Smithsonian Institution Libraries Il w I mjji. :* VF 'i ÉLÉMENS \ '' ' ^ ... D'HISTOIRE NATURELLE ' > * £ I DE CHIMIE. . • " > . - ■ >» -, 1 D’HISTOIRE NATURELLE E T DE CHIMIE; Seconde Édition des Leçons Élémentaires fur ces deux Sciences ^ publiées en 1782. Par M. jd£ Fo urcroy , Docteur en Médecine de la Faculté de Paris , de P Académie Royale des Sciences , de la Société Royale de Médecine , de la Société Royale dé Agriculture , PrcfeJJeur de Chimie au Jardin du Roi & à V Ecole Royale Kétérinaire y Cenfeur Roy al , &c. • TOME DEUXIÈME. m'm.in- ~~*rw~7T;T>o/arfUri^ i.’.u «W» PARIS; Chez Cuchet, Libraire, rue 8c hôtel Serpente. ,-g. ===== - ■ ■ =====s- M. DCC, L X X X V I. Sous le Privilège de V Académie Royale des Sciences , É L É M E N S D’HISTOIRE NA TURELLE E T DE CHIMIE. Suite de la seconde Section delà Minéralogie ou de l histoire des Substances salines ( i ). CHAPITRE IV. Genre III. Acides. Les acides fe reconnoüTent à leur faveur aigre; lorfqu’ils font étendus d’eau, ils rougiffènt les couleurs bleues végétales ; pluGeurs font fous (0 II Lut fe rappeler que nous avons divifé cet Ou < wvage en quatre Parties ; la première comprend dans huit -Chapitres les généralités de la Chimie j elle a été traité! T$me IL A % ElImén§ forme gàzeufe; iis s’uniiïènt avec rapidité ■ attsë alkalis ; ils agiflent beaucoup plus que ces der^ Ailiers fur les fubftances combuftibles , &c les ré- duifent le plus louvent à l’état de corps brû- lés. Comme les matières inflammables , & fur- tout les métaux 3 contiennent une grande quan- tité d’air pur , après avoir éprouvé Paéiion des acides , tandis que ceîhx-ci pafTent en même- tems à l’état de corps combuflibles , on peut en conclure que ce genre de fel eft beaucoup moins Ample qu’on ne l’avoit cru , & qu’ils font en général formés d’une matière inflamma- ble combinée avec la bafe de Pair vital ou le principe oxygine > comme le penfe M. Lavoi- fier. Tous les phénomènes de la chimie étabiif- fent cette grande théorie. Nous connoiffons fix fortes d’acides minéraux bien diflinétes les unes des autres. ** dans le premier volume dont elle occupe z 3 6 pages. La féconde renferme le règne minéral ou la minéralogie. La Æroifième contient l’hiftoire chimique des végétaux ; & la quatrième celle des fubftances animales. La minéralogie a été partagée en trois Serions; la pre- mière contenue dans le premier volume depuis la page 3,37 juïqifà la page 374, expofe dans quatre Chapi- tre les carââères phyfiques & chimiques des terres & des piérrés. La fécondé fe&ion appartient aux fubftances fà«< lîh'es ", le commencement de ce volume eft la fuite de èette fécondé Se&ion 3 qui comprend douze Chapitres, OBI d’Hist. Nat. et de Chsmie» •§ L’acide craieux. L’acide marin. L’adde fpathique. L’acide nitreux. L’acide yitriolique. L’acide du borax ou fédâïif. Sorte ï. A ci de c raieü X. Nous donnons le nom d’acide craieux ail fluide aéri forme , appelé d’abord par les an*- •glois air fixé ou air fixe , acide méphitique par M. Bewîy, gaz méphitique par Macquer* acide aérien par Bergman. M. Lavoifier l’ap- pelle aujourd’hui acide charbonneux. Cet acide n’a pas toujours été regardé coitime tel. Ses principales propriétés a voient été entre- vues par Paracelfe, Vanhelmont, Halés , &Ci C’efi à MM. Black, Priefiley , Bewîy , Ber- gman , le duc de Chauînes y que l’on doit la connoilTance certaine de fon acidité. Le nont d’aeide craieux lui convient , parce qu’il efî Contenu en grande quantité dans la craie, & parce qu’il n’efi pas de corps avec lequel il ait autant d’affinité que la chaux qui fait la bafe de ce fel terreux, comme nous le verrons plus bas.A. L’acide craieux a tous les caraâères apparent de l’air. Il efi invifibles élaffique comme lui; <®n ne peut absolument le difting^uer de ce A ij ■ L cJÜxax. Se. ùj} «3 & fcr9 / / t bJcCjZ. ^ i » • E l « me k s Suide 5 lorfqn’ii eil renfermé dans un vafe de verre, ou lorfqu’il nage dans l’air. Il exifte dans î’atmolpïière dont il fait la plus petite par- tie ( ï ). On le trouve tout pur & rempli (Tant des cavités fou terrain es , comme la grotte du chien , &c. 11 ell combiné dans un grand nom- bre de corps naturels , tels que les eaux mi- nérales & plufieurs fels neutres; la fermenta- tion •fpirhuetife en produit une grande quan- tité ; la refpira ion & la combuÜion des char- bons en forment également ; enfin toutes les jparties des plantes 8c fur tout les feuilles plon- gées dans l’ombre en exhalent fans ceffe. Quoique cet acide dans fon état élaüique , ait -toutes les apparences de l’air, il en diffère cependant par fes propriétés phyfiques; en effet il a. une pefanteur double de celle de l’air. On ( î ) M. Lavolfîer, d*après fes ingënieufès expériences* regarde l'air atmofphérique , comme un compofé d'ait Urital , d’acide oraieux & de mophette , le plus ordinaire- pient dans les proportions fuivantes. Qompofuion de V air atmofpkérique en fractions centéfimales . iAir vital ., 2.7 Acide craieux »... i Mophette 'atmosphérique., 7 z Total ;U ÏOt> ©?Hîst. Nat. et be ''Chimie*. peut le tranfvafer d’un vaiffieau dans un autre & comme tous les fluides : c’efl pour cela qu’on le tire par le robinet d’une cuve après le vin; fa faveur efl piquante & aigrelette ; il tue dir-le- champ les animaux, parce qu’il 11e peut fer- vir à leur retiration; il éteint les bougies al- lumées & tous les corps en combuftion» U colore la teinture de tournefol en rouge clair® Gette couleur fe perd à Pair à mefure que i’aci* de s’évapore t il n’altère pas la couleur des vio- lettes , parce qu’il n’a qu’une adion très-légère fur les couleurs foncées. 8c fixes. La force d’affinité de cet acide efl en géné- ral peu énergique ; c’efl le plus foible de tous les corps de ce genre* Il n’efl point altéré par le contad de la lumière , ou au moins cette altération n’efl- pas fenfible-. La chaleur le dilate fans, lui caufer aucun changement. Il fe mêle à l’air pur ou vital, mais fans al- tération 8c il forme un mélange que l’on peut refpirer pendant quelque tems , pourvu qu’iï n’en faffe que le tiers ; c’efl ainfî qu’on doit ladminiflrer dans les maladies, des poumons. Il fe combine à l’eau ,. mais avec lenteur,». En agitant ces deux fluides , 8c en multipliant d’une manière quelconque leur contad , ils s’u^ niffent 8c forment une liqueur qu’on doit. A iij '& f L ï 1 E H S appeler efprit acide de craie j Bergman appelle cette diiïolution eau aérée ; mais ce nom con- vient à Beau qui contient de véritable air , & la diflingue de Peau bouillie dont ce fluide a été dégagé par la chaleur. L’eau diiïbut d’autant plus d’acide craieux , qu’elle efl plus froide ; cette faturation a fan terme fixe; l’eau la plus froide ne paroît pas pouvoir en abforber plus qu’un volume égal au fien. L’efprit acide de la craie efl un peu plus pefant que l’eau diflillée; iî pétille par l’agitation ; il a une faveur piquante 8c acidulé; il rougit la teinture de tournefoL On peut le décompofer par la chaleur qui le met promptement en ébullition 8c qui en dé-^ gage l’acide élafiique. Le contaél de l’air pro- duit d’autant plus vite le même effet, que fa température efl plus élevée ; auffi pour con- ferver cette liqueur acidulé , faut-il l’enfermer dans des vaiflfeaux bien bouchés expofés au froid* ou la tenir fortement comprimée. Get efprit acide de la craie fe trouve abon- damment dans la nature ; il conflitue les eaux acidulés 8c gazeufes, telles que celles de Pyr~ mont , de Selz , 8c c. Comme cette eau ainfi acidulée efl un remède dans toutes les maladies putrides , fort en boifi fon r foit en lavement s les phyficiens. ont ima- giné des appareils propres à imprégner facSIé b*HïST. Nat. et de Chimie. f ment & le plus promptement poffible, l’eau de toute la quantité d’acide craieux qu’elle peut dit? foudre. M. Prieffley a le premier donné en 17723. un procédé pour aciduler Peau; le doéteuE Nooth a inventé une machine deftinée à cet effet ; elle a été depuis perfectionnée par M« Parker; 8c M. Magellan a ajouté encore à fon utilité. On la trouve aujourd’hui dans tous les cabinets de phyfique ; elle eff trcs~bien décrite 8c gravée dans le troiffème volume des Expé* riences fur differentes efpèces d* airs y par M , Prieff tley 9 pag. iiz à 118 ; 8c dans la Lettre d& M. Magellan , meme Ouvrage y tome V ^ p* 83» L’acide craieux n’a point d’aclion fur la terre filiceufe ; il eff bien reconnu que cette terre ne criftaliife point par l’eau acidulée , comme on Pavoit annoncé il y a quelques années. L’acide craieux s’unit à l’argile , à la terre pefante, & à la magnéffe; il forme avec ces fubffances difîerens fels neutres , que nous exa-r minerons plus bas. La combinaifon de cet acide avec la chausî diffoute dans l’eau 9 donne naiîlancè à un phé-* no mène confiant , qui fait toujours reconnoître cet acide. Lorfqu’il touche à ce liquide , il yt produit des nuages blancs , qui s’épaiflhTenfc bientôt , 8c forment un précipité abondant. Ce& louages font dus à la craie réfultante de la combib 4** I ? Elemens ïiaifon de Ta chaux avec l’acide craieux. Ctë nouveau fel n’étant prefque pas foîuble dans Feau pure, s’en fépare 8c tombe au fond de ce fluide. L’eau de chaux efl donc une pierre de touche pour faire reconnoître la nature 8c ïa quantité de l’acide que nous examinons. Si, après qu’il a formé ce précipité dans cette eau , on y ajoute une nouvelle quantité de cet acide * alors le précipité difparoît 8c fe redüFout à l’aide de l’excédent de l’acide craieux : c’efl un fécond caraélère qui efl propre à cet acide. La craie difToute dans l’eau par l’acide craieux furabon- dam, s’en fépare 8c s’en dépofe, lorfqu’on chauf- fe la liqueur, ou îorfqu’on la laifle expo fée à l’air , ou enfin par tous les procédés qui en- lèvent cet excès d’acide craieux. Cefi ainfi que |’ai remarqué que les alkaîis fixes eaufliques- terfés dans la diflolution de craie par l’acide craieux, y forment un précipité en abforbant cet excès d’acide. L’efprit de craie ou l’eau acidulée verfée dans Feau de chaux , y produit abfolument les mê- mes effets. L’acide craieux fe combine rapidement aux trois alkaîis. Si on met dans un bocal plein de cet acide retiré de la Craie , ou pris au-deffus d’une cuve de bierre en fermentation , un peu d’alkali fixe pur 8c cauflique en liqueur divifè b’Hïst. Nat. et de Chimie. p fur les parois du vafe ; & fi l’on bouche promp- tement l’orifice de ce vailfeau avec de la vef- fie mouillée * cette membrane s'affaifTe peu à peu; il fe fait dans le vaiffeau un vide du à Fabforption de l’acide craieux par Falkali, il s’excite de la chaleur pendant la combinaifon de ces deux Tels , & l’on apperçoit bientôt fur les parois du bocal , des crifLiux en dendrites qui deviennent de plus en plus gros; nous nom- mons ce Tel tartre craieux lorfqu’on a employé l’alkali végétal ou du tartre , & foude craieu^ fe lorfqu’on s’efi fervi de l’alkaîi de la foude s ces deux véritables Tels neutres portoient au- trefois les noms de fel de tartre 8c de fel de foude. Nous en examinerons les propriétés dans le chapitre fuivant. Le contaél du gaz alkalin 8c de î’acide craieux aériforme, dans un vaiffeau fermé, produit auffi fur-Ie-champ du vide, de la chaleur, 8c un nuage blanc 8c épais , qui s’attache en crifîaüx réguliers , ou fimplement en croûte aux parois du verre. C’eft un véritable fel neutre im- parfait , que nous nommons fel ammoniacal craieux. L’acide craieux adhère à ces bafes avec des forces différentes ; c’eil avec la terre pefante qu’il a le plus d’affinité, fuivant Bergman; vien- nent eufuitç la chaux s Falkali hxç végétal * ;Î0 ' ÊLÏMEN £ Falkali fixe minéral , la magnéfie & 3’aîkali vo« latik Nous verrons dans l’examen des fels neu- tres fur; quels phénomènes font fondés ces de- grés d’affinités établis par Bergman. La nature & la compofition de l’acide c rai eux ont beaucoup occupé les chimiftes depuis quel- ques années. MM. Prieflleÿ , Cavendifch, Ber- gman . Schéele , femblent être dans l’opinion qu’il eft formé/ par la combinaifon de l’air pur avec le phlogiftique ; mais l’exiftence de ce der- nier principe étant avec juffice révoquée en doute par plufieurs chimiftes François célèbres , nous ne croyons pas que cette théorie puiffe être admife & fatisfaire à toutes les difficultés qu’on lui oppofe. J’avois penfé autrefois que l’acide craieux pourroit bien être un compofé de gaz inflammable 8c d’air pur; beaucoup d’ex- périences faites depuis 1782, m’ont fait entiè- rement renoncer à cette opinion , & je l’aban- donne aujourd’hui ? pour adopter celle de M, Lavoifîer , qui me paroît approcher beaucoup plus près de la vérité. Ce chimifte auquel la fcience doit tant d’expériences ingénieufes 8c délicates , a fait brûler dans des cloches plei- nes d’air vital 8c au-deffus du mercure, une quantité déterminée de charbon, privé d’air in- flammable aqueux par une calcination prélimi- naire dans des vaiSeaux fermés , parce qu’il avoil d?Hîst. Nat. et de Chimie. iti ôbfervé que fans cette précaution il obtenoit des gouttes d’eau qui altéroient Pexaditude des calculs. Cette combullion a été faite par le moyen d’un quart de grain d’amadou placé fur le charbon & recouvert d’un atome du phofc phore; un fer rouge recourbé pafle à travers le mercure a fervi pour allumer le phpfphore; celui-ci a mis le feu à l’amadou, qui l’a com- muniqué au charbon ; l’inflammation a été très* rapide , & accompagnée de beaucoup de lumière. Tout l’appareil étant froid, M. Lavoi- fier a introduit fous la cloche de Palkali fixe cauftique en liqueur qui a abforbé l’acide craieux formé dans cette combuflicn , 8c qui a laiffé une portion d’air vital aufïi pur qu’au commen- cement de l’expérience. Ce chimifte penfe que dans cette opération le principe oxygine, dont la combinaifon avec la matière du feu & de la chaleur forme l’air vital , s’efl combiné avec la fub fiance charbonneufe, 8c a produit de l’aci- de craieux , tandis que l’ancre principe du même air vital s’efl dégagé avec chaleur 8c lumière,, Il eft refié de la cendre , 8c la quantité d’acide craieux formé avait en excès de poids fur Pair vi- tal employé, le déficit qu’avoit éprouvé le char- bon. De beaucoup d’expériences de cette na- ture répétées dans différentes circondances , M*. JLavoifier concJud qu’un quintal d’âdde craieux ^2 £ L É M E tf S qu’il appelle aduellement acide du charbotl ou acide charbonneux à eau Te de Ton origine 9 eil compofé d’environ 28 parties de matière charbonneufe 3 & de 72 parties de principe oxygine. îi penfe que dans la refpiration des animaux, il fe dégage du fang une véritable matière char- bonneufe , qui fe combinant avec le principe oxygine de Patmofphère , forme l’acide char- bonneux , toujours produit dans cette fondion j. 8c que e’eft également à la combinaifon de la matière charbonneufe du fuere , avec le. prin- cipe oxygine de l’eau qu’eft due la formation de l’acide craieux qui fe dégage dans la fer- mentaion fpiritneufe. PluGeurs phyficiens ont reconnu que l’acide craieux a la propriété de conferver les fubüan- ces animales , de retarder leur putréfadion , 8c même d’en faire rétrograder la marche. C’ell d’après cela que Macbride a penfé qu’il s’unie au corps pourri > 8c qu’il lui rend Facide qu’il a> perdu pendant la putréfadion. Ce dernier phé- nomène n etpit dû , fui vaut lui , qu’à la décom- pofition naturelle des matières organiques , 8c à la difljpation de leur acide craieux , qu’il ap- peloit air fixé; auffi a-t-il prétendu que Ftifage de cet acide étoit indifpenfablement néceffaire pour compenfer les pertes qui s’en font danst b’Hist. Nat. et dé "Chimie. les animaux, 8c pour rétablir les fluides altérés par le mouvement & par la chaleur. Il admet l’exiflence de cét acide dans les végétaux frais* fur-tout , dans ceux qui font füfceptibles de fer- menter, comme la déco&ion d’orge germé e a le moût de raifin , 8cc. 8c il croit qu’ils font tous auffi bons les uns que les autres, dans les maladies qui dépendent du mouvement fep- tique des humeurs , comme le fcorbut. On a propofé au (h l’efprit acide de la craie dans les fièvres putrides bilieufes, 8c plufieurs observations en ont affuré le fuccès. Les an- glois emploient , dit-on , l’acide ^raieux refpiré à petite dofe 8c mêlé à Pair commun , dans les maladies des poumons. On l’a fort recommandé, comme îithontrip- îique ou diffiolvant du calcul de la veffie; mais aucun fait bien avéré n’en a encore démontré en France l’efficacité dans cette terrible ma- ladie. Les Papiers publics ont annoncé l’hiftoire de plufieurs cures de cancer, faites en Angle- terre par l’application de l’acide craieux. Nous pouvons aflurer avoir vu employer ce moyeu plufieurs fois , 8c l’avoir employé nous-mêmes fans fuccès. Dans les premières applications , l’ulcère cancéreux fembie prendre un meilleur caradère j la fanie qui en découle ordinairement, k j Ê l 5 m i if û devient blanche, conftftante & pnriforme * leâ chairs prennent une couleur vive & animée | mais ces apparences fîatteufes de mieux ne fe foutiennent pas; l’ulcère revient bientôt à Pétât où il étoit auparavant, 8c parcourt enfuite Tes périodes avec la même aâivité* Sorte IL Acide map^In. On donne dans les laboratoires le nont diacide marin ou d’efprit de fel , à un fluide qui coule comme de Peau, qui a une faveur allez forte pour corroder nos organes lor.fqu’il eft concentré, 8c qui n’imprime fur la Lngue qu’un fentiment d’aigreur 8c de flipticité , s'il eft étendu de beaucoup d’eau. Ce fluide bien pur doit être abfoîument fans couleur. Lorfqu’il eft fouge ou citronné comme celui du commerce* il doit cette couleur à quelques fubftanc-es com« tmftibles, 8c fouvent à du fer qui l’altère. C’eft du fel marin qu’on retire cet acide, ainfi que nous le verrons dans Phiftoire de ce fel. S'il eft fort 8c concentré , il exhale, quand on Pex- pofe à Pair , une vapeur ou fumée blanche. Il a une odeur vive & pénétrante , qui , très-di* vifee 5 reflemble un peu à celle du citron , ou de la pomme de renette. On le nomme alors efprit de fel fumant. Ces fumées font d’autant plus abondantes que Pair eft plus humide. Si* b’HïST. Nat. et be Chimie. ïj ïorfqu’on débouche un flacon qui contient cet acide , on approche la main de fon goulot , on fent une chaleur manifefle , due à la combi- naifon de l’acide en vapeur avec i’eau atmof- phérique. L’efprit de Tel rougit fortement le fi* rôp de violettes , 8c toutes les couleurs bleues Végétales , mars il ne les détruit pas. Cette li- queur, quelque concentrée 8c quelque fumante qu’elle foit , n’efl point l’acide marin pur 8c ifôlé , mais cet acide uni à beaucoup d’eau* M. Prieflley a mis cette vérité hors de doute, en nous apprenant qu’on peut volatilifer cet acide en gaz, 8c l’obtenir permanent dans cet état au~deflus du mercure. C’efl donc de ce gaz que nous devons examiner les propriétés , Il nous voulons connoitre celles de l’acide ma- rin fans mélange , 8c dans fon état de pureté parfaite. Le gaz acide marin s’obtient en chauffant Fefprit de fel fumant dans une cornue dont le bec efl reçu fous une cloche pleine de mercure. Ce gaz, beaucoup plus volatil que l’eau , pafîe dans la cloche ; il préfente tous les cara&ères appareils de l’air; mais il efl plus pefant que lui ; il a une odeur pénétrante; il efl fi caufii- que qu’il enflamme la peau 8c y caufe fouvent des démangeaifons vives ; il fuffbque les ani- maux ; il éteint la flamme des bougies en Pagrau- î 5 Ë I 1 M È ïf s diiïant d’abord & en donnant à fon difque uni couleur verte ou bleuâtre ; il efl abforbé par leâ corps fpongieux. La lumière ne paroît pas Pakérer d’une ma-* nière fenfible» La chaleur le raréfie & augmente prodigieufement fon élailicité. L’air atmofphé- jique mêlé fous des cloches avec le gaz ma- rin , lui fait prendre la forme de fumées ou de vapeurs , & s’échauffe légèrement 5 ce qui prouve qu’il y a combinaifon. Plus Pair efl humide, plus ces vapeurs font apparentes : auffi ne font- elles pas fenfibles fur les hautes montagnes où l’air efl trèsffec fuivant l’obfervation de M. d’Ar- cet. C’eli donc à Peau contenue dans Patmof- phère que Pon doit attribuer les vapeurs blan- ches qu’exhale Pefprit acide marin cet acide liquide non plus que le gaz marin , n’abforbent point Pair vital dans fon état élallique , quoi- qu’ils puiffent fe combiner par des moyens ap- propriés , comme nous le ferons voir plus bas. Le gaz marin fe combine avec rapidité à Peau. La glace s’y fond fur le- champ & l’ab- forbe avec promptitude. L’eau en s’unifiant à ee gaz s’échauffe affez fortement. Saturée > elle fe refroidit & imite parfaitement Pefprit de fel d’où on a tiré le gaz marin par la chaleur ; elle «exhale des vapeurs blanches $ elle n’a point de couleur ; tfnt'Êf. Nat, et m 'Gnmm ?% %©uleur 5 elle rougît le firop de violettes* &c« Nous verrons par la fuite que c’ert en recevant dans de l’eau pure ce fluide éîaftique , & en la faturant 5 qu’on obtient l’efprit de fel le plus concentré 8c le plus pur. Le gaz marin n’a point d’aélîon fur la terre quartzeufe ; il fe combine à l’argile & forme avec elle le fel marin argileux. Il s’unit aux fubftances falino-terreufes -, avec îefqiielles il conflitue le fel marin à bafe de terre pefante , le fel marin magnéfîen & le fel inarirt calcaire. Sa combinaifon avec î’alkali fixe végétal pro^ doit le fel fébrifuge de Sylvius ; celle avec l’ai- fcali minéral donne naiffànce au fel marin ou fel commun o Le gaz marin , mis en contaél avec îe gaz lalkalin, s’échauffe beaucoup > ces deux fluides çlafliques fe pénètrent; il fe forme fur-îe-champ un nuage blanc -, le mercure remonte dans les cloches , 8c bientôt leurs parois internes fe trouvent tapiflees de criflaux ramifiés ? qui ne font que du feî ammoniac. Si les deux gaz font bien purs ? ils difparoiffent complètement à mefure qu’ils prennent la forme concrète s 8c que la chaleur s’en dégage. Cette expérience efl une de celles qui prouvent , i°. que les corps qui paient de l’état liquide à l’état élafliquei Tome JL U i;8 Ë x ê m à n $ àbfôrbent dans de paîFagè une quantité que!-* Conque clé matière du feu ou de la chaleur , Car Pefprit de fei ne devient gas marin, que par Faceès de la chaleur ; 2Ù. que les fluides élaftiqües laiflTent échapper en repayant à la li- quidité ou à la folidité, la chaleur qi^ils avoient âbforbéé dans leur aérification ; 30. que c’efl: à cette chaleur abforbée 8c combinée qu’éfl du Fêtât élaftique , 8c que tous les fluides aérifor- mes font des compofés auxquels la chaleur donne cette forme , comme le penfe M. La- \VoHier. L’acide marin abforbe l’acide craieux ; Fac- tion réciproque de ces deux côrps n’a point encore été examinée convenablement. On fait que Pefprit de fel efl plus fort que F acide craieux, ëc qu’il dégage ce dernier de toutes fes bafes pour fe combiner avec elles ; quant à fes dif- férens degrés d’attradion pour les diverfes ba- fes alkalines , Bergman les indique dans Fordre fuivant ; la terre pefante , Falkali hxe végétal, Falkali fixe minéral , la chaux , la magnéfie , Pair Itali volatil, l’argile. On ne connoît pas la nature intime de l’aci- de marin , 8c les principes qui entrent dans fa compofition. Beccher penfoit qu’il étoit formé d’acide vitriolique uni à la terre mercurielle , garce qu’il avoit obfervé que cet acide avok fc'ïïtST. N À T. Èï ht "C'HÏMï Èp Bèaücoup d’affinité & fe éombinôît très ~ bien avec tous lés corps dans îefqueîs il admettoit ce principe , tels que Parfenic* le mërcüré , &c* S thaï h’a point éclairci l’opinion de Beceherfuir cet acide. Parmi tomes les expériences ingé- nieufes des modernes, il n’en ed aucune qui puiffie jetter quelque jour fur les principes qui condiment l’acidè marin. M. Schéele ed le feul chimide qui ait fait en 1774 une découverte importante fur lès dif- Férens états dans lefqnels exide cet acide. Cè Pavant ayant didillé de l’efprit de fel fur de la .chaux de manganèfe , obtint cet acide fotis la Forme d’un gaz jaunâtre , d’ime odeur très-pi- ejuante , d’une grande expandbilité, & didblvant facilement tous les métaux , fans en excepter •le mercure & l’or. Il penfe que dans cette opé- ration , la manganèfe qu’il regarde comme très* avide dit phlogidiqite , s’empare de celui de î acide marin ; auffi appelle-t-il ce dernier acide marin déphlogijliqué , 8c croit-il qu’il diffout l’or • :en raifon de fon avidité pour s’unir aii phio« gidique; cependant aucune expérience pofitive ne démontroit là préfènee du principe indam- mable dans cet acide , 8c j’avois foupçoiinéil y a quatre ans, quec’étoit l’air vital de la manganèfe qui s’unifloit à l’acide marin, comme on peut le voir dans la première édition de niés Elément* B îj W Ê L S M H H s! ■ aux articles Eau régale, Manga.nèfe» 8cc„ Mi Berthollet mon confrère vient de changer cette affèmon en une vérité démontrée par des expé- riences suffi exaâes qu’ingénieu fes. L’acide marin dïflillé fur ia chaux de manga- ïièfe, lui a donné des vapeurs jaunes fans le fecours-du feu; en chauffant la cornue & en recevant ces vapeurs dans des flaccons pleins d’eau , elles ne s’y diffolvent que très-peu, 8c l’eau en eft bientôt faturée; alors le gaz qui eft : excédent à la faturation de l’eau , prend une forme concrète 8c tombe en criflaux au fond, de la liqueur. Ce fel fe fond 8c s’élève en bul- les élaftiques à la plus légère chaleur. L’acide marin déphlogiftiqué en liqueur ou 'diffous dans l’eau, a fuivant M. Berthollet, une faveur auilère fans être acide , il blanchie & détruit les couleurs végétales fans les faire palier au rouge ; il ne chaffe point l’acide craieux de fes bafes, 8c il ne fait point effervefcence avec les fubftances aîkalines chargées de cet acide ; enfin il n’a point les propriétés des acides. L’acide marin déphi ogifliqué chauffé avec la chaux-vive, fait effervefcence; il fe dégage de l’air vital , 8c le réfidu eff à l’état de fel ma- lin calcaire, ce qui dépend du dégagement de fair vital qui faturoit l’acide. L’acide maria gléphîogiüiqué produit une effervefcence dans bm tïf. Fat; st m ctfîiîi; m, la combinaifon avec Palkaîi volatil csufiiqne j mais les bulles qui fe dégagent dans cette com-v binaifon, font dues à la décompoïilion d’une partie de ce dernier fel ; le gaz inflammable qui eft un de fes principes , s’unit à Pair vital de Pacide marin déphlogifliqué , & forme de Peau-; tandis que le gaz phlogifliqué, fécond principe de Palkali volatil devenu libre * fe fépare fous fa forme élaflique, & produit le mouvement d’efîervefcence qu’on obferve dans cette ex~ périence. Enfin l’acide marin déphlogifliqué diiïout les métaux fans effervefcence, 8c pafle à l’état d’acide marin ordinaire en détruifant les couleurs végétales. Toutes ces expériences prouvent que l’acide marin déphlogifliqué de Schéele, efl une combinaifon de cet acide pur avec Pair vital* 8c qu’il devroit être nommé acide marin aéré * comme je Pavois indiqué dans ma première édition. M. Berthollet n’a pas encore déterminé la quantité d’air qu’ab-* forbe Pacide marin pour acquérir les propriétés*! nouvelles qui viennent d’être expofées (i). On emploie Pacide marin dans quelques arts & fur-tout dans la Doeimafie humide ( 2 ). En (i) Voyez Journ.de P hyf* tom . XXP'I, pag . 321^ Mai 1785.. (z) Vide Bergman, vol. IL Opufc, de Docimajîâ hu» mdâ) fë Ê L È M E N' Ë médecine on Fadroiniflre très. - étendu d’e-a« | comme diurétique , anti-feptique & rafraîchit fant ; il fait la bafe du remède du Prieur de Chabrières. pour les defcentes. On s’en fert à l’extérieur- pour faire naître des efchares & détruire les parties altérées , dans le mal de gorge gangreneux , les aphtes de même natu- re , &c. mêlé à une certaine quantité d’eau 5 il eonfiitue les bains de pieds employés comme un fecret par quelques perfonnes ,. pour rap« peler la goutte dans les parties inférieures. Quant à l’acide marin dephlogifliqué ou aéréa fl efl connu depuis trop peu de tems pour qu’oq ait cherché à en faire quelque ufage. M, Ber~. thollet penfe qu’il pourra être employé avec fnccès , pour découvrir dans quelques inftans ou dans quelques heures , les effets que l’air produit fur les étoffes colorées, & pour en faire reconnoïtre la fixité ou l’altérabilité* Sorte lïï. Acide s fathique. L’acide fpathique pu fîuorique, découvert par M, Schéele , a reçu ce nom parce qu’on le retire d’une efpèce de fol neutre , que nous connpitrons par la fuite fous le nom de fpath flqor ou fpath vitreux. Çet acide pur eÜ fous forme de gaz, & nom devons en examiner les propriétés dans, çet ét&& ' -'V- v* A ' , = / d’Hïst. Nat. et de Chimie. Le gaz fpathiqne eft plus pefant que Pair. II éteint les bougies & tue les animaux, tî a une odeur pénétrante qui approche de celle du gag marin , mais qui eft un peu plus a&ive. II eft d’une telle çauftické qu’il ronge la peau, pour peu qu’elle foit expofée quelque tems à fou contaéh ïl n’eft pas altéré fenfiblement par la lumière; la chaleur le dilate fans en changer la nature. L’air atmofphérique trouble fa tranfparence & le change en une vapeur blanche, en raifon de l’eau qu’il contient ; ce phénomène eft fera** bîable à celui que préfente l’acide marin. Le gaz fpathiqne s’unit à l’eau avec chaleur Sc rapidité ; mais il préfente un phénomène par- ticulier dans cette union , c’eft la précipitation d’une terre blanche très-fine qui eft quartzeufe ou filiceufe. Il femble donc que cet acide ne foit rien moins que pur , dans l’état où on Pa décrit jufqu’à préfent. C’efi pour cela que nous fommes. portés à croire qu’il n’a de pureté # qu’autant que la terre qu’il enlève dans fa vo~ latilifation en a été léparée par l’eau. Ce gaz di flous dans ce fluide forme l’efprit acide fpa- îhiqtte dont 1 odeur & la caufiicité font très- for-» tes , lorfque l’eau en efi faturée. Cet acide li- quide rougit fortement le firop de violettes. Il a la finguîière propriété de ronger & de diflbvK B h E L $ M E N S dre la terre fîliceufe , fuiyant MM* Schéeîe 8c Bergman. M. Prieffley s’eff apperçu que le gaz fpha~ thique corrodoit le verre & le perçoit , 8c il étoit obligé de prendre pour Tes expériences des bouteilles de verre très-épais. Macquer p en- foi t que cet acide ne produifok cet effet que dans fon état de gaz, & qu’en liqueur ou dif- fous dans Peau , il n’attaquok plus le verre ; cette opinion eff fondée fur ce que Peau pré- cipite la terre fîliceufe tenue en diflfoliuion par le gaz fpathique. On peut décompofer Pefprit acide fpathique comme on fait Pefprit de fel , en le chauffant dans une cornue dont le bec eff reçu fous une cloche pleine de mercure. On obtient du gaz acide fpathique , & Peau reffe pure. Les deux chimiffes françois , qui fous le nom de M. Boullanger, ont publié en 1773, une fuite d’expériences fur le fpath vitreux ou fluor, fpathique , penfent que Pacide de ce fpath îfeff que de Pacide marin, combiné avec la matière terreufe que Peau feule eff capable d3en féparer ; mais Bergman le regarde comme un acide particulier 8c très-diffingué par les diver- fe$ combinaifons auxquelles il donne naiffanee* Cette dernière opinion eff reçue aujourd'hui du ÇÎus grand nombre des chimiffes. d’Hist.. 'Naï'. ter de Chimie* 2| L’acide fpathique efl le feuî acide minéral qui piiifTe diffioudre la terre filiceufe. Bergman avoit penfé en 1779 , que cette terre pourrait bien être un compofé d’acide fpathique 8c d’eau 9 parce que cet acide en état de gaz , dépofeune quantité notable de cette terre, quand il efl en conta# avec l’eau; mais il efl prouvé par l’expérience de M. Méyer, que la terre pré- cipitée dans cette expérience, vient des vaif- Jeaux de verre dont une partie a été diiïbute par l’acide. Ce chimifle a pris trois vafes cylin- driques d’étain ; il a mis dans chacun une once de fpath vitreux , 8c trois onces d’acide vi~ triolique, qui ayant plus d’affinité avec la chaux que n’en a l’acide fpathique , efl employé avec fuccès pour obtenir celui-ci ; il a ajouté à l’un de ces mélanges, une once de quartz pulvéri- fé , au fécond une once de verre en poudre 3 8c il a laiffié le trôifième pur, 8c fans addition ; il a fufpendu dans chacun des cylindres une éponge mouillée , 8c il a expofé les vafes fer- més à une température moyenne. Une demi- heure après il a trouvé une pouffière filiceufe dépofée fur l’éponge du mélange qui contenoit le verre; douze heures après, celui où étoit le quartz , préfenra également un enduit filiceux fur fon éponge ; 8c celle du mélange fans quarts & feus y erre ? n’offrit aucune apparence de dépôt j%6 Elément même au bout cîe plusieurs jours. Bergman tt envoyé lui-même le détail de cette expérience à M, de Morveau , en lui annonçant qu’il re- nonçoit à Ton opinion fur la formation de la terre filiceufe par l’union de la vapeur fpa- thique & de l’eau. Cette précipitation efl donc due à la terre quartzeufe du verre diffoute par legaz fpathique. Cet acide n’eû donc pur qu’aprcs avoir été précipité par l’eau , comme nous Pavions annoncé dans notre première édition. Le gaz 8c l’efprit acide fpathique s’unit à l’argile , 8c forme avec cette terre un Tel neu- tre ( P argile fpathique ou le fluor argileux ) dou- ceâtre qui prend facilement la confiftance d’une gelée épaîlîe. Il fe combine avec la terre pefante; le feî qui réfulte de cette combinaifon, 8c que nous nommerons fluor pefarit * elî pulvérulent. L’acide fpathique forme avec la magnéfie un fel crifiallifabîe ; magnifie fpathique ou fluor magnéfien . Il précipite l’eau de chaux 3 8c reforme fur- ie-champ le fpath fluor. Il fe combine auiïi avec l’alkali fixe végétal 3 8c conflitue le tartre J pathique ou fluor tartareux 9 avec l’alkaii fixe minéral , ou alkali de la foude* 8c donne naiffance à la fonde fpathique ou fluor de fonde } enfin avec l’alkalà volatil » & il forme D 9 H ï S T. 'N AT, :ET DE’ChîHIE» 2? dans cette combinaifon le Tel que nous nommons fluor ammoniacal , ou fel ammoniacal fpathique* L’expo iré fuccinéi de ces combinaifons fais- nés , démontre que Facide fpathique eü diffé- rent de Facide marin ; fes affinités avec les bafes di ver fes ajouteront encore à ces preu- ves. Bergman obferve que Facide fpathique uni à Falkali fixe végétal , en efl féparé par Feau de chaux qui précipite la diffolution de ce fel; il en eft de même de la diffolution de fluor pe- faut qui efl troublée par la chaux ; ce favant préfente les affinités de cet acide dans l’ordre fuivant : la chaux , la terre pefante , la magné- he3 Falkali fixe végétal, Falkali minéral, Fal- kali volatil ; mais il convient qu’il faudra plus d’expériences qu’on n’en a encore faites pour les déterminer avec beaucoup d’exaclitude. L’acide fpathique n’a été jufqu’aéhiellement employé à aucun ufage ; mais fa propriété de diffoudre la terre hiiceufe, le rendra vraifem- blablement très-utile par la fuite dans les opé- rations chimiques, lorfqu’on aura trouvé des procédés propres à l’obtenir plus commodément qffpn ne Fa fait jufqu’ici» Sorte IV, Acide nitreux. Ce qu’on nomme acide nitreux dans les la-* , eft de Fefprit de nitre ou la com* fi L ï M E w É binaifon de l’acide avec Peau, Cet efprit bîe$ pur efl blanc , mais pour peu qu’il fait altéré, il devient jaune ou rouge , & il exhale une va- peur abondante de la même couleur. Il efl: d’une telle cauflicité, qu’il brûle & déforganife fur-le- champ la peau 8c les mufcles. Il rougit le firop de violettes 8c en détruit entièrement la couleur. Expofé aux rayons du foleil , il prend , fui- vant M. Schéele, plus de couleur 8c de volatilité, ce qui indique une aélionde lapait de la lumière; , la chaleur feule efl capable de lui faire éprouver la même altération ; il attire l’humidité de Pair , ïorfqu’il eh fortement concentré. Il s’unit avec violence à Peau , qui donne une couleur verte 8c en fuite bleue, à celui qui efb rouge ; il s’échauffe beaucoup dans cette corn- binaifon. Lorfqu’il efi uni à une grande quantité de ce fluide , il conflitue Peau- forte. Les acides nitreux blanc 8c rouge étoient regardés autrefois comme un feul acide ne dif- férant que par la concentration ; celui qui avoit le pltfs de couleur , paflbit pour être le plus concentré ; mais aujourd’hui on a plus de lu- mières fur la nature de cette fubflance faline, 8c Pon fait qu’elle peut être dans deux états différens en général. Dans l’un l’acide nitreux 'cil fans couleur , plus pefant , moins volatil 9> Sc n’exhale pas de fumée; dans l’autre ü eft. ï>3Hi$t. Nat. et ©e Chimie, coloré depuis le jaune jufqu’au rouge brun, il ■efi plus léger , plus volatil , & laide échappes continuellement des vapeurs rouges, plus ou moins abondantes , fuivant la température à la- quelle il efi expofé ; Bergman di dingue ces deu& états de l’acide nitreux, par les noms de dé-* phlogijîiqué pour le premier , & de pklogïjliquê pour le fécond ; nous verrons plus bas quelle efi la caiife de ces différences ; il nous fuffit de faire ob fer ver ici que fi l’on fou met à la difiillation dans une cornue de verre de l’acide nitreux coloré 8c fumant, la portion rouge pafie la première en vapeurs , & l’acide qui refie dans la cornue, devient blanc 8c fans couleur ; plus l’efprit de nitre que l’on difiille efi foncé en cou- leur , plus on obtient dè vapeurs, 8c moins il refie d’acide blanc dans la cornue; 8c au contraire , fi l’on chauffe dans ce vaiffeau un acide nitreux d’un rouge clair, on n’a que très* peu de vapeur 8c beaucoup d’acide blanc. Cette expérience prouve que l’acide nitreux rouge efi plus volatil que celui qui efi blanc ; 8c que com- me tout efprit de nitre coloré efi un compofé de ces deux acides , on peut les obtenir féparés pas une difiillation bien conduite. Dans cette opé- ration il fe dégage toujours une certaine quarn îité d’air vital , que l’on peut recueillir en adap^ fant au ballon un appareil pneumato-chimique j go Ëii'is k s il faut remarquer que la même dîflilîatioù Faîtê fur l’acide nitreux le plus blanc * en dégagé tou- jours quelques vapeurs rouges $ & change la couleur de cet acide, qui devient rutilant ; mais ce changemeilt produit par la chaleur difparôît* lorfqüe l’àcide fe refroidit 5 8c la vapeur qui s’en ell élevée fe rediffout dans la liqueur. L’efprit de nitre n’a point d’adion fur lés terres vitreufé 8c quartzeufe ; il s’unit à l’ar- gile ? à la terre péfante , à la magne fie , à la chaux 8c aux trois alkaîis avec lefqiteîs il forme le nitre argileux , le nitre à bafe de terre pe- lante , le nitre magnéiien, le nitre calcaire, le nitre ordinaire , le nitre rhombGÏdal & le nitre ammoniacal. Tous cés fels feront examinés plus bas. Ses affinités avec ces différentes bafes, font les mêmes que celles dé l’acide marin; Bergman les indique dans l’ordre fuivant ; la terré pe- lante , l’alkali fixe végétal , Palkali fixe minéral $ îa chaux , la magnéfie , l’alkali volatil , l’argile* L’acide nitreux s’unit avec l’acide craieux qu’il àbforbé en grande partie ; on ne connoit pas bien Padion réciproque de ces deux corps. L’acidè nitreux fe combine très-rapidement ■avec l’acide marin ; les aichimiftes ont donné le nom d’eau régale à ée compofé , parce qu’ils l’ont employé pour diffioudre l’or * le roi des ^métaux. U a dû de tout teins paraître finguîieï ©*Hist, Nat, et de Chimie. 31 que deux acides , dont chacun en particulier n’a aucune adion fur For , deviennent capables de le diflbudré quand ils font réunis. Les al- chimitles , contens d’avoir trouvé un difFolvanC de ce précieux métal , ne fe font pas inquié- tés de îa caufe de ce phénomène. Ce n’elt que depuis quelques années que deux chimie tes fuédois , MM. Schéele 8c Bergman 5 ont cherché à connoître les altérations que les acides nitreux 8c marin éprouvent dans leur union. M. Schéele a vu, comme nous l’avons déjà obfervé, qifen diüillant de l’acide marin fur de la chaux de manganèfe , cet acide répandoit une vapeur jaunâtre de la même odeur que celle de l’eau régale ; qu’il détruifoit les couleurs bleues vé- gétales , qu’il avoit une adion très-forte fur les métaux 8c notamment fur l’or qu’il dilfolvoic comme l’eau régale. Il croit que ces nouvelles propriétés lui viennent de ce qu’il a été privé He fon phlogiftique par la chaux de manganèfe, 8c qu’en conféquence il a une très-forte ten- dance à reprendre ce principe par-tout où il le trouve , ce qui fait qu’il a une adion vive fur les matières combuüibles. Il l’a appelé , d’après cela , acide marin déphlogiftiqué ; nous obier- yons d’abord que cette explication eft entière- ment contraire à la théorie de Stahl , que 3VL Schéele femble adopter 8c étendre 3 puifque Ë L ï M S N S' l’acide marin , en perdant Ton phlogifliqtiê i acquiert de nouvelles propriétés que ce grand homme àttribuoit à la préfence de ce principe 3 telles que la volatilité, Podeiir forte, Paâioa fur les matières inflammables» Nous croyons d’ailleurs que tous ces phénomènes peuvent s’expliquer avec plus de vraifemblance par la nouvelle théorie , ainfi que nous allons le dé*» montrer tout-à4’heure. Bergman penfe que Pacide nitreux s’empare du phlogîftique de Pacide marin , & fe diflipe en partie en vapeur, & que ce dernier efl dans le même état que lorfqifil a été diRillé fur de la chaux de manganèfe. Ainh Peau régale ne diffout Por qu’en raifon de Pacide marin dé-< phlogifliqué qu’elle contient ; c’efl pour cela que cet acide mixte n’eit fouvent que de Pacide marin. Telle efl l’opinion du célèbre chimifle d’Upfal. Voici maintenant celle qui me paroît être d’accord avec les faits. Lorfqu’on verfe de Pacide nitreux fur de Pefprit de fel , ces deux liqueurs s’échauffent , fe colorent , il fe pro^ duit une effervefcence & il s’exhale une odeut mixte moins pénétrante que celle de Pefprit de fei pur, mais tout-à-fait particulière & fem-* blable à celle de Pacide marin difhllé Pur la chaux de manganèfe. Aüffi M. Berthollet a-t-il découvert qu’il fe dégage du gaz marin déphlo* gifliqu4 ï>9!ïr$î. Nat. -et be Chimie. feg giffiqué ou aéré pendant cette adion rapide,, L’efprit de fel enlève donc à l’acide nitreux une partie de l’air pur qu’il contient , & fe diffîpe fous la forme d’acide marin aéré ; il relie une portion de cet efprit de fel déphlogiftiqué char- gé de gaz nitreux , 8c c’eft ce mélange qui cQnfe îitue l’eau régale. On conçoit d’après cela pour- quoi il ne faut que très-peu d’acide nitreux, pour donner à l’acide marin le caradère d’eau régale, 8c pourquoi le fel régaîin d’or ne four- nit que de l’acide marin à la diftillation, ainfî que cela a lieu pour l’eau régale feule. Mais il faut obferver que comme on prend fou- vent beaucoup plus d’acide nitreux qu’il n’eu faut pour faturer d’air ou déphlogiftiquer l’aci- de marin , l’eau régale qui en réfulte contient ces deux acides qui agiftent chacun à leur ma- nière , 8c font des fels particuliers avec tous les corps qu’on expofe à leur adion. Il feroit donc important de déterminer combien il faut d’acide nitreux pour faturer d’air une quantité donnée d’acide marin , 8c pour faire palier cet acide à l’état d’eau régale , fans qu’il contînt une por- tion d’eau forte qui ne fait que l’altérer 8c rendre fon adion incertaine. D’après cela il eft néeeffaire d’indiquër dans les recherches exades de chimie , la quantité refpedive des acides dont eft compofée l’eau régale que Ton emploie. Tome IL C I I I M î N § Cet acide mixte a moins de pefanteur fpé- cifîque que les deux acides qui le condiment. Son odeur ed particulière ; fa couleur ed ordi- nairement citronée , & tire fouvent fur l’oran- gé ; fon adion fur les différens corps naturels la didingue de tous les autres acides. La lu- mière ne l’altère pas fenfiblement. La chaleur fépare les deux acides qui y font contenus. L’eau régale fe combine à l’eau dans toutes les pro- portions & s’échauffe avec ce fluide. Elle ne diffbut que peu-à-peq l’argile , elle s’unit à la terre pefante , à la magnéfie , à la chaux 8c aux différons aîkalis , 8c il réfulte de ces combinai- fons des fels mixtes, qui tantôt cridallifent en- femble lorfqu’ils font également didolubles , ou bien cridallifent féparément fuivant l’ordre de leur diffolubilité. On fait un grand ufage de l’eau légale en chimie 8c dans l’art des eîTais , comme nous l’expoferons fort en détail à l’article des fubdances métalliques. La nature intime 8c la compofition de l’aci- de nitreux ont beaucoup occupé les chimif- tes depuis les découvertes de M. Priedley. On a commencé par démontrer que l’opinion de ceux qui croyoient la formation de cet acide due à l’acide vitriolique , 8c qui le regardoient comme une modification de ce dernier , n’étoit fondée que fur des ^expériences illufoires ; ou d9Hïst. Nat. et de Chimie. 3$. s’efi bientôt apperçu qu’il avoir fes principes particuliers , & voici comment on eft parvenu à en déterminer la nature. On avoir obfervé depuis long-tems, que l’acide nitreux agit d’une manière très-vive fur les corps combuflibles & fpécialement fur les métaux; il exhale alors dans l’atmofphère une grande quantité de vapeurs rouges, 8c fouvent il fe diffipe en entier fous cette forme. Le corps combuflible expofé à fon aâion fe trouve bientôt réduit à l’état d’un corps brûlé ou cal- ciné; fouvent même il enflamme fubitement les corps combuflibles, tels que les huiles, le char- bon, lefoufre,le phofphore 8c quelques mé- taux. Stahl attribuoit cet effet à la rapidité avec laquelle l’acide fe combinoit au phlogiflique des corps combuflibles ; mais cette théorie ne fuffifoit point pour l’explication de ce phéno- mène. Mo Prieflley en recevant fous une cloche pleine d’eau la vapeur qui fe dégage pendant l’aétion de l’acide nitreux fur le fer , s’efl apper- çu qu’au lieu d’un fluide vaporeux rouge, oit obtient un gaz tranfparent 8c fans couleur , comme l’air , qu’il a défigné fous le nom de gaz nitreux. Ce gaz a tous les caraétères extérieurs de l’air ; mais il en diffère par un grand nombre de C âj Ê L à M E N S propriétés chimiques. II a une pefanteur un peu moindre ; il ne peut fervir ni à la combuüion 5 ni à la refpiration ; il efl fortement antifeptique ; il n’a point de faveur fenfible ; il n’altère qu’à la longue la couleur du firop de violettes. Le gaz nitreux n’eft pas manifeüement altéré ou au moins d’une manière connue par la lumière. La chaleur le dilate ; l’air vital s’y combine avec promptitude & le met dans l’état d’acide nitreux; l’air atmofphénque produit le même effet , mais avec moins d’intenfité. Cette corn- binaifon préfente plufeurs phénomènes impor- tans. Dès que l’air efl; en contai avec le gaz nitreux , ces deux fluides , qui n’ont aucune couleur, deviennent rouges 8c femblabîes à Fefprit de nitre fumant ; il s’excite une cha- leur allez vive ; l’eau remonte dans le récipient 8c abforbe toutes les vapeurs rouges qui lui donnent les caradères de l’eau- forte. Plus l’air efl pur, plus ces phénomènes font rapides 8c marqués > 8c moins il en faut pour changer une quantité donnée de gaz nitreux en acide nitreux. M. Lavoifler a trouvé qu’il falloir feizë parties d’air atmofphérique pour faturer fept parties 8c un tiers de gaz nitreux , tandis que quatre par- ties d’air vital ou déphlogifliqué fuffifent pour faturer complètement la même quantité de ce gaz. Ce beau phénomène reiïembie parfaite- ©5Hist. Nat. et bf/ Chimie. ment à une combuflion , comme l’a penfé -Mac- quer. En effet, il efl accompagné de. chaleur, d’abforption d’air, de produélion d’une matière faline; 8c l’on peut regarder la couleur rouge foncée qui fe produit alors comme une efpèce de flamme. Comme dans cette recomposition artificielle de l’acide nitreux , l’air produit différens effets fuîvant fa pureté , M. Prieflîey a penfé que' le gaz nitreux peut fervir de pierre de touche pour connoitr.e la quantité d’air vital que con- tient un air quelconque, en prenant pour les deux termes , celui de l’air le plus impur ou d’un gaz non refpirable , tel que l’acide craieux qui ne change en aucune manière le gaz ni- treux , 8c celui de l’air vital ou déphlogiflique qui l’altère le plus. Cette épreuve confifle à employer des quantités connues 6c proportion- nelles de ces deux gaz, 8c à obferver celles qui font néceffaires pour leur faturation com- plète 8c réciproque. Moins il faut d’air pour faturer le gaz nitreux, 8c plus cet air efl pur; plu^ au contraire on efl obligé d’en employer êc moins il a de pureté. Plufieurs phyfleiens ont cherché les moyens de porter dans cette expérience la précifion la plus rigoureufe. M. l’abbé Fontana efl celui de tous qui a le plus avancé ce travail ; il a Ç »i jS' Êlê.men§ imaginé un înArument nommé Eudiomètre, dont on trouve une exade defcription dans les re- cherches fur les végétaux de M. Ingen-Houfz. On peut avec cet infiniment apprécier prefqu’à l’infini les degrés de pureté ou d’impureté de l’air qu’on examine ; mais fon ufage demande un exercice & une attention qui le rendent ïlécefiairement difficile & fufceptible d’erreurs, comme Fauteur lui-même l’a fait obferver. Il efi encore important de remarquer que ces expériences, ingénieufes 8c utiles en elles- mêmes , n’ont pas à beaucoup près l’avantage qu’on s’en étoit promis peur la fanté des hom- mes , 8c pour la partie de la médecine qui s’occupe de fa confervation. Elles n’indiquent jamais que la quantité d’air refpirabîe contenue dans celui qu’on examine ; mais elles n’appren- nent rien fur les qualités nuilibles de ce fluide, relatives aux autres fondions que la refpiration* telles que fon adion fur l’efiomac , fur la peau 8c en particulier fur les nerfs , effets qui ne peuvent être connus que par l’obfervation des médecins, 8c qui cependant fe rencontrent dans prefque toutes les altérations de l’air. Les chimifles font encore partagés fur la caufe de la produélion de l’acide nitreux, par le mélange du gaz nitreux 8c de l’air vital. M. fhdeflley, auquel eft due cette découverte $ b9Hisx; Nat. e t de Chimie. 3$ jpenfe que le gaz nitreux n’efl que de l’acide nitreux furchargé de phlogiftique , 8c que Pair pur ayant plus d’affinité avec ce dernier corps que n’en a l’acide , s’en empare 8c laiffie l’aci- de nitreux libre ; mais cette théorie eft bien loin d’expliquer entièrement ce phénomène , puifque le réfidu de la combinaifon du gaz nitreux avec l’air vital , n’efl prefque rien lorfque l’expérience efl bien faite , 8c puif- que l’acide nitreux formé dans cette opération pèfe beaucoup plus que le gaz nitreux em- ployé. M. LavoiGer a penfé que cette propriété du gaz nitreux de reformer l’acide nitreux avec de l’air pur, étoit capable de lui faire connoître la compoGtion de cet acide. En combinant deux onces d’un efprit de nitre dont la force lui étoit connue , avec du mercure qui efl un corps combuffible , il a obtenu cent quatre- vingt-feize pouces de gaz nitreux, 8c deux cens quarante- fix pouces d’air déphlogiffiqué. Le mercure , après avoir changé de forme pendant le dé- gagement du premier gaz , étoit réduit à fou état métallique , 8c n’avoit éprouvé aucun dé- chet , lorfque l’air vital en avoit été dégagé ; il conclut de cette expérience , faite avec beau- coup d’exaélitude , i°. que le mercure n’a éprou- vé aucune perte dans l’opération , & que 9 H 40 Elément n’eft point à ce métal qu’il faut attribuer le# fluides éiaftiques qu’on a obtenus ; 2°. qu’il n’y â que l’acide nitreux qui a pu les fournir en fe décompofant ; 30. que l’acide nitreux qu’il a employé , de dont le poids étoit à celui de l’eau diftillée ? comme 151607 eft à 100000 9 parois être formé de trois principes* le gaz nitreux g l’air vital 8c l’eau , dans les proportions fuivan- tes par livre; gaz nitreux, 1 once y 1 grains \ ; air vital, 1 once 7 gros 2 grains f ; eau, 13 onces 18 grains; 40* que le gaz nitreux eft de l’acide nitreux moins l’air vital ou le prin- cipe oxigyne ; y®, que dans toutes les opérations où l’on obtient du gaz nitreux , l’acide nitreux eft décompofé, & fon principe oxigyne abforbé par le corps combuftibîe avec lequel il a plus d’affinité qu’avec le gaz nitreux. Cependant il y a toujours une difficulté dans? cette opinion ; c’eft que M. Lavoifier n’a pas? pu recompofer tout l’acide employé, 8c qu’il en a perdu au moins la moitié ; qu’il y a voit beaucoup plus d’air pur qu’il n’en auroit failli pour faturer le gaz nitreux obtenu. Il avoue qu’il ignore à quoi tient cette circonftance». Macquer croit que cela dépend de la perte du phîogiftique ou de la lumière qu’il regarde comme un des principes de l’acide nitreux , 8c guij fe diffipant par les pores des vaifteaux ï)’Hist. Nat. et de Chimie 4*» pendant fa décompofition , laide une partie de fôn air pur qui ne peut pas fe diffiper de la même manière ; mais quoique ce dernier fenti- ment paroi de très-propre à lever les difficul- tés, il ell difficile de concevoir pourquoi une partie du phlogidique relie dans le gaz nitreux 9 tandis que l’autre s’exhale par les pores du vaifleau. L’efpèce de gaz réfidu du mélange de Pair pur & du gaz nitreux n’a pas moins embarrade- les chimiües ; ce réfidu étoit très-peu de chofe dans l’expérience de M. Lavoifier, puifque fept par- ties & un tiers de gaz nitreux, avec quatre par- ties d’air vital , n’en ont donné qu’un trente-qua- trième de leur volume total Ce chimille a même afluré depuis , que l’on avoit encore beaucoup moins de réfidu en employant des matériaux très-purs & dans des proportions très-exa&es* Si l’on parvient à faire une combinaifon d’air vital & de gaz nitreux , telle qu’il n’y ait point de réfidu, comme M. Lavoifier efpère y par- venir ; alors fon opinion acquierra beaucoup plus de force. La même difficulté n’exide point pour la eonnoiffance du réfidu aériforme que l’on ob- tient après la combinaifon de feize parties d’air atmofphérique , 8c de fept parties 8c un tiers de gaz nitreux* on fait que ce fluide élaftique tÿL Ë LUMENS eti du gaz phlogifliqué ou de la mophette aN mofphérique ; on conçoit auffi comment le con- tact de l’eau peut altérer à la longue le gaz nitreux , & le changer en acide en raifon de l’air qu’elle contient. Mais dans la théorie de M. Lavoifier , il relie is rechercher quelle ell la nature du gaz nitreux, & ce point vient d’être éclairci par une belle expérience de M. Cavendish. Ce chimifle ayant introduit dans un tube de verre fept parties d’air vital obtenu fans acide nitreux , & trois parties de gaz phlogifliqué, ou de mophette atmof- phérique , 8c ayant fait paffer l’étincelle électri- que dans ce mélange , s’apperçut qu’il diminuoit beaucoup de volume , & parvint à le changer en acide nitreux ; il penfe donc que cet acide efl une combinaifon de fept parties d’air vital, 8c de trois parties d’air phlogifliqué , 8c que lorf- qu’on lui enlève quelques portions du premier de ces principes , comme cela a lieu dans la diflolution des métaux , &c, il paffe à l’état de gaz nitreux ; ce dernier n’eft conféquemment dans cette opinion, qu’une combinaifon de mophette atmofphérique , avec moins d’air vi- tal qu’il n’en faut pour continuer l’acide nitreux, 8c il ne s’agit que d’ajouter de l’air pur au gaz nitreux, pour lui donner le.caradère d’acide. £es expériences &leur ingénieufe théorie jettent îd’Hist. Nat. et de Chimie. 45 un grand jour fur la formation de l’acide ni- treux par la putréfaélion des matières animales ; on fait qu’il fe dégage de ces matières qui fe pourrirent une grande quantité de gaz phlogif- tiqué ou de mophette atmofphérique , 8c la né- ceiïité du contaél de l’air pour la produ&ion de cet acide fe conçoit aifément , lorfque l'expé- rience prouve qu’il eft formé par la combinai- fou de ces deux fluides élafliques. Il efl facile d’apprécier aufïi la différence qui exifle entre l’acide nitreux blanc & pur, 8c ce- lui qui efl plus ou moins coloré , fumant 8c que les chimifles du Nord appellent phlogiftiqué. Ce dernier exifte toutes les fois que la proportion de fes deux principes n’efl pas celle qui cons- titue l’acide nitreux pur, c’eft-à-dire , lorfquil n’y a plus une combinaifon de trois parties de mophette 8c de fept d’air vital ; mais comme une foule de circonflances, &tous les procédés phlogifliquans en général , peuvent diminuer la quantité de l’air vital en en abforbantdes quanti- tés très-variées , il efl aifé de concevoir , i°. que l’acide nitreux efl très -altérable, 8c doit fou- vent être plus ou moins coloré 8c fumant ; 2°. qu’en raifon de la quantité d’air pur ou vi- tal qui lui aura été enlevé , il pourra être dans beaucoup d’états différens depuis le plus pur & qui contient le plus d’air, jufqu’au gaz nitreux 44 ÉLÉMENT qui n’en contient plus allez pour être véritable- nient acide ; j°. que fi bon prive le gaz nitreux de la portion d’air vital qu’il contient encore s on le réduira à l’état de gaz phlogiitiqué ou de îriophette ; 40. que l’adhérence entre l’air pur -ou principe oxigyne, & le gaz nitreux, étant très- peu confidérable, & la plupart des corps com- bufiibles ayant plus d’affinité avec le premier que n’en a le gaz nitreux , l’acide nitreux doit être décompofé avec beaucoup de facilité 8t par un grand nombre de corps. Ces quatre propriétés remarquables de l’acide nitreux fer- vent à l’explication d’un grand nombre de phé- nomènes qqe nous ferons connoître par la fuite. Les affinités de l’acide nitreux pour les bafes alkalines , font les mêmes que celles de l’acide marin , & Bergman les range dans le même ordre ; favoir 5 la terre pefante , Faîkali fixe végétal , Paîkali fixe minéral ? la chaux , la magnéfie , l’alkali volatil 8c l’argile. Suivant ce célèbre chimifie l’acide nitreux phlogifiiqué a les mêmes attrapions élePives que cet acide pur. Il efi plus fort que les acides précédens, 8c il dégage l’acide craieux 9 l’acide fpathique , 8c l’acide marin des bafes auxquelles ils font unis. L’acide nitreux eft d’un ufage très-niidtipM D^Hïst. Nat. it ©i Chimie.' Sans les arts fous le nom & dans l’état d’eau forte ; il eft fur-tout employé pour diffoudr© le mercure, le cuivre, l’argent par les cha- peliers , les graveurs, les doreurs , dans les tra-* vaux docimafliques & métallurgiques , dans les monnoies &c. On s’en fert en chirurgie pour détruire peu-à-peu les porreaux , 8c les petites tumeurs indolentes fans inflammation» il eH utile en pharmacie pour beaucoup de prépa- rations médicinales, tels que l’eau mercurielle ,, le précipité rouge, la teinture martiale alkaîine de Stahl , l’onguent citrin , &c. 8c c. Nous nous occuperons de ces ufages 8c d’un grand nom- bre d’autres, dans les divers articles auxquels ils ont rapport. Sorte V. Acide vïtrïoiiqüe. L’acide vitrioîique efl une fubflance faline très - cauflique , qui , lorfqu’elle efl: concen- trée, brûle 8c cautérife la peau, rougit ïeflrop de violettes fans détruire fa couleur, & n’a, qu’une faveur aigre un peu fliplique lorfqu’elle efl fort étendue d’eau. Cet acide efl fous h i forme d’un fluide oléagineux très-tranfparent * pefant le double de l’eau diftillée , fans odeur , qui contient l’acide uni à l’eau d’avec la- quelle on ne peut le féparer entièrement par meun moyen connu j on lui a donné le nom £3 Elémens d’acide vitriolique , parce qu’on le re droit au- trefois du vitriol martial par la dillillation ; au- jourd’hui on l’obtient en France & en Angleterre par lacombuftion complète du foufre, comme nous l’expoferons plus en détail dans l’hiftoire de cette fubflance combuftible. Cet acide ell fufceptible de prendre la forme concrète. Toit qu’on l’expofe au , froid , comme on le verra plus bas , foit lorfqu’on le combine avec plufieurs fluides élaftiques , ainfl qu’on le démontrera par la fuite. On ne connoit pas l’aélion de la lumière fur l’acide vitriolique • quelques chi milles ont avan- cé que l’huile de vitriol expofée dans des vaifl» féaux bien bouchés , aux rayons du foleil, pre- noit peu-à-peu de la couleur, 8c qu’il s’y for- moit même du foufre ; ce phénomène , qui fe- toit très-favorable à la doétrine de Stahl, n’elt rien moins que prouvé , & il ell même très- vraifembiabie qu’il n’a pas lieu , parce que nous verrons par la fuite que l’acide vitriolique ne peut paiïer à l’état de foufre qu’autant qu’il perd fon air pur ou fon principe oxigyne , 8c cette féparation ne peut pas avoir lieu dans des vaiC- féaux clos. Stahl regardoit l’acide vitriolique comme le plus univerfellement répandu dans la nature 8c comme le principe de tous les autres, La ï)9Hist. Nat, et de Chimie, 4$, première de ces affertions , fondée fur ce que des linges imprégnés d’alkali fixe & expofés à Pair , fe convertiffoient à la longue en tartre vitriolé , c’eft- à-dire , en un fel neutre qu’on fait être formé par l’union de cet alkali avec l'acide vitriolique , eft démontrée faulfe aujourd’hui 3 puifque ces linges ne contiennent pas un atome de ce fel , mais bien du tartre craieux , que les modernes ont improprement appelé alkali aéré. Quant à la fécondé , rien n’eft moins dé- montré que la formation de tous les acides par celui du vitriol; les recherches des modernes ont prouvé que chaque acide a fes principes particuliers & dafférens de ceux des autres a excepté l’air vital ou le principe oxigyne qui entre dans la compofition de toutes ces fub& tances. L’huile de vitriol chauffée dans une cornue*' perd d’abord une partie de fon eau , fe con- centre à mefure, 8c ne fe volaülife qu’à une extrême chaleur. Si elle eft colorée , elle perd fa couleur 8c devient blanche par l’adion du feu. Cette double opération que l’on fait en même - tems s’appelle concentration 8c rec- tification de l’acide vitriolique : pendant qu’elle a lieu, il fe dégage un gaz très-odorant, très- pénétrant, que nous connoîtrons bientôt fous le nom de gaz fulfureux , & qui étoit la caufe ^8 E L Û M E N S de fa couleur. Quoique cette opération pâ^ roiffe rendre Pacide vitnolique plus blanc & plus pur , on doit cependant la pouffer plus loin , fi l’on veut avoir cet acide dans un grand degré de pureté ; en effet , dans la concentra- don ordinaire de l’huile de vitriol , on ne luî enlève que de Peau & du gaz fui fur eux , mais on n’en fépare point les matières fixes qui peu- vent l’altérer ; il faut pour cela diftîîler cet acide jufqu’à iiccité , en changeant de récipient ïorfqu’il a été concentré par la première partie de l’operation ; il refie alors dans la cornue un peu de réfidu blanc dans lequel on trouve du tartre vitriolé , & quelques autres fubftan- ces qui fe diffolvent dans cet acide pendant fa fabrication. L’huile de vitriol , expofée à Pair , en attire l’humidité , & perd une partie de fa force 8c de fa caufiicité; elle prend auffi de la couleur, à caufe des matières combufiibles qui voltigent dans Patmofphère , 8c fur lefquelles cet acide a beaucoup d’adion; elle abforbe fouvent preff que le double de fon poids d’eau atmofphé- ïique. M. le duc d’Ayen a démontré par de belles expériences faites dans le froid violent du mois de Janvier 1776 , que l’huile de vitriol bien concentrée, expofée pendant quelques heures b'Hïst. Nat. et de Chimie. 4$ & un froid de treize à quinze degrés au thermo- mètre de Réaumur , eff fufceptible de fe geler- que lorfqu’elle eff: étendue dans deux ou qua- tre parties d’eau, elle ne fe gèle plus -, que Ci, lorf qu’elle eff gelée, on la laide toujours ex-, pofée à l’air, elle devient fluide, quoique le froid foit plus confidérable que celui auquel elle fe gèle. Ce dernier phénomène eft dû à Peau qu’elle abforbe de Patmofphère, & avec laquelle elle s’unit en produifant une chaleur qui s’op-. pofe à fa congélation. L’huile de vitriol s’unit à Peau avec tous les phénomènes qui annoncent une pénétration fu- bite 8c une combinaifon intimée I* fe produit une chaleur vive, une efpèce de fifflement; il , fe dégage une odeur grafle particulière. L’acide noyé dans l’eau a perdu beaucoup de fa faveur ; fa fluidité efl beaucoup plus confidérable : il porte alors le nom d’efprit de vitriol ; on peut en le chauffant volatilifer Peau qui Paffoiblit 8c le faire repaffer par la concentration à l’état d’huile de vitriol. Cet acide n’a point d’aéfion fur les terres quartzeufes; pas même fur celles qui ont été fondues avec les alkalis fixes ; il fe combine avec l’argile , la terre pefante, la magnéfie , la chaux 8c les alkalis. Il forme dans ces combinaifons Paliin , le fpath pefant , le fel d’Epfom i 1$ Tome IL D Jff Ê t î MENS félénite, le tartre vitriolé, le Tel de GÎauber* 8c le Tel ammoniacal vitriolique; fes attrapions élePàves pour ces h a fes , font les mêmes que celles de l’acide marin & de l’acide nitreux; mais il adhère plus fortement à ces fubflances que tous les autres acides minéraux, 8c il eft fufceptible de les en dégager. On n’a point encore examiné convenablement l’aPion de l’huile de vitriol fur les autres aci- des ; on fait feulement : i°. qu’il abforbe l’a- cide craieux , 8c même en très-grande quantité ; 2°. qu’il s’unit fi facilement avec l’acide marin , que lorfqu’on fait ce dernier mélange , il fe pro- duit de la chaleur , 8c il fe dégage une grande quantité de gaz marin en vapeurs blanches très- abondantes; Boerhaave a dit dans fa chimie que l’acide marin rendoit l’huile de vitriol concrète ; peut-être îrouvera-t-on cette propriété dans l’a- cide marin aéré ou déphîogifiiqtié ; 30. que l’acide nitreux blanc 8c pur verfé fur de l’huile de vitriol noircie par quelque corps combufiible, lui ôte fa couleur , le rend tranfparent 8c s’ex- hale en gaz nitreux lorfqu’on chauffe ce mélange ; 40. que le gaz nitreux uni à l’huile de vitriol efl fufceptible de faire prendre à cet acide la forme concrète, comme nous l’expoferons plus en détail à l’article de la décompofition du nitre par le vitriol martial. d’Hist. Nat. et de Chimie, yu La manière dont l’acide vitriolique agit fur les corps combuflibles 5 répand du jour fur la nature ‘8c fur les principes de cet acide. Toutes les fois qu’un corps combuflible , comme un métal ou bien une matière végétale ou animale quelconque 5 eft mis en contad avec l’huile de vitriol concentrée , ce corps paffe plus ou moins vite à l’état d’une matière brûlée ou charbo- neufe , 8c l’acide efl décompofé. Toutes les matières qui contiennent de l’huile fe noirciffent, lorfqu’on les tient plongées pen- dant quelques minutes dans l’huile de vitriol froide. Cet acide fe colore d’abord en brun 8c paffe bientôt au noir. Si l’on y plonge une fubflance inflammable en combuftion ? comme tin charbon ardent , l’acide vitriolique prend fur- ie champ l’odeur 8c la volatilité du foufre; il répand une fumée blanche d’une odeur vive 8c fuffoquante. Si pour mieux concevoir ce qui fe paffe dans ces combinaifons^ on met cet acide en eontad avec un corps combuflible plus (impie 7 que les fubftances organiques , 8c dont les altéra- tions font plus aifées à fuivre 8c à apprécier que celles de ces matières , alors on peut par- venir à connoïtre 8c à féparer les principes de l’acide vitriolique. En chauffant à cet effet un mélange d’huile de vitriol 8c de mercure dans une cornue de verre dont le bec plonge D ij ' fS ÊLÎMENS fous une cloche pleine de ce fluide métallique dès que Pacide efl bouillant , il pafle un gaz permanent d’une odeur forte & piquante fem- blable à celle du foufre qui brûle. Ce fluide aériforme efl connu fous le nom de gaz acide fulfureux , il efl un peu plus pe- fant que Pair , il éteint les bougies , il tue les animaux , il rougit & décolore le firop de vio- lettes , il s’unit à Peau avec moins de rapidité que le gaz acide marin , fui vaut M. Prieflley il diflout la craie, le camphre, le fer, il efl ab- fcrbé par les charbons 8c par tous les corps très-poreux. C’eft un acide nouveau , une mo- dification particulière de Pacide vitrioîique, fuf- centible de former avec les alkalis des Tels neu- tres differens de ceux que forme ce dernier. Stahl qui avoit très-bien obfervé tous ces im- portans phénomènes , croyoit que dans cette combinaifon le phlogiftique du métal s’unifi. foit avec l’acide, 8c lui donnoit de l’odeur, de la volatilité , 8c c. mais ce grand chimifte n’ayant pas fuivi plus loin cette expérience, ne prévoyoit pas fans doute que l’on pût tirer de ce fait même une objedion très-forte contre fa dodrine. M. Lavoifîer , M. Bucquet 8c moi, nous avons examiné , chacun de notre côté , la fuite de Padion réciproque du mercure 8c de Pacide vitrioîique, Lorfque le mélange efi ri b’HisT. Nat. et de Chimis, blanc 8c fec , il ne paffe plus que très-peu de gaz fulfureux. Si on chauffe alors fortement ce fel vitriolique mercuriel , il fe dégage un peu d’eau 8c un gaz d’une, toute autre nature que le premier. C’eft de Pair auffi pur & aufîî refpirable que celui que M. Prieffley a nommé déphlogiftiqué. A mefure que ce dernier pafTe , le mercure fe trouve réduit, coulant 8c abfo- lument femblable à celui qu’on avoit employé, à quelques portions près qui n’équivalent pas à un huitième de la quantité mife en expérience. Il paroît d’après cela que le mercure n’ayant point été altéré , les deux gaz que l’on a obtenus appartiennent à l’acide vitriolique qui a été dé- compofé : le gaz fulfureux femble donc être à cet acide ce qu’eft le gaz nitreux à l’acide du nitre. Cependant il y a quelque différence entre la compofition de ces deux acides , puif- qu’il ifefi pas poffible de recompofer fur-le- champ l’acide vitriolique par l’union des deux gaz qu’il fournit , tandis qu’on fait reparoître à volonté l’acide nitreux en combinant le gaz nitreux 8c l’air pur qu’il donne dans fon ana- lyfe. Il eft vraifemblable que la recompofîtion de l’acide vitriolique ne peut fe faire qu’à la longue , pnifqu’elle a réellement lieu en expo- faut à Pair des compofés d’acide fulfureux 8c de diverfes bafes , qui peu-à-peu ne conriei*» îî üj E L t M E N S lient plus que de Pacide vitriolique. C’eff aînÈ que la comhinaifon de l’acide fulfureux avec falkâli fixe végétal, qui eft connue fous le nom de fel fulfureux de Stahl, expofée à Pair » devient du véritable tartre vitriolé au bout d’un certain tems. D’après ces expériences, M. Lavoifier croit, 1°. que Pacide vitriolique eft un compofé de foufre 8c d’air vital ou principe oxigyne * 2°. que lorfqu’on mêle avec cet acide un corps combuftible qui a plus d’affinité avec Pair vital que n’en a le foufre, ce corps s’empare de Pair pur & décômpofe l’acide ; 30. que fi la ma- tière combuilibîe n’enlève point tout l’air pur, comme cela a lieu dans la plupart des diffiolu- tions métalliques par l’huile de vitriol , ce n’eft point du foufre pur qui fe dégage , mais du gaz acide fulfureux ; 4°. que ce gaz tient le mi- lieu entre le foufre 8c l’acide vitriolique , 8c doit être regardé comme Pacide vitriolique moins une certaine quantité d’air pur, ou comme du foufre rendu foibîement acide par une portion d’air vital; il ne faut donc que lui enlever cette portion d’air pour le faire paffier à l’état de véri- table foufre , comme cela a lieu vers la fin des dàffblutions métalliques par Pacide vitriolique, 8c lorfque ces diffolutions font évaporées 8c forte- ment chauffées ; on conçoit auffi comment te^HïST. Nat. et de Chimie, ff. l’acide on gaz fulfureux devient peu-à-peit aci* de vitriolique en abforbant de Pair pur ou pria* cipe oxigyne contenu dans l’atmofphère. Le gaz fulfureux peut s’iinir allez intimement avec l’acide vitriolique & donner à cet/ aci- de la propriété de s’exhaler en vapeurs blan- ches épaiiïes. Meyer avoit parlé dans fes Eiïais de chimie fur la chaux-vive d’une huile de vitriol fumante préparée à Northaaufen en Saxe par la diftiilation du vitriol ordinaire. Il avoit indiqué d’après Criilian Bernhard chimifte al- lemand , un fel acide concret 8c fumant qu’on retire de cet acide par la diüillation. Ayant eu occahon de me procurer à Paris quelques livres de cet acide de Saxe , j’y ai reconnu les pro- priétés indiquées par Meyer , 8c j’ai obtenu à une chaleur douce un fel volatil concret criRalîifé fumant 8c déliquefcent fous deux formes , comme l’avoit annoncé Chriflian Ber- nhard. Di verfes expériences que j’ai décrites dans un Mémoire qui fera inféré parmi ceux de l’aca- démie royale des Sciences, m’ont convaincu, 2°. que la propriété de fumer 8c de fournir un fel volatil concret que préfente l’huile de vi- triol noire de Northaaufen dépend du gaz fui- furetix qu’elle contient en grande quantité j 2°. qu’à mefure qu’elle perd ce gaz par fou expofitiou à l’air elle cede d’exhaler des vapeurs^ D h Ïjf5 É L ê M E N S & de pouvoir donner le Tel concret ; 3. que l’eau en dégage ce gaz , 8c ôte à l’acide vitrioli- que de Saxe fa propriété de fumer; &c. 4.0. en- fin que le fel acide concret 8< très-fumant qu’on en obtient par la difliilation , eft la combinai- fon faturée d’huile de vitriol 8c de gaz fulfn- reux , 8c qu’il paffe peu-à-peu à l’état d’acide vitriolique ordinaire par fon expofition à l’air. Voilà donc déjàideux acides vitrioliques concrets connus *, l’un doit fa concrétion au gaz nitreux , l’autre au gaz fulfureux. Je ne doute point qu’on n’ajoute quelque jour à ces deux acides con- crets , quelques autres modifications de l’huile de vitriol rendue folide par d’autres gaz, comme le gaz acide marin déphlogilliqué , 8c c. L’acide vitriolique efl en ufage dans plufieurs arts 8c fur -tout dans ceux du chapelier & du teinturier , &c. c’efi un des menflrues les plus iifités 8c les plus néceîîaires dans les laboratoi- res de chimie. On l’emploie en médecine , comme un violent caufiique à l’extérieur, 8c à à l’intérieur comme rafraichiftant , tempérant mais on n’a pas fuivi leur aélion fur ce fel avec allez de foin pour découvrir s’il n’y a pas quelque décompolmon réciproque. Il y a eu beaucoup d’opinions diverfes fur la nature 8c la formation du fel fédatif. Plu- lieurs chi milles ont cru que c’étoit une com- binai fon intime d’acide vitriolique 8c d’une terre vitrefcible avec une matière grade. MM. Bour- delin 8c Cadet ont penfé qu’il efl formé par Facide marin. Ce dernier a cru qu’il contenoit un peu de terre cuivreufe , parce qu’il a con- nue les chaux de ce métal la propriété de colorer en vert la flamme des corps combuf- tïbles. Cartheufer a alluré qu’en deflechant à mi feu doux du fel fédatif très-pur 3 il s’en dé- gageoit des vapeurs defprit de fel 9 qu’en dilîbîvant ce fel dedeché 8c en filtrant la dilfo- lotion il refloit fur le filtre une terre grife > jpnfin qu’en répétant un grand nombre de fois D5Hr$T. Nat. et de Chimie. magné- fie , alkaîi fixe végétal , alkali fixe minéral , ai- kali volatil , 8c qui diffèrent beaucoup des au- tres acides examinés jufqu’icï , viennent à l’ap- pui de cette affertion. L’acide du borax ou le fel fédatif a été em- ployé pendant quelque tems en médecine , d’après Homberg , qui lui avoit attribué la pro- priété calmante 8c même narcotique ; mais la pratique a appris que ce fel n’a qu’une vertu très-médiocre , à moins qu’il ne foit donné à une dofe beaucoup plus forte que celle qui avoit été indiquée , comme à celle d’un gros 8c plus ; ce qui fait que l’on y a renoncé avec d’autant plus de raifon , que la médecine pos- sède un grand nombre d’autres médicamens de cette clalfe , dont l’adion efi beaucoup plus énergique 8c beaucoup plus certaine. 1 On s’en fert dans plufieurs opérations de î^Hist. Nat. et de Chimie. % chimie, comme fondant, 8c c. ainfi que nous l’expoferons par la fuite. CHAPITRE V. Ordre IL Sels fecondaires ou neutres . ]N[ o us comprenons fous îe nom de fels fe- condaires , toutes les matières qui font compa- rées de deux fub fiances falines primitives com- binées enfemble. Ces fels ont été nommés neu- tres , parce qu’ils n’ont point les caradères des fels primitifs ; c’efl-à-dire qu’ils ne font en gé- néral ni acides ni alkaîins. Cependant il en eft pîüfieurs, comme îe borax, la craie & les al- calis unis à l’acide craieux, qui jouifTeqt de quelques-unes des propriétés des fels primitifs, mais dans un degré beaucoup moins marque qu’eux. Ces fels fecondaires n’ont point une fa- veur auffi forte que la plupart des fels primitifs; leur tendance à la combinaifon 8c leur diffo- habilité font moins confîdérables ; mais ce qui les diflingue fur-tout des premiers, Bc’efl qu’ils ne peuvent point communiquer les propriétés falines à d’autres corps comme les fels primi- tifs ; leur forme criflalline confiante efl encore un earadère marqué dont l’étude appartient an Élément naturalifte & qui quelquefois indique leur ture , quoiqu’elle foit fouvent capable d’induire en erreur. On appelle ordinairement bafe , la matière la plus fixe qui entre dans la compofition des fels neutres. Comme cette bafe, qui quelque- fois eft volatile, donne piufieurs caraâères gé- néraux affez conilans aux diverfes combinai- fons qu’elle forme avec les acides , nous pren- drons le nom de la bafe pour diffinguer les gen- res que nous établirons dans les fels fécondai- res. Nous diviferons donc ces fels en autant de genres qu’il y a de bafes falines ou alkalines qui peuvent être unies aux acides. Le premier genre comprendra ceux qui font formés par l’union des alkalis fixes avec les aci- des; nous les appellerons fels neutres parfaits* parce que leur union elî très-intime. Le deuxième genre renfermera ceux qui font eompofés par l’alkali volatil combiné avec les acides. Ils feront défgnés fous le nom de fels ammoniacaux adopté d’après l’un de ces fels ainfi nommé depuis long -te-ms. On pourroit auffî les connoitre fous celui de fels imparfaits , parce qu’ils font beaucoup plus décompofables que les premiers. Dans le troifième genre nous rangerons les fels neutres dont la chaux eft la bafe. Ils font ï^ÏÏîst* Nat. êt f>i 'Cmmït, fcn général moins parfaits que ceux du fécond genre , quoique la chaux ait plus d’affinité avec les acides que n’en a l’alkali volatil , comme les détails le feront voir. Ces Tels auront le titre de Tels neutres calcaires. La magnéfîe combinée avec les divers acides3 conffituera le quatrième genre des Tels neutres» Ces fels font plus décompofables que les pré- cédées , parce que la chaux 8c les alkalis ont plus d’affinité avec les acides que n’en a la ma- gnéfie. Ils retiendront le nom de Tels neutres à bafe de magnéfie. Le cinquième genre fera deffiné à ceux qui ont la terre argileufe pure pour bafe. Comme l’alun efl la principale de ces combinaifons } on leur a donné le nom générique de fels alu* inineux. Les alkalis , la chaux 8c la magnéfie décompofent en général les fels à bafe d’argile# Enfin dans le fixième genre nous placerons les fels neutres à bafe de terre pefante. Ces fels ainlï que la plupart de ceux des deux genres précédens , ne font que très-peu connus. On conçoit que ces différentes bafes combi- nées avec les acides dont nous avons examiné les propriétés doivent donner un grand nom- bre de fels neutres 5 8c que ce nombre peut même aller beaucoup au-delà 3 fi l’on admet avec Bergman 3 pour descompofés particuliers^ Tome il. E '€6 ' Ë L Ê MENS ceux qui réfukent de i’union de ces mêmes foafes avec les acides qu’il appelle phlogif- tiques , 8c qui font privés d’une partie de leur air pur fuivant la do&rine moderne. Mais ces derniers n’étant que des modifications peu du- rables, qui s’altèrent par le contact de l’air, & qui paffent aflez promptement à l’état des vé- ritables feis neutres, nous croyons ne pas de- voir multiplier ces fubftances dont le nombre n’eft déjà que trop confidérable ; 8c nous nous propofons d’indiquer les différences que pré- fentent ces Tels fuivant l’état de leurs acides. Nous obfervons encore que les bafes alkalines dont nous venons de faire l’énumération com- binées avec l’eau régale , donnant des fels ni* treux 8c marins mélangés qu’on peut obtenir ifolés 8c qui font parfaitement femblables à ceux que forment ces deux acides féparés , nous ne parlerons que des combinaifons de ces mêmes baies avec les fix acides fimples. Quant au. rang & à la difpofmon des diffé- rentes fortes de fels neutres , nous avons cm devoir fuivre l’ordre de la force d’affinité des acides : ainfi dans tous les genres nous com- mencerons par les fels Vitrioliques, 8c nous paf* ferons de fuite aux fels nitreux, aux marins , à ceux dans lefquels entre Facide du borax * puis à ceux formés par Facide fpathique | & îd?Hïsïv Nat» et be Chimie. S'f <ênfin nous terminerons ces détails par les fels qui contiennent l’acide craieux , parce qu’il paroit être le plus foible de tous. Genre L Sels neutres parfaits , OU A BASE T? ALK.ALIS FIXES • Sorte I, Tartre vitriolé. Le tartre vitriolé appelé auffi Tel de duobus, tel polychrefie , arcanum duplicatum , efl un fel neutre parfait, réfuîtant de la combinaifon de l’acide vitriolique avec Palkali fixe du tartre ou végétal 11 n’exifte' que très-rarement dans 1$ règne minéral ; quelques végétaux en contiennent une petite quantité. Ce fel efi communément fous la forme d’un corps tranfparent , plus oti moins blanc 8c ré* gulier. Ses criflaux varient firivant les circonf- lances de fa crifialiifation. Quand elle a été faite en petit 8c avec lenteur, elle donne des pyra- mides tranfparentes à fix pans, taillées à-peu* près comme des pointes de diamans en rôles, ou plus rarement des prifmes à fix faces termi-» nés par une ou par deux pyramides hexaèdres , à-peu-près comme le crifiaî de roche. Mais fi l’évaporation a été très-prompte , tous les crif- taux s’agglutinent 8c fe confondent fous la for- me d’une croûte folide , dont la furface ell liériffée de pointes ou de pyramides irréguliè- Eij " Êl S MENS 3res; tel eft celui du commerce. Enfin , lorfque pour avoir des criftaux très-réguliers de ce fel, on expofe fa diffioîution à une évaporation lente & fpontanée , on obtient fouvent des folides à douze faces , formés par deux pyramides hexaè- dres réunies à leur bafe , & quelquefois féparées par un commencement de prifmeà/ix pans. Il tîft Vrai que ces derniers çriftaux font ordinairement fales , & n’ont jamais la blancheur ni la tranfpa- rence de ceux qu’on obtient par la première éva- poration. Mais c’eil une difficulté qui exifle dans la plupart des fels neutres. Ils font prefque tou- jours blancs aux dépens de la forme , ou ré- guliers aux dépens de la tranfparence. Le tartre vitriolé a une faveur amère, allez défagréabîe ; il n'éprouve que peu d’altération de la part du feu. Lorfqu’on l’expofe fur des charbons ardens, il fe brife avec bruit en un grand nombre de petits fragmens ; ce phéno- mène qu’on appelle décrépitation , dépend de la raréfaction fubite de l’eau de fa criftallifa- îson. Lorfque le tartre vitriolé a décrépité , il n’a rien perdu de fes propriétés effientielles. Si on î’expofe dans un creufet à l’achon du feu, il décrépite également , & devient fec friable & même pulvérulent en perdant l’eau de fa criflallifation ; il rougit avant de fe fondre ; il lui faut même un feu allez violent pour en- 2>9HrsT. Nat. et de Chimie» 8$ trer en fufion; expofé an froid îorfqu’il eft fon- du , il fe prend én une ma (Te opaque, friable 9 diiïoluble , qui n’a éprouvé aucune altération dans fes principes , puifqu’on peut lui rendre fa forme tranfparente &. criftalline en le diffbl* vaut de nouveau dans l’eau. Tenu en fufion dans un vaifTeau ouvert , il fe volatilife 3 mais toujours fans fe décompofer. Le tartre vitriolé n’éprouve aucune altéra® tion à l’air ; il relie dans fon état criftaiîin fans rien perdre, ni de fa forme, ni de fa tranfpa- rence. 11 eft peu diftblubîe dans l’eau 3 mais cependant dans des degrés très-difterens 3 fui- vant la température de ce fluide. Suivant Spiel- man il faut environ dix-huit parties d’eau froide pour diffoudre une partie de tartre vitriolé ; lorfqu’eile eft bouillante elle paroît en dî (Fou- dre prefque le quart de fon poids , puifque ÎM. Baumé allure que quatre onces d’eau bouil- lante diiïolvent fept gros quarante-huit grains de tartre vitriolé. Il fe criftaîlife en partie parrefroi- dilfement , & plus encore par évaporation; il ne retient que peu d’eau dans fes criftaux; c’eO: ce qui fait qu’il ne change point, d’état lorf- qu’on l’expofe à l’air. Le tartre vitriolé n’a point d’aélion fur les terres (impies. On a obfervé que celui qui efS par hafard uni aux feîs fondans3 dont on E ii| i M E K f fert pour faire Je verre, fe retrouve dans les fcories, & on le retire en allez grande quantité du fiel de verre, La terre pefante décompofe le tartre vitriolé, fuivant Bergman , parce qu’elle a plus d’affinité avec ,1’acide vitriolique que n’en a falkali fixe® Si'Pon met un peu de cette terre dans une diffolution de ce fel , il fe forme tin précipité de fpath pelant, tout-à-fait info lubie, & dont nous examinerons plus bas les propriétés, L’al- kali fixe végétal reüe pur & cauffique en dif» folution dans la liqueur. La chaux 8c. la magnéfîe n’ont aucune aétion fur le tartre vitriolé, mais pîufieurs acides en ont une très- marquée fur ce fel. Rouelle avoir affliré qu’il étoit poffible de combiner avec ce fel une plus grande quantité d’acide vitriolique » que celle qu’il contient naturellement. Son pro- cédé confiftoit à diftiller de l’huile de vitriol fur le tartre vitriolé; ce dernier reffe imprégné d’acide, 8c acquiert des propriétés nouvelles £ celles de rougir la teinture de violettes, d’être plus diffblubîe dans l’eau , d’avoir une faveur aigre, 8c de faire effervefeence avec les alka« lis craieux, même après avoir été diffbus 8c criftallîfé. M. Baume a foutenu que cet acide v n’étoit point réellement combiné , 8c qu’on pou* 0oït l’enlever au fel neutre en le faifaiu fimpte? è D*Kî$Ta Mat. £>£ Chïmis: Yf tuent égoûter für du papier gris ou for le fa- ble. Cependant Macquer remarque que l’acid de vitriolique adhère avec une force affez confia dérable au tartre vitriolé, 8c croit que cette adhérence eh due à une affinité particulière de ces deux fubhances , puifque fuivant lui Paélion du feu 8c celle de l’eau ne peuvent 1s détruire. J’ai fait plufieurs fois cette combinai* fon d’huile de vitriol 8c de tartre vitriolé à îa manière de Rouelle; c’eh-à-dire , par îa dihib lation dans des cornues de verre , 8c j’ai ob«* fervé des phénomènes dont il n’a été fait aucune mention dans la dîfciiffion favante qui sJeh éle- vée fur cet objet. Le tartre vitriolé s’eh fondu en une efpèce de verre ou d’émail blanc opaque 9 d’une faveur fort acide; mais cette fritte vitreufe n’a point attiré l’humidité de Pair , elle /eh an contraire comme effleurie; il y a donc comme Pà penfé Macquer, une adhérence allez forte entre ce fel neutre 8c Pacide , 8c cette adhérence eÜ due fans doute à une combinaifon particulière* M. Baume a ob fervé que le tartre vitriolé éprouvoit une altération très - marquée de la . part de l’acide nitreux. Si Fon fait bouillir de m Feau forte fur ce fel, l’acide nitreux s’empare de Faîlcali fixe végétal 8c dégage Pacide vitrioli* que; en laifTant refroidir ce mélange, il fe Crihailife du véritable nitre. On avoitcru d’abord, E iv. que cette décompofition ne s’opéroit qu’à î’aicîe de la chaleur j mais l’efprit de nitre fumant verfé fur du . tartre viniolé en poudre , dépofe des crifiaux de nkre au bout de pîufieurs heures. On avoit auffi avancé que le mélange devenant froid l’acide vitriolique reprenoit fes droits , 8c décompofoit à fon tour le nitre j cependant 9 je conferve depuis plus de quatre ans, un mé- lange de tartre vitriolé 6c d’efpnt de nitre, au fond duquel il y a des crifiaux fa lins qui dé- tonnent fur les charbons 6c qui n’ont point chan- gé de nature , quoiqu’ils foient plongés dans l’acide vitriolique , féparé par l’acide nitreux. M. Cornette a obfervé que l’acide marin con- centré décompofe auffi le tartre vitriolé même à froid. îl fembleroit d’après ces deux faits, que la loi d’affinité relative aux diffiérens acides , n’efi pas fi confiante qu’on Tavoit cru ; cependant il faut obferver avec Bergman, i°. qu'il n’y a qu’un tiers de tartre vitriolé décompofé dans çes expériences , quelle que foit la quantité d’aci- des nitreux 6c marin employée , tandis que l’aci- eide vitriolique, en dofe modérée, décompofe complètement les fels nitreux 8c marin; 2°. que ces déeompofitions n’ont lieu que lorfque le tartre vitriolé contient un peu d’acide vitrioli- que excédent à fa neutralifation. La décompofition la plus importante du tar* d5Hist. Nat. et de Chimie. 7ÿ tre vitriolé eft celle qui a lieu par beaucoup de matières combuffibles., notamment par le charbon & par plufieurs fubffances métalliques. (Voyez mes Mémoires de Chimie , pag . zz5.) Si Ton chauffe fortement dans un creufet un mélange de ce fel Se de charbon , le tartre vi- triolé n’exiffera plus , Se l’on ne retrouvera que du foufre uni à l’alkali fixe. Stahl a regardé cette expérience comme très propre à démon- trer la préfencè du phlogiftique ; les chimiffes modernes l’expliquent par la théorie pneumati- que ; nous expoferons ces diverfes théories dans l’hiffoire du foufre. Un quintal de tartre vitriolé contient fui- vant Bergman , environ 72 parties d’alkali fixe végétal, 40 d’acide vitrioîique, Se 8 d’eau de criftallifation. Ce fel vitriolé n’exiffant que rarement Se en petite quantité dans la nature , celui qu’on emploie en médecine eft toujours le produit de l’art. On peut le faire de trois manières ; premièrement en combinant diredement l’huile de vitriol avec l’aîkali fixe végétal- cauffique ; il en réfuîte fur-Ie-champ du tartre vitriolé 5 qu’on peut difloudre dans l’eau Se faire criflalli- fer , comme nous l’avons dit. Le fécond moyen a c’eft de décompofer à l’aide de l’acide vitrio- ÿque$ les fels neutres formés par l’union da J4 E t i itf s sr S Falkali fixe végétal aux autres âcîdes ÿ tefc que le nitre 5 le fel fébrifuge de Sylvius , le tartre craieux ? & c. il refaite toujours du tartre vitriolé de ces décompofitions. Latroifième ma- nière de former ce feî , c’eft de décompofer les fds vitrioliques terreux & métalliques par Falkali fixe végétal® Ce dernier précipite les fubitanccs falino-terreufes 8c les métaux unis à l’acide vitriolique. Nous reviendrons fur les deux dernières manières de préparer le tartre vitriolé 5 îorfqu’il fera queflion des Tels neutres qu’on emploie pour cette préparation. Le tartre vitriolé n’efl d’ufage qu’en méde- cine. C’efl un purgatif allez bon* On le donne quelquefois feul à la dofe d’une demi-once ou d’une once. Le plus fouvent on ne Fadmi- niflre qu’à celle d’un ou de deux gros, afiocié comme auxiliaire , à d’autres médicamens pur- gatifs. On l’emploie aufïï comme fondant dans les maladies chroniques & fur - tout dans les dépôts laiteux. On le donne alors à la dofe de quelques gros dans des bai (Tons appropriées; niais fa vertu fondante eft fort inférieure à celle de pîufieurs autres fels neutres plus folubles & plus fapides. Sorte II. Sel de Glauber. Le fel de Glauber chimifte allemand qui :d9Hist. Nat. ét de Chimie, yj* ïh découvert , ell un feî neutre parfait formé par l’union de l’acide vitriolique & de Falkaîi marin ou minéral ou fonde , qui feroit mieux nommé vitriol de foude. Ce fel a beaucoup de propriétés communes avec le tartre vitriolé, 8c il en a quelques - unes de particulières ; il ell également crillailifable ; il a une faveur amère| il ell très-peu fufible ; il ell foluble dans Feau; il ne s’unit point aux terres * il ell en partie dé- conipofable par les acides nitreux 8c marin 3 comme le tartre vitriolé ; cependant plufieurs de ces propriétés s’éloignent beaucoup de cet les de ce dernier , comme nous allons le voir en les parcourant plus en détail. Le fel de Glauber ell ordinairement un corps plus ou moins blanc ou tranfparent , d’une forme régulière. Ses crillaux font des prifmes à fix faces inégales 8c ftriées , terminés par des fommets dièdres. Il ell rare qu’ils aient cette forme régulière , le nombre des faces varie ainlï que leur étendue , leur polition , leurs Unes , comme l’a expofé fort en détail M. Rome de Lille dans fa criftaJlographie. La faveur de ce fel ell d’abord fraîche, puis d’une amertume très-forte. Il n’altère point les couleurs bleues végétales. Lorfqu’on Fexpofe à l’adion du feu, il le liquéfie allez promptement a mais bientôt il fe '7 $ Ë L S M E K 9 defsèche & devient d’un blanc mat ; dans eeg état , il ne peut être fondu qu’à une chaleur considérable , comme le tartre vitriolé. Pour bien concevoir ce qui fe paffe dans cette ac~ tion du feu fur le fel de Giauber, il faut dif- tlnguer deux efpèces de fufion dans les matiè- res falines ; l’une qui eff due à l’eau qui entre dans la formation de leurs criffàux , & qu’on appelle fufion aqueufe ; elle n’a lieu que pour Jes fels qui font plus folubles dans l’eau chaude que dans l’eau froide; & elle eff due à ce que îa portion de ce fluide qui entre dans la conf- titiïtion des crifiaux faüus , s’échauffe & devient alors capable de diffoudre îa matière faline; cette fufion aqueufe n’eff donc qu’une diffolu- tion par Peau chaude ; auffi le fel de Giauber fondu fe prend-il en maffe lorfqu’on le lai (Te refroidir. Mais fi l’on continue de le chauffer après l’avoir fait liquéfier , il fe defsèche & devient blanc ; alors la fufion qu’on opère à l’aide d’une plus grande chaleur eff vraiment due au feu, & fe nomme fufion ignée. Le fel de Giauber eff donc tout auffi peu fufible que le tartre vi- triolé : comme lui, i! fe volatilife à la dernière violence du feu, mais il n’éprouve aucune al- tération dans fes principes par la dion de îa chaleur. Cefl encore à la grande quantité d’eau qu% fe’HrsT* Nat. et dE' ChïmïE. ^ contiennent les criflaux de Tel de Gîauber 3 eju’eft due la propriété qu’ils ont de fe réduire en une potiffière blanche très-fine, lorfqu’on les laiiTe expofés à l’air. On donne à ce phéno- mène le nom d’eflîorefcence , parce qu’en effet les criftaux fe couvrent d’une efpèce de duvet pulvérulent, femblable par la blancheur & par la forme aux matières fublimées que l’on con- liîoit en chimie fous le nom de fleurs. Ce rfeft que parce qu’il perd l’eau qui entre dans la compofition de fes criflaux, que ce fel tombe ainfi en pouffière par le contaél de l’air; aufli fon efflorefcence n’efl-elle jamais plus rapide & plus marquée que lorfque l’air efl très- fec Se par conféquent très» avide d’humidité. Ce phé- nomène efl donc très-analogue au deflechemenit opéré par la chaleur ; tous les deux dépendent uniquement de l’évaporation de l’eau qui fair partie conflituante des criflaux. Cependant comme l’eau qui entre dans les criflaux, de fel de Glauber 8c dans ceux de tons les Tels efflorefeens en général , eft exaélement combi- née avec la matière faline , il paroît que c’eit par une efpèce d’affinité entre l’air 8c l’eau que l’eiflorefcence a lieu. Ce phénomène doit être regardé comme une décompofition des criflaux* opérée en raifon de l’affinité plus grande qu’il y a entre l’eau & l’air, qu’entre l’eau & la P Ë t 1 ffi I K « matière faline. C’eft ainfl que fai toujours eoiïÇt1! Fefflorefcence , & je ne vois pas qu’on puiGS l’expliquer autrement. ( Voyez mes Mémoires de Chimie . ) Le fel de Glauber perd prefque îa moitié de fon poids dans cette altération 5 mais fa nature n’eft pas changée , on peut lui rendre fa forme criftalline , en lui reftituant l’eau qu’il a perdue. Quoiqu’aucun auteur de matière médicale n’ait fait cette obfervation , il nous pâroît important de connoître exa&ement la quantité d’eau que perd le fel de Glaubec dans fon efflorefcence , pour prefcrire en mé- decine une dofe toujours égale de ce fel dans ces deux états. On doit le donner effleuri à un peu plus d’un tiers de moins que lorfqu’il eft en beaux criftaux tranfparens. Le fel de Glauber efl très-düToluble dans Veau. Il ne faut que quatre parties d’eau froide pour en dilfoudre une partie. Cette quantité d’eau nécelfaire à fa di Ablution , diminue en proportion de la chaleur de ce fluide. Une partie d’eau bouillante diiïbut prefque fon poids de ce fel. C’efl fur cette propriété qu’eft fondée la manière de le faire criflallifer. Comme il eft plus folubîe dans l’eau chaude que dans Peau froide, il fuffit de îaiffer refroidir une diOTolution bien chargée de ce fel, 8c elle donne des crifl» faux d’autant plus beaux 8c plus réguliers , que b^ÏÏîst, Nat.- et be Chimie. la diffblution eff faite à plus grande dofe , & qu’elle fe refroidit avec plus de lenteur. En faifant cette opération en grand dans les phar- macies^ on obtient fou vent des prifmes Ariés de pîuGeurs pouces de longueur, dans îefqueîs on peut facilement reconnoître la forme régiH lière de ce fel. Le fel de Glauber n’a pas. plus d’aéiion fui! les terres que le tartre vitriolé ; il n’entre pas plus que lui dans la formation des verres à caufe de fon peu de fufibilité. La terre pefante le décompofe comme le tartre vitriolé, mais les mitres fubff ances faiino-terreufes ne l’altèrent en aucune manière. L’alkali fixe végétal cau/Hque mêlé à une diffblution de fel de Glauber le décompofe $ parce qu’il a plus d’affinité avec l’acide vîtrioli— que que n’en a l’alkali fixe minéral. Pour fe con-* vaincre de cette vérité , il fuffit de verfer de l’alkali fixe végétal cauffique dans une diffolu- mon chaude & bien faturée de fel de Glauber, Cette diffblution qui auroit donné des criffaux de fel de Glauber par le refroidiffement , ne fournit que du tartre vitriolé par l’évaporation- Peau mère contient l’alkali fixe minéral cauffique. L’acide vitriolique fe combine avec le fel de Glauber 8c y adhère de la même manière qu’auj tartre vitriolé, I pi Elément Les acides nitreux & marin le décompofêiat avec les mêmes circonflances que ce dernier feh Lorfqu’on chauffe fortement le fel de Glati-* ber avec du charbon & quelques métaux, Ifacide vitriolique paffe à l’état de foufre comme nous le dirons plus en détail dans l’hiffoire de ce corps combullible. Toutes les propriétés du fel de Glauber, qui diffèrent de celles du tartre vitriolé , font voir que les deux alkatis fixes, qui fe reffemblent parfaitement îorfqu’on les confidère dans leur état de pureté* font cependant très-differens l’un de l’autre, puifqu’ils forment des fels très-dif- femblables avec le même acide. D’ailleurs les proportions des principes de ce fel different beaucoup de celle qui confiitue le tartre vi- triolé ; puifqu’un quintal de fel de Glauber contient d’après les recherches de Bergman, il y parties d’alkali minéral , 27 parties d’acide vitriolique , & y 8 parties d’eau. Ce fel eft plus abondant dans la nature que le tartre vitriolé. On le trouve en allez grande quantité dans les eaux de la mer, dans celles de certaines fontaines Talées , & fur- tout dans plufîeurs eaux minérales. L’art peut d’ailleurs lui donner naiffance par les trois moyens. dont nous avons parlé à l’article du tartre vitriolé. JI n’eff pas plus employé dans les arts que ce dernier j EffKrsT. Nat. et de Chimie; Sf dernier ; mais il l’éft beaucoup plus que lui ea médecine. On le donne Comme fondant , apé- ritif & purgatif , depuis Un demi-gros jufqu’à une once & demie , fuivant les cas où on Pad- ininîftre ; fes effets font même plus marqués 6c plus prompts que ceux du tartre vitriolé, parce qu’il eft beaucoup plus foluble dans nos hu- meurs 5 6c parce que fa faveur eff plus vive, Sorte I ï I. N i t r f* Le nitre ou fai p être eff un fel neutre formé par l’union de l’acide nitreux avec Talkali fixe du tartre. Ce fel â une faveur fraîche ; il eff par- faitement neutre ; il n’altère point la couleur du firop de violettes. Ses criffaux font des prif- mes à ffx faces , terminés par des pyramides' dièdres ou en bifeau, 8c foüvent creufés par un canal dans toute leur longueur. Le nitre exifte en très-grande quantité dans la nature : il fe forme journellement dans les lieux habités par les animaux. On le trouve eh très- grande quantité fur les murs abrités de la pluie; on rappelle alors falpêtre de houffage. Il paroît qu’il y a trois circonftances princi- pales qui favorifent fa formation. La première, c’eft la préfence de la craie ou d’un fel cal- caire quelconque ; c’eft ainft que fe forme h nitre de houffage que l’on ramaffe fur les murf i Tome IL F fl ! £ i i s ÎÎ S xecouverts de plâtre ; c’eft ainfî que les démo^ litions des vieux édifices contiennent de grandes quantités de nitre. Ce fei fe trouve encore tout pur dans des craies ; M. le duc de la Rochefou- cauld en a retiré jufqu’à une once par livre d’une craie de la Roche Guyon. La fécondé circonfiance dans laquelle ce fei fe produit , c’efi la putréfadion ou la décompo- fition fpontanée des matières végétales & ani- males. G eft un fait très-connu que les lieux arro* fés de liqueurs animales ou qui contiennent des matières animales en putréfadion, tels que les fu- miers 5 les étables, les latrines , produifent beau- coup de nitre. On a profité de cette obfervation confiante pour former des nitrières artificielles on confimit des folles ou des hangards couverts mais expofés à Pair par les côtés ; on les remplit de fubflances animales , comme de fumier, d’ex- crémens de quadrupèdes, de fientes de volailles, de débris des végétaux; on arrofe ces matières de tepps en tems 8c fur -tout avec des eaux chargées de matières animales ou végétales fuf- ceptibles de fe pourrir , 8c on les agite pour renouveller toutes les furfaces. Lorfque la putré- fadion efi avancée , on prend une petite portion de ces matières 8c on la leffive pour s’afiu- r.er de ce qu’elle contient de nitre : fi on la trouye affez chargée on Jeffivè toute la matière# VHist» Nât. et de Chimie. f| La troïfième eirconftance qui paroît favori- fer la produdion du nitre 5 c’eft le contad de ï’air. Telle efl la raifon de la formation du fai* pêtre de houlfage ; c’efl auffi celle pour laquelle on agite les mélanges des mtrières artificielles , pour que Pair les touche dans tous leurs points» Enfin les craies qui contiennent naturellement du nitre, n5en fournilTent qu’à une certaine pro- fondeur & point du tout au-delà de cet efpace» Si ces trois circonfiances font réunies, la pro- «ludion du nitre fera très-abondante; tels font* les principes fur lefquels il faut contraire des> nitrières artificielles. On ne connoît que depuis peu de tems la théorie de la formation du nitre. Glauber & plu*; fleurs autres chimifles qui Pont fuivi, penfoient que le nitre étoit tout formé dans les végétaux,' qu’il paffoit delà dans les animaux, 8c que la putréfadion ne faifoit que le dégager de fes entraves ; mais on a bientôt reconnu que le$ végétaux n’en contenoient point une allez gran-* de quantité pour fuffire à celle que Ton retire dans les nitrières artificielles. M. Thouvenel qui & remporté le prix de l’Académie fur la for- mation du nitre , a fait beaucoup d’expériences pour en déterminer la caufe , 8c il a reconnu que l’acide nitreux étoit produit par la com* binaifon d’un fluide élaflique dégagé des Fij î L I M B H ? tières animales en putréfa&ion & de Pair pi?rf il a également établi que Pacide nitreux une fois formé fe combine avec la terre calcaire, lorfqite Pon n’emploie que des matières ani- males pour les nitrières , & que les débris des végétaux font utiles pour fournir Paîkali fixe qui eltla bafe du nitre ordinaire. MaisM. Thouvenel n’avoit point déterminé la nature du gaz qui fe dégage des matières animales en putréfadion, 8c c’ed M. Cavendifch qui a démontré il y a quelques mois que ce gaz ed le même que celui qui conditue un des principes de l’atmof- phère fous le nom d’air phlogidiqué ou de mo- phette atmofphérique , en faifant de véritable acide nitreux par la combinaifon de ce gaz avec Pair vital au moyen de l’étincelle éleétrique. Le nitre ed très-altérable par la chaleur : fi on Pexpofe à Faction du feu dans un creufet , il fe liquéfie affez vite , Sc cette liquéfaction efi une vraie fufion ignée ; car quoiqu’on le tienne quelque teins dans cet état, il ne fe defsèche pas 8c peut rougir fans prendre la forme sèche. Si on le laide refroidir après l’avoir fait fondre, il fe fige en une malle opaque que Pon nomma codai minéral , 8c qui ed audi pefant, auflrfufî- fele 8c autfi didbluble que le nitre. Le codai mi- néral des pharmacies diffère du nitre pur fondu , ^gn.ce qu’il contient un peu de tartre vitriolé b*HrsT. NaT. ST ©i Chimie. Sg produit par la combuflion du foufre qu’on ajouta à la dofe d’un gros par livre de nitre fuivant la pharmacopée de Paris. Si on laiffe le nitre fondu expofé à l’aâion du feu, il fe décompofe & il s’alkalife de lui-même. Cette opération faite dans une cornue réuffit de même & inftruit en même-tems fur la décompofmon de l’acide nitreux. En effet au lieu d’obtenir cet acide pur , il paffe une grande quantité d’un fluide aériforme qu’on peut recueillir au-deffus de l’eau , & qui efl de véritable air vital. L’ai- kali réfidu fait ordinairement fondre très -vite la cornue & on ne peut continuer l’opération jufqu’à la fin. Voilà donc l’acide nitreux entiè- rement changé en air vital & fans gaz nitreux fenfible. On ne fait point encore ce que devient la mophette atmofphérique dans cette décom- pofition. Si Ton ne pouffe point le feu jufquà dé- compofer entièrement le nitre, l’aîkali fixe refis chargé d’une certaine quantité de gaz nitreux 013 d’acide nitreux phlogiiiiqué fuivant Schéele ; 011 en dégage cet acide avec le vinaigre; mais; fi l’on chauffe plus fortement le nitre, l’aikali fixe refle pur & caufiique. On conçoit d’après la facilité avec laquelle la chaleur décompofe le nitre, que pour faire du enflai minéral par la fimple fulion il 11e faut pas tenir ce fel trop! îong-tems au feu; fans cette précaution ce F iij ■ E L $ K E K S jmédicament contiendroit de l’alkali fixe à htf^ dont l’effet feroit beaucoup trop violent. Le nitre fe décompofe avec d’autres phéno- mènes lorfqu’on l’expofe à F a, dion du feu avec des corps combuflibles : appliqué fur un char- bon; il produit une flamme blanche, vive 5 accompagnée d’une efpèee de décrépitation ; c’eff ce qu’on appelle déformation ou fufion du nitre, on dit alors que ce fel détonne ou fufe* & c’efl à ce caraélère qu’on le reconnoît facile- ment. Stahl eroyoit que ce phénomène étoitdu à la combinaifon rapide de l’acide nitreux avec le phlogiflique ; & M. Baumé d’après cette théorie penfe qu’il fe forme dans cette expé- rience un foufre nitreux qui s’enflamme fur-le- champ. J’ai lu en 1780 à l’académie un mé- moire dans lequel j’ai démontré que le nitre n’eft pas eombuflible par lui -même & ne for- me pas de foufre nitreux dans fa détonnation „ mais que ce phénomène n’efl dii qu’à ce que la matière eombuflible, qu’il efl néce flaire d’ajou- ter au nitre pour le faire détonner , 1 brûle plus ou* moins rapidement , à l’aide de l’air vital qui fe dégage en grande quantité du nitre fortement chauffe. Cette théorie efl complètement prou- vée, ï°. parce que le nicre ne fufe jamais feulj. $°. parce qu’après la détonnation du nitre à l’aide d\me matière inflammable, cette dernière eftetto- b*HîST. Nat. et de Chimie. Pf fièrement brûlée ; 30. parce que plus la quantité de nitre eft grande relativement à celle du corps combuftible , plus la combuftion de ce corps efi complète; 40. enfin parce que la détonnation du nitre a lieu auffi bien dans les vaifTeaux clos qu’à Pair libre, ce qui ne peut fe faire qu’à Paide de Pair vital fourni par ce fel. Cette affertioti -eft entièrement démontrée par ce qui fe pafîe dans l’opération des diffus de nitre , qui ne font que des détonnations de ce fel avec différentes matières combuftibles dans des vaiffeaux fermés. Nous ne citerons ici que celle qui fe fait avec le charbon. On adapte deux ou trois ballons enfilés à une corne de terre ou de fer , à la- quelle on a pratiqué dans la partie fupérieure une ouverture que l’on peut boucher avec un couvercle. On fait chauffer ce vaiffeau & lors- que fon fond eft rouge , on projette peu-à-peu ie mélange de nitre & de charbon par la tu- bulure que Pon ferme promptement. Pendant la détonnation les ballons font remplis de va- peurs dont une partie fe condenfe en une liqueur fade nullement acide 8c fouvent alkaîine ; le xéfidu n’eft que de Paîkaîi fixe craieux : l’acide nitreux eft donc détruit entièrement. Il fe pro- duit une grande quantité de gaz que j’ai recueilli en adaptant à la partie fupérieure des ballons qui etoient tabulés dans cette région 3 ou une veffie F hf MB ÊiiMSNî ou des tubes dont les extrémités étoîent reçues fous des cloches pleines d’eau. Ce gaz étoit en grande partie de l’acide craieux , mêlé d’un peu de gaz. inflammable & de gaz phlogifliqué. Le réfldu de la détonnatioil du nitre avec du charbon faite dans un creufet porte le nom im- propre de mire fixé par les charbons; c’efl de l’alkali flxe végétal combiné avec l’acide craieux. Le nitre bien pur ne s’altère en aucune ma- nière à l’air. Il efl très-diflohible puifque trois ou quatre parties d’eau froide diüolvent une partie de ni- tre, & l’eau bouillante en difîaut le double de fon poids. Audi criflallife-t-il très-bien par re~ froidiflement ; c’efl: fur ces. deux propriétés qu’eft fondé l’art d’extraire le nitre des plâtras où il efl contenu. Les falpêtriers mettent les plâtras çoncalfés dans des tonneaux dont le fond percé d’un trou dans fon milieu efl cou- vert de cendres. Ils y font paflTer de l’eau jufqu’à ce qu’elle en foit très-chargée , obfer- vant de mettre l’eau pure fur des plâtras déjà lavés pour les épuifer tout -à -fait, 8c l’eau déjà filée fur des plâtras neufs pour la char- ger entièrement. Us font enfuke évaporer leim leflive dans des chaudières de cuivre. Ils en retirent les premières pellicules qui ne fom t Chimïè $>$ fur fes côtés ; chacune de ces tubulures reçoit un fyphon qui paffe dans une autre bouteille,; placée de chaque côté de la première. Les deux bouteilles collatérales font jointes par le moyen d’un fyphon avec deux vaiffeaux pareils dont les tubulures latérales relient ouvertes. La pre- mière bouteille relie ordinairement vide. Les bouteilles collatérales contiennent une certaine quantité d’eau dans laquelle plonge l’extrémité inférieure 8c la plus longue du tube qui com- munique de Tune à l’autre; la partie fupérieure de ces bouteilles relie vide , 8c lorfque la va- peur d’acide palfe au-deffiis de l’eau des pre- mières , elle eh portée par les autres tubes juf- que dans l’eau des bouteilles fuivantes. Par cet appareil ingénieux if ne fe perd rien du tout* §c i’artihe n’efl nullement incommodé. L’acide nitreux en vapeur paffe dans le ballon & va dans les premières bouteilles où il ell abforbé par l’eau. Celui qui ne peut pas l’ètre , paffe dans les fécondés bouteilles collatérales, 8c s’y unit à l’eau qu’elles contiennent. Il fe dégage par la tubulure ouverte des dernières bouteilles une quantité plus ou moins grande d’air vital qu’ont peut recueillir dans les cloches. Cet appareil tel qu’il vient d’être décrit a un avantage dont il doit être fait mention ; à la fin de l’opération lorfqu’on laiffe refroidir la cornue , il fe fait m} JpB Êeï'&’eKs .'■* vidé dans les vaiffeaux , & l’aie extérieur pref» fant fur Peau des dernières bouteilles ouvertes t la force de remonter par les Typhons dans les premières bouteilles collatérales , & de celles- ci dans la bouteille moyenne & la plus voifinô du ballon. Si la première bouteille n’étoit pas vide & n’avoit pas allez de volume pour con- tenir toute Peau des fuivantes , les liqueurs aci- des pafferoient dans le ballon * 8c Comme Paci- de nitreux le plus fort eh contenu dans ce vaif- feau , il fe trouveroit mêlé avec toutes les li- queurs des bouteilles Sc il n’auroit pas le de- gré de force qu’on y recherche ; cet incon- vénient feroit encore plus préjudiciable pour d’autres diflillations dont nous parlerons par la fuite , parce qu’au lieu de diminuer Amplement la force du produit il en altéreroit la pureté. Pour faire cette opération dans un labora- toire, on met quatre livres de nitre pur 8c fon- du en enflai minéral dans une cornue de grès tabulée placée dans un fourneau de reverbère s on peut aufîi fe fervir de cornues de verre ta- bulées que Pou place fur un bain de fable. On verfe tout à la fois par la tubulure deux livres 8c demie d’huile de vitriol 8c on bouche la cornue. On l’adapte 8c on la lutte promptement à l’appareil décrit ci - deffus qu’on a eu foin de monter la veille* On la chauffe par degrés jufqu’à b’Hist. Nat. ht de Chimie. yj? |ufqtfà ce qu'il ne paffe plus rien ; on peut régler la conduite de l’opération d’après le dé- gagement 6c le paftage du gaz dans les bouteil-; tes. S’il eft trop rapide, la chaleur eft trop violente , & on doit la diminuer , de peur que toute la maffe de la cornue ne fe gonfle trop 8c ne paffe dans le ballon; fi le jeu des bou- teilles eft trop lent, on augmente le feu pour éviter l’abforption ; ainfi cet appareil a encore l’avantage d’avertir Partifte fur la marche de fon procédé. Le réfidu de cette décompofition eft du tar- tre vitriolé, formé par l’union de l’acide vitrio- tique avec Palkali fixe végétal du nitre : ce fel réfidu eft connu en pharmacie fous le nom de fel de duo b us , ou arcanum dupllcatum . Il eft ordinairement en une mafte blanche opaque à demi vitrifiée remplie de cavités qui annoncent fon bourfoufflement ; ce fel eft fort acide , en ràifon de la quantité d’huile de vitriol que l'on emploie , 8c c’eft cet excès d’acide qui fait fon- dre le fel , comme nous Pavons vu dans PhiP toîre du tartre vitriolé. L’acide nitreux qu’on obtient par ce procédé eft très-rouge 8c très- fumant , en raifon de la chaleur forte qu’on emploie dans cette diftiliation. Comme il eft toujours mêlé d’une certaine quantité d’acide y itrioîique , on le redifie en le rediftillant fut Tome /IL G y Ê L Ü M fi N § im quart de fon poids de nitre. On doit en- core obfërver qu’il eft né ce [Taire d’employer du pitre bien pur pour avoir de Pacide nitreux fur les effets duquel on puiffe compter. Celui qu’on retire du nitre de la féconde cuite con- fient de Pacide marin , & agit dans les diffo- îtitions à la manière de Peau régale. On peut purifier cet acide 8c lui enlever Pacide marin ..qu’il contient par. une diflillation bien ménagée, comme Pont démontré MM. de Laffone 8c Cor- nette. { Acad, iy Si y pag, 65 j à 656. ) Le Tel fédatif décompofe le nitre à l’aide de la chaleur, & en dégage un acide nitreux affez concentré ; il paroît que c’efl en raifon de fa fixité qu’il opère cette décomposition , comme le penfent MM. les académiciens de Dijon; cependant il faut suffi l’attribuer en partie à l’affinité qu’il y a entre le fel fédatif 8c Palkali fixe végétal bafe du nitre. Le nitre eld d’un très-grand ufage dans les arts» 0 eld le principal 8c le plus utile des in- grédiens de la poudre à canon, dont nous par- lerons à l’article du foufre. Brulé avec différentes dofes de tartre, il forme des matières fondan- tes nommées flux., qu’on emploie en Docima- fie, pour fondre 8c réduire les fubldances mé- talliques, &x. 8cc o On s’en fert fréquemment en médecine % d5Hïst. Nat. et de Chimie. comme d’un médicament calmant, rafraîchif- fant, diurétique, anti-feptique , &c. On Padmi- nihre dans une boiffbn quelconque à la dofe de dix à douze grains , jufqu’à celle d’un demi- gros & plus. Les médecins en obtiennent tous les jours de très-bons effets,. Sorte IV. Nitre rhomboïdai, On appelle nitre cubique , quadrangulaire, rhomboïdal , ou nitre de fonde , le fel neutre parfait , réfultant de la combinaifon faturée de l’acide nitreux 8c de Falkaii iixe minéral. Ce feleh ordinairement en afTez gros crif- laux rhomboîdaux très - réguliers ; le nom de nitre rhomboïdal lui convient mieux que celui de nitre cubique. Sa faveur eh fraîche 8c un peu plus amère que celle du nitre ordinaire. Le feu le décompofe comme le nitre ordi- naire ; mais il , décrépite 8c fe fond moins fa- cilement que ce dernier. Au rehe il donne de l’air vital 8c s’alkalife comme lui. Il eh un peu plus altérable à l’air que ce der» nier, 8c il en attire légèrement l’humidité. Il fe diffout allez bien dans l’eau froide & même plus abondamment que le nitre ordinaire* puifque deux parties d’eau à la température ordi- naire de io degrés ? en diffolvent une partie jl’eayç G ij fôof E L $ M E N S bouillante n’en diffout prefque pas davantage? Suffi pour l’avoir cri fiai H le régulièrement, on eft obligé d’évaporer lentement fa diffolution. En expofant une leffive bien claire de ce fel dans un endroit fec, on y trouve au bout de quelques mois des eriftaux rhomboïdaux de fix à huit lignes, & quelquefois de près d’un pouce d’éten- due. Ce procédé efi en général celui qui réuf- fit le mieux pour faire criilaliifer les Tels qui ne font pas plus folubîes dans l’eau chaude que dans l’eau froide. Le nitre rhomboïdal détonne fur les charbons, ’& fait brûler tous les corps combiifiibles avec lefquels on le chauffe, un peu moins rapide- ment que le nitre ordinaire. La terre fiîiceufe en dégage l’acide nitreux forme du verre, avec fa bafe ; l’argile en fépare auffi l'acide 8c le réfidu de cette décom- pofition eft une efpèce de fritte un -peu bour- fouffiée & opaque lorfqu’on a donné un bon coup de feu. La terre pefante le dëcompofe & met à nud l’alkali minéral. La magnéGe 8c la chaux ne l’al- tèrent pas fenfiblement. L’alkali fixe végétal a plus d’affinité que fa bafe avec l’acide nitreux avec lequel elle forme du nitre ordinaire ; on peut fe convaincre de cette décompofition par une expérience très** t 1 ' ■ . ' -, ■ K ■ - . • 1 ‘ " ; . ' ■ ■ -, , ' " . / i ï/Hist. Nat. et de Chimie. iojS Facile. Si î’on partage une di Ablution de nitre rhomboïdal chaude en deux portions, & fi l’on jette dans une d’elles de l’alkali fixe végétal cauf- îique., celle-ci dépoferâ pendant fon refroidit fement des criffaux prifma tiques de nitre ; tan- dis que la portion dans laquelle on n’aura point mis d’alkali fixe végétal ne criffallifera points parce que les criffaux de nitre rhomboïdal ne fe forment que par l’évaporation lente. L’acide vitjioÜque concentré verfé fur le nitre de foude , en dégage l’acide nitreux avec effet- yefcence. On peut diffiîler ce mélange, & ob4 tenir de Pefprit de nitre , comme avec le nitre ordinaire. Les autres acides minéraux n’ont pas plus d’aélion fur ce fel que fur le précédent* Les fels neutres déjà examinés , le tartre vi- triolé, le fel de Glauber 8c le nitre n’altèrent en aucune manière le nitre cubique ; fi ces fels font diffous dans la même eau , ils criflallifent fé pare- ment , 8c chacun dans leur ordre ordinaire; le nitre 8c le fel de Glauber par refroidiffement, le tartre vitriolé 8c le nitre de foude par l’éva- poration. Toutes ces propriétés démontrent que le nitre rhomboïdal ne diffère du nitre ordi- ' naire que par fa forme , fa faveur , fa légère déliquefcence , fa folubilité plus grande, fa pro- priété de criff allifer par révaporadon, 8c fur-tout fa décompofuion par l’alkali fixe végétal cauflique* Giij 102 E L Ê M E N s' On n’a point encore trouvé le nitre rhom*» boïdal dans la nature-, il efl toujours un pro- dviit de Part qui le forme de cinq manières différentes ; i°. en unifiant directement l’acide nitreux avec Palkaii minéral c au (tique ; 2°. en décompofant par ce même alkali les nitres ter- reux, le nitre ammoniacal , & les nitres métal- liques ; 30. en décompofant le fel marin pat l’intermède de l’acide nitreux 3 40. en décom- pofant le fel de Glauber par Pefprit de nitre fumant ; 5*°. enfin, en décompofant les diffo- lutions métalliques nitreufes qui en font fufcep- tibîes par le fel marin : dans ce dernier cas , à mefure que l’acide marin s’unit au métal qu’il fépare de l’acide nitreux , ce dernier fe com- bine avec Palkaii marin qui quitte fom premier acide. Toutes ces dëcompofitions feront détail- lées en particulier à l’article de chacun des fels qui en font fufceptib les. Le nitre rhomboïdal pourroit fervir aux mê- mes ufages que le nitre ordinaire ; mais comme il ns produit pas tous les effets de ce dernier fel , fans doute à caufe de la plus grande affinité qu’il a avec Peau , on ne l’emploie pas dans les arts ; d’ailleurs comme on ne le trouve point dans la nature * & comme il n’efl qu’un pro- duit de Part , on n’a pas effayé d’en faire un tifage particulier ; on n’a même pas encore fait £>?Hïst. Nat. et de Chimie* iô| Fur ce Tel toutes les recherches néceffaires pont en bien connoitre les propriétés» Sorte V. Sel fébrifuge de Syilvius, Le Tel fébrifuge de Syîvius efl formé par Fur- nion de l’acide matin avec Falhali fixe végétal H a été mal à propos nommé fel marin régénéré^ puifqu’il diffère de ce fel par la nature de fa baie. Ses crifiaux font des cubes, mais qui ont préfque toujours un afpect confus 8c une forme peu régulière. Sa faveur efi faîée, piquante^ amère & défâgréable : lorfqu’on l’expofe au feu* il décrépite , c’efi-à-dire, que fes crifiaux fe brifent & s’éclatent en petits morceaux , ce qui vient de la ra réfaction fubite de l’eau qui entre dans leur compofition : fi on le laiffe fur le feu après qu’il a décrépité , & que la chaleur foit affez forte, il fe fond & fe volatiîife, mais fans fe décompofer ; il peut fervir de fondant aux terres & aux fubfiances métalliques. Sa principale utilité dans ces cas, c’efi qu’en re- couvrant les matières , il fixe Fadion des autres fondans , les empêche de fe volatilifer , & pré- vient les altérations que l’accès de l’air pour- rait produire. Le fel fébrifuge efi peu altérable à l’air, il n’en -attire que très-légèrement l’humidité. Il lui faut environ trois parties d’eau froide G iv kOij. ElIme n. S pour être tenu en diffolutîon; Peau chaude n’erî diffout pas davantage; c’eft pour cela qu’on eü forcé d’avoir recours à l’évaporation lente pour l’obtenir criftalïifé. C’ell un des fels qu’il ell le plus difficile d’avoir en criflaux réguliers d’un certain volume. L’argile paroît le décompofer en partie , puif* qu’en diffillant du fei fébrifuge avec les glaifes des environs de Paris, on obtient de l’acide marin ; à la vérité , cette opération n’en four- nit qu’une petite quantité, & fon réfultat ell bien éloigné de celui que donne le nitre. Il paroît auffi que le fable a la même adion que l’ar- gile fur le fel de Sylvius. La terre pelante s’empare de fon acide 8c en fépare l’alkali fixe fuivant Bergman. La magné- lie 8c la chaux ne l’altèrent en aucune manière; Les acides vitriolique 8c nitreux en dégagent l’acide marin avec effervefcence (i) : ce phé- (i) Nous avons déjà fait oblerver , en parlant de la décompofùion du nitre par Phuile de vitriol , que l'acide nitreux fe dégageoit avec une vive efïèrvelcence. Nous retrouvons ici le même phénomène pour l'acide ma- rin : il ell même beaucoup plus marqué dans le fel fébri- fuge , parce que fon acide a une très-grande tendance pour fe mettre dans l'état de gaz. Telle ell la caulè générale des effervefcences dont la nature 8c les différences n'ont 4tê bien connues que depuis très-peu de tems. On crayûlfe d’Hist. Nat. et de Chxmte. loÿ momène eff d’autant plus marqué , que le fe! fébrifuge ell plus fec. Celui que Ton a fait dé- crépiter & qui a perdu fon eau de criffallifa- tion produit une effervefcence très - confidé- rable avec l’huile de vitriol , 8c le mélange s’échauffe beaucoup. En faifant ces décompo- Etions dans des cornues ^ on obtient de l’efprit de fel dans le récipient , 8c la cornue contient du tartre vitriolé iorfqu’on opère avec l’acide vitriolique : le récipient contient au contraire de l’eau régale, 8c le réffdu donne du nitre* fi l’on emploie l’acide nitreux. L’acide du bo- rax ou le fel fédatif décompofe auili le fel fé- brifuge par le moyen de là diffillation, & en dégage l’acide marin. Comme toutes ces opé- rations fe pratiquent avec le fel marin, nous les décrirons plus en détail à l’article de ce dernier. L’acide craieux 8c l’acide fpathique n’ont aucune aélion fur le fel fébrifuge. autrefois que c’étoit au dégagement de Pair qu’elles étoient dues; on efl convaincu aujourd'hui que ce n’eft pas Pair „ mais tous les corps qui peuvent affecter Paggrégation aériforme qui les produifent; ainfi , nous avons fait voie que Pébullition de Peau pouvoit dire regardée comme une forte d’effervefcence. Comme cette vérité a befoin d’étre fouvent répétée iufqu’à ce qu’elle foït bien connue & bien entendue de tout le monde , nous reviendrons plu- sieurs fois fur cet objet, en traitant les différens fels neu« fres, fufgeptibles d’ètre décompofés par les acides. toS Elément Le tartre vitriolé , le nitre ordinaire & îe nître ihomboïdal n’en ont pas davantage fur ce fel; lorfqu’iis font diffous dans la même eau, chacun d’eux criflallife féparément 8c à far manière* Le fel de Sylvius fe rencontre fréquemment dans la nature , mais toujours en allez petite quantité. On le trouve dans les eaux de la mer ëc des fontaines falées ; il exifte 3 quoique rare- ment, dans les lieux où l’on rencontre le nitre; on le retrouve encore dans les cendres des vé- gétaux, & dans quelques humeurs animales. L’art peut auiïi le produire, i°. en combinant direc- tement l’acide marin avec l’alkali végétal; 2°. eiî décompofant les fels marins terreux , ammonia- caux ou métalliques par le même alkali ; 30. en décompofant le tartre vitriolé ou le nitre, par le moyen de l’acide marin , comme l’a démon- tré M. Cornette. On emploÿoit autrefois ce fel neutre comme un excellent fébrifuge ; mais il ne pofsède cette propriété que Sylvius lui a attribuée, qu’en fa qualité de fel amer. On lui préfère aujourd’hui ie tartre vitriolé & îe fel de Gîauber. Le fel fébrifuge n’efî pas d’ufage dans les; arts; fon goût défagréabîe empêche qu’on ne s’en ferve pour a'ffaifonnement comme du fel marin; il a d’ailleurs toutes les propriétés chimiques de ce dernier fel* dont il ne diffère que par d’Hxst. Nat. et de Chimie, 107 fa faveur amère, fa diffolubilité moins grande , fon inaltérabilité à Pair & fa criflallifation moins régulière ; c’eft pourquoi. nous n’infifterons pas davantage fur fon hiftoire. Sorte VI. Sel marin. Le fel marin ou fel de cuiGrne , fal culinare 9 eft un fel neutre parfait , formé par la corn- biriaifon de l’acide marin avec l’aikali fixe mi- néral. Ce fel ef} répandu en quantité confidérable dans la nature; c’eft le plus abondant de tous* On le trouve en maffes immenfes dans l’inté- rieur de la terre , en Calabre , en Hongrie „ en Mofcovie & fur-tout à Wieliczka , en Po- logne, prp le mont Crapacks. Les mines de ce dernier endroit font d’une grandeur très- confidérable, 8c le fel marin y eft en quantité prodigieufe. Ce fel, contenu dans la terre, efl ordinairement irrégulier, rarement criflallifé : il eff plus ou moins blanc; on en trouve déco- loré; dans cet état on l’appelle fel gemme, parce qu’il a fouvent la tranfparence des criftaux con- nus fous ce nomi Les eaux de la mer en font chargées , ainfi que celles de -certains lacs 8c de quelques fontaines. C’eft de ces eaux qu’on le retire par quatre procédés généraux. Le premier eft l’évaporation fpontanée par la ftOÊ Ê L ï M E K S chaleur du faleil ; ce moyen eh mis en ufagS dans nos provinces méridionales 5 en Langue» doc, à Peyrac, Pecais, &c. On creufe fur le bord de la mer des efpèces de foffes qu’on enduit d’argile bien battue ; on y pratique des petits murs qui les partagent en plufieurs coin- parti me ns & qui communiquent les uns avec les autres. La marée montante dépofe de Peau dans ces marais Palans , 8c elle eh retenue par les ef- pèces de cloifons; on n’y en IailTe qu’une cou- che allez mince que la chaleur du foleil éva- pore très bien. Quand il s’y eh formé une pelli- cule faliiie, on la cahe 8c elle fe précipite ; on la brife ainfi jufqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau. Alors on ramaffe le fel avec des râteaux 8c on le met en tas pour le faire fécher. Ce fel eh mêlé avec tous ceux qui font diiïbus dans les eaux de la mer, tels que le fel de Gîauber* le fel d'Epfom, les fels marins à bafe de ma- gnéfié Sc de chaux. Il eh aufli fali par une portion de la glaife qui forme le .fond des mar- rais falans ; enfin on y trouve du fer 8c du mer- cure en trcs-petits globules; ce dernier s’y dé- montre facilement en lai (Tant félon nier une maffe d’or dans le fel; elle y eh blanchie très- mani- fehement. Ce fel fort impur eh connu fous le nom de fel de gabelle. Dans les provinces feptentrionales de la v. b’Hist. Nat. et de Chimie. 10$ France, en Normandie & en Bretagne^ on fe fert de l’évaporation artificielle à l’aide du feu* Dans PAvranchin on prend les fables mouvans fur lefquels Peau de la mer a dépofë des cris- taux fa lins 3 on les lave avec la moins grande quantité po {bible d’eau de mer , afin que le fel n’en ait que ce qu’il lui en faut pour être diiTous; on porte cette eau falée dans des chau- dières de plomb dans lefquelles on t’évapore jufqu’à ficcité, Ce fel eÜ très-blanc 8c plus pur que celui des marais falans. M. Guettard a dé- crit avec foin ce travail dans les Mémoires de l’académie pour l’année 175*8. La Lorraine 8c la Franche-Comté ont beau- coup de fontaines falées. L’eau de ces fon- des eü chargée de différentes quantités de fel marin. A Montmorot, dans la dernière de ces provinces, pour obtenir ce fel on réunit l’éva- poration fpontanée à l’évaporation par le feu. Four cet effet, Peau des puits eü portée, par des pompes à chapelet , dans un grand badin. Ce dernier eü placé au haut d’un hangard nom- mé bâtiment de graduation. Sous cet hangard font fufpandues, par étages, des planches fur lefquelles font placés de petits fagots d’épines. L’eau, tombe fur ces fagots par des robinets; elle fe divife en pluie fine ; 8c comme elle pré- fente beaucoup de furface à l’air qui circule $ ïo ËlIm s h g avec rapidité fous ces hangards, il s’en évàpofÉ prefque les deux tiers ; elle dépofe de la félé* mte fur les fagots ; & lorfqu’elle ell aflez char- gée de fel pour donner treize à quatorze de- grés au pèfe - liqueur ? elle eft portée dans de grandes chaudières de fer, foutenues par des crochets de même métal , qui partent de leur fond & repofent fur des pièces de bois portées par les bords de ces vaifteaux. Ces chaudières, appelées poêles, font très -larges 8< peu pro- fondes. Elles contiennent cent muids d’eau falée* , On les chauffe brufquement; îorfque l’eau bout à gros bouillons , elle fe trouble d’abord , 8c dépofe à fa furface une terre ochreufe en for- me d’écume. Il s’en fépare enfuite un fel peu foluble qui n’elt que de la félénite 5 les ouvriers la nomment fchlot -, le fchlot eft mêlé d’un peu de fel marin , de fel de Gîauber 8c de fel ma- rin terreux; il ell reçu dans de petites auges de îôle , placées fur les bords des chaudières dans iefquelles il eft porté par les flots de la liqueur qui bout ; on enlève les augelots de tems en tems, & on les remet jufqu’à ce qu’il fe forme à la furface de la liqueur une grande quantité de petits criftaux cubiques que les ouvriers ap- pellent pieds de mouches. A cette époque on retire les augelots pour la dernière fois. On diminue le feu 8c en enlève le fel marin avec tfHïST. Nat. et de Chimie, iît ëes écumoirs, à iiiefure qu’il s’en eft criüaliifé une allez grande quantité ; on continue de l’enlever ainfi & d’évaporer jufqu’à ce que l’eau ne donne plus de criftaux cubiques. Le fel que l’on ob- tient eft en criftaux plus ou moins gros , fui* vaut la rapidité ou la lenteur de l’évaporation; l’eau qui n’en fournit plus eft appelée muire ou eau mère , elle contient des Tels marins à baie terreufe (i). Walîerius rapporte un quatrième procédé pour retirer le fel des eaux de la mer , mis en ufage dans les pays du Nord. On expofe' cette eau dans des foftfes fur le bord de la mer; comme elle n’y forme qu’une petite couche , le froid la pénètre, & elle fe gèle; mais la portion d’eau furabondante à la diftblution faline , étant îa feule fufceptibîe de fe geler , celle qui refte fluide retient tout le fel qui étoit contenu dans la quantité primitive, & elle fe trouve concen- trée au point de laiiïer criftallifer le fel marin à la moindre chaleur ; on îa porte dans des chau- ( ï ) On prépare à Montmorot un fel neutre , connu fous le nom de fel d’Epfom de Lorraine; mais ce rfeft que du fel de Glauber dont on a trouble îa criftalîifatîoüe On le diftingue du vrai fel d’Eplôm , en ce qu’il s’effieurit à haïr , tandis que le premier, tel qu’il vient d’ Angleterre ^ «©S déliquefeent. Sï2 Ili-MSKi dières de plomb , dans , lesquelles on PévaporaS Les crihaux de Tel marin font des cubes très- réguliers & d’autant plus gros , que l’évapora- tion a été plus lente ; ils fe groupent enfemble par leurs bords , de manière à former des es- pèces d’efcaliers ou de trémies creufes. Rouelle a obfervé & décrit ce phénomène avec beau- coup de foin dans fes Mémoires fur la crihal- lifation. Bergman en a donné une éthiologie fort ingénieufe. La faveur du fel marin eh falée & agréable^ Lorfqu’on l’expofe à l’aéüon d’un feu bruf- que , il pétillé & faute en éclats. On appelle ce phénomène décrépitation ; il eh dû , ainfi que nous l’avons déjà fait obferver fur le tartre vi- triolé & fur le fel fébrifuge, à ce que l’eau qui entre dans les crihaux falins fe raréfiant fubi- tement , brife 8c écarte avec effort toutes les petites lames dont ils font compofés. Lorfque toute l’eau eh ainfi évaporée , la décrépitation ceffe 8c le fel eh en pouffière. Si on continue à le chauffer fortement, il fe fond après avoir rougi : en le coulant fur une plaque de marbre, il fe fige en une efpèce de crihai minéral. Mais il n’eh altéré en aucune manière, car on peut lui rendre fa première forme en le di (fol vaut dans J’eau. Le feu ne le décompofe donc pas : en le tenant fondu quelque teins, il finit par fe volatilifer to’Hrsï. Nat; et ce Chïmïe. 115 Volatilifer fans altération , mais il faut pour cela feu de la dernière violence» Le fel marin n’éprouve pas d’altération fen« fible à l’air 5 lorfqu’il eft bien pur ; il fe def- sèche plutôt qu’il ne s’humeéie , & il n’en attire l’humidité que lorfqu’il contient des fels marins à bafes terreufes, comme celui de gabelle. Il efl très- difîb lubie dans l’eau; il ne lui faut que trois parties de ce fluide pour être tenu: en diflolution. Trois onces 8c demie d’eau dif- folvent très-complètement une once de ce fel ; il n’eft pas plus dilToluble dans l’eau bouillante que dans l’eau froide. La diflblution fe fait feule- ment un peu plus vite par la chaleur. On obtient les criflaux de ce fel par une évaporation très- lente. Il le forme d’abord fur la liqueur des pieds de mouches qui fe joignent 8c donnent naiffanceà une pellicule plus ou moins épaifle; quelquefois, au lieu de cubes , on obferve des efpcces de pyramides quarrées 8c creufes , fem- bîables à des trémies. M. Rouelle, qui a ob~ fervé avec grand foin tous les phénomènes de cette criflallifation , a vu que ces trémies pre- noient naiflance de la manière fuivante. Lorf- qu’il y a un cube de formé, ce petit folide s’enfonce un peu dans l’eau ; il en naît enfuite un fécond qui efl attiré par le premier , & qui s’attache à lui par un de fes côtés; le même J'orne J/a H îilf Ë L Ê M E H S phénomène a Heu pour les trois autres côtés dit cube. Il eft aifé de concevoir que cet accrôiffe- ment fucceffif produira des pyramides creufes, dont la pointe fera en bas & la bafe en haut. Lorfqo’elles font trop grottes, elles fe précipitent au fond de la liqueur. L’eau dans laquelle on a dilfous ce ici, & qu’on a fait évaporer juf- qu’à ce qu’elle n’en fourni fie plus , ne contient aucune matière faline , li le fel employé étoit bien pur : celle de la mer & des falines con- tient toujours quelques Tels à bafe térrenfe. On peut en précipiter la terre à l’aide de l’alkali fixe minéral, comme nous le dirons à l’article des feîs neutres terreux. Tel eh le moyen qu’on emploie pour obtenir du fel marin très-pur. Le fel marin paroît faciliter la fufion des ver- res; il occupe toujours la partie fupérieure des pots dans lefqueîs on fond cette matière, & Conftkue en grande partie le fiel de verre. On s’en fert pour vitrifier la furface de cer- taines poteries, & pour leur donner ainfi une efpcce de couverte aux dépens de leur portion extérieure , qui fe fond à l’aide de la grande chaleur communiquée par le fel marin; on y parvient aifément en jettant dans les fours où on la cuit , une certaine quantité de ce fel. Il fe volatilife & fe répand fur la furface des po- teries ? dont il occafiohne la fufion par fon ex- tâtirst. Nat, et b i ' G h t m ï ê» ■ ï -tg. trênie chaleur. Cefl ainfi qu5on enduit la pote- rie cf Angleterre. La terre vitriliabîe ne l’altère en aucune ma* trière , quoiqu'il paroiffe en favorifer la fufiou* L’argile pure a beaucoup moins d’adion fur le fel marin que fur le nitre : elle ne donne , en la diflillant avec ce fel 5 qu’un acide foibje & phlegmatique en allez petite quantité. Les diftillateurs d’eau-forte retirent, il e(ï vrai, Pef- prit de fel de cette manière ; mais ils emploient du fel de gabelle , qui contient beaucoup de fel marin à bafe terreufe , & ils fe fervent d’une argile très-colorée & très-impure. La terre pelante décompofe le fel marin com- me tous les autres fels alkalins, d’après les ex- périences de M. Bergman. La chaux & la magnéfîe n’altèrent en aucune manière le fel marin. Peut-être ces deux fubf- . .tances falïno terreufes combinées avec l’acide cr aïeux peuvent-elles féparer les principes du fel marin par une double affinité. L’alkali fixe végétal caudique décompofe le fel marin 5 parce qu’il a plus d’affinité avec fou acide , que n’en a l’alkali minéral. Une diffolu- ïion de fel marin , mêlée avec de l’alkali du tar- tre caullique, donne du fel fébrifuge par l’éva^ poration , & l’eau mère contient l’alkali minéral pur & ïfolét Hij ' l $ri$ I Umsns Les acides ont une aélion très-marquée fut le fel marin. Si l’on verfe de l’huile de vitriol fur ce fel, il fe produit un mouvement très- eonfxdérable , une chaleur très-vive ; on obferve une effervefcence violente (i), caufée par l’aci- de marin qui fe dégage fous la forme de gaz ; oh reconnoît la nature de cet acide âériforme dégagé par la vapeur blanche qu’il forme avec l’eau de Fatmofphère , & par fon odeur piquan- te analogue à celle du fafran , lorfque cette va- peur eft fort étendue. Si l’on fait cette opéra- tion avec l’appareil pneumato-chimique au mer- cure , on obtient beaucoup de gaz acide marin. Giauber eft le premier qui ait obfervé & décrit avec foin cette décomposition du fel marin par Facide vitriolique , pour retirer l’acide de ce fel; e’efl pour cela qu’on donne à cet acide le nom d’efprit de fel marin à la manière de Giauber. En examinant le réfdu de cette opération, il a découvert fon fel admirable. (i) L'efFervefcence e$ aiiflî manifede dans cette opé-: ration , que dans l'union du même acide avec la chaux 8c les alkalis faturés d'acides craieux. Elle a donc lieu Êoutes les fois qu'un corps , féparé d’une combinaifon , Ce volatilife fous la forme de gaz ; elle peut donc être occa- lionnée par l’acide craieux , l'acide marin , Facide nitreux , Facide fulfureux , Facide fpathique, l'alkali volatil, &c. «Elle ne doit pas être attribuée au dégagement de l’air. 5d5Hîst. Nat. et de Chimie, lïf Prefque tous les auteurs prefcrivent, pour diftiller l’efprit de Tel , de mettre du Tel marin décrépité dans une cornue de grès tubulée , de verfer par la tubulure la moitié de Ton poids d’huile de vitriol; il fe dégage fur-le- champ beaucoup de vapeurs d’efprit de fel , qui paf- fent par le bec de' la cornue, & vont fe raf- fembler dans deux ballons enfilés* le dernier de ces vailTeaux eft percé d’un petit trou, afin de laiffer. échapper les vapeurs 8c de prévenir la rupture de l’appareil. ïl en eft de cette opé- ration comme de la diftillation de Pefprit de nitre ; on perd une grande quantité de l’acide le plus pur , qui fe diflipe fous la forme de gaz marin par le trou du ballon , 8c on eft fort incommodé par les vapeurs très-corrofives de cet acide , qui remplirent le laboratoire où fe fait la diftillation. M. Baumé, pour éviter une partie de ces inconvéniens , ajoute de l’eau dans la cornue. Cette eau , volatilifée dans le bal- lon , abforbe une partie dit gaz marin ; mais comme elle eft beaucoup moins volatile que lui, il fe perd toujours une grande quantité de cet acide. M. Woulfe a corrigé tous ces défauts, 8c a trouvé le moyen de fe procurer l’efprit de fel le plus fort & le plus concentré poftible, en faifant l’inverfe du procédé de M. Baumé. -Au lieu de faire volatilifer l’eau pour aller après Hiij ; .-y . .. \ ; ■ M ’■ k !!|g y y. • ■ n% . • :■ ■ •; • 1 18 Ê fi m k k ■$ les vapeurs d’acide marin , il préfente ce liquidé à la rencontre du gaz, 8c il emploie pour cela l’appareil que nous avons décrit à l’article du nitre. On met huit onces d’eau diffillée dans les bou- teilles collatérales , pour un mélange de deux livres de fel marin 8c d’une livre d’huile de vitriol. Le gaz acide conduit par des tubes dans l’eau des bouteilles, s’y diffout. Cette eau s’é- chauffe prefque jufqu’à l’ébullition en fe com- binant avec le gaz marin, 8c elle en abforbe un poids égal au lien. Lorfqu’elle en efl char- gée à ce point, elle n’en diffout plus, 8c elle fe refroidit ; mais le gaz paffant dans les fécond «des bouteilles collatérales , s’y unit de nouveau à l’eau qu’il échauffe 8c qu’il fature. Ce procédé, très-ingénieux 8c bien d’accord avec les propriétés connues du gaz acide ma- tin , a plufîeurs avantages : i°. il évite les in- convéniens du gaz marin répandu dans l’air ;■ 2°. il empêche qu’on n’en perde la plus grande quantité, comme cela arrivoit même dans le procédé de M. Baumé ; 3° il procure l’efprit de fel le plus fort, le plus concentré, le plus fu- mant qu’il foit poffible d’avoir ; 40. cet efprît acide eft en même-tems très-pur , puifqu’il n’eff formé que du gaz marin diffous7 dans l’eau. Audi 'eft-il très-blanc , tandis que celui qu’on âVQÎt d’Hist. Nat. et de Chimie, np * autrefois dans les laboratoires , étoit toujours d’une couleur cilrine; ce qui a même induit les chimiftes en erreur , puifqu’ils ont donné cette couleur comme un caractère de cet acide. La portion d’efprit de fel qui, dans ce procédé* fe condenfe dans les allonges , eÜ jaune 8c falie par les matières étrangères entraînées par l’eau contenue dans le mélange , ainfi que cela arrive dans l’ancien procédé ; y0. la méthode nouvelle avertit l’artifte du degré de feu néceffaire, 8c de la manière de conduire fon opération , par le paffage plus ou moins rapide de l’acide ma- rin gazeux à travers l’eau des bouteilles ;ô°. en- fin , ce qu’il y a de plus précieux , elle fournit un moyen de connoître exactement la quantité d’acide contenu dans le fel marin 3 puifqu’ou n’en perd aucune portion. L’acide nitreux décompofe aulïi le fel ma- rin ; mais comme il elt volatil , il monte 8c s’unit à l’acide de ce fel ; il refaite- de cette union l’acide mixte connu fous le nom d’eau régale. Baron a découvert que le fel fédatif dégage l’acide du fel marin à l’aide de la chaleur. Le réiidu de cette dillillation ell du véritable bo- rax très-pur. L’acide craieux & l’acide fpathique n’ont point d’aétion marquée fur le fel marin. Les fels neutres que nous ayons fait connoître H if {J20 Ê t I M E H I jufqu’ici n’en ont pas davantage fur ce feî. Lorf* que le tartre vitriolé , le Tel de Glauber le nitre ordinaire , le nitre rhomboïdal ou le fel fébrifuge , fe trouvent dillbus dans la même eau que le fel marin ? chacune de ces matières falinés crifiallife à fa manière ; le fel marin eil un de ceux qui s’en fépare le premier pendant les progrès de l’évaporation 5 & il fe mêle avec un peu de tartre vitriolé 8c, de fel fébrifuge %, mais le fel de Glauber & le nitre relient les derniers en dilFolution & ne fe criflaliifent que par le refroidiflement* C’ell pour cela qu’en Lorraine on prend l’eau mère des falines d’où on a retiré le fel marin. On la met dans des tonneaux , & on l’agite avec des bâtons pendant fon refroidilFement ; le fel de Glauber fe crif- tallife confufément 8c en petites aiguilles qui reiïemblent au vrai fel d’Epfom. Les ufages du fel marin font fort étendus. H eft employé , i°. dans la poterie, pour faire en- trer leur furface en fufion , 8c leur donner une efpèce de couverte-, 2°. dans la verrerie pour blanchir 8c purifier le verre ; 30. dans la Doct- mafie ou dans l’effai des mines ? pour fervir de fondant aux matières qui forment les fcories , pour faciliter la précipitation des métaux , 8c pour empêcher leur altération.par l’air , en les défendant du contad de ratmofphèrcà d’Hist. Nat. et de Chimie, mti On fent aujourd’hui le befoin de le faire fer«* vir à un ufage encore plus important que ceux-là ; à Fextradion de Falkali minéral on fel de fonde qui devient tous les jours de plus en plus rare, 8c dont l’ufage efl très-néceffaire pour les arts. Plufieurs perfonnes pofsèdent ce fecret en Angleterre 8c retirent en grand 3a fonde du fel marin. M. Schéele a donné fur cet objet une très-bonne diïïe nation que l’on trouve dans le Journal de Chimie publié en allemand par M. CrelL C’efi avec la Ikharge que ce chimifte efl parvenu à retirer Falkali fixe minéral du fel marin , en la traitant à froid , 8c par la fi m pie macération avec ce fel ; il pa- roît qu’il y a plufieurs procédés analogues , 8c qu’on peut employer à cette décompofitiora quelques autres chaux métalliques ; mais il faut qu’elles réunifient deux propriétés , la première de contenir de Pacide craieux pour agir pat une double affinité , la fécondé de former avec l’acide marin un fel in fo lubie qui fe fépare de la leffive aikaline. Or , comme aucune chaux métallique ne réunit ces deux propriétés à un plus haut degré que les chaux de plomb ; c’eli de celles-ci qu’on peut fe fervir avec le plus d’avantages. Au refie on n’a point fait encore nfiez d’expériences fur cet objet depuis M„ Schéele , 8c on ne le connoît point aflez exao 122 Ê L II fi K S tement pour pouvoir encore en tirer des inclue^ lions utiles fur la décompofidon du fei marin en grand» Ce point fera plus longuement dif- enté dans Phidoire du plomb» Le fei marin fert d’afTaifonnement pour les simiens dont il corrige la fadeur ; il facilite la cfîgedion . en produifant un commencement d’altération putride dans les fubdances ali- mentaires. Quoiqu’il foit bien prouvé par les expériences de MM. Pringle, Macbride', &c„ qoYf retarde la putréfadion , & qu’il efl un ana- leptique piaffant , comme la plupart des ma- tières falines, lorfqu’on le mêle en grande dofe avec les animales, il agit d’une manière bien différente quand on le mêle en petite quantité à ces mêmes fubffances , puifqu’iî les fait pafTer plus vite à la putréfaélion. Ce fait efl prouvé par les expériences de l’auteur des efïais pour fervir à l’hiffoire de la putréfadion, & par cel- les de M. Gardane. Le fei marin n’ell pas moins utile en méde- cine ; on le met dans la bouche' 8c on l’em- ploie en lavemens comme un ffimulant très- utile datis l’apoplexie, la paralyfie, 8cç. C’efl un fondant affez adif dans beaucoup de cas, &c. Il efl fort recommandé par RufFel ( de Tabe Clandularï ) pour les engorgemens lymphati- ques qui dépendent du vice fcrqphuieux. J’em d’Hïst. Nat, et de Chimie» 12$ ai moi-même obtenu de très- bons effets dans pîufieurs maladies de cette nature. Il purge lorfqu’on Fadminiftre à la dofe de pîufieurs gros. Comme c’eft le fel marin gris que Pou emploie ordinairement dans ces différentes cir- confiances , les effets qu’il produit font dus eo partie aux fels marins à bafes calcaire & ma-" gnéfiene qu’il contient. Sorte VII. Borax (1). Le borax eft un fel neutre , formé par fe combinaifon de l’acide nommé improprement fel fédatif, avec l’alkaîi fixe minéral. L’hifioire de ce fel qui nous vient des Indes Orientales , eff fort incertaine. On ne fait pas encore pofîtivement fi c’efi un produit de la nature ou de Fart. En effet , fi la découverte du fel fédatif en diffblution dans les eaux de pîufieurs lacs de Tofcane, dont nous avons fait mention dans Phiffoire de cet acide , peut faire préfumer que le borax eft un produit de la na- ture ? pîufieurs faits que nous rapporterons plus (ï) Nous avons îufqifici commencé par examiner les tels neutres , formés par chaque acide uni à l’aîkali fixe végétal. Quant à ceux dans îefquels entre l’acide nommé fel fédatif, nous Tommes forcés de commencer par celui ■à baie d'aikali minéral 8 parce que c’efl le lèulbien Gonm$ 'l2% Ê L $ M 1 W g bas, femblent démontrer qu’il efi poffibîe c΀J former ce fel de toutes pièces par certains pro- cédés , & peut-être aura-t-on quelque jour des minières artificielles de borax , comme on a aujourd’hui des nitrières artificielles dans diffé- rentes parties de l’Europe» Le borax efi fous trois états dans le com- merce. Le premier efi le borax brut , tinckal ou cryfocolle qui nous vient de Perfe ; il efi en ma (Te s verdâtres , graffes au toucher , ou en efpèces de crifiaux opaques d’un vert de porreau , qui font des prifmes à fix faces, ter- minés par des pyramides irrégulières. On trouve même deux variétés de ces crifiaux verdâtres différentes pâr la groffeur dans le commerce» Ce fel efi très-impur 8c mêlé de beaucoup de. matières étrangères à fa cqmpofitîon. La fécondé efpèce de borax efi connue fous le nom de borax de la Chine j celui-ci efi un peu plus pur que le précédent ; il efi en pe- tites plaques, ou en maffes irrégulièrement crit tallifées , d’un blanc fale; on y apperçoit des xudimens de prifmes 8c de pyramides , mais confondus enfèmble fans aucun arrangement fymmétrique : on obferve fur ces crifiaux une pouffière blanche qui en enduit la furface, 8c que l’on croit de nature argileufe. La troifîèxne efpèce efi le bora^ de Hollande % b^Hïst. 'Nat, IT di Chimie, i 2% nu borax raffiné. Il eft en portions de crihaux: tranfparens & allez purs ; on y reconnoît des pyramides à plufîeurs faces , mais dont la criP» tallifation a été interrompue. Cette forme in- dique d’une manière certaine que la méthode employée par les hollandois pour rafiner ce Tel ? eh la difibhmon 8c la crihallifation. Enfin on prépare à Paris dans le laboratoire de MM. Lefguillers droguihes rue des Lom- bards , un borax purifié qui ne le cède en rien à celui de Hollande , 8c qui peut-être a même un degré fupérieur de pureté. Outre ces quatre efpèces de borax, un phar- macien de Paris , M. la Pierre ? a découvert qu’il s’en forme journellement dans les eaux de favon , mêlées à celles des cuifines , qu’un par** tîcuîier laide féjourner dans une efpèce de foiïe; il en retire au bout d’un certain tems de vrai borax en beaux crihaux. Quoi qu’il en Toit , on n’eh pas encore plus inhruit fur fa forma- tion; il paroît feulement qu’il s’en produit dans les eaux ftagnantes qui contiennent des matiè- res grades. Quelques auteurs a (Turent qu’on le fait artificiellement à la Chine j en mêlant dans une foffe de la graifie , de l’argile & du fumier 9 couches par couches ; en arrofant ce mélange avec de l’eau, 8c en le laiiïant ainfî féjourner •pendant quelques années. Au bout de ce tems !Ï2§ Ëlillîîf on iefïïve ces matières , on évapore la leftiveÿ Sc o ii obtient le borax brut. D’autres ont cnl qu’on le tiroit d'une eau qui fe filtre à travers des mines de cuivre. M. Baume dit pofiti veu- illent que le premier de ces procédés lui a fort bien réuffi. ( Ckzm> expérim . tom. II, pag . Ijz ) Le borax purifié a une forme très- régulière | fes criftaux font des prifmes à fix faces , dont deux font ordinairement plus larges , terminés par des pyramides trièdres. Il préfente d’ailleurs beaucoup de variétés dans fa criflailifation. Sa faveur eA fliptique , & re (Terre très-fortement les fibres de la langue. Il verdit le Trop de violettes comme les alkalis. Lorfqu’on l’expofe à Taélion du feu , il fond aflfez vite à l’aide de l’eau de fa criflailifation ; il perd peu-à-peu cette eau, 8c acquiert un volume confidérabîe : il efl alors fous la forme d’une ma (Te légère , poreufe & très-friable que î’on défigne fous le nom de borax calciné -, le volume confidérabîe , la forme lamelleufe 8c poreufe que prend le borax dans fa calcina» don, viennent de ce que l’eau qui fe dégage dans l’état de vapeur , foulève la portion de la fubftance faline à demi-deflechée en pelli- cules légères , & de ce que les bulles qu’elle forme , crevant à la furface du fel , ces pelli- cules fe defsèchent entièrement, 8c fe pla- ePHïst/Nat. et ©g Chimie; iaf Cent les unes fur les autres , de forte à lailTer des intervalles entr’elles. Le borax calciné n’elt nullement altéré dans fa compofition; il n’a per- du que fon eau de criilallifation , qui fait à-peu- près fix onces par livre. On peut lui rendre fa première forme en le difïolvant dans l’eau , & en le faifant crifiallifer ; mais lorfqu’on continue de chauffer le borax calciné , il fe fond dès qu’il commence à rougir, &. forme un verre très- fufibîe , tranfparent , un peu verdâtre , qui fe ternit à l’air 8c qui fe dilïout dans l’eau. Le bo- rax n’a point changé de nature par cette fufion ; on peut le faire reparaître avec toutes les pro- priétés qui lui font particulières , par le moyen de la diifolution & de la criilallifation. L’air n’altère point ce fel ; il s’y effieurit ce- pendant à fa furface en perdant une portion de fon eau de criilallifation. Il paraît même que cette elïïorefcence n’elt pas toujours la même dans les différens borax purifiés ; celui de la Chine s’effleurit beaucoup moins que ce- lui de Hollande , 8c celui-ci plus que le borax purifié à Paris ; cette légère différence dépend fans doute des procédés qu’on a fuivis dans fk purification , de la manière dont on le fait crit* tallifer , & de la quantité d’eau que fes ciif- taux contiennent fuivant la rapidité plus on Pleins grande avec laquelle ils fe font formés* $2% Ë L i M te N S Le borax eft très- difîbluble dans l’eau : il faut douze parties d’eau froide pour diffioudre nue partie de ce fel ; fix parties d’eau bouil- lante en diffolvent une. On obtient fes crifiaux par le refroidiffement de fa difiblution ; mais les plus beaux & les plus réguliers fe forment dans l’eau-mère , qu’on laide s’évaporer très- lentement , & à la température ordinaire de l’atmofphère. Le borax fert de fondant aux terres vitrifia- bîes , Si il forme avec elles un verre allez beau.' On l’emploie dans la préparation des pierres précieufes artificielles. Il vitrifie également l’argile, mais avec beau- coup plus de difficulté & beaucoup moins com- plètement; telle efi la raîfon pour laquelle il adhère aux creufets dans lefquels on le fait fondre. On ne connoît pas l’action de la terre pefante 8c delà magnéfie pures fur le borax. M. Bergman place cependant ces deux fubfiances avant les alkalis dans la dixième colonne de fa table des affinités; ce qui annonce qu’elles font fufcep- tibles de décompofer le borax ; mais il dit dans fa differtation que les affinités de la terre pe- fante 8c de la magnéfie avec l’acide du borax ne font point encore exactement déterminées, t La chaux a réellement plus d’affinité avec l’acide i^Hxst. Nat. et de; Chimie. 12$ ïaçide du borax que n’en a l’alkali fixe miné*, rai. L’èau de chaux précipite la di (Toi ution .de ‘ce fel 5. mais pour en opérer tout-à-fait la dé- compofition 3 il faut .faire, bouillir de la chaux vive avec du borax ; alors le dépôt qui fe for- me elt un compofé falin 8c peu foluble delà chaux avec l’acide fédatif, tandis que l’alkali- minéral cauflique refte en diiïblution dans Peau. L’alkali fixe végétal paroît décompofer le bo- rax , comme il le fait à l’égard de tous les au- tres. Tels neutres à bafe d’alkali minéral. L’alkali volatil ne l’altère en aucune manière. Les acides ont une aélion très - marquée fur ce feh Si dans une diiïblution bouillante de borax, on verfe avec précaution de l’huile de vitriol , jufqu’à ce qu’il y ait un léger excès d’acide dans la liqueur , on obtient par le re- froidiiïement du mélange filtré , un précipité îrcs - abondant , 8c difpofé en petites écailles brillantes , c’eiï le fel fédatif ; on le lave avec de l’eau diiïillée , 8c on le fait fécher à Pair pour l’avoir bien pur. En évaporant & Jaiiïanc refroidir la diiïblution de borax, on en obtient à plufieurs reprifes du fel fédatif. A la fin on ne retire plus que du fel de Glauber , formé par l’union de l’acide vitriolique qu’on a em- ployé , avec Palkali minéral bafe du borax. . L’acide nitreux & l’acide marin décompofent Tome IL • I 130 El É MENS de même le borax parce qu’ils ont comme Paci- de vitriolique plus d’affinité avecl’alkali minéral, que n’en a Pacide du borax , ou le fel féda- tif. On retire des dernières évaporations de ces mélanges du nitre rhomboïdal & du fel marin. La découverte du fel fédatif paroît être due à Beccher, mais on a coutume de l’attribuer à Homberg qui a le premier décrit avec affez d’exaétitude dans les Mémoires de" l’Académie pour 1702 , un procédé pour l’obtenir. Ce chi- mille obtint ce fel par fublimation, en diffil- lant un mélange de vitriol vert calciné , de bo- rax , & d’eau. Comme il crut que la pre- mière de ces matières contribuoit beaucoup à fa formation , il l’appela fel volatil narcotique de vitriol. Louis Lemery, fils aîné du fameux Nicolas, a beaucoup travaillé fur le borax, 8c a découvert en 1728 qu’on pouvoir obtenir le fel fédatif par J’acicie vitriolique pur, 8c que les acides nitreux 8c marin en donnoient de même; mais il employoit toujours la fublima- tion. C’efl à Geoffroy le cadet qu’on doit Pima- îyfe complète du borax ; il a prouvé en 1732 qu’on obtenoit le fel fédatif par évaporation 8c criflaiiifation ; 8c en examinant le réfidu de ces opérations , il a démontré que l’alkali marin faifoit un des principes du borax. Les travaux de Baron fur le borax , préfentés d’Hïst. Nat. et de Chimie. 131, à -f Académie en 1745* & 17483 ont ajouté à ces découvertes deux faits importait pour la connoifTance de ce Tel neutre. Le premier , c’efl que les acides végétaux le décompofent aiiffi-bièn eue les acides minéraux ; le fécond, c’ell qu’on peut refaire du borax, en uni liant le fel rédatif avec Palkali marin ; ce qui prou- ve que cet acide eft tout formé dans ce fel , or que les acides que l’on emploie pour le précipiter , ne contribuent en rien à fa foi> mation. L’acide fpathique & l’acide craieux même , quoiqu’un des plus foibles , parodient être fuf- ceptibles de décompofer le borax & d’en fé- parer le fel fédatif. Ce dernier s’unit facile- ment au borax dont la bafe aîkaline demande pour être entièrement faturée d’acide fédatif un peu plus de cet acide que le poids total du borax. Bergman penfe même que ce fel 11’eft bien neutre & bien faturé, que les proprié- tés alkalines qui y dominent ordinairement ne peuvent être mafquées, que par cette addi- tion de fel fédatif. On n’a point encore exa- miné en détail les propriétés de ce fel neutre ainfi faturé. Les fels neutres alkalins vitrioliques , nitreux Si marins 11’ont aucune aétion fur le borax. Ce fel fondu avec des matières combufli-* ni 232 Et ï H EK.S blés , comme le charbon , acquiert une couleur rougeâtre : mais on ne connoît pas l’altération qu’il éprouve de la part de ces matières. Le borax eft d’une très - grande utilité dans plufieurs arts. On l’emploie dans la verrerie , comme un excellent fondant , ainfi que dans la docimafie. On s’en fert avec grand avantage dans les foudures , parce qu’il fait couler rat- liage deftiné à fouder ; de plus , il entretient les furfaces des métaux que l’on veut réunir , dans un ramolli (Te ment très-propre à cette opé- ration ; 8c en les recouvrant , il empêche que le contad de l’air ne les altère. O11 en fai- foit autrefois un ufage aiïez étendu en méde- cine , mais il eft entièrement abandonné au- jourd’hui. Sorte VIII. Borax. végétal. Nous donnons le nom de borax végétal, à la çombinaifon de l’acide ou fel fédatif avec l’alkali fixe végétal. On fait que ces deux fubf- tances falines font très-fufceptibles de s’unir, & qu’il réfulte de cette union un fel neutre analogue au borax. Tel eft le réfidu du nitre décompofé par le fel fédatif. M. Baumé dit que ce. réfidu eft en maffe blanche, demi-fondue, 8c que diflous dans l’eau , il lui a fourni un fei en petits criflaux. Le borax végétai eft donc d’Hist. Nat. et de Chimie» 135 fuflbîe, diflbluble & cnflallifable. Il efl vrai- femblable que les acides purs' le décompofë- roient ainfi que le borax ordinaire. On ne con- noît rien de plus fur ce feî qu’il feroit îiecef- faire d’examiner comme on a fait le borax* Baron a connu la poflibiiité de faire ce fèl en combinant direélement du feî fédatif avec le Tel de tartre , il l’a même bien diflingué dû borax ordinaire à bafe d’alkali fixe minéral , mais il n’a rien dit far les propriétés de ce borax de tartre 7 ou borax végétal. Sorte IX. Tartre spathique. .... On peut défigner par ce nom ou pal* celui de tartre fluor , ou de fluor tartareux , la corn- binaifon de l’acide Apathique avec l’alkali vé- gétal ou du tartre. Cette efpèce de fel neutre n’a encore été que très - légèrement examinée par MM. Schéele & Boullanger. Il efl toujours fous forme gélatineufe , 8c ne criflallife jamais d’après ces deux chîmifles, Deiïeché 8c fondu, il efl âcre, cauftique 8c dcliquefcent , fuivant M. Schéele. Ce chimifte le compare alors à la liqueur des cailloux. Il paroit que le feu en dégage l’acide fpathique , 8c que la terre flU- ceufe dont fe charge toujours ce dernier pen- dant fa préparation , fe fond en un verre folu~ bîe , à ïaide de Falkali fixe* ÎJ4 E L i M ENS Le -tartre fpathique efi très-foluble dans l’eau; il retient toujours une fi grande quantité de ce fluide, qu’on ne peut lui faire prendre une forme crifialline. Lorfqu’il efl: bien faturé , fa diflblution n’altère point le firop de violettes. On ne connoît pas bien l’aélion des terres quartzeufe , argileufe 8c pefante fur ce fel, non plus que celle de la magnéfie. Suivant MM. Schéele & Bergman, la chaux a plus d’affinité avec l’acide fpathique que n’en a l’ai k ali fixe végétal. Le tartre .fpathique, mis dans l’eau de chaux, y efi fur-le-champ décom- pofé; la chaux s’unit avec l’acide fpathique, :&• forme un fel infoluble qui trouble la liqueur, ■8c qui efi du fpath fluor ou vitreux. On con- noîtra des fels neutres formés par l’acide craieux 8c les alkalis fixes, qui font également décom- pofés par la chaux. On a ville borax être préci- pité par l’eau de chaux; l’acide fpathique n’efl donc pas le feul acide qui ait plus d’affinité avec cette fubflance falino-terreufe , que n’en ont les alkalis fixes. L’huile de vitriol décompofe le tartre fpa- thique , 8c en dégage l’acide, qui, fuivant M. Boullanger, fe préfente avec l’odeur 8c les va- peurs blanches propres à l’acide marin. En fai- fant cette expérience dans un appareil difiilîa- toire3 on recueillerait Facide fpathique 3 comme d’Hist. Nat. et de Chimie. 15$ on le fait à l’égard du nitre & du fel. marin décompofés par Fhuile de vitriol. On n’a point examiné l’a dion des acides ni- treux Sc marin, ainfî que celle des fel s neutres que nous connoiffons fur le tartre fpathique. Ce fel , d’ailleurs très-peu connu , n’eft en- core d’aucun ufage. Sorte X. Soude spathique. Nous nous fervons de ce nom pour défi- gner le fel neutre formé par la combinaifon - de l’acide fpathique , avec l’alkali minéral ou de la foude; d’autres chimifles l’ont appelé fluor de foude , ou foude fluorée. Ce fel efl dans le même cas que le précédent ; il a été fort peu examiné. 11 n’y a que MM. Schéele Sc Boullan- ger qui en aient dit quelque chofe ; encore ne font- ils point d’accord entr’eux,, comme oh va le voir. M. Schéele aiïure que l’alkali marin uni à l’acide fpathique forme une gelée comme le fel précédent ; M. Boullanger avance au con- traire que cette combinaifon donne de très- petits criflaux durs, caflaris , figurés en quar- rés obîongs , d’une faveur amère & un peu ftip- tique. Ce fel mis fur les charbons ardens décré- pite comme le fel marin. Il ne fe difloiit qu’avec peine dans l’eau. J$Ô E L à MENS ' L’eau de chaux le décompofe comme le tartre fpathique. L’huile de vitriol en dégagé Pacide avec efFetvéfcence , vapeur blanche & odeur piquan- te 5 femblabies à celles de l’acide marin. On voit d’après ce court expofé , que ce fel ai’èlî pas plus connu que le précédent. Sorte XI. Tartre c rai eux; Les deux derniers feîs neutres parfaits qui nous relient à examiner , font les combinaifons de l’acide craieux avec les alkalis fixes. ; Ces fubflances n’ont jamais été rangées parmi les fets neutres ; cependant ils en font de véri- tables, comme nous l’allons voir. Nous donnons le nom de tartre craieux ou de craie de tartre, au fel neutre qui réfulte de la combinaifon de l’acide craieux avec Palkali fixe végétal. Quelques chimiffes modernes l’ap- pellent tartre rnéphy tique, alkali végétal aéré, 8cc. Cette fubllance faline , qu’on avok toujours prife pour de Palkali pur, n’elt connue comme un fel neutre que depuis les travaux de M. Black» On lui donnoit autrefois le nom de fel fixe de tartre , parce qu’on le retire de l’incinération du tartre du vin. On le regardoit comme un alkali , parce qu’il a quelques - unes des pro- priétés de ces fels. En effet, il verdit le firop b’Hist. Nat* et d e Chimie* 137 de violettes ; mais le borax & les vitriols ont la même propriété ; bailleurs il ne détruit pas ou n’afîbiblit pas la couleur des violettes comme l’alkali fixe végétal pur ou cauftique. Il a une faveur aîkaline qu’on retrouve àuffi dans le bo- rax. On le diftinguoit feulement de l’aîkali de la foude 5 par la propriété qu’on lui attribuoit d’attirer très-promptemênt l’humidité de l’air, & de ne pas pouvoir fe criflaîlifer (r). Mais ces deux propriétés ne dépendent que de ce que le fel fixe de tartre n’èft pas un fel neutre parfait* Comme il contient encore une certaine quan- tité d’alkaîi végétal pur , cauftique & non fa- îuré d’acide craieux , c’eft en raifon de cet ex- cès d’alkali qu’il efi déliquefcent. Aujourd’hui l’on efi; parvenu à avoir un tartre craieux très- criflallifable, qui n’attire point du tout l’humi- dité de l’air, & qui s’effieurit plutôt. M. le duc de Chaulne , qui s’efi beaucoup occupé de cet (O Bohnius rapporte qu’ayant évaporé lentement & à une douce chaleur , de Thuile de tartre, il a obtenu, fous une pellicule faline , de beaux criftaux , qui Ce font eonfèrvés plus de fix ans fans altération , quoiqu’expofés à différentes températures ( Dijfert. Phyfico-Chim, 1 666% M. Mon tet , célèbre chimifle de Montpellier , qui fans doute n’avoit pas connoiffance de la découverte de Bohnius , a trouvé de fon côté un procédé pour faire criflaîlifer le fêl fixe de tartre. Acad . des Sc. an. 1764, page *3$ E L i M E N S objet, prépare ce fel en expofant de Falkalî fixe cauftique , ou chargé de peu d’acide craieux, dans un lieu rempli de cet acide gazeux , comme dans la partie fupérieure d’une cuve de bierre en fermentation. L’alkali s’empare de toutf acide craieux qu’il peut abforber , 8c il criftallife très- régulièrement. Ses criftaux font des prifmes quadrangulaires, terminés par des pyramides à quatre faces très-courtes. La faveur du tartre craieux eft urineufe; niais beaucoup moins forte que celle de l’al- kali végétal cauftique , puifqu’on l’emploie en médecine à la dofe de quelques grains comme fondant. Ce fel neutre eft très-altérable au feu; il fe fond aifément; 8c il s’alkalife aflfez v.îte. Si on le diftille dans une cornue en adaptant à ce vaifleatt un récipient 8c un appareil pneumato- chimique au mercure , on en retire l’eau de criftallifation , 8c fon acide dans l’état aériforme; l’alkali fixe eft en mafte irrégulière après cette opération, 8c il retient toujours une petite por- tion de fon acide que le feu ne peut lui en- lever qu’avec la plus grande difficulté. D’après l’anàlyfe de Bergman , le tartre craieux faturé d’acide 8c bien criftallife , qu’il nomme àlkali végétal aéré , contient par quintal vingt parties d’acide craieux , quarante-huit d’alkali pur, 8c trente-deux d’eau. Mais il faut obferver que d’Hxst. Nat. et de Chimie. 139 les fels eraieux paroiflent être en général plus Tufceptibles que les antres de contenir des dofes très-difFérentes &: trèsr variées de leur acide. Mai- gré pette propriété , ce fel ne fourniffant jamais de criüaux réguliers que lorfqu’il ell parfaite- ment faturé, on peut regarder comme exact & allez confiant le calcul donné par Bergman. Le tartre eraieux, lorfqu’il efl bien criftallifé , n’éprouve aucune altération de la part de l’air; fes criflaux refient tranfparens , fans fe fon- dre ni s’effleurir. Comme il efl très-important .& très-néceiïaire pour beaucoup d’expériences , d’avoir ce fel affez pur pour jouir de cette pro- priété , & pour réfiffer ainfi à l’épreuve de l’air humide ou fec , on en préparera affez facile- ment en expofant une lefîive de fel de tartre bien pure , bien blanche 8c bien féparée du tartre vitriolé que ce fel contient ordinairement, au-deffus d’une cuve à bierre dans un vaifleau plat, 8c mieux encore en l’agitant avec des mouffoirs , ou en la verfant continuellement d’un vafe dans un autre ; on la laiiïera ainfi en contaéf avec l’acide eraieux, produit en grand pendant la fermentation , jufqu’à ce que la lefîi- ve ait dépofé de beaux criflaux de tartre eraieux. Ce fel fe difîbut très-bien dans quatre par- ties d’eau froide, 8c il exige un peu moins d’eau chaude pour être, tenu en diffolution ; il produit 1 *4^ Elément du froid en s’unifiant à ce fluide. Cette pro- priété qui diflingue les fels neutres des Tels Am- ples , caraétéri'fe affez la différence du tartre craieux , d’avec l’alkali fixe végétal pur ou cauf- tique. Il criflallife par l’évaporation jointe au refroidiffement i li fa diffolution eft trop rappro- chée, il fe prend en mafîe irrégulière, ce qui arrive très-fouvent dans les laboratoires. II peut fervir de fondant aux terres vitrifia- blés, comme l’alkali fixe végétal pur, parce qu’il s’alkaîife par l’aélion du feu , en perdant Facide craieux ; d’ailleurs lorfqu’on chauffe for- tement ce fel mêlé avec du fable dans des creu- fets, on obferve que dans le moment de la vi- trification il fe produit une vive effervéfcence ©ccafionnée par le dégagement de l’acide craieux. Ce phénomène prouve que la terre filicéufe ne peut point fe combiner avec l’alkali faturé de cet acide , 8c que celui-ci s’eh dégage dans î’inf- tarit de la combinaifon vitreufe. Ce caradère d’effervefcence efl fl confiant qu’il a été propofé par Bergman, pour reconnoitre en petit 8c par Fadion du chalumeau une terre filiceufe , qui fe fond avec le fel de tartre en produifant ,un bouillonnement ou une effervefcerice très-re- marquable, tandis que les autres terres ne pré- Tentent point le même phénomène. L’argile n’a point d’aftion fur le tartre craieux d’Hist. Nat. et de Chimie. 14J qui réduit cette terre par îa Mon en une fritté vitreufe, un peu moins facilement à la vérité que Palkali fixe végétal pur * la terre pefante en*; lève l’acide craieux à ce fel. La chaux le décompofe auffi, parce qu’elle â plus d’affinité avec l’acide craieux , que n’en a Palkali fixe végétai. Si l’on verfe de l’eau de chaux dans une diiïblution de tartre craieux, il fe précipite un fel prefque infoluble , formé par l’union de la chaux à l’acide craieux , Sz Palkali pur ou cauffique relie en diffiolution dans l’eau* On emploie en pharmacie cette décom-* pofition pour préparer la pierre à cautère , qui n’ell que Palkali fixe végétal rendu cauffique par la chaux. Les connpiffiances modernes ont ap- pris que le procédé de Lémery , fuivi par plu- Ceurs pharmacopées , ed très-défeélueux. II con- fifloit- à mêler deux livres de cendres grave- lées ( 1 ) avec une livre de chaux vive , à ar- rofer ce mélange avec feize livre* d’eau, à le filtrer , à évaporer la leffive dans un vaiffieau de cuivre , & à fondre dans un creufet & cou- ler fur une plaque le réfidu de cette évapora- (1) Les cendres gravelées font celles que fournit la combuftion du marc & de la lie de vin. Ces cendres contiennent beaucoup d’alkali végétal ou de tartre craieux du tartre vitriolé. 142 Ê L é M E N S tion. Dans cette opération on n’obtient qu’un alkali fale, peu cauhique, chargé de cuivre. Bucquet qui a fenti tous ces inconvéniens, a donné un procédé plus long & plus difpendieux â la vérité , mais beaucoup plus fur & plus utile , fur- tout pour préparer un alkali végétal bien pur , Il néceflaire dans les expériences de chi- mie. On prend deux livres de chaux bien vive , on l’arrofe d’un peu d’eau pour la faire brifer, on ajoute une livre de fel fixe détartré, & on verfe ahez d’eau pour former une pâte ; lorf- que le mélange eh refroidi , on ajoute de l’eau jufqu’à la quantité de feize pintes , on jette le tout fur un papier foutenu par un linge; il pahe douze livres environ d’une liqueur claire; on lave encore le rëfîdu avec quatre pintes d’eau bouillante pour emporter tout l’alkali. Cette li- queur ne fait aucune effervefcence avec les aci- des *, mais la meilleure pierre de touche de fa parfaite caufiicité , c’eh quand elle ne trouble point l’eau de chaux, parce que la petite quan- tité d’acide craieux qu’elle contient fuffit pour y occafionner des nuages fenfbles. Or comme après cette première opération elle précipite encore un peu cette liqueur , fi l’on defire avoir un alkali très-pur pour des expériences délica- tes , il faut traiter cette lefiive avec deux nou- velles livres de chaux vive ; alors elle pahe très- d’Hist. Nat. ët de Chimie. 143 claire 8c fi cauftique qu’elle n’altère pas latranf- parence de l’eau de chaux. Lorfqu’on évapore l’alkàîi à feu ouvert, ce fel fe charge de Paa% de craieux contenu dans l’atmofphère. On doit donc pour l’obtenir bien cauftique 8c fous forme sèche , évaporer la liqueur dans une cornue jufqu’à fiçcité. Cette opération très- longue n’eft pas néteflaire pour la pierre à cautère , puifqu’il fuffit pour ce médicament qu’il y ait une portion d’alkali cauftique qui puiiïe ronger le tiftu de la peau ; mais comme il efl très - néceffàire pour les expériences exaâes d’avoir l’alkali fixe végé- tal cauftique fec 8& folide dans le plus grand état de pureté, je dois faire obferver que l’éva- poration de la leffive alkaline cauftique doit être faite dans des vaifteaux fermés , 8c que comme cette évaporation préfente de grandes difficul- tés relativement à la denfité que prend fur la fin la liqueur, il faut conduire le feu avec beau- coup de précaution. L’alkali fixe que l’on ob- tient par ce procédé doit être très-blanc , ne faire nulle effiervefcence avec les acides 8c ne point troubler du tout l’eau de chaux. La magnélie n’agit point fur le tartre craieux, parce que Palkali fixe végétal a plus d’affinité avec l’acide craieux que n’en a cette fubftance fàlino-terreufe. Les acides vitriolique , nitreux } marin & fpa* Ï44 Elément thique décompofent le tartre craieux , en s’unit fant à l’alkali fixe , & en féparant l’acide de la craie qui fe dégage avec effervefcence. On peut recueillir cet acide au- de (Tus de l’eau ou du mercure ; on le reconnoît aux quatre carac- tères fuivans ; il elt plus pelant que l’air atmof- phérique , il éteint les bougies > il rougit la tein- ture de tournefol , & il précipite l’eau de chaux. L’acide du borax paroît n’en point féparer l’acide craieux à froid- mais il l’en dégage très- facilement à chaud. Les fels neutres que nous avons examinés jufqu’à préfent , ne font point altérés par le tartre craieux ? 8c ne l’altèrent point lui-même. Le tartre craieux eft très-abondant dans la nature. Il fe trouve tout formé dans les végé- taux j & on le retire par l’incinération de ces corps organiques , comme nous le dirons dans le règne végétal; c’efl fur-tout du tartre brûlé qu’on l’obtient. On le prépare encore par la détonnation du nitre. Les ufages du tartre craieux font affez éten- dus dans les arts. On l’emploie en médecine, comme un fondant très-aélif, dans les embar- ras du méfentère 8c des voies urinaires. On ne l’adminiflre qu’à une très- petite dofe , 8c on a foin de le donner avec quelque fubüançe qui en modère l’aâion. Sorte ' tj^HïSf. ÏÎÂÏ.' ÏT ï>8 Car&ït'„ ’tys Sorte XIL S o ü d e cr "a i eu se, ou N  ’r R u ’fà. Ï1 en efi de ce Tel neutre comme du ppé* -cèdent. On le regardoit autrefois comme un ;âîkali ; c’efi; cependant une combinaifon .de l’acide craieux avec l’alkali fixe minéral : on pourrait oonferver le nom de nacrum que les anciens lui a voient donné. On l’appelle com- munément fel de fonde* parce qu’on le retire ;afiez pur 8c a fiez bien crifiallifé , en évaporant •fine lefiive de fonde. Audi diftinguoit-on Pal— - itaii marin de l’alkali fixe végétal par la propriété de crifiallifer 8c de s’effleurir , ce qui dépend de ce qu’il efi tout-à-fait faturé d’acide craieux dans la fonde ordinaire. La fonde craieufe a une faveur alkaline , elle verdit le firop de violettes , mais fans en al- térer la couleur comme le fait l’alkali minéral caufiique. Sa faveur efi uriueufe, mais non brû- lante 8c beaucoup moins forte que celle de Pal* kaîi marin pur. Ce fel efi naturellement plus pur que le tar- tre craieux , puifqu’il y a long-tèms qu’on lui connoît la propriété de crifiallifer ; propriété qui prife en général difiingue les fel s neutres d’avec les feîs fimples. Il la doit à ce qu’il con- tient prefque toujours la quantité d’acide craieut néceffaire à fa faturation 8c à fa crifial!ifatiqnv Tome, IL K i lilENS La foude craieufe ou le natrum criftallifé pidement , préfente des lames rhomboïdales appliquées obliquement les unes fur les autres, de forte qu’elles paroiffent fe recouvrir à la manière des tuiles. Si on le fait criftallifer len- tement 5 il prend la forme d’oélaëdres rhom- beaux dont les pyramides font tronquées très- près de leur bafe 3 ou de folides décaèdres qui ont deux angles aigus 8c deux obtus. Ce fel fond en général plus facilement que le tartre craieux ; c’eft pour cela qu’on l’em- ploie dans les verreries préférablement à ce der- nier. Il perd la plus grande partie de fon acide par l’aélion de la chaleur 5 mais il en retient toujours un peu. Bergman a trouvé par une anaïyfe exacte , que cent parties de fonde craieu- fe, qu’il nomme alkali minéral aéré, contien- nent feize parties d’acide craieux , vingt par- ties d’alkali pur 8c foixante-quatre parties d’eau , . de forte que Falkali minéral demande plus d’aci- de craieux pour être faturé que Falkali végé- tal , 8c que le natrum retient dans fes criftaux une fois plus d’eau que le tartre craieux. C’eft à cette grande quantité d’eau qu’il doit fa crif- lifation plus facile , plus régulière , 8c fon efflo- jefcence. La fonde craieufe eft plus diflbluble que îe tartre craieux. Elle fe diiToüt dans deux parties SdvËïst. Nat. fc* ï)Ë Chimie. #èau froide & dans une quantité d’eau bouil- lante égale à la Benne, Elle crïftallife par le re- froidi Ré ment , mais l’évaporation lente fournil des criflaux beaucoup plus réguliers. La fonde craieufe expofée à l’air, tombe très** facilement en pou Ibère , en perdant fou eau dé triflallifation que l’air lui enlève; mais elle n’efl point altérée par cette efflorefcencè ; on peut lui rendre fa première forme en la diiTolvant dans l’eau & en la fai faut criftallifer. Ce fel facilite beaucoup la fiifion des terres vitrifiables, 8c fait un verre moins altérable que celui dans lequel entre le tartre craieux ; aùffi le préfère-t-on dans les verreries. On a obfervé que le fable en s’uni îTàpt à ce fel .en dégage l’acide craieux qui s’échappe avec une effet- vefcence bien marquée, comme nous l’avons Vu pour le tartre craieux-. Tl n’a pas plus d’ac« don fur l’argile que ce dernier fel. La terre pefante ainfi que la chaux 8c fa dif- Solution décompofe la fonde craieufe, comme elles font le tartre craieux, 8c elles en déga- gent i’alkali minéral caüftiqiiê. Quand on verfé une diflblution de ce fel dans l’eau de chaux, il y produit un précipité , ce qui n’a point Heu avec l’alkâli minéral cauftique. Si l’on veut ob- tenir Eè dernier fel dans cet état pour dds Expériences délicates de chimie, il faut avok K ij ]Ë X i MENS recours au procédé que nous avons décrit pouf la préparation de la pierre à cautère, que l’on fait ordinairement avec Falkali fixe végétal. Le natrum eft décompofé comme le tartre craieux , par les acides vitriolique , nitreux , marin, On peut en obtenir l’acide craieux en le recevant fous une cloche pleine d’eau ou de mercure. Ce fel exifte tout formé, à la furface de la terre, en Egypte , &c. On le retrouve encore dans les cendres des plantes marines ; mais il n’eft pas faut ré de tout l’acide auquel il peut être uni* Pour le rendre plus parfaitement neutre , on peut le combiner directement avec l’acide de la craie , foit en l’agitant dans une cuve en fer- mentation , foit en recevant dans fa difTolution de l’acide craieux dégagé de la craie par l’efprit de vitriol. On le fait encore en imprégnant les parois d’an vafe de difTolution de fonde , & en verfant dans ce vafe de l’acide de la craie; on îe couvre d’une veffie mouillée , St au bout de quelques heures la combinaifon eft faite , la velTe eft enfoncée à caufe du vide qui s’eft formé dans le vaiffeau , St le fel neutre eft dé- pofé en criftaux réguliers fur les parois. On peut auffi retirer la fonde ou îe natrum du fel marin , en décompofant celui-ci par le oyen de la litharge® Cette chaux de plomb b’HisT. Nat. êt bs Chimie. 14^ contenant de l’acide craieux agit par une dou- ble affinité , i°. celle du plomb avec l’acide marin , qui forme un fel prefqu’infoluble s le plomb corné , 20. celle de l’acide craieux avee l’alkali minéral que l’on obtient alors dans Pétât de foude craieufe. Il fuffit pour décompofer ainfi ce fel marin , & en féparer l’alkali miné- ral, de laiffier macérer la litharge avec le fel dans une petite quantité d’eau & à une tempé- rature de iy degrés. La décompoftion fe fait peu-à°peu, & au bout de 3 ou 4 jours la li- queur qui fumage une forte de magma contient Falkali minéral craieux ; en la faifant évaporer on obtient ce fel criüallifé , & le magma con- tient du plomb corné ; tel eil le réfultat général des découvertes de Schéele fur cet objet. Je ne diffimulerai point que malgré l’exaditude de ce célèbre Chimifle , cette décompofîtion ne m’a pas paru réuffir auffi complètement qu’il l’an- nonce; je l’ai tentée plufîeurs fois à la dofe d’une livre & je n’ai eu que quelques atomes de fel de foude dans la liqueur. La foude craieufe peut être employée comme îe tartre craieux ; elle eft d’un ufage beaucoup plus multiplié pour les manufa dures de ver- reries , de favon , Sec. 8c c. Il ell donc très-né- eeffiaire d’en augmenter la quantité, &decher^ cher à la retirer en grand du fel marin, Kiij ■ E L Ê m. K n s CHAPITRE VI. 'Genre IL Sels neutres imparfaits % A BASE DyALKALI UOIATIL , OU SELS; AMMONIACAUX* JL es Tels ammoniacaux font formés par fa combinaifon d’un acide avec Palkaii volatil; leur faveur efi en général urineufe , ils font tous, plus ou moins volatils 8c plus décompofables; que les fels neutres parfaits. Nous en connoif^ fons fix fortes ; le vitriol ammoniacal , le nitre ammoniacal 3 le fel ammoniacal marin ou fel ammoniac proprement dit, le borax ammo- niacal , le fpath ammoniacal 8c la craie ammo^ ïiiacaîe. Sorte ï. Vitriol ammoniacal. Le vitriol ammoniacal, ou fel ammoniacal vitriolique , efl le réfuitat de la combinaifon fa~ titrée de Facide vitriolique 8c de Faîkali vola-* tiL On Fa nommé fel ammoniacal fecret de Gîauber , parce que c’eft ce chimifte qui Fa dé- couvert. Lorfqu’il efl bien pur , il fe préfente fous la forme d’aiguilles, qui examinées avec foin fouf ï)9HisTa Nat* et de Chimir ijÿ des prifmes comprimés à fîx faces dont deux font très-larges , terminés par des pyramides à fix faces plus ou moins irrégulières ; prefque toujours cette forme offre des variétés qui s’éloi- gnent de celle que nous venons de décriref Quelquefois ce fel paroît être en prifmes qua- drangulaires; j’en ai fouvent obtenu en plaques quarrées & très-minces. La faveur de ce fel eft amère 8c urineufe • il eft affez léger & très- friable. Comme il contient beaucoup d’eau dans fa criftallifation , il fe liquéfie d’abord à un feu même affez léger; mais peu-à-peu il fe defsè- ehe à mefure que fon eau de criftallifation fe diffipe. Dans cet état il commence par rou- gir 8c fe fond bientôt fans fe volatilifer fui- vant Bucquet ; cependant M. Baumé annonce qu’il eft demi-volatil. En répétant cette expé- rience , j’ai obfervé qu’en effet une partie de ce fel fe fublime 3 mais qu’il en relie une por- tion fixe dans le vaiffeau ; c’eft fans doute cette dernière dont a voulu parler Bucquet. Le vitriol ammoniacal n’éprouve prefque aucune altération de la part de l’air ; il ne tombe point en efflorefcence comme le fel de Glauber ; mais au contraire il en attire légè- rement l’humidité. Il eft très-diflbluble dans l’eau; deux partie^ Kiv %'a Ë L Ê M E N’ g- d’eau froide en diffolvent une de ce fel, Sc Fem ■bouillante en diffbut fon poids. Il criftallife par- le refroidifiemem , mais les plus beaux criflaux ne s’obtiennent que par l’évaporation infenfible & fpontanée de fa diffolution. II s’unit auffi à îa glace qu’il fait fondre en produifant beaucoup de froid. Il n’a point d’adion fur les terres ni fur la magnéfie , quoique cette dernière femble le décompofer à îa longue fuivam Fobferva-. tien de Bergman. La chaux , la terre pefante Si les alkalis fixes purs en dégagent l’alkali volatil , comme nous le verrons à l’égard du fel ammoniac. S;i l’on diftille du tartre craieux ou du natrumavee le fel ammoniacal vitrïolique , il fe fait une double décompofmon & une double combinai- fon ; l’acide vitriol iqùe fe porte fur l’alkali fixe pour former ou du tartre- vitriolé ou du fel de Glauber fuivant la nature de l’alkali; l’acide craieux dégagé fe volatilifant en même - te ms. que le gaz alkalin , ces deux corps s’uniflent, Sc il en réfulte un fel ammoniacal particulier qui fe criflallife dans le récipient. Nous reviens drons plus en détail fur cet objet dans l’hidoire du fel ammoniac. L’acide nitreux Sc l’acide marin en féparem Facidè vitriolique du vitriol ammoniacal comro^ le font pour le tartre vitriolé* b’Hist. Nat. et de Chimie, On ne Fa point trouvé jufqu’ici dans les, pro- duits de la nature". Cependant on lit dans l’eiïai de cnüallographie de M. Rome de Lille * 17723 page J?, que fuîyant M. Sage le fel ammoniac natif des volcans efl de cette efpèce, L’art le produit en combinant directement Facide vitrioli- que &. Falkali volatil , en décompofant des Tels terreux ou des fels métalliques par Falkali vo- latil , ou enfin en décompofant les fels ammo- niacaux nitreux 5 marin 5 craieux par Facide vitriolique. Le vitriol ammoniacal ri’elt d’aucun ufage, quoique Glauher Fait fort recommandé dans les opérations de la métallurgie. Sorte II, Nitre ammoniacal. Le nitre ammoniacal , ou fel ammoniacal ni* treux, eü comme le précédent un produit de Fart. On le prépare en combinant directement Facide nitreux avec Falkali volatil. Ses criftaux: font des prifmes , dont le nombre & la difpo- fition des faces n’ont pas été bien examinés. M. Romé de Lille dit qu’il efl fufceptible de criflallb fer en belles aiguilles allez femblables à celles du tartre vitriolé; mais fes aiguilles font très-alon- gées , Ariées Sc beaucoup plus femblables à celles du nitre ordinaire, au’au tartre vitriolé. Sa faveur efl amère, piquante, un peufraJH lj*4 Elément che & urineufe. Sa friabilité efl la même qir& celle du vitriol ammoniacal. Lorfqu’on l’ex- pofe à l’adion du feu, il fe liquéfie, exhale des vapeurs aqueufes, fe defsèche, & long-tems avant de rougir il détonne feul fans le con- tad d’aucune matière çombuffible 8c même dans les vaiffeaux fermés. Nous avions fait obferver dans notre première édition que cette propriété fingulière paroiiToit dépendre de l’alkali volatil , puifque le gaz- aîkalin femble avoir quelque cho- fe de çombuffible , 8c puifqu’il augmente la femme des bougies avant de l’éteindre. M. Ber- tholet ayant expofé du nitre ammoniacal à l’ac- tion du feu dans un appareil diftillàtoire & pneu- mato-chimique, 8c ayant obfervé avec plus de foin qu’on ne l’avoit fait avant lui les phénol mènes de cette opération > a remarqué que ce n’eft point une véritable détonation qui a lieu dans ce cas; mais une décompofition brufque 8c rapide , dans laquelle une partie de l’alkali volatil efl entièrement détruite ; l’eau que l’on obtient dans le récipient contient un peu d’aci- de nitreux à nud en proportion de Falkaîi vo- latil décompofé , Sc celui-ci donne du gaz phlo- gifliqué ou mophette atmofphérique. En pefant le produit liquide de cette opération, on trouve plus d’eau qu’il n’y en avoit dans le nitre am- moniacal ? & M. Berthelet penfe que cette eau, rPHrsT. Nat. et de Chimie, ifg fiirabondante eft formée par l’union du gaz in- flammable qui efl un des principes de l’alkalj volatil, avec Pair vital de Pacide nitreux. La mo« phette atmofphérique , autre principe de Paikali volatil fix fois plus abondant dans ce fel que le gaz inflammable , fe dégage & fe raflemble dans les cloches de Pappareil pneumatique. On ne fait fi ce fel eft fufible , car la première liquéfaction n’eft due qu’à Peau de fa. criftallifa- lion , 8c il fe diilipe avant de paiTer à la fécondé. Il en eft de même de fa volatilité ; on ne peut en juger , puifqu’avant de fe fublimer il fe décompofe avec bourfouffiement. Il attire un peu l’humidité de Pair, fes crif- taux s’agglutinent 8c forment des efpèçes de pelotons. Il eft très-dîffoluble dans Peau ; il s’unit à la glace qu’il fait fondre, 8c il produit alors un froid confidérable. Il eft plus diffoluble dans l’eau chaude que dans Peau froide ; il n’exige qu’une demi- partie de la première pour être tenu en diffolution, 8c il criftallife par refroi- diffement; mais cette criftallifation eft irrégu- lière ; 8c pour obtenir des criftaux bien formés de ce fel , il f|iut avoir recours à l’évaporation fpontanée ou infenfible, Le nitre ammoniacal eft décompofé par la tçrre pefante5 la chaux 8c les alkalis fixes § t$6 Ê Li MENS comme îe fel ammoniac fecret de Gîauberw Le gaz alkalin féparé par ces fubftances cauf- tiques étant très-volatil 8c très-expanfible , la décompofition du nitre ammoniacal, comme celle des autres Tels de ce genre , efl fenfible à froid , 8c elle s’opère en triturant ce fel avec la chaux; mais lorfqu’on veut procéder à cette décompofition par le feu dans des vaifieaux fermés, il faut donner un degré de chaleur très- ménagé pour éviter fa combufiion fpontanée.* L’acide vitriolique dégage l’efprit de nitre de ce fel avec effervefcence , 8c il forme avec fa bafe du fel ammoniacal de Glauber ou du vitriol ammoniacal. Le tartre craieux & la fonde craieufe le dé« compofent 8c font mutuellement déconipofés - il fe fublime dans ces opérations un alkali vo- latil concret que nous examinerons plus b^s. fous le nom de craie ammoniacale. Le fel ammoniacal nitreux n’efi d’aucun ufage*. Sorte III. Sel Ammoniac. Le fel ammoniac eR la combinaifon de l’acide marin avec Falkali volatil. Les anciens lui ont donné ce nom , parce qu’ils le tiroient de l’Ammonie , contrée de la Libye , où étoit fitué le temple de Jupiter À mm on. Ce fel fe rencontre aux environs des volcansg to’HisT. Nat. et b^'Chimte. Tj^j on Fv trouve fous la forme d’efflorefcence & de grouppes aiguillés ou compares ordinaires ment- colorés en jaune ou en rouge, & mêlés d’arfenic & d’orpiment ; on ne fe fert point de celui-ci , & l’on n’emploie dans les arts que celui que l’on prépare en grand comme nous allons l’expofer. La véritable origine de ce fel fa&ice n’a été connue qu’au commencement de ce fiècle* quoiqu’on s’en fervît dans un grand nombre d’arts depuis un tems prefque immémorial» C’efi par une lettre de M. Lemere , conful au Caire en 1770, qu’on a appris l’art de retirer le fe! ammoniac des fuies de fiente de chameau, que l’on brûle au Caire au lieu de bois. On met cette fuie dans de grandes bouteifc les rondes , d’un pied 8c demi de diamètre * terminées par un col de deux doigts de hauta 8c on les remplit de cette matière jufqu’à qua- tre doigts près de leur col. Chaque ballon con- tient environ quarante livres de cette fuie 8c fournit à-peu-près fix livres de fel. On place ces vaiffeaux fur un fourneau en forme de four , de forte qu’il n’y ait que leur col qui dé ' borde. On allume le feu avec la fiente de cha~* Nmeau, 8c on le continue pendant trois jours 8c trois nuits. Ce n’elî que le deuxième 8c le troi- sième jour que le fel fe fublime. On calTe énfuice t |8 Ë 1 1s i K S les ballons & on en retire les pains de feî fe’ bliméo Ces pains , qui nous font envoyés tels qu’ils ont été retirés des ballons en Egypte, font convexes 8c inégaux d’un côté , 8c offrent dans le milieu de cette face un tubercule qui défigne le col du vaiffeau où ils ont été fub li- més. La face inférieure efl concave & falie* ainfi que la filpérieurè , par une efpèce de fuie» Pomet a indiqué un fel ammoniac, venant par la voie de la Hollande , 8c qui étoit en pains tronqués fembîablès aux pains de lucre. Geof- froy qui le premier a découvert en France les matériaux de ce fel , 8c qui a deviné le procédé employé au Caire pour le préparer , a décou- vert que cette fécondé efpèce de fel ammo- niac fe fait aux Indes ; qu’il fe prépare en beau- coup plus grande quantité qu’en Egypte , 8t qu’il ne diffère de ce dernier que par la forme, puifqu’il efl également fubîimé. En effet , ces pains de quatorze à quinze livres font creux à leur bafe 8c formés dé différentes Coucheso Le cône eft tronqué , parce qu’on enlève la pointe qui n’eÜ qu’une matière impure* M. Bauiné a établi aux environs de Paris une înanufa&ure de fel ammoniac * où Pon fabri- que entièrement ce fel , en quoi il diffère de la préparation des Egyptiens , qui ne font que l’extraire. Le fel de M* Baume a encore lus A i • ; d’Hist. Nat. et de Chimïe. ïf$ «elui d’Egypte l’avantage d’être beaucoup pluâ pur. La faveur du fel ammoniac ell piquante 9 âcre & urineufe. La forme de feà criflaux e(l une pyramide hexaèdre très-alongée ; celle en barbe de plume n’elt que la réunion de toutes ces pyramides , qui fe font rapprochées fous des angles plus ou moins aigus. M. Romé de Lille penfe que les criftaux du fel ammoniac font des oéiaedres réunis. On trouve , quoi- que rarement , des criftaux cubiques de ce fel 9 au milieu de la partie concave 8c creufe de leurs pains fublimés. Ce fel a une propriété phyf que alTez fingu- ïière ; c’efl: une forte de duélilité , ou d’élaffi- cité ? qui fait qu’il faute fous le marteau , 8c qu’il fe laide plier fous les doigts , ce qui le rend difficile à réduire en poudre. Le fel ammoniac eft entièrement volatil ? mais il demande un coup de feu allez fort pour fe fubümer. On emploie ce moyen pour l’obte- nir très-pur, 8c privé d’eau autant qu’il eft pofc. fible. On le met en poudre dans des matras, qu’on plonge dans un bain de fable jufqu’au milieu de leur capacité ; on les chauffe par de- grés pendant plufieurs heures. Par ce procédé, on obtient une maffe compofée d’aiguilles can- nelées 8c appliquées fuiyant leur longueur. LoÆ 'ÿStf Ê £ 1 M S N S ' / que fopération a été conduite avec ménage^ Hment , on trouve fouvent dans le milieu dé ces pains , des cridaux cubiques très-réguliers % mais fi on a chauffé trop fortement , on na qu’une malfe informe très-denfe à demi-trauf* - parente 8c comme fondue* Mo Baurné a obfervé qu’en fublimant pj.it* lieurs fois ce fel 5 il s’en dégage à chaque fois un peu d’alkaîi volatil Sc d’acide marin ; de forte qu’il feroit peut-être poflible, fui vaut ce chimiÜe , de décompofer le fel ammoniac pat des fublimations répétées. Ce fait demande à être confirmé. Le fel ammoniac n’efl point altérable à l’air | il s’y conferve très-long-tems fans éprouver de changement fenfible. Il ed très-diffoluble dans Peau. Six parties d’eau froide fuffifent pour diiïoudre une partie de ce fel II produit dans cette didolution un froid conlidérable ; ce froid ed encore plus vif lorfqu’on mêle ce fei avec de la glace. On fb fert avec avantage de ce froid artificiel pour donner naifTance à piufieurs phénomènes qui n’auroient point lieu fans cette circondance, tels que la congélation de Peau , la criilallifation de certains fels , la confervation 8c la fixation de quelques liquides très-évaporables, 8cc . L’eau bouillante diflbut.prefque fon poids de fel Nat. et de Chimie. %6t] tel ammoniac : ce fel enflai life par refroidit- •Îement , mais fes criftaüx les plus réguliers. s’ob- tiennent comme ceux des autres Tels , parl’éva* poration fpohtanée ou infenftblé. Souvent une dHFolutîon très- chargée de ce fel renfermée dans un flacon ? lailîe dépofer au bout de quel- ques jours 5 des criflaux en panaches formés par un filet moyen auquel un grand nombre d’au- tres filets fe réunifient perpendiculairement 9 & ceux-ci en fou-tiennent d’autres plus petits 3 de forte que l’enfemble imite parfaitement une Végétation. J’ai obfervé plufienrs fois ce phéno- mène dans mon laboratoire (i). Le fèl ammoniac n’efl pas décompofé pac (î) Il n’efl aucun chimifte qui n’ait éprouvé combien Il efl intéreffant de vifîter dé tems à autrë les produits cônfervés dans un laboratoire , fur-tCut les drflblutions des fels. Lorfquè le hafard préfente quelques obfervationg tùrîeufes y on doit les noter fur-le- champ , afin de ne pas feiffer perdre des faits qui peuvent devenir très-important C’efl ainfïque j’ai vu un grand nombre de fois fè formée des criflaux que je n’avois pu obtenir par l’évaporation* îl arrive encore qu’en remuant ou débouchan les flacons^ al s’y dépofe , peu de tems après ? des criflaux dont l’agi* ïation & le contad dé l’air favorifént fîngulièrém;ent naiffance. Cette note , inutile pour ceux qui travaille]}# depuis long -tems, n’efl qu’en faveur des perfbnnes qui jpropofent de Ce livrer aux recherches chimiques. Tome 14 JU I&t' E L' Ê'm M H '* Fargile. La magnifie ne le décompofe que très** difficilement 8c en partie comme fa obfervé Bergman* Si on met dans une fiole un mélange dû magnéfre 8c de ’dilToïiuion de Tel ammo- niac , il fe dégage, fui vaut la remarque du cé- lèbre chimiffe d’üpfal, des vapeurs d’alkali vo- latil au bout de quelques heures ; mais ce dé- gagement ceffe bientôt, 8c il n’y a que très-peu de fel ammoniac décompofe. La chaux ainlî que la terre pefante féparent Talkah volatil du fel ammoniac même à froid. IlTuffit de triturer ce fel avec la chaux vive, pour qu’il fe volatilife fur ie-champ du gaz alkalin , dont l’odeur frappe vivement les nerfs. En faifant cette expérience dans des vaiffeaux fermés 5 on peut recueillir l’aikali volatil; mais cette opération n9étant pas encore allez bien développée dans les auteurs , quoique les cou- Koiffances modernes aient permis de la rendre 8c plus exaéle 8c pins fure , nous croyons de- voir infifler fur fa defcription. Si l’on emploie de la chaux très-vive 8c du fel ammoniac bien fec, 8c fi l’on chauffe ce mélange dans une cornue dont le bec plonge fous une cloche pleine de mercure , on obtient une grande quantité de gaz alkalin. On fait àduellement pourquoi , lorfqu’on diffilloit un pareil mélange dans des ballons fans l’appareil ï>vBist. Nat» et dé Chimie. id§ pheümâto - chimique ^ on n’obtenoit prefquë point de produit * & pourquoi l’on étoit expofé âux dangers dé la rupture des vaiffeaux, 'L’état de raréfadion , 8c la quantité de gaz alkalln qui Té dégage dans cette expérience l en font la vé* rîtable caufe. M» B au nié qui a fenti Une partie de ces inconvéniens , a confeiîié de mettre dë l’eaü dans îa cornue. Ce fluide abforbe en effet ime partie du gaz alkalin, 8c Pentrainë avec lui j -inais comme ce gaz eft beaucoup plus volatil que Peau, on en perd toujours la plus grande quantité. Les chimifles qui connoiffent aujour* d’hui la grande affinité de ce gaz avec Peati à :8c fa Ïîngulière volatilité, emploient avec grand fuccès , pour cette opération , Pàppàreil de M* Woülfe; ce procédé ingénieux confiüe à adap- tér à un ballon à deux pointes , une bôütéilîé Vide , à laquelle ort en joint deux où qüaltê autres collatérales , qui communiqüent enfetü- ble à Paide de fyphons. On met dans line cor- nue de grès deffinée à être luttéê avec le ballon^, ïa chaux vive 8c le fel ammoniac fec en poü* dre ; on chauffe lentement 8c avec beaucoup de précaution, jufqu’à Faire rougir 8c même vi- trifier le fond de la cornue. Le gaz alkalin dégagé par là chaux, paffe dans le baîloii & dans les bouteilles *, il s’unit à Peaü avëc cha*» leür^ îa fatùre3 £k forme dans les premières 1%4 Ë £ Ê M E'N 4 bouteilles fefprit alkalin le plus cauffique pot fibîe. Par ce moyeu il ne fe perd aucune por- tion d’alkali volatil, 8c on a de plus les avan- tages de bien pouvoir conduire Ton opération, d’avoir un produit très-pur 8c très-blanc , de ifêtre point affedé par ia vapeur, & enfin de n’avoir rien à craindre pour la rupture des vaif- feaux. Nous nous Pommes aufli affûtés , feu M* Bucquet Sl moi, par un grand nombre d’ex- périences , qu’il ne faut qu’une partie & de- trjie de chaux, au lieu de trois qu’on employoit ordinairement , pour décompofer une partie de fel ammoniac* La chaux éteinte à Pair décom- pofe ce fel , de même que la chaux vive. Le péfidu eh du fel marin calcaire , que nous exa- minerons par la fuite. Cette opération prouve que la chaux a plus d’affinité avec l’acide ma- nu que n’en a Palkali volatil. Les deux alkalis fixes décompofent le fel ammoniac , comme le fait la chaux , & ils en dégagent de même Palkali volatil pur & fous forme de gaz. On peut les employer comme la chaux pour obtenir Palkali volatil fluor; mais on ne fait point ordinairement cette opération dans les laboratoires, parce qu’elle coûte beau- coup plus cher que la décompofîtion par la chaux vive, & parce que celle-ci remplit ab- solument le même but« . fo’HîsT. Nat; et ©e Chimie Les acides vkrioîlque 8c nitreux féparent Facide marin de ce fel, & s'unifient à fon alkali volatil avec lequel ils ont plus d’affinité. Le réfidu de ces decompofitions conftkue le vitriol 8c le nitre ammoniacal. Les Tels neutres n’ont aucune a dion fur le fel ammoniac. Il n?y a que ceux qui font for- més par facide craieux , le tartre craieux 8c la fonde craieufe qui le déçompofent. Il s’opère dans ces mélanges une double décompofition 8c une double combinaifon. En effets tandis que l’acide marin s’unit aux alkalis fixes pour former le fel fébrifuge ou le fel marin , l’acide craieux qui efi féparé de ces derniers fe re- porte fur l’alkali volatil dégagé, 8c forme avec lui un fel neutre ammoniacal, qui fe fubîime en crifiaux dont l’intérieur du ballon efi tapif- fé , 8c que nous appelons craie ammoniacale ou fel ammoniacal craieux. Pour faire cette opé- ration j on mêle une partie de tartre craieux ou de fonde craieufe bien fecs, avec une partie de fel ammoniac fublimé en poudre; on intro- duit ce mélange dans une cornue de grès, à laquelle on adapte un grand ballon, ou mieux une cucurbite de verre ; on donne le feu par degrés , jufqu’à ce que le fond de la cornue fok rouge. H fe fublime dans la cucurbite ui* fel blanc bien crifiallifé ; ( c’efi le fel ammo^ Liij; - ri6ê M É N $ niacal cr aïeux. ) II pâlie aulîi un peu dTiumî-* dite ; le réfidu eft du fel fébrifuge ou du fel marin fui vaut Palkali fixe qu’on a employé. Ou retire par ce moyen * une quantité très-confit dérable de ce feî , qui équivaut prefque aux deux tiers de fel ammoniac employé. Ce phét liomène avoit fait penfçr à M, Duhamel qu’il paffoit un peu d’alkali fixe avec Falkali vola- %ÏU II eft aifé de concevoir, depuis que les ex- périences modernes ont éclairé cette théorie 3 que c’efi; à l’acide craieux de Falkali fixe qui s’e-fl: reporté fur Falkali volatil , qu’efi due la quantité confidérable de fel fublimé què*Fon obtient. Cependant jufqu’à ces derniers te ms on avoit toujours regardé cet alkalî volatil con^ cret, comme le plus pur, 8c on lui avoit at- tribué la propriété de criftallifer, de faire effer» vefc- ence avec les acides, tandis que celui qu'on obtient par la chaux , & qui efi le véritable a.îkali volatil pur, paiToit pour un fel altéré ^ & en partie déeompafé. On doit apprécier,, d’aprcs cela , combien les découvertes du doo* teur Black ont jeté de jour fur les matières fa fines ; 8c Fon ne peut s’empêcher de dire qu’elles ont créé une chimie entièrement neuve* Les, ufages du fel ammoniac font fort éten- dus. En médecine, on l’emploie comme fon~ dam à Fintérieur , à la dofe de quelques grains a ©*Hist. Nat, m mt Ciiiif» ï&f dans les obdruâions ? les Serres- intermittent tes, &c„ II agit à l’extérieur comme an pnlf- fant antîfep tique dans la gangrène , &c* &c. On s5en fert dans un grand nombre d’arts * mais fpécialement dans la teinture , dans les opérations de métallurgie relatives à la réunion ou à la fotidure de diflerens métaux ; les chau- dronniers remploient pour décaper la furface du cuivre qu’ils veulent étamer» Sorte IV* Sel ammoniacal sédatif. Le fel ammoniacal fédatif ou le borax am- moniacal , ed la combinaifon du fel fédatif avec Paikali volatil. Perfonne n’â encore exa- miné ce fel neutre. Voici ce que j’ai obfervé fur quelques-unes de fes propriétés. J’ai dilfous du fel fédatif bien pur dans de l’alkali volatil caudique , jufqu’à ce que la fac- turation m’ait paru complette ; j’ai étendu cette di Ablution dans un peu d’eau, & j’ai fb.it éva- porer au bain de fable environ moitié de la liqueur ; elle a fourni par le retroidifïement une couche de cridaux réunis , dont la furface of- froit des pyramides poliè dres. Ce fel a une fa- veur piquante 8c urineufe ; il verdit le drop de violettes ; 8c il perd peu-à-peu fa forme crîdalline , 8c devient d’une couleur brune par le contad de Pair il paroit affez diffblubte L iy ^68 Ê lumens dans Te an ; la chaux en dégage l’àlfcalt volaîîî^ Telles font les principales propriétés que je lui ai reconnues par un premier examen ; mais | e n’ai point tenté allez d’expériences pour en connoître plus à fond la nature. Le borax ammoniacal n’eft abfolument d’au*» cm ufage. Sorte V, Sel ammohucai sfatrïque0 ïl en ed de ce fel, comme du précédent £ on n’a point encore reconnu les propriétés qui le difti liguent des autres fels ammoniacaux ; plufieurs chimides l’appellent fpatb ammoniacal ou fluor ammoniacal. M. Boullanger s’accorde avec M,. Schéele à dire que l’acide fpathique combiné avec Pal- kali volatil ne criflallife point , mais forme une gelée qui donne des vapeurs analogues à cel- les de l’acide marin , par l’addition de l’acide vitriolique. Ces deux chimifles n’ont point exa- miné les autres propriétés de cette efpèce de fel mais ils en ont vu allez pour faire didin~ guer Facide fpathique de l’acide marin. Sorte VL Sel ammoniacal craieux. Nous donnons le nom de fel ammoniacal craieux ou de craie ammoniacale * à celui que Fan appeloit autrefois alk.ali volatil concret â & ïÆîîst. Nat. et de Chimie. îiïÿï qui efl véritablement une combînaifon falihe neutre de Facide craieux avec Falkali volatil pur. Il n’exide pas pur 8t ifolé dans la nature. Ont le retire de prefque toutes les fubdances ani- males par f’aâion du feu. On le forme au (11 par l’union directe de Falkali volatil caullique avec l’acide craieux , foit en agitant cet alkali dans une cuve en fermentation , foit en faifant palier de l’acide craieux dans Fefprit alkali volatil ; foit en verfant cet acide dans un vaiffean, fur les parois duquel on a mis des gouttes d’alkali volatil caudique. Dans tous ces cas on voit bientôt fe former des cridaux de craie ammo- niacale. On l’obtient encore en décompofant le fel ammoniac par les feîs neutres craieux , 8c fur « tout par le tartre craieux & la fonde craieufe. Il ed ftifceptibîe de prendre une forme ré- gulière; fes cridaux paroident être des prifmes à plufieurs faces. M. Bergman les défigne par des oélaëdres ayant quatre de leurs angles tron- qués. M. R orné de Lide a vu des grouppes de ce fel , dans lefquels il était fous la forme de petits prifmes tétraèdres comprimés, terminés à leur extrémité fupérieure par un fommet dièdre. §9} faveur efl urineufe 3 mais beaycoup moins Ê liif lÿ forte que celle de Falkali volatil cauffique; f M odeur quoique femblable à celle de ce dernier* efî auffi beaucoup moins énergique ; il verdit le firop de violettes, & nous croyons néceffaire: d’obferyer ici relativement à cette dernière pro- priété que î’acide craieux î/eft pas le feul qui ne détruit point complètement les proprié- tés des aîkalis auxquels il efl combiné ? &■ que ce n’eil point une raifon pour refufer le nom de fels: neutres aux a-lkaïis futures par cet acide foibîe, puifque le fel fédatif a la même pro- priété;, quoiqu’ancun chi mille moderne, n’ait élevé des doutes fur la nature faline. neutre dm borax.. Le feî ammoniacal craieux efl très* volatil , 8c la moindre chaleur le fublime en entier. S’il efl bien criflaîlifq , lorfqu’on le chauffe 3 il com- mence par fe liquéfier à l’aide de l’eau de fb eriflallifation; mais il fe volatilifeprefqu’enmême tems, de manière qu’il efl très -difficile d’avoir ce feî bien criflailïfé & bien fec. Il ell très-difFoluble dans l’eau ; il produit du froid dans cette diffolution 3 comme tous les fels neutres criflallifés ; cette propriété > très- différente de celle de Falkali volatil pur quif donne beaucoup de chaleur en fe combinant avec l’eau * fuffiroït pour le ranger parmi les fels neutres* Deux parties d’eau froide en dit ïÆîfST. Nat. et ©b Chimie, tjf folvent plus d’une de fel ammoniac craieux ; J’eau chaude en diffout plus que fon poids ; mais comme il fe diffipe à la chaleur de l’eau bouillante , on ne peut , fans rifque d’en per- dre beaucoup , employer ce moyen pour le faire c iftallifer. Iî s’humeétè légèrement à l’air, fur-toutîorf- qu’il n’eft pas entièrement faturé d’acide craieux,. Les terres n’ont pas plus d’action fur lui que fur les autres fels ammoniacaux» La magnéfie ne le décompofe que très-foiblement. La chaux îe décompofe comme le vrai fel ammoniac. * en s’emparant de fon acide avec lequel elle a beaucoup d’affinité. Si l’on verfe de l’eau de çhaux dans une diilbliition de fel ammoniacal craieux , il fe fait fur-le-champ un précipité * & l’on fent une odeur vive d’alkal.i volatil. La, chaux s’eft emparée de l’acide craieux avec lequel elle a formé de la craie qui s’eft préci- pitée, & î’alkali volatil s’eft féparé. La chaux vive triturée avec le fel ammoniacal craieux, en dégage fur-le-champ du gaz alkalin. En met- tant ce mélange dans une cornue, on peut ob- tenir à l’aide de l’eau placée dans les bouteil- les de l’appareil de Wouîfe , Palkali volatil cauf- tique ou. fluor , ainfî qu’on l’obtient du fel am- moniac diftilié avec le même intermède. Cette déçompofition prouve que la chaux a plus ) Ëiïisf I d’affinité avec l’acide craieux que n’en a faîkaîî- yolatil ; ce qui eit également démontré pour les autres acides, L’alkali fixe cauftique décompofe le Tel am- moniacal craieux , comme le fait la chaux , en féparant Falkali volatil 8c en s’unifFant à fou acide. Enfin les acides vïtriôlïque , nitreux , ma*- rm 8c fpathique , ont plus d’affinité avec l’alkali volatil que n’en a l’acide craieux. Lorfqu’on verle un de ces acides fur le fel ammoniacal craieux* il fe produit une vive effervefcence due au dé- gagement de l’acide craieux. Si on fait cette décompofition dans un vailFeau étroit & allon- gé , on peut reconnoître la préfence de l’acide Craieux, en y plongeant une bougie qu’il éteint * de la teinture de tournefoî qu’il fait pafier au rouge , & de l’eau de chaux qu’il précipite. Ces décompofitions du fel ammoniacal craieux par la chaux 8c Falkali fixe qui s’empare de fon aci- de , en féparant Falkali volatil , & par les aci- des qui dégagent l’acide craieux en s’uniffiam à FalkaK, démontrent clairement la natwre du fel ammoniacal craieux. Bergman a trouvé , par des expériences exaéles, qu’un quintal de ce fel criftaîlîfé contient quarante- cinq parties d’aci- de craieux , quarante - trois de gaz aikalin * 8c douze d’eau. Comme il y a plus d’acide dans. £>5IïïsTo Nat, et de Chimie. ce Tel que dans le tartre craieux ? & dans ce dernier plus que dans la foude craieufe 5 ce favant chimifte en conclut que plus la bafe ai* Italine eft foible ? 8c plus elle demande diacide pour être (attirée, L’acide du borax ou fel fé~ dàtif ne décompofe point à froid îa craie am- moniacale ; mais lorfqu’on verfe fur ce dernier fel une difiblution bien chaude d’acide fédatif* il fe produit une effervefcence très-fenfible ; oa reconnoît le dégagement de l’acide craieux par les moyens ordinaires ^ 8c Fou trouve au fond du vafe un vrai borax ammoniacal. Cette ex- périence que j’ai répétée bien des fois ,, prouve que îa chaleur modifie ou change les loix de l’auradion éleétive ou de l'affinité comme Fa obier vé Bergman. Le fel ammoniacal craieux n’a point d’aélioa fur les fels neutres parfaits. Nous verrons plus bas qu’il décompofe les fels neutres calcaires par îa voie des doubles affinités , ce que ne fait point l’alkalî volatil pur 8c caufiique. Cette belle découverte de Black explique pourquoi les ehimifies avoient dit que Palkali volatil a plus d’affinité avec les acides que la terre cal- caire. Le fel ammoniacal craieux efi employé en médecine comme fudorifique, anti-hyftérique* &c. On le mêle avec quelques matières î74 Ë l ê m È h § manques. II a été regardé prefqtie comme fpé* eifîque dans les morfures de la vipère; mais M. l’abbé Fontana s’eft élevé avec raifon con- tre cette opinion. Pîufieurs ont confeillé falkali Volatil c rai eux ou concret comme anti-vénérien^ l’expérience n’a point encore prononcé fur ce point ; & tout ce que Fart de guérir pofsèdë de connoiffances exades fur cet objet fe réduit à favoir que ce fel eft purgatif, incifif , diuré- tique , diaphonique , fondant , & qu’il a üîî effet très-marqué dans toutes les maladies qui dépendent de l’épaiffiffement de la lymphe J comme quelques accidens vénériens , les dé- pôts laiteux, les engorgemens fcrophiileux, Sec* On l’adminiflre à la dofe de quelques grains dans des boiffons appropriées, ou bien dans des mélanges opiaticques ou pilulaires* te5H i $ t. Nat. et be Chimie. rjf ■ ' ' ' .. / ' ! ” . s:.. CHAPITRE VII. Genre III. Sels neutres ci. a caireé* jSorte I. Vitriol de chaux, SélénîTe, Gyese* Lâ combinaifon de Facide vitriolique avec la chaux , porte le nom de vitriol calcaire ? le- lénite , plâtre ou gypfe. Ce fel exifte en grande quantité dans la nature. Il forme fouvent des bancs ou couches immenfes comme on peut Fobferver à Montmartre près Paris ; les mon-» lagnes de cet endroit font entièrement remplies de lits de félénite ou de plâtre , enveloppés ou recouverts d’une efpèce de marne argileufe qui Raccompagne prefque conftamment. Ce fel n’ayant que très-peu de faveur & de diiïolubilité 5 les naturalises Font depuis long- teins regardé comme une fubfUnce pierreufe 8c ils en ont diffingué beaucoup de variétés, à raifon de la diverfité des formes qu’il préfente 8c de fou plus ou moins de pureté ; nous ne citerons ici que les principales. 17$ S L ê M B N . $ Principales variétés de la félémtL Sélénite en lames rhomboïdaîes. Elle a une tranfparence glaceufe; les moî> Cèaux qui fe trouvent dans les cabinets , fontir- réguliers ; mais ils fe fendent touj ours en lames rhomboïdaîes, Telle eh celle de S. Germains, de Lagny , &e, 2. Sélénite cunéiforme ou en fer de lance. Elle èlt formée de deux triangles fcalènes* féunis dans le milieu , dont chacun ell compofé de lames triangulaires , fui vaut Pobfervation de M. de la Hire : on nomme cette félénite , pierre Séculaire 5 miroir d’âne, ou talc de Montmartre® 3. Sélénite rhombôïdale décaèdre. Telle ell celle que l’on trouve dans les car** rîères de Palîyv 4. Sélénite prifmatique décaèdre. Elle eh formée de prifmes hexaèdres , termi- nés par des pyramides dièdres , où par un angle rentrant. On en trouve en SuiiFe , &c. y. Sélénite en crêtés de coq de Montmartre, Ce font des amas de petits crihaux lenticnlai- res^lacés obliquement les uns à côté dés autres* Es font formés par la réunion des fers de lance dont nous avons parlé dans la variété 2, 6. Sélénite foyeufe ou h idée, gypfe foyeu% de là Chine, On en trouve en Franche-Comté , dans PAn« goumoiS| d’Hist. Nat, et de Chimie, 1735 Variétés, goumois , &c. elle eft formée de prifmes très- fins 3 réunis en faifceaux , le plus fouvent brillans «& comme fatinés, Il eit très-difficile d’y recon- noitre les lames rhomboïdales que l’on trouve dans toutes les autres variétés, 7, Gypie commun , ou pierre à plâtre. Cette fubftanee eû d’un blanc plus ou moins gris, parfemée de petits ciiilaux brillans, faciles à égrener avec le couteau. Elle fe trouve difpo- v fée par couches , & elle forme la plupart des montagnes des environs de Paris. On faura par la fuite que ce n’elï point de la félénite pure , & qu’elle doit fa propriété de bon plâtre après fa cuiffon , au mélange d’un autre fel terreux, 8. Albâtre gypfeux, C’eft une forte de pierre à plâtre , plus dure 8c plus ancienne que la précédente , dont elle ne diffère que par une demi- tranfparence , une cou- leur grife jaunâtre , 8c une difpofition par petites couches plus ou moins variées. On en trouve beaucoup à Lagny près de Paris. Celui-ci elî un des plus blancs ; il eli quelquefois veiné 8c taché de jaune, de gris, de violet ou de noir. p. Sélénite, gypfe commun , ou albâtre gypfeux, colorés, veinés, tachés, nués* pon&ués de différentes nuances. Ce mélange de couleur annonce que la félénite Tome IL M Ê lïïBKî Variétés €S îaîie par quelque fübfiarîce étrangère 8c colo- rintepc’eft prefque toujours le fer dans différens ëms qui conffîtue les couleurs de ce fel terreux. On trouve encore la félériite di (Toute dans les eaux comme dans celle des puits de Paris • mais elle n’y efl jamais pure, & elle s’y trouve tou- Jours combinée avec quelqu’aütre fel terreux à bafe de chaux ou de magnéfie. Nous avons déjà fait obferver que la félénite a été prife long-îems pour une fubflance pier- reufe par les namraüiïes. Comme ils ne lui trou- voient ni faveur , ni diiïolubilité apparentes , iis rie penfoient pas que ce pût être un véritable fel. Cependant elle a une faveur particulière qu’elle communique à l’eau, & qui efl très-fen- fibîe fur Feflomac ; en effet l’eau féléniteufe fait éprouver à ce vifcère un froid 8c une pe- fanteur très-marqués. Quant à fa diiïolubilité, la forme, la grandeur, la tranfparence , la quan- tité, enfin la difpofition par couches de la fé- lénite criflallifée en beaucoup d’endroits 8c par- ticulièrement dans tous les environs de Paris , Indiquent aiïèz qu’elle a été préliminairement diiïbute dans Feau, & dépofée par ce fluide. La félénite expofée à Fadion du feu , perd Ion eau de criiïaîlifation , décrépite lorfqu’on la chauffe brufquement } 8c devient d’un blanc tfH tsï'. NAf. it d»‘ Gkîmïë. niât & d’une friabilité très -confidérabîe ; elle forme ce qu’on appelle le plâtre fin. Comme elle efi füfcèptible de prendre avec Peau un cer- tain liant, on fait avec cette pâte qu’on jette en moule, des liâmes très-blanches & très- agréables; mais ce plâtre fe defféchant facilement, 8c ne retenant que très- peu d’eau , ces ftatües font fu- jettes à Cafter au moindre choc. Si l’on pouffe le feu , îorfque la félénite efi en poudre blan- che, elle huit par de fondre en une efpèce de verre; mais il faut pour cela un feu de la der- nière violence 5 tel que celui des fours de por- celaine , ou des lentilles de verre. MM. d’Ar- cet & Macquer font parvenus à fondre de la félénîtè. Ce dernier a obfervé qu’en expofant au miroir ardent , de la félénite cunéiforme fur fes faces polies, elle ne fait que blanchir; mais que fi on la préfente fur fa tranche , elle fond fur-I-e- champ en bouillant; on la fond de même au chalumeau de Bergman, 8c au jet d’air vital lancé fur le charbon ardent. La félénite mife fur un fer chaud devient phoiphôrique ; cette propriété efi commune à tous les fels calcaires. La chaux la préfente suffi dans fon extinéüon comme nous Pavons vu. . La félénite n’éprouve point d’altération très- marquée par le contad de l’air ; cependant les lames brillantes 8c polies de ce fel neutre terreur Mij El i MENS fe termlTent, prennent les couleurs de Pirïs , fe délitent par couches , 8c finifTent par fe détruire dans Fatrâofphère ; mais ces phénomènes font dus à Faélion combinée de la chaleur , de l’eau $k de l’air. la félénite eft di Soluble dans l’eau quoique d’une manière peu fenfible. Il faut, fuivant Me fi* fkurs les chimifies de Dijon , environ cinq cens parties d’eau pour difloudre une partie de félé- Bite. L’eau chaude n’en difïout pas davantage. En évaporant cette difïbludon , on n’en obtient point de crifiaux femblables à ceux que pré- fente la nature, 8c l’on n’a que des feuillets, ou des petites aiguilles qui fe précipitent à mefure quels liqueur bouillante s’évapore. .Les lames que donne l’évaporation de l’eau féléniteufe font fouvent brillantes , 8c lorfqu’on les examine de près, elles paroifTent formées par des ai- guilles très-fines, réunies fur leur longueur. La terre pefante a plus d’affinité que la chaux avec l’acide vitriolique , 8c elle décompofe la fé- iénite fuivant Bergman. L’aikali fixe décompofe également ce fel neu- tre ; en verfant de Paîkali fixe caufiique dans une difToliuion de félénite , il fe forme un pré- cipité blanc en fîoccons comme mucilagineux, qui fe raffemblent afiez promptement au fond i$es vafes , 8c que l’on reconnoit aifëment pour Mat. 1 ¥ vt Chimiê. iS'ÿ de la chaux vive par quelques expériences. Si l’on fait évaporer la liqueur qui fumage , on obtient du tartre vitriolé, ou du fel de Glati- ber , fuivant Faikali fixe végétal ou minéral qu’on a employé. L’alkali volatil qui a moins d'affinité avec tous les acides que n’en a la chaux , ne décora- pofe point la félénite , fi cette dernière efi très- pure , & fi Faikali volatil employé efi; très-cauf- tique ; car fi Feau dans laquelle la félénite eft diffoute contient quelque fel à bafe de magnéfîe ou d’argile comme celle des puits de Paris , l’ai- kali volatil occafionne un précipité dans ces derniers. Pour réuffir dans cette expérience , il faut difioudre du fpath calcaire dans Faeide vitriolique pur, & étendre cette félénite dans de Feau diftillée ; l’alkali volatil cauftique verfé dans cette difiblutioii , ou mieux encore le gaz alkalin qu’on y fait paffer, n’y occafionne au- cun précipité. La félénite n’a point d’aélion fur les fels neu- tres parfaits vitrioliques; mais elle décompofe les nitres & les fels marins à bafe d’alkalis dxes» Il fe forme du tartre Vitriolé ou du fel de Glau- ber, & du nître ou du fel marin calcaire. Ces décompofitions ne font fenfibîes que lorfqu’on évapore les liqueurs où elles ont lieu, parce que les nouveaux fels qui en réfultent refient eBj Miij tS-2 Elément 'difTolutidn. Le tartre craieux eh décompole par Sa félénite 5 qu5il décompofe en même-tems. II y a donc double décompofition 8c double corn- binaifon dans ce mélange. L’acide vitriolique quitte la chaux pour s’unir à l’alkali fixe, 8c former du tartre vitriolé; l’acide craieux féparé ■ de l’alkali végétal , s’unit à la chaux , 8c forme -avec elle le fel connu fous le nom de craie. La fonde craieufe décompofe de même la félénite , 8c eh auffi décompofée par ce feh lî fe forme dans ce mélange du fel de Glauber par l’union de l’acide vitriolique avec l’alkali fixe •minéral , 8c de la craie par la combinaifon de la chaux 8c de l’acide craieux. Le fel ammoniacal craieux décompofe la fé- lénite à l’aide des doubles affinités ; tandis que l’acide vitriolique Te porte fur l’alkali volatil * la chaux eh féparée de l’acide vitriolique par l’acide craieux 3 avec lequel elle a une très-gran- de affinité , 8c forme avec ce dernier de la craie qui fe précipite. Cette décompofition eh fi fenfible 8c fa caufe efi h bien connue depuis les découvertes du cé- lèbre Black, que h Ton laihe quelque teins ex- pofé à l’air un mélange de diflblution de fé- lénite 8c d’alkaîi volatil cauhique, ce mélange dont la rranfparence rehe parfaite dans le mo- tivent qu’il eft fait 2 préfente bientôt un nuage VHist. Nat. et de Chimie., /îSjf ^ remarquable à fa furfaee , en raifon de facicfc craieux qui fe précipite de Fatmofphère £k qui donne naiffance à une double affinité; le même phénomène a lieu en faifant paffier quelques bulles d’acide craieux dans la liqueur. Comme on croyoit que Falkali volatil concret , ou le fel ammoniacal craieux, étoit Falkali volatil pu£> Geoffroy fondé fur ce que ce fel précipite réel- lement la félénite, a cru que cet alkali ayoit pîps d’affinité avec Facide vitriolique , que iiœ a la chaux. La félénite eff décomppfée par lés matières combuilibles , & forme du foufre , par la eora** binaifon du phîogiffique de ces fubftances avec l’acide vitriolique fuivant Stahl , ou par la dé** compofition de cet acide & la réparation de fon air vital par le charbon fuivant M. Lavoifier $ ou par Fun & par l’autre de ces effets réunis fuivant plufieurs modernes» La félénite pure 8c criffallifée ed confervée avec foin dans les cabinets d’hidoire naturelle^ on s’en fert après fa calcination, 8c en la dé-* trempant dans l’eau pour couler des darnes^ des modèles , &c. On fait différens meubles afféz agréables avec l’albâtre gypfeux taillé 8c poli ; les beaux morceaux de celui de Lagnÿ font employés à cet ufage. La pierre, à plâtre eff une des matières les M i?. ^$4 Ê I i M £ H s plus utiles que la nature produife. Cette pierre eft un mélange de félénite & de craie. Lorf~ qu’on l’expofe à l’a&ion du feu pour cuire le plâtré , la félénite perd fon eau de criflallifaH tion 8c la craie fon acide. Le plâtre cuit eil donc un mélange de chaux 8c de félénite pri- vée d’eau. Lorfqu’on verfe de Peau fur cette fubffanee , ce fluide efl abforbé très-rapidement par la chaux ; il en réfulte de îa chaleur. L’odeur de foie de foufre , que l’extindion du plâtre ïépand 3 vient d’un peu de foufre formé par l’acide vitriolique de la félénite , déconipofée par les matières charbonneufes animales ou vé^- gétales quife rencontrent toujours dans la pierre à plâtre ; ce foufre diiïous par la chaux , forme «ne efpèce de foie de foufre, qui répand l’odeur dont nous parlons. Lorfque la chaux a abforbé alTez d’eau pour être dans l’état de pâte, elle enveloppe la félénite qui reprenant une portion de ce fluide , criflal hfe au milieu de cette pâ- te. La chaux fe defféchant peu-à-peu 5 prend corps à l’aide des criflaux de félénite , 8c forme l’efpèce de mortier qu’on nomme plâtre. On conçoit d’après cette théorie, pourquoi le plâ- tre doit être cuit à un point particulier ; s’il ne l’eft pas affez , il ne fe lie pas à l’eau , parce que la chaux n’efl pas allez vive ; s’il i’efî trop, la chaux forme avec la félénite * une efpèce ï>?Htst. Nat. et oe Chimie, jgjff de mauvaife fritte vitrenfe , qui ne peut plus s’unir à l’eau; c’eff le plâtre brûlé. On con- çoit encore que li le plâtre perd fa qualité lorfi- qu’on le laide expofé à l’air ? c’eft que la chaux s’éteint peu-à-peu ; on lui rend fa force en le calcinant de nouveau. Enfin , il eft facile de fen- tir pourquoi le plâtre fe conferve très-bien dans des lieux fecs & chauds , & pourquoi il fe dé- truit 8c s’enlève par écailles ou par lames dans les endroits humides. Dans ce dernier cas , la félénite qui efi diffoluble dans l’eau , perd peu- a-peu fa forme criflalline 8c fa confiftance; c’eÆ par cette difiolubilité que le plâtre diffère des vrais mortiers , dans lefquels le fable ou le ci- ment qui en fait la bafe, n’efi pas attaquable par l’eau; auffi n’emploie-t-on pas le plâtre dans les endroits où il y a de l’eau , comme les baffins* les réfervoirs , les terraffes 3 8c c. auffi le plâtre ne conferve-t il pas fa dureté dans les lieux bas ^ fouterreins, 8cc. Sorte II. Nitre calcaire» Le nitre calcaire ou le fel réfultant de la combinaifon de l’acide nitreux avec la chaux 9 eff beaucoup moins abondant dans la nature que le vitriol calcaire ou la félénite. On ne le trouve que dans les endroits où fe rencontre Je nàtrç ^lkalin, Il fe forme fur les paroiÿde^ Ë L S M E K 9 mors * dans les lieux habités par les animaux J dans les matières animales en putréfaéHon., dans quelques eaux minérales ; mais comme il efl très-foluble & même déliqnefcent ,. à me fore qu’il fe forme il eft diffbns par les eaux ; c’eft pour cela qu'il exifte en grande quantité dans les eaux mères des falpêtriers, Lorfqu’il eft crifiallifé régulièrement par le procédé dont nous parlerons plus bas ; il pré- fente, un folîde pnfmatique à üx faces , aiFez: femblable au nitre 5 & terminé par des pyra- mides dièdres. Il eft affez rare de l’obtenir de cette régularité -, le plus fouvent il eft: en pe- -tites aiguilles ferrées les unes contre les autres £k dont on ne peut déterminer la forme. Ce fel a une faveur amère ôc défagréabîe * en quoi il diffère beaucoup du viniol calcaire- Sa faveur. a même quelque chofe de frais.com- , me "celle du nitre. Il fe liquéfie aifément fur le feu & devient folide par le refroidifTément. Si on le porte dans Pobfcurité , après l’avoir fait ainfï chauf- fer, il paroît lumineux 3 & conftkue dans cet état le phofphore de Baudouin r Balduitius \ Si on le met fur un fer rouge , il préfente le même phénomène. Jeté fur un charbon ardent , il fe liquéfie & détonne lentement à rnefure qu’il fe defsèche, Le nitre calcaire chauffé pendant long- iï’Hist. Nat. et de Chimie» 187 terris , perd Ton acide qui fe décompofe par l’aélion de la chaleur. En faifant cette opéra- tion dans une cornue dont le bec efl plongé fous une cloche pleine d’eau , on obtient beau- coup d’air déphîogifiiqné très- pur, & fur k fin un peu d’acide craieux. Le réfidu efl de la chaux unie à une certaine quantité d’acide nitreux phlogiftiqué G l’on n’a employé qu’un feu médiocre & pendant trop peu de te.ms ; mais on peut obtenir par ce procédé la chaux très- vive, en donnant un très -grand degré de feu , & en le continuant affez long-tems pour décom- pofer entièrement l’acide nitreux. Cette décom- poGtion de l’acide nitreux , efl abfolument fem- blabîe à celle qu’il éprouve lorfqu’on diflille le nitre ordinaire, comme nous l’avons expofé •dans l’hifloire de ce fel neutre. Le nitre calcaire attire très-vite l’humidité de l’air ; auffi efl il nécefiaire de le tenir dans des vaiiïeaux bien fermés, fi on veut le conferver en criflaux ; on le voit même fe fondre affez promptement fi l’on débouche trop fouvent les flacons qui le contiennent. Ce fel efl très-difîbluble dans l’eau ; il ne faut qué deux parties de ce fluide froid 9 pour difi* foudre une partie de nitre calcaire; l’eau bouil- lante en difibut plus que fou poids. Pour l’ obte- nir criflallifé , il faut faire évaporer fa diffolitf i88 Êif mens’ lion, & lorfqu’elle a acquis une conGflanee tfflk peu moindre que celle de fîrop, Pexpofer dans tin endroit frais ; il s’y forme alors des criltaux prifmatiques très -allongés , 8c qui présentent ordinairement des faifceaux dont les aiguilles divergent d’un centre commun. En expofant une dilfolution de nitre calcaire un peu moins éva- porée que la précédente , à une température sèche & chaude , il s’y forme à la longue des prifmes plus réguliers , 8c Semblables à ceux que nous avons décrits au commencement de cet article. Le fable 8c l’argile décomposent le nitre cal* caire , 8c en féparent l’acide. La terre pefante le décompofe comme la félénite, fuivant Bergman ; la magnéfie ne lui fait éprouver aucune altération fenGble. M. de Mor- veau a obfervé que l’eau de chaux verfée dans une di Ablution de nitre calcaire, y occafionne un précipité. Il attribue cet effet au phi ogi (tique de la chaux vive , & il penfe que cette dernière a plus d’affinité avec l’acide nitreux , que n’en a la chaux qui lui eft unie, 8c que cet acide a déjà dépouillée de fôn phlogiftique. Ce chi- mifte n’a maîheureufement pas examiné la1 na- ture du précipité; cet examen auroit vraifem- blablement fourni quelques lumières fur cette •fingulière expérience, M. Baumé avoit déjà ob-? b’ÏÏisT. Nat. et de Chimie. ï£# fervé qu’une diffoîution de fpath calcaire dans lucide nitreux efl précipitée par l’eau de chaux* suais il avoit attribué ce phénomène à un peu de terre argileufe , contenue dans le fpath. On fait aujourd’hui que cet effet peut dépendre de la magnéfie qui accompagne très-fouvent les matières calcaires. Les alkaiis fixes s’emparent de l’acide ni- treux du nitre calcaire & en précipitent la chaux; L’alkali volatil caufiique bien pur , ne le décoin- pofe pas plus qu’il ne fait la félénite 8c tous les fels calcaires en général. L’acide vitriolique en dégage l’acide nitreux avec effervefcence. L’on peut obtenir cet acide ainfi dégagé dans un récipient, comme on l’ob- tient du nitre ordinaire. L’efprit de vitriol verfé dans une diffolution de nitre calcaire , y forme fur-le-champ un précipité de félénite , & Paci- de nitreux refie libre .8c à nud dans la liqueur. On ne connoît point encore l’aâion des autres acides fur ce fel. Le nitre calcaire décompofe les Tels neutres alkalins vitrioliques ; il en réfulte de la félénite 8c du nitre ordinaire ou du nitre rhomboïdaL II en efl de même du fel ammoniacal vitriolique * il produit , lorfqu’on le mêle avec une diffo- Imion de nitre calcaire , du nitre ammoniacal 8c de la félénite. Cette dernière, qui n’efl que apo ËlI'mfns- très-peu dïiïoluble s fe précipitant dans fin liant du mélange, ne lailTe aucun doute fur ces dou- bles décomposions* Le tartre craieux décompofe de même le nitre calcaire qui en défunit en même-tems les principes, & il réfulte de cette double décom- pofition du nitre qui refie en diflolution dans la liqueur & de la craie qui fe précipite* La foude craieufe qui agit de même fur le nitre calcaire , donne du nitre cubique diffious dans l’eau , 8c de la craie qui fe précipite. Le fel ammoniacal craieux décompofe aufïî ce fel , à Paide des affinités doubles } il fe forme du nitre ammoniacal & de la craie (x). La félénite n’aîtère point le nitre calcaire | mais lorque ces deux fels fe trouvent diffious dans la même eau , comme le premier n’effi que très-peu diffiolubîe , 6c que le fécond Peft beaucoup , on peut les féparer par la crifialli- fation ; la félénite fe précipite d’abord , 8c le nitre calcaire ne fe crifiaüife que lorfque la li- queur très-rapprochée fe refroidit. Le nitre calcaire n’efi d’aucun ufage. ïî pour- ( i ) Je lie puis trop répéter que c’eft en raifbn de la grande affinité qu5il y a entre la chaux & l'acide craieux que fe font ces doubles décomposions , & que cette affi- nité amodie toujours de plus en plus la dénomination d'acide «caieux j donnée à l’air fixe par Bucquet. N at. et de Chimie, xpri rolt'être employé en médecine comme un fon- dant très-adif, 8c quelques médecins cliimif- tes difent en avoir obtenu des fuccès , quoiqu'ils jfen connurent pas bien les propriétés. Sorte MI. Sel marin calcaire, Le fel marin calcaire formé par la combl- nâifon de Pacide manu & cle la chaux , fe ren- contre abondamment dans tous les lieux où le trouve le fel marin ordinaire, 8c fpécialement dans Peau de la mer , à laquelle il donne cette faveur âcre 8c amère , qui avoit fait autrefois admettre du bitume dans cette eau : mais il sfefl jamais pur dans ce fluide; il efl toujours tnèlé de fel marin à bafe de magnefie. Si 1/bn veut fe procurer du fel marin calcaire très-pur, il faut combiner immédiatement l’acide' marin avec la chaux jufqu’au point de fatura- lion, On lui a donné le nom impropre de fel ammoniac fixe , parce qu’il efl le réfidu du fel ammoniac décompofé par la chaux. Ce fei , lorfqu’on l’a dans l’état fec 8c foli- de , efl; fous la forme de prifmes à quatre fa- ces firiées , terminés par des pyramides très- aiguës. ïl a une faveur falée 8c amère très-dé* fagréable. Expofé à l’a dion d’un feu doux, il fe liquéfie à la faveur de fon eau de criAallifation* & il fe fige par le refroidiffement. A un feu plus îip£ Ë L ï M 1 N S fort il n’éprouve prefque pas d’altération* Mi Baumé a obfervé qu’il ne perdoit pas fon acide* Mis fur une pelle rouge, il devient lumineux t fc’eft pour cela qu’on l’a appelé phofphore de Hômberg. Le fel marin calcaire qui relie dans la cor** nue après la décompolition du fel ammoniac par la chaux , & qu’on appelle fel ammoniac fixe, fe fond en une efpèce de fritte d’un gris légèrement ardoifé, & fans donner d’acide ma- rin, quoiqu’on lui faflTe éprouver une chaleur capable de vitrifier la furface de la cornue. Cette fritte fait feu avec le briquet , 8c frottée dans Tob fcurité avec de l’acier , elle dorme des étirn celles phofphoriques. Il faut obferver que ce fel réfidu contient ordinairement une portion de chaux excédente à la faturation de l’acide marin , parce qu’on emploie plus de chaux qu’il n’en faut pour dé- compofer le fel ammoniac. C’eft fans doute à cette quantité furabondante de chaux , que ce réfidu doit la propriété de donner une fritte vi- ueufe dure , qui d’ailleurs s’altère 8c s’humede à la longue, lorfqu’on l’expofe à l’air. Le fel marin calcaire, fans excès de chaux, ne prend jamais autant de dureté que ce réfidu par l’ac- tion du feu, 8c ne préfente point la même phofphorefcence que lui* Le ï>5ÏÎîst, Nat. et de Chîmïêo 'ipf Le fel iiïarin calcaire pur expofé à Pair > en Attire promptement l’humidité, 8c tombe en- ti ère ment en deiiquium. Il efi néceiïaire de le tenir dans un vaille an bien bouché, fi l’on veut le confervet fous fa forme eriftallino. Ce fel efi très-diffbiuble dans l’eau , il ne faut qu’en viron une partie Sc demie de ce fluide fro-id* pour en diffoudre une de fel marin calcaire $ i’eau chaude en diffout plus que fon poids* En évaporant fa difibiution prqfqu’en confidence de firop , 8c en la laifïant enfuite refroidir len- tement , on obtient des crifiaux en p ri fin es té- traèdres, de plnfîeurs pouces de longueur, & qui forment comme autant de rayons, partans d’un centre commun ; nous ferons obfervér que cette forme parott être aflez confiante dans tous les fels calcaires. Si la liqueur efi trop évapo- rée, &c fi elle refroidit trop promptement, elle fe prend en une malle informe , un peu ai- guillée à fa furface. © Une diflblution de fel marin calcaire évapo- rée jufqu’à ce qu’elle donne quarante-cinq de- grés à l’aréomètre de 1VL Baume , 8c expofée au frais dans un flacon, dépofe -des prifmes très-réguliers 8c fouvent très-gros» La terre pefante décompofe îe fel marin cal- caire, parce qu’elle a plus d’affinité avec l’aciçle marin que n’en a la chaux 9 d’après les expé- Tome II \ N sÿ$ Elément riences de Bergman» La chaux 8c la nriagnéjGe lie l’altèrent pas. Les alkalis fixes en précipitent la chaux; fi les deux liqueurs font concentrées , la chaux * abforbant le peu d’eau qu’elles contiennent, for- me prefque fur-îe-champ une gelée qui devient bientôt très-folide. On donne à cette expérience le nom de miracle chimique, parce qu’elle offre deux fluides qui pàflent fubitement à l’état d’un folide ; mais elle ne réufiit bien qu’avec la dit folution de tartre craieux ou de foude craieufe parce que les alkalis purs 8c caufiiques précipi- tent la chaux trop divifée. L’alkali volatil bien pur ne décompofe pas le fel marin calcaire , parce qu’il a moins d’af- finité avec l’acide marin que n’en a la chaux, ce que prouve la décompofition complète du fel ammoniac par cette fubftance falino-terreufe. L’acide vitriolique 8c l’acide nitreux déga- gent l’acide marin de ce fel avec effervefcence, 8c l’on pourroit , avec l’appareil difiillatoire , obtenir cet acide comme on l’obtient du fei marin ordinaire. La difiillation de ce fel terreux avec l’acide nitreux , fournit de l’eau régale , à caufe de la volatilité des deux acides. Le fel marin calcaire décompofe le tartre vi- triolé 8c le fel de Glauber, il efi aifé de s’af- foler de ce fait , en mêlant les diflblutions de fcvHrsT. Mat. fef de ChimîEo ijjf. tes diffëréns fels ; il fe fait fnrde-chanip un pfé« fclpité que Fon reçonnoît pour de la félénite ; là liqueur qui la fumage 5 contient du fel fébrifu- ge, ou dû fel marin, que Fon peut obtenir par l’évaporation, & reconnoître même par la fa- veur dé la liqueur qui fumage la félénite. Le tartre craieux 8c la fonde craieufe déeom- pofent âùffi îe fél marin calcaire. Dans ces mé- langes il fé fait deux décompofitions 8c deux tombinâifons ; l’acide marin du fél marin cal- caire fe porte fur Falkali fixe végétal ou minés rai qui forme du fel fébrifuge oti du fel ma- rin qui relie en diffiolution dans la liqueur ; & l’acide craieux qui abandonné les alkalis fixés à s’unit à la cha'tix avec laquelle il forme de la craiè qui fe précipite. Si le tartre cràieitx Ou là ïbude craieufe font diffous dans une très-pétîte quantité d’éaü, & que la difiblution dü fel ma- rin calcaire foit aüffi trcs-chargée , lé ùlêiànge deviênt épais 8c gélatineux'; enfuiteil prërid plus dé confifiance Sc fe durcit même conlnié iliié cfpèce de pierre fadice , lorfqué les proportions font exaétés pour la faturation réciproque; C’efl cette expérience que les premiers chimifies qui i5ont connue ont appelée miracle chimique^ Lé fel ammoniacal craieux décOmpofe îe fel fcnànn Calcaire pâr Unè double affinité 5 Comuië tious l’avons expliqué pour la félénite 8c le nitrë Nij / tr 5>§ È l i i e n s calcaire. L’alkaîi volatil s’unit à l’acide marin forme du fel ammoniac qui refie en diffi> lotion dans îa liqueur , tandis que l’acide craieux combiné avec la chaux forme de la craie qui fe précipite. Le fel marin calcaire diffious dans l’eau avec le nitre calcaire efl difficile à féparer de ce der- nier 5 parce que la loi de criflallifation efl la même pour ces deux fels ; mais on conçoit très-bien que s’il étoit diffous avec la félénite, il feroit aifé de les obtenir féparément, parce que ce dernier fel ne criflaîlifant que par éva- poration 5 iaiffieroit à la fin de cette opération le fel marin calcaire pur , qui criflallife par refroidiiïement. Il efl: important de faire cette remarque $ parce que ces deux fels fe trouvent fréquemment en difToliuion dans la même eau minérale. Le fel marin calcaire n’efl d’aucun ufage. Comme il exifle en affiez grande quantité dans le fel de gabelle, que l’on recommande comme un purgatif fondant dans le vice fcrophuleux, on peut foupçonner que ce dernier fel lui doit •une partie de fes propriétés. Nous croyons de- voir ajouter que la faveur forte du fel marin calcaire & fa grande diflolubilité promettent des effets très-miles de ce fel dans toutes les maladies où il s’agit de fondre , & d’altérer la d’Hist. Nat. et de 'Cmmit* Itàture des humeurs. M. Chambon mon con- frère l’a employé avec fuccès 8c recommandé dans fon Ouvrage fur les maladies des femmes* pour détruire l^es engorgemens laiteux. ïl feroit fort à défirer que les médecins en connoflent les propriétés & en fî fient ufagé dans un grand nombre de cas * où les fondans ordinaires n’ont fouvent que des effets peu marqués, 8c fur-tout dans ceux où l’on ne peut pas fe permettre les remèdes mercuriels. Sorte IV. Borax calcaire. On peut appeler ainfî îa combinaifon de faci-* de rédatif du borax avec la chaux; ce fei nV point du tout été examiné * quoiqu’il foit cer- tain que l’acide fédatif eft ftifceptible de s’unit; . à la chaux , puifque cette dernière décompofe le borax , ainfî que nous l’avons dit. MM. les chimifîes de l’académie de Dijon ont obfervé que le fel fédatif, ' traité au feu avec la chaux éteinte , a donné une matière faiblement agglu- tinée 8c fans adhérence au creufet. Cette ma- tière jetée dans l’eau n’a pas préfenté les phé- nomènes de la chaux , ce qui prouve qu’il y avoit une véritable combinaifon. M. Baume dît > avoir faturé de l’eau de chaux avec du fel fé- datif; cette liqueur évaporée à l’air, ne lui & point donné de criftaux * mais des pellicule^ N iij ■|p8: E e ê m e n â Jaunâtres qui a voient une foible faveur de le? fédatif. Enfin , MM. les académiciens de Dijon ont fait digérer au bain de fable, de L’eau char- gée de fel fédatif for de la chaux éteinte à Pair, Cette di Solution- filtrée a donné un précipité blanc 5Hist, Nat» et de Chimie» toutes les autres matières minérales à caufç de fa fufibilité, avoit été confondu par les natura- lises, foit avec les gypfes , foit avec les fpaths calcaires , foit avec les fpaths pefans , qu’on a auffi appelés fufîblçs. Le célèbre Margraf avoit cependant dihingué ce fei d’avec le fpath pe- lant , en adoptant pour le premier, le nom de fpath fufible vitreux , & pour le fécond 3 celui de fpath fufible phofphorique' ; 8c l’on doit rendre à ce chimilte l’hommage des pre- mières découvertes faites fur les propriétés dm fpath vitreux. Ce fel eh ordinairement fous la forme de criflaux cubiques de diverfes couleurs , très-ré* guiiers , d’une tranfparence glaceufe 8c vitreufe : fa cailiire ell fpathique , 8c l’on y obferve des plaques cubiques & comme gercées à fa fur- face, il fe brife par le choc du briquet ; il fe rencontre toujours dans les mines » 8c il leur fert fouvent de gangue. Quelquefois il eh opaque 8c en rnaffes irrégulières. Sa pefanteuf eh plus conhdérable que celle de toutes les matières Câli- nes que nous avons examinées jufqu’à préfent; il eh quelquefois nué , veiné , taché , & plus fouvent entièrement coloré en vert, en rofe5 en violet, en rouge, &c. On peut diflinguer dix variétés principales de cette fubhance parmi celles que la nature nous préfente* N iy. £00 £ z ê. m e. n sf Variétés,- i. Spath vitreux cubique , blanc Sc tranf- parent. a. Spath vitreux cubique, blanc & opaque* 3, Spath vitreux cubique, jaune j faillie; topaze. Spath vitreux cubique,, rougeâtre faux rubis. 5*. Spath vitreux cubique , vert pâle ; fauSh aigue-marine. & Spath vitreux cubique , vert ; fauffe éme> raude. 7. Spath vitreux cubique,, violet; fauflfe améthyftèv 8. Spath vitreux oâaedre,. dont les pyra** mides font tronquées. Je p obsède un cri (lai de cette efpc ce , qui ef| demi-tranfparent & un peu noirâtre. 9. Spath vitreux en malle. Il eil prefque toujours d’un vert clair , on Violet» Il forme la gangue de plufieurs mines* 10. Spath vitreux en couches de différent tes épaiffeurs , 8c colorées diversement*, Ces différentes variétés de fpath vitreux font, pou,r la plus grande partie, qu’une fçul$ & même fubflariee.faline , e’efUà-dire la çons binaifon de l’acide fpathique avec la chaux* .Cependant comme elles font formées, par lai d’Hist. Nat* et de Chimie. 20Ï fiature , on y trouve ordinairement par une ana- lyfe exade plufieurs matières étrangères , com- me du quartz , de l’argile & du fer. C’eft en général le caradère de tous les produits natu- rels. L’A ngleterre efl fort riche en fpath vitreux. Le fpath vitreux expofé à un feu doux, ac- quiert une propriété phofphorique allez mar- quée 5 mais fi on le chauffe jufqu’à le faire rou- gir, il la perd entièrement , la couleur du fpath vitreux vert fe diffipe en même- terris- , il de- vient blanc & friable ; fi on le chauffe bruf- qnement, il décrépite prefque aufii vivement que le fel marin. Lorfqu’on jette du fpath vi- treux en poudre fur un fer chaud , il préfente une lueur bleuâtre ou violette qui paffe promp- tement. Une nouvelle chaleur ne donne plus îe même phénomène fur celui qui l’a déjà pré- fente. Une chaleur forte fait fondre îe fpath vitreux en un verre tranfparent & uniforme ; ce verre adhère aux creufets. On peut fondre un quart de fon poids de quartz fin avec le fpath vL freux, c’efi pour cela qu’il efl employé comme fondant dans les mines. Le fpath fluor n’efi point altérable à Pair | ni diffoluble dans l’eau. Il fert de fondant aux . matières terreufes & falino-terreufes* Les alkalis fixes purs ne peu-^ &02 Élément vent le déeompofer, parce que la chaîne â pîtis d’affinité avec Ton acide que n’en ont eesfeïs* fuivant Bergman, L’huile de vitriol en dégage F acide fpathique & c’eff le moyen dont on fe fert ordinairement pour obtenir cet acide. On met dans une cornue de verre une partie de fpath vitreux en pou- dre s avec trois parties d’huile de vitriol ; le mélange s’échauffe peu- à-peu > il fe produit une effervefeenee , 8c il fe dégage des vapeurs d’acide fpathique. Cette diflillatien s’établit fans chaleur étrangère , 8c il fe ffublime; dans le ré- cipient j une fubfiance blanche , comme effieu- lie , 8c dépofée par le gaz fpathique. On donne le feu 3 8c on obtient de l’acide fpathique con- centré, qui fe couvre d’une pellicule îerreufe> épaiffe, femblable à Peffiôrèfcenee blanche dont nous avons parlé , lorfqü’iî tombe goutte à goutte dans l’eau qu’on a foin de mettre dans le récipient. On peut obtenir cet acide fous la forme de gaz , îorfqu’on plonge le bec de la cornue fous une cloche pleine de mercure. Cet acide aériforme eil trànfpârent , 8c ne lai (Te pré- cipiter la terre qui lui efl unie , que ïorfqu’qii Je met en conta# avec de l’eau. On conçoit d’après cela pourquoi l’acide fpathique liquide- dépofe dans le ballon des croûtes pierrenfes * pmfcju’ü ne peut les tenir en diffolutioii3. toutes •H- d’Hist. Nat. e t de Chimie, zùf les fois qu’il efl combiné avec Peau. Nous avons Vu que cette terre qui efl de nature quartzeufe appartient aux vafes de verre que l’acide fpa- thique corrode , & qu’elle n’efl point le pro- duit de la combinaifon de l’acide avec l’eau comme l’avoit d’abord penfé Schéele. Lorfque la dlflîllation efl finie , on obierve que le réfidii efl dur 3 blanc ou rougeâtre, par plaques, 8c que la cornue efl trouée ou corrodée très-feu- fiblement. Cette ohfervaüon n’avoit point échap- pé à Margraf; & fi l’on examine par les diflfé- rens moyens la nature du réfidu , on reconnoît que ç’efl de la féiénite mêlée à un peu de quartz, fou vent même à de l’argile & à un peu de ma- gnéfie. Ces deux dernières fubflances femblent^ ainfi que le fer, n’être qu’accidentelles dans le fpath vitreux. La croûte dépofée par l’acide fpathique efl de nature quartzeufe, puifqu’elle; in’efl ni fufible, ni diffoluble dans les acides, & puifque les alkalis fixes la fondent en verre blanc 8c durable. Les détails de cette expé- rience font voir qu’il efl impoffible de difliller une grande quantité de cet acides j’ai eiïayé plufieurs fois d’opérer fur une livre de fpath vitreux , pour obtenir une bonne quantité d’aci- de fpathiq ne, 8c je n’ai jamais trouvé de cor«* nue capable de réfifler à cet agent corrofîf, j’ai été obligé de renoncer entièrement à cette difüL ImoM, EUme Ni L’acide nitreux décompofe le fpath fluor | mais avec des phénomènes très-différens 3 fui- vant M. Boullanger , puifqu’on n’obferve point de croûte dans cette opération , comme dans celle faite à Fhtiiie de vitriol. On n’a point encore bien examiné les détails de cette expé- rience. L’acide marin fépare également Façade fpa- thique fuivant M. Schéele; mais il n’a point înfifié fur les phénomènes de cette décompo- fîtîon. On ne connoît point encore Paffion du plus grand nombre des fels neutres fur le fpath vi- treux. On fait feulement que le tartre craieux 8c la fonde craieufe le dccompofent à Farde d’une double affinité , tandis que les alkalis fixes cauL tiques ne le décompofent pas. En fondant une partie de ce fpath, avec quatre parties de tar- tre craieux , & en jettant ce mélange fondit dans Feau , il fe précipite de la craie formée par l’acide craieux uni à la chaux du fpath , 8c la liqueur contient du tartre fpathique qu’on peut obtenir fous forme de gelée par l’évapo- ration. Ce procédé répété avec la fonde craieii- fe , fournit également de la craie 8c de la foude fpathique que l’on obtient crifiallifée en évapo rant la liqueur. Le fpath vitreux ou fluor n’efi d’ufage que ' . f è \ - fo’His*. ïÎat. éï m Chïmis. îabj^j làns quelques pays de mines , où on l’emploie comme un très-bon fondant. On pourroit auffi s’en fervir au même ufage dans les travaux docimafliques. Sorte- VL Cràîe ; Spath calcaire; Matière! - calcaires en général* Le fpath calcaire ou la craie la plus pure eft un fel neutre formé par Fanion de Pacide craieux avec la chaux. Cette fîibflance a été mife au rang des pierres par les naturalises, parce qu’ils ne lui avoient reconnu aucune pro- priété faline. Cependant nous verrons qu’elle a une forte de faveur 5 qu’elle eh difloluble dans i’eau , qu’elle peut être décompofée , 8c qu’elle fournit dans fon analyfe une grande quantité d’acide craieux , 8c k fubftance falino-terreufe que nous avons connue fous le nom de chaux. Comme le fpath calcaire efl la dernière modi- fication d’une matière très-variée dans fa forme, & qui paffe par beaucoup d’états différons avant „ d’être régulièrement criflallifée 5 il efl; nécelfaire de confidérer en général les fubflances calcai- res ? ou crétacées ( î ). (0 Je croîs qu’on devroit appeler crétacées toutes les Htbllances que l’on défïgne ordinairement en hiÆoire na«? lürelle par le nom de calcaires ,* en effet le premier mot < àoS Ë t Û M É BT S Aucune partie de fhiftoire nàtüreÜe n^dftrê un champ plus vafle à parcourir , un enfemble plus complet de conhoiiIances*p.ofitives que celle des matières calcaires. Une longue obfervatioii qui ne s’eft jamais démentie, 8c fur-tout la pof- ïibilité de fuivre pas à pas la marche de la na- ture dans la formation de ces madères * ont appris que le feîn des mers elt le laboratoire où elles font fans ce (Te travaillées* Parmi le grand nombre d’animaux que ces immehfes amas d’eaux nou raflent , il en eil plusieurs clafles dont les individus , multipliés prefqü’â l’infini , fient- fclent deflinés à ajouter à la ma (Te de notre globe. Tels font les vers à coquille, les ma- drépores., les lithophites dont les parties foli- des examinées par Fart du chimifle * quelque tems après qu’ils ont ceffë de vivre, préfenteni Indique la combinaifon faline neutre formée pat la chaux $c l'acide craieux , c'eft- à-dire , la craie* cretà ; le fécond appartient en propre à la chaux , calx , qui fait îa bàfe de ce fel. L'expreffion matière oit terre càlcdirê devroit donc être réfervée pour la chaux vive , & celle de matière craienfi où crétacée diftifigüeroit la combinaifoh de la chaux avec l’acide de la craie; mais on ne peut pas fè flatter de faire adopter de fïtbt ces deux expreffions ^uî ont toujours été fynonimes , quoiqu'elles du fient être appliquées à des fubfiancés vraiment différentes , & quoiqu'elles fut* Xent fufceptibles d'enrichir notre langues HâTo ET lût C H I M ï £• "Ù.0% tous les caractères des fubflances calcaires. C’eft îa bafe de ces efpèces de fquelettes marins qui produit, par leur entaffement fucceffif, les .mon- tagnes entièrement formées tdé ces matières* Quoiqu'il y ait bien loin de l’état naturel de ces êtres animés , j ufqu’à la criftallifation du fpath calcaire, quoiqu’il foit difficile d’appercevok au premier coup- d’œil, la différence étonnante; qui exifte entre la fubfiance molle Sc pulpeufe de ces animaux vivans , & îa ' dureté de ces malles pierreufes qu’ils forment avec le tems , êc qui font deffinées à donner de la folidité à nos édifices les plus durables , il cfl cepen- dant poffible de fe former une idée des nuan- ces d’altération par lefquelles ils paffent pour fe confondre avec les corps minéraux. Voici comment on peut concevoir ces dégradations depuis Porganifation animale agitante jjufqu’au dépôt régulier qui forme peu-à-peu le fpatfo tranfparent. Les eaux de la mer , en fe balançant fui- vaut les loix d’un mouvement qui nous efi en* core inconnu, fe déplacent infenfiblement , & changent de lit. Elles quittent un rivage qui s’aggrandit peu-à-peu pour s’avancer fur une terre , dont l’étendue diminue en même pro- portion. Ce fait efl démontré dans îa favaim théorie de la terre de M„ de Baffon. A me* r &0§ ' £ L I 1 E Îî § fore que les eaux quittent une partie de îeü£ lit, elles laiiïent à découvert des fonds fur les- quels leurs moüvemens variés, & fi bien ap- préciés ;par l’homme célèbre que nous venons de citer , ont formé des couches , par îe dépôt fucceffif des parties folides , ou des fquelettes des animaux marins. Ces couches font pref- qu’entièrement remplies de coquilles, dont la putréfaction détruit bientôt le gluten animal , & qui alors ayant perdu leurs couleurs., le poli de leur fürface interne , 8c fur-tout leur cou- fîfiance , font devenues friables, terreufes , île de fa fu-rface & de Tes couches externes, ne préfentent cependant aux yeux du chimifle qu\me feule matière femblable à elle-même, un feul & unique fel neutre , formé de chaux & d’acide craieux. Nous allons le confidérer fous ce double point de vue. §, I. Hijloire naturelle des fubflances calcaires (i). Avant d’entrer dans le détail des matières calcaires, il ell bon de jetter un coup-d’œit général fur leur difpofition dans le globe. Ces fubflances' forment des couches plus ou moins étendues, horifontales ou inclinées, qui portent mamfeflement l’empreinte de radian des eaux. Ces couches compofent des montagnes entières, des collines , &c. & forment une grande partie de l’écorce du globe. Elles attellent que les eaux de la mer ont recouvert notre terre , Se y ont dépofé une immenfe quantité de dépouil- (i) Quoique dans l'hiftoïre des terres St des pierres, nous ayons déjà préfènté des divifions méthodiques des gnatières calcaires rangées ordinairement dans cette claiTè par les naturalises , nous croyons devoir offrir dans Cet article de nouvelles divsfions fur ces matières , parce qu'el- les font relatives à d'autres confidérations que celles qui ©fit guidé les méthodifles dans leurs travaux. . îîAf. Ëf i>fi Chimïë. iif les de fes habitans. Les eaux du ciel en fe fil- trant à travers ces ma des calcaires , en entraî- nent des portions , & vont les didribüer plus profondément dans les cavités fouterrames, fous les différentes formes que nous allons examiner# Leurs caradères généraux donnés par les natu- ïalides, 8c très- propres à les faire didinguer* font tirés de deux propriétés remarquables ; elles n’étin cèlent point fous le braquet , & elles font effervefcence avec les acides. Comme d’après ce que nous avons dit, la forme de ces ma- tières calcaires ed allez multipliée , il ed indif» pen fable de les divifei en plufieurs genres. Nous en reconnoiffons fix (ï). Genre I. Terres et pierres C O Q U I L L 1 È R E S. Ces fubdantes ont été rangées parmi les pier- tes, parce qu’elles n’ont ni faveur * ni dilfolu- bilité apparentes; mais leur analyfe démontre qu’elles font véritablement falines , ainfi que tous (i) On fera peut-être étonné de trouver de nouvelles divifions de genres , dans Phiftoire d’une forte de fel ; mais on doit obfèrver que ces genres ne font que relatifs à i’hifloite naturelle , & qu’ils doivent en effet être tous rap*> portés à l’efpèce de fel neutre dont nous examinons propriétés chimiques. O ij 'Éï£ lt ï M Hî les autres genres fuivans ( x ). On les recoiv noît à la forme organique ; Fouvent les coquil- les y font encore tout entières, & la pierre n’eft qu’un amas de ces corps organifés;, quel- quefois même elles ont confervé une partie de leurs couleurs. Il arrive auffi qu’on trouve de ces animaux , dont les analogues n’exiilent plus vivans dans l’intérieur des mers , tels que plu- fieurs efpèces de cornes d’Amman & de Nauti- les en général. Il exifle au contraire -en Euro- pe & en France des coquilles fo Hiles dont on connoît les individus analogues vivans en Amé- rique. Quelques naturalises ont fait des divi- sons très-étendues des coquilles foffiles ; mais comme elles font femblables à celles de ces animaux vivans, nous en traiterons ailleurs. Plufieurs autres fubdances animales fe ren- contrent auffi parmi les terres calcaires. Lorf- qu’elles paroiffient manifeftement avoir appar- (î) Quoique ces matières (oient véritablement faillies, le nom de terres & de pierres qu’elles ont reçu , doit être confervé (crupuleufement j parce que , comme l’a dit M. Daubenton , les noms font un fonds public , qu’il n’etë pas permis d’altérer. Si tous les favans avoient la même retenue que ce fage naturalise, les fciences, & Sur- tout FhiSoire naturelle, ne rebuteroient pas les étudians, comme elles le font quelquefois, par l’appareil effrayant de la nomenclature. sd^Hist. Nat. et de .Chimie, 'Sïÿ. tenu à des animaux connus, on leur donne alors un nom relatif à leur origine , & formé ordinairement de celui de la clalTe d’animaux à laquelle ils appartiennent , en ajoutant un mot qui défrgne leur état pierreux ; tel ed celui de madréporites , & c. mais il faut obferver que les os de l’homme 3 des quadrupèdes , des oî~ féaux, des poiiïbns qui ont été enfouis dans la terre, Sa qu’on connoît auffi fous le nom de foftiles , ne font point de nature crétacée; ils confervent leur caraétère de fel phofphorique calcaire; ainfi , les ornitholithes, les ichthyoli- thés , & c. ne doivent point être rangées parmi les fubflances crétacées,. Il efl plufieurs lubfiances organiques foffiles dont on ne connoît pas l’origine ; alors on leur a donné des noms particuliers pris de leur forme. Tels font les pierres judaïques , que quelques perfonnes croient être des pointes d’ôurfins ; les pierres numïfmaîes ou liards de Saint-Pierre f femblables à des pièces de monnoie , & qui ne paroi fient être que des petites cernes d’Am- mon appliquées les unes fur les autres ; le bé- îzoard folTile , efpèce de malTe arrondie ou de concrétion par couches concentriques; le ludus Helmonài dont les aréoles femblent avoir été formées par la retraite Si le defféchement d’un© matière terreufe, abolie. Sa remplies par O ii$ &14 ' Ë L ë I E N S ■ terre calcaire; les trochites, ent roques 8c alîrol^ tes, qui proviennent d’un zoophy te , nommé palmier marin ; les pifolites , oolites ou méeoni- tes , que l’on croit être des œufs de poi fions ou d’infeéles pétrifiés* mais dont la véritable origine efi inconnue. Comme'on rapportoit aufii à ce genre de pierres vraiment calcaires , toutes les fubfiances: pétrifiées , à quelques animaux qu’elles eufifent appartenu ; on connoit en hifioire naturelle des gammaroîites , des cancrites5 des entomo- lites 3 des amphibioîites <, des zoolites, des an- tropolites. Mais depuis les nouvelles découver- tes fur les os , ces matières ne doivent plus être rapportées à la craie , ainfi que nous Pavons, déjà expofé ; il en efi de même des glofiopètres, pu dents de requins pétrifiées * de l’ivoire oti umcornu foffile * qui vient des dents d’éîéphans*, des turquoifes ou des os colorés en vert 8c en bleu; des crapaudines , pierres grifes ou jau- nâtres 8c creufes , qui, d’après M. de jufiieii3. font les couronnes des dents molaires du poif- fon du Bréfil appelé Grondeur ; 8c des yeux de ferpens qui appartiennent , fuivant ce nam- ralifie, aux dents incifives du même poifioiia D’après ces détails 5 ce genre peut être réduit à deux fortes fous lefquelles on pourra com* prendre toutes les variétés poffibles* SdTîist. Nat* et de Chi-mie, Sbrfes. 1. Coquilles entières ou foffiles. On y diÜingue différentes nuances d’altéra- tions , pour les couleurs , le brillant 3 la dure- té, Sec . Il faut y comprendre les madrépo- res & toutes les habitations calcaires de po* lypes dans l’état de foffi!es0 2 . Faillir ou crotîû. Coquilles brifées & fous la forme de terre t ïe fol d’une partie de la Touraine 8c de plufieurs autres provinces de la France , eft entièrement de cette nature. On emploie ces terres comme un très-bon engrais,. Genre IL Terres et Pierres, ca l CA 1RES . Elles font formées par les matières du pre* mier genre ufées.& dépofées par les eaux. Ont les trouve difpofées par couches ou par bancs dans l’intérieur de la terre. Nous fuivonsM. Bau«* benton dans la diftindion des differentes fortes^ Sortes. 1. Terre calcaire compaéle ; craie. Elle varie par la couleur 8c la fine (Te du grain; on l’emploie à beaucoup d’ulages domef* tiques. 2. Terre calcaire fpongieufe , moelle de pierre* O iv. Ë t i M E N g §î5 Sortes. 3. Terre calcaire en poudre; farine fofïïîe* 4. Terre calcaire en bouillie; lait de lune. 5*. Terre calcaire molle ; tuf. Il durcit 8c blanchit en fe féchant* 6. Pierre calcaire à gros grains. Celle d’Arcueil en fournit un exemple. On y trouve des coquilles à demi-hrifées* 7. Pierre calcaire à grain fin. - La pierre de Tonnerre en efi une variété. Sans entrer dans des détails inutiles , on con- çoit que la couleur , la dureté 8c les triages di- vers auxquels on emploie ces terres 8c ces pier- res, donnent un grand nombre de variétés qu’on* connoît fous dtfférens noms. E11 général elles; fervent à faire' de la chaux, à la conftruâioii des édifices , &e, 8c c. Genre 1 1 L Ma r b r Les marbres different des pierres calcaires proprement dites , par leur dureté un peu plus eonfidérable. Comme elles, ils n’étineèlent pas fous le briquet , ils font effervefcence avec les acides , 8c leur caffure ell grenue. Mais leur grain éft beaucoup plus fin 8c plus ferré ; leurs cou- leurs font plus brillantes, 8c ils prennent un plus beau poli. Tout le monde connoît les triages du marbre dans la fcuîpture, Fard» b’Hïst. Nat. et de «Chimie. 2rf teflure , &c. On l’emploie au(Ti dans quelques pays pour faire de la chaux. Sortes. 1. Lumachelle. Ce nom a été donné par les italiens à une efpèce de marbre formé par des coquilles ag- glutinées. 2. Brèche. C’eh un marbre compofé de petites mafTes arrondies liées par un ciment de .même nature. 3. Marbre proprement dit. On n’y trouve ni les coquilles des îumachel- les , ni la compofition en malles arrondies des brèches -, fes taches font irrégulières : il eh fou- vent veiné. M. Daubenton divife les marbres par îe nombre 8c la combinaifon des couleurs, en comprenant fous la même dénomination les lumachelîes 8c les brèches. 1°. En marbre de fix couleurs : ex. blanc , gris, vert, jaune, rouge & noir; marbre de Wirtemberg. 20. En marbre de deux couleurs: ex. blanc, gris ; marbre de Carare. 3°. En marbre de trois couleurs : ex. gris * jaune 8c noir; lumachelle. q°. En marbre de quatre couleurs : ex. blanc 5 gris , jaune , rouge ; brocatelle d’Efpagne, En marbre de cinq couleurs : ex* blaup s . %■ V 2î£ Ê L I M E Sf 4 Sortes. gris, jaune, rouge , . noir ; brèche de la vieilli Caflille». Marbre figuré. Il repréfente des ruines comme le marbre de Florence 5 ou des herbes comme celui de Hefle. On obier ver a que les couleurs du marbre dépendent prefque toujours du fer qui a été interpole entre fies grains ; cette fubflance quoi- que fufceptible d’un afiez beau poli, efl très- poreufe; tout le monde fait qu’il fe tache trcs- facilement ; c’efi fur cette propriété qu’efl fondé Fart d’y deffiner des fleurs colorées, & de le teindre de beaucoup de couleurs variées. Souvent, le marbre eft mêlé de quelques frag* mens de pierre dure, telles que le quartz, le filex; alors la partie qui contient ces, fragment fait feu avec le briquet; j’ai trouvé fréquem- ment ce caradère. dans plufieurs efpèces de mar- bre noir® Gen re IV. Concrète on- s; . Les concrétions font formées irrégulière- ment, par un dépôt plus ou moins lent, de la matière calcaire chance par les eaux , à la fur- face d’un corps quelconque. Elles ne font point difpofées par grandes couches* mais par frag-* ï>?Hist. Nat. et de Chimie. 219 mens en maffes d’abord ifolées , qui peu- à-peu? fe rapprochent & fe confondent en augmen- tant d’étendue. Sortes, 1. Incru dations. Les eaux très-chargées de craie la ctépofens à la fur face de tous les corps fur lefquels elles coulent ; les incrufîations peuvent donc avoir toutes les formes -poffibl.es , fuivant les fubftan- ces qui leur ont fervi de noyau. Telles font celles des eaux d’Arcueil • telle, efl Fofteocol- Je , &c. 2. Stala&ites. Elles font formées lentement & par couches concentriques, dépofées par les eaux , aux voû- tes des cavernes , &c. elles diffèrent entr’eiles par la gro fleur , la tranfparencè ou l’opacité , îe grain, la couleur, la forme. Elles font en général pyramidales & creufes. Le flos-ferrï efl: la plus pure de toutes. Lorfqu’elles font col- lées le long des parois des cavités fouterraines , on les nomme congélations : dépofées fur le fol, elles portent celui de flalagmites* 3. Albâtre. L’albâtre paroît formé par les Aalaétites les plus pures , enfouies pendant long-tems. ïl efl moins dur que îe marbre; îorfqu’il efl poli, fa furface paroît grade & htiileufe. Il efl roajûfefc Md È I è I E N sf tentent compofé de couches qui ont différen- tes diredions. Il a toujours une Iran fparence plus ou moins grande , qui le di (lingue des marbres - mais elle n égalé jamais celle de quelques fpaths* I/albâtre a d’ailleurs tous les caradères des pier- res calcaires. On en fait des vafes 8c des fla- tues. On peut en diftrnguer beaucoup de va- riétés. ¥ ariétés, î. Albâtre oriental. C’efî le plus tranfparent 8c le plus dur. 2. Albâtre occidental. Il eft moins beau 8c moins pur que le pré- cédent. 3. Albâtre taché de différentes couleurs® 4. Albâtre ondé. On l’appelle aufti albâtre d’agathe. y. Albâtre fleuri. Il préfente des efpèces d’herborifatioim. Genre V. Spath calca i re. Le fpath calcaire diffère des quatre genres- précéde’ns , par fa forme le plus fouyent régu- lière 5 & fur-tout par fa caffure. Il eft formé de lames appliquées les unes fur les autres, 8c très apparentes dans fa fradure. 11 s’égrène par le contad du briquet. t^SrsT, Nat, et de 'Chïmïê. ’zzX Sortes. ï. Spath calcaire opaque. Il eftiblanc ou coloré de diverfes manières % il efi ordinairement formé de- lames rhomboï* dales. 2. Spath calcaire tranfparent rhomboïdal j c ridai d’IÜande. Il double les objets. 3. Spath calcaire prifmatique fans pyrad mides. Ce font des prifmes hexaèdres tronqués 4 dont les faces font égales ou inégales', & dontt quelquefois les angles font coupés de forte qu’ils forment des prifmes à douze faces; ce qui donne crois variétés. qu Spath calcaire en prifmes terminés pa% deux pyramides. Il y a un affez grand nombre de variétés de, ce fpath. Quelques-unes font des prifmes hexaë* dres , terminés par des pyramides aufii hexaè% dres, ou entières, ou tronquées. D’autres pré-' Tentent , à l’extrémité des mêmes prifmes hexaë*^ dres , des pyramides trièdres , entières ou tjron-* quées ou des foin mets dièdres. Enfin , il en eft dont les prifmes quadrangulaires font termi- nés par des fommets dièdres. Toutes ces varié* lés peuvent offrir une ou deux pyramides , fui-: vaut leur pofition. Ë L 1 M Ë If I 222 portes. 5*. Spath calcaire pyramidal. Celui-ci eft formé d’une ou de deux pyra^ trûdes réunies fans prifme intermédiaire. La forme hexaèdre ou triangulaire de ces pyrami- des, l’inégalité de leurs faces, leurs angles fou- vent tronqués , établirent ün grand nombre de variétés (t). 6. Spath calcaire dodécaèdre. Ce fpath, qui reffemble à une efpèce de grenat ou de marcaffire paroît être formé de deux pyramides pentagones tronquées, & réunies pat leur bafe. y« Spath calcaire eh Ânes* C’eft Un amas de longs prifmès raffembléâ en faifceâux, 8c qui ne préfement point de for- me régulière qu’il foit p'ôfïiblè de déterminera (i) Si Ton veut prendre une idée des variétés de fotw ïîie que Ton peut diftinguer dans les fpaths , ,8c du grand -hombre d’efpèces que Pon pourroit en faire, fi Port avoit égard à ces nuances de forme , on peut confulter P Ou- vrage afigiols de M. Hill , qui a oouf titre : The Hifîory 'of fojjîls-i containihg ihe hïftôry of metals , and gèms9 London , 1748 , iiï-foh cam tah. œneis. M. Rome de Lifîe en a donné un extrait dans la, première édition de ïa Critëallogrâphie , page 131 & füiv. page 1.9 1 8c fuiv\» Relativement au fpath calcaire , & au enflai de roche. Il démontre que la méthode de M. Hill efl défe&ueuf© ■«mbarrafTante , &c6 î^'SïST. Na T. ET ï>É Chimie. 22$ fiOïBÈS. Le lapis fuillus des fuédoîs appartient à cett© forte-, 8. Spath cakaire lenticulaire. Ce font des criflaux plats , difpofés oblique* ment les uns à côté des autres. Mi Romé de Lille le croit une variété du fpath prifmatique hexaèdre , terminé par deux pyramides triangu- laires obtuTes , placées en fens contraire. Crïf~ tallogr. pag, J&j , prenu édit . §. IL Propriétés chimiques du fpath & des * matières calcaires en général . Comme le fpath que nous venons de décrira eft la fubihnce càlcaite ou crétacée la plus pure* c’eft de ce fpath qu’il faut confidérer les pro- priétés chimiques j en prévenant que d’ailleurs toutes les matières calcaires décrites dans les cinq genres précédens, préfentent abfolument les mêmes phénomènes. Pour fou mettre du fpath calcaire à l’anal y- fe , il faut en détruire l’aggrégation en le ré- duifant en poudre. Sous dette forme, il efi blanc 8c opaque ; il n’a pas de faveur marquée* cependant il re (ferre un peu les libres du pa- lais 8c de la langue , lorfqu’on le tient pendant quelque tems dans la bouche. - Ce fel terreux expofé à l’aéiion du feu s perd Ë L ï M B N S fon acide & Ton eau de criffalîifation. Sî Oïl le chaufle uufquement , il décrépite & perd fa tranfparence. En le dilliliant dans une cor« nue 5 on en retire de Peau 8c beaucoup d’acide craieux; mais il faut une chaleur conhdérable pour dégager ce dernier. Après cette opération , îe fpath calcaire eh réduit à l’état de chaux vive ; on peut le réformer en combinant cette dernière avec Pacide qu’on a obtenu de fa dé- compofîtion. La diilillation de la craie, qui ne diffère du fpath calcaire que par fon peu de cohérence & fon opacité ,• a été faite par M. Jac« quin. M. le duc de la Rochefoucauld, qui Pa répétée avec beaucoup de foin , a obfervé que les cornues de grès laiffent échapper une partie de Pacide craieux. M. PrieÜley a cdnfiaté ce fait .par planeurs expériences très-exades. On peus fe fervir d’une cornue de fer , ou d’un canon de fufil, mais on obtient toujours un peu de gaz inflammable , produit par l’adion de Peau contenue dans la craie fur le fer. Le fpath calcaire expofé à un grand feu dans des creufets d’argile , eü fufceptibie de fe fon- dre en verre autour des parois de ce vaiffeau» M. d’Arcet en a fondu plufieurs fortes , en un verre tranfparent marqué de quelques ta- ches ; mais comme Macquer a remarqué que ce fel terreux n’a point été fondu au foyer de la lentille b5Hist. Nat. et be Chimie, zîf lentille de M. de Trudaine, on ne peut dou- ter que la fufion obtenue par M. d’Arcet, ne fût due à l’argile des creufets. Le fpath calcaire n’eft point altérable par l’air pur. Mais le contaâ; de l’atmofphère hu- mide, joint aux rayons du foleil , lui font per- dre fa tranfparenee , & la cohéfion de fes la- mes. Sa furface prend les couleurs de l’iris s s’obfcurcit & fe délite peu -à-peu. Ilneparoît pas dilïoluble dans l’eau. La craie, que l’art ne parvient pas plus à difîoudre dans ce fluide pur que le fpath calcaire , efl cepen- dant tenue en diffolution par les eaux qui cou- lent à travers ces fubftances; quelques-unes même en contiennent une quantité notable. Telles font celles d’Arcueil aux environs de Paris; elles font chargées d’une alTez grande quantité de craie pour incruller , en quelques mois ^les corps plongés dans les canaux qu’el- les parcourent. Les eaux des bains de Saint- Philippe en Italie , font tellement chargées de cette fub fiance , qu’elles en dépofent des cou- ches de près d’un demi- pouce d’épaiiïeur dans l’efpace de quelques jours. On profite de cette propriété pour y former des tableaux & des figures , on y plonge des moules creux à la furface intérieure defquels ces eaux dépofent la craie qu’elles contiennent* JtQÏÏK U9 E 2.26 Ê L à M E N S Le fpath calcaire aide la vitrification de quel- ques fvibfiances terreufes & pierreufes; mêlé avec la terre filiceufe , il la fait entrer en fufion , lorfque cette dernière eft dans la proportion d’un tiers ou d’un quart, La craie mêlée par la nature avec une terre argileufe, forme une matière terreufe mixte, que les naturalifies & les cultivateurs défignent fous le nom de marne. Cette fubfiance qui offre un grand nombre de variétés, déférentes par la couleur, la denfité, 8c c. fe fond à un grand feu en un verre d’un jaune verdâtre; on l’em- ploie avec beaucoup de fuccès pour fertilifer les terres, La terre pefante & la magnéfie n’ont aucune affion fur le fpath calcaire par la voie humide; l’acide craieux adhère plus fortement à la chaux que ces deux fubfiances falino-terreufes ; mais le fpath calcaire traité au feu avec ces terres alkalines, forme avec elles des combinaifoiis vi- treufes. M. Achard a fait une grande fuite d’ex- périences fur tous ces mélanges par la vitrifica- tion; les détails en font confignés dans le Jour- nal de Phyfique, Les alkalis fixes 8c l’alkali volatil n’altèrent point le fpath calcaire , parce que l’acide craieux st plus d’affinité avec la chaux que n’en ont ces v fek b’Hist. Nat. et de Chimie. 227 Les acides vitriolique , nitreux , marin & fpa- thique le décompafent en lui enlevant fa bafe & en dégageant l’acide craieux. Si Pon verfe de Fefprit de vitriol fur du fpath calcaire , il s’excite un bouillonnement dû au dégagement de l’acide craieux fous la forme gazeufe. Les naturalises fe fervent avec avantage de ce ca- raéfère chimique pour diftinguer toutes les fubf- tances calcaires. On peut faire, à l’aide des acides, une analyfe exaéle du fpath calcaire. Pour cela , 011 verfe de l’efprit de vitriol fur ce fel réduit en poudre. L’efFervefcence violente qui fe produit dans Pinflant du mélange, indique la féparation de Pacide craieux , que Pon peut obtenir 8c mefurer en le recevant, à Paide d’un fyphon, dans des cloches remplies de mercure. L’efFervefcence efi accompagnée de froid , à caufe de la volatilifation de l’acide craieux. Lorfqu’elle efl finie, fi Pon examine la nouvelle combinai- fon , on trouve que c’eft de la félénite , formée par Pacide vitriolique uni à la chaux, qui fai-* foit la bafe du fpath calcaire. Des expériences nouvelles ont appris que quelques-uns de ces fpaths contiennent un peu demagnéfîe,& don- nent du fel d’Epfom , lorfqu’on les diffout par Pacide vitriolique. L’acide nitreux que les na- turalifies emploient ordinairement dans leurs dîais , produit la même effervefcence fur le Pij i£2§ îiÉMÊN'S fpath calcaire ; il en dégage l’acide craieux & forme du nitre calcaire avec fa bafe. L’acide marin fépare de même avec eflfer- vefcence violente l’acide craieux du fpath cal- caire & donne du fel marin calcaire en fe com- binant avec la chaux» L’acide fpathique le décompofe de même •8c forme du fpath vitreux ou fluor fpathique avec fa bafe calcaire. L’acide fédatif ou du borax ne décompofe point à froid le fpath calcaire*, mais il produit une efîervefcence , lorfqu’on le fait chauffer en le mêlant avec de la craie en poudre , 8c en dé- layant dans ce mélange fuffi faute v quantité d’eau. L’acide craieux a la propriété de donner de la folubilité au fpath 8c aux autres matières cal- caires. Nous avons déjà vu à l’article de cet acide , qu’il précipite l’eau de chaux en craie * 8c qu’il la rediffout fi on en ajoute plus qu’il n’en faut pour cette précipitation. De l’efprit acide de la craie qui féjourne fur du fpath cal- caire en poudre, fe charge peu -à-peu d’une certaine quantité de ce fel neutre terreux. Pln- fieurs eaux contiennent auffi de la craie à la faveur de l’acide craieux ; mais toutes ces dif- folutions font peu durables. Lorfqu’on les ex- pofe à l’air , elles fe troublent peu-à-peu ? 8c ia. craie fe précipite à mefure que l’acide craieux b’Hist. Nat, et de Chimie. 22^ fe diffipe. Cet effet efl beaucoup plus rapide parl’adion de la chaleur; c’eff pour cela qu’on» emploie avec fuccès F ébullition pour corriger: îes eaux chargées de craie , qui font dures 8c crues , fans cette précaution* Comme c’eft prefque toujours en raïfonde Facide craieux que les eaux tiennent de la craie en diffblution; on conçoit que ce fel terreux, doit fe précipiter lorfque Facide s’évapore; telle: eff la caufe des dépôts calcaires &. des incruf* tâtions qui fe forment dans les fontaines _, autour des canaux que Peau parcourt, ainfi qu’011 Fob- ferve pour celle d’Arcueil & des bains de Saint- Philippe en Italie. Lorfque l’hiftoire naturelle; nétoit point encore éclairée par la chimie, oa donnoit le nom d e fontaines pétrifiantes à celles qui préfentoient ces dépôts , & la fuperllition* des peuples les comptoit au nombre des mis- racles. Le fpath calcaire n’a aucune adion fur les. feîs neutres à bafe d’alkalis fixes. Il décompo- fe , ainfi que la craie , les fel s ammoniacaux*. On obtient d’une part un fel calcaire formé parr Facide des fels ammoniacaux 8c la chaux du> fpath, & de l’autre part du fel ammoniacal craieux, réfultam delacombinaifon de Facide dit fpath calcaire avec Falkali volatil du fel ammo- niac décompofé* On fait cette opération en dif- 1 2%0 Ë LUMENS tillant dans une cornue de grès , un mélange d’une livre de Tel ammoniac & de deux livres de craie, ou bien de fpath calcaire en pou- dre. On a foin d’employer ces deux fubfiances bien sèches. On adapte à la cornue un ballon avec une allonge, ou mieux encore une cucur- bite de verre ou de grès. On donne le feu par degrés jufqu’à faire rougir le fond de la cornue® Il paiïe des vapeurs blanches , qui fe conden- fent en criflaux très-blancs 8c très-purs fur les parois du récipient. C’efl le fel ammoniacal craieux. Il paroît que c’eft par ce procédé qu’on le prépare en grand en Angleterre , d’où il étoit envoyé autrefois dans toute l’Europe fous le nom de fel volatil \ auj ourd’hui on fait pré- parer ce fel par-tout. Le réfidu de cette opé- ration efi du fel marin calcaire ordinairement fondu , lorfqu’on a donné un bon coup de fers fur la fin de l’opération. Les ufages du fpath 8c des matières calcaires en général font fort étendus , ainfi que nous Pavons déjà fait obferver en traitant de leur hiftoire naturelle. Mais un des plus importans* eft la préparation qu’on leur fait fubir pour les changer en chaux. L’art du chaufournier con- fille à décompofer les matières calcaires par l’adion du feu, & à leur enlever leur acide. Les pierres chargées de coquilles , les marbres 9 b5Hïst» Nat. et de Chimie. 23 r & la plupart des fpaths calcaires , font celles de ces fubflances qui donnent la meilleure chaux. Cependant on fe fert plus communé- ment, fur-tout aux environs de Paris, d’une efpèce de pierre calcaire dure , que l’on nomme pierre à chaux. On arrange ces pierres dans une efpèce de four ou de tourelle , de manière qu’elles forment une voûte ; on allume fous cette voûte un feu de fagots , que l’on conti- nue jufqu’à ce qu’il s’élève une flamme vive , fans fumée, à environ dix pieds au-deiïtis du four, 8c jufqu’à ce que les pierres foient d’une grande blancheur. On commence aujourd’hui à fe fervir à Paris de charbon de terre pour la cuiffon de la chaux. Pour que la chaux foit bonne , elle doit être dure, fonore , s’échauffer promptement & forte- ment avec l’eau, & donner une fumée épaiffedans fon extindion. Si elle 11’a pas été allez calcinée 9 elle efl moins fonore , 8c elle ne s’échauffe que peu 8c lentement avec l’eau; fi elle l’a été trop5 elle efl à demi-vitrifiée ; elle rend , lorfqu’on la frappe, un fon trop clair; 8c elle ne peut plus s’unir facilement avec l’eau. Les chaufour- niers la nomment alors chaux brûlée.- Nous 11e parlerons pas des ufages de la chaux , parce que nous en avons traité dans l’hiiloire de cette febflanee pure. F iv 1 • E L S M E N S Nous ajouterons ici que le fpath calcaire qui fe trouve mêlé en très- petits fragmens avec îa félénite ou le gypfe par la nature , 8c qui efl dépofé dans les montagnes par grandes cou- ches ordinairement régulières , féparées par des bancs de glaife 8c de marne, comme on l’ob- ferve dans tous les environs de Paris, confti- tue la pierre à plâtre la plus utile pour la bâ- tilTe. Quoique nous ayons déjà parlé de cet objet à l’article de la félénite, nous croyons devoir y revenir encore ici , 8c entrer dans un allez grand détail , pour fuppléer à cet égard à ce qui manque dans tous les ouvrages d’hif- toire naturelle 8c de chimie. Nous devons d’abord rappeler que la félé- nite pure ne donne par la calcination que du plâtre fin qui ne fait qu’une pâte incohérente avec l’eau, 8c que l’on emploie pour couler des ftatues ; tout le monde fait que cette pâte defféchée eil très-caffante 8c n’a aucune téna- cité, qu’elle fe brife au moindre effort ; cela dépend de ce que cette matière faline en re- prenant l’eau qu’elle a perdue par la calcina- tion, forme une maffe égale 8c homogène dans toutes fes parties. Il n’en efl pas de même du plâtre propre à bâtir. La pierre qui le fournit à Montmartre 8c dans tous les endroits qui con- tiennent ce minéral, eft une forte de brèche d5Hist. Nat. et de Chimie. 233 formée de très- petits criftaux grenus de félénite, 6c de lames très-tenues de fpath calcaire ; on y reconnoît la préfence de ce dernier en met- tant une goutte d’acide nitreux fur la pierre; Il fe produit une vive effervefcence due au dégagement de l’acide craieux ; en faifant dif- foudre un poids donné de pierre à plâtre de Montmartre dans fuffîfante quantité d’eau- forte, tout le fpâth calcaire eft décompofé à mefure que la chaux s’unit à l’acide nitreux , & il ne refte plus que la félénite qui eft infoluble dans cet acide ; on trouve par cette expérience que le fpath calcaire varie en proportion dans les différentes pierres à plâtre, 8c que dans la meil- leure il en fait plus de la moitié. Ce point une fois bien démontré fur la na- ture mélangée de la pierre à plâtre , il eft fort aifé de concevoir les phénomènes que préfente le plâtre à bâtir dans fa cuiffbn , dans fon ex- tïnélion 8c dans fon endurciflement. Quand on cuit ce fel terreux , la félénite qu’il contient perd fon eau de criftallifation 8c devient fria- ble , le fpath calcaire perd fon acide 8c paiïe à fétat de chaux ; d’après cela le plâtre bien cuit eft âcre 8c alkalin , il verdit le fyrop de violettes , il s’échauffe avec les acides fans faire d’effervefcence , il perd fa force à l’air, à mefure que la chaux-vive qu’il contient s’éteint / 2^4 Elément en attirant Facide craieux 6c Feau de FatmoC- phère; il abforbe l’eau avec chaleur, quand ou le gâche ; quant à la folidité qu’il prend très- promptement comme tout le monde le fait, cette propriété eff Pinverfe de celle de la chaux pure , elle eft due à ce que la chaux vive ayant d’abord abforbé l’eau qui lui ell néceffàire pour fon extindion, la félénite qui ell interpofée entre fes molécules en attire une portion , 6c fe criftallifant fubitement, produit l’effet du fa- ble ou du ciment dans le mortier, en liant 6c en accrochant pour ainff dire enfemble les parcelles calcaires. On connoxt enfin , d’après cette théorie, pour- quoi le plâtre fe conferve bien par la chaleur 6c la féchereiïe, tandis qu’il fe détruit 6c s’en- lève promptement par l’humidité. Les deux prin- cipes falins 6c folubles dans Peau qui le cons- tituent font la caufe de ces phénomènes. e’Hist. Nat. et de Chimie. 237 CHAPITRE VIII. Genre IV. S e l s neutres a base DE SELS MAGNÉSIE OU MAGNÉSIENS » vJN a déjà vu dans l’hihoire des acides que la magnéfîe fe combine très- bien avec ces Tels 8c qu’elle forme dans ces combinaifons des Tels neutres différens de ceux que condiment tou- tes les autres bafes. Ces fels ne font pas encore entièrement connus , & ils n’ont point été l’objet des recherches de beaucoup de chimihes. Le célèbre M. Black eh le premier qui ait bien dihingué ces fels, que l’on confondoit avant lui avec les fels à bafe terreufe en général. Les fels magnéfiens ont des caradères géné- riques qui les diftinguent ; ils font prefque tous amers & falés , la plupart criflallifent réguliè- rement quoique difficilement ; la plupart font très-folubles dans l’eau, quelques-uns attirent même l’humidité de Pair ; ils font plus décom- pofables que les fels ammoniacaux & calcaires, 8c ils cèdent leurs acides à la terre pefante5 à la chaux, à l’alkali volatil 8c aux deux alka- lis fixes. Ces fels font au nombre de fix, favoir le E LËKENS vitriol magnéfîen oo îe fel d’Ëpfom , le nïtre magnéfîen 3 le Tel marin magnéfîen 3 îe borax magnéfîen , le fluor magnéfîen ? 8c la craie ma- gnéfîène* Sorte î. Vitriol magnésien ou sel d’Epsom. Le fel neutre formé par l’acide yitriolique uni à la magnéfîe, a été appelé fel d’Epfom^ à raifon du lieu d’où on îe tire en plus grande quantité : c’efl une fontaine d’Angleterre. Il exifle encore dans les eaux'd’Egra, de Sedlitz* de Seydfchutz. Son véritable nom elt vitriol magnéfîen; Bergman l’appelle magnéfie vitriolée*. Ce fel a une faveur très-amere, aufli. lui a- t-on donné le nom de fel cathartique-amer. Il efl dans le commerce fous la forme de très- petites aiguilles terminées par des pyramides- fort aigiies ; dans cet état il reffemble allez au fel de Glauber , mais fa faveur efl plus amère 3, il ne s’efHeurit point à l’air , 8c fa. criftallifation- efl bien différente lorfqu’elle efl très-régulière •. on l’obtient en le laiffant criflallifer fpontanément fous la forme de beaux prifmes quadrangulaires. terminés par des pyramides également quadran- gulaires ; les faces de fes prifmes & de fes py- ramides font lifTes 8c fans canehires* &.fes crif- taux font en général plus courts 8c plus gros; que ceux du fel de Glauber ; d’ailleurs toutes, b’Hist. Nat. et de Chimie. 237 Tes autres propriétés le diftinguent de ce fel neu- tre parfait , comme on va le voir. Lefeld’Epfom retient affez d’eau de criflal- Üfation , pour être en état d’éprouver comme le fel de Glauber & le borax , la liquéfadion aqueufe. il fe fond à la plus légère chaleur; il fe prend en une malle informe par le re- froidifTement. Lorfqu’on le laiffe fur le feu , après qu’il a éprouvé la liquéfadion aqueufe , il fe defsèche en une maiïe blanche, friable, qui n’eft que le fel privé de fon eau de crif- tailifation , 8c dont la nature n’a point changé. Il faut un feu extrême pour faire éprouver une véritable fufion ignée au vitriol magnéfien def- fëché. Ce fel contient près de la moitié de fon poids d’eau de criflallifation. ; Macquer 8c plufieuts chimiftes ont dit qu’il s’humede légèrement à l’air , 8c que cette pro- priété peut fervir à le faire , diftinguer du fel de Glauber qui s’y effleurit. Mais Bergman an- nonce au contraire , qu’expofé à un air fec , le fel d’Epfom perd d’abord fa tranfparence, 8c fe réduit à la fin en une poudre blanche; 8c il avance que celui qu’on vend en petites aiguilles , efl humide 8c déliquefcent à caufe du fel marin de magnéfie qu’il contient. M. Bu- tini y citoyen de Genève , à qui l’on doit de fort bonnes recherches fur la magnéfie , dit avoir 238 E L é M E N S trouvé dans le Tel d’Epfom d’Angleterre du fel de Glauber auquel on pourroit attribuer cette efflorefcence -, mais le vitriol de magné- fie bien purifié quoique perdant un peu de fa tranfparence à l’air, ifeft point à beaucoup près efflorefcent comme le fel de Glauber , qui fe réduit entièrement en pouffière au bout d’un certain tems. Le fel d’Epfom eft fi dilTo lubie dans l’eau â qu’il ne demande pas deux parties de ce fluide froid pour être tenu en diftblution , & que l’eau chaude peut en diffoudre près du double de fon poids. Il fe criflallife par le refroidiiïement > mais pour l’avoir très-régulier, il faut laifler évaporer fpontanément une dilfolution de ce fel faite à froid. Ce fel n’éprouve aucune altération de la part des terres filiceufe & argileufe. La terre pefante le décompofe parce qu’elle a plus d’affinité avec l’acide vitriolique que n’en a la magnifie. La chaux le décompofe par la même rai fon. Si l’on met un peu de fel d’Epfom dans de l’eau de chaux , ou fi l’on verfe cette dernière dans une diftblution de ce fel , il fe forme un pré- cipité dû à la magnéfîe & à la féiénite. Cette précipitation eft un caraélère sûr pour diftin- guet le vitriol magnéfien du fel de Glauber. d5Hist. Nat. et de Chimie. 239 Les alkalis fixes purs décompofent auffi le fel d’Epfom. L’alkali volatil cauflique , ayant la même propriété 9 tandis qiril ne décompofe pas la félénite , il eft démontré que ce fel a plus d’affinité avec l’acide vitriolique que n’en a la niagnéfie , 8c qu’il en a moins que la chaux; il peut donc fervir à faire diflinguer dans les eaux la préfence du fel d’Epfom. C’efi ainfî qu’o.n obtient par l’alkali volatil cauflique la magnéfie pure, dont nous avons fait l’hifloire au commencement des matières falines. Berg- man obferye que l’alkali volatil pur ne préci- pite point complètement la magnéfie du fel d’Epfom , 8c qui! y a une partie de ce fel qui refie fans décômpofition. La liqueur après ce mélange tient en di Ablution du vitriol ammo- niacal 8c du fel d’Epfom ; quelques chimifles ont cm que ces deux fels formoient enfemble une efpèce de fel triple , ou compofé d’un aci- de uni à deux bafes; mais il y a une erreur bien manifefle dans cette opinion , car quoique ces fels fe trouvent dans la même eau , l’un efl formé par l’acide vitriolique uni à l’alkali volatil, 8c l’autre par le même acide combiné avec la magnéfie ; tous les deux ont une por- tion d’acide , & ce n'efl pas la même qui adr hère en même-tems aux deux bafes, ce qui feroit nécefTaire pour conflituer un vrai fel triple* 2\Q E L Ê I E H S On ne connoît pas encore bien Paélion du fel d’Epfom fur les Tels neutres à bafe d’aika- lis fixes & d’alkali volatil. Il efl probable qu’il décompoferoit les Tels nitreux & marins de ces deux genres par une double affinité. M. Quatremere Dijon val affiire dans une lettre à M. de Morveau , ( Journal de phyfique, Mai 1780, vol. XVII, pag. 391 , ) que lorf- qu’on unit une diffolution de fel d’Epfom avec une diffolution de fel ammoniacal vitriolique* il s’opère une précipitation totale du fel d’Ep- fom fans décompofition ; celui-ci tombe au fond du verre fous la forme de criflaux affiez gros , qu’on peut reconnoître par la faveur , 8c c. Il attribue cet effet à ce que le fel ammoniacal vitriolique efl fufceptible de s’emparer de l’eau du fel d’Epfom, qu’il croit être criflallifable. Nous reviendrons fur cette explication dans l’hiff toire du nitre de magnéfie. Quant aux fels craieux , il efl certain que îe fel d’Epfom les décompofe , 8c qu’il efl décorn- pofé par eux. Lorfqu’on verfe une diffolution de tartre craieux ou de foude craieufe dans une diffolution de fel d’Epfom, il y a alors double décompofition & double combinaifon. L’acide vitriolique du fel d’Epfom s’unit aux aîkalis fixes , l’acide craieux qui fe fépare de ces derniers fe reporte fur la magnéfie, 8c forme avec ï>’Hist. Nat. et de Chimie. 24Ï âvec elle un fel neutre, connu fous le nom de magnéfie douce ou effervefcente. C’eft par ce procédé que Ton prépare la magnéfie douce dont on fait ufage en médecine , comme d’un très-bon purgatif. Nous décrirons très en dé- tail cette opération à l’article de la craie ma-: gnéfiène. Une diffolution féléniteufe, mêlée avec une diffolution de fel d’Epfom, offre la précipita* don de ce dernier , fuivant M. Dijonval, quoi- que ce phénomène foit peu fenfible à caufe de la petite quantité de félénite tenue en diffolu- don. Le nitre & le fel marin calcaires décom- pofent auffi le fel d’Epfom , 8c font décompo- fés en même-tems par ce fel; mais nous ne croyons pas que l’on puiffe en conclure , avec M. Dijonval , que les acides nitreux 8c marin ont plus d’affinité avec la magnéfie, que n’en a l’acide vitriolique , puifque dans ces expérien- ces on doit néceffairement tenir compte des af- finités doubles. Bergman dit que le quintal de fel d’Epfom criflallifé, contient dix-neuf parties de magnéfie pure , trente-trois d’acide vitriolique, 8c quaran- te-huit d’eau. Le fel d’Epfom eft employé en médecine avec beaucoup de fuccès. Ceft un purgatif fort utile, 8c qui jouit en même-tems de la pro- Tome IL . ' ÿ Q 242 E L ï I E N S priété Fondante. On le préfère même aux au* très fels purgatifs à caufe de fa grande diffo- lubilité. On l’adminifire , ou feul, diffous dans l’eau, depuis une once jufqu’à deux,- ou comme adjuvant, à la dofe d’un à deux gros. Il miné- tralife la plupart des eaux purgatives naturelles, & fpéciaîement celles d’Egra , de Sedlitz , de JSeydschutz , &c. Sorte lî. Nitre magnésien. La combinaifon de l’acide nitreux avec la tnagnéfie appelée nitre magnéfien ou magnéfie nitrée , a été examinée par Bergman. Cet illuf- tre chimiffe dit que la di Ablution de ce fel fait par l’art , donne après une évaporation conve- nable des criflaux prifmatiques, quadrangulai- res, fpathiques, fans pyramides. Ce fel a une faveur âcre & très amère; il fe décompofe par la chaleur ; il attire l’humi- dité de l’air. Il eft très-diflfoluble dans l’eau; 011 ne l’obtient criftallifé que par une évapora- tion lente ; & l’on ne connoît même pas allez bien les loix de fa criftallifation , pour le faire paroître à volonté fous fa forme régulière 9 comme cela a lieu pour un grand nombre d’au* très fels. La terre pefante 3 la chaux 6c les alka- lis le décompofent. Comme le nitre magnéfien fe trouve diffous d5Hist. Nat. et de Chimie. 245 dans les eaux mères du nitre , M. de Môrveau a propofé d’en retirer en grand la magnéfié 9 en les précipitant par l’eau de chaux. Ce pro- cédé pourroit’ être très-avantageux par la faci- lité de fon exécution & le peu de frais qu’il de- mande; mais le même chimifte ayant obfervé que l’eau de chaux récente précipite le nitre cal- caire bien pur, ainfi que je m’en fuis convaincu par beaucoup d’expériences, lia magnéfié qu’on obtiendroit par ce procédé n’auroit point le de- gré de pureté convenable à un médicament aufîï utile; au refie , cet objet demanderoit un tra- vail fuivi 3 une difcuiïion plus longue que îa nature de cet ouvrage ne le permet. L’acide vitriolique & celui du fpath fluor dé- gagent l’acide du nitre de magnéfié. Le fel fé- datif le fépare auffi à l’aide de la chaleur, 8c à raifon de fa fixité. Telles font les propriétés de ce fel indiquées par Bergman. M. Quatremer Dijonval , qui a fait des re- cherches fur plufieurs combinaifons de la ma- gnéfie , a trouvé dans le nitre magnéfien quel- ques propriétés très-différentes de celles annon- cées par le chimjfte d’Upfal. Il dit avoir ob- tenu des criftaux non déliquefcens de nitre ma- gnéfien , 8c il ajoute même que les fels magné- fiens fbnLautant criftallifables & portés à s’efileu- m que les fels calcaires font avides d’humidité# Qü 'v E L 'i M E N S Le nitre de magnéfie paroît être fufceptibîe de décompofer, à l’aide des affinités doubles, lés Tels vitrioliques , tels que le tartre vitriolé 9 le fel de Glauber & le Tel ammoniacal vitrio- lique ; mais ces décompofitions ne font point fenfibles dans îe mélange des diffoîutions de ces différens fels, comme dans celles qui font -opérées par le nitre calcaire , parce que les ni- très ordinaire , rhomboïdal & ammoniacal , ainfi que le fel- d’Epfom qui en réfulte , font tous très-folubîes dans l’eau , tandis que la fé- Jénite formée dans la décompofition du tartre vitriolé 3 du fel de Glauber & du vitriol am- moniacal par le nitre calcaire , préfente un pré- cipité très - abondant. Cependant on peut fe convaincre de l’effet de ces affinités doubles opérées par le nitre magnéfien en évaporant les liqueurs. On trouve les nitres formés par le îranfport des alkalis fur l’acide nitreux , & le fel d’Epfom réfultant de l’union de l’acide vi- triolique des fels décompofés avec la bafe du nitre magnéfien. M. Dijonval a annoncé un fait digne de tou- te l’attention des chimiftes. G’efi la précipi- tation du nitre magnéfien , opérée par le nitre calcaire. Lorfqu’on mêle des diffolutions trans- parentes & bien pures de ces deux fels 3 le ni- tre de magnéfie fe dépofe fur-le-champ , fous ï>5Hist. Nat. et. de Chimie. la forme criflalline, & fans être décompofé'erc aucune manière ; la liqueur retient en diffoîu* f'ion le nitre calcaire. Il efl très-fingulier que deux Tels, qui féparés, ont affez^ d’ean pour être diffous parfaitement, préfentent dans leur mélange la précipitation 8c la criflallifation fu~ bite de l’un des deux. M. Dijon val penfe $ comme nous l’avons déjà annoncé plus haut, que cela dépend de la grande tendance du ni* tre calcaire pour s’unir à l’eau. Ce fel pouvant, fuivant lui , abforber une plus grande quantité d’eau que celle qui lui efl nécelfaire pour être tenu en diffoîution, dès qnon mêle avec lui une didblution de nitre de magnéfie , qui d’aile leurs, tend fortement à fe criflallifer, il s’empare auffi-tôt de l’eau de criflallifation de ce dernier, 8c alors le nitre de magnéfie n’étant plus équi* pondérable à la quantité d’eau qui le foutenoit 3 fe précipite fous fa forme criftalline. Cette ex~ plication ne paroît pas lever plufieurs difficultés qu’il efl poffible de lui oppofer. Comment ea effet un fel , quelque diffoluble qu’il foit , & quelque tendance qu’il ait pour fe combiner avec l’eau, peut-il s’emparer de Peau de crifi* tallifation d’un autre fel , lorfqu’il efl lui-même uni à une affez grande quantité d’eau pour être tenu en diffoludon f Si l’on répond qu’il n’eft pas faturé d’eau , il exifle donc un, point de Q«i 2^6 Elémens faturation ou le nitre calcaire ceiïeroit de faire ainfi précipiter le fel marin de magnéfie; & c’eft ce qu’il auroit été néceflaire de démontrer. Cette fuppofition même admife , comment le nitre calcaire s’empareroit- il de l’eau de criftaîlifa- tion du nitre magnéfien, tandis qu’il peut ab~ forber celle qui tient en dilïolution ce même fel , avant de lui enlever la portion de ce fluide qui fait partie conftituante de fes criflaux ? En- fin, comment peut- on concevoir dans cette ex- plication, que le nitre magnéfien , privé de l’eau de fa criflallifatîon par le nitre calcaire , foit fufceptible de fe précipiter fur-le-champ fous la forme criflalline , tandis qu’il a perdu un des > élémens de fes criflaux ? Nous croyons d’après ces obfervations qu’il a échappé à Mi Dijonvaî quelques circonflances dans le phénomène qu’il a obfervé , & qu’il tient à une caufe qu’on ne connoîtra bien que lorfqu’on aura répété 8c varié cette expérience de beaucoup de maniè- res différentes , relativement à la quantité d’eau 3 des fels , à la température 5 8c c. Le nitre magnéfien n’efl d’aucun ufage dans les arts ni dans la médecine. Sa faveur forte3 fa déliquefcence 8c toutes fes propriétés annon- cent qu’il auroit une forte adion fur l’écono- mie animale, 8c il fer oit fort à defirër qu’on i’eflayât comme fondant 8c incifif dans tous les b’Hxst. Nat. et de Chimie. 247 cas où les médicamens de ce genre font diqués. Sorte 1 1 ï. S E L MARIN MAGNÉS I E N, Ce fel qui efl la combinaifon faturée d’acicfe niarin & de magnéfie exifle dans toutes les eaux Talées & dans toutes celles qui tiennent du vitriol de magnéfie en diffolution , comme les;, eaux d’Epfom, d’Egra* de Sedlitz , de Seyds- chutz & beaucoup d’autres ; il eft infiniment plus commun qu’on ne Ta cru» Le fel marin magéfien a une faveur trcs-amere 8c très-chaude. Bergman dit qu?on ne peut l’ob~> tenir criflallifé, qu’en expofant fubitement à un grand froid , fa diffolution fortement concentrée par l’évaporation. Il efl alors fous la forme de petites aiguilles très-déliquefcentes. Cette diffo- lution offre le plus fouvent une gelée tranfpa- rente. M. Dijonval qui annonce avoir obtenu- ce fel fous une forme régulière 8c permanen- te , croit même qu’il efl plutôt efHorefcent que déliquefcent. Le fel marin de magnéfie fe décompofe , Re- perd fon acide par l’adion du fem Les der- nières portions d’acide ne fe dégagent qu’avec beaucoup de difficulté; la magnéfie refie cauf- tique après cette opération. Ce fel expofé à l’air paroît en attirer puiflâm- <2 w ÉLÉMENT ment l’humidité 8c fe réfoudre promptement en vapeurs. Bergman 8c beaucoup d’autres chi- mifies ont reconnu cette propriété - M. Dijon- val eft le feul qui ait annoncé que le fel ma- lin de magnéfie , comme le nitre magnéfien s’effleuriffoit plutôt que de s’humeder ; mais cette affertion demande à être confirmée par de nou- velles expériences. Le fel marin magnéfien efl très-folubîe dans l’eau ; il paroît même qu’il ne lui faut qu’un poids de ce liquide égal au lien pour être tenu en diffblution. Il eft très- difficile de l’obtenir bien criflallifé j l’évaporation à l’aide de la chaleur 3 ne réuffit que très-mal 3 parce qu’il faut épaiffir beaucoup la liqueur qui en fe refroidiffant prend prefque toujours la confifiance gélatineufe ; il y a plus d’efpoir de réuffir en laifiànt évaporer fpontanément dans les chaleurs de l’été une dif- folution de ce fel bien pur ; encore ce moyen ne fournit-il des criflaux qu’avec beaucoup de dif- ficultés. Le fel marin de magnéfie chauffé dans une cornue avec la terre filiceufe 8c l’argile , donne fon acide ; mais comme l’adion du feu feul le dégage , on ne peut point attribuer cette dé- compofition aux terres. La terre pefante 8c la chaux décompofent ce fel & en précipitent la magnéfie. Comme b’Hist. Nat. et de Chimie. 249? les eaux mères du fel marin des fontaines falées contiennent du fel marin de magnéfîe mêlé avec le fel marin calcaire , on pourroit en précipiter en grand & à peu de frais la magnéfîe par le moyen de l’eau de chaux. Les alkalis fixes 8c l’alkali volatil cauflique ont plus d’affinité avec l’acide marin que n’en a la magnéfîe, 8c précipitent cette dernière du fel marin magnéfîen. La liqueur tient en difîo- lution du fel fébrifuge , du fel marin ou du fel ammoniac, fuivant la nature de l’alkali qu’on a employé pour cette décompofition. Les acides vitriolique 8c nitreux décompo- fent ce fel 8c en féparent l’acide marin avec efîervefcence. Pour opérer ces décompofîtions, il faut diftiller dans une cornue de verre un mélange d’une partie de ces acides 8c de deux parties de fel marin de magnéfîe. L’acide de ce dernier fe volatilife, tandis que les deux autres plus puilTans fe combinent avec la ma- gnéfîe , 8c forment du fel d’Epfom ou du ni- tre magnéfîen. Le fel fédatif en dégage aufiï l’acide marin par la chaleur. Le fel marin à bafe de magnéfîe décompofe les fels vitrioliques 8c nitreux à bafe d’alkalis fixes 8c d’alkali volatil , par la voie des dou- bles affinités ; mais pour s’aiïurer de ces décom- pofitions j il faut évaporer ou mêler avec l’efprit Ê L ï M E N S de-vin, les diffolutions de ces Tels verfées fur îa diffolution du Tel marin de magnifie, parce que les matières falines nouvelles qui en réful- tent , relient en dïIFolution dans la liqueur après le mélange. Mis en contaét avec le fel fébrifuge, & tous les deux en diffolution , le fel marin de magni- fie fe précipite en crifiaux, fuivant M. Dijon- val , par la grande difpofition à fe crifiallifet qu’il admet dans ce dernier, comparativement au Fel fébrifuge, qui retient l’eau de fa diffolu- tion. Il efl encore très-difficile de concevoir 3 dans l’opinion de ce chimifte , comment un fel auffi peu foluble 8c déliquefcent que le fel fé- brifuge , en comparaifon de ces deux proprié- tés confidérées dans le fel marin de magnéfie,. peut s’emparer de l’eau qui diffout ce dernier? Si l’on mêle une diffolution de fel marin ma- gnéfien avec une diffolution de fel marin cal- caire , le premier fel fe précipite en crifiaux d’après le même chimifte. Toutes ces aliénions doivent être confirmées par de nouvelles ex- périences pour faire partie des élémens de la fcience chimique. Le fel marin magnéfien n’efi: d’aucun ufage • niais nous croyons qu’il pourra être employé en médecine avec beaucoup d’avantage comme purgatif & fondant ; les médecins en adminif- b9Hist. Nat. et de Chïmie. z$x trent tous les jours de petites quantités, en pref» crivant le fel d’Epfom , les eaux de Seditz » & le fel marin gris , puifque ces fubllances en contiennent toujours. Sorte IV. Borax magnésien. On peut donner ce nom à la combinaifort du fel fédatif avec la magnéfie. Ce fel n’efl prefque pas connu. Bergman a obfervé que lorfqu’on jette de la magnéfie dans une difTo- lution de fel fédatif, elle s’y diiTout , mais len- tement. La liqueur évaporée donne des crifiaux grenus , fans forme régulière. Ce fel fe fond au feu fans fe décompofer. Les acides le décompofent en s’emparant de la ma- gnéfie, 8c en en féparant le fel fédatif. L’ef- prit-de-vin lui enlève aulTi cet acide, 8c lailîe la magnéfie à nud ; celle-ci n’adhère donc point fortement à l’acide du borax. On ignore, comme Ton voit, prefque tou- tes les propriétés de ce fel , fur lequel les chi- milles n’ont encore fait que très-peu d’expé- riences. Sorte V. Fluor magnésien. La combinaifon de la magnéfie avec l’acide fpathique qu’on peut appeler fluor magnéfien $ Sp Ê LUMENS magnéfie Huorée ou magnéfie fpadiique rfefè pas plus connue que îe borax magnéfien. Berg- man eft le feul chimifle qui en ait dit quelque chofe. Suivant lui , l’acide fpathique dilfout ra- pidement la magnéfie; une grande partie de ce fel fe dépofe à meiu:e que la faturation ap- proche. La diffolution fournit, par l’évaporation fpon- tanée , une forte de moufle , tranfparente , qui grimpe fur les parois du vafe , & qui préfente quelques filets criffallins allongés & très fins9 On obtient aufli dans le fond du vafe des cris- taux fpathiques , en prifmes hexagones termi- nés par une pyramide peu élevée , compofée de trois rhombes. Ce fel n’éprouve aucune al- tération de la part du feu îe plus violent. Au- cun acide ne peut le décompofer par la voie humide. C’eft un des Tels neutres fluorés qui mériteroient un examen fuivi d’après les ffngu- lières propriétés que Bergman lui a reconnues. Sorte VI. Magnésie craïeuse, ou Chais M AGNES IÈ NE. Ce fel nommé magnéfie douce ou efferves- cente par îe doéteur Black , qui l’a fait cou- nonre le premier , eft formé par l’union intime de la magnéfie avec l’acide craieux. On la pré- pare ordinairement 3 en- précipitant une diflb* Nat, et de Chimie. 25*3 lution du Tel d’Epfom , à l’aide des alkalis eraieux , ainfi que nous l’expoferons à la fin de cet article. Elle a le plus fou vent l’afpeét terreux ; elle eft en poudre très- blanche ; cependant Berg- man & M. Butini de Genève l’ont obtenue crifiallifée par le procédé que nous décrirons plus bas. Elle efl fufceptible de contenir une plus ou moins grande quantité de fon acide , comme tous les Tels eraieux en général , & fes pro- priétés varient fuivant qu’elle en efl plus ou moins chargée; fa faveur efl crue & comme terreufe , elle en a une plus marquée dans les xnteflins , puifqu’elle eft purgative. Lorfqu’on l’expofe au feu dans un creüfet , elle perd l’eau 8c l’acide qui lui font unis. M. Tingry, apothicaire de Genève, a obfervé que lorfqu’on la calcine en grand , elle bouil- lonne 8c femble jouir d’un mouvement de flui- dité à fa furface; ce phénomène dépend du dégagement de fon gaz acide. îl s’élève du creu- fet un léger brouillard qui dépofe fur les corps environnans, une pouflière blanche que l’on reconnoît facilement pour de la magnéfie em- portée par Je courant de l’acide eraieux. Si Ion y plonge un corps chaud, elle y adhère, fui- vant le même "oblervateur ; un corps froid en çmporte encore davantage. Sur la fin de l’opé- Ê L È M E N S ration , elle brille d’une lueur bleuâtre 8c phot phorique très-fenfible dans l’obfcurité. Si l’on calcine la magnéfîe craieufe dans des vaiffeaux fermés avec un appareil pneumato- chimique , on obtient l’eau 8c l’acide qu’elle contient. M. Butini , qui a fait cette opération avec beaucoup d’exaditude , ahure, d’après des calculs fur les produits qu’il a obtenus , que trente- deux grains de magnéfîe commune , ( il appelle ainfî celle que l’on prépare pour la pharmacie , 8c qui n’efl pas tout-à-fait faturée d’acide ) contiennent environ treize grains de terre pure * douze grains d’acide 8c fept grains d’eau, Mt Bergman eflime que la magnéfîe craieufe contient au quintal vingt-cinq ou trente parties d’acide , fuivant fon état , trente d’eau 8c quarante-cinq de magnéfîe pure. Si l’on chauf- fe plus fortement la magnéfîe craieufe après qu’elle a perdu fon acide , elle s’agglutine 8c prend de la dureté comme la magnéfîe pure ou eauftique. La craie magnéfîène n’éprouve point d’alté- ration bien remarquable de la part de l’air ; cependant elle fe pelotonne dans l’air humide , 8c elle paroît être légèrement déliquefcente. L’eau ne difTout qu’une infiniment petite quantité de magnéfîe craieufe 3 8c cette diffolu- bilité varie 9 fuivant qu’elle contient plus ou b’Hist. Nat. et de Chimie. 25$ moins d’acide craieux. Si on la mêle avec un peu d’eau , elle forme une efpèce de pâte qui n’a que peu de liant, & qui sèche fans pren» dre ni confiflance, ni retraite. La magnéfie or- dinaire étendue de beaucoup d’eau , fe diflout à-peu-près à la dofe d’un quart de grain par once de ce fluide , ce dont on peut s’afîurer par l’évaporation. Mais il exifte des moyens de faire diffoudre la magnéiie en beaucoup plus grande quantité, comme nous le dirons tout-à- î’hèure. La magnéfie craieufe n’efl pas décompofée par les terres pures. La chaux lui enlève fon acide avec lequel elle a plus d’affinité. De Peau de chaux verfée dans une diffolution de magnéfie craieufe occasionne un précipité aflez notable, quelque petite que foit la quantité de ce fel neutre tenu en diflolution dans l’eau* Le précipité eft de la craie 8c un pèu de ma- gnéfie cauflique, qui, comme on le fait, eft prefque infoîuble. Les alkalis fixes 8c l’alkali volatil cauflique la décompofent comme la chaux , parce qu’ils ont comme elle plus d’affinité avec l’acide craieux que n’en a la magnéfie. Il réfulte de ces mélanges du tartre craieux, de la foude craieufe ou du fel ammoniacal craieux • la ma- gnéfie pure 8c cauflique fe précipité,, 256 Ê L É M E N S Les âcides vitriolique, nitreux & marin dé* compofent la magnéfîe craieufe d’une manière inverfe , 8c rendent l’analyfe de ce fel neutre complette. Ils s’uni lient à la magnéfie avec la- quelle ils ont plus d’affinité que n’en a l’acide craieux, 8c ils dégagent, ce dernier acide fous la forme aérienne , ce qui conffitue l’effervef- cence. On peut reconnoître l’acide craieux à fes caradères ordinaires. M. Butini a obfervé dans fes recherches, que les acides en déga- gent moins d’air fixe que le feu, 8c que cha- cun de ces fels fépare des quantités différentes d’acide craieux; qu’ainfi, par exemple, l’acide marin en dégage plus que l’acide nitreux, 8c celui- ci plus que le vitriolique. Il en conclut que les fels neutres formés par la magnéfie unie aux aci- des , favoir le fel d’Epfom 8c le nitre magné- fien retiennent une portion d’acide craieux. L’acide craieux a la propriété de rendre la magnéfie effervefcente beaucoup plus diffolu- ble qu’elle ne l’eft naturellement. C’eft fur les phénomènes de cette diffolution , que roulent fpécialement les expériences neuves de M. Bu- tini. Il a découvert que lorfqu’on jette de la magnéfie ordinaire 8c non faturée d’acide craieux dans l’eau gazeufe , ou efprit acide de la craie , la magnéfie fe fature d’abord de cet acide en l’enlevant à l’eau * 8c ne fe diffout que îorf- qu’elle, b5Hist. Nat. et de Chimie, 2.$y qu’elle en eft très-chargée. Cette diflolution ver- dit le drop de violettes; expofée au froid, elle perd fon air furabondant, mais fans que la ma- gnéfie s’en fépare, & elle relie en parfaite com- binai fon dans l’eau même glacée. Si l’on chauffe une diflolution de magnéffe avec furabondance d’acide, elle fe trouble 8c reprend une forte de tranfparence lorfqu’on la laifle refroidir; ce phé- ' jiomène fingulier nous offre 3 comme l’a très-bien ditM.Butini, un genre nouveau dans les fels, dont le caraélère eft de fe difloudre en plus grande quantité dansl’eau froide que dans l’eau bouillan- te. Plus une diflolution gazeufe eff chargée de ma- gnéfîe , plus vite elle fe trouble par la chaleur* Pour bien obferver le paffage de cette diflolution de l’opacité à la tranfparence à l’aide du refroi- diffement , il faut prendre , fuivant le chimiffe cité , une diflolution qui contienne deux grains par once , 8c la faire chauffer jufqu’à foixante degrés du thermomètre de Réaumur ; elle de » vient îaiteufe , & toute la magnéffe , qui s’en pré- cipite par la chaleur , fe rediffbut par le froid. Bergman avoit annoncé que la diflolution de magnéffe chargée d’acide craieux évaporée len- tement , donnoit des criffaux , les uns en grains tranfparens , les autres reflemblans à deux faif- ceaux de rayons qui divergent du même point. M. Butini a obfervé avec la plus grande cxac- Tome IL R .^jg E L Ê M E N s titude , tous les phénomènes de cette criftallL fation. Il a fait évaporer à la chaleur très-foi- ble d’une lampe, une diffolution chargée de neuf grains de ce fei par once d’eau* Il s’efl formé d’abord à fa furface une pellicule dont le deffous ainli que les parois du vafe étoient tapifles de plufieurs houppes de crifïaux. Le réfidu offroit des aiguilles brillantes , effilées par leurs bafes, & compofant de petites malles hémifphériques à filets divergens. Ces aiguilles, qui n’a voient pas une ligne , offroient au mi- crofcope de longs prifmes à fix pans tranchés par un hexagone & femblables à ceux de cer- tains fpathso M. Butini a découvert encore une autre ma- nière de faire criltaliifer la magnélie craieufe. Elle confiée à expofer à l’air une diffolution acide de ce fel , précipitée par la chaleur. Il s’y forme au bout de quelques jours des crif- taux femblables à ceux obtenus par l’évapo- ration. Là magnélie précipitée du fel d’Epfoni par le tartre craieux 8c delïechée, n’en donne aucun ; lorfqu’on la délaye dans l’eau , elle ne forme jamais que des malles pelotonnées irré- gulières. Mais une diffolution de fel d’Epfom nouvellement précipitée par l’alkali fixe, donne des crifiaux aiguillés au bout de quelques jours. La même diffolution féparée de fon précipité DfHisT. Nat. et de Chimie. 2$g par îe filtre , fournit auffi des aiguilles de ma- gnéfie. J’ai obfervé plufieurs fois qu’une difib- lution de magnéfie craieufe préparée pour l’ufa- ge d’un laboratoire , & confervée dans des fïac- cons de verre bien bouchés , dépofe au bout de quelque tems une grande quantité de peti- tes aiguilles très-fines & très-brillantes 5 qui pré- Tentent à la loupe des prifmes à fix faces. Les feîs neutres parfaits n’éprouvent point d’altération de la part de la magnéfie craieufe 9 8c ils ne lui en font point éprouver; ils aug- mentent feulement fa difiolubilité dans l’eau , fuivant M. Butini ; il faut cependant excepter le tartre craieux qui lui enlève cette propriété. Les fels neutres calcaires font décompofés par la magnéfie effervefcente ; c’efi en vertu des affinités doubles que s’opère cette décom- pofition. Nous avons fait obferver que la chaux a plus d’affinité avec les acides que n’en a la magnéfie , 8c qu’elle décompofe les fels neutres qui ont cette dernière fubfiance pour bafe. Ce n’eft donc qu’en raifon de l’acide craieux que fe font ces décompofitions ; 8c c’efi: à caufe de la grande affinité de la chaux avec cet acide, qu’elle quitte les autres pour s’y unir , pourvu que ces derniers trouvent une -bafe avec la- quelle ils puifient fe combiner. Lors donc qu’on yerfe une difiblution de magnéfie craieufe dans R ij &8o Elément une diffiolution de félénite , de nitre ou de fel marin calcaires, l’acide vitriolique , nitreux, ou marin , quitte la chaux pour fe porter fur la magnéfie , s’y unit & forme du fel d’Epfom , du nitre ou du fel marin à bafe de magnéfie, tandis que la chaux fe combine avec l’acide craieux féparë de la magnéfie , 8c fe précipite en craie. II en efl donc de la magnéfie comme de l’al- kali volatil. Lorfque tous les deux font purs 8c caufiiques, ils ne peuvent décompofer les fels calcaires , parce qu’ils ont moins d’affinité avec les acides que n’en a la chaux. Mais lorfqu’ils font unis à l’air fixe ou acide craieux , 8c dans Fëtatde fels neutres craieux, alors ils font ca- pables de décompofer les fels neutres calcai- res, en vertu des doubles affinités, comme nous l’avons déjà expliqué à l’article de la félénite, du nitre calcaire, 8c c. La magnéfie craieufe efi d’ufage en médecine. On la Faifoit autrefois avec l’eau mère du nitre évaporée à ficcité, ou précipitée par l’alkali fixe. Elle a été connue d’abord fous les noms de magnéfie blanche, poudre du comte de Palme , poudre de Sentinelli ; elle a été nom- mée enfuite poudre laxative polychrefie par Va^ lentini , magnéfie blanche du nitre , magnéfie du fel commun , parce qu’on la retiroit auffî d*EÏist. Nat. et de Chimie. z$ë de l’eau mère de ce dernier Tel. Mais ce médi- cament préparé de cette manière contient tou- fours de la terre calcaire 8c plufîeurs autres fubf» tances étrangères. Celle dont on fe fert aujour- d’hui eft ordinairement précipitée du feld’Ep- fom par l’alkali fixe. M. Butipi a donné un très- bon procédé pour l’obtenir très-fine 8c en plus grande quantité pofiible. On délaye une quan- tité quelconque de potafTe dans le double de Ton poids d’eau froide ; on la laiffe expofée à Fair pendant quelques mois , fi le tems le per- met 9 pour qu’elle abforbe l’acide craieux de Fât- mofphère , 8c on la filtre. On diffout une quantité- de fel d’Epfom égale à celle de la potaffe, dans, quatre ou cinq fois fon poids d’eau, on filtre cette diffolutîon , 8c on y ajoute de nouvelle eau à-peu-près quinze fois le poids du fel. Oa fait chauffer cette liqueur , 8c lorfqu’elle bout , on y verfe la diiïblution alkaline. Le précipité' de magnéiïe fe forme , on agite bien le mélan- ge , 8c on le filtre au papier. On lave fe pré- cipité refié fur le filtre avec de l’eau bouil- lante , pour enlever le tartre vitriolé qui peut y être mêlé. Quand la magnéfîe eft bien égout- tée , on l’enlève de deffus le filtre , on l’étencT en couches minces fur des papiers que l’on porte à l’étuve. Lorfqu’elle eft defiechée, elle., offre des morceaux blancs qui s’ëcrafent fous R il} a6l Ê L É M E N s le doigt en tine pondre extrêmement fine & adhérente à la peau. On doit préférer comme purgative la magni- fie craieufe 5 à celle qui efi cauftique, parce qu’elle efi beaucoup plus foluble. On la donne à la dofe d’une ou de deux onces , fuivant les cas. La magnéfie cauftique lui efi au contraire préférable comme abforbante 3 & on doit en préparer des deux efpèces dans les pharmacies * La raifon principale de cette préférence dans les divers cas de pratique, 8c de la néceffité d’avoir les deux efpèces de magnéfie dans les pharmacies , a été très-bien expofée par Mac- quer dans un mémoire configné parmi ceux de la fociété royale de médecine. Lorfqu’on admi- niftre la magnéfie comme abforbante, c’efi pour détruire 8c neutralifer un acide développé dans les premières voies , comme cela a lieu chez les enfans , les jeunes filles , les femmes en couche^ &c. Cet acide de l’efiomac elt certainement plus fort que l’acide craieux; de forte que lorf- que la magnéfie craieufe efi retenue dans ce vifcère, il fe produit une efîervefcence plus ou moins vive , fuivant que l’aigre efi plus ou moins, développé dans les premières voies | Facide craièux dégagé par cette efîervefcence difiend Fefiomac, occafionne fouvent des dou- leurs, des naufées, des vomifîemens, des dif- ii b5Hist. Nat# et de Chimie.- z&f. Acuités de refpirer, & beaucoup d’autres ac- cidens fpafmodiques fuivant la fenfibilité des fujets. Dans pes circonftances il vaut beaucoup mieux employer la magnéfie pure qui abforbe auffi puiflamment les aigres , & qui n’oecafionne pas d’effervefcence. Lorfqu’au contraire on donne la magnéfie comme purgative, & dans les cas où l’on n’a point l’indication d’abforber des aigres dans les premières voies, on peut prefcrire celle qui efl: chargée d’acide craieux. Alors cet acide n’eft point dégagé, 8c l’on n’a point à craindre les accidens qui dépendent de la diff enfion de l’ef- tomac par ce fluide élaftique. Il efl donc né- ceffaire que les médecins connoiffent ces deux efpèces de magnéfie , les cas où chacune d’elles doit être préférée 5 8c que les apoticaires en aient dans leurs pharmacies. M. Butini propofe une eau minérale artifi- cielle faite avec l’eau gazeufe chargée de ma- gnéfie ; il obferve que ce fluide peut contenir plus de trois gros de cette terre magnéfiène par livre , 8c que d’ailleurs elle n’eft pas plus difficile à préparer que les eaux martiales aci- dulées ou gazeufes. En effet , la manipulation eft abfolument la même pour toutes les deux. Les médecins pourroient s’en fervir dans plu- fleurs cas avec fuccès. R iv 264 Elément CHAPITRE IX. Genre V. Sels neutres argileux OU ALUMINEUX , L’Argile bien pure fe combine très -bien avec la plupart des acides ; il réfulte de ces combinaifons des feîs neutres qu’on connoit /fous le nom de Tels argileux ou alumineux. Ce genre de matières falines , fi l’on en ex- cepte la première forte , n’a pas encore été examiné avec affez de foin par les chimiftes, Audi leurs propriétés font -elles encore moins connues que celles des quatre genres précé- dons, En général les fels argileux font moins parfaits que tous les fels neutres dont nous nous fommes déjà occupés ; ils cèdent leurs acides aux alkaîis fixes , à l’alkali volatil , à la terre pelante 3 à la chaux & à la magnéfiej ils ont une faveur acerbe & afiringente. Ce genre comprend fix fortes, l’alun , le ni» tre argileux , le fel marin argileux , le borax argileux , l’argile fpathique & l’argile craieufe. Sorte I. Vitriol d’argile; Alun, L’alun efl: un fel neutre formé par la com* b’Hist. Nat. et de Chimie. 26$ fcinaifon de Facide vitriolique avec Fargile pure ; aufli devroit-il porter le nom de vitriol d’argile. Les chimifles n’ont pas toujours été d’accord fur la bafe de l’alun. Les uns la diflinguoient de Fargile, & la défgnoient fous le nom particulier de terre alumineufe ou de l’alun. Margraf a démontré que la terre de l’alun , broyée avec le filex réduit en pou- dre fine , forme de l’argile. Hellot , Geoffroy , Pott , & fur-tout M. Baumé , ont fait de vé- ritable alun avec Fargile 8c Facide vitriolique. Enfin , fi les vrais caradères de Fargile font de prendre du liant avec l’eau , de la retraite 8c de la dureté au feu , la terre alumineufe pré- fentant toutes ces propriétés dans un degré émi- nent, doit être regardée comme Fargile la plus pure. Telle efi aujourd’hui l’opinion générale de tous les chimifles. L’alun a une faveur d’abord douceâtre 8c enfuite fortement aftringente ; il rougit le pa- pier bleu, ce qui annonce qu’une portion de fon acide efl à nud 8c. n’efl point faturée. Il efl: fufceptibîe de prendre une forme très-régulière qui fera décrite plus bas. L’alun n’exifle prefque jamais pur 8c ifolé dans la nature ; on le trouve quelquefois dans le voifinage des volcans ; il efl toujours mêlé avec la terre argileufe* Les minéralogiftes ? 8c 266 Ë L i M E H s fur tout Walîerius , ont diftingué plufieurs for** tes d’alun natif , tels que l’alun folide , l’alun: criflallifé , l’alun en efftorefcence , les terres alumineufes blanches, grifes, brunes, noires, les fchiftes alumineux. On connoît plufieurs fortes d’alun dans le commerce. i°. L’alun de glace ou de Roche en maftes confidérables & tranfparentes.' Bergman croit que ce nom lui vient de la ville de Roche en Syrie, aujourd’hui Edejfe , où étoit établie la plus ancienne manufaéture de ce fel , & non pas de fa forme femblabîe à celle d’un rocher, comme l’ont dit plufieurs auteurs , ou bien de ce qu’on le retire des rochers ; cette efpèce d’alun eft fort impure. 2°. L’alun de Rome , qui fe prépare dans le territoire de Civita-Vecchia , & qu’on retire d’un lieu nommé en italien Aluminiere délia Tolfa ; cet alun eft en morceaux gros comme des œufs ; il eft couvert d’une eftforefcence rou- geâtre; il paffe pour pur, lorfqu’on en a féparé cette efflorefcence. 3°. L’alun de Naples, que l’on extrait d’une terre particulière à la Solfatare ; il eft en malles plus grolfes que celui de Rome, & une de fes furfaces eft toute hériiïee de criftaux py- ramidaux* d5Hist. Nat. et de Chimie. 267 4°. L’alun de Smyrne; c’eft à ce qu’il paroît dans les environs de cette ville & de Conftan- îinople, qu’ont été élevées les plus anciennes manufactures d’alun. Il n’en exifte que quelques échantillons dans les cabinets. y°. L’alun de France; on prépare de toutes pièces de l’alun dans plulieurs manufactures de France, 8c fur-tout à Javel près Paris; on en trouve également dans des fchifles efflorefcens, dans des produits volcaniques. J’en ai retiré une quantité notable d’une terre qui m’a été envoyée d’Auvergne ; on pourroit extraire ce fel de plufieurs fubflances analogues que la France pofsède , 8c enlever ainfî cette branche de commerce aux étrangers. 6°. On extrait également l’alun des terres ou des pierres qui le contiennent dans beaucoup d’endroits de l'Allemagne où il y avoit des manufactures dès 15:44, en Angleterre, en Ef~ pagne , en Suède , 8c dans prefque toutes les parties de l’Europe. Beckman a fait fur l’hiftoire de la fabrica» lion de l’alun une differtation très - détaillée que l’on trouve dans les aCtes de Gottingue. Il paroît, d’après les recherches de ce favant 5 que les peuples de l’Orient ont les premiers préparé ou extrait de l’alun ; car ce que les anciens , 8c Pline en particulier, appeloient Ë L É M JE Bf s chijîon , trichitès , calchitès , & qu’ils paroiffent avoir confondu avec l’alumen & le çw r»p& des grecs , paroît plutôt appartenir aux diffe- rens états du vitriol martial ou de la coupe- rofe verte. Les italiens prirent à bail les fabri- ques d’alun des environs de Conflantinople | vers l’année 14 yp , Bartholomé Ferdix ou Pernix génois découvrit une mine de ce fel dans l’île d’Ifchia; dans le même tems à-peu-près Jean de Caftro en trouva une autre à la Tolfa , 8c bientôt il s’établit un grand nombre de fabri- ques d’alun en Italie , fur-tout lorfque le pape Pie II défendit l’importation de l’alun d’Orienu Cet art paffa enfuite en Efpagne , en Allema- gne , en Angleterre 8c en Suède vers le commen- cement du dix-feptième fiècle. ( V. Beckman. ) La préparation de l’alun efl très-variée fui- vaut les pays 8c les matières d’où on le retire* Bergman qui a fait une très-bonne difFertation fur cet objet , divife les matières que l’on em- ploie pour préparer ce fel, 8c que l’on nomme ordinairement mines d’alun, en deux efpèces- celles qui le contiennent tout formé , 8c celles qui n’en contiennent que les principes. Les pre- mières n’ont befoin que d’être îeffîvées pour fournir leur alun -, telle efl la terre qui fe trouve à la Solfatare. Telle eft auffi celle d’Auver- gne dont j’ai parlé ; on la met avec de Peau* d5Hist. Nat. et de Chimie. 269 dans des chaudières de plomb enfoncées dans la terre. La chaleur naturelle du fol favorife la difïolution & la criflailifation de l’alun ; on Je purifie par une fécondé criflailifation. On pourroit leffiver ainfi les terres de l’Auvergne , 8c c. , évaporer l’eau dans des chaudières de plomb , 8c faire criflallifer l’alun. Quant aux fubfiances naturelles qui ne con- tiennent que les principes de l’alun , 8c qui font beaucoup plus communes que les premières, elles demandent une préparation préliminaire avant de fournir ce fel neutre ; il faut les cal- ciner ou les expofer à l’air, fuivant leur na- ture. Les fchifies alumineux demandent à être calcinés , afin de brûler le bitume qui les co- lore , 8c de décompofer les pyrites qui doivent fournir l’alun. Bergman s’efi affiné qu’avant d’avoir été calciné , ce fchifte ne donne pas un atome d’alun , lorfqu’on le lave avec de l’eau, L’expofition à l’air fait le même effet fur les pyrites pures que l’on arrofe d’eau. La décom- pofition fpontanée de ces fubfiances produit de l’acide vitriolique qui >,fe porte fur l’argile & forme de l’alun. On leffive ces pyrites efïïeu- ries, on laiffe dépofer à plufieurs reprifes Je fer que contient la leffive, on la fait évaporer 8c on la met criflallifer dans des tonneaux. Le fel fe dépofe en gros c/ifiaux, On emploie syo E L é M E N s fouvent une forte leffive des favoniers' pour fa- ciliter la criftallifation de l’alun. Tel eft le pro- cédé qu'on fuit dans plufieurs manufactures ; mais ces aluns retirés des pyrites contiennent toujours plus ou moins de fer ; celui que l’on retire des pierres où il exifte tout formé, eft toujours plus pur, comme l’alun de Rome, L’alun qu’on fabrique en combinant direâement l’acide vitriolique avec les argiles eft fouvent mêlé d’une certaine quantité de fer, parce que les argiles colorées qu’on emploie pour cette préparation font chargées de ce métal. L’alun fous fa forme régulière, eft un octaè- dre parfait formé de deux pyramides tétraèdres jointes bafe à bafe. Cette forme varie beaucoup fuivant les circonftances de la criftallifation; l’oc- îaëdre eft plus ou moins tronqué , irrégulier , aigu , applati. Les angles font plus ou moins complets , coupés , les criftaux font fouvent réu- nis 8c comme emboités les uns dans les autres par leurs pyramides. M. Romé de Lille a dé- crit avec beaucoup de foin toutes fes variétés dans la nouvelle édition de fa Criftallographie. L’alun fe liquéfie à une chaleur douce; il exhale des vapeurs aqueufes très-abondantes : il fe bourfouffle beaucoup , 8c il offre une maffe très-volumineufe , légère , d’un blanc mat , 8c remplie de beaucoup de cavités. Ce phénomène d5Hist, Nat. et de Chimie, qtji eft dû , comme dans le borax , au dégagement de Peau , dont les bulles foulèvent peu-à-peu 8c étendent les molécules falines. L’alun dans cet état prend le nom d’alun calciné ; il a perdu à-peu-près la moitié de fon poids; il eff un peu altéré, il rougit le firop de violettes; fa faveur eft beaucoup plus confidérable , & il fèmble que fon acide fe foit développé. Si on le dillout dans l’eau , il s’en précipite un peu de terre ; on peut le faire criflallifer ; mais il ne fe bourfoufïïe prefque plus lorfqu’on le cal- cine de nouveau , fuivant l’obfervation de M. Baumé. Si on calcine de l’alun dans tin appa- reil diflillatoire , on obtient du phlegme qui fur la fin devient acide ; mais on ne peut pas le décompofer entièrement , puifque Geoffroy l’a tenu dans une cornue à un feu extrême , pen- dant trois jours 8c trois nuits , fans qu’il ait fubï d’altération bien remarquable. Cependant je penfe qu’on n’a point encore examiné conve- nablement les changemens que l’alun éprouve de la part d’un feu long-tems foutenu. L’alun s’effleurit légèrement à l’air , 8c perd l’eau de fa criflallifation. Ce fel n’eft que peu diffbluble dans l’eau froide, puifque deux li-> vres de ce fluide ne peuvent di (Tondre que qua- torze gros d’alun, fuivant M. Baumé; mais l’eau bouillante en diiïbut plus de la moitié de fon 2J2 E L É M E N S poids. Huit onces de ce fluide dans cet état peuvent tenir en diflblution cinq onces de ce fel. Il fe criflallife très-bien par refroidiflement. Ses criflaux font des efpèces de pyramides triangulaires dont les angles font tronqués. Lorfquils fe dépofent fur des fils au milieu de la diflblution, ils forment alors des oétaëdres très-réguliers , dont les pyramides précédentes ne font qu’une moitié coupée obliquement. La terre filiceufe ne fait éprouver aucun chan- gement notable à l’alun. Ce fel peut s’unir à une plus grande quantité d’argile (i) pure . qu’il n’en contient dans fon état ordinaire. Il prend dans cette union les caraélères de cette terre , fui- vaut les recherches de M. Baume. Pour fatu- rer l’alun de fa terre, on fait bouillir une dif- foîution de ce fel avec de l’argile bien pure; on continue de chauffer ce mélange jufqu’à ce qu’il ait perdu la faveur ftyptique de l’alun. La combinaifon bien faite n’a plus qu’une faveur fade , douceâtre & terreufe. M. Baume a ob- fervé qu’en la faifant évaporer , on en obtenoit (i) Nous fuppofons ici l’argile très-pure, & fé parée par le lavage, de la terre filiceufe qu’elle contient fou- vent en fi grande quantité , que cette dernière fait plus de îa moitié de fon poids , comme nous l’ayons obfervé dans Thiftoire de cette terre, des VHïst. Nat. et de Chimie. 275 clés paillettes femblables au mica. M. le duc de Chaulnes ayant laiffé long-tems expofée à Fair une leffîve d’alun faturé de fa terre, y trou- va au bout de quelques mois des criftaux cu- biques très- réguliers. Il paroît qu’on ne peut plus faire repaffer l’alun faturé de fa terre à l’état de véritable alun, comme il étoit auparavant. L'alun peut être décompofé par la terre pe- lante 8c par la magnéfie , qui ont plus d’affi- nité avec l’acide vitriolique que n’en a l’argile. Il réfulte du fpath pefant 8c du fel d’Epfom de ces décompofitions. L’eau de chaux verfée dans une diflolutlon de ce fel neutre , en précipite la bafe argileufe» Les alkalis fixes , ainfî que l’alkali volatil , ont auffi la propriété de décompofer l’alun. Le tar * tre craieux, la foude craieufe , le fel ammo- niacal craieux, la craie 8c la magnéfie effervef- cente en féparent auffi l’argile qui retient une portion de l’acide craieux , fi la précipitation fe fait à froid; mais j’ai obfervé qu’en prenant une diflolution d’alun , ainfi que des diffolutions d’alkalis craieux chaudes , 8c en mêlant les li- queurs , la précipitation efi accompagnée d’une effervefcence produite par le dégagement de l’acide craieux. La terre de l’alun précipitée par ces différen- ces fubftances , efi fîoconneufe 5 elle fe dépofe Tome //s S ^74 Ë I ï M E N S peu-à-peu ; delFéchée doucement , elle eft très--» blanche , elle décrépite au feu comme les ar- giles ; la chaleur forte lui donne une dureté con- fidérabîe ; fon volume eft en même-tems fort diminué, St elle prend beaucoup de retraite; elle n’eft point fufible , même au plus grand feu , telle que celui de la lentille du jardin de l’Infante. Elle retient les dernières portions d’eau avec une fi grande force, «qu’il faut un feu de la dernière violence pour l’en priver. Elle fe délaye dans l’eau, St forme une pâte qui a du liant, St qui fe cuit au feu en une porcelaine d’excellente qualité. La terre aîumineufe a donc tous les caradères des terres argileufes , St c’eâ î’argile la plus pure que Fon puille fe procurer, ainfi: que Fa annoncé Macquer. On ne connoît pas bien Fadion de la terre pefante , de la magnéfie. , de la chaux St des alkaîis purs fur la terre d’alun. Il efi vraifem- blable que ces fubfl ances , fur- tout les dernières, la mettroient à l’aide du feu , dans Fétat d’une fritte vitrenfe. M. Achard a fait une fuite d’ex- périences qui prouve cette afiertion. La couleur, la tranfparence , la dureté St toutes les proprié- tés de ces efpèces de verres, varient fuivant les proportions relatives d\es fubflances que Fon mêle pour les obtenir, comme on l’apprend dans la diflertation du chimifie de Berlin déjà cité. d’Hist. Nat, et de Chimie. 275* L’acide vitriolique dilTôut facilement la terre cîe l’alun lorfqu’elle eft fraîche & humide ; il ne la diiïbut qu’avec peine quand elle eh sè- che. Cette difTolution faite à la dofe de plufieurs onces , donne des criftaux d’alun mêlés de quel- ques paillettes ou écailles feaiblables à celles du mica. M. Baumé ajoute même que fi on fait cette expérience en petit , on n’obtient prefque que de ces dernières 8c point d’alun» Les autres acides diflolvent aufli cette terre , & forment avec elle des fels peu connus , dont nous parlerons dans les" articles fuivans» O11 ne fait pas quelle feroit l’adion de la terre alumineufe fur les fels neutres. Mais la propriété la plus fingulière qu’elle pré fente , c’efi celle de fe combiner par excès à l’alun , 8c de lui don- ner des caraélères nouveaux, comme nous l’avons déjà fait obferver plus haut. M. Baumé , à qui appartient cette découverte, a fait bouillir une diffolution d’alun avec de la terre précipitée de ce fel par les alkalis fixes ; cette liqueur a difious la terre avec effervefcence. Filtrée, elle n’avoit plus la faveur de l’alun, mais celle d’une eau dure ; elle ne rougiffoit point la teinture de tournefol , 8c elle verdiiToit le firop de vio- lettes. Par une évaporation fpontanée, elle a fourni quelques criftaux en écailles douces au toucher, femblables au mica ; M. Baumé les Sij ■ E L i M E N S compare à la félénite. Il n’efi pas aîfé de refor- mer de l’alun en ajoutant de l’acide vitriolique à ce fel déjà faturé de fa terre -, le mélange elt alors acide fans flipticité. Cependant par une évaporation fpontanée de trois mois , la difïb- lution a donné des crifiaux d’alun , mêlés avec quelques paillettes micacées, femblables à cel- les que fournit l’alun faturé de fa terre. Tel eft le précis des travaux de MM. Macquer & Baumé fur la t erre alumineufe. L’alun traité au feu avec les matières com- buflibîes , forme une fubflance qui s’enflamme à l’air, & qu’on appelle pyrophore de Hom- berg. Ce chimiflequi l’a fait connoître en 17x1, îravailloit fur la matière fécale humaine , pour en tirer une huile blanche qui devoit fixer le mercure en argent fin. Ce travail fut l’origine de plufieurs découvertes. Un réfidu de cette matière animale , difiillée avec de l’alun , prit feu à l’air. Homberg répéta plufieurs fois ce procédé , qui lui réufijt conftamment. Lémery le cadet a publié en 17x4 8c iji y deux Mé- moires, dans lefquets il a annoncé qu’on pouvoit faire du pyrophore avec un grand nombre de matières végétales 8c animales , traitées par l’alun. Mais il n’a pas réufli à en former avec plufieurs autres Tels vitrioliques. Ces deux chimifles , qui regardaient l’alun comme une combinaifon Dy H I S T. N A T. ET DE' Ch IMIE. d’acide vitriolique & de terre calcaire , penfoienr que cette dernière, réduite à l’état de chaux* attiroit l’humidité de l’air , 8c enfîammoit par la chaleur qui s’excitoit dans le mélange , le fou- fre qu’ils favoient s’y former» Depuis ces chimifles, le Jay de Suvigny^ doéleur en médecine , a donné fur le pyro- phore un très -bon Mémoire imprimé parmi ceux du troifième volume des Savans Etrangers. Il y détaille un grand nombre d’expériences par lefquelles il eh parvenu à faire du pyro- phore , non-feulement avec l’alun 8c différentes matières combuftibles , comme l’avoit fait Lé- inery , mais encore avec la plupart des fels qui contiennent l’acide vitriolique.' Ce méde- cin a auffi donné fur l’inflammation du pyro- phore expofé à l’air une théorie qui a été adoptée par tous les chimifles jufqu’à ces der- niers tems. Il penfe que le pyrophore contient de l’huile de vitriol glaciale , qui attirant l’hu^- ■nudité de l’air , 8c fe chauffant fortement allume le foufre de produit l’inflammation fpon- tanée. ^ .. Pour préparer le pyrophore , on fait fondre dans une poêle de fer trois parties d’alun avec une partie de fucre , de miel ou de farine - on defsèche ce mélange jufqu’à ce qu’il foit noi- litre ? & qu’il ne fe bourfouffîe plus ; on le: S iij ajS Elément coneaiTe ; on le met dans un matras ou clans une fiole lutée avec de la terre , on place ce .vaiiTeau dans un creufet avec du fable ; on le chauffe jufqu’à ce qu’il forte du col de la fiole une flamme bleuâtre; & lorfqu’elle a brûlé pen- dant quelques minutes 3 on retire le creufet du feu ; on le lai (Te refroidir 3 & on verfe le py- rophore qu’il contient dans un haccon bien fec & qui bouche exactement. Si l’on expofe ce pyrophore à l’air , il s’enlamme d’autant plus vite que l’atmofphère eff plus humide. On ac- célère fa combuftion en dirigeant à fa furfac'e une vapeur humide , comme celle de Fhaleine. Il ne faut pas chauffer trop long-tems le pyro- phore , fans cela il ne prend plus feu à l’air. 11 fe charge peu-à-peu d’humidité , lorfqu’il efl dans tin vaiffeau mal bouché ; il perd fa corn- buflibiîité , mais on peut la lui rendre en le calcinant de nouveau avec les précautions in- diquées. Telles étoient les connoillances que l’on avoit fur le pyrophore avant M. Prouff , qui a donné d’utiles recherches fur cette matière dans le Journal de Médecine 5 juillet 1778. Ce chi- mihe ayant eu oecafion de trouver dans fes ex- périences un grand nombre de rélidus pyro- phoriques5dans lefquels on ne pouvoir pas foup- çonner Fexiffence de l’acide vitriolique5 a cm b3Hist. Nat. et de Chimie. 279 que cet acide n’eff pas la caufe de l’inflamma- îion fpontanée- du pyrophore ; il a prouvé par une expérience bien fimple qu’en effet cette fubffance combuffible n’en contient pas un ato- me de libre, puifqu’em verfant de l’eau fur le pyrophore , il ne fe produit point de chaleur» Il paroît d’après le dénombrement des différens pyrophores qu’il a obtenus, que toutes les fubf- tances qui laiiïent après leur decompofftion un ïéfidu charbonneux 3 divifé par une terre ou une chaux métallique , font fufceptibles de s’en- flammer à l’air. Mais on ne peut difconvenir que la partie de fon travail que M. Prouff a fait coimoitre , n’indique point encore la caufe de l’inflammation du pyrophore de Homberg, qui ? fuivant lui 5 diffère de ceux qu’il a obfer- vés ; & en effet 3 fon mémoire n’apprend rien fur la compofition de la fubffance qui nous oc« cupe. M. Be\vly, chirurgien angîois, dans une let- tre écrite à M. Prieftley , attribue l’inflamma- tion du pyrophore à ce qu’il contient une fubf- tance capable d’attirer l’acide nitreux del’àtmof- phère. Il eff fondé dans cette opinion ,, parce qu’il a découvert que l’efprit de nitre enflamme fur-le- champ un pyrophore qui 11’a pas été af- fez calciné , ou qui s’efl chargé d’humidité. Mais il n’eff pas démontré d’une part , que l’acide. S iv 2 8g Elément nitreux foit contenu en nature dans Fatmofphê* re ; 8c d’une autre part , M. Prouff a découvert que l’inflammation du pyrophore par Fefprit de mitre, efl due au charbon contenu dans cette fubflance , puifque cet acide détonne avec tou- tes les matières charbonneufes bien sèches 8c très-divifées , comme nous le dirons plus en détail à l’article du charbon. L’explication de M. Bewly n’efl donc pas plus fatisfaifante que celle des chimifles qui l’ont précédé. La feule manière de découvrir la caufe de ce phénomène y efl de bien contioître la na- ture chimique du pyrophore de Homberg; il paroît qu’elle contient la terre de l’alun , une matière charbonneufe très-divifée , fournie par le miel, le fucre, &c. un peu d’alkaîi fixe* 8c du foufre uni en partie à la terre de l’alun 5 8c en partie à l’alkaîi fixe. En chauffant forte- ment du pyrophore dans un appareil pneuma- îo-chimique , on en retire une grande quantité de gaz hépatique. Lorfqu’il n’en fournit plus* il ne s’enflamme plus à l’air. Si Fon plonge du pyrophore dans l’air pur vital ou déphlogifli- qué ? il brûle rapidement avec une flamme rouge très-brillante. En le lavant avec de Feau chaude.* on en retire un véritable foie de foufre , 8c il ne refle plus fur le filtre que la ma tière char» bonnettfe 8c la terre de l’alun. Le pyrophore Nat. et de Chiîme. 281 1 • * eft alôrs décompofé. Lorfque le pyrophore a cefTé de brûler , il a augmenté de poids à caufe de la portion d’air pur qu’il a abforbée. Sa îeiïive fournit alors de l’alun , parce que le fou- fre brûlé par l’aCtion de l’air forme de l’acide vitriolique qui s’unit à la terre alumineufe ; mais ce fel elt de l’alun fa tu ré de fa terre. On adonné dans le Journal de Phyfique, novembre 1780, des obfervations fur le pyro- phore, dans lefquelles on annonce, i°. que cette fubfiance doit fa combuflibilité à une cer- taine quantité de phofphore formé par l’acide des matières muqueufes ; 20. que la diüiîîation du pyrophore fournit par once cinq à fept grains de phofphore; 30. que l’on peut en faire fur- ie-champ en triturant dans un mortier de fer cinquante- quatre grains de fleurs de foufre 3 trente-fix de charbon de faille bien fec & trois grains de phofphore ordinaire. Les détails de cette analyfe ne répondent pas exactement aux induélions qu’on en tire , puifqu’il n’y eft pas démontré qu’on en ait retiré du véritable phofphore. Au relie , ce mémoire offre pîu- fieurs faits intéreffans , 8c qui feront utiles aux chimiftes qui voudront entreprendre une ana- lyfe friivie du pyrophore. L’alun eft d’un ufage très- étendu. On l’em- ploie en médecine comme aflringent; mais il ElélENS 282 demande beaucoup de précautions pour être adminiflré à l'intérieur.* On s’en fert plus fou- vent à l’extérieur , comme d’un fliptique 8c d’un defficcatif puiffant. Il entre dans les collyres, les gargarifmes, les emplâtres, &c. L’alun eft une des matières falines les plus utiles dans les arts. Les chandeliers le mêlent au fuif pour le rendre plus ferme. Les im- primeurs frottent leurs balles avec l’alun calci- né, pour leur faire prendre l’encre. Le bois, imprégné d’une diffolution d’alun , ne brûle qu’avec peine ; c’eft d’après cela qu’on a pro- pofé ce moyen pour garantir les édifices des incendies ; on a le même avantage pour le pa- pier* mais celui-ci jaunit 8c s’altère affez pror»p* tement. Les bianchiffeufes jettent un peu d alun dans l’eau trouble pour l’éclaircir. M. Baumé croit que ce fel fe charge d’une partie de la terre fuf- pendue dans ce fluide, 8c fe précipite avec elle, en formant un compofé infoluble. Quelques perfoniies fe fervent de ce moyen pour puri- fier 8c rendre claire l’eau que l’on veut boire* On s’en fert pour préparer les cuirs, pour im- prégner les papiers & les toiles que l’on veut' colorer à l’aide de l’impreffion. Une diffolution d’alun retarde la putréfadion des fubfiances animales, C’eft un moyen très- b9Hist. Nat. et de Chimie. 283 bon & très - économique pour conferver les produdions naturelles que l’on envoie des pays étrangers. La terre d’alun fait la bafe des paf- tels , 8c elle leur donne du corps. Enfin il efl Paine de la teinture, comme le dit Macquer. II augmente Péclat 8c Pintenfité des couleurs; il donne de la folidité aux parties colorantes extradives , qui fans lui ne feraient point du- râbles 8c s’enleveroient par Peau. Cette der- nière aétion de l’alun fur les matières coloran- tes végétales 9 fera examinée dans Phifloire de ces matières ; on y verra que c’efl en changeant leur nature , en les décompofant , 8c en les ren- dant indiffolubles dans Peau, que Palun leur fait prendre de la folidité. Sorte II. Nitre argileux, ou Alun nitreux. M. Baurné dit que Pacide nitreux diffout com- plètement la terre de Palun. Cette diffolution efl limpide 8c beaucoup plus aftringcnte que celle de Palun. Elle donne par une évapora- tion fpontanée des petits criffaux pyramidaux, très-fliptiques , qui font déliquefcens. On 11’a point encore examiné les autres pro- priétés de ce fel ; on fait feulement qu’il efl décompofabîe par les mêmes intermèdes que Palun. On ne Pa point encore trouvé dans la na- ture ? & il efl: toujours un produit de Part. ‘2§4 E L É M E N S Sorte III. Sel marin argileux , ou Alun marin. r L’acide marin diffbut mieux l’argile 8c la terre âlumineufe que ne le fait l’acide nitreux. Cette diiTolution faturée efl gélatineufe j on ne peut la filtres qu’en l’étendant dans beaucoup d’eau. Sa faveur efl falée 8c ftiptique elle rougit le firop de violettes, 8c le verdit enfuite. Elle donne par une évaporation fpontanée des crif- taux très-fliptiques , dont on n’a point examiné la forme : l’eau de chaux la décompofe. Le fei marin argileux efl déliquefcent ; il a toujours été jufqu’à préfent un produit de l’art. On ne connoît point fes autres propriétés. Sorte IV. Borax argileux. On n’a point encore examiné la combinaifoiî du fel fédatif avec la terre de l’alun , que nous appelons borax argileux , & qu’on pourroit aufïi défigner par le nom de borax alumineux. On fait feulement que fi l’on verfe une dilîo- îution de borax dans une diiTolution d’alun * il fe forme un précipité léger 8c floconneux,. L’acide vitriolique quitte l’argile pour s’unir à Palkali minéral du borax. Cette terre fe com- bine avec le fel fédatif, qui fe fépare en même- tems ; 8c ce nouveau fel fe rediiïout peu à-peu» Cette liqueur précipite enfuite par Falkali fixe 9 d5Hist. Nat» et de Chimie. 2$ÿ & elle donne par l’évaporation une mafle vif- queufe 8c afiringente , dans laquelle le fel de Glauber & le borax argileux font confondus. Cette efpèce de borax eft décompofable par les mêmes intermèdes que Falun ; au relie on n’en a point examiné avec aflez de foin les pro^ priétés. Sorte V. Argile spathique. Nous défignons par ce nom la combinaifon d’acide fpathique avec Fargile pure ou la bafe de Falun. Ce fel neutre n’eft point connu , 8c on ne Fa point du tout examiné. MM. Schéele* Boulîanger 8c Bergman n’ont rien dit fur cette eombinaifon. Sorte VI. Argile craieuse ou Craie argileuse; . L’union de l’acide craieux avec Fargile n’a été encore que peu examinée. Il eft cependant certain que cet acide fe combine avec une por- tion de terre alumineufe, puifque, i°. fuivant la remarque de Bergman , lorfqu’on précipite une diflolution d’alun par l’alk^li craieux , h liqueur filtrée laiiïe dépofer au bout de quel- que tems un peu de terre , qui y étoit tenue en difïolution par l’acide craieux , 8c qui s’en fé- pare à mefure que ce dernier fe diftipe; 2°. cette précipitation faite à froid ne préfente point d’ef- zS6 É Lé MENS fervefcence , Sc une portion de l’acide craieux qui Te fépare de l’aikali , paroît fe porter fur l’argile 3 tandis qu’une autre portion fe diffout dans la liqueur. D’ailleurs il eü reconnu aujourd’hui d’après l’anal y fe de plufieurs terres argileufes faites par quelques chimiftes modernes, qu’elles contien- nent de l’acide craieux, puifqu’elles font une effet- vefcence plus ou moins marquée , lorfqu’on les diffout dans les acides vitriolique & marin. CHAPITRE X. Genre VI. Sels neutres a rase DE TERRE PESANTE . La terre pefante forme avec les acides des fels neutres difFérens de tous ceux que nous avons examinés jufqu’ici, non -feulement par leur forme , leur faveur , leur folubilité , mais encore par les loix qu’ils fuivent dans leur dé- compofition. La bafe terreo - alkaline qui les conflitue a plus d’affinité avec les acides que n’en ont les trois alkalis 8c les autres terres ; il faut que ces fubflances alkalines foient unies à l’acide craieux pour pouvoir fépare r cette bafe & décompofer les fels pefans. Ces fels font au nombre de fîx, favoir , le fpath pefant, b’Hîst. Nat. et de Chimie. 287 le nitre pefant , le fel marin pefant , le borax pefant, la terre pefante fpathique, & la craie pefante. Cette nomenclature des fels pefans eff certainement très - vicieufe , parce que ces fels n’ont pas plus de pefanteur que la plupart des autres , fi l’on en excepte le fpath pefant. M. de Morveau ayant fubftitué le mot bar ou à celui de terre pefante , défigne ces fels fous le nom de fels barotiques, vitriol barotique, nitre barotique, fel marin ou muriate barotique, borax barotique , fluor barotique , craie ou mé- phyte barotique. v Sorte ï. Spath pesant, ou Vitriol barotiqub. Le fpath pefant , regardé jufqu’à préfent comme une pierre , parce qu’il n’a ni faveur ni difîolubiiité , eft le réfuîtat de la combinai- fon de l’acide vitriolique avec la terre pefante. Ce fpath] a été jufqu’ici confondu avec le fpath fluor par beaucoup de naturaliftes ; & en effet , il a la même caffure , & 11e' fait pas plus d’ef- fervefcence que lui avec les acides. Mais fa forme , fon peu de tranfpar ence , 8c fur-tout fa pefanteur extrême , le font affez facilement dif* tinguer. Un feul caradère chimique fuffit encore pour le faire reconnoitre. Si on verfe un peu d’huile de vitriol fur ce fpath réduit en pou- dre, cet acide le mouille fans en dégager au- 288 Elémens cime vapeur , ni aucune odeur ; tandis que le fpath fluor , traité de même , exhale peu-à-peu un gaz d’une odeur piquante, qui forme une fumée blanche dès qu’il ell en contad avec Pair , 8c que l’on reconnoît bientôt pour l’acide fpathique. D’autres naturalifles l’ont confondu avec le fpath féléhiteux, mais celui-ci n’a ni la même forme, ni la même infolubilité , 8c il eft décompofé par les alkalis fixes purs ou caufiiques 5 tandis que le fpath pefant n’éprouve point d’altération de la part de ces feîs. Le fpath pefant fe trouve en grande quan- tité dans la nature ; il accompagne le plus fou» vent les mines métalliques 3 il efi , ou enflai- lifé, ou en malles informes , mais toujours dif- pofé par couches plus ou moins épaifles, 8c plus ou moins étendues. Il efl d’une dureté alfez confidérable , quoiqu’il n’étincèle pas fous le briquet. Ses principales variétés font les fui- vantes. Variétés. 1. Spath pefant bîaçc , demî-tranfparent s criftallifé, en prifmes à fix faces, deux très-larges , quatre très- petites termL nés par des fommets dièdres. Ces crif- taux font placés obliquement fur des malles de. même nature. Ils reffembléht à des plaques quarrées allongées , dont P' le b’Hist. Nat. et de Chimie. 289 Variétés. — ■» les quatre bords auroient été taillés en bifeau à chaque face. Ils font fouvent recouverts de criftaux rhomboïdau* jau- nâtres. On l’appelle comme le fuiyant fpath pefant en tables. 2. Spath pefant d’un blanc laiteux en ta- bles fans bîfeaux. Il n’eft pas crîf- tallifé régulièrement , mais il efl formé de couches allez épaiffes, pofées les unes fur les autres. Il eft fouvent in- crufté d’une pouffière rouge de mine d’argent rougeâtre ou de pyrites. 3. Spath pefant arrondi de demi-chatoyant J pierre de Boulogne. Elle eft formée de plufieurs filets convergens, qui fe réunif- fent en lames appliquées les unes ftir les autres. C’eft cette variété qui eft la plus connue, à caufe de fa propriété phof- phorique. Elle a manifeftement été rou- lée par les eaux. 4. Spath pefant oétaèdre. Il a la criftalli- fation de l’alun ; les fommets des py- ramides font fouvent tronqués , ce qui forme un décaèdre. Il préfente aufti plufieurs autres variétés fuivant l’allon- gement ou la troncature de fes angles, y. Spath pefant dodécaèdre. Il a la forme Tome IL T s$0 ,t; x i M ? Variétés. de certains grenats 8c. de quelques py- rites. Il eft plus rare que le précédent 60 Spath pefant pyramidal. Cette variété, ■ainfî que la précédente, eh indiquée dans le tableau de M. Daubenton. Pavois regardé comme une variété de fpath pelant celui qu’on appelle fpath perlé , & qui avoit été placé autrefois parmi les fpaths félé- rriteux comme la plupart des précédentes. Ce fpath eft formé de petites écailles rhombéales fpuvent brillantes , qui fe recouvrent oblique- ment les unes les autres. Il eh opaque, bril- lant, comme micacé 8c femé fur du fpath cal» -caire , fur du quartz ou fur la première variété que nous avons décrite. Il eh coloré en jaune ou en vert fale ; quelquefois il eh d’un blanc argentin. C’eh un vrai fpath calcaire fuivant M. l’abbé Haiiy, Margraf, qui a examiné plufieurs variétés de fpath pefant , telles que la pierre de Boulogne 8c le fpath pefant blanc opaque , avoit cru le _ reconnokre pour une véritable féiénite mê- lée avec un peu d’argile , qui la rendoit in- fo lubie ; mais MM. Gahn , Schéele 8c Berg- man y ont trouvé la terre particulière , qu’ils qnt appelée terre pefante. M. Monnet y avo;t au® reconnu une bafe différente de la terre b’Hxst. Nat. et de Chimie. 2$i calcaire par les fels qu’elle forme avec les aci- des J mais ce chimiûe y admet le foufre.tout formé, & regarde le fpath pefant comme un foie de foufre terreux criftallifé. Le fpath pefant fe fond à une chaleur vio« lente, telle que celle des fours de porcelai- ne , 8c c. il donne un verre plus ou moins co- loré, Expofé à une chaleur foible, il n’eft nul- lement altéré. Si on le porte dans l’obfcurité, lorfqu’il a été chauffé un peu fortement , il pré- fente une lumière bleuâtre très-vive. Lemery rapporte qu’un cordonnier d’Italie appelé Vin- cenzo Cafciarolo découvrit le premier la pro- priété phofphorique de la pierre de Boulogne, Cet homme ramaffa au bas du mont Paterno cette pierre dont le brillant 8c la pefanteur lui avoient fait penfer qu’elle contenoit de l’argent; l’avant expofée au feu , pour effayer fans dou- te d’y reconnoître quelques traces de ce pré- cieux métal , il remarqua qu’elle étoit lumi- neufe dans l’obfcurité ; cette découverte attira fon attention , 8c l’expérience répétée plufieurs fois lui réuflfit conffamment. Beaucoup de phy- ficiens 8c de chimifles fe font fucceffivement occupés de ce phénomène, 8c ont varié de toutes les manières la calcination de la pierre de Bou- logne } les ouvrages de la Poterie , de Montai- ban 3 de Mentzel , de Lemery , les Mémoires ip2 4 L É M E N § de Homberg, de Dufay, de Margraf contien- nent plufleurs procédés pour cette opération. On fait aujourd’hui que cette propriété eh commune à toutes les variétés de fpath pefant. Il fuffit de les faire rougir dans un creufet, de les réduire en poudre dans un mortier de verre * d’en faire une pâte avec un peu de mucilage 4e gomme adragant , d’en former des gâteaux minces comme des laines de couteau ; on fait fécher enfuite ces gâteaux , & on les, calcine fortement en les mettant au milieu des charbons dans un fourneau qui tire bien; on ne les en retire que lorfque le charbon eh confumé & le fourneau refroidi ; on les nettoie par le moyen d’un foufHet , on les expofe à la lumière pen- dant quelques minutes , 8c en les portant dans un lieu obfcur , on les voit briller comme un charbon ardent. Ces gâteaux luifent même dans Peau; ils perdent peu-à-peu cette propriété, 8c on la leur rend en les chauffant de nouveau. Mais beaucoup d’autres fubhances préfentent le même phénomène; la magnéfie, la craie, la -félenrte, le fpath vitreux ou fluor, 8cc. devien- nent lumineux après avoir été chauffés. Macquer a reconnu la même propriété dans la terre de l’alun, le tartre vitriolé, la craie de Briançon, la pierre à fufil noire calcinée , ce qui prouve que -la préfence d'un acide n’eh pas abfolument ï>9H i s T* Nat. et de Chimie. 2ÿf. siéceffaire pour la produélion de ce phénomène , quoiqu’elle paroifFe contribuer pour quelque ehofe à Ifon intenfité. Le fpath pefant chauffe dans une cornue 3. n’a. rien donné à Margraf. Ce favant a obfervé que ce fpath n’étoït nullement altéré par. cette opération* Ce fel eff parfaitement infolnble dans Peau ; les matières terreufes & falino-terreufes n’ont aucune aélion fur lui. Les alkalis fixes purs ne peuvent le décompofer; 8c c’eft-là la propriété la plus fîngulicre qu’il préfente. En effet , les autres matières terreufes 8c falino- terreufes ont moins d’affinité avec l’acide vitriolique quen’eir. ont les alkalis fixes. La terre pefante., au con- traire, a plus d’affinité que ces fels avec ces acides. Auffi nous avons fait obferver , d’après Bergman, que cette terre décompofoit le tar- tine vitriolé 8c le fel de Glauber. Il en efl de même de l’aîkali volatil* Les acides minéraux n’ont point d’acfion fur le fpath pefant-, parce que l’acide vitriolique eff le plus adhérent de tous à la terre qui fert de bafe à ce fpath. Les fels neutres ne l’altèrent pas davantage, fi l’on en excepte le tartre craieux 8c la foude craieufe. Ces deux fubffances fa- lines décompofent le fpath pefant à l’aide des affinités, doubles, La terre pefante eff féparéa • j 33j ' Elément de l’acide vitriolique , parce qu’elle eff attirée par l’acide craieux , en même-tems que l’un ou l’autre des alkalis fixes fe porte fur l’acide vi~ triolique. Pour opérer cette décompofuion, on fait fortement chauffer dans un creufet un mé- lange de deux parties de fel fixe de tartre bien chargé d’acide craiëux , & d’une partie de fpath pefant réduit en poudre. On leffive cette ma - tière, qui eff à demi-vitrifiée , dans l’eau difi tillée ; on filtre la liqueur , & on en obtient par l’évaporation du tartre vitriolé. La fub fian- ce refiée fur le filtre eff la terre pefante craieufe* on la lave en grande eau pour la bien deffaler* 8c elle eff fous la forme d’une matière pulvé- rulente très-blanche & très-fine , mais ordinai- rement impure , parce qu’elle contient prefqffe toujours mie portion de fpath pefant qui a échap* pé à la décompofition. Les fubffances combuffibîes ayant la pro- priété de décompofer le fpath pefant , peuvent auffi être employées pour en obtenir la bafe* Lorfqu’on expofe au feu , dans un creufet , ce fpath pulvérifé avec un huitième de fon poids de charbon en poudre , & larfqu’on fait rou- gir le creufet pendant deux ou trois heures , la matière verfée dans de l’eau difiillée, donne fur-le-champ à ce fluide une couleur jaune rou- geâtre $ «Suons les caractères d’une diffolution de D5HlST. Kaî. ET DE ‘ChïMïE, 2ÿ$ foie de foufre. En effet , le charbon ayant enlevé Pair vital à • l’acide vitriolique, le foufre mis % ïiud par cette déco mpofition s’unit, à la terre pefante qui le réduit dans l’état d’hépar. Oî| précipite la difîbhuion de cet hépar à l’aide d’un acide; on choifit Bàçide marin parcerqu’il forme avec cette terre un fel foluble ? tandis que l’acide vitriolique reformeroit du fpath pefant 8c infolubîé; on filtre la liqueur décompofée par l’acide marin ; le foufre féparé par cet acide refie fur le filtre , 8c l’eau filtrée tient en difïb- lution du fel marin barotique ou à bafe de terre pefante. On le décompofe par une diffolutioii de tartre craieux , 8c la terre pefante fe pré- cipite unie à l’acide craieux, dont on peut ta féparer par la calcination , comme nous le di- rons dans un autre article. Ce procédé que j’ai exécuté un grand nombre de fois , ne four«- nit que très-peu de terre pefante , 8c l’on ne trouve fur le filtre de la précipitation de l’hé*- par par l’acide marin que quelques atomes dé fou fie, fi l’on ne fait pas chauffer très-fortement le fpath pefant. Pour aider la décompofition de? ce fel terreux 3 il faut ajouter au mélange de fpath pefant 8c de charbon un quart environ de fel fixe de tartre. Alors on a beaucoup plus de foufre 8c de terre pefante; ce qui dépend 4e -la fufion plus complète opérée par l’alkali fixé®, X iv gp# Ë L Ê M E 3NT- * On volt, d’après les deux procédés pârlet quels on décompofe le fpath pefant , ainfi que d’après l’examen de toutes les propriétés de ce fel , combien la terre ou la fubflance falino— terreufe qui en fait la bafe * diffère de celles que nous connoiffons, ravoir* de l’argile , de la chaux & de la magnéfie. Le fpath pefant n’efl absolument d’aucun nfage. Sorte IL Nitre a base de terre pesants , ou Nitre barotique» L’acide nitreux s’unit facilement à la terre pefante; il réfuîte de cette combinaifon un fel neutre, qui donne ou de gros criüaux hexa- gones , ou de petits criftaux irréguliers , fuivant M. d’Àrcet. On ne l’obtient criflallifé qu’avee «jffez de difficultés» Le nitre à bafe de terre pefante fe décom- pofe au feu , 8c il donne de l’air vital» Il attire l’humidité de l’air ; 8c cependant il lui faut une allez grande quantité d’eau pour être tenu en diffolution. Les alkalis purs ne le décompofent point non plus que le fable * l’argile , la chaux 8c la ma* gnéfie. L’acide vitriolique verfé dans la diffolution du nitre barotique en précipite fur-ie-champ d9Hist. Nat. et de Chimie. 2517 <3u fpath pefant. L’acidfe fpathique s’empare auffi de fa bafe. Les fels neutres craieux aîkalins le décom- pofent par une double affinité. Ce fel n’eft encore que très-peu connu. Sorte III. Sel marin a base de terre pesante , ou Sel marin barotique. Ce fel a été âuffi peu examiné que le pré- cédent. Bergman dit qu’il eft fufceptible de criftallifer , & qu’il ne fe diffout que difficile- ment ; on l’obtient en effet fous la forme de criflaux quarrés & allongés affez femblables à ceux du fpath pefant en tables. Le fable 5 l’argile , la chaux , la magné&e & les alkalis cauffiques ou purs n’ont nulle a&ion fur ce fel , & n’en féparent point les principes. Les acides vitriolique 8c fpathique décom po- fent ce fel, en s’emparant de fa bafe. Le tartre craieux , la foude craieufe en pré- cipitent la terre pefante unie à l’acide craieux. Bergman met le fel jnarin pefant au nom- bre des réadifs les plus fenfibles ; 8c il le pro- pofe pour reconnoître la plus petite quantité poffible d’acide vitriolique contenu dans une eau minérale. Une ou deux gouttes de diffo- lutiqn de ce fel verfées dans environ trois li- vres d’eau chargée de douze grain$ de fel de Elément Glauber en criflaux , y produifent bientôt des foies blanches de fpath pefant, formé par la double décompofition de ces deux Tels , & par- le tranfport de l’acide vitriolique fur la terre pefante ; il relie du fel marin en difTolution dans la liqueur. Tous les fels vitrioliques font également fenfibîes par ce réaélif qui les décom- pof e en formant du fpath pefant. Sorte IV.. Borax a base de terre pesante, ou Borax barotique. On ne connoît point du tout cette combi- naifon de fel fédatif avec la terre pefante. Bergman allure que l'acide du borax ell un de ceux qui a le moins d’affinité avec cette fubÜance falino terreufe , 8c il le place dans fa table au-deiïous de la plupart des acides vé-. gétaux & animaux. §orte V. Terre pesante combinée avec i/acide spathique, ou Fluor barotique. Ce fel n’eft pas plus connu que le précédent , & c’elt un objet de travail abfolument neuf, ainfr que beaucoup d’autres matières falines, qui n’ont point encore été examinées , 8c fur lefquelles la difette de faits nous a obligés d’être fort courts. Bergman a (Tare dans fe differtation fur les d’Hist. Nat. et de Chimie. 299 attrapions éledives , que l’acide fîuorîque verfé dans une difloîution de nitre ou de Tel marin pefans , y occafionne un précipité, & que ce précipité fait effervefcence avec l’acide vitrio- îique qui en dégage l’acide du fpath fluor. Cette expérience prouve que l’acide fluori- que a plus d’affinité avec la terre pefante que les acides nitreux 8c marin, 8c qu’il forme avec cette fubflance falino-terreufe un fel beaucoup moins foluble que le nitre 8c le fel maria ba- rdiques. Sorte VI. Terre pesante craïeuse, ou Craie, barotïque. La terre pefante efl fufceptible de s’unir à . l’acide craieux , 8c il en réfulte une efpèce de fel neutre qui préfente des propriétés particu- lières , 8c qui femble avoir quelques rapports avec la craie. On a déjà obfervé que c’efl en raifon de Faffinité de la terre pefante avec l’acide craieux, que le fpath pefant 8c tous les fels en général dont cette terre efl: la bafe , font décotnpofés par les alkalis craieux. Dans ces décompofi- tions , il fe précipite toujours de la craie baro- tique nommée terre pefante aérée par Bergman. On prépare encore cette efpèce de fel en ex- pofant à l’air une diffolution de cette fubflance 3oo Eiémems falino-terreufe pure ; la furface fe couvre ïen~* tement d’une pellicule qui fait effervefcence avec les acides , & qui eft due à cette terre chargée de l’acide craieux de Patmofphère , 8c devenue moins foluble par fa neutralifation £ ce phénomène eft femblable à celui que pré- fente l’eau de chaux, 8c c’efl une analogie frap- pante qui exifle entre ces deux fubflances fa- lino-terreufes quoiqu’elles diffèrent fîngulière- ment par beaucoup d’autres propriétés. La craie barotique expofée au feu , perd for& acide. Si on la chauffe dans une cornue ou dans un matras auquel on a adapté un appa- reil pneumato -chimique , on obtient cet acide fous fa forme gazeufe naturelle. Cependant on n’en fépare les dernières portions que très-dif- ficilement 8c à une chaleur excefîive. Tous les acides minéraux décompofent co fel 8c en dégagent f acide craieux; ce qui pro- duit feffervefcence vive qui le diflingue d’avec la terre pefante pure. Bergman eflime que ce fel contient au quintal fept parties d’acide craieux* foixante-cinq de terre pefante 8c huit d’eau. L’eau ne diffout qu’à peine la terre pefante. craieufe, mais lorfqu’elle efl elle-même char- gée d’acide craieux, elle en diffout environ un mil cinq cent cinquantième de fon poids. On voit, d’après cela, que la terre pefante craieufe î>5Hist. Nat, et de Chimie, jotf tfi moins diffoluble que lorfqu’elle eft pure ou cauftique , puifque dans ce dernier état l’eau peut en dilïbudre environ un neuf centième fuivant les expériences de Bergman. Elle fe comporte donc à-peu-près comme la craie , puifqu’elle fe précipite auffi comme cette der- nière , à mefure que l’acide craieux uni à Peau qui la tient en dilTolution s’évapore. Au relie, elle en diffère par un grand nombre d’autres propriétés, & fur-tout par les fels qu’elle forme avec les autres acides , comme nous l’avons démontré par l’examen de ces fels. La craie barotique n’ell d’aucun ufage. CHAPITRE XL De plufieurs acides minéraux découverts depuis quelques années . «Après avoir fait l’hifloire de toutes les ma- tières falines bien connues , nous croyons de- voir ajouter quelques détails fur plufieurs aci- des dont les propriétés n’ont point encore été affez examinées , pour qü’on puiiïe les compa- rer à ceux dont il a été parlé jufqu’ici. M. Schéele ayant remarqué que l’acide ni- treux difiillé fur plufieurs fub fiances des trois J02 E L Û M E N S règnes dont on connoiffoit peu la nature , les fab foit palier à l’état d’acides plus ou moins fixes, a cru devoir regarder ces Tels comme étant d’une nature particulière & fpécifique ; nous ne fe- rons mention ici que de ceux qu’il a décou- verts dans quelques fubflances hrinérales. Tels font les acides de la molybdène , de la tungs- tène, deTarfenic, du bleu de Prude. Comme nous parlerons fort en détail des deux derniers dans l’hifloire des matières métalliques, nous n’infiflerpns ici que fur, les acides de la molyb- dène & de la tungflène. De la Molybdène & de fon acide, La molybdène ne doit point être confondue avec la mine de plomb ordinaire ou le crayon noir dont on fe fert pour deffiner, & qui porte aujourd’hui le nom particulier de plombagines G’efl cette confufion qui a certainement apporté quelque différence dans les travaux des chi- mifles qui ont examiné cette fubflance depuis Pott jufqu’à M. Schéele. ïl faut obferver que la plombagine ou mine de plomb étant beau- coup plus commune que la molybdène dont on ne trouve encore que très-peu d’échantil- lons dans les cabinets d’hiSoire naturelle , c’efï prefque toujours fur la première que les chimif- tes français & fur tout M, de Lille 9 ont travaillé d5Hïst. Nat. et de Chimie, 303 comme nous l’expoferons dans l’hiftoire des matières combuftibles. La vraie molybdène eft' difficile à diftinguer de la plombagine par les caradères extérieurs ; cependant elle eft un peu plus grade au tou- cher; elle eft formée de lames écailleufes plus ou moins grandes, très-peu adhérentes les unes aux autres ; elle tache les doigts & laide fur le papier des traces d’un gris noirâtre ; lorfqu’on la réduit en poudre , ce qui eft difficile à caufe de l’élafticité de fes lames , fa pouiïicre eft bleuâtre , on la coupe facilement avec le couteau, elle ne fe brife point & n a point le tidu grenu comme la plombagine. Pour réduire la molybdène en poudre, il faut d’après le procédé de M. Schéele , jetter dans le mortier un peu de tartre vitriolé; on lave enfuite la poudre avec de l’eau chaude qui emporte le fel , & la molybdène refte pure. Cette fubftance expofée à l’aétion du feu dans des vaifteaux ouverts laifle exhaler un peu de foufre, & s’évapore prefque toute entière. Trai- tée au chaltfeieau dans la cuiller , elle donne une fumée blanche , qui en touchant la pointe bleue de la flamme, prend cette couleur. La partie blanche fublimée eft l’acide particulier de la molybdène ; mais comme on n’en pourrait re- cueillir que très -peu par ce procédé, on a '304 ÈLÉMENS recours à un antre moyen pour l’obtenir. En diftiilant 30 onces d’acide nitreux éten- du d’eau fur une once de molybdène, en f reprifes , c’eft-à-dire , 6 onces de cet acide à la fois , il fe dégage une grande quantité de gaz nitreux , & il relie dans la cornue une poudre blanche qu’il faut laver avec fuffifante quantité d’eau difiillée froide pour emporter l’acide étran- ger foluble à cette température; il refie après cette édulcoration fix gros 8c demi d’acide mo- lybdique pur. M. Schéele à qui efl due cette découverte, penfe que l’acide nitreux s’empare du phlogidique , 8c s’échappe en vapeurs rou- ges; il brûle aufii le foufre qui fe trouve dans la molybdène ; 8c voilà pourquoi l’eau qu’on em- ploie pour laver l’acide de la molybdène , con- tient de lacide vitriolique qu’on obtient con- centré par l’évaporation, 8c qui retient un peu de molybdène en difTolution; celle-d donne à la liqueur évaporée une couleur bleue aftez bril- lante. Nous penfons que dans cette opération , ainfi que dans toutes celles où l’acide nitreux didiilé fur quelque fubflance que ce foit , la ré- duit en état d’acide, le premier eft décompofé, 8c que c’eil à la féparation de l’air vital de l’efprit de nitre 8c à fa fixation dans la molyb- dène , que font dus le dégagement du gaz ni- treux 8c la formation de l’acide molybdique. Cet b’Hïst. Nat. et de Chimie. 30$ Cet acide obtenu par le procédé que nous venons de décrire elt fous la forme d’une pou- dre blanche , d’une faveur légèrement acide & métallique. Chauffé dans la cuiller au chalu- meau , ou dans un creufet avec le conta# de l’air, elle fe volatilife en une fumée blanche P 8c elle fe fond en partie fur les parois du creu- fet. Malgré l’édulcoration elle retient une por- tion d’acide fulfureux que la chaleur forte en dégage complètement. Cet acide fe difîbut dans Peau bouillante % M. Schéele en a diffous un fcrupule dans 20 onces d’eau. Cette diffolution a une faveur fin- gulièrement acide 8c prefque métallique ; elle rougit la teinture de tournefol , décompofe la dillolution de favon, 8c précipite les foies de foufre; elle devient bleue 8c prend de la con- fiance par le froid. Cette terre acide comme la défigne M. Schéele, fe diffout en grande quantité dans l’huile de vitriol à l’aide de la chaleur ; cette diffolution prend une belle couleur bleue, 8c s’épailfit par le refroidiffement *, on fait difparoître ces deux phénomènes en la chauffant , 8c ils reparoiffenc à mefure que la liqueur refroidit ; fi l’on chauffe fortement cette combinaifon dans une cornue* l’acide vitriolique fe volatilife , 8c l’acide molyb- dique relie fec au fond de ce vaifleau. Tome IL V. E - L E M E K ;S L’acide nitreux n3a nulle adion fur Pacide molybdique. L’acide marin ordinaire en diffout une gran- de quantité; cette diffoîution donne un réfidu bleu foncé , lorfqu’on la dîftilie à ficcité ; en pouffant le feu , ce réfîdu donne des Heurs blan- ches 8c un fublimé bleuâtre ; ce qui relie dans la cornue efl gris ; les fleurs & le fublimé font déliquefcens & colorent les métaux en bleu ; Pacide marin pafle dans l’état déphlogiftiqué. Il efl facile de concevoir que dans cette opéra- tion , l’acide marin enlève une portion d’air vital à Pacide molybdique 3 8c qu’une portion ,de cet acide paffe à l’état de molybdène. L’acide molybdique décompofe le nitre & le fel marin , en dégageant leurs acides , 8c il forme avec leurs bafes des feîs neutres dont M. Schèeîe n’a point encore reconnu toutes les propriétés. Cet acide dégage aufli Pacide craieux du tartre craieux, de la foude craieufe 6c de la craie ammoniacale ? en formant des Tels neu- tres avec les alkalis fixes. Quoique M., Schéele n’ait point fait connoî- tre toutes les propriétés de ces fels neutres * que M. de Morveau appelle molybde de po- taffe , molybde de foude , molybde ammonia- cal; il en a cependant indiqué trois qui fuffi- fent pour caradcrifer leur état de neutralifatioiio b^Hïst. Nat. ïet de Chimie. 307 Il a reconnu , i°. que Falkali fixe rendoit la terre acide molybdique plus foluble dans l’eau; 20. que ce fel empêchoit l’acide molybdique de fe vo- îatilifer par la chaleur; 30. que le molybde de potafTe fe précipitoit par le refroidiflfement en petits crifiaux grenus. L’acide molybdique précipite le nitre & le feî marin baro tiques. Le molybde barotique formé dans ces opérations eil dilïoluble dans l’eau. L’acide molybdique paroît décompofer en partie le tartre vitriolé , & en dégager un peu d’acide vitriolique par une forte chaleur. L’acide molybdique diffbut plufieurs métaux* 8c prend une couleur bleue , à mefure que cet acide leur abandonne une portion de fon aie vital. Il précipite plufieurs diiïblutions métal- liques ? Sic. Nous reviendrons fur ces proprié- tés dans l’hifloire des métaux. La molybdène entière détonne légèrement à l’aide du nitre ; le réfidu de cette détonnation contient du tartre molybdique ou molybde de potaffe , 8c de la chaux de fer. Cette fubfiance paroît être d’après les expériences deM. Schéele un compofé d’une matière combuflibîe parti- culière de foufre 8c de fer. Quant à la nature de la matière combuflibîe qui la conflitue , elle n’efl point encore parfaitement connue ; M. Hielm difciple du célèbre Bergman, paroît être parvenu Vij ■|©8 ï t Ê M E ’N S à tirer un régule de la molybdène. M. Pelletier dit avoir eu le même fuccès ; mais^ on n’a point examiné les propriétés de ce nouveau métal. Il femble en effet que l’acide môlybdique Soit un acide métallique ; fa pefanteur , fa fa- veur flyptique & auftère* fa nature sèche 8c pulvérulente , fa fufibilité, fon peu de folubilité, fa coloration par la flamme & par les matiè- res combuflibles , fa précipitation par la noix de galle &par l’acide du bleu de Pruffe, le rendent comparable à l’acide arfenical. Tel eft l’état aéluel des connoiffances chi- miques fur l’acide de la molybdène 8c fur fon acide* cette fubflance eft fl rare en France » qu’aucun chimifte , fi l’on en excepte M. Pel- letier, n’a pu fe livrer à des recherches fui- vies fur ce point. Il eft bien à défirer qu’elles foient continuées , fur-tout dans la vue de re- chercher fi l’acide môlybdique eft véritablement bien différent de tous les autres ; car je ne puis m’empêcher de penfer, malgré les cara&ères qui le diftinguent, qu’une fubflance que l’on ne, rend acide qu’à l’aide de trente parties d’aci- de nitreux foible , & qu’il eft fi difficile de rap- procher de ces fels , ne doit pas être regardée comme contenant, vraiment un acide particulier ; aa refte , je m’étendrai plus fur cet objet dans différens chapitres de cet Ouvrage. bTÏist. Naivet de Cïîïmïe. De la tungjlène & de fon acide • La tungilene des fuédois a été appelée pierre pefante , lapis ponderofus , par plufieurs natura- lises 8c en particulier par Bergman dans fa Scia^ graphie. Cronfledt l’avoit regardée comme une efpèce de mine de fer, 8c l’avoit appelée Ferrunt calciforme' terra quâdam incognitâ intime mix - pim. La plupart des naturalises allemands la* rangeoient parmi les mines d’ëtaih , fous le nonr de, criftal d’étain blanc ou de ^inn-fpath ; dans* prefque tous les cabinets d’hiftoire naturelle oit la préfentoit comme appartenant à ce métal. Le nom fuédois tungftène adopté par le tra- ducteur des mémoires de chimie de M. Schéele* a l’avantage de diflinguer cette fubüance faline- de la terre pefante 8c du fpath pefant avec les- quels la dénomination de Bergman fembloit la confondre; On ne s’étoit point occupé de Pànalyfe exac- te de cette fubüance avant M. Schéele ; 8c oir étoit prefque convenu de la regarder comme une mine d’étain. Ce chimifle ayant examiné cette prétendue mine , découvrit par fes expé- riences qu’elle étoit compofée d’un acide par- ticulier uni à la chaux; Bergman faifant de fon côté des recherches fuivies fur cette matière »uva les mêmes réfultats. Cette découverte efL V % \ jio Elément de 1781. Depuis cette époque MM. d’Eîhuyar de .la fociété royale Bafquaife , M. Angulo de l’académie de Valladolid, & M. Crell ont ré- pété les expériences des chimifles fuédois 8c en ont confirmé les réfultats. Avant de décrire les propriétés de la tungfc tène 8c de Ton acide , nous ferons obferver que cette fubflance a été afTez rare jiifqu’aéluelle- ment ; qu’on en trouve dans les mines de fer de Bitzberg , dans celles d’étain de Schleckemvalde en Bohême, 8c que la plupart des criflaux d’étain blanc de Sauberg près d’Ehrenfriederfdorf font de la tungflène ; ainfî en effayant les criflaux défîgnés fous ce nom dans les cabinets , par les moyens que nous indiquerons , on pourra en reconnoître quelques échantillons dont on ne foupçonnoit pas la nature* La tungftène n’éprouve point d’altérations fenfible par la chaleur ; elle décrépite 8c fe ré- duit en pcuiïière par Faélion du chalumeau , mais elle ne fe fond pas. La flamme bleue la colore légèrement , 8c le nitre lui enlève cette couleur® L’eau bouillante n’a nulle aélion fur la tungf- tène en poudre 8c elle efl parfaitement infolu- ble. On n’a point examiné l’aâion de l’air , des terres , des fubflances falino-terreufes 8c des ah kalis caufliques fur cette fubflance. L’acide yitriolique chauffé 8c diflillé fur la d’Hist. Nat» et Chimie» jït tüngüène paiïe fans altération; le rélïdu prendf une couleur bleuâtre ; leffivé avec de l’eau bouil- lante , on en retire un peu de fëlénite p ce qui prouve que cette fubftance contient de la chaux r & que l’acide vitriolique n’en décompofe qu’une très-petite partie. L’acide nitreux foibîe agit fur la mngftène à l’aide de la chaleur , mais fans effervefcence fenfîhle. Cet acide lui donne une couleur jau- ne ce qui la dïflingue d’avec la vraie mine d’étain, & il la décompofe en lui enlevant la chaux j ilfaut environ 12 parties d’acide nitredx dans l’état d’eau forte ordinaire pour décompo- fer entièrement une partie de tungllene ; M. Schéele a fait cette opération en piufieurs re~ prifes ; après l’aâion de trois parties d’acide nitreux foibîe fur une partie de tungflène , il yerfe deux parties d’alkali volatil cauftique ; la poudre que l’acide nitreux change en jaune de- vient blanche par Talkali ; il répète l’adion fuc- ceffive de l’acide & de l’aîkali , jufqu’à ce que la tungftène foit tout-à-fait diiîbuteo De 4 fera- pilles traités par ce procédé , il a eu 3 grains de réfidu qui lui a paru être du quartz. En pré- cipitant l’acide nitreux employé pour cette opé- ration par l’alkali pruflien , 8c enfuite par la potalfe , il a obtenu 2 grains de bleu de PruHe, & 53 grains de craie ; l’alkali volatil uni i V w ' il §1^ E L É M E N S l’acide nitreux lui a donné un précipité acide. Dans cette expérience , l’acide nitreux décom- pofe la tungüène en s’emparant de la chaux 3 & l’acide tungüique mis à nud par cette décom- pofition , eü enlevé par Palkali volatil. Le fel ammoniacal formé par cette dernière diffolution eft décompofé par l’acide nitreux qui a plus d’af- finité avec l’alkali volatil que celui-ci n’en a avec l’acide tungüique ; comme ce dernier acide eü beaucop moins foluble que le tungÜe ammo- niacal, ilfe précipite à mefure qu’il devient libre fous la forme d’une poudre blanche; on lefiive cette poudre avec de l’eau diÜillée froide pour avoir l’acide tungüique bien pur. On peut encore obtenir cet acide par un autre procédé que M. Schéele a employé avec un égal fuccès. On fait fondre dans un creufet de fer une partie de tungflène pulvérifée avec 4 parties de tar- tre craieux ; on leÜive cette maffe avec 12 parties d’eau bouillante; & on y verfe de l’acide nitreux jufqu’à ce qu’il n’y ait plus d’effervefcence; on la fond une fécondé fois avec quatre parties de tar- tre craieux , on la leÜive avec l’eau , & on la traite par l’acide nitreux , jufqu’à la ceffation del’effer- vefcence ; alors il ne reüe qu’un peu de quartz & toute la tungüène eÜ décompofée. En effet, pendant la fuüon l’alkali fixe végétal fe porte fur l’acide tungüique ayec lequel il forme un d5Hist. Nat* et de Chimie. 315 M neutre particulier , tandis que l’acide craieux s’unit à la chaux qu’il change en craie. Lorfqu’on leiïive la malle fondue , l’eau diffouî le tartre tungftique ou le tunglle de potafte , qui eft beau- coup plus foluble que la craie , 8c celle-ci refte feule , l’acide nitreux qu’on emploie après l’eau diflout la craie avec efFervefcence fans tou- cher à la portion de tungftène que les quatre premières parties d’aîkali fixe craieux n’ont pas décompofée. A la fécondé opération , la tungf- tène étant complètement décompofée par les quatre autres parties de tartre craieux , l’acide nitreux enlève toute la craie , de forte qu’à l’aide de huit parties d’alkali fixe craieux 8c d’une petite quantité d’eau forte employée fuc- ceffivement , on a tout-à-fait féparé les prin- cipes de la tungftène ; fon acide eft uni avec l’alkali 8c fa chaux combinée avec l’acide ni- treux ; en précipitant le nitre calcaire par. la potafte , on connoît la quantité de chaux con- tenue dans la tungftène employée ; il ne s’agit plus enfuite que de féparer l’acide tungftique uni à l’alkali fixe. Pour cela on fe fert du pro- cédé qui a été décrit dans la première expé- rience. On verfe dans la leftive du mélange fondu de la tungftène avec le tartrç craieux, une fuffifante quantité d’acide nitreux; cette lefi- five fe trouble & s’épaillîtj parce que l’acide -JI4 Ê L Û M E N sr nitreux ayant plus d’affinité avec Palkali fixe que n’en a l’acide tungftique, celui-ci fe précipite* Sc la liqueur tient du nitre en diffolution. On lave le précipité avec de l’eau froide , & l’on a l’acide tungftique pur fous la forme d’une poudre blanche comme dans la première opé- ration ; celle-ci doit même être préférée comme; moins difpendieufe 8c plus facile. L’acide marin agit fur la tungftène de la même manière que l’acide nitreux , il la dé- compofe avec la même énergie; Sc comme il lui donne une couleur plus jaune, Bergman le recommande pour e (Payer Sc pour recon- noître ce fel terreux. L’acide tungftique obtenu par l’un ou l’autre de ces trois procédés , eftc comme nous l’avons dit fous la forme d’une poudre blanche. Au chalumeau il devient fauve, brun 8c noir fans iè fondre ni fe volatilifer. Il fe diffout dans 20 parties d’eau bouillante ; cette diftblution a une faveur acide, Sc rougit la teinture de tournefoî. L’acide tungftique paroit former avec la terre pe fan te un fel abfolument infolubîe dans Peau, avec la magnéfie un autre fel difficilement fo- luble. Lorfqu’on verfe fa diffolution dans Peau de chaux, elle y opère un peu de précipité qui augmente beaucoup par la chaleur, & qui ell bHist. Nat. et de Chimie. de la.tungflène régénérée fuivant M, Schéeîe, , L’acide tungfiique faturé d’alkaii fixe végétal donne un fel qui fe précipite en très - petits criAaiix, de dont ïa forme n’a point été déter- minée. M. Schéeîe n’a point parié de fa com- binaifon avec l’alRalf de la fonde. Il forme liai— vaut lui avec l’alkali volatil un fd ammonia- cal figuré en très- petites aiguillés; ce tungfte ammoniacal expofé au feu dans une cornue laiflô aller l’alkali volatil , de l’acide tungftîque relie en poudre sèche 8>c jaunâtre; le même fel dcccm- pofe le nitre calcaire 8c reforme de la îungficne* L’acide tungfiique chauffé avec de l’acide vitrio- îique prend une couleur bleuâtre; avecfacide nitreux de l’acide marin, il devient jaune citron comme la tungflène , il précipite en vert îe foie de foufre. M. Schéele n’a point déterminé à quelle caufe font dus ces changeai ens de couleur. Ce chimifie ayant obfervé que l’acide tdngfli- que fe colore facilement par les corps cornbufli- blés, 8c colore lui-même en bleu les flux vitreux comme le borax, dec. a chauffé dans un creiifet cet acide avec de l’huile de lin ; mais il n’en a point obtenu de métal , de l’acide n’a été que noir- ci. Bergman penfe cependant d’après la pefanteur confidérable de cet acide , fa coloration par les corps inflammables, de fa précipitation par Pal- kali pruflien ? qu’il eft d’origine métallique. %l6 E L Ê M E N S MM. d’Elhuyar ont en partie confirmé ce foupçon par Panai y fe du wolfram, fubftance regardée comme une mine de fer pauvre par la plupart des naturaliftes , & dont ils ont re- tiré un régule particulier , en même-tems qu’ils en ont obtenu par l’acide marin de véritable aci- de tungftique. Le wolfram qu’ils ont examiné venoit de la mine d’étain de Zinwalde; il eft en malle ou criftallifé en prifmes hexaèdres com- primés ; il a le brillant métallique , la caiïiire feuilletée , 8c fe laifle entamer au couteau. Ils ont obtenu du quintal de ce minéral 22 parties de chaux noire de manganèfe , efpèce de demi- métal dont nous connoîtrons par la fuite les propriétés, 12 de chaux de fer, 6 % d’acide tungffique jaune , 8c deux de quartz. Ils ont fait Panalyfe comparée de la tungftène venant des mines d’étain de Schleckenwalde en Bohême , 8c ils en ont retiré 68 livres d’acide tungftique jaune 8c 30 de chaux par quintal. Ils font auffî parvenus à combiner le wolfram avec des mé- taux , 8c à faire des alliages. Comme ce minéral eft fort rare , aucun chi- mifte à ma connoiiïance n’a encore répété 8c confirmé les expériences de MM. d’Elhuyar® Cet expofé indique combien il refte de tra- vaux à faire fur la tungftène 8c fur fon acide pour en connaître plus exaélement la nature b’Hïst. Nat. et de Chimie. 317 & les propriétés, fur-tout par les combinaifons qu’il ed fufceptible de former , & dont 011 ne s’efl que très-peu occupé. CHAPITRE XII. Récapitulation fur tous les fels minéraux comparés entr eux. Après avoir expofé les connoifïànces acqui- fes jufqu’à ce jour fur les propriétés de tous les fels minéraux connus , nous croyons devoir préfenter un précis de leurs principaux carac- tères , de leur nature comparée 8c de leurs attrapions réciproques. I. Les fels fe reconnoifFent à quatre proprié- tés générales, la faveur, la tendance à la com- binaifon, la diiïblubilité 8c l’incombudibilité; ces propriétés font dans des degrés très-différens d’énergie , 8c ces degrés condiment des diffé- rences effentielles dans les matières falines. IL Tous les fels peuvent être rapportés à quatre ordres ou à quatre genres principaux, lavoir , 1 °« les fubdances falino-terreufes qui joignent des propriétés terreufes aux qualités falines ; 20. les alkalis dont les caraPères con- fident dans la faveur urineufe 8c dans la pro- priété de verdir plufîeurs couleurs bleues végé- 3 iB E L E MENS taies; 30. les acides reconnoiffables parla faveur aigre & la couleur rouge qu’ils font prendre aux matières végétales bleues; 40. les fels moyens ou neutres qui diffèrent des précédées par moins de faveur 3 8c fur-tout une faveur mixte falée, amère , Scc. moins de difïblubiiité , &c . III. Il y a trois (ubftances falino-terreufes, la terre pefante ou barote , la magnéfie & la chaux. On connoît affez bien leurs propriétés, mais on ignore leur compofition. Aucun chi- mi(le n’a encore pu en féparer les principes 8c en reformer par des combinaifons; ainfi ces ma- tières font réellement (impies , 8c pour ainff dire élémentaires relativement à l’état aétuel de la fcience; peut-être parviendra-t-on par la fuite à les décompofer. IV. On connoît trois fels alkaüs ; l’alkali fixe végétal appelé alkaîi du tartre, potaffe; l’alkali minéral nommé audi alkali marin , foude ; l’al- kali volatil. Les deux premiers font fecs, fo- lides, caufliques , fufibles , déliquefcens, 8cc0 On ne peut les diffinguer l’un de Tautre lorff» qu’ils font purs; on les diffingue facilement pat leurs combinaifons avec les acides. Aucune ex- périence n’apprend encore rien de pofitif fur leur compofition intime ; perfonne n’en a fé- paré les principes, ou n’en a formé par des combinaifons particulières. tfHisx. Nat. et de Chimie. 319 L’opinion des chimifles qui les regardoieni comme une union de Peau & de la terre , n’eff qu’une hypothèfe ingénieufe à laquelle on doit renoncer, parce qu’elle n’eff appuyée fur aucun fait pofitif. L’alkali volatil diffère des deux pre- miers , parce qu’il eff fous la forme d’un fluide élaflique très-odorant , très-expanfible , &c. On entrevoit aujourd’hui qu’il eff compofé de deux gaz , le gaz inflammable 8c la mophette atmos- phérique , qu’il fe décompofe dans plufieiirs opérations , 8c qu’il fe forme dans d’autres. V. Les ^cides bien connus font au nombre de flx ; l’acide craieux, l’acide marin , l’acide Apathique , l’acide nitreux , l’acide vitriolique 8c l’acide fédatif ; tous ont des propriétés par- ticulières qui les diffinguent ; l’acide craieux 9 l’acide marin , l’acide fpaihique prennent très- facilement l’état élaflique ou aériforme ; il n’en eff pas de même de l’acide nitreux & de l’acide vitriolique ; l’acide fédatif eff concret 8c crif- taîlin. Les acides molybdique 8c tungftique dont nous avons traité dans une efpèce de fupplé- ment font concrets, mais pulvérulens 8c fans for- me criff affine» VL On commence à connoître la nature des acides beaucoup mieux qu’autrefois. Il eff prouvé que l’hypothèfe qui les regardoit comme Fanion intime de l’eau & de la terre n’a plus $20 Ê L Û M E N S rien de vraifemblable. On a démontré que l’aie vital entre dans leur compofîtion ; que fouvent cet air vital y eft uni avec un corps combufiible, comme le charbon dans l’acide craieux , le fou- fre dans l’acide vitriolique , le gaz nitreux dans l’acide nitreux ; la formation d’un grand nombre d’acides particuliers par l’a dion de l’acide ni- treux fur des corps combuflibles, confirme cette affertion fur la nécefiité de l’air vital pour conf- tituer les acides; c’efl pour cela que M, Lavoi- fier défigne l’air vital fous le nom de principe ©xygine, ou propre à engendrer les acides. VU. Les acides s’unifient fans décompofition à l’argile , à la terre pefante , à la magnéfie ? à la chaux , aux alkalis fixes & à l’alkali vola- til; il réfulte de ces combinaifons un grand nombre de fels appelés fels compofés , fels moyens , fels neutres. On nomme bafes les fubftànces qui neutralîfent les acides dans ces combinaifons falines. VIII. Les fels moyens ou neutres ont des propriétés différentes de celles de leurs compo- fans ; on ne reconnoît plus dans la plupart les ca- radères de l’acide ni de la bafe. Cependant celle- ci paroît donner aux fels neutres quelques pro- priétés générales ou communes, plutôt que l’aci- de , 8c c’efi: pour cela que nous avons diflingué les genres de ces fels par leurs bafes, ÉÊ ■ IX. sM'îsTo Nat. et de Ghimïë, 52# IX. Il y a d’après ce principe fix genres dé Tels neutres dont nous croyons devoir retracer: ici l’ordre, la. composition & la nomenclature. Genre I. Sels neutres a base . b" ALCALI S FIXES . Sorte I Acide vîtrioliqüe & alkaîi fixe végétal* Tartre vitriolé , & mieux Vitriol de POTASSE. Sorte IL Acide vitrioliqité 8c alkaîi fixe minéral*- Sel de Glauber , 8c mieux Vitriol; DE SOUDE. Sorte îlï. Acide nitreux 8c alkaîi fixe végétal; Mitre- , ou Mitre de potasse. Sorte IV, Acide nitreux 8c alkaîi fixe minéi'al; Mitre rhomboïdal , Mitre cubique 3 8c mieux Mitre de soude. Sorte V. Acide marin 8c alkaîi fixe vénctaL I Cf Sel fébrifuge de Sylvius , 8c mieux MüRÏATE DE POTASSE-. Sorte VI. Acide marin 8c alkaîi fixe minéral* Sel marin. Sel de cuisine, 8c mieux Muriate de soude. Sorte VIL Acide fédatif 8c àlkali fixe végétal. Borax de potasse. Sorte. VIII . Acide fédatif 8c alkaîi fixe minéral. Borax ordinaire , Borax de soude* Tome IL X / Elément IX. Acide fpathique ou iuorique 8c aîkaîï fixe végétal. Tartre spathique , & mieux Fluor de potasse. X. Acide fîuorique 8c alkali fixe minéral. Soude spathique , 8c mieux Fluor de SOUDE. XI. Acide craieux 8c alkali fixe végétal. Tartre craieux, 8c mieux Craie de potasse. XII. Acide craieux 8c alkali fixe minéral. Soude craieuse, 8c mieux Craie de SOUDE. Genre IL S e l s neutres AMMONIACAUX . 'Sorte L Acide vitriolique 8c alkali volatil. Vitriol ammoniacal. Sorte IL Acide nitreux 8c alkali volatil. Nitre ammoniacal. 'Sorte III. Acide marin 8c alkali volatil. Sel ammoniac , 8c mieux Müriate ammoniacal. Sorte IV. Acide fpathique 8c alkali volatil. Fluor ammoniacal. Sorte V. Acide fédatif 8c alkali volatil.' V •Borax ammoniacal. ÿûà Sorte / Sorte Sorte Sorte îv’Hïst. Na*. Èf DË C lïîMijj. Sewe VI. Acide craieux & alkali volatiL Craie ammoniacale.' Genre II 1. Sels jv e u t ê. e s CA L CA 1 R Ê S. Sorte L Acide vitrîolique & chaux. Plâtre , Gypse, Sélénite, & Vitriol calcaire. Sorte IL Acide nitreux 8c chaux. Nitre calcaire. Sorte ÎIL Acide marin & chaux". Sel marin calcaire ÿ 8c mieux Mu-? RIATE CALCAIRE. . Sorte IV. Acide fluoriqUe 8c chaux. Spath vitreux , Spath cubique j Spath fusible ou Fluor , Fluor spa<* thiqüe , 8c mieux Fluor calcaire^ Sorte V . Acide fédatif 8a chaux. Borax calcaire. Sorte VI* Acide craieux 8c chaux. Craie , Spath calcaire , 8c mîeuif Craie calcaire. Genre IV. Sels neutres MA GNÉSIEN S* Sorte 11. Acide vitriolique 8c magnéfîe. Sel d Epsom 3 8c mieux Vitriol M^- GNÉSIENs Xii or te IL Acide nitreux 8c magnéfie. Nitre magnésien. 'Sorte 11L Acide marin 8c magnéfie. Sel marin de magnésie , 8c mieux Mukiate magnésien. Sorte ÎV. Acide fluorique 8c magnéfie. Fluor magnésien. Sorte V \ Acide fédatir 8c magnéfie. Borax magnésien. Sorte AT. Acide craieux & magnéfie. Magnésie effervescente , 8c mieux Craie magnésiène. Genre V. Sels neutres ARGILEUX. '• . ' i ' ‘ ; ' Sorte L Acide vitriolique 8c argile. Alun , 8c mieux Vitriol argileux. 'Sorte IL Acide nitreux 8c argile. Nitre alumineux, Alun nitreux , 8c mieux Nitre argileux. Sorte III. Acide marin 8c argile. Sel marin argileux , Sel alumi- neux, 8c mieux Muriate argileux. Sorte IV. Acide fluorique 8c argile. Argile apathique , 8c mieux Fluq$ argileux. ï>9Hist. Nat. it de Chimie. 52# Sorte V. Acide fëdatif 8c argile. Borax argileux. Sorte VL Acide craienx & argile. Argile effervescente , 8c mieux: Craie argileuse. Genre VL Sels neutres a base dm TERRE PESANTE , 027 SELS NEUTRES. Barotiques . Sorte I. Acide vitriolique 8c barote. Spath pesant , 8c mieux Vitrîoe B A RO TI QUE. Sorte IL Acide nitreux 8c barote. NrxRE pesant, 8c mieux Nître ba- rotique. Sorte II L Acide marin 8c barote. Sel marin pesant, & mieux Muriatb barotique. Sorte IV. Acide fîuorique 8c barote. « Fluor b a ro tique. Sorte V. Acide fédatif 8c barote. Borax barotique. Sorte VI. Acide craieux 8c barote. Terre pesante craieuse- , & mieux Craie barotique. X. On pourra joindre à ces fels ceux qui font formés par les acides molybdique 8c tungC* tique- en appelant les premiers molybde dm X üj $26 Elément Potasse s molybde de sqube , molybde AMMONIACAL 5 MOLYBDE CALCAIRE , MOLYBDE MAGNÉSIEN , MOLYBDE ARGILEUX , MOLYBDE jBARO.TiQUE ; 8c les féconds tungste de potas- se, TUNGSTE PE SOUDE ? TUNGSTE AMMONIA- CAL 3 TUNGSTE CALCAIRE , TUNGSTE MAGNE- SIEN^ TU NS G TE ARGILEUX, TUNGSTE BAROTIQUE, XL Chaque fel en particulier foit fimplea foit neutre ou moyen , a des caractères didinc- tifs qui le font différer de tous les autres 8c ^ l’aide defqueîs on peut le reconnoxtre. - Ces caraétères confident dans leur faveur 3 leur forme, leur altérabilité par le feu, par Fair^ par les terres & par les diverfes fubdances fa- limes. On ne peut apprendre à les. bien ciidin- guer qu’en étudiant avec foin toutes leurs pro- priétés , en les comparant entr’elies 5 8c fur-tout en confidérant celles qui contradent les unes avec les autres. XIL Quoique la plupart des feîs fimples & fpécialement, des felsiieutres foient prefque tou- jours un produit de Fart 3 la nature en préfente cependant beaucoup à la furfac'e ou à très- peu de profondeur de la terre. On n’a point encore trouvé la barote & la magnéfie pure; la chaux vive exide aux environs des volcans ; les al- calis fixes ne font jamais caudiques à la fup^ face du globe 9 mais combinés avec des acides . d5Hist, Nat. et ee Chimie. Pacide craieux efl contenu dans Fatmofphère j remplit quelques cavités fouterrèines , 8c fe dé-» gage de pîufienrs eaux j l’acide marin paroît être libre à la furface de la mer ; l’acide fpa-* thique efl toujours combiné avec la chaux * l’acide nitreux fe rencontre dans les environs des matières en putréfaction ; l’acide vitriolique a été trouvé criltallifé par M. Baldoflari dans une grotte des bains de S. Philippe en Italie $ & par M. de Dolomieu dans une grotte de PEtna ; M. Vandelli a obfervé qu’aux environs, de Sienne & de Viterbe, l’acide vitriolique dif- fous dans Feau fuinte à travers les pierres* L’acide fulfureux fe dégage fans celTe dans les lieux volcanifés. L’acide fédatif efl diffous dans l’eau de pîufieurs lacs de Tofcane, fuivant M. Hoè'fer. XIII. Parmi les 42 efpèces de fels neutres dont nous avons fait l’hifloire y on n’a trouvé à la furface du globe , dans les eaux ou dans les fluides des êtres organifés que les fui vans 3 dans le genre des fels neutres parfaits ou à bafe d’alkalis fixes. Le tartre vitriolé dans les végétaux ; le fel de Glauber dans les eaux 8c dans quelques plantes ; le nitre dans les fucs des végétaux 8c dans les terres imprégnées de matières putrides ; le fel fébrifuge dans les eaux 8c dans les plantes mannes ; le fei marin dan^ X ht 3^8 ' Eté m e n' s. la terre , dans les eaux y. dans les végétaux di3 bord de la mer & dans les humeurs animales; le tartre craieux dans les végétaux ; la foude craieofe en effiorefcence fur la terre , fur les pierres, & dans les humeurs animales, il y a de l’incertkudé fur le borax. Le nitre -cubique, Se fluor de potalie , le fluor de fonde, le borax de potaffe, font toujours un produit de l’art» XÏV. Parmi les fels ammoniacaux , on ne connoît tout formés dans la nature que le fe! ammoniac aux environs des volcans , & la craie ammoniacale dans les matières animales pour- ries; le vitriol ammoniacal , le nitre ammonia- cal , le fluor ammoniacal & le borax ammo- niacal font toujours formés par les chimiftes dans, leurs laboratoires. XV. Les fels neutres calcaires font très-abon- dans la nature ; 8c des lïx efpèces que nous en connoiflbns, il n’y en a qu’une qu’on n’a point encore trouvée produite par la nature» Le vitriol calcaire ou la fclénite forme des lits confldérables dans les montagnes s la craie ou les matières calcaires conflitüent une grande partie des couches fupérieures du globe ; le ni- tre calcaire accompagne confîamraent le nitre ordinaire dans les lieux où il fe produit ; le fel marin calcaire ou muriate calcaire en fait autant à l’égard du fçi gemme ou de celui qui e(t dit- d’Hist* Nat. et be Chimie. 32$ fous dans les eaux ; le fpath fluor fe trouve abondamment dans les mines. XVL Les Tels magnéfiens font beaucoup plus rares dans la nature ; il n’y a que le fel d’Epfom êc le fel marin magnéfien qui fe rencontrent diiïoirs dans plufieurs eaux; le nitre magnéfien y exifle aufli quelquefois , mais en très- pente quantité. La nature n’a point encore offert le borax ma- gnéfîen , le fluor magnéfien & la craie magné- fiène; celle-ci paroît être cependant contenue dans plufieurs pierres. XVII. Parmi les fels neutres pefans ou ba- rotiques 3 le fpath pefant efl le feul qui fe trou- ve parmi les minéraux ; on le rencontre dans les fentes des montagnes , 8c toujours aux en- virons des mines. On ne connoît point encore dans la nature 5 le nitre , le fel marin , le bo- rax , le fluor & la craie barotiques. XVIII. Il en efl à-peu-près de même des fels argileux ou alumineux. L’alun efl prefque le feul que l’on trouve aux environs des vol- cans , 8c dans les terres volcanifées. Il fe ren« contre en efHorefcence fur les laves décompo- fées , 8c c. les pyrites efïleuries en contiennent auffi; quant au nitre, au mu date, au borax 8c au fluor argileux , on ne les a point encore reconnus dans les produits naturels. L’argile efl âfTez fréquemment combinée avecPaçide craieux* Ë L ï I E N É * 55a 8c il n’y à prefque aucune terre de cette pèce , dont on ne puiiïe féparer plus ou moins d’acide craieux par des acides plus forts. CHAPITRE XIII. Examen de quelques propriétés particulières des fels * particulièrement de leur crif- tallifation y de leur fujlbilité de F efflo* refcence ou la déliquefcence à de leur; dijjblubüité &c . Les propriétés que nous avons fait connaî- tre dans les fels fimples ou neutres , 8c que nous n’avons examinées que dans chacun d’eux ifolés % doivent être confidérées en général & comparées dans les diverfes efpèces , pour qu’on puiffe en tirer quelques réfultats utiles. Nous traiterons donc ici fous ce point de vue de la criüallifa» îion , de la fufibilité 5 de I’efHo refcence , de la déliquefcence 8c de la diffb habilité dans l’eau. La criftallifation confidérée en général dans tous les corps qui en font fufceptibles ? ell une propriété' par laquelle ils tendent à prendre une forme régulière , à l’aide de certaines cir- eonflances néceffaires pour en favorifer l’exif- tence# Prefque tous les minéraux en jouiffen% t>’H r s t. Nat. et de Chimie. 35* « mais il n’y a point de corps dans lefquels elle foit suffi énergique que les fubflances falînes* Les circonflances qui la favorîfent, & fans îef- quelles elle ne peut avoir lieu , fe réduifent tou- tes pour les fels aux deux fui vantes ; i°. il faut que leurs molécules foient divifées 8c écartées par un fluide, afin qu’elles puiflent enfuke ten- dre les unes vers les autres par les faces qui ont le plus de rapport entr’elles; 2°. il efl né** çe flaire pour que ce rapprochement ait lieu 0 que le fluide qui écarte leurs parties intégran- tes foit enlevé peu-à-peu , 8c celle de les te* nir écartées. Il efl aifé de concevoir d’après ce Ample expofé que la cliflallifation ne s’opère qu’en vertu de l’attraélion entre les molécules , ou de l’affinité d’aggrégation qui tend à les faire adhérer les unes aux autres. Ces confidératious conduifent à penfer que les parties intégrantes d’un fel 3 ont une forme qui leur efl particu- lière , 8c que c’efl de cette forme primitive des molécules , que dépend la figure différente que chaque fubflance fa-line affeéle dans fa crif- lallifation ; elles portent également à croire que les petites figures polyèdres appartenant aux molécules des fels ayant des côtés inégaux ou, des faces plus étendues les unes que les au* très ; ces molécules doivent tendre à fe rapprcn Cher fe réunir parcelles de ces faces qui fon§ ‘p\ Ë t S m k sr s les plus larges. Cela pofé , Foo concevra faci- lement qu’en enlevant le fluide qui tient ces molécules difperfées , elles fe réuniront par les feces qui fe conviennent le plus , ou qui ont le plus de rapport entr’elles , fl ce fluide ne les abandonne que peu- à -peu , & de manière à laifle r pour ainfl dire aux parcelles faîines le feins de s'arranger, de fe préfenter convena- blement les unes aux autres, alors la criflalli- latiori fera régulière ; & qu’au contraire une Jbufiraâîon trop prompte du fluide qui les écarte les forcera de fe rapprocher fubitement, 8c pour ainfl dire par les premières faces venues; «fans ce cas la crîflallifation fera irrégulière 8c h forme difficile à déterminer. Si mètre Féva- poratîon efl tout-à-fait fubite , le fel ne formera qu’une maffe concrète qui n’aura prefque rien de criflaîlin, C’eflfur ces vérités fondamentales qu’efl fondé Fart de faire criflallifer les matières faîines. Tous les feîs en font fufceptibles , mais avec plus ou moins de facilité ; il en efl qui criftallifent fl fa- cilement qu’on réuffit conflamment à leur faire prendre à volonté la forme régulière; d’autres demandent plus de foin 8c de précautions ; enfin il y en a plufieurs qu’il efl fl difficile d’ob- tenir dans cet état , qu’on n’a pas encore pu y 'parvenir* Ç'efl en étudiant bien les circonftances 7 D5HrsT., Nat* et be Chimie, jjf particulières à chaque Tel , qu’on réuffit à îe faire,, crîftallifer. Une première condition pour réufi- fir dans ces opérations ? c’efl de dilFoudre les fubflances falines dans l’eau ; mais il y en a qui font fi peu foîubles par nos moyens, qu’il elt preFqu’impofîible enfuite d’en obtenir le rap- prochement régulier ; tels font la félénite , le fpath calcaire , le fpath fluor , le fpath pefant ; la nature nous préfente tous les jours c es fiels neutres terreux criftallifés très - régulièrement 8c l’art ne peut l'imiter qu’à l’aide d’un tentas très-long, 8c plufieurs favans diflingués ne croient point encore à la poffibilité de ce procédé , que nous avons indiqué d’après M. Achard, 8c à l’aide duquel on a alluré avoir produit des criflaux de fpath calcaire. Ce procédé in- génieux confifle à faire palier l’eau qui a Sé- journé long-tems fur des fels très-peu foîubles, à travers un canal très-étroit , 8c à en procurer l’évaporation avec beaucoup de lenteur. Il y a au contraire d’autres matières falines qui font S foîubles & qui ont tant d’adhérence avec l’eau., qu’elles ne l’abandonnent qu’avec beaucoup de difficulté , & qu’il efl auffi très-difficile de les obtenir fous des formes régulières, comme cela a lieu pour tous les fels déliquefcens , tels que le nitre & îe fel marin calcaires 8c magnéfiens. On ne peut douter que chaque fel n’ait fa Ê L £ M 1 N Si manière propre & particulière de Criflaîîifëf j' «pu ce qui eil la même chofe 3 qu'il n’ait dans fes dernières molécules une forme déterminée & différente de celle de tous les autres. Telle eil fans doute la caufe des variétés remarqua-* blés qui exifie.nt entre les criflaux qu’on ob- tient. Les Tels fimples depuis les fübflances fali^ no-terreufes jufqu’aux acides les plus puiffans, n’ont pour la plupart aucune forme diftinélive, il n’y a que quelques circonfiances qui fans dé- truire tout- à-fait leurs propriétés falines difiinâi- ves 5 leur font affecter une forme crifialline a comme cela a lieu dans l’acide marin déphlo- gifliqué ou furchargé d’air, 8c dans l’huile de vitriol glaciale ; cependant les alkalis caufii- ques ciillallifent en lames fuivant M. Ber- tholet, 8c l’acide du borax préfente la même forme générale à tous les chi milles. Malgré cette anomalie apparente entre les feîs fimples , la plupart ne prennent point de forme régulière dans nos laboratoires, foit parce qu’en effet iis n’en font pas réellement fufceptibles , foit que nos moyens foient infuffifans pour la leur donner ; mais les fels neutres ou moyens affec- tent tous une forme régulière , 8c l’art eff par- venu à la reproduire 8c à la faire difparoître à volonté dans la plupart d’entr’eux. En confî- dérant cette propriété bien différente de celle ï>*Hïst, Nat. Ef de Chimie* on obtient confïamment à Paidb d’un tems plus ou moins long des criftaux très-beaux & très- réguliers , & il n’y a prefque point de Tel qui ne puilTe prendre une forme très-diflincle par ce procédé*, s’il eil exécuté avec intelligence. 2°. Le refroidilTement efl em- ployé, avec fuccès pour ceux des Tels qui font plus diiïblubles dans l’eau chaude que dans l’eau froide ; on conçoit très, -bien qu’un fel de cette nature doit préfenter ce phénomène , puifqu’il celle d’être également foîuble dans l’eau dont la température s’abaille ; la portion qui ne reiloit diiïbute qu’à la faveur de cette élévation de température , fe féparera à mefiire que la liqueur fe refroidira , & lorfqu’elle fera tout-à-fait froide, l’eau n’en retiendra plus en dîfToliuion que la partie qui eft diiïoluble à froid* Il en eft de ce fécond procédé comme du premier , plus l’eau fe refroidira lentement 5 & plus les molécules falines fe rapprocheront par les faces qui fe conviennent le mfeux , alors on aura une criflallifation très-régulière ; voilà pourquoi il faut entretenir pendant quelque tems un certain degré de chaleur fous les dilTolutions falines , & le diminuer graduellement pour le conduire peu-à-peufi cela eft nécelfaire jufqu’au degré de la congélation. On doit obferver en effet que tous les fels quon peut faire criftallifeï pajç Nat. et de tmmn. 337 pàt Ce procédé, font beaucoup plus diffolubles en général que ceux pour lefquels on Te (erî du premier, & que comme on les diffbut d’abord dans l’eau bouillante, celle-ci refroidie fubjte- ment lailferoit dépofer en maffe informe , tout ce qui a été diiTous à la faveur de là chaleur de l’ébullition ; au contraire , fi on place fur un bain de fable la difiblution très-chaude , de fi on a foin d’en graduer lentement le refroi- di fie ment, la criftallifation fera très-régulière*? Telle efi la manière d’obtenir en beaux ç filiaux, le fel de Glauber , le nitre , 1a. fonde craieufe y le tartre craieux, le fel ammoniac , 83Unf. Nat, tf BE'ÊHÏMlfc, i$f| ^U’il s’excite toujours du froid pendant la dif~ ïblution des feîs neutres. La mefùre de ces Changemens de température n’eil point encore convenablement connue pour tous les Tels ; on commence à faire plus d’attention aujourd’hui à ce phénomène qu’on n’en faifoit autrefois* Elle conduira fans doute à des réfultats utiles; & déjà l’on peut entrevoir quelques vérités dont on n’avoit pas même fonpçonné Pexiilence; par exemple , en obfervant que les fels neutres qui produifent le plus de froid dans leur dif- Folution comme le fel de Glauber , le nitre, le fel ammoniac, font beaucoup plus foîubles dans Peau chaude que dans Peau froide , ne peut-on pas peu fer que cette diiîolubilité plus grande dépend de ce qu’ils trouvent dans l’eau chaude une quantité plus confidérable de cha- leur qu’ils parodient avoir pour aînfi dire be- foin d’abforber pour fé fondre & prendre Pétat liquide*, à la vérité cet excès de chaleur leur eft facilement enlevé par Pair , de forte qu’il s’en précipite une partie fous la forme de crifr fcaux pendant le réfroidifïement. ,v • / Tome ü Z I 1 i H S H * m CHAPITRE XIV. Des attractions éleélives qui ont lieu entré les diverfes matières falines, L E s découvertes dues aux travaux multipliés que les chimiftes ont faits fur les matières fa- lines depuis le milieu de ce fiècle , leur ont appris que ces matières ont entr’elles différens degrés d’affinités ou d’attra étions éleélives. Geof- froy efl le premier qui les ait comparées les unes aux autres, mais les recherches des mo- dernes ont démontré que fa table contenoit plufieurs erreurs; Bergman les a corrigées, 8c a fait connoître un beaucoup plus grand nom- bre d’attraélions éleélives entre tous les fels; cependant en confultant les articles de la table du célèbre chimifie fuédois qui ont rapport aux attraélions éleélives des fubfiances falines entre elles, on remarque que plufieurs ne font point encore fondées fur un affiez grand nombre d’ex- périences exaéles , 8c qu’il en reconnoit lui- même l’incertitude. Sans étendre donc la théorie des attraélions éleélives à un fi grand nombre d’acides 8c de bafes que l’a fait Bergman , ii faut fe borner dans l’état aéluel de la chimie to*0iST. Nà¥. BT SB ËHkMïE, â l’examen des affinités qui ont lieu èntre les matières Câlines dont la nature & les propriétés l'ont les mieux connues., Parmi les fîx efpècês d’acides que nous avons Examinés , Pacide vitriolique paroit être le plus fort ou celui dont les attrapions élePives font (èn général les plus marquées pour les différent tes bafes; c’eft- à-dire, qu’il enlève la plupart 'dès bafes aîkalines ou falino-terreufes auk au- tres acides; ainfi il décompofe les nitrés , les Tels marins ou mariâtes , les fels fluors , les bo- rax & les craies en dégageant leurs acides» L’acide nitreiïx tient en général le fécond rang9 îî cède lés bafes aîkalines à l’acidé vitriolique , mais il lés enlève aux quatre acides fuivans. Pour mieux faire cônnoître les différentes affinités qui ont lieu entre les acides minéraux: '& lés bafes falinés du même règne , nous allons les préfenter dans l’ordre où Bergman les range dans fa table des affinités. En confidérant, ï°. chaè que acide par rapport aux diverfes bafes aux- quelles il peut s unir; 2°. chaque matière alka- line relativement aux acides qui les faturenc,& aü degré d’adhérènce qui les tient unies avec tes fels. I. Les attrapions élePivës de l’acide êitrîo- lique pour les différentes bafes font difpofées par Bergman dans l’ordre fuivant , en coati. Zij I Ê i M S N "Ê mençant par celle à laquelle il adhère plus ( i ). Acide variolique* Terre pefante pure. Alkali fixe végétal pur. Alkali fixe minéral pur. Chaux vive. Alkali volatil Magnéfie. Argile. Comme les acides nitreux 8c marin oiït le même ordre d’attradions éledives pour les ba^ fes alkalines 5 nous les préfenterons ici à la, âiite des premiers. Acide nitreux. Terre pefante pure. Alkali fixe végétal pur. Alkali fixe minéral pur* Chaux vive. Alkali volatil Magnéfie. Argile. ( ï ) Nous avons déjà indiqué Tordre des affinités des acides avec les bafès dans Thifioire de chacun d’eux ; maïs rious avons cru devoir les représenter ici en colonnes , comme on le fait dans les tables d’affinités , afin de les voit fous uiïfeiîl point de vue* & d’en faire Ja comparaifon. &5'HïsTo Nat, tr ds Chimie» 5^ Acide marin., Terre pefànte pure. Alkali fixe végétal pur. Alkali fixe minéral pur* Chaux vive. Alkali volatil.. Argile*, La terre pefante a donc avec les acides vIa triolique , nitreux & marin plus d’affinité que toutes les autres bafes, 8c elle décompofe tous les Tels neutres formés par ces acides unis aux autres matières alkalines. Bergman place la ma- gnéfie avant l’alkali volatil , parce qu’il afliire que cette fub (lance falino-terreufe décompofe les fels ammoniacaux. Nous remarquerons que Falkaii volatil .décompofe plus complètement les fels magnéfîens ; à la vérité toute la magné- fie n’eil pas précipitée par cet alkali , &il refie dans la liqueur des fels mixtes ou triples for- més par l’union. des fels magnéfîens avec les fels ammoniacaux. Nous croyons cependant malgré l’autorité de Bergman qu’il y a une plus grande attradion éledive entre les acides 8t t’ alkali volatil > qu’entre les mêmes fels 8k la magnéfie } parce que celle-ci ne décompofe pas Z% Magnéfie... Ë. £ , I II 1 H & les. fiels ammoniacaux par ta diftillation ; e*eft 1 pour cela que nous avons placé Palkali vola-, îil a van t ta magnéfie, 8c nous peu Tons que cette correcuonefic néceffaire dans la table d e B.ergman. IL Les attrapions électives de l’acide ftuori-. que pour les bafes alkalines , font très-diffé ren- ies de celles des. trois précédons ; les alkalis, cèdent cet acide à la chaux 8c aux deux au-. très fubflances falino-terreufes. Une diiFoIutiotiî de fluor baro tique dans Peau chaude eff pré- cipitée par Peau de chaux qui reforme fur le* champ du fluor Apathique ; il en eft de même des autres fels neutres fluors ; la diaux leur enlève cet acide, comme Pexprime la huitième: f pionne de la table de Bergman difpofée ainfî Acide flüoeiqüe, Chaux vive» Terre pefante. Magné fie., Alkali fixe végétai Alkali fixe minérai Alkali volatil, S: Les mêmes phénomènes ont lieu par fa vola lèche , carie fpath fluor n’efl pas décompofé par les alkalis fixes purs & çauftiques , mais il Peft le çriûpiix &, la foudp caieufe b5Hîst« Nat. et di Chimie, 3 5*9- lïl. Bergman préfente dans fa dixième co- lonne les affinités de l’acide du borax dans le même ordre que celles de l’acide fluoriqtte * parce qu’en faifant chauffer dans de l’eau du borax avec là chaux vive, celle-ci fe porte fur fon acide , forme du borax calcaire très-peu foluble , & laiffe l’alkali marin pur. Quant aux autres bafes , il ne les a difpofées que par ana- logie , & il ne regarde encore cette dîfpofitiori que comme une conjedure probable. Quod idem accïdat cum alkali vegetabüi , acido boracis futur ato^hactenus tantum probabüis eft conjeâuray œquè ac terrœ ponderofœ & magnefiœ pofitura Acide boracin» Chaux vive. Terre pefante. Magné fie. Alkali fixe végétât. Alkali fixe ^minéral. Alkali volatil. Argile. IV. Les amodions éledïves de Facide craieux font un peu différentes de celles qui ont été expofées pour les autres. Cet acide adhère plus à la terre pefante & enfuite à la chaux qu’à toute autre fùbftance. Sa combinai'fon avec la jaiagnéfie efl auffi détruite par l’alkali volatil Z i» 5...£ l'argile. * .«•••* ».• / U'Hisî. Ha't .St SS CaiMk* $5$ Troisième Colonne. l’alkali fixe végétal , une affinité égale à. * l’alkali fixe minéral .$] L’acide marin a , , k. ^ la chaux vive. .....* y ^our (ê combiner avec | „ „ .. . .. 5 1 alkah volatil. ............ %] la magnéfie» . « •* i l’argile.. § Quatrième Colonne» la chaux vive 5 une affinité égaïëj à, y „ l’alkali fixe végétal. &' L’acide craieux a ] # «r l’alkali fixe minerai £i fe@ur fe combiner avec \ ^ l’alkali Volatil la magnéfie { l’argile | i H* ^Jv» Ê £ ! M E H ë TâSLEAV de dix èfpèces d’affinités dôûhïës qui ont lieu entre divers fels neutres & qui font exprimées par des nombres pris du tableau précédent . Premier E xe m pta tartre vitriolé» alkaïi fixe végétai» mtre. acîdè nitreux. i 8 affinités y quiefcentes 4^ liycalcafë acide vitrioiique» ;entes 4 { tt*n V chaux. S mtrè al< re» Sartre ïrltriplé. félénite» Second E x e m p l e» Tel fébrifuge. alkaïi fixe végétal. 8 affinités acide vitriolique. acîdè marin. VE ca 12. feî quiefcentes 3 { S 1 / fin cal* ;enies 3 \ a 1 / 1 . i caireà chaux. 1 félénite. * Ce nombre mis à droite dans une petite accolade ell ta tomme des deux affinités horifontales , ou quiefcentes $ to’Hisî. Nat. et ©e Chimie. 'f6% TROISIEME HxEMUEi nître cubique» 6 aïkali fixe minéral. , £è'S de Glau- BER* acide nitreux. 7 affinités acîde *— quie fcentes 4 { 1 1 CS 6 chaux. Yitriolique. 1 1 nitré cale» félénite» Quatrième Exemple* ' fêl marin. f alkalî fixe acîde "1 i minéral. c marin. ê tel de 1 > yfèl ma* Gl.AU- \ 7 affinités • quieffientes { 10 /rinçai- BER. .1 a 6 1 caire» f acide chaux. ! vitriolique. II J félénlte. qui doit être moindre que celle des affinités verticales, eu divellentes , pour que te double décompofition aft lieu* Ë r. 1 k n it 3 Cinquième Eiemiiî» vitriol ammoniacal. acide 4 vîtriolique. ^ alkali Volatil. fâémte. > •XJ i\ craie anfe* v s moniac. ois 6 affinités ^ quiefc. \ { 6 J alkali vo^ « k latil coiî- chaux. acide craieux. \cret. craie*, SIXIEME ÊXEMPLI, nitre ammoniacal. mire acide 3 alkâlî nitreux. volatil. craie ïàicaire. i 4 affinités ^ quiefc. £ { 4 £ >ammonia*. 1 ** k calea 3_ 6 Chau*. cfiau x* craie. Septième Exemple» 'i • ' ' ■ r ' fêl ammoniac. ièï marin calcaire. acide marin. .2, alkali volatil. ammoniac w ^ L cale* chalut. — acide craieux. 5 à craiè craie* Huitième, J to’ïïl s T. K AT. ET D Ê Cfiï MIS. pg Huitième Exempte. vitriol magnéfien -, ou fèl d’Epfbm0 acide 3 § rïiagnéfie. vitriolique. /craie ma» . . ■ . 'i§ f,gnéfïenne/ felénite. < 6 affinités J quîefc. % magS^ ' K t fien'ûe. chaux. JL acide craieux. 5 craie craie. Dixième et dernier Éxemh^ Tel magnéfien. acide marin, i magnéfie,. calcaire. < 5 affinités ^ qwefc. | { -5 f> magne, ‘ 1 iiennê« chaux 3 acide craieux. 4 craie® Tome 11, ) Àa 57 o ?Ë l i m n m s Ces dix affinités doubles ne font pas les feu- les qui exiftënt entre tous les Tels neutres que nous avons examinés j nous avons vu par exem- ple que les feîs barotiques ne font pas décom- pofés par l’alkali fixe pur, tandis que le ter- tre craieux 3c la fonde craieufe les décompo- fent ; que le fpath vitreux ou fluor fpathique préfente le même phénomène; ces deux .ef- pèces d’affinités : doubles , 8c peut-être quelques autres qui ne font point encore connues entre les fels , n’ont point été repré Tentées dans la table précédente , parce qu’on n’a point encore affez étudié les attrapions élePives de la terre pefante 8c de l’acide fluorique , pour que nous ayons pu les défigner par des nombres. Lorf» que les recherches néceffiaires pour acquérir ces connoiffances auront été faites , il fera fans doute néceffaire de changer les nombres indiqués, pour les faire quadrer avec les affinités que l’on découvrira; mais la méthode propofce reliera toujours 8c elle ne pourra même acquérir que plus d’exaPitude. b'îSi'st; Nàt.^t fis Èhïmïê. T R O I S I Ë M Ë SECTION. DE LA MINÉRALOGIE. / 'C'O R P S € O M B U ST 1 B L £ Sn y. — — — ™ — — — - € HAPITRÊ PREMIER, Des Corps combujlibles en générât Mous avons déjà parle dè la combufiioilt dans Phiftairê de Pair. L?ordre que nous avons adopté , exige que nous rappellions en peu de mots cè qui a été dit fur cet objet. Un corps combuffible eft , füivant Siahï , un compofé qui contient le feu fixé ou le phlo- giffique. La combuftion n’efl: d’après fa théo- rie , que le dégagement de ce feu fixé , 8c fon paflagê à l’état de feu libre ; ce dégageaient fè Bia'niféiie par la lumière 8c par la chaleur, Lorfqu’il eft entièrement fini, le Corps qui Fa éprouvé rentré dans la claffe des matières in- comhufiibîes , 8r on peut lui rendre fa pre- mière combuffibilité én lui rendant fôii phlo- giftique , ou en lui unifiant la matière dit feiî fixée dans un autre corps. Nous avons trouvé quatre grandes difficultés dans cette théorie $ À a îj ùrj 2 Ë L Ê -M E H Sf i°. Psmpoffibilité de démontrer la préFence dît phlogifïiqiie ; 20. l’augmentation de poids par la eomboflion qui né petit pas fe concevoir avec la perte A\in principe; 3°. la perte de poids du corps par l’addition du phlogiftique , I01T- qu’on le fait paffer de Pétat incombuflible à Pétat inflammable ; 40. le peu d’attention que Stahl avoit fait à la nécefîité de l’air. Ce dernier phénomène mieux obfervé, 8c l’augmentation de poids des corps eombufti- blés pendant leur combuflion, a fait naître la théorie fuivante. Un corps n’eA combuflible que parce qu’il tend fortement à fe combiner avec l’air pur» La combuflion n’eft que l’ade même de cette combinaifon. Cette opinion eh fondée fur les quatre faits fuivans : i°. Un corps ne peut brû- ler fans air. 20. Plus Pair eft pur , plus la corn- buflion eft rapide. 30. Dans la combuflion il y a abforption de l’air 3c augmentation de poids dans le corps brûlé. 4°. Enfin, ie corps brûlé dans l’atmofphère contient la portion d’air pur que Pair atmofphérique a perdu, 8c on peut quelquefois l’extraire par différens moyens que nous connoîtrons plus bas. Macquer avoit réuni cette théorie avec celle de Stahl en regardant la lumière fixée comme phlogiflique j & en admettant Pair pur comme s b*HîST. Nat. et de Chimie, 375? précipitant de la lumière; il penfoit qne dans toute- combuüion, le phiogiffiqüe étoit féparé dans Fétat de lumière par Fait* pur qui prenoir fa place dans le corps combufiibîé , 8c il regardoît ces deux matières, la lumière 8c Pair vital, comme* les précipkans Fune de l’autre; ainli , îorfqu’on faifoit paffer la lumière fixée d’un corps com- bufhble dans un corps déjà brûlé , il croyoit que ce pa liage n’avoit lieu qu’à roefure que Pair vital- uni au corps brûlé cédoit fa place à îa matière de la lumière, 8c fe tranfportoit dans, celui d où la lumière s?échappoit. M. Lavoifier a propofé une théorie diffé- rente- des deux précédentes , il penfe que Fait vital efl compofé d’une bafe fixable qu’il ap- pelle principe oxigy ne , 8c qui efl tenue en difù folution dans Fétat de fluide élaflique par la matière du feu ou de la. lumière. Lorsqu’on chauffe un corps combuflible dans ce fluide , ce corps décompofe Fair vital en s’emparant de fa bafe, 8c alors la matière du feu devenue libre, reprend tous fes droits, 8c s’échappe avec les caraéfères qui la difhnguent; favohv 3a chaleur 8c la lumière qui confiitue la me-. Suivant cette hypothèfe, Fair pur efl le véritable 8c le feul corps combuflible. Cette théorie ne détruit point îa préfence du phlogif* tique dont la lumière joue ici le rôle, mais elle A a. iij J74 . E l i m i h & ■ diffère de celle de Stahl par le lieu du- pMo* guiique ou du feu fixé ,, que M.. Lavoilîer ad* mer dans le corps qui fert à la combuftion 3 tandis que Stahl Padffiettoit dans le corps com- buftible. On peut aufFi faire contre le principe: cxigyne de Pair vital l’obje&ion qu’on. a faite contre le plalogiftique de Stahl ; eu effet , on ne comioit pas plus, ce principe ifoîé ou pur ÿ ptiifqu’il eft toujours ou combiné avec la ma- tière du feu dans Pair vital , ou avec les corps eombuftiblés , lorfqu’iîs ont brûlé ; il ne fait comme le phlogiihque que paffer d’un corps dans un autre,, & changer de combinaîfon* mais, fans pouvoir être féparé 8c préfenté dans ua état de pureté. Les différées corps combuftibtes prefentenf beaucoup de degrés dans leur tendance à fe combiner avec la bafe de Pair vital ; & il parois que le plus ou le moins de combuftibilité , dé- pend des rapports variés qui exiftent entre le principe oxigyne & les corps combufiibles ; de forte qu’on pourrok établir .un ordre de leur combuftibilité , 8c oonilruirç une table de leur affinité avec Pair vital. Cette variété d’affinité -entre les. corps eom-* buftibles 8c le principe oxigyne eft la caufe des différent phénomènes que ees corps préfenteul leur eombiaaifon avec ce fluide* DfHs§To Nat. it de Chimie. 375* On pourroit d’après cela diftingoer quatre Fortes de combuftions. i°. La combuftion avec flamme & chaleur f comme celle du foufre , &c. 2.0. La combuftion avec chaleur fans. flamme* comme celle de plufîeirrs métaux, Sec. 3°. La combuftion avec flamme fans -chaleur* comme celle des phofphores , Sec. 40. La combuftion très-lente fans flamme ni chaleur apparentes , comme cela a lieu par le contaét de certains corps combuftibles avec Pair. Il faut obferver qu’outre cette diflinélioii Sa combuftion diffère encore par un grand nom» bre d’autres phénomènes particuliers à chaque corps combuftible. La rapidité , la couleur a, Pétendue de la flamme , l’odeur qui l’accompa- gne, la quantité d’air abforbée , la forme, la couleur , la pefanteur, l’état du réfidti du corps, brûlé, 8c plufieurs autres circonftances qu’il fe- i-oit inutile de développer ici, 8c qui feront trai- tées avec toute l’importance qu’elles méritent à Partie le de chaque corps combuftible* établif- fent les différences effentielles 8c propres à ca- raâérifèr chacun des êtres qui appartiennent à cette claiïè. En confidérànt toutes les variétés que pré«* fentent les corps combuftibles pendant leur A a, h jyé» Ë l û m e w § combuflion % on ne peut s’empêcher de cqon. venir que leur caufe n’çft point encore corn* nue 9 & qu’il reffe des découvertes important îes à faire fur ce point de la théorie chimique £ déjà les degrés d’affinité différents que paroiiTent avoir les divers corps cQ.mbtiflibles pour s’unir à. Pair vital' ou au principe oxigyne, peuvent fervir à expliquer une partie de ces phcnomè^ sies,;.. en effet ? il eff naturel de croire qu’un çovps qui, a une grande attraction pour fç coim biner au principe oxigyne offrira dans cettecom- binaifon plus de chaleur , plus de mouvement 8c plus de lumière 5. parce que celle-ci fera réparée avec plus d’énergie , fait du corps combuflible ffiiva.nt la théorie de Maequeivfo.it de Pair vi« ta] fuivant celle de M. Lavoifler, foit de l’un & de l’autre à la fois. Mais cette hypothèfe n’explique point quelle eft la caufe de la cou- leur (i variée de la flamme des différens, corps in- flammables; pourquoi 5 par exemple, le cuivre brûle en vert, &c.. Elle ne fait point concevoir non plus comment quelques matières combuff tiblei brûlent fans flamme apparente,, à moins qu’on ne croye avec plufieurs phyficiens que la marjère de la lumière efl la même que celle de la chaleur, &. n’en diffère que parce qu’elîo efl plus divifée* plu§ éparpillée; or, on fait combien cette opinion fpuffire encore dç diffia d*Hist. Nat. et de Chimie. 57^ fuites. Si F on pou voit démontrer que la lumière: ed combinée dans les corps conibudibles , & qu’elîç s’en dégage- pendant la combufüon y on- pourvoit croire que le corps ed combiné divers fement dans les différentes matières combudi- blés , qu’il y en a par exemple où toute la lu- mière, Fenfemble de Tes y rayons on principes* ed fixée , qu’il en ed d’autres où il n’y a que- ls rayon orangé comme dans le gaz nitreux* le jaune ou le vert comme dans le zinc & \q cuivre; mais cette hvpothèfe dont il a déjà été quedion dans, l’hidoire de la combudion traitée à l’article de l’air, n’a jufqu’aélu elle ment aucun fondement ; on ne peut même s’empê- cher de convenir en réfféchiilant fur les phé- nomènes relatifs à la combudion * que la lu- mière paroît plutôt contenue dans l’air vitale que dans les corps combuffibles. En effet com- ment concevoir qu’un corps auffi divifé & aufiî diadique en même-.tems que la lumière, puidè fe fixer & prendre de la folidité?" N’ed-il pas plus naturel & plus conforme à toutes les idées d e la faine phyfique de p en fer , que loin de pouvoir prendre ainfi une forme folid-e , la lu- mière ed plutôt capable de la faire perdre à ceux qui en jouiffent, & quelle ed la caufe- de l’éladicité de tous les duides aériformes* qui femblent n’être que des fubdances folides 57g fi L 8 H E N 9? par elles mêmes unies à la lumière, J’avoue quê cette hypothèfe reçue aujourd’hui de beaucoup de phyficiens qui croient que les Suides élas- tiques doivent tous leur état à la matière dti feu ou de la lumière , me paroi t infiniment plus vraifemblable que celle qui admet la préfenc© de cet être incoercible dans des corps fixés & auffi folides que les métaux» Il refie donc toujours des difficultés à réfeu- dre dans Fhiftoire de la combufiion ; mais ce qui efi bien démontré aujourd’hui, & ce qui doit être rappelé ici , c*efi que les corps com- btifiibles qui ont brûlé ont tout-à-fait changé de nature , que le principe oxigyne qui y efl fixé leur donne toujours plus de pefanteur ab~ foîue1, & que ce principe y a pris lui-même une forme plus folide que celle qu’il avoir dans, fa combinaifon avec la lumière qui le confiitue air vital. Nous divifons les matières combuftibles du règne minéral en fix genres ; (avoir , le dia- mant, le gaz inflammable, le foufre , la plom- bagine, les matières métalliques & les bitumes* sP Hist* Nat. et de Chimie. 375» CHAPITRE ï L Genre I. D 1 a m a n. Le diamant eft une fubftance unique dans fo® efpcce ; on Fa placé avec les pierres,. parce qu’il en a la dureté * Finfipidîté ^ Finfolubilité. Il efl d’aiîleurs le plus tranfparem & le plus dur de tous les minéraux. Sa dureté eft telle que l’acier le mieux trempé ne mord point fur lui, & qu’oit ne peut ufer les diamans qu’en les frottant l’un contre Fautre ; c’eft ce qu’on nomme egrifer. Les diamans. fe trouvent aux grandes Indes 3 particuliérement dans les royaumes de Gol-« sonde & de Vifapour. On en tire aufti du Bré- fil ; mais ils parodient d’une qualité inférieure s on les connoft dans le commerce fous le nom de diamans de Portugal Les diamans fe rencontrent ordinairement dans une terre ochracée , jaunâtre , fous des roches de grcs & de quartz ; on en trouve aufti quelquefois dans î’eau des torrens-, ces diamans ont été détachés de leurs mines. Il eft rare que les diamans lbient d’un certain volume. Les faqyerains de l’Inde gardent les plus volumk E l i m ë ar Beux j afin que îe prix de ces fubflance ne dî^ min ne point. Les diamans ne fortent pas de la. terre avec leur éclat; il ne s’en trouve de brillans que dans les eaux. Tous ceux que l’on retire des, mines font enveloppés d’une croûte terreufe* qui recouvre une fécondé couche de la nature du fpath calcaire ? fuivant M. Romé de Lifle*. Souvent les diamans n’ont pas de forme ré- gulière ; ils font plats ou roulés. Quelquefois ils offrent des criffaux réguliers en odaedres 9 formés de deux pyramides quadrangulaires réu^ ries par leurs bafes ; on en trouve suffi à 12*. à 24 & à 48 faces. Quelques diamans font parfaitement tranf— parens & de la plus belle eau ; d’autres font tachés y veinés , nues ; alors ils perdent beau-* coup de leur prix. Il en eff qui ont des. teintes uniformes & bien marquées de jaune ? de rou- ge de bleu 5 de noir; ces derniers font fort rares. Les diamans paroiffent être formés de lames appliquées les unes fur les autres; on les divife aifément, en les frappant dans le fens de ces laines avec un infiniment de bon acier. Il y a cependant quelques diamans qui ne paroiffent point compofés de lames diftindes, mais de fibres entortillées ^ comme font celles que Foix D'Aïs*. Nàt. et eé Chimie. 58# febfèrve dans les nœuds du bois. Ces derniers font fort durs, & ne peuvent être travail- lés 5 les lapidaires les nomment diamans de nature. La tranfparence. la dureté du diamant, là forme criftaliine régulière qu’il affede , avoient déterminé lés naturalises à ranger cette fubfe tance au nombre des pierres vitrifiables* Ils te ïégardoient comme la matière du crifial de ro- che , la plus pure & la plus homogène. Ils le croyoient inaltérable au feu , parce que les joailliers font dans i’ufage de faire chauffer 8c même rougir les diamans tachés de jaune ; par ce procédé , les taches deviennent noires 5 Sc n’empêchent pas l’éclat de la pierre. Cepen- dant on favoit que le diamant étoit plus pe- lant 8c plus dur que le criftal de roche s 8s. qu’il avoit une propriété éledrique très~mar- quée ; mais on n’attribuoit cela qu’à fon ex- trême pureté. On fait que tous les corps tranfparens pier- reux ou falins refrangent la lumière en raifoa direde de leur denfité , mais que les corps tranf* parens combuflibles la refrangent en raifon dou- ble de leur denfité. Le diamant produit une réfradion prefque triple de celle qu’il devroiî produire en raifon de fa denfité ; il paroit que c’eû de cette grande force réfringente que dé* §82 Ï! t I M E N i pend le fingulier éclat du diamant. Commè il efi très-tranfpàrènt , & que la lumière fe refran- ,ge fortement entre fes lames, lo rfqu’on mul- tiplie fes fur fat es par la taillé , chacune de fes facettes fournit un faifceau dé lumière très-bril- lant. Auiîi ceux qui font taillés à facettes fur toutè leur circonférence ont-ils un éclat bien fupérieur à ceux qui ne font taillés que d’un côté , c’efi pour cela que les lapidaires défignènt les premiers fous le nom de brillans ? & qu’ils appellent les féconds des rofes. Boÿle avoir dit que le feu altéroit les dia* mans, 8c qu’il s5 en dégageoit des vapeurs âcres j mais le fait annoncé par ce phyficien ne fixa point l’attention des favans. Cependant Cofme II ï , grand-duC de Tofcane, vit à Florence en r6ÿq 8c 1695* , le diamant fe détruire ait miroir ardent ; bien des années après Tempe- reur François I fut aufii témoin à Vienne de leur defiruâion par le fimple feü des fourneaux?, M. d’Arcet dans fës belles expériences fur les matières pierréufes expoféés à Faction d’uii feu violent 8c continu , n’oublia pas lès dia- •mans. Il annonça qu’ils s’évaporoient dans îè feus de leurs lamés , 8c que fi on arrêtoit l’éva* poratiôn à propos , ce qui reftoit n’étoit nul* lement altéré, & n’ofîfoit qu’un diamant dû moindre volume* 1b*ftï$T. NâT, 1T BS ChïMïS; 3%; M. d’Arcet voulant favoir fi Févaporation du diamant n5étoit pas une fimple décrépitation s imagina de les traiter dans des vaifîeaüx diffe-* remment fermés. Il prit une fphère de pâte de porcelaine, 8c après Favoir coupée en deux, il plaça un diamant au centre, il ajufia enfuit^ les deux hémifphères * de manière que le dia- mant fe formant à lui-même fa cavité, il rfy eût pas d5efpace vide autour. Ayant laifTé ces boules au four jufqu’à ce qu’elles fuffent cuites 3 il les cafia , & trouva la loge vide & le dia- mant évaporé, fans qu’on put appcrcevoir la moindre gerçure à la boule. M. d’Arcet a varié cette expérience de plu- fîeurs manières , tantôt en prenant des boules de pâte de porcelaine , tantôt des creufets de porcelaine cuite , fermés d’un bouchon de pa«* reille matière , enduit avec une fubfiance fufi- ble, qui en fe vitrifiant au feu, faifoit un lut hermétique. M. d’Arcet a toujours vu le dia* niant difparoître & en a conclu qu’il étoit éva* pprable fans le fecours de l’air. Depuis MM. d’Arcet 8c Roux ont obfervé qu’il n’étoit pas néceffaire d’avoir recours à des feux d’une fi grande violence , pour opérer îa volatilifadon du diamant, & en 1770 M. Roux en volatilifa un , aux écoles de médecine , ea cinq heures de tems dans un fourneau de cou-j pelle. ijg^ 1 l i i ë n i En 1771 Macquer obferva un nouveau phë* fiomène relatif à la deflrüdion de cette fub£ tante. Ayant eu un diamant à volatilifer , il etri* ploya le fourneau dé Pott , auquel il avoit fait quelques correfliôns. Ce fourneau lorfqu’il eft terminé par un tuyau dé poêle de dix à douze pieds dé hauteur, produit une chaleur égale à celle d’un four à porcelaine duré. Macquer àvoit placé une moufle au centre de fon four- neau , qüi n'avoit qu’un tuyau dé deux piedsj, Il mit un diamant taillé en brillant , & pefânt trois-feizièmes de karat, dans Une- coupelle qu’il plaça d’abord air-devant de la moufle bien rou* ge ; il eut foin de ne l’enfoncer que par de* grés, pour éviter que le diamant ne s’édatâta Au bout de vingt minutes , ayant obfervé le diamant, il le trouva augmenté de volume <3ë beaucoup plus brillant que la capfuie dans là* quelle il étoit ; enfin , il obferva üne flamme légère 8c comme phofphorique , qui formoit tme auréole très-marquée autour de la pierre | mais il ne fentit point de vapeurs âcres, comme Pavait annoncé Boy le. Le diamant ayant été reporté fous la moufle , au bout de trente tninutes , il étoit entièrement difparu , fans îaiffer après lui aucune trace. Ainfi Macquer & volatilifè en moins d’une heüre un diamant de prés de quatre grains 9 8c il a vu que ce corps Bvfiï‘sT. Nat, et be ÔhïMïe. 38$* %orps brûfe avec une flamme fenfîble à la ma- tière des autres corps combufiibles. Ce fait annoncé par Macquer a été vérifié plu fieu rs fois depuis. En 1775* Bucquet a volatilifé un diamant d’environ trois grains 8c demi ; il s’efi fervi du fourneau de Mac- quer, mais fans tuyau , 8c la moufle a refié ouverte préfque tout le te ms de l’opération 3 afin de voir ce qui fe paffbit pendant la com- bufiion du diamant. ïi efi refié environ quinze minutes avant de s’enflammer, 8c à compter du moment de l’inflammation , il n’a pas fallu vingt-cinq minutes pour fon entière difiipation® Comme aucune de ces expériences ne démon*» Iroit ce que deyenoit le diamant, MM. Mao quer , Lavoifier & Cadet réfol urent de faire quelques expériences dans des yaiffeaux clos. Ils difiilièrent vingt grains de diamans dans une cornue de grès , avec un appareil propre à retenir les produits s’il eut pafie quelque chofe^ ils employèrent un feu de la plus grande vio- lence , 8c n’obtinrent rien ; ils trouvèrent les -diamans bien entiers , mais ayant perdu un peu de leur poids ; ils foupçonnèrent dès-lors que cette perte dépendoit de ce que les diamans avoient brûlé en partie , à l’aide du peu d’air renfermé dans les vaiffeaux ; les diamans d’aib» leurs éfoient couverts d’un enduit noirâtre , 8c Tome IL B b 38 6 Elément comme charbonneux , qui difparoiflbit prompte* tement en les frottant fur la meule. Pendant que les chimihes s’occupôient des re* cherches fur le diamant, les lapidaires croyaient toujours à la parfaite indehmdibilité de cette pierre. L’un d’eux , M. le Blanc , porta chez M. Rouelle un diamant pour être expofé au feu; mais il voulut l’envelopper à fa manière» En conféquence , il le mit dans un creufet avec ttn cément de craie 8c de poudre de charbon; ce premier creufet fut enfermé dans un autre 9 fermé de fon couvercle & îuté avec le fable des fondeurs. Cet appareil relia au feu pendant quatre heures , ainfr que plufieurs autres dia- htans fur lefqueis M. Rouelle travailîok. Au bout de ce tems, les diamans de^M. Rouelle avoient difparu , ainfi que celui de M. le Blanc» M. Maillard, autre lapidaire, fe rendit chez M. Cadet , où travaillaient MM. Macquer 8t a voilier ; ayant apporté trois diamans , il pro~ pofa de les expofer au feu , après qu’il les au« roit cémentés à fa manière. Il remplit de char- bon pilé & bien preiïe , le fourneau d’une pipe, 8c ayant mis les diamans au centre dit charbon ? il couvrit la pipe d’une plaque de fer qu’il luta avec le fable des fondeurs ; la pipe fut renfermée dans un creufet garni de craie & revêtu d’un enduit de fable détrempé avec b*H'ïsï. Nat. et be Cïîîm'ïè. 3%, ¥*èàù falée. Lê tout fut mis au Fourneau dé Macquer , & eflkya un feu tel , qu’au bout 'de deux heures P appareil étôit ramolli Sc prêt %. couler. Âpres l'opération -, le crêüfet étoifc Vitrifié & informe; on le caffa avec précaution a <& Pôn trouva la pipé bien entière : le char- bon qu’elle côntenoit étok parfaitement noir 3 & lés diamans n’àvôiênt rien perdu. Ils étoiént feulèniént noircis à leur lurface , mais en les frottant fur la meule, ils redevinrent blancs 8è brilians. Macquer a répété cette expérience dans le grand four qui cuit la porcelaine dure de Sèves, elle a réüÊ de même ; cependant 3 comme lè fer qui coüvroit la pipe avoit été fendu, une partie ayant atteint le diamant 9 ■Pavait 'fèorïié dfim côté , mais Fautre étôit Men entier îè feu avoit duré vingt- quatre heures. M. Mitôiiard àyant eu occafiôil de traiter ’pîufieüfs diamans dans dés vaifïèaux fermés & avec différé ns cémèns, a reconnu que le char- bon étoit celui dé tous qui empêchait le miemg îa deflruélion de ce corps. Tous lés chimiflés ont été perfuadés par ces faits , que le diamant brûloit à là manière des fcorps combüfhblés , & qu’il ne fe détruîfoitg1 comme le charbon , qu’autant qu’il avoit le co n<# tàâ de l’air. Cependant, les expériences très-» Bbij §§S 'Ê £ È- M £ 3sf 3 bien faites 8c très:» multipliées de' M, ' d’Arcet fembloient établir le contraire. Pour éclaircir ce point c!e théorie , Macquer prît du char* bon en poudre , il en emplit plufieurs boules de porcelaine cuite & plufieurs creufets de pâte de porcelaine ; le charbon fe réduifit en cen- dres dans les creufets de porcelaine non cuite , lés cendres mêmes fe vitrifièrent, tandis que le charbon , renfermé dans les vaiffeaux de por- celaine cuite relia fans altération ; d’où ce chimifte a conclu qu’il- y a une grande dif- férence entre ces deux fortes de vaiffeaux. Il pçnfe que pendant la cuite de la porcelaine, il fe fait des fentes , des gerçures peu fenlir blés , mais fuffi fautes pour faciliter la cqmbuf- tion , 8c que ces porcelaines prenant de la re- traite en fe refroidiffant , toutes ces petites ou- vertures fe referment 8c difpa roi fient entière* ipent après la cuite, M. Lavoifier a ajouté à ces expériences de nouvelles recherches qui prouvent que le dia- mant ne fe brûle qu’autant qu’il a le conta# de l’air. Il a expofé des diamans au foyer de la lentille de M. de Trudaine, après les avoir couverts d’une cloche, fous laquelle il a fait mon- ter de l’eau ou du mercure en afpirant l’air. Ce chimifle dans des travaux fur les effets du verre ardent % faits en commun avec MM. Macquer t b9HisTo Nat. st de 'Chiiih, 3% Cadet & Briffon, avoiént déjà obfervé que fi on chauffoit brufquement les diamans, ils pétilîoient & s’éclatoient fenfibîèment , ce qui n’arrive pas lorfqu’on les chauffe lentement Sc par degrés. Il a vu suffi les diamans fe fondrè & couler en certains endroits : là furface de ceux qui étoient reliés quelque tems expofés au Feti de la lentille , lui a paru criblée de petits trous comme une pierre ponce. En les chauffant dans l’appareil pneumato-chimîque décrit ei-deffus a il s’eft convaincu que le diamant ne brûloit que pendant un certain tems plus ou moins long j à raifon de la quantité d’air contenu fous la cloche ; il a examiné Pair dans lequel avoit brûlé le diamant , Si il l’a trouvé abfolument femblable à celui qui rede après la combufr tion de tous les autres corps combuflibles* e’ed-à-dire, privé de la partie d’air vital pro^ pre à entretenir ce phénomène. Une circons- tance qu’il faut noter , c’efl que cet air réüd^ de la combudion du diamant précipitoit l’eau de chaux & contenoit de l’acide craieux. Pour conilater de plus en plus la nature du diamant, M-. La voilier a eiïayé de le brûlet fous une cloche pleine d’acide craieux. Ledia* niant a éprouvé un peu de déchet dû fans doute à une portion d’air mêlé à l’acide craieux. Ce chimiüe penfe que cette perte dépend suffi earç. B. b ii| JpO £ L Ê M K n % grande partie de la volatiHratîon dut dhmmH & il en conclut que ce corps pourroit. le vo** ïatilifer en entier dans des vaille aux fermés,. f$ on lui appîiquoit une chaleur fuffifante, M La-» voilier ayant opéré de même fur le charbon* a eu des réfultats analogues , fait relativement à la combiifiion , foit relativement à la volatil îifation. Il a auffi vu le diamant Ce noircir tou-*, jours à fa furface. Il réfuite de ces difterens faits , que le dia- fiiant eh une fubftance très-différente des pieiv ires; que c’eft au contraire un véritable corps combuüibte , fufceptible de brûler avec flamme toutes les fois qu’on le chauffe jufqu’à le faire rougir avec le contaâ de flair ; en un mot * que c’eft un corps combuftible volatil , puif- que le diamant ne laide aucun réfidii fixej qu’il reffemble parfaitement au charbon par- la manière dont il fe comporte au feu, en-, eore qu’il en diffère beaucoup par fa tranfc parence , fa pefanteur , fa dureté , & pluHeurs autres propriétés. Toutes ces expériences , ainfi que l’art de cliver le diamant , ont appris qu’il çft formé de lames ou de couches pla- cées les unes fur les autres ; qu’il y a quelque- fois entre ces couches, une matière étrangère colorante à laquelle efî peut-être dû flenduk charbonneux dont fe couvrent les diamansehaufe S>rHîSTV N AT.- I T DE ChiKIS; Jÿt fes ? fur-tout dans les y aideaux fermés. Cefl cette couche colorée , placée plus ou moins profondément , qui rend incertain le. procédé employé par les lapidaires pour blanchir les dramans tachés. Si elle eff peu profonde , elle peut fe détruire facilement, & le diamant fera blanchi. Si elle eü au contraire dans l’intérieur de ce corps , on ne pourra l’enlever que par îadèilrudion fucceffive des lames qui la recou- vrent 5 & alors il faut détruire prefqu’entiè- renient le diamant avant de lui enlever fa, cou~ leur. Malgré tous ces travaux *, on ne fait rien en- core fur la compolmon du diamant , 8c on. doit le regarder , dans l’état aduel de nos con- noiffances, comme un corps eombuftible par- ticulier 8c différent de tous les autres. Le diamant n’eff d’ufage que comme orne-, ment ; mais la propriété qu’il a de réfrader les, rayons lumineux , de les décompofer 8c d’offrir à l’œil les couleurs les plus brillantes 8c les plus vives , le rend véritablement précieux * fans qu’on puiffe attribuer au caprice de la mode Fedinre dont il jouit. Sa dureté exceffive à la- quelle il doit le poli inaltérable de fes furfa- ces s, fa rareté & l’art de la taille ajoutent en- core à fon prix. On s’en fert avec avantage pour graver fur le verre 8c fur les pierres dures 3 & B b m Elément pour donner à ces corps la forme 8c tes gran^ deurs convenables* La pouflière de diamant fert à u-fer & à po- lir ceux qui font entiers». CHAPITRE II L Genre I L G a % inflammable Le gaz nommé air inflammable par PneAley* efl un fluide aériforme qui jouit de toutes lès- propriétés apparentes de Pair. Il efl environ’ î 3 fois plus léger que lui , il ne peut fervir à la combuflion 3 il tue très-promptement les ani- maux en leur donnant des conyiilfions vives. Il a une odeur forte & très-reconnoiflable. Sa pro- priété caradériflique efl de s’allumer lorfqu’iî efl en contact avec Pair, 8c îorfqu?on lui préfente1 un corps enflammé .> ainfi que par Pétineeife électrique. Le gaz inflammable étoit connu depuis long- rems dans la nature Si dans Part. Les mines métalliques, celles de charbon de terre, la fur- face des eaux , les matières animales ou végé- tales en putréfaction- , avoient oflert un grand nombre d’exemples de vapeurs combuftibks 'd’Hist. Nat. et b e 'Chimie. 593? Batureîîes. L’art s’étok exercé à en produire dans la diflolutiori de plufieurs. métaux . par les acides vitriolique & marin , par la diflillation des fubftances animales & végétales. Mais per- fonne avant M. Prieflîey n’avoit imaginé de recueillir ces vapeurs dans des récïpiens , & d’en examiner les propriétés. Ce phyficien a décon- vert qu’elles formaient une efpèce de fluide élafliqtie permanent. Le gaz inflammable préfente tous les phé- nomènes des corps combuflibles dans un de» gré très-marqué. Comme eux il ne peut brû- ler fans le contad de l’air ; il brûle avec une flamme plus ou moins rouge lorfqu’il efl bien pur , de bleue ou jaune , quand il efl uni à quelque fubftance capable de modifier fes pro- priétés. Souvent il pétille & produit en brû- lant de petites étincelles brillantes , avec un bruit femblabîe à celui du nitre qui détonne. 11 s’ex- cite dans fa combuflion une chaleur vive. îî s’allume par le contad de l’étineeUe éledrique* Il brûle d’autant plus rapidement , qu’il efl environné d’une plus grande quantité d’air. Comme ces deux fluides ont une aggrégation pareille , on conçoit qu’il efl poflible de les mêler de forte qu’une molécule de gaz inflam- mable foit environnée par Pair ; Sc qu’alors U doit brûler avec rapidité*. C’efl a.ufli ce qui at ! l S m s » i. Beu lorfqu’on enflamme un mélange de deuil: parties- d’air atmofphérîqiie & d’une partie de gaz inflammable ; ce mê I ange s’all a m e ,, H brûle dans- im inilamt Sc en produifant ùne expîo- ion vive' femblable à celle de la poudre à ca- non ; le gaz inflammable feu! ne brûle au con- traire que lentement & à fa furface. On peut le faire brûler de même , en um in liant Sc avec beaucoup plus de véhémence^ i on en mêle deux ou trois parties avec une partie d’air vital ; il produit alors une explo- ion beaucoup plus confîdérabie que dans la: précédente expérience. M. Cavendifeh a remarqué il y a pluffeurs années que toutes les fois qu’on brûle du gas. inflammable , il fe manifefle toujours des goût- tes d’eau» En faifant brûler du gaz inflamma- ble dans un vailfeau plein d’air vital, & au- defius du mercure, il fe produit du vide dans, Fappareil , le mercure remonte , & les parois du vafe fe trouvent enduites d’une grande quantité de gouteîettes d’eau très-pure qui augmentent, en quantité à mefûre que la combtiflion s’opère*. M. Lavoifier a combiné de cette\uanière une allez grande quantité de ces deux fluides éîafli- ques l’un avec l’autre pour pouvoir obtenir plu- fieurs gros d’eau. Il a eu foin de faire palFer Pub. & l’autre de ces Suides à travers un cylindre de p*Hïst. Nat. et de Chimie, gjy verre rempli d’alkali fixe cauftique bien fec , afin cîe les dépouiller de la portion d’eau qu’ils pou- voient contenir. L’eau qu’il a obtenue répondolt parfaitement par l'on poids à celui des fluides étaftiques qu’il avoit employés ; 8c il en a con- clu qu’elle eil en effet un compoféde ces deux fluides , favo-ir , de fix parties en poids d’air vital 8c d’une partie de gaz inflammable * fean obtenue dans cette expérience s’efl trouvée con- tenir quelques grains d’acide nitreux. Pour con- cevoir la formation de cet acide, il faut fe rap- peler que M. Cavendifch Fa produit en com- binant à l’aide de l’étincelle éleclrique fept par- ties d’air vital 8c trois parties de mophette at- mofphérique. Or, Pair vital que M. Lavoifier a employé pour fou expérience ayant été retiré du précipité rouge, l’acide nitreux qui l’a fourni a bien pu donner une petite quantité de la mo- phette atmofphérique qui entre dans fa com» pofition ; ainfî, cette portion d’acide ne change rien au réfultat & aux affertions de M. Lavoi- fier fur la production de l’eau. Si l’on com- pare à cette belle expérience celle par laquelle Je même chimifte a décompofé l’eau en la fai- faut tpmber fur le fer , le zinc 8c le charbon rouge , ahffi que fur les huiles bouillantes , 8c en a retiré du gaz inflammable en proportion «te la Gombufliop qui avoit lieu dans ces diffï* ËXÏMEHS xenseorps , on fera convaincu que cette théorfe de îa nature de l’eau efl appuyée fur clés fon^ dernens auiïi folides que toutes celles qui ont été propofées fur les aifférens faits chimiques; 11 ne refle plus qu’un point à déterminer fuir la nature du gaz inflammable; cet être efl il iimple y compofé d’une feule efpèce toujours, identique ? peut-on le regarder comme le phlo- giflique de Stahl , ainfi que le penfent plufleurs chimîftes anglais, 8c fur-tout M. Kinvan ? A l’égard de la première queflion , les chi- nai Aes ne font point d’accord entr’eux fur la prétendue identité de gaz inflammable retiré de fub flan ces très- différentes , Si qui paroxt jouit de propriétés diverfes. Les uns & même le plus grand nombre pen- fent qu’il y en a réellement pîufieurs efpèces ; tek font , par exemple, le gaz inflammable obtenu du fer , du zinc , par Peau qui brûle en rouge & détonne avec l’air pur; celui que M. de Laf- fone a retiré du bleu de Prude , de la réduâîon des fleurs de zinc par le charbon , qui brûle fans détonner avec l’air; le gaz inflammable des marais qui brûle en bleu 8c ne détonne pa$| celui que l’on obtient de la diflillation des ma- tières organiques & qui re (Tenable au gaz des marais* Une analyfe exaéfe nous a prouvé il efl vrai, que ces deux derniers font des eom* tfïïisT. Nat, et de Chimie. 397 j?o fés de véritable gaz inflammable pur & dé- tonnant , avec de l’acide craieux en differen- tes proportions , & qu’on peut , par l’eau de chaux Sc les alkaiis cauffiques 3 l’amener à l’état de gaz inflammable pur femblable au premier, Ainfi 5 nous étions portés à croire avec l’illuf- tre MaCquer, en 1782, qu’il n’y a qu’un être de cette efpèce fufceptible de plusieurs modi- fications par fes combinaifons avec différentes fnbflances. Cependant M. Lavoifier dans un Mémoire fur la combinaifon de l’alun avec les matières charbonneufes , inféré parmi ceux de l’académie pour l’année 1777, croit devoir dis- tinguer trois fortes de gaz inflammables ; le gaz inflammable vitriolique , le gaz inflammable ma- rin 5 8c le gaz inflammable craieux. C’eff ce dernier qu’il a obtenu pendant la réaétion de l’alun fur les matières charbonneufes. Le ca- ractère qu’il donne pour les diflinguer , c’efl que chacun d’eux fe convertit par l’inflammation en un acide analogue à celui d’où il a été tiré. Ainfi y le gaz inflammable vitriolique donne de l’acide du vitriol; le gaz inflammable marin, de i’efprit de fel; & le troifième , de l’acide craieux après fa combuftion. Ce chimiffe penfe que le gaz inflammable qu’il a obtenu pendant Sa préparation du pyrophore , eff formé par le charbon lui-même , réduit en vapeur 8c com^ ( 598 Eli M £ K* 1 biné avec Pair pur de l’acide vitnoîique , qüî $ par la perte de ce principe , pafFe à Fétat dé foufré. A la vérité 5 depuis le tems de la pu- blication de ce mémoire 5 M» Lavôiflér à re& connu que le gaz infiammablé obtenu des mé- taux par les acides , efl du à Peâu qui accom« pagne ces feîs , & qui efl décompofée par les fiibfiances métalliques ; de forte qu’il paroît plus vmifembïâblé aujourd’hui, qu’il n’y à qiFünè leüîe efpcce de gaz inflammable provenant tou- fours de la décomposition de l’eàü , la refor^ rnant pàr fou union avec Pair vital, & préféré tant plus ou moins d’in fia mmâbilité,& des cou- leurs diverfes dans fà combuflion , Fuivànt qu’il efl mêlé ou combiné avec differens autres corps* Quant à îâ fécondé queflion, quoique Popî- nîon de Bergman 8c des chimifles anglois qui regardent le gaz inflammable comme le phlo- giflique de Stalil , paroifFe s^accorder avec üii certain nombre de faits , il en efl cependant tut plus grand nombre qui empêchent qii’on püifîe l’adopter* En effet , il paroît que ce ne font point toujours lés fubflànces combuüiblés dans lefquelles Stahl admettait la préfence du phlo» giflique qui fournifFent cettë efpèce de fluide $ & que l’eau contribué prefque toujours à fà formation* M. Kirwan qui s’occupe depuis quel-? Hat. et 6e Ch'ïmïe. tyÿ «q\tes années de l'examen de cette importante queflion , n’a point encore trouvé à notre ton* ïKnffanee d’expérience qui pnifTe la démontrer pofirivement* Nous aurons foin d’expofèr dans jpkifieurs autres articles de cet ouvrage ? ce que nous penfons du gaz inflammable que ce célè- bre chimifte a obtenu d’une amalgame de zinc, •alnfl que d’une autre expérience apportée en preuve de cette nouvelle théorie par M, de Morveau, qui paroît l’adopter» Nous n’entre- rons point ici dans le détail des objections qu’on peut lui oppofer , parce que nous requérions de n’être point entendus des perfonnes qui n’au- ront lu que ce qui précède ce chapitre de no- tre Ouvrage; nous ferons connoitre ces objec- tions dans les chapitres où nous traiterons des fubftances métalliques, du phofphore, quoi qu’il en Toit , nous conviendrons ici que l’on peut expliquer les phénomènes de la chimie d’une manière aufli fatisfaifante en admettant le gaz inflammable pour phlogiflique , que par toutes les autres théories, & que, fl nous pa- roiflons douter de l’identité de ces deux êtres, c’eft pour ne pas nous écarter de cette exacti- tude fcrupuleufe que nous avons tâché d’éta- blir dans tous les differens faits dont nous nous fouîmes occupés jufqu’aétuellement. Enfin, quel- que parti que l’on prenne fur ces divertîtes QQQ E L Û M E È S d'opinions , il fera toujours vrai qu’aucun chi* mille aa jnfqii’à préfent pu Itparer les principe^ du gaz inflammable, que c’elhrn être Ample dans l’état aduel de nos connoiflances , qu'il parok fe combiner en entier avec l’air pur 5 Sc former de l’eau dans cette combinaifon. On doit s’ap- percevoir que nous ne difons rien des théories de quelques pèrfonnes qui ont aflTuré , les unes » que le gaz inflammable eft un compofé d’air Sc de la matière du feu , les autres 5 que c’eft une modification de la lumière , du feu , du fluide éledrique , Sec. Toutes ces aliénions font trop vagues, elles reTemb lent trop au langage inexaét Sc incertain des premiers tem$ de la phylïque 3 Sc elles font trop éloignées des expériences Sc de toutes démonflrations , pour qu’elles nous paroiiïent devoir mériter une difcuflion foute- nue. On ne peut douter que le gaz inflamma- ble ne contienne beaucoup de chaleur fpécî- fique, peut-être même de la matière de la lu» mière , & que la première ne fe fépare de ce gaz toutes les fois qu’il perd fon état élaftique 5 Sc qu’il pafle dans des combinaifons liquides. Le gaz inflammable ne s’unit point à l’eau; on peut le conferver long-tems fans altération au-deiTus de ce fluide» Cependant à la longue il eft altéré Sc n’efl plus inflammable. M. Priefl- îey n’a point déterminé cette efpèce de chan« gement^ N tfïîïST. Nat. et de Chimie» |oî! gement , ni Pétât de Peau qui le produit. Il efi vraifemblable que cette expérience faite avec foin , jetterait beaucoup de jour fur la nature de ce corps combuflible. Le gaz inflammable ne par oit point avoir d’adian fur les terres, ni fur les trois fabfian-? ces felino-terreufes ; cependant il détruit la blan- cheur de la terre pefante 8c il la colore. On ne connaît point 1 altération que les al- kalis 8c les acides pourraient lui faire éprou- ver, 8c celle qu’il ferait naître lui-même dans ces fels. Il eft vraifemblable qu’il décompofe- roit quelques acides, 8c fur-tout l’acide vitrio- lique, 8c l’acide marin déphi ogiftiqué , en s’em- parant de leur air pur ou principe oxygine avec lequel il formerait de l’eau. Quant à l’acide vitriolique , on peut foupçonner qu’il éprouve- roit cette décompofition , la bafe de Pair vi- tal ayant plus d’affinité avec le gaz inflamma- ble qu’avec le foufre, puifque celui-ci ne dé- co mpofe point l’eau comme nous le verrons plus bas. L’acide marin déphlogiffiqué a une fî grande quantité d’air vital furabondant , 8c qui y adhère fi faiblement, qu’on peut préfumer que le gaz inflammable le lui enlèverait pour former de l’eau. - Le gaz inflammable ne paraît point avoir d’adion fur les fels neutres , 8c on a peu exa- Tome //» C c $02 Ë LUMENS miné en général fa manière d’agir fur toutes les fubüances falines. Le gaz inflammable efl devenu un être beau- coup plus important pour les favans , depuis qu’on s’enreft fervi pour remplir les machines aérofhtiques, dont la découverte efl due à MM. de Montgolfier. Sa légèreté fpécifique treize fois plus confidérablc que l’air, efl la caufe de l’afcenfion de ces machines. Il efl plus que vraifemblable qu’il joue un rôle très-important dans les phénomènes météoriques , qu’il exifle en grande quantité dans l’atmofphère, qu’il s’y allume par l’étincelle électrique , qu’il y forme de l’eau. Peut-être eft-il emporté par les vents comme une efpèce d’aéroftat naturel. On a cherché à le ftibfHtuer à d’autres ma- tières combuftibles dans plufieurs befoins de la vie , comme pour éclairer , pour chauffer, pour charger quelques armes à feu, &c. M. Volta Fa confidéré fous ce dernier point de vue, & il a propofé plufieurs manières de s’en fervir. M. Neret a donné la defcription d’un réchaud à air inflammable dans le Journal dePhyfique, ( janvier J777. ) MM. Furftenberger phyficien de Bâle , Brander mécanicien d’Augfbourg , Ehrmann démonftrateur de phyfique à Stras- bourg , ont imaginé des lampes que l’on peut allumer la nuit à Paide d’une étincelle éiedri- S^ïïïS'f* B* M CHIMIE. 4D| fjue. Enfin , on fait des feux d’artifices for| agréables avec dès tübes de verre différemment contournés , 8c percés d’un grand nombre de petites ouvertures. On introduit le gaz inflam- mable dans ces tubes à Paide d’une veffîe qui "en efi remplie , 8c qui s’y adapte par un robinet de cuivre. En prenant cette veffie , le gaz in* Hammabîe palîe dans le tube, fort par toutes ïes ouvertures qui y font pratiquées, 8c çn l’allume en approchant une bougie allumée E L É M E N S fri CHAPITRE IV. Genre III. Soufre, L JE foufre eft un corps combuftibîe, fec, très- fragile s d’un jaune citron, qui n’a d’odeur que lorfqu’ il eft chauffé, & dont la faveur par- ticulière eft foible , quoique cependant très-fen- irble. Si on le frotte , il devient éleétrique. Si ïorfqu’il eft en gros morceaux , on lui fait éprou- ver une chaleur douce , mais fubite , comme en le ferrant dans la main > il fe brife en pé- tillant. Le foufre fè rencontre en grande quantité dans la nature , tantôt pur & tantôt combiné,, Il ne doit être ici queftion que du premier. Voici les variétés de forme qu’il préfente dans fon état de pureté. Variétés. i. Soufre tranfparent , criftalîifé en oétaè- dres dont les deux pyramides font tron- quées. Il eft dépofé par l’eau le plus fou- vent à la furface d’un fpath calcaire» Tel eft celui de Cadix, s. Soufre tranfparent en morceaux irrégu- b’HrsT. Nat. et ©e Chimie. 40J® Variétés. liers. Celui de la Suiffe efi dans cet état. 3. Soufre blanchâtre pulvérulent^ dépole dans des géodes filïceufes. On trouve des cailloux remplis- de fcufre en Frarn che-Comté , &c.. 4. Soufre pulvérulent 5 dépofé à la furface des eaux minérales, comme à celles d’Aix-la-Chapelle, d’Enghien près de Pans,, &c. y. Soufre criflaliin fublimé; il eff en crîf- taux tranfparens ; on le rencontrç dans les environs des volcans.. 6. Soufre pulvérulent fublimé des. volcans | celui ci eft fans forme régulière, & fou-< vent interpofé dans des pierres tendres * comme on l’obferve à la Solfatare aux environs de Naples. 7, Stalaélites de. foufre* formées par le feu des volcans. Outre ces fept variétés de foufre minéral pur, cette fub fiance combuflible fe trouve com- binée avec différentes matières. C’efl le plus Peuvent à des métaux qu’il efl uni, & il les met dans l’état de pyrites ou de mines. Quelque-» fois il efl: combiné avec des matières calcaires dansl’état de foie de foufrq terreux; les pierres Ce üj r$ô6 ElImesst calcaires hépatiques , le fpath fétide, îa pierre fiôrc paroiiïent être de cette nature. Des découvertes récentes étendent encore l’empire de ce minéral. Il femble fe former Journellement dans toutes les. matières végéta- les & animales , qui éprouvent un commen- cement de putréfadion. Quoique ces efpèces #e foufre n’appartiennent pas effentiellement •m règne minéral , nous croyons cependant de- voir les joindre aux variétés précédentes , pour rendre fon hifloire naturelle plus complète, Variétés. 8. Sôufrê criflallifé , formé par la décom>* pofition lente des matières animales ac- cumulées; tel ed celui que l’on a trouvé dans des anciennes vôieries près la porte Saint- Antoine. Soufre pulvérulent , formé par les va- peurs dégagées des fubûances animales ën putréfadion; on en ramaffe fur les murs des étables , des latrines , &c. iô. Soufre retiré de pîufîeurs végétaux, no* tamment de la racine de patience , dé fefprit de coehléaria, &c. Ceil à M* Déyeux , membre du collège de Phar« macie , 8c démondrateur de chimie * qu’eil due cette découverte, ainfi que la fuivante» d’Hist. Nat. bt ©b Cmm% 40J Variétés. Si* Soufre obtenu de fanal y fe des matiè- res animales , 8c notamment dti blanc d’œuf. 12. Soufre retiré du crottin de cheval. Une dame de la eonnoi (Tance de M. le duc de la Rochefoucauld', a trouvé ce corps combufhbîe dans du crottin de cheval^ à Titillant où il venoit d’être rendu. Il efl vraifemblable que des travaux ulté- rieurs le feront découvrir dans un grand nombre d’autres fubflances animales. Ces différons foufres ne conftituent point ce- lui que l’on emploie dans les arts. On l’extraie- par la diliillation des compofés métalliques dont il forme un des principes & qu’on appelle pyrites. En Saxe & en Bohême on les met en petits morceaux dans des tuyaux de terre, pla- cés fur un fourneau allongé. Leboutdes tuyaux: qui fort du fourneau , efl reçu- dans des caifîes carrées de fonte de fer ,, dans lefquelles on inet de l’eau. Le foufre fe ramaffe dans ces efpc- ces de récipiens.; mais il eft fort impur. Pour îe purifier on le fond dans une poêle de fer • les parties terreufes 8c métalliques fe précipitent®. On le verfe dans une chaudière de cuivre, où il forme un autre dépôt de- matières étrangère Ce iv $38 EU 1EN§ qui Paltéroient. Après Pavoir tenu quelque- tçnis en fiifion -r on le coule dans des mou- les de bois cylindriques ? & il forme le fou- fre en canons. Celui qui s’efl précipité au fond de la chaudière pendant la fufion eff gris & très-impur ; on le nomme fort improprement fou fre vif. Dans d’autres pays , comme à Ram- melfberg ? on extrait le foufre des pyrites d’une manière plus fini pie. On fe contente d’enlever ayec des cuillers celui qui fe trouve fondu dans, les maffes de pyrites que l’on grille à l’air , 8c on le purifie par une nouvelle fonte» Le foufre ne s’altère point par le contad de la lumière. Chauffé dans des vaiffeaux fermés», il fe ramollit, fe fond, prend fou vent en fe figeant une couleur rouge, brune ou verdâtre s & une forme aiguillée. Pour réuffir dans cette criffallifation , il faut , d’après le procédé de Rouelle , laiffer figer la furface & décanter aufîî- tôt la portion fluide qui fe trouve au- défions de cette efpèce de croûte ; alors on obtient des aiguilles de foufre qui fe croifeot en diffère ns. fens. Si on chauffe doucement le foufre Iorfqu’il eft fondu 3 il fe voîatilife en petites parcelles pulvérulentes d’un jaune citron , qu’on appelle fleurs de foufre. Comme il n’y a que la portion la plus pure du foufre qui fe voîatilife dans. bHîst. Nat. et de Chimie. 40$ cette opération, 011 l’emploie avec fuccès poiiE le purifier. Pour faire cette préparation , ou met du foufre commun en poudre dans une cucurbite de terre à laquelle on adapte des pots de terre ou de faïence qui fe reçoivent mutuel- lement, & qu’on nomme aludds. On termine le dernier par un entonnoir renverfé, dont la tige établit une légère communication avec Pair ; on chauffe la cucurbite jufqu’à liquéfier le foufre , -qui fe fublime à ce degré de cha- leur , 8c s’attache aux; parois des aludels. Les fleurs de foufre préparées en grand s contiennent fouvent un peu d’acide vitriolique* formé par la combuffion d’une petite quantité de ce foufre , qui a eu lieu en raifon de Pair contenu dans les vaiffeaux. On les purifie très- exactement en les lavant; c’eff le foufre ainü préparé qu’on doit employer en médecine, 8c dans les expériences délicates de la chimie. Le foufre chauffe avec le concours de l’air, s’allume lorfqü’il efc fondu, 8c brûle avec une flamme bleue , fi îa chaleur qu’on lui fait éprou- ver n’efl que peu conffdérable , ou bien ave« une flamme blanche & vive , li on le chauffe fortement. Dans la première de ces combuf- tions il répand une odeur fufFocante , 8c fi l’on recueille la vapeur qu’il exhale , on obtient de l’acide fulfureux très-fort. Dans la combuflion $ SfraJ Ê z ï m s v t rapide fon odeur efl nulle , 8c fon rélïStr t?ê plus celle de l’acide foîfurenx ; c’efl de l’huile de vitriol. Stahl * qui a penfé que le fou Fr e étoit un compofé de cet acide & de phlogif- tique, croyoit que pendant fa combniion ce corps perdoit fon principe inflammable 5 8c conféquemment étoit réduit à Fêtât. d’acide® L’enfemble des preuves qu’il a préfentées fur cette opinion , étoit bien fait pour entraîner tous les chimifles qui l’ont fuivi. Cependant depuis que Ton a cherché à eonnoître Fin* fluence de l’air dans la combuftion à laquelle Stahl paroît n’avoir fait que peu d’attention 9 quelques chimifles frappés de la difficulté qu’on a éprouvée jufqu’ici à démontrer le phlogiÜi* que , 8c de la facilité avec laquelle on répond à toutes les objedions faites à cette doclrine par les nouvelles connoi (Tances acquifes fur J’air , ont adopté une opinion entièrement op- pofée à celle de Stahl fur la nature dufoüfre* 8c fur fa combuflion. Voici les faits fur lefquels cette nouvelle opi- nion eft fondée. Haies avoir obfervé que le fosf- fre abforboit en brûlant une grande quantité d’air. M. Lavoifler a démontré qu’il en efl du foufre comme de toutes les matières cornbuf- tibles; c’eft-à-dire , i°. qu’il ne peut brûler qu’avec le concours dô l’air ; 2°. qu’il abforbo ©?Hï$t. Mai*, Et de Chimie, frf la portion là plus pure de ce fluide pendant fâ combufiion ; 30. que ce qui refie de Pair ne peut plus fervir à une nouvelle combufiion | f°. que l’acide vitriolique qui en provient, a* en excès fur la quantité du foufre qui Pa pro- duit , le poids jufle que Pair a perdu pendant :1a combufiion de ce dernier; y°. qu’en con- féquence le foufre s’efi combiné avec la bafe de Pair pur, pour former Phnile de vitiioL Cet àcide efi donc un corps compofé de principe ôxigyne & de foufre ; ce dernier au lieu d’être tüt corps Compofé , n’efi qu’un des principes de l’huile de vitriol ; il ne lui manque plus que de s’unir à la bafe de Pair pour former cel acide ; 8c c’efi ce qu’il fait dans la combufiion* La chaleur efi néceffaîre pour le faire brûler,, parce qu’en le divifant & en détruifant fom aggrégation, elle favorife fa combinaifon avec le principe oxigyne; lorfqu’il efi une fois brûlé ou combiné avec ce dernier principe , il n’ell plus fufccptibîe de s’enflammer , & il rentre dans la cîaffe des corps incombufiibles. Suivant la manière dont on s’y prend pour le faire brûler , il abforbe des quantités divèr- fes d’oxigyne, & il devient plus ou moins acide- Telle efi la théorie de la différence qui exifie entre les combufiions lente 8c rapide du fou- ire* 8c les acides fulfureux & vitriolique qui EtÏMÏÎÎ^ réfultent de l’une & de l’autre, Stahl croyoït qu’eif brûlant lentement du foufre, il ne perdoit pas tout fon phîogiftique , & que l’acide vitrioîique qui en retenoit une partie , confervoit de l’odeuc 8c de la volatilité; aujourd’hui il eft prouvé par l’expérience qu’en brûlant lentement, iln’abfor- be pas toute la bafe de l’air à laquelle il peut s’unir, tandis que dans Fa combuflion rapide, il fe combine avec toute la quantité du prin^ cipe oxigyne néceffaire pour le conflituer acide vitrioîique. C’efl en abforbant peu -à- peu la bafe de Fair vital atmofphèrique , que l’acide fulfureux combiné avec les matières alkalines paffie à l’état d’acide vitrioîique* On conçoit tout auffi facilement dans cette théorie , ce qui fe paffe lorfque l’on forme du foufre avec l’acide vitrioîique & quelques matiè- res combuflibles , comme nous l’avons indiqué pour les vitriols de potafle , de fonde , ammo- niacal calcaire , magnéfien , argileux & barotique* chauffés avec du charbon. Suivant la dodrine de Stahl le phlogiflique du charbon s’unit avec l’acide .vitrioîique de ces feîs , Sl forme du fou- fre ; fuivant la théorie moderne , le charbon s’empare du principe oxigyne contenu dans l’acide vitrioîique 9 & ne laide plus conféquem- ment que le foufre qui eff l’autre de fes prin- cipes: suffi toutes les fois que Facide vitrioîique b9Hîst. Nat . e*t de Chimie. 413 «eft changé en foufre par un corps combuflible quelconque , ce dernier efl-il toujours réduit à l’état de corps brûlé, comme nous le ver- rons dans Thifloire de plufîeurs fubflances mé- talliques. C’efl pour cela que l’on obtient une grande quantité d’acide craieux dans cette pro- dudion artificielle du foufre, par le tranfport du principe oxigyne de l’acide vitriolique fur la matière charbonneufe. On doit fe rappeler qu’on démontre facilement la préfence de la bafe de l’air pur dans l’acide vitriolique. Le foufre n’eft en aucune manière altérable à l’air , ni diiïbluble dans l’eau. Si lorfqu’il a été tenu quelque tems en fufion , & qu’il s’eft épaiffi , on le verfe dans ce fluide, il devient rouge , & il conferve un certain degré de mol- lefle ; on peut le pétrir dans les mains , mais il perd ces propriétés au bout de quelques jours. L’eau jetée goutte à goutte fur du fou- fre allumé n’efi point décompofée 8c n’en en- tretient point la combuftion ; ce qui prouve que la bafe de l’air vital ou le principe oxigyne a plus d’affinité avec le gaz inflammable qu’avec le foufre ; cette affertion peut être confirmée par l’adion du gaz inflammable fur l’acide vi- triolique auquel ce gaz paroît enlever le prin- cipe oxigyne. Le foufre n’a point d’aâion fur la terre Si- fyïé E l ê m é *y m ceufe , il ne s’unit que difficilement avec Pât* gile qui cependant quand elle eft très-divifée * par oit le réduire dans Pétat hépatique , comme •on le voit dans la préparation du pyrophore* On nomme en général hépar fulfureux ou foie de foufre un compofé formé par toutes les matières alkalines avec le foufre. Ce com- pofé confidéré en général a une couleur plus on moins brune femblable à celle du foie des ani- maux ; il eh décompofable par Pair vital ; Peats en le diffolvant y développe une odeur fétide 5 les acides en précipitent le foufre & en dégagent um efpece de gaz particulier appelé gaz hé- patique. Il y a fix fortes de foies de foufre produits par la terre pefante , la magnéfie , la chaux 9 les deux alkalis fixes & Palkali volatil | il faut examiner les propriétés de chacun d’eim en particulier. La terre pefante pure ri a point une forte ao don for le foufre, lorfqu’on la fait chauffer dans Peau avec ce corps combuhible. il en réfulte une liqueur foiblement hépatique ; mais elle s*y combine beaucoup plus intimément par la voie sèche ; ç’eh ainfi que quand on chauffe forte** tement dans un creufet un mélange de huit parties de fpath pefant en poudre avec une partie de charbon , on obtient une maffe un peu cohérente fans fufion , qui fe diflout prompt Battis f. Nat* et t> e Chîmie. 415* ternent dans l’eau chaude , 8c qui a l’odeur 8c tous les tara&ères hépatiques. La diflolution elî de couleur jaune ? dorée où orangée ; j’ai dé- couvert qu’elle criflallife par le refroidiflement | l’hépar barotique criftallifé ainfi , efl d’un blanc ^ un peu jaune; il £e décompofe à l’air, il en attire l’humidité , fa couleur fe fonce ; il s’en précipite du foufre , 8c il s’y reforjne du fpath pefant. Ce foie de foufre laide échapper par les acides qui le précipitent, un fluide élaflî- «jtie connu fous le nom de gaz hépatique dont bous examinerons plus bas les propriétés particu- lières* Lorfqu’on précipite l’hépar barotique par. l’acide vitriolique, il fe précipite du foufre & du fpath pefant ; en fe fervant d’acide nitreux: 8c d’acide marin, le nitre 8c le muriate baro« tique relient en diflTolution, 8c le foufre feul fe dépofe. . Le foufre s’unit à la magnéfie pure à l’aide de la chaleur; pour faire cette combinaifon, on prend ordinairement le fel neutre que nous avons appelé magnéfle aérée, comme plus fo- îuble dans l’eau. On en met une pincée avec un pareil volume de fleurs de foufre dans une bouteille avec de l’eau diflillée ; on expofe ce vaiiïeau vide d’air 8c bien bouché à la chaleur d’un bain-marie pendant plufieurs heures ; alors ©11 filtre l’eau 5 elle a une odeur fétide d’œufs ty.i6 Élément pourris ; elle colore fortement les difïolntïoiisf métalliques ; elle fournit par une évaporation ïpontané.e de petites aiguilles criflallines : c’ell en un mot un véritable foie de foufre magné- lien ; la magnéfie peut en être précipitée par l’alkali fixe, qui a plus d’affinité qu’elle avec le foufre. Quant à ce corps combuftible , fa prefence y ell facilement démontrée par les acides qui le féparent fous la forme d’une pou- dre blanche. Telle étoit l’efpèce de foie de foufre que M. le Roi , médecin de Montpel- lier, faifoit diffoudre dans l’eau pure pour imi- ter les eaux minérales hépatiques ; mais l’on fait aujourd’hui que la plupart de ces eaux ne contiennent pas de véritable hépar., & font minéralifées par le gaz hépatique feul. La chaux s’unit beaucoup plus promptement Ec avec bien plus de vivacité au foufre , que les deux fuhflances falino-terreufes précédentes* Si l’on verfe peu-à-peu de l’eau fur un mélange de chaux vive 8c cle fleurs de foufre 5 la cha- leur qui fe produit par l’a&ion de l’eau fur la chaux , fuffit pour favorifer la combinaîfon en- tre cette dernière 6c le foufre. Si l’on ajoute de Peau , efle prend une couleur rougeâtre 8c une odeur fétide ou hépatique ; elle tient en dif» folution du foufre combiné avec la chaux. Cet àépar calcaire ne fe prépare bien que par la ï>5HrsT. Nat. et de Chimie, qiy Voie humide; fouvent lorfque la chautf n’eft pas îrès-vive & ne s’échauffe pas beaucoup avec l’eau,, l’on efl: obligé d’aider la combinaifon par un feu doux. Ce compofé eh d’un rouge plus ou moins foncé fuivant la caufticité de la chaux; lorfqu’il eff fort chargé , j’ai obfervé qu’il dé~ pofe par le refroidiffement une couche de pe~ îits crifiaux aiguillés, d’un jaune orangé, dit pofés en houppes, 8c qui m’ont paru être des prifmes tétraèdres comprimés, terminés par des fommets dièdres. Ces , crifiaux perdent peu- à- peu leur couleur à l’air , 8c deviennent blancs 8c opaques , fans éprouver d’altération dans leur forme. Le foie de foufre calcaire humedé d’un peu d’eau, 8c difiillé à l’appareil pneumato- chimique , fe décompofe en partie , 8c donne une grande quantité de gaz hépatique. Si on l’évapore à ficcité , & fi on le calcine dans un creufet à l’air jufqu’à ce qu’il ne fume plus i il ne refie après cette opération que de la félé- nite formée par la chaux 8c l’acide vitrioîique dû à la combuftion lente du foufre. Le foie de foufre calcaire s’altère très-promptement à Fair; il perd fon odeur 8c fa couleur à mefure que fon gaz hépatique fe diflipe. Diffous dans une grande quantité d’eau, il éprouve la même altération, fur-tout lorfqu’il eft agité, comme j’a fait obferver Me Monnet dans fon Traité des 'Tome IL D d .^l8 S L ï M E K S Eaux minérales. Il ne refte après ces altération! que de la félénite. Confervé dans des bouteih» les en partie vides -, il dépofe fur les parois un enduit noirâtre, 8c il fe forme des croûtes ou pellicules qui tombent au fond de la liqueur. Si le vafe qui le contient eft bien fermé , il fe conferve long-tems fans altération , comme je Fai obfervé bien des fois dans mon laboratoire. Le foie de foufre calcaire eft décompofé par les alkalis fixes purs , qui ont plus d’affinité avec le foufre que n’en a la chaux. Les acides en précipitent le foufre , fous la forme d’une poudre blanche très-tenue , à laquelle on a donné le nom de magifter de foufre. L’acide eraieux opère cette précipitation de même que les autres. On ne connoît point l’aétion des fels neutres fur le foie de foufre calcaire. Les deux alkalis fixes purs ou cauftiques ont une adion très-marquée fur le foufre. Ils forment les véritables hépars, ceux qui font le moins décompofables , 8c les plus permanens. J’ai dé- couvert que les alkalis .fixes fecs bien cauftiques âgïfifent même à froid fur le foufre ; il fuffit pour cela de triturer dans un mortier de l’alkali fixe pur 8c du foufre en poudre ; l’humidité de l’air attirée par l’alkali favorife la réidion dç ce fel fur le foufre ; le mélange fe ramollit , fe colore en jaune 3 exhale une odeur fétide s'RrsT» Nat* et »e Chimie. ÿrg & forme de Phépar; mais lorfqu’on le diflout dans Peau , cette diffolution n’a qu’une couleut Jaune pâle , & ne contient pas une auffi grande quantité de foufre, que le même hépar pré- paré à Paide de la chaleur» On fait Phépar al- Icalin de deux manières dans les laboratoires , ou par la voie sèche ou par la voie humide. Pour exécuter le premier procédé , 011 met dans un creufet partie égale de pierre à cautère sèche & de fleurs de foufre; on le fait chauffer juf- qu’à ce que le mélange foit entièrement fon-* du ; on le coule alors fur une plaque de mar- bre, & quand il efl refroidi il efl d’un rouge brun femblable à celle du foie des animaux, M. Gengembre qui a lu à l’académie de fort bonnes recherches fur le gaz hépatique a fait une obfervation eflentielle fur Phépar alkalia préparé par la voie sèche ; c’eft que ce corn- pofé n’a point de fétidité 8c n’exhale point de gaz hépatique tant qu’il efl fec; il faut qu’il ait attiré l’humidité de Pair, ou qu’on le ditîolve dans Peau, pour que fon odeur fe développe* ce qui prouve que le dégagement du gaz hé- patique efl opéré par Peau , comme nous le dirons plus en détail. Les deux alkalis fixes purs & caufliques agiffent abfolumerit de la même manière fur le foufre , 6c le diflolvent égale- ment par la voie sèche* Ces combinaifons Ddij §20 ' Ê Xl É M É Ê des alkalis caufliques avec le foufre n’ont été que peu examinées ; on a prefque toujours fait fe foie de foufre avec les alkalis fixes faturés d’acide de la craie , tels que le tartre craieux, 8c la fonde craieufe. Il y a cependant des dif- férences notables entre ces deux efpèces d’hé- pars. D’abord ceux que Ton fait avec les alkalis fixes craieux demandent plus de te ms pour leur préparation , parce que ces fels font beaucoup moins actifs, Mais la plus importante différence que nous ayons eu occafion d’obferver entre les foies de foufre alkalins caufiiques ou non caufliques faits par la voie sèche , c’eff Pétat de leur fatu ration comparée. En effet , les pre- miers font plus bruns, plus fétides lorfqu’on les diffout 5 & le gaz qu’ils donnent eft beaucoup plus hépatique , beaucoup plus inflammable que celui des féconds. Ces derniers font d une couleur plus pâle fouvent dun gris verdâtre, d’une odeur plus foible, & d’une compofîtion moins durable. Il paroit que les alkalis fixes craieux confervent leur acide dans leur union avec le foufre ^ puifque le gaz de ces hépars non caufiiques n’efi inflammable que lorfqu’on Fa bien lavé avec de Peau de chaux qui s’em- pare de fon acide craieux. On trouve donc dans la prcfenee de eet acide , 8c dans le peu d’éner- gie des alkalis qu’il adoucit , la caufe des difi» fc*Hï&T« Nat. it 13 e Chimie. %2i Férences qui exigent entre les foies de foufre non caufliques & les hépars cauRiques. Le foie de foufre alkalin folide fait par Fun ou l’autre alkali fixe eauftique eR très-fufîbîe ; il fe décompofe comme le foie de foufre cal- caire, lorfqu’on le chauffe dans des vaifFeatix fermés, après l’avoir humedé d’un peu d’eau, donne beaucoup de gaz hépatique ; après avoit été fondu il eR fufceptible de prendre par le refroidiffement une forme criRalline, qui n’a point encore été bien décrite. Tant qu’il ell chaud & fec , il eR d’une couleur brune ; à mefiire qu'il fe refroidit & qu’il attire l’humi- dité de l’air , il perd cette couleur & devient plus pâle ; bientôt même le contad de l’air lui donne une couleur jaune verdâtre, il fe réfout en liqueur & fe décompofe quoique lentement de manière à paffer au bout d’un certain tcm^ à l’état de tartre vitriolé ou de fel de Glaubeiv Il fe diffout très-bien dans l’eau ; il prend fur« le-champ une odeur fétide & particulière ; le gaz hépatique qui n’y exiffoit pas auparavant fe forme par la réadion de l’eau. Cette diffolu- tion a une couleur rouge foncée ou verte, fui- vaut que le foie de foufre eff récemment pré- paré au fait depuis quelque te ms ; les foies de foufre par la voie humide que Ton prépare en. faifant chauffer dans un matras l’un ou l’autre. D d üi $22 E L S M E n 9 alkali fixe cauftique dilîous dans Peau avec M moitié de leur poids de foufre en poudre» préfentent les mêmes propriétés que cette diffb- lution , &Pon doit faire en même -teins Fhifîoire des propriétés des uns , 8c de l’autre fous le nom d’hépar alîcalin liquide. Le foie de foufre alkalin liquide très-chargé dépofe par le refroidi fFement des aiguilles irré-^ gulières. Il eil fufceptibïe d’être décompofé par Fadion de la chaleur; fi on le diflille à l’appa- reil pneumato-chimique , on en retire du gaz: hépatique ; Pair le décompofé également, & Pon fait qu’il fe couvre de pellicules , qu’il dépofe du foufre , 8c qu’il fe trouble. Bergman 8c M® Schéele ont prouvé que cette décompofition efl due à Pair vital répandu dans Patmofphèrej; en effet, en mettant un peu de foie de foufre liquide dans une cloche avec de Pair vital * celui-ci eft abforbé tout entier 8c Phépar décom- pofé. M. Schéele a même propofé ce moyen pour fervir d’eudiomètre , 8c il efl reconnu au» jourd’hui pour un des meilleurs. Les terres 8c les fubflances falino-terreufes n’ont aucune adion fur Phépar alkalin liquide lorfqu’il efl bien pur; mais s’il a été préparé par le tartre craieux ou la foude craieufe , il efl troublé par Peau de chaux liquide. Les aci- des le décompofent en s’uniffant à Palkali 2 & bsHïst. Nat. et de Chimie. 42$ €n précipitent le foufre fous la forme d'une poudre blanche très-fine y qu’on appelle magifi- ter de foufre. L’efprit de nitre verfe fur du foie de foufre folide fondu , produit une détonna- lion , fuivant M. Proulh Tous les acides en dé- compofant le foie de foufre alkalin en déga- gent en même- tems un gaz qu’on peut recueillir dans l’appareil pneumato- chimique , 8c qui mérite un examen particulier. Pour obtenir ce gaz, il faut verfer un acide fur du foie de foufre alkalin folide pulvérifé 1 il fe produit alors une vive eflfervefcence , qui n’a point lieu de la même manière fi l’on verfe l’acide dans une difiolution d’hépar ; ce phé- nomène auquel les chimiftes n’ont fait jufqu’ici que peu d’attention dépend de deux circonfi* tances ; i°. l’hépar alkalin folide ne contient point de gaz hépatique tout formé fuivant l’ob- fervation de M. Gengembre; 8c îorfqu’on verfe un acide , l’eau qui tient ce dernier feî en dif- folution contribue à fa formation ; comme il s’en produit fur-le-champ une grande quantité , ce gaz ne trouvant pas de corps qui le retienne en le dilFolvant , s’échappe en occafionnant une grande effervefcence, de forte qu’en faifant l’ex- périence , dans un fîaccon tubuîé, dont le tube plonge fous une cloche pleine d’eau, on re- cueille facilement ce fluide élaftique ; 20. la di& D d w E L ê M E N S folution de foie de foufre alkalin contient bien du gaz hépatique tout formé , mais dont une partie s’eh déjà dégagée pendant l’ade de fa diiïblution , 8c lorfqu’on ajoute un acide , la portion de ce gaz que ce Tel développe fe dif- fout à mefure dans Peau 3 de forte qu’il n’y a pas d’eftervefcence fenfible , ou bien que celle qui fe manifefle efl peu confidérable, 8c ne permet pas de recueillir une quantité notable de ce gaz. Ce gaz , qui eh le même dans tous les foies de foufre 8c qui les fait reconnoître, eh connu depuis long-tems par fon odeur fétide , par fon adion fur les métaux 8c les chaux métalliques 8c notamment fur celles de plomb 8c de bif- muth qu’il rend toutes noires. Il eh d’une fétidité infupportable , il tue fubitement les animaux , il verdit le firop de violettes, il brûle avec une flamme bleue très -légère. Si on l’allume dans une grande cloche de verre bien propre pen- dant fa combuhion , il fe dépofe fur les parois de ce vaiheau , quelques nuages qui ne font quey du foufre. Ce gaz eh décompofé par Pair vital ; toutes les fois qu’il eh en contad avec Pair atmofphérique , il dépofe du foufre. C’eft pour cela que les eaux fulfureufes qu’il miné- raîife, ne contiennent pas de véritable foie de foufre , quoique cette fubhance nage en fleurs à leur furface 3 8c fe dépofe aux voûtes des d’Hîst, Nat. et de Chimie. 42^ baffins où elles font contenues, comme cela a lieu dans celles d’Aix-la-Chapelle , d’Enghien 9 &c. C’eÜ encore à cette décompofition du gaz hépatique par l’air vital , que font dus les dé- pôts fulfureux que l’on obferve dans la partie des ifîaccons qui contiennent des diffolutions de foie de foufre. Bergman attribue cette dé- compofltion à la grande affinité de l’air pur avec le phlogiffique. Il regarde le gaz hépatique comme une combinaifon de foufre , de phlo- giffique &' de la matière delà chaleur. Quand l’un de ces principes efl féparé, les deux au- tres fe déluniffient. M. Gengembre frappé de ce que les hépars ne contiennent & n’exhalent de gaz hépatique que lorfqu’iîs font diffious dans l’eau ou faits par la voie humide, a penfé que ce fluide comribuoit à fa formation en fe dé- compofant 5 & que fon air vital fe portant flir une partie du foufre, fon gaz inflammable en diflout une petite portion , laquelle diffoliuioa conflitue le gaz hépatique. Il a imité la forma- tion de ce gaz en fondant du foufre au-deffiis du mercure fous une cloche pleine de gaz in** flammable, à l’aide des rayons du foleil raffirm- blés par une lentille de p pouces de diamètre; le foufre s’efl diflbus en partie dans le gaz in- flammable qui a pris tous les caradères du gaz hépatique ; mais comme le foufre feul ne dé- 42& E L ï M E N ® compofc point l’eau , 8c comme le principe oxigyne a plus d’affinité avec le gaz inflamma- ble aqueux qu’avec ce corps combuflible 9 M. Gengembre penfe que l’alkaii favorife cette dé- eompofîtion de l’eau par le foufre, en raifon de ia tendance qu’il a pour s’unir avec le pro- duit de la combinaifon du foufre avecToxigynei c’elb-à-dire, avec l’acide vitriolique ou fui fur eux» Pour appuyer cette théorie ÿ M. Gengembre obferve que les acides dégagent d’autant plus de gaz hépatique du foie de foufre , qu’ils ont plus de force pour retenir leur oxigyne ,. parce cju’alors l’eau eft plutôt décompofée que l’acide | telle eft fuivant lui la raifon pour laquelle l’aci- de marin donne moitié plus de gaz hépatique que l’acide nitreux , comme l’ont remarqué MM. Schéeîe 8c Sennebîer. Enfin le procédé de M. Schéele pour obtenir beaucoup de gaz. hépatique, qui confifte à diffbudre une pyrite dans de l’efprit de vitriol artificielle compofée de trois parties de fer 8c d’une partie de fou- fre, donne beaucoup de force à fon opinion» Il paroît donc que l’air vital décompofe le gaz hépatique en s’uni (Tant avec le gaz inflammable avec lequel il forme de l’eau, tandis que le foufre fe précipite. L’eau diffout aflfez bien le gaz hépatique | cette difTolution qui a tous les caraétères de ce b’Hïst. Nat. et ©e Chimie. 427 fluide aériforme, imite parfaitement les eaux mi- nérales fulfureufes. Les terres & les fubflances alkalines ne pa- roi ffent point avoir d’adion fur ee gaz. L’acide, vitriolique ne décompofe point le gaz , parce que le principe oxigyne a plus d’af- finité avec le foufre qu’avec le gaz inflamma- ble aqueux. L’acide nitreux dans lequel le prin- cipe oxigyne tient très-faiblement , décompofe avec beaucoup d’énergie le gaz hépatique 8c en précipite du foufre. On fe fert avec avantage -de cet acide pour démontrer la préfence du fou- ire dans les eaux hépatifées. Le foie de foufre alkalin décompofe les fek 'neutres terreux , ainfi que les diiïblutious mé- talliques , comme nous le verrons plus bas. L’alkali volatil cauflique , ou l’efprit alkafi Tolatil y n’a que très-peu d’acfion fur le foufre concret ; cependant Boerhaave allure que cette liqueur tenue long-tems fur des fleurs de foufre,, lui a donné une teinture d’or. Pour combiner ces deux corps , il faut les préfsnter en Conrad l’un à l’autre dans l’état de vapeur. A cet effet , on diflille un mélange de parties égales de chaux vive , de fel ammoniac 8c d’une demi- partie de fleurs de foufre, dans l’appareil de Woulfe, en obfervant de ne mettre dans labou^ teille que la quantité d’eau néceffaire pour daf~ Ë L S M I N à foudre la dofe du gaz alkalin que Fon doit obtenir. Dans cette diftillation qu’il faut con- duire avec ménagement, on obtient une liqueur d’un jaune rougeâtre, d’une odeur alkalinej, piquante & un peu hépatique ; en un mot , un véritable foie jde~feufre volatil qui a la pro- priété de répondre une fümée blanchâtre, lorf- qu’il a le cc\mta*HlST. NaïVET DE G Ht MIS. 43J fable; on les difpofoit fur deux files allez écar- tées, afin qu’on put aller & venir commodé- ment entr’elles ; on mettoit quelques livres d’eau dans chacun de ces vaiffeaux ; on y in- troduifoit par le col un pot de grès fur lequel 011 plaçoit une cuiller de fonte à long man- che, que l’on avoit fait rougir auparavant. G’efi dans cette dernière qu’on mettoit , à l’aide d’une autre cuiller de fer-blanc , un mélange de fou- fre & de nitre fait fuiyant les proportions défi- gnées ; on bouchoit auffi-tôt l’ouverture du ballon avec un morceau de bois. La chaleur de la cuiller enflammoit ces fubftances , le fou- fre étoit brûlé par l’air du nitre , 8c lorfque la combuffion avoit eu lieu, on retiroit le vaif- feau 8c on laiflfoit les vapeurs fe çondenfer. On faifoit la même opération fur chacun des bal- lons qui compofoient les deux rangées , de forte que l’ouvrier arrivé au premier ballon par lequel il avoit commencé, y trouvoit les va- peurs totalement condenféeâ , & pouvoit con- tinuer d’y brûler une nouvelle portion du mé- lange. Quand l’eau étoit a fiez chargée d’acide , on la retiroit 8c on la verfoit dans des cornues de verre placées fur des galères ; on en fépa- roit la portion aqueufe à l’aide de la diftilla- îion 9 8c l’on concentrait l’acide , jufqu’à ce qu’il pefât une once fept gros 8c demi , dans '{Tome lie E e ■ ÉLÉMENT une bouteille de la capacité d’une once d9eatt diftiliée ; telle étoit la manière de préparer l’huile de vitriol d’Angleterre. Ce procédé pour ob- tenir l’acide vitriolique entraîne beaucoup de frais à caufe du prix des ballons 8c de leur fragilité. On a imaginé depuis quelques années de faire briller le foufre fur des efpèces de grils de fer, placés dans de grandes chambres garnies de plomb fur toutes leurs parois ; l'acide vitriolique condenfé eh conduit par des gout- tières dans un réfer voir. On le concentre en- fuite par l’aétion du feu. Tel eh le procédé que Ton fuit dans la manu fa dure de Javelle près Paris , dont Fétabliffement ne peut qu’être fort utile aux arts. Il eh bon d’obferver que l’huile de vitriol obtenue par ce procédé , eh toujours unie à un peu de foufre & de tartre vitriolé ;; on y trouve anfii un peu d’alun & de vitriol de plomb ; mais ces fubhances y font en fi petite quantité , que leurs effets /ont ab- folument infenfibles dans la plupart des ufages auxquels on emploie cette matière faline ; d’ail- leurs on la purifie facilement pour les recher- ches délicates de la chimie 3 en la dihillant à ficcité. Si , au lieu de brûler le foufre à l’aide d’un huitième de nitre , on augmente la dofe de ce ' dernier jufqu’à partie égale , alors au lieu d’avoir NàTo et bë Chimie. 45^ l’acide vitriolique libre , on n’obtient que du Vitriol de potaife > formé par la combinaison de cet acide avec falkali fixe bafe du nitre. On donne au fel obtenu de cette manière le nom de fel polychrefte de Glafer : on le prépare en pro~ je ttant dans un creufet rougi, un mélange de nitre & de foufre à parties égales ; on dilfout le réfidü dans l’eau ; on fait évaporer cette eTilfolution jufqu’à pellicule ; ou la filtre & elle fournit par le refroidiffement des crifiaux de vé- ritable vitriol de potaife qu’on a défigné fous le nom particulier indiqué , parce que c’eft Gla- fer qui a fait connoître la préparation de ce fel, qui n’a rien de différent du tartre vitriolé ordinaire. Le mélange de foufre & de nitre avec du charbon , compofe une matière dont les terri- bles effets font dus à fa grande combufiibilité j c’efi la poudre à canon. Elle eft formée pour la plus grande partie de nitre , de beaucoup moins de charbon , & le foufre eil îa fubf- tance qui y entre en plus petite quantité. Cent livres de poudre à canon d’Efsône près Corbeil , contiennent foixante -quinze livres de nitre * neuf livres 8c demie de foufre , 8c quinze livres de charbon. On triture pendant dix à douze heures ce mélange dans des mortiers de bois avec des pilons de la même matière ; on Ee ij §3# Elément y ajouté peu à peu une très -petite quantité d’eau. Lorfque le mouvement a évaporé pref- que tout ce fluide , & que ia poudre mife fur une aflietté dé faïence , n’v laifle aucune trace d’humidité , on la porte au grainoir. Graïner îa poudre, c’efl: la faire palier par plufieurs cri- bles de peau qui font mus horifontalement 8c en ligne droite. Ces cribles ont des trous de différentes grandeurs jufqu’à celle qui forme les grains de la poudre à canon. On tamife en- fuite la poudre grainée pour en féparer îa pouf- Gère. On la porte au féchoir, hangard expofé au midi ? 8c recevant par un vitrage les rayoris du foleih La poudre à canon n’éprouve pas d’autres préparations. La poudre de chaflé efl: liflee , afin qu’elle ne faliffe pas les mains. Pour faire cette opération, on en remplit à demi un tonneau qui tourne fur lui- même à l’aide d’un axe carré qui le traverfe 8c qui efc lixê à une .roue que Peau fait mouvoir. Ce mouvement du tonneau excite des frottemens continuels qui ufent la fur-face des grains de poudre. On pafle au tamis cette poudre liflee 3 pour en féparer la pouflière : un crible par lequel on la pa fle une fécondé fois , en trie les grains 8c forme deux poudres de gro fleurs différentes , qui font éga- lement employées pour la chaffe. M. Baume a fait-, conjointement avec M. le chevalier b3Hïst. Nat, et de Chimie. $3 f iPArcy, un très-grand travail fur la manière de préparer la poudre , fur les forces refpeébves de ce compofé fait à différentes dofes de fes ingrédîens, 8l fur l’analyfe de cette fubüance,» Ces recherches ont procuré un grand nombre de connoi fiances , dont nous ne préfenterons ici que les plus importantes , 8c celles qui ont un rapport immédiat avec la théorie chimique» i°. On ne peut pas faire de bonne poudre fans foufre , ce qui avoit été propofé par quelques perfonnes; cette fubflance augmente fin gui 1ère- ment fa force. 20. Tous les charbons légers oa pefans , à Fexception de ceux des matières ani- males , font également bons pour cette corn- pofition. 30. Le charbon eff une des parties les plus utiles de la poudre, puifqu’un mélange de foufre 8c de nitre ne produit pas à beau- coup près les mêmes effets. 4°. La bonté de la poudre dépend entièrement du mélange exaél & de la trituration faite jtifqn’à ce que cette matière voltige autour du mortier par fon agi- tation. 5*°. La poudre a beaucoup plus d’effets quand elle n’eft que fimplement defféchce , que lorfqu-’eHe efi grâinée* L’humidité néceffaire pour que la poudre prenne la forme de grains * fait crifiallifer le nitre qui fe répare- des autres fubfiances ; au fil le retrouve-t-on: dans Knté- Beux des grains coupés 8c obfervés à la loupes, Eeii| 43# ' Elément 6°. La poudre liilee ou la poudre de chaffe^ eff moins forte que la poudre à canon non liffee9 parce que les molécules de la première font plus rapprochées, & conféquemment moins in- flammables. Quant à Panalyfe de la poudre, M. Baume y a réufîi d’une manière fort Ample. Son pro- cédé confifte à laver la poudre à canon bien pulvérifée avec de Peau diftilîée, à faire éva- porer cette eaiij on obtient le nitre par cette première opération. Le réfidu contient le char- bon & le foufre. La fublimation de ce dernier ne peut pas le féparer complètement , parce qu’il paroît être fixé en partie par le charbon. M. Baume a employé pour les féparer une légère chaleur fufceptibîe de brûler îe foufre 8c non le charbon. Cependant ce dernier re- tient toujours une petite quantité de foufre 9 puifque , d’après Pobfervation de ce chimifle* il répand une odeur fuîfureufe jufqu’à ce qu’il foit entièrement réduit en cendre. Il évalue le foufre , retenu par le charbon , à un vingt- quatrième de fon poids. On peut aufîi defou- frer la poudre , en Pexpofant toute entière 8c fans la laver à l’adion d’un feu doux; ce fait étoit connu de M. Robins, qui Pa annoncé dans fon traité d’artillerie écrit en anglois. Les bra- conniers font depuis long-tems dans l’ufage de b?Hî$t. Nat. it de Chimie. Befoufrer la poudre en Pexpofant fur les c en«* dres chaudes dans un plat d’étain. Ils font per- fuadés par l’ufage , que la poudre ainfi defou- frée chaffe la charge beaucoup plus loin, 8c altère moins les armes à feu. Les chimifles & les phyficiens ont eu diffé- rentes opinions fur les effets violens de la pou- dre à canon. Les uns les ont attribués à Peau réduite en vapeurs ; d’autres à Pair dilaté fu- bitement. M. Baumé a penfé qu’ils font dus à du foufre nitreux qui fe forme dans Pinflant de la combuflion. Pour nous , nous regardons ce phénomène comme très - facile à expliquer, d’après les connoiffances modernes. Pour bien entendre notre théorie, il efl: d’abord nécef- faire d’obferver que tout ce qui fe paffe dans l’inflammation de la pondre, dépend entière- ment de fa grande combuflibilité. Or, le foufre 8c le charbon extrêmement divifés, font deux corps éminemment inflammables. Le mélange intime qui influe tant fur la force de la pou- dre , d’après les belles expériences de M. Bau- mé , efl la feule caufe de fes effets. Le nitre fe trouve également partagé entre toutes les molécules de matières très-combuflibîes; comme il efl en beaucoup plus grande quantité qu’elles 9 chaque molécule de foufre 8c de charbon fe trouve entourée & comme recouverte d’un Ee iv / '44° Ê l êi e ns enduit de iiître ; chacune d’elle a donc beau»! coup plus d’air vital qu’il ne lui en faut pour brûler complètement , puifquîl eft démontré que le nître fournit beaucoup de ce fluide par l’adion de la chaleur. Il arrive dans cette com- buftiôn, ce qui arrive lorfqti’on plonge un corps combufiible dans un vafe rempli d’air vital. On fait que ce corps brûle avec fcintillatîon & en beaucoup moins detems qu’il ne le pourroit faire dans l’air atmofphérique ; on voit' donc que tout le foufre Sc tout le charbon doivent brûler dans un feulinffant, parce qu’ils font réellement plon- gés dans une atmofphère d’air vital. On conçoit d’après cela pourquoi l’inflammation de la pou- dre efl fi rapide ; pourquoi elle a lieu dans des vaifleaux fermés comme en plein air; & pour- quoi , lorfqu’on oppofe un qbflacle quelcon- que à un agent fi terrible , il produit des ex- ploitons & chafle cet obflacle avec tant de force. Les effets de ce mélange de nitre , de fou- fre Sc de charbon ne font rien en comparai- fon de ceux d’une autre préparation nommée poudre fulminante. Cette poudre fe fait avec trois onces de nitre , deux onces de fel fixe de tartre ou de tartre craieux bien fec 3 Sc une once de foufre en poudre. On triture le tout dans tïo mortier de marbre chaud avec un pilon d’Hîst. Nat. st de Chimie. 44# rde bois, jufquà ce que les trois matières foient bien exactement mêlées. Si on expofe un gros de cette poudre à un feu doux dans une cuil- ler de fer, elle fe fond, & bientôt elle produit une détonnation auffi forte qu’un coup de ca- non. Pour connoître la caufe de ce phénomène d’autant plus étonnant que la poudre fulminante n’a pas befoin pour le produire d’être enfer- mée & reflerrée comme la poudre à canon 3 il faut obferver , i°. qu’il n’a lieu qu’en chauf- fant lentement ce mélange , & lorfqu’il efl lia quéfié; 20. que fi on jette de la poudre ful- minante fur des charbons ardens elle ne fait que fufer comme le nitre , mais fans bruit | 3°. qu’un mélange de foie de foufre avec du ni- tre, fait à la dofe d’une partie du premier & de deux parties du fécond, fulmine plus rapide- ment, & avec tout autant de fracas que celui fait avec le foufre, le nitre & l’alkali. Il pa» roît donc que lorfqu’on chauffe la poudre ful- minante , il fe forme du foie de foufre avant que fa détonnation ait lieu. Ce feul fait expli- que le phénomène dont nous nous occupons. Lorfqu’on expofe du nitre criftallifé & du foie de foufre à Paélion de la chaleur , il fe dégage du gaz inflammable ou hépatique de ce der- nier 8c de l’air vital du fel. Or ces deux gaz capables de produire une détonnation vive ^ ^42 ËlImehs comme nous Pavons vu dans l’hifloire du gâzln~ ffammahle, font enflammés par une portion cîè foufre qui s’allume; mais comme ils éprou- vent un obflacle de la part d'un fluide épais qu’ils font obligés de traverfer ; & comme ils s’allument dans tous leurs points à la fois?, ik frappent Pair avec une telle rapidité dans leur eombuAion , que ce dernier leur ré file ainir que le font les parois des armes à la poudre à canon. Cette réfiflance efl prouvée par l’effet de la poudre fulminante fur la cuiller dans la- quelle on Pexpofe au feu; le fond de ce vai£- feau efl creufé , 8c les parois font repliées vers l’intérieur , comme s’il avoit éprouvé un effort de haut en bas * 8c de dehors en dedans*. Enfin , un dernier mélange de nitre 8c de foufre que nous devons confidérer, efl celui qu’on a appelé poudre de fufion. Il fe fait avec trois parties de nitre, une partie de foufre 8c une partie de fciure de bois. On met un peu de cette poudre dans une coquille de noix* avec une pièce de flx liards pliée ; on recou- vre cette pièce de la même poudre , & ony met le feu, elle s’allume rapidement 8c fond la pièce que l’on retrouve enfuite dans la co- quille , qui n’eft que noircie fans être brûlée» On a foin pour cela de la plonger dans l’eau des que la poudre a ceffé de brûler* Cette b9Hî$t. Nàt. et de Ghtmie. qqj expérience prouve en effet que cette poudre efl une matière très-fondante; mais comme elle efl due en grande partie à Paâion du foufre fur îe métal , nous reviendrons fur ce fait dans Phiftoire des matières métalliques. Les feîs neutres marins & Apathiques , les différentes efpèces de borax if ont aucune ac- tion fur le foufre. Nous avons vu que les fek craieux alkalins s’uni fToient avec cette fubflan- ce , & la rendoient diiToîuble dans l’eau , en formant les hépars alkalins non caufliques. Le gaz inflammable n’agit pas d’une manière marquée fur îe foufre. Il eft important d’obfer- ver qu’il étoit bien naturel autrefois de trouver entre ces deux corps une très-grande analo- gie ; en effet , l’acide vitrioîique fournit dans fa combinaifon avec les matières combuflibles5 du gaz inflammable , lorfqu’il efl étendu d’eau 9 & du foufre, lorfqu’il efl: concentré. Dans tous les lieux où il fe produit du gaz inflam- mable y comme dans les matières animales qui fe pourriffent en grandes maffes , il fe forme atiffi du foufre. Ce dernier , combiné avec les fubflances alkalines, paroiffoit s’altérer & paL fer à l’état de gaz inflammable ou hépatique,. Enfin , le gaz inflammable agit lui-même fur un gr^nd nombre de corps à-peu-près comme Je fait le foufre» On auroit donc pu croire qu'il f 44 Elément y avoit une forte d’identité entre ces deux corp£ combuflibles , fi l’on n’avoit pas démontré au- jourd’hui que le gaz inflammable eh prefque toujours un produit de la décompofrdon de Peau, & que le foufre n’entre pour rien dans fa formation « Le foufre efl fufceptible de fe combiner à beaucoup d’autres fub fiances; mais comme nous ne connoiiïons pas encore ces fub fiances, nous ne parlerons de leur union avec ce minéral s que lorfque nous traiterons de leurs propriétés» Le foufre efl un excellent médicament dans les maladies pituiteufes des poumons, 8c fur- tout dans les maladies de la peau. On l’emploie avec grand fuccès dans î’aflhme humide , les éruptions galleufes, dartreufes, &c. On l’ad- miniflre ou fous la forme de fleurs de foufre, ou en tablettes préparées avec le fucre. On en fait avec les grailles, un onguent dont on frotte les parties couvertes de gade. On a propofé les foies de foufre pour les obffru&ions , les engourdiffemens , les paralyfies, les maladies de la peau. Sec . Quoique quelques médecins aient cm que le foufre ne fe difîout point dans les humeurs animales, il efl cependant certain qu’il pénètre jufqu’aux extrémités vafculairès les plus fines , puifque chez les perfonnes qui en font nfage^ la tranfpiration 3 les urines & les syl-ïisT. Nat. et de Chimie. 445* crachats , en font manifeftement imprégnés. Le gaz hépatique difïoas dans les eaux minérales 9 comme celle de Cauterez , d’Aix-la-Chapelle,, de Barèges , d’Enghien , & c. leur communique des propriétés incifives 8c très-recommandables dans les maladies de la peau , des poumons 3 des articulations , dans les paralyfies , & c. Le foufre n’eü pas moins utile dans les arts * € ’efl un des ingrédiens les plus nécelTaires de la poudre à canon 8c de l’artifice : il fert à pren- dre des empreintes très- belles de pierres gra- vées ; on en fait des mèches combuRibles ; on Fempîoie pour blanchir les foies 8c pour dé- truire certaines couleurs, pour arrêter la fer- mentation des vins 5 8cc, On l’a propofé pous fceller le fer dans les pierres, 8c c. CHAPITRE V. Genre IV. Plombagine. La plombagine n’efï connue comme une matière combuftibie particulière 8c différente de la molybdène , que depuis les expériences de M. Çchéele publiées dans les Mémoires de l’académie de Stockolm , troifième trimeffre 177p. Avant ce célèbre chimiüe on la cou- r4$S Ë L É M fi N S fondoit avec la molybdène. Port efi ün de& premiers qui ait prouvé que Pune & Pautre de ces fubfiances confondues par Pline & Biofco* ride avec les mines de plomb, ne contient point de ce métal. Les noms multipliés que la molybdène 8c, la plombagine avoient reçus des différens au- teurs étôient encore très-propres à augmenter ou au moins à perpétuer ces erreurs. On les ïiommoit Pune Sc Pautre , 8c indiftindement 9 mine de plomb 5 crayon d’Angleterre > plomb de mer , cérufe noire, mica des peintres, crayon de plomb , faufîe galène , talc -blende, potelot. Ce dernier nom a été adopté par M. Bauben- ton pour défigner la molybdène 8c la diflinguer de la plombagine qu’il appelle crayon noir. La plombagine exifte dans les montagnes & fouvent entre des lits de quartz , de feld-fpath 9 d’argile ou de terre calcaire , fous la forme de morceaux arrondis , irréguliers , ou de rognons de différentes groffeurs, dont les plus volu- mineux pèfent depuis huit jufqu’à dix à onze livres ; il y en a auffi de difïéminés en fragmens beaucoup plus petits 8c quelquefois même en couches ou lits. Les habitans de Bleoux , ha- meau fitué près de Curban , dans la haute Pro- vence, exploitent de la plombagine qui fe trouve en couches de quatre pieds d’épaiiretir3 \ b’Hist. Nat. et de Chimie, 447» entre deux lits d’argile ; cette matière fe vend à Marfeille. M. de la Peiroùfe compte la plom- bagine dans les minéraux des Pyrénées • on en trouve en Efpagne & en Allemagne ; il y eii a une mine fort abondante dans le duché de Cumberland en Angleterre ; on en fabrique des crayons fort e (limés. L’Amérique fep te union ale Sc le Cap de Bonne Efpérance en fourniflent auffi quelques échantillons. La plombagine eft luifante & d’un bleu noi- câtre -, elle eft grade au toucher. & préfente une caflure tuberculeufe, tandis que la molyb- dène a une cafture lamelleufe ; fa qualité 011c- tueufe Sc favoneufe l’avoit fait regarder comme une efpèce d’argile impure par quelques natu- raliftes. Elle tache les mains Sc laide fur le pa- pier une trace noirâtre que tout le monde connoit dans le crayon noir. La plombagine n’éprouve aucune altération par la chaleur dans des vaifteaux fermés. M* Pelletier qui a fait des recherches fur cette fubftance , après M. Schéele , Sc qui n’a ob- tenu aucun réfuîtat différent , en a expofé 200 grains dans un creufet de porcelaine bien bou- ché au feu de la manufaélure de Sèves ; elle n’a perdu que 10 grains. Mais lorfqu’on la chauffe avec le conta *HrsT. Nat* bt bk Ciïïmïë. L’acide vitriolique n’a aucuné adion fur la plombagine fuivant Schéele. M. Pelletier a ob« fervé que iqo grains de plombagine & 4, onces d’huile de vitriol digérés à frpid pendant plu* heurs mois , ont donné à Cet acide une cou* leur verte , 8c la propriété de fe congeler à un très-léger degré de froid. Difiilié fur la plom- bagine , cet acide paffe . à l’état fulfureux, en brûlant une partie de cette fubüance. L’acide nitreux ne l’altère en aucune manière* L’acide marin en diflbut l’argile & le fer , 8c fert à la purifier fuivant M. Berthelet. M. Pel- letier a employé le même procédé pour avéÎE de la plombagine pure. Quant à l’argile que l’acide marin enlève à la plombagine, M» Schéele remarque que celle qu’il en a féparée dans fon anaîyfe appartenoit au creufet dans lequel [il l’avoit traitée auparavant. La plombagine fondue avec quatre parties de vitriol de potaffe & de vitriol de fonde donne du foie de foufre, & efl entièrement décora- pofée. Le nitre détonne à l’aide de cette fubflancej il faut dix parties ce fel pour en brûler com- plètement une partie. L’alkali fixe qui refie après cette opération fait une vive effervefcence avec les acides, 8c fe trouve mêlé d’une petite quan* tité d’ochre martiale* Le même effet a lieu ayeq Tome 1I% F f ÿj'âh Ê L S M fi N B le nître rliomboïdalj Sc avec le nître ârnmo^ niaeàl M. Pelletier a obfervé que dans cette dernière opération l’alkali volatil fe dégage combiné avec une portion d’acide craieux. La plombagine n’agit point fur le muriate de potaffe ni fur le muriate de foude Quand on la difliile avec le feî ammoniac 9 elle donne des fleurs ammoniacales martiales. Chauffée avec du foufre dans une cornue , le ibufre fe fublime feul Sc fans altérer en au- cune manière la plombagine. Tous ces faits prouvent que la plombagine efl une matière combuflible particulière; mais quant à la théorie de M. Schéele qui la regarde comme une cotnbinaifon d’acide craieux 8c de phlogiflique , elle ne peut pas être regardée comme démontrée , i°. parce que ce chimille n’a point reconnu exactement la quantité de cet acide qu’il en a obtenu ; 2°. parce qu’il n’a pas pu faire artificiellement de la plombagine en combinant de l’acide craieux avec une matière combuflible. D’ailleurs, les deux fubflances avec lefquelles M. Schéele a changé la plombagine en acide craieux, paroiffent opérer ce chan- gement en fourniffant de l’air vital qui- fe com- bine avec la matière inflammable de cette fubftance , Sc qui donne naiffance à cet acide par la fixation du principe oxigyné ; car telle îffîïsu NlTi fcl? SB tÎHÏMIB» tîi: la manière dont Pacide nitreux convertit te lungftène , Parfenic & le fucre en acides. Quant à Palkali fixe tauftiquê qui change auffî la plom* bagine en acide craieux , il paroît que e’eâ en raifon de Peau que cet alkali contient toujours^ 8c qui brûle la matière combuftible comme le Fait le fer 8c le zinc; cette opinion eff co m firtnée par le gaz inflammable que Pon obtient pendant Pa&ion réciproque de Palkali 8c de la plombagine. On pourroit la confirmer encore davantage en faifant pafTer de Peau en va« peurs à travers la plombagine rougie dans un canal de cuivre , comme on le fait pour le fer Sc pour le zinc ; quoique cette expérience n’ait point encore été faite, je crois pouvoir avan- cer que tome la plombagine fera détruite 8c convertie en acide craieux ? 8c que le produit de cette opération fera du gaz inflammable mêlé d’une grande quantité d’acide craieux formé par la combinaifon du principe oxigyne de Peau avec la plombagine. Il paroîtroit donc naturel d’en conclure que Pacide craieux eft un com- pofé de plombagine 8c de principe oxigyne; mais comme nous favons par beaucoup d’au- tres expériences que Pon forme très-abondam- ment cet acide en combinant le charbon avec Pair pür , il en réfulte qu’il y a une analogie très-marquée entre le charbon 8c la plombagine j ImienI quelques traits rafîemblés ici fur les propriétés! du charbon comparées à celles de la plomba^ gine , démontreront cette analogie. Le charbon de plufieurs matières végétales eft brillant & a un afpeét métallique comme la plombagine ; il tache les mains 8c lai lie des traces fur le papier comme cette matière, 8c fou tilfu eft grenu 8c caffant comme le fien. Les charbons les plus brillans , comme ceux de quelques fubÜances animales , font aulîi dif- ficiles à brûler que la plombagine , qui de- mande beaucoup d’agitation , une grande cha- leur , 8c un conta# de Pair très -multiplié pourfe confirmer ; on trouve du fer dans l’un 8c dans l’autre ; enfin , ces deux fubfiances font fufcep-: tibies de fe changer en acide craieux par la combufiion ; n’efi-il pas permis de regarder d’après cela la plombagine comme du charbon formé dans l’intérieur du globe , ou enfoui dans la terre? Ne pourroit-on pas même penfer que cette matière fe forme par la combinaifon de quelques principes minéraux, quoique prefque tous les chimifies aient penfé qu’il n’y avok que les matières organiques qui pouvoient fe convertir en charbon. Toutes ces idées ne fe- ront confirmées ou détruites que par une étude fuivie de l’état de la plombagine dans la na.~ aire, des circonfiances de fa formation 5 des alté- ration^ qu’elle y éprouve. î>’Hïst. Nat. et dë Chimie, La plombagine eft d’un ufage allez. étende* On en fait des crayons; les plus eflimés vien- nent d’Angleterre. C’efl à Refwick dans le du- ché de Cumberland qu’on tire celle qui efl employée pour faire les crayons. On fcie les rognons de plombagine en petites tablettes minces , on les ajufle dans des cylindres de bois garnis de rainures , & on les coupe de manière que la cavité de ces cylindres foit remplie® La pouffière produite par le fciage & la cou- pure des tablettes de plombagine fert à faire des crayons de qualité inférieure , 8c tels qu’on en débite beaucoup à Paris ; on la mêle avec une pâte de gomme , ou bien on la fond avec du foufre ; on reconnoît ces faux crayons d’An- gleterre, foit parce qu’ils fe fondent 8c brû- lent à la flamme d’une bougie, foit parce qu’ils fe féparent en fragmens 8c tombent même en poudre en les laiflant tremper dans l’eau. La plombagine d’Allemagne efl auffi employée pour faire des crayons ; on y ajoute différons corps étrangers , comme du charbon , du foufre , 8c c. En Angleterre la pouffière très-fine de plom- bagine fert à enduire les rouages de quelques înftrumens , 8c elle facilite leurs mouvemens par fa qualité graffe 8c ondueule. Un des principaux ufages de la plombagines de feryir d’enduit au fer qu’on veut dé* E f iï| 45*4 Ë l iM-E N 5 fendre de la rouille ; les tuyaux de poêle, les plaques de cheminée St autres ultenfiles ex- pofés à Faétion du feu St de Pair font recou- verts de plombagine en pouiïïère , que Fort applique à leur fin* face par le -fim-pte frottement avec un pinceau. Homberg a décrit en 1 69$ un procédé pour donner la couleur plombée aux ultenfiles de fer. Il confifte à mêler à & livres d’axonge fondue avec 4 onces de cam- phre, une' quantité fuffifante de plombagine * St à enduire de cette compofîtion, le fer chauffé jufqu’à ce qu’on ait de la peine à le tenir * on a foin d’effuyer les ultenfiles de fer avec un linge , après les avoir recouverts de cette efpèce de vernis. Les ouvriers qui fabriquent le plomb de chaffe, Fadouciffent St noirciffent en même*» tems fa furface en le roulant dans de la plom- bagine en poudre. Elle fait auffi partie de la compafiticm que Fan applique fur les cuirs à repaffer les rafoirs. Enfin, elle entre dans la fabrication de quelques poteries noires d’An- gleterre, & dans celle des creufets que JPon fait à Paffaw en Saxe. M. Pelletier qui a bien décrit les divers tria- ges de la plombagine * s’eft fervi avec avan«* tage d’un lut qu’il a préparé d’après Pott » avec une partie de plombagine * trois d’argifë b*Hîst» Nat. et de Chimie. Jfjfrp Ordinaire , & mi peu de bouze de vache cou* pée très-menue ; ce lut foutient très-bien les cornues de verre qui fe fondent quelquefois fans qu’il ait changé de forme. CHAPITRE VL Genre V. Substances métallique® ... EN GÉNÉRAL . L/es fubflances métalliques forment un ordre de corps très-importans & très-utiles dans les différens ufages de la vie, dans la chimie & dans la médecine. Elles diffèrent efïentiellement des matières terreufes 8c des matières falines par leurs caractères phyfîques 8c par leurs proprié- tés chimiques. Avant de paffer à l’examen de chacune de ces fublianees en particulier , il eft néceiïaire de les confidérer en général. Four le faire avec ordre, nous traiterons dans plufieurs paragra- phes , iQ. de leurs propriétés phyfiques ; 2°. de leur hifloire naturelle j 30. de fart d’en recon- noitre la nature & la quantité , ou delà docima- fie ; 40. de celui de les travailler en grand , ou delà métallurgie j y0, de leurs propriétés chi=» iniques £ 6% de la manière de les diftingtter ïï:îw' Ê Lé I E N S1- les unes des autres , 8ç des divisons qu9îî efl e {Ternie! d’établir entr’elles, §. I. Des propriétés- phyfiques des fubflances métalliques- \ Les fubflances- métalliques ont une opacité âbfolue; cette opacité, efl beaucoup plus grande que celle des matières pierreufes , car la pierre la plus opaque étant en lames très- minces, m une forte de tranfparence ; au lieu que la lame îa plus fine d’un métal quelconque efï parfai- tement opaque & tout autant qu’une grande ni a (Te du même métal. L’opacité des fublîan- ees métalliques les rend très-propres à réfléchir [es rayons de la lumière , 8c aucun corps ne pofc sède cette propriété dans un degré aufli mar- qué que ces fubflances ; c’efl ainfî que les mi- roirs de glace ne réfléchîffent les objets que parce qu’ils font enduits d’une feuille de métal • cette propriété particulière aux métaux confli- tue Féclat ou le brillant métallique , qualité qui efl toujours en raifon compofée de la denfîté ou de la dureté du métal qui lui permet de prendre un poli très-vif, 8c de fa couleur. Les fubflances métalliques blanches réfléchïiïent plus de rayons , 8c font plus brillantes que celles qui font colorées» d9Hist. Nat. et de Chimie. 45^7 Les fubfîances métalliques ont une pefanteur fpécifique bien plus conlidérabîe que les autres corps minéraux; un pied cube de marbre né pèfe que deux cens cinquante-deux livres ; un pied cube d’étain, qui ed le plus léger des métaux , pèfe cinq cens feize livres ; & un pied cube d’or pèfe treize cens vingt-fix livres. Cette pefanteur, beaucoup au-delîus de celle des matières terreufes, dépend fans doute de la grande denfité des fubdances métalliques , à la- quelle elles doivent encore leur opacité parfaite < 8c leur brillant. La plus grande partie des fubflances métal- liques ed fufceptîble de s’étendre à l’aide d’une perculîion répétée , ou d’une forte prefîion. Cette propriété , qui ed particulière à ces fubflances* Sc que nous n’avons pas eu encore occafion d’obferver dans aucune des matières que nous avons examinées , porte le nom de duélilité. Nous penfons qu’on doit en diflinguer deux efpèces; l’une qu’on appelle duélilité fous le marteau ou malléabilité , fe reconnoît à ce que les métaux qui en j ouille nt peuvent s’éten- dre en lames minces fans fe calïèr : le plomb Sc l’étain nous fourmlfent un exemple de cette forte de duélilité. L’autre confille dans l’allon- gement fuccelîif & prefque extrême de certaines patières métalliques a de forte qu’elles forment E L 1 M I N i un fil plus ou moins fin : c’eff la duéfilké à fa filière, telle qu’on peut fobferver dans le fer» le cuivre , For. On lui a aufii donné le nom de ténacité. Il eff d’autant plus important de bien diflinguer ces deux fortes de duélffité* qu’elles fembîent être réellement très-différentes Fane de l’autre 9 puifque les fubffances métal- liques qui font très-malléables , ont fouvent très-peu de ténacité, & que celles qui font très-dudiles à la filière ne font que peu mal- léables. On exprime la ténacité des métaux: d’une manière fort exacte , en défignant la quan- tité de poids qu’un fil métallique d’un diamètre connu , peut foutenir fans fe rompre. L’une 8c l’autre de ces propriétés paroît dépendre d une forme particulière des parties intégrantes de chaque métal. Il fernble que les métaux qui s’étendent en plaques minces par la perçu (ïïon* foient formés de petites lames qui , îorfqu’elîes font comprimées , gliffent les unes à coté des autres , 8c augmentent en largeur à mefure qu’elles perdent de leur épaiffeur ; tandis que ceux qùl peuvent fe filer offrent une forte de tîffii fibreux , dont les filamens difpofés par paquets fe rapprochent 8c s’allongent à Fai de; de la forte preffion qu’on leur fait éprouver dans la filière. La duélilité des métaux a des bornes* Oî| I Nat* et de Chimie, ijyjr ©bferve que lorfqu’un métal même très-clu&ile a reçu plufieurs coups de marteau, il durcit & fe déchire au lieu de s’étendre ; cette propriété fe nomme écwuijjement, Lorfqu’on chauffe len- tement & avec précaution un métal écroui , ii devient plus duétile , 8c il peut être frappé fans fe brifer. Il paroît que les parties ne s’étendent fous le marteau qu’alitant qu’elles trouvent entr’eiles un efpace qu’elles, peuvent remplira mefure qu’elles fuyent la preffion : on conçoit aifçment que ces parties étant une fois affes rapprochées par la percuffion , pour ne laiffer entr’elles que peu d’intervalle , elles ne pourront plus fuir fous le marteau , 8c que dans ce cas, le métal fe déchirera. La chaleur en le dilatant çn écarte les parties, 8c produit entr’elles de nouveaux efpaces qui leur permettent de fe rapprocher de nouveau à l’aide des percuflions réitérées. Comme la duélilité ne fe rencontre que dans certaines fubftances métalliques, les chimiftes 8c les naturalises fe font fervis de i’abfence 8c de la préfence de cette propriété pour diftin- guer ces fubflances entr’elles. Ils ont appelé métaux , celles qui réunifient la duélilité à l’opa- cité, à la pefanteur 8c au brillant métallique | & demfsmétaux r celles qui , avec l’apparence métallique t ne font point ductiles. Mais cette l’tfo Elèmens diflindion, quoiqu’affez exade, ne fuffit cepen-* dantpas pour féparer en deux cîaffes toutes les matières métalliques , parce que depuis la duc- tilité extrême de Por jufqu’à la finguîière fragi- lité de Parfenic , on ne trouve que des degrés înfénlibles dans cette propriété , 8c parce qu’il y a peut-être plus loin pour la dudilité de Por au plomb qui eft regardé comme un métal, qu’il n'y a du plomb au zinc qu’on range parmi les demi-métaux , & du zinc à Parfenic , la na- ture paffant, à ce qu’il paroît, par nuances in- fenfibles d’un corps à l’autre. Les métaux confîdérés relativement au degré de leur dudilité , doivent être rangés dans l’or- dre fuivant. L’or efi le plus malléable de tous; enfuite viennent l’argent , le cuivre, le fer5 Pétain 8c le plomb. Les demi-métaux ont été regardés comme n’en ayant aucune. Nous ver- rons cependant que cette propriété exifle juf- qu’à un certain degré dans le zinc 8c dans le mercure. Quant à la ténacité , Por efl celui qui en a le plus : on place à la fuite le fer , le cui- vre , l’argent , Pétain 8c le plomb ; celle de la platine n’ed pas bien connue. Les fubüances métalliques font fufceptibîes de prendre une forme régulière , foît par le travail de la nature, foit parles efforts de Part® Les naturalises connoiffoiént 5 depuis long- è ■■■ . v r '• ïÆist. Nat. et de Chimie. $6% lems , cette propriété que la nature leur avoir offerte dans le bifmuth natif, l’argent vierge* 8c quelques autres métaux. Les alchimiftes même avoient obfervé foigneufement les figu- res ramifiées ou étoilées qui fe forment à Sa furface du régule d’antimoine & du bifmuth. M. Baume a annoncé dans fa chimie expéri- mentale & raifonnée, que les matières métal- liques qui ont été bien fondues , prennent , pac un refroidiffement lent , un arrangement fym- métrique 8c régulier , &c. M. l’abbé Mongez , chanoine régulier de fainte Geneviève , a fak un travail fuivi fur la criliallifation de toutes les matières métalliques. M. Brongniart , démonflra- teur de chimie au jardin du roi , s’efï auffi oc- cupé de cet objet, 8c beaucoup de chi miAes ont répété leurs procédés. Il en réfulte que tous les métaux peuvent criftallifer , Sc que, quoique plufieurs d’entr’eux aient une criiial- jifation en apparence différente , le plus grand nombre préfente cependant la même forme oétaèdre avec quelques modifications. Quelques matières métalliques ont de la fa- veur 8c de l’odeur, comme le régule d’arfenic t le régule d’antimoine, le plomb , le cuivre, le fer. Ces propriétés fe rencontrent cônflamment dans toutes celles qui font les plus altérables. Elles y font même quelquefois dans un degré ÿfë Ê h S tâ È S I fi marqué, que ces matières font fufcèptïbîfeé de corroder & de détruire entièrement les ox$ ganes des animaux. §. IL Hiftoire naturelle des JuhJlances métalliques. Les fubflances métalliques exigent dans Pin*» teneur de la terre dans quatre états differens % le premier eil celui de métal vierge ou natif 9 c’eft- à-dire , pourvu de toutes fes propriétés | c’elt ainfî que fe trouvent toujours l’or, fouvent l’argent, le cuivre, le mercure, le bifmuth* l’arfenic, rarement le fer, plus rarement encore le plomb, le zinc, le régule d’antimoine, &c9 Le deuxième état où fe rencontrent les fubf- tances métalliques eft celui de terre ou de chaux ; c eft-à-dire , n’ayant pas l’afped métal- Bque , mais plutôt une forte de reffemblance avec les ochres ou les matières pierreufes ap«* pelées fpaths. Aufïi nomme-t-on ces fortes de minéraux , métaux fpathiques. On trouve fou- vent le cuivre dans l’état de chaux verte ou bleue, quelquefois criftallifée régulièrement; le fer dans l’état de rouille ou de fpath blanc ou coloré , quelquefois criflallifé ; le plomb dans l’état de chaux criÜallifée , ou de fpath blanc* rouge ou vert ; l’étain auffi quelquefois ; le zinc ©’ttîSï^îîÀt* ét dê Chimie- Sans Pétât de calamine ; le cobalt en fleurs rou« ges; Parfënic en chaux blanche, &c. Le troifième état naturel des métaux & celui qui eft le plus commun. Conflit ne les mines Ou mînérais. La fubftance métallique s5y trouve Combinée avec une matière combuftible qui lui enlève fes propriétés métalliques s 8c elle ne peut les recouvrer que lorfqu’elle en efl féparée. Cette matière que l’on nomme le minéral! fa- leur, efl ou du foufre , ou un autre métal. Quelques chimifles alTurent même que le fou- fre efl le minéralifatèur le plus commun. Ï1 efl Uni à l’argent dans la mine d’argent vitreufej celles du cuivre contiennent prefque toujours une très-grande quantité de foufre ; le fer efl combiné avec ce minéral dans la pyrite mar- tiale , le plomb dans la galène , le mercure dans le cinnabre , le zinc dans la blende , le régule dans l’antimoine; enfin, on trouve queL quefois le bifmuth uni au foufre , 8c fouvent l’arfenic. Il eft bon d’obferver que les métaux n’ont pas tous la même affinité avec le foufre. Il en efl qui en contiennent beaucoup 8c qui le per- dent âifément; leur éclat métallique en paroît peu altéré ; tels font le cuivre , le plomb , le ré- gule ; d’autres en contiennent très-peu , mais ce foufre leur eft très-adhérent , 8c quoiqu’il fait £#£ È L ï M fi » j en petite quantité, il fait difparoître prefqnd toutes les qualités métalliques ; c’eft ce qu’oiï obferve à l’égard du cinabre. Les métaux peuvent fe trouver alliés avec d’autres métaux , mais c’ell particulièrement Parfenic qui les minéralife. On trouve le fer3 Pétain , le cobalt , fouvent uni à Parfenic ; quel- quefois le métal eft uni en même-tems à Par- fenic & au foufre , comme dans la mine d’an- timoine rouge , dans l’argent rouge : enfin , il y a des mines métalliques compofées de plu- üeurs métaux 8c de plufieurs fubftances miné- ralifantes , ainfi que la mine de cuivre grife * la mine d’argent grife , 8c quelques autres. Le quatrième état que les métaux préfen* tent dans l’intérieur de la terre , eft leur com- binaifon avec des fubftances falines , 8c pre£* que toujours avec des acides. L’acide vitrio- lique eft celui qui s’y trouve combiné le plus fréquemment ; tels font le zinc , le plomb , le cuivre, le fer; l’acide craieux eft auffi un des minéralifateurs les plus communs des métaux ; les acides arfer.ical 8c phofphorique y ont aufti été démontrés depuis quelques années. Les fubftances métalliques font bien moins abondantes dans le globe terreftre que les ma-» îières pierreufes. Elles forment dans les monta* gnes g des veines ou filons qui coupent plus ou moins d^Hist. Nat. et de Chimie; 4 65 moins obliquement les couches de terres & de pierres 5 c’efl l’état le plus ordinaire des métaux: minéralifés. Ceux qui font dans l’état de chaux ou de fels fe trouvent fouvënt par mafies que l’eau a tranfportées 8c quelquefois criftallifées ; on rencontre auffi plufieurs mines métalliques en tas informes : elles doivent alors leur for- mation à quelques accidens particuliers. Les filons métalliques font accompagnés de matières pierreufes qui femblent avoir été for- mées en même-tems qu’eux. Ces pierres font ordinairement du quartz & dufpath, elles for- ment deux couches ; l’une fur laquelle pofe la mine , fe nomme lit ou fol ; l’autre qui la re- couvre eft le toit. Ces pierres condiment ce qu’on appelle la gangue ou matrice de la mine, qui ne doit pas être confondue avec le miné- raliîateur ; car celui-ci eft combiné avec le mé- tal , de manière qu’il ne peut en être féparé que par des procédés chimiques , tandis que la gangue peut en être féparée par des moyens mécaniques ; il ne faut pas non-plus confondre la gangue qui eft formée de pierres criftallifées, avec la roche qui forme la malle des monta- gnes dans lefqueiles fe trouvent les filons mé- talliques. Ces derniers fe divifent en riches ou pauvres , en filons capitaux ou veinules , en filons de vrai cours qui fe continuent dans la Tome II, G g %66 E L ë M E N S même direflîon , ou filons rébelles qui fe dé- tournent & font interrompus dans leur con- tinuité* Les fubfiances métalliques paroifTent toutes devoir leur formation à l’eau; en effet, la plu- part fe trouvent crifiailifées ou mêlées à des fubfiances que le feu n’auroit pas manqué d’al- térer, comme les pierres calcaires &le foufre ; & l’on rencontre parmi elles des corps qui ont confervé forganifation végétale ou animale , organifation que le feu n’auroit pas refpe&ée; il y a peut-être quelques mines métalliques qui ont été formées par le feu ; telle paroît ëtm la mine de fer fpéculaire du mont d’Or en Au- vergne ; mais ces cas font rares. Les mines fé trouvent plus communément dans les montagnes que dans les plaines , 8c prefque toujours dans celles qui forment des chaînes continues. On obferve que les plantes qui croiffent à la fur face des montagnes qui renferment ces matières , font arides ; les ar- bres y font tortueux , 8c ont un mauvais port; la neige y fond prefqu’auffi-tôt qu’elle y tom- be , les fables offrent fouvent des couleurs mé- talliques. On trouve dans le voifinage des four- ces d’eaux minérales métalliques; l’examen de ces eaux 8c des fables qu’elles charient , four- niffent de très-bons indices de la préfence de^ d?Hist. Nat, et de Chimse. 467 matières métalliques qui les avoïfinent. Lorf- qu’on voit paroître à la furface de la terre quel- ques veines métalliques , ces indices doivent fuffire pour faire fonder le terreioj la fonde rapportant les fubftances qui compofent l’in- térieur de la montagne avec la matière miné*» raie métallique, fert à faire connokre quelle efi la nature de cette fubflance , & la réfiftance qu’on doit attendre du terrein0 §. III. De Pan d'ejj'ayer les mines s ou de la DOCIMASIE . Lorfqu’on a retiré une certaine quantité de mine , il convient d’en faire l’elTai pour en con- noître, exaétement la nature & le produit. Ces eflais forment une des parties les plus impor- tantes de la chimie , à laquelle on a donné le nom de docimafie. Ils doivent être variés fuivant la nature de chaque mine; cependant il efl certains procédés généraux qu’il convient .de fuivre dans tous les eflais. On prend des échantillons de mine qu’on choifit parmi les plus riches, les plus pauvres, 8c ceux d’une richeiïe moyenne , cette opéra- tion s’appelle lotir les mines; le lotiffage eft îndifpén fable , parce que .fi on ne tentoit que l’effai d’un échantillon riche , on feroit conce^ Ggij E L à M E N S voir des efpérances trop flatteufes; fi on eflayoîf des échantillons très-pauvres , on pourroit tom- ber dans le découragement. Les mines étant loties , il faut les piler exadement , & enfuite les laver à grande eau. Ce fluide emporte la gangue réduite en poudre; le minerai , comme plus pefant, relie au fond du vafe où fe fait îe lavage. La mine lavée doit être enfuite gril- lée avec foin pour enlever par la fublimation la plus grande quantité poflible de leur miné- ralifateur; on doit faire le grillage dans une petite écuelie de terre , couverte d’un vaif- feau femblable. Cette précaution efl néceiïaire, pàrce que certaines mines pétillent au feu & fautent hors de la cap fuie dans laquelle on les grille ; cet accident efl capable de rendre le réfultat incertain. Comme ce grillage fait en plein air 3 laiiïe ordinairement le métal dans Tétât de chaux , & peut même en faire perdre une partie fl îe métal que l’on eflaie efl vola-» iil ^ nous préférons de griller les mines dans une cornue de grès. Cette opération a l'avan- tage de faire connoître la nature 8c la quantité du minéralifateur, & de donner une anaîyfe beaucoup plus exade du minéral dont on fait Peiïai. Lorfque la mine a été tenue rouge pen- dant quelque tems, 8c qu’il ne s5en exhale au- cune vapeur, le grillage dl fini» Gomme 4 62 b’Hist. Nat. et de Chimie. 4.69 a pefé la mine avant & après le lavage pour déterminer la quantité de gangue qu’elle con» tenoit , on la* pèfe de nouveau après le gril- lage , pour favoir combien elle a perdu par cette opération. La mine grillée doit être fondue ; à cet effet on la mêle avec trois parties de flux noir 8c un peu de fel marin décrépité , on la met dans un creufet fermé de fon couvercle, on place ce creufet dans un bon fourneau de fufion. L’alkali du flux noir fond le métal , & abforbe la portion de minéralifateur qui refie dans la mine. Le charbon du tartre qui fe trouve dans le flux noir , fert à réduire la partie calcinée du métal ; le fel marin empêche que le mélange ne fouffre de déperdition pendant la fufion5 parce que ce fel étant plus léger que les autres matières , occupe toujours la partie fupérieure du creufet , recouvre le mélange 8c fupporte feul le déchet. La fufion étant achevée, il faut l'aider refroi- dir très 'lentement le creufet ; on s’apperçoitque la matière a été bien fondue , lorfque le métal efi raffembîé en un feul culot convexe à fa fu- perficie , qu’il ne fe trouve aucun grain dans les fcories , 8c que ces fcories elles-mêmes font en une maffe vitreufe, compacte 8c uniforme, cou- verte d’une couche de fel marin fondu. On Ggüj 470 Ë L É M E NS pèfe exactement le culot métallique , 8c on coeh noît en quelle proportion le métal fe trouve dans la mine que l’on a eflayée. Il eff des mines qui font plus dures 8c plus léfradaires ; alors on ajoute des fondans plus affifs & en plus grande quantité, comme le borax, le verre pilé, les alkalis fixes, &c. II arrive fouvent que le même minerai contient des métaux parfaits avec des métaux imparfaits ; on les fépare en chauffant avec le contaâ de Fair le culot métallique. Le métal imparfait fe calcine 8c fe diffipe , le métal parfait refie pur; cette opération fe nomme en général affi- nage. Le métal parfait qu’on obtient par ce pro- cédé efi prefque toujours un mélange d’or 8c d’argent. On fépare ces deux métaux par le moyen d’un diffolvant qui s’empare de l’argent & laiiïe For intaéfc ; cette opération fe nomme départ . Les réfidus que tous ces procédés four- miTent , doivent être pefés avec la balance d’effai. Ce travail , quelqü’exaél qu’il paroiffe , efl fouvent moins utile pour guider dans l’exploi- tation d’une mine , que ne ferait un effai plus greffier ; parce que, dans les travaux en grand % on n’emploie pas de matériaux suffi chers 8c que d’ailleurs on n’opère pas avec autant de précaution | il faut donc effayer de fondre la d’Hist. Nat. et de Chimie. 47* mine à travers les charbons dans un fourneau de fufîon. Les charbons réduifent la chaux mé- tallique , l’alkali fixe qui fe produit dans leur combufîion abforbe une portion de la fubfîane® qui minéralife le métal. U faut quelquefois ajou- ter un peu de limaille ou de fcories de fer s ou du fiel de verre pour faciliter la fufîon des mines très-réfraélaires. Il efî: une forte d’eflai par la voie humide qui peut fe pratiquer lorfqu’on veut connoître les métaux contenus dans des échantillons de mines qu’on fe propofe de conferver dans des cabinets d’hiftoire naturelle. On prend un petit morceau de l’échantillon , on le fait digérer dans des acides qui diffolvent le métal & en féparent le minéralifateur • le fel qui réfulte de l’union du métal à l’acide fait connoître la qua- lité de ce métal ; mais cet eiïai ne peut pas avoir lieu pour toutes fortes de mines, parce qu’elles ne font pas toutes fufceptibîes d’être attaquées par les acides. Bergman a donné fur la docimafîe humide, une très-bonne differtatioiî qu’on pourra confulter avec fruit. §. I V. De Vart d'extraire & de purifier en grand les métaux , ow de la Métallurgie . Lorfqu’on s’eflaflTuré par un elFai convenable '47 2 E L £ M E K s que la mine peut être exploitée utilement, OH y procède de la manière fuivante. On creufe un puits quarré perpendiculaire, affez large pour y placer des échelles droites , à l’aide de (quel- les les ouvriers puiffent defcendre & monter» Ordinairement on pofe fur ces puits des treuils pour tirer les féaux chargés de minerai ; quel- quefois auffî on y met des pompes pour puifer l’eau qui s’y rafle mble. Si la mine efl trop pro* fonde pour qu’un feul puits conduife au fol du filon, on pratique une galerie horifontale, au bout de laquelle on creufe un nouveau puits , 8c ainfi de fuite, jufqu’à ce qu’on foit parvenu au fond de la mine. Si la roche dans laquelle on creufe efl fort dure 8c capable de fe foutenir d’elle- meme , la mine n’a pas befoin d’être étayée ; mais fi on travaille dans des roches tendres ou dans des terres qui peuvent s’ébouler, on efl obligé d’étau- çonner les galeries 8c de garnir les puits de pièces de charpente qu’on recouvre de plan- ches dans tout le pourtour. Il efl eflentiel de renouveler l’air dans les mines ; lorfqu’il efl poflible de creufer une ga- lerie , qui du bas des puits réponde dans la plaine, le courant d’air s’établit aifément ; quand cela ne fe peut pas , on creufe un puits qui aboutit à l’extrémité de la galerie oppofée à dTîist. Nat. et de Chimie. 475 celle où fe trouve le premier. Lorfque l’un des deux puits eft plus bas que l’autre , l’air circule très-aifément ; mais fi les deux puits font de hauteur égale , le courant d’air ne fauroît s’établir : dans ce dernier cas , on allume du feu dans un fourneau , au-deffus de l’un des puits, 8c l’air forcé de traverfer les matières corn- buflibles , fe renouvelle continuellement dans la galerie. L’eau efl; encore un inconvénient très-grand dans les mines ; fi elle fort peu-à-peu entre les terres , on tâche de lui ménager une iffiie dans la plaine , & de-là dans h rivière la plus voifine , à l’aide d’une galerie de percement. Si elle fe xamaffe en plus grande quantité , on tire l’eau à l’aide des pompes. Quelquefois en perçant la roche il en fort une quantité d’eau énorme 8c capable de remplir à l’infiant toutes les galeries j les ouvriers en font avertis par le retenti®:- ment qu’ils entendent en frappant la roche ; alors ils établirent une porte dans une des ga- leries, cette porte peut fe fermer par un valet, un ouvrier perce la roche pour donner ifiiie à l’eau , & fe retire en fermant la porte fur lui , il a le te ms de s’éloigner avant que l’eau puifie gagner. 11 s’élève dans les fou ter rein s des mines des vapeurs d’acides craieux 8c de gaz inflamma- 474 Ë I 1 M ï K s ble , dégagées ou formées par la réaâion des matières minérales 8c métalliques les unes fur les autres. Souvent suffi les fèux que les ou-* vriers font obligés d’allumer, dans le deffein d’attendrir la roche, favorifent le dégagement de ces gaz , dont les dangereux effets ne peu- vent être prévenus que par les courans d’ak rapides , ou par la détonnatîon. Le minéral tiré de la terre , efl enfuite pilé s lavé , grillé , fondu 8c affiné* On pile la mine fous de gros pilons mus par un courant d’eau ; les pilons fe nomment bocards ; la mine pilée eft lavée fur des tables inclinées de forte que l’eau s’écoule 8c emporte la gangue. Les mi- nes qui contiennent beaucoup de foufre, doi- vent être grillées à l’air ; celles qui en contien- nent peu , doivent l’être dans des fourneaux qui fervent enfuite à les fondre ; quelques mines fe fondent feules ; d’autres veulent être fondues à travers les charbons, 8c avec différens fondans* Les fourneaux de fiffion diffèrent fuivant les pays 8c la qualité plus ou moins réfraftaire de 3a mine. Ceux qui fervent à l’affinage , ne font pas effentiellement différens des premiers. Quel- quefois même ces deux opérations fe font dans mi feul fourneau, lorfqu’on a aînfi réduit les métaux , ils font prefque toujours unis pîiffieurs enfembîe i on a alors recours pour les féparer3 d’Hist. Nat. et de Chimie. 47^ à des procédés entièrement chimiques , & que nous ferons connoître à l’article de chaque métal §. V. Des propriétés chimiques des JubJlancèS métalliques. Toutes les propriétés chimiques, des fubf* tances métalliques femblent démontrer que ces matières font fîmples , & qu’on ne peut les dé- compofer. Les altérations qu’elles éprouvent de la part de la chaleur , de l’air & des fubflan^ ces falines , font toujours dues, comme on le* verra , à des combinaifons , 8c pas une de ces altérations ne peut être comparée à une ana- lyfe , ainii que nous allons le démontrer par Pexpofition détaillée des phénomènes qu’elles préfentent. La lumière paroît altérer la couleur 8c le bril- lant de quelques fubflances métalliques. Bien enfermées dans des vaiiïeaux tranfparens , elles s’y terniflent , prennent une couleur changean- te , qui fait difparoîçre peu à peu leur brillant. On n’a pas fuivi plus loin cette efpèce d’alté- ration. La chaleur ne leur fait éprouver que quel- ques changemens d’aggrégation , 8c cela avec plus ou moins de facilité 8c de promptitude. Toutes les fubflances métalliques, chauffées dans ■ ^ I I; t * . ; ' ‘ . ' v . , ’ , *| v '■ S; ‘ ^ ^ “ 1 'H‘“ ,v • A' ^'»V vv . 476 Etï-»EKS des vaiffeaux bien fermés, fe fondent les unes bien avant de rougir, d’autres dans l’inftant qu’elles rougi (Te nt , d’autres long - teins après qu’elles ont rougi. Il y a autant de degrés dans la fufibilité de ces matières , qu’il y a d’efpèces de métaux. Si on les laide refroidir lorfqu’ils ont été fondus, ils criftailifent ; fi on les pouffe à un feu violent , ils bouillent à la manière des fluides , 8c fe réduifent en vapeurs» Il y a îong- tems qu’on connoiffoit ces propriétés dans le mercure ; pîufieurs orfèvres m’ont affuré avoir vu bouillir For & l’argent en fufion. M. de Bufîbn avoir obfervé qu’en expofant des plats d’argent au foyer d’un grand miroir concave, il s’élevoit une fumée blanche de la furface des plats. MM. Macquer 8c Lavoifier ayant mis de l’argent de coupelle au foyer de la lentille de Tfchirnaufen , virent ce métal s’exhaler en fu- mée ; une lame d’or expo fée à cette fumée fut parfaitement argentée. L’or mis au même foyer, donna également des fumées qui dorèrent par- faitement une lame d’argent qu’on y expofa. Les cheminées des orfèvres 8c des effayeurs font remplies des fumées d’or 8c d’argent. Le cui- vre , l’étain , le plomb , le zinc , le régule d’an- timoine , le bifmuth 8c l’arfenip fe voîatilifent affez facilement. Tous les métaux fondus paroiflènt convexes d5Hist. Nat. et de Chimie. 477 à leur furface, & lorfqu’ils font en très-petites mafles , ils forment des fphères parfaites ; cet effet dépend de la force d’aggrégation , qui fait rapprocher les parties métalliques les unes vers les autres , 8c de leur peu de tendance à la corn- binaifon avec le corps fur lequel elles pofent. Cette propriété eft générale à tous les fluides , 8c on peut Pobferver dans l’huile à l’égard de Peau , 8c dans Peau à l’égard des corps gras. Les métaux expofés à l’adion du feu avec le contad de Pair, y éprouvent des altérations aflez fenfibles , les uns plutôt , les autres plus tard : ceux qui ne font point fenfiblement al- térés , fe nomment métaux parfaits ; on appelle métaux imparfaits , ceux qui perdent entière- ment leurs propriétés métalliques par ce procé- dé. Cette altération des matières métalliques, que Pon appelle calcination, eft une véritable combuftion ; elle ne peut fe faire qu’avec le fe*- cours de Pair, comme. celle de toutes les fubf- tances combuftibles ; & lorfqu’elle a eu lieu quel- que tems dans une certaine quantité d’air , elle ne peut plus s’y continuer à moins que Pair ne foit renouvelé. Cet air dans lequel les mé- taux ont brûlé , eft devenu méphitique ; la coin- buflion des fubftances métalliques efl accompa- gnée d’une flamme plus ou moins vive ; cette flamme eft très-feufible dans le zinc, le régula ÿyg Elïmens d’arfenic, le fer , l’or , l’argent ; elle Peft meme dans le plomb * l’étain, le régule d’antimoine, qui font chauffés fortement. Les métaux per» dent en brûlant leurs propriétés métalliques d’une manière d’autant plus marquée , qu’ils ont été expofés à l’adion du feu & au contaél de Pair pendant un tems plus long ; quelques-uns fem- blent alors fe rapprocher du cara&ère des ma- tières terreufes ; auffi leur a-t-on donné dans cet état le nom de terres métalliques. On doit préférer à ce nom celui de chaux métalliques , parce qu’il efl démontré aujourd’hui que ces métaux brûlés ne font point des terres comme on le croyoit il y a quelques années. Les chaux métalliques n’ont plus le brillant 8c la fufibilité des métaux ; elles n’ont plus du tout d’affinité avec ces corps , pas même avec celui qui a fervi à les faire. Si on les pouffe au feu , elles ie volatilifent ou fe fondent en verre. Ces der- niers font d’autant plqs tranfparens 8c d’autant .plus difficiles à fondre , que les métaux ont été plus calcinés. Les chaux ou verres métalliques s’unifient aux matières falines 8c terreufes. Plu» Heurs d’entr’eîles ont les caradères de matiè- res falines. L’arfenic bien calciné devient un acide particulier, dont les propriétés ont été examinées par MM. Schéele 8c Bergman. MM. Rouelle nous ont appris que la chaux d’ami- d’Hist. Nat. et de Chimie. ^7$ moine fe diflolvoit dans l’eau comme le fait l’arfenic* Quelques chaux métalliques expofées à Fac- tion du feu , fe ré duifent en métal , 8c four* niflent en fe réduifant un fluide aériforme qui eft Pair le plus pur qu’on connoifïe. C’eft à M. Bayen que l’on doit les premières connoif fances fur cet objet. Il a obfervé que les chaux de mercure chauffées dans des vaiffeaux fer- més donnoient beaucoup d’air , 8c qu’elles fe réduifoient en mercure coulant. M. Prieflley ayant examiné cet air , vit qu’il étoit beaucoup meilleur que l’air atmofphérique j 8c ceft à cette découverte que l’on doit fixer l’époque de la connoiflance exa#e que nous avons aujourd’hui fur la calcination des métaux. Revenons un moment fur les phénomènes de cette opération. Un métal ne fe calcine jamais que lorfqu’il a un conta# avec Pair ; plus ce conta# eft mul- tiplié , plus le métal fe calcine ; une quantité donnée d’air ne peut fervir à calciner qu’une quantité donnée de métal , comme l’a ingénieu- fement démontré M. Lavoifier en calcinant du plomb , à Paide d’un miroir de réflexion , dans une cloche qui contenoit un volume connu d’air. Le métal en fe calcinant, abforbe une portion de Pair qui l’environne , puifque le mer- cure au-deflus duquel on calcine un métal fou$ 480 E L I SI E N S une cloche , remonte dans ce vaiffeau à me-* fure que la calcination avance. C’efl à cette portion de Pair abforbé que les chaux métal- liques doivent la pefanteur qu’elles ont acquife dans la calcination , puifque quand on l’extrait des chaux de mercure , elles perdent en reve- nant à l’état métallique cet excès de poids que Pon retrouve exactement dans l’air qu’elles four- niffent à l’aide de la diflillation. Il paroît dé- montré, d’après tous ces phénomènes, que la calcination n’efl autre chofe que la combinai- fon du métal avec la bafe de l’air pur contenu dans l’atmofphère. Cette combinaifon fe. fait fouvent par le feul contaét de Pair , dans les métaux qui fe calcinent ou qui fe rouillent. Si Pon a befoin de faire chauffer la plupart des métaux pour les calciner , c’eft que la cha«> leur , en diminuant la force d’aggrégation , aug- mente en même proportion la force d’affinité ou de combinaifon, & favorife ainft celle que Pon veut opérer entre Pair 8c le métal. La cha- leur n’ell donc dans cette opération qu’un auxi- liaire comme dans beaucoup de diffolutions. L’air qui a fervi à calciner un métal ne peut plus entretenir la combuflion, parce qu’il efl privé de cette portion pure, de cet air vierge, de ce principe vital des anciens , qui feul peut donner lieu à la combuflion & à la vie. Plus k to’fîrett.N'À*. Et Dis Chimie. 4813 le fluide atmofphénque coudent de cet air püf plus il eft propre à calciner promptement une quantité donnée de métal. J’ai bien des fois obfervé qu’on peut faire une beaucoup plus grande quantité de chaux métallique de plomb 9 de bifmuth , &c. en plongeant ces métaux fon- dus dans une cloche pleine d’air vitàl , qu’on n’en feroit dans le même tems au milieu de l’air atmôfphérique. Tous ces faits, &un grand nombre d’autres , que l’on trouvera dans l’hiP* toire particulière de chaque métal, font bien propres à démontrer qu’une chaux métallique n’eft autre chofe qu’une combinaifon chimique du métal & de la bafe de l’air pur , que la calci- nation n’eft que Paéte même de cette combi- naifon , & que l’air de l’atmofphère efl décom- pofé dans cette opération, La réduéhon des métaux à l’aide des ma- tières combuflibles éclaire encore cette théorie* Se lui donne de nouvelles forces. On efl fou- vent obligé lorfqu’on veut réduire une chaux métallique en métal, de la faire chauffer dans des vaiffeaux fermés avec une matière combufc tible, comme avec des graiffes, des huiles, du charbon , &c. Dans- tous ces cas on décompofe la chaux métallique, en lui enlevant la bafe de l’air qui la conftituoit telle. Pour bien en- tendre ce qui fe paffe dans cette opération , il Tome I/a H h Ë & 1 M I K É faut concevoir , i°. que les métaux ne font pas les corps les plus combuflibles de la na- ture , ou , ce qui efl la même chofe , que les métaux n’ont pas avec la bafe de l’air vital la plus grande affinité poffibîe ; 2°. que les ma- tières combuflibles animales ou végétales ont plus d’affinité avec cette bafe oxigyne que n’en ont les fub (lances métalliques ; 30. qu’en con- féquence 5 lorfqu’on réduit une chaux métalli- que à Paide du charbon , ce dernier étant plus combuüible que le métal , ou ayant plus d’affinité que lui avec l’oxigyne , s’en empare 3c décompofe la chaux métallique , qui paffie à l’état de métal. Àuffi ces fortes d’opérations ne réuffiiïent-elles bien que dans des vaiiïeaux fermés, parce que la matière combuüible n’ayant pas de conta# avec Pair, eÜ obligée de brû- ler à l’aide de celui de la chaux. C’eft pour cela que la portion de cette fubflance inflam- mable qui s’empare de l’oxigyne uni à la chaux métallique , fe trouve changée en acide craieux 3c en cendre après la rédudion. En faifant l’hifloire de la calcination métalli- que , d’après la théorie dés modernes, nous de- vons dire un mot de la dodrine de Stahl, qui a été adoptée prefque univerfellement par tous les chimiftes , jufqu’aux dernières découvertes fur Pair 8c fur la combuftion. Stahl regardoit Nat, et- de Chïmïb, 483 les fubftances métalliques comme des compo- fés de terres particulières & de phlogiflique» La calcination n’étoît faivant lui que le déga- gement du phlogiftique , 8c la réduélion fer- voit à rendre aux chaux métalliques ce principe qu’elles avoient perdu dans leur calcination. On voit que cette théorie eft abfolument l’ïfiverfe de celle des modernes , puifqu’elle annonce que les métaux font des êtres compofés , tandis que la théorie pneumatique les confidère comme des corps Amples; ils perdent, fui vaut Stahî 9 un principe dans leur calcination, 8c la dodrine nouvelle prouve qu’ils fe combinent à un nou- veau corps dans cette opération; enfin, ce grand homme penfoit que pendant la réduélion, les chaux métalliques reprenoient le phlogifhquequi avoir été dégagé des métaux par le feu , 8c les modernes croient au contraire que la redit élion ïi’efl que la féparation de l’oxigyne qui s’etoic combiné avec eux dans la calcination, Effayons de démontrer après ce léger paral- lèle de ces deux théo lies, à laquelle des deux îe plus grand nombre des faits peut être favo- rable. Stahl , uniquement occupé à démontrer la préfence du phlogiflique dans les métaux, fembie avoir oublié l’influence de l’air dans la calcination» Beccher, Jean Rey, Boyle, 8c plu- fleurs autres chimifles avoient cependant foup«? Hhij / !|H*Hîst. Nat, et de Chimie. ^93 Ctme altération. Les premiers font les métaux imparfaits ; les féconds, les métaux parfaits . Four ne pas multiplier les divifions dans le cours du traité de ces fubilances, nous préfenterons ici une table dans laquelle les matières métalliques font difpofées dans le rang que chacune d’elles doit occuper. Les fubftances métalliques font , Ou peu dudiles. J. Section . Demi-métaux, L Divifion. Ou très-dudiles. IL Section . Métaux. Les uns Ce caflènt (ous le marteau. L’arfenic , Le cobalt. Le bifmuth , Le régule d’antimoine, Le nickel, La rranganèfe. 1 1. Divifion . Les autres ont une forte de demi- dudilité. Le zinc, le mercure. I J. Divifion . Les uns fe calcinent aifémetijf lorfqu'on les chauffe avec contad de Tair. Métaux imparfait^ Le plomb , L’étain , Le fer, Le cuivre. II, Divifion , Les autres ne Ce calcinent point par le meme procédé. Métaux parfaits* L’argent , . L’or, La platine. Ë t i » e »■ s CHAPITRE VIL D E l'A RS E N I C (I). JL’Arsenic doit être placé au premier rang des demi-métaux, parce qu’il a beaucoup de rapport avec les Tels. Kunkel le regardoit comme une eau-forte coagulée. Beccher 8c Stahl l’ont confédéré comme une matière faline. M. Schéele a prouvé qu’il eff fufceptible de former un acide particulier. D’un autre côté, Brandt 8c Macquer ont démontré que cette fubffance étoit un vrai demi -métal. L’arfenic, pourvu de toutes fes propriétés, a en effet les caradères des matières métalliques ; il eff parfaitement' opaque , il a la pefanteur 8c le brillant propres à ces fubftances. L’arfenic fe trouve fouvent natif ; il eff en malles noires peu brillantes , très - pefantes ; quelquefois il a l’éclat métallique , 8c réfléchit les couleurs de l’iris. Dans fa caïïiire, il paroîc (ï) Nous donnons le nom d’arfènic à la matière demi- métallique , connue ordinairement (bus celui de régule d’arfenic. Cette dernière dénomination etë impropre, & doit être abandonnée. Ce qu'on appelle arfenic blanc efl * la chaux de ce demi- métal. btHïst. Nat* et dé Chimie. 49£ plus brillant , & femble compofé d’un grand nombre de petites écailles ; lorfque ces écailles font renfîbks à l’extérieur des échantillons, on les nomme alors arfenie tejîacé , ou impropre- ment cobalt tejîacé ; parce qu’autrefois 9 comme on ne connoàiïoit point le caradère métallique de l’arferiic , 8c qu’on retirok des mines de cobalt une grande quantité de chaux d’arfeniç , on avoit regardé l’arfenic tefiacé comme une mine de cobalt. L’arfenic vierge eh très- aïfé à reconnokre lorfqu’il a l’éclat métallique, 8c qu’il eh en petites écailles ; mais lorsqu’il eh noir 3 êc que dans fa fradure il parott compofé de grains fins 8c très-ferrés, on ne peut le diffiii- v guer que par fa pefanteur qui eh très-confidé- rable , 8c parce que fi on l’expofe fur des char- bons ardens* il fe diffipe-en entier fous la forme de fumées blanches , qui ont une forte odeur d’ail. Ce dernier métal fe trouve abondamment à Sainte-Marie-aux-Mines. IL eh mêlé avec la mine d’argent grife'; on en rencontre auffi parmi les mines de cobalt en Saxe, 8c à Andrarmn en Scanie. La nature offre quelquefois l’arfenic en chaux blanche , ayant même Pafped vitreux , mais le . plus fouvent fous la forme de fleurs , ou mêlée â quelques terres. Cette chaux exifle auffi à Sainte-Marie-aux-Mines; on la reconnoît par les ^6 ÈLÈMENS fumées blanches & Fadeur d’ail qu’elle exhàîe lorfqu’on en jette au feu. L’arfenic ed fouvent uni avec îè foufre; il forme alors l’orpiment & le réalgar. L’orpi*- ment natif efl en malles plus ou moins groiTes, jaunes , brillantes , 8c comme talqueufes ; il y en a de plus ou moins brillant; fouvent il ed mêlé de réalgar; quelquefois il tire fur le verd» Le réalgar ed d’un rouge plus ou moins vif 8c tranfparent , 8c fouvent cridallifé en aiguilles brillantes. On en trouve beaucoup à Quitto 8c fur le Vefuve ; ces deux matières ne paroilîent différer que par le plus ou moins grand degré de feu qui les a combinées. Le mifpikel, ou pyrite ârienicale, ed là der« mère mine d’arfenic. Ce demi-métal s’y trouve combiné au fer; quelquefois le mifpikel ed crif- tallifé en cubes, fouvent il n’a point de forme régulière. Cette mine ed de couleur blanche 8c chatoyante; Wallerius la nomme mine d’arfenic blanche cubique. On trouve encore l’arfenic dans les mines de cobalt, d’antimoine, d’étain, de fer, de cuivre 8c d’argent. L’arfenic pur, nommé auffi régule d’arfenic, ed d’une couleur grife noirâtre , réfléchiflant les couleurs de l’iris; il ed très*pefant 8c très- friable. Expofé N AT' If Î3Ë ChîMÏËs, 4P7 Expolé au feu dans des vaiffeaux fermée, il fe fublime fans éprouver de décompofition * c’eft même une dés matières métalliques les plus volatiles» Il êft fufceptible de criflallifer en pyramides triangulaires > lorfqu’on le fublime lentement. L’arfenic chauffé avec le contad de l’air , fe calcine très-promptement ; fa chaux fe diffipe fous la forme de fumées blanches , qui •répandent une odeur d’ail très-forte. Lorfque î’arfenic eft rouge » il brûle avec une flamme bleuâtre très-fenflble. Dans cette combuflion * il fe combine avec la bafe de Pair vital 3 & forme un compofé connu fous le nom d’arfenic blanc ou chaux d’arfenic : c’eft en raifon de ce phénomène , que les mines de cobalt arfenicaîes fourniffent dans les fourneaux où on les traite une grande quantité de fumées blanches qui fe condenfent dans les cheminées fous la forme ^ d’une chaux blanche pefante vitrifiée dépofée couches par couches , que l’on connoît fous le nom très-impropre d’arfenic. La chaux d’arfenic diffère effentiellement de toutes les chaux métalliques. Elle a une faveur très-forte ? & même cauflique ; c’efi un poifort très - violent. Si on l’expofe au feu dans des Vaiffeaux fermés, elle fe volatilife à une chaleur médiocre , en une poudre blanche , crifiaîline â nommée fleurs d’arfenic | fî la chaleur efl urt Tome IL I i f 1l1men§ peu plus forte, elle fe vitrifie en fe fublimantf il en réfulte un verre très-tranfparent , fufcep- îible de fe criftalliier en foliae triangulaire ap- plati , dont les angles font tronqués. Ce verre fe ternit facilement à Pair. Aucune chaux mé- tallique n’efi volatile par elle-même, & celle d’arfenic préfente feule cette propriété. Elle efl en même-tems très-fufible & très-vitri fiable, Beccher attribu'oit la pefanteur 8c la volatilité de l’arfenic à un principe particulier , qu’il nommoit terre mercurielle ou arfenicale , & dont Stahl n’a pas pu démontrer l’exifience. L’arfenic , dans l’état de régule , n’agit pas d’une manière fenfible fur les corps combuf- îibles; mais la chaux 8c le verre d’arfenic les altèrent fenfibîement, ^-reprennent l’éclat mé- tallique. Stahl penfe que dans ce cas le phlo- giffique que l’arfenic a perdu dans la calcination lui efi rendu par le corps combuflibîe. Les modernes croient, au contraire, que la chaux d’arfenic efl un compofé d’arfenic 8c de la bafe de l’air vital , 8c que le corps combufiible , en lui enlevant ce principe , fait repafier l’arfenic à l’état métallique. Pour réuffir à réduire la chaux d’arfenic , on fait une pâte avec cette chaux en poudre 8c du favon noir; on met cette pâte dans un matras, fur un bain de fable; on chauffe d’abord foiblement pour deÜfécher ï) Ht st. Nat, et 49^ Phuile ; lorfqu’il ne s’exhale plus de vàpeurâ humides, on augmenté le feu pour fairs fublh* nier l’arfenic. On caffe lé marras , & on trouvé; à fa partie fiipérieure un pain , ayant l’afped & le brillant métallique de l’arfenic; la plus grande pârtie du charbon dé l’huile relie au fond du niatras. L’arfenic , expofé à Pair, y noircit fenfiblè* ment; la chaux d’arfenic vitrifiée perd fa tranC* pârence , & devient laiteufe. L’arfenic ne paroît point être attaqué pat l’eau; mais fa chaux fe dilToüt très- bien dans ce menllrue , en quantité un peu plus grande à chaud qu’à froid ; au relie 3 la dilîbjlubilité dm Cette fubllance varie fuivant qu’elle a été plus OU moins parfaitement calcinée. La chaux d’ar-* fenic fournit , par l’évaporation lente de far dilTolution , dés crillaux jaunâtres en pyramides triangulaires ; on ne connaît aucune chaux mé-* tallique qui fe dilfolve dans l’eau en auiïi grand® quantité; cette propriété, jointe à fa faveur ex*»’ trême , la rapproche des matières falines. La chaux d’arfenic s’unit aiïez bien aux terres par la fulion ; elle fe fixe avec elles * & en ac- célère la vitrification ; mais tous les verres dans îefquels elle entre ont l’inconvénient de fe ternir à l’air en peu de teins. On ne connoît pas l’adion des matières falino-terreufes fur f Ô& 1 £ I M E N S ï’arfenic , ni fur fa chaux. Les alkalis fixes câufc tiques , qui n’ont point une adion fenfible fur l’arfenic, diiïblvent très -bien la chaux de ce demi » métal. Macquer, dans Ton beau travail fur cette matière ( Académ, iy/ffi), a obfervé qu’en faifant bouillir de la chaux d’arfenic en poudre dans la liqueur de nitre fixé , ou diffolu- tion d’alkali fixe végétal voifin de la caufiicité , cette fubftance s’y diflbut complettement, & forme un fluide brun , gélatineux , dont la .con- fiftance augmente peu à peu. Ce compofé , auquel il a donné le nom de foie d’arfenic , ne criflallife point ; il devient dur 8c caftant ; il eft déliquefcent, diffoluble dans l’eau, qui en précipite quelques flocons brans. Pouffé au grand feu, le foie d’arfenic laiiïe échapper cette der- nière fubftance. Il eft décompofé par les acides* L’alkali minéral préfente les mêmes phéno- mènes; mais Ta diiïblution a donné à Macquer des criftaux irréguliers dont il lui a été impof- fible de déterminer la forme. L’acide vitriolique, même concentré, n’at- taque pas l’arfenic à froid; mais fi on le fait bouillir avec ce demi-métal dans une cornue 3 î’acide donne d’abord beaucoup de gaz fulfu- sreux ; enfuite il Te fublime un peu de foufre, 8c l’arfenic Te trouve réduit en chaux, mais fans Être diiTous. L’huile de vitriol concentrée 8c b’Hist. Nat. et be Chimie. jp&Jfc bouillante diflout aufti la chaux d’arfenrc; ruais lorfque la diffolution eft refroidie, cette chaux fe précipite , & l’acide ne paroît plus en rete- nir. Elle acquiert dans cette combinaifon une fixité aflez confidérable. Bucquet afîure qu’en la leftîvant pour emporter la portion d’acide qu’elle peut retenir 9 elle reprend toutes fes qualités. L’acide i^itreux , appliqué à Parfenxc , l’attaque avec vivacité & le calcine ; cet acide diflout: aufti la chaux d arfenic en aftèz grande quan- tité , ïorfqu’îl eft aidé d’une douce chaleur* Saturé de l’une ou de l’autre de ces fubftances, il conferve l’odeur qui lui eft propre; évaporé fortement, il forme un fel qui n’à point de forme régulière, fuivant Bucquet, 8c que M. Baume dit être en partie cubique , & en partie taillé en pointes de diamans. Wallerius dit que fes criftaux font femblables à ceux du nitre lunaire* Le nitre d’arfenic attire pmiïàmment l’humi- dité de l’air, il ne détonne pas fur les charbons; il n’eft déeompofé ni par l’eau, ni par les acides;, les alkalis n’y ©ccaftonnent aucun précipité : cependant ils le décompofent, fuivant Bucquet* puifqu-’en fai faut évaporer une dïflolution ni- treufe arfenicale, à laquelle on a ajouté une leffive alkaline, on obtient du nitre 8c du fel' neutre arfenical. Nous verrons pllis bas qu^ li.-isi fa ÉÜMENS tous les ehimifies , très, embarraiïes fur la nâtere {régulière des diffbl tuions de Parfenic & de fo chaux dans les acides * n’âvoient point décou- vert ce qui paflfe dans la combinaifon de cette chaux avec Pacide nitreux, Sc. n’avoient même pas foupçonné la produdion de Pacide arfe- iticah L’acide marin * aidé de Padion du feu, diR fout Parfenic 8c fa chaux , fuivant B acquêt* Cette combinaifon peut être précipitée par les alkalis fixes 8c volatils. M. Baume dit que ce régule fe diffout dans Pacide marin bouillant* & qu’il fe précipite en une poudre jaune comme du foüfre. MM. Ray en- 8c Charlard, dans leurs, recherches fur Pétain, ont conflaté que Pacide marin n’a aucune a dion à froid fur Parfenic , 8c qu’à chaud il n’en a qu’une très-foibie, 8c à peine fçnfîble. On ne connoît pas Padion des autres acides fur Parfenic 8c fur la chaux de ce demi-métal* L’arfenic mêlé avec le nitre, 8c projetté dans un creufet rougi au feu , produit une détonna- îion vive ; Pacide nitreux calcine, brûle le demi- métal : on trouve dans le creufet , après l’opé- ration, Palkali fixe qui fervoit de bafe au nitre 8c Parfenic réduit en chaux combinée en partie avec Palkaîi fixe» s, §i on mêle partie égale de chaux d’arfenk D*Hl S T. N AT» ET D E 'Ch I MîE, fOj & de nitre, & qu’on mette ce mélange en dif~ îiliation dans une cornue de verre on obtient un efprit de nitre en vapeurs très-rouges. Cet acide ne peut fe condenfer qu’aiitant qu’on met un peu dyeati dans le ballon , ce qui lui donne une couleur bleue. Beccher, Stahl 8c Kunckel ont décrit cette opération. Macquer, qui l’a répétée avec foin , ayant examiné le réfidu dont ces Chimifles n’avoient pas parlé ^ a découvert qu’il étoit formé par la combinai-» fan de la chaux d’arfenic avec la potaffe. Il lui a donné îe nom de fel neutre arfemcah M. de Morveau le nomme arjeniate de potaffe . Ce feî,,difTous dans Peau & évaporé à Pair, donne des criflaux très-réguliers en prifmes tétraèdres, terminées par des pyramides à quatre faces égales ; quelquefois la forme de ces criflaux varie. Le fel neutre arfenical expofé au feu fe fond 'facilement, refie en fonte tranquille, fans s’aî- kalifer , & fans qu’il fe volatilife aucune portion de chaux d’arfenic; il n’éprouve pas d’altération fenfible à Pair. Il efl beaucoup plus diffoluble dans Peau que la chaux d’arfenic pure, & il fe diflout en plus grande quantité dans Peau chaude que dans Peau froide. Il ne peut être décompofé par aucun acide pur * mais il Pefl par la voie des affinités doubles* li iv; E L É M E N S 5*04 Si on mêle à la difToItition de ce fel un peu de difFoltnion de vitriol martial , il fe fait une double décompofition 8c une double combinai- fon ; l’acide vitriolique quitte le fer pour s’unir à la potaffe, 8c la chaux d’arfenic, féparée de cette dernière 3 fe combine avec celle au fer* l es matières combuflibles décompofent très- bien le fel neutre arfenical. La chaux d’arfenic décompofe auffi le nitre rhomboïdal, à l’aide de la ditlillation , 8c forme avec fa bafe un fel neutre arfenical de fonde qui^ fuivant Manquer, diffère peu du fel neutre arfe- nical à bafe de potaffe, & qui cridallife abfo- Jument de la même manière. Cette chaux agit de même fur le nitre ammoniacal ; unie avec fabafe, elle eonffitueunfelarfenico-ammoniacal. On avoit cru que cette opération demandoit beaucoup de précautions à caufe de la propriété qu’a le nitre ammoniacal de détonner fans addi- tion dans les vaiffeaux clos : mais M. Pelletier a prouvé qu’on pouvoit la faire fans aucun dan- ger , même à la dofe de plusieurs livres. La découverte du feî neutre arfenical de Macquer a mis fur la voie de celle de l’acide arfenical * puifque cet illuftre chimiüe avoit vu 8c annoncé que la chaux d’arfenic faifoit fondion d’acide dans ce fel. La diaux d’arfemc ne décompofe pas le fel bHist. Nat. et de Chimie, fof ïUarin ; elle ne fépare que difficilement , ainfi que Parfenic lui-même, Palkali volatil du feî ammoniac. On n’a point examiné l’aétion des matières combuffibles minérales fur Parfenic. La chaux de ce demi-métal paroit être fufceptible de fe réduire par le gaz inflammable & par la plom- bagine, qui ont plus d’affinité que Parfenic avec Poxigyne, ou la bafe de Pair. La chaux d’arfenic fe combine très-bien avec le foufre. Lorfqu’on fait fondre ces deux fub- flances,il en réfulte un corps jaune ou rouge, volatil , qui a une faveur moins forte que la chaux d’arfenic pure, & qui n’efl plus folubîe dans Peau. Ce compofé fe nomme orpin ou orpiment factice, lorfqu’il eft jaune; il efl fuf- ceptible de criflallifer en triangles, comme le verre d’arfenic ; lorfqu’il efl ronge on l’appelle réalgaî , réalgar , rizigal factice ou arfenic rouge. Quelques chimiftes ont cru que le réaigal ne différoit de l’orpiment qu’en ce qu’il contenoit plus de foufre; mais Bucquet a démontré que le compofé de foufre & de chaux d’arfenic efl rouge lorfqu’il a été fondu , puifqu’il fuffit d’ex- pofer de l’orpiment à une chaleur vive pour le faire paffier à l’état de réalgar. Je me fuis con- vaincu que le réalgar efl beaucoup moins volatil üfjue l’orpiment, puifqu’il refle au fond des ma-* $q6 Elément iras où l’on a fublimé le mélange de chsrnt d’arfenic Sc de foufre, des lames rouges bour- foufflées, & qui ont été manifeflement fondues» L'orpiment & le réalgar artificiels ne diffèrent point des naturels. On les décompofe par la chaux & les alkaiis , qui ont plus d’affinité avec Je foufre que n’en a la chaux d’arfenic. Cepen- dant cette chaux a , comme les acides, la pro- priété de décompofer les foies de foufre. Toutes les propriétés de la chaux d’arfenic annoncent que cette matière demi- métallique Sc combufiible, unie à la bafe de l’air vital, a pris les caradères d’une fubflance faîine. La théorie que nous avons expofée en traitant des fels en général , fe trouve donc confirmée par ces expériences. Macquer, par fes belles dé«« couvertes fur le fel neutre arfenical , avoit déjà obfervé, comme je l’ai dit 5 que la chaux d’ar- fenic faifoit fondion d’acide dans ce fel. Mais il étoit difficile de concevoir pourquoi la chaux, d’arfenic, diiîbute immédiatement dans la pe- lade, diffère tant de la môme combinaifon faite par la décompofition du nitre à l’aide de cette chaux. M. Schéele, conduit par la découverte de l’acide marin qu’il appelle déphlogidiqué , a penfé qu’il arrive quelque chofe de femblable lorfqu’on di (fille du nitre avec la chaux d’arfe- nie, Il croit que l’acide nitreux s’empare dsi b9Hïst. Nat. et de Chimie, yoj pliîogîftiqee encore exilant dans cette chaux». êc qffalors cette dernière paffe à l’état d im acide particulier, qu’il a nommé acide arfenical» MM, les Académiciens de Dijon* ont adopté cette opinion, Lç chîmiffe crUpfal a confirmé fon affenion, en préparant l’acide arfenîeaî par des procédés analogues à celui par lequel il a produit Pacide marin déphlogifliqué. L’un de ces procédés confiite à difliller un mélange d’acide marin déphlogifliqué & de chaux d’arfenic. Sui- vant lui, Pacide marin s’empare du phlogiflique de cette chaux, qui pade alors à Pétât d’acide. On réuffit auffî à préparer Pacide arfenical , en diflillant fur la chaux d’arfenic fix parties d’acide nitreux. Ce dernier donne beaucoup de gaz nitreux, 8c la chaux d’arfenic prend les carac- tères d’acide ; on la chauffe affez fortement & allez long-tems pour dégager tout Pacide nitreux furabondant. Ce qui fe paffe dans ces opéra- tions favorife beaucoup la dodrine moderne. En effet, d’un côté, il eh difficile d’accorder, fuivant la théorie de Stahl, Pexiflence du phlo- giffique dans la chaux d’arfenic, 8c de l’autre, lien n’efl fi facile à concevoir , d’après la nou- velle théorie , que le paffage de cette chaux à l’état d acide, par Padion.de Pefprit de nitre ou de Pacide marin déphlogifliqué de M. Schéele, .La chaux d’arfenic paroît avoir une grande affi- Jog ÉLÉMENT nité avec Foxigyne dont elle n’eft pas faturée| lorfqu’on la diftille avec l’acide nitreux ou avec Facide marin déphlogiftiqué ou aéré, elle s’em- pare de Foxigyne qui entre comme principe dans l’un & l’autre de ces acides. Plus elle con- tient d’oxigyne , plus elle fe rapproche des fubftances falines, 8c lorfqu’elle en eh: entière- ment faturée, elle prend tous les cara&ères des acides, qui, comme nous l’avons démontré, ne font que des matières combuhibles combi- nées avec la bafe de l’air vital, auquel elles doivent toutes leurs propriétés falines. On con- çoit très-bien, d’après cette théorie, pourquoi la chaux d’arfenic non faturée d’air, 8c telle qu’elle eft par la (impie calcination au feu , ne forme point de fel neutre arfenical de Macquer,1 8c pourquoi elle ne peut conhituer ce fel que lorfqu’elle a été préalablement traitée par les acides qu’elle décompofe , 8c auxquels elle en- lève Foxigyne à l’aide de la chaleur. L’acide arfenical diffère beaucoup de la chaux d’arfenic ordinaire. Sa faveur eh plus forte II eft fixe au feu , 8c l’on fe fert de ce procédé pour féparer exactement cet acide de la portion de chaux d’arfenic qu’il peut contenir. Ceft fans doute en paftant à Fétat d’acide que la chaux d’arfenic prend de la fixité, lorfqu’on l’unit avec Facide vitriolique* Çet acide eft fufceptible d® b’HisT. Na^t. et de Chimie, pp; fe fondre en un verre tranfparent ; il entraîne dans fa fufion les matières terreufes, il paroît même fufceptible de ronger le verre. Il rougît foiblement les couleurs bleues végétales. J’ai obfervé que par l’expofition à Pair , il perd fa tranfparence , fe délite & s’écaille en fragmens fouvent pentagones, & attire peu à peu l’humi- dité. Il fe dilfout dans deux parties d’eau. Il fe •combine facilement avec la chaux , plus diffici- lement avec la barote & la magnéfie. Lorfqu’on l’unit avec les alkalis , il forme des fels neutres * que la chaux décompofe , fuivant Bergman. La barote 8c la magnéfie paroiffent avoir auffi plus d’affinité avec cet acide que n’en ont les alkalis, d’après le même chimifle. Il y a encore une grande quantité d’expériences à faire pour corî- noître toutes les propriétés de l’acide arfenical. M. Pelletier a préparé cet acide en décompo- fant le nitre ammoniacal par la chaux d’arfenic; l’arfeniate ammoniacal qui en refulte laide dé- gager l’alkali volatil par la chaleur, 8c en conti- nuant l’adion du feu fur cette fubfiance , l’acide arfenical refie feul 8c pur au fond de la cornue. Bergman remarque que la pefanteur fpéci- fique de l’arfenic varie beaucoup depuis fon état métallique jufqu’à fon état d’acide. Voici celles qu’il lui attribue dans fes différentes mo- difications. Régule d’arfenic, 8,308, — Verre fia ï I ï I E t S d’arfenic, £,oôo. — Ghaux d’arfenîc bîandié$ 5,7 06. — Acide arfenicaî > 3,39 1. L’arfenic eil employé dans pliifieiirs arts, 8c Notamment dans la teinture. On fe fert auffi du fel neutre arfenical, 8c M. Baumé en a préparé pendant long-témsi pour l’ufage des arts. La facilité qu’a la chaux d’arfenic de fe dif- foudre dans l’eau & dans tous les fluides aqueux* fait qu’il peut devenir un poifon très-dangereux* On connoît qu’une perforine a été empoifonnéè par cétte fubilance, aux fynlptônies fuivans. La bouche eh sèche, les dents agacées, le gofier ferré : on éprouve un crachottement involon^* taire, Une douleur vive à l’efiomac, une grande foif , des naufées , des vomiffemens de matières , fanguinolentes ; des coliques très- vives , accompagnées de fueurs froides , des convulfions. Ces fymptômes font bientôt fuivis de la mort ; on s’aflure facilement que Farfenic en eft la caufe, en examinant les alimens fuf- peds. La préfentërde ce poifon s’y manifefie§ lorfqü’en jettahf* ffif- des charbons une portion de ces alimens deiïechés, il s’en élève une fumée blanche d’une forte odeur d’ail. On avoit coutume de donner aux perfonnes empoifonnées par Farfenic , des boitions müci- lagineufes, ou du lait, ou des huiles douces en grandes dofes^ dans îe defTein de relâcher les d’Hist. Nat. et de Chimie, yt* vîfcères agacés , de di (foudre 8c d’emporter la plus grande partie de l’arfenic. Navier, méde- cin de Châlons, qui s’eh occupé de la recherche des contre - p oifo ns de l’arfenic , a trouvé une matière qui fe combine avec cette fubûance par la voie humide, la fature, 8c détruit la plus grande partie -de fa cauflicité. Cette fubflance ell le foie de foufre calcaire ou alkalin, & mieux encore le foie de foufre qui tient en di Ablution un peu de fer. En verfant cet hépar martial dans" une diiTolution d’arfenic , le foie de foufre fe décompofe fans exhaler aucune odeur; parce que Parfeuic fe combine au foufre avec lequel 11 fait de l’orpiment , & il s’unit en même-tems au fer. Navier prefcrit un gros de foie de fou- fre dans une pinte d’eau , qu’il fait prendre par verrées : on peut également donner cinq à fix grains de foie de foufre fec en pillules, 8c par-deffus chaque pillule un verre d’eau chaude. Lorfque les premiers fymptômes font diffipés, il confeille l’ufage des eaux minérales fulfureufes» L’expérience lui a fait connoître qu’elles font très-propres à détruire les tremblemens 8c les paralyfies qui fuivent ordinairement l’effet de l’arfénic , 8c qui mènent à la phthifie & à la mon. Navier approuve auffi l’ufage du lait , parce que cette fubûance diffout farfenic auffi- bien que le fait l’eau ; mais il condamne les liuiJes , qui ne peuvent le diffoudre* $12 È JL g M E N § CHAPITRE VII L Du Cobalt . L E cobalt oii cobolt eft un demi-métal d’une couleur blanche, tirant un peu fur le rouge, d’un grain fin très-ferré , qui eft très-càfTant & qui fe ré* duit facilement en poudre par l’aétion du pilon* Pefé à la balance hydroüatique , il perd environ un huitième de fon poids. Sa pefanteurfpécifï- que eft d’environ 7,700, fuivant Bergman. Iî eft fufceptible de fe criftallifer en faifceaux d’ai- guilles couchées les unes fur lès autres. Le cobalt n’a jamais été trouvé pur 8c natif dans la nature, il eft prefque toujours calciné 8c uni avec l’arfenic, l’acide arfenical, le foufre3 le fer, &c. Voici les principales fortes des mines- de cobalt diftinguées d’après leurs combinai- fons , par Bergman 8c M. Mongès. 1. Cobalt natif uni à l’arfenic. ~Cette mine eft folide, grife, pefante , peu brillante 8c gre- nu e dans fa cafTure; elle fait feu avec le briquet 5 & noircit au feu. L’acide nitreux la diiïout avec effervefcence, 8c elle donne une encre de fym- pathie par l’acide muriatique. 2. Cobalt en chaux* Ceue mine, qui paroît être ï>5Hist. Nat. et dè Chîmîe. être du cobalt calciné par les acides, ell ordL nairement grife noirâtre, 8c quelquefois fern^ blable à du noir de fumée, fouvent friable & pulvérulente. Elle falit les doigts; celle qui eft compare préfente des taches rofées dans fa calibre * elle reiïemble quelquefois à des fcories de verre, ce qui Fa fait appeller mine de cobalt vitreufe par quelques naturalises. Cette mine ne contient point d’arfenic lorfqu’elle effpure* mais elle ell fouvent mêlée d’ochre martiale. 30. Cobalt uni à Facide arfenicai ; fleurs de Cobalt rouges , rofes , couleur de fleurs de pê- cher. L’acide arfenicai que Bergman 8c M. Mon- gèz y ont découvert , lui donne fa couleur* Cette mine efl ou en malTe , ou en poudre, ou en effiorefcence flriée, ou en prifmes à 4 pans avec des fommets à deux faces. Sa couleur fe détruit au feu, à mefure que Facide arfenicai fe dégage. 40. Cobalt uni au fer 8c à Facide vitriolique mine de cobalt fpéculaire; on Fa appeilée fort improprement cobalt fulfnreux , parce qu’elle ne contient point de foufre , mais un peu d’a- cide vitriolique. Cette mine efl blanche ou grife 8c très - brillante , c’efl la pins riche de toutes ; elle fait fouvent feu avec le briquet. y°. Cobalt uni au foufre } à Farfenic 8c au fer. Ce minéral porte le uom de mine de cobalt Tome II* K k 5 ’îq, E L É M E N $ blanche ou grîfe : elle eft d’un gris blanchâtre t criftallifée en cubes entiers ou tronqués , de manière à former des folides à quatorze , dix- huit ou vingt- fix facettes. Sa caiïiire eft lamel- leufe & fpathique. Quelquefois elle offre à fa ftirface des dendrites en feuilles de fougère ; dans cet état , on la nomme mine de cobalt tricottée. Souvent les mines de cobalt blanches n’ont aucune criftallifation régulière ; mais elles font toujours reconnoiffables à leur couleur grife blanchâtre , à leur pefanteur moindre que celle des précédentes, & à l’effiorefcence rouge qu’elles ont prefque toutes à leur furface. Pour faire l’effai d’une mine de cobalt , on commence par la piler &c la laver , enfui te on la grille pour en féparer Parfenic. Le cobalt refie dans l’état d’une chaux noire plus ou moins fon- cée; on mêle cette chaux avec trois parties de flux noir 8c un peu de fel marin décrépité ; on la fond dans un creufet brafqué 8c couvert au feu de forge; on attend que 3a fonte foit com- plexe, 8c que la matière foit parfaitement liquide pour laiffer refroidir le creufet; on l’agite légè- rement pour faire précipiter le métal , qui fe raffemble en culot au fond du v aideau. Ce culot eft quelquefois formé de deux matières métal- liques ; le cobalt eft placé fupérieurement , 8c 3 e bifmuth fe trouve au-deffotis ; on les fépar® facilement d’un coup de marteau. i>*Ëf st. Nat» et de GuïMrÉ. fif tes min'éralogiftes modernes , & fur - tout Bergman & M. Kirwan , propofent dé faire PelFai des mines de cobalt par Paçidbriitreux ; cet acide diiîôut le cobalt 8c le fer; on les pré- cipite par là craie de fonde, 8c on dilîout en» fuite le précipité cobaltique par Pacide acéteux* Schéffér confeille de reconnoitre la puiiïaneé colorante des mines de cobalt , en les fondant avec trois parties de potaffe 8c cinq de verré en poiidre. Dans les travaux en grand, on né retire point le cobalt fous la forme métallique. Après avoir pilé & lavé la mine de cobalt, on la grille dans le fourneau à manche. Ce fourneau fe terminé par une longue galerie horifontale qui fert dé cheminée ; c’eh dans cette galerie que la chaux d’arfenic fübliméë fe condenfe 8c fe fond en verre , que l’on vend dans le commerce fous îe nom impropre d’arfenic blanc* Si la miné contenoit un peu de bifmuth , comme ce métal eh très-fufîble , il fe rahemble au fond du four- neau ; le cobalt relie dans l’état d’une chaux grife obfcure , nommée fafre, Le fafre du com- merce n’eh jamais pur; on le mêle avec trois fois fan poids de cailloux pulvérifés. Le fafre ainh mêlé 8c expofé au grand feu , fe fond en un verre d’un bleu obfcur, nommé fmalt . On réduit ce fmalt en poudre dans des moulins 3 &. Kk ij jï6 Elément on le délaye dans l’eau. La première portion de verre qui fe précipite eft la plus groffière ; on la nomme a^tir greffier ; on décante l’eau encore trouble ; elle donne un fécond précipité; on la décante ainfi jufqu’à quatre fois, & le dépôt qu’elle forme alors eft plus fin que tous les autres; on le nomme improprement a^ur des quatre feux. Cet azur eft employé dans plufieurs arts pour colorer en bleu les métaux &. les verres , &c. Le fafre du commerce, fondu avec trois fois fon poids de flux noir & un peu de fuif 8l de fel marin , donne le demi-métal connu fous le nom impropre de régule de cobalt. La réduction du fafre eft très-difficile. Il faut employer une grande quantité de fondant, & avoir foin de tenir le creufet rouge-blanc pendant un tems allez long, pour que la matière foit bien fluide, tranquille, Sc que les feories foient fondues en un verre bleu; alors le cobalt fe précipite Si fe raflemble en un culot au-deflbus des feories. Le cobalt expofé au feu, ne fe fond que iorfqu’il eft bien rouge , ce demi- métal eft de très-difficile fufion, Si paroît très-fixe au feu; on ignore même s’il fe peut volatilifer dans des vaifteaux fermés; mais on fait que fi on le laifle refroidir lentement, il fe criftallife en prifmes aiguillés 3 couchés les uns fur les autres & réu« d’Hi st. Nat. et de Chimie. J17 nis en faifceaux; & ils imitent afiez bien une ma fie de bafaltes écroulés, comme I’obferve M. Montez. Pour réufiir dans cette criflallifa- o tion , il fuffît de faire fondre du cobalt dans un creufet , jufqu’à ce qu’il éprouve une efpèce d’ébullition, 8c d’incliner ce vaifieau , îorfqu’après l’avoir retiré du feu , la furface de ce demi-métal fe fige. Par cette inclinaifon , la portion encore fondue s’écoule, 8c celle qui adhère aux parois de l’efpèce de géode formée par le refroidiiïe- ment des furfaces du cobalt , fe trouve tapi fiée de criflaux. Le cobalt fondu 8c expofé à l’air, fe couvre d’une pellicule fombre 8c terne, qui n’efi qu’une chaux de ce demi-métal, formée par fa çombi- naifon avec la bafe de l’air vital. On fait plus facilement une plus grande quantité de chaux de cobalt , en expofant ce demi-métal réduit en poudre dans un têt à rôtir fous la mouffle d’un fourneau de coupelle , 8c en l’agitant pour renouvelîer les furfaces. Cette poudre , tenue rouge pendant quelque tems, perd fon brillant, augmente de poids & devient noire. Cette chaux demande un feu de la dernière violence pour fe fondre en un verre bleu très-foncé. Le cobalt fe ternit un peu à Pair, 8c il n’efi point attaqué par Peau. Ce demi-métal ne s’unit point aux terres 3 mais fa chaux s’y combine par K k iij Jlg E L É MENS la fufion, & elle forme avec elles un beau verre bleu de la plus grande fixité au feu. C’eft à caufe de cette propriété de la chaux de cobalt, que cette fubftance eft d’un grand ufage dans la pein- ture des émaux, de la porcelaine & de la faïence. On ne connoit pas bien l’adion de la terre pefante, de la magnéfie & de la chaux fur le cobalt. Les alka lis -l’altèrent manifeftementj mais, hait» Lorfcjuç la diiTolution eR au point de Lattis $20 ElLtîéns ration elle eft d’un brun rofé ou d’un vert clair® Elle donne par une forte évaporation un nitre de cobalt en petites aiguilles réunies. Ce fel efl très-déîiquefcent ; il bouillonne fur les charbons fans détonner , & il lai(Te une chaux rouge fon- cée. Il eh décompofé par les mêmes intermèdes falins que le vitriol de cobalt. Si dans ces dé- comportions , on ajoute plus d’alkali qu’il n’en faut pour précipiter le cobalt, cette fubflance fe diiïbut dans l’excédent du fel, 8c le préci- pité difparoiî. L’acide muriatique ne difTout pas le cobalt à froid; mais à l’aide de la chaleur il en dilTout une portion. Cet acide agit mieux fur îe fafre ; il forme une dilïolution d’un brun rouge, qui devient verte dès qu’on la chauffe ; cette diiïb- lûtion évaporée, 8c bien concentrée, fournit un fel qui criftaiiife en petites aiguilles , 8c qui elt fort déliquefcent ; la chaleur lui donne d’abord une couleur verte, 8c le décompofé. L’eau régale dilTout le cobalt un peu plus aifément que ne fait l’acide muriatique , mais avec moins d’énergie que ne fait l’acide nitreux. Cette diffolution eiï connue depuis long-tems comme une forte d’encre de fympâthie , qui ne devient apparente que lorfqu’on la chauffe; Üécriture qui n’étoit pas vifible à froid, paroît d’un beau vert céladon par la chaleur, 8c dif- d’Hist. Nat. et be Chimie, pï paroît à mefure que le papier fe refroidit. Cette propriété appartient à la diffolution de cobalt dans l’acide muriatique, & l’acide nitreux qu’on a ajouté pour faire l’eau régale , n’y contribue qu’en facilitant fa diffolution 8c fa fufpenfTon. On avoit cru que la couleur verte que produit i’encre de cobalt chauffée , 8c qu’elle perd eu refroicliffant , étoit due au fel métallique que la chaleur faifoit criîlallifer , & qui étant expofé à Pair froid, attiroit affez d’humidité pour fe diffoudre 8c difparoître entièrement* mais il eft prouvé que le fel marin de cobalt , diffous dans l’eau, prend la même couleur dès qu’on lui fait éprouver un certain degré de chaleur. L’acide boracin ne diffout point immédiate- ment le cobalt ; mais lorfqu’on mêle une diffo- lution de borax avec une diffolution du demi- métal dans un des acides précédens, il s’opère une double décompofition. La foude s’unit avec l’acide qui tenoit la chaux métallique en diffo- lution, 8c l’acide boracin, combiné avec cette dernière , fe précipite : on peut recueillir ce borax cobaltique , en féparant par le filtre la liqueur qui le fumage. Le cobalt n’a point d’affion fur la plupart des fels neutres. Il fe calcine lorfqu’on le traite au feu avec du nitre. Si on projette dans un creufet rouge 8 un mélange d’une partie de cobalt en $2± E L à M É M Ê poudre 3 8c de deux ou trois parties de nitre bien fec , il ne fe produit point une déton nation vive > mais il s’excite de petites fcintiîlations bien marquées; on trouve enfuite une portion du cobalt changée en une chaux d’un rou^e plus ou moins foncé 8c fou vent verdâtre. Cette expérience , ainfî que toutes celles fur l’a&ioiî réciproque du nitre 8c des matières métalliques, demanderoit à être fuivie. Le cobalt ne décompofe point le feî ammcH niac. Bucquet, qui a fait cette expérience avec beaucoup de foin , n’a pas obtenu un atome d’aikali volatil; cela dépend du peu d’adion qu’a l’acide muriatique fur ce demi-métal. On ne connoît pas l’adion du gaz inflam- mable fur le cobalt. Le foufre ne s’unit que très* difficilement avec cette fubflance, mais le foie de foufre favorife cette combinaifon ; il en réfulte une forte de mine artificielle, à facettes plus ou moins larges ou d’un grain plus ou moins fin, d’une couleur blanche ou jaunâtre, fuivant la quantité de foufre combiné. M. Baumé, qui a donné d’excellens détails fur cette combinai- fon > dans fa Chimie expérimentale 8c raifonnée * ( tome II, page z88 à zyj ) obferve qu’elle ne peut être décompofée que par les acides, 8c que le feu n’efl pas capable d’en féparer tous le foufre? d’Hist. Nat. et de Chimie, pj Le cobalt n’ell d’aucun ufage dans fon état métallique, mais on emploie fa chaux pout colorer en bleu les verres, les émaux, les fakn» les porcelaines. Fin du Tome fécond * f Page ERRATA du fécond V olume . 2 , dernière ligne de la note , douze , lif. qua- torze lig , 5 > du phofphore , lif. de phofphore 1 6 , efface-^ la phrafe commençant par les mots , fes affinités ; c’efl an don * ble emploi \ fa vraie place ejl à la page 44 oà elle ejl répétée • 1 , Sorte VII , lif Sorte VI. 1 5 , de Borax , lif. du Borax 6 , fixe efl , lif eft fixe 2 , clacaires , lif calcaires 13, titre , de Tels magnéfie ou magné- fiens , lif de magnéfie ou Tels mai gnéfiens. 2 , Tel marin de magnéfie , lif nitre de magnéfie 18 , ajoute 1 à la fin de V alinea, il fait efFervefcence avec les acides5lorfqu’on Ta réduit d’abord en poudre. 1 3 , efface\ les mots acide de dernière ligne & dernier mot , pion- lif plongés 3?9, dernière lig . û. combinaifon avec la magné- fie efl auffi détruite par Falkali vo- latil , lif Là combinaifon avec Falkali volatil efl auffi détruite par la ma- gnéfie. 4 16 , 19 , difïoudre une pyrite dans Fefprit de vitriol , lif diffoudre dans Fefprit de vitriol une pyrite foi , 1 3 diffout auffi la chaux d’arfenic , lif diffout un peu de chaux d’arfenic. 11 , 3° > 57, 5», 59, 1 7 5 , *35 , 246 , 290 308 , 332 ,