DICTIONNAIRE

RAISONNÉ j UNIVERSEL

D’HISTOIRE NATURELLE

TOME SEPTIEME.

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DICTIONNAIRE

RAISONNÉ , UNIVERSEL

D’HISTOIRE NATURELLE»

CONTENANT

L’Histoire des Animaux, des Végétaux et des Minéraux , et celle des Corps célestes , des Météores , et des autres principaux Phénomènes de la Nature;

AVEC

L’Histoire des trois Régnés , et le détail des usages leurs productions dans la Médecine, dans l’Économie domestique et champêtre , et dans les Arts et Métiers ;

U rit Table concordante des Noms Latins , et le renvoi aux objets mentionnés dans cet Ouvrage.

Par Valmont-Bomare , Professeur d’Histoire Naturelle à l’École centrale de Paris.

Nouvelle Édition d'après la quatrième revue et considé¬ rablement augmentée par l’Auteur.

TOME SEPTIEME.

A LYON,

Chez BRUYSET aîné et C.®

An VIII =3 1800.

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DICTIONNAIRE

RAISONNÉ

D’HISTOIRE NATURELLE.

H O A

Hoamy. Nom que les Chinois donnent à une espece àe grive , un peu moins grosse que celle appelée mauvis z tout le plumage est d’un brun- roussâtre au-dessus du corps ; et en dessous , d’un roux clair : il y a un trait blanc sur chaque œil ; le bec , les pieds et les ongles sont jaunâtres.

HOATCHE. Terre bolaire , très-blanche, dont les Chinois font une porcelaine plus rare chez eux , que celle qui est faite avec le kaolin et le pctun-tse ; Voyez ces mots . Les Médecins Chinois ordonnent , dans certains cas, le hoatche; de même que les nôtres ordonnent les terres bolaires.

HOAZÏ.N ou Hoatzxn , ou Faisan huppé de Cayenne , pL enL 337. C’est tehocco brun du Mexique 9 de M. Brisson . Cet oiseau , qui se trouve aussi à la Guiane , est de la grosseur d’une poule domestique; son bec est un peu courbé à sa pointe ^ gros, raccourci et très-large à sa base ; sa poitrine est d’un blanc- jaunâtre ; ses ailes et sa queue sont marquées de taches ou raies blanches , à un pouce de distance les unes des autres ; sa queue est longue et large , comme celle des hoccos ; le dos , le dessus du cou , les côtés de la tête sont d’un fauve-brun ? aVec quelques traits Tome VIL - A

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grisâtres sur Pavant du corps ; le plumage inférieur est d’un blanc-roussâtre le bec et les pieds sont de couleur grise obscure ; sa tête est ornée d’une huppe ou aigrette composée de plumes effilées ; les plus longues sont près de l’occiput , elles ont plus de deux pouces ; le reste de F aigrette , dont le total est recourbé en devant , va en décroissant jusqu’à la base du bec ; les plus courtes et les moyennes sont roussâtres : les plus longues sont d’un roux pâle dans leur milieu , et bordées de noirâtre de chaque côté. Cette huppe est plus haute que celle des hoccos , et il ne par oit pas que l'oiseau puisse la baisser ou la lever à son gré. Le hoa^ln habite ordinairement les grandes forêts 9 se perche sur les arbres le long des eaux pour guetter et surprendre les serpens dont il se nourrit : sa voix est forte , c’est moins un cri qu’un hurlement ; on dit qu’il prononce son nom {hoatqin) d’un ton lugubre et effrayant ; ce qui le fait passer parmi les Indiens pour un oiseau de mauvais augure* On le voit au Mexique , et il y est un peu plus gros* Quelques Auteurs soupçonnent que c’est un oiseau de passage.

HOBEREAU ou Haubreau 5 pL ml 432 , en latin ^ Dendro-falco . C’est après l’émérillon le plus petit des oiseaux de proie diurnes et de leurre , dont on se sert en Fauconnerie pour prendre les petits oiseaux* Le hobereau est un peu plus petit que Yépervier : il en a les caractères et est du même genre ; le plumage supé^ rieur est brun : il y a deux petites bandes sur les côtés de la tête ; F une horizontale et d\in blanc sale 9 au-dessus de l’œil ; l’autre oblique ÿ brune et placée au-dessous de l’œil la gorge et le devant du cou sont blancs ; le dessous dn corps est antérieurement moticheté. de larges traits bruns , sur un fond blan¬ châtre ; le* reste du ventre , les cuisses et la queue sont bruns ; î’irïs est jaune ; le bec , bleuâtre ; les pieds sont jaunes, et les ongles , noirs. Le hobereau est lâche 9 et à moins qu’il ne soit dressé , il ne prend que les alouettes et les cailles ; mais , dit M. de Buffbn il sait compenser ce défaut de courage et d’ardeur par son industrie ; dès qu’il apperçoit un chasseur et son chien , il les suit d’assez près ou plane au-dessus de leur tête P

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tache de saisir les petits oiseaux qui s’élèvent devant eux ; si le chien fait lever une alouette , une caille £ et que le chasseur la manque , le hobereau qui est aux aguets , ne la manque pas. 11 a l’air de ne pas craindre le bruit , et de ne pas connoître l’effet des armes à feu ; car il s’approche très-près du chasseur qui le tue souvent lorsqu’il ravit sa proie. Il fréquente les plaines voisines des bois , et sur-tout celles les alouettes abondent ; il en détruit un très-grand nombre * et elles connoissent si bien ce dangereux ennemi , que saisies d’effroi, dès qu’elles l’apperçoivent , elles se précipitent du haut des airs pour se blottir et se ca¬ cher sous l’herbe ou dans les buissons. C’est la seule maniéré dont elles puissent échapper ; car quoique ï’alouette s'élève beaucoup , le hobereau vole encore plus haut qu’elle : il demeure et niche dans les forêts , il se perche sur les arbres les plus élevés. Le hobereau peut être dressé au leürre : il se porte sur le poing ^ découvert et sans chaperon : on en fait un grand usage 9 en fauconnerie , pour voler les perdrix et les cailles. Dans quelques-unes de nos provinces on donne nom de hobereau aux petits Seigneurs qui tyrannisent leurs paysans , et plus particuliérement au Gentil¬ homme à lievre qui va chasser chez ses voisins sans en être prié , et qui chasse moins pour son plaisir que pour son profit. On connoît une variété du hobereau-^ représentée pl. crû. 43 1 son plumage est gris ; la queue , noire et sans rayure.

HOBUS : Voyei à V article M.YROBOLAN.

HOCHE-PXED ou Hausse-pîed. Nom qu’on donne; en Fauconnerie , à l’oiseau qu’on lâche seul après héron pour le faire monter.

HOCHE-QUEUE ou Hausse-queue : Voyei La¬ vandière.

On a donné aussi le nom de hoche- queue à un poisson des Indes Orientales , parce qu’il remue toujours la queue , comme Tôiseau qui porte ce nom. Ce poisson se trouve prôche d’Amboiné * dans l’endroit qu’on appelle golfe de Portugal : le mâle suit touj ours la femelle | l’un et l’autre sont d’un bleu clair.

HOCHICÀT. M. de Bufon donne , par contrac-* tien 3 ce nom au toucan yen du Mexique , de M. Brissonl

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et que les Naturels de cette vaste région nomment xochitenacatl . Cet oiseau vit sur les bords de la mer0 Voyei r article Toucan.

HOCISÂNA. C’est la grande pie du Mexique , de M. Brisson : tout son plumage est noir , mais nué de bleu sur le corps.

HOCOS ou Ocos ou Hocco , Crax y Linn. On appelle ainsi des oiseaux qui vivent dans les bois des contrées méridionales de l’Amérique , et qui semblent exprimer, par leurs cris, les deux syllabes qui compo¬ sent leur nom ; ils ont quatre doigts; trois , devant ; un , derrière ; tous séparés environ jusqu’à leur origine»

Les hoccos ont le bec et les pieds des gallinacées ; mais leur bec est plus gros, plus conique , et il est çouvert en dessus, à sa base , d’une peau nue et épaisse , comme dans la plupart des oiseaux de proie ; il n’y a point d’ergot au pied ; les jambes sont cou¬ vertes de plumes jusqu’au talon.

C’est donc à tort qu’on a rapporté Yhocco au genre des Dindons ou des Faisans , il n’a point les caractères propres à ces deux. especes d’oiseaux: il a la tête grosse , au lieu que le dindon Fa petite; il a le cou renfoncé , l’un et l’autre garnis de plumes ; sur la base du bec du mâle est un tubercule rond , dur et presque osseux ; et sur le sommet de la tête , une huppe plus .ou moins ample , qui paroît propre à cet oiseau et qu’il baisse et redresse à son gré ; cette huppe est composée de plumes étroites à leur origine , plus larges à leur extrémité , élégamment frisées oit confpiv niées à peu près comme la lettre S , en sorte qu’elles se renversent à leur origine en arriéré , et qu’à leur extrémité elles se réfléchissent en devant , corollâ pen - naceâ revolutâ , dit Linnæus ; la queue est horizontale , fort longue , très-ample , aplatie ; les pennes en sont fort larges , sur-tout à leur extrémité , .et l’on, ne dit point que le hocco releve les pennes de la queue pour faire la roue ; les ailes sont courtes et n’atteign&nt guère , étant pliées , qu’à l’origine de la queue. Le hocco n’a point le caractère sauvage et inquiet du faisan ; il ne témoigne point d’horreur pour la cap¬ tivité; : son instinct n’est ni défiant ni ombrageux ; au contraire ; c’est un oiseau paisible et même stupide

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qui ne voit point le danger i ou du moins qui ne fait rien pour d’éviter ; il semble , dit M. de Buffon , s’ou- bliër lui-même , et s’intéresser à peine à sa propre existence. M. Aublet , étant à la Guiarie , en a tué jusqu’à neuf de la même bande , avec le même fusil , qu’il rechargea autant de fois qu’il fut nécessaire. On, conçoit bien que de telles dispositions annoncent un oiseau sociable ; et Ton a observé dans la Ménagerie > de Chantilly , qu’il s’accommode sans peine avec les autres oiseaux domestiques 9 tels que les pigeons , etc., et qu’il s’apprivoise aisément. Le hocco , pris jeune et apprivoisé , s’il n’est pas détenu , s’écarte de la maison pendant le jour et va même fort loin ; mais il revient toujours- le. soir pour y coucher : et M. Auhkt assure qu’il devient familier au point de venir heurter à la porte avec son bec , pour se faire ouvrir ; de tirer les domestiques par l’habit , lorsqu’ils l’oublient ; de suivre son maître par-tout , et s’il en est empêché^, de l’attendre avec inquiétude, et de lui donner , à son retour , des marques de la joie la plus vive. La dé¬ marche du hocco est fiere ; il se nourrit de graines 9 de baies et d’insectes : il ne paroît pas que ces oiseaux aient , jusqu’à présent , multiplié dans l’état de domestU cité , transportés en Europe ; cependant ce serait une acquisition importante : la plupart des hoccos ne sont pas moins gros que le dindon , et leur chair n’est ni moins agréable ni d’un moins bon usage ; elle est blanche. *

Nous avons déjà dit que cet oiseau , ainsi que ses diverses especes , appartiennent aux pays chauds du Nouveau Continent. M. de Buffon comprend , sous Pespece du hocco , le mi tou , le mitou-pouranga de Marcgràve , le coq Indien de Messieurs de l’Académie des Sciences , le mutu , le moytou de Laet et de Lery ; le temocholi des Mexiquàins , leur tepetotolt ou oiseau , de montagne ; le quirkyio ou curasso de la Jamaïque ; le pocs de Frisch ; la poule rouge du Pérou , d’ Albin ; le caxolissi de Fernande le seizième faisan de M. Brisson . M. de Buffon se fonde sur ce que cette multitude de n oms désigne des oiseaux qui ont beaucoup de qualités communes , et qui ne different entr’eux que par la . distribution des couleurs , par quelque diversité dans

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la forme et les accessoires du bec , et par d’autres accidens qui peuvent varier dans la même espece , à raison de l’âge , du sexe , du climat , et sur-tout dans une espece aussi facile à apprivoiser que celle-ci , qui même l’a été en plusieurs cantons , et qui par consé¬ quent doit participer aux variétés auxquelles les oiseadx domestiques sont si sujets. Enfin , M. de Bujfon rapporte aux hoccos , neuf especes, qui sont : î.° Le hocco , proprement dit. 2.0 Le pauxi ; ( c’est hocco du Mexique , de M. Bris son. ) 3.0 Uhoa^in. 4.0 ldyacou. 5.0 Le marail. 6.° Le caracara des Antilles. 7.0 Le ehacamel . 8.° Le parraka . 9.° Le hoitlaîlolt . Voyez, chacun de ces mots e

Le hocco proprement dit , est le hocco , faisan de 'la Guianc , des pl. enl. 86 ; le hocco de la Guiane , de M. Brisson ; le coq Indien de Yffist. de F Acad. tom. lîï % fart. 1 , pag . $23 , pl. 33 : il est de la grosseur d’un dindon ; sa longueur totale est de deux pieds dix pouces ; tout son plumage est d’un noir lustré , excepté le bas ventre , le dessous de la queue et le derrière des cuisses , qui sont blancs ; le bec est ou noirâtre ou d’un cendré clair , selon les individus ; la peau de la base du bec est ou jaune ou rousse : quelques individus ont la poitrine et le ventre rayés de quel¬ ques traits blancs , et transversalement ; les pieds et les ongles sont d’un gris-cendré. On distingue trois autres hoccos , et qui ne paroissent être que des va¬ riétés de Fespece précédente ; savoir , i.° Le hocco du Brésil , de M. Brisson : il est moins grand de trois pouces que le précédent ; le bas du ventre et le dessous de la queue sont bruns ; il y a une tache formée par une peau blanche derrière les oreilles ; on l’appelle aussi hocco du Para . 2.0 Le hocco de Curas s ow , de M. Brisson ; il est un peu plus grand que le hocco pro¬ prement dit ; le bout de la huppe est blanc dans le mâle , qui a , sur le bec , un tubercule arrondi , de la grosseur d’une cerise , et d’une belle couleur jaune. On a vu cette espece , dans la Ménagerie de Chantilly. 3.0 Le hocco du Pérou , de M. Brisson , pl. enl. 12Ç : sa huppe est blanche , terminée de noir ; le haut du cou et la tête sont d’un cendré foncé ; le reste du plwn&ge est de couleur fauve ? ondé de lignes, transe

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versales noirâtres , et disposées en zigzag ; ses œufs sont blancs et gros comme ceux du dindon.

HOCTL C’est le héron huppé , qui trouve sur le lac du Mexique : les Naturels du pays l’appellent , dans leur langue , hoactli ou toloacdt : sa huppe est noire ; le plumage supérieur est d’un noir chatoyant le vert ; l’inférieur est blanc ; l’iris est jaune; les paupières sont rouges ; le bec est noir , mais jaunâtre sur les côtés ; les jambes et les pieds sont jaunâtres ; sa femelle s’appelle hoactou ; elle fait son nid dans les roseaux ; leur voix est très -jforte.

HQHQU. C’est le héron cendré , qui paroi t de temps à autre sur le lac du Mexique.' Voye% Xoxouqui- Hoactli.

HOITLALLOTL. Cet oiseau qui est désigné par Fernande^ , habite les contrées les plus chaudes du Mexique ; sa longueur est de dix -huit pouces ; son plumage est d’un blanc tirant sur le fauve ; il a la queue longue 9 d’un vert changeant et à reflets brillans : ses ailes sont courtes ; son vol est pesant ; néanmoins il devance à la course les chevaux les plus vîtes : de quel genre est cet oiseau ?

HOITZILAZT ATL. Voye{ Zilàtat. HOITZITZILTOTOTL. Voyei Zitzil.

HOiTZLACüÀTZIN , est le nom Mexiquain du coëndou . Voyez ce mot .

HOKI-HÀO , en Chine est le nom de la colle de peau d'âne. Voyez à l'article Ane.

MOLLI ou Ullï. Les Indiens donnent ce nom à une espece de liqueur résineuse d’un brun - noirâtre , qui découle par les incisions qu’ils font à un arbre appelé ckllli ou holquahuylt , qui croît au Mexique ; son tronc est léger et moelleux , de couleur fauve : sa fleur est large , blanche , rougeâtre et étoilée : son fruit a la figure d’une aveline , et est d’un goût amer. La liqueur holli est employée dans la composition du chocolat des Indiens : elle est cordiale , stomachique, et propre à arrêter le cours de ventre.

HOLOTHURIES , Holothuries . Especes de corps marins informes de l’ordre des Mollusques , qu’on a mis parmi les ^ oophytes ou plantes - animaux ; corps qu’on ne mange point , et que la mer jette avec des

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ordures sur le rivage. On en distingue plusieurs sortes ÿ les unes ne sont point attachées aux rochers , maiè elles sont adhérentes à la vase , et couvertes d’un cuir dur : elles sont plates , et de la figure d’une rose ; il y a tout autour de petits trous. De cet endroit pend une petite excroissance molle ; l’autre bout est plus menu ; en dedans , toutes les parties sont confuses : ce zoophite sent mauvais.

La seconde espece se trouve dans les ordures que la mer jette sur le bord du rivage : sa peau est dure et âpre ; on en peut mieux distinguer les parties in¬ térieures : à un bout , il semble qu’il y ait une tête ronde et un trou , qu’on peut prendre pour une bouche ronde et ridée , qui s’ouvre et se serre ; après quoi on trouve en corps assez gros , plein d’aiguillons , et qui finit en pointe : c’est comme une queue qui a de chaque côté un pied ou une aile. L’aile de dessus est plus étroite , découpée à l’entour , et finissant en pointe; depuis le haut de cette aile jusqu’à la pointe , il y a un trait : l’autre aile est plus large par-tout ; c’est par 3e moyen de ces ailes que ce zoophite paroît se remuer.

On parle beaucoup d’une espece d 'holothurie des Indes 5 qu’on ne peut toucher sans se sentir la main violemment enflammée : le remede est d’y appliquer promptement de l’ail pilé , sans quoi cette ardeur va jusqu’à donner la fievre. Malgré la propriété singulière de cette sorte d’ holothurie , des Indiens en laissent ma¬ cérer quelque temps dans leurs liqueurs pour les rendre plus piquantes ; mais ils sont sujets à avoir des ma¬ ladies éphémères 5 toutes les fois qu’ils en boivent': Voyei Zoophite.

HOMARD ou Hommàrd. Voye^ à F article Ecre¬ visse.

HOMME , Homo. C’est un être qui sent 9 réfléchit , pense , invente , travaille 5 qui va et vient à7 volonté sur la terre , qui communique sa pensée par la pa¬ role , et qui paroît être à la tête de tous les animaux, sur lesquels il domine ; il surpasse en dignité tous les êtres matériels ? par le rayon de la Divinité qui l’anime et qui l’éclaire : il vit moins solitaire qu’en société ? et suivant les lois qu’il s’est faites. Nous

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ne parlerons que très-peu de F homme moral : nous con¬ sidérerons Yhomme physique relativement à FHistoire Naturelle.

Les Anatomistes ont beaucoup étudié la partie ma¬ térielle de Y homme, 9 et son organisation qui le range parmi les animaux.' A suivre et à combiner le détail des parties extérieures de Yhomme , voyant qu’il a du poil sur quelques parties du corps ; qu’il peut marcher sur ses deux mains et sur ses deux pieds à la fois 5 à la maniéré des quadrupèdes ; qu’il a une clavicule à chaque épaule 5 comme chez certains animaux quadrupèdes qui tiennent leur nourriture à leurs pattes ; que la femme met au monde des enfans vivans , et porte du lait dans ses mamelles : d’après ces rapports ? nous aurions le droit d’assigner le genre des humains dans la classe des animaux quadrupèdes vivipares ; mais cette condition de la méthode nous

Îaroîtroit fautive > trop arbitraire 9 trop étrange.

homme n’est pas quadrupède : il est non-seulement le seul des animaux qui se soutienne habituellement, et sans contrainte dans une situation droite et per¬ pendiculaire ( c’est-à-dire , le corps et la tête en ligne verticale sur ses jambes); dans cette attitude ma¬ jestueuse ? il peut voir le ciel et la terre , et changer de place : par une démarche noble et facile , il maintient l’équilibre de toutes les parties de son corps , et se transporte d’un lieu à l’autre avec différées degrés de vitesse (æ). h' homme est le seul être qui

(a) M. Daubenton ayant recherché et examiné les caractères de conformation qui distinguent Yhomme des animaux , les réduit à deux principaux. Le premier est dans la force des muscles des jambes qui soutiennent le corps en ligne verticale au-dessus d’elles. Le se¬ cond se trouve dans l’articulation de la tête avec le cou , par le ' milieu de sa base.

Nous sommes debout , nous inclinons notre corps , et nous mar¬ chons sans penser à la force qui nous soutient dans ces différentes situations. Cette force , dit M. Daubenton , réside principalement dans les muscles jumeaux et. soléaires , qui forment la plus grande partie du gras de la jambe. Leur travail se fait sentir , et leur mou¬ vement est apparent au dehors , lorsqu’étant debout nous inclinons notre corps et. le redressons successivement. Cette force n’est pas. moins grande lorsque Yhomme marche , même sur un plan hori¬ zontal. Le poids du corps est plus sensible lorsque nous montons 3

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ne soit pas vêtu par la Nature ; mais il est son chef-d’œuvre , il est le dernier ouvrage sorti des mains du souverain Artiste du monde 5 il est le

qtt’en descendant. Mais tous ces mouvemens sont naturels kVhomme . Au contraire , les animaux en sont incapables , ou ne les font qu’en partie , avec peine , et pour peu de temps , lorsqu’ils se sont dressés sur les pieds de derrière. Le gibbon et le jocko que l’on a aussi nommé orang-outang , sont des animaux dont la conformation dittete le moins de celle de Y homme ; ils ont moins de difficulté à se tenir debout que les autres brutes ; mais ils sont toujours gênés dans cette attitude , on voit qu’elle ne leur est pas naturelle ; en Word la cause. Le gibbon et le jocko n’ont />as les muscles de la partie postérieure de la jambe assez gros pour former un mollet comme dans f homme r par conséquent ces muscles ont moins de puissance ; ils ne sont pas assez forts pour soutenir les cuisses et le corps en ligne verticale , et pour les maintenir dans cette attitude. Voye\ Farde le Gibbon.

M. Daubenton a reconnu que les différentes maniérés dont la fête est articulée avec le cou , désignoient les attitudes les plus na¬ turelles à Yhomme et aux animaux. C’est sur les bords du grand trou de l’os occipital , placé à peu près au centre de la base du crâne d'e Yhomme y donnant issue à la substance médullaire pour passer dans îa colonne vertébrale , et fixant le lieu de l’articulation de la tête avec le cou , que sont placés les deux points par lesquels la partie osseuse de la tête touche à la première vertebre du cou » et sur lesquels se font facilement tous les mouvemens de la tête. Far son attitude naturelle , Yhomme ayant le corps et le cou dirigés verticalement , sa tête doit être placée en équilibre sur la colonne vertébrale : voilà le pivot , le point d’appui. Le visage est sur une ligne verticale , presque parallèle à celle du corps et du cou. Les mâchoires ne s’étendent guère plus en avant que le front , elles sont fort courtes en comparaison de celles de la plupart des animaux. '

Il n’y a aucun animal dont les jambes de derrière aient , comme celles de Yhomme y autant de longueur que le corps , le cou et la tête pris ensemble et mesurés depuis le sommet de la tête jusqu’au pubis.

Les principales pièces de la charpente du corps humain , sont h peu près les mêmes que celles du corps des animaux ; mais il y a , dit M. Daubenton , autant de différence dans l’assemblage et dans la forme des os , que dans l’attitude des quadrupèdes , compa¬ rée à celle de Yhomme. Supposons qu’un homme prenne l’attitude na¬ turelle aux quadrupèdes , et qu’il veuille marcher à l’aide de ses mains et de ses pieds , il sera dans un état contre nature ; les mouvemens des bras y des jambes , des pieds et de la tête , seront très-pénibles j et , malgré tous ses efforts , il ne pourra parvenir à avoir une dé¬ marche constante , et une allure soutenue. Les principaux obstacles «fu’ïî éprouvera , viendront de la conformation du bassin , des mains , des pieds et de la tête»

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roi ou le premier des animaux , un Monde en rac¬ courci 9 le centre l’Univers entier se réfléchit : sa puissance s’annonce par la conformation de son corps , dont les organes produisent plus d’effets que ceux des animaux. Tout nous démontre l’excellence

Le plan du grand trou occipital , qui dans Yhomme est presque horizontal , met notre tête dans une sorte d’équilibre sur le cou , lorsque nous sommes debout dans notre attitude naturelle , mais nous empêche , lorsque nous sommes dans l’attitude des quadru¬ pèdes , de relever notre tête assez haut pour présenter le visage en avant , et pour voir devant nous , parce que le mouvement de la tête est arrêté par la saillie de Y occiput , qui approche de trop près les vertebres du cou.

Dans la plupart des animaux , le grand trou occipital est placé à la partie postérieure de la tête ; les mâchoires sont fort alongées ; Focciput n’a aucune saillie au-delà de cette ouverture , dont le plan est dirigé en ligne verticale , ou un peu incliné en avant , ou en arriéré , de sorte que la tête tient au cou par la partie postérieure ; elle est pendante. Cette position de la tête donne aux quadrupèdes îa facilité de présenter leur museau en avant , et de l’élever pour atteindre au-dessus d’eux > quoique leur corps soit dirigé horizonta¬ lement , et de toucher la terre avec le bout des mâchoires , lorsqu’ils abaissent le cou et la tête jusqu’à leurs pieds. L'homme , en se met¬ tant dans l’attitude des quadrupèdes ^jie pourroit toucher la terre qu’avec le front ou le sommet de la tête.

A ces différences de conformation , M. Daubenton ajoute que lorsque Yhomme est debout , son talon porte sur la terre comme le reste du pied * lorsqu’il marche , le talon est la première partie du pied qui pose sur la terre ; Yhomme peut se tenir sur un pied : cette conformation et ce mouvement sont dans l’homme , à l’exclusion de tous les animaux. Ainsi , Yhomme ne peut être placé dans la classe des quadrupèdes. Ajoutons que le cerveau est plus gros et les mâchoires plus courtes dans Yhomme que dans aucun des animaux . Le cerveau , par son étendue , forme la saillie de l’occiput , le front , et toute la partie de la tête qui est au-dessus des oreilles. Le cer¬ veau est si petit dans les animaux , que la plupart n’ont point d’oc¬ ciput , ou que le front leur manque , ou n’a que peu d’élévation. Da ns les animaux qui ont un grand front , il se trouve placé aussi bas , et même plus bas que les oreilles. Tel est le front du cheval , du bœuf , de l’éléphant , etc. Mais ces animaux à grand front man¬ quent d’occiput , et le sommet de leur tête n’a qu’une petite étendue. IVÎoins le cerveau a de volume , plus les mâchoires sont grandes j c’est ce qui forme la plus grande portion du museau . Cette partie a différentes longueurs dans les diverses especes d’animaux : il est fort alongè dans les animaux solipedes , court dans Y orang-outang , et nul dans Yhomme. Il n’y a point de menton dans le museau \ cette partie manque à tous les animaux^

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de sa nature et la distance immense que la bonté dtl; Créateur a mise entre Y homme et la bête. U homme est un être raisonnable : l’animal brute est un être sans raison. L '"homme le plus stupide ou le moins spirituel , suffit pour conduire celui qui de tous les animaux a le plus d’instinct ; il le commande , le fait servir à ses usages , et celui-ci lui obéit. Les opérations des brutes ne sont que des résultats purement mécani¬ ques , purement matériels et toujours les mêmes s l'homme , au contraire , met de la variété ou de la diversité dans ses opérations et dans ses ouvrages , parce que son ame est à lui , et qu’elle est indépen¬ dante , libre , immortelle ; il a de l’aptitude à l’étude des sciences , à la culture des arts ; il a le privilège exclusif de questionner tout ce qui existe , de com¬ muniquer avec ses semblables par les sons , par des mouvemens particuliers , par des signes ou caractères distinctifs et de convention : telles sont les sources de sa prééminence physique sur les animaux , et de la puissance qu’il exerce sur les éiémens , et pour ainsi dire sur toute la Nature. Ainsi Y homme est l’ani¬ mal par excellence , .le seul doué de. la raison et de l’intelligence , le seul de son genre , mais dont les individus sont fort différens par la figure , la grandeur , la couleur , les mœurs , le naturel , etc.

Le globe que Y homme habite est couvert des pro¬ ductions de son industrie et des ouvrages de ses mains : c’est -réellement son opération qui met toute la terre en valeur.

Soit que nous considérions Y homme dans sfes dif¬ férent âges , soit que nous jetions un coup d’œil sur les variétés de son espece , soit que nous exa¬ minions son organisation merveilleuse dans l’état de vie ou de mort , son histoire nous touche sous ces différens points de vue, tous également intéressans. Nous tâcherons donc d’en présenter ici une légère esquisse : mais que pourrions-’ nous faire de mieux que de présenter d’abord et en partie l'extrait de ce* qu’en a dit l’éloquent Historien de la Nature, l’illustre M. de Bnffôn ?

Si quelque chose est capable de nous donner une Idée de notre foiblesse 9 c'est l'état de l’homme à

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Finstant qui suit sa naissance. Incapable de faire encore aucun usage de ses organes , l’enfant qui naît a besoin de secours de toute espece ; c’est une image de rnisere et de douleur ; il est dans ces pre¬ miers temps plus foible qu’aucun des animaux. En naissant , l’enfant passe d’ùtt- élément dans un autre : au sortir de la douce chaleur d’un fluide tranquille , qui l’eiiyironnoit de toutes parts dans le sein de sa niere , il se trouve exposé à l’impression de l’air, et à éprouve dans l’instant l’effet de ce fluide actif. L’air agit sur les nerfs de l’odorat et sur les organes de la respiration ; cette action produit une secousse , une espece d'éternument qui soulevé la capacité de la poitrine, et donne à l’air la liberté d’entrer dans les poumons ; les secousses du diaphragme pressent peo^ dant ce temps les viscères du bas ventre ; les excrémens sont par ce moyen , et-pour la première fois , chassés des intestins , et l’urine de la vessie. Ainsi l’air dilate les vésicules des poumons , les gonfle , s’y raréfie à un certain degré , après quoi le ressort des fibres dilatées réagit sur ce fluide léger , et le fait sortir des poumons : voilà l’enfant qui respire, et. qui articule des sons ou cris.

Cette fonction de la respiration est essentielle à Y homme et à plusieurs especes d’animaux : c’est ce mouvement qui entretient la vie ; s’il cesse , l’animfd périt. Aussi la respiration ayant une fois commencé 4 elle ne finit qu’à, la mort ; et dès , que , le œtu< a. respiré pour la première fois , il continue à respirer? sans interruption. Ainsi la vie animale est partagée ea inspirations et en expirations (æ).

(a) Le savant Bordli a démontré que par chaque inspiration tran¬ quille , un adulte sain , bien ' conforme , d’une Stature moyenne , inspire , à chaque dilatation la poitrine , 46 \ policés cubiques d’air, qu’il n’en rend , par chaque expiration , que 38. Les deux pouces soustraits ont du , oij rester attachés à la surface des conduits aériens , ou être , pour ainsi dire, dévorés par un genre de petits vaisseaux absorbans qui les dissémine dans la masse des liquides du corps. Cette derniere destination est non-seulement probable , mais elle paroit certaine par la quantité d’air que l’on rétire de toutes les matières animales. D’ailleurs nous respirons environ 20 fois par minute ou 1206 fois par heure ? ou aS^Sco' fois' par jour ; ce

L'enfant ~ dans le sein de la mere , liage dans üS fluide , et y vit sans respirer ; le sang passe d’uri ventricule du cœur à l’autre ventricule par le moyen du trou ovale ; mais dès que l’enfant commence à respirer , le sang prend une nouvelle route par les poumons. Cependant on peut croire avec quelque fondement que ce trou ovale ne se ferme pas tout à coup au moment de la naissance , et que par con¬ séquent une partie du sang doit continuer à passer par cette ouverture. Il seroit peut-être possible d’ern* pêcher que ce trou ovale ne se fermât 5 en plongeant l’enfant nouveau dans de l’eau tiede , en le mettant ensuite à l’air , et en réitérant cela plusieurs fois j* on parviendront peut-être par ce moyen à faire d’ex- cellens plongeurs , qui vivroient également dans l’air et dans' Peau. C’est une expérience que M. de Buffoti avoit commencée sur des chiens : la chienne mit bas ses petits dans Peau tiede , ils restèrent une demi- heure ; on les laissa ensuite respirer Pair le même temps ; on les replongea dans du lait ; on les remit à Pair , et ils vécurent très-bien.

La plupart des animaux ont encore les yeux fermés

donne une quantité de 1,151,000 pouces cubiques d'air, qui chaque jour sont soustraits de la masse atmosphérique pour chaque indi^ vidu , et qui lui resteroient inhérens , s’il n’en rendoit pas une très**» grande portion à l’atmosphere , lorsqu’une fois il en est saturé. Nous verrons , en parlant de l’économie animale , que la peau est l’organe par lequel se fait l’excrétion de Pair soustrait et devenu fixe , lequel tendu à l’atmosphere, reprend son ressort. Avant 1757 , le Phy** sicien Alcfeld montra la présence de l’air dans le sang par la pompe pneumatique , et soutint contre quelques Auteurs , que l’air entre dans le sang par le poumon , par le thyme et par le conduit de Pecquet ; il a donné même des preuves aussi simples que claires , que ce fluide conserve sa vertu élastique ; enfin , il est entré dans un détail des suites funestes et de la mort même qui arrive quelquefois dans les cas l’on veut faire entrer de force et par violence l’air dans les vaisseaux , et dansée cas ou l’air se sépare d’avec le sang , et forme de grandes ampoules. Mais M. de Haller prête id que la présence de l’air dans le sang n’est pas démontrée. La machine pneumatique $ dit-il , demande l’air dans le sang Comme dans l’eau incompressible et par conséquent dénué d’élasticité. C’est , selon lui, Y air fixe qui, délivré du poids de l’air dont il étoit comprimé , se dilate et reprend §on élasticité»

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quelques jours après leur naissance : l’enfant les ouvng aussi-tôt qu’il est , mais ils sont fixes, ternes 5 et communément bleus ' (<z). Le nouveau ne dis¬ tingue rien , car ses yeux ne s’arrêtent sur aucun objet ; l’organe est encore imparfait ; la cornée est ridée ; et peut-être aussi la tétine est-elle trop molle pour recevoir les images des objets , et donner la sensation de la vue distincte. Il ne commence à en¬ tendre et à rire qu’au bout de quarante jours : voilà l’époque oîi il commence à arrêter ses regards sur les objets les plus brilians * et à tourner souvent les yeux du côté du jour , des lumières ou des fenêtres: (M. de Bujfon pense que les enfans voient tous les objets doubles . et en bas ce qui est en haut , et en haut tout ce qui est en bas , et que cette erreur (se rectifie en eux par l’expérience du toucher ) : c’est aussi le temps auquel il commence à pleurer ; car auparavant les cris et les gémissemens ne sont point accompagnés de larmes. Le rire et les larmes sont des produits de deux sensations intérieures , qui toutes deux dépendent de l’action de Lame ; aussi ces signes sont-ils particuliers à l’espece humaine pour exprimer le plaisir ou la douleur de Pâme ; tandis que les cris 9 les mouvemens , et les autres signes des douleurs et des plaisirs du corps , sont communs à Y homme et à la plupart des animaux. En considérant la chose en Mé¬ taphysicien , nous y reconnoîtrons que le plaisir et la douleur sont le mobile universel de toutes nos passions.

La grandeur de l’enfant à terme est ordinai¬ rement de vingt-un pouces , et ce fœtus qui pese alors dix à douze livres , quelquefois plus , tiroit son origine neuf mois auparavant d’une bulle impercep¬ tible. La tête du nouveau est plus grosse à pro~

(a) H n’est pas rare de voir des enfans , et même de petits quadru¬ pèdes , naître avec quelques ouvertures naturelles bouchées. Tantôt c’est l’anus , la vulve , et simplement le canal de l’uretre qu’ils ont fermés ; d’autres fois ce sont les oreilles , et le défaut de prunelles. Dans tous ces cas l’art vient souvent au secours de la Nature , et l’on rétablit au moyen du bistouri * les ouvertures qu’elle avolt né¬ gligé de pratiquer.

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portion .que le reste du corps ; et cette disproportion qyi étoit beaucoup plus grande encore dans le premier* âge du fœtus , ne disparoît qu’après la première enfance. La peau de l’enfant nouveau paroît rougeâtre , parce qu’elle est assez transparente pour laisser ap per¬ ce voir une nuance foible de la couleur du sang : au reste , on prétend que dans tous les climats les enfans dont la peau est la plus rouge encaissant , sont ceux qui dans la suite auront la peau la plus belle : elle sera aussi la plus blanche en Europe, et la plus noire en. Afrique. La forme du. corps et des membres de l’enfant qui vient de naître n’est pas bien ex¬ primée 2 toutes les parties sont gonflées ; au bout de trois jours il lui survient ordinairement une jaunisse , et dans ce même temps il y a dans les mamelles de l’enfant , du lait qu’on peut exprimer avec les doigts : ce gonflement diminue à mesure que l’enfant prend de l’accroissement.

On voit palpiter dans quelques enfans nouveaux nés le sommet de la tête à l’endroit de la fontanelle (c’est le i eudech des Arabes), et dans tous on y peut sentir le battement des sinus ou des arteres du cerveau , si on y porte la main. Il se forme au-dessus de cette ouverture une espece de croûte ou de gale qu’on frotte avec des brosses pour la faire tomber à mesure qu’elle se sache ; il semble que cette pro¬ duction ait quelque analogie avec celle des cornes des animaux qui tirent aussi leur origine d’une ou¬ verture du crâne , et de la substance du cerveau. On aura lieu de voir dans la suite que toutes les extrémités des nerfs deviennent solides lorsqu’elles sont exposées à l’air , et que c’est cette substance nerveuse qui produit chez les animaux les cornes , les ongles , et les ergots . Voyez aussi ces mots.

La liqueur contenue dans Vamnios , laisse sur l’enfant fine humeur visqueuse blanchâtre. Nous avons , dans ce pays- ci , la sage précaution de ne laver l’enfant nouveau qu’avec de Feaü tiede ; cependant des Nations entières , celles même qui habitent les climats les plus froids , sont dans l’usage de plonger leurs enfans dans l’eau froide , aussi-tôt qu’ils sont nés , sans qu’il leur en arrive aucun mal; on dit même que

les

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les Laponnes laissent leurs enfans dans la neige ^ îusqu’à ce que le froid les ait saisis au point d’ar¬ rêter la respiration, et qu’alors elles les plongent dans un bain d’eau chaude : ces, peuples lavent aussi les enfans trois fois chaque jour pendant la premiers année de leur vie. Les peuples du Nord sont persuadés que les baiiîs froids rendent les hommes plus forts et plus robustes ; c’est par cette raison qu’ils en font de bonne heure contracter l’habitude aux enfans. Ce qu’il y a de vrai , c’est que nous ne connoissons pas assez jusqu’où peuvent s’étendre les limites de ce «que notre corps est capable de souffrir $ d’acquérir ou de perdre par l’habitude. ,

On ne fait pas teter l’enfant aussi -tôt qu’il est : bn lui donne auparavant le. temps de rendre la liqueur et les glaires qui sont dans son estomac et le méconium qui est dans ses intestins ; ce sont des excrémens de couleur noire : ce s matières pour¬ voient faire aigrir le lait. On commence donc par lui faire avaler un peu de vin sucré ; ce n’est que dix cîouzé heures après la naissance , qu’il doit teter pour la première Fois.

Les animaux nouveaux nés peuvent trouver par eux -mêmes le mamelon de leur mere ; il ri’en est pas ainsi de nous : il faut que les femmes prennent leurs enfans et les portent à leurs mamelles pour les allaiter : l’enfant , à cet âge , n’a d’autre ressource J pour exprimer ses besoins , que ses cris.

A peine l’enfant jouit-il de la liberté de mouvoir et d’étendre ses membres , qu’on lui donne de nou¬ veaux liens ; on Fëmbeguine , et souvent le bonnet est trop étroit , ce qui rapproche et fait croiser les- os du crâne , ou comprime le cerveau ; et cet effort Compression , joint aux rubans que l’on serre toujours $ produisent quelquefois un engourdissement 9 un assou¬ pissement inattendu , dàngereùx : on emmaiilotte l’enfant , ou polir mieux dire , on l’enveloppe de langes qui sont entourés débandés : garrotté ainsi par les bras , les jambes f et dans toute l’étendue du corps * le malheureux enfant languit dans l’inaction et la cap¬ tivité ? heureux si on ne Fa point serré au point F empêcher de respirer 3 et si oti a eu la précaution Tome Vlh %

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de le coucher sur le côté , afin que les eaux qu’il doit rendre par la bouche , puissent tomber d’elles- mêmes î car étant ainsi empaqueté , il n’auroit pas la liberté de tourner la tête sur le côté pour en faciliter l’écoulement. Les peuples , tels que les Siamois , Mes Japonnois , et tous les habitans des Indes Orien¬ tales , qui se contentent de mettre leurs enfans nus sur des lits de coton suspendus , ou de les couvrir simplement dans leurs berceaux garnis de pelleteries * nous donnent un exemple que nous devrions imiter ; le tendre amour que la Nature inspire , et que le devoir nous a prescrit pour nos enfans , a-t-il donc pu s’accorder avec ce traitement nuisible ? Les ban¬ dages pernicieux du maillot , usage barbare , qui n’appartient qu’aux peuples policés , peuvent être comparés aux corps que l’on fait porter aux filles dans leur jeunesse. Cette espece de cuirasse , imaginée pour soutenir la taille , et l’empêcher de se défor¬ mer , cause certainement plus d’incommodités et de difformités, qu’elle n’en prévient (<*). Les enfans qui ont la liberté de mouvoir leurs membres à leur gré , deviennent plus forts que ceux qui sont em- maiîlottés ; car le défaut d’exercice retarde l’accroisse¬ ment des membres. On voit Tes enfans des Negres commencer à marcher dès le second mois , ou plutôt se traîner sur les gerfëux et sur les mains : pour les obliger à marcher , leurs meres leur présentent de loin la mamelle comme un appât , et on les voit se traîner pour l’aller chercher. Cet exercice leur donne la facilité de courir dans cette situation presque aussi vite que s’ils étoient sur leurs pieds. Ces petits enfans Negres deviennent si adroits et si forts , que lorsqu’ils veulent teter , ils embrassent

(a) Suivant quelques-uns , cette cuirasse donne de la grâce au corps d’une fille ; ici le préjugé est une affaire d’intérêt , mais qui ne ï épond pas au but qu'on se propose. Cette cuirasse ne suit pas la nature dans les seuls et vrais contours de la taille ; souvent elle gêne îes mamelles dans leur accroissement , et sa situation s’oppose à celui de la matrice , flétrit tout ce qui l’environne , et ne permet pas aux hanches ( les os du bassin ) de prendre librement une forme «vasée ; au reste , l’orifice , entre les os du péri? ? reçoit et conserve le üametre déterminé par ht Katurew-,*„

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rime des hanches de la mere avec leurs genoux et leurs pieds , et la serrent tellement , qu'ils peuvent se soutenir sans le secours des bras de la mere : ils s'attachent à la mamelle avec leurs mains , et la sucent constamment sans se déranger et sans tomber 5 malgré les différens mouvemens de la mere ? qui pendant ce temps travaille à son ordinaire.

Les enfans nouveaux nés. ont besoin de prendre souvent de la nourriture. On les fait teter dans la journée , de deux en deux heures ; et pendant la nuit à chaque fois qu’ils se réveillent. Ils dorment pendant la plus grande partie du jour et de la nuit clans les premiers temps de leur vie ; ils semblent même n’être éveillés que par la douleur ou par la faim. Le sommeil leur est utile , salutaire , et l’on est quelquefois obligé de leur procurer cet état de repos par des narco¬ tiques dont la dose doit être appropriée à Page et au tempérament. En général 5 les narcotiques dimi¬ nuent cette sensation désagréable que Ton appelle douleur , ou la rendent supportable et procurent le sommeil. Nous ne pouvons trop répéter que les entraves du maillot tiennent les enfans dans une, situation qui devient fatigante et douloureuse après un certain temps : leur peau fine et délicate est souvent refroidie par leurs excrémens : il n’y a guère que la tendresse maternelle qui soit capable d’une vigilance assez continuelle pour tenir les enfans bien propres. Les Sauvages , qui sentent combien ce soia est nécessaire , y suppléent d’une maniéré bien simple. Ils mettent au fond du berceau une bonne quantité de la poudre que l'on tire du bois rongé des vers et ils recouvrent leurs enfans de pelleteries : cette poudre pompe l’humidité , et on a soin de la renouveler. En Orient , et sur-tout en Turquie , on attache les enfans nus sur une planche garnie de coton 9 et percée pour, l’écoulement des excrémens. On cherche à appaiser les cris des enfans en les berçant 5 mais on ne doit les agiter que fort doucement cette agitation , si elle étoit trop violente 9 seroit peut- être capable de leur ébranler la tête , et d’y causer du dérangement. Pour que leur santé soit bonne , il faut que leur sommeil soit naturel et long; cepea *

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dan t s’ils dormaient trop , il seroit à craindre que leur tempérament n’en souffrît : dans ce cas , il faut les tirer du berceau , et les éveiller par de petits mouvemens , ou leur faire voir quelque chose de brillant. Cest à cet âge que l’on reçoit les premières1 impressions des sens : elles sont sans doute plus im¬ portantes qu’on ne croit pour le reste de la vie.

On doit avoir grand soin de mettre le berceau de maniéré que l’enfant soit placé directement devant la lumière ; comme ses yeux se portent toujours du coté le plus éclairé , si le berceau étoit placé de côté 9 un des yeux, en se tournant vers la lu¬ mière , acquerroit plus de force , et l’enfant devien- droit louche. La nourrice ne doit donner à l’enfant que le lait de ses mamelles pour toute nourriture , au moins pendant les deux premiers mois ; il ne faudrait même lui faire prendre aucun autre aliment

(rendant le troisième et le quatrième mois 9 sur-tout orsque son tempérament est foible et délicat. Quelque robuste que puisse être un enfant , on pourroit s’ex¬ poser à de grands inconvéniens , si on lui donnoit d’autre nourriture que le lait de la nourrice , avant la fin du premier mois. En Hollande , en Italie , en Turquie ^ en général dans tout le Levant, on ne donne aux enfans que le lait des mamelles pendant un an entier. Les Sauvages du Canada les allaitent jusqu’à quatre , cinq 5 et même sept ans. Dans ce pays-ci , comme les femmes n’ont pas assez de lait pour fournir à l’appétit de leurs enfans , elles y sup¬ pléent par un aliment composé de farine et de lait ; mais ce n’est guere qu’à deux ou trois mois que l’on doit commencer à leur donner cette nourriture plus solide , à laquelle même on devroit substituer du pain détrempé dans le lait : c’est ainsi qu’on prépare peu à peu l’estomac des enfans à recevoir le pain ordinaire , et les autres alimens dont Us doivent se nourrir dans la suite.

Les dents qu’on appelle incisives 9 sont au nombre de huit ; leur germe se développe ordinairement le premier 9 et communément à î’âge de sept mois , souvent à ceîuj de huit ou dix , et d’autres fois à la fin de la première année ; aussi les appelle-t-on dents

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te primeur ou de lait ou rieuses . Cette opération 9 quoique naturelle , ne suit pas les lois ordinaires de la Nature , qui agit à tout instant dans le corps hu¬ main , sans y occasionner la moindre douleur, et meme sans exciter aucune sensation. Ici il se fait un effort violent et douloureux , qui est accompagné de pleurs et de cris ; les enfans perdent d’abord leur gaieté et leur enjouement ; on les voit tristes et inquiets ; leur gencive est rouge et gonflée ; elle blanchit lorsque la pression est au point d’intercepter le cours du sang dans les vaisseaux. Les enfans portent leurs doigts à leur bouche , pour tâcher d’appaiser la déman¬ geaison qu’ils y ressentent. On leur donne un petit soulagement en mettant au bout de leur hochet un morceau d’ivoire ou de corail, ou de quelqu’autre corps dur et poli ; ils le serrent entre les gencives à l’endroit douloureux ; cet effort opposé à celui de la dent , calme la douleur pour un instant ; il contribue aussi à l’amincissement de la membrane de la gencive 9 qui étant pressée des deux côtés à la fois , doit se rompre plus aisément ; la Nature s’oppose ici à elle- même ses propres forces ; on est obligé quelquefois de faire une petite incision à la gencive pour donner passage à la dent.

Sur la fin de la premiers ou dans le courant de la seconde année , on voit paroîtrë seize autres dents que Ton appelle molaires ou mâchelieres , quatre à chaque côté de chacune des canines , ( les canines de la mâchoire supérieure sont désignées aussi sous le nom à'œilleres.) Ces époques pour la sortie des dents varient : on a vu des fœtus qui avoient des dents , quoiqu’ils fussent très-éloignés du terme de nais¬ sance. Il y a des enfans qui naissent avec des dents assez grandes pour blesser le mamelon de leur nour¬ rice : tel naquit Louis XIV . Les dents incisives , les canines 9 et les quatre premières mâchelieres tombent naturellement dans la cinquième , la sixième ou la septième année; mais elles sont remplacées par d’au¬ tres , qui paroissent dans la septième année , souvent plus tard ; quelquefois elles ne sortent qu’à l’âge de puberté. La chute de ces seize dents est causée par le développement du second germe placé au fond dq

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l’alvéole 5 qui en croissant , les pousse au dehors ; ce germe manque ordinairement aux autres mâchelieres , aussi ne tombent-elles que par accident , et leur perte n’est presque jamais réparée.

Quoique la dentition paroisse alors achevée , il y a encore quatre autres dents qui sont placées à chacune des deux extrémités des mâchoires ; ces dents manquent à plusieurs personnes , leur développement ne se fait ordinairement qu’à l’âge de puberté , et quelquefois dans un âge beaucoup plus avancé ; c’est par cette raison qu'on les a nommées dents de sagesse ou dents tardives . Le nombre des dents en général ne varie , que parce que celui des dents de sagesse n’est pas toujours le même ; de vient la différence de vingt-huit à trente-deux dans le nombre total des dents : Voye ^ V article Dents.

Lorsqu’on laisse crier les enfans trop fort et trop long-temps , ces efforts leur causent des descentes qu’il faut avoir grand soin de rétablir promptement par un bandage ? ils guérissent aisément par ce se¬ cours ; mais si on négligeoit cette incommodité , ils seroient en danger de la garder toute leur vie. Les enfans sont fort sujets aux vers ; en leur faisant boire de temps en temps un peu de vin , on préviendroit peut-être une partie des mauvais effets que causent les vers : car les liqueurs fermentéess’opposent à leur génération.

Quelque délicat que l’on soit dans l’enfance , on est à cet âge moins sensible au froid que dans tous les autres temps de la vie ; la chaleur intérieure est apparemment plus grande. On sait que le pouls des enfans est bien plus fréquent que celui des adultes : cette seule observation suffîroit pour faire penser que la chaleur intérieure est plus grande dans la même proportion. On ne peut guere douter que les petits animaux n’aient plus de chaleur que les grands ; par cette même raison : car la fréquence du battement du cœur et des arteres est d’autant plus grande , que l’animal est plus petit : les battemens du cœur d’un moineau se succèdent si promptement , qu’à peine peut-on les compter.

La vie de l’enfant est fort chaulante jusqu’à l’âge

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de trois ans ; mais dans les deux ou trois années suivantes , elle s’assure , et l’enfant de six ou sept ans est plus assuré de vivre , qu’on ne l’est à tout autre âge. Suivant les nouvelles tables faites à Londres sur les degrés de la mortalité du genre humain dans les différens âges , il paroît que sur un certain nombre d’enfans nés en même temps , il en meurt au moins la moitié dans les trois premières années. Sui¬ vant ces tables , la moitié du genre humain devroit périr avant l’âge de trois ans , par conséquent tous les hommes qui ont vécu plus cle trois ans , loin de se plaindre de leur sort , devroient se regarder comme traités plus favorablement que les autres. Mais cette mortalité des enfans n’est pas à beaucoup près aussi grande par-tout , qu’elle l’est à Londres ; M. Dupré de Saint-Maur s’est assuré par un grand nombre d’ob¬ servations faites en France , qu’il faut sept ou huit années , pour que la moitié des enfans nés en même temps soit éteinte ; et M. IVargznuïn , Secrétaire de l’Académie Royale de Suede , examinant la pro¬ portion des morts dans les différens âges de la vie , cherche à déduire des principes certains pour le cal¬ cul des tontines et rentes viagères , en un mot , combien un homme en santé , peut encore vivre d’années. Nous reviendrons sur cette matière , en parlant de la durçe de la vie humaine .

Parmi les causes de la mortalité des enfans et même des adultes.* on doit placer en tête les effets de la petite vérole , présent funeste que l’Abyssinie a fait au reste du Monde , ou jusqu’alors cette ma¬ ladie avoit été inconnue ; heureusement personne n’ignore que l’on trouve presque toujours dans l’es¬ pece de greffe ou de transfusion appelée inoculation , un moyen de pallier avec succès les disgrâces de ce fléau : tous les Journaux de 1757 ont fait une men¬ tion honorable de l’excellent mémoire de M. de la Condamine sur ce sujet. Ce beau plaidoyer de la cause de l’inoculation et de l’humanité , est aujourd’hui entre les mains de tout le monde et traduit en toutes les langues. La multitude des faits réunis et la soli¬ dité du raisonnement forment un corps de preuves , à l’évidence desquelles il est difficile de résister. Eu

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un mot on y démontre que l’inoculation (art qu^ nous avons appris des Circassiens ) est moins dan¬ gereuse que la petite vérole naturelle , parce qu’elle rend bénigne une maladie que le plus grand nombre des hommes ont une fois dans leur vie et qui pourroit être très-maligné sans cette précaution ; elle conserve un plus grand nombre de citoyens à l’État ; elle nous donne pour la suite au moins la môme sécurité que la naturelle : d’après cet exposé pourr oit-elle être contraire à la Religion ?

Il 'est dans l’ordre naturel que les femmes allaitent leurs enfans; toutes les nations s’en font un devoir 9 et toutes les femelles des animaux à mamelles nour¬ rissent leurs petits. Il y a moins de suites fâcheuses à redouter pour elles.

Si les meres nourrissoient elles-mêmes leurs enfans , il y a apparence qu’ils en seroient plus forts et plus vigoureux* Le lait de la mere doit leur convenir mieux que le lait d’une autre femme : car le fœtus se nourrit dans la matrice d’une liqueur laiteuse % qui est fort semblable au lait qui se forme dans les mamelles. L’enfant estMonc , pour ainsi dire , accou-?. tumé au lait de sa mere , au lieu que le lait d’une autre nourrice est quelquefois pour lui un aliment assez différent , pour qu’il ne puisse s’y accoutumer : et n’y a-t-il pas à craindre que le caractère des tiourrissons ne se forme d’après l’humeur des nour«* rices? Alors une nourrice colère nous présentera des éleves féroces et cruels ; une nourrice voluptueuse nous offrira des nourrissons lascifs. Diodore de Sicile rapporte que la nourrice de Néron aimoit le y in % et qu’en conséquence son nourrisson fut ivrogne. Le , même Auteur attribue la cruauté de Cdiguia à l’ha¬ bitude qu’avoir sa nourrice de s’enduire le mamelon de sang, pour le faire prendre à son nourqsson. Que çes faits soient apocryphes , et que ce soit par allé¬ gorie que l’Histoire a dit que Rémus et Romulus fu¬ rent nourris par une louve , Télephe par une biche, Péllas par une jument , Egisthe par une chevre : combien de motifs puissans n’en devroient pas moins engager les meres, douées de bonnes qualités, à donner à leurs •çnfans ce que la Nature a prescrit l Agir autrement %

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c*est commettre une injustice criante , c’est tromper la Nature , qui n’a point pourvu vainement à la formation.

des organes destinés à l’allaitement . Lorsqu’on

voit les enfans devenir languissans ou malades, il faut prendre une antre nourrice bien constituée, propre, saine et de bonnes mœurs : tout indue de la part des nourrices sur les enfans 5 ( on peut consulter Y article Lait ) ; à défaut de cette attention , ils péris¬ sent en peu de temps. Que de soins sont néces¬ saires pour faire éviter à Yhornm les écueils de l’en¬ fance !

L’éducation physique des enfans , est un objet de la première importance pour procurer à l’Etat des citoyens d’une 'bonne santé. De tout temps on a en sentir l’importance ; aussi l’Académie de Harlem en Hollande, a- telle proposé pour sujet de prix la question suivante : Quelle est La meilleure direction à suivre dans l3 habillement , la nourriture et F exercice des enfans , depuis le moment ils naissent , jusqu à leur adolescence y pour quils vivent long-temps en santé ? "Le prix a été remporté par M. Balkxferd , citoyen de Geneve, qui a très-bien discuté cette question dans son Ouvrage , qui a pour titre , Dissertation sur l’édu¬ cation physique des enfans . Ce même citoyen ami de l’humanité , a fait une autre Dissertation qui a été couronnée aussi par Y Académie des Sciences de Man- tout . Voici le sujet de la question : Quelles sont les causes principales de la mort £ïin aussi grand nombre £ en¬ fans , et quels sont les préservatifs les plus efficaces et les plus simples pour leur conserver la vie ?

Les enfans commencent à bégayer à l’âge de douze ou quinze mois. On doit cesser d’être surpris, de ce que, dans toutes les langues et chez tous les peuples , les enfans commencent toujours par bégayer ba ba , ma ma , papa , taba , abada ; ces syllabes sont, pour ainsi dire , les sons les plus naturels à l’homme ; parce qu’elles sont composées de la voyelle et des con¬ sonnes qui demandent le moins de mouvement dans les organes de la parole. Il y a des enfans qui à deux ans prononcent distinctement , et répètent tout ce qu’on leur dit ; mais la plupart ne parlent qu’à deux ans et demi , et très-souvent plus tard : on remarque

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que ceux qui commencent à parler tard ne parlent jamais aussi aisément que les autres. Ceux qui par¬ lent de bonne heure , sont en état d’apprendre à lire à trois ans. Au reste , on ne peut guère décider s’il est fort utile d’instruire les enfans de si bonne heure ; on. a tant d’exemples du peu de succès de ces édu¬ cations prématurées , on a vu tant de prodiges de quatre ans , de huit ans , de douze ans , de quatorze ans ? qui n’ont été que des sots , ou des hommes fort ordinaires à l’âge de vingt-cinq ou trente ans , qu’on seroit porté à croire que la meilleure de toutes les éducations afct celle qui ténd à exercer et à étendre les forces du corps et de l’esprit , sans jamais les ex¬ céder * ni les épuiser ; celle qui est la moins sévere , celle , en un mot , qui est la mieux proportionnée à la foiblesse actuelle des enfans , et en même temps aux forces qu’on prévoit qu’ils pourront acquérir 9 chacun suivant leur different tempérament.

Ages de la vie .'

On ne considéré la durée de la vie que du mo¬ ment de la naissance de Yhommt et des animaux ; cependant ils vivent avant de naître , l’état d’ embryon ou de fœtus commence leur vie. Nous placerons ces deux époques , en parlant de la conception , etc. ; nous venons de traiter de X enfance , dont l’âge s’étend depuis la naissance jusqu’à environ douze ans. La duree de la vie se mesure en général sur la force et la grandeur de l’individu. Les quadrupèdes vivent moins long-temps que l 'homme , mais plus long-temps que les reptiles , ceux-ci plus que les insectes, et ceux-là plus que les animalcules. Les arbres durent plus que les arbrisseaux , ceux-ci plus que les arbustes , ceux- plus que les herbes , et celles-ci plus que les plantes éphémères.

De V Adolescence , de la Puberté et de la Virginité .

L’âge de Y adolescence succédé à celui de l’enfance ■: il commence à douze ou quatorze ans avec la pu¬ berté ; il se termine ordinairement à quinze ans pour les filles , à dix-huit ans pour les garçons , et quel¬ quefois il s’étend jusqu’à vingt-un , vingt' trois , et

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même vingt-cinq ans ; il finit lorsque le corps a pris tout son accroissement en hauteur , suivant la signi¬ fication latine du mot adolescentia , adolescence . Ainsi la puberté accompagne Yadolescence et précédé la jeunesse ; elle est , pour ainsi dire , le printemps de V homme ; c’est la saison des plaisirs , des grâces et des amours , et plus cette saison est riante , moins elle est durable. Jusqu’alors la Nature ne paroît avoir travaillé que pour la conservation et l’accroissement de son ouvrage ; elle n’a fourni à l’enfant que ce qui lui étoit nécessaire pour vivre et pour croître ; il a vécu , ou plutôt végété d’une vie particulière , tou¬ jours foible , renfermée en lui- même , sans qu’il pût la communiquer* Dans cette première époque de la vie , notre raison est encore assoupie : mais bien¬ tôt les principes de vie se multiplient , Yhomme a non-seulement tout ce qu’il faut à son existence pro¬ pre , mais encore de quoi la donner à d’autres. Cette surabondance de vie , cette source de force et de santé, ne pouvant plus être contenue au -dedans, cherche à se répandre au dehors ; elle s’annonce par plusieurs signes.

Le premier signe de. la puberté est une espece d’en¬ gourdissement aux aines , une espece de sensation jusqu’alors inconnue dans les parties qui caractérisent le sexe ; il s’y éleve , ainsi qu’aux aisselles , une quan¬ tité de petites proéminences d’une couleur blanchâtre ; ces petits boutons sont les germes d’une nouvelle production , de cette espece de cheveux qui doivent voiler ces parties. Le son de voix devient rauque et inégal pendant un espace de temps assez long , après lequel il se trouve plus plein , plus assuré , plus fort , plus grave qu’il n’étoit auparavant. Ce changement est très-sensible dans les garçons : s’il l’est moins dans les filles , c’est parce que le son de leur voix est na¬ turellement plus aigu.

Ces signes de puberté sont communs aux deux sexes , mais il y en a de particuliers à chacun : l’é¬ ruption ou apparition des menstrues , l’accroissement du sein pour les filles ; la barbe et l’émission con¬ vulsive de la liquêur séminale pour les garçons : enfin 3 le sentiment du désir vénérien , cet appétit

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qui porte les individus des deux sexes à se réunir 9 Dans toute Fespece humaine les femmes arrivent à la puberté, plutôt que les mâles ; mais chez les ctifFérens peuples 9 l’âge de puberté est différent , et semble dépendre en partie de la température du cli¬ mat et de la qualité des aiimens. Dans toutes les parties Méridionales de l’Europe et dans les villes , la plupart des filles sont puberes à douze ans , et les garçons à quatorze ; dans les Provinces du Nord et dans les campagnes 9 à peine les filles le sont-elles à quatorze , même à quinze 9 et les garçons à seize et dix-sept. Dans notre climat , les filles sont , en gé¬ néral , en pleine puberté à dix-huit ans , et les garçons à vingt ans. %

Dans les climats les plus chauds de l’Asie , de l’Afrique et de l’Amérique , la plupart des filles sont puberes à dix et même à neuf ans. L’écoulement pé¬ riodique ( vulgairement appelé règles ou menstrues ) quoique moins abondant dans les pays chauds 9 pa¬ roi t cependant plutôt que dans les pays froids. L’in¬ tervalle de cet écoulement est à peu près le même dans toutes les nations , et il y a sur cela plus de diversité d’individu à individu que de peuple à peuple ; cardans le même climat et dans la même nation il y a des femmes qui tous les quinze jours sont su¬ jettes à cette évacuation naturelle 9 et d’autres qui ont jusqu’à cinq et six semaines de libres ; mais or¬ dinairement rintervalle est d’un mois 5 à quelques jours après. La quantité de l’évacuation paroît -dépen¬ dre de la quantité des aiimens et de celle de la trans¬ piration insensible ; les femmes qui mangent plus que les autres et qui ne font pas d’exercice , ont des menstrues plus abondantes. La quantité de cette évacuation varie beaucoup dans les dïfférens sujets et dans les différences circonstances ; on doit peut- être l’évaluer depuis une ou deux onces jusqu’à une livre et plus. La durée de Fécouîement menstruel est de trois 9 quatre ou cinq jours dans la plupart des femmes 9 et de six , sept et même huit dans quel¬ ques-unes. La surabondance de la nourriture et du sang est la cause matérielle des menstrues. Les symp¬ tômes qui precedent leur .écoulement , sont autant

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d’indices certains de plénitude , comine la chaleur f la tension 9 le gonflement et même la douleur que les femmes ressentent , non-seulement dans les endroits mêmes sont les réservoirs et dans ceux qui les avoisinent 5 mais aussi dans les mamelles ; elles sont gonflées , et l’abondance du sang y est marquée par la couleur de leur aréole qui devient alors plus fon¬ cée ; les yeux sont chargés 5 et au-dessous de l’or¬ bite la peau prend une teinte de bleu et violet ; les joues se colorent , la tête est pesante et doulou¬ reuse , et en général tout le corps est dans un état d’accablement causé par la surcharge du sang.

C’est ordinairement dans l’âge de l'adolescence et de la puberté que le corps achevé de prendre son accrois¬ sement en hauteur : nous l’avons dit 9 les jeunes gens grandissent presque tout à coup de plusieurs pouces» Mais de toutes les parties du corps celles l’ac- croissément est le plus prompt et le plus sensible, sont les parties de la génération dans l’un et l’autre sexe ; cet accroissement au reste n’est dans les mâles qu’un développement , une augmentation, de volume 9 au lieu que dans les femelles il produit souvent un rétrécissement auquel on a donné diffé¬ reras noms , lorsqu’on a parlé des signes de la virginité»

Il n’est pas aisé de réussir à détruire les préjugés ridicules qu’on s’est formés sur ce sujet : mais la con¬ trariété d’opinions sur un fait qui dépend d’une simple inspection 9 prouve que les hommes ont voulu trou¬ ver dans la Nature ce qui n’étoit que dans leur ima¬ gination , puisqu’il y a plusieurs Anatomistes qui disent de bonne foi qu’ils n’ont jamais trouvé ces carac¬ tères que l’on regarde comme les preuves de la vir¬ ginité- \ c’est-à-dire 9 ni la membrane de Phymen , \ona virginea , ni les caroncules dans les filles qu’ils ont disséquées 5 même avant l’âge de puberté {a).

(a) Suivant M. de Haller , tout ceci est entièrement opposé au. vrai. Tout fœtus femelle , toute fille nouvellement née , toute jeune per¬ sonne de dix ans , a , dit-il , Fhymen bien uniforme , et générale¬ ment placé ,en forme de croissant à la partie inférieure de l’origine du vagin. Cette partie se conserve jusqu’à la vieillesse , à moins que l’usage réitéré de l’acte vénérien ne ïa détruise , car une seule faute m suffijoit pas pQur l’anéantir : c’est ainsi que s’exprime M. de Haïkf»

Ceux même qui soutiennent' au contraire que cette membrane et ces caroncules existent , avouent en même temps que ces parties varient de forme , de grandeur et de consistance dans les différens sujets. Que peut-on conclure de ces observations , sinon que les causes du prétendu rétrécissement de l’entrée du vagin , ne sont pas constantes , et qu’elles n’ont tout au plus qu’un effet passager , qui est susceptible de différentes modifications ?

On a cru, dans tous les temps , que l’effusion du sang , lors de la premiers union , étoit une preuve réelle de la virginité ; cependant il est évident que ce prétendu signe est nul dans toutes les circonstances l’entrée du vagin a pu être relâchée ou dilatée naturellement ; ainsi toutes les filles , quoique non déflorées , ne répandent pas du sang ; d’autres , qui le sont en effet , ne laissent pas d’en répandre : il y en a même dont la prétendue virginité s’est renouvelée jusqu’à quatre et cinq fois dans l’espace de deux ou trois ans , et même tous les mois.

* Rien donc de plus chimérique que les préjuges des hommes à cet égard , et rien de plus certain que ces prétendus signes de la virginité du corps. Les hommes devroient donc bien se tranquilliser sur tout cela , au lieu de se livrer , comme ils font souvent , à des soupçons injustes ou à de fausses joies , selon ce qu’ils s’imaginent avoir rencontré (£).

Quel contraste dans les goûts et dans les mœurs des différentes nations ! quelle contrariété dans leur façon

(a) On lit dans le Traité complet dy Anatomie , par M. Sabatier * $cm. Il , pag. 392 , qu’il s’en faut beaucoup que la présence de l’hy¬ men soit une preuve assurée de la virginité qui , tout considéré , est plutôt un être moral , une vertu qui consiste dans la pureté du cœur , qu’un être physique. Un grand nombre d’indispositions peu¬ vent détruire cette membrane dans les personnes les plus sages , pendant que des circonstances favorables peuvent l’avoir laissée in¬ tacte dans des filles déflorées ; de sorte , que les unes paroîtront cor¬ rompues , quoique vierges , et les autres paroîtront vierges , quoique corrompues. Severin Pineau , l’un des Chirurgiens de Paris qui s’est ïe plus distingué autrefois par son savoir et son érudition , en rap¬ porte des exemples frappans dans sç.n exççllent traité De notis Virginitaw*

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de penser ! Après le cas que nous voyons que la plu¬ part des hommes font de la virginité , imagineroit-oa que certains peuples la méprisent, et qu’ils regar¬ dent comme une tâche servile la peine qu’il faut prendre pour l’ôter ? La superstition a porté certains peuples a céder les prémices des vierges aux Prêtres de leurs Idoles , ou a en faire une espece de sacrifice à l’Idole même. Les Prêtres des royaumes de Cochia et de Calicut jouissent de ce droit , et chez les Canariens de Goa , les vierges sont prostituées de gré ou de force par leurs plus proches parens à une Idole de fer : la superstition de ces peuples leur fait com¬ mettre ces excès dans des vues de religion. Au royaume d’Aracan et aux Lies Philippines 9 un homme se croi- roit déshonoré s’il épousoit une fille qui n’eût pas été déflorée par un autre , et ce n’est qu’à prix d’argent

Îue l’on peut engager quelqu'un à prévenir l’époux.

)ans la province de Thibet , lesmeres cherchent des étrangers qu’elles prient instamment de mettre leurs filles en état de trouver des maris. À Madagascar , les filles les plus débauchées sont les plutôt mariées : quelle grossièreté 1 Les Anciens avoient au contraire tant de respect pour les vierges , que lorsqu’elles étoient condamnées au supplice , on ne les faisoit point mourir sans les avoir auparavant privées de leur virginité. C’est ainsi que Tibere , par un raffinement subtil et cruel , détruisoit les mœurs pour conserver les coutumes.

Le mariage est l’état qui convient à V homme , et dans lequel il doit faire usage des nouvelles facultés qu’il a acquises par la puberté . C’est à cet âge que le désir de sa reproduction le sollicite : la forme extérieure et le rapport des organes sexuels sont sans doute la cause de cet attrait vainqueur qui force les sexes à se rapprocher et à se réunir pour perpétuer l’espece. Le plaisir étoit le moyen le plus sûr , le plus puissant que la Nature pût employer pour porter les individus eux-mêmes au soin de la conservation de leur espece: Croisse ^ et multiplie i ; ce sont les fonctions de la vie , et l’ordre exprès du Créateur. Ajoutons que c’est à lage de puberté que mille impressions ébranlent le genre nerveux de Yhomme et le portent à éprouver cet état dans lequel il ne sent plus son existence que

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par celle de ce sens voluptueux , qui semble aîdfi devenu le siège de son aine, qui absorbe toute la sensibilité dont il est susceptible , qui en porjte l’intensité à un point qui rend cette impression si forte , qu’elle ne peut être soutenue long -temps sans un désordre général dans toute la machine. En effet * la durée de ce sentiment ou de ces facultés est telle , qu’elle deviendrait quelquefois funeste à V homme qui joùiroit trop ; il en seroit de même quelquefois , chez certains individus quis’obstineroient à garder le célibat 5 lors sur-tout que la Nature les solliciteroit à l’excès. Le trop long séjour de la liqueur séminale dans ses réservoirs peut causer,* par sa qualité stimulante $ des maladies dans l’un èt l’autre sexe. Les irritations peuvent devenir si violentes y qu’elles rendr oient Y homme semblable aux animaux ÿ qui deviennent furieux et indomptables lorsqu’ils ressentent ces impressions.

L’effet extrême de cette irritation dans les femmes } est la nymphomanie , c’est-à-dire la fureur utérine ; mais le tempérament opposé est infiniment plus commun parmi les femmes , sur-tout dans les zones tempérées et notamment clans les glacées : la plupart , que' rarement Vénus regarde d’un œil favorable sont natu¬ rellement froides , ou tout au moins fort tranquilles sur le physique de Famour.

Au reste 3 les .excès sont plus à craindre que la continence ; le nombre des hommes immodérés ou priapomanes , est asse^ grand pour en donner des exemples : les uns ont perdu la mémoire , les autres ont été privés de la vue d’autres sont devenus chauves , d’autres ont péri d’épuisement ; la saignée est 3 comme l’on sait , mortelle en pareil cas. Les personnes sages ne peuvent trop avertir les jeunes gens du tort irréparable qu’ils courent risque de faire à leur santé ; et les parens , aux soins desquels ils sont confiés 5 doivent avoir la plus grande attention de les détourner de ces dangereux excès , par tous les moyens possibles; mais un jeune homme à l'âge de puberté 9 ignore combien il importe de prolonger les Jours de ce bel âge , qui a tant d’influence sur le bonheur ou le malheur du reste de la vie > c’est alors

précisément

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lïêcisiment qu’il n’a ni prévoyance de i’àveilir * ni expérience du passé 9 ni modération dans ses j ouissances* Combien n’y en a-t-il pas qui cessent d’être hommes * ou du moins , qui cessent d'en avoir les facultés avant l’âge de trenteans ? Pourquoi forcer la Nature ? Il suffit d’obéir ou de répondre 'quand elle nous interroge t plus mere que marâtre ÿ son but est le rapprochement et la sobre réunion des deux sexes ; nous l’avons déjà dit : mais n’oublions pas de citer ici ^ même de dénonce^ l’un de ces outrages faits à la Nature * et dont l’habi¬ tude honteuse peut entraîner la perte de la santé et îaltere toujours* Il s’agit du libertinage solitaire ( masturbatto aut mollities) d’un homme ou d’une femme qui * trompant , en quelque sorte , la Nature * provoque spontanément des jouissances que la religion n’a pas voulu qu’on pût séparer du bonheur d’être per e. tTelle est donc la disposition physique que FÂuteiir de la Nature * ce Conservateur suprême de l’espece et de f individu * à voulu employer pour porter f homme , par l’attrait du plaisir , à travailler à se ' reproduire 9 à se conserver , etc.

L’objet du mariage est d’avoir des eiifans : mais quelquefois cet objet ne se trouve pas rempli. Dans les différentes Causes de la stérilité * il y en a de communes aux hommes et aüx femmes ; mais comme elles sont plus apparentes dans les hommes , on les leur attribue communément. cause de la stérilité la plus ordinaire aux hommes et aux femmes , c’est l’al¬ tération de liqueur séminale dans les testicules.' Dans les cas de stérilité , on a souvent employé

{dusieürs moyens pôur savoir si le défaut venoit de homme ou de la femme . L’inspection est le premier de ces moyens : il y a des hommes qui ? à la première inspection , parôissent être bien conformés , auxquels cependant le vrai signe de bonne conformation manque absolument ; il y en a d’autres qui n’ont ce signe que si imparfaitement ou si rarement , que c’est moins un signe certain la virilité * qu’un indice équivoque de l’impuissance.

Au reste , lorsqu’il n’y a aucun défaut de confor¬ mation à l’extérieur dans lés hommes 9 que l’érection Tome VIL G

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et l'éjaculation ont lieu , la stérilité vient alors le plus ordinairement des femmes ; car indépendamment de l’effet des fleurs blanches , qui , quand elles sont continuelles , doivent causer ou du moins occa¬ sionner la stérilité , les testicules des femmes éprouvent des changemens et des altérations considérables. Ajoutez que les défauts de conformation de la ma¬ trice et du vagin , le tempérament trop ou trop peu sensible , sont encore des vices physiques pour l’acte de la génération.

Dans le cours ordinaire de la Nature , les femmes ne sont en état de concevoir qu’après k première éruption des réglés , et la cessation de cet écoule- ment , qui arrive ordinairement à l’âge quarante ou cinquante ans , les rend stériles pour le reste de leur vie; alors leurs mamelles se flétrissent et la voix s’affoiblit. On en a cependant vu qui sont devenues meres avant d’être sujettes au moindre écoulement périodique , et d’autres qui ont conçu à soixante ans , et même dans un âge plus avancé. On regardera , si Ton veut , ces exemples -, quoique assez fréquens , comme des exceptions à la réglé; mais ces exceptions suffisent pour faire voir que la matière des menstrues n’est pas essentielle à la génération.

L’âge auquel Yhomme peut engendrer n’a pas des termes aussi marqués ; il faut que le corps soit par¬ venu à un certain point d’accroissement , pour que îa liqueur séminale soit produite ; cela arrive ordi¬ nairement entre douze et dix -huit ans. A soixante ou soixante- dix ans, lorsque la vieillesse commence à énerver le corps , la voix s’affoihlit , la liqueur séminale est moins abondante et souvent elle n’est plus prolifique ; cependant on a vu plusieurs exemples de vieillards qui ont engendré jusqu’à quatre-vingts et quatre-vingt-dix ans : on a vu aussi de jeunes garçons qui ont engendré à l’âge de neuf, dix et onze ans, et de petites filles qui ont conçu à sept , huit et neuf ans ; mais ces faits 3 extrêmement rares , peuvent être regardés comme des phénomènes.

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De la Conception , de la Grossesse ; de t Embryon 2 , de son accroissement y et de l* Accouchement.

Les signes que quelques Auteurs ont indiqués pour reconnoître si une femme a conçu 9 tels que le saisisse¬ ment et le froid convulsif ? horripilatio , que quelques femmes rapportent avoir ressentis au moment de la conception , ne sont que des signes très-équivoques ; car d’autres femmes assurent 9 au contraire , avoir ressenti une ardeur brûlante 9 causée par la chaleur de la liqueur séminale de Yhomme ; et le plus grand nombre avouent n'avoir rien ressenti de tout cela 9 sinon le terme du prurit vénérien qui succédé au plus grand degré d’orgasme. Mais les symptômes qui dans les premiers mois font reconnoître au \ femmes qu'elles sont grosses , sont moins équivoques ; elles éprouvent un engourdissement dans les lombes 9 un assoupissement presque continuel ou des insomnies 9 une qiélancolie qui les rend tristes et quelquefois capricieuses 9 des douleurs de dents , la pâleur et des taches sur le visage ; elles ont les paupières affaissées 9 les yeux jaunes , le goût dépravé , des dégoûts 9 des nausées et des vo- missemens 9 des douleurs d’estomac ; l’écoulement périodique cesse 9 la sécrétion du lait dans les*mamel!es s’établit ; enfin 9 le mouvement du fœtus 9 l’enflure particulière et dure de l’hypogastre , complètent ce triste tableau fait pour émouvoir notre sensibilité : mais telle est la force de l’institution de la Nature 9 que la femme se livre courageusement à faire les fonctions dont dépend la propagation du genre humain 9 et à ne pas se rebuter par les incommodités de la grossesse* Tout la rappelle au plaisir inexprimable ou à l’épilepsie passagère que la Nature emploie pour parvenir à ses fins. Au reste 9 combien de femmes ne se portent bien que lorsqu’elles sont enceintes ?

La grossesse est le temps pendant lequel une femme qui a conçu , porte dans son sein le fruit de la fécon¬ dation : ce temps qui désigne l’état d’une femme en¬ ceinte , prend date depuis le moment oh la faculté prolifique a été réduite en acte 9 et oh toutes les conditions requises de la part de Fun et de l’autre sexe 5 ont concouru à jeter les fondemens du fœtus

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snâle ou femelle dont la sortie est le terme. Aussi-tôt que la grossesse est déclarée 9 dit l’Àüteur de Y Essai sur la maniéré de perfectionner F espece humaine y la femme doit tourner toutes ses vues sur elle-même , et mesurer ses actions aux besoins de son fruit ; elle devient alors la dépositaire d’une créature nouvelle ; c’est un abrégé d’elle-même * qui n’en différé que par la proportion et le développement successif de ses parties. Une femme grosse doit avoir le plus grand soin de ne pas se serrer , d’éviter les extensions trop fortes ; en un mot , de ne troubler en aucune maniéré l’état naturel de la matrice. Elle doit encore éviter de se livrer à certaines passions. Oh verra ci-après combien les grandes passions produisent de grands changemens dans l’économie animale ifiême.

L’exposition de ce qui se $a$se pendant la grossesse J n’étant donc que l’histoire de la formation du fœtus humain , de son développement , de la maniéré par¬ ticulière dont il vit , dont il se nourrit , dont il croît dans le sein de sa mere , et dont se font toutes ces différentes opérations de la Nature à l’égard de l’un et de l’autre , ces détails intéressans doivent trouver ici leur place.

Nous disons que pour que la conception ait lieu l le fluide fécondant , c’est-à-dire , la semence dit mâle doit s’introduire dans la matrice et même dans les trompes et encore jusqu’à Fovaire de la femelle ; et il y a apparence qu’après la direction du sperme qui répond au vœu de la Nature , tout l’ouvrage de la génération est alors dans la matrice sous la forme d’un petit globe ; c’est le germe fécondé (<z). Trois ou

(a) Verheyen ayant ouvert une vache seize heures après l'accou¬ plement , a trouvé une grande quantité de sperme, dans la matrice*, Anat. Tract . V. cap. j». Ruysch ayant ouvert sur le champ une femme surprise en adultéré , et qui venoit d’éprouver une mort violente » assure avoir vii beaucoup de sperme , non-seulement dans la matrice * mais encore dans les trompes. Thés. Anat . tab. VI. Lime a décou¬ vert un embryon tout formé dans Fovaire. Mém. de T Acad. ijoy9 Nuck ayant lié la trompe d’une chienne trois jours après la copula¬ tion , au bout de il jours il y trouva deux embryons placés entre î’ovâire et la ligature. Le reste de la trompe et de la matrice étoient jddes. Encyclop , tom% VIL pag. jôS «

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quatre jours après la conception 5 il y a dans la matrice une bulle ovale , qui a huit à dix lignes dans Fun de ses plus grands diamètres. Cette bulle est | formée par une membrane très-fine , qui renferme une liqueur pareille à du blanc d’œuf. Sept jours après , on y peut appercevoir quelques petites fibres réunies , qui sont les premiers linéamens , ou les pre¬ mières ébauches de Y embryon. Quinze jours après la conception, on commence à bien distinguer la tête et à reconnoitre les traits les plus apparens du visage ; le nez n’est encore -qu’un filet proéminent et perpen¬ diculaire à une ligne qui indique la séparation des deux levres ; on voit deux points noirs à l’endroit des yeux , deux petits trous à l’endroit des oreilles ; les bras et les jambes ne paroisseor que sous la forme de petites protubérances : ainsi la bouche , le conduit intestinal jusqu’à l’anus, la moëlle alongée à la prendre depuis le cerveau jusqu’à son extrémité infé¬ rieure , sont les parties molles qui paroissent se former les premières.  un mois , Y embryon a plus d’un pouce de longueur ; la figure humaine n’est plus équi¬ voque ; toutes les parties de la face sont déjà recon- noissables ; toutes les parties du corps sont, dessinées et apparentes : en cet état on peut lui donner le nom de fœtus. A six semaines , le fœtus a près de deux pouces de longueur : on apperçoit à peu près dans ce temps le mouvement du cœur ; on y distingue des marques sensibles du sexe dont il est {a). Toute cette opération est en quelque sorte exprimée jusqu’ici par ces deux vers latins :

S ex in la:te di&s , ter sunt in sanguine terni , Bis senum carnes , ter senum membra figurant .

Ce qui signifie : La semence reste dans la matrice pendant six jours sous la forme laiteuse : elle passe à l’état san~

f a ) M. de Haller croit que ces grandeurs sont prématurées. Dans la brebis , dit-il , 1 e fœtus n’est visible qu’au bout de dix-huit jours ; il ne doit l’être dans la femme que plus tard encore , puisque son état de grossesse dure une fois autant que celui de la brebis. MM. Levreù et Sabatier ont donné les dimensions du foetus depuis un mois jusqu’à neuf, dans des proportions différentes. Celles dont il est mention, ici , sont des termes moyens des mesures prises par ces Observateurs \

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guinolent , et y reste pendant neuf jours; puis est dou^i jours à prendre la forme de chair ; enfin y les membres sont organisés au bout de dix-huit autres jours : ce qui forme un espace de quarante-cinq jours. Voilà l’ins¬ tant , le terme le souffle vivifiant de la Divinité anime cette frêle machine , met en jeu la sensibilité de ses différées organes , et répand le mouvement çt le sentiment dans toutes ses parties. Si cependant ce bd ouvrage de la Nature , plus ou moins avancé , reçoit à cette époque de sa formation des troubles et des commotions trop fortes; si, par exemple , le suc nourricier manque ou est détourné du vrai germe avant qu’il ait acquis un commencement de solidité 5 de vrai germe il devient faux germe ; les premiers linéa- mens s’effacent et se détruisent par le long séjour qu’il fait encore dans la matrice avant d’en être expulsé : Ce n’est plus qu’une congélation séminale flottante et opaque , ou un corps informe qui , venant à être expulsé ou à tomber, produit la fausse-couche la plus ordinaire. Mais reprenons le détail d’une conception dont le cours et les progrès ne sont point inter¬ rompus.

A deux mois , le fœtus a plus de deux pouces de longueur ; l’ossification commence par des points osseux au milieu des clavicules du bras , de l’avant- bras 9 etc. les clavicules sont même les premières ossi¬ fiées en entier ; et l’on peut dire que les os qui ont part à la composition des organes des sens , ou qui sont destinés à leur conservation , sont les premiers per¬ fectionnés. A trois mois , le fœtus a acquis plus de trois pouces et demi , il pese environ trois onces , et c’est à peu près dans ce temps qu’il donne des signes d’existence ; la mere commence à en sentir involontairement le mouvement ; mais cela dépend de la plus ou moins grande sensibilité de la mere. Quatre mois et demi après la conception , la longueur du fœtus est de six pouces et demi ; les ongles paroissent aux doigts des pieds et à ceux des mains ; toutes les parties de son corps sont repliées de maniéré à occuper le moins de place possible ; les genoux touchent pres¬ que aux joues. Â cinq mois , le fœtus a sept pouces trois lignes; à six mois , neuf pouces et demi ; à sept

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îtKxis 5 onze pouces et demi ; à huit mois , quatorze et demi ; à neuf mois , dix-sept à dix-huit pouces. Plusieurs observations prouvent que le fœtus prend dans la matrice, des situations différentes, suivant les diverses attitudes du çorps de la mere. Il est ordinai¬ rement placé les pieds en bas , le derrière appuyé , sur les talons , la tête inclinée sur les genoux , les mains sur la bouche , les pieds tournés en dedans , et il nage comme une espece de vaisseau dans l’eau contenue par les membranes qui l’environnent , sans que la mere en ressente d’autre incommodité que le mou¬ vement que le fœtus fait tantôt à droite , tantôt à gauche ; et il trépigne quelquefois avec tant de force , que la mere en est effrayée. Mais une fois que la tête vient à grossir assez pour rompre cet équilibre , elle fait la culbute et tombe en bas , la face tournée vers Fos sacrum , et le sommet vers l’orifice de la matrice : ceci se fait six semaines ou deux mois avant l’accou¬ chement. Lorsque le temps de sortir est arrivé , le fœms se trouvant trop serré dans la matrice , fait effort pour en sortir la tête la première. Enfin , dans le moment de Faccûuchement , le fœtus en réunissant ses propres forces à celles de sa mere , ouvre l’orifice de la matrice autant qu’il est nécessaire pour se faire passage. Il arrive quelquefois que le fœtus sort de la matrice sans briser son enveloppe , appelée placenta,

( omentum ) , comme cela arrive dans l'accouchement des animaux ; mais communément le fœtus par son effort , brise son enveloppe , dont la partie la plus mince lui reste quelquefois sur la tête ; c’est ce que l’on appelle naître coiffé. (Les Anciens regardoient, cette enveloppe membraneuse , comme un signe de bonheur ; et cette opinion subsiste encore parmi le peuple. ) La liqueur qui sort pendant l’accouchement, se nomme le bain ou les eaux de la mere. Ce bain naturel qui met le fœtus à couvert des injures exté¬ rieures , en éludant la violence des coups que la femme grosse peut recevoir sur le ventre , défend aussi par la même raison la matrice des secousses et des frotte- snens causés par les mouvemens du fœtus ; enfin , ces eaux servent à faciliter la sortie de l’enfant dans le temps de l’accouchement , en rendant les passages plus

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souples (æ). Lorsque le fœtus est sorti , le cordoâ ombilical entraîné par son poids ou par la main de rAccoucheur , attire le placenta et les autres mem»

(a) M. Jumelin , Docteur en Médecine , dit dans un précis his¬ torique ce qui a été fait pour et contre l’opération de la symphyse <Hu pubis , qu’on avoit observé depuis long-temps , que vers la fin «de la grossesse , les li game ns qui unissent les os du bassin , sont ^breuvés de sérosités , au point de se gonfler et de se ramollir con¬ sidérablement. Qu’on avoit pareillement observé q(ie dans des accou- chemens laborieux , lorsque la tête s’engage avec effort dans le dé¬ croît supérieur , ces ligamens ainsi préparés , se relâchent , s’alon- gent très-sensiblement. Ces observations , jointes à des expériences faites sur des cadavres de femmes mortes ou en travail , ou peu de temps après l’accouchement , qui faisoient un écartement spontanée plus ou moins grand , et toujours assez considérable entre les os pubis , quand on avoit coupé la substance qui les joint , ont donné la première idée la section de la symphyse du pubis , dont le but est de suppléer, en bien des cas , à l’opération césarienne ( nommée ainsi parce qu’elle fut pratiquée pour la première fois en faveur A' Auguste- César qui ne pouvoit être amené à la lumière commune du sein de sa mere ; F line écrit que Scipion V Africain F aîné et Manlius , naquirent ainsi ; ) et l’effet de la section de la symphyse est d’agrandir le bassin trop étroit pour laisser passer la tête de l’enfant. Ce moyen de sauver la mere et son fruit , fut découvert en 17 63 , par M. Sigault , Docteur en Mé¬ decine de Paris , qui a pratiqué cette opération le xer Octobre 1777» sur la femme d’un nommé Souchot , Soldat de la Garde de Paris* Cette femme a trois pieds huit pouces de haut , les cuisses et les |ambes arquées , et le petit diamètre du bassin de deux pouces et demi , suivant les gens de l’art les plus expérimentés. Voici l’exposé de son procédé : « J’ai incisé , dît-il , la peau et la graisse un peu au-dessus du pubis , jusqu’à la commissure des grandes îevres : la symphyse se trouvant à découvert , j’ai pénétré les. muscles pyramidaux et « la ligne blanche , et j’ai introduit , par cette ouverture , l’index de 3* la main gauche le long de la partie interne de la symphyse. J’ai v continué la section du ligament et du cartilage 9 qui se trouvent très- épais au dernier terme de la grossesse , etc.». Par cette opération , Ses os pubis étoient écartés de deux pouces et demi , ce qui fut d’une grande ressource. L’accouchement se termina bientôt, La réunion «de la symphyse s’est faite en quinze jours. Il est vrai que dans cette opération on déchire quelquefois les ligamens , ainsi que le tissu cellulaire qui unit la vessie aux os pubis , et que le clitoris est 1 ui— même souvent déchiré. Chez la femme Souchot , l’écartement spon¬ tanée s’est rapproché ; un écoulement d’urine involontaire qu’on pou¬ voir imputer à l’opération qui avoit occasionné un tiraillement des fibres de la vessie , fut guéri ; la vessie n’a voit été que décollé© d’avec les os pubis. Il résulte que l’opération de la symphyse est utile et moins dangereuse que la césarienne , qu’elle a des condi¬ tions moins funestes pour la mere , et qu’elle est très-utile point? procurer la sortie d’un enfant arrêté par le défaut de largeur da fessa*.

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branes , qui toutes ensemble portent le^nom d 'arriéré* faix ou délivre : à l’aide d’un fil en plusieurs doubles on fait une forte ligature au cordon ombilical , à deux et trois travers de doigt du nombril de l’enfant : en¬ suite on coupe le cordon à un doigt au-dessus de la ligature ; tel est le moyen en usage pour empêcher rhétnqrrhagie : le reste du cordon se desseche. ( On voit que le fœtus tient à ses enveloppes par le cordon ombilical , auquel il est lui-même attaché par l’endroit du nombril.) Le cordon ombilical est long de trois pieds ou environ , et composé de deux arteres et d’une veine ; son usage dans le fœtus étoit encore de pro¬ longer le cours de la circulation du sang et de don¬ ner au fœtus la liberté de se mouvoir 9 sans arracher le placenta. Les extrémités de ces vaisseaux se divisent en ramifications 9 et prennent leur origine dans le placenta ; cette masse vasculeuse qui ressemble à un gâteau , comme son nom le désigne , absorbe le suc nourricier provenant de la matrice , de même que les intestins absorbent le chyle. Le suc nourricier est porté ensuite au fœtus par la veine ombilicale. Le fœtus ne respire point dans le sein de sa mere : ainsi ce que Ton dit des cris des enfans dans le sein de leur mere , ne doit être regardé que comme une fable. ^

La mere après avoir terminé son travail et mis son enfant au jour , est sujette , par les lois de la Nature , à rendre une certaine quantité d’humeurs rouges ( vidanges ou lochies , ) qui sortent par les mêmes organes qui , peu de temps auparavant , renfermoient le présent qu’elle vient de faire au genre humain. Les Observateurs de l’économie animale regardent ce suin¬ tement comme si important ? qu’ils prennent toutes les précautions possibles pour en favoriser une issue continue 9 tranquille , pour qu’elle ne soit interceptée que par les seules lois de la Nature , et pour écarter les maux et les dangers qu’entraîne après soi la cessa¬ tion d’un écoulement aussi salutaire. M. Meunier 9 Mé¬ decin à Vesou! , dit que les Médecins de Syracuse at¬ tachent seuls très-peu d’importance à ces accidens , à cette cessation d’écoulement , qui par-tout ailleurs jette dans l’esprit des Médecins d’Europe 9 la frayeur et l’alarme les mieux fondées. L’usage de la neige , tant

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à Textérieur qu’à l'intérieur , devient pour les malades en ce genre , un spécifique ordonné par l’Esculape Syra- cusain. Voye^àTart. Neige. Mais revenons à notre sujet, La durée de la grossesse est ordinairement de neuf snois, quelquefois plus ou moins : mais le temps or¬ dinaire s’étend à vingt jours de différence , c’est-à-dire , depuis huit mois et quatorze jours jusqu’à neuf mois et quatre jours. Le commencement du septième mois est le plus court terme de la grossesse ; le foetus sorti plutôt , avorte communément. Nous disons que l’enfant sort de sa prison rarement avant le septième mois , si ce n’est dans un premier accouchement . On a observé que l’enfant qui vient à sept mois 5 a presque toujours quelque imperfection à la bouche , aux oreilles et aux doigts , parce que ces parties sont achevées d’être parfaitement organisées les dèrnieres. Quelquefois la foiblesse du foetus 9 ou l’âge de la mere , ou d’autres causes font que 1* accouchement n’arrive qu’après dix mois ; et il y a des exemples d’un terme plus long. Les femmes qui ont fait plusieurs enfans , assurent pres¬ que toutes que les filles naissent plus tard que les gar¬ çons. Au reste voyez la Dissertation sur les naissances tardives . L’enfant arrive aussi à huit mois , et d’habiles gens soutiennent qu’il n’est pas vrai que les enfans nés à ce terme ne vivent pas. Il paroît qu’il y a beaucoup plus de circonstances propres à avancer la sortie du fœtus 9 qu’à la retarder.

On prétend que c’est le défaut de respiration qui fait faire au fœtus les efforts nécessaires pour sortir : aussi ne voit-il pas plutôt le jour qu’il commence à res¬ pirer , et qu’alors le sang se jette dans les poumons pour circuler. Par cette raison 3 lorsqu’on veut connoître si le fœtus est venu mort , on met les poumons dans l’eau : s’ils surnagent , c’est une preuve que le fœtus a vécu et respiré , à la maniéré qu’on vit à Pair libre 9 c’est-à-dire , hors du sein de la mere , et que l’air reçu par le moyen de la respiration les a raréfiés (<z).

(a) Il s’est élevé , dans tous les temps , des contestations médico- légales , pour savoir si la seule et sensible pulsation du cordon ombilical , à défaut de tout autre signe de vie , est un indice suffi¬ sant pour indiquer qu’il y a vie dans un nouveau né. M. Petit conclut pour l’affirmative , et dit qu’un tel enfant venu à terme doit être compte au nombre des citoyens , et habile à hériter*

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N’oublions pas de dire que , quoique la tête soit très- grosse dans les enfans , à proportion des autres par¬ ties, du corps , elle est susceptible de se prêter dans le moment ou l’enfant paroît à la lumière. Cette dimi¬ nution apparente de volume provient du rapproche¬ ment des os pariétaux , temporaux , frontal et occi¬ pital y qui sont propres uniquement au crâne , et qui dans le premier moment de sa naissance ne sont pas réunis par sutures ; ils sont encore séparés , écartés les uns des autres , et c’est pas ces ouvertures , à l’endroit de la fontanelle , qu’on voit palpiter et qu’on sent alors le battement des arteres du cerveau : il suffit d’y porter la main , ainsi que nous l’avons déjà dit au commencement de cet article. On ne peut trop répéter aux Sages-femmes, que îa tête de l’enfant étant tendre , molle , délicate > elle doit être maniée avec la plus grande précaution : l’impression in¬ considérée du doigt de la Matrone auroit suffi pour faire un sot , de Corneille , de Sully , de Colbert , de Buffon ; ainsi une pression trop vive pourroit altérer la perfectibilité de ces organes : c’est ce qui sera dé¬ montré ci-après en parlant de X économie animale .

Il est plus ordinaire de voir des femmes n’avoir qu’un enfant à la fois , qu’un plus grand nombre. Lorsqu’elles en portent deux , trois , ou plus , on les trouve très-rarement sous la même. enveloppe , et leurs placentas , quoique adhérens , sont presque tou¬ jours distincts. Les accouchcmens de deux jumeaux sont assez fréquens ; mais il est rare qu’il y en ait plus de deux. "On prétend que parmi les femmes grosses , il n’y en a qu’une , sur deux mille cinq cents , qui porte trois jumeaux ; une , sur vingt mille , qui en porte quatre ; et une , sur un million , qui en porte cinq. Lorsque les jumeaux sont à ce nombre, ou même lorsqu’il n’y en a que trois ou quatre , ils ne sont pas d’une bonne constitution ; la plupart meurent avant de naître , ou peu de temps après leur naissance. On a cité des exemples de jumeaux , au nombre de six , sept 9 huit , neuf , et même seize 9 d’une même grossesse. La femme d'Emmanuel Gago , Laboureur , près Valladolid , accoucha , le 14 Juin $779 , de cinq hiles dont les deux premières firent

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baptisées ; des trois autres , nées une heure après , deux furent ondoyéês , et la derniere vint au monde avec tous les signes delà mort. La nommée Tarftn , accoucha , à sept mois de grossesse , à Argenteuil près Paris 5 le 17 Juillet 1779 , de trois garçons , de quatorze pouces et demi chacun , et d’une fille , de treize pouces : ces quatre enfaiis furent baptisés , mais ils ne vécurent pas vingt-quatre heures. Les Papiers publics du mois de Juin 1779 5 ont ^ mention de la femme Maria Rui ç , du district de Lucena en Andalousie , qui est accouchée successivement de seize garçons , sans aucun mélange de filles ; le 17 Août suivant, sept vivoient encore. Voici un autre fait presque incroyable , quoique récent. En 1755 , le 2-ï de Mars , on présenta à l’Inipératrice de Russie, un paysan Moscovite , nommé Jacques Kyrllof , et sa femme. Ce paysan , marié en secondes noces , étoit âgé de soixante-dix ans : sa première femme étoit accouchée vingt-une fois ; savoir , quatre fois de quatre en fa ns , sept fois de trois , et dix fois de deux : total , cinquante-sept enfah's , qui vivoient alors. Sa seconde femme , qui l’accompagnoit , comptoit déjà sept couches ; une de trois enfans à la fois , et six de deux jumeaux chacune , ce qui faisoit quinze enfans pour sa part. Ainsi, le Patriarche Moscovite avoit eu jusqu’alors , de deux mariages , soixante et douze enfans. On assure que le Sultan Mustapha 1IÎ avoit été pere de cinq cents quatre-vingts enfans mâles , issus de ses concubines. On nous a laissé ignorer le nombre des enfans femelles qu’il a avoir , et s’il y avoit des jumeaux de Pim et l’autre sexe. Ces citations supposent une étrange fécondité : et si ces faits ne sont pas fort incertains , 011 n’en doit pas moins regarder comme fabuleux , les trois cents soixante-cinq enfans jumeaux , d’une petitesse ex¬ trême , que l’on a attribués à une Comtesse de Hollande. Au reste , on peut consulter une Anecdote sur la fécondité du sexe à Senlis , que nous avons con¬ signée dans le Journal de Physique et d* Histoire Natu¬ relle, mois de Septembre Voici une autre question ?

cetfe pluralité de fœtus dans une seule grossesse , cette fécondité qui produit simultanément différons

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Individus yivans , tient-elle ou non au mysterê de la superfétation ? C’est un point sur lequel on est partagé.

Les preuves de la superfétation ^ phénomène qui a été contesté , se multiplient de plus en plus. En 1753 , une femme de Louviers accoucha successi¬ vement , en trois mois , de trois enfans , qui furent baptisés. En 1755, une femme de dix-huit ans, mariée en Angleterre , près de Katwyk sur mer , à un homme veuf , âgé de soixante ans , qui n’avoit point eu d’enfans de sa première femme , y accoucha le matin , d’on garçon vivant ; le même jour, au soir, elle fut encore délivrée d’un enfant de six mois , et le lendemain , il en vint un troisième , d’environ trois mois.

Mais quelle vue peut avoir la Nature , de produire un enfant à deux têtes , à deux corps , à quatre bras , à six doigts, avec l’apparence des deux sexes, etc? Voyti Monstre et Hermaphrodite. Pourquoi les enfans ressemblent-ils tantôt à leur pere , tantôt à leur mere ? Pour rendre raison de ce fait , les uns ont dit , et on l’a répété dans nombre d’écrits , que la liqueur séminale est un extrait du grand tout orga¬ nique et individuel : d’autres prétendent que c’est l’effet des molécules organiques , renvoyées de toutes les parties du corps aux organes de la génération: il y en a qui veulent que la fécondation opéré dans le germe , non-seulement le développement , mais des modifications qui ont toujours un rapport plus ou moins marqué avec l’individu fécondateur. Par quelle singularité , certaines femmes sont-elles très-fécondes, en garçons , et d’autres en filles ? . . . C’est a peu près la même difficulté pour les différentes taches ou marques de naissance , que Ton rapporte trop gratui¬ tement à une imagination frappée ; mie mere ne peut changer à son gré la forme et l'a stature de son fœtus 9 ni lui donner l’empreinte de ses envies. Combien d’enfans délicats naissent de femmes puissantes , fé¬ condées par de vigoureux Athlètes ? Les enfans , dans l’état de fœtus , sont déjà sujets à quantité de maladies , qui occasionnent ou les difformités de naissance , ou des taches sur certaines parties de la peau , dont les traces sont le plus souvent ineffaçables. M. Okes &

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soutenu 9 dans l’Université de Cambridge , une These savante et curieuse 5 tendante à prouver que {'imagi¬ nation des femmes grosses nest pas la cause des difformités du fœtus. La doctrine qui attribue à l’imagination de la mere les défectuosités de l’enfant est donc abso¬ lument frivole , et , ce qui est de grande conséquence , dit M. Cooper , elle est funeste à la société : elle rend souvent les femmes fort malheureuses ; la crainte de mutiier ou de marquer leur fruit , les affecte jusqu’au point de leur causer des fausses-eouches. C’est une très-foible supposition , directement contraire à la Physique et à l’expérience , et uniquement fondée sur une opinion vulgaire , transmise par l’ignorance de l’Anatomie et par. nos préjugés; nos erreurs et nos folies se tiennent toutes par la main ; il est bien* plus raisonnable de dire , avec M. G. Humer 9 que tous ces défauts et ces difformités tiennent à la conformation primordiale des premiers fibres de l’embryon. L’illustre M. de Haller pense que cela est évidemment ainsi dans les especes de monstres qui ont des parties superflues.

Parmi les jeux ou les méprises de la Nature , on la voit quelquefois travailler en miniature , avec üne justesse admirable de proportion : ces frêles en fans ne jouissent qu’un moment de leur état de perfection : on en verra des exemples , en consultant Y article. Nain. Ici la Nature semble pécher par défaut; d’autres fois c’est par excès. Foye^ l3 article Géant.

De la Circoncision , de U Infibulation et de la Castration .

La circoncision , l’infibulation et la castration sont des faits trop essentiels dans l’histoire de Y homme, pour n’en point parier.

La circoncision ( Circumcisio ) , est un usage extrê¬ mement ancien , et qui subsiste encore dans la plus grande partie de l’Asie. On croit quç les Turcs et plusieurs autres peuples auroient naturellement le prépuce trop long , si l’on n’avoit pas la précaution de le couper; et que, sans la circoncision , certains peuples , tels que les Arabes , ser oient inhabiles à la génération.

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La circoncision a lieu aussi pour les filles ; dans quelques contrées d’Arabie , de Perse , d’Afrique , l’accroissement des nymphes devient trop considérable, et nuiroit aussi à la génération , si l’on ne prévenoit cet inconvénient par la circoncision . Cette opération s’appelle nymphotomie . C’est uniquement la castration des femmes , dont les Auteurs ont entendu parler. Consulte £ la Généanthropie de Sïnibaidus . Voyez NYM¬ PHES , à la fin de Y article général NYMPHE.

Cette opération peut donc être fondée sur la né¬ cessité , et elle a du moins pour objet la propreté : mais Y infibulation et la castration ne peuvent avoir d’autre origine que la jalousie ou l’intérêt.

L’ infibulation ( înfibulatio ) , pour les garçons , se fait en tirant le prépuce en avant : on le perce et on y met un anneau assez grand, qui doit rester en place aussi long-temps qu’il plaît à celui qui a ordonné* l’opération , et quelquefois toute la vie. Ceux qui, parmi les Moines Orientaux , font vœu de chasteté, portent ainsi un très-grand anneau , pour se mettre dans l’impossibilité d’y manquer. U infibulation a lieu aussi chez certains peuples , pour les filles et pour les femmes. On ne peut rien imaginer de bizarre et de ridicule sur ce sujet , que les hommes n’aient mis en pratique, ou par passion , ou par superstition. Les Ethiopiens , plusieurs autres peuples de l’Afrique , et quelques autres nations de l’Asie , aussi-tôt que leurs filles sont nées , rapprochent , par une sorte de couture , les parties que la Nature a séparées , et ne laissent libre que l’espace qui est nécessaire pour les écoulemens naturels : les chairs adhèrent peu à peu , à mesure que l’enfant prend son accroissement; de sorte que l’on est obligé de les séparer par une incision , lorsque le temps du mariage est arrivé. On dit qu’ils emploient pour cette infibulation des filles , un fil d’amiante , parce que cette matière n’est pas sujette à la corruption. Il y a certains peuples qui passent seulement un anneau : les femmes sont sou¬ mises comme les filles à cet usage outrageant : la seule différence est , que l’anneau des filles ne peut s’ôter qu’en le détruisant 9 et que celui des femmes a uàe espece de serrure , dont le mari seul a , dit-on , la clef.

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Souvent îa serrure est pratiquée dans une pîece âê linge , que l’on appelle ceinture de Virginité. VoyeÆ à l’ article Ceinture.

I/usage de îa castration des hommes {Castratio) ^ est fort ancien et généralement assez répandu : il est question des Eunuques 5 dans les plus anciennes Monar¬ chies de l’Orient ; ce qui fait présumer que l’on a commencé à faire usage des castrats dans les pays chauds oii des Souverains voluptueux avoient établi ou toléré la polygamie. Quelques voyageurs nous racontent qu’il existe des despotes , ou plutôt des monstres qui font faire des castrats pour les en¬ graisser , et pour les dévorer de îa même maniéré que les Européens mangent des chapons. La castration étoit la peine de l’adultéré chez les Egyptiens , et ancienne¬ ment en Pologne et en Espagne : il est des peuples qui font subir cette opération à leurs prisonniers de guerre. Les siècles antérieurs ont vu * à la honte de l’humanité , les célébrés Origcne 9 Léonce d'Antioche * et quantité de Moines 5 se mutiler eux-mêmes , pour éviter les tentations d.e la chair , ou pour se conformer textuellement au Chapitre ix de S. Matthieu . D’après cet exposé et ce que nous dirons dans pn moment $ on peut dire que l’avarice , la volupté , îa voracité 3 la jalousie ont fabriqué des castrats : la vengeance ÿ le fanatisme , et peut- être la prudence , en ont multi¬ plié le nombre. La Loi naturelle s’oppose avec force contre de pareils abus , et cet attentat horrible contre l’humanité , est presque inconnu parmi les Nations Européennes.

Il y a plusieurs especes de castrations ; les Hottentots .coupent un testicule à leurs enfans , dans l’idée , que ce retranchement les rend, plus légers à la course: dans d’autres pays , les pauvres mutilent entièrement leurs garçons , pour éteindre leur postérité , qui se trouveroit un jour dans la misere. Ceux qui , comme ci-devant ? en Italie , n’ont en vue que la perfection d’un vain talent ou la formation d’une voix qui dépare la Nature 9 se contentent de couper les deux testicules : mais dans certains pays, et aujourd’hui dans toute l’Asie, spécialement chez les Turcs et dans une partie de l’Afrique 9 etc, ceu? qui sont animés par la défiance

qu’inspire-

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qu’înspîre la jalousie , ne croiroîent pas leurs femmes en sûreté , si elles étoient gardées par des eunuques de cette espece : ils ne veulent se servir, dins leurs sérails , que d’Esclaves auxquels on a retranché toutes les parties viriles extérieures.

L'amputation n’est pas le seul moyen dont on soit servi : autrefois on empêchoit l’accroissement des testicules , et l’on en détruisolt l’organisation par simple froissement , en mettant les enfans dans un bain d’eau chaude fait de décoction de plantes. On pré¬ tend que cette sorte de castration ne fait courir aucun risque pour la vie. L’amputation des testicules n’est pas fort dangereuse , on la peut faire à tout âge : cependant on préféré le temps de l’enfance ; mais l’amputation entierè des parties extérieures de la géné¬ ration , est le plus souvent* mortelle. On ne peut faire cette opération sur les enfans , que depuis l’âge de sept ans jusqu’à dix : la difficulté qu’il y a de sauver ces sortes d'eunuques dans cette opération 3 fait qu’ils coûtent en Turquie cinq ou six fois plus cher que les autres. Chardin rapporte que cette opération est si douloureuse et si dangereuse passé l’âge de quinze ans , qu’à peine réchappe-t-il un quart des enfans qui la subissent. Pietro délia Valle dit au contraire que ceux qui, en Perse , éprouvent cette infâme et cruelle opération , pour punition du viol et d’autres crimes de ce genre , en guérissent fort heureusement , quoique avancés en âge , et qu’on n’applique que de la cendre sur la plaie.

11 y a à Constantinople , dans toute la Turquie , en Perse , des eunuques dont le teint est gris : ils viennent pour la plupart du Royaume de Golconde , de la Presqu’isle en deçà du Gange , des Royaumes d’A^san 5 d’Âracan , du Pégu et du Malabar. Ceux du Golfe de Bengale sont de couleur olivâtre. 11 y en a de blancs , mais en petit nombre ; ils, viennent de Géorgie et de Circassie. Les noirs viennent d’Afrique , prin¬ cipalement d’Ethiopie; ceux-ci sont d’autant plus recherchés et plus chers , qu’ils sont plus horribles. Il paroît qu’il se fait un commerce considérable de oette espece d 'hommes neutres dans la société , car Javcrnier dit , qu’étant au Royaume de Golconde en Tome VIL D

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1657 , on y fit jusqu’à vingt-deux mille eunuques ; on les vend dans les Foires de cette contrée.

Les eunuques auxquels on n’a ôté que les testicules , ne laissent pas de sentir l’irritation dans ce qui leur reste , et d’en avoir le signe extérieur , même plus fréquemment que les autres hommes ; niais cette partie ne prend qu’un très-petit accroissement , et demeure à peu près dans le même état elle étoit à l’âge on a fait l’opération.

Si l’on considéré avec attention ces différentes especes à' eunuques , l’on reconnoit presque toujours que la castration et ses suites ont occasionné des variations plus ou moins sensibles dans leur configu¬ ration , indépendamment des effets physiques qu’elle produit sur Y homme .

Les eunuques sont , dit M. Withof , timides , irré¬ solus , craintifs , soupçonneux , inconstans ; et cela 9 parce que leur sang n’a pas reçu toute réiaboratiori nécessaire en passant par les vaisseaux spermatiques : ainsi , en s’éloignant des qualités de Y homme , ils par¬ ticipent aux inclinations de la femme , et leur esprit même est d’un sexe mitoyen. Ils ont cependant quel¬ ques avantages ; ils deviennent plus grands et sont plus gras pour l’ordinaire que les autres hommes ; souvent ils prennent un embonpoint dégoûtant. Si les eunuques abondent plus en matières huileuses , ils sont aussi moins sujets à la goutte et à la folie , que les hommes qui abondent plus en sang et en hu¬ meurs atrabilaires : la liqueur oléagineuse qui circule abondamment chez eux , empêche les inégalités dans la trachée -artere et dans le palais ; ce qui, joint à la flexibilité de l’épiglotte et des autres organes de la voix , rend la leur si sonore et si étendue , et même si douce , qu’il est presque impossible à un eunuque de prononcer distinctement la lettre R. Cet avantage factice suffit-il pour consoler ces malheureux de la barbarie de ceux qui ont osé sacrifier la Nature à l’avarice ? On ne peut réfléchir sur tous les motifs qui produisent des eunuques , sans gémir de douleur et de pitié. Qu’on ne croie pas , au reste , qu’une aussi odieuse cruauté produise infailliblement le fruit qu’on en espere quelquefois ( l’étendue factice et

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étrangère de la voix de dessus ) ; de deux mîJîe victimes sacrifiées au luxe et aux bizarreries de Fart , à peine trouve-t-on trois sujets qui réunissent le talent et l’organe : toutes les autres créatures , oisives et lan¬ guissantes , ne sont plus que le rebut des deux sexes , des membres paralytiques de la société , un fardeau inutile et flétrissant de la terre qui les a produits 9 qui les nourrit et qui les porte. Mais rendons hommage au pape Clément XIV, ce Pontife ^vertueux , qui écoutant la voix de la pudeur et de l’humanité, pros¬ crivit cet usage détestable et infâme. La mutilation y a-t-il dit, est le . forfait le plus odieux et le plus avilissant.

IL y a des rapports singuliers , dont nous ignorons les causes , entre les parties de la génération et celles de la gorge : les eunuques n’ont point de barbe; leur voix", quoique forte et perçante , n’est jamais d’un ton grave : ( il paroît en effet que la mutilation faite sur un enfant , empêche le changement qu’éprouve la voix des hommes , à l’âge nubile , et qui la fait baisser tout d’un coup d’une octave Souvent les maladies sécrétés se montrent à la gorge. La correspondance qu’ont certaines parties du corps fort éloignées et fort différentes, et qui est ici remarquée , pourroit s’observer bien plus généralement ; mais on, ne fait pas assez d’attention aux effets , lorsqu’on ne soupçonne pas quelles en peuvent être les causes ; c’est sans doute par cette raison , dit M. de Buffbfi 9 qu’on n’a jamais songé à examiner avec soin ces correspondances dans le corps humain. Il y a dans les femmes une grande correspondance entre la matrice 9 les mamelles et la tête : combien n’en trouveroit-on pas d’autres , si de grands médecins tournoient leurs vues de ce côté-là ?

On peut observer que cette correspondance entre la voix et les parties de la génération , ne se re- connoît pas seulement dans les eunuques ; la voix change dans les hommes à i’âge de puberté ; et les femmes qui ont la voix forte, sont soupçonnées d’avoir plus de penchant à l’amour. Le chant est phy¬ siquement subordonné à la sympathie ou à la cor¬ respondance qui existe dans tous les animaux , entre

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les organes de la voix et ceux de la génération r ces derniers , plus particuliérement dans les oiseaux , sont pleins de vigueur au printemps , et ceux de la voix s’en ressentent par sympathie : après 3a ponte , en automne , les organes de la génération sont dans un épuisement dont la réaction agit sur ceux de la voix ; aussi les oiseaux chantent-ils au printemps et en été , et la plupart se taisent en automne et au commencement de Fiiiver. Voye^ ci -après Y article Economie animale, ou est exposé le mécanisme de la voix. Voye^ aussi Y article Oiseau.

Dans l’enfance , il n’y a quelquefois qu’un testicule dans le scrotum , et quelquefois point du tout. On ne doit cependant pas toujours juger que les jeunes gens qui sont dans l’un ou l’autre de ces cas , soient en effet privés de ce qui paroît leur manquer. A l’âge de huit ou dix ans , ou même simplement à l’âge de puberté , la Nature fait un effort qui les fait paroître au dehors : cela arrive aussi quelquefois par l’effet d’une maladie ou d’un mouvement violent , tel qu’un saut ou une chute , etc. Quand même les testicules ne se manifesteroient pas , on n’en est pas moins propre à la génération ; l’on a même observé que ceux qui sont dans cet état , ont plus de vigueur que les autres.

Il se trouve aussi des hommes qui n’ont quelquefois qu’un testicule ; ce défaut ne nuit pas à génération ; l’on a observé que le testicule qui est seul , est alors beaucoup plus gros qu’à l’ordinaire. Quelques indi¬ vidus en ont trois ; ils sont, dit' on, beaucoup plus vigoureux et plus forts de corps que les autres hommes . On peut voir par l’exemple des animaux, combien ces parties contribuent à la force et au courage : quelle différence entre un taureau et un bœuf 3 un bélier et un mouton ! quel contraste de voix entre un coq et un chapon 1

De la Jeunesse ; de l’Age viril ; de la Taille et de Id

Force du corps ; Caractères du visage dans les passions $

du Sommeil 3 et des Somnambules .

Le corps achevé de prendre son accroissement en hauteur , à lage de la puberté 9 et pendant îes pre-

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mleres années qui succèdent à cet âge. Ï1 y a des jeunes gens qui ne grandissent plus après la qua¬ torzième* ou la quinzième année de leur âge ; d’autres croissent jusqu’à vingt et vingt- trois ans. Dans cet âge ils sont presque tous effilés ; mais peu à peu les membres se moulent et s’arrondissent , et le corps dans les hommes est avant l’âge de trente ans dans son point de perfection , pour la force , la consistance et les proportions de sa forme : le corps de la femme parvient bien plutôt à «ce point de perfection, h' ado¬ lescence finit à l’âge de vingt ou vingt-cinq ans : à cette époque , la jeunesse ( considérée relativement à la division que l’on a faite des années de la vie en différens âges) , commence ; elle dure jusqu’à trente ou trente-cinq.

La taille ordinaire de l'homme ( Statura ) , est de cinq pieds deux à quatre pouces ; celle de la femme est de cinq pieds à cinq pieds un pouce. Les hommes qui ont moins de cinq pieds , sont de petite taille : celle des Lapons ne va guere qu’à quatre pieds et demi : les Borandiens sont encore plus petits. Les femmes arrivent plutôt que les hommes au terme de leur accroissement. Haller estime que dans les climats tempérés de l’Europe , la vraie taille des hommes est de cinq pieds cinq ou six pouces : ce Physicien observe qu’en Suisse les habitans des plaines sont plus grands que ceux des montagnes. Il est difficile de dé¬ terminer d’une maniéré précise les vraies limites de la taille humaine. En parcourant la surface de la terre habitée , on reconnoît que la taille varie encore plus d’individu à individu que de peuple à peuple : dans le même climat , dans la même nation , quel¬ quefois dans une même famille , il y a des hommes dont la taille peche , ou par excès , ou par défaut* Voye{ ce que nous en avons dit aux articles Géant et Nain.

Le corps ayant pris toute sa hauteur dans Y adoles¬ cence , et toutes ses dimensions dans la jeunesse , reste plusieurs années dans le même état avant de com¬ mencer à dépérir. Cet espace de temps est Y dge viril; il dure depuis la trentième ou trente-cinquieme année de la vie , jusqu’à la quarantième ou quarante-cirx-

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quieme. Durant cet âge , les forces du corps sou¬ tiennent , et le plus grand changement qui arrive à la figure de i homme , vient de la graisse qui se forme en différentes parties ; 1 embonpoint excessif défigure le corps , et le surcharge d’un poids très- incommode.

Le corps de Y homme bien fait doit être carré , les muscles doivent être durement exprimés , le contour des membres fortement dessiné * les traits du visage bien marqués. Dans les femmes 9 tout est plus arrondi , les formes sont plus adoucies , les traits plus fins 9 et le teint plus éclatant. L'homme a la force et la majesté ; les grâces et la beauté sont l’apanage de l’autre sexe. On trouvera dans la description du squelette humain , à Y article Os 9 les caractères essen¬ tiels à chacun des deux sexes.

Tout annonce dans tous deux les maîtres de la terre : tout marque dans Y homme, même à l’extérieur , sa supériorité sur les êtres vivans ; il se tient droit et élevé , son attitude est celle du commandement ; sa tête regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité : l’image de l’ame y est peinte par la physionomie ; l'excellence de sa nature perce à travers les organes matériels , et anime d’un feu divin les traits de son visage; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie annoncent sa noblesse et son rang ; il ne touche à la terre que par les extrémités les plus éloignées ; il ne la voit que de loin ? et semble la dédaigner.

Le Philosophe Naturaliste dit avec raison que le visage de F homme est le miroir de l’esprit : il est en cela d’accord avec les observations des Physiologistes et des Anatomistes. Aucun animal ne porte une phy¬ sionomie o ti les caractères de la passion se peignent avec autant d’énergie et de rapidité , et par des nuances aussi, graduées que dans celle de Y homme Nous savons que la rougeur monte au visage dans certaines émotions , et que l’on pâlit dans d’autres : ces deux symptômes , dont l’apparence dépend de la structure et de la transparence du réseau cutanée, forment , notamment la rougeur , uniquement ches

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f homme , une beauté particulière. Dans nos climats ,, la couleur naturelle du visage de V homme en bonne santé , est la blancheur ; la peau de la pommette doit être d’un rouge de rose . La couleur pâle du visage est toujours suspecte, et celle nuée de noir est souvent un symptôme de mélancolie et de bile corrompue ; celle qui est par-tout d’un rouge constant, annonce que le sang se porte au cerveau avec trop d’impétuo¬ sité ; la lividité est un signe morbifique et dangereux ; la couleur nuée de jaune est un signe iïidtere ou de cacochymie . Souvent la couleur de la peau est altérée par un défaut de sommeil du de nourriture, ou par un cours de ventre , etc.

Malgré la ressemblance générale du visage des nations et des familles , il y a cependant une diversité prodigieuse entre les traits qu’il présente ; néanmoins chacun reconnoît sans méprise celui à qui il veut parler : il lui suffit de l’avoir bien vu une fois. Tel porte l’enjouement sur son front et annonce d’avance par la gaieté de son visage celle qu’il va porter dans la société ; sur le visage de tel autre les pleurs tendent à émouvoir la compassion des carac¬ tères les plus durs. Ainsi le visage est le rendez- vous des symptômes des affections humaines tant morales que physiques : la tranquillité, la colere, les menaces , la joie , le sourire , le ris , la malice , l’amour , Fcnvie , la jalousie , l’orgueil , le mépris , le dédain ou l’indignation , l’ironie , l’arrogance , les pleurs , l’effroi , la terreur , l’étonnement , l’horreur % la peur , la honte ou Fhumiliation , la tristesse et l’af¬ fliction , la compassion , la méditation , le bâillement , l’éternument , les grimaces , des convulsions particu¬ lières , le sommeil , la mort , etc. etc. La différence de ces caractères nous paroît assez importante pour être un des principaux articles de l’histoire naturelle de X homme.

Lorsque Lame est tranquille, toutes les parties du visage sont dans un état de repos ; leur proportion , . leur union , leur ensemble marquent encore assez la douce harmonie des pensées. Mais lorsque Famé est agitée , la face humaine devient un tableau vivant , les passions sont rendues avec autant de déli-

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catesse que d'énergie , chaque mouvement de Pâme est exprimé par un trait 9 chaque action par un ca¬ ractère , dont Pimpression vive et prompte devance la volonté , nous décele , et rend au dehors 3 par des signes pathétiques 9 les images de nos sécrétés agnations : c’est sur-tout dans les yeux que la peinture de Ÿame admet à‘ la fois , et une expression plus marquée et plus vive 3 et des nuances plus Unes et plus variées.

Les différentes couleurs des yeux sont l’orangé foncé , le jaune , le vert , le bien , le gris 9 et le mélangé de gris et de blanc. Parmi ces couleurs , les plus ordi¬ naires dans les yeux , sont Porangé et le bleu 9 qui le plus souvent se trouvent réunis dans le même œil. Les yeux que Ton croit être noirs 5 ne sont que d’un jaune- brun ou d’orangé foncé , et c’est le contraste de la couleur jaune avec le blanc de l’œil * qui la fait paroître noire. Le bleu , quelque léger qu’il soit dans les yeux 9 y devient la couleur do¬ minante 9 et efface tellement Porangé , dont il est souvent mêlé , qu’on ne s’apperçoit de ce mélange qu’en y regardant de près. Les plus beaux yeux sont ceux qui paroissent noirs ou bleus : il y a dans les premiers , plus de force d’expression et de vivacité ; et dans les seconds 3 plus de douceur 9 et peut-être plus de finesse.

Après les yeux , les parties du visage qui contri¬ buent le plus à marquer la physionomie , sont les sourcils. Leur nature différente de celle des autres parties 9 les rend plus apparens par le contraste : c’est comme une ombre dans le tqbleau , qui en releve les couleurs et les formes.

Le front est une des grandes parties de la face , et l’une de celles qui reîevent le plus la beauté de sa forme. Personne n’ignore combien les cheveux font à la physionomie.* et c’est un défaut d’ornement que d’être chauve. Les cheveux qui tombent d’abord , lorsque ■la vieillesse commence à se faire sentir, sont ceux qui garnissent îa partie la plus élevée de la tête 9 aussi bien que celle qui est au-dessus des tempes t il est rare de voir tomber en entier ceux qui accom¬ pagnent le bas des tempes 9 non plus que ceux de

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îa partie inférieure du derrière de la tête. Au reste , il n’y; a que les hommes qui deviennent chauves en avançant en âge ; les femmes conservent toujours leurs cheveux , et quoiqu’ils deviennent blancs comme ceux des hommes , lorsqu’elles approchent de la vieillesse, ils tombent beaucoup moins. Vcye^l article Poïl.

Le nei est la partie la plus avancée , et le trait le plus apparent du visage ; mais comme il n’a que très-peu de mouvement , et qu’il n'en prend ordinai¬ rement que dans les plus fortes passions , il fait plus à la beauté qu’à la physionomie. Le ne £ est rarement droit , c’est à-dire , perpendiculaire au milieu et au port de la face : cette irrégularité que , suivant les Peintres , la belle Nature ne craint point d’admettre, et dont l’absence même seroit une difformité , nous paroît provenir la pression d’un même côté qu’a éprouvée plus souvent contre l’un des seins de la nourrice le cartilage du de l’enfant , lorsqu’il tetoit» Dans ces premiers momens de la vie , les cartilages et les os ont encore peu de solidité ; ils se cambrent très-facilement , ainsi qu’on peut l’observer sur les cuisses et les jambes de certains individus trop mal¬ traités par les entraves du maillot.

La bouche et les levres sont , après les yeux , les parties du visage qui ont le plus de mouvement et d’expression ; les passions influent sur ces mou- vemens. La bouche , que releve la couleur vermeille des levres et l’émail des dents , en marque les dif- férens caractères par les differentes formes qu’elle prend ; Forgane de la voix anime encore cette partie , et la rend plus vivante que toutes les autres. Les joues sont des parties uniformes , qui 'n’ont par elles- mêmes aucun mouvement , aucune expression , si ce n’est par 3a rougeur ou 3a pâleur qui les couvre involontairement dans des passions différentes , telles que la honte , la colere , l’orgueil et la joie, d’une part ; et de l’autre , la crainte , l’effroi et la tristesse.

La tête en entier prend , dans les passions, des po¬ sitions et des mouvemens différens : elle est abaissée en avant dans riiumilité , la honte , la tristesse penchée de côté dans la langueur, la pitié * élevée

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clans l’arrogance ; droite et fixe clans fopinîâtreté ? elle fait un mouvement en arriéré clans l’étonnement , et plusieurs mouvemens réitérés de côté et d’autre 9 dans le mépris , moquerie 5 la colere et l’indignation.

Dans 1 affliction , la joie , l’amour la honte , la compassion , les yeux se gonflent tout à coup une humeur surabondante les couvre et les obscurcit ; il en coule des larmes dont l’effusion est toujours ac¬ compagnée d’une tension des muscles du visage , qui fait ouvrir la bouche.

Dans la tristesse , les deux coins de la bouche s’abaissent ; la ievre inférieure remonte ; la paupière est abaissée à demi ; la prunelle de l’œil est élevée et à moitié cachée par la paupière ; les autres muscles de la face sont relâchés 9 de sorte que l’intervalle qui est entre la bouche et les yeux 9 est plus grand qu’à l’ordinaire ; et par conséquent le visage paroit alongé.

Dans la peur , la terreur 9 l’effroi , l’horreur 9 le front se ride , les sourdis s'élèvent , la paupière s’ouvre autant qu’il est possible ; elle surmonte la prunelle 9 et laisse paroître une partie du blanc de l’œil au-dessus de la prunelle , qui est abaissée et un peu cachée par la paupière inférieure ; la bouche est en même temps fort ouverte , les bords se retirent 9 et laissent pa» roitre les dents en haut et en bas.

Dans le mépris et la dérision 9 la levre supérieure se releve d’un côté , et laisse paroître les dents 9 tandis que de l’autre coté elle a un petit mouvement comme pour sourire le nez se fronce du même côté que la levre s’est élevée , et le coin de la bouche recule ; l’œil du même côté est presque fermé 9 tandis que l’autre est ouvert à l’ordinaire ; mais les deux prunelles sont abaissées 9 comme lorsqu’on regarde du haut en bas.

Dans la jalousie , l’envie 9 la malice , les sourcils descendent et se froncent 9 les paupières s’élèvent 9 et les prunelles s’abaissent ; la levre supérieure s’élève de chaque côté 9 tandis que les coins de la bouche s’abaissent un peu 9 et que le milieu de la levre inférieure se releve pour joindre le milieu cle la levre supérieure.

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Dans le ris' , les deux coins de la bouche reculent et s’élèvent un peu ; la partie supérieure des joues se releve , les yeux se ferment plus ou moins ; la levre supérieure s’élève, l’inférieure s’abaisse ; la bouche s’ouvre, et la peau du nez se fronce dans les ris immo¬ dérés. Ce ris plus doux et plus gracieux , que l’on appelle le sourire , a son siège uniquement dans les parties de la bouche ; la levre inférieure s’élève ; les coins de la bouche se retirent , les joues se renflent ; les paupières se rapprochent , et on observe un léger clignement dans les yeux. Le ris a cela d’extraor¬ dinaire , qu’il peut être également excité par une cause morale , sans aucune action immédiate des objets extérieurs , . et par une irritation particulière des nerfs , sans qu’il s’y mêle aucun sentiment de joie : ainsi, un léger chatouillement aux levres, à la paume -des mains , à la plante des pieds , aux aisselles , et enfin au-dessous du milieu des côtes , excite en nous un ris involontaire : nous rions , lors¬ qu’il se présente à-la-fois à notre esprit deux idées disparates , que nous n’aurions jamais cru pouvoir être alliées ensemble , et lorsque l’une de ces idées , ou toutes les deux , ou leur union , renferme quelque chose d’absurde et qui excite en nous un mouvement de dédain ou îa joie a quelque part.* En général , les' contrastes singuliers' nous portent à rire.

Les pleurs , comme les ris , produisent un chan¬ gement dans les traits du visage : mais lorsque nous pleurons , la levre inférieure s’éloigne davantage des dents ; front se ride ; les sourcils s’abaissent ; on n’observe point sur les joues ce petit enfoncement que l’on appelle la fossette , et qui donne de la grâce au ris ; les yeux sont plus comprimés , et se baignent presque toujours de larmes I, au lieu que le ris les fait couler plus rarement et en moindre abondance.. Nous parlerons ci -après, dans la suite de Yartick Economie animale , des soupirs s du bâillement , et de Y éternument ; ces actions tiennent à la respiration.

Les bras , les mains et toutes les parties du corps entrent aussi dans l’expression des passions. Dans la joie , par exemple , toutes les parties sont agitées par des mouvemens prompts et variés. Dans la

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langueur et la tristesse , les bras sont pendans et tout le corps est immobile. Cette suspension de tout mouvement s’observe encore dans l’admiration et la surprise.. Dans l’amour 9 le désir, l’espérance la tête et les yeux levés vers le ciel 9 semblent solli¬ citer le bien que l’on souhaite ; le corps se porte en avant , comme pour s’en approcher ; les bras étendus semblent le saisir d’avance. Au contraire 3 dans- la crainte , dans la haine , dans l’horreur 9 les bras paraissent repousser l’objet de notre aversion ; nous détournons les yeux, et la tête comme pour éviter de le voir ; nous reculons comme pour le fuir.

Quoique le corps de Y homme soit à l’extérieur plus délicat que celui d’aucun des animaux , il est ce¬ pendant très-nerveux , et peut-être plus fort , par rapport à son volume , que celui des animaux les plus forts. On assure que les porte-faix ou crocheteurs de Constantinople portent d£s fardeaux de neuf cents livres pesant. On raconte mille choses prodigieuses de la légèreté des Hottentots et des Sauvages à la course : Y homme civilisé ne connoît pas ses forces ; il ne sait pas combien il en perd par la mollesse et par l’inaction qui les affoiblit et les détruit ; il se plaît même à ignorer combien ses membres pourroient acquérir de vigueur par le mouvement et par l’habitude graduée d’un fort exercice , ainsi qu’on l’observe dans les coureurs , les sauteurs et danseurs de corde. Cette conséquence est donc fondée sur des inductions et des analogies incontestables.

La démarche ( Incessus ) 9 est pour Y homme un état moins fatigant que l’attitude l’on se trouve lors¬ qu’on est arrêté dans la course : chaque fois que le pied pose à terre , on franchit des espaces plus consi¬ dérables ; le corps se balance en avant , et les bras suivent le même mouvement ; alors la respiration augmente et devient gênée. Le saut ( saltus ) 9 com¬ mence par de grandes inflexions des membres ; alors Y homme se trouve raccourci de beaucoup ; peu après tout le corps s’étend avec un grand effort. Les mouvemens d’extension et de flexion qui accompagnent le saut , le rendent extrêmement fatigant.

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Du Sommeil et des Somnambules

M. Daubenton observe ( Nouvelle Encyclopédie') , qu© îa seule interruption des exercices du corps n’est pas suffisante pour rétablir nos forces épuisées par îa fatigue : les ressorts , sans être en jeu , sont encore bandés dans toute la machine , lors même qu’en veillant nous suspendons- tout mouvement. Nous trouvons dans le sommeil un repos d’une nature parfaitement assortie à nos besoins , un relâchement salutaire de nos divers organes , un état merveilleux et délicieux oii P homme s’ignorant lui-même , et plongé dans une mort apparente , répare îa perte de ses forces , et semble prendre une nouvelle existence. Dans cet état d’assoupissement et de repos , les sens sont dans l’inaction , Pâme suspend ses fonctions et semble abandonner le corps à lui- même. Les symptômes extérieurs du sommeil , les seuls qui soient de notre objet , sont faciles à observer : lorsqu’on voit un homme s’endormir , les yeux commencent par cligner, les paupières s’abaissent , la tête chancelle , elle s’in¬ cline ; sa chute étonne le donneur , il se réveille en sursaut , il tâche de s’affermir , mais en vain ; nou¬ velle inclination plus profonde que la première , i! n’a plus la force de relever sa tête , le menton reste appuyé sur la poitrine et le sommeil se continue tranquillement dans cette attitude.

Boerhaave prétend qu’aucun animal ne s’éveille de lui-même , c’est-à-dire , dans le cas ou , demeurant au même état il s’étoit endormi , il ne survient aucune cause , soit externe, soit interne , qui ébranle fortement ses sens , telle qu’une vive lumière qui pénétré dans l’œil, un son violent qui frappe i oreille; ajoutons , pour nous , une toux , quelque chatouille¬ ment sur les parties les plus sensibles de la peau , une odeur très-pénétrante portée sous le nez , un rêve affreux , etc. Il y a , selon M. Formey , dans l’expérience commune , et dans certains faits constatés , de quoi justifier cette présomption. Plus on dort , plus on veut dormir. On est appesanti pour toute la journée , lorsqu’on a donné le matin au sommeil

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une heure de plus que l’on h’a coutume de faire ; et quant aux faits , il y en a de fort singuliers à cet égard. Des personnes ivres de vin qui furent portées dans une chambre fort obscure et écartée de tout bruit , y dormirent trois jours et trois nûits , parce que toutes les fois qu’ils ent r’ouvroient les yeux , ils jugeoient par l’obscurité qu’ils étoient encore au fort de la nuit, et se rendormoient aussi -tôt. D’autres ■s’étant livrés à la disposition qu’ils avoient pour le sommeil , ne tirent presque que dormir pendant un temps très-considérable ; à la fin , ils en perdirent la raison.

La lassitude ou l’épuisement sont une des causes . qui produisent le sommeil le plus profond. On a vu des soldats que plusieurs veilles consécutives accom¬ pagnées d’exercices pénibles , avoient jetés dans un si grand accablement , qu’ils dormoient à côté des batteries , sans que le bruit des canons ni des mortiers pût les réveiller. De misérables forçats , que des Comités cruels empêchent de dormir à coups de bâton , pendant quelques semaines , dorment à la fin sous le bâton même , et sont insensibles aux coups.

Le calme du corps et de l’aine , le silence , l’obs¬ curité du lieu ou l’on se trouve, font naître le sommeil , comme ils le prolongent : on dort beaucoup dans la première enfance , ainsi que dans l’âge de la décrépitude. M. Moivre 3 de l’Académie des Sciences , mort a quatre-vingt huit ans, n’étoit éveillé, vers la fin de sa vie . que pendant quatre heures sur vingt- quatre. M. de Haller cite dans sa Physiologie , plusieurs exemples de personnes qui ont prolonge leur sommeil beaucoup au-delà du terme ordinaire , sans que leur santé parût dérangée. Il y qn a qui ont dormi quinze jours ; d’autres , six semaines ; d’autres, quatre et six mois. Le dormeur le plus étonnant qui ait été cité par M. de Haller , est celui qui resta plongé pendant quatre années dans un sommeil presque continuel. Aux approches du sommeil , les muscles qui font mouvoir la paupière supérieure se relâchent , et celle- ci , en s’abaissant , devient comme un rempart qui défend le globe de l’œil ; mais long- temps après que les yeux ont cédé au sommeil 9 ï’oreille veille

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souvent encore , et nous entendons assez distinctement les discours que Ton tient à une petite distance de nous. L’ouïe paroît être celui des sens qui veille le plus long-temps , et qui s’éteint le dernier. Lorsque nous rétournons de l’état du sommeil à celui de la vrille , les paupières qui s’étoient abaissées les pre¬ mières , sont aussi les premières à se relever ; on ouvre lgs yeux à demi , et ordinairement on se les frotte avec les doigts ; on étend tous les membres , ce qui peut occasionner une crampe , si l’extension se Fait trop promptement ': on bâille plusieurs fois ; beaucoup de personnes éternuent dans ce moment , d’autres toussent ou se mouchent. Enfin , au bout de quelques minutes , on se trouve rendu entièrement à soi- même , et l’on se sent comme renouvelé ; les nuages qui obscurcissoient la raison sont dissipés 9 et la volonté a recouvré son empire sur les muscles , dont le jeu est nécessaire à l’exécution de nos divers mouvemens.

Il y a beaucoup de gens qui ronflent d’une ma¬ niéré étonnante pendant le sommeil ; d’autres parlent en dormant , et révèlent , dit-on , leurs pensées les plus sécrétés. Quelques individus de l’un et de l’autre sexe , que l’on nomme somnambules 9 vont beaucoup, plus loin , et quoique ensevelis dans un profond sommeil > ils se promènent , parlent , écrivent , et mettent presque autant de suite et autant de justesse dans leurs actions , que s’ils étoient réellement éveillés. On raconte par-tout une multitude de scenes extraor¬ dinaires que Ton prétend avoir été données par des somnambules. jNous définissons l’état d’un somnambule 9 un dormeur qui rêve , mais dont les actions sont de réminiscence, et exécutées, exprimées par lui machinalement , visiblement , à la maniéré des pan¬ tomimes. En général , les somnambules 9 tant que leur état dure , n’ont que peu pu point l’usage de leurs sens ; iis agissent sans s’en appercevoir. Quant aux personnes qui ne sont point somnambules 9 maïs sé¬ dentaires dans leur lit , pendant le sommeil , Faction du rêve se passe en eux connu© dans une chambre obscure , et le cerveau du dormeur nous parait être le lieu de la scene ; et si le dormeur ne parle pa#

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alors , il rfy a que lui qui , à son réveil , puisse raconter son songe , encore faut-il que sa mémoire , ses nerfs 9 en soient affectés.

De l’Age de retour .

Les Physiologistes donnent le nom de vieillesse au temps de la vie, qui commence après Y âge viril, et qui ne finit qu’à la mort ; il est vrai qu’ils disP- tinguent la verte vieillesse , Senium crudum , de la vieillesse décrépite . Nous n’accorderons pas une signi¬ fication aussi étendue au mot de vieillesse . Un homme de quarante ou quarante-cinq ans n’est pas un vieillard ; quoiqu’à cet âge le corps donne déjà des signes de dépérissement ? ce n’est pas encore l’âge de la vieillesse : il sera mieux nommé , dit M. Daubenton , Y âge de retour , puisqu’alors la Nature commence à rétrograder ; l’embonpoint diminue , et les fonctions de quelques parties du corps s’âffoiblissemv

L "âge de retour s’étend depuis quarante ou quarante- cinq ans jusqu’à soixante ou soixante-cinq. A cet âge , la diminution de la graisse est la cause des rides qui commencent à paroître sur le visage et sur d’autres parties du corps : la peau n’étant plus soutenue par la même quantité de graisse , et n’ayant plus assez d’élasticité pour se resserrer , elle s’affaisse et se plisse. Le retour de l’âge est encore marqué par un changement dans la vision. Dans la force de l’âge , le cristallin de l’œil , qui a la forme d’une lentille 9 étant plus épais et plus diaphane que les humeurs de l’œil , permet de lire des lettres en petit .carac¬ tère à huit ou dix pouces de la distance de l’œil ; mais au retour de l’âge la quantité des humeurs de l’œil diminue , elles perdent leur limpidité , la cornée transparente est- moins convexe. On remédie à cet inconvénient en éloignant à une plus grande distance ce qu’on veut lire ; mais la vision n’en est pas meilleure , parce que l’image de l’objet est plus petite et plus obscure. L’inventeur des lunettes a fait à cette occasion un très-utile présent au genre humain. Celles dontil s’agit , sont composées de deux verres convexes placés au - devant des yeux : par leur moyen , la

/vision

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Vision des petits objets est très-bonne dans figé retour 9 et même dans la vieillesse ; mais il faut bien prendre garde de se servir de lunettes qui soient trop fortes pour l’âge oii l’on se trouve. Le retour de rdge est aussi indiqué par raffoibiissement de l’es¬ tomac pour la plupart des gens qui ne prennent pas assez d’exercice à proportion de la quantité et de la qualité de leurs alimens t ils sont sujets à de très- mauvaises digestions.

De lu Vieillesse et de lu Caducité »

Les signes du retour de rdge deviennent de pins en plus sensibles, et indiquent la vieillesse , à soixante* à soixante- trois ou soixante-cinq ans. Cet tge s’étend communément jusqu’à la soixante et dixième, quel¬ quefois à la soixante et quinzième , et rarement à la quatre- vingtième année de la vie. Lorsque les signes de la vieillesse affaiblissent le corps au point de le courber et de l’exténuer , alors le vieillard est caduc ; ainsi , la caducité n’est qifiine vieillesse infirme * Les yeux et l’estomac s’affoi Missent de plus en plus; la maigreur augmente les rides du visage ; la barbe et tous les cheveux blanchissent ; les forces diminuent * et la mémoire est fautive.

De la décrépitude*

La vie de l 'homme , après la soixante et dixième J ô'u au plus tard, après la quatre-vingtieme année* n’est plus que peine et douleur ; c’est ainsi que s’ex- primoit David 5 il y a près de trois rriilîe ans. Il y a des hommes heureusement nés , dont la santé est bonne * et chez qui la vieillesse se soutient plus long temps, sans être décrépite ; mais ces exemples ne sont pas fort communs. Les infirmités de la décré¬ pitude vont toujours en empirant , et la fin de ce dernier âge est la mort. Ce terme fit: il incertain ; on ne peut avoir , relativement à la durée de îa vie , que les résultats des observations qui ont été faites sur un grand nombre d’ hommes nés au ,

et morts à diffère ns âges. Nous en ferons mention dans la suite.

Tome VIL

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Les signes de îa décrépitude prouvent la foibîess'è actuelle , et annoncent la destruction prochaine du corps humain : la mémoire manque absolument ; les nerfs sont émoussés et endurcis ; on devient sourd et aveugle ; on perd les sens de l’odorat 9 du toucher et du goût ; l’appétit manque ; on ne sent que le besoin de manger , et plus communément celui de boire : après que les dents sont tombées 9 la masti¬ cation est imparfaite 9 et les digestions mauvaises ; les levres rentrent en dedans ; les bords des mâchoires étant usés , elles ne peuvent plus s’approcher l’une de l’autre ; les muscles de la mâchoire inférieure deviennent si foibles , qu’ils font de vains efforts pour la relever et la retenir : le corps s’affaisse ; il perd de sa hauteur ; la colonne vertébrale se courbe en avant 9 et les vertebres se soudent les unes avec les autres par leur partie antérieure : la maigreur devient extrême ; les forces manquent ; le malheureux décrépit ne peut plus se soutenir ; il est obligé de rester assis sur un siège 9 ou étendu dans son lit : la vessie devient paralytique ; les intestins n’ont plus de ressort ; la circulation du sang se ralentit ; les battemens du pouls ne sont plus au nombre de quatre-vingts par minute , comme dans la force de l’âge ; ils se ré¬ duisent jusqu’à vingt-quatre , et même moins; ils deviennent intermittens : la respiration est plus lente ; le corps perd de sa chaleur 9 et enfin le défaut de circulation cause la mort 9 qui est le terme du songe de la vie*

DénÔmbrement des humains <>

M. Busching dit 9 d’après M. Sussmick 3 que dans lin temps donné 9 le nombre de ceux qui naissent surpasse presque toujours celui de ceux qui meurent. Il paroît aussi démontré par les calculs de M. War- gzntin ( Mémoire sur P état de la population de la Suède ) 9 que par l’excédant des naissances sur les morts 9 la Suede gagne chaque année une augmentation de plus de vingt mille habitans ; par conséquent le nombre des hommes va toujours en augmentant : c’est une |h©se connue 3 que sans les fléaux de la guerre % de

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peS'tè , de la famine , célibat , la petite vé- rôle 9 etc. etc. notre globe seroit infiniment plus peuplé. Mais donnons une énumération des habitant des quatre parties du Monde :

En Europe. ......

En Afrique. ......

E11 Asie. .......

Ea Amérique. . . . . «

Total 1000 millions®

Le Lecteur est averti que ce dénombrement: elfe d’après le P. Riccioli , Mathématicien d’Italie , qui à donné 9 dans sa Géographie réformée , un Traité sur nombre des habitans de la Terre : son calcul paroît Èïaon exact 9 au moins méthodique il suppute le Nombre des habitans des villes , des provinces ^ des royaumes, de chaque partie du Monde * et du Monde en général ; il comprend les habitans des Terres Âus~ traies avec ceux de l’Amérique : il fait observer que l’Afrique est remplie dévastés déserts; que l’Asie est vaste , et la contrée la plus peuplée ; que l’Europe ÿ «qui ne lui cede guere en population , est la partie du Monde la plus petite. Voici comme le P. Riccioli conclut que le nombre dés hommes actuellement Europe , peut aller à cent millions :

En Espagne. ...... ® S million^

En France. .............. ao

L’Italie es Isles. ........ i .. m

Angleterre , Ecosse et Irlande. * . . 7

L’Allemagne ? et Hollande. ..... 24

ïliyrie, Daimatie , Grèce , Isîes. . . , 10 Macédoine , Thrace , Mésie. .... 6

. Etat de Pologne, * ...... ; .0 . 6

Banemarck et pays Septentrionaux. . . 8

Total,

100 millie&fà

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Durée de la Vie humaintl

G’est à tort , dit M. de Haller {Physiologie) , que V homme se plaint de la brièveté de la vie : de tous les êtres qui respirent 5 il en est peu qui réunissent à un plus haut degré toutes les causes internes qui tendent à en prolonger les difFérens périodes. Le temps de sa gestation est considérable ; le germe de ses dents se développe très- tard ; son entier accrois¬ sement est très-reculé ; il ne s’acheve que dans l’es¬ pace d'environ vingt ans : il parvient plus tard en¬ core qu’aucun animal , à l’âge de puberté : enfin les parties de son corps étant d’une substance plus molle , plus flexible que dans aucun animal , elles se roidissent , ou s’endurcissent moins , et beaucoup plus tard. L 'homme paroit donc apporter en naissant le germe d’une longue vie , et s’il est enlevé long¬ temps avant ce terme reculé que la Nature sembloit lui promettre , ce ne peut être que par des causes accidentelles qui lui sont comme étrangères. Lors¬ qu’on dit qu’il a cessé de vivre 9 c’est plutôt qu’il n’a point achevé.

La durée totale et naturelle de la vie peut se me¬ surer en quelque façon par celle du temps de l’ac¬ croissement : un arbre ou un animal qui prend en peu de temps tout son accroissement , périt beaucoup plutôt qu’un autre auquel il Tant plus de temps pour croître ; et s’il étoit vrai que la vie des animaux fût environ huit fois aussi longue que le temps de leur accroissement , on en concluroit que les dernieres li¬ mites de la vie humaine peuvent être reculées jus¬ qu’au-delà d’un siecle et demi : on en verra plus bas des exemples.

Il n’est pas vrai que la vie humaine s’abrege à mesure que la durée du Monde augmente. Au temps de David 9 les bornes ordinaires de la vie ne passoient pas soixante-dix et quatre-vingts ans. Aucun Roi de Juda n’a passé cette époque. Cependant , lorsque l’Empereur Vespasien fit le dénombrement des Ro¬ mains , dans un siecle de mollesse , il se trouva clans l’empire dix vieillards de cent vingt ans et au-delà. Parmi les Princes modernes ^ Louis XIV a vécu soi*

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xahte-dix-sept ans. Stanislas 9 Roi de Pologne et Duc de Lorraine 5 l’a surpassé. Clément XII a été jusqu’à quatre-vingt-huit ans. Nous avons recueilli avec complaisance divers exemples de personnes qui ont vécu cent dix ans et au-delà.

Saint Antoine 9 F Anachorète , est mort à cent cinq ans.

Guillaume Lecomte 9 Berger de profession , mort su¬ bitement 5 en 1776 , dans le pays de Caux en Nor¬ mandie , âgé de cent dix ans : c’étoit encore 9 ou en quelque sorte , un jeune homme ^ en comparaison de ceux que nous citerons ci-après. Cramers 9 Mé¬ decin impérial , a vu à Temeswar , deux freres , l’un de cent dix ans , l'autre de cent douze ans , qui tous deux devinrent peres à cet âge.

Marie Cocu , est morte en 1776, à Websborough en Irlande ? à l’âge de cent douze ans.

Saint Paul s hermite 5 est mort âgé de cent treize ans.

Le sieur Iswan-Norwaths 9 Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis , est mort à Sar-Albe en Lorraine , en

1775 5 âgé de près de cent onze ans : c’étoit un grand chasseur : quelque temps avant sa mort 9 il entreprit un voyage très-long et le fit à cheval.

Rosine Iwiwarouska 9 morte à Minsk en Lithuanie , âgée de cent treize ans.

Fockjel Johannes 9 morte à Oîderborn en Frise , âgée de cent treize ans seize jours.

Jenneck veuve Fans 9 en Maghbargh , morte ery

1776 , à Page de cent treize ans et sept mois.

Patrick Meriton 9 Cordonnier à Dublin , paroîssoit

encore fort robuste en 1773 , quoiqu’il fût alors âgé de cent quatorze ans : il avoit été marié onze fois 9 et la femme qu’il avoit étoit âgée de soixante-dix- huit ans.

Marguerite Bomfant 9 morte à Wear- Gifford au Comté de Devon , en 1774 9 âgée de cent quatorze

ans.

Eastzmann 5 Procureur , mort à Londres , en 1776 ; à Page de cent quinze ans.

Terence Gallabar 9 mort en 1776 9 à Killymon en Irlande , âgé de cent seize ans et quelques mois*.

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David Blou ; mort à Tismerane en Irlande; & l’âge de cent dix-sept ans.

Marsh Jonàs , mort à Vilejac en Hongrie , en 177 5 , âgé de cent dix- neuf ans.

Jean Nietâen 9 de Baîder en Zélande * a vécu cent vingt ans.

Eléonore Spicer 9 morte en 1773 , à Âccomack dans la Virginie 3 âgée de cent vingt-un ans.

Jean Argus 9 au village de Lastua en Turquie 9 est mort le 6 Mars 1779 9 âgé de cent vingt-trois ans , ayant laissé six garçons et trois filles 5 qui ont porté la descendance de ce vieillard jusqu’à la cin¬ quième génération , composée de cent soixante per¬ sonnes , toutes demeurant dans le même village : son pere avoir vécu cent vingt ans.

Le nommé Hildibtrghojf mourut d’une chute âgé de cent vingt-sept ans.

En Décembre 1777 , il existoit dans le Comté de Devon un fermer nommé Jean Brookcy 9 âgé de- cent trente -quatre ans ; ce vieillard a été marié quinze fois.

Domitor Raduly 9 à Boyar , dans le Palàtinat de Maramaros , est mort en 1782 9‘à Haromszek 5 âgé de cent quarante ans.

. Les Transactions philosophiques font mention d’un vieillard de cent quarante ans , d’un Anglois nommé Eccleston , qui a poussé sa carrière jusqu’à cent qua¬ rante-trois ans.

Un autre Anglois nommé Ejfjîngham 9 est mort en 1757 , âgé de cent quarante-quatre ans.

N.uls Jukens 9 de Hammerset en Danemarck , mou¬ rut en 1764 , âgé de cent quarante-six ans.

Chrétien Jacob Drakemberg 5 est mort en 1770 9 à Aarhuus 9 dans la cent quarante - sixième année de $on âge : ce vieillard du Nord étoit à S'tavanger en Norwége , en 1624 , et s’étoit marié à l’âge de cent treize ans à une veuve âgée de soixante ans.

Parmi les vieillards de Norwége, on en compte un de cent cinquante ans.

La nommée Johnson , mourut à Askew , le 26 Oc^ tûfcre 1777, âgée aussi de cent cinquante ans.

Ihorms, Pain 9 Aüÿûis % dont la yi§ avait été

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frugale , mourut d’indigestion le 14 Novembre 1635 * âgé de cent cinquante-deux ans : les enfans de ce vieillard ont porté sa descendance jusqu’à quatre gé¬ nérations , dont les durées s’étendent depuis cent douze jusqu’à cent vingt-quatre ans.

Un vieillard cité dans les Transactions philosophiques 9 âgé de cent soixante-cinq ans.

Henri Jankins , Anglois , mourut en 1670 , âgé de cent soixante -neiff ans. %

Jean Ravin , à Szatlova- Garants- Betcher dans le Bannat de Tem&war , a vécu cent soixante-douze ans, et sa femme cent soixante -quatre ans, ayant été mariés ensemble cent quarante-sept ans : le cadet de leurs bis 5 quand Ravin mourut , avoit quatre- vingt-dix-neuf ans.

On lit dans la Galette de France ( 18 Janvier 1780) , qu’il existoit à Gordoue du Tiicuma, dans l’habitation d’Alta- Gracia , dans l’Amérique Espagnole , une Négresse appelée Louise Trexo , laquelle , d’après le témoignage juridique de plusieurs centenaires , et en¬ trai utres d’une Négresse de cent vingt ans , se trouvoit alors âgée de cent soixante et quatorze à cent soixante et quinze ans^

Pierre Zorteti , paysan et compatriote de Jean Ravin J est mort en 1724 , âgé de cent quatre-vingt-cinq ans: le cadet de ses fils avoit alors quatre-vingt-dix-sept ans. On a vu à Bruxelles , dans la Bibliothèque de 5. A, R. le Prince Charles , l’histoire et les portraits en pied , de Henri Jankins , de Jean Rovin , et de Pierre Zorten .

Hanovius , Professeur de Dantzig , fait mention J dans sa nomenclature , d’un vieillard mort à l’âge de cent quatre-vingt-quatre ans , et d’un autre qui a été vu encore vivant en Yalachie , et âgé selon cet Au¬ teur de cent quatre-vingt-dix ans.

Avant d’assigner les causes les plus ordinaires d’une longue vie , il convient d’examiner quel a été le genre de vie et la position de ceux qui ont joui de cet avantage. En partant de ce principe , on trouve que les hommes les plus vieux sont ceux dont l’ac¬ croissement n’a été parfait que dans un âge déjà avancé , ceux dont les appétits et les passions ont

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été tranquilles ; en un mot , les centenaires ont été en général robustes , laborieux 3 sobres , et ont ob¬ serve un régime exact : nés sains , ils ont été peu ou point maladifs ; ils ont même joui d’une vigou¬ reuse santé , et ont conservé l’usage des sens jus¬ qu’au dernier terme de la vie.

Parmi ceux qui se sont adonnés à la vie contem¬ plative , il y en a eu beaucoup qui ont atteint un âge très - avancé- Les longue^ vies* sont communes dans les Ordres Religieux , que leur réglé réduit à une nourriture modérée , et oblige à s’abstenir de vin et de viandes. De fameux Anachorètes ont vécu long-temps , en ne se nourrissant que des racines et des fruits sauvages que leur fournissoit le désert ils s’ét oient retirés. Le Philosophe Xénophile , qui a vécu cent six ans étoit de la secte de Pi- thagore . On sait que ces Philosophes , qui soutenoient la transmigration des âmes , s’interdisoient l’usage des viandes , parce qu’ils s’imagin oient que tuer un ani¬ mal , ce seroit assassiner un autre soi-même. La vie champêtre a fourni une multitude de vieillards sains et vigoureux. On prétend qu’on parvient plus difficilement à une heureuse vieillesse dans les villes, que dans les campagnes ; cependant Hans- Sloane , Duverney , Fontenelh , ont couru une longue carrière en vivant dans les villes. On a observé que les in¬ sensés vivoient long-temps , ce que M. de Haller at¬ tribue à ce qu’ils sont exempts de ces vives inquié¬ tudes qu’il regarde comme le plus mortel de tous les poisons. On a vu des personnes ayant un assez bon sens , mais exemptes d’ambition , pousser loin leur carrière. Des hommes sans prétention , libres des soins qu’entraîne le désir de briller par les talens, ou de parvenir aux dignités , ordinairement sans re¬ grets sur le passé , peu inquiets pour l’avenir , n’éprou¬ vent point ces tourmens de l’esprit qui minent le corps : ils joignent à cette tranquillité d’ame , qui est une des plus belles prérogatives de l'enfance , celle d’être encore long- temps jeunes par le phy¬ sique, sur lequel on sait que le moral a une influence marquée.

Pue sagesse précoce , et des talens trop au-dessus

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'de l’âge sont souvent plus propres à inspirer de î’étonnement que des espérances : le développement rapide des facultés morales, eu abrégeant la jeunesse, semble resserrer à proportion l’espace entier de la vie. Nous avons connu une demoiselle âgée de dix- sept ans , qui parloit correctement sept langues ; elle traduisait et composait en latin , en grec , en italien 9 en espagnol , en anglois , en allemand et en françois : elle est morte dans sa dix -huitième année. Le jeune homme qui l’avoit demandée en mariage , ayant appris qu’il ne pourroit obtenir sa main qii’après s’être rendu digne d’elle au même degré de talens et de connoissances , mourut dans la même année et au même âge. En général , les exercices vîolens abrègent la vie ; mais il y a des familles dans lesquelles la trame de la vie paraît mieux ourdie que dans les autres , pour nous servir de l’expression de M. de Haller : telles furent celles de Thomas Pane et àe- Jcan Argus 9 dont nous avons fait mention plus haut.

M. de Haller a essayé de déduire des observations précédentes , les causes à la faveur desquelles un petit nombre âC hommes échappent plus long-temps que les autres à la loi commune. Les circonstances qui les contrarient sont indépendantes de notre volonté ; telles sont les ravages des épidémies , les peines et les inquiétudes de l’esprit qu’excitent en nous les maux du corps 9 ou les tournions de l’ambition. Il faut vivre dans un climat salutaire , rechercher une fortune assez aisée pour donner l’exclusion à ces désirs inquiets que fait naître le sentiment du besoin et des privations ; descendre de parens sains et bien constitués , et dans la jeunesse éviter le vin , boire de l’eau , manger peu de viande , beaucoup de légu¬ mes , s’abstenir des plantes crucifères : il faut être sobre clans les repas 9 modéré dans l’usage de ses plaisirs , dans l’étude et dans l’exercice du corps ; avoir une certaine disposition à la gaieté ; accorder le temps nécessaire au repos , au sommeil.

Les longues vies sont certainement les plus rares ; mais 9> comme nous l’avons déjà remarqué , il faut fen distinguer ce qui appartient à la constitution de

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F homme , de ce qui est une suite de sa condition,- La première tend à en faire un être vivace ; mais l'influence des causes locales, qu’il est très-difficile d’éviter * arrête la Nature dans sa course.

Faisons le dénombrement de ces différentes et prin¬ cipales causes en reprenant la vie de Y homme dès sa naissance. Sur mille enfans , dont M. de Haller a fait le- relevé , d’après les registres mortuaires de Londres , vingt- trois étoient morts presque aussi-tôt après.- avoir vu la lumière ; la pousse des dents en avoit fait périr cinquante , et les convulsions deux cents- soixante-dix-sept : il en étoit mort quatre-vingts de la petite vérole ; sept autres av oient eu- pour cause de mort la rougeole , autre maladie également récente , et qu’on croit originaire de l’Arabie. Parmi les femmes adultes* huit au moins étoient mortes des suites d’une couche malheureuse ; la phthisie et Fasthme, maladies plus communes en Angleterre qu’ent France* . en avoient enlevé cent quatre-vingt-onze du même sexe * et environ la cinquième partie des hommes faits ; cent cinquante avoient été emportés par les lievres aiguës ; dans un âge plus avancé , il en étoit mort douze d’apoplexie* et quarante-un d’hydropisie, sans parier de ceux pour qui des maladies moins graves en elles- mêmes étoient devenues mortelles : il n’est resté que soixante-dix-huit hommes dont on puisse attribuer la mort à la vieillesse , et vingt- sept sur ce nombre ont poussé leur carrière jusqu’à quatre-vingts ans et au-delà. Il faut en convenir , des différentes maladies dont on vient de voir les effets funestes , (elles enlevant plus des neuf dixièmes des homfnes') , il n’en est aucune qui soit une suite de la constitution de Y homme. En général , les Ânglois sont peu sujets aux maladies, si on excepte la petite vérole et la rougeole , et il y en a beaucoup parmi eux qui jouissent d’une santé constante jusqu’à la .vieillesse.

Quelles sont les maladies régnantes dans les autres pays , -et qui abrègent pareillement la vie humaine ? Dans les climats Septentrionaux , le scorbut, la colique des Lapons , et les maladies de poitrine , sont les causes les pins ordinaires de la mort» Dans les régions

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tempérées , Fhydropisie arrête une multitude d'hommes / à l’entrée de la vieillesse , qui est pour la plupart des personnes de Fun et l’autre sexe , le terme de la vie, lorsqu’elles ont échappé aux maladies aiguës, telles que la fievre putride , etc» Les régions chaudes sont le séjour des maladies les plus aiguës. 11 y a des pays les coup' de soleil font souvent périr en peu d’heures ceux qui sont exposés aux brûlantes ardeurs de cet astre. L’air de l’Egypte et de l’Asie mineure engendre la peste , qui , dans ces pays 9 emporte la moitié des habit-ans. Entre les Tropiques , les fievres ardentes et les dyssenteries moissonnent beaucoup d'hommes . Le froid de la nuit est encore, dans les régions chaudes , la cause de plusieurs ma¬ ladies graves , comme la paralysie , l’esquinan-cie , l’en si lire de la tête 9 etc. Les lieux humides ou ma¬ récageux donnent naissance à des fievres de différent caractères , mais toutes très-fâcheuses. Le genre de Vie que mènent les marins , est seul capable de pro¬ duire le scorbut. Combien de professions funestes à la santé, précipitent la vie de la plupart des hommes vers la terme la Nature l’eût conduite lentement et par degrés ! Ceux qui travaillent à F exploitation de plusieurs sortes de mines , les tailleurs de grès, les personnes qui vident les fosses d’aisance , les doreurs sur métaux , etc. ont des maladies de poitrine , de¬ viennent paralytiques ; d’autres genres de vie entraî¬ nent d’autres accidens dont le détail nous meneroit trop loin. Ce que nous en avons dit suffit pour prouver que ce sont les dangers dont nous sommes environnés , qui abrègent la vie humaine.

Table des probabilités de la durée de la vie .

Si l’on examine la liste des centenaires , on recon- noîtra que l’espece humaine est plus vivace dans les contrées Septentrionales que dans celles du Midi. On a remarqué qu’il y a plus de vieillards dans les lieux élevés que dans les lieux bas de notre globe. Nous le répétons encore, il résulte qu’à toutes choses égales , si l’on compare la durée de la vie des ha¬ bitant des climats Méridionaux avec la durée de la

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vie des peuplés Septentrionaux, Ton conviendra que ceux-ci vivent et plus long-temps et plus sainement. Le développement et la croissance ayant été retardés par la rigueur du climat, il faut bien que la destruc¬ tion soit aussi plus lente , à cause de la proportion qui régné entre le développement d’un animal et la longueur de sa vie. De dix centenaires , il y en a huit à neuf du Nord.

Dans la campagne, les listes des morts font voir qu’il naît plus de garçons que de filles : c’est le con¬ traire à la ville , le nombre des femmes est or¬ dinairement plus grand. Des observations faites avec soin prouvent que dans la plupart des contrées il existe moins d'hommes vivans que de femmes, et qu’il meurt plus de mâles , principalement aux premier et dernier termes de la vie. Le nombre des vivans dans tout le royaume de Suede , comprenoit , en 1763 , plus de femelles que de mâles dans la proportion de dix à neuf ; il contenoit plus de vieilles que de vieillards , de quatre-vingts ans passés , dans la pro¬ portion de trente-trois à dix-neuf; et plus de vieilles que de vieillards , de quatre-vingt-dix ans accomplis 5 dans la proportion de près de deux à un.

M. Richard Price 9 Membre de la Société Royale de Londres , a fait des observations, d’après le Docteur Per ctv al , sur la differente longévité et sur la durée de la vie humaine 9 dans les villes , les paroisses de cam¬ pagne et les villages : en voici le résultat. 11 meurt proportionnellement plus d’habitans dans les grandes villes que dans les petites , et plus à proportion dans celles-ci que dans les villages ; et la cause de cette différence , qui est meme étonnante , doit d’abord être le luxe et les irrégularités de la vie ; qui do¬ minent dans les villes , secondement l’impureté de l’air. On a observé qu’il meurt annuellement dans la ville de Manchester -2L3 d’habitans , tandis qu’il n’en périt chaque année qu’environ 4^- dans la campagne voisine. On peut établir en général que dans les grandes villes le nombre des morts va annuellement depuis 1 sur 19, jusqu’à 1 sur 22 ou 23 ; dans les villes mé¬ diocres , depuis 1 sur 24 , jusqu’à 1 sur 28 ; dans les paroisses de campagne et les villages 3 rarement au-delà

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de ï sur 40 ou 50, En 1763 ,les habitant de Stockholm étoient au nombre de 72,979 ; le nombre propor¬ tionnel des morts, pour les six années précédentes, avoir été de 3802 ; c’est 1 sur 19 annuellement , tandis qu’il n’en meurt pas plus de jj dans toute la Suède , y compris les vilies et campagnes. L’on peut consulter le Mémoire sur l'état de la population de la Suede , par M. JV argentin , l’on trouve des Tables représentant V ordre de la mortalité humaine à Stockholm et dans toute la Suède 5 Mémoire inséré dans le quinzième volume de la Collection Académique 9 im¬ primée à Paris en 1772.

A Rome , on fait chaque année le dénombrement des habitans. En 1771 , on trouva qu’il y en avoit 1 59,675 : le nombre proportionnel des morts, pour dix ans, avoit été de 7367; c’est annuellement 1 sur 21 7. A Londres, il meurt chaque année au moins 1 sur 20 y des habitans.

M. Daubenton a consigné dans Y Encyclopédie mé¬ thodique , une Table des probabilités de la durée de la vie , construite d’après celle qui se trouve dans le septième volume des Supplémens à l'Histoire Naturelle de M. de Buffbn ; en voici l’extrait :

De 23994 enfans nés à la même heure, il est pro¬ bable qu’il en mourra ,

En un an . . : . . . . . 6454.

Reste f ou 15996.

En huit ans . ; ; ; . . . 11979;

Reste y ou 11997.

En trente-huit ans. ......... 15885.

Reste y ou 7998.

En cinquante ans. . ........ 17960.

Reste y ou 5998.

En soixante-un ans. . . . . . . . . 19861 T Reste y ou 3999.

En soixante-dix ans. . ; ; f .... 21589.1 Reste ou 2399»

H O M

Ën quatre-vingts ans.

Reste ou 599.

En quatre-vingt-dix ans. ..... 23909s Reste yîb ou 79.

En cent ans,

ï

y O G O 6 OU 2.

2.3992»

Reste

De la Mort

On voit qu’il n’y a qu’un très -petit nombre

hommes qui parcourent tous les âges de la vie, et qui ne meurent qu’au ternie fixé par la Nature. Mille et mille causes accélèrent la mort . Nous avons dit que la vie de l’ homme consiste dans l’activité de ses or¬ ganes ; ils se fortifient dans l’enfance , l’adolescence $ la jeunesse. Le corps de l’homme n’est pas plutôt arrivé à son point de perfection , qu’il commente à déeheoir : le dépérissement est d’abord insensible ; mais avec le temps les membranes deviennent carti¬ lagineuses , les cartilages deviennent osseux , les os deviennent plus solides , toutes les fibres plus dures ; presque toute la graisse se consume ; la peau se desseche , devient écailleuse ; les rides se forment peit à peu , les cheveux blanchissent , les dents tombent * le visage se déforme , le corps se courbe, la couleur et la consistance du cristallin deviennent plus sensibles; Les premières nuances de cet état de dépérissement se font appercevoir à quarante ans , quelquefois avant ; c’est Y âge de retour : elles augmentent par degrés assez lents jusqu’à soixante ; c’est l’âge de la vieillesse ; par degrés plus rapides jusqu’à soixante-dix ou soixante et quinze ; la caducité commence à cet âge, et elle va toujours en augmentant : la décrépitude suit ; on n’a plus de mémoire , on perd l’usage des sens , les forces s’anéantissent absolument , les organes sont usés , les fonctions du corps sont presque nulles 5 il reste peu à perdre , et la mort termine ordinairement avant l’âge de quatre-vingt-dix ou cent ans l’extrême vieillesse et la vie.

Le corps meurt donc peu à peu et par parties ; son fpouyement diminue par degrés j la vie s’éteint psg

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Miatiees successives , et la mort n’est que le dernier ternie de cette suite de degrés qui forment la dernier® nuance de la vie; lorsque le mouvement du cœur , qui est le plus durable , vient à cesser 9 F homme a déjà rendu son dernier soupir : il a passé de la vie à la mortj un simple souille avoir à sa naissance ouvert pour lui la carrière de la vu 3 une simple expiration la termine.

Cette cause de la mort naturelle est générale et commune à tous les animaux , et même aux végétaux* On peut observer dans le chêne , que c’est le centre qui se désorganise ie premier 9 et tombe en poussière ; car ces parties devenant trop compactes ne peuvent plus recevoir de nourriture. Les causes de notre destruction sont donc aussi nécessaires 9 que la mort est inévitable ; il ne nous est pas plus possible d’en reculer le terme, sur -tout à l’âge d’une extrême vieillesse , que de changer les lois de la Nature ; de cet axiome généralement adopté : Contra vim mords s nullum medicamentum in fiords . "De quelque maniéré que la mort doive arriver 5 on n’en connoît ni le temps 9 ni les circonstances ; cependant 5 on imagine qu’elle est toujours affreuse et épouvantable , et l’on n’y songe jamais qu’avec peine. Il faut pourtant s’en occuper puisque nous y sommes destinés; et combien cette idée ne peut-elle pas nous servir pour la retarder ou pour prévenir les suites que nous avons- à en redouter par une conduite qui ne laisse riena reprocher !

Comme les os ? les cartilages 9 les muscles et toutes les parties qui composent le corps 5 sont moins solide^ et plus molles dans les femmes que dans les hommes 5 il faut aussi plus de temps pour que ces parties prennent cette solidité qui cause la mort ; les femmes par consé¬ quent doivent avoir une vieillesse plus longue que les hommes ; c’est aussi ce qui arrive : et on a observé en consultant les Tables que l’on a faites sur la mor¬ talité du genre humain 5 que quand les femmes ont passe un certain âge 5 elles vivent ensuite plus long-temps que les hommes . Ainsi il est d’expérience que la jeu¬ nesse des femmes est plus courte et plus brillante que celle des hommes 9 mais que leur vieillesse est plus fâcheuse et plus longue : Cuits puhescunt , cuits senes~* cunt. V oyez les Tables de mortalité que M* de Parçuu $ a faites à ce sujet»

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Danger des inhumations précipitées ; destruction des cadavres 9 etc.

Il seroit à désirer qu’il existât par-tout des lois sages et précises contre l’inconvénient des inhumations pré¬ cipitées. Il y a trop de danger à porter et à mettre en terre les cadavres , vingt-quatre heures après la mort apparente. Il y a mille exemples célébrés de personnes qui ont été enterrées vivantes. On ne rappellera point ici la liste de ces événemens , dont le souvenir fait horreur ; on se bornera à citer quelques traits , bien propres à démontrer le danger et l’abus des enséve- lissemens trop prompts. On lit dans les Mémoires historiques (YAmelot de la Houssaye 9 que le Cardinal Espinosa 9 premier ministre de Philippe II, porta la main au rasoir dont on ail oit l’ouvrir pour l’embaumer. Ce Cardinal étoit venu au monde dans l’Eglise même ? au moment qu’on arrangeoit sa mere dans le caveau 9 oii l’on venoit de la descendre 5 parce qu’on la croyoit morte.

Un Chanoine régulier (M .de Boyon*) Prieur-Curé d;e B oui ain court , est mort , âgé près de cent ans , et il avoir été porté en terre à l’âge de six mois. Une sœur qui l’aimoit tendrement , voulut lui donner un dernier baiser , lorsqu’on l’eut mis dans la fosse : l’enfant sourit à sa sœur ; on le reporta chez sa mere , et il vécut un siecle , sans être jamais malade. En général , on n’est point assez en garde contre l’incer¬ titude des signes de la mort dans beaucoup de sujets , que l’on condamne à être enterrés vivans. Quelle affreuse situation 1 Quelle affreuse perplexité ! Nos lois n’ont point encore trouvé de crimes qui dussent en être punis. Les Gouvernemens devroient renouveler les usages 5 les statuts qui ont déjà existé , pour parvenir 4* préserver les humains de cet horrible malheur.. . Journal de Parts 9 n.° 70, année 1782. Maintenant voyez Y article Cadavre. Consultez la vie de /'Homme , respectée et défendue dans ses derniers momens 9 etc. par M. Thiery ; Ouvrage dédié au Roi , Paris 9 chez JDcbure V aîné .

Après la mort ? l’organisation du corps de Y homme

commence

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commence à $e détruire ; toutes ses parties se rel⬠chent, s’altèrent et se désunissent : cette opération se fait par un mouvement intestin de fermentation , qui cause la putréfaction et qui réduit les cadavres en alkali volatil 9 en huile fétide et en terre.

La chaleur et F humidité favorisent la putréfaction; mais les cadavres en sont préservés par la grande cha^ leur seche et par le grand froid : ils se conservent lorsqu’ils sont gelés , tant qu’ils restent dans cet état. Voyei à f article Froid. Ceux qui sont exposés à une

S le chaleur , perdent leurs parties fluides 5 et se client avant de sa* corrompre. Les terres absor- îs pompent les humeurs des cadavres et les conser¬ vent en les desséchant. Au défaut de ces circonstances % on a employé d’autres moyens pour empêcher l’entiere destruction des cadavres , et particuliérement l’embau- mement. Voye^ l9 article Momie.

Les os et et les autres parties solides des cadavres , qui restent exposés sur la terre ou enfouis au dedans 9 perdent leur substance charnue ; elle se pourrit , se desseehe , et se réduit en une poussière , qui est en¬ traînée par Feau : il ne reste que la partie crétacée. On donne la dénomination d "ostéolithes 9 aux os qui sont dans cet état. On y voit encore leur structure ; Voyei les articles Fossiles et QstÉqlithes. Enfin , lorsque les parties crétacées se désunissent et tombent en poussière , les os n’existent plus , ils sont réduits eu terre ; mais si un suc lapidifîque vient à se répandre sur les os fossiles , les pénétré et dépose ses parties pier¬ reuses dans les cavités que leurs substances charnues ont laissées vides , ces cavités se remplissent et Fos se pétrifie ; il devient plus pesant sans changer de formée» Voyei V article PÉTRIFICATION.

Variétés dans F espece humaine , etc.

La première et la plus remarquable de ces variétés est celle du teint et de la couleur ; la seconde est celle de la forme, de la grandeur ; et la troisième est celle du tempérament , du naturel , du génie national des différens peuples ; ces variétés seront toujours aux; yeux de la philosophie et même à ceux de la religion % bu objet intéressant.

Tome VIL

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En parcourant la surface de la terre pour cortfleîtrtf les variétés qui se rencontrent entre les hommes de difFérens climats , et en commençant par le Nord , on trouve en Laponie et sur les côtes Septentrionales de la Tartane , une race d'hommes d\me petite stature 9 d’une figure bizarre , dont la physionomie est aussi sauvage que les mœurs. Ces hommes qui paroissent avoir dégénéré de Fespece humaine , ne laissent pas d’être assez nombreux et d’occuper de vastes contrées* Tous ces peuples ont le visage large et plat , élargi par le haut , rétréci et alongé par le bas , le nez camus et écrasé , de petits yeux , l’iris de l’œil jaune , hjjfcft et tirant sur le noir , les paupières alongées et retires vers les tempes , les joues extrêmement élevées , la bouche très-grande , les levres grosses et élevées , la voix grêle , la tête d’une grosseur démesurée , les cheveux noirs et lisses , la peau basanée ; ils sont trapus , quoique maigres ; la plupart n’ont que quatre pieds de hauteur. Si l’influence d’un froid rigoureux altéré moins la couleur de F homme , que Faction d’une chaleur excessive , elle a d’une autre part des effets bien plus marqués par rapport aux traits du visage ^ dont elle charge la difformité par les contrastes les plus opposés à la belle Nature. En effet \ chez tous ces peuples Lapons , les femmes sont aussi laides que les hommes , et leur ressemblent si fort, qu’on ne les distingue pas d’abord. Celles du Groenland sont de fort petite taille : elles ont rarement le corps bien propor- îionné ; leurs mamelles sont molles et si longues 9 qu’elles donnent à teter à leurs enfans par -dessus l’épaule ; le bout de ces mamelles est noir comme du charbon , et la peau de leur corps est de couleur olivâtre très-foncée. Ces peuples qui se ressemblent tous à l’extérieur , ont aussi tous à peu près les mêmes inclinations et les mêmes mœurs ; ils sont tous égale¬ ment grossiers et stupides , s’occupant peu du travail 9 et indifférens sur les moyens de s’instruire ; ils de¬ viennent naturellement mélancoliques ou tombent dans cet excès de sensibilité puérile qui fait le malheur des gens oisifs , et qui passent leur vie dans une molle et tranquille indolence. Les Lapons et les Groénlandois font tous l’usage de plonger les enfans dan|

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Iveau froide au moment de leur naissance , ( ci qu’un grand homme appelle les baigner dans le Styx ) pour les rendre impénétrables aux atteintes des ma¬ ladies. Cette coutume se pratique aussi par quelques Ànglois, etc. %

< Tous ces habîtans du fond du Nord ont un penchant naturel pour les lieux qui les ont vu naître : ce sen¬ timent est gravé dans presque tous les hommes . Les Lapons 9 que l’on peut regarder comme les nains de l’espece humaine , vivent sous terre ou dans des cabanes presque entièrement enterrées et couvertes d’écorces d’arbre ou d’os de poisson. Une nuit de plusieurs mois les oblige de conserver de la lumière dans ce séjour glacé : ils ne laissent pas de se plaire dans cette solitude affreuse. L’été ils sont obligés de vivre dans une épaisse fumée pour se garantir de la piqûre des moucherons. Avec cette manière de vivre si dure et si triste 9 ils ne sont presque jamais malades , et ils parviennent tous à une extrême vieillesse 9 verte et vigoureuse. La seule incommodité à laquelle, les vieillards sont sujets , est la cécité; cette incommodité êst occasionnée par l’éclat continuel de la neige pen¬ dant l’hiver 9 Fautomne et le printemps 9 et par la fumée dont ils sont aveuglés pendant l’été.

Dans la Laponie Danoise > la plupart des habîtans bnt un gros chat noir qu’ils prétendent consulter quand ils veulent aller à la chasse ou à la pêche* Sis se baignent nus, filles et garçons ensemble. Leur pain est souvent fairavec de la farine d’os de poisson à plusieurs boivent deThuile de baleine. Les proâuctions naturelles du pays , et le poisson qu’ils prennent à la pêche , suffisent pour sustenter une vie oisive et par conséquent frugale 9 pour se défendre des injures du temps et des horreurs de la faim et travailler à se reproduire ; tels sont les seuls besoins qui tirent l’inaction ces hommes simples qui n’écoutent que la voix de la Nature : ceux de cette contrée, qui ont reçu visite des hommes policés et .communiqué avec eux , ont changé leur condition 5 et ne s’attribuent plus l’important privilège de sauver et damner sans appel.

Dans le nord de l'Europe les femmes sout £©r|

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fécondes ; on dit qu’en Suède elles ont jusqu’à vingt- huit ou trente enfans. Cette fécondité dans les femmes ïie suppose pas qu’elles aient plus de penchant à l’amour , puisque les hommes mêmes sont beaucoup plus chastes dans les pays froids que dans les pays chauds ; mais les individus ne s’y épuisent point par de fréquentes et stériles jouissances* Tout le monde sait que les nations du Nord ont toujours été si fé¬ condes , qu’il en est sorti d’immenses peuplades qui ont inondé toute l’Europe ; c’est ce qui a fait dire à quelques Historiens ( le Goth Jomande ç ) que le Nord etoit la pépinière des hommes , Ojjicina gentium.

Le sang Tartare a pénétré d’un côté chez les Chi¬ nois 9 et de l’autre chez les Russes Orientaux 5 et ce mélange n’a pas fait disparoître en entier les traits de cette race , car il y a parmi les Moscovites beaucoup de visages Tarares ; et quoique en général cette nation soit du même sang que les autres nations Européennes 9 on y trouve cependant beaucoup d’individus qui ont la forme du corps carrée , les cuisses grosses et les # jambes courtes comme les Tartares. Les CalmUques , (Calmoucks), qui habitent dans le voisinage de mer Caspienne , entre les Moscovites et les grands Tartares , sont des* hommes robustes 9 mais les plus laids et les plus difformes qui soient sous le Ciel ; en effet , ils semblent offrir les traits les plus chargés d’un profil lugubre et effrayant : ils ont le visage si plat et si large 9 que d’un œil à l’autre il y a l’espace de cinq ou six doigts ; leurs yeux sont extraordinairement petits , et le peu qu’ils ont de nez 9 est si plat , qu’on n’y voit que deux trous au lieu de narines ; ils ont 1& genoux tournés en dehors et les pieds en dedans*

A mesure qu’on avance vers l’Orient dans la Tartarie indépendante ? les traits des Tartares se radoucissent un peu. Ces peuples sont idolâtres , mais bons guer¬ riers , et mangent de la chair de cheval , qu’ils pré¬ fèrent à toute autre. Les Chinois ne sont pas à beau¬ coup près aussi différens des Tartares que le sont les Moscovites : il n’est pas même sûr qu’ils soient d’une autre race. Si on le? compare aux Tartares par la figure et par les traits , on y trouvera des caractères d’une ressemblance non équivoque. Les Chinois ont en gé-

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fierai le visage large et rond , les yeux petits et ovales ; les sourcils grands , les paupières élevées , le nez petit et écrasé , et presque point de barbe. Les Japonais sont assez semblables aux Chinois ; ils sont seulement plus jaunes et plus bruns , parce/qu’ils habitent un climat plus JViéridional ; ces peuples ont à peu près le même naturel , les mêmes mœufs et ks mêmes coutumes que les Chinois . L’une des plus bizarres , et qui est commune à ces deux nations , est de serrer les pieds des filles dans leur enfance avec tant de vio¬ lence , qu’on les empêche de croître. C’est ainsi qu’on immole la liberté à la jalousie. Une jolie femme de ces pays doit avoir le pied assez pçtit pour trouver trop aisée la pantoufle d’un enfant de six ans. Les Japonais 9 ainsi que leurs femmes , vont toujours la tête nue , et mettent le pied hors de leur chaussure pour saluer. Ils font consister la beauté de leurs dents à être fort noires. Les Chinois aiment les Scien¬ ces et les Arts utiles ; chez eux F obscurité déplaît à l’esprit comme aux yeux ; ils récompensent celui qui fait une découverte dont le but est d’éclairer ou de servir son semblable , et ils connoissent cette maxime 5 ce précepte , que V homme devient meilleur 9 en se rendant plus heureux .

Les Siamois 5 les Péguans , les habitans d'Aracan , de Laos et autres contrées voisines 9 ont les traits assez semblables à ceux des Chinois ; ils ne ^différent que du plus ou moins par la couleur. Ces peuples ont , ainsi que tous* les peuples de l’Orient , du goût pour les longues oreilles : pour parvenir à cette difformité artificielle 9 les uns tirent leurs, oreilles pour les alonger 5 mais sans les percer ; d’autres , comme au pays de Laos , en agrandissent le tour si prodigieusement , qu’on pourroit presque y passer le poing , en sorte que leurs oreilles descendent jusque sur leurs épaules. Les Siamois ont aussi la coutume de se noircir les dents ; cette habitude leur vient de l’idée qu’ils ont que les hommes ne doivent point avoir les dents blan¬ ches comme les animaux : ils se des noircissent avec une espece de vernis qu’il faut renouveler de temps en temps. Quand ils appliquent ce vernis 9 ils sont obli¬ gés de se passer de manger pendant quelques jours %

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pour donner le temps à cette drogue de s’attacher I Par une autre espece de préjugé 9 les jeunes Chinoises se tirent continuellement les paupières , pour se faire pa¬ roi tre les yeux encore plus petits qu'elles nedevroien^ les avoir. Cette coutume d’enchérir sur les défauts naturels , est presque générale chez les punies étran¬ gers, -qui prennent pour la perfection îli oafau^ tre des extrêmes entre lesquels elle se trouve placée, Les^habitans du vaste Archipel Indien , connu sous le nom d dsles Manilles et des autres îsles Philip¬ pines , sont peut-être les peuples les plus mêlés de l’Univers , par les alliances qu’ont faites ensemble les colons Espagnols , les Indiens , les Chinois , les Malahares et les Noirs . Les Noirs qui vivent dans les rochers et les bois de ces Isles , different entièrement des autres habitans : quelques-uns ont les cheveux crépus comme les Negres d’Angola , les autres les ont longs ; on en a vu , dit- on , plusieurs parmi eux qui avaient au croupion des queues longues de quatre à cinq pouces. On voit aussi , au rapport de quelques Voyageurs, dans le Royaume de Lambri , de ces hom* tues qui ont des queues de la longueur de la main , et qui ne vivent que dans les montagnes. Quelques-uns disent aussi que l’on voit de ces hommes à queue 9 Homines caudati , dans l’Isle Formose (ces- queues ne sont qu’un prolongement du coccyx . On a vu à Paris un garçon Sellier qui avoit cette excroissance ; elle était longue de trois à quatre pouces , et elle le fa- tiguoit beaucoup , car il avoit bien de la peine à la ranger , quand il vouloir s’asseoir ou s’habiller). Voici xrn autre fait qui est également extraordinaire , c’est que dans cette Isle: il n’est pas permis aux femmes d’ac¬ coucher avant trente-cinq ans , quoiqu’il leur soit libre de se marier long-temps avant cet âge. Lors¬ qu’elles sont grosses , les Jcbuses ou Prêtresses vont leur fouler le ventre avec les pieds pour les faire avorter ; ce seroit chez eux non-seulement une honte de devenir mere , mais même un crime , que de laisser venir un enfant avant l’âge prescrit par la loi. Les Malais sont de la férocité la plus hardie : ils aie sortent point sans leur poignard , qu’ils nomment gm ? et lïndustrie de la nation .s’est surpassée dans I3.

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fabrication de cet instrument destructéufe Voye^ r ar¬ me le Armes.

Les habitans de la Nouvelle Guinée sont noirs ; ils ont le visage rond et large avec un gros nez plat : cependant leur physionomie 11e seroit pas absolument 4ésagréable , s’ils ne se défiguraient pas le visage par une espece de cheville de la grosseur du doigt et lon¬ gue de quatre pouces 5 dont ils se traversent les deux narines. Ils ont aussi de grands trous aux oreilles 9 ils mettent des chevilles comme au nez. Leurs fem¬ mes ont de longues mamelles qui leur pendent sur î.e nombril , le ventre extrêmement gros , les jambes fort menues , les bras de. même.

Les habitans de la Nouvelle - Hollande sont noirs comme iesNegres , grands , droits, menus ; ils tiennent toujours leurs paupières à demi-fermées, pour garantir leurs yeux des moucherons qui les incommodent : ceux-ci sont peut-être les gens du monde les plus misérables, et ceux de tous les humains qui appro¬ chent le plus des brutes ; ils demeurent en troupes de vingt ou trente , hommes et femmes , pêle-mêle ; ils n’ont point d’habitation , ni d’autre lit que la terre ; ils n’ont pour habit qu’un morceau d’écorce d’arbre attaché au milieu du corps en forme de ceinture ; ils n’ont ni pain , ni grains , ni légumes ; leur unique nourriture consiste en de petits poissons qu’ils pren¬ nent en faisant des réservoirs de pierre dans la mer.

Les Mogols et les autres peuples de la Presqu’isle des Indes , ressemblent assez aux Européens par la taille et par les traits ; mais ils en different par la couleur : les Mogols , hommes et femmes , sont oliv⬠tres ; les femmes ont les jambes et les cuisses fort longues , et le corps assez court ; ce qui est le con¬ traire des femmes Européennes. Tavernter rapporte que lorsqu’on s passé Lahor et le Royaume de Ca¬ chemire , toutes les femmes du Mogol n’ont point de poils à aucune partie du corps , et que les hommes ont peu de barbe. On dit qu’au Royaume de Decan on marie les enfans extrêmement jeunes , les garçons à dix ans et les filles à huit ; et il s’en trouve qui ont des enfans à cet âge : mais ces femmes cessent aussi ordinairement d’en avoir avant l’âge de trente

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ans. Il y a des femmes qui se font découper îa peatt en fleurs , et la peignent de diverses couleurs avec clés jus de racines de leur pays 9 de maniéré que leur peau paroît comme une étoffe à fleurs. On trouvé parmi les habitans du Magot et de Sur au 9 beaucoup d’individus réputés hermaphrodites 9 qui avec des habita de femme , portent le turban pour se distinguer , et afin d’apprendre à tout le monde qu’ils ont deux sexes, Voyei Hermaphrodite.

Les Bengalais sont plus jaunes que les Mogols : on prétend que leurs femmes sont de toutes celles de l’Inde les plus lascives. On fait à Bengale un grand commerce d’Esclaves mâles et femelles : on y fait aussi beaucoup d’Euniiques , soit de ceux auxquels on note que les testicules , soit de ceux auxquels on fait l’amputation totale.

Les ha! itans delà Côte de Coromandel 9 ainsi que ceux de Malabar 9 sont très-noirs. Les coutumes de ces différens peuples de l’Inde sont toutes singulières et bizarres. Les Banians croient à la métempsycose ; c’est une secte d’indiens Commerça ns et Idolâtres , chez lesquels Fythagore vint puiser sa doctrine. Ils sont dispersés dans l’Orient , comme les Juifs parmi nous. On les charge de toutes sortes de commissions , et il n’y a guere de personnes dans les Indes qui n’aient leur Banian . Il n’y a point d’indiens plus doux , plus propres , plus tendres * plus modestes , plus civils et de meilleure foi envers les étrangers : ils sont ingénieux , habiles et même savans. Ils font leurs marchés sans parler , en faisant seulement clés signes de la main. Ils ne se font point raser la tête comme les Mah-otnétans : leurs femmes ne se couvrent point le' visage ; elles ont le tour du visage bien fait 9 et beaucoup d’agrémens : elles aiment à parer leurs têtes de pendans et de colliers * leürs cheveux noirs, ou lustrés forment une ou deux boucles sur le derrière du cou et sont attachés d’un nœud de ruban ; elles ont des anneaux plus ou moins précieux , passés dans îe nez 5 aux doigts , aux bras , aux jambes et aux orteils. Ils s’asseyent comme les Maures , c’est-à-dire , les jambes croisées sous eux. Leurs enfans , de l’un ttl’amre sexe , vont nus jusqu’à l’âge de quatre ou

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cinq ans.' L’usage est de les fiancer dès l’âge de quatre ans, et de les marier à neuf et à dix ans : on les laisse à cet âge suivre le penchant de la Nature. Ces peuples ne mangent rien de ce qui a eu vie : ils s’abstiennent de chair et d.e poisson : ils ont des hôpitaux pont les bestiaux : iis craignent de tuer le moindre insecte ? même ceux qui leur sont le plus nuisibles ; aussi les plus dévots d’entr’eux font- ils difficulté d’allumer pendant la nuit, du feu ou de la chandelle, de peur que les mouchés ou* les papillons ne s’y viennent brûler. Cet excès de superstition donne à cette secte d’idolâtres. , de Thorreur pour b guerre et pour tout ce qui peut conduire à l’effusiom du sang. Leur culte s’étend aùs sienvers les vaches , et souvent ils adorent la première chose qui se présente le matin devant eux,

A Balf % îsle de l’Inde , les hommes ont chacun plusieurs femmes , ce qui contribue à, la population extraordinaire de cette Isle. On y brûle , sur. les bûchers des maris qui viennent de mourir , celles de leurs femmes qu’ils ont le plus aimées pendant leur vie : il y a de ces infortunées* qui courent' à ce sup¬ plice en sautant , en dansant , au son des instrument , parées de leurs plus riches habits et de ce qu’elles ont de plus précieux ; et ce stupide dévouement, de la part de la femme, passe , dit-on , chez ces peuples , pour un acte de vertu et d’amour conjugal. Mais cst-ce bien le motif, la condition ? On assure que, dans cette contrée , cette loi est un singulier trait de politique , et qu’elle a été promulguée* pour que les femmes de ce pays n’em pois on ment point à Favenir leurs maris; elle est en vigueur, comme si, tous les maris de cette contrée ne mouroient qu’empoisonnés par les mains de leurs femmes. O Italiennes , ô Malabar ois es qui voulez vous marier , implorez, lg Dieu vengeur , qu’il ordonne à vos Sénateurs la ré-~ forme d’une loi aussi atroce , ou que l’Auteur de la Nature fasse survivre les hommes aux femmes;! autre-, ment 9 toutes les veuves innocentes expireront dans les tourmens de la mort la plus affreuse, rie forfait de quelques mains criminelles.

Les habituas du Gdicut sont olivâtres-,- et ne peu-:

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vent prendre qu’une femme , tandis que îa Reine et les Dames nobles de sa suite peuvent prendre autant de maris qu’il leur plaît ; et ces arrangemens ne produisent aucune mésintelligence entre les époux* Les meres prostituent leurs filles le plus jeunes qu’elles peuvent. C’est ainsi que les choses se passent à Pa'tane, a Bantan ou Bantahc , et dans les petits Royaumes de Guinée, 'Quand, les femmes , dit M. Smith , y ren¬ contrent un homme , elles le saisissent et le menacent de le dénoncer à leur mari, s^il les méprise. Dans ces pays, le physique de l’amour a presque une force invincible , l’attaque y est sûre et la résistance nulle* 11 y a, parmi les Oalicutüns , des familles qui ont les jambes aussi grosses que le corps d’un autre homme : la peau en est dure et rude comme une verrue ; avec cela , ils ne laissent pas d’être fort dispos. Cette race d’hommes à grosses jambes s'est plus multipliée parmi les N aires de Calicut , que dans aucun autre peuple des Indes : on en trouve cependant quelques-uns ailleurs , et sur-tout à Ceylan.

Les habitans de i’îsle de Cèylah sont un peu moins noirs que ceux de la Cote de Malabar ; mais il y a , dans cette même Isle , des especes de Sauvages ÿ que l’on nomme Bèdas , et qui sont d’un blanc pâle comme quelques Européens : leurs cheveux sont roux ; ils ne vivent que dans les bois les plus épais , au Nord-Est de l’Isle , et ils s’y tiennent si cachés , qu’on a de la peine à les découvrir : il y a lieu de penser que ces Bédas de Ceylan , ainsi que les Kacrtlas ou Chacrdas de Jkva , et les Albinos du Midi de l’Afrique , ( Æthiopcs Âlbicantes ) , et sur - tout les Dondos de Loango , pourroient être de race Européenne. II est très-possible que quelques hommes et quelques femmes de l’Europe - aient été abandonnés autrefois dans ces Isles, ou, quil s y aient abordé dans un naufrage ; et que , dans la crainte d’être maltraités des Naturels du pays, ils soient demeurés , eux et leurs descendans ^ dans, les lieux les plus déserts de cette Isle, oii ils ne sortent que le soir, ne pouvant souffrir la lumière 5 et oii ils continuent à mener la vie des Sauvages , qui peut-être a ses douceurs lorsqu’on y est accou¬ tumé. (Les D ariens 5 habitaas de l’Isthme de Panama 9

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ne peuvent aussi guere ouvrir les y eut que dans l’obscurité de la nuit. Ces humains sont dans le genre des hommes , ce que sont parmi les oiseaux les chats- huans , et parmi les quadrupèdes, les chauve-souris , qui ne sortent du sommeil que quand l’Astre du four a disparu et a laissé la Nature dans le deuil et dans le silence. Les Voyageurs attestent que les Nègres ou Naturels du pays détestent lês Nègres blancs , et sont perpétuellement en guerre avec eux. Ils les combattent en plein jour, croyant avoir à faire aux Diables des bois ; mais ceux-ci prennent leur revanche pendant la huit , sous le nom de Moktssôs . Les vrais Nègres blancs ont les cheveux blancs , les yeux rouges 9 la vue foible : on les a aussi nommés hommes nocturnes m Ces Negres blancs ne doivent pas être regardés comme des variétés spécifiques 9 mais individuelles ).

Les Maldivois sont bien formés et bien propor¬ tionnés : il y a peu de différence entr’eux et les Européens , à l'exception qu’ils sont de couleur oli¬ vâtre , ainsi que les femmes; cependant 5 comme c’est un peuple mêlé de toutes les Nations* on y voit aussi des femmes très-blanches. Les Maldivoiscs sont extrê¬ mement débauchées 9 et mettent leur gloire à être infidelîes , indiscrètes , et à citer leurs bonnes for¬ tunes. Les taleps et les vertus de ces femmes consis¬ tent à jouir à chaque instant; et pour s’y exciter et mieux seconder la Nature, elles mangent à tout mo¬ ment du betel et beaucoup d’épices à leurs repas. Pour les hommes , quoique très-kicontinens , ils sont beaucoup moins vigoureux qu’il ne conviendrait à leurs femmes. On peut dire que la pudeur n’est pas plus connue chez ces peuples , que chez la plupart des Caraïbes : ces nations n’ont pas même de termes pour l’exprimer. On peut les peindre , hommes et femmes , comme on peint les amours , nus , armés de fléchés et d’un carquois ; il ne s’agit que de placer le. bandeau : ce vêtement léger et peu embarrassant auquel iis sont habitués , annonce , par l’épargne qu’ils y mettent , qu’ils ne s’en servent que par complaisance et pour tromper légèrement sur leur sexe. Chez eux et ailleurs , cette ceinture passe pour ornement. Ce serait une erreur que de croire qu’on

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puisse être homme et sans vice. Celui-là est le plus parfait , qui a le moins de défauts.

Goa 9 qui est le principal établissement des Portu¬ gais dans les Indae , est le pays du monde il se vendait autrefois le plus d'Esclaves : on y trouvoit à acheter des hiles et des femmes de tous les pays des' Indes ; ces Esclaves savent pour la plupart jouer des instrumens, coudre et broder en perfection : il 3^ en a de Hanches , d’olivâtres 9 de basanées , de toutes couleurs ; celles dont les Indiens sont les plus amou¬ reux 5 sont les filles 'Coffres de Mosambique 9 qui sont toutes noires. est à remarquer que la sueur de tous ces peuples Indiens , tant mâles que femelles , n’a point de mauvaise odeur ; au lieu que celle des Nègres £ Afrique est des plus désagréables 9 lorsqu’ils sont échauffés : elle a , dit-on , Podeur des poireaux verts. Les femmes Indiennes aiment beaucoup les hommes blancs d’Europe, elles les préfèrent aux blancs des Indes et à tous les autres Indiens.

Il n’en est pas de même des Béajous, (c’est le nom que l’on donne aux habitans Idolâtres de l’Isle de Bornéo ) ; ils sont basanés , de belle taille , et natu¬ rellement robustes. L’usage , plutôt qu’aucune loi , les assujettit à n’épouser qu’une seule femme ; ils sont modestes , et regardent comme un crime odieux l’infidélité dans le mariage ; ils sont ennemis du vol et de la fraude, et paroissent sensibles aux bienfaits. Us ont de la noblesse dans leurs plaisirs. On ne voit guere les Béajous pürécfccupés par les inquiétudes de l’amour , par les soins de l’ambition , par les tourmens de la crainte , par les supplices de la jalousie ; le calme des passions entretient chez eux la paix de Famé et le repos de l’esprit. Leurs armes sont des poignards , peu différens du canglar des Maures , et des sarba¬ canes de huit pieds de long , avec lesquelles ils soufflent sur leurs ennemis de petites fléchés armées d’une pointe de fer-, souvent empoisonnée d’un, suc mortel.

Les Persans sont voisins des Mogols ; aussi les ha» ■foitans de plusieurs provinces de Perse ne different .guere des Indiens , sur-tout ceux des provinces Méri¬ dionales ; mais dans le reste du Royaume , le sang

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Persan est présentement devenu fort beau , par le mélange du sang Géorgien et Circassien. Ce sont les deux nations du Monde, la Nature forme les plus belles personnes ; aussi il n’y a presque aucun homme de qualité en Perse , qui ne soit d’uns mere Géorgienne ou Cireassienne. Comme il y a un grand nombre d’années que ce mélange a commencé à se faire 9 le sexe féminin s’est embelli comme l’autre , et les Persanes sont devenues fort belles et bien faites , quoique sans avoir atteint la beauté des Géor¬ giennes. Sans ce mélange , les gens de qualité da Perse seroient les plus laids hommes du Mfcndè, puis¬ qu’ils sont originaires de la Tartane , dont les habi- tans sont remarquables par leur lai'deu.K

On voit en Perse une grande quantité de belles femmes de toutes couleurs , qui y sont amenées de tous les côtés par les Marchands. Les blanches vien¬ nent de Pologne , de Moscovie , de Circassie , de Géorgie et des frontières de la Grande Tartarie : les basanées sont originaires des Terres du Grand Mogol , et de celles du Roi de Golconde et du Roi de Visapour : les noires viennent de la Côte de Mélinde et de celles de la Mer Rouge .

Les peuples de la Perse , de la Turquie , de V Arable 9 de Y Egypte et de »toute la Barbarie , peuvent êu*e regardés comme une même Nation , qui , dans le temps* de Mahomet et de ses successeurs, s’est extrê¬ mement étendue , a envahi des terrains immenses , et s’est prodigieusement mêlée avec les peuples de ces pays. Les Princesses et les Dames Arabes , qui ne •sont point exposées au soleil , sont fort blanches , belles et bien faites : les femmes du commun sont brunes et basanées ; elles se peignent aussi la peau.

Les Egyptiens , quoique voisins des Arabes , et soumis comme eux à la domination des Turcs ont cependant des coutumes fort différentes' des Arabes. Par exemple , dans toutes les Villes et Villages , le long du Nil , on trouve des hiles destinées aux pliisirs des Voyageurs , sans qu’ils soient obligés de les payer: les gens r elles de ces Montrées se font , en mourant, un devoir de piété de fonder des Maisons d’hospitalité, €t de les peupler de jeunes et belles filles 3 qu’ils font

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acheter dans ees vues- charitables ; des Messagers cfe galanterie conduisent les Voyageurs au temple ou les jeunes Prêtresses font si volontairement leurs stations ^ conformément aux vues du Testateur : on n’y admet que les plus enjouées ; celles qui paroissent être les mieux vouées au mystère ; celles qui respi¬ rent la volupté la plus séduisante ; celles dont la taille est dégagée et terminée par les plus belles hanches et les plus belles «butes de reins qu'il soit possible de voir. 0 . . N’en disons pas davantage ; la pudeur pourroit en être alarmée. . . . Jalouses les unes des autres $ir la préférence 9 il y a peu d’union entre elles : elles n en veulent point à la bourse du Voya¬ geur ; leur intention est de l’attendrir * de le rendre sensible à leurs charmes 9 en un mot, de lui procurer et de partager les avantages de la jouissance. Tel est le double intérêt d'un service important et pu¬ blic ; mais il faut s’en méfier à bien des égards * filles d'Eve ? plus curieuses que foibles d’esprit , elles veulent se perdre comme elle, pour tout savoir. Les ’J Egyptiennes sont fort brunes ; elles ont les yeux vifs ; les hommes sont de couleur olivâtre. Quoique les Egyptiens soient aujourd’hui ignorans et poltrons , il y a encore parmi eux des individus qui conservent quelques étincelles de ce feu Oriental 9 qui présentoir la vérité sous le voile de l’allégorie.

En lisant l’histoire des peuples d'Afrique , on ne peut apprendre sans étonnement que ceux qui habitent les hautes montagnes de la Barbarie sont blancs ; au lieu- que les habitais des côtes de la mer et des plaines sont basanés et très “bruns. Cette petite # élévation au-dessus de la surface de la terre 9 produit le même effet que plusieurs degrés de latitude sur sa surface.

Tous les peuples qui habitent entre le vingtième $ le trentième et le trente- cinquième degrés de latitude du nord de l’ancien Continent 9 ne sont pas fort différées les nos des autres , si on excepte les variétés particulières occasionnées par le mélange d’autres- peuples Septentrionaux, lis sont tous eiï

fénéral bruns , basanés , mais assez beaux et asse^ ien faits. Ceux qui vivent dans un climat plus sempéré * tels que les habitans des provinces Sept mp

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irlônaîes du Mogol et de la Perse , les Arméniens 5 les Turcs 9 les Géorgiens les Mingrêliens 9 les Circassiens s les Grecs et tous les peuples de Y Europe 9 sont les hommes les plus beaux , les plus blancs et les mieux faits de toute la terre.

Le sàng de Géorgie est encore plus beau que celui de Cachemire : on ne trouve pas un visage laid dans ce pays , et la Nature y a répandu 9 sur la plupart des femmes , la plus belle couleur du visage , les traits les plus réguliers , et des grâces que l’on ne voit point ailleurs : elles sont grandes , bien faites ÿ extrêmement déliées à la ceinture ; la plupart o ni deux sourcils peints par l’amour 9 qui couronnent deux grands yeux , d’ok il lance tous ses traits ; elles joignent à leur extrême beauté , un air de déli¬ catesse et un regard qui charme et enchante tous ceux qui les envisagent : il faut , pour les juger 9 les avoir admirées. Les hommes sont aussi fort beaux et grands 9 ils ont naturellement de l’esprit ; mais il n’y a aucun pays dans le monde ou le libertinage et F ivrognerie soient à un si haut point qu’en Géorgie. C’est parti¬ culiérement parmi les jeunes filles de cette nation , que les Rois et les Seigneurs de Perse choisissent ce grand nombre de concubines , dont les Orientaux se font honneur. 11 y a même des défenses très-expresses d’en trafiquer ailleurs qu’en Perse , les filles Géorgiennes étant , si l’on peut parler ainsi 9 regardées comme une marchandise de contrebande , qu’il n’est pas permis de faire sortir hors du pays : il a été cependant stipulé 5 entre le Grand Seigneur et le Sophi de Perse , ' que le sérail Ottoman seroit rempli , par choix et à volonté , de jeunes Géorgiennes . Quoique les mœurs et les cou¬ tumes des Géorgiens soient un mélange de celles de la plupart des peuples qui les environnent , ils ont en particulier cet étrange usage , que les gens de qualité y exercent l’emploi de Bourreau : bien loin qu’il soit réputé infâme en Géorgie 9 comme dans le reste du Monde , c’est un titre aussi glorieux pour les familles de ce pays , que l’impudicité de leurs filles. En effet 9 elles éprouvent de bonne heute le sentiment que les deux sexes s’inspirent mutuellement ? et dans cet état de nature , leurs besoins physiques m sotîfft’eni poi&t de retard^

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Les femmes de Circassu sont fort belles et fort blanches : elles ont si peu de sourcils , qu’on diroit que ce n’est qu’un filet de soie recourbé ; elles, en sont fâchées , mais elles ont tort ; elles s er oient trop belles si elles n’avoient pas ce léger défaut ; on trouve en elles les proportions exactes de cet ensemble régulier , qui forme le modèle de la* beauté. L’été , les femmes du peuple ne portent qu’une chemise, qui est ordinairement bleue , jaune ou rouge ; et cette chemise est ouverte jusqu’à mi-corps : elles ont le sein parfaitement bien fait : elles sont libres avec les étrangers , mais cependant fidelles à leurs maris , qui n’en sont point jaloux.

Les Mingréltens sont aussi beaux que les Géorgiens et les Circasshns ; et il semble que ces trois peuples , si célébrés par les agrémens de leur figure , ne fassent qu’une seule et même race d’hommes. La beauté régu¬ lière , qui ne se montre que par intervalles dans d’autres pays , semble être chez eux un avantage héréditaire dans chaque famille. Il y a en Mlngrélie 9 dit Chardin , des femmes merveilleusement bien faites , d’un air majestueux , de visage et de taille admirables ; elles ont autant d’embonpoint qu’il en faut ; des cheveux bien plantés relevant la beauté de leur front ; elles ont , outre cela , un regard engageant , qui caresse tous ceux qui les considèrent , et elles tâchent d’ins¬ pirer de l’amour , sans cacher celui qu’elles sentent. Leur ame a un degré particulier de sensibilité et de courage. Les habitans épousent leurs nieces , et les maris sont très-peu jaloux : quand un homme prend sa femme sur le fait avec un galant , il a droit de le contraindre à. payer un cochon; et d’ordinaire il ne prend pas d’autre vengeance : le cochon se mange entr’eux trois. Ils prétendent que c’est une très-bonne et très-louable coutume , d’avoir plusieurs femmes et concubines , parce qu’on engendre beaucoup d’enfans , que l’on vend argent comptant , ou qu’on échange pour des hardes et pour des vivres ; souvent ils tuent ceux qui sont défigurés , mal- faits ou infirmes : voilà toute leur politique et toute leur morale. Au reste 9 ces Esclaves ne sont pas fort chers ; les hommes , âgés depuis vingt -cinq jusqu’à quarante ans , ne

coûtent

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ièûtéat que quinze écus ; et les belles filles , d’entrê treize dix-huit ans , vingt écus.

Les Turcs , qui achètent beaucoup de tous ces esclaves , sont un peuple composé de plusieurs autres peuples. En général les Turcs sont robustes et assei bien proportionnés : leurs femmes sont belles 5 blanches et bien faites. On dit que les Ibw5liomme$ et femmes^ ne portent point de poil en uucuüe partie du corps 9 excepté les cheveux et la barbe : ils se servent du Tusma pour î’ôter. Voye\ ce moh

Les Femmes Grecques sont encore plus belles et .plus vives que les Turques ; on observe chez elle& les caractères généraux de la figure la plus parfaite ; «elles ont le visage d’un ovale charmant , le dessous de leur menton leur poitrine , leur gorge forment des contours si délicats et si beaux , que la volupté seule peut en avoir tracé le dessin et l’avoir suivi*' Elles ont de plus que les Turques l'avantage d’uné beaucoup plus grande liberté : et par une illusion douce et consolante, la. Nature les invite à mettre souvent en acte le plaisir momentanée qui expose quelquefois la femme à perdre la vie pour la donner, à un nouvel individu.

Les Grecs 3 les Napolitains 3 les Siciliens 5 les hàbi- tans de Corse 3 de Sardaigne , les Espagnols et les y Portugais étant situés à peu près s dus le même pa¬ rallèle , sont assez semblables pour le teint ; tous ces peuples sont plus basanés que les François 3 les Angloiki et les autres peuples moins Méridionaux. Lorsqu’on! fait le voyage d’Espagne , ori commencé à s’apper- eevoir , dès Bayonne , de la différence de couleur ï les femmes ont le teint un peu plus brun : elles ont aussi les yeux plus brillaos. Les Espagnols . sont maigres , assez petits ; ils ont taille fine , la tête belle. Les Voyageurs disent unanimement que délicatesse de l’organisation fait de l’arne des Françoiè une glace qui* reçoit tous les1 objets ; et les rend vivement. T out , à la Vérité , parlé en eux : viva¬ cité, la gaieté , la générosité , la bravoure et la sincé¬ rité forment leur caractère. Ëatout ils donnent Fessov €t l’énergie à la Nature. J’en appelle au témoignage de Routes les nations : 1$, PM temple du goût |

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du génie et du sentiment. On dit encore que de toutes les passions , l’amour est celle qui sied le mieux aux femmes, et sur-tout aux Françoise; il est du moins vrai qu’elles portent ce sentiment , qui est le plus tendre caractère de l’humanité , à un degré de déli¬ catesse et de vivacité , oii il y a peu de femmes d’autres nations qui puissent atteindre. Leur ame semble n’avoir été faite que pour sentir ; elles pré¬ tendent n’avoir été formées que pour le doux emploi d’aimer et d’être aimées. Sensibles aux hommages, elles doivent céder aux transports de la reconnaissance 9 et qui peut mieux qu’elles acquitter la dette du cœur ? Peut-être leur amour est-il plus éphémère que chez les femmes de nos voisins. Les Français ne sont pas moins favorisés de la Nature ; rien ne s’oppose à leur bonheur ; leur éducation concourt à leur faire connoître , au terme prescrit , les désirs qui mettent quelque prix à la jouissance. Leur taille est à peu prèk la même que celle des Anglais; mais ceux-ci passent pour être moins enjoués , même mélancoliques et

Îlus philosophes , moins fougueux dans leurs passions.

,es femmes de l’une et l’autre nation ont de beaux cheveux , les yeux grands. En général les Françaises ont la gorge fort belle , la bouche petite , les dents blanches et bien rangées , les levres d’un incarnat vif, l’air gracieux et tendre du sourire ; le bras bien arrondi , bien fait et la main fort belle ; la taille noble et dégagée ; le pied fort mignon , et la peau fine et blanche.

On voit souvent en Angleterre des hommes vivre plus d’un siecle , ou acquérir un embonpoint extraor¬ dinaire , témoin le sieur Bright de la province ftEssex % qui à l’âge de 12 ans pesoit 184 livres , à 20 ans 336, à 29 ans 584, et à 30 ans 616 livres : cet homme avoir 5 pieds 9 pouces et demi de haut. Î3ans la même année ( 1754 ) mourut à Londres le nommé Powel , Boucher , natif de la province à'Essex ; il étoit âgé de 37 ans , et il pesoit 650 livres : il avoir environ 1 5 pieds d’Angleterre de circonférence. La Gazette Anglaise du 24 Juin 1775 , fait mention d’un homme mort cette même année dans la pro¬ vince de ïVarwick » Cet homme s’appeloit M. Spoxerj

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un mois avant sa mort, il pesoit 649 livres: il étoit âgé de 57 ans , .et n’avoit pu se promener à pied depuis plusieurs années. Mesuré après sa ;mort , la largeur d'une épaule à l'autre étoit de plus de quatre pieds. On a vu en Angleterre une race à' homme porc- épic. Voyez fit article . Il n’est pas rare de rencontrer en Suisse 9 nation d’un caractère sincere et belliqueux , des hommes et femmes ventriloques et affectés de goitres.

En revenant à Y Afrique , et examinant les hommes qui sont au-delà du Tropique , depuis la Mer Rouge jusqu’à l’Océan, on retrouve des especes de Maures 9 niais si basanés , qu’ils paroisserit presque tout noirs : on y -trouve aussi des Nègres. En rassemblant les témoignages des Voyageurs , il paroît qu i! y a autant de variété dans la race des Noirs que dans celle des Blancs. Ceux de Guinée sont extrêmement laids , et ont une odeur insupportable : ceux de Soffala et de Mozambique sont beaux et n’ont aucune mauvaise odeur. On retrouve parmi les Negres toutes les nuances du brun au noir , comme nous avons trouvé dans les races blanches toutes les nuances du brun au blanc.

Les Maures ou Mores habitent au Nord du fleuve du Sénégal : ils ne sont que basanés ; les Negres sont au Midi , et sont absolument noirs , sur-tout ceux qui habitent la Zone torride ; car plus on s’éloigne de. l’Equateur-, et plus la couleur des peuples s’éclàfixit par nuances. C’est aux extrémités des Zones tempé¬ rées qu’on trouve les peuples les plus blancs. Les Isles du Cap- Vert sont toutes peuplées de Mulâtres 9 venus des premiers Portugais qui s’y établirent , et de$ Nègres qu’ils y trouvèrent : on les appelle Nègres cqu~ leur de cuivre , parce que , quoiqu’ils ressemblent aux Negres par les traits , ils sont jaunâtres. Les Nègres du Sénégal * près de la riviere de Gambie , que l’on nomme Jalofes , sont tous fort noirs et bien propor¬ tionnés : ce sont les plus beaux et les mieux faits de tous les Negres. Ils ont les mêmes idées que nous de la beauté : il n’y a que sur le fond du tableau qu’ils pensent différemment. Il y a parmi eux d’aussi belles femmes , à la couleur près , que dans aucuq.

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autre pays du Monde : elles ont beaucoup de gofil pour les Blancs : leurs maris tiennent à honneur le choix que leurs femmes , leurs sœurs , leurs filles font des Blancs et le refus des hommes de leur nation. Au reste , ces femmes ont toujours la pipe à la bou¬ che , et leur peau contracte une odeur désagréable lorsqu’elle est échauffée. Elles aiment beaucoup z sauter et à danser au bruit d’une calebasse ou d’urï chaudron ; tous les motivemens de leurs danses sont autant de postures lascives et de gestes indécens. D’ailleurs les Jalofis sont d’une ignorance incroyable. On a vu des Européens introduits dans les assem¬ blées de ces peuples Jalofis , pérorer et tourner en ridicule leurs usages ; le- discours n’étoit pas plutôt commencé que l’un jetoit un rire méprisant et de pitié , très familier aux femmes ; Tautre interrompait l’Orateur par un bâillement énorme , signe non équi¬ voque de l’ennui que lui causoit la morale moderne % lin autre se couchoit par terre y étendoit les bras et s’endormoit ; enfin il y en avoit qui se retiroient Jet d’autres qui s’écrioient : Nous aimons nos chimères et n’envions pas les vôtres. . . .

Il semble que les Jalofis ne connaissent point ce qui dégrade Xhomfne 9 ni ce qui peut le rendre meil¬ leur ; ils vivent sans lois. Un jour viendra qu’ils se verront condamnés par l’opinion publique , cette maî- tre^e du Monde qui juge les hommes de queîquè nation et de quelque rang qu’ils soient , et dont les jugemens sont irréfragables.

Les Negres de l’Isle de Corée et de la côte du Cap~ Vert 9 sont bien faits , comme ceux du Sénégal : ils font un si grand cas de leur couleur , qui est en effet d’un noir d’ébene profond et éclatant , qu’ils mé¬ prisent les autres Negres qui ne sont pas si noirs g comme les Blancs méprisent les basanés. Ces Negres aiment passionnément l’eau-de-vie , dont iis s’eni¬ vrent souvent : ils vendent leurs enfans , leurs pa¬ rais , et quelquefois ils se vendent eux-mêmes pour en avoir.

Quoique les Negres de Guinée soient d’une santé ferme et très-bonne , rarement arrivent-ils à une cemiue vieillesse : ils paroissent vieux dès l’âge

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Quarante ans. L’usage prématuré des femmes êst peut- être cause de la brièveté de leur vie. Rien n'est si rare que de trouver dans ce peuple quelque fille qui puisse se souvenir du temps auquel elle a cessé d’être vierge 9 et elles se font une honte de poûsser le moindre cri en accouchant. Leur caractère est asseæ constant. Cette nation est ignorante , et cependant pleine de sentiment , sur-tout dans l’art d’aimer. On doit même être surpris que des âmes si incultes puis¬ sent produire quelques vertus , et que les vices n’y soient pas plus communs : au reste les Negres des Isles d’ Afrique, sont en général parleurs, menteurs 9 et tou¬ jours prêts à tromper.

On dit qu’au royaume de Bénin sur le Golfe de Guinée , le Souverain 5 qui est assez puissant pour pou- voir mettre en peu de temps une armée de cent mille hommes sur pied 9 ne se montre guere en public qu’une fois l’année , et souvent on honore sa présence en égorgeant quinze ou seize esclaves : on dit aussi que quand il meurt 9 plusieurs Princes de sa Cour se vouent à la mort pour l’accompagner au tombeau ; mais com¬ munément cet honneur est décerné à quelques per¬ sonnes qu’on saisit parmi le peuple qui accourt en foule pour voir cette cérémonie ; on enterre encore avec le Monarque ses habits et ses meubles. Les Bé~ niniens sont assez doux , civils et d’un fort bon na¬ turel ; ils ont du courage et de la générosité ; ce¬ pendant iis sont tous esclaves , et portent une inci¬ sion sur le corps en signe de servitude. Les hommes n’osent porter d’habit qu’ils ne l’aient reçu du Roi ; les filles ne se vêtissent que quand elles sont mariées , c’est leur époux qui leur donne le premier habit ; et les rues sont pleines de personnes de l’un et de l’autre sexe , toutes nues. Aussi les Béniniens sont-ils déré¬ fiés dans leurs mœurs 9 et les hommes peuvent épouser autant de femmes qu’ils veulent 9 et entretenir encore des concubines. Livrés à tous les excès de l’inconti¬ nence , ils attribuent eux-mêmes ce penchant à leur vin de palmier et à la nature de leurs alimens. La jalousie est fort vive entr’eux ; mais ils accordent aux Européens toutes sortes de libertés auprès de leurs: femmes , quoique ce s#it un crime à un Negre <à’ap^

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procher de la femme d’autrui. L’adultere est puni pat? la bastonnade parmi le peuple , et par la mort parmi les grands ; loi qui est à peu près contraire à celles de toutes les autres nations.

On préféré ? dans nos îsles * les Negres d’Angola à ceux du Cap ~ Vert pour la force du corps ; mais ils sentent si mauvais lorsqu’ils sont échauffés , que l’air des endroits par ils ont passé , en est infecté pen¬ dant plus d’un quart d’heure. Ceux de Guinée sont aussi très-bons pour le travail de la terre et pour les autres gros ouvrages. Ceux du Sénégal ne sont pas si forts , mais ils sont plus propres pour le ser¬ vice domestique , et plus capables d’apprendre des métiers. Les Negres ont en général le nombril fort gros 9 et multiplient beaucoup ; iis ont communé¬ ment les yeux grands , le nez épaté , les levres grosses , le bord intérieur des levres ainsi que le dedans de la bouche , d’un beau rouge de corail 9 et les che¬ veux semblables à de la laine frisée. On observe que presque tous les Blancs 9 notamment le peuple Créole 9 ont pour les Negres esclaves 9 dans nos colonies , la confiance la plus humiliante. Plusieurs de ces esclaves ont la réputation d’être Médecins , et de posséder des secrets , qui passent dans le gros des esprits des cor Ions de la Guiane , pour un don qui tient du sor¬ tilège. Ceci prouve que d’un pôle à l’autre 9 par-tout le peuple est peuple : il paroît constant qu’il y a de ces charlatans noirs qui sont parvenus à connoître les vertus de quelques plantes venimeuses , et qu’ils ont fart d’en tirer des poisons tantôt subtils 9 tantôt lents 9 dont ils se servent contre ceux qu’ils haïssent , ou contre leurs ennemis , et on n’en voit que trop sou¬ vent de tristes effets.

Si les Negres ont peu d’esprit , ils ne laissent pas d’avoir 9 comme nous l’avons déjà dit 9 quelques sen- timéns : ils 'sont gais ou mélancoliques , laborieux ou fainéants 9 amis ou ennemis 9 selon la maniéré dont o n les traite. Lorsqu’on les nourrit bien 9 et qu’on ne les maltraite pas 9 ils sont contens , joyeux 9 prêts à tout faire , et la satisfaction de leur ame est peinte sur leur visage ; mais quand on les traite mai 9 ils prennent le chagrin à cœur 9 et périssent quelquefois de mélancolie. Ils portent une haine mortelle à céw

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qui les ont maltraités : lorsqu’au contraire ils s’affec¬ tionnent à un maître , il n’y a rien qu’ils ne soient capables de faire pour lui marquer leur zele et leur dévouement. Quand les Negres sont expatriés , ils paraissent naturellement compatissans , et même ten¬ dres pour leurs enfans , pour leurs amis , pour leurs compatriotes; ils partagent volontiers le peu qu’ils ont avec ceux qu’ils voient dans le besoin 9 sans même les connoître autrement que par leur indigence. Ils ont donc, comme on le voit , le cœur excellent ; ils ont le germe de toutes les vertus. Je ne puis écrire leur histoire , (et je le dis avec M. de Bufflon) sans m’attendrir sur leur état ; ne sont-ils pas assez mal¬ heureux d’être réduits à la servitude , d’être obligés de travailler toujours sans pouvoir rien acquérir? faut- il encore les excéder , les frapper 5 et les traiter comme des animaux ? L’humanité se révolte contre ces traitemens odieux , que l’avidité du gain a mis en usage. On les excede de travail , on leur épargne la nourriture , même la plus commune. Ils suppor¬ tent , dit -on, aisément la faim : pour vivre trois Jours , il ne leur faut que la portion d’un Européen pour un repas ; quelque peu qu’ils mangent et qu’ils dorment , ils sont également durs et forts au travail! Comment des hommes à qui il reste quelque senti¬ ment d’humanité , peuvent-ils adopter ces maximes , en faire un préjugé , et chercher à légitimer par ces raisons les excès que la soif de l’or leur fait commettre ?

Il naît quelquefois parmi les Negres , des blancs de pere et de mere noirs : chez les Indiens couleur de cuivre jaune 9 des individus couleur de blanc de lait ; mais il n’arrive jamais chez les blancs qu’il naisse des individus noirs. Les peuples des Indes Orientales , à® l’Afrique et de l’Amérique ou l’on trouve ces hommes blancs , et les Albinos dont nous avons parlé , sont tous sous la même ligne ou à peu près. Le blanc paroît donc être la couleur primitive de la Nature , que le climat , la nourriture et les mœurs altèrent et chan¬ gent , et qui reparoît dans certaines circonstances , mais avec une si grande altération , qu’il ne ressemble point au blanc primitif. Voy l9 article Negre.

En tout j les deux extrémités se rapprochent presque

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toujours : la Nature , aussi parfaite qu’elle peut Fêtré a fait les hommes blancs ; et la Nature , dans soq dernier degré d’altération 9 les rend encore blancs * Mais le blanc naturel ou blanc de l’espece , est fors différent du blanc individuel ou accidentel. On en voit des exemples dans les plantes 9 aussi bien que «dans les hommes et les animaux : la rose blanche 9 la giroflée blanche , sont bien différentes , même pour le blanc , des roses ou des giroflées rouges , qui dans l’automne deviennent blanches 9 lorsqu’elles ont souf¬ fert le froid des nuits et les petites gelées de cette saison. Autre singularité 9 les hommes cYun blond blanc ont les yeux faibles , et souvent l’oreille dure. On prétend qtte les chiens blancs sans aucune tache sont sourds , et en effet il y en a des exemples.

On ne connoît guère les peuples qui habitent les côtes et l’intérieur de l’Afrique , depuis le Cap- Nègre, jusqu’au Cap des Faites ; mais les Hottentots y qui sont au Cap de Bonne-Espérance , sont fort connus. Les Hottentots ne sont pas de vrais Negres 3 mais des hommes basanés qui , dans la race des noirs , com¬ mencent à se rapprocher du blanc , comme les Maures dans îa race blanche commencent à se rapprocher du hoir. Les Hottentots vivent errans ; leur langage est quelquefois étrange : ils gloussent comme des çoqs d’Inde ; leurs cheveux ressemblent à la toison d’un fnouton noir rempli de crotte , et sont de la plus affreuse mal-propreté. Ce sont des especes de Sauvages fort extraordinaires : ils sont maigres et ont d’ailleurs les traits des Negres , mais chargés en laideur ; les; femmes sur-tout qui sont beaucoup plus petites que les hommes , regardent le nez proéminent comme une difformité; aussi l’aplatissent- elles à leurs enfans. Elles leur pressent aussi les levres pour les renfler ; c’est ainsi qu’elles achèvent de défigurer la Nature 9 en s’imaginant l’embellir. Elles parent leurs cheveux avec des coquilles. Quelques hommes de leur côté Sont à demi-eunuques , parce qu’à l’âge de huit an$ fn leur enlevé un testicule , dans la persuasion que cela les rend plus légers à la course. D’ailleurs ils iont braves 9 jaloux de leur liberté , agiles , hardis, f ©bustes 3 grands ; leur corps est bien proportionné^

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#ia!s leurs jambes sont grosses ; les exercices de 1$ guerre sont leur unique occupation ; ils en sont si passionnés qu’ils traitent avec les nations voisines pour s’obliger à les défendre ; ce sont les Suisses l’Afrique , si l’on peut parler ainsi.

Dans le pays des Hottentots , il se trouve des Sau¬ vages par excellence 3 c’est-à-dire , des hommes dans, l’état de pure Nature et dont la différence extérieur^ avec certains singes est presque insensible. La tête est couverte de cheveux hérissés ou d’une laine crépue ; la face est voilée par une longue barbe surmontée de deux croissans de poils encore plus grossiers , qui t par leur largeur et leur saillie , raccourcissent le front et lui font perdre son caractère auguste , et non- seulement mettent les yeux dans l’ombre, mais les enfoncent et les arrondissent comme ceux des animaux i ils ont les levres épaisses et avancées , le nez aplati y le regard stupide et farouche ; les oreilles , le corps et les membres velus ; la peau dure comme un cuir p noire ou tannée; les ongles longs, épais et crochus; line semelle calleuse en forme de corne sous la plante des pieds , et pour attributs du sexe , des mamelles fort longues et très-molles ; la peau du ventre pen¬ dante , dit Kolbe 3 presque jusqu’aux genoux ; on di- roit d’une espece de tablier qu’elles découvrent à ceux qui ont assez de curiosité pour examiner cette mons¬ trueuse difformité : leurs enfans se vautrent . dans l’ordure et se traînent comme à quatre pattes : le pere et la mere se tiennent assis sur leurs talons ; tous hideux , tous couverts d’une crasse empestée.

 l’Est du Congo , sont les An^icos , race d’anthropo¬ phages. Des Voyageurs attestent que leurs boucheries sont quelquefois garnies de la chair de leurs esclaves s même de leurs parens et de leurs amis. Au moindre dégoût de la vie , ils ont recours au Bouclier. Les An^icos ont la taille bien prise , une contenance agréable : leur marche est vive et ' légère. Les Cafres voisins des Hottentots , sont d’un noir peu éclatant: ils regardent comme un devoir de tuer les vieillards infirmes, comme si la Nature n’avoit pas ses*le Planer la main du temps de sa faux meurtrière.

1 semble que l’on peut admettre trois causes , qui

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concourent à produire les variétés nombreuses que Ton remarque dans les différens peuples de la Terre» La première est l’influence du climat ; la seconde , qui tient beaucoup à la première , est la nourriture ; et la troisième ? qui tient peut-être encore plus à la première et à la seconde , sont les mœurs. On peut regarder le climat , notamment ce qu’on doit appeler climat local ou climat respectif, à cause de la différence des tempéra¬ tures (a) , comme la cause première et presque uni¬ que de la couleur des hommes ; il est certain que dans la même Zone , les hommes n’ont pas la même couleur, puisque, sous la même latitude équinoxiale , on trouve des noirs-negres , des noirs-cafns , des hommes à p&u ou rougi , ou bronzée, ou brune , basanée , grise et même blanche . On voit aussi , à la même distance de l’équateur 9 sous les mêmes parallèles, différentes couleurs , ou plusieurs nuances de la couleur domi¬ nante ; mais la nourriture , qui fait à la couleur beaucoup moins que le climat , fait beaucoup à la forme. Des nourritures grossières , mal - saines ? peuvent faire dégénérer l’espece humaine; chez nous les gens de la campagne même sont moins beaux que ceux des villes ; et on peut remarquer que dans les villages la pauvreté est moins grande que dans les villages voisins , les hommes sont mieux faits et les visages moins laids. Les traits du visage de diffe- rens peuples dépendent beaucoup de l’usage ils sont de s’écraser le nez , de se tirer les paupières , de s’alonger les oreilles , de se grossir les levres , de s’aplatir le visage , etc. lu homme dans l’état de Nature

(a) Cette température locale varie selon la latitude d’une contrée » ©usa distance à l’équateur ; selon l’élévation ou la dépression du terrain ; selon sa plus grande ou petite distance aux différentes mers ; selop la situation du pays par rapport aux vents , et sur-tout au vent d’Est pour les habitans de la Zone torride , et au vent du Sud pour ceux de notre Zone tempérée ; selon la sécheresse ou f humidité de l’air ; selon la quantité des eaux stagnantes et fl u via¬ bles inscrites et renfermées dans cette contrée ; selon l’étendue des terres qui y sont en friche ; selon l’espace occupé par de vastes forêts ; selon le voisinage , la hauteur , la chaîne et la situation re¬ lative des montagnes. Toutes ces circonstances locales , ainsi que l’observe judicieusement M. l’Abbé Nauton f concourent à former la température de chaque climat respectifs

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mt' mieux fait ; partout on observe que feus l’état de société , des habitudes , des gestes bizarres altèrent sa conformation. Voilà ce qvi’ on appelle quelquefois avoir de la grâce.

En Amérique on trouve aussi des peuples qui défi¬ gurent de différentes maniérés le crâne de leurs en- fans dès le moment de leur naissance. Les Omaguas , au rapport de M. de la Condamine , ( Mémoires de l3 Académie des Sciences , 174$ , page 428 ) ont la bizarre coutume de presser entre deux planches le front des enfans qui viennent de naître, et de leur pro¬ curer l’étrange figure qui en résulte , pour les faire mieux ressembler , disent-ils , à la pleine lune. C’est ainsi qu’aux Indes on pétrit la tête de l’enfant destiné à être Bon^e : on lui donne la forme d’un pain de sucre elle devient un autel sur lequel le Bon\e fait brûler des feux. On présùme bien que toute l’organi¬ sation du cerveau est dérangée par une pareille opération : aussi ces Ministres ne jouissent-ils pas ordinairement d’un génie bien supérieur. Les Creecks s nation de FArnérique Septentrionale , vont tout nus , sont fort belliqueux , et même féroces ; ils se peignent des lézards , des serpens , des crapauds , etc. sur îe visage pour paroître plus redoutables. Les Sauvages du Détroit de Davis sont très-grands , très-robustes et fort laids ; ils vivent communément plus de cent ans ; leurs femmes se font des coupures au visage et les remplissent de couleur noire pour s’embellir , et pour s’attirer du respect. Le sang des animaux est une boisson agréable à ces peuples barbares, errans et carnivores. On trouve à Y article Pierre a fard , ce que les différens peuples mettent en usage pour s’embellir ou pour se parer la peau. " *

Les Brasiliens occupent une vaste contrée dans îe nouveau Continent ; dans îe nombre de ces peuples , dont le pays est divisé en quinze Capitaineries par les Portugais , il en est quelques-uns de policés ; leurs mœurs sont douces y mais il est dangereux de s’en¬ foncer dans l’intérieur des terres ,_qü sont des nations féroces et barbares , des sociétés sauvages qui ont le goût le plus décidé pour la chair humaine. Ces peuples cruels , pour venger , disent- ils , J’outrage

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fak à leurs ancêtres , lors de la conquête de lëùf pays, épient toujours l'occasion de surprendre les .Européens et sur-tout les Portugais. Ces ennemis dangereux et irréconciliables sont errans , se tiennent dans les rochers, dans les forêts , dans les mon¬ tagnes ; c’est le siège de leur indépendance : ils portent par- tout le fer , la flamme , dévorent dans leurs horribles festins ceux qu’ils ont faits prison¬ niers , et qu’ils ont eu soin d’engraisser. Lorsqu’un captif est maigre , on lui donne , pour le servir , une fille jeune et jolie , qui est aussi sa maîtresse , dont il a des enfans , et qui aussi-tôt qu’elle a réussi à lui fournir l’embonpoint qu’on, désire , assiste elle-même au barbare et horrible festin qu’on a préparé. Le jour fixé pour la cérémonie , toute la société anthropo¬ phage est invitée à la fête , on se divertit à boire et à danser ; chacun parle fièrement de ses exploits , des ennemis qu’il a rôtis et mangés; on a soin de laver Thomme tué , avant de le faire cuire. Ces hordes vont le corps tout nu et se parent seulement de- plumes qu’ils attachent à la tête et aux joues.

Les hafaitans de la Floride sont assez bien faits i leur teint est de couleur olivâtre tirant sur le rouge 9 à cause d’une huile de roucou dont ils se frottent : ils vont presque nus , sont braves , et immolent au soleil, leur grande divinité, les hommes qu’ils prennent à la guerre 9 et qu’ils mangent ensuite. Leurs Chefs 9 nommés Paraoustts , et leurs Prêtres ou Médecins s nommés Jouas , semblables aux Jongleurs du Canada 9 ont un grand pouvoir sur le peuple. Les Natche ç % Pune des Nations sauvages de la Louisiane , sont grands et gros ; leur nez est fort long , et le menton un peu arqué. Quand une femme-chef, c’est-à-dire. noble ou cle la race du soleil , meurt , on étrangle douze petits enfans et quatorze grandes personnes % pour être enterrés avec elle. On met dans leur foss® commune des ustensiles de cuisine , des armes de guerre et tout l’attirai! d’une toilette ; et pour ho¬ norer la mémoire de la défunte, on exécute plusieurs danses de tristesse ; les femmes et les fille? les plus distinguées y sont invitées. Les Cannibales ou Caraïbes 9 peuple de Ylsle de Saint-Vincent 3 ont , ainsi que lm

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ümsipias , la bizarre et monstrueuse habitude d’écfàsetf ou d’applatir le front de l’enfant qui naît , afin de' le rendre plus difforme : aussi leur intelligence est- elle fort bornée. Ils ne doivent peut-être leur couleur rougeâtre qu’au roticôu dont ils peignent leur corps avec Fliuile. Leurs cheveux noirs , qui ne sent jamais crépus ni frisés , ne descendent qu’aux épaules : il£ n’ont point de barbe , et ne sont velus ni aux jambeâ^ ni aux bras 5 ni à la poitrine. Leurs yeux sont noirs ^ gros , sâillans ; l’organe de la vue , oii se peignent communément avec tant d’énergie les divers mou¬ vements de Famé , dont il est l'interprète si marqué paroît être absolument muet chez les Caraïbes ; un regard fixe et stupide annonce dan$ eux la déplorable indolence ou l’on assure que leur raison reste plon¬ gée du matin au soir; ils joignent à la crédulité d’un enfant les délires d’un vieillard. Ils mettent , pour ainsi dire , leurs jambes au moule , en les liant par le haut et par le bas dès leur enfance : ils croient que ce sont autant de moyens de se donner' de la- grâce. Leur odeur est si désagréable , qu’elle a passé' en proverbe. Us ne se font baptiser , une ou plu¬ sieurs fois , que pour avoir les présens qu’on leur fait à cette occasion. Les femmes ne mangent point avec leurs maris , ils s’en croiroient déshonorés. L'a¬ mour est pour eux comme la soif ou la faim. Enfin; ils ont un usagé’ qui étonne toujours : lorsque la femme est accouchée , elle se leve aussi - tôt , elle vaque à tous les besoins du ménage, et le mari se couche ; il reste au lit pour elle pendant un mois entier , sans manger ni boire pendant les six premiers jours. Au bout cïu mois , les parens et amis viennent voir ce prétendu malade , lui font des incisions sur la chair , et le saignent de toutes parts sans qu’il ose s’en plaindre : il n’ose pas encore dans les six pre¬ miers mois manger des oiseaux ni des poissons , peur que le nouveau ne participât des défauts na¬ turels de ces animaux. Voilà de ces préjugés qui font honte à l’esprit humain ; mais ce ne sont pas les seules nations que l’ignorance ou l’erreur, le préjugé ou la superstition séduisent. Les habitans de Maduré s éa&$ les Jades 9 se croient descendre en ligne directe

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de la race des ânes. Voye^ à F article Ane. Au-delà du cercle boréal , la peuplade des Eskimaux ou des Innuits , quoique de race Américaine , ne comprend que des sujets fort petits; l’action extrême du froid s’y oppose au développement des membres*, et il en est à peu près de même dans le Groenland , qu’on dit avoir été primitivement peuplé par des hordes de race Américaine ; et il ne doit y avoir aucun doute à cet égard , s’il est vrai qu’il y a le plus parfait accord du langage des Groènlandois , avec celui des Eskimaux .

Il n’y a , pour ainsi dire * dans le nouveau Con¬ tinent qu’une seule race & hommes ^ qui tous sont plus ou moins basanés. A l’exception du Nord de Y Amé¬ rique , oii il se trouve des hommes semblables aux. Lapons , et aussi quelques hommes à cheveux blonds semblables aux Européens du Nord , tout le reste de cette vaste partie du Monde ne contient que des hommes parmi lesquels il n’y a presque aucune diver¬ sité ; au lieu que dans l’ancien Continent on trouve une prodigieuse variété dans les différens peuples. Il paraît à M. de Buffon , ainsi qu’à nous, que la raison de cette uniformité dans les hommes d* Amérique , vient de ce qu’ils vivent tous de la même maniéré. Tous les Américains naturels étoient ou sont encore sauvages ou presque sauvages : les Mexiquains et les Péruviens étoient si nouvellement policés , qu’ils ne doivent pas faire une exception. Quelle que soit donc l’ori¬ gine de ces nations sauvages , elle paroît leur être commune à toutes : tous les Américains sortent d’une même souche ; comme nous ils habitent la même planete , le même vaisseau , dont ils tiennent la proue et nous la poupe ; mais ils ont conservé jusqu’à présent les caractères de leur race sans grande varia¬ tion-, parce qu’ils sont tous demeurés sauvages, et qu’ils ont vécu à peu près de la même façon ; que leur climat n’est pas à beaucoup près aussi inégal pour le froid et pour le chaud que celui de l’ancien Continent ; et qu’étant nouvellement établis clans leur pays , les causes qui produisent des variétés n’ont pu agir assez long -temps pour opérer des effets bien sensibles. 'Les 4méricains ont en générai

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le visage large , le front très-petit , et couvert de cheveux aux extrémités jusque vers le milieu des sourcils , ce qui paroît être un de leurs caractères distinctifs. Ils ont les yeux noirs et petits , quoique la portée de leur vue s’étende fort loin. Il faut ce¬ pendant en excepter presque tout un peuple blanc 9 qui, selon TFaffer^ se trouve d'àn^lsthme d'Amérique: leurs sourcils et cheveux ont la xouieur blanche de îa peau , et leurs sourcils forment une sorte de crois¬ sant qui a la pointe en bas. Ce peuple D arien qui appartient peut-être à des Indiens couleur de cuivre jaune 9 ou à des Caraïbes r voit clair pendant la nuit ^ moment ils sortent comme des hibou s et courent fort lestement dans les bois. Les autres Indiens les appellent Yeux-de-lune . Cette couleur peut dépendre aussi de la même cause qui fait les Albinos dans le Midi de l’Afrique , ainsi qu’il est dit plus haut. Les Daritns ne mangent ni ne boivent avec leurs femmes £ celles-ci se tiennent debout et servent leurs maris qui exigent d’elles la plus grande soumission. Au reste ces maris ont pour elles la plus grande tendresse. Consulter les Recherches philosophiques sur Us Américains .

M. l’Abbé N auton a consigné , dans le Journal -de Physique , Septembre \j8i , un Essai sur la cause phy¬ sique de la couleur des différent habitans de la terre . Il établit quatre théorèmes pour résoudre le problème , que présente le tableau des variétés de l'espece humaine . Il établit dans le premier 5 qu 'U n'y a qu'une espece d'hommes ; dans le second , que la differente couleur de leur teint et de leur peau dépend des differentes tempe - ratures locales ; dans le troisième , que ces variétés dans la couleur se font remarquer dans Us liqueurs essentielles du corps humain 5 et sur-tout dans la membrane réticu¬ laire 9 qui se trouve entre la peau et l’épiderme ; dans le quatrième , que ces différentes nuances dépendent immédiatement d'un principe huileux qui est commun à toutes les humeurs , à tous les fluides contenus dans les divers solides de ce corps organisé , et dont cette membrane réticulaire est imbibée ; et que ce principe huileux colore plus ou moins ces liqueurs et ce ré¬ seau , selon les degrés de la chaleur locale. D’après ces principes 9 et notamment ceux du second théo-

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jrème > M. l’Âbbé Nauton résume qu’à Mesuré quë II latitude augmentera, et que les circonstances locales^ qui concourent à augmenter la chaleur de Tatmos-

fdiere , seront en plus petit nombre 9 on doit voir e teint s’éclaircir ^ les traits s’adoucir. Aussi , trouve-t-on de vrais Negres que dans les contrées la.. Zone torride 9 oh l’excès de la chaleur est plu$ grand ,, au Sénégal * dans la Guinée 9 dans la Nubie .

Les Maures sont très-sensiblement moins noirs que les Negres 9 et les Foules font la nuance entre leg premiers et les seconds. Les habitans: de toute la Barbarie 9 les Egyptiens les Arabes 9 les Turcs 9 les Persans , sont plus ou moins bruns ou olivâtres , à proportion de leur distance de l’équateur et du con¬ cours des autres circonstances locales dont nous avons fait mention plus haut. En Europe , les Portugais les Espagnols , les Napolitains 9 sont encore faible¬ ment basanés. -'Au-delà des Pyrénées et des Alpes , le teint est blanc. En Asie , dans les différentes Isles l’Archipel Indien 9 les hommes sont noirâtres , ou d’utl rouge plus ou moins foncé * ou d’une couleur de cuivré jaune. Les habitans de la Presqu’isie de Malaca sont encore noirâtres. Les Siamois 9 les Péguans les habi¬ tans èYAracan 9 de Laos 9 etc. ont le teint d’un brun mêlé de rouge , ou d’un gris-cendré. Les CochinchinoU sont moins bruns 9 mais très - basanés. Lés Jàponoiè àont encore bruns ou jaunes : les Chinois le sont moins ; et ceux qui habitent les provinces Septentrio¬ nales de la Chine sont moins bruns et d’un teint moins basané que ceux des provinces Méridionales. Ceürè du milieu de YEmpire Chinois sont aussi blancs que les Allemands. Les Insulaires de Ceylan et les habi- tans de la Côte du Malabar 5 qui ont assez de traita de ressemblance * sont plus noirs que ceux de la Côte de Coromandel . Les Bengalois sont jaunes ; les Mogols , olivâtres ; les habitans de Cambaie ont le teint gris. En général , tous les peuples situés entre vingtième , le trentième ou le cinquantième degré de latitude , depuis le Gange jusqu’aux cotes Occidentales de Maroc 9 sont plus ou moins bruns et basanés. Ceux qui habitent un climat plus tempéré , comme $es habitans des provinces Septentrionales du Mogol

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et de la Perse ^ les Arméniens , les Turcs , les Géorgiens 9 les Mingrêliens , les Civ cas siens 9 les Grecs 3 etc» sont les plus blancs , les plus beaux, les mieux proportionnés de la Terre. Tous les Tartans ont le teint basané ou olivâtre. Les Koriaques 9 les Kaïntschatkaks , les Samoiedes , les Borandiens , les Lapons 9 chez qui régné un froid extrême , ont tous la peau plus ou moins basanée. D’après ce simple détail , il par oit évident que la couleur des. différons peuples- passe du noir au brun , de celui-ci au rouge, au jaune, au basané , et enfin au blanc , à proportion qu’augmente la lati¬ tude et que diminue laTclialeur du climat local; cha¬ leur qui dépend et de la distance l’équateur et des circonstances respectives dont on a exposé , les in¬ fluences.

Dans le nouveau Continent 5 dit encore M. P Abbé Naïf ton , on n’a point découvert des hommes vérita¬ blement noirs , parmi les Nations situées entre les Tropiques : cela doit être ainsi , parce que le terroir y est beaucoup plus élevé que dans l’ancien Continent. D’ailleurs , il y a beaucoup plus de rivières , de grands fleuves, une quantité immense d’eaux stagnantes, les plus grandes forêts du globe ; il y a infiniment moins de terrain sablonneux : les plaines y sont huit fois plus considérables qu’en Afrique; on y trouve les plus hautes montagnes du globe; la Zone torride y est tempérée de plus de douze degrés de latitu e , que dans les contrées correspondantes de Y Asie et de Y Afrique. Le teint des Américains ne doit donc être noir ni dans le Brésil , ni dans la Guiane , ni dans la Terre - ferme , ni au Pérou , ni dans Y Isthme D arien , ni aux Antilles . On sait aujourd’hui que les Arras de la Guiane ne sont que des Sauvages bronzés par la Nature , et noircis par des drogues , selon l’empire de la coutume et la nécessité du pays. On n’y trouve entre les Tropiques que des hommes cou¬ leur de cuivre rouge et jaune , d’un rouge plus ou moins clair, ou basanés ; ils sont blancs sur les lieux les plus élevés. Les habitans du Paraguay sont oli¬ vâtres ; .les Indiens du Chily sont d’une teinte de cuivre rouge ; les P ata go ns y nation gigantesque , g ont basanés, mais .moins vers le polo du Sud. Du côté Tome VIL H

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du Nord , les naturels du Mexique, sont brans ou ©Kg vitres ; les Caraïbes sont ou olivâtres ou rouges. Les naturels des Isles Lucaïes sont moins basanés que ceux de Saint-Domingue , de la Jamaïque et de Cuba a Les Indiens de la Floride , de Mississipi 9 et des au¬ tres parties Méridionales de l’ Amérique Septentrio¬ nale , cessant d’être bruns , ne sont que basanés ; mais ils le sont plus que ceux du Canada . Les Apalachites ont le teint olivâtre. Au Nord de Y Amérique , on voit des hommes qui ressemblent aux Lapons d'Europe et aux Samoïedes d'Asie. Les Nègres que la Peyrere et quelques autres Auteurs y ont placés , dit M. P** 9 sont des êtres aussi fabuleux que les Acéphales et les Cyclopes .

Ainsi , on peut avancer , avec beaucoup de fonde¬ ment , qu’il n’y a qu’une seule espece d 'hommes. Que les dissemblances parmi les individus des Zones , ou torrides ou tempérées , ou glacées , ne sont qu’exté¬ rieures ; que les altérations de leurs traits ne sont que superficielles ; que le type de la forme intérieure est général et constamment le même ; que la substance du germe conserve son identité originelle ÿ que les indi¬ vidus variés ou non variés peuvent propager d autres individus qui se reproduiraient , et perpétueraient eux seuls l’espece humaine; que c’est du climat,, de la température locale , que dépendent les différences des peuples , prises de la complexion générale ou dominante de chacun, de sa taille , de sa vigueur, de la couleur de sa peau (ou blanche ou jaunâtre , ou basanée ou noire ) et de ses cheveux , de la durée de sa vie , de sa précocité plus ou moins grande re¬ lativement à l’aptitude de la génération , de sa vieil¬ lesse plus ou moins retardée , et enfin de ses mala¬ dies propres ou endémiques. On ne sauroit contester Finfluence du climat sur le physique des passions , des goûts , des mœurs. Les plus anciens Médecins avoient observé cette inlïuence , et il semble que les lois , les usages , le genre de gouvernement de chaque peuple , ont un rapport nécessaire avec ses passions 9 ses goûts et ses mœurs. Mais en nous attachant principalement aux affections corporelles de chaque nation 3 r^latiyegiçtiî au climat sous lequel elle vit.

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les principales questions de Médecine qui se présen¬ tent sur cette matière , se réduisent à celles-ci : Quels sont Us tempérament , la taille , la vigueur et Us autres qualités corporelles particulières à chaque climat ? Un® réponse détaillée appartient proprement à Y Histoire Naturelle de chaque pays. On a cependant assez gé¬ néralement observé que les habitans des climats chauds étoient plus petits 3 plus secs, plus vifs, plus gais , communément plus spirituels, moins laborieux 9 moins vigoureux ; qu’ils avaient la peau moins blan¬ che ; qu’ils étoient plus précoces ; qu’ils vieillissaient plutôt , et qu’ils vivaient beaucoup moins que les habitans des climats froids ; que les femmes des pays chauds étoient moins fécondes que celles des pays froids; que les premières étoient plus jolies , mais moins beïles que les dernieres ; qu’une blonde étoit un objet rare dans les climats chauds , comme une brune dans les pays du Nord , etc. ; que dans les climats très -chauds l’arnour étoit dans les deux sexes un désir aveugle et impétueux , une fonction corporelle ; un appétit , un cri de la Nature , in fur tas ignesque munt ; que dans les climats tempérés il étoit une passion de Famé , une affection réfléchie , méditée , analysée 9 systématique , modifiée par l’éducation ; et qu'enfin , dans les climats glacés , il étoit le sentiment tranquille d’un besoin peu pressant. Quant à la précocité corpo¬ relle , c’est une vérité d’expérience qu’elle est due à l'exercice prématuré des facultés intellectuelles. Ter¬ minons ce paragraphe , en disant , avec M. Fend , que les hommes nou$èllement transplantés sont plus exposés aux incommodités qui dépendent du climat , que les naturels du pays : c’est encore une observation cons¬ tante et connue généralement , que les habitans des pays chauds peuvent passer avec moins d’inconvé- niens dans des régions froides , que les habitans de celles-ci ne peuvent s’habituer dans les climats chauds , quoique Y homme puisse supporter un très-grand degré de chaleur. Voye i F article Chaud.

Des Sens ,

Selon l’observation de M. U Cat 9 dans son Traité 'des Sens 9 les machines particulières que la Nature a

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disposées dans toute l’étendue de l’économie animale J pour procurera notre aine les sensations qu’elle reçoit ^ étaient absolument nécessaires et pour notre être et pour notre bien-être. Les sens sont autant de sentinelles qui nous avertissent de nos besoins * et qui veillent à notre conservation au milieu des corps utiles ou nui¬ sibles qui nous environnent : ce sont autant déportés qui nous sont ouvertes pour communiquer avec les autres êtres , et pour jouir du Monde ou nous sommes placés. Ce sont ces organes qui établissent la commu¬ nication qui est entre nous et presque tous les êtres de la Nature. Il y a , en effet , entre tous les sens , une correspondance secrete , qui paroît établie pour les faire , si l’on peut s’exprimer ainsi , concourir à une unité de sensation . C’est à ces principes de nos con- noissances et de nos raisonnernens que ntfus devons notre principal mérite, et ce mérite est proportionné à leur nombre et à leur perfection : un plus grand nombre de sens ou des sens plus parfaits , nous" eus¬ sent montré d’autres êtres qui nous sont irfconnus , et d’autres modifications dans ceux mêmes que nous connoissons. Nous acquérons donc, avec la perfec¬ tion de nos sens , les moyens d’en distinguer les be¬ soins ; par eux 9 les démonstrations du plaisir, et notamment celles de la douleur locale ne sont point équivoques ; ils semblent même se liguer pour en épier le siège , l’étendue et Faction ; ils s’efforcent de la dépeindre chacun à leur nnaniere aux yeux d’autrui ; ils expriment de concert l’affection de Famé qui souffre.

Le corps animal , dit M. de Bujfon , est composé de plusieurs matières différentes , dont les unes 9 comme les os , la graisse , le sang , la lymphe , etc, sont insensibles , et dont les autres , comme les membranes et les nerfs , paroissent être des matières actives , d’où dépendent le jeu de toutes les parties et Faction de tous les membres. Les nerfs sont sur-tout Forgane immédiat du sentiment : toute la différence qui se trouve dans nos sensations , ne vient, que du nom¬ bre plus ou moins grand , et de la position plus oh moins extérieure des nerfs ; ce qui fait que quelques- uns de ces sens peuvent être affectés par de petites par-

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tïcules de matière qui émanent des corps 9 comme Toril , Y oreille et le : les autres , par des parties plus grosses qui se détachent des corps 9 au moyen du contact 9 comme le goût ; et les autres , par les corps , ou même par les émanations des corps , lorsqu’elles sont assez réunies et assez abondantes pour former une espece de masse solide 9 comme le toucher 9 qui nous donne les sensations cle la solidité 5 de la fluidité et de la chaleur des corps»

Le toucher est la sensation la plus générale : c’est un sens qui occupe toute l’habitude du corps. Nous pou- vions bien ne voir et n’entendre que par une petite portion de notre corps ; mais il fallait que le senti¬ ment en animât toutes les parties , pour n’être pas des automates qu’on auroit montés et détruits 9 sans que nous eussions pu nous en appercevoir. La Nature y a pourvu : par-tout oii il y a des nerfs et de la vie9 il y a aussi du sentimont. L s toucher est comme la base de toutes les autres sensations ; c’esfie genre dont elles sont des especes plus parfaites ; car toutes les au¬ tres sensations ne sont véritablement que des especes de toucher . C’est par le toucher seul que nous pou¬ vons acquérir des cormoissances complétés et réelles ; c’est ce sens qui rectifie tous les autres sens 9 dont les effets ne seroient que des illusions 9 si celui-ci ne nous apprenoit à juger : car lorsque l’on voit pour la première fois , tous les objets paroissent être dans les yeux : ils s’y peignent renversés : on ne peut en reconnoître la grandeur , la distance , la position , la forme 5 la solidité 9 que par le toucher : aussi voit- on que les en fans cherchent toujours à toucher tout ce qu’ils voient. Ainsi 5 le toucher nous apprend à juger hors de nous , l’objet dont la sensation est dans notre œil. M. Cheselden apprit toutes ces vérités d’un jeune homme de*treize ans , à qui il eut le bonheur de rendre l’usage des yeux 5 en lui faisant l’opération de la cataracte.

La peau qui est l’organe du toucher , est un tissu de fibres , de nerfs et de vaisseaux , dont Feotrela- cement en tous sens forme une étoffe à peu près de la nature cle celle- d’un chapeau. Cette tissure fibreuse est visible dans les cuirs épais. Toute la surface delà

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peau est garnie de mamelons nerveux ; ces mamelon# sont rangés sur une même ligne , et dans un certain ordre ; et c’est cet ordre qui forme les sillons que Ton observe à la surpeau ; ce sont ces mamelons ner¬ veux qui , réunis étroitement et exposés à l’air , de¬ viennent à l’extrémité des doigts des corps solides que nous appelons les ongles Voyez ce mot et Y article Eeau.

Le toucher réside dans la main , d’une maniéré plus variée et plus parfaite que dans le reste du corps* Cette partie étant séparée en plusieurs doigts , dont l’extrémité est soutenue par l’ongle comme par un point d’appui t elle a la faculté de saisir les objets, de les parcourir en les palpant , de s’appliquer exac¬ tement , et de se mouler , pour ainsi dire , sur leur surface. A l’aide de cette structure admirable de la main , nous apprenons à juger , avec certitude, delà for$ne des objets extérieurs , en un mot , de tout ce qui concerne leurs différons états sensibles.

La sensation du toucher peut devenir si parfaite dans F homme , qu’on l’a vu , pour ainsi dire , quelquefois faire la fonction des yeux, et dédommager , en quel¬ que façon , des aveugles de la perte de la vue. Aussi , les aveugles exercent-* ils l’organe du toucher plus fré¬ quemment que ceux qui jouissent de la vue.

Le célébré Saunderson avoit perdu la vue dès sa plus tendre enfance ; on dit qu’il n’avoit besoin que de parcourir avec ses mains une suite de médailles , pour discerner les fausses , même lorsqu’elles ét oient assez bien contrefaites pour tromper les yeux d’un Con- noisseur. ïlest parlé d’un Organiste de Hollande , qui distinguent les couleurs des cartes par la finesse du toucher , ce qui le rendent un joueur redoutable : car en maniant les cartes , il connoissoit celles qu’il don- Boit aux autres , comme celles qu’il avoit lui-même. Il suffîsoit au Sculpteur Ganihasius de Voîterre , qui étoit devequ aveugle , de toucher une figure pour en faire ensuite en argile une copie parfaitement ressem¬ blante. Quelle adresse , quelle souplesse dans les doigts ! La facilité avec laquelle ils exécutent toutes sortes de mouvemens , donne à la main cette aptitude pour la peinture , la broderie , etc. Côxnbien ne dé*

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ploîëftt-îîs pas de prestesse et d’agilité pour pincer un luth , une harpe , pour toucher de l’orgue , du cla¬ vecin , et pour jouer de tous les instrumens à corde et à vent !

Les organes des autres sens ont été circonscrits dans de petits espaces , par l’Auteur de la Nature , qui les a disposés en même temps de la maniéré la plus avan¬ tageuse , et dans la partie la plus noble et la plus élevée du corps humain.

Le goût n’est qu’une espece de toucher , qui n’a pas pour objet les corps solides , mais seulement les sucs ou les liqueurs dont ces corps sont imbus * ou qui ■en ont été extraits. Le goût ( Gustus ) est ce sens admi¬ rable , situé intérieurement auprès du passage des ali— mens , dont il est destiné à faire l’essai. Cest par lui qu’on discerne les saveurs , et la langue en est le principal organe. On peut dire que la bouche , le gosier et l’estomac , ayant beaucoup de sympathie entr’eux , ne sont proprement qu’un organe continu du goût ; et il paroït que la faim , la soif, la saveur ou le goût , sont trois effets du même organe 9 presque toujours au même degré dans les mêmes hommes.

L "odorat paroît moins un sens particulier qu’une partie ou un supplément de celui du goût . L '"odorat est en quelque sorte le goût des odeurs , et Y avant « goût des saveurs. Cest sur la membrane pituitaire 9 qui tapisse les cavités du nez , que se fait la sensation des odeurs. Les animaux ont 1 9 odorat d’autant plus parfaits , que les cornets du nez sont plus grands 9 et par conséquent tapissés d’une plus grande mem¬ brane.

Les hommes ont , pour l’ordinaire , Yodorat bien moins bon que celui des animaux , par la raison que nous venons de dire; Cependant la réglé n’est pas absolument générale , si nous supposons les faits suivans dignes de la créance d’un Physicien. Dans les Antilles , i 1 y a des Negres qui , comme les chiens 9 suivent les hommes à la piste, et distinguent , avec le siez , la piste d’un Negre d’avec celle d’un Européen,, Au rapport du Chevalier Dighy , un garçon , que ses pareils avoient élevé dan$ une forêt ils s’êtoi@nt

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retirés pour éviter les ravages de la guerre , et qxiî n’y vivoit que de racines , a-voit Y odorat si fin 9 qu’il distinguoit par ce sens l’approche d.es ennemis , et en avertissait ses parens, Depuis 5 il changea de façon de vivre 9 et perdit 3 à la longue , cette grande finesse de Y o dora tA II on conserva néanmoins une partie ; car étant marié 3 il distinguoit fort bien 5 en flairant 5 sa femme d’avec une autre 5 et il pouvoit même la re* trouver à la piste. Un tel mari 5 en Italie 5 dit-M. le Cat 9 seroit un Argus plus terrible que celui de la Fable* Le Religieux de Prague 3 dont parle le Journal des Sdvans de 1684 9 enchérît encore sur les observations précédentes. Non-seulement 5 -celui-ci connoissoit 9 par

Y odorat , les différentes personnes ; mais ce qui est bien plus singulier 9 il distinguoit une fille ou une femme chaste d’avec celle qui ne l’étoit point. Ce Religieux a voit commencé un Traité nouveau des Odeurs 9 lors¬ qu’il mourut , «et les Journalistes en regrettèrent la perte. Pour moi 3 dit encore M. le Cat 5 je ne sais si un homme 5 si savant dans ce genre 5 n’auroit pas été dangereux dans la société.

Il semble donc que la perfection de l’organe de

Y odorat des animaux , dépende non-seulement de l’or¬ gane , mais encore du genre de vie 9 et entr’autres , de la privation des odeurs fortes 5 dont les hommes sont sans cesse entourés , et dont leur organe est comme usé ; en sorte que les odeurs , aussi foibles et aussi subtiles que celles dont on vient de parler 9 ne peuvent y faire impression. Martial Fa dit 3 Non benè elèt qui semper olet .

U ouïe ( Audi tus ) est mie faculté qui devient active par l’organe de la parole ; c’est en effet par ce sens que nous vivons en société , que nous recevons la pensée des autres ' et que nous pouvons leur coin- müniqùer la nôtre : les organes de la voix ser oient des instrumens inutiles ? s’ils ffétoient mis en mou¬ vement par ce sens : un sourd de naissance est né¬ cessairement muet.- ( Consulte^ cependant le cinquième volume des Savans Etrangers 9 oii l’on trouve les prin¬ cipes de l’art de faire parler ceux des sourds et muets qui n’ont le mutisme 9 c’est-à-dire , qui ne sont muets > que parce que leur surdité les a .privés de toute idée

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de son et d’articulation. ) Nous citerons * en parlant de Y économie animale \ en ce qui regarde la langue et ,v- la voix , ceux des Instituteurs en ce genre qui se sont acquis le plus de réputation.

L’organe de Y ouïe concourt avec celui de la vue 9 à nous mettre en relation avec les objets éloignés ; souvent même Faction de Y ouïe précédé et fait naître celle de la vue , lorsqu’à Poccasion du bru*1! que fait entendre 'un objet , nous sommes avertis de tourner vers lui nos regards , et que nous jugeons du rapport qu’il peut avoir avec notre bien-être , et des motifs que nous avons de le rechercher ou de le fuir.

La Nature dévoile à tout le monde le secret d’ou¬ vrir la bouche et de retenir son haleine pour mieux entendre ; mais c’est en vain que l’air , remué par les corps bruyans ou sonores , ou agité par le mouvement de celui qui parle , nous frapperoit de toutes pans, si la structure de-Foreiiie ne la rendoit pas propre à recevoir ces sensations.

Nous allons présenter ici succinctement les princi¬ pales parties que la Nature emploie pour faire sentir les sons. C’est. dans l’excellent Traité des sens de M. h Cat , qu’il faut voir la description anatomique et complété de cet organ’e.

Quelle organisation merveilleuse dans ce sens ! Quelle harmonie dans la construction de cette admi¬ rable machine ! La partie extérieure de Y-oreille se nomme îa conque : sa forme est destinée à recevoir les rayons sonores en plus grande quantité. Le canal creux se nomme le conduit auditif , et aboutit au tym¬ pan , qui est une membrane mince , un peu concave du côté du conduit auditif, ' Immédiatement après îa membrane du tympan , sont quatre osselets qu’on appelle, à cause de leur figure. Pim , os orbiculaire ; l’autre, Y étrier ; le troisième, Y enclume; et le quatrième, le marteau . Une partie de celui-ci, qu’on a nommé îe manche aboutit au centre du tympan , et sert à le tendre plus ou moins. Lorsque cette membrane du tympun est îâche , les sons foi blés s’y amortissent et ne passent pas outre ; ou bien s’ils passent , leur impression est si peu sensible que Famé n’y fait point d’attention ^ mais si \z tympan est bien tendu 2 comme

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3 arrive quand on écoute avec attention * îe moindre son se communique par cette même membrane à la niasse d’air qui est derrière 3 dans une cavité que Fou ' nomme la caisse du tambour ; cette cavité est pleine d’air 9 et communique avec la bouche par un canal qu’on ^appelle la trompe d* Eustacke. Il suit de cette structure 9 que l’air du tambour , communiquant tou» jours. avec l’air extérieur , fait équilibre à celui qui remplit le conduit auditif. A la caisse du tambour répond une autre partie de l’oreille que l’on nomme îe laby¬ rinthe ou conduit tortueux , à cause de ses détours ; il est composé du vestibule 9 des trois canaux semi-cir¬ culaires et du limaçon . Lorsque le son ou Fair agité par la parole 9 vient donc à émouvoir la membrane élastique du tympan 9 Fair qui est dans la caisse du tambour se trouve agité 5 et communique son mou¬ vement à celui qui est dans le labyrinthe , dont toutes les parties sont revêtues des petites fibres du nerf auditif: c'est principalement dans la partie du laby¬ rinthe que Fou nomme ie limaçon 9 et qui a vraiment la figure de la coquille d’un limaçon , mais qui est di¬ visée par une cloison ou lame membraneuse 9 que se fait la sensation des sons. Par quelle sagesse ad¬ mirable les osselets de Foreille et ceux qui composent le labyrinthe , sont-ils de la même grosseur dans les enfans et dans les adultes ? Si les instrumens de Y ouïe venoient à changer , la voix des parens et les autres sons connus de l’enfant deviendroient pour lui inap¬ préciables , étrangers et sauvages, Ce que nous disons ici pour Youïe , doit s’appliquer à la plupart des autres animaux. On entend un chien crier , on le voit pleurer , pour ainsi dire* à un air joué sur une flûte ; on le voit s’animer à la chasse au son du cor ; on voit le cheval plein de feu par le son de la trompette , malgré les matelas musculeux qui envi¬ ronnent en luiForgane de Youïe:; sans le limaçon qu’ont ces animaux , on ne leur verroit pas cette sensibilité à l’harmonie ; on les verroit stupides en ce “genre, comme les poissons qui manquent de limaçon aussi- bien que les oiseaux , mais qui n’ont pas 9 comme ces derniers , l’avantage d’avoir une tête assez déga¬ gée , assez sonore pour suppléer à ce défaut. Un

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trop grand briiît fatigue l’oreille J et va quelquefois jusqu’à rendre sourdes pour un temps 5 et même pour toujours, les personnes qui s’y sont exposées 9 ainsi qu’on l’observe dans les Canonniers et les Arti¬ ficiers.

Une incommodité des plus communes dans la vieil¬ lesse , est la surdité. Il y a lieu de penser qu’elle est occasionnée , parce que la lame membraneuse du li¬ maçon augmente en surdité à mesure que Ton avance en âge , ce qui rend Y ouïe dure. Lorsque cette lame s’ossifie , on devient entièrement sourd.

Un moyen de reconnoître si la surdité est occa¬ sionnée par Finsensibilité de la lame spirale du lima¬ çon , est de mettre une petite montre à répétition dans la bouche du sourd , de la lui faire serrer entre les dents , et de la faire sonner ; s’il entend ce son qui se communique , dit-on , par la trompe d’ Eus tache , sa surdité sera certainement causée par un embarras exté¬ rieur (la matière cérumineuse) dans le conduit auditifs auquel il est possible de remédier en partie {a).

Comme la propagation des sons se fait selon les mêmes lois que celle de la lumière , on a cherché à rassembler les rayons sonores ou phoniques , par le moyen d’un instrument acoustique (cornet de figure ordinairement parabolique , ) propre pour se faire entendre de ceux qui ne sont pas entièrement sourds.

Le mécanisme de la vision n’est pas moins admirable que celui de Y ouïe. La vue est peut-être , de tous les sens , le plus utile et le plus nécessaire : cet organe qui nous fait jouir du spectacle de la Nature , a excité l’admiration des Physiciens. Disons d’abord que les yeux sont placés dans un endroit élevé , pour être comme à la découverte , et appercevoir plusieurs ob¬ jets en même temps. L 9 œil n’est que l’épanouissement du nerf optique : son globe est composé extérieurement de plusieurs membranes placées les unes sur les autres ,

(a) M. Perolle dit que clans cette expérience de la montre entre- les dents , la sensation ne s’opère , pour ainsi dire , que par le tou¬ cher , les dents qui sont des corps solides et élastiques * transmet¬ tent le son jusqu’à l’organe auditif; il prétend que le son ne peut propager par la trompe d9Eu$tache9

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fortes quoique minces , tirant leur Origine d’un nerf qui vient du cerveau et qui porte ie nom de nerf optique ; l’intérieur est rempli par trois humeurs de différente consistance , dont l’usage est de donner lieu à la réfraction des, rayons de 'lumière , par le moyen desquels nous voyons les objets.

Le nerf optique 9 ainsi que les autres , a trois tuniques principales ; savoir 9 la dure-mere 9 qui l’enveloppe exté¬ rieurement ; la pie-mere 9 qui est comme une seconde enveloppe; et enfin la moelle, qui est une substance plus molle : ces trois tuniques forment par leur ex¬ pansion le globe de l’œil , et portent alors différens «oms.

La première , qui est une expansion de la dure-mere 9 se nomme sclérotique ou cornée opaque ; elle enveloppe Fœii entier et y forme à la partie antérieure une saillie sphérique ; elle acquiert la transparence de la corne , ce qui l’a fait nommer cornée transparente» Cette partie de l’œil , à cause de la saillie qu’elle a , procure à la vue une plus grande étendue. Si la cornée transparente étoit plane et à fleur de l’orbite j> Tanimal ne verroit que les objets qui sont devant lui 9 à moins qu’il ne tournât la tête à tout instant ; au lieu qu’étant arrondie et saillante 9 elle fait voir distinctement ce qui est devant l’œil y et appercevoir au moins confusément ce qui est sur les côtés, jus¬ qu’à une certaine distance.

U iris est ce cercle coloré que l’on apperçoit sous la cornée transparente , et au milieu duquel il y a un trou rond , qu’on nomme la prunelle ou la pupille » U iris est formé par l'épanouissement delà -pie-mere; cet iris varie de couleur dans les différens individus , et est composé de fibres musculaires , qui sont ou en cercles concentriques; ou en rayons : leur usage est de dilater ou de rétrécir l’ouverture de la prunelle 9 afin de n’y laisser entrer que la quantité de rayons convenable , et que l’impression ne soit. pas trop vive et ne fatigue pas l’organe. Aussi lorsque nous passons cTun lieu obscur dans un lieu éclairé, l’ouverture de la pupille se rétrécit , mais plus ou moins , suivant la sensibilité des yeux : au contraire , elle s’élargit lors¬ que nous passons du grand jour à l’obscurité. Ce phé«

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tioméne s’observe d’une maniéré bien sensible dans les chats , dont la pupille est étroite , de forme ovale dan% le jour, et ronde et très-ouverte dans la nuit.

La couronne ciliaire , qui n’est elle - même qu’une partie de l’épanouissement de la pie~mere 5 tient sus¬ pendu vis-à-vis la prunelle un corps transparent , d’une, figure'lenticuîaire , que l’on nomme le cristallin 0

La partie médullaire du nerf optique s’épanouit aussi et produit une troisième membrane , très - fine et baveuse 9 qui tapisse tout l’intérieur de l’oeil , en so terminant à la couronne ciliaire ; c’est ce qu’on nomme la rétine 5 partie de l’œil sur laquelle se fait vraiment la sensation des objets.

Toutes les parties dont nous venons de parler , partagent l’intérieur du globe en trois chambres. La première renferme une liqueur claire comme de l’eau, qu’on nomme V humeur aqueuse. Derrière Y humeur aqueuse est le cristallin , qui est enchâssé clans la couronne ci¬ liaire , et se trouve suspendu vis-à-vis de la prundk . Derrière le cristallin est la derniere chambre , qui contient une substance très-limpide , d’une consistance assez semblable à celle de la gelée de viande ? et qu’on appelle humeur vitrée .

Telle est la structure merveilleuse de l’œil, qui établit un rapport continuel entre cet organe mobile et l’océan de lumière qui nous environne. La lumière réfléchie par les objets , passe par l’ouverture de la prunelle , et elle subit au travers de la cornée trans¬ parente de Y humeur aqueuse , du cristallin et de Y humeur vitrée , les réfractions nécessaires pour que les objets viennent se peindre (dans une situation renversée) sur la rétine plusieurs ensemble par faisceaux , tous sans se confondre avec leurs couleurs naturelles. Sans cet organe , toutes les merveilles du ciel et de la Terre , qui viennent, pour ainsi dire , nous toucher nous-mêmes , n’existeroienf plus pour nous : sans cet organe nous ne connoîtrions l’approche des corps que lorsque nous serions frappés ou terrassés par eux. Nous ne connoissons parfaitement le prix de la lu¬ mière , que quand nous sommes privés de la faculté de la voir. Personne n’a goûté un plaisir plus vif que Anglais ? aveugle , lorsqu’il, parvint , par le

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secours des Oculistes , à jouir desj premiers rayons du jour : l’aspect des corps qui l’envirormoient , fut pour lui un spectacle si nouveau et si inopiné , qu’il le jeta dans un ravissement de joie et de surprise. En effet , comment ne pas s’étonner que sur un champ de sept lignes d’étendue , l’image d’un espace de sept lieues vienne se peindre comme dans une chambre obscure, lorsque du haut d’une montagne on promena ses regards dans un beau jour d’été , sur un grand horizon : les villes , les vastes plaines , les rians pay¬ sages , les forêts , tout s’y peint distinctement , rapi¬ dement , et produit sur nous une impression plus ou moins forte. Si l’on charge ses yeux d’une grande quantité de lumière , en fixant pendant quelque temps et sans interruption , un corps lumineux , on verra dans les ténèbres , en portant ses regards sur un même point et sans cligner l’œil ; on verra , dis-je , des spectres rétrogradans ou fuyans , des images mobiles et agitées , de différentes grosseurs et couleurs ; et les fantômes ou illusions ne seront que les images des objets brillans ou lumineux qu’on avoit fixés. Ce phénomène, dit M. le docteur de Godard , est à l’effet de la violence qu’a supporté la rétine , qju de son irritation qui en¬ tretient dans les fibres le mouvement imprimé par la présence- de l’objet, lequel continue à représenter celui-ci à Famé : l’ambulance ou le mouvement appa¬ rent provient du vacillemenî des yeux , qui change de place les axes optiques (<z). 11 est mille choses encore plus admirables les unes que les autres sur la vision , mais qu’il seroit trop long de rapporter ici. Que de lois merveilleuses réunies se combinent en¬ semble , pour tendre toutes au même but l Si une seule de ces lois venoit à suspendre son action , tous les êtres animés seroient plongés dans des ténèbres éternelles. Tout dans la Nature porte l’empreinte de la main divine dont elle est l’ouvrage.

Contentons-nous d’ajouter qu’on distingue ordi¬ nairement quatre sortes de vues ; savoir , î.° La vue

(a) On appelle axe optique a la ligne qui venant du fond de l’œil 9 passe par les centres du cristallin et de la cornée transparente , et $e prolonge jusqu’à l’objet, VAiH Nolkl * Tom* V ‘*pag* 49®*

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Courte ou forte t %a° La vue longue ou fotblt : 3.0 La bonne vue ou parfaite : 4.° Le regard louche. Ceux qui ont la vue courte , sont myopes ; iis peuvent voir fort nettement les objets qui sont fort proches , et ne font qu’entrevoir ceux qui sont éloignés : au contraire ceux qui ont la vue longue , et que fon appelle presbytes s voient mieux les objets éloignés que ceux qui sont proches , qu’ils ne sauroient distinguer ; ( l’on prétend que c’est la configuration particulière du cristallin qui fait qu’une personne est myope ou presbyte ) : enfin , ceux qui ont la vue bonne et qui tiennent le milieu entre les myopes et les presbytes 9 voient fort bien les objets qui sont dans une médiocre distance. C’est cette sorte de vue que l’on peut consi¬ dérer comme la plus parfaite , comme la plus propre à distinguer et à reconnoître les formes , les couleurs et les distances. L’on dit ordinairement que telle personpe est strabite y quand elle a le regard de travers 9 en un mot , qu’elle louche , soit volontairement ou accidentellement , ou soit involontairement. 11 y a donc le strabisme permanent ou constant, ceux qui louchent tantôt d’un œil 5 tantôt de l’autre ; et le strabisme volontaire ou accidentel , ou par intervalle , ou par simple habitude. Le véritable strabite dirige Y axe optique d’un œil vers un objet 5 tandis que Y axe optique de l’autre œil s’en écarte et se fixe sensiblement dans une autre direction, (le regard fixe , proprement dit , ne provient que de la réunion des deux axes optiques sur un objet). On assigne pour une des prin¬ cipales causes du strabisme , l’inégale portée des deux yeux , occasionnée par un défaut de correspondance ou d’équilibre dans les muscles moteurs de l’œil ; l’image confuse apperçue par l’œil foible , ne nuit que peu ou point à la clarté de l’image vue par le bon œil que le strabite détourne ou fait agir le premier ; mais le strabite est quelquefois dans le cas de voir deux objets à ia fois 9 ou de voir double le même objet.||l paroit que la cause de ces deux sensations doit être rapportée , ou à différens temps , ou à différens points de l’étendue, selon les différences dans les deux organes sur lesquels agissent les objets extérieurs. Les s trahi tes ne peuvent nonibrer doubles les objets , qu’en çooibrant l^s sea-

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sations dont ils sont affectés ; en, un mot ,des $ trahit^ -ne voient les objets que d’un œil , et que du bon œil' ; l’œil foibie ne peut appercevoir dans le même instant que confusément les mêmes objets. Pour s’en convain¬ cre , il suffît de fermer le bon œil à un strabite 9 au moment qu’il fixe un objet.

D’après ce que nous avons*exposé sur le mécanisme de l’œil, y il est certain que cet organe 9 dit M. Robineau. 9 change intérieurement de forme 9 selon la plus grande on la plus petite distance des objets qu’il fixe ou veut détailler. Ces changemens , quels qu’ils soient, ne se font jamais 9 qu’après que l’objet est fixé ; l’œil com¬ mence par se diriger vers l’objet 9 et ensuite fait effort sur lui -même pour s’accommoder à la plus grande ou plus petite distance ; ce sont même ces efforts réitérés qui rendent myope à la longue un Peintre en miniature , tandis que dans un Marin , que l’habitude accoutume à considérer les objets de loin , les yeux deviennent presbytes *5 par l’habitude des efforts con¬ traires. 11 y a des personnes qui paroissent , en fixant un objet , rapprocher ou écarter leurs yeux , plus que le commun des hommes ; il y en a d’autres 9 dont le regard ne paroît pas varier 9 en considérant successivement un objet voisin et un objet éloigné. Les Peintres 9 accoutumés à saisir ces nuances dans le regard , disent qu’une telle personne a un faux trait dans les yeux . Consultez les deux Lettres sur la Vue , par M . T Abbé Robineau 9 Journ. de Physiq. Nov, \jj8 9 et Mars \y8o . Dissert . sur h Strabisme 9 par M. de Buffo-n , Mém. de V Acad > des Sciences , 1743.

De F Économie animale .

Les grands rapports généraux qui se trouvent entre Y économie animale du corps humain et celle des autres animaux , nous ont déterminés à présenter ici une légère esquif des principaux phénomènes de cette admirable machine du corps humain , l’on recon- nôit d’une maniéré. si frappante' la main de la Divi¬ nité. Les merveilles qu’on aura entrevues , d’après ce court exposé, seront bien propres é animer la curio¬ sité , et à exciter le désijç de les étudier dans leurs

détails-

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détails. La connoîssance du corps humain et de différentes fonctions , dit M. Jadelot , est la plus inté~ . ressante de celles qui font Fobjet des recherches du Physicien ; non-seulement parce qu’elle nous éclaire sur la nature de notre constitution et sur le méca¬ nisme de notre existence ; mais parce que cette portion de matière organisée qui forme notre être , renferme les plus grandes merveilles de la Nature , dont elle est le chef-d’œuvre. Le vulgaire ne voit au dehors qu’une décoration simple et magnifique , qui réunit l’élégance des contours à l’harmonie des proportions ; le Phi¬ losophe admire au dedans les ressorts surprenais d’une mécanique vivante qui 9 quoique soumise aux lois cle la matière , est douée d’un principe actif, et obéit à un agent secret qui lui est uni et en même temps inconnu; L’empire réciproque de ces deux substances 5 est la vie': nous verrons que le mouvement du cœur est lien fragile qui tient ces deux substances réunies.

Nous avons décrit les sens , par le moyen desquels Y homme communique avec l’Univers entier , et avec ses semblables. Quelle foule de merveilles , lorsqu’on vient à examiner son économie intérieure ! tout y annonce une simplicité admirable , et en même temps une composition difficile à débrouiller.

La machine animale est comme le cercle , qui n’a ni commencement ni fin ; un ressort prête son action à l’autre qui lui doit son mouvement ; leur union conspire à former d’autres machines qui deviennent leur moljfle ; enfin , tous les ressorts réunissent leur mouvement dans chaque ressort , et chaque ressort partage aux autres son action et l’effet qui en résulte. Ainsi le cerveau n’agit que par l’impulsion du cœur qui seroit immobile sans le cerveau ; ces deux organes réunissent leur mécanisme , pour former la respiration qui soutient leur action , ou la détruit ; les fluides qui traversent nos vaisseaux sont préparés par ces trois forces mouvantes , et les parties de ces fluides préparés animent le cerveau , donnent au cœur tous ses mouvemens , et font agir la respiration .

Si nous considérons présentement la- charpente ku~ maine , qu’on peut regarder comme machine statique 9 ma voit autant de force que de légèreté réunie dans

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les os. Quel enchaînement dans ceux des yertehres ! que de cavités ,, de trous sans nombre et presque Imperceptibles , ménagés dans tous ces os pour donner passage aux vaisseaux qui portent la nourriture par¬ tout , et aux nerfs qui distribuent par-tout le sentiment ! Voyez l3 article Os.

La peau ( P Mis ) recouvre toute la machine ani¬ male ; c’est elle qui embellit notre corps à l’extérieur , ou par sa blancheur , ou par sa finesse et par sou poli , et qui défend les parties qu’elle environne. Voyez V article Peau. Elle est F organe du. toucher 9 ainsi que nous l’avons dit plus haut ; elle est toute parsemée de pores par ou se fait la transpiration Insensible. Les conduits excrétoires , pneumato-cuta- nées , c’est-à-dire les pores de îa transpiration , sont 9 suivant Leuwenhoeck , si nombreux et si petits 3 qu’il y en a cent vingt-cinq mille sur l’espace q.u’occuperoit? un .grain de sable. Il sort par ces pores des vapeurs continuelles , composées de liquide et d’air ; suivant les expériences de Sanctorius , un homme qui mange et qui boit la quantité de huit livres , en perd cinq par la transpiration insensible , et trois par les éva¬ cuations sensibles. ( Qn prétend que dans les plantes la transpiration est égale à un tiers de leur poids). Sera-t-on après cela étonné d’apprendre que cette transpiration arrêtée ou diminuée occasionne la plupart- des maladies 5 sur-tout à la rate? L’existence de l’insen¬ sible transpiration par les pores de la peau et par les poumons , est donc une de ces vérités qu’il n’est pas même permis de mettre en doute. Si Ton respire contre un miroir 3 on ramassera des gouttes d’eau sur la glace ; si Fon passe un doigt sur de Fétain , sur des glaces , sur des pierreries , on y laissera une trace d’humidité; si après avoir’ réchauffé son bras, on le met nu dans un matras ou une bouteille de verre , on remarque à l’instant qu’il se ramasse des gouttes sen¬ sibles ou des traces d’humidité dans ce matras. On voit en hiver les vapeurs qui sortent des poumons de la plupart des animaux 5 se condenser au moment de l’expiration. Si Fon se met pour un instant tête une près d’une muraille exposée a la chaleur du soleil.,,' m remarquera visiblement l’ombre des vapeurs qui

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•tfèlëV6ïit des pores de la tête. Mais cette évaporation à “qui n’est pas toujours la même, varie selon les cli¬ mats , les tempéràrrïens et les occupations ; disons aussi , et suivant les passions dont on est affecté, Ôn sait que la crainte et la tristesse , qui arrêtent ou di¬ minuent le mouvement du cœur, doivent aussi dimi¬ nuer la transpiration 3 ainsi qu’il arrive presque tou¬ jours : la joie et les exercices modérés augmentant le mouvement du cœur , les fluides seront poussés avec plus de force , ce qui augmentera la transpira¬ tion . Une observation simple paroît démontrer que la peau (les pores cutanées) est aussi Forgane par lequel se fait en partie l’excrétion de l’air fixe ; si par un temps chaud on plonge la main dans un vase rempli d'eau fraîche 5 et qu’on Fy tienne quelque temps , on voit à la surface de la peau se former de petites bulles d’air qui grossissent sans se joindre , et qui ont une adhérence 'si forte avec l’épiderme $ qu’elles ne s’en séparent que par le frottement. Con¬ sulte?^ la nouvelle édition latine Médecine statique de Sanctorius, commentée par M. Lorry .

Les muscles ( Musculi ) , qui sont distribués dans toute notre machine et qui ont leur attache aux os * ont une force qui étonne. Suivant le calcul du fameux Bordli , qui a fait un Ouvrage sur le mouvement des animaux -, lorsqu’un homme du poids de cent cinquante livres s’élève en sautant à la hauteur de deux pieds ÿ ses muscles agissent dans ce moment avec deux mille fois plus de force, c’est-à-dire^ avec une force équi¬ valente à un poids de trois cents mille livres ou en¬ viron. Le cœur 9 qui n’est qu’un muscle creux , à chaque battement ou contraction par laquelle il pousse le sang dans les arteres, et desarteres dans les veines 9 il subit des frottemens immenses , agit avec une force équivalente à plus de cent mille livres pesant.

Le cerveau ( Cerebrum ) , que l’on regarde , avec rai¬ son 5 comme la partie principale du corps humain 9 est contenu dans le crâne , et divisé en deux parties | l’une supérieure , que l’on nomme le grand cerveau; et l’autre inférieure, que l’on nomme le cervelet : Voyet le mot Cerveau. On reconnoît ces parties pour être l’origine d’oii part tout le genre nerveux, source âq

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la vie , de la force , du plaisir et de la douleur de rani¬ mai. Le cerveau est le laboratoire des esprits vitaux. Mais par le secours de quelle partie du cerveau tous ces grands effets s’operent-ils ? Sa nature merveilleuse s’est toujours dérobée aux recherches des plus grands hommes, et peut-être leur échappera-t-elle toujours. Au reste voici des expériences qui prouvent que le sentiment et le mouvement ont leur principe dans la substance médullaire. i.° Lorsque la moelle du cerveau est comprimée par quelque cause que ce puisse être , par le sang , par l’aplatissement mécanique des os du crâne , par la contusion ou par la commotion , on tombe en apoplexie. 2.0 La mo'èlle du cerveau piquée déchirée , donne des convulsions horribles. 3.0 Cette même moelle , et sur -tout les grandes colonnes du cerveau , le pont et en général la partie inférieure de la mo'èlle , qui appuie sur le crâne , celle de l’épine 9 blessées, coupées ou comprimées, produisent la pa¬ ralysie des parties qui leur sont inférieures : heureu¬ sement que la moelle du cerveau a pour rempart le crâne : celle de l'épine trouve le sien dans le canal des vertebres. 4.0 Si l’on comprime le cerveau , ou qu’on le coupe jusqu’à la substance médullaire , l’ac¬ tion volontaire des muscles est interrompue , la mé¬ moire et le sentiment s’éteignent ; mais la respiration et le mouvement du cœur subsistent. 5.0 Quant au cervelet , si l’on fait la même chose, les convulsions sont plus violentes que dans les irritations du cerveau ; la respiration et le mouvement du cœur cessent : de il s’ensuit que les nerfs destinés au mouvement vo¬ lontaire , partent du cerveau , et que les nerfs d’où dépendent les tnouvemens spontanées , sortent du cervelet. Mais est-on robuste , eu égard à la quantité du cervelet? Cela est vraisemblable. L’expérience nous manque cependant ici. Disons un mot de la dure-mere et de la ple~mere .

La dure-mere et la pie-mere sont deux membranes qui enveloppent le cerveau , le cervelet et la mo'èlh œlongée. La dure - mere est assez épaisse , d’un tissu serré : elle tapisse la surface interne du crâne , s’y attache très-exactement : elle est composée de deux¬ ièmes , dont les fibres se croisent obliquement ; on y;

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'ébserve ses prolongemens , ses replis , ses vaisseaux t ses sinus. Son usage est de servir de périoste au crâne y de défendre le cerveau , d’empêcher , par ses alonge- mens , que le cerveau et le cervelet ne soient com¬ primés , et de donner de la chaleur au cerveau , par fe moyen des sinus. La pit-mere est une membrane très- fine et très -déliée : elle revêt immédiatement le cer- veau , le cervelet et la moelle alongée ; elle fournit une gaine particulière à tous les filets qui composent chaque nerf , et est étroitement unie au cerveau , par une multitude de vaisseaux sanguins. Son usage est d’envelopper îe cerveau , de soutenir ses vaisseaux , afin qu’ils se distribuent avec plus de sûreté par les plis et les diverses anfractuosités de leurs marches , pour filtrer le fluide subtil du cerveau ou l’esprit animal.

Les nerfs ( Nervi ) , sont des corps longs , ropds et blancs, au milieu desquels se trouve un conduit destiné à recevoir les esprits vitaux. La plupart des Médecins conviennent que les causes du plus grand nombre des maladies dépendent de l’affection des nerfs. Il est donc nécessaire de connoître l’origine , la structure , les connexions et les propriétés des nerfs , avant de chercher les causes des maladies qui en dépendent , et les éloigner; mais malheureusement c’est sur cet objet particuliérement que nos connois- sances sont le plus imparfaites. Examinons quelques- uns des principaux nerfs que le scalpel place sous Dos yeux : prenons-les au moment oii ils partent de leur origine , couverts d’une forte tunique membra¬ neuse , et oii ils se distribuent sur différentes parties du corps , soit pour exercer leurs mouvemens, soit pour présider à leurs sensations , ou pour s’acquitter de ces deux fonctions. L’incision transversale de ces nerfs , nous démontre qu’ils ne sont autre chose que des faisceaux de fibres parallèles , réunies entr’elles par le moyen du tissu cellulaire. Il y a dans le corps humain quarante paires de nerfs ; dix sortent du cer¬ veau , et trente de la moëlle de l’épine. La troisième paire de nerfs qui vient de la moëlle de l’épine , qui provient elle-même du cerveau, obéit entièrement à notre volonté , dans les mouvemens qu’elle fait faire au bras ; c’est à notre gré qu’elle les fait agir ou

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qu’elle interrompt leur action. Maïs les nerfs qui tirent leur origine du cervelet , meuvent , continuel¬ lement et indépendamment de notre volonté , les organes d’oii dépend notre vie ; nous n’avons aucun pouvoir sur leur action d’oii dépend notre existence t tels sont les nerfs qui se rendent au cœur.

Le diaphragme {Diaphragma) , est une partie ample et musculeuse , qui sépare la cavité du thorax d’avec celle de l’abdomen. Il est convexe du côté de la poitrine , et on peut le regarder comme le principal organe de la respiration , puisque, en s’abaissant , il dilate , et qu’en se relevant , il rétrécit la cavité de la poitrine. Les mouveraens du diaphragme sont soumis à notre volonté dans les grandes inspirations ; par exemple , lorsque Ton chante ou lorsqu’on parle ? il; n’en est pas de même pour Faction du hoquet { Virgultus ) 9 qui est l’effet d’une convulsion du dia¬ phragme. Le diaphragme reçoit deux nerfs qui sortent de la moelle de l’épine , et qui appartiennent , par conséquent , à ceux qui dépendent de notre volonté. Mais comme il est nécessaire que la respiration con¬ tinue- .pendant le sommeil, et que la plus grande peine -qui- pût nous arriver , seroit d’être attentif à chaque instant à notre respiration , il se rend au dia¬ phragme des nerfs qui naissent du nerf intercostal et viennent du cervelet , et qui en continuent le mou¬ vement , indépendamment de notre volonté ( a )* Ceci suppose, que la respiration est en général une action plutôt mécanique que volontaire. Cependant 9 on a vu des hommes se donner volontairement la mort 9 en faisant un effort violent pour retenir l’air dans leurs poumons. Valere Maxime , Liv. IX , Ch. Xîî* parle d’un fameux chef de Brigands, nommé Coma 9 qui , ayant .-été pris et conduit au Consul Rupiiius 9 s’étouffa au milieu de ses gardes 3 en arrêtant sa res¬ piration. On dit que des Esclaves d’Angola ont re-

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(a) M. de Haller prétend que toute cette théorie , qui est tiré®, de JFiUis , est arbitraire. Les nerfs supérieurs du diaphragme et les : nerfs inférieurs de cet organe viennent , dit-il',' également de la moelle de l’épine ; et il n’est pas probable que d’une source commune il naisse des nerfs , dont les uns soient soumis à la volonté, et les autres dm pas le pouvoir*

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eburs à cet affreux artifice , pour s’arracher une vie que ia cruauté de leurs Maîtres leur ont rendue odieuse. Nous pouvons aussi donner, un jeu très- étendu à la respiration 3 et introduire , dans nos.

fioimions , une grande quantité d’air , pour favoriser e développement et la tenue de la voix dans le chant. Nous pouvons augmenter l’inspiration * lors¬ qu’un -exercice pénible nous fait haleter. Nous sommes libres encore de nous procurer une expiration très- abondante , lorsque nous voulons jeter un cri. Nou& pouvons enfin demeurer pendant un certain temps sans respirer ; la nécessité même d’introduire de nouvel air dans les poumons , diminue par l’ha¬ bitude. C’est ainsi que les plongeurs parviennent , par l’exercice , à rester long - temps sous l’eau. La respiration est plus lente que le pouls ; ordinairement il se passe quatre battemens de pouls , pendant un® inspiration suivie de l’expiration : mais cq rapport du battement du pouls au mouvement de îa respiration^ ainsi que leur durée respective , varient selon les. individus et les circonstances. On a vu un joueur de flûte qui faisait des passages de deux minutes sans, reprendre haleine, et dont îe pouls battoit commu¬ nément dix fois pendant une seule respiration. . . « Continuons d'exposer , d’après M. Daubtnton , quel¬ ques actions qui ont du rapport avec la respiration.

Le soupir ( Suspirium ) , consiste dans une inspira¬ tion lente et prolongée , qui dilate également tout® la capacité de la poitrine , et y fait entrer une grande quantité d’air. C’est ordinairement l’effet d’une im¬ pression de tristesse ; et il semble , en ce moment , qu’il y a sur la poitrine un poids qui l’oppresse. On soupire aussi apres un grand effort et après que Ton a couru ou qu’on s’est livré à un exercice fatigant» On a écrit, mais à tort, que les soupirs occasionnés par l’affliction , pouvoient avoir des suites pour la, santé ; ce sont au contraire des efforts salutaires de la Nature , qui tend, à soulager par l’expression même du sentiment dont elle est affectée.

Le bâillement ( Oscitatio ) , a du rapport avec le soupir , par la maniéré de l’inspiration : mais dans le bâillement 9 la mâchoire inférieure descend leate0terjg

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et très-bas J en sorte que l’ouverture de la bouche acquiert la plus grande étendue possible; Finspiration est même plus longue et plus forte que dans le soupir ; enfin , elle est suivie d’une grande expiration, qui se fait en même temps que les mâchoires tendent à se réunir , et est accompagnée d’une émission de la voix. Le besoin du sommeil , et , lorsqu’on n’est encore qu’i demi éveillé , la fatigue du corps , l’ennui , la vae d’un autre homme qui bâille , produisent ou excitent en nous le bâillement .

L’action de haleter ( Anhdatio ) , consiste dans une succession rapide d’inspirations et d’expirations ; ce qui arrive lorsque nous courons ou que nous faisons des mouvemens violens.

La succion (Suctus) 9 est encore une espece d’inspi¬ ration, quoiqu’elle ait un autre but.

Uéternument ( Sumutamentum ) , commence par une frès-grande inspiration , pendant laquelle la tête et le cou se jettent en arriéré. Vient ensuite une expira¬ tion , qui est la plus violente dont nous soyons ca¬ pables, au point qu’il n’est aucun membre qui puisse en ce moment conserver une assiette ferme. En même temps , la tête et le cou se courbent en avant , k poitrine s’abaisse , les genoux s’élèvent et les cuisses se plient contre le tronc : tant que la cause stimulante a lieu , YéUmument se réitéré , ce qui peut arriver un très-grand nombre de fois. On a vu quelques per¬ sonnes qui avoient la faculté d 'éternuer à leur gré.

Le ris ( Risus ), en tant qu’il appartient à la respi¬ ration , s’annonce par une inspiration qui est suivie de plusieurs expirations plus foibles et entre-coupées. Lorsque le ris se prolonge et va jusqu’à l’éclat , de nouvelles inspirations succèdent à la premiers , et chacune se termine par une suite d’expirations impar¬ faites : alors le ris est accompagné d’un son très- marqué , qui renferme ordinairement l’expression de VA ou de ? O pour les hommes , et celui de 1’/ ou de VE pour les femmes.

La respiration ( Respiratio ) , offre aussi , dans les deux états du ris et des pleurs , plusieurs effets sem¬ blables ; mais les pleurs commencent par une inspi¬ ration plus profonde, à laquelle succèdent des expira-

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rions fréquentes et entre-coupées. Elles sont terminées par une derniere expiration , plus forte et bruyante , qui est aussi-tôt suivie d’une profonde inspiration ou d’un soupir. En général , tous les mouvemens sont plus tempérés dans les pleurs que dans le ris. On, allège , même en pleurant , ce poids qui s’appesantir sur la poitrine , et qui rend la respiration pénible. M. de Haller dit qu’il n’a vu nulle part que les pleurs aient produit subitement des effets aussi funestes , qu£ ceux qui résultent quelquefois d’un ris immodéré.

Le sanglot ( Singultus vocis ) , se fait entendre assez souvent à la suite des pleurs. Il commence par une forte et subite inspiration. L’air est chassé du gosier en même temps que la glotte se resserre ; ensuite ce fluide en quelque sorte repompé par le jeu de la res¬ piration , frappe contre la glotte contractée, et pro¬ duit ce son lugubre , si ordinaire dans le sanglot ; cette vive expression de la douleur se termine par une expiration.

Le ronflement ( Ronchus') , qui est plus ou moins bruyant , s'annonce dans le sommeil par de fortes et longues inspirations. Nous parlerons ci-après mé¬ canisme deria yoix.

On ne peut nier que les grandes passions de Famé jie produisent de grands changemens dans Yécoriomie animale . Personne n’ignore les funestes effets que la caler e 9 cette courte fureur, produit sur le corps hu¬ main : ils se peignent tous sur le visage de la per¬ sonne qui les éprouve ; T ses yeux étincellent , son visage s’enflamme , ses fevres tremblent , ses m⬠choires se resserrent , ses cheveux se hérissent , ses veines s’enflent , sa respiration s’accélère , sa voix s’éteint , et toute l’habitude du corps éprouve la même altération. Une terreur subite produit aussi beaucoup de maux ; ceux qui en sont frappés , p⬠lissent , frissonnent , tremblent ; tous leurs membres sont en contraction ; leurs poumons sont oppressés ; ils poussent des soupirs ; le sang abandonne les extré¬ mités. ( Cicéron a très- élégamment appelé la peur, la fuite et la retraite précipitée de Vame. ) La tristesse , quoique ses progrès soient beaucoup plus lents, pro¬ duit aussi des effets très-dangereux. Ceux qu’occa-* lionne la perte d'un objet chéri 3 un mouvement de

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jalousie , ou le ressentiment d’une insulte dont en ne peut tirer vengeance , rendent inquiet , foibie ^ chancelant. Blanchi a remarque dans une femme ja¬ louse, des palpitations utérines se terminer par une explosion flatulente de la vulve. As truc a observé une femme qui, dans certaines positions, rendoil par la vulve des vents sonores. Zacutus Lusitanus a vu un homme , qui dans le congrès , au lieu de liqueur sémi¬ nale , ne répandoit que de l’air. Frédéric Hoffman rap¬ porte l’histoire d’un homme qui, dans les mêmes con¬ jonctures, lançoit cette liqueur avec explosion d’aitv Le célébré Navigateur Munck mourut suffoqué par des; flatuosités , peu de jours après avoir été maltraité par le Roi de Danemarck qui le repoussa avec son bâton 9 parce que le Marin parla trop vivement au Monarque ^ de qui il prenoit congé pour retourner à la Raie d’Hudson.

Le suc nerveux , ce fluide subtil qu’on nomme esprits animaux -, dont la nature est inconnue , contribue ainsi que le sang artériel , aux, mouvemens des muscles . La preuve en est , que si on lie l’artère s’insère un muscle , le sang ne pouvant plus y entrer, ce muscle devient paralytique. 11 en est de même quand on lie les nerfs qui y aboutissent : sans l’effet de ces deux fluides , nous n’aurions aucun mouvement. M. de Haller observe encore ici que ce n’est qu’au bout d’un certain temps que la ligature de Vautre ôte le mouvement à une partie ; celle d’un nerf Vote , dit-il , sur le champ. #

La langue ffLingua') , qui n’est composée que dé¬ fibrés charnues , est un organe qui surprend par la variété prodigieuse de ses mouvemens et de ses effets. Elle est le siège principal du goût ; placée dans la bouche par passe le son en venant de la trachée- artere , elle -le modifie , et fait naître ou contribue au développement volontaire qui forme la parole , par laquelle un homme peut communiquer à un autre les pensées de son ame (a). Nous comprendrons ici tout

(a) On avoit cru que toutes les personnes privées de la langue a ne pouvoient plus parler : il parofr certain que différens sujets aux-» quels cm a mutilé la moitié de cet organe , ne peuvent que pousses

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'€e qui concerne les organes de la voix , et les différentes parties du larynx . Tous les clifFérens tons liccens dépendent uniquement de l’ouverture plus ou moins grande de la glotte. Tel homme ddnt la voix est déplai¬ sante, a îe chant très-agréable ; mais si nous n’avons pas entendu chanter quelqu’un , quelque connaissance que nous ayons de sa voix et de sa parole , nous ne le reconiioîtrons pas à sa voix de chant , parce tpi’il y a dans celle-ci de plus que dans l’autre , un meuve-

ou' reuclre des sons sans aucune articulation distincte ; ceci peut dé¬ pendre de la configuration qu’offre la langue étant coupée ; nous avons vu une fille qui chantoit assez agréablement, quoique pa- roissant ne point avoir de langue ; deux Médecins de la ville de Grenade ( Don Joseph Guillen , et Don Joseph Cayeta.no del Casdllo , ) ont attesté publiquement , il y a quelque temps , qu’un enfant de sept à huit ans qu’ils avoient traité d’une petite vérole très -ma¬ ligne , à la suite de laquelle sa Langue s’étoit gangrenée au point qu’il a entièrement perdu cet organe , ne laisse pas , malgré cela 9 clé se faire très-bien entendre , et de parier fort distinctement. Ces Médecins ajoutent qu’il articule même les syllabes les plus difficiles à prononcer , et pour lesquelles l’usage de la langue semble le plus nécessaire. On pourroit encore citer plusieurs exemples semblables du même fait.

Lorsque la langue ne peut faire aucun mouvement latéral , il en ré¬ sulte un défaut de prononciation. Une laàgue trop grande fait bégayer £ elle .est' cause aussi que l’on prononce le K comme le X , et qu’on ne peut rendre îe son de l’i£. Si la langue est resserrée par trop de contraction dans le frein ou filet , elle fait entendre imparfaitement Il et L , elle fait balbutier. Ceux qui ont la luette ( Uva Linguet ) trop grande , ou qui l’ont double , font entendre /une voix désa¬ gréable. On dit alors qu’un homme parle du nez , quoiqu’il soit certain que la voix ne -vient que de la bouche. L’obstruction des narines cause un défaut semblable , et empêche de bien articuler lés lettres nasales , comme M. et N. Le défaut de dents empêche les vieillards d’articuler l’5 , VF et 1’/. Des dents trop serrées oc¬ casionnent le même vice de prononciation. Divers genres d’acci- dens ou de maladies , telles qu’une affection générale des nerfs , le mal caduc , un chatouillement excessif , le contact de la fou¬ dre , -etc? peuvent rendre subitement muet. On a vu aussi des per¬ sonnes recouvrer tout à coup la faculté . de parler , par une conten¬ tion violente des facultés de l’ame et des organes du corps. On die que le fils de Crésus , qui étoit muet, voyant au siège de Sardes,» nn soldat prêt à percer son pere , fit un si grand effort, que les liens qui retendent sa langue comme captive , venant tout à coup à se rompre , il proféra ces paroles : Soldat , ne tue point CrêsusB On a encore plusieurs exemples de personnes à qui une frayeuç Mtite a rendu l’usage de la parole s -

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ment de tout le larynx. La différence entre les dénie voix vient donc de celle qu’il y a entre le larynx assis et en repos sur ses attaches dans la parole , et Ce même larynx suspendu sur ses attaches, mis en action et mu par un balancement de haut en bas et de bas en haut , ce qui produit dans la voix de chant une espece d’ondulation cadencée, ou roulée, ou soutenue, qui n’existe pas dans la simple parole , quoique la voix du discours marche continuellement dans des inter¬ valles incommensurables : ainsi la voix , soit du chant ÿ soit de la parole, soit du simple cri , vient toute entière de la glotte pour le son et pour le ton. Nous devons à M. Varole et à M. Dodard ces observations sur Forgane de la voix . Tous les deux ont comparé cet organe à une flûte ou au tuyau d’un orgue , et ont

Le don de la parole ( Verlum linguee ) nous vient par l’imitation ; et l’exemple aidé du besoin , a été notre premier maître en ce genre.

Depuis long-temps la sensibilité et l’humanité ont cherché à rendre aux malheureux que la nature avoit maltraités en naissant , une partie des avantages qu’elle leur avoit refusés. Faire parler un sourd et muet de naissance , lier une conversation suivie avec un être privé des organes si nécessaires à la société étoit un problème dont la solution sembloit impossible. Dans le siecle dernier , Jean Wallis. , célébré Mathématicien Anglois , Jean-Conrard Amman , sué à Schafouze , Médecin à Amsterdam , George Raphel , ont cherché line méthode pour rendre la parole aux muets; ils l’ont trouvée, et Font pratiquée avec un succès admirable. Emmanuôl Ramire\ y de Càrrion , et Pierre Capro , Espagnol , avoient donné avant eux des traités sur cette matière importante. Mais il parojt qu’il faut fixer l’époque de ces essais au F. Pondus , Bénédictin Espagnol , mort en 1584. Le temps ou peut-être le silence de cet Auteur , nous ont fait ignorer sa méthode , et c’est à leur génie seul que MM. Wallis , Amman , Pcrreire , de P Epée , doivent la leur. Les succès brilla ns , même étonnans , de ce dernier Instituteur , dont bots avons été plusieurs fois témoins , sont une récompense bien flatteuse de son zele , de ses peines et de ses travaux. Etre utile à l’humanité , Sur-tout à l’humanité malheureuse ? est un titre précieux qui donne des droits à la reconnoissance de toutes les âmes hon¬ nêtes et sensibles ; et le siecle présent ne renvoie pas à la postérité le soin d’acquitter celle qui est due à cet Instituteur si justement célébré ; on sort de chez ce généreux et courageux citoyen , éga¬ lement attendri et étonné de ce qu’il fait en faveur d’une jeunesse Intéressante , qui maltraitée parla nature, eût été ravie sans retour commerce delà société. Consultez Yinstitudon des sourds et muets* F ails * 1776.

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trouvé dans le larynx et la trachée - artere îa même configuration que dans ces instrumens de Musique. Mais la découverte que M. Ferrein a faite depuis des effets des rubans membraneux sur les bords de la glotte dans la production du son et des tons , fait voir qu’il reste des choses à trouver sur les sujets qui semblent épuisés. Sans sortir de la question présente, y a-t-il un fait plus sensible , et dont le principe soit moins connu , que la différence de la voix d’un homme et de celle d’un autre ; différence si frappante , qu'il est aussi facile de les distinguer que les physionomies ? L’on pourroit même étendre cette différence aux voix bizarres et factices des Eunuques qu’une pratique barbare a données pour rivales aux voix des femmes , si bien faites pour porter l’émotion jusqu’au fond de nos cœurs.. . . Mais revenons à notre sujet. M. Thomas Okes dit, en parlant de l’organe de la voix : Quelle justesse dans ces especes de cordes vocales qui forment les différens tons graves ou aigus ; dans ces ventricules campaniformes qui , placés à la face interne du car¬ tilage tyroïdien , dont l’accord parfait avec les autres parties, produit cette charmante' faculté qui fait le principal agrément de la vie ! . . . Mais uns paralysie subite s’empare-t-elle du nerf , toutes les douceurs de îa musique vocale disparoissent. . . . Par cette même cause , les cris qui se font entendre avec plus ou moins de force pour exprimer le ralentissement ou [ accéléra¬ tion de la douleur , ne sont plus les mêmes ; et l’on sait que ce signe est celui qui intéresse le plus , et qui porte dans l’ame de ceux qui l’entendent , 7 cette pitié qui fait voler au secours de celui qui souffre : le cri est la mesure et le dernier effort que la Nature fait pour exprimer ses souffrances ; c’est celui qui émeut le plus notre sensibilité. On trouve dans le journal de. Physiq . Suppl . 1782 , Tom. xxi , un Mémoire sur la nais¬ sance et la formation des voyelles , par M, Kratgensteinius , Ouvrage couronné par Y Académie des Sciences de Saint- Pétersbourg.

A la naissance de la langue s’ouvrent deux canaux couchés l’un sur l’autre , et qu’on nomme X oesophage et la trachée- artere. Le premier conduit reçoit -les bois¬ sons et les nourritures pour les porter daus l’estomac;

l’autre plus intérieur et placé sous Y œsophage Vers poitrine , porte Fair aux poumons , et donne issue à celui qui sort de cette machine pneumatique (œ)± Dès qu’il entre quelqu’autre matière que de Fair dans la trachée , de la mie de pain , par exemple > on ressent à l’instant une toux convulsive. Des personnes ont péri étouffées , parce que des pois ou des fèves s’é- îoient /introduits dans la trachée-artere. 11 y a du danger à faire rire avec éclat ceux qui boivent. On a peine à concevoir que malgré le danger qu’il y a de laisserions ber le moindre corps dans la trachée. , c’est cependant au-dessus de l’orifice de ce canal , que le Créateur a pré¬ paré à tous nos alimens la route qu’ils doivent prendre peur enfiler Y œsophage et Y estomac. Mais par un artifice dont la hardiesse est digne de l’Auteur de toute mé¬ canique , il se trouve au haut de la trachée un petit pont-levis qui se hausse pour le passage de Fair , soit qu’il entre par l'inspiration , soit qui! sorte par Pex- ..piration ; et qui s’abaisse de maniéré à fermer exac¬ tement l’ouverture du canal 5 dès que la plus petite par¬ celle de solide ou de liquide se présente pour Y œso¬ phage. La grande beauté de cette mécanique consiste en ce que la moindre portion de nourriture foule dans sa descente les nerfs du bas de la langue 5 dont l’action est toujours suivie de rabaissement du pont sur la trachée i avant que la nourriture- ou la boisson y arrive.

Ces merveilles qu’on ne peut entrevoir sans éton¬ nement 9 se retrouvent dans tout le corps humain en aussi grand nombre que celui des organes innombra¬ bles dont il est composé. L’Ànatomïe-les observe at-

( a ) Les Observations du célébré Anatomiste Malpighi , nous ont appris que le poumon ( Pulmo ) , est. un amas de vésicules placées les unes sur les autres , et formant divers replis ; chaque vésicule a deux orifices , dont l’un s’ouvre dans la trachée-artere , et l’autre dans la vésicule voisine , et par ce moyen elles communiquent toutes entre elles ; enfin , elles aboutissent toutes à la membrane commune du poumon . Le même Savant a découvert , à l’aide du microscope , un réseau merveilleux qui réunit et lie ensemble toutes ces vésicules. Ce réseau est formé de petites ramracâticns des vaisseaux san¬ guins , artériels et veineux ; ces vaisseaux pprtent le sang , au moyen de ces petits canaux tortueux , dans toute? les parties de -es visière»

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ïentîvem^ot ; elle leur assigne un nom , elle connoît Faction des plus sensibles. 9 die dispute sur Fusage des autres 5 et confesse que la structure., de tous 9 quand on. veut l'approfondir 9 est un abîme la vue et la raison se perdent.- ,

Jetons un coup d'œil sur la maniéré dont la vie s’entretient et se renouvelle par ie changement mer¬ veilleux qui se fait des alimens en notre propre substance.

Les alimens ( Alimenta ) 5 après avoir été coupés et broyés dans la bouche , et avoir été humectés par la salive 5 sont portés par le canal de Yœsophage dans Y estomac. U estomac ( Stomachus ) 9 est donc l'organe destiné à recevoir les alimens et à les digérer. C’est le laboratoire vivant oh s’opère le grand œuvre de la vie humaine (a) ^ la transmutation continuelle

(a) M. de Haller dit avoir observé pendant long-temps , sur les autres et sur lui-même , que la conservation de la santé et la bonne digestion dépendoient moins du choix des alimens , que du soin de se borner à la juste mesure qui convient à l’état actuel de l’estomac, et que ce viscere digéroit facilement de mauvaises nourritures, pourvut que Ton n’en prît qu’en petite quantité. C’est par ce principe qua Fon peut expliquer comment des hommes pressés par la faim , et manquant des ressources naturelles pour l’appaiser , ont pu se con¬ server la vie en mangeant du cuir et d’autres alimens extrêmement difficiles à digérer. Selon les expériences de Sanctorius 9 la plus grande quantité , tant de nourriture solide que de boisson , qu’un homme sain puisse prendre Sans s’mcommpder , ne va pas au-delà du poids de huit livres , et la plupart même des hommes ne se permettroient pas impunément cette mesure. On peut se conserver la vie en res-» tant beaucoup au-dessous de la mesure précédente. Le célébré Cor - naro qui prolongea sa vie pendant un grand nombre d’années , vé¬ cut plus de cent ans en se réduisant, pour chaque jour , à vingt-six ®nces , tant de pain , jaunes d’œufs , soupe et viande , que de vin. Cette grande exactitude dans le régime , a été prescrite par plusieurs Auteurs. Cependant M. de FlalUr s’est assuré par sa propre expé¬ rience qu’une nourriture sobre , et sur-tout une extrême modération dans l’usage des viandes , procure un sommeil paisible , favorise les travaux de l’esprit , entretient le b*>n appétit , et nous met en état ds bien remplir toutes nos fonctions. 11 faut convenir que ceux qui ont de grandes fatigues du corps à supporter , et ceux qui veulent ac¬ quérir de l’embonpoint , doivent se permettre une nourriture plus abondante. On augmente d’un quart celle des oiseaux que l’on en¬ graisse. L’on doit accorder plus d’alîmens aux jeunes gens , et moins aux vieillards. On a observé que la . plupart des aniinaux étaient

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d’autres substances en celle qui nous est propret Ce viscere est composé de plusieurs tuniques. La première est membraneuse ; îa seconde , musculeuse, composée d’un double rang de fibres ; la troisième est nerveuse , son intérieur est velouté. Des glandes si¬ tuées entre ces membranes filtrent la liqueur nécessaire pour faciliter la digestion et la fermentation. Les ali- mens descendus dans V estomac 9 y sont triturés , divisés et atténués aussi à l’aide du suc gastrique. Toutes ces substances aqueuses , salines , huileuses , sont com¬ binées ensemble. A l’aide de ces sucs et de la salive, ils forment le chyle ( Chylus , ) cette substance si pré¬ cieuse , qui renouvelle le sang , porte la vie et la

plus voraces que l’homme . Les chenilles et d’autres insectes dévorent en un jour le double du poids de leur corps. Il est plus salutaire de partager sa nourriture en plusieurs repas , que de se borner à un seul. 11 faut prendre de l’exercice avant le repas , auquel on doit faire succéder le repos ; il faut manger moins au souper qu’au dîner. On a vu , et il existe aujourd’hui des hommes que le besoin déréglé de nourriture presse à manger en grande quantité, et des alimens d’un assortiment bizarre. Martin Schurigius a rassemblé à ce sujet une multitude de traits. L’ordinaire de l’Empereur Maximin , successeur d’ Alexandre Severe , étoit composé de quarante livres de viande , et d’une amphore de vin ( vingt-huit à trente-six pintes. ) L’Empereur Tibère ne rougissoit point d’exciter ses sujets, par l’appât des récompenses , à des exploits bachiques.

On a des exemples de personnes qui ont passé un temps considé¬ rable sans prendre de nourriture. Un opposé aussi extrême à l’usage excessif des alimens , semble avoir quelque chose de plus mer¬ veilleux encore. Cet appétit si désirable , lorsqu’il est réglé , ce be¬ soin impérieux paroît amorti ou même éteint en quelques individus. Il est mention dans le Journal de Physique } Octobre ij-jS , d’un phé¬ nomène en ce genre beaucoup plus étonnant que celui dont il est parlé dans les Mémoires de 1 Académie des Sciences . Il s’agit d’une personne qui depuis quatre ans presque révolus , ne prend abso* » lument aucune nourriture solide , et qui , si l’on en excepte quel- ?> que temps pendant lequel elle a un peu usé de vin , ne vit que d’eau pure , encore avec des circonstances singulières. Cette »> personne est Louise Guffie , habitante très-pauvre de la paroisse d’Anglefort en Bugey , boiteuse , mais assez robuste , célibataire p travaillant comme ses freres et ses sœurs pour vivre. Elle ne va jamais à la selle ; elle urine , et cette évacuation est aussi claire « et presque en aussi grande quantité que l’eau qu’elle a bue ». Consulte \ maintenant l’Ouvrage de Schurigius , qui a pour titre i Çhylologia 9 etc. Dn$dœ ,

nourriture

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nourriture dans toute la machine animale ; maïs ceci demande un plus ample détail. Nous avons dit que c’est clans la poche appelée estomac que les alimens sé¬ journent quelque temps , et qu’ils se changent en une espece de bouillie , à l’aide des sucs que fournissent des glandes particulières 5 les arteres et les nerfs , dont le nombre est prodigieux dans l’estomac. Ces alimens 9 •ainsi élaborés , passent dans de grands canaux mem¬ braneux appelés intestins 9 dont la longueur égale six à huit fois la hauteur de l 'homme ; longueur ménagée par la Nature 9 pour que le chyle ait le temps dans cette longue route , d’être séparé des matières inu¬ tiles. Toute la longueur des intestins repliés avec Fart le plus merveilleux , se trouve attachée au ml* sehtere , qui est une membrane plate et plissée ea fraise.

Tandis que les sucs nourriciers se séparent des ali* mens 9 et passent par les ouvertures des veines lactées qui s’appliquent aux intestins par une multitude d’em¬ bouchures , les glandes des intestins humectent les alimens desséchés , et les mettent en état de pouvoir toujours continuer leur route , jusqu’à ce que tout le chyle étant pompé , ils soient portés à l’extrémité des intestins pour être évacués. Comme les intestins varient en grosseur et en situation , ils portent dans leurs différentes longueurs divers noms , quoiqu’ils ne forment toujours que le même canal. Il faut ob¬ server que des conduits , qui sortent de la vésicule du fiel et du foie , introduisent continuellement dans la partie des intestins , que l’on nomme duodénum , la bile qui se mêle dans cet intestin avec les alimens que l'estomac y envoie. C’est que ces sucs , ainsi que ceux du pancréas 9 produisent des effets sur les¬ quels on n’est point d’accord , mais qui sont néces¬ saires 9 sans doute , soit pour faciliter la séparation du chyle d’avec les parties plus grossières , soit pour le préserver de corruption par l’amertume. ( Oa trouve à Y article Oiseau 9 un extrait concernant la digestion comparée des divers ordres d’animaux ? d’après M. Spallan\ani. ) Mais parlons plus amplement du foie .

Le foie ( Jecur dut Hepar ) , est un organe admirable-f Tome VIL K

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Aient construit : c9est un second cœnr * tfans îefisül le sang reçoit un mouvement singulier. A son retour du cœur , 'il se rassemble dans cette partie , et erà sort par quatre ou cinq ramifications. La substance du foie est composée de l’assemblage d’une multitude prodigieuse de vaisseaux de diSercns- genres , qui se distribuent à une infinité de petits corps assez sem¬ blables à des vésicules veloutées intérieurement. Ces vésicules ou grains pulpeux fournissent chacun un vaisseau , qui est le conduit excrétoire de chacun® de ces vésicules. Tous ces conduits communiquent les uns aux autres dans la substance du foie : on les nomme pores biliaires (<z). La bile qui se sépare ainsi du sang dans le foie , cette espece de glande conglo¬ mérée , est portée dans les intestins et dans la vésicule du fiel , petite poche en forme de poire : elle est com¬ posée de plusieurs membranes ou tuniques comme Festomac. On observe dans son intérieur de petites cellules , comme dans les gâteaux de cire des mouches à miel. C’est que s’assemble la bile ( Bilis cette

liqueur précieuse y est retenue pendant un certain temps, s5y perfectionne, est versée dans les intes¬ tins , et subtilise le chyle. Comme la bile est de na¬ ture savonneuse , elle mêle les huiles avec le flegme 9 dissout les alimens , excite l’appétit 5 et nëttoîe les intestins ; ( la nature savonneuse de la bile est si cer¬ taine , qu’on l’emploie avec succès pour enlever sur les habits les taches les plus anciennes. ) Il se forme quelquefois des concrétions dans la vésicule du fiel 9 par Fépaisissetnent et le dessèchement de la bile . Ces concrétions sont inflammables , ont la couleur et la goût de la bile , preuve certaine de leur origine. On les rend quelquefois par les selles. On voit dans le Cabinet de Chantilly une de ces concrétions appelées pierres biliaires ; elle est de. la grosseur d’une nois ett© franche.

(<&) M. Bonnet dit que. les couleurs precedent les saveurs. La bile ©st verte avant d’être arriéré. Les fibres de la vue ont plus de sensi¬ bilité que celles du goût , ou les particules qui affectent le goût iifteîejrt; çdff p* ta vue » et s$ développent plu? taré*

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ÎLe chyle èhtre par la contraction des intestins dans les veines lactées ou vaisseaux blancs qui portent Cette liqueur dans le réservoir de Pecquet, Ce réservoir £ dans Phornme* est composé de trois grandes cavités* formées par une peau très-fine .(<2). Le chyle monte par le canal thoràchique , le long de i’épine du dos ; mais avant de monter , .il se mêle avec la lymphe apportée par les vaisseaux lymphatiques qui viennent aboutir à ce réservoir. Ces liqueurs t9 ainsi unies , montent donc îe long du canal thoràchique , et se déchargent dans la veine soiis - claviere gauche ; elles s’unissent au sang qui coule dans la même veine , et vont se rendre au cœur y par la veine cave , dans le ventricule droit : le tout ressort du cœur pour être porté dans tout le corps , y circuler et lui servir de nourriture; Le chyle présente un phénomène digne d'admiration, en s’élevant contre les lois de la pesanteur dans le canal thoràchique 5 dont la membrane est trop foible pour pouvoir se contracter. Cette liqueur y est élevée par les battemens de Fartere descendante , qui presse le canal thoràchique , et oblige ainsi la liqueur de monter. Quand mie fois elle est -élevée , elle ne peut retomber , parce qu’elle se trouve arrêtée par un grand nombre de valvules à peu de distance ks unes des autres : ces valvules s’ouvrent pour laisser monter la liqueur, qui , par son poids, fait baisser ensuite ces mêmes valvules , et se ferme ainsi le passage à elle- même , lorsqu’elle veut redescendre» Les veines lactées et lymphatiques sont aussi remplies de ces merveil¬ leuses valvules. Il se trouve de même à l’endroit ou le chyle entre dans, la veine sous- claviere une val¬ vule qui empêche le sang de cette veine de tomber dans le canal du chyle » On voit aussi dans la surface intérieure des gros intestins 5 des vaisseaux lactées

(a) Suivant M. de Haller , ce réservoir n’est que la réunion de quelques gros vaisseaux lymphatiques nés du mélange des vâisseaux lactées avec les lymphatiques inférieurs et les lymphatiques, hépa¬ tiques. Ces'vaisseaux sont ordinairement plus gros à l’endroit de 1^ seconde vertebre des iombes , et ce renflement est continué presque jusque dans la poitrine. Il est rare que ce gonflement ressemble M me vessie ovale , ce qui l’idée de Pêcqutf*

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et absorbans ; ce qui explique comment est possible de nourrir pendant plusieurs jours un malade avec des lavemens nourrissans. A Pégard de la vessie , Y oyez ce mot {a).

Le cœur (C<?r)5 qui, dans Y homme , pesa ordinai- renient dix onces , est un muscle ferme et solide 9 placé au milieu de la poitrine , la base en haut et la pointe en bas. Il est enveloppé d’une espece de sac membraneux , que Ton nomme le péricarde , et dont Pu sage est de filtrer une liqueur qui humecte le cœur et en facilite les mouvemens qfii demandent une grande liberté : il sert aussi à soutenir le cœur , qui est , pouf ainsi dire , suspendu, et à le défendre contre le froid de Pair qui entre dans les poumons au milieu des¬ quels il est placé , et qui pourroit peut-être l’offenser.

C’est du cœur que partent de gros vaisseaux que Fou nomme artères , dont l’usage est de porter le sang dans toutes les parties du corps et jusqu’aux extrémités. Ces vaisseaux se divisent , se subdivisent , et se ra¬ mifient d’une maniéré prodigieuse ; toutes ces rami¬ fications infiniment déliées abouchent à autant d’autres vaisseaux qu’on nomme veines , qui rapportent le sang au cœur.

Celui-ci ji deux cavités séparées l’une cle l’autre par une cloisorî charnue fort épaisse. On donne à ces cavités le nom de ventricules. Chaque ventricule est muni d’une oreillette, autre espece de cavité , dont l’usage est de recevoir le sang et de le décharger dans le ventricule qui correspond à chacune de ces cavités.

Le cœur a deux mouvemens ; l’un , par lequel il se dilate , et qu’on nomme diastole ; l’autre , par le¬ quel il se contracte, la pointe se rapprochant de la base , et qu’on nomme systole . Les oreillettes ont aussi leurs mouvemens de dilatation et de contrac¬ tion , mais dans un temps différent ; c’est-à-dire , qu’elles sont dilatées lorsque le cœur est contracté, et qu’elles sont en contraction lorsque le cœur est en dilatation.

(a) M. Hewsoii vient de découvrir îe système lymphatique dans les oiseaux •, dans les amphibies et les poissons. Cette découverte est regardée comme très-importante en Physiologie. Consulte \ le Journal d’ Histoire Naturelle > etc* mois d’ Octobre et de Novembre 77a»

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 l’instant le cœur se contracte, le venjricule droit chasse le sang dans Fartere pulmonaire, qui le porte aux poumons , il se rafraîchit par le moyen de la respiration ; le ventricule gauche chasse le sang dans Fartere nommée aorte , qui le distribue dans toutes ies parties du corps , aussi ce ventricule a-t-il des pa¬ rois plus fortes que le ventricule droit ; après la contraction , il se forme une cavité dans les ventri¬ cules du cœur par la dilatation ; à l’instant , le sang ramassé dans les oreillettes entre dans les ventricules 9 le cœur se contracte de nouveau pour pousser le sang; et c’est ce mouvement continuel de diastole et de sys¬ tole qui forme le battement des arteres.

Le sang, qui a été porté aux poumons par Fartere pulmonaire, doit revenir au cœur ; il est rapporté par les différentes ramifications des veines , à une grosse veine qu’on nomme la veine pulmonaire , qui se décharge cfens l’oreillette gauche du cœur ; et à Faide de la con¬ traction ,ii est poussé par le ventricule gauche dans l’aorte , qui le distribue jusqu’aux extrémités du corps,, il est reçu par les ramifications des veines qui se réunissent toutes en une branche principale , que l’on nomme la veine cave , et qui le rapporte dans l’oreil¬ lette droite du cœur , pour repasser de nouveau dans les poumons.

On estime que le ventricule gauche du cœur peut contenir environ deux onces de sang : ainsi à chaque contraction le cœur pousse deux onces de sang dans l’aorte, qui en se gonflant produit le battement. C’est l’opinion commune, qu’un homme a rarement plus de vingt-quatre livres de sang , et moins de quinze : dans la supposition de vingt-cinq livres , toute la masse du sang passe dans le cœur vingt-quatre fois par heure ; c’est-à-dire, cinq cents soixante - seize fois durant vingt-quatre heures. Quelle machine hydraulique!

Plus on examine le mécanisme du cœur y plus on l’admire. 11 y a dans cet organe onze valvules , dont cinq sont destinées à y laisser entrer le sang , et à l’em¬ pêcher d’en sortir par le même endroit il est entré ; !es six autres laissent sortir le sang du cœur , et em¬ pêche qu’il n’y revienne par la même voie. Ces val-

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miles ont des formes différentes et apprôpriées à leiti usage ; elles sont placées dans les ventricules et dans les oreillettes ; en sorte que le sang qui est entré dans les oreillettes ne peut ressortir que par les veritri-?. cules, et que ce même sang , une fois dans les ven¬ tricules 9 ne peut plus rentrer dans les oreillettes : celui du ventricule droit est obligé de sortir par Fartera pul¬ monaire , et celui du ventricule gauche par l’aorte. Il y a de semblables valvules dans les grosses veines 9 pour empêcher le sang de rétrograder 9 pendant qu’il est rapporté des extrémités vers le cœur ; mais il ne s’en trouve point dans les arteres , elles seroient préjudiciables.

Tel est le mouvement admirable du cœur , dont la force. 3 à' chaque battement , pour distribuer le sang dans toute Féconomie animale , est égale à une force de plusieurs milliers de livres pesant. Ce battement se fait environ deux mille fois par heyre , sans jamail cesser, soit que 'nous veillions 9 soit que nous dor¬ mions , pendant toute notre vie. Les autres muscles se lassent et s’affaiblissent après des efforts beaucoup moindres 5 qui ne durent souvent qu’un jour ; mais les muscles du cceur ne s’affoîblissent pas dans une longue suite d’années. A l’égard du sang 9 de la rate et des rcins\ , V oyez ces mots

Il rie nous reste 5 pour avoir parcouru Féconomie animale 5 que de jeter un coup d’œil sur les glandes { Glandulœ ) secrétoires et excrétoires. On ne peut voir , sans étonnement 5 cette distribution et cette diversité de glandes qui séparent du sang. , qui est en quelque maniéré insipide , des humeurs qui prennent tant de saveurs opposées 5 et dont l’usage est si diffé¬ rent dans notre économie. U urine est salée 9 ainsi que les larmes et la sueur ; la salive est douce 9 la bile est amere ; elle paraît o’être autre chose que la partie saline do sang intimement mêlée avec des parties hui- leuses et du flegme ; ce qui la rend un corps savon-? neux , dont l’usage est de subtiliser le chyle , et da contribuer à la combinaison des parties huileuses et aqueuses. D’autres glandes 9 telles que celles des ma« rntiies , extraient le lait des arteres : ce lait 9 boisson fi douce y qui- présente une nourriture si appropriée.

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& l’enfant , n’est autre que du cîiyîe 5 qui s’est point encore mêlé avec le sang ; car il faut plusieurs heures pour qu'il puisse se combiner entièrement avec lui.

Tel est le tableau raccourci de l’histoire de Yhomim * de son existence , de sa destination 3 de son domaine.* de son gouvernement 9 de ses facultés physiques , sa prééminence , etc. La nature de cet ouvrage exi~ geoit que nous missions des bornes à nos descrip¬ tions : nous l’avons fait particuliérement sur le sys¬ tème de la génération ; nous n’avons pas même dis¬ cuté 9 dans cet article , l’opinion de ceux qui croient l’espece humaine ovipare 9 tandis que d’autres la préten» dent vivipare. Consulte ç la savante These de M. Geoffroy ( Si r homme a commencé par être ver) 9 qui piqua tellement la curiosité des Dames du plus haut rang, qu’il fallut la traduire , pour les initier dans des mys¬ tères dont elles n’avoient pas la théorie. Voyt\ aussi les articles GÉNÉRATION , OVIPARE et SEMENCE , de ce Dictionnaire. Nous en avons fait de même à l’égard du siège de Yame ( Anima ), que M. delà Peyronie place dans le corps calleux : ce petit corps blanc , un peu ferme et oblong , qui est comme détaché de 1& masse du cerveau , et que l’on découvre quand on éloigne les deux hémisphères l’un de l’autre. D’autres # avant lui , en avoient assigné le siège dans la g lande finèale ; d’autres 5 dans la moelle alongée .

À l’égard de la nature et de la quantité des os qui composent la charpente humaine 9 nous avons cru devoir en parler à Y article Squelette , inséré à la suite de Y article Os : Tostéologie de Y homme mérite bien qu’on en parle séparément. Il en est de même à l’égard de la barbe 9 des cheveux 5 etc. dont on fera mention à Y article Poil. Quant aux différentes especes, de peaux 9 surpeau ou cuticule leurs préparations et leurs usages dans les arts , 4 Voye { le mot Peau. Nous exposerons à Y article Momie , les préparations que la Pharmacie en fait. Voyeç aussi Y article Pièces anato¬ miques injectées. Pour ce qui concerne la graisse humaine , dont on se sert en Médecine , Voye^ au mot Graisse. La Médecine tire encore quelques autres, remedes des différentes parties de Y homme ; le crâne ^ le uryçML humain dtn$en£ un ici et une eau anttéptg

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leptiques , ainsi que les cheveux et le sang ; mais tous ces remedes sont aujourd’hui presque entièrement abandonnés. On tire de l’urine le fameux phosphore * connu sous le nom de phosphore d’Angleterre ou de Kunckel. Les ongles sont très- vomitifs ;le lait des fem¬ mes est restaurant , etc. Voye^ tous ces mots , et con¬ sulta i ce qu’en ont dit les Ouvrages des Chimistes modernes.

Homme des bois. Voye i Homme Sauvage , et ! "article SiNGE,

Homme marïW , Homo marinus . Beaucoup de Voyageurs font mention A" hommes marins 9 auxquels ils ont donné les noms de tritons , de néréides , de si¬ rènes , de poissons femmes ou ambi^es ; tous s’accordent à dire que ce sont des monstres marins 9 fort sem¬ blables aux hommes 9 du moins depuis la tête jusqu’à la ceinture.

On lit dans les Délices de la Hollande , qu’en 1430 , après une furieuse tempête qui avoit rompu les digues de Westfrise , on trouva dans les prairies une femme marine dans la boue ; on l’emmena à Harlem 5 on l’habilla et on lui apprit à filer ; elle usa de nos ali- mens , et vécut quelques années, sans pouvoir ap¬ prendre à parler , étayant toujours conservé un ins¬ tinct qui la conduisoit vers l’eau ; son cri imitcit assez les accents d’une personne mourante. His¬ toire générale des Voyages dit , qu’en 1560, des pêcheurs de l’Xsle de Ceylan , prirent , d’un coup de filet , sept hommes marins et neuf femmes marines. Dimas Basques 9 de Valence , médecin du Roi de Goa , qui les exa¬ mina 9 et qui en fit l’anatomie en présence de plu¬ sieurs Missionnaires Jésuites , trouva toutes leurs parties intérieures très^ conformes à celles de T homme terrestre.

Toutes les descriptions de ces monstres marins leur donnent la taille ordinaire d’un homme ; mêmes con¬ figuration et proportions jusqu’à la ceinture ; la tête arrondie , les yeux un peu gros , le visage large et plein , les joues plates , le nez fort camus , des dents très - blanches ; des cheveux grisâtres, quelquefois bleus, plats et floitans sur les épaules; une barbe grisf et pendante sur l’estomac y qui est aussi garni

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de poils gris comme dans les vieillards ; la peau blanche et assez délicate. Le mâle et la femelle ont le sexe de Phomnie et de la femme : on appelle tritons les mâles , et sirènes les femelles : celles-ci ont des mamelles fermes et arrondies , comme les ont les vierges les bras sont assez larges , courts et sans coudes sensibles ; les doigts sont à moitié palmés 9 et leur servent de nageoires ÿ mais la partie inférieure , à prendre du nombril , est semblable à celle d’un dauphin , et elle se termine en queue large et fourchue. Nous doutons fort de tous ces faits. On trouve l’histoire de semblables hommes marins dans le cinquième volume des Mélanges à3 Histoire Naturelle , et on laisse conjecturer que les hommes marins , dont on a donné en diftérens temps plusieurs relations , pourroient bien provenir d’une race particulière, dont le premier pete et la première mere étoient de véritables humains 9 qui se sont habitués à 3a mer. Quand cela seroit , quelles difficultés naîtr oient encore sur l’œuvre de la génération , celle de l’accouchement et la nourriture des nouveaux nés ? Ces individus aquatiques se reti- reroient-iis exprès sur les Isles et les Côtes inhabitées ? Enfin, pourquoi n’y auroit-il chez ces prétendus humains du monde marin que les extrémités infé¬ rieures du corps qui auroient pris la ressemblance de celles des poissons ?

Homme porc-épic. M. le Docteur Ascanius a lu à la Société Royale de Londres , la description d’un homme venu au inonde bien constitué , et de parens sains et bien conformés , mais qui , six semaines après sa naissance , eut tout le corps , excepté le visage , le dedans des mains , le bout des doigts et le dessous des pieds , chargé d’une infinité de petites excrois¬ sances , lesquelles se changèrent peu à peu en especes de soies brunâtres , à demi-transparentes , qui avoient la consistance de corne 9 roides et élastiques , et dont rien ne put arrêter le progrès. Ces soies avoient six lignes de longueur et deux ou trois de grosseur , elles étoient implantées perpendiculairement dans la peau 9 comme dans les hérissons. La barbe de cet homme étoit noire, ainsi que ses cheveux , et sa figure étoit intéressante. Mais voici un phénomène bien singulier 1 .

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ces soies tombcient 5 chaque année , en automne ^ et renaissoient après. À l’âge de vingt ans , il fut attaqué d’une petite vérole confluente qui lui procura une mue générale sur le corps; Les seies repoussèrent aussi- tôt. Croiroit-on que cette espece è? homme sau^ vaige ) Edward Lambert , de Suffolk en Angleterre ) est devenu amoureux d’une jeune fille qu’il a rendue sensible 5 et dont il a eu six enfans 5 tant filles que garçons , tous constitués comme lui 5 et également couverts de soies. Il ne reste aujourd’hui plus quirn garçon de cette race d’ hommes , que les Anglois ap-* pelent the porcupineman, Si cet homme se marie , il pourra perpétuer sa race ; car la Nature offre quan¬ tité d’exemples qui démontrent qu’une variation , sur-, tout du côté du pere , peut subsister dans plusieurs, générations. On a envoyé de Lisbonne , aux Auteurs.' du Journal étranger , l’histoire d’une fille qui , à l’âge de sept ans , étoit d’une taille robuste et gigantesque. Son visàge et touf son corps sont couverts de grands ..poils de diverses couleurs et longueurs 5 cr épure et consistance. Ses cheveux n’ont rien d’extraordinaire.

. On a vu 5 en Mars 1774 9 à la Foire Saint-Ger¬ main à Paris, une petite fille âgée de trois ans , d’une assez jolie figure , mais dont le corps étoit presque, entièrement couvert de poils longs et bruns : elle avoit dans plusieurs parties de son corps , sur-tout clans la région du dos , des excroissances de chair qui formoient comme des especes de petites poches ; on a coupé une de ces poches qu’elle avoit an sein ; parce qu’elle la gênoit beaucoup , et 011 a trouvé cette excroissance absolument vide : cette petite fille parois- soit néanmoins jouir d’une bonne santé ; elle étoit vive , gaie et douce. *

Homme Sauvage , Homo sylvestrîs . C’est encore une espece de monstre , au rapport d’un. grand nom¬ bre de Voyageurs. Il vit , disent-ils , dans le milieu des bois ; il ressemble assez en grandeur- et en figure à certains Barbares d’Afrique ; sa force est extraordi¬ naire ; il marche toujours droit et sur deux pieds 9. qu’il plie comme un chien à qui on a appris à danser ; il est fort adroit et léger à îa course ; les Seigneurs des pays il se trouve de ces hommes sauvages 9 leur;

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font îa chasse , comme on fait ici celle du cerf. 11 al¬ la peau fort velue 9 les yeux enfoncés , l'air féroce , le visage brûlé et aplati 5 et tous ses traits sont passez réguliers , quoique rudes et grossis par le soleil 2 Il se sert , comme nous 3 de ses deux bras s tout son corps est couvert d'une laine blanche 5 grise ou noire ; il crie comme les en fans. Ces prétendus hommes sau - vagcs sont , dit-on , d’un naturel fort tendre 9 et té¬ moignent vivement leur affection et leurs transports par des ambrassemens ; ils trépignent aussi de joie ou de dépit quand 011 leur refuse ce qu’ils désirent.

On lit dans les Mémoires de Trévoux ( Janvier et Fé¬ vrier tyoi ) l’extrait d’une Lettre écrite des Indes le 10 Janvier 1700 9 ou l’Auteur dit qu’étant 3 le 19 Mai 1699 , à la rade de Batavia 9 il vit sur le London , frégate Anglaise qui revenait de Bornéo , l’enfant d’un de ces hommes sauvages ( ou orangs - outangs ) qui n’avoit que trois mois ; il étoit haut de deux pieds et tout couvert d’un poil fort court; il étoit fort Camus, et avoit déjà autant de force qu’un enfant de sept ans : il on jugea par la résistance extraordinaire qu’il sentit en le tirant par la main ; il ne sortait de sa loge qu’avec peine et chagrin. Ses actions semblaient être d’un humain ; quand il se couchait , c’étoit sur le côté 5 appuyé sur une de ses mains le pouls du bras 'lui battoir comme à nous.

IL homme sauvage , dont 011 vient de parler 9 est F homme brute des bois 9 c’est-à-dire ? le barris des Au¬ teurs , Y orang-outang d^s pays chauds de l’Asie. 11 se trouve aussi en Afrique , sous les noms de pongo et de j ocko : sous ce dernier nom , on désigne la petite espece d’ orang-outang. Le vrai satyre 5 le faune et Yégipan , ne sont que des variétés de ce même animai.

On verra à Y article Orang-Outang , que ce qua¬ drumane devient aussi grand que Yhomme ; qu’il est presque semblable à lui par la forme , par l’ensemble par sa démarche et par ses mouvemens , et qu’il en différé encore moins par l’organisation intérieure. En effet , même disposition dans la structure animale * même conformation ; sa langue mobile auroit la fa- fulté 4’«Utiçuler 5 si comme Yhomme il étoit doué de

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ii pensée ; mais il a le langage de Pinstinct , et cela doit lui suffire. Uorang- outang livré à lui -même, libre, indépendant , vit dans les bois , de fruits , de racines, ne mange point de chair , dort quelquefois sur les arbres, se construit souvent une petite cabane de branches entrelacées , pour se mettre à l'abri de la pluie et de l’ardeur du soleil. Les orangs-outangs sont forts , robustes , agiles et hardis , vont de compa¬ gnie , se défendent avec des bâtons , attaquent l’élé¬ phant , le chassent des bois qu’ils habitent.1 On dit qu’un seul tiendroit tête à dix hommes. D’un tempé¬ rament lubrique, ils cherchent à se satisfaire à chaque instant ; et à défaut de leur espece , ils attaquent les individus qui ont le plus de rapport avec eux ; ils mettent tout. en usage pour en faire la conquête. Les mâles sont les plus entreprenans : passionnés pour les femmes et les filles , ils tâchent de les surprendre , les enle.vent , les portent dans leur retraite , les gar¬ dent avec eux , les nourrissent très-bien , ont pour elles de petits soins , de petites attentions. Pleins d’ar¬ deur , ils les excédent par leur galanterie. M. de la Brosse , ' dans son Voyage à la Cote dv Angola , dit avoir connu à Lowango , une Négresse enlevée par les orangs-outangs , qui étoit restée trois ans avec eux , et en avoir toujours été très-bien traitée. Les Nègres croient que c’est une nation étrangère, qui est venue s’établir chez eux, et que s’ils ne parlent pas, c’est dans la crainte qu’on ne les fasse travailler. Le besoin les rend industrieux. Lorsque les fruits leur manquent dans les forêts , ils descendent sur le rivage, croquent les crabes , les homards , les coquillages. Ils sont principalement . friands d’une espece d’huître très- grosse et à écaille très -épaisse : apperçoivent -ils ces huîtres ouvertes , ils pâmassent une pierre , s’avancent , la jettent dans la coquille ; rfiuîtré ne peut pas se fer¬ mer , notre gourmand ne craint plus d’avoir la main prise ; il retire adroitement la chair de l’animal et la mange.

On prend ces animaux dans des filets ; ils s’accou¬ tument à la vie domestique, sont susceptibles d’édu¬ cation , deviennent doux , paisibles , familiers , et

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même honnêtes et polis ; mais à leur vivacité natu¬ relle , flétrie par l’esclavage , succédé une espece de tristesse, de mélancolie , qui semble annoncer le re-

Î';ret de la liberté. On a vu de ces animaux réduits à a servitude , rendre à leurs maîtres tous les devoirs d’un laquais adroit , officieux et intelligent ; rincer des verres , verser à boire , tourner la broche , piler dans des mortiers , aller chercher de l’eau à la rivière voisine dans de petites cruches qu’ils rapportent pleines sur leur tête ; ( il faut leur prendre ces cruches dès qu’ils sont arrivés à la porte de la maison , car ils les laissent tomber; et voyant la cruche versée et cassée , ils se mettent à crier et à pleurer ; ) en un mot 5 ils satisfont à tous les autres petits emplois du ménage. Si on leur donne une éducation un peu plus distinguée , ils se présentent avec décence , se pro¬ mènent en compagnie avec un air de circonspection* s’asseyent et mangent à la table , du maître avec pro¬ preté; ils font usage de la serviette, du couteau, de la cuiller et de la fourchette , comme les convives ; trinquent quand ils y sont invités ; ils boivent peu de vin , un peu plus de thé , et préfèrent le lait ; ils donnent la main aux Dames par politesse , et font leur lit. On assure que les femelles de V orang-outang ont de la pudeur, et que quand on les regarde, elles ont grand soin de cacher les parties que la modestie empêche de montrer ; au reste , elles ont beaucoup de gorge. Le mâle et la femelle vivent ensemble dans la plus grande intelligence : de leur conforma¬ tion pareille à celle de Y homme , résulte la similitude des mouvemens. L’ orang-outang copie si parfaitement les actions de Y homme , que les Indiens sont , en quelque sorte 3 excusables , de l’avoir associé à l’es¬ pece humaine par le nom & orang-outang (homme sauvage) qu’ils lui ont donné. L’instinct est si voisin du sentiment dans cette espece d’animal , qu’il semble connoître son mal et le remede. M, de la Brosse dit qu’on en avoit embarqué un qui tomba malade ; il fit son lit , s’y coucha , la tête sur un oreiller , et se couvrit de couvertures ; il se fit soigner comme une? personne ; on le saigna même deux fois au bras droit*

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Il en fut soulagé. Toutes les fois qu’il se trouva clepuil incommodé , il présentoir le bras ; et par le gesté pantomime de l’autre bras , des yeux, et des accent plaintifs , il demandoit une saignée. Voyt[ maintenant les articles PONGO et Orang-Outang.

M. de la Mar tinter t , dans son Dictionnaire de Gio~ '•graphie , rapporte qu’on prit un homme sauvage dans les bois d’Hanovre , et qufen le porta en Angleterre.,- ■où George L le donna en garde à un particulier ; mais 'cet homme sauvage 9 qui étoit réellement un humain 9 mourut bientôt.

En ï66i , quelques chasseurs découvrirent , dans une forêt de Lithuanie , au milieu d’une troupe d’ours , deux enfans , qui paroissoient avoir environ neuf ans v et dont les traits et la peau les firent reconnoître pour être de nature humaine. Les chasseurs ^ après avoir mis en fuite les ours, ne purent se saisir que d’un de ces enfans p qui se défendait beaucoup avec les ongles et les dents : iis le présentèrent au Roi de Pologne,*' Cet individu étoit bien proportionné ; il avoit la peau blanche , les cheveux blonds , la physionomie agréable et belle. On le baptisa; la Reine fut sa marraine , et F Ambassadeur de France,, son parrain: on lui donna pour nom de baptême celui de Joseph $ et pour nom de famille, Ursm9 par allusion à la façon dont on prétend qu’il avoit été nourri. Mais quelque soin que l’on prit pour son éducation , on ne put l’ap¬ privoiser entièrement , ni lui apprendre à parler. Il ne put jamais souffrir ni habits ni souliers ; toutes ses inclinations , ses habitudes étoient sauvages , relative¬ ment à sa conduite et à la maniéré de se, nourrir.

Le Mercure de France , ( Décembre /yj/) fait aussi mention d’une jeune fille sauvage , trouvée , en Sep« tembre 1731, dans les bois deSogny, près de Châlons en Champagne. On en a donné une histoire plus dé¬ taillée en 1755. On voit, dans cette histoire , le ca¬ ractère et les ressources de Fhomme sortant des snains de la Nature. Cette petite hile , qui n’avoit" que neuf à dix ans, pressée par la soif, entra dans le village ; elle n’avoit à sa main qu’un bâton court' ,tt gros par le bout comme une masse : comme elfe'

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itôlt presque nue , et qu’elle avoit les trams lioîrès 9 ainsi que le visage , les paysans qui la prirent pour le diable , lâchèrent contre elle un dogue dont la collier étoit armé de pointes de fer ; elle fatten'dit •sans crainte j et d’un coup de bâton 9 elle l’étendit mort sur la place ; elle regagna la campagne et sauva sur un arbre ou elle grimpa avec la légéreté des écureuils : on la prit par l’ordre du Seigneur $ on l’emmena au château, on lui donna un lapùx en poil , qu’elle écorcha et mangea tout cru. On eut ensuite le plaisir de lui voir prendre des iievres à la course , et de la voir plonger dans la rîviere elle allait chercher le poisson qu’elle mangoit tout 'Cru. On apprit d’elle , par la suite , qu’elle avôît eu autrefois une compagne ; mais qu’étant dans les terres , elle apperçut un chapelet qu’elle voulut ra¬ masser pour en faire un bracelet , et que sa cama¬ rade,, qui désiroit aussi l’avoir , lui avoit donné un coup de masse sur la main ; mais que celle - ci lui avoit donné à l’instant un pareil coup de masse au front et i’avoit renversée noyée dans son sang ; sui¬ vant son expression {elle la fit rouge). Touchée de compassion , elle courut chercher des grenouilles , en écorcha une , lui colla la peau sur le front et banda la plaie avec une laniere d’écorce d’arbre qu’elle avoit arrachée avec ses ongles ; la blessée prit le chemin de la riviere , et disparut, sans qu’on ait su depuis ce qu’elle est devenue. On conjecture que cette jeune fille étoit venue des Terres arctiques, et qu’elle étoit de la nation des Eskimaux. Quelques questions que je lui aie faites 5 (c’étoit en 176^; cette femme vivoit à Paris , sous le nom de Made¬ moiselle Leblanc , et elle se rendoit assez souvent chez M. de la Condamine , ) je n’ai pu apprendre /d’elle quels étoient ses parens ; elle m’a seulement répondu qu’ils cultivoient la terre , et quelle alloit souvent ramasser des herbes sur le bord de la mer , pour engraisser leurs terrains. Elle poussoit à volonté un cri infini¬ ment aigu et des plus effrayans.

On cite plusieurs autres exemples semblables $ hommes §t sauvages des bois , qui prouvent qu’on a en

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effet trouvé quelquefois des hommes sauvages, que des événemens particuliers avoient éloignés de leurs re¬ traites ordinaires. Mais il ne faut pas confondre le vé¬ ritable homme sauvage avec de grands singes , ou d’au¬ tres animaux brutes qui ont quelque ressemblance extérieure avec l’homme par la forme , par les gestes , par les façons d’agir, etc. Ce qui distingue essentiel¬ lement ) '‘homme d’avec la brute , aux yeux du Natura¬ liste, c’est l’organe de la parole et la perfectibilité.

HOMONCULE. On a désigné par ce mot, tantôt l’homme de taille avortée, et tantôt le pithêque. Voyez Nain et Pithêque.

HONGRE, Canterius ; c’est un cheval châtré. Voye^ à r article CHEVAL.

HONORÉ. Foyei Onoré.

HOPLITE. Les anciens Naturalistes désignoient par ce nom des pierres pyriteuses et polies.

HORIZON , Voye i à F article GlOBE.

HORLOGE DE LA MORT. Voye^ à F article Pou

PULSÂTEUR et VrxLLETTE.

HORNBERG. La plupart des Minéralogistes disent que c’est la pierre de corne ; Voyez ce mot . On l’appell® aussi hornsteiji. Ces mots sont usités chez les Mineurs Allemands et Suédois.

HOUATTE ou Houette. Voye^ Apocin.

HOUBARA ou petite Outarde huppée , d’Afri- que , Ods Africana. Cette petite espece Moutarde , qui n’est pas rare dans les plaines sablonneuses de Damas , est de la grosseur de la canne petiere ; elle en a la forme et le plumage , mais elle en différé par une huppe renversée en arriéré et comme tombante ; elle a une fraise formée par de longues plumes qui nais¬ sent du cou , qui se relevent un peu et se rendent, comme il arrive à notre coq domestique , lorsqu’il est en coîere. Lorsque cet te -outarde est menacée par ixn oiseau de proie , il est fort curieux de voir par combien d’allées et de venues, de tours et de détours, de marches et de contre-marches , en un mot , par combien de ruses et de souplesses elle cherche à échapper à son ennemi. On prétend que son fiel ainsi qu’une certaine matière qui se trouve dans son

estomac

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estomac j est un excellent remede contre le mal des yeux. Foyei maintenant Y article Rhaad.

HOl^LON.ou Vigne du Nord , Lupulus scandtns; Hutnuius lupulus , Lion. 1457. Plante grimpante , très- précieuse, et qui est connue de tout le monde ; ses racines sont vivaces , menues , et s’entortillent les unes avec les autres. Il en sort des tiges foibles , mais dures, très-longues, anguleuses, velues et rudes; elles embrassent étroitement les perches et les plantes sur lesquelles elles grimpent en serpentant ; ses feuilles > qui sont ameres, sortent des nœuds deux à deux, opposées, rudes , cordiformes , dentées en scie , com¬ munément découpées en trois ou cinq parties , por¬ tées sur des pétioles assez longs. L’espece qui porte les fleurs , Lupulus mas , n’a point de graines ; et celle qui porte des graines , Lupulus femina , n’a point d’étamines. Les fleurs , dans le mâle , naissent de l’aisselle des feuilles ; elles sont en grappes comme celles du chanvre, pâles, sans pétales , composées de plusieurs étamines et d’un calice à cinq feuilles ; elles sont stériles. L’espece femelle , qui est un in¬ dividu différent, porte des fruits qui sont comme des pommes de pin , composés de plusieurs écailles mem¬ braneuses, pales, jaunâtres, attachées sur un pivot commun , à l’aisselle desquels naissent de petites graines aplaties , rousses , d’une odeur d’ail , .arriérés et enveloppées dans une coiffe membraneuse.

Cette plante est très-commune dans différens pays 9/ et croit dans les haies et dans les prés. En Angle¬ terre , en Allemagne , en Flandres , on sema et on cultive le houblon avec grand soin et beaucoup de dé¬ pense ; on le fait soutenir par de grands échalas à la maniéré des vignes ; et comme il monte presque aussi haut que les lianes d’Amérique , on pourroit , en le soutenant avec de longues perches , en former d’élé- gans portiques , des obélisques de cinquante pieds de haut dans le centre d’une étoile de petits arbrisseaux , des berceaux de verdure , des tonnelles , etc.

Le hoïMon se multiplie par quantité de racines qu’il produit à la maniéré des asperges ; il. se plaît dans un terrain humide , peu pierreux', mais gras et,, bien fumé : on doit le labourer à l’entrée de F hiver y Tome FIL L

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et à la fin de cètté saison , c’est-à-dire , à la sortie des froids , faire dans le plant des trous d’environ un pied en tout sens , et à quatre pieds de cuistance ; vers la fin de Mars , on met dans ces trous du fu¬ mier ; celui de pourceau y est très-bon , mais celui des bêtes à corne est préférable. L’année suivante , lorsque le houblon a poussé à la hauteur d’un pied , on fiche en terre de petites perches , comme pour ramer des haricots , ensuite on jette de nouvelle terre autour de chaque plante ; au mois de Mai , on donne un troisième labour : vers le mois de Décem¬ bre , on met un demi -pied de fumier sur chaque motte de houblon ; on bêche la terre , et on renfouit le fumier : en Mars , on bêche encore, et à la fin du mois on le taille , c’est-à-dire , qu’on coupe tout le vieux bois à niveau du cœur de la plante : en Avril , on plante à côté de chaque motte de houblon de grosses perches de bois blanc , et on y lie le houblon avec de bon fil : en Septembre , et dès qu’il quitte sa couleur de citron vert , pour en prendre une d’un jaune-brun , ce qui en marque la maturité , on coupe avec la faucille les sarmens à environ deux pieds de terre , ensuite on enleve les perches avec les tiges, que l’on sépare en faisant glisser la perche,

}>uis on détache les fruits ; mais ce n’est guère qu’a a troisième année qu’on peut espérer beaucoup de rapport de cette plante.

Le houblon , dans le temps ou il est en fleurs, est sujet à une maladie causée , dit -on, par une rosée mielleuse qui tombe en été au lever du soleil ; la transpiration de la plante en est arrêtée ; elle fait sé¬ cher et périr les feuilles , et ruine quelquefois la ré¬ colte. Pour remédier à ces mauvais effets et les pré¬ venir, on doit aussi-tôt arracher les feuilles; il en pousse de nouvelles ; par ce moyen on sauve quel¬ quefois les deux tiers de la récolte ordinaire.

Toute cette plante devient beaucoup plus belle par la culture ; ses épis sont chargés de fleurs ; ses écailles et sa graine sont plus grandes; ses épis, que nous avons comparés à des pommes de pin , et que l’on appelle souvent , mais improprement fleurs 9 se re¬ cueillent au mois d’Août et de Septembre : on les

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êeche dans un four préparé pour cela ; on les ren¬ ferme ensuite dans des sacs on les vend en cet état , et on les garde dans un lieu sec pour faire la biere. On mange les jeunes pousses du houblon , qui paroissent au commencement du printemps : on les fait cuire dans de l’eau comme les asperges , et on les mange assaisonnées à la même sauce : elles sont de bon goût et purifient la massé du sang. Ses feuilles et ses racines sont aussi d’usage en Médecine ; les fruits frais ont une odeur agréable, et contiennent une ma¬ tière graisseuse , résineuse , aromatique , qui parok être le principe de leur odeur et de leur amertume.

Tout le monde sait Frisage que Fon fait des fruits du houblon pour assaisonner la biere , afin qu’elle ne s’aigrisse et ne se gâte pas ; ils empêchent par leur sel volatil et par leur huile aromatique 5 qu’elle ne prenne un goût de chaux ; ils atténuent sa viscosité , et la font couler par la voie des urines ; ils lui com¬ muniquent une très-grande amertume , mais qui dis- paroît peu à peu , et la biere en devient plus forte et plus vineuse.

On regarde la biere ( Cervisia ) , faite avec le hdu- blon , comme plus salutaire et de meilleur goût ; elle est plus apéritive , plus amie de l’estomac , et plus propre à la digestion ; cependant elle porte plus à la tête , elle enivre, elle jette dans l’assoupissement et produit même le cauchemar. Ces effets sont d’autant plus marqués , qu’il y a plus de houblon dans la biere , et qu’elle est plus amere : au reste, la nature du houblon y fait aussi beaucoup , puisque celui qui vient d’Isenach dans la Thuringe , est d’une amertume mordicante , au lieu que celui de Brunswick est plus doux : on prétend que la biere faite avec le houblon augmente les paroxismes de ceux qui ont le calcul ; au ifeu que Y aile , espece de biere il n’entre point de houblon * les adoucit : c'est aux nations qui font usage de la biere au houblon à décider la question.

Les feuillès , les fruits et les jeunes pousses du houblon , sont apéritifs , très-propres à lever les obs¬ tructions de la rate , et à lâcher le ventre : ces remedès conviennent aussi . dans le scorbut , et pour les vices de la peau; appliqués extérieurement', ils sont 'ex-,

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cellens dans les luxations , les tumeurs œdémateuses , les contusions 9 et dans les accès de la goutte. Ou lit dans les Mémoires de V Académie de Suede 9 année iy$o , que les tiges du houblon , macérées ou rouies , donnent une filasse aussi bonne que celle de l’ortie et plus longue que celle du chanvre. Ce sont les liabitans de la province de Jemteland et de celle de Médelpadie , qui en préparent la toile.

Quelques-uns donnent le nom de houblon de mon¬ tagne à Yornithogale des Pyrénées. Voye^ ornithogale.

"HQUHOU d’Egypte. C’est le nom que les Arabes ont donné à un coucou dont le cri exprime ces deux monosyllabes, et que l’oiseau répété plusieurs fois de suite sur un ton grave. Le mâle et la femelle vont toujours de compagnie ; ils ne se perchent que sur les buissons , à portée de quelque eau courante ; leur principale nourriture consiste en sauterelles ; toutes les plumes qui recouvrent la tête et le cou sont épaisses et dures ; celles du ventre et du croupion sont douces et effilées ; l’ongle du doigt postérieur interne est long et droit comme celui de notre alouette # Ces notions sont dues à M. de Montbeillard . Le plu¬ mage supérieur est d’un roux -verdâtre avec des reflets d’acier poli; l’inférieur est d’un blanc tanné; l’iris d’un rouge vif; le bec noir ; les pieds sont noirâtres.

M. de Montbeillard dit que le houhou a beaucoup de rapport sur-tout par les deux caractères indiqués ci-dessus , avec les trois coucous suivans : i.° Le coucou des Philippines 9 pl. enl. 824 , dont tout le plumage est d’un noir lustré , à l’exception des ailes , qui sont rousses : 2.0 Le coucou vert d* Antigue , dont M. Sonner at ( Voyages â la Nouvelle Guinée , etc . ) fait mention ; les ailes sont d’un rouge-brun , la queue noire ; tout le reste du plumage est d’un vert obscur , foncé , et tirant sur le noir : 3.0 Le coucou appelé toulou à Madagascar , pl. enl. 29$ , fig. 1 ; c’est le coucou de Madagascar de M. Frisson; tout son plumage est d’un noir lustré , excepté les ailes , qui sont d’un marron foncé ; le bec et les pieds sont noirs.

HOUILLE. Les habitans du pays de Liège et du Comté de Na mur donnent ce nom au charbon mi¬ néral* Pour ménager , les pauvres gens , après l’avoir

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réduit en poudre grossière , le mêlent avec de la terre glaise ; ils en forment des boules qu’ils laissent sécher ; on brûle ces boules avec du charbon de terre ordinaire , et quand elles sont rougies , elles donnent fort long-temps une chaleur douce et moins âpre que le charbon de terre tout seul. Un citoyen très- recommandable par ses connoissances , a voulu établir à Paris l’usage de ce chauffage économique ; malheu¬ reusement le succès n’a pas répondu à ses vœux. Voyei Charbon de terre ou de pierre. ïl ne faut pas confondre la cendre de houille avec la cendre de mer qu’on vend en Hollande pour engraisser les terres de Flandres : la cendre de mer est la cendre de tourbe ; mais la cendre de houille se fait avec de la terre de houille : elle est noirâtre , inflammable et saline ? et se trouve depuis la superficie du terrain jusqu’à quarante pieds de profondeur. Les cendres de terre de houille fertilisent les terres semées en grains de fourrage : on l’emploie aussi comme elle sort de la mine 5 sans avoir été brûlée ni calcinée , mais écrasée : enfin , les cendres de cette terre conviennent pour tous les végétaux , pour les prairies , et elles font périr les Insectes nuisibles. La terre de houille est dans le genre des pierres noires à crayon : on y trouve du vitriol ; on £n tire aussi de l’alun : elle s’échauffe en tas , et s’allume d’elle-même en donnant une odeur de soufre.

HOUPEROU , Poisson de l’Amérique qui est fort dangereux pour l’homme. Thevet dit qu’il dévore aussi tous les autres poissons , excepté un seul 5 qui est petit et qui le suit toujours , soit par sympathie , soit pour se mettre sous sa protection. Le houperou paroît être un goulu de mer 5 et le petit poisson un remore . Voyez ces mots.

HOUPETTE. C’est le tangara noir huppé de Cayenne , de M. Brisson , pl. enl. 301 , fig. 2 : c’est un tangara de la première grandeur ; le dessus de Ja tête offre des plumes noires ; l’occiput offre une touffe de plumes orangées ; les unes et les autres sont longues , effilées , et forment une belle huppe que l’oiseau redresse à sa volonté ; la gorge , le bas du dos , le croupion et le dessus de la queue sont d’un fauve clair ; le reste est d’un noir terne ; il y a une tach§

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blanche au dernier pli de l’aile. Ce tàngara l îe seuï qui soit huppé , vit dans les plantations à Cayenne ; son cri ressemble à celui du pinson : on a représenté , pi. ail. 7 5 fig. 2 y une variété de ce tan gara huppé de Cayenne.

HOUQUE ou Houlque , Holcus aLinn. Nom donné à un genre de plantes de Tordre des Graminées : les fleurs sont en panicule lâche : les balles qui servent de calice , sont de deux ou trois fleurs , dont une stérile. On distingue : i.° La houlque molle 9 Holcus mollis , Linn. 1485 ; elle croît en Hollande; son chaume est haut d’un pied et demi , coudé aux arti¬ culations inférieures , garni à chaque articulation d’un paquet de poils ; les balles 9 qui servent de calice , sont presque glabres ; les barbes sont aussi longues que les écailles.

2.0 La houlque laineuse , Holcus lanatus 5 Linn. 1485 ; elle croît dans les prés ; sa racine est vivace ; ses feuilles sont molles 5 velues ; les balles sont laineuses ; les barbes crochues et à peine apparentes.

Le Holcus sorghum est le grand millet noir 3 ou sorgo d’Afrique. Voye^ à l'article MlLLÉT.

HOURITE. C’est un poisson des Mes de l’Afrique r dont parle Happer , et dont on fait une grande con¬ sommation à Madagascar. Le poisson baume que nous avons vu chez un Curieux en Zélande 5 ressemble beaucoup à un épeiian qui auroit des taches bleues.

HOURVARI ( terme et cri de chasse ). Voye^ à la suite de X article Cerf.

MOUTARDE de B don. Voyez Oütarde.

HOUTOU. Voyei Momot du Brésil.

HOUX , Aquifolium , sive Agrifolium vnlgo > J. B. 1 J 114; Aquifolium spinosum ; llex aquifolium * Linn. 18 u Est un arbrisseau toujours vert 9 qui croît naturelle¬ ment aux lieux incultes , ombrageux , dans les forêts ÿ sur les pentes des montagnes , dans les gorges serrées et exposées au Nord ; il se plaît sur-tout à l’ombre des autres arbres , et dans le voisinage des petites sources qui suintent à travers les terres ; il s’y éleve quelquefois à la hauteur d’un arbre , sur-tout lorsqu’il est cultivé. Le tronc et les branches , qui sont lisses et pliantes 9 sont Tun et l’autre couverts de deux

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écorces ; l’écorce extérieure des branches est verte 9 celle du tronc est cendrée le plus souvent ; l’inté¬ rieure est pâle ; l’une et l’autre répandent une odeur désagréable et puante lorsqu’on les enleve : on fait ÿ avec ces branches flexibles , des houssines et des manches de fouet. Le bois est dur , solide , blan¬ châtre , mais noirâtre dans le centre , si pesant, qu’il reste au fond de l’eau comme le buis et le gayac. Ses feuilles sont pétiolées , ovales, d’un beau vert, très- lisses , coriaces 5 ondulées , c’est-à-dire , garnies tout autour d’échancrures sinueuses , et hérissées de pointes longues et roides dont le nombre diminue dans la vieillesse de l’arbrisseau. Le houx donne , au mois de Mai , des fleurs axillaires , blanches , petites , nom¬ breuses , d’une seule feuille , et en rosette , décou¬ pées en quatre quartiers ; le pistil se change en une petite baie molle et ronde , creusée , rouge , dou¬ ceâtre , d’un goût désagréable , remplie de quatre petits osselets blancs , triangulaires et oblongs. Ces fruits sont mûrs en Septembre , et restent sur l’ar¬ brisseau pendant presque tout l’hiver.

M. Martin , Professeur de Botanique à Cambridge 9 a donné à la Société de Londres ses observations sur le sexe du houx ; ce Docteur détruit l’ancienne opi¬ nion qui portoit à croire que le houx étoit une plante hermaphrodite. Le célébré Linnœus le place parmi les plantes qui ont quatre organes réciproques sur la même fleur ; mais M. Martin , en examinant les fleurs de six plants de houx , disposés deux à deux dans son jardin 9 remarqua que chaque paire offroit une plante mâle et une femelle. Les fleurs mâles ont quatre étamines jaunes , chargées de poussière ; les fleurs femelles sont caractérisées par un ovaire et par quatre petits filamens que quelques Botanistes avoient pris pour des étamines. M. JVatson , qui a voulu s’assurer par lui-même de l’exactitude de l’ob¬ servation précédente , a reconnu qu’il y avoir effec¬ tivement beaucoup de houx , dont les uns étoient mâles et les autres femelles ; mais qu’il y en avoit dont les fleurs sembioient réunir les deux sexes : il dit encore que les houx ont , comme le mûrier , plu¬ sieurs maniérés de se multiplier ? en semant les

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graines , en couchant les branches, et au moyen de

la greffe.

On cultive le houx , sur - tout dans les pays du Nord 5 pour servir d’ornement dans les jardins ; on l’emploie avec succès pour faire d’excellentes haies , de belles palissades ; il figure très - bien dans des bosquets d’arbres : il se refuse aux terres fortes ; le fumier lui est pernicieux , il exige un terrain frais et léger. Le houx panaché , dont on compte plus de trente sortes ou variétés qui font ornement dans les parterres , est une espece de houx produit origi¬ nairement par la greffe : consultez Bradley . Sa feuille est tachetée de jaune. Quand on veut faire un semis de houx , soit pour former des haies ou en faire une pépinière 9 il faut cueillir la graine en Décembre , et ne la semer qu’au second printemps. On connoît peu d’especes réelles de houx . Il y a : Le houx ordi¬ naire : Le houx hérisson ; Le houx de Caroline , à feuilles étroites ou dentelées. Consultez M. Duhamel .

La racine , Fécorce et les baies du houx , sont rarement d’usage en Médecine ; on en fait cependant des décoctions émollientes , utiles pour la toux in¬ vétérée , et pour fomenter les articulations qui se , sont durcies après avoir été luxées. Un mélange de biere et de lait , dans lequel on a fait bouillir les pointes des feuilles de houx 9 est merveilleusement utile pour la colique et les tranchées des intestins. Le bois du houx reçoit la couleur noire plus parfai¬ tement qu’aucun autre arbre, et il prend un beau poli. Ce bois peut servir dans les ouvrages de char¬ penterie. Ses branches, qui sont flexibles, s’appellent hoiLssuies ; on s’en sert pour battre les habits , ainsi qu’il est dit ci-dessus , et pour faire des manches de fouet.

Les Anglois font avec Fécorce du houx , la glu

propre à prendre les oiseaux à la pipée ; voici leur procédé.1 Au mois de Juin et de Jifillet , on pele

une certaine quantité d’arbres de houx dans le temps de la sève ; on jette la première écorte brune , et on prend la seconde ; on fiât bouillir cette écorce dans de F eau de fontaine pendant sept ou huit heures , jusqu’à ce qu’elle soit attendrie : on en fait des masses

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que Ton met dans la terre , et que Ton couvre de cailloux , en faisant plusieurs lits les uns sur les an¬ tres , après avoir préalablement fait égoutter toute l’eau : on les laisse fermenter et pourrir pendant quinze jours ou trois semaines , jusqu’à ce qu’elles se changent en mucilage : on les retire et 011 les pile dans un mortier , jusqu’à ce qu’on puisse les ma¬ nier comme de la pâte; après cela, on les lave dans de l’eau courante , et on les pétrit pour enlever les ordures : on met cette pâte dans des vaisseaux de terre pendant quatre ou cinq jours, pour qu’elle jette son écume et qu’elle se purifie ; ensuite on la met dans un autre vaisseau convenable , et on la garde pour l’usage. La meilleure glu est verdâtre , et ne doit point avoir de mauvaise odeur. Dodonée assura que la glu faite avec l’écorce de houx n’est pas moins nuisible 5 prise intérieurement , que celle que l’on fait avec le gui ; car elle est fort tenace 5 elle colle tous les intestins , elle empêche la sortie des excrémens , et elle cause la mort , sans autre qualité destructive que sa substance gluante. La glu , appliquée exté¬ rieurement , résout , amollit , et fait aboutir. Foye^ à l’article Glu la préparation d'une bonne glu artificielle , HOUX FRELON OU PETIT HOUX , OU FlOUSSET , Rus eus , sive Bruscus 9 Ger. 759 ; Ruscus myrtifolius , aeukatus , Tourn. Inst. 79; Oxymyrsine , Raij Hist. ; Myrtac'antha ( Murina Spina ) , Lob. Icon, ; Ruscus aculeatus , Lino. 1474. Cette plante, qui croit aux lieux rudes et pierreux , dans les bois , dans les forêts et dans les haies, en France , en Suisse , en Italie , se nomme encore ftagon 9 housson , myrte sau¬ vage ou épineux 9 et buis piquant ; sa racine est grosse , tortue , raboteuse , dure , serpentante , blanche et garnie de grosses fibres, d’un goût âcre , un peu amer. Elle pousse , à la hauteur de deux pieds et plus, plusieurs tiges rameuses , fermes , pliantes , difficiles à rompre , cylindriques , cannelées , et divisées en plusieurs rameaux : ses feuilles sont semblables à celles du myrte , mais plus fermes, plus rudes, ovales, pointues, lisses , dures , nerveuses, sans odeur, sans queue , toujours vertes et piquantes , d’un goût amer €t astringent : au milieu des feuilles , ou plutôt entre

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leur touffe , naissent des fleurs d’une seule pîeeë * portées sur de courts péduncules , découpées en six parties , ou en six especes de pétales oblongs et d’un blanc- jaunâtre ; il leur succédé des baies rondes 9 grosses comme de petites cerises , un peu molles , et qui rougissent en mûrissant , d’un goût douceâtre contenant une ou deux semences dures comme de la corne.

Cette plante, ou ce petit arbuste fleurit en Avril et Mai : il sort de sa racine , au printemps , -quelques rejetons tendres et verts , qui peuvent être mangés comme des asperges. Si 011 les laisse croître , ils de¬ viennent feuillus , ligneux et plians ; 011 en fait des balais. Autrefois les paysans couvroient ave.c ce houx les viandes et les autres choses qu’ils vouloient dé¬ fendre contre les rats et les souris ; car ces animaux destructeurs ne pouvoient y pénétrer qu’en se piquant bien fort.

Toutes les parties de cette espece d’arbrisseau sont d’usage en Médecine , et sont propres pour diviser les humeurs crasses , en les faisant passer par les urines. Sa racine est une des cinq racines apéritives majeures , qui sont celles A'ache , à" asperge , de fenouil , de câprier (quelquefois de persil ) , et de petit houx ; on s’en sert communément à la dose de demi-once dans les tisanes , apozemes et bouillons apéritifs , qu’on prescrit dans la jaunisse, l’hydropisie, les pâles couleurs et la graveile. La conserve des baies de petit houx est bonne pour l’ardeur d’urine et dans la gonorrhée.

HUAN ; c’est le milan royal .

HUANACUS , même nom que guanacos 9 et qui désigne , le lhama . Voyez à V article Paco.

HUÂRT ou Huard. Oiseau ainsi nommé , parce qu’il prononce ce mot très-distinctement en chantant : on en trouve beaucoup sur la riviere de Mississipi et chez les Kamtschadales ; ces peuples prétendent prédire les changemens de temps , en observant le vol et le cri de cet oiseau. Cest une espece d’aigle qui rôde le long des étangs , des fleuves et sur les bords de la mer : il niche sur la terre entre des •ro¬ seaux j sa nourriture consiste en poissons * sa ponte

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est de quatre œufs blancs ? moins gros que ceux de la poule. Le huart est le balbuzard. Voyez ce mot .

HUCH , Salmo hucho , Linn. ; Salmo oblongus 9 âzn~ tium lineis duabus in palato 9 maculis tantummodb nigris 9 Arred. ; Trutta fluviatilis , Huch Germanorum , Willugh. Poisson du genre du Salmont ; il se trouve dans le Danube, et Ton en fait beaucoup de cas à Vienne : il est plus alongé et plus mince que la truite ; il a environ deux pieds de longueur , et trois pouces de largeur à l’endroit des nageoires pectorales ; tout son dos est parsemé de taches rondes et noires ; il y en a aussi quelques-unes au-dessous des lignes latérales , et à la mâchoire inférieure. La couleur des côtés est rouge , ainsi que celle des nageoires , sur lesquelles il se trouve aussi des taches dorées ; il y a des dents seulement autour des mâchoires et sur la langue; le corps est couvert de très-petites écailles ; la nageoire dorsale a environ douze rayons ; les pectorales en ont chacune dix-huit ; les abdominales , dix ; celle de Fanas en a environ douze ; et celle de la queue , vingt.

KUEQUE 5 Chille - Hue que , au Chili , est le Ihiima . Voyez à Y article PACO.

Huette ou Hulotte , de Belon ; c’est le scops ou le petit duc . Voyez à Y article Duc.

Huette ou Hulotte > Chouette noire , Ulula . C’est le nycticorax des Grecs , ou le corbeau de nuit des Anciens; le hibou sans cornes ou chat-huant de Belon; machette et grimauld 5 à Avignon ; trembleur , en Cham¬ pagne ; choue , en Bourgogne. La hulotte , pl. enl. 441 , est la plus grande espece des chouettes ; elle a près de quinze pouces de longueur, depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des ongles ; son envergure est de près de trois pieds ; sa tête est arrondie , sans ai¬ grette * et paroit très-grosse parla quantité de plumes dont elle est couverte ; la même raison est cause que les yeux et la face semblent enfoncés et comme en- caves ; l’iris est couleur de noisette ; son bec est d’un blanc-jaunâtre ou verdâtre , arqué et luisant ; le dessus de son corps est couleur de gris- de-fer foncé , marqué de taches noires et de taches blan¬ ches ; le dessous du corps est blanc ? croisé sur le

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devant de bandes noires transversales et longitudi¬ nales ; les ailes et la queue sont rayées alternative¬ ment et en travers de bandes noires et de bandes cFim cendré-roux ; les plumes décomposées , qui for¬ ment un cercle autour des yeux , sont variées de blanc et de noirâtre * ses jambes sont couvertes , jusqu'à l’origine des doigts , de plumes blanches 9 semblables à un duvet 5 tachetées de points noirs. Cet oiseau , dit M. de Buffon , vole légèrement et sans faire de bruit, et toujours de côté comme les autres chouettes : son cri est hou , ou ou ou ou ou 9 qui ressemble assez au hurlement du loup , ce qui loi a fait donner par les Latins , le nom Ulula. Pendant Pété il habite dans les bois , il se retire dans les arbres creux y il chasse les petits oiseaux , les campagnols , les avale tout entiers et en rend aussi par le bec les peaux roulées en peloton : il vient quelquefois dans les granges et les greniers , sur¬ tout en hiver , pour y prendre des souris ; il retourne au bois de grand matin 5 s’y fourre dans les taillis les plus épais , ou sur les arbres les plus feuillés , et y passe tout le jour sans changer de place. La fe¬ melle ne construit pas de nid , mais elle dépose comme le hibou , ses œufs dans les nids abandonnés par îa pie , le geai , la buse , etc : sa ponte est de quatre œufs d’un gris sale 5 et de la grosseur de ceux d’une petite poule.

Bdon a donné les noms de hume et de hulotte au scops , qui est le petit duc . Voyez Duc.

HUILE animale. Voyei ci-dessous à T article Huile

VEGETALE.

Huile du Brésil. C’est le baume de Copahu . Voyez

ce mot .

Huile de cade , Pissœleon . Voyez à V article Ge¬ névrier.

Huile de Mêdie ou des Medes. Cest la pétrole Hanche. Voyez Pétrole.

Huile minérale des Barbades ou de Gabxan on de Terre. Voye ç Pétrole et N aphte.

Huile du Styrax d’Amérique. Voyei à V article Liquîdambar.

Huile végétale. On donne aussi le nom d 'huile

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à différentes substances naturelles, inflammables, plus ou moins grasses et fluides ou concrètes, incapables de se mêler par elies-mêmes avec l’eau , et qu’on tire d’une grande quantité de graines ou fruits de végétaux, soit par expression , soit par distillation. On en tire aussi , par liquéfaction , des graisses des animaux.

Les huiles végétales par expression , sont réputées grasses ; les plus en usage dans les arts, sont celles d’ œillette ou de pavot , de hêtre , de sésame ou jugeolim , de moutarde , de semences froides , d'olives (a) , de noix , de navette , de colsa , d* amandes , de pignons 9 4e lin 9 d'avelines 9 d'acajou ; les graines du radis de la Chine sont peut-être celles qui fournissent de l'huile en pins grande abondance : on prétend que sur cent livres pesant de ces graines , on obtient cinquante livres d'huile . Il y a des huiles qui sont presque toujours concrètes , comme celles de ben; d’autres qui sont butireuses, et que l’on n’obtient que par la décoc¬ tion dans l’eau bouillante , comme celles de cacao 9 de coco ou de palmier , d'aouara 9 de muscade et de baies de laurier . On pourroit joindre à ces huiles vé¬ gétales par expression , les essences de jasmin , de tubéreuse , de muguet , de jacinthe , de narcisse 9 de Us, etc. que vendent les Parfumeurs. Toutes les huiles ou prétendues essences qui ont quelque analogie à celles- ci , ne se tirent point par distillation , mais par trans¬ fusion et expression : pour cela on prend de la bonne huile de ben qu’on imprégné de parfum. Voye^ Jasmin.

Les huiles par distillation le plus en usage , sont appelées du nom d 'essences ; telles sont les huiles de cannelle , de girofle , de néroly , de cédra 9 de bergamote 9 de citron , de lavande , de genievre , d’ origan 9 de cou- lilawan. Plusieurs de ces huiles aromatiques se laissent •appercevoir aux yeux nus, renfermées dans de petites

(æ) M. de Réaumur a prouvé dans les Mém. de R Acad, des Sciences pour R année 7747 , que Yhuile d* olive s’épaississoit beaucoup au grand air. On sait que les huiles grasses et fluides perdent plus ou moins promptement leur saveur douce , qu’elles deviennent rances et acres , et que l’usage intérieur de la graisse et des huileux indigeste et donne la dyssenterie.

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loges ou vésicules , telles que clans les fleurs à' orangé $ l’écorce du citron et de V orange , les feuilles de mille¬ pertuis , etc. Entre ces sortes à" huiles essentielles (toutes s’évaporent aisément ; mais leur esprit recteur est moins fugace que dans celles par transfusion ) , il y en a qui sont souvent ^congelées , telle est celle (Y unis : il y en a d’empyreumatiques et de pesantes , comme celles de gayac ; d’empyreumatiques et de légères , comme celle de cadz , etc. Mais une propriété bien singulière que n’ont point nos huiles essentielles de l’Europe , et que possèdent uniquement quelques huiles de l’Asie , de l’Afrique et de l’Amérique , sur¬ tout celles de plantes aromatiques , c’est d’être plus pesantes que l’eau , et de se précipiter au fond de ce liquide , sans rien perdre de leurs vertus. L 'huile de girofle , celle de cannelle , etc. que nous fournissent les Hollandois , en donnent des exemples.

On fait usage intérieurement des huiles essentielles ou éthérées , en les combinant avec le sucre , ce qui les rend miscibles aux liqueurs qu’elles aromatisent.

Les huiles des animaux se tirent par liquéfaction de quelques-unes de leurs parties ; telles sont celles de morue et de haleine 9 de chien de mer et de marsouin : on les appelle souvent huiles de poisson. Le beurre de vache et le blanc de baleine 9 ne sont que des especes <Y huiles animales épaissies , et la cire que les abeilles ramassent dans la poussière des étamines des plantes , n’est qu’une huile végétale concrète préparée par la digestion dans l’estomac de ces insectes.

En consultant le mot Plante de cet Ouvrage , on verra que la Nature a assigné le réservoir des huiles végétales , soit dans les fleurs, soit dans les fruits, ou dans l’écorce de l’arbre , etc. Les huiles grasses sont ramassées dans de petits réservoirs , répandus dans toute la substance des sujets qui les contiennent, au lieu que les cellules des huiles essentielles ne sont pla¬ cées qu’à la surface , dans l’enveloppe ou membrane extérieure des végétaux pourvus de cette substance.

Quant aux propriétés des huiles que nous venons de citer en exemple, les unes servent à éclairer à peu de frais ; mêlées avec le sel alkali , elles forment le savon ; d autres servent à préparer des laines ou à corroyer

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les cuirs : il y en a d’usage en Médecine ; dans les alimens , dans les liqueurs de table , de toilette et dans les parfums ; d’autres enfin qui lient admirable¬ ment bien les couleurs et servent à immortaliser les ouvrages des Peintres , etc. Souvent on altéré les huiles essentielles qui sont rares ou cheres, soit avec de Y huile grasse de ben on d’amande doijce , soit avec de l’esprit de vin , ou avec quel qu’autre huile essen¬ tielle de peu de valeur. Voici la maniéré de connoître cette falsification ; une goutte à" huile essentielle pure , mise sur du papier 9 doit s’évaporer à une douce chaleur , et ne laisser sur le papier 9 ni graisse , ai transparence ; elle doit aussi se dissoudre entièrement dans l’esprit de vin ; mais elle ne doit pas diminuer de quantité dans l’eau 9 ni rendre l’eau laiteuse , ni effacer l’écriture , ni donner au linge qui en serait imbibé , une odeur de térébenthine.

A l’égard de I’Huile de bois , Voyt[ à /’ article Arbre dont on retire de Y huile .

HUITRE , Ostreum. C’est un genre de coquillage marin bivalvé que tout le monde connoît. Il approche beaucoup du genre des Coquillages operculés ; ses deux battans sont composés de plusieurs feuilles ou écailles : l’écaille de Y huître est en général épaisse , robuste , pesante , quelquefois d’une grandeur considérable , d’une figure presque ronde 5 ordinairement raboteuse et inégale , à battans presque toujours inégaux 9 rudes et âpres en dehors , lisses et argentés en dedans , dont l’un est plus ou moins creux , et l’autre aplati , attachés ensemble dans le milieu de leur sommet par un ligament.

Cet animal occupe dans l’échelle de la Nature un des degrés les plus éloignés de la perfection ; sans armes , sans défenses, sans mouvement progressif, sans industrie , il es^réduit à végéter , à croître d’une maniéré monotone , dans une prison perpétuelle qu’il entr’ouvre tous les jours et régulièrement pour jouir d’un élément nécessaire à sa conservation. Le ligament placé au sommet de sa coquille lui sert de bras pour cette manœuvre. Â peine peut-on distinguer dans sa masse informe et grossière , la figure animale et les ressorts de son organisation.

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Dans î’Hîstoîre naturelle que nous avons donnée des coquilles , à Y article Coquillage de cet Ouvrage , nous nous sommes réservés à décrire les particularités de chaque genre de coquillages à leur article séparé. Nous allons continuer de remplir ici cet engagement.

Structure des coquilles d3 Huîtres.

C’est dans une collection de ces coquilles, qu’on en peut voir la variété infiniment agréable. Les huîtres qui ont une charnière osseuse , sont souvent garnies de pointes et de parties hérissées ; quelques-unes re¬ présentent un gâteau feuilleté ou en hérisson ; d’autres ont des excroissances ou des parties en zigzag 5 imi¬ tant l’oreille de cochon , ou la crête de coq ; d’autres sont groupées sur des rochers , sur des madrépores. Les huîtres ont un caractère générique qui les doit faire distinguer des cames avec lesquelles on les trouve presque toujours confondues chez les Auteurs. Voye^ h mot Came.

Y] huître est composée de plusieurs croûtes ou lames ; sa valve supérieure est plus plate que l’inférieure ; elle a un bec qui s’élève à une de ses extrémités. Ce bec , qui sert aussi à distinguer la différence des huîtres , est quelquefois alongé , aplati , recourbé et terminé par un angle aigu. Dans d’autres le bec est très-petit 5 posé en dessous 5 et presqu’entiérement caché. V huître se ferme exactement nonobstant ses surfaces rabo¬ teuses , les tubercules et les pointes dont elle est souvent garnie. Ce sont ces différences bien étudiées qui les ont fait distinguer en quatre sous-genres 3 les¬ quels sont caractérisés par l’excès plus ou moins grand de Tune de leurs valves sur l’autre , et par la pro¬ priété générale de s’attacher entr’elles ou à d’autres corps , par le moyen de la même liqueur gîutineuse dont elles ont été formées, i.® Les huîtres dont les Valves ou battans sont composés de plusieurs couches ou lames , formant une surface plus communément lisse que raboteuse , sont les huîtres proprement dites ; telles sont la selle Polonaise , la vitre Chinoise 9 la pelure a3 oignon , la mere perle , la pintade , le dévidoir Qu. la bis tour née 9 X hirondelle ou Y oiseau 3 la cuisse 9 ïa

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crête de coq ou V oreille, de cochon, la feuille , le rat tau 9 le marteau . On soupçonneroit avec assez de vraisem¬ blance que les pintades , F hirondelle , le marteau , etc. ne sont pas exactement des huîtres , ayant pour ca¬ ractère une échancrure par passe une sorte de hyssus qui sert à les attacher : mais ce byssus est fort différent de celui de la pinne marine . Voyez ce mot..

2.0 Celles qui sont couvertes de feuilles relevées , plissées , comme frisées et se terminant en festons , sont connues sous le nom d "huîtres feuilletées ; telles sont les especes de gâteaux feuilletés , etc.

3.0 Celles qui sont chargées de stries longitudi¬ nales , plus ou moins serrées , hérissées d’épines plus ou moins droites et longues , et dont le sommet de la valve inférieure est aplati , prolongé en dehors , et plus ou moins recourbé en dessous , marqué dans son milieu d’un trait longitudinal , sont nommées huîtres épineuses ou huîtres à talon , ou spondyles . Or rien n’égale le spectacle qu’offre une collection de ces sortes d 'huîtres. Le blanc , le lilas , le citron , le rouge vif, le rose , et toutes les plus belles couleurs se trouvent sur la robe des huîtres épineuses de Saint- Domingue ; la robe de celles des Indes est commu¬ nément orangée ou aurore ; tel/est le pied d’ariej Lorsque les piquans Ou épines de ces huîtres s’élar¬ gissent à leurs extrémités , ou elles forment autant de feuilles déchiquetées ; alors on les nomme huîtres à feuilles de persil . Les épines des huîtres de Mali o a et la couleur de ces coquilles ne sont pas d’une aussi grande beauté.

4.0 Les huîtres dont le sommet de la valve infé¬ rieure est percé d’un petit trou , et recourbé en forme de bec sur celui de la valve supérieure , sont nommées anomies ou térébratules ; telles sont les especes connues sous les noms de bec de perroquet , le coq et poule .

Description de l* H vitre commune : Frai et saison de la* maladie de ce coquillage . Huîtres vertes .

L 'huître semble composée de toutes les parties qu’ont les autres animaux à coquilles ; c’est un coquillage immobile par son poids , ou qui , fixé au rocher ,

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ne s’ouvre que d’un pouce au plus pouf 'respirer $ ■prendre par ses suçoirs Peau et les aiimens qui lui sont nécessaires 9 que Ton dit consister en sucs de petits animaux 9 de plantes et de certaines parties d5une terre limoneuse. Il n’y a que la partie ou valve supérieure de Yhuîtrt qui ait du mouvement * Finférîéure est immobile et sert de point de résistance. L 'huître per- droit son eau si elle n’étoifc couchée sur le dos* L’ouverture de sa bouche est entre les ouïes ; elle est bordée de grandes levres , chargées de suçoirs 9 ce qui forme une espece de fraise transparente et dure qui tapisse des deux côtés les parois intérieures des deux valves. Elle conserve beaucoup d’eau dans son ré¬ servoir 9 et c’est ce qui prolonge sa vie hors de la mer. Le ligament à ressort qui fait le jeu des co¬ quilles 9- est renfermé entre les deux battans 9 posi¬ tivement dans le talon ou sommet de la coquille. Les deux écailles n’ont point de charnière , le musfoîe tendineux , qui les réunit , leur en tient lieu. Les quatre feuillets pulmonaires servent à Y huître à se décharger d’une humeur superflue 9 et à aspirer um nouveau suc.

V huître a la -chair molle et une membrane blanche 9 contenant une matière marbrée d’un' jaune-brunâtre y qui paroît être les intestins. On présume que c'est de cette matière épaisse et coagulée que sort Phumeur laiteuse qui perpétue Fespece. Cette humeur lai¬ teuse passe par différées degrés d’accroissement avant que de laisser entrevoir les deux écailles renfer¬ mées dans son centre. On verra dans un moment que cette masse glaireuse vivifiée , dit-on , par de petits vers rouges 9 et portée par les flots agités sur les branches de mangliers qui bordent les côtes sté¬ riles de. la mer dans l’isie de Cayenne , etc. produit des huîtres qui donnent aussi des perles et paroissent -pendre des branches de ces arbres. U huître n’a que deux tendons ou attaches d’une couleur violette foncée 9 qui la joignent à ces deux écailles , dont la supérieure 9 dans Fespece que nous mangeons à Paris 9 est ordi» nairement plate ; l’autre est creuse et contient tout le corps de cet animal : Lister et Wïllis m ont fait l’anatomie.

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Sfiï 'est difficile de découvrir les parties de te gé^ fcération de cet animal i il n’est pas plus facile distinguer les mâles d’avec les femelles. Il paroit mémo ‘que les huîtres ne pouvant quitter le lieu oii elles ont ■pris naissance , sont dans l'impuissance de -s’unir s ainsi elles doivent être hermaphrodites , même and.f o* gynes 5 et il 11e peut exister, de variété dans les sexes de ces individus. On. sait seulement qu’au mois de Mai ces animaux jettent leur fiai 9 qui est de figure lenticulaire. On apperçok avec un bon . microscope £ dans cette substance laiteuse, une infinité d’œufs y et dans ces œufs de petites huîtres déjà toutes formées*. JLe frai ou la semence des huîtres s’attache à des ro¬ chers , à des pierres , à de vieilles écailles , à des morceaux de bois et à d’autres choses semblables dis¬ persées dans le fond de la mer : nous en avons vu 6e fixer dans des bouteilles de verre , dans des moules à sucre y dans des souliers et sur un fusil , qu’on avoit jetés exprès dans la mer à la fin de Mars ; le frai avoit été déposé sur ces matières dans l'Intervalle de.^inq semaines.

On conjecture avec ass qz de vraisemblance que les œufs commencent à se couvrir d’écailles dans l'espace de vingt-quatre heures.

Les huîtres sont malades et maigres après avoir frayé ; mais au mois d’Àoû't elles ont repris leur embonpoint. Lister et Wiüis prétendent que la ma¬ ladie de Y huître se connaît dans le mâle à une certaine matière noire qui paroit dans les ouïes et dans les femelles , à la blancheur de cette matière. Cette ma¬ ladie des huîtres ne seroit-eîle pas causée par le fraî des étoiles marines qui entre dans leurs valves et qui peut alors les rendre mal-saines, comme il rend les moules venimeuses pour ceux qui en mangent de toutes crues en certain temps de l’année. Voye^ les., articles ÉTOILE DE MER et MOULE.

Depuis la fin d’Âoût jusqu’au mois de Mai , est permis aux pêcheurs , suivant les Régleraens , do pêcher toutes sortes d’ huîtres ; et comme l’on compte souvent sur une seule pierre ou une seule écaille vingt petites huîtres , il leur est enjoint, pour entre*; tenir la multiplication l’espece 9 de les remettre à

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la mer ; le mois de Mai passé , ils ne peuvent pêcha® que des huîtres d’une grandeur raisonnable ; et Ton a observé que dans les mois de Mai, Juin, Juillet et Août , la chair des huîtres n’est pas estimée , tandis que dans les autres mois de l’année , la lettre R entre , on la trouve très-bonne. Quant au frai qu’ils ont détaché des pierres et aux huîtres encore tendres , ils les mettent comme en dépôt dans un certain détroit de mer , elles croissent et s’en¬ graissent , de maniéré qu’en deux ou trois ans elles parviennent à leur perfection. M. l’Abbé Dicquemare considérant l 'huître comme un comestible sain , ex¬ cellent et d’une fécondité vraiment prodigieuse , dit qu’il est pourtant à craindre que nous le détruisions sans ménagement , au lieu de le protéger et de le multiplier.

Pour donner aux huîtres la couleur verte , les pê¬ cheurs les enferment le long des bords de la mer dans des fosses profondes de trois pieds , qui ne sont inon¬ dées. que par les marées hautes à la nouvelle et pleine lune , y laissant des especes d’écluses par l’eau reflue jusqu’à ce qu’elle soit abaissée de moitié. Ces fosses verdissent, soit par la qualité du terrain, soit par une espece de petite mousse qui en tapisse les parois et le fond , ou par quelqu’autre cause qui mous est inconnue ; et dans l’espace de trois ou quatre jours , les huîtres qui y ont été enfermées , commencent à prendre une nuance verte. Mais pour leur donner le temps de devenir extrêmement vertes , on a l’attention de les y laisser séjourner pendant six semaines ou deux mois. Les huîtres vertes que l’on mange à Paris viennent ordinairement de Dieppe ; on en parque aussi à Saint- Waast de la Hougue. Les meilleures et les plus estimées sont celles qu’on pêche en Angleterre ; on en transporte aussi en Saintônge vers les marais salans , par le séjour qu’elles y font , elles acquièrent une couleur verdâtre et prennent un goût beaucoup plus délicat qu’aupa- ravant. Il suffit donc , comme on vient de le voir* pour rendre les huîtres vertes , de les faire parquer dans des anses bordées de verdure. Ces huîtres vertes sont très-recherchées et avec raison. Il faut çepenr,

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sknt se méfier de la couleur verte artificielle que des imprudents savent leur donner»

Il y a des endroits la pêche des huïtns com¬ munes est dangereuse , parce qu’on ne les trouve qu’assez profondément sous la mer , attachées aux rochers. Sur les côtes de l’Isle Minorque , il n’y a que les Espagnols qui osent s’exposer aux dangers qui ac¬ compagnent cette pêche singulière. Ils sont toujours deux ; l’un se déshabille * attache un marteau à sa main droite , fait le signe de la croix , se recommande à son Patron et se jette à la mer. Ce n’est qu’à dix ou jdouze brasses de profondeur qu’il trouve des huîtres J Ii en détache d’un rocher autant qu’il en peut porter sous son bras gauche , et frappant du pied il remonte sur l’eau. On l’aide à rentrer dans le bateau 9 et tandis qu’il se ranime en buvant un verre d’eau-de-vie , son camarade s’apprête à se jeter à la mer , heureux s’il ne rencontre point quelque chien de mer qui lui emporte un bras ou une jambe.

Opinions sur la nature des Huit RE s de nos côtes , et szntimens sur celles des Indes 9 qui croissent aux branches des palétuviers ou mangliers 9 etc .

Quelques Auteurs ont rangé les huîtres parmi les zoophytes ou plantes-animaux , et ont cru qu’elles croissoient et décroissoient avec la lune. La plupart des Modernes ont réfuté ce sentiment : l’un d’entre eux dit qu’il n’y a que les huîtres et les moules de mer , soit solitaires , soit en masses , auxquels on. puisse refuser un mouvement progressif, comme ne sortant jamais de leur place , à moins qu’on ne les détache exprès. L "huître étant en masse ne peut se mouvoir , étant , dit - il , attachée par son byssus ( qui est dans ce coquillage une bave collante ) aux autres huîtres : elle est assise sur l’angle aigu de sa pointe comme sur un pivot : il n’y a que la valve supérieure qui ait quelque liberté ; et Yhuître ne fait rien sortir. Les huîtres s’attachent à tout ce qu’elles trouvent : elles ne demandent qu’un point d’appui ; les rochers , les pierres , les bois , les productions marines , tout leur est propre : souvent même elles

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se collent les. unes aux autres , au moyen cPune pece de glu qui sort de ranimai, et qui est extrême** ment forte. M. l’Abbé Dicquemare a observé que lés,, huîtres détachées et ensuite parquées , lui ont offert quelque faculté locomotive * et quelles peuvent changer de lieu en lançant subitement de l’eau avec force et à plusieurs reprises 9 soit par la partie op¬ posée à la charnière , soit par les côtés , ou par¬ tout en même temps ; pour cela l’animal varie inté¬ rieurement ses manœuvres. C'est par le même pro¬ cédé que l’animal repousse ceux de ses .ennemis qui tendent à s’insinuer dans sa coquille lorsqu’il l’ouvre» Le meme Observateur dit que les huîtres nouvelle¬ ment tirées des lieux que la mer n’abandonne jamais 9 ouvrent inconsidérément leurs coquilles , perdent leur eau et meurent en peu de jours ; c’est pourquoi les friands <f# uîtm les font fortement lier de fils de fer ou surcharger d’un grand poids, pour les manger bonnes et avec leur eau , à de grandes distances de¬ mer ; les huîtres au contraire qui ayant été tirées des mêmes fonds et jetées dans des réservoirs la mer les abandonne quelquefois , le soleil darde ses rayons , le froid les incommode , la main de l’homme les inquiété , s’accoutument à se tenir fermées quand on les laisse hors, de l’eau , et vivent ainsi beaucoup plus long-temps»

M. Adanson qui a fait des observations particu¬ lières sur les coquilles, dit que la plupart des huîtres qui vivent éloignées les unes des autres , sont dans, Fimpuissanee de se joindre par ia copulation, et que cependant elles , engendrent leurs semblables , d’où Fon peut conclure que ces animaux n’ont besoin d’aucun sexe pour se reproduire 5 ou que chaque in¬ dividu les réunit tous. deux.

Les Voyageurs ont débité faussement qu’à la Chine on seme dans des especes de marais le frai exprimé, des kuîires pilées et hachées : le fait est impossible* Mais Ton assure qu’aux environs de Constantinople, dans le Bosphore de Thrace , on. seme pour ainsi dire tous les ans des huîtres toutes entières. Ce sont les Grecs principalement qui y amènent des navires pleins d Ihmtres qu’ils jettent à la pelle dans la # |our es' des provisions à souhait.

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On trouve des huîtres en abondance aux environ^ lîu Sénégal en Afrique ; les Negres se servent de leurs écailles pour en former de la chaux. Au village de Joai dans le royaume de Barhessen 9 il se trouve dans les marigots quantité d'huîtres de mangliers , ma! ■faites , mais bonnes et délicates, A Gambie et dans les fleuves. -qui confinent au Sénégal ^ ' il se trouve des huîtres en quantité et qui sont plus ou moins estimées ; car il y en a de grandes et de nial-sainesj Il y a à la concession du Sénégal , des montagnes de coquilles d'huîtres 9 dont on fait de la chaux , ainsi -que dans les environs. M. A dans on 9 dans son Histoire des Coquillages du Sénégal , dit qu’il ri y a pas dix ans que P o n trouvoit encore des huîtres sur les racines, des mangliers du Niger 9 près de Pïsle du Sénégal, et .qu’aiqourd’hui on en trouve encore dans le fleuve de Gambie et dans les rivières de Bissao. On sert ces racines toutes garnies d 'huîtres sur les tables du pays. On rencontre encore à Saint-Domingue et sur tout® la côte du Port-au-Prince v des mangliers dont les. tronçons qui baignent dans Peau, sont garnis d 'huîtres feuilletées , ordinairement cramoisies , jaunes , rou¬ ges'; leur charnière est dentée, etc. Pour les avoir, on fait plonger un Negre , et avec une espece de serpe il coupe les parties du bois qui en sont char¬ gées. On trouve aussi à la côte d’Or quantité d'hui* .très , dont les écailles servent à faire de la chaux ; les Anglois qui y sont établis , s’en servent pour ■leurs édifices ; mais en 1707 les Hollandois , dans la seule vue de leur ôter ce secours 9 bâtirent xm fort de sept ou huit canons , avec une garnison

Î>our la garde des huîtres . La mer , à l’embouchure a' riviere . dïssini ? produit une grande abondance •d 'huîtres et d’une monstrueuse grosseur. On en trouve dans Pisle de Tabago et à la côte de Coromandel , de plusieurs especes qui sont attachées au roc , et qui sont très-bonnes à manger. Il y a d’autres huîtres qui portent des perles : elles sont s ©us Peau , à la profondeur de quatre ou cinq brasses ; des Negres plongeurs les pêchent en plongeant : on appelle cett$ coquille , rnere des perles , pintade blanche % naçrt 4% Voyez as mm 9 et je mot Perles.

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Les huîtres de mafiglîer , que les Àngîois nomment mangrove , tiennent à l’extrémité des brandies de l’arbre de ce nom qui croît au bord de la mer ; et le grand nombre de coquillages qui y sont ainsi suspendus , les courbe de plus en plus , de sorte que ces animaux sont rafraîchis deux fois le jour par le flux et le reflux de la mer. Ces huîtres n’ont point de goût ; leurs coquilles sont demi - transparentes et nacrées : des Espagnols s’en servent en guise de verre à vitrage. Il y a plusieurs sortes d ' huîtres dans l’Isle de Cayenne ; les unes y sont appelées huîtres de Senamary (riviere qui sépare Cayenne d’avec Surinam ) : elles sont fort grandes ; on les détache des rochers à coups de serpe : on nomme les autres , rer , c’est-à-dire huîtres de palétuvier . On voit aussi , dit - on , deux sortes d’ huîtres à la Guadeloupe : la première est assez sem¬ blable aux nôtres ; la seconde est toute plate et a une petite houppe de poils dans le milieu , comme un petit barbillon , ( c’est la conque anatifere ). Ces coquillages sont tellement âcres 5 qu’il est impossible d’en manger.

Huîtres fécondes et stériles . Vers réputés accoucheurs de ces coquillages .

On distingue dans les ports de mer deux sortes cl "huîtres : les fécondes , et celles qui ne le sont pas. Une petite frange noire qui les entoure , est5 dit-on, la marque de leur fécondité et de leur bonté : les friands ne les manquent point , et les trouvent plus succulentes au goût. Dans la saison les huîtres fé¬ condes jettent leurs œufs , ou , comme parlent les pêcheurs , leurs grains , elles sont laiteuses , désa¬ gréables et mal-saines. En Espagne il est alors dé¬ fendu d’en draguer et d’en étaler aux marchés , à cause des accidens qu’elles pourraient causer à ceux qui inconsidérément en feroient usage.

M. Deslandes dit que dans la saison oii les huîtres jettent leurs œufs, elles sont remplies d’une infinité de petits vers rougeâtres. Ceux qui remuent de gros tas Admît res pendant la nuit , apperçoivent quelque¬ fois ces vers sur leurs écailles : iis paroissent comme

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des particules lumineuses , ou comme de petites étoiles bleuâtres ; on voit facilement ces petits vers pendant le jour par le moyen du microscope ou d’une loupe. M. Deslandes a aussi observé que tous les grands coquillages bivalves, sur -tout certaines grosses moules , qui dans l’Océan s’attachent au fond des vaisseaux , sont pendant la nuit des phosphores naturels. Mais de quel usage peuvent être ces petits vers rougeâtres aux huîtres fécondes , et seulement dans la saison cette fécondité se déclare ? M. Des-, landes conjecture qu’ils leur servent , pour ainsi dire , d’ accoucheurs ; M. de Rèaumur et d’autres leur ont donné aussi ce nom , en disant qu’ils excitent d’une maniéré qui nous est inconnue , les organes destinés à la génération. Pour s’en assurer M, Deslandes a ré¬ pété plusieurs fois l’expérience qui suit.

Cet Observateur a pris des huîtres fécondes , et les a mises, vers le mois de Mai 5 dans un réservoir d’eau salée : elles ont laissé à l’ordinaire une nombreuse postérité. îl en a répété ensuite l’expérience avec d’autres huîtres fécondes , dont il avoit retiré tous les petits vers qui y étoient renfermés : ces dernieres huîtres n’ont rien produit , et la stérilité a régné dans le réservoir oii elles avoient été placées. Ces vers accoucheurs , dont M. de Rèaumur et d’autres Natu¬ ralistes ont parlé , sont tout-à-fait différons de cer¬ tains vers blanchâtres et luisans , qu’on trouve aussi dans les huîtres . Ces derniers vers ressemblent à une grosse épingle , et ils ont depuis cinq jusqu’à huit lignes de long : il est très - difficile de les examiner en entier ; car au moindre attouchement et à la moindre secousse ils se résolvent en une matière gluante et aqueuse , qui s’attache même aux doigts. Ces vers ne seroient-ils point les embryons du frai de l’étoile marine ?

Ennemis des Huîtres .

Les huîtres ont pour ennemis les crabes , les étoiles marines , la grenouille pêcheuse ou la baudroie , les pétoncles et les moules ; l’aigue et la vase les 'font également périr dans leur naissance» Lorsque Y huître

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entr’onvre son- écaille pour renouveler son eaiî , ï$ crabe de vase toujours porté à lui dresser, dit-on' &/ .des pièges, lui jette une petite pierre, qui empêche que sa coquille ne se referme , et ainsi il a la fpcte îité de prendre Y huître et de La manger : si ce fait; existe , ii faut attribuer beaucoup d’intelligence aux crabes.

Qualités des Huîtres , et leurs propriétés en Médecine l

U huître 9 dit Bclon , est le meilleur des testacées ? les Anciens et les Modernes Font regardée comme un mets exquis : Macroh e dit qu’on en servoit toujours- sur les tables des Pontifes Romains : Horace a fais Féloge des huîtres de Circé : les Anciens vantoient aussi celles des Dardanelles , du lac Lucrin , du dé¬ troit de C aines , et celles de Venise. Apicius avoir un art particulier pour conserver les huîtres i puisqu’il en. envoya d’Italie en Perse , à l’Empereur Trajan , et qu’à leur arrivée , elles étoient aussi fraîches que le jour, de leur pêche (æ).

. On a vu- dans les paragraphes précédens , que cha¬ que cote du Monde habité fournit des huîtres dont les écailles sont de différentes couleurs : ces mêmes huîtres ont des goûts différeras. U y a des huîtres en Espagne qui sont de couleur rousse ou rouge : d’autres en Myrte de couleur brune , et dont la chair est noire ; dans la mer Rouge , il y en a de couleur d’iris yen d’autres endroits , la chair et l’écaille sont noires.

Quant à la qualité des huîtres , on les doit choisir nouvelles, d’une grandeur médiocre , tendres , hiimi- des 5 délicates , d’un bon goût , et qui aient été prises

(a) Il ne faut pas confondre cet Apicius t avec celui qui vivote sous Néron. Cet autre Apicius a professé dans Rome la science de la cuisine; il a composé un Traité sur la maniéré d’aiguiser Fappétit , de gulce irruamentis ; il a infecté son siecle de son gouÈ dépravé pour cette basse étude. Après avoir dépensé dans sa cui¬ sine quatre cents millions de sesterces , mangé plusieurs fois dans un repas la valeur d’un impôt , contraint de calculer , pour la pre^ miere fois , l’état 'de sa fortune , et voyant qu’il ne lui restoit plus que deux millions ' de livres de rente , en un mot , craignant df. vivre dans la disette , il s’empoisonna*

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Sans lès eaux claires et nettes , et sur -tout vers les embouchures des rivières ; car les huîtres aiment l’eau douce , elles y engraissent beaucoup et y deviennent excellentes. Celles , au contraire , qui se trouvent fort éloignées des rivières 9 et qui manquent d’eau douce , sont dures , amères et d’une saveur désagréa¬ ble. Chez nous , on préféré les huîtres de Bretagne à toutes celles des autres côtes de France : celles de Saintonge passent pour être âcres : celles de Bor¬ deaux , qui ont la tête noire , sont d’un goût exquis J On dit cependant que celles d’Angleterre sont pré¬ férables à toutes celles de l’Europe, Le Chancelle*. Bacon dit que les huîtres de Colchester 9 étant mises dans des puits qui ont coutume d’éprouver le flux et le reflux de la mer, sans toutefois que l’eau douce leur manque , s’engraissent et croissent davantage. Presque toutes les huîtres qui se débitent à Paris ± 'excepté les vertes , ont été draguées à Cancale en Bretagne.

Quoique les huîtres ne soient pas généralement du goût de tout le monde , l’opinion commune est qu’elles aiguisent l’appétit ( irrhamentum gulœ) , et provoquent les urines : elles se dissolvent à la vérité dans l’esto¬ mac , sans y produire beaucoup de chyle ; mais elles sont saines aux personnes d’un bon tempéraments cuites en fricassée ou en friture ou matinées , elles conviennent également à presque toutes sortes d’esto¬ macs. .Les Scorbutiques s’en trouvent très-bien. Ga prétend qu’elles excitent à la luxure.

Gn fait usage des écailles de Yhuître , non calcinées ou calcinées (celles-ci sont à préférer) etp orphyrisées 9 pour absorber les acides de Festomac. On en fait une excellente chaux pour cimenter , et dont on se sert aussi pour engraisser certaines especes de terre. On en fait une excellente eau de chaux très-effigie pour guérir la gravelle et même dissoudre le caRil de la .vessie 5 lorsqu’il n’est pas d’une nature trop dure et tenace ; mais il faut joindre à son usage celui du savon çt’ Alicante : pour cet effet , dit M. Bourgeois , on prend matin et soir un gros de ce savon , et on boit par¬ dessus un verre de quatre onces d’eau de chaux d’écailies $kum$ ; on injecte en même temps de cette eau de

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chaux dans la vessie pour accélérer la dissolution du calcul. Notre Auteur prétend que ce remede est beau¬ coup plus sûr que celui de Mademoiselle Stephens . On trouve souvent dans la terre des écailles d 'huîtres plus ou moins altérées , et dans différens états de dureté. . Voyt{ Falun et Fossiles.

HÜITR1ER , pi. enl. 929 ; en latin , Ostralega a C’est un oiseau d’un genre particulier , et seul de son espece : il vit sur les bords de la mer , sans jamais fréquenter le rivage des eaux douces ; il a été observé dans un grand nombre de contrées différentes , tant de Fanciem que du nouveau Continent ; le nom A’huîtrîer lui a été donné , parce qu’il vit principalement d "huîtres ; il se nourrit aussi de patelles ou lepas , et probable¬ ment de différens autres coquillages : c’est le preneur d3 huîtres 9 de Catesby : on Fa encore appelé pic de mer , à cause du blanc et du noir qui sont les couleurs de son plumage , et parce qu’il crie souvent d’une voix aigre, à la maniéré des pies , sur -tout quand il se trouve avec plusieurs oiseaux de son espece. On Fa aussi nommé bécasse de mer ; mais rien9 dit M. Mauduyt , ne peut justifier cette dénomination impropre. Vhuîtrhr a. trois doigts devant et point par derrière ; les doigts garnis , sur les côtés , d’un rem» flemcnt de la peau qui forme une sorte de bourrelet ; le doigt du milieu réuni avec l’intérieur par une mem¬ brane qui s’étend un peu au-delà de la premiers arti¬ culation ; les pieds sont courts et gros ; la partie inférieure des jambes est dégarnie de plumes ; le cou » et le bec sont fort longs ; le bec aplati sur les côtés et beaucoup plus épais qu’il n’est large , ressemble assez bien à un coin ; les ailes sont fort longues ; la tête est grosse ; le cou , quoique long , est épais ; le corps , plein , ramassé et couvert de beaucoup de plumes.

Cet gkpu est ^e *a grosseur d’une corneille ; sa longuetm totale est de seize pouces ; son envergure est de deux pieds sept pouces et demi ; la tête , la gorge , le cou , le haut du dos , les plumes scapu¬ laires , sont d’un noir foncé il y a une tache blanche au-dessus de chaque œil au-dessous de la gorge , une bande blanche , étroite , qui forme un demi- collier ; les ailes sont d’un noir-brun 3 coupé par une

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fcande blanche ; les pennes de la queue sont blanches 9 terminées de noir ; le reste du plumage est d’un blanc éclatant ; l’iris est jaune ; les paupières sont d’un rouge vif et orangé , le rouge est moins vif sur le bec qui est jaunâtre par le bout ; les pieds sont de couleur de sang , et les ongles , noirâtres.

Vhuîtrur se tient sur les falaises , les galets et les récifs : quoique ses pieds ne soient pas palmés , il se met cependant à l’eau et ne redoute point les flots qui 9 à la vérité , le ballottent , et auxquels il se laisse entraîner ; mais il a le pouvoir de regagner la terre à volonté ; il fréquente beaucoup plus les côtes Occidentales de l’Angleterre que celles de la France : la ponte est de quatre ou cinq œufs qu’il dépose sur le sable des dunes , à nu , et de préférence , dans les endroits il y a beaucoup de débris de coquilles ; il ne couve que quand le ciel est ombragé ou pluvieux ; dans les beaux jours , les seuls rayons du soleil échauffent les œufs ; l’incubation est d’en¬ viron vingt jours : les petits , peu de jours après qu’ils sont éclos 9 n’ont encore qu’un duvet noirâtre ; ils se traînent sur le sable , bientôt ils courent entre les herbes et les joncs , parmi lesquels ils se cachent.

HULOTTE. Voyei Farticle Huette.

HUMAIN , Humanus . Animal désigné par le mot homme ; V oyez ce mot .

HUMANTIN, Squalus ( Centrina ) pinnd anali nullâ > àorsalibus sptnosis 9 corpore subtriangulari , Linn. ; Arted. ; Vulpecula , Belon ; Centrina , Rond . ; Salv. ; Willugh. Poisson de la section des Chiens de mer qui ont des trous aux tempes 9 mais sans nageoire derrière F anus. La forme triangulaire du humantin , distingue assez ce poisson , dit M. Broussonet , de tous les autres de cette famille : l’ouverture de la gueule est très- petite^ les nageoires dorsales sont grandes , et la secoîfÜ est située à l’aplomb des abdominales , maintenues chacune par un rayon osseux très-fort , pyramidal 5 très-piquant ; sa peau est roussâtre et rude comme une lime. Le humantin , qui se voit dans notre Cabinet , est long de deux pieds et demi * il a été pris dans la Méditer¬ ranée 9 près du port de Cette : ce poisson vit dans la yase 3 et , c’est peut-être -aussi ce qui lui a fait donner *

A$a H U M ,

tet particuliérement en Provence 3 le nom de fôrt 'M pier ; en Italie pesce porco ; sa chair est très-dure ; il es t presque impossible d’en . manger : on fait de l’huilé ;de son foie. Voye\ l'article Chien de mer.

HUMBLE. Voyci Umble-Chevalieel HUMUS. On donne ce nom à la couche univer¬ selle de terre végétale qui sert d’enveloppe à notre globe : au moins , elle couvre la surface des conti¬ ens terrestres 5 environ jusqu’à demi-pied de pro- 'fondeur : elle est formée , en grande partie , de terre proprement dite , et de la décomposition des subs¬ tances étrangères ; communément de la pourriture 'des végétaux , et de la destruction des animaux. Cette douche de terre , la plus extérieure du globe > est une espece de terreau naturel.

M. de Buffon dit ( Hist. nat . des Minéraux ) a que cette même terre n'est peut-être pas en moindre quantité sur le fond de la mer , les eaux des ruisseaux «, des rivières et des fleuves la transportent et 3a déposent ,de tous les temps et continuellement , sans compter' 'celle qui doit également se former des détrimens de tous les animaux et végétaux marins. Mais , pour ne parler ici que de ce qui est sous nos yeux , nous verrons que cette couche de terre productrice et féconde, est toujours plus épaisse dans les lieux abandonnés à la seule Nature , que dans les pays habités ; parce que cette terre étant le produit des détrimens des végétaux et des animaux , sa quantité ne peut qu’augmenter par-tout l’homme et le feu 9 son ministre de destruction , n’anéantissent pas les êtres vivans et végétans dans ces terres indépendantes de nous ; la Nature seule régné , rien n’est détruit ni consommé, d’avance : chaque individu vit son âge: les bois 9 ap:j|g|! d’être abattus au bout de quelques années s’élë^flft en futaies , et ne tombent de vétusté que dans la suite des siècles 9 pendant lesquels leurs feuilles , leurs menus branchages et tous leurs déchets annuels et superflus , forment à leur pied des couches de terreau qui bientôt se convertit en terre végétale , dont la. quantité devient ensuite bien plus considérable par la chute de ces mêmes arbres trop âgés. Ainsi 9 d’année en année 3 et bien plus encore 9 de siècle

HUN H U P ’iÿi1

iïècîe , ces dépôts de terre végétale se sont augmentés par-tou t rien ne s’opposoit à leur acumttjarion* La couche de terre végétale ( V humus ) èst plus mince sur les montagnes que dans les vallons et les pîaiiies , parce que les eaux pluviales dépouillent les sommets et les pentes de ces éminences , et entraînent le limon qu’elles ont délayé ; les eaux coulantes le châtient et le déposent dans leur lit, ou le transportent jusqu’à la mer ; et , malgré cette déperdition continuelle des résidus de la Nature vivante , sa force productrice est si grande , que la quantité de ce limon végétal aug- Bien ter oit par-tout , si nous n’affamions pas la terre par nos jouissances anticipées et presque toujours immodérées. Comparez , à cet égard , les pays très- anciennement habités , avec les contrées nouvellement découvertes ; tout est forêts , terreau, limon, dans celles-ci ; tout est sable aride ou pierre nue dans les autres. Les sables brûlans de l’Afrique et de l’Arabie , les sommets nus des hautes montagnes , les régions polaires , telles que Spitzberg et Sandwich , sont les seules terres la végétation ne peut exercer sa puissance , les seules qui soient dénuées de cette couche de terre végétale , qui fait la couverture et produit la parure du globe. »

La couleur de V humus varie , elle est communément d’un brun-noirâtre : mais après que Y humus a été cal¬ ciné dans le feu , elle par oit blanche , à moins qu’il ne se trouve quelques parties métalliques qui puissent colorer ou masquer toutes les particules terreuses. \Voye i le mot Terre.

HUNEN-PAO. Nom qu’on donne , en Chine, à î’espece de Y once. Voyez à Y article Panthère.

HÜ'PPE,. Crista plumea . Se dit d’une partie du plu* mage des oiseaux , qui est composée de plumes plus longues que celles qui les entourent , et qui sont placées sur le dessus ou le derrière de la tête. C’est un ornement naturel et particulier à certaines es¬ peces , et toujours plus volumineux dans les mâles que dans les femelles. La plupart des oiseaux qui ont une huppe , ont la faculté de la relever et de l’abaisser, suivant quïlssont affectés de quelque sen¬ sation vive ; ce n’est que dans l’état de repos , ou

*9* H U P

lorsqu’ils volent , qu’ils la tiennent baissée. Cet ©r« nement varie beaucoup pour la configuration : il y a des oiseaux dont la huppe est toujours fixe et dont la position ne varie jamais. Voyt ç V article Oiseau.

Huppe , ou Putput , ou Pupu , ou Lupoge ; c’est la bécasse d'arbre de quelques-uns ; en latin , V pup a* La huppe , pl. enl. 52 , est un fort bel oiseau de pas¬ sage , nommé ainsi à cause de la huppe de plumes qu’il a sur la tête , ou à raison de son cri ordinaire. La huppe pese environ trois onces ; elle n’est pas tout -à- fait si grosse que le merle ; elle a depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité de la queue , onze pouces de longueur ; son envergure est de dix-sept pouces ; son bec est de deux pouces , effilé , pointu , un peu voûté et noirâtre ; l’iris de ses yeux est de couleur noisette ; sa tête est ornée ou couronnée d’une très- belle huppe, très -ample, haute de près de deux pouces , composée d’un double rang de petites plu¬ mes , dont la couleur est d’un roux lustré , éclairci vers le bout , noires à leur extrémité , et qu’il peut redresser ou abaisser à son gré ; le reste de la tête , la gorge , le cou et la poitrine sont d’un gris-vineux ; le haut du dos et les petites couvertures des ailes sont d’un gris pur et sans mélange ; le bas du dos , les plumes scapulaires , les moyennes et les grandes couvertures des ailes sont variées alternativement par de larges bandes, les unes d’un brun-noirâtre, les autres d’un bianc-roussâtre ; le croupion est blanc; le dessus de la queue , noirâtre ; le ventre , les côtés, les cuisses et le dessous de la queue sont d’un gris- blanc et roussâtre ; le noir est la couleur dominante sur les pennes des ailes et de la queue ; mais elles sont traversées par des taches blanches , qui forment sur les ailes pliées cinq zones , et une seule sur la queue, mais fort large; les pieds et les ongles sont bruns.

La huppe arrive, dans nos contrées, au printemps, et part à la fin de l’été ou au commencement de l’automne , pour passer l’hiver dans les pays Méri¬ dionaux : ces oiseaux sont alors en grand nombre en Egypte ; on les a observés au Cap de Bonne- Espé¬ rance et à Madagascar ? mais ils y sont plus petits.

Nous

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Ho lié âvônê vu , dans la belle saison * huppe èri Angleterre , en Allemagne ; et il paroît que cet oH &eau se porte , en été » très-avant vers le Nord l’Europe : on ne la voit jamais voler en bandes , pas même à son arrivée ou à son départ ; elle cherché les prairies et les terres fraîches et arrosées, ou elle trouve plus facilement les vers et les insectes dont elle $e nourrît ; elle fréquente aussi les lieux élevés ? quand elle y trouve ou des chutes d’eau et de la vasë dans laquelle vivent des insectes , ou des terrains sa¬ blonneux et légers qui conviennent à quelques es¬ peces de scarabées pour lesquels elle a du goût : elle fait sa ponte dans des creux d’arbres , dans des. fentes de murailles 5 ou dans des trous de rochers j Aristote dit que la huppe construit son nid d’ordures ^ et qü’elle l’enduit d’excrémens humains ; et c’est pro¬ bablement d’après cette indication * transmise jusqu’à' nous , que sont dûs les noms de putput , ou pupu i ou coq-mer deux Ou puant u’On a donnés à la huppe ± et qu’elle ne paroît mériter à aucun titre. Dans nos climats , la femelle dépose ses œufs sur la poussière ou le terreau , dont les troüs sont ordinairement couverts 5 rarement y ajoute-t-elle * elle pond com¬ munément quatre à cinq œufs ; ils sont de couleur grisâtre : quelques Auteurs prétendent qü’elle fait jus¬ qu’à trois pontes par an* La chair de la huppe , à qu’assurent ceux qui n’ont point de prévention 9 est d’un goût agréable et fort délicat.

La huppe est un oiseau méfiant et qifori prend diffi¬ cilement 5 à quelque piège que ce soit ; mais on l’ap¬ proche de près et on le tire aisément : les jeunes s’élèvent sans beaucoup de soins , en les nourrissant de viande crue ils deviennent très-familiers 9 et sont susceptibles de quelque attachement.

Le savant Aldrovàndt , curieux de savoir par quel moyen la huppe peut élever et abaisser sa crête à, son gré 5 a disséqué une tête de huppe , et y a trouvé un muscle qui lui a paru unique , cutanée et fibreux ^ en maniéré de parmicüîé charnue , naissant la basé du crâne , plus charnu dans Soit principe à la partie inférieure vers le front , plus membraneux à la pa#t là- supérieure vers le sommet de la tête* dans lequel leâ

Tome VIT

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plumes de la tête sont implantées assez profonde^ ment : quand on tiroit ce muscle vers le sommet de la tête , il redressoit la crête ; et quand on le tiroit du côté opposé , vers le bec , il l’abaissoit.

Les Auteurs ne donnent qu’une propriété notable à la huppe , qui est d’être très-bonne contre la colique, prise en substance ou en bouillon.

On distingue deux autres huppes. Il y a : La huppe notre; c’est le bouvreuil huppé d’Amérique , de M. Brisson ; Voyez à F article Bouvreuil. L’autre est du genre de la huppe , et s’appelle la huppe noire et blanche : elle se trouve à Madagascar , au Cap de Bonne-Espérance et à l’Xsle de Bourbon. Cet oiseau est plus grand que notre huppe ; mais son bec est à proportion plus court ; ses jambes , au contraire , sont plus longues et bien plus grosses , ainsi que son bec ; son aigrette a très-peu de diamètre , et est d’un blanc-gris ; le plu¬ mage antérieur et celui du dessous du corps est d’un blanc lavé de gris ; le reste est d’un brun-noirâtre ; il y a une tache blanche sur le milieu de Faile pliée ; le bec , les pieds et les ongles sont d’un jaune Foncé. A l’égard de la huppe de montagne. Voyez à Y article Sonneur.

HUPPE-COL de Cayenne , pL enl . 640 , fig. M. de Buffon donne ce nom à un petit oiseau-mouche , qui se trouve à la Guiane ; il y a au haut du cou sept à huit plumes étroites , dont les deux du milieu qui sont les plus longues , ont plus de six lignes de lon¬ gueur , et forment une espece d’éventail , que l’oi¬ seau peut ramener en devant en les épanouissant à sa volonté ; elles sont roussâtres à la base et d’un vert d’émeraude à leur extrémité; les plumes du dessus de la tête sont alongées , d’un marron foncé , et for¬ ment une espece de huppe en pointe ; les côtés du cou sont de la même couleur ; le dessus du corps est d’un vert-surdoré , coupé en travers par une bande blanchâtre ; la gorge et le dessous de la queue sont de cette derniere couleur ; le devant du cou est d’un vert d’émeraude , changeant en couleur d’or , mais teint de gris au ventre ; les pennes des ailes sont noi¬ râtres ; le dessus de la queue est d’un vert chatoyant Je cuivre de rosette ; le bec est brun , noir à la pointe j

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les pieds sont noirâtres : la femelle n’à de huppe ni sur la tête , ni sur le cou.

HUR ou Sablier , Arbor fructu crepitans . C’est un très-bel arbrisseau que l’on a transporté des Indes dans l’Amérique. Les habitans des Indes Occidentales, Espagnoles , Angloises et Françoises cultivent cet arbrisseau , dans leurs jardins , par curiosité. Il s’élève à la hauteur de quatorze à seize pieds , et se divise vers sa cime en plusieurs branches couvertes de larges feuilles dentelées par les bords : ses feuilles ainsi que les jeunes branches sont vertes et remplies d’un suc laiteux 9 qu’elles répandent lorsqu’on les coupe ou qu’on les écrase. Sa fleur est composée d’une seule feuille en forme d’entonnoir, et légèrement découpée en douze parties. M. Deleu^e dit que ce qu’on appelle une feuille , est, selon M. Llnmzus 9 non un pétale, mais le pistil des fleurs femelles, qui sont sans calice ni corolle : les fleurs mâles qui naissent sur le même pied9 sont en chatons : le fruit du hura est globuleux , un peu large , gros comme une orange 9 et divisé également en douze segmens 9 qui contiennent chacun une semence plate : on voit de ces fruits dans les Cabinets de tous les Curieux. Si on laisse mûrir parfaitement le fruit sur cet arbrisseau 9 la chaleur du soleil le fait crever avec une explosion violente ; ce qui fait disperser ses semences à une grande dis¬ tance. Ces graines étant vertes 9 sont purgatives par haut et par bas. On fait 9 aux Indes Occidentales , de l’écorce de ce fruit , de petits vaisseaux à mettre la poudre que l’on répand sur l’écriture pour la sé¬ cher. Le hura est le sand-hox-tne des Anglois. On l’appelle improprement noyer de la Jamaïque ; c’est peut-être Y arbre du diable . Voyez ce mot,

HURE 9 se dit de la tête coupée de quelques ani¬ maux : on dit hure de sanglier ( Aprugnum caput ) , hure de saumon 9 etc.

HURIO ou Huso ; c’est le hause des Allemands , ou Y esturgeon du Borysthene. Voye 1 F article Esturgeon.

HURLEMENT, Ululatus , Se dit du cri lugubre et prolongé que jettent plusieurs animaux carnassiers , et spécialement les loups , lorsque la faim les presse, et quelquefois lorsqu’ils sont en rutj les loups hurlent

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ï9S H U R HTA

Sur-tout la nuit, et c’est duraittl.es nuits d’hiver qifoM, les entend le plus hurler. Le chien 5 lorsqu’il a perdu son maître pousse aussi un cri gémissant et doulou¬ reux , qui est une espece de hurlement. Voyez les articles Chien, et Loup.

HURLEURS, Singes hurleurs. Voyt[ les articles Ouarine et Alouate.

HUTLA. Nom donné par quelques-uns à la petite espece eYagouty. Voyez ce mot ,

HUTTEN-NICHT. Les Fondeurs Allemands appel¬ lent ainsi une poussière qui s’attache dans la cheminée des fourneaux de la fonte du plomb , provenant de la fumée des mines : elle contient ordinairement du plomb 5 du cuivre et de l’argent mêlés de parties arse¬ nicales et sulfureuses. On enleve cette espece de cadmie tous les trois mois,’ et on la met à profit.

HYACINTHE , Eyacinihus-gemma . Est une pierre précieuse, d’un rouge tirant sur le jaune , diaphane , ignéscente, plus légère et moins dure que le grenats cette espece de pierre précieuse varie pour le degré de dureté, la teinte , la transparence , le volume, la configuration et la pesanteur spécifique : on les dis¬ dingue en Orientales et en Occidentales , et on les évalue sur le pied des améthystes.

U hyacinthe Orientale est d’un jaune - rougeâtre qui tient un peu de, la couleur écarlate, de la cornaline et du vermillon , un peu moins du rubis que du grenat parce quron y distingue, au moyen du spectre solaire, une légère nuance de violet-colombin. Cette hyacinthe est resplendissante et reçoit un poli vif : on lui donne le nom de belle hyacinthe du ds hyacinthe la belle , quand elle est d’une grande limpidité , d’une couleur orangée ou aurore, tirant sur le ponceau : on la trouve en Arabie , en morceaux de la grosseur d'un pois et quelquefois de la grosseur d’une aveline. On la ren- €ontr%ê’ocore près de Cananér , de Calecut et de Cambaye : sa cristallisation est en prisme oblong ^ tétraèdre , terminé par deux pyramides courtes , té¬ traèdres , égales , dont les faces répondent aux angles du prisme. Les Lapidaires et les Amateurs recher¬ chent celle dont la couleur tient quelque chose de la flamme rouge et jaune du feu , ou d9ua beau jaune

HTA H T B ï$f

fie safran, ( qui est un jaunè-rougeâtre), bien dé¬ lavée, sans points ni noirceurs : sa pesanteur spéci¬ fique 3 à Fégard de l’eau , est dans la proportion d@ a 63 ï à 1000.

Ylkyacinthz' Occidentale est moins dure et moins éclatante que la précédente ; elle a une couleur plus, safranée ou orangée ; elle tire un peu sur la fleur d@ souci ou de jacinthe : les Portugais nous rapportent du Brésil. Elle est en cristaux prismatiques , quadrila¬ tères , terminés par les deux bouts en une pyramid® également quadrilatère.

Dans le commerce 5 on en voit de jaunes et de Hanches- jaunâtres , claires comme le su'ccin ? de lai¬ teuses comme l’émail 9 d’un jaune grené comme 1@ miel ; ce qui les fait appeler par les Marchands % hyacinthes suçâmes 9 ou cP émail , ou miellées ; elles sont tendres 3 mal nettes , et leur teinte soutient peu le feu. On nous les envoie de Silésie et de la Bohême : les Lapidaires les taillent à facettes , de maniéré à en cacher les défauts. Il y en a aussi dont la teinte est foncée', qu’elles paroissent demi-opaques.

Ce que Ton appelle hyacinthes de Comf os telle , ne. sont que des cristaux de roche , opaques , de couleur rouge de brique , en pyramides hexaèdres par les deux bouts. On les trouve en plusieurs provinces d’Espagne et en Portugal , mais notamment à Ville— îojosa, province de Valence. Il y en a de rougeâtres, de laiteuses , de fauves et de blanches transparentes, chacune dans une matrice gypseuse et de la mêm© nuance que ces cristaux.

L'hyacinthe, est un des cinq fragrnens précieux t Voyet

€t mGt0

Hyacinthe , plante. Voye. r Jacinthe.

HYACOU , c’est Yyaçou.

HYÂDES. Voyei à Tarticle Constellation.

HYÂLOIDE. C’est un morceau de cristal dur et arrondi , qu’on trouve sur les bords de la riviere des

Amazones.

HYBOUCOUHU. C’est un fruit de l’Amérique , de la figure et de la grosseur d’une datte , mais qui n’est, point bon à manger. Les habitans en tirent un© falile qu ils conservent dans un vaisseau fait d’uîi

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fruit creusé , et dont on retire la cH&ir ftômmeé carameno en langage Indien. Cette huile est particu¬ liérement employée pour une maladie du pays , qui provient d’un grand nombre de petits vers de la grosseur des cirons , lesquels s’amassent sous la peau ^ et forment des tumeurs cuisantes , grosses comme des fèves , et qui causent des accidens fâcheux. Voyc^ Draconcule. Cette huile est encore nervale et propre pour fortifier les membres fatigués , même pour mondifier les plaies et les ulcérés.

HYDNE ou ÉRINACE 9 Hydnum ; Fungus erinaceus Nom d’un genre de Champignons à chapeau pédiculé , horizontal , ou en forme de chapeau garni en-dessous de pointes séparées et en alêne. Il y a : Uhydne im¬ briqué , {imbricatum) ; il est large comme la main, et vient par groupes. L 'onde ou s inné en ses bords , ( repandum ). U entonnoir ( cyathiforme ). Le cotonneux, ( tomentosum ). Le cur e-pr cille , {auriscalpiumy* Voye& maintenant Ÿarticle Champignon.

HYDRE , Hydra . La plupart des Ecrivains donnent ce nom à un serpent à sept têtes , dont l’existence paroît absolument contre l’ordre de la Nature. Ce¬ pendant Séba en décrit un qu’il dit avoir été vu en 1720 à Hambourg, et qu’on proposoit à acheter au prix de dix mille florins. Conrad Gesner dans son Histoire des animaux , Liv. IV, pag. 459 , représente aussi une hydre à sept têtes , avec deux pattes et la queue bouclée. Il raconte que cet horrible serpent aquatique à sept têtes fut apporté de Turquie à Ve¬ nise en 1530 , qu’il fut exposé publiquement à la vue de tout le monde, et qu’ensuite il fut envoyé au Roi de France : on ne l’estimoit pas moins de six mille ducats. Nous ne finirions pas , si nous prétendions rapporter de semblables exemples sur Yhydrc ; mais ils ne présenteroient qu’un tissu de fables et de fictions , semblable à ce qu’on a rap¬ porté de F hydre qui infestoit les marais de Lerne , proche de Mycene , qui multiplioit à mesure (\vl Her¬ cule la détruisoit , et qu’il faut reléguer parmi ces êtres fantastiques qui n’existent que dans l’imagina¬ tion des Poètes.

Plusieurs Auteurs disent avec plus de vraisemblance

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que Vkyln est un serpent aqfiatique ~ Hydfus 9 qui se trouve dans des lacs , dans les marais et rivières ; c’est le serpent d’eau de l’Inde 9 Natrix Indiens , qui vit sur la terre et dans l’eau : il ressemble à un petit aspic terrestre , mais il n’a pas la tête si large. On prétend que la morsure de ce serpent d’eau est dangereuse , qu’on en meurt en trois jours , après avoir souffert cruellement : les remedes ordinaires sont la thériaque , le mithridate , et particuliérement les alcalis volatils. D'Ablancourt dit que quand on en est mordu , le meilleur remede est de couper aussi-tôt la partie affligée , avant que le venin ait affecté les autres parties. Quant à notre serpent d' eau , il n’est aucunement dangereux. Voye^ au mot Char¬ bonnier.

M. Linnceus donne le nom d 'hydre au polype ver¬ dâtre de M. Trembley , qui se trouve aussi en Ûplande, province de la Suede , dans des fossés. Quand on le coupe en morceaux , il en renaît aùtant d 'hydres en¬ tières qui prennent vie. Voye ^ Varticlt Polype.

Les Voyageurs Hollandois donnent le nom d’ hydre d'eau à un poisson de la Zone torride , qui se trouve ordinairement aux environs de la Ligne , et qui est long de quatre à cinq pieds. Us disent que cet animal a tant de force dans les dents , que s’il saisit un homme par le bras ou par la jambe , il l’entraîne au fond de l’eau. Sa gueule est grande ; ses dents sont aiguës; on le prend avec un gros hameçon de l’épais¬ seur du doigt , l’on attache un morceau de chair ; mais c’est moins son goût qu’il faut consulter , que celui de certains petits poissons qui , dit-on, le pré¬ cèdent toujours , et qui vont sucer l’amorce avant que Y hydre y touche : s’il ne leur arrive aucun mal y alors Y hydre s’en approche hardiment , et s’accroche en voulant avaler l’amorce. Verhocum , Hollandois, dans son Voyage des Indes Orientales , en 1 607 , en rencontra beaucoup , et défendit aux équipages de se baigner , parce qu’on est souvent surpris par ces animaux. Quantité de ses matelots refusèrent d’en manger , d’autres en trouvèrent la chair fort bonne s ils leur ouvrirent le ventre pour en ôter les entrailles, qu’ils jetereut dans la mer , elles furent aussi-toc,

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dévorées par d’autres I hydres . L'hydre de Verhocum pa-* toit être un requin . Voyez ce mot.,

Hydre ( plante ) , Hydroceratophyllum 3 Vaillant,, On distingue deux especes ou variétés de ce genre de plantes monoïques. Quelques-uns leur donnent le nom de ccr ni fie ou cornille. 11 y a : L'hydre cornue et âpre , Ceratophyllum asperum aut demersum 3 Linn. 1409» Cette plante croît dans les étangs , les rivières et les fossés aquatiques de l’Europe., sous les eaux : sa tige est longue 5 très - rameuse ; ses feuilles découpées , vertes 5 rudes au toucher , verticillées , fourchues s nombreuses 5 très - rapprochées au sommet des ra¬ meaux ; les fleurs sont axillaires ; il y en a de mâles et de femelles ; la capsule est ovale , monosperme et chargée de trois cornes. L’espece à'hydre douce a Ceratophillum Iceve aut submersum , Lirai. 1409 ,• croît dans les mêmes lieux que la précédente , et elle lui ressemble beaucoup ; mais ses feuilles sont moins rudes au toucher; ses capsules sont lisses et sans cornes.

HYDROPHILE',' Hydrophîlus . Insecte aquatique et çoléoptere ? à antennes en niasse , perfoliées et plus, courtes que les antenhules : ses deux pattes posté¬ rieures sont en nageoires et velues. La larve de Yhy-* drophiU a six pattes écailleuses , et le corps composé de onze anneaux : elle est fort vorace , très-agile , et mange les autres insectes aquatiques.. Il faut prendre l’insecte parfait avec précaution : outre que ses m⬠choires pincent , il a encore sous le corselet une longue pointe très-piquante , qu’il enfonce dans les doigts en faisant des efforts pour marcher en reçu® lant ; ses étuis écailleux le rendent presque invulné¬ rable. Cet insecte dépose ses œufs , qui sont assez gros , daps une coque soyeuse que Ton rencontre assez souvent dans l’eau. M .Ddtv\t dit qu’on connoît quelques especes à' hydrophiles dont la plus grande a un pouce et demi de longueur , et est toute noire. JJ hydrophile est le grand scarabée aquatique. V oyez ce mot ,

HYDROSCOPE. Nom donné à ceux qui prétendent avoir la faculté de deviner et de voir l’eau qui est sous terre 9 soit coulante , soit stagnante : faculté qu’ita Me s’attribuent que par pure ch.ariatançp^

H' Y B H Y E iôr

HYDROTITE ou Enhydre. Géode qui contient de l’eau,

HYENE. C’est YHycem et le Glanus d’ Aristote 9 d’où quelques Ecrivains modernes ont formé le nom de G anus ou Gamins . L 'hyène est le Taxus porc inus s seu Hyczna Veterum 3 de Kœmpfer. On lit dans Porphyre que Ykyene s’âppeloit , aux Indes 9 Croçuta ; ce qui revient à ce que Pline dit du leocrocotte . Voyez ce dernier mot .

ïl n’y a point d’animal sur lequel on ait fait autant, d’histoires absurdes, que sur Ykyene ; nous n’allons présenter de cet animal que les faits les plus vrais 9 d’après M. de Buffon , pour la plus grande partie.

Uhyene a été confondue par plusieurs Voyageurs et plusieurs Naturalistes , avec d’autres animaux , tels que le chacal , Ja civette et le glouton ou goulu de, terre ; mais dont cependant elle difÇere beaucoup quoiqu’elle ait avec eux quelques rapports.

Uhyene est à peu près de la grandeur du loup ; mais son corps est plus court et plus ramassé ; elle a la tête plus carrée et plus courte que lui : ses oreilles sont longues, droites, nues; et ses jambes sur-tout celles de derrière 9 sont plus longues ; elle a les yeux. placés comme ceux du chien; le poil du corps estjong; sa longue crinière s’étend le long du cou et du garrot , de couleur grise-obscure , mêlée d’un peu de fauve et de noir , avec des ondes trans^ versales noirâtres. Uhyene est peut-être de tous les quadrupèdes le seul qui n’ait que quatre doigts , tant aux pieds de derrière qu’à ceux de devant : elle a sous la queue , comme le blaireau , une ouverture en forme de fente , et des glandes d’où sort une humeur d’une odeur très-forte. C’est cette ouverture 9 prise par quelques-uns pour l’organe de la généra¬ tion , qui a fait dire mal-à-propos que cet animal étoit alternativement mâle et femelle.

Cet animal sauvage , solitaire , carnassier et cruel ^ habite les cavernes des montagnes , les fentes des rochers , ou des tanières qu’il se creuse lui- même sous terre. Il est d’un naturel féroce, et quoique pris tout petit , il ne s’apprivoise pas. Il vit de proie 9 .fomme le loup; mais il est pîu§ fort , et paroît plus

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hardi ; il attaque quelquefois les hommes , se jette $ur le bétail 9 suit de près les troupeaux 9 et souvent rompt dans la nuit les portes des étables et les clôtures des bergeries : ses yeux brillent dans l’obscurité 9 et fan prétend qu’il voit mieux la nuit que le jour ; son cri , au rapport de Kœmpfer , témoin auriculaire , imite le mugissement du veau , ou les sanglots d’un homme qui vomiroit avec effort ; d’autres disent , les gêmissemens d’un enfant qui pleure.

Courageuse par nature , Yhyene se défend contre le lion , ne craint pas la panthère 9 terrasse Fonce : lorsque la proie lui manque , elle creuse la terre avec les pieds , et en tire par lambeaux les cadavres des animaux et des hommes , et s’en nourrit. On la trouve dans presque tous les climats chauds de l’Asie et de l’Afrique , sur-tout en Arabie* L’animal appelé farasse à Madagascar 9 par oit différer de Yhyene 5 que quelques-uns regardent comme le dubbah des Anciens*

On a remarqué dans les hyenes un singulier défaut 5 c’est qu’au moment qu’on les force à se mettre en mouvement , ces animaux sont boiteux de la jambe gauche , et cela dure environ pendant une centaine de pas , et d’une maniéré si marquée , qu’il semble que l’animal aille culbuter du côté gauche.

On doit mettre au rang des absurdités qu’on a débitées sur cet animal , qu’il sait imiter la voix humaine , retenir le nom des bergers , les appeler , les rendre immobiles , faire courir les bergeres , leur faire oublier leurs troupeaux 9 les rendre folles d’a¬ mour , etc. Tout cela 9 dit M. de Buffon 3 peut ar¬ river sans hyène.

On dit que l’on vit une hyene dans le Lyonnoîs et les provinces voisines , vers les derniers mois de 17^4 , et pendant 1755 et 1756. A ce sujet , le Pere Tltolomas \ Jésuite , donna une dissertation sur Yhyene s dans laquelle il a détaillé les absurdités dont nous venons de parler ; mais il ajoute , d’après Abraham Eckdhnsis 9 que Yhyene se prend très -facilement au son des inst rumens ; qu’au son de la musique 9 elle sort de sa taniere , se laisse caresser , et qu’on lui jette adroitement un licou et une museiiere : tout ceci dent bien encore des absurdités précédentes* Quant

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à Panîmal qui 9 lorsque nous écrivions ceci 9 exerçoit depuis plus cle quinze mois sa férocité sur les habitans du Gevaudan , et que Ton a désigné sous le nom q' hyène , il est à présumer que c’est un loup cervier , dont l’espece peut avoir multiplié. Voyez F article Loup, HYMANTOPE. Voyei Échasse.

HYPNE , Hypnum . Nom donné à un genre de plantes de l’ordre des Mousses garnies de feuilles, il y en a à feuilles distiques ; à rameaux vagues et sans ordre ; à rameaux pinnatifides , c’est-à-dire , disposés en maniéré d’ailes ; à feuilles réfléchies ou tendantes vers une seule partie ; à rameaux fascicules ; à jets et rameaux cylindriques ; à rameaux rassemblés. Les hypnes sont des mousses à urne chargée d’une coiffe 9 dont les fructifications sont anthériformes ; les anthères 9 latérales , et ne terminant point les tiges. Voyei ? article Mousse.

HYPOCÏSTE. Voye ç à F article ClSTE.

HYPOCRAS 9 Vinum .< aromatiies . Espece de boisson préparée avec du vin , du sucre , de la cannelle , du -girofle 9 du gingembre. On en fait aussi avec de î’eau et des essences.

HYPPOMANE VÉGÉTAL. Voyei Mancelinîer.

HYSOPE 9 Hyssopus . On distingue communément trois especes à'hysope ; mais comme elles ne different que par la couleur , la description d’une seule suffira pour les autres.

L’Hysope VULGAIRE 9 Hyssopus vulgaris , spicatus 9 angustifolius 3 flore c&ruleo 3 J. B. 3 , 274 ; Hyssopus ojflcinarum 9 ccerulea seu spicata 9 C. B. Pin. 217 ; Hyssopus ojflcinalis 3 Linn. 796. Elle pdusse plusieurs tiges qui s’élèvent à un pied ou un peu plus de hauteur : ses tiges sont droites 9 assez simples 9 garnies de feuilles longues 5 étroites , pointues 9 plus grandes que celles de la sarriette , souvent chargées de petits points noirâtres : ses fleurs sont en gueule ; la levre supérieure est échancrée 9 l’inférieure divisée en trois parties 9 dont la moyenne du le rabat est crénelée ; les étamines sont alongées et écartées : les fleurs naissent en maniéré d’épi , mais tournées toutes d’un côté , de couleur ou blanche ou bleue , ou rose *

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suivant Peôpécô ; il leur succédé des semences qui ont quelquefois rôdeur de musc.

On emploie cette, plante pour faire des bordures; dans les jardins , elle répand une odeur aroma¬ tique fort agréable , principalement avant qu’elle entre en fleuraison. Les Juifs la faisoient servir d’aspersoir pour les purifications. Elle est incisive , vulnéraire 9 fortifiante : oo la fait entrer dans le vin aromatique * propre à dissiper l’enflure des plaies : ce vin est utile aussi pour dissoudre le sang grumelé et extravasé* î/hyile $ hysope , par infusion , appaîse les déman¬ geaisons de la tête, et fait mourir la vermine, M. Bourgeois dit que l’herbe d 'hysope et l’eau distillée de cette plante , sont très-utiles et très-fréquemment employées par les Médecins contre l’asthme humoral. Cette plante est aussi d’usage contre les suppressions des réglés et des vidanges.

Hysope des Garïgues, Voye% Hélïantheme.

H. Y STÉR0LITHE , Hystera verra aut Hysterolithùsi On donne ce nom à des pierres figurées qui repré- sentent, les parties naturelles de la femme. V kyste™ rolithe , autrement dite pierre de la matrice , n’est % dit- on y que le noyau et l’apophyse d’une espece d’anomie ou de térébratule , appelée ostreo-pectinîu» La coquille se sera trouvée entrouverte du bec ou, de la charnière ; une matière limoneuse , liquide , y. sera entrée , et aura pris l’empreinte de l’intérieur de la coquille ; elle se sera ensuite durcie , et la coquille aura péri. On en trouve communément de, plus ou moins ailées et ventrues sur deux mon¬ tagnes , r.un^ voisine de Coblentz , et l’autre de. Catalogne : nous y en avons ramassé , ainsi qu’à Oberlafaustein 9 Electorat de Mayence , qui sont toutes ferrugineuses. 11 y en a aussi près du Château de Braubach sur le Rhin. M. Falconet croit que Yhystê - rolithe est la même pierre que celle que les Anciens, appel oient pierre de la rnere des Dieux , et qu’ils croy oient tombée du#cieî. Voye^ Térébratule.

HYSTRIGÎTE. C’est le hè^oard du porc-épic y animal nommé en grec et en latin Histrix .

HYVOURAHÉ. Dans le langage des Brasiliens J ce mot signifie une chose rare . Idhyvourahé est ua arbre de gaync. Voyez ce mot*

Jaaïâ. Nom que les Negres donnent au paletuvîai; des Africains. Les Ângl ois l’appellent mangrove. Vo ym ces mots . C’est le maugtlaar des Hollandois.

JABËBÏRETTE. C’est une espece de raie du Brésil i elle a îa queue longue ; ia couleur de dessus est d’im cendré -brun de dessous est blanche. Sa chair

est assez bonne : les Cayennois appellent le jabcbirette * raie bouclée . Voyez à V article Raie.

JABIRU. C’est la cigogne de la Guiane 3 de M. Frisson ; îe jabiru de Cayenne des fl, enl. 817 . Le jabiru \ dit M. Mauduyt , est le plus grand oiseau de la Guiane ; il se trouve également au Brésil. M. de Buffon a fait remarquer qu’une transposition dans les figures que Marcgrave a données du jabiru et du jabiru - guacu $ a induit en erreur les Auteurs qui n’ont parlé de ces oiseaux que d’après lui : c’est par cette erreur que M. Frisson transporte le bec du jabiru , qui est sa ticogne de la Guiane , au jabiru-guacu 0 qui est sa ci¬ gogne du Brésil ou le Nandapoa , Voyez ce dernier moré M. Bajon ( Mém. sur Cayenne , Tom. Il s p. 26$ s etc. ) paroit être tombé dans une autre méprise 9 dît M. Mauduyt ; c’est d’avoir appliqué au jabiru le nom de touyouyou 3 qui 9 d’après les Auteurs , et en parti¬ culier , d’après Barrere , appartient à un oiseau très- différent. Mais ce qui rend l’erreur de M. Bajon. très-excusable , c’est qu’il îa partage avec tous les François habitués à la Guiane , qui donnent au jabiru le nom Indien de touyouyou , peut-être à juste titre et d’après les Sauvages ; mais que Barrere applique mal-à-propos au nhanduaguacu de Marcgrave . Il est probable que le nom de touyouyou est celui du jabiru ^ dans la langue des Sauvages de la Guiane 9 et que le nhanduaguacu y auquel Barrere l’a mal-à-propos .rap¬ porté 9 ne se trouve pas dans cette partie de l’Amé¬ rique. Cette conjecture est d’autant mieux fondée d

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que le touyoïtyou de Barrere et des Auteurs d’après lui , Ou le nhanduaguacu de Marcgrave , a les ailes très- courtes , et qu’il ne sauroit voler. Mais on ne peut supposer avec M. Bajon , que Marcgrave , qui décrivoit sur les lieux , et les Auteurs qui ont parlé du nhandua- guacu , se soient trompés au point que le touyouyoït de la Guyane et le jabiru soient le même oiseau , comme le prétend M. Bajon . Telle est la réflexion de M. Mauduyt . Le touyouyou ne doit pas être confondu avec le thouyou . Voyez ce mot .

Le jabiru de Marcgrave est un oiseau scoîopace et imantopede ; on prétend que les Hollandois établis dans le Midi de T Amérique , l’appellent négro : il a le bec , les pieds et les ongles noirs. Ce grand bipede a tous les caractères de la cigogne ; il a quatre doigts à chaque pied , trois devant , un derrière ; mais son bec est beaucoup plus grand , plus épais , et il est légèrement recourbé en dessus ; le jabiru posé à terre sur ses pieds , a environ quatre pieds et demi de hauteur , c’est-à-dire depuis le bas du talon jusqu’au sommet de la tête sa longueur totale est à peu près de six pieds ; son bec a treize pouces de long , sur trois de large à sa base ; il est aplati sur les côtés , tranchant sur les bords , lisse , terminé en une pointe mousse , et comme nous l’avons déjà dit , légèrement recourbé en dessus , d’une substance cornée , dure et compacte ; le cou est épais , très-long , de la grosseur du bras d’un homme ; les deux tiers de sa longueur , ainsi que la tête, sont dégarnis de plumes , couverts d’une peau nue , noire dans la partie supérieure, et d’un rouge vif à l’inférieure , sur quatre à cinq pouces de hauteur ; tout le' plumage ,' y compris les pennes des ailes et de la queue , est blanc ; les grandes pennes des ailes sont plus grosses et plus fortes de tige que celles du Cygne; elles sont excellentes pour écrire: le bas des cuissejs est nu.

M. Bajon dit que cet oiseau ne quitte jamais les savannes noyées , qu’il y vit de poissons ; on nous a assuré qu’il est vorace et friand de serpens ; qu’il les coupe facilement par morceaux , avec son bec tranchant ; qu’il les rend plusieurs fois hors de son bec , pour les irçieux écraser ? et qu’il les avale en

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cet état. Le jabiru court assez bien , et il s'élève si haut , en volant , qu’il se perd dans les nues ; ïi

}>lace son nid au sommet des arbres les plus élevés ; a ponte n’est que d’un ou de deux œufs ; la femelle couve seule et a soin de nourrir les petits jusqu’à ce qu’ils soient en état de descendre du nid : le plumage des petits est d’abord d’un gris pâle; il a une tel rite de rose quand ils sont adultes , et n’est entièrement blanc que dans la troisième année ; il faut ajouter que les jeunes ont derrière la tête une touffe de plumes longues et étroites , d’un gris blanc * qu'ils perdent en vieillissant : les jeunes jabirus sont peu méfians , on peut les approcher et les saisir par les jambes ; leur chair est tendre, et d’un assez bon goût; celle des vieux est dure , et d’un goût huileux. JABIRU-GUACU. Voyt[ ci-dessus Jabiru. JÀBORANDI. Voyei Bois d’anisette.

JABOT 9 Ingluvies ; Colum. Poche membraneuse située près du cou des oiseaux et au bas de leur œso¬ phage : cette poche leur sert pour garder quelque temps la nourriture qu’ils ont avalée sans mâcher , avant que de la laisser entrer dans le ventricule 5 ou pour la rendre à leurs petits. Tous les oiseaux ont cette poche , mais elle varie de grandeur ; il suffit de considérer celle du pigeon, celle du cormoran, celle du héron , mais sur -tout celle du pélican* Voye{ l'article OlSEAU.

JÀBOTAPITA. Arbre du genre des Ochnas de Linnœus . Marcgrave et Pison le désignent ainsi : Arbor baccifera Brasiliensis 9 baccâ trigonâ , proliféra . Cet arbre se plaît sur les rivages 5 et a les mêmes propriétés du myrte.

JABOTÏERE. En quelques provinces c’est le nom de Voie.

JACÂ ou JACHâ. C’est un grandi arbre des Iodes Orientales , nommé au Calecut jaceros ; dans l’Inde Orientale , jaaca et jacqua ; et par d’autres , cacki. ciccara. Cest le Joaca de Parkinson , le Tijaca-marum de Mort. Malab. , le F ilma fructu acukato prodwnm de C. Bauhin , le Papa d’Acosta , le Saccus manca de Rumphius , le Nanca des Malaies. Il croît le long des taux au Makba? ? à Java et isLg Manilles *

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et s’élevê à la hautéur d’un laurier : son fruit ilili sur toute la longueur de son tronc et sur ses plu# grosses branches. 11 est plus gros qu’une courge , et même plus que tous les autres fruits connus : on eri voit qui pesent cent livres. Sa couleur est verte obs* cure : il a une grosse écorce dure et entourée de toutes parts de pointes qui semblent de diamant $ lesquelles finissent en une épine courte , verte 5 dont l’aiguillon est noir. Ce fruit étant mûr 5 rend une odeur si pénétrante 9 qu’on la sent 9 dit - on 9 de cent pas à la ronde ; il y en a de deux especes : Tun appelé barca , qui est de consistance solide ; c’est le meilleur s un autre 9 appelé papa ou gyrasal 9 qui est mollasse 9 c’est le moindre. Ces fruits sont blancs en dedans 5 la chair en est ferme et divisée en petites cellules pleines de châtaignes un peu longues et plus grosses que les dattes 9 couvertes d’une pelure grise 9 blanches en dedans comme les châtaignes communes ; d’un goût âpre et terreux étant mangées vertes ; mais étant rôties 3 elles ont très -bon goût. Toutes ces châ* taignes sont environnées d’une chair un peu visqueuse et assez semblable à la pulpe du durio . Le goût du barca ressemble assez à celui du melon ; mais ce fruit est de dure digestion 9 et il excite , quand on en mange souvent 9 une maladie pestilentielle , que les Indiens appellent morxu Au reste 9 ce#s châtaignes sont astringentes et prolifiques. Les Espagnols établis aux Manilles , nomment le fruit du jacha s nangeas 3 et les Chinois 9 po-lo*mye ; ils se servent d’une hache pour le couper 9 et en préparent les noyaux ou châtaignes , qui sont quelquefois jaunes comme de For , avec le lait de noix de coco .

JACAMAR., Galbula aut Balbulà . Nom d’un genre d’oiseaux 9 qui ne contient que deux especes , et qui toutes deux appartiennent aux contrées Méridionales du nouveau Continent. Les jacamars sont de la taille des martins-pêcheurs de moyenne grosseur , et ils ont quelque rapport avec ces oiseaux , par la brièveté de leurs pieds 9 par la longueur au contraire de leur bec 9 et par l’ensemble de leur conformation géné* raie ; mais le bec des jacamars est beaucoup plu* pointu % ü est très:droit 9 très-long et quadrangulaire :

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feu effet 9 il a quatre carnes ou angles fortement exprimés sur toute sa longueur : les pieds qui sont courts et foibles 9 ont quatre doigts , deux en avant et deux en arriéré : ies jacamars se nourrissent d’in¬ sectes.

Le 'Jacamar du Brésil , pl. cnL 238 ; il est très*» commun aussi à la Guiane. Sa longueur totale est denviron sept pouces ; ses ailes sont fort courtes ; la tête et tout le plumage supérieur sont d’un vert- doré à reflets de cuivre 4et rosette ; l’inférieur est d’un brun-roux ; dans quelques-uns la gorge est blan¬ che , cette différence dépend peut-être du sexe ou de l’âge ; la base du bec en dessus est garnie de plumes fines 9 roides , noires ; Fins est bleu ; le bec et les ongles sont noirs , les jambes et les pieds d’un jaune-verdâtre ; la langue est courte. On ne trouve les jacamars que dans les forêts , et c’est appa¬ remment ce qui leur a fait donner, par les François établis à la Guiane , le surnom de colibris des grands bois ; ils préfèrent les endroits humides et couverts. Ce jacamar vit seul et ne se réunit pas en troupe avec ses semblables , quoique plusieurs habitent en même temps assez près les uns des autres pour se rappeler et se répondre ; leur vol est rapide , mais court ; et on les voit souvent passer beaucoup de temps sur une même branche , sans se donner de mouvement ; c’est ainsi qu’ils guettent dans l’air les insectes qui passent à leur portée ; ils s’élancent dessus à propos.

Le Jacamar a longue queue de Surinam : c’est le martin-pêcheur à queue d3 hirondelle à3 Edwards. 11 est plus gros et plus grand que le précédent ; il a près d’un pied de longueur totale : sa queue seule a six pouces de long ; elle est composée douze plumes étagées , et les deux du milieu , sur-tout dans le mâle , dépassent les latérales de plus de deux pouces ; la tête est d’un violet sombre et rembruni ; la gorge et le devant du cou sont blancs ; le restedu plumage est d’un vert-doré sombre , foncé, qui, chez le mâle, offre des reflets aux couvertures supérieures des ailes et en quelques endroits du dos ; le bec , les pieds et les ongles sont noirs ? ainsi que le dessous des penne* Tome VIL Q

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des ailes et de la queue. Ces jacamars ont un en ou sifflement doux , qu’on ne distingue que de près ; leur vol est plus soutenu ; ils se montrent quelque¬ fois dans les lieux découverts , et ils sont ordinaire¬ ment appariés.

JACANA. Genre d’oiseau étranger dont on dis¬ tingue trois especes et quelques variétés , qui toutes fréquentent les bords vaseux des rivages et marais du nouveau Continent. Ces oiseaux ont la partie inférieure des cuisses dégarnie de plumes ; quatre doigts , tous séparés , minces et grêles ; trois en avant, un en arriéré ; les ongles arrondis , lisses, effilés , très-longs et terminés par une pointe aiguë ; l’ongle du doigt de derrière est aussi long que celui du doigt du milieu en devant. Le bec est droit et renflé vers le bout ; le front dégarni de plumes et couvert d’une membrane flottante et festonnée sur ses bords. Les jacanas ont quelque rapport avec les poules-d’eau , par la membrane" qui couvre le front ou le sinciput ; mais dans les poules-d3eau 9 cette mem¬ brane est unie et adhérente au front dans toute son étendue : les jacanas ont aussi quelque rapport avec les vanneaux et les pluviers ; car , indépendamment de la forme du bec , il y a des especes dans ces trois genres dont les ailes sont armées d’un éperon , comme celles du jacana ; mais les jacanas ont des pieds , des doigts et sur-tout des ongles qui les distinguent de ces autres oiseaux ; ils ne paroissent pas d’ailleurs voyager comme les vanneaux et les pluviers , et l’es¬ pece même est confinée toute entière dans les con¬ trées Méridionales de l’Amérique ; c’est d’après l’épe- fon , comparé à une lancette y dont le pli de l’aile des jacanas est armé , que dans les Colonies Françoises on a donné à ces oiseaux le surnom $e chirurgien . Cet éperon sert-il à l’oiseau comme arme défensive ©u offensive ?

Le Jacana brun du Mexique , pL enl . 322 ; c’est Je chirurgien brun de M. Bris son. Il se trouve égale¬ ment au Brésil , au Mexique , à la Guiane et même à Saint-Domingue ; sa grosseur est à peu près celle du pluvier ; sa longueur, du bout du bec à celui des ^ngles , e$t de près" de quatorze pouces 3 la membrane

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Su front est divisée en deux parties 9 arrondie , large de cinq à six lignes , et d’un rouge-orangé : il y % près de l’ouverture du bec , de chaque côté , une pareille membrane , mais petite ; la tête , le cou et tout le dessous du corps sont d’un noir-violet ; le plumage supérieur est d’un marron - pourpré ; les cuisses sont noirâtres; l’aile est composée de vingt- trois pennes. Sur le pli de l’aile est un éperon ou piquant , de substance cornée , arrondi , long de quatre lignes et demie , large de deux à sa base , jaune , incliné en dedans , et terminé par une pointe très-aiguë ; le bec est d’un jaune-orangé; le bas des cuisses , les jambes, les pieds et les ongles sont d’un cendré-verdâtre. Cet oiseau a le vol bas , mais ra¬ pide ; un cri aigu , semblable à celui de Y effraye : on voit ces jacanas par couples , et on les entend se rappeler quand ils ont été séparés : ils sont sauvages , ils fuient de loin 5 et il faut se cacher pour les surprendre ; 4 cependant M. de la Borde , Médecin à Cayenne , nous a dit que ces oiseaux s’approchent des lieux habités , et pénètrent jusque dans les fossés de la Ville il y en a toujours en été ; ils sont toujours maigres et leur chair n’est pas un mets fort estimé.

Le J AC AN A noir du Brésil ; c’est le chirurgien noir de M. Brisson : il est de la grandeur du jacana pré¬ cédent ; le ventre est brun ; les pennes des ailes sont vertes 9 et leur extrémité brune ; tout le reste du plumage est noir ; la membrane du front est rousse, et l’éperon des ailes jaune ; le bec d’un j aune- orangé ; les jambes 9 les doigts et les ongles sont cendrés. Ce jacana n’est peut-être qu’une variété du précédent.

Le Jacana - PECA ; c’est le jacana armé ou le chi~ rurgien de M. Brisson ; les Brasiliens l’appellent àgua** pecaca Il est de la grosseur d'un pigeon ; son front ou sinciput n’a point de membrane, mais est recou« vert de plumes ; et tout son plumage est d’un noir- verdâtre, excepté les pennes des ailes qui tirent sur le brun ; l’éperon des ailes est jaune-grisâtre.

Le Jacana varié , c’est le jacana du Brésil 9 pl. enL 846 ; le chirurgien varié de M. Brisson ; la pouk~d*eau aux aihs iperonnéts , d^Edwards; la foulquz êpih&use- 9 de

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Linnaeu* , Fulica sptnosa . Il est de îa grandeur du jacana brun ; la membrane du front est aussi d’un rouge-orangé ; l’éperon est de même 5 ainsi que le fond du plumage au-dessus du corps ; mais tout le plumage inférieur est d’un blanc terne , tacheté de rougeâtre irrégulièrement. Il paroît que le jacana. varié est la femelle du jacana brun ; l’un et l’autre se trouvent dans les mêmes contrées.

Le Jacana vert : il se trouve au Brésil. Il est de la grosseur d’un pigeon ; ses jambes et ses pieds sont d’un jaune-verdâtre ; ses ongles , d’un jaune pur; le bec est d’un rouge d’écarlate dans la première moitié de sa longueur , le reste est d’un jaune- ver¬ dâtre ; la membrane du front est d’un bleu clair ou de turquoise ; la tête , la gorge et le cou sont d’un vert foncé , changeant en violet , et chatoyant les couleurs de l’iris ; tout le reste du plumage est d’ua ïioir teint de vert.

JACAPUCAIO 5 Arbor nucîfcra Brasilunsis ,s cortice , fructu ligneo , quatuor nuces continens . Grand arbre qui se plaît dans les endroits marécageux du Brésil : son bois est fort dur ; ses feuilles sont comme torses ; son fruit est gros comme la tête d’un enfant : i’écorce de ce fruit est jaune et fermée vers sa pointe en fa¬ çon de boîte , par un couvercle qui paroît d’un arti¬ fice admirable , en ce qu’il se détache de lui- même lors de la maturité du fruit ; alors tombent avec lui des noix semblables aux mvrobolans chebules. On les mange rôties ; elles sont fort huileuses : i’écorce de la noix est employée à faire des gobelets ; le bois de l’arbre , pour des axes de moulins à sucre ; son écorce desséchée et pilée , sert à calfater les vaisseaux.

JACARA du Brésil, ou Akaré de Cayenne. C’est le caïman. Voyez 1* article CROCODILE.

J AC AR AND A de Pison . C’est un grand arbre qui croît naturellement au Brésil , et dont il y a deux especes : toutes les deux ont des fruits en capsule , qui sont d’une figure fort irrégulière , plus gros que le poing et alongé. Les habitans en font une espeçe de marmelade fort saine ; ils la nomment manîpoy. Ces fruits se mangent cuits 2 et passent pour un hou

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stômaduqtie. On se sert aussi d’une substance vent qu’il contient , au lieu de savon. Le bois de ces arbres varie ; l’un est blanc , et Fautre noir ; mais tous deux sont beaux , très-marbrés et fort durs : il n’y a que le noir qui soit odorant. Ces bois sont d’usage en marquéterie. Le jacaranda est peut-être la bignone du Brésil.

JÀCARD de B don; le jaccal de quelques Auteurs y le jackal des Levantins : c’est le chacal , Voyez ce mot . Quelques-uns veulent que le jakal vu en Guinée par Bosman , soit Yhyene tachetée de M. Pennant .

JÂCARINL C’est le tangara noir du Brésil , de M. Brisson ; le moineau de Cayenne , des pl. enl . 224, Jacarird est le nom brasilien de cet oiseau , qui se trouve aussi à Cayenne. M. Mauduyt dit que d’après la forme de son bec , c’est un moineau et non un tangara . Le jacarini est de la grosseur du cabaret ; tout son plumage est d’un noir lustré avec quelques reflets d’un violet foible ; les couvertures du dessus des ailes sont blanches; le bec et les pieds sont cen¬ drés. Sa femelle est entièrement grise. Ces oiseaux vont par paires ; ils fréquentent les terrains défrichés,’ et se tiennent particuliérement sur les -cafiers : les mâle sautille sans cesse et verticalement sur les bran¬ ches sur lesquelles il se perche , et chacun de ses sauts , d^t M. de Sonini , est accompagné d’un petit cri , et l’oiseau épanouit en même temps sa queue ; leur nid est hémisphérique , de deux pouces de dia¬ mètre , composé d’herbes seches; M. de Sonuv dit que la ponte n’est que de deux œufs; ils sont ellip¬ tiques , longs de sept à huit lignes, d’un blanc- ver¬ dâtre , et très -pointillé® de rouge, sur-tout vers le gros bout.

JÂCÉE , Jacta . Nom donné à plusieurs especes de plantes de l’ordre des Fleuronnées , La jacée vulgaire , Jacea vulgaris , et qui est également connue sous le nom à'ambrette sauvage , croît dans les prés secs et autres lieux herbeux et incultes , Jacea nigra pratmsis 9 laîifolia s C. B. Pin. 2,71 ; Ctntaurea jacea , Linn. I-283. Sa racine est ligneuse , vivace , fibreuse , d’une sa¬ veur astringente et qui cause des nausées. Les pre¬ mières feuilles qui sortent de laaracine, ont quelque

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diose de commun avec celles de la cîilcôrée. Sa tîgé est haute de trois pieds ou environ , ronde 5 droite y rougeâtre , dure , cannelée , rameuse et remplie de moëlie : les feuilles qui partent de la racine sont si- nuées et dentées ; celles qui sont placées sur la tige sont nombreuses, sans ordre, oblongues , découpées et verdâtres. Des aisselles de ces feuilles il s’élève de petits rameaux , garnis de petites feuilles sem¬ blables aux précédentes ; ils portent à leur sommet une, deux ou trois fleurs à fleurons, en tuyaux pur¬ purins et fort serrés. A ces fleurs succèdent des se¬ mences rougeâtres oti grisâtres , garnies d’aigrettes 9, et portées par un placenta garni de longs poils.

Les Italiens mettent cette plante parmi les vulné¬ raires , et ils l’appellent herba delle faite : elle con¬ vient en gargarisme pour guérir les aphtes de 3a bouche , les tumeurs de la gorge , des amygdales et de la luette ; elle est encore utile pour les hernies» On peut l’employer, selon M. Deleu\e , pour teindre la soie en jaune.

Parmi les jacées ^ on distingue : Celle de Portugal qui est grande et toujours verte. Celle de Sicile ^ à feuilles de roquette , à fleur jaune , à tête épineuse. La jacée ailée ou de montagne , à tête blanche et en forme de pomme de pin, Jacea alata ; Centaurea montana , Linn» 1289 y sa î“acine est vivace : on en voit beaucoup ert- Suisse : on l’appelle barbeau de montagne , etc. La jacée bleue des blés , Jacea scgetum , est le barbeau des champs , plus connu sous îe nom de bluet ; Voyez ce mou U article Centaurée offre la liste des jacées .

Jacée Orientale. Voyï^ V article Beken.

JACHERE ou Guéret, Vtrvactütn . Les Agronomes nomment ainsi la partie des terres qui se repose al¬ ternativement tous les ans , qu’on n’ensemence point^ et qui restant sans produire pendant une année en¬ tière , sert cependant de pâturage aux bestiaux , par les herbes qui y croissent spontanément : en général 9 ces herbes n’offrent qu’une chétive pâture.

JACINTHE , ffyacinthus. La jacinthe est une de ces fleurs chéries des Amateurs de" la belle Nature , et elle le mérite à bien des titres : sa diligence ordi¬ naire à fleurir aux premiers jours du printemps , célé-

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rïtê qu’oft pôut augmenter ou retarder pour la tenir plus iong-temps sur le théâtre des fleurs ; son odeur suave et variée ; l’avantage qu’elle a de former un bouquet parfait d’une seule de ses tiges ; la constance de son état , qui ne dégénéré pas ; la facilité de se multiplier par ses oignons ; la grande diversité de ses parures ; enfin , sa propriété de végéter dans l’eau comme dans la terre ; tant d’avantages réunis ne peuvent la rendre que très-recommandable.

La jacinthe est originaire de l’Orient , et $e trouve aussi en Asie et en Afrique : sa beauté la fait recher¬ cher dans tous les pays ; les Amateurs Télexent au¬ jourd’hui en France, en Allemagne, en Flandres , en Angleterre , sur-tout en Hollande , et particulié¬ rement dans la ville de Harlem , oii cette plante est en grande réputation; aussi les Fleuristes Hollandois en font-ils l’objet d’un commerce assez important.

La jacinthe est composée d’un oignon , de racines fibreuses , de fanes , de tiges appelées hampes , de fleurs et de graines. L’oignon est une bulbe écailleuse et formée de différentes peaux , dont les unes cou¬ vrent les autres. Lorsque l’oignon a poussé ses racines , il fait paroître en dehors des feuilles qui , quoique inégales selon les especes, sont en général longues, étroites , luisantes , pliées en gouttières. Du centre de ces feuilles s’élève une tige à peu près ronde , luisante , sans nœuds , moëlleuse , plus ou moins forte , qui croît depuis trois jusqu’à douze pouces de hauteur et plus. L’extrémité de cette tige supporte les fleurs qui different en grandeur , en coloris et en nombre, suivant les diverses especes. Ces fleurs sont des tuyaux oblongs , évasés par le bout , ouverts et découpés en six parties , rabattus sur les côtés , comme aux lis ; ce sont les jacinthes simples. Â chaque fleur succédé un fruit presque rond et relevé de trois coins , qui contient des semences de la figure d’un pépin de raisin.

On divise les jacinthes , en simples et en doubles $ dans les doubles , le tuyau de chaque fleur contient plus ou moins de feuilles selon la beauté et Fespece. Toutes ces feuilles sont formées par les étamines, qui acquièrent de l’ampleur et se changent en pétales . II

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y a une gîànde diversité de couleurs dans ces jacinthes} il y en a de blanches, de bleues, de rouges, de cou¬ leur de rose ; le plus ou moins d’intensité dans les teintes ou demi teintes forme autant de variétés , que l’attention d’un Fleuriste intéressé met souvent à profit pour grossir ses catalogues. Certaines couleurs sont plus rares que d’autres dans certaines fleurs ; ce sont alors ces couleurs dont les Amateurs sont si curieux* On est parvenu , depuis quelques années , à découvrir la couleur jaune dans quelques jacinthes ; aussi en fait- on grand cas.

La grosseur d’un oignon et sa peau bien saine donnent plutôt un relief à la belle jacinthe , que les vices contraires ne sont des motifs suffisans pour la faire mépriser. Il faut qu’une belle jacinthe double porte. un nombre suffisant de fleurons sur sa tige; c’est-à-dire , quinze , vingt , ou au moins douze. Les fleurons doivent être grands , courts , unis , larges de feuilles , bien évasés , bien remplis ; ceux qui for¬ ment une houppe , tiennent un rang distingué. Les jacinthes simples ont aussi leur mérite , parce-qu’elles sont plus hâtives au moins de trois semaines que les doubles : les belles especes forment un bouquet «ntier agréablement tourné , lorsque trente , quarante ou cinquante fleurons sont disposés avec la plus agréable symétrie : elles ont de plus l’avantage de fournir une semence utile.

L’exposition la plus avantageuse pour placer les jacinthes 9 est celle du soleil levant ou du midi; elles y profitent de l’influence des rayons du soleil , soit directement , soit par réflexion. Les effets du soleil à $on midi sont si avantageux , qu’un Académicien de Londres a proposé de placer les espaliers contre un mur incliné à l’horizon environ de trente - quatre degrés , afin que les fruits ainsi exposés jouissent à plein des bienfaits du soleil à midi, moment oii il leur est le plus favorable.

La jacinthe ne demande à être arrosée que lors¬ qu’elle en a un besoin réel , et il lui faut de l’eau courante ; l’eau dormante lui est mortelle; Les Auteurs d’agriculture proposent bien des recettes différentes pour le mélange de terres propres aux jacinthes » Un©

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feompasition bien simple et très -bonne * c’est de prendre trois parties de terre neuve ou de taupinière , deux parties de débris de couche bien terreautés , et une partie de sable de riviere.

Une observation essentielle et générale pour la culture de' toutes les fleurs , c’est d’avoir beaucoup d’égard à la température des climats les fleurs ont pris naissance; car il est toujours à propos de leur en fournir une égale , ou d’en approcher autant qu’on peut par des attentions particulières , suivant le goût, les' facultés et les pays.

Le véritable temps de planter les oignons de ja¬ cinthe est tei«a£)is d’Octobre ; l’usage le plus ordi¬ naire est de les couvrir de quatre pouces de terre. On donne plus de profondeur à quelques sortes hâtives , et moins à quelques tardives, pour que les unes et les autres puissent fleurir en même temps. C’est sur¬ tout dans l’ordre élégant qu’un industrieux Fleuriste peut donner à ses jacinthes, en les plantant, que paroît son goût et son savoir : il mélange avec art les diffé¬ rentes especes; il les écarte, il les rapproche ou les associe de façon que toutes les couleurs se fassent valoir réciproquement , et brillent dans tout leur éclat. Pour conserver aux fleurs des jacinthes leurs couleurs , il faut les mettre à l’abri du soleil , sous une tente ou banne ; car sans cette précaution , l’ar¬ deur du soleil , dans son midi , rendroit tout d’un coup leur couleur pâle , et feroit passer les fleurs bien plus vite. Le soir , cet assemblage de fleurs pré¬ sente un spectacle enchanteur , et l’air en est agréa¬ blement parfumé.

Lorsque la saison passagère de ces fleurs est à sa fin , et que les fanes commencent à jaunir , on leve les oignons de terre , sans en séparer les caïeux ; opé¬ ration que l’on réserve pour le temps du plantages on enlève toutes les enveloppes chancreuses ; si quel¬ ques oignons sont altérés, il faut les nettoyer jus¬ qu’au vif.

Comme j’ai reconnu , dit l’Auteur du Traité des Jacinthes dont nous donnons ici un extrait, par plu¬ sieurs expériences , que les insectes sont la cause du mal ou l’augmentent , je mets ces oignons tremper

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dans de Peatt distillée de tabac ou dans îïfie îotti décoction de tanaisie ; je les laisse dans ce bain sa» Ip taire environ une heure , qui suffit pour étouffer les animalcules ;f et je laisse ensuite sécher ces oignons , ainsi cpe ceux qui sont bien sains , dans un lieu Men aéré , mais à l’ombre. Ensuite , je les enferme dans une boîte. Cette attention est suffisante pour la conservation des oignons que l’on veut planter en Octobre.

Si Pon a dessein de les planter plus tard , il faut alors les mettre dans une boîte remplie de sable fin 9 Keo desséché , et les mettre par couches alternatives de sable et d’oignons. Ces oignons ainsi préparés et gardés dans un lieu bien sec , peuvent ensuite être plantés dans les mois d’Âvril , de Mai et de Juin 9 pour donner leur fleur dans ceux de Juillet et d’Âoût» On ne doit pas néanmoins conclure de ce procédé , cjtfon puisse garder les oignons de jacinthes, comme les griffes ou pattes de renoncules et d’anémones 9 au-delà de l’année. La perte des oignons seroit le fruit des nouvelles tentatives que l’on voudroit faire sur cela.

Quand le nombre des caïeux oblige de les déta¬ cher des maîtres oignons , s’ils sont encore petits , on en forme des pépinières , et on les plante à un ou deux pouces de distance Tun de l’autre , sous un pouce seulement de terre : ce sont de jeunes enfans tout- à- fait semblables à leurs parens et doués des mêmes qualités. Si leur taille est avantageuse , on les distribue parmi ceux d’où ils ont été tirés ; dans ce nombre , l’oignon qui pese une once et demie , est celui qui fleurit, pour l’ordinaire , le mieux. Il y en a qui parviennent à peser jusqu’à deux onces et demie 9 ce qui est leur derniere grosseur ; et dans cet "état , ils peuvent encore fleurir cinq ou six fois. L’oîgnon fleurit ainsi un certain nombre d’années , parce que plusieurs germes qui étoient dans l’oignon se déve¬ loppent chacun à leur tour, jusqu’à ce qu’enfin il en soit entièrement privé. On dit en avoir vu quelques- uns qui ont duré jusqu’à treize ans.

On peut dire en quel que sorte que l’oignon de ja¬ cinthe ne périt pas de vieillesse , puisque , tout usé

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£ju1î est îî rajeunit dans sa postérité. Cette vertu productrice est surprenante ; chaque peau , et même chaque partie de peau paroît la posséder. On ob¬ serve en effet qu’une peau se séparant par la force de la croissance ou par une incision , les parties sé¬ parées forment ensuite de petits oignons. Cette ob¬ servation a indiqué le moyen singulier de multiplier considérablement quelques e&peces indolentes. Voici comment on y parvient. Un peu avant le temps de lever les oignons , on tire de terre celui dont on souhaite des productions : on y fait une incision en croix qui pénétré jusqu’au tiers de son volume ; on remet ensuite cet oignon à sa place , le recouvrant d’un pouce de terre : on l’y laisse pendant quatre semaines 9 après quoi on le retire 9 on le fait sécher , et en son temps , on le plante comme à l’ordinaire. Il est vrai qu’il ne portera pas de fleurs l’année sui¬ vante ; mais il se divisera de façon que lorsqu’on le lèvera , au lieu d’un oignon , on en trouvera six , huit , et quelquefois jusqu’à dix , qui , après deux années de culture, auront acquis toute leur perfec- tîon.^ On peut même faire un plus grand nombre d incisions à l’oignon , et en retirer de cette manière jusqu’à vingt ou trente ; mais cette derniere division h est pas sans danger pour le chef.

On se procure, pendant la triste saison de Pbiver, lin petit théâtre de fleurs ; en mettant des oignons de jacinthe dans des carafes d’eau exposées sur l’appui de la cheminée , ou sur une table dans un apparte¬ ment dont la température est à peu près à dix de- Sr^s* On doit les mettre dans l’eau dès le mois d’Oc- toure 9 avoir soin que l’oignon ne plonge qu’à moi- tle ? et tenir toujours l’eau à ce niveau , en y ajoutant et la renouvelant tous les quinze jours : une pincée denitre , ajoutée à chaque fois, hâte la végétation. h°ur les voir fleurir de bonne heure, il faut choisir les especes les plus diligentes par elles-mêmes. Ces oignons , qu’on a rendus ainsi précoces à donner leurs fleurs , ne sont pas toujours perdus par cette fatigue^, pourvu qu’on ait soin de les tirer de Peau aussi-tôt que leur fleur est passée. Il faut les mettre tout de suite dans la terre , et les y laisser jusqu’au

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temps oïi on en retire les autres : ils s’y rétablissent quelquefois très- bien , et fleurissent , dlt-on , en terre Tannée suivante. On peut encore se procurer ces fleurs pendant tout l’hiver , sans courir risque de perdre l'oignon , en les plantant en terre dans le mois d’Gctobre , dans des pots qu’on place dans des cham¬ bres échauffées par un poêle ; elles sont même plus belles et ont plus d’odeur que celles qui fleurissent dans l’eau. Dès que la feuille est fanée et séchée, ou arrache les oignons et on les plante l’automne sui¬ vant , soit en pleine terre , soit dans un pot oii ils fleurissent l’année suivante On a vu des jacinthes dou¬ bles qui , après avoir fleuri dans l’eau , ont donné de la graine ; tandis que la même espece de jacinthe 9 plantée quinze ans de suite en terre , n’ayoit jamais pu grener : ainsi, on peut regarder ce procédé comme une méthode avantageuse pour obtenir ces semences- si précieuses.

C’est par le moyen des semences que les Fleuristes obtiennent ces variétés dont ils sont si curieux. On apprendra avec étonnement que les semences de ja* etnthe ne donnent point de fleurs semblables, à l’oi¬ gnon qui a fourni la graine ; jusque-là que le plus souvent les semences des jacinthes blanches en font naître de bleues, et celles des bleues n’enfantent que des blanches. Les plus belles proviennent des jacinthes simples : on doit choisir par préférence , pour obtenir de la semence , celles qui ont deux ou trois feuilles dans le milieu de leurs fleurons : elles ont plus de disposition à donner des fleurs doubles ; mais il est très-rare de voir les fleurs doubles donner de la graine®

On doit semer en Octobre , et recouvrir la semence d’un pouce de terre : ce n’est guere que vers la qua¬ trième année que les oignons commencent à fleurir® Tous ces oignons sont bien éloignés d’être de la même beauté : si dans un millier de ces fleurs , quatre ou cinq méritent l’affection du Fleuriste , il doit croire ses soins récompensés , sur-tout si dans ce petit nom¬ bre encore il se trouve de ces rares beautés , de ces productions privilégiées de la Nature. est vrai que parmi les autres , tout n’est pas à rebuter ; on y en trouve qui , sans être de la première beauté , méritent:

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dépendant l'attention- du Fleuriste. Cétoît autrefois un usage en Hollande de ne donner un nom à la fleur nouvelle qu’avec beaucoup de cérémonie et de gaieté. On invitoit à cette fête tous les Curieux du voisi¬ nage ; chacun opinoit à son gré, les voix étaient recueillies , et la pluralité i’emportoit.

M, le Marquis de Gouffier a fait voir, à la Société Royale d' Agriculture , en 1787, un oignon de jacin ■* the renversé exprès ; c’est-à-d re , mis à contresens , à l’embouchure d’un très-long bocal plein d’eau , et d’une largeur médiocre : dans cet état , il avoir poussé ses feuilles, sa hampe, enfin ses heurs, le tout bien constitué, quoique dans l’eau ; la base ou le cul de Foi- gnon qui étoit vers le ciel , ne poussa point de racines; les feuilles étoient bien vertes ; mais les pétales dans cette espece bleue , étoient blancs et décolorés.

Les oignons d jacinthe sont sujets à plusieurs mala¬ dies , dont les unes sont mortelles , et dont les autres peuvent être guéries. La plus cruelle est une corruption qui se forme dans les sucs de l'oignon , et se manifeste extérieurement autour des racines ou à la pointé de l’oignon, par un cercle quelquefois brun et quelquefois de côuieur de feuille-morte. Lorsque cette maladie se déclare à la pointe de l’oignon , il faut Je. couper jusqu’à ce qu’on n’apperçoive plus rien de corromp t; quand même par cette amputation l’oignon se trou- veroit réduit à moitié , il peut encore revenir. Lors¬ que le mal commence dans l’endroit qui unit foignen aux racines, il n’y a guere lieu d’en espérer. Le moyen d'éviter ces maladies est, i.° de ne point planter les jacinthes dans un. endroit l’eau séjourne en hiver ; 2.0 de ne pas mêler à la terre des fumiers de cheval , de brebis ou de cochon , à moins q ’iis ne soient dénaturés par la vétusté ; 3.0 de ne point se servir de terre ou F on aurait planté plusieurs fo s des jacinthes en peu de temps; 4.0 de ne pas planter de bons oignons auprès de ceux qui sont infectés de ce mal. Quelquefois l’oignon se corrompt en terre, devient ghiant et puant. Si ce mal pénétré l’intérieur, on perd l’oignon : on peut y remédier auparavant en enlevant lec; pâmes malades.

Les jBotaaistt » distinguent plusieurs especes de jàcirt-

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thés, i La jacinthe des prés , Hyacinthus non scriptus J Linn. 453 : sa hampe est haute d’un pied , cylindri¬ que , droite , garnie de fleurs bleues découpées en six parties , un peu pendantes et tournées d’un seul côté , garnies de deux bractées aussi longues que la fleur ; les pétales un peu rejetés en dehors ; les feuilles partent de la racine , et sont longues , linéaires , planes, lisses et foibles. 2.0 La jacinthe Orientale , Hyacinthus Orient, ali s , Linn. 454 : c’est la belle espece 9 cultivée avec tant de soin et dont on connoît beau- coup de variétés. 3.0 La jacinthe musquée ; Voye^ Oignon musqué. 4.° La jacinthe à feuilles de jonc , commune en Provence , Hyacinthus juncifolius et race- triosus, Linn. 455 ; ses corolles sont bleues et en grelot. 5.0 La jacinthe en perruque , Hyacinthus comosus , Linn. 455 ; sa hampe , haute de huit à dix pouces, soutient une quantité de fleurs en épis bleus qui s’en¬ tortillent en filigranes cylindriques ; les péduncules sont colorés. On voit souvent cette jacinthe en Provence.

Tubéreuse ou Jacinthe des Indes .

La tubéreuse , Polyanthes , Tuberosa , Linn. *45 3 J que les Indes ont donnée à l’Italie, et que l’Italie a fait passer jusqu’à nous, est estimable par sa figure, par son odeur et par sa durée. Elle ressemble aux jacinthes par la forme et par la découpure de ses tuyaux ; mais elle en différé par l’étendue de ces mêmes tuyaux, qui sont une fois *plus grands que ceux de la jacinthe ; ils ne portent point sur une queue comme ceux de la jacinthe , mais tiennent immédiatement à la tige. La conformation est à peu près la même dans les graines et dans le logement des graines : la différence est sensible entre les tiges et les oignons. La tige de la tubéreuse s’élève de deux , trois à quatre pieds, tandis que celle des jacinthes reste basse. L’oignon de la tubéreuse est charnu , et non point par écailles comme celui des jacinthes . La jacinthe fleurit au printemps , et la tubéreuse ne fleurit qu’en été et en automne , à moins qu’on ne l’avance à l’aide de la chaleur.

La tige de la tubéreuse est simple j les feuilles de la

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îîge sont sessiles, simples , entières, alternes et poin¬ tues ; les feuilles qui partent de la grosse racine ou oignon , sont plus longues ; les fleurs sont terminales, alternes, sessiles, et garnies de bractées : son odeur agréable ,1’a fait appeler, par Rumphius dAmboïoe , Arnica nocturna.

Il y a des tubéreuses doubles et simples : les unes et les autres sont blanches ; car la rougeur dont certaines paroissent enluminées, est un relief qu’elles reçoivent de l’Art et non de la Nature , comme nous le dirons plus bas*

La tubéreuse à fleur double a cela de particulier qu’eîle est sujette à perdre de sa parure en perdant du nom¬ bre de ses pétales ; mais elle reprend quelquefois sa beauté dans de nouveaux caïeux. L’oignon de la tubéreuse ne fleurit qu’une seule fois , apparemment parce qu’il ne contient qu’un seul germe de fleurs ; mais ces oignons , qui ne donnent plus de fleurs , mis en terre , fournissent des caïeux ; et ceux-ci étant mis en terre , deviennent à la seconde année oignons portans ou en état de fleurir.

Ici , et plus encore le long de nos côtes Méridio¬ nales, la tubéreuse exige peu de soin ; elle peut être établie en pleine terre , et y donne de très-beaux bouquets qui répandent une odeur suave et pénétrante. Comme la tubéreuse est originaire des pays chauds, de Java , elle aime la chaleur et redoute le froid ; on ne doit la mettre en terre qu’en Mars , et la garantir des gelées. Plus les oignons ont de force et de grosseur , plus la fane, la tige et les fleurs deviennent belles.

Le génie des tubéreuses est d’avoir entr’elles des progrès inégalement rapides , quoique fournies des mêmes nourritures et plantées de même. Les unes sont en fleur , tandis que les autres ne font que de paroître ; il arrive même que les fleurs d’une même tige ne paroissent que successivement : celles du bas fleurissent les premières, et ainsi de suite. Quelques tubéreuses fleurissent fort tard , et étant mises dans des pots, elles donnent des fleurs assez avant dans F hiver. Le plus avantageux est de planter les tubéreuses dans des pots ; on en jouit de cette maniéré à volonté, en mettant les pots dans ujig cruelle de fumier. Quiuid

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on a mis les oignons en terre , il faut les ôter verê le mois d’Octobre, de peur qu’ils ne soient surpris par les gelées.

Il est un moyen ingénieux de relever la blancheur du teint de la jacinthe des Indes, par une légers nuance de rouge, qui l’embellit et la fait, pour ainsi dire , méconnoître. On met une tige de tubéreuse dans le suc colorant exprimé des baies d’une plante nommée par Tournefort , Phytolacca Americana 9 fructu majore 9 qui est une espece de morelle de Virginie. Cette plante dure plusieurs années , et ses baies sont mûres vers les mois d’Août et de Septembre. Il faut çbserver que si le suc exprimé des baies du phytolacca est trop épais , il ne peut monter à cause de sa viscosité ; s'il est au contraire délayé avec trop d’eau , la teinture man¬ quera de force , et la fleur ne rougira que foiblement. Lorsque la liqueur est d’une liquidité moyenne , les fleurs prennent un coloris emprunté de ce suc, qui, en montant , laisse le long de la tige des traces de son ascension. On peut en user de même pour les jacinthes ordinaires. On peut aussi rendre blanches les jacinthes bleues : il ne faut pour cela qu'exposer les fleurs à la fumée du soufre allumé ; et si on sait employer avec adresse cette petite ruse , on diversifiera agréablement les tiges ; on laissera dans leur état naturel quelques fleurons , et on en décolorera d’autres en total ou par parties seulement : ces bigarrures procurées aux jacin¬ thes , tandis qu’elles sont sur leur pied , sont admirées par ceux qui ignorent la simplicité du secret qui les produit.

JACKAASHAPUCK. Nom que les Sauvages de l’Amérique Septentrionale donnent à Yairelle . Les feuilles seches de cette plante étoient en vogue , il y a quelques années , en Angleterre ; on les mêlait avec le tabac à fumer , pour réprimer la trop grande abondance de salive.

JACK. AL. C’est un animal de l'Inde, que plusieurs Européens prennent pour un grand chat sauvage : les Hottentots le nomment tanli ou kenli , et les Portugais adive ; il est d’une force extraordinaire» Dapper dit que le lion mene toujours cet animal avec lui , ce qui est peu croyable. Le juchai n’est

point

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point le caracal , c’est le chacal de! Voyageurs,, Voyei Chacal.

JACKIE. Foye{ l'article GRENOUILLE-POISSON.

JACQ. Voyez Perroquet cendré à Y art. PERROQUET*

JACOBÉE ou Herbe de Saint-Jacques , Scnecia major , sive Flos Sancti Jacobi , Matth. Cast. ; JacGbœa vulgaris , laciniata 9 C. B. Pin. 13 1 ; Pitt. Tourn* Cette plante ainsi nommée , parce qu’on en trouve fréquemment le long des chemins de Saint-Jacques en Galice , croît aussi chez nous aux lieux humides et dans les champs , même sur les murs : sa racine est vivace , très-fibreuse , et si fortement attachée dans la terre, qu’on a de la peine à l’en tirer ; ses tiges sont nombreuses, hautes de deux à quatre pieds , cannelées, droites, un peu cotonneuses , rougeâtres à la partie inférieure , garnies de beaucoup de feuilles placées sans ordre, mais découpées profondément, d’une couleur verte-brune , d’un goût aromatique et un peu acerbe , très-désagréable ; ses fleurs naissent aux sommités des tiges ; elles sont disposées en para¬ sol , radiées , jaunes , composées d’un amas de fleurons entourés d’une couronne de demi-fleurons. A ces fleurs succèdent des semences rougeâtres , ohlongues , et garnies d’aigrettes.

On distingue plusieurs sortes de jacobées : celle des Alpes est la même plante, connue sous le nom de consolide dorée , Jacobæa Alpina 9 foliis longioribus 9 serratis , Tourn. Inst. 485 ; Consolida aurea , Taberm Icon. 556. La jacobée des jardins pousse des tiges qui s’élèvent quelquefois à la hauteur de cinq à six pieds ; on lui donne des appuis pour l’empêcher de se rompre ; elle soutient le froid des plus grands hivers , et se multiplie de bouture. La jacobée de Virginie s’est natu¬ ralisée dans toute l’Europe : tous les terrains semblent lui être propres ; elle croît dans les sables les plus arides aussi bien que dans les meilleures terres , et sur les montagnes aussi^bien que dans les vallées.

Cette plante est vulnéraire , résolutive et détersive; elle est propre à appaiser les douleurs des inflamma¬ tions : presque tous les Botanistes recommandent extérieurement la jacobée pour les plaies et les ulcérés invétérés et sordides ; mais elle n’est guere d’usage.

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M ShÏÏer dit qu’il croît dans îa Péninsule de Ëamtschatka une espece de jacobée qu’il désigne ainsi: Jacobœa foliis cannabinis ; elle est 9 dit-il 9 inconnue aux autres pays* Les Insulaires l’appellent utchichhu Quand les feuilles de cette plante sont seches , on les met cuire avec du poisson ? et le bouillon a le même goût que celui de la chair de chevre sau** vage. Le genre des cendr lûtes offre plusieurs especes de jacobée s .

JACOBIN ou Gros-bec de Java dit le Jacobin 9 pl. e ni uni. 1395 fig. 3. Cet oiseau , qu’on apporté quelquefois à Paris vivant , est plus petit que le friquet j épais et ramassé dans son tout : la tête le cou et le ventre sont d’un noir foncé ; le plumage Supérieur est dhin brun-marron ; la poitrine et les côtés sont d’un blanc touché d’une forte teinte de brun-* rougeâtre ; le bec est d’un ceùdré-bleu ; les pieds et les ongles d’un gris-blanc. Cet oiseau aime à se baigner en tout temps 5 souvent trois à quatre fois par jour ; il est d’ailleurs assez triste, et il se donne peu de mouvement ; en cage , on ne le peut nourrir que de millet.

On a représenté dans la même planche enluminée fig. 1 , un autre oiseau du même genre ? avec la déno¬ mination d q gros-bec des Moluques ; il est plus petit que le précédent ; il a le croupion et tout le dessous du corps rayé de blanc sale et de noir ; le bec est noi¬ râtre en dessus et gris en dessous ; les pieds et les- ongles sont bruns.

A l’égard du jacobin huppé ? c’est le coucou huppé de la Cote de Coromandel ? planche enlum. 872 : sa longueur est de onze pouces ; son occiput porte une huppe très-étroite , peu apparente ; le plumage supérieur est noir , l’inférieur est blanc ; une tache de cette même couleur se trouve au bord de l’aile et à rextrémité de chaque penne de la queue ÿ le bec et les pieds sent noirs. M. Sonner at a rapporté du Cap de Bonne- Espérance un autre coucou huppé dont la longueur totale est d’un pied ; tout le plumage est noir ; sa queue n’est pas étagée.

JACOBINE. On a donné , en quelques provinces * <p nom à la cor mille marmite» Voyez ce mot*

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tÀCUA-ÂCANGA. Nom donné dans le Brésil â \ine très-belle espece d' héliotrope , et à un magnifique Serpent les Portugais appellent l’un et l’autre sédagoso g ïes feuilles de cet héliotrope Ressemblent à celles du foepeta (cataire) , ses graines à celles du plantain ; seé Heurs sont bleues et jaunes. Cette plante croit aux lieux Sablonneux- ; elle est estimée consolidante et résolutive*' Quant au serpent , Voyez Gïarende.

JACURUTUo L’oiseau du Brésil que Marcgravè décrit sons ce nom , est une espece de grand duc commun. Voye, ç ce mot.

JADE*, Jade . C’est une pierre d’uri vert paie Olivâtre , ou d’ün bleu-blanchâtre , huileuse à la vuë et au toucher , fort compacte , de nature du silex ou de l’agate , plus dure que le jaspe, faisant feu avec, l’acier, susceptible du poli, lequel paroîtroit plus vif 'sans la teinte offusquée de la pierre. On trouve le jade dans PÎsle de Sumatra, et plus abondamment dans l’Amérique Méridionale chez les Topayes , nation Indienne établie sur les bords de la riviere des Ama¬ zones. Cette pierre n’est peut-être qu’une agate ver¬ dâtre, ou un silex d’une transparence de cire blanche: son tissu est grossier en comparaison de celui de l’agate, ainsi qu’on le voit dans sa cassure qui est grenue. Cette pierre a différentes dénominations.

Les Turcs et les Polonois font un grahd cas de cette pierre , sous le noni de jade ; ils en ornent souvent les manches de leurs sabres , coutelas et autres Instrurnens.

Les Indiens de la Nouvelle-Espagne ont tant d’estime pour cette pierre, qu’ils la portent pendue au cou * taillée pour l’ordinaire en bec d’oiseau. On voit dans les Cabinets des Curieux des vases de cette pierre , des pateres (paiera) antiques du plus beau travail, des talismans faits par les Indiens et sur lesquels on a gravé des figures d’animaux. On ignore Part avec lequel les anciens peuples de l’Amérique ont su les former «et y percer, malgré l’extrême dureté de la matière ^ des trous quelquefois de six à sept pouces de profon¬ deur , et sans aucun outil de fer ; tandis que nos ou¬ vriers sont quelquefois obligés de travailler le jade avec l’égrisée 3 qui est la poudre de diamant. Au reste ,

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n’est pas le seul monument de l’industrie des premiers Indiens,

Bo'éce de Boot a vanté le jade sous le nom pompeux de pierre divine ; d’autres Auteurs , sous le nom im¬ propre de limon vert pétrifié de la riviere des Amazones , ou pierre des Amazones (sa couleur tient de la prime d’éméraude d’un vert foncé ) et particuliérement sous celui de pierre néphrétique . La pierre appelée par excel¬ lence pierre néphrétique , est d’un vert clair ou olivâtre , ou céladon. Le jade d’Orient, dont on ne connoît plus la carrière , est d’un blanc laiteux , mat , peu transparent , et le plus dur de tous. Il y a à Paris des gens qui se mêlent de vendre cette pierre en petites plaques , sous ces différens noms , comme un remede propre à chasser la pierre du rein, à guérir de la coli¬ que néphrétique , de l’épilepsie, et de toutes Sortes de maladies. Tant de vertus du jade si vantées , pour ne pas dire exagérées , ne devroient , selon Voiture , trouver de partisans que dans un pays il n’y a pas d’autre remede , et l’on doit plutôt attendre du se¬ cours des pierres que des hommes. Consulte { maintenant X article Jade , dans notre Minéralogie , vol. /, pag. qyf &338, édit, de 1774.

JAGAQUE ou JaGUACAGIJARE de Pison , Chœtodon saxatilis , Linn. ; Sparus latissimus , fasciis quinque transver sis suhfuscis , caudâ furcatâ , Gronov. Linnœus observe que ce poisson , qui se trouve près de la Côte du Brésil , a le port du perségue ; mais il a les caractères des chétodons ; sa tête , dit-il , est obtuse ; les opercules des ouïes ont de grandes écailles , et la membrane de ces mêmes parties a six osselets : le corps est ovale , un peu épais , et couvert de très-larges écailles ; les lignes latérales sont courbes ; la nageoire dorsale qui est fort longue , a treize ou quatorze rayons épineux, et treize autres mous et flexibles ; la base de cette nageoire est écailleuse, ainsi que celle de l’anus ; cette dernier© a treize rayons , dont les deux premiers sont épineux et solides ; tous les autres sont flexibles ; les pectorales ont chacune quinze rayons flexibles et rameux ; les abdominales en ont six ; celle de la queue, qui est très-fourchue, en a quinze , tous rameux par Intr bout.

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1ÂGRA ou Jagara. Espece de sucre tiré du tenga

Ou palmier à COCOS. Voye { COCO ou COCOTIER.

JAGUACINI. Au Brésil , on donne ce nom au chun-crabïer. Voyez ce mot .

JAGUACATI. C’est le martin-pêcheur huppi de la Louisiane , pl. enlum . 7/5 ; Y Alcyon de Catesby . Cet oiseau se trouve aussi à la Caroline ; il est à peu près de la grosseur d’un merle ; sa longueur est d’environ dix pouces ; le plumage supérieur est d’un cendré- bleuâtre ; les plumes de l’occiput sont les plus longues, et forment une espece de huppe que l’animal redresse à sa volonté ; entre l’œil et le bec est un point blanc ; le plumage inférieur est de cette derniers couleur , excepté la poitrine , qui est de la couleur du dos ; les pennes des ailes et le dessous de la queue sont noirâtres , pointillés de blanc ; le bec est noir , les pieds et les ongles sont bruns. Catesby dit que cet oiseau se nourrit de lézards et de poissons.

On distingue deux variétés du ^jaguacaù : L’un , que les Brasiliens , suivant Marcgrave , nomment ja~ guacati-guacu ; ce martin-pêcheur huppé du Brésil a le dessus du corps de couleur grîs-de-fer. L’autre est le martin-pêcheur huppé de Saint-Domingue, pl. enh ; les plumes du bas du cou sont bordées de roussâtre.

JAGUAR, Jaguar a Brasiliensihus , Klein; P ardus * an Lynx Brasiliensihus ? Jaguar a dicta Marcgravii 9 Ray. Le jaguar est un animai quadrupède et carnassier du Nouveau-Monde , qui ressemble assez à l’once par la grandeur de son corps, par la forme et par la plupart des taches dont sa robe est semée , et même par le naturel : le fond de son poil est d’un beau fauve, et tacheté comme celui du léopard ; le poil plus long que celui de la panthère, plus court, et non pas gris comme celui de Fonce ; il a la queue plus courte que l’un et Fautre : lorsque l’animal est jeune , son poil est crêpé ; il est lisse lorsqu’il devient adulte.

Lorsque cet animal a pris tout son accroissement; il est de la grandeur d’un dogue ordinaire * ou même plus grand, selon quelques Voyageurs. C’est ranimai je plus formidable , le plus cruel ; c’est en un mot le igre du Nouveau-Monde, mais il ne faut pas le corn*

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. fondre avec le vrai tigre, On le trouve fréquemment dans les grandes forêts de la Gtiiane.

Le jaguar habite les contrées. Méridionales de F Amé¬ rique ; il est cependant plus rare à Cayenne que le couguar , et moins commun au Brésil, qui parok être son pays natal, qu’il ne Pétoit autrefois, car on a, mis sa tête à prix ; Fon en a beaucoup détruit , et il s’est retiré loin des côtes dans la profondeur des terres.

Le jaguar vit de proie ; il poursuit Fagoiiti , le pécari, l’acouchi ; comme le tigre il est altéré de sang , mais il ne faut , pour le faire fuir , que lui présenter un tison allumé ; et même lorsqu'il est repu il perd tout courage et toute vivacité ; un chien seul suffit pour lui donner la chasse. Il n’est léger, agile , alerte , que quand la faim le presse;, cependant les Sauvages naturellement poltrons , redoutent sa rencontre: ils , prétendent qu’il a pour leur chair un goût de préférence , et que quand il les trouve en¬ dormis avec des Européens , il respecte çeuxrci , et ne se jette que sur eux. On dit quelque chose de semblable du léopard ; mais on prétend qu’il préféré les hommes blancs aux noirs , qu’il semble les con% . sioître à rôdeur, et qu’il les choisit la nuit comme le jour.

Les jaguars , ainsi que les couguars , ne sont pas, absolument avides de carnage ; une seule proie leur suffit. On les rencontre presque toujours seuls , et quelquefois deux ou trois ensemble , quand les fe¬ melles sont en chaleur : dans ce temps , ils ont une espece de rugissement effrayant , et qu’on entend de fort loin : dans tout autre temps , leur cri ( hou hou ) .a quelque chose de plaintif \ il est grave et fort comme celui du bœuf. Us ne font ordinairement qu’un petit qirils déposent toujours dans de gros troncs d’arbres pourris. Les jaguars ne sont pas ab¬ solument féroces ; ils n’attaquent guere Fliomme que quand ils se sentent inquiétés ou blessés : mais ils sont intrépides contre les attaques des chiens , et vont" les prendre jusqu’auprès des habitations. Les Indiens prétendent qu’on peut préserver les chiens à? Içur attaque 9 en les frottant ayqc une certain^

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fcerbe dont Todeur les éloigne. Lorsque les jaguars «ont fort affamés , ils attaquent les vaches et les .bœufs , en leur sautant sur le dos ; ils enfoncent les griffes de la patte gauche sur le cou , et lorsque le bœuf est tombé , ils le déchirent et traînent les lambeaux de sa chair dans les bois, après lui avoir ouvert la poitrine et le ventre pour boire tout le sang, dont ils se contentent pour une première fois ; ils couvrent ensuite avec des branches les restes de leur proie , et 11e s’en écartent jamais beaucoup ; lorsque la chair commence à se corrompre, ils n’en mangent plus ; ils rôdent souvent le long des bords de la mer , et ils mangent les œufs que les tortues viennent y déposer : ils mangent aussi du poisson, des lézards , même des caïmans , quelquefois les bour¬ geons et les feuilles tendres des palétuviers, et comme ils nagent très-bien, ils traversent des rivières très- larges f pour prendre les caïmans, ils se couchent ventre à terreau bord de la rivière, et battent l’eau pour faire du bruit , afin d’attirer le caïman , qui ne manque pas de venir aussi-tôt et de lever tête , sur laquelle le jaguar se jette ; il le tue, et le traîne plus loin pour le manger à loisir.

JAGUARA. Au Brésil , csest le jaguar . Yoyci Y article précédent.

JÂGUÀRETE. Animal de proie du Nouveau-* Monde , et qui paroît n’être qu’une variété de l’es¬ pece du jaguar : même forme du corps, même na-* turel , mêmes habitudes ; il n’en différé qu’en ce qu’il 'a le poil court , plus lustré , d’un brun-noir , semé de taches encore plus noires. Voyez Jaguar.

JÀXHAH, Les habitans de la basse Ethiopie ont donné ce nom à un animal qu’on dit être une espece de renard , et qui paroît n’être qu’un lynx ou un caracal , vu l’instinct qu’on lui attribue de chasser de- concert avec le lion , dont il partage la proie.

J AIRAIN. Voyez Ahu.

JAIS. Voyez Jays ou Jayet.

JAKAMAR. Oiseau regardé par quelques - uns, comme une espece d’alcyon à longue queue. Il est naturel aux Berbices et à Cayenne. Voyez JacamaRp,

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JAKANAPE ou Jackanàpes. Ce sont des calli- triches . Voyez l'article Singe du Cap- Vert.

JALÂP. Plante dont la racine , en usage en Mé¬ decine , est une espece de convolvuh d’Amérique , Convolvulus Americana , Jalappa dicta . Cette racine est en forme de navet , grosse comme le poignet et em¬ preinte d’un suc laiteux ; elle nous vient dans le commerce de la Droguerie en tronçons ou rouelles desséchées , grises- brunâtres extérieurement , grisés- blanc hâtr es en dedans, ët sujettes à être vermoulues. C’est un assez bon purgatif ; quoique quelques-uns le regardent comme trop fort , il convient très-bien à certains tempéra mens : il a l’avantage de n’avoir point d’odeur désagréable , et de purger à une petite dose : il évacue à merveille les^sérosités. On extrait de la racine du jalap , par le moyen de l’esprit de vin, sa partie résineuse, qui est très-purgative. La plante du jalap n’est point une belle de nuit , comme on l’avoit cru. Voyc^ Belle de nuit.

JALOUSIE ( Fleur de ) ; est Y amarante de trois couleurs, Amaranthus melancholicus ; Amaranthus folio varierai o , C. B.; Pitt. Tourn. ; Tricolor 3 Lin n. 1403. Plante qu’on cultive dans les jardins à cause de sa grande beauté : ses feuilles sont lancéolées , ovales , faites comme celles de la blette ; mais elles sont co¬ lorées ou comme enluminées de vert, de jaune et d’incarnat. Les enfans font de la tige de cette plante, des tuyaux dont ils se servent en guise de flûte ou/ d’instrument de musique ; c’est ce qui a déterminé Dalechamp à lui donner, d’après Pline , l'épithete la¬ tine symphonia . V oyez maintenant Amarante variée. Dodonée avoir désigné ainsi Y amarante tricoîor , Herha : papagalli vel Herha psittaci , parce que ses couleurs représentent celles d’une espece de perroquet.

On a donné aussi le nom de jalonne des jardins , à un lychnis que Tournefort norffme Lychnls coronarta Dioscoridis sativa , flore veluti fiamrneo fulgente .

JÂMBQÂ. C’est le citron des Philippines.

JAMBOLOM. Espece de myrte Indien, dont, le fruit ressemble à de grosses olives : on le confit au vinaigre pour exciter l’appétit : le goût en est fort %>r e; Voyti Myrte,

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' JAMBON. Voyei Mélochia.

Jambon ou Jambonneau , Pemai Espece de co¬ quillage bivalve , du genre des Moules triangulaires : les bords de sa coquille sont plus épais du côté qu’elle s’ouvre , que vers la charnière : cette co¬ quille est toujours couverte de boue : on en voit dans les lieux la mer a flux et reflux : celles de la Chine tirent sur un rouge fort vif, d’où leur vient le nom ridicule de jambonneau ; la chair de ce coquil¬ lage est tendre et assez bonne à manger ; ceux qu’on trouve dans les endroits à l’abri du vent , sont meil¬ leurs que ceux qui vivent dans des eaux continuel¬ lement agitées.

M. Adanson , qui fait un genre particulier de ce coquillage bivalve , dit que le jambonneau vit attaché aux rochers, aux plantes marines et à cFautres corps solides du fond de la mer. La coquille appelée jam¬ bon est aussi une espece de pinne marine . Voyez ce mot .

JAMBOS ou Jàmbo, Eugenia Malaccensis ; Jambosa domestica , est le fruit d’un arbre des grandes Indes , que les Portugais ont nommé jambeyro. Ces fruits sont appelés par les François qui y sont établis , pommes r-ofes 9 jambes rasades ; par les Malabares et les Cana- rins , jamboli ; par les Arabes , tupha ïndi ; par les Perses , tuphat ; par les Chinois , venAu ; et par les Turcs , aima : le nom jambo est Malais. On en distingue plusieurs sortes , dont les meilleurs ont une odeur de rose ; les uns sont avec un noyau , d’autres sans noyau ; ils se mangent à l’entrée du repas comme le melon. L’arbre qui les porte n’est jamais sans fleurs et sans fruits : les fruits des uns et des autres se confisent au sucre ; leur noyau est gros comme celui d’une pêche : les feuilles donnent un très-bel ombrage ; et les fruits , dont le sol de cet arbre est continuellement jonché , forment un aspect charmant. Les François en ont porté une espece des Indes Orientales aux Indes Occidentales ; celle qui croît à Malacca est la meilleure : l’espece noire qui croît à Java , Jambosa nigra , est le jambo- utam des Malais : le jambos sauvage est le blatti acide , Voyez Blatti.

Jambos, Espece particulière de métis . Voyez ce mot *

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JAMD1R0BE, Herbe rampante des parties- MérW dionales de l’Amérique 9 dont le fruit ressemble à la poire de coin : la chair est blanche , et contient trois amandes dont on tire une huile jaune , qui est d’un grand secours dans quelques contrées pour frotter les corps dans les douleurs qui viennent du froid.

JANIPÂBA ou Genipanïer ou Genipayer 9 G*- nlpa fructu ovato , Pluni. et Barr. 54; Janipabd 9 Pis. * Marcg. ; Thtvzda , Totirn. C’est le xagua des Caraïbes,,. Arbre d’une moyenne grandeur , qui se trouve dana les mornes 9 au Brésil 5 à Saint-Domingue et dans presque toutes les Antilles. Sa tige est droite; ses branches fort longues 9 alternativement posées ; ses feuilles longues de sept à huit pouces 9 et larges d’en¬ viron deux pouces 9 pointues par les deux extrémités ^ sans dentelure ; placées par bouquet aux extrémités des branches , d’un vert pâle , portées sur un pétiole court 9 asseg gros 9 qui , se prolongeant 9 forme une côte saillante en dessous 9 à laquelle aboutissent une trentaine de nervures obliques. Ces feuilles tombent? tous les ans : les fleurs d'un blanc-jaunâtre et ca.ni-.. paniformes , ont environ un pouce et demi de dia¬ mètre ; elles paraissent en Juin. Il leur succédé des fruits ovales 9 pointus par les deux extrémités , longs de quatre pouces 9 et d’environ deux pouces de dia-* métré , umbiliqués 5 couverts d’une peau verdâtre , cotonneuse 9 qui renferme ou recouvre une pulpe aigrelette 9 blanchâtre et qui teint tout ce qu’elle touche 3 d’une couleur noire qui s’efface d’elle- même au bout de quelques jours. On nous a dit que ce fruit étant vert 9 a une saveur amere ; mais étant mûr % Il devient jaune en dehors et en dedans : sa saveur est alors bonne 9 d’un goût de poire de coin 9 et se fond dans ia bouche ; son jus est clair comme de l’eau 9 et quoique blanc d’abord 9 il devient noir en¬ suite ; les Sauvages s’en servent pour se colorer la peau lorsqu’ils vont à la guerre 9 pour paraître plus effroyables à leurs ennemis. Les femmes des Caraïbes peignent aussi avec ce suc leurs maris en noir9 quand ils sont las de la couleur rouge. Cette même teinture portée sur de l’étoffe ou du papier , est d’aboré

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Ineffaçable ; mais elle se détruit entièrement d’elle** même quelques jours après.

Le bois du genipanier . est d’un gris-de-perle ; il n’est ton à être mis en œuvre que quand il est vieux; \\ est alors recherché pour faire des brancards. M. dt Pré fontaine dit qu’à Cayenne , ce bois se travailla bien , qu’on en fait les filières des cases. Mais les fourmis de bois le détruisent en peu de temps, moins cependant encore que la pluie qui tomberoit dessus* Il dit encore qu’une poignée de sa racine , dans une pinte d'eau réduite à chopine , fait une tisane pur¬ gative qu’on boit matin et soir pendant huit jours s et qui guérit la gonorrhée..

JÂNOUARA ou Jànouake. Nom donné par les anciens Voyageurs au jaguar. Voyez ce mot .

JÂPACÂNI. Est le nom Brasilien du troupiale du Brésil , de M. Brisson ; on trouve aussi cet oiseau à la Jamaïque ; il est de la taille d’un étourneau ; sa tête est noirâtre ; le plumage supérieur est varié de noir et de brun ; la queue est noirâtre en dessus , tachée de blanc en dessous ; le plumage sous le corps est rayé transversalement de noir sur un fond blanc ; le bec et les ongles sont noirs , les pieds bruns.

JÂQUEPÀREL | au Bengale , c’est le chacal . Voyez ce mot.

JAQUETTE -DAME , Voye^ au mot Pie.

JARGON , Pseudo-adamas ; Cristallus adamantlnaé C’est le nom particulier qu’on donne à une sorte de cristal jaune ou blanc du Brésil : il est bien moins dur que le véritable diamant blanc ; souvent même il n’a pas la dureté du cristal de roche. L Q jargon mis en œuvre et yu de près , a beaucoup de jeu ; mais il le perd , vu à une certaine distance : le diamant au contraire garde tout son éclat. Néanmoins le jar¬ gon est une pierre dont bien des Lapidaires abusent envers certaines personnes ? et il devroit être prohibé. Ce sont des Nègres’ qui lui donnent la forme plate qu’il a , au moyen de la poudre d’émeri et d’une roue de bois dur. Le plus beau jargon nous vient du Ceyîan.

On donne aussi le nom de jargon d* Auvergne à de petits cristâux , fragme-rïs de grenats et d’hyacinthe

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brillans , qui se trouvent dans le ruisseau d’Espailly l près ckiPuy en Velay.

JÀROSSE. Voyei à Y article Gesse.

JARRAFÂ , en Afrique , est Y alose. Voyez ce mot .

JARS , est le mâle de l’oie , comme le coq est le nom du mâle de la poule. Voye^ Oie,

JARSETTE ou Garzette. Est un héron tout blanc , plus petit que l’aigrette, à pieds et bec noirs. C’est le garsetta des Italiens, Cet oiseau se trouve dans les deux Continens ; il n’est pas très-rare en Italie ; on le rencontre en Egypte , et on en rap¬ porte de Saint-Domingue. Voyi^ Héron.

JASEUR. Nom d'un oiseau très-connu, que M. Brisson a rangé au nombre des grives , et Linnaus parmi les pies-grièches. M. Mauduyt observe que l’es¬ pece du jaseur , ayant un caractère qui lui est parti¬ culier, pourroit composer un genre séparé; ce ca¬ ractère distinctif consiste en quatre , six , huit appen¬ dices oblongues, aplaties, peu larges, d’une substance membraneuse , d’un rouge fort vif , qui terminent plusieurs des moyennes pennes des ailes. Il y a le jaseur propre à l’ancien Continent et celui du Nouveau-. Monde.

Le Jaseur de Bohême , pl. enl. 161 , appelé vulgai¬ rement geai de Bohême , en latin Garrulus Bohémiens ; Bombycilla Bohemica . Il est à peu près cle la taille du gros-bec ; toutes ses plumes sont douces au toucher et ont l’aspect moëlleux et lustré. de la soie; une huppe terminée en pointe, de couleur marron , couvre sa tête, et l’oiseau peut la baisser et relever à sa volonté ; dans la ligne de chaque œil est un trait très-noir , la gorge est de cette même couleur ; tout le reste du corps a le plumage d’un cendré - brun , foncé sur le dos, éclairci sur le croupion, nué d’une teinte de lilas sur la poitrine , blanchâtre sur le bas- ventre , et presque roussâtre au-dessous de la queue ; l’aile pliée est bordée de noir pat* en bas, et en est terminée à son extrémité : on distingue sur l’aile des mâles quelques traits blancs en pinceaux oblongs , terminés chacun par une des appendices membraneuses et rouges que nous avons dit être un caractère propre à cet oiseau ^ au-delà de ces appendices, on remarque

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Jfcinq à six traits jaunes , oblongs ; la queue est cen-* tirée dans les deux tiers de sa longueur , coupée en¬ suite transversalement par une bande noire , et ter¬ minée de jaune de jonquille ; l’iris est rouge ; le bec 9 les pieds et les ongles sont noirs.

Cette espece de jaseur est assez commune en Bohê¬ me , et dans les différentes parties de l’Allemagne ; elle se trouve même répandue dans les différentes con¬ trées du Nord de l’Europe : on n’en voit que quelques individus isolés dans les provinces de la France * beaucoup plus eh Italie , dans les environs de Plai¬ sance et de Modene. Ces oiseaux arrivent en automne , en bandes excessivement nombreuses , dans les pays qu’ils ont coutume de fréquenter ; ils ne sont point sédentaires, leur passage n’est point régulier : on est quelquefois trois , quatre et cinq ans sans les voir. Ils se nourrissent de baies et principalement de fruits doux ; ils donnent facilement dans les pièges, et leur chair est assez bonne à manger ; ils ne pondent point dans nos climats.

Le Jaseur du Nouveau-Monde : cette espece a été observée au Mexique par F truandes , et à la Caroline par Catcsby ; on la trouve aussi à la Louisiane : ce jaseur d’Amérique est moins fort que le nôtre , il n’a point de noir sous la gorge; son plumage est plus uniforme ; le brun de la poitrine est lavé de blan¬ châtre ; le ventre , les côtés et les cuisses sont feints d’une nuance de jaune pâle ; le dessous de la queue est presque blanc ; les appendices membraneuses des ailes , plus étroites que dans le nôtre.

JÂSEUSE ( Petite ). Voyt[ à V article TïRîCA.

JASION , Jasione . Plante dont on distingue plusieurs sortes. Il y a la jasione ondulée , Jasione montana , Linn. 13x7. Plante annuelle de l’ordre des Fleuron- nées , et qui se trouve sur les côteaux arides. Cette plante herbacée pousse des tiges nombreuses , lon¬ gues d’un pied , et grêles ; ses feuilles sont étroites ? un peu rudes , ondulées , légèrement dentées ; ses fleurs sont bleues et portées sur un péduncule.

JASMIN , Jasminum . Cette espece de plante , ainsi nommée du mot hébreu samin , qui signifie parfum , est distinguée ep plusieurs especes. Il y a des jasmin *

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l’obiistéS qui résistent très-bien en pleine terre ; îeiè, Sont le jasmin blanc et deux especes de jasmins jaunes f mais il y en a d’autres qu’on ris peut conserver .que dans les serres.

Les fleurs de jasmin sont en forme de tuyau 9 di¬ visées en cinq pièces ovales ; elles renferment deux- étamines et un pistil : il leur succédé des baies ovales qui contiennent deux petites semences. Les feuilles du jasmin sont de figures très-différentes dans les dif¬ férentes especes ; mais elles sont presque toujours opposées sur les branches , et le plus souvent com¬ posées de folioles , qui sont rangées par paires , et attachées à Un filet commun terminé par une seul© feuille.

Le Jasmin blanc ou commun , Jasminumvidgatius , flore albo , C. B. Pin. 397; Jasmihurn officinale 9 Linn. Est un arbrisseau sarmenteux , haut de six à huit’ f pieds, rameux , vert et flexible, propre à couvrir ou former des berceaux charmans : il est originaire des Indes. Dans le mois de Juin il est orné d’une mul¬ titude de fleurs blanches , qui ont l’odeur la plus suave : cette odeur est délicieuse qu’on a tâché de la transporter dans dilférens fluides* Ces fleurs ne fournissent point d’eau odorante par la distillation s ainsi ce qu’on appelle essence de jasmin , qu'on nous apporte d’Italie et de Provence , n’est qu’une huile de bm aromatisée par les fleurs de jasmin . Pour cef effet , on imbibe du coton d’huiie de ben , et on dispose ce coton lits par lits , en les entremêlant de lits de fleurs de jasmin ; le coton s’imbibe de l’odeur * On en exprime ensuite Fhuile , qui alors est fort aromatique et cbnserve assez long-temps cette odeur, pourvu que les flacons soient bien bouchés. On peut , en s’y prenant à peu prés de même , faire contracter au sucre une odeur de jasmin. Pour faire acquérir à l’esprit de vin cette odeur de jasmin , qu’il n’acquerroît point même par la distillation, il s’agit que de verser de l’esprit de vin sur l’huile fcen aromatisée , et ensuite agiter le mélange ; l’odeur de jasmin abandonne entièrement Fhuile grasse et passe dans l’esprit- de. vin ; mais celui-ci laisse échap¬ per cette odeur avec la plus grande facilité. Obserj

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VonS que îa partie odorante du jasmin et de quan- tité d’autres plantes , consiste clans l’esprit recteur * . que l’on sait être très-fugace * quand il n’est point enchaîné par l’huilê essentielle , ainsi qu’on le croit communément à l’égard du jasmin h de la tubéreuse 9 et des fleurs de toutes les plantes HHdèées.

Les jasmins se multiplient aisément de marcottes et de drageons enracinés , et même de bouture. O il peut multiplier les especes rares en lés greffant sut les jasmins communs ; c’est ainsi que les Génois nous fournissent beaucoup de jasmins d'Espagne jaunes et blancs , dont Fcdeur est si suave; dés jasmins d? Arabie et des Açores , Jasmimim A^oricum ; le jasmin Zambac ou à feuilles d’oranger : ils les greffent en fente. Les Malabarois appellent katiu % kudda mulla x ( Nychtan- thés satnbac ) le beau jasmin de Goa à fléuf doublé très -large , bordée de rouge , et d’une odeur déli¬ cieuse : les caractères de ce beau jasmin des ïnde$ sont désignés ainsi par quelques Botanistes , Jasminuni îndicüm, Mali auraniiœ foliis ? flore albo , pleno , amplis - simo ; Jasmimim grandiflorum i Lino. 9. Cette plante à été apportée de Goa , en 1699 , au Grand Duc de Toscane qui ne vouloir pas permettre qu’on en donnât des rejetons à qui que ce fût. On prétend que l’Am¬ bassadeur d’Angleterre en obtint , il y a environ trente ans , üile plante , mais qui périt dans le passage , soit par négligence , soit naturellement. Les Malabarois donnent le nom de manja - pumeram ( Nychtanthes arbor tristis ) au jasmin qui porte une fleur dont Fodeur est très- gracieuse , mais qui passe bientôt.

* Les fleurs du jasmin blanc sont béchiques : on pré¬ tend que ses feuilles appliquées en cataplasme, amol¬ lissent les tumeurs squirrheuses : prises en décoction * elles sont narcotiques , anodines.

L’on nous apporte aussi d’Amérique une plante Sous le nom de quamoclit ou de jasmin rouge ; c’est Une espece de convolvulus ou de liseron . Le jasmin. odorant de la Caroline , est le Bignonîa sempervirens f Linn. ; il est sarmenteux et grimpant, par conséquent très-propre à couvrir des murailles et à former des tonnelles dans les bosquets d’été : il s’élève très-haut ? et produit une grande fleur jaune 9 axillaire ÿ d’une

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odeur fort agréable , et qui dure depuis la fin de Juillet jusqu’au commencement des gelées. On dis¬ tingue une espece à fleurs rouges de Virginie. Autant ces plantes se dégarnissent par le pied , autant leur tige est touffue. Voye{ Bignone. L’arbre du café est aussi , selon quelques Auteurs , une espece de jasmin d9 Arabie ; mais M. Deleuçe dit que depuis que la mé¬ thode botanique est perfectionnée, on a reconnu qu’il étoit de genre et de classe dîfférens. Voye[ Café.

Les plantes appelées le galant de nuit , Cestrum noc - turnum ; le galant de jour , Cestrum diurnum ; le petit jasmin , Lycium jasminoïdes Afrum , sont des jasminoïdes. Le jasmin du Cap, est le Gardénia fîorida 9 Linn. ; Catsjopiri , Rumph. Voye{ à Partkie Ssi.

JASPE , J asp is. Le jaspe est ou un caillou de roche simple ou une espece de pétro-silex fort dur et in¬ destructible , de différentes teintes , communément opaque , à cause du peu de finesse et de 1 intensité de ses parties colorantes, ou ne paroissant demi-trans¬ parent que dans les parties les plus minces, les plus épurées , faisant feu avec l’acier , susceptible d’être travaillé et prenant un poli plus ou moins luisant ? selon que les parties qui le composent sont plus ou moins étroitement unies les unes aux autres : on ea distingue plusieurs sortes , savoir :

Le jaspe d'une seule couleur : il y en a peu de blanc 9 encore sa teinte est laiteuse et peu vive ; il s’en trouve de totalement jaune , de rouge , de vert , de bleu et de noir : celui qui est vert acquiert au feu la propriété de reluire dans l’obscurité : on croit , mais à tort, que le lapis la^uli , autrement dit pierre d'azur , est un jaspe d’un bleu céleste; le jaspe bleu est. d’une teinte pure , et sans mélange ; le lapis laçuli au contraire est une pierre de roche , bleue , mêlée ou de grains pyriteux ou de particules d’or. Voyeç Lapis lazuli. Le jaspe totalement jaune, s’appelle jaspe tèrèbenthiné : il est fort rare : on le trouve à Rochlitz.

Le jaspe fleuri ou floride , est composé de plusieurs couleurs , qui quelquefois sont indistinctement mê¬ lées ensemble , ce qui fait chatoyer la pierre : quand elles sont distinctes et séparées , cela fait paroître la pierre panachée et mouchetée de différentes teintes.

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Il y à cîu jaspe fleuri de toutes les couleùfs; mais biï y remarque une couleur dominante , ce qui fait diré jaspe fleuri rouge ou jaune , etc. Celui qui est fleuri blanc et vert*, à taches noires , s’appelle jaspe serpentin .

51 y a le jaspe fleuri blanc moucheté de jaune et noir. Le jaspe fleuri rouge est parsemé de taches ou raies blanches. Le jaspe fleuri des Anciens , appelé grammatïas , n’a qu'une raie blanche , sur un fond rouge ; quand il y a plusieurs taches blanches , on Fappelle polygrammos *,

jaspe sanguin , si vanté par les Auteurs , est un jaspe dont le fond opaque et d’un beau vert est rempli de taches , dont la teinte est ou pourpre ou ïos e 9 bu couleur de sang ou rouge-brun , et qui sont distribuées sans ordre.

L q jaspe héliotrope i variété non moins estimée que la précédente , est d’un vert de malachite , ou d’un vert d’olive * souvent nué de bleu, parsemé de points ou taches rouges. Quelques personnes trop faciles à persuader , portent ces jaspes à taches rouges , en amu¬ lettes, pour briser la pierre du rein et se préserver d’épilepsie , d’hémorragie , etc. Ces vertus sont , dit-on , occultes , magnétiques et astrales. Lorsque le jaspe à fond vert est moucheté en Jaune, on l’appelle jaspe panthère .

Le jaspe agate semble être un silex plus épuré l moitié opaque et moitié demi-transparent ; les parties opaques y décrient le jaspe pur ; les veines , les ondes, ou les couches ou raies transparentes , sont Y agate ; si les parties de jaspe et à9 agate sont par cercles ou par couches alternativement , une telle pierre se nomme jaspe-onyx : en un mot , selon la pureté , la teinte et l’arrangement des parties de ce jaspe , on le nomme jaspe calcédoine ou jaspe-onyx * OU agate jaspée , ou jaspe camée .

Le jaspe universel est composé d’utle grande variété de couleurs distribuées sans ordre , mais distinctes.

Nous avons dit que les jaspes ont uri poli plus oti moins luisant , selon la finesse Ou l'homogénéité dis. grain qui les compose. Le caillou d'Egypte , dont pâte est toujours fine , n’est qu’un jaspe à fascies d’im Tome VU*. Q

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grain fin et à tissu de silex , d’une couleur Brune et fort opaque. Voye\ Caillou d’Égypte.

On trouve rarement le jaspe, par couches ou lits J plus communément il forme des veines dans les écartemens des rochers; on en trouve aussi en mor¬ ceaux de différentes grosseurs , arrondis , et qui ont été roulés dans les torrens. C’est dans les Indes que l’on rencontre les plus beaux jaspes ; ils sont

J dus durs , plus purs ; ils prennent mieux le poli , es couleurs en sont plus vives : on en rencontre aussi en Bohême , en Saxe , en Suede , en Sibérie , en Angleterre , en Italie , en France : nous en avons trouvé dans les Pyrénées et dans la forêt de i’Este- relie en Provence , ainsi que dans l’Auvergne. Plus nous examinons le jaspe , et plus nous le regardons comme un pétro - silex endurci. M. Monnet prétend que le jaspe n’est qu’un quartz qui contient beaucoup de chaux de fer , et qu’il se vitrifie sans addition» Il y a du jaspe qui ressemble à du bois veiné de jaune et de vert- brun : on l’appelle jaspe bois veiné s il est commun dans le Duché de Deux - Ponts et dans la Palestine.

Les pierres précieuses ne sont pas les seules pierres qu’on met en usage pour le luxe ; toutes les especes de jaspes servent depuis long-temps à la parure ; on ?en forme des ornemens qui sont fort agréables , sur-tout quand dans l’assemblage de plusieurs petits ai or c eaux de cette pierre l’on fait entrer quelques fragmens de jade , ou d’agate , ou de cristaux , et que le discernement préside dans l’opposition des couleurs. Les jaspes ont été de tout temps la pierre sur laquelle le ciseau des plus habiles Sculpteurs s’est exercé. La gravure , art aussi perfectionné de nos jours qu’il Pétoit du temps des Romains et des Grecs , releve beaucoup la beauté de cette pierre opaque dans les bijoux qui en sont faits , tels que des cachets, des bagues, etc. Presque tous les Anciens avoient chacun leur cachet de jaspe , sur lequel étoierit représentées quelques figures. Aujourd’hui l’on fait des vases , des dessus de tables et de petites statues de jaspe. Voyez les articles Silex Agate , -Pétroî Silex et Caillou*

J A T 3 A ü

JÀTAROM. M. Admson donne ce nom à un genre de coquillage bivalve connu sous celui de vieille ridée 9 Coucha rugosa.

JATROPHA. Voyei â V article ManihOT.

JAVA (le) , Teuthis javus 9 Linn. ; Hepatus caudâ fronteque inermibus y Gronov. ; Ikan ; Batot Badoeri Gedoornde klivisch , Valent. Poisson du genre du Tcuthie ; il se trouve dans la mer des Indes , près de Flsle de Java : sa chair est saine et agréable au goût ; la couleur du corps est d’un rouge obscur ; les côtés sont marqués d’un grand nombre de taches longitudinales d’un blanc-bleuâtre ; la tête , dit Gro~ novius 3 est courte, comprimée latéralement, inclinée en dessus , et relevée par - dessous vers le museau ; il y a quelques petites écailles sur les côtés de la tête et au-dessous des yeux ; l’ouverture de la gueule est très-étroite ; les mâchoires sont garnies de très- petites dents ; les narines situées près des yeux et à double ouverture ; les yeux grands, mais le globe en est aplati , tandis que les orbites osseuses sont sail¬ lantes en dessus ; les iris petits ; les prunelles ovales; le tronc est assez long et très -comprimé latérale¬ ment ; le dos et le ventre sont convexes 9 l’un et l’autre amincis en carène ; les lignes latérales cour¬ bées en arc ; le corps est couvert d’écailles très- petites et fort adhérentes à la peau : la nageoire dorsale très-longue; elle a vingt-un rayons, dont les treize premiers épineux , les autres flexibles et rameux ; les pectorales sont en fer de lance ; elles ont chacune quinze rayons flexibles ; les abdominales en ont chacune cinq , dont le premier et le dernier épineux ; celle de l’anus , qui se prolonge presque jusqu’à la queue , en a seize , dont les sept premiers épineux ; celle de la queue est échancrée en forme de croissant.

JAVARI ou Javarîs. Nom donné aux Isles An¬ tilles , à une sorte de pourceau sauvage qui se trouve danl l’Isle de Tabago et au Brésil, etc. : il est sem?» blabîe en tout.au pécari ou tajacu . Voyez ce dernier mot »

JAVELOT. Voyei Dard (serpent).

JAUCOUROU. Voyei Serpent-fétiche. JAUNAR. V'vycÇ' Rou g-e- gorge.

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JAUNE de Montagne. C’est tochrt de fer yàu** nâtre. Voyc { Ochre.

Jaune de Naples. On prétend que c’est une terré que l’on colore avec la décoction de la gaude : d’âu~ très assurent que c’est une préparation d’antimoine* Voye^ à l3 article OCHRE*

Jaune d’csuf , Leucoma , Monatd ; Lucuma , FeuiîléeJ Nom donné à un arbre qui croît dans les mornes aux Antilles ; et qui paroît être le même que le ruerha de& Indiens , et que le lucuma qui est cultivé dans le Jardin du Roi. Cet arbre est très-beau , très-élevé , fort droit et touffu ; ses racines sont longues et profondes ; son écorce est gèrsée , d’un vert-grisâtre ; le bois est blanchâtre : sa feuille , dit Nicolson , est ovale 5 sans dentelure, épaisse, lisse, d’un vert foncé, couverte de nervures très- petites et serrées les unes contre les autres ; luisante en dessus , attachée par un petit pétiole qui en se prolongeant devient une côte saillante en dessous , arrondie , et qui partage la feuille en deux parties égales ; les feuilles qui viennent isolées le long des branches , ont cinq à six pouces de longueur , et presque trois pouces dans leur plus grande largeur ; celles qui poussent à l’extrémité des rameaux sont une fois plus petites 9 et forment un bouquet d’une vingtaine de feuilles : ses fleurs sont blanches : son fruit a la figure d’un cœur arrondi , il est de la forme et de la grosseur d’une forte prune blanche : sa chaif , qui est mol¬ lasse , succulente , douceâtre , d’un blanc sale , et couverte d’une peau fort mince , renferme au milieu un no}^au de figure ovoïde et de couleur jaunâtre ; sa pulpe est en un mot de la forme et de la couleur d’un jaune d’œuf , ce qui lui a fait donner le nom de jaune d’œuf* Ce fruit est si nourrissant , que deux personnes exilées sur le grand Islët pour avoir tramé une conspiration, et condamnées à y mourir de faim 9 y vécurent pendant trois mois , nourries de ce seul fruit , et en meilleure santé qu’elles n’y étoient§ar~ rivées : c’est dommage qu’un tel fruit fasse tomber la peau de la bouche , quand on en mange ; mais par l’habitude il ne produit plus le même effet. 7AUNOIR, C’est le merk du Cap de Bon'rie-Espé-

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rance', pl. enî. Ce merle , un peu plus gros que le nôtre, ne paroît en être qu’une variété produite par le climat : tout le plumage du corps est d’un anoir tirant sur le vert ; le bec est noir , les pieds et les ongles sont bruns,

JAY ou Jayou ; c’est le geai. Voyez ce mot.

JAYS ou JAYET, Ga gates Lapis Thracius aut Suc~ ilnum nlgrum , Espece de bitume fossile , opaque 9 très i noir , solide , compacte , et qui a même une dureté suffisante pour être taillé et bien poli. Ce bitume est sec , uni et luisant dans ses fractures ; il s’enflamme promptement clans le feu , et y exhale une vapeur noire et très-forte ; étant frotté,, il répand une odeur de charbon minéral ou de pissasphalte , et alors il acquiert la propriété d’attirer le papier * la plume , la paille , etc. Le jayet ; quoique com¬ pacte , est léger , surnage dans l’eau ; on ne le trouve point par couches inclinées comme le charbon de terre , ni à des profondeurs considérables ; mais on le rencontre par masses détachées ou par morceaux de différentes grosseurs dans la terre : le toit qui le couvre immédiatement , est presque toujours enduit d’une efflorescence vitriolique , quelquefois accom¬ pagnée de pyrites ou de soufre , et de substances qui ont évidemment le tissu ligneux. D’après les observations que nous avons faites sur ce bitume , tant en Irlande que dans le Duché de Wirtemberg et en Roussillon près de Bugarach , nous sommes portés à croire que le jayet a la même origine que le charbon de terre , le succin , le naphte , etc. Peut-être n’est -ce qu’un pétrole qui a subi l’évaporation par line bhaîeur souterraine , et qui s’est endurci dans l’état oh nous voyons le jays. Le jayet est plus pur que le charbon de terre.

C’est à Wurtemberg qu’on travaille la plus grande quantité du jayet qui est dans le commerce : on en fait des chapelets , des boutons , des tabatières , des bijoux de deuil , tels que des colliers , des pendant d’oreilles , des bracelets , et d’autres orne mens sem¬ blables , qui reçoivent un assez beau poli : le jayet ; est Y ambre noir des boutiques ; mais il ne faut pas Iq çpqfondre avec Y agate noire qui se trouve en Islande

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aux environs du mont Hécla : cette prétendue aga noire n’est qu’un verre de volcan fort dur.

IBDARE, Cyprinus Ibdarus , Linn, Poisson du genre du Cyprin ; il se trouve dans les lacs de la Suede0 Suivant Linnæus , les rayons de la nageoire de l’anus de ce poisson sont au nombre de douze ; les nageoires abdominales sont d’un rouge de sang; la dorsale a dix rayons; celle de la queue en a dix-neuf.

IBIARE , Ccecilia tentaculata 9 Linn. ; Ccecilia rugis J ïd» Âmœn. Ce serpent se trouve en Amérique ; il est du sixième genre. M. Daubenton observe que JLinnœus est le premier qui ait parlé de ce reptile , et que selon la description de cet Auteur , Vibiare paroît , au premier aspect , avoir tant de rapports avec Fan- guille , qu’on seroit tenté de le prendre pour un poisson de ce genre. Mais lorsqu’on le considéré attentive¬ ment 5 on feconnoît qu’il ne peut être rangé parmi les poissons , puisqu’il est dépourvu de nageoires et d’ouïes , et qu’il a un poumon et des narines par lesquelles il respire.

L 'ibiarc , que les Portugais établis au Brésil nomment bodety ccga 9 ou cobra de las cabecâs 9 est d’une forme cylindrique d’un bout à l’autre : sa longueur est d’un pied , et son épaisseur d’un pouce ; sa peau est lisse et sans écailles ; on distingue seulement de petits points un peu saillans sur le dos ; les côtés sont sillonnés par des rides , 'au nombre de cent trente- cinq de part et d’autre ; la tête est pareillement dé¬ pourvue d’écailles, et d’une forme un peu arrondie ; la mâchoire supérieure est obtuse , plus avancée que l’inférieure 9 garnie de chaque côté des narines d’une espece de barbillon si court , qu’il est presque im¬ perceptible : les ouvertures des narines sont écartées entr’eîles, et sont si étroites 9 qu’on diroit des piqûres d’épingles : les yeux ne sont que comme des points , et brillent à travers une membrane qui les recouvre; les dents sont très-petites 9 comme celles des serpens qui ne font aucun mal ; cependant on en voit d’une grandeur médiocre dans la mâchoire supérieure : la queue est obtuse , extrêmement courte et chargée de rides annulaires , semblables à celles qui sont sur h corps du ver appelé lombric ; l’anus est très-

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rapproché de l’extrémité du corps : la couleur de ce serpent est blanchâtre avec une teinte de couleur de laiton.

I8I3E , Coluber ordinatus , Linn. Cette espece de serpent se trouve dans la Caroline , et est du troi¬ sième genre. Ce reptile est petit , d’une couleur bleu⬠tre , marquée sur le dos et sur les côtés de taches nébuleuses qui s’étendent jusque sur la queue , ou elles forment des traits longitudinaux ; l'abdomen est blanchâtre et varié depuis la tête jusqu’à la queue par des bandes noires irrégulières. Linnœus a observé sur chacun des côtés du corps une suite* de points noirs. Ce même Auteur dit que l’abdomen est re¬ couvert par cent trente-huit grandes plaques , et que le dessous de la queue est garni de soixante-douze paires de petites plaques. Gronovius a compté soixante- quatorze de ces dernieres.

ÏBIBOBOCA ou le Serpent Argus , Serpens Arabica , Brasiliensibus îbiboboca et Boiguacu dicta 9 aliâs Argus 9 Seba ; Coluber Argus 9 Linn. Ce serpent paroît se trouver en Afrique et au Brésil : il est remar¬ quable par la forme de sa tête, qui est comme divisée en deux , vers l’occiput ; il a les mâchoires larges et enflées , garnies chacune de longues et grosses dents * son front est couvert de grandes et larges écailles , et sur le sommet de la tête on en distingue d’autres plus petites et arrondies : toute la surface de son corps est pareillement garnie d’écailles disposées en échi¬ quier , et marquées chacune d’une tache blanche : ce fond est relevé par d’autres taches circulaires , sem¬ blables à des yeux , et disposées avec beaucoup de symétrie sur des lignes qui s’étendent depuis la tête jusqu’à l’extrémité de la queue. Ces especes d’yeux 9 qui ont fait donner à ce serpent le nom d 'argus, sont rouges en leur centre, et entourés de deux cercles dont l’intérieur est blanc , et l’extérieur d’un beau rouge ; les grandes plaques qui recouvrent l’abdomen sont d’un jaune clair : M. Daubenton dit qu’on en ignore le nombre, ainsi que celui des petites plaques qui garnissent le dessous de la queue.

On lit dans la Médecine du Brésil , par Pison Ç ( Liv. IV) , et dans V Histoire de la Nature 9 par

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'Nuremberg ( Liv. XII, ch. 43), que cette espece ’éë- sçrpent ( an Coluber sentis abdominalibus 160 ? s quanti* çaudalibus 100 , Linn. ? ) livre bataille à tous les ani-* maux qu’il rencontre , et qu’il s’entortille autour de leur cou avec tant de force , qu’il les étrangle. Lorsqu© des hommes le rencontrent à l’improviste , et qu’ils montent, pour l’éviter, sur le premier arbre prochain , ce gros serpent s’approche de l’arbre , l’embrasse et le serre au point qu’il rompt son propre corps et qu’il en meurt. Les Auteurs cités ci-dessus assurent que les ibibobocas bâtissent , dans les lieux sauvages , des retraites disposées par étages , ou les unes à côté des autres , et avec beaucoup de symétrie. Ces domiciles sont faits comme les fours des boulangers ; pour cet effet, ils se servent de boue , qu’ils prennent avec leur gueule 9 et qu’ils appliquent adroitement , de maniéré que l’édifice a une consistance suffisante. Ils se retirent «ensuite dans çes loges , et on dit que celle du milieu est occupée par le plus brave et le plus fort de la troupe : les habitans du pays le regardent comme le roi des autres, et lui donnent le nom de kuilkahuilia .

Seba fait mention d’une plus grande espece d HbiboA boca . "Voyez V article Serpent dit le sombre >

La morsure de F ibibohoca ne fait pas mourir sur le champ. On se sert dans le pays de la poudre d’une plante appelée nhambus , étendue dans le suc des feuilles du caapéba 3 qu’on fait distiller sur la plaie , par ce moyen on en guérite On prétend que Vibiboboca est le cobra de corais ou cobra de ver do des Portugais. Le serpent argus est du troisième genre.

IBIJAU. C’est le tette-chevre tachetée du Brésil , de M. Brissona Uibijau est très-petit ; sa taille est celle d’une hirondelle ; le plumage supérieur est tacheté de blanc et de jaune sur un fond noirâtre , Finférieiïr est ondé de noir et de blanc ; les pieds , qui ont à peina $k lignes de long , sont blanchâtres ; le bec et les ongles sont noirs. Cet oiseau est le noitibo des Por-î tugais établis au Brésil les Péruviens l’appellent çbijauc

M. de Montbeillard décrit deux autres engoulevent $ ou mtt-chevres comme des variétés de Yibijau 3 et |jl$t Mmduyt les regarde çornmç étant: deux especes

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distinctes : i.e Le petit engoulevent tacheté de Cayenne 9' représenté pl. enl. 7^4 , sous la dénomination de petit crapaud volant tacheté de Cayenne ; il est en effet tacheté , comme Yihijau , de points jaunâtres sur un fond noirâtre , beaucoup plus foncé en-dessus du corps ; il a au bas de la gorge une tache blanche transversale ; il est de la taille d’un merle. 2.0 Le grand ihijau ; c’est le grand crapaud volant de Cayenne 9 pl. enl . j2j; ; le grand tette-chevre du Brésil , de M. Brisson . ( Ibijau est le nom Brasilien. ) Cet oiseau , qui se trouve au Brésil et à la Guiane , est de la taille de la chouette ; il a vingt-un pouces de longueur totale ; son bec a trois pouces de long sur autant de large , et l’ouverture est proportionnée ; il y a de chaque côté du bec un large rebord de substance cornée , de couleur blanchâtre , et la mâchoire inférieure s’em¬ boîte dans la supérieure : la pointe de chacune des deux parties du bec est tournée en en-bas et colorée de noir ; tout le dessus du corps est rayé transversa¬ lement et en zigzags de lignes noires et de lignes roussâtres sur un blanc-gris plus ou moins foncé sur différentes parties ; le plumage du ventre est de la inême couleur , mais celui de la poitrine est marqué de plus de noir et par tachas assez larges ; les grandes pennes des ailes sont brunâtres ; leur tuyau est large ? aplati , noir, très - volumineux ; les barbes de ces pennes sont mouchetées de blanc , à un pouce à peu près d’intervalle ; les pennes moyennes sont noires; les petites sont ondées de brun et de fauve clair sur un fond blanchâtre ; la queue est rayée en dessus de roussâtre , de brun et de grisâtre , par lignes qui se croisent ; les pieds sont grisâtres , les ongles brunâtres.

IBIRAPITANGA. C’est l’arbre qui donne le bois de Brésil , V oyez ce mot . Idibirapitanga des Caraïbes est le cerisier de Saint-Domingue. Voye^ à F article Cerisier.

IBIS. C’est un oiseau de l’Egypte, du genre du Courlis , et que la plupart des Auteurs ont confondu avec la cigogne ; mais Y ibis est plus petit ; il a le cou , les jambes et les pieds plus longs à proportion ; son plumage est d’un blanc sale, et un peu roussâtre pres¬ que par-tout le corps ; les grandes plumes du bout des

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ailes sont noires ; tout le tour de la tête est dégarni de plumes , mais revêtu d’une peau rouge et ridée ; son bec est arrondi , gros à son origine, terminé en pointe mousse, courbé également dans toute sa Ion* gueur , et de couleur aurore ; ce bec a l’épaisseur de celui de la cigogne , et par sa courbure il ressemble à celui du courlis, sans néanmoins en avoir les canne¬ lures ; les bords du bec sont tranchans , durs , capables de couper les lézards , les grenouilles, et particuliére¬ ment les serpens dont il se nourrit ; il leur fait une guerre continuelle , et l’on sait que de tout temps ces reptiles se sont prodigieusement multipliés dans l’Egypte, dont la terre long-temps humectée et péné^ tj;ée par les débordemens du Nil , échauffée ensuite par les ardeurs d’un soleil brûlant , favorise l’accroisse¬ ment et la propagation des reptiles et des insectes : c’est pour cela qu’anciennement les Egyptiens, peuple superstitieux , lui avoient dressé des autels. Us avoient mis Y ibis au nombre des animaux qu’ils adoroient comme des dieux tutélaires ; ils lui rendoient des honneurs aussi vains qu’aux hommes ; ils Pembau- moient après sa mort naturelle. Nous avons v^i plu¬ sieurs de ces momies S ibis dans le Musmm de Londres 9 enfermées dans de longs poits de terre cuite. Quicon¬ que en tuoit un volontairement, étoit puni de mort. On représente quelquefois la déesse lsis avec une tête à" ibis. Le bas des jambes de Y ibis est rouge, écailleux: cet oiseau bâtit son nid sur les palmiers,, et le place dans Pépaisseur des feuilles piquantes, pour le mettre à l’abri de l’assaut des chats ses ennemis : la ponte est de quatre œufs , et l’incubation de vingt-sept à vingt-huit jours. U ibis a cela de particulier , qu’il ne boit jamais d’eau qui soit trouble ; c’est pour cela que les Prêtres Egyptiens se purifioient ordinairement avec Peau ces oiseaux avoient bu. Pline et Galien ont prétendu que les hommes dévoient à cet oiseau l’invention du çlystere , parce qu’il se seringue , dit- on, de Peau salée avec son bec, lorsqu’il a besoin de ce remede ; ce qui est cause que les ibis sont toujours représentés comme un des attributs de la Médecine et de la Pharmacie. *

On prétend que la chair de Y ibis ne sent pas mau»

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vais, quoiqu’on la garde long-temps après la mort de l’oiseau : elle est rouge comme la chair du saumon»

On a distingué Yibis tout noir , lequel vu de près , paroît d’un bleu-verdâtre , mêlé d’un peu de pourpre ; celui-ci est un peu moins grand qu’un courlis*

En général Yibis a beaucoup de rapport avec Yaouarou de Cayenne. Quoiqu’on dise que Yibis ne vit pas dans notre pays, on en a cependant nourri un de l’espece blanche , ci-dessus décrite , pendant plusieurs mois à Versailles. M. Perrault en a donné la description anatomique , dans les Mémoires de ly Académie des Sciences de Paris .

IBLAU. Voyei à l'article PHOQUE A CROISSANT. i ICÂQUE ou Icaquier 5 Guajeru 9 Marcg. C’est ^ dit-on , un prunier qui se trouve dans les anses au bord de la mer, aux Isles Antilles , dont le fruit est assez semblable à notre prune de damas . Les Sauvages en font tant de cas , que vers le temps de sa maturité , on fait la garde avec des armes , pour empêcher que les vagabonds voisins n’en viennent cueillir : on appelle aussi , à Cayenne , ce fruit prune des anses M. Deleuqe dit que c’est le chrysobalanus de Limitons et de Brown , genre qui différé du prunier , en ce que les étamines sont attachées au réceptacle, et que le noyau est creusé de cinq sillons.

V icaquier n’est ni poirier , ni pommier , ni prunier , dit Nicolson ; c’est un arbrisseau dont les tiges sont cro¬ chues, disposées sans ordre, peu grosses, fort bran- chues ; son écorce est grisâtre, un peu raboteuse , et n’adhere point au bois : le bois est blanchâtre ; ses feuilles ont environ trois pouces de longueur , et environ un pouce et demi dans leur plus grande largeur: elles sont alternes , oblongues , pointues aux deux extrémités , sans dentelure , d’un vert sombre , fermes et cassantes, portées sur un petit pétiole ; sa fleur ne paroît d’abord que comme un petit bouton vert, qui, en s’épanouissant , laisse appercevoir im petit calice monophylle , divisé en cinq parties ; la corolle est composée de cinq pétales blancs , minces sans odeur , disposés en rose ; Se centre est occupé par un gros pistil environné de plusieurs étamines 9 lequel devient une baie ovoïde 9 semblable à une prune,,

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tantôt violette , tantôt jaune, tantôt noire, ( leam fructu ex albo, rubescente , aut fructu nigro , aut fructm purpureo 9 PI uni. ) d’un pouce et demi de longueur , de huit à dix lignes de diamètre : la chair de ce fruits- est -succulente , d’une saveur douce, un peu aigrelette* quelquefois austere : elle conserve un gros noyau qui renferme une petite amande : on mange ces fruits. La* racine de Yicaquur est estimée astringente.

ICARE. Voye'i à l* article Negre ( papillon).

ICHNEUMON des anciens Grecs et Latins , ou- Mangouste, vulgairement appelé Rat de Pharaon ou Rat d’Egypte-, Mus Ægypû . C’est un petit qua¬ drupède digité , du genre des Belettes 9 qui se trouve abondamment en différentes contrées , dans toute l’Asie Méridionale , depuis l’Egypte jusqu’à Java ? notamment en Egypte, et dans les montagnes qui séparent P Arabie d’avec l’Egypte ; et il paroît qu’il se trouve aussi en Afrique jusqu’au Cap de Bonne- Espérance : en Egypte, on l’appelle nems : son nom arabe est te^er-dea. (11 ne faut pas confondre cet ani¬ mal avec le gerbuah , qui est un rat sauteur de mfontagne 5 ©u d’Egypte , et qui est une espece de boise : Voy ce mot. ) La mangouste s’appelle , aux Indes , mangutm ou maiïgo ; c’est le Viverra mango de Kæmpser , lq Scrpenticida \ sive Muncos de Rumphius ; le Mus Pha-n rmonis de Prbsper Alpin ; le Meles-ichneumon de Has~ selquist.

La longueur de la mangouste ou ichneumon parvenu à toute sa grandeur, prise du bout du museau jusqu’à Forigine de la queue, est d’un pied neuf pouces ; celle de sa queue est de plus d’un pied et demi ; les jambes de devant ont environ cinq pouces de long ; les pieds ^ qu’on appelle les mains , sont très-courts , et touchent peu à terre : ceux de derrière, ainsi que les jambes, sont plus longs: tout son corps, excepté le ventre qui est d’fin roux-jaunâtre , est couvert de poils variés depuis leur origine jusqu’à leur extrémité, de noirâtre et de blanchâtre. La mangouste a la tête oblongue , le5 museau effilé , les yeux vifs et pleins de feu, la phy¬ sionomie fine et le corps très-agile ; les oreilles très»? raccourcies , larges et arrondies : l’ouverture de gueule, placée au-dessous du museau, est étroite *

ICM à$f

'elle a ia langue , les dents et ks parties naturelles j comme le chat; les moustaches sont très-copieuses et à trois rangs ; son poil est souvent hérissé et aussi rude que celui du loup ; ses oreilles sont , ainsi que les pieds , de couleur de chair ; elle a les jambes noires , avec cinq griffes aux pieds de derrière ; sa queue est carrée et épaisse à son origine , et terminée en pointe, La femelle fait autant de petits qu’une chienne. Ou dit qu’au- dehors du fondement , le mâle et la femelle ont une ouverture remarquable et indépendante des conduits naturels ; c’est une espece de poche dans laquelle se filtre une humeur odorante : on prétend que cet animal ouvre cette poche pour se rafraîchir > lorsqu’il a trop chaud. Cette ouverture âvoit fait Croire à quelques personnes , que ces animaux étoient hermaphrodites.

On voit que pour îà forme , ainsi que pour le naturel , l’on peut comparer îa mangouste à la civette 9 ou plutôt à la genette ; Voyez ces mots. Son museau trop pointu et sa gueule trop étroite, l’empêchent de saisir et de mordre les choses un peu grosses ; mais fàous verrons qu’elle sait suppléer par l’agilité et par le courage , aux armes et à la force qui lui manquent s elle a une petite voix douce , une espece de murmure ; son cri ne devient aigre que lorsqu’on la frappe et qu’on l’irrite.

Vichneumon a reçu des honneurs divins de la part des Egyptiens, à cause de îa grande utilité dont il est, en détruisant un grand nombre d’œufs de cro¬ codile , quoique cachés dans le sable. Il tue et mange aussi les jeunes crocodiles , espece de lézards dont la multiplication est très-nombreuse, et qui dbnneroieht tout à craindre s’ils n’étoient détruits , dès leur nais¬ sance , par les ichnetimons. Mais comme-fa fable est toujours à côté de îa vérité, on a dit que V iàpuumon entroit dans le ventre du crocodile lorsqu’il dorme tt, et n’en sortoit qu’après avoir déchiré ses entrailles, XJ ichneumon ne sauroit souffrir le vent; dès qu’il le sent souffler , il se retire dans sa caverne ; il se garantit du froid en s’exerçant à sauter: d’autres fois , pour éviter le froid et le vent , et conserver sa chaleur il se met en rond et cache sa tête entre ses cuisses : il est hardi

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et se dresse lorsqu5il voit quelqu’autre animal : il m s’effraie point de la colere des chiens , ni de la malice des chats ; il ne redoute pas même la morsure des ser- pens ; mais il marque beaucoup de haine pour l’aspic» Quand il les veut combattre , on dit qu il a l’adresse de se vautrer auparavant dans la boue , ou de se plon¬ ger dans l’eau, et de se rouler ensuite sur la poussière , qu’il laisse sécher au soleil , afin de s’en faire une es¬ pece de cuirasse. Cet animal a un appétit si véhément , qu’il ne craint point d’attaquer et même de poursuivre , avec acharnement , les serpens les plus venimeux» Avant de devenir le vainqueur de sa proie , il reçoit quelquefois dans le combat des morsures cruelles et dangereuses , et il ne lâche prise que lorsqu’il com¬ mence à ressentir les impressions du venin ; alors, il va ; dit-on , chercher des antidotes , et particuliére¬ ment une racine que les Indiens ont nommée de son nom mungo ou muncos 9 et qu’ils assurent être un des plus puissans remedes contre la morsure de la vipere» Voyt{ Mungo.

Quoique Yichntumon soit difficile à apprivoiser , on en éleve en Egypte , comme on fait ici des chats , et il sert de même à prendre les souris et les rats. On porte vendre au marché , à Alexandrie , ces mangoustes domestiques ou ickntumons privés. Mais leur goût pour la proie est encore plus vif, et leur instinct plus étendu que celui du chat ; car la mangouste chasse également aux oiseaux , aux quadrupèdes , aux serpens 9 aux grenouilles , aux lézards et aux insectes ; elle épie sa proie , et attaque en général tout ce qui lui paroît vivant , et se nourrit de toute substance animale.

Utchneumon d’Egypte approche , pour la forme extérieure, de la belette ; il a même l’air plus vif, plus familier ; il est susceptible d’éducation; il joue et badine volontiers avec les hommes , et plus agréa¬ blement qu’un chien : cependant, quand il mange ; il est traître et colere : il prend de l’humeur 9 il gronde presque toujours* et même se jette avec fureur sur ceux qui veulent le troubler ; alors il hérisse son poil. Comme il aime aussi les œufs de poule et des autres oiseaux , et qu’il n’a pas la gueule assez fendue pour les saisir , il tâche de les casser en les jettant en

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Fait ou en les roulant sur la terre de cent maniérés différentes : s’il trouve une pierre autour de lui, il lui tourne aussi-tôt le dos ; puis , élargissant ses jambes de derrière , il prend l’œuf avec celles de devant , et le pousse par-dessous le ventre pour le casser contre la pierre. Ceux qui vont voir la Ménagerie de Chantilly , peuvent y observer cet animal , son génie , ses mœurs, etc.

Nous avons dit qu’on appelle mains ses pieds de devant, parce qu’il s’en sert comme les loirs , pour prendre sa nourriture ; ces mains lui servent aussi pour puiser de Feau et pour boire. Cet animal mar¬ che sans faire aucun bruit, et varie sa démarche selon le besoin ; quelquefois il s’élève sur ses jambes , rac¬ courcit son corps et tient la tête haute ; d’autres fois, il a l’air de ramper et de s’alonger comme un serpent, souvent il s’assied sur les pieds de derrière , et plus souvent encore il s’élance comme un trait sur la proie qu’il veut saisir. Il n’épargne pas même les oiseaux , les rats et les souris.

Uichneumon ou mangouste a , comme les autres animaux domestiques, subir des variétés. Il y en a de plus grandes , de plus petites , et de poils differens pour la couleur et la longueur. En Egypte , les mangoustes sont, pour ainsi dire , domestiques, elles sont plus grandes qu’aux Indes , elles sont sauvages. Cet animal croît promptement et ne vit pas long¬ temps.

Kolhe dit que Yichneumon du Cap de Bon ne- Espé¬ rance , a la grandeur d’un chat , la forme de la musa¬ raigne ou souris de campagne , le corps couvert de poils longs-, roides et tachetés de noir et de jaune. Il est très-commun dans les campagnes du Cap, c’est un grand destructeur de serpens et d’oiseaux : il accom¬ pagne volontiers le furet , casse adroitement les œufs avec ses dents , en suce et vide la substance : on l’appelle dans cette contrée chien rat .

Uichneumon ou mangouste des Indes Orientales , est très-mal-propre ; il n’aime qu’à chercher et flairer fortement. Il creuse la terre avec son museau , qui est, en petit, assez semblable à celui du cochon. Sa tête ressemble à celle de la belette; il approche beau*

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coup <îu renard par la couleur de son poil : le bôül de sa queue est frisé , couvert de poils rudes et pi^ quans. Il est d’un caractère fort sauvage : il mord cruellement, et déchire tout ce qu’il rencontre. Pares¬ seux pendant le jour , il dort tranquillement dans sa caverne , d’oii il .sort le soir en flairant ; il grimpe sur les arbres , croque les araignées les fourmis, les vers, les racines tendres des arbres. Il entre dans les poulaillers et y suce le sang des poules : il rega¬ gne sa taniere vers le lever du soleil. Edwards dit que la principale différence entre Yichneumon Indien et l’Egyptien , consiste en ce que ce dernier a une petite houppe au bout de la queue ; il est aussi plus grand que rindie/u

M. Vosmaër a donné , en 1772, la description d’un ichmiïmon mâle de Bengale , qui a vécu chez lüi pen¬ dant un an. Il étoit extrêmement familier, se laissoit manier comme un petit chien, et en jouant il prenait le doigt dans sa gueule, sans jamais mordre: le soir , il donnait couché dans la robe de chambre de notre Naturaliste : dans le jour , il dormoit souvent , ayant la tête , la queue et les pattes cachées sous son corps * en demi-boule , ou à la maniéré du hérisson. Son

f>oil étoit semé dru , noir-pâle prfts du corps ; sous e museau , la poitrine et le ventre , d’une léger® teinte olivâtre, avec des taches noires irrégulières par-tout, excepté au ventre. Son aliment ordinaire étoit de la viande bouillie ou rôtie de toute sorte , mai§ le mouton par préférence. II refusoit de manger du pain ; il étoit fort friand de cerises , de prunes , d’autres fruits, ainsi que d’œufs : il buvoit beaucoup. Un jour, lui ayant lâché un moineau dans sa cage qui étoit très- spacieuse , il le saisit promptement et parut le manger avec plaisir. Fort souvent, il folâtroit dans l’eau de son baquet , et y tournoit de même qu’un chien , pour attraper sa queue. Ennemi de la saleté , son corps étoit toujours propre ; et pour satisfaire à ses besoins , il se mettoît toujours à un même endroit derrière sa cage : sa fiente étoit liquide , noire et fort puante , ainsi que son urine. Il poussoit un cri perçant comme un oiseau : au premier aspect d’un petit chien , il grommelait et soufflait comme un chat. Sur la fin de

l’hiver

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ïtiivèr , îe poil lui tomba de la queue ‘l qu’il mordoifc Continuellement. Cet ichneumon de Bengale avoit vingtà un poùces et un quart de longueur ? mesure de Rhin- land ; la queue Seule avoit neuf poùces : il avoit les yeux blèus avec un beau cercle orangé ; les oreilles minces et rondes dépassant un peu le poil de la tête % le nez petit , sans poil , noir et ouvert en devant ; la langue longue , arrondie par le bout et rude au toucher ; la mâchoire supérieure armée de six dents incisives , une défense de chaque coté 5 ensuite trois 'dents canines et deux dents molaires ; la mâchoire inférieure a aussi six dents incisives , de chaque côté une grosse défense , ensuite quatre dents canines et trois ou quatre molaires ; la queue fort épaisse près du corps , va en; s’amincissant , avec le poil, se terminer en pointe fine* les pattes, tant antérieures que posté¬ rieure^ , sont armées de quatre ongles \ et un peu plus haut , côté intérieur , d’un ergot ; les deux du milieu sont les plus longs , et comme joints ensemble jusqu’à la première articulation par une petite mem¬ brane ; la plante des pieds est nue et noirâtre ; les testicules sont fort gros à proportion de la verge t qui est très-petite. M. de Vosmaër n’a point trouvé l’ouverture ôu la bourse au-dessus de l’anus /dont parlent divers Auteurs.

Le prétendu ichneumon d’Amérique, ou y^quiepatï; <ou qïiasje ( couse ) est la première espece de mouffette . Voyez ce dernier mot .

Cés animaux ne peuvent supporter le froid ; ils dorment toujours le jour et veillent pendant la nuit.

Ceux qui dèsireroient de voir les figures de Yichneû* mon et de Ÿ hippopotame aüx prises avec le crocodile , réunies dans une même sculpture , peuvent aller au jardin des Tuileries à Paris , examiner la statue qui représente le Nil sous la figure d’un vieillard cou¬ ronné laurier , à demi-couché et appuyé sur sont coude , tenant une corne d'abondance : il a sur les épaules, sur les hanches, aux bras, aux jambes et de tous les côtés , de petits garçons nus au nombre de quatorze : cette troupe d’enfans , placés ainsi, les tins plus bas , les autres plus haut , sur le Dieu du pil, sont les symboles des différentes criieâ du Nil}

Tome VII*

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qui sont de quatorze coudées , et en même temps si avantageuses à la grande fertilité de l’Egypte. C’est sur le lit de marbre , c’est-à-dire sur les bas-reliefs de ce beau groupe copié sur l’antique, que se voit le combat de Yichneumon et de V hippopotame avec le crocodile; on y voit aussi le lotus 9 plante dont Ses Egyptiens font une sorte de pain ou de galette-; enfin Y ibis , le papyrus , etc.

ICHNEUMONES (Mouches). Ce nom d 'ichneu- mort y qui fut donné originairement par les Egyptiens à l’animal' quadrupède que nous venons de décrire , et que ces Peuples jugèrent digne de leur adoration à cause du service qu’il leur rendait en cassant les œufs du crocodile , a été transporté par les Natura¬ listes à un genre entier de mouches vives et hardies qui ne vivent que de chasse , et dont plusieurs nous rendent de très-grands services , ainsi que nous aurons lieu de le voir. Ces mouches sont armées de deux fortes dents ; elles ont quatre ailes : leur ventre ne tient à la poitrine que par un filet très-fin. Elles ont d’assez longues antennes qu’elles agitent continuelle¬ ment ; ce qui les a fait nommer aussi mouches à an¬ tennes vibrantes ; ce caractère frappant les fait aisé¬ ment distinguer des autres especes de mouches. La chasse favorite des ichneumones est celle qu’elles font aux araignées , * sur lesquelles elles tombent comme des vautours.

Il seroit inutile et presque impossible de parcourir toutes les différentes especes de mouches ichneumones * Il suffit de savoir que leur nombre est prodigieux qu’il y en a de toutes les grandeurs , depuis celle de la mouche demoiselle jusqu’à celle du plus petit moucheron. La plupart des mouches ichneumones ont la même forme ; leur ventre est séparé de la poi¬ trine par un filet, ainsi que nous l’avons dit. De ces mouches ichneumones les unes n’ont point de queue- apparente ; d’autres en ont , et souvent de très-longues*

Ce sont les femelles des ichneumones qui sont pour¬ vues de ces queues , qui renferment une espece d’ài- guîîîon ou plutôt une véritable tariere capable de pénétrer les chairs les plus compactes , et quelque¬ fois même' le ciment % en un mot* des corps qui ont

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la dureté de la pierre. Les unes portent cet instru¬ ment renfermé dans le corps , les autres le portent tout entier au dehors; ce qui fait que même quel¬ ques ichneumones femelles n’ont point ces queues appa¬ rentes.

Lorsqu’une mouche ichneumone est pressée du besoin de pondre ses œufs, elle va se poser sur une chenille ou sur un ver 5 dont le corps est quelquefois plus grand que le sien. L’insecte a beau s’agiter , se tour¬ menter, la mouche enfonce sa tariere , et coule un œuf au fond de la petite plaie qu’elle vient de faire : la chenille en reçoit de cette maniéré vingt ou trente, suivant que la mouche est plus ou moins petite ; car les mouches plus grosses n’en mettent qu’un ou deux , suivant la force des vers qui doivent naître de ces œufs.

D’autres mouches ichneumones se contentent de coller un ou plusieurs œufs sur le corps de la chenille ; les vers ou larves sortant toujours par la pointe de l’œuf qui touche immédiatement le corps de la patiente , et s’y enfoncent. Ils y trouvent leur nourriture à l’instant de leur naissance ; car ils se nourrissent du corps même de la chenille.

La structure de la tariere de ces mouches ichneu - moues est très-curieuse ; 011 l’observe aisément dans les mouches à longue tariere . Cette queue que l’on avoit prise autrefois pour un ornement , ou comme quel¬ que chose de propre à diriger leur vol , est composée de trois filets , dont les deux collatéraux sont creusés en gouttière , et servent d’étui pour contenir une tige ferme , solide , dentelée par le bout , le long de laquelle régné une cannelure qui est le canal par lequel l’insecte fait descendre l’œuf. Ces mouches à longues tarières s’attachent aux endroits ou elles reçonnoissent les nids de guêpes ou d’ abeilles maçonnes , soit qu’ils soient placés dans le bois , ou qu’ils soient construits de mortier ou de sable ; elles se placent sur ces nids 9 et en faisant faire plusieurs demi- tours à droite et à gauche à leur tariere , qu’elles soutiennent avec leurs pattes de derrière de peur qu’elle ne rompe, elles pénètrent dans le fond du nid , et y déposent un ou plusieurs œufs ,, d’où doivent naître des vers qui afp*

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geront ceux pour qui l’abeille ou la guêpe a voit fini tant de précaution «, afin de les mettre à l’abri de tout ennemi.

Il y a des moucha ickntumonts si petites , et qui ont une tariere si forte, qu’elles percent les œufs de papillon et y déposent les leurs : on voit avec surprise sortir d’un tas d’œufs de papillon une multitude de petites mouches.

La chenille qui recela dans son corps un si grand nombre d’ennemis , n’en paroît pas d’abord fort in¬ commodée. Lorsqu’on vient à ouvrir cette chenille , on trouve toutes les parties intérieures entières ; ce qui donne lieu de penser que ces vers n’attaquent point les organes de la vie , qu’ils ne pompent que les liqueurs ou sucs nourriciers qui servent à Feri® tretien et à l’accroissement de la chenille , mais qu’ils les corrompent et qu’ils les empoisonnent par leur séjour. On voit avec étonnement au bout de quelques jours, auprès du cadavre delà chenille, quelquefois une vingtaine ou trentaine de petites coques de soie d’un beau jaune, ou de quelqu’autre couleur. Ce sont les vers des tchmumoms qui se sont filés ces coques pour subir leur métamorphose. v.

Les mouches ichneumones font quelquefois périr un très-grand nombre de chenilles : on en a eu la preuve dans l’automne de l’année 1731 et le printemps de 1732. Ces années furent si favorables aux chenilles * que leur multiplication donna de justes inquiétudes» Le Public en fut alarmé , et les Magistrats y apport terent par de sages réglemens tout le remede que la prudence humaine pouvoit suggérer. Mais ce qui fai- soit multiplier ainsi les chenilles , fit aussi multiplier dans la même proportion les mangeurs de chenilles. Les trois quarts et plus des chrysalides que l’on ou- vroit, (car il est bon d’observer que les chenilles qui ont le corps rempli de ces œufs étrangers , su¬ bissent leur métamorphose ordinaire) avoient toutes des vers dans le corps qui les rongeoient. Ces vers étoient nés des tchneumones 9 et ils firent plus de be¬ sogne que le travail des hommes pour nous délivrer pie ce fléau.

Il n’est pas rare de voir dans les jardins ui\e che*

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Mille attachée "sur une feuille , et auprès d’elle de pe^ fîtes coques de la grosseur d’un grain de froment 9 rondes , blanches, que l’on prendroit pour des œufs que la chenille couve ; la chenille paroît pleine de vie lorsqu’on la touche, mais elle est cependant dans un état de langueur , et paroît fixée sur le lieu par les soies de la coque qu’ont filée les vers qui sont sortis de ses flancs.

Il y a une coque de vers ichneumons , qui est des plus curieuses ; elle se trouve le plus ordinairement suspendue comme un lustre , par un fil long de trois ou quatre pouces , à quelques branches de chêne ; car c’est sur cet arbre que vit la chenille dans le corps de laquelle la mouche ichneumone dépose son œuf. Cette coque est traversée par une bande blanche dans son milieu ; dès qu’on la détache et qu’on la pose sur la main ou sur une table , elle saute à terre 9 ou elle continue encore de faire plusieurs sauts qui se succèdent les uns aux autres. C’est de cette espece de coque dont M. Carré avoit parlé dans les Mémoires 'de r Académie ; il en avoit vu un jour sautillant le long d’une allée, mais il n’en avoit point découvert ïa mécanique.

Cette coque contient un ver sauteur , qui en s’élan^ çant i’éleve en l’air , et l’éleve quelquefois jusqu’à trois ou quatre pouces en hauteur , et autant en longueur; on peut s’en assurer aisément, en présen¬ tant une pareille coque aux rayons du soleil ; elle est assez transparente pour permettre à un œil pé-> nétrant de voir ce qui se passe au dedans.

Les pucerons , les larves de charançons , les œufs d’araignées , sont aussi quelquefois le berceau de la mouche ichneumone. On trouve très -souvent sur les feuilles de rosier , des cadavres de pucerons , sans mouvement ; c’est l’habitation d’un petit ver , qui 9 après avoir mangé les entrailles , détruit les ressorts et l’économie intérieure du puceron , se métamor¬ phose à l’ombre de la pellicule qui l’enveloppe , s’y pratique une petite porte circulaire , et va s’élancer dans les airs. Il y a dans les bois des ichneumones qui osent attaquer les araignées , les larder avec leurs aiguillons , les déchirer à coups de dents , et venges}

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ainsi toute la natîon des mouches , d\m ennemi 'si redoutable. D’autres sans aiies (ce sont des femelles) déposent leurs œufs dans des nids d’araignées ; peut- être F tchneumone du hèdèguar ou éponge du rosier 9 ne s’y établit-elle que parce qu’elle y trouve d’autres in- sectes qui lui servent de pâture. On pourroit regarder la famille des mouches ickneumones , comme les Caraïbes de l’espece.

Il y a de certains petits ichneumons qui se distin¬ guent de tous les autres insectes 9 par les préludes amoureux qui précèdent leur accouplement; lorsque îa nature les invite à perpétuer l’espece , les mâles préviennent leurs femelles par des marques d’em¬ pressement et des signes redoublés et très-expressifs de l’amour le plus vif ; ils donneroiént des leçons aux amans les plus gai ans et les plus passionnés.

 l’égard de Yichnèumon de Laponie , Voye^ Uro- CERE ; et pour ce qui concerne une sorte & ichneumon aptère- des Antilles, Voy-e £ à Vârticle Pou de bois. O o trouvera à la suite de Y article Guêpe , le. détail de ce qui regarde les guêpes ichmumones .

ICl-ÏTYOGOLLE. Nom donné au grand esturgeon et à la colle que fournit ce poisson. Voye[ i'anich Esturgeon.

1CHTYODONTES. Voye% Glossopetres.

ICHTYOLITHES. Nom qu’on donne à des pois¬ sons pétrifiés , qu’on trouve assez fréquemment dans les carrières d’ardoises pu de pierres feuilletées grises et calcaires, et même dans le gypse. Quelquefois ces poissons sont en relief , adhérens à la pierre : d’au¬ tres fois la pierre se sépare, et on voit le relief d’un côté et l’empreinte de f autre : souvent aussi on n’a que l’empreinte que le poisson a laissée avant que d’être détruit. On a outre cela des parties de poissons très-reconnoissables , des. têtes , des ouïes , des na¬ geoires , des queues , des arêtes , des squelettes , des vertébrés , des dents et des mâchoires. Il n’y a point de Cabinet de fossiles ou l’on ne montre de ces pois¬ sons , ou quelques-unes de leurs parties , souvent même minéralisées. Le ni ont Bolca , près de Vé¬ rone , fournit un grand nombre de pierres chargées i’empreinres de poissons * on en trouve aussi en Aile-

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fttagne dans le voisinage d’Eisîeben , de Pàppenheim , de Mansfeld , d’Osterode , ainsi que dans le Duché des Deux- Ponts et en Suisse.

On donne le nom ichtyomorphes ou d 'ichtyotypo- lltts aux pierres qui portent et offrent des empreintes de poissons : elles sont plus communes que les ichtyo- lites en relief , et souvent minéralisées par la pyrite. On donne le nom à'ichtyospondiles aux vertebres des poissons , et celui de glossopetres à leurs dents.

ICHTYOLOGIE. Cest f histoire des poissons ; ce mot est composé de deux termes grecs , poisson , et *oyw , discours.

ICHTYOPHÂGES. On donne ce nom aux animaux qui ne vivent que de poissons ; de même qu’on nomme sarcophages ceux qui ne vivent que de chair.

ICHTYPÉRTE 5 îchtyperia . Bill a donné ce non! aux palais ^osseux des poissons , qu’on trouve fré¬ quemment fossiles,, à une grande profondeur en terre et presque toujours ensévelis dans des lits pierreux. Ce sont les siliquastra de Lhuyd ; cet Auteur les a nommés ainsi 9 à cause de leur ressemblance dans cet état à des sîliques ou gousses de végétaux. Les ichty- péries varient !:>eaucoup en figure , en couleur et en dureté. L’Angleterre abonde plus qu’aucun pays en ce genre de fossiles.

ICICARIBA. Voyei à F article RÉSINE ÉlÉMI.

ICTÉROGEPHALE ; c’est le guêpier à tête jaune 9 de M. Bris son. Tout le plumage inférieur est égale¬ ment jaune; l’œil est au milieu d'une large bande noire; le plumage supérieur est d’un marron foncé; le reste est d’un vert-jaunâtre ; sur les ailes on dis¬ tingue un peu de bleu , du noir et du rouge; le bec et les ongles sont noirs , les pieds jaunes.

ICTÎS. Nom sous lequel il paroît que les Anciens ont désigné la fouine ou le putois .

. IDE , Cyprinus Idus , Linn. ; Cyprinus iride suhluteâ 9 pinnis venir alibus anique rubris , Arted. ; Gronov. En Suède , ïd. Poisson du genre du Cyprin ; il se trouvé dans les eaux douces de l’Europe. Suivant Artedi , il a environ quinze pouces de longueur ; sa tête est r épaisse , large en dessus ; il n’a point dents aux mâchoires, mais on en distingue de part et d’autre,

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au fond de la gueule, notamment cinq grandes blanc nacré et un peu arquées. Les yeux sont située sur les côtés de la tête * leurs iris jaunâtres et par¬ semés de points noirs : le dos et sur -tout le ventre sont très-élevés , cette derniere partie est aussi la plus large ; les écailles sont grandes et disposées à la file les unes des autres. La nageoire dorsale , qui es t d’un blanc obscur , a onze rayons dont les deux pre¬ miers simples , les autres très-rameux ; les pectorales ont leur premier rayon simple , et les autres dont il est difficile de déterminer le nombre * sont ram eux les abdominales ont chacune dix rayons ; celle de l’anus en a treize , dont les deux premiers sont sim- pies et les autres branchas ; celle de la queue , qui est large et peu échanerée , en a dix-neuf. Le dos, et la tête de Vide sont d’un blanc-noirâtre en dessus ; les opercules des ouïes offrent des reflets 4’or et d’ar¬ gent, avec quantité de petits points noirs ; les côtés ont la teinte du dos 3 mais nuée d’argent offusqué de noir ; le ventre et ses nageoires , celle de l’anus * sont d’un éclat plus vif , avec de foibles teintes rouge ; les nageoires pectorales sont moins sombres que la dorsale ; celle de îa queue est d’un blanc- noirâtre , mais rougeâtre à son extrémité.

IDOLE des Negres , Boa constrictor. C’est îe ser¬ pent étouffeur ; Voyez Devin. V idole des Negres de Juida, paroît être le Boa scytale , Linn. 374. Il paroît que les serpens idoles sont d’un genre différent du serpent fétiche. V oyez ce mot .

JEAN-LE-BLANC -, Ilianaria . Il paroît que c’est Yoistm- Saint - Martin , pb enh 459 ; le lanier cendré: de M. Brisson j le faucon bleu d’Edv/ards ; la karpaye « épervier des Fauconniers. Quoique le jean-le-blanc pa~ roisse tenir quelque chose des aigles , du pigargue et du balbuzard , il n’en est pas moins , dit M. de, Bujfon , d’une espece particulière , et très-différente clés unes et des autres il tient aussi de la buse par la disposition des couleurs du plumage , et par un caractère frappant : dans de certaines attitudes et vu 4e face , il ressemble à l’aigle ; vu de côté et dans 4’autres attitudes , il ressemble à la buse. Il est singu¬ lier que cette ambiguité de figure réponde à l’ambiq

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giuté de son naturel , qui tient en effet de celui de Taigle et de celui de la buse ; en sorte qu’on doit à certains égards regarder le jean-le-blanc comme for¬ mant la nuance intermédiaire entre ces deux genres d’oiseaux. La longueur depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des ongles , est d’un pied huit pouces,. Son bec peut avoir dix- sept lignes de longueur , sa queue dix pouces , ses ailes cinq pieds un pouce d’envergure ; sa tête, le dessus de son cou, son dos* son croupion , sont d’un brun-cendré : toutes les plu¬ mes qui recouvrent ces parties sont blanches à leur origine , mais brunes dans tout le reste ; la gorge * la poitrine , le ventre et les côtés sont blancs , variés de taches longues et de couleur d’un brun-roux ; il y a sur le devant du bec , à sa base , des poils noirs * courts, inclinés en arriéré, qui s’avancent jusqu’au- delà de la longueur de la moitié du bec , sur sa partie convexe ; la membrane qui recouvre la base du bec est d’un bleu sale ; l’iris des yeux d’un beau jaune-citron ; les pieds sont couleur de chair livide dans la jeunesse , et jaunes lorsque l’oiseau est plus âgé. Cet oiseau voit très-clair pendant le jour , et ne paroît pas craindre la forte lumière; on le voit même tourner ses yeux du côté du plus grand jour* et même vis-à-vis le soleil. Lorsque cet oiseau , que M. ch Buffon a élevé chez lui , vouloir boire , il commençoit par regarder fixement et long- temps* comme pour s’assurer s’il étoit seul ; alors il s’ap- prochoit du vase oii on lui avoit mis de l’eau , il regardoit encore autour de lui ; enfin , après bien des hésitations , il plongeoit son bec jusqu’aux yeux* et à plusieurs reprises , dans l’eau : il y a appa¬ rence que les autres oiseaux de proie se cachent de même pour boire : cela vient vraisemblablement de ce que ces oiseaux ne peuvent prendre de liquide qu’en enfonçant leur tête jusqu’au-delà de l’ouverture du bec et jusqu’aux yeux ; ce qu’ils ne font jamais * tant qu’ils ont quelque raison de crainte. Le jean- h-blanc , que M. de Buffon a élevé, ne montroit de défiance que dans cette seule occasion ; car d’ailleurs il paroissoit toujours indifférent et même assez stu- pfdec 3[1 n’étqit point méchant , et se laissoit toucher.

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sans s’irriter ; il avoit même une petite expression de contentement , - 9 lorsqu’on lui donnoit à manger ; mais il n’a pas paru s'attacher à personne de préférence. Cet oiseau est très-commun en France , et est redouté des paysans , par les dommages qu’il leur cause : il mange leur volaille encore plus har¬ diment que le milan. Le surnom de Saint-Martin pa- roit lui avoir été donné parce qu’il reparoit en au¬ tomne , soit qu’il soit de passage , soit qu’il se cache dans les forêts pendant l’été. A le voir voler on le prendroit pour un héron : il bat des ailes , et ne s’élève pas aussi haut que la plupart des oiseaux de proie. Soir et matin il vole contre terre dans les basses-cours , le long des bois et aux bords des fo¬ rêts, en cherchant îa volaille 5 les perdrix , les jeunes lapins , les petits oiseaux et même les reptiles , les lézards.

JEK ou Jerepomgng-a. C’est un serpent aquatique du Brésil , qui se tient souvent dans l’eau sans faire aucun mouvement. Il suinte de son corps une subs¬ tance si visqueuse, dit -on, que les animaux qui touchent sa peau , s’y collent de maniéré qu’on a peine à les en arracher ; ainsi , il en fait aisément sa proie. Ruysch dit que ce serpent sort quelquefois de l'eau pour se mettre sur le rivage, il s’entor¬ tille ; que si quelqu’un alors y porte la main pour le prendre , elle s’y attache ; et s’il en approche l’autre main , croyant s’en débarrasser , elle y de¬ meure pareillement attachée : aussi -tôt ce serpent s’étend de sa longueur , et retournant dans la mer , emporte avec lui sa prise et en fait sa pâture. C’est ainsi que la frayeur ôte les forces. Ce reptile paroît être le serpent dit le visqueux .

JEKK'O. Voyc^ Gecko.

JELDOVESX. En Turquie, race de chameaux ap¬ pelés chameaux de vent. Voyez à V article CHAMEAU.

JENDAYA. Voyez à l’article Perruche jaune du Brésil.

JERBO , ou Jerboa , ou Gerbua. En Arabie, c’est le çerbo. V oyez à Y article Gerboise. JEREPOMONGA. Voyez Jek.

JESEF , en Arabie et en Barbarie, C’est le babouin / Voyez ce mot *

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JESSE , Çyprinus Jeser9 Lion. ; Cypnnus cuhitalts » plnnâ a, ni ossiculorum quatuor ckcim 9 Arted. ; Capito ccs.ru - lais Gcsneri , Willughb. ; en Allemagne , scheert , koppens jcsen , jese 9 jesit % , jentling. Poisson du genre du Cyprin; il se trouve dans plusieurs fleuves de F Alle¬ magne , sur - tout dans le Danube : il a au moins vingt pouces de longueur , sur quatre de largeur. Willugkby dit que sa tête est large; la gueule, ample et recourbée en haut par le bout ; les narines ont chacune leur ouverture double; le crâne, transparent et dan brun pâle ; le corps , large et comprimé laté¬ ralement : le dos offre une légère éminence près de la tête ; sa couleur est d’un bleu mêlé de brun ; les côtés sont argentés; le ventre est jaunâtre : la nageoire dorsale a onze rayons; les pectorales en ont chacune dix-huit; les abdominales , neuf ; elles sont nuées de rougeâtre ; celle de l’anus en a quatorze ; celle de la queue est fourchue. Ce poisson fraie en Avril : il se nourrit de vermisseaux : sa chair est agréable au goût ; mais on prétend qu’elle n’est pas fort saine.

JET ou Canne a main. Voye^ à F article Rotin.

Jet-d’eau marin. C’est une production singuliers du Cap de Bonne-Espérance, etc. qu’on prendroit d’abord pour une éponge ou pour une masse de mousse. Elle tient assez fort aux rochers pour résister aux vents et aux vagues : sa couleur est verdâtre. Ce jet-d’eau marin distille de lui-même une humeur aqueuse. Ce qui nous le fait regarder comme un [oophyte y c’est que dans l’intérieur il renferme une substance charnue informe , qu’on prendroit pour un gésier : on ne lui découvre aucun signe de vie animale; mais pour peu qu’on le touche , il pousse , par deux ou trois petits trous , d’assez beaux jets -d’eau , et recommence autant de fois qu’on y porte la main, jusqu’à ce que son réservoir soit entièrement épuisé. Tout ceci indique que c’est une espece S holothurie ou un ^ oophyte . Voyez ces mots .

Jet-sureau. Espece de saurums . Cette plante qu’on estime apéritive , croît à l’embouchure des rivières , aux Antilles.

JETÂIBÂ. C’est le courhdril.

JETONS D’ABEILLES. Voye^ à F article Abeille;

JEV JEU

JEVRASCHKA. Sorte de marmotte de Jakusfe em Sibérie. Cet animal a la tête ronde et le museau écrasé ^ on ne lui voit point d’oreilles , et l’ouverture du con¬ duit auditif est cachée sous le poil : la longueur du, corps, y compris la tête, est d’environ un pied ; la queue n’a guère que trois pouces ; elle est presque ronde auprès du corps ; ensuite elle s’aplatit , et soa extrémité paroît tronquée : son corps est assez épais ; son poil , fauve , mêlé de gris , et celui du bout de la queue , presque noir : les jambes sont courtes , les postérieures sont plus longues que les antérieures ; les pieds de derrière ont cinq doigts armés chacun d’un ongle noir et un peu courbé \ ceux de devant n’en ont que quatre.

Ces animaux sont méchans , coîeres : lorsqu’on les irrite , ou seulement qu’on veut les prendre , ils mor¬ dent violemment , et font entendre un cri aigu , comme la marmotte vulgaire : pour manger , ils se tiennent assis , et portent à leur gueule la picorée avec les ■pieds de devant.

Les jevraschkas se recherchent au printemps , et pro¬ duisent en été ; les portées ordinaires sont de cinq ou six petits ; ils se font des terriers ils passent l’hiver , la femelle met bas et allaite ses petits* Au reste, cette marmotte jevraschka paroît assez diffé¬ rente de notre marmotte des Alpes , pour qu’on doive îa regarder comme formant une espece à part. Voyt. ç maintenant Y article Marmotte.

JEUX DE LA NATURE , Lusus Naturæ. Les Litho- logistes donnent ce nom à des pierres que l’on tire du sein de la terre , et qui ont différentes configura¬ tions assez relatives aux productions organisées des autres régnés de la Nature.

On peut distinguer deux genres de pierres figurées : il y en a qui ne doivent leur figure qu’à de purs effets du hasard : c’est ce qu’on appelle proprement jeux de la Nature ou du hasard . Des circonstances tout- à -fait naturelles, et qui ont pu varier à l’infini, paroissent avoir concouru pour faire prendre à la pierre molle , dans son origine , des figures singu«. lieres , parfaitement étrangères au régné minéral , et qui se sont conservées îïfême après que la pierre s<

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requis un certain degré de dureté. Ces pierres figu-* rées sont en très-grand nombre. La Nature , en les formant, a agi sans s’assujettir à aucunes réglés. La figure qu’on y remarque , n’est donc que la suite de purs accidens , et n’est point soumise aux lois d’un modèle : mais il faut convenir ici que souvent i’œil préoccupé d’un Curieux qui forme un Cabinet , ou d’un Naturaliste enthousiaste , croit y appercevoir et remarquer des choses qu’on n’y trouveroit peut-être pas en les examinant sans préjugé , sans complaisance <et de sang froid. On peut regarder comme des pierres figurées de cette première espece , les marbres de Flo~ rence sur lesquels on croit voir des ruines de villes et de châteaux les cailloux d'Egypte qui présentent en apparence des paysages , des grottes ; les priapo * lites y etc. On pourroit placer ici le garnîtes ou pierrz 4e mariage de Pline , l’on voyoit deux mains qui se joign oient ; les dendrites ou pierres herborisées ; quel¬ ques pierres qui ressemblent à des fruits , à des os 9 ou qui portent l’image de quelques autres substances végétales ou animales. La plupart de ces jeux de la Nature n’ont qu’une ressemblance imparfaite et le plus souvent arbitraire avec les objets auxquels ou les compare.

Il y a des pierres figurées qui tirent leur origine de corps étrangers au régné minéral , lesquels ont servi comme de moule à une matière pierreuse encore molle. Celle-ci en a pris et conservé l’empreinte in¬ térieure à mesure qu’elle s’est durcie : souvent le moule s’est détruit par le temps. Dans ce cas , il n’a resté du corps qui a servi de moule , que la figure. On doit ranger , dans cette seconde espece, un grand nombre de pierres qui ressemblent à des coquilles , des madrépores , du bois , des poissons , etc. ou qui portent Y empreinte de ces substances ; empreinte qu’il ne faut pas confondre avec les fossiles proprement dits.

Il y a aussi des pierres figurées qui représentent des choses artificielles comme si elles avoient été jetées en moule ou travaillées par un Sculpteur. Celles-ci ne doivent quelquefois cette configuration extraor¬ dinaire qu’à certaines especes de madrépores qui 5

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comme Ton sait , ont des formes bizarres et variées à l’infini : communément elles n’ont point de type dans la Nature , et elles ne sont redevables qu’à l’art de la figure qu’on y remarque ; il est souvent mis à contribution pour abuser les Curieux. Il est parlé d’une pierre l’on voyoit , ou du moins on croyoit voir , une Religieuse ayant une mitre sur la tête , vêtue des ornemens pontificaux , et portant un enfant dans ses bras . On a observé que la plu¬

part des pierres figurées se trouvent dans des lits de marne, Voye^ à L'article Jeux de la Nature , p. 54/ , vol. IL de notre Minéralogie . Voyez aussi les mots Lrrao MORPHÎTES , LiTHOGLIPHITES , PïERRE DE CilOIX ,

Géodes , Priatolïtes , Dendrites , Empreintes , Pierres figurées fossiles Pétrifications , et l'article STALACTITES dans ce Dictionnaire. On peut encore comprendre , sous le nom de jeux de la Nature s les monstruosités dans quelques individus du régné animal et du régné végétal. Voye[ Monstre.

IF ou YF , Taxas s J. B. ; Fit. Tourn. ; Smilax arbor9 Cam: ; Taxas baccata , Linn. 1472. Arbre fort connu , qui ressemble au sapin et à la pesse , et qui croît aux lieux montagneux , pierreux et escarpés, aux pays chauds , comme en Languedoc , en Provence et en Italie : on le rencontre aussi en Suisse , en Angleterre et en d’autres pays 9 dans les montagnes et forêts ombragées. Sa racine est grosse , dure et profonde : elle pousse un tronc élevé qui forme un arbre tou¬ jours vert. Cette tige principale acquiert souvent une grosseufr très-considérable. Ray cite deux ifs très- âgés , dont Fun avoit plus de trente pieds de tour, et l’autre cinquante -neuf pieds de circonférence au tronc, c’est-à-dire , vingt pieds de diamètre. Le bois de Vif est fort dur, rougeâtre, veiné, incorruptible, propre à faire des cannes, des tables , des tasses , et plusieurs autres meubles. Ses rameaux sont durs , garnis de feuilles linéaires, semblables à. celles du sapin , mais plus foibles , plus pointues , nombreuses, très-rapprachées et disposées comme les dents d’un peigne 5 luisantes en dessus , d’un vert-noirâtre, d’un goût un peu amer. Les fleurs mâles qui paroissent au printemps 5 sont des chatons d’un vert pâle 9 com-

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pôsés d’un pivot garni à sa base de trois ou quatre petites feuilles en écaille , et terminé par un bouton cPoü partent quelques étamines , dont les sommets sont remplis d’une poussière très-fine , taillés en cham¬ pignon , et recoupés en quatre ou cinq crénelâtes : ces chatons ne laissent aucune graine après eux. Les fruits naissent sur le même pied , mais dans des endroits séparés (sur des pieds différens , selon MM. dtHallu et Linnœus ) ; ces fruits qui mûrissent en automne , sont des baies molles 5 rougeâtres , pleines de suc , creusées sur le devant en grelot, c'est-a-dire, ouvertes au sommet , de maniéré à laisser voir le noyau ; ces baies sont d’une belle couleur d’écariate , et ne ren¬ ferment qu’une semence ovale dont l’écorce dure, brunâtre , contient une moëlle d’un goût assez agréable , mais foible et tirant sur ramerrurne.

On ne connoît qu’une espece d 'if, mais elle donne une variété à feuilles panachées. L'if vient de mar¬ cotte ou mieux encore de graine ; mais elle reste plus d’un an en terre sans lever. Gesner dit qu’il re¬ prend aisément , si on le transplante tout petit , et il dure plus d’un siecle. U if est peut-être , de tous les ar res , celui qui souffre la taille avec le moins d’inconvénient , et qui conserve le mieux la forme qu’on vèiit lui donner : on lui voit prendre , sous les ciseaux du Jardinier, des figures rondes, coniques, spirales , en vase. On le met dans les plates-bandes des grands jardins, pour en interrompre l’uniformité : on le place aussi dans les salles de verdure et autres pièces de décoration ; niais le meilleur usage que l’on puisse faire de cet arbre , c’est d’en former des banquettes , des haies de clôture , et sur-tout de hautes palissades, qui deviennent bientôt d’une force impé™ nétrable. Le mois de Juillet est le temps le plus pro¬ pre pour la taille de cet arbre. Les grands ifs ne sont plus de mode qu’entre les arbres des grandes allées ou dans les parcs : on les réduit en pyramides de trois ou quatre pieds de haut pour, les parterres. Ces pyramides faisaient autrefois un des principaux or- nemens des vastes jardins : le Jardin Royal de Ken- sington près de Londres , en fournit un exemple.

Les arcs les plus estimés chez les Anciens , étoient

faits de bois d 'if; et encore aujourd’hui , nos Menui¬ siers et nos Tourneurs en font grand cas, Evelyn dit que ce bois ne le cede à aucun autre en bonté s pour faire des dents de roue de moulin 9 des essieux de charrettes et même des itlstrumens de musique* Les Allemands en décorent leurs étuves,

Dioscoride 5 Galien et Pline * suivis de toute l'an¬ tiquité , ont regardé Vif comme un poison. Jules-* César 3 dans le sixième Livre de ses Commentaires , dit que Cativuicus , Roi des Éburoniens , s’empoisonna avec du suc d 'if Matthiole et j. Bauhin rapportent nombre d'expériences qui confirment ses mauvaises qualités. Le P. S chou , Jésuite , assure que si l’on jette de Vif dans de Teau dormante , les poissons ,en deviennent tout étourdis, de sorte qu’on peut les prendre avec la main. /. Bauhin a également ob¬ servé cette vertu narcotique sur les bestiaux. Ray semble confirmer cette expérience , en parlant d’un îf fort touffu qu’on cultivoit dans le jardin de Pise» Il dit que les Jardiniers qui avoient soin de tondre cet arbre , ne pouvaient rester plus de demi-heure à faire ce travail , sans ressentir une violente douleur de tête qui les empêchoit de continuer leur ouvrage* On lit dans les Affiches de 1754 , que vers la fin de l’année 1753 , plusieurs chevaux étoient entrés dan§ un verger voisin de la ville de Bois-le-Duc en Hol¬ lande, qu’ils y mangèrent des branches d 'if, et quatre heures après , sans aucun autre symptôme que des Convulsions qui durèrent une ou deux minutes , ils tombèrent Fun après l’autre. Jusqu’ici tout paroît Concourir à ranger Vif dans la classe des poisons.

Cependant , si on écoute Label et Camerarius , et encore plus l’expérience, on reconnaîtra bientôt que cet arbre n’est pas dangereux dans tous les pays. Label rapporte qu’en Angleterre les enfans mangent impunément tous les jours les fruits de Vif 9 et que ces mêmes fruits servent de nourriture aux pour¬ ceaux. Le Botaniste Anglais Gérard dit en avoir mangé avec plusieurs personnes , sans qu’il en ait ressenti aucune incommodité; il ajoute qu’il a dormi souvent à l’ombre de cet arbre sans mal de tête et sans aucun accident : on voit tous les jours des enfans manger

v des.

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'de *s baifcs d9*/ au Jardin Royal des plantes de Paris * et dans celui des Tuileries , sans qu’il en résulté ■aucun inconvénient.

Tant de faits si contraires nous portent à croire que le fruit de cet arbre n’a aucune qualité veni- tueuse par lui- même i et que s’il est dangereux dans d’autres pays , on doit l’attribuer au climat , qui lui donne cette mauvaise qualité. Les qualités des plantes varient suivant les climats : on en a des exemples sensibles dans le napel et la ciguë î Vif peut être dans le même cas. I! paroît constant que les rameaux qui contiennent en même temps le bois * la feuille et la fleur > sont d’un usage très-dangereux ; il y a sur cela un exemple assez intéressant. Il y a quelques années qu’un particulier ayant attaché son âne dans une arriéré- cour du Château du Jardin du Roi il y avoir une palissade d 'ifs , l’animal pressé par la faim à brouta des rameaux d'ifs qui étoient à sa portée , et lorsque le maître vint pour prendre son âne et le conduire à l’écurie , il le vit tomber par terre et mourir subitement tout enflé 5 malgré le secours d’un Maréchal qui fut appelé sur le champ , et qui recon¬ nut par quantité d’indices , que l’animal avoit mangé quelque chose de venimeux.

IGNAME ou Inhame , ou Inians , Polygonum scan* dens 9 H etich Amtricum , Thev. 52 ; Dioscorea , PI. Ic* 117 : les Caraïbes l’appellent couchou. Espece de plante de Nigritie , dont les Negres mangent la racine ; ü en est de même de quelques Sauvages de l’Amérique 9 il s’en trouve aussi. On distingue , dit Nicoïson * trois especes d'igname : la blanche , la violette , et celle de Cayenne . On en distingue quatre sortes à la Ja¬ maïque : data 9 bulbifera 9 sativa 9 triphylla .

L'igname est regardé à la Guiane comme une liane : sa racine est longue d’un pied et demi dans les bonnes terres $ elle se plante en Décembre ou au printemps; on peut six mois après l’arracher , on connoît sa maturité lorsque les feuilles se flétrissent ; on coupe sa racine en morceaux, on la mange rôtie sous la braise, ou bien quand elle est d’une grosseur moyenne ÿ. on la fait bouillir entière avec le bœuf salé : elle sert quelquefois de pain; 011 en fait aussi des bouillki Tome VIL $

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agréables. Les Negres en font du langou et du paînï Mats on rustique de Cayenne .

U igname est une plante rampante , grimpante comme le houblon , garnie de filamens , gui prennent racine et qui sont très - propres à multiplier : sa tige est carrée et à peu près de la grosseur du petit doigt ; ses feuilles sont en cœur , d’un vert pâle , et grandes comme celles de la bardane ; ses fleurs sont en forme de cloche et disposées en épis ; il leur succédé des siliques garnies de petites graines noires. L 'igname vient plus communément de bouture : on emploie à cet effet la tête du fruit et une partie de la tige qui le porte. On a vu des racines d'igname qui pe- soient trente livres.

1GNARUCU. Cest le lézard iguane. Voyez ce mot*

JIYA. Nom que porte au Brésil , selon Marcgrave 9 Tanimal qu’il appelle autrement carigueibeju , et qui est la saricovienne . voyez ce dernier mot .

IGUANE , Lacerta ( îguana ) caudâ tereti longâ 9 sutura dors ali dent ata , cris ta gulæ denticulatâ , Linn. ; Lacer tus Indiens , Senembi et Iguana dictus , Catesby ; Ltguana nonnullorum . Ce lézard est du quatrième genre , et se trouve dans les Antilles : selon quelques Auteurs, on le trouve aussi dans les Indes Orien¬ tales ; les Haïtains l’appellent ignona et inana ; quelques Indiens le nomment soaager ; des Colons François lui ont donné l’épithete de coq de joute , et les habi- tans de la Martinique l’appellent gros lézard. Il a quel¬ quefois quatre pieds de longueur , même davantage , et huit à douze pouces de circonférence par le plus gros du corps : il est notamment très -commun à Surinam , on le trouve dans les fleuves et sur les arbres : il ne pousse aucun cri , et quoiqu’il soit d’un aspect affreux , disent Oviedo et IVormius , il n’est point nuisible. Linnceus et Marcgrave rapportent qu’il est même recherché comme aliment aussi bien que ses œufs , par les Naturels du pays ; sa graisse est estimée nervale ; il est si stupide , qu’on le prend avec la plus grande facilité. Les Sauvages attendent pour cela le moment il est sur un arbre , ils s’ap¬ prochent avec un long bâton auquel est suspendue une ficelle à nœud coulant ^ l’animal considéré, dit-on ?

cet appareil avec une espece de surprise , et se laissé envelopper par la ficelle , sans faire aucune résistance * quoiqu’il soit d’ailleurs très -léger à la course. Ou prétend néanmoins que dans la saison de sa répro¬ duction , au printemps, il ne laisse pas approcher aisément de sa femelle , il s’élance alors sitr l’homme, et le seul moyen de lui faire lâcher prise , est de frapper rudement sur le nez 5 de lui introduire quelque instrument pointu dans les narines , ce qui le fait sai*> gne'r , et souvent , ajoute-t-on , on le blesse à mort ; il nage très-bien , et il peut rester quelques moment au fond de feau.

La tête de Y iguane est petite , étendue en hauteur* et un peu alongée par-devant ; elle a entré les yeux un large sillon disposé en longueur , et est toute couverte de callosités ; le museau est petit et aigu ; les narines sont saillantes , arrondies et placées sur les côtés du museau ; les yeux sont d’une grandeur médiocre , situés sur les côtés la tête et tournés en avant ; les mâchoires sont égales ; cou est très -court, plus mince que la tête , couvert d’une peau lâche et plissée , garni des deux côtés , vers le dos, de très -petites verrues disposées sut plusieurs rangs ; le dos est large et voûté ; les côtés de l’ab¬ domen sont convexes et saillans j le ventré est un peu aplati ; la queue , qui surpasse une fois le corps en longueur , est arrondie * d’une forme conique , et composée d’un très-grand nombre de segmens qui ne «ont point sensiblement distingués ies tins des autres ; les pieds sont assez alongés , et Ont chacun cinq doigts garnis d’ongles aigus, comprimés par les côtés et recourbés*

Ce lézard est sur -tout remarquable par une crêté qui s’étend en longueur depuis la tête jusqu’à l’extré¬ mité de la queue. Cette crête est garnie de plus trois cents petites dents comprimées , amincies par les côtés , droites dans leur partie inférieure , ét re¬ courbées vers leur sommet* Outre cette crêté é il y en a urté autre en forme de membrane , qui pend sous gueule ; elle est divisée en son bord antérieur par environ quinze petites dents , et entière en son bord postérieur : les -écailles qui couvrent le corps

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sont très - petites , d’une figure ovale et convexe | elles forment une multitüde infinie de segmens , dont ceux qui se trouvent sur le dos et la queue sont si étroits , que l’œil ne peut les distinguer ; mais ceux qui divisent la partie inférieure du corps sont beau¬ coup plus sensibles et plus distincts.

Gronovius dit que la couleur de toutes les parties supérieures du corps est d’un bleu-noirâtre , marquée de raies d’un bleu- blanchâtre : celle des jambes , de l’abdomen et de la queue est panachée.

Jean-Antoine Gauthier a représenté dans sa Collection de Planches (T Histoire Naturelle , l’anatomie de Yiguana a pl. *4, Paris, 1757, in- 4.0

ILE ou Isle, Insula . Nom donné à une portion de terre environnée de tous les côtés 9 d’une mer ? d’une riviere , d’un fleuve , d’un lac , d’un étang $ mais qui s’élève au-dessus des flots. Le plus grand nombre des isles de la mer se trouve entre les Tro« piques. Les isles ne sont en général que les sommets les plus élevés des chaînes montueuses , qui sillonnent par diverses ramifications la partie du globe que la mer recouvre. Les parties de la continuation de ces chaînes marines , forment des bas-fonds , des écueils et des rochers à fleur d’eau , en sorte que ces terres plus ou moins proéminentes nous tracent sensible¬ ment la route que suivent ces chaînes de montagnes sous- marines. On pourroit inférer de ceci que les détroits ne sont que l’abaissement naturel ou bien la rupture forcée des montagnes qui forment les pro¬ montoires. Ce qui tend à le confirmer, c’est que les détroits sont les endroits la mer a le moins de profondeur ; on y trouve une éminence continuée d’un bord à l’autre ; et les deux bassins que ce dé¬ troit réunit , augmentent en profondeur par une pro* gression constante : ce qu’on peut voir dans le Pas de Calais et dans le Détroit de Gibraltar. P'oyei Détroit , Montagne , et l'article Terre.

Il est digne de remarque que les nouvelles isles ne paroissent jamais qu’auprès des anciennes, et Y on n’a point d’exemple qu’il s’en soit élevé dans les hautes mers. Les grands amas cY isles qui forment autant d’Ar* chipels , et présentent une multitude de pointes perç

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éloignées etitr’elles , sont voisins des continens , et sur-tout dans de grandes anses formées par la mer* Les isks solitaires sont au milieu de l’Océan , et en petit nombre. Les isks flottantes que F on vOÎt dans la partie supérieure de la mer Adriatique , se forment des racines de roseaux arrachées , chargées , et qui se sont entrelacées. La plupart des islots qui se forment tous les jours près la terre ferme , proviennent des dépôts de limon , de sable et de terre , que les eaux des fleuves et de la mer entraînent et transportent à différens endroits , notamment à l’embouchure des rivières , il se forme des bancs de sable assez considérables pour former des isks d’une grandeur médiocre.

Dans les pays les pluies sont très- fréquentes et très-abondantes , à la Martinique , par exemple , Ton compte plus de quarante rivières presque toutes navigables , on y voit une multitude is lots ou d 'iskts, dont les uns ont été formés lentement par de pareils dépôts ; les autres sont la suite et l’effet subit des tremblemens de terre. Toutes les isks de la Marti¬ nique éprouvèrent ce désastre en 1727.

La mer , en se retirant et s’éloignant des côtes J laisse à découvert les parties les plus élevées du fond ; de rnêine en s’étendant sur certaines plages , elle ne couvre pas les parties les plus élevées; dans l’un et l’autre cas, ceci forme encore autant à' isks nouvelles et petites. Voici les noms des isks les plus fameuses et les plus considérables ; on compte en Europe , la Grande-Bretagne , l’Irlande , la Zélande , l’Islande , la Nouvelle Zemble , la Sardaigne , la Sicile , Candie , la Corse , Majorque , Malthe uen Afrique , les Ca¬ naries , le Cap-Vert , Madaga^Èar , Sainte-Hélene T Ascension , l’Isle Bourbon ,^Zoccotora ,||tc. : en Asie , Manille ou Luçon , Ni|feon , Bornéo , Sumatra, Java, Ceylan , Mindanao, Celebes, Gilolo, Timor, Amboine , Céram et Jedso : en Amérique , Terre- Neuve , la Terre de Feu , Cuba , Saint-Domingue , la Jamaïque , les Açores, la Guadeloupe, la Barbade, Curaçao , Porto-Rico , Chiloë.

IMBERBE , Ophidion imberbe , Linn. \ Willuhgb. ; Ophidion ( cirris ç areas ) ? Arted, ; Gronov* ; Encfie ~

S 3

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ïiopus flavus îmlerbis , Klein. Poisson du gèûfë ëè la Do nielle : il se trouve dans la Méditerraoéé. Ron~ delà dit qu’on le pêche fréquemment autour des Isies de Lerins près d’Antibes ; il n’a point , comme la barbue , qui est du même genre , clés barbillons sous la mâchoire inférieure ; d’ailleurs , la couleur de Yimberbe est jaune, quelquefois avec des traces noires sur le dos : la couleur de la barbue est d’un gris- cendré. L'imberbe a la nageoire dorsale très-basse 9 très-âpre au toucher; elle parcourt toute la longueur du dos , et est garnie , dit Linnoms , de soixante-* dix-neuf rayons ; celle de l’anus , qui lui ressemble % en a quarante-un ; celle de la queue en a cent dix*- huit : Gronovius , qui réduit ces trois nageoires en une seule , augmente- de dix la somme de tous les^ rayons : les nageoires pectorales ont la forme d’un fer de lance, et ont chacune vingt-six rayons , tous fourchus ; cette espece , ainsi que la barbue 5 n’a point de nageoires abdominales»

IMBRICATA , est un coquillage bivalve du genre des Cœurs . Voyez Faxtiere.

IMBRIM des Mers du Nord , pl enl pp. C’est le grand plongeon tacheté , de M. Frisson . Ce grand plongeon de "nier , que les habitans de Flsle de Feroë ont nommé imbrim , est plus gros qu’une oie ; sa longueur totale est de plus de deux pieds et demi ; l’envergure est de quatre pieds trois pouces ; il vit ordinairement sur les mers du Nord ; il est abondant aux Orcades , aux Isles Feroë , sur les côtes d’Is¬ lande et de Groënland ; ce n’est que dans les hivem les plus rigoureux qu’on le voit quelquefois sur les mers Occidentales de l’Angleterre : son cri est très- fort et se fait en|Ëjpre de loin , sur - tout à l’ap- proch^Àme tempête; le plumage du ventre est blanc ; le restümi plumage noirâtre , mais nué de ver¬ dâtre à îa tête , à la gdrge et au cou : on observe si ir la longueur de son cou une et quelquefois deux larges bandes , rayées de bandes noires et blanches alternativement ; le plumage supérieur offre par -ci par-là quelques taches blanches et rondes; le bec est noir, blanchâtre à son extrémité; les pieds sont noirâtres ; h ponte est. dit-on ? de deux œufs.

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ÏMMA. Espece A'ochre rouge , ferrugineuse , dont les Teinturiers et les Peintres se servent en Perse. Dans tous les pays les femmes se contentent rarement des attraits que leur a donnés la Nature pour plaire. En Perse elles rehaussent la couleur de leur teint avec ce rouge minéral. Cette terre se tire particuliérement de la montagne de Chiampa près de Bander-Âbassi.

IMMORTELLE , Elichrysum. C’est une plante qui s’élève à la hauteur d’un pied , dont les tiges sont très-dures , lanugineuses , garnies de feuilles étroites , velues et blanchâtres. Les fleurs naissent aux sommités des tiges, ramassées en maniéré de tête , composées de plusieurs fleurons réguliers , soutenus par des calices écailieux , fort secs : il y en a de jaunes , de blanches et de rouges ; c’est de la différence de ces couleurs qu’on l’a nommée quelquefois amaranüie jaune ou bouton d*or , ( Chrysocoma sive Coma aurea , et Stœchas citrina vulgaris , Park. ) , éternelle ou bouton blanc , etc. Cette fleur est nommée , avec raison , immortelle ; car cueillie à temps sur sa tige , elle se conserve plusieurs années sans se flétrir ni s’altérer ; effet qu’il faut attri¬ buer à ce que les pétales des fleurs sont dans un état de siccité 5 semblable à celui que l’on procure à d’au¬ tres fleurs , en les faisant dessécher dans un bain de sable chaud , afin de les conserver. Voye. i Fleurs.

L’ immortelle croît naturellement aux lieux secs J sablonneux et arides des pays chauds , en Espagne 9 en Portugal , en Italie , en Languedoc , à Montpellier % en Provence : elle fleurit en Septembre. On ne la cultive dans nos jardins que pour la fleur qui est d’une grande beauté , d’une odeur forte et agréable : les Dames la mettent , pour se parer , dans leurs cheveux. La graine, qui succédé à chaque fleuron , est pareille¬ ment odorante , oblongi^e , fauve et garnie d’une aigrette ; sa racine est simple, bien nourrie , ligneuse * ayant une odeur approchante de celle de la gomme élémi. Cette plante est apéritive , vulnéraire et hysté¬ rique. On replante Y immortelle en Septembre , comme beaucoup d’autres fleurs.

Selon M. Adanson , les xeranthema ou immortelles à fleurs rougeâtres et blanchâtres , ( Xeranthemum annuum Linn. 1201 9 et fore simplici 9 purpureo , majore 9 H. L. B.

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JPitt. Tourn. ) ne different des chardons qifen ce que l’enveloppe commune de leurs fleurs et de leurs feuilles est sans épines. On range Y immortelle, jaune parmi les plantes fleuronnées ; et le xerantkemum 3 parmi lès plantes à fleurs radiées . A l’égard de Y immortelle d’Afrique % Vcyei à l'article Herbe BLANCHE.

ÏMPANGUEZZE. Pfvÿef Emparasse.

IMPÉRATOIRE ou Benjoin François, Impera toria major , C. B. Pin. 1 56; împeratoria ostruthium Linn. 371 , est une plante qui se plaît dans les Alpes, les Pyrénées et suivie Mont-d’Gr. Sa racine qui est fameuse en Médecine, serpente obliquement ; elle est vivace, de la grosseur du pouce, et très-garnie de fibres , genouillée , brune en dehors , blanche en dedans, d’un goût très - âcre , aromatique , un peu amer , qui pique fortement la langue , et qui échauffe toute la bouche. Les feuilles sont pédiculées , arron¬ dies, vertes , grandes , partagées en trois folioles lar¬ ges , trilobées et découpées à leurs bords , ou dentées* La tige s’élève à la hauteur de deux à trois pieds : die est cannelée , creuse , et porte des fleurs en rose, disposées en parasol : les subdivisions: de l’ombelle ou les ombelles partielles, sont garnies, dit M. Ddeuçe , d’une fraise de feuilles très-étroites , de même longueur que les rayons : aux fleurs succèdent des fruits formés de deux graines aplaties, presque ovales, un peu rayées et bordées d’une aile très-mince.

Vimpératolre qu’on cultive dans les jardins , a moins de force que celle des montagnes. Lorsqu’on fait tme incision dans la racine , dans les feuilles et la tige de Vimpératolre \ il en découle une liqueur huileuse d’au goût aussi acre que le lait du tithymale.

La racine et la graine donnent dans la distillation beaucoup d’huile essentielle, qui surpasse, par son ©cleur et par ses vertus , celle de l’angélique. La racine est sudorifique, dissipe les vents de l’estomac, des intestins et de la matrice. Hoffmann la vante comme un remede divin pour rétablir les réglés des femmes, et pour guérir la stérilité ou la froideur des hommes: elle aide" la digestion et facilite la respiration ; mais son principal usage est dans les maladies qui viennent de poisQn coagulant et dans les coups d’instrumens

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empoisonnés , même dans les vertiges qui menacent d’apoplexie : cette racine entre dans l’orviétan et la thériaque.

IMPOOF. Voyei à F article CANNA.1

IMPOSTEUR, de Ruysch. Voyez Trompeur.

IMSIRE, à Congo ; c’est le vansire . Voyez ce moti

INCRUSTATIONS , Incfustata . Nom qu’on donne à une croûte ou enveloppe comme cristallisée , plüs ou moins compacte et dure, qui se forme peu à peu en guise de dépôt autour des corps qui ont séjourné pendant quelque temps dans certaines eaux, qui tien¬ nent en dissolution des molécules terreuses , ou pier¬ reuses , ou salines , ou minérales , ou métalliques, V oye^ la théorie de cette mécanique naturelle à Yar~ ticle Stalactites. Les incrustations les plus ordinaires sont ou calcaires ou ochracées.

INCUBATION , Incubatio . L’ incubation quî répond à la gestation des quadrupèdes vivipares , se dit de Fac¬ tion de la femelle de certains animaux , lorsqu’elle se pose et demeure sur ses œufs pour les couver , et en produisant le. développement et l’accroissement de l’embryon , les faire éclore , et multiplier son espece. La durée de Yincubaüon n’est pas lagmême dans tons les animaux , et elle est plus longue à proportion que les especes sont plus grandes ; Yincubaüon est propre à tous les animaux ovipares, mais, à parler stricte¬ ment , elle est particuliers aux oiseaux; et il y en a , tels que les pigeons , dont les mâles partagent l’assi¬ duité et la gêne de Y incubation. Voyez Oiseau et Œuf.

INDE , Indicum . Nom que Fon donne à une fécule ou à un suc épaissi , bleu , ou de couleur d’azur foncé, et qu’on nous apporte en masse ou en pâte seche des Indes Occidentales.

Cette pâte féculente , colorante et solide , est tirée des feuilles de la plante nommée audio par les Espa¬ gnols , laquelle croît au Brésil : on la cultive aussi dans nos Isles. Elle est haute d’environ deux pieds ; la racine de cette plante , dit M. Marchand , ( Mém . Acad. Paris , ann. iyi8 ,) est dure,* coriace, ondoyante, garnie de plusieurs grosses fibres , étendues çà et 5 $n peu chevelue , couverte d’une écorce blanchâtre s

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inadhérente : de cette racine , s’élève une seule tige droite , dure et presque ligneuse, couverte d’une écorce légèrement gercée et rayée de fibres , sans apparence de moëlle en dedans ; elle se divise en plusieurs bran¬ ches terminées par des ramilles. Chaque ramille , dit Nicolson , est composée de plusieurs feuilles rangées deux à deux , sur une côte qui est toujours terminée par une impaire : les feuilles sont ovales , lisses , douces au toucher , petites , d’un vert foncé en dessus, pâle en dessous, sans dentelure, attachées à un pétiole très-court : les fleurs sont en épi ; elles commencent à paroître sous la forme d’un petit bouton ovale et verdâtre , qui , en s’épanouissant, fait reconnoître un calice monophille , divisé en deux levres et cinq dents : la corolle esta cinq pétales , disposés en rose, d’un vert - blanchâtre , parsemé de veines plus ou moins pourprées : l’étendard est le plus grand de ces pétales , il est creusé en cuiller ; les deux inférieurs , qui for¬ ment la carène , sont de figure oblongue , échancrés , creusés en cuiller vers leur extrémité ; les ailes sont les pétales les plus étroits , les plus pointus et les plus colorés de tous : le centre de la fleur est occupé par un pistil vert, découpé à l’extrémité, en huit ou dix lanières qui sont les étamines dont les anthères sont d’un vert jaunâtre. Cette fleur , qui est de l’ordre des Légumineuses , est portée sur un pédicule très-court. Lorsque les pétales sont tombés , dit M. Marchand , le pistil s’alonge et devient une silique longue , courbée en faucille, lisse, luisante, terminée en pointe, brune en dehors , blanchâtre en dedans , et remplie de sept à huit graines qui sont séparées par des cloisons. Chaque graine représente un petit cylindre grisâtre ou olivâtre, long d’une ligne. Toute cette plante a un goût amer et piquant. Quelques Voyageurs disent que c’est une espece de sainfoin , qui d’abord ne s’élève qu’à la hauteur de deux pieds et demi, mais qui , lors¬ qu’on ne coupe pas , prend forme d’arbrisseau et pousse un grand nombre de rameaux. Les habitans distinguent deux sortes tfanil : le franc et le bâtard . Le second ne différé du premier que par sa hauteur , qui est le double et quelquefois davantage ; par une feuille moins large et plus longue 9 et par une espece

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de souche beaucoup plus forte. Cette espece sauvage ou bâtarde croît dans les lieux incultes, et vient géné¬ ralement bien par-tout dans cette contrée du Nouveau- Monde. Les Indiens disent que Ÿanil est vulnéraire et céphalique. C’est YEmerus Americanus , siliquâ incurvatdp de Tournefort ; Y Indigo ver a , colutcœ foliis 9 utriusque Indice y des Savans de Londres ; le Nil sive Anil glastum îndicum de Parkinson ; le Coronilla aut Colutea Indien ex quâ Indigo ; le Caachira prima , de Pison ; Y Fier vas de anil 9 Lusitanis , de Marcgrave; le Xiuhquilith pit^akac , sive Anil tenui folia , d’Hernandez ; le Coïutece affnis fru- ticosa 9 floribus spicatis purpurascentibus , siliquis incurves 9 de Catesby ; le Sban aniliferum Indicum coronillce foliis , de Breynius ; le Phaseolus Brasilianus stxtüs 9 de C. Bauhin ; Y Isatis Indica , rorismarini glasto affinis , ibid. ; le Ltin awaru , de Hermann.

Il y a plusieurs especes (Yinde ; le meilleur est celui, qu’on appelle Inde de Serquisse ou de Cirkest , du nom du village Indien il se fait. On choisit Y Inde en morceaux carrés, aplatis, peu durs, nets, nageant sur l’eau , inflammables , d’une belle couleur bleue ou violette foncée , surchargée de purpurin , semblable en cela à l’indigo. Vende en marrons , qu’on appelle indigo <£Agra9 est encore d’une assez bonne qualité.

On fait usage de Yinde dans la teinture, dans la peinture: on l’emploie broyé et mêlé avec du blanc, pour faire une couleur bleue ; car si l’on s’en servoit sans mélange, il teindroit en noirâtre. L’on ne doit pas s’en servir dans la peinture à l’huile , parce qu’il se décharge et perd une partie de sa force en séchant ; mais , à la détrempe , il produit des effets admirables : il est absolument nécessaire pour peindre les ciels , îa mer , et pour toutes les parties fuyantes d’un tableau* On le broie quelquefois avec du jaune tiré de la graine d Avignon, etc, pour faire une couleur verte. Les étoffes de soie, de fil, de laine et de coton, reçoi¬ vent une variété de couleurs admirables de l’emploi de Yinde ainsi que de l’indigo , et du mélange qu’on en fait avec le vouede et d’autres couleurs et intermèdes. Le bleu de Saxe s’obtient par un mélange d’huile de vitriol avec le plus bel indigo. Les Blanchisseuses em¬ ploient Yinde pour passer le linge au bleu.» Les Méde-

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clos en ordonnoient autrefois dans les bains pour fortifier les nerfs.

On donne aussi le nom à’inde à la fécule du pastel ou gtiede , et encore au bois d’Inde. Voyei Pastel et Bois d’Inde.

INDIEN. Callionymus Indiçus , Linn. Poisson qui se trouve en Asie, Ltnnœus dit que cette espece est comme mitoyenne entre le genre du Callionyme , celui de YVranoscope , et celui du Trachine . L 'indien a la tête comprimée en dessus et chargée de rides lon¬ gitudinales ; la gueule , rude au toucher ; la mâchoire de dessous dépasse un peu ^supérieure ; la langue est obtuse et échancrée à son extrémité : les ouvertures des ouïes sont très-grandes ; leur membrane a sept osselets ; les opercules antérieurs ont deux aiguillons ; et ceux de derrière, un seul : le corps est comprimé en dessus , et d’une teinte livide ; l’anus est situé sous le milieu du tronc: la première nageoire dorsale a sept rayons , dont le premier épineux , petit , et écarté des autres ; la seconde dorsale a treize rayons flexibles ; chacune des pectorales en a vingt ; les abdominales , qui sont très-distantes l’une de l’autre, en ont chacune six , dont le premier épineux; celle de l’anus en a treize; celle de la queue , onze. Encyclop. Méth .

INDIGO. C’est une fécule bleue tirée aussi de Vanit. , et qui ne différé de Yinde , dont il est parlé ci- dessus à Particle Inde , qu’en ce qu’il a été extrait de Fécorce des branches , de la tige et des feuilles de la plante indigofere , au lieu qu’on n’a employé que les feuilles pour tirer Yinde . Les Marchands distinguent plusieurs especes à" indigo ; le meilleur et le plus es¬ timé, est celui qu’on appelle indigo - guatimalo , du nom de Guatimala , ville des Indes Occidentales , oïi on le prépare. Il doit être léger , net , peu dur , nageant sur Feau , inflammable et se consumant presque entièrement : sa couleur est d’un beau bleu foncé ; quand on le frotte sur l’ongle , il y reste une trace qui imite le coloris de l’ancien bronze , ce qui fait dire un bon indigo cuivré .

Ce que l’on nomme bleu de Java est un inde que les Hollandôîs préparent avec Yindigo. Il paroït que l’on travaille de Yindigo en Malabar ; mais les échan-

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tîllons que nous en avons reçus , sont bien inférieurs à toutes les especes d'indes connues. On commence aussi à préparer de Y indigo dans l’ Afrique Françoise : les Maures et les Negres ne se servent que de celui qui croît naturellement chez eux, le long des rivières.

M. de Préfontaine, (Mais. Rust. de Cayenne, ) dit qu’on cultive beaucoup la plante de l'indigo dans nos Colonies Françoises ; c’est mêpie une des meilleures cultures de l’Amérique , en ce qu’elle est d’un grand revenu pour les propriétaires : elle est en même temps une des plus délicates à élever. Elle est extrêmement tendre et sensible à toutes les impressions de Tair. Les grandes et longues pluies la pénètrent et la pour¬ rissent* si Feau n’a point d'issue pour pouvoir s’écouler: le$ vents brûians la font sécher sur pied -, les herbes l’étouffent ; les chenilles en font un dégât prompt et singulier. La plante indigofere exige une bonne qua¬ lité de terre , et beaucoup d’attention de la part du Cultivateur. Le terrain doit être plat , uni , humide ou frais et gras. L’ indigo se seme ordinairement en temps humide dans des trous alignés à un pied de distance , auxquels on donne trois pouces de profondeur. Les Negres semeurs mettent dix à douze graines dans cha¬ que trou, qu’ils recouvrent de terre , avec leurs pieds, mais légèrement : on voit ordinairement sortir de terre la plante quatre à cinq jours après. Ce sont d’abord de petites tiges noueuses , garnies de petites branches qui portent plusieurs paires de feuilles, et qui sont toujours terminées par une impaire. Voyt\ la description de la plante indigofere , à Y article Inde. Il faut avoir soin de sarcler les mauvaises herbes. Au bout de deux et quelquefois de trois mois , Fespece d yanil franc est arrivée à son dernier période d'accroissement , il est mûr , et susceptible d’être coupé , ce qui se conooît par la facilité que les feuilles ont à se casser , et par leur couleur vive foncée : on coupe Yindigofere à deux ou trois pieds de hauteur , et par un temps humide. La plante peut durer deux ans ; (elle est annuelle en Europe ). On la coupe avec des couteaux recourbés en forme de faucille 9 et on met ce qui a été coupé \ dans de grands morceaux de toile , dont on noue ou gmarre les quatre coins , pour le porter aussi-tôt à la

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Manufacture , c’est-à-dire , à Yindigourit ; car il faut éviter qu’elle s’échauffe , mise en tas. Il y en a qui font deux coupes ; la première se fait dans des jours favorables , à deux pouces au-dessus de terre ; le pied de la tige pousse de nouveaux rejetons que l’on re¬ coupe six semaines après. II y en a même qui font encore une troisième coupe au bout de six autres semaines , et pour cela , il Faut que les pluies ne man¬ quent pas. V indigofere coupé avant sa maturité donne une plus belle couleur ; mais il rend beaucoup moins : s’il est coupé trop tard, on perd encore plus , et on a un indigo de mauvaise qualité.

Cette plante, dit M. de Préfontaine , est sujette à une espece d’insecte qui vient par vol comme une nuée, et la dévore totalement en peu de temps. Cet insecte est commun , sur-tout à Saint-Domingue. La seule ressource de l’habitant est de couper son indigofere dans l’état oii il est : on le jette dans l’eau avec les petits animaux , qu’on en sépare par ce moyen. On emploie encore , pour la destruction de ces insectes , une autre méthode qui paroît singulière : si-tôt que Yindigofere en est attaqué , on laisse entrer des cochons dans la piece à' indigofere ; ces quadrupèdes , avec leur net , font remuer la tige et en font tomber les insectes , sur lesquels ils se jettent avidement. Ces insectes sont communément dans l’état de chenille.

Il faut , pour fabriquer Yindigo , avoir trois cuves près d’un réservoir d’eau , disposées les unes près des .autres , à des hauteurs différentes , et placées de telle sorte que la première puisse se vider par le fond dans la seconde , et celle-ci dans la troisième : la premiers s’appelle trempoire ; la seconde , batterie; et la troisième diablotin ; c’est celle le produit des deux autres se rassied , et dans laquelle Yindigo s’acheve. Cette opé¬ ration se réduit à macérer promptement la plante dans la première cuve remplie d’eau , oii elle fermente rapi¬ dement ; à décanter l’eau devenue bleue dans la seconde cuve , et à agiter ou battre l’eau à force de manivelle jusqu’à ce que la partie colorante et divisée s’aglomere en petits grains. L’adresse de Y Indigotier consiste à saisir l’instant convenable de la fermentation spiritueuse, à éviter qu’elle ne passe à i’alkalescence , par conséquent

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i la putridité : ainsi l’action de battre dans la cuve d 'indigo interrompt par ses mouvemens irréguliers la fermentation. Pour cet effet , pendant que les Negres battent, Y Indigotier tire de l’eau de la batterie dans une tasse de cristal , et il examine si la fécule se préci pite , ou si elle est encore errante. Dans le premier cas , il faut cesser de battre ; dans l’autre , il faut continuer. L’opération étant faite , l’eau s’éclaircit , la fécule se précipite, on lâche l’eau, et la fécule ou matière boueuse tombe dans la troisième cuve , elle se rassied. Dans cet état , on la prend avec une cuiller, et on en emplit des chausses ou sacs de toile , de figure conique, de la longueur de quinze à vingt pouces, afin que, l'humidité s’évaporant, Y indigo acquière une consistance de pâte. On vide alors ces chausses dans des caissons carrés ou oblongs , d’environ deux à trois pouces de profondeur : on fait sécher Y indigo à Pair , mais à l’ombre. Une trop grande humidité ne lui est pas moins contraire, car il se corromproit ; au soleil, il perdroit sa couleur ; enfin , on le coupe en petits pains carrés, etc. pour l’envoyer en France. Consultai* dans le Journal de M . Y Abbé Rosier, Juillet 1777,1e Précis de P analyse et de l9 examen chimique de l9 indigo, tel quil est dans le Commerce pour Pusage de la teinture . Ce Précis est la base du Mémoire de M. Quatremer Dhjon- valy couronné par Y Académie Royale des Sciences % dans son assemblée publique de Pâques 1777. Consulte. ç aussi Y Art de P Indigotier , publié par M. Beauvais de Radeau , et approuvé par Y Académie des Sciences .

Indigo batard, Amorpha fruticosa3 Linn. C’est le Barba jovis Americana s pseudoacaci r flosculis purpu rds 9 minimis 5 du Jardin d’Angleterre. On donne aussi le nom à? indigo bâtard à Y indigo sauvage.

Indigo du Bengale. C’est la crotalaire du Bengale,

Indigo de la Guadaloupe. La plupart des Bota¬ nistes donnent ce nom à une espece épanouis ; c’est la crotalaire blanchâtre.

Indtgo sauvage ou Indigo batard , Emems siliquis iongissimis et angustissimis , Plum. ; Barr. Ess. , p. 49. Cette plante vient naturellement dans laGuiane. Elle s’élève fort haut , et devient , lorsqu’on la laisse pousser 9 ^ine espece d’arbuste qui vit deux ou trois

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ans : on la trouve à Saint-Domingue , dans les lieux ïncultes. Voye^ à V article Inde. Les Créoles disent que sa racine écrasée et appliquée sur les dents , en amortit la douleur.

ING A. Nom donné par Plumkr 9 au pois doux et au pois sucrin des Isles. Voye £ ces mots.

INI AN S ou Inhame. Voye^ Igname.

ÎNO. Nom donné à un papillon de jour nouvelle¬ ment découvert , ainsi que celui appelé agave , dans les montagnes d’Autriche : il ne marche que sur quatre pattes : le dessus des ailes a beaucoup de rapport avec les papillons nacrés , pour le fond de la couleur et la disposition des taches : la couleur , à la naissance des ailes , est noirâtre : le fond de couleur , dans l’espèce appelée agave , est plus rouge. ( Collect . des PapilL dÜÈur. )

INONDATION. Voye^ Orage et Pluie.

INSECTE, Insectum . En général , on donne ce nom à de petits animaux composés d’anneaux ou de segmens. Les parties des insectes sont assez distincte¬ ment organisées , pour qu’on y puisse distinguer une tête , ou armée de cornes mobiles , ou ornée d’an¬ tennes ( Tentacula ) , une poitrine { Thorax ) , un cor¬ selet , un ventre , des pieds , et souvent des ailes sur-tout dans ceux qui se métamorphosent : toutes ces parties, comme coupées , tiennent’ les unes aux autres par de menus filamens , qui sont autant de canaux ou d’étranglemens ou d’intersections minces , et dont la mécanique, sur-tout clans l’état de chenille, éloigne ou approche les anneaux les uns des autres dans une membrane commune qui les assemble, de sorte que toutes ces parties ou lames écailleuses semblent jouer et glisser les unes sur les autres. Cette définition ne détermine pas encore l’idée qu’on doit se former des insectes ; et il est peut-être difficile d’employer un terme qui embrasse tout à la fois le genre entier des insectes ; car on a besoin de plus d’un caractère, pour se former une notion exacte de ces animaux, et de leur consti¬ tution dans les différens états de leur vie ; et quelles que soient nos connoissances à l’égard des insectes , il faut convenir qu’on n’en cormoît guere encore que i’extçrkur , même d’un certain nombre.

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Le premier caractère, selon M. Rotsel , est que Fanimal dont il est question , n’ait ni ossemens , ni arêtes ( sa peau , souvent écailleuse , en fait l’office ) : a.° qu’il soit pourvu d’une trompe, ou d’un aiguillon, ou d’une bouche dont les mâchoires s’ouvrent ou se ferment , non d’en haut ou d’en bas , mais de la gau¬ che à la droite , et de la droite à la gauche : 3.0 qu’il soit privé de paupières, ou d’équivalent : 4.0 qu’il ne respire pas l’air par la bouche, mais qu’il le pompe et l’exhale par la partie supérieure de son corps , et par de petites ouvertures sur les flancs, qu’on appelle stigmates ou points à miroirs : observation qu’on peut répéter sur tous les insectes , dans un verre clair rempli d’eau : cette derniere définition des insectes est encore insuffisante pour bien des Lecteurs. M. Linnæüs veut que sous le nom d’ insecte on ne comprenne que les animaux qui dans leur état parfait, ont des antennes au-devant de la tête et la peau crustacée ou écail¬ leuse : maintenant , considérons ces animaux sous un autre point de vue. Nous nous proposons d’intéresser notre Lecteur , de piquer sa curiosité , de lui inspirer le désir de s’instruire.

Division des Insectes.

L’ Entomologie est l’histoire des insectes . Il y a diverses sortes d’insectes 9 et c’est peut-être la partie la plus nombreuse et la plus diversifiée des êtres vivans de notre globe : il y en a d’une petitesse telle qu’ils échappent à la vue , et qu’on peut à peine les bien distinguer à l’aide d’une loupe ; et si la petitesse de plusieurs semble autoriser le mépris que le premier coup d’œil inspire , elle devient un motif plus d’ad¬ mirer le mécanisme surprenant de leur structure qui , dans un si petit espace , renferme , comme dans les plus grands animaux , des viscères , des vaisseaux * des liqueurs , des ressorts enfin de toute espece , qui opèrent les mouvemens les plus surprenans , les mieux combinés , et dans un degré de perfection au- dessus de ce que l’art et l’industrie des hommes peu¬ vent produire. Ceux qui s’occupent de l’étude de ces animaux , les distinguent en insectes aquatiques et

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terrestres ; il n’y èn a qu’un petit nombre clans î’ufté et l’autre espece , qui ne se métamorphosent pas , ou qui gardent leur forme première. Il est donc impor¬ tant , dit Al Deleu^e , de remarquer que la plupart des insectes subissent des métamorphoses ou changemens de peau , qui sont si considérables dans quelques es¬ peces, qu’un même insecte paroît , dans un des périodes de sa vie , entièrement différent de ce qu’il étoit dans Pautre. On se tromperoit donc beaucoup de faire des divers états sous lesquels paroît un même insecte , autant d’especes différentes : mais pour éviter la confusion ^

11 convient de considérer chaque insecte principalement tel qu’il est après sa derniere métamorphose, dans l’état qu’on peut appeler Y état parfait , parce que ce n’est que dans cet état que le développement est com¬ plet , particuliérement celui des organes de la généra¬ tion., comme on le verra dans la suite de cet article* Ainsi , la distinction en insectes pourvus de pieds , et en insectes sans pieds {apodes), faite par quelques Auteurs , ne peut avoir lieu , à les considérer dans cet état. Tout animal sans pieds , ou n’appartient pas à la classe des insectes déterminée comme on l’a vu ci-dessus5 ou est un insecte dans l’état imparfait de larve ou de nymphe . Ceux des insectes parfaits qui sont pourvus de pieds, n’en ont pas moins de six, et on les nomme hexapodes . Ceux qu’on appelle polypodes , en ont au moins dix. Enfin , il y en a qu’on appelle cendpedes et millcpedes , à cause du grand nombre de leurs pieds» C’est effectivement le cas des scolopendres et des Jules * dont quelques especes ont jusqu’à soixante-dix et cent vingt pattes de chaque côté. Les pattes des insectes' sont articulées et terminées par deux , quatre et quelquefois six petites griffes crochues et fort aiguës qui servent à cramponner l’animal. Indépendamment de ces griffes ou ongles, le dessous du pied est encore quelquefois garni de petites brosses ou pelotes spongieuses, qui servent à retenir Y insecte sur les corps les plus lisses.

Parmi les insectes , les uns sont ailés, les autres ne le sont pas ; dans le nombre de ceux-ci il y en a qui îe deviennent dès qu’ils ont changé de forme , comme les chenilles transformées en papillons ; ceux à qui il jq* vient point d’ailes , sont ces especes de chenilles

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Appelées scolopendres , et quelques autres de mêmë joature.

Parmi las insectes qui ont des ailes, il y en a qui les portent toujours tendues comme les papillons % les mouches 3 les abeilles et autres ; d’autres , lorsqu’ils rie volent pas , les tiennent cachées et renfermées comme dans un étui : telles sont les cantharides et les especes de scarabées ; parmi ceux-ci , il y en a qui ont deux ailes , et les autres quatre.

Les Naturalistes trouvent encore dans les insectes 'des caractères qui ont des détails suffisans pour servir à distribuer les genres en especes : ce sont ceux des ailes dont nous avons déjà dit quelque chose,,

On distingue dans cette classe d’animaux * six à sept ordres : i.° Ceux dont les ailes membraneuses sont repliées et renfermées sous des demi-étüis solides et écailleux = opaques et colorés 9 tels que les es'carbots * les dermes tes y les capricornes 3 Y attise y les chrysomeles , les cantharides $ les buprestes , les charançons ou calandres 9 les coccinelles 9 les cassides , les kptures , les scarabées * J es mordelles , les cicindeles , les didsqucs y lés éldttrs 9 les iénébrions y les cy dates , etc, sous le nom coléoptères ( însecta coleoptera ). Il semble que les blattes , les sta-> fhylins 9 le perce-oreille , les grillons , lés taupes-grillons / les sauterelles et les mantes 3 doivent succéder aux insectes précédons* Dans les coléoptères \ la bouche est armée d’une mâchoire dure et aiguë , composée ordinaire¬ ment de deux pièces qui se meuvent horizontalement ; et leur premier état est celui de vers hexapodes. Iis ont également six pieds étant parfaits ou métamor¬ phosés ; mais ces pieds, dans l’état imparfait, rie sont plus les mêmes que ceux de l’état parfait. La plupart des coléoptères sont nyctalopts , et ont un écusson trian¬ gulaire à la naissance du corselet ou des étuis.

st.° Ceux qui n’ont que des moitiés d’ailes (c’est- à-dire , dont les élytres ou ailes supérieures sont des demi-étuis durs et écailleux, ou des étuis à moitié mous, et qui ne recouvrent que la moitié du corps * ou des ailes inférieures ) , tels que les procigales 3 et les cigales 5 les punaises y les pucerons > le kermès , le scorpion de marais * les cochenilles , prennent le ri om & hémiptères [ Insecta hemiptera Dans cette section , la trompe djg

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la bouche est longue et aiguë ; elle est encore repliée en dessous, et s’étend entre les pattes ; ils ne subissent qu’une transformation incomplète. Foye £ Hemïptere.

3.0 Ceux qui ont les quatre ailes farineuses, c’est- à-dire, chargées d’une poussière organisée et écail¬ leuse , tels que les papillons diurnes et nocturnes , ou phalènes , prennent le nom de lépidoptères ( Insecta lepidoptera ). Leur trompe est plus ou moins longue 9 et souvent recourbée en spirale : ils ont tous été chenilles et ensuite chrysalides.

4.0 Ceux qui ont ies quatre ailes membraneuses 9 papyracées , lisses , nues et sans poussière , tels que les mouches à scie , les mouches ichntumones , les guêpes 9 les frelons , les abeilles , les fourmis volantes , sont nom¬ més hyménoptères ( Insecta hymenopteraf Cette section est nombreuse , et selon quelques-uns elle offre une sous-division sous le nom de nevropteres ( Insecta ne - vroptera ). Dans cette sous-division , les insectes qui ont ces mêmes ailes nues , à nervures , ou parsemées de veines en forme de réseau , sont les hémérobes , les éphémères , les mouches demoiselles , etc. ; leur tête tourne comme sur un pivot : la plupart des insectes que con¬ tient ce quatrième ordre , ont la bouche armée de mâchoires plus ou moins grande, et souvent accom¬ pagnée d’appendices semblables à des antennules.

5.0 Ceux qui ont deux ailes , tels que les mouches ou dorées ou communes , les taons , les tipules , les cousins , les mouches de cheval , les mouches asiles , prennent le nom de dipteres ( Insecta dipteraf Ces insectes ont la trompe de la bouche diversement figurée, suivant les différens genres ; mais tous ont, sous l’origine de chacune de leurs ailes , une espece de petit balan¬ cier : ce sont deux filets terminés chacun par un petit bouton.

é.° Ceux qui sont sans ailes , tels que les poux 9 les cloportes s les puces 9 les cirons y les araignées , les scolopendres , etc. sont connus sous le nom d 'apteres ( Insecta aptera ).

Cette méthode qui est en partie celle de M. Linnczus 9 laisse encore à désirer bien des choses , puisqu’il y a des insectes dont les ailes sont plus ou moins entières , dures, tendres, poudreuses ou lisses; quelques-uns

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cfé$ insectes ont des poils , des piquans , des boutons 9 des antenne^ plus ou moins longues , enflées ou velues : d’autres ont des pinces pour saisir leur proie, ou des dents , ou un aiguillon qui leur sert à se défendre , ou à manger , ou à pondre ; enfin , il y a des insectes qui ne ressemblent presque point à des animaux , tels que les gallinsectes , les progallinsectes , etc. Voye ^ ces mots . La tête des insectes varie autant que la figure et la proportion de leur corps.

Ne pourroit~on pas distinguer les insectes en insectes à quatre ailes 9 à deux ailes a à ailes à étuis , sans ailes ?

À Fégard de quelques autres termes moins familiers , et dont on se sert dans la description d’un insecte ÿ en voici la liste. Antennes ; Voyez ce mot et l’article Papillon. Les barbillons sont les filets ou fausses an¬ tennes qui sont sur les côtés de la bouche de quantité d’insectes. La chrysalide est détaillée à Y article Nymphe* Les balanciers sont ces petits filets mobiles, terminés par un bouton 5 qui se trouvent à l’origine des ailes de tous les insectes à deux ailes ou dipteres. Le corselet est cette partie de l’insecte , qui se trouve sur le dos , entre le cou et la naissance des ailes, ou qui forme comme une espece de cuirasse. Le thorax est cette partie qui, dans l’insecte, répond à la poitrine des grands animaux ; elle sépare le ventre d’avec le cou* écusson ( Scutdlum ) , est cette piece triangulaire qui se trouve à l’extrémité du corselet entre les élytres des insectes coléoptères. Les élytres sont les étuis écailleux qui couvrent les ailes des coléoptères. À l’égard de la larve et des métamorphoses 9 Voyez ces mots et celui de Nymphe.

Considérations sur la structure du corps des Insectes l et leur parure .

Il y a tant de diversité dans la seule figure extérieure du corps des insectes , qu’il est peut-être impossible d’épuiser ce sujet. Nous nous contenterons de faire observer que le corps des uns, comme celui des arai¬ gnées , est de figure à peu près sphérique ; et celui des autres 9 comme des scarabées de Sainte-Marie , ressem¬ ble à un globe coupé par le milieu : il y en a qui sont

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plats et ronds comme le pou des chàuvè-sôurïs \ cfài^ très ont la figure ovale : la larve qui se trouve dans les excremens des chevaux, a celle d'un œuf comprimé j Je mille-pied rond ressemble au tuyau d'une plumej Beaucoup ont le corps carré, plat ; plusieurs sont courbés comme une faucille, et pourvus d’une longue queue, comme celle de la fausse guêpe . Quelques-uns de ceux qui n’ont point de pieds , ou tarses articulés comme les client lies , ont en divers endroits de petites pointes qui leur en tiennent lieu ; ils s’en servent pour s’accrocher et se retenir sur les corps solides. Le corps: des insectes qui vivent dans l’eau , est naturellement couvert d’une espece d’huile qui empêche l’eau de $y arrêter et de retarder leur mouvement : d’autres, comme B araignée blanche des jardins 3 ont le corps garni d’un rebord rouge qui l’entoure en guise de cercle ; quel¬ quefois ils sont ornés de petits tubercules qui les. empê¬ chent d’être blessés lorsqu’ils entrent et sortent de leur trou, comme dans la chenille blanche à taches jaunes qui vit sur le saule. Enfin , Ton en voit qui , comme les chameaux , ont une bosse sur le dos ; telles sont- les- araignées qui ont encore à la partie postérieure du corps des mamelons dont elles tirent leurs fils : d’autres insectes ont cette même partie ou unie ou revêtue de- poils : quelques-uns ont le derrière ou couvert d’une espece d’écusson , ou garni d’une membrane roide qui leur sert de gouvernail , pour se tourner en volant du coté qu’il leur plaît ; elle est à ces insectes ce que la queue est aux oiseaux. La partie postérieure est encore le lieu ou de Faiguillon, ou de la pincëtte faite en faucille, ou de la fourche à deux dents, ou de ces sortes de barbillons pointus , droits ou courbes , qui leur .servent , tantôt pour tâter ce qui les approche par derrière , tantôt pour s’accrocher, tantôt pour- pousser leur corps en avant.

La Nature a ' en quelque 'façon pris plaisir à orner la robe d’un très-grand nombre de ces animaux , des¬ plus, vives couleurs : sur. leurs ailes et leurs ornemens de tête on voit -briller l’azur , For , Fargen-t , le -vert*, le rouge, le jaune , etc. ; les franges , les aigrettes , les. hpuppes sont prodiguées pour leur parure. Il ne faut guç considérer une mouche luisante * un papillon t

fm même line chenille , pour être frappé de leur «magnificence et de la variété de leur livrée.

S Description des organes des Insectes : des yeux à réseau 3 des stigmates , de la voix , et de ! ouïe.

L’histoire que nous nous proposons de donner ici de ces organes, mérite quelque attention de la part du Lecteur ; nous avons réuni ces différens articles sous un même point de vue, parce qu’ils sont propres à la plupart des insectes : à l’égard des organes qui sont particuliers à chaque espece d’ insecte , nous en traitons sous le nom de Y insecte même.

, On ne connoît point A' insecte aveugle, et cet ordre d’animaux par oit pourvu plus libéralement du sens de la vue que les grands animaux. Ceux-ci n’en ont que deux, au lieu que les insectes en ont souvent une grande quantité et de différentes figures.

Les yeux à réseau sont peut-être de toutes les parties des insectes y les plus propres à nous faire voir avec quel prodigieux appareil la Nature les a formes , et à nous montrer en général combien elle produit de merveilles qui nous échappent. Les plus grands obser¬ vateurs microscopiques n’ont pas manqué d’étudier la structure singulière de ces yeux Ceux des mouches ], des scarabées y des papillons , et de divers autres insectes y ne different en rien d’essentiel. (Ses yeux sont tous à peu près des portions de sphere : leur enveloppe extérieure peut être regardée comme la cornée . ( On appelle cornée l’enveloppe extérieure de tout œil, celle à laquelle le doigt toucheroit , si on vouloit toucher un œil , les paupières restant ouvertes. ) Celle des insectes dont nous parlons , a une sorte de luisant qui fait voir souvent des couleurs aussi variées que celles de ran>en~cieî. Elle paroît , à la vue simple, unie comme une glace; mais lorsqu’on la regarde à la loupe 5 elle paroit taillée à facettes comme des diamans: ces facettes sont disposées avec une régularité admirable et dans un nombre prodigieux. Lemvenhoeck a calculé qu’il y en avoir 3181 sur une seule cornée d’un scara¬ bée , et qu’il y en avoit 8000 sur chacune des cornées d’une mouche ordinaire. Hoock en a trouvé 14000 dansy

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les deux yeux d’un bourdon , et Leuwetikoeck en a compté 62 26 dans les deux yeux d’un ver à soie ailé. Ce qu’il y a de plus merveilleux , c’est que toutes ces facettes sont vraisemblablement autant d'yeux ; de sorte qu’au lieu de deux yeux ou cristallins, que quelques-uns ont peine à accorder aux papillons s nous devons leur en reconnoître sur les deux cornées 34650 ; aux mouches 16000, et aux autres plus ou moins, mais toujours clans un nombre aussi surprenant.

Voici deux expériences de ces savans Observateurs; qui prouvent incontestablement qûe chaque facette est un cristaliin , et que chaque cristallin est accompagné de ce qui forme un œil complet. Ils ont détaché les cornées de divers insectes ; ils en ont tiré avec adresse toute la matière qui y étoit renfermée , et après avoir bien nettoyé toute la surface intérieure , ils les ont mises à la place d’une lentille de microscope. Cette cornée ainsi ajustée, et pointée vis-à-vis d’une bougie; faisoit voir une des plus riches illuminations. M. Puget ayant mis et tenu au foyer d’un microscope , l’œil d’un papillon ainsi préparé , un soldat vu à ce microscope auroit paru une armée de 17325 soldats ; un pont auroit paru l’assemblage d’un nombre infini d’arches., Lemvenhoeck a poussé la dissection jusqu’à faire voir que chaque cristallin a son nerf optique. Comment , dira- î~ on , un insecte avec des milliers d’yeux , peut-il voir l’objet simple Lorsque nous saurons au juste comment nous-mêmes avec deux yeux nous voyons les objets simples , il nous sera aisé de concevoir que les objets peuvent paroître simples à des insectes avec des milliers d’yeux. La Nature , qui a voulu que leurs yeux ne fussent point mobiles, y a suppléé par le nombre et par la position. Malgré ces milliers d’yeux dont sont composées les deux orbites , la plupart des mouches ont encore trois autres yeux placés en triangle sur la tête, entre le crâne et le cou. Ces trois yeux, qui sont aussi des cristallins, ne sont pointa facettes; ils S'ont lisses et paroissent comme des points : ces différentes grosseurs des yeux dans le même insecte , les différentes places accordées aux uns et aux autres, conduisent à présumer, avec quelque vraisemblance , f ne la Nature a favorisé les insectes d’yeux propres à

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voir les objets qui sont près d’eux, et d’autres pour voir les objets éloignés ; qu’elle les a , pour ainsi dire , pourvus de microscopes et de télescopes. Il faut obser¬ ver que la plupart de ces yeux à facettes sont couverts de poils , que l’on peut soupçonner de produire l’effet des dis de nos yeux, c’est-à-dire, de détourner une trop grande quantité de rayons de lumière, qui ne serviroienr qu’à embarrasser la vue.

Si quelqu’un doutoit que ces globes à facettes fussent l’organe de la vue, voici des expériences démonstra¬ tives. M. de Rèaurnur mit une couche de vernis opaque sur les yeux à réseau de plusieurs abeilles d’une même ruche ; ces abeilles furent mises dans un poudrier avec quelques-unes de leurs semblables, dont les yeux n’étoient point couverts , et à quelque distance de la ruche. Les premières voloient çà et , ou ne voloient point du tout , tandis que les autres ali oient droit à la ruche. Si on jetoit une de ces mouches aveugles en l’air, elle s’élevoit verticalement à perte de vue, sans qu’on sût ce qu’elle devenoit ; semblables à ces cor¬ neilles qui, voulant saisir la viande mise au fond d’un cornet englué , s’en font une coiffe , et ainsi aveuglées , s’élèvent à perte de vue, et retombent, dit-on, sans force et presque sans vie. Les mouches dont on avoit verni simplement les yeux lisses , voloient de tous côtés sur les plantes sans aller loin , mais ne s’élevoicnt point verticalement. Hodierna a fait un Traité très- curieux sur les yeux des insectes , imprimé en Italien en 1644. L’Abbé Catalan a donné aussi, dans le Journal des Savans de 1680 et 1681 ? de belles observations sut le même sujet.

Les stigmates dont on doit la découverte à MM. B afin et de Geer , sont des ouvertures en forme de bouches , que l’on voit à l’extérieur des insectes . Ce sont leurs poumons, les organes de leur respiration. La diffé¬ rence n’est que dans le nombre et les places que les stigmates occupent ; les mouches les ont sur le corselet et les anneaux ; le ver à soie et les autres insectes de son espece en ont dix-huit le long des côtés du corps; la courtilliere en a vingt. Il y a des vers qui portent leurs poumons au bout d’une corne. De ces ouvertures, nommées stigmates , partent en dedans du corps une

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infinité de petits canaux formés d’une fibre argentine^ roulée sur elle-même en forme de tire-bourre. Ces canaux se ramifient prodigieusement, et portent Fair dans toutes les parties du corps de ranimai : cet air ressort ensuite par les pores de la peau. Il y a quelques nymphes aquatiques qui ont, au lieu de stigmates, des especes d’ouïes semblables à celles des poissons , des panaches auxquels aboutissent les poumons aériens 9 et qu’elles font jouer presque continuellement avec une légèreté surprenante. Lor qu’on bouche entière¬ ment les stigmates d’un insecte avec de l’huile , il périt à l’instant , parce qidon le prive de l’effet des organes de la respiration. ( Consultez un Mémoire contenant des recherches sur la respiration des chenilles et des papillons ÿ par M. Bonnet , dans le cinquième volume des Savans étrangers , psg. 276. )

M. Lyonnet pense que les insectes auxquels la Nature a donné une espece de voix , ou pour parler plus juste , la faculté de former certains sons, comme elle l’a donnée aux cigales 5 aux cousins 9 aux bourdons y aux grillons , aux sauterelles , et à plusieurs scarabées , ont aussi reçu le sens de l 'ouïe pour entendre ces sons ; nous ne leur connaissons, il est vrai, aucune oreille extérieure ; mais encore n’en sauroit-ori inférer qu’ils, n’en ont point ; elles peuvent être déguisées et ren¬ dues méconnoissables par leur forme et par la place qu’elles occupent. Des animaux dont la voix ne se forme point par le gosier, qui respirent par le cor¬ selet , par les côtés , par la partie postérieure ; des animaux parmi lesquels on en voit qui ont les yeux sur le dos, et les parties génitales sur la tête ; des animaux de cet ordre peuvent fort bien avoir les oreilles par-tout ailleurs que dans les endroits ou l’on s’attend droit à les trouver.

Comme l’usage de tous les membres des insectes ne. nous est pas connu, peut-être y en a-t-il parmi ceux dont nous ignorons la destination , qui leur sont donnés pour recevoir l’impression des sons ; encore moins pouvons- nous assurer que les insectes n’ont point d’oreilles intérieures : cet organe, s’ils en ont un , doit être en eux délicat et comme imperceptible. Il y a sans doute dans le chant des insectes des mo-

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Mations «, des différences que les organes épais de notre ouïe ne peuvent pas toujours saisir; car il n’est pas dans l’ordre que tous les difFérens insectes chan¬ tent sur le même ton, le combat, la retraite et la victoire , la douleur et le plaisir : on peut même croire que les insectes ont aussi des moyens qui nous sont inconnus , et qui servent à exprimer leurs di¬ verses passions.

Copulation et génération des Insectes .

Du temps d’ Aristote on regardoit les insectes comme des animaux imparfaits , qui naissent d’une matière corrompue ; à mesure qu’on a étudié , on a reconnu ïa fausseté lie cette opinion. Tous les insectes sont très- féconds et paroissent dès leur naissance se préparer à s’accoupler et à perpétuer leur espece : ils semblent anême n’avoir point d’autre but. La maniéré et les moyens que les mâles parmi les insectes emploient pour rendre leur femelle féconde et la mettre en état de pondre des œufs lorsqu’il en est temps , sont in¬ finiment variés. Les parties de la génération de ces petits animaux sont ordinairement placées à l'extré¬ mité du ventre au derrière dans les mâles ; Ton en voit cependant qui les portent par -devant sous le ventre; d’autres, même à la tête. Ces parties sont ordinairement couvertes d’un poil extrêmement fin 5 à cause de leur délicatesse infinie. Tout annonce que les moyens que les insectes emploient pour par¬ venir à. leur multiplication, sont assez difFérens. La génération des pucerons 9 le bizarre accouplement des mouches appelées demoiselles , des araignées , et quan¬ tité 'd’autres aussi singuliers , nous montrent combien la Nature est féconde et inépuisable dans les moyens qui la conduisent à ses fins. Les uns , comme la fourmi , se rassemblent et forment des especes de colonies et de républiques ; d’autres se tiennent à l’écart , et avant comme après le moment de la jouis¬ sance , font retentir les champs d’un petit sifflement aigu? qu’on prendroit ea quelque sorte pour le son d’une petite flûte- : il 3^ en a dont l’entrevue se passe pn silence. Les animaux qu’on appelle vers luisans 9

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paraissent dans les nuits de l’été comme un phos-

Î>hore dans les buissons : peut-être que cette lueur eur annonce réciproquement et le désir de multiplier et le lieu ils peuvent se trouver ; il en est de même à l’égard des autres animaux qui sont luisans pendant la nuit. Les mâles sont communément plus petits que les femelles ; mais les antennes de celles-ci sont moins grandes et moins belles. Quelquefois aussi les femelles sont dépourvues d’ailes : dans la plupart des insectes mâles , si Ton presse le ventre , on fait sortir par l'ouverture qui est à son extrémité, deux especes de crochets assez durs , lesquels s’entr’ouvrant , font paroître la véritable partie sexuelle : les crochets servent à Vinsecte à s’accrocher et à se cramponner après sa femelle , même à la stimuler pendant l’acte amoureux : le ventre de la femelle comprimé ne laisse voir qu’une espece de canal qui lui sert de vagin. Par cet exposé on voit qu’il n’est peut-être point de classe d’animaux qui offre autant de variétés dans la génération : nous avons cité l’accouplement des mou¬ ches demoiselles , des araignées y etc. ; celui de la mouche commune présente aussi une singularité remarquable * parmi les autres animaux 5 c’est le mâle qui introduit; dans cette espece de mouche , c’est la femelle. La plupart des insectes sont ovipares : mais il y en a de vivipares , tels sont les pucerons des jardins , les cloportes et quelques mouches ; et d’autres qui sont vi¬ vipares dans un temps 9 et ovipares dans un autre. Voyei Vivipare et Ovipare.

Si les insectes vivent peu de temps , ils ont en ré¬ compense la vie plus dure , et naissent en très-grande quantité ; les cirons multiplient au nombre de mille en quelques jours, il éphémère , cette mouche dont la vie est si courte , n’emploie pas toute cette durée à voler sur les eaux ; la Nature a voulu que ce temps lui suffît pour ses plaisirs , son accouplement et la ponte de ses œufs. Il y a certaines mouches vivipares qui sont si fécondes , qu’elles donnent naissance à deux mille autres à chaque portée : l’on voit aussi des mouches ovipares 9 telles que Yahetlle , qui produisent jusqu’à quarante mille œufs fécondés ; le ver a soie en dépose cinq cents. Quoique les insectes soient des

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animaux très-petits et qu’ils occupent un espace très- borné dans le monde , ils ne laissent pas de se former en très-peu de temps des nuées d 'Insectes qui infeste- roient des pays entiers , s’ils ne devenaient la proie des oiseaux , des reptiles , des poissons et des arai¬ gnées , et s’ils ne pérïssoient la plupart immédiate¬ ment après la fécondation et la ponte : effectivement dès que l’accouplement est accompli , les mâles pa- roissent épuisés , languissans ; et comme ils sont alors inutiles , ils achèvent de payer le tribut à la Nature , ils meurent : les femelles ne survivent à leurs mâles que l’instant nécessaire pour îa ponte ou pour l’accouchement , suivant que l’animal est ovi¬ pare ou vivipare. La variété qu’il y a entre les œufs des insectes est incroyable , soit en grosseur, soit ea figure , soit en couleur ; ils sont ronds , ou ovales , ou coniques. Les uns , comme ceux de quelques arai¬ gnées , ont l’éclat de petites perles ; les autres, comme ceux des vers à soie , sont d’un jaune plus ou moins foncé ; enfin il y en a de verts , de bruns , de rougeâtres.

Lieux ou les Insectes déposent leurs œufs 9 etc*

La plupart des insectes ne portent point de petits dans leur ventre , et ils ne couvent pas leurs œufs ; il y a beaucoup plus de ces animaux ovipares que vivipares. Voyez ces mots et celui d’GEüF. La queue creuse et pointue des femelles leur sert de conduit pour pondre leurs œufs dans les corps elles veu¬ lent les introduire. Comme les œufs ne descendent point par la pression de l’air , la Nature y a fdfcné plusieurs demi-anneaux opposés , qui facilitent cette descente. Les insectes les resserrent successivement ea commençant par celui qui est le plus près du ventre, et font tomber les œufs d’un anneau à l’autre par une espece de mouvement péristaltique. La fente de ce canal est beaucoup moins visible pendant que l’ani¬ mal est en vie, que lorsqu’il est mort. Toutes les fe¬ melles ÿ insectes n’ont pas un pareil canal celles qui déposent leurs œufs sur la surface des corps , lés font passer immédiatement par les parties génitales ; il n’y a que celles qui les déposent dans la chair 9

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dans d’autres insectes , etc. qui aient besoin d’un feiMf Wabîe tuyau ; encore ne sert-il pas toujours de canal aux œufs. L’on trouve certains insectes aquatiques $ dont les mâles ont ce canal aussi bien que les fe-* melles ; ils s’en servent comme d’un soupirail par lequel ils respirent un air frais. On les voit souvent avancer sur la superficie de l’eau l’ouverture de ce canal , et Ton remarque même que quand ils sont rentrés sous l’eau , il s’élève de petites bulles d’air qu’ils en laissent échapper.

Lorsqu’un instinct particulier , lorsque l’attrait pour leur reproduction a fait rassembler par troupes les mâles avec les femelles 5 celles-ci ne mettent bas leurs œufs qu’après avoir choisi un endroit qui puisse four¬ nir de lui -même la pâture nécessaire aux petits qui en doivent naître et satisfaire à tous leurs besoins pendant qu’ils sont jeunes ; si ces œufs ne sont pas déposés dans des îogettes , ils sont au moins collés fortement sur un point d’appui. La prévoyance de la Nature est en cela d’autant plus admirable, que la mere meurt souvent après qu’elle a pondu. Les pa¬ pillons diurnes et nocturnes 5 les chrysomdes 3 les cha* rencons y les punaises , les pucerons , les insectes dit kermès déposent leurs œufs sur les feuilles des plantes * et chaque famille choisit l’espece de végétal qui lui con¬ vient 9 de sorte qu’il n’y a presque point de feuillage qui ne nourrisse son insecte particulier , et il y a plusieurs de ces animaux qui occupent toutes les par¬ ties de l’arbre ou de l’arbrisseau : les uns choisissent les fleurs , les autres le tronc ; ceux-ci les feuilles , et <jgux-là les racines : quelques-uns se contentent de qu’ils trouvent. Ces traits d’industrie chez les. insectes et chez d’autres animaux , semblent offrir aux Naturalistes des apparences de raisonnement très- frappantes.

Les feuilles de certains arbres ou de certaines plan¬ tes , quand les œufs des insectes y ont été déposés * s’élèvent en forme de noix , pour loger commodé¬ ment les petits qui viennent d’éclore. Certains cka- rencons déposent leurs œufs dans l'intérieur des feuilles d’une plante appelée la patte d'oie ; il en sort des larves qui rampent entre les faces supérieure et inférieur#

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de Côs feuilles l et qui s’y creusent des foutes sé¬ crétés , comme- celles que la taupe pratique sous terre pour se mettre à couvert des injures de Fa ir et des oiseaux de proie : ces larves ainsi renfermées dans 3e parenchyme des feuilles , marchent et butinent eu sûreté.

Dès que la psylle a déposé ses œufs sur les. bran¬ ches du sapin , on voit qu’il s’y élevé bientôt des tubérosités écailleuses qui servent de berceau aux petites larves é II y en a une autre espece qui met bas les siens sur la véronique , dont les feuilles aussi-tôt après se resserrent et s’arrondissent en /orme de pe¬ tite tête. La psylle du buis , en piquant les feuilles de cet arbre , les fait courber et creuser en calotte : c’est que la larve et la nymphe de cet insecte dé¬ posent par l’anus une matière blanche sucrée comme la manne. La tipule place ses œufs sur le bout des branches du genévrier , il s’élève une espece de petit logement à trois faces ; ou bien sur les feuilles peuplier ; ce ,qui fait croître aussi-tôt un bouton rouge. Le puceron dépose les siens sur les feuilles du peuplier noir , lesquelles se boursouflent et se chan¬ gent en une espece de poche. Certaines mouches pla¬ cent leurs œufs dans les fruits encore verts du poirier 9 du prunier , du bigarreautier ; de sorte que ces fruits étant mûrs ou presque mûrs , on y trouve souvent les larves de ces insectes .

Ce ne sont pas seulement les plantes que les in¬ sectes choisissent pour se loger et faire leurs pontes * les fourmis déposent en terre leurs œufs , et les expo¬ sent au soleil pour les faire éclore : les araipiées en¬ veloppent leurs œufs d’un tissu soyeux, très -fin et délicat : les moucherons les déposent sur Feau qui croupit : le monocle ou le perroquet d'eau multiplie souvent sur de pareilles eaux , et en si grande quan¬ tité, qu’à voir les pelotons rouges de *ces insectes 9 on les prendroit pour des caillots de sang : Yescarbot dépose ses œufs dans le fumier et l’ordure ; le dermesu ou scarabée disséqueur , ainsi que les teignes 3 dans les fourrures à» poil et à plumes ; certaines mouches , dans des trous de fromage ; la mouche abeilUforme met bas |^s siens dans les excrémens ; la mouche à rnief dans

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des cellules hexagones très - régulières et bien abri¬ tées 5 etc. D’autres insectes mettent bas leurs œufs en certains endroits du corps des animaux vivans ; une espece de mite les place entre les écailles des poissons ; les mouches ichnzumones déposent leurs œufs ou dans l’œuf d’un papillon , ou sous la peau des chenilles. Il y a quatre especes de taons , dont les uns les dé¬ posent sur le dos du bœuf qui en est cruellement tourmenté ; d’autres sur le dos du rheq^ie , ce qui le fait courir sur les montagnes de neige et de glaçons en faisant des ruades , pour tâcher de se débarrasser de ce fardeau si léger , mais si incommode ; la troi¬ sième espece fait sa ponte dans les narines des brebis, et la quatrième se tient cachée dans les boyaux ou dans le gosier des chevaux , d’où elle ne sort qu’au commencement de l’été suivant , en molestant beau¬ coup ces animaux. Les économes attentifs cannois- sent un moucheron carnassier qui se nourrit de cha- rençons.

Les quadrupèdes sauvages ont une vermine qui leur est particulière , aussi bien que les oiseaux , les poissons et les insectes ; l’eau même a la sienne.

Tous les insectes ne demeurent pas le même espace de temps dans leurs œufs . Quelques heures suffisent aux uns , tandis qu’il faut plusieurs jours , et souvent même plusieurs mois aux autres pour éclore. Un de¬ gré de chaleur factice ou naturelle , et plus ou moins fort , en accéléré le terme. Les œufs des insectes ne se durcissent que quelques minutes après qu’ils sont pondus. D’abord on n’y apperçoit qu’une matière aqueuse ; mais bientôt après on découvre dans le milieu un point obscur , qui est le commencement de l’organisation de l’embryon.

Métamorphoses ou développemens des Insectes.

Les oiseaux , les quadrupèdes , etc. naissent avec la même forme qu’ils auront toute leur vie. Quel¬ ques insectes sont dans le même cas ; mais c’est le plus petit nombre. En général tous les fnsectes qui n’ont point d’ailes ( excepté la puce seule ) sortent du sein de leur mere sous la même forme qu iis

conservèrent

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feônsêrveront jusqu’à la mort. Les cloportes , îes araignées * les tiques , les poux s les scolopendres 9 etc. ne different de leur riiere que par la grandeur : dans la jeunesse * comme dans leur âge parfait , la figure est la même.

On sait que parmi les insectes il y a des /tfrvej- qui naissent d'œufs. On sait aussi que la Nature > par une loi admirable , fait passer presque tous les insectes ovipares par différentes métamorphoses , après que leurs œufs ont été placés dans l’endroit qui leur est propre. Mais examinons ces ehangemens. Par exemple , quand l’œuf du papillon a été déposé sur la feuille d’un chou , il ne tardé pas à éclore et à produire d’abord une chenille rampante à seize pieds * qui , armée de dents dévorantes , broute les feuilles , et qui ensuite se change elle-même en une nymphe ou chrysalide sans pieds , unie , de couleur d’or , enfin en un animal parfait ; c’est un papillon blanc ou bigarré de plusieurs sortes de couleurs ; qui vole a qui a six pieds , qui n’a plus de dents , mais une espece de proboscis ou de trompe pour sucer le miel des fleurs. Est-il rien de si admirable dans la Nature , que de voir un animal qui se présente sur la scene du monde sous trois formes parfaitement distinctes ? L’on diroit que ces petits animaux sont composés de deux ou trois corps organisés tout différemment,' dont le second se développe après le premier , et dont le troisième naît du second. Cependant il pa- roît plus naturel de croire que c’est toujours le même animal , et que la différence d’organisation n’est qu’extérieure. Ces sortes à! insectes étant sus¬ ceptibles d’un accroissement subit , ils ont été pour¬ vus de trois enveloppes les unes sur les autres. La première peau extérieure venant à crever lorsque l’ insecte est un peu grossi , l’animal paroît enveloppé de celle qui étoit pliée et 'resserrée dessous : celle-ci devenant à son tour trop étroite , se fend comme la première , et Y insecte paroît avec la troisième. Voyei aux mots Chenille , Nymphe et Papillon , les moyens qu’emploie la Nature dans ces transforma¬ tions 5 et les détails curieux qu’elles présentent : l’em¬ pire des insectes est un empire de féerie. Voye i aussi ^ mot LaB-VE.

Tome V1I%

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Les inÈtcUi sont les seuls d’entre les animant , ôti du moins ils nous paroissent être les seuls , excepté les grenouilles , qui changent de forme , et qui , après avoir rampé pendant un certain temps , cessent de manger , et se construisent une maison , une prison ^ ou même une espece de cercueil dans lequel ils de¬ meurent ensevelis plusieurs semaines , quelques-uns pendant plusieurs mois , d’autres pendant des années entières, sans mouvement, sans action , 'et en ap¬ parence sans vie ; mais qui après cela éprouvent une sorte de résurrection , se dégagent de leurs enve¬ loppes , s’élèvent dans les airs , et prennent une vie nouvelle et plus noble : car avant leur métamor» phose ils ne sont évidemment ni mâles ni femelles ; ils n’engendrent qu’étant transformés. Quelques z/z- stctes9 tels que le ver à soie et V araignée , ont le secret de tirer de leur corps des filets, qui leur servent ou d’ailes , ou de vêtemens , ou de tombeau dans l’état de nymphe ou de chrysalide. On prétend avoir re¬ marqué que l’endroit l’on a vu les pieds d’une chenille , devient , après la transformation , celui sont placés le dos et les ailes du papillon , et que les pieds du papillon qui en provient , se trouvent la chenille avoit le dos. Cependant , en exami¬ nant une chrysalide récente, on peut, dit M. Deleu\e> reconnoître sous le ventre de la plupart , les vestiges des pattes de la chenille.

La plupart des petits animaux réputés vers -insectes au sortir de l’œuf , ne sont autre chose que des vermisseaux sans pieds ; les autres , qui ont des pieds , sont des chenilles ou de fausses chenilles. Les premiers sont à la charge des peres et des meres qui prennent soin de leur apporter à vivre, lorsqu’ils n’ont pas été déposés sur des matières propres à les nourrir* Entre les insectes , plusieurs quittent leur habit , et se rajeunissent cinq à six fois sous une peau nou¬ velle : on appelle ces différens âges Y état moyen des insectes , Par ce qui précédé , on voit que les insectes ont le plaisir d’exister successivement et exclusivement sous diverses formes assignées aux autres animaux* Tour à tour ils habitent l’intérieur ou la surface de la terre , et les airs : tour à tour , par chacune de leuf

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ôiartiere d’être , ils goûtent en quelque sorte et suc¬ cessivement les jouissances attachées aux vers , auj£ animaux pourvus de pieds , aux oiseaux.

Mouvement progressif ou marche des Insectes.

De tous ies rnouvemens des insectes * le changement de lieu est le plus visible. Pour se former une idée de la marche ou mouvement progressif des insectes ^ il faut savoir que les uns ou rampent ou courent i que les autres sautent , et que d’autres volent. La mécanique de cette progression est variée suivant l’élé¬ ment que Yinsect'e habite , et chaque espece a un mouvement qui lui est propre , soit dans l’eau , soit sur terre, soit dans l’air. La progression des insectes aquatiques est de plusieurs genres ; il se trouve de ces animaux qui marchent , nagent et volent ; d’au¬ tres marchent et nagent ; d’autres n’ont qu’un de ces deux moyens de s’avancer ; ils nagent plus commu¬ nément sur le ventre que sur le dos , ou de toute autre maniéré : pour nager plus vite , il y en a qui ont la faculté de se remplir d’eau , et de la jeter avec force par la partie postérieure , ce qui les pousse en avant par un effet semblable à celui qui repousse l’éolypile, ou fait élever une fusée : la configuration des jambes est toujours relative au besoin de l’animal. La marche des insectes qui vivent sur terre n’est pas moins admirable : on en peut dire autant de la pro¬ gression des insectes volans ; et pour avoir des exemples frappans de ces divers moyens , il suffit de consi¬ dérer la marche saillante et en forme de croix , la sauterelle; le saut parabolique de la puce; le mou¬ vement de la tipule , qui danse sur l’eau , sans se mouiller les pattes ; celui du scarabée d3eau , qui trace des cercles avec une extrême légéreté ; le saut que fait le scarabée des Maréchaux , mis sur le dos , pour se retrouver sur ses pattes le trépignement de Y hé- mérobe , et la course de F araignée , qui s’élance hori¬ zontalement d’une muraille à l’autre , sans autre point d’appui que son fil. Le papillon diurne ne marche qu’en voltigeant en zigzags dans les airs ; le phakne porte ses ailes abaissées , et la tipule horizontalement:

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dans les airs. Les fourmis sans sexe se promènent eri grandes troupes pour chercher des vivres et des ma¬ tériaux qu’elles apportent dans leurs magasins sou¬ terrains. Lorsque les chenilles veulent aller d’un endroit à l’autre , elles alongent la peau musculeuse qui. sé¬ pare les premières boucles d’avec les suivantes ; elles portent le premier anneau à une certaine distance , puis en se contractant et se ridant , elles font venir le second anneau ; par le même jeu elles amènent le troisième , et successivement tout le reste du corps : c’est ainsi que ces petits animaux , même les vers qui sont sans pieds , marchent et se transportent il leur plaît , sortent de terre et y rentrent au moindre danger, avancent et reculent selon le besoin. Plusieurs insectes ont les pieds de derrière plus longs et plus forts que ceux du milieu ; ils sont comme un ressort dont la détente leur facilite le moyen de s’élancer 5 de sauter , ou leur donne le premier essor du vol. Un grand nombre d 'insectes a l’extrémité des pieds garnie de crochets ou de pointes crochues , à Faide desquels ils s’attachent aux corps les plus unis ; entre ces pointes , d’autres , comme les mouches et les araignées , ont des coussinets ou pelotes visqueuses qui leur servent à se tenir contre la surface polie d’une glace ; d’autres ont une espece de palette aux genoux , avec laquelle ils peuvent se fixer à volonté sur différens corps. Les mâles de plusieurs scarabées aquatiques en sont munis ; elles leur servent à pouvoir tnieux se tenir aux femelles lorsqu’ils s’accouplent. Ces insectes s’élancent dans Feau de haut en bas in¬ différemment avec une rapidité prodigieuse. Le puceron aquatique a pour sa seule part trois différentes ma¬ niérés de nager. Quelques scarabées et autres insectes tardigrades emploient , pour marcher , les deux pieds les plus éloignés du même côté , et celui du milieu de l’autre côté. Par ce qui précédé , on remarque que Faliure des insectes s’exécute de plusieurs maniérés différentes , qui peuvent se réduire à cinq : ramper 9 courir , sauter , nager y et voler . M. IVeiss , de la Société de Basle , a fait des observations sur ces mouvemens ingénieux : la façon de ramper , la plus simple en apparence -, est très-diversifiée 5 suivant le nombre et

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Fapparenee des pieds , des anneaux et des muscles z celle de courir ou de marcher , que l’on pourroit at¬ tribuer aux hexapodes ( six pieds ) , s’exécute aussi de plusieurs maniérés , selon le nombre , la position , la grandeur et la figure des pieds : l’action du saut est produite par des muscles et des ressorts , dont la force 9 le jeu et la structure variée méritent encore des re-* cherches particulières : celle de nager , la plus variée de toutes , s’exécute dans un milieu favorable à toutes les sortes de position des corps qui s’y trouvent plongés, et qui ont à peu près la même pesanteur spécifique : enfin , la maniéré de voler se diversifie selon la figure , la position , la consistance et le nombre des ailes et de leurs étuis. Le Naturaliste découvre dans ces chef-d’œuvres , des modèles pour la perfection de la mécanique. On peut encore con¬ sulter B or élit , de motu animalium ; ce Savant savoit bien que le mouvement est peut-être le plus grand phéno¬ mène de la Nature , et l’ame du système du Mondes il ne perd jamais rien de sa dignité et de sa nécessité 9 et il est aussi admirable dans les plus petits animaux,, que dans l’ensemble de l’Univers. On peut aussi con¬ sulter les articles Ver de terre , Scolopendre s Escargot , Chenille , Punaise a avirons , Nau¬ tile , Poisson , Serpent , Crustacées , Lamentxn , Chauve-souris , Oiseau , Singe , Cheval , etc. 9 pour avoir une plus grande idée du mouvement pro¬ gressif.

Ruses , ravages , armes et combats des Insectes , soit pour leur défense, soit pour leur nourriture .

Parmi les insectes, comme chez tous les autres ani¬ maux , régnent les antipathies , les inimitiés , les ruses et les combats : les plus gros font la guerre aux pe¬ tits ; ceux-ci plus foibles deviennent la proie et la victime des plus forts. Tous ces animaux sont zoo- phages , et se mangent réciproquement ou se détrui¬ sent d’une autre maniéré : malheur à celui d’entr’eux qui perd ses ailes et son aiguillon dans une bataille ; car ces membres ne reviennent plus, et Yinsecte s’af« foiblissant sans cesse , meurt bientôt. Les insectes

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sont armés de pied en cap ; ils sont en état c!e falré la guerre , d’attaquer, et de se défendre : des dents en scie, un dard ou un aiguillon , desi pinces , une cuirasse , des ailes , des cornes , ressort dans les pattes , cordages ou filets ; rien ne manque à l’appa¬ reil des organes nécessaires à les défendre ou à fa¬ voriser leur agilité à se soustraire à leurs ennemis.

Les cornes des insectes sont dures et à pointe fine, et different de leurs antennes en ce qu’elles n’ont point d’articulation dans leur longueur. Plusieurs de ces animaux liront qu’une corne placée sur la tête a et qui s’élève directement en haut ou se recourbe en arriéré ou en faucille , comme on le voit dans le scarabée-rhinocéros ; d’autres en ont deux placées au- devant de la tête , s’étendant vers les côtés , ou s’éle¬ vant en ligne droite. Ces cornes sont ou courtes 9 unies et un peu recourbées en dedans , ou elles sont hranchues comme celles du cerf volant . Quelquefois elles sont égales en longueur , et d’autres fois elles sont plus grandes l’une que l’autre. L’on trouve aussi des insectes qui ont trois de ces cornes qui s’élèvent perpendiculairement ; tel est Vénena du Brésil , dont Marc grave , Histor . Brasil. L vu 5 c . ij , donne la description.

Tous les insectes ne portent pas leurs cornes à la tête ; car on en voit qui les ont des deux côtés des épaules près de la tête. Enfin , dans quelques- uns de ces animaux , elles sont immobiles , dans d’autres elles sont mobiles. Ceux-ci peuvent serrer leur proie comme avec des tenailles, et ceux-là écarter ce qui se trouve en leur chemin. Il régné à tous ces égards des variétés infinies pour le nombre, la forme , la longueur , la position , la structure , les usages des cornes dans les diverses especes d’in¬ sectes. Nous devons an microscope une infinité d’ob¬ servations curieuses en ce genre ; mais comme il n’est pas possible d'entrer dans ce vaste détail , nous renvoyons le lecteur aux Ouvrages des savans Na¬ turalistes qui en ont traité. Ceux des insectes , qui ont des cuirasses d’écailies , ont le corps à l’abri du danger des coups imprévus ou des chocs accidentels,, Wmti’çs qui saut plus délicats \ sont souvent ç<m*

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verts au dehors d’urrpoil épais , et même de plusieurs épines qui écartent l’ennemi , ou les empêchent de se froisser. Il y a des insectes qui sont en état d’atta¬ quer impunément leurs adversaires. Nous l’avons dit; les uns se sauvent par la détente des ressorts des pattes postérieures ; d’autres , par le secours de leurs ailes ; d’autres , telle que Y araignée 5 à l’aide d’un fil avec lequel ils se suspendent en l’air , ou se préser¬ vent du danger en se jetant brusquement loin l’ennemi qui les poursuit.

Tous les insectes , si l’on en excepte un très-petit nombre, sont cruels et voraces, et nuisent à tous les animaux , même à l’homme. Lés Histoires sacrées et profanes sont remplies d’exemples de peuples qui ont été contraints d’abandonner leur pays natal , pour avoir été trop incommodés par les sauterelles , par les scorpions , par les scolopendres , ou par les pu¬ naises , les puces 5 les araignées , les abeilles . Le scarabée des Maréchaux dégorge de toutes ses aaticulations une liqueur grasse et visqueuse , dont l’odeur fait enfuir tous les insectes qui approchent de lui. Chaque espece sait détruire à sa maniéré les différentes productions de la terre , notamment les corps organisés. Des légions de chenilles et de larves ravagent en peu de temps les prairies ; une espece dévore les racines du houblon , une autre les fleurs , une autre perce les habits ; les tipules rongent les plantes qui commencent à naître dans les campagnes ; d’autres insectes se for¬ ment dans l’intérieur des feuilles , des sentiers et des galeries : Y insecte appelé gribouri par les vignerons, et la biche , détruisent les ceps en hiver et les raisins en été; les charençons consument les blés dans l’épi; le perce-oreille et la larve du hanneton détruisent les herbes potagères ; la chenille ravage les choux ; le ver à soie , les feuilles de mûrier ; la chrysomele a les asperges ; le scarabée disséqueur , les peaux et les vian¬ des. Quelques-uns , qui sont ordinairement remplis de différentes larves de mouches et d’insectes à étuis % n’attaquent et dévorent que les animaux morts % et dont les chairs commencent déjà à fermenter. Une autre espece de scarabée , et particuliérement la vril- ktte y réduit en poussière les tables des maisons et

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les différens meubles de bois : sa larve , logée dan£ l’intérieur des vieux bois , les ronge et les réduit en une espece de tan , dans lequel elle se transforme et bat comme une montre de poche. La mite gruge le fromage et la- farine , etc. ; et la mite elle-même porte et nourrit d’autres insectes microscopiques. Il suffit de nommer les punaises de Paris, les tarentules de la Pouille , les scorpions d’Afrique , les cousins de la Nord- Hollande , les chiques d’Amérique , les marin- - goulus de la Guiane , les taons de la Laponie , les grillons des cabanes des villages , les mites de la Fin¬ lande , la vermine des enfans , les cirons qui tracent des sillons dans la chair des humains , les chenilles qui désolent les arbres fruitiers , et les teignes qui rongent les étoffes. L 'araignée entortille , par la con¬ texture admirable de ses fils , Yinsecte qu’elle attend souvent pendant une journée pour en faire sa proie ; mais elle tombe à son tour entre les griffes de la guêpe ichneumone son ennemi capital. Idhèmèrobe ou phryganée , dans son premier âge , se trouve parmi les poissons ses plus cruels ennemis ; mais il se couvre tout le corps d’atomes sablonneux et de feuilles , pour tromper l’avidité de ses ravisseurs : en le voyant étendu sur les eaux , on le prendroit pour un très- petit morceau de bois pourri , et non pour un animal vivant qui devient mouche sur le soir : d’autres in¬ sectes savent se raccourcir ou paroître au besoin plus grands qu’ils ne sont effectivement, parce que leur corps est composé de pattes qui s’alongent en se dé¬ pliant , ou se raccourcissent en se repliant ou ren¬ trant les unes sur les autres , comme faisoient les brassarts et les cuissarts dans nos anciennes armures.

La tortue (Cassida) , et la chrysomele qui a le cou comprimé , marchent sous le masque , entièrement couvertes de leurs excrémens , pour n’être point re¬ connues des oiseaux : les larves des cigales bédaudes se cachent sous leur propre écume : la punaise à mu¬ seau pointu a le corps tout couvert de brins de toute espece , et pour mieux se déguiser , marche tantôt d’une façon , tantôt d’une autre , de sorte qu’à force de se masquer ainsi , de fort bel insecte qu’elle étoit % $lk devient plus hideuse qu’une araignée.

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La teigne , d’oïl naît un phalene ou papillon noc¬ turne, se loge dans le tissu le plus fin des tapisseries, des étoffes , même dans les peaux emplumées , afin de les ronger à son aise ; et comme elle est très- susceptible d’accroissement , elle sait élargir sa demeure aux dépens de l’étoffe.

L e formica- leo demeure dans le sable , vit sans boire,; se contente d’une très -légère nourriture, se cache dans la terre par la crainte qu’il a des oiseaux , et se tient au centre d’une petite fosse qu’il creuse dans un sable sec et mobile , et qu’il façonne en forme de cône renversé. Les fourmis qui passent par-là tombent dans le trou , et deviennent la proie de l’animal qui s’y tient caché. La mouche , malgré son vol étourdi , sa structure délicate et ses membres déliés , est desti¬ née évidemment par la Nature, à être aussi la proie du fourmi-lion. Cet insecte vorace a en partage la ruse , la force et la vigilance.

Le pou de bois , improprement appelé pou pulsateur , se tient dans le vieux bois et dans les livres ; il y entre par les trous que des vers ont faits , et y fait encore de plus grands dégâts.

L’on ne peut considérer sans étonnement la queue formidable du scorpion , et l’adresse avec laquelle il dirige ses mouvemens , lorsqu’il s’agit de se battre , de se défendre ou de s’enfiiir.

Le puceron qui se nourrit de plantes , est dévoré par certaines mouches ; le taon détruit ces mouches ; les demoiselles font la guerre aux taons , et celles-ci sont la proie des araignées ; le perroquet d'eau , qui se plaît dans l’eau corrompue , sert de nourriture aux moucherons; ceux-ci aux grenouilles, etc. L z papillon nocturne est mangé par la chauve-souris.

La blatte , nommée kacherlacki à Surinam , court la nuit pour butiner , dévore les souliers , les habits , les viandes , et sur-tout le pain , dont elle ne mange que la mie. Cet animal , qui se trouve aussi à la Mar¬ tinique , y est appelé ravet ; il ronge les papiers, les livres , les tableaux et les hardes ; il gâte par ses ordures et sa mauvaise odeur tous les endroits il se niche : comme il vole par-tout , et plus la nuit que le jour , il se prend dans les toiles de la grosse

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araignée appelée phalange. Celle-ci fond sur ces Mattel d’une maniéré surprenante , les lie avec ses filets , et les suce de telle maniéré , *que quand elle les quitte * il ne reste plus rien que leur peau et leurs ailes bien entières , mais seches comme du parchemin.

La vermine multiplie prodigieusement sur la tête des enfans galeux ; quelques-uns prétendent qu’elle leur est avantageuse , en ce qu’elle détruit le superflu des humeurs ; mais M. Bourgeois dit que loin de leur être utile 5 elle ne sert qu’à perpétuer la gale , et à y produire des ulcérés , qui rendent la gale in¬ guérissable tant que la vermine subsiste ; et on re¬ marque tous les jours que les enfans attaqués de gale et de vermine invétérée , deviennent maigres , pâles et cacochymes : d’ailleurs , la petite quantité d'humeurs que les poux consument , ne sauroit leur procurer un avantage réel et sensible. Au reste , tout ceci démontre que les insectes ont presque tous des goûts exclusifs , et qu’un insecte sans force , un être qui semble vivre à peine , tel que le rnaringouin 5 est par-tout, à la surface de la terre , le fléau de l’homme qui veut jouir de la vue de la campagne de l’ombre des forêts , de la fraîcheur que les eaux répandent dans l’air ; il boit son sang depuis un pôle jusqu’à l’autre , sous les deux zones tempérées , et sous celle que le soleil brûle de ses rayons. 11 semble que par-tout la misere est attachée à nos pas au mi¬ lieu de l’abondance : mais ne nous plaignons pas ; l’homme voit volontiers qu’il existe des roses , quoique leurs épines le blessent quelquefois.

Habitations des INSECTES .

Tout ce qui vit ou respire , presque tout ce qui existe sur notre globe , devient en quelque sorte la patrie ou le domaine des insectes . Dans cette classe d’animaux , plusieurs meurent à l’entrée de l’hiver , d’autres d’un naturel plus chaud , ( telles sont les abeilles et les cantharides ) , passent l’hiver dans des crevasses : il en est qui vivent en troupes sous terre 9 et mangent l’herbe : l’eau sert d’asile et de retraite à une quantité prodigieuse de ces animaux 2 l’air

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en est rempli : d’autres vivent dans les bois , dans les champs, et mangent les graines et les feuilles des plantes , ou sont solitaires et sucent le sang des animaux tant aquatiques que terrestres qu’ils habitent, ce qui produit sans doute les différentes odeurs qu’ils répandent. En quel endroit ne trouve-t-on pas des insectes ? Les pays habités , comme les plus déserts , sont peuplés par une infinité de ces petits ani¬ maux : on en rencontre dans la laine , les habits , la vieille cire , le papier , les livres , même dans les fruits : la plupart des galîinsectes et progallinsectes 9 dont la durée de la vie est fixée à. un an , habitent ordinairement dans la bifurcation des plantes qui passent l’hiver : le pou, la punaise , la puce , le ténia , X ascaride , le ciron , etc. démontrent enfin que l’homme lui -même sert d’asile et de nourriture à divers insectes . Quels zoophages ! que de parasytes ! Au reste, l’homme policé qui le matin a poussé un cri en sentant sur sa joue ou voyant sur sa main ramper une chenille velue , mangera le même jour , et avec friandise , les excrémens d’une bécasse , qui ne sont qu’un hachis à' araignées 9 de vers ; etc.

Les insectes ont beaucoup de vie : que Ton coupe adroitement le ventre d’une fourmi , qu’on enleva la tête à une guêpe ou à une mante , ces animaux continuent à marcher ou à vivre encore quelque temps : la fourmi saisira sa proie et marchera : la tête de la guêpe pince vivement pendant quelques heures : la mante décapitée s’agite , court ; et dans cet état , M. Poiret en a vu une s’accoupler d’une maniéré complette : des hannetons et des cerfs volans cloués ou fixés par des épingles sur une planche , vivent ainsi pendant huit et quinze jours : des lima¬ çons décapités vivent bien plus long-temps : le rotifer ou polype à roue , est encore plus étrange ; Voye% à Y article Polype. Les araignées et quantité d’au¬ tres insectes , peuvent jeûner long-temps sans perdre leur activité ni leur vivacité : d’autres animaux à sang froid , tels que les serpens , les crapauds x : les sangsues 9 les viperes 9 en fournissent aussi des exemples.

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Utilité des Insecte si

Quoique ce genre d’animaux passe pour être géné^ râlement inutile , nuisible , ou quoiqu’on ne les re¬ garde que comme des hôtes importuns dont on ne cherche qu’à se débarrasser , il y en a cependant qui méritent quelque exception 5 et que nous avons même intérêt de défendre et de protéger , comme servant à uses besoins réels ou factices : tels sont les cantha - rides; r le cloporte , le coccus de Pologne , la cochenille du Mexique , le kermès du Languedoc , Y abeille , la chenille ww à soie , Y insecte qui nous procure la résine laque 9 et plusieurs autres dont le gouvernement , l’économie, les mœurs et l’industrie pourroient servir d’exemple aux hommes dans quantité d’occasions. Eh ! qui peut cozmoître les causes finales de ces êtres créés 5 et pro¬ noncer sur leur inutilité ?

En consultant chacun des noms des insectes , leur Mstoire fera voir que chaque espece d'insecte semble comme destinée à une profession particulière et en a les outils ; il en est , pour ainsi dire , de tous les arts et de tous les métiers : leurs premiers travaux sont toujours des chef - d’œuvres ; leur industrie paroît aussi variée que la diversité des instrumens appropriés au travail qui leur est particulier. On voit parmi eux des architectes qui forment le plan d’un édifice capable de contenir plusieurs centaines d’habitans : les appartenons en sont si bien distribués , qu’il n’est pas un recoin de perdu ; chaque individu y est logé séparément dans un espace suffisant : d’autres , plus solitaires , se construisent des cellules séparées , régnent la propreté et la commodité. Les uns savent filer et ont des quenouilles ; d’autres font de la toile , des filets , et ont pour cela une navette et des pelotons : il y en a qui bâtissent en bois , et qui ont deux serpes pour faire les abatis , des scies pour les débiter : d’autres bâtissent en pierre ; ils ont la truelle et les instrumens nécessaires pour les appa¬ reiller : ceux qui travaillent en cire , font voir que leur atelier est rempli de ratissoires , de cuillers , et des outils qui leur conviennent : plusieurs d’entr’eux %

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outre la langue pour goûter et lécher ^ ou la trompe pour faire l’office de chaluoieau , ou les tenailles dont ils ont la tête munie , ont à l’extrémité de la queue une tariere mobile , propre à percer et à creuser; leurs antennes sont des membres très-délicats qui , en mettant leurs yeux à couvert , les avertissent du danger, et leur font connoître leur route dans l’obscurité» Les mouvemens de ces petits animaux ne sont ni de caprice ni fortuits ; ils sont pleins d’ordre et de dessein , et tendent tous au but pour lequel la Nature a formé chacun de ces animaux.

Quand les moucherons déposent leurs œufs dans l’eau croupie , les vers larves qui éclosent , y con¬ somment tout ce qui s’y trouve de pourriture» Les scarabées pendant l’été , emportent tout ce qu’iî y a d’humide et de visqueux dans les excrémens des trou¬ peaux , de sorte qu’il 11’en reste plus qu’une poussière que les vents dispersent sur la terre , ce qui n’est pas un médiocre avantage : car sans cela , bien 9oia que ce fumier engraissât ies plantes , il ne croîtrait rien par-tout il y en aüroît.

Par ce qui précédé , on voit que Yinsecte est m être auquel appartiennent toutes les fonctions ani¬ males , qui a des allures ou mouvemens progressifs propres et particuliers à chaque espece , qui attaque sa proie , combat ou évite ses ennemis , dont fia- dustrie offre à nos yeux des travaux admirables 9 suggérés par le seul besoin , exécutés par un instinct merveilleux et un art dont il est même presque im¬ possible de se faire une juste idée. Si l’an fait atten¬ tion sur -tout à cette éducation étonnante qui met Y insecte 9 dès sa naissance , en état de pourvoir à ses besoins comme à sa sûreté , éducation qu’il apporte avec lui , qu’il ne doit ni à l’exemple ni à Limita¬ tion, puisque la plupart sont nécessairement orphe¬ lins avant de naître , et qu’il ne reste aucun individu de leur espece qui puisse les instruire , éducation constante et invariable depuis la création , et l’unique qui puisse convenir à leurs facultés comme à leur conformation : si Ton considéré enfin que ce petit animal ne doit son existence actuelle qu’à la mdrt d’un pere et d’une mets dont la vie n’a été qu’un

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tissu de révolutions et de métamorphoses plus suf-5

{menantes encore que toutes celles que nous offrent ’Histoire et la Fable même , qui pourra ns pas être étonné ?

Tel est le coup d’œil général qu’on peut jeter sur Thistoire des insectes i dont l’étude sérieuse et diffi¬ cile , mais si méprisée du commun des hommes , a rendu les noms de Géer et de Linnaus aussi fameux chez les Suédois , que celui de Réaumur Test chez les François. Lister 9 en les étudiant , s’est rendu im¬ mortel chez les Anglois , ainsi que Swammerdam chez les Hollandois , Fris ch chez les Allemands , et Redl chez les Italiens.

Les Écrits de Leumnhoeck 9 de Bradley 9 d 'Harvey 9 de Ncedham 9 de Dirham , de Malpighi 9 de Lesser 5 de Roesel , de Lyonnet 9 de Bonnet 9 etc. font voir que les insectes sont un des principaux chef- d’œuvres de la Nature , et que la grandeur et la sagesse du Créateur éclatent jusque dans ses plus petits ouvrages. Eminet in minimis maximus ipsz Deus .

Maniéré de se procurer les différentes especes d" Insectes * de les préparer 9 et de les envoyer des pays plus gu moins éloignés .

On se rappelle que nous avons distingué les insectes en plu¬ sieurs ordres : en apures , en dipteres , en tetrapteres ( quatre ailes ) r en lépidoptères , en névropteres , en coléoptères s et en hémiptères 0 Nous ne les considérerons ici , relativement à l’objet que nous nous proposons, que sous trois points de vue; savoir: en insectes qui ont les ailes nues et à réseau ; en insectes qui ont les ailes nues et couvertes écailles ou de poussière ; et enfin , en insectes qui portent leurs ailes pliées sous des étuis écailleux qu’on nomme ilytres . Cette division est celle qu’a donnée sur ce même sujet M. Mauduyt dans un excellent Mémoire inséré dans les Obser¬ vations sur la Physique , sur P Histoire Naturelle , et sur les u4.rtsa Les moyens que nous allons décrire , sont extraits de ce mêm© Ecrit,

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Avant de parler de la maniéré d’envoyer les Insectes, il con¬ vient d’exposer celle de les ramasser. Il y a peu de difficulté à cet égard relativement aux scarabées ou insectes à étuis : ils ne volent qu’à de certaines heures ; leur vol est court , et souvent tardif et pesant ; on peut les prendre aisément. Il n’en est nas de même des insectes à ailes nues , et sur-tout des papillons qu’on gâte toujours en les touchant, et qui les uns et les autres volent avec légèreté , fuient de loin , et se retirent à de si grandes distances, qu’il est souvent impossible de les atteindre. La meilleure méthode est de les prendre avec des filées : on en a proposé de différentes formes. Ceux dont M. Mauduyt préféré l’usage, ont celle d’une chausse d’fflppocras ou à passer des liqueurs; la pointe en est fermée ; l’ouverture en est attachée autour d’un cercle de gros fil de fer ; les deux extrémités de ce fil de fer se joignent et sont contournées ensemble ; on les fait entrer dans un bâton creux , on les assujettit en y enfonçant de force des petits coins de bois ; le manche du filet doit avoir au moins quatre pieds ; il peut servir de canne. ( On présume bien que ce moyen seroit infructueux pour les phalènes et autres insectes volans pendant la nuit.) Il faut, avec le filet, être muni de petites pinces, semblables à celles dont se servent les Anatomistes ou les Lapidaires ; ce sont des pinces d’acier ou de cuivre, plates , douces , et qui ont peu de ressort ; les Lapidaires de Paris nomment ces pinces , des bmxelles . On doit encore porter avec soi une pelote garnie d’épingles , et une boite garnie dans le fond de liège ou de bois tendre. Pourvu de ces instrumens , on peut saisir les insectes au vol , si on a le coup d’œil juste et la main prompte, ou attendre qu’ils soient posés sur les plantes et les fleurs , et les couvrir alors avec le filet. Dès qu’ils sont pris dessous , on les saisit à travers les mailles avec l'extré¬ mité des pinces. On les prend par les côtés , au milieu du corps autant qu’on le peut , on les serre sans les écraser, mais assez pour les afFoiblir. On leve ensuite le filet , en lâchant V insecte qui est hors d’état de s’envoler ; on le reprend avec les pinces* le pique avec une épingle qu’on enfonce par le milieu du

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dos ? et on attache sa proie avec précaution dans îa petite boîtëj d’où on la retire quand on est arrivé chez soi , pour la fixes? dans une plus grande dont il sera fait mention ci-après.

Les Insectes qui ont les ailes nues et à réseau t tels que sont les mouches , les demoiselles , les cousins , les éphémères > les abeilles 9 les guêpes, etc. ne doivent pas être envoyés dans la liqueur 3 ils en seroient gâtés. Leurs ailes frêles , membraneuses ou papy- racées , sont sujettes à y être déchirées par le frottement des individus les uns contre les autres ; elles y contractent de faux plis, elles s’y amollissent et restent pendantes sans consistance, sans forme et sans soutien , quand on retire les Insectes de la liqueur. Ceux des Insectes dont les ailes sont couvertes de poussière ou d’écailles, et ce sont les papillons dont les especes sont si intéressantes par leur variété, par leur nombre, par la beauté, par l'éclat de leurs couleurs, par l’élégance de leur forme , ne peuvent aucunement être conservés et envoyés dans la liqueur -, ils y perdroient ce duvet attaché à leurs ailes , et qui en fait toute la beauté.

Quelques personnes envoient les papillons entre les feuillets d’un livre qu’ils sacrifient à cet usage, et qu’ils enveloppent d’une large feuille de papier pour le fermer. Cette méthode peut à îa rigueur être admise , elle offre plus d espace pour contenir beaucoup d’individus \ mais en la suivant on applatit , on écrasé le corps des papillons, on mutile leurs pattes, et les ailes sont souvent endommagées par le frottement des feuillets du livre.

Le meilleur moyen est de tenir prêtes des boîtes longues et plates , dont le fond soit d’un bois tendre ou couvert d’une semelle de liège bien assujettie. On perce les papillons et les insectes à ailes nues et a réseau , qu on a pris , d une epingle qu on leur enfonce dans le corselet , cette partie qui est entre la tête et le ventre *, on pique , en enfonçant le plus avant qu’on peut , la pointe de l’épingle dans le liège ou dans le bois tendre qui forme le fond de la boîte ; on laisse Ylnsecte mourir dans cette position. Ces sortes &'insçctçs ainsi arrangés , et assez distans

les

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fes tins des âutrês pour qu’ils ne se touchent pas » h’exigent plus aucune attention : ces malheureuses victimes de notre curiosité , percées d’un glaive meurtrier , pressées cependant par la faim , si elles étoient fixées assez près pour se toucher , se déchireroiënt et se dévoreroient les unes ies autres dans leur état cruel , que leur propre barbarie prolonge encore.

N 'omettons pas de dire que pour les papillons il ne suffit pas de les avoir percés d*une épingle qui traverse leur corselet ^ car en s’agitant, se débattant , ils brisent leurs antennes et leurs longues ailes contre le couvercle et le fond de la boîte. Î1 faut donc , pour nous les procurer dans tout leur éclat , et leur conserver toute leur beauté, leur enlever jusqu’aux moyens de témoigner leur souffrance par leurs mouvemens, et les con¬ damner à mourir immobiles , sans pouvoir même se donner le soulagement de changer de position : après qu’on les a percés par le milieu du corps avec l’épingle qui les assujettit au fond de la boîte , on attache et on enfonce quatre autres épingles aux bords antérieurs de leurs ailes, une épingle à chacune : on choisit sur-tout le point Ton voit une des plus fortes ner¬ vures qui traversent l’aile, pour la percer: chaque épingle fixés au fond de la boîte , doit être inclinée à l’opposite du corps du papillon , et former avec ce fond de boîte un angle aigu. Un malheureux papillon , fixé par cinq épingles , est contraint de demeurer sans mouvement , et d’expirer sans pouvoir changer de position* Quand il est mort , et que ses ailes étendues ont pris le pli qu’on leur a fait prendre, on retire les quatre épingles qui les ont assujetties , on ne laisse que celle qui tient le corps du papillon attaché au fond de la boîte.

Les Insectes coléoptères , c’est- à-dire, ceux qüi portent leurs ailes, dans l’état de repos, pliées sous des émis écailleux, peuvent être conservés et envoyés percés avec des épingles qui les assujettissent sur le fond des boîtes. Cette méthode est sans contredît la meilleure. Ceüx qui veulent s'épargner la cruauté de cette pratique et son embarras , peuvent jeter les Insectes d étuis , à mesure qu’on les prend , dans les liqueurs conservatrices Tome FIL *. X

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ils arrivent de cette maniéré sans être mutilés ; mais leur coûta? en souffre quelquefois.

Ceux qui prennent le parti de percer tous les insectes avec des épingles, de les laisser mourir ainsi, et de les envoyer attachés au fond des boîtes , doivent observer de n’envoyer dans une même boite que des papillons ; on y peut joindre des insectes à ailes à réseau ; mais l’on doit mettre dans d’autres boîtes les insectes à étuis ou scarabées y car malgré le soin qu’on prend pour enfoncer les épingles dans le liège ou dans le bois ,. si l’objet qu’elles traversent et qu’elles attachent, a quelque poids, il arrive souvent qu’elles se détachent ; alors les insectes détachés roulent dans la Jboîîe , s’y brifent et mutilent en même temps les antres insectes qu’ils rencontrent. Un seul scarabée dans une boîte de papillons 3 peut la perdre. Les insectes à ailes nues * au contraire , et les papillons > sont si légers, que leur poids ne peut guère . ébranler les épingles, aussi rarement se détachent- elles- Si le cas arrive, il en résulte peu de mal , parce que Y insecte détaché est presque sans effet, étant presque sans poids. Veut-on empêcher que les scarabées contenus seuls dans les boîtes , ne se détachent , il faut remplir les boîtes de coton, qui étant foulé par le couvercle, contiens, assujettit et fixe les é les. On présume bien qu’il est impossible d’user de la même précaution pour les papillons 9 parce que le coton enleveroit la poussière écailleuse qui embellit leurs ailes. Il faut donc , comme il est dit ci dessus 3 les envoyer dans des boîtes à part ou avec des insectes à ailes nues. Il sera- même mieux , si on le peut , de mettre chacune des trois especes é! insectes > ( mouches , papillons , scarabées , ) dans des boîtes séparées.

L’usage des épingles, excellent en lui-même, employé pat les Hollandois et les Chinois,, qui, aux deux extrémités dit globe * s’accordent par le cas et la recherche qu’ils font des insectes , a un inconvénient ; cest que les épingles se rouillent dans le corps des insectes y qu’on brise quand , pour les disposer dans des cadres , on en veut retirer les épingles. On peut pré* *tfenir cet inconvénient en trempant les épingles avant de s’en

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$eWïr l dans de la pommade qui empêche rouille. À défaut ie cette précaution , on évite de briser les Insectes -f et on ôtè àssez aisément les épingles par la pratique suivante. On allume tine bougie, et l’on enfonce l’épingle tient Y insecte, le plus qu’on peut, dans un carton mince, et de la largeur de Y insecte g prend la tête de l’épingle avec des pinces, on en présente pointe à la flamme tranquille de la bougie -, le carton garantit Y insecte de Faction de la flamme ; l’épingle ne tardera pas à rougir ; sa forte chaleur communiquée dans toute sa longueur, dessé¬ chera, brûlera les molécules qui y adhèrent; le trou se trouvera agrandi , l’épingle sortira sans difficulté , et rien ne sera endpm- snagé : il faut cependant tâtonner ici , car si on employoit trop de temps dans l’opération , l’épingle endommageront une partie Considérable du corps de V insecte, Ôn prétend qu’en mettant pendant quelques jours dans un endroit un peu humide, tel qu’une cave. Une boîte d'insectes s on retire l’épingle $ansvpeine, èt sans endommager même les plus petits insectes . En suivant ce dernier procédé , il faudrait , après en avoir retiré l’épingle t laisser lès insectes dans un lieu sec ; car si on les enfermoit aussi* tôt dans leur case, ils s*y gâteroient.

On ne doit pas omettre ici la maniéré de recueillir et Conserver les larves , les coques s les nymphes et chrysalides des insectes . On sait, et nous Pavons dit , que les larves sont les vers ou les animaux sous la fotme desquels les Insectes paroissënt eii sortant de Fœu£, qu’ils quittent pour en prendre une autre à après avoir vécu et grandi pendant quelque temps sous cette première forme. Ainsi , les chenilles sont les larves des papillons* Un des meilleurs moyens de se procurer de beaux papillons de nuit , est de nourrir leurs larves qu’on rencontre assez commu¬ nément par-tout. 11 suffit de mettre ces larves dans de grandes boîtes de fer-blanc , ou même de verre , aérées dans une athmos- phere tempérée , garnies au fond terre. On y dépose les larves ou chenilles sur les parties de plantes sut lesquelles oit les a trouvées : on doit éviter de toucher ces animaux. On introduit un bout de la branche dans une phiole pleine d’eau a

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|>oui: Teiîtrôtènir fraîche » et afin que l'animal y trouve Talîme^ qui lui convient. On renouvelle ces branches jusqu’au temps de la métamorphose. En levant le couvercle, on reconnoît l’état de l’ Insecte , on doit respecter sa marche bizarre , et ne la point troubler ; mais en letudiant , on distingue Pespece qui se prépare une coque sur la branche, ou sur les parois de la boîte , ou en terre. Consulte { la maniéré d’ élever les larves des papillons , les ■précautions qu’il faut prendre à l’égard des chrysalides, et la méthode employée pour se procurer des métis en ce genre , par M. Nicolas ; Journal de M. l’Abbé Rosier, Décembre r/74. Consulte ^ aussi la dissertation sur V éducation des chenilles , et P instruction sur la chasse €t le développement des papillons , par le R. P. Engramelle , Collection des papillons d’Europe, Paris , rjjq , et années suivantes . Nous avons dit aussi que les coques sont ou des tissus , ou des fragmeps de différentes substances rassemblés et unis ensemble, des loges enfin à l’intérieur desquelles les larves se retirent pour se changer, soit en nymphe , soit en chrysalide , et prendre ensuite leur der¬ nière forme -, enfin , nous avons exposé que les chrysalides les nymphes sont des enveloppes cartilagineuses ou velues , de forme souvent bizarre, quelquefois très-brillantes, sous lesquelles paroissent les insectes en cessant d’être dans Pétat de larves , et sous lesquelles ils demeurent cachés jusqu’à ce qu’ils les rom» pent pour paroître dans leur dernier état.

On distingue les larves des vers proprement dits , dont elles prennent souvent la forme , en ce qu’elles ont toujours des pieds plus ou moins apparens, et la tête écailleuse ; au lieu que les vers sont absolument sans pieds , et n’ont aucune partie qui soit écailleuse.

Les larves ne peuvent se conserver dans les Cabinets, que dans la liqueur, encore y perdent-elles leur couleur, et n’y gardent-elles que leur forme. Quelques personnes émerveillées de la beauté des chenilles , ont cherché les moyens de les con- server. M. Mauduyt dit qu’il en connoît deux qui réussissent passablement pour quelques especes ; il faut , dit cet Observa¬ is r , faire une légère et courte incision à la peau de la çh mille

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vers l’anus , qu’on ne fait que dilater , puis pressant le corps avec les doigts d’une main , en tirer les viscères avec une pince qu’on tient de l’autre main ; quand la peau est vidée, on la distend en soufflant dedans avec un chalumeau : alors on la remplit de sable, en la suspendant la tête en bas, et on la laisse sécher pleine de sable, qu’on fait ressortir, après qu’elle est bien seche , par l'ouverture par il est entré. L’autre moyen consiste à faire fondre partie égale de cire et de graisse ; on remplit une seringue proportionnée de ce mélange assez chaud pour conserver quelque temps sa fluidité, et on en injecte la peau de la chenille. Si c’est la peau d’une chenille couverte de poils serrés et fournis , elle se conservera et paroîtra assez bien préparée; mais si la peau est lisse, la chenille perdra beaucoup de sa beauté ; ses couleurs paroîtront fort altérées , ou se per¬ dront tout-à~fait. M. Bonnet , en rapportant l’extrait d’une lettre de feu M. de Réaumur s dit que les couleurs de plusieurs insectes dans l’état de chenilles , ne souffrent aucune altération dans l’esprit- de-vin affoibli par un tiers d’eau , et auquel on a donné autant de sucre qu’il en peut dissoudre.

Les coques des chenilles méritent d’être ramassées , parce qu’elles portent témoignage de l’industrie des insectes , et que leur des¬ cription entre dans leur histoire. Il suffit de les enlever et de les serrer dans des boîtes à part , on les garantit par le moyen du coton. Les chrysalides ont communément assez de solidité pour n’exiger aucune préparation pour se dessécher sans se corrompre, sans changer de forme, et quelquefois sans perdre leur éclat-, il faut seulement ôter la vie à l 'insecte, pour qu’il ne les perce pas *, ce qu’on fait en les exposant sous un verre à l’ardeur du soleil , ou en les plongeant pendant une ou deux heures dans uns liqueur spiritueuse.

A l’égard des araignées , molles comme pulpeuses , pleines d’humeurs , elles ne peuvent guere être envoyées que dans la liqueur ; elles y perdent fort peu -, leurs humeurs s’y épaississent^ et quand après y avoir séjourné quelque temps, on les en retire 9 slors elles se dessèchent à propos, On peut encore les conserver

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en les perçant avec une épingle, en fixant leurs pieds par moyen , et les posant dans un four dont la chaleur , qui doit être graduée, épaissit leurs humeurs avant qu’elles se soient évaporées, et empêche par ce moyen qu’elles ne paroissent déformées, arides et desséchées. On pourroit encore » quandl elles sont très-grosses , telles que la phalange , la tarentule , etc. * et si l’on n’y sentoit pas de la répugnance , ouvrir le ventre en dessous , le vider et le remplir de coton ; mais ces animaux ne doivent, sur-tout dans les pays chauds, être maniés qu’aveç: précaution. M. Mauduyt assure que leur morsure n’y est pas sans danger. Ce même Observateur a raison de recommander aux .Voyageurs de chercher à apprendre dans les pays qu’ils par» courent , quels açcidens ou quelle incommodité occasionnent les insectes ; en homme sage et éclairé , il les invite à tenir un, juste milieu entre la crédulité qui admet tous les faits, et ï& critique trop sévere qui les rejette. Les insectes , dit-il , sont des, êtres qu’on foule aux pieds , en même temps qu’on change leurs opérations les plus simples en merveilles et en prodiges. Enfin 9 il laisse à la prudence des Voyageurs à recueillir des faits sur les Insectes étrangers , sur leur maniéré de se nourrir , sur leur sagacité , sur les dégâts qu’ils occasionnent , sur les avantages, qu’on en retire ou qu’on auroiî droit d’en attendre.

Insectes pétrifiés 5 Entomolithi. Sous ce nom vague 9 on comprend les loophytes y les insectes vola** tiles , les différentes productions à polypier , les co~ quilles et les crustacées que l’on trouve dans la terre; conservés dans différens états ; et moins celles qui sont en empreinte ou en relief , que celles qui sont en nature. Les zoophytes fossiles nous donnent des trochitis et entroquzs 5 etc. Les productions à polypier fossiles donnent des lithophytes % des. coraux , différens madrépores 9 : etc. Les coquilles fossiles ou testacites doenent différentes especes dans les unlvalves r les bivalves et les multivalves . Les crustacées fossiles donnent des crabes , des cancres , des homards. Oi? lit dans les Transact0j Philosopk . \p$o > n.° 4^4 9 art » 14%

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tfuson connoît plusieurs especes d’ insectes pétrifiés , dont les analogues n’exisitent plus. Mais , s ont- ce bien de vrais insectes , et sont - ils réellement pétrifiés ? Les insectes volans donnent des empreintes de mouches à ailes nerveuses ou à étuis, A l’égard des insectes qu’on distingue si bien renfermés dans le succin transparent, la Nature les y a comme embaumés par juxta-position : c’est un fait d’un autre ordre. On trouve aussi des vers marins fossiles, c’est-à-dire des vermiculites y etc. Voyei chacun de ces mots.

INTERPRETE. Voye^ Coulon-chàud.

INTESTINS , Intestines. Ce sont ces grands canaux membraneux qui s’étendent depuis l’estomac jusqu’à l’anus. Voyei F 'article Économie animale , au mot Homme.

INTÜS-SUSCEPTION, Voye{ à F article Juxta¬ position.

JOCASSE ou Draine. Voyt\ au mot Grive.

JOCKO ou Enjocko , à Congo , ou Pigmée de Guinée . C’est la petite espece $ orang-outang. Voyez ce mot.

JOËL, Atkerina Ilepsetus , Linn. ; Pisciculus Anguella Venetiis die tus , Willughb. ; Latharina Romanis , AldroVo Poisson du genre de YAtherim ; il se trouve dans la Méditerranée. Suivant Grohovius , il est d’une forme comprimée par les côtés , mince et oblongue ; la tête est plane en dessus , aplatie latéralement ; l’ouverture de la gueule assez grande ; la mâchoire inférieure dépasse un peu celle de dessus ; toutes les deux sont garnies de très -petites dents : le corps est couvert d écaillés grandes , argentées , tuilées entr’elles , assez transparentes ; celles du dos ont leur bord moucheté de noir. Willughby observe que le joel a le dos mou¬ cheté de taches ou de points noirâtres , qui paroissent plus sensiblement lorsqu’on a enlevé les écailles , et qui sont disposés la plupart quatre à quatre , de maniéré à représenter un rhombe. Les lignes laté¬ rales passent sur le milieu d’une bande argentée; la première nageoire dorsale a six rayons, dont le pre¬ mier est le plus long , ainsi que celui de la seconde dorsale ; cette derniere a douze rayons ; les pecîo^ raies en ont chacune treize ; les abdominales , sijrj

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^çelle de l’anus , dix ; celle de la queue est assez ample et partagée en deux lobes. Ce poisson , dit Willughby , a trois pouces de long ; il est si trans¬ parent, qu’en le regardant à la lumière, on distingue l’épine du dos et les intestins.

JQLÎTE. Voyc{ PïEItRE DE VIOLETTE.

JONC , Juncus . Plante dont on distingue plusieurs especes. Les joncs, proprement dits, sont de la famille des Liliacèts , et paraissent tenir le milieu entre les gramens et les lis. Ils ont tous une maîtresse racine , rampante et fibreuse. Leur calice est composé de six feuilles distinctes rangées autour du pistil , auquel succédé , dit M. Deleu^e , une capsule à trois pan¬ neaux qui renferme plusieurs semences menues. Leurs fleurs sont à six étamines.

On distingue r Le jonc aigu , Juncus acutus , LinnJ 463. Le jonc filiforme ou à feuilles sétacées , Juncus filtformis , Linn, 463 ; il croît dans les marais tour¬ beux. Le jonc à fleurs en peloton , Juncus conglomé¬ rants 9 Linn. 464 ; il croît dans les marais. Le jonc dont la tige est garnie de deux à trois feuilles un peu comprimées, pointues et sensiblement articulées , Juncus articulatus , Linn. ; il croît dans les prés hu¬ mides. Le jonc rude , qui a une rigidité très - remar¬ quable , et qui croît dans les prés humides , Juncus squarrosus , Linn. 465. Le jonc bulbeux ou à racines épaisses et alongées , Juncus bulbosus , Linn. 465 : ses feuilles sont abondantes , chevelues : il croît dans les prés humides. Le jonc des crapauds , Juncus Info - nius , Linn. 466 : ses tiges sont filiformes et bifur- quées ; ses feuilles sétacées et anguleuses ; il croît sur le bord des champs. Le jonc de bois ou jonc velu , Juncus nmorosus 3 Linn. 468 : sa tige est terminée par une ombelle chargée de trois ou quatre petites feuilles pointues et velues ; les feuilles radicales sont nombreuses , planes , larges de deux lignes; les fleurs sont pointues et velues, solitaires sur chaque pédi¬ cule : tous çQsfioncs sont vivaces par les racines.

Jonc aigu gu Jonc piquant , ou Jonc a liens ; Juncus acutus , Linn. 463 ; et capitulis sorghi 9 C. B. ; Pitt. Tourn. C’est une plante qui croît dans les |-$is proche de la mer , et en plusieurs autres lieii%

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aquatiques ; sa racine est composée de grosses fibres elle pousse beaucoup de tiges à tuyaux , à ia hauteur de deux pieds , nues , cylindriques , grosses , roides 9 terminées par une pointe piquante , composées d’une écorce épaisse et d’une moëlle un peu dure et blanche, enveloppée depuis la racine d’une espece de gaines fouillées , rougeâtres , qui s’élèvent jusqu’à près d'un pied : ses fleurs sont en étoile et placées vers le sommet des tiges; elles forment un panicule lâche; il leur succédé une capsule relevée de trois coins , et qui renferme des semences ; les feuilles partent de la racine; elles sont cylindriques et terminées en pointe piquante. Cette plante est astringente et narcotique: on s’en sert pour lier différentes choses , des paquets d’herbes , etc.

Jonc coralloïde. Nom donné aux tubiporites hran- chus, bifourchus et comme noueux. Voye ^ Tubipore et Y article Joncs DE PIERRE.

JONC d’eau, Juncus aquadcus maximus , Adv. Gere Voyez Choxn-marisque.

Sèba 9 dans le premier volume de son Ouvrage ^ donne la figure de deux feuilles d’une plante qu’il nomme jonc aquatique de Surinam , compose de fils in¬ nombrables : il dit qu’on devroit s’attacher à faire l’examen de cette plante, par Futilité qui en pourroit résulter pour les arts. On pourroit sans doute en faire du papier et peut-être du fil.

On récolte dans les lieux aquatiques du Royaume de Valence sur les bords de la mer , un jonc dont îa tige est jaune comme le rotin , longue de trois à quatre pieds , grosse comme une plume à écrire , et quelquefois comme celle de la tige du lin. On s’en sert pour faire, à la maniéré des indiens, des tapis, des tapisseries à chaîne de fil ; on peut faire peindre à l’huile sur ces tapisseries tout ce qu’on désirera : paysages , mosaïques , etc.

Jonc ou Canne a écrire. Voye^ ce dernier mot B

Jonc épineux. Voye^ Genêt épineux.

Jonc faux. Voye^ Trqscart.

Jonc fleuri, Butomus umbellatus , Linn, 532; M. Deleuçe observe que cette plante n’est pas du genre des Joncs . Sa racine est grosse, nouée, blanche

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et fibreuse; elle pousse des tiges (ce sont des hampes} hautes de trois a quatre pieds , droites , cylindriques et nues; ses feuilles sont longues, pointues, étroites* et sortent de la racine ; ses fleurs qui naissent aux sommets des tiges , sont au nombre de quinze à vingt- cinq , et présentent une ombelle garnie à sa base d’une collerette de trois folioles membraneuses et pointues ^ ces fleurs sont assez grandes , de couleur purpurine ; elles ont six pétales disposés en deux rangs alterna¬ tivement , neuf étamines et six pistils. 11 leur succédé un fruit membraneux , composé le plus souvent de six capsules pointues , uniloculaires et remplies de semences ©blongues et menues. Cette plante qui est vivace , convient pour la morsure des bêtes veni¬ meuses *, le bœuf en est fort friand. Elle croit ea Europe , dans les étangs , sur le bord des eaux.

Jonc des Indes ou Jonc roseau. Voy&{ Rotik.

Jonc a liens. C’est le jonc aigu. Voyez ce mot..

Jonc marin , Juncus marinas . On donne ce nom à une espece de genêt épineux , qui croît en quantité dans la Vallée de Sainte-Marie-aux-Mines , et plus abondamment encore dans la Normandie , dans la Bretagne et dans le Poitou , on l’emploie très- utilement pour des clôtures , pour faire du fumier et pour brûler au four , et même pour servir , dans les années de disette , de paille aux chevaux. La partie de la plante qui a poussé la derniere, est la plus tendre; elle sert de nourriture pour toute sorte de bestiaux 9 après avoir été pilée dans une auge ou autre machine semblable. Voye ç Genêt épineux.

Jonc odorant. Voye ç Scpkenante.

Jonc ordinaire ou des jardins , Juncus lavis * Dodon. ; et paniculd sparsâ major , C. B. Pin. ; Tourn. Les tiges et les feuilles de ce jonc sont plus menues, plus cassantes, et la plante en est moins aiguë et moins piquante que celles du jonc aigu : ses fleurs naissent en bouquets épars. Cette plante est assez commune dans les marais; elle sert, ainsi que le jonc aigu , à faire des cordages , et à lier des paquets d’herbes*

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Observ allons sur les Joncs.

En général les tiges des joncs sont vertes et rondes; elles ne sont que peu ou point feuillues ni branchues, et naissent dans les eaux ou proche de celles qui croupissent.

Les joncs marins , qu’on appelle aussi landes et im¬ proprement sain - foin d'Espagne , croissent dans les landes et les terres stériles , même sans qu’on les ait semés; mais celui qui vient de semence est meil¬ leur : on donne l’un et l’autre aux bestiaux , hachés et pilés.

On doit couper les joncs , ainsi que les roseaux 9 par un beau temps , et on les laisse sur pied pendant trois ou quatre jours, afin qu’ils sachent. Il y a des joncs dont on se sert à la campagne pour couvrir des toits de peu d’importance , et pour faire des pail¬ lassons , des corbeilles , des balais , des nattes , et plu¬ sieurs autres petits ouvrages d’industrie ; la moelle du jonc d'eau sert à faire des mèches de lampes. La plu¬ part des joncs deviennent gros comme le pouce * lorsqu’on les laisse trois ans sans les couper. Ou doit en semer la graine au mois de Mars , parmi quelques menus grains , et on les récolte au mois d’Août suivant.

Joncs de pierre , Junci lapida . Nom donné à une pierre formée par l'assemblage de tubiporites pétrifiés ou fossiles , cylindriques ou anguleux , parallèles les uns aux autres , et placés perpendiculairement eu égard à la masse de la pierre. On trouve de ces pierres dans le Comté de Shropshire en Angleterre , qui sont susceptibles de poli. C’est Marmor juncum de Woodward .

JONCIER. Voyei Genêt d’Espagne.

JONQUILLE , Narc issus juncifolius ; Narc issus jon~ quitta , Linn. 417. Cette plante donne une fleur qui vient sur tige et qui fleurit en Mars. Il y en a de diverses sortes qui sont originaires de Provence , d’Espagne , de la Guadaîoupe. Il y a : La jonquille à grandes fleurs ; sa racine est bulbeuse, blanche, cou¬ verte d’une membrane noire : elle pousse des feuilles

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longues , étroites , quelquefois arrondies en alêne 9 fort douces au toucher , flexibles , ressemblant à celles du jonc , ce qui , dit-on , lui a mérité son nom. Il s’élève d’entr’elles une tige ( c’est une hampe) haute d'un pied ou environ , qui au printemps porte en son sommet des fleurs semblables à celles du narcisse ordinaire, mais plus petites, jaunes par -tout , très- odorantes et garnies d’un spathe; le tube de la corolle est fort long , grêle ; le limbe intérieur est un peu campanulé et fort court.

La jonquille à petites fleurs ne différé de la première l qu’en ce qu’elle est moins grande en toutes ses par¬ ties , et qu’elle rapporte moins de fleurs; elle est beaucoup plus estimée par les Fleuristes que la jon¬ quille à grandes fleurs dont iis font peu de cas.

La jonquille à fleurs doubles différé des autres en ce qu’elle jette beaucoup de fleurs doubles , qui ont de la ressemblance avec celles de l’anémone.

Les jonquilles en général se perpétuent de semences } mais plus promptement par les oignons ou caïeux qu’on couvre d’une terre légère à la hauteur d’un pied : on les arrose modérément : on les leve au mois de Septembre , et on en coupe les filets et le che¬ velu. (M .Bourgeois observe qu’il ne faut point lever les oignons de jonquilles chaque année ; car ils don¬ nent peu de fleurs les premières années qu’ils sont plantés : on peut les laisser , dit-il , cinq ou six ans en terre avant de les lever ; mais il faut chaque année les couvrir de terreau en automne , serfouir au printemps et nettoyer la terre des mauvaises herbes.) Les jonquilles blanches et les jaunes doubles viennent mieux dans des pots qu’en planches. Dioscoride pré¬ tend que la racine des jonquilles est vomitive.

JONTHLASPI , Thlaspi clypeatum , serpilli folio , Bauh. Pin. 107 ; c’est le clypéole alyssoïdc , de VEncycL Met k. Cette plante qui croit dans les lieux sablons neux , en Italie , et dans les provinces Méridionales de la France , est de la famille des Crucifères , et a des rapports avec les alysses par son aspect et par ses fleurs : ses tiges sont blanchâtres ; ses feuilles sont spatulées et couvertes d’un duvet cotonneux y les

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leurs jaunes , et en épi terminal ; les siliques planes , ôrbiculaires , cotonneuses.

JOOS1E. Les Japoriois donnent ce nom à une espece de Gramen medicatum , qu’ils estiment anti¬ néphrétique.

JORO , vulgo Utsugi seu Jamma utsugi , Kæmpf» Âniœn. Exot. p. 854; Deut^ia scabra s Thumb. FL Jap. 185 , t. 24. Arbrisseau des lieux montagneux du Japon ; il a le port d’un sureau : ses feuilles qui sont semblables à celles du bouleau commun , sont em¬ ployées par les habitans à polir divers ouvrages en bois ; elles sont couvertes de poils étoilés qui les rendent rudes et âpres au toucher.

JOUBARBE , Seûum. De toutes les especes de joubarbe connues , il n’y en a que quatre qui sont en usage; savoir : i.° La grande joubarbe . 2.0 La ' trique-madame . 3.0 La vermiculaire brûlante. 4.0 La py¬ ramidale.

La GRANDE JOUBARBE , Sedum majus vulgare 3 C. B* Pin. 283 ; Sempervivum majus , Raij Synops. 3 9 269 ; et tectorum , Linn. 664. Est une plante basse qui croît sur les vieux murs et sur les toits des vieilles chau¬ mières. Sa racine est vivace , petite et fibreuse ; elle pousse plusieurs feuilles oblongues , ovales , lancéo¬ lées , épaisses ou grasses , charnues 9 tendres , un peu velues , garnies de poils sur les bords , pleines de suc , attachées contre terre à leur racine , toujours vertes , comme disposées ou ramassées en rosette. s’élève de leur milieu une tige à la hauteur d’environ un pied 9 droite , assez grosse , rougeâtre , moelleuse t revêtue de feuilles semblables à celles d’en bas, mais plus pointues. Cette tige se divise vers sa sommité en quelques rameaux réfléchis , qui portent après le solstice d’été des grappes de fleurs à cinq pétales 9 disposées en rose et de couleur purpurine ; elles sont suivies par des fruits composés de plusieurs graines ramassées en forme de tête et remplies de semences fort menues , qui se sechent en au tomme.

Le suc de cette plante mis à évaporer , exhale une odeur urineuse ; ce suc est rafraîchissant et astringent ; on en mêle dans les bouillons d’écrevisses ou de tortues qu’on fait prendre aux fiévreux étiques, Dan$

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quelques contrées d’Afrique > on guérît la dÿis èà$ terie en faisant avaler au malade dis onces du sue de cette plante. La grande joubarbe écrasée et appli- quée sur les hémorroïdes , en appaise l'inflammation : elle calme aussi les douleurs de tête et les délires. M. Tournefort assure que rien n’est meilleur pour les chevaux fourbus , que de leur faire boire une chor pine de suc de joubarbe .

On trouve en Suisse , une joubarbe de montagne ; Sempervîvum rnontanum , Linn. 665 , qui approche beaucoup de la précédente : ses fleurs sont belles et purpurines ; sa racine est vivace aussi.

La petite Joubarbe Trique-Madame ou Orpim BLANC, Sedum minus ttrtti folium 9 album 9 C. B. Pin*! 2.83 , croît aussi sur les toits et les vieilles murailles exposées au soleil : sa racine est menue et fibrée; elle pousse plusieurs petites tiges dures , ligneuses * glabres, rougeâtres; ses feuilles sont longuettes, ob¬ tuses, succulentes ou charnues, un peu cylindriques. Ses fleurs paroissent en été ; elles sont petites , à plusieurs feuilles , disposées en rose et en forme de corymbe au sommet des branches ; elles sont de cou¬ leur jaune-blanchâtre. Il leur succédé de petits fruits à graines ramassées en tête , et remplis de petites semences.

On cultive cette plante dans le£ jardins , parce qu’on en met dans les salades : son suc rougit le papier bleu , et a presque les mêmes vertus en Mé¬ decine que celui de la grande joubarbe .

La Vermiculaïre brûlante ou Pain d’oiseau , Sedum parvum, acre 9 fore luteo , J. B. 3 , 694 ; Ver* micularis sive îllecebra minor 9 acris 9 Ger. 517, croît presque par-tout suspendue par ses racines , ou cou¬ chée sur les vieilles murailles , sur les toits des mai¬ sons basses ou des chaumières , ou aux lieux pier¬ reux , arides ou mousseux. Sa racine est également petite et fibreuse; ses feuilles sont peu épaisses, ses- siles , c’est-à-dire sans pétioles, mais succulentes f pointues et triangulaires : ses tiges sont basses et me¬ nues ; elles portent en leurs sommets dans l’été de petites fleurs jaunes en étoile , à cinq feuilles , ran¬ gées comme en épis à l’extrémité des tiges qui

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divisent en trois branches , auxquelles succèdent de petites graines comme dans les précédentes : la plante* excepté sa racine, se seche et périt l’hiver.

Cette plante vivace , qui est Yîllecebra de Lèmery 9 a un goût piquant , chaud et brûlant y ce qui lui a fait donner aussi le nom de poivre des murailles . Elle est excellente pour déterger les gencives ulcérées des scorbutiques : elle fait un peu vomir : appliquée extérieurement , elle résout les tumeurs scrofuleuses et les loupes naissantes. On l’estime très- spécifique pour faire des injections dans les ulcérés de la ma¬ trice , et pour fomenter les cancers ulcérés , les dar¬ tres cancéreuses , le charbon et la gangrené. Cette plante pilée est un caustique tempéré qui ronge in¬ sensiblement le virus d’un cancer , et qui avec le temps extirpe jusqu’à sa racine ; on y joint ordinai¬ rement un peu d’huile de lin : pilée et incorporée avec le beurre frais , et appliquée sur la tête , elle guérît la teigne. Il y a une très-petite espece de ver- miculain qui est insipide , Sedum minimum lut mm , non acre , J. B. 3 , 695 ; aut sempervivum , minus , vermicu - latum i insipidum , C. B. Pin. 284.

Depuis quelques années les Curieux cultivent avec soin la belle espece de joubarbe, à feuilles dentelées, à fleur blanche , et connue sous le nom de joubarbe pyramidale , Sedum serratum , flore albo , multiflorum : quelques-uns la regardent comme une saxifrage à feuilles de sedum , et très-garnie de fleurs, Saxifrage cotylédon multiflora. Sa tige qui est fort élevée , forme une pyramide très - agréable à la vue lorsqu’elle est bien garnie de ses fleurs blanches 5 tant dans son pour¬ tour que du sommet à la base. Si le terrain oh l’on cultive cette plante est trop gras , trop fort , cette joubarbe y fleurit difficilement , tandis quhme terre légère et maigre , composée d’un peu de terreau et de terre sableuse , est plus analogue à celle ou cette plante croît naturellement : alors la joubarbe ne manque pas d’y fleurir la troisième année. On connoit que les pieds de cette espece de joubarbe donneront des fleurs, lorsque leur centre est garni d’un grand nom¬ bre de petites feuilles qui forment une rose. Il faut expliquer ceci. Les feuilles qui partent de la racine *

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sont dures J charnues , bordées de dents cartîfagi* neuses , blanchâtres , ramassées en rosette ; c'est milieu de cet ensemble de feuilles , que sort une tige nue , paniculée , plus ou moins haute , et chargée de plus ou moins de fleurs blanches. Cette plante est originaire de Provence.

Linnceus a appelé joubarbe araignée , Semptrvivurti aracknoideum , 665 , une espece de joubarbe vivace , qui se trouve dans les Pyrénées. Cette plante forme des rosettes, mais distinguées par ses feuilles char¬ gées de longs filets qui, se croisant, imitent une toile d’araignée ; sa fleur est grande et belle.

lOn distingue encore la joubarbe en arbre , qui est originaire du Portugal , Sempervivum arboreum , Linn. 664. Elle est vivace ; sa tige est droite , ferme , nue ; ses feuilles sont lisses et forment des rosettes au som¬ met des tiges ; ses fleurs sont blanches.

Joubarbe des vignes. Voye^ Orpin.

JOUI. C’est une liqueur alimenteuse et restaurante , fluide comme du bouillon, d’une couleur brune-noi¬ râtre , d’une saveur agréable , un peu salée et très- juteuse. Lèmery dit que c’est une composition dont la base est du jus de bœuf exprimé quand il a été rôti : on n’en sait pas davantage. Le reste de la préparation n’est connu que des seuls Japonois, qui le tiennent secret , et vendent cette liqueur fort cher à tous les Indiens et autres peuples qui veulent en avoir. Les Orientaux riches en assaisonnent presque tout ce qu’ils mangent , pour rendre leurs mets plus agréables et pour s’exciter à la luxure. Cette liqueur est très-rare en Europe; cependant on pourroit en apporter aisé¬ ment, puisqu’elle se conserve pendant douze ans. Nous en avons goûté à la table d’un Grand à Paris. Cette liqueur nous a paru un peu ambrée, et excitant beaucoup à l’appétit.

JOUR , Dits. C’est l’espace du temps que le soleil est sur l’hémisphere : le séjour du soleil sous l’horizon est la nuit ; Voyez ce mot . Le cercle du jour est le grand cercle qui sépare l’hémisphere terrestre sur lequel la lumière du soleil se répand, de l’hémisphere qui est dans l’obscurité. Le lieu terrestre actuel du soleil et l’antipode de ce lieu, sont les pôles du cercle du jour;

c’est-à-dire ,

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c’ëst-âAlh'é , qu’ils en sotît dlstans chacifîi de quatre- vingt-dix degrés en tout sens. Les lieux de la terre dont les parallèles ne sont point coupés par les cercles du jour 9 ont le jour ou la nuit continue. Tous les lieux dont les parallèles sont coupés par le cercle du jour 9 ont les jours alternatifs. Si la terre n’avoit que son mouvement de circonvolution , il n’y auroit par¬ tout qu’un seul jour et une seule nuit par année. Chacun dureroit six mois. L’effet de la circonvolution est de faire décrire aux pôles du cercle du jour , un grand cercle. Ce grand cercle qui est toujours dans le plan de l’orbe annuel, n’est autre chose que l’éclipti¬ que terrestre. Voye{ maintenant Y article Globe. Voyc% aussi ce qui est dit du soleil à la suite du mot Planete. L ejour est aussi pris quelquefois pour la lumière, Lux* Voyez Lumîere.

JOUSION. C’est le poisson marteau . Voyez ce motl

IPÉCACUANHA. Cette plante est une espece de vioüer qu’on a trouvé dans le Nouveau-Monde vers le milieu du dernier siecie : on prétend qu’elle a été long-temps connue dans le commerce François, sous le nom de beconguille ou de mine d’or végétale . Les Portugais l’appellent cypo de caméras . Guillaume Pisori et Marcgrave l’avoient apportée du Brésil en Europe ; on en fit peu d’usage jusqu’en 1686 qu’un Marchand étranger, nommé Garnier , en apporta de nouveau : comme il en vantoit extraordinairement les vertus 9 M. Adrien Helvétius , Médecin de Rheims /l’essaya et en obtint les plus heureux succès. C’est de lui que Louis XIV l’acheta pour en rendre l’usage public.

On distingue deux sortes tfipécacuanha9 par rapport au pays d’où on le tire ; l’une vient du Pérou , l’autre du Brésil ; mais eu égard à sa couleur, on en distingue trois especes : la grise ou blonde , la brune, la blanche.

L’IpÉCACUANHA brun , îpecacuanha fusca BrasUien - sis 9 est une racine tortueuse, plus chargée de rugo¬ sités que Yipécacuanha gris y plus menue cependant ÿ brune ou noirâtre en dehors , blanche en dedans 9 légèrement amere : on apporte Y ipecacuanha brun, du Brésil à Lisbonne. Cette plante, qui se plaît dans les lieux obscurs, dans les forêts épaisses , près des lieux ,où sont les mines d’or , a une tige d’une demi-cou- Tome VIL . Y

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dée, qui n’est pfësque jamais brancîiuê ; elle est cou* chée sur terre , et garnie vers son extrémité de trois ou cinq feuilles ovales et opposées. La fleur est à cinq découpures : ses fruits sont des baies noires , arrondies.

L’IpÉCACUANHA GRIS , Ipecacüanha cincrea Pcru- viana , est une racine épaisse de deux ou trois lignes , tortueuse, et comme entourée rugosités, d’un brun clair ou cendré, dure, cassante, résineuse , ayant dans son milieu un petit filet qui tient lieu de moëlle, d’un goût âcre , amer , et d’une odeur foible. Les Espagnols en rapportent tous les ans du Pérou , cette racine naît aussi aux environs des mines d’or. On croit, mais sans fondement, que cette racine est le bexuquillo ou bèconguilh des Espagnols. Pison dit que la plante de cette racine est basse , semblable au pou- liot ; ses feuilles sont velues ; ses fleurs sont petites , blanches et disposées par anneaux. Il paroît que l 'iptcacüanha que nous employons aujourd’hui , et qui est la racine d’une espece de violette , différé de l’espece de plante citée ici d’après Pison ,

L’IPÉCACUANHA BLANC OU F AUX IpÉCACUÀNHA J est une racine que l’on trouve sous ce premier nom dans les boutiques ; elle est menue , ligneuse , lisse 7 sans amertume, et d’un blanc- jaunâtre : on nous l’en¬ voie des Indeê. Lèmery dit qu’on a bien de la peine à recueillir ces sortes de racines , et que dans le pays on n’emploie à ce travail que des hommes condamnés à mort. On trouve à Saint-Domingue une plante appelée Coccis , Ruellia9 Plumer ou faux lpècacuanha» M. Desportes en distingue trois especes, qui se trou¬ vent dans les halliers de cette contrée ; savoir : le grand 9 le moyen et le petit . Le grand coccis a sa racine blanche, bulbeuse, assez semblable à celle de l’aspho- dele ; ses fleurs sont bleuâtres. Le coccis moyen a le port de la mercuriale mâle ; sa racine est fibreuse : ses fleurs sont violettes. Le petit coccis a le port de la plante appelée oreille de souris : elle est velue ; sa racine est fibreuse; ses fleurs sont petites, en épi et violettes. La fleur de ces trois especes de coccis est monopétale, en entonnoir, gonflée au milieu ; le limbe est évasé p découpé sur les bords , rabattu en

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âèfeôfs ; ïe perla nthe monophyllé, découpe en cinq parties pointues, en forme de îaniere ; du fond du calice s'élève un pistil, qui devient un fruit oblong, pointu , couvert d’une membrane qui s’ouvre par eu haut en cinq parties , rempli de petites semences sphériques. Ces racines sont estimées purgatives, et on leur attribue les vertus de Vipécacuanha.

On donne encore le nom d "ipècacuanha à d’autres especes de plantes , entre autres au grand ulmaria de la Virginie ; mais on ne se sert aujourd’hui que de Vipécacuanha du Pérou , de celui de la Baie de Horv duras et de celui du Brésil ; on l’appelle même racine du Brésil . ( Barrere dit qu’il s’en trouve ausSÎ à Cayenne, Viola grandiflora , Barr. Vipécacuanha de Saint-Domingue , est le Viola parviflora ; et le faux ipècacuanha est le coccis décrit ci-dessus. ) Vipécacuanha de l’Isie de France , est la cynanque vomitive r sa tige est grimpante et chargée d’un duvet court : sa racine réduite en poudre se prend à la dose de vingt -deux grains.

L 9 ipècacuanha ordinaire ou officinal est un remede usité 9 non-seulement contre les flux de ventre invé¬ térés qu’il guérit quelquefois dans l’espace d’un jour * mais encore contre un grand nombre de maladies qui viennent de vieilles obstructions. On en fait usage dans presque tous les cas l’émétique est indiqué* On préféré Vipécacuanha gris ou du Pérou à tous les autres , parce qu’il purge plus doucement , et que celui du Brésil excite un vomissement bien plus vio¬ lent. On en donne ordinairement la dose de trente à quarante grains. D’habiles Praticiens ont observé * dit M. Bourgeois , qu’il produit souvent un meilleur effet dans les commencemens des fievres malignes et putrides, et même dans les pleurésies bilieuses , que le tartre émétique, parce qu’il cause moins de fonte dans le sang. Il produit souvent un bon effet dans les dyssenteries et les diarrhées bilieuses ; mais il faut le réitérer trois ou quatre jours de suite. Quand on pile cette racine pure , la poudre subtile qui en exhale fait souvent éternuer , pleurer , moucher et cracher.

Cette racine contient un mucilage ou un extraif:

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gommeux^ très - visqueux et un extrait résineuxi M. Geoffroy pense que la principale vertu de Y ipéca - cuunha , dépend de sa substance gommeuse ; mai£ toutes les deux coopèrent à chasser la matière mor¬ bifique. Les habitans du Brésil n’en font usage qu’en infusion ; les Européens en prennent la poudre dans du vin ou dans du bouillon : on la prend aussi en bol, à la dose de dix grains. M. de Tournefort a observé que ce remede agit mieux sur des gens de ville que sur des soldats et des paysans. Au surplus, Yipécacuanha ne doit être administré que par un Mé¬ decin prudent, qui sadie préparer son malade selon les différentes circonstances. En Espagne et en Por¬ tugal, les. Dames enceintes ne font usage que de Yipécacuanha blanc , comme le plus doux de tous ; dans les Indes , les feuilles de ces plantes sont regar¬ dées comme une panacée végétale.

IPERUQUIQUE ou Piraquiba. C’est le remore ; "S oyez ce mot .

ÏPPO. Nom que donnent les Mahométans civilisés de Macassar à une substance gommo-résineuse , noire comme la poix navale , et qui provient d’un arbre qui croît dans Plsle de Célebes , située dans la mer du Sud. Ce sont les Téragias peuple sauvage de Célebes, qui apportent ce poison aux Naturels de Macassar , qui ont coutume d’en porter avec eux lorsqu’ils voyagent. Voici la maniéré dont ils s’en servent : ils ont une sarbacane faite d’un bois rouge et dur , qu’ils nomment sampitan; ils font entrer dans cet instrument à vent un hameçon entaillé , fait en. fer de lance et enduit de cette substance , que l’on a liquéfiée dans une racine de gros galanga, creusée exprès. Les Téragias y lorsqu’ils recueillent ce poison «J ont toujours soin de ne pas s’exposer au vent qui vient de l’arbre ; ils le reçoivent dans des cannes creuses,,1 afin d’empêcher que l’air n’y touche : pour peu que ce suc soit éventé , il perd beaucoup de son activité : aussi les traits qu’on apporte en Angleterre , ayant été exposés plus d’un ou de deux mois à l’air , ne produisent aucun effet. Les (Grands du pays de Ma¬ cassar ont fait quantité de recherches pour trouver |e contre-poison de Yippo récent, mais toujours inu^

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tilement. II pâroît que Yippo est le mémé suc que fournit le bohon-upas ; Voyez ce mot .

IRIS, Iris. Plante de la classe des LiVuicées 3 dont on distingue plusieurs especes. La racjne des unes est traçante ; celle des autres est ou bulbeuse ou tubé¬ reuse; toutes sont Vivaces par les racines. Il y en a dont les fleurs sont ordinairement en épi , en corymbê ou solitaires ; d’autres, en ombelle, au sommet des tiges, et accompagnées chacune de deux écailles J Voye^ Hermodàcte , SàRran , Glayeul , Iris, etc.'

Selon ;Mw Deleu^e , les iris proprement dits , ont une - fleur monopétale, divisée en six pièces, dont trois Sont relevées, et les trois autres, plus larges que les précédentes, sont rabattues , marquées dans leur milieu d’une raie longitudinale , nue ou velue. Le pistil est terminé par un ornement ou stigmate de trois pièces colorées en forme de pétales qui, s’appliquant sur les pièces rabattues de la corolle, forment avec elles des especes de tubes dans chacun desquels est enfermée une étamine.

Iris bulbeux ou Faux Hermodàcte, ïrisbulbosa ; Iris xiphium , Linn, 58 ; ChamoUtta. Cette plante , qui croît en Espagne , ressemble beaucoup au glayeul puant 9 à l’exception de sa racine , qui est bulbeuse , en forme d’oignon noirâtre en dehors * blanc en dedans, com¬ posé de plusieurs tuniques , et d’un goût doux : cet oignon est fort émollient. Sa tige est haute d’un pied et demi, droite, cylindrique, soutenant deux fleurs d’un beau bleu , blanches et jaunes à la base des pétales ; les feuilles sont plus courtes que la tige ; linéaires , presque rondes, mais creusées en forme de gouttière.!

On distingue Vins de Perse , précoce , bulbeux , et de plusieurs couleurs , Xyphium prœcox varium. Il y a. aussi- Y iris qu’on appelle la Bermudienne , Sisyrrinchium Bermudiana . On la remarque dans les jardins des Ama¬ teurs , et on en distingue plusieurs especes ; l’une à feuilles graminées ; ses fleurs sont bleuâtres : une espece- a les fleurs mêlées de bleu et de jaune ; une troisième a. ses fleurs de couleur blanche 3 et les feuilles nerveuses sa racine est rougeâtre.

I-RIS CÉLESTE. Voye^ Arc-EN-CïEU

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Iris de Florence , Iris alla FlorMna , C. B. Pin. 31 ; Linn. 55 ; aut Iris flore albo , J. B. 2 , 719.' C’est une racine blanche , d’une odeur de violette , d’un goût amer et âcre , en morceaux oblongs % .genouiilés , un peu aplatis , de la grosseur du pouce* On nous l’apporte de Florence, sa plante croît sans culture. On dépouille sur le lieu cette racine de ses fibres et de son écorce, qui est d’un jaune-rouge; c’est pourquoi Y tris mondé paroît toujours pointillé* On prétend que les Florentins lessivent cette racine avant de nous l’envoyer , et que c’est le seul moyen de lui donner sa bonne odeur.

La plante d’où on la tire ne différé pas de Yiris ordinaire par la figure de ses racines , de ses feuilles et de ses fleurs, mais seulement par la couléur ; car les feuilles de Yiris de Florence tirent plus sur le vert de mer : les fleurs ont peu d’odeur ; elles sont grandes , d’un blanc de lait : on appelle aussi cette plante flambe blanche ; sa tige est haute de deux pieds ou environ , feuillée à sa partie inférieure : les feuilles qui partent de sa racine sont ensiformes , pointues, planes , moins longues que la tige.

Iris gigot. C’est glayeul puant ; Voyez ce mot «

Iris jaune de marais , ou Flambe d’eau , ou Faux ÀCORUS , Iris palustris lutea , Tabern. Icon. 643 ; Acorus adulterinus , C. B. Pin. 34 ; Pseudo-Acorus , Linn. 56. Sa tige est haute de trois à quatre pieds , contournée de différentes maniérés en sa partie supé¬ rieure ; ses feuilles sont longues , pointues , ensifor- mes , souvent plus hautes que la tige ; ses fleurs sont terminales, jaunes , remarquables par trois pétales intérieurs fort petits. Cette plante vient dans les marais : sa racine est vivace; bouillie dans de l’eau avec un peu de limaille de fer, elle produit une asse^ bonne encre. C’est le petit peuple d’Ecosse qui a fait cette découverte.

Iris ( Pierre d’ ). Voye^ Pierre d’iris.

Iris ordinaire ou Flambe , iris nostras ; Iris vutgaris Germanica sive sylvestris ? C. Bauh. Pin. 30 ; Linn. 5^. Cette plante, qui croît sur les murailles et en plusieurs autres lieux , a une racine qui se xépand- obliquement sur la superficie de la terre ; ell^

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est êpaïâsè; gôüôtiîllêe , charnue ," de couleur fauve £ garnie de fibres , d’une odeur âcre et forte étant récente , mais qui devient assez agréable lorsqu’elle a perdu son humidité. Les feuilles qui sortent de cette racine sont larges d’un pouce , îbngues de plus d’un pied , et finissent en pointe comme une épée. Entre ces feuilles s’eleve une tige haute d’environ deux pieds droite , ronde , lisse , ferme , branchue , par¬ tagée par quatre ou cinq nœuds garnis de feuilles qui embrassent la tige. Les fleurs commencent à paraître vers le printemps , et sortent de la coiffe membraneuse qui les enveloppoit ; elles sont grandes, à une seule feuille , d’une couleur cendrée-verdâtre en dehors , violette ou purpurine en dedans , avec des veines blan¬ ches : les pièces rabattues ont une raie longitudinale de poils jaunâtres : à ces fleurs succèdent des fruits oblongs, relevés de trois côtes , et remplis de semences arrondies , placées les unes sur les autres.

Iris puant. Voye% Glayeul puant.

Iris de S use Iris Susiana, Linn. 55. Nom donné: à une très-belle espece à' iris, , fort estimée des curieux,. La première fut envoyée de Constantinople à Lille , en 1 573 , par M. Augier de Busbecq. Sa tige , haute d’environ trois pieds, droite , ronde , garnie de quel¬ ques feuilles petites et droites , porte , dit M. Düeuye ^ une seule fleur beaucoup plus grande qu’aucune autre de ce genre , et remarquable par sa couleur* dont le fond est gris-de-pede , tiqueté de points noirâtres , ou d’un violet foncé : les pièces rabattues , qui sont fort amples et arrondies , ont une raie longitudinale de poils bruns.; les feuilles qui partent de la racine sont larges , ensiformes , pointues , plus basses que la tige.,.

Observations sur les Irls*

Ce genre de plantes a toujours mérité l'attention- des Botanistes , des Médecins et des Fleuristes. Les Fleuristes distinguent les especes Siris 9 Qwcommunes ^ en simples et en doubles ; les belles especes viennent de Persve d’Angleterre , de Suisse , dTtalie, etc. Les unes fleurissent en Avril , les autres en Mai : leurs fleurs- changent de. figure et de couleur* et contribuent ,.„gatër

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leur forme élégante et singulière , à Fornement des jardins : on les multiplie par le moyen des caïeux dé¬ tachés de leurs racines , lorsque les tiges sont dessé- chées. Cette fleur demande une terre légère.

Les Médecins ont trouvé des vertus clans quelques especes. Il n’y a guère que les racines de ces plantes dont on puisse faire usage ; tant qu’elles sont fraîches 9 elles sont diurétiques ; mais étant seches, elles n’ont plus cette vertu. On se sert du suc de Y iris de notre pays , comme d’un hydragogue : il purge par le vo¬ missement et par les selles. Il est utile dans Fhydropi- sie ; mais ce retnede est fort âcre ; il ne convient ni aux vieillards , ni aux enfans , ni aux femmes enceintes. Il y a quelques especes originaires d’Afrique, qui sont bonnes à manger : la bulbe de l’espece surnommée tdulis y sert au Cap de Bonne - Espérance d’alimens aux hommes et aux singes : on la fait cuire légère¬ ment.

La poudre de Viris de Florence facilite l’expectora¬ tion : on la fait entrer dans les sternutatoires et les poudres narcotiques. Les Parfumeurs font beaucoup d’usage de cette espece à' iris pour donner une odeur de violette à la poudre : des personnes en portent dans leurs habits pour se parfumer ; elles en mettent aussi dans leur bouche pour remédier à la puanteur de l’haleine. Dans le Languedoc et la Provence , on tire la pulpe de la racine d 9 iris ordinaire , après l’avoir fait cuire •, et on î’étend sur des toiles pour les par¬ fumer. On tire de la fleur bleue de Viris une espece de pâte ou de fécule verte , qu’on appelle vert d'iris: on s’en sert pour peindre en miniature.

Le grand nombre des especes de ce genre de plantes J îa ressemblance intime de plusieurs , la structure des organes de la fructification , doivent fixer sur les iris, les regards des Botanistes.

ISABELLE. Nom donné en raison de sa couleur à un chien de mer , de l’espece de ceux qui ont une nageoire derrière l’anus , avec des trous aux tempes. M. Broussonet en a donné la description , d’après les notes transcrites du Docteur Solander , et d’une figure peinte qui est dans la Collection de M. le Chevalier Visabdk a beaucoup de ressemblance avec ï§

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roussette ; mais sa tête est plus aplatie * et la première nageoire du dos est placée à 'l’aplomb de celles de Fabdomen : cette espece a été prise en Novembre , dans la mer du Sud , sur la côte de la Nouvelle-Zélande : la longueur de cet animal étoit de deux pieds et demi ; son corps étoit un peu aplati ; il avoit la tête courte 9 large , obtuse et très-aplatie ; les dents disposées en six rangs, comprimées, courtes, triangulaires, aiguës, et ayant à leur base , de chaque côté, une petite dent ; la langue épaisse , lisse , très-obtuse ; les narines grandes , également éloignées du bout du museau et de la partie antérieure de la gueule ; les yeux , enfoncés ; l’iris, de couleur de cuivre; la pupille, alongée et noire ; une fossette particulière au-dessus de .chaque œil ; le trou des tempes rond et assez grand ; les na¬ geoires dorsales , presque carrées ; la première , située à l’aplomb de l’anus; la seconde, plus petite, placée à l’aplomb de la nageoire de derrière l’anus ; les pecto¬ rales très-grandes , ayant leur base au-dessous du troi¬ sième évent ou boutonnière (Expir aculum) ; celles de l’abdomen , qui entourent Fanus , non réunies , et leur partie postérieure terminée en pointe ; sous la queue , une nageoire alongée , et formant deux lobes ; la ligne latérale parallèle au dos , dont elle étoit très- rapprochée ; la peau chagrinée , mais plus rude sur le dos ; sa couleur d’un roux cendré ; le corps parsemé de taches noirâtres de différentes grandeurs, placées sans ordre ; le ventre et le dessous des nageoires de la poitrine et de l’abdomen , d’un blanc sale. Voyeg 1* article Chien de mer.

ISATIS. Espece d’animal intermédiaire entre le renard et le chien 9 qui habite les pays du Nord, se construit un terrier comme le renard , et a aussi avec le chien plusieurs rapports de conformité. L 'isatis est îe Vulpes alba et Vulpes crucigera d’ Alclrovan.de ; le Lagopus et Vulpes cintres cens de Linnæus ; le renard blanc de M. Brisson.

L’ isatis ressemble tout-à-fait au renard pour la forme générale du corps : il a , ainsi que lui , la queue très -longue et très -belle ; mais sa tête ressemble davantage , pour la forme , à celle du chien : cepen¬ dant ses narines et sa mâchoire intérieure ne sont

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pas revêtues de poils ; la peau est apparenté , noîré et nue dans ces parties ; ses oreilles sont presque rondes : il a cinq doigts et cinq ongles aux pieds de devant, et quatre seulement aux pieds de derrière*. L'estomac , les intestins , les viscères , les vaisseaux spermatiques , tant du mâle que de la femelle , sont semblables à ceux du chien. La verge du mâle n’est pas plus grosse qu’une plume à écrire : elle a un os ainsi que celle du chien 9 ce qui l’empêche également de pouvoir se séparer de sa femelle aussi-tôt après l’accouplement. Ses testicules sont de la grosseur d’une amande. Son squelette entier ressemble à celui du renard.

La voix de l 'isatis tient de l’aboiement du chien et du glapissement du renard. Ces animaux s*accouplent au mois de Mars : la femelle porte neuf semaines ainsi que les chiennes , et elle produit ordinairement six * sept ou huit petits , qui sont quelquefois de couleurs différentes en naissant 9 et qui ne doivent pas moins différer lorsqu’ils seront arrivés à leur état de perfec¬ tion : ceux qui doivent devenir blancs , sont de cou¬ leur-jaunâtre en naissant ; ceux qui doivent être bleus- cendrés 9 naissent noirâtres , et leur poil à tous est alors êrès-court. Lorsque la fourrure de ces animaux , dont on fait usage en pelleterie , est arrivée à son état de perfection , le poil a deux pouces de longueur ; il est lisse , touffu 9 plus doux que celui du renard commun ; mais ce n’est que dans l’hiver que leur fourrure est belle , parce qu’alors le temps de la mue est passé ^ aussi est-ce en cette saison qu’on leur fait la guerre* Les jeunes isatis 9 qui doivent devenir tout blancs * ont , dès le mois de Septembre 9 c’est-à-dire quatre mois après leur naissance 9 une bande brune longitu¬ dinale 9 et une autre transversale sur le dos : ce pont ces especes d 'isatis qu’on a nommées renards croisés ^ la croix brune disparoît avant l’hiver. Les bleus-cendrés sont les plus estimés et les plus chers. Il paroît que le renard gris-argenté de l’Amérique Septentrionale et te çossac des déserts de la grande Tartarie , ne sont autre chose que Y isatis.

Les isatis habitent les pays les plus froids 9 les plus monttieux et les plus nus de la Laponie , de la Sibérie^

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de la Norwége et même de l’Islande , on les voit aussi sur les bords des mers glaciales et des fleuves qui y tombent. Pendant le temps de leurs amours , qui durent quinze jours ou trois semaines, ils sont toujours à Pair; mais après ce temps -là ils se retirent dans des terriers qu’ils ont creusés d’avance ; et ces terriers , qui sont étroits et fort profonds , ont plusieurs issues. Ils les tiennent propres , et y portent de la mousse : la mere y met bas, et allaite ses petits pendant cinq ou six semaines , après quoi elle les fait sortir du terrier et leur apporte à tnanger.

Ces animaux se nourrissent d’oiseaux , de lievres de rats, qu’ils chassent avec autant de finesse que le renard. Ils se jettent à l’eau et traversent les lacs pour trouver des nids d’oies, de canards et d’autres oiseaux plongeurs*, dont ils mangent les œufs et les petits. JJ isatis sert comme de pourvoyeur au glouton qui est son ennemi ; Voye^ Glouton.

ISBREDE ou Côte de glace. Voye^ à l9 article Glacier.

ISCHAKI. Voyci à F article Ane sauvage. C’est Y onagre*

ISIN-GLASS ou Issîn-glass. Nom que les Angîois donnent à la colle de poisson. Voyez Ichthyocolle , à la fin de Y article Esturgeon.

ISIS. Quelques-uns donnent ce nom aux coralloides articulées.

ISLE. Voyei Ile.

ISTHME , lsthmus . C’est une langue de terre res¬ serrée entre deux mers ou deux golfes. Les principaux Isthmes sont celui de Suez et celui de Panama. Le premier est produit eh partie par la mer Rouge , qui semble être l’appendice et le prolongement d’une grande anse avancée de l'Est à l’Ouest , et en partie par la Méditerranée: c’est par cet endroit que l’Afrique com¬ munique à l’Asie ( a ). L’autre est de même produit par

[a) Il convient de citer ici le plus grand projet que l’esprit humain ait osé concevoir et entreprendre dans l’antiquité , la communication de la Méditerranée avec la mer Rouge , en ouvrant Y Isthme de Suez dans une largeur de trente lieues ; l’exécution de cet admirable pro¬ jet , commencé par les anciens Rois d’Egypte * renouvelé sous les

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le Golfe du Mexique , qui présente une large ouverturé de l’Est à l’Ouest : c’est par cet endroit que l’Amérique Méridionale communique à l’Amérique Septentrionale, ou, ce qui revient au même, il joint le Mexique au Pérou. On connoît encore d’autres Isthmes assez con¬ sidérables pour être, cités , tels que celui de Corinthe , qui joint la Morée au reste de la Grece ; Y Isthme d’Erisso , qui joint le mont Athos au reste de la Ma-, cédoine ; Y Isthme de Malacca, qui joint la Presqu’isle de ce nom au Royaume de Siam, Ces exemples suffi¬ sent pour exposer que les Isthmes réunissent- de grandes portions de Continens à d’autres, et des Presqu’isles aux Continens. Peut-être que les Isthmes ne sont proprement que le prolongement des chaînes mon¬ tagnes soutenues à une certaine hauteur : Y Isthme de Panama ne paroît formé que par l’abaissement et le rétrécissement de la chaîne des Cordelieres, qui va se continuer du Pérou dans le Mexique. Vôye{ Montagne et V article Terre. Consultez les savantes et curieuses Recherches sur /Isthme marin qui est situé entre Calais et. Douvres ; sur la jonction de la France et de F Angleterre ; et sur les inondations et le dessèchement de la Flandre , de F Angleterre et de la Hollande , par M. Gobet; Journal de Phys a et dyHist. Natur. Février et Mars iy 77. Consultez aussi la savante Dissertation sur Virrupdon de /’lsthme de Calais à Douvres , par M . Desmarest.

ITTIDE $ Aristote. Voyez Bocame-le.

JUBARTE. Espece de baleine qui n’a point de dents , et qui est plus longue que celle du Groënland , ^ sans en avoir la grosseur. Elle se trouve près des Bermudes.

JUBIS. Nom que l’on donne dans le commerce de Provence aux raisins en grappes et séchés au soleil ^ que les Epiciers vendent à Paris pendant le Carême.

JUDELLE ou Joudarde. C’est la foulque. Voyea ce mot .

Empereurs Romains , et repris quelquefois par les Princes Ottomans , ( Mustapha III y pensa sérieusement ; Haly Bey s’étant emparé de l’Egypte , dans ses dernieres années, forma aussi-tôt ce projet, } immortalisera le siecle et la nation qui l’acheveront , et produira une. grande révolution dans la balance du commerce. Discours de M « l& Comte D’Agay , lu à V Académie d1 Amiens , le Août ij$%*

I V Ë J U G

IVE ou Ivette , Chamœpitys, Cest une petite plante annuelle, fort basse, dont il y a deux especes.

L’Ivette ordinaire , Chamœpitys lutta vulgaris sivc folio trifido , C. B. Pin. 249 ; îva arthritica ofjicinarum y Chom. 528; Tcucrium chamœpitys , Linn. 787. Cette plante, qui croît aux lieux incultes, arides et sablon¬ neux , a l’odeur de la résine qui découle du pin ou du niélese : sa racine est menue , fibrée et blanche ; elle pousse plusieurs tiges couchées sur terre , branchues , velues et longues de six à neuf pouces : ses feuilles naissent des nœuds des tiges , deux à deux ; les supé¬ rieures sont découpées en trois lanières longuettes et étroites, velues et d’un jaune-vert : ses fleurs, qui naissent des aisselles des feuilles , sont jaunes , de même forme que celles de la bugle ; elles sont suivies par des semences oblongues , enfermées quatre dans une capsule.

L’Ivette Musquée , Chamœpitys sive Iva moschata Monspdunsium , J. B. 3 , 29 6 ; Chamcepitis moschata 9 foliis serratis ; an prima Dioscoridis ? C. B. Pin. 249* Tcucrium moschatum ; Tcucrium iva , Linn. 787. Cette plante croît communément dans les environs d’Aix et de Montpellier , parmi les olivettes : ses tiges qui sont ligneuses , velues et diffuses , se répandent sur la terre : ses feuilles sont nombreuses, velues, alongées* étroites et terminées par deux ou trois dents ; celles du sommet, un peu trifides : sa fleur est de couleur pourpre ; ses graines sont noires , ridées et un peu recourbées. Toute cette plante est fort amere, d’une odeur de musc , sur-tout dans le temps des grandes chaleurs, et dans les^pays Méridionaux.

Ces deux ivctus sont d’usage dans les boutiques , et ont les mêmes vertus apéritives , vulnéraires , hysté¬ riques et propres pour les nerfs : elles excitent si puis¬ samment les réglés et la sortie du fœtus mort , qu’on en interdit l’usage aux femmes enceintes, de peur qu’elles ne fassent de fausses couches.

JUGOLINE ou Jugigline ou Sésame , Digitalis Orientalis , Scsamum dicta , Tournef. C’est une espece de digitale qui naît en Syrie , en Candie , en Egypte et aux Indes : son fruit est une coque anguleùse qui contient beaucoup de semences oblongues 5 blanches.

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moëlleuses , huileuses , douces et un peu nourrissantes ! on en tire par expression une huilé bonne à brûler, à manger , et propre à fortifier les nerfs. Aujourd’hui , cette huile est substituée dans le commerce à celle de ben . Les Egyptiens se servent de la plante en fomen¬ tation pour la pleurésie et pour exciter les réglés : ils emploient sa semence comme le millet dans les alimens propres à augmenter le sperme. En Guiane , l’on nomme cette plante ouangue et ouangle, Barr. Ess. p. 48, les Negres réduisent sa graine en farine, et en font une sorte de bouillie assez nourrissante et de bon goût. Ils en retirent aussi l'huile par le moyen de l’eau chaude , et on l’estime aussi bonne que celle d’olive. Les Na¬ turels du pays se servent de cette plante pour retarder les progrès du venin occasionné par la morsure des serpens dangereux.

JUIF. Poisson de l’Isle de May en Afrique, dont la chair est assez bonne. Hïst. Gtn. des Voyages , liv. F, p. i$i. Ce poisson est le marteau . Voyez ce mot .

A Paris, le peuple donne le nom de juif au martinet noir .

JUJUBIER, Ziftphus , Dod. Pempt. 807. C’est un arbre que les Arabes et les nouveaux Grecs ont cultivé , et qui est actuellement fort commun en Languedoc, et particuliérement en Provence , aux IsleS d’Hyeres , vers Toulon , il s’est très-bien naturalisé. Il est de la grandeur d’un olivier , et tortueux ; son écorce est raboteuse , rude , crevassée ; ses branches sont amples , inégales, munies d’épines très-roides ; ses feuilles sont alternes , oblongues , un peu dures , luisantes , garnies de trois nervures , et dentelées sur leurs bords : ses fleurs sortent des aisselles des feuilles trois à trois ou quatre à quatre , elles sont en rose : leur calice est d’une seule piece partagée en cinq quartiers, et porte un pistil qui se change en un fruit oblong , de la figure et de la grandeur d’une olive , d’abord verd⬠tre , ensuite jaunâtre , enfin rouge ; il n’y a que la pellicule de cette couleur. Ce fruit renferme une pulpe blanchâtre , molle , fongueuse , d’un goût doux et vineux ; au milieu de cette moëlle est un noyau oblong, graveleux, très-dur, qui contient deux aman¬ des lenticulaires x dont l’une avorte le plus souvenu

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On fait la cueillette de ces fruits appelés jujubes ,, Zi^iphœ sativce , dans leur maturité ; étant récens , ils servent de nourriture familiers et agréable aux peuples des pays ils croissent. On en expose au soleil, sur des claies et sur des nattes de paille, jusqu’à ce qu’ils soient ridés et secs; et en cet état on les envoie aux Droguistes et aux Apothicaires , pour l’usage de la Médecine. On en fait des décoctions salutaires.

Les jujubes 9 par leur mucilage doux, appaisent les irritations de la poitrine et des poumons , calment les toux fâcheuses , adoucissent la pituite âcre ; elles sont utiles aussi pour les reins et pour l’ardeur des urines et de la vessie.

Augustin Lippi a observé trois autres especes de jujubiers différens de celui que nous avons décrit : ï.° Le jujubier d’Alexandrie à feuilles larges, dont le fruit est fort gros. 2,.0 Celui dont le fruit est petit. 3.0 Le jujubier de Memphis, qui est extrêmement grand et dont le fruit est plus gros que celui des autres especes.

JUJURU. Voye{ Giràumont.

J UK A. Voyei a V article MâNIHOT.'

IULE , Julus . Cet insecte désigné dans les premiers ouvrages de Linnæus , sous le nom de scolopendre , en approche effectivement par sa figure alongée et par le grand nombre de ses pattes ; mais il en différé par la forme de son corps qui est rond , cylindrique, et par ses antennes qui ne sont jamais composées que de cinq anneaux. Ses pattes sont courtes, menues et nom¬ breuses. Avec cet appareil de pattes qui ressemblent à une frange de poils, l’insecte marche cependant moins vite que la scolopendre. L’on diroit qu’il rampe plutôt qu’il ne marche : sa peau est dure , crustacée et reni tente. Il s’en dépouille comme la scolopendre , avec laquelle on le trouve souvent sous les pierres et dans la terre. On connoît deux especes plus petites d 'iules autour de Paris , l’une noirâtre , lisse , a deux «cents pattes ; et l’autre jaunâtre , en a deux cent quarante. Chaque anneau , quelquefois strié , donne naissance à deux paires de pattes. U iule étant ea repos se replie sur lui-même comme un serpent. Cet insecte est naturellement sensible : si on le touçhe.»

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il se roule en spirale, de façon que ses pattes soni en dedans. Voye^ Scolopendre.

JULIANE ou Julienne, Hcsperis hortensîs , C. BJ Pin. 202 ; aut matronaüs , Linn. 927. Plante qui croît naturellement dans les haies , mais que Ton cultive dans les jardins. Elle se multiplie de graine, de bou¬ ture et de plant enraciné : en coupant la tige, il pous¬ sera au pied de nouveaux rejetons que Ton sépare ; c’est autant d’enfans semblables à leur mere : on les pique dans une terre humide , ils y prennent racine. Les fleurs sont de couleur tantôt blanche , tantôt purpurine et tantôt de couleurs diversifiées , ( Hespc - rides flore purpureo , albo et vario , J. B. ) Leur odeur qui est suave et très-agréable, se fait sentir davantage après le soleil couché que pendant le jour. Leurs siliques ne sont point aplaties comme celles du giro¬ flier jaune. On jouit rarement de la beauté des fleurs de cette plante à Paris, parce que les Jardiniers la brûlent avec le.fumier de cheval. Il y a une espece de Juliane qui porte le nom de violette giroflée des Dames ou giroflée musquée , Hcsperis hortensîs sive Viola matra- nalis ; l’une et l’autre deviennent doubles par la cul¬ ture , flore pleno . Voyez Giroflier jaune.

JULIENNE. C’est le poisson lingue . Voyez ce mot .

JUMART ou Gemart. Nom que Fon a donné à trois sortes d’individus, qui sont des especes de mulets par excès , et engendrés par l’accouplement d’un tau - reau et d’une jument , ou d’un taureau et d’une dnesse 9 ou enfin d’un âne et d’une vache . Dans les vallées de Piémont on donne le nom de hif à l’espece qui pro¬ vient de Y dnesse et du taureau . On appelle bnf l’espece qui résulte de Faccouplement du taureau avec la jument . Le Docteur Shaw dit avoir vu , dans les provinces de Tunis et d’Alger , une espece de mulet nommé kumrah , et qu’il dit être le fruit de l’accouplement de Y âne et de la vache . Ceux qu’il a vus n’avoient point de cornes ; un seul sabot aux pieds , comme Fane ; le poil lisse , la queue et la tête de la vache. On trouve de ces sortes d’animaux dans le Piémont , dans la Suisse , dans le: Dauphiné et dans la Navarre.

On a tenté , il y a quelques années , dans la Paroisse de Saint-Igny- de- V ers en Beaujolais , de faire servir

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Ümè vache par un étalon Navarin ; on y parvint avec beaucoup de peine. La vache conçut : il est certain qu’il en naquit un animal mi-parti, qui n’a vécu qu’un»/ mois , et sur lequel on nous a donné aucune sorte de détail. Un Domestique natif de Gap , assure avoir vu chez un habitant voisin du domicile de son pere une jument qui, pendant quatre années consécutives^ a donné régulièrement un jurnart mâle ou femelle.

On lit , dans le V oyagé de Mérolle , que dans Plsle de Corse , « ii ÿ avoit un animal , portant les bagages ÿ qui provenoit du taureau et de Yanesse ; et que pour se le procurer , on couvre Fânesse avec une peau de vache fraîche afin de tromper le taureau. Néanmoins M. de Buffon doute de la possibilité d’aucune alliance prolifique entre les familles du cheval et du bœuf, du moins dans nos climats ; et il rapporte le fait de l’ac- couplement d’un taureau et d’une jument , lequel fut absolument stérile.

On a vu, en 1767^ à Y Ecole Royale Vétérinaire de Paris , deux de ces productions tirées du Dauphiné ; Fune étoit mâle et l’autre femelle. La jumare étoit le produit du taureau et de la jument ; elle n’avoit rien de différent d’une petite mule ordinaire , si ce n’est que sa mâchoire supérieure étoit beaucoup plus courte que l’inférieure. Quant au jumart , qui devoir le jour au taureau et à Yanesse , il étoit de la taille d’environ trois pieds deux pouces ; sa robe étoit d’un alezan qui i mi- toit ce poil dans le bœuf ; son front étoit bossué à l’endroit des cornes du pere ; sa mâchoire inférieure étoit plus longue de deux pouces au moins que la supérieure : il avoit le mufle du taureau ; il en avoit le corps par la longueur et par la conformation ; il eii fenoit aussi par la queue et par les genoux , serrés Fut* contre l’autre comme ceux du veau. Cet animal qui étoit entier, a servi sa femelle plusieurs fois le prin¬ temps de cette année : il la dédaignoit néanmoins quelquefois, tandis qu’il témoignoit constamment une ardeur incroyable pour les jumens ; aussi ne lui pré- sentoit-on la jumart qu’après Favoir vivement échauffe par l’aspect et par l’approche d’une cavale.

On a vu aussi , à Y Ecole Royale Vétérinaire de Lyon * une jumare qui étoit le produit de Façeouplement dit Tome VU. %

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taureau et de la jument : elle était de la taille d’envïfOï* trois pieds quatre pouces ; la robe en étoit d’un noir mal teint. Elle étoit âgée de trente-sept ans, d’une force singulière , et très-peu délicate sur la nourriture : elle passoit quelquefois des mois entiers sans boire : elle se défendoit , soit des pieds , soit de la dent, des approches de tout le monde , excepté de celles de son maître; et pour peu qu’elle fût courroucée, elle levoit et étendoit sa queue dans toute sa longueur ; elle uri- noit sur le champ et à diverses reprises , et lançoit son urine , qui étoit extrêmement jaune , à sept ou huit pieds loin d’elle. Elle n’avoit ni le mugissement du taureau , ni le hennissement du cheval , ni le braire de l’âne , mais un cri grêle , aigu et particulier , qui auroit plutôt tenu du cri ou du bêlement de la chevre que de celui de tout autre animal. On n’a point vu paître cette bête ; mais elle emhrassoit et ramassoit avec sa langue le fourrage qu’on lui donnoit , comme le bœuf embrasse et ramasse l’herbe qu’il veut manger ; après quoi, une portion de ce fourrage étant parvenue sous les dents molaires , elle donnoit un coup de tête pour la séparer de celle que sa langue n’avoit pu atteindre ,J de même que les bœufs donnent un coup de tête à droite et à gauche , lorsqu’après avoir saisi et serré l’herbe entre leurs dents incisives et le bourrelet qui supplée au défaut de ces mêmes dents à la mâchoire supérieure , ils cherchent à l’arracher : on n’apperce- voit en elle aucun signe de rumination , quoique son maître assurât qu’on la voyoit chaque jour remâcher les alimens quand elle n’en avoit point devant elle. Cette jumare , considérée extérieurement, avoit le front large et bossué du taureau ; la mâchoire supérieure plus courte que l’inférieure ; un mufle égal à celui dut pere : le corps étoit à peu près conforme , de même que le sien, en ce qui concerne l’épine, les os des hanches et le flanc ; ses hanches étoient comme ce que nous appelons, dans le cheval , jambes de veau; c’est- à-dire que sés genoux étoient très - rapprochés Fun de l’autre ; du reste , elle étoit solipede.

Par ces- descriptions , il ne reste plus d’incertitude sur la possibilité de l’existence de ces sortes de mulets ; et c’est sans doute la meilleure réponse aux doutes de

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quelques Naturalistes sur cet objet» 'Nous croyons qu’on lira avec le même intérêt quelques détails sur l'anatomie de cet animal , comparée avec celle du taureau et de la jument ,• auxquels il devoir sa naissance*

Son crâne (nous parlons de la jumare de Lyon ) étoit beaucoup plus arrondi que dans le cheval ; le frontal plus évasé ; les os du nez plus enfoncés à leur partie supérieure, les orifices des fosses nasales beau™ coup plus étroits , ces mêmes fosses beaucoup plus resserrées ; l’entrée de la fosse orbitaire ronde , tandis que dans le cheval elle est ovalaire ; le palais beau¬ coup plus large et concave ; la mâchoire supérieure plus courte d’un pouce et demi que Pinférieure ; la première de ces mâchoires ayant comme dans le tau¬ reau au moins deux pouces de largeur de plus que la seconde ; douze dents molaires à chaque mâchoire, six de chaque côté. Cette jumare n’avoit point de dents canines ou de crochets , ce que l’on observe dans toutes les jumens, à moins qu’elles ne soient bréhaignes; les incisives , qui sont au nombre de huit dans la mâchoire postérieure des bœufs , étoient ici au nombre de six dans chaque mâchoire.

L’endroit qui répond à celui que Pon appelle les barres dans le cheval , étoit aplati , et son étendue étoit d’un pouce et demi ; tout l’intervalle qui sépare en général les incisives et les molaires , étoit convexe, tandis que dans le cheval il est concave.

Sa langue ne différoit point de celle du bœuf ; on y voy oit aussi sensiblement les mamelons qui sont à ses parties latérales et à sa pointe.

Les yeux de cette jumare ne difFéroient en rien à l’extérieur de ceux du bœuf ; mais on y a remarqué ces prolongemens de î’uvée que Pon voit à la partie supérieure et inférieure de la pupille du cheval , et que l’on avoit appelés jusqu’ici les grains de suie .

La glotte étoit beaucoup plus large que celle du cheval , et cette conformation comparée avec le cri qu’avoit cette jumare , paroît contredire le sentiment de quelques Physiciens qui prétendent que cette ou¬ verture est plus ou moins grande dans les animaux , selon la gravité des sons qu’ils poussent.

L’estomac étoit précisément conformé comme celui

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du cheval , mais beaucoup plus grand ; la raté même figure et de même consistance que celle du bœuf; la vessie urinaire dans sa plus grande dilata¬ tion ne s’étendoit pas au-delà de trois pouces.

La matrice étoit semblable à celle de la jument** de Tânesse et de la mule ; les trompes étoient fort dilatées et remplies d’une humeur blanchâtre ; l'ou¬ verture du côté du pavillon étoit très -large ; les ovaires de la grosseur d’une fève. Du reste , nulle vésicule du fiel et nulle différence dans la structure des autres parties , qui ressembloient en tout aux autres viscères de la jument ; il en étoit de même de toute la partie musculaire.

De cette anatomie comparée et de la description qu’on a vue précédemment 5 par M. Bourgelat , il paroît résulter que cette jumare tenoit plus de la jument que du taureau , tant pour la forme extérieure que pour la constitution intérieure , et sur-tout celle de l’estomac , qui dans le taureau a une organisation bien caractéristique à cause de la rumination , ce qui confirme que les mulets de ce genre tiennent toujours plus de la nature de la femelle qui leur a donné naissance , que de celle du mâle , comme l’observent les Naturalistes.

On prétend que le jurnart n’a point produit dans nos climats ; mais on n’en doit pas inférer, dit M. Adanson , que tous les jumarts soient des individus stériles , et qu’il n’y en ait jamais de féconds , tandis que nous avons devant les yeux l’exemple d’autres animaux dont les bâtards multiplient, tels que ceux provenus du serin avec le chardonneret 5 du mulet j etc. On pourroit peut-être étendre ces exemples sur nombre d’autres animaux qui serviroient de preuves à la possibilité de ces mutations ou de ces créations de nouvelles especes dans les animaux et il paroît probable qu’avec du temps et des combinaisons oa feroit reparoître des especes d’animaux; formées du temps des Anciens , et qui ont cessé d’exister , faute de circonstances favorables pour les entretenir.

Ali reste , ces mulets jumarts sont assez peu im«* portans relativement à l’utilité ; ils ne possèdent qu’im- parfaitement; les qualités des deux especes 9 trop dis*

J U M JUS 5 St

VâflfêS peut4 pouvoir se perfectionner Pune par Pautre J et en eux-mêmes ils sont très-certainement dans Pim-* puissance ( au moins dans nos climats ) de former une race et de se propager. D’ailleurs , les différences dans la conformation intérieure , qui sont ici d’un bien plus grand poids que les différences de forme extérieure, sont si grandes entre les especes du che¬ val et de la vache , ou entre celles du taureau et de la jument , que l’union de ces deux especes si op¬ posées paroît être décidément rejetée par la Nature en effet , d’un côté , quatre estomacs , des cornes £ îe pied fendu , et toute la charpente des os lourde et raccourcie ; de l’autre , un estomac unique , un pied solide, c’est-à-dire un seul sabot, point de cornes, et une charpente haute, svelte et légère forment des différences si considérables et si essem* tielles , que de l’union et de la confusion de deux semblables natures il ne doit résulter qu’une espece de monstre de conformation ambiguë , indécise , et qui ne se peu t produire que rarement , extra ordinal-; rement, et d’une maniéré tout -à- fait hors du plan; régulier et général , et de la marche conséquente de la Nature»

JUMENT' ou Cavale , Equat C’est la fèmellé du' cheval. Voyez Cheval.

JUNCO. C’est le moineau de jonc. Voyez ce mot .

IVOIRE. Voyei au mot Éléphant et à Partiel £ iYvgire.

IVRAIE' ou Ivroîe. Voyei Y vraie.

JUPÀTIIMâ. Nom donné dans l’intérieur des terres du Brésil , au sarigue. Voyez ce mot.

JUPITER. Voye^ au mot PLANETE. f

JUPUBA. C’est le cassique rouge du Brésil# Quel¬ quefois il n’y a que le croupion d’un rouge de sang l le reste est entièrement noir.

JURUCUA ou Jürucuj A , Marcgrave . C est la tortue? du Brésil, appelée tortue de Mydas. Voyez Mydas.

JUSELÊ. Voyei MendoLE.

JUSQUIAME , Hyoscyamus. Plante- qui a une odeur forte, désagréable , qui appesantit la tête. Entre les huit especes de jusquiame que comptent Tournefort

Boerhaave } nous ne décrirons ici que les deux

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peces principales dont on fait usage dans les bouti¬ ques ; elles sont bisannuelles.

1. ° La JUSQUIAME NOIRE , OU HâNNEBANE , OU Potelée , Hyoscyamus niger , vulgaris , C. B. Pin. 169 ; Linn. 257. Elle croît par-tout dans les champs, le long des chemins aux environs des villages , etc. Elle a une racine épaisse , ridée , longue , branchue , brune en dehors , blanche en dedans ; elle pousse des tiges hautes d’un pied et demi ou environ , épaisses , cy¬ lindriques , rameuses et velues : ses feuilles sont al¬ ternes , nombreuses, fort amples, molles au toucher, cotonneuses , d’un vert gai , sinuées et découpées profondément en leurs bords , d’une odeur forte et puante , principalement étant frottées dans les mains ; leur suc rougit le papier bleu : ses fleurs sont presque sessiles , rangées au sommet des rameaux en longs épis , de couleur jaune pâle , veinées d’un pourpre noirâtre dans le centre ; chacune d’elles est , selon M. Tourntfort 9 une campane découpée irrégulièrement en cinq parties , soutenue par un calice velu , formé en. gobelet. A cette fleur succédé un fruit , caché dans le calice , de la figure d’une marmite , à deux loges , sur lequel est placé un couvercle qui se ferme exactement : ce fruit est rempli en dedans de plusieurs petites graines, cendrées , arrondies , ridées, aplaties , d’une saveur gluante et d’une odeur narcotique.

2. ° La JUS QUI AME BLANCHE , Hyoscyamus alhus ; J. B. 3 , 627; Dod.*Pempt. 451. Elle différé de la précédente en ce qu’elle est plus petite , moins ra¬ meuse ; ses feuilles sont plus molles , mais plus co¬ tonneuses ; ses fleurs et ses graines sont blanches et plus petites : elle croît principalement aux pays chauds , et vers Orange le long du Rhône.

On distingue la jusquiame à fleurs d’une beau jaune doré, Hyoscyamus aurtus , Linn. 257 : on la trouve assez communément en Provence, il y a aussi la jus - quiame du Levant , Hyoscyamus minor , albo similis , umbilico floris atro-purpureo , Tourn. Corol. Inst. 3.

La plupart des Auteurs , instruits que Fusage interne de la jusquiame , sur-tout de la noire , cause un grand dérangement dans l’économie animale , des anxiétés , et même qu’elle procure la mort aux animaux qui en

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mangent , conseillent de ne se servir qu’extérieure-, ment de cette plante , à l’exception de la graine. La jusquiame cuite avec le sain^-doux forme un onguent dont on se sert avec succès , dit M. Bourgeois , dans les tranchées des petits enfans , causées par le lait aigri , et dans les coliques de toute espece : il suffit d’en- frotter un papier gris qu’on applique sur le ventre. La jusquiame en cataplasme est émolliente et résolu¬ tive , adoucit les humeurs r et exhale une vapeur soporeuse et stupéfiante , qui fait dormir comme le fait le pavot. Nous apprenons que M. Edouard Liste, Anglois , estime cette plante comme salutaire aux porcs qui en mangent, tandis qu’elle tue la volaille.

M. Storck y Médecin de la Cour de Vienne ,. si connu par les belles expériences qu’il a faites sur l’usage interne de la ciguë , de la pomme épineuse et de Y aconit r qu’il fait prendre avec succès depuis quel¬ ques années dans beaucoup de maladies qui ne cedent point à d’autres remedes r a aussi travaillé sur l’usage interne de l’extrait de jusquiame . Son premier essai fut fait sur un chien. Tant qu’il ne lui administra l’extrait qu’en petites doses , l’animal n’en parut rien ressentir ; mais à plus forte, dose il commença à boire et manger avec avidité , puis il devint craintif et languissant ; îï avoir les yeux menaçans , sa marche étoit chancelante , il heurtoir tout ce qu’il rencon- troit , comme s’il ne voyoit point : à ce phénomène succéda le sommeil et ensuite un vomissement , une turbulence , un tremblement , une défaillance , une déjection d’excrémens liquides;. enfin il parut immo¬ bile. (Tous ces symptômes étoient à peu près sem¬ blables à ceux qu’av-oïent éprouvés 2.5 Mars' 164 9, les Bénédictins du Couvent de Rhinow 9 qui avoient mangé d’une salade dans laquelle leur Jar¬ dinier avoit mis par mégarde quelques feuilles de jusquiame 9 qu’il avoit prise pour de la chicorée blanche.*) Mais au bout d’un second sommeil le chien parut plus tranquille , et il fut bientôt dans son état natu¬ rel , éveillé , gai, plein d’appétit , et toujours alerte» Cet animal ayant continué à se bien porter , M. Storck jugea que l’extrait de jusquiame pris à petite dose, ne peut faire de mal ;, mais qu’une forte dose cause des

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accidens très-funestes. D’après cette comioissancé^ M. Storck prit pendant huit jours 9 tous les matins à jeun 9 un grain d’extrait 9 sans que sa santé ni s& vue éprouvassent le moindre changement : il avoir seulement 9 pendant cette huitaine 9 le ventre plus libre 9 et un beaucoup plus grand appétit. Un tel essai sur lui-même étoit bien capable de le porter à faire prendre de cet extrait à ses malades, dans les cas les autres médicamens n’auroient point de succès.

M. Storck a opéré , par le moyen de cet extrait J plusieurs guérisons dont on trouve le détail dans un petit corps d’observations 9 qui se vend chez Didot k jeune 9 à Paris. On y remarque que ce remede peut convenir particuliérement aux personnes qui ont des tremblemens convulsifs 9 des soubresauts involon¬ taires , des frissons et des syncopes 9 des terreur^ subites 9 etc.

Quoiqu’il ne soit pas de notre ressort d'apprécier les vertus de la jusquiame 5 et malgré l’authenticité des cures que M. Storck a opérées par son moyen 9 nous conseillons encore de se méfier de ce remede 9 à moins qu’on ne'soit entre les mains d’un Médecin sage 9 tel que M. Storck lui-même.

On a vu des personnes qui s’étoient endormies pendant les fortes chaleurs de l’été ? dans un endroit tout entouré de plants de jusquiame , se trouver 9 à leur réveil 9 attaquées 9 les unes de maux de tête 9 d’étourdissemens ; d’autres de vomissemens et de sai- gnemens de nez considérables.

Qu’une personne tienne sur le feu 9 dans un lieu' clos et peu spacieux 9 des racines ou des tiges ou des feuilles de jusquiame , même les graines ; la vapeur qui en résulte sufÊt quelquefois pour altérer les fonc¬ tions de Famé d'une façon fort singulière 9 et pour jeter tout le corps dans une perplexité affreuse. Nous terminerons cet article en avertissant qu’il y a des Charlatans qui guérissent les maux de dents 9 soit eif y portant de la poudre de la graine de jusquiame t soit en leur faisant recevoir la vapeur de cette graina qu’on jette sur les charbons ardens. Nombre de per- |qqrtfs en ont été soulagées , à la vérité j mais çom$

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tien d’entre elles ont été depuis sujettes aux vertiges et à la stupidité ! c’est procurer un mal réel et fixe 9 en échange d’une douleur passagère, Si par impru¬ dence ou par hasard , ou par le conseil d’un Empi¬ rique téméraire , l’on avoir pris de la jusquiame , et qu’elle commençât à exercer ses qualités nuisibles 5 il faudroit aussi-tôt avoir recours aux vomitifs et aux adoucissans les plus gras ou les plus huileux, et sur¬ tout aux antidotes des narcotiques.

JÙXT A- POSITION 5 Juxta-positîo . Terme dont les Naturalistes se servent pour désigner cette espece d’ac¬ croissement qui se fait par l’apposition d’une nouvelle matière sur îa surface d’une autre. La juxta-position est opposée à Y intus-susception (. Intus-susceptio ). Celle-ci se fait par la réception d’un suc qui se répand dans tout l’intérieur de la masse. Il intus-susception n’a lieu que pour les corps organisés , car leurs parties inté¬ rieures prennent un accroissement : tels sont les vé¬ gétaux et les animaux. Cette croissance est sensible , périodique et alimentée par des sucs nourriciers. La juxta-position , qui est opposée à l’ intus-susception v.à fieu dans un corps inorganisé : celui-ci ne reçoit son. acçrétion que par addition extérieure , et la partie la derniere formée et consolidée , est la première détruite : c’est le contraire dans l’accroissement par intus-susception , la partie centrale est la premiers qui s’altere.

JUTAY. Voyet* à lyarticle Tamarins.

IZARI ou Azala. C’est la garance du Levant. Voyej. à l'article GARANCE.

IZQUEPOLT. C’est Yusquiepdtlu Voyez ce motl ’Ruysch dit que la chair et les excrémens de cet animal sont exceliens pour guérir d’une maladie contagieuse qu’il nomme lues Hispanica .

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Kaab. En Norvège- on donne ce nom au veau.

marin ou pkocas. Voyez ces mots .

KÂAT ou Lycïon. Foyei Gâté Indien.

KÂBASSOU. C’est le tatou à douze bandes , Voye ç à V article ârmadille. M. î'e Docteur de la Borde nous a dit avoir vu à la Guiane un hahassou * qui est l’es¬ pece la plus grosse des tatous * et qui pesoit cent cinquante livres ; ce hahassou ne se trouve que dans les grands bois : ces animaux font leurs trous de sept à huit pieds de profondeur y au bas des montagnes r et on ne peut guere les prendre qu’avec des trappes de bois qu’on tend à l’entrée du trou.

KABÉLIAU ou Cabéliau. Voye^ Morue.

KABO, en Arabe; selon RkasU c’est Y hyene. Voyez- ce mot.

KAC-PIRE ou Caquepîrf sauvage 5 Bergkias fioribus , foliis oppositis , acuminatis . Belle plante ou plutôt espece d’arbuste nouvellement décrite par M. Sonnerai , et connue au Cap de Bonne-Espérance: sous le nom de caquépin sauvage 9 parce qu’elle a quelques rapports, avec le Gardénia florida des Bota¬ nistes 9 appelé dans ce pays jasmin du Cap ; mais elle en différé par plusieurs caractères. M. Sonnerai l’a dédiée à M. Bergki Secrétaire du Conseil au Cap de Bonne-Espérance : de le nom latin de cette plante*. bergkias.

Le caquépire sauvage , qui croît aussi dans les bois de la Guinée 9 est un arbuste qui s’élève à la hauteur de six à sept pieds : ses feuilles sont opposées ou verticillées trois ensemble à chaque nœud 9 l’extré¬ mité de chaque rameau est terminée par une seule fleur hermaphrodite dont le calice est alongé , découpé au sommet en plusieurs petits feuillets * un peu renflé à sa base et accompagné de quelques écailles très-

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petites qui paroissent former un second calice ; la corolle qui répand une odeur agréable, est blanche, inonopétale , tubuleuse , attachée sur le fruit ; son tube est très-long , cylindrique par le bas , légère¬ ment évasé par le haut , et divisé en neuf pièces à son sommet , ce sont autant de lobes arrondis ; neuf étamines sont placées à l’ouverture du tube, sans fi¬ lets , à anthères alongées et partagées en portions solides, et aussi aiguës que la pointe d’une aiguille; le pistil caché dans le fond du calice est surmonté d’un long style , terminé par plusieurs stigmates : au moment de la fructification la corolle tombe avec la partie supérieure du calice ; la partie inférieure subsiste et fait corps avec le fruit qui est ovoïde , charnu , garni dans son intérieur de cinq placentas auxquels sont attachées un grand nombre de semences noires , renfermées chacune dans une enveloppe mem¬ braneuse , et dispersées dans la pulpe du fruit. Journal de Physique , <P Histoire Naturelle et des Arts, Avril iyj4* KAFAL. Espece de haumier d’Arabie. Voye^à l* article Baumïer.

KAFRAAT, en Perse ; c’est Yhyent. Voyez ce motl KÀIÂ. C’est le sinaplstrum pentaphyllum de Plumier» Les Caraïbes l’appellent Mou^ambai.

KAJOU. Quelques Voyageurs ont décrit sous ce nom le singe que nous appelons sajou. Voyez Sajou.

KÂIR. Nom que les Indiens donnent à une espece de merlu ou merluche . Voyez Merlu.

KAKÂTOU ou Kakatoès, ou Catacoua, Caca* tua . Ces dénominations sont imitatives du cri des perroquets propres à l’ancien Continent qui portent ces noms. M. Brisson en fait une section à part ; il établit leur caractère sur leur grandeur et la blan¬ cheur de leur plumage ; mais ce qui les caractérise spécialement c'est une couronne de plumes longues , couchées en arriéré dans l’état de repos , que l’oiseau releve à volonté , et dont il se forme une sorte de panache ou de diadème qui lui donne beaucoup de physionomie , et ajoute à sa beauté : les plumes dont ce panache est composé , sont rangées sur une double file , et disposées de façon que quand le ka~ ^atoes les releve, elles forment sur sa tête une cou-

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renne ovale , arrondie en devant , élargie sur les côtêâ et ouverte en arriéré. On recherche ces perroquets à cause de leur beauté , et parce qu’ils sont en général doux et caressans ; mais ils apprennent très-difficile¬ ment à parler , ils retiennent fort peu de mots , et les ^articulent mal ; ils ont contre eux d’être criards et destructeurs ; on dîroit qu’un besoin interne les porte à faire usage de leur bec, et à s’en servir pour rompre , pour mordre et dépecer : comme il est plu$ arrondi et plus fort à proportion que dans les autres perroquets , il n’y a point de meubles qui puis¬ sent leur résister ; le meilleur moyen de se garantir de leurs dégâts quand on les laisse en liberté , et d’obvier en tout temps à leurs cris , est de leur donner quelques morceaux de bois qu’ils s’occupent à réduire en bûchettes. Les kakatoès sont moins pesans que la plupart des autres perroquets , et ils courent assez vite , par petits sauts , s’aidant souvent de leurs ailes : ils. sont aussi d’un naturel plus gai, d’un caractère plus remuant , et ils s’exercent par des attitudes , des gestes , et des mouvemens mimiques. On distingue plusieurs especes de kakatoès.

Le Kakatoès à ailes a queue rouges : le bas du dos est aussi de cette couleur ; tout le reste du plumage est d’un blanc-cendré ; il est de la grosseur du kakatoès à huppe blanche ; les pieds sont noirâtres; le bec et les ongles d’un noir foncé.

Le Kakatoès ( petit ) des Philippines : il n’est pas si gros que le perroquet cendré appelé Jaco, Son bec est cendré à son origine, et dans le reste de couleur de chair : sa huppe , qui est moins longue et moins fournie que celle des autres kakatoès > est sur le devant du front d’un jaune de soufre et terminée de blanc ; les autres plumes de la huppe sont d’un orangé pMe ; le reste du plumage est blanc , mais nué de rouge foible sur les côtés de la tête et dessous la queue : le dessous des pennes des ailes et de la queue est nué de jaune de soufre.

Le Kakatoès ( à huppe Hanche ) des Moluques s plj enl. 263 : Psittacus albus cristatus . Celui-ci est à peu près de la grosseur d’une poule; sa longueur totale est de dix-huit pouces ; son bec * ses pieds -et ses onglet

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font hoirs; le bec a quinze lignes de long et deux pouces d’épaisseur ; tout son plumage est d’un blanc éclatant; il y a un peu de jaune-clair sous les ailes et la queue * les plumes qui entourent le sommet de la tête , lequel n’est couvert que d’un duvet , sont grandes , fortes ; les plus longues ont cinq pouces , elles sont rangées sur une double file , et forment une superbe huppe quand Foiseau les redresse ; il re|eve en même temps une partie des plumes du cou; quand, au con¬ traire, la huppe est baissée, il ramena pardessus les plumes des cotés de la tête , et il fait revenir celles des joues sur la base du demi-bec inférieur; ses yeux sont noirs et entourés d’une peau d’un blanc éclatant. Les Naturels des Moluques donnent le nom de cachî ( précieux ) à ces perroquets.

Le Kakatoès à huppe jaune , pl. enl. 14. On recon- noît deux races de cette espece qui se trouve aussi aux Moluques, Tune est à peu près de la grosseur du Jaco , et l’autre plus forte et plus rare ; Fun et l’autre kakatoès ont le plumage blanc, excepté une nuance fort légère de jaune sur chaque joue, au ventre, sous les ailes et la queue; les plumes de la huppe sont molles , douces au toucher , effilées , longues de trois à quatre pouces , d’un jaune-citron , courbées en arriéré vers leur extrémité , et réfléchies en devant à leur pointe; cette huppe se redresse et s’abaisse avec les mêmes circonstances que dans îe kakatoès à huppe blanche ; l’œil est entouré d’une peau blanche; l’iris est rougeâtre, le bec , les ongles et les pieds sont noirs ; c’est îe plus aimable des kakatoès , par sa docilité , son caractère caressant , sa vivacité et la gentillesse de ses mou- vemens pleins de grâce ; il est susceptible d’attache¬ ment. M. Mauduyt dit qu’il distingue la voix de son maître ; qu’il lui obéit , le prévient ; qu’il aime à être flatté , et qu’il rend caresses pour caresses : ceux qui ont été instruits donnent par le mouvement de leur tête des signes d’assentiment aux questions qu’on leur fait ; il suffit que le maître baisse un peu la tête 9 leur silence ou leur immobilité est réputée une réponse négative , et elle a lieu quand le maître ne fait aucun geste ; ainsi tout le talent de ces perroquets et de plusieurs autres animaux 2 consiste à être attentifs

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aux gestes du maître , à des signaux convenus que Fart et la patience suggèrent quand on les instruit.

Le Kakatoès à huppe rouge, pl. enl. 498. C’est le grand cacatua d’ Edwards* Il est presque aussi gros qu’une poule ; la peau nue qui entoure les yeux est d’un gris-blanc ; Fins est d’un rougeâtre sombre ; le bec , les ongles et les pieds sont d’un noir-bleuâtre ; le plumage est blanc , mais il prend une teinte rosée lorsque l’oiseau est animé; le dessous des ailes et de la queue sont couleur de soufre; les plumes qui sont sur le devant de la huppe sont blanches , longues de cinq pouces ou environ ; elles enferment un faisceau de plumes étagées, qui forment, en se développant et en se relevant , un superbe panache ; les plumes intérieures sont d’une belle couleur aurore ; dans celui que l’on voit au Cabinet de Chantilly , ces dernieres plumes sont d’un rouge légèrement safrané.

Le Kakatoès noir de Ceylan. Il est de la grosseur du ara; tout le plumage est d’un noir-bleuâtre , moins foncé au ventre que sur le corps; la huppe est d’un brun-noirâtre ; la peau nue qui entoure les yeux est rouge, ridée, et se prolonge jusqu’au-dessus du bec; le bec et les pieds sont bruns; la queue est étagée et plus longue que celle des autres kakatoès .

KAKERLAQUE , Kacrela ; Blatta Indica aut Blatta Americana , male olentïssima . C’est un insecte volant fort connu en Amérique, aux Indes Orientales, et parmi les Marins parce que les vaisseaux n’en sont que trop fréquemment infestés. Ces animaux sont du genre des Mites. Il y en a une espece qui se mul¬ tiplie beaucoup en Europe dans les cuisines* Voyei aussi ce que nous en avons dit au mot Blatte.

Les kakerlaques , en Amérique, sont d’assez grands insectes ; ils ont la taille d’un hanneton dont le corps seroit aplati ; leur couleur est différente suivant les especes. Le corps des mâles est caché sous des ailes , et celui des femelles est à découvert , parce qu’elles n’ont point d’ailes. Celles de notre pays , plus connues sous le nom de mites , sont bien moins grandes que celles des autres Parties du Monde: elle ne sont pas non plus si mal-faisantes; on ne les redoute même dans nos cuisines que comme une mal-propretés

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?jn'aïs dans nos îsles elles occasionnent beaucoup de dégât aux Colons. Elles s’introduisent promptement de tous les côtés, elles se glissent par milliers dans les coffres , dans les magasins , et ils y tachent tout par leurs ordures , et n’épargnent ni habits ni linge ; leur appétit n’assigne aucune différence dans les mets; elles semblent ne goûter rien; elles rongent, ainsi que les rats 9 tout ce qu’elles peuvent attraper, à l’exception du coton qui n’a pas encore été mis ea oeuvre ; elles dévorent aussi les souliers , les viandes fraîches et desséchées , le cuir , les livres , le bois 9 même le pain dont elles ne mangent que la mie. Ces animaux courent aussi sur le plancher , le long des murs, sur les tables , et se précipitant d’en haut infectent les mets, qu’ils rendent dégoût-ans. Ils cou¬ rent pendant la nuit sur les lits, sur les mains , sur le visage , et autres parties du corps découvertes de ceux qui dorment; ils cherchent jusqu’à la racine des cheveux les restes de la poudre qui les couvrait pendant le jour; souvent ils réveillent la personne endormie par la douleur qu’ils causent en pinçant la peau , et fuient quand elle se remue , en répandant une odeur infecte. Les kaktrlaqucs aiment sur-tout les choses douces, et particuliérement les biscuits et l’ananas ; mais ils inspirent , par leur puanteur 9 du dégoût pour tout ce qu’ils touchent. On croit cepen¬ dant avoir observé qu’ils sont ennemis des bonnes odeurs , et qu’ils ne se fourrent pas volontiers dans les coffres faits de bois de senteur , qui sont communs dans toutes nos Isles. Les femelles des kaker laques multiplient beaucoup; elles déposent leur semence { œufs ) par tas, et l’enveloppent d’une fine taie, comme font en Europe certaines araignées. Chaque coque est toujours divisée intérieurement en trente cellules rangées sur deux lignes parallèles, et dans chacune desquelles se trouve un œuf ou un embryon* On voit , au ferme de Péc.losaison , les jeunes animaux formés en dedans , ronger leur coque et en sortir avec précipitation : alors ils ne sont pas plus gros qu’une fourmi: ces jeunes kpkerlaques 9àè pressés par une faim dévorante, s’introduisent facilement parles fentes ou parla serrure dans les coffres, dans les malles et dans les armoires 9 ils rongent et détrui-

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sent tout; leur croissance est très^prompte; heitfêü^. sement dit M. Cossigni , que les guêpes ichneumones atta¬ quent et tuent ces insectes dévastateurs et trop féconds* Beaucoup d’oiseaux, et sur-tout la volaille, en sont fort avides. La guêpe ichneumone , qui par sa taille devroit être un ennemi bien moins redoutable , ne l’est cependant pas moins par son acharnement et sa fécondité.

Quand la guêpe ichneumone , après avoir rôdé de différens côtés , soit en volant , soit en marchant , Comme pour découvrir du gibier, apperçoit uiï L- kerlaque , elle s’arrête un instant , pendant lequel les deux insectes semblent se regarder et se mesurer des yeux ; mais bientôt Y ichneumone s’élance adroitement sur son stupide ennemi, dont elle saisit le museau ou le bout de la tête avec ses serres ou dents: elle se replie ensuite sous le ventre de sa proie pour la percer de son*aigui!lon : dès qu’elle senty avcri^fépandu le poison fatal, elle semble abandonner cèt ennemi épuisé, elle s’en éloigne; mais après avoir fait divers tours , elle revient bientôt à la charge , quoique bien certaine de le trouver sans force, hors de combat ÿ et succombant sous une blessure douloureuse et empoisonnée. Alors, 1 ç kakerlaque naturellement peu courageux, ne pouvant plus résister à la guêpe ichneu~ mone , celie-ci le saisit par la tête , et marchant à reculons le traîne jusqu’à ce qu’elle l’ait conduit à son trou ou dans quelque coin. Si c’est dans un trou dont le diamètre ne permette pas le passage au kakerlaque , alors la guêpe ichneumone diminue le volume de sa proie , en lui coupant le fourreaux des ailes et quelques pattes : alors elle la suce et la dévore à son aise. C’est ainsi que l’épervier attaque avec avan¬ tage et se rend maître d’oiseaux trois fois plus gros que lui. Voye ç maintenant à Y article Guêpe ce qui con¬ cerne la Guêpe ichneumone en question.

À Surinam , à la Martinique et dans toutes les Isles Antilles , on donne le nom de hakerlakki ou de ravet à cette même blatte qui court la nuit pour butiner. C’est le cancrelas du Brésil : des especes de grosses arai¬ gnées particulières à ces contrées, et dont il est men¬ tion en F article Phalange , en dévorent beaucoup.

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Dâiis les Indes Orientales les fourmis itoireê moles-» tent cruellement les kaker laques. Lorsque le hasard leur en offre quelqu’un d’estropié ou de mort, elles le saisissent douze ensemble , font la levée du corps ^ le traînent au trou de la foumilliere et l’y font entrer souvent dépecé , ne pouvant l’y introduire en entier.

KÂLI. Nom Arabe , qu’on donne assez cômmunéJ ment à la plante appelée soude. Voyez ce mot et à Y article PiNiPïMiCHi* Le kali du Malabar est le pinU pinichi.

KAMBEUL. Les Negres du Sénégal donnent ce nom à un coquillage univalve, qui est du genre des Limaçons ; selon M. Âdanson. M. (YArgenville le place dans la famille des Buccins , Voyez ces mots.

KAMICHI , pi. enl 45 1 , est le nom d’un grand oiseau qui ne vit que sous la Zone torride du nou¬ veau Continent : il est appelé kamouchi par les Sau¬ vages de la Guiane ; anhima par ceux du Brésil ; eu * huitahu sur les rives de l’Amazone , et càmoucle dans les Mémoires sur Cayenne. L’Auteur de Y Histoire, natu¬ relle de la France équinoxiale , le nomme Aquila aqua-° tica cornuta ; mais il n’est point oiseau de rapine , ainsi qu’on le verra dans la suite de cet article. Le kamichi est seul de son genre ; il réunit plusieurs caractères dont un seul suîfiroit pour le faire reeonnoître.

Le kamichi est plus gros que le dindon; sa longueur totale est de trois pieds; l’envergure est de plus de cinq pieds , il a à peu près le bec des galliriacées , mais Un peu plus long et plus courbé à sa pointe : le bec est noirâtre ; la mandibule supérieure est longue de deux pouces ; les yeux sont gros 9 saillans , noirs * les paupières sont de la même couleur et dégarnies de plumes dans leur contour , sur une largeur d’environ deux lignes : sur le sommet antérieur de la tête s’élève une corne grêle , cylindrique perpendiculaire , longue de trois à quatre pouces - rarement davantage , courbée à son extrémité et à pointe mousse; cette corne dont la base est creuse 9 est bien plus dure à son extrémité, et elle tire soit origine d’une apophyse de l’os du coronal ; le bas des cuisses est dégarni de plumes $ les jambes sont assçgi Tome V1IQ A ?

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courtes et fort grosses , noires et couvertes cfécaille^ larges et rudes; il y a trois doigts en avant, un e fi arriéré; le doigt du milieu antérieur , qui est le plus long, a quatre pouces et demi; le doigt interne qui est le plus court n’en a que deux; il est tourné fort en dedans et situé presque à la partie postérieure du pied; les ongles sont très-longs, légèrement courbes, pointus, et celui du doigt de derrière, qui est le doigt le plus court de tous, est plus long que les ongles des autres doigts; il y a sur le devant de chaque aile deux éperons ou deux ergots , qui sont des apophyses de l’os de la troisième partie de l’aile ; l’un , supérieur et le plus grand , est triangulaire , large à sa base, long d’un pouce et demi, et à pointe très- aiguë ; l’autre , inférieur , n'a que six à sept lignes de long: il est comprimé sur ses deux faces, d’une forme assez irrégulière et à pointe mousse ; tous deux sont d’une substance de corne. M. Bajon , qui a observé à la Guiane long - temps le kamichi , dit que la couleur du plumage , lorsque cet oiseau a acquis toute sa taille , est sur le cou , la poitrine , le dos , les ailes et la queue , d’un noir d'ardoise, semé de quelque taches grisâtres ; les cuisses et le dessous du corps sont blancs , et le* noir anticipe sur les côtés ; de façon que le blanc forme une large tache trian¬ gulaire dont la base est du côté de la poitrine , et la pointe à l’origine de la queue ; la tête et le cou sont couverts de petites plumes, courtes, douces au toucher , comme lanugineuses ou duvetées , variées de noir et de blanc ; les grandes pennes des ailes ont quatorze à quinze pouces de long, et sont beaucoup plus grosses que celles des oies, mais trop molles pour qu’on puisse s’en servir à écrire; celles de îa queue ont huit à neuf pouces , et sont toutes d’égale longueur.

Le kamichi est un oiseau assez rare : on ne le trouve que dans certains cantons, dans les marécages, sur les bords de îa mer , dans les savannes noyées ou le long des ruisseaux ; il se tient communément à terre ; et s'il se perche quelquefois', c’est sur des branches seches ; sa nourriture la plus ordinaire est l’herbe la plus tendre, qu’il pâture à la maniéré des

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Unions , des oies , etc. Il mange encore des graines de certaines plantes et peut-être aussi des vers, des insectes; il ne tourne jamais l’appareil redoutable de ses armes que contre les oiseaux de son espece; c’est dans le temps des amours que les mâles se livrent de rudes combats à coups d'ailes , et se servent' des éperons dont elles sont armées pour se disputer la jouissance des femelles ; dans tout autre temps ces oiseaux sont pacifiques ; ainsi l’amour le plus doux des sentimens de la Nature devient souvent le plus impétueux et le plus cruel , parce qu’il est le plus pres¬ sant et celui qui laisse le moins de repos. Combien d’individus civilisés dans l’espece humaine ne présen¬ tent-ils pas le même contraste?

Nous ignorons si la femelle du kamîchi a des armes aux ailes ; on nous a dit seulement quelle fait son nid dans des broussailles, souvent dans les joncs ÿ qu’elle le place assez près de terre, qu’elle pond à la fin de Janvier ou au commencement de Février , et ne dépose que deux œufs ; si sa ponte est dérangée par quelque accident , il y en a une seconde à la fin d’Avril ou au commencement de Mai: les petits ne sortent du nid que quand ils commencent à être en état de voler; ils suivent alors leur mere , et peu de temps après ils la quittent; la chair du kamichi esc noire, et est un très-bon manger , sur-tout celle des jeunes : c’est un mets ordinaire chez le petit nombre d’habitans à portée de s'en procurer. M. Aîauduyt dit que ce seroit un des oiseaux intéressons et utiles à transporter, et qu’on pourroit espérer d’amener à l’état de domesticité ; la voix du kamichi est haute et sonore : on prétend qu’elle exprime le mot vihu , qu’elle répété deux fois de suite.

KAMINÂ-MASLA ou Kamenoïe-maslo. Substance minérale , onctueuse et grasse au toucher , qui se trouve en plusieurs endroits de la Sibérie, attachée comme des stalactites aux cavités de quelques roches d’une ardoise noirâtre chargée d’alun. Le hamina-masla. est d’une couleur jaune-grisâtre ; il paroît que c’est un composé d’acide vitriolique, de sel alkali minéral et d’une matière grasse métallique , semblable au guhr des métaux. Voye{ à ï article Alun.

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Le kamina-masla liquide de Sibérie est un pitrote * Voyez ce mot.

KANGÏAR. Dans les Cabinets des Curieux on voit sous ce nom des instrumens destructeurs : ce sont des poignards de l’Indostan et d’autres pays des Indes* En Turquie * les femmes en portent un à leur ceinture» Voye i à l' article Armes.

KANGUROO, Est la très-grande espece de gerboise* Voyez à l'article Gerboise.

KAN-KAN. Nom que les Ethiopiens et bien des V oyageurs donnent à ia civette . Les Negres de Guinée l’appellent kastor , et les portugais gato de algalîa 0 Voyez Civette.

KANMÂ. C’est une racine qui croît au Cap de Bonne-Espérance : Les Hottentots la recherchent avec passion pour se donner des forces et de la gaieté. Le Pere Tachard suppose que c’est le gins-eng des Chinois; en effet , elle a à peu près les mêmes propriétés. Le& Hottentots qui la mâchent en ressentent les mêmes effets que les Turcs de Popium. ( Hist . des Voyages . ) Le karma des Egyptiens sert de fard aux femmes du pays.

Kanna-Goraka. Voyt{ Carcapulli.

KAOLIN , Terra porcellana . Est une terre composée^ blanche , farineuse , graveleuse * brillante, et dont on se sert en Chine dans la composition de la fameuse porcelaine de ce pays , conjointement avec le pétuni-sè « Voyez et mot et Y article Vases.

Par l'analyse que nous avons répétée du kaolin de la Chine , nous avons reconnu que la partie farineuse est communément apyre; les paillettes brillantes sont du mica ; les parties graveleuses sont de petits cristaux de quartz , et la partie empâtante qui sert de cément est argileuse. Nous avons trouvé , ainsi que M. Guet- tard , quantité de terres semblables sur les couches de granité qui se voient aux villages du grand et petit Hertrey près d’Âîençon. Peut- être que ce kaolin n’est qu’un faux granité décomposé ; on s’en sert dans le pays d’Alençon pour faire la poterie et la grosse faïence. Dans nos voyages en Bretagne , en Alle¬ magne et en Suisse , nous avons rencontré du kaolin semblable à celui d’Alençon , dont plusieurs especes

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Ou variétés font effervescence avec les acides* Cette ferre est désignée dans WalUrius sous le nom impro¬ pre de marne, à porcelaine : au moins , elle est très- semblable à celle dont cet Auteur parle sous ce nom» Le kaolin ou terre à porcelaine , de Saint-Yrier en Limousin , est une terre argileuse , blanche et friable: elle contient , dit M. Monnet , plus de deux tiers de véritable terre quartzeuse et beaucoup de grains de feld-spaîh.

KAOUANE. Voyei a V article Tortue,

KAPA-MARA, Voyei à F article ACAJOU-POMME.

KAPLRAT , Gymnotus notopterus , Pallas. Poisson 4u genre du Gymnote : il se trouve dans FInde , il est appelé ikan pangaio et kapirat ; il a huit pouces de longueur 5> sur deux pouces quatre lignes de largeur vers la région de Fanus : sa tête est un peu épaisse, courte et obtuse; les yeux sont très-ouverts, avec un petit trou au-dessus de chacun ; les iris sont d’un jaune d’or brillant; les mâchoires sont garnies d’une double rangée de dents ; chaque côté de la mâchoire inférieure offre de plus une double lame orbi- culaire, et une autre lame en forme de tranchant, finement dentelée et située longitudinalement; les oper¬ cules des ouïes sont couverts d’écailles; il y a six rayons à la ma tu bran e des ouïes : le corps est com¬ primé latéralement; il représente assez une lame d’épée: les écailles qui le recouvrent sont petites; Fanus est situé près de la gueule : la couleur du corps est d’un blanc-argenté, mélangé d’un jaune d’or ; mais le gris- cendré est la teinte du dos et des nagaoirqs : la na¬ geoire dorsale a sept rayons ; les pectorales en ont cha*. cune treize ; celle de Fanus est plus charnue et plus basse vers sa naissance que dans ses autres parties : elle s’élève ensuite et se prolonge , en conservant son bord parallèle à la base, jusqu’au-delà de l’extrémité de la queue, qui est entièrement d’une substance char¬ nue et n’a point de nageoire particuliers ; la même nageoire a cent seize rayons , tous bifurqtiés.

KARABÉ. Nom Arabe qui signifie tire-paille. Voyez,-; Ambre jaune. Les trochisques âekarabé qui viennent^ du Levant, ne sont qu’une sorte de gomme de gggs

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plier : on donne aussi le nom de faux-karalè à une espece de copal ; Voyez Résine copal.

Le karabè de Sodome est Y asphalte ; Voyez ce mot ^

KARACATIZA. Les Turcs et sur-tout lesTartares donnent ce nom au polype à huit pattes qui se trouve dans le Pont-Euxin , et dont les Grecs se nourrissent dans leur temps de jeûne.

KÂKACOULAK ou Karrah Kullak , en langue Turque, est le caracaL Voyez ce mot .

KÂRÀMBOLE. C’est le fruit du caramboiier. Voyez ce mot .

KARA-NAPHTI. VoyeK Pétrole.

KARÂPAT ou CARAPAT. Voyelles articles Palme de Christ , Ricin et Tique.

KARATAS ou Caraguata - mala. ( C’est le Caraguata acanga de Pis on le Bromelia karatas de Linnæus.) C’est une très- grande plante de l’Amérique, une espece cYaloès sauvage, dont on distingue plu¬ sieurs especes. La première est le Karatas foliis altissimis , angustissimis et aculeatis de Plumier : elle croît dans les boisa la Martinique: sa racine est fibreuse, rameuse, noirâtre ; ses feuilles sont nombreuses , et sortent im¬ médiatement de terre sans péduncule ; elles sont dis¬ posées en rond , larges de trois à quatre pouces, longues de quatre à cinq pieds , lisses , d’un vert-blan¬ châtre , pliantes , dentelées et terminées par une pointe très-aiguë : au centre de ce grand faisceau de feuilles naissent, sans aucune tige, deux ou trois cents fleurs sessiles , purpurines ou bleuâtres , serrées les unes contre les autres, et disposées sur le collet de la racine en un amas orbiculaire er convexe ; leur corolle est monopétale , en entonnoir et à trois divisions : les fruits sont ovales , coniques , succulens.

Il y a un karatas à tige haute de six à onze pieds et quelquefois davantage, remplie d’une matière spon¬ gieuse , laquelle étant séchée prend feu aussi faci¬ lement que l’amadou ; le sommet de cette tige se divise en plusieurs petits rameaux , d’oû sortent des fleurs monopétales en entonnoir, inodores , blanches, rangées par bouquets , divisées en trois quartiers , soutenues sur un calice verdâtre et oblong. Ce calice devient un fruit arrondi, charnu, oblong , divisé dans

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toute sa longueur en trois capsules remplies de pe¬ tites graines plates , arrondies , roussâtres. A Saint Domingue, cette' plante se trouve dans les endroits les plus arides , souvent entre les rochers : ses feuilles bouillies quelque temps dans l’eau donnent une es¬ pece de fil qui sert à faire de la toile et des filets pour les pêcheurs : ce fil sert aux mêmes usages que celui de Yaloès-pîtu ; V oyez ce mot. Sa racine ou ses feuilles broyées et jetées dans la riviere, étourdis¬ sent tellement le poisson , qu’on peut le prendre ai¬ sément avec la main.

11 y a 9 dit-on , trois autres especes de karatas x que Ton regarde comme des ananas sauvages ; L’une que l’on appelle ananas perroquet ; Voyez Caragate a epi tronque. Une autre dont les feuilles sont con¬ caves et retiennent si bien l’eau de la pluie , qu’elles sont dans les lieux arides , d’une grande ressource aux chasseurs ; c’est la caragate utriculée. Une autre qui porte un fruit en forme de gros clou , dont le goût tire sur celui de la pomme de reinette * et dont on fait d’excellentes confitures.

Dans le pays de Cayenne , on donne le nom de lois de meche à l’espece de karatas r dont la tige fournit aux-Negres une moëlle qui leur sert d’amadou. M. de ]Prè fontaine ( Mais . Rust. de Cay. ) dit que la feuille du lois de meche , chauffée sur la cendre et appliquée sur la partie affligée de rhumatisme, soulage beaucoup* C’est encore un spécifique pour les blessures. Le fruit de cette plante s’appelle citron de terre : citron 9 parce qu’il a le goût acide ; de terre y parce qu’il faut la fouiller pour le trouver.

KARBUS. C’est Y arbouse. Voyez ce mot.

KARIBEPON. Grande espece de nimbo. Voy. ce mot i

KÂRIBOU, c’est le caribou. Voyez ce mot. KASTOR. Vcyei Kan-kan.

K AT AF et Kafal. Especes de bal'samiers d’Arabie*. ’Foyez à V article Baumier.

CATALEPTIQUE ou D'racgcéphale de Virginie,’ Vcyei Tête de Dragon.

KATOU-CÀNNA de l’Inde , est un acacia à bois rouge ; son tronc est si gros , que deux hommes ont 4e la peine à l’embrasser»

A.a 4

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KaTOU-INCHI-KVA. Voye{ à F article GlNGEMBRE*.

Katou-indel. Palmier sauvage de Malabar , dont* le fruit semblable à la prune sert aux Indiens en place d’arec : les Malais se font des bonnets avec les feuilles de Farbre. Voye i Cachou.

KATRâCA ou Parraqua. C’est le faisan de la Guiane 3 pi. enl. 146. De tous les oiseaux qu’on voit en Amérique, c’est celui qui approche le plus de notre faisan. On peut le regarder , dit M. de Bnffon , comme son représentant dans le Nouveau-Monde : il le représente en effet par l’ensemble de sa forme , par ses pieds ; par son bec crochu , par ses yeux bordés de rouge et par sa longue queue; néanmoins , comme il appartient à un climat et même à un monde diffé¬ rent , on ne peut point le regarder aussi sûrement comme un faisan , que les faisans de la Chine , qui s’accouplent et produisent certainement avec les nôtres.

M. Mauduyt dit que le nom de cet oiseau , qui se trouve au Brésil et à la Guiane , est , dans la pre¬ mière de ces deux contrées , katrakas - katracas , et peut-être le même parmi les Sauvages de la Guiane j mais les François le nomment parraqua . M. Mauduyt dit encore que cet oiseau est mieux connu aujour¬ d’hui , depuis la publication des Mémoires sur Cayenne par M. Bajon, et qu’il appartient plutôt aux hoccos qu’aux faisans ; en effet , sa queue n’est ni étagée , ni composée de plumes étroites et terminées en pointe 9 comme celle des faisans : les plumes de la queue du katraca sont au contraire fort larges , plus évasées à leur extrémité que dans le reste de leur longueur v et se terminent en s’arrondissant : il porte sur le der¬ rière de la tête et le haut du cou , des plumes un peu alongées et qu’il releve à volonté. Le katraca est de la grosseur d’une très-petite poule ; le plumage est en général d’un brun-roux * nué d’olivâtre à la poitrine et sur tout le corps ; le dessous du corps est d’un gris-fauve ; il y a au milieu de la gorge une bande longitudinale d’un blanc sale; la queue est longue d’un pied , large et pendante; le bec , noir⬠tre ; les pieds sont d’un brun nué de rougeâtre ; les ailes sont courtes ; son vol est de peu de durée.

K AV K E B 377

M. Bajon dit que sa voix est plus forte peut-être que celle d’aucun autre oiseau de l’Amérique ; il la fait sur-tout entendre depuis la pointe du jour jusqu’au lever du soleil 9 et particuliérement dans les deux sai¬ sons il fait ses pontes; les katracas ne cessent alors le matin de s’appeler et de se répondre : leur cri exprime précisément le mot pfiraqua : la longueur et la disposition de la trachée- artere sont les causes de cette voix si forte qui les distingue des autres oi¬ seaux, et les rapproche d’un petit nombre , tels que le pauxi ou le pierre de Cayenne , dans lequel on a trouvé la même organisation. Voye^ Pierre de Cayenne (le).

La première ponte de Tannée se fait en Décembre ou Janvier ; la seconde , en Juin ou Juillet ; alors ils suspendent leurs cris ou chants; chaque ponte est de cinq ou six œufs : le nid est construit sur des ar¬ bres touffus 9 à la hauteur de sept à huit pieds de terre ; les petits en descendent fort peu de temps après être nés 3 et ils suivent la mere comme les poussins sui¬ vent la poule ; leur première nourriture consiste en vers et en insectes , et la mere ne cesse de gratter la terre pour leur en découvrir ; dès qu’ils sont en état de voler , ils quittent leur mere, ils vont pâturer Pherbe tendre ; mais des graines et des fruits font alors le fond de leur nourriture : ces oiseaux, pen¬ dant la forte chaleur du jour , restent constamment dans les bois les plus épais ; mais le matin et le soir ils en sortent pour chercher des vivres ; ils s’appro¬ chent des terres cultivées , des habitations ; ils n’évi¬ tent pas le voisinage de la mer : leur chair ressemble beaucoup a celle du faisan . Pris jeunes , ils devien¬ nent familiers , au point d’en être incommodes ; ce¬ pendant ils aiment à coucher dehors , perchés en plein air.

KAY AL AM. Voyr{ Bois Caca.

KAVIAC. Voyei à l'article ESTURGEON.

KAYOPOLLIN. Voye{ Cayopollin.

KAYOUROURÉ , est le singe appelé macaque blanc dans l’Isle de Cayenne. Voye i /’ article Macaque.

iiEBQS, Les anciens Grecs désignaient par ce nom

37§ KEN K E R

les singes à longue queue, que nous appelons guenonsi .Voyez les articles Guenon et Singes.

KENLÏE , Canis mesomelas . Nom sous lequel on désigne le chacal au Cap de Bonne-Espérance. Voyeç Chacal.

KENNA. Espece de faux troène des Indes. Voyc^ œ V article Alcan A.

KÉRATOPHYTE ou Cératophyte, Keratophyta . Nom qu’on donne à des lithophytes ; ce sont des corps1 marins, des productions organisées, en un mot, des especes de polypiers ; leur substance ressemble à du bois flexible, mais leur nature tient de la corne : if y en a de réticulés ou en réseau , de rameux et d’au¬ tres en forme de buissons. On donne improprement le nom de corail noir à l’espece de kératophyte des pays chauds, et qui est d’un beau noir, luisant et assez dur pour être susceptible de recevoir le poli, Voye% ce que nous en avons dit à la suite de Yartïcle Coral- lines. On trouve des kèratophytes fossiles.

KERFA. Divers Auteurs prétendent que c’est la candie giroflée. Voyez ce mot .

KERMÈS, Chenues . Genre d’insectes de l’ordre des* Gallins cotes . Voyez ce mot. Les individus de ce genre ont une trompe qui sort du corselet , entre la pre¬ mière et la deuxieme paire de pattes ; deux ailes- droites élevées dans les mâles seulement; l’extrémité' du ventre garnie de filets. La femelle étant jeune court sur les feuilles et les tiges ; mais an bout de quelque temps elle se fixe à un endroit de l’arbre , elle y devient parfaitement immobile : enfin son corps parvient à se gonfler , sa peau s’étend , les an¬ neaux disparoissent , elle se seche et devient lisse ; en un mot elle devient semblable aux galles ou ex¬ croissances qu’on trouve sur les arbres ; voilà le: propre des gallinsectes. Leur peau desséchée ne forme plus qu'une coque , sous laquelle sont renfermés les œufs de ranimai. On distingue le kermès des racines , appelé cochenille de Pologne ; celui des orangers appelé par les Jardiniers punaise de citronnier. Il y a encore le kermès de la clématite ; celui du pêcher , de la vigne 9 du sapin 5 du coudrier , de Yonne y du tilleul 9 du chêne y du

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néflier , du charme 9 de Y érable. Enfin i! y a une espece de kermès long , étroit et formé presque comme une écaille de moule; il vient sur les arbres.

Le Kermès de Provence , Chermes , aut Çoccus tinctorïus ilicis 9 est la plus renommée des gallinszctes . La figure de ce kermès approche de celle d’une boule dont l’on auroit retranché un assez petit fragment. Cet insecte vient «sur les feuilles épineuses et les ten¬ dres rejetons d'une très-petite espece de chêne- vert , llex aculeata cocci-glandifera , C. B. Pin* 425 , aut llex coccigera 9 J. B. J. 106, arbrisseau qui s’élève environ à deux ou trois pieds i et qui croît sur les collines pierreuses de Provence , du Languedoc , même en Espagne et dans l’Isle de Candie. Voye^ Chêne-vert.

L^s femelles du kermès sont plus aisées à trouver que les mâles : elles ressemblent dans leur jeunesse à de petits cloportes : elles pompent leur nourriture en enfonçant profondément leur trompe dans l’écorce de l’arbre ; alors elles courent avec agilité : mais quand l’insecte a acquis toute sa croissance , il paroît comme une petite coque sphérique membraneuse , attachée contre l’arbrisseau; c’est qu’il doit se nourrir * muer, pondre , et terminer ensuite sa vie. Les habitans du pays qui ne font la récolte du kermès que dans la saison convenable , considèrent cet animal dans trois états différens d’accroissement: Vers le commen¬ cement du mois de Mars , en langage provençal on appelle le kermès , vermeou 9 et on dit que dans ce temps lou vermeou groue , c’est-à-dire que le ver couve: alors il est moins gros qu’im grain de millet. 2.0 Dans Je mois d’ Avril les gens du pays disent que lou ver¬ meou es p élis , c’est-à-dire qu’il commence éclore. <M. Emeric remarque ici que par ver éclos 9 il faut entendre le ver qui a pris tout son accroissement. ) 3. 0 Vers la fin de Mai on trouve sous le ventre de l’insecte mille huit cents ou deux mille petits grains ronds , qu’on appelle dans les pays freisset : ce sont des œufs qui, venant ensuite à éclore , donnent au¬ tant d’animaux semblables à celui dont ils sont sortis. Ces œufs sont plus petits que la graine du pavot; ils sont remplis d’une liqueur d’un rouge pâle ; vus au microscope ? ils semblent parsemés d’une infinité

$$o K E "R

de points brillans couleur d’or ; y en a de BfeflcM4. très et de rouges : les petits qui sortent des œufs blancs sont d’un blanc sale , leur dos est plus écrasé que celui des autres ; les points qui brillent sur leur corps sont de couleur d’argent. M de Kéaumur dit qu’il y a moins de ces kermès blancs que des rouges , et que c’est à tort que les gens du pays les appellent U matre âou vermeou , c’est-à-dire la mere du kermès . Les petits œufs étant secoués, il en sort autant de petits animaux entièrement semblables à Finsecte d’oii ils proviennent; ils se dispersent sur ViUx , jusqu’à ce qu’au printemps suivant ils se fixent dans les divi¬ sions du tronc et des rameaux pour y faire leurs pe¬ tits. On doit observer que quand le kermès acquiert une grosseur convenable , alors la partie inférieure du ventre s’élève et se retire vers le dos en formant une cavité, et alors il devient presque semblable à un cloporte à demi-roulé. C’est dans cet espace vide qu’il dépose ses œufs , après quoi il meurt et se desseehe» (Ce cadavre informe ne conserve point, comme la cochenille , l’extérieur animal : ses traits s’effacent , disparaissent ; on ne voit plus qu’une espece de galle , triste berceau des œufs qui doivent éclore. ) A peine les œufs sont-ils éclos que les petits animaux veulent sortir de dessous le cadavre de leur mere pour cher¬ cher leur nourriture sur les feuilles de Yilex , non en les rongeant comme les chenilles , mais en les suçant avec leurs trompes.

Nous avons parlé ci-dessus de la femelle du kermès , il convient maintenant de parler du kermès mâle, qui dans les commencemens lui ressemble parfaitement : bientôt après s’être fixé comme elle, il se transforme dessous sa coque en une nymphe qui, devenue in¬ secte parfait, souleva la coque et en sortie derrière le premier : alors c’est une petite mouche qui res^ semble en quelque maniéré au cousin ; son corps est couvert de deux grandes ailes transparentes : il saute brusquement comme la puce , et cherche en volant ses femelles immobiles, qui l’attendent patiemment pour être fécondées : les a-t-il trouvées , il se pro¬ mené plusieurs fois sur quelques-unes d’elles, va de leur tête à leur queue pour les exciter ; alors la

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icîle 5 ndelie et soumise au vœu de la Nature 5 ré¬ pond aux caresses de son mâle , et Pacte de féconda¬ tion a lieu.

La récoke du kermès est plus ou moins abondante / selon que Phiver a été plus ou moins doux : on a remarqué que la nature du sol contribue beaucoup aussi à îa grosseur et à la vivacité du kermès ; celui . qui vient sur des arbrisseaux voisins de la mer , est plus gros et d’une couleur plus vive que celui qui se trouve sur des arbrisseaux qui en sont éloignés. Des femmes arrachent avec leurs ongles le kermès avant le lever du soleil. Il faut veiller dans le temps de la récolte à deux choses , i.° aux pigeons , parce qu’ils aiment beaucoup le kermès , quoique ce soit pour eux une assez mauvaise nourriture ; 2.0 on doit arroser de vinaigre le kermès que l’on destine pour la teinture 5 et le faire sécher. Cette manœuvre lui donne une couleur rougeâtre. Sans cette précaution 9 Pinsecte une fois métamorphosé en mouche s’en¬ vole et emporte la teinture. Lorsqu’on a ôté la pulpe ou poudre rouge , on lave ces grains dans du vin , on les fait sécher au soleil , on les frotte dans un /sac pour les rendre lustrés ; ensuite on les enferme dans des sachets ^ ou Pon a mis , suivant la quantité qu’en a produit le grain , dix à douze livres de cette poudre par quintal. Les Teinturiers achètent plus ou moins le kermès , selon que le grain produit plus ou moins de cette poudre. La première poudre qui pa¬ role sort d’un trou qui se trouve du côte par le grain .tenoit à Parbre : ce qui paroît s’attacher ait grain vient .d’un animalcule qui vivoit sous cette enveloppe, et qui l’a percée , quoique le trou ne soit pas visible : les coques du kermès sont la matrice de ces insectes. C’est ce qu’on appelle graine £ écarlate dont on tire une belle couleur rouge , la plus estimée autrefois avant Pusage de la cochenille.

En Angleterre , on trouve aussi des especes diffé¬ rentes de kermès , mais du même genre , sur les sat¬ in en s des vignes , sous des branches de laurier-cerise * de prunier et de cerisier : la couleur en est brune. Elles sont communément avec une espece de mere semblable à une fourmi. Lister dit que si Pon coupe

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adroitement avec un rasoir le bout d’un de ces cd* cons , on y trouve quelquefois cinq , six , ou un pais grand nombre de petits vers qui se métamor¬ phosent en des especes d’abeilles très-petites et noires, La couleur de cette sorte de kermès est peu stable ; les coques les plus noires sont les plus riches en cou¬ leur ; elles sont contiguës aux arbres sans en être des excroissances : semblables en cela à la cochenille qu’on peut transporter sur d’autres arbres.

Les coques de kermès changent de couleur : de jaunes elles deviennent d’un brun foncé : elles sont remplies , non d’excrémens et de pulpe , mais de mites , qui vraisemblablement produisent une diffé¬ rence extérieure dans les especes de kermès .

Comme les coques de kermès , ramassées de bonne heure et séchées, ressemblent à la cochenille, cela fait soupçonner que la cochenille est une espece de kermès . Lister fonde cette conjecture sur ce que la poudre écarlate qu’on retire des coques en les tami¬ sant, est un composé de mites qu’il faut distinguer du ver qui se change en mouche. Consulte £ la Collec¬ tion Académique d'Angleterre , Tome 111 , page 73 , 32^ 538, etc.

Le kermès est un insecte non-seulement utile pour la teinture de la laine et même de la soie , mais qui entre encore dans la confection à’alkermès ; et les Mé¬ decins le regardent comme un bon cordial et un re¬ in ecle propre à arrêter le vomissement.

Voici la_ préparation du kermès pour l’usage de la Médecine. On pile ces coques nouvelles et bien suc¬ culentes dans un mortier de marbre ; on les laisse ensuite digérer dans un lieu frais pendant sept ou huit heures ; alors on les exprime et on en retire un suc qui , dépuré et édulcoré avec le double de sucre , forme une conserve liquide et cordiale , connue sous le nom de sirop de kermès . Si on se contente de prendre l’espece de pulpe fraîche ou de poudre rouge dont il est fait mention ci-dessus, et qu’on la presse doucement entre les doigts, alors on en formera des pastilles que l’on fera sécher au soleil. Voilà ce qu’on ap¬ pelle pastel d'écarlate ou écarlate de graine , et que l’on

K E T '3§)

Envoie dans les pays étrangers. Voye{ les articles Co¬ chenille , GâLLINSECTE et CHÊNE- VERT*

Kermès minéral natif. Il paroît que les mines d’antimoine qui sont cristallisées en aiguilles d’un bril¬ lant métallique , et encroûtées d’une matière de cou¬ leur rouge , ne doivent cette derniere teinte qu'à une espece de foie de soufre, et que ces sortes de mines d’antimoine offrent des soufres dorés natifs , de même nature que le kermès minéral des boutiques qu’on nom- moit autrefois poudre des Chartreux : on trouve du kermès minéral natif , en Saxe 9 en Hongrie et eu Toscane. Voyei Antimoine.

Kermès du Nord ou Kermès des racines. Veye % Cochenille de Pologne.

KETMIE. Nom donné à un genre de plantes : c’est le Ketmia de Tournefort et Y Hibiscus de Linnæus. Ce genre, dit M. Deleu^e , est de l’ordre des. Malva - cées , et a pour caractère principal deux calices, dont l’intérieur est d’une seule piece à cinq dents, et l’ex¬ térieur composé de plusieurs feuilles étroites : le fruit en forme de capsule a cinq loges polyspermes.

Parmi les différentes especes de cette plante il y en a une qui croît dans presque tous les pays chauds , et qui est d’usage en Amérique et en Afrique. On ne la cultive dans nos jardins que par curiosité : sa racine est fihrée ; ses tiges sont hautes d’un pied , rameuses , herbacées et velues ; ses feuilles , assez semblables à celles de Yalcée , sont divisées en trois parties décou¬ pées , velues en dessous , et d’un goût visqueux : ses fleurs grandes et ressemblantes à celles de la mauve , sont de couleur jaunâtre mêlée d’un peu de purpurin à l’onglet. Il leur succédé des fruits capsulaires , qui contiennent, en cinq loges, des semences, menues, noirâtres et renfermées dans une espece de vessie qui a le calice intérieur renflé : aussi dit-on ketmie à vessie , Ketmia vesicaria vulgaris , Tourn. Inst, ioi ; Âlcea vesicaria , C. B. Pin. 3 17 , Hibiscus triomim , Lion. 981* Cette plante est annuelle , et sa vertu émolliente.

M. de Tournefort compte trente-une sortes de ket¬ mies ; mais il y en a davantage. On en cultive plus de vingt especes ‘en Angleterre: on les multiplie de graines qu’on, seme au printemps dans une terre lé-

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gere et préparée ; Tannée suivante on les transplanté dans des couches d’une pareille terre , à la distance d’un pied en carré ; on les laisse croître ainsi pen¬ dant deux ans , en les arrosant dans les grandes cha¬ leurs ; ensuite on les transplante. 11 y a des ketmies dont les heurs sont blanches le matin , rouges à midi et pourpres le soir : telle est Fespece qu’on nomme aux Indes Orientales rose de la Martinique : c’est le Ketmia Sinensis 3 fructu subrotundo , flore plenô des Bo¬ tanistes. Il y en a dont les fleurs ne vivent qu’un jour, mais jusqu’aux gelées il leur succédé de nou^ velles fleurs. Consultez Miller . La ketmie de Syrie est la guimauve royale. Voyez Y article ÂLTHÆA FRUTEX.

Vambrette est aussi une ketmie. Voyez Ambrette.

K.EVEL, Cet animal du Sénégal vit en société , se rassemble en troupe et se nourrit comme la gabelle ; comme elle , il est doux , il s’accoutume aisément à la domesticité , et sa chair est très-bonne à manger. Le kevel ne différé de la gabelle commune que par sa taille qui est un peu plus petite, ses yeux plus grands , et ses cornes qui , au lieu d’être rondes . sont aplaties sur les côtés ; enfin il en différé par le plus grand nombre d’anneaux qui environnent ses cornes * il y en a au moins quatorze et quelquefois dix- huit ou vingt.

KHAINOUK. Voye{ Ghainouk, t KIES ou Quisse. Nom que les Mineurs donnent à

la pyrite et à la marcassite . V oyez ces mots .

KILAKIL. C’est le perroquet vert à tête bleue .

KILDIR. C’est le pluvier à collier de Virginie , de M. Brisson : le pluvier criard de Catesby , Vandlus vocifer . Ce pluvier qui se trouve à la Virginie et à Caroline, y a été nommé kil-deer , d’après son cri i cet oiseau est fort commun aussi à la Louisiane ; est très-criard et redouté des chasseurs , parce que ses clameurs donnent l’alarme au gibier et l’avertis¬ sent de prendre la fuite. Catesby dit que cet oiseau est de la grosseur de la bécassine; sa longueur totale est de près de dix pouces ; le plumage supérieur est d’un gris-brun , mais nué de roux sur le croupion et la queue ; le front offre une bande blanche , l’oc¬ ciput une large tache noire; le plumage inférieur est

blanc J

KIM K I 0

Maftè 5 mais sur le bas du cou il y a uii large collier noir, et une plaque noire transversale à la poitrine; les paupières sont rouges ; le bec est noir ; les ongles sont noirâtres , les jambes et les pieds d’un jaune pâle*

On voit à Saint-Domingue une variété du kildir } représentée, pl. enl . 286 , et décrite par M. Brisson sous le nom de pluvier â collier de Saint-Domingue* Il est d’une taille moyenne entre notre pluvier à col* lier et le kildir.

KIMBUTA. Dans l’Isle de Ceylan , selon Ray 9 iparoît que c’est le crocodile .

KINA-KINA. C’est le nom qu’on donne souvent |au quinquina . Voyez ce mot .

KINGALIF. Nom d’un oiseau du Groënland , et qui , sèlon M. de Buffon , a beaucoup de rapports a u genre des P ouïes- d'eau. Il est plus grand que le ca¬ fard , et remarquable par une protubérance dentelée j qui lui croît sur le bec , entre les narines , et qui est d’un jaune-orangé; le mâle est tout noir , excepté qu’il a les ailes blanches et le dos marqueté de cette même couleur ; sa femelle a le plumage brun.

KIN-INHOA. C’est le chevre- feuille des Chinois.

KINK. Voyei Quinque.

KINKAJOU. Voyei Quincajou.

KINKI. C’est la poule dorée de la Chine. Il paroît que c’est le faisan doré .

Kinki-manou* C’est le nom que les naturels du pays donnent à un oiseau qui est le grand gobe-mouche. cendré de Madagascar, pl . enl. 541. Il n’est pas tout-* à-fait aussi gros qu’un merle ; le plumage est en gé¬ néral cendré , mais clair sous le corps et rembruni sur la tête; les pennes des ailes sont noirâtres et bor¬ dées de cendré , les deux du milieu ne sont noirâtres que par le bout ; le bec , les pieds et les ongles sont noirs.

KINKINA. Voye{ Quinquina.

KIN - YU ou Kin * zUi Voye{ â F article Dorade Chinoise.

KIOLO. C’est le râle à ventre roux 9 pl. enl. 753* Ï1 est moins grand que la marouette ; le dessus de la tête, la poitrine et le dessous du corps sont d’un fcrun-rougeâtre , mais plus clair sous la gorge : les Tome VIT B b

'%u KL Â K N A

Joues sont grisâtres, le reste du plumage est d’un brun nué d’olivâtre; le bec supérieur est noirâtre , Finférieur blanc ; les ongles sont noirâtres 9 les pieds d’un gris-blanc.

KLA ou Kle. Voyei l'article Ichtyocolle , à îa suite du mot Esturgeon.

KLAP-MUTZE. Voye^ Phoque a capuchon.

KLAUSS-RAPPEN. Nom que l’on donne en Suisse au corbeau des gorges. Voyez à T article SONNEUR.

KL1PDAAS. Voyez Blaireau dérocher.

KL1PPFÏSCH et Stocfisch 9 ou Poisson de ro¬ cher. On donne ces noms à des préparations de cabèliau , espece de morue dont on se sert dans les voyages de mer , et qui servent d’aliment à certains peuples du Nord. Voye ^ Morue.

KLIPPSPRINGER ou Sauteur des rochers. Qua¬ drupède du Cap de Bonne-Espérance , et qui paroît être une espece de la nombreuse famille des Gabelles. Cet animal est de la grandeur de la chevre commune, niais avec des jambes beaucoup plus longues ; il se tient sur les rochers les plus inaccessibles 9 et lors¬ qu’il apperçoit un homme il se retire au milieu des précipices, franchit d’un saut de grands intervalles d’une roche à l’autre 9 sur des profondeurs affreuses 9 et lorsqu’il est pressé par les chiens ou les chasseurs 9 il se laisse tomber sur de petites saillies de rocher, oii il y a à peine assez d’espace pour le recevoir. Sa chair est excellente à manger et passe pour le meil¬ leur gibier du pays ; son poil qui est léger 9 peu adhé¬ rent et qui tombe aisément 9 est blanc à sa racine 9 brun ou noir au milieu 9 et d’un jaune-grisâtre à Fex- îrémité : on s’en sert au Cap pour faire des matelats* Voyei Gazelle.

KNÂH. Foyei à l'article ÂLCANA.

KNAPER des Hollandois. Voye^ Chou rouge (petit).

KN A W EL ou Gnavelle. C’est le Scier anthm perennis 9 Linn. Voye* à V article COCHENILLE DE Pologne. La plante appelée gnavelle annuelle , Scleranthus annuus , Linn. 580 9 croît dans les champs : ses tiges sont grêles , menues 9 rameuses 9 un peu touchées j ses feuilles sont opposées , légèrement

K H & It 0 D $7

réünîes par base , et linéaires ; les fleurs sont ert panicule rameux; la corolle est verte et à divisions très- aiguës. Cest le knavel des Allemands, Alchimilla * Tournefort. 508.

KNAVER ou Knaur , ou Gneiss, ou KneussJ Les Mineurs Allemands donnent ce nom à une sorte de roche feuilletée, composée de quartz blanc, de mica et de parties talqueuses ou schisteuses. Lorsque cette roche 5 plus ou moins réfractaire au feu , est noirâtre ou d’un gris-verdâtre , sans être générales ment feuilletée ni facile à diviser, on la nomme hnâss 1 il n’est pas rare d’y trouver aussi associé le feld-spath. Cest comme un granit irrégulier,, Les Ou¬ vriers souterrains ne rencontrent jamais qu’à regret le kndss , car outre qu’ils s’éloignent de la mine riche J ils ont encore de la difficulté à l’en détacher: mais aussi c’est un indice qu’on trouvera bientôt de la mine très-bonne et très-abondante.

KNOSPEN. Nom que les Minéralogistes étrangers donnent à la mine verte , striée et soyeuse de Cuivre de la Chine. Voyei à V article Cuivre.

KN0T. Voyt 1 Canut.

KOB et KGSA. Ce sont deux especes de gabelles du Sénégal. Les François ont donné le nom de petite vache brune au kob ; il est de la grandeur d’un daim * et celui de grande vache brune au kob a ; il est de grandeur d’un cerf. Ces animaux n’ont point de lar¬ miers : leurs cornes sont aplaties par les côtés ; elles ont $ dans l’espece du kob , sept ou huit anneaux y pelles du koba en ont onze à douze.

KOBOLD. Voyei Cobalt.

KOBDÂGA^PALLA. C’est îa même écorce rou*^. geâtre que nous avons désignée sous le nom d^ todaga pale . Voyez ce mot ,

KODDÂ-PÂIL , Reed. Mal. Pistia stratiotes J Linn. Plante qui flotte à la maniéré des lenti¬ cules , dans les eaux stagnantes des régions MérH dionales de FAntérique , de FAsie et en Afrique. Elle paroît se rapprocher, par son port , de la rnâcre s ses feuilles, toutes radicales, sont presque cordi- formes, disposées en une vaste rosette orbiculaire * payeuses en dessous , et chargées d’un duvet y

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fort court , qui les fait paroître farineuses , comm& les ailes des papillons. Encyclop. Méth .

KOELREUTER, Gobius Kodreuteri 9 Pallas. Poisson du genre du Gobie. On ignore le lieu il se trouve, M. Pallas dit qu’il ressemble, à beaucoup d’égards, au schlosser ; Voyez ce mot . La tête , les dents et les levres, ont à peu près 1a, même conformation dans ces deux poissons. Le kodreuter a des narines , et elles sont placées sur les coins antérieurs des yeux : la membrane des ouïes n’a que deux rayons : la pre¬ mière nageoire dorsale , qui en a onze ou douze , est brune à sa base; il y a une bande noire au milieu; ses bords sont verdâtres : la seconde dorsale a treize rayons rameux, dont le dernier est double; sa cou¬ leur est d’un j aune- verdâtre , marqué d’une bande brune - noirâtre : les pectorales ont chacune treize rayons ; les abdominables qui , par leur espece de réunion, semblent n’en faire qu’une, en ont douze* dont le premier et le dernier sont très-courts , épais et entiers : celle de l’anus en a dix ou onze : celle de la queue qui est terminée en pointe , en a treize * sans compter ceux qui sont sur les côtés. Ce poisson, décrit par M. Pallas d’après un individu conservé dans une liqueur spiritueuse , avoit cinq pouces et demi : la couleur du corps et des nageoires inférieures étoit d’un gris - blanchâtre ; tout le corps, d’une substance molle et charnue : la queue , à peine plus mince que le tronc , marquée d’un sillon profond vers l’anus ; les lignes latérales formant des especes d’excavations.

KOGER-ANGAN, est le nom du vansire , à Java,1 Voyei Vansire.

KORIN , au Sénégal, c’est la corine. Voyez ce mot!

KOUAGGA ou Kwagga. Voye% Couagga.

KOULAN ou Kourhan , ou Khoulan. C’est l 'onagre , animal qui semble faire la nuance entre le c^igitaï et Y âne. Le koulan habite les grands déserts des Tartares Calmoucs, et est plus grand que le tarpan ou petit cheval sauvage des mêmes contrées» Voyei r article Ane SAUVAGE.

KOULIK. C’est le toucan à collier de Cayenne*1

ml. 577. Le nom de koulik lui a été donné pas

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les François de la Guiane ]. comme un mot qui * prononcé d’un ton bref, exprime son cri. Cest un toucan de la section des Aracarbs ; sa longueur est d’environ treize pouces ; le plumage de tête , du cou , de la poitrine et du haut du ventre, est d’un très-beau noir ; le bas-ventre , les pennes et les cuisses sont olivâtres , mêlés de brun ; le dessous de la queue est d’un rouge fort vif ; sur chaque joue se trouve une tache d’un beau jonquille ; et sur le bas du cou, en arriéré , un demi-collier étroit, de la même couleur; le bec, d’un rouge assez vif à sa base, est noir dans le reste de sa longueur; les pieds sont d’un gris-bleuâtre ; les ongles, noirs ; sa femelle est représentée , pL ml. 729 , sous le nom de toucan à. ventre gris de Cayenne,

KOUPARA. C’est le chien-crabe de la Guiane;;, Yoyei Chien-crabe.

KOUR1. Animal propre au nouveau* Continent, Quelques-uns l’appellent petit unau . C’est en effet une espece voisine, peut-être une variété, une race , dans Fespeee de l 'unau. U lui ressemble beaucoup pour la forme du corps, et par un caractère essen¬ tiel : il n’a, comme lui, que deux doigts aux pieds de devant , et cinq à ceux de derrière ; mais il est de moitié plus petit que l’unau, et son poil qui est d’un brun-musc, nuancé de grisâtre et de fauve r est bien plus court et plus terne en couleur que dans le grand unau ; sous le ventre , il est de couleur musc clair , nuancé de cendré , et cette teinte devient plus claire encore sous le cou jusques aux épaules ^ ©ù se trace une bande foible de fauve pâle.

KOURQU-MARI. Nom donné par les Indiens k V herbe aux fléchés . Voye ^ ToulolA.

KOUXEURY , Asellus lacustris9 oris palato limæ instar exasperato. C’est un poisson du lac de Cayenne A très-connu dans le pays. Les Indiens du fond de la* Guiane se servent de l’os qui forme le palais de ce? poisson , au lieu de lime, pour polir les arcs, les» boutons et autres ouvrages en bois.

KRAKEN ou Poisson- montagne. Quoique l’on* sache que la mer produise les animaux les plus énormes* far leur niasse r tels- que les, baleines , les licornes , om

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ne peut guere croire à l’existence des krakens. Ce sont ^ dit-on , des animaux qui habitent les mers du Nord % et dont le corps a jusqu’à une demi-lieue de lon¬ gueur ; on le prendront pour un amas de rochers fiottans ou de pierres couvertes de mousse. Tous les pêcheurs de Norwége rapportent unanimement 9 à ce que l’on dit, que pendant les chaleurs et les beaux jours de l’été, quand ils avancent quelques milles en mer , au lieu de la profondeur ordinaire % qui est de quatre-vingt et cent brasses , ils n’en trou¬ vent que vingt ou quarante ; ils concluent de qu’ils sont au-dessus des krakens , dont la présence occasionne cette diminution de profondeur. La pêche est alors très-abondante pour eux ; à chaque instant ils prennent des poissons à l’hameçon : mais ils observent toujours si la profondeur reste la même; car si elle diminue , ils se retirent au plutôt , de peur que l’animal par son mouvement ne les fasse périr. Les Amateurs du merveilleux pensent que c’est une espece de polype, dont les bras , pour répondre à la masse du corps , sont de la grandeur des plus hauts mâts de vaisseau. On ajoute que les poissons sont attirés au-dessus de cet animal par les humeurs fangeuses qu’il rejette , et qui colorent la mer ; et comme tout doit être singulier dans un semblable animal , on dit que son dos s’ouvre, et qu’il engloutit ainsi les poissons qui sont au-dessus de lui , et lui servent de nourriture. Voyt[ Polype de mer.

KSEI. Gui du Japon à baies rouges. Ktzmpfer n’en vit qu’un au Japon dans un bois de mélezes.

KUCUI-LACKO. On connoît sous ce nom , dans, quelques endroits des Indes Orientales , le grand vurang-outang . Voyez ce mot .

KUILKAHUILIÀ. Voye^ ïbiboboca.

KUMRAH ou Kumrach. Nom d’une espece de jumart , que l’on dit être connue en Barbarie. Voye^ ly article JuMART.

KUPHE , Kuphus . M. Guettard donne ce nom â. lin tuyau vermicuîaire dont l’animal a le corps co^ nique , la tête grosse , l’extrémité postérieure fourchue*1 Le tuyau est conique , droit ou sinueux , ouvert à iei deux extrémités , fourchu à sa partie postérieure \

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dur* êt intérieurement divisé en deux parties ou tuyaux.

KUPFER-HIECHEM. Nom queles Mineurs donnent à de petits grains pyriteux , couverts d’un enduit vert , qui se trouvent dans quelques especes de pierres feuilletées : cet effet est le résultat du cuivre de la pyrite, décomposé par le vitriol. Voye% Pyrite.

Kupfer-nikkel. Les Mineurs de Saxe désignent par ce nom une mine à' arsenic , d’un rouge de cuivre brillante, dure et solide , compacte, rarement striée 9 et qui contient quelquefois du cuivre, et accidentel¬ lement du cobalt . Consultez le second volume de notre Minéralogie , pagt $4 , 70 et 9$ , nouvelle édition . Y oye£ l'article Nickel dans ce Dictionnaire.

KUSNOKI. Nom que les habitans de Bornéo donnent à l’arbre dont ils tirent le camphre.

KUTGEGHEF. Voyt% à l'article Mouette tache-*

TEE.

KWIKWI , à Surinam, est le tamoata .. Voyez

mot .

KYNORHODON. Rosier sauvage. Voyei à V article Rosier.

KYN-YU. C’est le poisson dlor de la Chine 9 qui e.st une espece de dorade . Voyez ce mot

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JLâBBE. C’est le stercoraire de M. Brisson et des plane, enlum. çpi. Les labbes, dit M. Mauduyt , sont les mêmes oiseaux de mer , que plusieurs Auteurs ont nommés stercoraires, parce qu’on croyoit qu’ils vivoient des excrémens que rendoient en volant les mouettes qu’ils sont dans l’habitude de harceler ; mais il paroîfc qu’il n’en est rien , et que les labbes , comme le dit M. de Buffon , ne poursuivent les autres oiseaux de mer , que pour les obliger à dégorger le poisson qu’ils ont pris et qu’ils retiennent au vol. Les labbes sont pour les mouettes , et particuliérement pour la petite mouette cendrée , ce que la frégate est à l’égard du fou , un ennemi incommode et dangereux dont ces oiseaux se délivrent en rendant la proie qu’ils avoient enlevée. ]Les labbes ont reçu leur nom des pêcheurs des mers du Nord, sur lesquelles ils sont moins rares que sur les nôtres ; ce sont des oiseaux palmipèdes ; les trois doigts antérieurs sont réunis par une membrane commune ; le doigt postérieur est isolé ; le bec est presque cylin¬ drique et sans dentelure ; l’extrémité de la portion supérieure est crochue ; celle de l’inférieure est arron¬ die ; le bas des cuisses est dégarni de plumes. Les labbes ressemblent beaucoup aux goélands et aux mouettes , par ïa longueur de leurs ailes , la quantité de plumes dont ils sont couverts , et la forme totale de leur corps ; mais ils en different par celle du bec , et c’est aussi par ce caractère qu’ils different des pétrels . Ils ont , dit M, de Buffon , le vol vif et balancé comme celui de l’autour ; le vent le plus fort ne les empêche pas de se diriger assez juste pour saisir en l’air les petits pois¬ sons que les pêcheurs leur jettent ; ils ménagent ces oiseaux , parce qu’ils sont pour eux l’annonce et le signe certain de la présence du hareng. Cet oiseau sq tient presque toujours en mer ; on n’en voit ordinal

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renient que deux ou trois ensemble , et c’est lorsqu’il ne trouve pas de pâture à la mer qu’il vient sur le rivage attaquer les mouettes , et leur donnant deux ou trois coups, les force à rendre par le bec le poisson qu’elles ont dans l’estomac ? et qu’il avale à l’instant. On distingue plusieurs especes de labbes.

Le Labbe proprement dit est , selon M. Mauduyî J à peu près de la grosseur de la petite mouette ; sa longueur totale est d’un pied cinq pouces , et l’enver¬ gure , de trois pieds et demi : tout son plumage est d’un brun sombre , plus foncé au-dessus du corps qu’en dessous ; le bec et les pieds sont noirs; il n’est pas très-rare d’en voir quelques individus sur nos côtes,- et même dans l’intérieur des terres ; ce sont des coups de vent , en hiver , qui les ont poussés.

Le Labbe à longue queue ; c’est le stercoraire à longue queue de Sibérie , plane, enlum. 762 ; F oiseau arctique 9 d’Edwàrds ; le strund-jager , de Ray ; le Larus parasi - tiens 5 de Linnæus. 11 est plus petit que le précédent , et remarquable par les deux longues plumes qui sont au milieu de la queue ; les latérales vont en décrois¬ sant ; le dessus et le derrière de la tête sont noirs ; le bas des joues , la gorge , le devant du cou , la poi¬ trine , sont d’un très-beau blanc ; le reste du plumage est cendré , mais plus foncé au-dessus du corps qu’en dessous ; les grandes pennes des ailes et de la queue sont même d’un cendré-noirâtre ; le bec est rougeâtre , noirâtre à sa pointe; les pieds sont jaunes et les mem¬ branes des doigts noirâtres.

Le Labbe raye ; c’est le stercoraire rayé de M. Brisson.1 MM. Edwards et de Buffbn regardent ce labbe comme la femelle du labbe à longue queue ; mais M. Mauduyt semble autorisé à le regarder plutôt comme étant la femelle du labbe proprement dit ; elle a la grosseur de ce dernier, et paroît aussi quelquefois sur nos côtes et dans l’intérieur des terres , tandis que le labbe à longue queue ne s’y voit jamais. Le labbe rayé a quelques ondes et quelques taches en bandes transversales moins foncées que le fond du plumage , à l’extrémité des plumes.

LÂBBERDAN ou Aberdaine. Noms que les Fli¬ bustiers Hollandais donnent au cabéliau , espece de

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m or ire qu’ils préparent sur leurs vaisseaux. Voyc^ 2 r article Morue.

LABDANUM ou Ladanum , est la substance aro¬ matique résineuse , que l’on retire , dans le Levant d’une espece de ciste. Voyez au mot Ciste.

LABIEES , labiauz ; Verticillatcz ; Dldynamoi ; Gym~ nospermœ , Linn. Toumefort est en quelque sorte le pre¬ mier qui ait nommé ainsi une famille de plantes , dans lesquelles les découpures inégales et irrégulières de la corolle imitent communément les deux levres de la bouche d’un animal.

La classe des labiées renferme des plantes herbacées l annuelles ou vivaces et des arbrisseaux , dont quel¬ ques-uns sont toujours verts. Les racines des labiées sont rameuses et fibreuses ; leurs tiges sont rondes quand elles sont vieilles, carrées étant jeunes, et les nouvelles branches opposées en croix : les feuilles sons de même opposées deux à deux , pointillées et ornées de petites taches brillantes ; le feuillage est aussi dis- posé en croix , et simple. La plupart des fleurs sont hermaphrodites, composées, dit M. Deleu^e , d’un calice simple , en tuyau ou en godet , d’une corolle monopétale en tuyau évasé , découpé en deux levres 9 qui renferment quatre étamines , dont deux sont plus courtes que les autres , et un pistil auquel succèdent quatre semences nues renfermées dans le calice : les fleurs sortent toutes des aisselles opposées des feuilles s la poussière prolifique est composée de corpuscules très-petits , blancs et transparais.

Ces plantes sont , i.° ou aromatiques chaudes , et elles ont une vertu sudorifique , fébrifuge et corro¬ borante; 2.0 ou piquantes, pénétrantes, et sont esti¬ mées errhines et céphaliques; 3.0 ou âcres et légère¬ ment corrosives ; 4.0 ou le plus souvent ameres , vulnéraires , astringentes et vermifuges. En général ces plantes sont d’un usage merveilleux dans les ma¬ ladies causées par l’atonie ou le relâchement des fibres* On en trouvera des exemples aux mots Bugle^ Romarin , Stcechas , Origan , Basilic , Sauge 9v Bétoine , Marrub'e, Cataire, Hysope , Sarriete Menthe , Pouliot , Thym, Lavande x Mélisse ?.etc,. qui sont de la famille des labiées*.

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LABPJE , Labms , Lion. Nom d’un genre de poissons pectoraux et épineux : il réunit quarante especes. Voye^ à V article Poisson. Tous ou presque tous ont un long filament à la nageoire dorsale. Nous ne citerons ici que ceux qui n'ont pas de nom propre. Il y a :

Le Labre bordé , Labrtis marginatus , Lino. Sa queue n’est point fourchue ; le corps et la bordure des nageoires dorsales et pectorales sont d’une couleur rousse sur un fond un peu brun ; la nageoire du dos a vingt-deux rayons , dont les deux antérieurs sont épineux ; celles de la poitrine en ont chacune dix-sept ; celles du ventre , six ; celle de l’anus en a douze , dont un épineux ; il y en a dix-sept à la queue.

Le Labre cinq -épines, Lahrus exoletus 9 LinnJ Cette espece se trouve dans l’Océan Atlantique ; son corps est marqué de plusieurs lignes bleues ; la na¬ geoire dorsale offre vingt-cinq rayons , dont dix-neuF sont épineux , et les autres mous et flexibles ; il y en a un long et semblable à un filament ; les na¬ geoires pectorales ont chacune treize rayons ; les ab¬ dominales en ont six , dont un épineux ; celle de l’anus en a treize, dont les cinq premiers sont épineux, et forment le caractère de ce poisson ; celle de la queue a treize rayons.

Le Labre fauve, Labms fulvus , Linn. ; Tardas caudâ convexd , Catesb. Ce poisson se trouve en Amé¬ rique. Catesby dit qu’il a quelquefois jusqu’à un pied de long ; les écailles dont tout son corps est recou»* vert, sont minces , d’une couleur argentée ; sa gueule est large ; la mâchoire inférieure dépasse celle de dessus , et est garnie d’une double rangée de petites dents ; trois grosses dents sortent de l’extrémité de la mâchoire supérieure ; le palais offre nombre de très-petites dents ; les iris sont rouges ; la nageoire dorsale occupe une grande partie du dos ; les pecto¬ rales et les abdominales ont une figure alongée ; celle de la queue est entière et arrondie par son extrémité , mais sa partie antérieure est armée d’un fort aiguillon.

Le Labre jaunâtre, Labrus rufus , Linn. ; Tardas fi&vus , Catesb, Cette espece qui se trouve dans la

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mer de FÂmérique Septentrionale, est le hog-jisB- des Anglois. Il n’est pas rare d’en voir qui ont jusqu’à deux pieds de longueur. Tout le corps , même les nageoires et les iris des yeux, sont d’un rouge jaïu- nâtre : la tête a quelque ressemblance avec celle d’un cochon; la mâchoire supérieure est cartilagineuse^ articulée de maniéré que ranimai peut l’avancer ou la retirer à son gré; elle est garnie de plusieurs fortes dents vis-à-vis desquelles il s’en trouve deux de la même grandeur dans la mâchoire inférieure; d’autres dents plus petites , aiguës et fort serrées , sont dispo¬ sées de chaque côté des premières; la nageoire dorsale a vingt-trois rayons ; les pectorales en ont chacune dix- sep t ; les abdominales , six ; celle de l’anus en a douze ; celle de la queue en a vingt , et représente un carré obîong, dont les bords latéraux seroient prolongés au-delà du côté qui forme la base ( caudâ lunata y dit Ltnn&us ).

Le Labre livide, Labrus Chinensis , Lînn. Ce poisson se trouve dans la mer de la côte Orientale de l’Asie ; il est d’une teinte livide , il a le sommet de la tête obtus et comme émoussé ; la nageoire tîorsale est garnie de vingt-quatre rayons, dont les dix-neuf premiers sont épineux ; les pectorales en ont chacune treize, flexibles ; les abdominales, six , donk l’antérieur est épineux ; celle de l’anus en a douze , dont les cinq premiers épineux ; celle de la queue , douze-

Le Labre ponctué , Labrus punctatus , Linn. *- Labrus bruneus , ossiculo secundo pinnarum vmtralium s et i for mi, Gronov. Cette espece se trouve dans les mers de Surinam. Linmzus observe que ce poisson & le dos marqué de neuf ou dix lignes longitudi¬ nales , composées de points bruns ou noirâtres, qui tranchent sur la couleur blanche des espaces inter¬ médiaires ; Gronovius dit qu’un des rayons des na¬ geoires du ventre s’étend comme un long filament ? la tête et le corps de ce poisson sont d’une forme épaisse, courte et élargie; il est tout couvert de grandes écailles lisses et brillantes ; la couleur du corps est brune ; vers les extrémités des opercules il y a une ligne noirâtre avec une tache de la même couleur * et outre les, ligues ponctuées qui s’étendent

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te le dos , il y a quantité de petites lignes trans¬ versales éparses sur la surface de la queue et sur la partie postérieure des nageoires du dos et de l’anus : la nageoire dorsale qui s’étend jusqu’à la queue, a vingt-cinq rayons, dont les quinze premiers sont épi¬ neux ; les autres flexibles et plus élevés; le vingtième est très-prolongé , en forme de filament; les na¬ geoires pectorales sont amples, elles ont quatorze rayons rameux et un simple ; les abdominales ont le premier épineux, le second en filament sétacé, et quatre autres flexibles et branchas; celle de l’anus en a douze, dont les quatre premiers épineux ; celle de la queue , qui est arrondie , en a dix- huit , tous rameux ; les lignes sont un peu arquées, mais interrompues vers le milieu de la nageoire du dos.

Le Labre rouillé, Labrus ferrugîneus 9 Linn. Cette espece , qui se trouve dans la mer de l’Inde , est gé¬ néralement d’une couleur semblable à celle que prend le fer par la rouille : la nageoire dorsale a vingt-huit rayons , dont deux épineux ; les pectorales en ont cha¬ cune seize; les abdominales, six, dont un épineux ; celle de l’anus en a douze, dont trois épineux; celle de la queue , qui est entière , en a dix-sept.

Le Labre strié , Labms striatus , Lino. Cette espece se trouve dans les mers de l’Amérique; son corps, selon Linnœus , est marqué de plusieurs lignes alternativement brunes et blanches, ce qui le fait paroître strié ; la nageoire dorsale a vingt-un rayons, dont dix épineux ; parmi les autres qui sont flexibles , il y en a un qui s’étend comme un long filament; les nageoires pectorales ont chacune dix-sept rayons ; celles de l’abdomen, six, dont un épineux; celle de l’anus, onze, dont trois épineux; celle de la queue en a douze rayons*

LABYRINTHE, Labyrlnthus . Nom donné à une espece de limaçon de marais , ou de riviere , ou des fossés : il a la coquille d’un pris obscur , plate , en forme de nombril à la partie supérieure, et à quatre échancrures rondes ; les stries longitudinales et trans¬ versales sont menues et élevées. Voye^ F article Li¬ maçon.

LAC y Lacusm On donne ce nom à de grands amas

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d’eau rassemblés au milieu d’un Continent, qui dessèchent jamais , et qui n’ont communication avec îa mer que par quelques rivières , ou par des conduits souterrains. L’eau de lac est quelquefois coulante, quelquefois stagnante : dans le premier casuelle ap¬ proche beaucoup de l’eau de riviere pour les propriétés générales ; même goût , même dépôt , mêmes usages î elle paroît également pure et sans couleur : dans le second cas, elle a, pour l’ordinaire, en été, un ceil verdâtre, qui peut-être n’est qu’aux feuilles des plantes aquatiques qui végètent souvent dans le fond des lacs. Au reste , cette eau stagnante doit être beaucoup moins chargée de parties terreuses , parce que son séjour et sa tranquillité en occasionnent le dépôt; elle doit être plus savonneuse à cause des parties de végétaux et d’animaux qui s’y poufrissent chaque jour. Les bains du lac de Neufchâtel ou d’Y* verdon sont , dit M. Bourgeois , employés avec beau¬ coup de succès contre les rhumatismes , la sciatique , et les maladies de la peau , comme gale , dartres , etc*

Toutes les parties de notre globe sont remplies de lacs ; mais la plupart semblent dispersés en plus grand nombre, près de ces especes de points de partage que l’on a observé sur les Continens. Voye ç aux articles Fontaine et Montagne. En Suisse * on en trouve jusqu’à trente-huit: il en est de même dans le point; de partage de la Russie et dans celui cle la Tartarie Chinoise en Asie. Mais on observe généralement que les lacs des montagnes sont tous surmontés par des terres beaucoup plus élevées, ou qu’ils sont au pied des pics, et sur la cime des montagnes inférieures.

En général un lac ne différé d’un étang que parce que l’étendue du premier est plus grande, et son volume 'd’eau plus considérable.

11 y a même des lacs si vastes, qu’ils paroissent comme une petite mer : tel est celui à" Harlem en Hollande , sur lequel d’assez gros vaisseaux font voile - et le lac Aral , qui a cent lieues de longueur sur cinquante de largeur , ou huit degrés carrés. On peut encore compter parmi les grands lacs , ceux de La -* doga et d'Onega en Moscovie , et celui de Neagk 9 dans le Comté de Down en Irlande ; le Palus Méotide

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% l’embouchure du Don : le lac Majeur en Lombardie; le lac des Iroquois dans le Canada : les lacs Huron , Supérieur , ( celui-ci a cent vingt-cinq lieues de long sur cinquante de large , ) et Michigan, dans ce même pays. Différentes causes peuvent concourir à la for¬ mation des lacs : telles sont les inondations , soit de mer , soit de riviere , dont les eaux portées avec violence sur des terres enfoncées ne peuvent plus se retirer. La submersion du terrain est entretenue par les eaux pluviales. Des tremble mens de terre ont encore préparé des bassins aux lacs . La plupart des lacs re¬ çoivent des eaux qui s’en écoulent ensuite, et toujours avec une sorte de proportion: tel est celui de Ge¬ nève ou le lac Léman , qui est traversé par le Rhône , qui en ressort ensuite. On en voit qui dépensent plus d’eau qu’ils n’en reçoivent , et d’autres qui en re¬ çoivent plus qu’ils n’en dépensent. Ceux de la pre¬ mière classe, qui ont un écoulement considérable, et qui forment une riviere ou un courant, sans qu’on puisse appercevoir de diminution sensible , re¬ çoivent des eaux souterraines qui les entretiennent : tel est le lac Bournou , d’où sort le Niger en Afrique* Ceux de la seconde classe , qui reçoivent quantité d’eau par des rivières , des ruisseaux et des courans , qu’on ne voit point augmenter, et à qui Von ne reconnaît extérieurement aucun écoulement ni déperdition que par l’évaporation , ont des dégorgemens ou conduits souterrains, au travers du sol de leur lit, qui est poreux et sableux. Le lac de Sodome appelé Mer morte , dans lequel le Jourdain se jette, et le lac Aral en Asie , en donnent deux exemples. Tels sont encore la mer Caspienne qui reçoit le Wolga et plusieurs autres rivières ; le lac de Morago en Perse , et celui de Titicaca en Amérique.

Les lacs qui se trouvent dans le cours des fleuves qui en sont voisins, ou qui versent leurs eaux au dehors , ne sont point salés : ceux au contraire qui reçoivent les fleuves sans qu’il en sorte d’autres , sont salés : ceux qui ne reçoivent aucun fleuve et qui ne versent point leurs eaux au dehors, sont ordinaire¬ ment salés s’ils sont voisins de la mer ; ils sont d’eau douce s’ils en sont éloignés» A l’égard des lacs^

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qui se trouvent en Sibérie , entre les rivières cTIrîiscfi et de Jaïlt, leurs eaux qui sont tantôt douces et tantôt très-salées et arriérés , tirent leur origine de courans souterrains , soit de la mer , soit des fleuves. Autant ce fait est singulier, autant il est digne de l’attention fles Naturalistes.

On trouve des lacs qui présentent des phénomènes singuliers dans le changement des saisons. C’est ainsi qu’en Ecosse le lac de Ness ne gele jamais , quel¬ que rigoureux que soit l’hiver; tandis que dans le même pays le lac appelé Loch-Monar ne gele qu’en Février. On a remarqué que les eaux du lac de Dont- letscherthal en Suisse , du lac Léman et de plusieurs autres, mugissent quelquefois comme une mer agitée , sans que le temps paroisse orageux. Les eaux du fameux lac du CaUndari , sur le Mont Arose en Suisse, mu¬ gissent et forment un tournant dont le centre est concave.

On a aussi observé que si ce phénomène arrive à l’approche de la pluie , les eaux perdent leur limpi¬ dité et paroissent sous des aspects extraordinaires: des personnes au-dessus des préjugés , croient y ’ap- percevoir des fantômes , lesquels en s’évanouissant insensiblement , font voir qu’ils n’étoient formés que par des vapeurs et des exhalaisons condensées (i). Le lac de Zirchnits en Carniole est un des plus sin¬ guliers que l’on connoisse : il reçoit beaucoup d’eau et ne déborde jamais : il se perd sous des montagnes qui l’avoisinent, par douze entonnoirs qui sont quel¬ quefois secs , d’autres fois humides , chargés d’oi-.

( i ) On peut mettre au nombre de ces apparences extraor¬ dinaires le phénomène du détroit de Regio dans la Calabre , îa disposition particulière des eaux des montagnes et des nuages fait en certains cas paroître des objets surprenans , et aussi propres à effrayer la multitude ignorante qu'à amuser les personnes ins¬ truites ; on sait par les voyageurs ce que c'est que îe météore appelé la Fée Morgane . Au-dessus du grand Canal de Messine , dans les beaux jours d’été , et dans un temps calme r il s’élève des vapeurs qui acquièrent bientôt une certaine densité , en sorte qu’elles forment des prismes horizontaux dont les faces , par leur disposition , réfléchissent et représentent successivement , comme un miroir mobile , les objets qui sont sur le rivage ou dans les campagnes ; arbres , bâtiwns , animaux , etc.

seaux

L À C aJ'Ôî

'seaüx de passage et de poissons. Ceci est une suite de la saison sèche ou pluvieuse. Dans la saison le lac se tarit, et lorsque la sécheresse a duré quelque temps, il se vide entièrement en vingt-cinq jours: alors les Habitans vont y prendre tout le poisson qui se trouve privé son élément. Cela n’empêché pas que lorsque l’eau y revient , l’on n’y trouve de nouveau une quantité prodigieuse de beau poisson. Si la sécheresse dure pendant long-temps , l’on y ra~ masse les roseaux dont on fait de la litiere aux bes¬ tiaux: on y récolte aussi du foin : quelquefois on y laboure le terrain * on y seme du millet qui croît et mûrit rapidement: enfin l’on y fait aussi la chasse ûu gibier et aux bêtes fauves qui descendent alors des montagnes. On soupçonne que le lac de Zirchnlts a sous son bassin uii autre lac souterrain qui fait jaillir l’eau par lès entonnoirs du lac supérieur, jusqu’à la hauteur de quinze à vingt pieds. C’est par ces mêmes trous que revient le poisson qu’on y retrouve. Lés Hydrologistes font encore mention d’un autre phé¬ nomène ^ que donnèrent en 1603 les eaux du lac de Zurich 9 et en 1703 celles de Délitz : elles devinrent tout à coup rougeâtres comme du sàng. L’observa¬ tion fit recôhnoître que des courans d’eaux bitumi¬ neuses , chargées d’ochre rouge de fer , vinrent alors se mêler aux eaux de ces lacs. Peut-être y eut-il une irruption souterraine, comme il en arriva dans quan¬ tité de rivières , lors de la derniefe catastrophe ar¬ rivée à Lisbonne : peut-être ces matières colorantes étoient-eîles interposées entre deux couches au fond des lacs . 11 y a de ces lacs à double fonçl en Suede* dans Jemteiand : leur fond supérieur s’élève en certains temps, couvre tout le lac , comme un as-* sémblage de planches flottantes , et s’affaisse en un autre temps. On a beaucoup d’autres exemples d’eaux cjui sont devenues colorées en très-peu de temps.

Mais aucun lac n’est aussi singulier que celui du Mexique; une partie des eailx de ce lac est douce et stagnante ; l’autre est salée , et a un flux et re¬ flux, mais qui n’étant pas assujetti à des heures fixes ÿ paroît occasionné par le souffle des vents , qui ren¬ dent quelquefois le tac aussi orageux que la mer Tome Vlh C

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même; l’eau douce est plus liaiae que l’eau salée; on la voit se mêler avec celle-ci sans retour , et pa~ roître y tomber. Tout le lac peut avoir cinquante lieues de circuit. Mexico est situé au milieu de ce lac . Il est probable que la langue de terre qui traverse en quel¬ que sorte le lac , et ou est bâtie cette ville, s'oppose à la communication générale de ces deux sortes d'eaux , et par conséquent à leur niveau commun. Le lac d’eau douce reçoit des eaux coulantes de tous côtés qui le faisant déborder, se versent dans l’autre lac qui est moins plein , et dont les eaux sont toujours plus basses. Quant à la salure de celles-ci, elles parois- sent la tenir de la mer du Nord qui s’infiltre à tra¬ vers les terres. Consultez h Journal des Savans 5 année i6y6> Enfin, un lac qui mérite l’attention du Voyageur, est celui qui se trouve au sommet de la fameuse montagne , connue sous le nom de Pic- d3 Adam dans le Ceylan. Ce lac est très-profond , et l’eau en est très-bonne.

LACERON. Voyei Laiteron.

LACERT , Callionymus Lyra y Linn. ; Uranoscopus os siculo primo pinnœdor salis longitudine corporis y Gronov. ; Gurnardus luteus , Act. Angl. ; Lyra Harwicensis , Petiv. Poisson du genre du Callionyme. Il se trouve dans l’Océan Atlantique; il est assez semblable au poisson appelé dragonneau , et que quelques-uns ont nommé aussi lacert ; mais Pespece que nous décrivons ici en différé , parce que le premier rayon de la nageoire dorsale est très-alongé , et s’étend jusqu’à l’extrémité du corps. Les côtés de sa tête , dit Linnczus , sont garnis de cinq aiguillons : lalevre supérieure est simple, au lieu qu’elle est double dans les autres poissons du même genre ; une espece de barbillon auprès de l’anus : la première nageoire dorsale a quatre rayons; la seconde, dix; les pectorales qui sont blanchâtres , en ont chacune dix-neuf, tous rameux vers le bout; les abdominales, cinq ; celle de l’anus qui est bleuâtre, en a dix ; celle de la queue , qui est un peu arrondie , en a au milieu dix , rameux. Voye^ maintenant 1 "article Dragonneau ( poisson ).

LÂCQUE ou Laque , Lacca . C’est une résine ou une espece de dre préparée par des fourmis de l’Inde

LAC ^ 403

Orientale, dont nous avons parlé à l’article d’une des especes de fourmi , Voyez ce mot .

Il y a aussi la laque artificielle ; c’est une substance colorée et colorante qu’on tire de différentes autres substances.

La laque de Venise est une pâte seche et rouge , bien différente de celle que les Indiens font avec la résine-laque, pour former des bracelets appelés ma¬ nilles. La laque de Venise , ou laque carminée qu’on prépare également bien à Paris, est une pâte qu’on fait avec la poudre d’os de seche , que l’on colore avec la cochenille , après qu’on en a tiré le premier et même le second carmin; on y joint la décoction de bois de Fernambouc, chargée d’alun et de soude ou de potasse en petite quantité. Cette laque sert aux Enlumineurs , aux Peintres pour peindre à l’huile et en miniature. Ce que l’on appelle laque colom~ bine ou laque plate rosette , est fait avec les tontures de l’écarlate , ( quelques-uns y joignent de la

garance , du kermès de Provence ou de celui du Nord, ) bouillies dans une lessive de soude, blanchie avec de la craie et de l’alun; on efi forme des ta¬ blettes carrées qu’on fait sécher. Elle sert aux Ta- bletiers et aux Apothicaires. On donne aussi le nom de laque liquide à une forte teinture tirée du bois de Brésil, à l’aide des acides. Beaucoup de plantes don¬ nent aussi des laques , especes de féculès colorantes. Il y a , selon Clusius ; La laque jaune de la fleur de genêt. La rouge du pavot. La bleue de la violette. La verte de Tachante. La noire de l’alaterne , etc. Ces laques sont en général d’une teinte peu constante ni durable.

On donne le nom de laque aux tables , vases et autres meubles enduits d’un vernis de la Chine. Ces ouvrages sont singulièrement estimés par leur beau noir , leur beau poli qui réfléchit les objets et imite en quelque sorte l’effet des glaces. Les anciennes laques sont recherchées à cause de leur dureté. Lorsque les cabarets et autres ouvrages de laque ont perdu leur éclat et sont devenus jaunes pour avoir versé dessus des liqueurs chaudes , on leur rend une belle cou¬ leur noire en les exposant pendant la nuit à la gelée blanche ou en les mettant dessus la neige. Il y a des

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laques For est appliqué avec toute l’industrie pos* sible.

Le vernis de la Chine porte aussi quelquefois seul le nom de laque. Voyez a F article Arbre du verdis de la Chine.

Làcque en herbes. Foyel à F article Morelle en

■GRAPPES.

LADANUM. Voye\ à F article Ciste.

LAEMMER-GEYER. Voy. à la suite du mot Condor*

LAGÂ. Il paroît que c’est le condori . Voyez ce mot *

LAGARDO ou Lagartor. Nom* que les Por¬ tugais et les Espagnols donnent dans Firme à Yalligater des Anglois : c’est le crocodile d’Afrique.

LAGETTO ou Lagette > ou Bois de dentelle* Arbrisseau très-curieux , lequel Se trouve dans les - montagnes méditerranées de la Jamaïque , et dans les mornes aux Antilles et dans la Guiane : sa ra¬ cine est chevelue, pivotante; les tiges qui s’en élè¬ vent sont assez droites , et se divisent en plusieurs rameaux placés sans ordre. Les plus fortes ont en¬ viron quinze pieds de hauteur et quatre pouces de diamètre. L’épiderme qui les couvre est blanchâtre, parsemé de taches grises; l’envelope cellulaire, ver¬ dâtre ; le liber , blanc , d’une saveur sucrée , épais de de deux à trois lignes , filandreux , séparé du bois , divisible en plusieurs couches ou superficies faites en •réseau , qui imitent la dentelle ou plutôt la gaze. Le bois est compacte, d’un blanc-jaunâtre; la moëlle d’un brun pâle : les feuilles sont en forme de cœur , terminées en pointe, arrondies par la base, longues de cinq à six pouces , larges d'environ quatre pouces, très-veinées , bien nourries , luisantes , d’un vert foncé en dessus , d’un vert pâle en dessous , couvertes d’un duvet fin et piquant, d’un goût âcre, sans dente¬ lure, disposées alternativement le long des bran¬ ches, portées sur un pédicule assez court; elles pous¬ sent à l’extrémité des branches. Les fleurs sortent des aisselles des feuilles. Le calice, dit Nicolson , est un tube caduque, terminé par quatre pointes; on y remarque six étamines; le pistil est conique, et de¬ vient une baie sphérique, très-blanche, de trois à quatre lignes de diamètre , en grappe , couverte d’une

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pellicule très-fine , garnie d’un duvet fin et piquant » remplie d’une substance blanche, aqueuse, fondante, sucrée, au milieu de laquelle on trouve une petite graine grisâtre, ovoïde , terminée par deux petites pointes , d’un goût d’aveline renfermée dans une cap¬ sule fragile.

On emploie quelquefois aux Isles. et ailleurs son écorce par curiosité. La première des couches qui vient après la grosse écorce, forme, dit-on , une espece de drap assez épais pour faire des habits : les couches intermédiaires ressemblent à une espece de mousseline, et Ton en pourroit faire des especes de chemises: toutes les couches de F écorce intérieure dans les petites branches, paroissent comme une toile de gaze ou de dentelle très-fine , qui s’é¬ tend ou se resserre comme un réseau de soie. On fit autrefois présent d’une cravate de dentelle de tar¬ gette à Charles H, Roi d’Angleterre. Aujourd’hui on en fait aux Isles des cocardes, dgs manchettes , et même des garnitures de robe.. Les Daines des Isles Philippines et des Isles Manilles , croit aussi le lagetto , font usage du liber ou écorce-dentelle de cet arbrisseau , pour leurs voiles. Les Negres , dans nos Isles , s’en servent pour faire leurs narres; on l’em¬ ploie encore à Saint-Domingue , pour faire des licous dans les quartiers il n’y a point de fine; Voyez Aloes-pitte. Ces toiles végétales, ourdies par la Na-» ture , sont assez fortes , pour être lavées et blanchies comme les toiles ordinaires. Pour blanchir cette den* telle, il suffit de l’agiter dans de l’eau de savon.

LÂGONIS. Nom qu’on donne en Toscane à de grands bassins d’eaux minérales , les unes chaudes , les autres froides , ou limpides, ou troubles. M. Mqscagni a reconnuque c’est par différentes bouches que s’exha¬ lent continuellement des, vapeurs chaudes, et sulfu¬ reuses, La chaleur intérieure du sol qui les avoisine L est si grande, que si l’on y, fait un creux et qu’on y jette de l’eau froide , elle y entre sur le champ en ébullition et se dissipe en vapeurs. Il ne faut pas marcher avec confiance sur toutes les parties de ce sol, notamment sur les bords des bouches. Il y en a qui, s’écroulent ou s’gntç ouvrent : on n’a que tçojk

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d’exemples de personnes qui se promenant sur ce terrait mobile et tremblant y ont été précipitées, englouties dans une vase liquide et brûlante, d’où on les retiroit aussi maltraitées que si elles étoient tombées dans une cuve d’eau bouillante. Les pyrites sont abondantes aux environs de ces lagonis ; il y a des eaux styptiques, d’autres à odeur de foie de soufre , et offrant à l'oreille des gazouillemens , et à la vue des intumes¬ cences très-considérables et fréquentes.

Il y a aussi de simples creux sans eau qui four¬ nissent continuellement des vapeurs et des exhalaisons dont l’impétuosité est très - grande : une pierre du poids d’une livre y ayant été jetée , fut repoussée en l’air à la hauteur de plusieurs brasses : ces va¬ peurs sont plus abondantes lorsque le temps se met à la pluie, quelquefois même elles sortent un peu enflammées. Leur odeur est celle du foie de soufre et du pétrole. Les bestiaux , dit M. Mascagni, s’y réfugient l’hiver pour se réchauffer , et l’été pour se soustraire à la poursuite des insectes. L’argent, même celui qu’on porte dans la poche, y noircit. Cet ob¬ servateur attribue le foie de soufre qui s’y fait sentir à la combinaison du soufre et de l’alcali volatil y lequel se combinant encore avec l’acide sulfureux 7 forme avec lui un sel ammoniacal.

Les terres et les différentes pierres plus ou moins dures des environs des lagonis se dégradent , se dé¬ composent insensiblement. L’on y trouve aussi des substances alumineuses , du vitriol , du sel ammoniac * du sel sédatif , de la sélénite, de la marne , de l’ar¬ gile , du schiste, du soufre ou terrestre et opaque > ou cristallisé , transparent et d’un beau jaune. M. Mas- çagni y a trouvé encore des parties de cinabre natif et du mercure coulant ; plus une terre sableuse de couleur cendrée qui donne en brûlant uue flamme bleuâtre.

Les Marins et les Navigateurs donnent le nom de lagons à de petits espaces d’eau de mer environnés de terre ou de sable , formés ordinairement par les sables que la mer apporte sur la plage , dans les coups de vent ou par quelque autre circonstance.

LÂGO PEDEj Lagopus, Oiseau du genre de la

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Gelinotte . M. de la Peyrouse , qui habite un climat le lagopède est commun, et qui a suivi et observé long-temps ses habitudes, croit que Y attagas des An¬ ciens et le lagopède des Modernes sont le même oiseau. Son sentiment est fondé sur les différences du plumage du lagopède , suivant Page et la saison ; et ces différences sont telles , selon les circonstances , que le lagopède , dit aussi M. Mauduyt, est évidem¬ ment, suivant le temps on l’observe, l’oiseau que les Auteurs ont nommé , tantôt attagas ou at- tagen , tantôt lagopède , et que d’autres ont appelé attagas blanc , gélinote blanche , gelinotte huppée . Le la¬ gopède est encore le même oiseau que le francolin de Selon et la perdrix blanche de Belon. Une telle ré¬ duction fondée sur les faits et les observations, est très-importante et très-utile aux Ornithologistes.

Le lagopède ou attagas , dit M. Mauduyt d’après M. de la Peyrouse , a environ quinze pouces de lon¬ gueur, deux pieds d’envergure, et son poids est au moins d’une livre; le bec est court et noir, la man¬ dibule supérieure un peu arquée: le mâle a une raie noire qui part de chaque côté du bec et qui s’étend jusqu’au-delà de l’œil; il est entouré par une large membrane charnue , festonnée dans son contour , d’un rouge vif ; cette mambrane est moins large et moins colorée dans la femelle : le plumage en hiver est d’un blanc éclatant , mais les tiges des six pre¬ mières grandes plumes des ailes sont noires: la queue est composée d’un double rang , chacun de quatorze plumes; le rang supérieur est* d’un blanc pur, Fin- férieur est noir, mais terminé de blanc. Les cuisses, les jambes et les doigts sont garnis d’un duvet long, épais, qui a l’apparence du poil; il ne paraît que les ongles à découvert, ils sont noirs, longs, crochus et creusés en dessous : la plante des pieds et les doigts en dessous sont nus; les poils , disons le duvet, dont ils semblent couverts, ont leur insertion sur les côtés: leur prolongement et leur direction les font passer sous la plante du pied comme on l’observe dans certains oiseaux de nuit.

En été, 1 z lagopède porte un vêterhent bien diffé¬ rent ; le fond de son plumage est noir , sè.mé de grandes

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taches rousses; il y a quelques plumes dont le bout est blanc ; la poitrine , les couvertures du dessous de la queue et des côtés sur-tout, sont rayés alterna^ îivement de noir et de fauve : les pennes des ailes conservant leur blancheur: un duvet long et soyeux, d’un bianc-roussâtre , couvre les cuisses et le jarret ; le derrière des jambes et le dessous des pieds sont nus et de couleur plombée; le devant de la jambe et le dessus des doigts portent un duvet presque ras , peu épais , d’un gris roussâtre ; telle est la livrée des lagopèdes qui sont âgés de plus d’un an : mais ceux qui, sont à leur première année ont le plumage gris, ponctué de noir , mêlé de beaucoup plus de blanc que dans les vieux , principalement aux ailes , à la gorge, sous le ventre, aux cuisses, aux jambes ét¬ aux pieds : ils ont ces parties fourrées autant en été qu’elles le sont en hiver , sur les vieux : enfin les fe¬ melles de tout âge ont les couleurs plus lavées quç les mâles. Les lagopèdes commencent en Octobre à blanchir , et sont t outra- fait blancs en Décembre : cependant on en trouve en hiver quelques-uns qui conservent plusieurs taches sur le dos et le derrière du cou. Ce sont, disent les chasseurs, des oiseaux de l’année : ils prennent en Mai le plumage d’été 9 ainsi que tous ceux de leur espece.

Le lagopède est un oiseau pulvérateur ; il a le vol pesant ; mais il est très-léger à la course ; il vit pen¬ dant l’hiver en société ; elle est composée du pere , de la mere et de la couvée. La famille est de sixqus- qu’à dix individus: ils habitent constamment les cimes des hautes montagnes ; ils sont communs principale¬ ment sur les Pyrénées et sur les Alpes : on en trouve aussi sur les mohtagnes de la Laponie et en Sibérie. linnœus en a observé en Suède clans les forêts: or en a envoyé du Canada : en un mot, les lagopèdes se trouvent dans tous les lieux ils rencontrent la température et les aiimens qui leur conviennent ; ils paraissent avoir un goût décidé pour le rhododendrum ferrugineum de Linnceus ; ils se nourrissent communé¬ ment des feuilles , des fleurs et des fruits de l’airelle , de la bousserolle , du zalea , du bouleau-nain, et de plusieurs autres végétaux, fis ont aussi du gpût^

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pomme la plupart des autres oiseaux, pour les in¬ sectes : chassés des sommités des hautes montagnes en hiver, par la quantité de neige et la disette qu’elle pccasionne en couvrant les végétaux dont les logo* fedes se nourrissent, ils cherchent les mêmes alimens dans des lieux plus bas, et qui, par leur position, sont presque toujours à découvert ; aussi-tôt qu’ils ont assouvi leur faim , ils regagnent la neige pour laquelle ils semblent être faits ; ils choisissent des endroits à l’abri du soleil et du vent qu’ils paraissent redouter ; ils se creusent, dans la neige, des trous ils de¬ meurent tranquilles , au milieu des lieux solitaires et inaccessibles. Ils changent assez souvent de trous et s’en creusent de nouveau en écartant la neige aveç les pieds; ils rejettent aussi celle qui tombe sur eux et dont ils se trouveroient couverts. C’est par le moyen de ces trous imprimés sur la neige que les «chasseurs suivent les lagopèdes comme à la piste, au milieu des précipices , et au risque de leur vie.

Le besoin d’une union plus intime sépare les fa¬ milles de lagopèdes au mois de Juin : alors ces oi¬ seaux S’apparient, et les couples s’écartent les 11ns des autres depuis le sommet des montagnes jusqu’ àj# moitié de leur hauteur ; chaque paire gratte de cqa? çert un creux circulaire d’environ huit pouces de diamètre au bas d’un rocher ou d’un arbuste : ce •creux, sans autre apprêt, sert de nid; la femelle, au bout d’un mois, pond depuis six jusqu’à douze œufs, le plus communément six ou sept; ils sont d’un gris-roussâtre , tachetés de noir. Le mâle, tant que dure l’inçubation , rôde sans cesse autour de l’en¬ droit la femelle couve , et fait entendre son cri fréquemment ; il lui apporte soigneusement de la nourriture, mais il ne prend jamais la place de sa compagne; l’incubation est de trois semaines : aussi¬ tôt que les petits sont nés, le pere et la mere les conduisent sur le sommet des montagnes parmi les rhododendrons , qui sont alors en fleur. La crue des petits est prompte : dès la mi- Août , ils ont déjà la grosseur d’un pigeon. On prétend que tant qu’ils sont jeunes , ils sont fort sujets à avoir les intestins farcis de vers , et que quelquefois on les voit voltiger

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ayant des vers qui leur pendent de l’anus de la lon¬ gueur d'un pied.

On prend les petits lagopèdes à la course , fort aisé¬ ment à l’aide d’un chien. Les faucons et les aigles sont friands de la chair de ces oiseaux , et ils en détruisent beaucoup; à la vue de ces oiseaux de proie, les lagopèdes se cachent sous des buissons ou sous les avances et entre les fentes des rochers ; on prétend qu’ils ne deviennent très-sauvages et ne fuient l'homme de fort loin que quand ils ont été chassés au fusil , etc. Leur caractère les porte à l’indépendance, ils ne peuvent s’accoutumer en servitude ; ils pér- rissent d’ennui en captivité, quoiqu’ils prennent la nourriture qui leur convient: la chair des jeunes est délicate ; mais celle des vieux est coriace et amere. Telle est, dit M. Mauduyt ^ la description et l’histoire détaillée par M. de la Peyrouse , d’un oiseau qui , par êa constitution , son indépendance , ses mœurs sociables, offre l’idée d’un être heureux au milieu des lieux ou l’on croiroit ne trouver que le chaos , le désordre et la misere.

Lagopède de la Baie d’Hudson ; c’est la perdrix - Manche $ Edwards. C’est une variété de notre lago¬ pède produite par l’influence du climat ; il est plus gros que le lagopède du Canada et de Sibérie , qui est lui-même un peu plus gros que le lagopède d’Europe. Le lagopède de la Baie d’Hudson est comme une race dans l’espece, mais plus vigoureuse et plus grande; le plumage de la saison l’été ne s’étend que sur les parties supérieures , et le ventre reste toujours blanc ; de plus, il est varié en dessus , pendant l’été , de larges taches de blanc et d’orangé foncé : les cou¬ leurs du lagopède d’Europe sont différentes et plus fondues.

LAGURÏER. Voyez Queue de lievre.

LAICHE ou Achée. Voye^ Vers de terre.

Laîche. Voye{ Leche.

.LAIE ou Làye , Scrofa . Est le nom que l’on donne à la femelle du porc sauvage ou sanglier . Ainsi la laie est la truie sauvage . Voyez Sanglier.

LAINE, Lana. Espece de poil souple et moelleux qui naît abondamment sur l’espece du mouton , animal

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que l’on a appelé bête à laine. Parmi les flocons de la laine abattue, on sépare ce qui est au cœur; c’est le plus fin, et on lui donne le nom de prime ; ce qui en approche le plus se nomme seconde ; on ap¬ pelle tierce ce qui vient ensuite: tout ce qui est jaune, déchiré et altéré, est mis au rebut , et s’emploie dans les étoffes grossières. La laine qui n’a point encore reçu d’apprêt porte le nom de toison . La laine-mere. est celle du dos et du cou. On tire de la laine-grasse , dite en latin-Z^/w succida , une matière graisseuse , en consistance d’onguent , grisâtre ou brunâtre , d’une odeur fade et désagréable, sujette à s’empuantir et à se durcir comme du savon : c’est ce, qu’on appelle oësipe , suint , ( GEsipus ) On en trouve beaucoup à la gorge et entre les cuisses des moutons : on le retire de la laine par l’ébullition. Les Droguistes en tiroient autrefois de la Normandie , de la Beauce et du Berry ; on s’en sert pour amollir les tumeurs et appaiser les douleurs. Son usage est à présent presque aboli. On prétend que le suint , après un temps très-long et une insupportable puanteur , acquiert une odeur agréable et approchante de celle de l’ambre gris. Voyei ce que nous avons dit sur la maniéré de perfectionner les laines au mot Beuer. Voye^ aussi V article Poil.

Laine d’ Autruche ou Laine- ploc. Voye^ i V article Autruche.

La ine de Fer. M. Guzttard , dans ses Mémoires sur différentes parties des Sciences et Arts , vol . I , dit qui l’on appelle laine de fer des filamens d’un beau Lia ne , qui s’étant d’abord élevés dans l’air en une es¬ pece de fumée lorsqu’on bat de certains fers après la fonte de la mine , tombent condensés sous une forme de fils. Les mines de fer de France qui don¬ nent de la laine de fer 9 sont celles d’Aurisc et de Cascatel en Languedoc. Notre Auteur prétend que cette laine appartient à une autre substance minérale que le fer, et que le cobalt et l’antimoine offrent des fleurs semblables à ces filamens: le zinc en donne aussi. M. Guettard croit que la laine du fer est due à l’intervention accidentelle de l’antimoine qui s’en de~ gage après la fusion quand on vient à forger le fer*' Cette espece de laine métallique est incombustibles

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c’est peut-être une espece de cadmie. On sait, âk Me Monnet ( Traité des eaux minérales y pag . 276 ) , qu’il se trouve souvent de la mine de £ inc dans les mines de fer , de même que l’on sait qu’il se trouve de la mine de fer dans la mine de 1 inc .

Laine de Moscovie. Nom que les Ouvriers en chapeaux donnent au poil ou espece de duvet très- fin et très-serré qui se trouve sous le ventre du castor* Voye ç ce mot.

Laine de Salamandre , est un nom qu’on donne quelquefois à l’amiante.

LAISSES de la Mer. Ce nom se donne aux terres de dessus lesquelles la mer s’est retirée. On dit laisse de basse mer , pouf désigner le terrain que la mer dé¬ couvre lorsquelle se retire et qu’elle est à la fin de son reflux. Voye 1 Mer.

«LAIT, Lac. C’est une liqueur blanche et opaque, nourrissante , d’une saveur douce , que l’on tire de$ mamelles des femelles d’animaux vivipares. Le lait $ suivant les analyses des Chimistes. , est composé d’une liqueur aqueuse , d’un sel sucré et acidulé , et d’une substance grasse, huileuse; ou, ce qui revient aq même , il est composé de trois substances très-diffé¬ rentes les unes des autres , qui sont le beurre , le fro¬ mage et le petit lait.

La crème de lait est la partie la plus huileuse et Iq pins grasse du lait ; comme cette substance n’est pas intimement dissoute dans le lait 9 elle s’en sépare par le repos ; dans cette altération , jdus ou moins spon¬ tanée , et que le lait subit infailiiblement , la .crème étant spécifiquement plus légère , vient se rassembler à la surface, d’où on Fenîeve pour achever de la débarrasser des parties caséeuses et séreuses qui lui sont encore mêlées , et poiir la transformer en beurre. Les opérations les plus communes pratiquées dan§ les laiteries prouvent cette vérité.

La crème récente est très-agréable : c’est elle qui rend le lait si doux , si savoureux et si nourrissant ; c’est elle qui , iiiterposée dans toute la substance du lait 9 lui donne ce blanc mat qu’il a : il résulte aussi de que le lait n’est qu’une émulsion animale , et que le beurre n’est que de la crème , dont Iqs partie.^,

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huileuses ont été rapprochées et séparées d’avec les parties hétérogènes par une percussion réitérée. En vieillissant ^ le beurre acquiert de la rancidité , la crime devient nauséabonde , et le lait se tourne. Ce phé¬ nomène est à Facide , qui par la fermentation des parties se développe de plus en plus. Le beurre ainsi que la graisse des animaux, ne fournit point dans sa décomposition d’alcali volatil. Le beurre frais , la crème et le lait récent sont des alïmens très-sains : on se sert en Médecine du petit lait pour rafraîchir , de la crème pour appliquer sur les dartres et les érysipèles , du beurre pour mûrir les plaies : on tire du petit lait (appel k lait de beurre ) évaporé, un sel essentiel, blanc et sucré , on le nomme sel ou sucre de lait , et l’on en prend dans de Feau pour se rafraîchir. C’est ce sel dont parle Kcetnpfer , qui étoit fort en usage chez les anciens Brachmanes.

Mais quelle différence de goût , d’odeur , de con¬ sistance et de couleur ne remarque-t-on pas dans les laits tirés d’animaux différens , tant herbivores que carnivores ; il nous suffira de citer en exemple le lait de femme , celui de la louve , celui de la cavale , celui de 1 ânes sc , celui de la chienne, celui de la chevre , Celui de la brebis , celui de la femelle du rhenne , celui de la vache y celui de la femelle du buffle , etc. Les Russes qui confinent à la Laponie , ont Fart de tirer par la distillation un esprit ardent du lait séparé par la fermentation de ses parties concrescibles et ca¬ séeuses , et dont ils font un grand usage. Voye i à V article ArâCK. Le peuple de FIslande se nourrit au¬ jourd’hui de iMt de vache , et le petit lait de beurre lui sert de boisson ordinaire* Il n’est pas rare de voir en Suisse et dans les pays voisins , des hommes se dé¬ saltérer avec cette boisson ; en France on le donne plus communément aux animaux domestiques, tels que les cochons , les veaux.

Voici les principales opérations de la laiterie dans nos campagnes. Pour faire le beurre , on écréme le lait refroidi et reposé , on verse cette crème très-fraîche dans la baratte , et on la bat jusqu’à ce quelle soit convertie en une masse jaunâtre , qui est le beurre * Celui de la Prévalaye en Bretagne , est réputé le

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meilleur. (En Barbarie , on fait le beurre en mettant îe lait ou la crime dans une peau de bouc , suspendue d’un côté à r autre de la tente , et en le battant des deux côtés uniformément. ) Cest aux Hollandais que les habitans des Indes Orientales doivent la çonnoissanc e du beurre salé et fondu . Pour faire le fromage 9 on em¬ ploie la présure , espece de levain animal , dont la

frrincipale matière est le lait caillé , qu’on trouve dans a molette ou le premier estomac du veau. On jette cette présure dans le lait, pour le faire prendre; en¬ suite on met ce lait caillé dans différentes formes , et on en laisse parfaitement égoutter le petit lait ; du moins c’est ainsi que se fait le fromage commua. Mais le bon fromage gras et beurré se fait avec la crime et le lait caillés ensemble. On peut encore faire cailler le lait des animaux , au moyen du suc du figuier , ou avec la plante appelée caille-lait : Voyez ces mots. Plusieurs pays ont des cantons renommés par l’excellence de leur fromage. Le Hainaut vante ceux de Marolles ; la Normandie, ceux de Livarot ; le Dau¬ phiné , celui de Sassenage ; la Suisse , le Schabtsigher ou fromage vert , il se prépare dans le pays de Glarner ; celui de Gruyères , qui se fait dans l’Ementhaî , avec une propreté et des attentions infinies; celui de Lavôge en Franche - Comté , porte aussi le nom de Gruyères , mais il n’en est qu’une imitation : peut-être celui de Brie les surpasse-t-il tous , même celui à la crème si vanté à Paris. Enfin , le Milanez envoie par¬ tout le fromage de Lodi , que nous nommons Parmesan , parce qu’une Princesse de Parme l’a , dit-on , fait connoître en France , il soutient toujours sa ré¬ putation. Tous ces fromages , ainsi que ceux de Hol¬ lande et d’Auvergne , sont uniquement de lait de vache , sans aucun mélange de lait de chevre , et 1a. crime y entre avec le lait ; ceux l’on a mêlé diffé¬ rons laits , ont un goût plus rance ou plus insipide ; celui du Mont-d’or , dans le voisinage de Lyon , est fait de lait de chevre ; on l’appelle chabrioux . Le fro¬ mage de Rocfort en Languedoc, passe pour être de lait de brebis. Ce qu’on appelle à Rome œufs de buffle, sont de petits fromages faits du lait des buffles fe¬ melles qtu paissent dans les marais Pontins : on donne

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à ces fromages la forme d’œuf : l’on dit ce manger assez délicat. Il y a une autre espece de ce fromage, que les Italiens appellent provatura ; il est d’une qualité inférieure à Y œuf de bujfîe ; le lait de buffle a un petit goût musqué. On présume bien que la différence du lait , le lait employé , soit cuit , c’est-à-dire bouilli , soit froid , la dose du sel , Fétat de la fermentation , en un mot, la diversité des manipulations, doivent produire une différence dans la saveur , l’odeur et la couleur de la pâte des fromages. Au reste, le fromage , à moins qu’il ne soit dégénéré par la putréfaction , est en général très-nourrissant : la partie caséeuse du lait est son principe vraiment alimenteux. Les habi- tans des montagnes , les gens de la campagne, et ceux qui sont occupés journellement à des travaux pénibles , se trouvent très-bien de l’usage de cet ali¬ ment, qui engraisse , et qui devient plus salutaire encore, comme tous les autres , par l’habitude. Quant aux personnes d’un tempérament délicat , elles m’en doivent manger que vers la fin du repas , et en petite quantité :

Caseus Me bonus quem dat avara manus .

Au reste, il faut, convenir que la constitution ordi¬ naire de ceux qui font un usage habituel du lait , offre un contraste très-frappant avec la constitution de ceux qui boivent habituellement du vin.

Il y a des végétaux qui procurent une abondance de lait aux femelles des animaux, sur-tout aux fem¬ mes : tels sont le cerfeuil , la verveine > Vanet , le fenouil , le sureau , le polygala , etc. ; le trèfle , la luzerne , le sain¬ foin , les feuilles d 'acacia procurent beaucoup de bon lait aux vaches. Il y a des plantes qui en diminuent ia quantité : telles sont la ciguë , le persil , les bourra¬ ches , etc. : d’autres , dont l’usage donne un mauvais goût au lait , et même à la chair des bestiaux. On sait que le thlaspi à odeur d’ail , qui est si commun dans les champs , et sur-tout dans nos terrains en friche , est nuisible aux vaches et aux brebis ; leur chair et leur lait en contractent un très-mauvais goût , 7 qui se communique au beurre et au fromage, La

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vcche ou àchi de montagne donne encore Une odeur ëï un goût fort désagréables à la chair et au lait des va¬ ches , qui en sont néanmoins fort avides* Vèuphorbé est de toutes les plantes étrangères et laiteuses $ celle qui donne un plus mauvais goût au lait et à la viande* Les moutons et les vaches n’ont pas plutôt mangé des tithy malts , dont le suc est âcre et caustique , qu’ils ont aussi-tôt la diarrhée. Les chevres n’en sont point incommodées. Le laitron ou palais de lievre , plante' montagnarde, dont les lievres et les rhennes*sont fort avides , altéré beaucoup le lait des vaches. Enfin , M. Hagstrœm , célébré Médecin Suédois , a observé que toutes les ailliaires et la plupart des plantes om- belliferes changent entièrement le goût du lait. C’est d’après des observations de cette espece , que M. Sténo - Charles Bielké , de l’Académie de Stockholm , propose de rendre le lait de vache spécifique contre le scorbut, en faisant manger à l’animal du pissenlit ou dent de lioni du cechlèaria , du becabunga , des bourgeons de sapin , de pin , et d’autres végétaux antiscorbutiques , etc. ; de même, pour donner au lait de chevre une pro-' priété contre la goutte ou la fievre , il voudrait qu’on fît manger à ces animaux de la morelle ou du tiihymale . Pour changer la saveur du lait et de la chair des ani« maux qui ont mangé des plantes ci-dessus , il faut leur donner du foin sec , et leur faire garder l’établé pendant huit jours. Tout prouve évidemment que le lait tire sa qualité des plantes qui servent d’aliment à l’animal qui nous le fournit. Aussi, les Médecins y dont la Nature est le guide, tirent le plus grand avan¬ tage des observations citées ci-dessus. Ils sont dans l’usage de médicamenter les nourrices , lorsque les enfans qu’elles allaitent ont quelque maladie. Tous les jours on leur donne de la racine de scorsonère , en décoction , pour purifier la masse de leur sang , et en même temps celui de leurs enfaùs. Tous les jours on purge les eftfans à la mamelle en purgeant leurs nourrices. Le lait des femmes participe donc de la qualité des médicamens et des àlimens qu’elles pren¬ nent. M. Parmentier dit que les paysannes , qui man¬ gent moins de viande et plus de légumes que les femmes de la ville , ont du lait plus abondamment, et

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fie mëîîîëurë qualité. Nous avons dit d-dessus que lait des brutes changé aussi de nature , suivant l’espece d’aliment dont on les nourrit ; il en conserve la couleur £ Je goût, l’odeur, les propriétés Quand on prescrit l’usage du lait de brebis, de vache, d’ânesse, de chevre, de jument^ aux malades, c'est ordinairement au printemps , quand les herbes sont dans toute leur force et vigueur, et en automne quand elles conser¬ vent encore un reste de leur vertu, et paroissent renaître en quelque sorte pour périr bientôt après* Ainsi les propriétés naturelles du lait sont de nourrir et d’adoucir. Celui de femme est séreux * cependant il donne beaucoup de crème , et donne facilement iin beurre fade ; ce lait est le plus analogue à nos humeurs ; celui de la chevre est moins fondant qué celui d’ânesse et de jument; celui de vache est le plus nourrissant de tous ; celui des animaux carni¬ vores est , selon M. h Clerc , d’une nature alcales- cente, et ne peut subir qu’une fermentation putride; il a le goût un peu âcre et l’odeur urineuse. Le lait des femelles herbivores tourne à l’acide , et peut fournir , par la destination , une liqueur spiritueusej On ne devrôit jamais faire bouillir le lait ni l’écumer ;* on n’en devroit faire usage que dans un degré de chaleur semblable à celui qu’il a, sortant des'rnamelles de i’animah Nous ne pouvons trop le répéter ? le ■Hit est un remede simple et efficace qui coûté peu et un remede qui devient universel , en multipliant ses vertus par le choix des végétaux , ou par les propriétés des alimens qu’on fait prendre aux animaux*! C’est d’après ces notions que plusieurs particuliers viennent de se réunir pour fournir aux malades de çette Capitale du lait qui sera approprié genre de maladie dont ils seront affectés. On ne peut que louer un établissement aussi utile à Phumanité.

Lait de Lune fossile ou Pierre de Lait , Lac luncz. C’est une terre , farineuse et calcaire , qui se trouve dans le fond de certaines sources , et dans les fentes ou creux des montagnes : elle est d’un tissu feuilleté , un peu semblable à de la raclure d’ivoire ; ses particules sont fines , légères, douces au toucher , blanchâtres , et sans liaison. Schmhier pense que le Tome Vlh B i

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Uh de lune tire son origine d’imë stalactite calcaire décomposée ou réduite eh poussière par le laps du temps. Il n’est pas possible de faire avec cette' terre aucuns vases dont la forme se soutienne , tant elle est aride. Des Auteurs ont encore parlé de cette terre sous le nom de movochius : c’est à proprement parler une espece* de gühr de craie ou d’agaric miné¬ ral 9 de farine fossile ; quelquefois elle est colorée. Le lm de lune est une terre absorbante.

LAITE ou LAITANCE. Partie des poissons mâles qui contient semence ou liqueur séminale* Voye à F article PoiSSON.

LAITIER ( plante ). Voye i Polxgàle,

Laitier -d'es‘ Volcans . Voye^ Pierre de Galle».

NAGE.

LAITRON , . Laiteron ou . Laceron , Sonchus ; Nous ne décrirons que trois especes de ce genre de plantes à tige herbacée , et de l’ordre des Demi-fieu«* r années ; ce sont les seules d’usage en Médecine.

i.° Le Laitron doux ou Palais de Lievre ; Sonchus lavis , laciniatus , latifolius , Ç. B. Pin. 124* Sonchus minus lacinïosus 9 mitior sive minus spinosus ] J. B. 2, 1014; Sonchus Levis Dod. Pempt. ‘643 y Sonchus ciliatus oleraceus et lavis ^ Linn. iti6. Est une plante qui croît par-tout, dans les jardins, dans les b|é^A(j|ansi les vignobles, sur les levées, et le long des , chemins , principalement dans les champs dont le terrain est un peu gras ; on en distingue plusieurs variétés: sa racine est petite, fibrée et blanche ; elle pousse une tige a la hauteur d’un pied et demi , creuse en dedans, tendre, cannelée, un peu purpurine ; ses feuilles sont assez longues , lisses * plus larges et plus tendres que celles du pissenlit 5 découpées en leurs bords, remplies d’un suc laiteux s rangées alternativement ; les unes attachées à de longues queues , les autres sans queue , embrassant la tige par leur base qui est plus large que le reste de la feuille: ses fleurs naissent en Mai et Juin, aux sommités de la tige et des branches , par bouquets à demi- fleurons jaunes et quelquefois blancs; elles sont semblables à celles du pissenlit : il succédé à ces fleurs des fruits de Sgure conique , qui contiennent de petites semences

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oblonguôs , brunes, rougeâtres , garnies chacune d'ime aigrette. Toutes ies parties de cette plante sont lai¬ teuses ; elle est bonne à manger en salade avant qu’elle ait poussé sa tige. ,

2.0 Le LaitroN épineux, Sonchus asper , LinnJ Il 17; et non laciniatus folio deptjs Içonis , C. B. Pin* 124; Sonchus laciniatus , spinosus J, B. 2 , 1014 ; Sonchus ïccvi s tenerior , Lob. Icon. 235 ;. ressemble asseau à la précédente espece: ses feuilles sont entières y peu ou point laciniées , garnies 'd’épines longues et dures. Elle rend un suc laiteux et amer: elle croît aux mêmes lieux que la précédente : ces deux especes sont annuelles.

3.0 Le petit Lâitron dit Terre- crêpe , Terra crepola , a une racine grêle , longue et (fibreusç : ses tiges sont rameuses ses .feuilles sont moins décou-» pées que celles de Fendive; ses fleurs §pni; jaunes ; ses jsemences sont aigrêttées. Elle croit n^urelléhisnt sur les collines pierreuses, sur les leyées , dans les dé¬ combres des édifices: elle fleurit tout l’été.* Il y a des endroits on la cultive dans les jardins pota^ ger-s pour la manger en salade.

L’usage de ces trois especes de laltron: est à peu près le même ; ces plantes ont un goût herbeyx , salé, et rougissent le^papier bleu; elles sont rafraî¬ chissantes, adoucissantes. Bien des pauvres; gens en mangent pendant l’hiver les "rgçines , fraie lies ^saU $onn;ée s comme les autres légumes^, myênie en saladej lùa .décoction des feuilles est bonne pour augmenter le lait aux nourrices; les vaches, les lapins, les lieyres et les autres animaux domestiques s’en nour¬ rissent avec plaisir.

Le Laitron Chicorée jaune ,, est le Sonchus repens , multis Hieracium ma jus , J. Bauh. . 3 ,1017; le Sonchus arvensis , Linn. 11x6 : sa racine est viyhçe et traçante; sa tige haute de trois pieds ou environ^ les fleurs, jaunes.

LAITUE, Lactuca. Cette plante demi -fleuronnée j connue de tout le monde, est ainsi nommée du suc laiteux qu’elle répand quand on la rompt. On la distingue en "deux especes principales ; savoir , en laitue Cultivée et en laitue sauvage*

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laitue tultivk domestique ëst âtîritièîle l èfc comprend plusieurs especes en sous-ordre, eu égard à la grosseur, à la figure et à la couleur: il y eri a de blanches, de noires, de rouges, de pommées, de crépues, de lisses ou de découpées. De toutes Ces especes de laitue cultivée , il y en a trois pria ci-* pales d’un usage fréquent , soit dans les ali mens , soit dans les remedes; savoir, lai laitue non pommée ÿ la laitue poifÿmée et la laitue romaine , nommée aussi chicoii. Parmi les laitues sauvages , celle à cote épineuse est la plus en usage parmi nous.

La LaÎTUE NÔM POMMEl, Lactuca sativa , vulgarisé non capitata , folio scarioltz , est une plante potager^ qui, étant entamée en quelqu’une de ses parties, donné un suc laiteux. : sa racine est longue, épaisse et fibrée; ses feuilles sont larges, lisses, d’un vert pâle, succulentes et agréables étant jeunes; mais elles deviennent ameres quand la tige paroît : cette tige est ferme , cylindrique , feuillée , haute de deint pieds , branchae , portant en ses sommités de petites fleurs jaunes ou quelquefois blanchâtres , qui sont des bouquets à demi-fleurons , auxquels succèdent de pe-J rites seménces garnies d’aigrettes pointues , aplaties et cendrées : c’est une des quatre petites semeneeâ froides. <

La Laitue POMMÉE , Lattuca sativa , vulgaris , ea* pitata , J. B. 2, 997 ; Lactuca capitata , C. B. Pin* 12 3; Lactuca sativa , sessilis sive capitata , Lob. Icon* 242, Lion. ii 18 ; a les feuilles plus courtes , plus larges, plus arrondies à l’extrémité que la précédente, plates et lisses , mais formant bientôt une tête ar¬ rondie la même maniéré que le chou ; la graine en est noire : 011 croit que cette laitue est originaire de Mayence.

Depuis quelques années on sert en salade , sur les grandes tables , deux autres especes de laitue pommée 9 bien plus belles , et panachées de blanc , de pourpre et de jaune: on les appelle laitue panachée de Silésie 9 et laitue de Batavia .

Les Jardiniers qui ont l’art de rendre crépues, tendres et pommées plusieurs especes de laitues , savent aussi les faire blanchir ça liant les feuilles par touffe

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fevec de la paille , pendant qu’elles sont encore jeunes et tendres. On seine la laitue pommée pendant toute l’année dans les potagers ; on l’arrache quand elle est encore tendre , et on la transplante dans des terres bien fumées : par çe moyen ses feuilles deviennent plus nombreuses et moins pommées.

Les laitues pommées étant séchées et brûlées, à feu ouvert, fusent de la même manière que le nitre jeté sur des charbons ardens.

On donne le potn de laitue crêpée frisée , Lac- tuca crispa % à celles dont les feuilles sont découpées , pliées et repliées comme yn çrêpe et de couleur obscure. Ce sont autant de variétés qu’on doit à la culture.

La Laitue Romaine appelée çhicon> Lactuca Romana , longa 9 dulcis 5 L B. 2, 998; a des feuillet plus étroites et plus longues que les précédentes ; elle n’est point ridée ni bosselée , mais garnie en dessous le long de sa côte de petites pointes : sa fleur et sa tige sont semblables à celles de la laitue ordinaire : ses graines sont noires. Cette laitue est une des plus exquises en potage ou en salade , sur-tout lorsque ses feuilles sont d’un jaune-blanchâtre.

De tous temps les laitues ont tenu le premier rang parmi les autres plantes potagères : elles sont excel¬ lentes qrues et cuites , et rendent le chyle bien con¬ ditionné. Elles sont rafraîchissantes, humectantes; laxatives , et conviennent aux jeunes gens réelles aug¬ mentent le lait aux Nourrices ,<et procurent un som¬ meil salutaire. Les Anciens ne mangeoient de la laitue qu’à la fin du repas , le soir , pour se procurer le sommeil. Mais dans le temps de Domttwx or^ changea cet ordre, et elles servoient d’entrée .aux Romains dans leurs festins. M, Bourgeois observe que les différentes especes de laitues , quoique fort saines pour les per¬ sonnes qui ont un bon estomac et qui digèrent faci¬ lement a sont fort nuisibles aux estomacs froids et foibles ; ils les rendent sans les digérer. Elles dérangent beaucoup les hommes hypocondriaques et les femmes hystériques.

Quelques-uns ont dit que l’usage des laitues rend les hommes impuissans et les femmes stériles. Il qst

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bien vrai, disent les Auteurs de la Mature 'Medicale % que cette sorte de plante n’excite pas les feux de l’amour, qu’elle les tempere, mais sans les détruire entière¬ ment : ainsi, ajoutent- ils , quoiqu’on les conseille beaucoup pour réprimer le désir de la concupiscence à ceux qiîi vivent dans le célibat , néanmoins les gens mariés qui désirent d’avoir des enfans, n’en doivent pas craindre l’effet.

La Laitue sauvage a côte épineuse, Lactuca sylvcstris , costâ spinosâ , C. B. Pin. 123 ; Lactuca virôsà 9 Linn. 1119; se trouve dans les haies, aux bords des chemins , dans les Champs et vers les prés , même dans les vignes et les potagers : elle a une racine courte et bisannuelle; sa tige qui a environ deux pieds est dure , blanchâtre , cylindrique et un peu épi- rieuse : les feuilles qui partent de la racine sont entiè¬ res ; celles qui partent de la tige sont étroites , sinuées 9 très-découpées, comme dentées ou armées d’épines un peu rudes le long de la côte qui est en dessous , et très- remplies de suc laiteux ; d’ailleurs elle est semblable aux autres laitues ; mais elle est plus amere , plus apé- ritive et plus narcotique. La culture corrige les qua¬ lités agrestes de cette plante , sans lui faire rien per¬ dre de ses qualités apéritives et rafraîchissantes. On a donné le nom de laitue scanole , 'Lactuca scariola , Linn» ÏI19, à une sorte de laitue sauvage, bisannuelle, qui croît dans les prés secs , dont les feuilles , qui par¬ tent de H racine sont sinuées , disposées verticale¬ ment , ainsi que celles de la tige qui sont sagittées , sessiles , dentées et ciliées ou épineuses sur l’extérieur de la côte. Cette plante ne doit pas être confondue avec la vraie scariole qui est une endive . Voyez à L article CHICORÉE.

Toutes les especes de laitues ne se multiplient que de graine. Les Jardiniers nomment celle à coquille ou à feuille ronde , laitue d3 hiver . Le raffinement sur cette espece d’aliment , a été jusqu’à forcer la Nature à satis¬ faire notre goût dans la saison la plus rigoureuse. Pour les faire lever promptement, on fait tremper la graine pendant vingt-quatre heures , et 00 la laisse sécher en¬ suite dans un lieu chaud; puis en Février et en Mars on la seme fort dru sur une couche et da$s

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des rayons qu’on a faits avec un bâton : on la cou¬ vre légèrement de terreau, et on y met aussi-tôt des cloches. Au bout de dix à douze jours, ces laitues peuvent être mangées en salade. Si on en avoit un besoin plus pressant , on les pourroit faire croître de meme en deux fois vingt-quatre heures dans des serres chaudes. Il faudroit pour cela faire tremper la graine dans de l’eau-de-vie, et mêler dans le terreau un peu de fumier de pigeon avec un peu de poudre de chaux bien éteinte ; mais ces sortes de laitues ne durent que huit jours sur couche. Les crêpes blondes sont des lai¬ tues de primeur ; elles se se ment à la fin de Janvier. Les autres especes se sement sur couche , ainsi que les précédentes , jusqu’en Avril , et on les replante sur terre , quand elles sont assez fortes pour les faire pom¬ mer , dans des trous faits avec le plantoir, et à un pied Fun de l’autre.

LAMA ou LHAMA , que les Espagnols écrivent ; Lima , et prononcent en mouillant la double //, Liama , est un animal propre à l’Amérique, et qui, dans ce nouveau Continent, semble remplacer le chameau . Voyez a V article PACO.

LÀMAN. Voyei Aguàraquya.

LAMANTIN. Voye{ Lamentin.

LÂNBDA. Foyei 4&AMMA DORÉ.

LAMBICHE. Voyei Guignetie.

LAMBIN. Quadrupède de l’Amérique , ainsi nom¬ , à cause de la lenteur de sa marche. Voye^ Paresseux.

LAMBIS. C’est, selon Labat , une espece de gros limaçon des mers de l’Amérique, dont tout le corps semble n’être qu’un boudin terminé en pointe et ou¬ vert à l’autre bout par une bouche ronde et large , d’oü il sort une membrane épaisse , qui sert à l’ani¬ mal pour prendre sa nourriture et pour se traîner, tant au fond de la mer que sur les hauts fonds on le trouve ordinairement. La chair de cet animal est blanche et ferme ; plus l’animal est gros, plus elle est dure à cuire et de difficile diges¬ tion : elle ne laisse pas d’être grasse et d’avoir de la saveur.

La coquille de cet animal , qui a la forme de

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Panimal lui-même , et qui est parsemée d'un à deuil rangs de pointes émoussées, se vend très-bien dans le pays. Elle sert de cor de chasse à plusieurs nations sauvages : on en fait une chaud excellente , qui prend à la longue , étant mêlée avec du. sable de riviere , la dureté du marbre. Le défaut de cette coquille est d’êtré beaucoup plus dure à calciner que la plupart des autres coquilles dont on se sert aux Mes pour la même opération.

On trouve des lamhis d’une grosseur énorme : il y en a qui pesent plus de douze livres. Non-seulement les couleurs extérieures de cette coquille sont agréa¬ bles , mais on ne trouve encore rien de plus beau, de plus poli, de plus lustré que son émail intérieur.

Le Jajjibis de plusieurs Conchyliologistes est un rocher ou murex à aile épaisse et à bouche couleur de rose. Cette coquille est naturellement revêtue d’un épiderme fauve-roux, ornée de stries tranversales, et à orbes couronnés de tubercules très-saillans. Les lamhis , encore jeunes, ont la levre fort mince et moins étendue en aile. Voye ç Murex.

LAMBLAR. Espece de rat de Norwége , Voyez Leming.

LAMBOURDE» A Paris , les Tailleurs de pierre donnent ce nom à une pierre calcaire blanchâtre , fort tendre, qui se trouve dans les environs de cette' Capitale , notamment près d’Arcueil ; elle porte depuis dix-huit pouces jusqu’à cinq pieds de hauteur de banc, elle se délite ou se fend facilement à J’air.

LAMBRUS. Voyei Vigne Sauvage.

LAMENTIN ou Lamantin ou Manatî. Les V oyageurs et les Auteurs sont peu d’accord sur la des-* cription de cet animal aquatique. Presque tous ont confondu l’hippopotame, le phocas ou veau de mer, le lion de mer , l’ours marin , ainsi que la vache marine ou bête à la grande dent et le dugung, avec le lamantin .

Le lamantin est le manatî de Fernandez ; Manati ^ Phocce genus , Glusius ; Manatus , Brisson ; Tricheciiç manati 9 Linn. ; Manati ou manatte par les François des ïsles ; Pesce mouller ou poisson-femme des Portugais i || sir me et la truie cTeau de quelques Voyageurs*

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Le lamantin ou manati est un gros animal amphibie , qui varie pour la grandeur : on en voit qui ont plus de vingt pieds de longueur sur six à sept pieds d’épaisseur , à l’endroit oii corps est le plus gros. Ils pesent depuis cinq cents jusqu’à huit cents et douze cents livres : la tête quoique plus grosse que celle d’ua bœuf et hideuse , est petite en comparaison du corps; l’ouverture des oreilles ( c*est-à-dire les trous au¬ ditifs , ) très-petite , peu apparente ; mais le lamantin n’en a pas l’ouïe moins fine : sa tête est couverte d’une peau dure et épaisse , garnie de poils courts , clairs , d’un cendré-brun ; il a de grandes babines et quelques poils plus ou moins longs ; les narines sont grandes ; les yèux ronds , sans iris , et très-petits à proportion de la gran¬ deur de l’animal : son cou est court ; la partie de l’arriéré du corps est; beaucoup plus menue que celle de l’avant, et va toujours en diminuant jusqu’à la queue : la peau du corps est raboteuse , très-épaisse , et dans quelques especes elle est parsemée de poils rares : il a deux mamelles placées sur la poitrine , et deux especes de bras palmés qui partent des épaules % près du cou , et qui ont la figure de vraies nageoires ; elles lui servent aussi de mains : c’est pourquoi les Espagnols établis à l’Amérique lui ont donné le nom de manati . Ray dit que si Diogène avoit connu le lamantin , il n’auroit pas eu besoin de chercher dans un coq plumé un bipede sans plumes , puisque le ma- nati est une espece de bipede sans plumes/

Le lamantin est vivipare , et s’accouple dans l’eau à la maniéré de l’homme ; les parties de la génération sont plus semblables à celles de l’homme et de la femme, qu’à celles d’aucun autre animal, et les en¬ trailles ressemblent à celles du taureau. Dans la femelle * la vulve n’est pas située comme dans les femelles des autres animaux , au-dessous , mais au-dessus de l’anusj Cet animal a le sang chaud et n’est point dangereux; il est même fort doux ; il n’a point de dents devant , mais seulement une callosité dure comme un os , avec laquelle il pince l’herbe ; il a trente-deux dents mo¬ laires ; la langue , très - étroite et très - courte : il remonte les fleuves et mange les herbes du rivage , auxquelles il peut atteindre sans sortir de l’eau ; il nage

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à la surface et préféré les eaux doiîces à celles qui sont salées ; il ne se rencontre pas en haute mer , il est même rare de îe trouver aux embouchures des rivières dont il habite îe courant*

Dans le régné animal , , dit M. de Bujfon , c’est ici que finissent les peuples de la terre , et que commencent : les peuplades de la mer. Le lamantin , qui n’est plus quadrupède, n’est pas entièrement cètacêe; il retient des premiers deux pieds , ou plutôt deux mains ou palmes attachées à sa poitrine; mais les jambes de derrière , qui dans les pkocas et les vaches marines sont presque entièrement engagées dans le corps et raccourcies autant qu’il est possible, se trouvent ab¬ solument nulles et oblitérées dans le lamantin . Au lieu de deux pieds courts et d’une queue étroite plus courte , que les vaches marines portent à leur derrière dans une direction horizontale , les lamantins n’ont pour tout cela qu’une grosse queue qui s’élargit en éven¬ tail dans cette même direction ; en sorte qu’au pre¬ mier coup d’œil il sembleroit que les premiers au¬ raient une queue divisée en trois , et que dans les derniers ces trois parties se seroient réunies pour n’en former qu’une seule : mais par une inspection, plus attentive, et sur-tout par la dissection , l’on voit qu’il ne s’est pas fait de réunion qu’il n’y a nul vestige des os des cuisses et des jambes , et que ceux qui for¬ ment la queue des lamantins , sont de simples verté¬ brés , isolées et semblables à celles des cétacées qui n’ont pas de pieds : ainsi, ces animaux sont céta¬ cées par les parties de l’arriere de leur corps , et ne tiennent plus aux quadrupèdes que par les deux pieds ou deux mains qui sont en avant à côté de leur poitrine*

Quoique informes à l’extérieur, ces animaux sont à l’intérieur très-bien organisés ; et , si l’on peut juger de la perfection de l’organisation parle résultat des actions extérieures , ils seront peut-être plus parfaits que les autres ; car leur naturel et leurs mœurs sem¬ blent tenir quelque chose de l’intelligence et des qualités sociales ; ils ne craignent pas l’aspect de l’homme, ils affectent' même de s’en approcher et de le suivre avec confiance et sécurité; çet instinct pour

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toute société , est su plus haut degré pour celle de leurs semblables ; ils se tiennent presque toujours en troupes et serrés les uns contre Ses autres avec leurs petits au milieu d’eux, comme pour les préserver de. tout accident; tous se prêtent, dans le danger, des secours mutuels; on en a vu essayer d’arracher le harpon du corps de leurs compagnons blessés , et sou¬ vent l’on voit les petits suivre de près le cadavre de leurs meres jusqu’au rivage les pêcheurs les con¬ duisent; ils montrent autant la fidélité dans leurs amours que d’attachement à leur société ; le mâle n’a communément qu’une seule femelle qu’il accompagne constamment avant et après leur union.

M. de la Condamlne , dans sa Relation de îa riviere des Amazones* dit avoir dessiné d’après nature, à Saint-Paul des Omaguas, à cinq ou six cents lieues de la nier , le plus grand des poissons d’eau douce qui soit connu; que les Espagnols et les Portugais «ont donné à ce poisson le nom de 'poisson-bœuf , et qu’il ne faut pas le confondre avec le phocas ou veau Hiarin„ li ajoute que sa chair et sa graisse ont assez de rapport avec celles du veau , qu’il n’a point de cornes comme l’a dit le Pere d'Acuna , qu’il ne sort jamais entièrement de l’eau , et que même il n’en peut sortir parce qu’il n’a que deux nageoires assez près de la tête : ces nageoires sont plates , en forme d’ailerons; elles ont quinze à seize pouces de lon¬ gueur, et lui tiennent lieu , ainsi que nous l’avons dit , de bras et de mains : il ne fait qu’avancer sa tête hors de l’eau pour atteindre l’herbe qui croît sur le bord du rivage; il mange aussi' des feuilles de palé¬ tuvier: il ne peut donc jamais venir à terre, et ne peut même se /traîner dans la vase : quand il s’en¬ gage dans des marigots ou petites rivières , dès - que les eaux décroissent, il échoue et demeure pris; il m’y a plus assez d’eau pour qu’il puisse nager sans toucher le fond et regagner le fleuve. Le sentiment du P. Labat se trouve appuyé ici de celui de M. de la Condamine. Cet Académicien dit que Fherbe dont les lamantins se nourrissent est longue de huit à dix pouces, étroite , pointue, tendre, d’ün assez beau $vert 5 et qu’il est aisé de voir quand ces animaux

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sont en pâture sous l’eau, parce que l’herbe qui leu# échappe en broutant vient au-dessus de l’eau.

M. de la Condamine a encore trouvé cet animal* qui n’est que le petit lamantin d’Amérique 5 dans l’Oyapoc , dans POrénoque , et dans plusieurs autres grandes rivières des environs de Çayennè et de la Côte de la Guiane. On le trouve toujours très- éloigné delà mer: on le rencontre fréquemment dans la riviere des Amazones et dans les autres grandes rivières qui descendent dans celle des Amazones , comme dans le Guallaga , le Pasraça , etc. Il n’est arrêté en remontant l’Amazone, que par le Ponge (cataracte) de B orja , au-dessus duquel on nren trouve plus; il ne boit que de Peau douce.

Ces animaux sont très*-timides ; iis s’enfuient promp¬ tement sous l’eau dès qu’ils entendentle moindre bruit : ce caractère est commun à tous les poissons et animaux nageurs qui sont sans défense. Il arrive souvent à ces animal de s’endormir ayant le mufle hors de l’eau ; c en est assez pour le faire découvrir par les pêcheurs» Pour prendre le lamantin on tâche de s’en approche^ sur une nacelle ou un radeau , et on lui lance * avec force , une grosse fléché attachée à un très-long cordeau , à l’extrémité duquel on a soin d’attacher un gros morceau de liège pour servir renseignement* Lçs Negres sont fort adroits à cet exercice. Dès que* de l’avant de leur canot , ils ont harponné un lamantin , ils laissent filer la corde qui y est attachée : l’animal blessé s’enfuit; les Negres guidés par le bois flottant ou le morceau de liège qui est au bout delà corde, le suivent; et s’il vient à portée, ils le dardent de nouveau , ils lui lancent un second harpon , afin d’accé? ïérer la perte de son sang : souvent une heure suffit pour l’épuiser, ordinairement il en faut deux tout au plus* Lorsque l’animal a perdu ses forces, son sang, et qu’il est mort , il vient sur Peau : les Negres le mettent dans leur canot avec une adresse singulière ; ou si l’animal est trop gros pour la capacité de leur canot , ils lui passent une corde au-dessous de la queue , et l’amarrent à l’arriere du canot pour le conduira à terre. >

(Comme on voit quelquefois la fçn&eUe 4U lamantM

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füivïe de deux petits de même grandeur ] il y a lieu de croire que la portée de ce vivipare est au plus de deux par an ; elle n'est ordinairement que d’un , que la niere embrasse et porte entre les nageoires qui lui servent de mains ; elle allaite pendant un an , après quoi le petit est en état de la suivre* de se pourvoir lui-même et de manger de l’herbe. Les mamelles sont très-proéminentes dans le temps de la gestation et de l’allaitement des petits. Noiis avons dit qu’il est rare qu’on manque de prendre les oetits , lorsqu’on a pris la mere; quoique déjà assez grands pour n’être plus allaités * ils nagent très-bien , et ne l’abandonnent guère. Il est certain que cet animal muitiplieroit beau** coup plus s’il étoit plus en repos* mais indépendam¬ ment de l’homme , une quantité d’animaux iclity ophages ou carnivores lui font continuellement la guerre avec d’autant plus d’avantage qu’il est peu armé.

Au-dessous la peau de cet animal * on trouve une *>u deux couches de graisse ou de lard de quatre à cinq pouces d’épaisseur , ferme et d’un aussi grand usage que celui dq cochon : ce lard et la panne qui est dans le cqrps, étant fondus, font une espece de beurre qui ne roussit et ne rancît pas aisément.

La chair de cet animal est un alimerit'assez communé¬ ment employé par une partie des habitans de la Gua¬ deloupe , de Saint-Gfestophe , de la Martinique et des autres Isles voisines ; Fon en apporte tous les ans de Terre-ferme plusieurs navires chargés. Les habitans des bords de l'Amazone et les François établis à Cayenne, trouvent sa chair d’un assez bon goût. Les Flibustiers et la plupart des Indiens de l’Isthme de Darieîi n’ont souvent d’autre ressource , pour vivre 9 que la pêche du lamantin ; ils prétendent que la chair prise depuis la moitié du corps jusque sous le ventre, ainsi que les mamelles, sont d’une grande délicatesse* La peau de cet animal est bien plus épaisse que celle du bœuf% et peut être tannée ; et lorsqu’elle est bien prépa¬ rée , elle donne un cuir très-fort. Quand on ne veut pas se donner cette peine , on en fait des courroies , des bau¬ driers , et même des semelles desoùliers très^durables.

On trouve dans la tête du lamantin quatre pierres

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blanches auxquelles les peuples de la Chine et de l’Amérique attribuent de grandes vertus.

L’espece du lamantin existe aussi sur les côtes et clans les rivières de f Afrique * etc. Nous avons con¬ signé les caractères généraux et communs à tous les lamantins ; mais il y en a de particuliers par lesquels on peut distinguer chaque espece.

i.° Le grand lamantin du Kamtschaika 9 Cette espece est très-nombreuse dans les Mers Orientales , au-delà de Kamtschatka , surtout aux environs de l’Isle de Béring, et paroît être Ta plus grande, ayant environ Vingt-trois pieds de longueur: sa tête est de figure obiongue; l’extrémité du museau est rabattue de ma¬ niéré que la bouche ou la gueule se trouve tout-à-fait au-dessous son ouverture qui est petite est environnée comme de doubles ievr'es tant en haut qu’en bas; l’on voit à leur surface un grand nombre de tuber¬ cules d’oii sortent des soies blanches ou des moustaches longues de quatre ou cinq pouces: ces levres fopt le même mouvement que celles des chevaux lorsque l’animal mange ; les narines sont situées vers le bout du museau et très-grandes ; la mâchoire supérieure est plus longue .que l’inférieure: il n’y a point de dents, il y a seulement deux os durs et blancs, dont Fun Nest fixé au palais supérieur ,, et l’autre à Ja mâchoire inférieure ; ces os sont criblés de plusieurs petits trous; leur surface extérieure est néanmoins polide et crénelée , de maniéré que la nourriture se broie entre ces deux os en assez peu de temps : il n’y a point de sourcils aux yeux , mais dans le grand angle de chaque œil est une membrane, cartilagineuse 9 en forme de crête, qui peut, comme dans la sari- covienne couvrir le globe de l’œil en entier, à la volonté l’animal ; les bras qui partent des épaules auprès du cou , et qui ont plus de deux pieds de longueur , sont formés et articulés comme le brçs et Tavant-main de .l’homme : cet avant-bras d w lamantin finit avec le métarcarpe et le carpe , sans aucun Vestige de doigts ni d’ongles : le carpe et le métacarpe 'sont environnés de graisse et d’une chair tendineuse re¬ couverte d’une peau dure et cornée.

Le grand lamantin à soixante vertèbres 5 dont trente-»

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cinq dans la queue qui est élargie horizontalement et terminée par une substance à peu près semblable à celle du fanon de la baleine ; la peau de ce lamantin est un cuir d’un pouce d’épaisseur , et dont l’extérieur ressemble plus à l’écorce rude d’un arbre qu’à une peau. Elle est si dure sur-tout lorsqu’elle est seche, qu’on a peine à l’entamer aveclâ hache : les Tschutcliis s’en servent pour faire des nacelles ; elle est de couleur noirâtre et sans poil; il y a seulement quelques soies rudes et longues autour des nageoires , autour de la gueule et dans l’intérieur des narines.

Le grand lamantin du KamtschatKa 'ai nie les plages vaseuses des bords de la mer , il se tient aussi à l’em¬ bouchure . des rivières ; il est si peu farouche , qu’il se laisse approcher et toucher avec la main ; il faut le frapper très-rudement pour qu’il s’éloigne , mais un moment après on le voit revenir au même lieu : ils sont ordinairement accompagnés, d’un petit de la dernkre portée, et d’un autre plus grand de l’année précédente. Le temps de la gestation est d’environ un an ; iis s’accouplent au printemps , et plus souvent vers le déclin du jour qu’à toute autre heure; ils profitent cependant des momens ou la mer est la moins agitée, et préludent à leur union par des signes et des mouvemens qui expriment leurs désirs.

Il est facile de harponner ces lamantins , parce qu’ils ne s’enfoncent presque jamais en entier sous Peau* Cet animal rend beaucoup de sang par ses blessures 9 et ce sang qui jaillit comme une fontaine , paroît s’arrêter dès que l’animal a la tête plongée dans l’eau; mais le jet se renouvelle toutes les fois qu’il l’éleve au dessus pour respirer : les fucus et autres plantes marines servent de nourriture à cet animal; il enfonce sa tête dans l’eau, et ne la relevé que pour rendre l’air et en prendre de "nouveau ; en sorte que quand il mange, il a toujours la partie antérieure du corps dans l’eau; la moitié des flancs et toute la partie postérieure au-dessus de Peau i lorsqu’il est rassasié 9 il se couche sur le dos saris sortir de l’eau et dort dans cette situation très-profondément ; sa peau est toujours maî-propre et nourrit une grande quantité termine que les mouettes et quelques autres oiseaux

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viennent manger; sur son dos : ces lamantins sôfil très-gras au printemps et en été , mais en hiver ils sont si maigres, qu’on distingue facilement sous la peau le dessin de leurs vertebres et de leurs côtes; c’est dans cette saison qu’on en rencontre quelques^ uns qui ont péri entre les glaces flottantes.

Tout le corps de ces lamantins est enveloppé d’une graisse épaisse de plusieurs pouces, et cette graisse exposée au soleil , y prend la couleur jaune du beurre : elle est très-bonne au goût et à l’odoraf on la peut conserver long-temps, même en été; on l’emploie aux mêmes usages que le beurre et l’huile; celle de la queue sur-tout est très-délicate; sa chair qui a le goût de celle du bœuf, est dure à manger et exige une longue cuisson.

z.° Le grand lamantin des Antilles est devenu rare aux environs de ces Mes , depuis qu’elles sont bierÉ peuplées : il différé de celui du Kamtschatka par sa peau rude et épaisse , qui est parsemée de quelques poils qui sont , ainsi que sa peau, de couleur d’ardoise : chaque main offre cinq ongles fort courts, assez semblables à ceux de l’homme ; il a de plus une callosité osseuse au-devant de chaque mâchoire, et trente-deux dents molaires au fond de la gueule ; la forme de la queue est plutôt carrée qu’aplatie : la longueur de ce lamantin est de douze à dix-huit pieds* Du reste , le grand lamantin des Antilles ressemble au grand lamantin du Kamtschatka 9 par les mœurs et les habitudes naturelles , etc.

3.0 Le grand lamantin de la mer des Indes paroît avoir plusieurs rapports avec le grand lamantin des Antilles .

4.0 Le petit lamantin d3 Amérique, Cette espece plus petite que les trois précédentes * est en même temps plus nombreuse et plus répandue que la seconde dans les climats chauds du Nouveau-Monde : elle se trouve non-seulement sur presque toutes les côtes, mais encore dans les rivières et les lacs qui se trouvent dans l’intérieur des terres de l’Amérique Méridionale $ comme dans TOrénbque , l’Oyapoc , l’Amazone , etc* on le trouve aussi dans la Baie de Campêche et autour des petites Mes qui sont au Midi de celle de

Cuba

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Cuba? rarémint il fréquente les eaux de la mer, mais il habite constamment les fonds élevés des côtes basses et des rivières croissent les herbes dont il se nourrit. C’est de cette espece de lamantin que parle M. de la Condamïw , et dont nous avons fait mention ci-dessus. Les femelles, dans cette espece, produisent ordinairement deux petits que la mere porte sous chacun de ses bras, et serrés contre ses mamelles, dont ils ne se séparent point , quelque mouvement qu’elle puisse se donner : pendant l’année l’allai¬ tement, devenus assez forts pour nager, ils suivent affectueusement la mere ; ils ne l’abandonnent ni quand cl le est blessée, ni même après sa mort ainsi que nous lavons dit : la longueur du petit lamantin d'Amérique est de sept à dix pieds. Ces lamantins , dit Gumilla , pesent chacun depuis cinq cents jusqu’à sept cents cinquante livres. Ils bondissent hors de l’eau , à une hauteur assez considérable, lorsqu’il doit pleuvoir.

5.0 Le petit lamantin du Sénégal différé du petit lamantin d" Amérique , en ce qu’il a des dents molaires tant à la mâchoire supérieure qu’à l'inférieure , et quelques poils sur le corps : les trous auditifs sont encore moins marqués. M. Andanson qui a vu beau¬ coup de ces animaux , dit que les plus grands n’avoient que huit pieds de longueur , et pesoient environ huit cents livres. Leur couleur est cendrée-noire ; la tête est conique, le museau presque cylindrique; les mâchoires sont à peu près également larges , les levres charnues et fort épaisses ; la langue de forme ovale est presque entièrement adhérente à la mâchoire infé¬ rieure; les bras sont à peu près cylindriques , composés de trois articulations principales , dont l’antérieure forme une espece de main aplatie, dans laquelle les doigts ne se distinguent que par quatre ongles d’un rouge-blanc et luisant; la queue est horizontale et a la forme d’une pelle à four. Les femelles ont des mamelles plutôt elliptiques que rondes , placées près de l’aisselle des bras : la peau est un cuir épais de six lignes sous le ventre, de neuf lignes sur le dos, et d’un pouce et demi sur la tête. La graisse est blanche et épaisse de deux ou trois pouces ; la chair est d’un rouge pâle, et plus délicate que celle du Tome VIL E e

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veau. Les Negres Ôualofes ou Jaîofes appellent cet animal 1er cou. 11 se trouve à l’embouchure du fleuve Niger. 0n voit , par cette description , que le petit lamantin du Sénégal différé bien peu de celui de Cayenne , qui ne doit pas être confondu avec le petit lamantin d'Amérique proprement dit.

LAMIE , est la plus grande espece de chien de mer, ou de requin , ou de goulu de mer. V oyez Requin.

LAMIER, Lamium . Voyez à la suite de Y article Ortie.

LÂMINCOUARD, arbre de la Guiane : il est de moyenne grandeur; son bois est quelquefois percé à jour. Il est très-bon pour faire des fourches ou des poteaux à enfoncer dans la terre : il sert à cet usage à Cayenne faute d’autre. Mais. Rust . de Cayenne

LAMIODONTES. Voye{ Glossopetres.

LAMPE SÉPULCRALE , Lucerna aut Lampada sepulchralis . La vanité de l’homme survit quelquefois à ses cendres éteintes. On a vu , chez les Anciens 9 des gens riches ordonner par testament qu’on gardât leur corps , et qu’on entretint une lampe allumée dans leurs tombeaux. C’étoit même un usage assez général de mettre des lampes dans le séjour des morts. Lorsqu’on enterroit vive une Vestale qui avoit enfreint le vœu de chasteté, on mettait aussi dans son tombeau une grande lampe allumée. Voilà pourquoi l’on trouve souvent en terre, à côté des anciens tombeaux, un vase funéraire fait en forme de lampe , lequel a contenu la matière enflammée que Ton avoit déposée comme hommage aux mânes ou à la mémoire d'une victime.

On a débité bien des contes sur ces lampes sou^ terrai nés : or> a prétendu qu’elles brûloient perpé¬ tuellement sans aucun secours étranger, c’est-à-dire sans le renouvellement de la matière inflammable, et dans des réduits inaccessibles à toute impression de l’air, etc. Ce qui a donné lieu à cette fable, est un certain tombeau que l’on voit dans la Crimée , à vingt pieds de profondeur , dans un roc ou l’accès de l’air n’est pas interdit , et de la pétrole ou du naphte distille continuellement dans la lampe dont la mèche enflammée est de fibres d’amiante * qui 3 comni^

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î’oil sait, est incombustible. Voye{ ÀMIANTE. Quel-’ ques personnes ont cru que ces lampes souterraines clonnoient une clarté continuelle > sur le rapport de ceux qui , creusant la terre , dirent que ces lampes ne s’étoient éteintes qu’au moment elles avoient pris, l’air. Une matière phosphorique inflammable * tell® que celle qui s’observe quelquefois dans les cime¬ tières, a pu s’enflammer en sortant de ces tombeaux :; ils ont cru que c’étoit la lumière qui venoit de s’éteint dre. Les plus simples connoissances de Physiques indiquent que la flamme ne pe&t subsister sans urg aliment continuel; Voye\ Feu. Au reste, ces lampes sépulcrales perpétuelles , ces lampes inextinguibles tant vantées par quelques Auteurs , si suspectes pou& quelques autres , Viennent d’être remises en honneur (en 1756 ) à Naples par le Prince San-Severo * On ne soupçonne pas le nombre des chercheurs de lampes perpétuelles , pour parvenir au secret de la pierre phi^ Josophale.

LAMPETTE. Voye^ à l'article Nielle des Blés»

LAMPOTTE. Foyei Lepas.

LAMPROIE , Petromyçon , Linn. Nom d’un genre de poissons de mer et de riviere , anguiiliformes par le corps ; mis au rang des poissons cartilagineux , quï aiagent ordinairement en grande eau , qui sucent les pierres , les rochers et la surface intérieure des vases dans lesquels on les enferme* Iis ont sept évents ronds de chaque côté , et point de nageoires sous le ventre* On en distingue de trois especes :

i.° La Lamproie marbrée, Petromy^on mârinus J Linn. ; Lampetra major aut maculosa. Cette grande lamproie , qui se trouve tantôt dans la mer , et tantôt dans les grands fleuves qui vont y décharger leurs eaux , a le corps d’une forme alongée ^ d’un jaune verdâtre, marqueté çà et de taches anguleuses jaunâtres et de points noirs : la peau est d’une teinte bien moins foncée sur le ventre. Sa peau adhéré fortement à la chair , mais moins fortement que celle de l’anguille , et on ne l’enleve pas toujours, lorsqu’on prépare cette lamproie pour l’usage de la table. La tête ii’est point distinguée du tronc ; l’ouverture de la gueule est ovale ; son bord est garni de fibres qui le font

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paroître déchiqueté , et qui par leur viscosité, peu¬ vent aider ce poisson à s’attacher aux corps qu’il semble lécher ou sucer ; d’où lui vient le nom latin de lampctra : l’intérieur de la gueule offre environ vingt rangées de dents jaunâtres 9 aiguës , et qui vont en croissant vers les parties du fond; ces rangées s’éten¬ dent du centre à la circonférence, et chacune d’elles est composée de quatre , cinq ou six dents : vers le fond de la gueule on distinque deux autres rangées de dents qui sont moins grandes que les précédentes : la plus considérable de ces rangées représente une lame de scie dentée des deux côtés. Ce poisson resserre tellement sa gueule pour saisir la pierre ou le bois, qu’on croiroit qu’il les suce ; il faut même faire des efforts pour l’en détacher ; ce qui a fait comparer la lamproie à la sangsue : aussi quelques-uns ont-ils nommé ce poisson sangsue de mer ou faux rémora . Le sommet de la tête est marqué , entre les deux yeux , d’une tache blanchâtre , auprès de laquelle est une ouverture ou un petit tube, environné d’une membrane un peu saillante et ouvert jusque dans la gueule. Ce tube , selon Willughby 9 est nécessaire à la lamproie 9 quand sa gueule est appliquée contre un corps, pour recevoir l’eau qu’elle rejette ensuite par les ouïes. Celles-ci sont au nombre de sept de chaque côté , et disposées sur une ligne longitudinale , d’une forme ronde ou ovalaire; les yeux sont ronds , enfoncés , couverts d’une membrane déliée ; la couleur des iris est d’un jaune pâle. Il y a deux nageoires dorsales , dont la seconde est distinguée de celle de la queue; elles sont molles et membraneuses : il n’y a point d’autres nageoires.

Cette lamproie acquiert jusqu’à trois pieds de lon¬ gueur sur quatre à cinq pouces de diamètre. La peau, est enduite d’une humeur visqueuse. Le ventre a une espece de mouvement de palpitation , par lequel il s’enfle et s’abaisse alternativement, comme la poitrine des animaux qui respirent. On prétend qu’on étouffe- roit aisément ce poisson , si on le tenoit par force sous l’eau.

La lamproie entre au printemps dans les rivières pour y déposer sa progéniture , et s’en retourne

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ensuite dans la mer : c’est la saison Ton en pêche beaucoup; car dans la mer on en prend peu. Oh assure que ce poisson est ovipare, et que quand il a jeté ses œufs , il devient sec et dur ; nous soupçonnons cependant qu’il est vivipare, et nous ne plaçons pas la lamproie parmi les poissons ovipares, puisqu’elle ne peut respirer dans l’eau à la maniéré de ces derniers. Il paroît que ces poissons anguilliformes et vivipares devroient faire une section à part dans l’échelle de la Nature.

La lamproie , sur-tout l’individu mâle , est meilleure à manger dans le printemps que dans tout autre temps, encore faut-il qu’elle ne soit pas cordée; elle le devient lorsque le principal cartilage, qui lui sert de vertebre , s’est endurci et a pris la forme d’une corde : sa chair molle et gluante nourrit beaucoup et augmente l’humeur séminale ; mais elle est pesante et pernicieuse à ceux qui ont le genre nerveux foible: les vieillards doivent en user bien sobrement; car il faut employer des aromates , etc. pour relever le goût de sa chair. La graisse de la lamproie est émolliente et adoucissante : on en frotte le visage et les mains de ceux qui ont la petite vérole, pour empêcher qu’il n’y reste des marques. Son foie est bleu , quelquefois vert.

On a aussi donné à la lamproie le nom de mu¬ rène de riviere . La murène est d’un autre genre ; Voyer .Murène»

La lamproie est sujette à une maladie singulière; ce sont des insectes qui s’attachent à. ses yeux. Mu - ralto dit que ces insectes ont deux pieds, longs et ronds avec des nœuds et des pointes blanches et luisantes : leur ventre est épais , ponctué et rond , mais plat comme celui des punaises. Des deux côtés de la tête sortent deux especes de bras qui soutiennent un œil fort transparent et convexe. . Outre cet œil. Mur alto a observé à la tête de ces insectes deux autres yeux noirs, une petite barbe et une bouche fort large. L’œil que les bras soutiennent ( et qui n’est peut-être qii’uo suçoir ) est fortement attaché à l’œil de la lamproie ; en sorte que ces insectes semblent sucer fhumeiir des yeux des lamproies , et les aveuglent*

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2.0 La Lamproie surnommée branchiale ~ Fetro* my\on branchialis , Linn. ; Lampetra parva et fluviatilis % Willughb. On l’appelle chatillon à Toulouse ; sept* ceil à Rouen ; lamprillon , lamproyon , ailleurs. Zz/z- TZÆ&j l’a désigné sous le nom de branchialis , parce que, selon cet Auteur, elle s’attache aux ouïes des autres poissons. Cette lamproie n’a que quatre à cinq pouces de longueur, sur trois à cinq lignes de dia¬ mètre. Son dos est d’un noir livide ; le ventre est d’un blanc- argenté. Cette lamproie , qui ne diffère d’ail¬ leurs de l'espece précédente que par les dents moins nombreuses et par sa taille , se trouve dans le Rhin % le Danube, la Seine et autres fleuves.

3.0 La Lamproie appelée prycka par plusieurs Auteurs, Petromyion fluviatilis , Linn. ; Bick ou Prick ou Neunogen des Allemands; Nattingy en Suede. Elle se trouve dans les rivières d’Europe; la couleur du dos est d’un bleu-noirâtre ; celle du ventre a la blan¬ cheur et l’éclat de l’argent. Ce poisson a environ neuf pouces de longueur.

LÂMPSÂNE ou Herbe aux mamelles , Lamp - $ana , Dod. Pempt. 675 ; J. B. 2 , 1028 ; Soncho

ajjinis , Lampsana domestiça , C. B. Pin. 124; aut cGm- tiunis , Linn. 1141. C’est une plante annuelle qui ressemble un peu au laitron, et qui croît commu¬ nément dans les jardins et les vergers, le long des champs et sur le bord des chemins. Sa racine est simple, blanche et fibrée: sa tige est haute de deux à trois pieds, ronde, cannelée, rougeâtre , un peu velue et creuse : ses feuilles ressemblent assez à celles du laitron des murailles : ses fleurs naissent aux sommets des branches, formées en bouquets ronds, à demn fleurons jaunes. Il leur succédé des capsules canne¬ lées, remplies de menues graines, noirâtres* un peu courbes et sans aigrettes. M. Ddeuie observe que ces capsules ne sont autre chose que le calice dont chaque piece repliée en gouttière embrasse une des, semences.

Cette plante est toute d’usage : elle est rafraîchis¬ sante, laxative et émolliente. Son suc guérit la gale * St particuliérement le bout du sein quand il est fendi|

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écorché ; c’est ce qui lui a fait .donner le nom herbe aux mamelles .

On distingue une lampsane fétide , Hyoseris fœttda J Linn. 1137. Cette plante qui croît dans les terrains arides et sablonneux , a l’aspect du pissenlit; sa racine est vivace ; la hampe haute de trois à quatre pouces, foible, glabre; les feuilles qui partent de la racine sont glabres, un peu étroites, très-découpées et re¬ courbées vers leur base ; le calice extérieur est court et peu garni ; la fleur est jaune.

LAMPT. En Afrique on donne ce nom au {ébu* V oyez ce mot *

LAMPUGE. Voyez Pompile.

LAMPYRE. Voyez Ver luisant.

LANCEOLE ou LANCELÉE. Voyez d ï article Plantain.

LANCERON. Nom qu’on donne au brochuon * Voyez Brqcuet.

LANDAN. Voyez à V article SAGOU.

LANDE. Voyez Genêt épineux et ta remarque sur les Joncs.

LANDES, du mot Allemand lànd qui signifie pays» On appelle ainsi une grande étendue de pays, composée de terres incultes et sablonneuses qui ne produisent que du genêt, du jonc marin , de la fougere, du houx , de la bruyere, des ronces et quelques genievres. En Provence les landes sont couvertes de peu de plantes épineuses; elles sont toujours ornées de marjolaine^ de mélisse , de lavande , de véronique , de bétoine , de sauge, de thym, de serpolet, même de jasmin, etc. Ces landes , toutes sauvages , toutes brutes qu’elles sont, ont encore leur usage. On brûle ces plantes vers la fin de l’été, ou dès qu’elles sont desséchées: leur cendre bonifie la terre, et le feu empêche le rejet des racines; mais on doit veiller à empêcher îa communicaton du feu en nettoyant les chaumes et toute l’herbe du côté de l’endroit ou l’on craint que le feu ne communique , en choisissant un temps calme, et en faisant quelques tranchées. Ces plantes étant brûlées, on arrache à la pioche les racines des arbustes , et après les pluies d’automne on laboura ce terrain avec une charrue à versoir et à gros sillons;:

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on donne un second labour au printemps* et ori peut alors y semer de l’avoine : la seconde année on doit lui donner trois bons labours , si on veut y semer du blé , et la troisième elle produira une bonn& récolte.

Combien de terrain en friche dans la Bretagne," dans la Guyenne , la Provence , le Dauphiné , etc. , pourroient être défrichés, écobués et rendus fertiles par une semblable opération ! J’avoue que les landes qui sont sablonneuses, comme celles de Bordeaux, ou caillouteuses et pleines de tourbières, de mica9 arides, noirâtres, etc. ne sont pas propres à être défrichées pour les semailles : mais ne pourroit-on pas en faire un autre emploi ? n’y a t-ilpas d’autres productions que la culture leur feroit rapporter et qui nous affranchiroient de la nécessité de recourir à l’Etranger.

Lorsque nous avons parcouru les terrains de chaque Province de ce Royaume, nous les avons examinés avec toute l'attention convenable, même par la voie de l’analyse. De retour à Paris, nous avons rendu compte verbalement aux Ministres du précis de nos observations ; nous avons toujours attendu des ordres qui nous missent en état d’exposer plus au long ces détails importans , ainsi que ceux qui ont quelque rapport aux arts et aux métiers, ou à la construction et entretien des grands chemins, etc.

LAND1ER. Vôyt{ Genêt épineux.

LANERET, est le mâle du Lanier. Voye^ce mot ; Lhm et l’autre sont des oiseaux de proie , qui tiennent constamment la perche. Le laneret vole pour la cor¬ neille, pour le courlis , etc.

LANGAHA. C’est le nom d’une espece particulière de serpent, à Madagascar ou il est assez commun. Les Habitans ont beaucoup d’aversion pour ce reptile; ils osent à peine le regarder. L’expérience leur a appris, sans doute, à le craindre. Ce serpent, dit M. Bru - gniere , se rapproche du genre que Linnczus a désigné sous le nom de Crotalus . Il a plus de trente pouces de longueur; il est de la grosseur du petit doigt : sa mâchoire supérieure est terminée en pointe par un appendice long de neuf lignes 3 tendineux et üexible ;

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les dents sont comme celles de la vipere : le dos est recouvert d’écailles rhomboïdales et de couleur de brique, cerclées de gris avec un point jaune; le ventre est muni de cent quatre-vingt- quatre bandes circulaires, dont quatre-vingt-dix avant", et quatre- vingt-quatorze après l’anus , toutes de couleur grisâtre et luisante : le crâne est couvert de sept écailles , dont ïa centrale est la plus considérable; plus, quatre écailles blanchâtres. Ce serpent ne seroit-il pas le même qui est désigné sous le nom de serpent dit le ne% retroussé ? Voyez ce mot .

LANGOU. Liane de Madagascar , dont le fruit ressemble à une poix anguleuse. Les habitans mâchent ce fruit pour se noircir les dents , les gencives et les îevres , ce qui est une beauté parmi eux ; Veye £ Liane.

On donne aussi le nom de langou , à une prépa¬ ration de cassave : Voye^ V article Manihot.

LANGOUSTE , Locusta marina . Des Auteurs ont donné ce nom à la sauterelle de mer , à F hippocampe *€>u petit cheval marin , et à une espece & écrevisse ou cancre. Voyez ces mots .

La langouste proprement dite ou sauterelle de mer J est un crustacés couvert d’une croûte peu dure. TI a deux longues antennes qui sont garnies d’aiguillons à leur base, et deux autres antennules au-dessous, plus déliées et plus courtes : le dos ou le corselet est rude et plein de crêtes dures : la queue est lisse , forte , composée de cinq tables , et terminée par cinq especes de nageoires. Cette queue fait l’office de rame : c’est une grande écrevisse de mer, qui n’a point de pinces comme les autres crustacées. Voye ç les mots .Cancre, Crabe, Ecrevisse, Homard, etc.

Les langoustes vivent dans les lieux pierreux : elles sont communes dans la Méditerranée. Pendant l’hiver elles cherchent l’embouchure des rivières , et dans l’été elles se retirent ailleurs. Pline dit qu’elles se battent entre elles avec leurs cornes, et Rondelet prétend que la femelle différé du mâle en ce qu’elle a le premier pied fourchu à l’extrémité * et qu’il se trouve sous sa queue des naissances ou appendices doubles qui soutiennent les œufs,

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LANGRAïEN , pL enl 9. fig, 1. L'oiseau connu sous le nom de langui-langraïen à Manille , capitale de llsle Luçon, ainsi que celui nommé tcha-chert à Madagascar , paroissent à M. de Buffon être rappor¬ tés mal-à-propos au genre des Pie-griêches 9 parce qu’ils en different par un caractère essentiel, ayant les ailes * lorsqu’elles sont pliées , aussi longues que la queue ; tandis que toutes les autres pie-griêches , ainsi que tous les autres oiseaux étrangers qii’on peut y rapporter , ont les ailes beaucoup plus courtes à proportion : l’oiseau de Madagascar pourroit être re¬ gardé comme faisant la nuance entre notre pie- grièche et l’oiseau de Manille auquel il ressemble encore plus qu’à notre pie-grièche . Le plumage du lan~ grdien est noirâtre , excepté sur le croupion , et au- dessous du corps il est blanc; le bec est bleu⬠tre , les ongles et les pieds sont noirâtres.

LANGUARD. Voye^ Torcol.

LANGUE , Lingua . Nous n’entendons point faire ici mention de cet organe charnu , qui chez tous les animaux est le siège du goût , ( Voye^ ce que nous en avons dit à la suite du mot Homme ) ; mais son nom appartient à plusieurs plantes, dans lesquelles les Anciens ont cru trouver quelque ressemblance avec la langue des animaux 9 dont elles portent le nom François ou Grec. C’est ainsi que l’on donne à la buglose le nom de langue de bœuf ; à l’hippo- glosse, celui de langue de cheval ; à la cynoglosse, celui de langue de chien; à Tophioglosse , celui de langue de serpent ; à la scolopendre, celui de langue de cerf Voyez chacun de ces mots .

Langue de cerf , par quelques-uns Langue de BœuF ou Scolopendre vulgaire , Lingua cervinn çfficinarum 9 C. B. Pin. 353; Tourn. 544 ; Phyllitis vulgaris 9 Clus. Hist. 2.13 ; Asplénium scolopendrium * Linn. 1537: c’est Voucyaoux , marayè , des Caraïbes . Plante de l’ordre des Fougères et du genre de Y As¬ plénium , qui nait dans les puits et les fontaines et sur le bord des ruisseaux , dans les fentes des pierres , Sur les rochers humides, au pied des vieux murs, et autres lieux ombragés. Ses racines sont vivaces , ca¬ pillaires 9 noirâtres » nombreuses, entrelacées aveç

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les queues des vieilles feuilles : elles poussent huit à dix feuilles longues de dix pouces ou environ , oreiliées à leur naissance , c’est-à-dire échancrées en cœur à leur base , pointues à leur extrémité , sans dentelures, d’un vert gai, lisses, et portées sur une queue très-longue ( c’est un pétiole couvert de poils roussâtres), terminée par une côte qui régné dans le milieu de la feuille. Il semble que cette plante n’ait point de fleurs ; mais elle porte plusieurs capsules dans des sillons feuillés et roussâtres , parallèles entre eux et inclinés à la côte ou nervure commune: ces cap¬ sules se trouvent sur le dos des feuilles. Quoique ces capsules soient très-petites , cependant on les découvre facilement par le moyen du microscope : elles sont munies chacune d’un anneau élastique , lequel en se contractant ou en se séchant , ouvre la capsule de laquelle il sort beaucoup de semences menues comme de la poussière.

Cette plante qui offre un assez grand nombre de variétés très - curieuses , est d’un goût acerbe , et répand une odeur herbeuse ; elle est un peu astrin¬ gente , et convient pour le gonflement de la rate 9 le cours de ventre , le crachement de sang. On a cou¬ tume de la joindre aux autres plantes capillaires dans les bouillons béchiques et vulnéraires. Les Angîois en mêlent dans leur posset , pour arrêter les mouve- mens convulsifs.

Le posset des Anglois est fait ainsi: on verse douze onces de vin blanc dans deux livres de lait bouil¬ lant , édulcoré avec une demi- once de sucre en poudre.

On donne le nom de scolopendre vraie au citer achl Voyez ce mot .

Langui de chat. Voye{ à la fin de Y-article Eupatoire.

Langue de cheval. C’est la petite espece de laurier Alexandrin . Voyez cet article .

Langue de chien. Voyei Cynoglosse.

Langue de serpent ou Lamiodontes ; Voyei Glossopetres. On donne aussi le nom de langue de serpent à l’herbe sans couture; Voye{ Ophioglosse,

LAjN GUETTE, Pkuroneçtes linguatula , Linn. Pieu*

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ronéotés oculîs à dextrâ , ano ai latus sinistriim , dentïbui acutis , Ârted. ; Gronov. : Linguatula Ronuz , pola Bd - /o/m? , Willughb. <z/2 Cynoglossus ? Rondel.; an Citkarus fiavus seu Asper ? P^ondel. ; chez les Flamands , Scharre * C’est un poisson du genre du Pleuronccte ; il se trouve dans les mers d’Italie. Il a beaucoup de rapport pour la forme, avec la sole ; mais, outre que sa chair est d’un goût bien moins délicat, il est toujours au moins de moitié plus petit que la sole ; il a le corps plus court à proportion de sa grandeur, il est d’une couleur bien plus claire et plus blanche ; ses écailles sont bien plus grandes que celles de la sole ; son anus n’est point situé auprès du bord de la partie inférieure , mais reculé vers le milieu; ses yeux sont placés à droite, ceux de la sole sont à gauche. Sa gueule est très-ample , il a la langue longue et arrondie , les dents aiguës ; les yeux peu grands et peu distans entre eux, la prunelle bordée d’un cercle d’or, le corps très - mince par les bords. La nageoire dorsale qui régné depuis le milieu de la tête jusque près de la queue, a soixante-sept rayons; les pectorales en ont chacune neuf ou dix; les abdominales , six ; celle de l’anus en a quarante - cinq selon Ltnnœus , et cin¬ quante-cinq suivant Gronovius ; celle de la queue en a dix-neuf; cette derniere étant déployée s’arrondit en arc de cercle , par son extrémité. JVillugkby rapporte qu’une languette ayant été ouverte, on lui trouva dans le corps un petit flatnbo qu’elle avoit avalé: récemment. Voye { Flamme, Cepola tcznïa.

LANIER , Lanarius aut Lanius maxïmus ; Lanius falco . Cet oiseau de proie qui étoit autrefois beau¬ coup employé en France par les Fauconniers, est devenu très-rare dans nos contrées, et même dans les états voisins. Le lanier , dit Selon , fait ordinai¬ rement son aire en France , sur les plus hauts arbres des forêts ou dans les rochers les plus élevés. Comrne il est d’un naturel plus doux et de mœurs plus fa¬ ciles que les faucons ordinaires , on s’en sert dans toutes les occasions. Il est de plus petite corpulence que le faucon commun dressé et qui est le faucon gentil , et de plus beau plumage que sacre, sur¬ tout après la mue; ii a le cou, le bec et les’ pieds

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à proportion plus courts que le faucon commun , mais queue plus longue ; les Fauconniers choisissent le m lanier qui a la tête grosse et les pieds bleus. Le laitier vole tant pour la riviere que pour les champs ; il supporte mieux la nourriture des grosses viandes que nul autre faucon. On l’instruit aisément à voler et prendre la grue; la saison oii il chasse le mieux, est après la mue , depuis la mi- Juillet jusqu’à la fin d’octobre; mais il n’est pas d’un bon service en hiver. On le recorinoît sans pouvoir s’y méprendre; car il a îe bec et les pieds bleuâtres , les ongles noirs; l’iris jaune, ainsi que la peau qui entoure la base du bec; le plumage supérieur d’un brun-noi¬ râtre , ou sans tache , ou varié de taches blanches , rondes et très-petites; un trait blanc transversal régné au-dessus de chaque œil, et tous deux se réunissent sur le devant du front en forme de bandeau ; le dessous du corps est blanc , varié de quelques taches noires longitudinales et placées sur le bord de chaque plume: les grandes pennes des ailes sont noires 3 les moyennes d’un brun-ferrugineux, et l’aile étendue est couverte en dessous détachés blanches et rondes. On appelle la femelle lanier ; elle est plus grosse que le mâle qu’on nomme laneret . Selon quelques-uns , le lanier appar¬ tient au genre des Pie-griêches ; mais M. Mauduyt soupçonne , d’après ce qu’en disent Belon et Linnocus t d’après la figure qu’en donne Albin , que le lanier est une variété du faucon commun .

Lanier cendre de M. B ris son ; c’est V oiseau Saint-Martin. Voyez /’ article Jean-le-blanc.

LAN-MAYAN. Foye i à la suite de Yart. Epinards;

LANT. Nom donné, dans les parties Septentrio¬ nales de l.Afrique, au \èbu. Voyez ce mot .

LANTARD, par quelques-uns est le latanier des Indes.

LAOKA. Nom sous lequel on connoît le furet en Pologne. Voye ç ce mot.

LAPEREAU , est un petit lapin de l’année. Foyeç ci-après au mot Lapin.

LAPHÏATL Foye{ SERPENT dit le Losange.

LAPIDIFICATION. Opération par laquelle la Na- çure forme des pierres , à l’aide de sucs chargés de

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particules terreuses , qui, en se déposant ~ se famàl^ sant, se cristallisant , prennent une figure et deviens nent dures* Ce suc est proprement le suc lapidifique. La lapidification différé de la pétrification par laquelle la Nature change en pierre des substances qui aupa¬ ravant n’appartenoient point au régné minéral. Voye ç Pétrification et Partiel* Cristal*

LAPIN, Cuniculus. Animai quadrupède, originaire des pays chauds , naturalisé dans nos climats tem¬ pérés , connu et maintenant commun dans presque toute l’Europe. On nomme sa femelle lapine ou hase ^ et ses petits lapereaux . Ces animaux habitent ordi- nairement sur les montagnes , iis se creusent des terriers. Iis s’apprivoisent aisément; on en nourrit de domestiques, que l’on nomme vulgairement lapins clapiers. Ces derniers sont ordinairement plus grands que les sauvages , et varient pour les couleurs , comme tous les autres animaux domestiques; le blanc , le noir et le gris sont cependant les seules qui entrent ici dans le jeu de la Nature. Les lapins noirs sont les plus rares; mais il y en a un grand nombre de tout blancs : on en voit beaucoup de tout gris et beaucoup de mêlés parmi les lapins sau¬ vages: le plus grand nombre est de couleur grise sur le dos et blanche sous le ventre et aux parties in¬ férieures. Cette couleur grise sur la tête, le dos* meme sur les lombes , le haut des côtés du corps et les flancs , est au fond une couleur noire mêlée de fauve, et qui paroît grise lorsqu’on n’y regarde pas de près. Enfin il y en a dont le poil est d’un petit gris fort joli, ou d’un gris-argenté, qu’on nomme riches , et dont les peaux sont fort recher¬ chées pour les fourrures. Les lapins d’Angora ne different des autres lapins domestiques que par la qualité de leur poil, qui est beaucoup plus long* comme le poil des chevres d’Angora est beaucoup plus long que celui des chevres communes. Ce poil de lapin d’Angora est ondoyant, et même frisé comme de la laine; il a quelquefois deux ou trois pouces de longueur : dans le temps de la mue il se pelotonne et rend souvent l’animal très- difforme. Nous avons élevé un de ces lapins dont le poil des anciennes

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«mes , pelotonné comme du feutre , fôrmoit une es- pece de sac mobile ou flottant autour de son corps» La couleur de^ces lapins varie comme, celle des au¬ tres lapins domestiques; mais ceux à robe blanche ont constamment les pupilles rouges , et leurs yeux îi’acquierent cette couleur que par l’âge ; car ces la¬ pins à manteau blanc, étant jeunes, ont les yeux comme le furet.

Le lievre et le lapin , dit M. de Buffbn , quoique fort semblables , tant à l’intérieur qu’à l’extérieur , ne se mêlant point ensemble, font deux especes dis¬ tinctes et séparées. M. de Buffon a fait élever des lapins avec des hases de lievres, et des lievres avec des lapines ; mais ces essais n’ont rien produit , et lui ont seulement appris que ces animaux , dont la forme est si semblable > sont cependant de nature assez dif¬ férente pour ne pas même produire des especes de mulets. Ces animaux mêlés ensemble deviennent en¬ nemis , et il régné entre eux une guerre continuelle , le plus foible devient la. victime du plus fort. On a cependant eu des preuves que malgré la résistance de la femelle , le mâle s’étoit satisfait ; mais il n’en a rien résulté , et la lapine tourmentée par le lievre trop ardent et trop fort, mourut à force de bles¬ sures ou de caresses trop dures. Au reste , y avoit plus de raison d’attendre quelque production de ces accouplemens , que des amours du lapin et de la j?oule dont un grand Observateur nous a fait l’his¬ toire il y a quelques années. Des Savans du premier ordre, sans avoir de foi aux amours du lapin et de la poule , n’ont point dédaigné de vérifier l’expérience de M. de Réaumur . M. de Haller dit que ce n’étoient que des badinages d’un animal extrêmement vif et sémillant.

La fécondité du lapin est encore plus grande que celle du lievre. La femelle du lapin est presque tou¬ jours en chaleur, ou du moins en état de recevoir le mâle. On voit les lapines domestiques donner des petits tous les mois , et des portées de quatre , six , huit , dix petits, qu’elles allaitent pendant vingt -un jours sans cesser d’être pleines. Elles ont une double ma¬ trice , comme la femelle du lievre , et peuvent , par

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conséquent 5 mettre bas en deux temps. Cependant il paroit que les superfétations sont moins fréquentes dans cette espece que dans celle du lievre. Les la¬ pins multiplient si prodigieusement dans les pays qui leur conviennent, que la terre ne peut fournir à leur subsistance : ils dévorent les herbes , les racines 9 les grains , les fruits , les légumes , et même les feuilles et les écorces des arbrisseaux et des arbres ; et si Ton n’avoit pas contre eux le secours des furets et des chiens , ils feroient déserter les habitans de ces campagnes. Il y a des gens qui , pour écarter les lapins de leurs vignes , lorsqu’elles sont en bourgeon y et de leurs blés pendant qu’ils sont en herbe, fi¬ chent en terre, le long des bords delà piece, à six pieds l’un de l’autre, de petits bâtons soufrés, aux¬ quels ils mettent le feu ; les lapins , qui craignent l’odeur du soufre , n’approchent point de la piece ensoufrée. Comme cette odeur dure quatre ou cinq jours, il n’y a qu’à recommencer jusqu’à ce que le bourgeon de la vigne, la luzerne et le blé soient hors de danger.

Non-seulement le lapin s’accouple plus souvent et produit plus fréquemment et en plus grand nom¬ bre que le lievre , mais il a aussi plus de ressources pour échapper à ses ennemis. Les trous qu’il se creuse dans la terre, oii il se retire pendant le jour et il fait ses petits , le mettant à l’abri du loup , du re¬ nard et de l’oiseau de proie , il y habite avec sa famille en pleine sécurité, il y éleve et no,urrit ses petits jusqu’à l’âge d’environ deux mois , et il ne les fait sortir de leur retraite , pour les amener au dehors que quand ils sont tout élevés : il leur évite par-là tous les inconvéniens du bas âge, pendant lequel, au contraire, les lievres périssent en plus grand nombre, et souffrent plus que dans tout le reste de leur vie.

Cela seul suffit aussi , dit M. de Bnffon , pour prouver que le lapin est supérieur au lievre par la sagacité. Tous deux sont conformés de même, et pourroient également se creuser des retraites ; tous deux sont également timides à l’excès ; mais l’un plus itubécille se contente de se former un gîte à la sur¬ face

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îltê de la terre, il demeure continuellement exposé aux insultes et aux attaques, tandis que l’autre par un instinct plus réfléchi se donne la peine de fouiller la terre, et de s’y pratiquer urè asile qu il n’oublie jamais , quelque éloigné qu’il puisse être. Le bon et franc lapin dit le proverbe, meurt toujours dans son terrier . Quand il en sort, il ne songe pour lors qu’à courir par sauts et par bonds en tournoyant çà et là, sans prendre même garde au terrier d’un autre de ses semblables* C’est le sriatin et soir qu’il prend ses ébats ; il se tient caché presque tout le reste du temps. Il court fort vite; mais dès qu’il est une fois dépaysé, il est à l’instant pris. Cet instinct qui porte le lapin à se creuser un terrier , est propre à l’individu sauvage ; et ce qui prouve que c’est par sentiment que le lapin clapier ou de garenne travaille , c’est que Ton ne voit pas le lapin domestique faire le même ouvrage i il se dispense de se creuser une retraite, comme les oiseaux domestiques se dispensent de faire des nids ; et cela, parce qu’ils sont également à l’abri des inconvèniens auxquels sont exposés les lapins et les oiseaux sauvages. L’on a souvent remarqué que quand on a voulu peupler une garenne avec des lapins cla¬ piers 5 ces lapins et ceux qu’ils produisoient restoient comme les lievres à la surface de la terre , et que ce n’étoït qu’après avoir éprouvé bien des. inconvé^ niens , et au bout d’un certain nombre de généra¬ tions , qu’ils commençaient à creuser la terre pour se mettre en sûreté. Ceci prouve aussi que le besoin ratnene l’industrie. ( M. Dainos-Barington donne aussi plusieurs raisons physiques de l’adresse singulière du lapin : il a les jambes de devant plus courtes que celles de derrière , et en même temps plus fortes ; les griffes plus longues , plus affilées et semblables à celles de la taupe. Une autre raison encore , dit-il , bien simple et bien naturelle de leur sagacité à creuser dans leurs ter¬ riers , c’est l’habitude contractée de vivre sous terre 5 accoutumés dès la plus tendre enfance à des séjours ténébreux , au moins pendant les six premières semai»* nés de leur vie , ils pratiquent ce qu’ils ont vit* faire s par la même raison , les oiseaux font toujours des Tome VIL F f

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«aids qui présentent la même architecture et les mêmes matériaux., ••)

Le lapin est ' ennemi de l’eau. Dans les derniers débordemeas de la Loire , qui ont noyé une quantité de gibier étonnante , on a observé que plusieurs lapins prêts à être submergés, avoient eu l’instinct de grim¬ per ou plutôt de sauter sur les arbres , de l’écorce- desquels ils ont vécu uniquement, jusqu’à ce que les «aux. se fussent retirées. Au reste, cette observation n’est pas nouvelle * et elle a été faite plus d’une fois dans des inondations. ^

Les lapins passent la meilleure partie de la journée dans un état de demi-sommeil ; le soir , ils sortent pour aller au gagnage , et ils y emploient une partie de la nuit à prendre leur nourriture; alors ils s’é¬ cartent quelquefois jusqu’à un demi-quart de lieue* Ils sortent ordinairement aussi une fois le jour,, sur-tout lorsque le temps est serein , mais sans s’écarter beaucoup de leur retraite. Pendant l’été , les nuits étant courtes-, ils sortent plus d’une fois par jour 9 sur-tout, les lapereaux encore jeunes, les hases pleines et celles qui allaitent. S’il doit arriver un orage pendant la nuit , il est pressenti par les lapins ; ils Fanriôncent par un empressement pré¬ maturé, de sortir et de paître. Ils mangent alors avec une activité qui les rend distraits sur le danger. CepenJ dant si on les approche de trop près , ils rentrent au terrier; mais ils ressortent presque aussi-tôt. Ce pressentiment a pouf eux l’effet du besoin le plus vif* Ordinairement les lapins ne se laissent pas si aisément approcher sur le bord du terrier; ils éprouvent Fin- quiétude qui est une suite naturelle de la foibiesse. Cette inquiétude est toujours accompagnée du soin de s’avertir réciproquement. Le premier qui apperçoit, frappe la terre et fait avec les pieds de derrière un bruit dont les terriers retentissent au loin. Alors tout rentre précipitamment. Les vieilles femelles restent les dernieres sur le trou , et frappent du pied sans ralâche , jusqu’à ce que toute la famille soit ren¬ trée.

Les femelles , quelques jours avant que de mettre bas, $e créusent un nouveau terrier ( ce terrier s’appelle

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fahmillert ) , non pas en ligne droite ; mais en zigzag ; elles s’y pratiquent dans le fond une excavation ; après quoi elles s’arrachent sous le ventre une assez grande quantité de poil dont elles font une espece de lit pour recevoir leurs petits. Pendant les deux premiers jours elles ne les quittent pas , elles ne sortent que lorsque le besoin les y force , et reviennent dès qu’elles ont pris de la nourriture; dans ces premiers temps elles mangent beaucoup et fort vite; elles allaitent leurs petits et les soignent ainsi pendant six semaines ou environ. Jusqu’alors le pere ne les connoît point ; la mere a eu soin de lui en dérober la con- tioissancé, parce qu’il les tue, ou leur dévore les testicules , soit par jalousie , soit pour jouir de la mere. Il n’entre point dans ce terrier séparé 'qu’elle a pra¬ tiqué; souvent même , quand elle en sort,, et qu’elle y laisse ses petits, elle en bouche l’entrée avec de la terre détrempée de son urine. Ce n’est qu’après le temps du sevrage que le mâle a ses entrées ; alors les petits commencent à être plus forts et à manger du seneçon et d’autres herbes que la. mere leur apporte ; le pere semble alors les reconnoître , il leur témoigne sa joie par l’accueil qu’il leur fait ; et il les prend entre ses pattes, il leur lustre le poil ; il leur lâche les yeux , et tous , les uns après les autres , ont égale¬ ment part à ses soins : dans ce même temps de fête 9 la mere fait beaucoup de caresses au pere , et souvent devient pleine peu de jours après. Les petits entrent en amour dès qu’ils ont atteint l’âge de cinq à six mois , ou de sept au plus tard ; et l’on assure que ces animaux sont coifstans dans leurs amours , qu’ils s’at¬ tachent constamment à une seule femelle qu’ils ne quittent pas. La paternité paroît être fort respectée parmi ces animaux, et l’on remarque beaucoup de déférence et de subordination de la part de toute la famille pour son chef.

Ces animaux vivent huit à neuf ans : ils ont l’ouïe très-fine , et sont toujours aux aguets ; le moindre bruit les fait fuir avec précipitation , et dès qu’ils s’apperçoivent de quelque danger dans un endroit, ils l’abandonnent pour n’y plus retourner. On pré¬ tend qu\ils ont, ainsi que les lièvres,, la propriété 1 F f %

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de ruminèr. Comme les lapins passent îa plus grande partie de leur vie dans les terriers ils sont en repos et tranquilles , ils prennent un peu plus d’embon¬ point que les lievres. On les engraisse encore beau¬ coup en les châtrant , opération très-facile et qui réussit à merveille. Leur chair est blanche , au lieu que celle du lievre est noire 5 et elle en différé beau¬ coup par le goût. La chair des jeunes lapereaux est très-délicate , mais celle des vieux lapins est toujours seche et dure : on préféré le lapin sauvage au lapin clapier ou domestique 5 nourri à la maison ; il a une saveur plus relevée et un fumet plus agréable. Le genievre est une nourriture qui relevé beaucoup la saveur du lapin clapier. Le lapin de garenne a le poil 5 sous les pieds et sous la queue , de couleur rousse ; çe poil est blanchâtre ou jaune dans les lapins de clapier. Des personnes le roussissent un peu avant de le porter au marché ; supercherie que Ton distingue facilement à l’odorat.

On chasse le lapin à l’affût ou à la battue , comme dans la chasse du lievre ; mais le lapin ne se fait pas courir , il t'entre au plus vite dans son terrier : on emploie pour l’y forcer ou les bassets qui y pénè¬ trent , ou mieux encore le furet qui est spécialement destiné et dressé à cette chasse. Voye ç Furet.

M. Brisson dit que le lapin d’Europe et celui d’An- gora sont du genre du lievre ; mais que le lapin de Java , Yagouty 5 le lapin d’Amérique , le pak s le lapin de Norwége , le lapin d’Allemagne , ceux des Indes et du Brésil sont d’un genre particulier : il dit que le caractère de ce genre du lapin vulgaire est d’avoir deux dents incisives à chaque mâchoire , et point de dents canines ; d’avoir les doigts onguiculés, la queue très-courte et fort velue , les oreilles fort longues la levre supérieure fendue jusqu’aux narines comme celle du lievre. Ses, jambes de derrière sont plus longues que celles devant ; les doigts antérieurs sont au nombre de cinq , les postérieurs n’en ont que quatre. Cet animal est plus petit que le lievre , il a des moustaches. Blasius a traité de l’anatomie du lapin ; et M. Needham a donné la description des membranes du fœtus de ce quadrupède;

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Les pêaux de lapins d’Amérique et de Tabago ont line odeur agréablement musquée ; ce qui les fait beaucoup rechercher pour les fourrures. Aujourd’hui on a trouvé le moyen de filer le poil de nos lapins ; on y joint un peu de soie pour en faciliter l’opéra¬ tion ; si l’on parvenoit à multiplier assez dans nos climats l’espece du lapin d’ Angora , on pourroit passer d’y joindre de la soie , son poil étant long, souple et comme soyeux. Les ouvrages de bonneterie , les vêtemens ou especes d’étoffes de differentes cou¬ leurs faites de poil de lapin et que l’on commence à porter en France , annoncent des succès et donnent des espérances ; l’étoffe en est belle , légère et chaude. Le poil de lapin mêlé avec de la laine de vigogne entre dans la composition des chapeaux appelés dau¬ phins. Pour ce qui regarde le lapin de Norvège , Voye £ Leming ; et quant au lapin à longue queue Ovoyci Tolâi.

LAPIS LAZULï. C’est une pierre bleue que quel¬ ques Lithologistes on;t décrite sous le nom de jaspe bleuâtre 9 de pierre d'azur 9 à'a^ul ou dîa^iir oriental * C’est une espece de pierre de roche , composée de quartz , quelquefois d’une espece de spath fusible , mêlé de paillettes ou de mica jaune ou d’or , ou de grains pyriteux et d’une partie métallique bleuâtre , que les expériences de M. Marcgraff démontrent être dues au fer. Consulte i notre Minéralogie, édit. de. 1774 , première Partie , p. 431.

Le lapis la^uli est dur , pesant , opaque , d’un bleu vif , plus ou moins foncé , susceptible d’im beau poli , se cassant en morceaux irréguliers , vitreux dans les fractures , et faisant quelquefois feu avec îe briquet par certaines parties. Exposée à un feu de verrerie , cette pierre se fond , donné une masse vi¬ treuse d’un vert- jaunâtre. M, Monnet donne le nom de £ colite bleue au lapis- la^uli. Voyez Z'Éolite.

Cette pierre nous vient de l’Asie , en morceaux de diverses grosseurs et informes : on la. trouve en Perse' et à Golconde : c’est une matière chere dans le com¬ merce. On choisit celle qui est la plus pesante, la moins chargée de raies blanches , d’un bleu foncé , étendu et vif , afin que les bijoux que l’on en fait présentent une surface totalement bleue , ce qui le%

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rend plus précieux. On en rencontre aussi en -Suède J. en Prusse , en Bohême et en Espagne , mais elle est si tendre qu’à peine peut- on la polir.

Connue la couleur bleue de cette pierre est de la plus grande beauté , et qu’elle ne s’akere que peu ou point du tout à l’air, des Ouvriers inteliigens ont trouvé le moyen d’en extraire cette partie colorante pour F usage de la peinture, Cetre poudre précieuse est connue sous Je nom outre-mer . Le procédé en est décrit dans presque toutes les Minéraîogies.

LAQUE ou Lac, ou Résine-laque. Voyc % à la suite de F article Fourmi. À l’égard du laque de la Chine Voyt ç Arbre du vernis et F article Lacque.

Laque ou Raisin d’Amérique. Voyc ç. Morelle

A GRAPPES.

LARD , Lardum aut Larldum . Espece de graisse» Voyt{ à F article SANGLIER et au mot GRAISSE.

LàRDITE , Lar dites Des Amateurs ont donné ce nom à une pierre qui ressembla beaucoup à un mor¬ ceau de petit salé entrelardé ; quelquefois on y voit une espece de couenne. Il y a de ces pierres qui ressemblent ou à un morceau de jambon ou à un tout de cervelas, etc. Voyez Corps figurés à l’article Corps.

LARE , Lar. Les momies étoient révérées chez les Egyptiens comme des Dieux tutélaires auxquels, on adressoit des prières. Les peuples qui avaient imité la coutume des Egyptiens substituèrent aux momies des figures de pierre , de bois , de métal : on les no.rn.moit indifféremment Dieux lares ou Dieux Pénates : ils avoient la figure de petits marmousets : on les plaçoit dans un lieu de la maison ; les gens opulens leur dressoient de petits autels , et leur donnaient en offrande la desserte de leurs tables. On leur attribuait tout le bien et le mal qu’on éprouyolt.

LAPJX. Voyei MÉleze.

LARME DE JOB , Coix-lacryma Joli , Linn. 13 y 8 Glus; Hist. 216. C’est une plante -annuelle , arundi- nacée , une espece de roseau que Ton cultive dans, les jardins des Curieux , particuliérement en Candie , en Syrie et dans les autres pays Orientaux : souvent elle y vient d’elle-même; ce qu’elle ne peut faire

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dans les climats froids. Ses racines sont fibreuses 9. noueuses et longues ; sa tige est haute de deux à trois pieds , droite , épaisse, cylindrique , garnie de feuilles assez semblables à celles du blé de Turquie , longues d’un pied et demi : il sort des aisselles de ses feuilles de petits pédicules qui soutiennent chacun un nœud ^ qui contient l’embryon du fruit : il part de ces nœuds des épis de fleurs à étamines , renfermés dans un calice à deux balles sans barbe. Ces fleurs sont stériles [ car les embryons naissent dans les nœuds , et deviennent chacun une graine unie , luisante , jaunâtre avant la > maturité , rougeâtre quand elle est mure , très-dure 5 piriforme , et de la grosseur d’un pots chiche. Cette graine est composée d’une coque dure , ligneuse , et d’une amande farineuse, enveloppée d’une membrane fine : on mange cette graine farineuse à la Chine. On voit quelquefois des chapelets faits avec les coques; dures et ligneuses de ce fruit.

Larme marine. Nom donné par M. l’abbé Dîc- qucmare à certaines petites vessies de la grandeur et delà forme des larmes b ataviques 3 qu’il a trouvé en¬ foncées par le bout filé dans le sable de mer, ou adhérentes et entortillées aux plantes marines des rivages du Havre. Elles sont d’une couleur gris-ver¬ dâtre , remplies d’une glaire aussi tenace que celle qui unit le frai de grenouille : ce Physicien y a découvert, à l’aide du microscope , un point noir qui se meut circulai rem eut , s’alonge ensuite, prend une forme qui tient le milieu entre celle d’une chry¬ salide , et celle d’un ver ; alors le mouvement est vermi ctilaire , mais lent, ;; il en résulte à la fin une espece de belle chenille dont la tête est transparente ; chaque côté du corps est garni de neuf mamelons d’oii sortent des poila plus du moins longs. Consultez le, Journal . de Physique ' et . à* Histoire Naturelle , Sep¬ tembre lypô.

Larme de Vigne , Gmt a aat Lacrym.a vais . Nom qu’on donne à la liqueur aqueuse qui distille natu¬ rellement goutte à goutte , dans le printemps des sommités ou sarmens de la vigne en sève , après qu’elle a été taillée , et avant que ses feuilles soient épa^ nouies on prétend que cette eau est bonne pouf

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les maux des yeux et des reins , et qu’un verre de ces larmes rappelle les sens d’un homme ivre.

Le nom de larme se donne aussi aux sucs gommeux ou résineux qui se coagulent en distillant des arbres qui les produisent. On dit larmes de sapin 3 larmes de mastic , larmes de lierre , etc . Voyez T article GOMME €t celui de RÉSINE,

On a donné le nom de larmes ( Lacrymal ) à ces gouttes d’eau qui sortent de l’œil et que l’homme répand sur -tout dans l’affliction. Voye^à V article Homme,

LARVE , Larva . Les Naturalistes désignent par ce nom les insectes à métamorphoses 5 lorsqu’ils sont dans leur premier état au sortir de l’œuf : par exemple la chenille est en ce sens la larve du papillon ; ce¬ pendant le mot larve, qui signifie masque 9 convient mieux à la fausse chenille et au ver qui se métamor¬ phose 5 tel que celui des coléoptères. C’est dans l’état de larve que l’insecte grossit et mange beaucoup. Le ,Ver du hanneton est une véritable larve .

LASER 5 Laserpitium Gallicum , C. B. Pin. 156 * 'Laserpitium è regione Mas silice 3 alatum , J. B. 3 , part. 2 , 137 ; c’est une espece de plante férulacée qui croît -en Provence aux environs de Marseille : elle est hys¬ térique , vulnéraire ? carminative et propre à résister au venin.

On prétend que cette plante a fourni autrefois de Vassa-fœtida , qui étoit fort estimé des R.omains 9 et qu’on ne trouva , sous Néron , dans toute la Province Cyrénaïque 9 qu’une seule plante de laserpitium qu’on envoya à ce Prince sous le nom de silphiwn , V oyez ce mot . Mais le lieu natal du véritable laser est la Perse. M. de Haller rapporte que Kcempfer a décou¬ vert la plante du laser ; c’est une ombeliifere , mais très-differente des laserpitium de France : sa racine est fort grosse ; on la coupe par tranches pour en tirer le suc laiteux. Voye{ Ass a fcetida.

L AT AI AC A. Nom donné 9 dans quelques Provinces yoisines de la Pologne , au polatouche , Voyez ce mot .

LATÂNIER d’Amérique , ou Bâche , ou Palmier

EN ÉVENTAIL , P aima dactylifera radiata , major ,glabra ^

tpiunio Gen.j Barr, §0 j Çamaïka 9 Pis. 1658 ,‘p. 1 jf

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F aima Brasiliensis prunifera , folio plicatili , s eu flabdli - for mi 9 caudice squammato ; c'est Yalattani des Caraïbes. Palmier des Antilles, dont le tronc s’élève à trente pieds sur deux pieds de diamètre ; il est comme trian¬ gulaire ; ses fibres longitudinales sont noires et solides ; la couche de vrai bois est forte et très-dure, mais elle n’a pas plus d’un doigt d’épaisseur ; tout l’intérieur ou le reste du tronc n’est qu’une sorte de filasse ou de moëlle : ses feuilles qui pendent en petits faisceaux au sommet des rameaux sont plates et en forme d’éventail : en naissant c’est un éventail fermé ; épa¬ nouies c’est un éventail ouvert , excepté que les bouts sont pointus et séparés. M. Aublet dit que les feuilles sont d’une grandeur et d’une largeur considérables ; elles ont cinq pieds ou environ de diamètre : les fruits sont portés sur un régime très-branchu et fort grand ; ils sont rougeâtres et de la grosseur d’une moyenne pomme ; c’est une coque ovalaire , mince , lisse , comme vernissée , travaillée de maniéré qu’eu la croiroif couverte d’écailles qui imitent à peu près celles de la pomme de pin dans sa jeunesse : dessous cette coque est une grosse amande dont la nation des Maillés fait du pain qui sert à sa nourriture. Les perroquets sont très-friands de ce fruit. Les habitans de la Guïane se servent de ses feuilles pour couvrir leurs cabanes ; ils en font aussi des balais fort com¬ modes , et divers autres ouvrages très-propres , tels que des parasols en forme d’écran , ou de grands éventails qu’ils peignent de diverses couleurs. Les Caraïbes emploient pédicule des feuilles , qui est fort long et large , aplati et ligneux , pour border les canots , afin de les agrandir ; ils en fabriquent aussi le tissu de leurs ébichets , matatous , paniers et autres petits meubles. Les Maillés tirent un fil très -fin des feuilles encore tendres , et ils en fabriquent des ha¬ macs et des pagnes. Le tronc du palmier -bâche résiste à la hache par sa dureté. Les Matés ou Pvîaillés remploient dans la construction de leurs carbets : quelques Indiens font des lances de ce bois et en arment la pointe de leurs fléchés. On assure que son tronc pourroit servir à faire d’excellens tuyaux pour conduire l’eau sous terre , et qu’à Cayenne on est

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dans l’usage de fendre ce tronc et de le vider de sm mqëlle , pour en faire, des gouttières. Tout prouve que cet arbre est précieux à cause de son "utilité, " Ce palmier croît principalement sur les bords des rivières , des ruisseaux * et dans les cantons maré¬ cageux. On prétend que le cocotier de mer , dont le fruit est à deux- lobes ,, est une espece de latanier des grandes Indes. F oyt i Cocotier de mer.

LAVAGNE. Nom donné à une pierre fissile qui se tire d’un lj^u nommé Lavagne , sur la côte de Gênes , et qui s’emploie pour couvrir les maisons et pour paver certains édifices. La grandeur, l’épaisseur et la qualité de certains morceaux de cette pierre fissile la rendent propre à recevoir la peinture ; on y peint de grands tableaux , notamment pour des lieux la toile pourriroit. Il y a des tableaux peints sur cette sorte d’ardoise dans l’Eglise de Saint-Pierre & Rome ; entre autres un de Tivoli., représentant Sainte Pierre qui guérit un boiteux à la porte du Temple.

LAV ANCHE , ou Avalange , ouLauvïnes. Voye% à la suite du mot Neige. Les lavanches de terre sont ces éboulemens de terre qui arrivent assez souvent dans les pays de montagnes , lorsque les terres ont été fortement détrempées par le dégel et par les- pluies. Ces lavanches causent de très-grands ravages dans les Alpes et les Pyrénées.

« LAVANDE , Lavandula. Les parties de la fructifi¬ cation des stœckas sont tout-à-fait semblables à celles 'des lavandes . Ces plantes ont les mêmes propriétés ; et la seule différence ne consiste qu’en ce que les fleurs des lavandes viennent par épis , et celles de stcechas en forme de tête : ces plantes ont été mises par M. Linnœus sous le même genre.

On distingue plusieurs especes de lavande 9 dont les unes , comme la lavande d'Espagne , ont les feuilles, blanches ; d’autres, comme la lavande femelle ou com¬ mune , ont les feuilles étroites. , Lavandula angustifolia x C. B. Pin. 2.16 : (z/z hortis cultœ , latiora sunt folia . ) D’autres ont les feuilles larges , telles que celles que Loti nomme la lavande mâle 9 le spic , Y aspic ou nard, commun , Lavandula latîfolia , C.. B. Pin. 216.; Pseudo* narda , quoi Lavandula vulgb 9 J. B. 3 5 281 \ Dq.cL,

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Pempt. 273 ; Lavandula spica , Linn. 800, La lavande à feuilles d'olivier 9 Lavandula lati folia 9 fihdica , subci- nerca 9 spiçâ brtvtore 9 H. R. Par. Lavandula spica minor 9 angusti folia . Enfin ies lavandes que l’on nomme stœchas dont les fleurs sont ramassées en tête. Voye^ Stœchas»

lavande commune ou vulgaire est une sorte d’ar¬ buste qui pousse des tiges dures , ligneuses, rameuses f droites, grêles, carrées , à la hauteur de deux ou trois pieds : ses tiges sont chargées , dans toute leur longueur , de feuilles longues et étroites , blanchâtres et entières , terminées par de longs épis de fleurs labiées ; toutes les parties de la plante ont une odeur aromatique et agréable. La lavande porte des fleurs labiées contenues dans un calice à cinq pointes égales ; leur levre supérieure est échancrée et plus grande que rinferieure qui est divisée en trois lobes ; aux fleurs succèdent quatre semences qui n’ ont pour enveloppe que le calice , au fond duquel elles se trouvent.

La lavande est une plante fort belle dans le mois de Juin , quand elle est chargée de ses épis de fleurs bleues ou blanches , ou purpurines ainsi que le calice , et qui répandent une odeur très-agréable. Cette plante n’est point délicate ; elle vient par-tout , elle se multi¬ plie par drageons enracinés. Elle vient d’elle- même dans le Languedoc : dans ce pays-ci on n’en cultive que dans les jardins. Il est bon de transplanter les gros pieds tous les trois ou quatre ans.

Toute cette plante passe pour résolutive , cépha¬ lique , antihystérique : les fleurs et les feuilles excitent puissamment la salivation , quand on les tient dans la bouche et qu’on Je s mâche ; c’est pourquoi on les emploie utilement dans les maladies soporeuses , dans les catarres, etc. Les fleurs, ou plutôt leur calice, rendent beaucoup d’huile essentielle d’une bonne odeur. Pour avoir de Y esprit- de-lavande ^ doux et très- agréable pour l’usage des toilettes , il faut mêler im gfos d’huile essentielle de cette plante, très- rectifiée et nouvellement distillée , ay&c une pinte de bon esprit de vin, et y ajouter une' petite quantité de storax ou de benjoin. On ne doit faire usage de Y esprit de lavande 9 ainsi que de tous les remedes aromatiques que d\me maniéré très-mqdét’ée 3 car leur usage allume

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le sang , et fait que toutes les parties solides étant trop irritées s'échauffent et s’enflamment. L’eau de lavande, ou mélisse , prises intérieurement , sont spécifiques pour la perte de la parole , causée par des indigestions ou des surchargemens d’estomac. Ces mêmes eaux ou l’huile essentielle de romarin , pré¬ sentées au nez , sont bonnes dans les foiblesses ou syncopes, et souveraines polir l’apoplexie séreuse.

On retire de Fespece de lavande 5 que l’on nomme aspic j une huile essentielle , fort inflammable , et d’une odeur pénétrante , que l’on nomme huile d'aspic : on la recommande comme vermifuge ; les Peintres en émail en font aussi usage. Les mites , les poux* et d’autres insectes , ont en aversion l’odeur de cette huile ; c’est pourquoi elle est très-bonne pour les chasser et pour les faire mourir. On nous apporte l’huile distillée à’ aspic et de lavande de la Provence et du Languedoc ; mais elle est souvent falsifiée et mêlée avec de l’esprit de vin ou de l’huile de térébenthine ou de ben. On découvre aisément ces falsifications £ car si l’on jette dans de l’eau commune celle qui est mêlée avec de l’esprit de vin , ce dernier se mêle , se combine parfaitement avec l’eau , et l’huile surnage. Pour connoître celle qui est mêlée avec l’huile de térébenthine ou quelque autre huile , il faut en brûler un peu dans un cuiller de métal. Si elle est pure , elle donne une flamme subtile , une fumée d’une odeur qui n’est pas désagréable, et en petite quantité; au lieu que c’est tout le contraire lorsqu’elle est falsifiée. Voyez à T article Huile.

LAVANDIERE, pi. enl . 652. Petit oiseau de pas¬ sage et du même genre de la bergeronnette ; c’est la lavandière cendrée , ou batte-queue y ou batte-lessive 5 ou hausse-queue de Belau . M. Mauduyt dit qu’on l’appelle wacerone en Provence , engouane-p astre aux environs de ^Montpellier 5 perengleo en Guienne , battajasse en Saintpnge , battiquoue en Gascogne , semeur en Picardie ; hoche- queue eh Lorraine grosse-queue , branle- queue en Bourgogne , damette en Bugey ; ballarina en Italie. La plupart des Auteurs lui ont donné , ainsi qu’à la bergeronnette , le nom latin Motacilla . La lavandière n’est pas aussi grosse que le moineau -franc ; sa longueur

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totale est de sept pouces ; le derrière de la tête et le dessus du cou sont noirs ; le reste du plumage supé¬ rieur et les côtés de la poitrine sont cendrés ; au bas de la poitrine est une large tache noire , en forme de croissant , dont les deux cornes remontent du côté du cou , le reste est blanc ; les ailes et la queue sont noirâtres ou brunâtres , bordées de gris-blanc ; l’iris est couleur de noisette ; les jambes sont cendrées , le bec , les pieds et les ongles noirs.

La lavandière est d’une forme svelte 5 élégante ; elle a de la grâce et de la légèreté dans ses mouvemens ; tantôt elle vole rapidement en filant , tantôt elle se joue en tout sens dans le vague de l’air; à terre elle marche ou court légèrement à pas lents ou pressés et toujours faciles ; en volant elle épanouit la queue ; en courant ou *en marchant elle la remue continuelle¬ ment de haut en bas ; elle est confiante et pour ainsi dire familière ; elle n’évite pas les lieux fréquentés , et elle se pose ou sur les rivages , ou sur les prairies et les terres labourées , près de l’homme , dont la vue ne l’éloigne pas : ses allures ont pour but la recherche des insectes 9 sur-tout des moucherons et de petits vers dont elle fait sa nourriture ; elle guette sa proie de dessus quelque élévation , d’oii elle s’élance d’un vol léger pour la saisir ; elle entre dans l’eau à quel¬ ques lignes de profondeur, pour poursuivre au besoin sa picorée. "Cet oiseau nous quitte à l’automne, et revient de bonne heure au printemps ; cependant il nous en reste toujours quelques-uns dans la mauvaise saison. D’après les observations de MM. Adanson et de Maillet , citées par M. de Buffon , les lavandières passent en hiver de l’Europe en Afrique , et un grand nombre se réfugie en Egypte, d’autres au Sénégal; des Voyageurs en ont trouvé au Cap de Bonne- Espérance et même aux Philippines. En été cet oiseau se répand dans la plupart des contrées de l’Europe * et pénétré fort avant dans le Nord. La lavandière fait son nid à terre* le compose de petites racines , de mousse et d’herbes seches , le garnit en dedans de plumes ou de crin, et le place ordinairement au bord des eaux , à l’abri de quelque grosse racine ou de 4oute uytre proéminence qui peut le protéger ; sa

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ponte est de quatre ou cinq œufs blancs , tiquetés de brun; le pere et la mere témoignent à leurs petits le plus vif attachement 5 ils voltigent autour du ra¬ visseur, et le suivent long-temps en exprimant leur alarme par leurs cris ; ils ont soin aussi de jeter les excrémens de leurs petits hors du nid et de les porter à quelque distance.

LAVANESE. Voye^ Rue de Chevrê.

LA V ANGES. Voye £ à r article NeîGE.

LATARET. Lavaretus Allobrogum 9 Aîdrov. ; Wil- îughb. ; Salmo lavaretus 9 Linn. , Coregonus rnaxïllâ su - periore longiore 9 plana ; pinna dorsi ossiculorum qùa~ tuordecim , Arted. ; en Allemagne , gangfisch ; en Ba¬ vière , rhingau ; dans le Cumberland , schelley .

Les synonymes suivans paroissent , dit* M. Dau- benton , appartenir à des variétés de icette espece : i.° Albula . nobüis vel lautus 9 Schonev. ; en Suede , sik9 en Danemarck snebbel et helte! 9 à Constance add- fisch et weisser blawling , dans le canton de Zurich wyss- fisch 9 sur les bords de l’Elbe snepd : z.° La Be^ole du lac de Geneve ou Léman 9 de Rondelet 9 etc. Albula cærulea Gesneri 9 Willughb. ; dans le canton de Zurich 9 blawling et felchen : 3.0 Albelen Tigurt dlctus 9 etc, Wil- lughb. : 4.0 Farra , Fora vel Pala 9 Aldrov. , Cbarlet. ; Guiniad Wallis 9 Piscis lacûs Balensis 9 Ferra , Willug. an Curimata Brasiliensium ? Marcgr.

Le lavaret est un poisson du genre du Salmone ; il se trouve , selon Willughby 9 dans les lacs de la Savoie et dans plusieurs en Allemagne , tels que celui ci’Ammerzée en Bavière ; il n’a jamais plus d’un pied de long; son crâne est transparent et moucheté de points noirs; le corps , assez semblable par sa forme à celui du hareng ; le dos noirâtre et le ventre blan¬ châtre ; ses mâchoires sont dépourvues de dents. La première nageoire dorsale a treize rayons , tous flexibles ; la seconde est charnue ; les pectorales ont || chacune seize rayons ; les abdominales douze ; celte de l’anus en a quatorze , celle de la queue qui est fourchue en a dix-huit. Rondelet dit que. la tête est, oblorigue , et la peau couverte de petites écailles blanches comme dans la truite ; que le ventré est spacieux comme dans ce dernier poisson ; que les

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ternies Sont relevées par des especes d’osselets saillans , -et les extrémités des nageoires- quelquefois noirâtres. Les lavants' nagent par troupes. On dit qu’ils fraient en automne. Ce poisson est très- avide des œufs des autres poissons ; on en pêche beaucoup dans les lacs du Bourget et d’Àigue-Belette en Savoie ; il est très - connu même dans les poissonneries de Lyon : 011 en sert sur les tables comme un mets d’un goût agréable. Sa chair est blanche et molle , sans être gltitineuse.

La variété qui se trouve dans le lac Léman est d’une coulèur blanche nuée de bleu. La variété qui se trouve dans le lac de Zurich pese communément cinq livres et rarement le double ; sa couleur est argentée 5 nuée de noirâtre sur le dos ; les côtés de la tête offrent une ligne de.*points noirs ; les iris sont argentés. L’extrémité des nageoires et le dos ont une teinte de bleuâtre ou de noirâtre , de même que dans la variété appelée ferra ou pala , et que F on pêche en été dans le lac de Genevé. Quant à la variété appelée guiniad son dos est brun , le ventre blanc ; le haut de la tête de couleur d’azur clair , avec des taches sombres : le guiniad est de la longueur d’un fort hareng. On le pêche dans un lac d’Angleterre , traversé par la ri¬ vière de Bée 5 et situé dans le Comté de Merionet , qui est un de ceux dont est composée la principauté de Galles: Willughby observe que le même poisson ne se trouve jamais dans la Bée. EncycL Metk.

LAVERT. C’est un insecte très-incommode ' à la Louisiane dans les bâtimens faits de bois. Ce petit animal ? dont les chats sont extrêmement friands, est large d’environ neuf lignes 5 long d’un pouce et d’une ligne d’épaisseur : il passe par la plus petite fente 9 et se jette sur les plats 9 quoique couverts , sur-tout la nuit 5 dans les garde-manger s. Quand le terrain l’on s’établit est un peu défriché , on n’en voit plus du tout.

LAVES 9 en Italien Lava . Nom que l’on donne à des flots de matières plus ou moins liquéfiées 9 et que les volcans ont vomies ; telles sont les différentes especes de ponce , la pierre du Vésuve ou de Naples , la pofâplane % la pierre obsidienne ou de gallinace s les

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scories de volcans , etc. Toutes ces matières ou ductions volcaniques , que l’on peut regarder comme un mélange de pierres, de sable , de terres , de subs¬ tances métalliques , de sels , etc. ont subi l’action des feux de volcans , et ont été les unes calcinées , comme la chaux de volcan ou terre calcaire calcinée ; d’autres à demi -fondues , comme les vraies laves , qui offrent souvent des restes de roches de granité et de schiste graniteux ; d’autres absolument métalli¬ ques et fondues , telle est la fonte ou le fer fondu par lés volcans ; et d’autres totalement vitrifiées ou comme autant de scories vitreuses , qui ont coulé ou ont été lancées du sein de la terre par réruption des feux souterrains ; ce qui fait qu’il y en a de compactes et d’un tissu continu ; d’autres qui sont poreuses , comme spongieuses , tendres , légères , ou qui sont dures et susceptibles de poli ; celles qui sont po¬ reuses et légères, d’un tissu communément fibreux, et à cavités sphériques , nagent sur l’eau ; celles qui sont pesantes , compactes et non poreuses , vont au fond de l’eau. Celle dont on se sert à Naples pour paver les rues et dans la construction des édifices, est un q lave fort compacte nt très-solide , susceptible d’être taillée , sciée et polie ; sa couleur est d’un gris sale parsemé de taches noires. On y remarque quel¬ ques particules vitreuses. On fait aussi à Naples des tables et des tabatières avec de la lave . M. Desmarets indique les laves spongieuses qu’ort peut tailler avan¬ tageusement , en forme de briques , pour être em¬ ployées à la construction des voûtes plates dans les appartemens ou dans les galeries ; outre la solidité qu’elles acquièrent étant cuites jusqu’à la vitrification , on a l’avantage des débris de la taille de ces laves en brique : ils sont de nature à entrer dans la compo¬ sition des mortiers avec lesquels se fait la liaison de ces briques.

La plupart des laves ont probablement été dans un certain état de fluidité pour pouvoir couler , prendre les différentes formes tortueuses , irrégu¬ lières ^raboteuses ou inégales qu’on leur reconnoît , et pour se charger des différentes matières du sol elles se refroidissent. On trouve sur la pente des

volcans

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Volcans et dans les environs des montagnes volca¬ niques , dés laves courbées et composées de plusieurs couches plus ou moins grandes et plus ou moin& pesantes , de couleur tantôt noirâtre ou rougeâtre , tantôt blanchâtre ou jaunâtre Ou grise , tachetées 9 tomme nous Pavons dit , de parties vitreuses , tantôt remplies de corps pierreux en forme de poudingue y tantôt en portions subdivisées dans l’état de cendres ou de celui de sable ; on en voit aussi sous la forme de stalactites et de stalagmites ; les unes pendent aux: fournaises , les autres remplissent les cavernes et les canaux souterrains des montagnes volcaniques ; il y en a même qui tombent en efflorescence, tel est le colcothar variolique des volcans , qui est une chaux de fer variolique , calcinée , d’un rouge plus ou moins foncé et qui teint les doigts en rouge ; d’autres laves salines donnent ou une saveur de Sel alkali ou de seï ammoniac. Quelques-uns prétendent que les pierres de la chaussée des Géans , dans le Comté d’Antrim en Irlande , et connues sous le nom de pavé de chaussée des Géans , est un basalte ; en un mot, une lave figurée , unie et parfaitement fondue.

Au reste , la plupart des laves oii matières volca¬ niques s'attendrissent par le laps du temps , se décom¬ posent à Pair libre , et deviennent ensuite par le mélange des poussières et des détrimens de végétaux * d’exceilens terrains. Ces faits, dit M , de Buffon 9 sont démontrés par les belles et grandes forêts qui envi¬ ronnent l’Etna , qui toutes sont sur un fond de lave recouvert d’une bonne terre de plusieurs pieds d’é¬ paisseur ; tel est encore le terrain fécond de 1& Limagne d’Auvergne et celui croît le vin délicieux appelé Lacryma Chrisiu Les dévastations causées par les volcans , continue M. de Buffon , sont donc li¬ mitées par le temps ; et comme la Nature tend tou¬ jours plus à produire qu’à détruire , elle répare , dans l’espace de quelques siècles , les dévastations du feit sur la terre , et lui rend sa fécondité , en se servant même des matériaux lancés pour la destruction*. ( Suppl . à l’Hist. Nat. Tom. X, in- 12 , p. 157, 158.) Pour l’intelligence de ce qui précédé , il faut lire chacun des mots que nous ayons cités \ puis les article Tome Vll9 G g

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Volcan , Tremblement de terre , Pczzolânê * Productions de volcan et Pyrite 9 même les mots Montagne et Terre.

LAVEZE ou Lavege. C’est une espece de pierre ollaire ou pierre à pot grisâtre ou marbrée , qui ne se tire guere que de trois carrières connues, l’une dans le Comté de Chiavennes , une autre dajis la Valteline , et la troisième du côté de Pleurs dans le pays des Gîisons. Cette pierre , qui est douce au toucher , se tire avec beaucoup de peine , parce que les ouvriers sont obligés de travailler couchés. L’on travaille au tour les masses de lavege qui ont été tirées de la carrière et formées en cylindre. C’est un moulin à eau qui fait mouvoir ce tour. Cette pierre sert à faire des marmites et d’autres vaisseaux de cuisine qui résistent au feu. Voye^ Pierre ollaire ' et Pierre de Come.

LÂVIGNON , Hiatula ( chama ). C’est le nom que l’on donne sur les côtes du Poitou et de FAunis à un coquillage de mer qui est une espece de came , mais dont les deux pièces ou valves 11e sont jamais exac¬ tement fermées , ce qui lui a fait donner 5 par M, de Réaumur 9 le nom de coquille béante 3 qui est conforme au mot latin Hiatula . Cette espece de coquillage vit enfoncé dans la boue jusqu’à cinq ou six pouces de profondeur : à l’aide des tuyaux qu’il peut alonger et raccourcir , il tire sa nourriture de l’eau. Le lieu ce coquillage est enfoncé se reconnoît par de petits trous ronds , d’une ligne de diamètre , qui res¬ tent au-dessus de l’endroit est le lavignon. Sa co¬ quille est polie , blanche , sur-tout intérieurement 9 et très-fragile. La chair des lavignons est d’un goût très-insipide , en quoi ils different d’une autre espece de came nommée fiammette , et poivrée en Italien 9

Earce qu’elle fait sur la langue l’impression du poivre* es habitans des environs de la mer mangent le la~ vignon 9 après l’avoir tiré du sable par le moyen d’un instrument long et pointu. Voye^ Came. .

L AURÉOLE ou Garoutte , Laureola . Espece de thymelée qui naît à l’ombre dans les forêts et dans les montagnes de la Provence -et du Languedoc : sa racine est pliante , ligneuse et fibreuse j ses tiges sont

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nombreuses , ligneuses , cylindriques dans la partie supérieure , couvertes d’une écorce cendrée , et hautes de deux coudées : ses feuilles tiennent de celles du laurier et du grand myrte ; elles sont ramassées au sommet des rameaux , lancéolées , sessiles , toujours vertes , noirâtres , épaisses , coriaces , luisantes et lisses , persistantes l’hiver : les fleurs , dont la struc¬ ture est la même que celle du bois gentil , sont jau¬ nâtres, verdâtres , en grappes courtes, et naissent de l’aisselle des feuilles ; il leur succédé de petites baies de la figure d’une olive , noires , et qui renferment chacune un noyau dur , un peu plus long qu’une graine de chanvre , et dont Famande est blanche.

Les feuilles , les fruits et Fécorce , tant de la ra¬ cine que des branches de cette plante , produisent une forte érosion sur la langue et dans le gosier , quand on en mâche ; cette impression y dure même long-temps. Cette plante prise intérieurement boule¬ verse l’estomac , excite le vomissement , enflamme les parties intérieures et corrode les viscères.

L’on croit que les graines de la lauréole sont les grains ck Cnide dont les anciens Grecs ont fait mention : on distingue aussi une autre espece de lauréole dont le fruit est rouge 5 et qui se nomme autrement chamœ- daphné ; Puùe passe pour le mâle et l’autre pour la femelle. Les Auteurs distinguent ainsi ces deux especes de lauréole .

i.° Lauréole mâle, Laureola , Dod. Pempt. 365* Laureola sempervirens , flore viridi , quibusdam Laureola mas 3 C. B. Pin. 462 ; Laureola sempervirens , flore luteo , J. B. 1 -, 564 ; Thymelea lauriflolio sempervirens , seu Lau - reola mas , Tourn. ; Dapkne laureola , Linn. 510.

2,0 Lauréole femelle , Thymelea lauriflolio deciduo , sive Laureola flemina ^ Tourn. ; Thymelea folio deciduo , flore purpureo , officiais Laureola flemina , C. B. Pin. 462 ; Laureola folio deciduo , sive Me^ereon Germanicum , B. 1 , 566 ; Chamcelea Germanica , Dod. Pempt. 364 ; Daphné Me^ereum , Linn. 509: c’est le bois gentil; Voyez cet article .

LAURIER , Laurus . Il y a plusieurs especes de laurier qui different , soit par la forme de leurs feuilles , soit par leur odeur* On fait principalement usage du

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làurhr franc dans la cuisine : il y a d’autres espete§ de lauriers ordinaires à feuilles larges , à fleurs doubles s il feuilles ondées 3 à feuilles étroites . Tous ces lauriers ordinaires se nomment aussi laurier s- jambons 9 et leurs feuilles entrent comme assaisonnement dans plusieurs mets. Il y ena une espece dont les feuilles ont Fodeur du benjoin 9 mais ce n’est point cet arbre qui donne le benjoin : il est parlé de celui-ci au mot Benjoin.

Le Laurier-franc , Laurier- jambon ou Lau¬ rier-sauce ? Laurus vulgaris , C. B, Pin. 460 ; Lau- rus 9 J. B. 1 , 409 ; Laurus mas et femina 9 Taber. ïcon* 9^0 ; Laurus no b i lis , Lion. 529 : pousse 9 ainsi que le laurier royal s un grand nombre de tiges à la hauteur d’un arbre moyen ; leur tronc est sans nœuds 9 garni de branches diffuses et couvertes d’une écorce mince ; le bois en est peu serré , facile à rompre ; les racines sont épaisses 9 inégales 9 obliques ; l’écorce en est noirâtre ; la fleur n’a point de calice ; elle n’est proprement qu’un pétale divisé jusqu’à la base en quatre ou cinq parties : aux fleurs succèdent des baies ovales terminées en pointe , et qui contiennent dans leur intérieur un noyau. Dans les lauriers ordinaires il y a des individus mâles et des individus femelles* Les feuilles de laurier sont entières , simples 9 fermes 5 ondulées en leurs bords 9 veinées 9 odorantes , pétio- lées , et posées alternativement sur les branches*' Toutes ces especes de laurier craignent les grands hivers ; mais exposés au Midi le long d’un mur, ils montent quelquefois jusqu’à vingt pieds de hauteur* Ces, arbres peuvent se multiplier par les semences et par les marcottes 9 et l’on peut les greffer les uns sur les autres ; ils réussissent mieux dans les terrains secs que dans les terrains humides. Le laurier vient de lui-même dans les forêts des pays chauds 9 tels que l’Espagne/ et l’Italie. Comme ces especes de laurier conservent leurs feuilles pendant l’hiver 9 on peut les mettre dans les bosquets de cette saison 9 sur-tout dans les pays maritimes.

Le laurier étoit très-célebre chez les Anciens : les Généraux Romains victorieux étoient couronnés de laurier dans leurs triomphes 9 ou ils en tenoient une jbranche à la main comme signe de la victoire ; le%

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tentes *les vaïssêâux , les lances des soldats Vainqueurs les faisceaux , les javelots en étoient ornés : on s’en servoit pour les cérémonies religieuses , an les em~ ployoit comme instrumens de divination : on attri¬ buent au laurier la propriété de n’être jamais frappé de la foudre , de garantir le blé de la nielle , etc, On en faisoit usage pour des remed.es. ; de , selon toute apparence , la coutume d’orner de couronnes de laurier les statues à'Esadape. Le laurier étoit encore consacré à Apollon ; l’amour que ce Dieu avoit pour la Nymphe Daphné est la raison qu’en donnent les Mythqlogistes. Aujourd’hui en quelques endroits on couronne d’une branche de laurier chargé de ses baies,., les nouveaux Docteurs en Médecine :..il semble même que les noms de Bachelier et de Baccalauréat tirent leur origine de baccœ lauri . Cet arbre étoit célébré dans la Médecine des Anciens , on le regardoit comme une panacée universelle : on èm ployoit souvent les feuilles , les baies etféçorce des racines ; aujoum hui on ne fait usage que des baies et des feuilles.

Les feuilles de laurier sont odorantes ; elles ont une saveur âcre , aromatique ? un peu astringente , jointe à un peu d’amertume. Les Cuisiniers en mettent dans les sauces. On en peut retirer une huile essentielle très-odorante , en les faisant macérer pendant quelque temps dans beau , à laquelle on fait subir ensuite distillation. Les baies de laurier ont encore plus d’odeur et de saveur que les feuilles. M. Bourgèois dit qu’elles sont très-efficaces pour provoquer .les- réglés et bonnes contre les affections hystériques : on en prend trois ou quatre en poudre dans un bouillon de viande ; c’est le remede ordinaire des pauvres femmes de la campagne5: elles sont encore très-miles en parfum contre les : relâchement de matrice. On en retire aussi une huile concrète qui est très* résolutive 5 propre à appaiser les douleurs , résoudre les tumeurs , çt fortifier les parties qui ont perdu leur ton. On. obtient cette huile aromatique en pilant les baies , les faisant bouillir dans de l’eau , et les exprimant, à travers un linge ; il surnage à la surface de Teap- une huile verdâtre , odorante, et qui est d’une corn- iistance de beurre. On nous envoie cette huile toutch

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préparée de Languedoc , d’Italie , et des autres pay^ chauds , le laurier est fort abondant.

On faisoit autrefois usage des baies du laurier dan£ la teinture ; mais on y a renoncé , et on en usera vraisemblablement de même par la suite à l’égard de plusieurs substances dont on ne voit pas trop la né¬ cessité. Presque toutes les especes de laurier sont âcres, amer es , aromatiques et d’une odeur extrêmement gra¬ cieuse , à l’exception de celle qu’on nomme camphrier , qui laisse couler une huile essentielle concrète , d’une odeur pénétrante , etc. Voye^ Camphre.

Nicolson dit « qu’on distingue à Saint-Domingue trois especes particulières de laurier :

1. ° Le laurier à feuilles longues et pointue Elles ont quelquefois un pied de longueur , et trois à quatre pouces dans leur pliis grande largeur; elles sont lisses , sans dentelure , épaisses , terminées au sommet par un# pointe repliée d’un côté, divisées eft deux parties égales par , une côte saillante en dessous , à laquelle aboutissent quelques nervures obliques, assez grosses, portées sur un petit pétiole ; elles n’ont point d'odeur semblable à celle qu’exhale notre laurier de France. Le bois est poreux, blanchâtre; les fruits sont petits, ovales. Ce laurier croît au bord de la mer ; ses racines , ainsi que celles des autres lauriers , teignent en violet ; son bois ne convient quà faire des planches.

2. ° Le laurier à feuilles courtes . Il y a une grande variété de feuilles dans cette espece ; les unes sont arrondies au sommet , les autres pointues , d’un vert tantôt foncé, tantôt clair : les jeunes feuilles sont tendres, fort minces; l’âge les rend épaisses; les plus grandes n’excedent pas six à sept pouces ; leur plus grande largeur est de quatre pouces : elles n’ont rien de commun pour l’odeur avec le laurier d’Europe , elles sont toutes sans dentelure et rudes au toucher: les fruits de cet arbre sont sphériques. Il croît ainsi que le suivant dans les mornes ; son bois est boa pour bâtir.

3,0 Le laurier à petites feuilles . Sa tige est petite, peu grosse; ses feuilles croissent alternativement siit les rameaux ; elles sont ovales , pointues aux deu$ extrémités , très - veinées , sans dentelure 9 fermes 5

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lisses , luisantes , longues de trois à quatre pouces , larges de douze à quinze lignes , d’un goût aroma¬ tique , d’une odeur assez semblable à celle de notre Laurier de France. Ses fleurs exhalent une très-bonne odeur ; il leur succédé des baies noires , ovales. Oh s*en sert pour faire des entourages. Quelques habi- tans des ni ornes assaisonnent leurs ragoûts avec ses feuilles, v ( Essai sur L Histoire Naturelle de Saint - Domingue . )

Laurier alexandrin, Laurus Âtexandrmœ , est une espece de ruse bisannuel . On en distingue deux especes: l’une à larges feuilles , et l’autre à feuilles étroites ; cette dernière est le Ruscus angustifolius 3 fructu folio innas - cente , Tourn. Hippoglossuin sive Bislingua , Parle! ; sa racine est longue , blanche, d’une odeur agréable: ses tiges sont hautes de près de deux pieds , menues 9 flexibles ,, vertes ; ses feuilles oblongues , nerveuses , pliantes 3 pointues , vertes. Du milieu de chaque feuille sort une autre petite feuille, en maniéré de languette sous laquelle sont de petits pédicules qui portent des fleurs en grelot. Le fruit est une baie rouge , molle et grosse comme un pois r contenant une ou deux semences dures et coriaces.

Le laurier alexandrin à feuilles larges , Ruscus latï- folius , fructu folio innas c ente , Tourn. , a les feuilles plus larges, arrondies , sans languettes ; ses fleurs et ses baies sont sans pédicules adhérens aux feuilles. L’une et l’autre espece croissent aux lieux montagneux * en Italie , en Hongrie ; leurs racines sont apéritives.

Laurier aromatique. Nom donné au bois d'Inde i y oyez Y article Bois de Campêche.

Laurier-cerise , Lauro-ccrasus. Il y a environ deux cents ans (en 1.574;) qu’il nous est venu de la Na- toîie en Turquie son pays naturel. C’èst un petit arbre fort agréable à la vue , ainsi nommé parce qu’il porte des fleurs semblables à celles du laurier 9 et des fruits qui ressemblent un peu à ceux du cerisier . On en distingue plusieurs especes ; savoir : Le laurier- cerise ordinaire 3 Lauro-ccrasus 9 Tourn. 403 ; dus. Hist. 4 ; J. B. 1 , 4204 Cerasus folio laurino 9 C. B. Pin. 450 : c’est le padus de Linmus . Les lauriers-cerises à feuilles panachées de. blanc, ou de jaune. Le laurier -cerise

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de la Louisiane dit laurier amande , et îê laurier-cerhé "de Portugal ou Yaçarcro des Portugais; celui-ci est encore rare en France.

La fleur des lauriers-cerises est formée d’un calice qui est d’une seule piece , figurée en cloche ouverte 9 dont les bords sont divisés en cinq ; ce calice porte cinq pétales arrondis et disposés en rose : aux fleurs succèdent des baies presque rondes , rouges , qui contiennent un noyau. Les feuilles du laurier-cerise sont simples , entières , obiongues , lancéolées , co¬ riaces, toujours vertes, plus épaisses et plus luisantes que celles de l’oranger , et posées alternativement sur îes branches ; elles ont à leur bord de petites dente¬ lures qui sont éloignées les unes des autres. Ces feuilles placées sur la tige ou sur une branche isolée , partent de tqus côtés , comme en quinconce : oa observe deux glandes derrière le dos de la feuille.

Ces diverses especes de laurier-cerise gardent leurs feuilles , et supportent assez bien le froid de nos liivers : ©n peut en garnir des terrasses. Dans le mois de Mai , ces arbres se couvrent de belles fleurs en pyramides , qui , quoiqu’elles ne soient pas d’un beau Manc , peuvent servir à décorer les bosquets du prin¬ temps. Dans les pays maritimes , les lauriers-cerises pe gelent jamajs , on peut en faire des taillis qui fourniront d’excellens cerceaux pour les barils. On peut multiplier les lauriers-cerises par les semences 9 les marcottes , et on peut greffer ces especes pana¬ chées sur le laurier-cerise commun. On a greffé avec succès le laurier-cerise sur le cerisier ; mais ces arbres ne durent pas : on a essayé aussi , mais sans succès 7 de greffer les cerisiers sur les lauriers-cerises ; on s o proposoit d’avoir par ce moyen des cerisiers nains.

Les fleurs et les feuilles du laurier-cerise ont une odeur d’amande amere 9 qui est assez agréable : on $’en sert et sur -tout des feuilles, dans les cuisines , pour donner le goût d’amande aux soupes au lait et uux crèmes. On en retire par la distillation avec Peau*- devvie une liqueur qui est assez flatteuse , et que l’on prétend être bonne pour l’estomac ; mais il est dan¬ gereux de charger trop Peau-t!e-vie de cet aromate 3 ça distillant plusieurs fois Peau sur les feuille^

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du làfyfier-cerise " on en retire une liqueur qui est un viol'4if poison pour les hommes, pour les moutons et d’autres animaux. Elle cause d’abord des convul¬ sions affreuses, la paralysie, enfin la mort. L’inten¬ sité de son effet est en raison de la grosseur de l’animal , de la dose de cette eau , et sur-tout de la quantité d’esprit recteur qu’elle contient , et qu’on y a concentré , par le moyen des cofaofaations (dis¬ tillations) réitérées. Ce poison agit non -seulement donné intérieurement, soit par le haut, soit en la¬ vement, mais encore lorsqu’il est introduit dans le corps par la voie des blessures. On observe néanmoins que ses effets sont infiniment plus sensibles lorsqu’il est introduit dans l’estomac et dans les boyaux. En employant l’huile essentielle de ce végétal , au lieu d’eau distillée , on obtient , dit M. Fontana , tous les résultats que présentent le venin de la vipere , et suc perfide que les Américains appellent poison îicunas .

J’ai fait sur ce poison du laurier-cerise s dit M. Duha¬ mel 3 plusieurs expériences. Une cuillerée suffit pour tuer un gros chien : la dissection anatomique ne nous fit appercevoir aucune inflammation ; mais lorsque nous ouvrîmes l’estomac , il en sortit une odeur d’amande amere très-exaltée J qui pensa nous suffo¬ quer ; ainsi il y a lieu de croire que cette vapeur agit sur les nerfs. Malgré les fâcheux effets que pro¬ duit cette eau que l’on a distillée sur les feuilles de laurier-cerise. , elle peut être un bon stomachique 9 étant prise à petite dose ; car si l’on en fait avaler tous les jours deux ou trois gouttes à un chien , son appétit augmente et il. engraisse. On a observé que la gomme du laurier-cerise ne produit aucun mau¬ vais effet.

Laurier des Iroquois. Voye'i Sassafras.

Laurier-nain , Lâtàrüs pigma. Ce sous-arbrisseau , qui est commun en Sibérie et dont les propriétés sont extraordinaires, porte des feuilles très -semblables à celles du laurier ordinaire , ,;avec la différence qu’elles ne sont pas d’une huitième partie si grandes. Du reste , cette plante différé beaucoup du laurier vulgaire : ses fleurs qui sont jaunes et qui paraissent en Juin et

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Juillet, ressemblent à de petites étudiés ventres avancés , dont l’extrémité va en augmMfent, et dont l’ouverture est fort étroite : ses feuilles sont d’un vert vif, et fortement attachées à la tige qui est ligneuse ; elles tombent dans le mois de Mai ; le fruit mûr est d’un beau pourpre - bleu ; il est fort agréable au goût, quoique mal-sain si Fou en mange avec excès. La tige , qui a environ six pouces de haut , sort d’une racine rampante et qui est couchée tout à plat sur terre.

 mesure que les anciens bourgeons disparoissent ,

{ dans le mois de Mai ) il en paroît aussi-tôt de nouveaux ; c’est alors que les feuilles noircissent et elles ne sont pas plutôt tombées , ainsi que les fruits qui les suivent de près , que le jeune bourgeon est déjà couvert de fleurs ; de sorte qu’on ne voit- jamais cette planfe sans feuilles. Quoique le laurier- nain croisse rapidement et vigoureusement, il n’ac¬ quiert pas un pouce de hauteur en vingt ans : les endroits croît cet arbrisseau , sont les fondrières et les marais d’eau douce. M. de Haller dit que ce laurier paroît être une espece de vaccinium .

LAURIER-ROSE , Nerion -oleander , Linn. 305 ; Neriorz floribus rubcscenûbüs \ C. B. Pin. 464. Cet arbrisseau* pousse de longues baguettes ( de quatre ou cinq pieds et plus) , assez droites et dont l’écorce est gri¬ sâtre ; elles se divisent en plusieurs branches , les¬ quelles sont garnies en toute leur longueur et dans un ordre verticillé , de feuilles coriaces , opposées deux à deux , longues , étroites , terminées en pointe 5 unies et sans dentelure , relevées en dessous d’une seule nervure ; le vert de ses feuilles est terne et foncé : les fleurs , qui sont en ti^au évasé par le haut en maniéré de soucoupe divisée en cinq parties ou garni à son embouchure d’une couronne de franges et contenant cinq étamines /viennent à F extrémité des branches , et elles' y sont ramassées par bouquets. Quand les fleurs sont passées , il leur succédé à chacune d’elles deux follicules droits , en forme de siliques presque cylindriques , longs comme le doigt, et ren¬ fermant plusieurs semences garnies d’aigrettes fines-, et souples. M. Picardet Faîné en a présenté le %

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Mai vj66 , à Y Académie de Dijon; il soupçonne qu’on pourroit employer utilement ces aigrettes , soit en les filant après les avoir mêlées avec du chanvre ou du coton , soit en les préparant pour les rendre propres à faire des chapeaux^. des ouates ou du pa¬ pier, M. Picardet puîné , présume qu’on pourroit em¬ ployer aux mêmes usages les aigrettes prises sur les semences du peuplier noir femelle. Voye^ l} article Peuplier.

Il y a des lauriers-roses à fleurs d’un beau rouge , et d’autres à fleurs blanches : le nérion des Indes à feuilles étroites a les fleurs d’un rouge pâle ët odo¬ rantes. Le petit laurier-rose, Chamcenerion , a les fleurs d’un rouge-pourpre ou bleues. Il a déjà été remarqué au mot Chamænerion , que cette plante n’est pas du même genre que le laurier-rose , mais forme un genre à part. Voye^ son caractère à V article Chamænerion.

Comme les lauriers-roses craignent le froid de nos climats ou plutôt des hivers âpres et rigoureux , on a la précaution de les mettre en caisse pour les mettre à l’abri pendant l’hiver , et dans la belle saison ils font l’ornement des jardins. On peut cependant les élever aisément en pleine terre dans quelques pro- < vinces Méridionales du Royaume : on en connoît même plusieurs plants fort vieux abandonnés ainsi à Pair libre pendant toute l’année , au Croisic en Bre¬ tagne , et dans le Jardin Botanique du Port de Ko- chefort , et ils n’ont jamais été endommagés par le froid. Quant aux lauriers-roses à fleurs doubles , ils sont si délicats, qu’il faut les conserver dans les serres chaudes , comme les grenadiers : quelques personnes prétendent que ces arbrisseaux viennent de la Nou¬ velle-Espagne d’oii ils ont passé aux Colonies Ânglcises d’Amérique , et de en Europe ; mais il y a tout lieii de croire que cet arbrisseau est originaire de l’Asie et du Midi de l’Europe : l’Isle de Corse en est remplie, et plusieurs Auteurs Latins tels que Pline , Apulée , etc. en ont parlé dans un temps l’Amérique n’étoit pas connue.

On dit que la décoction des feuilles de laurier-rose est un poison pour les animaux et pour les hommes. Les animaux qui en mangent sont attaqués d’angoisses

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insupportables ; leur ventre se gonfle ," et îî survient une inflammation universelle dans les viscères : les remedes cpntre cette maladie sont l’huile d’olive, et tous les adoueissans. Les feuilles de laurier-rose écrar- sées et appliquées extérieurement , sont digestives , résolutives et bonnes* contre la morsure des bêtes venimeuses : desséchées et pilées y elles sont un excel- lent sternutatoire.

Laurier royal ou Laurier des Indes. Il est vi¬ vace , et son feuillage en fait toute la beauté : il faut traiter cet arbre comme les orangers : on le cul¬ tive beaucoup dans le Portugal ,, on l’emploie k faire des allées.

Laurier sauvage d’Acadie , est le nom que les liabitans des frontières du Canada donnent kY arbre de cire-nain de la Caroline. Voye^ Arbre de cire.

Laurier-thym', Tinus prior , Clus.Hist. 49 yLaurus tinus seu sylvestris prior , J. B. 1 , 418 ; Viburnuni tinus s Linn. 383 ; Viburnum lauriforme . Les diverses especes de laurier - thym ou laurier - tin varient un peu par la forme de leurs feuilles et par leur couleur ; les unes sont panachées en blanc , les autres en jaune ou en pourpre. Les lauriers -thyms sont de très- jolis arbriSr seaux ; iis sont ornés de fleurs disposées en ombelle , composées d’un seul pétale en forme de cloche et di¬ visé en cinq parties. Comme ces fleurs subsistent presque pendant toute Tannée , on doit par cette raison mettre cet arbrisseau dans les bosquets d’hiver , ou il est d’autant plus agréable , qu’il est encore couvert de fleurs quand tous les autres arbres et arbustes en sont dépouillés. Ses feuilles , qu l sont d’un vert foncé , pétiolées , ovales , pointues , coriaces et opposées sur les branches , ne tombent point pendant l’hiver* Si des gelées trop fortes font périr les branches de ces arbrisseaux , la souche repoussera bientôt de nou¬ veaux jets. Les baies du laurier-thym sont très-purga¬ tives , mais on n’en fait aucun usage. Cet arbrisseau est originaire de Provence.

Laurier tulipier , Magnolia . On a donné ce nom à un genre d’arbres très-intéressans , et qui surpasse tous les autres par la beauté du feuillage , des fleurs,, et par l’odeur suave qu’êtes exhalent. Ces arbres tnèt

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riteiit d'autant mieux d'être cultivés qu’ils peuvent subsister en pleine terre dans plusieurs provinces du Royaume. Il y en a un de la plus grande taille au Château de la Maillardiere près de Nantes. Le magnolia est de la polyandrie-polygynie de Linnœus ; la fleur est composée d’un périanthe à trois feuilles, d’une co¬ rolle à neuf pétales et de plusieurs étamines; le pistil offre plusieurs germes ; le péricarpe est en forme de cône ; les semences ou graines sont réniformes. Cet arbre , cité par Catesby , a les racines branchues et garnies de fibres. La tige ou le tronc est cylindrique ; son bois est dur ; ses bourgeons sont coniques et aplatis ; ses feuilles alternes et simples ; le feuillage est aplati ou disposé sur un même plan ; deux grandes stipules sont attachées aux branches près de l’origine du pédicule des feuilles. Les fleurs sont hermaphrodites.

LAUVINES ou Lauvignes. Voye{ à ia suite du mot Neige.

LEâO. Espece de bleu métallique que les Chinois appliquent sur leurs porcelaines. On ignore si ce bleu est du cobalt ou du lapis la^uli. Y oyez ces mots .

LEBERIS , Coluber leberts i Linn. Ce serpent est du troisième genre et se trouve dans le Canada. Linnœus dit que la morsure de ce reptile est venimeuse. Son corps est marqué de raies noires très-étroites ; l’ab¬ domen est recouvert par cent dix grandes plaques ; le dessous de la queue est garni de cinquante rangées de paires de petites- plaques.

LÉBETIN , Coluber lebetlnus , Linn. Ce reptile est du troisième genre ; il se trouve dans les pays Orien¬ taux. Selon Linnœus \ sa morsure est venimeuse. Son corps est d’une couleur nébuleuse , marquée de points bruns sur la partie inférieure. L’abdomen est recou¬ vert par cent cinquante-cinq grandes plaques , et le dessous de la queue est garni de quarante-six paires de petites plaques.

LECHE ou Laiche. Plante qui croît aux lieux aqua¬ tiques ; elle a été placée entre les especes d e Gramen par les anciens Botanistes ; mais M. de Tournefort en a fait un genre séparé. C’est le carex de Linnœus . On distingue deux laiches : l’une est la laiche des lievres, farex kporim ? Linn, 1388 j sa tîge est rude et menue :

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l’autre est A&Uiche rousse ou laiche des marais , Cantin ru fa , Linn. 1388 ; ses racines àont assez grosses , noueuses , fibreuses , et semblables à celles du souchet long : ses feuilles sont longues d’un pied ou environ , assez larges , triangulaires. Sa tige est haute de deux à trois pieds , triangulaire , sans nœuds , portant à sa cime des épis à écailles , entre lesquels sont attachées des fleurs à étamines rousses ; ces fleurs ne laissent rien après elles, mais les épis qui sont au-dessous, moins gros et plus longs , portent des graines et ne fleurissent point : ces graines naissent sous lès écailles qui composent les épis ; elles sont triangulaires et renfermées chacune dans une capsule membraneuse, brune et pointue. La racine de cette plante a presque les mêmes vertus que celle du souchet long : ses fleurs sont détersives et apéritives. Voye\ maintenant Varticle CareïCHE.

Lèche - patte. Nom donné à l 'unau, espece de paresseux. Voyez Unau.

LEDE , Ledon ou Ledum. Espece de ciste d’où découle le labdanum. Voyez à V article Ciste.

LÉEM. Voyei LÉMING.

LÉGUANA. Voye{ Iguane.

LÉGUME , Olus , Legumen . En général on donne ce nom aux graines qui se trouvent renfermées dans une cosse ou toute autre espece d’étui; et à beau¬ coup d’autres sortes de plantes que l’on cultive dans le potager , telles que les asperges , les melons , etc» Les vrais légumes sont les petits pois , les fèves, len¬ tilles.., haricots , lupins. Le nom de légumes s’étend . aussi aux racines potagères. La culture des légumes exige beaucoup de détails. Nous parlons de cet art, qui fait la gloire du Jardinier , aux mots Fleurs \ Plantes potagères , Fruits , Racines , particulié¬ rement dans les articles nous donnons l’histoire des plantes qui sont d’usage pour la cuisine , telles que la laitue , les concombres , le céleri , la chicorée , les cardons , les champignons , etc.

En Botanique on a appelé aussi , d’après Cordus } du nom de papiliorihcées , certaines plantes légumineuses , à cause de la figure irrégulière de leur corolle , qui , par la forme et la position des pétales , représente

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en quelque sorte la figure d’un papillon qui prend son vol. A considérer tous les caractères de la fa¬ mille des Légumineuses , on y place des herbes an- miellës et vivaces , des arbrisseaux , et même des arbres qui ont jusqu’à soixante-dix pieds de hauteur.

** Le$ herbes légumineuses sont ordinairement rampantes, ou s’attachent par des vrilles et se roulent autour des arbres , comme il arrive aux vesces , aux haricots , etc. Les arbrisseaux sont tortus , la plupart épineux. En général les racines des légumineuses sont longues et fibreuses ; les tiges sont cylindriques , comme celles des jeunes branches qui sont alternes : celles qui sont sarmenteuses , comme dags le haricot , se roulent de droite à gauche dans un sens opposé au mouvement du soleil. L’écorce dans les grands arbres de cette famille est fort épaisse , et ridée comme un réseau à mailles longues : les feuilles sont alternes , et la plupart ont un mouvement journalier , qui répond à celui de la lumière du soleil ; Voye^ les articles Feuille et Sex^sitive. Dans quelques genres, comme Y acacia , le cytise épineux , les branches se terminent en une épine qui est d’abord couverte de petites feuilles , ou bien cette épine sort des aisselles des feuilles. Dans la sensitive et dans le bonduc , il sort de toute la surface des branches et des pédicules même des feuilles , des piquans qui ne tiennent .qu’à i’écorce , et qui tombent dès que la plante vieillit un peu ; au lieu que les épines ne s’effacent que par la culture. La plupart des fleurs sont hermaphrodites 9 composées d’un calice d’une seule pîece en tube à cinq pointes, et d’une corolle à quatre pétales ou quelquefois cinq , dont un supérieur qu’on nomme Yéiendard ou pavillon ( Vexîllum ) , deux latéraux ordinairement rapprochés l’un de Tautre , qu’on ap¬ pelle les ailes ( ' Alce ) , et un inférieur appelé la caréné ( Carina ) , plus irrégulier que les autres , re¬ fendu à l’onglet en deux pédicules , et quelquefois entièrement partagé en deux. Ces' fleurs ont dix éta¬ mines , dont neuf forment par leur réunion une gaine qui contient le germe : la dixième est , dit M. Deleuçe , le plus souvent libre , placée dans une fente au-dessus de cette gaine , quelquefois aussi elle

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ne forme avec elle qu’un seul corps. Le fruit est une gousse tantôt longue et arrondie, tantôt courte, applatie ou lenticulaire , quelquefois droite , d’autres fois roulée en spirale , contenant des loges souvent articulées, remplies dans quelques-unes par une chair farineuse , seche , et dans d’autres par une pulpe : dans le plus grand nombre cette gousse est pendante et s’ouvre en deux battans longitudinaux. Les plantes de cette famille sont en général mucilagineuses.

LÈMING ou Lemmar , ou Lemmer, ou Leem, Lcmmus aut Lemnus . Petit quadrupède long d’environ cinq pouces, et qu’on trouve par troupes dans la La¬ ponie , on l’appelle souris de montagne ou lamblar i il est assez semblable à une souris , mais il en différé par la couleur ; son poil est fin et taché de diverses couleurs ; la partie antérieure de la tête est noire de même que le cou et les, épaules , et la partie supé¬ rieure jaunâtre; le reste du corps est roussâtre, mar¬ qué de quelques petites taches noires de différentes figures jusqu’à la queue qui n’a qu’un demi-pouce de longueur , et qui est couverte de poils jaunes-noirâ- tres. L’ordre des taches , leur figure , leur grandeur , ne sont pas les mêmes dans tous les individus* Ses deux moustaches sont composées de poils roides 9 dont six de chaque côté sont beaucoup plus roides et plus longs que les autres ; Pouverturé de la gueule est petite ; la levre supérieure est fendue comme dans les écureuils ; il sort de chaque mâchoire deux longues dents incisives qui se correspondant r elles sont aiguës et courbes : à chaque côté des mâchoires , trois dents molaires. Les yeux sont petits et noirs ; les oreilles courtes et couchées sur le dos ; les jambes antérieures très-courtes ; les pieds armés chacun de cinq ongles aigus et courbés , dont cfelui du milieu est très-long , et dont le cinquième est comme un petit pouce ou ergot situé quelquefois assez haut dans la jambe ; le ventre est blanchâtre tirant un peu sur le jaune. Linnaus qui,, ainsi que M. Brisson , met ce petit animal dans le genre des Loirs 9 sous le nom de Mus montanus Norwegicus , caudâ " abrupt â , corpore fulvo , ànigro , maculato , dit qu’il s’en trouve toute l’année clans la Laponie , et que dans certaines

saisons

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Saisons ces souris de montagne descendent dans les, provinces voisines. M. Brisson a nommé cet animal lapin de Norwége .

On dit que les lêmings multiplient beaucoup , et on les soupçonne du nombre des ruminans ; ils habitent ordinairement les montagnes de Norwége et de Laponi© qu’ils criblent de trous pour s’y pratiquer des loge- , mens. Chacun a le sien , et quoiqu’ils ne vivent pas en communauté , ce n’est pas pourtant qu’ils soient farouches ; au contraire , ce sont des rats de société* Us ne paroissent pas régulièrement tous les ans , mais tout d’un coup , dans certains temps , et en telle quantité que se répandant par-tout ils couvrent tout le pays. Us font un dégât affreux dans les campagnes , dévastent les jardins , ruinent les champs et ne laissent rien que ce qui est serré dans les maisons et les cabanes oii ils n’entrent jamais. On a observe qu’ils descendent des montagnes pour ainsi dire par colo¬ nies , quand il fait des orages et qu’il pleut abon¬ damment : c'est le moment ces animaux grossissent beaucoup. Ces petites bêtes sont hardies et coura¬ geuses , et loin de fuir à l’approche des passans , elles vont au-devant de ceux qui les viennent attaquer , crient et -jappent à peu près comme de petits chiens, et sans craindre les hâtons ni les hallebardes, qu’elles mordent ou tiraillent , elles tiennent si fort le bâton avec les dents , qu’elles se laissent enlever et trans¬ porter à quelque distance sans vouloir le quitter. Elles sautent et s’élancent sur leurs ennemis en les mordant de colere : elles se creusent des trous sous terre et se tiennent toujours le long des coteaux et des broussailles , dans les trous des montagnes ; elles se nourrissent de racines. L eléming , malgré l’épaisseur de son corps et la petitesse de ses jambes , ne laisse pas de courir assez vite.

Les habitans de Norwége sont persuadés que ces animaux tombent des nues avec la pluie : souvent ils s'en effraient et font des prières publiques pour les écarter. On auroit peine à croire que pour expli¬ quer cette prétendue origine de ces animaux , JVormïus , imbu de ces erreurs populaires, ait composé exprès un volume in-4,0 imprimé ep 1653. On trouve dans Tome VIL H h

f4Si -t Ë M

cet Ouvrage la formule des prières et des confixfatîoM des. Catholiques du pays.

Les lémings se font quelquefois la guerre entre eux £ et se partagent comme en deux armées rangées en bataille , le long des lacs et des prés : ils combattent avec beaucoup d’ordre et de courage ; ce que les Lapons prennent pour le présage des guerres qui doivent arriver en Suede. S’ils les Voient venir du côté de l'Orient , ils concluent qu’ils auront la guerre avec les Russiens ; et s’ils remarquent qu’ils soient Venus du côté de l’Occident , ils tiennent pour in¬ faillible qu’ils seront attaqués par les Danois. Ces petites bêtes ont pour ennemis les hermines qui s’en engraissent , les renards qui les attaquent et les amassent clans leurs tanières , ou quelquefois ils en gardent des milliers dont ils se nourrissent. Ainsi , ces deux sortes de surveillans , l’hermine et le renard i terminent par leur présence cette grande guerre, en croquant également les deux partis. Les chiens du pays qui sont en grand nombre , parce que chaque Lapon a le sien, en, font aussi leur principale nour¬ riture ; cependant iis n’en mangent guere que la tête.

Maigre la multiplicité des différens ennemis qui attaquent et détruisent les lémings , il en meurt en plus grande quantité encore au renouvellement des herbes ; ils vont aussi en troupes nombreuses sur l’eau dans le beau temps ; mais s’il vient un coup de vent , iis sont tous submergés ; on les trouve quelquefois à terre * morts par milliers dans un même endroit , et entassés les uns sur les autres, etc. soit excédés de fatigue ÿ soit en se mangeant et s’entre-détruisant lorsqu la pâture vient à leur manquer : telles sont les causes de leur destruction aussi prompte que leur pullulation j, îa multitude de ces animaux est si prodigieuse , que quand ils meurent l’air en est infecté , ce qui occa¬ sionne beaucoup de maladies; il semble mèmê qu’ils empoisonnent les plantes; car le pâturage fait alors périr le bétail.

Il y a des Naturalistes qui regardent les lémings comme une sorte singulière de rat de Norwége ; mais M. de Buffon prétend que c’est une espece d’animal différente de celle de nos rats domestiques, JLinn&us

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fà% que les rats de Nonvége font ordînaîremenr cincf ou six petits à la fois , mais jamais plus ; aussi leurs femelles n’ont-elles que six tettes : ce même Auteur ajoute que ces animaux se nourrissent aussi d’herbe ou mousse à rhenne. Le mâle est ordinairement plus grand que la femelle.

Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces animaux ce sont leurs grandes émigrations ; car en certains temps 9 ordinairement en dix ou vingt ans une fois ÿ ils s’assemblent , partent , et marchent par bandes de plusieurs milliers ; iis creusent des sentiers de la pro¬ fondeur de deux doigts , sur un demi-quart ou un quart d’aùne de largeur. Gn voit plusieurs de ces sentiers à la fois , parallèles les uns aux autres , et dirigés en droite ligne, mais toujours à distance de plusieurs aunes. Chemin faisant , ils mangent les herbes et les racines qui sortent de terre , ef font des petits en route ^ ils en portent un dans leur gueule , un autre sur le dos , et abandonnent le surplus , s’il y en a ; en descendant les montagnes, ils dirigent leur voyage vers le Golfe de Bothnie ; mais ordinairement ils sont dispersés et périssent avant d’y arriver.

Il y a e:|j|ote quelque chose de fort singulier dans; la maniéré dont ils font ce voyage. Us sont très- résolus et rien ne peut les obliger à se détourner, de leur route qu’ils suivent toujours en droite ligne. Quand ils rencontrent , par exemple , un homme ils tâchent de lui passer entre les jambes plutôt que de se déranger de leur chemin , ou ils se mettent sur les pieds de derrière et mordent la canne quand on la leur oppose. S’ils rencontrent une meule de foin , Us se frayent un chemin au travers à force de manger et de creuser , plutôt que d’en faire le tour. S’ils trouvent du roc ou de la pierre à leur rencontre ils font le demi-cercle , mais si exactement , qu’ils reprennent aussi-tôt la droite ligne. Sont-ils arrêtés par un lac , quelque grand qu’il puisse être , ils font leur possible pour le traverser à la nage sans changer de direction , quand ce seroit par son plus grand diamètre. Si par hasard ils rencontrent dans ce lac quelque bâtiment , au lieu de l’éviter ils tâchent d’y monter ^ et se rejettent ensuite dans le lac, préci-

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sèment du coté opposé ; le courant de l’eau le plusst rapide ne les effraie pas ; ils poursuivent toujours leur route , au risque du péril le plus évident.

Si ces rats font quelque dommage dans les champs et dans les prairies , il est peu considérable , et leur présence indemnise les habitans ; car quand ils com¬ mencent à défiler dans les provinces Septentrionales de la Suede , les habitans font une ample capture d’ours 9 de renards , de martres , de goulus , et d'her¬ mines ; tous ces animaux qui suivent à la piste les lémings pour en faire leur proie , s’exposent par-là eux-mêmes à devenir celle des hommes. On feroit de la peau de ces sortes de rats des fourrures fort belles et fort douces , mais elle est trop tendre et se déchire trop aisément. Il n’est point vrai que ces animaux aient , comme on le dit , rien de venimeux ; car je connois > dit Linnœus 9 plusieurs pauvres Lapons , habitans des forets , que la nécessité force à se nourrir de ces sortes de rats 9 et qui n’en sont nullement incommodés.

Le Voyageur Krachminicoff dit que ces rats se trouvent aussi en abondance dans la péninsule de Kamtschatka : on les y appelle ugulchitck ; ils sont de la grosseur d’un rat ; leur cri ressemelé à celui d’un petit cochon. Ces rats changent d’habitation comme les hordes errantes des Tartares ; quelquefois ils quittent le Kamtschatka pour plusieurs années 9 ce qui alarme beaucoup les habitans , qui croient que leur retraite annonce une année pluvieuse et défavorable à la chasse ; les lémings sont regardés comme de si bon augure par les Kamtschadales , qu’ils ont soin de mettre de quoi les nourrir dans leurs trous quand ils les découvrent. Les Norwégiens , au contraire , font des prières pour les écarter de leur pays. Ces rats s’étant rassemblés partent commu¬ nément au printemps ; ils dirigent leur route vers POccident : leur troupe est quelquefois si nombreuse , que les Voyageurs sont obligés d’attendre plusieurs heures que cette armée de rats soit passée.

LEMMA. C’est une plante aquatique dont les An¬ ciens avoient parlé sous le nom de Lens hntkularis quadri folia 3 mais qui n’a été bien connue que depuis

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1740 , temps auquel M. Bernard de Jussieu en fit une description très- circonstanciée , et que l’on trouve imprimée* parmi les Mémoires de Y Académie des Sciences de la même année. Ce célébré Botaniste , en nous donnant premièrement la connoissance des fleurs du kmma , qui avoient été jusqu’alors inconnues , et qui font cependant son caractère , a détrompé en même temps de l’idée qu’on avoit eue de faire deux plantes particulières d’une seule. On observe cette plante dans les lieux marécageux , dans les étangs d’eau douce et quelquefois hors de l’eau ; mais elle est alors amaigrie et comme méconnoissahle. M. de Jussieu l’a décrite y étant à d^mi- baignée ? parce que c’est en cet état qu’elle produit ordinairement ses fleurs et ses fruits.

Le Umma est une plante traçante : ses rameaux rampent à droite et à. gauche , et sont chargés de feuilles , qui , suivant que ces rameaux se trouvent plus ou moins approchés ou écartés , forment des touffes plus ou moins serrées : les racines naissent du côté inférieur de la branche ; elles ressemblent à des filets garnis de fibrilles , et sont brunâtres et pliantes : la branche qui donne naissance aux rameaux est cylindrique et partagée , d’espace en espace , en espece de nœuds ; chaque rameau est terminé comme la branche par un bouton de quatre feuilles , qui 9 venant à se déployer , représente une croix de Malthe. Cette plante porte des coques d’une substance de cuir ; elles naissent de la queue des feuilles, et con¬ tiennent les fleurs et les fruits. C’est dans le Mémoire même de ce savant Académicien qu’il faut s’instruire de toutes les autres particularités du kmma ; on y verra que cette plante différé des autres plantes aquatiques , en ce que leurs feuilles sont plus décou¬ pées lorsqu’elles restent plongées dans les eaux, et paroissent plus entières dès qu’on les en retire^; et que celles du kmma \ au contraire , sont plus entières dans l’eau , et deviennent crénelées dès qu’elles en sortent. On ne saurait croire en combien de lieux et sous combien de climats difierens elle vient avec le même succès. Quant aux propriétés médicinales du kmma , M. de Jussieu soupçonne que cette plante convient pour atténuer et diviser les fluides , et pour

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lever les obstructions des viscères. La saveur de ce&té plante est mucilagineuse comme celle des fougères. LEMMAR. Voye-i Léming.

LEMNÏSQUE , Colubct lemniscatus , Linn. Serpent cln. troisième genre. 11 se trouve en Asie : il n’a guere qu’un, demi - pied de longueur totale; le tronc est ^ ainsi que la tête , de lu grosseur d’une plume de cygne : entre les trous des narines , qui sont très- ' petits , il y a des écailles rhomboïdales , et derrière celles-ci deux autres un peu plus grandes et d’une figure pentagone ; trois autres écailles , dont celle du sniüeu est la plus considérable , garnissent l’intervalle compris entre les yeux , et derrière ces organes il y en a encore deux qui sont les plus grandes de toutes : le sommet du museau est noirâtre; une bande noire parcourt transversalement le milieu de la tête ; - l’occiput est marqué d’une tache ronde ; les côtés de la mâchoire inférieure sont d’une couleur cendrée : le tronc est couvert d’écailles rhomboïdales un peu obtuses , lisses et non relevées en forme d’arête ; on compte, à commencer du dos , quinze rangées de ces écaijles : l’abdomen est recouvert par deux cent cin¬ quante grandes plaques ; la queue est un peu obtus© et garnie en dessous de trente-cinq paires de petites plaques. Tout le corps est agréablement panaché de blanc et de noir : cette derniere couleur, qui est comme le fond du tableau , est traversée par quarante- trois Mandes blanches , dont la troisième est quatre fois aussi large que chacune des autres % et qui îoutes s’étendent un peu plus en largeur sur l’abdomen que sur le dos. Enfin toutes les écailles qui garnissent le dos sont d’une couleur blanche , excepté à leur Sommet et dans leurs bords , ou elles ont une teinte de rouille. ( Encycl . Méth* )

LEMOULEMON. Nom qu’on donne à Gayenne à une espece de scarabée appelé capricorne . Voyez ce mot

LENDE ou Lente , Lens pediculàris ; Laides , est ime vermine blanche très-menue , qui ressemble assez à un ciron , et qui naît sur les cheveux ou poils des hommes et des bêtes : ce n’est autre chose que les. œufs des pous qui éclosent dans leur temps , et qui Reviennent de véritables pous* Çes Unies, tiennent

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fi fort aux cheveux qu’il n’est pas aisé de les en détacher ; il est plus facile de les faire mourir par la force de quelque médicament mercuriel , ou par le moyen de la poudre de staphisaigre ou de la poudre.

Capucin , qui est la cèvadilk : V oyez ces mots . L’usage d’un peigne , dont les dents sont fort serrées , les fait aussi périr : il n?y a guere que les enfans et les gens mal- propres qui soient sujets à avoir des kndes Voyez F anticlé Pou. 11 y a aussi les kndes de puce*. Voyez Puce.

LENTILLâC, Nom que les Languedociens donnent à une espace de chien ck mer qui a sur le dos des taches blanches de la grandeur d’une lentille , et d’au¬ tres taches en forme d’étoiles» C’est le. chien de mer étoilé 5 Gakïis asterias , Rbndel. ; ce chien de mer ne paroit être qu’une variété de Yemissok. Voyez cemot .

LjENTILLÂDE. En Languedoc on donne ce non* 4 la raie au long bec. V oye 1 à- la suite de Y article Raie.

LENTILLE, Lens ; Ervum lens , Linn. 1039 ; en .Allemand luisen , en Ânglois kntils , en Italien kn - Yggine , en espagnol lentegas . Est une plante annuelle d ont il y a deux especes , la petite lentille e;t la grande.

La petite Lentille-, ou Lentille à la Reine Lens minor 9\ Do don. 3 autvulgaris y C. B. 346, T ou rh .-490 a la racine menue et fi.brée ; elle pousse plusieurs tiges hautes de neuf pouces ou environ, velues , anguleuses , couchées sur terre , ou rampantes par occasion, branchues dés la racine. Ses féâi%S sont composées de dix à douze folioles portées sur un* pétiole commun qui; se termine en vrille ; elles sont' oblongues , ressemblantes à celles de la vesee, mais pîùsi petites et un peu velues : il sort des aisselles de ces feuilles des péduncules grêles qui soutiennent chacun deux ou trois petites fleurs légumineuses , de, couleur blanchâtre. Aces fleurs succèdent de petites gousses courtes , larges ,, remplies de deux ou trois graines comprimées, orbiculaires 9 légèrement con¬ vexes , dont la couleur est jaunâtre , et dans quel¬ ques especes rougeâtre ou noirâtre : cette plante est la lentille vulgaire. Elle croît naturellement dans les, provinces méridionale? de la France , parmi les blés ^ #u s. la. Suisse 2 la.. Çaniiole , etc. On la cultive dan%

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les champs , les jardins potagers ; elle vient facilement dans les terres maigres de médiocre qualité.

La grande Lentille 9 Lens major , C. B. Pin. 346 J Tourn. 390 9 Dod.Pempt. 526 ; est plus belle en toute maniéré et plus grande que la lentille commune : ses fleurs sont plus blanches. L’une et l’autre sont annuelles.

Leurs graines sont d’un grand usage pour la cuisine ; c’est une des principales nourritures des peuples dans plusieurs pays , et particuliérement dans F Archipel. Il paroît qu’on les estimoit beaucoup autrefois dans la Grece * et quC les Philosophes s’en faisoient un grand régal ; car Athenée 9 Liv. if, chap . 18 , met en maxime dans la bouche des Stoïciens , que le Sage faisait tout bien , et quil assaisonnoit parfaitement les lentilles . Le Poëte Sopater fut surnommé Lenticulaire à cause qu’il aïmoit beaucoup ce légume. Par quel contraste les plus habiles Médecins de nos jours jugent-ils autre¬ ment des lentilles ? Auroient-elles dégénéré , ainsi que nos estomacs ? Quoi qu’il en soit , toute l’Ecole de Médecine prononce que les lentilles ne conviennent îii comme aliment , ni comme rernede : elle enseigne que la fréquence d’une telle nourriture trouble la tête * dérange les esprits , amortit la vue , occasionne des terreurs nocturnes 9 engendre la mélancolie , obstrue les viscères , etc.

On distingue dap^ les lentilles deux substances \ Fane membraneuse 9 qui est la peau5 et l’autre médullaire x qui est la, pulpe. La. peau est astringente , et nourrit peu et mal ; la pulpe est infiniment meilleure ; la farine des lentilles est une des quatre farines résolutives. Tout Te monde sait que la purée de lentille est assez nourrissante : les paysans s’accommodent de cette nourriture ; mais il y a des provinces oii les paysans mêmes n’en font point usage ; ils les donnent aux bestiaux , notamment aux chevaux. Dans beaucoup d’endroits le peuple fait usage d’une décoction de lénifiés pour boisson dans la petite vérole ; il seroit plus à propos de lui substituer une décoction de racine de scorsonère ou de scabieuse.

MM. fàumenil Costé et Toiistain de Frontebosc ont fait mention , dans 'le premier yphime'/fe .Mémoires , de la Société Royale d* Agriculture de la Généralité de

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Rouen " de la lentille, ronde du Canada . Elle peut être d’une grande ressource dans une année la récolte de froment est très -médiocre. C’est, dit -on, une espece de vesce à grain très-plat et d’un blanc tirant sur le jaune : elle ressemble d’ailleurs à la vesce com¬ mune : elle procure aux Canadiens un excellent four¬ rage pour les chevaux et les bestiaux. Sa graine qui est plus nourrissante et moins indigeste que celle de la lentille , est aussi plus facile à cuire ; elle se serne au mois d’Avril en plein champ ; sa culture est la même que celle des pois et des vesces : elle produit infiniment plus qu’aucune des autres graines qu’on cultive dans nos champs.

Lentille d’eau ou de marais , Lenticula palus - tris , C. B. C’est une plante que l’on trouve dans les lacs , dans les fossés des Villes , et dans toutes les eaux dormantes et qui croupissent : elle surnage comme une espece de mousse verte : elle en couvre toute la superficie par une multitude infinie de ses feuilles très-petites , noirâtres en dessous , vertes en dessus , luisantes orbiculaires et de la forme des lentilles , Ces feuilles sont unies étroitement entre elles par des .filamens très-menus et blancs ; et de chaque feuille ^art un filet ou une racine, par le moyen de laquelle la plante se nourrit.

L’usage, de cette plante est extérieur : elle résout ^ rafraîchit et calme les douleurs des érÿsipeles , des hémorroïdes et des hernies des intestins. Les canards mangent avec beaucoup d’avidité la lentille d’eau.

On distingue plusieurs sortes de lentilles d* eau. Voyez HiàMtôiïant t article Lemma.

' Lentille de pierre ou Lenticulaire. Voyei

Pierre lenticulaire.

LESTISQUE , .Lmtiscus. Le lentisque est un arbre quelquefois grand , quelquefois petit , selon la nature d:ti soi il est. planté., Il y a plusieurs especes de kntisques qui different les uns des autres. par les pays ils croissent et par quelques caractères de variété! (Consultez le Traité .des arbres par M. Duhamel') j Ces arbres , dans certains pays , sont d’un très-grand produit par la résine qu’on eu retire , laquelle est

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connue sous le nom de Mastic , Mastlcfo aut Masri'x & s eu Résina ientiscana.

Les lentisques portent , sur difféfens pieds , des fleurs mâles et des fleurs femelles. Les fleurs mâles sont à étamines , attachées ensemble en forme de grappes % rougeâtres , et elles naissent des aisselles des feuilles. Les fleurs femelles qui viennent sur' d’autres pieds n’ont qu’un calice , point de pétales, mais un pistil composé de trois styles , terminés par des stigmates assez gros et velus. Les fruits sont de petites baies rondes , qui noircissent en mûrissant : elles sont d’un goût acide 3 et elles renferment chacune un petit noyau. Les feuilles des lentuqm^-sont _ adorantes et assez semblables à celles du myrte; elles sont rangées par paire sur une côte creusée en gouttière. Cette côte n’est point terminée , comme dans la plupart des feuilles conjuguées, par une foliole unique : cettgv circonstance peut servir à distinguer les lentisques cl’avec les térébimhes. Les feuilles de notre hntisqm vulgaire , Lentiscüs , Dod., Pempt. 871 ; J. B. 1 , 285 5 sont moins larges que celles du lentisque de l’Isle de Chio , Lentiscüs joliis latiortbus 9 mrvosis vel rugosis s ttiasüchcm fundens ex insuîa Çhio.

Les lentisques ne quittent point leurs feuilles pen- dant Fliiver ; niais comme ils sont très-sensibles au froid 9 on ne peut point les élever ici en pleine terre , à moins quë de les mettre en espalier dans une bonne exposition et d’en prendre grand soin pendant l’hiver. L £ lentisque croît naturellement en Languedoc " en Provence 5 en Italie " en Espagne , aux Indes , et sur- les'- côtés du Cap Blanc , d’Arguin v de. Portendic en Afrique. On le cultive dans ï’Isle de Scio ou Chio, fàvtt , -réside dont les Turcs,

font un très-grand usage. Il en vient une si grande quantité dans cette partie de l’Archipel , que ls Grand- Seigneur en retire tous les ans quatre-vingt à quatre- vingt-dix mille livres pesant de mastic : toutes lesïsles de l’Archipel ensemble sont obligées d’en fournir au Grand-Seigneur trois cents mille six cents vingt-cinq livres pesant. La culture de cet arbre ne consiste qu’à le provigner ; 011 a par ce moyen beaucoup de jieunea,; pieds vigoureux y qui fournissent plus de mastic qufe

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les vieux. Les lentisqucs font la plus grande richesse de cette Isle , et ces arbres sont réservés pour Sa Hautesse ; car si un habitant étoit surpris portant du mastic de sa récolte dans quelque village , il seroit condamné aux galeres et dépouillé de tous ses biens.

C’est en Janvier que les Turcs, plantent les jeunes lentisqucs , qu’ils distribuent par intervalles et en pe¬ lotons ou bosquets dans la campagne : ils viennent aussi très-bien de semences. Ces arbres fleurissent en Mars. On a grand soin de bien nettoyer d’herbes et de feuilles le bas des arbres , aftn que le mastic qui tombe à terre soit plus propre. On fait des incisions, aux troncs et aux grosses branches des lentisqucs , à la fin du mois de Juillet et au commencement d’Âoût : la résine coule ordinairement jusqu’à terre , mais il s’en congele en larmes sur les branches : celle-ci est plus estimée que l’autre. On commence à ramasser la résine vers le seizième d’Âoût ; cette récolte dure huit jours. On fait ensuite de nouvelles incisions pour préparer imé seconde récolte qui commence vers le quatorze Septembre ; et quoiqu’on ne fasse plus en¬ suite de nouvelles incisions , le mastic continue de couler : on le ramasse tous les huit jours , jusqu’au huit de Novembre : après ce temps la récolte n’est plus permise. Pour que la récolte soit belle il faut que le temps soit sec et serein. Il ne paroît pas bien certain que les lentisqucs qui croissent en Italie et en- Provence donnent du mastic , ou s’ils en donnent , c’est en très-petite quantité ; car celui du commerce vient du Levant. Les écorces des lentisqucs qui ont reçu- des incisions annuelles sont plus tailladées et raboteuses que celles qui n’ont point été incisées.

On nous apporte des pays chauds le bois de hn- tisque ; il est gris en dehors , blanc en dedans , et d’un goût astringent. Comme on lui attribue la pro¬ priété de fortifierxles gencives , on en fait des cure- dents, etron use de sa décoction pour les gargarismes astringens. En Italie on tire du fruit de cet arbre lino huile , par la même méthode que l’on tire celle du laurier en Languedoc. Au Levant ^ l’huile qu’on en exprime est préférée par le$ Turcs à l’huile d’olive, pour brûler et pour employer dans les médicamens.

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L’huile de kntîsqm possédé une vertu astringente , qui la rend propre lorsqu’on veut resserrer , comnie dans la chute de Tamis et de la matrice.

Le mastic est une résine seche , d’un goût légèrement aromatique , résineux et astringent. Le plus beau doit être en larmes ou petits grains clairs , transparens , cTun jaune pâle et d’une odeur agréable : il se casse net sous la dent , s’amollit à 4a chaleur comme de la cire , et s’enflamme sur les charbons. Les habitans de Tisie de Chio mettent presque tous du mastic dans leur bouche pour fortifier les dents et les gencives et pour corriger Thaleine. Ils ont aussi coutume d’en mêler et d’en faire cuire avec le pain pour le rendre plus délicat au goût.

Gomme il y a plusieurs especes d’arbres qui donnent du mastic , quelques-unes en produisent de plus beau 9 mais en moins grande abondance : c’est ce mastic de meilleure qualité que les Marchands nomment mastic mâle , soit qu’il découle d’un arbre mâle ou d’un arbre femelle ; ils désignent sous le nom de mastic femelle êelui qui est de qualité inférieure. Les meilleurs Untisques se trouvent dans la partie de l’Xsle de Chio qui est du côté du Sud. C’est sans doute de ce mastic mâle que les Dames du sérail qui ont du crédit , et les Concubines bourgeoises de Turquie mâchent pres¬ que continuellement à jeun , pour donner à leur haleine' une odeur' de baume 9 pour fortifier leurs gencives , blanchir leurs dents 5 et pour les entretenir en bon état.

On emploie intérieurement le mastic pour fortifier, l’estomac ? arrêter les diarrhées et les vomissemens ; il entre dans plusieurs baumes et emplâtres. On rétend sur un morceap de taffetas , et on l’applique sur la tempe pour calmer les douleurs des dents. Enfin le mastic se dissout aisément et peut entrer dans la composition de plusieurs beaux vernis. On jette aussi des grains de mastic dans des cassolettes pqur des parfums 9 ou dans le pain avant de le mettre au four. Les Lapidaires mêlent du mastic commun avec la térébenthine et le noir d’ivoire , et ils emploient ce mélange pour assujettir les diamans qu’ils veulent tailler et polir.

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Toutes les parties du lentisque 3 ses bourgeons , ses feuilles et ses fruits , l’écorce des brandies et des racines sont astringentes. Dans les Ephémérides cf Alle¬ magne on vante la décoction du bois de hntisque * sous le titre d’or potable végétal > comme une panacée singulière contre la goutte et les catarres ; en un mot pour aider toutes les fonctions du corps en réta¬ blissant le ton des fibres , et en adoucissant l’acri¬ monie des humeurs,

Lentisque du Pérou. Voye i Molle.

LÉOCROCOTTE , Leocrocotta . Parmi les caractères que le Naturaliste Romain assigne au léocrocotte 3 il en est d’incohérens , comme de dire qu’il a la croupe du cerf ; d’autres sont évidemment controuvés , comme lorsqu’il avance que sa dent est aussi tranchante quun rasoir 3 et qu’il n’a proprement quune dent qui régné comme un os continu tout autour de sa mâchoire ; il a Pencolure , la queue et le poitrail d’un lion , et la tête comme un taisson : ses pieds sont fourchus ; sa gueule est fendue jusqu’aux oreilles. Pline 3 livre VIII 9 chap . xx et xxx .

On dit que cet animal se trouve en Ethiopie , et qu’il est de la grosseur d’un âne : il est fort léger 9 et surpasse tous les quadrupèdes à la course. On dit encore qu’il naît de l’accouplement d’une lionne ou d’une crocotte 9 et d’une hyene mâle. Voye{ Crocotte. Gesner pense que le léocrocotte est un tigre . Voyez ce mot .

On lit dans Y Encyclopédie Méthodique 9 que quanta l’existence du léocrocotte , comme métis de la lionne et de l’hyene mâle , il est aussi peu sûr de l’admettre comme positive , qu’il seroit peut-être inconséquent de la nier comme impossible : on ne connoît pas assez les limites réelles qui séparent les especes ; ou plutôt nous n’avons pas la juste mesure des inter¬ valles au-delà desquels peut cesser toute alliance, pour assurer que celle de Y hyene et du lion ne puisse ab¬ solument avoir lieu. Il paroît que la possibilité de ces unions est marquée et circonscrite dans ce que nous appelons les familles des animaux, {Voye^ l9 ar¬ ticle Quadrupèdes ) formées d’un ensemble ou d’un groupe plus ou moins nombreux d'especes , qui

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par les ressemblances extérieures et intérieures conformation , et par celle de leur instinct semblent ü’ëtre que diverses empreintes tirées du même moule ^ ou plusieurs copies d’un même dessin sur différentes échelles ; c’efct ainsi que nous voyons dans la famille des Solipedes ou Quadrupèdes à sabot unique et solide au pied 9 Fespece du cheval produire avec celle Fane ; et vraisemblablement Tune ou l’autre , et peut- être toutes deux produiroient avec le zebre et czigitai. Ainsi , encore dans la famille des Quadru¬ pèdes fissipedes à cornes permanentes , Fespece du bélier produit avec celle de la chevre , et peut-être Fune ou Fautre produiroit avec les gazelles, dont suivant toute apparence , la plupart des especes pourroient aussi produire entre elles. 11 est vrai que la domesticité paroît nécessaire pour amener ces alliances , et que la nature , fiere de conserver la ligne directe et de perpétuer ses générations pures 5 ne permet et ne favorise que très-rarement ces unions adultérines. Néanmoins , quelquefois les circonstances peuvent suppléer aux rencontres de la domesticité : la solitude et l’abandon du désert peuvent rendre amis l’un de Fautre , deux êtres qui , sans cette ren¬ contre $ se seroient fuis : c’est ainsi que , suivant les Anciens , les animaux épars dans les déserts brûlans de l’Afrique , amenés par la soif au bord des fon¬ taines , si rares dans ces sables, s’y joig'nôïéht suivant les rencontres , et quoique de nature différente ÿ pressés par les feux du climat et par ceux de l’amour* Voye^ maintenant F article Jümart.

LÉOPARD , Leopardus. Espece d’animal quadru^ pede, carnassier et sanguinaire de l’ancien Continent ^ et que nous décrirons 5 ainsi que Yonce, à la suite du mot Pantîïerè.

LEP AS* Nom donné par les Grecs à un genre de coquillage univalve , et qu’on a rendu en latin par celui de Patella , parce que sa coquille ressemble à tme petite jatte ou à un petit plat. On connaît le hpas ou patdlc , sür les côtes de la Normandie , sous le nom de berlln ou bzrdin , ou bredln , ou lampotte ^ ( on s’en sert pour amorcer les haims) ; en Provence 9 sous celui à'arapede ; tsur les côtes de Poitou et

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lârÂÜtiîS l S dUS celui d'œil de bouc et de jambe , Le lepas rampe sur les rochers : on a calculé a marche la montre à la main : un de ces animaux a avancé, pendant une minute , huit pouces de long7; et si ranimai ne se reposoit pas si souvent , il pourrait avancer don pied. La- base qui: ett à l’ouverture de la coquille est occupée par un gros muscle qui a presque autant de chair que 'tout le reste du corps de l’animal ; ce muscle n’est point couvert par la coquille ; le lepas s’en sert pour marcher ou pour fixer fortement sur la surface d’une pierre ou de tout autre corps dur : les pêcheurs ont bien de la peine à l’en détacher , en insinuant la lame d’un couteau entre la pierre et la coquille; l’animal s’en détache à sa volonté pour aller à la pâture ; mais il meurt s’il cesse d’être entouré d’eau. On le mange cm ou cuit.

La coquille de cet animal est d’une seule piece j assez dure; sa couleur ordinaire est grisâtre :*on en voit cependant de diverses autres couleurs ; elle est nacrée en dedans , non contotftnée , convexe, et elle a la figure d’un cône tronqué ou d’un entonnoir très-évasé. Cette coquille est ou entière et simple, ou percée en dessus , ou chambrée , ou à appendice intérieur , ou écailleuse en dessus. On prétend que le lepas , dont la coquille est perforée çn. dessus , d éjecte par cet endroit ses excrémens.

Parmi ces coquilles conoïdes on distingue encore ï celles dont le sommet est pointu , ou obtus , ou aplati , ou recourbé ; celles dont la robe est cannelée ou striée , épaisse ou papyracée ; celle que les Cotichy- lîologistes appellent le lepas bouclier , imitant l’écaille de tortue * qui est marbrée en dessus et nacrée en dessous ; le concho -lepas ; le bonnet de dragon ou Chi¬ nois , sa tête est saillante , recourbée , et sa base est communément revêtue de drap marin ; Yœil de bouc ; la nacelle ; le cabochon ou toit Chinois , écailleux en dessus et à plusieurs étages ; Xastrolepas ou V étoile ; lçd:epas des Magellans , percé en dessus et rayonné de vert , de violet , et quelquefois de rose ; le lepas cham¬ bré , sa tête est saillante , une cloison parallèle à la base occupe près de la moitié du dedans 3 etc.

LEP

Ces especes suffisent pour donner une idée des carae^ teres les plus variés de ce genre de coquilles.

On trouve aussi quelques Itpas fluviatiles et beau¬ coup de fossiles. On appelle ces derniers lépadites ou patellites.

LEPIDOPTERE. Voye i à l'article, Insecte.

LEPISME, Sciæna lepisma , Linn. Poisson du genre du Sciene ; on ignore son lieu natal ; mais suivant Linnœus , son caractère consiste dans deux lames écailleuses situées de chaque côté de la nageoire dorsale , et qui forment une espece de sillon , dans lequel cette nageoire est cachée lorsque le poisson la replie : la nageoire dorsale a dix-neuf rayons , dont les dix premiers épineux ; les pectorales , chacune onze, tous flexibles ; les abdominales, six, dont le premier épineux , ainsi que dans celle de l’anus , qui a onze rayons ; celle de la queue en a treize.

LEPTURE , Leptura . Insecte coléoptère dont les antennes vont en diminuant de la base à la pointe , et dont l’œil entoure la base. On peut regarder les leptures comme des especes de cèrambix ou capricornes ; elles sont comme eux de l’ordre des Coléoptères qui ont quatre articles aux tarses de toutes les jambes ; elles habitent les mêmes lieux ; leurs larves et leurs nym¬ phes sont les mêmes , et elles ne différent que par leur corselet^ qui n’est point armé de pointes comme celui des capricornes ; Voyez ce mot . Une espece de lepture très-curieuse se trouve à Cayenne ; elle est toute noire : les deux pattes de derrière ont deux fois la longueur du corps ; la cuisse est renflée près du genou ; l’extrémité de la jambe est garnie , ainsi que le tarse , de houppes de poils. On a trouvé cette lepture sur des roseaux , dans un lieu marécageux. Une autre espece de lepture 5 apportée de la Guiane , est très-remarquable par la singularité de ses antennes composées de trois pièces : la premiers est la plus grosse et très-courte ; la seconde très-grêle et fort longue; la troisième encore plus grêle ou plus effilée que la seconde, toutes noires ou noirâtres. Au milieu de la seconde piece sont placées deux aigrettes de poils noirs : ces aigrettes naissent du coté interne

de

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®e rantënne et sont tournées vers le corps : à l’ex« trémité de la même piece sont deux houppes de poils soyeux , beaucoup plus fournies et plus longues que les précédentes : elles entourent l’antenne ; la bas© de cette houppe est noire 9 et Pextrémite est blanche* LEREOU. Voyez à V article Lamantin du Sénégal* LERNE 5 Lernea . Espece de zoophyte ou de ver qui se trouve sur une sorte de brème 5 et qui nourrit de son saiig. Voyez Zoophyte*

LÉROT. C’est le Mus avzllanarum major de Gesner Ct de Ray. Voyez à la suite du mot Loir.

LETAGÀ. Nom donné * en quelques endroits de la Moscovie , à Y écureuil volant 3 qui est le polatouche y oyez ce dernier mot .

LETCHI ou Li-chi. C’est un des plus beaux et îdes plus délicieux fruits qui croissent à la Chine * et particuliérement dans la province de Canton : il égaie le volume d’une grosse noix ; son écorce est chagrinée , mince ? d’abord verdâtre , ensuite de couleur ponceau éclatante. Quand le fruit est mûr et récem¬ ment cueilli , cette écorce se termine en pointe : elle enveloppe une espece de pulpe mollette et un petit noyau très - dur * de la figure d’un girofle et de la couleur du jai$ : il n’y a que le mangoustan , et peut- être Ÿaté , qui surpassent ce fruit eh bonté ; il est d’une nature si chaude , que si l’on n’en use point avec modération il fait naître des pustules par tout le corps. Les Chinois le font sécher comme nous séchons en Europe les pruneaux , et en mangent toute l’année ; ils s’en servent particuliérement dans le thé , auquel il donne un petit goût rude ou ai¬ grelet , qui leur pafoît plus agréable qüe celui dil sucre. Voyez Atê.

LÊTRE. C’est le bois de fen Voyez ce mot.

LEVENEGATTE. C’est le LiEUi Voyez ce mot*

LEVESCHE. Voyez Livêche.

LÉVIATHAN. Anima} dont il est parlé dans livre de Job , chap. 40 et 41. Le docte Samuel B o char d qui a lu tout ce que X Ecriture Sainte dit à ce sujet ^ en fait mention dans son Hieroiokon , pag . 2 , liv* IV ^ Tome Vîl, l i

39* î If

s. xn , Xiit à xfi , ouvrage qui plrôiîVô' plus cPérà^ dition que de connoissances en histoire naturelle * il y prétend que le Iéviathan est le crocodile y cet animal si difficile à prendre , si indomptable , si farouche et dont la peau est si dure. Pour le prouver 9 il tire ses raisons d’un endroit du Talmud , au traité du Sabbat 9 il est dit que le cabith ou chien-marin est la terreur du iéviathan ; il soutient que ce cabith est Yichncumon ^ et que l’animal dont il est la terreur , eât le crocodile ; parce qu’on a cru que Pichneumon se jette dans la gueule du crocodile , s’insinue dans son corps , lui ronge les entrailles et lui perce le ventre : d’où s’ensuit que le crocodile est le Iéviathan des Hébreux* Voyei Crocodile et Ich^eumOnF

M. Jault 3 Professeur en Syriaque , prétend que Iéviathan est le dragon-marin ; et il s’appuie sur un passage d’XsAIE , ch. 57 x il est dit : Le Seigneur visitera avec son épée dure y grande et forte , le Iéviathan ÿ ce serpent prodigieux , ce se peut tortueux $ et il tuera l& dragon qui est dans la mer. Voyez DRAGON-MARIN.

Les nouveaux Hébreux donnent encore le nom de^ Iéviathan aux animaux cétacées , tels que la baleine.

LEVRAUT , est le jeune lievre ; sa chair est fort saine. On donne le nom de ïévreteaux aux petits levrauts qui sont encore nourris par la mere. Voye^ Lartick Lievre.

LEURRE. ïlliciuin . Voyez ce que c’est à Yarticlé Faucon.

LEVRETTE , Vertaga. Est la femelle du lévrier ; les petits s’appellent levrons. V oy zz ci-dessous Lévrier*

LÉVRIER 5 Vertagus. Race de chiens nommés ainsi de l’usage l’on est de s’en servir particuliérement à la chasse du lievre. Le lévrier est le chien le plus léger , et celui dont les proportions sont les plus fines et les plus sveltes. Il est haut monté sur jambes ; il a la tête longue et menue , le corps fort délié. Oor distingue quatre sortes de lévriers : t.° Celui dont les Ecossois , les Irlandois , les Scythes, les Tartares et autres Peuples du Nord sont fort curieux , s’emploie’ à courir le loup , le sanglier et autres grandes oêtes ÿ comme le taureau sauvage et le buffle : on l’appelle Mvmr $atmfoA Dans la Scythie il y en a d'assez lester

LE V L È ï 49$

jjiôûf attraper les tigreè et les lions : les gens du payé se servent des plus forts pour garder le bétail qui in’est jamais enfermé.

i. ° Le lévrier de plaine ; c’est le plus agile de tous les animaux : les meilleurs sont en Champagne , en Picardie et en Thrâce 9 à cause dés grandes plaines de ceè trois provinces , ce qui oblige de les choisir de grande race , de grande haleine , et d’urie extrême Vitesse. Les Portugais choisissent parmi ceux-ci les mieux râblés ^ ceux qui sont gigotés et courts , pour bien coürir le lievre sur les coteaux et les montagnes*

j. ° Le lévrier franc et le lévrier métis: ils se trouvent en Espagne et en Portugal : on les croit mêlés de quelque race de chiens coureurs , de ceux qui aident natürellémenh Ces sortes de chiëns , qui ne deviennent jamais gras îii gros , conviennent en ce pays-là , qui est inculte et rempli de broussailles ; ce qui fait qu’ils ne vont qu’en bondissant après le gibier , qui y est fort commun ; ils ont l’art de î’inveStir > de maniéré qu’ils ne manquent pas de s’en saisir et de le rapporter î on. les appelle drdinaL rement chârnaigresi Les métis de cette race ont queue velue et les oreilles pendantës.

4.0 Le petit lévrier à9 Angleterre : on choisit les plus hauts pour courir le lapin dans une garenne ou dans quelque lieu clos : on les y tient en laisse proche des épinieres faites exprès , et qui sônt éloignées des trous oii les lapins se retirent. Si On veut faire courir le petit lévrier , on bat les épinieres , d’ou il sort iin lapiri , qui Voulant regagner son trou se trouve barré , et souvent pris par le lévrier.

Les lévriers qui ont le palais imprimé de grandes ondes noires sdnt les plus vigoureux : on choisit ceux qui sont tisonnés 9 à gueule noire > et qui ont le corps marqueté de très-grandes taches , le pied sec 9 line encolure longue , la tête petite et longue , le poil longuet , et plus de chair à la partie postérieure qu’à Faiîtérieure. V&ye{ l'article CiîîEtf.

LÉZARD , Lacertûs . Sous ce nom générique Poil comprend un ordre de quadrupèdes ovipares 9 qui ont le corps nu et une queue.

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On doit compter les lézards parmi les animaux qui supportent le plus long-temps la faim sans périr (i),

M. Daubmton dit qu'on a de l’aversion pour la plu¬ part des lézards , parce que 9 dans la plupart , leur tête a beaucoup de rapport avec celle des serpens , et que leur corps auroit aussi de la ressemblance avec celui de ces reptiles , s’il n’avoit quatre jambes. On croit -9 sans aucun fondement , que plusieurs lézards sont ve¬ nimeux , principalement le beau léçart vert . On le fuit lorsqu’on le rencontre ; on devroit , au contraire 5 le rechercher pour la beauté de sa couleur : il dé* truiro.it beaucoup d’insectes dans nos enclos sans faire jamais de mal. La crainte et l’horreur ne sont bien fondés qu’à l’aspect des crocodiles et des autres grands lézards 5 dont la morsure est redoutable. Il y a même des lézards dont la chair est très -bonne à manger.

On distingue les lézards par la figure de leur tête » par celle de leur queue et par la structure de leurs pieds , ainsi qu’on ie peut voir dans la comparaison des lézards vulgaires, avec les salamandres , les croco¬ diles , etc. Les uns ont le dos uni , d’autres l’ont dentelé comme un peigne , quelques-uns Font tuber¬ culeux. Tous ont les pieds digités , et leurs femelles sont fécondées intérieurement, excepté la salamandre* Les lézards ont les oreilles petites et à découvert , ils different en cela des serpens. Les yeux des lézards, se ferment par des paupières tandis que ceux des

(i) On a vu à Montpellier un Lenard vert fort grand * que M. de la Roquette tenoit enfermé depuis trois mois , dans un© cage de verre , dont le dessus n’éroi.t couvert que d'an linge fin * pour laisser un passage à fair , il vivoit encore au bout de ce temps , sans qu’on lui eût donné aucune nourriture , et sa cou¬ leur étoit vive. Olaüs Borrichius dit qu’il avoit même quitté , comme font les serpens , sa vieille peau qu’on voyoit à côté de lui dans la çage. Parmi différens animaux que Redi a mis à l’épreuve , pouc savoir combien de temps ils pourroient vivre sans manger , il s’esfi trouvé un grand lézard d’Afrique qui a vécu plus de huit mois , sans vouloir goûter d’aucun aliment. Redi a reconnu que les parties intérieures se trou voient très-belles et très-saines dans les animaux étgient; mgrts de £aim?

t E Z foi

séfp eni restent ouverts. Il y a des lézards qui vivent à la maniéré des amphibies ; mais les uns habitent plus communément sur la terre , d’autres séjournent dans l’eau. Quoique les lézards -, ainsi que les qua¬ drupèdes ovipares, paraissent moins sensibles que les quadrupèdes vivipares, et qu’ils semblent méconnaître la tendresse paternelle , ils n’en éprouvent pas moins au retour du printemps , le sentiment impérieux de l’amour , qui dans la plupart des animaux et peut-être dans tous , donne tant de force aux plus foibles , tant d’activité aux plus lents , tant de courage aux plus lâches. Malgré le silence habituel des quadru¬ pèdes ovipares , iis ont presque tous , nïâles et fe¬ melles , des sons particuliers pour exprimer leurs, désirs, pour s’inviter et se répondre ; les instans de la jouissance sont moins répétés que chez les vivin pares , mais ils sont plus longs. \

Redl prétend que tout lézard mâle a le membre gé¬ nital double ou fourchu comme l’ont les serpens. Les lézards à peau flexible paroissent en changer une à deux fois chaque année.

Le célébré M. Duveyney a fait voir que la peau qui couvre la partie interne de la cuisse du lézard vert * est percée de dix à. douze trous qui répondent à autant de glandes.

En Médecine on estime les lézards gris et verts , comme fortifians et résolutifs : on en prépare par infusion ou par coction une huile qui est bonne pour les taches de la peau et pour faire croître les cheveux* Mi Bourgeois dit qu’on fait usage aussi de la poudre de lézards pour faire tomber les dents cariées et gâtées % on met un peu de cette poudre dans le creux de la dent ; mais il faut prepdçe garde qu’elle ne touche aux dents saines.

M, Dauhnton dorme la liste de quarante-huit peces de lézards , qu’il distribue en six genres : et* voici l’ordre et les caractères spécifiques. Nous expo¬ serons la liste des especes ? dans chaque; genre; , paç ardre alphabétique .

$o& L E E

Premier Genre.'

Lézards qui ont le corps nu , un peu tuberculeux , U fe #z/gz/e aplatie .

On en compte huit especes :

i.° La Dragqne. (La queue très-longue ; tous les doigts presque de même longueur. ) Voyez Draçone.

2.0 Le Crocodile. (Trois ongles à chaque pied. \ {Voyez Crocodile.

3.0 Le Fouette-queue. (Des plaques carrées sur le dos 9 des écailles ovales sur les côtés et sur le dos. ) Voyez Fouette-queue.

4*° Le Large-doigts. (Les avant-dernieres pha¬ langes des doigts sont les plus larges. ) Voye ç Lézard dit le Large-doigts.

5.0 Le Moucheté. (Des taches en lignes trans¬ versales sur tout le corps.) Voye { Sauve-garde.

6.° Le Sillonné. ( Quatre plis sur le dos 5 deux sur la queue. ( Voye z Lézard dit le Sillonné.

7.0 Le Sourcilleux. (Des pointes sur les sourcils, et le long du dos.) Voyez Lézard dit le Sour¬ cilleux.

S.° L’Occiput fourchu. (Deux pointes, quelques , aiguillons le long du dos et de la queue. ) Voye% Lézard dit FOcciput fourchu.

Deuxieme Genre.

LÉZARDS qui ont la queue étagé el

Il y en a douze especes :

i.° L’Algire. ( Quatre lignes jaunes sur le corps. )' Voyez Algire.

2.0 L-Ameiva. ( Marbré de blanc , vert , bleu et noir. ) Voyez Ameiva,

3.0 L’Azuré. (Le manteau bleu. ) Voye z Lézard, dit I’Azuré.

4.0 Le Cordyle. (Écailles bleues , rayées de châ** tain. ) Voyez Cordyle.

f.G LeGECOTE, (Le corps perlé a la queue étagée. |

\jVoyez Qecote, ' * ,A ' ' * v’" / " "*

LEZ 5©$

l.9 Gris. (Deux lignes brunes sur un fond gris.) Voyez Lézard- gris.

7. ü Le Grison. (Le corps gris et tuberculeux.) Voyez Lézard dit le Grison.

8. ° Le Lion. ( Six lignes blanches sur le corps. ) Voyez Lézard dit le Lion.

9.0 Le Seps. (Les jambes très-courtes. ) Voyeç Seps»

10. ° Le Stellion. (Marbré de blanc, de cendré et de noir. ) Voye z Stellion.

11. ° Le Vert. (Le dos vert, le ventre jaune.) oyez Lézard-vert.

12. ° L’Exagonal. (La queue à six pans.) Voyez Xézard, dit ÏExagonax.

T ROISIEM E G E N R E-.

ZA.RDS qui ont la queue ronde x écailleuse et plus courte que le corps *

On en distingue cinq especes :

i.° Le Caméléon. ( Deux ou trois doigts de chaque pied réunis. ) Voye { Caméléon.

2.0 Le Gecko. (Le corps perlé. ) Voyez Gecko.

3.0 Le Scinque* (La queue courte , aplatie par le tout. ) Voye£. SciNQUE.

4.0 Le Strié. ( Cinq lignes blanches sur le dos. ) Voyez Lézard dit le Strié.

f.° LeTAPAYE, (Le corps gonflé.) Voyez -Tapaye*

Q U A T R I E M E G E N R E9

'j&É z A rd S qui ont la queue ronde , écailleuse , et plut- longue, que le corps y

On en compte dix-sept especes :

i.° La Double -raie. (Des points noirs sur le 4os , entre deux lignes jaunes.) Voyez Lézard dit la Double-raie.

2.0 L’Agame. ( Des anneaux d’écailles pointues sur la queue. ) Voyez Agame.

3-.° La Queue bleue. (Cinq raies jaunâtres sur le dos , et la queue bleue. ) Voyez Lézard dit la Qutue

BLEUE,

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4.0 Le Basilic. (Des aiguillons qui soutiennent jine grande membrane le long du dos. ) Foye^ Basilic.

5.0 Le Chalcide. (Les jaçibes .'très - courtes. } Voyei Lézard dit le Chalcide".

6.° Le Doré. (Des taches rondes placées sur le dos et les côtés du corps. ) Voye^ Lézard dit le Doré.

7.0 Le Galéote. (L’occiput et le dos dentelés.) 'Voyc-i Galéote.

8.° Le Galonné. ( Huit bandes blanches le long du dos.) Voyei Galonné.

9.0 Le Goitreux. (Un goitre couleur de rose.) Woyei Goitreux.

10. ° Le Marbré. (Marbré de rouge, de noir et de blanc.) Foye% Lézard marbré.

11. ° Le Plissé. (Deux plis sous le cou.) Foye% Ijézard dit le plissé.

12.0 Le Porte-Crête. (Une nageoire avec des, royons sur la queue. ) Voyais Lézard dit le Porte- crête..

13.0 Le Rouge-gorge. (Une poche rouge sous le cou. ) Voyei Lézard dit le Rouge-gorge.

14.0 Le Teguixin. ( Les côtés du corps plissés. ) Voyci Teguixin.

15. 0 Le Triangulaire. (La queue triangulaire.) Foye^ le Lézard dit le Triangulaire,

i6.° L’Iguane. (Un goitre dentelé en avant.) Foye 1 Iguane.

17.0 L’Umbre. (Un pli profond sous la queue.) Foyei UmbrE,

Cinquième- G e n r

Lézards qui ont quatre doigts aux pieds de devant | et le corps lisse .

Il y en a cinq especes :

i.° La Salamandre aquatique à queue ronde,,1 (Le ventre orangé avec des mouches noires. ) Foye^ ï article SALAMANDRE.

2»0 La Salamandre aquatique , à queue plate*] £ La queue plate. ) Foye 1 l'article Salamandre.

3.0 Le Ponctué. (Le dos ponctué de blâpCo J floyei Lézard dit le Ponctué,

LEZ

4.0 Le Raye. (Quatre ligues jaunes sur le corps. ) Voye^ Lézard dit le Rayé.

5.0 Le Sourd. De grandes taches jaunes sur le corps.) Voyei Salamandre terrestre.

Sixième Genre.

Lézard ailé .

On n’en compte qu’une espece ; savoir : Le Dra^ gon. Voye{ Lézard volant.

Décrivons maintenant parmi les differens animaux de cet ordre, etc. ceux dont le nom particulier est précédé par le mot Lézard*

Lézarp d’Amboine. Lézard aquatique crêté de Valentin, Voye% çi-après Lézard dit le Porte- crête.

Lézard AZURÉ , Lacerta ( ayirea ) Caudâ verticillatâ brevi , s quamis mucrcnatis , Linn. Ce reptile se trouve en Afrique. M. Daubenton dit qu’on peut regarder comme caractère distinctif de ce lézard la couleur bleue , qui est distribuée de maniéré à lui former pne espece de manteau. Sa queue est courte , et les écailles dont il a le corps garni se relevent en pointes par leurs extrémités. Ce lézard est du deuxieme genre.

LÉZARD ChaLCIDE , Lacerta ( chalcides ) , caudâ te~ rai ylongâ Sptdibus pentadactylis brevissimis 3 Linn. Amphj Rept. n.° 41 ; Scincus pedibus brevissimis 5 peut adactylis d unguiculqtis 9 caudâ truncoque longissimis , cylindraceis 9 Gronov. Zooph. 43 ; Seps seu Lacerta chalcidica , Ray d Aldrov. C’est le lézard vert Africain et à écailles lisses deM. Vosmaér . Selon Gronovius , l’espece dont il s’agit est intermédiaire entre le lézard et le serpent . La plu¬ part des Auteurs , sur-tout les Anciens , sont peu d’accord sur la description et les qualités de cet animal* Les uns en font un serpent , quelques-uns un lézard 9 et presque tous disent que c’est un animal très-veni¬ meux , dont la morsure corrompt la plaie , et dont enfin la marche est tortueuse. Selon M. Daubenton % çet animal est un lézard 9 et il le place dans le qua¬ trième genre de cet ordre d’animaux.

Le Lézard chalcide se trouve en Afrique , notamment

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au Cap de Bonne-Espérance ; il habite les endroit^ marécageux ; on prétend qu’ii se nourrit d’insectes^ Sa tête est petite , ovale , un peu aiguë , plate en dessus , et couverte d’écailles polygones. Le tronc est d’une forme très-alpngée et cylindrique, de la même épaisseur que la tête. La queue est beaucoup plus longue que le tronc , d’une figure pareillement cylindrique et de même diamètre , épaisse et un peu obtuse à son extrémité. Les pieds sont très-courts , déliés 9 très-élcûgnés les uns des autres , et terminés par cinq doigts. Ceux de devant sont situés près de la tête , et ceux de derrière qui sont un peu plus longs se trouvent sur les côtés de Panus , qui est à peu près à la moitié de la distance entre la tête et l’extrémité de la queue. Les uns et les autres sont armés d’ongles aigus , courbés en arc , et à peu près égaux en longueur. Tout le tronc, la queue y les pieds, les cotés et le dessous de la tête , sont garnis d’écailles disposées en recouvrement. Cet animal est de couleur de chair. L’individu décrit par Gronovius avoit sept pouces de longueur.

Un autre individu , apporté du Cap de Bonne- Espérance et décrit par M. Vosmaër , avoit de quatre à cinq pouces de longueur ; la couleur dominante du dos y dit cet Observateur , était d’un brun-roux , sur lequel les petites écailles déliées , fines et serrées s formoient un joli dessin de taches noires ou d’uti brun obscur ; le ventre étoit entièrement d’un blanc cendré; les ongles étoient blancs. M. Sauvages , dans tm Mémoire sur la nature des animaux venimeux , et en

! Particulier de ceux de la France , ouvrage couronné pay l 'Académie de Rouen , ( prix de Physique en 1754} , dit que le seps s Lacerta chalcidis , Linn. , est un animal qui. n’est pas rare dans le Languedoc , quoique inconnu a même aux Savans , dans le reste de la France : on le confond , dit-il , aisément avec V orvet ; mais il en différé en ce qu’il a , comme les lézards , quatre pattes avec trois doigts à chacune. Il est inouï , ajoute M. Sauvages , que personne ait eu lieu de s’en plaindre ; il rapporte qu’une poule ayant trouvé un de ces ani¬ maux , l’avala apparemment par la tête sans l’endom¬ mager : un moment après on vit sortir le seps par;

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Pfl chemin tout opposé : la poule qui Fapperçut l’avala de nouveau ; le seps s’échappa encore par la même route : lassée de ce badinage , la poule le coupa en deux à coups de bec , et l’avala pour la troisième et derniere fois elle n’en parut pas in-? çommodée : ce lézard pris intérieurement h’a donc rien de nuisible. Et qui sait 5 dit encore ce célébré Médecin ? si paf la propriété qu’il a de se glisser |e long du canal intestinal , et de le parcourir sans causer le moindre mal il ne produiroit pas dans la

fiassion iliaque un, meilleur effet que le vif-argent et es balles de plomb.

Lézard d’eau. Il n’est pas rare de rencontrer des lézards dans les bassins , les fossés et autres lieux aquatiques. M. Long a observé que les lézards de terre sont moins dangereux que ceux qui naissent dans l’eau , de même que les crapauds qui ne sont pas venimeux pendant les froides saisons , le deviennent pendant celle de la chaleur ; de vient , dit -on * qu’ils sont si nuisibles en Italie. Quelques-uns donnent plus particuliérement le nom de lézard d'eau aux sala% ^nandres aquatiques ; Voyc{ V article SALAMANDRE.

On donne encore le nom de lézard d'eau à un poisson que l’on trouve dans les mers des Indes , et qui est assez semblable aux poissons alongés ; sa tête ressemble à celle d’une sauterelle les yeux sont placés au-dessus 9 ce qui lui dqnne une extrême facilité d’apperçevoir ce qu’il veut prendre ou éviter. Il a précisément au-dessous des ouïes une partie charnue qu’il pose sur le sable 3 et sur laquelle il se balance et se tourne comme sur un pivot , prenant toute l’attitude d’un lézard qui guette sa proie ; ce qui lui a fait donner le nom de lézard d'eau . Dès qu’il apperçoit l’objet qu’il guette ou qu’on s’approche de lui , il s’élance et saute par bonds avec une très -grande vivacité. Il a sur le dos une espece de nageoire garnie d’épines , qu’il plie ou redresse à volonté , comme la perche 3 et qui lui sert de défense.

L’aliment le plus ordinaire du léçard-d* eau-poisson est une espece de crabe. Celui-ci est armé d’un seul côté d’une pince , presque aussi grosse que son corps :■ |[è$ qq’ij voit son ennemi ? il lui présente cette pinçe 9

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dont la vue seule apparemment le tient en respect oti cause son inaction ; car le crabe continuede manger comme s’il n’avoit rien à craindre ; mais comme il faut pour entrer dans son trou, qu’il replie cette pince? le long de son corps , c’est ce moment que le poisson rusé saisit pour se jeter dessus , l’enlever et le manger* V oyeç l Histoire de V Académie 9 année 1751.

Lézard de mer. Voye^ Dragonneau, (poisson..}

LÉZARD doré, Lacerta ( aurata ) , caudâ tereti Ion giusculâ 9 squamis rotundatis , glabris 9 subgris eis 9 laïc - ralibus subfuscis 9 pedibus pentadactyüs 9 Linn. Amph*. Amœn. Acad. ; Scincus pedibus pentadactyüs 9 unguicu- latis ? digitibus teretibus 9 Gronov. Mus, p. 75 , n.° 48* Ce lézard qui se trouve en différens pays de l’Europe % est du quatrième genre. Sa longueur totale est de huit à dix pouces. La tête du lézard doré a la même épais¬ seur que le cou : elle s’alonge insensiblement par- devant et se termine en pointe. Elle est d’une formç ovale , un peu convexe en dessus , couverte d’écailles polygones assez grandes. La mâchoire supérieur^ dépasse un peu l’inférieure : F ouverture de la gueule est médiocre : les dents sont disposées sur un seul rang dans chaqiie mâchoire; elles sont petites, égales * ayant la forme d’un cône obtus. La langue est aiguë % large , charnue , échancrée à sa base , entière et mince à son sommet. Les narines sont un peu arrondies ^ ouvertes et situées des deux côtés au haut du museau. Les yeux sont aux extrémités latérales de la tête , à peu près à égale distance entre les oreilles et la pointe du museau ; l’orbite est en forme de lance obîongue , l’iris brune et les paupières noires. Le corps est oblong , élargi par les côtés , presque carré , uni et diminuant insensiblement de grosseur depuis la tête jusqu’à queue. Le dos est large et plat. La queue qui paroît n’être qu’un prolongement du corps , suit les mêmes décroissemens insensibles jusqu’à son ex¬ trémité qui est en pointe ; elle est d’une forme en-? tiérement conique , et sa longueur excede quelquefois de beaucoup celle du corps. L’anus est percé d’une fente longitudinale : les jambes sont presque arrondies et un peu renflées. Les pieds de devant se partagent en cinq doigts d’une forme urt peu ©rbiculaire %

LEZ 509

terminas en points et garnis d’ongles recourbés et àigus ; l’intérieur ou le premier' est très-court ; le second beaucoup plus long ; le troisième et le qua¬ trième sont un peu plus longs que le second et égaux: èntre eux ; le cinquième est plus long que le premier èt beaucoup plus court que le second. Les pieds de derrière ont pareillement cinq doigts terminés en pointe aiguë et garnis d’ongles : le premier doigt , qui est l’extérieur , est très-court ; le second et le quatrième le dépassent un peu et sont égaux entre eux ; le troisième est plus long que l’un et l’autre ; le cinquième est le plus long de tous. Les écailles sont arrondies , striées 5 lisses et brillantes ; elles sont dis¬ posées en maniéré de tuiles , et couvrent tout le corps , le cou , l’abdomen , la queue et les pieds. La couleur du corps est d’un brun un peu sombre , qui prend une teinte de blanc vers les parties inférieures ; ou distingue , sur les côtés du corps et sur le dos , des taches rondes placées deux à deux.

Ce lézard mort et desséché , privé de ses entrailles * prend une teinte jaunâtre , comme dotée. On le vend souvent aux Droguistes , mais à tort , sous le nom de sclrtque d’Egypte. Ce dernier n’est pas du même genre. Voye £ ? article SciNQUE.

Lézard dit la Double raie , Lacerta caudâ ttnti 9 longâ , dorso linets duabus flavis , punctls nlgris inter - spersis 9 Linii. ; StdliQ punctatus 9 Laurenti. Ce lézard 9 qui est très-petit , se trouve en Asie. Il est du qua¬ trième genre. Sa tête n’est point distinguée du corps; elle est petite et de forme ovale : le dos est terminé de part et d’autre par une ligne d’un jaune sale. Ou distingue sur sa surface six rangées longitudinales de points noirâtres, et autant sur les côtés. Les pieds et la queue sont aussi parsemés de points.

Lézard écailleux ou Diable de Java , Lacertus squamosus Indiens . Nom sous lequel les François établis aux Indes Orientales désignent une espece d’animal qui n’est réellement ni du genre ni même de la classe des lézards. On en distingue deux especes , qui toutes les deux sont des quadrupèdes vivipares et non des ovipares , comme le sont les lézards. Ces animaux sont nommés par les Indiens de l’Asie Méridionale ,

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l’un pangolin et l’autre phatagin . Voyez leur description § leur histoire 5 leurs mœurs , à l’article PANGOLIN.

Lézard étoile. Voye'i Stellion.

LÉZARD dit TExaGONAL , Lacerta caudâ exagond | longâ $ squamis carinatis mucronatis , Linn. C § lézard i qui se trouve en Amérique est du deuxieme genre* il est petit , il a la tête dépourvue d’écailles et sillon¬ née par différentes rides très-sensibles ; elle est comme tronquée par derrière , à l’endroit commencent les écailles du cou , et elle semble former continuité avec lui. On distingue sous la gueule deux grandes écailles arrondies. couleur du dos est rousse. Toutes les écailles, excepté celles du ventre , sont terminées en pointe et relevées en carène très-saillante. La queue surpasse le corps de moitié en longueur ; elle est d’une forme hexagonale , et ses arêtes sont très-marquées.

Lézard fouetteur. Voye ç Fouette- queue.

Lézard goetreùx. Voye{ Goitreux.

Lézard GRIS , Lacerta agilis , Linn. ; Lacerta caudâ verticillatâ 3 longiusculâ , squamis acutis , collari subtùs squamis constructo , îaun. Suec. 284 ; Lacerta caudâ tereti , longâ , verticillatâ , longitudine corporis 3 pedibus pentadactylis unguiculatis 9 Id. 1552 , Lacerta caudâ cor- pore pariun longiore , sqUamis Ictvissimis , Gron. ; Lacerta minor 9 maculata indigeha , Seba ; Lacertus vulgaris * ventre nigro maculato , Ray ; ert Espagne , sargantina et lagartija ; aux environs de Montpellier , langrola ;

Ce lézard est du deuxieme genre : il est commun en Europe et notamment dans les climats chauds de cette partie du Monde. Il s’accouple vers la fin d’Avril ; il dépose en été ses œufs dans de vieilles masures exposées au Midi , la chaleur de l’air suffit pour les faire éclore , et pendant Fhiver il se retire lui- même. Î1 se nourrit de mouches , de fourmis , de grillons, de sauterelles * et Sur-tout de vers de terre* Il aime à se montrer aux rayons du soleil. Plus temps est chaud , plus il est vif et alerte. Il court quelquefois avec tant de rapidité qu’il disparoït en un instant. Dans la saison de l’hiver il ne se montré point ; il reste engourdi dans sa retraite et sans prendre de nourriture. Il paroît aimer l’homme et le contempler avec une sorte de complaisance :

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rÉ.riciéfis ont prétendu qu’il veilloit à sûreté de l’homme , et qu’il ,1e défendait contre les serpens ; de vient qu’ils ont nommé le lézard > ami de l'homme et ennemi des serpensè Mais Gesner 3 ainsi qu* Erasme s dans son Colloque sur V amitié , attribuent ces qualités préférablement au lé\ard vert . Voyez ce mot .

Le lézard gris varie pour la grandeur de son corps èt dans les teintes de sa couleur. Il est communé¬ ment long de cinq à six pouces , et large de six à huit lignes vers le milieu du corps. Sa tête est trian¬ gulaire , aplatie , couverte de grandes écailles ; le museau ovale ; les yeux sont vifs , recouverts de leurs paupières ; les oreilles rondes , bien ouvertes 5 et situées derrière la tête ; la gueule est grande ; les deux m⬠choires sont d’égale longueur , et toutes deux armées de petites dents fines * un peu crochues et tournées vers le gosier : la langue est rougeâtre , assez longue i plate et fendue en deux Vers son extrémité. Les pattes de devant sont un peu plus courtes que celles de derrière , et se terminent chacune en forme de main à cinq doigts fort déliés, de longueur inégale 5 dont le plus long est celui qui tient la place de l’index ; ils sont munis de petits ongles tannés , faits en forme d’hameçon.

Tout le dessus du corps est ordinairement d’iui gris-cendré , agréablement varié sur les côtés , re¬ vêtu d’une peau dont les écailles vues au microscope présentent un aspect intéressant. On distingue sur ce fond deux raies de couleur brune : le dessous de la gorge , qui est renflé en maniéré de Coqüeluchon , est d’une couleur dorée , luisante \ le ventre est d’un vert-bleuâtre 6 et couvert de plusieurs rarigées d’écailles carrées , beaucoup plus grandes que celles qui gar¬ nissent le dessus du corps : l’anus est assez grand et situé un peu au-delà des cuisses : la queue est ronde , de la longueur du corps , allant toujours en diminuant grosseur , et d’une couleur uniforme.

On peut manier impunément le lézard gris . Il suce avidement la salive des enfans , qui font leur jouet de ces animaux , soit en les renfermant dans des boites pleines de son , soit en les faisant battre en¬ semble. Si l’on met dans la gueule de ce lè'i&rd un

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peu de tabac en poudre, il entre aussi-tôt en cari* vulsion et meurt en peu de momens. Il change deux fois de peau dans le cours d’une année , savoir * au printemps et en automne , à la maniéré des serpens^

M. Néèdham , dans ses Nouv . Ohs . Micros c . a fait un chapitre sur la langue du lézard. Cette langue , dit-il , est fourchue , et ranimai la darde avec vitesse : vue au microscope , elle paroît dentelée comme une scie et cette configuration de la langue sert au lézard pour mieux retenir les insectes ailés dont il se nourrit , et qui lui échapperoient facilement. On a donné une figure qui représente cette langue desséchée et com¬ primée entre deux glaces ; comme on ne voit point ces crénelures sur la langue de l’animal mort , il y a apparence que le lézard étant vivant , peut à volonté les dresser et les contracter.

Il n’est pas rare de rencontrer des lézards gris qui ont deux et même quelquefois trois queues , tantôt de même longueur $ et tantôt inégales. U est des personnes qui croient que la rencontre de tels lézards est le signe certain d’une fortune prochaine. M. Nèé- dham 9 dans l’ouvrage cité ci-dessus, conjecture que cette singularité doit être attribuée à l’espece de passion que les enfans ont en certains pays pour tourmenter les lézards , et qu’il peut arriver que quand ils lui ont fendu la queue suivant sa longueur , chacune des portions s’arrondisse et devienne une queue complété* u Car , ajoute cet Auteur , il est très-ordinaire que si toute leur queue ou seulement une partie se perd par quelque accident , elle recroisse d’elle- même ^ il assure en avoir vu une infinité d’exemples , et c’est une perte à laquelle ces animaux sont exposés journellement , lors même qu’ils ne font que jouer entre eux ; car les petites vertebres osseuses qui / forment leur queue sont très-fragiles et se séparent aisément les unes des autres : aussi voit- on souvent des queues de toutes sortes de longueurs à des lézards- qui sont d’ailleurs de même taille. » Les Continua- îeurs de la Matière médicale, de M. Geoffroi regardent la queue bifurquée des lézards comme une espece de monstruosité et de jeu de la Nature. La plupart des doubles et triples queues des lézards sont sans ver¬ tebres rv’

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tebrês ; mais elles contiennent des cartilages de la grosseur d’une forte épingle, et qui les rendent trè&~ flexibles et moins fragiles. Quelquefois une seule des queues est vertébrée , elle doit être regardée comme la véritable. Quant à la reproduction de la queue •des lézards , après qu’on la leur a coupée , c’est un fait attesté par Aristote 9 et dont M. Perrault cite un exemple dam} ses Essais de Physique 9 ou il dit que la cjtieue ayant été coupée à un lézard vert, elle lui revint-, et qu’au liqu de vertebres on y trouva un cartilage. (M. Perrault , ayant arraché à un petit crocodile des dents qui -bra ni oient 9 a trouvé dans les alvéoles d’autres dents très-petites , mais très- bien formées , qui dévoient succéder et croître à la place des premières : c’est ce qui a fait croire à cet Observateur qu’il en est de même de la queue dtL lézard et que la Nature lui en a dônné en réserve des germes qui se développent lorsque la prèmière queue lui a été enlevée. ) M. Marchand , de V Académie des Sciences , a voulu tenter l’ expérience de cette reproduction de la queue sur un lézard gris ; elle ne lui a point réussi.

k Lézard dit le Grison , Lacerta Turcica , caudâ suh « yerticillatâ mediôcrt , corpore griseo suhverrucoso , Linn. ; Lacerta minor cinerea 5 maculata 9 Asiatica , Edw. Ce lézard qui est du deuxième genre se trouve dans les pays Orientaux. Son corps est petit et d’une couleur grise parsemée de points roussâtres. Sa surface est * inégale et chargée de vernies peu distinctes. La queue est à peine plus longue que le corps , et les segmens dont elle est formée sont disposés confusément.

Lézard dit le Large-doigts , Lacerta ( prinàipà~ Us ) caudâ sub carinata , cfistâ-gulœ integerrimâ 9 dors a Itzvi , Linn. ; Lacerta caudâ tereti , corpore duplo-longiort 9 pedvbus pentadacty Us 9 cris ta gulæ integerrimâ , dorsolcevi ,9 Mus. Ad. Fr. i , p. 43. Ce têtard est du premier genre ; il se trouve dans l’Inde. Sa tête eât plate et terminée en pointe obtuse ; elle est un peu élargie , légèrement comprimée par les côtés , et marquée de diverses figures très-fmes : les ouvertures des narines sont très-petites et placées au-dessus du museau ; les trous des oreilles peu sensibles : la crête qui est Tome VIL > K k

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sous la -gueule est arrondie , sans aucune dentelure ; son bord est épais et garni par-devant d'un aiguillon ; elle est marquée des deux côtés , dans son disque ■, par une tache noire , sillonnée par des stries blan¬ châtres : le corps est garni de très-petites écailles 9 et l’abdomen n'est recouvert par aucunes lames convexes : 1% qtieue est du double plus longue que le corps ; elle est couverte de très-petites écailles , très-déliée vers son extrémité , un peu relevée en ca¬ rène par dessus , striée par dessous et divisée en plu¬ sieurs segmens par des coupures transversales , mais à peine sensibles : les quatre pieds ont chacun cinq doigts , et dans chaque doigt l'avant-derniere articu¬ lation est plus large en dessous que les autres ; tous les ongles sont très-aigus et très-petits : la couleur du corps est livide ; celle de la queue est plus pâle * et marquée de raies d’un brun sombre.

Lézard dit le Lion , Lacerta caudâ verticillatâ -, lo ngâ 9 chrso lïneis s ex albis 9 Linn, Ce lézard 9 qui se trouve dans la Caroline est du deuxieme genre. Il à le dessus du corps marqué de chaque côté de trois, lignes blanches et étroites , entre lesquelles sont disposées alternativement d’autres lignes de couleur noire ; le milieu du dos, entre ces lignes, est d’une 1 teinte blanchâtre : on distingue deux rides sur le cou : les cuisses sont garnies d’un rang de petits tubercules dans leur partie postérieure.

LÉZARD MARBRÉ, Lacerta marmorata , caudâ tereti y corpore triplo-lotigiore y pedibus pentadactylis 3 gulâ sub~ cri st ata , antice dentatâ , dorso lœv't 3 Linn. C ç léçard s qui est du quatrième genre se trouve en Espagne. Sa tête est d’une teinte verdâtre et chargée d’inégalités dans sa partie supérieure : les ouvertures des narines sont rondes et tournées en arriéré; celles des oreilles sont fermées par une membrane et pareillement ar¬ rondies : les dents sont petites et un peu obtuses : le dessous de la gueule est couvert d’écailles bombées * et la rangée du milieu , qui s’étend depuis l’extrémité de la mâchoire inférieure jusques vers la poitrine 9 forme une espece de crête composée d’écailles plus alongées , et semblables à des dents : cette crête est à peine sensible sur la femelle ; mais le mâle la porte

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pendante en forme de membrane : le tronc est cou- vert depuis le dos d’écailles arrondies ; celles qui gar¬ nissent l’abdomen sont ovales et aiguës; les os de la région iliaque forment une saillie au dehors : la queue ,{; qui égale trois fois le corps en longueur , est arron-j die , relevée par neuf arêtes qui la rendent anguleuse couverte d’écailles octogones ; elle est d’une couleur, pâle , mouchetée de taches de couleur de rouille dont le centre est blanc : les quatre pieds ont chacun, cinq doigts ; les ongles des uns et des autres sont plus recourbés et plus aigus dans cette espece que dans aucune autre; léur couleur est bleuâtre vers leur, origine et noire vers leur sommet ; la couleur des parties supérieures de ranimai est grisâtre , et mar¬ quée depuis le dos raies transversales , blanches et noires ; celle des cuisses et des côtés de l’abdomen est rousse. et marbrée de taches blanches et brunâtres : le dessous des cuisses est chargé , notamment dans le mâle , de huit ou dix tubercules disposés sur une ligne longitudinale, (linn. Amœn.)

Lézard dit I’Occipüt FOURCHU , Lacerta caudd subcompressâ mediocri 9 sutura dorsali dentatâ 9 occipitc bimucronato 3 Linn. ; Salamandra prodigiosa Amboinensis 9 scutata, Seba ; îguana clamosa 9 Laur. Ce lézard se trouve dans l’Inde Orientale et est du premiejr genre : sa tête est très-courte et très-convexe ; l’occiput forme deux avances semblables à des cornes ; on voit sur la lon¬ gueur du dos et de la queue des aiguillons courts , de figure conique et peu nombreux.

Lézard dit le Plissé, Lacerta ( plica ) cauda teretit longâ , occipite calloso , palpebrts super exoriatis 9 collo lateribus verrucoso ; subtus plicato , Linn. Ce lézard est du quatrième genre; il se trouve dans les Indes : son corps est tout couvert d’écailles coniques , qui rendent sa surface semblable à la peau appelée chagrin 1 l’occiput est calleux ; les sourcils sont crénelés : der¬ rière les oreilles et vers les côtés de la tête on voie deux verrues garnies cïe pointes ; la peau qui est sous le cou forme un double pli : la suture du dos a, dans sa partie antérieure une espece de crénelure produite par des écailles assez grandes ; une ride saillante qui commence au cou , s’étend des deux côtés sur la peau

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qui recouvre les jambes de devant et se fecôurbe ail milieu du tronc : la queue est arrondie , couverte de ttès^petite's écailles , et partagée en segmens presque* insensibles ; sa longueur est double de celle du corps : les doigts sont alongés , garnis en dessous d’écailles aiguës , et pourvus d’ongles aplatis. { Linn, Syst . Nat, ) Lézard dit le Ponctué, Lacerta, ( punctum ) caudâ ttreti mcdiocri , pedibus muticis , palmis teiràdaciylis , dorso longitudinaiitcr albo punctato , Linn.; Stellio s Catesb, Lézard du cinquième g'enre ; il se trouve dans la Caroline : son corps est d’une couleur brune ; le dos est marqué de deux rangées longitudinales de points blancs qui se réunissent en unç seule à la naissance de la queue , sur laquelle on observe une rangée simple de pareils points. (

Lézard dit le Porte -crête ou Lézard d’Am- ROINE , Lacer ta Ambôinçnsis ± caudâ ttreti longâ , pinnâ caudali radiatâ , sutura dorsale dentatâ , Schlosser. Le Docteur Schlosser a donné en 1768 une description v très-détaillée , avec une belle figure ; de cette espece de lézard inconnue ou du moins mal décrite jusqu’alors* Dès l’an 172.6 François Valentin qui a voyagé dans- l’isle d’Âmboine, avoit donné une description de ce lézard ( Descriptio vettris noveeque îndiœ Orient . T. III , Part . / , Liv, V.éCap. 1. ) mais défectueuse et accom¬ pagnée d’une figure très-peu ressemblante. Le même Valentin appelle ce lézard , lézard crêté , lézard aquatique ; lés Insulaires lui donnent le nom d Q'Soaa~ger : il ajoute que ce lézard se tient ordinairement sur les bords des fleuves et des eaux douces , et quoiqu’il monte quel¬ quefois sur les lieux élevés , rarement grimpe-t-il sur les endroits escarpés ; il dépose aussi ses œufs aux environs des rivières ; il choisit sur-tout les isles et les bancs de sable qui se rencontrent ordinairement aux embouchures des fleuves rapides : il s’avance aussi sur la terre, et monte sur les petits arbres oji -ar¬ brisseaux qui se trouvent sur les rives de ces fleuves y mais dès qu’il apperçoit des hommes ou des chiens $ il s’élance bien vite dans l’eau , et s’y cache sous les pierres qui s’y trouvent dispersées ; il est facile pour lors de l’y prendre, pourvu qu’on le saisisse hardiment avec la main ; car ce lé&ard est aussi timide que stupide :$

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il ne mord pas même celui qui Fempoigne ; on se sert aussi de filets pour le prendre.

Le Docteur Schlosser regarde le lézard dont il s’agit comme faisant la nuançe entre le basilic et Y iguane 9 en ce que le caractère distinctif du premier est d’avoir sur le dos une espece de nageoire ou de crête com¬ posée de rayons ; et celui de Fig'iiaae * d’avoir sur la même partie uhe suture dentée , tandis que le U^ard d* Amboijie a en même temps une nageoire telle que celle du basilic , mais située sut la queue , et une suture semblable à, celle de riguane, et disposée de même. M. Daubznton place le lézard d’Amboine dans le qua¬ trième genre de, cet ordre d’animaux.

Le lézard d' Atnboim 5 décrit par M,. Schlosser , a en¬ viron trenre^deux pouces de longueur , depuis l’ex¬ trémité la gueule jusqu’à la pointe de la queue. La tête et le collier sont de couleur verdâtre avec des stries blanches ; le dos et la queue sont d’un brun-fauve ; sa crête , qui régné sur toute la queue est d’un gris-fauve j le ventre est gris ; les deux cotés du corps offrent , par intervalles , de grandes et de petites taches blanches 5 on remarque ces mêmes taches sur les parties latérales des pieds.

La partie supérieure de la tête est chargée de quel^r ques tubercules , et couverte de petites écailles rondes : la mâchoire supérieure se termine en pointe quadr an¬ gulaire 5 et; rinférieure est très-obtuse ; l’une et l’autre n’ont que quatre lignés de largeur à. leur extrémité ; la première a en cet endroit trois lignes dq hauteur , et l’inférieure a seulement une demi-ligne : les écailles qui couvrent tout le contour de la gueule % sur-tout de la mâchoire inférieure , sont presque carrées et plus grandes que celles qui couvrent le dessus de la tête : les narines sont ovalaires., éminentes, placées sur les côtés du museau ; les yeux sont assez grands ; les oreilles formées à l’extérieur par la membrane mie du tympan qui est fortement tendue et d’une forme oblongue : la langue est fort épaisse et charnue -, légèrement fendue : les dents des deux mâchoires sont plates , pointues ^ et en se rencontrant elles se placent les unes entre les autres : il n’y a que les dents placées à l’extréiîiité h mâchoire a tant supérieure qu’in-?.

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férieure ? qui soient courtes , rondes et penchées en avant : la partie inférieure du cou et du gosier , prise d’une part depuis les oreilles jusqu’aux épaules , et de l’autre , depuis le milieu de la largeur de la mâchoire inférieure jusqu’au sternum 9 est revêtue 5 en forme de collier , d’une peau ample , lâche , plissée , et qui a beaucoup de jeu : chaque ongle des cinq doigts dont les quatre pieds sont pourvus , a trois lignes de lon¬ gueur ou environ ; tous ces doigts ont des deux côtés un rebord aigu , denté comme une scie , mais plus apparent sur les doigts des pieds de derrière que sur ceux de devant.

L’espece de crête qui est sur la queue commence vers la région de l’anus ; sa forme imite celle d’un segment de cercle dont le bord forme des sinuosités inégales , sur-tout vers sa partie postérieure. Cette crête a neuf pouces et demi de longueur , et sa plus grande largeur est de quatre pouces , y comprise la largeur de la queue , qui n’est plus que de huit lignes et demie à l’endroit se termine la crête. Cette crête offre dix-sept rayons très-sensibles au tact , d’une substance cartilagineuse ou osseuse , cependant flexi¬ bles au gré de l’animal. Tout le bord supérieur de cette crête est garni de cent vingt petites dents aiguës , souvent penchées en arriéré , et semblables à de petites dents de scie.

La suture dorsale qui s’étend depuis l’occiput jus- jqu’à la crête de la queue est aussi garnie de semblables petites , dents , mais d’inégale grandeur , et au nombre de quatre-vingt-dix ; les plus grandes sont terminées par un double sorïimet. La queue est ronde , courbée en forme de tuile creuse, et plus longue que le corps et la tête de l’animal pris ensemble. La crête du mâle est toujours plus grande et plus élevée que celle de la femelle ; les couleurs de la peau du mâle sont aussi plus belles.

La chair du lézard d’ Amboine , dit le porte-crête , est blanche , douce , d’une odeur à peu près semblable à celle de la chair du chevreau, et par conséquent meilleure à manger que celle du U\ard appelé iguane. Les œufs de ce lézard ds Amboine , étant encore dans l’ovaire , sont jaunes ; étant sortis , ils deviennent

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blancs et oblongs. On dit que ranimai se nourrit de semences et de baies d’arbrisseaux aquatiques et de petits vers.

Lézard dit la Queue bleue y Lacerta ( fasciata ) caudâ ter et i longiusculâ , dorso linds quinque flavescentibus 9 caudâ cœruleâ, Linn. Lacertus eaudd cœruleâ , Catesb. Ce lézard, qui se trouve à la Virginie et à la Caroline , est du quatrième genre : sa longueur ordinaire est d’en¬ viron six pouces ; sa tête est raccourcie ; son corps brun et marqué de cinq lignes jaunâtres , qui s’éten¬ dent parallèlement depuis le nez sur toute la longueur du dos ; la queue est d’une couleur bleue. Catesby rapporte qu’on voit souvent ce lézard sur la terre ; il fait sa retraite dans les creux des vieux arbres. Le même Auteur ajoute qu’il y a des gens qui regardent ce reptile comme venimeux , quoiqu’on n’ait pu lui en citer aucune preuve.

LÉZARD rayé , Lacerta quadrilineata , aut corpore linds quatuor flavis , caudâ tereti longâ , palmis tetra - dactylis y Linn. ; Lacerta Ceilonica 9 minor y lemniscata , Seba , ( Mus. 2 , t. 41 , fig. 6. ) Ce lézard , qui se trouve dans l’isle de Ceylan est du cinquième genre : il est petit; ses pieds sont courts et terminés par de longs doigts , au nombre de cinq pour ceux de devant , et de quatre pour ceux de derrière. Seba dit que son corps est marqué de raies noires et blanches ; selon Linnceus , il est marqué de quatre lignes jaunâtres , sur un fond noir sans doute. Seba ajoute que ce reptile a le corps luisant.

Lézard dit le Rouge-gorge , Lacerta bullaris aut v es ica gulari y caudâ tereti longâ 9 Linn. ; Lacerta viriiïs Jamaïcensis y Catesb. Car, 2, t. 66. Ce petit lézard est du quatrième genre ; il se trouve à la Jamaïque : son corps est d’une couleur verte. Ce lézard est remar¬ quable sur-tout par une espece de vessie rouge qu’il a sous la gueule ? et qu’il gonfle ou rend flasque à son gré. On prétend qu’il l’enfle lorsqu’il est effrayé.

Lézard-Serpent. Voye{ Serpent-Lézard à queue longue et écailles rudes .

Lézard dit le Sillonné , Lacerta caudâ compressa , suprà bicarinatâ mediocri y dorso quadrifariam carinato~

striato y Linn. Ce lézard, qui se trouve dans les Indes ? .est

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4 u premier genre : il est petit et d’une couleur grise» Jainnms dit que^ le dos est marqué de deux stries très-sensibles , et qu’il a les côtés relevés en arête de part et d’autre par. une rangée d’ècaiiles , en sorte qu’il paroît plissé : les flancs sont couverts d’écailles convexes en forme de tubercules : le ventre est par¬ tagé par vingt - quatre rangées d’écailles disposées transversalement , et formées chacune de six écailles : la queue n’est guère plus longue que la moitié du corps ; elle est comprimée * striée par dessous , lisse par les cotés , et relevée en dessus par une double saillie en forme de carène. Il n’y a aucune crête sur le corps.

Lézard dit le Sourcilleux , Lacent caudd cari - natâ * darso super ciliis que squamis ciliatis 3 Linn. ; La - certa Ctilonica , cristata et pectinata 3 Seba 5 Mus. ï pi, Ç4 9 fig . 4 ; Id. pi. lop , fig, 2 et 4 . Ce lézard est du premier genre : il se trouve dans les Indes. Seba dit qu’il a sur la tête une espece de crête. Sa gueule est toute bordée d’écailles assez larges ; celles dont le corps est couvert sont \d’un brun clair et mouchetées de taches d’un rouge foncé; celles du dos sont re¬ dressées en forme de peigne : ses cuisses sont longues et minces; ses pieds et sa queue sont aussi garnis d’écailles plus grandes que celles du corps , et d’un rouge clair. Ce reptile a les sourcils hérissés pointes ; les yeux grands et jaunâtres dans leur contour 9 comme la crête et le peigne.v

Lézard strié , Lacerta caudâ tereti mediocri , dorsv lineis quinque albidis 9 Linn. Cette espece est du troi¬ sième genre et se trouve dans la Caroline. Sa tête est marquée de six lignes jaunes , dont deux sont situées entre les yeux , deux autres au-dessus , et les deux demieres au-dessous des mêmes organes; le dessus du corps est d’une couleur noirâtre , avec cinq autres lignes jaunâtres ou blanchâtres , qui s’étendent depuis la tête à peu près jusqu'au milieu de la queue : cette derniere partie est uoe.foiset demiemussi longue que le corps, et ne forme point d’anneaux comme dans plusieurs autres especes de lézards. L’abdomen est chargé de plis qui sont disposés comme en re¬ couvrement*

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Lézard dit le Triangulaire, Laczna Nilottca 9 çaüdâ longâ extimo triquetrâ , corpore glabro , dorso squam - marum lifiels quatuor 9 Linn. ; Lacerta caudâ tereti longâ 9 corpore toto glabro 9 s quamis angulo obtus 0 notatis 9 Hasselquist Itin. 311 5 N,° 59. Cette espece’ est du quatrième genre et se trouve en Egypte. Ses carac¬ tères distinctifs sont d’avoir le corps lisse dans toute son étendue; la queue alongée et arrondie à son extrémité , elle est relevée par trois angles ; les écailles qui sont sur le dos , bombées en arête ob¬ tuse et marquées de quatre lignes.

Lézard -Ver Africain et à écailles lisses. Voye £ Lézard Chalcide.

Lézard vert, Lacerta agills , ( Var. B. ) Linn. ; Lactrtus viridis 9 Aldrov. ; Lacerta viri dis , Seba, Edw. ; Lagarto et Fardacho 9 en Espagne ; Laçer 9 aux environs de Montpellier. Ce lézard est du deuxieme genre. Il es t semblable au lézard gris par sa tonne extérieure ; aussi Linnæus l’a-t-il considéré comme n’en étant* qu’une variété. Cependant sa grandeur qui surpasse de beau¬ coup celle du lézard gris 9 et sa couleur verte , ont paru à la plupart des Naturalistes offrir des caractères Suffisans pour en faire une espece distincte. C’est sur-tout au printemps , lorsque le lézard dont il s’agit a changé de peau, que sa couleur verte paroît dans toute sa vivacité et tout son éclat ; car il est quelque¬ fois d’un vert pâle : cette couleur s’étend sur tout le corps , excepté sur le ventre qui est blanchâtre.

Le lézard vert est un peu bas sur ses jambes, ce qui ne f empêche pas d’avoir beaucoup d’agilité. Il est assez commun en Sologne et en Cannois ; mais on le trouve rarement en Suisse et en Allemagne : en général il aime les pays chauds ; aussi àbonde-t-il en Italie et dans nos provinces Méridionales. Linnæus dit que le lézard vert des Indes est celui dont la couleur est plus agréable. O11 assure qu’il se trouve aussi en Afrique. Selon le même Auteur, cedéçard'se trouve aussi dans les parties Méridionales de la Suède, et même en Irlande selon Ray ; il habite ordinairement dans les broussailles , les buissons ,. les bruyères. Souvent il effraie les passans par le bruit qu’il fait m courant rapidement sur les feuilles seches ; puis

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tout-â-coup il s'arrête et regarde l’homme fixement r il saute assez haut pour se dérober aux coups de bâton qu'on veut lui donner. Quelques chasseurs prétendent que sa morsure est venimeuse , et qu’on a vu même des chiens qui en avoient été très-malades ; mais il y a apparence que ces chiens avoient été mor¬ dus par quelque vipere que l'on a prise pour un lézard vert ; car il paroît certain que cet animal n’a point de venin. Il est vrai qu’il est extrêmement colere , et que quand il peut saisir un chien par le nez, il se laisse emporter au loin , malgré les vio¬ lentes secousses que le chien lui donne , en s'efforçant avec ses pattes de lui faire lâcher prisé : on ajoute qu’il se laisse plutôt tuer que d’abandonner son en¬ nemi ; mais on ne voit pas que sa morsure soit jamais suivie d’un accident fâcheux. Il se bat quel¬ quefois contre, lés serpens dont il devient commu¬ nément la proie. Des chasseurs disent que dans la saison de la ponte des oiseaux , ce lézard gobe leurs œufs ? et que c’est pour ce motif principalement qu’il grimpe aux arbres. Les Africains mangent volontiers les, lézards verts . Les Kamtschadales 9 dit le Capitaine Cook , regardent cet animal comme un espion des puissances infernales : aussi quand ils en trouvent ils ne manquent pas de les couper par petits morceaux : si le lézard leur échappe , ils en sont au désespoir et craignent à toute heure de mourir : cela arrive quel¬ quefois par un excès de découragement , ce qui augmente la superstition de leurs semblables.

Lézard VOLANT. C’est le lézard ailé 9 Draco volans 9. a ut Lacerta caudd tereti 9 pedibus pentadactylis -9 alis fe~ more conn'exis^ , cristâ gulcz triplici 9 Lipn. Amœn. On le nomme aussi dragon volant et dragon ailé ; il est du sixième genre.

La tête de cette espece de lézard est petite çt figure ovale ; cependant 1 elle est une fois plus large que le cou, étendue en hauteur et légèrement convexe par-dessus : la partie qui est derrière les yeux est marquée de points saiilans ; les côtés et la partie antérieure se rétrécissent en pointe obtuse : l’ouverture de la gueule est assez grande ; les dents sont nom¬ breuses , aiguës \ très-rapprodiées et d’égale grandeur *

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les narines situées sur les parties latérales de l’extré¬ mité du museau ; leurs ouvertures petites, arrondies et saillantes ; les yeux ovales ; les oreilles situées dans la partie inférieure des côtés de la tête et vers la naissance du cou ; elles sont recouvertes d’une membrane mince et arrondie : la gueule est garnie de trois crêtes , dont les deux latérales sont ovales et chargées de tubercules : celle du milieu est com¬ primée , plus grande et plus mince que les deux autres : le tronc est un peu plus large que le cou ; la fente de l’anus petite et disposée transversalement: la queue est mince et surpasse de moitié le corps en longueur ; elle est garnie d’écailles relevées en carène , et qui se recouvrent comme les tuiles d’un toit ; elle est plus sensiblement anguleuse vers sa naissance qu’à son extrémité : les pieds tant cje devant que de derrière ont cinq doigts garnis d’ongles aigus, courbes et comprimés.

Ce lézard a de plus deux especes d’ailes qui semblent naître des apophyses latérales des vertébrés du dos ; ces ailes sont membraneuses et garnies de très-petites écailles qui se recouvrent en partie ; elles sont com¬ posées de six rayons flexibles d’une substance comme osseuse : la partie antérieure de leur bord est presque rectiligne ; mais la partie latérale et celle de derrière sont d ime forme circulaire ; ces ailes sortent des ♦côtés, du ventre : leur partie antérieure ne tient point aux pieds de devant ; mais leur partie postérieure est adhérente aüx jambes de derrière , et se prolonge à peu près jusqu’au milieu de leur hauteur.

La couleur de l’animal est d’un brun - bleuâtre et parsemée de taches blanches. On trouve ce lézard dans les forêts de l’Asie et de l’Afrique. ( Gronov . Mus. ) La Bardinais le Gentil , Voyageur François , rapporte que vers l’année 1715 , étant dans une petite Isle voisine de celle de Java , il vit des lézards qui vo- loient d’arbre en arbre comme des cigales ; il en tua un dont les couleurs excitèrent son admiration par leur variété : cet animal étoit long d’un pied ; ses ailes 5 dit-il , ressembloient à celles du poisson vo¬ lant ( Hist. Gêner, des Voyages , tome X, liv. IV. p. 220. ) Ceux qui ont observé cet animal vivant , disent qu’il

* *4 LEZ L î A

a autour du 'gosier deux especes- de vessies extérieure! quî s’enflent lorsqu’il vole. ( Br ont . )

Seha , {-Mus-, / , p. iéo 9 t, 102 > f, 2. ) a donné la description d’une autre espece de dragon volant 9 qu’il prétend être distinguée de la précédente , en ce que ses ailes , au Heu d’être séparées des jambes de devant y sont adhérentes en partie. On trouve ce dragon en Amérique. On assure qu’il court assez vite et qu’il peut nager aussi bien qu’il vole.

Linnçéus observe que toutes les autres especes de dragon volant , décrites par différées Auteurs , sont fabuleuses. Telle est entre autres l 'hydre dont parle Stba , {Mus. tom. 1 , p. \02,fig. 2.) Le même Auteur ajoute qu’il a vu à Hambourg un de çes prétendus dragons qui n’étoit autre chose qu’une production de l’art , mais travaillée avec tant d’industrie qu’elle sem¬ ble! t être P ouvrage de la Nature.

Les lézards volans s’élancent et volent d’arbre en arbre , ils s’y perchent pour prendre des insectes dont ils se nourrissent ; on prétend qu’ils déposent leurs œufs dans des creux d?arbres , que leurs œufs sont bleus , tachetés de rouge et de la grosseur d’un pois» On voit cette espece de lézard conservée dans le Ca¬ binet de Chantilly.

L’on donne le nom de dragone à un lézard bien différent du dragon volant. Voyei Dragone.

Lézarde. Nom que l’on donné quelquefois à la femelle du lézard.

LHÂMA ou Lama. Les Indiens du Chili donnent ce nom aux prétendus petits chameaux péruviens. Voyea à r article Paco.

LIAIS. . Voy.ci Pierre- de Liais.

LIANE. C’est un genre de plantes ttès-singulieres qui croissent très-promptement en Amérique , et prin¬ cipalement aux Antilles, (il s’en trouve aussi en Afrique) l’on s’en sert au lieu de cordes : ces plantes y sont fort communes;-

En. général les lianes, montent en serpentant comme le, lierre autour des arbres qu’elles rencontrent , et il y en a qui après être parvenues ■jusqu’aux branches les. plus hautes, jettent des filets qui retombent pet:-

L I A’4. fif

^endicùlàirement , s’enfoncent dans la terre, y, re¬ prennent racine et s’élèvent de nouveau , montant et descendant alternativement. D’autres filamens por¬ tés obliquement par le vent ou par quelque hasard ^ s’attachent souvent aux arbres voisins , et fondent ou une forêt impénétrable , ou une confusion de cordages pendans en tout sens , qui offrent aux yeux le même aspect que les manœuvres d’im vaisseau. Il n’y a presque aucune de ces liants à laquelle on n’attribue quelque propriété particulière dont quelques-unes sont bien confirmées.

Il y a des lianes aussi grosses que le bras ; quel¬ ques-unes étouffent l’arbre qu’elles embrassent-, à force de le serrer. Il arrive quelquefois que l’arbre seche sur pied , se pourrit et se détruit entièrement , et qu’iî ne reste que les spires de k liant 9 qui forment une espece de colonne torse isolée et à jour 5 que Fart auroit bien de la peine à imiter. Les Sautages qui habitent le long de la riviere des Amazones trempent leurs fléchés , pour les empoisonner , dans des sucs extraits de diverses plantes , et particuliérement de certaines lianes venimeuses, Ces fléchés empoisonnées par le suc de ces lianes ont la singulière propriété de ï conserver encore leur effet au bout d’un an. L’activité de ce poison est telle que des animaux qui avoien^ résisté aux poisons les plus redoutables * tels que Farsenic , le sublimé - corrosif pris intérieurement y ont succombé presque en un clin d’œil , sous une ou deux piqûres peu profondes de cés fléchés empoi¬ sonnées. Les Caraïbes se servent du suc de toiüola contre les blessures de ces armes mortelles. Voye^ Tou-* LOLA , et àdnsülttf\t Voyage de Ni. de la Condamine;

On y distingue sur-tout , i.° La Liane à P ail. La liane blanche . 3.0 La liane crape. La liane franche . 5.0 La liane à panier . 6.° La liane punaise. 7.0 La liant carrée . 8.° La liane rouge ou liant tau. 9.0 La liane stguine. io.° La liane toc oyenne.. i i.° La liane à glacer Peau ou liane à serpent. Chevalier pag. 198 à 200 , Nicolson et d’autres font mention des lianes à ca~ conne , à chique , à bouton , à bœuf, à tonnelle, s etc. Nous en donnons l’énumération cb-après.

Liane a l’Ail. Elle est ainsi appelée , parce qu’étant

p6 LIA'

fraîchement coupée , elle répand même au loin uriè odeur forte et désagréable comme celle de YaiL On ïà trouve dans les forêts de la Guiane et de Cayenne ^ 'jRignonia scandens , foliis citri , allium redolens y Barr. 23.

Liane7 A Barrique , Riveria major scandens . Elle croit à Saint-Domingue ; ses feuilles sont amples , assez semblables à celles de la morelle, Ses fleurs sont en grappes ; il leur succédé des baies violettes : on sien sert dans quelques quartiers pour lier les barriques.

Liane a Batate. C’est la tige de la batau même: Voye{ Batate.

Liane a Bauduit. C’est la liane purgative . Voyez son article ci-après.

LîANE BLANCHE , Bignonia bifolia scandens , siliquis lads et lougiorib\is y semble lato , Plum. Ess. pag. 23. Dans la Guiane on se sert de la liane blanche pour les mêmes usages auxquels 011 emploie les lianes franches et lianes punaises , excepté que les Tonneliers ne s’en servent pas pour attacher leurs cercles : on en fait d’assez bons paniers , ainsi qu’avec la liane à panier , dont le nom désigne l’emploi particulier qu’on en fait : celle-ci ressemble à la liane blanche par la couleur , mais elle en différé par les nœuds.

Liane a Boite a savonnette. Voye^ ci- apres Liane Contre-poison.

Liane a Bœuf ou Châtaigne de mer ou Cceur de Saint-Thomas. C’est Y acacia à grandes gousses ; sa semence porte le nom de cœur, de Saint-Thomas . Voyez ce jnot . Son fruit est le plus grand de tous ceux des plantes légumineuses que l’on connoît ; œ sont des gousses longues de deux ou trois pieds 9, larges de trois à quatre pouces, aplaties , enflées aux endroits sont les semences , coriaces et en¬ tourées par un cordon ligneux qui naît du péduncule auquel elles sont attachées. Ces gousses énormes renferment chacune sept à neuf semences larges de deux pouces ou environ , un peu aplaties sur les côtés , arrondies en rein ou en cœur ,, et dont la robe lisse est d’un rouge-brun comme celle des châtaignes 9 au moins lorsqu’elles sont seches. Cette plante croît dans les deux Indes , dans les mornes à Saint-Do¬ mingue. Elle sert à différens usages * les peuples de

LIA '

Bail , de Java et de Sumatra mettent ses jeunes fèves sur des charbons ardens , jusqu’à ce que la peau extérieure s’ouvre et se détache , et en mangent la substance en guise de châtaigne , quoiqu’elle soit amere. En Amérique , on les donne aux bœufs qui en sont friands , et les enfans en font de petites taba¬ tières : ces especes de châtaignes cordiform.es se trouvent souvent au bord de la mer, elles sont portéés par le débordement des rivières.

Liane a Bouton ; on la nomme aussi castor et bonda-garçon . Elle produit un fruit noir, luisant , assez semblable à un bouton d’habit : elle cfoît à Saint- Domingue.

Liane brûlante. Elle se trouve aussi à Saint- Domingue : ses tiges sont remplies d’un suc caustique qui étant appliqué sur la peau , corrode les vaisseaux lymphatiques et y produit des escarres.

Liane A Cabrit , Tabernœmontaha , Plum. Cette plante qu’on range parmi les Avachis croît dans les bois et les lieux incultes à Saint-Domingue : sa tige est ligneuse , grise , cassante ; ses feuilles sont arron¬ dies , d’un vert obscur ; ses fleurs sont blanchâtres , il leur succédé des fruits souvent solitaires , quelque¬ fois attachés deux à deux par la base , arrondis , gonflés au milieu , pointus au sommet , verdâtres, qui s’oti- vrent dans toute leur longueur et laissent échapper de petites graines aigrettées et cannelées.

Liane a Cacone ou Cacone. ou (Eil de Bour¬ rique , Dolichos urens 9 Linn. , Ja coL„ ; Zoophtalœum , etc ; Brown ; Mucuna , Marcg. ; Phaseolus siliquis lacis , kis~ pidis , rugosis , frucm nigro , Plum, Amer. 92 5 t. 107 ; Phaseolus Brasilianus , Sloan. ; Phascolus Nlgritaritm 9 Clus. Exot. p. 68. Elle se trouve àSamt-Doiiiingue , aux Antilles, dans les bois : ses tiges sont fort lon¬ gues , grimpantes et à sommités pendantes ; ses feuilles portées trois à trois sur une même queue ; ses fleurs sont légumineuses, inodores, jaunâtres, tachées d’un peu de pourpre ; ses gousses larges de deux pouces «t longues de six à sept , attachées plusieurs ensemble par paquets , noires , ridées , couvertes de poils très- piquans ; elles contiennent trois ou quatre graines rondes a aplaties 9 chagrinées d’un rouge tanné , ayant

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sur les bords un cercle . noir qui semble représenter l’œil d’un âne. Le peuple crédule , dit Njicolson , leur attribue plusieurs vertus qui sont purement imagi¬ naires : ces graines sont fort ameres.

Liane a calçon 9 Passiflora granadiUa, Les Caraïbes l’appellent mercoya . C’est une espece de grenœdille qui se trouve dans les Xsles sous le vent. Ses tiges sont grêles et s’élèvent peu ; ses feuilles sont longues d’en¬ viron quatre pouces , elles en ont cinq à six dans leur plus grande largeur , elles sont minces d’un vert clair , divisées dans toute leur longueur par trois côtes qui se réunissent au pédicule , et auxquelles aboutissent quantité de petites nervures ; elles sont sans dentelures : leur sommet est en trois parties y dont les deux latérales sont pointues , celle du milieu obtuse. Cette plante est estimée hystérique. Foyèfc Ma-

RITAMBOUE.

Liane a Chiques. Voyé[ Herbe a Chiques.

Liane a Cochon. Cette plante croît dans les broussailles , le long des rivières , à Saint-Domingue ; ses tiges sont minces , nombreuses , tendres , d’un vert clair : les cochons en sont très- friands ^ ainsi que de ses feuilles qui sont arrondies par la base , pointues au sommet , sans dentelure , d’un vert foncé ; leur plus grande largeur égale la moitié de leur longueur, qui est de cinq à six pouces ; elles sont portées sur im pédicule de deux pouces de longueur.

Liane A C<EÙR 9 Cissampelos , Caapeba , Plum. Sa fleur , dit le Pere Plumier > est petite , verdâtre , en rose , et répandue en quantité le long de la tige. Des embryons qui naissent dans d’autres parties forment une baie molle , ronde , qui contient une amande fort ridée. Cette plante passe pour un des plus grands vulnéraires de Saint-Domingue.

Liane Contre -poison ou Liane, a Boîte a sa¬ vonnette ; c’est le nhandiroba de Plumier et des Caraïbes, QtVavila de Lémeri, On trouve cette plante, dit Niçois on , dans les bois de Saint-Domingue ; elle croît à l’appui des arbres sur lesquels elle grimpe» Ses tiges sont- flexibles , très -longues et pendantes ; ses . feuilles charnues , luisantes , d’un vert obscur, non dentelées * .longues de quatre à cinq pouces , et ayant

dans

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Sans leur plus grande largeur trois pôucés It demi ; elles sont garnies de cinq côtes saillantes qui se réu-* nissent par ' en bas à un pétiole long de douze à quinze lignes , et qui aboutissent par en haut aux cinqg pointes qui terminent la feuille ; la pointe du milieu est plus longue ; chaque côte donne naissance à .plu-’ sieurs nervures obliques. Les fleurs sont monopétales * représentant une roue découpée en plusieurs parties ; les unes sont stériles et ne donnent aucun fruit ; les autres sont portées sur un embryon qui devient un fruit sphérique de quatre à cinq pouces de diamètre* revêtu d’une écorce verte, fort mince, qui recouvre une enveloppe ligneuse , chagrinée , cassante , de près d’une ligne d’épaisseur. Ce fruit est divisé vers le milieu de sa largeur par un petit bourlet qui est l’endroit oii il s’ouvre dans sa maturité. 11 contient une douzaine de semences plates , rondes , de douze à quinze lignes de diamètre , de forme irrégulière , lisses , de couleur fauve , d’une saveur fort amere. Ces semences passent pour alexiteres et fébrifuges. Quelques-uns les ap¬ pellent noix de serpent.

Liane a coejde , ou Liane jaune , Bignonia scan - 'dens , viminea 5 Barr. Sa tige est grisâtre et elle n’excede pas la grosseur d’une forte ficelle. On lui donne aussi le nom de liane crape . Sa fleur est purpurine ; son fruit est une gousse assez longue , en forme de glaive ; elle est remplie d’une liqueur jaune et épaisse , qui imprime sa couleur sur les toiles qu’on en imbibe^ mais on n’a pu jusqu’ici la fixer. Cette liant se trouve dans les Isles sous le vent : elle sert au besoin , ainsi que la liane seguine , en guise de cordes , à amarrer des Barrières , à coudre les pannçaux faits de feuilles de baroulou ou balisier , et à faire des instrumens de pêche.

Liane a Xouleuvre. C’est la liant contre-poisonl Voyez ci-dessus.

Liane Crape. Voye % ci- dessus Liane a corder Voyei aussi BlGNONE à fleurs incarnates.

Liane a croc de Chien. Espece d’arbrisseau qui se trouve fréquemment dans les mornes et les terres incultes des Colonies Fr^nçoises d’Amérique ; il sort de sa racine plusieurs tiges grimpantes , flexibles p

Tome VIL L 1

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brimes , d’un pouce et demi environ de dianiétrê^ qui s’entrelassent les unes dans les autres et s’accrochent aux arbres voisins ; elles sont armées de pointes longues, recourbées et très-piquantes r et rendent les endroits elles se trouvent tellement impraticables * qu’on ne sauroit y faire un pas sans avoir la serpe à la main. Ses feuilles sont unies , partagées en deux parties égales par une côte saillante , d’un vert triste 9 éloignées les unes des autres , en forme de cœur 5 larges de deux pouces sur trois de longueur. Ses fleurs sont petites , blanches: il leur succédé de petites baies jaunâtres, il distille de cet arbrisseau une espece de gomme qui devient très -dure et rougeâtre. Ou fend par le milieu ses tiges , et on en fait du feuillard pour lier les barriques. NL. de Préfontaine dit qu’avec une poignée de sa racine bouillie dans deux pintes d’eau réduites à une , on fait une tisanne , dont l’usage continué pendant quinze jours suffit le plus souvent pour guérir de la gonorrhée. La racine de genipa pré- parée de la même maniéré achèvera la guérison , si le mal est opiniâtre.

Liane a eau. Elle se trouve dans les bois de la Guiane et à Saint-Domingue. On en distingue deux sortes : La première , Akacate ; Arum scanâens , an gustifoliurn 3aquam manans. C’est, selon Barrere ,pag. une plante sarmenteuse , ainsi appelée * parce qu’en effet , quand on la coupe en travers , elle rend en abondance une eau ou suc limpide dont les voyageurs se servent utilement contre la soif. L’autre espece de liane à eau , étant tordue * sert pour les gros amar-* rages, comme barrières, palissades, etc. ; elle est fort commune et croît fort vite *, mais elle ne dure guere qu’un an, étant employée et exposée à l’air : il y en a d’aussi grosses que le poignet. Etant coupée, elle rend aussi une eau claire et pure , dont les voyageurs et les chasseurs altérés font un grand usage ; M. de Préfontaine dit qu’elle lui a été fort utile : mais il faut observer , après l’avoir coupée par le bas , d’en couper promptement la longueur de trois à quatre pieds dans Je haut , pour obliger l’eau à descendre , sans quoi Teau , au lieu de s’écouler, remonte dans l’instant vers le haut de la tige. M, de Préfontaine a appris cettç

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fnéçaütïon tfhm Indien qui se moquoit 3e lui , en voyant qu’ayant coupé plusieurs fois cette liant par le bas, il ne trouvoit point de quoi se désaltérer*’ L'eau , en effet , au lieu de descendre remontoir ; mais quand après avoir coupé dans le bas , il coupa Sur le champ , à hauteur d’homme , et qu’il eût ren¬ versé le bout d’en haut dans sa bouche , il j trouva l’eau qui tendoit toujours à monter , et dont-, pour ainsi dire , il interrompoit le cours. M. de Prèfontaim donne à cette liant à tau le nom de liant rouge* ( Mais* rustiq . de Cayenne. )

Liane franche , Bignonia scandths viminta , siliquâ knsiformi brtviori , fort albo , Barr. Ess. page 24. Les Caraïbes et les Galibis l’appellent kerert .

La liant franche est la meilleure de toutes les liants que la Guiane produit ; sa fleur est blanche , jaune , et iest remplacée par une silique de la forme d’un petit glaive. Cette liant dure plus que le clou qui rattache; mais elle n’est pas commune dans les lieux habités : on la vend vingt sous le paquet de deux cents brins marchands, c’est-à-dire sans nœuds et de deux brasses de longueur. On la trempe pour l’employer ; elle se fend aisément et sert généralement à tout : on en garnit les bouteilles qu’on appelle dans le pays damts ~ jtannts ; les Tonneliers s’en servent pour attacher leurs cercles. Elle sert au même usage que le rotangs et se fend de la même longueur et épaisseur. Dans un vase proportionné au malingre ( espece d’ulcere ) , on met force citrons entiers , avec une ou deux poignées de liant franche et d’une autre liant appelée bois de tisane . Ce remede s’appelle tremper et n’est en usage que parnïi les Negres.

Liane à glacer l’eau. C’est la plante appelée par les Indiens caapcba . Voyez ci mot .

Liane a griffe de Chat , ou Griffe de Chat j Bignonia unguis cati 6 Linn. C’est le rtrtmouly , çirtst s des Caraïbes. Elle est garnie de vrilles ou mains qui imitent les griffes du chat et par lesquelles cette plante s’accroche , à la maniéré des lierres , aux arbres voisins et aux rochers , dans divers quartiers de Saint- Domingue on la trouve aussi dans les isles d@

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Bahama , aux Antilles et à Cayenne. On l’estimé apéritive.

Liane jaune. Voye{ ci-dessus Liane a corde.

Liane laiteuse, â la Martinique elle est renommée contre la morsure des serpens. On remploie à Saint- Domingue , dit Nicolson , pour guérir les vieux ulcérés.

Liane mangle , Apocynum scandais , Pium. C’est YEchites de Jacquin.

Liane a médecine. Foyer ci -après Liane pur¬ gative.

Liane mibi ou Liane mibipi. Foye^ Liane a

PANIER.

Liane mince. C’est le Bajania scandens du Pere Plumier .

Liane a Minguet. Nicolson dit qu’elle tire son nom' d’un ancien habitant de Saint-Domingue , assez versé dans la connoissance des plantes du pays. Il fut le premier qui employa celle-ci ; il en faisoit un vulnéraire universel. Elle conserve encore aujourd’hui le nom de son Auteur 5 et est assez estimée. Cette plante, dit M. Desportes , imite parfaitement, par sa grandeur et par ses feuilles , le sceau de Notre-Dame ; ses feuilles et ses fruits la font ranger dans la classe des Vignes : son fruit est gros comme un pois , noir , un peu âcre. Cette liane croît sur les mornes dans les lieux humides. Elle est vulnéraire et détersive.

Liane a Ouarit. Son fruit est une longue silique qui renferme plusieurs graines rouges , oblongues , ayant sur un bord un demi-cercle noir. Cette liane se trouve à Saint-Domingue.

Liane a panier, ou Liane miri , ou Liane mi- bipi. Son premier nom indique son usage. Elle sert à lier quantité de choses. Foyè^ ci- dessus LiaNe blan¬ che ; il y a plusieurs lianes à panier .

Liane percée. Cette plante se trouve à Saint- Domingue. Ses feuilles sont percées de deux trous ovales des deux côtés de la côte qui les divise en deux parties égales.

Liane a Persil , Serjania scandens , Plum. C’est le mammarou , coulaboule 5 des Caraïbes. Nicolson dit que les tiges de cette plante sont striées ; son écorce est grise , mince , assez adhérente au bois qui est

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Souple et liant. Ses feuilles attachées trois par trois au bout des ramilles sont luisantes et d’un vert foncé en dessus, pâle en dessous , longues d’environ un pouce , large de sept à huit lignes, unies dans leur contour depuis la base jusqu’aux deux tiers , décou¬ pées dans le reste ; lès pétales de la fleur sont au nombre de quatre ou cinq. Le pistil devient un fruit qui renferme plusieurs petites graines rondes , de la grosseur d’un pois.

Liane a Punaise. Cette plante se trouve dans la Guiane. Elle est fort rampante ; son brin est de quarante pieds sans nœuds ; elle monte jusqu’au haut des grands arbres qui en sont quelquefois étouffés. Elle sert aux mêmes usages que la liane franche .

Liane purgative , ou Liane a médecine , ou Liane à Bauduït , Cmvolvulus Amer ic anus ; les Ca¬ raïbes l’appellent arepeea . Elle se trouve sur les mornes , dans les lieux humides , à Saint-Domingue. Ses tiges sont grimpantes , cylindriques , sans vrilles ; elles s’entrelacent dans les branches des arbres voisins , s’y accrochent et se replient ensuite vers la terre , y prennent racine et forment de nouvelles plantes. On en tire un suc résineux dont on se sert pour purger. Nicolson dit cju’un habitant du Cul-de-sac nommé Eauduit , en fait un sirop purgatif qui porte son nom : quoiqu’il soit fort en usage parmi les habitans du pays , il ne laisse pas d’être dangereux, en ce qu’il occasionne des superpurgations. Ses feuilles sont taillées en cœur , un peu rudes au toucher, unies et non dentelées. Cette plante purge violemment!

Liane purgative, du bord de la mer; Solda- ndla 9 M'arcg. ; Convolvulus marinus 9 catharticus , Plirni. On ne la trouve que sur les cotes de la mer. Sa feuille est arrondie , bien nourrie. Elle est purgative. Voye^ SOLDANELLE.

LxANNE CARRÉE OU LlANNE. SILLONNÉE , Strjanla scandens , Plum. Elle a lès mêmes usages que la liane rouge y et se prépare de même ; mais elle n’a pas la même propriété de fournir de Peau pour désaltérer ceux qui ont soif. ,

Liane- a Raisin. Elle est nommée ainsi, parce que ses fruits sont assez semblables aux grains dm

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Raisin l et quHls sont bons à manger. Ceitê plant® croît dans les mornes à Saint-Domingue : ses feuilles sont larges , presque carrées 5 d’environ six pouces de diamètre , profondément découpées , non dente¬ lées , d’un vert foncé, et lisses en dessus , d’un vert pâle et rudes au toucher en dessous , portées sur un pédicule de quatre à cinq pouces de longueur.

Liane A ReglïSSE , Orobus scandens * Pluffî. ; Konni ; Hort. Malab. C’est le petit panacoco de la Guiane ; Abrus precatorius , Linn. ; Orobus Armricanus 5 fmcm çoccineo , nigrâ macula notato , T ournefort ; Vaouaroty des Caraïbes. C’est un sous-arbrisseau qu’on trouve au bord de la mer et dans les mornes , aux Isles sousi le vent et dans les deux Indes, même en Afrique;: îl est de l’ordre des Légumineuses . On emploie ses tiges aux mêmes usages que les racines de la réglisse en France. Sa racine est traçante , chevelue , sans aucune saveur; ses feuilles sont petites* arrondies ; attachées par paire le long d’une côte , d’un vert clair : sa tige est sarmenteuse , grimpante , compris mée 9j et comme composée de deux tiges réunies elle s’élève jusqu’à dix ou' douze- pieds , s’entortille autour des arbres voisins qui lui servent d’appui, et jette des rameaux alternes ; grêles et cylindriques : l’épiderme est gris , mince ; l’enveloppe cellulaire verte , remplie d’un suc assez semblable à celui des racines de réglisse d’Europe; ses deurs sont petites*’ blanchâtres , quelquefois rougeâtres , légumineuses, en épi; le calice est en tube presque entier ; la corolle étroite , courte ; neuf étamines , dit Linnmis , réunies à leur base ; le pistil devient une gousse longue de douze à quinze lignes , arrondies , grisâtre , composée de deux lames membraneuses , remplie de trois à six graines presque sphériques , dures , lisses , luisantes , d’un rouge fort vif , avec une petite tache d’un beau noir préside leur ombilic. Les graines varient et sont quelquefois de couleur blanche. On se sert de ces graines en Afrique et en Asie , soit en guise de pois * soit comme ingrédient dans les cémentations dont on fait usage pour consolider les ouvrages d’or que Fôn fabrique dans ces pays.

Liane rouge * Zorin i Bignonia scandcM * rubffi^

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ttvlmlmà 9. Barr. pag« 23. Cette plante croît par-tout dans les endroits incultes , à Saint-Domingue et dans la Guiane : elle rend une couleur rouge. Nie oison dit que ses feuilles sont dentelées , ohlongues , de deux à trois ponces de largeur , ce qui fait environ la moitié de la longueur ; qu’elles sont terminées au sommet par une pointe obtuse , courbée d’un côté , divisée par une grosse côte * qui est le prolongement d’ün pétiole très-court..

Liane a sang. Elle croît dans les mornes 5 aux Isles sous le vent : elle est remplie 9 dit Nicolson ? d’une liqueur épaisse , rouge comme du sang de bœuf.

Liane a Savon. Onja trouve dans: les bois. : elle est nommée ainsi 5 parce, que ses tigès broyées dans ï’eau la font écumer ; on en fait des cure-dents qu’on dit propres à affermir les gencives. On range cette plante dans . la classe des Àpèritives . Son bois est blanchâtre, spongieux , d’une saveur amere : ses tiges sont revêtues d’une écorce grisâtre \ elles s’élèvent assez haut par le moyen des arbres yoisins auxquels elles s’attachent : ses feuilles sont dentelées , presque rondes , éehancrées par la base en forme de cœur * pointues au sommet 5 d’un vert foncé , veloutées , ^ portées sur un petit pétiole dont le prolongement forme une côte qui s’étend tout le long de la feuille, et qui, la divise en deux parties égales \ à cette côte aboutissent des nervures très-obliques , cfont l’inter-, yaüe est rempli par plusieurs petites veines parallèles entre elles.

Liane a. sqiE , PaulUnia scandens ; c’est le Cururii scandais du Pere Plumier .

Liane seguine. Elle est très-botme en tisane , dit M, de Préfontaine ; mais il ne faut se servir que de son maître - brin que les Negres appellent matnam i A défaut d’autres lianes , elle sert à amarrer des bar¬ rières , comme la liane-crape : on l’emploie aussi pour coudre dés, feuilles, de 'baywlôu^ et sur-tout à faire les borgnes, gouris et autres instrumens de pêche.

Liane, a Serpent. A Saint-Domingue on appelle liane à serpent une espece d? aristoloche ronde ; c’est le ç lanarou des Caraïbes. On lui attribue une vertu* fjpéritiyé à, la, Martinique, h Qîi l’emploie contre, ta*

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morsure des serpens. Cette liant seroit-elle Vdristo* loche anpiicide ? Voyez et mot . Elle croît dans les mornes et dans la plaine ; on la trouve fréquemment dans les halliers , le long des haies et dans les terrains incultes.

Liane sillonnée. Voyt^cî-dcssus Liane carrée.

Liane Timbo ou Tue-Poisson. Cette plante est naturelle au Brésil. Voye^ Timbo.

Liane Tocoyenne. Elle sert à faire des paniers propres au ménage ; son écorce qui se dédouble la rend plus difficile à gratter et à préparer : elle naît abondamment dans le pays habité par la Nation ap¬ pelée Tocoyenne .

LiaNe a tonnelle. On la trouve dans les bois a Saint-Domingue ; on s’en sert pour couvrir les ber¬ ceaux qu’on appelle tonnelles : elle pousse de tous côtés plusieurs tiges, dont les unes se plient vers la terre et y prennent racine , les autres s’élèvent et s’attachent aux arbres voisins. Une seule de ces plantes, dit Nicolson , s’étend quelquefois à plus d’un quart de lieueé

Liane A Vers , Cactus Peruvianus , scandens et re - ptns s Plum. ; c’e^t Yacoulerou des Caraïbes, Cette liane , dit M. Desportes , grimpe le long des plus hauts arbres ; ses tiges sont flexibles, de la grosseur du doigt , de couleur verte , revêtues d’un petit nombre de feuilles petites, charnues, de la longueur et de la largeur d’un pouce ; sa fleur ressemble à celle de nos Iis et elle en a Fodeur; ses fruits sont rouges : on la trouve dans les bois. On coupe ses tiges ; il en distille un suc blanchâtre , un peu acide , qui est estimé un excellent vermifuge.

Liane aux yeux , espece de Bryone . Les Caraïbes l’appellent queraïba , coyyrou .

LIBER. Voye i aux articles Arbre et ÉCORCE.

LICAMA des Caffres ; c’est le bubale . Voyez ce motl

LICE. Les chasseurs désignent par ce mot une chienne courante dont on tire race. Le mot lice , dans le sens ou s’en est servi La Fontaine , paroît désigner plus génériquement une grosse chienne pleine :

Une lice étant su r son terme.

F*b. VIL Llr , IL

L I C 537

LICHE. Quelques-uns prétendent que c’est la pela - mide des Languedociens. La pèlamide d’ Aristote , etc. est du genre du Scombre . Voyez Y article Pèlamide.

La liçhe est de la section des Chiens de mer qui ont des trous aux tempes _s sans avoir de nageoire derrière Vanus . La Uche ressemble assez à Y aiguillât ; mais elle en différé par ses nageoires dorsales 9 qui sont privées d’aiguillons , et les abdominales qui sont grandes et très-rapprochées de la queue ; la seconde nageoire du dos est plus grande que la première : ces caractères servent à distinguer la Uche de toutes les autres especes de chiens de mer.

M. Broussonet dit, que cette espece ( la Uche ) vient du Cap-Breton ; la description qu’il en donne est faite d’après un individu long de trois pieds 9 lequel se voit au Cabinet du Roi : sa peau est chagrinée et recouverte de petites écailles anguleuses ; le corps est arrondi 9 la tête grosse 9 et le museau court et obtus ; la gueule est armée de plusieurs rangs de dents oblon- gues , aiguës ? comprimées ; les plus grandes sont dentelées sur les bords : les narines sont grandes et placées sur les côtés du bout du museau : les yeux grands et plus près des narines que du premier évent ; les trous des tempes grands et éloignés des yeux ; de chaque côté sont cinq petits évents , dont les deux derniers sont plus rapprochés : les nageoires pecto¬ rales sont presque ovales ; celle de la queue est alongée et lancéolée.

LICHEN. Nom donné à une famille de plantes rampantes et comme couvertes de lepre. Quelques Auteurs rangent les lichens dans la" famille des Cham¬ pignons 9 et prétendent que les mousses terrestres sont aussi des especes de lichms 9 ainsi que la pulmonaire de chêne et Yhépatique commune . Les lichens paroissent avoir une sorte d’analogie avec les fucus ; Voyez ce? mots. La substance de quelques lichens est graveleuse et participe souvent de la matière calcaire. Le port de ces plantes est en général assez singulier. On trouve des lichens sur les pierres et sur Téeorce des vieux arbres : on connoît l’espece du très-long lichen qui pend au hêtre ou au sapin , Lichen longissimus 9 ex fago et aW? Pïn&ns i Corol, Inst* U y a des lichens \

L ï C

tension# crustacées et à cupules tuberculeuses :• tel est le Lichen scriptus 3 Linn. 1606. Cette espece forme suc les arbres une croûte extrêmement mince ». couverte de petites lignes noirâtres , disposées de maniéré à former en quelque sorte des caractères ou lettres hébraïques,,; Il y a des lichens à extensions crustacées et à cupules en écusson ; des lichens à extensions foliacées 5 les unes, serrées et imbriquées, les autres lâches et non imbri¬ quées , telle est la pulmonaire de chêne; des lichens à exten¬ sions coriaces ; des lichens à cupules en forme de vase ou d’entonnoir ; d’autres à ramifications corail oïdes ou. arborescentes , tel est le lichen des rhcnnes ; le lichen à extensions filamenteuses , pendantes ou étalées 5 et les* cupules presque plane#, c’est Y us née des boutiques .

Le peuple se sert quelquefois de toutes, sortes de mousses ou de lichens pour teindre , sans considérer s'ils sont tous propres à cette opération , et à donner urne même couleur. Les lichens les plus connus des Teinturiers sont Yorseilk et la perelle ; Voyez ces mots* Le lichen de genévrier est fort usité en Suède pour donner aux habits une couleur jaune*. M ^Wtstbek fait encore mention dans les Mémoires de V Académie dt Suède de la couleur violette et d’un beau rouge cons¬ tant que l’on peut obtenir du Lichen foliaceus 9 umbi- licatus % subtils laçunosus 9 Linn* Ce lichen par oit au premier coup d’œil comme s’il avoit été brûlé ; il est aussi mince que du papier et se réduit en poudre pour peu qu’on le touche quand il est sec. H n’est attache à la pierre que par une seule petite racine qui se trouve au milieu du lichen ; il est rempli de tubercules, qui sont creux par dessous. On recueille ce lichen comme les autres , par un temps humide , afin qu’il se détache plus facilement de la pierre. A défaut on arrose la pierre avec de l’eau : ensuite on le lave, on le fait sécher et on en tire la couleur par le moyen de l’urine , comme on fait pour Yorseilk .

On voit que la Teinture a su tirer parti de plusieurs {lichens ; la Médecine en emploie plusieurs. Des ani¬ maux sauvages mangent des lichens ; les Canadiens su rapport de M. Kalm3 se nourrissent souvent avec un lichen particulier à leur pays glacé.

Lxçhen de Greçe. Il sert à teindre: en rouge : çfestê

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le Lichen Grœcus , polipoides , tinctorius , Tourn, Voye% à P article Orseille.

LICHENÉE du Chêne. Nom que l’on donne à une très-belle chenille qui se trouve sur une espece de lichen gris-blanc dont elle z les cbuleurs , et le long duquel elle rampe sur le tronc du chêne auquel elle s’attache vers la fin de Mai. Cette chenille courbe et plie avec art trois feuilles de chêne ; elle en fait une boule qu’elle enduit intérieurement d’une matière visqueuse, d’une 'espece de soie , et cette bourre devient le surtout de sa coque. Cette chenille A de¬ venue chrysalide , produit au commencement de Juillet un beau papillon , dont les ailes imitant le point de Hongrie , présentent , parmi les jeux de la Nature , une singularité digne d’arrêter les yeux des Amateurs,

LI-CHL Voyeç Letchi.

LICOCHE. Voyez à P article LlMACÉ.

LICORNE Coquille. Nom donné à un buccin des parages Mageîlaniques , qui est armé en dedans , vers l'extrémité supérieure de la lèvre , d’upe dent saillante» La robe de ce buccin nouvellement connu est de couleur marron et est ornée de stries transversales un peu tuilées.

Licorne de mer. C’est un grand animal marin du genre des Çétacées , qui se trouve comme la baleine dans les mers du Groënland : nous en avons parlé sous le nom d e narwhal, à la suite de Y article Baleine» On appelle du nom seul de licorne l’espece de dent ou la défense de ce çétacée : on la voit aussi commu¬ nément dans les Cabinets des Naturalistes , qu’on la fait passer pour rare et précieuse dans le Trésor de Saint-Denis en France. Le vulgaire l’appelle corne ou dent marine en latin Ceratodon ; c’est une défense qui n’est pas située obliquement ni perpendiculairement , mais sur le même plan du corps de l’animal , ainsi que le dit M. Brisson dans son Régné animal , pag. 367» Çet Auteur , qui appelle aussi cette partie de la licorne dent s dit que \e narw ha l a deux dents à la mâchoire supérieure (il faut cependant observer qu’il n’en a communément qu’une ) , longues de six à sept pieds , droites , tortillées en spirale , qui percent la levre fup^rieure et se dirigent en avant. Nous avons vu

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des cannes faites de cêtte sorte d’ivoire 9 et qui étoienf: de la plus grande beauté. Voyc^ Yvoire du Narwhal.

Des Lithoiogistes appellent licorne fossile ( Mono - ceros fossiles) 9 des portions osseuses fossiles de grands animaux , et qu’on trouve ou endurcies ou altérées , à différente^ profondeurs de la terre. Les Allemands en emploient beaucoup en Médecine 9 sous le nom Sunicorne fossile ou à" ivoire fossile ( Uriicornu fossile ). .Voyez Yvoire fossile et Unigorne- fossile.

Licorne de terre. Voye^ aux articles Brehis et Camphur , ce qu’on doit penser de leur existence.

L1DMÉE. On a désigné sous ce nom une race de grande taille dans l’espece de la gabelle antilope . Voyez à l'article Gazelle.

LIÈGE , Suber latifolium 3 perpetuo virens ? C. B* Pin.1 424; Quercus - suber , Linn. 1413. C'est un arbre de moyenne hauteur , qui croît en Italie , en Provence 9 en Gascogne , vers les Pyrénées , en Roussillon , en Espagne et dans les autres lieux Méridionaux. Cet arbre , qui ressemble beaucoup au chêne-vert r a une racine grosse , longue et dure : elle pousse un gros tronc qui jette beaucoup de rameaux et dont l’écorce est épaisse , fort légère , très-spongieuse , de couleur grisâtre , tirant sur le jaune : elle se fend d’elle- même et se sépare de,, l’arbre 9 si l’on n’a pas soin de l’en détacher , parce qu’elle est poussée et chassée par l’accroissement circulaire de l’arbre , c’est-à-dire par une autre écorce qui se forme dessous , et qui est si xouge qu’on la voit de fort loin : les feuilles du liège ressemblent à celles du chêne-vert ; mais elles sont plus grandes , plus molles , vertes en dessus , blan¬ châtres en dessous ; ses chatons et ses glands sont pareillement semblables à ceux du chêne-vert ; mais son gland est plus long , plus obtus , et d’un goût plus désagréable que celui de Pyeuse. L’arbre du liège ne se plaît guere que dans les terres sablonneuses les lieux incultes et les pays de landes.

Quand les habitaiis des lieux ou croît le liège veu¬ lent faire la première récolte de son écorce., (elle ne doit pas être faite avant que l’arbre ait atteint douze ou quinze ans 9 ) ils attendent pour cela un temps chaud et serein j s’il arriyoit une pluie immédiatement

L î E !$4i

après la récolte J c’est-à-dire quand il n’y a plus que la jeune écorce , elle se gâteroit bientôt , et l’arbre seroit en danger de périr. Ils en incisent le tronc dans toute sa longueur pour tirer l'écorce' plus commo¬ dément : on ne renouvelle cette opération que six à huit ans après la première , et ainsi de suite pendant plus de cent cinquante ans , sans qu’il paroisse que ce retranchement nuise à l’arbre. L’écorce des vieux lièges est la meilleure , et ce n’est guere qu’à la troi¬ sième levée qu’elle commence d’ètre d’assez bonne qualité. On a soin de tremper aussi-tôt dans l’eau l’écorce tirée de l’arbre pour l’amollir ; on la met ensuite sur des charbons embrasés , puis on la charge de pierres , afin de la redresser et de la rendre plate ; après cela on la nettoie, mais elle reste toujours noi¬ râtre en sa superficie : tel est le liège- écorce qu’on transporte en ballots dans toutes les parties du Monde , dont on se sert pour faire des bouchons de bouteilles , et qui s’emploie dans la Marine à différens usages , particuliérement pour soutenir sur l’eau les filets des pêcheurs;, on en couvre les maisbn.s en certains cantons d’Espagne ; on choisit pour cela le liège en belles tables, uni, peu noueux , léger, sans crevasses , d’une épaisseur moyenne , peu poreux , et susceptible d’être coupé net avec aisance. Les Cor¬ donniers l’emploient dans les chaussures des Danseurs * pour les rendre plus élastiques - et pour garantir les pieds de l’humidité pendant l’hiver.

M. FAbbé1 de la. Chapelle , Physicien très - connu , s’est occupé de la recherche d’un moyen qui pût mettre les Marins en état de se sauver , lorsque par des malheurs trop communs sur la mer ils sont obligés d’abandonner leur vaisseau, et de se livrer aux flots pour essayer de gagner la terre à îa nage. Ce savant pour y réussir , a fait faire un corset de nageur , qu’il appelle scaphandre . C’est une sorte de casaque formée par des pièces de liège taillées en carrés plats , cousues entre deux toiles et qui s’appliquent parfaitement sur le dos et sur 3a poitrine ; il est assujetti autour corps du nageur , par le moyen de courroies qu’on fait passer entre les cuisses et sur les épaules. Il faut y employer environ dix livres de liège ? pour que le corps

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du nageur se trouve en équilibre avec un pareil vo^ lume d’eau. Nous avons vu plusieurs fois M, l’Abbé de la Chapelle en faire Fessai publiquement dans la Seine : c’étoit pendant la saison des bains. Au moyen de cet habit il s’est abandonné sans crainte au plus fort de la riviere , il se teüoit debout , la tête hors de l’eau., et si fort à son aise , qu’il *a pu faire usage d’une bouteille et d’un verre qu’il tenoit dans ses mains : nous lui, avons vu tirer un coup de pistolet , et faire à la surface de l’eau divers autres exercices qu’il a continué de faire pendant plusieurs années dans la belle saison , et avec succès. Cet Auteur a publié un Ouvrage sur la méthode ou Frisage du scaphandre, que quelques-uns appellent improprement seâmandre .

L’écorce du liège est astringente , propre pour ar¬ rêter les hémorragies et le cours de ventre , soit qu’on la prenne à la dose d’un demi-gros en substance, on d’un gros réduit en poudre , soit qu’on la prenne en décoction depuis une demi- once jusqu’à une^ once dans une pinte d’eau. Le liège brûlé et réduit en cendre impalpable , puis incorporé dans de l’huile d’œufs ÿ est un bon remede pour adoucir et réduire les hé¬ morroïdes.

Ce que les Ouvriers appellent noir d'Espagne n’est que l’écorce du liège > que les Espagnols calcinent dans des pots couverts , pour la réduire en une cendre noire , extrêmement légère.

Liège des Antilles. On donne ce nom au bois du cotonnier siffeux , par rapport à l’usage qu’on en fait en cette^contrée. Voye { à T article Mahot.

Liège fossile ou Liège de montagne , Suher montanum . On donne ce nom à une espece d ’asbeste qu’on trouve en tables plus ou moins épaisses et extérieurement semblables à du liège. , soit dans les Pyrénées du côté de Campan , soit en Languedoc vers k^ays d’Alais , etc. Le liège fossile est très-léger et composé de libres assez flexibles , d’un tissu lâche et qui se croisent irrégulièrement. Les morceaux de cette1 espece d’a^beste sont poreux, comme fongueux, jau¬ nes , brunâtres en dehors , blanchâtres en dedans, et contiennent des matières hétérogènes qui les font entrer en une sorte de/vitrification, Le liège fossile des-

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pinës de IDannemore en Uplancïe est coloré et con¬ fondu avec un spath alcalin et cristallisé» Voye i à l'article ASBESTE. .

LIEN. Voyei Serpent dit le Lien.

LIERRE , Hedera . On donne le nom de lierre à dent plantes différentes, qui sont le lierre en arbre et le lierre terrestre . Ces deux sortes ' de végétaux ne sont effectivement ni du même genre ni de la même classe.

Le Lierre terrestre , Terrete , Herbe- de Saint -Jean, Rondette , Hedera terrestris , Dod* Pempt. 394; et vulgaris , C. B. Pin. 306; Châtiiez - cissus sive Hedera terrestris , J. B. 3 ^ 855 ; Calamintha ÀitmMior , rotundiori folio , Tourn. Inst. Cette plante , qui est de la classe des Labiées , est le Glccoma hedera - , (807) de Linnrzus , et le Chamceclema de H aller

Ce lierre croit dans les lieux ombragés , humides , dans' les haies ; il pousse des tiges quadrangulaires , simples , longues , rampantes sur la terre , sur lesquelles naissent ® des feuilles opposées deux à deux , arrondies , réni- formes , un peu en cœur , et crénelées : ses fleurs sont disposées par anneaux à chaque aisselle des feuilles » elles sont bleues ou violettes , et d’utie seule piece en gueule ; les sommets de chaque paire d’éta¬ mines sont pliés de maniéré qu’en se touchant ils forment une petite croix ; aux fleurs succèdent quatre graines oblongues , arrondies et lisses , contenues dans 1 un calice. Toute la plante, a F odeur forte et est de saveur amere : elle est toute d’usage ; on la rangé parmi les meilleurs vulnéraires. Sa décoction ., mêlée avec des yeux d’écrevisse , est très-propre pour les chutes , sur-tout pour résoudre le sang grumelé y et guérir la difficulté de respirer qui en est la suite. Certes décoction prise enclavement est très -propre pour"' appaiser les. douleurs de la colique et pour, guérir îaJ dyssenterie. Le lierre terrestre est encore un rêmede excellent contre l’ashme pituiteux ; il fond les glaires- engorgées dans les glandes bronchiales ; il facilite l’expectoration ; on s’en sert aussi très- fréquemment dans la phthisie , pour couper le lait dont on fait, usage. C’est un très-bon diurétique qui fond et dégage les glaires des reins et de la vessie. On prétend que le suc de c et te plante aspiré par lès narines * non-seu-

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lement adoucit,' mais guérit même entièrement mal de tête le plus violent. On prépare chez les Apothicaires une eau distillée , une conserve , un extrait , un sirop des fleurs et des feuilles de cette plante. On assure que le lierre terrestre effrite les prairies ou il se trouve.

Il y a l’espece de petit lierre terrestre , Calamintha humilior , folio rotundiore , minor aut elegantior 5 Inst. 194* Le Lierre en arbre, Hedera arborea , C. B. Pin. 305 ; Hélix , Linn. 292. Cette plante sarmenteuse , si célébrée par les Poètes-, prend différentes formes, selon le lieu ou elle croît et selon son âge ; c’est ce qui fait que les Auteurs anciens parlent de tant de diverses sortes de lierre , Nous voyons ici très- souvent cette plante à tige ligneuse et rampante , le long des arbres ou des murailles , dans les jardins', dans les champs , dans les haies et dans les forêts ; limais en Italie , en Provence , en Languedoc , elle devient un arbre. On voit dans le Cabinet de Chan¬ tilly une dalle d’un lierre en arbre , qui a cru sur le

Îlus haut du Titelberg , montagne du canton de meerhe (2001 toises ) cette dalle a sept pouces de diamètre.

Les fleurs du lierre en arbre naissent en ombelle et placées en grand nombre à l’extrémité des sarmens ; elles sont en rose , composées chacune de six pétales , de couleur herbacée. Aux fleurs succèdent des baies piresque rondes, égales à celles du genievre et qui contiennent les graines. Les feuilles qui sont à l’ex¬ trémité des branches sont à peu près ovales ; les autres dont presque triangulaires, et en général la forme Iles feuilles varie beaucoup. Il y en a de panachées ; inais elles sont toujours fermes, coriaces , luisantes , pétiolées , posées alternativement sur les branches. Ce qui prouve que le lierre ne tire pas sa nourriture ides griffes par lesquelles il adhéré à l’arbre , c’est que la plante périt lorsqu’on coupe la tige par le pied/ Les1 lierres se greffent naturellement par approche les uns sur les autres , et forment une espece de réseau qui enveloppe le tronc des arbres auxquels ils sont attachés.

Les lierres 9 quoique agrestes, sauvages , durs et

solitaires 9

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lolifaïres , peuvent être mis dans les bosquets d’hi^ ver; on peut les tondre en buissons comme les dievrerfeuiiles ; ils sont très-propres à couvrir les miirs auxquels ils s’attachent aeux-niêmes , et on en peut faire des palissades , des portiques qui font un bel effet , sur-tout l’hiver , ainsi qu’on le peut voir à Paris dans le cloître des Peres Capucins du Marais* Quoique les Anciens réemployassent guère qu’à l’ex¬ térieur le lierre en arbre , Palmarius et Boy le rapportent "que ses baies mûres et pulvérisées ont été employées en petite dose , avec succès dans une peste qui régooit à Londres : on les puivérisoit dans du vinaigre ou on les prenoit dans du vin blanc pour exciter la sueur. Ses feuilles passent pour être vulnéraires et détersives ; on emploie leur décoction contre la teigne et contre la gale , et l’on prétend qu’elle noircit les cheveux. M. Deleuye dit que ces feuilles trempées dans le vinaigre font un bon topique contre les cors des pieds. Dans les pays chauds , tels que la Perse et autres pays orientaux , et même en Suisse , suivant M. de Haller 9 on retire par incision du tronc des plus gros lierres ( Redora arborea ) une résine en larmes, nommée improprement gomme de lierre . Cette résine doit être d’un brun-rougeâtre, à peine demi-» transparente , d’un goût âcre et aromatique : elle est sans odeur, si ce n’est lorsqu’on l’approche de la flamme ; car alors elle répand une odeur agréable qui ressemble assez à celle de l’encens oliban. Elle entre dans quelques onguens comme résolutive. On a prétendu à tort qu’elle étoit un bon dépilatoire* Les Persans en font entrer dans la composition des astringens externes et de quelques vernis. En Europe on fait de petites boules avec le bois dur du lierre en 'arbre , et on les met dans les cautères avec succès ce bois attire très-bien ; et on ne renouvelle guere ces globules qu’une fois le mois : on applique des feuilles de lierre dessus. Quelquefois les Tourneurs travaillent le boi$ des gros troncs d’arbres de lierre , et ils en font des vases à boire 9 auxquels on attribuoii autrefois la vertu de laisser filtrer l’eau et de retenir le vin lors¬ qu’on y mettoit ces deux liqueurs ensemble.

Le lierre de Bacchus a son fruit doré ; il est com«

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mun en Gr-êCê ! c’est le Hedera Dionysîos des Botaniste#* ; modernes. Il n’est pas surprenant que les Bacchantes aient autrefois employé le lierre pour orner leurs thyrs.es et leurs coiffures ; toute la Thrace en étoit couverte. Comme le lierre a été spécialement consacré à Bac clins j les Marchands de vin sont dans l’usage faire avec ses feuilles des couronnes qu’ils attachent devant leurs tavernes, Hedera pensilis 9 vinum venait signifient.

On lit dans Y Ancienne Encyclopédie , qu’il se fait à la Chine une espece de toile d’ortie d’une planté appelée co 9 qui ne se trouve guère que dans la pro¬ vince de Fokien : cette plante est , dit-on , une espece de lierre , ( ne seroit-ce pas la corette des Indes Orien¬ tales ? Voyez ce mot . ) dont la tige donne des filament qui servent à la fabrique de cette toile d’ortie appelée coupon : on la fait rouir , on la teille , on rejette la premiers peau ; mais on garde la seconde , qu’on divise à la main , et dont , sans la battre ni la filer 9 on fait une toile très-fine et très-fraîche. N’aurions-* nous point dans nos contrées , dit M. Diderot , des plantes qu’on pût dépouiller de leur première peau 9 et sous laquelle il y en eût une autre propre à l’our^ dissage ? Cette recherche ne seroit point indigne d’un Botaniste. Nous en avons déjà cité plusieurs de ce genre dans ce Dictionnaire.

LIEU , Gadus pollachius , Linn. ; Asellus Hultingo - pollachius , Willugh. ; Gadus dorso triptzrigio 9 ore im- berbi 9 maxillâ inferiore longiore , lineâ lateraü curvâ 3 Ârted. Gronov, ; an Asellus virescens ? Schonev. En Angleterre , Whiting-polack. Ce poisson (espece de fausse morue ) du genre du Gade 3 est commun sur les côtes voisines de Cornouaille en Angleterre : il a presque la forme du merlan ; mais il a le corps plus grand , plus large et moins épais. On distingue encore le lieu de la morue , en ce qu’il est plus large et en même temps plus mince à proportion de son volume ; sa ïête est moins grosse , et il est sans barbillons au-dessous de la mâchoire : son dos est noirâtre ou d’un vert obscur ; il y a sur les côtés a tu dessous des lignés ponctuées qui les parcourent , des liaéamens d’un, jaune saie ; le corps est epuyert de très-petite^

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liaïllè§ ; les lignes latérales sont courbées en arê convexe : chaque ouverture des narines est double ; la gueule très-fendue ; la mâchoire inférieure dépasse un peu celle de dessus , et* toutes deux sont garnies de très-petites dents , ainsi que le palais : les yeux sont grands , couverts d'une membrane lâche et dia¬ phane ; leurs iris argentés : le crâne n’est pas trans¬ parent : les ouïes sont au nombre de quatre * dont la première a une rangée de rayons disposés en dents de peigne , et Nune autre de tubercules chargés d’aspérités; les deux ouïes suivantes offrent chacune deux rangs de semblables tubercules ; la quatrième ouïe n’en a qu’un seul rang : le dos a une figure courbe : la première nageoire dorsale a onze rayons ; la seconde dorsale, qui est un peu plus élevée que la première en a dix-neuf ; la troisième dorsale en a seize : les pectorales sont d’une médiocre grandeur 9 ■par rapport au volume de ce poisson;' elles ont chacune seize ou dix-sept rayons : les abdominales sont encore bien plus petites et ont chacune six rayons; des deux nageoires situées^ derrière l’anus la première a seize rayons , la seconde qui lui est presque contiguë en a dix-huit.

Suivant M. Duhamel , le lieu n’est pas un poisson de passage. On en prend toute l’année sur les côtes de Bretagne et de. diverses grandeurs ; la pêche en est plus 'abondante en été, parce que les sardines dont ils sont friands les attirent en cette saison. Le lieu Se prend facilement à Fhameçon ; sa voracité lui fait prendre pour appât une proie factice.

LIEVRE , lepus. Animal quadrupède herbivore* On donne assez communément à sa femelle le nom de hase , et on nomme ses petits levrauts. Ces ani¬ maux sont trop connus de tout le monde pour avoir besoin d’autre description que celle que nous en donnerons 9 en parlant de leurs mœurs et de leur maniéré de, vivre. On sait que le lievre est le gibier îe plus commun dans nos campagnes 5 et la proie la plus ordinaire des chasseurs»’

Les especes d’animaux les plus nombreuses ne sont pas leS'plus utiles 5 dit M. de Buffon ; rien n’est même plus nuisible que cette multitude de rats , de mulots*^

M' m a

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de sauterelles ~ de chenilles , et de tant d’autres insectes dont il semble que la Nature permette et souffre plutôt qu’elle ne l’ordonne la trop nombreuse mul¬ tiplication ; mais l’espece du luvrc et celle du lapin ont pour nous le double avantage du nombre et de Futilité. Les lievres sont universellement et très-abon¬ damment répandus dans tous les climats de la terre 9 si on en excepte les pays du Nord. Les lapins se multiplient par-tout d’une maniéré prodigieuse. Voye j l'article LAPIN.

Dans les cantons conservés pour le plaisir de îa chasse on tue quelquefois quatre ou cinq cents lievres dans une seule battue. Ces animaux sont en état d’engendrer en tout temps et dès la première année de leur vie : les femelles ne portent que trente ou trente-un jours ; elles produisent trois ou quatre petits , et dès qu’elles ont mis bas , elles reçoivent le mâle ; elles le reçoivent aussi lorsqu’elles sont pleines. Les deux cornes de la matrice dans cet animal sont tellement disposées qu’elles peuvent agir indépen¬ damment l’une de l’autre , et faire chacune la fonction d’une matrice distincte et séparée ; ce qui fait que la hase peut concevoir et accoucher en différens temps % de vient aussi que les superfétations dans ces animaux: sont aussi fréquentes qu’elles sont rares clans ceux qui n’ont pas ce double organe. Ces femelles peuvent donc être en chaleur et pleines en tout temps ; fiussi sont- elles également lascives et fécondes.

Il est quelquefois assez difficile de distinguer au premier coup d’œil , le lièvre d’avec sa femelle , sur¬ tout dans leur jeunesse , parce qu’alors les mâles n’ont au dehors ni bourses ni testicules , et que les femelles ont le gland du clitoris proéminent et presque aussi gros que le gland de la verge , et que la vulve n’est presque pas apparente : de plus les femelles sont plus ardentes que les mâles, et les couvrent avant d’en être couvertes ; c’est ce qui a accrédité l’opinion absurde que dans les lievres il y avoit beaucoup d’hermaphrodites.

Jacques Dufouilloux , dans son Traité de la Vénerie 1 dit qu’on peut distinguer le mâle en le voyant partit du gîte 5 parce qu’il a le derrière blanchâtre ? commQ

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1?ïl avoit été épilé ; ou bien par les épaules , qui sont communément rouges et parsemées de quelques poils longs : de plus le mâle a la tête plus courte et plus ronde ; il a le poil des barbes long , les oreilles courtes , larges et parsemées de blanc : au contraire la femelle a la tête longue et étroite les oreilles grandes, le poil de dessus réchine d’un gris-brun tirant sur le noir , la queue étroite et peu blanche. Les crottes du mâle sont plus petites , plus pointues et plus seches que celles de la femelle. Ajoutez que le bouquin (mâle adulte ou vieux) a aussi plus de jambe et de talon que la hase : il a le pied beaucoup plus court , plus serré et plus pointu. En marchant d’assurance , il appuie plus de la pince que du talon : ses ongles sont gros , courts et usés , mais toujours extrêmement serrés et enfoncés. La hase , au coût. traire , a le talon étroit , le pied long , garni de poil , et elle appuie plus du talon que de la pince ; ses ongles menus et pointus s’écartent les uns des autres et entrent peu dans la terre. Le mâle a la queue plus longue et fort blanche. Ces observations sont utiles aux chasseurs qui ne veulent point tirer une hase , afin de ne point dépeupler le canton. Quand il part du gîte , s’il ieve une oreille et couche Fautre sans fuir de vitesse , retroussant la queue sur Féchine c’est signe d’un fort et rusé lièvre . Le mâle cherche presque toujours les grands pays et les lieux décou¬ verts ; dans son gîte la femelle s’amuse à couper tout ce qui l’environne ; elle passe et repasse par les mêmes endroits , et se fait ordinairement prendre près du gîte ; mais si elle a des levrauts , elle prend la fuite.

Les levrauts ont les yeux ouverts en naissant ; la mers les allaite pendant l’espace de vingt jours , après quoi ils s’en séparent d’eux - mêmes , et vont chercher leur nourriture. Quoiqu’ils ne s’écartent pas beaucoup les uns des autres , ni du lieu ou ils sont nés , cependant ils vivent solitairement et se forment chacun un gîte à une petite distance , comme de soixante ou quatre-vingt pas : ainsi lorqu’on trouve un levraut dans un endroit , on est sur d’en trouver encore un ou deux autres aux environs. La plupart #.at au sommet de la tête une petite marque blandtei

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qu’on appelle V étoile 9 qui ordinairêfflênt disparoît â la première mue , mais qui reste quelquefois jusque

dans l’âge avancé.

Assez paisibles pendant le jour, la nuit est pour les lievres le temps des promenades , des festins , des amours et des danses. Cest un plaisir de les voir au clair de la lune jouer ensemble, sauter, gambader, et courir les uns après les autres ; mais inquiets , défians et peureux par nature , le moindre mouve¬ ment , le bruit d’une feuille suffit pour les troubler pour les mettre en alarme ; ils fuient chacun d’un côté différent. Pendant le jour les lievres restent à leur gîte , qui est un sillon ou quelque endroit un peu creux ; ils dorment beaucoup et dorment les yeux ouverts , parce que leurs paupières qui manquent de cils sont trop courtes pour pouvoir couvrir commo¬ dément leurs yeux. Ils voient mieux de côté que devant eux ; ils paroissent avoir la vue mauvaise : mais ils ont , comme par dédommagement , l’ouïe très-fine , et l’oreille d’une grandeur démesurée rela¬ tivement à celle de leur corps ; ils remuent ces longues oreilles avec une extrême facilité ; ils sem¬ blent s’en servir comme de gouvernail pour se diriger dans leur course , qui est si rapide qu’ils devancent aisément tous les autres animaux. Comme ils ont les jambes de devant beaucoup plus courtes que celles de derrière , il leur est plus commode de courir en montant qiffen descendant : aussi quand ils sont

Eoursuivis , commencent- ils toujours par gagner les auteurs ; leur mouvement dans la course est une espece de galop , une suite de sauts très-prestes et ires-pressés. Ils marchent sans faire aucun bruit y parce qu’ils ont les pieds couverts et garnis de poils , même par dessous ; ce sont aussi peut-être les seuls animaux qui aient des poils au-dedans de la bouche.

Les lievres prennent presque tout leur accroisse¬ ment en un an , et vivent environ sept ou huit ans* Iis passent leur vie dans la solitude et dans le silence 9 mais agités et toujours poursuivis par la crainte ou par quelque danger réel ; et l’on n’entend leur voix que quand on les saisit avec force , qu’on les tour^ meute ou qu’on les Hesse cette voix n’est point un

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tri aigre 2 c’est ufi son assez fort et as§ê2 semblable à celui de la voix humaine. Us ne sont pas aussi sau¬ vages que leurs mœurs et leurs habitudes paraissent l’indiquer : dans le premier âge on les apprivoise aisément , ils deviennent même caressans ; mais ils ne s’attachent jamais assez pour pouvoir devenir ani¬ maux domestiques : ils semblent ressentir la contrainte de l’esclavage; dès qu’ils en trouvent l’occasion ils se mettent en liberté et s’enfuient à la campagne. Comme ils ont l’oreille bonne , qu’ils s’asseyent volontiers sur leurs pattes de derrière , et qu’ils se servent de celles de devant comme de bras , on en a vu qu’on avoit dressé à battre du tambour, à gesticuler en cadence , etc. Ils se nourrissent d’herbes 5 de racines 9 de feuilles , de fruits , de graines ,, et préfèrent les plantes dont la sève est laiteuse ; iis rongent Féçorce des arbres pendant l’hiver , excepté celle de Faune et du tilleul auxquels ils ne touchent pas. Il n’y a point lieu de penser que le lievre rumine ? comme quelques Auteurs Font avancé; car il n’a qu’un estomac , et de plus son intestin cæcum est très-grand , ainsi que dans le cheval et l’âne , qui ne vivent que d’herbe , et ne peuvent ruminer n’ayant qu’un estomac.

Paullini nous apprend qu’un Chirurgien en Prusse avoit un lievre qui s’accoupla avec une chatte , et que ce Chirurgien voyant que la chatte ne pouvait accou¬ cher , lui fit l’opération Césarienne moyennant quoi il lui tira du ventre deux petits chats et un levraut * Mais on est très-porté à douter d’un pareil fait , lors¬ qu’on sait que la femelle du lievre ne peut même rien produire avec le lapin , animal qui paroît avoir tant de ressemblance avec le lievre .

Le lievre ne manque pas d’instinct pour sa propre conservation , m de sagacité pour échapper à ses ennemis : il se forme un gîte ; il choisit en hiver les lieux exposés au Midi, et en été il se loge au Nord ; en plein champ , il se cache pour n’être pas vu entre des mottes qui sont de la couleur de son poil ; voilà son terrier. On en a vu qui , étant chassés , avaient recours à différentes ruses ; l’un partoit du gîte dès qu’il entendoit le bruit des chasseurs , alloit se jeter $ans un étang 2 le passoit à la nage et alloit se ckcheç-

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au milieu des Joncs : un autre , après avoir été couru' des chiens , faisoit un saut et ailoit se cacher dans le trou d’un vieil aune ou saule ou dans des trous de vieilles murailles en ruines ; d’autres déjà fatigués , en supposoient un autre et se mettoient en son gîte : on en a vu d’autres se réfugier dans les bergeries , se mêler parmi le bétail dans les champs 9 et se cacher en terre : ce sont sans doute les plus grands efforts de leur instinct. Pour l’ordinaire lorsqu’ils sont lancés et poursuivis 9 ils se contentent de courir rapidement , et ensuite de tourner et retourner sur leurs pas ; ils ne dirigent pas leur course contre le vent , mais du côté opposé ; les femelles ne s’éloignent pas autant que les mâles et tournoient davantage. Les chasseurs pré¬ tendent que le lievre a Fodorat très-bon ; aussi lors¬ qu’on fait une battue , est-il nécessaire de prendre le bon vent.

En général presque tous les animaux paroissent être d’habitude ; tous les lievres qui sont nés dans un même lieu on les chasse ne s’en écartent guere ; ils battent le canton et reviennent au gîte : si on les chasse deux jours de suite 9 ils font le lendemain les mêmes tours et détours qu’ils ont fait la veille* Lorsqu’un lievre , relancé par les lévriers 9 va droit en avant , et s’éloigne beaucoup du lieu il a été lancé , c’est une preuve qu’il est étranger 5 et qu i! iriétoit dans ce lieu qu’en passant. Il arrive en effet ? sur-tout dans le temps le plus marqué du rut , qui est aux mois de Janvier , de Février et de Mars 5 que des lievres mâles manquant de femelles en leur pays 9 font plusieurs lieues pour en trouver 9 et s’ar¬ rêtent auprès d’elles ; mais ces lievres errans regagnent leur canton 9 pour ne plus revenir , lorsqu’ils sont lancés par les chiens. Les femelles 9 qui n’ont pas autant de force et d’agilité que les mâles 5 quoique plus grosses qu’eux , ont plus de ruses et de détours : plus timides , plus délicates ? elles craignent Feau et la rosée ; au lieu que parmi les mâles il s’en trouve

})lusieurs que l’on nomme lievres ladres , qui cherchent es eaux , et se font chasser dans les étangs 9 les marais et autres lieux fangeux. Ces lievres ladres ont h chair de fort mauvais goût 9 et en général tous

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Tuvres qui habitent les plaines basses ou les vallées ont la chair insipide et blanchâtre ; au lieu que dans les pays de montagnes et dans les plaines élevées, il y a du serpolet et des herbes odoriférantes , ils sont bien meilleurs. Ôo remarque encore que ceux qui habitent les fonds des bois dans ces mêmes pays , ne sont pas , à beaucoup près , aussi bons que ceux qui en habitent les lisières , ou qui se tiennent dans les champs et dans les vignes ; et que les femelles ont toujours la chair plus délicate que les mâles. Suivant certains chasseurs , il y a une sorte de lievres qui sentent si fort le musc , qu’ils font entrer en fureur les chiens qui les suivent à la piste. La chair de ceux qu’on éleve dans la maison est constamment de mau¬ vais goût. Les lievres les plus rouges sont toujours les meilleurs à manger.

La nature du terroir influe sur les lievres plus Sen¬ siblement que sur tous les autres animaux. Les lievres de montagnes sont plus grands , plus gros , plus bruns sur le corps , et plus blancs sur le cou , que les lievres de plaine , qui sont petits et presque rouges. Dans les hautes montagnes en Suisse , et dans les pays du Nord , en Moscovie , ils deviennent blancs pendant l’hiver , et reprennent , pendant l’été , leur couleur ordinaire ; il n’y en a que quelques-uns , et ce sont peut-être les plus vieux , qui restent toujours blancs; car tous le deviennent plus ou moins ^ea vieillissant. Dans les climats très-froids 5 en Laponie, le poil des lievres devient blanc pendant dix mois de l’année , et ne reprend sa couleur fauve et natu¬ relle que pendant les deux mois les plus chauds de l’été. Cette blancheur est donc occasionnée par le froid ; mais on observe que la partie inférieure des poils la moins exposée à l’air ne devient point blanche ; cette blancheur procure à ces animaux une sorte de sûreté contre les oiseaux de proie , qui ne les voient pas facilement passer sur la neige. Quoique ces lievres soient beaucoup plus communs dans les pays froids que dans nos climats tempérés, on en trouve pourtant quelquefois de semblables en France ; par exemple , dans la province de Sologne , et notamment sur la paroisse de Vienne , à cinq lieues d’Orléans. Il n’est

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pas rare d’en voir dans la Capitainerie de Chantilly * qui sont de couleur grise. On assure que l’on trouve quelquefois des lievres tout noirs dans les pays froids.

# Il paroît que tous les climats sont égaux aux lièvres ; cependant on en trouve moins en Orient qu’en Europe , et peu ou point dans TArnérique Méri¬ dionale. Les lièvres de l’Amérique Septentrionale sont peut-être d’une espece différente de celle des nôtres ^ le rapport des Voyageurs varie beaucoup sur leur grosseur : mais quelques-uns d’entre eux assurent que leur chair est blanche et d’un goût tout différent de celui de la chair de nos litvns ; que leur robe est toute noire , que leur poil ne tombe jamais 9 et qu’on en fait d’excellentes fourrures. Dans les pays excessi¬ vement chauds , sous la Zone torride , en Afrique et en Amérique y on trouve aussi des animaux que le$ Voyageurs ont pris pour des lievres , mais qui sont plutôt des especes de lapins ; car le lapin est origi¬ naire des pays chauds et ne se trouve pas dans les climats Septentrionaux , au lieu que le lièvre est d’autant plus fort qu’il habite un climat plus froid. On assure que les lievres des Pyrénées se creusent souvent des terriers comme les lapins.

Plusieurs Auteurs célébrés rapportent qu’on a via des lievres cornus 9 dont les crânes étoient conservés dans les Cabinets des Curieux. Klein a fait graver deux de ces lievres cornus , qui se trouvent , dit-on ? dans la Norvège et dans quelques autres provinces, du Nord. Il est aisé de juger , à l’inspection des figures données par Klein , que ces cornes sont des bois semblables au bois de chevreuil ; cette variété * si elle existe , n’est qu’individuelle et ne se manifeste probablement que dans, les endroits le lievre ne trouve point d’herbes * et ne peut se nourrir que de substances ligneuses, d’écorce, de boutons, de feuilles d’arbre , de lichens 9 etc. Le Docteur Salomon Rèiselius fait mention d’un lievre monstrueux quiavoit deux corps , huit pattes et quatre oreilles : on rap¬ porte , ce qui paroît bien difficile à croire 9 que cet animal g. double face comme un Janus , étant fatigué d’une part 5 se retournoit de l’autre , et couroit tou¬ jours d’une force nouvelle* On, lit dans les Mémoires

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rdc r Académie , année lyoo , que M. Lèmery apporta à l’Assemblée un petit lièvre monstrueux ou plutôt deux lievrts joints ensemble depuis la tête jusqu’à la poitrine ; ils n’avoient qu’une tête et qu’une face , quoiqu’ils eussent quatre oreilles : ils n’avoient à la place de la bouche qu’une petite cavité pour recevoir les alimens ; cependant ils vécurent quelque temps , et furent pris à la main par un chasseur. L’animal double marchoit dans un bois ; mais faute d’intelli¬ gence l’un droit d’un côté , l’autre de l’autre , et ils n’àvançoient guere. On a dit à M. Lémery , qu’en les ouvrant on leur à voit trouvé à chacun un cœur , un poumon et un estomac , le tout bien sain. On voit dans le Cabinet du Roi un de ces levrauts monstrueux à deux corps. On en conserve deux dans le Cabinet de Chantilly. On a vu aussi plus d’une fois des lièvres à deux têtes , à plusieurs pattes , etc. Ces monstruo¬ sités si fréquentes dans ce genre d’animaui ne dépen- droient- elles pas de la double conformation des parties génitales de la femelle ?

Les Uevres se tiennent volontiers en été dans les champs ; en automne, dans les vignes; en hiver, dans les buissons et dans les bois.

La chasse du Uevre est amusante. On va le matin et le soir au coin du bois attendre le Uevre à sa rentrée ou à sa sortie , ce qui s’appelle chasser à l: affût. On le cherche, pendant le jour, dans les endroits il se gîte ; il s’y tient couché sur le ventre. Lorsqu’il fait bien chaud , le Uevre ne part pas si-tôt et se laisse approcher de plus près. Lorsqu’il y a de la fraîcheur dans l’air par un soleil brilla nt , et que le Uevre vient de se gîter, après avoir couru et hors d’haleine , la vapeur de son corps forme une petite fumée que les chasseurs apperçoivent de fort loin , suf-tout si leurs yeux sont exercés à cette observation. J’en ai vu , dit M. de Buffon , qui , conduits par cet indice , partoient d’une demi-lieue pour aller tuer le Uevre au gîte. Nous le répétons : quand il fait très-chaud , il se laisse ordinairement approcher de fort près , sur-tout si Ton ne fait pas semblant de le regarder , et si au lieu d’aller directement lui ,on tourne obliquement pour l’approcher. Lorsque

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les blés sont grands , y établit son gîte , et du lieu il s’est fixé il pratique à l’entour plusieurs petites avenues par lesquelles il peut fuir librement , parce qu’il en coupe et en abat les épis. Il craint les chiens plus que les hommes ; et lorsqu’il sent ou qu’il entend un chien , il part de plus loin. On va à la chasse du lièvre avec des chiens d’arrêt , ou on le force à la course avec des lévriers et des chiens courans ; et quoique le lievre coure plus vite que les chiens , comme il ne fait pas une route droite , qu’il tourne et retourne à, l’endroit il a. été lancé ; les lévriers , qui le chassent à la vue plutôt qu’à l’odorat , lui coupent le chemin , le sai¬ sissent et le tuent. Oh peut aussi le faire prendre par des oiseaux de proie. Les ducs , les buses , les aigles , les renards , les loups , les hommes le fusil à la main , lui font également la guerre. Il a tant d’ennemis, qu’il ne leur échappe que par hasard; et il est bien rare qu’ils le laissent jouir du petit nombre de jours que la Nature lui a comptés. Tous les temps ne sont pas également propres pour la chasse du lievre . Les vents de Nord , de Sud et de Sud-Ouest, et les trop grands vents, quels qu’ils soient, les temps surchargés de gros nuages froids, les grandes pluies , les dégels, les jours trop chauds, et ceux il tombe de la grêle, empêchent les chiens de bien chasser ; les vents d’Est et Sud-Ouest , le temps frais et doux , les terroirs plus humides que secs , les lieux fourrés lievre touche de son corps , sont au contraire avantageux aux chiens ; et la chasse est tout-â-fait belle , quand la terre est fraîche , l’air doux , et qui! ne fait ni vent , ni poussière , ni soleil. On connoît qu’un lievre commence à se rendre , par ses allures , qui sont courtes et déréglées 0 Il est aux abois 9 quand rien ne l’étonne , et qu’il donne dans les jambes des chevaux des chasseurs, sans pouvoir sauter.

Le lievre si recherché pour la table en Europe, n’est pas du goût des Orientaux : il est vrai que la Loi de Mahomet , et plus anciennement la Loi des Juifs v a interdit l’usage de la chair du lievre comme 4e celle du cochon ; mais les Grecs et-ks Romains^

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faîsole’nt autant et plus de cas que nous, et le re- gardoient comme le plus délicat des quadrupèdes. En effet , sa chair , qui est brune ou noire , est ex¬ cellente ; son sang même est très-bon à manger et est le plus doux de tous les sangs : il dissipe les taches de rousseur et les boutons du visage. La graisse n’a aucune part à la délicatesse de sa chair , car le lièvre ne devient jamais gras tant qu’il est à la campagne en liberté; mais il meurt souvent de trop de graisse lorsqu’on, le nourrit à la maison. Les cendres du iievrt brûlé en entier ,• ou celles de sa peau , sont recommandées dans la pierre , dans l’alo¬ pécie et dans les engelures : on prétend que si l’on Frotte les gencives des enfans avec la cervelle du lievre , elle facilite la dentition : on ordonne aussi la fiente de lièvre pour la dyssenterie ; enfin ses poils arrêtent les hémorragies.

Les Pelletiers préparent la peau du lievrz toute chargée de son poil , et en font des fourrures qui sont très-chaudes , et qu’on croit même fort bonnes pour guérir les rhumatismes. Les Chapeliers font usage du poil du lievre comme de celui du lapin.

Lievre sauteur du Cap. C’est une espece de gerboise . Voyez ce mot .

Lievre (poisson), Blennius ocellaris , Linn. ; à Rome , mesoro ; en Angleterre , butter jlysish ; en Langue¬ doc , libre de mar . Poisson du genre du Blenne . il est commun à Venise 9 sur- tout en Octobre : il est long de sept ou huit pouces ; sa couleur est centrée ou d’un azur clair marqué de traits olivâtres : les yeux sont assez grands 9 situés près l’un de l’autre au sommet de la tête , et recouverts d’une membrane ; les iris , d’un rouge de safran ; il y a un petit sillon entre ks yeux , et souvent une pinnule au-dessus de chacun de ces organes , de même que dans la rascasse ; le devant de la tête est presque vertical ; la gueule , petite , et cependant le poisson peut l’ouvrir consi¬ dérablement , en écartant les mâchoires par un mou¬ vement semblable à celui des mêmes parties dans les quadrupèdes : les dents de devant sont longues, arrondies , nombreuses , et de niveau ; elles sont suivies de part et d’autre , dans chaque mâchoire , de

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deux autres dents aiguës et recourbées ; la îàrtgtié est molle , arrondie , charnue : la première nageoire dorsale a onze rayons , dont les trois antérieurs sont plus longs , et le premier dépasse de plus d’un pouce * comme un filet de soie : vers le bord supérieur , au milieu de cette nageoire , est une tache en forme d’œil * noire , cerclée de blanc : le reste de la même nageoire est panaché d’olivâtre , et moucheté de points azurés , bruns et blanchâtres : la seconde dorsale qui semble tenir à la première , contient quinze rayons ; les pectorales sont grandes , et en ont chacune douze \ les abdominales , qui sont situées auprès de l’angle des opercules des ouïes , en ont chacune deux ; celle de l’anus , qui se prolonge jusqu^à la queue, en a dix-sept ; celle de la queue , qui est un peu arrondie , en a douze, selon JVillughby ^ et vingt -six suivant Arttdy ; elle est mouchetée , ainsi que les autres nageoires inférieures , de taches obscures et verdâtres* Ce poisson n’a point d’écailles ; les côtés sont marqués , depuis les ouïes jusqu’au-delà du ventre , d’une ligne courbe de points un pèu saillans. La chair de ce poisson est molle.

LîEVRE d’eau. Voyei Grebe cornu.

Lievre marin. C’est une espece de polype ou de % oophytc rond, très - commun dans l’Océan Britan¬ nique et dans la mer de Bothnie : il est épais et d’une figure informe : sa peau est rude et couverte de tubercules pointus et noirs ; il a à chaque côté trois rangs de nageoires ou de pattes ' recourbées * et autant sur le dos ; celles du ventre se tiennent par les extrémités , et forment comme une seule nageoire circulaire , dont ce zoophyte ou polype se sert pour s’attacher au fond de la mer et contre les rochers 9 et pour résister à la violence des flots : x>n en voit quelquefois au marché à Londres et en plusieurs endroits d’Angleterre ; c’est un manger qui est plus ou moins bon suivant les saisons.

On donne encore le nom de lièvre marin à une autre espece de yer zoophyte qu’on trouve dans la mer et dans les étangs fangeux. Nous en parlerons sous le nom de limace de mer . Voyez ce mot ,

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LÏGAS. Nom qu’on donne à une espece A' anacarde oriental. Voye £ ce mot.

LIGNE équinoxiale. V oyei à F article Globe.

LILAC de terre.. Voye{ Mousse Grecque.

LILAS ou Queue de Renard de jardin , Lilac Persica 3 Linn. n ; Lilac, Matthiol. 12.37 ; Syringa cœ~ rulea , C. B. Pin. 398. Plante originaire des Indes Orien¬ tales 5 et que l’on cultive en Europe pour Pagrém ent. On en distingue plusieurs especes qui different par la couleur de leurs fleurs , et qui s’élèvent assez haut ; d’autres ne sont que des arbustes beaucoup plus petits 9 tels que les lilas de Perse . Leur écorce est grise > verdâtre ; leur tronc est rempli d’une moëlle blanche et fongueuse ; les feuilles sont opposées , lisses , vertes et luisantes. Les lilas se chargent , dans le mois d& Mai, de grappes ou touffes de fleurs monopétales, qui font un effet admirable dans les bosquets', tant par leur beauté que par leur odeur délicieuse ; tels sont les lilas à fleurs bleues , à fleurs blanches y à fleurs pourpres 9 dont quelques-uns ont les feuilles panachées. Ces especes de lilas se sont naturalisés dans nos climats et conservent leur verdure jusqu’aux gelées ; c’est dommage que leurs feuilles soient sujettes à être mangées par les cantharides. Les fleurs du lilas suivent assez exactement l’ordre de leurs feuilles.

Les petits lilas de Perse à feuilles de troène et à fleurs Manches , et les autres à feuilles découpées et à fleurs bleues , font un eflét charmant dans les plate-bandes , et ont encore une odeur plus suave que les premiers dont nous avons parlé. A ces fleurs succédant de petits fruits aplatis et semblables à un fer de pique.

Les lilas se multiplient aisément par des drageons enracinés que l’on arrache des gros pieds. On peut aussi coucher les branches pour leur faire prendre racine. Ces arbrisseaux viennent assez bien dans les terrains les plus arides ; ils n’exigent aucune culture ; mais les lilas de Perse demandent une terre plus substantielle.

Le lilas est extrêmement amer. La poudre et la décoction de ses graines sont astringentes. Quelques- uns donnent aussi le nom de Syringa au lilas ordinaire à fleurs blanches, Syringa yulgaris , Linn* 11, On

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distingue , à Saint-Domingue , le lilas-syringa de joui* et celui de nuit. Les Turcs font avec les grosses branches de lilas 9 étant vidées de leur moëlle, des tuyaux de pipes. Fqyq maintenant V article Seringat.

Lilas des Indes ou Sycomore faux. Voye^ Aze>

DARACH.

LILIACÉES , Liliaceœ. Nom donné à une famille de plantes herbacées et vivaces 9 et qui ont depuis un pouce jusqu’à quinze pieds de hauteur , d’une figure peu rameuse et ordinairement ramassée vers la terre* Leurs racines sont fibreuses 9 communément simples : la plupart n’ont point de tiges , ce sont seulement les bases des feuilles qui s’enveloppant les unes les autres forment une bulbe arrondie. Parmi les lilia- cées qui ont une tige , on observe qu’elle est peu rameuse , feuillue ou sans feuilles. Ces feuilles sont dans quelques-unes de ces plantes , simples 5 alternes et entières ; dans d’autres elles sont opposées et même yerticillées , comme dans le lis , la fritiîlaire , quelques asperges 9 etc. Elles forment la plupart à leur insertion une gaine plus ou moins entière. Les fleurs sont hermaphrodites dans le plus grand nombre : elles sont sans calice, hexapétales , dit M. Ddeuçe , ou mono¬ pétales divisées en six lobes 9 et renferment trois ou six étamines et un seul pistil : tantôt elles terminent les tiges , tantôt elles sortent des aisselles des feuilles solitairement ou en ombelle ; tantôt elles sont dis¬ posées en épi ou en panicule. Les unes sont nues sans écailles , d’autres sont accompagnées d’écailles- ou sortent d’une enveloppe commune , qu’on appelle du nom de spathe à cause de sa ressemblance avec celle des palmiers ; tels sont les oignons et les nar¬ cisses. On remarque quelques fleurs doubles dans les liliacées ; telles sont celles de Fins', du narcisse de la tubéreuse et du muguet. Leur poussière pro¬ lifique est composée de molécules arrondies , d’un blanc-jaunâtre , comme transparentes ; leur fruit est une capsule ou baie à trois loges et trois battans qui s’ouvrent du haut en bas. Leurs graines sont plates ou rondes , attachées horizontalement au centre du fruit sur un rang. La force reproductive paroît être des plus grandes dans les individus de la famille

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3ës liliacies ; il a été accordé à ces plantes , que Ton ne peut pas provigner, de pousser des oignons de' plu¬ sieurs de leurs parties. Voye% Tulipes , Lis , Scïlle. On range parmi les Uliacèes -9 les joncs 9 les iris 9 les lis , les narcisses 9 les s cilles 9 les oignons 9 les asperges 9 les aloës , Yyuca . Voyez ces mots .

LILITH. Suivant les Juifs superstitieux , c’est un spectre qui apparoît la nuit sous la forme d’une femme , qui peut nuire à l’enfantement , et par les mystères secrets de la cabale , enleve les enfans , les tue et s’envole dans les airs. Voilà de ces histoires fabuleuses , de ces contes ridicules et absurdes ; que des Juifs cabalistiques ont débités aux gens crédules* et leur débitent encore dans les pays ils passent. Ils prétendent même tirer cette histoire du premier chapitre de la Genese qu’ils appliquent à leur maniéré; Ainsi il faut nier l’existence du Lilith -9 de même que celle du loup-garou 9 des lutins 9 des fées 9 des revenans et autres fantômes nocturnes , si propres à troubler Famé , à l’inquiéter , à l’accabler de craintes et de frayeurs. Ces citations , dit M. Parmentier 3 prouvent que si dans la multitude infinie des préjugés dont nous sommes environnés de toutes parts , il en est plusieurs sur lesquels on peut demeurer indifférent parce qu’ils ne sont pas nuisibles à la société , il y en a d’autres au contraire qui ne sau-roient être trop combattus à cause de leur rapport avec , le bonheur et la tran¬ quillité publiques. La masse des erreurs doit diminuer à mesure que les sciences font des progrès , et que les hommes s’éclairent. Nous ne craignons pas aujour¬ d’hui que le crapaud et le basilic nous tuent de leur regard , et on ne trouve plus le dernier de ces ani¬ maux dans l’œuf d’un coq ; on peut avaler une arai¬ gnée vulgaire , sans être sous le signe du Scorpion ; la tarentule ne fait pas rire, pleurer , crier, chanter 5 danser un Physicien ; le cœur du corbeau et celui de la corneille seroient vainement employés aujourd’hui pour réconcilier les époux désunis ; il faut bien autre chose que la moëlle de l’épine du dos d’un loup pouf arrêter les écarts d’une femme infidelîe ; la verveine ou i’herbe sacrée , suivant les anciens Druides , ne possédé plus l’heureux avantage de pacifier les esprits Tome VU* N n

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irrités. Les diverses constellations n’influent point sut le sort , la bonne ou mauvaise fortune des humains; un système aussi ridicule n’ose paroître aujourd’hui que dans quelques tristes et puériles dépôts sembla-* blés à l’ Almanach de Liège s etc. etc. Insensiblement 5: grâces à la philosophie , la Nature se justifie tous les jours des accusations qu’on formoit contre elle; mais que de maux imaginaires ne lui prête-t-on pas encore l combien de jugemens portés ou admis sans examen y d’opinions perpétuées sans avoir été approfondies y sans avoir comparu auparavant au tribunal de l’expé¬ rience , du bon sens et de la raison.

Enfin 5 la magie noire , soit la cœlestialis s soit la cœremonialis d’Agrippa y n’a de science que le nom ± et se prend aujourd’hui en mauvaise part ; la première tient à l’astrologie judiciaire ; la deuxieme est ce qu’il y a de plus odieux dans ces vaines sciences , puisqu’elle consiste dans l’invocation des démons , et s’arroge 9 ensuite d’un pacte exprès ou tacite fait avec les puissances infernales , le prétendu pouvoir de nuire à leurs ennemis 5 de produire des effets mauvais et per¬ nicieux que ne sauroient éviter les malheureuses victimes de leur fureur. Cette magie cérémoniale se partage en plusieurs branches , suivant ses divers objets et ses diverses opérations ; la cabale , le sortilège 9 l’enchantement , l’évocation des morts ou des malins esprits , la découverte des plus grands secrets , la divi¬ nation 9 le don de prophétie , celui de guérir par des pratiques ou formules mystérieuses les maladies les plus opiniâtres , d’arrêter ou de produire les incendies les plus désastreux , la fréquentation du sabbat ou l’empire des Amazones souterraines , etc. etc. De quels travers n’est pas capable l’esprit humain ! on a donné dans toutes ces rêveries ; c’est le dernier effort de la philosophie d’avoir enfin désabusé l’humanité de ces humiliantes chimères ; elle a eu à combattre la supers¬ tition. Mais enfin , dans le siecle nous vivons 9 le démon ne sert plus de prétexte à ces contes ab¬ surdes , et la magie diabolique reste sans estime et sans crédit.

LILÏUM LAFIDEUM. C’est le pentacrinus ou Yen-* minus ou encrinite à colonne étoilée des Lithographes %

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Sont nous parlerons au mot palmier marin. Cest le lïlien-sttin des Allemans ou lis de pierre des François.

Le lilium lapideum est une pétrification communé¬ ment spatheuse et très-rare , on diroit des branches d’encrinites dont les vertebres articulées ensemble et qui partent d’une tige ou racine commune , assez semblable à la base d’un artichaut , imitent assez bien» un lis à cinq ou six pétales dont les feuilles ne sont point encore épanouies. L’on prétend que c’est une espece de tête de Méduse ou d’ étoile de mer arborescente 9 devenue fossile à partir de l’instant oii ses membres étoient en contraction. Voye^ ces différens mots et F article ZoOPHYTE. Agricola , Lib. V. de Nat . FossiL dit qu’il s’en trouve dans les fossés qui régnent autour des murs de la ville d’Hidelsheim en Westphalie. On en trouve dans le schiste 5 dans le marbre en Suisse* m Lorraine et en Gothland.

Fin du Tome septième .

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