'un tableau. On le broie quelquefois avec du jaune tiré de la graine d'Avignon , &c. pour faire une couleur verte. Les étoffes de foie , de fil , de laine & de coton , reçoivent une variété de couleurs ad- mirables de l'emploi de l'inde comme de l'indigo & du mélange qu'on en fait avec le vouede Se d'autres couleurs. LesBlanchiffeufes emploient l'inde pour paiïer leur linge au bleu. Les Médecins en ordonnoient autrefois dans les bains pour fortifier les nerfs. On donne aufil le nom d'inde à la fécule du paftel ou guede , Ôc encore au bois d'Inde. F'oyei Pastel ôc Bois d'Inde, INDIGO. C'eft une fécule tirée aulîî de l'anil , & qui ne diffère de î'inde , dont il eft parlé à l'article précédent , qu'en ce qu'il a été extrait de récorce des branches , de la tige & des feuilles de la plante , au lieu qu'on n'a employé que les feuilles pour tirer l'inde. Les Marchands dif- tinguent plufieurs efpeces d'indigo j le meilleur & le plus eftimé eft celui qu'on appelle indigo- gatimalo ^ du nom d'une ville des Indes Occiden- tales, où l'on le prépare. 11 doit être léger, net, peu dur, nageant fur l'eau , inflammable , & fe confumant prefqu'entiérement : fa couleur efl: d'un beau bleu \ quand on le frotte fur l'ongle , il y refte une trace qui imite le coloris de lancien bronze. Ce que l'on nomme bku de Java eft un inde que les Hollandois prépa- ient avec l'indigo. Il paroît que l'on travaille de l'indigo en Malabar , mais les échantillons que nous en avons reçus font bien inférieurs a toutes les efpeces d'indes connues. On commence aufli à préparer de l'indigo dans l'Afrique Françoife : les Maures & les Nègres ne fe fervent que de celui qui croît naturellement chez eux , le long des rivières. M. de Préfontaine ^ Maif. Ruftiq, de Cay. dit qu'on cultive beaucoup la plante de l'indigo dans nos Colonies Françoifes j c'efl: même une des meilleures cultures de l'Amérique , & en même temps une des plus déli- cates. Elle exige une bonne qualité de terre , & beaucoup d'attention de la part du Cultivateur. Le terrain doit être plat, uni , humide & très gras. L'indigo fe feme en temps humide dans des trous alignés à un pied de dif* lance , auxquels on donne tiois pouces de profondeur. 'Lq^ Nègres femeurs ï N D ^(Sy mettent dix graines dans chaque trou , qu'ils recouvrent foigneufement avec leurs pieds : on voit ordinairement fortir la plante fix jours après. Il faut avair foin de farder les mauvaifes herbes. Au bout de deux mois l'indigo eft bon a être coupé , ce qui fe connoît par la facilité que les feuilles ont à fe caffer, & par leur couleur vive foncée : on coupe l'indigtî par un temps humide. La plante peut durer deux ans \ (elle eft annuelle en Europe ). On la coupe avec des faucilles, & on met ce qui a été coupé dans de grands morceaux de toiles pour le porter à la manufacture. L'in- digo coupé avant fa maturité donne une plus belle couleur, mais il rend beaucoup moins : s'il eft coupé trop tard on perd encore plus , & on a un indigo de mauvaife qualité. Cette plante , dit M. de Préfontaine _, eft fu- jette à une efpece d'infeéle qui vient par vol comme une nuée , & la mange totalement en peu de temps. Cet infede eft commun , fur-tout à Saint-Domingue. La feule reftburce de l'habitsnt eft de couper fon indigo dans l'état où il eft : on le jette dans l'eau avec les petits animaux, qu'on en fépare par ce moyen. On emploie encore , pour la deftru6lion de ces infedes, une autre méthode qui paroît finguliere : fi-tôt que l'indigo en eft attaqué , on laifte entrer des cochons dans la pièce d'indigo , ces animaux avec leur nez font remuer la tige ôc en font tomber les infedes , fur lefquels ils fe jettent avidement. Il faut , pour fabriquer l'indigo , avoir trois cuves pofées les unes fur les autres , à des hauteurs différentes 6^ près d'un réfcrvoir d'eau : la pre- mière s'appelle trempoïre , la féconde batterie ^ &: la troifleme diablotin; c'eft celle où le produit des deux autres fe raftîed, àc dans laq.uelle l'indigo s'achève. Cette opération fe réduit à macérer la plante dans la première cuve où elle fermente , à décanter Teau devenue bleue dans la féconde cuve , & à agiter l'eau à force de manivelle jufqu'à ce que la partie colo- rante Se errante s'aglomere en petits grains. L'adrefte de l'indigotier con- fîfte à faifir l'inftant convenable. Pour cet eFi'et, pendant que les Ne^-res battent , il tire de l'eau de la batterie dans une tafte de çriftal , & il examine fi la fécule fe précipite , ou fi elle eft encore errante. Dans le premier cas il faut cefter de battre , dans l'autre il faut continuer. L'opération étant faite , l'eau s'éclaircit , la fécule fe précipice ^ on lâche l'eau, Se la fécule ou matière boueufe tombe dans la troifieme cuve, où elle fe laftied. Dans cet état on la prend avec une cuiller , &: on en emplit àci chauftes de figure conique , de la longueur de quinze à vingt pouces , afin que l'humidité s'évaporant , l'indigo acquière une confiftance de pâte, Oi| Nnn ij 4^8 î N D î N S vide alors ces chaiifles dans des caîlTons carrés ou oblongs ^ d*envîron deux. à trois pouces de profondeur : on fait fécher l^indigo à l'air ^ mais à l'ombre* Une trop grande humidité ne lui eft pas moins contraire , car il fe corrom- proit j au foleil il perdroit fa couleur j enfin on le coupe en petits pains carrés , &c. pour l'envoyer en France. INDIGO BATARD. C'eft une efpece de barhe de Jupiter. VojQzœ mo't.. INDIGO DE LA GUADALOUPE. La plupart des Botaniftes donnent ce nom à une efpece à'anonis. INDIGO SAUVAGE. Cette plante vient naturellement dans la Guiane Les Créoles difent que fa racine écrafée 6c appliquée fur les dents en amortit la douleur, INIANS F'oyei Igname. INONDA riON. royei Orage 8c VzmE. INSECTE , ïnfeclum. Que de Réaumurs ne faudroit - il pas pour épuifec" ztl article ! En général on donne ce nom à de petits animaux compofés, d'anneaux ou de fegmens. Les parties des infeéles font aifez diftinâ:ement organifées, pour qu'on y puilTe diftinguer une tète, des cornes mobiles ou antennes ( tentacula ) , une poitrine ou corfelet ( thorax ), un ventre ,, des pieds, &: fouvent des ailes, fur- tout dans ceux qui fe métamoi- phofent : toutes ces parties , comme coupées , tiennent les unes aux autres par de menus filamens , qui font autant de canaux, ou d'étran- slemens , ou d'interfedions minces , &: dont la mécanique éloigne ou approche les anneaux les uns des autres dans une membrane commune qui les aflemble , de forte que toutes ces parties- ou lames écailleufes femblent jouer &: gliifer les unes fur les rutres. Cette définition ne déter- mine pas encore l'idée qu'on doit fe former des infedes , & il ell peut- être difficile d'employer un terme qui embrafie tout à la fois le genre entier des infedes \ car on a befoin de plus d'un caradere pour fe foimer mic notion exade de ces animaux , & de leur conftitution. Le premier, félon M, i?œ/è/ , eft que l'animal dont il eftqueftion , n'ait ni offcmens, ni arêtes (^ peau, fouvent écviilleufe , en fait l'office) :: 2°. qu'il foit ''pourvu d'une trompe, ou d'un aiguillon, ou d'une bouche ^, dont les mâchoires s'ouvrent ou fe ferment , non d'en haut ou d'en bas ,. mais de la gauche à la droite , & de la droite à la gauche : 5''. qu'il foie privé de paupières, ou d'équivalent 14*'. qu'il ne refpire pas l'air par la: bouche, iTiais qu'il le pompe & l'exhale par la partie fupérieure de fom corps >, £< par de petites ouvercures fur les flancs, qu'on appelle 7?i^/;z<îrf£ I N s 4^9 oupoints à miroirs : obrervatîon qu'on peut répéter fur tous les infeâ:es , dans un veure clair rempli d'eau : cette dernière définition des infedes eft encore inlufïifante pour bien des Ledeurs. M. Linnaus veut que fous le nom d'infede on n'y comprenne que les animaux qui dans leur état parfait ont des an rennes au-devant de la tête ôc la peau cruftacée ou écaiileufe : maintenant coniidérons ces animaux fous un autre pomt de vue. Dïvijlons des Infectes-, îl y a diverfes fortes d'infedes : ceux qui s'occupent de l'étude de ces animaux, les diftinguent en infedes aquatiques & en terrejires ; il n'y en a qu'un petit nombre dans l'une & l'autre efpëce qui ne fc mé- tamorphofenr pas , ou qui gardent leur forme première. Il eft donc important, dit M. Deleu-^e , de remarquer que la plupart des infedes fubiffent des métamorphofes ou changemens de peau ^ qui font fl confidé- râbles dans quelques efpeces , qu'un même infede paroît dans un Aqs périodes de fa vie , entièrement différent de ce qu'il étoit dans Tautre. On fe tromperoit donc beaucoup de faire des divers états fous lefquels paroît un même infede , autant d'efpeces différentes : mais pour éviter la confuiîon, il convient de conhdérer chaque infede principalement tel qu'il eft après fa dernière métamorphofe , &: dans l'état qu'on p^uc appeller l'état parfait j parce que ce n'eft que dans cet état qi;e le déve- loppement eft complet , particulièrement celui des organes df la généra- ration , comme on le verra dans la fuite de cet article. Ainfi la diftindixDn en infedes pourvus de pieds & inledes fans pieds ( apodes ) , faite par quelques auteurs, ne peut avoir lieu, à les confîdérer dans cet état. Tout animal fans pieds , ou n'appartient pas à laclaiTe des infedes , déterminée comme on l'a vu ci - defîus , ou eft un infede dans l'état imparfait de larve ou de nymphe. Ceux des infedes qui font pourvus de pieds , n'en onc pas moins de iîx , & on les nomraQ hexapodes. Ceux qu'on appelle jco/y- podes , en ont au moins dix. Enfin il y en a qu'on appelle centipedes &c millepedes , à caufe du grand nombre de leurs pieds. C'eft effedivcmenc le cas des fcolopendes &c à^s jules , qui ont jufqu'à 70 & 1 10 pattes de- chaquecôié. Les pattes des infedes font articulées & terminées par deux , quatre & quelquefois iîx petites griffes crochues Se fort aiguës , qui fervent icrampcner l'animal. Indépendamment de ces griffes on ongles y îedefïous) du pied eft encore gatni de petites brodes ou pelotes fpongic ufes ,- qui fervent â teiiii Ilufede fur les corps les plus liiîes,. 470 I N S Parmi les infectes, les uns font ailés , les autres nele font pas ; &dd ceux - ci il y en a qui le deviennent dès qu'ils ont changé de forme , comme les chenilles transformées en papillons j ceux à qui il ne vient point d'ailes , font ces efpeces de chenilles appQlléQsfcolojjendres , & quelque» autres de même nature. Parmi les infedes qui ont des ailes , il y en a qui les portent toujours tendues , comme les papillons , les mouches , les abeilles &c autres j d'autres , lorfqu'ils ne volent pas , les tiennent cachées & renfermées dans un étui : telles font les cantharides 8c les efpeces de fcarabées : de ceux-ci , il y en a qui ont deux ailes , & les autres quatre. Les Naturaliftes trouvent encore dans les infedbes des caractères qui ont des détails fuffifans pour fervir à diftribuer les genres en efpeces : ce font ceux des ailes dont nous avons déjà dit quelque chofe. On diftingue dans cette clafTe d'animaux , i °. ceux dont les ailes mem- braneufes font renfermées fous des étuis folides Se écailleux , opaques &C colorés , tels que les efcarbots , le cerf-volant, le dermeftes , le hanneton ; le capricorne 5 l'altife, le chryfomele , les cantharides, le buprefte, la calandre Se le grillon , fous le nom de coléoptères. Leur bouche eft armée d'une mâchoire dure Se aiguë, compofée ordinairement de deux pièces qui fe meuvent horizontalement , & leur premier état eft celui de vers hexa-w podes. Us ont également fix pieds étant parfaits ou métamorphofés , mais ces pieds , dans l'état imparfait, ne font plus les mêmes que ceux de l'état parfait. 2°. Ceux qui n'ont que des moitiés d'ailes (c'eft-^-dlre, dont les élytres ou ailes fupérieures font des demi-étuis durs & écailleux , ou des étuis à moitié mous , Se qui ne recouvrent que la moitié du corps , ou des ailes inférieures , ) tels que les procigales & les cigales , la punaife de bois , le kermès , le fcorpion de marais , les cochenilles , fous le nom à'hémip^ teres. Dans cette feélion , la trompe de la bouche eft longue &: aiguë; elle eft encore repliée en deftbus , Se s'étend entre les pattes , ils ne fu- bilfent qu'une transformation incomplette. Voye^ Hemiptere. 3 ^. Ceux qui ont les quatre ailes farineufes , c'eft-à dire chargées d'une poufliere organifée Se écailleufe , tels que les papillons diurnes Se nodlur- jies , fous le nom de lépidoptères. Leur trompe eft plus ou moins longue , & fouvent recourbée eu fpirale. Us ont tous été chenilles Se enfuite chryfalides. 4.". Ceux qui ont les quatre ailes membraneufes ^ nçrveufes, liffeçj I N s ~ 4^, Jiues & fans poufïîere, tels que les guêpes Se les mouches ichneumones j les demoifellesjles abeilles , les fourmis volantes, fous le nom d'hyménop- tères. Cette fedion eft nombreufe , de eft défîgnée par quelques-uns fous le nom de névropteres : la plupart des infedes qu'elle contient ont la bouche armée de mâchoires, plus ou moins grande, & fouven: accom- pagnée d'appendices femblables à des antennules. 5*^. Ceux qui ont deux ailes, telles que les mouches communes , les taons, les tipules, les confins, fous le nom de diptères. Ces infedes ont les trompes de la bouche diverfement figurées , fuivant les différents genres ; mais tous ont fous l'origine de leurs ailes des efpeces de petits balanciers. 6°. Ceux qui font fans ailes, tels que les poux, les cloportes, les puces, les cirons , les arraignées, fous le nom à'apteres. Cette méthode , qui eft en partie celle de M. Linn^us , laifie encore 1 defirer bien des chofes , puifqu'il y a des infeéles dont les ailes font plus ou moins entières , dures , tendres , poudreufes ou liffes ; quelques-uns des infedes ont des poils , des piquans, des boutons , des antennes plus ou moins longues , enflées ou velues : d'autres ont des pinces pour faifir leur proie , ou des dents , ou un aiguillon qui leur fert à fe défendre , ou à manger , ou à pondre j enfin il y a des infedes qui ne reffcmblent prefque point à des animaux, tels que les gallinfectes y \qs progalinfecies, ôcc. Voyez ces mots. La tète des infedes varie autant que la figure & la pro- portion de leur corps. Ne pourroit-on pas diftinguer les infedes , en infedes à quatre ailes ^ à deux ailes ^ à ailes à étuis j fans ailes f A regard de quelques autres termes moins familiers , &: dont on fe fert dans la defcription d'un infede , en voici la lifte. Antennes : voyez ce mot Se l'article Papillon. Les barbillons font les antennes qui font fur les côtés de la bouche de quantité d'infedes. La chryjalide eft détaillée à l'article Nymphe Les balanciers font ces petits filets mobiles , terminés par un bouton , qui fe trouvent à l'origine des ailes de tous les infedes à deux ailes ou diptères. Le corfelet eft cette partie qui , chez l'infede , répond à la poitrine des grands animaux. VécuJJon [fcutellum) eft cette pièce triangulaire qui fe trouve à la naiftance du corfelet ou àes ailes des coléoptères. Les élytres font les étuis écailleux des ailes à.Qs coléop- tères. A l'égard de la larve Se des métamorphofes j voyez ces mots , ou celui 4^ Nymphe, ^7i I N S Autres confldéraûons fur la Jîruclure du corps des Infectes, II y a tant de diveiTicés dans la feule figure extérieure du corps des m« fedes , qu'il eft peut-être impollible d'épuifer cette variété. Nous nous contenterons de faire obferver que le corps des uns , comme celui des arraignées, eft de figure à- peu-près fphérique j & celui des autres , comme des fcarabées de Ste. Marie , reiTemble à un globe coupé par le milieu : il y en a qui font plats & ronds , comme le pou des cliauve-fouris ; d'autres ont la figure ovale. La larve qui fe trouve dans les excrémens des che- vaux j a celle d'un œuf comprimé j le mille-pied rond reflemble au tuyatt d'une plume. Beaucoup ont le corps carré , plat \ plufieurs font courbés comme une faucille , & pourvus d'une longue queue , comme celle de la fiiuOTe gucpe. Quelques-uns de ceux qui n'ont point de pieds, ou tarfes articulés, comme les chenilles, owx. en divers endroits de petites pointes qui leur en tiennent lieu , ils s'en fervent pour s'accrocher & fe tenir ferme aux corps folides. Le corps des infeéles qui vivent dans l'eau eft naturelle- ment couvert d'une efpece d'huile qui empêche l'eau de s'y arrêter &: de retarder leur mouvement : d'autres , comme l'arraignée blanche des jar- dins , ont le corps entouré d'un rebord rouge qui en fait le cercle ; quel- quefois ils font ornés de petits tubercules qui les empêchent d'être bleffés lorfqu'ils entrent &: fortent de leur trou , comme dans la chenille blanche a taches jaunes qui vit fur le faule. Enfin , l'on en voit qui , comme les chameaux , ont une bolTe fur le dos j tels font les araignées , qui ont en- core à la partie poftérieure du corps des mamelons dont elles tirent leurs fils : d'autres infedes ont cette même partie ou unie ou revêtue de poils : quelques-uns ont le derrière ou couvert d'une efpece d'écuffon , ou garni d'une membrane roide qui leur fert de gouvernail , pour fe tourner en vo- lant du côté qu'il leur plaît \ elle eft à ces infedes ce que la queue eft aux oifeaux. La partie poftérieure eft encore le lieu ou de l'aiguillon , ou de la pincette faite en faucille , ou de la fourche à deux dents , ou de ces fortes de barbillons pointus , droits ou courbes , &: qui leur fervent tantôt pour tâter ce qui les approche par derrière , tantôt pour s'accrocher , tantôç pour poiifter leur corps en avant. Defcrlpùon I N s 473 Defcription de d'ifférens organes des Infeeles y tels que les yeux à refcau ^ les Jligmates , la voix & V oreille. L'hiftoire que nous nous propofons de donner ici de ces organes , mérite quelque attention de la part du Ledeur j nous avons réuni ces difFérens articles fous un même point de vue , parce qu'ils font propres à la plupart des infedes : à l'égard des organes qui font particuliers à chaque efpece d'infede , nous en traitons fous le nom de l'infede même. Les yeux à réfeau font peut-être de toutes les parties des infedes la plus propre à nous faire voir avec quel prodigieux appareil la Nature les a formés, & à nous montrer en général combien elle produit de mer- veilles qui nous échappent. Les plus grands Obfervateurs microfcopiques n'ont pas manqué d'étudier la ftrudure iînguliere de ces yeux. Ceux des mouches , des fcarabées , des papillons & de divers autres infedes , ne différent en rien d'elfentiel. Ces yeux font tous à peu-près des portions de fphere \ leur enveloppe extérieure peut être regardée comme la cor- née. On appelle cornée l'enveloppe extérieure de tout œil , celle à laquelle le doigt toucheroit , fi on vouloit toucher un œil , les paupières reftant ouvertes. Celle des infedes dont nous parlons , a une forte de^uifant qui fait voir fouvent les couleurs aufli variées que celles de l'arc-en-ciel. Elle paroît , à la vue fimple , unie comme une glace j mais lorfqu'on la re- garde à la loupe , elle paroît taillée à facettes comme des diamans : zqs facettes font difpofées avec une régularité admirable &: dans un nombr» prodigieux. Leuvjenhoeck a calculé qu'il y en avoir 3181 fur une feule cornée d'un fcarabée , & qu'il y en avoit 8000 fur chacune de celles d'une mouche ordinaire Hoock en a trouvé 14 mille dans les deux yeux d'un bourdon , & Leuwenoech en a compté 6ii6 dans les deux yeux d'un ver à foie ailé. Ce qu'il y a de plus merveilleux, c'eft que routes ces facettes font vraifemblablement autant d'yeux j de forte qu'au lieu de deux yeux ou criftallins , que quelques uns ont peine à accorder aux papillons , nous devons leur en reconnoître fur les deux cornées 34650 j aux mouches ir^coo , & aux autres plus ou moins , mais toujours dans un nombre aufli furprenant. Voici deux expériences de ces favans Obfervateurs , qui prouvent inconreftablement que chaque facette eft un cridallin , & que chaque criftûllin eft accompagné de ce qui forme un œil complet. Ils ont détaché Tom& III. O o o ' 474 I N S les cornées de divers infedes , ils en ont tiré avec adre(Te toute la ma- tière qui y étoit renfermée , & après avoir bien nettoyé toute la furface intérieure; ils les ont mifes à la place d'une lentille de microfcope. Cette cornée ainfl ajuftée &c pointée vis à-vis d'une bougie , faifoit voir une des plus riches illuminations. M. Puget ayant mis Se tenu au foyer d'un microf- cope l'oeil d'un papillon ainfi préparé » un foldat vu à ce microfcope paroif- foit une armée de 1 7 j 2 5 foldats j un pont étoit autant multiplié , &c formoit un nombre infini d'arches. Lewwenhoeck a poufTé la dilîeélion jufqu'à faire voir que chaque criftaliin a fon nerf optique. Comment , dira-t-on , un infede avec des milliers d'yeux peut-il voir l'objet fimple ? Lorfque nous faurons au jufte comment nous-mêmes avec deux yeux nous voyons les objets fimples, il nous fera aifé de concevoir que les objets peuvent pa- roître fimples à des infedes avec des milliers d'yeux. La Nature qui a voulu que leurs yeux ne fulTent point mobiles, y a fuppléé par le nombre & par la pofition. Malgré ces milliers d'yeux dont font compofées les deux orbites , la plupart des mouches ont encore trois autres yeux placés en triangle fur la tcte , entre le crâne & le cou. Ces trois yeux qui font aufil des criftallins ne (ont point à facettes , ils font liiïes & paroiiTent comme des points : ces différentes grolFeurs des yeux dans le même infede , les différentes places accordées aux uns Se aux autres , conduifent à préfumer avec quelque vraifemblance que la Nature a flivorifé les infedes d'yeux propres à voir les objets qui font près d'eux , & d'autres pour voir les objets éloignés ; qu'elle les a , pour ainfi dire , pourvus de microfcopes & de télefcopes. Il faut obferver que la plupart de ces yeux à facettes font couverts de poils , que l'on peut foupçonner de produire l'effet des cils de nos yeux , c*eft-à-dire , de détourner une trop grande quantité de rayons de lumière , qui ne ferviroient qu'à embarralfer la vue. Si quelqu'un doutoit que ces globes à facettes fufTent l'organe de la vue , voici des expériences démonftratives. M. de Réaumur mit une couche de vernis opaque fur les yeux à réfeau de pluficurs abeilles d'une même ruche \ ces abeilles furent mifes dans un poudrier avec quelques-unes de leurs femblables , dont les yeux n'étoient point couverts , &; à quelque diftance de la ruche. Les premières voloient çà & là , ou ne voloient point du tout , tandis que les autres alloient droit à la ruche. Si on jetoit une de ces mouches aveugles en l'air , elle s'élevoit verticalement à perte de vue , fans qu'on fût ce qu'elle devenoit j femblables à ces corneilles , qui voulant faifir la viande mife au fond d'un cornet englué, s'en font une ï N s 475 coiffe , Se ainfi aveuglées , s'clevent à perte die vue , 6c retombent , dic-on , fans forces Se prefqae mortes. Les mouches dont on avoir verni fimple- ment les yeux liiïes , voloientde tous côtés fur les plantes fans aller loin , mais ne s'élevoicnt point verticalement. Hodierna a fait un traité très- curieux fur les yeux des infedes , imprimé en Italien en i (^44. L'Abbé Catalan a donné aufli dans le Journal,des Savans 1680 & 1681 de belles obfervations fur cette même matière. Les Jiigmates dont on doit la découverte à MM. Ba^in & de Geer , font des ouvertures en forme de bouches , que l'on voit à l'extérieur des infedes. Ce font leurs poumons , leurs organes de la refpiration. La diffé- rence n'efl que dans le nombre & les places qu'elles occupent j les mou- ches les ont fur le corfelet & les anneaux ; le ver à foie & les autres in- fedes de fon efpece en ont dix-huit le long des côtés du corps , la cour- tilliere en a vingt. Il y a des vers qui portent leurs poumons au bout d'une corne. De ces ouvertures , nommées Jiigmates j partent en dedans du corps une infinité de petits canaux formés d'une fibre argentine , rou- lée fur elle-même en forme de tire bourre. Ces canaux fe ramifient pro- digieufement, & portent l'air dans toutes les parties du corps de l'animal : cet air reffort enfuite par les pores de la peau. Il y a quelques nymphes aquatiques qui ont au lieu de fligmates des efpeces d'ouies femblables à celles àQS poifTons , des panaches auxquels aboutiffent les poumons aériens, & qu'elles font jouer prefque continuellement avec une légèreté furpre- nante. Lorfqu'on bouche entièrement les fligmates d'un infecte avec de l'huile , il périt à Tinflant, parce qu'on le prive des organes de la refpi- ration. (Confultez un mémoire contenant des recherches fur la refpiration des chenilles & des papillons _, par M. Bonnet j dans le cinquième volume des Savans étrangers , pag. 176.) M. Lyonnet penfe que les infedes auxquels la Nature a donné une efpece de voix , ou pour parler plus jufle , la faculté de former certains fons , comme elle l'a donnée aux cigales , aux confins , aux bourdons , aux grillons , aux fauterelles, & à plufieurs fcarabées , ont aufîi reçu le fens de l'ouie pour entendre ces fons ; nous ne leur connoilfons , il eft vrai , aucune oreille extérieure , mais encore n'en fauroit-on inférer qu'ils n^w ont point j elles peuvent être déguifées 6c rendues méconnoiffables par leur forme &: par la place qu'elles occupent. Des animaux dont la voix ne fe forme point par le gofier , qui refpirent par le corfelet, par \qs côtés, par la partie poflérieure j des animaux parmi lefquels on en voit O o o i j 47<î I N S qui ont les yeux fur le dos Se les parties génitales fur la tête j des ani- maux de cet ordre peuvent fort bien avoir les oreilles par-tout ailleurs que dans les endroits où l'on s'attendroit à les trouver. Comme Tufage de tous les membres des infedtes ne nous efl: pas con- nu, peut-être y en a-t-il parmi ceux dont nous ignorons la deftination, qui leur font donnés pour recevoir l'imprellion des fons , encore moins pouvons-nous affurer que les infedes n'ont point d'oreilles intérieures : cet organe , s'ils en ont un , doit être en eux délicat ôc comme impercep- tible, il V a fans doute dans le chant des infeétes dos modulations , des différences que les organes épais de notre ouie ne peuvent pas toujours faifir , car il n'eft pas dans l'ordre que tous lesdifFérens infedes chantent fur le même ton , le combat , la retraite &: la vicboire , la douleur & le plaifir : on peut même croire que les infeétes ont auffi des moyens qui nous font inconnus , ôc qui fervent à exprimer leurs diverfes paiîions. Copulation & génération des Infectes. Du temps d'Ariftote on regardoit les infe6tes comme des animaux imparfaits , qui naiifent d'une matière corrompue \ à mefure qu'on a étudié , on a reconnu la fauifeté de cette opinion. Tous les infe(5tes font très- féconds &: paroilTent penfer dès leur naiffance à s'accoupler & à per- pétuer leur efpece : ils femblenr même n'avoir point d'autre but. La ma- nière dont les infedes mâles commercent avec leurs femelles , quoique très-variée , rend la femelle féconde & la met en état de pondre des œufs lorfqu'il eu eft temps. Les parties de la génération de cts petits animaux font ordinairement placées à l'extrémité du ventre au derrière dans les mâles j l'on en voit cependant qui les portent par devant fous le ventre , même d'autres à la tête. Ces parties font ordinairement couvertes d'un poil extrêmement fin, à caufe de leur délicateffe infinie. Tout annonce que les moyens que les infedes emploient pour parvenir a leur multi- plication, font aiïez différens. La génération des pucerons , le bizarre accouplement des mouches appellées demoijelles , des araignées ôc quan- tité d'autres auili finguliers , font comprendre combien la nature eft féconde & inépuifable en inventions mécaniques. Pour cette opération importante , les uns , comme la fourmi , fe raflTemblent & forment des efpeces de colonies & de républiques j d'autres vont à Técart , &; avant comme après le moment de la jouilTance , ils font retentir les champs •' f I N S Ail d'un fifflemenc aigu , qu'on prendroit en quelque forte pour le fon d'une flûte : il y en a dont l'enrrevue fe palTe en filence. Les animaux qu'on appelle vers luifans paioilFent dans les nuits de l'été comme un phofphore dans les buifTons : cette lueur leur annonce réciproquement &: le defir de multiplier , & le lieu où ils peuvent fe trouver j il en eft de même à l'égard des autres animaux qui font luifans pen- dant la nuit. Les mâles font commuîiément plus petits que les femelles, mais les antennes de celles-ci font moins grandes &: moins belles. Quel- quefois raiffi elles font dépourvues d'ailes : dans la plupart des infedtes mâles , fi l'on prelfe le ventre , on fait fortir par l'ouverture qui eft à ioïi extrémité , deux efpeces de crochets aflez durs, lefquels s'entr'ouvrant , font paroître la véritable partie fexuelle : les crochets fervent à l'infedte à s'accrocher & à fe cramponner après fa femelle, même à la ftimuler pen- dant l'ade amoureux : le ventre de la femelle comprimé ne lailfe voir qu'une efpece de canal qui lui fert de vagin j par cet expofé on voie qu'il n'eft peut-être point de clafle d'animaux qui offre autant de variétés dans la génération : nous avons cité l'accouplement des mouches demoi- felles , des arraignées , &c. celui de la mouche commune préfente auflî une fingularité remarquable : parmi les autres animaux c'eft le mâle qui introduit \ dans cette efpece de mouche c'eft la femelle :1a plupart des . infedesfont ovipares j mais il y en a de vivipares Si d'autres qui font vivi- pares dans un temps & ovipares dans un autre. /^.Vivipare & Ovipare. Si les infedes vivent peu de temps, ils ont en récompenfe la vie plus dure ,& naiftent en très-grande quantité j les f/rc/?j multiplient au nombre de mille en quelques jours. \J éphémère , cette mouche dont la vie eft fi courte , n'emploie pas toute cette durée à voler fur les eaux j la Nature a voulu que ce temps lui fuftît pour i^^ plaifirs , fon accouplement & la ponte de fes œufs. Il y a certaines mouches vivipares qui font Ç\ fécondes , qu'elles donnent naiffance à deux mille autres à chaque portée : l'on voit aufli des mouches ovipares j telles que l'abeille , qui produifent jufqu'à quarante mille œufs fécondés. Quoique les infeétes foienr des animaux très-petits &: qu'ils occupent un très-petit efpace dans le monde ils ne laiflentpas de fe former en très- peu de temps des nuées d'infeâres qui pourroient infefter des pays , s'ils ne devenoient la proie des oifeaux , des reptiles , des poifTons & des araignées , & s'ils ne périiTbient la plu- part immédiatement après la fécondation &: la ponte : effedivemenr dès que l'accouplement eft accompli , lesmâles paroiftent épuifés, languifîans .47S I N s Ôc comme ils font alors inutiles, ils achèvent de payer le tribut à la nature , ils meurent : les femelles ne furvivent à leurs mâles que l'inftant néceflaire pour la ponte ou pour l'accouchement , fuivant que l'animal eft ovipare ou vivipare. La variété qu'il y a entre les œufs des infeâres eft incroyable , foit en groffeur foit en figure , foit en couleur j ils font ronds, ou ovales , ou coniques. Les uns , comme ceux de quelques araignées > ont l'éclat de petites perles j les autres , comme ceux des vers à foie , font d'un Jaune plus ou moins foncé j enfin il y en a de verts , de bruns , de rougeâtres. Lieux ou les Infectes de'pofent leurs œufs , &c, La plupart des infedes ne portent point de petits dans leur ventre, & ils ne couvent pas leurs œufs J il y a beaucoup plus de ces animaux ovi- pares que vivipares : voyez cqs mots & celui d'CEuF. La queue creufe &: pointue des femelles leur fert de conduit pour pondre leurs œufs dans les corps où elles veulent les introduire. Comme les œufs ne defcendent point par la prelïion de l'air, la Nature y a formé plufieurs demi-anneaux op- pofés , qui facilitent cette defcente. Les infeéles les refTerrent fuccefîlve- ment en commençant par celui qui eft le plus près du ventre , & font tomber les œufs d'un anneau à l'autre par une efpece de mouvement pé- riftaltique. La fente de ce canal eft beaucoup moins vifible pendant que l'animal eft en vie , que iorfqu'il eft mort. Toutes les femelles d'infeâres n'ont pas un pareil canal : celles qui dépofent leurs œufs fur la furface des corps, les font pafler immédiatement parles parties génitales j il n'y a que celles qui les dépofent dans la chair, dans d'autres infeétes , Sec. qui aient befoin d'un femblable tuyau j encore ne fert-il pas toujours de canal aux œufs. L'on trouve certains infedes aquatiques , dont les mâles ont ce canal aufii-bien que les femelles ; ils s'en fervent comme d'un foupirail par lequel ils refpirent un air frais. On les voit fouvent avancer fur la fu- perficie de l'eau l'ouverture de ce canal , & l'on remarque même que quand ils font rentrés fous l'eau , il s'élève de petites bulles d'air qu'ils en laiiTent échapper. Dès qu'un inftinâ: particulier a fait raffembler par troupes les mâles avec les femelles, celles-ci ne mettent bas leurs œufs qu'après avoir choifî un lieu qui puifte fournir de lui même la pâture nécelfaire â leurs petits nouvellement éclos , & fatisfaire à tous leurs autres befoins pendant qu'ils I N s Alîf font jeunes ; fi ctî, œufs ne font pas dépofés dans des îogettes , ils font au moins colles fortement fur un point d'appui. La prévoyance de la Nature eft en cela d'autant plus admirable , que la mère meurt fouvenc après qu'elle a pondu. Les papillons diurnes & nocturnes , les chryfomeles, les charençons , les punaifes , les pucerons, les infedes du kermès dépo- fent leurs œufs fur les feuilles des plantes , & chaque famille choifit l'ef- pece de végétal qui lui convient \ de forte qu'il n'y a prefque point de feuillage qui ne nourrifle ion infede particulier , & il y a plufieursde ces animaux qui occupent toutes les parties de l'arbre ou de l'arbrifleau : les uns choififlent les fleurs , les autres le tronc \ ceux-ci les feuilles , ^ ceux- là les racines. Les feuilles de certains arbres ou de certaines plantes , quand les œufs àQ% infedes y ont été dépofés , s'élèvent en forme de noix , pour loger commodément les petits qui viennent d'éclore. Certains charençons dé- pofent leurs œufs dans l'intérieur des feuilles d'une plante appellée la patte doit ; il en fort des larves qui rampent entre les faces fupérieure ôc in- férieure de ces feuilles , & qui s'y creufent des routes fecrettes , comme la taupe fait fous terre pour fe mettre à couvert des injures de l'air de des oiieaux de proie : ces larves ainfi renfermées dans le parenchyme des feuilles , marchent ôc butinent en fureté. Dès que la pfylle a dépofé (es œufs fur les branches du fapin , on voit qu'il s'y élevé des tubéroficés monftrueufes écailleufes qui fervent de ber- ceau aux petites larves. 11 y en a une autre efpece qui met bas les liens fur la véronique , dont les feuilles aufli-tôt après fe relTerrent & s'arron- diflent en forme de petite tète. La pfylle du buis , en piquant les feuiles de cet arbre , les fait courber & creufer en calotte : c'eft là que la larve de la nymphe de cet infeâ:e dépofent par l'anus une matière blanche fu- crée comme la manne. La tipiile place fes œufs fur le bout des branches du genévrier , où il s'élève une efpece de petit logement à trois faces j ou bien fur les feuilles du peuplier ; ce qui fait croître aufli-tôt un bouton rouge. Le puceron dépofe les fiens fur les feuilles du peuplier noir , lef- quelles fe bourfoufflent & fe changent en une efpece de poche. Certaines mouches placent leurs œufs dans les fruits encore verts du poirier , du prunier, du bigarreautier j de forte que ces fruits étant mûrs, ou pref- que mûrs , on y trouve fouvent les larves de ces infeétes. Ce ne font pas feulement les plantes que les infectes choififlTent pour fe loger ôc faire leurs pontes : les fourmis dépofent en terre leurs œufs , ôc 4So I N S les expofent au foleil pour les faire éclore : les araignées enveloppent leurs œufs d'un tiflu foyeux , tiès-fin & délicat : les moucherons les dépofenc fur l'eau qui croupit : le monocle ou le perroquet d'eau multiplie fouvent fur de pareilles eaux , & en fi grande quantité , qu'à voir les pelotons rouges de ces infe6tes, on les prendroit pour des caillots de fang : l'ef- carbotdépofe Tes œufs dans le fumier & l'ordure j Ip dermeftes ou fcarabée difféqueur , & les teignes , dans les fourrures à poil &c à plume j certaines mouches , dans des trous de fromage j la mouche abeilliforme met bas les fiens dans les excrémens j la mouche à miel , dans des cellules hexagones très- régulières & bien abritées , &c. D'autres infedes mettent bas leurs œufs en certains endroits) du corps des animaux vivans j une efpece de mite les place entre les écailles des poiGTons \ les mouches ichneumones dépofent leurs œufs ou dans l'œuf d'un papillon, ou fous la peau des che- nilles. Il y a quatre efpeces de taons , dont les uns les dépofent fur le dos du bœuf qui en eft cruellement tourmenré, d'autres fur le dos du rhenne, ce qui le fait courir fur les montagnes de neige & de glaçons en faifant des ruades , pour tâcher de fe débarralTer de ce fardeau fi léger , mais fi incommode j la troifieme efpece fait fa ponte dans les narines des brebis, & la quatrième fe tient cachée dans les boyaux ou dans legofier des che- vaux, d'où elle ne fort qu'au commencement de l'été fuivant , en mo- leftant beaucoup ces animaux. Les économes attentifs connoilTent un moucheron carnaflier qui fe nourrit de charençons. Les quadrupèdes fauvages ont une vermine qui leur efl: particulière , aufll bien que les oifeaux , les poilTons 6c les infeéles j l'eau même a la fienne. Tous les infeétes ne demeurent pas le même efpace de temps dans leurs œufs. Quelques heures fufïîfent aux uns , tandis qu'il faut plufieurs jours, §c fouvent même plufieurs mois aux autres pour éclore Un degré de cha- leur fadice ou naturelle , &c plus ou moins fort , en accélère le terme. Les œufs des infodes ne fe durciucnt que quelques minutes après qu'ils font pondus. D'abord on n'y ppperçoit qu'une matière aqueufe , mais bientôt après on découvre dans le milieu un point obfcur, qui efl le commence- ment de l'organifation de l'embryon. Métamorphofcs ou dlvdoppcmms des Infectes, Les oifeaux, les^^quadiupedes , 6cc. naifient avec la même forme qu'ils auront I N s 4^^ auront toute leur vie. Quelques infedes font dans le mcme cas ; mais c'eft le plus petit nombre. En général tous les infedes qui n'ont point d'ailes ( excepté la puce feule ) foutent du fein de leur mère fous la même forme qu'ils conferveront jufqu'à la mort. Les cloportes, les araignées, les ti- ques , les poux , les fcolopendres , Sec. ne différent de leur mère que par la grandeur : dans la jeuneflTe , comme dans leur âge parfait, la figure eft la même. On fait qu'entre les infedes il y a des larves qui nailTent d'œufs. On fait auflî que la Nature, par une loi admirable, fait pafler prefque tous les œufs des infedes par différentes métamorphofes , après qu'ils ont été placés dans l'endroit qui leur efl propre. Mais examinons ces changemens. Par exemple , quand l'œuf du papillon a été dépofé fur la feuille d'un chou, cet œuf fe change d'abord en chenille rampante à feize pieds , qui , armée ds dents dévouantes, broute les feuilles , 8c qui enfuite fe change elle- même en une nymphe ou chryfalide , fans pieds , unie , de couleur d'or, enfin en un animal parfait j c'eft un papillon blanc ou bigarré de plufieurs fortes de couleurs , qui vole , qui a fix pieds , qui n'a plus de dents , mais une efpece de probofcis ou trompe pour fucer le miel des fleurs. Eft-il rien de fi admirable dans la Nature , que de voir un animal qui fe préfente fur la fcene du monde fous trois formes parfaitement diftindes ? L'on di- roit que ces petits animaux font compofés de deux ou trois corps organifés tout différemment , dont le fécond fe développe après le prem.ier , & dont le troifieme naît du fécond. Cependant il paroît plus naturel de croire que c'eft toujours le même annnal , & que la différence d'organifation n'eft qu'extérieure. Ces fortes d'infedes étant fufceptibles d'un accroiffement fubit , ils ont été pourvus de trois enveloppes les unes fur les autres. La première peau extérieure venant à crever lorfque l'infede eft un peu grofîi, l'animal paroît enveloppé de celle qui étoit pliée èc refTerrée defîous : celle- ci devenant à fon tour trop étroite , fe fend comme la première , & l'in- fede paroît avec la troifieme. Voye^^ au mot Nymphe les moyens qu'em- ploie la Nature dans ces transformations : ces détails font des plus curieux. Voyc'^ aujji le mot Larve. Les infedes font les feuls d'entre les animaux , ou du moins ils nous paroiffent être les feuls , excepté les grenouilles , qui changent de forme, & qui après avoir rampé pendant un certain temps , cefTent de mançrer ' & fe conftruifent une maifon , une prifon ou même une efpece de cer- cueil dans lequel ils demeurent enfevelis plufieurs femaines , quelques- Tomç II L Ppp 4^^ I N s uns pendant plufieurs mois , d'autres pendant des années entières , fans mouvement , fans adion , ôc en apparence fans vie j mais qui après cela éprouvent une forte de réfurredion , fe dégagent de leurs enveloppes , s'élèvent dans les airs , ôc prennent une vie nouvelle & plus noble j car avant leur métamorphofe ils ne font évidemment ni mâles , ni femelles , ils n'engendrent qu'étant transformés. Quelques infedes , tels que le ver à foie ôc l'araignée , ont le fecret de tirer des filets de leur corps qui leur fervent ou d'ailes , ou de vêtemens , ou de tombeau dans l'état de nymphe ou de chryfalide. On prétend avoir remarqué que l'endroit où l'on a vu les pieds d'une chenille , devient après la transformation celui où font placés le dos &c les ailes du papillon , ôc que là où la chenille avoit le dos , le papillon qui en provient a les pieds. Cependant en examinant une chryfa- lide récente , on peut, dit M. Dcleu-:çe j reconnoître fous le ventre de la plupart les veftiges des pattes de la chenille. La plupart des infedes , au fortir de l'œuf, ne font autre chofe que des vermilTeaux fans pieds j les autres qui ont des pieds font des chenilles ou de faulTes chenilles. Les premiers font à la charge Aqs pères ôc des mères qui prennent foin de leur apporter à vivre, lorfqu'ils n'ont pas été dépofés fur des matières propres à les nourrir. Entre les infedes , plulieurs quit- tent leur habit ôc fe rajeuniiïent cinq à iix fois fous une peau nouvelle : on appelle ces différens âges Xétac moyen des infectes. Mouvement pfogrejjij ou marche des Infectes, De tous les mouvemens des infectes , le changement de lieu ell le plus vifible. Pour fe former une idée de la marche ou mouvement progiellif des infecles, il faut favoir que lesun'S ou rampent ou courent, que les autres fautent , ôc que d'autres volent. La mécanique de cette progrellîon eft variée fuivant l'élément que l'infecle habite , ôc chaque efpece a un mouvement qui lui eft propre , foit dans l'eaaj foit fur terre , foit dans Tair. La progreffion des infed:es aquatiques eft de pluiîeurs genres j il fe trouve de ces animaux qui marchent, nagent & volent j d'autres marchent Zc nagent , d'autres n'ont qu'un de ces deux moyens de s'avancer \ ils nagent plus communément fur le ventre que fur le dos , ou d'autres manières : :pour nager plus vite , il y en a qui ont la faculté de fe remplir d'eau ôc de la jeter avec force par la partie poftérieure , ce qui les pouffe en avant par \VM effet femblable à celui qui repouife léolypile, ou fait élever une fufée : I N s 4?^ la configuration des jambes eft toujours relative au bcfoin de l'animal. La marche des infedes qui vivent fur terre n'eft pas moins admirable : on en peut dire autant de la progreflion des infedes volans ; Se pour avoir des exemples frappans de ces divers moyens, il fuffit de confidérer la marche faillante &c en forme de croix de la fauterelle ^ le faut parabolique de la puce ; le mouvement de la tipule qui danfe fur l'eau fans fe mouiller les pattes • celui du fcarabée d'eau , qui trace des cercles avec une extrême lé- gèreté y le faut que fait le fcarabée des Maréchaux mis fur le dos pour fe retrouver fur fes partes j le trépignement de l'émerobe , &c la courfe de l'araignée qui s'élance horizontalement d'une muraille à l'autre fans autre point d'appui que fon fil. Le papillon diurne ne marche qu'en voltigeant verticalement dans les airs j le phalène porte Ces ailes abaifiees , & la ti- pule horizontalement dans les airs. Les fourmis fe promènent en grandes troupes pour chercher des vivres Se des matériaux qu'elles apportent dans leurs magafins fouterrains. Lorfque les chenilles veulent aller d'un endroit à l'autre , elles alongent la peau mufculeufe qui fépare les premières bou- cles d'avec les fuivantes ; elles portent le premier anneau à une certaine diftance , puis en fe contraclant Se fe ridant elles font venir le fécond an- neau j par le même jeu elles amènent le troifieme Se fucceflîvement tout le refte du corps : c'eft ainfi que ces petits animaux, même les vers qui font fans pieds, marchent Se fe tranfportent où il leur plaît, fortent de terre Se y rentrent au moindre danger , avancent Se reculent félon le be- foin. Plufieurs infedes ont les pieds de derrière plus longs Se plus forts que ceux du milieu j ce qui leur facilite le moyen de fauter , ou leur donne le premier efïor du vol. Un grand nombre d'infeéles a l'extrémité des pieds garnie de crochets ou de pointes crochues , à l'aide defquels ils s'attachent aux corps les plus unis ; entre cqs pointes , d'autres , comme les mouches Se les araignées , ont des coufiinets ou pelottes vifqueufes qui leur fervent à fe tenir contre la furface polie d'une glace : d'autres ont une efpece de palette aux genoux , avec laquelle ils peuvent fe fixer a volonté fur diffé- rens corps. Les mâles de plufieurs fcarabées aquatiques en font munis: elles leur fervent à pouvoir mieux fe tenir aux femelles lorfqu'ils s'accou- plent. Ces infedes s'élancent dans l'eau de haut en bas indifféremment avec une rapidité prodigieufe. Le puceron aquatique a pour fa feule parc trois différentes manières de nager. Quelques fcarabées Se autres infedes iardigrades emploient pour marcher les deux pieds les plus éloignés du Pppi; 4^4 I N S même coté Se celui cîii milieu de l'autre côté. Par ce qui précède , on remarque que l'alku-e des infedes s'exécute de plufieurs manières diffé- rentes, qui peuvent fe réduire à cinq, ramper^ courir ^ fauter ^ nager ÔC voler. M. Tf^eïfs 3 de la Société de Bafle , a fait des obfervations fur ces mouvemens ingénieux : la façon de ramper la plus fimple en apparence eft très-diverfifiée, fuivant le nombre &: l'apparence des pieds, des anneaux & des mufcles : celle de courir ou marcher , que l'on pourroit attribuer aux hexapodes _, ( fix pieds ) s'exécute aufîi de plufieurs manières , félon le nombre, la pofition , la grandeur & la figure des pieds : celle de fauter fe fait par des mufcles ôc des relTorts , dont la force , le jeu &: la diverfe il:ru6ture méritent encore des recherches particulières : celle de nager , la plus variée de toutes , fe fait dans un milieu favorable à toutes les fortes de pofitions des corps qui s'y trouvent plongés, &: qui ont à- peu-près la même pefanteur fpécifique : enfin la façon de voler fe diverfifie félon la figure , la pofition , la confiftance & le nombre des ailes & de leurs étuis. Le Naturalifte découvre dans ces chef-d'œuvres des modèles pour la per- fedtion du mécanifme. On peut encore confulter Borellï j De motu ani- malium ; ce Savant favoit bien que le mouvement eft peut-ctre le plus grand phénomène de la Nature & l'ame du fyftême du monde j il ne perd jamais rien de fa dignité & de fa néceflité , & il eft auflî admirable dans les plus petits animaux que dans l'enfemble de l'Univers. On peut auiïl confulter les articles Ver de terre j Scolopendre j Efcargot j Chenille _, &rc, pour avoir une plus grande idée du mouvement progrefilif. Rufes, ravages ^ armes & combats des Infectes ^ foit pour leur défenfe y foit pour leur nourriture. Parmi les infeéles, comme chez tous les autres animaux, régnent \qs antipathies, les inimitiés, les rufes &: les combats ; les plus gros font la * guerre aux petits y ceux-ci plus foibles deviennent la proie & la viétime des plus forts. Tous ces animaux font zoophages &: fe mangent réciproque- ment , ou fe détruifent d'une autre manière ; malheur à celui d'entre eux qui perd ^qs ailes &: ion aiguillon dans une bataille , car ces membres ne reviennent plus, de l'infeéte s'affoiblifiant fans ceiFe, meurt bientôt. Les infedes font armés de pied en cap j ils font en état de faire la guerre, d'attaquer , &.de fe défendre : des dents en fcie , un dard ou aiguillon,» î N s 48^ pinces , cuiralTe , ailes , cornes , reiTort dans les pattes j chacun fait où trouver font fiiut. Mais qui pouitoit fe lafTer d'admirer les manèges mer- veilleux Se finguliers de ces petits animaux. Les cornes des infedes font dures Se à pointe fine , &c différent de leurs antenes en ce qu'elles n'ont point d'articulation dans leur longueur. PUi- fieurs de ces animaux n'ont qu'une corne placée fur la tête , & qui s'cleve directement en haut ou fe recourbe en arrière ou en faucille, comme on le voit dans le Jcarabee-rhmocéros ; d'autres en ont deux placées au-de- vant de la tête , s'étendant vers les côtés , ou s'élevant en ligne droite. Ces cornes font ou courtes , unies &c un peu recourbées en-dedans, ou elles font branchues comme celles du cerf volant. Quelquefois elles font égales en longueur , & d'autres fois elles font plus grandes l'une que l'autre. L'on trouve aulli des infettes qui ont trois de ces cornes qui s'élè- vent perpendiculairement j tel efl: Vénena du Brejil ^ dont Marcgrave y H'ijlor Brafil. L. vu _, c. ij j donne la defcription. Tous les infedes ne portent pas leurs cornes à la tête ; car on en vois: qui les ont des deux côtés des épaules près de la tête. Enfin dans quel- ques-uns de ces animaux elles font immobiles , & mobiles dans d'autres. Ceux-ci peuvent par ce moyen ferrer leur proie comme avec des tenailles, èc ceux-là écarter ce qui fe trouve en leur chemin. Il règne à tous ces égards des variétés infinies pour le nombre, la forme, la longueur, la pofition , la ftrudure , les ufages des cornes dans les diverfes efpeces d'in- fedes. Nous devons au microfcope une infinité de curieufes obfervations en ce genre j mais comme il n^'eft pas poflible d'entrer dans ce vafte détail, nous renvoyons le Ledeur aux Ouvrages des favans Naturaliftes qui en ont traité. Tous les infedes , fi l'on en excepte un très petit nombre , font cruels &: voraces , Se nuifent à tous les animaux , même à l'homme. Les Hiftoires facrées & profanes font remplies d'exemples de peuples qui ont été con- traints d'abandonner leur pays natal pour avoir été trop incommodés par les fauterelles, par les fcorpions , par les fcolopendres , ou par les punai- fes , les puces, les araignées, les abeilles. Le fcarabée des maréchaux dégorge de toutes fes articulations une liqueur grafie Se vifqueufe, donc l'odeur fait enfuir tous les infedes qui approchent de lui,, Chaque efpece fait détruire à fa manière les différentes produdions de la terre. Des lé- gions de chenilles Se do larves ravagent en peu de temps les prairies : une efpece dévore les racines du houblon , une autre les fleurs , une autre 4^6 I N S perce les habits ^ les tipules rongent les plantes qui commencent à naître dans les campagnes y d'autres infedes fe forment dans l'intérieur des feuilles des fcntiers 8c des galeries: les infedes appelés ^r/Z-om par lesVignerons^ & la bêche j détruifent les ceps en hiver &c les raifins en été ; les charcn- cons confument les bleds dans les épis ^ le perce-oreille &: la larve du han- neton détruifent les herbes potagères j la chenille ravage les choux -, le ver à foie les feuilles de mûrier j la chryfomele les afperges j le fcarabée diffe- queur les peaux 8c les viandes. Quelques-uns qui font ordinairement remplis de différentes larves de mouches 8c d'infeétes à étuis, n'attaquent & ne dévorent que les animaux morts, 8c dont les chairs commencent déjà à fermenter. Une autre efpece de fcarabée , 8c particulièrement la vrillette, réduit en pouffiere les tables des maifons 8c les différents meubles de bois. Sa larve, logée dans l'intérieur des vieux arbres, les ronge 8c les réduit en une efpece de tan , dans lequel elle fe transforme 8c y bat comme une montre de poche. La mite gruge le fromage 8c la farine , 8cc. Il fufEt de nommer les punaifes de Paris , les tarentules de la Fouille , les fcor- pions d'Afrique, les coufms de la Nort- Hollande, les chiques d'Amérique, les taons de la Laponie, les grillons des cabanes des villages, les mites de la Finlande , la vermine des enfants , les cirons qui tracent des filions dans la chair des humains , les chenilles qui défolentles arbres-fruitiers, & les teignes qui rongent les étoffes. L'araignée entortille par la contexture admirable de fes fils , l'infede qu'elle attend fouvent pendant une journée pour en faire fa proie j mais elle tombe à fon tour entre les griifes Je la guêpe ichneumone fon ennemi capital. L'émérobe ou phryganée dans foti premier âge fe trouve parmi les poifTons fes plus cruels ennemis j mais il fe couvre tout le corps d'atomes fablonneux 8c de feuilles , pour tromper Tavidité de fes ravifîeurs : en le voyant étendu fur les eaux, on le pren- droit pour un très petit morceau de bois pourri , 8c non pour un animal vivant qui devient mouche fur le foir : d'autres infedes favent fe raccour- cir ou paroître au befoin plus grand qu'ils ne font effedivement, parceque leur corps eft compofé de pattes qui s'alongent en fe dépliant, ou fe rac- courcilTent en rentrant les unes fur les autres, comme faifoient les braf- farts 8c les cuiffarts dans nos anciennes armures. La tortue (caffîda), 8c la chryfomele qui a le cou comprimé , marchent fous lemafque, tout couvertes de leurs excréments, pour n'être point reconnues des oifeaux : les larves des cigales bédaudes fe cachent fous leur propre écume : la punaife à mufeau pointu a le corps tout couvert de IN s 487 brins de toute efpece , Se pour 'mieux fe déguifer , marche tantôt d^une façon, tantôt d'une autre, de forte qu'à force de fe mafquer ainfi , de fort bel infede qu'elle étoit, elle devient plus hideufe qu'une araignée. La teigne d'où n'ait le phalène ou papillon no6turne , fe loge dans le îiffu le plus fin des tapifleries, des étoffes , même dans les peaux emplu- mées , afin de les ronger à (on aife; & comme elle eft très fufceptible d'accroiffement , elle fait élargir fa demeure aux dépens de Tétoffe. Le formica-Ieo demeure dans le fable , vit fans boire , fe contente d'une ttès-légere nourriture , fe cache dans la terre par la crainte qu'il a des oifeaux , & fe tient au centre d'une petite fofle qu'il creufe dans un fable fec 8c mobile , & qu'il façonne en forme de cône renverfé. Les fourmis qui pafTent par-là , tombent dans le trou , ôc deviennent la proie de l'animal qui s'y tient caché. La mouche , malgré fon vol étourdi , fa flrudure délicate & fes membres déliés , eft deftinée évidemment par la Nature à être auflî la proie du fourmi-lion. Ce prédateur a en partage la rufe , la force &: la vigilance. Le pou de bois , improprement appelle pou pulfateur j fe tient dans le vieux bois & dans les livres j il y entre par les trous que des vers ont faits , Qc y fait encore de plus grands dégâts. L'on ne peut conlidérer fans éconnement la queue formidable du fcor- pion , & l'adrefle avec laquelle il met en mouvement i^s rames lorfqu'il , s'acrit de le battre , de fe défendre ou de s'enfuir. Le puceron qui fe nourrit de plantes , eft dévoré par certaines mouches : le taon détruit ces mouches ; les demoiielles font la guerre aux taons , &C celles-ci font la proie des arraignees j le perroquet d'eau qui fe plak dans l'eau corrompue fert de nourriture aux moucherons j ceux-ci aux grenouilles , &c. le papillon noéturne eft mangé par la chauve-fouris. La blatte , nommée kacherlacki à Surinam , court la nuit pour butiner, iiévore les fouliers , les habits , les viandes , & fur-tout le pain , dont elle ne mange que la mie. Cet animal qui croît auffi à la Martinique, y eft appelle ravet j il ronge les papiers , les livres , les tableaux & les hardes j il gâte par fes ordures & fa mauvaife odeur tous les endrpits où il fe niche : comme il vole par-tout , èc plus la nuit que le jour j il fe prend dans les toiles de la groife araignée appellée phalange. Celle-ci fond fur ces blattes d'une manière furprenante , les lie avec fes filets , & les fuce de telle manière p que quand elle les quitte , il ne refte plus 488 I N S rien que leur peau Se leurs ailes bien entières , mais feches comme du parchemin. La vermine multiplie prodigleufement fur la tête des enfans galeux : quelques-uns prétendent qu'elle leur eft avantageufe en ce qu'elle détruit le fuperflu des humeurs j mais M. Bourgeois dit que loin de leur être utile , elle ne fert qu'à perpétuer la gale , &c i y produire des ulcères , qui rendent la gale inguériirable tant que la vermine fubfifte j &c on re- marque tous les jours que les enfans attaqués de gale &c de vermine invé- térée , deviennent maigres , pâles & cacochymes : d'ailleurs la petite quan- tité d'humeurs que les poux confument, ne fauroit leur procurer un avan- tage réel &c fenfible. Au refte , tout ceci démontre que les infectes ont prefque tous des goûts exclufifs. Habitations des Infectes. 4 Entre les Infedes , pîufîeurs meurent à l'entrée de l'hiver ^ d'autres qui font d'un naturel plus chaud , telles que les abeilles &c les cantharides, pafiTent l'hiver dans des crevalTes : les uns vivent en troupes fous terre ôc mangent l'herbe ; d'autres vivent dans les bois de mangent les feuilles des plantes , ou font folitaires & fucent le fang des animaux qu'ils habi- tent y ce qui produit fans doute les diftérentes odeurs qu'ils répandent. En quel endroit ne rrouve-t-on pas des infectes ? on en rencontre dans la laine , les habits , la vieille cire , le papier , les livres , même dans les fruits : la plupart des gallinfecles ôc progallinfecles j dont la durée de la vie eft fixée à un an , habitent ordinairement dans la bifurcation des plantes qui paOTent l'hiver» Utilité des Infectes. Quoique ce genre d'animaux paflTe pour être généralement nulfible , il y en a cependant qui méritent quelque exception , comme fervant à nos befoins réels ou fa6tices , tels font les cantharides , le cloporte , le coccus de Pologne, la cochenille du Mexique, le kermès du Languedoc, l'abeille , la chenille ver à foie , l'infeéle qui nous procure la réfine lacque, & plufieius autres , dont l'efpece de gouvernement, l'économie, les mœurs ôc l'induftrie pourroienc fervir d'exemple aux hommes dans quantité d'oc' cafioiis. En ' ï N s 4Sîr Eli confultant chacun des noms des infeâ:es , leur hidoire fera voir que les uns favent filer Se ont deux quenouilles j d'autres font des filets , Se ont pour cela une navette Se des pelotons : il y en a qui bâtiffent en bois, & ont deux ferpes pour faire leur abatis : ceux qui travaillent en cire, font voir que leur attelier eft garni deratifloires, de cuillers Se de truelles: plufieurs d'entr'eux , outre la langue pour goûter 6c lécher, ou la trompe pour faire l'office de chalumeau , ou la fcie pour abattre , ou les tenailles dont ils ont la tête munie , ont à l'extrémité de la queue une tarière mo- bile , propre à percer Se à creufer. Leurs antennes Se leurs cornes font des membres très-délicats qui', en mettant leurs yeux à couvert, les aver- tiiïent du danger Se leur font connoître leur route dans l'obfcurité. Le.s mouvemens de ces petits animaux ne font ni de caprice ni fortuits , ils font pleins d'ordre Se de delîein , Se tendent tous au but pour lequel la nature a formé chacun de ces animaux. Quand les moucherons dépofent leurs œufs dans l'eau croupie , les vers larves qui éclofent y confomment tout ce qui s'y trouve de pourri- ture. Les fcarabées pendant l'été emportent tout ce qu'il y a d'humidô Se de vifqueux dans les excrémens des troupeaux : de forte qu'il n'en refte plus qu'une poufiiere que les vents difperfent fur la terre ; ce qui n'eft pas un médiodre avantage: car fans cela, bien loin que ce fumier engrailîâc les plantes , il ne croîtroit rien par- tout où il y en auroit. Tel eft le coup d'œil général qu'on peut jeter fur l'Hiftoire des Infeétes; dont l'étude, fi méprifée du commun des hommes , a rendu les noms de Geer Se de Linn^us aufli fameux chez les Suédois , que celui de Réaumur l'eft chez les François. Lijler ^ en les étudiant, s'eft rendu immortel chez les Anglois , ainfi que Swammerdam chez les Hollandois , Frlfck chez les Allemands , Se Redi chez les Italiens. Les Ecrits de Leuwcnhoeck j de Bradley j d'ffarvcy j de Needkam j de Derham^ de Malpighi ^ de Lejfers ^ de Rœfel , de Lyonnet , de Bonnet^ Sec: font voir que les infedes font un des principaux chef-d'œuvres de laNa- ture , Se que la grandeur Se la fagefife du Créateur éclatent jufques dans fes plus petits ouvrages, . Emihec in minimis maximus ipfe Deus. Tomi IIU Q^ï'q 49© I N S ■ Maniare de fe procurer les différentes efpeces d'Infectes j ae les préparer:^ & de les envoyer des pays pks ou moins éloignés. On fe rappelle que nous avons diftingué les infedes en plufieurs ordres, cil aptères , en diptères j en tripceres , en lépidoptères , en névropteres , en coléoptères &c en hémiptères. Nous ne les confidérons ici relativement à l'ob- jet que nous propofons , que fous trois points de vue , favoir en infedes qui ont les ailes nues & à réfcau ; en infectes qui ont les ailes nues & cou- . vertes d' écailles ou de poujjiere ; ôcen^n en infedes qui portent lems ailes pliées fous des étuis écailleux qu'on nomme elytres. Cette divifîon eft celle qu''a donné fur ce même fujet M. Mauduit j dans un excellent Mé- moire inféré dans les Obferv.fur la Pkyfique ^fur l'Hifl. Nat, & fur les Arts, Les moyens que nous allons décrire font extraits de ce même écrit. Avant de parler de la manière d'envoyer les infectes , il convient d'ex- pofer celle de les ramafTer. Il y a peu de difficulté à cet égard relativement aux fcarabées ou infedes à étuis : ils ne volent qu à de certaines heures j leur vol eft court & fouvent tardif .Se pefant : on peut les prendre aifé- ment. Il n'en eft pas de même des infeétes à ailes nues , & fur-tout des papillons qu'on gâte toujours en les touchant , & qui les uns & les autres volent avec légèreté , fuient de loin , & fe retirent à de iî grandes dif- tances , qu'il eft fouvent impoflible de les atteindre. La meilleure mé- thode eft de les prendre avec des filets ; on. en a propofé de différentes formes. Ceux dont M. Mauduit préfère l'ufige , ont celle d'une chaulfe tt Hippocras ou à palfer des liqueurs ; la pointe en eft fermée ; l'ouverture en eft attachée autour d'un cercle de gros fil de fer j les deux extrémités de ce fil de fer fe joignent, font contournées enfemble j on les fait en- trer dans un bâton creux , où on les affujétit en y enfonçant de force des petits coins de bois j le manche du filet doit avoir au moins quatre pieds j il peut fervir de canne. Il faut avec le filet être muni de petites pinces , femblables a celles dont fe fervent les Anatomiftes ou les Lapi- daires j ce fo,nt des pinces d'acier ou de cuivre plates douces Se qui ont peu de relTort : les Lapidaires de Paris nomment ces pinces des bruxelles. On doit encore porter avec foi une pelote garnie d'épingles , & une boîte garnie dans le fond de lie2;e ou de bois tendre. Pourvu de cqs inftru- mens , on peut faifir les infedes au vol , fi on a le coup d'œil jufte & la main prompte , ou attendre qu ils foient pofés fur les plantes &: les fleurs , & les couvrir alors avec le filet. Dès qu'ils font pris deiTous , on les faific I N s 49Ï à travers les mailles avec l'extrcmité des pinces. On les prend par les cô- tés, au milieu du corps autant qu'on le peut j on les ferre fans les écra- fer , mais afTez pour les affoiblir. On levé enfuite le filet , en lâchant rinfe<5be qui eft hors d'état de s'envoler : on le reprend avec les pinces, on le pique avec une épingle qu'on enfonce par le milieu du dos , &c on attache fa proie avec précaution dans la petite boîte, d'où on la retire quand on eft arrivé chez foi , pour la fixer dans une plus grande dont il fera fait mention ci-après. Les infedles qui ont les ailes nues 8c à réfeau, tels que font les mouches ^ les demoifdks j les coujins , les éphémères j les abeilles j les guêpes j &C, ne doivent pas ctre envoyés dans la liqueur , ils en feroient gâtés. Leurs ailes frêles , membraneufes ou papyracées , font fujettes à y être déchi- rées par le frottement des individus les uns contre les autres ; elles y contradent de faux plis , elles s'y amolliflent &; reftent pendantes fans confiftance , fans forme & fans foutien , quand on retire les infedes de la liqueur. Ceux des infedes dont les ailes font couvertes de pouiîiere ou d'écaillés , & ce font les papillons dont les efpeces font fi intéreflantes par leur variété , par leur nombre , par la beauté, par l'éclat de leurs couleurs , par l'élégance de leur forme , ne peuvent aucunement être confervés & envoyés dans la liqueur j ils y perdroient ce duvet attaché à leurs ailes , ôc qui en fait toute la beauté. Des perfonnes envoient les papillons entre les feuillets d'un livre qu'ils facrifient à cet ufage , & qu'ils enveloppent d'une large feuille de papier pour le fermer. Cette méthode peut à la rigueur être admife , elle offre plus d'efpace pour contenir beaucoup d'individus \ mais en la fuivant on applatit , on écrafe le corps des papillons , on mutile leurs pattes , K les ailes font fouvenî endommagées par le frottement des feuillets du livre. Le meilleur moyen eft de tenir prêtes des boîtes longues & plates , dont le fond foit d'un bois tendre ou couvert d'une femelle de liège bien aftujétie. On perce les papillons & les infedes à ailes nues &: à réfeau qu'on a pris , d'une épingle qu'on leur tw^owcQ dans le corcelet , cette partie qui eft entre la tête ôc le ventre j on pique , en enfonçant le plus avant qu'on peut , la pointe de Tépingle dans le liège ou dans le bois tendre qui forme le fond de la boîte; on laifte l'infede mourir dans cette pofition. Ces fortes d'infedes ainfi arrangés & aOTez diftans les uns des autres pour qu'ils ne fe touchent pas, n'exigent plus aucune atten- tion : ces malheureufes vidimes de notre curioficé , percées d'un glaive Qqq ij 4^2 ï N s jneurcrier j pieiTées cependant paria faim. Ci elles étoîenr fixées afTea près pour fe toucher, fe déchireroienr &c fe dévoreroient les unes les autres dans leur état cruel , que leur propre barbarie prolonge encore. N'omettons pas de dire que pour les papillons il ne fuffit pai, de les avoir percés d'une épingle qui traverle leur corfelet , car en s'agitant , fe débattant , ils brifent leurs antennes de leurs longues ailes contre le couvercle & le fond de la boîte. Il faut donc pour nous les procurer dans tout leur éclat &: leur conferver leur funefte beauté , leur ôter jufqu'aux moyens de témoigner leur fouffrance par leurs mouvemens , Se les condam- ner à mourir immobiles , fans pouvoir même fe donner le foulageraent de changer de pofition : après qu'on les a percés par le milieu du corps avec l'épingle qui les aflTujétitau fond de la boîte , on attache & enfonce quatre autres épingles aux bords antérieurs de leurs ailes j une épingle à chacune : on choifit fur-tout le point où Ton voit une des plus fortes nervures qui traverfent l'aile pour la percer : chaque épingle fixée au fond de la boîte doit être inclinée à l'oppofé du corps du papillon , de former avec ce fond de boîte un angle aigu. Un malheureux papillon , fixé par cinq épingles , efl contraint de demeurer fans mouvement &c d'expirer fans pouvoir changer de pofition. Quand il eft mort de que fes ailes étendues ont pris le pli qu'on leur a fait prendre, on retire les quatre épingles qui les ont alTujéties , on ne lailTe que celle qui tient le corps du papillon attaché au fond de la boîte. Les infectes coléoptères, c'eft- à-dire ceux qui portent leurs ailes , dans l'état de repos , pliées fous des étuis écailleux , peuvent être confervés Se envoyés percés avec des épingles qui les aiïlijétiiïent fur le fond des boîtes. Cette méthode eft fans contredit la meilleure. Ceux qui veulent s'épargner la cruauté de cette pratique Se fon embarras, peuvent jeter les infeâ:es à étuis , à mefure qu'on les prend , dans des liqueurs confervatrices : ils arrivent de cette manière fans être mutilés j mais leur couleur en foufFre quelquefois. Ceux qui prennent le parti de percer tous les infedtes avec des épingles , de les lailTer mourir ainfi Se de les envoyer attachés au fond des boîtes , doivent obferver de n'envoyer dans une même boîte que des papillons j on y peut joindre des infeébes à ailes à réfeau , mais Von doit mettre dans d'autres boîtes les infedes à étuis ou fcarabées j cai^malgré le foin qu'on prend pour enfoncer les épingles dans le liège ou dans le bois, fi l'objet qu'elles traverfent 6c quelles attachent a quelque poids ï N S 495 il arrive fouvent qu elles fe détachent j aiors lesinfedes détachés roulent dans la boîte , s'y brifent & mutilent en même temps les autres infectes qu'ils rencontrent. Un feul fcarabée dans une boîte de papillons , peut la perdre. Les infedes à ailes nues au contraire &c les papillons font Ci légers , que leur poids ne peut guère ébranler les épingles , aufli rarement fe détachent-elles. Si le cas arrive , il en réfulte peu de mal, parce que l'infede détaché eft prefque fans effet , étant prefque fans poids. Veut-on empêcher que les fcarabées contenus feuls dans les boîtes ne fe déta- chent , il faut remplir les boîtes de coton , qui étant foulé par le cou- vercle contient , afflijétit &C fixe les épingles. On préfume bien qu'il eft impoflible d'ufer de la même précaution pour les papillons , parce que le coton enleveroit la poufîiere écailleufe qui embellit iQurs ailes. Il faut donc, comme il eft dit ci-deftlis , les envoyer dans des boîtes à part ou avec des infedes à ailes nues. 11 fera même mieux , fi on le peut , de mettre chacune des trois efpeces d'infedes [mouches ^ papillons^fcarabées) , dans des boîtes féparées. L'ufage des épingles , excellent en lui-même , employé par les Hollan- dois & les Chinois , qui, aux deux extrémités du globe , s'accordent par le cas &: la recherche qu'ils font des infedes , a un inconvénient ^ c'eft que les épingles fe rouillent dans le corps des infedes qu'on bcife , quand pour les difpofer dans des cadres , on en veut retirer les épingles. On peut prévenir cet inconvénient en trempant les épingles avant de s en fervir , dans de la pommade qui empêche la rouille. Si l'on ne l'a pas prévenu, on évite de brifer les infectes , &: on ôte aftez aifément les épingles par la pratique fuivante. On allume une bougie , & l'on enfonce l'épingle où tient l'infede , le plus qu'on peut , à travers un carton mince , & de la largeur de l'infecte ; on prend la tête de l'épingle avec des pinces, on en préfente la pointe à la flamme tranquille de la bougie j le carton garantit l'infede de l'adion de la flamme j l'épingle ne tardera pas à rougir , fa forte chaleur communiquée dans toute fa longueur , defléchera, brûlera les molécules qui y adhèrent , le trou fe trouvera agrandi , l'épin- gle fortira fans difficulté , & rien ne fera endommagé : il faut cependant tâtonner ici , car fi on employoir trop de temps dans l'opération , l'épin- gle endommageroit une partie confidérable du corps de l'infecte. On prétend qu'en mettant pendant quelques jours dans un endroit un peu humide , tel qu'une cave , une boîte d'infeétes , on retire l'épingle fans peine ,' & fans endommager même les plus petits infères. En fuiyant ce 45>4 ï N S dernier procédé , il faiidroic , après en avoir retiré l'épingle , laifTer les infeétes dans un lieu fec , car il on les enfermoit aufli tôt dans leur café , ils s'y gâteroient. On ne doit pas omettre ici la manière de recueillir & de conferver les larves , les coques , les nymphes & chryfalides des infedes. On fait , & nous l'avons dit , que les larves font les vers ou les animaux fous la forme defquels les infedes paroilTent en fortant de l'œuf, qu'ils quittent pour en prendre une autre , après avoir vécu & grandi pendant quelque temps fous cette première forme. Ainfi les chenilles font les larves des papillons. Nous avons dit aufli que les coques font ou des tifTus , ou des fragmens de différentes fubftan ces raiïemblés &:unis enfemble , des loges enfin à l'intérieur defquelles les larves fe retirent pour fe changer , foie en nymphe , foit en chryfalide , & prendre enfuite leur dernière forme j enfin nous avons expofé que les chryfalides & les nymphes font des enve- loppes cartil^gineufes , ou bourreufes ^ de forme fouvent bizarre ^ quel- quefois très -brillantes , fous lefquelles paroifient les infedes en ceflant d'être dans l'état de larves , & fous lefquelles ils demeurent cachés jufqu'a ce qu'ils les rompent pour paroître dans leur dernier état. On diftingue les larves des vers proprement dits , dont elles prennent fouvent la forme , en ce qu'elles ont toujours des pieds plus ou moins apparens, & la tète écailleufe , au lieu que les vers font abfolument fans pi:îds , &: n'ont aucune partie qui foit écailleufe. Les larves ne peuvent fe conferver que dans la liqueur , encore j perdent - elles leur couleur , & n'y gardent - elles que leur forme. Quelques perfonnes émerveillées de la beauté des chenilles, ont cherché les moyens de les conferver. M. Mauduit dit qu'il en connoît deuxqui réufliflentpafTa- blement pour quelques efpeces \ il faut , dit cet Obfervateur , faire une légère & courte incifion à la peau de la chenille vers l'anus , qu'on ne fait que dilater , puis preflTant le corps avec les doigts d'une main , en tirer les vifceres avec une pince qu'on tient de l'autre main j quand la peau eft vidée , on la diftend en fouftlant dedans avec un chalumeau. Alors on la remplit de fable en la fufpendant la tète en bas , &: on la laifï'e fécher pleine de fable , qu'on fait reltortir après qu'elle eft bien feche , par l'ou- verture par où il eft entré : l'autre moyen confifte à faire fondre partie égale de cire & de grailTe \ on remplit une feringue proportionnée de ce mélange affez chaud pour conferver quelque temps fa fluidité , 5c on en injede la peau de la chenille. Si c'eft la peau d'une chenille couverte de INS 4„ poils ferrés & fournis, elle fe confervera &'paroîtraaflez bien préparée ; mais fi la peau eft lifTe , la chenille perdra beaucoup de fa beauté , fes couleurs ou paroîtront fort altérées, ou fe perdront tout- à- fait. Les coques des chenilles méritent d'être ramaffées, parce qu'elles portent témoignage de l'induftrie des infedes , &c que leur defcription entre dans leur hiftoire. Il fuffit de les enlever &de les ferrer dans des boîtes à part, où on les garantit par le moyen du coton. Les chryfalides ont communé- ment aflTez de folidité pour n'exiger aucune préparation pour fe deffécher fans fe corrompre , fans changer de forme , de quelquefois fans perdre leur éclat ^ il faut feulement ôter la vie à l'infede pour qu'il ne les perce pas : ce qu'on fait en les expofant fous un verre à l'ardeur du foleil , ou en les plongeant pendant une ou deux heures dans une liqueur fpiri- tueufe. A l'égard des araignées , molles comme pulpeufes , pleines d'humeurs , elles ne peuvent guère être envoyées que dans la liqueur j elles y perdent fort peu j leurs humeurs s'y épaifliffent, ëc quand après y avoir féjourné quelque temps on les en retire , alors elles fe deflechent à propos. On peut encore les conferver en les perçant avec une épingle , en fixant leurs pieds par ce même moyen, & lespofant dans un four dont la chaleur , qui doit être graduée , épaiffit leurs humeurs avant qu'elles fe foient évaporées , & empêche par ce moyen qu'elles ne paroifTent déformées , arides & delTéchées. On pourroit encore , quand elles font très-groffes, telles que la phalange^ la tarentule ^ 8zc. de fi l'on n'y fentoit pas de la répugnance , ouvrir le ventre en dellous , le vider 8>c le remplir de coton ; mais ces animaux ne doivent, fur- tout dans les pays chauds, être ma- niés qu'avec précaution. M. Maudult afiure que leur morfure ny eft pa$ fans danger. Ce même Obfervateur a raifon de recommander aux Voya- geurs de chercher à s'inftruire dans les pays qu'ils parcourent , quels acci- dens ou quelle incommodité occafionnent les infectes : en homme fa<7e& éclairé j il les invite à tenir un jufte milieu entre la crédulité qui admet tous les faits , de la critique trop févere qui les rejette. Les infedes , dit-il , font des êtres qu'on foule aux pieds en même temps qu'on change leurs opérations les plus fimples en merveilles & en prodiges. Enfin il laiifeà la prudence des Voyageurs à recueillir des faits fur ks infedes étran- gers j fur leur manière de fe nourrir , fur leur fagaciré , fur les dépars qu'ils occafionnent, fur les avantages qu'on en retire ou qu'on auroic droit d'en attendre. 49? I N S J O N INSECTES PÉTRIFIÉS , entomolithl. Sous ce nom vasue , on com-^ prend les zoophytes , lesinfedes volatiles, les différentes produdions à polypier , les coquilles & les cruftacées que l'on trouve dans la terre , confervés dans différens états \ &c moins celles qui font en empreinte ou en relief , que celles qui Tont en nature. Les zoophytes folTiles nous donnent des trochites Se entroques , &c. Les productions à polypier foffiles donnent des lithophytes , des coraux , différens madrépores , Sec. Les coquilles foinles ou teftacites donnent différentes efpeces dans les uni- Vaives , les bivalves & les muhivalves. Les cruflacées foiîiles donnent des crabes, des cancres, des homars. Les infedtes volans donnent de5 empreintes de mouches à ailes nerveufes ou à étuis. On trouve auffi des vers marins foffiles, c'efl-à-dire des vermiculites , &c. P^oye:^ chacua ^ de CCS mors. INTERPRETE. Fbyf:^ Toulon- chaud. INTESTINS. Ce font ces grands canaux membraneux qui s'étendent depuis l'eftomac jufqu'à l'anus. Voye':^ l'artîcU Économie animale, au mot Homme. JOCASSE. Voye-^ au mot Grtve. JOCKO. Petite efpece d'ora«^-o«r:/;o-. Voyez ce mot. JODELLE. C'eft la foulque. ^<3>'^^ ce mot. JOLITE. Voye^ Pierre de violette. JONC , juncus. Plante dont on diftingue plulîenrs efpeces. Les joncs J proprement dits , font de la famille des liliacées , Se paroiffent tenir le milieu entre les gramens & les lys. Ils ont tous une maîtreffe ra- cine , rampante & fibreufe. Leur calice eft compofé de fîx feuilles dif« tindes rangées autour du piftil , auquel fuccede , dit M. Deleu^e ^ une capfule à trois panneaux qui renferme plufieurs femences menues. Leurs fleurs font à fix étamines. JONC AIGU ou PIQUANT , juncus acutus. C'efl; une plante qui croît dans les marais proche de la mer , Se en plufieurs autres lieux aqua- tiques j fa racine eft compofée de groiïes fibres j elle pouffe beaucoup de tiges a tuyaux , à la hauteur de deux pieds , groffes , roides , pointues , compofées d'une écorce épaiffe Se d'une moelle un peu dure , blan- châtre , enveloppée depuis la racine par des efpeces de graines feuille- tées , qui ont jufqu'à près d'un pied de longueur. Ses fleurs font en .Ktoile Se placées vers le fommet des tiges j il leur fuccede une capfule relevée J O. N 497 relevée'de trois coins , Se qui renferme des femences ; cette plante eft aftringente 5c narcotique. JONC CORALLOIDE. Nom donné aux tubiporites branchus , bifourclius &c comme noueux. F'oye:^ Tubipore ôc l'article Joncs de PltRRU. JONC D'EAU , fcîrpus. Suivant M. Deku-^e j ce n'eft pas un jonc proprement dit : fes tiges font grandes &: liffes \ il convient à un grand nombre d'ouvrages : on s'en fert pour lier différentes fortes de chofes. C'eft une plante aquatique , dont les racines font'longues , groffes , nouées > rampant dans la terre , rouges-brunâtres en dehors , blanches en dedans : elles poulfent plusieurs tiges hautes de fix à fept pieds , pointues , grolfes comme le petit doigt , droites , rondes, verdâcres, unies, pyramidales, remplies de moelle blanche , portant en leurs fommités des fleurs dif- pofées en manière d'épis : il leur fuccede des femences groffes comme celles du millet , triangulaires , ramaffées l'une contre l'autre , environ- nées de poils à leur bafe , & formant enfemble une tête \ cette plante eft aftringente. Séba , dans le premier volume de fon ouvrage , ^owwo. la figure de deux feuilles d'une plante qu'il nomme jonc aquatique de Surinam , compofé de fils innombrables : il dit qu'on devroit s'attacher à faire l'examen de cette plante , par l'utilité qui en pourroit réfulter pour les arts. On pourroit fans doute en faire du papier , àc peut-être du fil. JONC ou CANNE A ÉCRIRE. Foye^ ce mot. JONC ÉPINEUX. FoyeiG^^ÏT épineux. JONC FLEURI , butomus, M. Deleu^e obferve que cette plante n'eft pas du genre des joncs. Sa racine eft grofle , nouée , blanche & fibreufe ; elle pouffe des tiges hautes de quatre pieds & nues -, {es feuilles (ont longues , étroices , & fortent de la racine j fes fleurs naiffent aux fom- mets des tiges en manière d'ombelles , de couleur purpurine , & difpofées en rofe j elles ont fix pétales difpofées en deux rangs alternativement , neuf étamines & fix piftils. Il leur fuccede un fruit membraneux , com- pofé le plus fouvent de fix graines , remplies de femences oblongues &c menues. Cette plante convient pour la morfure des bêtes venimeufes j le bœuf en eft fort friand. JONC DES INDES ou JONC ROSEAU. Foye^ Rotin. JONC MARIN , juncus marinus. On donne ce nom à une efpece de )©nc aigu qui croît en quantité dans la Vallée de Ste. Marie aux mines. Tome 1 1 1, R r r 4i},S J O N & plus abondamment encore dans la Normandie , dans la Bretagne Se dans le Poitou , où on l'emploie très-utilement pour des clôtures , pour faire du fumier S>c pour brûler au four , de même pour fervir dans les années de difette de paille aux chevaux. La partie de ce jonc qui a pouiTé la dernière eft la plus tendre j c'eft une bonne nourriture pouc toute forte de beftiaux , après avoir été pilée dans une auge ou autre machine femblable. JONC ODORANT. -Fbjq Schœnante. JONC ORDINAIRE ou DES JARDINS , juncus Uvis. Les tiges & les feuilles de ce jonc font plus menues > plus cafTantes , & la plante en eft moins aiguë & moins piquante que celles du jonc aigu : fes fleurs naiffent en bouquets épars. Cette plante eft aftez commune dans les marais ^ elle fert , ainfi que le jonc aigu j à faire des cables , des cordages j. Se à lier des paquets d'herbes. Obfervations fur les Joncs, En général les tiges des joncs font vertes & rondes j elles ne font eue peu- ou point feuillues ni branchues , «Se naiftent dans les eaux ou proche de celles qui croupiffent. Les joncs marins , qu'on appelle auffi fain-foin d'Efpagne ou landes ,. croiiTent dans les landes & terres les plus ftériles , même fans qu'on les ait femés , mais celui qui vient de femence eft meilleur : on donne l'un ^ l'autre aux beftiaux haché & pilé. On doit couper les joncs , ainfi que les rofeaux , par un beau temps , & on les lailTe fur pied pendant trois ou' quatre jours , afin qu'ils fechent.. 11 y a àç^s joncs dont on fe fert à la. campagne pour couvrir des toits de peu d'importance , & pour faire des»- paillaiïons , des corbeilles , des balais , des nattes , &: plufieurs autres-- petits ouvrages d'induftrie j.la moelle du jonc d'eau fert à fiire des mèches de lampes. La plupart des joncs deviennent gros comme le pouce , lorf- qu'on les laifte trois ans fins les couper. On doit en femer la graine au mois de Mars , parmi quelques menus grains , & on les récolte au moig d'Août fuivant. ^oyer Landes & Sainfoin. JONCS DE PIERRE , juncï lapidei. Nom donné a une pierre formée par l'alTemblage de tubiporites pétrifiés ou foffiles, cylindriques ou angu- leux , parallèles les uns aux autres , & placés perpendiculairement eu. égard à la malTe de la pierrcOn trouve de ces pierres dans leConucde, J O N J O T 499 Shropshire en Angleterre , qui font fafceptiples de poli. Cefl le marmor ijuncum de Woodward. JONQUILLE , narciffus junci folius. Planté qui donne une fleur qui vient fur tige iSc qui fleurit en Mars. Il y en a de diverfes fortes \ la pre- mière eft la jonquille à grandes fleurs ; fa racine eft bulbufe , blanche , couverte d'une membrane noire : elle poufle des feuilles longues , étroites , quelquefois arrondies , fort douces au toucher , flexibles , reflemblant à celles du jonc. Il s'élève d'entr'elles une tige, qui au printems porte en fon fommet des fleurs femblables à celles du narcifle ordinaire , mais plus petites , jaunes par-tout , très-odorantes, La jonquille à petites fleurs ne diffère de la première , qu'en ce qu'elle eft moins grande en toutes fes parties , & qu'elle rapporte moins de fleurs; elle eft beaucoup plus eftimée par les Fleuriftes que la jonquille à grandes fleurs dont ils font peu de cas. \^z jonquille à fleurs doubles diffère 6.0.% autres en ce qu'elle jette beaucoup ils n'ofent pas même y tou- cher , non plus qu'à fes œufs , ni à fes petits , perfuadés qu'ils perdroient à leur tour leurs enfans. ( Hijîoire Générale des Voyages, ) JOUBARBE ^fedum. De toutes les efpeces de joubarbe connues , nous n'en citerons que quatre qui font en ufage : favoir , i°. la grande jou- barbe ; z**. \^ trique-madame ; 5". h^vermiculaire brâ/ance y^°. la pyra^ midale* La GRANDE Joubarbe , fedum majus vulgare ^ eft une plante baiTé qui. croît fur les vieux murs & fur les toits des chaumières. Sa racine eft pei- nte & fibreufe j elle pouife plufieurs feuilles cblongues, groiïes, graOTes, pointues, charnues, pleines de fuc , attachées contre terre à leur racine v toujours vertes, comme difpofées en rofe , un peu velues. 11 s'élève de leur milieu une tige à la hauteur d'environ un pied , droite j.aflTez groITe , rougeâtre , moelleufe, revêtue de feuilles femblables à celles d'en bas, mais plus pointues. Cette tige fe divife vers fa foramité en quelques ra-- meaux réfléchis , qui portent après le folftice d'été des Heurs à. cinq pé* •îales , difpofées en lofe, &; de couleur purpurine. Elles four fuivies par des fruits compofés de plufieurs graines , ramaftécs en manière de tête & remplies de femences fortmenues,. qui fe fechent en automne. Le fuc dû cette plante mis à évaporer , exhale une odeur urineufe j ce fuc eft rafraîchiflant & aftringent : on en mêle dans les bouillons d'écriviftes ou de tortues qu'on fait prendre aux fiévreux heétiques. Dans quelques contrées dAfrique , oji guérit la dyflenterie en faifant avaler au malade dix onces du fuc de cette plante. La grande joubarbe écrafée & appliquée fur les hémotrhoïdes , en appaife l'inflammation ^ elle calme aufli les douleurs de tête &: les délires. M. Tournefon aifure que- rien n'eft meilleur pour les chevaux fourbus , que de leur faire boire ime^ chopine. de fuc de joubarbe... J O U 50£ La PETITE Joubarbe Trique-Madame , fcduni minus teretlfoUum album j croît aufli fur les coirs & les murailles expofées au foleil : fa ra- cine eft menue ôc fibrée j elle pouiïe plufîeurs petites tiges dures , ligncu- {es , rougeâtres j £es feuilles font longuettes , fucculentes , vermiculaires. Sqs fleurs paroilTent en été j elles font petites , à plufieurs feuilles , dif- pofées en rofe au fommet des branches j elles font de couleur jaune- blanchâtre. 11 leur fuccede de petits fruits à graines ramafTées en tête , & remplis de petites femences. On cultive cette plante dans les jardins , parce qu'on en met dans les falades : fon fuc rougit le papier bleu , de a prefque les mêmes vertus en Médecine que celui de la grande joubarbe. La Vermiculaire brûlante ou Pain t>' oi s eav y /edum paryum acre '^ flore, luteo j croît prefque par-tout fufpendue par (es racines , ou cou- chée fur les vieilles murailles , fur les toits des maifons balîès ou des chaumières , ou aux lieux pierreux , arides ou moufleux. Sa racine efi: également petite Se fibreufe j fes feuilles font peu épaifTes, mais fuccu- lentes 5 pointues &c triangulaires : fes tiges font baffes & menues j elles portent en leurs fommets dans Tété de petites fleurs jaunes en étoile , a cinq feuilles , rangées comrr^e en épis à l'extrémité des tiges qui fe fourchent en trois branches , auxquelles fuccedent de petites graines comme dans les précédentes : la plante fe feche ôc périt l'hiver. Cette plante qui eft Vïllecebra de Léimry j a un goût piquant , chaud &c brûlant j ce qui lui a fait donner auffi le nom de paivre des murailles^ Elle eft excellente pour déterger les gencives ulcérées des fcorbutiques % elle fait un peu vomir : appliquée extérieurement , elle réfout les tu- meurs fchrophuleufes &; les loupes naiftantes. On l'eftime très-fpécifique pour faire des injections dans les ulcères de la matrice , & pour fomenter les cancers ulcérés , les dartres chancreufes , le charbon & la gangrene=r Cette plante pilée eft un cauftique tempéré qui ronge infenfsblement le virus d'un cancer, & qui avec le temps extirpe jufqu'à fa racine : on y joint ordinairement un peu d'huile de lin : pilée & incorporée avec le beurre frais , & appliquée fur la tête , elle guérit la teigne,- Depuis quelques années les Curieux cultivent avec foin la belle efpece de joubarbe , connue fous le nom de pyramidale. En effet , fa ûoq qui; eft fort élevée , forme une pyramide très-agréable à la vue lorfq a elle eft- fcien garnie de fes fleurs blanches , tant dans fon pourtour que da fom* anet à la bafe, Si le terrain oiî l'on cultive cette plante eft trop gray. 504 J O U I P E trop fort , cette joubatbe y fleurie dîfficliement , candis qu'une terre lé- gère &c maigre , compofée d'un peu de terreau Ôc de terre fableufe , eft plus analogue à celle où cette plante croît naturellement : alors la jou» Larbe ne manque pas d'y fleurir la troifieme année. On connoît que les pieds de cette efpece de jourbarbe donneront des fleurs , lorfque leur -centre eft garni d'un grand nombre de petites feuilles qui forment une rofe. JOUBARBE DES VIGNES. Foye^ Orpin. JOUEUR DE LYRE. Cefl: un ferpenc d'Amérique à bandes circu- laires , dont la peau eft d'un brnn-obfcur , couverte d'ccailles en lofanges , &: cerclée d'efpace en efpace. Cet animal , par fes doux & mélodieux fifflemens très-variés , attire à lui , dir-on , les petits oifeaux , curieux 8c rivaux de fon chant : il en faifit quelques-uns & les dévore. Quelques- uns ont la fimplicité de croire que ce ferpenc eft un habile Muficien, Seha j Thef. IL lab. 41. /2^. 5. JOUFLU 5 hucculcntus. C'eft un poifTon des Indes , peu long, &: qui a environ cinq pouces de largeur. Selon Ruifch _, on le nomme en Hollan» dois dïX'Tnad , parce qu'il a la mâchoire fort épaifle. Sa couleur eft jaune , mêlée de taches blanches argentées : fa chair eft aftez agréable à manger. ^^ JOUI. C'eft une liqueur alimenteufe & reftaurante , fluide comrn^^ bouillon , noire , d'une faveur agréable , falée & jureufe. Lémery dit que c'eft une compofition dont la bafe eft du jus de bœuf exprimé quand il a été rôti : on nQn fait pas davantage j le refte de la préparation n'eft connu que des feuls Japonois, qui le tiennent fecret , & vendent cqiiq liqueur fort cher à tous les Indiens &; autres Peuples qui veulent en avoir. Les Orientaux riches en aftaifonnent prefque tout ce qu'ils mangent , pour cendre leurs mets plus agréables & pour s'exciter à la luxure. Cette liqueur eft très-rare en Europe j cependant on pourroit en apporter aifément , puifqu'elle fe conferve pendant douze ans. JOUR , dies. C'eft l'efpace de temps que le foleil eft fur l'hémifphere î le féjour du foleil fous l'horizon eft la nuit ; voyez ce mot. Voyez auflî ce qui eft dit du foUil à la fuite du mot PlAnette. Le jour eft aufti pris quelquefois pour la lumière , lux. Voyez Lumière, IPATKA. Voyei à l'article Plongeon. IPÉCACUANHA. Cette plante eft une efpece de violier qu'on a fouvc dans le Nouveau Monde vers le milieu du dernier (îecle ; elle a été long- I P E 50| temps connue dans le commerce François fous le nom de hecongullk ou de mine d'or végétale» Les Portugais l'appellent cy/?o de caméras^ Guillaume Pifon 6c Alarcgrave l'avoient apportée du Brefil en Europe 5 on en fit peu d'ufage jufquen \6^6 qu'un Marchand étranger , nommé Garnier ^ en apporta de nouveau : comme il en vantoit extraordinairement les vertus, M. Adrien Hclvedus ^ Médecin de Reims, l'eiTaya &: en obtint les plus heureux fuccès. C'eft de lui que Louis XIV l'acheta pour en rendre l'ufage public. On diftingue deux fortes à'ipécacuanha _, par rapport au pays d'où on le tire ; Tune vient du Pérou , l'autre du Brefil j mais eu égard à fa cou- leur , on en diltingue trois efpeces , la grife ou blonde , la brune , la blanche. L'Ipzcacuanha brun , ipecacuanha fufca Brajïlienjis , eft une racine îortueufe j plus chargée de rugofités que i'ipécacuanha gris, plus menue cependant , brune ou noirâtre en dehors , blanche en dedans , légèrement amere : on apporte l'ipécacuanha brun du Brefil à Lisbonne. Cette plante , qui fe plaît dans les lieux obfcurs, dans les forêts épaiffes , près des lieux où font les mines d'or , a une tige d'une demi-coudée , qui n'eft prefque jamais branchue : elle eft couchée fur terre , & garnie vers fon extrémité de trois ou cinq feuilles ovales & oppofées. La fleur eil à cinq décou- pures : fes fruits font des baies noires , arrondies. L'Ipégacuanha gris j ipecacuanha cinera Peruviana j eft une racine cpaifTe de deux ou trois lignes, tortueufe , & comme entourée de rugo- fités , d'un brun clair ou cendré , dure , calTante , réfineufe , ayant dans fon milieu un petit filet qui tient lieu de moelle , d'un goût acre , amer, & d'une odeur foible. Les Efpagnols en rapportent tous les ans du Pérou , où cette racine naît aufli aux environs des mines d'or. On croit que cette racine eft le bexuquillo ou béconguille à^s Efpagnols. Pifon dit que la plante de cette racine eft balTe , femblable au pouliot \ fes feuilles font velues : fes fleurs font petites, blanches &: difpoféespar anneaux. L'Ipégacuanha BLANC , ou faux Ipégaguanha , eft 'une racine que Fon trouve fous ce premier nom dans les boutiques : elle eft menue,, ligneufe, lifte, fans amertume , 6: d'un blanc jaunâtre : on nous l'en- voie des Indes. Lémery dit qu'on a bien de la peine à recueilir ces fortes de racines , & que dans le pays on n'emploie à ce travail que des hommes condamnés à mort. Qn donne encore le- nç^m^Lpécacuanha à d'autres efpeces de plan tes 3= 'So4 ï P E î P P entr'autres un grand ulmarla de la Virginie , mais on ne fe fert aujour- d'hui que de l'ipécacuanha du Pérou 6c de celui du Brefil , on l'ap- pelle même racine du Brefil. Ce remède eft uficé non - feulement contre les flux de ventre invétérés , qu'il guérit quelquefois dans l'efpace d'un jour , mais encore contre un grand nombre de maladies qui viennent de vieilles obftrudtions. On en fait ufage dans prefquetous les cas où l'éméti- que eft indiqué. On préfère l'ipécacuanha gris ou du Pérou à tous les autres , parce qu'il purge plus doucement , & que celui du Brefil excite un vomifl^ement bien plus violent. On en donne ordinairement la dofe de* trente à quarante grains. D'habiles Praticiens ont obfervé , dit M. Bourgeois j qu'il produit fouvent un meilleur effet dans les commencemens des fièvres malienes 6c putrides, 6c même dans les pleuréfies bilieufes, que le tartre éméti- rique , parce qu'il caufe moins de fonte dans le fang. Il produit fouvent ixï). bon effet dans les dyffenteries & les diarrhées bilieufes \ mais il faut le réitérer trois ou quatre jours de fuite. Quand on pile cerre racine pure , îa poudre fubtile qui en exhale fait fouvent éternuer , pleurer , moucher èc cracher. Cette racine contient un mucilage ou un extrait gommeux très-vif- queux , 5c un extrait réfîneux. M. Geoffroy penfe que la principale vertu de l'ipécacuanha dépend de fa fubflance gommeufe , mais toutes les deux coopèrent à chalft r la matière morbifîque. Les habitans du Brefil n'en font ufage qu'en infufion j les Européens en prennent la poudre dans du vin ou dans du bouillon : on la prend aufîi en bol à la dofe de dix grains. M. de Tournefort a obfervc que ce remède agit mieux fur des gens de ville que fur des foldats ôc des payfans. Au furplus l'ipécacuanha ne doit être adminiftré que par un Médecin prudent qui fâche préparer fou malade félon les différentes circonflances. En Efpagne & en Portugal \qs JDames enceintes ne font ufage que de l'ipécacuanha blanc , comme le plus doux de tous j dans les Indes les feuilles de ces plantes font regardées comme une panacée végétale. IPECA-GUACA , eft le beau canard du Brefil. IPERUQUIQUE ou PIRAQUIBA. C'efl le remore. Voyez ce mot. IPPO. Nom que donnent les Mahométans civilifés de Macafïar à une fubflance gommo-réfilieufe , noire comme la poix navale , & qui provient d'un arbre qui croît dans l'île de Célebes , lituée dans la mer du Sud, Ce font les Téragias , peuple fauvage de Cclebss , qui apportent ce poifoiji I P s I R I 505 po'ifon aux Naturels de MacafTai' , qui ont courume d'eti porter avec eux lorfqu'ils voyagent. Voici la manière dont ils s'en fervent : ils ont une farbacane faite d'un bois rouge 6c dur, qu'ils nomment fampi tan ; ils font entrer dans cet inftrument à vent un hameçon entaillé , fait en fer de lance , &z enduit du poifon ippo , que l'on a liquéfié dans une racine de gros galangacreufée exprès. LesTéragias , lorfqu'ils recueillent ce poifon , ont toujours foin de ne pas s'expofer au vent qui vient de l'arbre ; ils le reçoivent dans des cannes creufes , afin d'empêcher que l'air n'y touche : pour peu que ce fucfoit éventé , il perd beaucoup de fon adivité :au(ÏI les traits qu'on apporte en Angleterre , ayant été expofés plus d'un ou de deux mois à l'air , ne produifent aucun effet. Les Grands du pays dô Macaiïar ont fait quantité de recherches pour trouver le contre- poifon de Vippo récent, mais toujours inutilement. IPSIDA. C'eft un oifeau barboteux , qui eft plus petit qu'un merle. Il a le bec long, gros, droit, noir & aigu j la tête noire -verdâtre , le dos d'un beau bleu- clair , le milieu du ventre roux &: blanc. Laftrudure des pieds de cet oifeau eft fînguliere j car les doigts de dehors ont trois jointures , ôc ceux qui font placés en dedans n'en ont qu'une. Uipjida fe nourrit de poififons j il fait fon nid dans des trous fur le bord des rivières ; cet oifeau eft fort rare. On voit un grand ipfida des Indes dans le cabinet û'Hiftoire Naturelle de Leyde. Ray en parle. IRIS, iridis. Plante liliacée , dont on diftingue plufieurs efpeces. La racine des unes eft traçante , celle des autres eft ou bulbeufe ou tuber- culaire. 11 y en a dont les fleurs font ordinairement en épi, en corymbe , ou folitaires j d'autres en ombelle , au fommet àes tiges , &: accom- pagnées chacune de deux écailles. Foye^ Hermodacte, Safran, Gl ayeul. Iris , &c. Selon M. Deku-^e les Iris proprement dits ont une fleur monopétale , divifée en fix pièces, dont trois font relevées, & les trois autres plus larges que les précédentes , font rabattues , marquées dans leur milieu d'une raie longitudinale , nue ou velue. Le piftil eft terminé par un ornement ou ftigmate de trois pièces colorées en forme de pétales qui , s'appliquant fur les pièces rabattues de la cotoUe , forment avec elles des efpeces de tubes dans chacun defquels eft enfermée une étamine. IRIS BULBEUX , xiphion aut chamoletta. Cette plante qui croît en Efpagne , refl^emble beaucoup au glayeul puant , à l'exception de fa racine , qui eft bulbeufe , en forme d'oignon noirâtre en dehors, blanc en dedans , Tome 1 1 L S s s 50^ 1 R I compofé de plufieurs tuniques , & d'un goût doux : cet oignon eft fott émollient. IRIS DE FRORENCE , Ins Florentina. Ceft une racine blanche , d'une odeur de violette , d'un goût amer &: acre , en morceaux oblongs , genouillés, un peuapplatis , de lagrolTeur du pouce. On nous l'apporte de Florence ^ où fa plante croît fans culture. On dépouille fur le lieu cette racine de fon écorce, qui eft d'un jaune rouge, &: de fes nbres \ c eft pourquoi l'iris mondé paroît toujours pointillé. On prétend que les Florentins leffivent cette racine avant de nous l'envoyer , &: que c'eft le feu) moyen de lui donner fa bonne odeur. La plante d'où on la tire ne diffère pas de l'iris ordinaire par la figure de fes racines , de fes feuilles & de fes fleurs , mais feulement par la couleur j car les feuilles de l'iris de Florence tirent plus fur le vert de mer : les fleurs ont peu dWeur , elles font d'un blanc de lait : on appelle auflî cette plante flambe blanche. IRIS GIGOT. Ceft le glayeul puant. Voyez ce mot. IRIS JAUNE DE MARAIS ou FLAMBE D'EAU ou FAUX ACORUS , iris vulgaris , lutea ^palufîrïs. Ses fleurs font jaunes ; fa racine bouillie dans de l'eau avec un peu de limaille de fer , produit une aflez bonne encre. C'eft le petit peuple d'EcolTe qui a fait cette découverte. IRIS ORDINAIRE ou FLAMBE , iris nofiras. Cette plante qui croît fur les murailles &: en plufieurs autres lieux , a une racine qui fe répand obliquement fur la fuperficie de la terre: elle eft épaifl^e , genouillée, charnue , de couleur fauve , garnie de fibres ^ d'une odeur acre & forte étant récente , mais qui devient alTez agréable lorfqu'elle a perdu fon hu- midité. Les feuilles qui fortent de cette racine font larges d'un pouce , longues de plus d'un pied, & finifl^ent en pointe comme une épée. Entre ces feuilles s'élève une tige haute d'environ deux pieds , droite , ronde , lifte 5 ferme , branchue , partagée par quatre ou cinq nœuds garnis de feuilles qui embralTent la tige. Les fleurs commencent à paroître vers le printems , & fortent de la coifte membraneufe qui les enveloppoit \ elles font grandes , à une feule feuille, d'une couleur cendrée-verdâtre en de- hors , violette ou purpurine en dedans , avec des veines blanches : les pièces rabattues ont une raie longitudinale de poils jaunâtres : à ces fleurs fiiccedent des fruits oblongs , relevés de trois côtes , ôc remplis de fe- mences arrondies , placées les unes fur les autres. iRlS PUANT. Voyf:^ Glayeul puant. I R î ISA 507 IRIS DE SUSE, iris Sujïana. Nom donné à uns très-belle efpece d'iris, fort eftimée des Curieux. Sa tige haute d'environ trois pieds , ronde , ac- compagnée de quelques feuilles , porte , dit M. Deleu^e j une feule fleur beaucoup plus grande qu'aucune autre de ce genre, & remarquable par fa couleur, donc le fond eft gris de perle tiqueté de points noirâtres ou d'un violet foncé : les pièces rabattues , qui font fort amples ôc arrondies , one une raie longitudinale de poils bruns. Obfervadon fur les Iris, Les Fleuriftes diftinguent les efpeces d'iris en communes, en fimplesôi' en doubles : les belles efpeces viennent de Perfe, d'Angleterre, de Suiffe, d'Italie , &c. Les unes fleuriflent en Avril , les autres en Mai : leurs fleurs changent de figure & de couleur, S>c contribuent à l'ornement d'un jardin : on les multiplie par le moyen des caïeux détachés de leurs racines, lorfque les tiges font deflechées. Cette fleur demande une terre légère. Il n'y a guère que les racines de ces phintes qui foient en ufage ; tant qu'elles font fraîches elles font diurétiques j mais étant féches elles n'ont plus cette vertu. On fe fert du fuc de l'iris de notre pays, comme d'un hydragogue : il purge par le vomilfement & par les felles. Il eft utile dans l'hydropifie j mais ce remède eft fort acre. Se ne convient pas aux vieillards , ni aux enfans , ni aux femmes enceintes. La poudre de l'iris de Florence facilite l'expeéloration : on la fait en- trer dans les fternutatoires ôc les poudres narcotiques. Les Parfumeurs font beaucoup d'ufage de cette efpece d'iris, pour don- ner une odeur de violette à la poudre : des perfonnes en portent dans leurs habirs pour fe parfumer j elles en mettent aufîî dans leur bouche pour re- médier à la puanteur de l'haleine. Dans le Languedoc & la Provence on tire la pulpe de In racine d'iris ordinaire après l'avoir fait cuire , & on retend fur des toiles pour les parfumer. On tire de la fleur bleue de l'iris une efpece de pâte ou de fécule verte, qu'on appelle vert d'iris: on s*en fert pour peindre en miniature. ISATIS. Efpece d'animal intermédiaire entre le renard Se le c/iien , qui habite les pays du Nord , fe conflruit un terrier comme le renard , & a aufli avec le chien plufieurs rapports de conformité. Uifatis relTemble touc-à-fait au renard pour la forme générale du corps: il a, ainfi que lui, la queue très- longue Se très belle j mais fa tête ref- femble davantage pour la forme à celle du chien : cependant (es narines S s s i j 5o8 î S B? I S T & fa mâchoire inférieure ne font pas revctnes de poils ; fes oreilles font prefque rondes : il a cinq doigts &c cinq ongles aux pieds de devant, 6^ quatre feulement aux pieds de derrière. La verge du mâle n'eft pas plus grolTe qu'une plume à écrire : elle a un os ainfi que celle du chien , ce qui eft caufe, qu'ainfi qu'eux, il ne peut point fe féparer auiTi-tôt après l'accouplement. Ses tefticules font de la grolTeur d'une amande. Ces animaux s'accouplent au mois de Mars : la femelle porte neuf fe- maines , ainfi que les chiennes , èc elle produit ordinairement fept ou huit petits , qui font quelquefois de couleurs différentes en naiffant , de qui doivent aufîî différer de couleur lorfqu'ils feront arrivés à leur état de perfeâ-ion : ceux qui doivent devenir blancs , font de couleur jaunâtre en naiffant; & ceux qui doivent être bleus-cendrés, naiffent noirâtres. Lorf- que la fourrure de ces animaux , dont on fait ufage en pelleterie , eft ar- rivée à fon état de perfection , le poil a deux pouces de longueur ; mais ce n'eft que dans l'hiver que leur fourrure eft belle, parce qu'alors le temps de la mue eft paffé; aullî eft-ce en cette faifon qu'on leur fait la guerre. Les jeunes ifatis qui doivent devenir tout blancs , ont dès le mois de Sep- tembre , c'eft-â-dire quatre mois après leur naiffance , une bande brune longitudinale , & une autre tranfverfale fur le dos : ce font ces efpeces d'ifatis qu'on a nommé renards crolfcs. *> Les ifaùs habitent les pays les plus froids , les plus montueux de la Laponie, de la Sibérie , de la Norwege & même de l'Iilandâ : on les voit aufïi fur les bords des mers glaciales. Pendant le temps de leurs amours, qui durent quinze jours ou trois femaines , ils n'habitent point leur ter- rier \ mais après ce temps-là ils s'y retirent, & ménagent plufieurs iffues à ces terriers , qui font étroits & profonds. Ces animaux fe nourriffent , ainfi que les renards , d'oifeaux , de lièvres qu'ils chalfent avec autant de fineffe. Ils fe jettent à l'eau & traverfent les lacs pour trouver des nids d'oies , de canards & d'autres oifeaux plongeurs > dont ils mangent les œufs & les petits. ISBREDE ou COTE DE GLACE. Foye^ à l'article Glacier. ISIN-GLASS ou ISSIN-GLASS. Nom que les Anglois donnent à la colU de poijjon. Foy e:^lcHJHYOCOLL£. ISIS. Quelques uns donnent ce nom aux coralloïdes articulées. ISLES. P^oye^ Ile. ISTHME. C'eft une langue de terre refferrée entre deux mers ou deux golfes. Les principaux ifthmes font celui de Suez & celui de Panama. Le J U B I V E 509 premier e(l produit en partie par la mer Rouge , qui fcmble ctre Tappen- tlice & le prolongement d'une grande anfe avancée de l'Eft à l'Oueft , &c en partie par la Méditerranée : c'eft par cet endroit que l'Afrique commu- nique à l'Afie. L'autre eft de même produit par le golfe du Mexique , qui préfente une large ouverture de l'Eft à l'Oueft : c'eft par cet endroit que l'Amérique méridionale communique à l'Amérique feptenrrionale , ou , ce qui revient au même , il joint le Mexique au Pérou. On connoît en- core d'autres ifthmes alTez confidérables pour être cités , tels que celui de Corinthe, qui joint la Morée au refte de la Grèce j l'ifthme d'Erizzo, qui joint le mont Anthos au refte de la Macédoine j l'ifthme de Malacca, qui joint la prefqu'île de ce nom au royaume de Siam. Ces exemples fuffifent pour expofer que les ifthmes réunillent de grandes portions de continens à d'autres , & des prefqu'iles aux continens. Peut-être que les ifthmes ne font proprement que le prolongement des chaînes de montagnes foute- nues à une certaine hauteur : l'ifthme de Panama ne paroît formé que par l'abaiirement &c le rétréciftement de la chaîne des Cordilieres , qui va fe continuer du Pérou dans le Mexique, f^oye^ Montagne & l'article Terr e. JUBARTE. Efpece de baleine qui n'a point de dents , & qui eft plus longue que celle du Groenland , fans en avoir la même grofteur. Elle fe trouve près des Bermudes. JUBIS. Nom que l'on donne dans le commerce de Provence aux raifins en grappes &c féchés au foleil , que les Epiciers vendent à Paris pendant le Carême. IVE ou IVETTE , chamœpuls. C'eft une petite plante fort baffe , dont il y a deux efpeces. L'IvETTE ORDINAIRE , chamœp'uis lutea vulgaris. Cette plante, qui croît aux lieux incultes & fablonneux , a l'odeur de la réhne qui découle du pin ou dumélefe : fa racine eft menue , fibrée &: blanche j elle pouffe plufieurs tiges couchées fur terre , velues & longues de neuf pouces. Ses feuilles naiflent des nœuds des tiges , deux à deux \ elles font découpées en trois lanières longuettes & étroites , velues & d'un jaune- vert. Ses fleurs, qui naiffent des aiffelles des feuilles, font jaunes , de même forme que celles de la bugle j elles font fuivies par des femences oblongues, enfermées quatre dans une capfule. L'IvETTE MUSQUÉE, chamœpltîs mofchdta ^ wiQnt communément dans les environs d'Aix & de Montpellier , parmi les olivettes : fes tiges , qui 5IO J U G J U J font ligneufes Se velues , fe répandent fur la terre : les feuilles font ob* tufes , & ont ordinairement trois dentelures : fa fleur eft de couleur pour- pre ; (es graines font noires , ridées £<. un peu recourbées. Toute cette plante eft fort amere, d'une odeur de mufc , fur-tout dans le temps des grandes chaleurs, & dans les pays méridionaux. Ces deux ivettes font d'ufige dans les boutiques , de ont les mêmes vertus apéritives , vulnéraires , hiHériques & propres pour les nerfs : elles excitent Ci puiflamment les règles & la fortie du fœtus mort , qu'on en in- terdit l'ufage aux femmes grofles , de peur qu'elles ne fallent de faufles couches. JUGOLINE on SESAME y fejamum. C'eft une efpece de digitale qui naît en Syrie , en Candie , en Egypte & aux Indes : fon fruit eft une co- que anguleufe qui contient beaucoup de femences oblongues, blanches, moelleufeSj huileufes , douces &c un peu nourriifanres : on. en tire par expreffion une huile bonne â brûler, à manger, Ôc propre à fortifier les nerfs. Les Egyptiens fe fervent de la plante en fomentation pour la pleuréfîe Se pour exciter les règles : ils emploient fa femence comme le millet dans les alimens propres à augmenter la femence. En Guiane, ou l'on nomme cette plante ouangue , les Nègres réduifent en farine fa graine. Se en font une forte de bouillie aflez nourriiTanre Se de bon goût. Ils en retirent l'huile par le moyen de l'eau chaude , Se on l'eftime auflî bonne que celle d'olive. JUIF. PoifTon de l'île de May en Afrique , dont la chair eft excellente. Il a la bouche double j celle d'en haut ne lui fert pas à avaler , mais elle eft remplie de petits canaux qui pompent l'air : fes nageoires relîèmblent à celles de la morue. Hi/I. G en. des Foyages j L. F,p.i^i.Ce poiffon ne feroit-il pas le marteau? Voyez ce mot. JUGUETE. Voye':^ Ascolotl. JUJUBIER , ^i:^iphus. C'eft un arbre que les Arabes Se les nouveaux Grecs ont cultivé , Se qui eft aduellement fort commun en Languedoc , Se particulièrement en Provence , aux îles d'Hyeres vers Toulon , où il s'eft très-bien naturalifé. Il eft de la grandeur d'un olivier , Se tortueux ; fon écorce eft raboteufe , rude, crevaflée j fes branches font amples , iné- gales J munies d'épines très-roides j fes feuilles font alternes , oblongues, un peu dures , luifantes , garnies de trois nervures , Se dentelées fur leurs bords : fes fleurs fortent des aiilciles des feuilles trois à trois , ou quatre à quatre j elles font en |:ofes : leur calice eft d'une feule pièce partagée en 1 U h 511 cinq quartiers , duquel s'élève un piftil qui fe change en un Fruit oblong, de la figure Se de la grandeur d'une olive , d'abord verdâtre , enfuite jau- nâtre, enfin rouge; il n'y a que la pellicule de cette couleur. Ce fruit renferme une pulpe blanchâtre , molle , fongueufe , d'un goût doux de vi- neux y au milieu de cette moelle el> un noyau oblong , graveleux , très- dur , qui contient deux amandes lenticulaires , dont l'une avorte le plus fouvént. On fait la cueillette de ces fruits , appelles y //y ///^'^^j dans leur maturité; ôc étant récens ils fervent de nourriture familière & agréable aux peuples des pays où ils croiflent. On en expofe au foleil fur des claies ôc fur des nattes de paille , jufqu'à ce qu'ils foient ridés &c fecs j Se en cet état on les envoie aux Droguiftes Se aux Apothicaires pour Tufage de la Médecine. On en fait des décoctions falutaires. Les jujubes, par leur mucilage doux , appaifent les irritations de la poi- trine Se des poumons , calment les toux fâcheufes , adoucilTent la pituite acre j elles font utiles aufli pour les reins Se pour l'ardeur des urines Se de la vefîîe. Augujlin LippL a obfervé trois autres efpeces de jujubiers difféiens de celui que nous avons décrit : i **. le jujubier d'Alexandrie à feuilles larges , dont le fruit eft fort gros ; 2°. celui dont le fruit eft petit ; 3°. le jujubier de Memphis , qui eft extrêmement grand , Se dont le fruit eft plus gros que celui des autres efpeces, IULE, julus. Cet infe£te déagné dans les premiers ouvrages de M. LinnAus fous le nom de fcolopendre ^ en approche effedrivement par fa figure alongée Se par le grand nombre de {qs pattes j mais il en difïere par la forme de fon corps qui eft rond, cylindrique, Se par fes antennes qui ne font jamais compofées que de cinq anneaux. S>qs pattes font courtes , menues Se nombreufes. Avec cet appareil de pattes qui reifemblent à une frange de poils , l'infeéte marche cependant moins vite que la fcolopendre. L'on diroit qull rampe plutôt qu'il ne marche. Sa peau eft dure , cruftacée Se renitente. Il s'en dépouille comme la fcolopendre, avec laquelle on le trouve fouvent fous les pierres Se dans la terre. On connoît deux efpeces plus petites â^ iules autour de Paris ; l'une noirâtre , liffe , a deux cents pattes. Se l'autre jaunâtre en a deux cents quarante. Chaque anneau, quelquefois ftrié , donne nailïance à deux paires de pattes. Uiule étant en repos fe replie fur lui-même comme un ferpent. Cet infede eft naturelle- $iz J U L J U M ment CenCihle : fi on le touche , il fe roule en fpirale , de façon que fes pattes font en dedans. P^oye^ Scolopendre. JULIANE ou JULIENNE, hefpcrls honenjïs. Plante qui ctoîc dans les jardins &: dans les haies. Elle fe multiplie de graine, de bouture & de plant enraciné : en coupant la tige il pouffera au pied de nouveaux reje- tons que l'on fépare j c'eft autant d'enfans femblables à leur mère : on les pique dans une terre humide, ils reprennent des racines. Les fleurs font de couleur tantôt blanche , tantôt purpurine & tantôt de couleurs diverfi- fiées : leur odeur qui eft fuave & très-agréable , fe fait fentir davantage après le foleil couché que pendant le jour. Leurs filiques ne font point ap- platies comme celles du giroflier jaune. On jouit rarement de la beauté àes fleurs de cette plante d Paris , parce que les Jardiniers la brûlent avec le fumier de cheval. On donne aufll à la juliane le nom de violette girofi^Q des dames J ou giroflée mufquée. Voyez Giroflier jaune. JULIS. y^Oye\^ DONZELLE. JUMART ou GEMART. C'cfl: une bête de charge très-forte , engen- drée d'un taureau & d'une jument, ou d'un taureau &: d'une ânefle, ou d'un âne &: d'une vache. Dans les vallées de Piémont on donne le nom de bif i l'efpece qui provient de l'ânefl^e &c du taureau. On appelle bafÏQ^" pece qui refaite de l'accouplement du taureau avec la jument. Schaw fait mention d'un animal qu'il nomme humrjh _, &: qu'il dit être le fruit de l'accouplement de l'âne èc de la vache. Il n'a point de corne ; il a l'ongle fendu ; ( quelques-uns l'aflurent folipede ) : ainfl il tient plus, par les ex- trémités , de la femelle que du mâle. On a obfervé que les petits qui appartiennent à l'efpece de la femelle portent néanmoins des marques du mâle, ainfi que nous le dirons ci-après. On trouve de ces fortes d'animaux dans le Piémont, dans la Suifle, dans le Dauphiné &: dans la Navarre. On a tenté, il y a cinq ou fix ans , dans la Paroifle de S. îgny-de-Vers en Beaujolois, de faire fervir une vache par un étalon Navarin j on y par- vint avec beaucoup de peine. La vache conçut: il eft certain qu'il en na- quit un animal mi -parti qui n'a vécu qu'un mois, & fur lequel on ne nous a donné aucune forte de détail. Un Domeftique natif de Gap , afliire avoir vu chez un habitant voifln du domicile de fon père , i^ne jument qui pendant quatre années confécutives a donné régulièrement un jumart mâle ou femelle. On JUM SI, On voit aftiiellement ( 1 7<) 7 ) à l'Ecole Royale Vétérinaire de Paris deux: de ces produdions tirées du Dauphiné ; l'une efl: mâle & l'autre femelle. La-jumare eft le produit du taureau & de la jument -, elle n'a rien de diffé- rent d'une petite mule ordinaire , Ci ce n'eft que fa mâchoire fupérieure eft beaucoup plus courte que l'inférieure. Quant aujumartj qui doit le jour au taureau & à l'ânefTe , il efl; de la taille d'environ trois pieds deux pouces 5 la robe eft d'un alezan qui imite ce poil dans le bœuf ^ fon front eft boffué à l'endroit des cornes du père 5 fa mâchoire inférieure eft plus longue de deux pouces au moins que la fupérieure : il a le mufle du taureau ; il en a le corps par la longueur & par la conformation j il en tient auflî par la queue & par les genoux qui font ferrés l'un contre l'autre comme ceux du veau. Cet animal qui eft entier a fervi fa femelle plufieurs fois le printems de cette année : il la dédaigne néanmoins quelquefois , tandis qu'il té- moigne conftamment une ardeur incroyable pour les jumens ^ aufli ne lui préfentoit on Xzjumare qu'après l'avoir vivement échauffé par l'afpeét & par l'approche d'une cavale. On a vu aufli à l'Ecole Royale Vétérinaire de Lyon une jumarc qui étoit le produit de l'accouplement du taureau & de la jument ; elle étoit de la taille d'environ trois pieds quatre pouces j la robe en étoit d'un noir mal teint. Elle étoit âgée de trente-fept ans , d'une force ftnguliere , & très- peu délicate fur la nourriture. Elle pafToit quelquefois des mois entiers fans boire. Elle fe défendoit , foit des pieds , foit de la dent , des appro- ches de tout le monde , excepté de celle de fon maître ; & pour peu qu'elle fût courroucée , elle levoit & étendoit fa queue dans toute fa longueur , elle urinoit fur le champ & à diverfes reprifes , & lançoit fon urine , qui ctoit extrêmement jaune , à fept ou huit pieds loin d'elle. Elle n'avoit ni le mugifTement du taureau, ni le hennilTement du cheval , ni le braiement de l'âne , mais un cri grêle , aigu ôc particulier , qui auroit plutôt tenu du cri ou du bêlement de la chèvre que de celui de tout autre animal. On n'a point vu paître cette bête, mais elle embrafïoit Se ramalToit avec fa langue le fourrage qu'on lui donnojt , comme le boeuf embrafïb ôc ramaffe l'herbe qu il v««t manger \ après quoi ui?e portion de ce fourrage étant parvenue fous les dents molaires , elle donnoit un coup de tcte pour la féparer de celle que fa langue n'avoit pu atteindre , de même que les bœufs don- nent un coup de tête à droite & à gauche , lorfqu'après avoir faifi ôc ferré rhetbe entre leurs dents incifives ^ le bourrelet qui fupplée au défaut de Toms II L T tt 514 JUM ces mêmes dents à la mâchoire fupérieure, ils cherchent à l'arracher : on n'apperçoit en elle aucun figne de rumination, quoique fon maître afTurât qu'on la voyoit chaque jour remâcher les alimens quand elle n'en avoit point devant elle. Cette jumare , conlidérée extérieurement , avoit Is front large Se boflué du taureau ; la mâchoire fupérieure plus courte que l'inférieure j un mufle égal à celui du père : le corps étoit à-peu-près coi>» forme de même que le lien , en ce qui concerne l'épine , les os des han- ches & le flanc j ihs hanches étoient comme ce que nous appelions dans le cheval jambes de y eau j c'eft- à-dire que fes genoux étoient très-rappro- chés l'un de l'autre; du refte elle étoit folipede. Par ces defcriptions , il ne refte plus d'incertitude fur la poflîbilité de l'exiftence de cqs ioitQS de mulets ^ ôc c'efl; fans doute la meilleure réponfe aux doutes de quelques Naturaliftes fur cet objet. Nous croyons qu'on lira avec le même intérêt quelques détails fur l'anatomie de cet animal com- parée avec celle du taureau & de la jument auxquels il devoit fa naif- fance. Son crâne ( nous parlons de la jumare de Lyon ) étoit beaucoup plus arrondi que dans le cheval , le frontal plus évafé , les os du nez plus en-» foncés à leur partie fupérieure , les orifices des fofles nazales beaucoup plus étroits , ces mêmes fofTes beaucoup plus reflerrées j l'entrée de la fofle orbitaire ronde , tandis que dans le cheval elle eft ovalaire ; le pa- lais beaucoup plus large ôc concave y la mâchoire antérieure plus courte d'un pouce ôc demi que la poftérieure ; la première de ces. mâchoires ayant comme dans le taureau au moins deux pouces de largeur de plus que la féconde ; douze dents molaires à chaque mâchoire , fix de chaque côté. Cette jumare n'avoit point de dents canines ou de crochets, ce que l'on obferve dans toutes les jumens, à moins qu'elles ne foient bréhaignes j les incifives qui font au nombre de huit dans la mâchoire poftérieure dej, bœufs , étoient ici au nombre de fix dans chaque mâchoire. L'endroit qui répond à celui que l'on appelle les barres dans le cheval, ctoit applati, & ion. étendue étoit d'un pouce ôc demi ; tout l'mtervalle qui fépare en général les incifives ôc les molaires étoit convexe , tandis que dans le cheval il eft concave. Sa langue ne diftéroit point de celle du bœuf; on y voyoit auflî fenfi* blement les mamelons qui font à Ces parties latérales ôc à fa pointe. Les yeux de cette jumare ne diffétoient en rien à l'extérieui de ceuj J U M 515 du bœuf, mais on y a, remarqué ces prolongemens de l'uvée que l'on voit à la partie fiipérieure ôc inférieure de la pupille du cheval , S>c que l'on avoir appelles jufqu'ici les grains de fuie, La glotte étoit beaucoup plus large que celle du cheval , &c cette con- formation comparée avec le cri qu'avoir cette jumare , paroît contredire le fentimentde quelques Phyficiens qui prétendent que cette ouverture efl: plus ou moins grande dans les animaux , félon la gravité des fons qu'ils poulfenr. L'eftomac étoit précifément conformé comme celui du cheval , mais beaucoup plus grand ; la rate de même figure &: de même confillance que celle du bœuf; la veflie urinaire dans fa plus grande dilatation ne s'éten- doit pas au-delà de trois pouces. La matrice étoit femblable à celle de la jument , de l'ânefle &: de la mule j les trompes étoient fort dilatées &c remplies d'une humeur blan- châtre ; louverrure du côté du pavillon étoit très-large j les ovaires de la groiïeur d'une fève. Du refte , nulle véficule du fiel Se nulle différence dans la ftrudure des autres parties , qui relîembloient en tout aux autres vifceres de la jument j il en eft de même de toute la partie mufculaire. De cette anatomie comparée ôc de la defcription qu'on a vue précé- demment, par M. Bourgelat _, il paroît réfulter que cette iimare tenoit plus de la jument que du taureau , tant pour la forme extérieure que pour la conftitution intérieure , & fur-tout celle de l'eftomac , qui dans le taureau a une organifation bien caraétériftique à caufe de la rumination ; ce qui confirme que les mulets de ce genre tiennent toujours plus de la nature de la femelle , qui leur a donné naiflance , que de celle du mâle , comme l'obfervent les Naturalides. On prétend que le jumart n'a point produit dans nos climats ; mais on n'en doit pas inférer , dit M. Adanfon y que tous les jumans font des individus ftériles, & qu'il n'y en aura jamais de féconds, tandis que nous avons devant les yeux l'exemple d'autres animaux dont les bâtards mul- tiplient , tels que ceux provenus du ferin avec le chardonneret , du mulet, &<:. On pourroit peut-être étendre encore ces exemples fur nombre d'au- tres animaux qui ferviroient de preuves à la poffibilité de ct% mutations ou de ces créations de nouvelles efpeces dans les animaux , & il paroît probable qu'avec du temps &: des combinaifons on feroit reparoîrre des efpeces d'animaux formées du temps èi^s Anciens , & qui ont cefïc 4'sxifter, faute de circonftances favorables poui: les entretenir. . Ttt i/ 51^ J U M JUS JUMENT ou CAVALE. Ceft la femelle du cheval. Toyq ce mot;, JUNCO. C'eft le moineau de jonc, yoyei ce mot, IVOIRE, f^oye:^ au mot Éléphant & à l'anicU Y voire. IVRAIE ou IVROIE. Foye^ Yvraie. JUPITER. Voyei au mot Planète. JUPUJUBA. Foyei Japu. JURUCUA. C'eft la tortue franche du Brefil. Celle que les Portugais nomment cayado de agoa j eft une autre efpece de tortue du Brefil ^jurura , qui eft très-petite. Foye-:^ l'article Tortue. JUSQUIAME j hyofcyamus. Plante qui a une odeur forte, défagréable , qui appefantit la tète. Entre les huit efpeces de jufquiame que comptent Tournefort ôc Boerhaave ^ nous ne citerons ici que les deux efpeces prin» cipales dont on, fait ufage dans les boutiques. 1°. La Jusquiame noire, ou Hannebane , ou Potelée , hyofcyamus niger vulgaris j croît par-tout dans les champs , le long des chemins aux environs des villages , &c. Elle a une racine épaiffe , ridée , longue , branchue , brune en dehors , blanche en dedans : elle poufte des tiges hautes d'un pied ou environ , rameufes & velues. Ses feuilles font nom- breufes, amples , molles au toucher , cotonneufes, d'un vert gai , décou- pées profondément en leurs bords , d'une odeur forte &c puante , principa- lement étant frottées dans les mains : leur fuc rougit le papier bleu. Ses fleurs font rangées fur les tiges en longs épis , de couleurs mêlées jaune & purpurine : chacune d'îles eft, félon M. Tournefort j une campane dé- coupée irrégulièrement en cinq parties , foutenue par un calice velu , formé en gobelet. A cette fleur fuccede un fruit , caché dans le calice , de la figure d'une marmite , à deux loges , fur lequel eft placé un couvercle qui fe ferme exadement. Ce fruit eft rempli en dedans de plusieurs pe- tites graines , cendrées, arrondies, ridées , applaties, d'une faveur gluante & d'une odeur narcotique. 1°. La Jusquiame blanche du Levant , hyofcyamus alhusj diffère de la précédente en ce quelle eft plus petite, moins rarr^ufe j fes feuilles font plus molles , mais plus cotonnées : fes fleurs & fes graines font blan- ches de plus petites : elle croît principalement aux pays chauds & vers Orange , le long du Rhône. La plupart des Auteurs inftruits que Tufage interne de la jufquiame, fur-tout de la noire , caufe un dérangement cruel dans l'économie ani- male, des anxiétés , & m^me quelle procure la mort aux animaux qui en JUS 517 tnangent, confeillent de ne fe fervir de cette plante qu'extérieurement, à l'exception de la graine. La jufquiame cuite avec le fain-doux forme un onguent dont on fe fert avec fuccès dans les tranchées des petits enfans caufées , dit M. Bourgeois ^ par le lait aigri , & dans les coliques de toute efpece : il fufïit d'en frotter un papier gris qu'on applique fur le ventre. La jufquiame en cataplafme eft émolliente & réfolutive , adoucit les hu- meurs , & exhale une vapeur foporeufe & ftupéfiante , qui fait dormir comme le fait le pavot. Nous apprenons que M. Edouard l'J (le ^ Anglois eflime cette plante comme falutaire aux porcs qui en mangent, tandis qu'elle tue la volaille. M. Storch ., Médecin de la Cour de Vienne, fi connu par les belles expériences qu'il a faites fur Tufage interne de la ciguë , de la pomme épineufe & de l'aconit, qu'il fait prendre avec fuccès depuis quelques an- nées dans beaucoup de maladies qui ne cèdent point à d'autres remèdes, a auffi travaillé fur l'ufage interne de l'extrait de jufquiame. Son premier elTai fut fait fur un chien. Tant qu'il ne lui adminiftra l'extrait qu'en petites dofes , fanimal n'en parut rien reflentir , mais à plus forte dofe il commença à boire & manger avec avidité , puis il devint craintif & lan- guiffant j il avoit les yeux menaçans , fa marche étoit chancelante , il heurtoit tout ce qu'il rencontroit comme s'il ne voyoit point: à ce phé- nomène fuccéda le fommeil , & enfuite un vomidement, une turbu- lence , un tremblement , une défaillance , une déjedion d'excrémens li- quides \ enfin il parut immobile. Tous ces fymptomes étoient à-peu-près femblables à ceux qu'avoient éprouvés le 25 Mars i<>49 les Bénédidtins du Couvent de Rhinow , qui avoient mangé d'une falade dans laquelle leur Jadinier avoit mis par mégarde quelques feuilles de jufquiame, qu'il avoit prife pour de la chicorée blanche. Mais au bout d'un fécond fom- meil le chien parut plus tranquille , & il fut bientôt dans fon état na- turel , éveillé , gai , plein d'appétit &: toujours alerte. Cet animal ayant continué à fe bien porter , M. Storch jugea que l'extrait de jufquiame pris à petite dofe , ne peut faire de mal j mais qu'une forte dofe caufe àes accidens très-funeftes. D'après cette connoifTance, M. Storch prit pendant huit jours , tous les matins à jeun , un grain d'extrait , fans que fa fanté ni fa vue éprouvaflent le moindre changement : il avoit feulement, pen- dant cette huitaine , le ventre plus libre & un beaucoup plus grand ap- pétit. Un tel eflai fur lui-même étoit bien capable de le porter d faire ^i8 3 U S I Z Q prendre de cet entrait à fes malades , dans les cas oii les autres médica- mens n'auroient point de faccès. M. Storck a opéré, par le moyen de cet extrait, plufieurs guérifons dont on trouve le détail dans un petit corps d'obfervations , qui fe vend chez Didot le jeune, à Paris. On y remarque que ce remède peut convenir particulièrement aux perfonnes qui ont des tremblemens convulfifs , des foubre-fauts involontaires , des friflons & des fyncopes, des terreurs fu- bites, &CC, Quoiqu'il ne foit pas de notre leflort d'apprécier les vertus de la juC- quiame , &: malgré l'authenticité des cures que M. Storck a opérées par ion moyen , nous confeillons encore de fe méfier de ce remède ^ à moins qu'on ne foit dans Içs mains d'un fage Médecin , tel que M. Storck lui- même. Qu'une perfonne tienne fur le feu, dans un lieu clos Se peu fpacieux, des racines ou des tiges , ou des feuilles de jufquiame, même les graines, la vapeur qui en réfuite fuffit quelquefois pour altérer les fonétions de l'ame d'une façon fort (inguliere , & pour jeter tout le corps dans une perplexité affreufe. Quelle cruelle alternative ! le falut an milieu des poifons ! Nous terminerons cet article , en avertiflant qu'il / a des Char- latans qui guériifent les maux de dents , foit en y portant de la poudre de la graine de jufquiame, foit en leur faifant recevoir la vapeur de cette graine qu'on jette fur les charbons ardens. Combien de perfonnes en ont çté foulagées à la vérité , mais combien d'entr'elles ont été depuis fujettes aux vertiges & à la ftupidité ! c'eft procurer un mal réel & fixe en échange d'une douleur paiTagere. Si par imprudence ou parhafard, ou par le confeil 4'un Empirique téméraire l'on avoir pris de la jufquiame , & qu'elle com- mençât à exercer fes qualités nuifibles , il faudroit aufli-tôt avoir recours aux vomitifs &: aux adoucifTans les plus gras ou huileux , & fur-tout aux antidotes des narcotiques, JYNX. Oifeau de paflfage , qui eft une efpece de coucou. Il efl connu àQS Ornitliologiftes fous le nom de tercot ^ ou torcot ^ ou turcot, IZARl ou AZALA. C'eft la garance du Levant. Voye\ à Vartlcîc Carance. IZQUEPOLT." Efpece de renard des Indes qui fait fon féjour dans les antres des rochers , & qui ne dévore que la tête des fcarabées & des ver- RîifTep'.iï. C>et animal eft aufti fin^ulier que la bête puante qui fe trouve î Z Q 519 a la Louifiane. Quand il marche il exhale une odeur fétide , & dès qu'il fe voit pourfuivi il éjacule fon urine & (es excrémens à plus de huit pa$ de diftance , ôc fait fuir ainfi ceux qui le pourfuivent. Les taches que fon urine Se fes excrémens font fur les habits , font ineffaçables & confervent toujours leur mauvaife odeur. Ruifch dit que la chair ôc les excrémens de cet animal font excellens pour guérir d'une maladie contagieufe , qu'il îiomme lues Hljpanlca, 310 K A A K A C K. K ÂAB. En norwege on donne ce nom au veau marin ou phocas» Voyez ces mots. KAAT ou LYCION. Foyei Caté Indien. KABASSOU. Ceft le tatou à douze bandes. Foye^ à V article Arma- ©ILLE. KABÉLIAU ou CABÉLIAU. Foye^ Morue. KACHO ou KETA. Poiffbn de la péninfule de Kamtfchatka : il eft un peu plus gros que le narcha. 11 a la tête longue & plate , le mufeau re* couibé , les dents femblables à celles du ferpent appelle cros de chien. Sa queue un peu fouichue , le dos noir & vert , les flancs &: le ventre blancs j la peau eft fans tache, fa chair eft blanche. Ce poifton eft très- abondant j c'eft le pain de ménage des Kamtfchadales. KAC-PIRE on CAQUÉPIRE SAUVAGE , bergkias florlbus , follis cppojitis acuminatis. Belle plante, ou plutôt efpece d'arbufte nouvelle- ment décrite par M. Sonnerai j & connue au Cap de Bonne-Efpérance fous le nom de caquéplre fauvage , parce qu'elle a quelques rapports avec \q guardeniafiorida des Botaniftes , appelle dan* ce pays caquéplre; mais elle en diffère par fon odeur agréable , & par plufieurs caradetes qui la placent dans un genre nouveau, M. Sonnerai l'a dédiée à M. Bergk j Secrétaire du Confeil au Cap de Bonne-Efpérance : de-là le nom latin de cette plante , berhlas. Le caquépire fauvage eft un arbufte qui s'élève à la hauteur de fîx à fept pieds : fes feuilles font oppofées ^ l'extrémité de chaque rameau eft terminée par une feule fleur hermaphrodite dont le calice eft alongé , découpé au fommet en plufieurs petits feuillets, un peu renflé à fa bafe, & accompagné de quelques écailles très-petites qui paroiflent former un fécond calice j la corolle eft blanche, monopétale, tubuleufe , attachée fur le fruit j fon tube eft très long , cylindrique par le bas , légèrement évafé pat le haut , & divifé en neuf pièces à fon fommet j ce font autant de lobes arrondis ; neuf étamines placées à l'ouverture du tube , fans filets , à anthères alongées & partagées en portions folides , & auflî aiguës que la pointp d'une aiguille j le piftil caché dans le fond du calice eft K A J K A K 5ii eft furmonté d'un long ftyle , terminé par plufieurs ftigmateS : au moment ^e la frudification , la corolle tombe avec la partie fupérieure du calice j la partie inférieure fubiifte 8c fait corps avec le fruit qui eft ovoïde , charnu , garni dans (on intérieur de cinq placenta auxquels font atta- chées un grand nombre de femences noires , renfermées chacune dans une enveloppe membraneufe , Se difperfées dans la pulpe du fruit. Journal de Phyjique _, d'HiJîoire Naturelle & des Ans j avril 1774. KA JOU. Singe velu de la rivière des Amazones : il a une longue barbe grife , dQs yeux noirs , une queue très-longue. Sa figure reiïemble à cellç d'un vieillard* KAîR. Nom que les Indiens donnent à une efpece de merlu pu mer-f luche. Voyez Merlu. KAKATOU, ou KAKATOES, ou CATACOUA, cacatua. Oifeau oriental des îles Mouluques : il eft huppé &: d'une blancheur citronnée^ On tranfporte ces oifeaux envie de Ceram & des îles Moluques à Batavia , &: de-là en Hollande ; nous en avons vu à Amfterftam , à J.ondres , & même à Paris , quelques-uns de vivans j ils avoient fur li tête une belle huppe compofée de longues plumes blanchâtres. Le bec ^ les jambes , le nombre des doigts du pied, leur forme, tout nous a para, afiez femblable à ces mêmes' parties dans le perroquet. Le kakatou eft doué , comme cet animal , de la faculté d'apprendre à parler. Le ïon de leur voix exprime leur nom. On diftingue la grande efpece de kakatou , dont les plumes de la huppe Se des ailes font rougeatres en deftous. En général , les kakatous boivent peu &: rarement. Dans l'Inde ils fe bai- gnent plus fouvent qu'en Europe. Quand on gratte ces oifeaux , ainfî que les perroquets , ils laiirent une poulliere blanche qui provient des parties membraneufes de la peau, /^oy^:^ l'arùclc Perroquet. KAKERLAQl'^E , hlatta Indïca ^ eft un infede volant fort connu en Amérique, aux Indes orientales. &: des Marins , parce que les vaiiTeaux n'en font que trop fréquemment infeftés. Ces petits animaux font du genre des mittes. Il y en a une efpece qui fe multiplie beaucoup en Europe dans les çuifines. Voye^ aujjl ce que nous çn avons dit au mot Blatte. Les kakerlaques en Amérique font d'affez grands infectes : ils ont I^ taille d'un hanneton, dont le corps feroir applati : leur couleur eft diffé- rente fuivant les efpeces. Le corps des mâles eft caclié fous àes ailes , Sz celui des femelles eft à découvert, parce qu'elles n'ont point d'ailes. Celles 4e notre pays , plus connues fous le nom de mittes , font bien mûin§ Tome II If ' y y V 5ia K  K grandes que celtes des autres parties du monde : elles ne font pas non pîu^ fî malfaifantes , on ne les redoute même dans nos cuifines que comme une mal - propropreté. Mais dans nos lies elles occafionnent beaucoup de dégât aux Colons. Elles s'introduifent promptement de tous les côtés; elles tachent tout par leur ordure, & n'épargnent ni habits ni linge ; leur appétit n'aflîgne aucune différence dans les mets , elles femblent ne goùtei: rien ; elles dévorent auûl les fouliers, les viandes fraîches ôcdeffechées, le cuir , les livres , le bois même ôc le pain , donr elles ne mangent que la mie. Ces animaux courent aufll fur le plancher , le long des murs , fur 1res tables , Se tombent du haut de l'air au milieu des mets , qu'ils rendent dégoCicans. Ils courent pendant la nuit fur les lits , fur les mains , fur le vifage ôc autres parties du corps découvertes de ceux qui dorment , ôc cherchent jufqu'à la racine des cheveux les reftes de la poudre qui les cou- vroit pendant le jour j fouvent ils réveillent la perlbnne endormie par la douleur qu'ils caufent en pinçant la peau , Se fuient quand elle fe remue , en répandant une odeur infede. Les kakerlaques aiment fur- tout les chofes douces , &c particulièrement les bifcuits & l'ananas : les femelles jettent leur femence ( (zufs) par tas & l'enveloppent d'une fine taie^ comme font en Europe certaines araignées. Chaque coque efl: toujours divifée intérieurement en trente cellules rangées fur deux lignes paral- lèles , dans chacune defquelles fe trouve un embryon. C'eft un plaiiir que de voir au terme de l'éclofaifon les jeunes animaux formés en dedans ronger leur coque &en fortir avec précipitation : alors ils ne font pas plus gros qu'unefourmi : ces jeunes kakerlaques déjà prelîés par une faim dévo- rante , fe fourrent facilement par les fentes ou par la ferrure dans les coffres , dans les malles Se dans les armoires où ils ronp-ent & décruifenc tout j leur croiiïance efl: très-prompte, heureufemenr , dit M. Cqf/? coudées: les a-t-il trouvées , il fe promené plufieurs fois fur quelques^ unes d'elles , va de fa tète à fa queue pour l'exciter j alors la femelle , fidelle & foumife au vœu de la Nature , répond aux cafelf^îs dç foij mâle ^ ^ l'ade de fécondatioiii a lieu. Xa récolte du kermès efl; plus ou moins abondante, félon que l'hiver a cteplusou moins doux : on a remarqué que la nature du fol contribue beau- coup aulîî à lagroffeur ôc à la vivacité du kermès j celui qui vient fur des ar- briffeaux voifinsde la mer eft plus gros , & d'une couleur plus vive que celui qui fe trouve fur des aibrilTeaux qui en font éloignés. Des femmes arrachent avec leurs ongles le kermès avant le lever du foleil. H faut veiller dans ce temps de récolte à deux chofes; i°. aux pigeons, parce qu'ils timent beaucoup le kermès , quoique ce foit pour eux une affez mauvaife nourriture : 2°. on doit arrofer de vinaigre le kermès que l'on deftine pour la teinture, ôc le faire fécher. Cette manœuvre lui donne une cou- leur rougeâtre. Sans cette précaution , l'infecte une fois métamorphofé en mouche , s'envole &c emporte la teinture. Lorfqu'on a ôté la pulpe ou poudre rouge, on lave ces grains dans du vin , on les fait fécher au foleil, on les frotte dans un fac pour les rendre luftrés j enfuite on les enferme dans des fachets, où l'on a mis , fuivant la quantité qu'en a produit le grain , dix à douze livres de cette poudre par quintal. Les Teinturiers achètent plus ou moins le kermès, félon que le grain produit plus ou .moins de cette poudre. La première poudre qui paroît fort d'un trou qui fe trouve du côté par où le grain tenoit à l'arbre : ce qui paroît s'attacher ail grain vient d'un animalcule qui vivoit fous cette enveloppe , & qui l'a percée, quoique le trou ne foit pas vifible : les coques du kermès font la matrice de ces infedtes. C'eft ce qu'on appelle ^r^/ze d'écarlate ^ dont otî tire une belle couleur roijge , la plus eftimée autrefois avant qu'on fe fervîc de la cochenille* En Angleterre, on trouve aufli des efpeces différentes de kermès, mais du même genre , fur les farmens de vignes , fous des branches de laurier- cerife , de prunier &c de cerifier : la couleur en eft brune. Elles font com- munément avec une efpece de mère femblable à une fourmi. Lijler dit que fi l'on coupe adroitement avec un rafoir le bout d'un de cqs cocons, on y trouve quelquefois cinq , iix , ou un pius grand nombre de petits vers qui fe métamorphofent en des efpeces d'abeilles très-petites & noires^ La couleur de cette forte de kermès eft peu ftable \ les coques les plus noires font les plus riches en couleur \ elles font contigucs aux arbres fans en .être des excroi(rances : femblables en cela à la cochenille qu'on peut tranfporcer fur d'autres arbres. Les coques de kermès changent de couleur : de jaunes elles deviennent Jm€ III, X X :s 5|o K £ R ]^ É T d'un brun foncé : elles font reiVipîies, non d'exciémens & de pulpe , niak- de mictes , qui vraifemblablemenc prociuifent une différence extérieure dans les efpeces de kermès. Comme les coques de kermès ramalTées de bonne heure & féchées ref- femblent à la cochenille , cela fait foupçonner que U cochenille eft une efpece de kermès. Lifter fonde cette conjedure fur ce que la poudre écar- late qu'on retire des coques en les tamifant , eft un compofé de mittes qu'il faut diftinguer du ver qui fe change en mouche. Foye:^ la Colleclion Académique d'Angleterre , Tome ill j pages 73, 325 , 538, &c. Le kermès eft un infede non-feulement utile pour la teinture de \?ù laine &; même de la foie , mais qui entre encore dans la confe6tion d'al' kermès \ &c les Médecins le regardent comme un bon remède cordial & propre à arrêter le vomifiTemenr. Voici la préparation du kermès pour l'ufage de la Médecine. On pile ces coques nouvelles ôc bien fucculentes dans un mortier de marbre j on les laille enfuite digérer dans un lieu frais pendant fept ou huit heures j^ alors on les exprime & on en retire un fuc , qui dépuré & édulcocé avec le double de fucre,forme une conferve liquide &:cordiale,connuefouslenoni dejirop de kermès. Si on fe contente de prendre l'efpece de f u/pe fraîche' ou de poudre rouge dont il eft fait mention ci-deffus, qu'on la prefte dou* cément entre les doigts , alors on en formera des paflilles que l'on fera' fécher au foleil. Voilà ce qu'on appelle pajlel d'écarlate ou écarlate de' eraine j Se que l'on envoie dans les pays étrangers, f'^o.yc-^ les articles Co- chenille , Gallinsecte & Chêne vert. KERMÈS DU NORD ou KERMÈS DES RACINES. Foyei Coche- nille de Pologne. On donne aulîi le nom de kermès à une préparatiory de l'antimoine , qu'on nommoit autrefois /^o^/i/re des Chartreux ; mais ce kermès eft minéral. Confulte^ le Dictionnaire de Chimie.- KETA. Foye^ Kacho. KETMIE. Nom donné à un genre de plantes ': c'eft le ketmia de Tcurnefcrt bc Xïbifcus de Linnius. Ce genre, dit hi. Deleui^e , eft de l'ordre des malvacées, &: a pour caradlere. principal deux calices, done l'intérieur eft d'une feule pièce à cinq dents , & l'extérieur compofé de plufieurs feuilles étroites : le fruit , fait en capfule, a cinq loges po- iyfpermcs. Parmi les différentes efpeces de cette plante il y en a une qui croît dan5 K E V K r N 551 ïprefque tous les pays chauds , Sc qui eft d'ufage en Améiique & en Afri- que. On ne la cultive dans nos jacdins que pair curiofité : fa racine eft iibrée ; fes tiges font hautes d'un pied , &: velues j (es feuilles , afiTez fem- blables à celles de l'alcée , font divifées en trois parties découpées , ve- lues en deiïbus , ôc d'un goût vifqueux : fes fleurs reffemblent à celles de- la mauve, &c font de couleur jaunâtre, mêlée d'un peu de purpurin à l'onglet. Il leur fuccede des fruits capfulaires, qui contiennent en cinq loges des femences menues ôc noirâtres, & renfermées dans une efpecc de velîie qui a le calice intérieur renflé : aufll dit- on kctmïa vejlcaria. Cette plante efl: émoUiente. M. de Tournefc rt compzQ trente-une fortes de ket- mies ; mais il y en a davantage. On en cultive plus de vingt efpeces en Angleterre : on les multiplie de graine qu'on fem-e au printems dans une terre légère Se préparée ; l'année fuivante on les tranfplante dans des touches d'une pareille terre , à la diftance d'un pied en carré j on les Jaifle croître ainfi pendant deux ans , en les arrofant dans les grandes cha- leurs j enfuite on les tranfplante. Il y a des ketmies dont les fleurs fonc blanches le matin, rouges à midi ôc pourpres le foir : relie elfc l'efpece qu'on nomme aux Indes Occidentales nfe de la Mardnique : c'eft le ket- mlajincujis j fruciu/ubrotundo jficre pleno des Botaniftes. Il y en a dont les ileurs ne vivent qu'un jour , mais qui font fuccédées par de nouvelles fleurs Jufqu'aux gelées- Confultez Miller. L'ambrette eft aufli une ketmie. f^oye^ Ambrette. KEVEL. Cet animal vit en fociété , fe raflemble en troupe & fe nourrit cornme la gazelle, dont il paroît être une efpece : il efl:, ainfi qu'elle, ^^ioux, s'accoutume aifément à ]a domefticité , ^ fa chair efl; très-bonne i manger. KIANKIA. C'eft -un perroquet piailleur de Cayenne. Foye:^^ Pbrro- .QUET. KIELDER. Voyei Bécasse de mer. KIES ou QUISSE. Nom que les Mineurs doDnent à \z. pyrite ^ a la marcajjîte. Voyez ces mots. KINA-KINA. C'eft le nom qu'on donne fouvent au quiniuina. Voyez ,£6 mot. KIN-INHOA. C'eft le chtvre-feuille des Chinois. KINK. Foyei Quinque. KINKI. C'eft ÏSi^çuk dorée de la Chine. Elle tire (on nom de la beauté X X X ij .55^ K 1 N K N O de Con plumage , qui paroît tour d'or quand il eft expofé au foleil. On ne' Gonnoît point en Europe d'oifeau qui reifemble au kinki. Le mélange de rouge & de jaune qui compofe fa couleur , la plume qui s'élève fur fa ercte, l'ombraçe de fa queue, la riche variété des couleurs de fes ailes, joints à l'élégante beauté de fa taille, lui donnent la préférence fur les autres oifeaux : fa chair palTe auffi pour être plus délicate que celle des faifans. Des Hollandois oni quelquefois apporté cet oifeau en Europe pour^ orner les volières des Curieux opulens. KIN-YU. ^oye:^ à l'anic/e Dorade Chinoise. KLA ou KLE. F'oye^ à Van de Ightyocolle. KLIPPFISCH U STOCFISCH , ou POISSON DE ROCHER. Ce font des préparations de cabéliau , efpece de morue dont on fe fert dans le* voyages de mer, & qui fervent aufli d'aliment à certains peuples du Nordi- Voye-:ç^ Morue. KNAH. Voyci^ à Varûck Alcana. KNAWEL , cocciferum Polonicum, foye^ à V article Cochinille de Pologne. KNAVER, ou KNAUR, ou GNEISS, ou KNEUSS. Les Mineurs Allemands donnent ce nom à une forte de roche compofée de quartz blanc &: de parties talqueufes ou fchifteufes. Lorfque cette roche , réfrac- taire au feu , eft noire ôc femblable à de l'ardoife , fans être feuilletée ni facile à couper , on la nomme Kneïfs : les Ouvriers fcuterrains îie rencontrent jamais qu'à regret le kneifs j car outre qu ils s'éloi- gnent de la mine riche, ils ont encore de la difficulté à l'en détacher 5 mais auftî c'eft un indice qu'on trouvera bientôt de très- bonne mine de abondamment. KNOPvCOCK. Oifeau du Cap de Bonne- Efpérance, qu'on nomme aufii cocq-knor : Kolbe nomme le mâle knorhaan^ ôc la femelle knorhen oU poule-knor. Ces pipedes fervent de fentinelles aux autres oifeaux , en les avertilTIuit de l'approche des hommes par un cri qui exprime le mot crac 3. êc qu'ils répètent fort haut : aulll les ChafTeurs tuent-ils cet oifeau à caufe de fon cri officieux qui fait fuir le gibier. Le knorcock eft de la grandeur d'une poule *, fon bec eft court ôc noir, ainfi que le plumage crête : celui des ailes ôc du corps eft mêlé de rouge , de blanc & de cendré : [es jambes- font jaunes j leurs ailes font fi petites , que ces oifeaux ne peuvent pas ■voler bien loin: ils fréquentent les lieux folitaires, de font leurs- nids K N O K O K 533 'ûàns les buîffoiis : la ponte des femelles eft de deux œufs. La chaii: de ces oifeaux n'efl: pas eftimée. KNOSPEN. Nom que les Mincralogiftes étrangers donnent à la mine verte, ftriée & foyeufe de cuivre de la Chine. Fiye^ à l'article Cuivre. KNOT.>^.j^:^ Canut. KOBBERA - GUiON. Ceft un animal de l'île de Ceylan , & .qui ref- femble beaucoup à ralligator. 11 a fix pieds de longueur; fa chair eft d'un aiFez n-!auvais goût. Quoique cet animal plonge fouvent dans l'eau , fa demeure ordinaire eft fur la terre , où il mange les corps des oifeaux &c des autres bêtes. Sa langue , qui eft bleue Se fourchue , s'alonge en forme d'aiguillon, 8c eft effiayante lorfqu'il la rire pour fiffler ou pour bâiller: cependant , loin de piquer &c de mordre les hommes , il f-e contente de fiffler lorfqu'il les apperçoit: il n'en fait pas de même à l'égard des chiens qui s'approchent trop de lui , foit pour aboyer, foit pour mordre y car il les frappe fi vivement de fa queue , qui relfemble à un long fouet , qu'il les fait fuir en crioiit d'un ton plaintif, ôc ils n'ont garde de revenir à la charge. KOBOLD. Foyei Cobalt. KODDAGA-PALLA. C'eft la mcme écorce rougeâtre que nous avons défignée fous le nom de codaga pale. Voyez ce m.ot, KOKOB. C'eft un ferpent très-dangereux & qui reftemble beaucoup i raimorrhoiis. On le trouve dans le Jacatan , péninfule fituée entre le golfe du Mexique & celui de Honduras. Ce ferpent eft d'une couleur noirâtre y fa longueur eft de trois pieds ou environ : quand on en eft mordu , on perd toutfon fang dans i'efpace d'une heure , &: l'on meurt , dit -on , il l'oîi n boit aufli- tôt une potion compofée de tabac & de fuc de primevère. KORKOFEDO. Poiftbn de la Côte d'Or en Afrique , dont les dimen- fions font égales en longueur & en largeur. Sa queue eft faite en croif- fant ; il a peu d'arêtes : fa chair , qui eft trcs-blanche , devient rouge 8c excellente par la cuilTon. C'eft pendant le miois de Décembre que l§s Nègres en font une pêche abondante. Ils prennent ce poifTon avec un hameçon fort crochu , auquel on attache une pièce de canne à fucre , à l'extrémité d'une ligne de huit braHes de longueur : les Necrres fe paftent l'autre bout de la ligne autour du cou , & dès qu'ils {QniQin une petite fecouffe, ils ramènent aufTi-tôt le poidon 6c l'amorce dans leur canot. 554 K O U K U P KOUXEURY, afellus lacuftrh. Ceft un poi(Ton du lac de Cayenne ; nés connu d;ins ce pays. Les Indiens du fond de la Guiane fe fervent de l'os qui forme le palais de ce poilfon au lieu de lime , pour polir les arcs, les boutons &: autres ouvrages en bois. KRAKEN. Quoique l'on fâche que la mer produife les mafles d'ani- maux les plus énormes, tels que les baleine-s ^ les licrnes ^ on ne peuf guère croire à l'exiftence des krakens. Ce font, dit-on , des animaux qui habitent les mers du Nord , & dont le corps a jufqu'à une demi lieue de longueur j on le prendroit pour un amas de rochers flottans , ou de pierres couvertes de mouffe. Tous les Pêcheurs de Norv/ege rapportent unanime-» ment, à ce que l'on dit , que pendant les chaleurs & les beaux jours de l'été, quand ils avancent quelques milles en mer, au lieu de la profon- deur ordinaire, qui eft de quatre-vingt & cent braiïes, ils n'en trouvent que vingt ou quarante; ils concluent de -là qu'ils font au-delTiis des krakens, dont la préfence occafionne cette diminution de profondeur. La pêche efi: alors très abondante pour eux \ à chaque inftant ils prennent; des poiflons à l'hameçon : mais ils obfervent toujours fi la profondeur refte la même j car (i elle diminue ils fe retirent au plutôt , de peur que l'animal , par fon mouvement , ne Jes faflTe périr. On penfe que c'eft une efpece de polype , dont les bras , pour répondre à la maflTe du corps , font de la grandeur des plus hauts mâts de vaiiîeau. On ajoute que les poiiïons font attirés au-delllis de cet animal par les humeurs fangeufes qu'il rejette , & qui colorent la mer ; &: comme tout doit être fîngulier dans un femblable animal , on dit que fon dos s'ouvre , & qu'il engloutie ainfi les poilfons qui font au de (Tus de lui, & lui fervent de nourritureo Voyc-;^ Polype de mer. KSEL Gui du Japon , à baies rouges. KemrfcrviQïi vit qu'un au Japon ^ dans un bois de mélèze. K.UCUI-LACKO. On connoîc fous ce nom dans quelques endroit? ides Indes Orientales , le ourang-outang. Voyez ce mot. ^"^ KUMPvAH. Foyei Jumart. KUPHE, kuphus. M. G uettard àonnccQ nom à un tuyau vermiculairo dont l'animal a le corps conique, la tête grolTe, l'extrémité poftérieure fourchue. Le tuyau eft conique , droit ou lînueux , ouvert à (qs deux extrémités , fourchu à fa partie poftérieure , dur & intérieurement divifç en deux parties ou tuyaux. K Û P K U R 555 KUPFER-HIECHEM. Nom que les Mineurs donnent à de petits grains pyriteux , couverts d'un enduit vert , qui fe trouvent dans quelques ef- peces de pierres feuilletées : cet effet efl le réfultat du cuivre de la pyrite , décompofé par le vitriol, /^oy^:^ Pyrite. KUPFER-NIKKEL. Les Mineurs de Saxe défignent par ce nom une mine d'arfenic, d'un rouge cuivreux , qui contient quelquefois du cuivre y & accidentellement du colbat. Voyei le fécond volume de notre Minera-' logie y pag. 54 j 70 6* 95 , nouvelle édition. KURBATOSou PÊCHEUR. Oifeau dont les bords du Sénégal font peuplés : il fe nourrit de poiiïbns : il n'efl: pas plus gros qu'un moineau ^ fon plumage eft fort varié : il a le bec plus long que tous le corps j ce bec eft fort & pointu, crénelé en dedans comme une fcie ; il fe balance dans l'air & à la furface de l'eau , avec un mouvement iî vif, que les yeux en font éblouis. U s'en trouve des millions fur les deux bords de la Cambra , fur- tout vers l'île du Morjil : leurs nids font en fi grand nombre fur les arbres qui bordent la rivière, que les Nègres leur donnent le nom de villages. L'art qui règne dans la conftrudion de ces nids eft admirable : la figure en efl: oblongue & grisâtre : ils font compofés d'une terre dure, mêlée déplumes, de moulTe, de paille, fi bien entrelacées, que la pluie n'y peut pénétrer. Ces nids penfiles font fi folides , qu'étant agités par le vent, ils s'entre heurtent fans fe brifer : à quelque diîlance il n'y a per- fonne qui, pour la première fois, ne les prît pour les fruits de l'arbre. Ces oifeaux ne donnent à leurs nids qu'une petite ouverture , qui eft tour- née à TEft , afin d'éviter la pluie : par ce moyen , les kurbatos font en sûreté dans leurs nids, contre les furprifes des finges, leurs ennemis , qui trop poltrons, n'ofent fe rifquer fur des branches aufli foibles & auftl mobiles j d'ailleurs, les feuilles de ces arbres font épineufes , &■ rendent l'accès de ces nids encore plus difficile. On a cependant des exemples, que des finges veillent fouvent à l'autre bout des branches j & lorque la ni- chée commence à croître, ils ont la malice de fecouer la branche; de manière qu'elle fait balancer les nids , «Sr y donne un contre coup qui les détache & les jette fur la terre. On a encore remarqué que quand ces nids n'étoient pas fufpendus àd'aftez longs fils ou liens , les ferpens qui mon- tent aufii à ces arbres , gagnent, en fe gliftantle bout de la branche, s'y fufpendent perpendiculairement par leur queue , & font entrer leur tète dans le nid pour y butiner. 11 ne faut pas confondre ces nid? avec celui 53(^ KUS KYN KUSNOKI. Nom que les habitans de Bornéo donnent à l'arbre dont i[$ tirent le camphre. KUTYEGHET. /-^oye:^ à r^jrrzV/^ Strund-jager. KYANG-CHU. C'eftle marfouin de la rivière de Yang-Tfé-Yang ^ ©n l'y trouve quelquefois à plus de foixante lieues de la mer. Ces mar- fouins font plus petits que ceux de l'Océan ; mais ils nagent en troupe» au long des rivières avec les mêmes évolutions : on en mange beaucoup» KYNORHODON. Rofier fauvage. Foye^àranicieKosiEK, KYN-YU. Ceft lepoijfon d'or de la Chine , (jui eft une efpece de dç^. rade. Voyez ce mot. lABBERDAN, L A B s}j L. L ABBERDAN, eft le nom "que les flibuftiers HoUandois donnent au cabéliau j efpece de morue qu'ils préparent fur leurs vaiiîeaux : ils ne font autre chofe que lui couper la tête , 6c après l'avoir vidée du côré da ventre , ils la rangent dans des tonneaux avec des couches de gros fel. Les Ecoiïbis & les Irlandois nomment ce cabéliau, ainfi préparé, aher-^ daine. Ils en pèchent tous les ans en quantité fur les côtes du Nord-Ouelt &de l'Eft de leur île, dont ils font ce labberdan , qui fert de nourriture aux Matelots. ^oyeT^^ à l'article Morue. LABDANUMou LADANUM , eft la fubftance aromatique réfmeufe; que l'on re,cire dans le Levant d'une efpece de cijîe. Voyez au mot ciste. LABIEES 5 lablats, j venlclllatA , didynamôL j gymnofpermdb , Link. Tournefort eft en quelque forte le premier qui ait nommé ainfi une famille de plantes, dans lefquelles les découpures inégales & irrcgulieres de la corolle , imitent communément les deux lèvres de la bouche d'ua animal. La clalfe des labiées renferme des plantes herbacées , annuelles ou vivaces , & des arbrifteaux, dont quelques-uns font toujours verts. Les racines des labiées font rameufes &" fibreufesj leurs tiges font rondes quand elles font vieilles , carrées étant jeunes , Se les nouvelles branches oppofées en croix. Les feuilles font de même oppofces deux à deux,' pointillées & ornées de petites taches brillantes j le feuillage eft aufli dif^ pofé en croix & (impie. La plupart des fleurs font hermaphrodites j com- pofées , dit M. Deleu^e ^ d'un calice llmple , en tuyau ou en godet, d'une corolle monopétale en tuyau évafé, découpé en deux lèvres, qui ren- ferment quatre étamines, dont deux font plus courtes que les autres, c aux brebis j leur chair &: leur lait en contradent un très-mauvais goût qui fe communique au beurre &: au fromage. La liveche ou ache de montagne donne encore une odeur & un goût fort défagréables à la chair & au lait des vaches qui en font néan- moins fort avides. Ueuphorbe eft de toutes les plantes étrangères & lai- teufes, celle qui donne un plus mauvais goût au lait & à la viande. Les moutons & les vaches n'ont pas plutôt mangé des tithymales^ dont le fuc eft acre eftcauftique, qu'ils ont auiîi-tôt la diarrhée. Les chèvres n'en font point incommodées. Le laitron on palais de lièvre ^ plante montagnarde, dont les lièvres &: les rhennesfont fort avides, altère beaucoup le lait des vaches, jpnfin, M. Hagjlrdim , célèbre Médecin Suédois 5 a obfervé que toutes les ailliaires &: la plupart des plantes ombelliferes changent entiè- rement le goût du lait. G'eft d'après ces fortes d'obfervations que M. Steno' Charles Bielke j de l'Académie de Stockolm , propofe de rendre le lait de vache fpécifique contre le fcorbut, en faifant manger à l'animal du pif- -fenlit ou dentde lion, ducochléaria, du becabunga, des bourgeons de fapin , de pin & d'autres végétaux antifcorbutiques , &c. de même pour donner au lait de chèvre une propriété contre la goutte ou la fièvre , il voudroit qu'on fît manger à ces brutes de la morelle ou du tithymale. Pour changer la faveur du lait & de la chair des animaux qui ont mangé des plantes ci-deftus, il faut leur donner du foin (qc^ & leur faire garder l'érable pendant huit jours. Tout prouve évidemment que le laie tire f^ qualité des plantes qui fervent d'aliment à l'animal qui nous le fournir. Aufli les Médecins , dont la nature eft le guide , tirent le plus grand avan- tage des obfervations citées ci-deiTus. Us font dans l'ufage de médicamentej: les nourrices, lorfque les enfans qu'elles alaitent ont quelque maladie. Tous les jours on leur ordonne de la racine defcoifonere , en décodion , pour purifier la mafte de leur fang, ôcen même temps celui de leurs en- fans. Tous les jours on purge les enfans à la mamelle en purgeant leurs nourrices. Le lait des femmes participe donc de la qualité àts médicamei'u; Se des alimens qu'elles prennent. Nous avons dit ci-defius que celui àez bmtes change aufli de nature, fuivaut l'efpece de niangeaille qu ils pi^ Z z z i] 5 48 L A 1 corent; il en conferve ta couleur, le goût, l'odeur, les propriétés. Quand on prefcrit l'ufage du lait de brebis, de vache , d'âneffe , de che-. vre, de jument aux malades, c'eft ordinairement au printems , quand les herbes font dans route leur force 6c vigueur j de en automne, quand elles confervent encore un reftedeleur vertu, & paroillent renaître en quelque forte pour périr aufll-tôt. Ainfi , les propriétés naturelles du lait font de nourrir & d'adoucir. Celui de femme eft fcreux Se donne un beurre- fade j c'eft le plus analogue à nos humeurs : celuidela chèvre eft moins fon* dantque celui d'âneiïe & de jument , celui de vache eft le plus nourriflanr de tous ; celui des animaux carnivores eft , félon M. le Clerc, d'une nature alkalefcente j il a le goût un peu acre & l'odeur urineufe. On ne devroic jamais faire bouillir le lait ni l'écumer ; on n'en devroit faire ufage que dans un degré de chaleur femblable à celui qu'il a fortant des mamelles de l'animal. Nous ne pouvons trop le répéter, le lait eft un remède iimple Se efficace qui coûte peu , de un remède qui devient univerfelj en multi- pliant fes vertus par l'amalgame des végétaux , ou par les propriétés des alimens qu'on fait prendre aux animaux. C'eft d'après ces notions que plufieurs particuliers viennent de fe réunir pour fournir aux malades de cette Capitale du lait qui fera approprié au genre de maladie dont ils feront affedés. On ne peut que louer un établiffement aufli utile a l'hu- manité, -i LAIT DE LUNE FOSSILE ou PIERRE DE LAIT, lac lundi. C'eft trne terre farineufe & calcaire , qui fe trouve dans le fond de certaines, fources , de dans les fentes ou creux des «montagnes : elle eft d'un tiftu feuilleté , un peu femblable à de la raclure d'ivoire ; fes particules font fines,, légères , douces au toucher, blanchâtres & fans liaifon. Scheuch^e? penfe que le lait de lune tire fon origine d'une ftaladite calcaire décom- pofée ou réduite en poufllere par le laps du temps. Il n'eft pas poffible de faire avec cette terre aucuns vafes dont la forme fe foutienne, tant elle eft aride. Des Auteurs ont encore parlé de cette terre fous le nom de mo' rochtus : c'eft à proprement parler une efpece de gukr de craie ou d'agaric minéral , de farine foflile y quelquefois elle eft colorée. Le lait de lune eft une terre abforbante. LAITE ou LAITANCE. Partie des poiîTbns mâles qui contient la fe- înence ou liqueur féminale. F'oyer à f article Poisson. LAITIER DES VOLCANS, rrye^^ Pierre re Gallinace. LAITRON, LAITERON onhACEROl^ -.fonclius. Nous ne décrironsi LAI 549 que trois efpeces de cette plante, qui font les feules d'ufage en Mé- decine. i*'. Le Laitron doux ou Palais de Lièvre , fonchus Uvls j eft une plante qui croît par-tout, dans les jardins, dans les blés, dans les vigno- bles , fur les levées & le long des chemins , principalement dans les champs dont le terrain efl: un peu gras. Sa racine eft petite , fibrée & blanche j elle pouife une tige à la hauteur d'un pied & demi , creufe en dedans, tendre, cannelée, un peu purpurine: fes feuilles font affez longues, Hlfes, plus larges &: plus tendres que celles du pilîenlit , découpées en leurs bords , remplies d'un fuc laiteux , rangées alternativement j les unes attachées a de longues queues , les autres fans queue , embraflant la tige par leur bafe , qui eft plus large que le refte de la feuille. Ses fleurs naiflent en Mai & Juin aux fommités de la tige & êiQS branches par bouquets à demi- fleurons jaunes, quek|uefois , blancs, femblables à celles du piflenîir. Il fuccede à ces fleurs des fruits de figure conique , qui contiennent de petites femences oblongues , brunes , rougeâtres , garnies chacune d'une aigrette. Toutes les parties de cette plante font laiteufes : elle eft bonne à manger en falade avant qu'elle ait pouiTé fa tige. i". Le Laitron épineux , fonchus afper , reflemble aflez à la précé- dente efpcce : (qs feuilles font un peu laciniées, garnies d'épines longues & dures. Elle rend un fuc laiteux &: amer : elle croît aux mêmes lieux que la précédente. 3 . Le PEUT Laitron dit Terre-crepe , terra crepo^a ^ a une racine grêle, longue & fibreufe: fes tiges font rameufcs, fes feuilles font moins découpées que celles de l'endive : fes fleurs font jaunes , Ïqs femences font aigrettées. Elle croît naturellement fur les collines pierreufes , fur les levées, dans les décombres des édifices: elle fleurit tout l'été. 11 y a des endroits où. on la cultive dans les jardins potagers , pour la manaer en falade. L'ufage de ces trois efpeces de laitron eft à -peu- près le même ; ces planres ont un goût herbeux, falé , & rougilTent le papier bleu: elles (ont rafraîchiflantes , adouciflantes Bien des pauvres gens en mangent pendant l'hiver les racines fraîches affaifonnées comme les autres légumes, même en falade. La décoction des feuilles eft bonne pour augmenter le lait aux nourrices: les vaches , les lapins, les lièvres &: les autres animaux do- çaeftiq.ues squ. nourriflent avec plaifi^r. 550 LAI Le laitron , chicorc'e jaune, efl: le/onckus repens ^ muhis kleraclum majus de J. Bauhin. \^K\T\}E i laciuca. Cette plante demi-fleuronnée, connue de tout le monde , eft ainlî nommée du fuc laiteux qu'elle répand quand on la rompt. On la diftingue en deux efpeces principales j favoir en laitue cul- tlvée &c en fauvage. La laitue cultivée ou domeftique comprend plusieurs efpeces en fous- ordre , eu égard à la groiïeur , à la figure & à la couleur : il y en a de blan- che , de noire , de rouge , de pommée, de crépue , de liife ou de décou- pée. De toutes cqs efpeces de laitue cultivée , il y en a trois principales, d'un ufage fréquent, foit dans les alimens , foit dans les remèdes^ favoir, Xn laitue non pommée ^ la laitue pommée & la laitue romaine ^ nommée auflî chicon» Parmi les laitues fauvages , celle à cote épineufe eft la plus en ufage parmi nous, La Laitue non pommée , lacluca fativa non capitata j eft une plante potagère qui , étant blelTée en quelqu'une de fes parties , donne un fuc laiteux. Sa racine eft longue, épaifie & fibrée : {qs feuilles font larges, îiftees , d'un vert pâle , fucculentes &: agréables étant jeunes , mais elles deviennent ameres quand la tige paroît : cette tige eft ferme, cylindrique, feuillée, haute de deux pieds, branchue, portant en fes fommités de pe- tites fleurs jaunes, qui font des bouquets à demi-fleurons , auxquels fuc- cedent de petites femences garnies d'aigrettes pointues , applaties & cen- drées : c'eft une des quatre petites femences froides. La Laitue pommée, lacluca fativa capitata ^ a les feuilles plus courtes, plus larges , plus arrondies d l'extrémité que la précédente , plates & liifées , mais formant bientôt une tête arrondie de la même manière que le chou : la graine en eft noire. Depuis quelques années on fert en falade dans les grandes tables deux autres efpeces de laitue pommée, bien plus belles & panachées de blanc, de pourpre & de jaune : on les appelle laitue panachée de Siléjie ^ &i: laitue de Batavia. Les Jardiniers qui ont l'art de rendre crépues , tendres &c pommées plu- fieurs efpeces de laitues , favent aufli les faire blanchir en liant les feuilles par touffes avec de la paille , pendant qu'elles font encore jeunes &c tçrir dres. On feme la laitue pommée pendant toute l'année dans les potagers ; on l'arrache quand elle eft encore tendre , & on la tranfplante dans àQS L A î 5$i cerres bien fumées j par ce moyen fes feuilles deviennent plus nombreufes & mieux pommées. Les laitues pommées étant féchées & brûlées a feu ouvert , fufent de la même manière que le nitre jeté fur les charbons ardens. L'on donne le nom de laitue crêpée à celle dont les feuilles font dé- coupées , pliées & repliées comme un crêpe , & de couleur obfcure, Ce font autant de variétés qu'on doit à la culture. La Lattue romaine appellée Chicon , laciuca romana ^ a des feuilles" plus étroites & plus longues que les précédentes j elle n'eft point ridée, ni boOTelée , mais garnie en deflTous le long de fa côte de petites pointes j fa fleur & fa tige font femblables à celles de la laitue ordinaire : fes sraines font noires. Cette laitue eft une Aqs plus exquifes en potage ou en fa- lade, fur-tout lorfque fes feuilles font d'un jaune blanchâtre. De tout temps les laitues ont tenu le premier rang parmi les autres plantes potagères : elles font excellentes crues & cuites , & rendent ic chyle bien conditionné. Elles font rafraîchiflantes , hume6lantes, laxa- tives , & conviennent aux jeunes gens : elles augmentent le lait aux nour- rices , & procurent un fommeil faUuaire. Les Anciens ne mangeoient de la laitue qu'à la fin du repas , le foir , pour fe procurer du fommeil j mais dans le temps de Domitien , on changea cet ordre, & elles fervoient d'entrée de tablt aux Romains. î.i. Bourge. ïs obferve que les différentes efpcces de laitues, quoique fort faines pour les perfonnes qui ont un bort eftomac & qui digèrent facilement , font fort nuinbies aux eftomacs froids & foibles 5 ils les rendent fans les digérer. Elles dérangent beaucoup les hommes hypocondriaques 6-: les femmes hyllériques. Quelques-uns ont dit que l'ufage aQS laitues rend les hommes impuif- fans & les femmes ftéiiles. il eft bien vrai, difent les Auteurs de la Ma- tière Médicale , que cette forte de plante n'excite pas les feux de l'amour, qu'elle les tempère, mais fans les détruire entièrement: ainfi , ajoutent- ils, quoiqu'on les confeille beaucoup pour réprimer le defir de la concu- pifcence à ceux qui vivent dans le célibat , néanmoins les gens maries qui défirent d'avoir des enfans n'en doivent pas craindre l'effet. La La ; TUE sauvage , laciuca fylvejl ris cq/lâ/pinosâ^ fe trouve dans les haies, aux bords des chemins, dans les champs & vers les prés , même d?ns les vignes Se les potagers. Elle a une racine courte , des feuilles- étroites , finuées , très découpées , armées d'épines un peu rudes le long, ^e la côte qui eft en defTous , & très-remplies de fuc laiteux j d'ailleurs elle; 551 LAI L A M eft femblabîe aux autres laitues ; mais elle eft plus amere, plus apéritîve Se plus narcotique. La culture corrige les qualités agreftes de cette plante fans lui faire rien perdre de fes qualités apéritives & rafraîchiirantes. Toutes les efpeces de laitues ne fe multiplient que de graine. Les Jar- diniers nomment celle à coquille ou à feuille ronde , laitue d'hiver. Le raffinement fur cette efpece d'aliment a été jufqu'à forcer la Nature à fa- tisfaire notre goût dans la faifon la plus rigoureufe. Pour les faire lever promptement , on fait tremper la graine pendant vingt quatre heures , ô£ on la laiiïe fécher enfuite dans un lieu chaud j puis en Février & Mars on la feme fort dru fur une couche & dans des rayons qu'on a fait avec un bâton : on la couvre légèrement de terreau , & on y met aufll-tôt des clo- ches. Au bout de dix à douze jours , ces laitues peuvent être mangées en falades. Si on en avoit un bsfoin plus preiTant , on les pourroit faire croître de même en deux fois vingt-quatre heures dans des ferres chaudes. Il fau- droit pour cela faire tremper la graine dans de l'eau-de-vie , & mêler dans le terreau un peu de fumier de pigeon avec un peu de poudre de chaux bien éteinte j mais ces fortes de laitues ne durent que huit jours fur cou- che. Les crêpes blondes font des laitues de primeur', elles fe fement à la fin de Janvier : les autres efpeces fe fement fur couche , ainiî que les précédentes , jufqu'en Avril , Se on les replante fur terre , quand elles font allez fortes pour les faire pommer, dans des trous faits avec le plan- toir, 5-c à un pied l'un de l'autre. LAMA ou LHAMÂ. Voye-{ à l'article Paco. L AMANDA ou ROÏ DES SERPENS. On donne ce nom à un magni- fique ferpsnt de Java , qui eft long de fept à huit pieds, Se d'une grof- feur médiocre. Cet animal a des écailles cutanées, relevées d'une ma- drure (i éclatante , & diftribuée avec tant d'art , que la peinture n'a ja- mais pu en rendre toutes les beautés d'après Toriginal. La tête du lamanda eft d'une longueur bien proportionnée j i^on front eft cendré , revêtu d'écaillés rhomboïdales , marquées d'une croix ponceau. Depuis les yeux , qui font vifs & brillans , jufquau chignon du cou, on voit ferpenter de chaoue côté de la mâchoire fupérieure Se inférieure une bande marbrée de bai brun : le derrière de la tête ell fort joliment tacheté : la gueule ell toute {^arnie de dents aiguës Se crochues : le deifus du corps eft fuperbe : on y admire des efpeces d'armoiries Se de couronnes différemment figu- rées Se entrelacées enfemble. Ses écailles , qui forment des lofanges, font tiquetées de différentes couleurs j fa queue a une belle tache aurore : vers Je I A M 555 le rrou de l'anus , on apperçoit au dedans une gioiïeur qui reffemble à un tefticule. Les écailles tranfverfales font ifabelles , ornées çà & là d'ad- mirables mouchetuues. On prétend que ce ferpent ne vit guère que d'oi- féaux. . LAMBDA, l^oye^ Gamma dore. LAMBIN. Quadrupède de l'Amérique ; ainfi nommé à caufj de la lenteur de fa marche. F'oye:^ Paresseux. LAMBIS. C'eft , félon Lal^at ^ une efpece de gros limaçon des mers de l'Amérique , dont tout le corps femble n'être qu'un boudin terminé en pointe & ouvert à l'autre bout par une bouche ronde & large , d'où il fort une membrane épaiffe, qui fert à l'animal pour prendre fa nourriture -& pour fe traîner , tant au fond de la mer que fur les hauts fonds où oq. Ae trouve ordinairement. La chair de cet animal e.ft blanche & ferme j • -plus l'animal eft gros , plus elle eft dure à cuire ôc de difficile digeftion : elle ne laiHTe pas d'être graffe ôc d'avoir de la faveur. La coquille de cet animal , qui a la forme de l'animal lui-même , &C <^ui eft parfemée d'un à deux rangs de pointes émoulTées^ fe vend très- bien dans le pays. Elle fert de cor de chaire à plufieurs nations fauvages : on en fait une chaux excellente , qui prend à la longue, étant mêlée avec du fable de rivière , la dureté du marbre. Le défaut de cette coquille eft c le lapin , dit M. de Buffon _, quoique fort fembLbles, tant à l'intérieur qu'à i'exrcrieur, ne fe mêlant point enfemble, font deux ef- peces diftindes ÔC féparées. M. de Buff'on a fait élever de^ lapins avec des hafes de lièvres , de des lièvres avec des lapines j mais ces clïliis n'ont rien produit, 5^ lui ont feulement appris que ces animaux , dont la forme eft fl fem.blable , font cependant de nature affez différente pour ne pas même produire des efpeces de mulets. Ces animaux mêlés enfemble deviennent ennemis, & il régné entr'eux une guerre continuelle, le plus foible de- vient la victime du plus fort. On a cependant eu des preuves que malgré la réfifliance de la femelle , le mâle s'étoit fatisfait ; mais il n'en a rien ré- fulté , & la lapine tourmentée par le lièvre trop ardent Se trop fort , mourut à force de blelTures ou de carelfes trop dures. Au relie il y avoit plus de raifon d'attendre quelque produdtion de ces accouplemens, que des amours du lapin ^ de la poule dont on nous a fait riiiftoire ces an-^ nées dernières, La fécondité du lapin eft encore plus grande que celle du lièvre. On voit les lapines domeftiques donner des petits tous \&s mois, & àos portées de quatre , fix , huit , dix , qu'elles allaitent pendant vingt-un jours, fans cefTer d'être pleines. Elles ont une double matrice, comme la femelle du lièvre, & peuvent par conféquent mettre bas en deux temps. Les lapins multiplient fi prodigieufement dans les pays qui leur conviennent, que la terre ne peut fournir à leur fubfiffcance : ils détiuifent les herbes , les ra- cines, les grains, les fruits, les légumes, &c même les arbrilfeaux ôc les arbres j Se Ci l'on n'avoir pas contr'eux le fecours des fureis Se des chiens , ils feroient déferrer les habitans de ces campagnes. Il y a des gens qui , pour écarter les lapins de leurs vignes , lorfqu'elles font en bourgeon , Se de leurs blés pendant qu'ils font en herbe , fichent en terre , le long des bords de la pièce, à fix pieds l'un de l'autre, de petits bâtons foufrés , aux- quels ils mettent le feu ; les lapins, qui haïlfent l'odeur du foufre, n'ap- prochent point de la pièce enfoufrée. Comme cette odeur dure quatre ou cinq jours, il n'y a qu'à recommencer jufqu'à ce que le bourgeon de la vicrne , la luzerne Se le blé foient hors de danger. Non-feulement le lapin s'accouple plus fouvent , Se produit plus fré- quemment Se en plus grand nombre que le lièvre j mais il a aufli plus de L A P 5(^7 reffburce pour échapper à fes ennemis. Les trous qu'il fe creufe dans la terre , où il fe recire pendant le jour , Se où il fait (qs petits, le mettent à l'abri du loup , du renard &c de Toifeau de proie ^ il y habite avec fa fa- mille en pleine fécurité j il y élevé &c nourrit fes petits jufqu'à l'âge d^en- viron deux mois j de il ne les fait fortir de leur retraite , pour les amener au dehors, que quand ils font tout élevés; il leur évite par-là tous les in- convéniens du bas sge, pendant lequel, au contraire, les lièvres pcrif- fent en plus grand nombre, de foufirent plus que dans tout le refte de leur vie. Cela feul fuffit auffi , dit M. de Buffon j pour prouver que le lapin eft fupérieur au lièvre par la fagacité. Tous deux font conformés de même , & pourroient égalemeiit fe creufer des retraites ; tous deux font également timides à' l'excès ; mais l'un plus imbécille fe contente de fe former un gîte à la furface de la terre, où il demeure continuellement expofé, tandis que l'autre par un inftinét plus réfléchi , fe donne la peine de fouiller la terre & de s'y praticjuer un afde qu'il n'oublie jamais quelqu'éloigné qu'il puiflTe être. Le bon & franc lapin j dit le proverbe, meurt toujours dans f on terrier. Qusnd il en fort, il ne fonge pour lors qu'à courir par fauts & par bonds en tournoyant çà & là , fans prendre même sarde au terrier d'un autre de fes femblables, C'eil le matin & le foir qu'il prend {qs ébats j il fe tient caché le refte du temps. 11 court fort vite j mais dès qu'il eft une fois dépayfé , il eft à l'inftant pris. Il efc fi vrai que c'eft par le fentiment que le lapin de garenne travaille , que l'on ne voit pas le lapin domeftique faire le même ouvrage : il fe difpenfe de fe creufer une retraite , comme les oifeaux domeftiques fe difpenfent de faire des nids ; Se cela parce qu'ils font également à Tabri des inconvéniens auxquels font expofés les lapins & les oifenux fauvages* L'on a fouvent remarqué que quand on a voulu peupler une garenne avec àts lapins clapiers , ces lapins & ceux qu'ils produifoient , reftoient comme les lièvres à la furface de la terre , & que ce n'étoit qu'après avoir éprouvé bien àts inconvéniens & au bout d'un certain nombre de générations , qu'ils commençoient à creufer la terre pour fe mettre en fûreré. Ceci prouve que le befoin ramené i'induftrie. Le lapin eft ennemi de l'eau. Dans les derniers débordemens de la Loire , qui ont noyé une quantité de gibier étonnante , on a obfervé que plufieurs lapins prêts à être fubmergés , avoient eu l'inftinét de grimper fuu: les aibres , de l'écorce defquels ils ont vécu uniquement , jufqu'à ce que les eaux fe fulLent retirées. Au refte 5^3 L A P cetre obrervacion n'eft pas nouvelle , & elle a été faite plus d'une fois dans des inondations. Les lapins fortent auffi de leurs terriers quand il doit arriver un orage pendant la nuit. Us courent à la pâture, & man- gent alors avec une adivité qui les rend diftraits fur le danger. Cepen- dant fi on les approche de trop près , ils rentrent au terrier , mais ils refTortent aulîi-tôt. Ce prelTentiment a poar eux l'efFet du befoin le plus vif. Les femelles , quelques jours avant que de mettre bas , fe creufent un nouveau terrier ou rabouillere , non pas en ligne droite , mais en zigzag , au fond duquel elles fe pratiquent une excavation ; après quoi elles s'arrachent fous le ventre une aiïez grande quantité de poils, donc elles font une efpece de lit pour recevoîr leurs petits. Pendant les deux premiers jours elles ne les quittent pas, elles ne fortent que lorfque le befoin les prefTe , & reviennent dès qu'elles ont pris de la nourriture ; dans ce temps elles mangent beaucoup &c fort vite ; elles foignent ainfî ôc allaitent leurs petits pendant fix femaines. Jufqu'alors le père ne les connoît point j la mère a eu foin de lui en dérober la connoiffance , parce qu'il les tue , ou leur dévore les tefticules , foit par jaloufie , foit pour jouir de la mère. Il n'entre point dans ce terrier féparé qu'elle a pratiqué ; fouvent même quand elle en fort , ôc qu'elle y laiife fes petits, elle en bouche l'entrée avec de la terre détrempée de fon urine. Ce n'eft qu'après le temps du fevrage que le mâle a fes entrées j alors les petits commencent à être plus forts ôc à manger l'herbe que la mère leur-apporte j le père femble les reconnoître , il leur témoigne fa joie par l'accueil qu'il leur fait , il les prend entre {qs pattes , il leur luftre le poil , il leur lèche les yeux , Se tous les uns après les autres ont égale- ment part à (es foins : dans ce même temps de fête la mère fait beau- coup de carelTcs au père, êc fouvent devient pleine peu de jours après. Les petits entrent en amour dès qu'ils ont atteint l'âge de fix à fepE mois. Ces animaixx vivent huit à neuf, ans: ils ont l'ouie très-fine èc font toujours aux aguets j le moindre bruit les fait fuir avec précipitation ; de dès qu'ils s'apperçoivent de quelque danger dans un endroit , ils l'abandonnent pour n'y plus retourner. Une habitude qu'ont les lapins , çed de battre toujours la terre de leurs pieds de derrière. On prétend qu'ils ont , ainfi que les lièvres , la propriété de ruminer. Comme les ^^pins palTenc la plus grande pa}:tiç dç leui: yie dans les terriçrs où ils font L A P .56'9 XoM en repos Se tranquilles , ils prennent un peu plus d'embonpoint que les lièvres. On. les engraiffe encore beaucoup en les châtrant, opéra- tion très-facile &c qui réuflit à merveille. Leur chair eft blanche , au lieu ,que celle du lièvre eft noire , Se elle en diffère beaucoup par le pom. La. chait des jeunes lapereaux eft très-délicate , mais celle des vieux lapins ■eft toujours feche Se dure : on préfère le lapin fauvage au domeftique , il a une faveur plus relevée Se plus agréable. Le lapin de garenne a le poil fous les pieds Se fous la queue de couleur roulfe ; ce poil eft blan- châtre ou jaune dans les lapins de clapier. Des perfonnes le roulîiftent un peu ayant de le porter au marehé j fupercherie que l'on diftingue /acilement à l'odorat. On chafte le lapin à l'affût , au chien Se au fufil. M. Brijfon dit que le lapin d'Europe Se celui d'Angora font du genre ,du lièvre ; mais que le lapin de Java , l'agouty , le lapin d'Amérique , le pak 3 le lapin de Norwege , le lapin d'Allemagne , ceux des Indes Se du Brefil font d'un genre particulier : il dit que le carad:ere de ce genre .eft d'avoir deux dents incifives à chaque mâchoire , Se point de dents canines j d'avoir les doigts onguiculés , la queue très-courte Se fort ve- lue j les oreilles fort longues , la lèvre fupérieure fendue. Ses jambes de derrière font plus longues que celles de devanr ; les doigts antérieurs iTont au nombre de cinq, les poûérieurs n'en ont que quatre. Cet animal .eft plus petit que le lièvre. Bldjius a traité de l'anatomie du lapin , & M. Needham a donné la defcription des membranes du fœtus de ce quadrupède. Les peaux de lapins d'A.mérique Se de Tabago ont une odeur agréable- n^ent mufquée \ ce qui les fait beaucoup recherchei pour les fourrures. .Aujourd'hui on a trouvé le moyen de filer le poil de lapin j on y joint un peu de foie pour en faciliter l'opération : fi l'on parvenoit à mulci- plier dans nos climats l'efpece de lapin d'Angora , on pourroit fe paffer d'y joindre de la foie , fon poil étant long , fouple Se coname foyeux. Les ouvrages de bonnetterie , ces vètemcns ou efpeces d'étolfes de diffé- rentes couleurs faites de poil de lapin , Se que l'on commence à porter en France , font déjà efpérer beaucoup de fuccès, l'ctofFe étant belle, légère Se chaude. Le poil de lapin mêlé avec de la laine de Vigogne, entre dans la compofltion des chapeaux appelles dauphins. Pour ce qui regarde le lapin de Norwege , voye^ Leming. LAPIS LAZULl , eft une pierre bleue, que quelques Lirhologiftes pnt décrite fous les noms de j^fps bleuâtre ^ de pierre d'azur j d\iiul qii Tomi I IL Ce ce 570 L A Q L A R à' a^ur oriental. C'eH: une efpece de pierre de roche , compofée de quartz;, quelquefois d'une efpece de fpath fufibîe , mêlé de pailletés ou de mica jaune ou d'or , ou de grains pyriteux de dune partie métallique bleuâtre , que les expériences de M. Marcgraff' démontrent être dues au fer. Foye^ notre Minéralogie ^ édit. de lyy^- , première Partie ^ ^.431. Le lapis lazuli ell très-dur , prefque réfradaire au feu , pefant , opa- que , d'un bleu vif, plus ou moins foncé , fufceptible d'un beau poli , fe caflant en morceaux irréguliers , vitreux dans les fradures , & faifanc fouvent feu avec le briquet. Cette pierre nous vient de l'Afie en morceaux de diverfes grofleurs & informes : on la trouve en Perfe & à Golconde : c'eft une matière chère dans le commerce. On choifît celle qui efl: la plus pefante , la moins chargée de raies blanches-, d'un bleu foncé , étendu & vif, afin qlie les bijoux que l'on en fait préfentent une furface totalement bleue j ce qui les rend plus précieux. On en rencontre aufiî en Suéde , en Prufle , en Bohême Se en Efpagne , mais qui eft ii tendre , qu'à peine peut-on la polir. Comme la couleur bleue de cette pierre eft de la plus grande beauté , & qu'elle ne s'altère que peu ou point du tout, ni à l'air ni au feu, Aqs Ouvriers intelligens ont trouvé le moyen d'en extraire cette partie colorante pour l'ufage de la peinture. Cette poudre précieufe eft connue fous le nom à' outre-mer. Le procédé en eft décrit dans prefque toutes les Minéralogies. LAQUE ou LAC , ou RÉSINE-LACQUE. Foyei à la fuite de l'arti- cle Fourmi. A l'égard de la laque de la Chine , voye-^ Arbre du Ver- Kis & l'article Lacque. LAQUE. Voye:^ Raisin d'Amérique. LARD , eft une efpece de graifte. Voye-^ l'article du Sanglier & le mot Grais'se. LARDITE. Des Amateurs ont donné ce nom à une pierre qui ref- femble beaucoup à un morceau de petit falé entrelardé ; quelquefois on y voit une efpece de couenne. Il y a de ces pierres qui reftemblent ou à un morceau de jambon , ou à un bout de cervelat, &c. Voyez Corps figurés à l'article Corps. LARE. Nom donné aux mouettes ; voyez ce mot. LARES. Les momies étoient révérées chez les Egyptiens comme des Dieux tutélaires auxquels on adrefToit des prières. Les peuples qui L A R 571 avoient imité la coutume des Egyptiens , fubftituerent aux motnles des figures de pierre , de bois , de métal : on les nommoit indifFéremmenc Dieux lares ou Dieux pénates : ils avaient la figure de petits mar- moufets : on les plaçoit dans un lieu de la maifon j les plus riches leur dreiïoient de petits autels , & leur donnoient en oflfrande la deiferte de leurs tables. On leur attribuoit tout le bien &: le mal qu'on éprouvoit. LARIX. Foyei Mélèze. LARME DE JOB , lacrhyma Jobi. C'eft une plante arondinacée , une efpece de rofeau que l'on cultive dans les jardins à^% Curieux , particu- lièrement en Candie , en Syrie & dans les autres pays Orientaux : fouvent elle y vient d'elle-même j ce qu'elle ne peut faire dans les cli- mats froids. Ses racines font fibreufes , noueufes iSv, longues \ {q^ feuilles font femblables à celles du blé de Turquie , longues d'un pied »Sc demi : il fort des aiflelles de fes feuilles de petits pédicules qui foutiennent chacun un nœud , qui contient l'embryon du fruit : il part de ces nœuds des épis de fleurs à étamines , renfermés dans un calice à deux balles fans barbe. Ces fleurs font ftériles \ car les embryons naiffent dans les nœuds &: deviennent chacun une graine unie , luifante , jaunâtre avant la maturité , rougeâtre quand elle ell: mûre , très -dure, & de la grofleur d'un pois chiche. Cette graine eft compofée d'une coque dure , lip-neufe 6^: d'une amande farineufe , enveloppée d'une membrane fine : on manoe cette graine farineufe à la Chine. Ow voit quelquefois des chapelets faits avec les coques dures & ligneufes de ce fruit. LARME DE VIGNE , gutta aut lacryma vitis. Nom qu'on donne 1 la liqueur aqueufe qui diftille naturellement goutte à goutte dans le printems des fommités ou farmens de la vigne en fève , après qu'elle a été taillée & avant que its feuilles foient épanouies : on prétend que cette eau eft bonne pour les maux des yeux ô: des reins, & qu'un verre de ces larmes rappelle les fens d'un hom.me ivre. Le nom de larme fe donne aufli aux fucs gommeux ou réfineux oui fe coagulent en diftillant des arbres qui les produifent. On dit larmes de fapin , larmes de mafiic ^ larmes de lierre ^ <&<:. Voyez l'article Gomme cC celui de Résine. • LARVE , larva. Les Naturaliftes défignent par ce nom les infeétes à métamorphofes , lorfqu'ils font dans leur premier état au fortir de l'œuf 2 par exemple , la chenille eft en ce fens la larve du papillon j cependant le xxx^ilarye . qui fignihç mafc^ue , convient mieux à la faufle chenille & Ç c c ç i j $7^ LAS L A T au ver qui Ce métamorphofe , tel que celui des coléoptères. C'efl: dans l'érat de larve que rinfedegi'ollitScmaiige beaucoup. Le ver du hanneton eft une véritable larve. LASER , laferpidum GaUïcum Majjiiienfe j eft une efpece de plante férulacée , qui croît en Provence aux environs de Marfeille : elle eft hyftérique , vulnéraire , carmin ative , Se propre à réfifter au venin. On prétend que cette plante a fourni autrefois àe V ajfa-fcs-tida ^ qui étoic fort eftimé des Romains , & qu'on ne trouva fous Néron dans toute la Province Cyrénaïque qu'une feule plante de laferpidum^ qu'on envoya à ce Prince fous le nom àejilphïum ; voyez ce mot. Mais le lieu natal du véritable lafer eft la Perfe. M. Haller rapporte que K&wpfer a découvert la plante du lafer ; c'eft une ombellifere , mais très -différente des laferpidum de France : fa racine eft fort grofle ; on la coupe par tranches pour en tirer le fuc laiteux. Voye-;^ Assa-fgetida. LATANIER , ou BACHE , ou PALMIER EN ÉVENTAIL , palT.a- daclylifera radiata ^ major ^ glahra , aut palma Brafilierfis prunifera ^ folio plîcadli , feu fiabelliformi j caulice fquammato y eft un arbre des îles Antilles qui s'élève fort haut , quoiqu'il ait peu de grofleur. Son bois proprement dit a la dureté du fer \ mais il n'a pas plus d'un doigt d'épaif- feur 5 tout l'intérieur ou le refte du tronc n'eft qu'une forte de filafTe ou^ de moelle. Ses feuilles qui pendent en petits faifceaux, au fommet des rameaux font plates & en forme d'éventail. En naiftant , c'eft un éventail fermé \ épanouies , c'eft un éventail ouvert , excepté que les bouts font pointus & féparés. Les habitans s'en fervent pour couvrir leurs cabanes j. ils en font auili des balais fort commodes & divers autres ouvrages très-propres , tels que des parafols en forme d'écrans ou de grands éventails que les Afiatiques peignent de diverfes couleurs. Les Caraïbes ou Sauvages àe^ îles fe fervent de la peau folide & unie des queues de ces feuilles pour en fabriquer le tilTu de leurs ébichets , maratous , pa- niers & autres petits meubles. Les Sauvages lient deux ou quatre de ce& feuilles enfemble , favoir deux deflus & deftbus \ dans le milieu ils. mettent des poiftons attachés par la queue , qu'ils expofent au feu pour les conferver. Les Maillés font un grand cas de cette forte de Palmier j, ils en mangent le fruit , qu'on appelle pomme de hache : ils tirent un fil des feuilles pour faire leurs hamacs : d'autres Indiens font des lances" de fcn bois , Se en arment la pointe de leurs flèches. On prétend qu'on" feroic d'excellens aqueducs du tronc dQS lataniers ; à Cayenne on ei£ fiième dans l'iifage de le fendre Se de le vider de fa moelle pour en faire ^es gouttières. LAVAGNE. Nom donné à une pierre fiflile qui fe tire d'un lieii nommé Lavagne fur la côte de Gènes , & qui s'emploie pour couvrir les maifons & pour paver certains édifices. La grandeur , l'épaifTeur & la qualité de certains morceaux de cette pierre fiflile , la rendent propre à recevoir la peinture j on y peint de grands tableaux , notamment pour des lieux où la toile pourriroit. Il y a des tableaux peints fur cette forte d'ardoife dans l'Eglife de Saint Pierre à Rome j encr'autres un de Ti- ycii , repréfentant S> Piere qui guérit un boiteux à la porte du Temple. LAVANCHE , ou AVALANGE,' ou LAUVINES. Foye^ à la fuite du mot Neige. Les lavanches de terre font ces éboulemens de terre qui arrivent afl^ez fouvent dans les pays de montagnes , lorfque les terres ont été fortement détrempées par le dégel & par les pluies. Ces lavanches- caufent de très-grands ravages dans les Alpes & les Pyrénées. LAVANDE , Lavandula, Les parties de la frudification des Jlœchas font tout-à-fait femblables à celles Aqs lavandes. Ces plantes ont les mêmes propriétés \ Se la feule différence ne confifl:ant qu'en ce que les fleurs des lavandes viennent par épis , & celles des Jlœchas en forme de tète : CQ5 plantes ont été mifes par M. Linn&us fous le même crème ; cependant nous ne parlerons du Jlœchas qu'à fon article. La lavande eft une forte d'arbufle qui poufl^e des tiges dures, ïigneufes, carrées , à la hauteur de deux ou trois pieds. Ses tiges font chargées dans toute leur longueur de feuilles longues Se étroites , blanchâtres & termi- nées par des épis de fleurs labiées. Toutes les parties de la plante ont" une odeur aromatique & agréable. La lavande porte des fleurs labiées' contenues dans un calice à cinq pointes égales j leur lèvre fupérieure efè échancrée Se plus grande que l'inférieure qui eft divifée en trois lobes : aux fleurs fuccedent quatre femences , qui n'ont pour enveloppe que le calice , au fond duquel elles fe trouvent. On diftingue plufieurs efpeces de lavande , dont les unes , comme la lavande d'Efpagne j ont les feuilles blanches \ d'antres , comme la lavande femelle^ ont les feuilles étroites : d'autres , les feuilles larges , telle que celle que l'on nomme la lavande mâle j \q fpic , Vafpic ou nard commun j la lavande à feuilles d'olivier ; enfin les lavandes que l'on nomme Jlœchas _, dont les fleurs font ramaffées en tête. f^oye:(^ fœchas. La lavande efl: une plante fort belle dans le mois de Juin , quand elle 574 L A V - eft chargée de (es épis de fleurs bleues ou blanches , qui répandent une odeur très-agréable. Cette plante n'efi: point délicate j elle vient par-» tout , 8c elle fe multiplie par drageons enracinés. Elle vient d'elle- même dans le Languedoc : dans ce pays-ci on n'en cultive que dans les jardins. Il eft bon de tranfplanter les gros pieds tous les trois ou quatre ans. Toute cette plante pafTe pour réfolutive , céphalique , anti-hyftérique. Les fleurs 3c les feuilles excitent puilTamment la falivation qu.ind on les tient dans la bouche ëc qu'on les mâche j c'eft pourquoi on les emploie utilement dans les maladies foporeufes , dans les catarres , &:c. Ces Heurs , ou plutôt leur calice , rendent beaucoup d'huile elTentielle d'une bonne odeur. Pour avoir de l'erprit-de- lavande doux & très- agréable pour Tufa^e des toilettes , il faut mêler un ^ros d'huile eiTentielle de cette plante, très-redtihée de nouvellement diftilléc, avec une pinte de bon efprit- de-vin , 6c y ajouter une petite quantité de ftorax ou de benjoin. On ne doit faire ufage de refprit-de-lavande , ainfi que de tous les remèdes aromatiques , que d'une manière très-modérée ; car leur ufage allume le fang , 3c fait que les parties folides , étant trop irritées j s'échauffent & s'enflamment. L'eau de lavande ou de méliffe, prifes intérieurement , font fpécifiques pour la perte de la parole caufée par des indigcftions ou des furchargemens d'eftomac. Ces mêmes eaux ou l'huile eilentielle d^ romarin préfentées au nez , relèvent des foibleifes ou fyncopes , &i font fouveraines pour l'apoplexie féreufe. On retire de l'efpece de lavande , que l'on nomme qjfic ^ une huile clTentielle , fort inflammable , Se d'une odeur pénétrante , que l'on nomme huile d'afvic : on la recommande comme vermifuge ; les Peintres en émail en font auiïi ufage. Les mittes , les poux de d'autres infedes , ont en averflon l'odeur de cette huile j c'eft pourquoi elle eft très-bonne pour les çhaiTer & pour les faire mourir. On nous apporte l'iiuile dif- tillée d'afpic de de lavande de la Provence &e du Languedoc j mais elle efl fouvent falfifiée &e mêlée avec de l'efprit - de - vin , ou [de l'huile de térébenthine ou de ben. On découvre aifément ces faljfîfica- tions ^ car fi l'on jette dans de l'eau cominune celle qui eft mêlée avec de l'efprit-de-vin , ce dernier fe mêle , fe combine parfaitement avec Veau , 5e l'huile fumage. Pour connoitre celle qui eft mêlée avec l'huile de térébentine , ou quelqu'autre huile , il faut en brûler un peu dans \iue cuiller de métal. Si elle eft |)ure , elle donne une flamme fubtUe s L A V 575 nue fumée d'une odeur qui n'eft pas défagrcable &c en peticé quantité ; au lieu que c'eft tout le contraire lorfqu'elle eft falfifiée. /^ojye:^ à l'artïcU Huile. LAVANDIERE ou HOCHE-QUEUE. Foyer Bergeronnette. LAVANGES. Foye^ à l'article Neige. LAVARET , lavaretus, PoiflTon de rivière à nageoires molles , & qui tient un peu du faumon &: de Talofe : il eft long d'environ un pied , gros comme le poing , & couvert d'écaillés blanches , argentines , ten- dres , fans taches , mais toujours très-propres. Sa tête eft oblongue \ il eft camus & fans dents : il a deux nageoires près des cuies. Sa queue eft fourchue 6c noire au bout : il fraie en automne. Sa chair eft molle , blanche , un peu glutineufe ^ très - agréable au goût. Ce poilfon eft aftez connu dans les poiiTonneries de Lyon : on en fert far les tables comme un mets délicieux & de bon fuc. 0\\ en pèche beaucoup dans le lac du Bouro;et &: d'Ai^ue-Belette en Savoie. LAVERT. C*eft un infeéte très -incommode à la Louifianne dans les bâtimens jfaits de bois. Ce- petit animal , dont les chats font extrême- ment friands , eft large d'environ neuf lignes , long d'un pouce & d'une ligne d'épaifleur : il paiïe par la plus petite fente , & fe jette fur les plats , quoique couverts , fur - tout la nuit , dans les garde - mangers. Quand le terrain où Xqw s'établit eft un peu défriché , on n'en voit plus du tout. LAVES, en Italien lava. Nom que l'on donne à des matières que les volcans ont vomies ; telles font les différentes efpeces de ponce ^ la pierrs du Féfuve ou de Naples , la po^olans j la pierre ohjidienne ou de gaUl-^ nace j \qs fcories de volcans ^y &c. Toutes ces matières , que l'on peut regarder comme un mélange de pierres , de fable , de terres , de fubf- tances métalliques , de fels , &:c. ont été les unes calcinées , d'autres à demi-fondues , & d'autres totalement vitrifiées par des feux fouterrains, & lancées du fein de la terre par l'éruption des volcans j ce qui fait qu'il y en a de compades & d'un tiftii continu ; d'autres qui font po- reufes , tendres , légères , ou qui font dures & fufceptibles du poli j celles qui font poïeufes & légères nagent fur l'eau ; celles qui font pe- fantes 6c non poreufes vont au fond de l'eau. Celle dont ont fe fert à Naples pour paver les rues ôc tians la conftruftion des édifices j eft une lave fort compacte èc très-folide j fa couleur eft d'un gris fde parfemé 57^^ h AV de taches noires. On y remarque quelques particules vitreufes. On fait auiîî à Naples des tables &c des tabatières avec de la lave. La plupart des laves ont probablement été dans un certain état de fluidité pour pouvoir couler , prendre les différentes formes tortueufes qu'on leur reconnoît , & fe charger des différentes matières du fol où elles fe refroidiffenr. On trouve fur la pente des volcans & dans les en- virons de CQS nionta2;nes içnivomes des laves courbées . & comoofées de plufieurs couches plus ou moins grandes &c plus ou moins pefantes , de couleur tantôt noirâtre ou rougeâtre , tantôt blanchâtre ou jaunâtre ou grife , tachetées , comme nous l'avons dit , de parties vitreufes , tantôt remplies de corps pierreux en façon de poudingue j tantôt eu portions fubdivifées dans l'état de cendres ; il y en a même qui tombent çn efïlorefcence , & donnent ou une faveur de fel alkali ou de fel ammo- niac. Pour l'intelligence de ce qui précède , il faut lire chacun des mots que nous avons cités , puis les articles volcan j tremblement de terre dC pyrite j mcme les mots montagne & terre. LAVEZ ZE ou LAVEGE. C'eft une efpece de pierre oUaire ou pierre 4 pot grifâtre ou marbrée , qiji ne fe tire guère que de trois carrières con- nues 5 l'une dans le Comté de Chiavennes , une autre dans la Valte- line j 6c la troifieme du côté de Pleurs dans le pays des Grifons. Cette pierre , qui eft douce au toucher , fe tire avec beaucoup de peine , parce Gue les Ouvriers font obli2;és de travailler couchés. L'on travaille autour les maifes de lavege qui ont été tirées de la carrière &: formées en cy- lindres. C'eft un moulin à eau qui fait mouvoir ce tour. Cette pierre ferc à faire des marmites &c d'autres vailTeaux de cuifine qui réfiilent au feu, Kpye^ Pierre ollaire & Pierre de come. LAVIGNON , hiatula. C'eft le nom que l'on donne fur les côtes du Poitou (Se d'Aunis â ui> coquillage de mer qui eft une efpece de came , mais dont les deux pièces ou valves ne font jamais exaélement fermées , ce qui lui a fait donner par M. de Réaumur le nom de coquille béante ^ qui eft conforme au mot latin hiatula. Cette efpece de coquillage vie enfoncé dans la boue jufqu'àcinq ou fix pouces de profondeur : à l'aide des tuyaux qu'il peut alonger ^ raccourcir , il tire fa ii^ourriture de l'eau. .Le lieu où ce coquillage eft enfoncé, fe reconnoît par de petits trous r-^nds d'une ligne de diamètre , qui reftent au-delfus de l'endroit où ell le lavignon. Sa coquille eft polie , blanche , fur-tout intérieurement , L A U 577 5c très-fragile. Li chair des lavignons eft d'un goût trcs-infîpide , en quoi iî différent d'une autre efpece de came nommée fiammette , & poivrée en Italien , parce qu'elle fait fur la langue l'imprefllon du poivre. Les habitans des environs de la mer mangent le lavignon , après l'avoir tiré du fable par le moyen d'un inftrument long & pointu. Foyc-^ Came. LAURÉOLE ou GAROUTTE , laurcola. Efpece de thymelée qui' naît à l'ombre dans les forêts & dans les montagnes de la Provence Ôc du Languedoc. Sa racine eft pliante, ligneufe & fîbreufe ; £es tiges font riombreufes , ligneufes , couvertes d'une écorce cendrée , & hautes de deux coudées. Ses feuilles tiennent de celles du laurier & du erand myrte ; elles font toujours vertes , noirâtres , épailîes , luifantes &: poin- tues. Les fleurs dont la ftrudure eft la même que celle du bois gendl ^ font jaunâtres Se naiftenc de l'aiffelle des feuilles : il leur fuccede de petites baies de la figure d'une olive , noires , &c qui renferment chacune un noyau dur , un peu plus long qu'un grain de chanvre , & dont l'amande eft blanche. Les feuilles, les fruits & l'écorce, tant de la racine que des branches de cette plante , produifent une forte érofion fur la langue &: dans le gofier quand on en mâche j cette impreflion y dure même long- temps. Cette plante prife intérieurement boulverfe l'eftomac , excite le vomiOTe- inent, enflamme les parties intérieures Se corrode les vifceres. L'on croit que les graines de la lauréoie font \qs grains de cnide , dont les anciens Grecs ont fait mention : on diftingue auliî une autre efpece de lauréoie dont le fruit eft rouge , & qui fe nomme autrenîenc cham£-daphné : celle-ci pafle pour le mâle , ê>: l'autre pour la femelle. LAURIER , laurus. Il y a plufleurs efpeces de laurier qui différent , foit par la forme de leurs feuilles , foit par leur odeur. Oi\ fait principalement ufage de l'aurier franc dans la cuifine : il y a d'autres efpeces de lauriers ordinaires à feuilles larges , à fleurs doubles , à feuilles ondées , à feuilles étroites. Tous ces lauriers ordinaires fe WQvswmwfiw^^x lauriers -j ambons ^ Se leurs feuilles entrent comme afl^aifonnemenr dans pluileurs mets. îl y en a une efpece dont les feuilles ont l'odeur de benjoin , mais ce n'efu point cet arbre qui donne le benjoin ; il eft parlé de celui-ci au mot Benjoin. L'efpece nommée Laurier Iroquois , mérite d'être connue à caufe de l'odeur agréable de fon bois & de fon ufage. F'oye:^ Sassafras. Le Laurier franc , Laurier-jambon ou Laurier-sauçe , laurus Tome III. Dddd 578 L A U vu/garis j pouffe, ainfi que le laurier royal ^ un grand nombre de tiges à la hauteur d'un arbre moyen j leur tronc eft fans nœuds , garni de branches couvertes d'une écorce mince j le bois en eft peu ferré , facile à rompre j les racines font épaififes , inégales , obliques. La fleur n'a point de calice j elle n'eft proprement qu'un pétale divifé jufqu'à la bafe en quatre ou cinq parties. Aux fleurs fuccedent des baies ovales terminées en pointe , ôc qui contiennent dans leur intérieur un noyau. Dans les lauriers ordinaires il y a des individus mâles de des individus femelles. Les feuilles de laurier font entières , fimples, fermes , & pofées alternativement fur les branches. Toutes ces efpeces de lau- riers craignent les grands hivers , mais expofés au midi le long d'un mur , ih montent quelquefois jufqu'à vingt pieds de hauteur. Ces arbres peu- vent fe multiplier par les femences Se par les marcotes , &c l'on peut les greffer les uns fur les autres j ils réufllflent mieux dans les terrains fecs que dans les terrains humides. Le laurier vient de lui-mcme dans les forêts des pays chauds, tels que l'Efpagne & l'Italie. Comme ces efpeces de lauriers confervent leurs feuilles pendant l'hiver , on peut les mettre dans les bofquets de cette faifon , fur- tout dans les pays maritimes. Le laurier étoit très- célèbre chez les Anciens : les Généraux Romains viélorieux étoienr couronnés de lauriers dans leurs triomphes , ou ils en tenoient une branche à la main comme figne de la viétoire ; les tentes, les vaiffeaux, les lances des foldats vainqueurs , les faifceaux , les jave- lots en étoient ornés de même : on s'en fervoit aulli pour les cérémo- nies religieufes &c comme des inftrumens de divination : on lui attri- buoit la vertu d'être inacceflîble à la foudre , de garantir le blé de la. nielle , &c. On en faifoit outre cela des remèdes : de-là , félon toute apparence, la coutume d'orner de couronnes de l'auriers les ftatues d'Ef- culape. ( Le laurier étoit cependant confacré à Apollon ^ l'amour que ce Dieu avoir pour la Nymphe- Daphné eft la raifon qu'en donnent les Mythologiftes ). Aujourd'hui encore en quelques endroits on couronne de laurier chargé de fes baies les nouveaux Dodeurs en Médecine : il femble même que leur nom de Bachelier , ( Baccalauréat ) tire fon ori- gine de bacc<& lauri. Cet arbre étoit donc d'un grand ufage pour la Méde- cine chez les Anciens , de on le regardoit comme une panacée univer- felle : on employoit fouvent les feuilles , les baies ce l'écorce des ra- cines ; aiijourd'hui on ne fait ufage que des baies & des feuilles Les feuilles de laurier font odorantes j elles ont une faveur acre, aro- L A U 579 matique , un peu aftrigente , jointe à un peu d'amei-tume. Les Ciild- îiiers en mettent dans les fauces. On en peut retirer une huile elTen- tielje très-odorante, en lés faifant macérer pendant quelque temps dans l'eau , à laquelle on fait fubir enfuite la diftillation. Les baies de laurier ont encore plus d'odeur & de faveur que les feuilles. M. Bourgeois dit qu'elles font très - efficaces pour provoquer les règles des femmes 8c contre les affedions hyftériques : on en prend trois ou quatre en poudre dans un bouillon de viande j c'eft le remède ordinaire des pauvres femmes de la campagne : elles font encore très-utiles en parfum contre les relâchemens de matrice. On en retire aufli une huile concrète qui eft très-réfolutive , propre à appaifer les douleurs , réfoudre les tumeurs , & fortifier les parties qui ont perdu leur ton. On obtient cette huile aromatique en pilant les baies , les faifant bouillir dans de l'eau , & les exprimant à travers un linge *, il furnsge à la furface de l'eau une huile verte , odorante , & qui eft d'une conliftance de beurre. On nous en- voie cette huile toute préparée de Languedoc , d'Italie 5c des autres pays chauds 5 où il croît beaucoup de lauriers. On faifoit autrefois ufage de baies de laurier dans la teinture ; mais on les a fuprimées , ainfi que l'on fera vraifemblablement par la fuite à l'égard de pludeurs fubllances , dont on ne voit pas trop la néceflité. Prefque toutes les efpeces de laurier font acres , ameres , aromatiques de d'une odeur extrêmement gracieufe , à l'exception de celle qu'on nomma cawvhrier j qui lailfe couler une huile effentielle concrète , d'une odeur pénétrante , 3cc, Voye^ Camphre. LAURIER ALEXANDRIN , eft une efpece de rufc hîfannuel. On en diftingue deux efpeces , l'une à larges feuilles & l'autre à feuilles étroites. Voye'^ HOUX-FRAGON ou çHoUX-FRELON. LAURIER AROMATIQUE. Foyei au mot Bois de Campêche. LAURIER CERISE ,[aurocerafus. Il y a environ deux cents ans qu'il nous eft venu de la Natolie en Turquie fon pays naturel. C'eft un petit arbre fort agréable a la vue , ainfi nommé , parce qu'il porte des fleurs femblables à celles du laurier , &: des fruits qui reîTembîent un peu à ceux du cerifier. On en diftingue plufieurs efpeces j favoir, le laurier cerife ordinaire , les lauriers cerifes à feuilles panachées de blanc ou de jaune , le laurier cerife de la Louijianne , dit laurier amande ^ & le laurier cerife de Portugal ^u Xa\arero des Portugais : celui - ci eft encore rare en France. Ddddi] ySo L A U La fleur des lauriers cerifes eft formée d'un calice qui eft d'une feuîe pièce , figurée en cloche ouverte , dont les bords font divifés en cinq. Ce calice porte cinq pétales arrondis &c difpofés en rofe : aux fleurs fuc- cèdent des baies prefque rondes , rouges , qui contiennent un noyau. Les feuilles de laurier cerife font fimpîes, entières, oblongues , plus épauTcs ôc plus luifantes que celles de l'oranger _, & pofées alternative- ment fut les branches j elles ont à leur bord de petites dentelures qui font éloionces les unes des autres. Ces diverfes efpeces de lauriers cerifes gardent toujours leurs feuilles , &c fupportent allez bien le froid de nos hivers : on peut en garnir des terraifes. Dans le mois de Mai , ces arbres fe couvrent de belles fleurs en pyramides , qui , quoiqu'elles ne foient pas d'un beau blanc , peuvent fervir à décorer les bofquets du printems. Dans les pays maritimes où les lauriers cerifes ne, gèlent jamais , on peut en faire des taillis qui four- niront d'excellens cerceaux pour les barils. On peut multiplier les lau- riers cerifes par les femences , les marcottes, oz on peut grefler ces efpeces panachées fur le laurier cerife commun. On a greffé avec fuccès le laurier cerife fur le cerifier , mais ces arbres ne durent pas : on a eflayé aufli , mais fans fuccès , de grefier les ceriliers fur les lauriers cerifes i on fe propofoit d'avoir par ce moyen des cerifiers nains. Les fleurs & les feuilles de laurier cerife ont une odeur d^amande amere, qui eft: afl^ez agréable : on s'en fert , fur-tout des feuilles, dans les cui- [iiies pour donner le goût d'amande aux foupes au lait &c aux crcmes. On en retire par la diftillation avec de l'eau-de-vie une liqueur qui eO: alfez gracieufe , ôc que l'on prétend erre bonne pour l'eflomac : mais il eft dangereux de charger trop l'eau-de-vie de cet aromate j car en dif- tillant plufleurs fois de l'eau fui les feuilles de laurier cerife , on en retire une liqueur qui eft; un violent poifon pour les hommes, pour les mou- tons ôc quelques autres, animaux, il caufe d'abord des convullions, la paralyiîe , eniin la mort. J'ai fait fur ce poifon , dit M. Duhamel j plufleurs expériences. Une cuillerée fuffit pour tuer un gros chien : la difletlion- anatomique ne nous fit appercevoir aucune inflammation j mais lorfque nous ouvrîmes l'eftomac , il en fortit une odeur d'amande amere très exaltée , qui penfi nous fufl^oquer j ainfl il y a lieu de croire que cette vapeur agit fur les nerfs. Malgré les fâcheux effets que produit cette eau que l'on a difliillée fur les feuilles de lauriei; cerife, elle peuc être un bon ffomachique , ' L A U 581 étant prife à petite dofe ; car Ci l'on en fait avaler tous les joins deux ou trois gouttes à un chien , fon appétit augmente & il engrailTe. On a obfervé que la gomme du laurier cerife ne produit aucun mauvais effet. LAURIER DES IROQUOIS. Foyei Sassafras. LAURIER-NAIN, laurus pygma. Ce fous- abrilTeau qui eft commun en Sibérie , & dont les propriétés font extraordinaires , porte des feuilles trcs-femblables à celles du laurier ordinaire , avec la différence qu'elles ne font pas d'une huitième partie (\ grandes. Du refte cette plante diffère beaucoup du laurier vulgaire : fes fleurs qui font jaunes , 2c qui paroifTenc en Juin de Juillet , refl^emblent à des petites cruches avec des ventres avancés , dont l'extrémité va en augmentant , & l'ouverture eft fort étroite : fes feuilles font d'un vert vif Se fortement attachées à la tige qui efl; li- gneufe \ elles tombent dans le mois de Mai j le fruit mûr eft d'un beau pourpre bleu j il eft fort agréable au goût, quoique mal-fain fi l'on en mange avec excès. La tige qui a environ fix pouces de haut , fort d'une racine rampante , & qui eft couchée tout à plat fur terre. A mefure que les anciens bourgeons difparoiffent , ( dans le mois de Mai ) il en paroît auffi-tôt de nouveaux j c'eft alors que les feuilles noir- cilTent , &C elles ne font pas plutôt tombées , ainli que les fruits qui les fuivent de près , que le jeune bourgeon eft déjà couvert de fleurs \ de forte qu'on ne voit jamais cette plante fans feuilles. Quoique le laurier- nain croilfe rapidement & vigoureufement, il n'acquiert pas un pouce de hauteur en vingt ans : les endroits où croît ce fous-arbrifleau , font les fondrières & les marais d'eau douce. M. Haller dit que ce laurier paroît être une efpece de vacclnium. LAURIER - ROSE , nerion. Cet arbrîfleau poufle de longues baguettes qui fe divifent en plufleurs branches , lefquelles font garnies en toute leur longueur de feuilles oppofées deux à deux , longues , étroites , terminées en pointe , unies &; fans. dentelure , rele- vées en deffous d'une feule nervure j le vert de (qs feuilles eft terne Se foncé. Les fleurs qui font en tuyau évafé par le haut en manière de fou- coupe divifée en cinq parties , ou garni à fon embouchure d'une cou- ronne de franges , bc contenant cinq étamines , viennent à l'extrémité des branches , & elles y font ramaffées par bouquets. Quand les fleurs font pafTées , il leur fuccede à chacune d'elles deux follicules droits , eu manière de fdiques prefque cylindriques, longs comme le doigt, 6c qui 58z L A U renferment plulieurs femences garnies d'aigrettes unes Si foiiples. M. Pi- cardet l'aîné en a préfenué le 2 Mai i-jo6 à l'Académie de Dijon , ^ foupçonne qu'on pourroic employer utilement ces aigrettes , foit en les filant après les avoir afTociées à cUi chanvre ou du coton , foit en les pré- préparant pour les rendre propres à faire des chapeaux , àes ouattes ou du papier. M. Picardec puîné , préfnme qu'on pourroit employer aux mêmes ufages les aigrettes prifes fur les femences du peuplier noir fe- melle, ^oyei Panïcle Peuplier. Il y a des lauriers-rofes à fleurs d'un beau rouge , & d'autres a fleurs blanches : le nérion des Indes à feuilles étroites a les fleurs d'un rouge pâle & odorantes. Le petit laurier-rofe , cham^nerion , a les fleurs d'un rouge pourpre ou bleues. U a déjà été remarqué au mot chamanerlon j que cette plante n'ell pas du même genre que le laurier-rofe , mais forme un genre à part. Foyei^fon cjracicre à V article Cham^nerion. Comme les lauriers rofes craignent le froid de nos climats . on efl: obligé de les mettre en caifle pour les conferver l'hiver, & dans la belle faifon ils font l'ornement des jardins. On peut cependant les élever aifémenc en pleine terra dans quelques Provinces méridionales du Royau- me : quant aux lauriers-rofes à fleurs doubles, ils font fi délicats, qu'il faut les conferver dans les ferres chaudes , comme les grenadiers. Ces arbrifleaux viennent de la Nouvelle Efpagne , d'où ils ont paflé aux Co* loni.es Angloifes d'Amérique , 2>c de-là en Europe. On dit que la décoélion des feuilles de laurier rofe efl un poifon pour les animaux & pour les hommes. Les animaux qui en mangent fonç attaqués d'angoilfes infupportables j leur ventre fe gonfle , &: il furvient une inflammation univerfelle dans les vifceres : les remèdes contre ce poifon , font l'huile d'olive & tous les adoucifians. Les feuilles de laurier- rofe écrafées & appliquées extérieurement , font digefcives , réfolutives , & bonnes contre la morfure à^s bêtes venimeufes : deiléchées & pilées, elles font un excellent fliernutatoire. LAURIER ROYAL ou LAURIER DES INDES. Il eft vivace , & fon feuillage en fait toute la beauté : il faut traiter cet arbre comme les orangers : on le cultive beaucoup dans le Portugal , où on l'emploie a faire des allées. LAURIER SAUVAGE D'ACADIE , efl: le nom que les habitans des frontietes du Canada donnent à l'arbre de cire-nain de la Caroline. Voyer^^ jArbre de cire, L A U L E G 58J LAURÎER-THYM , t'mus. Les diverfes efpcces de lauricr-thym va- rient un peu pair la forme de leurs feuilles & par leur couleur j les unes font panachées en blanc , les autres en jaune ou en pourpre. Les lauriers- thyms font de très-jolis arbrifTeaux , ils font ornés de fleurs difpofées en ombelles , compofées d'un feul pétale en forme de cloche , & divifé en cinq parties. Ces fleurs fubiîftent prefque pendant toute l'année : on doit par cette raifon mettre cet arbriflTeau dans les bofquets d'hiver , oià il efl; d'autant plus agréable, qu'il efl: encore couvert de fleurs quand tous les autres arbres Se arbufl;es en font dépouillés. Ses feuilles , qui font d'un, vert foncé & oppofées fur les branches , ne tombent point pendant l'hiver. Si des gelées trop fortes font périr les branches de ces arbriflTeaux, la fou- che repoufTera bientôt de nouveaux jets. Les baies de laurier-thym font très-purgatives , mais on n'en fait aucun ufage. ^ LAUVINES ou LAUVIGNES. Foyei à la f une du mot Neige. LEAO. Efpece de bleu métallique que les Chinois appliquent fur leurs porcelaines. On ignore fi ce bleu eft du cobalt ou du lapis la^uU. Voyez ces mots LECHE , cyperoïdes latifoUum fpicu rufa ^ &c. Cette plante , qui croît aux lieux aquatiques , a été placée entre les efpeces de gramen par les anciens Bocanifties j mais M. de Tournefon en a fait un genre féparé. Ses racines font aflTez groflTes , noueufes , fibreufes , & femblables à celles du fouchet long : fes feuilles font longues d'un pied & demi , alfez larges , triangulaires. Sa tige efl: haute de deux à trois pieds , fans nœuds , por- tant à fa racine des épis à écailles , entre lefquels font attachées des fleurs à étamines rouflTes j ces fleurs ne laiiTent rien après elles , mais les épis qui font au-delTous portent des graines & ne fleuriflent point : ces graines naiflent fous les écailles qui compofent les épis : elles font triangulaires 5c renfermées chacune dans une capfule membraneufe. La racine de cette plante curieufe a prefque les mêmes vertus que celle du fouchet long : (qs, fleurs font déterfives ^ apéritives. LEDE , LEDON ou LEDUM. Efpece de cille d'où découle le lahda- num. Voyez à Canlcle Ciste. LÉGUANA , ou IGUANE , ou SENEMBL Efpece de lézard qui fe trouve en plufieurs endroits de l'Amérique &c aux Indes Orientales : on mange fa chair &: fes œufs. Ce lézard ne fifïle point, & ne fait ni bruit nimal : fes petits nagent aflez bien ; mais àhs qu'ils font grands , ils ne le peuvent plus. Les Mexiquains nomment cet animal aquaquit^ pallïn ; les 5S4 ' ■ L E G Haïrains Tappeilent ïgnona ôc inana ; les Indiens ie nomiwznt foaager ; les François , coq de joute j 8c les habitans de la Martinique , gros U\ard, L'iguane , qui eft une efpece de lézard goîtreux & fouetteur, a envi- ron cinq pieds de long , quelquefois huit &: quinze pouces de circonfé- rence j fa peau eft grife , brune de chargée d'écaillés rudes , tuilées : depuis la tète jufqu'à la queue , il a fur ie dos une rangée de pointes comme un peigne : Çqs yeux font longs, fes dents font petites & en fau- cille. Le mâle a une peau qui lui pend depuis la gorge jufqu'à la poi- trine \ c'efc une efpece de goitre en partie denté & en partie édenté : il la roidit ôc retend à volonté : le fommet de la tète eft livide : les pattes de devant font plus menues que celles de derrière j elles ont toutes cinq griffes , munies d'ongles fort pointus & crochus. Cet animal eft alTez maigre de corps , mais {qs pattes de derrière & fa queue font fort charnues. La capacité du ventre de l'iguane eft grande , & toute la partie inté- rieure eft tapiffée de deux pannes de graifte jaunâtre , qui eft eftimée ner- vale : les mâles ont une pofture hardie , un regard affreux & épouvan- table j ils font d'un tiers plus gros que les femelles , qui font toutes vertes , & ont un regard plus doux. Ils s'accouplent au mois de Alars : dans cette faifon de leurs amours il eft dangereux de les approcher. Le mâle, pour défendre ia femelle, s'élance fur les perfonnes qui s'en appro- chent : comme il n'a point de venin , fa morfure ne met dans aucun pé- ril, mais il ne quitte point ce qu'il a mordu, à moins qu'on ne l'égorgé, ou qu'on ne le frappe rudement fur le nez. Les habitans du Brefil leur font la chalfe au printems : après qu'ils ont mangé beaucoup de fleurs de mahot & des feuilles de mapou qui croilfènt le long des rivières , ils vont fe repofer fur des branches d'arbres qui avan- cent fui' l'eau, & leur ftupidité eft telle que , quoiqu'ils foient très fubtils & vîtes a la courfe , ils voient approcher le danger fins le fuir. Ces animaux font difficiles , dit-on , à tuer à coups de fuiils , l'on en a vu en recevoir trois coups fans s'abattre j mais on peut les faire mourir promptement , en four- rant un petit bâton ou un poinçon dans leurs nafeaux ; c'eft là la partie fenfible de ces fortes de lézards. On les peut garder vivans pendant trois femaines , fans leur donner à manger ni à boire. C'eft vers le mois de Mai que les femelles defcendent des montagnes §c viennent pondre leurs œufs au bord de la mer, à la manière des tor- tues j ^ L E G 5S5 tues j ces œufs font toujours en nombre impair , depuis treize jufqu'à vingt-cinq : elles les pondent tout à la fois : ils ns font pas plus gros que ceux de pigeon , mais un peu plus longs : l'écaillé en e(l blanche 5c fouple comme du parchemin mouillé : le dedans des œufs eft blanchâtre ôc fans glaire, ni blanc : ils ne durcilfent point quoiqu'on les faiïe bouillir : ils donnent un très-bon goCit à toutes fortes de fauces , &: valent mieux ,. dit -on , que ceux de poules. Un de ces lézards fuiïît pour rafrafier quatre hommes : les femelles font toujours plus tendres, plus gra (Tes , Se de meilleur goût que les mâles j mais la chair de ces animaux nuit finguliérement aux véroles , elle réveille mcme cette maladie quand elle a été long- temps affoupie. Se'ùa donne la defcripcion de fept efpeces d'iguane , qui varient par la couleur : favoir, la première d'Amérique j la deuxième de Surinam 5 la troifieme du Ceylan j la quatrième eft la femelle du précédent j la cin- quième fe trouve dans l'île de Formofe aux Indes Orientales j la fixieme eft la petite efpece du précédent ; la feptieme eft de la Nouvelle Efpagne, où. on l'appelle tamacolln. On ne peut trop admirer la beauté iinguîiere de ces lézards , la forme de leur goitre ,_la marbrure de leurs diverfes écailles , &:c. I LÉGUME , legumen. On donne ce nom aux graines qui fe trouvent renfermées dans une coffe ou toute autre efpece d'étui \ & à beaucoup d'au- tres fortes de plantes que l'on cultive dans le potager , telles que les arfperges, les melons, &:c. Les vrais légumes font les petits pois, les Îqvq^ lentilles , haricots , lupins. Le nom de légumes s'étend auflî aux racines potagères. La culture des légumes exige beaucoup de détails. Nous par- lons de cet art, qui fait la gloire du Jardinier, aux mots fleurs , plantes potagères j fruits j racines ^ particulièrement dans les articles où nous donnons l'hiftoire des plantes qui font d'ufage pour la cuifine , telles que la laitue j les concombres j le ce7erl . la chicorée j les cardons les champignons , &c. En Botanique on a appelle aufti du nom de papilicnacées certaines plantes légumineufes , à caufe de la figure irréguliere de leur corolle qui repréfente en quelque forte la figure d'un papillon qui prend fon vo.', Aconfidérer tous les caraéteres de la famille des légumineufes ^ on y place des herbes annuelles &: vivaces , des arbrifleaux , & même Aqs arbres qui ont jufqu'à foixante-dix pieds de hauteur. Les herbes léo-umineufes font ordinairement rampantes , ou s'attachent par des vrilles & fe roulenç jQm& II L Eeee autour à^^ arbres , comme il arrive aux vq{cq'^ , aux haricots , &c. Le» arbrifTeaux font tortus , la plupart épineux. En général les racines des légumineufes font longues & fibreufes \ les tiges font cylindriques, comme celles des jeunes branches qui font alternes : celles qui font farmenteufes , comme dans le haricot , fe roulent de droite à gauche dans un fens oppofé au m.ouvement du foleil. L'écorce dans les grands arbres de cette famille eft fort épailTe , & ridée comme un réfeau à mailles longues : les feuilles font alternes , & la plupart ont un mouvement journalier, qui répond à celui de la lumière du foîeil : voy^^ Sensitive. Dans quelques genres, comme l'acacia , le cytife épineux , les branches fe terminent en une épine qui eft d'abord couverte de petites feuilles , ou bien cette épine fort des ailfelles des feuilles. Dans la fenfitive 6LADE. En Languedoc on donne ce nt»m à la raie au long bec. Voye-^ au. mot RaiEc L È N 55t LENTILLE , Uns ^ eft une plante donc il y a deux efpeces , la jscdte lentïlU (k la grande. La PETITE Lentille, Uns minor , a la racine menue & fibrce; fa û^Q eft aiïez grolîe & haute de neuf pouces , velue , anguleufe , couchée fui- terre , ou rampante par occafîon , branchue dès la racine. Ses feuilles font oblongues, relTemblantes à celles de la vtÇcQ , mais plus petites & velues : il fort des aiflelles de ces feuilles des pédicules grêles qui foutiennent chacun deux ou trois petites fleurs légumineufes, de couleur blanchâtre» A ces fleurs fuccedent de petites goufles courtes, larges, remplies de deux ou trois graines applaties , orbiculaires, dont la couleur eft jaunâtre, &: dans quelques efpeces rougeâtre ou noirâtre : cette plante eft la lentille vulgaire. La GRANDE Lentille, Uns major ^ eft plus belle en toute manière, àc plus grande que la lentille commune : fes fleurs font plus blanches. « On feme beaucoup de l'une & de l'autre efpece de lentilles dans les champs en terre maigre & feche : cette forte de plante eft annuelle. Leurs graines font d'un grand ufage pour la cuiflne. Par les monumens des Anciens , il paroît que les Philofophes fe faifoient autrefois un grand régal des lentilles ; car Athénée dit , iiv. / Vj Chap. 1 8., que c'étoit une maxime des Stoïciens , que le Sage f ai f oit tout bien ^ &c qu'i/ ajfaifonnoic parfaitement des UntiUes. Par quel contrafte les plus habiles Médecins de nos jours jugent-ils autrement des lentilles ? Auroient- elles dégénéré > ainfi que nos eftomacs ? Quoi qu'il en foit , toute l'Ecole de Médecine prononce que les lentilles ne conviennent ni comme aliment, ni comme remède : elle enfeigne que la fréquence d'une telle nourriture trouble la lète , dérange les efprits , amortit la vue , occafionne des terreurs nodtur- ues, engendre la mélancolie, obftrue les vifceres, &:c. On diftingue dans les lentilles deux fubftances ; l'une membraneufe ^ qui eft la pe^au , & l'autre médullaire^ qui eft la pulpe. La peau eft aftrin- gente , & nourrit peu & mal \ la pulpe eft infiniment meilleure. Tout le jaonde fait que la purée de lentille eft aïTez nourriflante : les Payfans s'ac- commodent de cette nourriture j mais il y a àQS Provinces où les Payfans mêmes n'en font point ufage , ils les donnent aux chevaux. LENTILLE D'EAU ou DE MARAIS , Unticula pduftris. C'eft une plante que l'on trouve dans les lacs , dans les fofles des villes , & dans toutes les eaux dormantes & qui croupilfent : elle fumage comme une efpece de moufle verte : elle en couvre toute la fuperflciepar une multitude 59^ L E N infinie de fes feuilles très -petites , noirâtres en defTous , vertes en deiïuSj^ . luifantes, orbiculaires & de la forme des lentilles. Ces feuilles font unies étroitement entr'elles par des filamens très-menus & blancs ; 5c de chaque feuille part un filet ou racine , par le moyen de laquelle la plante fe nourrir. L'ufage de cette plante eft extérieur : elle réfout , rafraîchit &c calme les douleurs des érylîpelles , des hémorrhoïdes &" des hernies des inteftins. Les canards mangent avec beaucoup d'avidité la lentille d'eau. LENTILLE DE PIERRE ou LENTICULAIRE. Foyei Pierre len- ticulaire. LENTISQUE, Icntïfcus. Le lentifque eft'un arbre quelquefois grand, quelquefois petit , félon la nature du fol où il eft planté. Il y a plufieurs efpeces de lentifques , qui digèrent les uns des autres par les pays où ils croilTent & par quelques caractères de variété : ( Confultez le Traité des arhreî ^21 M. Duhamel). Ces arbres, dans certains pays, font d'un très- grand produit par la rciine qu'on en retire , laquelle eft connue fous le nom de Mastic , malliche j aut majlix j feu rcjina lenttfcana. Les lentifques portent, fur différens pieds , des fleurs mâles & des fleurs femelles. Les fleurs mâles font à étamines, attachées enfemble en ma- nière de grappes , rougeâtres , & elles naiflenr àQs aiflelles des feuilles. Les fleurs femelles qui viennent fur d'autres pieds , n'ont qu'un calice, point de pétale , mais un pifliil compofé de trois fl:iles , terminées par des ftigmates alfez gros & vêlas. Les fruits font de petites baies rondes , qui noircilfent en mCiriflant : elles font d'un goût acide, & elles renferment chacune un petit noyau. Les feuilles des lentifques font odorantes & aflez femblables à celles du myrte j elles (ont rangées par paire fur une côte creufée en gouttière. Cette côte n'efl; point terminée , comme dans la plupart des feuilles conjuguées , par une foliole unique : cette circonf- tance peut fervir à diftinguer les lentifques d'avec les térébinthes. Les lentifques ne quittent point leurs feuilles pendant l'hiver; mais comme ils font très-fenflbles au froid , on ne peut point les élever ici en pleine terre, à moins que de les mettre en efpalier dans une bonne expo- firion , &: d'en prendre grand foin pendant l'hiver. Le lentifque croît na-»^ ïurellement en Languedoc, en Provence , en Italie, en Efpagne, aux Indes , &: fur les côtes du Cap Blanc , d'Aiguin , de Portendic en Afri- que. On le cultive dans l'île de Scio ou Chio , pour en recueillir le maftic , iéfine dont les Turcs font ua très-graud ufage, EfFeâ;ivement il en vient une L E N 591 line fi grande quantité dans cette partie de l'Archipel , que le Grand-Sei- gneur en retire tous les ans quatre-vingt à quatre-vingt-dix mille livres pefantde maftic : toutes les îles de l'Archipel enfemble font obligées d'en fournir au Grand-Seigneur trois cents mille fix cents vingt-cinq livres pefanr. La culture de cet arbre ne confifte qu'à le provigner j on a par ce moyen beaucoup de jeunes pieds vigoureux , qui fourniiïent plus de maftic que les vieux. Les lentifques font la plus grande richelfe de cette île , & ces arbres font réfervés pour Sa HautefTe j car fi un habitant étoit furpris portant du maftic de fa récolte dans quelque village , il feroit condamné aux galères &: dépouillé de tous Ces biens. C'eft en Janvier que les Turcs plantent les Jeunes lentifques , qu'ils diftribuent par intervalles ôc en pelotons ou bofquets dans la campagne : ils viennent auflî très-bien de femences. Ces arbres fleurifTent en Mars. On a grand foin de bien nétoyer d'herbes &c de teuilles le bas des arbres , afin que le maftic qui tombe à terre foit plus propre. On fait aux troncs &■ aux groftes branches des lentifques des incifions a la fin du mois de Juillet &c au commencement d'Août : la réfine coule ordinairement juf- qu'à terre , mais il s'en congelé en larmes fut les branches : celle-ci eft plus eftimée que l'autre. On commence à ramafier la refine vers le feixieme d'Août ; cette récolte dure huit jours. On fait enfuite d'autres incifions au même arbre : la féconde récolte commence vers le quatorze Septembre j Se quoiqu'on ne fafie plus enfuite de nouvelles incifions, le maftic côn^* vtinue de couler jufqu'au huit de Novembre s on le ramaffe tous les huit jours , Se après ce temps la récolte n'eft plus permife. Pour que la récolte foit belle, il fliut que le temps foit fec &c ferein. 11 ne paroît pas bien certain que les lentifques qui croiiîent en Italie & en Provence donnent du maftic , ou s'ils en donnent, c'eft en très-petite quantité ; car celui da commerce vient du Levant. Les écorces des lentifques qui ont reçu des incifions annuelles (ont plus tailladées &c raboteufes que celles qui n'ont point été incifées. On nous apporte des pays chauds le bois de lentifque j il eft gris en dehors , blanc en dedans, 8c d'un goût aftringent. Comme on lui attribue la propriété de fortifier les gencives , on en fait des cure-dents, & on ufe de fa décodion pour les gargarifmes aftringens. En Italie on tire du fruit de cet arbre une huile, par la même méthode que l'on tire celle du lau- rier en Languedoc. Au Levant, l'huile qu'on en exprime eft préférée par les Turcs à l'huile d'olive , pour brûler Se pour employer dans les médi^ Tome II L ^ Ffff 55>4 L E N camens. L'huile de lentlfqne poflede une vertu aftângente , qui la rend propre lorfqu on veut refiferrer , comme dans la chute de l'anus &c de la matrice. Le maftic efi: une réfine feche d'un goût légèrement aromatique , réfl- neux & afl-ringent. Le plus beau doit être en larmes ou petits grains clairs, tranfparens, d'un jaune pâle &c d'une odeur agréable : il fe caiTe net fous la dent, s'amollir à la chaleur comme de la cire , &c s'enflamme fur les charbons. Les habitans de l'île de Chio mettent prefque tous du maftic dans leur bouche pour fortifier les dents & les gencives , &c pour corriger l'haleine. Us ont àufîî coutume d'en mêler 6c d'en faire cuire avec le pain pour le rendre plus délicat au goût. Comme il y a plufieurs efpeces d'arbres qui donnent du maftic, certai- nes efpeces en donnent de plus beau , mais en moins grande abondance : c'eft ce maftic de meilleure qualité que les Marchands nomment majllc mâle j foit qu'il découle d'un arbre mâle ou d'un arbre femelle \ ôc ils défignent fous le nom de majllc femelle celui qui eft de qualité inférieure. Les meilleurs lencifques fe trouvent dans la partie de l'île de Chio qui eft du côté du Sud. C'eft fans doute de ce maftic mâle que les Dames du fé- rail qui ont du crédit , & les Concubines bourgeoifes de Turquie mâchent prefque continuellement à jeun , pour rendre leur haleine d'une odeur de baume, fortifier leurs gencives èc blanchir leurs dents, & pour en prévenir le mal ou le guérir. On emploie intérieurement le maftic pour fortifier l'eftomac , arrêter les diarrhées & les vomilfemens j il entre dans plufieurs baumes & em- plâtres. On retend fur un morceau de taffetas, & on l'applique fur la tempe pour calmer les douleurs des dents. Enfin le maftic fe difiout aifé- ment , & il peut entrer dans la compofition de plufieurs beaux vernis, On jette aufll des grains de maftic dans des caftolettes pour des parfums , ou dans le pain avant de le mettre au four. Les Lapidaires mêlent du maftic commun avec de la térébenthine & du noir d'ivoire , & cet amal- game leur fert à maintenir les diamans qu'ils taillent & polifTent. Toutes les parties du lentifque , fes bourgeons , fes feuilles & fes fruits , l'écorce des branches & des racines font aftringenres. Dans les Ephémé- rides d'Allemagne on vante la décodion de bois de lentifque fous le titre dior potable végétal , comme une panacée finguliere contre la goutte & les catarres \ en un mot , pour aider toutes les fondions du corps en réta- blilTant le ton des fibres , 6c en adoucilTant l'acrimonie des humeurs. L E N L E P 55,5 LENTISQUE DU PÉROU. Foyei Molle. LEOCROCOTTE , Ucrocotta. C'eft , die - on , un animal û'Ethiopie » de la groffeur d'un âne fauvage : il a la croupe du cerf, l'encolure , la queue & le poitrail du lion , &: la tcte comme un taifTon : {^^ pieds fonc fourchus , fa gueule eft fendue jufqu'aux oreilles : il a au lieu de dents un Q^ entier qui lui prend toute la mâchoire. Pline ^ livre FILl _, chap, XX & XXX, On dit que cet animal eft fort léger , &: furpalTe tous les quadrupèdes à la courfe. On dit encore qu'il naît de l'accouplement d'une lionne Se d'une crocotte , ou d'une hyène mâle , ôc que les crocotces font des métis que font les lionnes étant mâtinées. Gefner penfe que le léocrocotre eft un tigre. Voye^ ce mot. Nous regardons l'exiftence de c^x. animal comme fabuleufe. LEOPARD , leopardus. Efpece d'animal quadrupède de l'ancien Conti- nent , que nous décrirons , ainfi que l'once , à la fuite du mot Panthère. LEPAS. Nom donné par les Grecs à un genre de coquillage univalve , &C qu'on a rendu en latin par celui de patella , parce que fa coquille reftëmble à une petite jatte ou à un petit plat. On le connoît fur les côtes de la Normandie, fous le nom de berlin ou berdin ; en Provence, fous celui à'arapede ; fur les côtes de Poitou & d'Aunis, fous celui d'csi/ de bouc 6c àe jambe. Le lepas rampe fur les rochers. On a calculé fa marche la montre à la main : un de ces animaux a avancé pendant une minute huit pouces de long ; &c fi l'animal ne fe repofoir pas fi fouvent, il pourroit avancer d'un pied. La bafe qui eft à l'ouverture de la coquille , eft occm^éo. par un gros mufcle qui a prefque autant de chair que tout le r.fte du corps de l'animal j ce mufcle n'eft point couvert par la coquille. Le lepas s'en fert pour marcher , ou pour fe fixer fortement fur la furface d'une pierre 5 les Pécheurs ont bien de la peine à l'en détacher , en infinuant la lame d'un couteau entre la pierre &: la coquille. L'animal sqw détache à fa volonté pour aller à la pâture j mais il meurt s'il cefle d'être entouré d'eau. On le mange cru ou cuit. La coquille de cet animal eft d'une feule pièce , aflfez dure \ fa cou- fleur ordinaire eft grisâtre : on en voit cependant de divcrfes autres cou- leurs : elle eft nacrée en dedans , non contournée , convexe , ^ a la figure d'un cône tronqué ou d'un entonnoir très évafé. Cette coquille eft ou entière Scfimple , ou percée en-delfus, ou chambrée , ou â appen- dice intérieur, ou écailleufe eii-deirus. On prétend que le lepas, doni Ffff i] 59^ 1 £ P L E T lacoquilie eft perforée en-defifas, déjede par cet endroit fes excrémen?* Parmi ces coquilles conoïdes on diftingiie encore celles dont le fommet eft pointu ou obtus , ou applati ou recourbé : celles enfin dont la robe eft cannelée ou ftriée , épaifte ou papyracée. Celles que les Conchyliologiftes ^ppelienzle lepas houc/ier , imitant l'écaillé de tortue, eft marbré en -delTus ôc nacré en - defïous j le concho-lcpas ; le bonnet de dragon ou Chinois j fa tcte eft faillante, recourbée, &:fa bafe eft communément revêtue de drap marin j Vœil de bouc ; la nacelle ; le cabochon ou toit Chinois , écailleux en - deftus & à plufieurs étages ; Vajirolepas ou V étoile ; le lepas des Ma- gellans , percé en - deftlis &: rayonné de vert, de violet, &: quelquefois de rofe j \q lepas chambré ^ fa tête eft faillante, une cloifon parallèle à la bafc occupe près de la moitié du dedans , &:c. Ces efpeces fuffifent pour donner une idée Aqs caractères les plus variés de ce genre de coquilles. On trouve aufti quelques lepas fiuviatiles &: beaucoup de folîiles. On appelle ceux - ci Upadiies ou patellites. LEPIDOPTERE. Foye- à l'article Insecte. LEPTURE , leptura. Infede coléoptere dont les antennes vont en diminuant de la bafe à la pointe, &: dont l'œil entoure la bafe. On peut regarder les leptures comme des efpeces de céramhix ou capricornes ; elles font comme eux de l'ordre des coléoptères qui ont quatre articles aux tarfes de toutes les jambes j elles habitent les mêmes lieux \ leurs larves &: leurs nymphes font les mêmes , & elles n'en différent que par leur corfelet , qui n'eft point armé de pointes comme celui des capricornes, Voye-^ ce mot. Une efpece de lepture trcs-curieufefe trouve à Cayenne j elle eft toute noire. Les deux pattes de derrière ont deux fois la longueur du corps j la cuifte eft renflée près du genou j l'extrémité de la jambe eft garnie , ainfî que le tarfe , de houppes de poils. On a trouvé cette lepture fur des rofeaux , dans un lieu marécageux. LERÉ. Efpece de chauve - fouris du Brefil , & qui eft la même que celle de Cayenne. Voyer^ Chauve - souris. LERNE , lernea. Efpece de zoophyte ou de ver qui fe trouve fur une forte de brème 3 &c qui fe nourrit de fon fang. Foye^ Zoophyte. LEROT, mus av'ellanarum major. Voyez à la fuite du mot Loir. LETCHl ou L1 - CHI. C'eft un des plus beaux &: des plus délicieux fruits qui croiffcnt à la Chine , & particulièrement dans la province de Canton j il égale le volume d'une grofle noix : fon écorce eft chagrinée, mince , d'abord verdâtre , enfuite de couleur de ponceau éclatante. Quand L E T L E V 597 lé fi"uit efb mûr Bc récemment cueilli , cette écorce fe termine en pointe : elle enveloppe une efpece de pulpe mollette , &c un petit noyau très - dur de la figure d'un girofle & de la couleur du jais : il n'y a que le mangouftan &c peut-être Vata qui furpallent ce fruit en bonté : il eft d'une nature fi chaude , que fi l'on nen ufe point avec modération il fait naître des puRu- les par -tout le corps. Les Chinois le font fécher comme nous féchons en Europe les pruneaux , ôc en mangent toute l'année j ils s'en fervent particulièrement dans le thé, auquel il donne un petit goût rude ou aigrelet , qui leur paroît plus agréable que celui du fucre. j^oje^ Ata. LETRE. C'efi: le bois de fer. F^oye:^ ce mot. LEVESCHE. Foyei Livêche. LEVIATHAN. Animal dont il eft parlé dans le livre de Job, chap, 40 (& 41. Le doéle Samuel Bochard qui a lu tout ce que l'Ecriture Sainte dit à ce fujet , prétend dans fon Hiew^kon ^ pag. 2 j Liv IV ^ c. x//, Xiii & XVI y que le léviathan eft le crocodile, cet animal fi difficile a prendre , fi indomptable, fi farouche & dont la peau eft fi dure. Pour le prouver il tire {^^ raifons d'un endroit du Talmud j au traité du Sabath , où il eft dit que le cabith ou chien -marin eft la terreur du léviathan \ il foutient que ce cabith eft Tichneumon , & que l'animal dont il eft la terreur , eft le crocodile j parce qu'on a cru que l'ichneumon fe jette dans la gueule du crocodile , s'infinue dans fon corps , lui ronge les entrailles &; lui perce le ventre : d'où il s'enfuit que le crocodile eft le léviathan des Hébreux. Koyeyi^ Crocodile é" Ichneumon. Mais M. Jault , Profefteur en Syriaque , prétend que le léviathan eft le dragon - marin j & il s'appuie fur un paffage d'IsAiE , chap. 27 , où il eft dit : l.e Seigneur vijitera avec fon épée dure ^ grande & forte ^ le léviathan , ce ferpent prodigieux , ceferpent tortueux ^ & il tuera le dragon qui efl dans la mer. Voyez Dragon - marin. Les nouveaux Hébreux donnent encore le nom de léviathan aux ani- maux cétacées , tels que la baleine. LEVRAUT , eft le jeune lièvre j fa chair eft fort faine. On donne le nom de lévretaux aux petits levrauts qui font encore nourris par la mère. Voyei^ l'article Lièvre. LEVRETTE , eft la femelle du lévrier j les petits s'appellent levrons* Voyez ci-deftbus Lévrier. LEVRIER. C'eft une des efpeces de chien nommé ainfi , de l'ufage nù l'on eft de s'en fervir particulièrement à la thalTe du lièvre. Le lévrier 59S L E V I E Z eft haut monté fut fes jambes ; il a la tète longue ôc menue , le cotps fart délié. On diftingue quatre fortes de lévriers : i **. celui dont les EcofTois , les Irlandois , les Scythes , les Tartares & autres Peuples du Nord font fort curieux , s'emploie à courir le loup , le fanglier d>c autres grandes bêtes , comme le taureau fauvage iS<: le bufïle: on W^^qWq lévrier d'attache ^ Dans la Scythie il y en a d'aifez leftes pour attraper les tigres & les lions : les gens du pays fe fervent des plus forts pour garder le bétail, qui n'eft jamais enfermé. 2°. hQ lévrier de plaine ; c'eft le plus agile de tous les animaux: les meilleurs font en Champagne , en Picardie &: en Thrace , à caufe des grandes plaines de ces trois Provinces , ce qui oblige à les choifu" de grande race , de grande haleine , & d'une extrême vîteife. Les Portugais choidlTent parmi ceux-ci les mieux râblés, gigotes & courts, pour bien courir le lièvre fur les coteaux & les montagnes. 3*. Le lévrier franc &c le lévrier métis : ils fe trouvent en Efpagne &: en Portugal : on les croit mêlés de quelque race de chisns coureurs , ou de ceux qui rident naturellement. Ces fortes de chiens , qui ne devien- nent jamais gras ni gros , conviennent en ce pays là , qui eil: inculte ^ rempli de brouifailles ; ce qui fait qu'ils ne vont qu'en bondilTant après le gibier , qui y eft fort commun: ils ont l'art de l'inveilir, de manière qu'ils ne manquent pas de le prendre & de le rapporter : on les appells ordinairement charnaigres. Les métis de cette race ont la queue velue ôÇ les oreilles pendantes. 4". Le petit lévrier d'Angleterre : on choifit les plus hauts pour couric le lapin dans une garenne ou dans quelque lieu clos: on les y tient en leffe proche des épinieres faites exprès , & qui font éloignées des trous où les lapins fe retirent. Si on veut faire courir le petit lévrier, on bat les épinieres, d'où il fort un lapin, qui voulant regagner fon trou fe trouve barré, &l fouvent pris par le lévrier. Les lévriers qui ont le palais imprimé de grandes ondes noires , font -les plus vigoureux \ on choifit ceux qui font tifonnés, à gueule noire, &: qui ont le corps marqueté de très-grandes taches, le pied fec, une en- colure longue, la tête petite & longue , le poil longuet, & plus de chaic â la partie poftérieure qu'a l'antérieure. Voyei^^ l'article Chien. LEZARD , lacertus. Sous ce nom générique l'on comprend toutes les efpeces d'animaux vulgairement réputés amphibies, qui ont une reifem- blance commune avec le crocodile, tels que l'alligator, le cordyle, le, .- LEZ - j,. Caméléon , îa falarnancîre , le lézard ou dragon volant, le feps , le fcinc, &c. On diftingue les Ic/ards félon la figure de leur tète , de leur queus & par la ftrudure de leurs pieds , ainfi qu'on le peut voir dans la compa- raifon des lézards vulgaires avec les falamandres. Les uns ont le dos uni, d'autres l'ont dentelé comme un peigne. Il y en a de terueftres , & d'au- tres qui font aquatiques , c'eft-à-dire , qui ne vivent pas indifféremment fur la terre ou dans l'eau. Tous ont les pieds digités , & leurs femelles confervent dans leur ventre les œufs qu'elles ont conçus. Les lézards ont }cs oreilles petites &c à découvert , différemment en cela des ferpens. Les yeux des lézards fe ferment par des paupières, tandis que ceux des fer- pens reftent ouverts. Nous ne ferons que donner ici la lifte des lézards les plus connus , nous étant réfervé d'en parler à l'article particulier de chacun d'eux. Le très-grand lézard d'Amérique , nommé des Latins caudiverbera ^ parce qu'il remue continuellement la queue, eft couvert d'écaillés min- ces , &c. c'eft une qÇ^qcq de lézard fouetteur. Voyez Cordyle. 11 y a un autre grand lézard d'Amérique que les François appellent fauvegarde. Voyez ce mot. Dans cette même divifion de lézards à écailles minces , des Auteurs placent le tllcuefT^-paUïn de la Nouvelle Efpagne , le tecuixim ^ le lé-^ard argus j le U\ard tigré d'Amérique , & celui de Ceylan , dont la queue eft fourchue ^voye; Ascalabosj \e lé:^ard étolU de la Mauritanie! le lé-^ard vert & h!eu de l'île de Saint-Euftache, Vamelra de Surinam , le tamapara. des Amazones , le k\ard roux de Rio de Janeiro , le taraguïra &c le re- cunhana de Bayak auBrefil, le /e\ard bleu de Guinée , le léy^ard noirâtre d'Amboine , le tamacolin de la nouvelle Efpagne. Les autres lézards les plus connus font les quel-opales ou quct-pateo du Breiîl , dont la queue eft par anneaux & é^ineufe j le cute^pallm du Mexique j le taraguicoaicuraba du Erefil , dont la queue eft couverte de fines écailles carrées j le talatec de Virginie j le tupinambis d'Amérique , voye^ Sauvegarde &c Teju- GUAcu •, le léguana d'Amérique j le/ola-ager de Ceylan j le galeotes d'Ara- bie j le dragon ophiomachus du Brefil , qui a une huppe crêtée j le tecoixin du Mexique j ÏQ/enembi des Indes j Vheiiaca owfoleil d'Amérique. Les lézards qui reffemblent aux falamandres par la figure de leur tête & par leur langue épailfe &: charnue , ont le tronc du corps , ainfi que la queue & les pieds comme les lézards vulgaires : ils font ovipares, c'eft- à-dire , qu'ils dépofent de vrais œufs j tels font Vameira de la Nouvelle / 'oyq Cocdyle. LÉZARD GOETREUX. Foye^ Goitreux. LEZARD GRIS. Voye^ à la fuite de l'article LzzARD, LÉZARD-SERPENT. Foye^ Serpent-Lézard. LÉZARD-VER. Foye^ Ver-Lézard. LÉZARD VERT. Foyei à la fuite de V article LÉzard. LÉZARD VOLANT. On le nonime aufîi dragon ailé. On en trouva en Amérique dans une des îles du Canada & en Afrique. Il a fous le cou une très-petite poche \ font ailes font des membranes marbrées de taches brunes , noires & blanches , quelquefois grifes , & ne s'éten- dent qu'à la volonté de l'animal. Ces animaux s'élancent & volent d'arbre en arbre pour attraper des mouches, des papillons, & autres infeéles dont ils font leur nourriture ; & l'on prétend qu'ils font leurs nids & pondent comme les oifeaux dans des creux d'arbres : leurs œufs font bleus , mouchetés de rouge & de la groifeur d'un pois. On voit cette efpece de petit lézard dans le cabinet de Chantilly* LHAMA ou LNAMA. Les Indiens du Chili donnent ce nom aux prétendus petits chameaux péruviens. Voyez à l'article Paco. LIAIS. On donne ce nom à une pierre calcaire blanche , compade j qui fonne fous le marteau quand on la travaille , &: qui eft affez dure pour recevoir un poli mat & une belle fculpture. On en diftingue de plufieurs fortes : il y a le liais rofe qui eft le plus beau & d'un grain fin ; le franc-liais & le liais feraut qui fe calcinent difficilement au feu , & qui fervent par cette raifon à faire des chambranles & des jambages de cheminées, des appuis, des baluftres : toutes ces pierres fe trouvent aux environs de Paris, & portent depuis fix pouces jufqu'à huit & dix de hauteur , ou plutôt d'épailTeur de banc j mais on peut les fcier en lames afl~ez minces. On en fait auili des pavés d'vanci chambre, ^o(? LIA LIANE. Cefi: un genre de plantes très-fingulieres , qui croIlTent très- promptement en Amérique &c principalement aux Antilles , ( il s'en trouve aufîî en Afrique ) où l'on s'en fert au lieu de cordes : ces plantes y font fort communes j on y diftingue fur-tout, i°. la liane à ail j ainfi appellée , parce qu'étant fraîchement coupée , elle répand une odeur forte ôc défagréable , comme celle de l'ail j 2°. la Hane blanche ; 3°. la liane crape ; 4^. la liane franche ; 5". la liane à panier ; 6^.h liane punaife ; 7°. la liane carrée ; 8". la liane rouge ou liane à eau ; 9°. la liane fe- guine ; 10°. la liane tocoyenne ; 11". la liane à glacer ou liane a ferpent. Chevalier :, pag. 198 à zoo , fait mention des lianes à caccnne _, à chique y à bouton j à bœufs _, à tonnelle. Les lianes montent en ferpentant , comme le lierre , autour des arbres qu'elles rencontrent , &: après être parvenues jufqu'aux branches les plus hautes , elles jettent des filets qui retombent perpendiculairement, s'enfoncent dans la terre , y reprennent racine $c s'élèvent de nouveau , montant & defcendant alternativement. D'autres lîlamens portés obli-' quement par le vent ou par quelque hafard , s'attachent fouvent aux arbres voifins , & forment ou une forêt impénétrable , ou une confufioiî de cordages pendans en tous fens , qui offrent aux yeux le même afpeét . que les manoeuvres d'un vaiOTeau. Il n'y a prefqu'aucune de ces lianes a laquelle on n'attribue quelque propriété particulière , Aonx. quelques-» unes font bien confirmées ; telles font celles de Vipecacuanha. Il y a des lianes aulîi grofies que le bras , queîque-unes étouffent l'arbre qu'elles embrafient à force de le ferrer. 11 arrive quelquefois que l'arbre feche fur pied , fe pourrit &: fe détruit entièrement, & qu'il ne refle que les fpires de la liane , qui forment une efpece de colonne torfe ifolée & à jour , que l'art auroit bien de la peine à imiter. Les fauvages qui habitent le long de la rivière des Amazones , trempent leurs flèches pour les empoifonner dans des fucs extraits de diverfes plantes , &c par- ticulièrement de certaines lianes venimeufes. Ces flèches empoifonnées par le fuc de ces lianes ont la finguliere propriété de conferver leur effet au bout d'un an. L'a(5tivité de ce poifon eft telle que des animaux qui avoient xcfifté aux poifons les plu$ redoutables, tels que l'arfenic , le fublimé cor- rofif pris intérieurement , ont fuccombé prefque en 'un clin d'œil , fous une ou deux piqûres légères de ces flèches empoifonnées. Les Caraïbes le fervent du fuc de toulola contre les bleffures de ces armes mortelles Kayei Toulola , c dans les autres lieux méridionaux. Cet arbre , qui relTemble beaucoup au chêne vert , a une racine grofTe, longue & dure : elle poufle un gros rronc qui jette beaucoup de rameaux, & fon écorce eft épailfe, fort légère , très-fpongieufe , de couleur grisâtre , tirant fur le jaune : elle fe fend d'elle-même Ik fe fépare de l'arbre , û l'on n'a pas foin de l'en dé- tacher , parce qu'elle eft pouftce Se chalfée par l'accroiflement circulaire de l'arbre , c'eft-àdire , par une autre écorce qui fe forme delïbus , & qui eft fi rouge qu'on la voit de fort loin. Ses feuilles reflemblent auflî à celles du chêne vert , mais elles font plus grandes , plus molles & plus vertes en deflus ; fes chatons & fes glands font pareillement femblables à ceux du chêne vert ^ mais fon gland eft plus long , plus obtus , ôc d'un goût plus défagréable que celui de l'yeufe. L'arbre du liège ne fe plaît guère Tome IIL Hhhh 6io LIE que dans les terres fablonneufes, les lieux incultes &: les pays de landes. Quand les habitans des lieux où croît le liège veulent faire la première récolte de fon écorce , ils attendent pour cela un temps chaud & fereiii ( Se que l'arbre ait douze à quinze ans ) j car s'il arrivoit une pluie immé- diatement après la récolte, c'eft-ài-dire, quand il n'y a plus que la jeune écorce , elle fe gâteroit bientôt , & Tarbre feroit en danger de périr. Le temps étant favorable , ils incifent le tronc de l'arbre tout de fon long pour tirer l'écorce plus commodément : on n'éccrce de nouveau l'arbre que lix à huit ans après la première opération , 8c ainfi de fuite pendant plus de cent cinquante ans , fans qu'il paroilîe que ce retranchement leur fafle tort. L'écorce des vieux arbres eft la meilleure , & ce n'eft guère qu'à la troifieme levée qu'elle commence d'être d'afTez bonne qualité. On a foin de tremper aufii-tôt dans l'eau l'écorce tirée de l'arbre pour l'amollir j on la met enfuite fur des charbons embrafés , puis on la charge de pierres afin de la redrenfer Se de la rendre plate ; après cela on la nettoie , mais elle refte toujours noirâtre en fa fuperficie. Tel eft le liège qu'on tranf- porte en ballots dans toutes les parties du monde , dont on fe fert pour faire des bouchons de bouteilles , Se qui s'emploie dans la marine à diffé- rens ufages ^ nommément pour foutenir fur l'eau les filets des Pécheurs : on en couvre les maifons en certains cantons d'Efpagne j on choisît pour cela le liere en belles tables, uni, peu noueux, n'étant point crevafîé, d'une épailfeur moyenne , léger, mais le moins poreux , Se qui fe coupe net facilement. Les Cordonniers l'emploient aulli dans les chaulTures des Danfeurs pour les rendre plus élaftiques , Se pour garantir les pieds de l'humidité pendant l'hiver, M. l'Abbé de la Chapelle j Phyficien très-connu , s'eft occupé de l'inven- tion d'un moyen qui pût mettre les Marins en état de fe fauver , lorfque par des malheurs trop communs fur la mer, ils font obligés d'abandonner leur vailTeau , & de fe livrer aux flots pour elîiiyer de gagner la terre à la nage. Ce Savant , pour y réuflir , a fait faire un habit à nager qu'il ap- pdle fcaphandre. C'eft une forte de cafaque formée par des pièces de lie^e raillées en quarrés plats , coufues entre deux toiles , Se qui s'appliquent parfaitement fur le dos Se fur la poitrine j il eft maintenu au pourtour du corgs du nageur par le moyen de courroies qu'on fait pafler entre les cuiftes Se fur les épaules. 11 faut y employer environ dix livres de lie^e, pour que le corps du nageur fe trouve en équilibre avec un pareil volume d'eau. Nous avons vu plufieurs fois M. l'Abbé de la Chapelle en faire effai L î E & ils en font des vafes à boire , auxquels on attribuoit autrefois la vertu de laiffer filtrer l'eau & de retenir le vin iorfqu'on y mettoic des deux liqueurs. Le lierre de Bacchus a fon fruit doré j il eft commun en" Grèce : c'eft le hedera dionyfios des Botaniftes modernes. W n'efl pas furprenant que )e» Bacchantes aient autrefois employé le lierre pour orner leurs thyrfes & ^?4 LIE leurs coiffures ; toute la Tlirace en étoic couverte. Comme le lierre a été /pécialement confacréàBacchus , les Marchands de vin font dans l'ufage de fair^ avec fes feuilles des couronnes qu'ils attachent devant leurs taver- nes : Hedera penjiiis ^ v'inum vénale Jignificat On lit dans l'Encyclopédie , qu'il fe fait à la Chine une efpece de toile d'ortie d'une plante appelée co , qui ne fe trouve guère que dans la province de Fokien : cette plante eP- une efpece de lierre , dont la tige donne un chanvre qui fert à la fabrique de cette toile d'ortie appellée co//;^a7 ; on la fait rouir , on la tille , on rejette la première peau, mais on garde la féconde, qu'on divife à la main , de dont , fans la battre ni la filer, on fait une toile très -fine &: très- fraîche. N'aurions- nous point dans nos contrées , die M. Diderot , des plantes qu'on pût dépouiller de leur première peau , & fous laquelle il y en eût une autre propre à l'our- diflage? Cette recherche ne feroit point indigne d'un Botanifte. Nous en avons déjà cité plufieurs de ce genre dans ce Diélionnaire. LIEVRE s lepus. Animal quadrupède plantivore. On donne alTez communément à fa femelle le nom de hafe j de on nomme fes petits levrauts. Ces animaux font trop connus de tout le monde pour avoir be» foin d'autre defcription que celle que nous en donnerons, en parlant de leurs mœurs &: de leur manière de vivre. Les efpeces d'animaux les plus nombreufes ne font pas les plus utiles , dit M. de Buff'on ; rien n'efl mcme plus nuifible que cette multitude de yats, de mulots , de fauterelles , de chenilles, & de tant d'autres in- feétes dont il femble que la Nature permette & fouffre plutôt qu'elle ne l'ordonne la trop nombreufe multiplication *, mais l'efpecedu lièvre & celle du lapin ont pour nous le double avantage du nombre 5c de l'utilité. Les lièvres font univerfellement &c très- abondamment répandus dans tous les climats de la terre , iî on en excepte les pays du Nord. Les lapins fe multiplient par- tout d'une manière prodigieufe. f^oye^ Lapin. Dans les cantons confervés pour le plaihr de la chafle , on tue quelque- fois quatre ou cinq cents lièvres dans une feule battue. Ces animaux font en état d'engei\drer en tout temps ôcdès la première année de leur vie : les femelles ne portent que trente ou trente-un jours , elles produifent trois pu quatre petits j & dès qu'elles ont mis bas, elles reçoivent le mâle; elles le reçoivent aufli lorfqu'elles font pleines. Ces femelles ont deux fortes de matrices diftindes dz féparées , & qui peuvent agir indépen, (lamrïîçnt l'une de l'autre j ce qui fait qu'elles peuvent concevoir &: accou" LIE (J15 cher en difîerens temps par chacune cîe ces matrices , &c c'eft auffi ce qui eftcaufe que les fuperfétations dans ces animaux font aufli fréquentes qu'elles font rares dans ceux qui n'ont pas ce double organe. Il eft quelquefois alTbz difficile de diftinguer le lièvre d'avec fa femelle, fur-tout dans leur jeunelTe , parce qu'alors les mâles n'ont au-dehors ni bourfes ni tefticules , &c que les femelles ont le gland du clitoris proémi- nent prefqu'aulli gros que le gland de la verge , de que la vulve n'eft prefque pas apparente ; de plus les femelles font plus ardentes que les mâles, & les couvrent avant d'en être couvertes ; c'eft ce qui a fait dire que dans les lièvres il y avcit beaucoup d'hermaphrodites. Jacques Dufouilloux , dans fon Traité de la Vénerie ^ dit qu'on peut diftinguer le mâle en le voyant partir du gîte , parce qu'il a le derrière blanchâtre 5 comme s'il avoir été épilé, ou bien par les épaules, qui font communément rouges & parfemés de quelques poils longs : de plus le mâle a la tête plus courte , plus ronde j le poil des barbes long , les oreilles courtes , larges & blanchâtres : au contraire la femelle a la tête longue &c étroite , les oreilles grandes , &: le poil de deftlis l'échiné d'un gris tirant fur le noir. Les crottes du mâle font plus petites & plus feches que celles de Tn femelle. Ces obfervations font utiles aux Chafteurs qui ne veulent point tirer une hafe , afin de ne point dépeupler le canton. Les levrauts ont les yeux ouverts en naiflant j la mère les allaite pen- dant vingt jours j après quoi ils s'en féparent d'eux-mêmes \ ils quittent le gîte natal 6c vont chercher leur nourriture. Ils ne s'écartent pas beau- coup les uns des autres , ni du lieu où ils font nés \ cependant ils vivent folitairement &: fe forment chacun un gîte à une petite diftance , comme de foixante ou quatre- vingt pas : ainfi lofqu'on trouve un levraut dans un endroit , on eft sûr d'en trouver encore un ou deux autres aux envi- rons. Aflez paiiibles pendant le jour , la nuit eft pour eux le temps des promenades , des feftins , des amours &: à^s danfes. C'eft un plaifir de les voir au clair de la lune jouer enfemble , fauter , gambader , & cou- rir les uns après les autres j mais inquiets, défians de peureux par na^ ture j le moindre mouvement , le bruit d'une feuille fuffîtpour les trou- bler, pour les mettre en alarmes \ ils fuient chacun d'un côté différent. Pendant le jour les lièvres reftent à leur gîte , qui eft un fillon ou quel- qu'endroit un peu creux j ils dorment beaucoup , & dorment les yeux ouverts , parce que leurs paupières font trop courtes pour pouvoir cou- vrir commodément leurs yeiix. Ils voient mieux de côté que devant eux j 6i6 LIE ilsparoilfent avoir les yeux mauvais, mais ils ont, comme par dédom- magement , l'ouie très-fine , ôc l'oreille d'une grandeur démefurée rela- tivement à celle de leur corps j ils remuent ces longues oreilles avec la plus grande facilité j ils femblent s'en fervir comme de gouvernail pour fe diriger dans leur courfe , qui eft fi rapide qu'ils devancent aifément tous les autres animaux. Comme ils ont les jambes de devant beaucoup plus courtes que celles de derrière , il leur eft plus commode de courir en montant qu'en defcendant : aufll quand ils font pourfuivis , commen- cent-ils toujours à gagner les hauteurs j ils marchent fans faire aucun bruit, parce qu'ils ont les pieds couverts ôc garnis de poils , même par- deflbus j ce font auffi peut-ccre les feuls animaux qui aienç des poils au- dedans de la bouche, Les lièvres prennent prefque tout leur accroiiïem.ent en un an , Se vivent environ fept ans. Ils paîTent leur vie dans la folitude Se dans filence , mais agités 5c toujours pourfuivis par la crainte ou par un dan- ger réel j &c Ton n'entend leur voix que quand on les faifit avec force , qu'on les tourmente ou qu'on les bleflë. Us ne font pas auflî fauvages que leurs mœurs ôc leurs habitudes paroifTent l'indiquer : on les apprivoise îiifément, ils deviennent même careflans , mais ils ne s'attachent jamais alTez pour pouvoir devenir animaux domeftiques j ils femblent reflentir la contrainte de l'efclavage , ôc ils tournent tous leurs efforts du côté de la liberté ôc s'enfuient à la campagne. Comme ils ont l'oreille bonne, qu'ils s'alTayent volontiers fur leurs pattes de derrière , ôc qu'ils fe fer- vent de celles de devant comme de bras, on en a vu qu'on avoit dreffé à battre du tambour , à gefticuler en cadence , ôcc. Il n'y a point lieu de penfer que le lièvre rumine , comme quelques Auteurs l'ont avancé j car il n'a qu'un eftomac , ôc de plus fon inteftin cœcum eft très-grand , ainfi que dans le cheval ôc lane , qui ne vivent que d'herbe , ôc ne peuvent ruminer n'ayant qu'un eftomac, Paullini nous apprend qu'un Chirurgien en PruiTe avoit un lièvre qui s'accoupla avec un chatte , ôc que ce Chirurgien voyant que la châtre ne pouvoit accoucher, lui fit l'opération Céfarienne , moyennant quoi il lui tira du ventre deux petits chats ôc un levraut. Mais on eft très- porté à douter d'un pareil fait , lorfqu'on fait que la femelle du lièvre ne peut même rien produire avec le lapin, animal qui paroît avoir tant de reffemblance avec le lièvre. Le lièvre ne manque pas J'inftind pour fa propre confervation , ni de fagacité LIE 6ï7 {agacité poiu* échapper à Ces ennemis : il fe foime un gîte ; il choific en hiver les lieux expofés au Midi , 6c en été il fe loge au Nord ; il fe cache pour n'être pas vu entre des mottes qui fontde la couleur de fonpoil ; voilà fon terrier. On en a vu qui avoient recours à différentes rufes ; l'un partoit du gîte des qu'il entendoit le cor-dechalfe j alloit fe jeter dans un étang , &c fe cachoit au milieu des joncs : un autre , après avoir été couru des chiens , faifoit un faut ôc alloit fe cacher dans le tronc d'un arbre : ce font-là fans doute les plus grands efforts de leur inftind. Pour l'ordinaire , lorfqu'ils font lancés & pourfuivis , ils fe contentent de courir rapidement, & enfuite de tourner & retourner fur leur pas j ils ne diri- gent pas leur courfe contre le vent , mais du côté oppofé. Les ChaiTeurs prétendent que le lièvre a l'odorat très-bon j aufli lorfqu'on fait une battue , eft il néceffaire de prendre le bon vent. £n général , prefque tous les animaux paroilfenc être d'habitude y tous i^s lièvres qui font nés dans un même lieu où on les chafTe , ne s'en ecai-ent guère ; ils reviennent au gîte : fi on les chaffe deux jours de fuite , ;is font le lendemain les mêmes tours ôc détours qu'ils ont faits la veille, i-orfqu'un lièvre , relancé par les lévriers , va droit & s'éloigne beaucoup du';pQ où il a été lancé , c'efl: une preuve qu'il eft étranger , & qu il netoitdaui-g [[q^^ qu'en paiTant. Il arrive en effet, fur- tout dans le temps le plus marque -i^ j.^^ ^ ^^^i gft au mois de Janvier , de Février & de Mars , que des lièvres maL., manquant de femelles en leur pays , font piufieurs lieues pour en trouver ^^ ^^^^'c;:Qnz auprès d'elles ; mais ces lièvres errans regagnent leur canton pou.,,g pj^^ revenir lorfqu'ils font lancés par les chiens. Les femelles qui n'ont pa^ ,,^^^^^ ^^ ç^^^^ ^ ^.^^-^ lité que les mâles , ont plus de rufes de de détours : eiic. ^j-^ianent l'eau Se la rofée j au lieu que parmi les mâles il s'en trouve plunw „ç ^^^ Von nomme lièvres ladres _, qui cherchent les eaux & fe font chalfer dana les étantes , les marais Se autres lieux fangeux. Ces lièvres ladres ont la chair de fort mauvais goût j ôc en général tous les lièvres qui habitent les plaines bades ou les vallées , ont la chair infipide & blanchâtre ; au lieu que dans les pays de montagnes , où il y a du ferpolet & des herbes odoriférantes , ils font bien meilleurs. Les femelles ont toujours la chaic plus délicate que les mâles. Suivant certains Chalfeurs , il y a une forte de lièvres qui fentent fi fort le mufc , qu'ils font entrer en fureur les diiens qui les fuivent à la pifte. La nature du terroir influe fur les lièvres comme fur tous les autres an^ TomsllL liii ARACH. LILIACEES, HUace£. Nom donné aune famille de plantes herbacées &c vivaces , & qui ont depuis un pouce jufqu'à quinze pieds de hauteur , d'une figure peu rameufe & ordinairement ramalEée vers la terce. Leurs racines font fibreufes , communément limples. La plupart n'ont point de tiges , ce font feulement les bafes des feuilles qui s'enveloppant les unes les autres forment une bulbe arrondie. Parmi les liliacées qui ont une tige y on obferve qu'elle eft peu rameufe , feuillue ou fans feuilles. Ces feuilles font dans quelques-unes de ces plantes fimples, alternes & entières^ dans d'autres , elles font oppofées & même verricillces , comme dans le lys , la fnùUaire , quelques afperges , &c. elles forment la plupart à leur infertion une gaine plus ou moins entière. Les fleurs font herma- phrodites dans le plus grand nombre : elles font fans calice , hexapétales , dit M. De/eu^e , ou monopétales divifées en fix lobes , & renferment trois ou fix étamines & un feul piftil : tantôt elles terminent les tiges , tantôt elles fortentdçs aiflTelles des feuilles folitairement ou en ombelle, tantôt elles font difpofées en épi ou en pannicule. Les unes font nues fans écailles , d'autres font accompagnées d'écaillés ou forrent d'une enveloppe commune , qu'on appelle du nom de fpathe , à caufe de fa reifemblance avec celle des palmiers \ tels font les oignons & les narcilTes. On remarque quelques fleurs doubv ^s dans les liliacées j telles font celles de l'iris , du narcifle , de la tubéreufe & du muguet. Leur poufliere prolifique efi; compofée de molécules arrondies , d'un blanc jaunâtre , comme rranf- parentes ; leur fruit eft une capfule ou baie à trois loges & trois battans qui s'ouvrent du haut en bas. Leurs graines font plates ou rondes , atta- chées horizontalement au centre du fruit fur un rang. La force repro- ductive paroît être des plus grandes dans les individus de la famille des liliacées : il a été accordé à ces plantes, que l'on ne peut pas provigner , de poulTer des oignons de plufieurs de leurs parties. Foye-^ Tulipes > Lys, Scîlle. On range parmi les liliacées, \qs joncs ^ les iris ^ les /yj j les narcijfes 3 [es /cilles , les oignons y les afperges j les ûloès , ïyuca» Voyez ces mors. LiLlTH. Suivant les Juifs fuperflitieux c'eft un fpeétrc de nuit, qui ^pparoît çn forme de femme , laquelle peut nuire à l'enfantement , & L 1 L L î M 61^ par les myfteres fecrets de la cabale, enlevé les enfans , les tue & s'envole dans les airs. Voilà de ces hiftoires fabuleufes , de ces contes ridicules que des Juifs cabaliftiques ont débité ôc débitent encore dans les pays par où ils padent. Ils prétendent même tirer cette hiftoire du premier cha- pitre de la Genefe , qu'ils appliquent à leur manière. Ainfi il faut nier Texiftence du lUuk , de même que celle du loup-garou , des lutins j des fées y des revenans ôc autres fantômes nodurnes , fi propres à troubler l'ame , à l'inquiéter , à l'accabler de craintes & de frayeurs. LlLruAi LAPIDEUM. C'eft le pentacrinus o-aVcncrlnus ou encrlnhe à colonne étoilée des Lithographes , dont nous parlerons au mot pal- mier marin. C'eft le li/ien -jîcin des Allemands ou lys de pierre des François. Le lilium lapideum eft une pétrification communément fpatheufe &: très- rare j on diroit des branches d'encrinites dont les vertèbres articu- lées enfemble &: qui partent d'une tige ou racine commune , afifez fem» blable à la bafe d'un artichaut , imitent alfez bien un lys à cinq ou fix pétales , dont les feuilles ne font point encore épanouies. L'on prétend que c'eft une efpece de tète de médufe , ouà'étoile di mer arbreuje , devenue foflile à l'inftant où (qs membres étoient en contradiion. t^oye^:^ ces diff'e'm rens mots & V article Zoophyte. Agricola , Lib. V.de Nat. FoJJiL dit qu'il s'en trouve dans les foftes qui régnent autour des murs de la ville d'Hi- delshein en Weftphaîie. On. en trouve dans le fchifte , dans le marbre en Suilfe, en Lorraine & en Gothland. LIMACE ou LIMAS , Umax nudus , eft un reptile terreftre , qui vie fans coquille , tout nu , &: qui ne diffère des limaçons que parce qu'il eft plus alongé , &; qu'il n'a point de robe teftacée. Les Naturaliftes comptent plufieurs efpeces de limaces ou limaçons incoques. Il y a celles des cham.ps , celles des caves» & celles des bois j les unes noires , les autres grifes , tachetées ou non tachetées j d'autres Jaunes , femées de taches blanches ; d'autres brunes ou toutes rouges : cette dernière efpece eft la plus commune. En voici la defcription. La LiMACh ROUGE 5 Umax ruher , eft de la grofleur &: longueur de l'index , pefant une once & demie , ou environ : elle peut s'étendre beaucoup plus : fa peau eft double , l'extérieur eft fiUonné par comparti- mens & d'une fubftance de cuir j l'intérieur eft fibreux , ôc criblé d'une infinité de pores : fon manteau ou coqueluchon a la forme d'un bouclier d'un rouge de brique 6c dur , il lui tient lieu de coquille , le deftbus eft 6i^ L I M d'un blanc jaunâtre. C'eft fous cetce partie ( le manteau ) que l'animal cache fa tète , (on cou & fon ventre , toutes parties qui n'ont point de forme fixe. Cet animal a quatre cornes, qui lui fervent à fe conduire ài tâtons, fans yeux, mais qui font terminées par un petit globule noir , comme dans les efcargots. On remarque de plus que l'animal fait fortir èc rentrer {qs cornes de la même manière que les doigts d'un gant : il a encore à la tcte une dent faite en croifiTant , armée de qumze pointes , fituées à la mâchoire d'en haut. Deux petites pierres fableufes & perlées fe tirent aufil de la limace , l'une de fa tête ÔC Tautre de fon dos. Ces oiTelets portent le nom de pierres de imaces : ils ion t fort vantés des Charlatans , qui font accroire au peuple qu'étant attachés au bras , ils guériffent de la fièvre tierce , mais ils n'ont pas d'autres vertus que la pierre à chaux, La tête de cet animal eft diftinguée de la poitrine par une raie noire , comme la poitrine l'eft du ventre. Cet animal qui fe trouve particulièrement dans les bois eft la plus grande des limaces, & elle vit encore long -temps étant coupée par morceaux ; c'eft peut - être la raifon poiu^ laquelle M. LinriAus met la limace dans la claiTe des vers , & du genre ou de l'ordre des zoophytes. Le Douleur Muralto a fait plufieurs fois cetteobfervationj & il ajoute encore que fi on ôte le cœur à cet animal , il n'en meurt pas à l'inftant. Les limaces de caves , qu'on voit auffi contre les murs des puits & autres lieux humides , font grifes en deflus & blanches en deffous, leur corfelet eft marqué de taches & de raies noires. Les limaces des champs font ou rouges , ou grifes , ou noires , mais font fort petites î elles font un ravage confidérable dans les champs pendant l'automne quand elles font nombreufes j heureufement qu'une gelée un peu forte les fait périr prefque toutes. Les limaces font hermaphrodites comme les efcargots , en forte que chacune d'elles donnç la fécondité à une autre , de qui elle la reçoit en même temps. Dans l'accouplement la partie mafculine,quieft d un bleu pâle, fe gonfie confidérablement , &: fort par une large ouverture , fituée au coté droit du cou , près des cornes : cet organe , qui eft de même forme & de même grandeur dans les deux fexes, eft une efpece de cordon , que les deux individus , quand ils veulent s'accoupler , pouffent au dehors par un mécanifme femblable â celui qui fait fortir leurs cornes. On trouve quelquefois les limaces en cet état, d^ns une attitude finguliere j c'eft-â-» dire , fufpendues en l'air , la tête en bas, & accrochées à un tronc ou à une hraache d'arbye , queue - 4 -queue, par une alTez.grofle cor^e, filée de L I M ^15 de leur propre bave. Redi dit en avoir vu pafiTer trois heures en cet état , &: que pendant tout ce temps les cordons qui forcent liors du corps s'en- trelacent , s'agirent, fe contractent, &- te couvrent enfin d'une écume favonneufe , blanchâtre , qui eft leur liqueur fpermatique. Leurs œufs font fphériques , bleus , ovales j mais quand ils font prêts à éclore , ils jauniiïent un peu. Les œufs des efcargots font blancs & rondo. Les lim;-: ou limaces , autrement dites licoches ^ fe nourriflent , ainfi que les limac ^ns , dherbes , de champignons , de papier mouillé ; nous 'avons dit que ces fortes d'animaux fe plaifent dans les bas prés , dans les lieux fouterrains & limoneux , où le foieil ne donne que peu ou point \ .quelquetois fur des montagnes, dans dos forets ombrageufes, en un mot dans des endroits frais, couverts & humides, même dans des jardins, parmi les plantes potagères j elles aiment les faifons pluvieufes^ elles ne peuvent refter long -temps au foieil \ elles femblenr s'y refondre ou fon^ due en une matière vifqueufe dont elles abondent : la trace de leur marche eft marquée par une couche cle glu luifante, fur la terre, fur les murs & fur les arbres , par où elles ont pafie j cette rqarche eft fort lente j c'eft même une allure qui a palTé en proverbe. Si l'on faupoudre bien une limace avec du fel commun , du nitre oa du fucre , elle jette aufli-tôt au dehors une grande quantité de matière vifqueufe, fort tenace, & pour l'ordinaire de deux couleurs , c'eft- à- dire jaune &: blanche. Cette matière devient épailfe comme de la colle, Se au bout de quelques minutes , la limace enfle , fe roidit & meurt ; fi l'on confidere alors la peau de cet animal, féparée des parties internes , au lieii de la trouver épaille èc dure comme elle eft ordinairement , on la trouve flexible , très -mince & feche , parce qu'elle a perdu toute fon humeur vifqueufe. Les limaces font rafraîchiflantes ^ humectantes & peâ:orales ; on s'en fert intérieurement contre la toux & le crachem.ent de fang : nous nous étendrons plus au long fur les vertus de cet animal , en parlant de celles des limaçons en général. On nomme quelquefois la limace Uma^ con rouoe. ) o LIMACE DE MER , theth îeporîna, Linn. Llle a une grande refTem- blance extérieure avec la limace terreftre , ou avec un limaçon hors de fa coquille j elle a le ventre plus gros &: moins vifqueux j &: au lieu du capuce que porte la limace de terre, elle a deux expanfions membraneufeç Tome I IL Kkklç 6iS L I M qui lui fervent de nageoires. On en trouve dans la mer des Indes , qui font plus grandes que les nôtres : elles font de couleur roufTe , noirâtres fur le dos. Redi qui a donné la Defcription anatomique des limaces terreftres Se de mer , dit qu'il ne fait pas pourquoi on a donné à ces dernières le nom de lièvres marins; à moins que ce ne foit, dit-il, parce que quand elles étendent leurs cornes poftérieures , 6c retirent les cornes antérieures , elles paroifTent au premier coup d'csil , avoir quelque reffemblance impar- faite avec le lièvre , dont les longues oreilles peuvent être repréfentées par CQS cornes. On regarde cette limace comme venimeufe au toucher j fî on en mange . elle excite un vomifiement ôc un dévoiement d'eftomac , procure des fueurs froides , rend d'abord la peau livide , enfuite plombée , fupprime les urines , ou les colore en rouge , caufe même l'alopécie ou la chute des poils : broyée avec de l'huile , c'eft un excellent dépila- toire. LIMAÇON , cochlea, efl; un coquillage univalve, ou un ver teftacée ovipare , Se qu'on fait être androgine ou hermaphrodite comme la limace ; Se conféquemment il a , par rapport à la génération j un plus grand appa- reil d'organes que la plupart des autres animaux. Chaque individu réunit en lui les deux fexes , il peut en faire ufage en même temps j mais il ne peut fe pafTer d'un autre individu, pour opérer la fécondation. Les organes de la crénération font difficiles à trouver dans ce ver teftacée j M. Adanfon dit qu'il faut les chercher entre les deux cornes qui font fur la tête de l'animal. Nous ne rapporterons point ici tout ce que Swammerdam j Lijîer ^ Kondelet , Aldrovande Se plufieurs autres ont écrit fur les limaçons , nous nous bornerons à en faire connoître les obfervations les plus curieufes^ Se nous y ajouterons ladivifionde deux Conchyliologues modernes. Nous parlerons d'abord du limaçon des jardins ou efcargot commun y de la manière dont il naît , croît Se fe reproduit , Sec. puis des limaçons de mer. Le Limaçon de terre , cochlca terrejlris , qui eft le colimaçon des jardins , ou l'efcargot commun Se terreftre , ou limas à coquille , eft un ver oblong ovipare , fans pieds ni os intérieurs, compofé d'une û.iq , d'un cou , d'un dos, d'un ventre Se d'une forte de queue j enfermé dans une coquille d'une feule pièce , qui eft plus ou moins grande , compofée de cinq fpirales \ d'où il fort en grande partie , Se où il rentre à fon gré. cette coquille perd fa couleur à mefure que l'animal vieillit, La peau L I M 617 de l'animal eft un tifTu tendineux, plus liife Se plus luifante fous le ventre ; plus terne , fillonnée &c grenée fur le dos ; capable d'une grande exteu- fion Se contradion j plifTce ôc frairécfur les bords , formant de chaque côté comme des ailes , par le moyen defquelles il rampe fur la terre & monte fur les arbres d'un mouvement vermiculaire ou d'ondulation qui lui tient lieu de pieds. Toute fa tête fort de la coquille , comme une bourfe qu'on retourneroit : on y remarque quatre cornes très -flexibles, deux grandes 5c deux petites \ les premières font les fupérieures , elles font de figure conique , un peu tranfparentes , arrondies par le bout , longues de huit lignes , 8c garnies à leur extrémité d'une liqueur jaunâtre , qui con- tient un petit point noirâtre , qu'on n'obferve point au bout des petites cornes. On eft encore fort indécis fur i'ufage de ces cornes j les grandes font -elles la fondion d'yeux ou de lunettes d'approche, &c les deux petites lui tiennent - elles lieu d'antennes ou de bâtons ( tentacula ) pour tâter le terrain qui l'environne, afin de diriger fa route j ou feroient- elles l'or- gane de l'odorat ? Ces cornes font d'un fentiment exquis , le moindre obftacle à fon pafTage les lui fait retirer, avec une extrême promptitude j. ainll il les faitfortir de fa ihe , les alonge & les retire à volonté. On diroit cependant que l'animal s'en fert , fur- tout des grandes , comme les aueugles font d'un bâton pour reconnoître par l'attouchement le corps qui les embarraffe. Aufli le limaçon marche - 1 - il à tâtons. Mais s'il peut fatis- faire à tous fes befoins , quoique privé de fes cornes , on pourroic conclure qu'elles font un ornement &c non une armure. La bouche du limaçon eft alfez grande, béante , forte & formée de deux lèvres ou mâchoires j il n'y a que la fupérieure qui foit armée d'un offelet rougeâtre & crénelé comme une fcie. Le Dodeur Muralto a donné l'anatomie de cet animal , mais les détails en font trop longs pour le fuivrê ici , nous dirons feulement qu'il a vu le cœur de cet animal palpiter , & faire fon mouvement naturel de dilata- tion & de contradion. 0\\ trouve dans le bas -ventre une fubftance grafle, vifqueufe , gluante, qui s'attache fortement aux doigts ; elle eft jaunâtre & collée aux inteftins \ en en fait la pommade de limaçon , qui eft bonne pour les boutons du vifage : c'eft cette même mucofité qui venant à fe fécher dans les lieux par où le limaçon a rampé , luit comme des feuilles d'argent. Le limaçon rend , de tous les endroits de ion corps Sl particulièrement de fes parties inférieures , une fi grande quantitç 4'humeur , qu'il femble plutôt nager que i:amper. La ténacité de cette ^i8 ' L î M humeur vifqueiue 3c grafTe le colle fur les murailles , Tempèche de tomber, de d'être pénétré , foit par l'air , foit par l'eau. Pour m-énager une liqueur fi précieufe , & qui femble être l'elîén'ce de fli vie , il a grand foin d'éviter les ardeurs d'un foleil brûlant , qui la deifécheroient , ôc le feroient périr. Il habite communément les lieux frais. Quand le limaçon veutfe mettre en quête , il étend fcs deux appendices mufculeufes ou ailes rampantes , qui en reiïerrant leurs plis de devant , fe fontfuivre de ceux de derrière ôcdQ tout le bâtiment ofiTeux qui pofe delTus. Ce bâtiment eft fa coquille , il la porte par- tout avec lui. Cette coquille eft formée par juxtapofition , comme toutes les antres demeures des teftacces. Foye^ ce que nous en avons dit au mot Coquille. Le limaçon terreftre réunit dans fa coquille deux avantages aufli fmgu- liers que difficiles à concilier, la légèreté & lafolidité , d>c il femble ne tenir à fa coquille que par le gonflement de toutes fes parties qu'il retire de toute fa force vers la pointe intérieure de cet oiïemenr. On n'y découvre point le ligament, c'eft-à-dire, le mufcle tendineux qui attache les autres tefta- céesàleurs coquilles j peut-être que tous les vers teftacées univalves font dans le même cas. Il n'y a guère que les bivalves qui aient trèsfenfible- ment ces mufcles : en effet , un limaçon mort dans l'eau bouillante fera aifément tiré en entier de fa coquille par le moyen d'une aiguille j mais une moule , une huître , &:c. feront toujours attachées par un mufcle. On voit fur quelques coquilles de limaçons terreftres deux ou trois raies ou bandes, tracées de largeur inégale & de couleurs différentes, coupées par un grand nombre de lignes tranfverfales ou en zigzag \ telles font les coquilles des limaçons de jardin : il y en a d'une feule couleur , jaune ou rofe , avec un liferé noir. Aux approches de l'hiver le limaçon s'enfonce dans la terre , ou fe re- tire dans quelque trou, quelquefois feul , mais ordinairement en corn-' pagnie. Il forme alors avec fa bave , â l'ouverture de fa coquille , un petit couvercle blanchâtre alïez folide , & il fe renferme entièrement. Voye^^^ le mot Opercule à V article Coquillage , vol. II ^ pag. 294, Ce couvercle met l'animal à l'abri àes injures de l'air & de la rigueur du froid : il demeure ainii fix à fept mois fans mouvement &i fins pren- dre aucune nourriture, jufqu'à ce que les feuilles commencent à poin- dre , en un mot, que le printems ramené les beaux jours. Avec l'appétit tous fes befoins renailîent: il ouvre fa porte , poulfe en dehors une mem- ' brane que l'on appelle plaque j & que nous avons dit s'étendre en efpece L î M 61e, d'ailes des deux côtés j alors il va jouir des agrémens de la bella faifon & chercher de quoi réparer des forces un peu épuifées par le jeûne de l'hiver. On les voit monter par-tout , fur les efpaliers , les arbres au vent, lesliDies, &:c. Pour examiner facilement la marche de cet animal, il fuffit de le mettre dans un bocal de verre , auilî-tôt il rampera ôc laiflTera aufli voir l'intérieur de fa bouche. Mais écoutons M. W^eifs fur le mouvement progreiïîf du limaçon. Sa démarche dépend d^un plus grand nombre d'or- ganes que chez les chenilles, dont nous avons admiré l'appareil. Le plan fur lequel rampe Vefcargot fert de bafe afTez fixe pour ne pas céder aux impreflîons àqs mufcles qui tiennent lieu de pieds à Tanimal. Que Je prompte tranfmiiÏÏon de mouvement d'im mufcle à l'autre, lorfque l'ani- mal les conrrade fuccefllvement le long du ventre , de derrière en avant cinq à (îx fois plus vice que la progrellîon de fon corps ! Cette tranf- million eft très-viiîble à travers d'une glace fur laquelle on fait ramper l'efcargot : on obferve qu'elle repréfente alTez bien l'ondulation de l'eau agitée par le vent. Si le Ledeur veut fe donner la peine de lire l'article Scolopendre terrejîre ^ il verra que la progreflion de Tefcargot fe fait par un mouvement auffi uniforme & un mécanifme à peu-près femblable à ce que l'on obferve dans la fcolopendre terreftre j la différence efl que l'efcargot fe fert de mufcles au lieu de pieds , & qu'il rampe plus lente- ment. Cette démarche uniforme femble favorifer la délicatefle de fes cornes dans le cas d'un obftacle qui fe préfenteroit en chemin. La nourri- ture de l'efcargot conhfte en feuilles de plantes , ô>:c. qui lui fervent aulll de parafol. Les Jardiniers favent mieux que perfonne que cqs animaux font un grand dégât dans les jardins potagers 8>c fruitiers, fur-tout pen- dant la nuit & dans les temps pluvieux ou de brouillards : ils attaquent aufli les feuilles de vigne , de pois, de fèves , de vefces &c de lentilles, & les attendrifTent avec leur bave. Une tortue dans un jardin eft le n\Q\{- leur deftrucleur de limaçons qu'on ait pu trouver jufqu'ici : les lézards, les grenouilles , les corbeaux , les vanneaux &; les héritions en font auffi les ennemis. M. de Réaumur a donné l'hiuioire d''un infede qu'il appelle infecte des limaçons ^ parce qu'il habite tantôt la furface extérieure d*une 6.qs parties du corps du limaçon , & tantôt va fe cacher dans les inteftins de cet ani- mal. Le pou dont il eft queftion eft facile à obferver , lorfque le limaçon elt. entièrement renfermé dans fa coquille : on peut aufli le remarquer dans diverfes autres circonftances. Cet infï^cle marche prefque continuel^ ^30 L I M lement avec une vîtefle extrême. Si la coquille eft fermée , il attend , pour voyager , que le limaçon ouvre fon anus , lequel eft placé dans l'épaiireur du collier. L'infede faific le moment favorable qui lui donne une vafte entrée dans les inteftins du limaçon. Il paroît que les inteftins de ce coquillage font le féjour que ces fortes de poux aiment le mieux, ôc que le limaçon les poulTe fur (on collier toutes les fois qu'il fait fortir fes excrémens. La fécherefle leur eft favorable j c'eft aulÏÏ le temps où l'on doit chercher à les voir. M. de Réaumur dit en avoir alors compté plus de vingt fur le mcme limaçon , dont le corps feul eft un terrain con- venable à ces infedes j car on ne les voit guère fur la coquille , à moins qu'on ne les force d'y aller : leuf couleur elt blanchâtre , mêlée d'une iiuance rofe. Nous avons omis de dire que le limaçon a au coté droit du cou un trou aflfez grand , qui eft en même temps le conduit de la reîpiration , la yulve & Tanus \ c'eft par U que fortent au befoin les parties mafculine & féminine toutes prêtes à faire leurs fondions. Cela n'arrive pleinement qu'après qu'un limaçon en a rencontré un autre de fa même efpece , pour la couleur de la coquille & de la. même grolTeur \ ôc que par plusieurs mouvemcns préliminaires plus vifs , & pour ainii dire plus pafiionnés qu'on ne l'imagineroit d'une efpece aufti froide , ils fe font mis l'un Se l'autre dans une même difpofition , ou fe font affurés d'une parfaite in- tellif ence. Ils ont une autre agacerie fort linguliere : outre les parties ipâle ôc femelle il leur fort, par la même ouverture du cou, un aiguillon fait en fer de lance à quatre appendices , qui fe termine en une pointe très- aicruë &c aiïez dure , quoique friable : comme les deux limaçons tournent l'un vers l'autre la feiUQ de leur cou, il arrive que quand ils fe touchent par cet endroit, le carquois ou aiguillon de l'un pique l'autre^ & la mé- canique qui fait agir cette forte de flèche ou de petit dard , eft telle qu'il abandonne en même temps la partie à laquelle il étoit attaché , de ma- nière qu'il tombe par terre , ou que le limaçon piqué l'emporte. Ce li- maçon fe retire auffi-tôt ; mais peu de temps après il rejoint l'autre, & Je pique amoureutement à fon tour. Après quoi l'accouplement ne man- que jamais de s'accomplir. A'mil ils fe fécondent l'ui? l'autre par une ac-^ l'ion réciproque &c fmiultanée. Les limaçons ont coutume de s'accoupler jufqu'à trois fois de quinze en quinze jours : à chaque accouplement on voit un nouvel aiguillon j ^nfuite ils fe joignent j de leur accouplement dure dix à douze heures j jlj LïM cil paroilTent alors comme engourdis : leur matière fémiiiale eft d'une con- iiftance de cire. Lémery dit qu'on peut voir facilement la mécanique de ♦cet accouplement , en faifant mourir dans le vinaigre ces animaux ac- couplés. Environ dix-huit jours après l'accouplement , les limaçons pondent par l'ouverture de leur cou une grande quantité d'oeufs, qu'ils cachent en terre avec beaucoup de foin & d'induftrie. Ces œufs font blancs, fphéri- ques , revêtus d'une coque molle &: membraneufe, collé$^enfemble par une glu imperceptible en manière de grappe , & gros comme des graines de vefce. Au refte , la grolFeur des œufs varie fuivant la grofTeiir du li- maçon : ces œufs éclofent au printems. On diftingue aux environs de Paris plufieiu's fortes de limaçons ter- reftres à coquilles j favoir, le limaçon des vignes ^ celui des jardins j les gros efcargocs des bois &c des pre's j enfui te la lampe antique^ le cornet de St. Hubert ; ceux qui font appelles la luifante j la livré'e j V élégante j la. Jlriée j le grain d'orge j la nompareille j le barrillet ^Vépiderme ^ le bouton^ le petit cornet j font des limaçons de bruyères, ou de montagnes, ou de bordures des bois , où ils fe nourrillent de thym , de ferpolet & d'autres herbes odoriférantes qu'ils aiment beaucoup. Les limaçons des prés vivenc de fain-foin , de trèfle, de luzerne , dcc. La luifante fe trouve dans les bois pourris , les mouffes Se autres endroits humides. U épidémie habite aux pieds des murs , dans des décombres de bâtimens , fous des pierres ^ &:c. Le pays d Aunis , l'Angleterre , l'Italie , la Chine & l'Amérique four- nilTent des limaçons dont les couleurs font admirables. M. Linnsus nQii cite que douze efpeces qui fe trouvent en Suéde. Les Tranfaclions Philo" fophiques font auflî m.ention de deux efpeces de limaçons de la grolTeur d'un gros grain d'avoine en forme de vis , dont les volutes font contour- nées de droite à gauche \ ce qui fait appeller ces fortes de coquilles uni- ques. On a prétendu que les limaçons de terre vivent long-temps, quoique privés des parties qui paroilfent efTentielles à la vie des animaux, telle que la tête : un-fait aufli extraordinaire annoncé dans les papiers publics , a déterminé pluneurs Savans à répéter cette expérience , qui a réaffi a quelques-uns , ainfi qu'au Dodeur Spallan\ani ^ Naturalifte rélîdant a Modene. Ce Dodleur dit qu'ayant coupé la tête à plufieurs limaçons du pays qu'il habite, non-feulement ces animaux n'en font pas morts , mais qu'après s'être retirés dans leur coquille , ils en font fortis de nouveaa é32 L ï M pour fe promener fui: les plantes qui leui: fervent de nourtiture : il ajoute même qu'ilieur eft venu une nouvelle tête organifée comme la première. J'avoue que ne pouvant croire à cette reprodu<5tion , j'ai tenté , étant au château de Chantilly durant l'automne de 1768 , nombre d'expériences à ce fujet , Se dont j'ai fait part au Public ; en voici le réfultat : de cinquante- deux limaçons de terre ôc de canardiere , auxquels j'avois coupé la tête ( tous, dès qu'ils fe fencoient atteints par l'inftrument tranchant, fe contradoient avec célérité &c très-fortement j la fedion étant finie , la partie qui fe re- tire précipitamment dans la coquille paroît plilTée & en cul de poule ) neuf rampèrent au bout de vingt-quatre heures, de c'étoient uniquemiCnt ceux que j'avois décapité en appuyant foiblement fur le cou entre les grandes cornes &c les parties de la génération le tranchant d'un couteau mal aiguifé , de forte que j'avois fenftblement vu toutes les cornes fe re-* tirer ôc rentrer dans l'intérieur de l'animal ^ j'ai même obfervé que de cette manière je ne coupai que la peau & la mâchoire de ces limaçons , (5c qu'au bout de dix à douze jours ils fortirent de leurs coquilles , Se ram- pèrent en portant des cornes mutilées. Les limaçons auxquels je n'avois coupé que la moitié diagonale de la tête , rampoient avec deux feules cornes j mais ceux dont j'avois brufquement coupé la tête entière , ( Se t'étoit le plus grand nombre ) font tous morts au bout de quelques jours, excepté deux qui relièrent cinq mois fixés contre une muraille , pleins de vie. Se qui moururent au printems fans aucune apparence de repro- dudion de tête. J'ai pris d'autres limaçons , Se je leur ai flut une incilion longitudinale à la tête entre les quatre cornes j il a fallu près d'un mois à la Nature pour réunir les deux parties , encore ces animaux ont-ils paru fort languiirans. J'ai répété ces expériences en 176^, Se toutes ont été fans aucun fuccçs. Nombre de perfonnes m'ont écrit de divers pays c]ue leurs tentatives ont été abfolument conformes aux miennes. A combien de limaçons n'en a-t-il pas coûté la vie depuis la découverte du Dodeur Spallan^ani f Pourquoi l'expérience ne réufîit-elle pas également à tout le monde ? Cette différence ne provient-elle pas de la célérité ou de la len- teur de l'amputation ? 11 faut le croire \ les limaçons de Chantilly ne font pas diftcrens de ceux de Modene. Au refte , les limaçons ne font pas les feuls animaux qui confervcnt la vie après qu'on leur a enlevé quelques parties confidérables du corps j les vers , les ferpens , les lézards vivent lorfg temps, quoique coupés en deux parties: les fourmis, quand on leur a coupé le ventre fans endommager leurs pattes, maixhent, quêtent Si. fe L I M c là , afin que les limaçons pufiTent s'y difperfer fur les furfaces multipliées. Cette récolte de limaçons ctoit deftiftée pour l'Amérique ^ & il y a des années où des Négocians dii pays font un commerce de ces animaux vivans. Ces limaçons fe collent contre les branches ou les parois de la futaille , 8c de cette manière ils peuvent faire le trajet fans périr de faim , parce qu'ils jie diifipent que L 1 M ^57 peu de leur humeur virqueufe. Il y a des pays où on les fait cuire dans leurs coquilles fur la braife , & on les mange ainfi. Dans notre pays les limaçons les moins malfaifails font ceux qui fe trouvent dans les haies, les vignes ôc les jardins, parce qu'ils vivent de ferpolet, de pouliot , d'origan Se d'autres herbes qui leur donnent un meilleur goût : le peuple en fait une aflez bonne confommation en Franche-Comté , fur -tout au printems &c dans le Carême. Les Méde- cins n'en confeillent cependant l'ufage qu'aux phthifiques , pour calmer la toux : on en fait des bouillons pectoraux 3c adouciflTans , immédiate- ment après les avoir fait dégorger dans de l'eau chaude : on eftime leur co- quille apéritive ; peut-être n'eft-elle qu'abforbante. Cependant M. Bour» geois dit que le couvercle ou opercule des efeargots , féché & réduit en poudre , cil un très-bon remède pour adoucir les ardeurs d'urine , foit qu'elles proviennent d'inflammation , d'âcreté de l'urine , ou même de gravelle j on en donne trente ou quarante grains dans l'infulion de fleur de mauve ou de graine de lin. Dans quelques Provinces de Fiance on emploie la poudre de limaces rouges féchées au four contre la dyflTenterie ; la do{Q en eft de trente-fix à quarante-huit grains dans un verre de vin , ou de tifane,oude bouillon : ce remède calme les épreintes &c les dé- jections fanglantes. On fe fert aufli de limaçons écrafés pour guérir les dartres j ou bien on fe contente de faire ramper 3c de lailTer baver les limaçons fur la dartre. Les limaçons entrent dans l'eau pedorale de la Pharmacopée de Paris , ôc dans quelques collyres. P^oyei le Diclïonnaire de Méuecine, Les limaçons devenus foiîiles portent le nom de cochlite. LIMAÇON ROUGE. Foye^ Limace. LIMAÇONNE. Nom que G oe dard donne aune chenille fort belle 5 elle a fur la tète comme cinq paquets de poils j au-devant de la tête deux efpeces de cornes comme les limaçons , ôc une queue à l'extrémité du corps. Cette chenille eft encore ornée de poils fur le dos : c'eft avec fon poil 3c fa falive qu'elle fait fa coque pour fe métamorphofer en chryfalide. LIMANDE , /7j//f/" afper Jlve fquammofus. C'eft un poiftbn de mer plat , peu large , 3c dont les nageoires font molles : il eft du même genre que la foie , le carrelet 3c la plie : voye^ ces mots. Ce genre de poiftbn nage à plat, RondeUt dit qije la limande ne diffère du carrelet que par ^3^ L I M l'âpreté de (es écailles qui font fortement attachées à ia peau : elle « des taches jaunes aux nageoires qui environnent le corps , & une ligne tortue au milieu du corps ; fa chair eft blanche y molle ôc humide , ôc un peu gluante : ce poilTon eft très -connu fur nos tables j il eft meilleur que le fie:^ & le fletdct j qui font auiîi des efpeces de limandes. LIMIER. Voye\ à l'article Chien. LIMON , lutum aut lïmus , eft une terre noirâtre ou brunâtre , détrem- pée , divifée & dépofée çà &; U par l'eau , chariée dans les marais & lacs î elle paroît principalement produite par un mélange de terre &: de végé- taux pourris ou détruits. Si l'on y appercevoit encore des filamens- de plante , ce limon prendroit le nom de tourbe Umoneufe ou de tourbe^ Voyez ce mot. Quoique le limon ne donne pas toujours l'apparence de plantes , il ne laiife pas d'être quelquefois inflammable : il s'en trouve de tel en Brabant & dans le pays de Nantes en Bretagne. Le limon de la mer , quoique vafeux , ainh que celui des fleuves , étant plutôt formé de la deftruclion des animaux que des plantes , pétille dans le feu, & y exhale une odeur très-fétide. Ces deux phénomènes font dus , l'un aux parties de fel marin , & l'autre aux parties d'animaux non totalement détruits. Voye'^ Adamique ( Terre ). La couleur noirâtre du limon végétal nous paroît communément due au fer ou â des plantes aftringenres pourries dans une eau vitriolique & ftagnante. Toutes les efpeces de limon font bonnes pour engrailler les terrains , mais il y a du choix. Le limon gras & ondueux que le Nil dépofe dans fes inondations , fertilife les terrains fablonneux de l'Egypte j mais le limon maigre Se trop fablonneux que dépofe le Rhin fur des terres voifines , à peine engraillées par l'induftrie &; le travail des hommes , nuit à la fertilité du terrain. Un limon gras fur un terrain déjà gras &; com- pade , lui ôte cette jufte proportion qui eft fi avantageufe pour la végé- tation. La formation du limon èc celui que dépofent les rivières , méritent l'attention du Naturalifte : il nous donne la théorie du tuf & de plu- fieurs des couches dont la terre eft compofée. A examiner la quantité de terre que dépofe l'eau d'une rivière , immédiatement après un grand orage , l'on ne doit pas être étonné fî les terres adjacentes aux rivières diminuent de hauteur , tandis que le fond de la mer doit hauifer conti- uuellement , comme étant le réfervoir de tous les fleuves. Heureufement L I M LIN Cio que tout le limon ne va point à la mer , il en refte une portion confidé- rable qui fe dépofe en route fur les endroits peu inclinés , ôc qui font inondés par les débordemens des rivières. LIMONIER ou ARBRE DU HMON , limon vulgaris. Le limonier approche beaucoup du citronnier , mcme hauteur , même feuillage j mais il eft un peu plus court & moins branchu , & fouvent garni de plu- sieurs épines j fes fleurs ont une odeur plus foible ^ fes fruits font moii;s longs &c plus petits que les citrons ; leur fubftance eft également véficu- ieufe ou divifée en cellules , mais ils font d'une couleur & d'une odeur moins fortes j ils viennent plufieurs enfemble j leur écorce eft auftî plus mince que celle des citrons , mais ils font plus remplis de pulpe & d'uu fuc trop acide pour pouvoir les manger : on les appelle limons aigres ^ il y en a aufli de doux. Confultez les Hefpéndes de Ferrarius. On fait ufage des limons comme des citrons : on les appelle même à Paris citrons. Mais ce nom mériteroit d'être réformé , quoiqu'autorifé 'par un aiTez long ufage. Voye'i^ Vartich Citronnier. Les limons font plus rafraîchiflans , moins utiles contre les poifons , mais plus efficaces pour tempérer l'ardeur de la fièvre dans les maladies aiguës : on fait un lirop avec leur fuc. Les lettres que l'on écrit avec ce fuc fur du papier , paroilfent lorfqu'on les approche du feu \ ôc les Teinturiers emploient aufîl de ce fuc pour certaines couleurs. Confuàe^ le Dictionnaire des Arts & Métiers, Les Tunquinois &: les Peuples de l'Inde fe fervent de ce fuc 5 comme nous de l'eau forte , pour nétoyer le cuivre , le laiton & les autres métaux quand ils veulent les mettre en état d'être dorés. Les femences du limon font un peu ameres , &: propres contre les vers. LIN , linum. Plante très-utile , dont Tournefort diftingue trente-une. efpeces. Nous n'en confidérerons ici que deux fortes principales , 6i qui -^font d'ufage en Médecme & dans les Arts mécaniques. t Le Lin ordinaire , linum fativum vulgare , eft une plante qui vient a l'aide de la culture dans les champs &: les jardins. Sa racine eft affez menue, peu fibreufe. Sa tige eft ordinairement fimple, haute d'environ deux pieds & demi , creufe , grêle , branchue vers le fommet , laquelle étant rouie , battue & préparée , donne beaucoup de fil. Ses feuilles font pointues , étroites , placées alternativement le long de la tige. Sqs fleurs naiftent en fes fommités j elles font d'un beau bleu, compofées chacuiie .jde cinq feuilles , difpofées en ceillet dans un calice auflî à cinq feuiUeSo (J40 LIN A cette fleur fuccede un fruit prefque fphérique , de la groffeur d'un pois chiche , renfermant en dix capfules membraneufes dix femences oblongues ou prefque ovales , applaties , pointues d'un côté , obtufes de l'autre , luifantes , d'une couleur fauve purpurine. Le lin eft au nombre de ces plantes qui , fur pied , ne paroiflTent avoir aucun rapport , aucune reffemblance avec les chofes qu'on en fabrique. Combien de temps l'homme a t-il foulé au pied ce végétal précieux fans en connoître l'utilité ? Que la découverte en foit due au hafard ou à la fagacité de ces Obfervateurs qui épient pas à pas les productions de la Nature, toujours eft il confiant que le lin a deux objets d'utilité , la graine dont on retire de l'huile, &c la tige dont on prépare le fil. En un mot, cette plante préparée fert à une infinité d'ufages mécaniques, & particu- lièrement pour la fabrication de la toile , delà dentelle & du papier. Culture du Lin» Le lin eft un des végétaux fur lequel Fhomme a exercé fon induftrie avec le plus grand fuccès & la plus grande utilité. En jetrant les yeux dans la campagne fur un terrain couvert de cette plante , qui n'a rien abfolu- ment de remarquable , le Naturalifte eft frappé d'étonnement lorfqa'il confidere que cette plante va par l'adreffe humaine & fous iine forme toute nouvelle , contribuer non-feulement à la falubrité du corps, à la propreté , à la parure de l'homme , qui jouit paiijblement des douceiu's de fa découverte & de fon travail , mais encore à la richeflTe des Royaumes &: des Empires , parce que les chofes de première néceffité font les objets les plus intéreffans du Commerce. La culture du lin eft donc la plus intéreflante après celle des grains. On en feme la graine par un beau temps (qc 8c doux , Se àès le mois de Mars , en terre graffe , &: qui ne foit point trop humide. La plante fleurit en Juin. Le lin épuife beaucoup les terres ; aufli n'en doit-on refemer dans le même fol qu'après deux ans de repos. On doit le femer plus clair que le chanvre , après avoir bien nétoyé la terre de toutes racines Se herbes ; enfuite herfer la terre & y palTer le rouleau pour l'affaifiTer ; la farder au commencement de Mai , Se arracher , s'il fe peut , la mauvaife herbe , ( la goutte de lin j efpece de plante parafite ) , qui s'entortille autour de fa tige. Au refte on farcie le lin quand il a deui pouces de hauteur , Se on LIN. ^^i o on coiuinne jafqu a ce qu'il en ait cinq. Le lin a b^foin de petites pluies chaudes : il y a des pays où l'on rame le lin , tant il devient haut : om l'acrache quand il eft près de fa maturité. Les Hollandois qui ont un terrain gras & un peu humide 5c compade, fur-tout en Zélande , s'adonnent beaucoup à la culture du lin : ils pré- parent la terre avant d'enfemencer , i^. par des engrais , tels que du fu- mier très -pourri , la marne , la chaux , les curures de mares , les rognures de cornes , le go'émon ( efpece d'algue marine ) , & un peu de fable ma- rin j 1*, par trois ou quatre labours , après lefquels ils laiflTent la terre ou liniere en jachère pendant tout l'été : on fait de même en Flandres. En Zélande , où la garance fait une branche de commerce , àhs que l'on a défriché & labouré la terre , on y plante de la garance , qui y refte deux ans \ tout cela emmeublit la terre \ on la laiffe repofer , & on y feme alors du lin. Dans notre pays on y feme du trèfle qui fait beaucoup de bien à la terre , en la garantiflant de l'ardeur du foleil , 5c en lui confervant la rofée & la pluie ; 3*'. par la divifion de leur terrain , qu'ils font en plan- ches , de cinquante à foixante pieds de large , & féparées par de petits fofl^és de deux ou trois pieds de profondeur, fur un pied & demi de lar- geur. Le fol étant ainfi préparé , on fait choix de la graine qu'on veut femer. La meilleure eft courte , rondelette , ferme , huileufe , pefante , d'un brun clair : mife dans un verre d'eau , elle va au fond en peu de temps j jetée dans le feu, elle doit s'enflammer & pétiller fur les char- bons y telle eft la graine de lin de Dantzig ou de Riga. Pour avoir tou- jours de bonne graine , il faut femer dans une terre forte de la graine recueillie dans une terre plus forte , 5c en jeter dans le champ une quan- tité moindre que celle qu'il eft en état de bien nourrir ^ par ce moyen toutes les graines profitent , 5c l'on a de belles tiges. Suivant un Mémoire de la Société de Dublin, les terres les meilleures pour la culture du lin font les terres glaifes , profondes , fermes , un peu humides , labourées comme il convient : les terres eraveleufes ou légères donnent à la vérité du lin plus fin , mais en plus petite quantité , moins grand , & la graine dégénère dès la deuxième année. Les Hollandois , dont le commerce de toile floriflant prouve leurs connoiflances fupérieures dans cette partie , ne fement prefqiie point de lin daiis la Province de Hollande , à caufe que le terroir en eft léger 5c fablonneux : mais ils re- cueillent d'aufli beau lin & d'aufli bonne graine , qu'il y en ait en Europe , dans les terres glaifes , lourdes , fermes 5c humides de la Province de Tome III. M m mm d4^ LIN Zélande. Ces terres font propres pour le lin , à raifon de la gUiîe qui entre dans leur compofition. Le lin femé comme ci-defTus eft ordinairement mûr à la fin de Juin ; & après la récolte on peut femer des turneps oU de gros navets de bétail dans le même terrain , où ils viendront fort bien. 11 y a des Laboureurs qui diftinguent deux fortes de lin cultivé x 1 °. le têtard , qui eft bas & a beaucoup de têtes \ on le feme à la fin de Mars , on le cueille dès le mois de Juin : a'', le grand lin , qui eft le plus haut, &: a moins de branches : on cueille celui-ci quand il jaunit. Le Semeur de lin doit fuivre le fiUon en ligne direde , & jeter la graine avec la main droite, &: femer de la main gauche , lorfqu'il revient ïur fes pas , afin que le grain foit répandu également : on recouvre peu de temps après la femence avec la herfe. Dans quelques pays on y paffe alors le cylindre.; dans d'autres on y jette par-delTus de la fiente de pi- geon & du fumier nouveau. Le lin étant mûr , on l'arrache par un temps fec , & on le couche à terre fur le champ par groffes poignées l'une à côté de l'autre , afin qu'il feche. Lorfque la faifon eft favorable , il eft fuffifamment fec en douze <5U quatorze jours j autrement on l'y laide par petits tas pendant vingt jourSjj ou en gros tas pendant un mois , plus ou moins , fuivant la faifon & le pays. C'eft une mauvaife méthode que d'arracher le lin trop vert; car., outre que le fil eft plus gros, lafilafte tombe prefque toute en étoupe. Les Manufacturiers expérimentés ont grand foin de laiffer plus long-temps fur pied le lin qu'ils deftinent aux ouvrages les plus fins ; ils rifquent même de perdre la graine , pour avoir la tige aufiî mûre qu'il eft pofiible, lorfqu'ils doivent l'employer à la meilleure efpece de batifte & à leurs dentelles , &c. En Hollande on égraine le lin auffi-tôt qu'il revient du champ , &: on livre la plante à l'Ouvrier dès qu'on a cueilli la graine. Pour féparer la graine d'avec la tige , on fe fert d'un peigne de fer , appelle drege ou grege ; on peut aufli retirer la graine de la coque du lin en la frappant avec un petit battoir. Il eft avantageux de ne point différer le roui du lin , afin que la filafte fe détache plus facilement de la chenevote. 11 en eft de la manière de rouir &; préparer le lin , comme de celle à\x chanvre. Voyez ce mot. On vend le lin tout roui &c façonné à la botte. Lorfqu'il a reçu tous •les apprêts, on les met en cordons, s'il eft fin 6c deftiné pour le filage.& L ï N " ^4J pour le TifTerand. Le meilleur lin eft luifant , doux , liant Bc fort : le lin court eft celui qui fiic le plus beau fil. M. Planquljl propofe dans les Mé- moires de l'Académie de Suéde, année i74<>, une méthode pour pré- parer le lin d'une manière qui le rende femblable à du cocon. Ce procédé Gonfifte à leflîver le lin comme on leflive le linge, & de carder le In à la manière du coton. On a déjà établi en Alface une manufadure dont le but eft de blanchir ou de teindre la filalTe qu'on tire du lin avant de la mettre en fil. Le lin fournit à une confommation intérieure , qui feroit immenfe même en la réduifant à la fabrication du linge : il procme une infinité de chofes de néceflîiré ou de commodité , outre qu'il entre dans quantité de petites étoffes. L'homme, toujours aétif , a fu étendre les bornes de fon indudrie j. ce même linge ufé par le fervice & l'ufage journaliei: devient autant de chiffons qui paffent en lambeaux dans une autre ma- nufacture 5 là il eft de nouveau foumis aux travaux de l'art, change de forme , &: fe convertit en une matière dont l'ufage neft ignoré de per- fonne , ôc que l'on ne fauroit affez admirer. Cette matière qui reçoit & communique à la fociété les productions de l'efprit & les fentimens de l'ame , eft le papier. La graine du lin fournit par exprefîion beaucoup d'huile , qui fert à brûler , à l'Imprimerie ôc en peinture. M. Bourgeois obferve que cette huile eft aufli la bafe de tous les vernis huileux qui imitent le vernis de la Chine. Le vernis d'ambre , dit il , qui eft le meilleur connu en Europe, fe fait avec le fuccin calciné fur une plaque de fer & difTous dans l'huile de térébenthine , auquel on ajoute l'huile de lin. On prend auffi inté- rieurement l'huile de lin pour procurer l'expedtoration & pour appaiferle crachement de fang. La pâte de cette graine exprimée , fert pour en- sraifter les beftiaux. La femence de lin macérée dans l'eau , donne une grande quantité de fuc mucilagineux , d'où dépend fa vertu adouciffante 6c émolliente j fa farine eft réfolutive. Les Payfans d'Afie fe font nourris fou vent de graine de lin : ils la piloient , la mêloient avec du miel , & la faifoient frire : cependant, difent les Auteurs de la Matière Médicale , de quelque manière qu'on la prépare , ce ne fera jamais un mets bien agréable & falutaire ; car elle eft contraire à l'eftomac , flatueufe , difficile à digérer , & produit un mau- vais fuc : c'eft ce que l'on a pu remarquer , dit Fragus ^ il y a quelques M m m m i j ^44 Ll K années à Middeltourg , capitale de la Zélande , lorfque la plupart des: habitans , à caiife de la difette du blé ôc des provifions , mangèrent da pain ôc d'autres nourritures faites avec de la graine de lin : ils devinrent enBés , bouffis , ^ il y en eut beaucoup. qui moururent. L'ufage interne de la graine de lin convient dans les ardeurs d'urine r en lavement elle adoucit les tranchées , la dylTentetie Se l'inflammation desvifceres. En général le lin eft amer , légèrement purgatif, aphrodi- ftaque ^.&c convient dans les inflammations. Selon M. Bourgeois , la graine de lin cuite dans Teau ou le lait , eft un excellent remède pour adoucir toutes fortes d'inflammations externes ; on en fait un cataplafme pour les efquinancies inflammatoires , pour calmer les douleurs de la goutte, ôc pour adoucir &c faire venir à maturation les humeurs qui furviennent au fein des femmes après leurs couches. Le Lin sauvage purgatif, linum cathartlcumfylvejlre, eft une plante qui vient d'elle-même dans les champs, parmi les avoines Se dans les prés". Sa racine eft grêle Se blanche. Ses tiges rougeâtres Se branchues font d'abord petites Se couchées fur terre , mais elles s'élèvent bientôt à la hauteur de deux pieds & plus. Ses fleurs font portées fur de longs pédi- cules y elles font blanches Se à œillets \ il leur fuccede des capfulcs fémi- nales, cannelées j leur graine eft femblable à celle du lin , mais la tige eft plus menue & moins filandreufe.. Toute cette plante a ime faveur amere , Se qui caufe des naufées. Les Anglois font un plus grand ufage de cette plante que nous. /. Ray dit que l'infufion d'une poignée de lin fauvage avec les tiges Se les fommets, faite dans du vin blanc pendant la nuit fur des cendres chaudes, purge: aflez fortement les humeurs féreufes. Se excite quelquefois le vomiflemenr. L'on trouve auflTi dans les forêts un grand nombre d'efpeces fauvages. de lin. LIN FOSSILE ou INCOMBUSTIBLE. Foyei Amiante. LIN MARITIME. Imperatus , a donné ce nom au conferva» Voyez', ce mot. LIN ORIENTAL. Les Siamois donnent ce nom à un animal que les; Portugais nomment bicho vergoriko/b _, e'eft- à-dire infecie honteux ^ parce que quand il a peur, il fe reflerre en lui-même , Se dreife fes écailles- comme nos hérilfons font avec leurs piquans. Le lin orientai a les écailles de la queue fi dures , qu'il eft difficile de les couper ; il vit dans les bois , oh. il fe retire dans des trous. 11' monte LIN (Î45 quelquefois fur les arbres': il ne vit que de graines fort dures ; il a la gueule fort petit© , la langue longue &c étroite : il la lance à-peu-près comme font les ferpens. LIN SAUVAGE. Foy^^ Linaire. LIN DE SIBERIE , Imumvivace. Le lin ordinaire "dont nous avons parlé eft une plante annuelle qu'il faut femer de nouveau tous les ans , & qui demande beaucoup de foins , de peines & de dépenfes j le lin de Sibérie au contraire eft une plante vivace nouvellement découverte, & qui a l'avantage de croître encore plus haut que le lin ordinaire ; (qs feuilles font plus larges , fa tige ell plus noirâtre , caraderes par lefquels on eftime même lé plus le lin ordinaire. Le lin de Sibérie fleurit aufli-tôt que l'autre, & fa fleur a une petite odeur ; lorfqu'il eft arrivé à fa maturité en Août on ne fait que le couper à la faulx , vc il repouffe l'année fuivante de nou- velles & nombreufes tiges de fa racine. Cette plante n'exige prefque aucun foin 'y un fimple farclage lui fuffit. Elleréulîit très - bien dans les terrains fablonneux &; £qs rejets bravent les hivers , ils font auffi verts fous la neige & la glace , que dans les beaux jours de l'été. Les tiges de cette forte de lin , donnent du fil auffi blanc , aufîî ferme , & en plus grande quantité que notre lin ordinaire : la finefle eft peut-être la qualité qui lui man- queroit j mais cette efpece de lin ferviroit à un grand nombre d'ufages très- împortans 5 où l'on n'emploie poin^t de toiles fi fines : cette plante tranf- portée d'un climat froid, dans un climat plus tempéré , s'y amélioreroit , ainiî que le prouve l'expérience faite en Suéde & dans le pays d'Hanovre. De plus les foins que l'on apporteroit à fa culture , & les elTais que l'on feroit fur cette plante , l'ameneroit infenfiblement a un plus grand degré de perfedioii. On fait déjà qu'il faut employer un tiers de femence de moins que fi ©n femoit du lin ordinaire. La femaifon de celai de Sibérie fe fait à la fin de Mars, il ne levé qu'au commencement de la quatrième femaine , 6c il n'a point à craindre les gelées du printems» LINAIRE COMMUNE ou LIN SAUVAGE , linaria vulgarls autlïntea flore majore j eft une plante qui croît également fur le bord des champs ou des chemins , & dans les pâtiirages ftériles. Ses racines font blanches , ligneufes , rampantes & fort traçantes. Une feule racine pouiTe plufieurs tiges, hautes d'un pied & demi , rondes , verdâtres , branchues , garnies de feuilles placées fans ordre, mais fort femblables à celles de l'éfule, excepté qu'elles ne donnent point de lait \ ce qui a donné lieu au proverbe ktia ; efula laclefçit ^ Jinc laclc linaria crefçit^ 6j,6 L I N Les fleurs de la linaire font jaunes , de même ftrufture que celles du miifïle de veau ou anùrrhïnum^ dont elle eft une efpece , félon M. Dcku-{e , & fe terminent en bas par un éperon, de même longueur que le refte de la fleur. Elles nailfent aux fommités des tiges 6r des rameaux , rangées en épi \ il leur fuccede un fruit arrondi , divifé en deux capfules par une cloifon mitoyenne , &: percé de deux trous à fon extrémité quand il eft mûr: il eft rempli de graines plates > rondes, noires, ôc comme bordées d'un feuillet. La faveur de cette plante eft un peu amere & un peu acre : en la froiflant entre les doits , elle a l'odeur du fureau j le fuc de fes feuilles n'altère point la couleur du papier bleu , mais celui des fleurs le change en rouge. La linaire eft réfolutive , & adoucit finguliérem.ent les douleurs des hémorrhoïdes : on en fait un onguent qui s'applique avec fuccès fur les varices de l'anus. Quelques Botaniftes lui ont donné le nom d'^ri- nalïs , parce qu'elle eft fort diurétique : il a des perfonnes qui mettent cette plante dans les fouliers, fous la plante des pieds, pour chaffer la fièvre quatre^ On diftingue encore la petite linaire , linana capillaceo folio y odora. Elle eft aufli apéritive. Tourncfon compte cinquante - fept efpeces dans le genre de la linaire. LINGOADA. Nom que les Portugais donnent à un poiflbn de mer du Brefil , nommé aramaca par Marcgrave , & cabrïconcha aux Indes. Ce poiflon a deux yeux d'un même côté , & n'en a point de l'autre : il a la figure d'une foie ; fes dents font fort aiguës. LINOT ou LINOTE , lïnarïa avis y aut lïnota. Petit oifeau mis par les Méthodiftes dans le rang des moineaux : on en diftingue plufîeurs efpeces. La LiNOTE VULGAIRE , linaria avis vulgaris , eft un petit oifeau gros comme un moineau , dont la tête eft couverte d'un plumage cendré noir, le dos mêlé de noir & de roux , la poitrine blanche ; le bas-ventre pro- che du croupion , tire fur le blanc jaunâtre j le haut de la gorge eft d'un beau rouge , & le bord des ailes roux j les grandes plumes des ailes font noirâtres & blanchâtres par les côtés & à leurs extrémités, aiîifl que la queue : la couleur de (es pieds eft un brun obfcur. Sa nourriture eft de la graine de lin , d'où lui eft venu le nom de linote. Cet oifeau s'appri-. voife aifément &: eft fufceptible d'éducation : on le nourrit en cage avec du pain , du millet , de la navette, du mouron , de la graine de lin & du LIN ^47 chenevis. Son chant eft fort agréable , & il apprend volontiers les airs qu'on lui joue fur un flageoler. La GRANDE LiNOTE DE VIGNE , Unarla rubra major ^ eft un peu moins grande que la précédente. Le plumage de la poitrine & du deflus de la tête eft rougeâtre ; c'eft pourquoi on l'appelle aufli imote rouge. Détenue en cage elle perd fes belles couleurs : on a même éprouvé que les petits élevés en cage ne deviennent jamais rouges. Il y a auffi une petite linote dç vigne j qui a le bec moins gros &: plus aigu ; la femelle , ainfi que le mâle , eft rouge au - defTus de la tête *, fes pieds font plus noirs. Cette dernière efpece de linote vole en troupe , ce que ne font pas les autres. ^Ibin dit que la région de leur crâne &; la bafe du gofier font d'un rouge charmant : il y en a dont les bords des plumes font jaunâtres. La linote de montagne j [Unarîa montana) eft plus grande du double =que la précédente : fon croupion eft rouge , & fa queue eft longue. La linote de Strasbourg j ( Unarla Argentoratenjîs ) eft de la grandeur de la linote vulgaire : fa queue eft fourchue : ies pieds font rougeâtres ^ fon plumage eft tacheté. Ce genre d'oifeau a le bec court , fait en cône : les bords en font cou-* pans, & le bout eft très-pointu. Leurs pieds font très-courts \ la queue eft un peu fourchue. Ces oifeaux font leur nid les uns dans les montagnes, d'autres choififTent les lieux bas &: frais , dans les builTons d'épine noire êc d'aubépine , ou dans ceux du genêt, Ils font d'ordinaire quatre ou cinq ^petits par nichée, &: deux nichées par an. Si on détruit leur nid, ils le rétabliftent jufqu'à trois fois. Les linotes , par leur ramage agréable , font les délices des champs & de la folitude. Elles muent fur la fin du printems. On prétend que ces •oifeaux font fujets a une forte de maladie qui leur roidit les plumes, 6c pendant laquelle ils demeurent trifte^ 8c fans lilïler. Cette maladie s'ap-» pelle fubtile : fouvent leur ventre devient dur alors j leurs veines font groftes & rouges ; leur poitrine eft tuméfiée, leurs pieds font endés,^ calleux.. Se ne peuvent qu'à peine les fupporter. Quoique ces oifeaux foient communs dans plufieurs provinces de ce royaume ôc d'Angleterre.j on ignore encore quel eft leur pays natal. On. en voit une efpece a An- gola dont le bec eft brun j les pieds .6c les ongles font jaunes t le plumage r eft. varié. s^$ ^ LIN Les linotes pa/Terit pour être bonnes contre l'épilepfie, étant prifes en bouillon ou mangées. LION , ko. Le lion , dit M. de Buffon _, a la figure impofante , le re- gard afliiré, la démarche fiere, la voix terrible : fa taille eft bien prife , & fi bien proportionnée , que fon corps paroît être le modèle de la force, jointe à l'agilité: aufiî folide que nerveux, n'étant chargé ni de chair, ni de graiffe , & ne contenant rien de furabondant , il eft tout nerf ôc tout mufcle- Cette grande force mufcukire fe marque au dehors par les fauts & les bonds prodigieux qu'il fait aifément j par le mouvement bruf- que de fa queue , qui eft aftez fort pour terrafter un homme \ par la faci- lité avec laquelle il fait mouvoir la peau de fa face , &: fur-tout celle de fon front , qui eft- traverfée de rides profondes , ce qui ajoute beaucoup à la phyfionomie, ou plutôt à l'exprefiion de la fureur ; &: enfin par la faculté qu'il a de remuer fa crinière , laquelle non-feulement fe héiifte, mais fe meut ôc s'agite en tous fens lorfqu'il eft en colère. Le front de cet animal eft quatre j le nez eft grand, large , évafé \ fa gueule eft fort grande & fendue \ iç.% mâchoires font compofées de grands os extrême- ment forts , & garnies chacune de quatorze dents, dont quatre font in- cifives , quatre canines & fix molaires. Sa langue eft grande , rude , très- âpre &: parfemée de quantité de petites pointes aufïî dures que la corne, longues environ d'un quart de pouce , & recourbées vers le gofier : c'eft cette difpofition des parties de la langue qui rend le léchement du lion extrêmement dangereux \ car il a bientôt endormi ou engourdi la chair ^ excorié l'épiderme. Au refte , Ton doit être en garde contre les lèche- mens de cet animal , même le plus apprivoifé \ car dès qu'il a fenti le fang , fon naturel fanguinaire s'irrite & l'excite à mordre & à faire de cruels ravages, comme nous le dirons ci-après. Les lions de la plus grande taille ont environ huit ou neuf pieds de longueur depuis le mufle jufqu'à l'origine de la queue, qui eft elle-même longue d'environ quatre pieds : ces grands lions ont quatre ou cinq pieds de hauteur. Les lions de petite taille ont environ cinq pieds & demi de longueur , fur trois pieds & demi de hauteur , &: la queue longue d'en-^ viron trois pieds ; elle eft terminée par une efpece de houppe. La lionne eft dans toutes les dimenfions d'environ un quart plus petite que le lion. Prefque tous les Voyageurs paroiflent s'accorder à dire que la couleur du lion eft fauve fur le dos , & blanchâtre fur les côtés &: fous le ventre. « Le 1 î O (^4f Le lion potte une crinière, ou plutôt un long poil, qui courre routes les parties antérieures de fon corps , 8c qui devient toujours plus long à mefure qu'il avance en âge. La lionne n'a jamais ces longs poils, quelque vieille qu'elle foit. L'animal d'Amérique que les Européens ont appelle lion j ôc que les Naturaliftes du Pérou nomment pumaj n'a point de cri- nière : il efl: auffi beaucoup plus petit, plus foible & plus poltron que le vrai lion. 11 ne feroit pas impoflible , dit M. de Buffon j que la douceur du. climat de cette partie de l'Amérique méridionale eût afTez influé fur la nature du lion pour le dépouiller de fa crinière, lui ôter fon courage dc réduire fa taille. Mais ce qui paroît impoflible, c'eft que cet animal qui n'habite que les climats fitués entre les Tropiques, & auquel la Nature paroît avoir fermé tous les chemins du Nord , puifqu'ii eft Ci feniible au froid , aitpafîé des parties méridionales de l'Aiie ou de l'Afrique en Amé- rique , ces Continens étant féparés vers le Midi par des mers immenfes. C'eft ce qui nous porte à croire , continue M. de Buffon j que le puma. n'eft point un lion tirant fon origine des lions de l'ancien Continent, Se qui auroit enfuite dégénéré dans le climat du Nouveau Monde 5 mais que c'eft un animal particulier à l'Am-érique, comme le font auffi la plupart des animaux de ce nouveau Continent : ce fentiment paroît confirmé par plufieurs relations. Fréjicr dit que le puma ou l'ion du Pérou diffère beau- coup de celui d'Afrique ; que fa tête tient de celle du loup & de celle du tigre , ôc qu'il a la queue plus petite que l'un 6c l'autre. Ces prérendus lions n'ont ni la grandeur , ni la fierté, ni la couleur de ceux d'Afrique ; ils font gris , n'ont point de crinières , ont l'habitude de monter fur les arbres. Enfin ces animaux différent du lion par les habitudes naturelles. Toutes ces confidérations paroiftent fufïifantes pour faire celTer l'équivo- que du nom, & pour empêcher que l'on ne confonde \q puma d'Amérique- . avec le vrai lion d'Afrique ou d'Afie. Lorfque les Européens firent la découverte du Nouveau Monde , il« trouvèrent en effet que tout y étoit nouveau; les animaux quadrupèdes , \qs oifeaux, les poiftons , les infedes ôc les plantes , tout parut inconnu , tout fe trouva différent de ce qu'on avoit vu jufqu'alors. Il fallut cependant dénommer les principaux objets de cette nouvelle nature ^ un petit rap- port dans la forme extérieure , une légère reftemblance de taille Se de figure , fufïirent pour attribuer à ces objets inconnus les noms des chofes connues ; de- là les incertitudes , l'équivoque , la confufion qui s'eft en- core augmentée , parce qu'en même temps qu'on donnoit aux productions Toins II L N n n n 6^0 L I O du Nouveau Monde les dénominations de.celles de l'ancien Continent s. on y tranfpoL'toit continuellement & dans le même temps les efp&ces d'animaux ôc de plantes qu'on n'y avoir pas trouvées. C'eft dans les Ou- vrages de l'illuflre M. de Buffon qu'il faut voir les difcours dans lefquels il a démontré, avec fon génie & fa fagacité ordinaires, quels lont les^ animaux propres à l'ancien Continent & au Nouveau Monde , & ceux qui font communs aux deux Continens. Les lions n'habitent que les climats fecs &: brùlans de l'Afie &: de l'Afri* que j & ce qui prouve évidemment que Texcès de leur férocité vient de l'excès de la chaleur , c'eft que dans le même pays ceux qui habitent les. hautes montagnes où l'air eft plus tempéré, font moins forts & d'un na- turel moins féroce que ceux qui demeurent dans les fables brulans du Biledulgeridou du Zaara. De l'aveu de ceux qui ont parcouru cette partie de l'Afrique, il ne s'y. trouve pas aduellement autant de lions , à beau* coup piès j qu'il y en avoit autrefois. Les Romains tiroient de la Lybie pour l'ufage de leurs fpedacles cinquante fois plus de lions qu'on ne pour- roit y en trouver aujourd'hui. On. ^ remarqué de même qu'en Turquie ^ en Perfe & dans l'înde, les lions font maintenant beaucoup moins conir muns qu'ils ne l'étoient anciennement j & comme ce pnitTant îk coura- geux animal flùt fa proie de tous les autres animaux , ck n^'eft lui même.' la proie d'aucun, on ne peut attribuer la diminution de nombre dans; fonefpece qu'à l'augmentation du nombre dans celle de l'homme ; car iii faut avouer que la force de ce roi des animaux brutes ne tient pas contre • l'adrelTe d'un Hottentot ou d'un Nègre, qui fouvent ofent l'attaquer tcte à tête avec des armes alTez légères Cette fupériorité de nombre & d'induftrie dans î'efpece humaine , quli brife la force du lion , en énerve auffi le courage. Cette qualité, quoi-? que naturelle , s'exalte ou fe tempère dans l'animal , fuivant l'ufage heu.- reux ou malheureux qu'il a fait de fa force. Dans les vaftes déferts du; Zaara , & en général dans toutes les parties méridionales de l'Afrique &:- de l'Afie où l'homme a dédaigné d'habiter, les lions font encore en aiïez: grand nombre, 8c tels que la Nature les produit. Accoutumés a mefurer- leurs forces avec tous les animaux qu'ils rencontrent , Thabitude de. vaincre les rend intrépides & terribles j ne connoilïant pas la puifl'ance. de l'homme, ils n'en ont nulle crainte j n'ayant pas éprouvé la force de. fes armes , ils femblent les braver j les bleiTures les irritent même fans les eftrayer : un feul de ces lions du défert attaquent fouvent une caravanne L ï O (^Sï «litière; & lorfqu'après un combat opiniâtre &: violent îl fe fent afFoibli,, au lieu de fuir il continue de fe battre en retraite , fans jamais tourner le dos. Au contraire , les lions qui habitent aux environs des villes & des bourgades de Tlnde &c de la Barbarie , ayant connu l'homme & la force de [es armes , ont perdu leur courage au point d'obéir à fa voix mena- çante , de n'ofer l'attaquer , de ne fe jeter que fur le menu bétail , de qH' fin de s'enfuit , en fe laiflant pourfuivre par des femmes ou par des enfans qui leur fontj à coups de bâton, quitter prife ôc lâcher indignement leur proie. Ce changement, cet adouciflement dans le naturel du lion, prouve qu'il eft fufceptible d'être apprivoifc jufqu'à un certain point; auffi l'hif- toire nous parlet-elle de lions attelés à des chars de triomphe , de lions conduits à la guerre , ou menés à la chafTe , &c qui , fidèles à leur maître , ne déployoient leur force 8c leur courage que contre fes ennemis. Ce qu'il y a de très-sur, c'eft que le lion pris jeune & élevé parmi les animaux domeftiques , s'accoutume aifément à vivre & a. jouer innocemment avec eux ; qu'il eft doux pour {es maîtres , & même carefiant, fur-tout dans le premier âge; Se que fi fa férocité naturelle reparoît quelquefois, il la tourne rarement contre ceux qui lui ont fait du bien. Comme fes mou- vemens font très-impétueux &c (es appétits très-véhémens, on ne doit pas préfumer que les impreffions de l'éducation puiffent toujours les balancer, aulfi y auroit-il du danger à lui laiffer trop long-temps fouffirir la faim , ou à le contrarier en le tourmentant hors de propos ; non-feulement il s'ir- rite contre les mauvais traitemens , mais il en garde le fouvenit , & pa- roît en méditer la vengeance , comme il conferve aufii la mémoire Se la reconnoiflance des bienfaits. On peut conclure de différens faits, que fa colère eft noble , fon courage magnanime , fon naturel fenfible. On l'a vu cependant pardonner a de petits ennemis des libertés offenfantes, donner quelquefois la vie à ceux qu'on avoir dévoués â la mort en les lui jetant pour proie ; &c comme s'il fe fût attaché par cet aéte généieux , ce lion fier , courageux , fembloit oublier la force qu'il tenoit de la Nature pour protéger l'innocence , ou au moins la foibielTe. Quel beau trait de générofité dans cette bête fauvage ! il vivoit tranquillement avec des victuiies facrifiées foit â fa voracité , foit â la vindide publique , foit au plaifir du peuple avide de fang ôc de carnage. Il leur faifoit part de fa fubfiftance, fe la laifToit même quelqufois enlever toute entière pour pro- longer leurs jours , & fouffroit plutôt l'a faim que de perdre le fruit de fon N n n n ij 6^1 Lie premier bienfait. L'ame fenfible eft émue, pénétrée, ravie pair ces exem- ples de modération &i d'humanité. Ces vertus font fi nobles, fi grandes ,. fi fublimes , qu'on croit devoir infifter fur ces faits éclatans. Ils apprennent" aux grands le bel ufage qu'ils doivent faire de leur pouvoir. Un cœur gé- néreux eil fur la terre la plus vive image de la Divinité : mais revenons à l'hiftoire du lion ,, à fes- habitudes, à fa manière de vivre. On pourroit dire aufli que le lion n'eft pas cruel , puifqu'il ne l'eft que par nécefîité , qu'il ne détruit qu'autant qu'il confomme , èc que dès qu'il efl: repu , il eft en pleine paix j tandis que le tigre , le loup &c tant: d'autres animaux d'efpece inférieure , tels que le renard , la fouine , le- vutols j le furet , &:c, donnent la mort pour le feul plaifir de la donner ^^ & que dans leurs maflacres nombreux ils femblent plutôt vouloir affouvir. leur rage que leur faim,. Quoique le lion ne fe trouve que dans les climats lès plus chauds j. il peut cependant fubfifter & vivre afiez long- temps dans les pays tem- pérés; peut- être même avec beaucoup de foin pourroit- il y multiplier: on en a vu naître dans la ménagerie de Florence & à Naples, mais ces faits font très • rares. Les anciens & les modernes conviennent que les. lions nouveaux nés font fort petits, de la grandeur à. peu- près d'une, belette , c'eft -à- dire de fix ou fept pouces de longueur : ils difent aufli. que les lionceaux ne font en état démarcher que deux mois après leur, nalfiance. Sans donner une entière confiance au rapport de ces, faits, dit M. Je Duffon , on peut préfumer avec alTez de vraifemblance , que le lion , attendu la grandeur de fa taille , eft au moins trois ou quatre ans à croître , , & qu'il doit vivre environ fept fois trois ou quatre ans : c'eft- à- dire à-peu-près vingt-cinq ans. On en a gardé quelques-ims au combat du tauteau pendant feize ou dix- fept ans.. L'infpedion des parties du lion mâle ôc leur direéiion prouvent qu'il s*accouple comme les autres quadrupèdes , ôc non pas à reculons , comme l'avoient répété plufieurs Naturaliftes d'après Arijlote. C'eft auflî mal-à- propos que ce Philofophe a prétendu que le cou de cet animal ne contient qu'un feul os inflexible, & fans divifion de vertèbres; ce fait a été démenti par l'expérience , qui même nous a donné fur cela dit M. i/2e//Ar convient en topique pour la goutte & les dartres. Le GRAND Liseron ou Liset , convolvulus major , croît prefque par- tout, dans les haies &: parmi \qs brouflailles , aux lieux un peu humides & cultivés. Cette plante rend du lait quand on la coupe. Sa racine eft longue , menue , vivace &: fibreufe : elle poufle comme la précédente , des tiges farmenteufes. Ses feuilles font en cœur ou en fer de flèche , dont les deux ailerons qui fe prolongent au - deftous de l'infertion du pédi- cule font comme tronqués. Ses fleurs ont la figure d'une cloche marquée de cinq plis : elles ont un calice à cinq feuilles , cinq étamines & un piftii &G% LIS LIT terminé par deux ftigmates , & font très- blanches : elles paroilTent en été j il leur fuccede des fruits capful aires, gros comme descerifes, arron- dis , membraneux , & qui contiennent chacun deux femences anguleufes de couleur tannée : elles font mûres en automne. Les pourceaux aiment afTez la racine du grand liferon ^ toute cette plante efl: vulnéraire &; purgative. Hoffman appelle fa racine la fcammonée d'Al- lemagne, Le PETIT Liseron ou petit Liset , convolvulus mlnor , qu'on nomme aufli campanette ou clochette , ou vrillée commune , diffère du grand liferon par (es fleurs qui font de couleur de rofe ou panachées , & fur- tout par fes feuilles véritablement en fer de flèche , ou dont les prolongemens de la bafe font aigus. Il croît abondamment par- tout dans les terres culti- vées & dans les jardins , où il étouffe Se abat les autres plantes qu'il peut faifir : on le trouve aufli dans les blés , & même aux lieux incultes , princi- palement dans les années pluvieufes. Il fleurit en été comme le précédent. M. de Tournefon regarde cette plante comme un des meilleurs vulné- raires que nous ayons. Les gens de la campagne sqw fervent commu- nément pour guérir leurs bleffures , en appliquant deflus la plante pilée entre deux cailloux. Dans l'Amérique méridionale il croît une efpece de gros & grand liferon , dont la racine porte le nom de mechoachan : voyez ce mot. LISETTE. 1^<''ye\ Fiatole. On donne auflîle nom de iifetteoM coupe- bourgeon ou bcche à un petit infede fort nuifible aux jets des arbres frui- tiers dans les mois de Mai & de Juin : il broute les boutons de la vigne , & fait périr les greffes des pêchers & des abricotiers. Quelques Jardi- niers, pour garantir de ces infedes les jeunes greffes ou les jets , les enveloppent dans de petits facs de papier lies avec un fil ; mais fouvent la précaution efl: inutile. Foye'^ la defcripiion de la Bêche à la fuite de l'article Vigne. LIT-CHI. Arbre de la Chine fameux , ainfi que lecki-t/d, par les vertus qu'on donne à fes fruits , Ôc qui font incroyables. Au refte , confultez ce qu'en a dit le Père d' E ntrecolles àzns les Lettres édifiantes. LITE. Les Madagafcariens donnent ce nom à des fucs végétaux natu- rels de leurs pays : le Ute - hura ou litin - barococo efl le fang - dragon \ le lite- bijîic eft la réfme lacque j le Ute - menta efl le benjoin j le Ute - ranne efl la tacamaque \ le lite - enfouraha efl l'élemi verte , &c. LITHARGE FOSSILE, iuhargyrium fojjlle, Plufieurs Etrangers voya- LIT 66^ geuis Se inftruits ont expofé , dans une de nos Conférences fur rHiftoire Naturelle, &cc, des morceaux de litharge rougeâtre, qu'ils nous ontalTuré avoir ramalFés dans des fentes poreufes de mines de plomb en filons. De l'examen que nous avons fait de cette forte de litharge , &c de nos queftions fur les environs Se la nature du fol où elle avoir été recueillie , il réfulte que cette litharge foflile a pu être produite par cette efpece de feu fouterrain qui fort quelquefois en manière de mouffette enflammée par l'orifice des filons, & va fe perdre dans l'air ambiant, en léchant une fuperficie des parois du puits de la mine de plomb. Cette litharge folïile avoir été ramafTée dans les montagnes de Gollar. Nous en confervons un échantillon dans notre Cabinet , & nous aGTurons que ce n'eft point une mine de plomb rouge & en cnftaux. Voyez à l'article Plomb. On trouve aulïi de cette efpece de litharge ou minium foffile à Langenbeck dans le pays de NatTau , en Derbyshire &: en Efpagne. Toute la litharge du commerce eîl une chaux de plomb comme à demi vitrifiée j elle provient des affinages en grand de l'argent. On nomme litharge marchande celle qui eft comme en pouffiere écailleufej hiitharge fraîche eft en bloc telle qu'elle fort de la fonderie, Voye^ V article Plomb dans cet Ouvrage , Se particulièrement ce même mot dans notre Minera*- logie , Se dans le Dictionnaire, de Chimie, LlTHl. Arbre qui croît naturellement dans le Chili. Son tronc eft de la grofteur d'un homme & revêtu d'une écorce verdâtre , qui donne en le coupant une eau de la même couleur \ fes branches font chargées de feuilles alternes , liftes , d'un vert gai , & femblables à celles de notre lauréole. On lit dans l'Hiftoire des Incas que les fleurs Se les fruits du lithi font moins connus que fes mauvaifes qualités. On prétend que l'om- bre de fon feuillage fait enfler prodigieufement tout le corps de ceux qui y repofent , Si que le fuc qui découle de cet arbre , ou de Îq^ branches quand on les coupe , produit le même eftet fur les endroits de la peau où il tombe. Pour fe guérir de cette maladie on prend du lierre terreftre que l'on pile avec du fel ; l'on s'en frotte , & l'enflure pafl"e en deux ou trois jours. Le Père Feuillée dit qu'on peut aufli fe frotter avec la décoétion des feuilles du maiten. Le bois du lithi eft blanc & tendre quand on le coupe vert j mais en féchant il devient rouge , Se fi dur , qu'il eft difficile de le mettre en œuvre : on s'en fert cependant pour la conftrudion j & quand il a trempé dans l'eau , il devient comme incorruptible. LITHOGLYPHITES. Nom que l'on donne aux fubftances foffiles, or- 5?(?4 LIT ganifées ou non , Se qui repréfentent en mafTif des matériaux jetés en. moule ou travaillés par un Sculpteur j en un mot , des pierres figurées foit en creux, foit en relief: telles font les artholites , les lardites ^ les tyromorphytes ^ \qs pifoiites j les cy unités ^ les melopéponites. LITHOLOGIE. On appelle ainfi un difcours'fait fur les pierres. Ou. dit aller en VithoUfatlon y quand on voyage &: qu'on ramalTe des pierres , de même que l'on dit herborlfadon pour les plantes. LITHOMORPHITES. Des Naturaliftes appellent ainfi des pierres peintes par la Nature : elles font connues plus communément fous le nom de dendrites : voyez ce mot. LITHOPHAGE ou MANGEUR DE PIERRE. On donne ce nom à un petit infede noirâtre qui fe trouve dans Tardoife. Cet animal curieux eft couvert d'un fourreau ou d'une petite coquille percée par les deux bouts , fort tendre & fragile , &: dont la couleur eft cendrée tk verdâtre » l'animal rend {qs excrémens par un de ces trous , & il paiTe fes pieds & fa tète par l'autre. Cet infede a le corps compofé d'anneaux avec fix pieds,- On apperçoit dans les couches de l'ardoife les traces de cet infecte : ces traces font les chemins qu'il fe creufe lorfque la pierre eft encore molle : c eft avec fa tête qu'il marche j car la traînant & la faifant fortir par le petit trou qui eft au devant de fa coquille , c'eft un point fixe qui lui ferc pour avancer , tandis que le refte de fon corps s'appuie fur fes pieds : ce qui eft inoui, c'eft qu'on prétend qu'il a quatre mâchoires qui lui fervent de dents. M. Desbois dit que cet animal fait fortir de fa bouche un petit filet, dont il bâtit fa coquille : il a dix petits yeux noirâtres , cinq de cha- que côté , rangés les uns à côté des autres en forme de croiirant. On ne fait pas , dit le même Auteur , quelle nouvelle forme cet animal prend dans la fuite j mais il eft conftant qu'il fe métamorphofe, & que c'eft dans la coquille que fe fait ce changement : peut-être le lithophage fe rap- porte-t-il à quelque efpece de teigne. Un Obfervateiu' ayant rencontré la nymphe de ce petit infedbe , en vit fortir plus de quarante larves toutes vivantes : elles avoient la tête noire , leurs pieds étoient fort vifibles j leur corps étoit jaune èc mêlé de rouge. LITHOPHOSPHORE. Divers Naturaliftes donnent ce nom à difPéren tes pierres qui, étant les unes raclées, «Si; les autres calcinées , ont lapropricté de reluire dans l'obfcurité. Foye^ Pierre de Boulogne, Blendk & Spath PHOSPHORIQUE. LITHOPHYTE, Ce mot qui , comme fon anagramme phytoUte j ne devroir L I T L I V s^$ «levroît exprimer que des pétrifications plutôt végétales qu'animales , n'efl: employé que pouc défigneu certaines productions à polypier plus ou moins flexibles , en forme d'arbres &c de la nature d'une corne ramollie. ( Tour^ nefort en rapporte vingt -huit efpeces dans fes Infiïtutïons Botaniques.') M. de Jujjîeu ^ en 1741 , a fait rentrer dans le règne animal toutes les productions marines &L en forme d'arbre, rangées jufqu'alors parmi les plantes. Ces productions connues fous les noms àt lithophytes , cérato- phytes _, madrépores y coraux ^ corallines ^ &c plufieurs -^oophytes ^ font par- tie des êtres animés que ce Naturalifte z^^qWq polypiers ^ dont le corps fe ramifie & porte à chaque extrémité ou à fa furface de petits animaux ana- logues aux bourgeons ou aux fleurs àQS plantes, parce qu'ils ont la fa- culté de fe reproduire de boutures & d'œufs femblables à Aqs graines. L'idée de l'animalité de ces corps avoir cependant été effleurée par Im- perati en i6^)c), renouvellée en 1727 par Peyjfonel ; mais fans preuves aflez convaincantes & fans dérails aufli décififs que ceux de ^. de Jujjïeu, Voyez l'article Lithothyte à la fuite du mot Coralline : voyez aufîî les mots Corail & Polype. On nomme kératophytcs fojjlles les lithophytes qui reffemblent à àes baifibns, & qui fe trouvent en différens états enfouis dans la terre: on en parle aufii dans l'article Coralline. LITIERE, fe dit de la paille dénuée de grain qu'on met fous les che- vaux, les bœufs 6c autres beftiaux pour qu'ils fe couchent deiïlis à l'étable & à l'écurie. LiTORNE , ou OISEAU DE NERTE, ou CHACHA , eft la grive de genévrier, l^oyey^ à la fuite du mot Grive. La lirorne fe prend , ainfi que les grives & le merle , avec la rejetoire ou avec le trébucher. LITS DE LA TERRE, tellurïs Jlrata. Nom qu'on donne aux diffé- rentes couches du globe terreftre : nous en parlerons au mot Terre. On dit un lit de pierre y un lit de marne , un lit de craie y un lit de tuf ^ un lit de glaife : ces lits font plus ou moins épais , &c leur ficuation plus ou moins horizontale. Les lits de pierres où leurs couches courent afiez pa- rallèlement. On dit aufli le Ut d'une rivière. Le Ut de marée efl: l'endroit de la mer où il y a un courant aflez rapide. LITUITE, ou BATON ^KSTOKkL, lituus. Les Lithologifles don- nent ce nom à des efpeces de tuyaux de mer pétrifiés, dont nous parle- rons fous le nom d'orthocératites : voyez ce mot. Tomu III. ^ P P P 666 L I V LIVANE. P'oye^ Pélican LIVÊCHE, ou LEVESCHE, ou ACHE DE MONTAGNE, ou SE- SELI DE MONTAGNE , ou SERMONTAINE , kvlfiicum vulgare. Plante qui croît aux lieux ombrageux , & qu'on cultive dans les jardins. Sa racine eft épaifle, charnue , noirâtre en dehors , blanche en dedans èc odorante : elle pouffe des tiges hautes de cinq à lix pieds, grofTes, canne- lées , nouées & rameufes j f es feuilles font faites comme celles de l'ache des marais , mais plus amples , vertes , brunâtres & d'une odeur forte. Les fommités des tiges font chargées de grandes ombelles ou parafols , gar- nies de fleurs jaunes , auxquelles fuccedenr des femences affez grandes j, oblongues , aromatiques , acres & de couleur obfcure. Toute cette plante répand une odeur forte, aromatique, & particuliè- rement la graine, qui a , ain(i que la racine-, une faveur acre qui n'eft pas défagréable. Cette plante eft diurétique , de noircit un peu les urines i elle diffipe les vents , &: eft un bon vulnéraire. On fait confire fa racine dans le vinaigre j & dans cet état on la mâche pour fe préferver de la contagion de l'air : l'ufage des feuilles de livêche eft très-fpécifique pour procurer les règles fupprimées par une peur. On donne aulîl le nom de livêche ^iwfefelï commun, LIVRÉE. Nom que Ton donne à une efpece de limaçon terreftre, donE îa coquille ou robe eft ornée dans ceux d'une même couleur de toutes les nuances intermédiaires du couleur de rofe le plus tendre au rouge pon- ceau, & du jaune pâle au jaune orangé : co.^ fortes de coquilles font en- tourées de cercles ou de bandelettes de diverfes couleurs noires , brunâ- tres , blanches fur un fond jaune : les lèvres de ces coquilles font bordées d'un liferé noir. LIVRÉE. On donne encore ce nom a une efpece de chenille connue auffi fous le nom ^annulaire j &: d'où fort un phalène ( papillon nodurne ) qui entoure de fes œufs un jet de poirier , ou de pommier , ou de pru- nier. Piufieurs raies , femblables aux rubans que l'on porte à la campagne pour livrées de noces, fe voient fur cette chenille que par allufion les Jardiniers nomment la lïvré& : voyez Chenille furnommée la Livrée 'y voyez aufli Annulaire. 11 y a dans le tiftii de la coque de cette chenille ôc de beaucoup d'autres une grande quantité de poudre jaune citron , qui a fourni à feu M. de Réaumur un trait de morale &: de galanterie. Les Dames , dit-il très-fine- ment , qui cherchent , avec des foins pour lefquels nous manquons fou- L I V L O H CGj vent de reconiioKTance , à ajouter aux agrémens qu'elles tiennent de la Nature , ont imaginé dans ces derniers temps de fe fervir d'une poudre couleur de rofe. Si la poudre jaune citron des coques de nos livrées pou- voir heureufement leur paroître propre à donner une agréable couleur à leurs cheveux , ces coques feroient bientôt tirées de i'obfcurité où elles font. Si M. de Réaumur vivoit , il verroit avec plaifir une partie de fes vœux remplis : nosDames prennent aujourd'hui du goût pour la poudreroufTe. LIVRÉE D'ENCRE. Foye- Marquis d'Encre. LOCHE. Petit poiflon , dont on diftingue plufieurs efpeces , favoir , la loche d'étang 3X2. loche de rivière ôc la loche de mer ; nous avons parlé de ^elle-ci à l'article Aphie. La Loche d'étang , aphia cobitis ^ a la figure & la couleur du goujon, mais elle eft plus petite j elle diffère de la loche de rivière en ce qu'elle eft plus courte &' plus groiïe , moins délicate &c moins faine. La Loche de rivière, cohitis jluviatïlis y varie beaucoup; celle qu'on appelle la loche franche a la peau lifle , fans aiguillons \ & fa chair , quoi- que gluante , eft plus tendre & plus faine que celle des autres ; fa cou- leur eft jaunâtre , tiquetée de noir. On en trouve en grande quantité dans la rivière de Mare en Lano-uedoc , & dans toutes les rivières à eaux vi- yes qui fourniftent des truites. Une autre forte de loche a proche des ouies un aiguillon de chaque côté ; fa chair eft pleine d'arêtes. Il y a en- core une autre efpece de loche , qui a des barbillons qui lui pendent da bout des mâchoires. On mange beaucoup de ces poiffons dans les pays étrangers. LODDER, eft le nom que les Norwegiens donnent à une petite ef- pece de hareng qui reifemble beaucoup à nos éperlans , & dont les Grocn- landois prennent tous les ans à^s quantités prodigieufes ; ils les font fé- jcher fur les rochers pour l'hiver. Cette pêche fe fait en Mai & en Juin. LOHONG ou OUTARDE HUPPEE D'ARABIE. L'oifeau que les Arabes appellent lohong j eft à-peu-près de la grofteur de notre grande ou- tarde ^ il a comme elle trois doigts à chaque pied, dirigés de même, feulement un peu plus courts , les pieds , le bec & le cou font plus longs ; le plumage de la partie fupérieure eft de couleur huve rayé de brun foncé , avec des taches blanches en forme de croiiTant fur les ailes y le deftbus du corps eft blanc , ainfi que le contour de la partie fupérieure de l'aile j le fommet de la tête , la gorge & le devant du cou ont 'àes raies iranfverfales d'un brun obfcur fur un fond cendré j le bas de la jambe ? (TdS LOI le bec ôc les pieds font d'un brun clair & jaunâtre ; la queue eft tom- bante comme celle de la perdrix , ôc traverfée par une bande noire , les grandes pennes de l'aile &c la huppe font de cette même couleur. Cette huppe , dit M. Jd Bufon , eft un trait fort remarquable dans l'outarde d'Arabie , elle eft pointue , dirigée en arrière , & fort inclinée à l'hori- zon ; de fa bafe elle jette en avant deux lignes noires , dont l'une plus longue pafte fur l'œil & lui forme une efpece de fourcil \ l'autre beaucoup plus courte , fe dirige comme pour embrafler l'œil par deftus , mais n'arrive point jufqu'à l'œil , lequel eft noir & placé au milieu d'un efpace blanc. En regardant cette huppe de profil & d'un peu loin , on croiroit voir des oreilles un peu couchées & qui fe portent en arrière. LOIR, gUs j eft un petit animal quadrupède, dont le caradere , dit M Brijjon^ eft d'avoir deux dents incifives à chaque mâchoire, point de dents canines , les doigts onguiculés, point de piquans fur le corps, la queue longue & couverte de poils rangés de manière qu'elle paroît ronde. Nous connoiftbns ,dit M, de Buffon, trois efpeces de loirs , qui, comme la marmotte , dorment pendant l'hiver j favoir , le loir ^ le ierot & le mufcardin. Nous allons réunir fous ce même article , la defcription & l'hiftoire de ces animaux , afin qu'on puifte mieux juger de leurs rapports & de leurs différences , en les voyant les uns à côté des autres. Le loir eft le plus gros des trois , le mufcardin eft le plus petit , & ces trois efpeces font très-diftincles. Le loir eft à -peu -près de la grandeur de l'écureuil j il a comme lui la queue couverte de longs poils : le lerot n'eft pas fi gros que le rat , il a la queue couverte de poils très- courts , avecun bouquet de poils â l'extrémité : le mufcardin n'eft pas plus gros que la fouris j il a la queue couverte de poils plus longs que le lerot , mais plus courts que le loir, avec un gros bouquet de longs poils à l'extrémité. Le lerot diffère des deux autres , par les marques noires qu'il a près des yeux j & le mufcardin par la couleur blonde de fon poil fur le dos. Tous trois font blancs ou blanchâtres fous la gorge & le ventre \ mais le lerot eft d'un aiïez beau blanc : le loir n'eft que blanchâtre , & le mufcardin eft plutôt jaunâtre que blanc dans toutes les parties inférieures. Voici une obfervation des plus curieufes & Aq^ plus piquantes , faite par M. de Buffon , fur les animaux dont on vient de parler. C'eft impro- prement que l'on dit que ces animaux dorment pendant l'hiver j leur état n'eft point celui d'un fommeil naturel , c'eft une torpeur , un engour- LOI 66^ difTement des membres & des fens , & cet engourdiflement eft pro- duit par le refroidilTement du fang. Ces animaux ont lî peu de cha- leur , qu'elle n'excède guère celle de la température de l'air. Nous avons plongé , dit M. de Buffon , la boule d'un petit thermomètre dans le corps de pluiieurs Icrots vivans ; fi la chaleur de l'air étoit de dix degrés au thermomètre , celle de ces animaux étoit la même ; quelquefois même le thermomètre plongé &c appliqué fur le cœur , a baifle d'un demi- degré ou d'un degré 3 la température de l'air étant à onze. Or l'on fait que la chaleur de Thomme 8c de la plupart des animaux qui ont de la chair & du fang , excède en tout temps trente degrés : il n'efi; donc pas étonnant que ces animaux , qui ont fi peu de chaleur en comparaifon des autres, tombent dans l'engourdiffement, dès que cette petite quantité de chaleur intérieure ceife d'être aidée par la chaleur extérieure de l'air , 6c cela arrive lorfque le thermomètre n'eft plus qu'à dix ou onze degrés au deffus delà congélation. C'eft là , continue M. de Buffon , la vraie caufe que l'on ignoroit , ôc qui s'étend fur tous les animaux qui dorment pendant l'hiver. M. de Buffon l'a reconnu dans les loirs , dans les hérifiTons , dans les chauve-fouris j ôc quoiqu'il n'ait pas eu occafion de l'éprouver fur la mar- motte , il y a lieu de penfer qu'elle a le fang froid comme les" autres , puif- qu'elle eft , comme eux , fujette à rengouidiflement pendant l'hiver. Cet engourdiffement dure autant que la caufe qui le produit, Sc il ceflTe avec le froid : quelques degrés de chaleur au delTus de dix ou onze , fuffifent pour ranimer ces animaux j ôc même fi on les tient pendant l'hiver dans un lieu bien chaud, ils ne s'engourdilTent pas du tout , ils vont ôc viennent , ils mangent ôc ne dorment que de temps en temps ^ comme tous les autres animiaux. Lorfqu'ils fentent le froid , ils fe ferrent & fe mettent en double, pour offrir moins de furface à l'nir , ôc fe con- ferver un peu de chaleur : c'eft ainfi qu'on les trouve pendant l'hiver dans les arbres creux, dans les trous dés murs , expofés au midi, fans aucun mouvement, fur de la moufTe ôc des feuilles. On les prend , on les tient, on les roule , fans qu'ils remuent , fans qu'ils s'étendent; rien ne peut les faire fortir de leur engourdilfemenc, qu'une chaleur douce & graduée j ils meurent lorfqu'on les met tout -à coup près du feu : il faut pour les dégourdir , les en approcher par degrés. Quoique dans cet état ils foient fans aucun mouvement, qu'ils aient les yeux fermés , & qu'ils paioiflent privés de toutufage des fens , ils fentent cependant la douleur lorfqu'elle eft très- vive j une blellure , une brûlure leur fait faire un mouvement de C-jc, LOI conrradion , & un petit cri foiird qu'ils répètent même plufieurs fois. La fenlibilité intérieure fubfifte donc ainfi , aufli-bien que l'adion du cœur & des poumons. Cependant il eftà préfumer que ces mouvemens vitaux ne s'exercentpas 5 dans cet étatde torpeur , avec la même force, ^n'agiffent pas avec la même puiiïance que dans l'état ordinaire. La circulation ne iâ fait probablement que dans les plus gros vai^Teaux , la refpiration eft foible &: lente , les fécrétions font très - peu abondantes , les déjedions nulles , & il n'y a prefque point de tranfpiration. En automne ils font excelîivement gras , & ils le font encore lorfqu'ils fe raniment au printems \ cette abondance de grailFe eft une nourriture intérieure , qui fuffit pour les entretenir & pour fuppléer au peu qu'ils perdent par la tranfpiration. C'eft peut-être moins la durée du froid que fa rigueur , qui les fait périr. Comme ce froid eft la feule caufe de leur engourdilTement , &: qu'ils ne tombent dans cet état que iorfque la température de l'air eft audeflrou$ de dix ou onze degrés , il arrive fouvent qu'ils fe raniment, même pendant riiiver j car il y a des heures , des jours, & même des fuites de jours > dans cette faifon , où la liqueur du thermomètre fe foutient à douze , treize ou quatorze degrés \ &c pendant ce temps doux , les loirs fortent de leurs trous , pour chercher à vivre j ou plutôt ils mangent les pro- yifions qu'ils ont ramalTées pendant l'automne, ôc qu'ils y ont tranf- portées. Les loirs font gras en tout temps , & plus gras en automne qu'en été ^ îeur chair eft alTez femblabie à celle du cochon d'Inde j & n'eft guère meilleure que celledarat d'eau. Ces animaux faifoient partie de la bonne chair chez les Romains ; ils en élevoient en quantité. Varron donne la manière de faire des garennes de loirs. Ce goût n'a pas été fuivi , au rapport de Pline; les Cenfeurs défendirent à Rome qu'on en fervît fur les tables 5 parce que leur chair eft de trop difficile digeftion. Au refte, il n'y a que le loir qui foit mangeable, le lerot a la chair mauvaife ôi d'une odeur défagréable. Le loir refTemble affez à l'écureuil, par les habitudes naturelles; il habite comme lui les forêts, il grimpe fur les arbres , faute de branche en branche : la faîne , les noifettes , la châtaigne Se les autres fruits fau- yat^es font fa nourriture ordinaire j il mange aufli de petits oifeaux qu'il prend dans les nids : il fait fon lit de moulfe dans le tronc d'un arbre ^feux j il craint l'humidité j boit peu &c defcend rnrement d terre. Il differç L 0 1 6-]\ «Hcore de récnreuil, en ce que celui-ci s'apprivoife, &: que l'autre demeure toujours fauvage. Les loirs s'accouplent vers la fin du printems \ ils font leurs petits en été , les portées font ordinairement de quatre ou cinq , & l'on aiïure qu'ils ne vivent que fix ans. Quelques Auteurs difent que les jeunes loirs nourrilTent leur père ôc mère, lorfqu'étant vieux ils ne peuvent plus fortir de leur trou. En Italie , où l'on eft encore dans l'ufage de manger des loirs , on fait dans les [bois des fofTes que l'on tapifle de moufTe , qu'on recouvre de paille, &: où l'on jette de la faîne. On choiilt pour cela un lieu fec , à l'abri d'un rocher & expofé au midi. Les loirs s'y rendent en nombre ^ & on les y trouve engourdis vers la fin de l'automne j c'eft le temps où ils font les meilleurs a manger. On les écorch% & on les fale dans des barils. Ces petits animaux font courageux & défendent leur vie jufqu'à la dernière extrémité : ils ont les dents de devant très - longues & très- fortes \ aulTi mordent - ils très - violemment : ils ne craignent ni la belette ni les petits oifeaux de proie: ils échappent au renard, qui ne 'pouvant grimper ne peut les fuivre à la fommité des arbres \ leurs grands ennemis font les chats fauvages ôc les martes. Voyez ces mots. L'efpece des loirs n'eft pas extrêmement répandue : elle ne fe trouve guère que dans les climats tempérés ôc dans les pays couverts de bois. Le loir du Nord dont parlent les Naturaliftes , eft le mufcardin , qui , comme nous l'avons dit , eft la plus petite efpece des trois. Le loir vo- lant de l'île de Ternate pourroit bien n'être que la chauve-fourisde Ternate Voyez ce mot. A l'égard du loir fauvage de l'Amérique , c'eft peut-être le rat des bois de Mademoifelle Merian , ou une efpece àe philandre des Indes^^ciye:^ <7« ;;2or DiDELPHE <& Rat DES BOIS. * Le leroteft plus petit que le loir , &: de forme différente j mais la marque diftinctive de ces deux animaux eft dans la forme de la queue. Celle du loir eft revêtue de longs poils d'un bout à l'autre j au contraire la queue du lerot n'a que des poils très- courts fur la plus grande partie de fa lon- gueur : elle eft feulement terminée à fon extrémité par un bouquet de poils longs. Le lerot a. le corps &: la tête plus courts , les oreilles plus longues & le mufeau un peu plus pointu que le loir« Comme le lerot eft plus commun que le loir , & que le nom de loir eft aufli plus connu que (^elui de krot ,011 donne fouvenc celui de loir au lerot ^ nous en avons ^7i L O I vu les difféi^ences extérieures , nous allons connoître la diverfité de leurs mœurs. Le loir , dit M. de Buffon , demeure dans les forêts , & femble fuie nos hahiranons ; le lerot au contraire habite nos jardins , & fe trouve quelquefois dans nos maifons. L'efpece en eO: aufli plus nombreufe , plus généralement répandue, &:il y a peu de jardins qui n'en foient infeftés. Ils fe nichent dans les trous des murailles : ils courent fur les arbres en efp.iliers, grimpent fur les arbres àç,s vergers , choififlent les meilleurs fruits & les entament tous dans le temps qu'ils commencent à mûrir. Sx l'on veut conferver des fruits , ou doit s'attacher à Its détruire. Lorfque les fruits doux leur manquent , ils mangent des amandes , des noifettes, des noix , & même des graines légumineufes : ils en tranfporrent en grande quantité dans leurs retraites^ qu'ils pratiquent en terre ou dans des arbres creux , où ils fe font un lit d'herbe ou de moulTc. Le froid les engourdie & la chaleur les ranime : on en trouve quelquefois huit ou dix dans la même tanière, tous engourdis , tous reflerrés & ramalTés en boule au milieu de leurs provi(ions de noix 6c de noifettes. Ils reftent ainfi fans adivité jufqu'à ce que la chaleur les ranimant, déploie toute leur vigueur & leur agilité. Le printems eft la faifon où ils s'accouplent : ils produifent en été , Sc font quatre , cinq ou fix petits qui croiffcnt promptement , mais qui cepen- dant ne produifent eux-mêmes que dans l'année fuivante : ils ont la mauvaife odeur du rat domeftique j au lieu que le loir ne fent rien. On trouve les lerots dans tous les climats tempérés , mais il ne paroît pas qu'il y en ait dans les pays feprentrionaux. Le mufcardïn , dit M. de Buffon , eft le moins laid de tous les rats : il a les yeux brillans , la queue touffue , le poil d'une couleur diftinguée : il eft plus blond que roux ; il n'habite jamais dans les maifons , rarement dans les jardins , & fe trouve , comme le loir , plus fouvent dans les bois , où il fe retire dans les vieux arbres creux. L'efpece n'en eft pas , à beaucoup près , aulïi nombreufe que celle du lerot. On trouve le mufcar- dinprefque toujours feul dans fon trou. Ce petit animal eft ahez commun en Italie , où Ton dit qu'il y en a deux efpeces ; l'une rare , qni a l'odeui: de mufc j & l'autre qui eft celle dent nous parlons , & qui n'a point d'odeur. On trouve aulîi ce petit animal en Suéde. Organifé comme le loir , le mufcardin eft fenfible au froid & refte en- gourdi en hiver. Dans cette faifon il fe met en boule comme le loir & le lerot : loi I O R (?75 lerot : îlfe ranime comme eux dans le temps doux, & fait auffi provifion de noifettes ôc d'autres fruits fecs. Il fait fon nid far les arbres comme récureuil j mais il le place ordinairement plus bas , entre les branches d'ua noifetier ou dans un buifTon. Son nid eft fait d'herbes entrelacées : il a •environ fix pouces de diamètre , 8c n'eft ouvert que par le haut j il eft entouré de feuilles ôc de moulTe : la femelle dépofe trois ou quatre petits. Dès qu'il font grands ils quittent le nid & père & m.ere. Ils cherchent un gîte dans les creux des vieux arbres ; &c c'eft là qu'ils repofent , qu'ils font leur provinon Se qu'ils s'engourdilTënt. LOIR VOLANT. Nom fous lequel on défigne quelquefois l'animal connu aufli fous le nom à'écureuïl volant. Voyez ce mot. Le loir volant s'appelle auiîi polatouche. LOMBO. Foyei Titïri. LOMBRICS. Voyei Vers de terre. LONKITE , lonchitis , eft une plante qui ne difîere de la fougère mâle j qu'en ce que fes feuilles ont une oreillette à la bafe de leur décou- pure, f^oye::^ Fougère. LOOM. Foye^ Lumme. LOQUE, Foye^ Douce-Amere, LORIOT, orlolus aut lurida, eft un oifeau de paflfâge , du genre du merle , &: que l'on ne voit guère que l'été en France , â moins qu'il ne foit gardé & nourri en cage, C'eft h grive dorée de plufieurs Auteurs. Le nom de loriot lui a été donné , parce qu'il femble prononcer ce mot ou celui de colios ; fa voix eft haute : il eft grand comme un merle , mais beaucoup plus long j fes pieds font forts &: garnis de bons ongles : Çqs jambes font de couleur plombée : (on bec eft long ài rond , légèrement courbé, très- fendu & de couleur de rofe. Cet oifeau eft d'un verdâtre pâle tirant fur le jaune : fous le ventre , toute la partie fupérieure eft jaune , (qs ailes font noires fur les deux côtés , &: un peu tachetées de jaune : fa queue eft plus longue que les ailes j le mâle eft beaucoEp plus jaune que la femelle: on diftingue le mâle à une tache noire entre le bec & les yeux, tandis que la femelle a cette tache de couleur brune : cet oifeau convient pour .la grandeur & pour la manière de vivre avec la grive. Le loriot aime les fruits rouges , il fe nourrit aufli de la vermine qu'il j:rouve dans les bois , le long des eaux & des fleuves \ fon nid eft fixé à la bifurcation d'une branche : c'eft dans ce berceau que la femelle dépofe ^depuis trois jufqu'à cinq œufs : ils n'abandonnent les petits que quand ïh J'orne 1 1 L Q ^ 4 ^ ^74 L O R font affez forts pour fe pafTer des foins de' père 8c de mère. Quelquefois on en élevé en cage , & ils font l'ornement des volières. Le loriot de la Chine efl: moins gros que le nôtre , mais il eft auiîi d'un beau jaune ; il a quelquefois une huppe fur la tête j fur les ailes re ou écarlate. Cet oifeau naturel aux Indes , notamment à Ceylan , efl affez docile , très- familier, 8c femblablementà ceux de fon genre , rrès-fufcep- tible d'attachement 8c d'apprendre à parler 8c à fîfïler. Q\\ en voit qui prononcent très- diftinélement, des mots, des phrafes entières & chanrenc d'une voix claire , agréable & avec jullefle , à^^ airs très'- difficiles. Comme les lorys font d'un naturel doux , faciles à apprivoifer , ils apprennent à faire toutes fortes de gentilleffes \ mais ils fe vengent en la manière des autres perroquets, & des oifeaux du genre corbm : lorfqu'un oifeau plus petit qu'eux 8c d'une autre efpece approche d'eux , aulli - rôt ils lui cernent le crâne d'un coup de bec , quelquefois ils lui mangent la cervelle. La grandeur du lory eft a • peu -près celle du perroquet commun de couleur plombée. Son bec efl obfcur , ainfi que fes yeux , qui font cerclés de jaune ; les pattes font d'un gris noir j, tout fon plumage efl d un rouge L O R LOT (?75 plus ou moins foncé , fuivant le temps de la faifon ; celui de la poitrine eft nuancé de bleu-violet. Cette dernière couleur s'élève des deux côtés vers le fouet des ailes, fait le tour du bas du cou en s'étendant vers le dos , borde le bout des grolTes plumes en defcendant jufques fur les jambes. Les plumes de la queue font rouges en defîus , & leurs bouts d'un beau jaune clair. Le delTous du plumage de la queue eft tout -à fait jaune , excepté vers le milieu où fe trouve une teinte de rouge mêlé de jaune paille. Il y a des lorys à longue queue. Le lory eft très- fujet à l'épi- lepfie. Pour remédier à ce mal , on mêle le pain bien trempé avec une bonne quantité de chenevis en poudre. Les lorys Indiens préfèrent une nourriture plus humeétée que n'eft celle des perroquets de TAmcrique. Il naît dans les narines des lorys , ainft que dans celles des jeunes perro- quets de prefque toutes \qs efpeces , & dans une tumeur qu'ils ont fur la tête , un ver court &c gros qui tombe au bout de quelque temps , enfuite le trou que le ver a occupé fe referme. Ce ver , difons larve , puifqu'elle fe métamorphofe 3 n'eft point un pou ailé, dit M. J^^ofmaer, mais une efpece de mouche du genre de celles qui clioififlent ces endroits de la tête d'un autre animal pour y dépofer & faire éclore leurs œufs : ce qui arrive de même aux rhennes , &cc. Il y a des lorys à calotte noire dans les Molu- ques j celui à collier a la tête bleue , le cou jaune , &c fe trouve dans les Indes , & même dans le Brefil. Voye^:^ l'article Perroquet. LOTE ou EELPOUT , Iota aut mufiella fluviatilis. C'eft le gadus molva. de LiNN. Poifton à nageoires molles & épineufes qui fe trouve dans les lacs & les rivières , particulièrement dans l'Ifere & dans la Saône. Ce poifTon a le corps long , arrondi, épais &: gliftant comme la lamproie j il eft couvert de petites écailles de différentes couleurs , tirant fur le roux & fur le brun j les cotés font demi cerclés , fa queue eft faite en forme d'épée : fa langue eft rude par le bout : il a les boyaux entortillés , le foie grand pour la petitefte de fon corps j fes œufs font mauvais & purgent violemment comme ceux du barbeau : il a onze dents petites & menues, droites & inégales en grandeur , & "on ne les apperçoit que quand le poiftbn eft cuit. Ses mâchoires font d'égale grandeur , couvertes de grandes lèvres enflées '\ fes yeux font ronds , l'iris en eft argentin & la paupière bleue : il a quatre ouies de chaque côté , dont le haut &: le bas font aftez ouverts : on y remarque fur la membrane fix oftelets ou arêtes aftez diftindes. L'anus eft plus proche de la tête que de la queue \ la n'ageoire de l'anus 6c celle du dos n'en font qu'une , &: elle eft prefque continue 6y& LOT iufqu'à la tcte : celles de la poitrine font flexibles & d'un rouge jaune y celles du ventre font blanches. On remarque au milieu du corps une ligne qui va depuis la ttce )ufqu à la queue. La longueur ordinaire de la lote eft d'un pied. On a vu parmi les difFérens poiffons deftinés aux tables de S. A. S. Monfeigneur le Prince de Condé , lors du féjour du Roi de Danemarck à Chantilly, une lote apportée vivante du Danube en Hongrie f elle avoit quarante- cinq pouces de longueur. M. Malien dit que le nom rulTe de ce poiOTon eft nalim , & qu'on peut faire de la colle avec fa veffle. La chair de la lote eft bonne & délicate , mais on ne mange point les œufs de ce poiflTon , non plus que ceux du brochet &c du barbeau , parce qu'ils purgent avec violence. L'eelpout vit de fquilles : on en trouve quelquefois des parties dans £on ventricule. LOTiER ODORANT ou TREFLE MUSQUÉ ou FAUX BAUME DU PEKOV y lotus honenjis cdora aut melilotus major ^ odorata violacea. C'eft une plante annuelle qui croît dans les prés, fur les collines , & que l'on cultive dans les jardins j fa racine eft menue , fimple blanchâtre , ligneufe &: unpeu librée : elle pouffe plufieurs tiges longues de deux pieds.> grêles , cannelées , un peu anguleufes , creufes , branchues dès le bas & inclinées. Ses feuilles naiffent alternativement ^, portées trois enfemble fur une longue queue : elles font verdâtres , liffes. & dentelées. Des aiffelles des feuilles fupérieures il fort des pédicules longs qui portent des bouquets de petites fleurs légumineufes, d'un bleu clair, quelquefois jaunâtre , 8i d'une odeur aromatique quife conferve long- temps, même après que la fleur eft féchée j a ces fleurs fuccedent des- gouffes qui renferment chacune deux ou trois graines jaunes , odorantes & arrondies.. Les feuilles & les fleurs du lotier fon.t d'ufage en médecine j elles font déterfives & confolidantes , vulnéraires & fudoriflques y étant prifes dans du vin, on prétend qu'elles empêchent le poifon d'agir : on en fait des cataplafmes qui font propres à réunir les plaies , à les amollir & à difliper l'inflammation des tumeurs. Bien des perfonnes mettait cette plante defféchée dans leurs habits pour les garantir de l'attaque des teignes ; mais ce moyen n'eft pas toujours sûr. Le plus grand ufage du méliloc bleu eft , dit M. Haller , d'entrer dans la compoficion des fromages verss de Claris nommés fc habile ger , auxquels il donne l'odeur & fe goût par- ticulier qu'on y recomaoît. Les Egyptiens ont en grande vénération k L O U . ^77 plante d'un ïotus , dont ils font une forte de pain 6^ de galette. Ce lotier croît fur les bords des rivières , plonge fes fleurs 6c les bouts de la plante dans l'eau pendant la nuit , 6c fe redrefle peu- à -peu au lever du folei!. On appelloit autrefois lotophages ceux qui fe nourrifloient du fruit d'un arbre- lotier qui croiflToit en Egypte y ce fruit , fuivant les anciens Grecs , etoit fi agréable , qu'après en avoir mangé , les étrangers perdoient l'envie de retourner dans leur patrie. Ce lotier en arbre ne feroit-il pas le lotus an- - tinoïen ou.\q micacoulier ? Voyez ce dernier mot , 6c l'article/ive d'Egypte. On donne aufli le nom de /orier au trèfle fauvage jaune, ^oy^:^ Trèfle., LOUP , lupus. C'efl: un animal des bois , farouche 6c carnaflîer , mis par les Naturaliftes dans le genre du chien , dont il diffère cependant beaucoup j il a à- peu-près deux pieds de longueur , à prendre depuis la tête jufqu'à la naiflance de la queue , ôc autant de hauteur. Son mufaau eft alongé ôc obtus j fes oreilles font courtes ôc droites j fa queue efi: grofle ôc couverte de longs poils grisâtres , tirant fur le jaune ôc un peu noirâtres j fes yeux font bleus ôc étincelans j fes dents font rondes , iné- gales , aiguës ôc ferrées j l'ouverture de fa gueule eft grande j il a le cou Ci court, qu'il ne peut le fléchir facilement , ce qui l'oblige en quelque forte à tourner tout fon corps quand il veut regarder de côté j il a l'odorat fin : c'eft le plus goulu ôc le plus carnaflier de tous les animaux. Le loup , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur , reflemble li fort au chien , qu'il paroît être mo- delé fur la même forme. Mais fi la forme eft femblable, le naturel eft fi diffé- rent, que non feulement ils font incompatibles, mais antipathiques par nature ôc ennemis par inftind. Un jeune chien friflonne au premier afpe6t du loup j il fuit à l'odeur feule , qui quoique nouvelle ôc incon- nue , lui répugne fi fort, qu'il vient en tremblant fe ranger entre les jambes de fon maître. Un mâtin qui connoît fes forces s'indigne, l'attaque avec courage ôc tâche de le mettre en fuite : jamais ils ne fe rencontrent fans fe fuir ou fans fe combattre à toute outrance , jufqu'à ce que Li mort fuive. Si le loup eft le plus fort , il déchire, il dévore fa proie , le chien au contraire plus généreux , fe contente de la vi6ton-e. On prétend que le chien ôc la louve ne peuvent ni s'accoupler , ni produire enfemble ; il n'y a point de race intermédiaire entr'eux ; ils fout d'un naturel tout oppofé , d'un tempérament abfolument différent. Le loup vit plus long- temps que le chien ; les louves ne portent qu'une fois . par an, les chiennes portent deux ou trois fois. Ces différences fi marquée» démontrent que ces animaux font d'efpeces aflez éloignées. D'ailleurs ^ /«ari/2 ; d'autres l'ont appelle chien marin , , à caufe de la figure de fa tète. Foye^ chacun de ces mots & les art. des Phoque & Ours marin. Outre ces loups marins amphibies , les Voyageurs & les Naturaliftes font mention de deux efpeces difîérentes de poiftons j connues auiîi fous le nom de /oup de mer : le premier s'appelle amplement /oup marin , SC l'autre loup de mer vulgaire. Voyez leur defcription ci-après. LOUP MARIN, lupus marinus pifcis. Poifton à nageoires molles, fans écailles , qui eft très - vorace. Sa peau eft unie & prefque femblable à celle des anguilles : elle eft bleuâtre &; ombrée de noir : fa tète eft grande , ferrée , comme en forme de poignard j fes joues font enflées j jfes dents font redoutables , elles font grandes & fortes , commj celles d'un chat de fix mois. Il a une nageoire garnie d'aiguillons mous , qui s'étend depuis la tète jufqu'à la queue j il a proche des ouies dg^ijç 1 O U (TSy grandes nageoires rondes. On pêche de ces poifTons en Angleterre, dans le Duché d'Yorck , &c dans le Norchumberland. On donne auffi le nom de iûup marin au grand chien de mer on lamie. Voyez ces mots. LOUP DE MER VULGAIRE ou LUBîN , labrax , efi- un excellent poifTon de nos mers, à nageoires épineufes , qui a toujours la gueule ouverte, &: qui dévore très-promptement fa proie j c'eft ce qui eft caufe qu'on le prend facilement. On diftingue deux efpeces de lubins ^ l'un a le dos entre bhnc & bleu, l'autre eftfans taches. On trouve le premier dans la mer &" dans les étangs falés , & l'autre aux embouchures des rivières; celui-ci a des petits deux fois l'an , & on les z.^'çÛXq lupajjons en Languedoc. Le loup de mer vulgaire eft un poiiïbn grand, épais Recouvert d'écaillés moyennes : il a la tête grande , ainli que l'ouverture de la bouche : il a de très -petites dents aux mâchoires, ce qui fait qu'il ne peut dévorer beau- coup de petits poifTons \ mais il a dans le palais des os rudes & âpres. Ses yeux font grands : cet animal relTemble allez par le corps au faumon. Il a fous l'épine du dos une forte de vellie pleine d'air \ il a quatre ouies de chaque côté. Près des ouies , ôc au-deffus font quatre nageoires j au dos font des aiguillons pointus & inégaux , qui tiennent à une peau mince. La nageoire qui eft proche la queue , n'a qu'un aiguillon j celle de l'anus en a trois : il a huit nageoires en tout. La nourriture de cet animal con- fifte en poiflons & petits cruftacées : il mange même de l'algue. Quoique goulu , il a grand foin de ne pas prendre la chevrette qui porte une petite corne fur la tête , parce qu'elle lui bleiïeroit , dit - on , le palais. Oïï trouve deux pierres dans la tête de ce polifon. Les Pêcheurs ont remarqué que les lubins vieux nageant au - deiïus de l'eau , y périlTent fouvent de froid j aulîi les jeunes n'habitent -ils que le fond des eaux. Ce poifiTon fe prend facilement à l'hameçon , à caufe de fa voracité : mais aufli a-t 'il la rufe d'enfoncer fa queue dans le gravier, pour que les rets des Pêcheurs coulent par - deiTus fon corps. La chair de ce poilTon nourrit peu, &: ne vaut rien dans le temps du frai. Le meilleur loup eft celui qui vit en haute mer : on en fale , &; on feche les œufs comme ceux des muges. M. Barrere dit qu'il fe trouve auiîi deux fortes de lubins dans l'île de Cayenne j l'un de rivière , qui eft excellsnt , & l'autre de mer à écailles ^ cjui eft encore plus délicat. 6în L o ir LOUP DU MEXIQUE. Ce quadrupède ne paroîc être qu'une variété du loup de notre continent. L'infliiance du climat feule y a apporté quelque différence j le naturel s'eft confervé le même.- Leur founure ell une des plus belles dont on puifTe faire ufage. On. voie quelquefois de ces loups tout blancs. F'oye^ l'article Loup. LOUP -TIGRE. C'eft, à ce qu'il paroît, le même animal que celui que les Fourreurs nomment guêp..rd. Sa robe efl: belle , elle refièmble a celle du lynx ou loup cervier par la longueur du poil \ elle eft d'un fauve très -pâle, parfemée comme celle du léopard de taches noires , mais plus voifines les unes des autres, & plus petites j car elles n'ont que deux à trois lignes de diamètre. Cet animal eft très - remarquable par une efpece de crinière de quatre à cinq pouces de longueur , qui lui pend fur le cou te entre les deux épaules. On voicle loup tigre dans les terres voifines du Cap de Bonne -Efpé- rance. Pendant le jour il refte caché dans quelque creux de rochers , &: ne va chaiïer fa proie que pendant la nuit. L'ardeur avec laquelle il la cherche eft apparemment caufe qu'il hurle pendant la nuit; mais fon cri fait fuie fouvent les animaux , & donne lieu au ChalTeur de l'attendre pour le tuer à quelque palTage. LOUIRE , lutra^ La loutre eft à- peu-près delà grofleur du blaireau ; mais fes jambes font plus courtes. Cet animal a la tête plate , le mufeaii fort large , & de chaque côté il y a des mouftaches compofces de gros crins blancs &" bruns. Son cou eft court &: fi gros , qu'il femble faire partie du corps: fa queue eft groiïe à l'origine oc pointue à l'extrémité , couverte de poils. Son corps eft recouvert de deux fortes de poils , les uns plus longs ôc plus fermes , les autres plus fins , qui font une forte de duvet foyeux, de couleur grife blanchâtre. Les poils les plus longs font paroître en général l'animal de couleur brune. La loutre , dit M. de Bujfon , eft un animal vorace , plus avide de poifton que de chair , qui ne quitte guère le bord des rivières ou des lacs , & qui dépeuple quelquefois les étangs. Elle a plus de facilité qu'un autre pour nager , plus même que le caftor , qui n'a des membranes qu'aux pieds de derrière , 6c dont les doigts font féparés dans les pieds de devant 3 tandis que la loutre a des membranes à tous les pieds , qui font com- pofés de cinq doigts onguiculés. Elle nage prefqu'aufli vite qu'elle marche j elle ne va point à la mer comme le caftor, mais elle parcourt les eaux douces j C" L 0 U cî^ 'douces , Se remonte ou defcend les rivières à des diftances confidéra- bles. Souvent elle nage entre deux eaux , ôc y demeure affez longv temps : eîîe vient enfuite àlafurface de l'eau, afin de refpirer. A parler exadement, elle n'eft point animal amphibie , c'eft-à-dire , animal qui peut vivre également fur la terre &c dans l'eau : elle n'efi: pas conformée pour demeurer dans ce dernier élément j ôc elle a befoin de refpirer à - peu- près comme tous les animaux terreflres. Si même il arrive qu'elle s'engage dans une nalTe à la pourfuite d'un poilTon , on la trouve noyée , ôc l'on voit qu'elle n'a pas eu le temps d'en couper tous les ofiers pour en fortir. Après l'examen anatomique que MM. de TAcadémie ont fait d'une loutre , ils n'ont pu découvrir aucune apparence qu'il y eût jamais eu un trou qui pût donner palTage au fang pour aller d'un ven- tricule à l'autre fans pafTer par les poumons j au lieu qu'il paroît que- cette ouverture (le trou ovale) fubfifte un peu dans le caftor, ce qui lo rend vraiment amphibie , Se lui donne une bien plus grande facilité do fe pafiTer long - temps de refpiration. La loutre a des poumons fpacieux 5 par une grande infpiraiion elle abforbe une grande quantité d'air, qui lui donne feulement la facilité de refter long - temps fous l'eau. La femelle de la loutre a la matrice faire de même que celle des femmes , &: a des nymphes & un clitoris comme elles : elle a dix petits reins féparés les uns des autres , ayant chacun leur parenchyme , leurs veines ôc leui' artère émulgente à part. La loutre a fîx dents incifives à chaque mâchoire j les dents font comme celles de la fouine , mais plus groifes & plus fortes , relativement à fou volume ; une tète mal faite, les oreilles placées bas , des yeux trop petits ôc couverts , l'air obfcur , les mouvemens gauches , toute la ligure igno- ble, informe, un cri qui paroit machinal, ôc qu'elle répète à tout mo- ment , fembleroient annoncer un animal ftupide : cependant la loutre devient induftrieufe avec l'âge, au moins aflez pour faire la guerre avec avantage aux poiflons, qui, pour l'inftinâ: ôc le fenciment , font très- inférieurs aux autres animaux : on dit que la loutre lorfqu'elle veut prendre du poilTon , commence à agiter les eaux pour faire fuir cette proie fur les bords de l'étang, &c. entre les pierres & les cailloux, où elle les prend alors facilement. Au défaut de poiflon , même d'ccreviiîes , de grenouilles , de rats d'eau, ou d'autre nourriture , elle coupe les jeunes rameaux ôc mange l'écorce des arbres aquatiques j elle mange aufli de l'herbe nou- velle au printems. Elle ne craint pas plus le froid que l'humidité : elle Tome I IL S s s s C^o L O U devient en chaleur en hiver , & met bas au mois de Mars \ les portées fpnt de trois ou quatre. . Il feroit fans doute très -avantageux de pouvoir tirer parti de ces animaux voraces , & qui font de fi excellens pêcheurs \ c'eft ce qui eft indiqué dans le Journal Etranger du mois de Juin 1755 , où l'on trouve un Mémoire fur la manière, de prendre Us loutres en vie j & de les drejfer pour apporter du poijjon ; par M. Jean Lots , de l'UniverJïté de Lund en Scanie j & membre de V Académie de Stockholm. Chaque animal a des habitudes qui li^i font particulières. Se dont tour bon Chafîeur peut tirer avantage. Par exemple , on prétend avoir obferve qu'une loutre ne pafîe pas une feule grande pierre qui fe rencontre fui- le bord des rivages qu'elle habite , fans y monter & fans y dépofer quelque iîente , que l'onreconnoîr aifément ctre celle de cet animal, parce qu elle eft entremêlée d'arêtes. Cette marque qu'on rencontre fur les pierres , fait aifément connoître la demeure de ces animaux , de ne donne pas moins de facilité à leur drefler des embûches pour les prendre. Lorfqu'on veut en avoir une vivante , on drefle fur ces pierres des tenailles ^ conftruites de manière que la loutre fe prend fans fe bleller lorfqu'elle va pour failir le poiflon qu'on lui a mis pour appât. \ A-t-on une Jeune loutre vivante, car les jeunes fe dreiïent mieux que les vieilles , on l'attache d'abord avec foin , & on la nourrit pendant quelques jours avec du poifion & de l'eau \ enfuite on mêle de plus en plus dacs cette eau du lait , de la foupe , des choux & des herbes j & dès qu'on s'apperçoit que cet animal s'iiabitue à cette efpece d'aliment ^ on lui retranche prefqu'entiérement les poiflons , & en leur place on fubftitue du pain dont il fe nourrit très- bien. Enfin il ne faut plus lui donner ni poiflons entiers , ni intertins , mais feulement des têtes; on drede enfuite l'animal à rapporter comme l'on dreile un chien. Lorfqu'il rapporte tout ce qu'on veut, on le mené fur le bord d'un ruideau clair: on lui jette du poiflon qu'il a bientôt joint , & qu'on lui fait rapporter Se on lui donne la tête pour récompenfe. Un homme de la Scanie, par le fecours d'une loutre ainii dreflée, prenoit journellement autant de poiflon qu'il lui en falloit pour nourrir toute fa famille. Au refte , cette manière de chafler n'eft pas nouvelle en Suéde , Z<. doit avoir été beaucoup plus commune autrefois qu'aujourd'hui ; puiique Jonflon j dans fon Hijloire des animaux ^ rapporte que lesCuifiniers en Suéde avoient l'ufage d'en- voyer des loutres dans les viviers pou,r apporter du poiflon. L O U 6c,i Quoi qu'il en foie, il paroît que ce n'eft pas uîié loi commune que toutes les loutres foient ainfi fufceptibles d'éducation j fans cela-on verioit certainement davantage de ces pourvoyeurs j & elles nous ferviroient pour la pèche comme nos chiens nous fervent pour la charte. Toutes les jeunes loutres que M. de Buffon a voulu priver , cherchoient à mordre , mcme en prenant du lait , Se avant que d'être alTez fortes pour mâchei du poiiïon : au bout de quelques jours elles devenoient plus douces j mais ce n'étoit peut-être que parce qu'elles étoient malades ôc foibles:loia de s'accoutumer a la vie domeftique , toutes celles qu'il a voulu faire élever font mortes dans le premier âge. La loutre en général eft de fori naturel fauvage ôc cruelle : quand elle peut entrer dans une rivière , elle y fait ce que le putois fait dans un poulailler j elle tue beaucoup plus de poirtons qu'elle ne peut en manger, ôc enfuite elle en emporte uii dans fa gueule. Les loutres fe gîtent dans les premiers trous qui fe préfentent, fous les racines des peupliers , des faules , dans les fentes des rochers ôc même dans les piles de bois à flotter : elles y font auflî leurs petits fur un lit de bûchettes ôc d'herbes. La retraite de ces maraudeurs aquatiques eft infectée de la mauvaife odeur du débris des poilïons qu'ils y laillent pourrir. La loutre ne mue guère \ fa peau d'hiver eft cependant plus brune , ÔC fe vend plus cher que celle d'été: elle fait une bonne fourrure ; on en fait pour l'hiver des manteaux que l'eau ne peut traverfer. Les Sauvac^es du Canada fe fervent de peaux de loutre d'une grandeur extraordinaire pour en faire' des robes , lefquelles étant portées ôc engraiiïces de leur fueur , ôc des grailles qu'ils manient , font propres à faire de meilleurs chapeaux ( difent les Anglois ) que ceux que l'on fait du feul poil de caftor trop fec ôc fort difficile à mettre en ceuvte fans aucun méîano-e. La chair de la loutre fe mange en maigre , & a en effet un mauvais «^oûc de poiiïon , ou plutôt de marais. Les chiens chaflfent la loutre volontiers, ôc l'atteignent aifément lorfqu'elle eft éloignée de fon gîte ôc de l'eau : mais quand ils la faififfent, elle fe défend courageufement, les mord crueUement , Ôc quelquefois avec tant de force Ôc d'acharnement , qu'elle leur brife les os des jambes, ôc qu'il faut la tuer pour lui faire lâcher prife. La loutre eft une efp?ce d'animal , qui , fans être en très -grand nom- bre , eft généralement répandu en Europe, depuis la Suéde juTqu'àNaples j Ssss i; S^i L O U LUC elle Ce trouve dans l'Amérique reptenti-ionale , où elle refTemble tout-a- fait à celle d'Europe, Ci ce ii'efl: que fa fourrure eft encore plus noire &: plus belle que celle de la loutre de Suéde , de Mofcovie &:de Pologne. Elle fe rencontre vraifemblablement dans tous les climats tempérés , fur- tout dans les lieux oii il y a beaucoup d'eau j car elle ne peut habiter ni les fables brûlans, ni les déferts avides : elle fuit également les rivières ilériles Se les fleuves trop fréquentés. La graifle de la 'loutre, de même que celle des poifiTons , ne fe coagule point par le froid , & relie toujours fluide : elle eft réfolutive, digeftive j, on l'emploie pour la douleur des Jointures , &c pour fortifier les nerfs. LOUTRE MARINE ou CASTOR DE MER , .^ucra marina. Suivant Sceller^ cet animal marin a le poil du caftor ordinaire , il efl:de la grofleur du chat de mer , &: a la figure du veau marin , &: la tête faite comme celle de Tours. 11 eft aflez doux. C'eft probablement une efpece de phoque. LOUVE , femelle du loup : elle porte deux mois , &: fait cinq, fix > &: même Jufqu'à fept louveteaux à la fois. Voye-^ Loup. LOUVETTE DES PIQUEURS. Foyei Tique des chiens ^ /'^mV/^ Tique. LOWA ou OISEAU PÊCHEUR. Ceft une efpece de cormoran , que les Chinois accoutument ^à la chafle ou pêche du poiflon. Ces oifeaux partent au fignal donné par un coup de rame fur l'eau , ils plongent Sc faififlent le poiflon par le milieu du corps , puis retournent à la barque avec leur proie. On leur met un anneau au bas du cou , qui les empêche d'avaler leur prife : on dit que fi le poiflon eft trop gros , plufieurs fe joignent enfemble & s'aident mutuellement j l'un s'attache à la queue, l'autre à la tête , &: ils l'apportent aufll légèrement que fidèlement an bateau du Pêcheur. Voye'^ Cormoran. LOXîA. Poye^ Bec croisé. LUAMBONGOS. Les Nègres de Congo donnent ce nom aux loups de leur pays. Voye-^ Loup. LUBIN. yoyei Loup de mer vulgaire. LU CET. M. de Bcugainyi/k défigne fous ce nom une plante rampante qu'il a trouvée aux îles Malouines , qui porte des fruits le long de Ces branches qui font garnies de petites feuilles parfaitement lifles , rondes & de couleur de myrte j ces fruits font blancs , colorés de rouge du coté expofé au midij ils ont uii goût aromatique, une odeiir de fleur LUC L U M ^93 làWange , ainfi que les feuilles , qui mifes en infufion dans le lait , en font une boifTon des plus agréables. LUCHARAN , eft le nom c^\x Albin a donné à la chouette blanche, ,Voyez Chouette. LUCHZ , eft le brochet des Bourdelois. I^oye:^ Brochet. LUCUMA ou RUEMA. Foyei Jaune d'œuf. LU DUS HELMONTII. Nom donné à une pierre pefante, ordinaire- ment calcaire, plus ou moins large & longue , remarquable par des cloi- Ibns communément pyriteufes ou fpatheufes , ornée fur lafurface de com- panimens polygones qui forment toutes fortes d'angles. L'on voit de ces pierres formées aulîi d'un affemblage de colonnes polygones ferrées les imes contre les autres. Les Natutaliftes ont donné le nom de ludus kelmontÏL jlellatus à une efpece de félénite très - rare , globulaire , de la nature àesfiears de gypfe , &compofée d'un amas de ftries qui divergent du centre à la circonférence. La pierre qui leur fert de matrice eft calcaire. On la trouve dans le Comté de Kent & dans l'île de Schépy. LUEN. Voye^ Argus. LUMBRICITES. Lorfqu'une pierre contient des fofliles appellées pierres fromentaires , & difpofées de façon que les fedions imitent les vers : on lui donne le nom de lumbricite, LUMIERE, lumen. Rien ne nous frappe plus que la lumière, c'eft par le moyen de fes rayons plus ou moins réfléchis, plus ou moins abforbés que paroiftent les couleurs & les différentes nuances ( car les couleurs ne font pas dans les objets colorés; la Phyfique moderne le démontre ) j la fuperfîcie &la ftrudiire des corps donnent lieu à ces réflexions , & font par conféquent les caufes occafionnelles des couleurs. C'eft parle moyen des rayons de la lumière que nous appercei^ons la magniflcence & la beauté de ce vafte univers , &: que nous diftinguons les nuances inter- médiaires des couleurs primitives, 7^z/;2^ j rougdjyvert ^bleu ^ (S-c. Onvoi: que le noir s'alliant au blanc donne la couleur cendrée ; le blanc avec le bleu donne Yopale ; le rouge avec le blanc donne le rofc ; le rouge 6c le bleu font le pourpe ; le noir &c. le bleu font le violet ^ le jaune & le bleu donnent le vert j &c. &c. C'eft fur ce principe qu'eft fondé l'art du Peintre , du Teinturier , des pierreries fadices , £< de tout ce qui doit fubir les effets de la lumière» Comme le foleil eft la fource de cette matière précieufe èc naturelle , voyez le mot Planète, où l'on a pré- fenté , d'après M. de Maupertuis , le beau fpeCtacle du fyftcme plané- 95)4 L U M taire. Voye^ aujjl à l'article des Sens , au mot HoMME , quel eftle méca- nifme de la vifion. C( nfulte\ aujji l'article Feu. LUMIERE SEPTENTRIONALE. C'eft un phénomène naturel que l'on ne doit pas confondre avec la lumière ^odiacale , ouVaurore bore'ale: ce dernier ne paroît que de terripîen temps ivoye^ Aurore boréale. La lumière feptentrionale au contraire eft un phénomène journalier. On lit en effet dans une relation du Groenland , que dans ces contrées il fe levé pendant tout l'hiver une lumière avec la nuit , qui éclaire tout le pays , comme fi la lune éroit dans fon plein. Plus la nuit eft obfcure , plus cette lumière luit j elle fait fon cours du côté du Nord. Elle reffemble à un feu volant , & elle s'étend en l'air comme une haute & longue paliffade , elle paffe d'un lieu à un autre avec une promptitude inconce- vable. Elle dure toute la nuit , &c elle s'évanouit avec le foleil levant. M. de Mairan prétend que l'air grofîler que l'on refpire dans les pays iitués près du pôle ardlique , & les glaces qui fe trouvent dans ces con- trées , font très - propres à réfléchir les rayons de lumière & à caufer cette clarté que les habitans du pays nomment lumière feptentrionale, LUMIERE ZODIACALE, ou AURORE BORÉALE, ^oy^^ Au- KORE BORÉALE. LUMME ou LIOMEN , colymbus pedibus palmctis indlvljis ^ Linn. M. Anderfon , ( Hijî. Nat. d'Jflande , pag. 93 ) , dit que c'eft un très - bel oifeau aquatique d'Iflande de du Groenland : il eft de la groffeur d'une oie : il relTemble en cela & par fon chanta ï Imbrim des îles deFeroc: il a le bec étroit & noir : fes ailes font petites , & dès qu'il augmente en graiffe & en pefanteur il vole difficilement j (qs pattes font très - reculées , Se ne lui permettent pas de marcher ni vite ni long -temps : auflî dès qu'il apperçoit quelqu'un , fa feule relTource eft de fe coucher à terre &: xle fe tapir , à moins que le vent ne fouffle beaucoup ^ alors il s'aide un peu de fes ailes pour mieux courir. Cet oifeau , pour couver fes deux œufs en fureté , choifit des endroits écartés &: déferts , où il bâtit fon nid fur le bord de l'eau douce , ou fur de petites éminences qui fe trou- vent tour proche du rivage, afin de pouvoir boire étant affis fur (qs œufs , de ne for tir que pour fes befoins , ôc de rentrer fans beaucoup fe fatiguer. C'eft dans l'éducation de leurs petits que ces oifeaux montrent toute Jeur induftrie. Le même Kwiqxxï [yi. Anderfon) prétend que quand les petits font en état de voler, les vieux, c"eft-à-dire père &: mère, les L U M . L U N (?95 conduifent à l'eau Se leur apprennent à trouver leur fureté Se leur nourriture en plongeant à propos : mais leur façon de les y conduire eft tout - à-fait finguliere : l'un des lummes vole toujours au-deiTous du petit, afin que fî celui-ci venoit à manquer dans fon vol , il tombac fur fon dos , au lieu de s'écrafer en tombant à terre , ou de devenir la proie des renards , qui ne manquent jamais de guetter ces occalions ^ un autre lumme fe tient toujours au - deffus du petit pendant la route , pour faire face en cas de befoin aux oifeaux de proie. Si malheureufemenc un petit tombe à terre , foit du nid ou en voyageant , les vieux s'y précipitent aufli- tôt, & le défendent fi vigoureufement qu'ils, fe laifienc manger eux -mêmes par les renards ou prendre par les.hommes plutôt que de l'abandonner. Une fois arrivés à la mer , chaque vieux lumme prend fous fa tutelle un jeune , l'inftruit , comme nous l'avons dit , 6c lui fait quitter bientôt après la côte , pour le faire hiverner vers l'Amérique ^ d'où ils reviennent tous enfemble en Groenland à l'approche de l'été. Les vieux lummes , qui par hafard ont perdu leurs petits , ou qui ne font plus en état de couver, ne viennent jamais à terre , ils vivent en fociété , nagent toujours par troupe de foixante ou de cent, mais ils s'en vont avec les autres en Août. Dès qu'on jette un petit lumme dans la mer , ils viennent fur le champ l'entourer, &c chacun s'emprefTe de l'accom- pagner, au point de fe battre autour de lui, jufqu'à ce que le plus fort l'emmené j mais fi par hafard la mère furvient , toute la querelk celTe auiTi - tôt , & on lui cède Con enfant. Cet oifeau eft le mergus maxïmus parrenjis de Clujius. Il fe trouve des lummes de diverfes grofifeurs dans les mers des Kamtfchadales \ les naturels du pays croient prédire les .^hangemens de temps par le vol & le cri de ces fortes d'oifeaux , mais c'eft fouvent un baromètre trompeur. LUNAIRE. Voyei Bulbonach. LUNDE , anas arclica. Oifeau des îles de Feroc : il eft plus gros qu'ua pigeon : fon bec eft fort & crochu. La lunde a pour ennemi le corbeau qui en veut à fes petits : le corbeau eft ordinairement étranglé ou noyé par l'artifice de la lunde , qui fe bat à la manière du macareux. Voyez ce mot S)C\qs Acla Hafnitnjia ^ ann. K^yi. LUNE. L'un des corps celeftcs que l'on met ordinairement au nombre des Planètes fecondaires. Voye':^^ à V article Planète. LUNE DE MER ou ROND DE MER , orbïs marinus. C'eft un poiftbn plat d'Afrique qu'on appelle ainfi à la Côte d'Or à caufe de fa reflemblaece ^^S L tJ N avec un poîfTon quife nomme de même en Amérique , &: dont la forme efl: prefque orbiculaire. Le poifïon lune a dix - huit ou vingt pouces depuis la tète jufqu'à la queue , douze pouces de largeur & deux ou trois d'épaif- feur : ce poifTon feroit prefque ovale fans fa queue. Sa peau eft blanche , comme argentée , & reluit la nuit j fa gueule eft petite & armée de deux rangées de dents ; il a le front large & ridé , les yeux ronds, grands & forts rouges j il a deux giandes nageoires qui commencent à coih des ouies : fa chair eft blanche , ferme , graffe , nourrilTante &; de bon goût. Ce poilTon ne mord point à l'hameçon dans les mers de l'Amérique ; il ne fe pèche qu'au filet, tandis qu'il ne fe prend qu'à l'hameçon fur les parages de la Côte d'Or en Afrique. Le poifTon lune d'Amérique a également la peau blanchâtre & un petit moignon de queue : il a depuis fix jufqu'à huit pouces de diamètre , 6c un pouce ou environ d'épaifleur. De quelque manière qu'on accommode ces poifTons , ou bouillis ou frits ou rôtis j ils font toujours , dit Labat , très -bons 6c très -faciles à digérer. Les poiflons lunes différent des poi//o/2j'û/7?^rrej en ce qu'ils ont fur le dos & fous le ventre deux grandes mouftaches, qui femblent repréfenter une lune en croiflant. Redi fait aulTi mention d'une autre efpece de poifTon de mer appelle éga- lement lune , dont Jonjlon , Aldrovande j Rondelet ôc Silvien ont parlé. La lune dont Redi a donné la defcription pefoit cent livres j elle lui avoir été donnée en 1 574 , par le Grand Duc Cofme III. Ce poiiTon étoit tout coa- vert d'une peau inégale & rude comme celle des poiflons cartilagineux :il n'avoit que quatre nageoires, mais revêtues de cette même peau rude : la bouche étoit d'une petitelTe extrême à proportion de la grandeur énorme du corps : les trous des ouies étoient au nombre de deux : au fond de chacun de ces trous étoient quatre grandes ouies Se une petite : on remarquoit fur le devant de la mâchoire fupérieure un os tranchant fait en demi - cercle , auquel répondoit un os femblable dans la mâchoire inférieure : ces deux os lui tenoient lieu de dents : l'entrée de la gorge étoit tapiflée d'un granîl nombre de piquans longs , aigus , recourbés &c très - durs. Redi ajoute qu'il trouva tout l'eftomac & les inteftins remplis d'une efpece de bouillie blan- che , qui contcnoit des vers brunâtres &c à queue fourchue. Voyez Collcëi^ Acad lom, IF j part Etrang.p.^ij, LU? - . ^97 On appelle ce poiiïon mole : on dit qu'il gronde comme un cochon quand «ai le prend. Sa chair eft blanche , ncrveufe Se grafle. LUPASSON. F'oye'^ à l'article Loup de mer vulgaire, LUPERE , luperus. Infede coléoptere , dont les antennes filiformes ant les articles alongés , & d'une égale grofleur , tant à leur bafe qu'à leur extrémité. Son corcelet eft un peu applati , & garni d'un rebord: ia démarche eft 'lourde àc lente : £a larve qui mange les feuilles de l'orme eft aftez groiïe & ovale. LUPIN , lupinus. Genre de plante à fleur légumineufe. M. de Tournefort en compte dix -fept efpeces , toutes agréables par la variété de leurs fleurs &c de leurs graines. Nous ne décrirons ici que l'efpece la plus commune , celle dont on fait ufage & qui a les fleurs blanches , lupinus fativus flore albo. C'eft une plante que l'on cultive dans les pays méridionaux de la France : fa racine eft ordinairement unique, ligneufe &: fibrée : ellepoufle une tige haute de deux pieds , ronde , droite , velue , rameufe , de couleur verte , jaunâtre & moelleufe : après que les fleurs placées au fora- iiiet de cette tige font féchées , il s'élève trois rameaux au deflous : {q% feuilles font en éventail ou en main ouverte , digitées , c'eft - à - dire , r-éunies à l'extrémité d'un pédicule commun au nombre de fept ou huit, oblongues, plus larges à leur extrémité , verdâtres &: velues en deflous: les fegmens de la feuille s'approchent & fe reflerrent au coucher du foleil , &: de plus ils s'inclinent vers la queue & fe réfléchiflènt vers la terre : les fleurs font légumineufes & rangées en épi au fommet des tiges ; il leur fuccede des gonfles épaifles , larges , applaties ; longues de trois pouces environ , jointes pluiieurs enfemble , renfermant cinq ou fix graines aflez grandes, orbiculaires , un peu anguleufes & applaties, kfquelles renferment une plantule fort apparente , & font un peu creu- fées en nombril du coté qu'elles tiennent à la goufle , blanchâtres en dehors , jaunâtres en dedans & fort ameres. On cultive les lupins en Efpagne , en Portugal & notamment en Tofcane , pour fervir de nourriture au peuple ôr pour engraifler les terres. 0\\ les employoit déjà au même ufage du temps de Pline , qui les vante comme un excellent fumier pour engraifler les champs &: vigno- bles. M, Bourgeois rapporte que les Savoyards ne cultivent les lentilles uniquement que pour fertilifer leurs terrains : dès que cette plante eft parvenue à la hauteur d'un pied , on la fauche &: on l'enterre avec la charrue pour la faire pourrir. Cet engrais procure, dit- on, de très- Torne 1 1 If T 1 1 c 6^^ L U R L U Z bonnes récoltes. On feme en Angleterre les lentilles parmi les panais pour la nourriture du bétail. A l'égard des graines feches , on les fait tremper dans l'eau chaude pour leur ôter leur amertume. Du temps de Galien la graine de lupins étoit une nourriture quoti- dienne fur les tables j après leur avoir fait perdre leur faveur amere , on les mangeoit au fel & au vinaigre \ mais les Médecins modernes depuis Hqffman , regardent l'ufage interne des lupins comme^^dangereux , parce qu'ils font une nourriture d'un fuc groflier, très - difficile à digérer , &c. cependant s'il y a tant de danger à ufer des lupins , comment fe peut- il faire que les Qrecs en mangeaiïent fi fouvent ? Protogene , travaillant a ce chef-d'œuvre du Jalyfe, pour l'amour duquel De/;2em:^j manqua depuis de prendre Rhodes , ne voulut pendant long- temps fe nourrir que de lupins fimplement apprêtés , afin d'être maître de fon imagination , & de donner de la vivacité à fes ouvrages. On ne confeilleroit pas le régime du lupin aux Artiftes de nos jours , mais on doit louer le prin- cipe qui guidoit le rival A'Apelle &c l'ami à^AriJiote. Ainfi les lupins font au jugement de la Médecine aduelle dans le même cas que les len- tilles. Voye^^ cet article. Quoi qu'il en foit , les lupins font du nombre des excellens remèdes emplaftiques : leur décodlion convient pour fomenter la peau lorfqu elle eft attaquée de dartres , teigne , gale , gratelle , &c.^ elle eft une des ouatre farines réfolutives , qui font celles à^orge , de fèves , à'orobe dc de lupins , auxquelles cependant on fubftitue , félon la volonté, celles de froment y defeigle , ào fenugrec & de lin. Voyez ces mots. LURUS , eft un magnifique ferpent de l'Amérique, que les Infulaires ont nommé ainfi , parce qu'il eft tout couvert de bandelettes de diverfes couleurs artiftement tiftlies :fa tête eft joliment peinte & entourée d'iln collier rouge : les bandes les plus belles font d'un rouge corallin , tiqueté de nœuds couleur de ponceau : il a des écailles paillées en forme de réfeau , tiquetées d'un bleu mourant : le ventre eft marqueté de points rouges. Vovez Séba Thef. II. Tab. 54. n. 1. LUSTRE, ^oye^ Girandolle d'êau. LUZERNE, medica. Il y a plufieurs efpeces de luzerne , mais nous allons parler préférablement de celle que l'on cultive pour le bétail , de que l'on appelle quelquefois trèfle ou foin de Bourgogne. Cette efpece produit de groftes & vigoureufes racines qui pivotent profondément eiî terre , & qui font très - vivaces. Ces racines donnent nailïance à une tête «3*où partent plufieurs tiges hautes de deux pieds &: demtou trois pieds , &:qui deviennent plus ou moins grolTes Ssii' nombreufes fuivantla naturer du terrain. Les rameaux foutiennent plufieurs feuilles compofées de trois folioles difpofées en trèfle. Vers le fommet des épis paroiffent des fleurs légumineufes violettes ou purpurines , auxquelles fuccedent des fdiques contournées en fpiraTe , qui contiennent des femences qui ont la figure d'un rein ; toute la plante a un léger goût de crelTon. Sa racine eft com- pofée défibres très - fines , qui fe féparent lorfqu'on les fait bouillir dans l'eau. L'on peut en faire des brofl^es très - douces pour nétoyer les dents I/eau chaude & le miel font perdre le mauvais goût de la racine. La luzerne eft une de ces plantes avec lefquelles on peut former des prairies artificielles j fa verdure fraîche &: riante décore nos prairies , elle eft d'une grande utilité par l'abondance de la nourriture qu'elle fournit aux beftiaux. Cette plante fe reproduit uniquement de femence \ on choifit celle qui a bien mûri , foit fur pied, foit au fec dans fes filiques j il faut qu^elle n'ait pas plus d'un an lorfqu'on lafeme. On doit la femer dans une terre bien préparée par les labours , &: bien herfée pour la débarrafl^er de toutes les herbes étrangères qui pour- roient lui nuire. Les lieux dans lefquels elle fe plaît davantage , font les terrains gras , légers èc qui ont beaucoup de fonds : elle ne réufllt pas dans les terres feches & arides. Dans les provinces méridionales du Royaume on peut femer la luzerne en automne , parce que comme on n'y a point à craindre de grandes gelées d'hiver , cette plante profite de l'hu- midité de cette faifon pour étendre fes racines : mais dans nos provinces il vaut mieux ne la femer que dans le mois de Mars. On répand une livre de graine de luzerne &: même moins par perche quarrée , la perche étant c gai : fon urine ne fait pas des pierres précieufes , mais feulement il la recouvre de terre, comme font les chats, auxquels ils reftemblent beau- coup , &: dont il a les mœurs & même la propriété. 11 n'a rien du loup qu'une efpece d'hurlement qui, fe faifant entendre de loin , a dû tromper les Chafteurs, & leur faire croire qu'ils entendoient un loup. Cela feul a peut-être fuffi pour lui faire donner le nom de loup , auquel , pour le diftinguer du vrai loup , les ChafiTeurs auront ajouté l'épithete de cervier (iupui cervarius) ^ parce qu'il attaque les cerfs, ou plutôt parce que fa peau eft variée de taches , à-peu-près comme celles des jeunes cerfs , lorf- qu'ils ont la livrée. Le lynx eft communément de la grandeur d*un renard. Il diffère de la. panihere & de Vonce par les caraderes fuivans : il a le poil plus long , les taches moins vives & mal terminées : les oreilles bien plus grandes , êc furmontées à leur extrémité d'un pinceau de poils noirs j la queue beaucoup plus courte ôc noire à l'extrémité j le tour des yeux blancs , êc l'air de la face plus agréable Se moins féroce. La robe du mâle eft mieux marquée que celle de la femelle : il a les pieds divifés comme las lions , de la langue couverte de pointes. 11 ne court pas de fuite, comme le loup : il marche ôc faute comme le chat : il vit de charte , Se pourfuit fon gibier jufque fur la cime des arbres. Les chats fauvages , les martes, les hermines, les écureuils ne peuvent lui échapper : il faifît les oifeaux ; il attend les cerfs , les chevreuils , les lièvres au partage , Se s'élance deftiis j il les prend à la gorge . Se lorfqu'il s'eft rendu maître de fa vidime , il en fuce le fang , Se il lui ouvre la tête pour manger la cervelle j après quoi fouvent il l'abandonne pout chercher une autre 701 L Y R LYS proie. Tel eft le lynx qui fe voyoît vivant il y a deux ans dans la ména- gerie de Chantilly , & qui eft actuellement confervé dans le cabiner du Prince. Les lynx, appelles loups-cervlers du Nord ^ à peau tachetée, fe trou- vent dans le Nord de l'Allemagne , en Mofcovie , en Sibérie , au Canada , & dans les autres parties Septentrionales de l'un & de l'autre Continent. On fait avec les peaux de loups-cerviers de très-belles fourrures, qui font beaucoup d'ufage dans le commerce. Les plus belles peaux de lynx vien- nent de Sibérie, fous le nom de loup-cervîer , ôc de Canada fous celui de chat'Cervier, parceque ces animaux étant,comme les autres,plus petits dans le nouveau que dans l'ancien Continent , on les a comparés au loup , pour la grandeur en Europe , & au chat fauvage en Amérique. Cet ani- mal qui , comme l'on voit , habite les climats froids plus volontiers que les pays tempérés , eft du nombre de ceux qui ont pu paflTer du Conti- nent à l'autre par les terres du Nord ; auflî l'a-t-on trouvé dans l'Amé- rique feptentrionale : c'eft la même figure , le même naturel j il ne dif- fère que pour la grandeur & la couleur. Le poil des loups-cerviers change de couleur fuivant les climats & la faifon j les fourrures d'hiver font plus belles, meilleures & mieux fournies que celles de l'été ; leur chair ,' comme celle de tous les animaux de proie , n'eft pas bonne a manger. Par cette defcription du loup-cervier , autrement lynx , on voit que cet animal n'eft point le chaos ni le thos dont les Anciens ont parlé, & qui font des animaux foibles , timides &: de la clafiTe ^qs petites bêtes. M. Perrault a donné la defcription anatomique du loup - cervier. Voyez le Tome III, des Mémoires de l'Académie des Sciences ^ Partie I. LYRE ( poifiTon). Foye:;ç_ Harpe. LYRE DE DAVID, lyra Davidis ^ eft un coquillage univalve de la famille des tonnes : c'eft une efpece de harpe. Voyez ces mots. LYS ou LIS , lilium. C'eft une plante qui ne diffère des joncs qu'era ce que leur racine n'eft point traçante , & que les feuilles de leur calice qui eft fermé en forme de cloche , ont communément à leur origine in- térieure un fillon. Tous les lis ont trois ftigmates. Tournefort donne qua- rante fix efpeces â ce genre de plantes. Le Lis BLAMc , lilium album vulgare , eft une de ces plantes que Ton cultive dans nos jardins , &: qui en font dans le mois de Juin un Aqs plus beaux ornemcns par la beauté & par l'odeur exquife de ^Qi fleurs. LYS 705 dont l'éclat & la blancheur font le fymbole de l'innocence. On dit que cette fleur eft originaire de Syrie. Il s'élève de fa racine , qui eft bul- beufe, une tige cylindrique qui croît aiïez haut, ôc qui foutient plu- fieurs fleurs d'une blancheur admirable , odorantes , compofées de flx pétales. ( cette fleur s'élève avec grâce Se noblefle j elle paroît dans une faifon où la rofe l'œillet, le chèvrefeuille femblent lui difputer le prjx de la beauté &c la douceur du parfum ). Aux fleurs fuccedent des fruits ob- longs , à trois angles , remplis de femences. On emploie fes fleurs &c fes oignons pour l'ufage de la Médecine. On a obfervé que les fleurs ôc les feuilles du lis commun étant paflees , le bas des tiges de cette plante fe charge de petits oignons qui , mis en terre , deviennent femblables aux oignons primitifs de cette plante. Le lis ne porte pas toujours des fruits : pour en avoir il faut quelquefois couper les tiges lorfque les fleurs com- mencent à fe pafler , 8c fufpendre cqs trges au plancher d'un lieu un peu frais. Il y a encore plufleurs autres efpeces de lis ; favoir , les Hs blancs à Jleurs doubles , qui font en quelque forte inférieurs aux lis Amples , dont la fleur eft: toujours parfaite ; au lieu que celles des lis à fleurs doubles ne font qu'à demi-formées. Le lis blanc panaché efl: des plus beaux par Çqs feuilles joliment bordées de cramoifi : il fleurit en hiver , & il n'y a guère de fleurs qui le furpaflent pour la beauté. Les Us orangers , mêlés avec les blancs , font un bel effet dans les partetres. 1.Q lis rouge, furnommé de S, Jean, eft admirable par fa belle couleur de feu. Le Us de Genefé ou de S» Jacques ejft d'un beau pourpre nuancé , de l'éclat de l'or. On le re- garde comme la reine des fleurs. Les fleurs de lis ont une vertu anodine : on ne les emploie qu'à Texte* rieur , & très-rarement à l'intérieur \ on s'en fert dans les décodions émol- lientes. On prépare une huile de lis , oleum lirinum aut lilionim , en faifant infufer des fleurs de lis que l'on n'y laifle que deux ou trois jours : & enfuiteon enfubftitue d'autres, parce qu'elles fe pourriroient fl on les y laiflbit plus long-temps. Cette huile , ainfi préparée au foleil , a une odeur très-agréable , & eft d'ufage dans les douleurs & les tumeiu-s : elle eft bonne dans le cas où il faut faire digérer ou mûrir , & peut être ajoutée aux cataplafmes cmolliens & maturatifs. Les fleurs de lis confervées dans de l'eau-de-vie & appliquées fur les plaies enflammées, produifent auflî de très -bons effets. ^ L'eau odorante que l'on retire è,e% fleurs de lis à la chaleur du bain- 704 LYS marie , eft d'ufage pour embellir la peau , relefet le teînt tendre ^ dé- licat des jeunes filles, ôc leur enlever les taches du vifage, fur-tout fi on y mêle un peu de fel de tartre. M, Bourgeois a obfervé que l'eau dif- tillée des fleurs de lis eft un fpécifique dont on ne fauroit aficz vanter la vertu dans la fupprefllon des lochies des femmes en couches. L'oignon de lis appliqué à l'extédeul' eft un des principaux remèdes pour amollir , conduire à maturité ôc faire fuppurer. M. Bourgeois dit qu'il eft auflî très-efficace dans les lavemens : c'eft , félon ce Doéleur , un d^s plus grands anodins & adoucifians dans les coliques de toute efpece. LYS ASPHODELE , lilio - afphodelus. Plante dont les fleurs font jau- nes , mais femblables pour la figure ôc l'odeur à celles du lis. Ses racines font glanduleufes ou en petits navets, comme celles de Vafphodde. Voyez ce mot. Ce lis eft émollient. LYS D'ÉTANG. Foyei Nénuphar. LYS JACINTHE , lilio-hyacinthus vulgaris. Sa fleur eft bleue ou vio- lette 5 & approche de celle de la jacinthe. On cultive cette plante dans lea jardins. LYS DE KAMTSCHATCKA. Voyei à t article Saranne. LYS NARCISSE, ou Colchique jaune ou Narcisse d'automne ^ iilio-narciffus , colchicum luteum majus. Ses feuilles font répandues à terre ^ vertes àc lifles. Ses fleurs font jaunes : fa racine eft bulbeufe &: noirâtre. Cette plante qui tient du lis & du narcifle, croît aux pays chauds, fur les montagnes & dans les prés, LYS ou LIS DE PIERRE, Voyez Lilium lapideum. LYS DE SAINT-BRUNO , liliajîrum Alpinum. Ses feuilles font lon- gues , étroites &; creufes. Ses fleurs font aflez blanches & odorantes , fem- blables à celles du lis ordinaire. Ses racines font glanduleufes & fibreufes. Cette plante croît fur les Alpes &: à la grande Chartreufe , près la Cha- pelle de S. Bruno. Ce lis eft carminatif & diurétique. LYS DES VALLEES , lilium convalUum album. Voye-;^ Muguet. LYSIMACHIE JAUNE , lyjimachia lutea major. C'eft la Chassebosse. La Lysimachie jaune cornue eft une efpece é^onagra : la Lysimachis ROUGE , une efpece 4e falicaire : la Lysimachie bleue , une efpece de yéronique^ fin du Tome ///, DE L'IMPRIMERIE DE D 1 D 0 T. 1775. "IkMt^ » w i I f \ % h ■m. ■'^f.À ^, '■' p^ ki.>>V M? ¥ >^ ,-«ki^--- •^ ^iv^^^