V ^-.^ • ■' ^'*S!, .j j^. y A V f -^ ii 9x j),>>^ ^ 1^ f& MOUVELLE METHODE M'^ MARIE-ISABELLE Approuvée et aciietée |»ar Son Excellence le Minisire de la gueire Pour être, mise en usage dans toutes les écoles de dressage de l'armée Adoptée par Sa Majesté l'Empereur Nicolas Ponr être mise en usage dans- toute la cavalerie de l'armée russe. PARIS HENRI PLON. EDITEIJII S, RUE r,.iRSXcii':iii-: .(. UUMAIIVE LIBKUUK mi; i:t passack daithimc 185H ■.'3';t''.'T et l'éd^-tonr se réservent le droit de traduction à l'étranger. DRESS/^GE PAR LE SURFAIX-CAVALIER DES CHEVAUX DE CAVALERIE, D'ATTELAGE ET DE COURSE EIM SIX ET DOUZE LEÇONS O B M É B£ nvXV ans Sim S A ir 6 X. A I s é^ (^. r?-? ? /^ <^^ ^-^ a^/^^u^ // >-/?-/ i7f^'r7^y /y/? /1r--^^^-^ METHODE DE DRESSAGE DE CHEVAUX KT D'ÉQUITATION. L'auteur et l'éditeur déclarent réserver leurs droits à l'égard de la tra- duction en Langues étrangères , notamment pour les Langues Allemande, Anglaise, Espagnole et Italienne Ce volume a été déposé au Ministère de l'Intérieur (Direction de la Librairie). PAnis. — TVPonRAPiiii.; dk hexri pi.ox. m r n I M M f n ni; i, ' k m r i; n v. v n , 8 , rue Giiraiicicre. DHKSSAdE PAR LK SIHFAIX-CAVAIJKH DES CHEVAUX 1)K CAVALERIE, D'ATTELAGE ET DK COllUSK EN SIX ET DOUZE LEÇONS OKNÉ DE HUIÏ SXSSSINS A. JH G t, A T S \()U\KLLE METHODE 1" A 11 W MARIE-ISABELLE Approuvée el aclielée par Son Excellence le Ministre de la guerre Pour l'.lrc mise en iisaj^e (lans toutes les écoles de dressafjc de rariii Adoptée par Sa Majesté T Empereur Nicolas Pour être luise eu usa^je dans tonte la eavalerie de l'arniée russe ^ifei^Û.SéSîe PARIS HKNRl PLOM, ÉDITEUR 1 S DOMAINE LIBRAIRE S. RUE CABANCIKRK ' | KHE KT PASS^^fiK IIIU'HIVK 1858 L'auteur el l'éditeur se réservent le droit de traduction j l'iHranger. PREFACE. \ la demande de quelques aniis, je me suis décidée a publier cette nouvelle méthode d'équitafion el de dressage de chevaux. Ecrivant cet ouvrage dans un intérêt général et particulièrement pour la cavalerie, je crois devoir informer mes lecteurs, qu'ils n'y trouveront ni style élégant, ni phrases brillantes, composées d'une foule de termes techniques, nécessitant l'emploi du livre d'une main et d'un dictionnaire d'équitation de l'autre. Je me suis attachée, au contraire, à m'ex- pliquer de la manière la plus simple et la plus claire, qu'il m'a été possible, peisuadée que le premier mérite d'une œuvre de cette nature est d'être à la portée de toutes les intelligences. J'espère qu'on voudra bien apprécier avec bien- veillance la bonne intention que j'ai eue, en publiant un livre appelé, j'en ai l'espérance parles résultats que j\u obtenus, à rendre (pielques bons et utiles ! 2 PREFACE. services. C'est dans cet espoir, que je viens réclamer la gracieuse indulgence de mes lecteurs pour la partie littéraire de cette œuvre, à laquelle je n'attache pas la plus légère prétention. J'eusse alors imité certains au- teurs en ce genre qui ont écrit leurs ouvrages avec la plume d'un collaborateur, écrivain fort habile , mais dont la spécialité était de n'en pas avoir; d'où il résulte qu'à défaut d'une théorie plus ou moins pra- tique, on y trouve des phrases très-brillantes, mais encore plus obscures. J'espère que mes lecteurs voudront bien être de mon avis, en pensant, que dans une œuvre de théorie pratique il est indispensable , pour être compris, que les idées soient émises et développées par l'auteur seul, et que dans ce cas il est préférable de sacrifier l'élégance du style à la clarté des principes. On trouvera dans cet ouvrage toutes les instruc- tions nécessaires pour le dressage du cheval par le surfaix-cavalier. INTRODUCTIOM, Je prie mes lecteurs de vouloir bien se convaincre d'une vérité, c'est qu'en écrivant cet ouvrage, je n'ai cédé qu'à la j)uissance irrésistible d'une grande passion pour la science du cheval et Fart de l'équi- lation; mais que je n'ai jamais eu l'idée de vouloir empiéter, en quoi que ce soit, sur vos droits, Mes- sieurs, devant lesquels, au contraire, je m'incline avec respect, persuadée que si Dieu a donné en par- tage à votre sexe la force morale et physique, c'est pour que vous protégiez tous les êtres faibles et particulièrement la femme , lorsqu'elle a le malheur d'avoir quelques bonnes idées. Je dis malheur, parce que la nature ne lui a donné aucun moyen de les faire prévaloir; ainsi donc, si ma nouvelle méthode du surfaix-cavalier a été adoptée dans plusieurs gran- des armées et par toutes les personnes intelligentes et de haut mérite, auxquelles je l'ai démontrée, ce 1. V IMUODICTIOX. n'est pas à juon sexe que je dois cet lioiiueur, mais bien à la loyauté criiommes impartiaux, qui ont eu la noble courtoisie de me rendre justice; aussi c'est avec la plus grande confiance que je viens placer mon œuvre sous votre puissante protection, étant persuadée d'obtenir les suffrages de la grande majo- rité des hommes compétents en cette matière, et que si la minorité lait quelques ciitiques, elles ne tour- neront qu'au profit de la science, car j'y répondrai j)ar des faits. Si on fait quelques critiques grossières, je dédai- gnerai d'y répondre, ayant la conviction, que le pu- blic éclairé reconnaîtra avec son bon sens, que c'est l'œuvre de l'envie et de la jalousie et que cette cri- lique émane d'hommes qui ne méritent aucune con- sidération : dans toutes les circonstances de la vie, l'homme d'honneur bien élevé ne se sert jamais de l'injure envers personne iMa profonde conviction, en écrivant, m'impose le devoir de combattre des opinions erronées et des raisonnements dépourvus de logique, émis par cer- tains auteurs. Je les prie donc d'être assez bienveil- lants lorsqu'en lisant cet ouvrage ils rencontreront quelques-uns de leuis principes combattus par moi, de JU' pas y voir une critique malveillante, mais inic opinion inspiiée par l'amour de la vérité. Si dans le cours de cet ouvrage j'émels (juelques IX'IHODI CTIOV. 5 idi'cs i|iii se roncoiilroiil avec celh^s (l'aiilrcs aiiIcMiis, je tliiai ce (|ne disail Xônophon en parlani de Simon ([iii avail ôcril avani lui sur rcquilatiuii : « J'en serai enchanlée. » Si on avail la prélenlion de croire qu'on ne se rencontrera sur aucun point avec les auteurs ayant déjà écrit snr le même sujet, ce serait adnietlre que (ont ce qui a été écrit jusqu'à présent est dé- pourvu de bon sens. li'apparition d'une innovation quelconque, lors- qu'elle est fondée sur des bases solides, produit toujours une conmiotion proportionnée au mérite de l'œuvre qui a])parait; si elle est d'une nullilé reconnue, elle ne froisse personne et passe, comme une étoile qui file , sans qu'on y fasse la plus légère attention. Si au contraire l'innovation est bonne, elle est certaine d'obtenir un succès auprès de tous les hommes loyaux et amis du progrès, et par cela même, elle est infailliblement en butte à la haine, à l'envie et à la jalousie de ceux, qui, pour une cause quelconque, n'ont pas été privilégiés de la fortune. Il faut donc admettre dans cette catégorie les hom- mes qui ont eu une position avantageuse et l'ont perdue, ceux qui ont passé leur vie à rêver une po- sition et n'ont jamais pu l'obtenir. Ajoutez-y Fin- capacité, qui n'a jamais su rien créer et poursuit avec acharnement tout ce qui apparaît, frappé du crime impai'donnahle de ne pas émaner d'elle. Il y 6 IXTRODUCTIOX. a encore les demi-savants , revêtant leur armure de guerre pour livrer le combat à tout ce qui apparaît, en ayant soin à chaque couj) qu'ils frappent dans l'ombre de se mettre à l'abri derrière un bouclier. Oh 1 c'est alors qu'il faut les voir à l'œuvre, frappant avec un aveugle acharnement à tort et à travers, lançant pamphlets, libelles, injures les plus gros- sières et les calomnies les plus affreuses; cherchant dans leur fureur à tout détruire et à tout renverser, pour que leur petit mérite reste seul debout sur le champ de bataille. Ils prennent pour bouclier un nom qui n'a rien à défendre , n'ayant rien à perdre. Parlerai-je de la routine? Je ne sais en vérité si cela en mérite la peine, depuis longtemps elle est jugée; cependant, comme je lui trouve un caractère assez pittoresque, je vais en dire deux mots : elle appartient en général à une nature lymphatique, froide, égoïste; elle aime à se laisser vivre, sans prendre aucun souci, aucun embarras. Elle s'effraye de tout ce qui pourrait la tirer de sa léthargie ; telle ou telle chose, bonne ou mauvaise, que lui importe, elle n'y voit que l'horrible fantôme qui pourrait la mettre en mouvement; elle n'a aucune consistance réelle, c'est une ombre qui n'existe que parce qu'on n'a pas voulu se donner la peine de souffler dessus pour la faire disparaître. J'ai fait dresser des chevaux par des cavaliers lYTHODlCTIOX. 7 allc'iiiniRls, russes, (arlares , kahiiouks, aii<|lais et français, je n'ai jamais rencontré parmi eux un seul homme de routine. Ils ont tous pratiqué ma nouvelle mélliode, comme s'ils l'eussent fait toute leur vie, avec intelligence et plaisir. Le pourquoi est que le succès qu'ils o])tenaient leur donnait de la confiance, et que la certitude de réussir produit toujours la bonne volonté et le courage. La routine n'est qu'un vain mot chez les masses. La seule chose qui existe, c'est tout simj)lement l'habitude ; pour en changer, ce n'est que l'affaire de quelques jours. Elle n'existe donc que chez une très-petite partie du genre humain , et encore son édifice chez tous les peuples intelligents n'est plus qu'une ruine qui va bientôt disparaître. En remontant à sa véritable source, il est facile de se convaincre qu'elle ne se rencontre en général que chez les chefs, qui ont besoin d'y avoir recours pour cacher leur ignorance , leur incapacité et leur paresse. Notre siècle éclairé n'admet pas, de nos jours, qu'on discute avec la rou- tine, mais tout simplement qu'on chasse tous ceux chez qui elle se rencontre , afin de laisser le chemin libre au progrès. Ma conviction la plus profonde est que, lorsque l'utilité réelle d'une innovation quelconque a été démontrée par l'expérience, elle arrive toujours cn- 1* 8 IXTRODUGTIOX. vers el contre tous, malgré l'opposition qu'elle peut rencontrer, et je vais en donner une preuve. En revenant d'un de mes voyages , je me suis ar- rêtée à Metz pour visiter l'école d'application et l'ar- senal. Dans ce dernier, un des employés qui m'ac- compagnait , en voyant le vif intérêt que je prenais à chaque chose, se mit à tout m'expliquer en entrant dans de minutieux détails. Il me fit admirer un canon d'une nouvelle invention, il m'en expliqua le mérite, qui me parut d'une très-grande utilité, et il me raconta quelques particularités s'y rattachant. Je ne ferai pas entrer mes lecteurs dans des détails qui seraient un peu longs, mais je citerai seulement la dernière partie de l'entretien à ce sujet. « Vous voyez, madame, » me dit-il après m'avoir expliqué tous les avantages de l'invention , « la supériorité de ce canon est si » grande, que l'artilleur le moins exercé peut la 35 reconnaître au premier essai. Eh bien ! nous avons 3) eu ici une commission qui a procédé pendant quinze 3' jours à l'examen de cette pièce ; elle est repartie 35 sans avoir pu décider de son utilité, et l'a aban- 33 donnée sans la moindre conclusion. Plus tard ces 35 canons ont été envoyés en Crimée. Après quelques 33 essais, leur supériorité était si réelle, que l'utilité )3 en fut généralement reconnue par tous les artil- 33 leurs, et que dès lors on s'en servait do préférence 33 à tous autres. 33 Prenant le plus vif intérêt à toutes IXTIIODICTIOX. 9 les invcMilious lorsiiu'oii iiTeii l'ail l'cconnaîlrc Tiili- lilé, jo dcniaiulai avec cmprcssemcnl le nom de rinvenleiir. « C'est au génie de Napoléon III, me V dit-il , que la France doit cette amélioration. » Nous devons donc en conclure que le jugement de la masse est toujours juste et vrai; et que, quoi qu'on dise et qu'on fasse , elle n'accordera jamais à la critique qu'une considération relative à son utilité; car d'une critique faite par des hommes loyaux et instruits, il en sortira toujours des jets de lumière au profit de la science ; mais alors il faut qu'elle soit faite par des hommes qui ne soient in- spirés que par l'amour de la^cience , et qui , au lieu d'attaquer les personnes , discutent froidement cha- que principe, avec le respect dû aux convenances; de telles critiques sont honorables pour les deux parties; mais malheureusement il est regrettable qu'elles se présentent si rarement dans de telles conditions. Ce ne sont ni les mots ni les phrases qui peuvent convaincre le public, ce qu'il lui faut ce sont des faits. Aussi , ce qui explique le succès de ma méthode, ce sont les brillants résultats qu'elle a toujours obtenus. Tous les rapports qui ont été faits sur elle par des hommes de mérite , prouvent d'une manière incon- 10 IXTRODUGTIOX. testable 'qu'elle offre tous les avantages désirables : elle dresse le cheval promptement, sans le fatiguer le moins du monde, développe ses moyens, grandit ses actions, augmente la vitesse de ses allures, le rend souple , élégant , docile et confiant avec le cava- lier, et lui fait une bouche parfaite. En lisant cet ouvrage , mes lecteurs seront con- vaincus que dans cette méthode le dressage du cheval et l'instruction de l'homme sont liés si intimement , qu'en dressant le cheval, l'homme est forcé de s'in- struire, car l'instruction du cavalier se fait par celle du cheval; et tout y est démontré si méthodique- ment et mathématiquement, que l'homme pourvu de la plus faible intelligence et sans même être cavalier, peut arriver à dresser son cheval en très- peu de temps. Si jusqu'à présent les bons cavaliers et les chevaux bien dressés ne sont encore que de rares exceptions, il ne faut attribuer cet état station- naire ni au manque d'intelligence des uns ni au manque de bonne volonté des autres. Le véritable motif n'est autre que le manque de théorie. L'amour du cheval et de l'équitation a été de tout temps un des signes caractéristiques de l'aris- tocratie et de toutes les personnes de haute intelli- gence. Celte science et cet arl étaient autrefois con- sidérés comme étant indispensables au complément de leur instruction. Si ce bon goût ne s'est pas plus IXTRODICTIOX. Il généralonioiU viil|{niis('', c\'sl encore au manque de (lu'orie qu'il faut l'allribuer. Le dressage du clicval cl l'équilalion n'ayant jus- (|u'à présent jamais été complètement méllioditiés, Tamour de cette science et de cet art n'a pu découler de sa véritable source, et a toujours eu pour moteur, à défaut de son utilité réelle, la mode avec sa légèreté et son inconstance. Si toutes les fois que des souverains les ont mis ii la mode, ceux qui les pratiquaient avaient été mis à même d'obtenir tous les succès désirables, il en serait résulté une passion profonde, qui aurait vécu, sans avoir besoin de recevoir d'autre impulsion que la sienne. C'est tellement en partie au tact du cava- lier qu'on a du les quelques résultats obtenus, que les cavaliers d'un certain mérite sont encore à se demander, si c'est par la théorie ou par la pratique qu'on réussit. Ce doute et cette incertitude sont des preuves irrécusables d'un manque d'instruction, car le dressage du cheval repose sur des principes d'une invariabilité telle, que je ne puis le comparer qu'à VA b c. Ce sont des lettres d'abord, des syllabes ensuite, et à la fin on en compose des mots et des phrases. Dresser un cheval sans théorie, c'est demander à un homme d'écrire sans connaître VA b c. La pratique ne produit que le plus wi le moins 1-2 INTHODICTIOV. iriiabileU' qu'on peu! ohlcniien loiiles choses, selon le degié de capaeilé de l'homme. C'est par suile de celle ignorance, que l'impérieuse nécessité du dressage du cheval n'a pas encore été généralement appréciée autant qu'elle le mérite. Le bon dressage augmente les moyens du cheval, son élégance, et empêche sa ruine prématurée; ruine qui n'est profitable à personne, pas même au com- merce; car il n'y a que de trop nombreux exemples qu'on exige encore des services de ces pauvies ani- maux réduits à la plus grande misère, tandis qu'un amateur qui fait l'acquisition d'un cheval parfaite- ment dressé , est certain qu'il lui fera honneur et plaisir, et que lorsqu'il voudra s'en défaire, il eu obtiendra toujours un bon prix. En général, les chevaux non dressés portent le nez au vent, battent à la main, ou bien ils portent la tête basse et le cou tendu, ils marchent en rasant le tapis, et jettent la plus grande partie du poids du corps sur les épaules , ou bien encore ils forgent , défaut qui est très-désagréable comme bruit, et l'est .encore phis comme danger pour les chevaux, car il arrive très-souvent qu'ils se blessent en se donnant des atteintes aux pieds de devant avec ceux de der- rière. Ne connaissant rien, ils sont en général crain- tifs, et pour peu qu'on exige d'eux quelque chose qu'ils ne eomprennejil pas, ils dcvienneni rétifs. l\TK()l)l c.riov i:', l.'.ul (le I ('(|iiil;ili()ii ;i vu s;i splendeur el sa de- cadenee ; ee qui l'a soutenu à certaines époques, c'est le bon <{oiil cpii ré<|nail alors : on coniprenail le ciieva] sous son j)oinl de vue réel, avec son ])iil- lanl, son élé'jance et toute sa distinction. Les che- vaux des seijjneurs étaient souples, «{racieux , éié- ;{ants; ils portaient beau, leur démarche était fière, et il seniblail en les voyant qu'ils avaient été créés pour représenter les quartiers de noblesse de leurs maîtres. Le cheval de «{uerre, dans un combat, s'as- seyait facilement au besoin sur ses jarrets, de son encolure relevée couvrait son cavalier; les naseaux en leu et le regard étincelant, il semblait menacer l'ennemi. C'était là le véritable cheval né pour le métier des armes. Si la science était venue en aide au bon fjoùt, que n'aurait-on pas l'ail alors? Car il est facile de s'imaginer toute la peine qu'il fallait prendre et la patience qu'il fallait avoir pour arriver à obtenir des résultats, (|ui étaient souvent le fruit d'un travail de chaque jour el de longues années. Plus tard le besoin d'une théorie se fit sentir, et des hommes cherchèrent à créer un système, qui pùl lendre cet art moins difficile ; mais le remède était pire que le mal; ces savants incomplets s'étaient in- dignemeilt fourvoyés. Ils avaient complètement dé- naturé le cheval : au lieu d'un animal noble el fier, ils l'avaient astreint a la j)osition la plus dégradante. 14 I.VTKODlUrriOX. Le cheval soi-disant dans la main marchait hi croupe liante, les jarrets roides, le cou ployé en deux, la léte encapuchonnée en regardant humblement la terre , comme pour faire comprendre combien il était humilié de sa position. Avec une pareille science , ces savants prétendaient régénérer l'arl , lorsqu'au contraire ils ne faisaient que l'abaisser : le cheval entre leurs mains, n'était plus le beau che- val de voiture, ni le cheval du seigneur, et encore moins le cheval de guerre; il était tout simple- ment le cheval dégénéré et humilié. Ils attribuèrent leur non-succès à la malveillance seule, tandis que leurs plus grands ennemis étaient leur mauvais goût et leurs faux principes; car le public avec son bon sens et son intelligence est toujours impartial dans son jugement; tout ce qui est bon et beau il l'ap- précie un peu plus tôt ou un peu plus tard , cela ne devient qu'une question de temps. Mais heureu- sement maintenant la plus grande partie du ])ublic a renoncé complètement au cheval humihé, et c'est le cheval her qui l'emporte. Le bon goût renaît donc en France, et va régénérer le cheval ; dans quelques années l'élégance de nos attelages et nos brillants cavaliers seront admirés de toutes les autres nations. Le cheval est un noble animal, intelligent, natu- rellement doux et bon de caractère , et qui devient confiant très-promptement si ou use envers lui de i.\tiu)I)U(;ti()\. 15 l)ons procédés. Il csl tlans les chevaux comme dans les hommes (pielques mauvaises natures; mais ce cas chez les chevaux est excessivement rare; el |)armi le nomhre des chevaux rétifs et méchants, si on remontait à la source, on verrait que la pluparl ne sont devenus dans cet état, que par suite de bru- talités injustes dont ils ont été victimes. Le cheval se résigne à la misère, à la souffrance, il donne souvent généreusement ses services jusqu'à ce qu'il meure à la peine; mais il y a une chose contre laquelle il se révolte toujours, c'est l'injustice. C'est pour cela qu'il est important, pour éviter de le rendre rétif, de bien lui faire comprendre ce qu'on en exige, et de ne jamais lui demander au delà du degré d'intelligence qu'on a développé en lui. Pour arriver promptement à développer l'intelli- gence du cheval , il faut toujours mettre son intérêt dans la balance. C'est pour cela qu'on ne doit pas considérer les caresses qu'on lui fait comme un plaisir qu'on prend soi-même, mais bien comme une nécessité indispensable au développement de son intelligence , car le véritable moteur de ses ac- tions est son propre intérêt. Ainsi les caresses et le repos sont pour lui encouragements et récompenses. C'est cet espoir seul qui l'engage à bien faire, en lui faisant comprendre que s'il fait le contraire il y a correction et continuité de travail; une fois ces 1« IXTHODI <:TI{)\. deux laits établis d'une manière bien distincte dans sa mémoire, il agira dans foutes les circonstances dans son intérêt, et il arrivera promptement à une obéissance passive. Il faut donc, pour arriver à ce résultat, avoir bien soin de le caresser et de lui donner du repos chaque fois qu'il a bien fait. S'il fait mal, parce qu'il ne com- prend pas, on doit insister et persister, jusqu'à ce qu'il ail compris et obéi; s'il refuse par mauvaise volonté, il faut le corriger et continuer le travail jusqu'à ce qu'on ait obtenu de sa part une complète obéissance. On doit se pénétrer d'une grande vérité : lorsqu'un cheval n'obéit pas, c'est bien plus souvent par la faute de l'homme qui ne sait pas se faire com- prendre que par le manque de bonne volonté de la part du cheval, fi'art de se faire obéir consiste à sa- voir bien connnander, et le proverbe qui dit que les bons maîtres font les bons valets, est applicable dans celte circonstance dans toute l'acception du mot. l*our que la bonne harmonie s'établisse entre le che- val et le cavalier, ce dernier ne doit jamais, dans aucune circonstance, être injuste envers son cheval, ni lui permettre d'agir d'après sa propre volonté. Ma passion pour l'art de l'équitation et la science du cheval m'a engagée à j)rendre des leçons d'un très-grand nombre de |)rofesscurs. Après avoir vu pratiquer toute espèce de systèujcs ])ar des hommes IXTKODICTIOV. 17 (le l'arl l'orl lial)il('s, j'ai élé l)ien convaincue qu'il existait une lacune dans l'instruction, car les uns nie disaient : « Faites comme moi, » et les autres : « Il est indispensable de se fourvoyer avant d'arri- ' ver à obtenir quelques bons résultats; ce n'est ' qu'avec le temps, le tact, la pratique, qu'on finit >^ par arriver; " et pas un ne me donnait un moyen. Je ne pouvais mettre un seul instant leur loyauté en doute; car parmi ces professeurs, il y avait des hom- mes de talent, et quoique déjà d'un certain âge, il leur arrivait encore de se fourvoyer de temps en temps. Ne prévoyant donc pas que toute une exis- tence put suffire pour arriver de prime abord avec de tels principes, je n'eus pas le courage de me four- voyer plus longtemps, et je me mis à l'œuvre pour trouver des moyens plus méthodiques que le tact; car il n'appartient qu'à une bien minime partie du genre humain, et encore subit-il souvent une varia- bilité, selon l'influence des impressions plus ou moins nerveuses, dans lesquelles on se trouve. Dans une méthode , il ne doit donc jamais être de la moindre utilité pour arriver au succès. J'ai beaucoup voyagé pour étudier et comparer les divers modes d'équitation et les différentes races de chevaux; mon amour pour la science du cheval m'a conduite à en faire une étude approfondie jus- que dans ses détails les plus minutieux. Dans chaque 2 18 IM'RODUCTIOX. pays, j'eus le bonheur d'avoir à ma disposition les plus riches cléments, tels que poulains, magnifi- ques chevaux de selle, de course, de voilure, d'es- cadron, les chevaux abandonnés par les hommes de l'art , les uns pour leur mauvaise conformation , les autres pour leurs défauts physiques et leur mauvais moral. Je dois m'expliquer ici en parlant de défauts phy- siques. Il y a un très-grand nombre de chevaux qui, quoique parfaitement conformés, sont amenés par un mauvais dressage à avoir les jambes arquées , les glandes salivaires énormément développées ; croi- sent en marchant les membres antérieurs et les membres postérieurs : tous ces défauts physiques se rencontrent quelquefois chez des chevaux parfai- tement bien conformés. Par une étude approfondie du cheval et de l'équi- tation, il m'a été facile de me rendre compte des erreurs qui existent, en général, dans l'instruction. Je n'entreprendrai pas ici de faire la biographie de tous les auteurs, car on a fait depuis peu de temps une exhibition si considérable d'ouvrages en ce genre, que le public doit en être fatigué; ouvra- ges dont la plupart ont pour résultat de jeter le lec- teur dans le doute et dans le vague; ce qui fait qu'après les avoir lus, il est beaucoup moins éclairé qu'il ne l'était auparavant. IXTHODICTIOX. 19 Jr nie contonlerai donc de lél'uter ([uelqiics-uns des faux principes des auteurs modernes. Une des causes du peu de progrès de la science hippique, c'est que les hommes de l'art anciens et modernes ont considéré le cheval cluicun sous un point de vue différent ; il est en outre facile de re- marquer, en lisant leurs ouvrages , qu'ils se sont occupés généralement beaucoup plus de l'équitation que de la science du cheval : c'est ce qui explique le manque de théorie pratique. Combien l'étude du cheval a donné lieu à de graves erreurs! Chaque fois qu'un homme croyait avoir la science infuse, il de- venait, sans s'en apercevoir, le jouet d'une fiction. Je citerai à ce sujet l'exemple d'un homme au- quel je reconnais du mérite, mais qui malheureuse- ment s'est trompé sur certains points. Favorisée comme je l'ai été par mon talent, je n'ai pas à craindre qu'on puisse supposer de ma part la plus petite jalousie. En Russie, la proposition de m'envoyer dans une école de cavalerie fut faite à dix heures du matin, et à deux heures l'ordre était signé de Sa Majesté l'empereur Nicolas. En France, une proposition sem- blable fut faite à onze heures du matin, et le lende- main à la même heure l'ordre était signé de Sa Ma- jesté l'empereur Napoléon. En Angleterre , la même proposition fut faite, et le lendemain je reçus la ré- 20 IVTHODLCTIOX. poiise de la reine, qui m'adressait au duc de Wel- lington; à deux heures, j'étais introduite chez Son Excellence le ministre de la guerre; à quatre heures je reçus un engagement avec l'ordre de me rendre à l'école de cavalerie, et d'entrer immédiatement en fonctions. Ce sont des faits sans précédents, car dans l'es- j)ace de deux années, ma méthode était introduite dans les trois écoles de cavalerie appartenant à trois grandes armées. Ces faits établis, je m'expliquerai donc dans l'es- poir seul que cela sera profitable au progrès, per- suadée que je suis qu'il est aussi important de dé- montrer les erreurs d'un système que d'en inventer un bon. « Lorsqu'on dressera, dit l'auteur, un jeune che- 55 val, une lutte s'engagera nécessairement entre lui 55 et son cavalier; il faudra le dompter d'abord, et le 55 diriger ensuite. 55 La manière dont l'auteur comprend le jeune che- val et le dressage, explique jusqu'à un certain point toutes les luttes qu'il a eu à soutenir pour faire pré- valoir d'aussi dangereux principes; commencer le dressage par une lutte dans laquelle on est forcé de dompter l'animal , est un moyen aussi dangereux pour l'homme que pour le clievai. Le cavalier ne j)eul lutter avec avantage qu'à force d'habileté, de I.VTHOnilCTIOV. 21 science et de lact. Ce résultai ne peut donc être obtenu que par des natures d'élite, et encore il arrive tou- jours en pareille circonstance , que si l'homme est vainqueur, c'est aux dépens du physique de l'ani- mal. Tous les chevaux, sans en excepter un seul, que j'ai vu dresser par ce système, avaient les jar- rets plus ou moins compromis. Dans cette lutte, si le cavalier ne réussit pas de prime abord, il arrive qu'il peut facilement y laisser un bras ou une jambe, et le cheval peut devenir complètement rétif. Le dressage du cheval est comme l'éducation de l'en- fant, tout le mérite est de l'amènera de bons résul- tats sans être forcé d'employer la violence. De tels principes ne peuvent être admis comme progrès, parce qu'ils renferment en eux tous les éléments nécessaires pour rendre cet art à jamais stationnaire; car ils ont pour résultat de créer des difficultés qui exigent des cavaliers d'une nature exceptionnelle pour les vaincre, et comme le nombre des natures d'élite n'augmente pas chaque année, l'art, par ce système, ne peut donc progresser. « Toutes les résistances des jeunes chevaux pro- 3) viennent d'une cause physique, chaque cheval a 5' une conformation particulière. » Dans le premier paragraphe, l'auteur fait préva- loir l'idée qu'une lutte est nécessairement inévitable avec tous les jeunes chevaux, et dans le second, 22 IXTRODICTIOX. l'idée que les luttes ne proviennent que d'une cause physique ; comment concilier de telles contradic- tions? Le bon sens ne peut admettre que tous les jeunes chevaux aient des défauts physiques de nature à provoquer des défenses. En admettant que chaque cheval ait une confor- mation particulière, c'est rendre l'art et la science impossibles; car il faudrait créer une nouvelle théo- rie à la naissance de chaque cheval, ou admettre que le tact seul est l'art et la science. Des opinions aussi exclusives ne sont fondées sur rien de vrai , car si les défauts physiques provoquent des défenses, il en est de même d'un mauvais mo- ral. Il arrive aussi quelquefois que des chevaux par- faitement conformés ont un très-mauvais moral, et que des chevaux ayant des défauts physiques sont très-doux de caractère. On ne peut donc jamais être absolu en parlant des chevaux , et en fait de confor- mation, les différences sont très-restreintes ; il y a en général très-peu de conformations dont la diffé- rence exerce une influence qui rende le dressage plus difficile, tels que l'épaule et le jarret droits, les reins longs et faibles, une tête mal attachée. « Les résistances ont leurs sources dans les con- « tractions occasionnées par les vices physiques , il 55 ne s'agit que de chercher les parties où s'opèrent 3> les contractions. « IXTRODUCTIOX. 2^ Si cclto opinion était admissible dans sa plus Ir- gèro acception, au lieu de faire dompter et dresser des chevaux par des écuyers, il serait préférable de les faire dompter et dresser par des vétérinaires. Le cb(îval est orjjanisé en quelque sorte comme riiomme; ce n'est pas toujours le physique qui gou- verne le moral , mais bien le moral qui gouverne souvent le physique. Si vous voulez obtenir quoi que ce soit, tout dépend de la manière de le demander et de se faire comprendre ; au lieu de chercher à dé- truire par un système des contractions qui n'existent pas, il faut tout sinqjlement éviter d'en faire naître. Si vous voulez faire un bon danseur, commencez en lui faisant faire des battements, afin de lui assouphr les jarrets; si vous voulez obtenir de la légèreté et de l'élégance chez le cheval, assouplissez-le eu em- ployant des moyens qui ne l'irritent pas, et vous arriverez tout naturellement à lui faire faire tout ce que vous voudrez sans peine et sans la moindre lutte. « Un cheval bien construit ne peut pas se livrer à )' des défenses ni à des mouvements désordonnés , » car il lui faudrait faire des efforts surnaturels pour » détruire l'harmonie de ses ressorts , et déplacer » son centre de gravité. » Pour qu'un sauteur saute bien franchement, il est indispensable qu'il ait de bonnes épaules, et que les reins et les jarrets soient solidement construits. Lors- 24 IXTRODLCTIOX. qu'un cheval est dans de telles conditions, il sautera avec plaisir toutes les fois qu'on le lui demandera. Cet exercice comporte le déplacement continuel du centre de gravité; chaque fois que le cheval détache la ruade et la pointe, son centre de gravité se trouve instantanément déplacé; effets qui sont exactement les mêmes que lorsque le cheval se défend; seule- ment, dans le premier cas, il le fait avec plaisir el obéissance, tandis que dans le dernier cas, il le fait avec colère, 11 est donc impossible d'admettre qu'une bonne conformation, qui facilite les mouvements lorsqu'ils sont demandés, soit un obstacle invincible dans le cas contraire. C'est exactement comme si on prétendait, que parce qu'un homme est bien fait, il faudrait qu'il fit des efforts surnaturels pour se mettre en colère et se battre. « On a beaucoup parlé du rassembler, comme on 55 a parlé de Dieu et de tous les mystères impénétra- î' blés à la perception humaine. 5» Comment a-t-on pu émettre une semblable opi- nion? — En commençant par Xénophon, il est facile de se convaincre, en lisant tous les auteurs, que de tout temps on a assoupli, rassemblé el mis le cheval dans la main, et la meilleure preuve, c'est qu'on lui i'aisait exécuter tous les mêmes exercices qu'aujour- d'hui, ce qui eut été moralement et physiquement impossible sans la mise en main, l'assouplissement ivinoDiciiox. 45 et le rassembler. Le pas, le Irol, le ;{alo|), les clian- gemenls de pied en Pair, les demi-voltes , les voiles, pour apprendre aux. chevaux à s'arrêter court, les assouplir, les grandir, tout cela se taisait du temps de Xénoplion. La manière de monter à cheval dans ce temps est encore auiourdliui en usage en Angleterre. « Tous les chevaux peuvent se ramener, et acqué- V rir une même légèreté. » Pour peu qu'on ait la moindre notion du cheval, le bon sens se refuse à admettre une semblable as- sertion; en l'admettant un seul instant, c'est nier la supériorité des chevaux de race et les avantages de la beauté de la conformation; tout ce qu'il est possible d'obtenir chez certains chevaux , c'est un ramener et une légèreté bons, en raison de leur con- formation. « Si le cheval reculait pour éviter la flexion , le î» cavalier n'en continuerait pas moins son opposi- !' tion des mains , jusqu'à ce que l'animal s'arrête et 5) cède de l'encolure, j» Ce qu'il faut éviter au contraire avec le plus grand soin, c'est que le cheval recule de lui-même pour se soustraire à l'effet du mors; si on le laisse faire, il ne manquera pas de recommencer toutes les fois que l'occasion se présentera; non-seulement ce moyen n'est pas théorique ni pratique, il est encore très- 26 IXTRODUCTIOY. mauvais pour le cheval et dangereux pour le cavalier. Dans un manège où il y a de nombreux cavaliers, il peut arriver que le cheval, en reculant au moment où on ne s'y attend pas , blesse grièvement le cava- lier qui se trouve derrière lui. « Lorsque le cheval obéira à l'action du bridon, il >' cédera bien plus promptement à celle de la bride , '■> dont l'effet est plus puissant. « L'effet du bridon étant beaucoup plus doux que celui du mors, c'est le résultat contraire qui a lieu chez presque tous les chevaux. Si on leur donne le temps de bien s'habituer au bridon, ils se défendront loutes les fois qu'ils auront un mors; ce changement produira exacteriient le même effet que si on met- lait un mors très-sévère à un cheval qui a l'habitude d'en avoir un très -doux. On serait certain de le faire défendre. « Comment a-t-on pu croire qu'une ou deux lignes » de chair de plus ou de moins faisaient céder à la ^> plus légère impulsion de la main , ou faisaient em- 5> porterie cheval?» En ne reconnaissant pas qu'une mauvaise confor- mation des barres occasionne une plus grande sensi- bilité dans la bouche du cheval, ou peut la rendre plus froide , c'est fournir une preuve incontestable que les chevaux dressés d'après cette méthode ne donnent jamais franchement dans la main , mais qu'ils i\Ti{()i)rr,Ti()\. 27 i(>s(('nl (IcrricTo pour se souslrairc à l'oiïol du mors. Dans ce cas, il anivo quo si le cavalier veiil rclenir son clicval pour ralentir son allure, il ramène immc- (lialcnuMil la (clo jusqu'au poilrail en bourrant a la main; cl plus le cavalier tire sur les rênes, plus le cheval s'encapuclionne; aussi voit-on les quelques chevaux dressés d'après cette méthode l'aire la balan- çoire aux Champs-Elysées et au Bois, position aussi disgracieuse pour le cheval que ridicule et fatigante pour le cavalier. « On amènera la tête avec les rênes près du poi- « trail, pour l'y maintenir oblique et perpendiculaire 1» jusqu'à ce qu'elle se soutienne d'elle-même; le " cheval, en mâchant sou mors, constatera sa par- " faite soumission. » Cette flexion est très-mauvaise, elle indique au che- val un des plus puissants moyens pour se défendre; lorsque le cheval mâche son mors sur l'attaque de l'éperon, ce n'est pas toujours un signe d'une par- faite soumission, c'est quelquefois un signe de co- lère, et dans ce cas tout son corps est contracté. « L'application bien entendue de ma méthode r mettra le commun des hommes de cheval à même )) d'obtenir des résultats qui n'appartenaient autrefois » qu'aux organisations équestres les plus favorisées. 5> L'auteur, dans ce paragraphe, prétend que le commun des hommes peut obtenir par sa méthode 28 IXTRODICTIOX. (les résultats qui n'apparteuaieut qu'aux organisa- tions équestres les plus favorisées , et dans le para- graphe qui suit, il dit au contraire que pour réussir avec sa méthode, le cavalier devra déployer autant de savoir que de tact. Je ferai observer que l'auteur émet deux opinions qui sont diamétralement opposées. u L'allure du pas est la mère de toutes les allures; » c'est par elle qu'on amènera la cadence, la régu- ;> larité , l'extension des autres; mais le cavalier, 5' pour arriver à ces brillants résultats , devra dé- î> ployer autant de savoir que de tact. 35 L'auteur dit que pour arriver il faut du tact : il me semble qu'il eût été beaucoup plus rationnel d'indi- quer les moyens qu'il faut employer pour réussir. Comme la plupart des jeunes chevaux ne savent pas marcher d'une manière convenable, pour arriver à ces résultats , le meilleur moyen est de commen- cer par leur apprendre à placer leurs pieds , afin de répartir le poids du corps d'une manière juste et régulière. Par là , le cheval arrive à s'équilibrer immédiatement à toutes les allures, et pour obtenir ces brillants résultats, il suffit de le faire marcher au pas d'équilibre décomposé pendant deux ou trois leçons. « Le cavalier, pour porter son cheval en avant , V au pas, et le maintenir léger à cette allure, doit IXIKODl CI'IOX. 29 ■> dépenser une loree égale à vitijjl livres; quinze •' pour l'impulsion et cinq pour le ramener. Si les •'jambes dépassenl leur elfet, il faut que les mains - augmenlenl le leur dans les mènu\s proportions. » L'emploi de vingt livres de forées dans les jambes, pour porter le ebeval en avant au j)as, et cinq livres dans la main , est un moyen infaillible pour le mettre sous lui du devant; l'impulsion en avant se trouvant combattue par une impulsion rétrograde, force les membres antérieurs à se placer en arrière de la ligne verticale. Dans cette position , le ebeval arrive tout naturellement à être sous lui du devant, et il rejette la plus grande partie de son poids sur ses épaules; pour se soustraire aux cinq livres de forces qu'on emploie sur ses barres, il s'encapucbonne , et se place derrière la main , ce qui devient une fatigue continuelle pour le cavalier. Pour qu'un cheval se conserve léger à la main, il sufiit de le faire marcher au pas d'équilibre, et de le faire partir et arrêter en diminuant graduellement la force jusqu'à ce qu'il parte et s'arrête sur un centigramme de forces de la main et des jambes. «La difficulté qu'éprouve le cheval pour se con- 5) server uni à l'allure du trot, provient presque tou- » jours de l'arrière-main , soit que cette partie ait î) une construction faible, ou que les ressources trop ;' supérieures de l'avanl-main en paralysent les res- âO I.\TK()DL1CT10\. " sorts; toujours est-il que, comme c'est elle qui re- 5> çoit le choc et donne l'élan, ses effets dans l'un ou » l'autre cas restent impuissants, et rendent par suite 5> le mouvement irrégulier. « En admettant une opinion diamétralement oppo- sée , on sera dans le vrai ; car chez le cheval la diffi- culté pour trotter provient toujours de l'avant-main. Il suffit, pour être convaincu de cette vérité, d'exa- miner la conformation des beaux trotteurs allemands ; ils sont en général très-faibles de l'arrière -main, cl possèdent une très -grande puissance dans l'avant- main. Lorsque les forces de l'avant-main priment celles de l'arrière -main, le cheval n'en trotte que mieux. Cela est si vrai , qu'on voit souvent des che- vaux ayant l'arrière-main et les reins mauvais avoir un trot admirable. Comment peut-on dire qu'au trot c'est l'arrière- main qui reçoit le choc et donne l'élan? tandis qu'au contraire c'est l'avant-main qui donne l'élan ; et quant au choc, il n'existe pas; car c'est de toutes les allures celle qui comporte la plus juste réparti- tion des forces de l'animal. La difficulté du trot provient en général des épaules droites , de la faiblesse ou de la roideur des membres antérieurs , et lorsqu'un cheval est conq)létement usé de devant, il cherchera toujours à prendre le galop. I\iK(M)l(ni(»\. 31 DU RECULEll. « Il fera relliier le poids de l'avant-raain sur Tar- » rièrc-main , ayant soin do Icnir les jainbcs coii- » stammciit près , pour que le corps du cheval i\v » cède qu'a[)rès l'encolure. La prépondérance des )) forces de devant sur celles de derrière est une des » nécessités du reculer. On devra donc les ramener î' le plus près possible du milieu du corps du cheval. '^ En faisant relluer le poids de l'avant-main sur l'arrière-main, au lieu d'obtenir le reculer on ob- tient de l'acculement; la prépondérance des forces de devant sur celles de derrière est la ruine des jar- rets du cheval ; en disant de ramener les forces le plus près possible du milieu du corps du cheval , on n'obtient pas la position du reculer, mais on obtient le véritable rassembler du lapin au moment où il va s'élancer. Le véritable reculer est tout simplement une im- pulsion rétrograde imprimée par les forces de der- rière, et suivie par celles de devant; il n'y a donc aucun reflux dans ce mouvement qui s'exécute en sens inverse, exactement de la même manière que le mouvement en avant. L'auteur, dans sa Théorie militaire, dit que, d'a- près sa méthode, un instructeur ne doit faire travail- ler que six cavaliers à la fois. Comme une remonte 82 IM'HODl CTIOX. est oïdinairoiuenl de cent vingt chevaux , en les tai- sant travailler deux fois par jour, cela nécessiterait l'emploi de vingt instructeurs par régiment, au lieu d'un seul qu'il y a habituellement. Dans d'autres passages, il reconnaît l'intelligence du cheval, mais il ne donne aucun moyen pour la développer ou la combattre , selon les bonnes ou mauvaises disposi- tions de l'animal : les moyens physiques sont seuls employés. Il est làcheux qu'en recommandant tou- jours la douceur, il soit constamment par ses prin- cipes en contradiction avec lui-même, car F emploi répété qu'il recommande de l'éperon et de la force dans la main et les jambes, sont des moyens qui font souffrir le cheval et l'irritent au suprême degré. «Il devra être fait un usage modéré du reculer; !' ce mouvement ne devrait être exécuté que rare- » ment par le cheval de guerre, w Le mouvement du reculer est un des mouvements les plus importants pour le dressage du cheval de guerre; il assouplit les hanches et les jarrets. Il est donc indispensable de le faire exécuter très-souvent pour arriver à l'assouplir, à l'asseoir et à le rendre gracieux; et pour qu'il puisse exécuter ce mouvement facilement dans un travail d'ensemble, tel que les manœuvres militaires, il faut qu'il lui soit très-facile. Cette opinion expHque parfaitement le motif pour lequel les chevaux, dressés d'après cette mélhode, IVTI'.ODl CTIOX :\:] ont la crouiu' clcvcc cl disgracieuse; car ce ii'esl que pai- le reciilei* (|iron arrive à l'aire baisser la croupe à un clreval el à lui faire l'aire les pirouelles sur les hanches, sans ruiner les jarrels. « Le cavalier doit se rappeler que la mise en main » est une barrière infranchissable; chaque fois que )) celui-ci veut sortir de la |)osition en dedans de ■' cette limite, il n'y a qu'aisance et bien-être, en 5) dehors douleur et gène. 55 C'est démontrer que les chevaux dressés par ce système doivent être complètement derrière la main. a Comme délassement , on fera marcher le cheval 5> au pas, pendant plusieurs tours de manège, en le « maintenant dans la position du ramener. « La position du ramener, chez le cheval qui n'est pas dressé , est une très-grande fatigue et non un dé- lassement. Lorsqu'on veut lui donner un délasse- ment, il faut lui jeter les rênes sur le cou et le laisser marcher sans rien lui demander, « Dans la leçon de montoir, le cavalier caressera > son cheval pour lui donner de la confiance. " Ce moyen produit généralement l'effet contraire ; il inquiète le cheval et suffit souvent pour le rendre rétif au montoir. De plus il est dangereux pour le ca- valier, car en caressant le cheval il fait des mouve- ments qui ont pour résultat certain, de l'efi'iayer, lorsqu'il est monté pour la première fois, au lieu de 34 IMRODUCTIOX. le leiiclrc conlianl, et, dans ce cas, le premier mou- vement (le l'animal est de jeter son cavalier par terre pour s'en débarrasser. « Onaccoutumera les chevaux, dans les écuries, 5> à se laisser lever le pied, frapper sur les fers, en 55 observant si un cheval fait des difficultés, d'user w toujours de douceur pour le guérir de son inquié- 5) tude. » Tout ceci n'indique pas un moyen : la douceur ne suffit pas en pareille circonstance, elle n'est qu'un auxiliaire qui vient en aide au moyen. Lorsqu'un cheval fera des difficultés pour se lais- ser prendre le pied , on lui brossera la jambe comme pour le panser; on lui lèvera le pied près de terre, en le caressant chaque fois, et on le lui reposera très-doucement. 11 faudra continuer jusqu'à ce qu'il n'offre plus aucune résistance et augmenter progres- sivement le mouvement, en ayant bien soin d'éviter d'employer la force. Lorsque le cheval donnera le pied sans résistance , on frappera dessus très-douce- ment avec un marteau, comme pour le ferrer; au même instant on lui donnera une poignée d'avoine pour le récompenser. Lorsqu'il sera tout à fait eu confiance , il faudra le conduire à la forge ; les mêmes moyens seront employés pendant quatre jours de suite avant d'essayer de le ferrer, en faisant bien attention de ne pas lui lever le pied trop haut. IMKODICTIOX. 35 .rajoiilerai iiiio dernière remarque a celles que je viens de foire. Quoique l'auteur parle toujours de l'équilibre du cheval, il lui a été inip()ssi])le d'y arriver en suivant les principes qu'il s'est tracés, car la ])reniière con- dition pour l'obtenir est une juste répartition du poids de l'aninud, et c'est ce dont il ne s'est jamais douté. Il nous a toujours présenté le cheval équilibré, réunissant tous ses moyens dans une torce d'impul- sion dirigée dans une ligne horizontale, tandis qu'au contraire, pour arriver à l'équilibre parlait et que le cheval soit léger à la main et gracieux dans ses mou- vements, il faut que la répartition des forces se lasse en ligne horizontale et verticale. Pour que cette répartition des forces soit juste et régulière, comme l'avant-main est beaucoup plus chargée par le poids de la tête et du cou que l'ar- rière-main, et que c'est elle qui donne à cette der- nière la force impulsive, il faut rejeter sur l'arrière- main la moitié de la différence du poids de l'avant- main ; et pour que l'avant-main conserve toute sa force d'impulsion, il faut même qu'elle soit un peu moins chargée que l 'arrière-main. Pour arriver à l'équilibre parfait, il faut grandir le cheval, de manière à balancer le poids de Tavant et de l'arrière-main, et assouplir parfaitement les jar- rets, pour qu'ils ne fassent pas obstacle. Pour se con- 30 IXTHODrCTIOX. vaincre de celle vérité, il suffira de regarder des chevaux allelés : on verra toujours l'arrière-main des chevaux qui sont enrènés courl et ont l'encolure re- levée , se ramener vers le centre de gravité et l'avant- main tonctionner avec une grande facilité et beaucoup de légèreté, deux choses qui constituent l'équilibre parfait; tandis qu'au contraire, si le poids de l'ani- mal est réparti d'une manière égale sur chaque membre, il en résulte que toutes ses forces se trou- vant réunies dans une force d'impulsion horizontale, le cheval lève péniblement ses membres antérieurs et reste loin de lui de derrière, position qui indique que le poids de l'avant-main empêche le cheval de s'équilibrer. Je pense que les erreurs que je viens de signaler suffiront pour éclairer mes lecteurs et leur donner une juste idée des dangers de ce système. Ils com- prendront facilement que tant qu'il y aura à la tête de la cavalerie des hommes ayant la plus légère no- tion du cheval, ce système ne pourra y être admis. Si mes lecteurs sont assez bienveillants pour pren- dre quelque intérêt à mes travaux, je les prierai de vouloir bien me faire la gracieuseté de me suivre dans les expériences que je fis de ma méthode dans le cours de mes voyages. Lorsque j'eus créé ma méthode je paitis imnic- (iiatenicnl pour l ieinic, afin de rexj)érimenter et de IVÎHODICTIOX :iT la nieltro à l'abri des lnlrij]iies iVuuo certaine classe tlMionmies, dont le mauvais génie exerce au début, sur tout ce qui apparaît de bon en France, rune fôcbeuse influence, ayant pour résultat d'entraver momentané- ment tout progrès. A mon arrivée à Vienne, le prince régnant Louis de Liclitenstein cul la gracieuse bienveillance de mettre son joli manège à ma disposition pour m'en servir pendant tout le temps qu'il me serait agréable. Pendant le séjour que je fis au manège du prince, Son Altesse Sérénissime et sa noble famille me trai- tèrent avec la plus grande courtoisie : aussi conser- verai-je toujours un délicieux souvenir de cette cbar- mante ville, car les relations que j'eus furent des plus agréables, et si jamais j'y retourne ce sera pour moi un véritable plaisir. Je me mis immédiatement à l'œuvre , et pour com- mencer j'acbetai une jument nommée Coquette. C'é- tait un animal d'une grande intelligence, mais d'un mauvais caractère, très-entètée et accoutumée à faire sa volonté en toutes choses. Un jour qu'elle était attelée, elle avait jeté son maître et la voiture dans un fossé, et lorsqu'elle était montée, si le caprice lui en prenait, elle faisait brusquement un écart et s'emportait. Elle avait la mauvaise babitude de pren- dre les branches du mors entre ses dents, et il était bien difficile de b^s lui faire làeber. Klle était sous 38 IMRODICTIOX. elle (le devant par suite de Tabus du bridon; ses membres antérieurs étaient arqués, elle avait des molettes et ses jarrets étaient en très-mauvais état : du reste elle était très-bien conformée. J'entrepris de la remettre en bon état et de la dresser; ce n'était assurément pas une tâche facile en raison de son mauvais caractère et de ses défauts physiques. Je réussis cependant, et je fis de ma Coquette un animal aussi fin , aussi élégant qu'il soit possible de voir. Elle semblait avoir été créée pour le nom qu'elle portait ; je n'ai jamais rencontré un animal plus élé- gant dans son port ni plus gracieux dans ses mouve- ments. J'ai vu des milliers de chevaux, mais aucun d'eux en action n'avait une démarche aussi fière ni une physionomie aussi expressive; ses yeux lançaient des éclairs, ses naseaux étaient ouverts et rouges comme du sang; la grande énergie et le feu qui caractéri- saient tous ses mouvements, inspiraient à la fois un sentiment d'admiration et d'effroi. Jamais un cheval n'a galopé plus vite dans une course rapide, ni plus longtemps que ma Coquette, et sur un parcours de trois milles, elle n'a jamais manqué de laisser ses rivaux à un quart de mille en arrière. Aussi elle sentait si bien sa supériorité et en était si fière, qu'elle ne souffrait pas qu'un camarade la dépassât d'un quart de tête. Si pendant ixTRonrr.TiOY. 30 qu'elle inarchail de compajpiie avec d'aulres chc- vaiix, son voisin s'avisait d'oublier le respect qui lui était dû, en la dépassant un peu, elle le rappelait im- médiatement à l'ordre par un grincement de dents et par une vive démonstration avec ses pieds de der- rière, sans aller cependant jusqu'aux voies de fait. Lorsqu'elle avait levé le pied et fait entendre le bruit de ses dents , sa colère était apaisée par la défense de son bonneur, et avec une grande dignité elle re- posait gravement son pied sur le gazon et se dépê- chait de mâcher son mors en redoublant de vigueur". Elle avait une telle énergie, qu'après une prome- nade de huit heures elle rentrait au piaffer. Les comtes F et 0 , tous deux parents du prince régnant Louis de Lichtenstein, l'un proprié- taire d'un des plus beaux haras du pays et célèbre pour ses profondes connaissances en chevaux, l'autre un des cavaliers les plus éminemment distingués de l'Autriche, connaissaient ma jument au moment où je l'achetai. Ils vinrent tous deux la voir après que je l'eus dressée, et furent autant frappés du brillant, de l'élégance et du bon état dans lequel j'étais par- venue à la mettre, que du travail que je lui fis exé- cuter. Ces grands seigneurs, tous deux hommes de progrès , se firent un devoir de proclamer hautement à la cour e( dans le monde le succès que je venais d'obtenir. W IXTRODICTIOX. Les plus grands seigneurs de la cour et les offi- ciers de cavalerie vinrent chaque jour au manège du prince j)0ur voir Coquette et l'admirer. Il vint aussi un grand nombre de dames de la cour, et plusieurs d'entre elles la montèrent. Un jour, en me prome- nant au Prater, elle eut Tlionneur d'être remarquée par Sa Majesté l'empereur Mcolas, qui à celte épo- que se trouvait à Vienne. Par cette jument, j'ai acquis la certitude que lors- qu'un cheval a été bien assoupli et parfaitement dressé pour la haute école, ses allures sont aussi vives que celles du cheval dressé à l'extérieur, avec une grande supériorité, car lorsqu'il a été exercé pendant quelques jours à la promenade et qu'il est en haleine, la souplesse de ses membres lui permet- tra d'aller beaucoup plus vite et plus longtemps, car le dressage du cheval à l'extérieur est très-incomplet; la roideur des membres occasionne une plus grande fatigue , et ses allures sont désagréables et fatigantes pour le cavalier. Je dirai comme Frédéric le Grand : Il n'y a pas de bonne cavalerie sans manège. Le baron K vint au manège du prince et me pria d'examiner un cheval qu'il aimait beaucoup parce que c'était un de ses élèves et qu'il était doué d'un très-bon caraclère : u Mais, dit-il, malheureu- " sèment pour moi, je ne puis pas le monter parce IXTHODICTIOV VI :) qu'il hronclic à cliaqiic pas vl qu^W lui arrive soii- 5' v»Mil de lomhcr. Je ne suis plus un jeune lionnne , » el une ehule à mon àj^e pourrait avoir des consé- » quenees très-«{raves. » Je le piiai de m'envoyer son cheval : on me l'amena, cl dès (pie j'eus jelé un eonp d'œil sur Tanimal, j'affirmai au baron qu'au bout de six jours je le lui rendrais Terme el solide sur ses'jambes. Le baron me regarda avec étomiement, el lors(|ne le premier moment de snrprise lut passé , il s'écria : u Ab ! madame , si vous pouvez y parve- » nir, vous me rendrez un véritable service, car j'ai » ce cheval en très-grande affection. » L'animal avait un bon caractère et élait parfaite- ment construit, mais il avait été gâté par l'abus du bridon, avec lequel on l'avait fait travailler trop longtemps sans être dressé, ce qui l'avait amené à être sous lui de devant, à forger et à croiser, en marchant , les membres antérieurs et les membres postérieurs. Je tins parole : le cheval fut dressé par ma mé- thode; pendant une semaine, une heure par jour seulement, je le soumis aux effets du surfaix- cava- lier, et lui fis faire le pas d'équilibre décomposé. Le septième jour il était devenu ferme et solide sur ses jambes et très-léger à la main. Je le rendis au baron , qui en fut ravi ; mais une appréhension trou- blait son bonheur, il craignait qu'il ne fût pas de 42 IXTROnUCTlOX. longue durée. Je l'engageai à prendre patience et à attendre le résultat. Après avoir monté son cheval pendant quinze jours, les craintes du baron cessè- rent, et il fut convaincu qu'il avait acquis au con- traire, encore une plus grande solidité sur ses jambes. Il s'empressa de venir me faire part de son heureuse découverte , et me remercia gracieusement pour le service que je lui avais rendu. Un mois plus tard il y eut dans les montagnes une partie de plaisir où il assista; sur cinquante chevaux dont se composait la cavalcade , il n'y en eut pas un plus adroit ni plus solide que le sien. Le baron fut alors au comble du bonheur. Le comte J avait une très-jolie jument de trois ans et un gentil petit groom qui la soignait. Quoique charmants tous deux, ils étaient loin de s'entendre. La jument prenait un malin plaisir à jeter son cava- lier par terre; elle avait réussi si souvent k ce jeu, que le jeune groom était bien décidé, quoiqu'à re- gret, à quitter son maître à la première occasion si elle continuait; de plus, elle forgeait horriblement. Le comte tenant beaucoup au groom et à la jument, et ne sachant que faire dans cette circonstance, vint me consulter dans son embarras. On décida que la jument serait confiée à mes soins. Je la soumis aux effets du surfaix-cavalier et l'exerçai au pas d'équi- libre décomposé. Au bout de quelques jours elle ne IXTRODUCTIOX. 43 forgeait plus, el il exislait entre elle et son groom la meilleure intelligence et l'amitié la plus franche. J'avais promis au comte que sa jument serait montée à la douzième leçon; il vint chaque jour pour admi- rer les progrès qu'elle faisait, et à la huitième leçon il me pria de la lui laisser monter, ce qu'il fit en présence de plusieurs seigneurs. Il la monta en ha- bile cavalier, et lui fit exécuter divers mouvements au pas, au trot et au galop, ensuite il la fit reculer. La jument exécuta parfaitement bien tout ce qu'on lui demanda et de la meilleure grâce. Les succès que j'obtins en Autriche eurent un grand retentissement et me valurent le suffrage de tous les hommes éminemment compétents en fait de chevaux et d'équitation, et de toute la haute aristo- cratie. Un général, qui pendant quarante ans avait été chargé de diriger l'instruction de la cavalerie, témoigna, en présence d'une nombreuse réunion au manège du prince, son admiration d'une manière si bienveillante et si gracieuse, que je ne peux moi- même, par un sentiment qui se comprend, rappeler ici les paroles dont il se servit; mais ce que je peux faire remarquer, c'est que les succès que j'obtins furent tels, qu'ils aplanirent les immenses difficultés qui existaient alors pour pénétrer en Russie. Ce n'était ordinairement qu'après avoir vaincu des difficultés inouïes qu'on pouvait obtenir un passe- VV IXTKODLCTIO.V. port, et encore arrivait-il souvent qu'une fois à Cronstadt on refusait de vous laisser passer : j'ai connu des voyageurs qui ont fait quatre fois le voyage sans pouvoir réussir à pénétrer. J'écrivis en Russie, comme c'était l'usage à cette époque, pour demander un passe-port ; on m'envoya la permission par le retour du courrier, et à mon arrivée à Cron- stadt les ordres avaient été donnés avec tant de cour- toisie qu'on ne me fit ])as la moindre difficulté; on avait envoyé quelqu'un à bord pour me recevoir, et le chef des bateaux à vapeur de la couronne eut l'excessive politesse de faire le voyage tout exprès, pour m'accompagner jusqu'à Saint-Pétersbourg et me servir d'interprète. Avant d'entrer dans des détails sur mes travaux à Saint-Pétersbourg, je crois devoir expliquer com- ment je fus amenée à l'invention du surfaix-cavalier qui forme la base de ma méthode. J'avais commencé par étudier toutes les inventions de cette nature dans leurs détails les plus minutieux, et je fus convaincue qu'elles émanaient d'hommes de progrès, mais tout à fait incompétents en fait de dressage de chevaux. Pour qu'un cheval soit bien placé, parfaitement droit, la tète doit être perpendiculaire; et pour obte- nir cette position sans fatigue et sans souffrance pour ranimai, il est nécessaire, avant de le placer. iXTRoniCTiov vr» de rassoii|)lir ii Ja joiiclioii do la Iric au ((ui , à droite et à gauche. Cet assouplisseniciil a pour résul- tat de diuiiuuer eousidérableiiuMit les glaudes sali- vaires et de racililer la positiou de la tète. Lorsque les rênes sont fixées séparément l'une de l'autre elles ont pour effet inévitable de développer énormément les glandes salivaires et de rendre la jonction de la tète au cou si roide, que par la suite il devient j)resque inq)ossible de placer le cheval à droite ou à gauche. Cette manière de fixer les rênes est diamétralement opposée à ce qu'on doit l'aire pour arriver au résultat qu'on désire obtenir. Il y a une chose indisj)ensable poui" dresser un cheval, sans laquelle il est impossible de réussir, c'est une grande fixité de main , afin de forcer le cheval à obéir, sans jamais ])eser à la main et tirer sur les rênes. Si les rênes sont en caoutchouc ou en toute autre matière élastique, l'aclion produite est tout à fait opposée à celle qui est nécessaire pour dresser un cheval, car dans ce cas elles cèdent chaque fois que le cheval tire dessus, et il contracte l'habitude, lorsqu'il est monté, de tirer constamment pour tâcher de les arracher de la main du cavalier. Ce fut sur Coquette que j'essayai pour la ])remière lois les effets du surfaix-cavalier, et le succès que j'en obtins me prouva rexcellence de ce nouveau système. Par la suite j'en applicpiai l'aclion aux che- 46 IXTRODLCTIOX. vaux de tous les âges et de toutes les conrorinations, et je découvris son infaillibilité dans toutes ses appli- cations, car il réussit sans une seule exception. Mais lorsque ses effets étaient produits par la main, cela devenait très-fatigant, et encore ils ne pouvaient être obtenus avec une certitude absolue, parce qu'un grand tact était nécessaire. Alors j'inventai le cavalier de fer; j'avais combiné tous ses effets de manière à produire exactement la main du meilleur écuyer, mais avec une grande supériorité résultant de sa fixité et de ses effets directs sur les glandes salivaires dont il diminue considérablement la grosseur. De plus, il rend la bouche parfaite, augmente la vitesse des allures du cheval, et lui donne un gracieux et une élégance, qu'on n'a jamais pu obtenir avec les autres méthodes. Ainsi, selon moi, le surfaix-cavalier a résolu le problème du dressage , car il l'a mis à la portée de tout le monde , avec les immenses avantages de dimi- nuer les dangers pour le cavalier, de dresser le che- val sans lui faire éprouver la plus légère fatigue , et d'augmenter ses moyens d'une manière considérable. Pendant mon séjour à Saint-Pétersbourg un offi- cier des chevaliers-gardes avait un cheval que tous les écuyers avaient abandonné comme ne ])Ouvant être dressé ni monté tant il était rétif et dangereux. Les écuyers du comte C... déclarèrent hautement 1\ IHODICIIOX. i7 (jiic |H'rsoiiii(' lie poiinail roussir parce que le elicial avait uiu' maladie de la colonne vertébrale; il lut offert pour trenlc roubles, mais |)ersonne ne voulut racheter. L'oflicier, pour s'en débarrasser, Faurail volontiers donné pour rien. Il nie fit voir Tanimal , et je lui dis qu'après douze leçons par le surlaix- cavaliei" il en obtiendrait un bon prix. A l'expiration du leuq)s que j'avais fixé le cheval était parfaitement dressé et il n'essayait même plus de se défendre. L'officier le monta lui-même et fut bien étonné du changement qui s'était opéré chez le cheval. Quel- ques jours a])rès il le vendit à un officier trois cent cin(|uante roubles. L'empereur Xicolas donna l'ordre qu'il me fut confié deux de ses chevaux, dont l'un était rétif et l'autre n'avait jamais voulu se laisser monter. J'en- trepris de les dresser, et à la onzième leçon , Son Excellence le comte Apraxime, grand écuyer, vint au manège pour les voir. Je les fis monter par un simple soldat qui leur fit exécuter tout le travail de manège. Le comte admira beaucoup les résultats surprenants que j'avais obtenus, et partit convaincu de l'excellence de ma méthode, dont il fut dès lors un des plus chauds partisans. J'écrivis pour demander à Sa Majesté l'Ejnpereur de m'accorder l'insigne laveur de faire monter mes chevaux à la douzième leçon en son auguste pré- V8 I\TR()I)IGTI()\. seuce. Le Icndeniain je reçus de Son Excellence le comte d'Adleiberji, ministre de la maison de l'Empe- reur, la réponse qui suit : « Je m'empresse de vous informer., madame, que » Sa Majesté l'Empereur désire que vous lui lassiez 5) voir les deux chevaux que vous avez dressés , à ^5 Zarkayé-Sélo, vendredi prochain, 22 courant, à ;; une heure après midi, devant le nouveau palais que 5' Sa Majesté occupe. Veuillez, madame, j)rendre vos 55 arrangements pour le trans})ort des chevaux de 55 Pétersbourg à Zarkayé-Sélo pour le jour et l'heure 55 indiqués. Vous voudrez bien me faire savoir votre 55 arrivée, ou en cas de mon absence en informer Son 55 Excellence le comte Apraxime, le grand écuyer. 55 Agréez, je vous prie, mes salutaticms empressées. 55 Comte d'Adlerberg. - Mai 1853. " L'Empereur, avec la courtoisie exquise qui le caractérisait, arriva à une heure moins cinq mi- nutes. Sa Majesté me fit l'insigne honneur d'une brillante réception , dont je conserverai toujours un noble souvenir. Les princes, la cour et tous les écuyersde l'Empereur y assistaient. Par un sentiment de haute politesse, on m'envoya chercher dans une voiture de la cour. A mon arrivée Leurs Excellences les comtes A|)raxime et d'Adlerberg vinienl nie rece- voir à ma voilure et me présentèrent à Sa Majesté. I\TIUM)l ClIOX. 49 Tons les 0(.'ii\t'is ôlaiciil loiniés sur deux rangs. I,(' prciiiior ccuyer de Sa Alajcslé me pria de clioisir dans le nombre deux cavaliers pour mouler les che- vaux. J'en désignai deux qui les monlèreni au pas, au Irol et au galop. L'Empereur admira beaucoup réléganee de la mise en main de mes chevaux. Je fis en son auguste présence une démonstration de ma méthode. Sa Majesté entra dans de minutieux détails à ce sujet, et je lus à même d'apprécier ses profondes connaissances en chevaux et en équitation. C'était pour la première fois que j'entendais faire une aussi juste appréciation de cette science. A cette réception l'Empereur témoigna le désir de me voir monter à cheval. On m'en amena un que je montai h la première vue, et auquel je fis exécuter tout le travail de haute école en présence de la cour. Lorsque j'eus fini, l'Empereur me témoigna sa satisfaction, et en s'adressant à ses écuyers il leur dit qu'il désirait qu'à l'avenir tous ses chevaux fus- sent dressés d'après ma méthode; puis me faisant remarquer un des deux chevaux, il me dit que c'était l'animal le plus terrible qui existât; que son premier écuyer l'ayant mis à la longe, il s'était jeté dessus, l'avait renversé, et avait failli lui briser la poitrine avec ses pieds de devant. Six semaines plus tard, le farouche animal était 50 LXTRODUCTION. monté par le jeune comte Zouboff, filleul de Tempe- reur Alexandre, et par le baron de Mirback, un des aides de camp de l'Empereur : j'avais monté ce magni- fique cheval moi-même tous les jours. Enfin l'Empereur le monta et en fui si enchanté, qu'il me témoigna sa satisfaction en m' envoyant un magnifique présent. Après le succès que j'obtins sur ces chevaux, l'Empereur me fit prier de me rendre au régiment- modèle d'instruction de cavalerie, pour y expéri- menter ma méthode. Arrivée à cette école-modèle de cavalerie, j'entre- pris de dresser tous les chevaux que l'on considérait comme ne pouvant l'être. Je les soumis à l'action du surfaix- cavalier, et je réussis parfaitement bien avec tous. Parmi eux se trouvait un délicieux cheval arabe nommé Séidy appartenant au général inspecteur de l'école. Cet animal d'une grande beauté était doué d'une remarquable intelligence. Depuis trois ans d'habiles écuyers s'occupaient de le dresser; mais résistant à tous leurs efforts, il était devenu rétif el si méchant pour l'homme, qu'on ne parvenait jamais à lui mettre une selle sans qu'il y eût plusieurs hommes, dont l'un était employé à lui montrer un gros bâton pour le tenir en respect. La première fois que j'eus l'honneur de faire sa connaissance il se jela sur moi. Lorsqu'il était monté. IX'TKODUOTIOX. 51 il l'allîiil tout II' talent et la science de son noble maître pour rester en selle. Je le soumis à l'aclion du sui-faix-cavalier. Lorsque les officiers de l'état- inajor apprirent que ce cheval célèbre était entre mes mains, ils vinrent me féliciter et me dire qu'ils faisaient des vœux pour que je réussisse , mais que pour arriver il me laudrait au moins une année. A la quatrième leçon le cheval donnait son dos pour être sellé de la meilleure grâce du monde, et un seul palefrenier suffisait. Au bout de six semaines il faisait un travail de haute école sans offrir la plus légère résistance. Il était devenu tellement doux qu'après la leçon je me faisais un plaisir de le mettre en liberté dans le manège. Il me suivait et me caressait comme eût fait le chien le plus attaché. J'avais un grand plaisir à lui faire ma visite de temps en temps dans sa stalle. Chaque lois qu'il m'entendait ouvrir la porte, il m'appelait de son hennissement le plus doux , et tout son corps tremblait de plaisir en m'aper- cevant : sentiment bien partagé, car ce cheval fut une de mes plus grandes passions. Ensuite je dressai des chevaux de troupe de trois et quatre ans, eu trente-six leçons; je réussis parfai- tement, et aucun d'eux, malgré sa jeunesse, ne tourna mal. Au contraire, ils devenaient plus vigoureux, mieux portants, et se trouvaient dans les meilleures conditions. 4. 52 IXTHUDUn O.V. Celte école était commandée par le «jénéral Lans- koy, qui depuis quarante-deux ans était à la tête de l'instruction de toute la cavalerie russe; officier d'un mérite incontestable, qui a reçu quatorze décorations pour sa bravoure sur les champs de bataille , d'un noble et loyal caractère, et connu comme le meilleur cavalier de toute Farniée. Tout se passa loyalement et de la manière la plus convenable. A mon arrivée je remis au général l'ordre dont j'étais porteur; il le reçut et s'expliqua avec la fran- chise d'un brave militaire : i<. Je vous préviens , 5> madame, me dit-il, qu'au régiment-modèle les 55 cavaliers ont un double service de cavalerie et d'in- » fanterie; ils sont donc fort occupés et n'ont pas 55 de temps à perdre; si votre méthode n'amène |)as 5» de meilleurs résultats que ceux que nous obtenons 55 avec la nôtre, il faut vous attendre h rencontrer 55 une grande opposition de ma part; depuis \ingl- :5 quatre ans que j'ai fondé cette école, il est venu un 55 très-grand nombre d'innovateurs dont les méthodes 55 ne valaient pas la nôtre. Mais si au contraire vous 55 me prouvez d'une manière incontestalile que votre 55 méthode renferme un progrès en abrégeant le 55 temps et en aplanissant les difficultés, vous pouvez 55 compter de ma part sur un concours loyal. 55 La promesse du général ne se démentit pas un seul instant j)endant tout mon séjour à l'école. Il I\TM()I»I CTIOX. S.i examina loiil minulioiiscMiicnl pondant un mois sans se prononcer, ))nis il lit lui-niômc rapplicafion do ma mélhode sur ses clunanx; lorsqu'il l'ut convaincu par les résullals qu'il ol)tinl de l'amélioration qu'elle renl'ermait, il donna tranchemenl son opinion en sa faveur et lui accorda un ferme appui. Le f|énéral travaillait souvent avec moi, et nous discutions régu- lièrement tous les jours, en ne cédant jamais qu'à l'évidence; lorsqu'il avait reconnu que j'avais raison, il s'avouait vaincu de la meilleure grâce du monde ; et ce qui lui plaisait le pins dans mon caractère, c'était de voir que je ponssais le courage de mes opinions jusqu'à ne pas Ini faire la pins légère con- cession, font en sachant que la réussite de mon affaire dépendait entièrement de lui. Ceci prouve combien il avait de grandeur d'àme. Ma méthode obtint un grand succès, et un grand nombre de généraux commandant les magnifiques régiments de la garde m'envoyèrent des officiers en députation, et vinrent eux-mêmes pour me prier de solliciter, auprès de l'Empereur, un ordre qui m'en- voyât dans leur régiment, pour y faire l'application de ma méthode. Lorsque ma mission fut terminée à l'école-modèle. Sa Majesté l'empereur \icolas passa lui-même la revue de mes jeunes chevaux au manège des écuyers à Saint-Pétersbourg. Son Excellence le général Lanskoy 54 I\TRODl(,TIO\. eut l'extrèine bienveillance de prendre le commande- menl de mes cavaliers. Ce général de division com- manda les exercices avec une habileté et un tact tellement remarquables, que depuis, dans de sem- blables circonstances, je n'ai jamais rencontré quel- qu'un qui pût lui être comparé. Aussi tout alla parfaitement, et j'obtins un éclatant succès. Les che- vaux et les cavaliers avaient un brillant et une élé- gance qui frappèrent l'Empereur à un tel point qu'il le fit remarquer au général ; il exprima hautement son admiration et me remercia dans les termes les plus flatteurs et les plus bienveillants, et me dit à la fin : u Madame, je n'oublierai jamais tout ce que » vous avez fait pour ma cavalerie. » Ces faits eurent lieu en présence du grand-duc héritier, d'un bril- lant état-major, des aides de camp de Sa Majesté et de tous les écuyers de l'armée. L'Empereur, en parlant des résultats que j'avais obtenus, me dit qu'il ne comprenait pas comment j'avais pu y parvenir. Je lui répondis que si j'aidais réussi c'était grâce à la loyauté des cavaliers et à leur bon vouloir. La veille je demandai à mes cavaliers comment ils trouvaient que leurs chevaux allaient. Ils me ré- pondirent qu'ils étaient dressés de manière que s'il y en avait un qui fît une faute, elle ne pourrait pro- venir que de la déloyauté du cavalier, et que de ce 1\TRODUOTIO\ 55 côlô jo pouvais êlrc parniilomonl sure cl complcr sur eux comme sur un seul homme; on effcl, ils linrenl parole. Depuis je fus malhcureusenicnl à même d'apprécier toute Timportance de loyaux cavaliers, car sans une intègre probité de leur part, quelle que soit la puissance de ma méthode, elle ne peut pro- duire tous ses effets. Ce qui fit dire à un général français en parlant de cela : « Quoique l'invention soit •>i très-bonne, il faudrait, madame, pour que le suc- » ces fût toujours certain, inventer un surfaix-cava- « lier qui produisît le même effet sur le mauvais vou- « loir de certains hommes, que celui que vous avez » inventé produit sur les chevaux. 11 Cette réflexion, quoique vraie, n'est juste cepen- dant que jusqu'à un certain point, car dans tous les établissements militaires commandés par un chef, le mauvais vouloir des subordonnés ne provient jamais que de l'incapacité de celui qui commande. Si le chef n'a pas assez d'énergie pour faire exécuter avec res- pect les ordres qu'il est chargé de transmettre, il est certain que chacun exécutera l'ordre avec l'idée de ne faire que ce qu'il croira utile à ses intérêts , idée incompatible avec le progrès, car pour qu'il marche librement, il faut que chacun fasse au besoin dans de certaines limites abnégation de ses idées et de ses intérêts. J'ai été à même de me convaincre dans toutes les écoles de cavalerie où je fus admise, que 56 I\THOI)L!r.T!()\. la conduite du clief exerce une si grande influence sur tout le personnel, que si je peux me permettre une comparaison, je dirai que Técole est comme un miroir dans lequel se reflètent les bonnes ou mau- vaises qualités du chef. La grande énergie et les hautes capacités que j'ai rencontrées chez le général Lansi\oy et chez d'autres chefs de différentes écoles oii je fus appelée pour la mise en application de ma méthode, expliquent le succès que j'y obtins et dé- montrent la vérité de cette assertion. Dans une circonstance semblable, je fus à même d'apprécier les résultats qui furent la suite de l'inca- pacité et de la faiblesse du chef. Il y eut un homme de lucre qui, trouvant une invention bonne, ne crut rien faire de mieux que de la dénigrer par tous les moyens pour s'en emparer plus sûrement; un ambi- tieux convoitant la place d'un autre, qui, inspiré par un mauvais génie, n'imagina rien de plus adroit que de faire de cet homme un instrument qu'il jetât en travers afin qu'une fois brisé la place restât libre; un troisième, qui ayant peur que ses intérêts ne fussent compromis, fit tous ses efforts pour les sauvegarder, quoique ses appréhensions ne fussent pas fondées. Ces trois faibles causes réunies parvinrent à arrêter momentanément l'essor d'une invention, qui avait obtenu, dans tous les pays de l'Europe oii elle avait été produite, les suffrages unanimes de tous les hom- IVTMOIH CTIOX. 57 mes les pins illiislrcs, loiicliaiil nii sominrl dos gian- (loiirs ci los |)lus éniinemniml distinguos par Icnrs profondes connaissances, et eiil élé accueillie avec empressement, car elle était «généralement demandée. En résumé, on peut dire avec justesse, dans celte circonstance, que quelquefois les petites causes pro- duisent de grands effets. Avant déparier de la France, j'éprouve le vif désir de reporter encore une fois mes souvenirs sur la Russie. Si je pouvais emprunter pour un instant la plume habile d'Alexandre Dumas, je raconterais sur cet intéressant pays une foule d'anecdotes très-cu- rieuses et qui pourraient donner à mes lecteurs quel- ques notions sur les moeurs de cette grande et belle nation; mais comme mon faible talent ne pourrait être à la hauteur de ces récits, je me contenterai de raconter simplement quelques faits qui se rattachent particulièrement à l'équitation. En Russie, le bon goût pour le cheval est déve- loppé au suprême degré; on ne l'achète pas préci- sément pour le service qu'il peut rendre, et on ne l'expose pas, en le vendant par un regrettable inté- rêt, à passer de l'équipage du seigneur aux voitures de remise, ensuite aux fiacres, et à finir par le vil emploi de traîner une ignoble charrette, jusqu'à ce qu'une affreuse misère vienne terminer prématuré- ment sa malheureuse existence; j'ai dit plus haut 58 I\TRODUCT!0\. regrettable, parce que le cheval, ainsi que l'homme, ne devrait jamais sortir de sa position que pour s'é- lever et non pour descendre. Dans l'acquisition d'uu cheval, c'est l'idée de luxe qui prédomine. On tienl avant tout au brillant et à l'élégance, et lorsque par l'âge ou la fatigue il a perdu son cachet aristocrati- que, on lui donne les invalides. Lorsqu'on me fit voir pour la première fois une revue dans l'immense manège du régiment d'instruc- tion de cavalerie, j'éprouvai un sentiment de surprise et d'admiration en voyant la bonne tenue des cava- liers et des chevaux, et la précision avec laquelle les cavaliers exécutèrent spontanément et alternati- vement les manœuvres de cavalerie et d'infanterie. Je fus aussi étonnée du soin minutieux avec lequel le général et tout son état-major examinèrent la posi- tion de chaque cavalier et de chaque cheval. On forma les escadrons, l'un après l'autre, en deux colonnes, placées sur deux lignes parallèles, e( on fit exécuter aux cavaliers tous les mouvements in- dividuellement et successivement à toutes les allures. Aussitôt que les chevaux furent en mouvement, je pus juger des hautes capacités du général qui était à la tête de l'instruction. On fit marcher les che- vaux d'abord au pas cadencé; puis, lorsqu'ils furent arrivés au milieu de la distance qu'ils avaient à par- courir, ils allongèrent le pas et conservèrent une si I\TRODLr/riO\ 59 jjraiule rc'gularilé dans colle allme, qu'on eùl pu marquer une mesure à quatre temps en suivant leurs mouvements. Les jambes, le corps et la main de chaque cavalier oiiVaienl une fixité parfaite ; les poi- jinets étaient placés à une distance si égale de la ceinture, qu'en les voyant on eut pu croire que les distances avaient été mesurées. Tous les chevaux étaient parfaitement placés. Ensuite on les fil mar- cher au trot cadencé, puis au trot le plus allongé, sans qu'un seul cheval sortît de la main. A celle grande vitesse, chaque cavalier arrêta individuelle- ment son cheval sur place. On les fit partir indivi- duellement de pied ferme au galop et arrêter court, sans qu'un seul commît une faute. Les foulées du galop étaient d'une régularité si remarquable, qu'à chacune d'elles le cheval prenait une pose académi- que. On fit exécuter des conversions à pivot fixe et à pivot mouvant, sans que, depuis l'aile marchante jusqu'au pivot, il y eût un cheval qui dépassât l'autre. Toutes les têtes formèrent une ligne droite d'une régularité parfaite. Après on les fit ranger de front, charger au galop et arrêter sur place; ils exécutè- rent ces mouvements avec le plus grand ensemble. Ensuite ils reculèrent au pas et au trot d'un bout du manège à l'autre, sans qu'un cavalier touchât son cheval avec les éperons, ce qui est une preuve de la parfaite instruction du cavalier el du cheval. 60 1\TR()1)LCTR)\. Ensiiilp vint le tour tles Cosaques. L'aspeet des cavaliers et des chevaux changea tout à coup, et au lieu de brillants cavaliers et de chevaux nobles et fiers, on vit le rude cavalier des montagnes né guer- rier militaire. C'était pour la première l'ois que j'avais sous les yeux tout ce que l'équitation instinctive peut pro- duire. En voyant ces cavaliers, je reconnus qu'ils possédaient le sentiment du cheval au suprême degré et un tact infini; cependant j'acquis par eux la certi- tude que la pratique seule ne suffit pas pour produire de brillants cavaliers et des chevaux élégants. Le général devinant ma pensée sur ma physiono- mie, me dit en riant : « Je ne veux pas, madame, » que vous restiez sous cette seule impression. î^ Aus- sitôt il commanda l'exercice de la lance. Que dirai- je ici! Les mots me manquent pour peindre l'admi- ration que j'éprouvai alors. Hommes et chevaux acquirent, comme par enchantement, une grâce et une élégance d'une beauté idéale; c'était la réunion de ce que le talent instinctif et la théorie la plus parfaite peuvent produire. Dans cet exercice le cava- lier se grandit, sa physionomie s'anime et son re- gard, dans lequel brille l'intelligence, semble dire : « Après mon cheval, ce que j'aime le plus au « monde c'est ma lance. ^^ La lance entre les mains d'un Cosaque devient une véritahle plume, il la manie IXTKODl C l'I()\. fil avec une (IcvUmUc cl une U'ijcrt'lc (|iic je iTai jiuiiais lonconlréos cUc/. im aiilir |)ou|>lo. (-et excicico com- porte une assez ||rainle vaiicté àe iiioiivemciils ([u'ils cxécultMil loiis avec la iiuhnc ;}ràce. Au iiioiiKMit où le cavalier coininence, le cheval s'anime, comme par iiislincl; il se jjrandit, se ras- semble, |)iiis s'élance comme un trait. On dirait qu'il devine la pensée du cavalier, en voyant l'accord |)ar- l'ait qui existe entre lui cl son maître. Pendant le temps que dura la revue, le jjénéral conmiandanl et les officiers supérieurs d'état-major vinrent courtoisement me demander mon opinion sur la manière dont les manœuvres avaient été exé- cutées, ainsi que sur la jtosition du cheval et du cavalier. Je donnai iranchemenl mon opinion en si- gnalant ce que je trouvais de hien et ce qui était sus- ceptible de recevoir quelques améliorations. A la manière dont ces oiliciers reeurent mes observa- tions, je lus convaincue que j'avais affaire à des hommes dévoués au progrès. Maintenant que j'ai terminé la revue à l'école-mo- dèle, je vais, dans l'espoii- d'être agréable à mes lecteurs, entrej)rendre de leur donner quelques lé- gères notions sur la vie équestre des Cosa(|ues et sur leurs chevaux. La plupart des soldats ap|)arlenant à ces tribus se livrent, dès leur jeune âge, à l'agriculture et au 68 IXTRUDUCTIOX. métier des armes. Ils vont aux champs portant pisto- lets, couteaux et poignards à la ceinture. Ce peuj)le semble avoir été créé pour la guerre. Autrefois c'était un esprit de conquête qui l'y poussait constamment; maintenant poursuivis et traqués, ils sont forcés d'être toujours sur la défensive. Leurs chevaux, tous nés dans les steppes, sont de petite taille, bien construits, et ont les membres soli- dement soudés. La plupart ont l'encolure courte» ou l'encolure de cerf, la tète petite , Fœil vif et à fleur de tête, les naseaux grands et ouverts, la queue et la crinière longues et à tous crins. Ils sont tous en très-bon état; du reste, le Cosaque considère son cheval comme son meilleur ami et son frère d'armes ; il sait l'apprécier autant qu'il le mérite , car sur les champs de bataille, dans maintes occasions, c'est à son noble courage qu'il doit son salut; aussi en a-t-il le plus grand soin et le voit-on souvent au mi- lieu d'une bataille, sous le feu de l'ennemi, prendre le temps de le faire manger. Ces chevaux sont d'une grande sobriété et faciles à nourrir; lorsqu'ils n'ont rien de mieux, ils mangent les racines et les écorces d'arbres, et lorsqu'ils sont réduits à la dernière ex- trémité, ils mangent leurs excréments. Us suppor- tent des fatigues inouïes sans tomber malades. J'ai vu souvent aux manœuvres des officiers qui, sur six de leurs chevaux, en avaient cinq sur la paille par I.MKODLCTIOX. 63 siiile d'iiiio excessive l'atigue; tandis qu'au con- Irairc les chevaux cosaques résistaient à la fatigue (lu service depuis le commencement jusqu'à la lin lies manœuvres. Les j)rivalions qu'ils éprouvent dès leur jeune âge dans les steppes les endurcissent à la misère; il arrive quelquefois que, par snile des mauvais arrangements des bergers, ils restent pen- dant riiiver un mois sans nourriture. C'est alors que leur instinct leur vient en aide. Les étalons partent à la découverte dans diverses directions, et lorsqu'ils ont trouvé un terrain qui leur fait espérer que leurs recherches seront fructueuses , ils poussent un certain cri sauvage auquel le troupeau répond en arrivant au galop. Une fois sur les lieux, il se divise en diffé- rents groupes, composés chacun d'un étalon et d'un certain nombre de juments qui ont l'habitude de le suivre, et chaque groupe travaille séparément. Ce qu'il y a de remarquable chez ces animaux, c'est qu'il s'établit entre plusieurs d'entre eux l'amitié la plus intime. Lorsqu'ils s'aiment ainsi , ils ne se quittent jamais, s'aident mutuellement dans les mo- ments difficiles, partagent leur nourriture, et cette sympathie se manifeste dans leurs moindres actions. Lue de leuis grandes ressources pour vivre, c'est de fouiller la terre avec leurs pieds, ils trouvent alors une quantité de racines qu'ils mangent; lors- qu'ils sont réduits à cette extrémité, ils deviennent fiV l\TI{(H)l CTIOX. Irès-inaijjies : copeudanl ils ne iiieurenl jamais de faim. Il n'y a qu'une ehose contre laquelle ils ne peu- vent résister, ce sont les chasse-neige qui détruisent quelquefois des troupeaux entiers de deux mille che- vaux. Le chasse-neige est un affreux tourhillon de neige qui vous enveloppe en commençant par les pieds et finit par monter par-dessus la tète. Une fois qu'on est pris, il est impossihJe de reconnaître la direction dans laquelle on marche, et on a vu de |)auvres soldats périr à cinq pas de leurs tentes, sans avoir pu retrouver leur chemin. Il saisit d'abord les pieds et les jambes, et les gèle; la victime éprouve des bourdonnements dans les oreilles, son corps s'aflaisse , et au bout de quelques instants elle a cessé de vivre. En pensant aux revues auxquelles j'ai assisté, je n'oublierai jamais l'etfet que produisit sur moi la première que je vis accompagnée d'une cérémonie religieuse. C'était à Krasni-Sélo. J'arrivai, avec une dame de mes amies, au moment oii l'EJmpereur pas- sait dans les rangs accompagné d'un nombreux étal- major. A mon arrivée phisieurs princes, aides de camp de Sa Majesté, par une exquise politesse, se détachèrent de sa suite, vinrent au-devant de moi et me conduisirent vers la lente où se tiouvait l'Impé- ratrice et toute la cour. Lorsque l'Lmpereiir eut fini, il vint se placer près de la tente, et je me trouvai à i\Tiioi)i<;ii()\ or, côlo dv lui, des princes, des comtes dWdIerberjj cl Apraxiiiie et de réfaf-major. Tous ces seigneuis vin- lenl me saluer couiloisemenl. Quelques inslanls après la cérémonie religieuse commença. L'Empe- reur, les officiers et tous les soldais firent à plusieurs reprises le signe; de la croix dans le plus protond si- lence. Le clergé, placé dans le haut de la tribune de l'Impératrice, fit alors entendre des chants religieux qui lurent accompagnés par quatre-vingt mille voix. Le soleil donnait en plein sur les magnifiques uni- formes, et l'attitude immobile des soldats et des cho \aux rendait cette cérémonie grandiose et im|)osanle. Tout à coup les chants cessèrent et un recueillement religieux leur succéda. On fit alors la bénédiction des drapeaux et des armes. Dans ce moment toutes les pensées s'élevèrent vers le ciel, et un rayon céleste sembla se reiléter sur tous les visages : on eût pu croire en les voyant si radieux que l'Esprit divin était descendu un instant parmi eux. Je fus tirée de mon extase par les sons agréables d'une délicieuse musi- que militaire. La cérémonie religieuse se trouvant terminée, le défilé des troupes commença. Les premiers régiments qui délilèrenl avaient cha- cun à leur tête un des jeunes princes de la famille impériale auxquels ils apparlenaienl. Ces enfants, dont le plus âgé avait à peine douze ans, portaient runilormc de leur régiment; les uns à clieval, les 66 IXTRODUCTIOX. autres à pied , supportaient la fatigue de la marche et la chaleur des uniformes par un soleil des plus ardents avec un courage prématuré. C'était vraiment bien intéressant de voir des enfants de six à huit ans réussir par des efforts inouïs à marcher au pas mili- taire avec la même régularité que les vieux soldats. Il semblait qu'ils avaient déjà le sentiment des de- voirs qu'ils étaient appelés à remplir. Mais en arri- vant auprès de l'Empereur qui les embrassa, leur emploi cessa , et nos jeunes guerriers en apercevant leurs mères redevinrent d'aimables, bons et joyeux enfants. La manière dont l'Empereur rendit les en- fants aux grandes-duchesses leurs mères fut d'une gaieté charmante, qui se communiqua à toutes les personnes qui en furent témoins. A l'une il dit : «Soyez heureuse, je vous rends votre moutard. " « Autre moutard , s'écria-t-il en embrassant le se- » coud. " Au troisième : « Recevez votre mioche, " et au quatrième : « Reprenez votre puce travailleuse. » Cette revue présentait une véritable scène de fa- mille. L'Empereur remerciait chaque général qui marchait à la tète de son régiment, en le félicitant avec une extrême bienveillance sur tout ce qu'il avait remarqué de bien, bonne tenue, ensemble, exécu- tion des manœuvres avec précision, etc., et comme signe de satisfaction de l'Empereur, les généraux avaient l'insigne honneur de lui baiser le bras droit, IXTUODICTIOX. 67 ce qu'ils laisaionl avec un si grand bonlïcnir, que j'en vis plusieurs verser des larmes d'attendrissement. Lorsque la revue fut terminée, l'Empereur s'appro- cha de l'Impératrice el lui demanda gracieusement et avec sollicitude comment elle avait trouvé la revue, et si l'excessive chaleur ne l'avait pas incommodée. L'Impératrice lui répondit d'un ton charmant qu'elle était enchantée de la revue, et qu'elle se portait à merveille. « Eh bien, dit alors l'Empereur, que grâces « en soient rendues à Dieu, puisque tout a été pour » le mieux, y Avant d'abtmdonner la cavalerie russe, je vais dire un mot sur une des institutions les plus utiles de l'armée. L'école des enfants de troupe a été instituée avec une sollicitude toute paternelle. Dans toute l'ar- mée russe, on permet aux soldats de se marier, et le gouvernement leui" vient en aide à la naissance de chaque enfant. La mère reçoit une nouvelle ration en plus qu'elle convertit en une nourriture appro- priée aux besoins de l'enfant. Aussitôt que les gar- çons ont atteint l'càge de cinq ou six ans, ils sont admis à l'école. Elle est ordinairement commandée parun vieux général d'un mérite reconnu. Ces jeunes élèves ont une très-bonne nourriture et sont parfai- tement vêtus ; les uniformes sont d'un drap des plus fins; on les habitue dès leur plus tendre enfance à une très-grande propreté el à un très-grand soin de ()8 i\th(M)1(;th)\. leur personne. Un leur apprend à lire, a éeiire el a compter avec une si grande perfection , el ils con- naissent tous leur langue si parfaitement, qu'ils récrivent sans commettre une seule faute. Ils se font en général remarquer par leur bonne tenue et la distinction de leurs manières. On dirige Finstruction d'une très-grande partie vers la science du cheval , afin d'en faire des instructeurs; d'autres font d'ex- cellents musiciens, et la dernière partie est employée au service des écritures du régiment. Ils sont promus au giade de sous-officiers à l'âge de seize ou dix-sej)t ans, et ils peuvent par l'étiule et une bonne conduite s'élever jusqu'au grade de capitaine. Lorsque je fus décidée à quitter la Russie , je reçus une lettre d'adieux de Son Excellence le général Lanskoy, qui fut chargé de l'inspection de mes tra- vaux à l'école modèh;. Pour donner à mes lecteurs une idée de son noble caractère et de ses hautes ca- pacités, je vais eu citer un extrait : «Madame, sachant qne votre intention est de re- w tourner en France, avant de nous séparer j'ai » cru de mon devoir de vous exprimer haulemenl 5> ma gratitude pour le travail que vous avez fait dans 55 le manège du régiment d'instruction modèle de » cavalerie. Chef de cette école que j'ai formée il y ".a de cela vingt-quatre ans, j'.ii toujours éle a la 55 recherche de toute melhode dans l'equil;i(i<»n (|ui i\ Thoiti c. rin\ (i.) • |»' A\anl suivi voIrc mélliodc dans les rc'sullals j)io- » «{ressils do son dôvcloppcMnoul , je ne puis que ;> vous remercier sineèrenicnt pour les peines que " vous vous èles données pour nous faire voir que •' par des procédés simples en apparence on pou- •' \ait obtenir du cheval une bouche parfaite, ainsi •' qu'une justesse d'appui dans la main souvent si ^' difficile à trouver, l'otre travail a eu un grand ' succès. Sa Majesté vous en avait exprimé gracieu- » semenl sa satisfaction. Je \ous le rappelle ici, ma- ;' dame, car je sais combien vous y avez été sensible. " Maintenant que nous nous séparons encore une » fois, je vous prie de recevoir l'expression de ma >■> reconnaissance. J'y joins les sincères regrets sur >' notre séparation, qui, pour moi qui suis vieux, r' peut être éternelle , mais vous emporterez du moins "> avec vous la juste appréciation de votre mérite par !' celui qui a l'honneur d'être, etc. )' Paul Lanskoy. 5' La manière dont le général Lanskoy apprécie ma méthode prouve qu'il est homme de science et de progrès. Il explique les résultats du dressage en deux mots. Pour qu'un cheval ait une bouche parfaite, il faut qu'il soit assoupli et très-bien équilibré. Quant à la justesse d'appui dans la main , c'est la véritable pierre d'achoppement d'une tiès-grande partie des 70 IXTROniCTlOX hommes de l'arl. Ils laissent prendre généralemenl au cheval un trop fort point d'appui sur la main , ou ils ne lui en laissent pas prendre du tout, résultats aussi mauvais que dangereux , car dans l'un et l'autre cas le cheval s'appartient complètement. Le juste point d'appui sur la main est indispensable pour le cheval d'armes , car il prouve la soumission , la con- fiance qu'il a dans son cavalier, et qu'il n'y a pas la moindre contraction dans la mâchoire. Avec ces deux qualités, le cheval sautera toujours franchement, sans danger pour son cavalier et pour lui-même. D'un autre côté, il n'y a rien de plus dangereux qu'un cheval qui saute n'ayant un appui que sur une rêne , car en touchant le sol il est presque certain de tomber. Deux qualités sont indispensables chez un cheval de selle : la première est d'être léger à la main, afin de ne pas fatiguer son cavalier et de ne pas le gêner dans ses mouvements; la seconde, encore plus im- portante, car souvent la vie du soldat en dépend, est d'avoir un juste point d'appui sur la main de son ca- valier. Dans différentes circonstances, aux manœu- vres, dans un combat, par exemple, oii on ne peut choisir le terrain et où les hommes doivent agir quel que soit l'espace, rien de plus utile qu'un cheval qui a un juste point d'appui sur la main du cavalier, lorsqu'il est obligé de surmonter toute espèce d'ob- stacles, de descendre des ravins, de traverser un ixTHODi (vrioy. 71 terrain <|lissant ; cl ici je cilerai un fait qui s'applique à (picl(|ucs nianœuvi'cs de cavalerie l'usse. LV'uq)e- reur \ieoIas avait une si j^raiule confiance dans Tin- slruclion (|ue le j;éiu''ral Lanskoy donnait à la cava- lerie (ju'il commandait, qu'étant un jour au sommet d'une montagne très-escarpée , il donna ordre au gé- néral de lui amener vivement son régiment, et en quelques minutes le général et ses hommes saluèrent l'Empereur au sommet de la montagne. Dans celte manœuvre hardie , les chevaux montèrent et redes- cendirent la montagne sans qu'il y ail eu un seul homme ni un seul cheval blessés. Maintenant je vais dire quelques mots sur le dépôt de cavalerie deAIaidslon en Angleterre. Celle école est située dans une des plus belles vallées du comté de Kent. Le colonel qui la commande est un homme fort distingué, qui me reçut avec toute la courtoisie d'un véritable gentilhomme. Je fus annoncée officielle- ment, et on recommanda que toute l'école eût pour moi les plus grands égards, Mon arrivée dans cette petite ville fit une grande sensation ; toute l'école était sur pied pour m'atlendre, et chacun vint m'offrir galamment ses services. Un capitaine et sa famille me donnèrent l'hospitalité au nom du colonel, qui ne devait arriver que le lendemain, et ses deux charmantes filles eurent l'obligeance de me chercher un logement, de manière que je fus 5* 72 IXTRODLGTIOX. installée comme par eucliantement , sans prendre la moindre peine. Le lendemain de mon arrivée , le colonel mit im- médiatement hommes et chevaux à ma disposition , et je procédai à l'enseignement de ma méthode. Je commençai avec des recrues qui firent des progrès si rapides, que l'ordre fut donné pour que toute l'école suivît mes cours. On m'envoya de divers régiments des sous-officiers qui devaient bientôt être nommés instructeurs, en me priant de m'occuper particu- lièrement de leur instruction. Ils étaient tous déjà d'un certain âge, car en An- gleterre ce n'est pas comme en France , le soldat a Leau se, distinguer, il n'y a pour lui aucun espoir d'avancement. Tous les grades sont vendus , et le seul auquel le mérite puisse aspirer est celui d'officier instructeur; et encore ne se donne-t-il jamais qu'après vingt ou vingt-cinq ans de service, ce qui fait qu'il n'entre en fonctions qu'au moment où il aurait des droits à la retraite. En faisant travailler ces vieux soldats, j'acquis la certitude qu'il n'y avait pas chez eux la moindre rou- tine , car ils réussirent tous avec ma méthode comme s'ils l'eussent pratiquée toute leur vie. Je leur fis d'abord dresser des chevaux d'escadron, et pour arriver promptcment à leur donner un fini dans l'emploi des aides, je leur fis dresser ensuite des IXTRODUCTIOX. 73 chevaux do liaulo école ; quoique ce fût un travail qu'ils n'eussent jamais Aiit ni vu Caire, et que je leur fisse employer des moyens diamétralement op- posés à ceux qu'on leur avait enseignés jusqu'alors , ils y mirent tant de bonne volonté et de loyauté, qu'au bout de vingt-six leçons tous les chevaux de haute école furent dressés. Je dois signaler un fait qui prouve la loyauté des cavaliers auxquels j'avais affaire. Trois mois après, lord Cardigan, général inspecteur de toute la cava- lerie, se rendit à l'école de Maidston ; il demanda à voir les exercices de haute école que j'avais fait exé- cuter aux chevaux et aux cavaliers. Quoique les che- vaux fussent affectés au service d'escadron depuis trois mois, et que depuis cette époque ils n'eussent pas fait un seul exercice de haute école , les cavaliers leur firent exécuter tout le travail de manège, exer- cices de carrousel, quadrilles, valses, charges au galop en arrêtant sur place, reculer de front au pas et au trot , avec une si grande perfection, que le gé- néral témoigna hautement son admiration et remercia les cavaliers dans les termes les plus bienveillants et les plus flatteurs. Pendant tout le temps que dura mon séjour ù l'école de Maidston, ce fut une fèîe continuelle; tout ce que l'Angleterre possède de plus illustre, gentlemen et nobles ladies, assista tous les jours à 74 IXTROnrCTIOX. mes travaux. Le colonel , à cette occasion , ne cessa de donner de splendidcs festins. Lady Panmure , mère du ministre de la guerre, et les filles de lord Harding, maréchal chef de toute la cavalerie, vinrent également me voir. Le nom de lord Harding me rap- pelle que lorsqu'il me fit l'honneur de me recevoir à son château, j'eus l'occasion d'admirer son magni- fique musée, composé en grande partie d'armes et d'armures de toute espèce, et autres objets, parmi lesquels je remarquai des brides , des mors et des étriers garnis d'or , de pierres précieuses d'une grande richesse, trophées remportés sur les Sykhs. Lorsque je fus retenue à Londres par la traduc- tion de ma méthode que je publiai en Angleterre, je dressai quelques chevaux. La presse suivit mes tra- vaux , et pour donner une preuve du vif intérêt qu'elle y prit, je vais ciler ici un extrait d'un article publié dans le Field thc countnj, (jentlemcuis news j)ciper, du sept juin mil huit cent cinquante-six, sur un tra- vail qui a eu lieu publiquement, comme tous mes travaux , à Alaidston. « Madame Isabelle, dont le talent était attesté par 55 le témoignage des principales ])uissances de FEu- 55 ropc , trouva ici les autorités disposées à profiter 5' de sa présence. Elle fut agréée par l'administration » militaire, qui donna ordre de la recevoir avec dis- iMRoniuynov. 7.-) » linclion cl de lui coiilior le drossago dos chevaux » (le la cavalerie de Maidston.,.. Elle éloiina tout le » monde en démontrant que son nouveau système » dressait le cheval et le cavalier tout à la fois.... Ce 5) mode plus rationnel ouvre une nouvelle ère ])0ur » le dressage des chevaux de cavalerie, et aussi, « nous l'espérons , de ceux destinés à tout antre ser- « vice... Les succès de madame Isabelle au dépôt de » cavalerie de Alaidston sont incontestables et défient 5) toute rivalité. \ous avons nous-mêmes constaté la î) puissance extraordinaire de sa méthode dans le » dressage en six leçons d'un cheval appartenant à » lord Grandville. Le fait s'est passé en présence du 31 duc de Wellington, de lordZetland, du général îî Murray et de plusieurs autres grands personnages n qui pourraient en témoigner. Ce qu'il y a eu de » plus extraordinaire dans cette circonstance, c'est î' que madame Isabelle a formé en même temps le V groom dans l'art de l'équitation. Le cheval fut » dressé par le groom sans même que madame 5? Isabelle y touchât. 55 Je vais encore citer, comme preuve à l'appui de l'excellence de ma méthode, un extrait de l'appré- ciation raisonnce de l'honorable général Murray, chevalier de l'ordre du lîain, élève le plus éminem- ment distingué du célèbre Georges Queentovvn , ami de Georges IV, officier qui , |)endant tout le cours de 76 IXTRODIGTIOX. son honorable carrière , n'a cessé de donner à la cavalerie de grandes preuves de ses profondes con- naissances en chevaux et de sa haute science en équitation. Ce général suivit mes travaux à l'école de Maidston et à Londres; il apprécia ma méthode à un si haut degré, qu'il acheta un jeune cheval de quatre ans, qu'il choisit lui-même dans le pré , pour être bien sûr que personne ne l'avait encore monté , et fit faire sur cet animal l'application de ma méthode en sa pré- sence. A la treizième leçon, le cheval était monté par la nièce de lord Zetland, et à la quinzième le cheval était parfaitement dressé et confirmé. Il avait un cheval qui bronchait très-souvent; il le soumit lui- même aux effets du surfaix-cavalier, et on verra, en lisant l'appréciation raisonnée du général, ce que devint son cheval, a Je trouve le surfaix-cavalier une invention exccl- 3) lente : il influe beaucoup sur l'éducation du cheval « sans l'offenser ; il le fait plier à la jonction de la » tête au cou et donne à sa bouche de la fraîcheur; « il efface les épaules , il avance les bras du cheval et » place les pieds de devant convenablement ; il ne » fatigue pas le cheval comme tous les autres dumb- 55 jockeys, et un cheval qui broncherait avec un 55 dum])-jockey ordinaire marcherait sûrement avec 55 le surfaix-cavalier. IXTRODIIOTIOX. 77 5' Je suis bien convaincu que la uiélliode de nia- î) danu) Isabelle a un mérile unique et qu'elle peut 5> j)errecliouner un cbeval dans toutes ses allures et 5' le rendre doux et sage. » La méthode de madame Isabelle est douce et « ferme; elle donne au cheval la mémoire et l'esprit » en fixant son attention aux leçons et en lui faisant » comprendre que la désobéissance est punie, et que » l'obéissance et la bonne volonté seront récom- » pensées. 55 Un cheval dressé de cette manière est bien ras- » semblé, ne pèse pas sur la main du cavalier et ne 5) craint pas le mors de bride ; il peut se servir libre- » ment de ses jambes et a des dispositions à se laisser !' mener facilement, parce qu'il comprend les aides » et a du plaisir à obéir à son cavalier, soit pour la » parade , soit pour la guerre. » Mes lecteurs peuvent remarquer dans l'apprécia- tion raisonnée de ma méthode , faite par des hommes de l'art appartenant à toutes les nations , une par- faite unité dans la manière de voir, ce qui est , selon moi , pour tous les hommes qui ont quelques notions du cheval et de l'équitation , une preuve incontes- table de la supériorité et de l'infaillibilité de ma méthode. C'est pourquoi elle a obtenu les suffrages de tous les hommes de haute intelligence et de grande capa- 78 IXTRODICTIOX'. cité qui ont été à même de l'apprécier, car elle a eu pour elle : L'empereur Napoléon III; L'empereur Nicolas ; La reine d'Angleterre ; Les comtes Apraxime et Adlerberg; Le général Lanskoy; Le maréchal Vaillant ; Le général Fleury ; Les colonels de Montfort et Legrand. Le duc de Wellington ; Le général Murray ; Lord Zetland. J'espère donc, en livrant ma méthode à la publi- cité, que la lumière se fera, et que l'opposition sera jugée une bonne fois à sa juste valeur, car j'ai la certitude que tant qu'il y aura sur terre un homme de mérite et de bonne foi, la méthode du surfaix- cavalier réussira. J'ai cru devoir répondre à deux calomnies qui me sont personnelles et qui ont été livrées à la publicité : je dirai d'abord qu'il est faux que j'aie jamais appartenu, ni moi ni les miens, à aucun ixTRonir.Tiox. 79 c'ii(|iio, (Hi()i(jiK' je Iroiivf (|ii\)ii |)cuil ci\v lorl hono- rable' dans loulcs les |)osili()iis ; cl {Misiiilc, je citerai un cxlrail irime lellre adressée au général de Kociie- fort , coiuniandanl vn elielde Féeole de cavalei'ie de Sauniur, |)ar sa S(Lnii', madame la couilesse Olya de Rociieloi-t : «Bon et clier frère, par un liasard des plus 5 agréables, j'ai rencontré ici une aimable et char- 5 mante compatriote de France, madame Isabelle, ' célèbre cavalière, qui jusqu'ici s'est distinguée en 5 Autriche par ses connaissances profondes en équi- ' tation, par sa manière admirable de monter à che- 5 val et par sa méthode de dressage toute particulière ; 5 je puis ajouter à cela , par son esprit éminemment ' distingué , son caractère aimable et une éducation ' charmante. En ce moment , nous sommes réunies •> pour passer quelques semaines ensemble, et je dois 5 à cette aimable personne mes meilleurs instants — 5 L'Empereur Fa reçue admirablement et lui a confié ' deux de ses chevaux les plus aimés, chevaux ) bruts de tout dressage, monstres de beauté et de 'taille, tout à fait féroces. Au bout de deux mois, 3) elle les a rendus doux comme de dociles enfants; 1 elle les monte en maître Entre autres, j'espère bien que vous serez assez bon de parler à l'Empe- reur et à l'Impératrice afin que Leurs Majestés aient envie d'avoir en France celte charmante 80 IXTRODLCTIOX. » écuyère comme dame écuyère auprès de l'Impéra- » trice. Lorsqu'elle reviendra en France, peul-èlre 5) reviendrons-nous ensemble. 5) Comtesse Olga de Rochefort. ' D Pctcrsboiirg , le 5 août 1853. d Je n'ai jamais voulu profiler de la IcKre de recom- mandation de madame la comtesse Olga de Roche- fort, toute bienveillante qu'elle soit, parce que, dans toutes les circonstances, je n'ai jamais voulu rien devoir à la faveur. Après avoir lait impriincr et tirer cet ouvrage à un très-grand nombre trexcniplaires, je nie suis décidée, avant de le faire paraître, à supprimer tout ce qui était relatif à la France. Je ])rie mes lecteurs de vouloir bien m'excuser si cette suppression a occasionné une lacune dans l'introduction. Pour l'éviter, j'avais d'abord l'intention de faire réimpri- mer l'ouvrage ; mais comme il est attendu depuis longtemps, j'ai mieux aimé le faire paraître ainsi, espérant que le public voudra bien m'accorder son indulgence. En rendant compte de mes travaux en France, j'ai été forcée, dans l'intérêt de la vérité , de signaler l'opposition systématique de quelques hommes ; mais j'ai renoncé à livrer ces détails à la publicité, en pensant qu'une polémique dans son pays ressemble à une querelle de famille , et que dans ce cas il est plus digne et plus honorable de supporter les injus- tices que de se plaindre. Je ne le ferai qu'à mon grand regret, si on me met dans la nécessité de me défendre. Du reste, personne ne peut contester les brillants résultais que j'ai obtenus en France avec ma mélliode. Depuis quelque lenq)s l'attention des sportsmen se trouve fixée par la découverte merveilleuse d'un pro- cédé au moyen duquel on dompte en quelques mi- nutes le cheval le plus rclif et le plus farouche. Si ce moyen peut être employé par tout le monde avec le même succès, et si l'effet qu'il produit exerce une influence sur le moral du cheval pendant toute son existence (quoique les chevaux de cette nature ne soient que de rares exceptions, et qu'en les dres- sant dès leur jeune âge on évite la rétivité) , je trouve cependant que cette découverte est digne d'une haute attention. Elle viendrait en aide au dressage en abré- geant sa durée, et par ce moyen on arriverait à en dresser un nombre beaucoup plus considérable. Quel est l'amateur de chevaux qui reculerait, après avoir fait la dépense onéreuse d'un cheval , devant un léger sacrifice pour le faire dresser? Car le cheval qui n'est pas dressé, au lieu d'être un objet de luxe pour son maître, devient ridicule et de peu d'utilité. Je fais donc les vœux les plus sincères , dans l'in- térêt du progrès, pour que ce procédé ne soit pas une chimère, qu'il reiiferme les avantages que je viens de signaler, et qu'il ne soit bientôt plus un mystère pour personne. METHODE DRESSER DES CHEVAUX DE SELLE MONTÉS OU NON EN DOUZE LEÇONS. EXPLICATION KELATIVE AIJ TABLEAL'. En enrêuaut le cheval au surfaix-cavalier pendant une heure tous les jours, de la manière indiquée au tableau, à la douzième leçon il sera parfaitement équilibré et aura la bouche très-bonne ; mais il faut que le cheval soit dans de bonnes conditions pour obtenir ces résultats. Ce dressage ne demande aucun travail; il suffit d'attacher le cheval entre les piliers de sa stalle, et d'avoir soin de chan- ger les rênes de trous, en suivant les indications du tableau. Ce moyen de dressage à l'écurie est de la plus grande utilité pour tout le monde, et particuhèrement pour les pro- priétaires qui n'ont pas d'écuyers à leur disposition et pour les éleveurs. Dans le cas oii le cheval aurait la bouche mauvaise, il suffirait pour réussir de continuer le travail un peu plus long- temps, en ayant soin, s'il a une des barres plus dure que l'autre, ou si les glandes salivaires sont plus développées d'un côté que de l'autre, d'cnrèner le cheval six jours de suite sur le pli du côté qui offre une résistance, en suivant la progression qui est indiquée au tableau pour les rênes inégales. Si le cheval a la tète mal attachée, au bout de six leçons, il faudra l'emboucher avec un bridon ayant deux brisures et quatre anneaux. On fixera les rênes aux derniers anneaux du surfaix-cavalier, de manière à relever l'encolure du cheval, jusqu'à ce qu'elle soit renversée un peu en arrière. On exé- cutera ce travail pendant six leçons, ensuite on embouchera le cheval avec mors et filet, et on continuera de l'enrêner en suivant les indications du tableau. 11 est indispensable d'emboucher le cheval avec le mors de dressage appelé mors du surfaix-cavalier. Dans les cinquième, sixième, scplième , huitième, neuvième, dixième, onzième et douzième leçons, il faut avoir soin d'cnrèner le cheval alternativement sur le pli à droite et à gauche. Pour le pli ù gauche , employer les moyens inverses. -.ir — ^iT;^)i-,ujii r ! '>'^-'*^t-'i>»'S,'>^;^--^Ksg.Ji>fca.^.U::;,;...„, .>AiiA£Jrf,AJt^.t< Cravache de dressage DRESSAGE DES CHEVAUX DE SELLE A L'ÉCURIE EN DOUZE LEÇONS. Manière d'enrêner le Cheval au surfaix-cavalier Coté Gauclic. LKÇOXS. Riue de l>ri(k', R. PrciiiiiM-c. ... 1 ne Je filfl 1 Doiixii'iiic. . ■Ib 4 8 ( ^ 7 Troi.sièmc. . . . 8 U ( 9 10 (10 11 Qualrièmo . . . u 12 (12 13 ( ^ 9 CiiKinièmc . . .11 12 (12 13 ( '^ 10 Sixième. . . • •^2 13 (13 14 (10 11 Scplièinc. . . .13 14 (15 16 (Il 12 Huitième. . . .<15 16 (l8 19 12 13 Xcuvièmc. . . . 15 16 20 21 (13 14 Dixième . . . .17 18 (21 22 (U 15 Onzième . . . .[l8 19 (22 23 D0U2 Coté LKCOXS. R.'mc i Première. . . 1 1 Deuxième . \ ' 4 1 •> 8 ( 6 7 Troisième . • ^ 9 1 0 10 (10 .11 11 Quatrième . 12 jl2 13 (14 15 Cinquième . .{U 12 12 13 (15 16 Sixième . . .12 13 (13 14 (16 17 Septième. . .13 14 (15 16 (17 18 Huitième. . .15 16 (18 19 (18 19 Xeuvièmc . .{15 16 (20 21 (19 20 Dixième . . .17 18 (21 22 (20 21 Onzième. . .{18 19 (22 23 Douzième A'. B. 11 est iiulispcnsahlc de lire hi préface et l'introduction avant d'entrer dans les détails qui vont suivre. INSTRUCTIONS PRELIMINAIRES. Pour suivre une progression aussi rapide, il est indispensable que le cheval ait au moins cinq ans. Avant de dresser le cheval , on doit le monter en bridon et en couverture deux heures par jour pen- dant quinze jours. On le promènera dans les rues et sur les grandes routes, et on aura soin de le caresser chaque fois que quelque chose paraîtra l'inquiéter. Si c'est un cheval d'une nature craintive , on le tiendra à la main à côté d'un vieux cheval bien doux. Si le cheval est monté pendant tout le cours du dressage , on doit pendant les six premières leçons le monter seulement un quart d'heure avant la fin de chaque leçon , et aux six dernières une demi-heure. Le cavalier aura soin d'exiger très -peu de chose à 118 IXSTRUCTIOXS PRELIMIXAIRES. la fois, et de cesser immédiatement chaque fois qu'on aura obtenu un bon travail. Si au contraire le cheval a été dressé sans être monté, le cavalier lui fera répéter tout le travail du dressage par le surfaix-cavalier, en suivant la môme progression, mais en ayant soin d'exiger beaucoup moins à la fois. Comme le dressage surexcite toujours un peu le cheval , lorsqu'il est dressé , il est préférable , avant de rien lui demander, de le promener au pas trois heures par jour en bridon et en couverture , afin de lui donner le temps de se calmer. Si le cheval n'a que quatre ans et qu'il n'ait pas encore été monté, on lui donnera six leçons par le surfaix cavalier, avant de le monter en bridon et en couverture. A la première leçon, on lui mettra la selle, le surfaix-cavalier et la bride (voir Leçon N° 1 , p. 185) , et on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux premiers trous. On fera marcher le cheval au pas d'équilibre dé- composé en avant et en arrière pendant une demi- heure, et ensuite au pas sur une ligne droite pendant vingt minutes. A la seconde leçon , on fixera les quatre rênes aux troisièmes trous, et on répétera le travail de la pre- mière leçon. IXSTIIK'.TIOXS PRKI.IMIXAIRKS. 119 ;\ la Iroisièmo loron, on fixera les quatre rênes aux eiiiquièmes Irons; on fera marcher le cheval au pas d'équilibre décomposé en avant et en arrière, puis au trot sur une ligne droite (voir Leçon N' 20, p. 230). Cette leçon doit durer une heure. Aux quatrième, cinquième et sixième leçons, on répétera le travail de la leçon précédente, en rac- courcissant à chaque leçon les quatre rênes de deux trous. Chacune de ces leçons ne doit pas durer plus d'une heure. Pendant le couis de ce travail préparatoire, on montera le cheval à la fin de chaque leçon (voir Leçon N" 2G , p. 247) ; ensuite on le promènera en bridon et en couverture à la main, à côté d'un vieux cheval, une heure le matin et une heure le soir; si au bout de huit jours le cheval est confiant, on le montera; si au contraire il est craintif, on conti- nuera de le promener en main à côté d'un vieux cheval jusqu'à ce qu'il n'ait plus peur. Les six premières leçons doivent être répétées chacune et successivement pendant trois jours de suite. Les six dernières leçons doivent être répétées cha- cune et successivement pendant deux jours de suite; ce qui fait en tout trente leçons. Comme les forces d'un cheval ne sont pas entiè- rement développées à (piaire ans, il faut, pour le 120 IXSTRICTIOXS PRKLniIXAIRES. dresser sans le fatiguer, que la progression soit beau- coup plus lente que pour les chevaux plus âgés. Pendant la première moitié du dressage , le cheval sera monté au pas et au trot pendant un quart d'heure seulement avant la fin de la leçon. Pendant l'autre moitié, on le montera à toutes les allures pendant une demi-heure, et le cavalier aura bien soin , dans les divers mouvements qu'il lui fera exécuter, de ne jamais exiger de lui que ce qu'il peut faire très - facilement ; s'il rencontre quelques mouvements dont l'exécution soit difficile, il doit les lui faire répéter au surfaix-cavalier jusqu'à ce qu'ils lui soient devenus très-faciles, avant de les lui de- mander étant monté. DRESSAGE DES CHEVAUX DE SELLE. PREMIERE LEÇON. S'il n'y a pas possibilité d'avoir un manège pour dresser le cheval, une cour, un coin de jardin, ou même une grande route suffiront au besoin. Le cheval doit être sellé, bridé et embouché avec mors et filet pendant toute la durée du dressage (voir Leçon N" 1, p. 185). On conduira le cheval au manège (voir Leçon n° 3, p. 196) ; on l'enrênera au surfaix-cavalier ; on fixera les quatre rênes aux pre- miers trous, et on le fera marcher sur une ligne droite, au pas d'équilibre décomposé, en avant et en arrière, pendant une demi-heure (voir Leçon K° 4, p. 197). Il faudra initier le cheval aux aides de la cravache (voir Leçon N*' 5, p. 202). On le fera marcher au pas pendant un quart d'heure en tenant la longe flottante; on lui fera faire la pi- rouette sur les épaules (voir Leçon N" 14, p. 219), et on le fera marcher au j)as , en tenant la longe 122 DRESSAGE DES CHEVAUX DE SELLE. flottante, pendant un quart d'heure avant la fin de la leçon. Pendant tout le cours du dressage par le surfaix- cavalier, il faut apporter la plus grande attention à empêcher le cheval de presser la vitesse de son allure ou de la ralentir de sa propre volonté. Dans l'un et l'autre cas, on doit le corriger vivement en donnant une petite saccade avec la rené du filet; s'il s'arrèle, on doit la donner en avant, et s'il va trop vile, on doit la donner en arrière, en donnant en même temps vivement un petit coup de cravache à l'épaule. Si pendant le cours du dressage par le surfaix- cavalier, on permettait au cheval d'agir en quoi que ce soit de sa propre volonté , il ne manquerait pas de se défendre étant monté. Si au contraire , on exige de lui une obéissance passive pendant tout le cours du dressage par le surfaix-cavalier, il sera tout dis- posé à obéir étant monté. La leçon , pendant tout le cours du dressage , devra être d'une heure et demie. Le travail de la pirouette sur les épaules ayant pour résultat de mobiliser l'arrière -main, on doit avoir soin de toujours commencer par cette pirouette avant le travail de deux pistes. Si au bout de deux leçons les hanches ont une assez grande mobilité pour le travail de deux pistes, on cessera la leçon de pirouette sur les épaules. Si au contraire, soit DRESSAGE DES CIIEVAIX DE SELLE. 123 par la roidoiir ou par des conlraclions, le clioval los ran<];c diflicilciiionl , il faudra conliuucr la Icron jus- qu'à ce qu'on ail obtenu qu'il n'y ait plus la nioindro résis lance. Avec tous les chevaux, celte pirouette est très-utile pour mobiliser l'arrière-niain ; mais avec les jeunes chevaux et les poulains, on doit avoir bien soin de ne pas en abuser, car elle aurait pour résullal cer- tain de mctire le cheval sous lui devant, ce qui nuirait beaucouj) à son élégance et encore plus à sa conservation. Toutes les leçons par le surfaix -cavalier seront d'une heure et demie chacune, y compris le temps que le cheval sera monté. On doit avoir soin , pendant tout le cours du dres- sage , de caresser le cheval chaque fois qu'il aura bien faiL Pendant toute la durée de ce dressage en douze leçons, il faudra enrêner le cheval tous les jours au surfaix-cavalier pendant vingt minutes dans sa stalle, et lui faire lever les jambes (voir Leçon N''2 , p. 194). 124 DRESSAGK DES CHEVAUX DE SELLE. DEUXIEME LEÇON. On enrênera le cheval au siiifaix-eavalier; on fixera les rênes de bride aux deuxièmes trous, et les rênes du filet aux quatrièmes. On fera marcher le cheval sur une ligne droite, au pas d'équilibre dé- composé, en avant et en arrière, pendant une demi- heure; on lui donnera la leçon de drapeau (voir Leçon X° 1), p. 210) ; on lui fera exécuter la pirouette sur les épaules; on lui fera faire le travail de deux pistes (voir Leçon X" 16, p. 222). Un quart d'heure avant la fin de la leçon , on fixera les quatre rênes aux sixièmes trous, et on fera marcher le cheval au pas et au trot alternativement, jusqu'à la fin de la leçon (voir Leçon X" 20, p. 230). DKKSSAGK DKS CIIKA Al \ l)K SKI.LK. 12.") TROISIKME LKÇON. On cnrènera Je cheval au surfaix-cavalier; ou fixera les quatre rênes aux septièmes trous; on répé- tera la leçon de drapeau, et on lui donnera la leçon de tambour et de pistolet (voir Leçon K" 10, p. 211 ) ; on fera marcher le cheval sur une ligne droite, au pas d'équilibre, en avant et en arrière, pendant vingt minutes. On fixera les quatre rênes aux dixièmes trous; on fera marcher le cheval au pas et au trot, très-lentement, en marquant de nombreux temps d'arrêt j)ar l'effet de la rêne du filet ; on lui fera faire le travail de deux pistes pendant un quart d'heure (voir Leçon \" 17, p. 224). Pour que le cheval puisse se rassembler et s'équi- librer promplemcnt, on doit avoir soin de diminuer graduellement la vitesse du trot et d'augmenter pro- gressivement l'action, jusqu'à ce qu'on ait obtenu de très-beaux mouvements. Si le travail du pas d'équilibre décomposé en avant et en arrière a été bien exécuté, trois leçons suffiront. 126 DRESSAGE DES CHEVAUX DE SELLE. QUATRIEAIE LEÇON. On enrênera le cheval au surfaix-cavalier; on fixera les quatre rênes aux huitièmes trous ; on répétera la leçon de drapeau et la leçon de tambour; on lui donnera la leçon de musique (voir Leçon N" 11, p. 213). Il faudra initier le cheval aux aides de la chambrière (voir Leçon N" 6, p. 204). On fera mar- cher le cheval au pas et au trot alternativement, en le faisant partir chaque fois par un petit coup donné avec la mèche de la chambrière ; on le fera reculer pendant un quart d'heure (voir Leçon K" 22, p. 235 ) ; on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux cin- quièmes trous , et la rêne droite de bride et de filet aux dixièmes; on fera marcher le cheval à main gauche, au pas et au trot, pendant un quart d'heure (voir Leçon N° 20, p. 230); on répétera ce travail à main droite, en employant les moyens inverses. En- suite on fixera les quatre rênes aux neuvièmes trous. On lui fera faire le travail de deux pistes pendant un quart d'heure (voir Leçon N" 18, p. 22G). i)Hi;ss.\Gi'; i)i:s ciinvAix de sellk. 127 CINQUIEME LEÇON. On cnrèncra le cheval au surfoix-caialier; on fixera les quatre rênes aux douzièmes trous; on lui fera faire la pirouette sur les hanches (voir Leçon N" 15, p. 220); on lui donnera les leçons de tam- bour, de pistolet et de musique et la leçon de sabre (voir Leçon .V 12, p. 215). Il faudra initier le cheval à l'éperon (voir Leçon N" 7, p. 206) ; on le fera re- culer pendant un quart d'heure; on lui fera faire demi-tour à droite, demi-tour à gauche, pendant un quart d'heure (voir Leçon N° 13, p. 217); on lui fera faire le travail de deux pistes pcndûnt un quart d'heure (voir Leçon K" 18, p. 226); on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux onzièmes trous , et la rêne droite de bride et de filet aux sixièmes ; on le fera marcher au pas et au trot pendant un quart d'heure. Le cavalier tiendra de la main gauche la longe flottante et de la droite la rêne du filet. Il se placera près de l'épaule gauche du cheval, le diri- gera en cercle à gauche , et lui fera décrire plusieurs cercles successifs à cette main. Aussitôt que le cheval se portera bien franche- 128 DRESSAGi: i)MS CHKVALX DE SKLÏ.K. ment en avant, le cavalier s'éloignera de lui, [)as à pas, en allongeant la longe à mesure qu'il s'éloignera et en la tenant flottante. Lorsque le cheval aura fait un tour au pas, le cavalier l'appellera doucement à lui , en avançant un peu et en raccourcissant gra- duellement la longe , et lorsqu'il sera tout près il le caressera. Ensuite il prendra la rêne gauche du filet dans la main droite , à vingt-cinq centimètres de la houche du cheval j il se placera près de l'épaule gauche , il le dirigera de nouveau en cercle au pas , puis au bout d'un instant il fera un appel de langue; il prendra le pas gymnastique et fera partir le cheval au trot. Lorsqu'il trottera franchement, il s'en éloi- gnera de nouveau, pas à pas, en allongeant la longe à mesure qu'il s'éloignera et en la tenant flottante. On répétera le même travail à main droite en em- ployant les moyens inverses. Un quart d'heure avant la fin de la leçon, on fixera les quatre rênes aux douzièmes trous. Le cavalier se placera près de l'épaule du cheval, tiendra de la main gauche la longe flottante, et le fera marcher au pas sur une ligne droite jusqu'à la fin de la leçon. Si le cheval cherchait à s'arrêter, il faudrait s'en rapprocher immédiatement, et le porter en avant par un petit effet de la rêne du filet et un petit coup de cravache à l'épaule, DIlIiSSAGK DKS CHiaAlX 1)K SELLE. 129 SIXIEME LEÇO\ Ou enrènora le cheval au surfaix- cavalier; ou fixera les quatre rêues aux douzièmes trous; on lui fera faire la pirouette sur les hanches; on lui don- nera les leçons de tambour, pistolet, musique et sabre ; on le fera reculer pendant un quart d'heure , on le rassemblera pendant dix minutes (voir Leçon N" 24, p. 240) ; on lui donnera la leçon d'éperon pour l'initier aux effets diagonaux (voir Leçon N" 8, p. 208) ; on répétera la leçon de chambrière; on lui fera faire des demi-tours à gauche et des demi-tours à droite, et le travail de deux pistes (voir Leçon NM8,p. 226). On lui donnera la leçon pour lui faire connaître l'effet des rênes pour le départ au galop (voir Leçon X° 23, p. 238). Il faudra fixer la rêne droite de bride et de filet aux huitièmes trous, et la rêne gauche de bride et de filet aux treizièmes; on le fera marcher au pas et au trot pendant un quart d'heure. On répétera tout le travail en cercle de la leçon pré- cédente. Un quart d'heure avant la fin de la leçon, on i;30 DHIiSSACili DES GHEVALX DL SELLE. lixeia les quatre rênes aux treizièmes trous; le cava- lier se ])lacera à Tépaule gauche du cheval , tiendra de la main gauche la longe flottante, et fera mar- cher le cheval au pas sur une ligne droite jusqu'à la lin de la leçon. "'Z^^"^^^^^^^^^^^^^^ ?>"»î::F^=--FV«>.. DHixsAci; i)i;s (;iii;\ \i \ dk skllk. i;5i SEPTIEME LK(;0\. On enrênera le cheval au surfaix-cavalier; on fixera les quaire rênes aux quinzièmes trous; on le grandira (voir Leçon X" 21, p. 233 1 ; on répétera fous les exercices de la leçon précédente , en tenant les rênes plus courtes de deux points à chaque chan- gement. Dans le travail en cercle, lorsqu'on aura obtenu du cheval un petit trot, lent et cadencé, le cavalier donnera un appel de langue, le touchera légèrement derrière le mollet avec la mèche de la chambrière et le fera partir au galop. Si le cheval ne part pas in- stantanément au galop, on continuera d'employer ce moyen jusqu'à ce qu'il parte franchement sur l'effet de la langue et de la chambrière. Aussitôt qu'on aura obtenu ce résultat, il faudra arrêter le cheval et bien le caresser. Ensuite on le fera partir au galop en cercle à droite en employant les moyens inverses. Si le cheval partait brusquement en faisant des sauts et des bonds, il faudrait s'en rapprocher immé- diatement et le conduire au pas par l'elfct de la rêne du filet, jusqu'à ce qu'il soit redevenu calme. 132 DRESSAGE DES CHEVAUX DE SELLE. Un quart d'heure avant la fin de la leçon, on fixera les quatre renés aux quinzièmes trous, et on promènera le cheval au pas , comme il a été indiqué dans la leçon précédente. DHKSSACK DKS CHKV.Al \ DH SKI.I.K. 133 HUITIEME LEÇON. On enrènera le cheval au surfaix -cavalier; ou fixera les quatre rênes aux seizièmes trous; on liji fera faire la pirouette sur les hanches; on lui don- nera les leçons de tambour, pistolet, musique et sabre; on le grandira; on le fera reculer pendant un quart d'heure. 11 faudra le rassembler pendant dix minutes; on le fera marcher au pas et au trot, en marquant de nombreux temps d'arrêt; on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux onzièmes trous , et la rêne droite de bride et de filet aux seizièmes. Le cheval étant ainsi enrênc , le cavalier se placera à l'épaule gauche, il tiendra de la main gauche la longe flottante, et de la droite la rêne du filet. Il fera marcher le cheval en cercle à gauche , en donnant de temps en temps un appel de langue et en faisant sentir un petit effet de la rêne gauche du filet, de manière à le porter en avant. Lorsque le cheval mar- chera franchement en cercle au pas, on le mettra eu cercle au trot. On répétera ce travail en cercle à droite en employant les moyens inverses. Cette manière d'enrêner le cheval sur la rêne du 134 URKSSAGE DIOS CHK\ AUX I)K SKLLK. dehors a pour résultat, en lui faisant sentir l'appui de cette rêne , de le préparer à tourner sur ses effets lorsqu'il est monté. On fera faire au cheval le travail de deux pistes (voir Leçon N" 18, p. 226). Ensuite le cheval étant enrêné sur le pli à gauche, on le fera marcher au pas et au trot sur la piste à main droite. Au hout de quelques instants on répé- tera ce travail sur la piste à main gauche, en em- ployant les moyens inverses. On fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux dix-huitièmes trous , et on lui donnera la leçon pour lui faire connaître l'effet des rênes pour le départ au galop, étant monté (voir Leçon N° 23, p. 238). On fera marcher le cheval en cercle au pas , au trot et au galop de la manière décrite dans la leçon précé- dente. Un quart d'heure avant la fin de la leçon, on pro- mènera le cheval au pas, comme il a été indiqué dans les leçons précédentes. DHKSSACK I)i;S CHFA Al \ I)K SKM.K. 135 NEUVIEME LEÇON. On enrcncra le cheval au surfaix-cavalier; on fixera les quatre rênes aux quinzièmes trous; on lui fera faire la pirouette sur les hanches; on lui don- nera les leçons de tambour, pistolet et sabre; on rassemblera le cheval pendant un quart d'heure; on le grandira pendant dix minutes; on le placera bien droit ; on le fera reculer en le grandissant sur l'effet simultané des rênes de filet; on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux douzièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux dix-huitièmes; on fera marcher le cheval de deux pistes (voir Leçon N° 19, p. 228); on le fera marcher en cercle au pas et au trot sur le |)li de la rêne du dehors, comme il a été décrit dans la leçon précédente ; ensuite on fera marcher le cheval en cercle, en l'enrênant sur le pli du dedans, au pas, au trot et au galop de la manière indiquée dans les leçons précédentes; on fixera les quatre rênes aux premiers trous et on lui donnera la leçon pour saulcr (voir Leçon N" 25, p. 243). 130 DRESSAGE DES CHKVALX DE SELLE. DIXIEME LEÇON. On enrênera le cheval au surfaix -cavalier; on répétera tout le travail de la leçon précédente, en fixant pour la première partie les quatre rênes aux vingtièmes trous. Pour la seconde, on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux quatorzièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux vingtièmes. Dans la troisième partie, pour faire sauter le che- val, on fixera les quatre rênes aux sixièmes trous. DUKSSAGK DKS CHi;\ U \ l)K SKMJ;, 137 ONZIEME LEÇON. On enrèncra le cheval au surfaix- cavalier. On répétera tout le travail de la neuvième leçon, en fixant pour la première partie les quatre rênes aux vingt-deuxièmes trous. Pour la seconde, on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux seizièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux vingt-deuxièmes. Dans la troisième partie, pour faire sauter le che- val, on fixera les quatre rênes aux dixièmes trous, 138 DRKSSAGK DKS (JillV AIX DE SIH.LE. DOUZIEME LEÇON. On enrênera le cheval au surfaix -cavalier ; on répétera tout le travail de la neuvième leçon. Si le cheval est grand, on fixera les rênes dans les changements d'exercice à la même longueur qu'à la onzième leçon. Si le cheval est d'une taille ordinaire, on raccour- cira les rênes d'un trou à chaque changement. Et pour la leçon de sauter, on fixera les quatre rênes aux douzièmes trous. Si le cheval est petit , on raccourcira les rênes de deux trous à chaque changement. Et pour la leçon de sauter, on fixera les quatre rênes aux quinzièmes trous. DRESSAGE DES CHEVAUX D'ATTELAGE EN SIX LEÇONS PAR LE SURFAIX-CAVALIER. DRKSSAGE DES CHEVArX D'ATTELAGE A I/ÉCï RIE EN SIX LEÇONS. Manière d'enrêner le Cheval au surfaix-cavalier. côté Gauche. Première. Rêne de bride. Rêne de filel. 4 8 Vi Seconde . . ■\l 6 9 Troisième . ••{« 8 13 Qiialriènic . ■F (15 15 16 18 /18 Cinquième . . . 1 18 9-> 20 Sixième 1 19 23 Côté Droit. LECO.VS. Rêne de bride. R t-ne de filet. Première. . \l 4 8 Seconde . . . [l 6 9 Troisième . . 8 10 8 13 1^- 15 Quatrième . . V' 11 Il5 18 (18 12 20 Cinquième. . 12 J22 24 (20 22 Sixième . . . 13 13 , |23 24 Ce dressage suffit pour équilibrer le cheval d'attelage lorsqu'il est dans de bonnes conditions. Dans le cas contraire , il faut se référer au tableau du dressage des chevaux de selle à l'écurie en douze leçons, et aux explications qui le concernent. DRESSAGE DES CHEVAUX D'ATTELAGE. PREMIÈllE PARTIE. PREMIERE LEÇON. Le cheval doit être sellé , bridé et embouché avec mors et filet pendant tout le cours du dressage (voir Leçon N° 1 , p. 185); on enrênera le cheval au sur- faix-cavalier; on fixera les quatre rênes aux qua- trièmes trous ; on lui donnera la leçon de cham- brière , et on la répétera tous les jours pendant tout le cours du dressage (voir Leçon N° G, p. 204); on fera marcher le cheval au pas d'équilibre décom- posé en avant et en arrière pendant une demi-heure en lui maintenant la tête basse (voir Leçon N° 22, p. 235); on fixera les rênes de bride du surfaix-cava- lier aux cinquièmes trous et les rênes du filet aux 142 . DRKSSAGi: DKS CHKV Al\ ly.ATTKLAGK. huitièmes. L'homme se placera à l'épaule gauche du cheval, il tiendra de la main gauche la longe flot- lanle et de la droite la rêne gauche du filet. Il le fera marcher au pas pendant une demi-heure, en ayant soin de l'arrêter de temps en temps et de heaucoup le caresser. On lui donnera la leçon pour faire lever les jamhes , et on la répétera tous les jours pendant toute la durée du dressage (voir Leçon N" 2 , p. 194). Cette dernière leçon a pour résultat de donner de très-beaux mouvements aux épaules. DHKSSACK DKS CIIKA \l \ IV \TiKI, \GK DKLXIEMM LKCOX. On enrèiiera le cheval au surfaix-cavalier, et on fixera les quatre rênes aux sixièmes trous. 11 faudra faire marcher le cheval au pas tréquilibrc décom- posé en avant et eu arrière pendant une demi-heure, en lui maintenant la tète un peu moins basse que dans la leçon précédente. Ensuite on fixera les rênes de bride aux septièmes trous et les rênes du filet aux dixièmes ; on «grandira le cheval (voir Leçon -V 21, p. 233). On promènera le cheval au pas et au trot pendant une beure (voir Leçon N" 20, p. 230). Le trot doit êh"e assez lent pour que l'homme puisse suivre au pas. 144 DRESSAGE DES CHEVALX D'ATTELAGE. TROISIEME LEÇOX. On enrênera le cheval au surfaix- cavalier; on fixera les quatre rênes aux huitièmes trous; on fera reculer le cheval pendant une demi-heure (voir Le- çon N" 22, p. 235), en lui maintenant la tête un peu plus élevée que dans la leçon précédente; on fixera les rênes de bride aux dixièmes trous, et les rênes du filet aux treizièmes; on fera marcher le cheval au pas et au trot pendant une heure en marquant de nombreux temps d'arrêt (voir Leçon N" 20, p. 230). En faisant marcher le cheval au pas et au trot, on doit faire bien attention qu'il porte la tête et l'en- colure bien droites. DRI'ISSACK DKS CHKVAIX DATTKLAGK. 145 QL ATRIKMK LKÇON. On oiirèiiora le cheval au surfaix-cavalier; on fixera les rênes de bride aux douzièmes trous, el les rênes du iilet aux quinzièmes. On fera reculer le cheval pendant une demi-heure; ou fixera la rêne gauche de hride et de filet aux onzièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux seizièmes. La personne qui dresse le cheval se placera près de Tépaule <|auche, tiendra la longe flottante de la main gauche et de la droite la rêne du filet. Elle dirigera le cheval avec celle rêne de manière à lui l'aire décrire une douzaine de petits cercles successifs à gauche. Ensuite on répétera le même travail en cercles à droite en employant les moyens inverses. On fixera les rênes de bride aux quinzièmes trous, et les rênes du filet aux dix-huitièmes; on grandira le cheval (voir Leçon N° 21 , p. 233), on le fera marcher al- ternativement au pas et au trot pendant trois quarts d'heure. 10 146 DRESSAGE DES CIIEVAIX D'ATTELAGE. CINQUIEME LEÇON. On onrêiiera le cheval au surfaix -cavalier; on fixera les rênes de bride aux dix- septièmes trous, et les rênes du filet aux vingtièmes 5 on grandira le cheval de temps en temps par un effet de la rêne du i filet, et on le fera reculer pendant un quart d'heure ; _ on fixera la rêne droite de bride et de filet aux dix- neuvièmes trous, et la rêne gauche de bride et de filet aux treizièmes. On fera marcher le cheval au pas et au trot pendant une demi-heure; ensuite on lui fera décrire des petits cercles, comme dans la leçon pré- cédente. Tout ce travail doit être exécuté à main gauche , et répété à main droite , en employant les moyens inverses. On lixera les rênes de bride aux vingtièmes trous, et les rênes du filet aux vingt-qua- trièmes ; on fera marcher le cheval au pas et au trot pendant une demi-heure. DHKSSAGK DKS CIIK\.Vl\ I) .\Tli:i, VGK. SIXIKMK I-KÇON. On enrénera le cheval au surlaix-cavalicr ; on lixera les rênes de bride aux vingliènies Irons, el les rênes du filcl aux vingt-quatrièmes. On fera reculer le cheval pendant un quart d'heure en le grandissant et en lui tenant le cou et la tète bien droits; on iîxera hi rêne droite de bride et de filet aux dix-neuvièmes trous, et la rêne gauche de bride et de filet aux liei- zièmes. On fera marcher le cheval au pas et au trot pendant une demi-heure; ensuite on lui fera décrire des petits cercles, comme dans les leçons précé- dentes. Tout ce travail doit être exécuté à main gauche, et répété à main droite, en employant les moyens inverses. On fixera les rênes de bride aux vingt-deuxièmes trous et les rênes du filet aux vingt- quatrièmes. On fera marcher le cheval au pas et au trot pendant une demi-heure. On marquera de nom- breux temps d'arrêt, en ayant soin de beaucoup le grandir. 10. DRESSAGE DES CHEVAUX D'ATTELAGE. SECONDE PARTIE. TRAVAIL A L É C U R I E. On mettra la croupière au cheval à l'écurie pendant toute la durée du dressage. La première fois on l'en- veloppera d'un linge, et on la chauffera un peu avec la main avant de la lui mettre; on brossera le cheval comme pour le panser, et une seconde personne la lui passera avec précaution, en évitant de la lui faire voir et de faire de grands mouvements , afin de ne pas l'effrayer; on la mettra le matin, et on la lui laissera toute la journée ; mais comme elle pourrait le blesser pendant la nuit, il faut avoir soin de la lui ôter tous les soirs. A la seconde et à la troisième leçon , lorsque le cheval aura eu la croupière pendant qua(re ou cinq heures, on hii mellra le harnais. Une 150 DRKSSAGE DES CHEVAUX D'ATTELAGE. personne lui prendra le toupet de la main gauche et de la droite l'oreille gauche. On lui fera baisser la tête graduellement et très-doucement. Une seconde personne lui passera le coUier avec précaution par- dessus la tête, en ayant bien soin d'éviter de l'en frapper. On laissera le cheval dans sa stalle ainsi harnaché pendant un quart d'heure, et on le récompensera en lui donnant une poignée d'avoine. A la quatrième leçon , on harnachera le cheval en employant les moyens indiqués dans les leçons pré- cédentes. Au bout d'un quart d'heure on lui mettra la bride. On placera une voiture en ligne droite dans la cour, les brancards en l'air; on conduira le cheval bien lentement vers la voiture et dans la même direc- tion, et on l'arrêtera à un mètre de distance des brancards, en le plaçant de manière qu'il se trouve bien au milieu. Une personne se placera face à la tête du cheval; elle tiendra de la main droite la branche gauche du mors, et de la gauche la branche droite ; elle fermera bien les doigts et empêchera le cheval de reculer ou d'avancer. La main devra être fixe et légère , et n'agira qu'en cas d'oppo- sition ; ou le fera reculer par l'effet des rênes du filet très-lentement, pas à pas, jusqu'à ce qu'il soit assez près pour pouvoir placer les brancards dans les porle-brancards. On les baissera, en évitant avec l)HKSS\r,K DKS r,HK\ \l\ 0' ATTKI-ACK 151 soin do laiio du hruil ou de ;{raii(ls inouvenieuls el do loucher le clioval ; on passera la plato longe , on la fixera, en évitant qu'elle touche brusquement lo cheval; on le caressera doucement et lentement; au bout d'une minute, il faudra le dételer, relever les brancards, en évitant de le toucher; on le fera avancer très-lentement, et on le reconduira à l'écurie. A la cinquième leoon on procédera en tous points de la manière indiquée dans les leçons précédentes. Lorsque le cheval sera attelé , on ajoutera denx rênes du surfaix-cavalier anx anneaux du mors. Le cocher montera sur le siège , tiendra les rênes légèrement flottantes et les doigts bien fermés ; les deux personnes placées à la tête du cheval le porte- ront en avant par l'effet des deux rênes additionnel- les. A cet instant on poussera les roues très-douce- ment, afin que le cheval et la voiture soient mis en mouvement en même temps. On fera marcher le cheval au pas pendant une minute seulement, et on le reconduira à l'écurie ; on aura soin de le bien caresser pendant la durée du travail. A la sixième leçon on répétera tout le travail de la cinquième. Lorsqu'on aura fait marcher le cheval pendant cinq minutes au pas sur une ligne droite, les personnes placées à la tête le dirigeront en cercle à droite et en cercle à gauche. Après quelques in- stants , la personne qui est sur le siège portera le 152 DnKSSAGK DES CHKVAUX D'ATTELAGE. cheval en avant sur l'effet des rênes et de la mèche du fouet à l'épaule du cheval. On cessera complète- ment l'effet des rênes additionnelles, mais on les tiendra un peu flottantes , les doigts bien fermés. Le cocher dirigera le cheval en cercle à droite, en fai- ■ sant sentir légèrement la rêne droite et la mèche du fouet sur l'épaule gauche. Lorsque le cheval donnera bien franchement dans le collier au pas, on retirera les rênes additionnelles et on le fera marcher alter- nativement au pas et au trot. On marquera de nom- breux temps d'arrêt, et si le cheval se pressait de partir, il faudrait l'arrêter immédiatement et attendre deux ou trois minutes avant de le faire partir do nouveau. Pendant tout le travail préparatoire à l'écurie, on donnera chaque jour au cheval, dans sa stalle, une leçon de drapeau (voir Leçon N*" 9, p. 210), de tam- bour et de pistolet (voir Leçon N° 10, p. 211), et une leçon de sabre (voir Leçon N" 12, p. 215). Chaque fois qu'on lui fera voir ou entendre quelque chose qui pourrait l'effrayer, on aura soin de lui donner une poignée d'avoine pour le récompenser. Si le cheval est destiné à être atlclé avec un autre, on commencera son éducation en l'atfelant avec un vieux cheval doux et bien dressé ; on aura soin , pour qu'il ne s'habitue pas à jeter l'épaule en dehors, de tendre les traits et la chaînette de la DHMSSAC.K DKS CHMV \l\ IVATTi;!, ACM. 153 manière représentée sur la gravure, page 141 ; il faut avoir également soin que les rênes qui croisent dans Tinlérieur ne tirent pas plus fort que celles du de- hors : car lorsque ces rênes sont plus courtes que les autres, elles amènent les tètes des chevaux l'une vers l'autre, et jettent les épaules en dehors, ce qui est très -disgracieux à voir. Pour que des chevaux soient places dans la possibilité qu'au moment du temps d'arrêt il existe une juste répartition du poids et que les mouvements soient cadencés et harmo- nieux, il faut que les traits, les chaînettes soient également tendus, et que l'action des quatre rênes se fasse sentir avec une grande précision ; il est donc très-in^portant d'apporter la plus grande attention dans ce travail. II faut en conduisant les chevaux se servir du fouet aux flancs et aux épaules de dehors, de manière à les maintenir bien droits , à les habituer à marcher très-près l'un de l'autre. II faut marquer de nombreux temps d'arrêt, en diminuant graduellement l'effet de la main, jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur le plus léger effet. On doit examiner la bouche des chevaux et les emboucher de manière que les jnors produisent exac- tement les mêmes résultais. Si un cheval a la bouche sensible, il faut lui mettre un mors excessivement doux; si l'autre au contraire a la bouche très-dure, il faut lui mettre un mors assez sévère pour le forcer 154 DRESSAGE DES CHEVAUX D'ATTELAGE. d'obéir aussi vite que son camarade; car si on les embouchait avec des mors également doux ou sévères, il en résulterait qu'au moment du temps d'arrêt , le cheval qui a la bouche sensible recevrait toute la charge, qui serait d'autant plus forte qu'en plus du poids de la voiture il aurait à combattre le mouve- ment en avant de son camarade. Si un cheval est plus paresseux que l'autre , il faut avoir soin de le porter vivement en avant par un petit coup de fouet à l'épaule chaque fois qu'il reste der- rière le collier, et retenir de temps en temps celui qui a le plus de courage. Lorsque deux chevaux possèdent la même force et la même énergie , le coup de collier doit être donné avec tant d'ensemble et de régularité, qu'il ne doit produire qu'un seul mouvement. Si on attelle ensemble un cheval très-fort et un très-faible, il faut répartir le poids de manière qu'ils tirent chacun selon sa force. Pour obtenir ce résul- tat, on aura soin de faire tirer plus fort celui qui a le plus de moyens. Si un cheval prend le galop étaut attelé, il faut l'arrêter immédiatement et le faire marcher au pas pendant quelques minutes, avant de le faire repartir au trot. Si des chevaux sont de leur nature vifs et impa- tients, il faudra, avant de les atteler, avoir soin de les DRESSACK DKS CHKVAI \ IV ATTKLAGi:. 155 promener pondant tloiix ou (rois liouros au pas, e( de ne jamais leur j)ermellre de partir d'eux-mêmes lors- qu'ils entendent lermer la portière. II faut, au con- traire, lorsqu'on sera monté dans la voiture et que la portière sera iennée, ne les foire partir qu'au bout de huit ou dix minutes, et ne jamais leur permettre d'augmenter d'eux-mêmes la vitesse de leur allure. Laisser partir des chevaux au moment où l'on ferme la portière est une habitude très-dangereuse, qui a causé souvent de graves accidents, 11 est donc très- inij)ortanl d'habituer tous les chevaux en général à ne partir qu'après quelques minutes d'attente. Il arrive quelquefois que des chevaux jettent l'épaule en dehors par suite de la faiblesse des reins. Il faut dans ce cas, pour les maintenir, ajouter des rênes à l'italienne. Lorsqu'on fait ranger le cheval dans les bran- cards, il faut employer très-peu de force, afin d'é- viter de jeter la croupe trop à droite ou à gauche; il vaut mieux aller lentement et être forcé de recom- mencer à faire appuyer le cheval de nouveau du même côté que d'employer trop de force, car dans ce cas le cheval, se sentant poussé de droite à gauche et de gauche à droite, ne sait plus ce qu'on lui veut, s'inquiète et s'effraye. DRESSAGE DES CHEVAUX DE COURSE. Moyens à employer pour leur donner une grande vitesse. PREMIÈRE LEÇOX. Le cheval doit être sellé, bridé et embouché avec mors et filet pendant toute la durée du dressage par le surfaix -cavalier. On placera le surfaix -cavalier garni de ses quatre rênes au milieu de la selle (voir Leçon N" 1, p. 185), et on fixera les quatre rênes dans les quatre premiers trous. Il faudra initier le cheval aux aides de la cravache (voir Leçon N° 5, p. 202). On le fera marcher au pas d'équilibre dé- composé , en avant et en arrière , pendant trois quarts d'heure (voir Leçon N° 4, p. 197). Le ca- valier se placera à l'épaule gauche du cheval , il tiendra la longe flottante de la main gauche , et il marchera en allongeant le pas autant que possible, en ayant soin de régler le pas du cheval sur le sien. Chacune des onze leçons par le surfaix-cavalier sera d'une heure cl demie. \ DHESSAGi: DI'IS Cil l'A Al X DK COI USK. DEUXIEME LEÇOX. On fixera aux quatrièmes Irous les qualrc rênes tlu surlaix-cavalier. Il faudra initier le cheval aux aides de la cravache (voir Leçon \'" G, p. 204), et on répé- tera ce travail pendant quatre jours de suite. Il faudra le liiire marcher au pas d'équilibre décomposé, en avant et en arrière, pendant trois quarts d'heure, de la manière indiquée précédemment. TROISIEME LEÇOX. On fixera aux huitièmes trous les quatre rênes du surfaix-cavalier. Il faudra initier le cheval aux aides de l'éperon (voir Leçons 7 et 8, p. 20() et 208), et le faire marcher au pas d'équilibre décomposé, en avant et en arrière, pendant une demi-heure, en ayant soin de lui faire placer les jambes de devant aussi en avant que possible. Il faudra le faire mar- cher au pas et au trot alternativement (voir Leçon N° 20, p. 230). On marquera de nombreux temps d'arrêt, en ayant soin à chaque temps d'arrêt de faire placer les jambes de devant du cheval à dix centi- mètres en avant de la ligne verticale. Dans le dressage par le surfaix-cavalier, il est très- imporlant d'habituer le cheval à se porter en avant 158 DRESSAGE DES CHEVAIX: DE COlKSE. sur le plus loger coup de cravache ou d'éperon, afin qu'une fois monté, le cavalier ne soit pas obligé d'employer la force brutale. L'abus de la cravache ou de l'éperon irrite très-fort les jeunes chevaux, les rend inquiets et impatients au départ, et provoque souvent des défenses : ils bondissent, se cabrent, détachent des ruades, font des écarts, des tête à queue, ou bien ils piquent des temps d'arrêt si durs qu'ils lancent le cavalier au loin par-dessus leur tête. On a vu trop souvent de bons chevaux, ayant de grands moyens, du cœur et de la bonne volonté, devenir rétifs parce qu'ils avaient été maltraités. Un des moyens les plus puissants pour rendre certain le succès du dressage , c'est d'employer de bons pro- cédés avec les chevaux; les chevaux pur sang étant beaucoup plus intelligents et plus irritables que les autres, c'est surtout avec eux qu'il est indispensable d'employer de bons procédés. QUATRIEME LEÇOX. Il faudra initier le cheval aux effets des rênes (voir Leçon N" 23, p. 238); on le fera marcher au pas et au trot de la manière indiquée en la précé- dente leçon. DUKSSAGK l)i;S CUrAAlX DK COlUSIv 159 CIXQUIEME ET SIXIEME LEÇOXS. On iT|)é(era le travail de la troisième leçon, en ayant soin de lacconrcir les rênes de deux trous à ciiaque leron. Il faut accoutumer le cheval au bruit du tambour et aux coups de j)isto]et ( voir Leçon iV 10, p. 211), riiabituer à la vue du drapeau (voir Leçon i\" 9, p. 210) , et lui apprendre à sauter (voir Leçon K" 25 , p. 243). SEPTIÈME, HUITIÈME, NEUVIÈME, DIXIÈME ET ONZIÈME LEÇOXS. II faut faire marcher le cheval au pas et au trot pendant trois quarts d'heure, de la manière indiquée dans la troisième leçon qui précède. A chaque leçon, il faudra raccourcir les rênes de deux trous. On fera marcher le cheval eu cercle, au pas, au trot et au yalop pendant trois quarts d'heure , de la manière indiquée dans le dressage en douze leçons (voir le dressage en douze leçons, p. 127 et 131). Il faut allonger l'allure progressivement et ensuite iaire passer du grand trot au grand galop et du grand galop au grand trot alternativement. Chaque fois qu'on aura obtenu du cheval une grande vitesse sans aucun désordre , on l'arrêtera et on aura soin de 160 DRESSAGE DES CHEVAUX DE COLilSE. bien le caresser. Il faut, en augmentant la vitesse de l'allure du cheval, que la progression soit assez lente pour éviter les sauts et les bonds désordonnés, que provoque toujours en pareille circonstance une pro- gression trop rapide. Pendant la durée des onze leçons du dressage par le surfaix- cavalier, il faudra faire faire au cheval tous les jours deux promenades, au pas, d'une heure chacune, la première le matin avant la leçon et la seconde le soir. Le groom montera un vieux cheval et conduira Tautre en main. Pendant les six der- nières leçons , le groom montera le cheval (voir Leçon N° 26, p. 247). Après ce travail préparatoire, il est important de promener le cheval au pas, deux heures le matin et deux heures le soir, pendant huit jours , afin de le rendre tranquille et confiant au moment de l'entraînement. Le cheval sera embouché avec bridon et monté en couverture. Pendant ces huit jours on évitera avec soin de lui demander le plus petit travail. K \ r 11 A I .\ E M E i\ T. Pendant toute la durée de l'entraînement, le cheval doit être embouché avec un bridon ayant deux bri- sures et quatre anneaux garnis de quatre rênes. Pen- DRKSSAC.K DKS r.IIKV MX 1)K COIUSM. 161 dant une grande parlic do ronlraînonienl le cheval doil èlrc moulé par un jockey-lypc Irès-légor cl très- doux de caraclère (ne connaissant aucun nom ])our qualifier les enfants qui montent les chevaux de course, je me servirai donc du mot jockey-lype toutes les fois que je voudrai les désigner!. On doit exercer une grande surveillance pour empêcher les jockey- types de jouer avec les jeunes chevaux, parce que cela les rend souvent vicieux et toujours très-dauge- reux pour l'homme. Les chevaux pur sang sont sur- tout beaucoup plus joueurs que les autres; une l'ois que les jockey-types ont commencé à jouer avec eux, aussitôt qu'ils aperçoivent l'homme, ils se mettent l\ jouer avec les pieds de derrière et les dents , ce qui occasionne souvent de graves accidents, sans qu'il y ait même la moindre méchanceté de la part du cheval. On fera marcher le cheval au pas pendant une demi-heure; on fera trois départs au trot de cinq mi- nutes chaque temps. Il faudra augmenter la vitesse de l'allure progressivement, et à la fin de chaque temps, lorsque le cheval est au grand trot, on le fera partir immédiatement au galop; chaque temj)s de galop sera d'une minute seulement. Ensuite on promènera le cheval au pas pendant deux heures et demie. Cet exercice doit être répété deux fois par jour pendant quinze jours. Le premier exercice se 162 DRESSAGE DES CHEVAUX DE COLllSE. fera à quatre heures du matin , et le second le soir, lorsque la chaleur du soleil sera passée. Dans le commencement de l'entraînement, cha- que fois qu'on aura ohtenu une bonne allure bien franche, il faudra avoir soin d'arrêter le cheval un instant et de bien le caresser. On fera marcher le cheval au pas pendant vingt minutes; on lui fera faire quatre temps de trot de cinq minutes chacun et quatre temps de galop de deux minutes chacun , de la manière décrite dans la page précédente. Il faut avoir soin d'empêcher le cheval de changer d'allure de lui-même. On promènera le cheval au pas pendant deux heures; cet exercice sera répélé deux fois par jour pendant six jours. Arrivé à ce point de dressage , si le cheval est destiné à des courses au trot , il faut cesser immé- diatement le galop, et si au contraire il est destiné à des courses au galop , il faut cesser le trot et redou- bler d'attention pour empêcher le cheval de prendre de lui-même l'allure à laquelle il ne doit plus mar- cher; el, dans le cas oii il le ferait, il faudrait l'ar- rêter immédiatement et le corriger par un petit coup de cravache; répéter ce moyen toutes les fois que le cheval changera d'allure de lui-même. On fera travailler le cheval accompagné de plu- sieurs autres jusqu'à la fin de l'entraînement. Au DRKSSAGE DES CHEVAUX DE COURSE. 163 iiiomciit du départ, on placera les chevaux de front, et ou les fera marcher au i)as pendant vingt minutes. Ensuite on leur fera faire environ un demi-kilomètre au galop, en augmentant progressivement l'allure jusqu'à ce qu'ils aient atteint la plus giande vitesse, 11 faudra caresser immédiatement celui qui arrivera le premier, et corriger par un petit coup de cravache donné très-vivement celui qui arrivera le dernier. Lorsque de jeunes chevaux de course partent ])lu- sieurs ensemble pour la première fois, il est indispen- sable , dans les premiers temps de galop , d'allonger l'allure progressivement, afin d'éviter le désordre, et ce n'est qu'au bout de quelques leçons et lorsque les chevaux sont parfaitement tranquilles, que les départs se feront à grande vitesse. On fera faire six temps de galop chacun d'une minute et on donnera quelques minutes de repos entre chaque temps , en- suite on les fera marcher au pas pendant deux heures et demie j on répétera cet exercice pendant quinze jours. On fera faire aux chevaux tous les jours trois temps de galop de deux minutes chacun j)endant quinze jours. Dans les quinze derniers jours de l'en- traînement, on fera faire deux temps de galop de trois minutes chacun : il est bien entendu qu'on auia soin de donner quelques instants de repos aux che- vaux entre chaque temps de galop. 11. 164 DRESSAGE DES CHEVAUX: DE COURSE. Ce dressage est pour les courses plates et pour les steeple-chase; dans ce dernier cas, arrivé au milieu de l'entraînement, il faudra faire franchir au cheval des ohstacles, en commençant par les plus faciles et en augmentant les difficultés progressivement. Au moment du saut, le jockey-type aura soin de tenir ses deux mains à la même hauteur, de bien fermer les doigts et de porter ses reins un peu en arrière; il fermera les jambes , serrera les genoux et tiendra ses talons aussi bas que possible, en ayant soin de chaus- ser les étriers jusqu'à la hauteur de la cheville. Arrivé à un mètre de distance de l'obstacle, il rendra un peu la main, il fera un appel de langue et donnera en même temps un petit coup sec avec sa cravache sur l'épaule du cheval. Une grande fixité de mains ne peut être trop recommandée dans ce travail ; les jeunes chevaux ayant la bouche très -sensible, le momdre à-coup donné sur les barres leur fait éprouver une douleur qui les rend parfois craintifs et leur donne l'habitude de se dérober au moment du saut. Pour qu'un cheval saute franchement, on ne doit jamais se servir des éperons comme aides , il ne faut les employer que comme châtiment; dans le cas où le cheval refuserait d'obéir aux aides de la cravache et des talons, il faudrait donner deux vigoureux coups d'éperons; aussitôt qu'ils seront appliqués, il faut écarter inslanlanément les talons, pour éviter que les DUKSSACK DKS CIlia.M \ DM COruSK. tH.! éperons irinqnit'leiit le cheval el ne reiiipèchciU de se porler en avanl. Si le cheval en recevant celte correction se porte instantanément en avant, il tant avoir hien soin de le caresser ininiédiatenicnl; si au contraire il refuse, il faut continuer d'employer les mêmes moyens jusqu'à ce qu'il ait obéi. Il faut éviter avec le plus jjrand soin de se mettre en colère ; lors- que je dis de donner deux vijjoureux cou|)S d'épe- rons, je ne veux pas dire qu'il faille em|)loyer la force brutale, c'est pour indiquer qu'on doit atta- quer vivement, avec décision et énergie, car la force morale de l'homme a beaucoup plus de j)uissance sur le cheval que la force brutale. Pendant la durée de l'entraînement, le jockey-type aura soin de ne ûiire aucun mouvement avec les jambes ni avec les talons; il ne s'en servira que pour porter le cheval en avant ou augmenter la vitesse de son allure. Le jockey qui montera le cheval pour les courses devra dans toutes les circonstances se servir des moyens qui ont été employés dans le cours de l'en- traînement ; et il est très-important de se conformer en tout point à cette recommandation , car la moindre infraction pourrait compromettre le succès. Pendant les huit derniers jours de l'entraînement, le jockey devra monter le cheval tous les jours pendant un quart d'heure; il aura soin de le traiter avec beau- 166 DRESSAGE DES CHEVAUX DE COURSE. coup de douceur; ce traitement aura pour résultats d'habituer le cheval à porter le jockey, dont le poids inaccoutumé pourrait le gêner au moment de la course, et de donner au jockey une connaissance parfaite du cheval qu'il montera. Pour habituer les chevaux à être tranquilles au départ , on les placera de front et on les fera partir lentement au pas. Après leur avoir fait faire environ cent mètres , on les arrêtera en ayant soin de les ca- resser, et on les ramènera au point de départ. On recommencera les départs jusqu'à ce que tout dés- ordre ait cessé, ensuite on les fera partir au galop de pied ferme. Il est très-important que les départs s'exécutent avec le plus grand ordre; dans le cas contraire , la course perd entièrement son intérêt et n'est plus une épreuve sérieuse, car il arrive que les meilleurs chevaux se fatiguent dans les faux départs, tandis que les chevaux inférieurs, ayant moins de feu, ne partent qu'au signal donné officiellement , et res- tent parfois vainqueurs de concurrents qui leur sont de beaucoup supérieurs. Il en résulte que les calculs et les combinaisons qui reposent sur la connaissance approfondie des qua- lités des coureurs , et sur lesquels sont établis long- temps à l'avance des paris considérables, se trouvent renversés et occasionnent de fâcheux mécomptes. Pour avoir des chances de succès , il ne faut pas DRKSS.VÎK DIvS CHFA Al X I)K COIRSK. 107 lroj> l'aligner le cheval en l'cnlraînanl, car il arrive souvent que des chevaux courageux, ayant de grands moyens et heaucoup de honne volonté, diniinnenl la vitesse de leur allure au moment de la course, parce qu'on les a trop fat ignés en les entraînant. Avant d'entraîner un cheval, il est important de l'accoutumer à voir toute espèce d'objets et entendre toutes sortes de bruits qui pourraient l'effrayer au moment de la course, s'il n'y était accoutumé à l'avance. En faisant passer le cheval du grand trot au grand galop et du grand galop au grand trot, on a pour résultat infaillible d'augmenter considérablement la vitesse de ses allures. Comme le galop est l'allure la plus fatigante pour un jeune cheval, il arrive qu'en passant du galop au trot les membres fatigués se trouvent instantanément soulagés, ce qui permet au cheval de repartir avec une nouvelle vigueur. Lors- que le cheval va au grand trot, il est forcé d'em- ployer tous ses moyens et toute son énergie; en le faisant passer instantanément du grand trot au galop, on profite de l'emploi qu'il est obligé de faire de tous ses moyens et de toute son énergie pour produire la locomotion aussi rapide que possible. Les chevaux pour lesquels on aura employé ces moyens attein- dront la plus grande vitesse possible sans éj)rouver la moindre fatigue. JGS 1)RKSSA(jE des CHKVAIX I)K COIRSK. Si le cheval est Irop gras au commencement de l'entraînement, il iaudra lui mettre trois couvertures de laine avec un poitrail et un camail , et le faire marcher au petit galop pendant un quart d'heure , trois fois par semaine, jusqu'à ce que son embon- point ne fasse plus obstacle à sa vitesse. En arrivant à l'écurie, on aura bien soin de tout fermer, afin qu'il n'y ait aucun courant d'air; on ôtera les cou- vertures, et deux hommes gratteront le cheval avec des couteaux de chaleur; on le frottera avec des bou- chons de paille jusqu'à ce qu'il soit parfaitement sec. Pour ramener la chaleur à la peau , on le brossera pendant une demi-heure avec des brosses très-dures; ensuite on l'essuiera avec des flanelles, et on lui mettra deux couvertures qui auront été bien chauf- fées. Il faut avoir soin, lorsque les oreilles auront été bien essuyées avec de la flanelle, de les frotter doucement avec les mains , jusqu'à ce qu'elles soient parfaitement sèches et chaudes. En lavant les pieds, il faudra avoir soin de ne pas mouiller les genoux ni les jarrets; par ce moyen, on évitera de donner aux jambes de la roideur, qui nuirait beaucoup à la vitesse de l'allure du cheval. Les pieds doivent être froltés légèrement, une fois par jour, avec du saindoux, afin de les conserver en bon état. Pendant tout le dressage et l'entraînement, le I DHKSSAC.K I)i;S CHFA MX Dis œi'RSK. 1(19 clioval doit vive promené, cl monté eu convciliire avec camail et j)oitrail. Dans beaucoup tle pays où les courses oui lieu sur des terrains aecidenlés, pour que le cheval ait de grands avantages sur ses rivaux, il ne faudra pas le fatijjuer en Texerçant longtemps sur un terrain ])lat. On l'exercera au galop, trois fois par jour, sur la partie du terrain la plus accidentée. Toutes les fois que le terrain ira en montant, le jockey-type devra avoir la main légère; il soutiendra le cheval dans ses jambes et le |)ortera en avant par de petits coups de talons. En descendant, il soutiendra la main, et, si la descente est rapide, il dirigera son cheval en obliquant légèrement de droite à gauche et de gauche à droite; par ce moyen, il empêchera son cheval de tomber. Toutes les fois qu'il franchira de nouveau une montée, il faudra augmenter progressivement l'allure, jusqu'à ce qu'on ait atteint la plus grande vitesse. Chaque fois que le cheval, à l'approche d'une difficulté, donnera une preuve de courage en augmentant son énergie, il faudra avoir soin de bien le caresser. En commençant l'éducation du cheval, on devra l'emboucher avec mors et filet, et on en continuera l'usage jusqu'à la fin du dressage parle surfaix-cava- lier. Les effets du mors étant beaucoup plus durs que ceux du bridon, le passage du mors au bridon 170 DRESSAGE DES CHEVAUX DE COURSE. a pour résultat de lui faire paraître ce dernier beau- coup plus doux, de disposer le cheval à l'accepter comme récompense, et à s'appuyer avec plaisir et confiance sur la main de son cavalier toutes les fois qu'il rencontrera des obstacles à franchir, un terrain glissant ou inégal. DRESSAGE DES CHEVAUX QUI FORGENT. Les chevaux forgent pour des causes différentes : les uns parce qu'ils sont sous eux de devant; d'autres parce qu'ils ont les jarrets très-roides, et que les jambes de derrière fonctionnent tout d'une pièce, comme feraient des jambes de bois, c'est-à-dire sans plier les jarrets ; d'autres parce qu'ils ont l'épaule droite. Le défaut de forger se rencontre particu- lièrement chez les jeunes chevaux qui sortent du pré et chez les chevaux qu'on a fait travailler avant de les avoir dressés. Comme il existe peu de per- sonnes qui aient fait une étude assez approfondie du cheval pour pouvoir reconnaître tout de suite la véri- table cause pour laquelle ils forgent, je vais indi- quer des moyens à l'aide desquels on sera certain d'empêcher le cheval de forger, quel que soit le défaut qui puisse en être la cause. Pendant toute la durée du dressage, on fera lever 172 DKKSSAGK DKS CHFA AIX QUI FORGKXT. les jambes de devant du cheval à l'écurie (voir Leçon N" 2, p. 104); on grandira le mouvement progressi- vement jusqu'à ce que le cheval lève la jambe aussi haut que possible. Dans les huit premières leçons, et au commencement de chaque leçon, on enrènera le cheval alternativement sur le pli à droite et sur le pli à gauche pendant vingt minutes chaque fois (voir Leçon du Départ au trot, N" 20, p. 230). On fera marcher le cheval au pas d'équilibre décomposé en avant et en arrière (voir Leçon \" 4, p. lf)7, de la manière dont c'est décrit dans le Dressage des chevaux qui sont sous eux, p. 174). Il faut faire reculer le cheval pendant vingt mi- nutes à chaque leçon, jusqu'à la fin du dressage. On le grandira (voir Leçon N" 21, p. 233). On le fera marcher alternativement au pas et au trot pendant trois quarts d'heure (voir Leçon K" 20, p. 230). On l'arrêtera très-souvent; on aura soin, à chaque temps d'arrêt, de lui faire placer les jambes de devant dix cenlimèlres en avant de la ligne verti- cale. Pendant tout le travail au pas et au trot, il faudra relever très-souvent la tête et l'encolure du cheval. Ce dressage doit durer vingt leçons. Si ce travail a été bien exécuté, il est certain qu'au bout de ce temps le cheval ne forgera plus, et il aura de très-beaux mouvcmcnfs. Il est très-important de corriger ce défaut. Le DRKSS.AC^.K I)i;S CllKV.AlX Qll FOllGKXT. 173 cheval qui i'ov*\c jirodiiil un bruil liTS-dcsagréablc j)()iir lo cavalier; il arrive souvcnl qu'il se blesse Ircs-grièvcuieiit en rrap|)anl les j)ieils de devant avec les fers de derrière, et de plus, il ruine son avant- main. DRESSAGE DES CHEVAUX QUI SONT SOUS EUX. Lorsqu'un cheval est bien d'aplomb, les quatre jambes sont placées dans la ligne verticale ; si les jambes de devant sont en arrière de celte ligne, le cheval est sous lui de devant, et dans ce cas, il arrive souvent que les jambes sont arquées. Si un cheval est dans cet état, on le fera marcher au pas d'équi- libre décomposé en avant et en arrière pendant quinze leçons (voir Leçon N" 4, p. 107), en ayant soin, à cha- que temps d'arrêt, de placer les jambes de devant aussi en avant de la ligne verticale que possible. Le cavalier, par un effet de la rêne du filet, amènera la jambe en avant, et la placera de manière que le poids porte sur le talon. Il marchera au pas le plus allongé possible, en réglant le pas de son cheval sur le sien. Après quinze leçons, il faut faire reculer le cheval très-lentement pendant une demi-heure, en lui relevant la têle et le cou progressivement (voir Leçon X" 21, p. 233). Il faut faire marclier le cheval DRESSAGK I)i:S CHKVAIX Qll SOXT SOIS KL'X. 175 au |)as et au trot aUcriialivemcnl; on marquera de noiubicux temps d'arrêt, et cliaquc fois qu'on l'ar- rêtera, on lui placera les jambes de devant dix cen- timètres en avant de la ligne verticale. On aura soin de ne jamais faire partir le cheval avant d'avoir obtenu cette position. Un quart d'heure avant la lin de la leçon, on montera le cheval et on le fera marcher au pas, au trot et au galop. Pour le faire repartir, on em- ])loiera les moyens indiqués ci-dessus. Il faut répéter ce travail pendant quinze leçons : si tous les mouve- ments ont été bien exécutés pendant le cours du dres- sage , le cheval sera parfaitement droit et ferme sur ses jambes, et il aura de très -beaux mouvements d'épaules. Il est bien entendu qu'en parlant des chevaux qui sont sous eux, je n'admets pas dans celte catégorie les vieux chevaux qui sont complètement usés ; mais je parle d'un grand nombre de chevaux, encore jeunes, qui sont sous eux par l'abus du bridon, ou du travail avant d'être dressés, ou qu'on a laissés trop longtemps dans les prés sans les faire travailler. Dans ce dernier cas, ils sont sous eux de devant sans que les jambes soient arquées. Il est très-important d'empêcher les poulains d'être sous eux : ce défaut fait perdre au cheval une partie de ses moyens et de son élégance , et lui enlève de sa 176 DIŒSSAGE DES CHEVAUX Qll SO\T S!)IS EUX. valeur. Pour éviter que le poulain soit sous lui, il faut, après lui avoir donné douze leçons par le sur- faix-cavalier, Fenrèner de temps en temps au surfaix- cavalier pendant une demi-heure. On fixera les rênes du mors dans les vingtièmes trous et les rênes du filet dans les vingt-deuxièmes. Le cheval ainsi enrêné pourra rester dans sa stalle ou être promené au pas en tenant la longe flottante. Si le cheval reste dans sa stalle, il faut toutes les dix minutes lui placer les jambes de devant quatre centimètres en avant de la ligne verticale; si, au contraire, on le promène au pas, il faut marquer trois temps d'arrêt dans le cours de la promenade , en ayant soin à cha- que temps de placer les jambes de la manière qui vient d'être indiquée. En employant ces moyens, le cheval sera parfaitement équilibré et très -léger à la main, deux choses indispensables, carie jeune cheval qui prend un fort point d'appui sur la main du cava- lier ne tarde pas à se ruiner de devant. DRESSAGE DES CHEl \LX QLI RECL'LEXT DIFFICILEMENT. Lorsqu'un cheval refuse de reculer, l'emploi de la force, à laquelle on a recours trop souvent, est un moyen dangereux et injuste. Si un cheval refuse de reculer, c'est presque toujours par ignorance ou à cause de la roideur de ses jarrets ou de la souffrance occasionnée par le mauvais clat dans lequel il se trouve. Je vais indiquer les moyens à employer pour faire reculer le cheval dans ces différents cas. Si c'est par ignorance que le cheval refuse, on l'en- rêneraau surfaix-cavalier et on fixera les quatre rênes dans les sixièmes trous. On fera marcher le cheval, pendant toute la leçon , au pas d'cquilihre décomposé en avant et en arrière (voir Leçon N" 4, p. 197). A la seconde et à la troisième leçon , on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux huitièmes trous et on fera marcher le cheval au pas d'équilihre dé- composé en avant et en arrière pendant la moitié de chaque leçon; pendant le reste de chacune des leçons, 12 178 I)RESSA(;i': DES CHEVAUX on fixera les quatre rênes aux seizièmes trous et on fera marcher le cheval au pas et au trot (voir Leçon N-'SO, p. 230). Aux quatrième, cinquième et sixième leçons, on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux seiziè- mes trous j on rassemblera le cheval pendant vingt minutes (voir Leçon N° 24, p. 240) ; on le fera recu- ler pendant une demi-heure (voir Leçon N" 22, p. 235), et on le fera marcher au pas et au trot pendant le reste de chaque leçon. A la fin de ces leçons , si le travail a été bien exécuté , le cheval reculera parfaitement. ' Si c'est la roideur des jarrets qui empêche le che- val de reculer, à la première leçon, on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux troisièmes trous et on fera marcher le cheval au pas d'équilibre décomposé en avant et en arrière. Une demi-heure avant la fin de la leçon, le cavalier se placera à l'épaule gauche du cheval, il tiendra la longe flot- tante de la main gauche et fera marcher le cheval sur une ligne droite. A la seconde leçon , on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux sixièmes trous et on fera mar- cher le cheval comme il est indiqué à la leçon précé- dente. A la troisième leçon, on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux huitièmes trous, et on fera marcher le cheval au pas d'équilibre décomposé en Ql I UKCILUXT DIFFICILKMKXT. 179 avant ot en anièio. Une demi-licurc avant la fin de la leçon, on fixera la rêne gauehe de bride et de filet aux qualrièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux dixièmes trous, et on fera marelier le cbeval au pas et au trot pendant le reste de la Itv on (voir Leron N° 20y p. 230). Pendant ce travail, on enrèiiera le cheval allcrnalivemeut sur le pli de droite à gauche et de gauche à droite, afin d'assouplir également les deux côtés du cheval à la jonction de la tête au cou , c'est-à-dire à la région des glandes salivaires. A la quatrième leçon, on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux sixièmes trous et la rêne droite de bride et de filet aux douzièmes trous; on fera marcher le cheval au pas et au trot en marquant de nombreux temps d'arrêt. Aux cinquième, sixième, septième et huitième leçons, on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux douzièmes trous ; on rassemblera le cheval pen- dant vingt minutes (voir Leçon N" 24, p. 2iO); on fixera ensuite la rêne gauche de bride et de filet aux dixièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux seizièmes trous ; on fera marcher le cheval au pas et au trot, en marquant de nombreux temps d'ar- rêt , jusqu'à la fin de la leçon. Aux neuvième, dixième, onzième, douzième, trei- zième, quatorzième et quinzième leçons, on fixera les quatre rênes du surfaix cavalier aux vingtièmes trous ; 12. 180 DRESSAGE DES CHEVAUX on rassemblera le cheval pendant vingt minutes; on fixera ensuite la rêne gauche de bride et de filet aux dixièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux dix-huitièmes trous ; on fera marcher le cheval de deux pistes pendant une demi-heure (voir Leçon N" 19, p. 228) ; on fixera les quatre rênes aux seiziè- mes trous , et on fera reculer le cheval pendant le reste de chaque leçon. Si ce travail a été bien exécuté, au bout de ces quinze' leçons le cheval le plus roide sera souple et reculera parfaitement. Si les jarrets du cheval sont en mauvais état, le meilleur conseil que je puisse donner, c'est de les faire guérir avant de lui apprendre à reculer. Cepen- dant, si on exige qu'il recule, quoiqu'en mauvais état, il faudra agir pour le pas d'équilibre de la ma- nière indiquée dans le dressage précédent : seulement on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux premiers trous pendant les deux premières leçons, et on fera marcher le cheval au pas d'équilibre décomposé en avant ; on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux deuxièmes trous et la rêne droite de bride et de filet aux huitièmes trous pen- dant six leçons, et on raccourcira les quatre rênes d'un trou h chaque leçon; on fera marcher le cheval alternativement au pas et au trot très-lentement; on fixera les quatre rênes aux dixièmes trous et on fora niarclicr le clioval au pas d'équilibre décomposé en avaut et en arrière pendant quatre leçons ; on aura soin de lui plaeer la tète très-basse, afin de lui rendre le mouvement moins pénible; ensuite on le iera marclier au pas et au trot alternativement pen- dant une demi-iieure; on fixera les quatre rênes aux quatorzièmes trous, et on fera reculer le cbeval très-lentement en lui plaçant la tèle très-basse. 11 faut avoir soin dans le recul que les effets de rênes soient très-doux. On montera le cheval et on le fera reculer, en lui conservant la tète basse, avec les rênes excessivement longues et la main très-légère, afin d'éviter de jeter le poids de son corps sur son arrière- main , ce qui l'empêcherait infailliblement de re- culer, à cause du mauvais état de ses jarrets. LKÇONS AUXQUELLES 0\ SE RÉFÈRE DANS LE COURS DES DIVERS DRESSAGES QUI PRÉGÈDEXT. I\STRl'CTIO.\ POIR lE DRESSAGE DES CHEVAUX. 186 MAMÈRE DE SELLER ET BRIDER LE CHEVAL souvent qu'il se cabre , ce qui est d'autant plus dan- gereux, que le cheval ainsi conformé possède la plus grande partie de ses forces dans son avant-main et qu'il peut se renverser facilement. Il peut encore arriver que la selle blesse le garrot, et ces bles- sures sont toujours longues et difficiles à guérir. Si le cheval est conformé dans de bonnes propor- tions , on placera la selle douze centimètres en arrière de l'épaule. PRÉCAUTIOXS A PRENDRE ET MOYENS A EMPLOYER AVEC LES JEUNES CHEVAUX QUI n'ont jamais Été sellés ni bridés. On pliera la couverture de manière qu'elle ne fasse aucun pli sous la selle et qu'elle ne la dépasse en avant et en arrière que de trois centimètres. On la posera sur le cheval en commençant par le garrot, et on la fera glisser à sa place en ayant bien soin d'évi- ter de rebrousser le poil. Ensuite on posera la selle bien doucement par-dessus la couverture, et une seconde personne la tiendra de manière qu'elle ne glisse pas en avant ni en arrière au moment où on serre les sangles. Lorsque le cheval est aux trois quarts sanglé , on devra passer la main entre la cou- verture et le garrot, afin de s'assurer que la cou- verlure ne peut pas le gêner. On aura soin, chaque KT 1)K IM.ACKH I,K SI HFAIX-CAVAMKR 187 lois qu'on aura serre'' los sangles de deux Irons, de passer la main enlre elles et le corps du cheval, afin de faire coucher le poil, et on les fixera de manière ?» pouvoir passer deux mains entre elles et le corps du cheval. Avant de placer le surfaix-cavalier sur la selle , on roulera les quatre rênes autour du cavalier en fer, afin qu'elles ne puissent pas toucher le cheval, ce qui pourrait l'inquiéter. Pour éviter d'effrayer le cheval avec le surfaix-cavalier, le palefrenier, en le portant , aura soin de le tenir derrière lui , de manière que le cheval ne puisse pas le voir. Le cavalier se pla- cera à l'épaule gauche du cheval, il lui amènera tout doucement la tête de son côté avec la main gauche, et lui placera la main droite devant l'œil gauche; à cet instant, le palefrenier passera à droite du cheval, il placera très-doucement le surfaix-cavalier au mi- lieu de la selle ; il aura bien soin d'éviter de le tou- cher avec , et il laissera tomber les sangles verticale- ment. A ce moment, le cavalier lâchera la tête du cheval , il le caressera de la main gauche , et le frot- tera de la main droite, comme pour le panser, jusqu'à ce que les sangles soient attachées. Il faut commencer par attacher la sangle avec la boucle qui est la plus en arrière; on fixera les sangles de manière à pou- voir passer deux mains entre elles et le corps du cheval. 188 MAMKKK DK SVA.LKW KT BIUDKR LE CHKV AI. Pour que le surfaix-cavalier soit placé du bon côté, il faut que les boucles qui servent à le fixer se trou- vent à gauche du cheval. Au moment où on serrera les sangles , on mettra deux poignées de foin dans la mangeoire pour occuper le cheval. Le surfaix-cavalier ayant une action directe sur la bouche du cheval , il est très-important de le placer avec le plus grand soin, afin de ne pas changer les effets qu'il doit produire : on devra le placer bien d'aplomb sur le milieu de la selle et avoir soin qu'il ne penche ni en avant ni en arrière, et qu'une fois placé, le cavalier en fer conserve dix centimètres d'inclinaison en avant, qui lui sont donnés par sa forme. Il ne faut jamais détacher le cheval de la man- geoire avant que la selle et le surfaix-cavalier soient fixés. Pendant toute la durée du dressage, le cheval doit être embouché avec mors et filet. Avant de l'embou- cher, il faut avoir soin de bien examiner sa bouche, afin de lui mettre un mors approprié à sa conforma- tion. Lorsque les barres sont couvertes d'une forte épaisseur de chair, elles sont peu sensibles; dans ce cas, les canons doivent avoir quatre centimètres et demi de circonférence, mesure prise à l'attache des canons aux branches ; les talons doivent cire arrondis. Si le cheval a la bouche grande, la liberté de langue KT 1)K l'LACK» LK SI HK.AIX-CAV.AMIOR. 189 doit avoir quatre ccnlimèlivs de largo, mesure prise sur la l'ace interne, et deux centimètres et demi d'é- lévation, mesure prise du milieu de la face interne. Les branches doivent avoir douze centimètres de long, mesure prise sous les canons et dans une ligne verticale. Lorsque les barres sont peu couvertes de chair et que les os sont saillants, la bouche est très-sensible. Dans ce cas, pour empêcher le cheval de battre à la main et de chercher constamment à arracher les rênes de la main du cavalier, les canons doivent être creux et avoir six centimètres de circonférence. Si le cheval a la bouche étroite, la liberté de langue doit avoir trois centimètres de large, et pour que le mors soit doux, les branches ne doivent pas avoir plus de onze centimètres de long. Pour les chevaux qui ont la bouche d'une forme et d'une grandeur ordinaires, on prendra la moyenne entre les deux dimensions qui viennent d'être indi- quées. Après avoir détaché le cheval, on le fera tourner à gauche très-doucement, et on l'arrêtera entre les deux piliers de sa stalle. Le palefrenier le tiendra par l'oreille et par le toupet, et lui fera baisser la tête; pendant ce temps le cavalier lui passera la longe au- tour du cou et lui fera ouvrir la bouche en y plaçant le pouce droit près de la commissure des lèvres ; à cet 190 AIAMKRE DE SELLER Kï BRIDER LE CHEVAL instant il lui introduira le mors et le filet dans la bouche, il lui placera la têtière derrière les oreilles et le frontal aux coins en dessous des oreilles. On fixera les sous-gorges excessivement lâches et la nm- serole de manière qu'on puisse passer deux doigts entre elle et le nez du cheval. Les montants de la bride doivent être fixés de manière que chez les che- vaux le mors puisse être placé derrière les crochets , et chez les juments deux centimètres et demi en ar- rière de la dent du coin. Pendant toute la durée du dressage par le surfaix- cavalier, on attachera la gourmette au cheval, un quart d'heure seulement avant la fin de la leçon, pour l'y accoutumer. Pour que le cheval donne sa tête de lui-même au moment où on va lui mettre la bride, il faut avoir soin, en la lui mettant , de placer le mors aussi dou- cement que possible, afin d'éviter qu'il ne presse ou frappe les barres, car la douleur qu'il éprouverait le rendrait craintif, et chaque fois qu'il a])ercevrait la bride, il mettrait la tête en l'air, afin de se sous- traire à l'effet du mors qu'il craindrait. Toutes les fois que le cheval donnera sa tête sans opposer aucune résistance , il faudra bien le caresser. KT DK l'L.UlKll 1,K SIHFAIV-CAWALIKR. M.WIÈIIE 1>'e\RÊ\ER I.K CIIKVAL AU SURFAIX-CAVALIER. On nassora deux rèncs dans les deux anneaux inlé- rieurs du suilaix-eavalier, on les allaehera aux deux anneaux du nu)rs et on les fixera aux premiers trous avec la boucle qui est placée à cinquante centimè- tres du mors. On passera deux rênes dans les deux anneaux supérieurs; on les attachera aux deux an- neaux du lilet et on les fixera aux premiers trous. Lors- que les quatre rênes du surfaix-cavalier sont fixées , on place les rênes de la bride sous le pommeau de la selle et on les fixe de manière qu'elles ne tombent pas trop bas sur les épaules du cheval. On mettra au cheval un caveçon garni de sa longe. Pendant tout le dressage par le surfaix-cavalier, on fixera les montants de la bride deux trous plus longs de chaque côté que lorsqu'on montera le che- val. Si le mors et le filet sont placés trop haut dans la bouche du cheval , le cavalier en fer ne peut pas produire son effet et la bouche reste froide et sèche j mais si le mors et le fdet sont placés bas dans la bouche , le cheval les fait rouler de bas en haut et de haut en bas , et il en fait un véritable jouet avec lequel il s'amuse j au bout de quelques secondes, il mâchera son mors et sa bouche sera très-fraîche. Lorsqu'un cheval a la bouche froide et sèche, oli J92 M.ANIKRE DE SELLER ET BRIDER LE CHEVAL aura soin, après l'avoir bridé, de lui nictlre dans la bouche une pincée de gros sel gris, ou sa gourmette, en la fixant à la dernière maille. On emploiera le même moyen pour les jeunes chevaux qui n'ont pas encore été embouchés, afin de leur faire goûter le mors immédiatement. Le sel et la gourmette ont pour résultat certain, tout en l'amusant, de lui faire goûter son mors. On aura soin de tenir les sous- gorges excessivement lâches. Après quelques leçons, lorsqu'on verra que le cheval est confiant, un palefrenier seul suffira pour le seller et le brider. Après les six premières leçons on ne mettra plus de couverture sous la selle. Comme il n'y a aucun inconvénient à ce que les rênes du surfaix-cavalier soient très-longues, et qu'il y en aurait beaucoup à ce qu'elles fussent trop cour- tes, la mesure en a été prise sur un très-grand cheval pour qu'on puisse les fixer aux premiers trous sans qu'il y ait le moindre danger. Afin d'empêcher les jeunes chevaux de se refroidir, il faut leur mettre une couverture pour faire le trajet des écuries au manège , en allant et en revenant. Avant de dresser le cheval on doit lui mettre la croupière à l'écurie pendant huit jours, en employant les moyens indiqués dans le dressage en six leçons des chevaux de voiture. Lorsqu'un cheval est dressé, il suffit, pour lui i;t dm plackh i,k si IUWIX-C.UALIKU. |<.);î c'ousciver la bouclie boiino, de renrèncr pemiaiil im (juait (riieurf au sm-raix-cavalier avant de le mouler, (ie Iravail peul èlre l'ait en laissant le cheval dans sa stalle. Il suffit de donner huit leeons par le surlaix-cava- licr, pour équilibrer parfaitement les chevaux de troupe et leur donner de Irès-beaux mouvements. Lorsqu'on lail travailler plusieurs chevaux ensem- ble, il est indispensable de conserver un mètre de distance entre eux. LEÇON N" 3. MOYEXS A EMPLOYER POUR CO\-DUIRE LE CHEVAL AU MANÈGE. Pour conduire le cheval au manège , le palefrenier se placera à réjiaule gauclie , il passera l'index cl le médius de la main droite entre les rênes du filet, et il les tiendra à seize centimètres du menton du cheval ; il tiendra la longe iloltanle de la main gauche. Le palefrenier conduira le cheval au pas le plus lent possihle, afin de ne pas Texciter à jouer en faisant le trajet; en entrant dans le manège, il placera le cheval sur la piste, à main gauche. LEÇON W 4 PAS d'kQI ILIlillK DKCOMPOSÎ: E\ AV.WT KT FA' ARRIÈRE Le cheval claiil placé sur la pisle, à main gauche, le cavalier tiendra la longe flottante de la inain gau- che, et la rêne gauche du filet à huit centimètres du menton du cheval; il tiendra la rêne gauche de bride, de la main droite, à la même dislance. Il tirera doucement le cheval en avant par un petit effet de la rêne gauche du filet. Aussitôt que le cheval aura avancé le pied gauche de devant et le pied droit de derrière, le cavalier arrêtera le second pied de devant par un léger effet de la rêne gauche de bride, en faisant précéder l'action de la main par le mot : Holà ! La main du filet fera avancer un j)icd de de- vant, et le cavalier comptera : un; la main de la bride retiendra le second pied et le fixera au sol, en disant : Holà! et on ne comptera rien; la main du filet fera partir l'autre pied, et on comptera : deux, ce qui marquera un mouvement à deux temps. Le cavalier comptera donc : un, deux, ce qui formera la cadence. Ainsi le cheval ne devra jamais lever un pied sans que la main qui tient la rêne du filet le lui demande. S'il avajice un jvied de lui-même, il !03 PAS D'KQU LIBRE faudra le lui faire reculer immédiatement, jusqu'à ce qu'il attende qu'on le lui demande. On continuera de compter : un, deux, pendant tout le temps que durera la leçon. Il faudra que le caAialier compte assez haut pour fixer l'attentiou du cheval. Il mar- chera au pas le plus allongé possible , en réglant le pas de son cheval sur le sien. Il aura soin de no faire parcourir aux membres diagonaux que la lon- gueur de terrain indispensable pour que le cheval ne sorte pas de ses aplombs , et il fera bien attention à ce que les deux membres latéraux qui soutiennent le cheval se rapprochent également du centre de gravité. A main droite, employer les moyens inverses. PAS d'équilibre décomposé em arrière. Pour le pas d'équilibre décomposé en arrière, le cavalier tiendra la longe et les rênes de la manière indiquée pour le pas en avant. Il tirera doucement le cheval en arrière par un petit effet de la rêne gauche de bride. Aussitôt que le cheval aura reculé le pied gauche de derrière et le pied droit de devant, le cavalier arrêtera le second pied de derrière par un léger effet de la rêne gauche du filet, en faisant précéder l'action de la main par le mot : Holà! La main de la bride fera reculer le pied gauche de der- DKCOMPOSK i;\ A\'UT KT K\ .\HIUKHi: tOO rièro, cl lo cavalier comptera ; iiii. Fia main du liiel retiendra le second pied et le fixera au sol, en disant Holà ! et on ne comptera rien. La main de la bride fera partir l'autre pied, et on comptera : deux. On comptera donc : un, deux, comme pour le pas en avant. Si le cheval engage le mouvement avec un membre antérieur, ou s'il recule de lui-même , il faudra l'ar- rêter innnédiatcment et lui faire placer la jambe dans sa position primitive. On aura soin de placer les membres diagonaux et les membres latéraux dans la même position que pour le pas d'équilibre en avant. A main droite , employer les moyens inverses. Dans le pas d'équilibre en avant et en arrière , il faut avoir soin de toujours engager le mouvement tel qu'il est indiqué, c'est-à-dire avec le bipède de de- dans. Il est préférable de faire le pas d'équilibre sur la piste à main gauche, parce qu'à cette main le travail est beaucoup plus facile pour le cavalier. Pom* rendre le mouvement plus facile, il faudra placer la tête du cheval très-basse. Si le pas d'équilibre est bien exécuté, pour les chevaux dans des conditions ordinaires , trois ou quatre leçons suffiront. Ce pas ainsi appelé pas d'é- quilibre a pour résultat d'accoutumer le cheval à l'homme, de le rendre attentif et calme, deux choses indispensables pour le dressage; de le préparer pour 200 PAS D'KQIILIBHI': le galop, de l'habilucr à Fappui du mors, de décon- tracter la mâchoire inférieure sans fléchir l'encolure, de lui apprendre à répartir ses forces d'une manière juste et régulière, de le préparer à reculer facile- ment, de le faire partir sur le bon ])ied à toutes les allures, et de lui donner de beaux mouvements. Ce travail étant des plus importants, on doit l'exécuter avec un grand soin ; il doit se faire sur la piste ou sur une ligne droite. Pour que le cheval soit élégant et agréable à la main, il ne faut jamais lui faire de flexion directe d'encolure, car il est important que l'encolure reste ferme. On ne doit l'assouplir que dans la région des glandes salivaires, afin de pouvoir la faire plier à droite ou à gauche. Les flexions directes ont pour résultat certain d'encapuchonncr le cheval, de lui retirer son élégance, de le rendre lourd à la main, ou de le faire emporter lorsqu'il est lancé à une al- lure un peu vive. Quand il veut s'emporter, il rap- proche le menton du poitrail , et , dans ce dernier cas, il arrive parfois qu'après avoir piqué un temps d'arrêt très-dur, il détache la ruade avec tant de force , qu'il fait le panache par-dessus son cavalier. C'est, à mon avis, de toutes les défenses une des plus dangereuses. Lorsqu'on a affaire à un cheval ainsi gâté par les flexions, le meilleur moyen qu'on puisse employer DKCOAIPOSK K\ AVWT Kl' K\ MUUKIUv 201 pour lo rendre moins désa^péahle à la main, plus élégant, et pour prévenir le danger, c'est de ne jamais se servir en |)areille circonstance des rênes de bride; il laut conduire le cheval avec les rênes du filet, en ayant soin, toutes les fois qu'il cherche à prendre un point d'appui sur la main, de lui relever instantanément la tète par une saccade du filet don- née de bas en haut, et un [)elit couj) de cravache donné vivement à l'épaule. Les résultats hors ligne et sans précédents que j'ai obtenus par le pas d'équilibre et le surfaix-cavalier ont fourni des preuves incontestables que ce sont les moyens les plus pui<:sants qui existent pour dresser tous les chevaux en général, et particulièrement les plus dijfficiles. LEÇON N" 5. LEÇOIV DE CRAVACHE POUR MOBILISER l'aVA\T-MAI\' ET POUR HABITUER LE CHEVAL AU COXTACT DE LA CRAVACHE SUR TOUTES LES PARTIES DU CORPS. Il est Irès-importaiil , lorsqu'on initie le cheval aux aides de la cravache, de s'en servir avec heau- coup de douceur. On doit en caresser le cheval , en la lui passant à plusieurs reprises sur l'encolure, avant de la lui faire voir; ensuite on la lui passera sur la tête, et on la lui fera voir en lui parlant avec beaucoup de douceur et en le caressant. On évitera de faire de grands mouvements avec la cravache de- vant la tête du cheval, afin de ne pas l'effrayer. On terminera par une simple pression avec la pomme à l'épaule, en avant et en arrière des sangles, sur le dos, sur la croupe et sur les hanches. Cette pression a pour but de mettre le cheval en confiance, et de le préparer à recevoir l'action des jambes du cava- lier. Si pourtant il se défendait, il faudrait le cor- riger immédiatement jusqu'à ce qu'il cédât. Il faut que la correction soit sévère et calme. La sévérité ne consiste pas dans la force brutale. L'emploi de la force, au contraire, est très-nuisible dans le dres- LKÇOX Dl-: (^1? \\ \(,HK. 20:î sage du clieval. Il laiil que lo coup soit appli(|ii('' soc, et, pour ai-rivcr juste, que le niouveincnt du poignet soit saccadé. II ne faut jamais C(kler à un cheval lorsqu'il se défend, mais il faut toujours \v. caresser lorsqu'il obéit. Apiès avoir enréné 1(^ cheval avec les quatre rênes du cavalier en fer, le cavalier, placé à l'épaule gauche du cheval, prendra la rêne du filet de la main gau- che et la cravache de la main droite j et en frappera légèrement le cheval à l'épaule, en le portant en avant avec la rêne du filet. Chaque fois qu'il obéira en se portant en avant sur l'attaque de la cravache, on l'arrêtera en ayant soin de le caresser. On con- tinuera ainsi jusqu'à ce qu'il ait parfaitement com- pris. Ce travail est confirmé lorsque le cheval répond à l'attaque de la cravache sans le secours de la rêne du filet. L'action de la cravache sur l'épaule a pour résul- tat de mobiliser l'avant-main, ce qui est très-impor- tant pour déterminer un cheval à se porter instanta- nément en avant, dès qu'on le lui demande. LEÇOX X" G. LEÇON DE C H .\ M B 11 I È R E. On fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux huitièmes trous ; on placera le clieval bien droit sur la piste à main gauche. Il faudra rouler le fouet au- tour du manche de la chambrière; on la passera très- doucement sur le dos, les flancs, les hanches, sur toute la longueur des jambes, sur le cou et la têtej ensuite on la lui fera voir, et on aura soin de beau- coup le caresser. Le palefrenier tiendra la longe de la main gauche et la rêne gauche du filet de la main droite. Il caressera le cheval. Le cavalier se placera en face et à la hauteur des sangles , à deux mètres de distance du cheval; il déroulera le fouet, et il touchera légèrement le cheval aux flancs avec la mèche. Aussitôt que le cheval se portera en avant, le palefrenier aura soin de bien le caresser. Afin de mettre le cheval en confiance; il faudra, pendant qu'il marche , appuyer la chambrière sur la croupe , le dos, et laisser tomber la mèche sur l'épaule. Par ce moyen on accoutumera le cheval au contact de la chambrière. Ensuite le cavalier s'éloignera de quatre mètres en LKCOX l)K CHAMHKIKHK. 205 reslanl loiijoiirs à la iiumiic li.iulcur; il ivva claquer la cliaiiibrièri' Irès-tloiicomonl, il angine niera le bruit progressivenienl , el la j)crsonnc qui conduit le cheval aura soin, à chaque coup de chambrière, de bien le caresser. Le cavalier se rapprochera alors du cheval , de manière à pouvoir Talteindre avec la chambrière; il le iera partir en le touchant légèrement avec la mèche à Tépaule, h la hanche, an liane et aux jam- bes. Chaque lois que le cheval se portera en avant, on aura soin de le caresser. Pendant ce travail, on marquera de nombreux temps d'arrêt. On continuera cette leçon jusqu'à ce que le cheval soit ])arl'aitenient tranquille , et qu'il n'ait plus la moindre crainte de la chandjrière. LEÇOX iV 7. PREMIÈRE LEÇON d'ÉPEROM. 1] l'aiiclra placer le cheval bien droit sur la piste à main gauche. S'il y en a plusieurs, on les placera à (jLiatre mètres de distance les uns des autres. Le cavalier tiendra de la main gauclie la longe à trente-cinq centimètres du nez du cheval , et la rêne du filet à dix centimètres du menton. Il tiendra de la main droite les rênes de bride croisées , et la crava- che par le milieu , la pomme en bas. Il portera le cheval en avant par une simple pression de la cra- vache à l'épaule, et il continuera par de petits coups, en ayant soin de faire précéder l'action de la cravache par im petit effet de la rêne gauche du filet. Si le cheval se porte instantanément en avant sur l'action de la rêne et de la cravache, il faudra Farrêter et le caresser; s'il refuse, on augmentera l'action de la rêne et de la cravache jusqu'à ce qu'il obéisse. On emploiera les mêmes moyens en avant et en arrière des sangles. On se servira de l'éperon de la même manière, en ayant soin de l'employer sur le C(Mé j)Iat; si le cheval refuse, il faut le corriger immé- diatemeiit en s'en servant par le côté aigu. PHKMIKUI': LIIÇO.V DKPKROX. 207 11 laiulia diniimicr graduellement reflol de la lèiie du lilel au fur et à mesure que ie cheval repondra à l'action de l'éperon, et on cessera le travail aussitôt qu'il répondra à l'elfet de l'éperon sans le secours de la rêne. On tiendra de la main les rênes de bride croisées, afin de pouvoir arrêter le cheval bien droit, dans le cas où il irait troj) vite. Il est Irès-imporlant de ne jamais caresser le cheval lorsqu'il fait mal; une caresse étant |)Our lui un signe d'encouragement, si elle est faite à propos, elle a pour résultat de le confirmer dans l'obéissance ; si elle est faite mal à propos, elle produit l'elfet contraire. Pour que le cheval ait confiance dans le cavalier, il faut pendant toute la durée du dressage se servir de la cravache et de l'éperon avec beaucoup de dou- ceur. On doit, avant de l'employer avec sévérité, se rendre compte si c'est par mauvaise volonté que le cheval refuse d'obéir, ou par ignorance ; dans le pre- mier cas, la correction doit être sévère et instantanée ; dans le second , il faut employer la force d'inertie , insister et persister jusqu'à ce que le cheval ait obéi. Par ces moyens le cheval comprendra parfaitement que son intérêt est dans l'obéissance, puisque sa mauvaise volonté est toujours suivie d'un châtiment. LEÇON K° 8. SUR LES EFFETS DIAGONAUX. Il faudra placer le cheval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à trois mètres de distance les uns des autres; le cavalier tiendra de la main gauche la longe flottante et la rêne du filet à dix centimètres de la bouche du cheval, et de la droite la rêne droite de bride et la cravache, la pomme eu bas ; il fera partir le cheval sur l'attaque de la pomme de la cravache et sur un effet de la rêne droite de bride , qu'il fera de ma- nière à obtenir le relâchement de la mâchoire infé- rieure. On se servira de la pomme de la cravache , en avant et en arrière des sangles. Comme le cheval est dressé par le surfaix-cavalier à mâcher son mors, il suffira de résister un peu fortement deux ou trois fois avec la main, pour que le cheval cède ensuite au plus léger effet de la rêne. Aussitôt que le cheval se portera franchement en avant sur l'effet de la cra- vache et de la rêne de bride, on le placera sur la piste à main droite et on continuera le travail de la même manière, en employant les moyens inverses. SKCO.VDK LKÇOX DKl'KKOXS. 209 Lorsque le clieval se ])orleia ainsi franclieincnt en avant sur l\il(a(|ue e( l'effet de la rêne, à main droite et à main «|auche, on recommencera tout le travail aux deux mains, en se servant de l'éperon de la ma- nière qui a été indiquée ci-dessus pour la pomme de la cravache. Ensuite on fera marcher le cheval au ])etit trot ; on marquera de nombreux temps d'arrêt et on aura soin de ne jamais le faire partir, ni de l'arrêter sans avoir obtenu le relâchement de mâ- choire sur l'effet de la cravache ou de l'éperon et de la rêne de bride opposée (c'est-à-dire à main gau- che, éperon gauche et rêne droite; à main droite, vice versd). Chaque fois que le cheval aura bien fait, il faudra l'encourager par une caresse, ou le récoinpenser en lui donnant un peu de repos. 14 LEÇON N" 0. LECOM DE DRAPEAU. On placera le cheval bien droit sur la pisle à main gauche; le cavalier se placera à l'épaule gauche du cheval aussi près que possible , et il tiendra la longe de la main gauche à soixante centimètres et les rênes de bride croisées. Il tiendra le drapeau roulé de la main droite , il le passera très-doucement sur la croupe, les flancs, le dos, l'encolure, par-dessus la tète, et il le fera voir au cheval , en ayant soin de beaucoup le caresser et de lui parler avec douceur. 11 le déploiera progressivement en le lui faisant voir et en continuant de le caresser, et cessera ce travail lorsque le cheval n'aura plus aucune crainte. Dans ce travail, il faut avoir bien soin de ne jamais faire voir le drtipea.u au cheval avant de l'avoir mis en contact avec toutes les parties de son corps, afin de ne pas l'effrayer. LEÇOiX N" 10. LEÇOX DE TAMBOUR ET DE PISTOLET. Avanl de commencer, on doit avoir soin de des- serrer les sangles, alin que le cheval, étant plus à son aise, soit moins disposé à s'effrayer. On placera le cheval bien droit sur la piste ; s'il y en a plusieurs , ou les placera à trois mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera à l'épaule gauche du cheval, il tiendra de la main gauche la longe flot- tante et la rêne gauche du fdet à huit centimètres du menton du cheval, de la main droite la rêne droite du fdet, et caressera le cheval avec cette main chaque fois qu'on battra le tambour. Si le cheval cherchait h se sauver, il l'arrêterait par l'action simul- tanée des rênes du filet. Un seul tambour commen- cera à battre doucement et très-lentement pendant une seconde seulement. Ensuite on augmentera le bruit progressivement jusqu'à ce qu'il soit aussi fort que possible. Lorsque le cheval ne montrera plus aucune inquié- tude, on le fera marcher au pas très-lentement. A cet instant les taud)0urs recommenceront à battre très-doucement. Aussitôt que le cheval passera près 212 LEÇOX DE TAMBOUR ET DE PISTOLET. du tambour sans en être effrayé, on augmentera le hruit progressivement. A l'approclie du tambour, il faut avoir bien soin de caresser le cbeval. Ensuite on mettra une demi-cbarge dans le pistolet, et on fera partir le coup derrière le cbeval aussi loin que pos- sible. Aussitôt le coup parti, on lui donnera une poignée d'avoine. Lorsque le cbeval sera arrivé à la bauleur du milieu d'un des grands côtés du manège, on tirera un second coup en l'air sur le milieu de l'autre grand côté. Après avoir passé un coin en arrivant sur l'un des grands côtés , on fera partir le troisième coup en faisant face au cbeval , à dix mètres de distance. Un tambour aura soin de battre doucement un peu avant, au moment du coup de pistolet. Pendant ce travail , on aura soin de caresser le cbeval. LEÇOX \" 11. L E Ç 0 \ DE M r S I Q U E. On placera \c clioval bien droit sur la pisle à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à quatre mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de Tépaule gauche. Il tiendra de la main gauche la longe lloltante, et la rêne gauche du filet à cinq centimètres de la bouche du cheval. Il tiendra de la main droite la rêne droite du filet, et il caressera le cheval avec cette main chaque fois que la musique jouera. S'il cherche à se sauver, il l'arrêtera par l'action simultanée des rênes du filet. Un seul tambour commencera à battre très-douce- ment , il augmentera le bruit progressivement jus- qu'à ce qu'il soit aussi fort que possible. Un second instrument l'accompagnera en jouant très-doucement, puis un troisième, et tous successivement à quelques minutes d'intervalle. Ensuite on fera marcher le che- val au pas. Tous les instruments continueront de jouer ensemble, on diminuera le bruit à l'approche du cheval, et on l'augmentera progressivement à mesure qu'il s'éloignera. Si le chcxal s'effrayait en passant près de la musique, il faudrait cesser de 214 LEÇO.V I)K MISIQIIE. jouer à son approche et ne recommencer que lors- qu'il serait à une certaine dislance; on emploiera ce moyen jusqu'à ce que le cheval soit parfaitement calme, en ayant soin chaque lois de le laisser s'avan- cer un peu plus près de la musique avant de cesser de jouer, et de recommencer à jouer chaque fois un peu plus tôt. I.KCOX N" 12. I, F, C0\ DR S A B R K. On placera lo clioval bien droit sur la pisie à main jjauelie; s'il y en a plusieurs, on les plac^era à (rois mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche du cheval; il tiendra de la main gauche la longe flottante et de la droite le sabre dans le fourreau ; il placera la main gauche devant l'œil gauche du cheval ; il appuiera douce- ment le sabre sur la croupe, les hanches, les flancs, les épaules , le cou , et le passera par-dessus la tête en le lui faisant voir et en le caressant. Ensuite on tirera le sabre du fourreau très-lentement, puis plus vite, en augmentant le bruit progressivement. Aussitôt que le cheval n'aura plus aucune crainte du sabre , on le remettra dans le fourreau , et on le fixera par le ceinturon au cavalier en fer, de manière qu'il ne pende pas trop bas. Le cavalier ap])uiera la main droite derrière les sangles. 11 fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège en laissant la main ainsi placée. 11 faudra marquer de nombreux temps d'arrêt, et caresser le cheval très-souvent. \ la seconde leçon, on procédera de In même ma- 216 LKÇOX DE SABRE. ûière. Après avoir fait faire au cheval deux tours de manège au pas , le cavalier retirera la main qui est placée derrière les sangles, et il fera marcher le cheval au petit trot pendant dix minutes, en ayant soin de marquer de nombreux temps d'arrêt et de bien caresser le cheval. Cette leçon est confirmée lorsque le cheval n'a plus aucune crainte du sabre. 11 faudra donc conti- nuer jusqu'à ce qu'on ait obtenu ce résultat. La main placée derrière les sangles a pour but de mettre le cheval en confiance. LEÇON N" 13. DEMI-TOIR A GAUCHE, DEMI-TOUR A DROITE. On placera le cheval sur la pislc à main gauche ; s'il y en a plusieurs, on les placera à deux mètres de distance les uns des autres; on fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège. Le cavalier marquera un temps d'arrêt et se placera face à la tête du cheval ; il tiendra la longe de la main droite près dw nez du cheval , et de la main gauche la cra- vache par la pomme, horizontalement, à cinq centi- mètres du corps du cheval et à la hauteur du coude; il dirigera avec la longe l'avant-main à gauche, pas à pas, jusqu'à ce que le cheval arrive au mur. Dans ce travail , il ûnit faire bien attention à pla- cer le cheval de manière qu'il ne se croise pas les jambes en marchant et que les membres postérieurs ne quittent pas le sol. Si le cheval jetait ses hanches à droite, il faudrait le redresser immédiatement en le corrigeant vive- ment par quelques petits coups donnés sur la hanche avec la pointe de la cravache, jusqu'à ce qu'il eût repris sa position première. 218 DEMI-TOIR A GAUCHE, DEMI-TOIR A DROITE. Pendant ce travail, on doit souvent caresser le cheval. Pour le (lonii-lour à droite, employer les moyens inverses. LEÇOX \" 14 LA PIROIJKTTE SUR LES ÉPAULES. On placera le cheval sur la piste à main gauche ; s'il y en a plusieurs, on les placera à quatre mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche du cheval; il tiendra de la main gauche la longe flottante, et de la droite la rêne droite de bride et la cravache à la hauteur du cercle en cuivre; il fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège , et lui fera faire un à gauche : ensuite il le fera avancer dans Tintérieur du manège, de manière que la croupe se trouve à deux mètres de distance du mur. Il tiendra la longe de la main gauche près du nez du cheval , afin de l'empêcher d'avancer ou de reculer. De la main droite, il tiendra la rêne gauche du filet; il donnera de petits coups derrière les sangles, et fera décrire un cercle à gauche avec l'arrière-main, en ayant soin d'arrêter le cheval pas à pas et de retenir le membre antérieur avec la rêne du filet, afin d'obtenir le pivot. Pour la pironelle à droite, employer les moyens inverses. LEÇON N" 15. PIROUETTE SUR LES HANCHES. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs , on les placera à quatre mètres de distance les uns des autres. Après avoir fait faire au cheval des demi-tours à droite et des demi- tours à gauche pendant quatre leçons, on le fera marcher au pas pendant deux tours de manège , et on lui fera faire un à gauche : ensuite on le fera avancer dans l'intérieur du manège de manière que la croupe se trouve à quatre mètres de dislance du mur. Le cavalier se placera face à la tête du cheval, il tiendra la longe de la main droite près du nez du cheval, et posera la main gauche à l'épaule droite. Une personne se placera à gauche du cheval à la hauteur des sangles , elle posera la main droite sur le milieu de la hanche et la main gauche en avant des sangles. Une seconde personne se placera à droite du che- val à la hauteur des sangles, elle posera la main gauche sur le milieu de la hanche et la main droite en avant des sangles. IMIUU KTTK Sni l.VS H.WCIIKS. 221 Avec la loiiyo ol par une pression de la main snr IcpaiiU', le eavalier dirigera le cheval à gauche pas à pas, de manière à décrire un cercle avec l'avanl- main. Pendant ce Iravail, la personne placée à gauche du cheval laissera ses mains posées sans faire aucun mouvement, à moins que le cheval ne jette ses hanches de son côté. Dans ce cas , il faudrait le redresser immédiatement ])ar une pression de la main sur la hanche, ou en le frappant légèrement si cela était nécessaire. La personne placée à droite devra , à chaque j)as du cheval , faire une légère pression avec la main gauche sur la hanche pour contenir les han- ches à leur place, de manière à ])Ouvoir obtenir un pivot sur le membre postérieur droit. En résumé, il est bien entendu que la personne placée à gauche du cheval doit maintenir les han- ches à leur place , et que la personne placée à droite doit les contenir. LEÇON N" 17. CHANGEMENT DE MAIN DE DEUX PISTES AVEC l'aIDE DE LA LONGE ET DE LA CRAVACHE. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à deux mètres de dislance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche et parallèlement au cheval; il tiendra de la main gauche la longe Hot- tante; de la droite, la rêne de bride et la cravache par le milieu , la pomme en bas. Il fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de mauége. Après avoir passé de deux mètres un des coins du manège, et se trouvant sur un grand côté, il arrêtera son cheval bien droit à un mètre du mur, et tiendra la longe de la main droite près du nez du cheval , et de la gauche la cravache par le milieu , la pomme en bas, et la rêne droite du filet. Il dirigera le cheval à gauche avec la longe de manière à décrire une ligne diagonale ; il décomposera le mouvement pas à pas ; il agira alternativement avec la main et avec la pomme de la cravache , avec laquelle il donnera un léger coup en avant des sangles. En arrêtant à chaque pas, il faudra amener la CHAXGEMKXT I)K M\\\ l)K DKIX PISTKS. 225 tèle et répaule à gauche par un effet de longe et de rêne gauche du filet, de manière à j)lier le corps du cheval du côté opposé à celui vers lequel il marche. Par ce moyen, on arrivera à l'assouplir Irès-promp- tement. Pendant ce travail, il faudra faire croiser les jambes au cheval en élargissant le mouvement pro- gressivement. Si le cheval jetait sa croupe de travers, il faudrait, pour le redresser, l'arrêter immédiate- ment en opposant les épaules aux hanches , et le replacer bien droit avant de recommencer le mou- vement. Ce travail étant très-important pour assouplir les hanches et les épaules du cheval, il faudra l'exécuter avec le plus grand soin. Pour le changement de main de deux pistes à droite, employer les moyens inverses. Il faudra caresser le cheval très-souvent , et le ré- compenser lorsqu'il aura bien fait en lui donnant un peu de repos. 15 LEÇON N" 17. CHAXGEMENT DE MAIX DE DEUX PISTES AVEC l'aIDE DE LA LOXGE ET DE LA CRAVACHE. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à deux mètres de dislance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche et parallèlement au cheval; il tiendra de la main gauche la longe flot- tante; de la droite, la rêne de bride et la cravache par le milieu, la pomme en bas. Il fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège. Après avoir passe de deux mètres un des coins du manège, et se trouvant sur un grand côté, il arrêtera son cheval bien droit à un mètre du mur, et tiendra la longe de la main droite près du nez du cheval, et de la gauche la cravache par le milieu , la pomme en bas, et la rêne droite du filet, 11 dirigera le cheval à gauche avec la longe de manière à décrire une ligne diagonale ; il décomposera le mouvement pas à pas ; il agira alternativement avec la main et avec la pomme de la cravache , avec laquelle il donnera un léger coup en avant des sangles. En arrêtant à chaque pas, il faudra amener la (.11 WC.KMrAT DK M AI\ DM DKIX l'ISTKS. 22."» lôlc cl Tcpaiilc à j^aiiclu' j)ar un cH'cl de loiijjcî cl do rcMo ;{aiiclie du lilol, do iiiauiore à j)lior le corps du cheval du côté opposé à celui vers lequel il niarclie. Par ce moyen, on arrivera à l'assouplir très-j)romp- tonioni. Pendant ce travail, il faudra faire croiser les jambes au cheval en élargissant le mouvement pro- gressivement. Si le cheval jetait sa croupe de travers, il fiiudrait, pour le redresser, l'arrêter immédiate- ment en opposant les épaules aux hanches , et le replacer bien droit avant de recommencer le mou- vement. Ce travail étant très-important pour assouplir les hanches et les épaules du cheval, il faudra l'exécuter avec le plus grand soin. Pour le changement de main de deux pistes à droite, employer les moyens inverses. Il faudra caresser le cheval très-souvent , et le ré- compenser lorsqu'il aura bien fait en lui donnant un peu de repos. 15 LEÇON N" 18. TllOISIÈ.ME LEÇOX DU TRAVAIL DE DEUX PISTES. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche ; s'il y en a plusieurs , on les placera à deux mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche et. parallèlement au cheval; il tiendra de la main gauche la longe flot- tante; de la droite la rên€ de bride et la cravache par le milieu , la pomme en bas. Il fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège. Après avoir passé de deux mètres un des coins du manège et se trouvant sur un grand côté, il arrêtera son cheval bien droit à un mètre du mur, il tiendra la longe de la main droite à dix centimètres du nez du cheval , et de la gauche , la rêne gauche du filet et la cravache par le milieu , la pomme en bas. Il diri- gera le cheval à gauche avec la longe de manière à décrire une ligne diagonale ; il décomposera le mou- vement pas à pas; il agira alternativement avec la main et avec la pomme de la cravache, dont il don- nera un léger coup en arrière des sangles. En arrêtant à chaque pas , il faudra amener la tête et l'épaule à droite par un effet de longe et de rêne TKOISIIIMK I.KÇOV lU TUWAll. DK DKl \ IMSTKS. 227 (Iroilo du lilof, de luanièic à plier le corps du cheval du côlé vers le(|uel il marche. A chaque leiups d'ar- rêt-, ou fera relâcher la luàchoire par un effet de la rèue gauche du filet. Un peu avant de terminer le changement de main , le cavalier passera devant la (ète du cheval, se placera à l'épaule gauche et le dirigera de manière à le placer la tête au mur en arrivant sur la piste. II tiendra la longe flottante de la main gauche, et de la droite la rêne droite du filet et la cravache par le milieu , la pomme en bas. Il dirigera le cheval à droite avec la rêne droite du filet , et il agira alternativement avec la main et avec la pomme de la cravache, dont il donnera un léger coup en arrière des sangles. En arrêtant à chaque pas, il faudra amener la tête et l'épaule à droite par un effet de rêne droite du filet , de manière à plier le corps du cheval du côté vers lequel il marche. Pour le changement de main à droite et la tête au mur à gauche , employer les moyens inverses Il faudra caresser le cheval très-souvent, et le récompenser lorsqu'il aura bien fait en lui donnant un peu de repos. LEÇON \° 19. QUATRIÈME LEÇ.OX DU TRAVAIL DE DEUX PISTES AVEC l'aiDE DE l'Éperon. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche. S'il y en a plusieurs, on les placera à trois mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche et parallèlement au cheval ; il tiendra de la main gauche la longe flot- tante , de la droite la rêne de bride et la cravache par le milieu , la pomme en bas. Il fera marcher le cheval au pas pendant deux tours de manège, et l'ar- rêtera de temps en temps sur un petit effet d'éperon et de rêne droite de bride. Ensuite il lui fera faire un à gauche et l'arrêtera bien droit , la croupe au mur. Il se placera près de l'épaule gauche du che- val ; il tiendra de la main gauche la longe à quinze centimètres du nez du cheval , et la rêne gauche de bride à dix centimètres de la bouche ; il tiendra de la main droite la rêne droite de bride et la cravache par le milieu, l'éperon en bas. Il dirigera le cheval à droite avec la rêne droite de bride, et il agira alter- nativement avec la main et avec l'éperon, dont il don- nera un léger coup en arrière des sangles. Qr.vniii'iMK i.ir.ov di tkw \ii, dk dkix i'IStks. 229 En arrêtant à cliaquc pas, il faudra amener la lèle et l'épaiile à droile par un effet de rèue droite de bride, de manière à plier le corps du cheval du côté vers lequel il marche. Pendant tout ce travail, il faut avoir bien soin de se servir de l'éperon du côté plat. Il laudra caresser le cheval très-souvent et le ré- compenser lorsqu'il aura bien fait, en lui donnant un peu de repos. Pour faire marcher le cheval de deux pistes à main gauche, la croupe au mur, employer les moyens inverses. Il faudra, pendant tout ce travail, diminuer gra- duellement l'elfet de la rêne de bride au fur et à mesure qu'on obtiendra le relâchement de mâ- choire plus facilement , afin que le cheval finisse par céder au plus petit effet de rêne. LEÇOX N" 20. POUR FAIRE PARTIR LE CHEVAL AU PAS ET AU TROT. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche et parallèlement au cheval ; il tiendra de la main gau- che la longe flottante , et de la droite la rêne droite du filet et la cravache à la hauteur du cercle en cuivre appuyée à l'épaule, la pointe en bas. Il mar- chera à côté du cheval en faisant le pas aussi long que possible et en réglant le pas du cheval sur le sien. Si le cheval allait trop vite , il faudrait l'arrêter immédiatement par un léger effet de la rêne droite du filet. Pendant toute la durée de ce travail , on marquera de nombreux temps d'arrêt sur l'effet de la rêne droite du filet et d'une pression de la cravache à l'épaule. Ensuite le cavalier tiendra de la main droite les rênes du mors croisées; il continuera ce travail en marquant de nombreux temps d'arrêt avec les rênes de bride, et il en diminuera graduellement les effets jusqu'à ce que le cheval s'arrête sur une légère pression des rênes. 11 le fera partir par un petit coup de cravache à l'épaule en avant et en arrière des sangles; il procédera de la même manière avec l'é- poni I' \iHi': \\\\\TU\ LE (;hk\ AI, ai pas irr Ar thot. 231 pcron et en lui faisant sentir chaque fois un léger effet des rênes de bride. Il faudra faire bien attention que le cheval ne parte jamais de lui-même. S'il clierchait à partir, on l'arrêterait immédiatement, et on le corrigerait par une petite saccade du filet donnée vivement de haut en bas. On aura soin de bien le caresser chaque fois qu'il partira ou s'arrêtera instantanément sur les effets de main, d'éperon ou de cravache. Ensuite le cavalier marchera au pas gymnastique; il fera partir le clicval sur un léger effet des rênes de bride , en lui donnant un petit coup de cravache ou d'éperon au flanc, qu'il fera précéder d'un appel de langue. (Dans ce travail employer la cravache ou l'éperon, selon le degré de sensibilité du cheval.) Aussitôt que le cheval partira franchement sur l'attaque de la cravache ou de l'éperon, on cessera les appels de langue, et le cavalier raccourcira le trot jusqu'à ce qu'il puisse suivre le cheval en mar- chant au pas. Après quelques leçons, lorsque le cheval partira facilement au trot, on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux douzièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux dix-huitièmes. On fera marcher le cheval au pas et au trot sur le pli à droite, et on aura soin de l'arrêter chaque fois sur 232 POIR FAIRE PARTIR LK CHEl AL Al TAS ET AU TROT. l'effet de rêne droite de bride et de cravache, en exi- geant le relâchement de mâchoires à chaque départ et à chaque temps d'arrêt. Lorsque ce travail se fera facilement, on fixera la rêne gauche de bride et de filet aux quatorzièmes trous, et la rêne droite de bride et de filet aux vingt et unièmes. Tout le travail de cette leçon doit s'exécuter alter- nativement à main gauche et à main droite. A main droite, employer les moyens inverses. LEÇON \" 21. POUR GR.WDIR LE CHEVAL. Le cavalier se placera face à la tête du cheval; il tiendra la longe de la main droite à six pouces du nez; il marchera en arrière en faisant le pas aussi long que possible; il fera marcher le cheval au pas el lui relèvera la tête de temps en temps par une petite saccade donnée avec le caveçon de bas en haut; et chaque fois qu'il aura obéi, il aura bien soin de le caresser. Aussitôt qu'il relèvera la tête et l'encolure sur un effet imperceptible du caveçon, le cavalier se placera à l'épaule gauche; il tiendra de la main gauche la longe flottante et la rêne gauche du filet à dix cen- timètres de la bouche, de la droite les rênes de bride croisées, légèrement tendues, et la cravache à l'épaule, à la hauteur du cercle en cuivre, la pointe en bas. Chaque fois que le cheval baissera la tête, le cava- lier la lui fera relever instantanément par une légère saccade de la rêne gauche du filet donnée de bas en 234 POUR GRAXDIR LE CHEVAL. haut et un petit coup de cravache donné simultané- ment à l'épaule. Si le cheval essayait d'arracher les rênes de la main du cavalier, il faudrait employer le même moyen jusqu'à ce qu'il n'essayât plus de le faire. LKCOX X" 22. POUR FAIRE RECULER. On placera le clieval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à deux mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera face à la tète du cheval. Il tiendra de la main gauche la longe flottante et la rêne droite de bride près de la bouche ; de la droite la cravache à la hau- teur du cercle en cuivre, la pointe en bas, et la rêne gauche de bride près de la bouche. Il lui pla- cera la tête très-basse , il le fera reculer en décom- posant le mouvement pas à pas et en faisant sentir alternativement Teffet des rênes. Il faudra exiger le relâchement de la mâchoire à chaque pas. Lorsque les jarrets du cheval seront assez assouplis pour lui permettre de reculer facilement, on le grandira en le faisant reculer sur l'effet des rênes du fdet. On lui relèvera la tête et l'encolure progressivement, jus- qu'à ce qu'on soit parvenu à faire baisser l'arrière- main, de manière à l'asseoir sur ses jarrets. Aussitôt qu'il pourra reculer facilement dans celte position, 236 rOlR FAIRK RKCLLER. on le fera reculer sur l'effet simultané des deux rênes de bride. Pendant tout ce travail, il faut avoir la main ex- trêmement légère; pour lui rendre le mouvement plus facile, on doit avoir soin de lui placer la tête très-basse en commençant , et il ne faudra la lui re- lever que progressivement, au fur et à mesure que les lianches et les jarrets s'assoupliront. L'action du mors ayant pour résultat de faire bais- ser la tête au cheval et l'action du fdet de la lui faire relever, il est donc plus rationnel de commencer par se servir du mors par trois motifs : le premier est que le cheval une fois habitué à l'effet du mors accepte très-facilement celui du filet ou du bridon, qui est beaucoup plus doux; si l'on commence au contraire par le filet ou le bridon , il arrive souvent que le cheval, y étant accoutumé, se défend sur l'effet du mors; le second est que, pour rendre au cheval les mouvements plus faciles en commençant, il faut lui placer la tête basse, à cause de la roideur de ses membres; le troisième est qu'au commencement du dressage tous les mouvements doivent être exécutés près de terre, afin de ne pas fatiguer le cheval, et qu'on ne doit les grandir qu'en suivant progressive- ment les degrés de l'assouplissement. Ainsi donc, le bridon et le filet ayant pour résultats, lorsqu'on les emploie dans le dressage du cheval, de lui relever la POril FAIRK RKCILKR. 2:57 lôlo, i'encolinc, ol de l'asseoir sur ses jarrcis, il arrivera, toutes les l'ois qu'on en fera l'emploi avant que le cheval soit parfaitement assoupli, qu'on le ruinera très- promptement. LEÇON K" 23. POUR FAIRE CONNAITRE AU CHEVAL l'eFFET DES RÉXES POUR LE DÉPART AU GALOP. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche; s'il y en a plusieurs, on les placera à deux mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche du cheval; il tiendra de la main gauche la longe à quinze centimètres du nez, et de la droite la rêne droite de bride et la cra- vache par le milieu , la pomme en bas. Il placera le cheval de manière que le membre antérieur droit se trouve un peu en arrière du gauche. Il fera sentir légèrement la rêne droite , et donnera en même temps un petit coup avec la pomme de la cravache en arrière des sangles. Il diminuera graduellement l'effet de la cravache au fur et à mesure que le cheval répondra à l'effet de la rêne. Cette leçon est confir- mée lorsque le cheval part sur le bon pied chaque fois qu'on le lui demande par un petit effet de rêne et de cravache. Pendant ce travail , s'il arrivait que le cheval partît sur le mauvais pied, il faudrait l'ar- rêter immédiatement, replacer le membre droit en r.KI-KT DKS HKM'IS l'OlIl I,K I)K1V\1«T M G\l,()l'. 2:îi) anièrodii j|;uiclic, et rocoiiimcucor jusqu'à ce qu'il ail parraitènient compris ce qu'on exige de lui. Pour lui faire connaître Teffet de la rêne gauche et de la jambe droite, on placera le cheval à main droite et on emploiera les moyens inverses. LEÇOX N° 24. POUR RASSEMBLER LE CHEVAL. On placera le cheval sur la piste à main gauche ; s'il y en a plusieurs , on les placera à trois mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera aussi près que possible de l'épaule du cheval; il tiendra de la main gauche la longe près du nez, afin que, s'il cherchait à avancer ou à reculer, il puisse l'en em- pêcher immédiatement en faisant une opposition, au moyen d'un très-léger coup de cavecon ; il tiendra de la main droite les rênes de bride croisées et la cravache par la pomme ; il frappera légèrement le cheval sur la croupe avec la cravache , en faisant précéder chaque petit coup d'un appel de langue, et aussitôt qu'on sera parvenu à mobiliser les quatre membres, il faudra l'arrêter et beaucoup le caresser; on continuera ce travail en grandissant progressive- ment le mouvement et en faisant relâcher la mâ- choire sur l'effet des rênes et de la cravache. Il faut avoir soin d'exiger très-peu à la fois, et de récom- penser le cheval souvent en lui donnant un peu de repos. S'il y a peu de chevaux , il est préférable de les placer chacun dans un des coins du manège , de l'Ol U UASSKMBI.KR \.V. CMKV.M. 241 manière que leurs croupes touchent au mur et qu'ils puissent trouver un obstacle s'ils voulaient reculer. Si le cheval cherchait à se cabrer, il faudrait faire une opposition en lui donnant vivement une saccade de haut en bas avec le caveron; s'il cherchait à ruer, il faudrait la donner de bas en haut et le corriger immédiatement par un petit coup de cravache à l'épaule. Pour combattre avec avantage les défenses du cheval, il faut toujours que l'opposition de la main et le coup de cravache ou d'éperon précèdent la défense. C'est au moment où le cheval commence à se contracter qu'il faut le corriger. Si le cavalier s'était laissé prévenir par le cheval, il faudrait qu'il continuât l'effet du caveçon et de la cravache jusqu'à ce qu'il eut cessé de se défendre. Aussitôt que le cheval n'essayera plus d'avancer ou de reculer, il tiendra la longe flottante à cinquante centimètres du nez, afin de ne pas l'empêcher de mâcher son mors. A la troisième et à la quatrième leçon, on l'exercera de la manière indiquée ci-dessus , mais en se ser- vant de temps en temps de la pomme de la'cravache derrière les sangles. A la cinquième leçon, il faut le rassembler avec la pomme de la cravache et l'éperon altcrnalivemenl, n employant l'éperon sur le côté plat. Si le cheval est pur sang, il faut l'employer avec encore plus de 10 242 POUR RASSEMBLER LE CHEVAL. douceur et de précaution. S'il est IVoid et sans cœur, ce qui se rencontre très-rarement, il faudra em- ployer l'éperon sur le côté aigu. Ce travail élant très-important pour obtenir de bous résultats, il faut le faire avec le plus grand soin, et, quoi qu'il arrive, le cavalier ne devra jamais se mettre en colère ni même s'impatienter; car le sang-froid et la bonne humeur de l'homme sont un des moyens les plus puissants pour dominer le cheval. Pendant tout ce travail il faut avoir la main extrême- ment tégère et faire bien attention que le cheval ne piétine pas de colère, ce qui lui rendrait les jambes roides au lieu de l'assouplir. Pour que ce travail soit bon, il faut donc s'attacher à mobiliser lentement les membres l'un après l'autre. Le cavalier doit être aussi près de l'épaule du cheval que possible, parce que dans cette position il est hors de toutes ses atteintes, tandis qu'à une cer- taine distance il y aurait du danger pour lui. LEÇON N° 25. POUR FAIRE SAUTER LE CHEVAL. On placera la barre par terre près du mur, au mi- lieu du grand côté gauche du manège. Il faudra fixer les quatre rênes du surfaix-cavalier aux premiers trous. Ou placera le cheval bien droit sur la piste à main droite 5 s'il y en a plusieurs-, on les placera à deux mètres de distance les uns des autres. Le cavalier se placera près de l'épaule droite, il tiendra de la main droite, par le bout, la longe flottante, et de la gau- che la rêne du filet à soixante centimètres de la bouche du cheval; il le fera marcher très-lentement au pas; après avoir dépassé le deuxième coin il Far- tera , le caressera pour le mettre en confiance , et le dirigera lentement de manière à arriver au milieu de la barre ; il se placera à hauteur de la tête du cheval et l'arrêtera à cinquante centimètres de distance de la barre 5 il lui baissera la tête pour qu'il puisse bien la voir; il lui parlera avec beaucoup de douceur et le caressera. Le cavalier sautera très-légèrement par- dessus la barre, en donnant un appel de langue suivi du mot hop-là. Après avoir sauté , le cavalier arrê- tera son cheval, et s'il y en a plusieurs, il ira rejoin- iO. 2'.4 POLR FAIRE SAUTER LE CHEVAL. drc la queue de la reprise ; ensuite on lèvera la barre à quinze centimètres du sol. Au deuxième tour, en arrivant à cinq mètres de la barre, le cavalier prendra le pas gymnastique, mettra le clicval au trot et le fera sauter en employant les n^oyens indi- qués ci-dessus. On continuera la leçon au pas et au trot jusqu'à ce que le cheval saute franchement de lui-même. Aussitôt qu'on aura obtenu qu'il saute franchement , pour le récompenser il faudra cesser ce travail immédiatement. A la seconde leçon on fixera les quatre rênes du surfaix-cavalier aux sixièmes trous ; à la troisième , aux dixièmes; à la quatrième, aux quinzièmes. Quatre leçons suffisent toujours pour apprendre à un cheval à sauter parfaitement. Il est indispensable d'arrêter le cheval à cinquante centimètres de la barre, car si on l'arrête plus près ou plus loin , il est certain qu'il s'y frappera les jambes, et la douleur qu'il en éprouvera le rendra craintif; dans ce cas, au lieu de sauter avec plai- sir, il cherchera toujours à se dérober au moment du saut. Pendant tout ce travail il ne faut jamais tenter de faire sauter le cheval de force en le tirant avec la longe ou avec la rêne; il faut, s'il refuse, se placer face à la tête du cheval , tenir de la main gauche les rênes du filet au boulon, et de la droite, la cravache POU? KAinr, s \i riiii i,k ciniv \l kt.wt moxtk. 245 par la poinino. On frappera le clicval au poilrail avec la poinlo de la cravaclie en faisant précéder chaque coup d'un pelit effet de rênes et d'un appel de lan- gue; on augmentera progressivement jusqu'à ce qu'il se porte en avant. Au bout de quelques instants, lors- qu'il aura ])ris l'habitude de se porter en avant sur un petit effet de la cravache, il faudra placer la barre par terre et l'y ramener pour la lui faire franchir au pas, en employant les moyens décrits ci-dessus. Le «avalier se placera un peu de côte pour éviter que le cheval saute sur lui. On aura soin de bien ca- resser le cheval chaque fois qu'il se portera en avant sur l'effet de la cravache; cette persistance dans le refus est très-rare , car dans le nombre considérable de chevaux que j'ai dressés, je n'en ai jamais ren- contré que deux avec lesquels je fus obligée d'em- ployer ces moyens. POUR FAIRE SAUTER LE CHEVAL ÉTANT M0\'TÉ. On placera la barre par terre ; le cavalier marchera au pas sur la piste à main droite ; il arrêtera son cheval à cinquante centimètres de la barre; s'il y en a plusieurs, ils marcheront à deux mètres de dis- tance , et les cavaliers les arrêteront successivement à cinquante centimètres de la barre. Le cavalier rendra la main de manière que le cheval puisse 240 POl'R FAIRE SAUTER LE CHEVAL ÉTAXT MOXTÉ. baisser la tête et voir la barre ; il la lui fera franchir en disant : hop-là. Lorsque le cheval sera en l'air, il le soutiendra un peu avec la main et les jambes afin de l'empêcher de tomber au moment où il redescend à terre. Après chaque saut il faut avoir bien soin de l'arrêter un instant, de lui jeter les rênes sur le cou et de bien le caresser. On élèvera la barre à quinze centimètres. Lorsque le cheval sautera bien fran- chement au pas , on le fera sauter au trot , puis au galop, en employant les moyens indiqués ci-dessus. Aussitôt que le cheval aura sauté une seule fois bien franchement à chaque allure, on terminera la leçon immédiatement. Pendant tout ce travail, il faut faire bien attention de ne pas surexciter le cheval à l'avance. On doit l'amener avec calme et ne déployer son énergie que cinq mètres avant d'arriver près de l'obstacle; car si on l'excite trop à l'avance , il perd la tête et saute sans savoir ce qu'il fait, En employant les moyens que je viens d'indiquer, j'ai toujours réussi à faire sauter les chevaux parfai- tement, même ceux qui étaient dans de très-mau- vaises conditions et qui jusqu'alors avaient offert de grandes difficultés. LEÇON K" 26. LEÇO\' PROGRESSIVE DE MONTOIR POUR LES CHEVAUX NEUFS. On ôlera le surfîiix-cavalier. On placera le cheval bien droit sur la piste à main gauche. Le cavalier se placera près de l'épaule gauche, il tiendra de la main gauche la longe flottante, et de la droite la rêne du filet à quinze centimètres de la bouche du cheval, et la cravache par la pomme, la pointe en bas. Il lui fera faire trois tours de manège au pas, en ayant soin de beaucoup le caresser; il éloignera son cheval du mur et l'arrêtera à trois mètres en dedans du manège ; il s'assurera si la gourmette est assez lâche pour passer trois doigts entre elle et le menton du cheval , et si elle est sur le plat. Si la selle avait glissé en avant, il faudrait la remettre à sa place. On fixera les sangles de manière qu'on puisse passer deux mains entre elles et le corps du cheval. Une personne se placera face à la tète du cheval , tiendra de la main gauche la longe près du nez , le caressera et lui parlera avec douceur ; en- suite elle lui placera la main droite devant l'œil gauche. A cet instant une autre personne se placera à droite du cheval, tiendra l'élrivière fie In main 2V8 LKÇOX PHOCRKSSIVK I)K AIOXTOIR gauche et appuiera dessus de manière à empêcher la selle de tourner au moment où le cavalier met le pied à l'étrier. De la main droite il caressera hien doucement le cheval à l'épaule. Le cavalier montera avec toute la légèreté et la dextérité possibles , en ayant hien soin en montant de ne pas le toucher avec la pointe du pied. Il s'assoiera bien doucement sur le milieu de la selle; il ne fera aucun mouvement avec le corps , la main ni les jambes. La personne placée à droite continuera de caresser le cheval. Au bout d'une minute, la personne qui tient la longe mettra sa main droite devant l'œil gauche , et celle qui est à droite pèsera sur l'élrier. Le cavalier des- cendra vivement et aussi légèrement que possible, en ayant soin de ne pas toucher le cheval avec la pointe du pied. On fera faire au cheval trois tours de ma- nège au pas, en lui jetant les rênes sur le cou et en tenant la longe flottante ; ensuite on le reconduira à l'écurie, en ayant soin de le hien caresser pendant le trajet. A la seconde leçon, on emploiera les moyens indiqués ci=dessus; mais en plus, le cavalier restera deux minutes sur le cheval. A la troisième leçon, la personne qui tient la longe prendra la rêne du fdet de la main droite et fera faire au cheval cinq ou six pas. Le cavalier descendra, et on procédera de la manière qui a été indiquée dans la première leçon. A la quatrième leçon , le cavalier montera de la 1M)1 il LKS CHKVAIX \Kl FS. 2W manière qui a vie décrilo dans la première leçon, et on conduira le cheval comme dans la leçon précé- dente. Apres lui avoir f;iit faire cinq ou six pas, le cavalier liendra de la main droite la rêne droite de bride, et de la gauche la rêne gauche. La persomic qui marche à Tépaule gauclie du cheval tiendra de la main <|auche la longe flottante, et de la droite la rêne gauche du filet. On fera faire au cheval un tour de manège au pas, en ayant soin de marquer de nombreux temps d'arrêt et de le faire repartir chaque fois sur un petit effet de cravache à l'épaule. La personne qui marche à côté du cheval le caressera chaque fois qu'on l'arrêtera et qu'on le fera repartir. Le cavalier doit avoir la main excessivement légère, A la cinquième leçon, on procédera de la même manière que dans la leçon précédente. Après avoir fait faire au cheval un tour de manège au pas , on lui retirera le caveçon. Le cavalier tiendra de la main droite la rêne droite de bride et de filet, et de la gauche, la rêne gauche de bride et de filet. La personne continuera de mar- cher à l'épaule du cheval, et si elle lui voyait un moment d'hésitation , elle saisirait vivement la rêne gauche du filet et le porterait instantanément en avant. Le cavalier fera ûiire au cheval deux tours de manège au pas; il commencera par arrêter son che- 250 LEÇON PROGRESSIVE DE MOXTOIR. val par l'effet des rênes du filet, qu'il tiendra un peu plus tendues que celles de bride ; il diminuera gra- duellement l'effet des rênes du filet et augmentera progressivement celui des rênes de bride; aussitôt que le cheval y répondra , il tiendra les rênes dans une seule main. Il placera les rênes de bride de la manière indiquée dans la leçon d'équitation , et les rênes du filet dans la main de manière que le bouton tombe à droite. Il conduira son cheval sur l'effet des rênes du filet , en le diminuant graduel- lement et en augmentant progressivement celui des rênes de bride. Pour les leçons suivantes , on continuera la pro- gression des rênes qui vient d'être indiquée. Lorsque le cheval répondra parfaitement à l'effet des rênes de bride, on cessera de se servir de celles du filet. Il y a des chevaux qui sont plus inquiets les uns que les autres , ce sera donc au cavalier à cesser de se servir de la personne qui accompagne le cheval lors- qu'il le verra marcher franchement , sans s'inquiéter de ce qui se passe autour de lui. Pour des chevaux d'un moral dans des conditions ordinaires, il suffit de les faire accompagner pendant les cinq ou six premières leçons. LEÇON N" 27. L E Ç 0 \' D ' É Q U I T A T I 0 N, Le cavalier se place à la hauleur du milieu de l'épaule gauche du cheval et dans la même direc- tion , les deux pieds placés à la même hauteur et à dix centimètres de distance l'un de l'autre. Il recule doucement le pied droit à la moitié de la lon- gueur du gauche, et tourne sur ses talons jusqu'à ce qu'il se trouve placé face à l'épaule du cheval. Le cavalier ainsi placé prend de la main droite les rênes du filet au bouton , en plaçant le petit doigt de la main gauche entre les deux rênes , et les fait glisser doucement dans la main gauche jusqu'à ce qu'elles soient légèrement tendues. La main droite jette le bouton des rênes sur le côté droit de l'enco- lure. Il prend de cette main une mèche de la cri- nière, et la passe dans le milieu de la main gauche, en arrangeant les crins de manière qu'ils soient tous également tendus, afin qu'il ne puisse pas les arra- cher au moment où il monte. II faut avoir soin de bien fermer les doigts, pour que les rênes et les crins ne glissent pas de la main. Le cavalier fait un 252 LKÇOX" D'KQHTATIOX. quart de tour à droite sur les talons ; il prend l'étrier de la main droite en le tournant de son côté; il passe le pied gauche dans Tétrier et le place sur le milieu de la plante. Il place la main droite sur le troussequin de la selle, il appuie le genou gauche contre les sangles ; le pied qui est dans l'étrier doit être tenu assez en ar- rière pour ne pas toucher le cheval avec la pointe au moment du saut. Le cavalier saute légèrement deux ou trois fois sur le pied droit pour se rappro- cher du corps du cheval ; il s'enlève sur l'étrier, et place ses deux pieds à la même hauteur; il appuie les genoux contre les sangles ; il reste ainsi placé pendant une seconde, en tenant le corps hien droit; il passe la main du troussequin au pommeau de la selle, il prend un point d'appui sur l'étrier et sur le pommeau ; il lève la jamhe droite , et la passe légè- rement par-dessus la croupe du cheval, la place à droite sur les sangles , serre les genoux , et s'assied très-doucement sur le milieu de la selle. La main gauche quitte la crinière, et la main droite le pom- meau. Il prend de la main droite les rênes de hride au houton, en plaçant le petit doigt de la main gau- che entre les deux rênes, et les fait glisser dans la main gauche jusqu'à ce qu'elles soient légèrement tendues; il place les rênes l'une sur l'autre sur l'in- dex,' derrière la seconde phalange, de manière que LKÇOX DKQlITAriOX. 2:);i le boulon dos rênes lonibe à gauche de la main. Le cavalier ferme le pouce par-dessus les rênes , ar- rondit le poignet, le place à la hauteur de la cein- ture et de manière que les secondes phalanges se trouvent à huit centimètres en avant et faisant face au milieu du corps. Il conserve son poignet exces- sivement souple , afin de ne pas donner la moindre roideur au bras ; il place ses coudes sans roideur près du corps, et laisse tomber le bras droit per- pendiculairement; il place le pied droit dans l'é- trier, en ayant soin d'éviter de regarder de ce côte. Au bout de deux minutes, il quitte les étriers, raccourcit les ctrivières de manière que les étriers ne ballottent pas sur le cheval, et les fixe. Il laisse tomber ses jambes tout naturellement, sans la moin- dre roideur. Pour descendre, le cavalier place la main droite sur le pommeau de la selle, sur lequel il prend un premier point d'appui, et un second sur l'étrier. 11 passe légèrement la jambe droite par-dessus la croupe du cheval; il saisit le trousscquin de la main droite, sur lequel il prend un point d'appui, et un autre sur l'étrier; il place ses deux pieds à la même hauteur, et l'un près de l'autre. Le corps parfaitement droit, il reste ainsi placé pendant quelques instants, en conservant son équilibre. Il ploie le genou gauche et baisse la jambe droite, en maintenant le corps â54 LECjOX 1)'K(JL1TAT10\. aussi droit que possible , jusqu'à ce que le pied droit touche à terre. La main droite quitte le troussequin ; il fait un quart de tour à gauche sur les talons, et se trouve placé près de l'épaule gauche du cheval. De cette manière il est en position, sans être obligé de faire aucun mouvement, de prendre les rênes du filet pour conduire son cheval à l'écurie, ou de recommencer la leçon du montoir. Pendant les quatre premières leçons, le cavalier doit monter et descendre successivement quatre fois à chaque leçon. Il doit s'asseoir sans la moindre roideur, appuyer ses genoux sans effort sur les quartiers de la selle, placer ses cuisses sur le plat autant que possible , et laisser tomber ses jambes naturellement, sans relever les genoux, en baissant les talons le plus qu'il pourra. Il montera pendant huit jours sans étriers ; il les mettra seulement pen- dant dix minutes avant de terminer la leçon, et il aura soin de ne chausser l'étrier que de huit centi- mètres. Aussitôt qu'il aura trouvé son équilibre et qu'il se sentira solide sur la selle, il rectifiera sa position. afin d'être gracieux, condition indispensable chez un bon cavalier. Il se grandira, effacera ses épaules, rapprochera ses coudes du corps, baissera ses talons de manière qu'ils soient à quatre centime 1res plus bas que les pointes, et il allongera les étriers autant que possible , mais de manière à ne pas les lÀX.OX 1)K(,)IIT.AT1()\ 255 ])ciilio- les pieds cloivoiil èlrc placés la poinle do trois cciUiuiclrcs en dehors. Il n'y a lieu de plus disgracieux pour un cavalier que de j)orler les talons en Tair, les pointes tout à lait en dehors, et de chausser l'élricr jusqu'à, la cheville. Pour montera poil, le cavalier se placera lace au flanc du cheval ; il prendra de la main gauche une poignée de crins près du garrot , il fermera bien les doigts et les tiendra solidement ; il se rapprochera du corps du cheval, il placera la main droite sur la croupe en s'appuyant sur le poignet ; il fera trois sauts sur la pointe des pieds, en s' élançant au troi- sième sur le cheval. Une fois qu'il sera bien exercé à monter de cette manière , il placera le poignet droit sur la croupe du cheval , et le gauche un peu en ar- rière de l'épaule; il s'enlèvera sur les poignets en marquant deux temps, et il s'élancera au troisième. Il est très-utile d'apprendre au cavalier à monter à poil, car à la guerre ou à la chasse, un cheval en tombant avec son cavalier peut rompre ses sangles et perdre sa selle. Si un cavalier a une grande ha- bitude de monter à poil, pour peu qu'il soit leste et adroit, il aura une chance pour rattraper son cheval en sautant dessus. Je vais en peu de mots résumer toute l'équitation. 11 suffit que le cavalier, étant monté, se serve pour 256 LKÇOX D'KQIITATIOX. diriger son cheval de tous les moyens qui ont été employés dans le dressage par le surfaix-cavalier. C'est pourquoi il est très-important d'apporter la plus grande allenlion pendant tout ce travail, car en employant les mêmes moyens, il est impossible de ne pas réussir. Le cheval étant monté, le cavalier le placera bien droit sur la piste, à main droite; il commencera par faire marcher le cheval au pas avec les rênes longues pendant un tour de manège; au second tour, il rac- courcira les rênes graduellement, en s'assurant par de petits effets de main et de jambe si le cheval y répond parfaitement. Lorsqu'il aura obtenu une obéissance complète de la part du cheval, il com- mencera à le rassembler. Après avoir obtenu, en mobilisant les quatre membres , un bon mouvement de rassembler, il caressera le cheval et le portera instantanément en avant sur l'effet de rêne gauche et de jambe droite. Après avoir fait quelques pas, il continuera ce travail en procédant de la même manière et en ayant bien soin d'exiger très-peu à la fois. Après le second tour de manège, lorsque le cheval sera bien léger à la main , il lui fera exécuter tous les mouvements qui ont été indiqués dans le dressage par le surfaix-cavalier. Us doivent être exé- cutés alternativement aux deux mains. Lorsqu'on plie le cheval à droite ou à gauche^ il ne doit pas l.ir.OX I)KQMT\TI(>\ 257 ic'poiulrc à rt'Hct (le la irnc cl do la jambe j)ar un airaissenienl irencohirc; il doit, au conliaire, l'a- grandir, cl ne la plier que dans la région des glandes salivaires, et s'il arrivait qu'il Taffaissàt, il faudrait la lui relever instanlanéuiont par une petite saccade des rênes du filet donnée de bas en baut. L'affaisse- ment de l'encolure détruit les beaux mouvements du cheval, lui retire son élégance et son brillant. Lorsque je parle de l'effet des jambes , il est bien entendu que je ne veux pas dire d'attaquer le cheval avec les éperons, car c'est, à mon avis, un des plus mauvais moyens qu'on puisse employer pour dres- ser un cheval. Cela lui imprime, par un effet ner- veux, un mouvement de rotation de la queue exac- tement semblable à celui des ailes d'un moulin, et lui donne pendant tout le travail une irritation ner- veuse qui a encore pour résultat, lorsqu'on l'a ha- bitué à l'attaque de l'éperon et aux flexions d'enco- lure, qu'aussitôt qu'il sent l'effet des jambes et des rênes il se place derrière la main dans l'espoir de s'y soustraire. Sur l'attaque de l'éperon , il mâche son mors de colère , et lorsqu'on cesse l'effet de l'éperon, il tient la bouche hermétiquement fermée. Quoique certains auteurs prétendent que ce soit une grave erreur de croire qu'il y ait des chevaux qui ont les flancs plus sensibles que d'autres, je suis d'un avis diamélralement opposé , car l'expérience m'a 258 LK<:().\ UI'lQLri'ATIOX. prouvé, ce qui est sans contredit pour tous ceux qui ont fait une étude approfondie du cheval , que les juments et les chevaux pur sang ont les flancs plus sensibles que les autres chevaux. D'après cette manière de voir, on conçoit parfaitement qu'ils aient pu prétendre que l'attaque de l'éperon est un moyen très-doux pour dresser le cheval. A tous les signes que je viens d'indiquer, il est facile de reconnaître la souffrance morale et physique qu'éprouvent ces pauvres animaux lorsqu'on les soumet à l'horrible torture de l'éperon : il en résulte souvent que leur santé est compromise par des inflammations d'en- trailles très-difficiles à guérir, et auxquelles ils finissent quelquefois par succomber. Ceci doit se comprendre d'autant plus facilement que, chez cer- tains chevaux, le système nerveux est développé à un tel point, qu'à la moindre frayeur ils éprouvent un tremblement nerveux si grand , que quelquefois les quatre jambes leur manquent en même temps et qu'ils tombent par terre. On doit donc en conclure que le cheval, ainsi que l'homme, est assujetti h des souffrances physiques et morales. Eh bien ! que les partisans de ce système se figurent un instant la jouissance qu'ils éprouveraient s'ils étaient piqués aux flancs pendant un certain temps avec des pointes aiguës en fer; ils nous diront si cela doit s'appeler un moyen de douceur. l.KCOX" DKQMTATIOV. 2r,9 Pourasfsoiiplir un clieval, lui donner un hon moral ot le drosser j)ioni])lenicnt sans le laliyuei-, le eava- lier doit se pénétrer d'une vérité incontestable : c'est qu'il ne Auit jamais employer envers le cheval d'au- tres moyens que ceux qui ont pour résullat, en le dressant, de lui rendre le travail aussi agréable que possible; car dans le cas contraire, on l'ait naître des contractions qu'on no parvient à détruire ensuite qu'aux dépens du physique dn pauvre animal. Ce que je veux dire en parlant de l'effet des jambes, c'est que le cheval doit obéir à la plus légère pression du mollet ou du bas de la jambe, selon que la nature du travail l'exige. Tous les chevaux dressés par la méthode du surfaix-cavalier répondent au plus léger effet des jambes et de la main. Ainsi donc , on ne doit jamais se servir de l'éperon que comme moyen de correction, lorsqu'un cheval com- prend ce qu'on lui demande et qu'il refuse d'obéir, cas qui se présente très-rai-ement. Comme presque tous les exercices militaires doi- vent être exécutés par l'effet de la rêne du dehors, ou par celui simultané des deux rênes, et que dans le dressage préparatoire on commence toujours sur des effets diagonaux, c'est-à-dire rêne du dedans et jambe du dehors , il est indispensable pendant tout le travail en cercle, demi-tours, voltes, demi-voltes, pirouettes sur les hanches, de diminuer graduelle- 260 LEÇOX D'EQLITATIOX. ment l'effet des rênes du dedans , et d'augmenter progressivement celui des rênes du dehors, jusqu'à ce que le cheval réponde à l'effet seul de cette rêne, ou à l'effet simultané des deux. Il n'y a d'exception que pour le travail de deux pistes et le galop. Ces deux mouvements doivent toujours être exécutés sur des effets diagonaux. Pour le travail de haute école, tous les mouve- ments doivent être exécutés sur des effets diagonaux, à l'exception des pirouettes et demi-pirouettes sur les hanclies, qui doivent s'exécuter par l'effet simul- tané des deux rênes, en faisant sentir un peu plus celle du dehors. Pour le travail de deux pistes , il faudra se conformer en tous points aux instructions données dans le dressage par le surfciix- cavalier. La jambe et la rêne du dedans se trouvent placées du côté vers lequel le cheval marche : c'est-à-dire si le cheval tourne en cercle à droite, la jambe et la rêne droites se trouvent jambe et rêne du dedans; la jambe et la rêne gauches, jambe et rêne du dehors. Si le cheval tourne en cercle à gauche, vice versa. Pour faire partir un jeune cheval au galop pour la première fois, le cavalier marchant au pas à main droite arrêleia son cheval par un effet de la rêne droite de bride et de manière à placer le membre antérieur droit un peu en arrière du gauche. Il tiendra les rênes de bride de la main gauche, fer- l.KC.OX IVKQinVnOX. 2(î1 niera la jaml)0 dniilo, cl appuiera la cravaelie, la j)()iiile en bas, derrière les sangles, de manière à eontenir les hanelies , au moment de l'allaque du lalon à gauelie pour le galop. Knsuile, il avancera la main en comptant un, la portera légèrement à gauche en comptant deux, et il donnera un petit coup de talon à gauche et en même temps un appel de langue; si cela est bien exécuté, le cheval par- tira immédiatement au galop, .'lussilôt qu'il aura fait quelques pas, il faudra l'arrêter et bien le caresser; on répétera ces départs jusqu'à ce que le cheval parte facilement au galop. .^ main gauche, employer les moyens inverses. L'effet des aides ainsi décomposé provoque le départ au galop d'une manière instantanée. En com- mençant le galop par des départs de pied ferme, j'ai toujours obtenu des résultats si brillants, que tous les hommes de haut mérite en équitation, en me féli- citant , ne pouvaient s'empêcher d'exprimer leur étonnement; car, disaient-ils, ils ne croyaient pas qu'on pût obtenir en si peu de temps de sembla- bles résultats. Pendant tout le travail des pirouettes sur les han- ches , la jambe du dedans doit être placée contre les sangles, et la jandje du dehors un peu en arrière. On doit appuyer l'éperon sur le plat, afin de fixer les hanches de manière à obtenir un pivot. 202 LEÇOX D'KQl'lTATIOX. Le cavaliei' placera les jambes de la manière que nous venons d'indiquer. Pour la pirouette à droite sur les hanches , il fera sentir légèrement la rêne du dedans et la jambe du dehors. Il dirigera Favant- main du cheval à droite, de manière à décrire un mouvement de rotation en décomposant le mouve- ment pas à pas. Sur chaque indication de la rêne droite , il fera sentir une légère pression de la jambe gauche, afin de fixer le membre postérieur gauche, do manière à obtenir un pivot, La jambe droite doit rester près du corps du cheval dans une immobilité complète, jusqu'à ce que la jambe gauche du cava- lier, par une maladresse, jette les hanches de son côté; dans ce cas elle doit les recevoir en employant une force comparative à l'impulsion donnée. Dans ce travail, il faut diminuer graduellement l'effet de la rêne du dedans, et augmenter progressi- vement celui de la rêne du dehors, jusqu'à ce que le cheval réponde à l'effet simultané des deux rênes. Lorsqu'on aura obtenu que le cheval fasse la pirouette entière sans avoir besoin de décomposer le mouvement, on la lui fera faire au trot, puis au galop ; pour cette dernière il faut avoir bien soin , lorsque la pirouette est terminée, de marquer un demi-arrêt en faisant sentir légèrement la rêne du dedans, et un coup de talon avec la jambe du dehors, afin que le cheval reparte au galop sur le bon pied ].V.C.i)\ DKQIITATIOV. 2fi3 Toulos les pirouoUos doivent vire failos allcrnalivC" nienl à main droKo cl à main gauche. Le cavalier doil, pendant tout le travail, conserver une grande fixité de main, de corps, d'assiette cl de jand)es ; il ne doil jamais permettre an cheval de faire le moindi-e mouvement de sa propre volonté. Si le cheval cherchait a augmenter la vitesse de son allure, il faudrait l'arrêter instantanément et le remettre au pas très-lent. S'il cherchait à se ralentir, il faudrait le |)orter immédiatement en avant par un petit coup sec de cravache ou d'éperon. Lorsqu'un cheval hoiirre à la main, il fini mar- quer de nomhreu\ temps d'arrêt avec les rênes du fdet, en ayant som chaque fois de fermer les jamhes et de dimmuer graduellement l'effet de la main. Lorsqu'il répondra au plus léger effet de rêne, on diminuera alors graduellement l'effet des jambes. On emploiera ces moyens an pas, au trot, puis au galop. Lorsque le cheval aura contracté l'habitude de s'ar- rêter sur un léger effet de main et de jambe, on l'arrêtera avec les rênes de bride et de fdet, et on cessera l'effet de ces dernières aussitôt que le cheval sera confirmé dans l'obéissance. Si le cheval se défend , le cavalier doit rester calme et s'appuyer sur les reins, serrer les genoux, et tenir ses talons aussi bas que possible, fermer les doigts et fixer la main. Pans cette position il peut 20V LKÇOX D'KQHTATIOX. être cerlain que le cheval ne pourra pas le jeter ])ar terre. Si le cheval rue , il faut faire une opposition en lui relevant instantanément la tète par une légère sac- cade. S'il persiste à chercher à ruer, il faut niohiliser Favant-niain en lui donnant vivement un petit coup de cravache à l'épaule. S'il cherche à se cahrer, il ne faudrait pas tirer sur les rênes ni les allonger, il suffit de rendre un peu la main en l'avançant , chaque fois qu'il cherche à prendre un point d'ap- pui dessus, et de mobiliser l'arrière-main en don- nant vivement un petit coup de cravache sur la hanche. Lorsqu'il veut bondir, il est très-important de ne faire aucun mouvement avec le corps ni avec les jambes; dans ce cas, lorsque le cheval cherche à prendre un point d'appui en baissant la tête , il faut lui donner vivement une petite saccade avec les rênes du filet et le diriger instantanément de gauche à droite et de droite à gauche, en lui faisant sentir alternativement l'effet de chaque rêne, et avoir soin de conserver les doigts bien fermés afin de ne pas laisser glisser les rênes de la main. En employant ce moyen , au bout de quelques instants il se portera franchement en avant. Si le cheval fait un écart à droite, il faut l'arrêter immédiatement en opposant la rêne et la jambe droites; si l'écart est à gauche, vice versa. Lir.OX DKyilTATlO.V. 265 Daus loulcs les défenses du cheval, un des plus puissants moyens de le dominer, c'est le calme el le sang-froid du cavalier. On ne saurait donc trop le recommander; car sans le calme et le sang-froid, les meilleurs moyens deviennent impuissants. Lorsqu'un cheval s'emporte, il arrive souvent que c'est par le manque de soin ou l'ignorance du cava- lier; il y a quelques chevaux chez lesquels c'est une maladie, mais ce cas est fort rare; il arrive très- souvent qu'un cheval s'emporte parce que, dans des circonstances insignifiantes en apparence, le cavalier l'a laissé gagner à la main , parce qu'on a tiré trop fort sur les rênes et que pour se soustraire à l'effet douloureux que produit le mors il prend une des branches entre ses dents, et dans ce cas les efforts du cavalier deviennent impuissants pour l'arrêter; il arrive encore quelquefois que c'est par gaieté qu'un jeune cheval s'emporte. Si c'est par maladie que le cheval s'emporte, le meilleur conseil que je puisse donner, c'est de ne point le monter. Si c'est parce qu'on l'a laissé ga- gner à la main, il faut le travailler de la manière indiquée précédemment pour le cheval qui bourre à la main. Si c'est parce qu'il a contracté l'habitude de prendre une des branches du mors entre ses dents, il faut dans ce cas le travailler de la même manière que dans le cas précédent, et avoir soin de lui ïiiire 206 LEflOX D'KQUITATIOX, faire un mors avec des branches faites de manière qu'il ne puisse pas les saisir. S'il s'emporte par gaieté, il faut lui faire faire tous les malins une promenade de trois ou quatre heures , selon ses forces, au pas, en bridon et en couverture, avant de le monter. C'est une grande erreur de croire qu'en fatiguant un jeune cheval et en le faisant aller à des allures très-vives on parvient à le calmer; on le fatigue, on le ruine promptement, mais on ne le calme pas; car il arrive souvent chez le jeune cheval qu'après avoir marché à une allure très-vive, il saute, bondit, et qu'il est beaucoup plus animé qu'au départ. Il n'y a qu'en marquant de nombreux temps d'arrêt et en lui faisant faire un travail lent et continu qu'on parvient à le calmer. C'est surtout avec cette nature de chevaux qu'il est important de ne jamais se laisser gagner à la main. Le jeune cheval a Fhabitude de tâter son cavalier pour trouver son côté faible, afin de se soustraire à l'obéissance. Comme tous les cavaliers ne possèdent pas le même degré d'instruction ni les mêmes con- naissances du cheval, pour former un jeune cheval promptement et le rendre sûr, il faut éviter avec soin de le faire monter à plusieurs mains par de mauvais cavaliers; car il pourrait arriver que, quoique ce soit un cheval d'une bonne nature et parfaitement dressé, il devînt rétif en très-peu de temps , s'il se rendait Lr,(;()V dkqhtatiox. m maîlre de son cavalier; tandis que dans le cas con- li-airo il se résigne (rès-promplenicnt à une obéis- sance passive. Lorsqu'nn cavalier esl cniporlé par son cheval, s'il conserve son sang-froid , il y a peu de danger qu'il lui arrive un accident ; en pareille circon- stance il n'y a qu'un moyen à employer, c'est de cesser instantanément l'effet des rênes de bride, et de diriger le cheval avec les rênes du filet. Au bout de quelques instants, le cheval ne trouvant plus d'opposition dans les rênes de bride, lâchera le mors qu'il tient avec les dents , et le cavalier pourra alors l'arrêter par un effet des rênes de bride. L'abus du bridon ruine le cheval et perd la main du cavalier. Cet abus est une des causes du petit nombre de bons cavaliers et de bons chevaux qu'on possède en général dans les armées. Dans toutes les écoles de cavalerie où je fus appelée, j'ai été à même de m'en convaincre, j'y ai vu souvent de beaux et bons chevaux ruinés complètement dans l'espace de deux mois. Tout cela provient d'une lacune dans l'instruction, car l'emploi du bridon n'a jamais été défini. On s'en sert et voilà tout : chacun fait par imitation ce qu'il a vu faire, sans se rendre nullement compte du pour- quoi. En fîiisant remarquer à des instructeurs de mérite les funestes résultats de l'abus du bridon , ils 268 LICÇOX Dl'iQlITATIOX. les reconnaissaient eux-mêmes en disant que cela était fâcheux, mais que malheureusement il n'y avait aucun moyen pour les éviter. Je considère le bridon comme étant d'une très- grande utilité dans la cavalerie. C'est pour cela que je vais expliquer le véritable emploi qu'on doit en faire, afin qu'on puisse s'en servir avec avantage, et éviter ses inconvénients désastreux pour le cavalier et le cheval. On doit en faire emploi dans les différents cas que je vais indiquer : 1" Il faudra s'en servir pour promener le jeune cheval, en ayant soin d'avoir la main lég^ère. Ses effets étant très-doux , n'inquiéteront pas le cheval et le mettront plus vite en confiance que ceux du mors, qui sont plus durs. 2° Lorsqu'on est arrivé à un point de dressage avec le mors où le cheval est parfaitement assoupli, on doit alors s'en servir pour le grandir, lui donner du brillant et l'asseoir sur ses jarrets. 3" Il faut s'en servir avec les vieux chevaux bien dressés pour l'instruction élémentaire des recrues. Le cheval étant alors parfaitement assoupli, toutes ses forces physiques étant développées, il pourra supporter sans qu'il y ait de danger pour sa conser- vation les effets de force que l'élève emploiera par frayeur ou par maladresse. I.KCOX DKQlIT.VriOV. 2f)9 i" Lorsqu'un cheval se délend sur rellet du mors, c'esl presque toujours parce que le nu)rs est tro|) sévère ou que le cavalier s'en sert avec ])rutalilé : on doit alors avoir recours au bridon afin de remettre le cheval en confiance, et on augmentera progressi- vement ses effets. Arrivé à l'enq^loi d'un certain degré de force, on lui mettra un mors très-doux, et il iaudra avoir la main assez légère pour ([ue la bouche du cheval ne souffre pas de ce changement. Par et moyen on arrivera promptcnient à lui faire accepter le mors sans qu'il se défende. Je crois nécessaire d'expliquer ce que j'entends par l'abus du bridon : c'est une espèce de dressage préparatoire généralement en usage dans les écoles de cavalerie et dans les régiments. Ce travail consiste à faire exécuter par des effets de force à de jeunes chevaux non équilibrés tous les mouvements de l'or- donnance de cavalerie. Dans ce travail, le cavalier fait emploi d'une force considérable des jambes et de la main qui produit constamment le flux du poids de l'arrière-maiu et le reflux de l'avant-main. Chaque fois que le cheval reçoit par les jambes du cavalier l'impulsion de se porter en avant, il se trouve arrêté instantanément dans son élan par l'emploi d'une force égale de la main qui lui donne une impulsion rétrograde ; l'animal ne sachant alors que faire, roidit ses extrémités sous lui et se rassemble pour s'élancer 270 LE(;OX D'KQLITATIOX'. de nouveau; mais la main du cavalier rarrèfc , et ce sont les genoux et les jarrets qui reçoivent alternati- vement un choc qui les brise. Le bridon ayant pour effet de grandir le cheval, il est très -dangereux de s'en servir pour lui faire exécuter un travail quelconque avant d'avoir assoupli les jarrets; s'ils sont assouplis, ils flcchisseut naturellement sans la moindre fatigue, tandis que dans le cas conh-aire ils se brisent. Pour que des recrues fassent de rapides progrès, il faut leur donner de vieux chevaux bien dressés, assez froids pour ne pas les effrayer; car si l'élève a peur, tout son corps se contracte, et il lui est impos- sible de s'équilibrer et d'acquérir de la solidité. Les leçons élémentaires étant aussi théoriques que pra- tiques, il arrive encore que si l'élève est inquiété par son cheval, à la fin de la leçon il n'aura pas compris un seul mot de ce qui aura été dit par l'instructeur. On lui fera tenir pendant les premières leçons seulement une rêne du bridon de chaque main, les poignets écartés et placés à la même hau- teur. Cette position des mains forme une espèce de balancier qui permet au corps de trouver plus facile- ment son équilibre. L'élève, étant eu confiance avec son cheval , prendra un point d'appui moins fort sur la bouche, et arrivera plus promptcment à avoir la main légère. Il faut en commençant faire exécuter à MICOX DKQIITATIO.V. 271 rdcvo clos niouvoiiioiils iioiiibroux et varies, parce (|ne chaque mouvement déplaçant le centre de gra- vité, le corps de l'élève est forcé de s'exercer con- stamment po.ur se remettre d'aplomb. Avec des chevaux bien dressés, rinslruclcur peut voir facilement toutes les fautes de ses élèves; car si l'un d'eux ne lait |)as exactement ce qu'on lui indique , le cheval ne comprenant pas ce qu'on veut ne peut exécuter le mouvement demandé; tandis que si le cheval n'est pas dressé il lui est impossible de reconnaître si la faute provient de l'élève ou du cheval. Comme les vieux chevaux con- naissent en général le commandement, il est préfé- rable de leur faire exécuter de temps en temps quelques mouvements sur un signal convenu de la cravache, afin de s'assurer des progrès des élèves. Au bout de huit jours on commencera à faire mettre les étriers et à tenir les rênes d'une seule main pendant un quart d'heure avant la fin de la leçon; on fera diminuer graduellement l'effet des rênes jusqu'à ce que la main ait cessé de prendre un point d'appui sur la bouche du cheval. Les cavaliers marchant au trot devront effacer très-souvent les épaules en les portant en arrière, de manière à bien ouvrir la poitrine. Aussitôt que l'instructeur jugera que les élèves ont acquis de la confiance et de la solidité, il les fera 272 LEÇO.V D'KQLITATIOX. marcher à des allures plus vives. Dans la première partie de la leçon, il fera monter successivement des chevaux dont l'instruction sera progressivement plus avancée; dans la seconde, il fera au contraire mon- ter successivement des chevaux dont l'instruction diminuera graduellement jusqu'à ce qu'il soit arrivé aux chevaux neufs. Par ce moyen, l'élève arrivera promptenient à se rendre compte des causes et des effets, car, pour se faire comprendre d'un cheval hien dressé, il faut employer des moyens d'une grande justesse, qui, appliqués immédiatement sur un cheval dont l'in- struction est moins avancée , produiront de bons résultats. Pour que les progrès de l'élève soient rapides , il est encore bon de l'habituer en commençant au maniement des armes. Cela lui donne, étant à cheval, de l'aisance, de l'adresse et de l'habileté. En parlant de l'instruction des cavaliers, je citerai à cette occasion un passage d'un ouvrage d'équitation en anglais du capitaine Nolon : a Comment se fait-il, dit le capitaine en parlant » de l'équitation, qu'une parlic si importante de Tiu- 5) slruction militaire ait produit de si pauvres résul- » tats? Le fait est que nous procédons d'après de » mauvais principes. Les instructeurs ne sont pas en » faute, car ils ne peuvent rien faire avec le système I.EÇOV ni:Ql ITATIOX. 273 » vicieux (rapW's lequel ils soûl obligés (renseigner. 5' Parfois un ollicier de cavalerie dresse son cheval " d'après un nouveau syslènie et devient un écuyer "de premier ordre, jjiais mallieureusenienl il ne » peut propager les moyens qu'il a cnij)Ioyés en " dehors de sa sphère. » Les remarques du capitaine sont très-justes, et peuvent s'appliquer à toute la cavalerie en général. 18 OBSERVATIONS GENERALES si;r LES CHEVAUX S'ADRESS.WT PAHTHULIÈREMEXT AUX ÉLEVEURS. La force pliysiquc, le bon moral et la bonne santé d'un cheval dépendent presque toujours de la nour- riture, de l'éducation qu'il reçoit chez l'éleveur et du premier travail auquel on le soumet. Pour donner au poulain de la force et de la santé, on doit le nourrir très-jeune avec de l'avoine ou de l'orge , ou des féveroles concassées, suivant l'usage du pays, jusqu'à ce que ses dents puissent parfaitement les mastiquer. Pour développer les forces d'un poulain , il faut le soumettre très-jeune à un travail doux, qu'on augmentera progressivement au fur et à mesure que ses forces le permettront. La nourriture et le travail doivent être augmentés dans les mêmes pro- portions. Le manque de force chez le poulain pro- vient presque toujours d'une mauvaise nourriture et d'un manque de progression dans le travail. On le 276 OBSERVATIOXS GlvVllRALES. iioiiiTit souvent rien qu'avec de l'herbe, à un temps donné on le soumet à un travail bien au-dessus de ses forces; puis, un peu plus tard, lorsqu'on veut le vendre, on l'empale avec de la farine d'orge jusqu'à ce qu'il soit gras à pleine peau ; et lorsqu'il est vendu et qu'on veut le dresser, c'est à peine si le pauvre animal a la force de se porter, et comme il est hors d'état de supporter le poids du cavalier, il est en nage chaque fois qu'on le monte ; dans cet état il attrape facilement des fluxions de poitrine, qui le tiennent cinq ou six mois sur la paille, et auxquelles il succombe quelquefois. Le bon moral du cheval dépend également de la bonne éducation qu'il reçoit chez l'éleveur. Pour rendre le cheval franc et qu'il n'ait peur de rien, il faut dès son plus jeune âge lui donner les leçons de tambour, de pistolet, de drapeau, et chaque fois qu'on lui fera voir ou entendre quelque chose qui pourrait l'effrayer, on doit avoir soin de le récom- penser en lui donnant une poignée d'avoine. Toutes ces leçons doivent être données d'abord à l'écurie et répétées ensuite dehors. Pour le rendre confiant avec l'homme, il ne faut jamais lui faire subir de mauvais traitements, mais avoir soin de l'habituer dès son plus jeune âge à une obéissance passive, à laquelle on doit le faire ar- river par la force d'inertie en insistant et persistant ()iîsi:iu vno.vs gk.vkrales 277 t"lia(juo l'ois, jiis(|irà ce qu'il ait obéi. Vax lorinaiil le moral ilii j)oulaiti de colle manière, j)!iis tard, lors- qu'on voudra le dresser, il n'aura pas de disposilions à devenir rétif, et son éducation complèlc; n'olïrira aucune diflicullé. Kn général les poulains ont l'encolure roide et peu gracieuse, ce (jui provient de l'habitude qu'ils con- tractent dans les prés d'avoir toujours le cou tendu et la tète basse pour manger l'herbe; il serait donc très-avantageux pour l'éleveur de soumettre le pou- lain une heure par jour aux effets du surfaix-cavalier ])endanl quinze jours avant de le vendre. Ce moyen lui ferait relâcher la mâchoire, lui rendrait la bouche excellenle, grandirait l'encolure, augmenterait l'élé- gance de ses mouvements, lui donnerait un brillant dans tout son ensemble, et le rendrait d'un prix beaucoup plus élevé. * Ou doit éviter avec le plus grand soin de frapper le cheval sur la tête avec le cavecoii, ces coups étant très-dangereux pour les chevaux en général, et parti- culièrement pour les jeunes. Si le coup est fort, il produit immédiatement une inflammation au cer- veau , qui se communique parfois aux glandes sali- vaires et à la gorge. J'ai entendu dans tous les pays que j'ai j)arcourus les maîtres se plaindre généralement de la brutalité des grooms et des cochers envers les chevaux. Je 278 OBSERVATIOXS GK1VKR.UES. crois consciencieusement que cette brutalité regret- table ne provient pas de la faute des grooms et des cochers, mais que malheureusement c'est une des conséquences inévitables de l'ignorance. Si le cheval n'a pas été assoupli, la roideur naturelle de ses membres lui reni tous les mouvements pénibles et difficiles à exécuter. Ajoutez à cela qu'il arrive sou- vent que l'homme, par suite de son ignorance, fait tout le contraire de ce qu'il faut pour obtenir ce qu'il demande; ne pouvant pas se rendre compte de la véritable cause qui empêche le cheval d'obéir, il suppose que c'est mauvaise volonté de sa part, il s'irrite, se met en colère, et ne connaissant aucun moyen à employer eu pareille circonstance, il a recours tout naturellement à la force brutale. Si on veut avoir de bons cochers, de bons grooms et de bons chevciux, il faut ûiire instruire les uns et dresser les autres; le cheval se trouvant moralement et phy- siquement dans des conditions à pouvoir comprendre et exécuter ce qu'on lui demande, ne refusera pas. Lorsque les grooms et les cochers seront instruits, ils sauront par expérience que ce n'est pas avec la force brutale qu'ils peuvent arriver, mais que ce n'est qu'en mettant le cheval dans la possibilité d'exécuter ce qu'on lui demande, et ils seront con- vaincus qu'il ne faut jamais lui demander au delà de ce qu'il peut faire. Dès lors une bonne harmonie ()IÎSMH\\TI()\S (ii;\i;i{.\LKS. 2T0 existera enlro riioinino ci le cheval, cl au lieu de lui donner des coups de fouet et des coups de fourche, ils lui feront de honnes caresses. Celte assertion est tellement fondée, que dans toutes les écoles de cava- lerie où j'ai été appelée à faire des cours de théorie pratique, les cavaliers qui avaient toujours emj)loyé la force hiutale étaient devenus tellement doux et bons avec leurs chevaux, que. j'ai vu de pauvres soldais se priver les uns de leur pain pour le leur donner comme récompense, et les autres de leur argent pour leur acheter des pommes et du raisin ; et la plupart de mes élèves, aussitôt qu'ils pouvaient disposer de quelques mstants, couraient caresser leurs chevaux à l'écurie. J'ai vu dans beaucoup de pays, et surtout en Angleterre, un très-grand nombre de chevaux ayant des démangeaisons à la peau, et particulièrement sous la crinière, les reins, la croupe et la queue. J'ai toujours vu , en pareille circonstance , employer de mauvais traitements pour empêcher ces pauvres animaux de se gratter, ce qui est d'autant plus in- juste et stupide, que l'affreuse souffrance que ces pauvres bêtes éprouvent en pareille circonstance n'est pas de leur fait, mars bien de celui qui les soigne. Aux uns on attachait de gros bouchons d'épines à la queue, aux autres on attachait un gros bâton qui leur tenait constamment le cou tendu , 280 OBSKRVATIOXS GKXKRALES. et de plus 011 administrait à ces pauvres animaux force coups de fourche ou de bâton, chaque fois que ne pouvant plus résister à cette affreuse souf- france ils cherchaient à se frotter. Celte maladie de peau chez le cheval provient toujours du manque de soins ou de soins mal entendus. Dans le premier cas, comme les parties que je viens d'indiquer se trouvent placées dans des conditions à recevoir et à conserver la poussière bien plus que d'autres, il en résulte que lorsque le cheval est mal pansé, celte poussière forme nne crasse sous le poil et sous les crins, et a pour résultat de produire des démangeaisons à la peau. Dans le second cas, la maladie est produite par l'emploi des bouchons de foin. Le foin, poussant très-près de terre, contient une grande quantité de poussière qui se compose souvent d'un sable très-fin; et comme les parties que nous venons de signaler exi- gent beaucoup plus de soin pour les nettoyer que les autres, il en résulte que, plus on tamponne le cheval avec le bouchon de foin, plus on augmente la quantité de poussière qui est sous le poil, et plus on la fait entrer dans la peau , au lieu de la retirer. La paille s'élevanl de terre beaucoup plus que le foin, contient naturellement moins de poussière; et comme on ne s'en sert jamais pour les chevaux avant qu'elle soit battue, il est certain qu'elle doit en conserver très- peu, et que son emploi pour bouchonner le cheval OnSKHVATlOXS r.KVKRAI.ES. 281 csl bien prérôrahle à celui du foin. Je reconuiian- (lerai eepeuclani que, toutes les fois qu'on s'en servira , ou ail soin , lorsqu'on a fini , de bien ])rosser le |toil jusqu'à ce qu'on soit sur qu'il ne reste pas la moindre poussière sur la peau. Lorsqu'un cheval est atteint de ces démangeaisons, il faut le bien brosser avec du savon noir et de l'eau chaude, jusqu'à ce qu'il ne reste aucune crasse sous le poil; ensuite on le frottera avec des torchons propres, jus- qu'à ce qu'il soit parfaitement sec; on le brossera de nouveau avec une brosse sèche et bien propre pour faire revenir la chaleur à la peau. On lui passera une éponge trempée dans l'eau blanche sur toutes les parties que nous avons indiquées, afin de calmer inmiédia'tement l'irritation de la peau. On préparera soi-même l'eau blanche en remplissant une bouteille ordinaire d'eau fraîche, dans laquelle on mettra deux cuillerées à café d'extrait de Saturne; ensuite on cou- vrira le cheval avec deux couvertures, en ayant bien soin de ne pas l'exposer à un courant d'air. Pour empêcher l'irritation à la peau de se reproduire, il faudra de temps en temps lui laver la queue et la crinière avec de l'eau légèrement saturnée (on y mettra la moitié de la dose indiquée ci-dessus). Il est toujours préférable de préparer cette lotion soi- même. L'extrait de Saturne n'étant pas connu sous ce nom dans beaucoup de pays, on ))cut demander 282 OBSERVATIOXS GEXERALES. du saturnkmi. On aura soin chaque fois avant de s'en servir de bien secouer la bouteille. On aura également soin , lorsqu'on pansera le cheval, de le brosser de manière à ne pas nettoyer seulement la superficie du poil , mais bien la peau. Il arrive très-souvent que les chevaux se blessent à l'écurie ou en tombant avec leur cavalier. Lorsque les blessures ne sont pas dangereuses et ne néces- sitent pas les soins d'un vétérinaire, il suffit pour les guérir prompteraent de les panser cinq ou six fois par jour avec une lotion que l'on préparera soi- même. On remplira une bouteille ordinaire d'eau fraîche, on y mettra un seizième d'arnica et une cuillerée à café d'eau blanche. On secouera bien la bouteille chaque fois qu'on pansera les blessures du cheval avec cette lotion. On aura soin de tremper un linge bien propre dans cette eau et de le pres- ser au-dessus de la plaie de manière à ne pas la frotter avec. TABLE DES MATIERES. Page» Préface 1 ixtrodictiox 3 Dressage des chevaux de selle en douze leçons 113 Dressage des chevaux d'allelage en six leçons 139 Dressage des chevaux de course 156 Chevaux qui forgent 171 Dressage des chevaux qui sont sous eux du devant 174 Dressage des chevaux qui reculent difficilement 177 LEÇONS QUI SE RÉFÈRENT AUX DRESSAGES CI -DESSUS. Pour seller, hrider un cheval et placer le surfaix -cavalier. . . 185 Pour faire lever les jamhes de devant afin de donner de beaux mouvements aux épaules 194 Pour conduire un cheval au manège 196 Pas d'cquiUbrc décomposé en avant et eu arrière 197 Pour initier le cheval aux aides de la cravache 202 Pour initier le cheval aux aides de la chamhrière 204 Pour initier le cheval aux aides de l'éperon 206 Pour faire connaître au cheval les effets diagonaux de la main et des jambes i . . ; i . . i . ; . . i . 208 28V TABLE DES MATIERES. Pages Leçon de drapeau 210 Leçon de tambonr et de pistolet 211 Leçon de nuisique 213 Leçon de sabre 215 Demi-four adroite, dcnii-lonr à yaiiehe 217 Pirouette sur les épaules 219 Pirouette sur les hanches 220 Travail de deux pistes avec l'aide de la longe 222 Travail de deux pistes avec l'aide de la cravache 224 Travail de deux pistes sur les effets diagonaux 226 Travail de deux pistes, le cheval plié du côté vers lequel il marche 228 Pour marquer des temps d'arrèf au pas et au trot 230 Pour grandir le cheval 233 Pour faire reculer le cheval 235 Pour initier le cheval aux effets des rênes au galop 238 Pour rassembler un cheval 240 Leçon pour sauter 343 Leçon pour monter 247 Leçon d'cquitation 251 Instructions usuelles concernant les chevaux 275 ^(L3^'^ ^«â @(0lâ^*«- -^T^© ^ m (3 r?-^ aoH SURFAIX-CAVALIER LE MORS DE DRESSAGE \© CHEZ M. CAROULLE, sellier, 15, rue de la Jussienne, (^ l'ARIS. TVI'OGRAPHIE DE HENRI PLON , IMPRIMEUR DE I/EMPEREtJR , RIIK r,/( RANCI ÈliR , «. -^Çi^@@^^ >(<î^ r ?^-