LE 1ANTO0 TDED 0 LUN ALL) IOHM/18N 312 Sylviorthorhynchus, . . . . . . . . . . . + . ATNUMDIUS-E 0 - ee: ec ceie roc SOUS=ORDRE. TÉNUIROSTRES MARCHEURS.. . . . . .. RURNARIDÉS ee Us ne sue etele = Pics RURNARINES: . = muse celle ROMANS Lee ee se lee ele. cie MOCRMIAS EE = + nie: +: ce Henicornis.. . . . . . . LpuCerthiA Ce. eh. - ee + eh DINPIONERE = + 27e - Un sites cle olelslette Cinclocerthia.. . . . . . . . . SC 0 © Où UPUPINÉS. Upupa.. . . se = eee AMAUDIDÉS ee ee se = rie Doc beo CERTHILAUDINÉS. . . . . Geositta. . 2 : CerthiIAUdRe ee ce - 12 cc ADAUDINÉS:- 7: % 1e nl CU Re Melanocor phare CC NPA TA M ee nes: cote : ct eee RAMPHOCOrS ECC - RYPTRNIAUA Eee ee Ce CÉOCOPIS ee ce eee ee CU Ce MaCTONYX Se CC Ce ie ANTHINÉS 02 0 Le ee ce ee le eu de CONV AL A See Ne eee ce ie See Aninus= 0 MOTACILLIDÉS. MOTACILLINÉS BAAyIeS SE Re ue ee ire a Mie e Motacilla = Holelele euedohele other oi Ho rele-elhelee el nier ess lolo ete ste et cite) a tnife ne CARNET RTE TE CINCLINÉS Cinclus DéonacryLes DENTIROSTRES « , « « + = «+ + © + + DENTIROSTRES MARCHEURS. . FORMICARIDÉS HISTOIRE NATURELLE. ATÉLORNITHINÉS.. . . ... Brachypteracias. . . . . . . . . . + + + « . . Atelotnis trie 2er ee Ceci cieicieir PITTINÉS 2 ce coOccico Myiophonus. . .... . .. .. Brachypteryx. FORMICARINÉS. . . . . . Graine ce ce - Li Formicarius: 1.0. ie crc icreteieieie Conopophaga.. . . . . . . . . . « . « «+ - Pithys. SCIerUEUS ele - elec ch. CE-R-E-TE MÉGALONYCINES PR ee Ce L'ÉPIONYX ce - Re CCE Rhinocryptas. . -tencl-elo-rcipree Megalonyx..: 2. Ce cn cr a Mriptorhinus Me NN RCE Mevulaxis ne ce ec ce CE SCYEAIOPUS = TC Re ce CCE MÉNURIDÉS:. EME RU lle le os eteleteie MÉNURINÉS-: a ete tee ere ORTHONYCINES M 0 - nice OTthonyx ee - -- -. - -Ct- ich MURDIDÉS = CE = uetet= Hole THAMNOPHILINÉS =... - ce CIE Drymophila. FOTMICIVOrAe = ce ele eee et ee Dasycephala "cu. cu "Ne GEO NTEENS 0 0100 oo oo ao bno Le AGRIORNITHINÉS ee - cie AGTIOTNIS Ne ee eee lie tee erroné Géntrites. 2 eee ce ce cie Re itidsbo oo cécs o 0 0 OUI io d'or maigio © © Pepoazas- te ee eric ce CCC LiChENOPs. MN Reis MusCiSAXICOlA 0 le Re Ci Ce PIGNONOTINÉS. Cri ANÜFOPAAUS RE he See CCC CE TriCROPHOTUS eee ec cie -- he PSCNONOUE- Ne ee ce ect Microscels EE ee ire HYPSipeles Ce en. cie Corte PRIAStTepPhUs eee rte rie etat tete na" FIN DE LA TABLE. ENCYCLOPÉDIE D'HISTOIRE NATURELLE AO TAN , , . DT PARIS — IMPRIMERIE SIMON RAÇON ET C*, RUE D'ERFURTH, 4 RESIAUTLA HSHOTAHTA #9 = 4 ENCYCLOPÉDIE D'HISTOIRE NATURELLE ot TRAÎTE COMPLET DE CETTE SCIENCE \ LES TRAVAUX DES NATURABISTES LES PEUS EMINENTS DE TOUS LES PAYS ET DE TOUTES LES EPOQUES BUFFON, DAUBENTON, LAGEPEDE, G. CUVIER, F. CUVIER, GEOFFROY SAINT-HILAIRE, LATREILLE, DE JUSSIEU, BRONGNIART, erc., erc. resumant | )bservation: jies Auteurs anciens et comprenant toutes les Découvertes moderne: Jusqu'à nOS Jours. PAR LE D' CHENU CHIRURGIEN = MAIOR A L'HÔPITAL MILITAIRE DU VAL=DE- GRACE, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE, FT OISEAUX Avec la collaboration de M. O6, DES MURS, membre de plusieurs Sorictes savantes QUATRIEME PARTIE PARIS CHEZ MARESCQ ET COMPAGNIE, CHEZ GUSTAVE HAVARD EDITEURS DE L'ENCYCLOPEDIE, LIRRAIRE, RUE DU PONT-DE-LODI (PRÈS LE PONT -NEUF |. i 15, HUE GUENEGAUD (PRÈS LA MONNAIE). Tr) AA À È e Qu P Le” Li :ÿ4 nr pue, L FA L _ k 5 EU AVE. £ FAAUMSITII7) | E F F# | H: / f di j 1192 71 44 | on LHE . : CNUAIRPAN ANR ENT à AC IOTAPTPNT 7 | : VTT RRQ EUTE LE! LL [A] FAR Mie Ù DIRE } 1207 4e DTA Ù L L AAA OROTETEU vie 0 Ml PAS 29473498 - Uorvrrs L : PURE AO TE TT Eu CUT 7 14 LEA Hi FLO PER SATA NL ft An Ce volume contient la suite des Denrinosrres Marcueurs, les Denriros: TRES SUSPENSEURS, el une partie des PERcHEURS. Comme pour les volumes précédents, les figures ont été dessinées d’après ? © les planches de Gould, Audubon, Temminck, Gray, D'Orbigny, Smith, Spix, Swainson, etc., ete., et quelques-unes d’après nature. 7 | El OS ; : ve A rt ANR Nb var HORS NN LUN à "M, M "M2 y, soin AE MAT ET nf Lis PNA ET ARR EVINIE se en CUITE NA ESP A Lit 141 “A Ha PDT Hs SL à A et ñ 4 NOT PTT ENTE TE LI TER el #17 HAS PT cu CA AVIS Les planches tirées hors texte sont au nombre regard de la page indiquée ou à la fin du volume. Planches. 1. Accipiter polyzonoïdes. — Accipiter rufiventer, 2. Autour à ventre ondulé. — Polyboroïde type. 3. Phyllastrephe grimpeur. — Aigle couronné. . 4. Turdoïde de Fisquet. — Microscèle à oreillons RER Vos 900 0 © do oo 0 ro ven 9. Sclérure à queue aiguë. — Rhinocrypte lan- CO 6. Andropade importun. — Caro PA 7. Drimophile aux longs pieds. — Muscisaxicole à TON DEOUX EE EU SMENUTEESUPDETDe re ee 9. Paroare huppé. — Faucon D An De rule 10. Cardinal rouge. — Athene strenua . . . . 11. -Eurystome d'Australie. — Faucon polyzone, 42. Eurostopode tacheté, — Busard de Swainson. 13. Engoulevent à grosse queue. — Hibou du Cap. 44. Chouette ténébreuse. — Aigle belliqueux. 15. Busard maure. — Alcyon de Macleay. 16. Athene capensis. — Hibou du Gap. . . . . . 47. Fringilla nivalis. . , 18. Seisura inquiela. — Strepera graculina, 19. Colluricincla rufiventris, — Dacelo gigantea. 20. Smicrornis flavescens. — Artamus cinereus AU Pages. RELIEUR de quarante. Chaque planche doit être placée en Planches. 21 22. 23 24. 25 26. 27 1 28. 29. 30. 51. 32. 33 34 55. 36 37 38. 39 40. Monarcha trivirgata. — Gymnorhbina tibicen. . Zosterops dorsalis. — Pteropodocys phasia- nellus ONE Sylvia formosa. — Gramalus Swamsonn. . Monarcha carinata. — Oreoica gutturalis. . Chouette du Cap. — Traquet pâtre. Calliope. — Sphenostoma cristatum. Petroïca multicolor. — Petroïca bicolor. . Bec-fin riverain. Bec-fin mélanocéphale, — Petroïca fusca. Bec-fin rayé. — Podargus plumiferus. Pardalotus striatus. . . — Hylacola cauta. Sphæneacus grammeus. — Pons Dune Halo gilofo at oo 0 Athene Woodfordi. —- Sericornis maculata. Falco rupicoloides. — Orcocincla lunulata Falco rufinus. — Chlamidera nuchalis. Estrelda bella. — Seisura DE 0 Donacola castancothorax. — Ptloaohynchs Smithii. . .. dd - Amadina modesta. — Cystieoa ruficeps. Myagra concinna. — Dasyornis longirostris. Sericornis esculans. — Poephila acuticauda Pages 100 105 107 112 118 125 153 139 145 151 167 178 185 199 207 216 233 245 261 275 41 { 1 CT PR CE LIU LP AE of £r WU? OL à à tel % 109 aup}ou 431 CHE bn D pete MONT FAIT OUT NIV Hot y E : TE po LE sy: TRE da AE ah dl LUE : HA DENON EU! Lin At MENT CT aigue EME. Eu . 2, — Accipiler à ventre roux, (Mâle, femelle et jeune.) OISEAUX Quatrième partie Q P Suite des Meuliostres Matcheuts. TROISIÈME TRIBU. — TURDIDÉS. {Suite) Les Turdinés ont pour types de caractères zoologiques le Merle ordinaire et la Grive, deux Oiseaux trop connus pour que nous insistions à ce sujet. Quant à leurs mœurs, elles varient suivant les genres : ceux-ci étant plus ou moins marcheurs, ceux-là plus ou moins buissonniers, quelques-uns, enfin, plus ou moins sylvains. Swainson, sous le nom de Merulinæ, en faisait la troisième sous-famille de ses Merulidæ, et la composait des genres suivants : 4° Petrocincla, Nigors,; 4° Orpheus, Swainson; 2 Petrophila, Swainson; o° Cossypha, Vigors; 3° Merula, Leach; 6° Chætops, Swainson. o+ 1 9 HISTOIRE NATURELLE. M. De La Fresnaye, qui, dans l'origine (1833), rangeait cette famille. en général, dans sa grande division des Passereaux marcheurs, en a fait, en 1838, le deuxième groupe de ses Merles (T'urdidæ), que, sous le nom de Merles sylvains ou Merles proprement dits (Turdidæ sylvanæ), il compose des genres : 4° Turdus, Linné: 2 Kittacincla, Gould. 5° Turdidæ phænicwroides où Merles rubiettes; 4° Sericulus; 5° Myophonus où Merles corvins. M. Gray, en faisant la seconde sous-famille de ses Turdidie, ÿ range les genres : 4° Chætops; 2° Zoothera, Vigors; 3° Turdus; 4° Bessonornis, Smith; 5° Mimus, ie même que l'Orpheus Enfin, M. Ch. Bonaparte y fait entrer les genres : 1° Myiomela, Hodgson: 9 Toxostoma, Wagler; 90 Copsychus, Wagler; 10° Donacobius, Swainson; 5° Küttacincla; 41° Catharus, Ch. Bonaparte; 4° Geocichla, Kuhl: d 42° Cheœwtops; 5° Oreocincla, Gould; 15° Crateropus, Swainson, 6° Turdus; 44° Cinclosoma, Gould; 7° Melanotis, Ch. Bonaparte; 45° Cynclorhamphus, Gould: 8° Mimus, Boié; en tout quinze genres. Nous réduisons cette famille à trois genres : 1° Grive (Turdus); 2° Merle (Merula); 3° Moqueur (Mimus). Fig 14 — Drame, OISEAUX. 5 1° GENRE. — GRIVE. TURDUS. (Buffon.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES Bec de la longueur de la tête, comprümé, aussi haut que large à sa base, qui est garnie de soies, à mandibule supérieure échancrée à sa pointe et courbée dans toute sa longueur, l'inférieure presque droite, légèrement renflée. Narines basales, ovoides, à moitié fermées par une membrane. Ailes variant du type suraigu aux types subaigu et obtus; a penne bâtarde ou courte, ou nulle, ct la rémige la plus longue étant, tantôt la première seule, tantôt la même avec la quatrième, tantôt la deuxième avec la troisième, tantôt la quatrième seule atteignant le milieu de la queue. Queue assez longue, ample et arrondie. Tarses allongés, de la longueur du doigt médian, recouverts d'une seule squanelle, les doigts latéraux presque égaux, l'externe soudé jusqu'à la première phalange avec le médian; ongles min- ces, comprünés, allongés et faiblement arqués, celui du pouce égal à celui du médian. Fig. 2. — Turdus viscivorus. + Fig. 3. — Turdus viscivorus. Quarante espèces de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique. Nous figurons les espèces d'Europe, au nombre de onze, dont nous donnons aussi la description. Toutes, ou presque toutes, ont l’intérieur du bec jaune; la partie supérieure du corps d’une couleur plus rembrunie, et la partie inférieure d’une couleur plus claire et grivelée; enfin, dans toutes, ou presque toutes, la queue est à peu près le tiers de la longueur totale de l’Oiseau… (Guéxeau DE Moxr- BEILLARD.) Guéneau De Montbeillard est le premief qui ait séparé génériquement les Grives des Merles, que Linné et Brisson réunissaient sous la même dénomination; MM. Boié et Kaup n’ont fait que dévelop- per, en l'appliquant, cette idée judicieuse, adoptée avant eux déjà par Le Vaillant, et depuis par M. Gould, qui n’est cependant pas suivie par le plus grand nombre des auteurs, qui se bornent à faire des Grives et des Merles deux subdivisions du même genre Turdus. La famille des Grives a sans doute beaucoup de rapports avec celle des Merles, mais pas assez, néanmoins, pour qu'on doive les confondre toutes deux sous une même dénomination, comme ont fait plusieurs naturalistes; et, en cela, le commun des hommes me paraît avoir agi plus sagement en don- nant des noms distincts à des choses vraiment distinctes. On a appelé Grives ceux de ces Oiseaux dont le plumage était grivelé, ou marqué, sur la poitrine, de petites mouchetures disposées avec une sorte de régularité. Au contraire, on a appelé Merles ceux dont le plumage était uniforme, ou varié seulement par de grandes parties. Nous adopterons cette distinction de noms d'autant plus volontiers, que la différence du plumage n’est pas la seule qui se trouve entre ces Oiseaux. Des quatre espèces principales appartenant à notre climat, les deux premières, qui sont la Grive et 4 HISTOIRE NATURELLE. la Draine, ont de l’analogie entre elles : toutes deux paraissent moins assujetties à la nécessité de changer de lieu, puisqu'elles font souvent leur ponte en France, en Allemagne, en Italie, en un mot, dans les pays où elles ont passé l'hiver; toutes deux chantent très-bien, et sont du petit nombre d'Oiseaux dont le ramage est composé de différentes phrases; toutes deux paraissent d'un naturel sauvage et moins social, car elles voyagent seules, selon quelques observateurs. Fig. 4. — Grive à sourcils blancs. & Les deux autres espèces, Je veux dire la Litorne et le Mauvis, se ressemblent aussi de leur côte, en ce qu'elles vont par bandes nombreuses, qu'elles sont plus passagères, qu'elles ne nichent pres- que jamais dans notre pays, et que, par cette raison, elles n'y chantent l'une et l’autre que très-ra- rement, en sorte que leur chant est inconnu, non-seulement au plus grand nombre des naturalistes, mais encore à la plupart des chasseurs. Elles ont plutôt un gazouillement qu’un chant; et quelquefois, lorsqu'elles se trouvent une vingtaine sur un peuplier, elles babillent toutes à la fois, et font un bruit très-grand et très-peu mélodieux. En général, parmi les Grives, les mâles et les femelles sont à peu près de même grosseur, et éga- lement sujets à changer de couleur d’une saison à l’autre : aucune ne vit de grains, soit qu'ils ne conviennent point à leur appétit, soit qu'elles aient le bec ou l'estomac trop faible pour les broyer ou les digérer. Les baies sont le fond de leur nourriture, d’où leur est venu la dénomination de Bac- civores. Elles mangent aussi des Insectes et des Vers; et c’est pour attraper ceux qui sortent de terre après les pluies qu'on les voit courir alors dans les champs et gratter la terre, surtout les Draines et les Litornes; elles font la même chose l'hiver dans les endroits bien exposés où la terre est dégelée. (Guéneau De MoNTBEILLARD.) Un fait bien curieux, et jusqu'alors ignoré, est celui rapporté par un observateur anglais, M. St.-John : Dans quelques-uns de nos bois, dit-il, les Grives et les Merles vont briser les enveloppes des Lima- çons contre certaines pierres immobiles qu’ils connaissent. Dans un bois de brodie, où sans doute, à cause des roches calcaires que recouvre le sol, on trouve beaucoup de ces petits coquillages ronds et jaunes, rayés de noir, j'ai vu deux Grives en apporter plusieurs en très-peu de temps; elles les henr- taient contre la pierre, et, quand leurs efforts étaient insuffisants, elles les fixaient dans quelque crevasse, et les frappaient de leur bec jusqu'à ce qu’elles en eussent tiré le Mollusque, qu'elles empor- taient probablement pour leurs petits. C'était en avril. Chaque fois que je traverse ce bois, Je visite la pierre des Grives, et trouve toujours aceru lamas de coquilles. Si l’on observait avec soin les Oi- seaux, on verrait que la plupart ont recours aux expédients les plus ingénieux pour leur entretien et celui de leur famille. (Portefeuille d'un chasseur et Rev. britann., 1850.) Leur chair est un très-bon manger, surtout celle de nos première et quatrième espèces, qui sont Fig. 1. — Autour à ventre oudulé Fig. 2, — Polyboroïde type. (Jeune et femelle adulte. ) OISEAUX. ) la Grive proprement dite et le Mauvis; mais les anciens Romains en faisaient encore plus de cas que nous, et ils conservaient ces Oiseaux toute l'année dans des espèces de volières qui méritent d’être connues. Chaque volière contenait plusieurs milliers de Grives et de Merles, sans compter d’autres Oiseaux bons à manger, comme Ortolans, Cailles, etc.; et il y avait une si grande quantité de ces volières aux environs de Rome, surtout au pays des Sabins, que la fiente de Grive était employée comme engrais pour fertiliser les terres; et, ce qui est à remarquer, on s'en servait encore pour engraisser les Bœufs et les Cochons. Fig. 5. — Grive litorne, Les Grives avaient moins de liberté dans ces volières que nos Pigeons fuyards n’en ont dans nos colombiers, car on ne les en laissait jamais sortir, aussi n’y pondaient-elles point; mais, comme elles y trouvaient une nourriture abondante et choisie, elles y engraissaient au grand avantage du pro- priétaire. Les individus semblaient prendre leur servitude en gré; mais l'espèce restait libre. Ces sortes de grivières étaient des pavillons voûtés, garnis, en dedans, d'une quantité de juchoirs, vu que la Grive est du nombre des Oiseaux qui se perchent : la porte en était très-basse; ils avaient peu de fenêtres, et tournées de manière qu'elles ne laissaient voir aux Grives prisonnières, ni la campa- gne, ni les bois, ni les Oiseaux sauvages voltigeant en liberté, ni rien de tout ce qui aurait pu renou- veler leurs regrets et les empêcher d’engraisser. Il ne faut pas que des esclaves voient trop clair : on ne leur laissait de jour que pour distinguer les choses destinées à satisfaire leurs principaux besoins. On les nourrissait de millet et d'une espèce de pâtée faite avec des figues broyées et de la farine, et, outre cela, des baies de lentisque, de myrte, de lierre, en un mot, de tout ce qui pouvait rendre leur chair succulente et de bon goût. On les abreuvait avec un filet d'eau courante qui traversait la volière. Vingt jours avant de les prendre pour les manger, on augmentait leur ordinaire, et on le rendait meil- leur; on poussait l'attention jusqu’à faire passer doucement, dans un petit réduit qui communiquait à la volière, les Grives grasses et bonnes à prendre, et on ne les prenait, en effet, qu'après avoir bien refermé la communication, afin d'éviter tout ce qui aurait pu inquiéter et faire maigrir celles qui res- taient; on tâchait même de leur faire illusion en tapissant la volière de ramée et de verdure souvent renouvelées, afin qu’elles pussent se croire au milieu des bois : en un mot, e’étaient des esclaves bien traités, parce que le propriétaire entendait ses intérêts. Celles qui étaient nouvellement prises se 6 HISTOIRE NATURELLE. gardaient quelque temps dans de petites volières séparées, avec plusieurs de celles qui avaient déjà l'habitude de la prison : et, moyennant tous ces soins, on venait à bout de les accoutumer un peu à l'esclavage; mais presque jamais on n’a pu en faire des Oiseaux vraiment privés. On remarque encore aujourd'hui quelques traces de cet usage des anciens, perfectionné par les modernes, dans celui où l’on est, en certaines provinces de France, d'attacher, au haut des arbres fréquentés par les Grives, des pots où elles puissent trouver un abri commode et sûr sans perdre la liberté, et où elles ne manquent guère de pondre leurs œufs, de les couver et d'élever leurs petits. Tout cela se fait plus sûrement dans ces espèces de nids artificiels que dans ceux qu'elles auraient faits elles-mêmes : ce qui contribue doublement à la multiplication de l'espèce, soit par la conservation de la couvée, soit parce que, perdant moins de temps à arranger leurs nids, elles peuvent faire aisé- ment deux pontes chaque année. Lorsqu'elles ne trouvent point de pots préparés, elles font leurs nids sur les arbres et même dans les buissons, et les font avec heaucoup d'art; elles les revêtent, par de- hors, de mousse, de paille, de feuilles sèches, etc.; mais le dedans est fait d'une sorte de carton as- sez ferme composé avec de la boue mouillée, gâchée et battue, fortifiée avec des brins de paille et de petites racines : c'est sur ce carton que la plupart des Grives déposent leurs œufs à cru et sans aucun matelas, au contraire de ce que font les Pies et les Merles. Ces nids sont des hémisphères creux, d'environ 4 pouces (0,0,105) de diamètre. La couleur des œufs varie, selon les diverses espèces, du bleu au vert, avec quelques petites taches obscures, plus fréquentes au gros bout que partout ailleurs. Chaque espèce a son cri différent : quelquefois même on est venu à bout de leur apprendre à parler; ce qui doit s'entendre de la Grive proprement dite ou de la Draine, qui paraissent avoir les organes de la voix plus perfectionnés. On prétend que les Grives avalent les graines entières du genièvre, du gui, du lierre, etc. les ren- dent souvent assez bien conservées pour pouvoir germer et produire lorsqu'elles tombent en terrain convenable : cependant, Aldrovande assure avoir fait avaler à ces Uiseaux des raisins de vigne sau- vase et des baies de gui, sans avoir jamais retrouvé dans leurs excréments aucune de ces graines qui eût conservé sa forme. (Guéneau DE MonTeeiLLARD.) Nous nous étonnons que ce doute sur la faculté reproductive ou germinative des graines ou baies avalées par les Grives, après qu'elles les ont digérées, qui existait au temps de Buffon et de Guéneau De Montbeillard, subsiste encore aujourd'hui, car nous lisons à ce sujet, dars l'Ornithologie eu- ropéenne du docteur Degland : « La Draine aime beaucoup le fruit du gui, et contribue, selon quel- ques auteurs, à propager cette plante parasite, dont elle répandrait au loin les graines que la diges- tion n'aurait point altérées. » Il nous semble qu'outre la preuve qu'il est facile de se procurer, le fait par lui-même n'a rien d'extraordinaire, d'après ce que nous avons fait connaître, sur les observations si intéressantes de J. Verreaux, du Dicée à bec d'Hirondelle, qui contribue de la même manière, en Australie, à la mul- tiplication et à la propagation de certaines plantes parasites qui s’observent notamment sur un arbre appelé sheoak, et d'après ce que nous aurons occasion de citer de certaines espèces de Colombidés de l'Océanie. Les Grives ont le ventricule plus ou moins musculeux, point de jabot, ni même de dilatation de l'æsophage qui puisse en tenir lien, et presque point de cœcum; mais toutes ont une vésicule du fiel, le bout de la langue divisé en deux ou plusieurs filets, dix-huit pennes à chaque aile, et douze à la queue. Ce sont des Oiseaux tristes, mélancoliques, et, comme c’est l'ordinaire, d'autant plus amoureux de leur liberté : on ne les voit guère se jouer, ni même se battre ensemble, encore moins se plier à la domesticité. Mais, s'ils ont un grand amour pour leur liberté, il s’en faut bien qu'ils aient autant de ressources pour la conserver, ni pour se conserver eux-mêmes : l'inégalité d'un vol oblique et tor- tueux est presque le seul moyen qu'ils aient pour échapper au plomb du chasseur et à la serre de l'Oiseau carnassier; s'ils peuvent gagner un arbre touffu, ils s’y tiennent immobiles de peur, et on ne les fait partir que difficilement. D'après Le Vaillant, la Draine ferait exception à cette timidité et à cette humeur tranquille. I n'y a peut-être pas, dit il, d’Oiseaux plus querelleurs et plus hargneux. Cet Oiseau l'est au point que, quand il s’en trouve plusieurs de réunis dans le même arrondissement, ils se poursuivent con- tinuellement en criant et en se battant, jusqu'à ce que les plus faibles aient abandonné le canton; et OISEAUX. 7 cette animosité n’est pas seulement restreinte contre leur espèce, mais elle s'étend sur tous les Oi- seaux un peu forts qui s’approchent du lieu où ils sont fixés. Enfin, les Ramiers, les Tourterelles, les Corbeaux, les Coucous, les Loriots, les Pies-Grièches et les Chouettes, redoutent tous la Draine qui les poursuit; elle ose même braver la serre des Éperviers, des Cresserelles et des Émérillons: il n'y a pas jusqu’à la Buse et au Milan que je n'aie vus fuir lâchement à son approche. Il est bon de dire que, quand l'ennemi qui se présente paraît redoutable, ces Giseaux, oubliant leur haine particulière, se réunissent plusieurs pour tomber dessus, et leurs cris aigus, crrrrre, crrrrre, grrrrre, grrrrre, trrrré, trrrré, trrrré, tré, tré, tré, répétés sur tous les tons et avec l'accent que leur imprime la co- lère, ne contribuent pas peu à l’épouvante qu’inspirent ces Oiseaux naturellement vindicatifs. (His- toire naturelle ces Oiseaux d'Afrique.) On en prend par milliers dans des piéges: mais la Grive proprement dite et le Mauvis sont les deux espèces qui se prennent le plus aisément au lacet, et presque les seules qui se prennent à la pipée. Les lacets ne sont autre chose que deux ou trois crins de Cheval tortillés ensemble, et qui font un nœud coulant; on les place autour des genièvres, sous les aliziers, dans le voisinage d’une fontaine ou d'une mare; et, quand l'endroit est bien choisi et les lacets bien tendus, dans un espace de cent arpents, on prend plusieurs centaines des Grives par jour. (Guéneau De Monrerirrarn.) De tous les Oiseaux auxquels on tend des lacets, c'est, en effet, la Grive proprement dite, on mu- sicienne, qui produit la chasse la plus abondante. Un perchoir, auquel on attache un gluau, est en- core le moyen propre de s'emparer d'un mâle beau chanteur. En septembre et octobre, on prend aussi beaucoup de ces Oiseaux à l’abreuvoir; ils s'y rendent au lever et au coucher du soleil, et quel- quefois si tard, qu'on ne les voit plus, et qu'il faut se guider par l'ouie. Quand ils entrent dans l'eau, il ne faut pas se presser, parce qu'ils aiment à s’y baigner en compagnie, et se rassemblent jusqu'à dix ou douze à la fois, moyennant un cri d'appel particulier. Le premier qui trouve un ruisseau com- mode, et qui veut y aller, crie, d’un ton de surprise ou de joie, sik, sik, six, siki, tsac, tsac; aussitôt tous les voisins répondent de concert, et se rendent à la place; cependant, ils n’entrent au bain qu'avec circonspection; ils ne s’aventurent guère avant d’avoir vu un Rouge-Gorge se baigner sans danger; mais le premier qui se hasarde est bientôt suivi par les autres, qui se querellent même, si le local n’est pas assez grand pour tous les baigneurs. Il est avantageux d’avoir, pour les attirer, un Oiseau apprivoisé, courant et voltigeant sur le bord du ruisseau. (Becasreix.) Il résulte des observations faites en différents pays que, lorsque les Grives paraissent en Europe, vers le commencement de l'automne, elles viennent des climats septentrionaux avec ces volées in- nombrables d'Oiseaux de toute espèce qu'on voit, aux approches de l'hiver, traverser la mer Baltique, et passer de la Laponie, de la Sibérie, de la Livonie, en Pologne, en Prusse, et de là dans les pays plus méridionaux. L'abondance des Grives est telle alors sur la côte méridicnale de la Baltique, que, selon le calcul de Klein, la seule ville de Dantzig en consomme chaque année quatre-vingt-dix mille paires. Il n’est pas moins certain que, lorsque celles qui ont échappé au danger de la route repas- sent après l'hiver, c'est pour retourner dans le Nord. Au reste, elles n'arrivent pas toutes à la fois : en Bourgogne, c'est la Grive qui paraît la première vers la fin de septembre, ensuite le Mauvis, puis la Litorne avec la Draine, mais cette dernière espèce est beaucoup moins nombreuse que les trois au- tres; et elle doit le paraitre moins en effet, ne fat-ce que parce qu'elle est plus dispersée. Il ne faut pas croire non plus que toutes les espèces de Grives passent touiours en même quantité : quelquefois elles sont en très-petit nombre, soit que le temps ait été contraire à leur multiplication, ou qu'il soit contraire à leur passage; d’autres fois elles arrivent en grand nombre; et un observa- teur très-instruit m'a dit avoir vu des nuées prodigieuses de Grives de toute espèce, mais principale- ment de Mauvis et de Litornes, tomber, au mois de mars, dans la Brie, et couvrir pour ainsi dire un espace d'environ sept ou huit lieues; cette passée, qui n’avait point d'exemples, dura près d’un mois, et on remarqua que le froid avait été fort long cet hiver. Les anciens disaient que les Grives venaient tous les ans en Italie de delà les mers, vers l'équi- noxe d'automne, qu'elles s'en retournaient vers l’équinoxe du printemps (ce qui n'est pas générale- ment vrai de toutes les espèces, du moins pour notre Bourgogne), et que, soit en allant, soit en ve- nant, elles se rassemblaient et se reposaient dans les îles de Pontia, Palmaria et Pandataria, voisines des côtes d'Italie. Elle se reposent aussi dans l'île de Malte, où elles arrivent en octobre et novembre. 8 HISTOIRE NATURELLE. Le vent de nord-ouest y en amène quelques volées; celui de sud ou de sud-ouest les fait quelque- fois disparaître; mais elles n’y vont pas toujours avec des vents déterminés, et leur apparition dépend souvent plus de la température de l'air que de son mouvement, car, si dans un temps serein le ciel se charge tout à coup avec apparence d'orage, la terre se trouve alors couverte de Grives. Au reste, il paraît que l’île de Malte n’est point le terme de la migration des Grives du côté du midi, vu la proximité des côtes d'Afrique, et qu'il s’en trouve dans l’intérieur de ce continent, d’où elles passent, dit-on, tous les ans en Espagne. Celles qui restent en Europe se tiennent, l'été, dans les bois en montagnes; aux approches de l’hi- ver, elles quittent l'intérieur des bois, où elles ne trouvent plus de fruits ni d'Insectes, et elles s’éta- blissent sur les lisières des forêts ou dans les plaines qui leur sont contiguës. C’est sans doute dans le mouvement de cette migration que l’on en prend une si grande quantité au commencement de no- vembre dans la forêt de Compiègne. (Guéneau De MoxrBeiLLarp.) Les mœurs des Grives de l'Afrique, notamment de celles appelées Grivron par Le Vaillant, sont les mêmes que celles de nos Grives d'Europe. Ainsi, cette espèce est de passage au Cap; il en reste cependant toute l’année quelques couples autour des habitations, notamment dans les environs de Constance ou de Ronde-Bosch, et dans tous les cantons plantés de vignes, où elles abondent, plus particulièrement cependant dans le temps de la maturité du raisin. Ces mêmes Oiseaux, selon ce voya- geur, passent en si grand nombre dans les forêts d'Anteniquoi, que tous les arbres d’une partie en- tière du bois en sont quelquefois couverts. J'ai été, dit-il, témoin d’un de ces passages, qui a duré près de quinze jours; après quoi, je n’en vis plus un seul. Ce temps est précisément celui auquel ils partent des environs du Cap. Il est probable qu'ils reviennent encore par le même chemin dans le mois d'octobre, saison où on les revoit abondamment dans toute la colonie de l’est. (Histoire natu- relle des Oiseaux d’ Afrique.) Il en est de même de celles de l'Amérique septentrionale : ainsi, le Turdus minor etle Turdus mustellinus (Grive grivette et Grive tannée) habitent, l'hiver, les Grandes-Antilles et la partie sud de l'Amérique septentrionale, mais, dès le mois d’avril, elles s’avancent vers le centre des États-Unis, et y restent jusqu'à l'automne, époque à laquelle elles getournent vers le nord. (D'Ongieny et La Sacra, Histoire de l'ile de Cuba.) Quant aux Grives de l'Amérique méridionale, elles paraissent plus sédentaires. Ainsi, au dire de D'Azara, les deux qu'il décrit, la Grive blanche et noire et la Grive chochi, ne quittent point le Para- guay jusqu'à Buénos-Ayres. Leurs mœurs offrent même cette particularité que, pour prendre les Vers et Insectes qu'ils cherchent à terre, ces Oiseaux détournent, avec leurs pieds et leur bec, les feuil- les tombées, et fouillent de même les crottins des Chevaux et les bouses des Vaches; c’est à cause de cette habitude qu'on leur donne communément le surnom de Piré (Pieds-puants). (Voyage dans l'A- mérique méridionale.) GRIVE PROPREMENT DITE ou GRIVE MUSICIENNE. TURDUS MUSICUS. (Linné.) Gris-brun, nuancé d’olivâtre en dessus, avec quelques taches roussâtres à l'extrémité des petites et moyennes couvertures des ailes, lorums et tour des yeux jaunâtres; côtés de la tête, du cou, de la poitrine et du corps d'un blanc roussâtre, varié de taches noirâtres; gorge d'un blanc roussâtre sans taches; abdomen d’un blanc pur, avec des taches noirâtres plus petites et moins nombreuses que celles de la poitrine; sous-caudales tachetées de gris et de roux sur un fond blanc sale; bec brun, plus foncé en dessus, gris en dessous; pieds d’un gris brun; iris brunâtre. (Wäle.) Longueur totale, 0,235. (Drcrann.) Le plumage de cette espèce est sujet à de fréquentes variations. M. Degland en possède un indi- vidu d’un blanc pur et un autre tapiré de blanc; on en cite de couleur isabelle et de roux ardent. Se trouve dans toute l'Europe, en Sibérie et très-communément en France. Sa ponte est de quatre à six œufs d’un bleu verdâtre plus ou moins vif, avee quelques points noirs où d’un brun noir sur le gros bout; quelquefois ces taches manquent tout à fait. Grand diamè- tre, 0,028; petit diamètre, 0,045. Fig. 1 = Phyllastrèphe grumpeur 2 — Aivle couronné (Mäle et femelle.) OISEAUX. Le) GRIVE DRAINE. TURDUS VISCIVORUS. (Linné ) Gris-brun en dessus, nuancé de roussâtre, surtout au croupion; blanc jaunâtre en dessous, avec de petites taches brunes sur les côtés du cou, d’autres en fer de lance à la gorge, d’autres ovalaires à la poitrine, à l'abdomen, et d'oblongues sur les sous-caudales; tour des yeux cendré; joues et côtés du cou d'un cendré lavé de jaunâtre et varié de taches brunâtres; ailes pareilles au manteau, avec les petites couvertures terminées de blanc; moyennes et grandes couvertures, rémiges et rectrices bordées en dehors d’une teinte d’un cendré roussâtre; les trois rectrices externes avec un peu de blanc à leur extrémité; bec jaunâtre à sa base et brun dans le reste de son étendue; pieds roussi- tres; iris noisette brune. (Mâle au printemps.) Longueur totale, 0,305. (DEcLann.) Fig. 6. — Grive draine. Habite une grande partie de l'Europe, répandue en France et en Allemagne, sédentaire dans nos départements septentrionaux et de passage en Provence et en Lorraine; quelques individus cependau: y sont sédentaires. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d'un blanc grisâtre, très-rarement roussâtre, avec des points et des taches d’un brun rouge plus ou moins vif, généralement ces taches sont peu nom breuses. Grand diamètre, 0",03; petit diamètre, 0",021 GRIVE MAUVIS. TURDUS ILIACUS. (Linné.) Brun olivâtre en dessus, avec l'extrémité des moyennes couvertures des ailes un peu tachée € blanc roussätre; quelques grandes couvertures et les rémiges bordées en dehors de cendré; partis inférieures d’un blane pur, nuancé de roussâtre sur les côtés du cou, à la poitrine, et varié de tach( oblongues d'un brun noirâtre, excepté au milieu du ventre; flancs d'un roux ardent; sous-caudal: flammées de brun; une bande blanche au-dessus des yeux, s'étendant du bec à la nuque; bec brun noir, moins coloré en dessous vers la base; pieds grisâtres; iris brun. (Mäle au printemps.) Longueur totale. 0",99. où 12 10 HISTOIRE NATURELLE. Habite le nord de l'Europe, la Sibérie, l'Asie et l'Afrique septentrionale, et passe annuellement dans beaucoup de localités de la France. Sa ponte est de cinq ou six œufs d’un blanc verdâtre, taché de noir comme ceux de la Grive ordi- naire, mais avec les taches plus disséminées et peut-être un peu moins nombreuses. Tels étaient des œufs recueillis par M. J. De Lamotte. (DEGLaND ) GRIVE LITORNE. TURDUS PILARIS. (Linné.) Dessus de la tête, du cou et croupion d’un gris cendré, varié de quelques taches noires sur la pre- mière partie; dos et grandes couvertures des ailes d'un brun châtain; gorge, devant du cou et poi- trine d'un roux plus ou moins foncé, avec des taches longitudinales noires; ventre blanc; sous-cau- dales blanches et tachetées de brun; rémiges brunes, les primaires bordées de cendré, les secondai- res de roussâtre; queue d’un brun noirâtre en dessus et d’un gris cendré en dessous, avec les deux rectrices externes bordées de gris-brun et terminées de blanc; bec noirâtre à sa pointe et jaunâtre dans le reste de son étendue; pieds etiris brunâtres. (Wäle en automne.) Longueur totale, 0,275. Habite les forêts du nord de l'Europe, l'Asie septentrionale, et se montre de passage régulier dans beaucoup de localités de la France. Sa ponte est de quatre à six œufs d'un gris verdâtre ou bleuâtre, avec de petites taches d’un roux de rouille ou brunes, quelquefois presque confondues. Grand diamètre, 0",027 à 0,098; petit diamètre, 07,02. GRIVE DE NAUMANN. TURDUS DUBIUS. (Bechst:in.) Sommet de la tête et région parotique d'un brun foncé; dessus du cou et du corps d’un cendré roux, passant au roux vif sur les bords des paupières, au croupion et sur les côtés du cou; poitrine, abdomen et flancs avec les plumes rousses au centre et largement frangées de blanc; milieu du ven- tre et jambes d'un blanc pur; sous-caudales rousses; rémiges et rectrices médianes d'un brun foncé, les latérales d’un roux vif; bec et pieds bruns. Longueur totale, 0",25 environ. Habite la Sibérie, l'Asie occidentale, et se montre accidentellement dans l’est de l'Europe. (DEGLAND.) SNS NS ŸS Fig. 7. — Grive de Naumann. OISEAUX. 11 GRIVE DORÉE. TURDUS AUREUS. {Hollandre.) Parties supérieures d'un brun olivâtre clair, à reflets dorés obscurs, avec l'extrémité de chaque plume marquée d’une tache noire en forme de demi-lune, dont le côté antérieur est légèrement con- cave; parties inférieures d’un blanc jaunâtre qui se fond sur les côtés avec les teiaites plus foncées du dessus du corps, à la gorge, au cou, à la poitrine; d’un blanc pur à l'abdomen et aux sous-caudales, avec les plumes terminées par une légère tache noire également en demi-lune et coupée carrément ou en ligne droite en avant; couvertures supérieures des ailes noires, avec la tige et la pointe jaune d’ocre; rémiges primaires d’un brun noirâtre, lisérées de roussâtre et blanches en dedans, la pre- mière exceptée; rémiges secondaires roussâtres en dehors et noirâtres en dedans, avec la partie mi- toyenne intérieure blanche; pennes caudales noires, à l'exception des quatre médianes, qui sont d'un roux olivâtre en dessus, les suivantes terminées de blanc, et la plus externe de roussâtre; bec et pieds bruns. Longueur totale, 0,26 à 0®,27. Habite la Sibérie et Le Japon, l'Asie centrale et septentrionale, et se montre accidentellement en Europe et même dans le nord de la France, aux environs de Metz. (DecLann.) GRIVE A GORGE NOIRE. TURDUS ATROGULARIS. (Temminck.) Dessus de la tête, du cou et du corps cendré olivâtre, un peu plus foncé à la tête; face, joues, de- vant du cou et haut de la poitrine d'un noir profond, nuancé de cendré sur cette dernière partie; bas de la poitrine, milieu de l'abdomen et flancs d’un blanchâtre lavé de roussâtre sur ces dernières par- ties; sous-caudales roussâtres, toutes terminées de blanc; couvertures alaires semblables au manteau. finement lisérées de cendré jaunâtre; bec d'un brun noirâtre, avec la mandibule inférieure jaune à sa base; pieds et iris bruns. Longueur totale, 0",29 environ. Habite la Sibérie, l'Asie, et se montre accidentellement dans l’est de l'Europe. (D£cran».) GRIVE DAULIAS. TURDUS PALLIDUS. (Gmelin ) Parties supérieures d'un brun olivâtre plus ou moins pâle, avec la tête d'une teinte plus foncée; gorge blanche, légèrement striée de brunâtre; poitrine et flancs d'un cendré roussâtre; abdomen d’un blanc pur; sous-caudales blanches, variées de brun olivâtre; joues comme le vertex; raie sour- cilière d'un roux jaunâtre; ailes semblables au manteau, avec les moyennes couvertures terminées de blanchâtre; rémiges et rectrices brunes, les premières bordées de grisâtre, les dernières terminées en pointe, avec les deux plus latérales marquées d’une tache blanche en dedans, plus grande sur la plus externe; une petite tache de même couleur sur la troisième. Longueur totale, 0®,23 environ. Habite la Sibérie, le Japon, et se montre accidentellement dans l’est de l'Europe. (DEcLano.) M. Ch. Bonaparte n’admet pas cette espèce au nombre des Oiseaux d'Europe; mais, d'accord avec M. Schlegel, il y admet la suivante. 12 HISTOIRE NATURELLE. GRIVE BLAFARDE. TURDUS OBSCURUS. (Gmelin.) La teinte dominante est, sur les parties supérieures, dans les individus adultes, d’un brun jaunà- tre tirant un peu à l’olivâtre, et passant, sur la tête, au gris foncé. Cette dernière couleur se répand sur tout le cou jusqu'au jabot; mais elle est entrecoupée par une raïe sourcilière blanche assez pro- noncée, et par le blanc qui occupe la paupière inférieure, le menton et la base de la mandibule in- férieure. Les pennes de l'aile sont brunes, et bordées d’un gris tirant à l'olivâtre. La penne externe de la queue porte, à l'extrémité de sa barbe interne, une tache blanchâtre, large tout au plus de deux lignes, mais la penne suivante n’est pourvue que d’un liséré blanc très-fin, occupant également l'extrémité de la barbe interne. Les couvertures inférieures de l’aile sont grisâtres. Le jabot et les côtés du corps sont d’un jaune orangé très-pâle et sale qui tire au gris verdâtre sur les côtés du bas- ventre. Les autres parties inférieures sont d'un blanc plus ou moins pur, avec quelques taches d’un gris verdâtre sur les couvertures inférieures de la queue. Bec d’un blanc foncé couleur de corne; pieds d’un jaune brunâtre, tirant au brun sur les ongles. (Temminex et ScuLecez, Fauna Japonica.) Longueur totale, de 0,22 à 07,95. Habite l'Asie septentrionale, orientale et centrale, l'archipel Indien, le Japon; de passage acciden- tel à l'est de l'Europe et en Daourie. Fig. 8 el 9. — Grive blafarde. (Mâle et femelle). GRIVE ERRATIQUE. TURDUS MIGRATORIUS. (Linné.) Dessus et côtés de la tête d'un noir ardoisé; dessus du cou, du corps et sus-caudales, d'un brun noirâtre; devant du cou blanc, marqué, longitudinalement, de traits noirâtres; poitrine et abdomen d'un roux très-vif, bas-ventre d'un blanc pur; sous-caudales brunes, tachetées de blanc; bord libre des paupières blanc: ailes semblables au manteen, avec les moyennes couvertures lisérées de cen- OISEAUX. 15 dré; rémiges et rectrices brunes, également bordees de cendré, la plus externe de ces dernières ter- minée, en dedans, par une tache blanche, et la suivante par un liséré de même couleur. (Wäle en été.) Longueur totale, 0",249 à Om,243. Habite particulièrement l'Amérique septentrionale, et se montre accidentellement en Europe. Sa ponte est de quatre à cinq œufs, d’un brun verdâtre clair sans taches. Grand diamètre, 0,098; petit diamètre, 0",019. (Decran.) GRIVE GRIVROU,. TURDUS OLIVACEUS. (Linné.) La couleur de toute la partie supérieure du corps, c’est-à-dire celle de la tête, du cou par derrière, du manteau, des ailes et de la queue, est d’un brun légèrement nué d’olivâtre, qui approche beaucoup des mêmes parties dans l'espèce de Grive d'Europe. Le devant du cou et celui de la poitrine, d’un ton plus faible de brun olivâtre que le dos, sont nués d’orangé. La gorge, presque blanche, porte des grivelures brunes sur le long de chacune des plumes qui la couvrent. Le reste du plumage inférieur du corps, depuis la poitrine jusqu'aux recouvrements du dessous de la queue, qui sont blanes, est d’un beau fauve orangé. Les bords des barbes intérieures des pennes des ailes, ainsi que toutes les cou- vertures du dessous, sont de la même couleur. Le bec, le dedans de la bouche, la langue, ainsi que les pieds et les ongles, sont jaunes; mais la base de la mandibule supérieure et son arête sont bru- nâtres. Les yeux, très-grands, sont bruns. Fig. 10 — Grive Grivrou, Pond de trois à cinq œufs, qui sont presque ronds, et dont le fond blanc verdâtre est parsemé de taches d’un brun rouge, bien plus rapprochées vers le gros bout qu'ailleurs. (Le VarLLaar.) Habite l'Afrique; se montre accidentellement en Europe. 14 HISTOIRE NATURELLE. Que GENRE. — MERLE. MERULA. (Brisson, 1760. Leach, 1816.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, convexe, assez élevé, fort, comprimé, terminé en pointe à peine. crochue et faiblement dentée. Narines latérales, ovalaires, bordées par les plumes du front. Ailes variant du type aigu au type obtus; la penne bâturde toujours petite, et tantôt la seconde rémige seule, tantôt les troisième et quatrième ensemble les plus longues. Queue ample, arrondie. T'arses de la longueur du doigt médian, grêles et scutellés, ainsi que les doigts. Fig. 11. — Merula. Fig. 12 — Merula Trente-cinq à quarante espèces environ, de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, dont trois se rencontrent en Europe. ° Les Merles ne s’éloignent pas seulement du genre des Grives par la couleur du plumage et par la différente livrée du mâle et de la femelle, mais encore par leur cri, que tout le monde connaît, et par quelques-unes de leurs habitudes. Ils ne voyagent ni ne vont en troupes comme les Grives, et, néan- moins, quoique plus sauvages entre eux, ils le sont moins à l'égard de l'homme, car nous les appri- voisons plus aisément que les Grives, et ils ne se tiennent pas si loin des lieux habités. Au reste, ils pas- sent communément pour être très-fins, parce que, ayant la vue perçante, ils découvrent les chasseurs de fort loin, et se laissent approcher difficilement, mais, en les étudiant de plus près, on reconnait qu'ils sont plus inquiets que rusés, plus peureux que défiants, puisqu'ils se laissent prendre aux gluaux, aux lacets, et à toutes sortes de piéges, pourvu que la main qui les a tendus sache se rendre invisible. Lorsqu'ils sont renfermés avec des Oiseaux plus faibles, leur inquiétude naturelle se change en pé- tulance; ils poursuivent, ils tourmentent continuellement leurs compagnons d’esclavage, et, par cette raison, on ne doit pas les admettre dans les volières où l’on veut rassembler et conserver plusieurs espèces de petits Oiseaux. On peut, si l'on veut, en élever à part, à cause de leur chant, non pas de leur chant naturel, qui n’est guère supportable qu’en pleine campagne, mais à cause de la facilité qu'ils ont de le perfection- ner, de retenir les airs qu'on leur apprend, d’imiter différents bruits, différents sons d'instruments, et même de contrefaire la voix humaine. (Guéneau De MonrBrILLaRD.) Le Merle a naturellement pour chant une sorte de sifflement court qu'il répète souvent, surtout le soir et le matin, et qu'il fait entendre plus fréquemment lorsque le ciel est sombre, qu'il fait humide, et qu'il tombe une pluie douce; il siffle depuis le commencement du printemps jusqu'à l'automne, et recommence son chant à la fin de hiver. (Maupuxr.) Comme les Merles entrent de bonne heure en amour, et presque aussitôt que les Grives, ils com- mencent aussi à chanter de bonne heure; et, comme ils ne font pas pour une seule ponte, ils conti- nuent de chanter bien avant dans la belle saison : ils chantent donc lorsque la plupart des autres Fig. 1. — Turdoïde de Fisquet g. 2. — Microscèle à oreillons roux. OISEAUX. 15 chanteurs des bois se taisent et éprouvent la maladie périodique de la mue, ce qui a pu faire croire à plusieurs que le Merle n’était point sujet à cette maladie; mais cela n’est ni vrai, ni même vraisem- blable : pour peu qu’on fréquente les bois, on voit ces Oiseaux en mue sur la fin de l'été; on en trouve même quelquefois qui ont la tête entièrement chauve; aussi Olina et les auteurs de la Zoologie britannique disent-ils que le Merle se tait comme les autres Oiseaux dans le temps de la mue, et les zoologues ajoutent qu'il recommence quelquefois à chanter au commencement de lhiver; mais le plus souvent, dans cette saison, il n’a qu'un eri enroué et désagréable. Les anciens prétendaient que, pendant cette même saison, son plumage changeait de couleur et prenait du roux; et Olina, l’un des modernes qui a le mieux connu les Oiseaux dont il a parlé, dit que cela arrive en automne, soit que ce changement de couleur soit un effet de la mue, soit que les femelles et les jeunes Merles, qui sont en effet plus roux que noirs, soient en plus grand nombre et se montrent alors plus fréquemment que les mäles adultes. Ces Oiseaux font leur première ponte (en Europe) sur la fin de l'hiver; elle est de cinq ou six œufs d’un vert bleuâtre, avec des taches couleur de rouille fréquentes et peu distinctes. Il est rare que cette première ponte réussisse, à cause de l’intempérie de la saison, mais la seconde va mieux, et n’est que de quatre ou cinq œufs. Le nid des Merles est construit à peu près comme celui des Grives, excepté qu’il est matelassé en dedans; ils le font ordinairement dans les buissons ou sur des arbres de hauteur médiocre; il semble même qu'ils soient portés naturellement à le placer près de terre, et que ce n’est que par l'expérience des inconvénients qu'ils apprennent à le mettre plus haut. On m'en a apporté un, une seule fois, qui avait été pris dans le trou d’un pommier creux. (GUÉNEAU De MoNTBEILLARD.) Nous-même, nous en avons souvent trouvé sur l’enfourchure des branches supérieures de vieux tilleuls émondés : et depuis plusieurs années nous observons deux couples de Merles noirs qui ont établi leurs nids dans de vieux lierres garnissant les murs de l'antique donjon de Nogent-le-Rotrou : ces nids, parfaitement cachés, sont construits entre les grosses lianes du lierre, et appliqués contre la pierre des murailles; ces Oiseaux, qui ne quittent même pas ce lieu l'hiver, s'y nourrissent pres- que exclusivement, pendant cette saison, des baies du lierre, que quelques Grives viennent aussi fré- quenter sur la fin de l’automne. De la mousse, qui ne manque Jamais sur le tronc des arbres, du limon, qu'ils trouvent au pied ou dans les environs, sont les matériaux dont ils font le corps du nid; des brins d'herbe et de petites racines sont la matière d’un tissu plus mollet dont ils le revêtent intérieurement, et ils travaillent avec une telle assiduité, qu’il ne leur faut que huit jours pour finir l'ouvrage. Le nid achevé, la fe- melle se met à pondre, et ensuite à couver ses œufs; elle les couve seule, et le mâle ne prend part à celte opération qu'en pourvoyant à la subsistance de la couveuse. Salerne entre, sur tout cela (Histoire naturelle des Oiseaux, page 176), dans des détails qui lui ont été fournis par un curieux observateur, mais dont quelques-uns lui sont suspects à lui-même, et qui pour la plupart me paraissent sans vraisemblance. Suivant ce curieux observateur, un mâle et sa fe- melle, ayant été renfermés au temps de la ponte dans une grande volière, commencèrent par poser de la mousse pour base du nid, ensuite ils répandirent sur cette mousse de la poussière, dont ils avaient rempli leur gosier, et, piétinant dans l’eau pour se mouiller les pieds, ils détrempèrent cette pous- sière et continuèrent ainsi couche par couche... Les petits éclos, ils les nourrissaient de Vers de terre coupés par morceaux, et se nourrissaient eux-mêmes en partie de la fiente que rendaient leurs petits après avoir reçu la becquée.…. Enfin, de quatre couvées qu'ils firent de suite dans cette voliére, ils mangèrent les deux dernières; ce qui explique, dit-on, pourquoi les Merles, qui sont si féconds, sont néanmoins si peu multipliés en comparaison des Grives et des Alouettes. Mais, avant de tirer des conséquences de pareils faits, il faut attendre que de nouvelles observations les aient confirmés; et, fussent-ils confirmés en effet, il faudrait encore distinguer soigneusement les faits généraux qui ap- partiennent à l'histoire de Pespèce des actions particulières et propres à quelques individus. L'auteur du Traité du Rossignol assure avoir vu un jeune Merle de l’année, mais déjà fort, se charger volontiers de nourrir des petits de son espèce nouvellement dénichés; mais cet auteur ne dit point de quel sexe était ce jeune Merle. J'ai observé que les petits éprouvaient plus d'une mue dans la première année, et qu'à chaque mue le plumage des mâles devient plus noir, et le bec plus jaune, à commencer par la base. À l'égard des 16 HISTOIRE NATURELLE. femelles, elles conservent, comme j'ai dit, les couleurs du premier âge, comme elles en conservent aussi la plupart des attributs; elles ont cependant le dedans de la bouche et du gosier du même jaune que les mâles, et l’on peut aussi remarquer, dans les uns et les autres, un mouvement assez fréquent de la queue de haut en bas, qu’ils accompagnent d’un léger trémoussement d’ailes et d’un petit cri bref et coupé. Ces Oiseaux ne changent point de contrée pendant l'hiver, mais ils choisissent, dans la contrée qu'ils habitent, l'asile qui leur convient le mieux pendant cette saison rigoureuse : ce sont ordinai- rement les bois les plus épais, surtout ceux où il y a des fontaines chaudes, et qui sont peuplés d’ar- bres toujours verts, tels que picéas, sapins, lauriers, myrtes, cyprès, genévriers, sur lesquels ils trouvent plus de ressources, soit pour se mettre à l'abri des frimas, soit pour vivre; aussi viennent- ils quelquefois les chercher jusque dans nos jardins, et l’on pourrait soupçonner que les pays où l’on ne voit point de Merles en hiver sont ceux où il ne se trouve point de ces sortes d'arbres ni de fon- taines chaudes. Fig. 15 et 14 — Merle à sourcils blancs. (Mäle et femelle., Les Merles sauvages se nourrissent, outre cela, de toute sorte de baies, de fruits et d’Insectes, et, comme il n'est point de pays si dépourvu qui ne présente quelqu’une de ces nourritures, et que d’ail- leurs le Merle est un Oiseau qui s’'accommode à tous les climats, il n’est non plus guère de pays où cet Oiseau ne se trouve, au nord et au midi, dans le vieux et dans le nouveau continent, mais plus ou moins différent de lui-même, selon qu'il a reçu plus ou moins fortement l'empreinte du climat où il s’est fixé. Ceux que l'on tient en cage mangent aussi de la viande cuite ou hachée, du pain, etc.; mais on prétend que les pepins de pommes de grenades sont un poison pour eux comme pour les Grives. Quoi qu'il en soit, ils aiment beaucoup à se baigner, et il ne faut pas leur épargner l’eau dans les vo- lières. Leur chair est un fort bon manger, et ne le cède point à celle de la Draine ou de la Litorne; il paraît même qu’elle est préférée à celle de la Grive ou du Mauvis dans les pays où ils se nourris- sent d'olives, qui la rendent succulente, et de baies de myrte, qui la parfument. Les Oiseaux de proie en sont aussi avides que les hommes, et leur font une guerre presque aussi destructive; sans cela ils se multiplieraient à l'excès. Olina fixe la durée de leur vie à sept ou huit ans. OISEAUX. 17 J'ai disséqué une femelle qui avait été prise sur ses œufs vers le 1à de mai, et qui pesait deux onces deux gros. Elle avait la grappe de l'ovaire garnie d'un grand nombre d’œufs de grosseurs in- égales : les plus gros avaient près de deux lignes de diamètre, et étaient de couleur orangée; les plus petits étaient d’une couleur plus claire, d’une substance moins opaque, et n'avaient guère qu'un tiers de ligne de diamètre. Elle avait le bec absolument jaune, ainsi que la langue et tout le dedans de la bouche; le tube intestinal long de 17 à 18 pouces (0",47 à 0®,49); le gésier très-musculeux, précédé d’une poche formée par la dilatation de l’œsophage; la vésicule de fiel oblongue, et point de cœcum. (Guéneau De MonTBEiLLarD.) MERLE COMMUN. MERULA VULGARIS, (Ray) Tête, cou, corps, ailes et queue, entièrement d’un noir profond; bec et bord libre des paupières jaunes; pieds et iris d’un brun noir. Longueur totale, 0",263 ou 0",264. Le plumage de cette espèce offre de fréquentes variétés. On trouve des sujets entièrement blancs, d'autres tapirés de blanc, avec la queue ou la région auriculaire blanche. (Decranp.) M. Degland en possède un gris de lin, et en a vu un autre couleur isabelle. P. Roux a figuré, dans l’atlas de son Ornithologie provençale (p. 170), une variété constante qui a, dans sa jeunesse, la queue traversée par une large bande blanche, qui disparaît dès la première mue. Cette variété paraît très-commune sur les hautes montagnes des environs de Nice. M. Gerbes l'a rencontrée fréquemment dans le marché de cette ville, en août 4847, il l’a également observée deux fois dans les environs de Paris. Se trouve dans presque toute l'Europe. Est répandu en France, où il vit sédentaire dans quelques localités. Pond de quatre à six œufs verdâtres, bleuâtres ou d’un gris sombre, avec des taches plus ou moins nombreuses et plus ou moins grandes, d’un roux de rouille, bleuâtres ou olivätres et cen- drées, quelquefois peu apparentes, et presque confondues. Grand diamètre, 0",03 environ; petit diamètre, 0,021. MERLE A PLASTRON. HMERULA TORQUATA. (Gessner Parties supérieures d’un brun noir enfumé; gorge, devant du cou, abdomen et ventre, d'un brun noir moins intense, avec les plumes bordées de gris plus où moins blanchâtre; un large plastron, sur le haut de la poitrine, d’un blanc pur au printemps; d'un blanc sale et quelquefois varié de bru- nâtre en automne; ailes semblables au manteau, avec les petites et les moyennes couvertures bordées de gris, et la plupart des rémiges frangées, en dehors, de la même couleur, bec en partie jaune en été, et noirâtre en automne; pieds bruns; iris noisette. Longueur totale, 0",29 environ. On en cite des variétés toutes blanches et d’autres tapirées de blanc. (Dean) Est commun à l'Europe, à l'Asie occidentale, au Japon et à l'Afrique septentrionale. En Europe, il se trouve en Suisse; dans les Vosges, les Hautes-Alpes, l'Auvergne et les Pyrénées, en France; en Savoie et en Grèce. Il est de passage dans le nord de la France, en automne, vers la fin de novembre, et, au prin- temps, vers la fin d'avril où au commencement de mai. Pond de quatre à six œufs verdâtres ou bleuâtres, avec des taches d’un cendré foncé, d'un brun noirâtre où d’un roux de rouille. Ces taches sont ordinairement plus nombreuses au gros bout. Grand diamètre, 0,03 environ; petit diamètre, 0®,022. 18 HISTOIRE NATURELLE. MERLE A SOURCILS BLANCS. MERULA SIBIRICA. (Gmelin, O. Des Murs.) Tout le plumage d'un noir bleuâtre foncé, mais la gorge et le devant du cou d’un noir plein; de très-larges sourcils d’un blanc pur au-dessus des yeux; les pennes des ailes et de la queue d’un noir mat, mais toutes les pennes des ailes blanches sur les barbes intérieures, ce qui forme une bande oblique à la face interne de ces parties; les trois pennes latérales de la queue et les couvertures de dessous terminées par une petite tache blanche; bec noir; pieds bruns. (Vieux mâle.) Longueur totale, 0",25. Habite la Sibérie, sur les montagnes boisées. Se trouve aussi au Japon et à Java. (TEmmINcx.) Se rencontre très-rarement dans la Sibérie occidentale et en Europe. 3e GENRE. — CALANDRIE. CALANDRIA. (D'Azara.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de La tête, mince, muni d'une arête prononcée et assez fortement recourbée jusqu'à la pointe, qui est légèrement échancrée, comprimé sur les côtés, accompagné de longues barbes qui naissent au-dessus des angles de son ouverture. Narines latérales, basales, ovalaires, nues. Ailes courtes, surobtuses, à première rémige rudimentaire, les quatrième et cinquième égales, les plus longues. Queue assez longue, formée de rectrices étagées. T'arses assez robustes, de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts allongés, les deux laté- raux égaux el soudés à leur base; pouce vigoureux; ongles médiocres. Vingt-cinq espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons la Calandrie à trois bandes (Orpheus trifasciatus, Gould). Fig. 15. — Calandria polyglotta. Fig. 16. — Calandria polyglotta Cest encore un de ces genres créés par D'Azara, et auquel nous croyons devoir restituer le nom tout local que ce voyageur a donné aux espèces connues de lui qui en font partie. C'est le même genre que Boié et Swainson ont nommé, l’un Mimus (1816), l'autre Orpheus (1827), deux dénominations con- servées par les auteurs. Ce genre, au surplus, renferme les genres Melanotis, Ch. Bonaparte; Mimus, Boié, et Toxostoma, Wagler. Une autre considération, qui, à part la question de principe et d'antériorité, nous a fait choisir de Fix. 1. — Sclérure à queue aiguë. » + Lars Ru OISEAUX. 19 préférence le nom de D'Azara, c’est que nous ne pouvions pas conserver la dénomination française de Moqueur, pour deux genres d’Oiseaux aussi éloignés que le genre Prrisor, que nous avons traduit par ce nom de Moqueur, et dont nous nous sommes occupé en traitant des Ténuirostres suspen- seurs, et que celui qui nous occupe, dont le mot Mimus n'est que l'équivalent latin. Fig. 17. — Calandrie à trois bandes. e Nous trouvons dans cet Oiseau singulier, dit Guéneau De Montbeillard (à propos de la Calandria polyglotta, Turdus polyglottus, Linné), et dans des termes tels, qu'ils ont toujours fait citer ce passage sous le nom de Buffon, nous trouvons une exception frappaute à une observation générale faite sur les Oiseaux du nouveau monde. Presque tous les voyageurs s'accordent à dire qu'autant les couleurs de leur plumage sont vives, riches, éclatantes, autant le son de leur voix est aigre, rauque, monotone, en un mot, désagréable. Celui-ci est, au contraire, si l’on en croit Fernandez, Nieremberg et les Américains, le chantre le plus excellent parmi tous les volatiles de l'univers, sans même en excepter le Rossignol; car il charme, comme lui, par les accents flatteurs de son ramage, et, de plus, il amuse par le talent inné qu'il a de contrefaire le chant ou plutôt le cri des autres Oiseaux; et c’est de là sans doute que lui est venu le nom de Moqueur; cependant, bien loin de rendre ridicules ces chants étrangers qu'il répète, il parait ne les imiter que pour les embellir; on croirait qu'en s'appro- priant ainsi tous les sons qui frappent ses oreilles, il ne cherche qu'à enrichir et perfectionner son propre chant, et qu'à exercer de toutes les manières possibles son infatigable gosier. Aussi les sau- vages lui ont-ils donné le nom de Cenconlatolli, qui veut dire quatre cents langues, et les savants celui de Polyglotte, qui signifie à peu près la même chose. Non-seulement cet Oiseau chante bien et avec goût, mais il chante avec action, avec âme, ou plutôt son chant n’est que l'expression de ses af- fections intérieures; il s'anime à sa propre voix, et l'accompagne par des mouvements cadencés, tou- Jours assortis à l’inépuisable variété de ses phrases naturelles et acquises. Son prélude ordinaire est de s'élever d’abord peu à peu les ailes étendues, de retomber ensuite la tête en bas, au même point d'où il était parti; ce n’est qu'après avoir continué quelque temps ce bizarre exercice que commence l'accord de ses mouvements divers, ou, si l’on veut, de sa danse, avec les différents caractères de son chant. Exerce-t-il avec sa voix des roulements vifs et légers, son vol décrit en même temps dans l'air une multitude de cercles qui se croisent; on le voit suivre en serpentant les tours et retours d’une ligne tortueuse sur laquelle il monte, descend et remonte sans cesse. Son gosier forme-t-il une ca- dence brillante et bien battue, il l'accompagne d’un battement d'ailes également vif et précipité. Se livre-t-il à la volubilité des arpéges et des batteries, il les exécute une seconde fois par les bonds multipliés d'un vol inégal et sautillant. Donne-t-il essor à sa voix dans ces tenues si expressives où 20 HISTOIRE NATURELLE. les sons, d’abord pleins et éclatants, se dégradent ensuite par nuances, et semblent enfin s’éteindre tout à fait et se perdre dans un silence qui a son charme comme la plus belle mélodie, on le voit en même temps planer moelleusement au-dessus de son arbre, ralentir encore par degrés les ondula- tions imperceptibles de ses ailes, et rester enfin immobile et comme suspendu au milieu des airs. (Histoire naturelle des Oiseaux.) De là, selon D'Azara, le proverbe qui a cours parmi les habitants des colonies espagnoles de l'Amérique : Chanter comme une Calandre. Il s’en faut bien que le plumage de ce Rossignol d'Amérique réponde à la beauté de son chant; les couleurs en sont, comme celles de tous ses congénères, très-communes, et n'ont ni éclat ni variété. Sa robe n’a donc rien de brillant, dit Wilson, et, quoique ses formes soient assez élégantes, ce n'est réellement que par son chant qu'il peut attirer l’attention; mais ce chant est d’une douceur et en même temps d’une puissance sans égales. Lorsque, par une belle matinée, l'Oiseau, perché. sur le sommet d'un buisson, fait entendre sa voix sonore, tous les gazouillements qui partent des buissons voisins, et qui dans une autre circonstance charmeraient l'oreille, sont alors oubliés. Cet Oiseau, d’ailleurs, compose à lui seul tout un orchestre; il fait parler successivement tous les instruments, et quelquefois même on dirait qu'il en fait parler plusieurs à la fois. Cette musique se prolonge, sans interruption, pendant des heures entières, et Oiseau lui-même en paraît transporté de plaisir. Tout son corps frémit, ses ailes, à demi ouvertes, sont agitées d’une sorte de trémoussement convulsif; parfois son extase monte à un tel point, qu'il ne saurait rester en place; il bondit, il s’élève dans les airs, il y plane quelques instants en faisant entendre ses notes les plus brillantes, puis sa voix baisse par degrés pendant qu'il redescend insensiblement vers la branche d’où il était parti. À d’autres moments, ce n’est plus un chant soutenu, ce sont des notes détachées, ce sont des phrases qui appartiennent à d'autres Oiseaux, et qui trompent quelquefois le chasseur; dans certains cas, est le cri de l'Épervier qu'il imite, et alors, assure-t-on, les petits Oiseaux s’enfuient tout ef- frayés. En un mot, parmi tous les bruits de la forêt, il en est peu qui ne se retrouvent plus ou moins ressemblants dans les différents timbres de la voix de cet Oiseau. Cette variété d’intonation, qui est naturelle à l'Giseau, lui donne, quand il est réduit en captivité, une grande facilité pour reproduire ce qu'il entend; dans ce cas, il devient réellement imitateur, il l'est à un degré presque incroyable. Il siffle à la manière du chasseur, et le Chien, couché près du feu, dresse l'oreille, remue la queue, se lève et court vers son maître; il crie à la manière d’un jeune Poulet, et la Poule arrive les ailes trainantes et les plumes hérissées, toute prête à défendre sa pro- géniture. Il imite avec la même perfection l'aboiement du Chien, le miaulement du Chat. IL'est, d'ailleurs, comme tous les babillards, très-peu difficile sur le choix de ce qu'il répète, et il ne s'inquiète guère de mettre de la suite dans ce qu'il dit; aussi, après avoir imité avec une perfec- tion inconcevable le chant du Serin, il s’interrompra tout à coup au milieu d'une roulade, et fera en- tendre le cri d’une roue de brouette mal graissée ou le bruit de la scie du tailleur de pierre. Heureu- sement il ne renonce jamais entièrement à son chant naturel, et c’est même le seul qu'il fasse enten- dre la nuit; car, de même que notre Rossignol, il aime à chanter aux heures où tout est silencieux. Il ne fuit pas le voisinage de l’homme. Il n’est pas rare de trouver son nid dans un verger à peu de distance de la ferme; il ne prend pas grand'peine pour le cacher, et il est toujours prêt à le dé- fendre même contre l'homme. Pris au piège, il s’apprivoise assez promptement, et son chant, dans ce cas, est plus parfait, et se conserve plus pur de mélange étranger que lorsqu'il a été enlevé du nid et élevé loin des bois. Un Oiseau semblable, remarquable par l'étendue de sa voix, se vend fort cher, et, aux États-Unis, on en à vu payer jusqu'à cinquante et même cent dollars (deux cent cinquante et cinq cents francs); leur prix ordinaire est de soixante à quatre-vingts. (Magasin pittoresque, 1834.) Quant à la faculté, dit Vieillot, d'imiter, dans l’état sauvage, le chant des autres Oiseaux, elle n’est certainement pas générale pour tous, car la Calandrie de Saint-Domingue (Calandria Dominica) n’en est pas douée; mais ses phrases sont si variées, que l'Oiseau semble ne pas se répéter. Comme on assure que la Calandrie des États-Unis s’approprie tous les ramages qu'elle entend, je l'ai écoutée avec la plus grande attention, et je n’ai point trouvé de différence dans la voix de ces deux Oiseaux. J'ai seulement remarqué que leurs accents avaient des rapports avec ceux du Cat-bird (Calandria felivox), des Grives rousse, tannée et erratique, ce qui a fait peut-être croire aux Américains que OISEAUX. 21 leur Calandrie contrefaisait ces Oiseaux; mais ceux-ci ne se trouvant point à Saint-Domingue, ils ne peuvent être imités dans leur chant par la Calandrie de cette ile. De plus, les deux Calandries que j'ai eues à New-York pendant trois ans, près de ma volière aux Serins, n’ont jamais répété le ramage de ces Oiseaux, ni même celui de ceux qui étaient dans les environs. Si cependant le talent imitatif est inné chez eux, c’est en captivité qu’ils doivent en donner des preuves, puisque la plupart des Oiseaux qui ne l'ont pas l’acquièrent dans cet état. Au reste, ils imitaient à s'y méprendre les divers cris des Couaries, le chant du Coq, le gloussement de la Poule, le miaulement du Chat; ils en saisissaient toutes les inflexions, et les perfectionnaient en les adoncissant. (Oiseaux de l'Amérique septentrio- nale.) Quoi qu'il en soit, les Calandries sont des Oiseaux sédentaires, peu farouches, et qui se tiennent toujours par paires. Ces Oiseaux font la chasse aux Insectes dans les halliers fourrés, qui sont leur demeure ordinaire; ils n’entrent jamais dans les bois, et ils ne se montrent point dans les campagnes dépourvues de buissons. On les voit approcher des maisons et des enclos, les parcourir sans défiance et avec beaucoup de familiarité, sauter sur les piles de bois et en visiter toutes les parties. Leurs mouvements sont graves et lents; leur vol est bas et court, quoiqu’ils paraissent pouvoir le prolonger et l’élever. (D'Azara.) | D'Azara ajoute que l'on voit souvent le mâle et la femelle entrer dans les galeries et les cuisines des habitations champêtres lorsqu'il n’y a personne, et y manger la viande et le fromage qu’on y fait sécher. Ce qui est confirmé par un autre voyageur en ces termes, au sujet du Turdus (Calandria) Patago- nicus, La Fresnaye : Près de Maldonado, ces Oiseaux étaient hardis et familiers; ils venaient constamment dans les mai- sons de campagne, en grand nombre, pour becqueter la viande qui était suspendue aux murs ou à des pieux; si quelque autre petit Oiseau se mettait de la partie, le Calandria le chassait aussitôt. (Rev. brit., 1850. Extr. de Home and colon. Libr.) CALANDRIE A LONG BEC. CALANDRIA LONGIROSTRIS. (Chenu et O. Des Murs.) Tout le dessus, au lieu d’être d’un roux assez vif, comme chez la Calandrie française (Moqueur français de Buffon), est d’un brun sombre; il y a de même, sur l'aile, deux bandes transversales d’un blanc lavé de roussâtre, formées par l'extrémité des grandes et moyennes couvertures; mais elles sont beaucoup plus étroites, les taches terminales étant ici beaucoup plus petites. Quant au des- sous, il est également d’un blanc très-légèrement lavé de roussâtre, et parsemé, sur les côtés du cou, sur la poitrine et les flancs, de mèches noires; mais ce noir est plus intense que chez le Turdus rufus. Le bec, remarquablement long et arqué, est aussi d’un noir plus décidé, et le jaunâtre de la base de la mandibule inférieure s'étend moins loin. Habite le Mexique et la Californie. (DE La Fresnave, Magasin de Zoologie, 1839.) CINQUIÈME FAMILLE. — SAXICOLINÉS. Le nom que nous conservons à cette famille, en indiquant l’ensemble de ses mœurs ou de ses ha- bitudes, comporte par cela même en quelque sorte l'indication de ses caractères zoologiques, qui se confondent presque avec ceux des Turdinés. Qu'il nous suffise donc de dire que les espèces vraiment 29 HISTOIRE NATURELLE. typiques des Saxicolinés sont le Merle de roche et le Traquet; et que l’ensemble des caractères ovo- logiques de toute la famille est des plus concordants et des plus uniformes à une exception près, les œufs des espèces qui en composent les différents genres ayant pour unique fond de couleur le bleu clair ou verdätre. Les Saxicolinés de Swainson formaient, pour lui, la première sous-famille de ses Sylviadeæe; il les composait des genres : 1° Gryllivora, Swainson: 9 Thamnobia, Swainson, 3° Saxicola, Bechstein: 4° Erythaca, Swainson:. 5° Sialia, Swainson:; 6° Petroica, Swainson M. De La Fresnaye, sous le nom de Traquets ou Suxicolidæ, en à fait, en 4838, sa cinquième fa- mille, qu'il divisait en quatre groupes composés de la manière suivante : 1. Traquets humicoles et rupicoles (Saxicolæ humicolæ et rupicolæ), renfermant les genres : 9 Petrocincla, Vigors, Merles de roches ou Merles saxicoles de Temminck. An- cien continent. Argya, Lesson, modifié. Chatops, Swainson, ou Traquets mérions. Afrique. Ænanthe. Motteux, Gesner, Vicillot. Ancien continent. Thamnobia, où Traquets-Merles. Afrique et Asie. . Traquets marcheurs (Saxicolide ambulatorie) : Sialia, Sialis. Amérique septentrionale. Accentor, Bechstein. Europe et Asie septentrionale. 9. Traquets buissonniers (Saxicolidæ dunicolæ) : Saxicola, où Traquet, Vieillot. Ancien continent. 4. Traquets sylvains (Saxicolidæ sylvanæe) : Phénicura, Swainson, Rouge-Queue. Ancien continent. M. G. R. Gray, en variant la composition de cette famille, en a fait les troisième et quatrième sous- familles de ses Luscinidæ, sous les noms d'Erythacine et Accentorinæ, qu'il a constituées, la pre- mière, avec les genres : 4° Copsychus, Wagler; 9° Cyanecula, Brehm:; 2° Myiomela, Hodgson; 10° Petroica; 3° Saæicola; 11° Drymodes, Gould: 4° Pratincola, Koch: 12° Grandala, Hodgson; D° Ruticilla, Brehm: 15° Sialia; 6° Nemura, Hodgson:; 14° T'hamnobia: T° Bradybates, Hodgson:; 15° Origma, Gould; 8° Erythacus, Cuvier; et la seconde, avec les genres : 1° Accentor; 2 Enicocichla, G. R. Gray; 3° Sericornis, Gould; 4 Acanthiza, Nigors et Horsfed. Fig. 1. — Andropade importun. OISEAUX. 25 M. Ch. Bonaparte, en conservant le nom de Saxicolinæ, en à fait la cinquième sous-famille de ses Turdide, et y a fait entrer les genres : 17 Pogonocichla, Cabanis; 18° Tarsiger, Hodgson; 19 Nemura: 20° Cinclidium, Blyth:; 21° Larvivora, Hodgson: 990 Bessonornis:; 7° Petrocossyphus, Boïé; 25 Thamnolaca, Gabanis; 8° Oroceler, Gray; 24° Myrmecocichla, Cabanis: 9° Grandala; 25° Dromolæa, Cabanis; 1° Phylomela, Brebm; 2° Calliope, Gould; 3° Rubecula, Brehm; 4° Cyanceula, Brehm; 5° Ruticilla, Brehm: 6° Petrocincla; 10° Sialia; 26° Saxicola; 11° T'hamnobia; 27° Campicola, Swainson. 19% Ephthianura, Gould; 28° Pratincola: 13° Petroica; 29 Origma:; 14 Erythrodryas, Gould; 30° Accentor; 45° Miro, Lesson; 31° Sericornis. 16° Hodgsonius, Bonaparte Nous n’admettons dans nos Saxicolinés que les genres suivants, au nombre de dix-neuf : 10° Thamnobia; 11° Petroica; 19° Miro; 15° Nemura: 14° Bessonornis:; 4° Copsychus: 2 Myiomela; 3° Argya, par lequel nous remplaçons le nom de Chætops; 4° Petrocincla; 9° Gorge-Bleue (Cyanecula); 6° Rouge-Queue (Ruticilla); 7° Rouge-Gorge (Erythacus;; 15° Traquet (Saxicola); 16° Pratincolu; AT Orygma; 18° Accenteur (Accentor); 19° Sericornis: 8° Grandala; 9° Sialis (Sialia); 4 GENRE. — PÉTROCINCLE. PETROCINCLA. (Vigors, 1895.) Cinclus, cincle; petra, pierre. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec robuste, droit, à arête légèrement recourbée, allongé, subeylindrique, plus large que haut à sa base, à bords de la mndibule inférieure taillés, vers la pointe, dans le sens de la courbure de la mandibule supérieure. Fig. 19. — Petrocincla. Fig. 18 — Petrocincla. Narines basales, arrondies, et en partie recouvertes de soies. 24 HISTOIRE NATURELLE. Ailes médiocres, subaiguës; la première rémige brève, la troisième la plus longue. Queue courte et égale. T'arses médiocres, assez robustes. Ce genre a pour type le Merle de roche de Buffon, Turdus (Petrocinela) saæatilis de Linné. Il comprend, pour nous, les genres Monticula et Petrocossyphus, Boié; Petrophylla, Swainson, et Orocetes, Gray. Il renferme onze espèces de l’Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie. Le nom qu’on à donné au genre indique assez les lieux où il faut en chercher les espèces. Ainsi, pour ne citer que le Pétrocincle de roche, il habite les rochers et les montagnes : on le trouve, en France, sur celles du Bugey et dans les endroits les plus sauvages. Il se pose ordinairement sur les grosses pierres, et toujours à découvert : il est très-rare qu'il se laisse approcher à la portée du fu- sil. Dès qu’on s’avance un peu trop, il part et va se poser, à une juste distance, sur une autre pierre située de manière qu'il puisse dominer ce qui l’environne. Il semble qu’il n’est sauvage que par dé- fiance, et qu’il connait tous les dangers du voisinage de l'homme. Ce voisinage a cependant moins de danger pour lui que pour bien d’autres Oiseaux; il ne risque guère que sa liberté, car, comme il chante bien naturellement, et qu’il est susceptible d'apprendre à chanter encore mieux, on le recher- che bien moins pour le manger, quoiqu'il soit un fort bon morceau, que pour jouir de son chant, qui est doux, varié, et fort approchant de celui de la Fauvette; d’ailleurs, il a bientôt fait de s’ap- proprier le ramage des autres Oiseaux et même celui de notre musique. Il commence tous les jours à se faire entendre un peu avant l'aurore, qu'il annonce par quelques sons éclatants, et il fait de même au coucher du soleil. Lorsqu'on s'approche de sa cage au milieu de la nuit avec une lumière, il se met aussitôt à chanter, et pendant la journée, lorsqu'il ne chante point, il semble s'exercer à demi-voix et préparer de nouveaux airs. (Guéneau De Moxrerir ann.) Fig. 20. — Pétrocinele bleu. On sait que le roi François I prenait un singulier plaisir à entendre le Pétrocinele bleu, et qua l’époque même où écrivaient Buffon et Guéneau De Montbeillard, un mâle apprivoisé de cette espèce se vendait, pour sa belle voix, fort cher à Genève et à Milan, et beaucoup plus cher encore à Smyrne et à Constantinople. La beauté de sa voix a inspiré au peuple une sorte de vénération pour lui. Il était tel pays où il passait pour un Oiseau de bon augure, où l’on eût souffert impatiemment qu'il eût été troublé dans sa ponte, et où sa mort eût été presque regardée comme un malheur public. OISEAUX. 25 Par une suite de leur caractère défiant, ces Oiseaux cachent leur nid avec grand soin, et l’établis- sent dans des trous de rocher, près du plafond des cavernes inaccessibles; ce n’est qu'avec beaucoup de risque et de peine qu’on peut grimper jusqu’à leur couvée, et il la défendent avec courage contre les ravisseurs en tâchant de leur crever les yeux. Leur ponte est de trois ou quatre œufs. Lorsque leurs petits sont éclos, ils les nourrissent de Vers et d’Insectes, c’est-à-dire des aliments dont ils vivent eux-mêmes : cependant ils peuvent s’accom- moder d’une autre nourriture, et, lorsqu'on les élève en cage, on leur donne avec succès la même pâtée qu'aux Rossignols. Mais, pour pouvoir les élever, il faut les prendre dans le nid; car, dès qu'ils ont fait usage de leurs ailes, et qu'ils ont pris possession de l'air, ils ne se laissent attraper à aucune sorte dè piége; et, quand on viendrait à bout de les surprendre, ce serait toujours à pure perte; ils ne survivraient pas à leur liberté. (Guéneau De MoxrseiLLann.) On m'a, continue le même naturaliste, apporté une femelle de cette espèce, prise le 12 mai sur ses œufs; elle avait établi son nid sur un rocher dans les environs de Montbard, où ces Oiseaux sont fort rares et tout à fait inconnus. Cet Oiseau se tient, l'été, sur les hautes montagnes nues, et descend, à l'automne, sur les coteaux arides et pierreux. Il aime à se percher au plus haut des branches mortes qui couronnent les arbres élevés. Il fréquente aussi les vieux édifices, et s’avance quelquefois jusqu’au sein des villes. A l’au- tomne, il se nourrit de baies du pistachier lentisque et de figues, devient alors fort gras, et est un excellent manger. (DEGLanD.) Le Vaillant entre dans les mêmes détails au sujet de son Rocar (Petrocincla rupestris) et de son Espionneur (Petrocincla explorator), tous deux d'Afrique. En définitive, les Pétrocincles, longtemps et encore confondus, par quelques naturalistes, avec les Merles proprement dits, dont ils n'ont que la taille et le faciès, se rapprochent beaucoup plus des Traquets, avec lesquels ils ont de grandes affinités, ainsi qu'on vient de le voir, par les mœurs, les habitudes, les circonstances de reproduction. Ils vivent, dit M. Degland, solitaires comme eux; se tiennent constamment dans les lieux découverts; font entendre un chant fort analogue au leur; ont un balancement de haut en bas, non-seulement de la queue, mais de tout le corps, et nichent à cou- vert, leur nid ne renfermant jamais de terre gâchée comme celui des Merles proprement dits. Nous ajouterons à ces considérations fort justes un autre caractère très-important et tout à fait analogue à ce qui s’observe chez les Traquets, tiré de la ptilose du jeune âge. Le plumage, à cette époque, chez les mâles, est en effet constamment flamméché ou strié longitudinalement, tandis que, chez les Pétrocincles, de même que chez les Traquets, c'est sous forme d’écaillures qu'il se présente. Enfin, un autre caractère des plus importants, parce qu'il est purement anatomique et peut don- ner quelques indices curieux sur la manière de vivre, est celui de la conformation de leur langue, signalé pour la première fois par MM. Petit et Dillon. La langue, chez ces Oiseaux, disent-ils, est cartilagineuse, bifurquée, a deux muscles cartilagineux recourbés derrière la tête, comme chez les Sucriers et les Pics. Nous avons trouvé, dans leur esto- mac et dans les intestins, des pois secs et des Coléoptères. (Voyage en Abyssinie de Lefebvre.) Cette conformation de la langue aiderait-elle ces Oiseaux dans la recherche des Insectes au fond des joints et des fissures des pierres et des rocailles qu’ils fréquentent? Le fait est d'autant plus facile à vérifier, que l'espèce observée par ces voyageurs est une des espèces européennes, le Pétrocincle bleu. PÉTROCINCLE DE ROCHE. (Degland.) PETROCINCLA SAXATILIS. (Vigors.) Tète et cou d’un bleu cendré; dos noir, tacheté d’un peu de blanc au milieu, d'un blanc pur au croupion; sus-caudales, les plus près du dos, d’un noir bleuâtre varié de roussâtre; les autres d’un roux ardent; poitrine, abdomen et sous-caudales, d’un roux vif; couvertures des ailes d’un brun noi- râtre, avec les petites et quelques-unes des moyennes terminées de grisâtre; rémiges brunes; rec- trices d’un roux très-ardent, excepté les deux médianes, qui sont brunes; bec et pieds noirâtres; iris brun clair. ©) = 26 HISTOIRE NATURELLE. Longueur totale, 07,25. Se trouve dans quelques endroits de l'Allemagne, dans les Alpes, les montagnes du Tyrol, etc.; habite l’Europe méridionale, l'Italie, la Sicile, la Corse, le midi de la France, les Pyrénées, le Dau- phiné, la Franche-Comté et la Suisse. Il niche ordinairement dans les fentes des rochers, dans les trous des vieilles tours, des masures. M. Crespon a obtenu des œufs et des nids de couples qui avaient établi leur résidence dans les arè- nes et sur le clocher de la citadelle de Nimes. Son nid est composé de mousse, de brins d'herbe à l'extérieur, et de fines racines à l’intérieur. Sa ponte est de quatre à cinq œufs presque ronds, d’un blane verdâtre sans taches. On trouve des variétés avec quelques points roussâtres, peu apparents au gros bout. Grand diamètre, 0®,028; petit diamètre, 0,019. (Dsczann.) PÉTROCINCLE BLEU. (Degland.) PETROCINCLA CYANEA. (Vigors ) Entièrement d'un bleu assez foncé, à reflets, partout ailleurs qu'aux ailes et à la queue; ailes noi- res, avec les couvertures claires et les rectrices bordées de bleu obscur; bec et pieds noirâtres; iris brun foncé. Longueur totale, 0",233. Habite le midi de l'Europe, l'Espagne, la Sardaigne, la Corse, la Sicile, la Morée et le midi de la France, où il est sédentaire. Il se montre annuellement dans la Franche-Comté, aux environs de Be- sançon. Se trouve aussi en Afrique septentrionale et orientale; Petit et Dillong l'ont rapporté d’Abys- sinie. Il niche toujours dans quelque trou de rocher ou d’un bâtiment en ruines. Son nid est composé de feuilles, de racines, de bourre et de crins. Sa ponte est de cinq ou six œufs oblongs, d’un bleu ver- dâtre pâle et sans taches. Grand diamètre, 0",028 ou 0,029; petit diamètre, 0,02 environ 2% GENRE. — BESSONORNIS. BESSONORNIS. (Smith, 1856.) Brcoz, forèt; cpvt;, oiseau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, à arête graduellement infléchie depuis la base jusqu'à la pointe, qui est échancrée, à côlés comprimés. Fig. 21. — Bessonornis albicapilla. Fig. 22 — Bessonornts albicapilla. Narines basales, latérales, percées dans une membrane formant opereule, à ouverture ovalaire, et en partie cachées par les plumes du front. OISEAUX. 27 Ailes médiocres et arrondies, surobtuses; la quatrième et la cinquième rémiges les plus longues. Queue plus ou moins longue, ample et arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, robustes, recouverts d'une seule plaque sans segments, ou fort peu divisée; doigts forts, les latéraux généralement égaux et unis à leur base; le pouce long et vigoureux; ongles épais et assex recourbés. Ce genre comprend le genre Cossypha, Vigors, et renferme treize espèces, toutes d'Afrique. Nous figurons le Bessonornis semiruta, Rüppell. Ce sont des Oiseaux démembrés du genre Merula, se rapprochant beaucoup des Merles de roche (genre Petrocincla), mais en différant sous plusieurs rapports, et formant le passage de ceux-ci aux Traquets. Fig. 23 — Bessonornis semiruta. Comme nos Rossignols et nos Merles, dit Le Vaillant en décrivant une des espèces de ce genre à laquelle il a donné le nom de Jean-Frédérie, tiré de son cri (Bessonornis phœnicurus), c'est le matin et le soir, au soleil couchant, que le mâle se plaît à chanter sur tous les tons imaginables.… 1] ac- compagne toujours ce chant d'un mouvement de queue et d’un battement d'ailes qui exprime le plai- sir. Quelquefois il se précipite à terre et se met à courir avec une rapidité étonnante. Sa vue est bonne, car il aperçoit de fort loin un Insecte, soit au vol, soit à terre, et il manque rarement de s’en saisir. Toujours parmi les plantes basses et les arbrisseaux, où il se plait le plus, il est rare qu'il s'é- lève sur la cime des grands arbres. Il fait sa principale nourriture d’Araignées, d’Insectes et de Vers, qu'il ramasse à terre et sur les feuilles. Dans le temps des fruits, il s’en nourrit aussi, et plus particu- lièrement encore du raisin, dont il est très-friand. Cet Oiseau est peu farouche, et se laisse aborder plus qu'aucun autre. Très-curieux de son natu- rel, il aime à approcher des hommes et de-leurs habitations. Il suffit de remuer la terre à une cer- taine distance de lui pour le voir venir dans cet endroit dès qu'on s’en est éloigné : aussi perd-il facilement sa liberté, en donnant sans peine dans tous les piéges qu’on lui tend; mais, très-difficile à élever, il meurt bientôt dans l’esclavage. Le seul moyen de le conserver quelque temps, c’est de le lâcher dans une chambre, où il amuse par ses gentillesses et par son adresse à prendre toutes les Mouches, qu’il saisit très-bien quand elles passent près de lui en volant. Le mâle seul chante; la femelle n’a qu'un cri, tie, tic, qui approche beaucoup de celui de notre Rouge-Gorge, avec lequel cet Oiseau a une grande ressemblance; mais il en diffère par sa taille. Il place son nid à deux ou trois pieds de terre, dans les buissons les plus touffus et parmi les plantes basses. Ce nid, d’une forme semi-sphérique, est composé, en dehors, de mousse et de raci- nes flexibles. (Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique.) 28 HISTOIRE NATURELLE. BESSONORNIS GUTTURAL. BESSONORNIS GUTTURALIS. (Guérin, Gray.) Cotte espèce a, comme toutes celles de ce groupe, les parties supérieures grises; mais cette cou- leur est un peu teinte de brunâtre sale sur la tête et le dos; les sourcils sont blancs; les lorums et côtés du cou depuis les joues sont noirs; une bande médiane blanche, et encadrée par ce noir, cou- vre le gosier; la poitrine et les flancs sont d’un roux vif qui passe au blanc sur le milieu de l'abdo- men et les couvertures inférieures de la queue; le dessous des ailes, à leur base, est également roux; bec et pattes noirs. Longueur totale, Om,19. (Guérin, Zoologie du Voyage en Alyssinie de Galinier et Ferret.) Découvert en Abyssinie par MM. Galinier et Ferret. 9e GENRE. — MOTTEUX. A XICOLA. (Bechstein, 1802) Saæum, rocher, pierre; colo, j'habite. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec grêle, très-fendu, plus large que haut à la base, qui est garnie de quelques poils; mandibule supérieure un peu obtuse, échancrée et courbée seulement à la pointe. Narines ovalaires, à moitié fermées par une membrane. Ailes allongées, atteignant le milieu de la queue, subobtuses; la seconde rémige presque aussi longue que les troisième et quatrième, qui sont les plus grandes de toutes. Queue moyenne, presque toujours carrée. T'arses longs, grêles, comprimés, de la longueur du doigt médian, recouverts d'une seule plaque; doigts médiocres, les latéraux égaux, le pouce assez long; ongles courts, faiblement courbés ct aigus. Liz. 24. — Saxicola ænanthe Ce genre, qui est identique aux genres Vüiflora, Leach, et OEnanthe, Vicillot; Mirmecocichle, Dromolæa, Cabanis, et Origma, Gould; Bradybates, Gray; Bradypterus, Modgson, et Hodgsonius, Ch. Bonaparte, ces trois derniers synonymes, et embrasse le genre Campicola, Swainson, est nombreux en espèces, car il en renferme trente-trois de l’Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie. Les Oiseaux que comprend ce genre, connus sous les noms de Motteux, vivent, les uns dans les lieux incultes, dans les terres labourées; les autres dans les lieux arides et pierreux, sur les monta- gnes rocheuses. Tous aiment à se percher sur des points culminants : ceux-ci sur une plante élevée, sur les branches nues d’un buisson, d’un arbuste; ceux-là sur une pierre, sur une grande motte, sur les aspérités les plus saillantes d'un rocher, Tous sont insectivores et baccivores, et ont une chair Fig. 1 — Drimoplhile aux longs pieds, OISEAUX. 29 des plus exquises, surtout vers la fin de l'été. Le mâle et la femelle ont ordinairement une livrée dif- férente. Les jeunes en ont toujours une particulière. (DecLann.) Les détails suivants sur les mœurs de l'espèce typique, le Traquet motteux, suffiront, au surplus, pour donner une idée de celles de toutes les autres espèces. Cet Oiseau, commun dans nos campagnes, se tient habituellement sur les mottes dans les terres fraîchement labourées, et c’est de là qu'il est appelé Motteux; il suit le sillon ouvert par la charrue pour y chercher les Vermisseaux dont il se nourrit. Lorsqu'on le fait partir, il ne s’élève pas, mais il rase la terre d’un vol court et rapide, et découvre, en fuyant, la partie blanche du derrière de son corps, ce qui le fait distinguer, en l'air, de tous les autres Oiseaux, et lui à fait donner, par les chasseurs, le nom vulgaire de Cul-Blanc. On le trouve aussi assez souvent dans les jachères et les friches, où il vole de pierre en pierre, et semble éviter les haies et les buissons, sur lesquels il ne se perche pas aussi souvent qu’il se pose sur les mottes. Fig. 25 et 26. — Motteux. (Mäle et femell ».) Son bec est menu à la pointe et large par sa base, ce qui le rend très-propre à saisir et à avaler les Insectes sur lesquels on le voit courir, ou plutôt s’élancer rapidement par une suite de petits sauts. Il est toujours à terre; si on le fait lever, il ne s'éloigne pas, et va d’une motte à l’autre, toujours d'un vol assez court et très-bas, sans entrer dans les bois ni se percher jamais plus haut que les haies basses ou les moindres buissons : posé, il balance sa queue et fait entendre un son assez sourd, titreu, titreu, et c’est peut-être de cette expression de sa voix qu'on a tiré son nom de Vüitrec ou T'itrec; et, toutes les fois qu'il s’envole, il semble aussi prononcer assez distinctement, et d’une voix plus forte, far-far, far-far; il répète ces deux cris d’une manière précipitée Il niche sous les gazons et les mottes dans les champs nouvellement labourés, ainsi que sous les pierres dans les friches, auprès des carrières, à l'entrée des terriers quittés par les Lapins, ou bien entre les pierres des petits murs à see dont on fait les clôtures dans les pays montagneux. Souvent même, dit M. Knapp, auteur anglais du Journal d'un naturaliste, il le place dans les carrières et les fosses creusées pour tirer du sable. Cet observateur en découvrit un entre deux gros fragments de rocher, où l'Oiseau s'était glissé comme eût fait une Souris, en sorte que, pour s'en emparer, il fal- 30 HISTOIRE NATURELLE. lut briser la pierre. Le nid est assez grossièrement construit de petits morceaux de bois, de copeaux, de plumes, de toute sorte de matériaux; il est remarquable par une espèce d’abri placé au-dessus et collé contre la pierre ou la motte sous laquelle tout l'ouvrage est construit : on y trouve commu- nément cinq ou six œufs. Une femelle, prise sur ses œufs, avait tout le milieu de l'estomac dénué de plumes, comme il arrive aux couveuses ardentes. Le mâle, affectionné à cette mère tendre, lui porte, pendant qu’elle couve, des Fourmis et des Mouches : il se tient aux environs du nid, et, lors- qu'il voit un passant, il court ou vole devant lui, faisant de petites poses comme pour PAUSE et, quand il le voit assez éloigné, il prend sa volée en cercle et regagne le nid. On en voit de petits dès le milieu de mai, car ces Oiseaux, dans nos provinces, sont de retour dès les premiers beaux jours vers la fin de mars; mais, s’il survient des gelées après leur arrivée, ils périssent en grand nombre, comme il arriva en Lorraine en 1767. En général, ils préfèrent les pays élevés, les plaines en montagnes et les endroits arides. On en prend grand nombre sur les dunes, dans la province de Sussex, vers le commencement de l'automne, temps auquel cet Oiseau est gras et d'un goût délicat. Willughby décrit cette petite chasse, que font, dans ces cantons, les bergers d’An- gleterre : ils coupent les gazons et les couchent en long à côté et au-dessus du creux qui reste en place du gazon enlevé, de manière à ne laisser qu'une petite tranchée, au milieu de laquelle est tendu un lacet de crin. L'Oiseau, entraîné par le double motif de chercher sa nourriture dans une terre fraîchement ouverte, et de se cacher dans la tranchée, va donner dans ce piége : l'apparition d'un Épervier et même l'ombre d’un nuage suffit pour l'y précipiter; car on a remarqué que cet Oiseau timide fuit alors et cherche à se cacher. Cette chasse est restée la même depuis Willughby. Un ber- ger, dit un auteur méderne, s’est vanté d’en avoir pris ainsi cruellement quatre-vingt-quatre dou- zaines en un jour. Du 25 juillet au 1°° août, ajoute-t-il, dans les auberges de toute la côte du comté de Sussex, on vous sert des brochettes de Culs Blancs: et il faut dire que c'est un manger si exquis, qu'on pardonne bientôt aux bergers leur barbarie annuelle. (New. Montt. Mag. et Revue britanni- que, 1850.) Tous s’en retournent en août et septembre, et l'on n’en voit plus dès la fin de ce mois; ils voya- gent par petites troupes, et, du reste, ils sont assez solitaires; il n’existe entre eux de société que celle du mâle et de la femelle. Cet Oiseau à l'aile grande; et, quoique nous ne lui voyions pas faire beaucoup d'usage de sa puissance de vol, apparemment qu'il l'exerce mieux dans ses migrations : il faut même qu'il l'ait déployée quelquefois, puisqu'il est du petit nombre des Oiseaux communs à l'Europe et à l'Asie méridionale (ainsi qu’à l'Afrique), car on le trouve au Bengale. (Burrox.) Il n’y a, dit Bechstein, qu'un amateur passionné qui voudra prendre la peine d’apprivoiser l'Œnan- the (le Motteux) lorsqu'une fois il est adulte. J'en ai un qui, au moyen de beaucoup d'œufs de Four- mis, s’est accoutumé à courir par la chambre. Son plumage est agréable, et ses mouvements lestes; il s'incline constamment en étalant sa belle queue. Son chant, passable, a le défaut d'être interrompu au milieu par une strophe criarde. (Man. de l'Amat. des Ois. de vol.) Si vous aimez la danse et la musique, dit un autre observateur, cet Oiseau sera votre favori. Le Cul-Blanc chante et danse toute l’année; il faut surtout en mettre deux ensemble, et il est amusant de les voir jouer en chantant. Ils se poursuivent, font des pirouettes, étendent gracieusement leurs ailes, et animent le petit théâtre de leur cage avec un accord qui prouve leur bon caractère. M. Sweet, dans son livre sur les Oiseaux chantants, vend justice à ces aimables Oiseaux : il ne doute pas qu'au chant et à la danse ils ne pussent joindre la parole si on s'y prenait de bonne heure pour leur appren- * dre à parler. (New. Montl. Mag. et Rev. brit., 1850 ) MOTTEUX ÆNANTIIE SAXICOLA ÆNANTIHE. (Linné, Bechstein.) - Dessus de la tête, du cou, du corps, et scapulaires, d'un beau gris cendré; sus-caudales d’un blanc pur; devant du cou, poitrine, flanes et sus-caudales, nuancés de roussâtre; une large bande, d’un beau noir, part du bec, encadre l'œil et s'étend sur la région parotique, où elle se dilate; front, sourcils, menton et milieu de l'abdomen, blancs; ailes noires, avec les couvertures secondaires bordées très- légèrement de fauve, et terminées de grisâtre; base des deux rectrices médianes et les deux tiers OISEAUX. sl supérieurs des latérales d'un blanc très-pur, le reste des pennes d'un noir profond; bec, pieds et iris, noirs. Longueur totale, 0",162 à 0",165. Habite Les parties tempérées de l'Europe. (Se retrouve aussi en Asie, dans l'Afrique septentrionale, et, dit-on, au Groënland.) … Sa ponte est de cinq ou six œufs d’un bleu verdâtre pâle, le plus souvent sans taches, mais quel- quefois avec de très-petits points peu abondants, bruns ou d’un roux de rouille sur le gros bout... Grand diamètre, 0",029; petit diamètre, 0",016. (DecLann.) MOTTEUX RIEUR. SAXICOLA LENCURA. (Temminck. Gmelin, Keysserling et Blasius ) . Tête, corps, ailes, moitié inférieure des deux rectrices médianes et extrémité des autres rectrices, d’un noir profond; couvertures supérieures et inférieures de la queue, ainsi que la presque totalité des pennes caudales, d’un blanc pur; bec, pieds et iris, noirs. Longueur totale, 0",195. Habite les contrées chaudes de l’Europe, l'Espagne, la Sicile, la Sardaigne, la Corse, Le midi de la France, où il est sédentaire sur les Pyrénées, les Hautes et Basses-Alpes. (Se trouve en Asie et en Afrique.) Il niche entre les rocailles, dans les trous, les crevasses des vieux édifices en ruines et des rochers. Son nid est composé avec des fibrilles radicales et des tiges de graminées assez artistement entrela- cées. Sa ponte est de cinq à six œufs, le plus ordinairement oblongs, renflés vers le gros bout, minces vers le bout opposé; quelquefois de forme plus arrondie, d’un bleu pâle ou d’un blanc bleui- tre, avec quelques points et de très-petites taches roussâtres, disposés en forme de couronne sur le gros bout. (DEGLann.) MOTTEUX SAUTEUR. SAXICOLA SALTATRIX. (Ménétricr ) Parties supérieures, jusque vers le croupion, d’un gris brunâtre nuancé de couleur isabelle; rémi- ges plus foncées; les rémiges secondaires, ainsi que les deux dernières des primaires, bordées de blanc jaunâtre à la barbe extérieure et à l'extrémité, rémiges primaires, depuis la sixième, à barbe extérieure blanchâtre; ses barbes internes de toutes les rémiges à bord blanc large qui se perd vers l'extrémité des pennes; face intérieure des rémiges beaucoup plus pâle que la supérieure; couvertures internes des ailes blanches: celles du premier ordre ornées, au centre, d’une tache d’un gris pâle; moitié basale de la queue noire, l'autre moitié brun noirâtre; cette teinte foncée occupe deux tiers de la longueur des deux pennes médianes; parties inférieures du corps blanc nuancé de couleur isa- belle, particulièrement sur les flancs, sur les parties supérieures de la poitrine, sur les côtés du cou, ainsi que sur la région des oreilles; milieu de l’abdomen d'un blanc pur; tour des yeux blanc; une raie blanchâtre s'étend de chaque côté de la tête, depuis les narines au-dessus des yeux jusqu’à l'extrémité de la région des oreilles. (Sexrécer, Rev. crit. des Ois. d'Europe.) Longueur totale, 07,175. Habite les bords de la mer Caspienne, l'Oural, l'Égypte, la Nubie et la Grèce. MOTTEUX STAPAZIN. SAXICOLA £TAPAZINA. (Vicillot, Koch ) # * ee : ANR * Dessus de la tête, du cou et du corps, poitrine et abdomen, d’un blanc lavé légèrement de roux à la nuque, au dos et à la poitrine: joues, gorge, ailes, la presque totalité des deux rectrices médianes, 32 HISTOIRE NATURELLE. l'extrémité des autres et une partie du bord externe des deux plus latérales, d'un noir profond; crou- pion, couvertures de la queue et la plus grande partie des pennes, d'un blanc pur; bec et pieds noirs; iris brun foncé. Longueur totale, 0,15 à 0,16. Se trouve dans l'Europe méridionale; commun en Italie, en Grèce et dans le midi de la France. (Existe aussi en Asie et en Afrique.) Fig. 27 et 98, — Motteux stapazin (Mäle et femelle ) Il niche dans les tas de pierres, entre des rocailles, dans les trous des murailles et assez près de terre, quelquefois contre un tas de fagots. Son nid, peu profond et évasé, est construit sans art avec des brins d'herbe sèche, de la bourre, de la laine et du crin. Sa ponte est de cinq ou six œufs, d’un bleu verdâtre plus ou moins intense, avec de petites taches roussâtres ou roux de rouille, quel- quefois peu apparentes et comme effacées, d’autres fois très-accentuées et très-colorées. Ces taches occupent ordinairement le gros bout de l'œuf, mais il arrive aussi qu’elles sont assez régulièrement disséminées sur toute sa surface. Grand diamètre, 0",020 environ, petit diamètre, 0",015 à 0,016. (DEcLanD.) MOTTEUX OREILLARD. SAXICOLA ALBICOLLIS. (Temmink, Vicillot, Gray.) Vertex, nuque et dos, d’un roux jaunâtre; croupion, front, gorge, devant du cou et milieu du veutre, d’un blanc pur; poitrine et flancs roussâtres; lorums, région des yeux et des oreilles, ailes, la presque totalité des rectrices médianes, le tiers inférieur des autres et la moitié du bord externe des deux plus latérales, d’un noir profond; bec et pieds noirs; iris brun foncé. Longueur totale, 0,156 à 0,157. Habite l'Europe méridionale et le midi de la France... (Se trouve également en Asie et en Afrique.) Niche comme le précédent. Sa ponte est de cinq ou six œufs, d’un bleu verdâtre, ordinairement QU ALL Ménure superbe. (Mâle et femelle.) OISEAUX. 33 un peu plus prononcé que dans ceux du Stapazin, avec des taches plus nombreuses, plus accentuées et plus colorées, brunes ou d’un roux de rouille MOTTEUX LEUCOMÈLE. SAXICOLA LEUCOMELA. (Pallas, Temminck ) Joues, gorge, côtés et devant du cou, d'un noir profond; dos et ailes d’un noir moins foncé; ver- tex, nuque, croupion, sus-caudales et parties inférieures du corps, d'un blanc pur; sous-caudales roussâtres; les trois quarts supérienrs de la queue d’un blane de neige; le quart inférieur et plus de la moitié inférieure des deux pennes médianes d’un noir profond; bec, pieds et iris, noirâtres. Longueur totale, 02,154 à 0,155. Se trouve dans la Russie méridionale, FAttaï et la Daourie. (Asie occidentale.) Fig. 29 — Motteux leucomèle Il niche assez souvent dans des endroits d'un accès difficile, dans les fentes des rochers, quelque- fois sous le toit des églises et des maisons, selon M. Temminck, et quelquefois aussi, selon M. Nord- miann, dans des tas de pierres. Sa ponte serait de quatre où cinq œufs, semblables à ceux des autres Traquets. (DeGLann.) F 4me GENRE. — TRAQUET PRATINCOLA. (Koch, 1816.) Pralum, pré; incola, habitant. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, large à la base, qui est garnie de quelques soics ou poils, et courbé à la pointe, qui est échancrée. Narines basales, latérales, percées dans une membrane, arrondies, el en partie cachées par les plumes du front. Ailes longues et arrondies, surobtuses, les quatrième et cinquième rémiges égales, les plus longues. T'arses de la longueur du doigt médian, münces, et recouverts d'une seule plaque; doigts ot Lo 34 HISTOIRE NATURELLE. médiocres, minces, les latéraux égaux, le pouce Lng et fort; les ongles médiocres, courbés et aiqus. Fig 50. — Pratimcola rubicola. Ce genre est identique avec les genres Fruticola, Macgillivray, et Rubetra, Gray. Il renferme dix espèces de l'Europe, de lAsie et de l'Afrique. C'est un démembrement du genre Saæicola, fondé tout autant sur une légère différence dans les habitudes que sur une différence dans le mode de co- loration du plumage. Le genre Saxicola renferme en effet exclusivement toutes les espèces de Tra- quets qui ont les parties supérieures uniformément colorées; le genre Pratincola renferme celles dont ces mêmes parties sont tachées, Quant aux habitudes, les Traquets se plaisent bien, comme leurs congénères les Motteux, dans les lieux découverts; mais ils les recherchent moins arides, et fréquentent, les uns, les prairies naturelles et artificielles, les champs de colza, les plaines couvertes de verdure, les bords des ruisseaux, des rivières; d’autres, les jeunes taillis, les halliers, les coteaux couverts de bruyères et d'arbres nains. Is sont susceptibles de s’apprivoiser. Mais, dit Bechstein en parlant du Traquet tarier, aussi gai que ce bel Oiseau se montre en liberté, aussi triste il parait dans la chambre; si on l'y laisse courir, il ne bouge que pour chercher son manger, après quoi il retourne à sa place ordinaire, et s'y tient la tête enfoncée dans la poitrine. Son chant agréable a beaucoup de rapports à celui du Chardonne- ret; ce qui le rend cependant plus précieux, é’est qu'on ne l'entend pas seulement de jour, mais aussi le soir, et jusque bien avant dans la nuit. (Wan. de l'Amat. de volières.) M. Sweet, néanmoins, qui semble bien entendre le traitement des Oiseaux chanteurs, assure avoir gardé un Traquet pâtre qui était d'une gaieté folle. Naturellement, ou grâce à son éducation, ce favori de M. Sweet était un admirable parodiste : il imitait, dans sa cage, la Fauvette, le Rossignol ou Rouge- Queue de muraille, le Roitelet, le Rossignol et même la Grive, qu'il entendait par la fenêtre donnant sur le jardin. I n’avait qu'un défaut, c’était la force étourdissante de sa voix, et l'on était quelque- fois forcé de l’exiler du salon, tant il étourdissait la compagnie. Il paraît qu'il impatienta tellement une méchante servante qui n’aimait pas la musique, qu'elle ouvrit la porte de la cage et le fit envo- ler. C'était en hiver; soit qu'il mourût de froid, soit qu'il parvint à fuir dans un climat plus chaud, il ne reparut plus. Les Vers, les petits Colimaçons, les Limaces, les Insectes et les fruits, sont la nourriture habituelle de ce Traquet : il devient très-gras en août, et alors ce n’est plus de l'amateur de la musique en cage, mais du gourmand, qu'il doit redouter les attentions perfides. (New. Montl. Mag. et Revue britannique, 1850.) Les Traquets nichent, les uns dans les prairies, au pied d’une touffe d'herbe, dans une ornitre, à l'abri d'une taupinière, sur le revers d’un fossé; les autres dans les champs incultes, parmi les pierres, dans les terrains sablonneux, quelquefois au milieu des rochers. Au nombre de ces derniers est le Traquet pâtre de Le Vaillant (Pratincola sibylla, Cabanis). On trouve toujours le mâle, dit ce voyageur, accompagné de sa femelle. Ils aiment à se poser l’un à côté de l'autre sur le sommet d’une bruyère ou d'un pieu quelconque, ce qui fait qu'il est aisé de les tuer tous deux d’un même coup, d'autant mieux qu'ils sont peu farouches, qu'ils se laissent ap- procher de très-près, et que, quand ils partent, ce n’est que pour gagner, en rasant la terre, le buisson le plus voisin ou le premier arbuste qui se tronve sur leur direction. Ils font encore fré- quemment un mouvement de queue de haut en bas, en même temps qu'il battent des ailes, et ils sont OISEAUX. 29 continuellement en action. Sur les habitations, le Pâtre fréquente les pares de bestiaux, où il trouve abondamment de quoi se nourrir. Les colons, habitués à voir cette espèce fréquenter les parcs de leurs bestiaux pour y chercher des Vers, dont elle est très-friande, l'ont nommée Schaap-Wagtertje, qui signifie petit gardien de Moutons, ou petit Pâtre. (Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique.) TRAQUET TARIER. PRATINCOLA RUBETRA. (linné, Koch.) Joues, dessus de la tête, du cou, du corps, et couvertures supérieures de la queue, d’un brun noi- râtre, avec les plumes bordées de roussâtre; devant du cou, poitrine et flancs, d’un roux clair, plus vif au cou et moins vif sur les flancs et au ventre; milieu de l'abdomen blanchâtre; sourcils, bas des joues, gorge et côtés du cou, d’un blane pur; une grande tache oblongue et un miroir de cette cou- leur sur l’aile; petites et moyennes couvertures d’un noir profond; grandes couvertures et rémiges brunes, plus ou moins lisérées de roussätre; le tiers supérieur des rectrices médianes, les deux tiers supérieurs des latérales blanches, le reste brun, très-faiblement bordé de roussâtre; bec et pieds noirs; iris brun foncé. Longueur totale, 0®,123 ou 0",124. On le trouve dans presque toute l'Europe tempérée. Il est commun dans le nord de là France du- rant l’été; il y arrive en mars, et en repart aux mois d'octobre et de novembre. (Il se rencontre aussi dans l'Asie occidentale et l'Afrique septentrionale.) Sa ponte est de cinq à sept œufs, d'un bleu verdätre pâle, sans taches, et quelquefois avec de très-petits points à peine visibles. Grand diamètre, 0,017 à 0,018; petit diamètre, 0,013. (Deccanp.) TRAQUET RUBICOLE. PRATINCOLA RUBICOLA. (Linné, Koch.) Tête, gorge, devant du cou et queue entière, d’un noir mat; nuque et dos noirs, avec les plumes bordées de roux; poitrine et flancs d’un rouge bai, moins vif vers la queue; milieu du ventre blane; une tache oblongue, longitudinale, sur Paile, d’un blane pur; ailes noires, avec les pennes plus ou moins bordées de roussâtre; couvertures supérieures de la queue variées de blanc, de brun et de roux; bec, pieds etiris, noirs. Longueur totale, 0,12 et quelques millimètres. Se trouve dans presque toute l'Europe (et en Asie). Il vit sédentaire dans le midi de la France et en Italie. Sa ponte est de cinq à six œufs, d’un bleu verdâtre päle, avec des taches roussâtres peu appa- rentes, rapprochées, et quelquefois confondues au gros bout. (DrcLann.) ome GENRE. — COPSYQUE. COPSYCHUS. (Wagler, 1827.) Kodiy0s, Merle. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, aussi haut que large à la base, comprimé et à sommet arrondi jusqu'à la pointe, qui est échancrée; commissure garnie de soies; arête prononcée à la base. Narines latérales, basales, arrondies, et presque entièrement cachées dans les plumes capis- crales. 36 HISTOIRE NATURELLE. Ailes médiocres, surobtuses; les trois premières rémiges étagées, la quatrième presque égale à la cinquième, qui est la plus longue. Queue plus ou moins allongée, et ou étagée ou arrondie. Tarses minces, longs; les deux doigts latéraux presque égaux, les plus courts, le doigt médian égalant le turse en longueur, et le pouce assez long et fort, muni d'un ongle robuste et assez crochu. Fig. 51. — Copsychus saularis. Fig. 52. — Copsychus saularis. Vingt et une espèces de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie. Nous figurons le Copsyque châtain (Me- rula [Copsychus] castanea, Gould ). Nous comprenons dans ce genre les genres Grillivora, Swainson; Cercotrichas, Boié; Dahila et Polypeira, Hodgson; Kitacinela, Gould, et Geocichla, Kuhl. On ignore les particularités des mœurs de ces Oiseaux : tout ce qu'on en connaît se borne à ce que dit Le Vaillant d’une de ces espèces, qu'il appelle le Cadran, d’après Albin (c'est le Copsychus sau- laris) : qu'il est naturellement méfiant, se laisse difficilement approcher, à moins qu'il ne soit occupé à chanter, ce qu'il fait assez agréablement le matin et le soir, et même une partie de la nuit, quand elle est éclairée surtout, et qu'il ne fait point de veut. (Histoire des Oiseaux d'Afrique.) Fig. 35. — Copsyque chätain COPSYQUE CANNELLE, COPSYCHUS CINNAMOMEIVENTRIS. (De La Fresnaye, Ch. Bonaparte.) Le mâle a la tête, le cou et toutes les parties supérieures, excepté le croupion, d'un noir profond et sans reflets. Les ailes et la queue sont d’un noir intense; les petites couvertures de l'aile, d’un blanc pur, y forment une sorte d’épaulette blanche qui rappelle celle du Traquet fourmilier du même OISEAUX. 37 pays. Tout le dessous de l'Giseau, depuis le bec jusqu'au venire, est de la couleur du dos. Le crou- pion, les couvertures supérieures de la queue et le reste des parties inférieures, depuis le bas de la poitrine, sont d’un beau roux cannelle, brillant sur le croupion, et passant au roux blanchâtré à son point de réumon avec le noir de la poitrine. Le bec et les pieds sont noirs. (Magasin de Zoolo- gie, 1836.) Longueur totale, 0,205. Du cap de Bonne-Espérance, où il a été découvert par J. Verreaux. L'espèce y est rare, peut-être mème est-elle de l'intérieur des terres. Ge GENRE. — THAMNOBIE. THAMNOBIA. (Swainson, 1831.) Oauvez, buisson; Pico, je vis. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec mince, plus court que la tête, légèrement infléchi à la pointe, qui est aiguë et entière. Narines basales, latérales, percées dans une membrane, à ouverture arrondie. Ailes courtes et arrondies; la quatrième et la cinquième rémiges les plus longues. Queue lonque, large et étagée. T'arses minces, plus longs que le doigt médian, sans scutelles; doigts courts, les latéraux égaux, légèrement unis à leur base; ongles courts, comprünés, et faiblement courbés % Fig. 54. — Thamnobia ptymatura. Ce genre, démembré du genre linnéen Hotacilla, renferme huit espèces propres à l'Afrique et à l'Asie méridionales. Nous figurons le Thamnobie à front blanc. Voici tout ce que Le Vaillant nous apprend de particulier au sujet d’une des espèces du genre, le Thamnobie à queue striée : Elle habite les buissons et les bois de mimosas du pays des Cafres. Elle fait son nid à terre, sous un buisson épais. La ponte est de quatre œufs, que le mâle et la femelle couvent alternativement. Cet Giseau a aussi l'habitude de battre des ailes et de relever la queue, ainsi que le font, au reste, tous les Traquets en général. On exprime très-distinctement son cri par les syllabes tac-tac-trac, tac-tac-trac, que le mâle répète à chaque instant, en même temps qu'il bat des ailes et qu'il hausse la queue. ({listoire naturelle des Oiseaux d'Afrique ) Le cri d'une autre espèce, le Thamnobie à cul roux, d’après le même voyageur, aurait beaucoup de rapport avec celui de notre Rouge-Gorge d'Europe. THAMNOBIE A MIROIR BLANC. THAMNOBIA ALBO SPECULARIS. (Eydaux et Gervais. G. R. Gray.) Le mâle adulte a tout le corps d'un beau noir brillant, nuancé d’une légère teinte hleuitre, avec deux taches d'un blanc très-pur sur les couvertures alaires; les pennes rémiges et les rectrices sont 38 HISTOIRE NATURELLE. noires comme le corps, et jouissent, à leur face supérieure, d’un éclat aussi vif; la face inférieure est, au contraire, d'une teinte plus mate, et l'on voit, sur les couvertures inférieures de la queue, ainsi qu'aux plumes des cuisses et à celles qui garnissent la face inférieure des ailes, quelques traces de blanc plus ou moins prononcées. (Magasin de Zoologie, 1836.) Longueur totale, 0",210. Habite Madagascar. Fig. 35. — Thamnobie à front blanc. Tue GENRE. — ORYGME. ORYGHMA. (Gould, 1837.) Qauyux, lurlement. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, presque de la longueur de la tête, à arête assez marquée, infléchi et comprimé jusqu'à la pointe, qui est échancrée : quelques poils à la base mandibulaire. Narines basales, latérales, et recouvertes par une membrane squameuse. Ailes médiocres, arrondies, surobtuses; la première rémige très-courte, les quatrième. cinquième, sixième et septième les plus longues. Queue assez longue, et arrondie sur les côtés. Tarses aussi longs que le doigt médian, minces, couverts de squamelles; doigts assez courts, les latéraux égaux, le pouce médiocre; ongles courts, comprimés, arqués et aiqus. Fig. 56. — Orygma rubricata. Ce genre repose sur une seule espèce de l'Australie occidentale, le Muscicapa rubricata de La- tam; Saxicola solitaria., Nigors et Horsfield, dont nous donnons la figure et la description OISEAUX. 39 Cette espèce fréquente les régions arides et rocailleuses, et se nourrit d'Insectes : son cri est strident. ORYGME SOLITAIRE. ORYGMA RUBRICATA. (Lathand, Gould.) D'un brun plus ou moins foncé, tournant au jaunâtre sur les parties inférieures: pieds jaunes. Fig. 57. — Orygme solitaire. Sme GENRE. — ACCENTEUR. ACCENTOR. (Bechstein, 1802.) CARACTÈRES GÉNÉRTQUES. Bec droit, conique, arrondi, de moyenne longueur, plus large que haut à sa base, échancré, et très-légèrement incliné et aigu à la pointe, à bords rentrés en dedans. Fig. 58 — Accentor Nepalensis. Fig. 59. — Accentor Nepalensis. Narines nues, percées dans une membrane. 40 HISTOIRE NATURELLE. Ailes de moyenne grandeur, à penne bätarde, subobtuses, la troisième et la quatrième rénuges les plus longues. Queue égale, de moyenne longueur. T'arses robustes, de la longueur du doigt médian, qarnis de larges scutelles; le doigt externe uni à la base avec le médian; l'ongle postérieur assez allongé et assez fort. Ce genre, qui a pour synonymes les genres Pruneila, Vieillot; Spermolegus et Tharralens, Kaup, renferme douze espèces de l'Europe et de l'Asie. Les Accenteurs, en général, sont sédentaires, très-familiers, et ont un chant assez agréable. Les uns vivent dans les broussailles épaisses, dans les buissons fourrés, dans les lieux bas; les autres sur les montagnes rocheuses. Ils cherchent à terre leur nourriture, qui consiste en Insectes, en Vers, en larves et en graines. (DecLann.) Mais on ne connaît guère en détail que les mœurs des espèces européennes. Ainsi, les Accenteurs des Alpes, qui habitent les montagnes des Alpes voisines de France et d'I- talie, et même celles de l'Auvergne et du Dauphiné, ne s’en éloignent que quand ils y sont forcés par l'abondance des neiges; aussi re les connaît-on guère dans les plaines : ils se tiennent communé- ment à terre, où ils courent vite en filant comme la Gaille et la Perdrix, et non en sautillant comme les autres Fauvettes; ils se posent aussi sur les pierres, mais rarement sur les arbres; ils vont par petites troupes, et ils ont, pour se rappeler entre eux, un eri semblable à celui de la Lavandière. Tant que le froid n’est pas bien fort, on les trouve dans les champs; et, lorsqu'il devient plus rigou- reux, ils se rassemblent dans les prairies humides où il y a de la mousse, et on les voit alors courir sur la glace : leurs dernières ressources, ce sont les fontaines chaudes et les ruisseaux d'eau vive; on les y rencontre souvent en recherchant des Bécassines. Ils ne sont pas bien farouches, et cependant ils sont difficiles à tuer, surtout au vol. (Burrox.) Dans cette saison, ils s’'approchent aussi des villages et des granges, autour desquelles on peut prendre autant de ces Oiseaux que des Bruants ailleurs. Ils vivent de graines et d'Insectes; on leur donne, dans la chambre, du chènevis écrasé, des graines de pavot, du pain blanc et des œufs de Fourmis; avec toutes ces choses, on peut les conserver pendant quelques années. Leur chant est doux, mais triste et mélancolique; leur attitude est belle, et, lorsqu'ils sautent, ils agitent souvent les ailes et la queue. Quant à l'Accenteur mouchet, quelque aimable qu'il soit dans la chambre par sa bonne humeur, son agilité, sa gaieté et sa voix, il ne mérite cependant pas le nom de Rossignol d'hiver, qu'il porte en quelques provinces; car son chant est trop simple et trop peu étendu : c'est un petit couplet, com- posé d’une des strophes de l’Alouette et du Roitelet. Les sons tchondi, houdi, houdi, etc., sont ré- pétés souvent et longtemps, toujours en descendant d'une sixte, et baissant continuellement par de- grés. Ce chant est accompagné du mouvement non interrompu des ailes et de la queue, et se fait entendre toute l’année, à l'exception du temps de la mue. Il y a des jeunes élevés dans la chambre qui, placés à côte de quelque chanteur distingué, savent prendre assez de son ramage pour embellir le leur. Mais jamais, quoi qu'on en dise, ils ne parviennent à imiter le Rossignol. Lorsque cet Oiseau querelle avec ses compagnons de chambre pour la place ou la mangeaille, sa colère s’exhale en chan- tant, comme font l’Alouette huppée et la Lavandière. ( Becusrein.) Un Accenteur mouchet, gardé pendant l'hiver chez M. Daubenton le jeune, et pris au piége en au- tomne, n'était pas plus farouche que si on leût pris au nid. On l'avait mis dans une volière remplie de Serins, de Linottes et de Chardonnerets : un Serin s'était tellement attaché à cet Accenteur, qu'il ne le quittait point; cette préférence parut assez marquée à M. Daubenton pour les tirer de la volière générale, et les mettre à part dans une cage à nicher; mais cette inclination n’était apparemment que de l'amitié, non de l'amour, et ne produisit point d'alliance. Il est plus probable que l'alliance n’eût point produit de génération. … Lorsqu'un Chat ou quelque autre animal dangereux approche du nid, la mère, pour lui donner e change, par un instinct semblable à celui de la Perdrix devant le Chien, se jette au-devant et voltige terre à terre Jusqu'à ce qu'elle l'ait suffisamment éloigné. (Burron.) La plupart nichent à terre ou très-près de terre. 0% — Athene strenua 10, GISEAUX. 44 ACCENTEUR DES ALPES. ACCENTOR ALPINUS. (Gmelin, Bechstein.) Parties supérieures de la tête, du cou et du corps, d’un cendré rembruni, avec des taches allon- gées, brunes, sur le dos, au croupion, et les scapulaires bordées largement de roux; gorge blanche, marquée de taches noirâtres sous forme d’écailles; poitrine d'un brun cendré; abdomen et flancs cendrés, et flammés de roux vif; sous-caudales blanches, tachetées de brun; petites et moyennes couvertures noires, terminées de blanc; rémiges brunes, les primaires lisérées de gris, les secondaires frangées de roussàtre, rectrices de la même couleur que les pennes des ailes, toutes bordées de gris, et terminées de blanchâtre; bec brun en dessus, et jaune à la base de la mandibule inférieure; iris brun clair; pieds jaunâtres. Longueur totale, 0",18 environ. Habite, pendant l’été, les montagnes les plus élevées du midi de l'Europe, les Alpes, les Pyrénées; descend, l'hiver, dans les plaines, les vallées, et se porte quelquefois fort loin du pays où il est né. Il se montre accidentellement dans le nord de la France et en Belgique. Niche dans les fentes des rochers, quelquefois aussi sur les toits des maisons isolées et dans les villages situés sur les montagnes. Ses œufs, au nombre de cinq ou six, sont oblongs, et d’un bleu pâle sans taches. Grand diamètre, 0",019; petit diamètre, 0°,014. Vulgairement, Pégot. (DEcrann.) Fig. 40 et 41. — Accenteur des Alpes. (Mâle et femelle.) ACCENTEUR DE TEMMINCK. ACCENTOR TEMMINCKII. (Brandt ) Dessus de la tête d'un noir profond, dessus du cou, dos et scapulaires, d’un cendré rougeâtre, avec des taches longitudinales d’un roux brique; parties inférieures d’un isabelle jaunâtre, varié de taches brunes à la poitrine, de taches d’un cendré rougeàtre sur les flancs; un trait jaunâtre au-des- us de l'œil, s'étendant du bec à la nuque; une large bande noire passant sous l’œil et couvrant le o#* (n 42 HISTOIRE NATURELLE. 2 trou auditif; aes d’un cendré brun, bordées de cendré rougeätre, avec deux rangées de petit points jaunâtres, formant une double bande transversale; queue brune, avec la tige des plumes d'une teinte rougeàtre, bec jaune à la base et brun à la pointe; pieds jaunâtres. Longueur totale, 0®,145 à 0,148. Habite Ja Sibérie, la Russie, et se montre accidentellement en Hongrie et en Italie. (DreLann.) Nous avons, avec MM. Brandt et Ch. Bonaparte, restitué à cette espèce son véritable nom; cette espèce a été confondue jusqu’à présent, depuis M. Temminck jusqu'à M. Degland, avec le véritable Accentor montanellus, qui, lui, est exclusivement propre à la Russie asiatique, et ne se trouve que dans la Sibérie orientale. ACCENTEUR MOUCHET. ACCENTOR MODULARIS. (Linné, G. Cuvier ) Tête et cou cendrés, avec des taches brunâtres au vertex, à la nuque; région parotique d'un brun nuancé de roussâtre; dos et ailes fauves, avec des taches longitudinales noirâtres, et une petite tache d'un blanc jaunâtre à l'extrémité des moyennes et des grandes couvertures; croupion et sus-caudales d'un brun tirant sur le roussâtre; parties inférieures d'un gris cendré bleuâtre, avec une teinte et des taches roussâtres et brunes aux côtés de la poitrine et sur les flancs; bas-ventre d'un blanc pur; sous- caudales d’un cendré roussätre, flammées de brun; rémiges et rectrices d'un brun terne, légèrement bordées de roussâtre; bec noirâtre, plus foncé en dessus qu'en dessous; pieds roussâtres; iris brun. Longueur totale, 0,145. Habite presque toute l'Europe tempérée; très-commun en France, où il vit sédentaire dans beau- coup de localités. Se reproduit dans les bois, les jardins, au milieu des taillis, sur les buissons, dans les haies. Son nid est composé de mousse, de feuilles sèches, de brins d'herbe, de radicules et de quelques crins à l'extérieur. Ses œufs, au nombre de cinq ou six, sont d’un bleu céleste sans taches, quelquefois avec de très-petits points noirs qu'on peut effacer avec la plus grande facilité. Grand diamètre, 0,019; petit diamètre, 0",014. (DecLann.) C'est un de nos Oiseaux dans le nid duquel le Goucou d'Europe dépose le plus souvent ses œufs. + Que GENRE. SÉRICORNIS. SERICORNIS. (Gould, 1837.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, étroit, à arête légèrement infléchie, et comprimé à la pointe, qui est échancrée. ] \ j ei 7 OrICOT cr" sp. 1 Fig. 42. — Sericornis citreogularis Fig, 45. — Sericornis cutreogularis Narines basales, percées dans une squamelle membraneuse, & ouverture lunulée et découverte. OISEAUX. Ailes courtes, arrondies, surobtuses, à première rémige très-courte, les quatrième, cinquième et sixième rémiges égales, les plus longues. Queue médiocre et assez large. Tarses de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts médiocres, les latéraux égaux, l'externe uni à la base; le pouce long, et muni d'un ongle robuste, égal à ce doigt, courbé ct aigu, le plus grand de tous. | 43 Fig. 44 et 45. — Séricornis fronté (Mâle et femelle } Ce genre, exclusivement australien, renferme sept espèces. Ce sont des Oiseaux qui fréquentent les lieux marécageux, courent sur le sol dans les lieux assez touffus, cherchant sur la terre, ou parmi les roches, les petits Insectes qui servent à leur nourriture, faisant souvent mouvoir les ailes et la queue comme les Malurus. Il est assez rare d'en voir plus d'un individu à la fois; ils courent avec vitesse, et ne volent que rarement, se réfugiant au milieu des buis- sons lorsqu'ils sont par trop pressés. Leurs nids, composés de mousse, sont suspendus à l'extrémité des branches à plus de vingt-cinq à trente pieds du sol, non-seulement sur les casuarinas, mais en- core sur diverses espèces d'arbres. Ces nids se trouvent dans les ravins où les arbres sont à proximité des roches. Quant à la mousse dont les nids se composent, elle existe en abondance, dans ces locali- tés, sur Le corps des arbres et sur les rochers. (J. Venrraux, Zool. tasm. et austr.) Ce genre parait se rapprocher des Pipits; M. Ch. Bonaparte le place dans les Saicolinæ. SÉRICORNIS A GORGE JAUNE. SERICORNIS CITREOGULARIS. (Gould.) Parties supérieures d’un olive plus foncé sur la tête, les ailes et la quene, que sur le reste; un trait noir passant sur le front et repassant au travers des yeux jusque sur les oreilles; un sourcil blanc devenant jaune à partir du dessus de l'œil; menton, gorge, devant du con, d'un jaune pâle, devenant olivätre sur la poitrme, brun sur les flanes, et blanc pur sur le milieu du ventre, de l’abdo- men et sur les couvertures inférieures de la queue; une partie des couvertures alaires et les barbes externes des rémiges primaires d’un olive verdâtre; bec noir; tarses brun clair, (J. VERREAUX.) 4% HISTOIRE NATURELLE. SÉRICORNIS MODESTE. SERICORNIS HUMILIS, (Gould.) Lorum d’un brun noirâtre, surmonté d’une tache blanche un peu confuse; vertex, dessus du corps, ailes et queue, de couleur olive teintée de rougeâtre; aile bâtarde noirâtre; chaque plume bordée de blanc; menton de couleur cendrée parsemée de gouttelettes plus foncées; poitrine et milieu de l'abdo- men d'un jaune obscur parsemé de gouttelettes plus sombres; flancs marrons; bec noirâtre, pieds bruns. Longueur, 0,13. De Van-Diemen. 10% GENRE. — MYIOMÈLE. MYIOMELA. (Hodgson, 1845.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, de la longueur de la tête, assez épais, recourbé et comprimé à la pointe, qui est échancrée; quelques soies à la base. Narines basales, latérales, lunulées, et recouvertes par une membrane. Ailes longues, surobtuses; la première rémige très-courte, les quatrième et cinquième presque égales, les plus longues. Queue médiocre, large et arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, longs et minces, ainsi que les doigts, dont les latéraux sont égaux; le pouce long; ongles courbés, allongés et aigus. Fig. 46. — Myiomela leucura. Une seule espèce de l'Asie centrale, le Myiomèle à queue blanche. Elle fréquente les forêts en montagnes du Népaul, et y vit d'Insectes. Ame GENRE. — GRANDALE. GRANDALA. (Hodgson, 1843.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court, mince, à sonunet légèrement recourbé jusqu'à la pointe, qui est faiblement échancrée comprimé sur les côtés, et garni de quelques petiles soies. larines basales, ovalaires, en partie recouvertes par une membrane. Ailes allongées, arrivant aux deux tiers de la queue, subaiguës; la première rémige presque ru- dimentaire, les deuxième el troisième rémiges égales entre elles, les plus longues. Fig. 1. — Eurystome d'Australie Fig. 2. — Faucon polyzone OISEAUX. 45 Queue longue, ample et légèrement échancrée. T'arses de la longueur du doigt médian, minces, ainsi que les dorgts, recouverts de squamelles. Fig. 47. — Grandala cælicolor. Fig. 48. — Grandala cœlicolor. Une seule espèce, découverte dans le Népaul par M. Hodgson, qui en a fait le type d'un genre adopté par les auteurs, sous le nom de Grandala cælicolor, dont nous donnons la figure. Fig. 49 — Grandale céleste On ne sait rien des mœurs de ce magnifique Oiseau, si ce n’est qu'il vit solitaire dans les régions septentrionales du Népaul, et que l'estomac de l'individu tué par le major Hodgson renfermait des Insectes. GRANDALE CÉLESTE. GRANDALA COELICOLOR. (Hodsson ) En entier d’un beau bleu de ciel à reflets éclatants, sans étre métalliques, et soyeux, à l’exception des rémiges et des rectrices, qui sont d'un noir frangé de brunâtre; bec et pieds noirs; iris brun. Longueur totale, 0,20. De l'Asie centrale (Népaul). 46 HISTOIRE NATURELLE. 190e GENRE. SIALIS. SLALIA. (Swainson.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. - Bec plus court que la tête, élargi à la base, comprimé sur les côtés jusqu'à la pointe, qui est re- courbée et échancrée. Narines basales, latérales, percées en fente longitudinale dans une membrane, et à découvert. Ailes allongées, arrivant aux deux tiers de la queue, subaiguës; les deuxième el troisième rémiges les plus lonques. Queue médiocre, ample, échancrée. T'arses courts et trapus, à peine de la longueur du doigt médian, recouverts d'une seule squa- melle; doigts allongés, le poucevigoureux, ainsi que son ongle, les autres courts et recourbés. Fig. 90. — Sialia Wilsonir. Fig. 51. — Siulia Wilsonn. Trois espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons le Sialia arctica, Swainson. Ce genre, qui a été créé par Swainson, à pour type la Motacilla sialis de Linné, qui est restée longtemps l'espèce unique à laquelle s’en sont venues ajouter deux autres. Vieillot, bien avant Swainson, avait pressenti la nécessité de l'établissement de ce genre, car il s’exprimait ainsi, après en avoir détaillé les mœurs, que nous allons reproduire d’après lui. Le nom de Fauvette peut convenir à cet Oiseau comme générique, mais non autrement; car il n’a dans son naturel aucune analogie avec les vraies Fauvettes. Il en diffère aussi en ce qu’il a le bec plus fort qu'il ne l’est ordinairement dans les espèces de ce genre, plus large à la base, moins que celui du Moucherolle, et totalement pareil à celui du Motteux (Motacilla ænanthe, Linné, Gmelin), dont il se rapproche beaucoup plus que de tout autre Oiseau par sa nourriture et la manière de la chercher, par la rapidité de son vol, par la longueur et la largeur de ses ailes; du reste, il n’a aucune analogie avec ce volatile d'Europe, qui vit solitaire, ne se plait que dans les lieux éloignés des habitations, ne fréquente que les endroits secs et pierreux pendant l'été, et les terres labourées à l'automne. Le nom de Blue-Bird (Oiseau bleu) est celui que les Américains ont imposé à l'espèce de Fauvette type du genre, l’une des plus communes de l'Amérique septentrionale. Quoique cette dénomination puisse s’appliquer aussi à plusieurs autres Oiseaux dela même contrée, il lui convient toujours mieux que celui de Rouge-Gorge, puisqu'elle n’a point la gorge rouge, et que, si ce n’est une sorte de fami- liarité et un mouvement de la queue de bas en haut, elle n'a aucun rapport avec notre Rouge-Gorge (Motacilla rubecula, Linné, Gmelin), dont on l’a rapprochée comme une espèce très-analogue et comme son représentant dans le nouveau continent. Elle n’en a point le vol, le chant, les mœurs, ni les habitudes. Celui-ci a les ailes courtes, et conséquemment le vol peu étendu; il se tient, pendant toute la belle saison, dans l’intérieur des bois, cherche l'ombrage épais, les lieux humides, et il est solitaire toute l’année; il place son nid dans les endroits les plus fourrés, et n'échappe à l'Oiseau de rapine qu'en se cachant au centre des buissons ou au pied des haies touffues. Le Blue-Bird a les ailes longues, le vol si facile et si rapide, qu'il brave son ennemi naturel et semble se jouer de ses atta- ques. I n'habite que les lieux découverts, se perche à la cime des arbres, préfère la branche sèche au rameau feuillé, montre une grande antipathie pour les forêts, les taillis épais, et généralement OISEAUX. 47 pour toute espèce de bois; il place son nid dans un trou d'arbre, se plait avec ses semblables, voyage avec eux, et même avec d’autres petits Oiseaux; la société de ses pareils est pour lui un besoin en tout autre temps que celui des amours. S'en trouve-t-il par hasard éloigné, son cri, sans cesse ré- pété, indique le désir pressant de les rejoindre. Les auteurs lui donnent un chant triste et désagréa- ble; ils ne l’ont certainement pas observé dans la nature, ou c’est de son cri qu'ils ont voulu parler; car ses accents ne sont pas sans agrément, et sa voix est aussi sonore et plus variée que celle de la Draine (Turdus viscivorus, Linné, Gmelin). Comme cette Grive, ce n’est qu'au commencement du printemps et qu’à la cime des arbres que cet Oiseau en déploie toute l'étendue; son cri familier est plaintif, et m'a paru composé des syllabes keu-hut, qu'il prononce d'un ton lugubre, en pesant sur la première et prononçant la dernière d’un ton bref. Ge cri, que les Blues-Birds jettent souvent pen- dant l'automne, et surtout durant leur vol, leur sert à s’avertir réciproquement du danger qui les me- nace, et de réclame quand ils émigrent de leur pays natal. Dans ce dernier cas, ils le répètent fré- quemment, et de manière à se faire entendre de très-loin : en effet, des Oiseaux qui ne voyagent qu’en troupes, qui volent alors à une assez grande élévation, et qui, d'après le genre de leur nourri- ture, sont obligés de s’écarter les uns des autres, afin de la trouver plus facilement, ont besoin d'une assez forte voix pour se rallier. On en rencontre assez souvent des bandes nombreuses qui, pour fuir les frimas, dirigent leur course vers le sud. Divers Ortolans, tels que les Touits, les Titits, ete., les accompagnent et semblent les prendre pour leurs conducteurs, car on voit presque tous les Rouges- Gorges bleus à la tête de chaque bande voyageuse. C’est ainsi qu'ils s’acheminent, au mois d'octobre et de novembre, pour les contrées méridionales des États-Unis, où ils passent l'hiver. Cependant, plusieurs de ces Oiseaux restent en Pennsylvanie pendant cette saison lorsqu'elle n’est pas rigoureuse, ou plutôt ceux qu'on y voit à cette époque ne seraient-ils pas nés dans des régions plus septentrionales, et ne s’y seraient-ils pas arrêtés, trouvant le climat de cette contrée plus doux que celui de leur pays natal? Je serais porté à le croire; car j'ai remarqué qu'après le départ des indigènes on est quelque temps sans en voir d'autres, et que ceux qui se montrent ensuite viennent tous du Nord; les Grives-Robins se conduisent aussi de la même manière. Quoi qu'il en soit, les Rouges-Gorges bleus qui se retirent dans le Sud ne se quittent point pendant leur absence; en effet, on les voit alors, en plus grande quantité qu'en tout autre temps, aux Bermudes, à la Géorgie, aux Florides et à la Louisiane, contrées qui paraissent être le terme de leur course automnale, car on n’en rencontre point sous la zone torride. On les trouve encore réunis à leur retour; mais les bandes sont moins nombreuses qu'à leur départ. Ils arrivent au centre des États-Unis dès la fin de mars, et restent en famille ordinairement jusqu'au mois d'avril, mais, dès que les mâles commencent à chanter leurs amours, la discorde se met parmi eux : chacun se dispose au combat pour avoir des femelles; ils se battent alors avec le même acharnement que nos Moineaux lorsqu'ils sont animés des mêmes désirs, et ils vident leur querelle en s’arrachant les plumes et en jetant des cris aigus que l'on n'entend qu’à cette époque. Le choix une fois décidé, chaque couple s'isole et s'empare d'un arrondissement dont il éloigne tous les Oiseaux de son espèce. Le creux d'un vieux pommier, ou de tout autre arbre, est le réduit obscur où la femelle cache son nid. De petites racines, des herbes grossières, de la mousse et des plumes entassées sans ordre forment la couche où elle dépose quatre ou cinq œufs. Elle s'occupe seule de cette mauvaise construction; le mâle l'accom- pagne dans toutes les courses que nécessite la recherche de ces divers matériaux, et veille à sa sû- reté pendant le travail de l’'incubation. Deux couvées sont les fruits de leur alliance. Dès que la pre- mière nichée peut se passer des soins de la femelle, celle-ci s'occupe aussitôt de la seconde. Les jeunes se dispersent, pendant le jour, pour chercher leur nourriture, et se réunissent le soir près du lieu de leur naissance, où ils se mettent sous la sauvegarde du rhàle. Quand la seconde couvée est parvenue à sa perfection, l'une et l’autre se réunissent et forment une petite troupe, à laquelle les familles des cantons voisins se joignent pour se rendre sous un elimat où les Insectes, leur seule nour- riture, se trouvent dans une abondance proportionnée aux besoins de tous. Les individus qui restent dans le Nord, et qui sont toujours en petit nombre, cherchent leur pâture devant les granges, dans les champs de blé, de maïs et de millet. Le vol des Rouges-Gorges bleus est sinueux et très-rapide lorsqu'ils sont poursuivis par lOiseau de proie; il est lent et droit dans leurs voyages; ils se tiennent alors à quelque distance les uns des autres, et répètent sans cesse leur cri plaintif. Quand ils veulent s'arrêter, ils descendent lentement, 48 HISTOIRE NATURELLE. et planent avec grâce jusqu'à ce qu’ils soient posés : ils se dispersent ensuite de tous côtés; mais ils ne manquent-pas de se trouver le soir au rendez-vous, qui est ordinairement sur la lisière d’un bois : ils passent la nuit ensemble, partent au lever de l'aurore, et ne se reposent que sur les dix à onze heures du matin. Leur naturel peu craintif permet de les approcher facilement; cependant ils savent très-bien discerner le danger, car, dès qu'ils voient qu'on les pourchasse, ils deviennent tous défiants; les mà- les, surtout, s'inquiètent plus promptement que les femelles. Les cantons découverts sont ceux qui leur conviennent le mieux; aussi les voit-on presque toujours sur les clôtures des champs et des ver- gers, et rarement sur les arbres. Ils saisissent avec adresse l'Insecte ailé qui voltige à leur proxi- mité, et plongent avec une grande vélocité sur celui qui se pose sur l'herbe. [ls poursuivent de même les Coléoptères qui courent dans les sentiers battus ou dans les champs nouvellement labourés. Ils vivent aussi de Vers et de Vermisseaux, et ils semblent les préférer à tout autre aliment; car c’est presque toujours à terre qu'ils cherchent leur pâture. (Oiseaux de l'Amérique septentrionule.) SIALIS ARCTIQUE SIALIA ARCTICA (Swaincon ) Tout le dessus du corps, y compris les rémiges et les rectrices, d’un beau bleu d’outremer, à l'ex- ception des plumes du capistrum ou de la base du bec : celles-ci, ainsi que les joues, le menton, le devant du cou, la gorge et les côtés de l'estomac, d’un cendré bleuâtre clair; le milieu de l'estomac, l'abdomen, la région anale et les cuisses, de même que les couvertures inférieures de la queue, d'un fauve pâle; bec et pattes noirs; iris noisette. Longueur totale, 0,165. De l'Amérique boréale. Fig 52. — Sialis arctique. 13% GENRE. — NÉMURE. NEMURA. (Hodgson, 1845.) Neo, je partage; 659%, queue, à cause des pointes distinctes ct mucronées des rectrices. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, plus court que la tête, garni de soies à sa base, légèrement subulé à partir de la moitié de sa longueur, comprimé sur les côtés, infléchi à sa pointe, qui est échancrée. — Eurostopode lacheté. 12 o* OISEAUX. LS Ce Narines basales, latérales, percées dans une membrane et arrondies. Ailes assez longues, surobtuses; les quatrième et cinquième rémiges dépassant toutes les autres, arrivant au liers de la queue. Queue longue et arrondie, chacune des retrices mucronée, ou taillée en pointe. Tarses minces, allongés, du double plus longs que le doigt médian, recouverts d'une seule squa- melle; doigts assez longs el minces, mais proportionnellement courts, les latéraux égaux; pouce long et fori; ongles allongés, comprimés et aiqus. Fig. 55 — Nemura rufilata. Ce genre, qui embrasse les genres Tarsiger, Hodgson, et lanthia, Blyth, renferme quatre espèces de l'Asie centrale. Nous figurons le Nemura hyperythra. Ce sont des Giseaux solitaires, cherchant dans les buissons et sur le sol les baies et les Insectes dont ils se nourrissent. Du reste, par leur taille, leurs formes et leur organisation, ils offrent en ge- néral beaucoup d'analogie avec les Sialis et les Rouges-Gorges Fig. 54, — Nemura hyperythra NÉMURA BLEUET. NEMURA CYANURA. (Pallas, Gray ) Les plumes des parties inférieures sont d'un blanchätre nuancé, sur le cou et le jabot, d’une légère teinte de jaune brunâtre, mêlé de grisâtre sur le milieu, et de bleuâtre sur les côtés du jabot, et passant au jaune brunâtre très-vif sur les flancs. Toutes les plumes de ces parties sont noirâtres à leur base. Une raie blanche s'étend de chaque côté de la tête, depuis les narines jusqu'au-dessus de l'œil. Les rémiges sont d'un brun noirâtre fauve, et pourvues d'un liséré de brun jaunâtre, notam- ment les rémiges secondaires, à l'exception des supérieures, qui sont bordées de bleuâtre. Toutes les plumes des autres parties de Oiseau sont d’un bleuâtre sale, mais leurs bords tirent un peu au bru- nâtre : cette teinte bleue, cependant, tire au noiratre sur la région des reins; elle est plus pure et plus claire sur les côtés du sommet de la tête, et très-pure et à reflets métalliques sur les petites cou- vertures de l'aile Découverte en Sibérie, et décrite par Pallas, sous le nom de Motacilla cyanura, cette espèce se trouve également, et à ce qu'il paraît en abondance, au Japon. (Scurecer, Faune du Javon.) o* 7 50 HISTOIRE NATURELLE. 44m GENRE. — ARGYE. ARGYA. (Lesson, 1831.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, médiocre, élevé, triangulaire à la base, très-comprimé à la pointe, qui est échancrée, à mandibule supérieure convexe, arquée, pointue, entamant les plumes du front. Narines percées en fente étroite, en partie recouvertes par une écaille sur le bord des plumes du front. Fig. 59. — Argya frænata. Ailes allongées, arrondies; la troisième rémige égale à la sixième, toutes deux les plus longues. Queue longue, étagée. Tarses médiocres, robustes, de la longueur du doigt médian, à larges et fortes scutelles, les doigts latéraux égaux et soudés à leur base, le pouce long et vigoureux; ongles faiblement courbés, Fig, 56. — Argya frænata. Ce genre a été établi simultanément, par Lesson, sous le nom qui précède, et par Swainson, sous celui de Chætops, sur une espèce unique d'Afrique que MM. Temminck et Ruppell avaient rangée parmi les Mérions, et dont nous donnons la figure et la description. On ne sait rien de ses mœurs. ARGYE BRIDÉE. ARGYA FRÆNATA. (Temminck, Lesson.) Cet Oiseau porte de chaque côté du cou une bande blanche longitudinale partant de l'angle du bec, et disposée sur le cou comme s’il était muni de brides. | OISEAUX. o1 Üutre ce caractère spécifique des brides malaires, les couleurs du plumage peuvent être signalées de la manière suivante : lorum, joues et tout le devant du cou, d'un noir parfait; tête, nuque et man- teau, d’un gris couleur de plomb, marqué de larges mèches noires; poitrine, ventre et toute la par- tie inférieure du dos, d’une belle teinte marron; ailes et queue d’un noir parfait, les premières mar- quées de petites taches blanches disposées surles couvertures des ailes, avec un petit miroir blanc sur les rémiges; la queue, à l'exception des deux pennes du milieu, terminée de grandes taches blan- ches; pieds et bec noirs. (Temminek, pl. col. 385, texte.) Longueur totale, 0",09. De l'Afrique méridionale. Fig. 97. — Argye bridée. 15% GENRE. — ROUGE-GORGE. RUBECULA. (Bremh, 1898.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, moins long que la tête, légèrement courbé de la base, qui est qarnie de quelques poils, à la pointe, qui est faiblement échancrée. Narines basales, latérales, percées dans une membrane en une espèce de fente longitudinale à découvert. Fig. 58. — Rubecula erythaca. Fig. 59, — Rubecula erythaca. Ailes atteignant l'extrémité des couvertures caudales, arrondies, surobtuses; {a quatrième et la cinquième rémiges égales entre elles, les plus longues. Queue médiocre, large et échancrée. Tarses minces, de la longueur du doigt médian, munis d'une seule squamelle; doigts également mances, les latéraux soudés à leur base; pouce long et assez fort, ainsi que son ongle, qui est courbé et aigu. 59 HISTOIRE NATURELLE. Ce genre, qui comprend le genre Dandalus, Boié, renferme quatre espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et a pour type le Rouge-Gorge commun ou d'Europe, que nous appellerons Rouge- Gorge rubiette, dont les mœurs nous indiqueront celles de ses congénères. Cet Oiseau passe tout l'été dans nos bois, et ne vient à l'entour des habitations qu'à son départ en automne, et à son retour au printemps; mais, dans son dernier passage, il ne fait que paraître, et se hâte d'entrer dans les forêts pour y retrouver, sous le feuillage qui vient de naître, sa solitude et ses amours. Il place son nid près de terre, sur les racines des jeunes arbres ou sur des herbes assez fortes pour le soutenir : il le construit de mousse entremêlée de crins et de feuilles de chêne, avec un lit de plumes en dedans; souvent, dit Willughby, après l'avoir construit, il le comble de feuilles accumulées, ne laissant sous cet amas qu'une entrée étroite, oblique, qu'il bouche encore d’une feuille en sortant. Pendant tout le temps des nichées, le mâle fait retentir les bois d’un chant léger et tendre; c’est un ramage suave et délié, animé par quelques modulations plus éclatantes, et coupé par des accents gracieux et touchants qui semblent être les expressions des désirs de Pamour; la douce société de sa femelle, non-seulement le remplit en entier, mais semble même lui rendre importune toute autre compagnie. Il poursuit avec vivacité tous les Oiseaux de son espèce, et les éloigne du petit canton qu'il s’est choisi; jamais le même buisson ne logea deux paires de ces Oiseaux, aussi fidèles qu'amoureux. Le Rouge-Gorge cherche l'ombrage épais et les endroits humides. Il se nourrit, dans le printemps, de Vermisseaux et d'insectes, qu'il chasse avec adresse et légèreté : on le voit voltiger comme un Pa- pillon autour d’une feuille sur laquelle il aperçoit une Mouche; à terre, il s’élance par petits sauts et fond sur sa proie en battant des ailes. Dans l'automne, il mange aussi des fruits de ronces, des rai- sins à son passage dans les vignes, et des alises dans les bois, ce qui le fait donner aux piéges ten- dus pour les Grives, qu’on amorce de ces petits fruits sauvages. Il va souvent aux fontaines, soit pour s’y baigner, soit pour boire, et plus souvent dans l'automne, parce qu'il est alors plus gras qu’en aucune autre saison, et qu'il a plus besoin de rafraîchissement. I n'est pas d'Oiseau plus matinal que celui-ci. Le Rouge-Gorge est le premier éveillé dans les bois, et se fait entendre dès l'aube du jour : il est aussi le dernier qu'on y entende et qu'on y voie voltiger le soir; souvent il se prend dans les tendues, qu'à peine reste-t-il encore assez de jour pour le ra- masser. Il est peu défiant, facile à émouvoir, et son inquiétude ou sa curiosité fait qu'il donne aisé- ment dans tous les pièges; c’est toujours le premier Oiseau qu'on prend à la pipée : la voix seule des pipeurs, ou le bruit qu'ils font en taillant les branches, lattire, et il vient derrière eux se prendre à la sauterelle où au gluau presque aussitôt qu'on l’a posé; il répond également à l'appeau de la Chouette et au son d'une feuille de lierre percée. Il suffit même d'imiter, en snçant le doigt, son petit cri, up, uip, ou de faire crier quelque Oiseau pour mettre en mouvement tous les Rouges-Gorges des environs; ils viennent en faisant entendre de loin leur er, &rit, trait, tirililit, d’un timbre sonore qui n’est point leur chant modulé, mais celui qu'ils font le matin et le soir, et dans toute occasion où ils sont émus par quelque objet nouveau : ils voltigent avec agitation dans toute la pipée jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés par les gluaux sur quelques-unes des avenues ou perchées, qu'on a taillées basses exprès pour les mettre à portée de leur vol ordinaire, qui ne s'élève guère au-dessus de quatre ou cinq pieds de terre; mais, s'il en est un qui s'échappe du gluau, il fait entendre un troisième petit cri d'alarme, ti, ii, auquel tous ceux qui s’approchaient fuient. On les prend aussi à la rive du bois sur des perches garnies de lacets où de gluaux; mais les rejets ou sauterelles fournissent une chasse plus sûre et plus abondante : il n’est pas même besoin d’amorcer ces petits pièges; il suffit de les tendre au bord des clairières où dans le milieu des sentiers, et le malheureux petit Oiseau, poussé par sa curiosité, va s’y jeter de lui-même. De tous les Oiseaux qui vivent dans l'état de liberté, dit un observateur, Trécourt, le Rouge-Gorge est peut-être celui qui est le moins sauvage; il se laisse souvent approcher de si près, que l'on croi- rait pouvoir le prendre avec la main; mais, dès qu'on en est à portée, il va se poser plus loin, où il se laisse encore approc her pour s'éloigner ensuite de même. Il semble aussi se plaire quelquefois à faire compagnie aux voyageurs qui passent dans les forêts; on le voit souvent les précéder ou les suivre pendant un assez long temps. Partout où il y a des bois d une grande étendue, on trouve des Rouges-Gorges en grande quantité. . Vers la fin de septembre, fs jeunes commencent à se mettre en mouvement pour leur départ; GISEAUX.. D3 mais il se fait sans attroupement : ils passent seul à seul, les uns après les autres, et, dans ce moment où tous les autres Oiseaux se rassemblent et s'accompagnent, le Rouge-Gorge conserve son naturel solitaire. On voit ces Giseaux passer les uns après les autres: ils volent, pendant le jour, de buisson en buisson; mais apparemment ils s'élèvent plus haut pendant la nuit et font plus de chemin; du moins arrive-t-il aux oiseleurs, dans une forêt qui le soir était pleine de Rouges-Gorges, et permet- tait la meilleure chasse pour le lendemain, de les trouver tous partis avant l’arrivée de l'aurore. Le départ n'étant point indiqué, et pour ainsi dire proclamé parmi les Rouges-Gorges comme parmi les autres Oiseaux alors attroupés, il en reste plusieurs en arrière, soit des jeunes que l’expé- rience n’a pas encore instruits du besoin de changer de climat, soit de ceux à qui suffisent les petites ressources qu'ils ont su tronver au milieu de nos hivers. C'est alors qu'on les voit s'approcher de nos habitations et chercher les expositions les plus chaudes; s’il en est quelqu'un qui soit resté au bois dans cette rude saison, il y devient compagnon du bücheron; il s'approche pour se chauffer à son feu, il becquète dans son pain et voltige toute la journée à l’entour de lui en faisant entendre son petit cri; mais, lorsque le froid augmente, et qu'une neige épaisse couvre la terre, il vient jusque dans nos maisons, frappe du bec aux vitres, comme pour demander un asile qu'on lui donne volontiers, et qu'il paye par la plus aimable familiarité, venant ramasser les miettes de la table, paraissant re- connaître et affectionner les personnes de la maison, et prenant un ramage moins éclatant, mais en- core plus délicat que celui du printemps, et qu'il soutient pendant tous les frimas, comme pour sa- luer chaque jour la bienfaisance de ses hôtes et la douceur de sa retraite. Il y reste avec tranquillité jusqu'à ce que le printemps, de retour, lui annonçant de nouveaux besoins et de nouveaux plaisirs, l'agite et lui fait demander sa liberté. Dans cet état de domesticité passagère, le Rouge-Gorge se nourrit à peu près de tout : on lui voit ramasser également les mies de pain, les fibres de viande et les grains de millet. (Burron.) Fig, 60, 61 et 62. — Rouse-gorge. (Mäle, femelle et jeune.) Dans la chambre, dit Bechstein, les habitants des villages de mon voisinage aiment voir un Rouge- Gorge courir librement, et lui font un juchoir de branches de chène ou de charmille. Ils trouvent que cet Oiseau diminue bien vite le nombre incommode des Mouches et même des Puces. Cette situa- tion est apparemment très-supportable pour lui, puisqu'il vit ainsi dix à douze ans. Son caractère jaloux et insociable ne permet pas de lui donner de compagnon: il faut qu'il soit seul, un second 54 HISTOIRE NATURELLE. produirait des combats qui ne cesseraient qu'à la mort d’un des combattants; cependant, on a observé que, s'ils sont de même force, et dans une chambre passablement grande, ils se la partagent; chacun prend possession de sa moitié et y reste paisible, à moins que l’autre ne passe la limite; dans ce cas, la guerre est alluméeet se fait à outrance. Son joli plumage, ses manières et sa grande familiarité, suffiraient pour le rendre aimable; il s’ap- privoise, en effet, en peu de temps; il est d’ailleurs d'une gaieté et d’une agilité qui ne peuvent que plaire; toujours en mouvement, faisant presque à chaque saut des révérences et appelant sitri; mais ce qui le rend surtout précieux aux amateurs est la douce mélancolie de son chant. Ce chant est en général plus parfait, plus élevé, quand on tient l'Oiseau en cage, que si on le laisse courir librement dans la chambre. Cependant il y a des exceptions : le Rouge-Gorge chante pendant toute l'année; mais c’est au printemps que sa voix est plus brillante, et sa mélodie plus ravissante. Lorsqu'on demeure à la campagne, il n’y a rien de plus aisé que d’accoutumer cet Oiseau à aller et revenir, soit qu'il soit élevé du nid, soit même qu'il soit pris adulte. (Man. de l'Amat. des Ois. de vol.) ROUGE-GORGE RUBIETTE. RUBECULA FAMILIARIS. (Blyth.) Parties supérieures d’un brun olivâtre; front, joues, gorge, devant du cou et poitrine, d'un roux vif orangé; le reste des parties inférieures d’un blanc argentin lustré, avec les côtés de la poitrine d’un gris cendré, et les flancs brunâtres; couvertures des ailes semblables au manteau, les moyennes ter- minées par une petite tache jaune; rémiges noirâtres, bordées de gris roussâtre en dehors; rectrices d'un gris brun, avec les deux médianes tachetées d’olivâtre; bec noirâtre; pieds bruns; iris brun roux. Longueur totale, 0,145. (Deccann.) Cette espèce offre aussi des variétés; par exemple, le Rouge-Gorge blanc et le panaché. Si, dans la chambre, on enlève quelquefois de suite, hors du temps de la mue, les pennes et les plumes de la queue, elles reviennent enfin blanches; ces Oiseaux sont alors fort jolis. J'en ai eu, dit Bechstein, plusieurs de cette manière; mais J'ai observé que ces dernières plumes sont si faibles, si délicates, qu’elles se gâtent et se brisent aisément. Au reste, cette opération répétée ne peut que faire souffrir ces petites créatures; c’est une raison pour l’éviter. (Man. de l'Amat. des Ois. de vol.) Le Rouge-Gorge habite presque toute l'Europe. Il est partout commun en France. (On le trouve aussi dans l'Asie occidentale et l'Afrique orientale.) Il niche sous les buissons, entre les racines, au milieu des herbes, sur les revers des fossés, rare- ment dans les trous d'arbres. Sa ponte est de quatre à sept œufs, d'un blanc jaunätre, ou légère- ment fauves, ou entièrement blancs, avec des points roux ou rougeâtres, plus nombreux et plus rap- prochés au gros bout, où ils forment quelquefois une couronne par leur réunion. Grand diamètre, 0,09; petit diamètre, 0m,015. (DecLann.) 16m GENRE. — GORGE-BLEUE. CYANECULA. (Brehm, 1898.) Diminutif de cyanea, bleue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, plus court que la tête, droit à partir du front, légèrement courbé seulement à la pointe, quà est faiblement échancrée, presque aussi large que haut, garni de soies à la base. Narines basales, latérales, arrondies et découvertes. arrivant au liers de la longueur de la queue, subobtuses; la troisième et la qua- trième rémiges égales entre elles, les plus longues Ailes médiocres , es Engoulevent à grosse queue, Fig. 2. — Hibou du Cap OISEAUX. 55 Queue médiocre et arrondie. Tarses minces, de la longueur du doigt médian, sans squamelles distinctes; doigts longs, les la- téraux égaux, le pouce fort, ainsi que son ongle, qui est courbé et aigu. Fig. 65. — Cyanecula succica. Deux espèces des parties froides et tempérées de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Ce genre est identique avec le genre Pandicilla de Blyth. Dans son article sur la Gorge-Bleue de Suède, Guéneau de Montheillard prend plaisir à la compa- rer, pour le facies et la manière de vivre, avec le Rouge-Gorge; Bechstein, au contraire, et avec rai- son, considère cet Oiseau comme faisant la nuance entre le Rouge-Queue et la Bergeronnette blan- che, et comme ayant des rapports très-marqués avec l’une et avec l’autre. La Gorge-Bleue se tient à la limite des bois, cherchant les marais, les prés humides, les oseraies et les roseaux, et elle semble avoir pour l'homme le même sentiment de familiarité que le Rouge-Gorge, car, après toute la belle saison passée dans ces lieux reculés, au bord des bois voisins des maréca- ges, ces Oiseaux viennent avant leur départ dans les jardins, dans les avenues, sur les haies, et se laissent approcher assez pour qu'on puisse les tirer à la sarbacane. Ils ne vont point en troupes, et on en voit rarement plus de deux ensemble. Dès la fin de l'été, les Gorges-Bleues se jettent, dit M. Lottinger, dans les champs semés de gros grains; Frisch nomme les champs de pois comme ceux où elles se tiennent de préférence, et prétend même qu'elles y nichent (Bechstein indique les lieux plantés de choux); mais on trouve plus communément leur nid sur les saules, les osiers et autres arbustes qui bordent les lieux humides; il est construit d'herbes entrela- cées à l’origine des branches ou des rameaux. Dans le temps des amours, le mâle s'élève droit en l'air, d'un petit vol, en chantant; il pirouette et retombe sur son rameau avec autant de gaieté que la Fauvette, dont la Gorge-Bleue paraît avoir quelques habitudes; elle chante la nuit, et son ramage est très-doux, suivant Frisch. Hermann, au contraire, nous dit qu'il n'a rien d’agréable : opposition qui peut se concilier par les différents temps où ces deux observateurs ont pu l'entendre; la même différence pouvant se trouver au sujet de notre Rouge-Gorge pour quelqu'un qui n'aurait oui que son cri ordinaire, et non le chant mélodieux et tendre du printemps, ou son petit ramage des beaux jours d'automne. ( Nous verrons tout à l'heure Bechstein confirmer avec détail l’assertion de Frisch.) La Gorge-Bleue aime autant à se baigner que le Rouge-Gorge, et se tient plus que lui près des eaux : elle vit de Vermisseaux et d’autres Insectes, et, dans la saison de son passage, elle mange des baies de sureau. On la voit par terre aux endroits marécageux, cherchant sa nourriture et courant assez vite en relevant la queue, le mâle surtout lorsqu'il entend le eri de la femelle vrai ou imité. (Burrox.) Sa beauté, sa gaieté, sa familiarité, son chant, tout concourt à rendre la Gorge-Bleue très-agréa- ble. Elle court extrêmement vite, lève sa queue comme un ressort, l’étend en éventail, l'agite conti- nuellement, ainsi que les ailes, en appelant fide, fide, et répétant tac, tac. C’est dommage que dans la chambre elle perde insensiblement à chaque mue le beau bleu de la poitrine, qui finit par n'être plus qu'un gris blanchâtre. En peu de jours, on peut la rendre assez privée pour prendre les Vers de fa- rine de la main; elle ne tarde pas même à venir les recevoir à l'appel de la voix ou du sifflet. Son chant est charmant; on croirait entendre deux voix à la fois; une, fondamentale, ressemblant au doux bourdonnement d'une corde de vielle, et l’autre au son moelleux d'une flûte. Lorsqu'on la laisse courir dans la chambre, elle cherche toujours la place où donne le soleil. et 96 HISTOIRE NATURELLE. se couche sur le ventre. Sa mélodie a beaucoup de rapports avec celle de la Lavandière, mais fort embellie par le bourdon de la vielle. (Becusreix, Man. de l'Am. des Ois. de vol.) GORGE-BLEUE DE SUEDE. CYANECULA SUECICA. (Brehm.\ Parties supérieures d’un cendré brun plus foncé au centre des plumes, à la tête, à la nuque, au dos; sus-caudales brunes; gorge, devant du cou et haut de la poitrine, d'un bleu d'azur, avec une tache d’un blanc argenté au milieu; une bande transversale, d’un noir velouté, se confond avec le bleu de la poitrine, les plumes qui forment cette bande, souvent terminées de blane, sont suivies d'une autre bande plus large, d'un roux plus ou moins vif, abdomen d'un blanc grisätre, lavé de cendré sur les flancs et au bas des jambes; sous-caudales roussâtres; raie sourcilière d’un blanc rous- sâtre; joues brunes; pennes alaires brunes, bordées d’une teinte plus claire, tirant sur le roussâtre; les deux tiers supérieurs de la queue roux, le tiers inférieur noirâtre, ainsi que les deux rectrices médianes, qui sont, ainsi que les autres, bordées et terminées de grisätre. Suivant M. Temminck, la tache argentée du cou disparaitrait dans les vieux sujets. Longueur totale, 0",15 environ. Fig. 64 et 65. — Gorge-bleue. (Mâle et femelle.) On trouve cet Oiseau en France et dans d’autres parties de l'Europe (telles que l'Allemagne, la Prusse); il est de passage irrégulier dans nos départements septentrionaux et en Belgique. (Gn le trouve également dans l'Asie orientale et dans l'Afrique septentrionale et orientale, car Petit et Dillon Pont rapporté d’Abyssinie, et nous l'avons indiqué dans la partie ornithologique de leur Voyage.) Il niche dans les buissons, les oseraies, les trous d'arbre, à terre, dans les broussailles ou une touffe d'herbe. Son nid, fait sans art, contient cinq ou six œufs, d'un bleu päle, sans taches; quelquefois ils ont une légère teinte verdâtre; d’autres fois on y remarque de petites taches roussâtres à peine apparentes. Grand diamètre, 0",09; petit diamètre, 0,015. (Deccann.) OISEAUX. 57 GORGE-BLEUE ORIENTALE. CYANECUI A CÆRULECULA. (Pallas, Brehm.) Parties supérieures et ailes d’un cendré brun, plus foncé que dans l'espèce précédente, avec quel- ques parties des sous-caudales rougeâtres; gorge, devant du cou et haut de la poitrine, d’un bleu d'azur éclatant, avec une grande tache d’un roux vif au centre; une bande d’un noir bleuâtre immé- diatement au-dessous du bleu de la poitrine, suivie d’une autre bande rousse plus étendue; abdo- men, flancs et sous-caudales, d’un cendré lavé de brun roussâtre, tirant sur le blanchâtre au milieu du ventre; raie sourcilière d’un gris clair, s’élargissant en arrière de œil, comme chez la précé- dente; bec noir; iris et pieds bruns. Longueur totale, 0",15 environ. Cette espèce habite la Russie, la Laponie, la Suède, la Norwége et la Sibérie. Elle se montre acci- dentellement en Allemagne et en France. Un sujet mâle a été tué à la fin d'avril 1836, sur les bords du marais de Sin, près de Douai; quel- ques autres ont été capturés en Bourgogne et en HRRNE M. Malherbe possède deux individus qu'il a tués près de Metz. (DEGLann.) 17% GENRE. — ROUGE-QUEUE. RUTICILLA. (Brehm, 1828). CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, plus court que la tête, large à la base, qui est garnie de quelques poils, et gra- * ducllement comprimé presque à la pointe, qui est échancrée. Narines basales, latérales, percées dans une membrane et arrondie. Ailes allongées, arrivant aux deux tiers de la queue, et cependant arrondies, surobtuses; les quatrième el cinquième rémiges égales, les plus longues. Queue longue, ample et échancrée. Tarses un peu plus longs que le doigt médian, recouverts d'une seule squamelle sans segments; les doigts assez courts, mances, les latéraux égaux, le pouce fort, son ongle de même dimension que celui du doigt médian. Fig. 66. — Ruticilla phœænicurus. Fig. 67. — Ruticilla phænicurus. Ce genre, dont le type est notre Rouge-Queue commun ou Rossignol de muraille, renferme qua- torze espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Les Rouges-Queues préfèrent, les uns les pays montagneux et les montagnes calcaires aux grandes plaines, les autres se tiennent dans les baies et les buissons, principalement au printemps et à l'au- tomne; mais, en été, ces derniers fréquentent plutôt les jardins, les bords des ruisseaux garnis de saules, et même les forêts. Au reste, les espèces d'Europe fréquentent particulièrement les villes et les villages, se tiennent sur les plus hauts bâtiments, les tours, les clochers, les églises, les châteaux, et égayent leurs hôtes par leur chant du matin au soir. Presque tous ont un chant mélodieux qui les fait rechercher par les amateurs o* 8 58 HISTOIRE NATURELLE. Le plumage du Rouge-Queue de muraille, et encore plus son chant et sa gaieté, par exemple, sont bien faits, dit Bechstein, pour le rendre agréable. Toujours en action, il fait à chaque pas des incli- nations et remue la queue. Il sait encore embellir son chant naturel, composé de quelques strophes assez jolies, en y ajoutant quelques parties de celui des Oiseaux avec lesquels il se trouve. Celui qui niche sous mon toit imite assez bien le Pinson que je tiens en cage à ma fenêtre, et mon voisin en a un autre dans son jardin qui répète quelques strophes d’une Fauvette à tête noire qui a son nid au- près. Cette facilité de s'approprier le chant d’autres Oiseaux est rare dans ceux qui vivent à l’état sauvage, et paraît propre à celui-ci. Il s’apprivoise tellement, qu'il vient prendre les Vers de farine dans la main. (Manuel de l' Amateur.) Ce joli petit Oiseau n’est que trop bien connu des écoliers, qui le poursuivent dans ses retraites favorites, les ruines tapissées de lierre. Il fréquente aussi le verger et le jardin, aimant à se percher sur quelque brèche de muraille ou sur les débris d’une masure pour entonner son chant un peu mé- lancolique. Oiseau affectueux, dévoué, le mâle, sentinelle vigilante tant que sa femelle couve, attire volontiers l'attention et le danger par son vif plumage et ses chants d'amour. C’est véritablement l'Oiseau de l'aurore; car je l’ai souvent entendu commencer sa sérénade à trois heures du matin, et il la prolonge quelquefois jusqu'à dix heures du soir. (Revue britannique entr. du New-Monthley Magasin.) Le Rouge-Quene Tithys, lui, possède, selon Bechstein, une qualité peu commune parmi les Oiseaux chantants, celle de faire entendre son ramage pendant toute l’année, au moins pendant tout le temps qu'il habite nos contrées, les jours les plus froids et les plus rudes n’en sont pas exceptés; mais son chant ne peut en aucune manière entrer en comparaison avec celui du Rouge-Queue de muraille; car il est triste et ne consiste qu'en trois strophes, dont celle du milieu n’est presque qu’un croassement; les deux autres ont des tons hauts et clairs. Il le fait entendre pendant tout le jour, du grand matin jusqu’à la nuit. Ces Oiseaux varient beaucoup en couleurs : il est telles espèces, comme le Tithys, dont les couleurs varient pendant les huit premières années. De là sans doute la confusion qui à si longtemps régné parmi les auteurs sur leur détermination et leur spécification. ROUGE-QUEUE DE MURAILLE. RUTICILLA PHOENICURA (linné, Brehm.) Mâle adulte en été. — Front et sourcils blancs, dessus de la tête, du cou, du corps, d’un cendré bleuâtre; croupion et sus-caudales d’un roux ardent; face, joues, gorge, devant et côtés du cou, haut de la poitrine, d'un noir profond, le reste des parties inférieures d’un roux brillant, moins foncé sur les flancs et très-clair au milieu du ventre et aux sous-caudales; ailes brunes, avec les pennes plus ou moins lisérées de gris roussâtre; rectrices rousses, avec les deux médianes brunes dans les deux tiers inférieurs; bec noir; pieds brunâtres; iris brun-noir. Longueur totale, 0®,145. Est très-répandu en Europe et en France, se retrouve en Asie et en Afrique; ainsi, d’après M. Schlegel, on le voit en Sibérie, en Egypte et dans la Nubie. Il niche dans les trous des arbres vermoulus, dans ceux des vieux murs, sous les toits des mai- sons isolées. Sa ponte est de six à huit œufs d'un bleu céleste, sans taches. Grand diamètre, 0",018; petit diamètre, 0%,013. (Drcrann ) ROUGE-QUEUE TITHYS. AUTICILLA TITHYS (Linné, Brebm.) Mûle adulte en été. — Dessus de la tête, du cou et du corps d’un cendré foncé tirant sur le bleuà- tre; capistrum, joues, gorge, devant et côtés du cou, toute la poitrine, d'un noir profond; abdomen et flancs d'un cendré bleuâtre; sous-caudales d’un cendré roussâtre; ailes brunes avec les rémiges pri- maires lisérées de grisâtre et les secondaires bordées quelquefois largement de blane pur à la partie OISEAUX. D9 supérieure, et formant par leur réunion une tache plus ou moins étendue; couvertures supérieures et pennes de la queue d’un roux ardent, avec les deux rémiges médianes brunes dans toute leur éten- due; bec et pieds noirs; iris brun-noir. Longueur totale, 0,15 environ. Se trouve dans beaucoup de localités de la France, notamment en Lorraine, en Bourgogne, dans les Basses-Alpes et en Provence, où il est sédentaire. Il est commun en Allemagne, en Sicile, en Piémont, et passe accidentellement en Angleterre. (L'espèce habite aussi l'Asie et l'Afrique.) C'est dans les crevasses des rochers et des vieux murs, sous les toits des maisons solitaires et abandonnées, même das les grandes villes, dans des trous de bâtiments élevés, que le Tithys fait son nid. Sa ponte est de cinq ou six œufs d'un blanc pur sans taches. Grand diamètre, O",018; petit diamètre, 0,013. (Drccano.) ROUGE-QUEUE A VENTRE ROUGE, RUTICILLA ERYTHROGASTRA. (Güldenstadt, Ch. Bonaparte.) Vertex jusqu’à la nuque et miroir alaire d’un blanc un peu sale; front, gorge, joues et tempes, cou et région interscapulaire, d'un noir intense; poitrine et tout le dessous du corps d'un marron foncé; ailes, à l'exception du miroir formé par sept des rémiges primaires, noires; queue couleur marron, de même que les cuisses; mais le genou ou l'articulation est teinté de noir; bec noir; yeux bruns; doigts et ongles noirs. Longueur totale, 0,105. Habite l'Europe orientale et l'Asie occidentale. C'est la première fois que la description de cette espèce européenne rare parait en français. À) ” EP 7 LESESTRE Fig. 68 et 69. — Rouge-queue à ventre rouge (Mâle et femelle.) ROUGE-QUEUE DE CAIRE. RUTICILLA CAIRIT. (Gerbe.) Tout le plumage d'un brun cendré, un peu plus elair sur les parties inférieures, avec une légère uuance roussâtre sur le front et le dessus de la tête; espace entre le bec et l'œil et région parotique 60 HISTOIRE NATURELLE. bruns; bord libre des paupières gris, franges des pennes secondaires de l'aile bien moins larges que chez le R. Tithys, et grises; toutes les rémiges lisérées de cendré clair; sus-caudales d'un roux vif; sous-caudales d'un roux blanchâtre; rémiges, rectrices, bec et tarses, comme dans le Rouge-Queue Tithys. Longueur totale, 0®,145. Habite l'été le sommet des basses Alpes; assez commun dans cette saison aux environs de Barce- lonnette; passe régulièrement en avril près de Moustiers-Sainte-Marie. Il niche dans les chalets ou cabanes isolées des basses Alpes; il fait deux pontes : la première, fin avril, dans les zones moyen- nes, alors que les montagnes sont en grande partie couvertes de neige; la seconde a lieu à leur som- met, tout près des neiges éternelles, là où se reproduisent l'Accenteur et le Niverolle, et où l'on ne voit jamais le Rouge-Queue Tithys. Son nid est composé de quatre à cinq œufs blancs, mais d’une nuance plus pâle que tous ceux du Tithys, et tirant sur le bleuâtre. Grand diamètre, 0,018 à 0,019; petit diamètre, 0®,014 à 0®,015. (DecLanp.) Ce Rouge-Queue, dit M. Gerbe, reproduit par M. Degland à son passage près de Moustiers, ne se tient pas dans les mêmes localités que le Tithys. On ne le rencontre que dans les vallons, les blés, les prés bordés de haïes, de buissons, d'osiers, d’aubépine, etc., où il se retire au moindre bruit. Le Tithys, au contraire, se tient toujours dans les endroits rocailleux et sur les vieilles masures ou les habitations abandonnées. Cette différence de mœurs fait que M. l’abbé Caire, qui a découvert l’es- pèce, et de qui je tiens ces détails, ne se trompe jamais et ne tue pas l’une pour l’autre. Son Rouge- Queue arrive aux environs de Moustiers-Sainte-Marie, du 5 au 15 avril; passé cette époque, on l'y chercherait en vain, il est déjà bien haut dans les montagnes. Cet obligeant correspondant m'éerit que cette année-(1849) le passage a été abondant; qu'il en a vu plus de vingt du 9 au 10 avril, quoi- que la pluie ne lui ait permis de chasser que très-peu de temps; que dans ce nombre il n'a pas ren- contré un seul Tithys avec le cou noir. Les sujets de cette espèce qui ne passent pas l'hiver dans le pays arrivent toujours huit jours plus tard que le Rouge-Queue de Caire. (Ornithologie européenne.) Nous ne sommes entré dans ces détails, contre la règle que nous nous sommes imposée, qu'à cause du silence gardé sur cette espèce, dont nous avons vu plusieurs individus, par M. Ch. Bona- parte. C'était bien le moins que cet auteur, après avoir dit, dans sa critique de l'Ornithologie euro- péenne : «Je ne comprends rien à l'Erythacus (Ruticilla Cairü), qu'il faudrait voir et mieux étudier en nature, » l'inscrivit au nombre des espèces douteuses 18m GENRE. — PÉTROIQUE. PET ROICA. (Swainson, 1832.) Heroc:, pierre, rocher; cxeo, j'habite. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, élargi à la base, à arête droite jusqu'à la pointe, qui est un peu re- courbée et échancrée; commissure garnie de quelques soies. " = h : Die. 7 o ic Pnic Fiz 70. — Petroica phænicea. Fig. 71. — Petroica phœænicca. Narines basales, latérules, percées dans une portion membraneuse, & ouverture plus où moms arrondie ou longitudinale, en partie cachée par les plumes du front. Fig — Chouette ténébreuse -— OISEAUX. 6 Ailes atteignant presque l'extrémité de la queue, surobtuses, à première rémige très-courte, la seconde égale à la troisième : celle-ci plus courte que la quatrième et la cinquième, qui sont les plus longues de toutes. Queue médiocre, ou arrondie, ou échancrée. Tarses grêles, de la longueur du doigt médian, recouverts d'une seule plaque; doigts médiocres, les latéraux égaux et soudés à leur base, le pouce long ct robuste, ainsi que son ongle, qui est le plus long et le plus fort de tous, et, comme les autres, qui, eux, sont très-courts, recourbé et aigu. Ce genre, qui comprend le genre Erythrodryas, Gould, renferme neuf espèces de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Nous figurons le Pétroïque à bande. Les espèces de ce genre, qui ont le plus grand rapport avec nos Traquets, sont communes dans beau- coup de localités de l'Australie; on en rencontre dans les gorges des montagnes, dans les ravins frais et humides. Mais c’est ordinairement dans les taillis queles Pétroïques se tiennent de préférence, sautant de branche en branche, ou courant à terre à la poursuite des Insectes dont ils se nourrissent. Fig. 72. — Pétroïque à bande. Combien de fois, dit J. Verreaux, lorsque dans mes chasses je cherchais à me garantir de la cha- leur du jour, n’ai-je pas été à même d'observer toutes les manœuvres de ces petits Oiseaux, qui étaient souvent si familiers, qu'ils venaient à quelques pas de moi saisir les Mouches et les Insectes; tantôt se posant sur une branche morte, ils restaient immobiles à me contempler et à suivre des yeux tous mes mouvements; tantôt, courant sur un de ces arbres renversés, ils faisaient mouvoir leurs ailes et leur queue, laissant échapper de temps en temps un petit cri, ou un gazouillement assez agréable. S'il se trouvait une branche cassée, ils aimaient à se poser sur cette dernière, et y restaient jusqu'à ce qu'un Insecte vint à passer : alors l'Giseau, qui avait l’air endormi, reprenait toute sa vivacité, et fondait sur ce dernier. Il m'est arrivé, cependant, de voir des individus du Petroica fusca gratter la terre, ou jeter les détritus avec leur bec pour y chercher des [Insectes et des Vers; souvent aussi, lorsque quelqu'un de ces derniers était trop gros, ils le frappaient sur la terre; mais le plus souvent ils l'emportaient sur une branche, et là, le cassaient, et, en élevant la tête, en avalaient une partie, maintenant l’autre sous leur patte. Quoiqu'’ils ne vivent guère que par paires, il m'est arrivé quelque- fois d'en voir plus d'une douzaine autour de moi, courant les uns après les autres et se querellant assez souvent. Ils font constamment leurs nids, ou dans l’enfoncement de vieux troncs d’arbres, ou dans des an- fractuosités de ravins ou de rochers; ils le composent principalement de débris d'écorces d’eucalyp- tus mélangés de quelques autres plantes, et en garnissent l’intérieur avec de la mousse et de la laine, parfois même de poils d'euryotis rufus. Leurs œufs sont d’un blanc plus ou moins verdâtre, avec des taches brunes réunies vers le gros bout. (Zool. tasman. et austral., mss.) Tous se retirent sur les arbres pour y passer la nuit. 62 HISTOIRE NATURELLE. PÉTROIQUE A POITRINE ROUGE. PETROICA PHOŒENICEA. (Gould.) Tête et parties supérieures d’un ardoisé foncé, teinté de brun sur la tête; une petite tache blanche sur le front: une bande longitudinale d’un beau blanc sur les ailes : ces dernières et la queue d’un noir pâle; devant du cou, poitrine et ventre, rouge orangé très-vif, bas-ventre et couvertures infé- rieures de la queue d’un blane pur; rectrice externe presque entièrement blanche; bec, iris et tarses, noirs; dessous des doigts d’un jaune pâle. Commune en Tasmanie, dans les environs d'Hobart-Tow, dans les ravins du mont Wellington et du mont Nelson. Fait son nid dans l’enfoncement d’un vieux tronc d'arbre auquel il est toujours adossé. Ce nid est composé principalement de débris d’écorces d’eucalyptus brûlées, qui recouvrent l'extérieur, et, à l'intérieur, de poils, de jeunes fougères, de mousse et de laine; il le place souvent aussi dans les ra- vins sans en changer la composition. Pond de trois à cinq œufs, d’une forme obtuse et arrondie, d’un blanc lavé de vert et parsemé de taches brunes et lilas, en plus grand nombre vers le gros bout. (3. VERREAUX.) 19e GENRE. — MIRO. MZRO. (Lesson, 1831.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec mince, effilé, comprimé, plus haut que large, garni de soies assez longues. Narines ovalaires, percées dans une membrane basale, et en partie recouvertes par les soies qui garnissent le dessus du bec. Ailes concaves, s'étendant aux deux tiers de la queue, subaiguës, à première rémige courte, à deuxième plus longue, et à troisième la plus grande de toutes. Queue courte, égale, composée de rectrices tronquées à leur sommet, ou arrondie. Tarses très-allongés, grêles, deux fois plus longs que le doigt médian, ayant une scutelle anté- rieure de presque toute leur longueur; doigts courts à proportion : celui du milieu plus long que l'externe, l'interne le plus court, l'ongle du doigt postérieur le plus fort. Fig. 73. — Miro Dieffenbachu. Fig. 74. — Miro Dieffenbachii. Ce genre, créé par Lesson sur une espèce restée longtemps unique, le Miro Australis, et confondu ans le genre Petroica par M. Gray, est composé aujourd'hui, par M. Ch. Bonaparte, de six espèces. Nous figurons le Miro Dicffenbachii. Toutes les espèces appartiennent exelusivement à la Nouvelle- Zélande. Ce sont des Oiseaux qui vivent dans les broussailles, se nourrissent d'Insectes, qu'ils chassent au vol et en courant à terre. OISEAUX. 63 MIRO RUBISOLE. MIRO TOITOI, (Garnot, Ch. Bonaparte) Ce Miro, de la grosseur de la Mésange bleue, n'offre que deux teintes, le noir et le blanc, dans l'ensemble de son plumage, mais leur distribution ne laisse pas encore que de donner à cet Oiseau de la gentillesse. Au devant du front s'aperçoit une petite bande blanche. Cette couleur se reproduit encore de la terminaison de la poitrine à l'abdomen, sur les ailes, où elle présente un petit miroir, et, enfin, dans quelques points des pennes extérieures de la queue. Cette dernière est très-légère- ment étagée. Le reste de l'Üiseau est noir; mais il est à remarquer que cette couleur est moins foncée sur les ailes, qui sont plutôt d’une teinte brun-noir. Le bec et les tarses sont noirs. Le dessous des pieds est d'un rouge de cinabre. C’est à cette dernière considération que cet Oiseau doit son nom. L'iris est de couleur brune. (Ganxor, Zoologie de la Coquille.) Longueur totale, 0,11 à 0,12. Habite la Nouvelle Zélande, où il a été découvert par Garnot. Fig. 75. — Miro de Dicffenbach. Qeuaxième Cfroupe = (Deutivostres Suspeuseuts. Le Les Dentirostres suspenseurs se composent de quatre tribus : 1° Les Troglodytidés; 2° Les Sylviparidés; 3° Les Paridés; 4° Les Sylviidés. Nous réunissons dans ce groupe des Oiseaux dont les habitudes, sinon les mœurs, sont tellement identiques, qu'il semble difficile de les isoler les uns des autres. La faculté qu'ils ont tous, en effet, de s’accrocher et de se suspendre même, soit au tronc des arbres, soit à leurs branches, soit aux tiges des jones et des hautes graminées, qu’ils contournent en tous sens, en dessous comme en des- sus, pour y chercher les Insectes et les larves, dont ils composent une grande partie de leur nour- riture, est un caractère tel, qu'il suffit pour en motiver et le groupement et la dénomination. Sans doute quelques-uns d’entre eux offrent des caractères zoologiques qui, superficiellement observés, 6% HISTOIRE NATURELLE. ont, dans beaucoup de méthodes, surtout celles qui reposent exclusivement sur les principes appliqués par G. Cuvier, fait isoler ces trois tribus les unes des autres : les Troglodytidés, par exemple, parais- sant appartenir plus à la division d'Oiseaux qu'on est convenu d'appeler Ténuirostres qu’à celles des Dentirostres. Mais ces caractères sont plus apparents que réels, et s’effacent, selon nous, devant leur peu de fixité, et surtout devant la généralité des caractères tirés des habitudes, caractères qui domi- nent à nos yeux tous les autres. PREMIÈRE TRIBU. TROGLODYTIDÉS. TROGLODYTIDÆ. (0. Des Murs et Chenu.) La plus grande partie des genres dont nous avons composé cette tribu formait, pour Swainson, la troisième sous-famille de ses Turdidæ, sous le nom de Crateropodinæ, l'autre portion ayant été par lui rangée sous le nom de T'roglodytinæ dans ses Sylviadæ; pour M. G. R. Gray, les éléments de nos Troglodytinés sont répartis, les uns dans ses Certhidæ, les autres dans ces Luscinidæ, d’au- tres, enfin, dans ses T'urdidæ. Ges éléments sont, du reste, les mêmes, à peu de chose près, que ceux réunis par M. Ch. Bonaparte sous le nom de Haluridæ. Si, à cette dénomination, nous avons préféré celle de Troglodytine, c’est que, d’une part, les espèces ayant pour type notre Troglodyte d'Europe y sont en beaucoup plus grand nombre que celles des Malurus proprement dits, et qu'il nous a paru plus logique de partir d’un type commun et depuis longtemps connu que d’un type plus rare et d’une création toute moderne; c’est aussi parce que la base réelle qui a présidé à la composi- üon de cette tribu, quelque nom qu'on lui donne, est moins la communauté de caractères zoologiques similaires que celle de l'ensemble des mœurs et des habitudes. Nos Troglodytidés renferment trois familles : 4° Troglodytirés; 20 Malurinés; 3° Timalinés. PREMIÈRE FAMILLE. — TROGLODYTINÉS. Ainsi que nous venons de le dire, les Troglodytinés formaient, pour Swainson, qui en est le créa- teur, une des sous-familles de ses Sylviadw; M. Gray les a noyés, lui, dans ses Menurinæ, dernière sous-famille de ses Certhidæ, servant de passage à ses Luscinidæ ou Becs-Fins; et M. Ch. Bonaparte les a mis à la fin de ses Maluridiw pour en faire le lien de transition avec ses Certhidæ. Dans toutes ces méthodes, en effet, la forme du bec de ces Oiseaux a plus influé sur la place à leur assigner que leur manière de vivre. Comme coupe distincte des Sylvie des auteurs, c’est à Vieillot qu'on en doit la séparation; comme famille, on en doit l'idée à M. Ch. Bonaparte, qui la compose des genres sulvants : 4° Tryothore (Tryochorus), Vieillot; 5° Cyphorhinus, Gabanis; 2 Troglodyte (Troglodytes), Vieillot; 6° Salpinctes, Cabanis; 5° Ramphocinclus, De La Fresnaye; T° Tatare, Lesson. 4° Campylorhynchus, Spix: que nous conservons, à l'exception des genres Cyphorhinus et Salpinctes, qui ne sont qu'un démem- brement du genre Troglodytes, auquel nous les restituons. OISEAUX. 65 Leurs caractères généraux sont : un bec fin, pointu, droit ou plus où moins courbé, à mandibules égales; des tarses allongés, gréles, des ailes courtes, concaves, arrondies. Ce sont des Oiseaux vifs, dont la voix, relativement à leur taille, a une très-grande étendue, et qui nichent généralement dans les trous d'arbres, dans ceux des murailles, dans les fentes des ro- chers, sur les revers des fossés, peu ou point dans l’enfourchure des branches, et courent ou sautent la queue toujours relevée : plusieurs fréquentent les lieux marécageux, et nichent dans les ro- SEAUX. Troglodyte. 4 GENRE. — RAMPHOCINCLE. RAMPTIOCINCLUS,. (De La Fresnaye, 1843.) Pauwo:, bec; xtyxhos, Cincle CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec grèle, très allongé, légèrement arqué et échancré. Narines basales, percées en avant de la membrane qui recouvre les fosses nasales : celles-ci triangulaires. Ailes courtes, surobtuses, à rémiges élagées de la première à la quatrième et la cinquième, qui sont les plus longues. Queue médiocre, arrondie, el légèrement étagée. Tarses courts, et doigts robustes, ainsi que les ongles, qui sont arqués comme chez les Oiseaux percheurs, le postérieur grand. Fig. 76.— Ramphocinelus variegatus. Fig. 77. — Ramphocinclus variegatus. Plumage mollet; les rémiges et les rectrices peu fermes. (Rev. zool., 1845.) Ce petit groupe, particulier aux Antilles, du moins quant aux trois espèces dont il se compose, est remarquable par la longueur du bec, légèrement arqué, et par un plumage noirâtre; l'espèce type est le Turdus (Ramphocinclus) brachyurus de Vieillot. Ce groupe, dit M. De La Fresnaye, offre bien, dans la forme de son bec, quelques rapports avec les Uppucerthies et les Fourniers du Paraguay et du Chili; mais le bec est échancré, et la forme de l'aile, ainsi que la coloration, sont entièrement différentes. Ce genre, synonyme du genre Herminicrus, Lesson, a été placé, par M De La Fresnaye, dans les Turdidés. C’est avec plus de raison que Lesson, suivi en cela par M. Ch. Bonaparte, a proposé de le ranger à côté des Tataré océaniens, des Thriothores et des Campylorhynques américains. On ne sait rien des mœurs des Ramphocineles. Nous figurons le Ramphocinele varié. 0% GG HISTOIRE NATURELLE. RAMPHOCINCLE A GORGE BLANCHE. RAMPHOCINCLUS GUTTURALIS. (De La Fresnaye.) En dessus, d’une couleur uniformément brun noirâtre enfumé; en dessous, d’une nuance claire, enfumée; gorge, devant du cou et milieu de l'abdomen, d’un blane sale. Longueur totale, 0,29. Habite les Antilles. Fig. 78. — Ramphocincle varié, 9me GENRE. — TATARÉ. T'ATARE. (Lesson.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, grêle, à arète graduellement courbée à partir de la base jusqu’à la pointe, qui est échancrée, comprimé sur les côtés, muni de quelques poils ou soies à la base, qui est aplatie Narines basales, offrant une large ouverture percée dans un opercule membraneux, el recou- verte par les plumes du front. Fig. 79, — Tatare Fig. 80. — Tatare. Ailes médiocres et arrondies, surobtuses; la première rémige très-courte. Queue moyennement longue, à rectrices larges, arrondies et élagées. 68 HISTOIRE NATURELLE. Queue moyenne, ample et arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, robustes, scutellés; doigts médiocres, les latéraux égaux, el soudés à la base; le pouce long, fort, son ongle le plus grand; tous comprimés el aiqus. Fig. 82. — Campylorhynchus brunneicapillu. Fig. 85. — Campylorhynchus brunneicapilla. 8 Py y P ë F I Ce genre, synonyme des genres Cychla, Wagler, et Picolaptes, De La Fresnaye, renferme douze espèces, toutes de l'Amérique tropicale. Nous figurons le Campylorhynchus megalopterus. Ce sont des Oiseaux qui ont les mœurs des Tryothores. Fig. 84. — Campylorhynque mégaloptère. CAMPYLORHYNQUE ZONATOIDE. CAMPYLORHYNCHUS ZONATOIDES (De La Fresnaye.) Dessus de la tête d'un gris rembruni, noirâtre dans le milieu; dessus du cou, des ailes et queue, zonés, en travers, de bandes alternativement grisâtres et noirâtres; tout le dessous, blanchâtre sur la gorge et le devant du çou, teint insensiblement, sur la poitrine, d’une nuance fauve très-claire, un peu plus prononcée sur l'abdomen et les sous-caudales. Toutes ces parties couvertes de taches arron- dies, noires, devenant transversales sur les flancs, les côtés de l'abdomen et les sous-caudales; bec corné, à mandibule inférieure pâle à sa base. Longueur totale, 0,18. 4% GENRE. — TROGLODYTE. TROGLODYTES. (Vieillot, 1807.) Tsoÿn, trou; odrns, voyageur, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. dn » 317 » PU fn d “pe n fl ) î Bec de la longueur de la tête, parfois plus long, presque aussi haut que large à la base, fin, su- bulé, pointu, à commissure courbe, à mandibules égales. Tres 7 " OISEAUX. 69 Narines ovales, couvertes d'une membrane, situées à la base du bec. Ailes courtes, concaves, arrondies, subobtuses, à troisième et quatrième rémiges les plus longues «de toutes. Queue courte, égale ou arrondie. na Tarses allongés, grêles, seutellés, les doigts latéraux égaux, légèrement unis à la base, le pouce assez long et fort, de même que son ongle, qui est le double de longueur des autres et beaucoup plus courbé Fig. 85. — Troglodytus Europœus lig. 86 — Troglodytus Ewropœus. Ce genre, retiré par Vieillot des Sylviw de Latham, est synonyme du genre Anorthura, Rennie. Il renferme l'espèce d'Europe, type du genre, qui est un petit Oiseau qu'on voit paraitre dans les villages et près des villes à l'arrivée de l'hiver, et jusque dans la saison la plus rigoureuse, exprimant d’une voix claire un petit ramage gai, particulièrement vers le soir, se montrant un instant sur le haut des piles de bois, sur les tas de fagots, où il rentre le moment d’après, ou bien sur l'avance d’un toit, où il ne reste qu'un imstant, et se dérobe vite sous la couverture ou dans un trou de mu- raille. Quand il en sort, il sautille sur les branchages entassés, sa petite queue toujours relevée. II lui donne, en chantant, un petit mouvement vif de droite à gauche. Il n’a qu'un vol court et tour- noyant, ses ailes battent d’un mouvement si vif, que les vibrations en échappent à l'œil. C’est de cette habitude naturelle que les Grecs le nommaiïent aussi Trochilos, Sabot, Toupie; et cette déno- mination est non-seulement analogue à son vol, mais aussi à la forme de son corps raccourci et ramassé. Ce très-petit Oiseau est presque le seul qui reste dans nos contrées jusqu'au fort de l'hiver; il est le seul qui conserve sa gaieté dans cette triste saison : on le voit toujours vif et joyeux, et, comme dit Belon avec une expression dont notre langue a perdu l'énergie, allègre et vioge. Son chant, haut et clair, est composé de notes brèves et rapides, sidiriti, sidiriu; il est coupé par reprises de cinq ou six secondes. C’est la seule voix légère et gracieuse qui se fasse entendre dans cette saison, où le silence des habitants de l'air n’est interrompu que par le croassement désagréable des Corbeaux. Le Troglodyte se fait surtout entendre quand il est tombé de la neige, ou sur le soir, lorsque le froid doit redoubler la nuit. Il vit ainsi dans les basses-cours, dans les chantiers, cherchant dans les bran- chages, sur les écorces, sous les toits, dans les trous des murs, et jusque dans les puits, les chrysa- lides et les cadavres des Insectes. Il fréquente aussi les bords des sources chaudes et des ruisseaux qui ne gèlent pas, se retirant dans quelque saule creux, où quelquefois ces Oiseaux se rassemblent en nombre (un chasseur nous assure en avoir trouvé plus de vingt réunis dans le même trou) : ils vont souvent boire, et retournent promptement à leur domicile commun. Quoique familiers, peu dé- liants, et faciles à se laisser approcher, ils sont néanmoins difficiles à prendre; leur petitesse, ainsi que leur prestesse, les fait presque toujours échapper à l'œil et à la serre de leurs ennemis. Au printemps, le Troglodyte demeure dans les bois, où il fait son nid près de terre sur quelques branchages épais, ou même sur le gazon, quelquefois sous un tronc, ou contre une roche, ou bien sous l'avance de la rive d’un ruisseau, quelquefois aussi sous le toit de chaume d’une cabane isolée dans un lieu sauvage, et jusque sur la loge des charbonniers et des sabotiers qui travaillent dans les bois. Il amasse pour cela beaucoup de mousse, et le nid en est, à l'extérieur, entièrement composé; mais, en dedans, il est proprement garni de plumes. Ce nid est presque tout rond, fort gros, et si informe en dehors, qu'il échappe à la recherche des dénicheurs; car il ne parait être qu'un tas de mousse jetée au hasard. Il n’a qu'une petite entrée fort étroite, pratiquée au côté. L'Oiseau y pond neuf à dix petits œufs blancs. Il les abandonne s'il aperçoit qu'on les ait découverts. Les petits se hà- 70 HISTOIRE NATURELLE. tent de quitter le nid avant de pouvoir voler, et on les voit courir comme de petits Rats dans les buis- sons. Quelquefois les Mulots s'emparent du nid, soit que l'Oiseau l'ait abandonné, soit que ces nou- veaux hôtes soient des ennemis qui l'en aient chassé en détruisant sa couvée… … Nous avons remarqué qu'il se plaît dans la compagnie des Rouges-Gorges; du moins on le voit venir avec ces Oiseaux à la pipée. Il approche en faisant un petit cri, tirit, tirit, d'un son plus grave que son chant, mais également sonore de timbre. Il est si peu défiant et si curieux, qu'il pénètre à travers la feuillée jusque dans la loge du pipeur. Il voltige et chante dans les bois jusqu'à la nuit serrée, et c’est un des derniers Oiseaux, avec le Rouge-Gorge et le Merle, qu'on y entende après le coucher du soleil; il est aussi un des premiers éveillés le matin : cependant, ce n’est pas pour le plaisir de la société, car il aime à se tenir seul, hors le temps des amours; et les mäles, en été, se poursuivent et se chassent avec vivacité. (Burrox.) Sa vivacité, dit Bechstein, est charmante, et ses mouvements sont aussi gais que variés; ses révé- rences sont surtout continuelles. Il a la voix très-forte relativement à sa petitesse, et son chant n'a point d'intervalle d'interruption pendant toute l'année. Ce chant est doux, et mêlé de quelques pas- sages de celui du Canari; ces passages sont d'autant plus gracieux, qu'ils consistent dans des tous isolés, éclatants, et allant en descendant. Il peut se garder quelques années en cage. Fig 87. — Troglodyte d Europe, TROGLODYTE D'EUROLE TROGLODYTUS EUROPÆUS. [G, Cuvicr) arties supérieures d’un brun roux, avec des raies transversales étroites et noirâtres sur le dos, les ailes et la queue; parties inférieures d’un cendré roussâtre, plus clair et tirant sur le bleuâtre à la gorge, à la poitrine, avec des taches blanchâtres et des raies transversales noires au bas-ventre, sur les flancs et sur les sous-caudales; raie sourcilière d’un blanc roussâtre; joues et côtés du «ou variés de brun et de blanc roussâtre; rémiges brunes, avec les cinq premières rémiges marquées al- ternativement de noir et de roussätre en dehors; bec brunâtre, plus foncé en dessus qu'en dessous; pieds gris roussàtre; iris noirâtre. (Mâle.) Longueur totale, 0,10 environ. OISEAUX. 71 Habite toute l'Europe; trés-commun dans le nord de la France. (Se trouve aussi en Asie et dans l'Afrique septentrionale.) Pond de six à huit œufs, gros relativement à l'Oiseau, d'un blanc pur, finement piquetés de brun foncé ou de noirâtre, surtout au gros bout. Grand diamètre, 0",015 à 0",016; petit diamètre, 0",049. (DEcLann.) one GENRE. — THRVOTIORE. T'HRYOTHORUS. (Vieillot, 1816.) Ogucv, jonc; Ücpew, je saute. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec allongé, épais à sa base, cylindrique, fléchi en are, délié, pointu, el comprümé sur les côtés; mandibules égales. Narines oblongues, en partie couvertes d’une membrane proéminente. Ailes courtes, arrondies, concaves, subobtuses, à penne bâtarde allongée et large; les troisième, quatrième et cinquième rémiges les plus longues de toutes. Queue suscepuble de rester relevée. T'arses assez forts; les doigts extérieurs réunis à leur base; le pouce grêle, plus long que le doigt interne; l'ongle postérieur le plus long de tous. Fig. 88. — Thryothore de la Louisiane. Fig. 89 — Thryothore de la Louisiane Les Thryothores, que M. Gray réunit encore aux Troglodytes proprement dits, différent de ceux-ci, ainsi que l'a dit Vieillot, par leur bec plus robuste, épais à sa base, plus où moins arqué, et par leur pouce, toujours plus long que le doigt interne. Mais ils ont avec ces derniers les plus grands rapports dans leurs ailes, le port de leur queue et les raies transversales qui sont sur les pennes alaires et caudales. Ce genre, établi par Vieillot, qui a pris pour type le Thryothore de la Louisiane, tel qu’il est au- jourd'hui constitué par M. Ch. Bonaparte, renferme vingt-deux espèces propres aux deux Amériques. Nous figurons le Thryothore des roseaux sous le nom ancien de T'roglodytes palustris, que lui don- * nait Audubon, et qui est le type du genre. Quelques-unes présentent entre elles une telle analogie, au dire de Vieillot lui-même, que les descriptions peuvent quelquefois ne pas paraître suffisantes pour les bien distinguer; mais on saisit facilement les différences qui les caractérisent quand on peut les comparer en nature. Lorsque, dit Vieillot, j'ai établi cette division, je ne connaissais qu'une seule espèce (le T'hryothore des roseaux); mais, depuis, j'ai eu occasion d'en voir d’autres qui se trouvent au Brésil, au Paraguay, à Cayenne; tous ne fréquentent pas les endroits aquatiques; ils grimpent sur les plantes, comme ce- lui-ci sur les roseaux, non pas cependant de la même manière que notre Grimpereau; ils saisissent en travers, avec leurs pieds, le roseau ou la tige d’une plante quelconque, et les parcourent de bas en haut par petits sauts; habitude qui les rapproche de plusieurs de nos Fauvettes de rivages, et par- ticulièrement de la Fauvette effarvatte; mais ils ont le bec et les ailes autrement conformés. Le Thryothore des roseaux habite les endroits marécageux: il se tient dans les roseaux, et semble 72 HISTOIRE NATURELLE. préférer ceux dont le pied est baigné d'eau; il en parcourt sans cesse la tige de la même manière que notre Fauvette effarvatte, avec laquelle il a encore du rapport par son ramage et son babil continuel: je ne l’ai jamais vu se poser sur les arbres et sur les arbrisseaux; il semble même éviter de s'arrêter dans les broussailles et les buissons qui sont sur les bords ou dans le centre de sa demeure ordi- naire; son chant, si on peut donner ce nom à une réunion de divers cris répétés vingt fois de suite, sans interruption et presque sur le même ton, est enroué, glapissant, et aussi désagréable que le coassement des Grenouilles, ses compagnes habituelles, et aussi incommode par sa longue durée. Si vous entendez, dit Vicillot, un faible craquement, à peu près semblable au bruit que produisent les bulles d'air qui s'ouvrent un passage à travers un terrain marécageux lorsqu'on marche dessus. vous aurez à peu près une idée de ce ramage. Plusieurs couples se trouvent dans le même canton, et les mâles semblent prendre plaisir, comme les Grenouilles, à crier plus fort les uns que les autres; ils se font entendre tant que durent les couvées, depuis le lever de l'aurore jusqu'à midi, recommencent quelque temps avant le coucher du soleil, et continuent une ou deux heures après. Ce Thryothore est très-commun dans les marais qui avoisinent la ville de New-York, il y arrive au mois de mai et les quitte aux approches de l'automne. Si la nature a donné à cet Oiseau un chant très-désagréable, elle l'a doué d'une industrie rare pour mettre sa progéniture à l'abri de toutes les intempéries de l'air; il lie son nid à plusieurs tiges de roseaux, et toujours au-dessus des plus hau- tes eaux; les liens sont d’une telle solidité, que le vent le plus violent ne peut les détacher; sa forme est celle d'un melon allongé; des tiges d'herbe, de petites racines, des feuilles sèches, sont à l’inté- rieur; tous ces petits matériaux sont entremélés de vase, et présentent une sorte de bousillage que l'eau ne peut pénétrer lorsqu'il est desséché par le soleil; l’intérieur de ce bercean est garni de plu- mes, de bourre et d’autres matières mollettes; l'entrée est sur le côté, vers le milieu, et surmontée d'un petit toit qui, en s’avançant au delà, empêche la pluie d'y pénétrer. La ponte est de cinq ou six œufs, très-petits, et d’une couleur d'étain foncé. (Nouveau Dictionnaire d'Histoire natu- relle, 4819.) Telles sont les mœurs et les habitudes des Thryothores riverains ou fluviatiles. Quant à celles des autres espèces, elles ont les plus grands rapports avec celles de notre Tro- glodyte. THRYOTHORE STRIATULÉ. THRYOTHORUS STRIATULATUS, (De La Fresnaye ) En dessus, d’une couleur d'ombre souris; les ailes et la queue d’un brun noirâtre couvert de nom- breuses stries étroites, plus fines et moins régulières sur les rectrices: en dessous, de la même cou- leur que le dessus, mais plus päle, et légèrement ocracée, chaque plume légèrement bordée d'un brunâtre à peine visible; bec d’un brun noir, la base de la mandibule inférieure blanchâtre. Longueur totale, 0,19. Habite les environs de Bogota. 6" GENRE. — RAMPHOCÈNE. RAMPHOCÆNUS. (Vieillot, 1819.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-long, droit, déprimé sur ses bords, depuis son origine jusqu'au milieu, ensuite étroit et très-grêle; mandibule supérieure à dos distinct et arrondi, crochue et légèrement échancrée à sa pointe, l'inférieure un peu plus courte et très-aiqué; capistrum aplati, et au niveau du bec. Narines un peu avancées sur le bee, larges, oblongues, couvertes d’une membrane en dessus, et à ouverture longitudinale et linéaire. Ailes courtes, arrondies. surobtuses, à penne bätarde arrondie; les cinq premières rémiges éLa- gées, la première la plus courte de toutes, les cinq et sixième égales, les plus lonques. Fig. 1. — Athene Capensis. Fig. 2. — Hibou du Cap 16 OISEAUX. 73 Queue médiocre ct étagée, à pennes étroites. Tarses de la longueur du doigt médian, minces; doigts allongés, les extérieurs réunis jusqu'à leur première phalange, l'intérieur libre. Fig 90 — Ramphocænus rufiventris. Fig. 91. — Ramphocænus rufiventris Ce genre, synonyme des genres Acontistas, Sundeval, et Scolopacinus, Ch. Bonaparte, n’a été établi, dans l'origine, que pour une seule espèce, le Ramphocænus melanurus. Contesté, à cette époque, par M. Temminck, discuté, quant à sa valeur, par M. De La Fresnaye, il a enfin conquis droit de cité dans la science; seulement, M. G. R. Gray l’a rangé parmi ses Menurinæ, et M. Ch. Bo- naparte, tout en avouant qu'il se rapprochait des Troglodytinés, l'a mis dans ses Thamnophilinæ. Nous pensons, comme M. De La Fresnaye, que ses rapports intimes avec le Thryothore à long bec de Vieillot, qui w’est autre que le Ramphocinele varié, ne permettent pas de l’éloigner de ce dernier genre, et qu'il doit figurer avec lui dans les Troglodytinés. Ce genre renferme aujourd’hui quatre espèces, toutes de l'Amérique méridionale. Nous figurons le Ramphocæwnus rufiventris. Ce sont des Giseaux qui se tiennent continuellement dans:les buissons et les broussailles pour y chercher les Insectes dont ils se nourrissent. RAMPHOCÈNE DE LA TRINITÉ. RAMPHOCÆNUS TRINITATIS. (Lesson.) En dessus, roux, tournant au brun sur le dos et les ailes: en dessous, d’un blanc de neige; flancs gris. Habite la Trinité. Fig. 92, — Ramphocænus rufiventris 1] = HISTOIRE NATURELLE. r DEUXIÈME FAMILLE. — MALURINES. Cette famille est caractérisée par un bec plus haut que large, comprimé dans toute sa longueur, fléchi, légèrement courbé et échancré vers sa pointe, à arète distincte et se prolongeant jusque entre les plumes äu front: des narines situées sur les côtés et à la base du bec, et à moitié recouvertes par une membrane; des pieds longs et grèles; le doigt extérieur uni à celui du milieu jusqu'à la première articulation; des ailes courtes et arrondies; une queue très-longue, conique, à rectrices étroites, et souvent à barbules rares et décomposées. Les Malurinés n’ont formé dans l’origine qu'un genre, sous le nom de Malurus, que Vieillot imposa aux Oiseaux de ce groupe, dont les quelques espèces les plus anciennement connues étaient alors ré- parties dans les Merles, les Becs-Fins ou Sylvies et les Gobe-Mouches, mais dont le plus grand nom- bre a été découvert dans ces vingt dernières années, tant en Australie que dans l'Océanie, et a été divisé en plusieurs genres. M. G. R. Gray, le premier, en a formé, en 1841, une famille sous la dé- nomination de Malurinæ, dans laquelle, en 1848, il a compris les genres : 4° Orthotomus, Horsfield; 90 Prinia, Horsfield; 3° Drymaica, Swainson; 4° Calamanthus, Gould; 5° Malurus, Vieillot; 6° Stipiturus, Lesson; 7° Atrichia, Gould; 8° Amytis, Lesson; 9% Sphenura, Lichtenstein; 10° Chœtornis, G. R. Gray; 11° Cinclorhamphus, Gould; 19° Megalurus, Horsfield; au total douze genres. M. Ch. Bonaparte ne compose ses Malurinæ que de neuf genres : 4° Malurus; 2° Amytis; 3° Stipiturus; 4° Dasyornis, Vigors, par lequel il remplace le genre Sphcænura; »° Atrichia; 6° Pellorneum, Swainson; 7° T'urdinus, Blyth; 8 Xiphorhamphus, Blyth: 9° Pomatorhinus. Horsfield. Nous réduisons cette famille aux huit genres suivants, en nous dirigeant d’après les principes de M. Ch. Bonaparte : 4° Zoothère (Zoothera, Vigors); 90 Pomatorhin; 3° Pellornée; OISEAUX. 75 4° Atrichie; o° Sphénure; 6° Stipiture; 7° Amytis; 8° Mérion {(Malurus). {% GENRE. — ZOOTHÈRE. ZOOTHERA. (Vigors, 1831.) Zwcy, être vivant, insecte; Onpzow, je chasse. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec allongé, presque plus long que la tête, comprimé dans presque toute sa lonqueur, à arête assez marquée, à mandibules et à commissure courlée de la base à la pointe, qui est échancrée; quelques poils à la commissure. Narines latérales percées dans une espèce de fosse ou sillon, ovalaires et nues. Fig. 93. — Zoothera montacola. Ailes assez courtes et arrondies, subobtuses; la première penne très-courte, la seconde un peu moins longue que la troisième, qui est presque égale à la quatrième et à la cinquième, et la plus longue. Queue peu longue et ample. Tarses trapus, robustes, de la longueur du doigt médian, ne portant qu'une seule squamelle di- visée seulement à la base; doigts longs et forts, les deux latéraux égaux et unis à la buse; le pouce long et vigoureux, son ongle du double du médian, mais pas plus courbé que les autres. Fig. 94 — Zoothera monticoia. Ce genre, synonyme du genre Myophaga de Lesson, a été rangé par M. Gray dans les Turdide, et par M. Ch. Bonaparte dans sa famille des Cinclidæ, entre ses Cinclinæ et ses Pittinæ. Nous T6 HISTOIRE NATURELLE. croyons, malgré ces précédents, qu'on peut placer le genre Zoothère, sans inconvénient, près du genre Pomatorhin, et avec lui dans la famille des T'imalinæ. Ce genre, en adoptant la manière de voir de M. Ch. Bonaparte, renfermerait aujourd’hui quatre espèces propres à l’Asie et à l'Océanie. Nous figurons le Zoothera monticola de Vigors. On ne possède aucun renseignement sur les mœurs des Oiseaux de ce genre. ZOOTHÈRE MONTAGNARD. ZOOTHERA MONTICOLA. (Vigors.) En entier brun léger; une tache longitudinale blanche au haut du cou, quelques taches de cette couleur à la poitrine, et l'abdomen écaillé de blane sur fond brun; les couvertures fémorales et la ré- gion anale brunes; cette dernière partie tachetée de blanc. Longueur totale, 0,30. Des montagnes de l'Himalaya. Fig. 95. — Zoothère montagnard. Qme GENRE. — POMATORHIN. POMATORHINUS. (Horsfield, 1820.) Iouwx, arc, opercule; ptv, t05, nez CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Pec plus où moins long, généralement de la longueur de la tête, subitement comprimé à partir de sa base, et d'égale largeur au delà des narines, les deux mandibules et leur commissure égale- ment et parallèlement courbées jusqu'à la pointe; quelques poils à la commissure. Fig 96. — Pomatorhunus truvirgatus. Fringilla nvalis D 7 OISEAUX. 17 Narines basales, percées dans un opercule corné, de forme elliptique. Ailes médiocres et arrondies, surobtuses, Les cinquième et sixième rémiges les plus longues. Queue longue et très-arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, robustes, largement scutellés; doigts longs et vigoureux, les deux latéraux presque égaux; le pouce long et fort, son ongle le plus long et le plus recourbé, égalant avec son ongle le doigt médian. 1) K Nos Fig. 97 — Pomatorhinus trivirgatus. Ce genre, créé par Horsfield dans sa description systématique des Oiseaux de l'ile de Java, a été rangé par lui dans sa neuvième famille des Passereaux, ses Certhiadre, système suivi par G. Cu- vier, etc. M. G. R. Gray les place dans ses Tnalinæ, troisième sous-famille de ses Turdideæ. M. Ch. Bonaparte les range dans ses Malurinæ, à la suite de ses Tanalinæ, famille des Maluridee. C’est à ce dernier auteur que nous nous rangeons. Le genre Pomatorhinus, qui est synonyme du genre Pomatorhynchus, Boié, et qui renferme le genre Xiphorhynchus où Xiphorhamphus de Blyth, se compose de seize espèces, toutes de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Nous figurons le Pomato- rhinus Geoffroyi de Lesson. Fix. 98. — l’omatorhin de Geoffroy. Les Pomatorhins, d’après les observations de J. Verreaux, sont des Oiseaux qui volent par bandes de huit à dix, qui fréquentent les lieux humides, se réfugiant le plus souvent sur les arbres, d'où ils font entendre un cri de crick, crick, souvent répété par chaque individu de la troupe. Lorsqu'un Po- matorhin est posé, il prend mille attitudes différentes, se tenant souvent couché sur la branche, la 178 HISTOIRE NATURELLE. queue relevée, la gorge et les ailes pendantes; mais il ne tarde pas à quitter sa place pour aller jouer avec les autres; du reste, ils sont très-turbulents. Leur nourriture consiste en Insectes, qu'ils cherchent en se cramponnant aux branches. Le nid est presque toujours placé, en Australie, sur le haut de jeunes eucalyptus d'environ six à sept mètres. Il est composé de petites branches de cet arbre dont les feuilles s’y trouvent souvent; sa forme est très-allongée; mais le centre en est large, et l'ouverture qui y conduit est très-étroite et as- sez longue; il a un peu la forme d'un pot à l'eau, il est d'environ quarante centimètres de longueur; et le milieu, où la femelle dépose ses œufs, est garni de brins d'herbes. (Zoologie tasmanienne et australienne.) POMATORHIN ROUGE GORGE. POMATORHINUS RUBECULUS. (Gould.} Menton et raie superciliaire blanes; poitrine et haut de l'abdomen d’un brun roux; une raie partant du bec, passant par les angles oculaires et se terminant à locciput, d'un brun noirâtre; vertex, dos, bas de l'abdomen d'un brun intense, teinté d’olivâtre; couvertures caudales, rectrices et région anale noires, les rectrices terminées de blanc; bec couleur de corne; pieds noirâtres. Longueur totale, 0",28 à 0®,99. Ilabite la côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande. Ge GENRE. — PELLORNÉE. PELLORNEUM. (Swainson, 1831.) He72.0:, sombre: cpvecv, oiseau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la rête, à arête graduellement courbée, à conmissure droite, comprimé sur les côtés jusqu'à la pointe, qui est échancrée, presque aussi haut que large; quelques poils à la base. Marines basales, percées en ouverture de forme lunulée, et en partie recouvertes par une memt- brane. Ailes courtes et arrondies, surobtuses, les cinquième et sixième rémiges les plus longues. Queue médiocre et très-arrondie. T'arses minces, de la longueur du doigt médian, recouverts de larges squamelles; doigts longs, les latéraux presque égaux et unis à la base; le pouce long et vigoureux; son ongle du double de lon- gueur de l'ongle médian; tous comprimés, courbés et aigus. = Fis, 99. — rellorneum ruficeps Fi. 100. — Pellorneum ruficeps Ce genre, synonyme du genre Cinelidia de M. Gould, ne renferme qu'une espèce dont quelques ornithologistes, entre autres M. Gray, en ont fait deux. C’est le Pellornée à tête rousse, de l'Asie centrale, Cet Oiseau se tient constamment au milieu des jongles, va par bande, descend fréquemment à terre OISEAUX. 79 pour y chercher les Insectes en courant; il grimpe aussi, à la manière des Mérions, le long des bran- ches d'arbres ou des tiges de hautes graminées. PELLORNÉE À TÊTE ROUSSE. PELLORNEUM RUFICEPS. (Swainson.) e En dessus et sur les côtés d'un brun olive obscur; tête, cou et dos couleur de rouille; poitrine et ventre d’un blane pur; chaque plume de la poitrine cependant portant un point central olivâtre. ris rouge de brique; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; jambes d'un jaunâtre teinté de couleur de chair. Longueur totale, 0,16. Habite dans l'Inde, les jongles de Trichoon, de Wurguncherry et de Manantaddy, où il est commun. ave GENRE. — ATRICHIE. ATRICHIA. (Gould, 1844.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, aussi haut que large à la base, à arête et à commissure courbées jusqu'à la pointe, qui est échancrée; quelques poils à la base. Narines basales, percées dans une fosse garnie d’un opercule membraneux, et en partie couvertes de plumes. Ailes longues et arrondies, surobtuses; les trois premières également étagées, les quatrième et sixième les plus longues. Queue allongée, ample et graduée. Tarses médiocres, vigoureux, recouverts de larges écailles; doigts médiocres; le pouce long, ro- buste, armé d'un ongle long et courbé. Fig. 101 — Atricha clamosa. Ce genre repose sur une espèce unique de l'Australie, dont nous donnons la figure et la deserip- tion : l'Atrichie crieuse. On ne possède sur ses mœurs aucun détail. ATRICHIE CRIEUSE. ATRICHIA CLAMOSA. (Gould } Dessus du corps, ailes et queue d'un brun obseur, chaque plume marquée en travers de petites taches lunulées noirâtres; la page intérieure de chaque rémige primaire plus foncée; les rectrices par- 80 HISTOIRE NATURELLE. semées de gouttelettes et non fasciées, gorge et poitrine d'un bleu roussâtre, avec une grande tache au bas de la gorge; abdomen et région anale roux. Longueur totale, 0%,21. Australie occidentale. Fig. 102 et 105 — Atrichie crieuse. (Mäle et femelle.) ÿme GENRE. — SPHÉNURE. SPHENURA. (Lichtenstein, 1823.) Éwrv, coin; Su2%, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, de la longueur de la tête, à arête et à commissure courbées jusqu'à La pointe, qui est échancrée, comprimé sur les côtés; quelques poils à ia base mandibulatre. Narines basales, percées dans une large fosse garnie d’un opercule membraneux, et en partie cou- vertes de plumes. Ailes courtes et arrondies, surobtuses, les sixième et septième rénuges les plus longues. Queue lonque et étagée. T'arses trapus, de la longueur du doigt médian, largement scutellés; les doigts latéraux égaux, l'externe uni à sa base; le pouce long, robuste et muni d'un ongle courbé et aigu. Fig. 105. — Sphenura trachyptera Fig. 10%. — Sphenura trachyptera Ce genre, synonyme du genre Dasyornis de Vigors et Horsfield (4826), ne renferme que trois es- pèces de l’Austrasie. Nous figurons le Sphénure à long bec. — Sersura inquieta OISEAUX. 81 Ces Oiseaux fréquentent les endroits buissonneux, où ils se réfugient d'habitude. [ls aiment à courir sur le sol, les ailes à moitié ouvertes et la queue relevée. Ce sont de vrais Mérions sous bien des rap- ports. Ils donnent à leurs nids une forme globulaire et le placent ou dans des ravins ou au pied des buissons touffus. Ils vivent, dit J. Verreaux, par paire, soit dans les lieux marécageux, soit dans les buissons envi- ronnants, paraissant rarement à leur sommité, mais pénétrant toujours dans l'endroit le plus épais pour y chercher les Insectes qui servent à leur nourriture, courant même parfois sur le sol pour ga- gner un autre buisson, faisant alors mouvoir sa queue à la manière du Drymoica macrouru, ou, pour mieux dire, du Coryphæa, avec lequel ces Oiseaux (surtout le Sphcenura brachyptera) paraissent avoir la plus grande analogie. Comme ces derniers, celui-ci fait entendre, matin et soir surtout, un chant très-agréable qui l'en rapprocherait encore davantage. Méfiant comme eux, il évite avec soin tous ses ennemis, et surtout le chasseur; aussi n'est-ce que de grand matin, lorsque les premiers rayons du soleil commencent à paraître, qu'il se risque à venir se percher sur le haut des branches, et qu'il fait entendre sa voix mélodieuse et sonore. (Zool. tasman. et austral.) SPHENURE A AILES COURTES. SPHENURA BRACHYPTERA. (Latham, Lichtenstein.) Parties supérieures brunes, avec une forte nuance d'olive, changeant en roussätre suivant les inci- dences de la lumière, et très- prononcée sur les ailes et la queue; gorge, devant du cou et milieu du ventre blanchâtres : cette teinte se voit aussi sur la poitrine, dont la base est d’un brun roussätre qui devient de plus en plus foncé sur les parties latérales de cette dernière, et surtout sur les flancs et les couvertures inférieures de la queue; deux longs poils à la commissure, recourbés par en bas; bec et tarses brun clair; mandibule inférieure blanchâtre; iris brun-marron. (J. VERREAUX.) Longueunitotale "102,21; — de la queue. . . . 0",08. Fig 106 et 107, — Sphénure à long bec. (Mäle et femelle.) ot 41 82 HISTOIRE NATURELLE. Gue GENRE. —— STIPITURE. STIPITURUS. Lesson, 1851. Mot hybride : stipes, ttis, ge: cu29, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, à arête supérieure et commissure graduellement courbées, et à côtés comprimés jusqu'à la pointe, qui est sans échancrure où faiblement échancrée, la mandibule infé- rieure se relevant d'une manière insensible à son extrémit'; quelques poils rares à la base mandi- bulaire. Narines basales, percées dans une fosse membraneuse, à ouverture subovalaire, el nues. Ailes courtes et arrondies, subobtuses, la troisième rémige égale aux quatrième, cinquième et sixième, qui sont avec elles les plus longues. Queue allongée et étagée, formée de six pennes fuliformes à barbes décomposées. T'arses de la longueur du doigt médian, minces, grêles, recouverts d'une seule squamelle; doigts longs et minces, les latéraux égaux, l'externe soudé à sa base; le pouce long, son ongle un peu plus fort que l'ongle médian, tous faiblement courbés et aigus. lig. 108. — Sapiturus malacharus. Fig. 109. — Sripiturus malachurus Ce genre ne repose que sur une seule espèce de l'Australie, rangée pendant longtemps avec les Malurus. Nous en donnons la figure. C’est le Stipiturus malachurus. Cette espèce est si souvent cachée dans les buissons épais ou à terre, courant à la poursuite des petits Insectes qui servent à sa nourriture, que ce n’est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvient à la faire sortir de sa retraite, et ce n’est guère qu'avec un bon Chien qu'il est possible de la faire lever. Alors elle se repose sur le sommet d’un buisson, mais pour très-peu de temps, car elle ne tarde pas à disparaître de nouveau et à courir sur le sol avec assez de vitesse, faisant mouvoir sa queue et quel- quefois ses ailes. Son cri ressemble un peu à celui du Malurus cyaneus, mais il est moins fort : aussi est-il facile de la distinguer au premier abord; et une chose étonnante, c’est de voir les Chiens s'arrêter sur elle comme sur les Cailles. Elle se laisse approcher de si près, qu'il est difficile d'en avoir des individus en bon état, car, si on ne la tire pas immédiatement, elle disparait comme l'éclair. On en entend beaucoup pendant le mois d'août, et davantage encore en septembre : c’est vers la fin de ce mois que se trouvent les couvées. Le nid est d’une forme arrondie et composé de brins d'herbes et de diverses espèces de plantes et de semences; on y voit çà et là quelques plumes dans l’intérieur, qui est d'environ quatre centimètres de profondeur; l'ouverture en est assez grande et à peu près de ce diamètre. Ce nid est presque tou- jours établi au milieu d'un buisson à trente ou trente-trois centimètres du sol, dans les lieux maréca- geux que fréquente l'espèce. (J. Verreaux, Zool. tasm. et austral., mss.) STIPITURE A QUEUE GAZÉE. STIPITURUS MALACHURUS. (Shaw, Lesson) Dessus de la tête d'un roux brun, avec des flammèches brunes sur l’occiput. Cette même couleur se reproduit sur le dos et les ailes; mais les flammèches sont plus larges; le derrière du cou est d’une OISEAUX. 83 teinte plus grise, et le centre des plumes est brun noirâtre; un large sourcil, toute la gorge et le devant du cou d’un bleu lilas; côtés du cou et reste des parties inférieures roux; le centre de l’ab- domen blanc. Queue composée de six rectrices longues, étagées, noires, bordées de fauve à barbes séparées, ce qui à fait donner à l'espèce le nom de Queue gaxée. Ailes brunes, frangées de fauve : plumes du croupion longues, lâches, d’un brun fauve; bec brun foncé; tarses d’un brun plus clair; iris brun clair; cinq longs poils à la commissure de chaque côté. Longueur totale, 0®,18 environ; de la queue, 0,11. (J. Venneaux.) 7% GENRE — AMYTIS. AMYTIS. Lesson, 1831. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, assez élevé à sa base, qui est garnie de poils, à arête supérieure et conmissure courbées jusquà la pointe, qui est un peu crochue et échancrée; comprimé sur les côtés; la mandibule inférieure subulée et se relevant à son extrémité. Narines basales percées dans une large fosse, à ouvertures nues et arrondies. Fig, 110. — Amylis teætilis. Ailes courtes et arrondies, surobtuses, les quatrième et sixième rémiges égales, les plus lon- ques. Queue très-lonque et étagée. E" " . , je . Tarses de la longueur du doigt médian, couverts de larges squamelles; doigts longs et forts, les latéraux égaux et soudés à leur base, le pouce long et robuste, muni d'un ongle du double de ceux antérieurs, qui sont courts el fort peu courbés. Fig. 411. — Amyhs texhlis. Ce genre ne renferme que trois espèces de l'Australie, qui ont été rangées tantôt avec les Malurus, tantôt avec les Dasyonius de Vigors, qui ne sont pour nous que des Sphænura. Nous figurons 'Amytis striatus de Gould. Le type du genre, l'Amytis natté, est remarquable, disent Garnot et Lesson, par l'habitude qu'il à de se tenir presque toujours sous les buissons et de passer de l’un à l’autre en courant avec vitesse. On le prendrait pour une souris, méprise qu'augmentent encore sa couleur rousse et le petit sifflement aigu qu'il fait alors entendre. (Zoo!. de l'Uranie.) 84 HISTOIRE NATURELLE. AMYTIS STRIÉ. AMYTIS STRIATUS. (Gould, Gray.) En entier brun: abdomen de couleur cendrée; chaque plume du dos portant une ligne centrale blanche; bec et pieds noirâtres. Longueur totale, 0®,16. Habite les plaines de Liverpool à la Nouvelle-Hollanue. Fig. 112 et 113. — Amytis strié, (Mâle et femelle. 8e GENRE. — MÉRION. MALURUS. (Vieillot, 1816.) Mahaxos, tendre, molle, cuoz, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-court, moins long que la tête, légèrement déprimé et élargi à la base, qui est garnie de quelques petits poils rares, à arête courbée et à côtés comprimés jusqu'à la pointe, qui est entière; la commissure presque droite, la mandibule inférieure un peu renflée, et se relevant d'une manière insensible à son extrémité. Fig. 114. — Malurus splendens. Fig. 4115. — Malurus splendens. Narines basales, placées duns une fosse membraneuse, à ouverture longitudinale et nue. OISEAUX. 85 Ailes très-courtes, surobtuses, la première rémige aussi lonque que la seconde, les quatrième et sixième égales, les plus longues de toutes. Queue plus ou moins étagée, la tige de chaque rectrice élargie et tronquée à son extrémité. Tarses de la longueur du doigt médian, et minces ; doigts médiocres, les latéraux égaux, l'ex- terne uni à sa base; le pouce assez long, son ongle courbé et aigu, presque égal à celui du doigt médian. Ce genre, démembré des Motacilla de Gmelin, qui n’en connaissait qu'une seule espèce, en ren- ferme aujourd'hui dix, toutes de l'Australie. Nous figurons les Mérions bleus et à tête noire. G. Cu- vier, en ignorant les mœurs, les confondait avec les Traquets. C’est dans les ravins, les lieux humides et dans les marais que se rencontrent la plupart des espèces de ce genre; ces Üiseaux sont le plus souvent à terre, courant sur le sol ou sur les arbres renversés pour y chercher et saisir les Insectes dont on trouve constamment des débris dans leur estomac mus- culeux. Ce n’est que de temps à autre qu'ils se penchent sur la sommité des buissons ou le long de la tige des graminées; ils choisissent plus fréquemment une branche morte et élevée pour y voir de plus loin. Ils vont toujours sautillant et faisant mouvoir leur queue ainsi que leurs petites ailes. Lorsqu'ils sont effrayés, ils s’envolent à peu de distance et plongent dans l'épaisseur des fourrés, pour, de là, descendre sur le sol et prendre leur course, qui est vraiment rapide pour des Oiseaux de cette exiguité. (J. VerREaux, Zool. tas. et austr., mss.) Is font indistinctement leurs nids le long et au milieu des graminées, ou sur des arbres et arbustes à peu de hauteur de terre. J. Verreaux en a rapporté un du Malure à longue queue, qui était d'environ quatorze centimètres de hauteur sur neuf de largeur; l'ouverture s’en trouvait en haut et semblait protégée par les branches qui en cachaient l'entrée : il était composé d'herbes sèches, de feuilles mortes, de racines fines; et l’intérieur, qui était d'environ cinq centimètres de profondeur, se trouvait garni de substances moelleuses; on y remarquait, entre autres, une assez grande quantité de plumes de Poule de Kakatoës, de Strix, ete. Ce nid se trouvait à environ un mètre trente-trois centimètres (quatre pieds) d’élévation de terre et assez bien caché dans une touffe ou dans un buisson de l'espèce d’arbuste appelée Thee-tree. Un autre nid avait une apparence toute différente : il était mélangé de débris d'écorces d’eucalyp- tus, de mousse et de divers débris d’autres plantes : il n’était guère qu'à un mètre de terre, très-bien caché dans un buisson épais. Enfin, le même voyageur a trouvé un nid de Mérion bleu dans un citronnier, à la sommité de cet arbuste, à près de un mètre soixante-six centimètres (cinq pieds) du sol; et il était à peine caché par quelques feuilles. Il se trouvait attaché à une branche par le côté et soutenu par des feuilles en dessous, et son ouverture se trouvait à la partie supérieure, mais un peu de côté : sa forme était à peu près ovalaire. Il était composé de débris d’eucalyptus, de quelques racines fines et de graminées à l'extérieur; l’intérieur contenait quelques plumes; mais il était si clair, qu'il était facile de voir le jour au travers. Le nombre des œufs que renferment ces nids dépasse rarement trois : ils sont d’une forme allongée et presque elliptique, étant arrondis aux deux extrémités; le fond de couleur est toujours le blanc pur, recouvert surtout à l’un des bouts de quelques points d'un ton brique plus ou moins rosé; sou- vent aussi on n'y distingue aucune de ces taches. MÉRION DE LAMBERT. MALURUS LAMBERTI (Vigors et Horsñeld.) Tête d’un vert bleu qui se détache sur les oreilles, où les plumes sont longues et susceptibles de se redresser; mais tout le pourtour de l'occiput est d’un bleu d’azur vif, et, sur le milieu de la tête, il est facile de distinguer une tache brune qui occupe un grand espace et qui perce visiblement au tra- vers du vert-bleu foncé qui termine chaque plume; un demi-collier d’un noir de velours se dessine sur le derrière du cou et vient joindre le noir qui colore la gorge et le devant du cou, ainsi que la poitrine et une petite portion des côtés du front : au-dessous du collier noir se voit un autre demi- 86 HISTOIRE NATURELLE. collier d'un bleu d'azur qui devient d’un violet admirable sur ses parties latérales, c’est-à-dire en avant de l'aile. Le dos est d’un roux marron vif et elair, là les plumes sont longues et viennent cou- vrir la partie antérieure des ailes; mais immédiatement après se trouve une tache d’un bleu azuré qui est également en partie couverte par les longues plumes du dos; le croupion est recouvert de longues plumes d’un noir de velours, et les couvertures supérieures de la queue sont mélangées de noir et de brun. Toute la partie inférieure est blanche, avec une légère teinte fauve sur les flancs. Les ailes sont brunes, ainsi qu'une partie de leurs couvertures. La queue, très-étagee, est composée de dix rectrices d’un vert-bleu sale et terne; la plus externe est si petite, qu’à peine peut-on la compter au nombre de ces dernières; la seconde est bordée latéralement de gris et terminée de blanc, ainsi que la troi- sième, tandis que cette couleur est à peine perceptible sur l'extrémité de la quatrième, et encore moins sur les deux médianes. Les couvertures inférieures des ailes sont d’un fauve clair. Le bec noir; l'iris d’un brun foncé; les tarses et les ongles brun clair. Longueur totale, 0®,11; de la queue, 0,07. (3. VERREAUX.) Fig. 416 et 417. — Mérion de Lambert. (Mäle et femelle.) x TROISIÈME FAMILLE. — TIMALINÉS. Les Timalinés sont de création très-récente; les espèces qui la composent ont été ballottées dans bien des genres, que l'on a souvent éloignés les uns des autres. Ainsi M. Gray les a rangés dans ses Turdidæ, les composant des genres : (o2] — OISEAUX. 4° Donacobius, Swainson; 2% Cinclosoma, Nigors et Horsfield; 3° Crateropus, Swainson; 4° Garrulay, Lesson: 5° Trochalopteron, Hodgson, 6° Actinodura, Gould; 7° Pterocyclus, Gray; 8° Pellorneum, Swainson; 9° Turnagra, Lesson; 400 Timalia, Horsfield; 41° Pomathorinus, Horsfield: 49 Icteria, Vieillot. M. Ch. Bonaparte, simplifiant cette composition, l'a restreinte aux genres suivants: 4° Psophodes, Horsfield; 20 Spenostoma, Gould; 3° Xerophila, Gould; 4° Chrysomma, Hodgson; 5° Timalia; 6° Minornis, Hodgson; T° Turdirostris, Hay: 8° Macronus, Jardine. Combinant ces deux systèmes, nous maintenons, pour nos Timalinés, neuf genres, qui sont: 1° Macrone (Macronus); 2 Mégalure (Megalurus), Horsfield; 3° Cratérope (Crateropus); 4° Cinclorhamphe (Ginclorhamphus), Gould; 5° Donacobie (Donacobius\: 6° Timalie (T'imalia); 7° Mixornis (Mixornis); 8° Cinclosome (Cinclosoma); 9 Sphénostome (Sphenostoma). Ce sont des Oiseaux dont le bec est généralement court et égale à peine la longueur de la tête, déprimé à sa base seulement, comprimé dans le surplus, à tarses et pattes proportionnés et assez forts, à ailes surobtuses. Ils ne vivent que dans les halliers, se nourrissent exclusivement d'Insectes, ont le vol court et nichent près de terre; plusieurs ont un chant assez agréable. Tous appartiennent à PAsie méridionale, à l'Océanie et à l'Australie. 4e GENRE. — MACRONE. MACRONUS. Maxpos, long; ovué, ongle CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque aussi haut que large, mais légèrement déprimé à la base, à mandibule supérieure infléchie vers la pointe, qui est échancrée et dépasse la mandibule infé- rieure, celle-ci relevée à son extrémité; commissure rectiligne; quelques poils alloxgés à la base. Marines latérales percées à la portion antérieure d'un opercule membraneux, et presque entière- ment recouvertes par de petits poils et par les plumes du front. 88 HISTOIRE NATURELLE. Ailes courtes el arrondies, surobtuses; la cinquième et la sixième rémiges les plus longues. Queue médiocre, large et arrondie. Tarses courts, de la longueur du doigt médian, largement scutellés; doigts proportionnellement longs, les deux latéraux égaux; le pouce plus fort et égal au médian, son ongle le plus fort de tous, ceux de devant élant assez courts, recourbés el aiqus. Fig. 418. — Macronus ptilosus. Fig. 419. — Macronus ptilosus. Ce genre, synonyme du genre Napothera, Boié, et qui comprend les genres Malacopteron, Eyton, FT 4 . = , , . Turdinus et Setaria de Blyth, se compose, pour M. Gray, de quatorze espèces de l’Inde et de l'Asie méridionale. Nous figurons le Macrone grammiceps. Les espèces de ce genre, qui sont des Fourmiliers pour M. Temminck, touchent de très-près aux Timalies. Une espèce, celle dont nous donnons la description, offre, ainsi que l’a remarqué M. Eyton, quelques points de contact avec les Laminés; mais elle n’en a pas moins, comme ses congénères, les mœurs et les habitudes des Timalies, dont nous ne croyons pas devoir les séparer. Fig. 120. — Macrone grammiceps. MACRONE A LONGS DOIGTS. MACRONUS MACRODACTYLUS. (Strickland, Gray.) Tête, nuque et haut du dos d’un brun roux, chaque plume bordée d’une teinte plus foncée; crou- pion, ailes et queue d’un ferrugineux obscur, passant au noirâtre sur cette dernière; lorums blanchà- tres; joues brun obscur; menton et gorge d’un beau blane, chaque plume terminée d'un brun fuligi- neux; abdomen blanc sale, flancs et région anale d'un brun roussâtre; bec et pieds brun foncé. Longueur totale, 0,19, De Malacca. 59 Qme GENRE. — MEGALURE. MEGALURUS. (Horsfeld, 1820.) Meyo:, J2n, grand; SUoæ, queue CARACTÈRES GÉNEÉRIQUES. Bec médiocre, de la longueur de la tête, aussi haut que large, à arête supérieure el commuissure courbées jusqu'à la pointe, qui est échancrée, l'arête inférieure se relevant à son extrémité; quel- ques poils roides à la buse. Narines basules, à ouverture ovalaire et nue. Ailes médiocres, surobtuses, la première rémige assez courte, la seconde plus courte que la troi- sième, celle-ci avec la quatrième et la cinquième, qui sont égales, les plus longues. Queue très-allongée et étagée. Tarses robustes, largement scutellés, de la longueur du doigt médian; doigts allongés, les lalé- raux presque égaux, l'externe légèrement soudé à sa base, le pouce et son onale longs et vigoureux, celui-ci du double de longueur du médian et plus crochu. Fig, 121. — Megalurus palustris. Fig. 1929. — Megalurus palustris. Ge genre se compose de sept espèces de l'Australie et de l'Océanie. Nous figurons le Mégalure citrin. Les Mégalures fréquentent les plaines herbeuses. Le mâle s'élève souvent en l'air en commençant une espèce de chant qu'il continue lorsqu'il redescend en se cachant au milieu des herbes. On ne sait rien de particulier sur leurs mœurs. Fig. 195. — Mégalure citrin. 90 HISTOIRE NATURELLE. 5e GENRE. — CRATÉROPE. CRATEROPUS. (Swainson, 1831.) Koatesc:, fort; eus, pied. f $ CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, de lu longueur de la tête, généralement fort, comprimé sur les côtés, à arête su- périeure el commissure infléchie, jusqu'à la pointe, qui est plus où moins échancrée et un peu ai- que, quelques poils à la base, ou inerme. Narimes larges, lunulées et recouvertes par une squamelle membraneuse Fig. 12% — Crateropus bicolor. Ailes assez courtes, très-arrondies, Surobtuses, la quatrième rénige presque égale aux cinquième el sixième, qui sont les plus longues. Queue longue et étagée. T'arses de la longueur du doigt médian, robustes, recouverts de squamelles; doigts longs et forts, les latéraux égaux, le pouce très-long et vigoureux, muni d'un ongle crochu du double de lon- queur de l'ongle médian. Fig. 195. — Crateropus bicolor Ce genre renferme quatorze espèces exclusivement propres à l'Afrique. Nous figurons le Cratero- pus Jardin de Smith. Ce sont des Oiseaux qui tiennent le milieu entre les Merles et les Timalies, mais sur les mœurs desquels on possède encore fort peu de détails. CRATÉROPE RUBIGINEUX. CRATEROPUS RUBIGINOSUS. (Rüppel.) En dessus d'une couleur brune rubigineuse: le rachis de chaque plume frontale rigide et de OIS AUX. 91 couleur blanchâtre; en dessous d'une couleur d'ombre vineuse; bec, pieds et ongles couleur de corne. Longueur totale, 0,25. Du Schoa, en Abyssinie Fig. 196. — Cratérope de Jardiuc. gue GENRE. — CINCLORHAMPHE. CINCLORHAMPHUS. (Gould.) Keyrhos, Cincle; pauçcs, bec CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec unpeu plus court que la tête, légèrement arqué el échancré; commissure subangulcuse à sa base, puis arquée dans toute sa longueur Narines latérales ovales. Fig, 197, — Cinclorhamphus cruralis Aules médiocres, rigides, subaiguës, à première rémige tongue, la seconde el la troisième égales, et plus lcngues. Queue petite, cunéiforme. 92 HISTOIRE NATURELLE. Tarses robustes, de la longueur du doigt médian, seutellés en avant; doigts allongés, robustes, le pouce surtout, qui est articulé à La base du tarse. Fig. 198. — Cinclorhamphus cruralis Ce genre, auquel nous adjoignons avec M. Gray le genre Heterura de Hodgson, renferme quatre espèces de l'Australie et de l'Asie centrale. Nous figurons le Cinclorhamphe roussâtre. Les Cinclorhamphes fréquentent les endroits eultivés de l'Australie, courent volontiers à terre. Leur vol est court, cependant quelquefois ils s'élèvent assez haut en ligne perpendiculaire au moyen d'un petit trémoussement des ailes, puis bientôt reprennent leur vol horizontal d'une manière soutenue. CINCLORHAMPHE CHANTEUR. CINCLORHAMPHUS CANTILLANS, (Gould. En dessus couleur d’ocre obscur, plus foncé au centre de chaque plume; une tache triangulaire noire à l'angle interne de l'œil; gorge et poitrine d’un blanc sale, chaque plume de cette dernière partie portant une raie longitudinale brunätre; le dessous du corps d’un brun pâle plus foncé au mi- lieu de l'abdomen. Longueur totale, 0",29. Fig. 129 et 150 — Cinelorhamphe roussätre (Mâle et femelle } Fio. 4. — Colluricincla rufiventris Fig. 2. — Dacelo gigantea. PI 19 OISEAUX. 95 dv GENRE. — DONACOBIE. (D’Orbigny et De La Fresnaye.) DONACOBIUS. (Swainson, 4831.) AGyzË, 220c, roseau; ftow, je vis. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, comprimé sur les côtés, à arte supérieure el commissure qraduel- lement courbées de la base à la pointe, qui est échancrée; la mandibute inférieure se relevant insen- siblement à son extrémité; quelques poils à la base. Narines basales, percées dans une large fosse, elliptiques et nues. Ailes très-couries el arrondies, surobtuses, les quatrième, cinquième el sixième rémiges égales entre elles, les plus longues. Queue assez longue et très-arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, robustes, couverts de larges écailles unies; les doigts longs et forts, les latéraux égaux, l’externe soudé à sa base, le pouce très-long et vigoureux, muni d'un ongle du double plus long et plus fort que celui du doigt médian, courbé et aigu. Fig 151. — Donacobius atricapillus Fig. 132. — Donacobius atricapillus Cette division générique avait originairement été créée par Wagler, en 1827, sous le nom de Ci- chla, qui, ayant été précédemment employé, a dû faire place à celui de Swainson. Ce genre ne ren- ferme que deux espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons le Donacobie à bandelette blanche de MM. D'Orbigny et De La Fresnaye. Ces Oiseaux, d'après DAzara, ne sortent jamais des lieux inondés et des environs des eaux stag- nantes. Quoiqu'ils se laissent apercevoir dès le grand matin sur les plantes aquatiques, ils y res- tent pour l'ordinaire fort cachés; ils sont solitaires, et le plus souvent le mâle se tient à vingt ou trente pas de la femelle. Ils ne sont point défiants, ils sont peu actifs, et leur vol est court et bas. M. D'Orbigny les a également rencontrés dans les marais et au sein des lacs entourés de forêts. II est rare qu'il y en ait plus d'un couple par lac; mais chacun paraît avoir le sien. Toujours, au plus épais des roseaux et des jones, on entend plutôt qu'on ne voit les deux consorts se répondre à la distance d'une trentaine de pas Pun de l’autre. Au temps des amours, leurs chants redoublent de force; ils en font alors retentir au loin les marais; ils semblent vouloir couvrir à eux seuls le chant des autres Oiseaux. Jamais ce voyageur ne les a entendus ailleurs que dans les lieux inondés, où ils vivent d’Insectes, ce qu'il a pu reconnaitre à l'inspection de leur estomac. DONACOBIE A AMYGDALES NUES. DONACOBIUS ATRICAPILLUS. (Linné, Gray) Le dessous du eou et du corps est d’un roux mélé de jaune-paille; il y a quelques lignes noirâtres sur les flancs. Les couvertures inférieures des ailes sont noirâtres, avec une tache blanche et quel- ques points noirs. Du noir velouté couvre la tête; le dessus du cou et le haut du dos sont d’un noir lavé de roux. Le reste du dessus du corps est roux. Les couvertures supérieures de l'aile sont noirä- ms. 94 HISTOIRE NATURELLE. res et les pennes brunes; mais les extérieures ont une tache blanche fort apparente près de leur origine. La queue est d'un brun noirâtre, et ses pennes, à l'exception des deux du milieu, sont ter- minées de blane. Le tarse est d'une teinte plombée, le bec noir et l'iris d’un très-bel orangé. Longueur totale, 0,22. Se trouve au Paraguay. Gue GENRE. — TIMALIE. TIMALIA. (Horsfield, 1820.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, fort, comprimé partout, plus haut que large, légèrement fléchi; arête arrondie, s'avançant entre les plumes du front; mandibule inférieure comprimée, droite. Narines basales, latérales, rondes. couvertes par une membrane garnie dune petite bande de plumes. Ailes courtes, arrondies, surobtuses, la première rémige courte, les trois suivantes élagées; les sixième el septième les plus longues. Queue allongée, arrondie T'arses forts, seutellés, de la longueur du doigt médian, le doigt externe réuni jusqu'à la pre- mière articulation: l'interne libre; pouce robuste, son ongle du double plus grand que les autres. L'ig. 134. — Timalia grisea. Fig. 155. — Timalia grisea Ce genre, qui, pour nous comme pour M. Gray, embrasse les genres Malacocireus, Swain- son, 1832, et Mixornis, Hodgson, 1845, renferme seize espèces, toutes de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Les espèces de ce genre ont de grands rapports de formes avec les Brèves d'une part, et de mœurs OISEAUX. 95 avec les Fourmiliers, desquels M. Temminck les rapprochait, avec Tesquels même il les confondait. Presque toutes vivent au milieu des buissons et cherchent leur nourriture sur le sol, sans cependant y séjourner, s’empressant, aussitôt un Insecte pris, de regagner leur buisson, où elles grimpent et sautillent de branche en branche à la recherche d’une nouvelle proie. Quelques espèces sont sociables. Ainsi, d'après Horsfield, la Tamalia pileata se voit dans les buissons près des villages et des plantations; elle place son nid dans les haïes et se montre rarement dans les grandes forêts: son chant est très-agréable et cadence. TIMALIE TACHLTÉE. TIMALIA LARVATA, (Muller) En enter d'un roux olivâtre; dessus de la tête d’un brun obseur, finement strié de blanc; dessous de la gorge d'un gris ardoisé bordé de blanc. De Sumatra. TU GENRE. — MIXORNIS. MIXORNIS. Hodgson CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, élargiet déprimé à la base, comprimé à partir des narines jusqu'à la pointe, qui est légèrement échancrée, recourbée, et recouvre celle de la mandibule inférieure, à arête supérieure très-aiqué entre les narines, arrondie et voùtée dans le reste; convnissure presque droite; des poils à la base. Narines percées dans une large fosse membraneuse, de forme arrondie et à découvert. Ailes arrondies, aticignant le tiers de la queue, surobtuses, à premitre rémige très-courte et presque rudimentaire, les cinquième et sixième rémiges les plus longues. Queue arrondie, très-étroite. T'arses courts, grèles. de la longueur du doigt médian, les latéraux égaux ; le pouce court et fort. Son angle de même longueur, aigu et crochu, ainsi que ceux antérieurs. Fig. 156. — Hirorms Borneensis. Fig 137. — Mixornis Borneensis Ce genre, compris par M. Gray dans le genre Tamalia, renferme, selon M. Ch. Bonaparte, six espèces de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Nous figurons le Mixornis hausse-col, Mixornis po- liopsis. MIXORNIS DE BORNÉO. MIXORNIS BORNEENSIS. (Ch. Bonaparte.) En dessus, en enuer d’un brun marron foncé uniforme; lorums et joues noirâtres; gorge et poitrine blanches, marquées de flammèches brunes striées de noir dans leur centre; ventre et abdomen d’un 96 HISTOIRE NATURELLE. jaune soufre clair, strié finement de gris noirâtre; ces stries résultant plutôt de la couleur du rachis de chaque plume que de leurs barbes; bec et pattes couleur de corne. Longueur totale, de 0m,13 à 0,14. De Bornéo. Fig. 138 — Mixornis hausse-col. 8" GENRE. — CINCLOSOME. CINCLOSOMA. Vigors et Horsfield, 1895. Keyxhos, Cincle; cwuzx, corps. CARACTERES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, à peine de lu longueur de la tête, comprimé sur les côtés, à arête supérieure fœ- blement courbée; commissure presque droite, l'arête inférieure se relevant vers la pointe, qui est légèrement échancrée; quelques poils à la base. Narines basales et linéaires, leur ouverture couverte par une squamelle membraneuse. Ailes courtes et arrondies, subobtuses, les troisième, quatrième et cinquième rémiges les plus longues. Queue allongée et étage. Tarses de la longueur du doigt médian, couverts de squamelles; doigts médiocres, les latéraux égaux, le pouce avec son ongle moins long que le doigt médian; ongles médiocres, courbés, celui du milieu égal à celui du pouce y d Fig 139. — Cinclosoma cinnamomeum. Fig. 140 — Cinclosoma cinnamomeum . Ce genre renterme quatre espèces propres à l'Australie. Nous figurons les Cinclosomes ponctué et cannelle. OISEAUX. 97 Les Cinclosomes, dit M. Gould, sont répandus sur une très-vaste étendue de la Nouvelle Hollande; mais partout ils sont sédentaires. On les rencontre sur tous les points de la terre de Van-Diemen et de l'Australie. Pendant que j'explorais le sud de cette contrée, J'ai rencontré les trois espèces de Cinclosomes répandues à sa surface, entre la grande ceinture de Murray et le lac Alexandrina, qui paraissent être leurs limites d'habitation de l'est à l'ouest; mais du côté du nord leur extension n’est pas bien connue. Les Cynelosomes habitent de préférence les sommets des petites collines pierreuses et des vallons rocheux couverts d'herbes et de broussailles. Leur vol est très-court, et ils prennent très- rarement leur essor, excepté pour traverser un vallon ou passer d’un buissoi à un autre. Ils savent ordinairement se soustraire aux poursuites en courant avec célérité sur ce sol pierreux et se cachant sous le fourré; et, lorsqu'on les force à en sortir, ils s'élèvent d’un vol lourd et bruyant, comme la Perdrix et la Caille. Ce vol n’est qu'une suite d’ondulations qui se terminent par la descente brusque et presque perpendiculaire de l'Oiseau sur le sol. Ils se perchent rarement sur les petites branches des arbres; mais on les voit souvent marcher sur leurs troncs abattus et si nombreux dans les forêts de la Nouvelle-Hollande. Privés de ces chants dont sont doués les Merles, leur voix ne consiste que dans un faible sifflement, qu'ils répètent souvent sous le fourré, et qui décèle leur présence. On en apporte souvent au marché de Kobart-Town, où on les expose en vente avec des Pigeons aux ailes bronzées. Ils s’y rencontrent communément sous le nom de Ground-Dowe, Pigeon de terre, nom qui leur a sans doute été donné d'après leurs habitudes de marcher et de se nourrir sur le sol, comme les Pigeons, et aussi d’après la délicatesse de leur chair. Leurs muscles pectoraux sont très-déve- loppés et très-charnus, et leur corps, lorsqu'il est plumé, a la forme de celui de la Caille. L'époque de l'incubation est en octobre et les trois mois suivants; durant ce laps de temps, ils font deux ou trois couvées. Le nid, qui est toujours sur le sol, adossé à quelque grosse pierre ou à un tronc d'arbre, ou simplement au milieu d’une touffe d'herbe, est grossièrement construit de feuilles et d'écorces secondaires d'arbres. Les œufs, qui sont au nombre de deux, quelquefois de trois, sont à fond blanc tacheté de brun. Les petits, qui dès le second jour de leur naissance sont couverts d'un épais et long duvet noir, comme les jeunes des espèces du genre Räle, sont bientôt en état de courir, et se revêtent de très-bonne heure du plumage de l'adulte, après quoi ils ne sont sujets à aucuns changements périodiques dans leur livrée. L'estomac est très-musculeux, et renfer- mait, dans ceux qu'on a disséqués, des restes de Chenilles et de graines mélés à des grains de sable. (Birds of Australia ) CINCLOSOME PONCTUÉ. CINCLOSOMA PUNCTATUM. (Vigors et Horslield.) Parties supérieures brunes, flammées de noirâtre; ces marques sont grandes sur le manteau et sur les longues plumes du croupion, et à peine visibles sur la tête et le derrière du cou: les plumes du front ont une teinte grise; une bande blanche part de la base de la mandibule supérieure, passe au- dessus de l'œil en forme de sourcil, et va se perdre sur les côtés de l'occiput, les plumes qui recou- vrent les oreilles sont du même brun que le dessus de la tête; les côtés de la face, le menton et une portion du haut de la gorge sont d’une couleur blanchâtre; mais il y a de chaque côté du cou une grande tache rousse qui se trouve séparée par le gris qui colore la partie latérale du cou, le devant de la gorge et le haut de la poitrine. Cette dernière est d’un blanc isabelle qui devient de plus en plus pur sur l'abdomen; les flancs et les couvertures inférieures de la queue sont d’une couleur fauve variée de blanc, avec des taches oblongues noirâtres devenant plus étroites et plus allongées sur les couvertures inférieures de la queue, dont quelques plumes sont mélangées de grisâtre. Les ailes sont brunes, et l'on aperçoit un peu de blanc sur les barbes externes des plus grandes rémiges, et sur une grande partie des tectrices, dont quelques-unes sont du même brun que le dos, tandis que celles qui se trouvent près du bord sont noirâtres; celles de l'épaule sont grises, avec une ligne noirâtre au centre, et la majeure partie de ces petites plumes a une petite tache blanche à l'extrémité; sur les plumes des ailes les plus rapprochées du corps existe une forte teinte de roux, avec une ligne noirâtre au centre de chacune d'elles. La queue est grise, mais les quatre rectrices latérales sont noires, et toutes sont terminées de blanc, les deux médianes exceptées. Les couvertures inférieures des ailes o* 15 98 HISTOIRE NATURELLE. sont blanches, variées de noir vers les grandes pennes. Iris d’un bleu sale; tarses d’un blane bleuà- tre; ongles d’un brun clair. (La femelle.) Longueur totale, de 0",25 à 0,26. (J. VERREAUx.) Les œufs de cette espèce sont longs d’un pouce et quelques lignes, blancs, avec de grandes taches d’un brun olive, surtout vers le gros bout, et dont quelques-unes, plus ternes, semblent peintes sur la surface interne de la coquille. (Gour.) Que GENRE. - SPHÉNOSTOME. SPHENOSTOMA. (Gould, 1837.) Env, nv0:, coin; cz, bouche, bec. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, conique, plus haut que large, à arête supérieure bombée et courbée de la base à la pointe, qui est entière; la commissure presque droite dans toute sa longueur, excepté vers la pointe, où elle s’infléchit, l'arête inférieure se relevant à son extrémité; de longs poils fins à la base. Narines latérales, arrondies, plus ou moins nues. Ailes courtes, surobtuses, les quatrième, cinquième et sixième rémiges les plus longues; toutes assez courtes ct qraduées. g Queue longue et élagée. Tarses de la longueur du doigt médian, robustes, fortement scutellés; doigts assez longs et forts. les latéraux égaux, l'externe légèrement soudé à sa base; le pouce et son ongle, qui est plus crothu et plus long que les autres, vigoureux. Fig D 141. — Sphenostoma cristatum Ce genre, dans lequel nous comprenons le genre Xerophila du même auteur, ne se compose que de deux espèces de l'Australie. Nous figurons le Sphenostoma leucopsis. Les Sphénostomes se rencontrent dans les plaines de l'intérieur de l'Australie, dont ils fréquentent les buissons; mais l’on ne possède aucuns détails sur leurs mœurs. SPHÉNOSTOME HUPPÉ. SPHENOSTOMA CRISTATUM. (Gould. Parties supérieures d’un gris brun, avec des flammèches un peu plus foncées, visibles surtout sur le manteau et les scapulaires, ainsi que sur le milieu des plumes de la huppe, qui sont longues, molles, un peu recourbées en avant vers le haut, où elles sont d'une teinte plus foncée; rémiges brunes, bordées de même couleur plus claire; les quatrième et einquième blanches sur une partie de leurs barbes externes. Queue d’un brun noirâtre, à rectrices terminées de blanc, excepté les médianes, qui sont d’une teinte plus brune, mais toutes striées en travers. Gorge et parties inférieures blan- Fi — Smicrorms flavescens — Arlanrus cinereus OISEAUX. 99 châtres, légèrement flammées sur le devant du cou, sur la poitrine et les couvertures inférieures de la queue; flancs gris-brun. Bec noir; tarses noirs. Longueur totale, 0,20 à 0",21: de la queue, 0,08. (J. VERREAUX.) Fig. 142 el 145. — Sphénostome leucopsis. (Mâle et femelle.) DEUXIÈME TRIBU. SYLVIPARIDES. SYLVIPARIDÆ. (0. Des Murs et Chenu.) Nous formons cette tribu de familles et de genres qui, sans avoir une homogénéité complète de caractères zoologiques, ont une entière conformité de mœurs qui empêche de les éloigner de la tribu des Paridés qui va suivre, ce qui, joint à cette considération que le caractère zoologique principal de chaque famille se trouve avoir son type dans presque chacun des genres de la famille des Parinés, rend le rapprochement de ces deux tribus des plus naturel. Ainsi, les familles dont nous composons notre tribu des Sylviparidés sont les suivantes : 1° Sylviparinés, 2° Pardalotinés, comprenant le genre Bombycilla, 3° Falcunculinés. Or, les Falcunculinés ont (portés à leur suwmmum) tous les caractères du genre Poecila; nos Sylvi- parinés ceux du genre Parus, et les Pardalotinés ceux des genres Panurus et Certhiparus, réalisant ainsi complétement toutes les conditions du système du parallélisme en zoologie, dont les bases ont été depuis longtemps si heureusement mises en lumière par notre illustre maître M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire. Quant à sa composition, à l'exception des Falcunculinés que nous y avons introduits, notre tribu 100 HISTOIRE NATURELLE. des Sylviparidés représente exactement la famille des Ampelidæ de M. Ch. Bonaparte, avec lequel sur ce point nous sommes en parfaite communauté d'idées, et qui la composait des trois sous-familles Liotrichinæ, Pardalatinæ et Ampelinæ. Nos Sylviparinés, en effet, ne sont autre chose que ses Liotrichinæe, qu'il a empruntés à Swainson; et si, pour étymologie ou racine de notre nom de fa- mille, nous avons préféré le nom du genre Sylviparus à celui du genre Leiothryx, c’est parce qu'il représentait mieux l'ordre d'idées dans lequel a été conçu notre travail, et faisait mieux comprendre les motifs du rapprochement que nous espérons de cette famille, modifiée par nous, et de celle des Parinés. PREMIÈRE FAMILLE. — SYLVIPARINÉS. Les Sylviparinés se composent de genres d'Oiseaux qui ont les plus grands rapports d'aspect et d'allures avec les Parinés, dont l'ensemble de leurs caractères zoologiques les rapproche même beau- coup; ils n’en différent que par une dépression un peu marquée du bec. Ainsi que nous venons de le dire, nos Sylviparinés représentent assez exactement les Liotrichinæ de M. Ch. Bonaparte. Nous n’en supprimons que le genre Lioplilus, réduisant la famille aux genres suivants : 1° Stachyris, Hodgson; 9° Leiothrix, Swainson; 3° Melanochlora, Lesson, 4 Sylviparus, Burton ; D Suthora, Hodgson. IT GENRE. — STACHYRIS. STACHYRIS. (Hodgson, 1845.) Erayonocs, en épi (à cause de la forme des points blanes qui ornent la tête de l'espèce type). CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, fort, droit, en cône allongé, très-comprimé, aussi large que haut à la base, à arête élevée entre les narines, arrondie en avant jusqu'à la pointe, qui est entière et dé- priméc ; la mandibule inférieure relevée & son extrémité, qui est échancrée ; commissure droite. Narines percées dans une large fosse recouverte par une squamelle membraneuse, à ouverture arrondie, et en partie cachées par les plumes du front Ailes courtes, très-arrondies. Queue médiocre, étagée, ou plutôt en forme de coin, les rectrices à barbes décomposées ou sub- rigides. Tarses élevés et forts, de la longueur du doigt médian; doigts courts, déprimés, inéqauæ, soudés à la base; le pouce large et égal au doigt externe; les ongles rappellent ceux des Mésanges, dont ils ont les pattes. Langue simple, bifide à la pointe. Ce genre, créé par M. Hodgson, qui l'avait nommé précédemment Cilathora, à été rangé par lui dans les Brachypodinæ de Swainson, et envisagé comme faisant le passage entre cette sous-famille et les Leiotrichynæ du même auteur. Fig. 1. — Monarcha trivirgata. Fis, 2 — Gymnorhina Tibicen . 21 OISEAUX. ao M. Ch. Bonaparte, tout en le conservant dans cette dernière sous-famille, l'a placé avec elle en tête de ses Ampelidæ. Ce genre repose sur quatre espèces tout à fait nouvelles, dont trois découvertes par le major Hodg- son, de l'Asie centrale et méridionale, dont aucune n’a encore été figurée. Ces Oiseaux, d'après cet ornithologiste, fréquentent presque exelusivement les régions montueuses inhabitées et ne vont pas en troupes : leur nourriture se compose d'Insectes et de larves, rarement de graines. [ls sont forestiers, placent toujours leur nid dans l’enfourchure des arbres, et lui donnent une forme globulaire. STACUYRIS A TÊTE NOIRE. STACHYRIS NIGRICEPS. (Hodgson.\ Ea dessus d'un rouge brun plus foncé et plus marqué sur les ailes et la queue; en dessous couleur de rouille enfumée; sommet et côtés de la tête noirs, piquetés de blanc pur, menton blanc, entouré d'une bande noire s'étendant jusqu'à la pointe supérieure de la poitrine; jambes couleur de chair; bec d'un jaune de corne plus ou moius obseur; iris orange pâle. Longueur totale, 0",14. Habite l'Himalaya oriental et méridional. Que GENRE. — LEIOTHPIX LEIOTHRIX. (Swainson, 1831.) Aetc: NES + 5, uni, luisant; 6216, cheveu. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de même longueur ou plus ou moins court que la tête, à arête graduellement courbée jusqu'à la pointe, qui est échancrée; comprimé sur les côtés; à commissure très-légèrement ondulée; la man- dibule inférieure se relevant à son extrémité. Narines basales latérales, membraneuses, à ouverture lunulée. Ailes médiocres et arrondies, surobtuses, les quatre premières rémiges également étagées, les cin- quième et sixième les plus longues. Queue médiocre et un peu fourchue, ou plus où moins égale ou arrondie, les rectrices parfois acuminées à leur extrémité. Tarses minces, un peu plus longs que le doigt médian, recouverts de larges squamelles; doigts assez longs, les latéraux inégaux, l'externe allongé et soudé à sa base; pouce de la longueur du doigt médian; ongles petits, minces et courbés. Fig. 44%. — Leiothrit sinensis. Fig. 145. = Letothrit sinensts. Ce genre, rangé par M. Gray dans ses Pachycephalinæ, compte huit espèces de l'Asie centrale, © 2 © [ y ! 1 MCD , . n . que M. Ch. Bonaparte a classées dans l'ordre des subdivisions qu'y avait établies M. Hodgson, et dont il conserve les noms de Fringilloparus, Hemiparus, Certhiparus, Proparus, qui tous justifient 102 HISTOIRE NATURELLE. le rapprochement que nous faisons de cette famille et des Parinés, et auxquels il a ajouté la subdivi- sion du Furcaria de Lesson. Outre ces genres, le genre Leiothrix comprend les genres Bahila, Callipyga, Minla, Siva, Jora- pus, Mesia et Philocalyx, Hodgson, qui ne sont que les synonymes des subdivisions ou sous-genres qui précèdent. Nous figurons le Leiothrix bigarré. Les Leiothrix sont des Oiseaux qui habitent les parties montueuses de l'Inde et de ses îles. La plu- part, d’après M. Hodgson, vivent par bandes, fréquentent les forêts et montagnes, se cramponnant, comme les Mésanges, autour des feuilles, qu'ils contournent, ainsi que les plus fines branches, pour y chercher les Insectes dont ils se nourrissent; ils grimpent aussi, à la manière de nos Rousserolles, le long des hautes tiges de graminées. Outre les Insectes, leur nourriture comprend aussi les baies et les graines. Fig. 146. — Leiothrix bigarré. LEIOTHRIX BLEU. LEIOTHRIX CYANOUROPTERA. (Hodgson, G. R. Gray.) Dessus de la tête avec la huppe et nuque d’un cendré tournant au bleuâtre; dos et couvertures alaires d’un brun cannelle olivätre; ailes et dessus de la queue en partie bleus; barbes internes des rémiges noires, terminées de blanc à leur pointe; chaque rectrice terminée également de blanc à la partie interne de sa pointe; en dessous d’un brun cannelle pâle. Longueur totale, 0,13. Habite l'Himalaya, le Darjiling, l'Assam. Ge GENRE. — MÉLANOCHLORE. MELANOCHLORA. (Lesson, 1839.) Mehas, ehavec, noir; ZA&Wp0£, jaune verdâtre CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec fort, comprimé, à mandibule supérieure arquée. Narines arrondies, basales, recouvertes de poils courts. Fig. 1. — Zosterops dorsalis. Fig 2 — Pteropodocys phasianeilus. 12 12 OISEAUX. 103 Ailes surobtuses, à première rémige bätarde, la seconde à peine plus courte que la troisième, les quatrième, cinquième et sixième égales entre elles, les plus longues. Queue longue et arrondie. Tarses allongés, ongles forts, celui du pouce surtout. Fig. 147. — Melanochlora flavocristata. Fig. 148. — Melanochlora flavocristata Ce genre, rangé dans les Mésanges par M. De La Fresnaye et par M. Gray, à pour synonyme le genre Crataionyæ, Eyton, de la même année. Il ne repose que sur deux espèces longtemps confon- dues ensemble. Nous figurons le Mélanochlore à huppe jaune, dont nous donnons aussi la des- cription. SM a On en ignore les mœurs. Ce sont des Oiseaux de l'Asie centrale et de l'archipel indien, Fig, 449. — Mélanochlore à huppe jaune. MÉLANOCIILORE À HUPPE JAUNE. MELANOCHLORA FLAVOCRISTATA. (De La Fresnaye, Lesson ) Toute la partie supérieure de l’Oiseau, excepté le dessus de la tête, est d’un noir assez mat, se re- flétant cependant en vert olive à certain jour. Toutes les plumes du dessus de la tête sont allongées, principalement celles du sommet, d'un beau jaune serin, et forment une huppe élégante qui se ter- mine en pointe vers l’occiput. Les grandes couvertures de l'aile sont bordées, à leur extrémité, d’un blanc jaunâtre sale, formant sur l'aile une ligne oblique, étroite, de cette couleur, et peu saillante. Les primaires sont très-finement frangées de gris clair. Les ailes pliées dépassent un peu la moitié de la longueur de la queue. Celle-ci est plus allongée que chez beaucoup d'espèces, et fortement arron- die, presque étagée, la première rectrice latérale étant de quinze millimètres plus courte que les mi- toyennes; elles sont toutes assez notablement larges, et la première latérale est bordée de blanc à son extrémité. Tout le plumage du dessous de l'Oiseau se compose de deux couleurs comme le dessus. Depuis le bec jusqu’au milieu de la poitrine, il est du même noir un peu teinté d'olive que le dessus, et le 10% HISTOIRE NATURELLE. ceste est du même jaune qui colore la huppe. Cette couleur se remarque encore sur la partie exté- rieure du pli de l'aile. Le bec est noir, et les pieds. qui sont forts et très-vigoureux, ainsi que les ongles, du plombé bleuâtre particulier à la plupart des Mésanges. Longueur totale, 0,17. Habite les îles de la Sonde. (Magas. de Zool., 1837.) Se trouve aussi à Malacca, dans l’Assam et l'Himalaya. Ame GENRE. — SYLVIPARE. SYLVIPARUS. (Burton, 1835.) Sylvia, Fauvelte; Parus, Mésange. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-petit, très-court, comprimé dans toute son étendue, sauf à la base, à mandibules égales, lu supérieure légèrement courbée à la pointe. Narines recouvertes par les plumes soyeuses du front. Ailes très longues, s'étendant presque jusqu'à l'extrémité de la queue, subobtuses, la première rémige très-courte, les seconde, troisième et quatrième égales entre elles, les plus longues, la cin- quème beaucoup plus courte, la sixième égale à la première. Queue médiocre, égale. T'arses de la longueur du doigt médian, forts et trapus, annelés; doigts médian et externe unis à leur base, ongle postérieur robuste et plus long que les antérieurs. s Ce petit genre, qui a les plus grands rapports avec les Mésanges, et qui offre, selon la remarque de M. Burton, une combinaison des caractères de ce genre avec les caractères des genres Sylvia et Regulus, n'a été établi que sur une espèce unique de l'Asie centrale, le Sylviparus modestus, que nous allons décrire. On en ignore complétement les habitudes. SYLVIPARE MODESTE, SYLVIPARUS MODESTUS. (Burton.) En dessus d'un vert brunätre; en dessous d’un verdâtre pâle; rémiges et rectrices brunes frangées, à leur bord externe, d’un vert jaunâtre; bec et pieds noirâtres. Longueur totale, 0,16. De l'Himalaya. bue GENRE. — COUTURIÈRE. SULORA. (Hodgson, 1838.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-court, à peine du quart de la longueur de la tête, fort, à arète supérieure courbée jus- qu'à la pointe, qui est tronquée, à conmussure droite, l'arête inférieure renflée et se relevant à son cxlrénuté. Narines basales, latérales, à ouverture arrondie, entièrement cachée par les plumes du front. Ailes très-courtes, surobtuses, les première, deuxième et troisième rémiges régulièrement éla- gées, la quatrième un peu plus courte que les cinquième, sixième et seplième, égales et les plus lon- ques «le toutes. Queue allongée et en forme de coin. Larses trapus, recouverts d'une seule et grande squamelle de la longueur du doigt médian: OISEAUX. 105 doigts médiocres, les latéraux égaux, l'externe soudé à la base; le pouce et son ongle forts; ongles courbés et aigus. Fig. 150. — Sutora Negalensis. Fig. 151.— Sutora Nepalensis. Ce genre, appelé aussi par M. Hodgson Temnoris et Hemirhiynchus, renferme le genre Chlevusi- eus de Blyth, et repose sur trois espèces de l'Asie centrale. Quoique placé par M. Ch. Bonaparte dans sa famille des Ampelidæ, sous-famille des Liothrycinæ, cet auteur n’en avoue pas moins que le genre Sutora se rapproche plus des Paridés que de toute autre tribu. COUTURIÈRE A FRONT FAUVE. SUTORA FULVIFRONS. (odsson, 1845.) En dessus d’un brun roussâtre, cette couleur tournant au fauve sur le front, la gorge et la poi- trine, et devenant encore plus pâle vers le sinciput; les secondaires et la base des rectrices bordées d’une bande marron fauve; le ventre et les flancs grisätres. Bec pâle, brunâtre à la base de la man- dibule supérieure; pieds bruns. Longueur totale, 0,15 environ. Du Népaul. DEUXIÈME FAMILLE. — PARDALOTINÉS. Les Pardalotinés n’ont jamais, que nous sachions, été rangés à leur véritable place. Exelusivement océanienne, cette petite famille, essentiellement moderne, puisque pas une espèce n’en a été connue ni de Linné ni de Buffon, a suivi le sort de beaucoup d’autres, c’est-à-dire subi l'empire de Phabi- tude ou l'influence des précédents. Ainsi, depuis Latham, qui le premier a fait connaître les espèces les plus anciennement découvertes de Pardalotes, jusqu’à Temminck, à l'exception de Vieillot, créa- teur du genre, tous les auteurs, dans l'ignorance où ils étaient des mœurs de ces Oiseaux, ont été d'accord pour les confondre avec ceux du grand genre Pipra de Linné, et en faire des Manakins dont ils ont à peine la forme caractéristique du bec. Swainson, qui n’en savait pas davantage, a suivi les mêmes errements en rangeant le genre créé par Vieillot dans sa famille des Ampelidæ, dont jus- qu’alors les Manakins avaient toujours fait partie, alors que Vieillot les avait déjà introduits dans sa famille des Ægythales, avec les Mésanges et à leur suite. Mais, ce qui est plus singulier, c'est que MM. Gray et Ch. Bonaparte, plus instruits et mieux édifiés par suite des renseignements recueillis sur ces Oiseaux, n’en ont pas moins continué, quoiqu à des points de vue différents, de les conserver dans les Ampélidés; le premier, en les y plaçant avec ses Pachycephalinæ, le second, en en faisant une sous-famille dont nous adoptons le nom (Pardalotinæ) et la composition, mais que nous croyons devoir placer ailleurs et rapprocher des Parinés, à cause de leur similitude de mœurs avec les vraies o* 14 106 HISTOIRE NATURELLE. Mésariges, dont leurs caractères zoologiques sont loin d’ailleurs de les exclure d'une manière absolue. M. Ch. Bonaparte, fondateur de cette famille, la compose des genres suivants : 49 Pardalote (Pardalotus), Vieillot; 90 Prionochilus, Strickland; 3° Piprisoma, Blyth, que nous réunissons en un seul, le genre Pardalotus, et auquel nous ajoutons le genre Bombycilla. Nous exposerons nos motifs tout à l'heure. Nos Pardalotinés se composeront done seulement de deux genres : 4° Pardalote (Pardalotus); 2 Bombycille (Bombycilla), Brisson. 1 GENRE. — PARDALOTE. PARDALOTUS. (Nieillot, 1816.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-court, moins long que la tête, un peu robuste, échancré et courbé à la pointe; mandibule supérieure un peu arquée, l'inférieure convexe en dessous. Narines basales, latérales, percées dans une membrane engagée en partie sous les plumes du front. Ailes allongées et pointues, subaïguës, les trois premières rémiges égales entre elles, les plus longues. Queue médiocre, ample et égale. Tarses minces, presque plus longs que le doigt médian; les doigts également minces, les latéraux presque égaux, l'externe uni à la base avec le médian, le pouce de la longueur des doigts latéraux, ongles médiocres, courbés et aiqus. RE Fig. 159 — Pardalolus punclutus, Fig 155. — Pardalotus puncta!us. Ce genre se compose, pour nous, de treize espèces, dont une seule de l'Asie centrale, et les autres de l'Océanie et de l'Australie. Nous figurons le Pardalote ponctué. Les Pardalotes, dit Jules Verreaux, semblent représenter en Australie nos Mésanges. Comme elles, on les voit très-souvent cramponnés aux feuilles et aux petites tiges, contournant les premières en tout sens. Hors le temps de la ponte, on les rencontre le plus ordinairement cinq ou six ensemble, voltigeant d'arbre en arbre, et recherchant parmi les bouquets de feuilles, sur les eucalyptus surtout, les petits Insectes qui servent à Icur nourriture. Lorsque cependant les Jeunes sont arrivés à un âge assez avancé, il n’est pas rare de les voir se réunir en troupe de vingt à trente, afin de chercher une autre localité pour, après cela, s'accoupler dès que la saison du printemps approche. Leur chant, où plutôt leur petit gazouillement, est agréable et a quelque chose de mélodieux : la voix du mâle est la plus forte. Ce n'estque pendant la saison des amours que chaque couple vit séparément. Un caractère de mœurs des plus remarquables chez les Pardalotes est leur mode de nidification. Tous nichent dans des trous, les uns dans des trous d’arbres, les autres en terre. Fig. 1. — Sylvia formosa 2. — Graucalus Swainsontn OISEAUX. 107 Ainsi les Pardalotes affinis et mélanocéphale, entre autres, choisissent, pour faire leur nid, une cavité d'arbre profonde, dont l'ouverture extérieure est étroite et ne laisse à peine que le passage de l'Oiseau. Ces cavités paraissent du reste assez abondantes, surtout sur ces énormes eucalyptus. Elles se forment le plus ordinairement là où une branche a été cassée; les Insectes commencent d’abord le travail, ensuite les pluies tendent à creuser de plus en plus; et, lorsque la sécheresse revient, d'au- tres Insectes succèdent aux premiers. C’est ainsi, continue notre voyageur, que je me suis expliqué la formation de ces trous, qui, quelquefois, ont plus de trois à quatre pieds; j'y ai toujours trouvé di- verses espèces d’Insectes que je n’ai jamais rencontrés ailleurs. C’est vers l'extrémité opposée à l'ou- verture que ces Oiseaux déposent les débris de graminées et d’écorces moelleuses entrant dans la composition de ce nid, qui est plat et assez évasé. Je m'en suis assuré plusieurs fois en découvrant la place à coups de hache. Les œufs sont ordinairement au nombre de trois ou quatre, et paraissent tellement gros, que j'avais eu de la peine à considérer les premiers que je pris comme appartenant à ce genre d'Oiseaux; ils sont d’un blanc pur et d’une forme plutôt ronde qu'allongée. D'autres espèces, entre autres le Pardalote ponctué, font généralement leur nid dans la terre, en Australie comme en Tasmanie. Le trou dans lequel il est placé a une direction horizontale, et le con- duit qui y mène est d'environ soixante-neuf à quatre-vingt-trois centimètres et quelquefois plus. Ce nid est composé de débris d’écorces d’eucalyptus, d'herbes, etc., mais l'intérieur en est moelleux et le plus souvent garni de plumes. C’est là que la femelle dépose ses œufs. Le docteur Stephenson m'assura avoir vu un de ces Oiseaux qui avait pris possession d’un nid de Æirundo pacifica, dans lequel la femelle avait déposé ses œufs, qu'elle couvait depuis quelque temps, à ce que lui dit M. Rossi, devant la maison duquel était ce nid, qui y existait depuis plusieurs années. (était en sep- tembre qu'il le remarqua. J'ai constaté, et mes chasseurs ont fait la même observation, que l'estomac des Pardalotes ne con- tenait le plus ordinairement que de petits Coléoptères qu'ils ne saisissent qu'au repos. J'ai remarqué que quelques espèces, telles que Le Pardalote ponctué, se nourrissaient aussi de fleurs d'eucalyptus et de baies dont il ne me fut pas possible de reconnaitre l'espèce. Il n'existe presque aucune différence dans les sexes. (Zoologie tasmanienne et australiennne, manuscrits.) D’après ce que l'on vient de voir par ces détails de mœurs, il est évident que la famille do. se rapproche le plus le genre Pardalote est celle des Parinés, dont on ne saurait convenablement l'éloi- gner. Ce sont les mêmes habitudes sociables, le même genre de vie (moitié Insectivore et Baccivore ou Granivore) et le même mode de nidification à couvert. PARDALOTE MÉLANOCÉPHALE. PARDALOTUS MELANOCEPHALUS. [Gould ) Dessus de la tête, occiput et un trait partant de la base des mandibules, traversant les yeux et al- lant se rejoindre à la nuque, d’un noir vif et brillant; un trait jaune d’or de chaque côté du front, suivi d’un autre blanc pur formant sourcil, et se fondant sur les côtés de l’occiput. Dessus du corps d'un gris foncé devenant olivâtre sur le croupion, ou plutôt fauve; cette même couleur se reprodui- sant sur les flancs et un peu sur les parties latérales de la poitrine; côtés de la gorge et milieu du ventre d'un blanc pur. Menton, milieu de la gorge et du devant du cou d’un beau jaune se divisant sur les parties latérales de la poitrine en se prolongeant un peu sur les flancs. Ailes noires; du blanc sur une grande partie des barbes externes, au bas desquelles se remarque une petite tache d'un rouge de cire; toutes les rémiges terminées de blanc, mais toutes les secondaires frangées de cett couleur; rectrices noires, également terminées de blanc. Bec noir; tarses brun clair. (J. Verreaux.| Longueur totale, 0,11. Habite la Nouvelle-Hollande. 108 HISTOIRE NATURELLE. Que GENRE. — BOMBYCILLE. BOMBYCILLA. (Chenu et 0. Des Murs, Brisson.) BcuGv:, soie, par allusion à la bande jaune de la queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court, droit, bombé en dessus comme en dessous; mandibule supérieure un peu déprimée, et trigone à la base, faiblement courbée vers son extrémité, terminée par une dent très-murquéc; man- dibule inférieure comprümée, entaillée et retrousséc à la pointe. Narines basales, ovoïdes, percées de part en part, ouvertes par devant, cachées par les petites plumes du front, tournées en avant, ou nues. Ailes médiocres, suraiguës; la première et la seconde rémiges les plus longues, ou la première un peu plus courte que la deuxième. Queue moyenne et arrondie. Tarses courts et trapus, de la longueur du doigt médian, scutellés; les doigts également forts et trapus, l'externe soudé à sa base avec le médian, l'interne libre; ongles forts, assez courbés et aigus. à SK Fig. 154. — Bombycilla garrulus. Fig. 455. — Bombycilla garrulus. Une huppe en forme de toupet partant du front. Ce genre renferme trois espèces, dont une propre à l'Europe et se retrouvant aussi au nord de l'Amérique et de l'Asie; une particulière à ce dernier continent, et la troisième appartenant exelusive- ment à l'Amérique septentrionale. Nous figurons l'espèce d'Europe; type du genre, le Jaseur (Bom- bycille) de Bohême. Ce que nous avons dit du genre Pardalote, quant à sa place dans la série ornithologique, s’appli- que, avec tout autant et bien plus de raison, à notre genre Bombycilla (Jaseur des auteurs). Frisch, tout en l'appelant Grive de Bohème, trouvait, de son temps, que l’on n'avait pas encore donné de nom convenable à cet Oiseau, que les auteurs latins des seizième et dix-septième siècles désignaient sous les noms de Pica glandularia où glandaria, Bohemica, Graculus et Garrulus Bohemicus, quoique, ainsi que le dit Salerne, il n'eût rien qui pût le faire appeler ainsi. Puis vint Aldrovande, qui lui donna le nom grec latinisé d'Ampelis, qualifiant ainsi cet Oiseau par le goût qu'il avait cru lui reconnaître pour le fruit de la vigne, nom que lui conserva Ray, avec cette diagnose spécifique : (Ampelis) remigibus quibusdam apice membranaceo terminatis; et dont Linné se servit pour le sortir, fort à propos, des Pies, des Geais et des Merles, mais pour en faire moins heureuse- ment le type en quelque sorte de son grand genre exclusivement américain, Ampelis, Cotinga des auteurs; car le grand méthodiste suédois ne fit qu'augmenter l'erreur et l'embarras des interpréta- tions en y ajoutant la spécifique de garrulus, qui, dans son esprit pourtant, n'impliquait que l’ana- logie des rapports d'aspect, de couleur générale de plumage et d'ornement occipital, que les anciens auteurs avaient saisis entre le Jaseur et le Geai d'Europe, spécifique que quelques naturalistes ont cru plus tard, ainsi que üous l'indiquerons bientôt, porter sur le mode de voix ou de chant de l'Oiseau. C'est en effet dans ce genre Ampelis, élevé dans ces derniers temps au rang de famille, que le OISEAUX. 109 Jaseur à été conservé jusqu'à ce jour par la généralité des auteurs. Toutefois, à la même époque que Linné, et dès avant lui, Brisson inventait pour cet Oiseau un nom générique à part, celui de Bom- bycilla, non pas, ainsi qu'on pourrait le croire, pour constater certaines de ses habitudes entomo- phages, mais seulement pour reproduire un des premiers noms donnés à cet Oiseau en allemand, le nom de Queue de soie, à cause de la bande jaune qui encadre le bout de ses rectrices, et de leur extrémité apicale cornée rouge vif, dénomination que, parmi les modernes, Vieillot et MM. Temminck et Schlegel ont seuls conservée, l'un d'eux reconnaissant « que les Jaseurs ont des caractères partieu- liers qui s'opposent à leur réunion avec les Cotingas, » et plaçant ce genre entre les genres Pique- Bœuf (Buphaga), et Piroll (Ptylonorhynchus). M. Ch. Bonaparte, tout en paraissant comprendre la nécessité d'isoler les Jaseurs des Cotingas (formant des premiers une sous-famille particulière et typique de ses Ampelidæ, sous le titre d'Ampelinæ, et des seconds une autre famille sous le titre de Cotingidæ), est loin encore d’avoir atteint le but que nous cherchons, celui de donner aux Ja- seurs leur véritable place, et a suivi, tout en changeant de marche, les erreurs que nous reprochons à ses devanciers, en en exagérant la portée; car il fait de ces Oiseaux de véritables Dépressirostres, puisqu'il les fait suivre immédiatement de la famille des Hirundinidés. Gr, nul genre ne nous paraît moins se rapprocher des vrais Dépressirostres que le genre Bombycilla. Nous considérons ce genre comme trop lié avec les Pardalotes, et par l’ensemble des formes exté- rieures, et par celui des caractères zoologiques, pour ne pas l'y réunir. Comment, par exemple, ne pas être frappé de l’analogie qu'offrent entre eux, sous le premier rapport, le Bombycille de Bohême avec le Pardalote mélanocéphale, par la présence à l’extrémité des rémiges secondaires de l'un et de l’au- tre de cet appendice rouge, caractère, pour nous servir des expressions de MM. Temminck et Schlegel, aussi tranchant qu'inusité? Ainsi, le Bombycille, comme l’exprime si exactement De Réaumur dans une lettre à Salerne, « a à chaque aile sept à huit plumes dont les bouts sont terminés par des pa- lettes de couleur de cinabre : ces palettes sont de corne comme le tuyau de la plume; elles n'ont aucun vestige de barbe; leur tissu est continu. » Si cette nature cornée, chez le Pardalote, est moins apparente et moins continue, elle n’en offre pas moins une contexture et une image fort différentes du reste des pennes dont elles font partie. Mais, sans s'arrêter à ce rapprochement plus apparent que réel, sous le rapport des caractères zoologiques, l’analogie est plus exacte et plus complète : le bec du Bombycille n’est qu'un peu plus allongé, et son échancrure apicale plus marquée; du reste, même forme que chez le Pardalote; il en est de même des narines, des ailes et de la queue, qui est seulementun peu plus longue; les pieds eux-mêmes ne diffèrent que par leur ensemble plus vigoureux et plus trapu. Si à ces rapports ou à ces analogies nous joignons les considérations tirées de leurs mœurs, nous verrons que les deux genres d'Giseaux ne diffèrent pas l'un de l’autre, puisque tous deux cherchent les Insectes sur les branches et les feuilles des arbres, comme le dit Vieillot du Bombycilla cedro- rum; et que cette habitude doit entrainer forcément celle de contourner ces mêmes branches et ces mêmes feuilles, comme Jules Verreaux nous l'apprend des Pardalotes. Qu'ensuite le Jaseur joigne à sa nourriture celle de certaines baies ou de certains pignons de cèdre, cela ne démontre que davantage la nécessité pour lui de s’y cramponner à l’aide de ses pattes, à la manière des Pardalotes et des Mé- sanges. Du moment donc que nous croyons devoir rapprocher ceux-là de celles-ci, il n’y a rien de forcé, ce semble, à nous voir comprendre le genre Bombycilla dans notre famille des Pardalotinés. Ajoutons que le cachet du Jaseur nous dénote avec la dernière évidence une origine plutôt asiatique qu'américaine ou européenne, motif de plus pour le maintenir dans cette famille océanienne. Nous allons maintenant réunir dans un même cadre, et le moins longuement possible, tous les documents que nous avons pu réunir sur ce singulier genre d'Oiseau, si anciennement connu, et cependant encore si nouveau, si curieux, et d'une existence comme d'une origine si probléma- tiques. Ce n’est pas chose aisée, dit Guéneau De Montbeillard parlant du Jaseur ordinaire ou de Bohème, de déterminer le climat propre de cet Oiseau : on se tromperait fort si, d'après les noms de Geai de Bohême, d'Oiseau de Bohême, que Gessner, Brisson et plusieurs auteurs lui ont donnés, on se per- suadait que la Bohême füt son pays natal, ou même son principal domicile : il ne fait qu'y passer, comme dans beaucoup d’autres contrées. En Autriche, on croit que c’est un Oiseau de Bohême et de Syrie, parce qu'on le voit en effet venir de ces côtés-la; mais, en Bohême, on serait tout aussi fondé à le regarder comme un Oiseau de la Saxe, et, en Saxe, comme un Oiseau du Danemark ou des au- 110 HISTOIRE NATURELLE. tres pays que baigne la mer Baltique. Les commerçants anglais assurèrent au docteur Lister (il y a aujourd'hui près de deux cents ans) que les Jaseurs étaient fort communs en Prusse. Rzaezynski nous apprend qu'ils passent dans la grande et la petite Pologne et dans la Lithuanie. On a mandé, de Dresde, à De Réaumur, qu'ils nichaient dans les environs de Pétersbourg. Linné a avancé, apparem- ment sur de bons Mémoires, qu’ils passent l'été, et par conséquent font leur ponte, dans les pays qui sont au delà de la Suède; mais ses correspondants ne lui ont appris aucun détail sur cette ponte et ses circonstances. Enfin, le comte De Strahlemberg a dit à Frisch qu'il en avait trouvé en Tartarie dans des trous de rochers; c’est sans doute dans ces trous qu’ils font leurs nids. Au reste, quel que soit le domicile de choix des Jaseurs, je veux dire celui où, rencontrant une température convena- ble, une nourriture abondante et facile, et toutes les commodités relatives à leur façon de vivre, ils jouissent de l'existence et se sentent pressés de la transmettre à une nouvelle génération; toujours est-il vrai qu'ils ne sont rien moins que sédentaires, et qu’ils font des excursions dans toute l'Europe. Ils se montrent quelquefois au nord de l'Angleterre, en France, en Italie, et sans doute en Espagne; mais, sur ce dernier article, nous en sommes réduits aux simples conjectures; car il faut avouer que l'histoire naturelle de ce beau royaume, si riche, si voisin de nous, habité par une nation si renom- mée à tant d’autres égards, ne nous est guère plus connue que celle de la Californie et du Japon. (Ajoutons en 1852, à ce qui était vrai en 1779, qu'elle nous est même aujourd’hui moins connue que celle de ces deux contrées éloignées.) Les migrations des Jaseurs sont assez régulières dans chaque pays quant à la saison; mais, s’ils voyagent tous les ans, comme Aldrovande l’avait oui dire, il s’en faut bien qu'ils tiennent constam- ment la même route. Le prince D’Aversperg nous apprend, dans un Mémoire adressé à Buffon, que cet Oiseau passe, tous les trois ou quatre ans, des montagnes de Bohème et de Styrie dans l'Autri- che au commencement de l'automne, qu'il s’en retourne sur la fin de cette saison, et que même en Bohême on n’en voit pas un seul pendant l'hiver : cependant, on dit qu’en Silésie c’est en hiver qu'il se trouve de ces Oiseaux sur les montagnes. Geux qui se sont égarés en France et en Angleterre y ont paru dans le fort de l'hiver, et toujours en petit nombre, ce qui donnerait lieu de croire que ce n’é- tait en effet que des égarés qui avaient été séparés du gros de la troupe par quelque accident, et qui étaient, ou trop fatigués pour rejoindre leurs camarades, ou trop jeunes pour retrouver leur chemin. On pourrait encore inférer de ces faits que la France et l'Angleterre, de même que la Suisse, ne sont jamais sur la route que suivent les colonnes principales; mais on n’en peut pas dire autant de l'Ita- lie, car on a vu plusieurs fois ces Oiseaux y arriver en très-grand nombre, notamment en l’année 1571 au mois de décembre; il n’était pas rare d'y en voir des volées de cent et plus, et on en pre- nait souvent jusqu'à quarante à la fois. La même chose avait eu lieu au mois de février 1550, dans le temps que Charles-Quint se faisait couronner à Bologne; car, dans les pays où ces Oiseaux ne se montrent que de loin en loin, leurs apparitions font époque dans l'histoire politique, et d'autant plus, que, lorsqu'elles sont très-nombreuses, elles passent, on ne sait trop pourquoi, dans l'esprit des peu- ples, pour annoncer la peste, la guerre où d’autres malheurs : cependant, il faut excepter de ces malheurs au moins les tremblements de terre; car, dans l'apparition de 1551, on remarqua que les Jaseurs, qui se répandirent dans le Modénois, le Plaisantin et dans presque toutes les parties de l'Ita- lie, évitèrent constamment d'entrer dans le Ferrarois, comme s'ils eussent pressenti le tremblement de terre qui s'y fit peu de temps après, et qui mit en fuite les Oiseaux mêmes du pays. (Histoire naturelle des Oiseaux.) Quoi qu'il en soit de ces passages, en ce qui concerne l'espèce européenne, qui se retrouve aussi au Japon, son apparition, en nombre peu considérable dans un endroit donné, est un fait qui mérite d’être mentionné. M. Baillon met le Jaseur au nombre des Oiseaux qu'il a pris dans les environs d’Ab- beville. Florent Prévost a communiqué à M. Gerbes qu'il avait tué, vers 1826, quatorze Jaseurs pen- dant une seule chasse faite dans un bois des environs de Paris. Ce naturaliste, qui S’occupe avec as- siduité de l'étude des Giseaux, a assuré que depuis cette époque aucun passage un peu notable de Jaseurs n'avait eu lieu dans la même localité; toutefois, on y prend presque tous les ans un ou plu- sieurs de ces Oiseaux. (Dictionnaire pittoresque d'Histoire naturelle.) I's'en fit, au dire de M. Degland, des passages considérables dans plusieurs des départements septentrionaux de la France, à la fin de l'année 4829; on en tira jusque dans les jardins des grandes villes. Ils’en fit un autre, en 1834, aux environs de Lille, pendant le mois de janvier, quoique le OISEAUX. ill froid fût modéré. M. De La Fresnaye a signalé la capture, en 1835, de plusieurs de ces Oiseaux aux environs de Falaise et auprès de Caen. Selon Bechstein, on ne voit le Jaseur en Thuringe qu’en hiver; encore, si la saison est douce, n'y paraît-il qu'en petit nombre; la plus grande partie reste alors au nord; mais, dans les froids rigou- reux, il s'étend davantage dans le midi; quand ils sont médiocres, on le trouve en grandes troupes, dans les lisières des forêts, dans la plus grande partie de l'Allemagne et de la Bohème. L'espèce d'Amérique, appelée Jaseur des cèdres, n’est pas moins vagabonde; elle est répandue en Amérique, dit Vieillot, depuis le Canada jusqu’au Mexique, et même encore au delà de cette dernière contrée, car on a rencontré à Cayenne des individus qui sans doute s'étaient égarés. Ils ne nichent point dans tous les pays qu’ils fréquentent; on ne les voit à la Caroline du Sud qu'en hiver; ils restent presque toute l’année dans le New-York, et se montrent tous les mois, pendant quelques jours, dans la Pennsylvanie, tantôt en très-grandes bandes, tantôt par petites troupes. (Histoire des Oiseaux le l'Amérique septentrionale.) On ne sait pas précisément quelle est la cause qui les détermine à quitter ainsi leur résidence or- dinaire pour voyager au loin; ce ne sont pas les grands froids, puisqu'ils se mettent en marche dès le commencement de l’automne, comme nous l'avons vu, et que d’ailleurs ils ne voyagent que tous les trois ou quatre ans, où même que tous les six ou sept ans, et quelquefois en si grand nombre, que le soleil en est obscurci : serait-ce une excessive multiplication qui produirait ces émigrations pro- digieuses, ces sortes de débordements, comme il arrive dans l’espèce des Sauterelles, dans celle de ces Rats du Nord, appelés Lemmings, et comme il est arrivé même à l'espèce humaine, dans les temps où elle était moins civilisée, par conséquent plus forte, plus indépendante de l'équilibre qui s'établit à la longue entre toutes les puissances de la nature? ou bien les Jaseurs seraient-ils chassés de temps en temps de leurs demeures par des disettes locales qui les forcent d'aller chercher ailleurs une nourriture qu'ils ne trouvent point chez eux? On prétend que lorsqu'ils s'en retournent ils vont fort loin dans les pays septentrionaux, et cela est confirmé par le témoignage du comte De Strahlem- berg, qui, comme nous l'avons dit plus haut, en a vu dans la Tartarie. (Guéxeau De Moxrsrirrarp.) D'après cette vie presque toujours errante, il est difficile, ainsi que l’observe Vieillot, d'indiquer la contrée et l’époque où ils nichent si on ne les a pas suivis dans la saison de leurs amours. L’es- pèce américaine, appelée Cedar-Bird (Giseau du cèdre) par les Américains, et, par les Canadiens, Récollet, à cause de quelque similitude entre sa huppe et le capuchon d’un moine, habite de préfé- rence les forêts de cèdres, fait son nid sur cet arbre, et vit de ses baies pendant une partie de l'année. On sait, disent MM. Temminck et Schlegel, que le Jaseur de Bohême visite de temps à autre l'Eu- rope tempérée, et qu'il étend ses migrations même jusque dans le nord de lftalie; mais qu'il ne ni- che (selon Wilson, Skand. Fan.) que dans le nord des parties orientales de l'Europe, au delà du soixantième degré de latitude boréale. Il se trouve, d’après Pallas, dans la Sibérie occidentale jusque sur les bords du Léna: mais il ne se montre pas dans la Sibérie orientale. Les voyageurs hollandais en ont rapporté les dépouilles du Japon, et il est constaté par Richardson et Swainson (Fan. Bor. Amer.) qu'il habite également les parties froides de l'Amérique septentrionale, où il a été observé depuis le soixante-cinquième jusqu'au cinquante-cinquième degré de latitude boréale. (Fan. Jap.) Et ces derniers naturalistes pensent qu'il peut être répandu sur ce continent depuis les montagnes Ro- cheuses jusqu'à la Nouvelle-Calédonie, et à l'Amérique russe sur les bords arctiques de cette partie de l'océan Pacifique. La nourriture qui plaît le plus à cet Oiseau, lorsqu'il se trouve dans un pays de vignes, ce sont les raisins, d'où Aldrovande a pris occasion de lui donner le nom d’Ampelis, qu’on peut rendre en fran- çais par celui de Vinette. Après les raisins, il préfère, dit-on, les baies de troëne, ensuite celles du rosier sauvage, du genièvre, du laurier, les pignons, les amandes, les pommes, les sorbes, les gro- seilles sauvages, les figues, et en général tous les fruits fondants et qui abondent en suc. (GuéNEAU De MoxrgetzLaRD.) Bechstein dit qu'au printemps on le voit manger, comme les Grives, toutes sortes de Mouches et autres Insectes; en automne et en hiver, différentes espèces de baies; enfin, dans le besoin, les bou- tons et bourgeons de hêtres, d’érables et d'arbres fruitiers. Vieillot dit du Jaseur d'Amérique que les baies de cèdre ne sont pas les seules dont il se nourrit; qu'il mange aussi celles du diospyre, du 112 HISTOIRE NATURELLE. smilax, du troëne et du genévrier, qu'il les avale entières; qu'il déchire la pulpe des cerises et de tous les fruits tendres. À défaut de ces aliments, ajoute cet ornithologiste, il vit de Mouches, qu'il prend au vol avec autant d'adresse que le Moucherolle, et de divers autres Insectes qu'il cherche sur les branches et sur les feuilles. Les Jaseurs, selon lui, sont plus baccivores qu'entomophages, et d’un si grand appétit, qu'ils dépouillent en peu de temps un arbre de toutes ses productions. Celui qu'Aldrovande a nourri pendant près de trois mois ne mangeait de baies de lierre et de la chair crue qu'à toute extrémité, et il n’a jamais touché aux grains; il buvait souvent, et à huit ou dix re- prises à chaque fois. On donnait, à celui qu'on a tâché d'élever dans la Ménagerie de Vienne, de la mie de pain blanc, des carottes hachées, du chènevis concassé, et des grains de genièvre, pour les- quels il montrait un appétit de préférence; mais, malgré tous les soins qu’on a pris pour le conser- ver, il n'a vécu que cinq ou six jours. Ce n'est pas que le Jaseur soit difficile à apprivoiser et qu'il ne se façoune en peu de temps à l'esclavage; mais un Oiseau accoutumé à la liberté, et par consé- quent à pourvoir lui-même à tous ses besoins, trouvera toujours mieux ce qui lui convient en pleine campagne que dans la volière la mieux administrée. (Guéneau De MonrgeicrarD.) Selon Bechstein, les deux pâtées universelles paraissent de vraies friandises pour lui, car il se contente même de son de froment imbibé d’eau; il avale tout goulûment, et ne refuse rien de ce qui est mangeable : pommes de terre, choux, salade, fruits de toute espèce, pain blanc surtout; il aime à se baigner, ou plutôt à s’arroser d’eau, car il ne se mouille pas autant que les autres Oiseaux. De Réaumur a observé que les Jaseurs aiment la propreté, et que ceux qu'on tient dans les volières font constamment leurs ordures dans le même endroit. Bechstein, ce patient observateur, on va le voir, est d’un avis tout différent. Voici en quels termes il exprime son opinion au sujet des habitudes de cet Oiseau en domesticité : . I n'y a que sa beauté et sa rareté qui puissent en faire désirer la possession, c’est d’ailleurs un Oiseau niais et paresseux. Pendant les dix à douze années qu'il peut vivre dans la chambre, avec une nourriture même très-chétive, il ne fait que manger et se reposer pour digérer. Si la faim le porte à se mouvoir, sa démarche est gauche, ses sauts si maladroits, qu'il est pénible de le voir. Lorsque le Jaseur se met en colère, ce qui arrive quelquefois auprès de l’auget commun, il claque alors forte- ment de son bec. On n’a aucune peine à l'apprivoiser; mais il n’est agréable que par ses belles cou- leurs; car, du reste, il est fort sale. C’est l'Oiseau le plus grand mangeur que je connaisse, pouvant engloutir par jour une masse égale à son propre poids; aussi passe-t-elle vite, à peine à demi digé- rée; et, ce qui est dégoütant à l'excès, on le voit remanger cette même ordure, pour peu qu'il man- que de nourriture fraiche. Je l'ai observé avalant ainsi, trois fois consécutives, des graines de ge- nièvre que je lui avais données. La conséquence de cette voracité est la nécessité de le nettoyer très- souvent si l’on veut éviter la mauvaise odeur. (Man. de l'Amat. des Ois. de vol.) Ces détails sont à peu près communs à l'espèce d'Amérique. Peu d’Oiseaux se censolent plus promptement que le Jaseur du cèdre de la perte de leur liberté; peu d’Uiseaux, pris adultes, se fa- çonnent plus aisément à la captivité. Celui-ci ne donne aucun signe de regret, et ne cherche point à s'échapper dès qu'il est emprisonné : la tranquillité semble être pour lui le premier des besoins. Son naturel est mélancolique, on peut même dire stupide, en quelque état qu'il se trouve. À peine est-il entré dans une volière, qu'il se jette sur la nourriture qu'on lui présente, si elle lui est propre. Quoiqu'il soit fructivore, il mange aussi avec avidité la mie de pain trempée; mais, si on le borne à cet aliment, il souffre d’une sorte de diarrhée qui le fait périr. Quoiqu'il en consomme beaucoup, et qu'il digère promptement, il dépérit peu à peu et succombe au bout de quelque temps. Un seul de douze de ces Oiseaux, pris adultes, n’a vécu, chez moi, que six mois. Leur carrière est plus longue quand on les prend dans le nid, et qu'on leur distribue des aliments plus substantiels. ( Viriccor, Oiseaux de l'Amérique septentrionale.) Les Jaseurs ont coutume de faire entendre leur cri lorsqu'ils partent; ce cri est xi, xi, ri : selon Frisch et tous ceux qui les ont vus vivants, c’est plutôt un gazouillement qu'un chant. . Néanmoins, le prince D'Avesperg dit que leur chant est très-agréable. Cela se peut concilier, dit le collaborateur de Buffon; il est très-possible que le Jaseur ait un chant agréable dans les pays où il perpétue son espèce; que, partout ailleurs, il ne fasse que gazouiller et que jaser, lors même qu'il est en liberté; enfin, que dans ces cages étroites il ne dise rien du tout. L'observation bien précise de Bechstein vient dissiper tous les doutes et fixer l'opinion à cet égard. Son chant, dit-il, n'est com- Fig 1 Fis, 2. — Monarcha carinata — Oreoica qutturalis PI . 24 GISEAUX. 111) posé que de quelques sifflements faibles et tremblants, un peu ressemblant à celui du Mauvis, ex- cepté qu'il est moins haut encore; pendant ce chant, il élève et baisse sa huppe, mais à peine.agite-t-il son gosier. Si ce ramage est peu harmonieux, il a au moins le mérite de n'être interrompu dans au- cune saison de l’année. ! FSESTRE, BEVALET Fig. 156 — Bombycille Jascur. Ges Oiseaux sont d'un caractère tout à fait social; ils vont ordinairement par grandes troupes, et quelquefois ils forment des volées innombrables. La société de leurs semblables semble être pour eux un besoin naturel. En effet, dit Vieillot de l'espèce d'Amérique, les petits sont à peine sortis du nid, que toutes les familles du même canton et des environs se réunissent et forment des troupes nom- breuses qui ne cessent de voyager, ou plutôt d’erver d’un pays à l’autre, pour y trouver une nourri- ture abondante et facile. [ls cachent leur nid très-soigneusement, et se montrent peu pendant l'été. Ils vivent alors solitaires, et paraissent d'autant plus rares, qu’on les a vus en tout autre temps par volées innombrables. Ge n’est qu'au mois de mai qu'ils sentent le besoin de transmettre l'existence à une nouvelle génération. Les mâles se disputent alors les femelles avec un acharnement étonnant pour des volatiles d'un caractère doux et tranquille. Ce choix fait, chacun s’isole avec sa compagne dans l'intérieur des forêts, et lui donne des marques de son affection en la nourrissant quand elle couve, et en partageant avec elle les soins de l’incubation; deux pontes annuelles sont les fruits de leur union : ils en font une au mois de juin, et l’autre au mois d'août. ( Virizcor.) Mais, outre ce goût général qu'ils ont pour la société, ils paraissent capables, entre eux, d’un atta- chement de choix et d’un sentiment particulier de bienveillance, indépendant même de l'attrait réci- proque des sexes; car, non-seuiement le mâle et la femelle se caressent mutuellement et se donnent tour à tour à manger, mais on a observé les mêmes marques de bonne intelligence et d'amitié de mâle à mâle, comme de femelle à femelle. Gette disposition à aimer, qui est une qualité si agréable pour les autres, est souvent sujette à de graves inconvénients pour celui qui en est doué: elle sup- pose toujours en lui plus de douceur que d'activité, plus de confiance que de discernement, plus de simplicité que de prudence, plus de sensibilité que d’énergie, et le précipite dans les piéges que des êtres moins aimants, et plus dominés par l'intérêt personnel, multiplient sous ses pas : aussi ces Oi- seaux passent-ils pour être des plus stupides, et ils sont de ceux que l’on prend en plus grand nom- bre. On les prend ordinairement avec les Grives, qui passent en même temps, et leur chair est à peu près de même goût, ce qui est assez naturel, vu qu'ils vivent à peu près des mêmes choses. Cependant, d’un côté, Gessner nous dit que c’est un gibier délicat qu'on sert sur les meilleures tables, et dont le o* 15 114 HISTOIRE NATURELLE. foie surtout est fort estimé; le prince D'Aversperg assure que la chair du Jaseur est d’un goût préfé- rable à celle de la Grive et du Merle; et, d'autre côté, Schwencfeld avance que c'est un manger mé- diocre et peu sain. Tout cela dépend beaucoup de la qualité des choses dont l'Oiseau s’est nourri. J'ajoute qu'on en tue beaucoup à la fois, parce qu'ils se posent fort près les uns des autres. (Guéneau De MowrseizLanD.) Ce dernier fait est confirmé par Vieillot en ces termes : Ces Oiseaux se laissent approcher de très-près, et ne s’épouvantent point du bruit de l'arme à feu. Ceux que le plomb meurtrier n’a pas atteints au premier coup de fusil se contentent de changer d'arbre, se posent sur le plus proche, ef tous sur le même, si tous peuvent y trouver place. (Oiseaux de l'Amérique septentrionale.) Nous terminerons par un mot sur le véritable sens à donner au nom spécifique de Garrulus, que lui a imposé Linné, et que lui ont conservé la plupart des auteurs. Le nom de Jaseur, dit Guéneau De Montbeillard à propos du chant de ces Oiseaux, qui leur a été donné, indique assez que, dans les lieux où on les a nommés ainsi, on ne leur connaissait ni le talent de chanter ni celui de parler qu'ont les Merles; car jaser n’est ni chanter ni parler. De Réaumur, ajoute-t-il, va même jusqu’à leur disputer le titre de Jaseurs. Cette petite discussion, de la part de Montbeillard, est toute puérile, et repose sur une erreur à laquelle tout le monde a pris part. Ce nom de Garrulus, en effet, n’a été appliqué par Linné que pour conserver à cet Oiseau le caractère zoologique qui lui avait été reconnu primitivement par les an- ciens auteurs, tels que Gessner, qui en avait fait un Geai, auquel le Jaseur (que nous appellerons Bom- bycille) ressemble effectivement en petit sous quelques rapports, tels que celui de la nature des plu- mes, de leur coloration principale, qui approche beaucoup de la nuance du plumage du Geai d'Eu- rope (Garrulus glandarius), et de la huppe, enfin : tous caractères d’analogie si bien mis en lumière par Le Vaillant, qui, lui, persistait, par les mêmes considérations, à en faire un Geai. Le mot Garru- lus, appliqué au genre qui nous occupe, n’exprime rien de plus, et n’a pas d'autre valeur. On voit que l’histoire de ce genre d’Oiseaux, si intéressant à tous égards, et dont une espèce compte comme européenne, est loin d'être connue; aussi avons-nous recueilli scrupuleusement tout ce qui en à été dit : que d'autres, plus heureux ou plus favorisés, complètent cette histoire. BOMBYCILLE DE BOHEME. BOMBYCILLA BOHEMICA. (Brisson.) Plumage d'un cendrée rougeûtre, plus foncé en dessus qu'en dessous, avec les plumes de la tête allongées en huppe; celles des narines, de la gorge, et une bande au-dessus des yeux, d’un noir pro- fond; couvertures inférieures de la queue d’un roux marron; rémiges primaires noires, terminées par un trait jaune et blanc en forme de V, six à huit des secondaires terminées de blane, et par un pro- longement cartilagineux d'un rouge de cire vif, rectrices noires, avec l'extrémité jaune; bec brun roussâtre en arrière, et noirâtre à la pointe; pieds brunâtres; iris brun. (Mäle.) Dans un âge très-avancé, les baguettes de toutes les rectrices ont à leur pointe du rouge sembla- ble aux palettes des ailes. (DEGLanp.) Longueur totale, 0,21 environ. Habite, durant l'été, les parties orientales du nord de l’Europe et de l'Asie, et les parties oceiden- tales du nord de l'Amérique septentrionale. On ne le voit en France que de loin en loin, et dans les hivers rigoureux. OISEAUX. 115 TROISIÈME FAMILLE. — FALCUNCULINÉS. Nous élevons au rang de famille le genre Falcunculus, Falconelle de Vicillot, dont Cuvier lui-même avait déjà fait une petite section de ses Pies-Grièches sous le nom de Pies-Grièches-Mésanges, ayant sans doute en vue, ainsi que l’a pensé M. De La Fresnaye, de désigner seulement son plumage coloré comme celui de notre Mésange charbonnière. Et, comme ce dernier ornithologiste, c'est avec la fa- mille des Mésanges que nous croyons devoir ranger cette nouvelle famille, adoptant en tout point l'opinion dernière qu’il a professée en ces termes (revenant sur celle qu'il avait exprimée en 1858, où il classait la Falconelle dans ses Pies-Grièches sylvicoles avec les Cyclarhis de Swainson). M. Gould, dit-il, décrivant la Falconelle dans son magnifique ouvrage, the Birds of Australia, rapporte que c’est un Oiseau des plus vifs, et toujours en mouvement, se nourrissant d'[nsectes qu’il saisit dans le feuillage, et de larves qu'il sait dénicher dans les gerçures des branches et du tronc, qu'il frappe sans cesse de son bec puissant, les parcourant dans tous les sens exactement comme font les Mésanges : que faut-il donc de plus pour reconnaitre la véritable place que l’auteur de la na- ture à assignée à ce dernier Oiseau? En lui donnant une livrée entièrement analogue à celle de nos Mésanges, et le douant de facultés locomotives particulières, mais tout à fait semblables aux leurs, c'était nous indiquer visiblement que c'était avec elles que nous devions le grouper naturellement, sans avoir égard, comme on l’a fait jusqu'ici, à la forme plus arquée et légèrement échancrée de son bec, qui, d'ailleurs, comprimé comme celui des Mésanges, n’en est réellement qu'une modification. (Revue zoologique, 18#4.) C’est, conclut notre savant ornithologiste, de la famille des Mésanges, et non de celles des Pies- Grièches, où on l'avait rangé jusqu'ici, que doit faire partie le genre Falconelle, pour lequel il pro- pose une section sous le nom de Mésanges-Pies-Grièches, pour rappeler la juste remarque de Cuvier à leur égard. Mais M. De La Fresnaye réunit au genre Falconelle le genre Cyclarhis de Swainson, dont, avec M. D'Orbigny, il avait fait ses genres Laniagra, ayant pour type la Pie-Grièche sourcils roux de Le Vail- lant; T'anagra Guyanensis, Gmelin. À cet égard, nous ne sommes nullement de son avis, les mœurs de ces deux genres n'ayant, quoi qu'il en dise, aucuns rapports entre eux; nous exposerons nos rai- sons en nous occupant de ce dernier genre, qui doit rester parmi les Lainidee. Nous composons cette petite famille d’un genre unique : Falconelle (Falcunculus), Vieillot. GENRE UNIQUE. — FALCONELLE. FALCUNCULUS. (Vieillot, 1816.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court, robuste, très-comprimé, un peu fléchi en arc: mandibule supérieure dentée et crochue vers le bout, l'inférieure aiquë et retroussée à la pointe. Narines latérales, à ouverture arrondie, et cachée par les plumes de la base du front. Ailes médiocres et arrondies, surobtuses; la troisième, la quatrième ct la cinquième rémiges égales entre elles, les plus longues. Queue médiocre, légèrement échancrée, et arrondie sur les côtés. Tarses de la longueur du doigt médian, seutellés, assez robustes, ainsi que les doigts, dont les 116 HISTOIRE NATURELLE. deux latéraux sont égaux et unis à la base avec le médian; le pouce long et vigoureux; les ongles crochus et aigus. Fig. 457. -— Falcunculus frontatus. Fig. 158. — Falcunculus frontatus. Tête généralement surmontée d’une huppe qui ne paraît jamais s'abaisser complétement; langue de moyenne taille, assez charnue, cornée vers l'extrémité, qui est échancrée. Ce genre, qui, à l'époque de la création, ne reposait que sur deux espèces, et même sur une seule, le Falcunculus frontatus, en compte, aujourd'hui, quatre, toutes de l'Australie. Nous figurons la Falconelie à ventre blanc. Ce fut en septembre 1844, dit Jules Verreaux en parlant de l'espèce type, la Falconelle huppée, que j’eus le bonheur d'observer ces Oiseaux; et il faut rendre ici tout l'honneur dù à notre célèbre Cuvier, qui avait si bien saisi le sens du nom qu'il leur a appliqué; car celui de Pie-Grièche-Mésange est le seul capable de faire comprendre leurs rapports avec ces deux familles d’Oiseaux, en apparence si éloignés l’un de l’autre. En effet, les Falconelles, tout en possédant un bec fortement crochu, et même plus épais qu'il ne se voit dans beaucoup de Lainidés, ont pourtant à peu près les mêmes mœurs que les Mésanges. Je les ai observées avec le plus grand soin avant que de me décider à en tuer, et je les ai vues presque toujours cramponnées aux branches et aux feuilles, les contournant dans tous les sens afin d’y chercher les Insectes qui servent à leur nourriture. Et, bien que je les aie sur- prises s'emparant de beaucoup de Chrysomèles, j'ai parfaitement remarqué qu’elles attaquaient le plus souvent les Cigales, qui aiment à se réfugier sur les casuarinas, dont l'écorce rugueuse leur offre un abri sûr. Je suis parvenu à voir le mäle de ces Oiseaux en emporter une qui avait plus de 0,05 de longueur, de l'espèce noire, si abondante dans les environs de Sydney, et qui fait entendre un bruit assourdissant pendant l'été. La première chose que fit mon Oiseau fut de la placer dans ses pattes, dont les ongles sont très-puissants, puis de lui déchirer le corselet avec son bec. Il faut que cet or- gane, chez les Falconelles, soit doué d’une force extraordinaire, car cette espèce de Cigale est elle- même très-forte. J'en fus enfin plus convaineu lorsque après avoir tué cet Oiseau je vis tomber avec lui l’Insecte en question. En faisant l'ouverture de l'estomac, j'y trouvai des débris de beaucoup d’es- pèces d'Insectes communs dans cette saison, mais presque tous d’une substance dure; il y avait dans le nombre des portions assez complètes du Curculio noir, qui abonde surtout sur les eucalyptus, et qui a 0®,03 de long. Une Falconelle, que je tuai en juillet dans les ravins solitaires de North-Shore, avait dans son estomac des débris de la Fhasma grise, qui atteint 0",19 à 0",22 de longueur, e même de Papillons nocturnes qui, le jour, cherchent un abri parmi les écorces des casuarinas et des banksias. Mes domestiques ont observé, comme moi, qu'on ne voyait le plus ordinairement qu'un cou- ple ensemble. Dans les alentours de Sydney, ces Oiseaux ne sont que de passage; mais j'ignore encore dans quelle localité ils se retirent. Germain et Emile en trouvèrent plusieurs couples dans leur voyage au port Macquarie; mais Emile en trouva un plus grand nombre, dans les forêts du Manury, en no- vembre et décembre : il m’assura même qu'il avait vu le nid, dans lequel se trouvaient deux jeunes à neine couverts de plumes. Ce nid se trouvait entrelacé dans les branches les plus minces d'un casua- rna, de sorte qu'il était constamment ballotté par le vent. Bien solidement fixé, il était composé de dé- pris «'écorces d’eucalyptus, de métrocidéros, de petites bûchettes et de quelques tiges minces de ca- suarina; lintérieur était garni de quelques graminées et de plumes. Ce nid était plus haut que large, et se trouvait tellement bien abrité par toutes les tiges qui s'y trouvaient attachées, qu'Emile le prit pour une de ces plantes parasites si communes sur les arbres. Malheureusement, quand il y retourna OISEAUX. 117 pour prendre les jeunes, ils étaient partis. Quant au nid, il fut dévoré dans sa case, avec une quantité d'autres objets précieux, par les Rats et les Souris. (Zool. tam. et austral., mss.) FALCONELLE DE GOULD. FALCUNCULUS GOULDII. (Cabanis.) Cette espèce, que M. Gould lui-même a confondue avec la Falconelle huppée, lui ressemble beau- coup. Comme celle-ci, elle a tout le dessus de la tête noir, à plumes longues, élargies, formant une huppe en forme de casque; les côtés du front, de lytète, des joues et d’une partie du cou, d'un blanc pur; le noir de la huppe descendant au travers de l'œil, et venant se joindre à la bande noire qui se trouve au-dessous de l'œil, et qui se continue jusque derrière les oreilles; mais cette bande, très-large chez l'espèce type, est, chez celle-ci, fort étroite : comme elle encore, elle a la gorge et le devant du cou de cette dernière couleur; tout le reste de la partie inférieure jaune pâle, plus vive sur la poitrine; toutes les parties supérieures olivâtres, devenant gris cendré sur les ailes et la queue; mais les rémiges, qui sont également noirâtres, au lieu d'être bordées de gris, sont, chez la nou- velle espèce, bordées de blane pur, ainsi que les scapulaires; enfin, la queue est un peu plus arron- die; et sa taille est beaucoup moindre, car, au lieu de 0,19, elle n’en mesure que 0,16. Du reste, mêmes couleurs du bec, noir plombé, et des tarses, qui sont bleuâtres, ainsi que les ongles, comme chez les Mésanges charbonnières, Fig. 159 et 160. — Falconelle huppée. (Mâle et femelle ) DEUXIÈME TRIBU. — PARIDÉS. Les Paridés, en tant que tribu, offrent encore les plus grandes anomalies dans leurs caractères zoologiques, notamment dans celui tiré de la forme du bec. La considération seule, urée de leurs habitudes, et qui a entraîné la généralité des ornithologistes, presque à leur insu, à en réunir les élé- ments en un seul groupe, contrairement à leurs principes, suffit pour faire voir combien est souvent 118 HISTOIRE NATURELLE. illusoire le caractère tiré du bec, envisagé d’une manière trop exclusive, et justifie, sous ce rapport, les parties de notre travail qui pourraient être interprétées comme des innovations, ces innovations étant la plupart du temps le résultat d’études et d'observations consciencieuses sur les mœurs des Oiseaux. Cette tribu formait simplement, pour Swainson, la troisième sous-famille de ses Sylvianæ, qu'il composait de quatre sous-familles : Saxicolinæ, Philomelinæ, Parianæ et Motacillinæ. M. G. R. Gray en a fait la cinquième sous-famille de ses Luscinidwæ; et M. Ch. Bonaparte, le premier, l'a érigée en famille, n°y comprenant qu'une seule sous-famille, celle des Parinæ. Nous suivons cet exemple. Cette tribu se composera donc pour nous d’une seule famille : Les Parinés. FAMILLE UNIQUE. — PARINÉS. Ce que nous venons de dire de la composition de notre tribu des Paridés nous dispense d'entrer dans plus de détails au sujet de cette première famille, qui à pour types généraux toutes nos espèces de Mésanges d'Europe. Cette famille représente le grand genre Mésange (Parus) de Linné, genre qui est loin d'être au- jourd’hui tel que l'avait fait son fondateur; des coupes assez nombreuses y ont été introduites pour permettre d'élever le genre, au moyen de ces coupes, au rang de famille. G. Cuvier, le premier, l'a divisé en : 1° Mésanges proprement dites: 2° Mésanges moustaches; 3° Mésanges rémiz, et a fondé cette division sur quelques légères différences tirées du bec et sur quelques particularités dans les habitudes. M. Temminck, qui d'abord avait résisté à cette manière de voir, s'est, lui aussi, décidé à établir trois sections dans le genre linnéen Parus : 1° Les Sylvains; 29 Les Riverains; 3° Les Penduliens. Ces trois sections, qui ont pour mouf les oppositions d'habitudes, sont également distinctes entre elles par de légers caractères tirés des rémiges et du bec. Ainsi, les Sylvains ont la première rémige de moyenne longueur; chez les Riverains, elle est nulle; et les Penduliens ont un bec qui diffère totale- ment de celui des autres espèces. Quelques ornithologistes ont poussé plus loin encore le démembrement du genre linnéen Parus, devenu pour eux la famille des Paridés. Ainsi, pour ne parler que de nos espèces d'Europe, la Mé- sange à longue queue est devenue, pour Leach, le type d'une division particulière sous le nom de Mecistura, etles Parus cristatus, cœruleus et palustris, ont servi au docteur Kaup à fonder, la pre- mière, le genre Lophophanes, la seconde, le genre Cyanistes, et la troisième, le genre Pæcile. (Genses, Dictionnaire d'Histoire naturelle.) Swainson faisait entrer dans la composition de ses Parinæ les genres : 1° Setophaga, Swainson; 2° Sylvicola, Swainson; 3° Dumecula, Swainson, œ J — Chouette du Cap. (Elfraie.) Fig. 2. — Traquet pâtre. OISEAUX. 119 4° Vermivora, Swainson; 5° Mniotilta, Vieillot; 6° Zosterops, Vigors et Horsfiela; 7 Ægythina, Vicillot; 8 Ægythalus, Vicillot; 9 Parus, Linné; 10° Parisoma, Swainson; 11° Hylophilus, Temminck; 12° Accentor; 13° Sciurus, Swainson; 1% Trichas, Swainson. M. G. R. Gray, reprenant, en le divisant, le travail de Swainson, a réduit ses Parinæ aux genres suivants : 4° Parus; 2% Suthora, Hodgson; 3° Parcides, Koch; 4° Certhiparus, De La Fresnaye; d° Sphenostoma; 6° Parisoma; M. Ch. Bonaparte compose ses Parinæ de dix genres : 1° Certhiparus; 2 Melaniparus, Ch. Bonaparte: 3° Lophophanes, Kaup; 4° Parus:; o° Cyanistes, Kaup; 6° Pœcila, Kaup: 1° Mecistura, Leach; 8 Psaltria, Temminck: 9 Panurus, Koch; 10° Ægythalus. Nous adoptons les huit genres suivants : 1° Mésange (Parus); 29 Nonette (Pæcila); 3° Mécisture (Mecistura); 4° Psaltrie (Psaltria); 5° Panure (Panurus); 6° Mésange-Grimpereau (Certhiparus); 7° Parisome (Parisoma): 8° Rémiz (Paroides). Tous les Oiseaux de cette famille sont faibles en apparence parce qu'ils sont très-petits; mais ils sont en même temps vifs, agissants et courageux : on les voit sans cesse en mouvement, sans cesse ils voltigent d'arbre en arbre ; ils sautent de branche en branche; ils grimpent sur l'écorce ; ils gravissent contre les murailles; ils s’accrochent, se suspendent de toutes les manières, souvent même la tête en bas, afin de pouvoir fouiller dans toutes les petites fentes, et y chercher les Vers, les Insectes ou les œufs. Ils vivent aussi de graines; mais, au lieu de les casser dans leur bec, comme font les Linottes et les Chardonnerets, presque toutes les Mésanges les tiennent assujetties sous leurs petites serres, et les percent à coups de bec; elles percent de même les noisettes, les amandes, ete. Si on leur suspend une noix au bout d’un fil, elles s’accrochent à cette noix et en suivent les oscilla- tions ou balancements sans lâcher prise, sans cesser de la becqueter. Gn à remarqué qu’elles ont les 120 HISTOIRE NATURELLE. museles du cou très-robustes et le crâne très-épais, ce qui explique une partie de leurs manœuvres; mais, pour les expliquer toutes, il faut supposer qu’elles ont aussi beaucoup de force dans les muscles des pieds et des doigts. La plupart des Mésanges d'Europe se trouvent dans nos climats en toute saison, mais jamais en aussi grand nombre que sur la fin de l’automne, temps où celles qui se tiennent l'été dans les bois ou sur les montagnes en sont chassées par le froid, les neiges, et sont forcées de venir chercher leur subsistance dans les plaines cultivées et à portée des lieux habités. (Burron.) M. Saint-Jobn cite le fait d’une Mésange bleue attirée sans doute par quelques Mouches se trainant péniblement sur les vitres, en novembre, qui vint, de son plein gré, s'établir dans son salon; elle poursuivait les Mouches avec une ardeur incroyable, fourrant son petit bec dans tous les coins, dans toutes les fentes, et exterminant ainsi celles que le balai avait épargnées, Elle s’apprivoisa peu à peu jusqu'à venir becqueter des miettes de pain que les enfants avaient jetées pour elle tout auprès de la table. L'activité, ajoute cet observateur, que met cet Oiseau à détruire les Mouches mérite assuré- ment qu'on lui accorde quelque protection. (Portefeuille d’un naturaliste et Revue britannique, 1849.) Le traducteur de Bechstein dit avoir vu une Mésange huppée prise adulte, qui n’a pas été plus dif- ficile à priver qu'une autre. Après avoir passé un hiver en cage, elle refusa sa liberté au printemps. Mise alors dans le jardin près de la maison, elle y était encore le soir après avoir crié et sautillé par- tout avec anxiété pendant toute la journée. Sa maitresse, craignant quelque accident pour cette favo- rite durant la nuit, alla lui présenter la cage, dans laquelle elle sauta avec joie. Depuis ce moment on la laissa voltiger librement dans trois chambres contiguës; elle fut toujours très-gaie, venant, quand sa maitresse l’appelait, se percher sur ses doigts et chercher, dans sa main à demi fermée, les Mou- ches qu’elle y avait mises. Elle s’était fait un nid dans un rideau de fenêtre, dans lequel elle se glis- sait le soir à la dérobée. Pour peu qu'elle vit quelqu'un avoir les yeux tournés de ce côté, elle n'y allait point, et saisissait l'instant favorable avec tant de prestesse, qu'on fut longtemps sans savoir où elle se retirait. On ne toucha plus dès cet instant au rideau pour ne pas la déranger. Durant la mauvaise saison, et même au commencement du printemps, les Mésanges vivent de quel- ques graines sèches, de quelques dépouilles d'Insectes qu'elles trouvent en furetant sur les arbres; elles pincent aussi les boutons naissants et s’accommodent des œufs de Chenilles, notamment de ceux que l’on voit autour des petites branches, rangés comme une suite d’anneaux ou de tours de spirale; enfin elles cherchent dans la campagne de petits Oiseaux morts; et, si elles en trouvent de vi- vants affaiblis par la maladie, embarrassés dans des piéges, en un mot, sur qui elles aient de l’avan- tage, fussent-ils de leur espèce, elles leur percent le crâne et se nourrissent de leur cervelle; et cette cruauté n’est pas toujours justifiée par le besoin, puisqu'elles se la permettent lors même qu'elle leur est inutile; par exemple, dans une volière où elles ont en abondance la nourriture qui leur convient. Pendant l'été elles mangent, outre les amandes, les noix, les Insectes, etc., toutes sortes de noyaux, des châtaignes, de la faine, des figues, du chènevis, du panis et autres menues graines. On a remar- qué que celles que l’on tient en cage sont avides de sang, de viande gâtée, de graisse rance et de suif fondu, ou plutôt brûlé par la flamme de la chandelle; il semble que leur goût se déprave dans l’état de domesticité. En général, toutes les Mésanges, quoique un peu féroces, aiment la société de leurs semblables et vont par troupes plus où moins nombreuses. (Burrox.) Il est très-rare de rencontrer des individus isolés. Ils vivent en troupes ou plutôt en familles, sur- tout après les couvées. On les entend se rappeler sans cesse et redoubler leurs cris dès qu’elles se perdent de vue; on les voit se réunir un instant, se quitter, puis se rapprocher de nouveau. Les li- sières des bois, les buissons, les haies, les jardins, les endroits marécageux, les bords des rivières, sont les lieux où ils exercent constamment leur industrie. On a prétendu qu’il règne entre les Mé- sanges moins d'attachement que de méfiance, et que les individus d'une même espèce se craignent mutuellement; on a même avancé que cette méfiance et cette crainte mutuelles étaient cause que ces Oiseaux se tenaient toujours à quelque distance les uns des autres. Si le fait était vrai, on ne saurait trop comment expliquer leur instinct de sociabilité; mais nous pouvons assurer que, dans cette circon- Stance comme dans beaucoup d’autres, on s’est trompé. Si bien souvent les Mésanges qui composent une bande sont éparpillées çà et là sur le même arbre, c'est que les Insectes qu'elles y cherchent n'y OISEAUX. 121 sont pas non plus ramassés sur un seul point, et non-seulement alors elles se’dispersent sur toutes les branches, mais, lorsque deux de ces Oiseaux suivent la même direction, on les voit arriver jus- qu'au bout de la tige qu'ils parcourent, exerçant tranquillement leur industrie l'un près de l’autre. Si quelquefois il y a querelle entre les Mésanges, c’est toujours lorsque l’une est sur le point d’enle- ver la proie à l'autre. (Genges, Dice. univ. d'Hist nat., 1847.) Fig. 464 ot 162 — Rémiz. {Mâle et femelle.\ Elles se livrent avec moins de défiance à des unions plus intimes qui se renouvellent chaque année au printemps, et dont le produit est considérable, car c’est le propre des Mésanges d'être plus fécon- des qu'aucun autre genre d'Oiseaux, et plus qu'en raison de leur petite taille. Cela est si connu en Angleterre, qu'il a passé en usage de donner le nom de Mésange à toute femme qui est à la fois très- petite et très-féconde. On serait porté à croire qu'il entre dans leur organisation une plus grande quantité de matière vivante, et que l’on doit attribuer à cette surabondance de vie leur grande fécon- dité, comme aussi leur activité, leur force et leur courage. Aucun autre Oiseau n’attaque la Chouette plus hardiment; elles s’élancent toujours les premières, et cherchent à lui crever les yeux. Leur ac- tion est accompagnée d’un renflement de plumes, d’une succession rapide d’attitudes violentes et de mouvements précipités, qui expriment avec énergie leur acharnement et leur petite fureur. Lors- qu'elles se sentent prises, elles mordent vivement les doigts de loiseleur, les frappent à coups de bec redoublés et rappellent à grands cris les Oiseaux de leur espèce, qui accourent en foule, se pren- nent à leur tour et en font venir d'autres qui se prendront de même. Aussi M. Lottinger assure-t-il que sur les montagnes de Lorraine, lorsque le temps est favorable, c’est-à-dire par le brouillard, ils où 16 122 HISTOIRE NATURELLE. ne faut qu'un appeau, une petite loge et un bâton fendu, pour en prendre quarante ou cinquante dou- zaines dans une matinée. On les prend encore en grand nombre, soit au trébuchet, soit au petit filet d’Alouettes, soit au lacet, soit au collet ou aux gluaux, ou avec la reginglette, ou même en les enivrant, comme faisaient les anciens, avec de la farine délayée dans du vin. Cette pâtée leur donne des étourdis- sements, elles tombent, se débattent, font effort pour s'envoler, retombent encore etamusent les spec- tateurs par la variété bizarre de leurs mouvements et de leurs attitudes. Voilà bien des moyens de destruction employés contre de petits Oiseaux, et presque tous employés avec succès. La raison est que ceux qui élèvent des Abeilles ont grand intérêt à détruire les Mésanges, parce qu’elles font une grande consommation de ces Insectes utiles, surtout quand elles ont des petits; d’autres disent que c’est l'hiver qu’elles en détruisent le plus, parce que les Abeilles, étant alors moins vives, elles redou- tent moins leur aiguillon et les attrapent plus facilement en volant; et d'ailleurs elles ont trop de vi- vacité pour ne pas donner dans tous les piéges, surtout au temps de leur arrivée, car elles sont alors très-peu sauvages. Elles se tiennent davs les buissons, voltigent autour des grands chemins et se laissent approcher, mais bientôt elles acquièrent de l'expérience et deviennent un peu plus dé- fiantes. i Elles pondent jusqu'à dix-huit et vingt œufs, plus où moins; les unes dans des trous d'arbre, se servant de leur bee pour arrondir, lisser, façonner ces trous à l'intérieur et leur donner une forme convenable à leur destination; les autres dans des nids en boule et d’un volume très-disproportionné à la taille d’un si petit Oiseau. Il semble qu'elles aient compté leurs œufs avant de les pondre; il semble aussi qu’elles aient une tendresse anticipée pour les petits qui en doivent éclore; cela paraît aux précautions affectionnées qu'elles prennent dans la construction du nid, à l'attention prévoyante qu'ont certaines espèces de le suspendre au bout d'une branche, au choix recherché des matériaux qu'elles y emploient, tels qu'herbes menues, petites racines, mousse, fil, crin, laine, coton, plumes, duvet, etc. Elles viennent à bout de procurer la subsistance à leur nombreuse famille, ce qui suppose non-seulement un zèle, une activité infatigables, mais beaucoup d'adresse et d'habileté dans leur chasse; souvent on les voit revenir au nid ayant des Chenilles dans le bec. Si d’autres Oiseaux atta- quent leur géniture, elles la défendent avec intrépidité, fondent sur l'ennemi, et, à force de cou- rage, font respecter la faiblesse. Toutes les Mésanges d'Europe ont des marques blanches autour des yeux; le doigt extérieur uni par sa base au doigt du milieu, et celui-ci de très-peu plus long que le doigt postérieur; la langue comme tronquée et terminée par des filets; presque toutes sont très-fournies de plumes sous le crou- pion; toutes, excepté la Mésange bleue, ont la tête noire ou marquée de noir; toutes, excepté la Mésange à longue queue (Mécisture), ont les pieds de couleur plombée; mais, ce qui caractérise plus particulièrement les Oiseaux de cette famille, c’est leur bec, qui n'est point en alène, comme l’ont dit quelques méthodistes, mais en cône court, un peu aplati par les côtés; en un mot, plus fort et plus court que celui des Fauvettes, et souvent ombragé par les plumes du front, qui se relèvent et revien- nent en avant: ce sont leurs narines recouvertes par d’autres plumes plus petites et immobiles; enfin ce sont surtout leurs mœurs et leurs habitudes naturelles. Il n’est pas inutile de remarquer que les Mésanges ont quelques traits de conformité avec les Corbeaux, les Pics et mème les Pies-Grièches, dans la force relative de leur bec et de leurs petites serres, dans les moustaches qu'elles ont autour du bee, dans leur appétit pour la chair, dans leur manière de déchirer leurs aliments en morceaux pour les manger, et même, dit-on, dans leurs cris et dans leur manière de voler; mais on ne doit point pour cela les rapporter aux mêmes genres, comme a fait Kramer; il ne faut qu'un coup d'œil de comparaison sur ces Oiseaux, il ne faut que les voir grimper sur les arbres, examiner leur forme extérieure, leurs proportions, et réfléchir sur leur prodigieuse fécondité, pour se convaincre qu'une Mésange n’est rien moins qu'un Corbeau. D'ailleurs, quoique les Mésanges se battent et s’entre-dévo- rent quelquefois, surtout certaines espèces qui ont l’une pour l'autre une antipathie marquée (telles sont la Charbonnière et la Nonette cendrée), elles vivent aussi quelquefois en bonne intelligence entre elles et même avec des Oiseaux d’une autre espèce, et l'on peut dire qu'elles ne sont pas essentielle- ment eruelles, comme les Pies-Grièches, mais seulement par accès et dans des circonstances qui ne sont pas toutes bien connues. J'en ai vu qui, bien loin d’abuser de leur force, le pouvant faire sans aucun risque, se sont montrées capables de la sensibilité et de l'intérêt que la faiblesse devrait tou- jours inspirer au plus fort. Ayant mis dans la cage où était une Mésange bleue deux petites Mésanges D | OISEAUX. 123 noires, prises dans le nid, la bleue les adopta pour ses enfants, leur tint lieu d’une mère tendre et partagea avec eux sa nourriture ordinaire, avec grand soin de leur casser elle-même les graines trop dures qui s’y trouvaient mêlées; je doute fort qu'une Pie-Grièche eût fait cette bonne action. … Nos connaisseurs prétendent qu'elles chantent très-bien; ce qu'il faut entendre de leur chant de printemps, je veux dire de leur chant d'amour, et non de ce cri désagréable et rauque qu'elles conservent toute l’année, et qui leur a fait donner, à ce que l’on prétend, le nom de Serrurier. Les mêmes connaisseurs ajoutent qu’elles sont capables d'apprendre à siffler des airs; que les jeunes, prises un peu grandes, réussissent beaucoup mieux que celles qu'on élève à la brochette, qu'elles se familiarisent promptement et qu'elles commencent à chanter au bout de dix ou douze jours; enfin ils disent que ces Oiseaux sont fort sujets à la goutte, et ils recommandent de les tenir chaudement pen- dant l'hiver. Presque toutes les Mésanges font des amas et des provisions, soit dans l’état de liberté, soit dans la volière. M. le vicomte de Querhoent en a vu souvent plusieurs de celles à qui il avait coupé les ailes prendre dans leur bec trois ou quatre grains de panis avec un grain de chènevis, et grimper d’une vitesse singulière au haut de la tapisserie où elles avaient établi leur magasin; mais il est clair que cet instinct d’amasser, d’entasser les provisions, est un instinct d'avarice et non de prévoyance, du moins pour celles qui ont coutume de passer l'été sur les montagnes et l'hiver dans les plaines. On à aussi remarqué qu'elles cherchent toujours les endroits obscurs pour se coucher; elles semblent vouloir percer les planches ou la muraille pour s’y pratiquer des retraites, toutefois à une certaine hauteur, car elles ne se posent guère à terre et ne s'arrêtent jamais longtemps au bas de la cage. M. Hébert a observé quelques espèces qui passent la nuit dans des arbres creux; il les a vues plu- sieurs fois s’y jeter brusquement, après avoir regardé de tous côtés, et, pour ainsi dire, reconnu le terrain; et il a essayé inutilement de les faire sortir en introduisant un bâton dans les mêmes trous où il les avait vues entrer; il pense qu’elles reviennent chaque jour au même gite, et cela est d’au- tant plus vraisemblable, que ce gite est aussi le magasin où elles resserrent leurs petites provisions. Au reste, tous ces Oiseaux dorment assez profondément, et la tête sous l’aile, comme les autres. Leur chair est en général maigre, amère et sèche, et par conséquent un fort mauvais manger; cependant il paraît qu'il y a quelques exceptions à faire. Gessner dit qu'on en mange en Suisse; mais il avoue que ce n’est rien moins qu'un bon morceau; le seul Schwenckfeld est d'avis que c’est une viande qui n’est ni de mauvais goût ni de mauvais sue, en automne et en hiver. (Burron.) 1 GENRE. — MÉSANGE. PARUS. (Linné.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec fort, plus court que la tête, presque conique, à arête supérieure et commussure courbée, l'arête inférieure se relevant à son extrémité, comprimé jusqu'à la pointe, qui est entière el aiguë. Narines latérales, basales, à ouverture arrondie et cachée sous les plumes du front. Fig. 165, — Parus cristatus Fig. 164. — Parus cristatus Ailes médiocres, surobtuses, la première rémige très-courte, la troisième plus courte que la qua: trième et à la cinquième, qui sont égales et les plus longues de toutes. 124 HISTOIRE NATURELLE. Queue plus où moins longue, tantôt égale, tantôt arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts médiocres, les latéraux égaux, le pouce long et fort, ainsi que son ongle, qui est, comme les autres, courbé ej aigu. Ce genre se compose de quarante-six espèces de l'Europe, de l'Asie, de l'Océanie, de l'Afrique et de l'Amérique septentrionale. Nous figurons toutes les espèces d'Europe. Nous confondons dans ce genre les genres Lophophanes et Cyanistes du docteur Kaup, Melanochlora de Lesson, et son syno- nyme Crataionyæ, et Paroïdes de Brehm. La Charbonnière ou grosse Mésange, type du genre, a presque toutes les habitudes que nous avons décrites en parlant de la famille. Je ne sais pourquoi, dit Buffon, Belan s'est persuadé que cette espèce ne se pendait pas tant aux branches que les autres, car j'ai eu occasion d'observer un individu qui se pendait sans cesse aux bätons de la partie supérieure de sa cage, et qui, étant devenu malade, s'accrocha à ces mêmes bà- tons, la tête en bas, et resta dans cette situation pendant toute sa maladie, jusqu'à sa mort inclusi- vement, et même après sa mort. Je me suis aussi convaincu par moi-même que la Charbonnière en cage perce quelquefois le crâne aux jeunes Oiseaux qu'on lui présente, et qu’elle se repaît avidement de leur cervelle. M. Hébert s’est assuré du même fait à peu près, en mettant en expérience dans une cage un Rouge-Gorge avec huit ou dix Charbonnières; l’expérience commença à neuf heures du matin; à midi le Rouge-Gorge avait le crâne percé, et les Mésanges en avaient mangé toute la cervelle. D'un autre côté, j'ai vu un assez grand nombre de Mésanges charbonnières et autres, toutes prises à la pipée, lesquelles avaient vécu plus d’un an dans la même volière, sans aucun acte d'hostilité; et, dans le moment où j'écris, il existe une Charhonnière vivant depuis six mois en bonne intelligence avec des Chardonnerets et des Tarins, quoique lun des Tarins ait été malade dans cet intervalle, et que, par son état, il lui ait of- fert plus d'une occasion facile de satisfaire sa voracité. En état de liberté, ces Oiseaux commencent de s’apparier dès les premiers jours de février; ils éta- blissent leur nid dans un trou d'arbre ou de muraille (surtout de murailles de maisons isolées et à portée des forêts; par exemple, de celles des charbonniers, d'où est venu, selon quelques-uns, à cette Mésange le nom de Charbonnière); mais ils sont longtemps appariés avant de travailler à le con- struire, et ils le composent de tout ce qu'ils peuvent trouver de plus doux et de plus mollet. La ponte est ordinairement de huit, dix, et jusqu'à douze œufs blancs avec des taches rougeâtres, principale- ment vers le gros bout. L'incubation ne passe pas douze jours; les petits nouvellement éclos restent plusieurs jours les yeux fermés; bientôt ils se couvrent d'un duvet rare et fin, qui tient au bout des plumes et tombe à mesure que les plumes croissent; ils prennent leur volée au bout de quinze jours, et l’on a observé que leur accroissement était plus rapide quand la saison était pluvieuse; une fois sortis du nid, ils n'y rentrent plus, mais ils se tiennent perchés sur les arbres voisins, se rappelant sans cesse entre eux, et ils restent ainsi attroupés jusqu'à la nouvelle saison, temps où ils se sépa- rent deux à deux pour former de nouvelles familles. C’est peut-être par un effet de cette habitude du premier âge de se rappeler entre elles que les Mésanges accourent si vite dès qu’elles entendent la voix de leurs semblables. On trouve des petits dans les nids jusqu’à la fin du mois de juin, ce qui in- dique que les Charbonnières font plusieurs pontes; quelques-uns disent qu'elles en font trois; mais ne serait-ce pas lorsqu'elles ont été troublées dans la première qu’elles en entreprennent une se- conde, etc. ?.…. La langue n’est point fine et immobile, comme quelques-uns l'ont cru: l'Oiseau la pousse en avant et l'élève parallèlement à elle-même avec une déclinaison suffisante à droite et à gauche, et par con- séquent elle est capable de tous les mouvements composés de ces trois principaux; elle est comme tronquée par le bout et se termine par trois ou quatre filets. La Charbonnière s’en sert pour tâter les aliments avant de les manger. (Burrox.) Elles se nourrissent d’Insectes, de graines et de baies, détruisent beaucoup de Chenilles lisses, de Mouches, de Sauterelles, de Cousins et de petites Phalènes, grimpent autour des arbres comme les Pies, pour y chercher dans la mousse les œufs, larves et nymphes d’'Insectes. Dans l'automne et lhi- ver, elles mangent toute sorte de graines, surtout de chanvre, de pin et de sapin, de l’avoine, des Fig, 2. — Sphenostoma cristatum. Pl 26. OISEAUX. 125 pepms de fruits, des faines, des noix, enfin de la charogne. Eiles contiennent ces choses avec leurs pattes, les déchirent à coups de bec et les lèchent avec leur langue. Dans la chambre, elles mangent de tout ce qui vient sur la table, viande, pain, fromage, légumes, noyaux d'amandes douces, de noix et de noisettes, lard, et de toute espèce de graisse, enfin les pâtées universelles des autres Oiseaux, de sorte que c'est moins à la délicatesse des Mésanges qu'il faut attri- buer leur peu de durée qu’à la manière de les soigner. Mieux on les nourrit, plus elles chantent et moins aussi elles sont disposées à attaquer les autres Oiseaux. Elles boivent beaucoup et aiment à se baigner. Elles plaisent généralement par leur vivacité et leur activité, et plus encore par leur chant gai et joyeux. (Becusreix.) Œsophage, deux pouces et demi (près de sept centimètres), formant une petite poche glanduleuse avant de s'insérer dans le gésier, qui est musculeux et doublé d’une membrane ridée, sans adhé- rence : J'y ai trouvé de petites graines noires, mais pas une seule petite pierre; intestins, six pou- ces quatre lignes {dix-sept centimètres environ); deux vestiges de cœrum, une vésicule de fiel. (Burron.) MÉSANGE CHARBONNIÈRE. PARUS MAJOR. (Linné.) Tête, cou et haut de la poitrine noirs, avec des reflets blanchâtres; région parotique d’un blanc pur étendu jusqu'à l'œil, de manière à former une sorte de plaque triangulaire; bas de la nuque blanchätre; manteau vert-olive jaunâtre; bas du dos et sus-caudales d’un cendré bleuâtre: poitrine, abdomen d'un jaune soufre avec une bande d’un noir profond sur la ligne médiane; région anale, sous-caudales blanches; petites et moyennes couvertures alaires d’un cendré bleuâtre, avec une bande transversale blanche sur l'extrémité de ces dernières, les grandes noires, bordées de gris bleuätre; rectrices de même couleur, avec la plus latérale blanche en dehors et à l'extrémité; bec noir, pieds brun de plomb; iris noir. (Mäle.) Longueur totale, 0®,15 Très-commune en Europe, sédentaire en France; se trouve aussi dans l'Asie occidentale. Pond de huit à quatorze œufs, quelquefois jusqu'à dix-huit, d’un blanc pur, avec des petits points, les uns d’un rouge pâle, les autres d'un brun rouge foncé, plus rapprochés au gros bout. Grand dia- 9 . . | I © mètre, 0,018 à 0,019; petit diamètre, 0,013 à 0,014. (Drcraxp.) MÉSANGE NOIRE. PARUS ATER. (Linné.) Tête, côtés de la nuque, devant du cou, haut de la poitrine d’un noir lustré; joues, côtés et der- rière du cou blancs; parties supérieures du corps d’un cendré bleuâtre, nuancé d’olivâtre; bas de la poitrine et abdomen d'un gris blanchâtre, avec les flancs et les sous-caudales d’un cendré roussätre; ailes pareilles au dos, traversées par deux bandes blanches formées par l'extrémité des petites et moyennes couvertures; rémiges et rectrices brunes, bordées très-légèrement de cendré; bec noirâtre; pieds gris de plomb; iris noirätre. (Mäle.) Longueur totale, 0,111 ou 0",112. Se trouve dans presque toute l'Europe et en Sibérie (Asie occidentale): est sédentaire dans quel- ques localités de la France, et seulement de passage dans d'autres et en Belgique. Pond de huit à dix œufs blancs, et marqués de petites taches d’un rouge pâle. Grand diamè- tre, 0,015; petit diamètre, 0®,011 à 0,012. (Decraxn.) 126 HISTOIRE NATURELLE. M£SANGE BLEUE. PARUS COŒRULEUS, (Linné.) Vertex bleu azuré; front, région de l'oreille, une bande étroite au-dessus des yeux et de la partie postérieure de la tête blancs; un traitsur les yeux et une bande d'un bleu noirâtre s'étendant de cha- que côté de la gorge inclusivement à la nuque; dessus du corps d'un vert olivâtre; sus-caudales bleues; bas du cou et dessous du corps jaunes, avec une tache allongée d’un bleu noir sur le milieu de l'abdomen; ailes bleues, avec les moyennes et grandes couvertures et les pennes secondaires ter- minées de blanc; queue également bleue; bec brun de corne; pieds bleu de plomb; iris noirâtre. (Male.) Longueur totale, 0,11 à 0",12. Habite toute l’Europe et vit sédentaire en France. IL'existe des variétés isabelle; il ÿ en a d’autres avec les ailes et la queue entièrement d'un brun bistre. Pond huit ou dix œufs, un peu courts et blancs, avec de très-petits points bruns et quelques taches couleur de brique. Grand diamètre, 0,016; petit diamètre, 0,012. (Decranp.) MÉSANGE AZURÉE PARUS CYANUS. (Pallas.) Dessus de la tête d’un blanc nuancé de bleu d'azur; une grande tache blanche sur la nuque; dos, croupion et haut de l'aile d’un bleu d'azur; front, côtés de la tête et toutes les parties inférieures d’un blanc pur, avec une tache bleue au milieu de l'abdomen; une bande d'un bleu obscur, étendue du bee à la nuque, passe sur les yeux, s’élargit ensuite et entoure la tête; grandes couvertures alaires d'un bleu foncé, bordées de bleu plus clair et terminées de blanc; les deux rectrices médianes d’un bleu d'azur comme le dos, les latérales bordées et terminées de blanc. (Mäle.) Longueur totale, 0,195. Habite le nord de l'Europe et de l'Asie, se montre en hiver dans le centre et le sud de la Russie, en Pologne, en Allemagne. Propagation inconnue. (DEGLanp.) MÉSANGE BICOLORE. PARUS BICOLOR, (Linné.) Parties supérieures d’un gris bleuâtre, avec une tache noire au front; parties inférieures d'un blanc roussâtre, plus foncé sur les flancs et d’une teinte rougeâtre aux sous-caudales, ailes et queue pa- reilles au dos, avec les pennes bordées de gris-roux; bec et pieds gris de plomb; iris noisette. (Male.) Longueur totale, 0,151 ou 0,159. Habite le nord de l'Europe et l'Amérique septentrionale. Pond six œufs blancs avec de petites taches rouges peu nombreuses vers le gros bout. (DzçLann.) MÉSANGE HUPPÉE. PARUS CRISTATUS. (Linné.) Plumes du dessus de Ja tête formant une belle huppe, noires au centre et bordées de gris blanchâtre; nuque et dessus du corps d'un cendré roussâtre; dessous gris blanchàtre, plus foncé et nuancé de roux sur les flancs, l'abdomen et les sous-caudales; gorge et devant du cou noirs, avec OISEAUX. 127 un collier de cette couleur qui remonte à l’occiput, précédé d'un autre collier blane, plus large; ailes et queue pareilles au dos, avec les rémiges secondaires bordées de gris-roux et les primaires de blanc sale; bec noir; pieds gris de plomb; iris brun roussâtre. (Müle.) Longueur totale, 0,195. Habite presque toute l'Europe tempérée et n'est pas rare en France. Pond cinq œufs blancs avec de petites taches d’un rouge de sang päle ou d’un rouge de brique. Grand diamètre, 0%,015; petit diamètre, 0,013. (Drcrann.) 2e GENRE. — NONETTE. POECILLA. (Kaup, 1829.) Iouxthcs, varié, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec moitié de la longueur de la tête, en forme de coin, robuste, les deux arêtes mandibulaires légèrement courbées, comprimé sur les côtés dans toute sa longueur jusqu'à la pointe, qui est en- tière, plus haut que large, sans poils à la base. Narines entièrement couvertes par les plumes du front, qui y sont comme collées d’arrière en avant, de mème que chez les Picinés. NÉE ÈS se M ( Fig. 165. — Pœcila palustris. Fig. 166. — Pæœcila palustris. Ailes arrivant à la moitié de la queue, surobtuses, à première rémige très-courte, la seconde moins, les troisième, quatrième el cinquième presque égales, ces deux dernières les plus longues. Queue légèrement échancrée, les rectrices latérales projetées en dehors. Tarses courts et forts, de la longueur du doigt médian, les deux latéraux presque égaux, le pouce et son ongle robustes; ongles crochus et acérés, celui du pouce le plus long et égulant ce doïgt en longueur. Fig. 467. — Pœcila palustris (variété). Fig. 168. —- Pæcila palustris (variété). Ce genre, qui a pour type notre Mésange de marais ou Nonette, renferme dix-huit espèces de l'Eu- rope, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie. Il a été fondé moins sur des différences caractéristiques bien marquées que sur des différences de mœurs assez importantes. Ainsi, l'une des espèces de ce genre, la Nonette de marais, aurait l'habitude de creuser elle- même les arbres pour y placer son nid, contrairement à ce que font les Mésanges proprement dites 128 HISTOIRE NATURELLE. (Parus), qui s’accommodent d'un trou naturel. Ses habitudes sont, du reste, celles des autres Mésanges. Nous ajouterons la description d’une espèce nouvelle, récemment découverte en Savoie, et décrite par M. Bailly, à qui l'on doit déjà la découverte du Grimpereau de Coste. NONETTE DE MARAIS. POECILA PALUSTRIS. (Linné, Kaup.) Dessus de la tête, derrière du cou et un petit espace à la gorge, noirs; parties supérieures du corps d’un cendré roussâtre; région de l'oreille, devant du cou et parties inférieures du corps, d’un gris blanchâtre, lavé de roussâtre sur les côtés du cou, les flancs et les sous-caudales; ailes et queue pareilles au dos, avec les pennes brunes, et bordées de cendré roussâtre; bec brun; pieds brun de plomb; iris noir. (Mäle.) Longueur totale, 0",12 environ. Se trouve dans toute l’Europe et dans la Sibérie; commune en France. Pond de treize à quinze œufs courts, blancs, avec de très-petits points rougeâtres, plus rapprochés au gros bout; quelquefois ces points sont remplacés par des taches d'une assez grande étendue. Grand diamètre, 0,015: petit diamètre, 0,012. (Deccann.) NONETTE BORÉALE. POBCILA BOREALIS. (De Sélys.) Dessus de la tête d’un noir profond, se prolongeant sur la nuque; dessus du cou et du corps d'un gris cendré; gorge noire, avec ou sans bordure grise à l'extrémité des plumes, probablement suivant les saisons; poitrine et abdomen blancs, avec les flancs et les sous-caudales lavés de rose clair; joues et région parotique d’un blanc pur; ailes et queue brunes, avec les pennes bordées de cendré; bec et pieds noirs. Longueur totale, 0",113 à 0",114. Habite le nord de l'Europe, lIslande, la Norwége et la Russie. (DecLan.) NONETTE DE SIBÉRIE. PŒCILA SIBIRICA. (Gmelin, Kaup.) Dessus de la tête et du cou d’un cendré brun de suie; dos et sus-caudales d’un cendré roux pro- noncé; gorge, devant du cou, haut de la poitrine, quelquefois toute la poitrine, d’un noir profond; une partie de la poitrine, milieu de l'abdomen, blancs; flancs et sous-caudales lavés de roux ocreux; tempes et côtés du cou d’un blanc très-pur; ailes d'un cendré brun à reflets, avec les couvertures et les rémiges bordées de cendré clair; queue brune, avec des reflets cendrés, et la penne externe de chaque côté lisérée de gris blanc; bec noir, pieds gris de plomb; iris brun foncé. (Male) Longueur totale, 0,137 ou 0,138. Habite l'Europe et l'Asie septentrionale. Propagation inconnue. (DeGLanp.) NONETTE LUGUBRE. POECILA LUGUBRIS. (Natterer, Ch. Bonaparte.) Dessus de la tête d’un noir de suie, ne s'étendant pas au delà de l’occiput; dessus du cou et du corps d'un cendré brun; gorge et devant du cou d’un noir moins profond que celui du vertex; poitrine OISEAUX. 42) ct abdomen d’un blanc lavé de gris terne sur les côtés, et de roussâtre au bas du ventre: tempes et côtés du cou nuancés de gris-brun; ailes et queue de même couleur que le dos, avec les rémiges et les rectrices lisérées de cendré verdâtre; bec et pieds gris: iris brun. (Mâle.) Longueur totale, 0,165 ou 0,166. Habite la Dalmatie, la Hongrie et la Russie. Propagation inconnue. (DEGLann.) NONETTE DES FRIMAS. POŒCILA FRIGORIS. (Sélys, Ch. Bonaparte.) Ne diffère pas sensiblement de la Nonette à tête noire du Canada sous le rapport des couleurs : seulement, le noir de la gorge est moins étendu sur les côtés; il forme même un plastron presque de même forme que chez le Parus ater; le dos est plus olivâtre, presque comme chez le Pœcila palus- tris, et le bas du ventre plus roussâtre; mais les dimensions sont plus fortes. Longueur totale, 4 pouces 10 lignes environ, de la queue, 2 pouces 6 lignes. Habite l'Islande. (De Séuvs-Lonccuames, Bulletin de l'Académie royale de Bruxelles, 843.) NONETTE DES ALPES. POŒECILA ALPESTRIS (Bailly, Chenu et O. Des Murs Adulte en plumage d'hiver. — Une large calotte d'un noir tirant très-légèrement sur le brun, et descendant très-notablement jusque sur la partie supérieure du cou. (Celle du P. palustris est d'un noir profond et brillant, surtout sur Le sommet de la tête, et se termine seulement en arrière de la nuque.) Une plaque noire, et presque de la même nuance que la tête, couvre la gorge, d'où elle s'é- tend sur les côtés du cou, où les plumes, dans cette saison, ont une faible bordure de cendré ou de blanchâtre, ce qui la restreint alors un peu plus qu'en été, mais qui disparaît au printemps. (Le P. pa- lustris n'a sur la gorge qu'une simple tache noire de 4 à 5 lignes tant en longueur qu'en largeur, tan- dis que le noir ou le noirâtre de l'Apestris occupe, en hiver, 6-7 lignes de longueur, et 7-8 lignes, en été, sur 11-12 de largeur à la base.) Joues, régions des oreilles, d'un blane sale qui descend de chaque côté du cou aussi bas sur l'arrière de la nuque que le noir de la tête, conséquemment sur un peu plus de longueur que chez le P. palustris. Parties inférieures d'un blane grisätre qui prend, sur- tout sur les flancs et vers l'abdomen, une teinte légère d’un brun ocracé, assez semblable à celui du palustris. Dos, scapulaires, d'un cendré olivâtre également pareil à celui du palustris. Ailes et queue d'un gris brun, liséré, à l'extérieur, de cendré sur les grandes pennes, et à peine tirant sur l'olivâtre comme chez ce dernier; la penne la plus latérale de la queue, qui est la plus courte de toutes, bordée de blanchâtre à l'extérieur; couvertures inférieures de la queue d’une teinte plus som- bre que le P. palustris. Iris brun foncé; bec et pieds couleur de plomb foncé. Les jeunes, au sortir du nid et jusqu'à la première mue, ont le noir de la tête moins foncé que les adultes; celui de la gorge est déjà marqué dans toute la largeur qu'il doit occuper, mais un peu mêlé de cendré à l'extrémité des plumes. Le blanchâtre des joues est déjà plus large et plus prononcé que chez les jeunes du P. palustris. Adultes et vieux au printemps. — Le blanc des joues et des régions des oreilles devient plus pur, plus étendu que durant l'hiver, par l'effet de la mue ruptile, c'est-à-dire par l'usure du bord externe blanchâtre des plumes; mais il n’est jamais aussi pur que chez le Parus ater (Mésange petite char- bonnière), et toujours plus pur que chez le P. palustris. Le noir de la gorge se dilate également par la perte de la légère bordure blanchâtre du bout des plumes et dessine une plaque presque triangulaire. La couleur brun ocracé des parties inférieures disparait aussi et se remplace par un blane sale et comme enfumé. Le liséré externe des ailes et des pennes caudales est alors d’un gris assez pur, et les parties supérieures sont d'un cendré rembruni. Ne se plait que dans les forêts froides et anciennes de pins et de sapins des Alpes et de la plupart x : 17 150 HISTOIRE NATURELLE. des hautes montagnes de la Savoie, qu'elle abandonne seulement lorsqu'elle y est forcée par la neige, pour se rapprocher des forêts inférieures à celles de son premier séjour. Elle a été rencontrée assez communément, pendant l’été, dans celles des Bauges, de la Haute-Maurienne et du mont Cénis, dans celles du Dauphiné qui se trouvent à proximité de ces contrées montagneuses. Elle s'y nourrit de di- verses sortes de petits Insectes, de larves, de Chenilles, d'œufs de Papillons et d’Araignées, de semences de plantes et d'arbustes alpestres. Longueur totale, 4 pouces 6 à 7 lignes. (Bai, Entr. du Bulletin de la Société d'Histoire natu- relle de Savoie, janvier 1852.) Sue GENRE. — MÉCISTURE. MECISTURA. (Leach, 1816.) MEéy1570:, très-grand; cu97, queue CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. ( Bec très-court, à peine égal à la longueur de l'intervalle qui existe entre son origine ct l'angle interne de l'œil, comprüné sur le côté, plus haut que large, les deux arêtes subulées, à dos et carène arrondis et convexes, la mandibule supérieure dépassant un peu l'inférieure, eL se terminant en pointe un peu crochue, très-aiquès eL sans échancrure. Narines basales, percées dans le milieu de la hauteur de la mandibule, ovalaires ou ellipsoides, en partie cachées par les plumes de la base du bec, qui est sans poils. Ailes arrondies moyennes, les troisième et quatrième rémiges égales entre elles. les plus lon- ques. | Queue égale à la longueur du corps, ou même la dépassant, par conséquent très-lonque et élugée. T'arses minces, très-gréles, sans squamelles appréciables, ou plutôt recouverts d'une seule squa- melle sans segments, plus longs que le doigt médian: doigts courts, les deux latéraux égaux, les plus courts, le pouce avec son ongle le plus long de tous; ongles très-comprimés et très-aiqus. Fix. 169. — Mecistura paroides. Fig. 170. — Mecistura paroïdes. Les plumes sont presque décomposées, et ressemblent à un duvet fort long. Ce genre, dont le type est notre espèce européenne, la Mésange à longue queue, repose aujour- ‘hui sur deux espèces, celle-ci et une du Japon. Il est synonyme des genres Orites, Mohering; Acre- dula, Koch, et Paroides, Brehm. On ne pouvait mieux caractériser ce très-petit Oiseau que par sa très-longue queue; elle est plus longue, en effet, que tout le reste de la personne, et fait elle seule beaucoup plus de la moitié de la longueur totale; et, comme d’ailleurs cette Mésange a le corps eflilé et Le vol rapide: on la prendrait, lorsqu'elle vole, pour une flèche qui fend l'air. C’est sans doute à cause de ce trait remarquable de disparité par lequel cet Oiseau s'éloigne des Mésanges que Ray a cru devoir le séparer tout à fait de cette famille. Eh! quel autre nom pourrait convenir à un petit Oiseau à bee court et cependant assez fort, qui fait sa principale résidence dans les bois; qui est d'un naturel très-remuant et très-vif, et n'est pas un moment en repos; qui voltige sans cesse de buisson en buisson, d'arbuste en arbuste, court sur les branches, se pend par les pieds, vit en société, accourt promptement au cri de ses semblables, se nourrit de Chenilles, de Moucherons et autres Insectes, quelquefois de graines, pince OISEAUX. 151 les bourgeons des arbres, qu'il découpe adroitement, pond: un grand nombre d'œufs; enfin, qui, suivant les observations les plus exactes, a les principaux caractères extérieurs des Mésanges, et, ce qui est bien plus décisif, leurs mœurs et leurs allures? Quant à la manière de faire le nid, il tient le milieu entre les Charbonnières et les Rémiz. il ne le cache point dans un trou d'arbre, où il serait mal à son aise avec sa longue queue: il ne le suspend pas non plus, ou du moins très-rarement, à un cordon délié, mais il l’attache solidement sur les bran- ches des arbrisseaux, à trois ou quatre pieds de terre; il lui donne une forme ovale et presque cylin- drique, le ferme par dessus, laisse une entrée d’un pouce de diamètre dans le côté, et se ménage quelquefois deux issues qui se répondent, afin d'éviter l'embarras de se retourner : précaution d'au- tant plus utile, que les pennes de sa queue se détachent avec facilité, et tombent au plus léger frois- sement. C’est ce qui lui a fait donner le nom de Perd-sa-queue. Son nid diffère encore de celui du Rémiz en ce qu'il est plus grand, d'une forme plus approchante de la cylindrique; que le tissu n'en est pas aussi serré; que le contour de sa petite entrée ne forme pas communément au dehors un re- bord saillant; que son enveloppe extérieure est composée de brins d'herbe, de mousse, de lichen, en un mot, de matériaux plus grossiers, et que le dedans est garni d'une grande quantité de plu- mes, et non de matière cotonneuse que fournissent les saules et les autres plantes dont se sert le Rémiz. Les Mésanges à longue queue pondent dix à quatorze œufs, même Jusqu'à vingt. tous cachés pres- que entièrement dans les plumes qu’elles ont amassées au fond du nid... Les jeunes vont avec les père et mère pendant tout l'hiver, et c'est ce qui forme ces troupes de douze ou quinze qu'on voit voler ensemble dans cette saison, jetant une petite voix claire, seulement pour se rappeler; mais, au printemps, leur ramage prend une nouvelle modulation, de nouveaux ac- cents, et il devient beaucoup plus agréable. (Burrox.) Nous avons déjà parlé de la sociabilité des Mésanges. La plus grande preuve de cette sociabilité est que la plupart d’entre elles ne sauraient vivre seules. La Mésange à longue queue surtout offre un exem- ple bien remarquable du besoin de la société de ses semblables. Se voit-elle isolée, on l'entend in- continent se désespérer, si nous pouvons ainsi dire. Elle, d'ordinaire si active pour ses besoins, oublie même alors de chercher sa nourriture. Ce n'est plus dans le bas des arbres qu'elle se pose, elle n'en visite plus les branches jusqu'au dernier rameau pour y découvrir lnsecte qui s'y cache; c’est sur la cime qu’elle se perche alors, et de là, poussant de hauts cris d'appel, elle parait attendre qu'on lui réponde. Si rien ne lui indique la présence de ses compagnes dans le voisinage, elle vole se percher sur un arbre plus éloigné pour y recommencer ses cris. Enlin, cette agitation ne cesse que lorsqu'elle a retrouvé la petite troupe dont elle faisait partie, ou une autre dans laquelle elle comptera désormais. Mais, pour offrir un témoignage plus éclatant de l'attachement que ces petits Oiseaux ont les uns pour les autres, nous citerons le fait suivant. Etant en chasse, nous démontämes d’un coup de fusil une Mésange à longue queue qui demeura accrochée à l'arbre sur lequel nous l’avions tirée. Soudain elle poussa de petits cris plaintifs qui attirèrent tout autour d'elle les individus assez nombreux dont se composait la bande à laquelle elle appartenait. Ils voltigeaient avec agitation à côté de leur com- pagnon blessé, s’en approchaient jusqu'à le toucher, et paraissaient s'efforcer de l’attirer à eux par des cris particuliers. Enfin, après avoir observé quelque temps cette sorte de dévouement, nous les abattimes l’un après l’autre, jusqu'au dernier, sans que les coups de fusil pussent les déterminer à s'éloigner. Voilà bien certainement une preuve de l'attachement, nous dirons presque de l'amitié, que les Mé- sanges à longue queue ont l'une pour l'autre. (Gerves, Dictionnaire universel d'Histoire naturelle.) MÉCISTURE À LONGUE QUEUE. MECISTURA CAUDATA ({Linné, Leach.) Tête, cou et poitrine, d'un blanc pur dans les sujets du nord de l'Europe, avec des taches noirä- tres et roussâtres, plus ou moins apparentes et sous forme de bandes sur la tête et le cou dans les sujets de France; parties supérieures du corps varites de noir profond, de rose roux et de cendré 132 HISTOIRE NATURELLE. blanchâtre; abdomen blanc, nuancé de roussâtre plus profond sur les côtés; ailes pareilles au dos, avec les rémiges et les six rectrices médianes noires, et les rectrices latérales blanches en dehors; bec noir; pieds brunâtres; iris noir. (Mäle.) Longueur totale, 0,155 ou 0,156. Ponte de dix à quinze œufs, un peu courts, d'un blanc pur, avec quelques petits points plus ou moins apparents, couleur de brique pâle, et plus rapprochés vers le gros bout. Quelquefois ces points manquent entièrement, et alors l'œuf est d’un blanc parfait. (DEGLanD.) 4ue GENRE. — PSALTRIE. PSALTRIA. (Temminck.) Waxrnotcy, chanteur. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec extrêmement court, obtus, gros et bombé; mandibule supérieure trigone, courbée, à arête vive, l'inférieure à peu près de la même grosseur, un peu bombée en dessous. Narines basales, latérales, totalement cachées par les plumes du front. Ailes courtes, arrondies, subobtuses; première rémige de moyenne longueur, les deux suivantes un peu plus courtes que les autres. Queue très-longue, faiblement étagée. Tarses longs, le doigt postérieur le plus fort, l'interne soudé jusqu'à la seconde articulation, et l’interne à sa base seulement. Fig. 171. — Psaltria emilis. Fig. 172. — Psaltria eæilis. Une seule espèce de l'Océanie, dont nous donnons la figure et la description. Fig. 173, — Psaltrie mignonne. La seule espèce de ce genre, dit M. Temminck, est, sans contredit, après l'Oiseau-Mouche pyg- mée, le plus petit Oiseau qui soit connu; son corps est moins gros que celui du Hanneton; le bec res- Fig A \ À. — Petroica multicolor. > Fig. 2 — Petroica bicolor OISEAUX. 133 semble, en diminutif, à celui des Pardalotes, et c'est des espèces de ce groupe que cet auteur rap- proche le plus la Psaltrie, qui y tient le plus selon lui par tous ses caractères, hormis, avoue-t-il, ceux de sa longue queue et de ses tarses plus longs, caractères la rapprochant des petites espèces de Mésanges. C’est en effet dans les Parinés que MM. Gray et Ch. Bonaparte font figurer ce genre, et que nous le maintenons. L'espèce unique vit en troupes dans les buissons; les individus qui les composent se rappellent sans cesse par un cri répété de tous les autres. PSALTRIE MIGNONNE. PSALTRIA EXILIS. (Temminck.) Du brun terreux couvre la tête, le cou, la queue et les ailes; ces dernières sont bordées de brun plus clair; le dos est gris de souris; la poitrine brun clair, et l'abdomen blanchâtre: bec noir; pieds jaunes; iris blane. Longueur totale, 0,08, dont la queue prend la moitié. Habite Java. üme GENRE. — PANURE. PANURUS. (Koch, 1810.) Ilav, entier; cu2z, queue. ARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec moitié de la longueur de la tête, presque aussi large que haut, à mandibule supérieure sans arête appréciable, à dos presque déprimé, mais arrondi. arqué jusqu'à la pointe, qui est sans échancrure et dépasse, en l'emboitant, celle de la mandibule inférieure; celle-ci allant rejoindre la première, à angle aigu, sans s'arrondir; la base du bec est garnie de nombreux petits poils appli- qués d'arrière en avant et dirigés vers la pointe. Narines basales, médianes, ovalaires, en partie cachées par les plumes du front. Ailes courtes, arrondies, atteignant seulement la base de la queue, subobtuses, penne batarde presque nulle, les troisième et quatrième rémiges les plus longues. Queue allongée, aïquë, les rectrices latérales étagées. Tarses grêles, scutellés, tous les doigts presque égaux entre eux. l'ongle du pouce le plus long. Fig. 174. — Panurus biarmicus. Fig. 175. — Panurus biarmicus. Ce genre, synonyme des genres Calamophilus, Leach, et Mystacinus, Boié, a été compris par M. Gray dans le genre Parus, et a été originairement fondé par Cuvier comme coupe scientifique. I ne repose que sur une espèce unique de l’Europe méridionale et de l'Afrique, la Mésange à mous- tache. La Mésange à moustache ou Panure se trouve aux lieux où il y a des lacs, de grands étangs, des marais étendus pleins de roseaux et de buissons aquatiques; elle se montre rarement en été, se tenant constamment par paire dans les roseaux touffus; mais on peut la rencontrer en hiver, lorsque, ne 134 HISTOIRE NATURELLE. trouvant plus sa nourriture dans ces retraites, elle erre çà et là en famille, se perchant sur les arbres et les buissons. Elle vit principalement d'Insectes aquatiques et mange aussi des graines de roseau commun (arundo phragmitis). En captivité, on lui donne dans les commencements des graines de pavot, des œufs de Fourmis et des Vers de farine; elle mange ensuite du chènevis écrasé et autres mangers ordinaires des Mé- sanges. Mais il faut la mettre dans une grande cage, dans laquelle elle puisse se donner un exercice con- forme à sa vivacité, ou bien, ce qui est mieux, la laisser courir librement. Il y a beaucoup de difficultés pour la prendre hors du nid. Les pêcheurs qui connaissent les lieux où elle se tient, placent adroitement des gluaux sur les roseaux, et tâchent de la chasser doucement de ce côté, pour y faire prendre quelques individus. On préfère cependant les élever prises au nid par la grande difficulté de conserver celles que l’on prend adultes. ( BEcHsTEIx.) Suivant Bechstein, le nid de cette espèce, placé dans les tiges mélées et entrelacées de roseaux, est en forme de bourse, tissu de brins d'herbe sèche et de duvet cotonneux de plusieurs plantes. Selon M. De Méezemaker, cité par M. Degland, l'espèce nicherait au milieu des marais, dans les huttes de roseaux que l’on établit pour tirer les Canards, et son nid serait en forme d'écuelle. Quelques couples se reproduisent en France, dans les fossés de Saint-Omer et les vastes marais de Péronne. Il y a quiuze ou vingt ans, un grand nombre de ces Oiseaux se propageaient dans les moères de Dunkerque; mais un hiver rigoureux, des Oiseaux de proie, une chasse mal entendue, le desséche- ment des marais, en ont détruit une grande partie et fait émigrer le reste. (Decraxn, 1849.) PANURE MOUSTACHE. PANURUS BIARMICUS. (Linné, Koch.) Tête d’un cendré bleuâtre, avec deux moustaches d’un noir velouté, qui descendent le long du cou; croupion et sus-caudales d’un beau roux; gorge, devant du cou et haut de la poitrine d'un blanc ar- genté; le reste des parties inférieures d’un roux clair, plus foncé sur les flancs; sous-caudales noires; ailes pareilles au dos, avec les pennes noirâtres, les primaires lisérées de blanc, les secondaires de roux en dehors et de blanc en dedans; queue d’un roux foncé, les deux pennes latérales blanches en dehors; bec orange; pieds noirâtres; iris jaune. (Wäle.) Longueur totale, 0,172 ou 0,173. Habite une grande partie de l'Europe; sédentaire en Sicile; fort commune en Hollande et en Italie, dans les marais d'Ostia; se montre chaque année, vers la fin d'octobre, de passage dans quelques localités du nord de la France et notamment dans les environs de Lille. (DEcLaxn.) Ge GENRE. — MÉSANGE-GRIMPEREAU. CERTHIPARUS. (De La Fresnaye, 1842.) Certhia, Grimpereau ; parus, Mésange. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, faiblement arqué en dessus et caréné en dessous, comprimé, la mandibule supé- rieure légèrement échancrée, dépassant la mandibule inférieure. Narines basales, recouvertes en partie par les soies et les plumes du front. Ailes moyennes, subobtuses, à première rémige courte, la seconde, la troisième, la quatrième et la cinquième étagées, ces deux dernières les plus longues. Queue assez ample, étagée depuis la première rectrice jusqu'à la sixième, à pennes un peu riyi- des, assez acuminées. OISEAUX. 135 T'arses de la longueur du doigt médian, assez forts, doigts et surtout le pouce également forts (2 [2 ” “ , . ? les latéraux éqaux, ongles légèrement courbés et aigus. Fig. 176. — Certhiparus maculicaudus. Fig. 177. — Certhiparus maculicaudus. Plumage lâche et mou. Ce genre australien, dit M. De La Fresnaye, semble réellement faire le passage des Mésanges aux Grimpereaux. Il tient aux derniers par sa queue rigide à rectrices latérales un peu jetées en dehors, et aux premières par la forme de son bec et de ses pattes, et par tout son ensemble. L'espèce type est le Parus senilis de M. Dubus. Il renferme trois espèces, toutes de la Nouvelle-Hollande. On en connait peu les mœurs. MÉSANGE-GRIMPEREAU ALBICILLE. CERTHIPARUS ALBICILLUS. (Lesson, De La Fresnaye ) Tête, cou et tout le dessous d'un cendré presque blanc; manteau, ailes et queue d’un brunâtre en- fumé plus elair sur la queue; flancs et bas de l'abdomen teints de la même nuance; rémiges finement lisérées de cendré; bec et pattes noirs. Se trouve à la Nouvelle-Zélande. Tue GENRE. — PARISOME. PARISOMA. (Swainson, 1831.) Parus, Mésange; cwu2, corps. CARACTERES GENERIQUES. Bec presque de la longueur de la tête, à arête supérieure et commässure infléchics vers la pointe, qui est échancrée, l'arête inférieure presque droite; des poils à la base. Narines latérales percées dans une écaille membraneuse qui les recouvre en partie, à ouverture longitudinale. Fig. 178. — Parisoma subcæruleum. Fig 179. — Parisoma subcœæruleum. Ailes médiocres, subobtuses, à cinquième et sixième rémiges les plus longues. Queue assez longue, large et arrondie. 136 HISTOIRE NATURELLE. Tarses robustes, trapus, de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts assez longs, les laté- raux égaux, l'externe légèrement soudé à sa base; pouce vigoureux, son ongle très-courbé et crochu. Swainson forma le genre Parisoma sur une espèce d’Oiseau du Cap, connue sous le nom de Fau- vette Grignet, nom qui lui avait été donné par Le Vaillant, Sylvia subcœrulea, Nieillot, mais qui, par la forme de ses pattes et ses habitudes, tient effectivement beaucoup plus des Mésanges que des Fauvettes. (Guérin et De La Fresnave, Voy. en Abyss., de Ferret et Galinier.) Ce genre, que M. Ch. Bonaparte range dans ses Turdidæ avec ses Inodinæ, repose aujourd’hui sur trois espèces de l'Afrique méridionale. Nous figurons le Parisome de Galinier. Fig. 180. — Parisome de Galinier. Les Parisomes ont les mêmes habitudes que les Mésanges. IS vivent en société, sont très-vifs et toujours en mouvement; on rencontre à chaque instant sur les mimosas leurs petites troupes, fortes de huit à dix individus et de douze au plus, parcourant successivement toutes les branches des arbres et furetant partout sous les gerçures des écorces et sous les feuilles, pour y découvrir les Insectes, les larves et les œufs de Papillons, dont ils font leur principale nourriture. Pendant cette recherche, ils font entendre un petit gazouillement qui imite à s'y méprendre celui que font nos petites bandes de Mésanges à longue queue (Panures) lorsqu'elles voltigent d'arbre en arbre. (Le Varcranr, Hist. des Ois. d’Afr.) PARISOME DE GALINIER. PARISOMA GALINIERI. (Guérin et De La Fresnaye ) En dessus d'un gris assez foncé et un peu couleur de fumée, nuance qui s’éclaireit insensiblement sur la partie antérieure de la tête et devient blanche sur le front. Les lorums sont noirs et les yeux se trouvent enveloppés antérieurement dans cette couleur. Le dessous du corps est semblable au dessus, mais un peu plus clair et devient blanchâtre vers le milieu de l'abdomen: le bas de celui-ci et les tec- trices inférieures de la queue sont d’un roux vif, le pli de l'aile et ses pennes sur le côté interne sont noir mat; quelques-unes des primaires sont finement lisérées de cendré clair; en dessous, leur bord interne est d’un gris perle. (Voy. en Abyss. de Galin. et Ferr.) Bec couleur de corne; pieds d’un brun obscur. Se tronve en Abyssinie. OISEAUX. 137 8e GENRE. — RÉMIZ. (G. Cuvier.) PAROIDES. (Koch, 1816.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec fin, taillé en alène, de forme conique, à arètes droites à partir de la base, qui est élevée jus- qu'à la pointe, qui est entière et aiguë, à commissure également droite. Narines basales, latérales, à ouverture entièrement cachée par les plumes du front. Ailes assez courtes, subobtuses, à première rémige très-courte, la seconde moins longue que les troisième et quatrième, qui sont égales et les plus longues. Queue médiocre et fourchue. Tarses trapus, de la longueur du c'oigt médian, scutellés; doigts médiocres, les deux latéraux égaux, l'externe soudé à la base avec le médian, qui est de très-peu plus long; le pouce long et ro- buste, ongles forts, peu courbés et aigus. Fig. 181. — Paroides pendulinus Fig. 182. — Paroides pendulinus Ce genre, synonyme du genre OËgithalus, Nigors, et Pendulinus, Brehm, et dont la création est originairement due à G. Cuvier, renferme cinq espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Ce qu'il y a de plus curieux dans l'histoire des Rémiz, c'est l'art recherché qu'ils apportent à la construction de leur nid; ils y emploient ce duvet léger qui se trouve aux aigrettes des fleurs du saule, du peuplier, du tremble, du juncago, des chardons, des pissenlits, de l'herbe aux Mouche- rons, de la masse-d’eau, ete. Comme les saules et les peupliers fleurissent avant la masse-d’eau, les Rémiz emploient le duvet des fleurs de ces deux espèces d'arbres dans la construction du nid où ils font leur première ponte; et les nids travaillés avec ce duvet sont moins fermes, mais plus blancs que ceux où le duvet de la masse-d’eau a été employé; C’est, dit-on, une manière assez sûre de dis- tünguer une première ponte d'une seconde et d'une troisième. On trouve aussi de ces nids faits de gramen des marais, de poils de Castor, de la matière cotonneuse des chardons. Ces Oiseaux savent entrelacer avec leur bec cette matière filamenteuse et en former un tissu épais et serré, presque sem- blable à du drap; ils fortifient le dehors avec des fibres et de petites racines qui pénètrent dans la texture, et font en quelque sorte la charpente du nid; ils garnissent le dedans du même duvet non ouvré, pour que leurs petits y soient mollement. Quelquefois ce duvet, cette matière cotonneuse est pelotonnée en petits globules, qui ne rendent pas l'intérieur du nid moins mollet ni moins doux. Ils le ferment par en haut, afin qu'ils y soient chaudement, et ils le suspendent avec du chanvre, de l'ortie, ete., à la bifurcation d’une petite branche mobile donnant sur une eau courante : pour qu'ils soient bercés plus doucement par la liante élasticité de la branche, pour qu'ils se trouvent dans Pa- bondance, les Insectes aquatiques étant leur principale nourriture; enfin pour qu'ils soient en sûreté contre les Rats, les Lézards, les Couleuvres et autres ennemis rampants qui sont toujours les plus dangereux; et ce qui semble prouver que ces intentions ne sont pas ici prêtées gratuitement à ces Oiseaux, c’est qu'ils sont rusés de leur naturel, et si rusés, que l’on n’en prend jamais dans les pié- ges, de même qu'on l’a remarqué des Carouges, des Cassiques du nouveau monde, des Gros-Becs d'Abyssinie et autres Oiseaux qui suspendent aussi leurs nids au bout d’une branche. Celui du Rémiz ressemble tantôt à un sac, tantôt à une bourse fermée, tantôt à une cornemuse aplatie, ete.; ila son entrée dans le flanc, presque toujours tournée du côté de l’eau, et située tantôt plus haut, tantôt plus o* ; 18 138 HISTOIRE NATURELLE. bas; c’est une petite ouverture à peu près ronde, d’un pouce et demi de diamètre et au-dessous, dont le contour se relève extérieurement en un rebord plus ou moins saillant, et quelquefois elle est sans aucun rebord. La femelle n’y pond que quatre ou cinq œufs, ce qui déroge notamment à la fécondité ordinaire des Mésanges, dont les Rémiz ont d’ailleurs le port, le bec, le cri et les principaux attri- buts. Ces œufs sont blancs comme la neige; la coque en est extrêmement mince; aussi sont-ils pres- que transparents. Les Rémiz font ordinairement deux pontes chaque année, la première en avril ou mai, et la seconde au mois d'août; il est plus que douteux qu'ils en fassent une troisième. On voit des nids du Rémiz dans les marais des environs de Bologne, dans ceux de la Toscane, sur le lac Trasimène, et ils sont faits précisément comme ceux de la Lithuanie, de la Volhinie, de la Po- logne et de l'Allemagne. Les gens simples ont pour eux une vénération superstitieuse; chaque cabane a un de ces nids suspendu près de la porte; les propriétaires le regardent comme un véritable para- tonnerre, et le petit architecte qui le construit comme un Oiseau sacré. On serait tenté de faire un re- proche à la nature de ce qu’elle n’est point assez avare de merveilles, puisque chaque merveille est une source de nouvelles erreurs. Les Rémiz se trouvent aussi dans la Bohême, la Silésie, l'Ukraine, la Russie, la Sibérie, partout, en un mot, où croissent les plantes qui fournissent cette matière cotonneuse dont ils se servent pour construire leur nid; mais ils sont rares en Sibérie, selon Gmelin, et ils ne doivent pas non plus être fort communs aux environs de Boulogne, puisque Aldrovande ne les connaissait pas. Cependant Da- piel Titius regarde l'Italie comme le vrai pays de leur origine (c'est de là que leur sont venus les noms de Remisch, d'Acanthides Romanæ, d'Oiseaux romains) d'où ils ont passé, par l'État de Ve- nise, la Carinthie et l'Autriche, dans la Bohême, la Hongrie, la Pologne et les contrées encore plus septentrionales. Partout ou presque partout les Rémiz se tiennent dans les terrains aquatiques et sa- vent fort bien se cacher parmi les jones et les feuillages des arbres qui croissent dans ces sortes de terrains. On assure qu’elles ne changent point de climat aux approches de l'hiver; cela est facile à comprendre pour les pays tempérés où les Insectes paraissent toute l'année; mais dans les pays plus ausnord, il est probable que ces Oiseaux changent au moins de position pendant les grands froids. comme font les autres Mésanges, et qu'ils se rapprochent alors des lieux habités. Kramer dit en effet qu’on en voit beaucoup plus l'hiver qu’en toute autre saison aux environs de la ville de Pruck, située sur les confins de l'Autriche et de la Hongrie, et qu'ils se tiennent toujours de préférence parmi les jones et les roseaux. On dit qu'ils ont un ramage, mais ce ramage n’est pas bien connu, et cependant on a élevé pen- dant quelques années de jeunes Rémiz pris dans le nid, leur donnant des œufs de l'ourmis pour toute nourriture; il faut donc qu'ils ne chantent pas dans la cage. (Burrox. ) RÉMIZ PENDULINE. PAROIDES PENDULINUS. (Linné, Koch.) Dessus de la tête, du cou et gorge d'un blanc pur, quelquefois lavé de grisätre; haut et milieu du dos d'un roux vif; bas du dos et sus-caudales d’un cendré roux, très-faiblement flammé de bruntre; poitrine, abdomen et sous-caudales d'un gris nuancé de roussâtre; front et joues noir bistre; haut du dos et petites couvertures alaires brunes, moyennes couvertures d’un roux brun foncé, terminées de roussâtre; les grandes brunes frangées de cendré roussâtre; rémiges et rectrices noirâtres, bordées de blanc roussätre; bee noir; pieds gris de plomb; iris jaune. (Wäle.) Longueur totale, 0,10. Habite la Pologne, la Crimée, l'Italie et la France. On la trouve en grand nombre, l'été, aux environs de Pézenas, où elle niche: elle est de passage en Provence, se montre accidentellement en Lorraine et en Normandie. Pond quatre ou six œufs oblongs, d’un blanc d'ivoire sans taches. (D£cLaND.) l'ig. 1 — Bec-fin riverain OISEAUX. 139 QUATRIÈME TRIBU. — SYLVIIDÉS. Tout ce qui compose le grand genre Motacilla de Linné, à l'exception des espèces que nous avons fait entrer dans nos Saimcolinés, ou pour mieux dire ce qui compose le genre Sylvia de Lathax, nous paraît en général devoir être rangé dans une seule et même tribu, à la suite des Paridés. Ce sont en effet presque toujours la même nourriture, les mêmes habitudes, quant à la manière de se la procu- rer, et par conséquent le même mode de locomotion ou de suspension, soit le long des branches, de leurs extrémités et même de leurs feuilles; soit le long des roseaux ou des hautes graminées maréca- geuses et fluviatiles. Nous formons cette tribu des trois sous-familles suivantes, de M. Ch. Bonaparte, dont nous modi- fions les éléments et intervertissons l’ordre, tout en en conservant les bases: 1° Sylvicoline; 2° Calamoherpine ; 3° Sylviince, auxquelles nous en réunissons une nouvelle, qui n’est qu'un démembrement de la troisième, sous le nom de: Regulincæ. La première de ces familles, dont nous remplaçons le nom par celui de Ficedulinæ, servant, avec nos Régulinés, de passage des Paridés à nos Sylviidés, et la troisième, de ces derniers aux Muscicapi- dés, tels que nous les comprenons, car les Fauvettes, soit par leurs habitudes, soit par leurs caractè- res zoologiques, sont beaucoup moins éloignées qu'on ne le suppose des Gobe-Mouches. PREMIÈRE FAMILLE. — FICÉDULINÉS. Nous substituons ce nom à celui de Sylvicolinæ, adopté par M. Ch. Bonaparte pour cette famille qu'il a créée, mais sur des bases beaucoup plus larges que celles que nous concevons. C’est la même, du reste, à peu de chose près, qui avait originairement été érigée en sous-famille seulement, et sous le nom de Mniotuiltinæ, par M. G. R. Gray, dont le travail n’est guère que la reproduction de celui de M. De La Fresnaye (auquel, et à Swainson après lui, en revient tout l'honneur) sur les Fauvettes ou Becs-Fins, dont il faisait la sixième famille de ses Passereaux sous le nom de Sylvideæe. M. De La Fresnaye, dans ce travail, après avoir divisé ses Becs-Fins en Sylvains (Sylvancæ), Rive- rains (Ripariæ) et Humicoles (Humicolte), fractionnait la première de ces divisions en trois subdivi- sions : Philomèles (Philomelinæ), Muscivores (Muscivoræ) et Sylvains-Mésanges ou Paroïdes (Pa- roidæ). Or, voici dans quels termes, qui s'appliquent parfaitement ici, il posait les bases de cette troisième subdivision, qui plus tard est devenue pour lui la quatrième, par suite de l'insertion d'une autre subdivision qui prit le premier rang sous le nom de Sylvains-Marcheurs (Sylvanæ ambula- toriæ). Une troisième subdivision assez nombreuse, dit cet ornithologiste, celle des Sylvains-Mésanges ou Paroïdes (Sylvanæ paroidæ), que l'on pourrait encore appeler Sylvains-Suspenseurs, comprendra 140 [HISTOIRE NATURELLE. presque toutes ces Fauvettes de l'Amérique du Nord, à plumage en général vivement coloré et varié de jaune, de roux et de noir, que Buffon appelait Figuiers, et qui, par leur bec en cône allongé, dans le genre de celui de la Mésange-Rémiz, leurs formes plus ramassées et surtout leurs habitudes de s’accrocher aux branches et même aux troncs des arbres, semblent s'éloigner de nos Fauvettes proprement dites, et se rapprocher des Mésanges. Nous adopterons le nom de Sylvicola, que leur a donné Swainson, quoique, d’après notre manière de les envisager, nous eussions préféré un nom qui eût exprimé leur double analogie, tel que Sylviparus, par exemple. A côté de ce genre, nous pla- cons le genre Requlus, Roitelet, composé de petits Becs-Fins, qui, comme l’on sait, semblent, par leurs formes et leurs allures, être le vrai lien de transition des Becs-Kins aux Mésanges; le genre Zosterops de Vigors, composé de quelques petites espèces de l'ancien continent, à plumage en géné- ral olivâtre, ayant un cercle de petites plumes blanches autour des yeux; la Fauvette africaine, le Tcheric (Brisson et Le Vaillant), qui en est l'espèce type, se rencontre communément, selon le der- nier, par petites troupes de six à huit individus, composées d'une seule nichée, cherchant sur les ar- bres de petites Chenilles, des œufs de Papillons, et offre en cela, ainsi que dans la forme de ses pat- tes et de son bec, les caractères des Paroïdes ou Oiseaux suspenseurs. Le genre Mniotilte de Vieillot, établi sur une espèce de l'Amérique du Nord, le Figuier varié de Buffon (Sylvia varia), qui, au bec et au plumage d’une Fauvette, réunit une forme de pieds analogue à ceux des Grimpereaux, doit éga- lement y figurer. Le genre indien Ægithine de Vieillot, et le brésilien Hylophile de Temminck, de- vraient sans nul doute être placés en tête de ces Bees-Fins-Mésanges, d’après leurs rapports plus marqués encore avec ces dernières; mais ces rapports mêmes nous ont engagé à les reporter près d'elles, dans la même famille, ainsi que la Fauvette Grignet, du Cap, dont les mœurs, d’après Le Vaillant, ont la plus grande analogie avec les leurs. Swainson en a fait son genre Parisomus. (Essai d'une nouvelle manière de grouper les genres et les espèces de l'ordre des Passereaux, 185$.) M. G. R. Gray a en effet porté dans ses Mniotiltinæ la plupart des genres indiqués par M. De La Fresnaye, sauf une ou deux additions; ces genres sont: 1° Miotilta; 9 Trichas: 3° Zosterops; 4° Yuhina, Hodgson; 5° Jora, Horsfeld; 6° Hiylophilus. Mais Swainson, dans sa sous-famille des Parianæ, la troisième de ses Syloiadæ, composait son genre Sylvicola des sous-genres suivants : 1° Vermavora, Swainson; 2% Sylvicola, Swainson, 5° Dumecola, Swainson; 4° Zosterops; 9 Mniotilta. (Fau. Bor. Amér.) Nous composons cette famille d’une forte portion de la sous-famille créée par M. Ch. Bonaparte sous le nom de Sylvicolinæ, dans laquelle il fait entrer les genres : 1° Seiurus; 9% Ægythina; 2° Sylvicola; 10° Henistranpis, Cabanis: 5 Pachysylvit, Ch. Bonaparte; 11° Granatellus, Dubus; 4° Parula, Ch. Bonaparte; 12° Cordelina, Dubus; 5° Trichas: 13° Setophaga, Swainson; 6° Myothlypis, Gabanis; 14° Basileuterus, Cabanis; 7° Hhimamphus, Ch. Bonaparte; 45° Helmitheros, Rafinesque; 8° Mnioulta; 16° Myiodioctes, Audubon. et nous y comprenons les genres suivants : A OISEAUX. 121 4° Ficedula, Cuvier: 2 Ægythina; 5° Trichas; 4° Mniotilta; o Hylophilus. Le nom de Ficedula, remplaçant comme plus ancien le nom de Sylvicola; ce qui nous donne au total cinq genres pour toute la famille. Il nous a semblé en effet que le plus grand nombre des espèces nommées Sylvicola par Swainson, n'étant autres que celles nommées par Buffon Figuiers, expression latinisée et reproduite par Cuvier sous celle de Ficedula, c'est ce dernier nom qui devait être adopté de préférence. Est-ce une sorte d'esprit national qui nous dirige en agissant ainsi? Nous l'ignorons; mais à coup sùr «est le senti- ment le plus pur de la justice. Taille élégante, mouvements vifs et légers, joli ramage, naturel gai, telles sont les qualités aïma- bles que la nature a prodiguées à presque tous les Oiseaux de cette charmante tribu. Si les Fauvettes d'Amérique n’ont pas un chant aussi flatteur, des accents aussi variés que celles d'Europe, elles en sont dédommagées par des couleurs plus vives et plus brillantes. Le vert, le jaune, le noir et le bleu agréablement fondus ou opposés avec une belle entente, servent de parure au plus grand nombre. Les unes vivent solitaires dans les bois, d'autres ne se plaisent que dans les bosquets; plusieurs pré- férent les vergers et les jardins; quelques-unes fixent leur résidence habituelle dans les buissons ar- rosés par un petit courant d’eau vive; d’autres, enfin, se cachent dans les roseaux qui croissent dans les marais. Elles animent leur domicile par leur pétulance, leurs jeux, leurs petits combats et la variété de leurs chansons amoureuses. Elles nichent sur des arbrisseaux ou dans les broussailles. Deux cou- vées, de quatre ou cinq œufs chacune, sont ordinairement le fruit de leur fécondité annuelle. Le mâle et la femelle travaillent à la construction du nid; le premier partage les soins de l’incubation, depuis midi environ jusqu’à trois ou quatre heures du soir, et sa compagne le reste du jour et pendant la nuit. Tous les deux s’empressent de fournir une abondante nourriture à leurs petits, qui, dans le plus grand nombre des espèces, naissent privés de ce léger duvet, premier vêtement de la plupart des autres Oiseaux. Le père et la mère portent toujours au bout du bec la nourriture destinée à leur jeune famille, mais, si on leur donne de l'inquiétude, ils la font descendre à l'entrée de l'œsophage, afin qu'elle n'indique pas la proximité du nid, et ils la ramènent à l'extrémité des mandibules pour la distribuer à leurs petits. Toutes les Fauvettes de l'Amérique septentrionale sont entomophages. Elles vivent de Chenilles, surtout de celles qui ne sont pas velues, de nymphes et de Mouches; elles les cherchent sur les arbres, sur les herbes, sur les légumes, dans les buissons, et quelquefois à terre. Quelques-unes joignent à ces aliments des baies molles et la pulpe des fruits tendres. Lorsqu'elles ont saisi un Insecte quelconque, elles pressent sa tête avec leur bec, le secouent vivement ou le frappent avec violence contre un corps dur, afin de le tuer; car elles ne le mangent jamais s’il n'est blessé à mort : cette manière de se nourrir les distingue des Moucherolles, qui avalent leur proie telle qu'ils là prennent. Ces différentes pâtures, les seules qui soient propres à ces Oiseaux, ne se trouvant pas, en hiver, dans les contrées que la plupart habitent pendant l'été, ils quittent ce domicile à l'automne pour se rendre sous les tropiques, où elles sont alors en abondance. Les Fauvettes ne font pas toutes leurs courses périodiques de la même manière; les unes se tien- nent en troupe nombreuse, d'autres par famille, et quelques-unes séparément. Elles reviennent avec les beaux jours dans leur pays natal, et s’apparient dès leur arrivée. Chaque couple se rend alors le maître d'un petit canton, où il ne souffre ancun Oiseau de sa race. Est-ce la jalousie, ou le besoin de trouver près du nid la quantité d'aliments nécessaire à ses petits, qui les portent à s'isoler de cette sorte? Peut-être est-ce l'un et l’autre; mais il est certain que ce besoin y contribue pour beau- coup, car, dans les lieux cultivés, où les nsectes sont toujours plus nombreux qu'ailleurs, les couples sont plus rapprochés, et c'est le contraire dans les endroits où cette pâture est rare. Cependant, ce canton, qui est exclusif pour les individus de la même espèce, ne l'est pas pour les autres, quoique entomophages comme eux. En effet, nous voyons, en Europe, qu'un petit bosquet est en même temps habité par un Rossignol, un Rouge-Gorge, un Pouillot et par différentes Fauvettes; tous y vivent paisi- blement, parce que la nature a donné à chacun pour sa nourriture des Insectes qui ne conviennent aux 142 HISTOIRE NATURELLE. autres que dans des moments de disette. C’est ainsi que la larve du Ténébrion de la farine, nommée vul- gairement Ver de farine, et les œufs de Fourmis, recherchés par le Rossignol pour élever ses petits, sont rejetés par la Fauvette à tête noire; d’autres préfèrent les Chenilles non velues qui sont sur les feuilles des arbres et des arbrisseaux; les Troglodytes mangent les Araignées et les petits Insectes qui se cachent dans le chaume et sous la mousse : tous ont aussi une manière particulière de chasser, et l'exercent sans se nuire; les Pouillots et les Roïitelets cherchent les nymphes à l'extrémité des ra- meaux, et les Fauvettes grisette, babillarde, ete., dans les buissons, sur les herbes, et principale- ment sur les vesces, les pois et autres légumes. Les Tariers et les Traquets poursuivent leur proie dans les airs et sur les plantes. Les Motteux et les Bergeronnettes la saisissent presque toujours à terre; les premiers sur les monticules, dans les champs en friche et dans les endroits arides; les autres, dans les vallées et sur les terrains humides. Mais, dès que les petits sont assez forts pour ne pas se borner aux Insectes, leur premier aliment et le seul qui leur convienne à leur naissance, la plu- part de ces Oiseaux, et surtout des Fauvettes, les remplacent par les fruits mous et les baies tendres; alors toute propriété cesse, tous les cantons sont communs aux individus de la même espèce; en effet, l'exclusion n’est plus nécessaire, puisque ces nouveaux aliments, joints aux autres, fournissent abon- damment à leurs besoins. Buffon a dit à tort, en parlant de ces Fauvettes, dont il faisait des Figuiers : « Ces Figuiers d'A- mérique sont des Oiseaux erratiques qui passent, en été, dans la Caroline, et qui reviennent ensuite dans les climats plus chauds pour y nicher et élever leurs petits. » Il est vrai qu'ils se montrent, pendant la belle saison, dans la Caroline; mais ils ne reviennent pas dans des climats plus chauds à l'époque de leurs amours; au contraire, ils couvent sous la zone bo- réale et ne s’en éloignent qu'à l'automne pour se retirer dans le Sud, où ils passent l'hiver, Ils arri- vent dans les États-Unis au mois d'avril, et s'avancent plus ou moins dans le Nord; la plupart tra- versent à leur arrivée la Géorgie, la Caroline et la Virginie dans l'espace de quelques semaines, et n’y font qu'un court séjour, plusieurs se fixent dans la Pensylvanie et les contrées voisines; d’autres pénètrent jusqu'à Terre-Neuve et jusqu'à la baie d'Hudson; quelques-uns même vont encore plus loin. Les régions septentrionales sont les lieux que la nature leur indique pour se propager, et la zone torride pour s’hiverner, à l'exception de quelques espèces qui ne s’éloignent pas des Florides à l'ar- rière-saison (Histoire des Oiseaux de l'Amérique septentrionale.) 4 GENRE. — FIGUIER. FICEDULA. (Cuvier.) Ficus, figuc; edula, mangeur CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec à peine de la longueur de la tête, de forme conique allongée, aussi haut que large, un peu recourbé à son extrémité supérieure, à pointe légèrement échancré”, parfois entière, à convmissure légèrement infléchie. Narines longitudinales, basales, en fente, un peu obliquées vers l'arête mandibulaire, en partie en- gagées par la base dans les plumes frontales. Fig. 183. — Ficedula Amcricana Fig. 184. — Ficedula Americana. Ailes obtuses; la première rémige très-courte, les trois suivantes plus longues, la cinquième pres- que égale à la troisième, et la quatrième la plus longue de toutes. OISEAUX. 14 Queue médiocre, ample, et légèrement échancrée. Tarses grêles, un peu plus longs que le doigt médian, ne portant que trois squamelles à la base; les deux doigts latéraux courts, ainsi que leurs ongles, el presque égaux; le pouce très-long, éga- lant le doigt médian en {ongueur, ces deux doigts munis des ongles les plus grands. ci Fig. 485 et 486. — Figuier aurore. (Mâle et femelle.) Renferme une soixantaine d'espèces, dont quarante bien déterminées, toutes de l'Amérique. Ce genre comprend la plus grande partie des genres Ficedula de Cuvier, le genre Rhimanphus de M. Hartlaub, et le genre Mniotilta de M. Gray, moins l'espèce typique, et les genres Parula et Rhimanphus, Ch. Bonaparte. Nous figurons une espèce du Chili, Sylvicola aureola, Gould. Ces Oiseaux paraissent ordinairement en troupes nombreuses dans le New-York et la Pensylvanie, aux mois d'avril et de mai, époque où ils sont parés de leur habit de noce: mais ils y restent peu de temps : ils se hâtent de se rendre dans le Nord pour s'occuper de la nouvelle génération qu'ils ra- mènent avec eux par la même route. Ils la parcourent avec la même rapidité qu’au printemps pour se retirer sous la zone torride, où ils passent l'hiver; cependant, ils mettent plus de lenteur dans leur course automnale lorsqu'ils se trouvent à la Louisiane, où on les appelle Grassets, ainsi que plusieurs autres Figuiers, parce qu’en effet ils sont très-gras à cette époque. D'autres espèces sont répandues dans tout le continent américain; on les trouve, par exemple, le Fi- guier tacheté (æstiva), à la Guyane, à Saint-Domingue, et dans toute l'Amérique septentrionale jus- qu'à la baie d'Hudson. Elles nichent dans divers climats, sous la ligne, sous les tropiques, en Pen- sylvanie, au Canada, et même à la terre de Labrador. Les individus qui habitent le Nord le quittent à l'automne et y reviennent au printemps. Le ramage de ces Oiseaux ne manque pas d'agrément, mais leur chansonnette est courte et peu variée: toujours en mouvement, on les reconnaît à leur pétu- lance et à leur agilité; ils volent sans cesse de branche en branche, d'arbre en arbre, se jouent sou- vent à leur cime, et voltigent rarement de buissons en buissons, à moins qu'ils ne soient d’une cer- taine hauteur; c'est cependant dans leur intérieur ou sur un arbrisseau très-feuillé qu'ils construisent leur nid; ils le placent à une moyenne élévation, et le composent d'herbes sèches et dé filaments de petites racines; leur ponte est de quatre ou cinq œufs. Une seule couvée est le fruit de leurs amours 144 HISTOIRE NATURELLE. dans les parties les plus boréales; ils en font deux en Pensylvanie, et probablement un plus grand vombre dans le Sud. (Viensror, Oiseaux de l'Amérique septentrionale.) Ils habitent les lieux découverts et les terres cultivées; ils se perchent sur les petits arbrisseaux, se nourrissent d'[nsectes et de fruits mürs et tendres, tels que les bananes, les goyaves et les figues, qui ne sont pas naturelles à ce climat, mais qu'on y a transportées d'Europe; ils entreut dans les jardins pour les becqueter, et c’est de là qu'est venu leur nom : cependant, à tout prendre, ils man- gent plus d'Insectes que de fruits, parce que, pour peu que ces fruits soient durs, ils ne peuvent les entamer. (Burrow, Histoire des Oiseaux.) Le plus grand nombre, tels que les Sylvicola Americana et pinus, cités particulièrement par les auteurs qui en ont fait, les uns des Mésanges, les autres des Grimpereaux, ont l'habitude de se sus- pendre avec leurs ongles, dit toujours Vieillot, à l'extrémité des branches, surtout lorsque les bou- tons se développent et que les feuilles commencent à poindre, afin d'y saisir les larves, dont ces Oi- seaux sont très-friands. On les voit aussi à l'automne et pendant l'hiver se cramponner contre le tronc des arbres pour chercher dans la mousse et sous les lichens les petits Insectes qui s’y ré- fugient. Que GENRE. — ÆGYTHINE. ÆGYTIIINA. (Nieaillot, 1816.) Diminutif du mot grec 21102225, Mésange. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus long que la tête, un peu robuste, plus ou moins fléchi en are, cylindrique, échancré vers le bout de la partie supérieure. Narines basales, en partie découvertes. Ailes courtes, surobtuses; la première rémige plus courte que les secondaires. Queue médiocre, carrée. T'arses de la longueur du doigt médian; le pouce et son ongle allongés. Fig. 187. — Ægythuna. Fig. 188. — Ægythina. Une seule espèce de l'Amérique septentrionale, dont nous donnons la figure et la description. Ce genre est fondé plutôt sur des caractères de mœurs et d'habitudes grimpeuses se rapprochant avantage de celles des Paridés que sur des différences bien tranchées dans les caractères z0olo- giques. ÆGYTHINE LEUCOPTÈRE, ÆGYTHINA LEUCOPTERA. (Vieillot.) Elle a le bec blanchätre sur les côtés, et brun dans le reste; le bord interne de l'aile, vers le pli, les joues, la gorge, le devant du cou et toutes les parties postérieures, d'un beau jaune, qui tend au vert sur la tête, sur le cou, sur Le dessus du corps, et devient plus foncé sur les pennes caudales et la partie antérieure de l'aile; les pennes alaires sont, en dehors, bordées de jaune clur; cette teinte s'étend davantage sur les secondaires et les termine: les moyennes et les grandes couvertures sont Fig. — Bec-fin mélanocéphale 29° OISEAUX. 145 noirâtres et blanches en dehors; le dessous des ailes et leurs couvertures inférieures sont aussi de cette dernière couleur; les pieds sont bruns. Longueur totale, 0®,125. Fig. 489. — Ægythine de Vieillot. Gme GENRE. — TRICHAS. T'RICHAS (Swainson.) OË, soie, poil. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, fort, aussi épais que haut, à sommet graduellement infléchi, faible- ment comprimé vers la pointe, qui est aiguë et échancrée; commissure presque droite. Narines basales, en partie découvertes et en partie cachées sous les plumes du front, percées dans une espèce de squamelle membraneuse qui les recouvre. Ailes médiocres, subobtuses, à première rémige beaucoup plus courte que la seconde, qui est égale aux troisième et quatrième, les plus longues de toutes. Queue large et arrondie. T'arses de la longueur du doigt médian, couverts de larges squamelles; doigts allongés, les deux latéraux égaux et soudés à leur base; le pouce et le doigt médian d'égale longueur, le premier muni de l’ongle le plus long et le plus courbé. Fig. 190. — Trichas Marylandicus, Fig. 491. — Trichas Marylandicus. Ce genre renferme pour nous dix espèces, toutes d'Amérique. Nous y comprenons les genres Geo- thlypis et Myothlypis de Cabanis. Nous figurons le Trichas de Maryland. Ces Oiseaux fréquentent les taillis arrosés par les ruisseaux; tous ont la voix agréable et des ac- cents variés. Le type du genre Trichas Marylandica s'élève comme notre Fauvette grise, en chan- tant au-dessus d'un buisson, pirouettant en l'air, et descendant la tête en bas; il termine sa chanson- nette sous la feuillée. C'est la plus volage, la plus pétulante des Fauvettes de l'Amérique; toujours en 0 19 146 HISTOIRE NATURELLE. mouvement, elle parcourt sans cesse son petit canton, furète dans tous les halliers, en sort, y rentre à chaque instant, et semble ne pas connaître le repos. Cette espèce construit son nid dans les brous- sailles où sur un petit arbrisseau, l’arrondit avec des herbes fines et un peu de mousse. (Vreicpor.) Une autre espèce, que nous retirons du genre Ficedula (Sylvicola), où elle nous a paru mal pla- cée jusqu'à ce jour, Ficedula pensilis (Cou jaune de Buffon), joint aux mêmes habitudes un chant et un mode de nidification des plus remarquables. Sa voix est déliée et faible, mais elle est variée et délicate; chaque phrase est composée de ca- dences brillantes et soutenues. Ge que ce petit Oiseau a de charmant, c’est qu’il fait entendre son joli ramage, non-seulement pendant le printemps, qui est la saison des amours, mais aussi dans pres- que tous les mois de l’année. On serait tenté de croire que ses désirs amoureux seraient de toutes les saisons; et l'on ne serait pas étonné qu'il chantât avec tant de constance un pareil don de la nature. Dès que le temps se met au beau, surtout après ces pluies rapides et de courte durée qu'on nomme, aux iles, grains, et qui y sont fréquentes, le mâle déploie son gosier et en fait briller les sons pen- dant des heures entières. La femelle chante aussi, mais sa voix n’est pas aussi modulée, ni les accents aussi cadencés ni d'aussi longue tenue que ceux du mâle. Les bords des ruisseaux, les lieux frais et retirés près des sources et des ravins humides, sont ceux que cet Oiseau habite de préférence, soit que la température de ces lieux lui convienne davantage, soit que, plus éloignés du bruit, ils soient plus propres à sa vie chantante : on le voit voltiger de branche en branche, d'arbre en arbre, et, tout en traversant les airs, il fait entendre son ramage, il chasse aux Papillons, aux Mouches, aux Chenilles, et cependant il entame, dans la saison, les fruits du goyavier, du sucrin, ete., apparemment pour chercher dans l'intérieur de ces fruits les Vers qui s'y engendrent lorsqu'ils atteignent un certain degré de maturité. Son vol est rapide, mais peu soutenu. Cet Oiseau, déjà très-intéressant par la beauté et la sensibilité que sa voix exprime, ne l’est pas moins par son intelligence et la sagacité avec laquelle on lui voit construire et disposer son nid; il ne le place pas sur les arbres, à la bifurcation des branches, comme il est ordinaire aux autres Oiseaux; il le suspend à des lianes (1) pendantes de l’entrelacs qu'elles forment d'arbre en arbre, surtout à celles qui tombent des branches avancées sur les rivières on les ravines profondes; il attache, ou, pour mieux dire, enlace avec la liane le nid, composé de brins d'herbe sèche, de fibrilles de feuilles, de petites racines fort minces, tissues avec le plus grand art; c’est proprement un petit matelas roulé en boule, assez épais et assez bien tissu partout pour n'être point percé par la pluie; et ce matelas roulé est attaché au bout du cordon flottant de la liane, et bercé au gré des vents sans en recevoir d'atteinte. Mais ce serait peu pour la prévoyance de cet Oiseau de s’être mis à l'abri de l’injure des éléments dans des lieux où il à tant d’autres ennemis. Aussi semble-t-il employer une industrie réfléchie pour garantir sa famille de leurs attaques : son nid, au lieu d’être ouvert par le haut ou dans le flanc, a son ouverture placée au plus bas; l'Oiseau ÿ entre en montant, et il ny a précisément que ce qu'il lui faut de passage pour parvenir à l'intérieur où est,la nichée, qui est séparée de cette espèce de corri- dor par une cloison qu'il faut surmonter pour descendre dans le domicile de la famille; il est rond, et tapissé mollement d’une sorte de lichen qui croît sur les arbres, ou bien de la soie de l'herbe nommée par les Espagnols mort à cabaye. C’est une plante qu’on trouve dans les savanes de Saint-Domingue, et qui se plait particulièrement le long des canaux d'arrosage et dans les endroits frais et humides. Le lait que contient cette plante est un poison très-puissant pour les animaux; e’est sans doute de là que lui vient son nom. Par cette disposition industrieuse, le Rat, l'Oiseau de proie ni la Couleuvre, ne peuvent avoir d’ac- cès dans le nid, et la couvée éclôt en sûreté. Aussi le père et la mère réussissent-ils assez communé- ment à élever leurs petits jusqu'à ce qu'ils soient en état de prendre leur essor. Néanmoins, c’est à ce moment qu'ils en voient périr plusieurs: les Chats-Marrons, les Fresaies (Effraies), les Rats, leur dé- clarent une guerre cruelle, et détruisent un grand nombre de ces petits Oiseaux, dont l'espèce reste toujours peu nombreuse, et il en est de même de toutes celles qui sont douces et faibles dans ces ré- sions où les espèces malfaisantes dominent encore par le nombre. (1) Nous avons déjà vu un autre Oiseau d'Amérique, | Anabate aux yeux rouges, suspendre son nid aux mêmes plantes, OISEAUX. 147 La femelle ne pond que trois ou quatre œufs; elle répète ses pontes plus d'une fois par an, maison ne le sait pas au juste : on voit des petits au mois de juin, et Pon dit qu'il y en a dès le mois de mars; il en parait aussi à la fin d'août et jusqu'en septembre; ils ne tardent pas à quitter leur mère, mais sans s'éloigner jamais beaucoup du lieu de leur naissance. (Burrox.) Leur bec, dit D'Azara, est assez fort pour entamer les fruits et briser les petites graines. Je ne sais pas, néanmoins, s'ils en mangent; mais il est certain qu'ils n’y sont pas forcés, car les Araignées et les autres Insectes qu'ils préfèrent abondent assez sur les feuilles et les écorces des arbres. Pour at- traper ces petites proies, ils se tiennent quelquefois la tête en bas, d’autres fois les pieds en haut, et ils prennent toutes les positions possibles; mais je n'ai pas remarqué qu'ils grimpassent comme les Pies, ni qu'ils prissent les [nsectes au vol. (Voy. Am. mér ) TRICHAS VEGETA. TRICHAS VEGETA. (Cabanis En dessus, d’un vert olive, tournant au blanchâtre sur l'occiput; un cercle blanc autour des yeux; en dessous, gorge et poitrine d'un blanc grisâtre, abdomen et région anale jaunes. Habite Mexico. 4me GENRE. — MNIOTILTE. MNIOTILTA. (Vieillot, 1816.) Myuov, mousse; rurec, déchiré. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque droit, à sommet faiblement infléchi jusqu'à la pointe, qui est légèrement échancrée el comprimée; mandibules égales, aiguës; commissure droite. Narines basales, percées sous une membrane qui les recouvre en partie, à ouverture allongée as- sex grande. Ailes longues et pointues, subaiguës; la première rémige presque égale à la seconde et à la troi- sième, qui sont les plus longues. Queue médiocre, ample et carrée. T'arses trapus, à peine de la longueur du doigt médian, seutellés, mais par segments à peine vi- sibles; doigts longs et minces, les latéraux égaux et soudés à la base; pouce aussi long que le doigt médian, plus robuste, et armé d'un ongle fort et recourbé, le plus grand de tous. Fig. 199. — Mniotilta varia. Fig. 193. — Mniotilla varia. Ce genre, synonyme du genre Oxyglossus, Swainson, ne repose que sur une seule espèce, le Mnio- tilte varié, considérée par Buffon comme un Figuier, par Wilson comme un Grimpereau, et par un ornithologiste allemand comme un Sucrier. Nous en donnons la figure et la description. C’est une espèce qui possède à un plus haut degré que les autres de la famille les facultés que pos- sèdent si bien les Mésanges, de s'accrocher et de se suspendre aux branches, que, comme ces der- 148 HISTOIRE NATURELLE. nières, elle sait parcourir en tous sens à la recherche des mêmes Insectes, dont elle fait sa nourriture principale. Cet Oiseau arrive en Pensylvanie au mois d'avril, et y passe l'été, pour retourner aux approches de l'hiver dans les pays méridionaux du continent de l'Amérique. (Burrox.) MNIOTILTE VARIE. MNIOTILTA VARIA. (Linné, Vieillot ) Cet Oiseau a le sommet de la tête blanc; les côtés noirs, avec deux petites bandes blanches; le dos et le croupion d’un blanc varié de grandes taches noires; la gorge noire aussi; la poitrine et le ventre blancs, avec quelques taches noires sur la poitrine et les flancs; les grandes couvertures supé- rieures des ailes sont noires, terminées de blane, ce qui forme sur chaque aile deux bandes trans- versales blanches; les pennes des ailes sont grises et bordées de blanc sur leur côté intérieur; les pennes de la queue sont noires et bordées de gris de fer; les latérales ont des taches blanches sur leur côté intérieur, le bec et les pieds sont noirs. (Burrox). Longueur totale, 0%,14 à 0,16. due GENRE. — HYLOPHILE. AYLOPHILUS. (Temminck.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec fort, presque de la longueur de la tête, un peu plus haut que large, très-épais à la base, de forme conique, allongée, à arête droite, en dessus comme en dessous jusqu'à la pointe, qui est fine- ment échancrée; commissure droite; quelques petits poils à la base. Narines basales, ouvertes seulement vers le milieu de la longueur du bec, le surplus engagé sous les petites plumes très-avancées du front. Ailes assez courtes et arrondies, surobtuses; la cinquième rémige la plus longue. Queue longue et arrondie. Tarses plus longs que le doigt médian, seutellés; doigts courts, les latéraux égaux et soudés à leur base; le pouce allongé, mais muni d'un ongle ordinaire. Fig. 194 — Hylophilus pæcilotus Dix espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons l'Hylophile frontal. Nous partageons l'avis de M. De La Fresnaye pour le rapprochement de ce genre de la tribu des Paridés; nous goûtons peu sa place, ainsi que la comprend M. Ch. Bonaparte, parmi les Musci- gapidés. HYLOPHILE SEMI-BRUN. HYLOPHILUS SEMI-BRUNNEUS. (De La Fresnaye.) Couieur olive en dessus; la tête, le cou, le haut du dos, d’un brun olivâtre; en dessous, d’un jaune OISEAUX. 149 olivâtre pâle; la gorge, le pli de l'aile et le milieu de l'abdomen, blanchâtres; bec brun pâle; pieds couleur plombée. Habite Bogota. Longueur totale, 0,11 à 0m,12. Voisine de l'Hylophile oreillon tacheté de M. Temminck, pl. col. 173, fig. 2, cette espèce en dif- fère par un bec notablement plus grand et par la couleur brune qui, chez elle, s'étend sur les oreil- les, le cou entier et le haut du dos. (De La Fresnaye, Revue zoologique, 1845.) Fig. 195. — Hylophile frontal. DEUXIÈME FAMILLE. — RÉGULINÉS. C'est pénétré des idées émises par M. Gerbes, celui des ornithologistes de notre époque qui a peut-être le mieux et le plus sérieusement étudié et observé sur nature les Sylvidés ou Becs-Fins d'Europe, que nous nous décidons à former cette famille. Après avoir, dans un excellent article Syvvie, Fauverre ou Bec-Fin, parlé de la distinction géné- rique toute moderne faite des Pouillots d’avec les autres Sylvidés on Becs-Fins, cé naturaliste s’ex- prime en effet ainsi : « On admet donc généralement aujourd'hui que les Pouillots se distinguent des Fauvettes..… Mais, tout en admettant cette distinction, les ornithologistes s'accordent à considérer ces deux genres d'Oj- seaux comme appartenant à la même famille, et à les placer l'un à côté de l'autre. Cependant, si l'on fait abstraction de la configuration du bec, on ne peut plus trouver chez les Pouillots de carac- tère qui puisse les faire rapporter aux Fauvettes. Du reste, ils en différent totalement par leurs mœurs, par leurs habitudes, par leur genre de vie, par leur mode de nidification, par le système de coloration de leurs œufs. Sous tous ces rapports, ils s’en éloignent autant qu'ils se rapprochent des Roitelets et des Mésanges. Il serait donc beaucoup plus naturel, selon nous, de les ranger dans la famille que forment ces dernières, ou bien encore de les laisser à la suite des Fauvettes, mais dans une sous-famille à part, dans laquelle viendraient prendre rang les Roitelets. » (Dictionnaire uni- versel d'Histoire naturelle, 1848.) C'est cette idée judicieuse, dont tout l'honneur revient à M. Gerbes, que nous essayons de mettre en application. 150 HISTOIRE NATURELLE. Les Régulinés se composeront donc, pour nous, des genres suivants : 1° Pouillot (Phyllopneuste), Meyer; 90 Roitelet (Regulus) Cuvier, euxquels viendront se joindre les genres asiatiques et australiens : - 4° Zosterops, Vigors et Horsfield; 9° Acanthizu, Vigors et Horsfield, ayant tous les mêmes mœurs et les mêmes habitudes que nos deux genres européens, et que nous re- tirons, le premier des Accenterinæ; le second des Phyllorinthinæ, et le troisième des Sylvinæ de Ch. Bonaparte. 1e GENRE. — ZOSTÉROPS. ZOSTEROPS. (Vigors.) Luoznp, eerele ; 6%, œil. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, à arète faiblement courbée et comprimée à la pointe, qui est aiquë el échancrée; quelques petits poils à la base. Narines basales, percées dans une membrane qui les recouvre, à ouverture lunulée. Ailes médiocres, surobtuses, à première rémige très-courte, les quatrième et cinquième égales, les plus longues. Queue médiocre, large, légèrement échancrée. Tarses de la longueur du doigt médian, largement scutellés; doigts assez longs, les latéraux égaux, l'eaterne uni à la base; le pouce long, robuste, et armé d'un ongle fort et recourbé. Fig. 196. — Zosterops shloronotus. Fig. 197. — Zosterops chloronotus Un bourrelet de plumes soyeuses autour de l'œil. Ce genre, que M. Ch. Bonaparte range dans ses Phyllorinthinæ, l'une des sous-familles de ses Melliphagidæ, se compose de vingt-sept espèces confondues, tantôt avec les Philédons par Cuvier, tantôt avec les Grimpereaux, tantôt avec les Dicies et tantôt avec les Becs-Fins, toutes de l'Afrique, de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Nous figurons le Zostérops de Gould. Ce sont des Oiseaux qui, en Australie, se tiennent sur les arbres par petites bandes, ÿ prenant toutes sortes d’attitudes comme font nos Mésanges, cherchant parmi les feuilles et même les fleurs des eucalyptus, par exemple, les Insectes dont ils se nourrissent, s’y cramponnant à la manière de ces dernières, et poussant un petit sifflement pendant cette manœuvre; mais, dans la saison des fruits, on les voit souvent les becqueter pour s’en nourrir également; et quelquefois ils se rassemblent plu- sieurs sur le même, qu'ils percent dans toutes les directions; souvent aussi ils descendent sur le sol pour y chercher les Insectes. Leurs nids, qui varient pour leur composition, sont toujours soutenus par deux branches flexibles, et c’est le plus souvent à sept ou huit pieds d'élévation du sol qu'on est sûr de les trouver. Les œufs, au nombre de trois, sont d’une forme généralement allongée, et pres- que constamment d’un vert pâle uniforme. (J. Verneaux, Zool. lasm. et austr.) fin rayé, ec- B Podarqus plumiferus o0 PL OISEAUX. 151 En Afrique, dit Le Vaillant, on trouve ces Oiseaux également en petites troupes fortes de six à huit individus, composées assez ordinairement de toute la nichée d'une seule mère. Ils se nourrissent d'Insectes et surtout de petites Chenilles et d'œufs de Papillons, qu'ils cherchent sur les arbres. Ils construisent leurs nids à l'extrémité des branches-basses du mimosa. Ce nid, d’une jolie forme, est fait absolument comme celui de notre Pinson. Il est composé de racines déliées, tournées en rond, et recouvert de mousse en dehors; en dedans, il est garni de poils ou de crin, et n’a guère que deux pouces de diamètre. La ponte est de quatre ou cinq œufs. Le mäle partage avec sa femelle les peines de l'incubation, et ils paraissent tous deux fort attachés à leurs petits, ce que j'observai un jour que je trouvai un nid de ces Oiseaux dans lequel il y en avait déjà quatre, déjà très-forts, qui sautèrent hors du nid quand je fus pour y méttre la main. Pendant que j'étais occupé à les prendre, le père et la mère les défendirent avec tant d’acharnement, que je les tuai tous deux avec la baguette de mon fu- sil. Ces Oiseaux sont en général peu farouches; ils ont un petit cri, titititiri, titititiri, qu'on leur ZOSTÉROPS D'ABYSSINIE. ZOSTEROPS ABYSSINICA (Guérin-Méneville.) Ce Zostérops est, en dessus, d’un olivâtre pâle, un peu cendré; tout le dessous, depuis ie bas du cou, est d'un blanc couleur de poussière sur les côtés de la poitrine et les flancs, plus clair sur la ligne médiane; tout le devant du cou et la gorge, ainsi que les couvertures inférieures de la queue et le pli de l'aile, sont d’un jaune citron; le dessous de l'aile est blanc. Longueur totale, 0,11. (Voyage en Abyssinie de Ferret et Galinier.) Qme GENRE. — ACANTHYZE. ACANTHYZA. (Vigors et Horsfeld..) Axavbeov, buisson, ou 4427092, acacia; Cxo, je vis. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, et mince, à arête courbée et comprimée sur les côtés vers la pointe qui est échancrée, mais rentrant el se creusant vers le milieu de sa longueur pour se relever à sa base; commissure presque droite, garnie de quelques poils à La base. Narines basales, percées sous une membrane, à ouverture linéaire et en partie recouverte par des plumes sétacées. D 0 NS \ Fig 198. — Acanthyza magnirostris. Fig. 199. — Acanthyza magnarestris Ailes courtes et arrondies, Subobtuses, à première rémige courte, la troisième avec la quatrième égales, et les plus longues de toutes. Queue médiocre, et légèrement arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, minces, recouverts d’une seule scutelle sans segments; doigts médiocres, les latéraux égaux, l'externe soudé à sa base; le pouce long, et muni d'un ongle long et courbé, du double des autres, qui sont petits et faibles. 152 HISTOIRE NATURELLE. Ce genre, pour nous comme pour M. Gray, comprend les genres Pyrrholæmus, Gerygone, Psilo- pus et Smicrornis de Gould, et se trouve ainsi composé de vingt-sept espèces de l'Australie et de l'Océanie. Nous figurons l'Acanthyzu chrysorrhea. Fig. 200 et 201. — Acanthyse dorée. (Mäle ct femelle.) Ces Oiseaux, dit Jules Verreaux, sont presque toujours parmi les buissons, et souvent sur les ar- bres, sautant de branche en branche à la recherche des petits Insectes qui servent à leur nourriture; il m'est arrivé aussi de les voir souvent à terre ou sur les branches basses; ils sont ordinairement à peu de distance les uns des autres. Ce sont des Oiseaux très-turbulents, et toujours en mouvement, et grimpant souvent autour des branches à la manière de nos Mésanges. On les aperçoit parfois à l’ex- trémité des branches élevées des eucalyptus avec les Pardalotes, se balançant après les feuilles et les petites branches flexibles. Leur petit gazouillement est assez agréable et souvent répété, ainsi que le petit sifflement qu'ils font entendre en s’envolant. C'est dans les ravins surtout qu'ils semblent se plaire davantage, et sur les arbres qui sont au bord des eaux. Ils sont si familiers, qu'ilm'est arrivé souvent d'en voir une assez grande quantité (surtout de l'Acanthyze de Diemen) si près autour de moi, qu'il m'eût été facile d’en prendre au filet. Il n’est pas rare de les voir se reposer sur les arbres renversés et sur le sol, y courir à la poursuite des petits Insectes et des petits Moucherons, si abon- dants dans les lieux humides. Leur nid, qu'ils placent, tantôt dans les buissons, tantôt attaché à une branche de thee-tree ou de banchksia Australis, à sept ou huit pieds d’élévation, varie selon les espèces. Ainsi, les unes, comme l'Acanthyze de Diemen, le font d'une forme simplement arrondie; les autres, telles que l'Acanthyze cul-d’or, y pratiquent deux séparations bien distinctes; e’est-à-dire qu'au-dessus du nid où couve la , femelle il s'en trouve un autre plus ouvert où le mâle se tient pendant que celle-ci est renfermée en dessous; l'ouverture de celui de la femelle est petite et arrondie, et l'intérieur en est soigneusement garni de substances molles, principalement de plumes. La composition du nid varie suivant les loca- lités; mais la forme, pour l’une comme pour l’autre espèce, est presque toujours la même, car quel- quefois, mais rarement, la séparation manque pour la dernière de ces espèces. C'est à la fin de sep- tembre et dans le mois d'octobre qu’on trouve le plus de ces nids. Les œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont constamment de forme allongée, d’un fond blanc pur parsemé de quelques rares taches d'un rouge brique, plus nombreuses vers le gros bout. (Zool. tasm. et austr., mss.) OISEAUX. 193 Nous croyons ce genre plus convenablement rangé près des Roitelets, dans nos Régulinés, que dans les Accentorinés, avec lesquels les a placés M. Gray. ACANTHIZE DE DIÉMEN. ACANTHIZA DIEMENENSIS. (Gould.) Parties supérieures d'un gris verdâtre. devenant olivâtre sur le croupion; plumes du front écail- leuses, rousses, bordées de plus clair ou blanchâtre, terminées de noirâtre; gorge et devant du cou d'un blanc flammé de noirâtre, ou plutôt chaque plume bordée de cette dernière couleur; milieu du ventre blanchätre, avec les flancs olivâtres; ailes de cette dernière couleur, à rémiges noirâtres; queue rousse à la base, puis noire, terminée de grisätre clair; bec noir; tarses bruns; iris rouge carmin; les poils des moustaches assez longs et noirs. Longueur totale, près de 0,11. (J. VerReaux ) 3"° GENRE. — POUILLOT. PHYLLOPNEUSTE. (Meyer, 1822.) Puy, feuille: rveoc7t20, flairer. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec droit, petit, subulé, aigu, à peine échancré vers le bout de la mandibule supérieure. Narines oblongues, recouvertes par une membrane. Ailes allongées, dépassant le milieu de la queue, subobtuses; la première rémige la plus courte, les troisième et quatrième généralement égales, les plus longues. Queue dilatée à son extrémité, et échancrée. T'arses assez élevés, minces; doigts grèles. Fig. 202. — Phyllopneuste trochilus Fig 205. — Phyllopneuste trochilus. Ce genre, synonyme des genres Sylvia et Phylloscapus, Boié; Asilus, Bechstein; Trochilus, Ali- quot; Sibilatrixæ, Kaup, et Ficedula, Schlegel, renferme douze espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique occidentale, dont six propres à l'Europe, sur lesquelles deux sont encore douteuses. Le nom de Pouillot parait venir de pullus, pusillus, et désigne un Oiseau très-petit. Le Pouillot habite les bois pendant l'été... Il les quitte en automne, et vient chanter dans nos Jar- dins et nos vergers. Sa voix, dans cette saison, s'exprime par dit, tuit, et ce nom presque articulé est le nom qu'on lui donne dans quelques provinces, comme en Lorraine, où nous ne retrouvons pas la trace du nom Chofty, qu'on y donnait à cet Oiseau du temps de Belon, et qui, selon lui, signifie Chanteur ou Chantre, autre dénomination de cet Oiseau relative à la diversité et à la continuité de son ramage, qui dure tout le printemps et tout l'été. Cet Oiseau, dit Salerne, varie infiniment son chant... C’est un des premiers Oiseaux qui annoncent le retour du printemps. Je l'ai entendu chanter plus de trois semaines avant le Rossignol franc. Ce chant a trois ou quatre variations, la plupart modulées; c'est d'abord un petit gloussement ou grognement entrecoupé, puis une suite de sons argentins déta- chés, semblables au tintement réitéré d’écus qui tomberaient successivement l’un sur l'autre, et c'est o* 20 154 HISTOIRE NATURELLE. apparemment ce son que Willughby et Albin comparèrent à la strideur des Sauterelles. Après ces deux efforts de voix très-différents l’un de l’autre, l'Oiseau fait entendre un chant plein; c’est un ra- mage fort doux, fort agréable et bien soutenu, qui dure pendant le printemps et l’été; mais, en automne, dès le mois d'août, le petit sifflement tuit, tuit, succède à ce ramage, et cette dernière variation de la voix se fait à peu près de même dans le Rouge-Queue et dans le Rossignol. Chez cet Oiseau, le mouvement est encore plus continu que la voix; car il ne cesse de voltiger vivement de branche en branche : il part de celle où il se trouve pour attaquer une Mouche, revient, repart en furetant sans cesse dessus et dessous les feuilles pour chercher des Insectes, ce qui lui a fait donner, dans quelques-unes de nos provinces, les noms de Frétillet, Fénérotet. I à un petit balancement de queue de baut en bas, mais lent et mesuré. Ces Oiseaux arrivent en avril, souvent avant le développement des feuilles. Ils sont en troupe de quinze ou vingt pendant le voyage; mais, au moment de leur arrivée, ils se séparent et s’apparient, et, lorsque malheureusement il survient des frimas dans ces premiers temps de leur retour, ils sont saisis du froid et tombent morts sur les chemins. (Burron.) Ce sont, disent MM. Degland et Gerbes, des Oiseaux vifs, remuants, légers; ils aiment la société de leurs semblables, vivent, comme les Mésanges et les Roitelets, par petites familles, et ont encore ceci de commun avec ces Oiseaux, qu'ils visitent, d’un arbre, toutes les branches, tous les rameaux, et qu'ils le font en papillonnant presque sans cesse. Ils cherchent aussi sous les feuilles, sur les brindilles et les branches, les petites Chenilles blanches, les larves, les menus Insectes, les Mou- ches qui s'y cachent, et dont ils font leur unique nourriture. Le plus souvent ils prennent ces der- nières au vol, à la manière des Gobe-Mouches. Jamais, dans aucune saison, ils ne touchent aux baies ni aux graines. Ils émigrent par petites troupes, souvent en compagnie des Mésanges et des Roitelets. Les uns quittent l'Europe à l'automne, les autres passent l'hiver dans les contrées les plus méridio- pales. Leur mue est simple. Le mâle et la femelle portent le même plumage. Cest toujours à terre, au pied d’un buisson, d’un arbuste, sur le revers d’un fossé (ou les parois d’une ravine), sous une touffe d'herbe, que les Pouillots établissent leur nid. Ils lui donnent une forme ovale ou sphéri- que, et ménagent, sur un de ses côtés, une ouverture proportionnée à leur taille. Ge nid, d’une cu- rieuse architecture, est composé de mousse et de gazon extérieurement, ce qui fait qu'on le recon- nait difficilement parmi les longues herbes qui le cachent; il est garni de plumes en dedans. (Orni- thol. europ.) Ce petit Oiseau est très-attaché à son nid, et il ne l’abandonne que difficilement. Un de mes amis, dit Salerne, m'a raconté qu'un jour, ayant trouvé le nid de cet Giseau (le Pouillot sylvicole), il lui fit pondre jusqu'à trente œufs l’un après Pautre, en lui tant tous les jours son œnf à mesure qu'il était pondu, après quoi il en eut pitié et lui en laissa assez pour couver. Dans le Naturaliste champêtre, ouvrage riche d’anecdotes ornithologiques, une dame en raconte une qui prouve que le Pouillot véloce ne se détache pas facilement de sa demeure. « Je me prome- nais, dit-elle, dans un verger, lorsque mon attention fut appelée vers le sol par qüelque chose qui avait la forme d'une boule verdâtre; en la ramassant, je vis que c'était un nid commencé par des Becs-Fins véloces. Je regrettai ma précipitation, et remis ce nid à terre avec toute la précaution pos- sible, espérant peu que ses propriétaires le réclameraient après un pareil déplacement. À ma grande surprise, le lendemain le nid était continué, et, au bout de quelques jours, deux œufs y furent pon- dus; mais, hélas! tout à coup arrive une invasion de Canards, qui, avec leurs larges pattes palmées et leur gros bec en spatule, ouvrent le nid et en dispersent les œufs. Je chassai bien vite ces vola- tiles balourds. Ayant décidément pris les Pouillots sous ma protection, je façonnai de mon mieux les ruines de leur demeure, et j'y replaçai les œufs. Un œuf de plus, pondu dans la soirée, me prouva que mes Oiseaux ne se décourageaient pas non plus, et, au bout d’une semaine, quatre œufs de plus portèrent à sept le nombre de la ponte, qui fut religieusement couvée par la mère jusqu’à la nais- sance de sept petits; ils arrivèrent à point, et J'eus le plaisir de leur voir prendre un matin leur volée. » Là captivité ne semble pas affecter très-péniblement le Pouillot véloce. M. Sweet, en ayant mis un dans une cage, le vit manger tout aussitôt, et lui apprit à boire du lait dans une cuiller. Au bout de deux où trois jours, ce breuvage lui plut tant, qu'il prenait son vol et poursuivait autour de la cham- bre la personne qui tenait la cuiller, et il se perchait sur sa main sans montrer la moindre crainte. OISEAUX. 155 De temps en temps, il s'élançait aussi vers le plafond, et chaque fois revenait avee une Mouche; enfin, ce petit prisonnier devint si familier, qu'il s’endormait près du feu sur le genou de son maître. On ouvrait les fenêtres, et il ne cherchait pas à s'échapper. M. Sweet risqua alors de l’attirer dans le jar- din pour voir s’il retournerait; l’Oiseau se décida avec peine à franchir la porte, quoiqu'on lui mon- trât de loin la cuiller et le lait. Deux fois, après avoir fait cette promenade, il revint dans la maison; la troisième, il s'établit dans un arbre, d’où il redescendit sur la main de M. Sweet et but du lait dans la cuiller, puis il alla se baigner dans une auge, et se réfugia dans un buisson de houx pour se sé- cher; ce fut là que l'instinct du voyageur sembla l'emporter sur toutes les séductions domestiques : M. Sweet l'entendit encore, mais il ne le revit plus; en vain il l'appela. On était à la fin de novem- bre; sans doute qu'il se décida à aller rejoindre les autres Becs-Fins partis déjà depuis quelque temps. Ce gracieux chanteur reste longtemps parmi nous, et, après nous avoir ramené le beau temps, il nous avertit le premier du retour des frimas, en nous disant adieu vers la mi-octobre. Il est si atta- ché, d’ailleurs, à ses quartiers d’été, que le colonel Montagu l’a vu passer les hivers de 1806 et de 1808 sous le climat peu tempéré du Devonshire. En liberté, il est d'une grande utilité pour nos jar- dins, ne se lassant jamais de faire la chasse aux Aphides, Insectes qui attaquent cruellement les rosiers et les chèvrefeuilles. Hélas! on suppose aussi bien à tort qu'il mange les fruits, et cette sup- position calomnieuse lui attire souvent des coups de fusil chargé de grenailles; cela ne les empêche pas, comme on la vu, d’être aussi courageux que familiers, comme s'ils espéraient que quelque jour l'homme daignera reconnaitre leur innocence. (Rev. brit., 4841. Entr. du New. Mont. Mag.) POUILLOT FITIS. PHYLLOPNEUSTE TROCHILUS. (Ch. Bonaparte.) Mâle au printemps. — Dessus de la tête, du cou et du corps, d’un cendré verdâtre; une bande de même couleur traverse les yeux: sourcils d'un blanc jaunâtre; joues, gorge, devant du cou, abdo- men et sous-caudales, blanc pur à la gorge et au milieu de l'abdomen, nuancé de gris et de jaune disposé par mèches à la poitrine, sur les flancs, et de jaune seulement sur les sous-caudales; bas des jambes d’un jaune verdâtre: rémiges et rectrices gris-brun, bordées de vert jaunâtre; bec brun-olive en dessus, jaunâtre en dessous vers la base et sur les bords; pieds olivätres en avant et sur les côtés, jauntres en arrière et sous les doigts; iris brun foncé. Avant cette époque, le plumage est un peu plus nuancé de jaune en dessous. À mesure que la sai- son avance, le jaune pâlit, et on trouve, en juin, des mäles qui ont la gorge, la raie sourcilière et le ventre entièrement d’un blanc terne, et quelquefois d’un blane assez pur. Longueur totale, 0,12. Répandu dans toute l'Europe. Il arrive dans le nord de la France vers le mois de mars, et repart à la fin d'août... Il se trouve aussi en Asie et dans l'Afrique septentrionale. Sa ponte est de cinq à six œufs, d’un blanc pur ou légèrement jaunâtre, avec des points et des ta- ches peu nombreux d'un rouge de brique päle. Grand diamètre, 0%,015; petit diamètre, 0,012. (DEeGLann.) POUILLOT VÉLOGE. PHYLLOPNEUSTE RUFA. (Ch. Bonaparte.) Mâle. — Dessus de la tête, du cou et du corps, d'un gris brun plus ou moins olivâtre, un peu plus rembruni au vertex; sourcils et paupières jaunâtres; une tache brunâtre devant et derrière les yeux; gorge et devant du cou d’un blanc jaunâtre ou blanc sale; poitrine, abdomen et flancs, d’un blanc terne nuancé de brun clair et de jaunâtre disposé en stries; sous-caudales d’un jaune clair; ailes d’un brun gris, avec les plumes frangées d’olivâtre; rectrices semblables aux rémiges; bec brun, jaune sur les bords; pieds d’un brun noirâtre; iris brunätre. 156 HISTOIRE NATURELLF. Longueur totale, 0",12 environ. Habite la France, la Suisse, l'Allemagne, l'Italie, la Sicile, etse montre, mais en petit nombre, dans nos départements du Nord, où il arrive vers la fin de mars, et d’où il repart en septembre. Pond quatre ou cinq œufs blancs, avec de petits points noirs très-nombreux vers le gros bout. Grand diamètre, 0,015; petit diamètre, 0®,011 à 0,012. (Decrann.) POUILLOT SIFFLEUR. PHYLLOPNEUSTE SIBILATRIX. (Bechtein, Ch. Bonaparte.) Mâle. — Dessus de la tête, du cou et du corps, d’un cendré vert nuancé de jaunâtre: sourcils, joues, gorge, devant et côtés du cou, haut de la poitrine, d’un blanc jaune; un trait brunâtre passe sur les yeux; bas de la poitrine, abdomen et sous-caudales, d'un blanc argentin, lavé de grisätre sur les flancs, de jaune verdâtre vers les cuisses; talons couverts de plumes jaunes; ailes brunes, avec les plumes bordées de jaune verdâtre; queue également brune, avec les pennes lisérées de jaune verdà- tre en dehors; bec et pieds brun jaunâtre; iris brun roussâtre. Longueur totale, 0,125, Habite une partie de l'Europe, l'Allemagne, l'Italie, la France, où il est commun; l'Angleterre, la Hollande, et quelques autres contrées du Nord, où il est plus rare. D’après M. Gerbes, on le trou- verait en Algérie. Il arrive en mai dans le nord de la France, et disparaît à la fin d'août. Sa ponte est de cinq ou six œufs, courts, blancs, couverts de petits points bruns, plus nombreux au gros bout. Grand diamètre, 0,015; petit diamètre, 0,012. (Decraxn.) POUJLLOT BONELLI. PHFLLOPNEUSTE BONELLII, (Ch. Bonaparte) Müäle. — Parties supérieures d'un gris cendré, légèrement nuancé d’olivâtre sur le dos, de jaunä- tre au croupion et aux sus-caudales; parties inférieures d’un blanc pur et lustré, lavé de grisâtre sur les côtés de la poitrine, d’un peu de jaunâtre sur les flancs, près des jambes; ailes brunes, avec les couvertures bordées de grisätre et les rémiges de jaune verdâtre; queue d’un brun plus clair que les ailes, avec les trois quarts supérieurs des pennes bordés de jaune verdâtre, surtout vers leur moitié supérieure; bec brunâtre en dessus, blanchâtre en dessous et sur les bords; pieds brunâtres; iris brun roussâtre. Longueur totale, 0,115. Habite principalement le centre et le midi de l'Europe. Ilest commun en Provence, en Italie, en Suisse; n’est pas rare en Anjou, en Lorraine, et a été capturé dans le Tyrol et en Crimée. M. Meslier de Rocan, ancien sous-intendant militaire à Metz, en a tué plusieurs dans un bois voisin de cette ville, où il se reproduit. M. Jules De La Motte l'a trouvé aux environs d’Abbeville; M. Millet le dit très-commun dans les bois et les forêts des arrondissements de Baugé, Saumur et Beaupréau; il arriverait dans ces dernières localités à la mi-avril, et en repartirait à la fin d'août; enfin, M. Gerbes l'a rencontré plusieurs fois dans les bois qui avoisinent les environs de Paris, et notamment dans les bois de Meudon et de Clamart. Pond quatre à six œufs courts, blancs, ou d’un blane roussâtre, avec des points d’un brun rouge, quelquefois assez vif, très-nombreux et très-rapprochés, surtout au gros bout. Grand diamètre, Om,015; petit diamètre, 0,012. (Decrann.) OISEAUX. 157 4% GENRE. — ROITELET. REGULUS. (Cuvier.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-grêle, moitié plus court que la tête, droit, subulé, légèrement échancré à la pointe, à bord des mandibules un peu rentrant. Narines basales, ovalaires, recouvertes par deux pelites phunes rigides, voütées, à barbes très- désunies et très-peu barbelées. Ailes moyennes, surobtuses, à penne bätarde courte, la troisième rémige un peu plus courte que la quatrième et la cinquième, qui sont les plus longues. Quuue échancrée. Tarses grêles, de la longueur du doigt médian : celui-ci uni à sa base avec l'externe, le posté- rieur le plus fort de tous, muni d'un ongle égal à lui-même, beaucoup plus long et plus recourbé que ceux antérieurs. Fig. 204 — Regulus 19ncapilhs. Fig. 205. — Regulus ignicapillis Les plumes du vertex généralement longues, effilées et susceptibles de se redresser en huppe. Lan- gue cartilagineuse, terminée par de petits filets. Nous comprenons dans ce genre les geures Reguloides de Blyth, Horornis et Abrornis de Hodg- son, ce qui porte le nombre des espèces à vingt, de l'Europe, de l'Asie centrale et de l'Amérique, dont trois espèces se trouvent en Europe. Les plus petits Insectes sont la nourriture ordinaire de ces très-petits Oiseaux : l'été, dans nos climats, ils les attrapent lestement en volant; l'hiver, ils les cherchent dans leurs retraites, où ils sont engour- dis, demi-morts, et quelquefois morts tout à fait. Ils s'accommodent aussi de leurs larves et de toutes sortes de Vermisseaux, Ils sont si habiles à trouver et à saisir cette proie, et ils en sont si friands, qu'ils s'en gorgent quelquefois jusqu'à étouffer. Ils mangent, pendant l'été, de petites baies, de pe- tites graines, telles que celles du fenouil. Enfin, on les voit aussi fouiller le terreau qui se trouve dans les vieux saules, et d'où ils savent apparemment tirer quelque parcelle de nourriture. Je n'ai jamais trouvé de petites pierres dans leur gésier. 1 Les Roitelets se plaisent sur les chênes, les ormes, les pins élevés, les sapins, les genévriers, etc. On les voit en Silésie l'été comme l'hiver, et toujours dans les bois, dit Schwenckfeld; en Angleterre, dans les bois qui couvrent les montagnes; en Bavière, en Autriche, ils viennent, l'hiver, aux environs des villes, où ils trouvent des ressources contre la rigueur de la saison. On ajoute qu'ils volent par petites troupes composées non-seulement d’Oiseaux de leur espèce, mais d'autres petits Oiseaux qui ont le même genre de vie, tels que Grimpereaux, Torche-Pots, Mésanges, ete. D'un autre côté, Salerne nous dit que dans l'Orléanais ils vont ordinairement deux à deux pendant l'hiver, et qu'ils se rappellent lorsqu'ils ont été séparés. Il faut donc qu'ils aient des habitudes différentes en différents pays, et cela ne me parait pas absolument impossible, parce que les habitudes sontrelatives aux circonstances; mais il est encore moins impossible que les auteurs soient tombés dans quelque méprise. En Suisse, on n’est pas bien sûr qu'ils restent tout l'hiver : du moins, on sait que dans ce pays, et en Angleterre, ils sont des derniers à disparaître. Il est certain qu’en France nous les voyons beaucoup plus l’au- 158 HISTOIRE NATURELLE. tomne et l'hiver que l'été, et qu'il y a plusieurs de nos provinces où ils ne nichent jamais ou presque jamais. Ces petits Oiseaux ont beaucoup d'activité et d’agilité; ils sont dans un mouvement presque conti- nuel, voltigeant sans cesse de branche en branche, grimpant sur les arbres, se tenant indifféremment dans toutes les situations, et souvent les pieds en haut comme les Mésanges; furetant dans toutes les gerçures de l'écorce, en tirant le petit gibier qui leur convient, ou le guettant à la sortie. Pendant les froids, ils se tiennent volontiers sur les arbres toujours verts, dont ils mangent la graine; souvent même ils se perchent sur la cime de ces arbres; on en voit, l'hiver, sur les picéas et autres arbres toujours verts du Muséum d'Histoire naturelle; mais il ne paraît pas que ce soit pour éviter l'homme, car, en beaucoup d’autres occasions, ils se laissent approcher de trop près. L'automne, ils sont gras, et leur chair est un fort bon manger, autant qu'un si petit morceau peut étre bon. C’est alors qu'on en prend communément à la pipée; et il faut qu'on en prenne beaucoup aux environs de Nuremberg, puisque les marchés publics de cette ville en sont garnis. Les Roitelets sont répandus, non-seulement en Europe, depuis la Suède jusqu’en Italie et jusqu’en Espagne, mais encore en Asie, jusqu’au Bengale, et même en Amérique, depuis les Antilles jusqu’au nord de la Nouvelle-Angleterre. Le Roitelet ordinaire est si petit, qu'il passe à travers les mailles des filets ordinaires, qu'il s'é- chappe facilement de toutes les cages, et que, lorsqu'on le lâche dans une chambre que l’on croit bien fermée, il disparaît au bout d'un certain temps, et se fond en quelque sorte sans qu’on en puisse trouver la moindre trace; il ne faut, pour le laisser passer, qu'une issue presque invisible. Lorsqu'il vient dans nos jardins, il se glisse subtilement dans les charmilles : et comment ne le perdrait-on pas bientôt de vue? La plus petite feuille suffit pour le cacher. Si on veut se donner le plaisir de le tirer, le plomb le plus menu serait trop fort; on ne doit y employer que du sable très-fin, surtout si on se propose d’avoir sa dépouille bien conservée. Lorsqu'on est parvenu à le prendre, soit aux gluaux, soit avec le trébuchet des Mésanges, ou bien avec un filet assez fin, on craint de trop presser dans ses doigts un Oiseau si délicat; mais, comme il n’est pas moins vif, il est déjà loin qu'on croit le te- nir encore. (GuéNEAu De MonrgriLLann.) Ces Oiseaux s’apprivoisent, en peu de temps, au point de manger dans la main. Il est vrai qu'à cause de leur grande délicatesse il en périt souvent plusieurs avant qu'un seul réussisse; mais, dès qu'il s'est une fois accoutumé à la chambre, il peut y vivre longtemps, à moins qu'il ne soit blessé par les autres Oiseaux, ou qu'il n’avale quelque chose indigeste. Leur petitesse, leur beauté, leur élégance, suffiraient pour les rendre agréables; mais leur chant ajoute beaucoup à tous ces avantages; quoique très-fin et faible, il n’est pas moins riche en mélodie, et ressemble beaucoup à celui du Canari. Dans la chambre, c’est dans une cage en cloche qu'ils paraissent se trouver le mieux. On peut aussi en mettre plusieurs ensemble dans un coin fermé par un treillis, en y plaçant un petit arbre de pin ou sapin, sur lequel ils aiment à percher. Élevés du nid, ils peuvent également s’accoutumer à rester librement sur un petit arbre qu'on y place; ils s'y plaisent tellement, qu'ils ne s’en éloignent guère; et, lorsqu'ils y sont plusieurs, ils se placent tous en rang, serrés les uns contre les autres, et dorment de cette manière. Le nid, fixé à l'extrémité d’une branche, est de forme ronde, très-mollet, construit de mousse dé- licate, de cocons de Chenilles et d’aigrettes de chardon… (Becasrein.) Le Roitelet rubis passe, au printemps, dans la Pensylvanie et le New-York; il fréquente alors les jardins et les bosquets, disparait l'été, se retrouve, à l'automne, dans les mêmes contrées, et y sé- journe environ un mois dans chaque saison. Il se montre, lors de son premier passage, sur les saules et sur tous les arbres fleuris, dont il parcourt les branches, de manière que peu de fleurs, peu de feuilles, échappent à sa visite; et il se tient, aux approches de l'hiver, dans les haies et les buissons. Aussi vif, aussi leste que le petit Pouillot (Motacilla trochilus, Linné), il cherche sa proie et la sai- sit avec la même adresse. Les larves, les petits Coléoptères qui rongent le bouton quand il se déve- loppe, les Mouches, les Abeilles qu’attire le suc mielleux de la fleur naissante, échappent rarement à son extrême activité. On ne connait point son ramage; seulement un petit cri aigu qu'il jette de temps à autre et qu'il ne fait entendre en voyageant que pour correspondre avec ses semblables. Quoique ces Oiseaux se montrent tous à la même époque, ils se tiennent toujours isolés les uns des autres, à moins OISEAUX 159 qu'ils ne soient accouplés. On les rencontre plus souvent dans les vergers et les taillis que dans les bois, et jamais on ne les voit avec le Roitelet satrape, qui en diffère non-seulement par son genre de vie, mais encore par la couleur et la forme de sa huppe, qui est orangée, et composée des plumes du sinciput et du front, tandis que celle du Roitelet rubis est d’un beau rouge, et isolée vers le milieu de la tête. Les Roitelets satrapes voyagent, à l'automne, du Nord au Sud, et, au printemps, du Sud au Nord. Ils se tiennent en familles dans leurs courses périodiques, et ils fréquentent de préférence l’intérieur des forêts, surtout de celles où les chênes sont en grand nombre; sans doute ils trouvent sur ces arbres une nourriture plus abondante que sur les autres, car on les voit presque toujours à leur cime et à ‘l'extrémité des branches, où ils se tiennent dans diverses positions. Leur espèce est répandue, en Amérique, depuis la Louisiane jusqu’à la baie d'Hudson; mais elle est plus rare que la précédente, avec laquelle on ne peut la rencontrer, puisqu'elle ne voyage pas aux mêmes époques. Le Roitelet rubis se trouve dans les États-Unis aux mois d'avril et de septem- bre, et ne fait que les traverser; le Roitelet satrape s’y montre à la fin de l'automne, y reste l'hiver et les quitte au commencement de mars, pour passer la belle saison dans le Nord au centre des grands bois. Ces deux Giseaux posent leur nid de la même manière, mais celui-ci le construit un peu diffé- remment, et il en place l'entrée sur un côté vers le haut; il en tisse l'extérieur avec de la laine et des toiles d’Araignée; un duvet fin, tiré des arbres et des plantes, forme la couche sur laquelle la femelle dépose six à huit œufs de la grosseur d’un pois. Son chant est agréable et assez harmonieux; mais il il ne le fait entendre qu'au printemps. (Viizcor, Oiseaux de l'Amérique septentrionale.) ROITELET HUPPÉ. REGULUS CRISTATUS. (Ray.) Mâle, — Milieu du vertex d’un jaune aurore, bordé, en devant et sur les côtés, d’un jaune capu- cine et de noir; dessous du cou et du corps d'un olivâtre nuancé de jaunâtre; front, tour des yeux, joues, gorge, devant du cou, poitrine et abdomen, d’un cendré lavé de roussâtre, avec un peu de brun derrière la commissure du bec; ailes portant deux bandes, et une tache noire carrée au-dessus de la bande inférieure, qui est plus large; rémiges primaires bordées de jaune verdâtre, les secondaires ter- minées de blanchâtre; rectrices colorées comme les rémiges; bec noir; pieds bruns; iris noirâtre. Longueur totale, 0,096 à 0,097. Se trouve presque partout en Europe. Est de passage annuel dans tous les départements de la France en automne et au printemps. Se reproduit en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, et, en France, dans les départements de la Vienne, des Basses-Alpes, et quelquefois dans les environs de Paris. Niche sur les pins et les sapins. Sa ponte est de sept à onze œufs, ordinairement obtus, d'un blanc pur, le plus souvent sans taches; quelquefois avec de petits points grisätres et roussâtres, plus appa- rents vers le gros bout. Grand diamètre, 0,013; petit diamètre, 0,009. (D£GLann.) ROITELET A MOUSTACHES. REGULUS IGNICAPILLUS, (Lichtenstein.) Mâle. — Milieu du vertex d'un jaune aurore vif, bordé, en devant et sur Les côtés, de jaune capu- cine et de noir profond; dessus du cou et du corps d'un vert olivätre, lavé de Jaune rougeûtre sur les côtés du cou: parties inférieures d’un cendré légèrement lavé de roux, surtout au cou; front roussâ- tre; deux bandes blanches au-dessus et au-dessous de Pæil, qui est traversé par une autre bande noire; moustaches noires, étroites, descendant du bec sur les côtés du cou: ailes traversées par deux bandes blanches comme dans l'espèce précédente, mais moins étendues; bee noir; pieds et iris noi- ratres. Longueur totale, 0",095. Habite une grande partie de l’Europe, notamment la France, l'Allemagne et la Sicile. Niche sur les 160 HISTOIRE NATURELLE. pins et les sapns; pond de cinq à sept œufs oblongs, d'un blanc grisätre, avec quelques petits points gris et roussât-es peu apparents. Grand diamètre, 0®,013; petit diamètre, 0%,009. (Decranp ) ROITELET MODESTE. REGULUS PROREGULUS (Pallis, Gould } Parties supérieures d’un vert olivâtre clair, surtout au croupion, avec une bande longitudinale vert jaunâtre au milieu du vertex, une autre de chaque côté, au-dessus des yeux, d’un jaune pâle, et deux autres de même couleur sur les ailes; parties inférieures d'un blanc verdâtre; pennes claires, et. caudales brunes; bee et pieds bruns. Point de huppe. Longueur totale, 0,09 environ. Habite la Daourie, l'Asie centrale; accidentellement l’Europe occidentale, orientale, en Dalmatie et en Angleterre. Mœurs, habitudes, régime et propagation inconnus. Fig. 206, 207 et 208. — Roitelet à triple bandeau. — Roitelet commun. (Mäte et femelle). OISEAUX 161 TROISIÈME FAMILLE. — CALAMOHERPINÉS. a Cette famille est celle qui se rapproche Le plus, après les Régulinés, des Paridés par l’ensemble de ses habitudes. C'est à M. Ch. Bonaparte que l’on doit sous ce nom, au rang de sous-famille, cette fraction des Fau- vettes ou Becs-Fins, qui n’est que la reproduction des Calamodytæ de Meyer et Wolf et des Becs- Fins riverains de M. Temminck, division adoptée par M. Gerbes et par tous les auteurs. Ces Oiseaux diffèrent en effet des autres Fauvettes ou Sylviidés, non-seulement, ainsi que le dit ce dernier ornithologiste, sous le rapport des mœurs, des habitudes, mais aussi sous celui de ïeurs ca- ractères zoologiques. Presque tous fréquentent les eaux ou font leur demeure ordinaire des lieux bas et humides; ils vivent sur le bord des étangs, des fleuves, des rivières, et s’y propagent; ont l'habi- tude d’escalader, si l'on peut dire, les tiges des plantes ou arbustes aquatiques; se nourrissent pres- que exclusivement d’Insectes à élytres, de Mouches, de Vers où de larves qu’elles cherchent sur le bord des eaux, et, le plus souvent, en grimpant le long des tiges verticales des roseaux; mêlent très- rarement des baies à ce régime; enfin ont un chant et des cris qui ne sont ni aussi doux ni aussi ca- dencés que ceux des vraies Fauvettes. Quant à leurs attributs physiques, ils sont encore plus caractéristiques. Ainsi tous les Oiseaux réu- nis dans cette famille ont le sommet de la tête déprimé et le front aigu, au lieu de lavoir arrondi comme dans les Sylvinæ; leurs ailes sont généralement courtes, concaves, taillées sur le type obtus; leur queue longue, presque toujours étagée et+souvent conique, et toutes ont le pouce pourvu d'un ongle fort et toujours aussi long au moins que le doigt. (Dictionnaire universel d'Histoire na- turelle.) Cette famille, composée, ainsi que nous l'avons dit, par M. Ch. Bonaparte, se divisait pour lui en vingt-quatre genres, qui sont: 1° Megalurus, Horsfeld: 2° Sphenura, Lichtenstein: 3° Heterura, Hodgson: 4° Sphenæacus, Swicklard, 5° Chæwtornis, Gray: 6° Locustella, Gould; 7° Calamanthus, Gould: $° Hylacola, Gould; 9° Chthonicola, Gould; 10° Bradypterus, Swainson:; A1° Hemipteryxæ, Swainson: 12° Suya, Hodgson; que nous réduisons aux neuf genres suivants : 4° Orthotome (Orthotomus): 2° Capocier (Drymoica); 3° Prinia; 4° Rousserolle (Calamoherpe); 5° Galactode (4 Edon): o* 13° Horietes, Hodgson; 14° Orthotomus, Horsfield; 15° Drymoica, Swainson: 16° Prinia, Horsfeld; 17° Calamoherpe, Meyer; 48° AEdon, Boié; 19° Cisticola, Lesson; 20° Calamodyta, Meyer, 21° Arundinax, Blyth; 22° Cettia, Ch. Bonaparte: 25° Luscuaopsis, Ch. Bonaparte; 24° Hypolais, Brehm, 6° Cisticole (Cisticolæ); 7° Phragmite (Calamodyta), 8° Bouscarle (Cettia); 2° Locustelle (Locustella . 162 HISTOIRE NATURELLE. 47 GENRE. — ORTHOTOME. ORTHOTOMUS. (Horsfield.) O:0::, droit; ceux, bouche, bec CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec grêle, allongé, presque droit, un peu déprimé et élargi à sa base, à bords des mandibules lisses et droits; à arèle vive entre les fosses nasales. Narines basales, assez grandes, revèlues d'une membrane en dessus. Ailes courtes et très-arrondies, surobtuses, Les quatrième, cinquième et sixième rémiges étant les plus longues et égales entre elles. Queue médiocre, étagée, à rectrices molles et étroites. T'arses de la longueur du doigt médian, grêles; doigts munis d'ongles courbés el assez forts, surtout celui du pouce. RS —— = | Fig. 209. — Orthotomus seprum Fig. 210 — Orthotomus sepium. Ce genre, synonyme du genre Edela, Lesson, renferme huit espèces propres à l'Asie méridionale et à l'Océanie. Nous figurons l’'Orthotome à longue queue ou Couturière. Ces Oiseaux sont très-remarquables pour l'adresse avec laquelle ils construisent leur nid en cou- sant ensemble les feuilles des arbres avec des fils de coton et des fibres de plantes. Le colonel Sykes, qui le premier a fait connaître ces nids, en a vu dans lesquels les fils de coton étaient réellement terminés par un nœud. (Proced. 4. Soc., 1852.) Tel est entre autres le nid de l'Orthotome à longue queue. Celui de l'Orthotome édèle est placé artistement entre deux grandes feuilles faufilées ensembie par leurs bords avec des fils de coton; il y est lui-même assujetti par d’autres fils qui sortent de ces feuilles par de petits trous et forment à l'extérieur des espèces de nœuds ou petites houppes qui y sont appliqués comme pour l'y retenir. Ce nid est composé d’une bourre souvent roussâtre et des plus mollettes, et de fibres de graminées très-déliées. Ce nid est profond de cinq à six centimètres sur quatre et demi de diamètre à l'ouverture. C'est avec raison que M. De La Fresnaye, en 1836, croyait retrouver dans la forme étroite et pro- fonde de ce nid, dans la manière même dont il est en quelque sorte faufilé aux deux feuilles qui l'en- tourent, les plus grands rapports avec les nids de quelques-unes de nos petites espèces de Fauvettes de roseaux, étroits et profonds comme lui, et comme lui faufilés, non à des feuilles, mais à des jones ou des graminées entre lesquels ils sont placés et fixés au moyen de fils que l'Oiseau a entortillés au- tour de leurs tiges, qu'il a souvent même fendues, pour les y faire passer de part en part avec la pointe déliée de son bec. Ce grand rapport de nids joint à ceux qu'il pensait retrouver dans les formes des Orthotomes et de certaines Rousserolles, tels que des tarses longs et déliés, des ailes très-courtes et très-arrondies, une queue étagée et un bec mince, délié et droit, lui ont fait juger, ainsi qu'il le dit lui-même, qu'ils devaient être groupés près d'elles, si toutefois ils ne leur étaient pas congénères. C’est à ce sentiment que s’est rangé M. Ch. Bonaparte, comme nous nous y rangeons nous-même, en plaçant le genre Orthotome dans ses Calamoherpinæ, dont il se rapproche beaucoup plus en ne sous tous les rapports, que des Malurinæ, ainsi que l'a pensé, bien à tort selon nous, M. G. R. Gray. OISEAUX. 163 La principale nourriture de l'Orthotome à longue queue consisterait, selon le colonel Sykes, en Fourmis noires. ORTHOTOME EDELE. ORTHOTOMUS EDELA. {Temminck.) Cette espèce est, en dessus, d’un gris ardoisé légèrement lavé de roussâtre; le front, jusqu'au delà des yeux, les joues en entier et la gorge, sont d'un roux ocreux; dans quelques individus, le sommet de la tête, depuis les yeux jusqu'à la nuque, prend une teinte enfumée. Depuis la gorge, le devant et les côtés du cou, jusqu'à la poitrine, tout d’un gris cendré assez foncé; cette teinte se dégrade sur la poitrine, les flancs, et devient blanche sur le milieu de Pabdomen. Les ailes et la queue sont d'un gris brunâtre couleur Souris; quelques grandes couvertures de l'aile, et les rémiges primaires sont finement bordées d’une nuance plus claire. Les rectrices, qui sont très-étagées, ont à leur extrémité une bordure blanche, à peine visible sur les deux intermédiaires, cette bordure est précédée d'une tache brunâtre; les jambes sont du même roux ocreux que la tête. Les tarses et les doigts sont rou- geûtres, le bec est corné en dessus, d’un blanc jaunâtre en dessous. De Java. (De La Fresxaye.) Fig. 211 — Orthotome à longue queue et son nid. 2me GENRE. — CAPOCIER. (Ghenu et 0. Des Murs.) DRYMOICA. (Swainson.) Asvuce, fortt; otxco, j'habite, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec à peine de la longueur de la tête, déprimé à la base, comprimé vers la pointe, qui n'est que faiblement échancrée, à arête infléchie dans toute sa longueur, et très-marquée entre les narines; commissure suivant la même inflexion. Narines percées sur le côté d'une squamelle membraneuse, basales, ovalaires et nues. 16% HISTOIRE NATURELLE. Ailes arrondies, surobtuses; la première rémige très-courte, la quatrième la plus longue de toutes, les troisième et cinquième presque égales. L Queue longue, ample et étagée. n “ # Là 2 "4 Tarses un peu plus longs que le doigt médian, minces, scutellés; les doigts latéraux égaux, l'in- [ terne soudé à la base; le pouce allongé, presque égal au doigt médian, robuste, ainsi que son ongle, qui est le plus fort de tous, mais peu crochu. : EX TR à 7 NS ES NS ? Fig. 212. — Drymoica. Fig. 213. — Drymoica. Ce genre, qui comprend les genres Hemipteryæ, Swainson, et Horietes, Hodgson, et qui se con- fond pour nous avec une partie du genre Suya, Hodgson, tel que l’a composé M. Ch. Bonaparte, est un des genres qui renferme le plus grand nombre d'espèces de la famille; on en compte jusqu’à cin- quante-quatre espèces peu remarquables sous le rapport du plumage, mais curieuses pour leur mode de nidification, et dont quelques-unes ont un chant des plus mélodieux. Nous figurons le Drymoica crythrogenys de Rüppell. ; Une des espèces les plus intéressantes est celle à laquelle Le Vaillant a donné le nom de Capocier (Drymoica macroura), nom que nous conservons comme générique, parce qu'elle est le type du genre, et dont il a étudié les mœurs avec une constance digne de servir d’exemple à tous les voya- geurs naturalistes. Fig. 214. — Capocer à bec rouge. Les colons du cap de Bonne-Espérance, dit-il, donnant généralement à tous les Oiseaux qu font leur nid avec la bourre des plantes le nom de Capac-Vogel (Oiseau à capoc), parce qu'ils nomment capoc-boschje, capoc-boom (arbre, arbrisseau à capoc) toutes ces sortes de plantes, J'ai conservé à l'espèce la plus commune de ces Oiseaux, celle qui se trouve dans toute la colonie, le nom de Capo- cier, formé par contraction de leur dénomination en général. Le Capocier est extrêmement commnn dans les environs du Cap. et surtout dans le Swart-Land et OISEAUX. 165 dans les dunes de la baie de Saldanha. Peu effarouchés par les habitants, qui jamais ne leur font de mal, ces Oiseaux sont devenus très-confiants et se laissent non-seulement approcher au point de pou- voir les tuer d’un coup de fouet ou de baguette, mais ils entrent même jusque dans l'intérieur des maisons, comme j'en ai été maintes fois témoin chez les habitants de Swart-Land, pendant que j'étais logé chez Slaber, ce respectable et bon vicillard qui me retira chez lui après mon désastre de la baie Saldanha. Il entrait régulièrement tous les jours dans sa maison, par les fenêtres ou par les portes, plusieurs de ces petits Oiseaux, qui, rôdant partout, sans s’effaroucher de notre présence, visitaient exactement tous les plats, toutes les assiettes et toutes les casseroles pour manger la graisse ou les petits morceaux de viande qu'on y avait laissés. Tombaient-ils sur l’assiette de graisse de Mouton, on les voyait s’en donner à cœur-joie sans beaucoup de peine, vu que cette graisse est toujours mol- lasse et grenue. Leur arrivait-il de ne trouver qu'une chandelle, ils avaient plus de peine, mais finis- saient pourtant par la déchiqueter entièrement de leur faible bec. Le goût décidé qu'avaient ces Oi- seaux pour la graisse leur avait fait donner, par toute la famille Slaber, le nom de Vet-Vrecterje (petit mangeur de graisse), et nous ne les nommions jamais autrement. Voyant ces Oiseaux venir si souvent à la picorée, j'ai eu la patience de rester maintes fois des journées entières aux aguets, afin de m'assurer de la quantité de nourriture qu'ils pouvaient prendre et du nombre de fois qu’ils man- geaient dans la journée. Un mâle et une femelle de cette espèce, qui régulièrement entraient dans ma chambre plusieurs fois pendant le jour, parce que j'avais soin qu'ils y trouvassent toujours quelques friandises de leur goût, mangeaient, en vingt-quatre heures, à peu près un quart d’once de graisse à eux deux, car ils n'avaient pas encore de petits. Leurs visites étaient réglées; je les voyais arriver assez ordinairement au point du jour, à onze heures, à trois heures et au coucher du soleil; aussitôt qu'ils étaient repus, ils s’en retournaient dans les broussailles et ne manquaient jamais de revenir le lendemain, quoiqu'il m'arrivât souvent d'attraper l’un ou l’autre pour les caresser. Je leur avais aussi mis à chacun une petite jarretière de coton rouge afin de les reconnaître. Ces charmants hôtes m’avaient tellement pris en amitié, qu'ils me reconnaissaient lorsqu'il m’arri- vait de les rencontrer à la chasse dans les environs de l'habitation, dont ils ne s’éloignaient guère. Je les ai vus plusieurs fois dans mes courses me suivre à plus de cinq cents pas de distance, en vol- tigeant de buisson en buisson, le mâle répétant sa petite chansonnette, frit, frit, fritraratti, fri- tatariti, en même temps qu'il relevait sa longue queue étagée et battait des ailes, signes d'amitié et de reconnaissance non équivoques auxquels j’étais bien sensible. La saison des amours étant venue, je m'aperçus que les visites de mes deux commensaux deve- naient moins fréquentes. Soit qu'ils fussent plus occupés du nouveau sentiment qui les animait, et qui d'ordinaire amortit tous les autres goûts, soit que, recherchant la solitude afin d’être plus entièrement l'un à l’autre, et de jouir à l'écart d'un bonheur qui ne demande jamais de témoin, soit encore que, les pluies ayant cessé, et les Insectes reparaissant en grand nombre partout, ils trouvassent une nour- riture abondante qui leur convenait mieux, il est certain que je ne les voyais plus que très-rarement. Cette négligence dura plus de quinze jours, après quoi ils se montrèrent tout à coup avec plus d’as- siduité que jamais, et je ne tardai point à m'apercevoir du motif intéressé qui les ramenait chez moi. Dans leurs différentes apparitions, ils n'avaient pas manqué d'observer le coton, la mousse et la filasse qui me servaient à bourrer mes Oiseaux, et dont ma table était toujours chargée, Trouvant bien plus commode sans doute de venir s’en munir là pour construire leur nid que d’aller détacher la bourre des plantes, je les voyais en emporter dans leur bee dés paquets plus gros qu'eux. Les ayant suivis, je trouvai l'emplacement qu'ils avaient choisi pour construire le berceau qui devait contenir le fruit de leurs amours, dont la petite femelle, toute rondelette, était déjà chargée. Dans un des coins du potager rustique et mal soigné du bon Slaber, croissait, près d’une petite source, à l'ombre du seul arbre qui fût sur l'habitation, une haute plante nommée par les colons du Cap ca- pocboschje; c’est dans cet arbrisseau que je vis s'arrêter notre couple, qui déjà avait fait ses premiers préparatifs avec de la mousse; car l’enfourchure, sur le milieu de laquelle devait poser ce nid, en était déjà garnie. C’est le 14 octobre que les premiers matériaux furent posés. Le travail du second jour offrait une masse assez informe, d’une épaisseur de près de quatre pouces, et dont le diamètre était environ de cinq à six pouces. C'était là le fondement du nid, qui était composé de mousse, de quelques parties 166 HISTOIRE NATURELLE. de filasse entrelacée de quelques brins d'herbe, et surtout de coton foulé et peletonné ensemble. Je passai ce second jour tout entier près du nid, que la femelle ne quitta pas pendant les heures de travail, c’est-à-dire depuis le moment qu'on ouvrait mes fenêtres jusqu'à dix heures à peu près, et depuis cinq heures du soir jusqu'à sept. Le mâle fit, dans la matinée du 12, vingt-neuf voyages à ma chambre (il y avait, du jardin à la maison, quatre-vingts à cent pas au plus), et, dans la soirée, il n’en fit que dix-sept. Il est vrai qu'il aida beaucoup sa femelle à piétiner et à fouler le coton avec son corps pour le presser et en former une sorte de matelas, pas trop dur cependant. Quand le mâle arrivait avec son bec chargé de coton ou de mousse, il déposait son fardeau ou sur les bords du nid, ou dans une enfourchure à la portée de sa femelle; il faisait ainsi quatre ou cinq voyages de suite sans interruption, puis se mettait aussi à l'ouvrage pour aider sa compagne. Cet agréable travail était souvent interrompu par des caresses innocentes, par des petits baisers bien doux que provoquait le mâle et que la femelle n’avait l'air d'accorder qu'à la dérobée et comme par complaisance, tant elle mettait d’activité dans sa construction; mais ces caresses, loin de suffire, con- duisaient à des désirs que le mâle brülait de satisfaire, et que refusait opiniâtrément la femelle. Quel- quefois même elle réprimait ce trop d’ardeur par des coups de bec bien appliqués, mais qui, loin de ralentir le feu du petit importun, ne faisaient assurément qu'aiguillonner ses désirs et les rendre plus impérieux encore; de sorte que, devenant plus pressant et voulant se satisfaire, il battait à son tour, pinçait, défaisait l'ouvrage qui était fait, empêchait la femelle de travailler, et semblait, en un mot, lui dire : «C’est pour travailler que tu me refuses, eh bien! je t'empêcherai de travailler! » Croira-t-on qu'entièrement à ce que je voyais, et comprenant si bien tout le sujet de cette petite altercation amou- reuse, je me suis surpris très en colère contre la femelle, et m'écriant tout impatienté, comme si elle avait pu m'entendre : « Sotte que tu es, accorde-lui bien vite ce qu'il demande, et il te laissera tran- quillement achever! » Mais, pour l'empêcher de continuer ses dégradations, celle-ci quittait son ou- vrage, se sauvait de buisson en buisson, et le mâle de la suivre partout, jusqu'à ce qu’enfin il eût obtenu, plusieurs fois de suite, le prix de son amour. Aussitôt après, la femelle revenait à son travail, et le mâle satisfait préludait gaiement en chantant pendant quelques instants sa victoire et son bon- heur; après quoi, se remettant à l'ouvrage, il transportait avec une nouvelle ardeur les matériaux dont sa compagne avait besoin, jusqu’au moment où, par de nouveaux désirs, provoquant encore une scène pareille à celle que je viens de décrire, il remportait d’autres triomphes : j'en ai compté jus- qu'à huit dans une matinée. Qu'ils sont heureux les Oiseaux! ils sont assurément les êtres privilégiés de la nature. Le troisième jour, le couple commença à élever les côtés ou parois du nid. Après en avoir uni le fond, à force de piétiner et de le frotter avec leur poitrine, en tournant sur eux-mêmes, ils formè- rent premièrement un rebord plat, qu'ils redressèrent ensuite en s'appuyant contre, et qu’ils conti- nuèrent à élever en accumulant du coton pressé, battu et frotté dans l’intérieur avec la poitrine et les poignets des ailes, ayant soin de le piquer continuellement avec leurs becs pour entrelacer le tissu, afin de le rendre plus solide. Les branches du buisson qui se trouvaient dans le chemin étaient enveloppées dans l'épaisseur extérieure du nid, sans qu’elles traversassent jamais dans l'intérieur. Cette besogne demandait beaucoup de matériaux, et je fus vraiment étonné de la quantité de ceux qu'ils employèrent. Enfin, le septième jour, le nid fut entièrement achevé, à quelques petites répara- tions près. M'étant avisé, ce jour-là, de passer le doigt dedans, j'y sentis déjà un œuf, qui probable- ment avait été pondu dans la journée même; car, la veille, le nid n'étant pas encore totalement fermé par en haut, je n'y vis point d'œuf. Ce charmant édifice, d’un blanc de neige, avait près de neuf pouces de hauteur en dehors, pendant que dans l’intérieur il n’en avait tout au plus que cinq. Sa forme extérieure était très-irrégulière à cause des branches qu'il avait fallu y attacher; mais l’intérieur avait absolument celle d’un œuf de Poule posé la pointe en haut, et dont le grand diamètre eût été de cinq pouces et le petit de quatre. L'ouverture qui servait d'entrée répondait aux deux tiers et plus de la hauteur totale du nid, vu par dehors, pendant qu’en dedans elle touchait presque le plafond; elle était d'un pouce et demi de largeur et d’une forme absolument ronde. L'intérieur de ce nid était si bien travaillé et si uni, qu'on l'aurait pris pour un beau drap un peu élimé, et le tissu était si serré, qu'il eût été impossible d’en rien détacher sans le déchirer. Ce ne fut cependant qu'à force de frotter avec la poitrine et de battre avec kes rebords de leurs ailes, puis en faisant toujours rentrer les brins détachés du coton, et en les enfonçant à coups de bee, que ces Oi- Pardalotus striatus OISEAUX. 167 seaux parvinrent à donner cette solidité à leur ouvrage, vraiment admirable, quand on considère les petits moyens de semblables architectes : aussi leur coûta-t-il sept jours entiers d’un travail opiniâtre, et ne fut-il achevé que le 18 au soir, où, comme je l'ai dit, le premier œuf y fut déposé. Le 19, je trouvai un second œuf qui fut pondu le matin. Le 20, un troisième. Le 91, il n'y eut pas de ponte. Le 29, à une première visite, je trouvai le quatrième œuf, et le soir le cinquième. Le 25, point de ponte. Le 24 au matin, un œuf de plus, etle dernier et septième fut ponda le 25 dans la matinée, jour où la femelle commença aussi à couver. Les œufs étaient tous d’un vert pâle, et ta- chetés d'un brun roussâtre. J'ai observé que, pendant tout le temps de la bâtisse et celui de la ponte, le nid avait été constamment surveillé et jamais abandonné; le mâle ou la femelle, et souvent l'un et l’autre ensemble, se tenaient dans les environs, accourant à la moindre visite importune ou à l'ap- proche de quelques autres Oiseaux, à qui cette belle habitation eût bien convenu, et qui essayèrent maintes fois de s'en emparer; peut-être même que, sans mon secours, il eût été envahi par un couple de Mésanges qui, bien plus forts qu'eux, s’en seraient rendus maîtres. Ces sortes de vols sont assez fréquents chez les Oiseaux, et particulièrement parmi ceux dont les nids sont fermés de la même ma- nière; aussi arrive-t-il, comme je l'ai remarqué nombre de fois, que les Giseaux qui les ont bâtis ne les conservent pas toujours. Ce n’est done pas seulement chez les hommes que les faibles sont oppri- més par les forts, et que les plus adroits s’approprient le travail des autres. … Il est inutile, je pense, de dire que je quittais très-rarement de vue mes deux Oiseaux: tout ce que j'ai rapporté le prouve assez : aussi, excepté les moments de repos et de sommeil, j'étais toujours près d'eux; je m'établissais habituellement dans un buisson ombragé, d’où je guettais tous leurs mou- vements. La femelle et le mâle couvaient alternativement, mais celui-ci beaucoup moins cependant, car la femelle restait sur les œufs quelquefois trois heures de suite, tandis que lui n°y a jamais passé plus d’une demi-heure à la fois; il ne la remplaçait même que dans les moments où elle était obligée de quitter son poste pour aller boire où manger, et, aussitôt qu'elle avait fait sa petite tournée, elle accourait droit au nid, appelait son mâle, et, pour peu qu'il tardät trop à sortir, elle entrait dedans et le forçait à dénicher; mais jamais je ne les ai vus rester tous deux à couver en même temps, pas même pendant la nuit : du moins, quelque tard que je sois resté pour suivre mes observations, je n’ai pas vu le mâle entrer dans le nid avec sa femelle à ces heures-là, tandis qu’elle restait à son poste toute la nuit. Lorsque celle-ci était occupée à couver pendant le jour, le mâle, perché sur un buisson dans les environs, chantait sa petite chansonnette, frit-frit-frit-fritraratiti-fritatariti; et, S'il arrivait quel- que étranger dans le jardin, ou même un de mes Chiens, la femelle en était aussitôt avertie par un cri perçant du mâle, ce qui la faisait se précipiter hors du nid; mais elle y rentrait bien vite lorsque le danger était passé. Quant à moi, je pouvais entrer et sortir du jardin autant de fois que je le vou- lais; je n'insp.rais jamais de crainte. J'ai observé que le mâle passait la nuit sur une branche à côté du nid, afin, sans doute, de surveiller au dehors tout ce qui aurait pu alarmer sa femelle et nuire à la couvée; et, dans les instants où quelque crainte forçait celle-ci de quitter ses œufs, ce n’était que pour trois ou quatre minutes tout au plus. É Pendant le temps de l'incubation, le mâle chercha plusieurs fois à obtenir des faveurs de sa fe- melle; mais elle s'y refusa constamment; elle pondit cependant encore plusieurs œufs, mais hors du nid et à terre; et, ce qui m'étonna, C’est qu'aussitôt qu'elle en avait pondu un, elle appelait son mâle, et que, se mettant tous deux à le casser à coups de bec, ils en mangeaient ensemble le jaune. Lorsqu'il m'était arrivé, dans mes courses, de trouver çà et là, pendant le temps de l'incubation, des œufs d'Oiseaux cassés, et même souvent d’entiers, je m'étais bien imaginé qu'ils provenaient de femelles dont la ponte était déjà complète; car il n’était pas possible de croire que la ponte ces- sait tout à coup pour chaque Oiseau au moment où il se disposait à couver, puisque j'avais plus d’une fois remarqué que des femelles, que j'avais tuées pendant qu'elles couvaient, portaient encore dans leurs grappes des jaunes très-gros, et même aussi formés que ceux des œufs qu'elles pondaient ordi- nairement. D'après ces faits, j'avais soupçonné qu'une femelle continuait sa ponte, quoiqu'elle eût complété le nombre d'œufs que la nature avait destiné pour sa couvée. Ainsi, cette dernière observa- tion me confirma dans ce que j'avais très-bien soupçonné. Ce fut enfin le 7 novembre, ou le quatorzième jour d'incubation, qu'à sept heures du matin, à une première visite au nid, je m'aperçus qu'il y avait quatre petits, qui probablement étaient éelos 168 HISTOIRE NATURELLE. pendant la nuit; trois heures après, c'est-à-dire à dix heures, les trois autres le furent également. Les petits naquirent absolument nus, et leurs yeux étaient fermés. Pendant cette première journée, la mère resta sur ses petits, et ne leur donna à manger que le soir; elle débarrassa le nid des coquilles d'œufs, qu’elle jetait dehors à mesure que les trois derniers pe- tits naissaient. Le second jour, le père et la mère apportèrent de la nourriture à plusieurs reprises, et le nid ne resta pas vacant un seul instant. Le troisième jour, le dessus de la tête, les ailes, le dos et le croupion des petits, se couvrirent d’un duvet brunâtre, et leurs yeux s’entr'ouvrirent. Le qua trième, les yeux étaient déjà plus ouverts, et, le soir, ils le furent entièrement. Le cinquième, les pennes des ailes et celles de la queue commençaient à sortir d’une ligne ou deux, ainsi que les plu- mes du eroupion et des flancs, dont les tuyaux marquaient déjà. Ils commencèrent alors à exiger beaucoup de nourriture. 1 Je passai le sixième jour auprès du nid, sans le quitter un moment, et je me fis, pour cet effet, apporter à diner, afin de ne pas le perdre de vue. Depuis sept heures du matin jusqu’à dix, le père et la mère firent cinquante-trois voyages, et apportèrent chaque fois de petites Chenilles vertes, des Araignées et des œufs de Fourmis, nourriture qui fut constamment la même. Vers midi, ils n’en ap- portèrent que dix-neuf fois, et, depuis trois heures jusqu’au coucher du soleil, le nombre des voya- ges monta à soixante-six. Le huitième jour, les pennes des ailes et de la queue, les plumes de tout le dessus du corps et du ventre, ainsi que celles du cou et du dessus de la tête, couvraient la peau partout, de sorte qu'on ne la voyait plus qu’au bas-ventre, qui était très-gros. Les neuvième, dixième et onzième jours, exigèrent une si grande quantité de nourriture, que le père et la mère, pouvant à peine y suffire, ne faisaient autre chose que courir à la provision. Dans cette onzième journée, que je leur consacrai encore tout entière, ces pauvres Oiseaux firent deux cent seize voyages; et, ce qu'il y a de particulier, c'est que je n'ai pas remarqué qu'ils aient une seule fois porté à boire. Il est vrai que, le mâle et la femelle entrant toujours entièrement dans le nid pour donner la becqnée aux pe- tits, je ne pouvais voir, me dira-t-on, s'ils ne leur donnaient pas de l'eau; mais, comme je ne les ai jamais vus venir sans qu'ils eussent de la nourriture dans leur bee, il est au moins certain qu'ils n’al- laient pas uniquement leur en chercher, et je ne doute nullement que, si les petits eussent eu besoin de boire, le père et la mère n'eussent fait, pour y pourvoir, des voyages exprès dans les instants où cela aurait été nécessaire. Le quinzième jour, quand je fis ma visite du matin, je trouvai que trois de ces jeunes Oiseaux étaient hors du nid. Afin de les forcer d'en sortir, le père et la mère n’y entrè- rent plus pour leur donner la becquée, mais ils les appelaient dehors pour cela; de façon qu'ils sor- tirent les uns après les autres. À midi, le nid fut vide et abandonné; les petits s’établirent dans les haies et sous les feuilles dans le jardin, où je vis Le père et la mère continuer de leur donner à man- ger pendant plusieurs jours, après quoi ils formèrent une petite troupe et vécurent tous ensemble dans le plus parfait accord. Les vieux ne tardèrent pas à montrer aux jeunes le chemin de la maison, où ils vinrent souvent rôder tout comme ceux-là l'avaient pratiqué eux-mêmes tant de fois avec fruit. … De toutes les observations que je viens de rapporter, et de l'exactitude desquelles je réponds, il suit que ces Oiseaux sont à peu près six jours à bâtir leur nid; qu'ils couvent treize à quatorze, et que les petits sont à peu près le même nombre de jours avant de quitter le nid. Je pensais que la petite famille reviendrait coucher la nuit dans son berceau, mais je me trompais, elle n’y revint plus du tout. Voyant cela, je m'emparai du nid, que j'ai coupé dans toute sa longueur pour l’examiner attentivement et pour prendre toutes ses dimensions. J'ai trouvé une quantité de ces nids dans le cours de mes voyages, et ils étaient tous semblables; ils sont seulement plus ou moins blancs, suivant la nature ou la couleur de la bourre qui a servi à leur construction. Jai aussi trouvé dans plusieurs de ces nids des œufs de Coucou huppé : chose bien remarquable, car cet Oiseau n’est qu'un peu plus petit que notre Goucou d'Europe; ainsi, très-certainement, il ne peut s’introduire dans ce nid pour y pondre. (Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique.) Une autre espèce, le Capocier piucpiue, construit sou nid d’une manière plus admirable encore; et c’est encore à Le Vaillant que nous en devons la connaissance. D'abord, dit ce voyageur, il est posé, le plus qu’il est possible, parmi les arbrisseaux épineux, et quelquefois sur les arbres, à l'extrémité des branches, sur les mimosas. Ge nid est ordinairement fort grand; les uns cependant plus, les autres moins; mais ce volume n’est qu'extérieur, car, en dedans, li OISEAUX. 169 ils ont tous à peu près les mêmes dimensions, c’est-à dire trois à quatre pouces de diamètre, tandis que la circonférence extérieure est souvent de plus d’un pied. Ge nid, fabriqué avec de la bourre de plantes seulement, est cu d’une blancheur de neige ou brunâtre, suivant la qualité de celle que don- nent les arbrisseaux du canton où se trouvent ces Oiseaux. En dehors, le nid paraît assez informe, même très-irrégulier, suivant l’écartement des branches qui le reçoivent, et auxquelles il est forte- ment attaché, de sorte même qu'il est impossible de l'enlever sans en laisser la moitié après les branches, parce qu’elles passent pour la plupart au travers de son épaisseur extérieure. Si en dehors ce nid paraît assez mal fabriqué, en revanche, lorsqu'on le considère en dedans, on ne peut qu'être surpris de ce qu'un aussi petit individu, qui n’a d’autres instruments que son bec, ses ailes et sa queue, puisse avoir battu et serré ce duvet au point de le rendre uni et d’un tissu aussi fin que celui d'un drap, et même d’un fort joli drap. Ce nid, entièrement d'une forme plus ou moins ronde, a une gorge étroite pratiquée dans sa par- tie élevée, et c’est par là que l'Oiseau se coule dans l'intérieur. Ce n'est pas tout, au bas de cette gorge ou de ce corridor, est adaptée une petite niche, en forme d’un très-petit nid appliqué contre le grand. Il est généralement reconnu, au cap de Bonne-Espérance, que cette petite cellule ou niche est pratiquée exprès pour que le mäle y reste en sentinelle pendant que la femelle couve, et cela pour la prévenir de tout danger pendant qu’elle est dans le fond du nid, et ne peut voir les ennemis du dehors. Il faut convenir que cela est assez ingénieusement imaginé; mais j'ai vérifié que cette sorte de niche ne sert pas du tout à cet effet, car le mâle couve aussi bien que la femelle, et jamais l’un des deux ne se tient en embuscade pendant que l’autre reste sur les œufs; faits dont je suis très-cer- tain, puisque j'ai trouvé au moins cent de ces nids, et que j'ai guetté et examiné, pendant des matinées entières, ces Oiseaux. Ce petit réduit n’est done qu'un juchoir, construit de manière que le Piuc- Piuc puisse de là s’élancer par la gorge pour pénétrer dans le nid, ce qu'il ferait avec peine sans cela, parce qu’il ne peut, en volant, enfiler cette petite ouverture, et que le nid est d’ailleurs fait trop mollement en dehors pour qu’il puisse se poser continuellement dessus sans le dégrader; au lieu que ce petit espace est aussi solidement construit que le dedans du nid; et, comme pour lui donner cette solidité l’'Oiseau n’a d'autre moyen que de le battre de ses ailes et d’y tourner son corps à diffé- rentes reprises, comme je l'ai dit du Capocier, cette pratique nécessite absolument que l'ouvrage prenne une forme sphérique, et lui doune l'apparence d’un très-petit nid, ce qui aura fait croire que le mäle s’y tient seul; mais cela est si peu vrai, que, quand la bouche du nid est posée de manière qu’elle réponde à quelque branche qui en facilite l'entrée, cette petite cellule n’existe point ; J'ai trouvé plu- sieurs de ces nids où il y avait deux ou trois juchoirs; d’autres où ce juchoir n'avait pas la forme d’un petit nid. En général, ces cellules sont si étroites, que l'Oiseau, tout petit qu'il est, aurait de la peine à s’y loger. D'ailleurs, comme je l'ai dit, j'ai examiné la manœuvre de ces Oiseaux toutes les fois que je lai pu, et jamais je n'en ai vu un en sentinelle dans la niche; mais j'ai vu que le mâle ou la femelle, en arrivant au nid, se posaient sur la branche la plus voisine, de là sur le rebord de cette petite cel- lule; puis, que fourrant leur tête dans le trou, ils se plongeaient dans le nid. Ces Oiseaux sont si peu farouches, qu'il n’est pas besoin de les guetter de bien loin pour les exami- ner à son aise, puisqu'ils entrent dans leur nid quoiqu'on soit assez près d'eux, surtout dans les can- tons les plus sauvages, où les enfants ne les dérangent pas. Malgré cela, il m'a été impossible de les attraper dans le nid même pendant la nuit, parce que ce nid est toujours, quoique fort en vue, si bien placé au milieu des broussailles, qu'il n’est pas possible d'y arriver sans faire de bruit, car il n’est jamais sur un buisson isolé, mais toujours dans le milieu de quelque fourré d’un difficile accès. … Un nid aussi commode et aussi douillet que l'est celui du Piuc-Piuc ne manque pas d’envieux, et certes il en a beaucoup, qui malheureusement sont tous plus forts que lui, et lui ravissent son do- micile, après l'avoir chassé honteusement et avoir détruit sa petite famille ou cassé ses œufs; ainsi, souvent après avoir achevé son ouvrage, et avoir même quelquefois construit plusieurs de ces nids, le couple Piue-Piuc est obligé de renoncer au doux plaisir d’avoir un asile pour élever ses pe- tits; triste exemple de ce qui se passe chez les hommes quand les plus forts font la loi aux plus faibles. Les Giseaux ennemis du Piuc-Piuc sont les Mésanges et les Barbus; en Quadrupèdes, les Souris, et, o* 22 170 HISTOIRE NATURELLE. en Insectes, les Guêpes et les Fourmis. Il n’y a pas jusqu'aux Reptiles qui, après s'être glissés dans son nid et avoir dévoré les petits ou les œufs, ne s’y établissent ensuite. Combien d’ennemis pour un être aussi faible que l'Oiseau dont nous parlons! Les Mésanges et les Barbus volent assez ordinairement ces nids, auxquels ils n’ont d’autres répara- tions à faire que d’en élargir l’orifice, ce qui leur est bien facile, parce qu'il est fort solidement tissu, très-mince, et qu'il prête beaucoup. Les Souris y font leurs petits, et y emmagasinent leurs provi- sions d'hiver. Les Reptiles s’y cachent; mais je n’y ai jamais trouvé qu'une espèce de Serpents ver- dâtres, qui se tient sur les arbres et les buissons, et dont la morsure n’est pas venimeuse. Quant aux Guêpes et aux Fourmis, ces Insectes, après s'être emparé du nid, y construisent des cellules dans l'intérieur et y déposent leurs larves : les Fourmis que j'y ai trouvées sont du genre de celles qui ont des ailes. .… Le temps de l’incubation de cet Oiseau est de quinze jours, et il est aussi de ceux à qui les Coucous confient leurs œufs, qui certainement ne peuvent qu'être introduits et non pondus dans ce nid, où il est impossible à un Coucou de se fourrer. J'y ai trouvé l'œuf du Goucou vert doré, que j'ai nommé Didric. Il est vrai que ce dernier est un des plus petits Coucous d'Afrique, mais, enfin, il est encore trop gros pour entrer par la petite ouverture du nid du Piuc-Piue sans l’endommager; or, ceux de ces nids où j'ai trouvé de ces œufs ne l’étaient pas du tout, et ils ne se dégradaient qu'à me- sure que les petits Coucous grandissaient. Les Piucs-Piucs, ainsi que l'espèce précédente, auraient-ils encore la complaisance de réparer leur nid après que ces Coucous l’auraient dégradé? Je ne puis le croire. Quoi qu'il en soit, il paraît assez étonnant qu'un Oiseau, qui souvent abandonne ses œufs quand on y a seulement touché, se prête à couver celui d’un autre Oiseau qui, après avoir détruit tous les siens, lui en laisse un dont le volume est toujours considérablement plus grand, quoiqu'en général les Coucous pondent des œufs propor- tionnellement plus petits que ceux des autres Oiseaux; mais il n’en est pas moins vrai qu’il y a une diffc- rence bien grande entre l'œuf d’un Coucou quelconque et celui d’un aussi petit Oiseau que le Piuc- Piuc. D'ailleurs, un seul œuf, assez gros, doit encore être difficile à couver, et plus difficile que plu- sieurs petits œufs rassemblés les uns près des autres; il est donc impossible que le petit Oiseau qui couve cet œuf ne sache pas que ce n’est pas un des siens. Au reste, comment concevoir encore que le jeune Coucou, qui, au bout de quinze jours, pourrait avaler son père et sa mère nourriciers, ne les effraye pas? Rien ne prouve mieux que c’est par une loi de la nature que les Coucous n’élèvent pas leurs petits, et que certaines espèces d'Üiseaux sont chargées de ce soin. Le Piuc-Piuc, un des plus petits Oiseaux que j'aie trouvés en Afrique, peut être comparé, pour la taille, à notre Troglodyte, auquel il ressemble beaucoup, tant par sa manière d’être que par son al- lure. Comme lui, il est sans cesse en mouvement, et sautille de branche en branche parmi les arbris- seaux ou les broussailles, et se fourre partout; il a encore de commun avec lui de relever sa petite queue et de gazouiller sans interruption, tout en cherchant sa vie, non-seulement sur les bruyères, mais dans les herbes, où il aime à se cacher. Outre cette conformité de ses manières avec celles du Tro- glodyte, il lui arrive aussi, comme à notre Alouette, de s’élever perpendiculairement de terre ou de quelque buisson à une hauteur assez considérable; et, pendant qu'il s’élève, en battant fort des ailes et de la queue, et qu'il monte par petits bonds, il fait entendre un cri qu'on peut rendre par piuc- piuc, piuc-piuc, piuc-piuc, qu'il répète sans discontinuer pendant tout le temps de son ascension. Quoi qu’il en soit, cette habitude est différente de celle de l’Alouette, en ce que celle-ci monte gra- duellement et avec facilité, tandis que l’autre ne s’élève que par petits bonds ou sauts dont la mesure est marquée par autant de mouvements de queue. Ge n’est, enfin, que lorsqu'il est arrivé à quelques toises de hauteur, et que, se soutenant à la même place et brusquant tous ses mouvements en.même temps, qu'il précipite son cri; il se laisse filer en biaisant, pour se fourrer ou dans l'herbe ou dans un buisson où sa femelle l'attend pour consommer l'acte amoureux dont toutes ces petites gentillesses ne sont que le prélude. J'ai donné à cet Oiseau le nom de Piuc-Piuc, parce que je l'ai entendu nommer ainsi par plusieurs enfants des colons du Cap, et que d’ailleurs il en peint bien le cri. Quand il fait le moindre vent, ar- rivé à une certaine bauteur dans l'air, cet Oiseau, fort léger, est ordinairement emporté comme un chiffon, et disparaît totalement pour ceux qui le regardent; mais, quand le temps est calme, arrivé au plus haut point où ses forces lui permenttet d'atteindre, il descend en ligne diagonale, cependant OISEAUX. 171 sans fermer les ailes, pour se plonger à terre, comme le fait notre Alouette d'Europe. (Histoire natu- relle des Oiseaux d'Afrique.) Sous le rapport du chant mélodieux propre à plusieurs des espèces de ce genre, nous citerons en- core ce que dit Le Vaillant de l’espèce qu'il a nommée à si juste titre le Coryphée, le Drymoica co- ryphæa de Gray : Cet Oiseau mérite à beaucoup de titres le nom que je lui ai donné, puisque, par sa belle voix et la mélodie de son chant, il dispute le prix, à bien des égards, à notre Rossignol, qu'il représente par- faitement bien dans la partie sud de l'Afrique que j'ai parcourue, non-seulement par l'agrément de son chant, mais encore par tous ses caractères extérieurs, sa forme svelte, ses mouvements gracieux et sa taille même. Sa manière de chanter n'est pas à la vérité si coupée, si cadencée ni si variée; mais, en revanche, sa voix est bien plus égale, plus soutenue, par conséquent plus moelleuse et plus touchante. L'expression de notre Coryphée européen est plus vive et plus animée; celle du Coryphée africain est plus tendre et plus voluptueuse : le chant du premier plaît peut-être davantage à l'oreille, mais celui de l'autre parle mieux à l'âme. Enfin, le Rossignol est un maitre habile qui, par son art, par les brillants éclats de sa voix et les difficultés de son chant, semble exiger des applaudissements, tandis que le Coryphée, par la simplicité et la douce harmonie de ses sons, ne paraît chercher qu'à émouvoir la sensibilité; en un mot, l'un exprime le plaisir satisfait, l’autre le sentiment tendre qui l'amène et ÿ conduit. Montbeillard, dans sa sublime description du Rossignol, nous dit, par rapport à son chant : « C’est dans ses tons passionnés que l'on reconnaît le langage du sentiment qu’un époux heureux adresse à une compagne chérie, et qu'elle seule peut lui inspirer. » Et moi je dis du chanteur africain : « C’est le langage de l'amant passionné qui, sûr de plaire, appelle l'instant de son bonheur. » Dans cette espèce comme dans celle de notre Rossignol, les mâles sont seuls doués d’un organe agréable, et la saison des amours est la seule où ils fassent éclater les sons de leur belle voix, dont les accents précèdent toujours d'une heure ou deux le lever et le coucher du soleil. Lorsque les vents n'agitent pas l'atmosphère, et que le temps est serein, ils chantent aussi pendant une grande partie de la nuit, mais, quand il tombe une pluie douce et que le ciel est couvert sans orage, on les entend toute la journée. La nature, en accordant à cet Oiseau le don de charmer par un organe délicieux, a refusé de l’or- ner de brillantes couleurs, car rien de plus simple que son plumage, qui, dans toutes les saisons, est le même; mais aussi rien de plus élégant que sa forme, et rien de plus leste que ses mouvements. C'est en octobre que ces Oiseaux entrent en amour; c’est aussi dans ce mois que le mâle excelle dans son chant. En novembre, ils cherchent un emplacement commode et bien abrité au pied du buisson le plus touffu du canton où ils se sont fixés, et qu'ils n’abandonnent pas d'un instant; c'est là, et sur la terre, qu’ils posent leur nid, qui est composé, extérieurement, de brins d'herbe et de mousse entrelacés, et revêtu, intérieurement, de poils. Du moment que le nid est achevé, la femelle y pond chaque jour un œuf, jusqu’à la concurrence de cinq au plus et de trois au moins; car, dans chacun des dix-neuf de ces nids que jai trouvés. je n’en ai jamais vu un plus ou moins grand nom- bre; mais souvent il n’y en avait que quatre : leur couleur est d’un bleu verdâtre fort pâle, sali, sur- tout vers le gros bout, d’un gris brunâtre. Outre les dix-neuf nids dont je viens de parler, j'en ai trouvé cinq autres de ces mêmes Oiseaux contenant chacun un œuf de Coucou huppé. Ces œufs étaient entièrement blancs, et, quoiqu'ils fussent chacun seul dans un nid, et qu'ils fussent du double plus gros que ceux du Coryphée, cela ne les empêchait pas de les couver avec autant de soin que les leurs propres. Quel est donc cet instinct, cette complaisance, ou, pour mieux dire, cette loi de la nature, qui force une mère dont on a brisé les œufs de couver celui de son ennemie et d'élever le petit qui en provient, et qu'on ne peut pas raisonnablement croire qu'elle prend pour l’un des siens, puisqu’en naissant il est presque aussi gros qu'elle, et qu'au bout de huit jours il est déjà si fort, qu'il avale- rait, pour ainsi dire, son père et sa mère nourriciers. .… On reconnaît, dans notre Coryphée, le vol, les attitudes, tous les gestes même du Rossignol, et jusqu’à cette étrange curiosité qui l'entraîne en quelque sorte vers l'homme. Il a de plus, comme lui, ces mouvements brusques qu'il fait en relevant sa queue en même temps qu'il l’étale avec grâce en la ramenant sur son dos et la laissant ensuite retomber voluptueusement. Le Coryphée se nourrit d’Insectes, de Chenilles et de nymphes de Fourmis; il y joint aussi toutes sortes de baies. A2 HISTOIRE NATURELLE. J'ai trouvé ces Oiseaux dans les bois de mimosas qui avoisinent la rivière Sondag et le Swarte-Kop, et de là en revenant au Camdeboo, pays stérile et brûlé, lieux sauvages où leurs chants m'ont fait passer d’agréables instants lorsque, fatigué des chaleurs d’un jour brûlant, et jouissant de la frai- cheur d'une belle nuit, je goûtais, sous le vaste toit de la nature, les douceurs du repos. Ces char- mants hôtes me causaient tant de plaisir, que j'avais expressément défendu d’en tuer un seul dans les environs de mon camp, où les feux que nous allumions pendant la nuit les attiraient en grand nombre. J'en avais pris une nichée entière, dans l’espérance de l’élever et de l’apporter au Cap pour y per- pétuer l'espèce; mais elle ne vécut pas. (Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique.) CAPOCIER A CROUPION ROUX DRYMOICA UROPYGIALIS. {Fraser.) En dessus, brun, chaque plume lisérée de même couleur plus pâle; raie superciliaire et dessous du corps blancs; flancs et cuisses légèrement lavés de roux; croupion roux; queue brunâtre, fasciée de roux très-pâle et d’une autre bande noire, et blanche à la pointe; bec brun; pieds jaunes. Longueur totale, 0,11. Habite Accra, Afrique occidentale. 5e GENRE -- PRINIA. PRINIA. (Horsfield.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, droit, élargi à la base, notablement comprimé au delà des narines, et robuste à la pointe; la mandibule supérieure, d'abord droite, se recourbe légèrement vers le bout, son arête for- mant une carène entre les narines, puis s'arrondissant pour s’échancrer à son extrémité; mandi- bule inférieure droite, légèrement inclinée au delà de son milieu. Narines placées à la base du bec. recouvertes d'une membrane, et creusées dans une fossette oblon- que, où elles s'ouvrent par une petite fente longitudinale à leur portion inférieure. Ailes arrondies, suvobtuses; la première rémige la plus courte, et les trois à sept suivantes légè- rement échancrées à leur bord extérieur. Queue longue et cunciforme. Tarses assez hauts, de lu longueur du doigt médian, les latéraux presque égaux, l'externe uni à sa base; le pouce fort et remarquablement robuste, de même que son ongle. Fig. 215 — Prinia familiaris Fig. 216. — Prinia familians. Ce genre comprend une partie du genre Saya, Hodgson, tel que la composé M. Ch. Bonaparte, et renferme quinze espèces de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Ces Oiseaux, dit le colonel Sykes, apportent dans la construction de leurs nids la même industrie que les Orthotomes, notamment l'Orthotome à longue queue, dont ils ont la manière de vivre et une partie des habitudes. OISEAUX. 173 PRINIA SOCIAL, PRINIA SOCIALIS. (Sykes.) Tête et dos d’un cendré foncé; rémiges et rectrices d’un brun roux, ces dernières bordées, à leur extrémité, d’un brun plus obscur; en dessous, d’un blanc roussâtre, moins pur sur les côtés du ven- tre; bec noir; pieds jaunes; iris orange. Longueur totale, 0,11 environ. Habite Dunkun. Fig 917 — Prinia familicr. 4me GENRE. — ROUSSEROLLE. CALAMOHERPE. (Boié, 1896.) Kahap.0:, roseau; EoTo, je glisse CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la lonqueur de lu tête, large à la base, comprimé sur les côtés, à arête saillante, surtout au front, échancré à la pointe de la mandibule supérieure. Narines basales, ovalaires. EE —— ES, S. Yes L s \E / Î ÿ Fig. 218 — Calamoherpe junco Fig. 219 — Calamoherpe junco. Ailes assez longues, Subobtuses; penne bätarde très-courte; la troisième rémige la plus longue de loutes. Queue conique, étagée. Tarses de la longueur du doigt médian, grêles; doigts allongés, minces; ongles forts, longs, com- primés, celui du pouce sensiblement plus long que ce doigt. 174 HISTOIRE NATURELLE. Ce genre, qui comprend les genres Acrocephalus, Nanmann; Acrobates, Jerdon; Arundinaceus, Lesson, et Dumeticola, Blyth, compte dix-neuf espèces de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'O- céanie, dont quatre se trouvent en Europe. Les Oiseaux qui appartiennent à ce genre fréquentent les marais, les bords boisés ou couverts de roseaux des étangs, des rivières, les jardins frais et humides. On les voit, sans cesse en mouvement, grimper le long des branches des arbustes, des plantes aquatiques, qu'ils parcourent de la base au sommet avec la plus grande agilité. (DeGLann.) L'habitude de cet exercice est même si bien prise chez ces Oiseaux, que c’est à peine si, après une longue observation, on les aperçoit une seule fois posés sur un plan horizontal à la manière des au- tres Oiseaux; c’est toujours le plan vertical qu’ils adoptent de préférence; et c’est plaisir que d'admi- rer avec quelle adresse, au milieu de roseaux ou d'herbes marécageuses qui ne leur offrent qu'une forêt de tiges droites perpendiculaires, et à surface polie ou glissante, ils sautillent sans s'arrêter de l'une à l’autre, tantôt la patte droite en haut, tantôt la patte gauche, et progressant ainsi le long d'une rive à des distances assez grandes avant de se fixer. Comme les Hippolaïs, ce sont des Jiseaux hargneux, colères, que le voisinage d’un autre Oiseau importune. Ce sont de vrais Rossignols de rivière, ainsi qu'on avait anciennement nommé l'espèce type du genre, la Rousserolle. Le mäle de celle-ci chante la nuit comme le jour, tandis que la femelle couve; mais il s’en faut bien que son chant soit aussi agréable que celui du Rossignol, quoiqu'il ait plus d’étendue; il l'accompagne ordinairement d’une action très-vive et d’un trémoussement de tout son corps... (BurFon.) La Caqueteuse, de même que l’{sabelle d'Afrique, a une sorte de babil qu'on lui entend faire con- tinuellement, et qu'on peut rendre par gri-gri-gra-gra, répété sur tous les tons. Dans le temps des amours, cet Oiseau voltige au-dessus des roseaux en chantant une petite phrase qui imite beaucoup celle que fait entendre notre Babillard. Pendant cette ritournelle, qui dure plusieurs secondes, il bat des ailes en se soutenant à la même place, puis se rabat tout à coup en faisant une pirouette sur lui- même pour rejoindre sa femelle, qui ordinairement est au-dessous de lui; et ce n’est sans doute que par rapport à elle qu'il fait toutes ces petites gentillesses, qui finissent toujours heureusement pour lui. L’accouplement se fait d’une manière fort leste; car souvent il se pratique sur la frêle feuille d’un roseau, et par conséquent dans une position fort gênante, ou du moins qui le serait pour des êtres moins vifs que ces Oiseaux, dont la pétulance caractérise tous les mouvements, (LE ValLLanr.) Le nid des Rousserolles est des plus artistement construit et des plus fortement matelassé dans le bas. Celui de l'Effarvatte, comme ceux de presque toutes les espèces de ce genre, est soutenu par quatre tiges de roseaux, formé des têtes fleuries de ces mêmes roseaux, et de fort longs brins d'herbe rou- lés horizontalement en peloton avec un peu de coton; il renferme dans sa substance les quatre ro- seaux perpendiculaires. Et comme il est profond, ce nid! Pourquoi? afin que les quatre ou cinq œufs qu'il renferme ne roulent pas dans l’eau quand le vent fait courber les roseaux. Le colonel Montagu a vu un de ces Oiseaux conserver sa place dans le nid par un vent si fort, que chaque souffle l’ame- nait presque à la surface du ruisseau. Le chant de cette espèce est varié et agréable. Nous Pavons surtout entendu pendant que nous pé- chions à la ligne sur les bords du Golne. Elle chante, sans s'arrêter, la nuit comme le jour, et son gazouillement, que l’on entend distinetement avant le lever du soleil ou pendant le crépuscule du soir, ressemble à celui de plusieurs Oiseaux différents. (Rev. brit. Entr. du New. Mont. Mag.) Les Rousserolles sont essentiellement insectivores, et se nourrissent principalement de Libellules, de petits Hannetons, de Cousins, de Taons. Comme les Hippolaïs, ils prennent quelquefois ces In- sectes au vol. Leur mue est simple. Le mâle et la femelle portent le même plumage ROUSSEROLLE DES ROSEAUX CALAMOHERPE TURDOIDES. [Boié \ Wäle et femelle au printemps. — D'un brun roussâtre en dessus, un peu plus rembruni à la tète OISEAUX, 175 et au cou; dun blanc jaunâtre en dessous, foncé sur les flancs, plus clair au milieu de l'abdomen, grisätre à la poitrine, qui offre quelques traits bruns; gorge d'un blanc gris; un trait blanc jaunâtre au-dessus des yeux, s'étendant du capistrum à la région parotique; plumes des ailes brunes, avec de longues bordures roussâtres; rémiges terminées de grisâtre; bec brun en dessus, d'un livide jaunâtre en dessous et sur les bords des mandibules; bord libre des paupières jaune; pieds brunâtres; iris brun roussâtre. Longueur totale, 0,19. Habite l'Europe, l'Afrique et l'Asie. On la trouve abondamment dans le midi de la France, dans le Piémont et la Sicile; elle est assez commune dans nos départements septentrionaux, en Belgique et en Hollande; elle est assez rare en Allemagne. Elle niche sur les bords des rivières, dans les taillis, parmi les roseaux, même dans les fossés des places fortes. Sa ponte est de quatre à eimq œufs oblongs, d'un blane verdätre, quelquefois bleu- tre ou grisätre, avec des points d’un gris violet ou d’un roux plus ou moins foncé, et de larges taches roussatres où brunes. Grand diamètre, 0",023; petit diamètre, 0",019 (Decrann.) Fig. 220. — Rousserolle des roseaux ROUSSEPROLLE EFFARVATTE, CALAMOHERPE ABUNDINACEA, (Boié.) Mäle en été. — Parties supérieures d’un olivätre roussätre, vif et plus clair au croupion et aux sus-caudales; parties inférieures d'un blanc roussâtre, clair à la gorge et au milieu du ventre, lavé de cendré roussâtre sur les flanes et les côtés de la poitrine; lorums, raie sourcilière et bord libre des paupières, d'un blanc roussâtre: ailes et queue comme les parties supérieures, avec les pennes bor- dées de cendré roussâtre; bec brun dessus, jaunâtre en dessous; pieds d’un brun jaunâtre; iris noisette. Longueur totale, 0,15. Habite exclusivement l'Europe dans les contrées tempérées. En été, elle est commune dans le nord de la France. Elle niche parmi les roseaux, les grandes plantes aquatiques, les saussaies.… Les œufs, au nom- 176 HISTOIRE NATURELLE. bre de quatre ou cinq, sont d'un vert olivâtre ou d'un gris verdâtre obscur, avec de grandes taches d’un brun olive, plus rapprochées au gros bout. Grand diamètre, 0",017 à 0,018; petit diamètre, 0®,01%. (DeccanD.) ROUSSEROLLE VERDEROLLE, CALAMOHERPE PALUSTRIS. (Boié.) Mäle et femelle au printemps. — Parties supérieures d'un brun olivâtre, un peu nuancé de cen- dré; parties inférieures d'un blanc roussàtre, très-clair à la gorge et au ventre, nuancé de jaunâtre à la poitrine et aux sous-caudales, de gris-brun aux flancs; lorums et un trait au-dessus de l'œil blanc roussätre; ailes brunes, avec les plumes hordées de cendré; queue de la même couleur, avec les pennes lisérées de grisätre; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; iris noisette; pieds bru- nâtres. Longueur totale, 0,133. Se rencontre dans plusieurs contrées de l’Europe tempérée. On la trouve en Russie, en Allemagne, en Hollande, en Belgique, en Suisse et dans quelques localités de la France, telles que les départe- ments du Nord, de la Somme et des Basses-Alpes… Niche sur les bords de rivières, sur les branches basses des saules, des ormes, des buissons... Sa ponte est de quatre ou cinq œufs bleuâtres, ou d'un gris légèrement lavé de verdâtre, avec des taches et des points d'un gris brun et d’un brun olivtre, plus nombreux au gros bout. Grand diamètre, 0%,019; petit diamètre, 0®,01%. (DecLanp.) ROUSSEROLLE DES SAULES, CALAMOHERPE SALICARIA. (Pallas, Chenu et O. Des Murs.) Parties supérieures d'un olivâtre pâle et sale; parties inférieures blanchâtres, mais la gorge d’un blanc pur; raie sourcilière également blanchâtre, plus ou moins apparente; pennes des ailes et de la queue d’un gris brunâtre; rectrices médianes à bords plus clairs, l'externe bordée de blanchätre des deux côtés, la suivante seulement bordée de cette teinte aux barbes internes et à l'extrémité; bec noir, tirant sur le blanc en dessous à la base; pieds bruns Longueur totale, 0®,11 environ. Habite la Russie et la Sibérie. Elle fréquente les bords des fleuves couverts de saules. (Scucecer, Rev.) Pallas est le seul qui ait fait connaître cet Oiseau, bme GENRE. — GALACTODE. AEDON. (Chenu et 0, Des Murs, Boié, 1826.) Andy, Rossignol. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, comprimé dans toute son étendue, presque aussi haut que large à sa base, plus haut que large dans le surplus; mandibule supérieure très-fléchie à la pointe, dont l'échancrure est à peine visible; commissure dessinant une ligne courbe. Narines ovalaires, basales. Ailes médiocres, subobtuses; La trorsième penne le plus longue, la seconde égale à la quatrième; la penne bätarde fort courte. Queue longue, ample, arrondie. T'arses de la longueur du doigt médian, forts; doigts latéraux égaux, courts, épais, pourvus OISEAUX. 177 d'ongles faibles, celui du pouce peu recourbé, beaucoup moins long que ce doigt lui même, qui est bien plus court que le doigt médian. Fig. 221. — Aedon galactodes. Ce genre, qui comprend les genres Erythropygia, Smith, et Agrobates, Swainson, dont il est sy- nonyme, repose sur sept espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont deux seules se trouvent en Europe. Les mœurs de l’une des espèces exotiques, le Galactode grivetin de Le Vaillant, peut donner une idée de celles des deux espèces européennes, dont les mœurs sont complétement inconnues, quoi- que la découverte du type du genre date déjà de 1820. Si nous ne connaissions pas notre Rossignol, dit Le Vaillant, et surtout l’Oiseau dont nous parle- rons ci-après, et auquel nous avons donné le nom de Coryphée, à cause de sa belle voix, celui-ci tiendrait sans contredit un des premiers rangs parmi les Oiseaux chanteurs; mais sa voix, quoiqu'une des plus agréables, le cède néanmoins à celle de ces deux autres Oiseaux, et peut, dans un ordre inférieur, être mise, pour ses sons moelleux, à côté de celle de notre Fauvette à tête noire. Le chant du Grivetin est cependant plus soutenu que celui de la Fauvette à tête noire, qui n’est composé que de quelques sons coupés que tout bon siffleur peut imiter facilement. En un mot, je ne puis don- ner une plus juste idée du chant de notre Oiseau africain qu'en disant qu'il est un diminutif de celui de notre Merle ordinaire. Comme la plupart des Oiseaux chanteurs, c'est à la fraicheur du matin, et quelques moments avant le coucher du soleil, que celui-ci se plaît à faire éclater les accents de sa voix douce et flûtée. Le mâle seul chante; la femelle n'a qu'une espèce de cri, trütric-tric-tritric-trice, qu’elle répète à plu- sieurs reprises, et qui est aussi le cri d'appel du mäle lorsqu'il cherche sa compagne. La seule saison des amours est celle où le mâle fait entendre son chant, qu'on peut aussi appeler son chant o* 23 178 HISTOIRE NATURELLE. d'amour, puisqu'il est muet pendant tout le reste de l'année, ou du moins il ne jette plus alors que le cri dont nous avons parlé. C’est en octobre, novembre et décembre, qu’on trouve le nid de ces Oiseaux, lequel est toujours placé, à quelques pieds de terre, dans le milieu d’un buisson fort touffu. La ponte est de quatre ou cinq œufs, mais quelquefois elle n’est que de trois; leur couleur est d'un vert très-pâle, barbouillé de brun, surtout vers le gros bout. Aussitôt que les petits sont éclos, le mâle, entièrement occupé du soin de sa petite famille, aide la femelle à les soigner, et il ne chante plus que dans les instants où, étant repus, ils se reposent sous les ailes de leur mère. Leur principale nourriture consiste en Insectes, Chenilles, et en certaines espèces de baies. : J'ai trouvé, un jour, dans le nid d'un Grivetin, un œuf du Coucou de l'espèce que j’ainommée Cou- cou eriard; j'ignore cependant si cette sorte d’Oiseau est dans l'habitude de soigner cette progéniture étrangère, puisque l'œuf du Coucou dont je parle, et qui était dans le nid avee deux œufs du Grive- tin, ne s'y trouva plus quand je fus visiter une seconde fois la couvée; mais, à sa place, la femelle du Grivetin en avait pondu deux autres, qu’elle couvait avec les deux premiers. Les écailles de l'œuf du Coucou, que je vis à terre au pied du buisson, attestaient qu'il avait été jeté hors du nid et aban- donné. Il est done vrai que tous les Oiseaux à qui les Coucous confient leurs œufs n'en prennent pas également soin. Je n'ai trouvé cette espèce que sur les bords riants du Gamtoos, et dans les bois de mimosas sur les rives du Sondag et du Swarte-Kop. (Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique.) GALACTODE RUBIGINEUX. AEDON RUBIGINOSUS. (Meyer, Degland) Mûle. — Parties supérieures d'un gris roussätre assez vif, parties inférieures d'un blanc isabelle, lavé de roux sur les côtés du cou, à la poitrine et sur les flanes; lorums bruns; raie sourcilière d’un blanc légèrement roussätre; ailes d’un brun clair, avec les plumes bordées et terminées de roussä- tre; pennes de la queue d’un roux vif, avec une grande tache noire arrondie vers le bout, les plus la- térales de chaque côté terminées de blanc pur, et les autres de blanc roussätre; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous vers la base et sur les bords des mandibules; pieds d'un brun jaunâtre. Longueur totale, 0,17 environ. Habite le midi de l'Espagne, la Grèce et l'Égypte. On ne connaît rien de certain de ses mœurs, de son genre de vie et de son mode de nidification. (DEGLan».) GALACTODE FAMILIER. AEDON FAMILIARIS. (Ménétriès, Gray.) Quoique voisine du Galactode rubigineux, le Galactode familier s’en éloigne constamment cepen- dant par les caractères suivants : le bec est plus fortement comprimé à la moitié antérieure; le plu- mage des parties supérieures est d’un brun grisâtre sale, seulement nuancé de ferrugineux sur les couvertures supérieures de la queue; les taches noires de la queue sont plus grandes, et elles for- ment une large bande noire, au lieu d’être orbiculaires et isolées comme dans le Galactode rubigi- neux; la première rémige dépasse de cinq lignes, dans cette espèce, les grandes couvertures des ailes; dans le Galactode familier, au contraire, cette rémige ne dépasse les couvertures des ailes que d'une ligne; enfin, la deuxième rémige, dans le Galactode rubigineux, est plus courte que la cin- quième, tandis que ces deux rémiges sont d’égale longueur dans le Galactode familier. (Scucecer, Fev. crit. des Ois. d’Eur.) Du Caucase, de l'Europe orientale et de l'Asie occidentale. » I Fig. 1. — Sphenœacus gramineus. Fig. 4. — Podarqus humeralis. PI. 32. OISEAUX. 179 Gme GENRE. — CYSTICOLE. CYSTICOLA. (Lesson, 1851.) De cystus et colo. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très comprimé dans sa moitié antérieure, à mandibule supérieure recourbée dans presque toute sa longueur, très-aiquë à la pointe, qui est entière. Narines grandes, oblonques. Ailes courtes, très-arrondies, obtuses, l'extrémité des rémiges secondaires atteignant presque celle des primaires. Queue moyenne, étagée. Tarses forts, de la longueur du doigt médian; doigts minces, longs; ongles assez robustes, celui du pouce sensiblement plus long que ce doigt, peu recourbé. Fig. 224. — Cysticola. Fig. 225 — Cysticola. Dix espèces de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie, dont deux se trouvent en Europe. Le genre Cysticole se distingue de tous les autres genres qui composent cette famille. Quels que soient les rapports que les espèces qui le forment aient, par leur faciès, par leur système de colora- tion, avec certaines espèces dites Riveraines, il est impossible de ne pas les séparer génériquement. La forme toute particulière de leur bee, de leurs ailes, et, plus encore, leurs habitudes, leur mode de nidification, autorisent suffisamment un pareil démembrement. Comme les Phragmites, les Cysticoles se répandent dans les pâturages en plaine; et, comme chez elles, la graisse dont elles se couvrent vers la fin de l'été rend leur vol d'autant plus difficile, qu'elles sont frès-mal organisées pour voler. Elles se nourrissent de petits Insectes, qu'elles cherchent dans les herbes. Savi, qui a observé avec soin l'espèce type, la Cysticole ordinaire dans les marais de Pise, nous apprend qu’elle y fait trois couvées, la première à la mi-avril et la dernière dans le mois d'août; qu'elle se tient, en arrivant, dans les champs de blé, où elle établit son premier nid, et, plus tard, dans les marais, où elle fait sa dernière ponte. Durant l'époque des amours, le mâle a un cri perçant et sonore; il le fait surtout entendre lorsque, prenant son essor, il s'élève à une hauteur considéra- ble dans les airs, en décrivant des courbes et de petites ondulations. Elle niche dans des toutfes d'herbe; construit, avec beaucoup d'art, un nid en forme de bourse ou de quenouille, ayant une ouverture oblique en haut; l'attache à une touffe de carex, et le compose de matières cotonneuses et soyeuses, telles que de la laine, des toiles d’Araignée, du duvet des plan- tes. (DEGLAND.) CYSTICOLE ORDINAIRE. CYSTICOLA SCHÆNICOLA. (Ch. Bonaparte.) Mäle et femelle. — Dessus de la tête et du corps d'un brun noirâtre au centre des plumes, d’une nuance rousse et grisätre sur les bords, avec le dessus du cou varié des mêmes teintes, et le crou- pion roux; gorge, devant du cou et milieu du ventre, blancs; côtés du cou, poitrine, flancs et sous- caudales, d'un jaune roussâtre; ailes colorées comme le dos; queue d’un brun noirâtre, avec l’extré- 180 HISTOIRE NATURELLE. mité des pennes cendrée ou blanche; des bordures roussätres sur chacune d'elles, et une tache noire sur les latérales; bec, pieds et iris, brunâtres. Longueur totale, 0,015. Habite les contrées méridionales de l'Europe; les marais de Rome, de la Toscane, de la Sardaigne et de la Sicile, où elle est très-commune. En France, on la trouve sur les hords du Var et dans les plaines marécageuses de la Camargue. Sa ponte est de quatre ou six œufs oblongs, d'un blanc légèrement azuré, quelquefois un peu bleuâtres, ou tout à fait blanes, sans taches. Grand diamètre, 0,016; petit diamètre 0",011. (DEGLAND.) CYSTICOLE LANCEOLEE. CYSTICOLA LANCEOLATA. (Durazzo.) Mâle et femelle. — Parties supérieures d'un cendré olivâtre foncé, avec de grandes taches noirä- tres au centre des plumes, plus petites et plus rapprochées à la tête, gorge, devant du cou, poitrine et bas-ventre, d’un blanc jauvtre; flancs, abdomen et une partie des sous-caudales, d'un cendré rous- sâtre; toutes les parties inférieures, depuis le bec jusqu’à la queue, le milieu du ventre excepté, cou- vertes de nombreuses taches noirâtres de forme lancéolée. Longueur totale, 0,10 environ. Habite la Russie et la Sibérie. Un sujet, faisant partie du cabinet du marquis de Durazzo, a été pris à Gênes. Mœurs, habitudes, région et propagation, inconnues. (DEGLAND.) que GENRE. — PHRAGMITE. CALAMODYTA. (Meyer.) K2}4p.05, roseau; durne, plongeur, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES Bec de la longueur de la tête, droit, étroit, médiocre, légèrement comprimé, échancré à la pointe de la mandibule supérieure, à arête mousse et faiblement infléchie. Narines presque rondes, recouvertes par un opercule bombé. Ailes courtes, arrondies. Queue médiocre, cunciforme, à pennes très-acununées et étroites. T'arses de la longueur du doigt médian, minces; doigts déliés; ongles longs, comprümés, celui du pouce sensiblement plus long que ce doigt. Fig, 296 — Calamodyta locustella. Fig. 297. — Calamodyta locustella Ce genre, synonyme des genres Calamodus, Kaup, et Lusciniolu, Gray, renferme trois espèces, dont deux propres à l'Europe, et une troisième commune à l'Europe, à l'Asie et à l'Afrique. Les Phragmites, que la plupart des auteurs confondent avec les Rousserottes proprement dites, ont OISEAUX. 181 cependant des caractères qui les distinguent de celles-ci et des autres espèces riveraines, Indépen- damment de ceux que l’on peut indiquer, et qui se tirent de la forme du bec, de celle de la queue, etc. on peut encore prendre en considération les différences que fournissent les mœurs. Les Phragmites fréquentent les roseaux, les jones, les broussailles qui entourent le bord des étangs, des rivières; mais, à l’époque de leurs migrations, on les rencontre souvent dans les prairies, dans les luzernes, dans les champs de pommes de terre. Elles sont alors tellement grasses, que le moindre vol les fatigue, et qu'elles deviennent assez souvent la proie des Chiens et des chasseurs. Elles se nourrissent principalement d’Insectes et parfois de graines de plantes aquatiques. Leur chant consiste en une suite de cris aigus, discordants et pressés. (DEcLanD.) Cependant c’est lui que White appelle « le délicat Polyglotte. » Fixé sur les bords des ruisseaux couverts de jones, il chante sans s'arrêter jour et nuit pendant la saison de l'amour et de l'incuba- tion, imitant par son chant clair, mais pressé, tantôt le Moineau, tantôt l'Hirondelle, tantôt l'Alouette. La nuit est calme et sereine, et, par un miracle, notre Oiseau est muet comme la nuit; mais jetez une motte de gazon dans l’oseraie où il dort, et il se réveille en sursaut pour recommencer à chanter avec sa gaieté accoutumée, (Rev. brit., 1841. Entr. du New. Mont. Mag.) Fig. 298. — Phragmitc. (Bec-fin.) PHRAGMITE DES JONCS. CALAMODYTA PHRAGMITIS. (Ch. Bonaparte.) Mâle et femelle. — Parties supérieures d'un gris olivâtre roussätre, avec des taches d'un brun sombre sur le milieu de chaque plume, noirâtres à la tête, et comme fondues au dos; croupion et sus-caudales de couleur de tan sans taches ou avec des taches peu apparentes; parties inférieures d'un blanc jaune roussâtre, plus clair à la gorge et au milieu du ventre, plus foncé à la poitrine, aux flancs, aux sous-caudales, avec le haut du thorax très-faiblement tacheté de brun; raie sourcilière large, et d’un blanc jaunâtre; couvertures des ailes pareilles au manteau, avec les grandes couver- tures terminées et largement bordées de jaune roussâtre; queue d’un brun cendré, avec les pennes bordées et terminées de roussâtre; bec, iris et pieds, brunâtres. Longueur totale, 0,125. Habite non-seulement l'Europe , mais aussi la Sibérie et l'Égypte. Elle est commune, en été, dans 182 HISTOIRE NATURELLE. le nord de la France. On la trouve également, en assez grande quantité, en Angleterre, en Hollande, en Suisse, en Allemagne et en Sicile. Elle niche sur les bords des rivières, dans les étangs, à peu de distance du sol, sur une touffe d'herbe, sur la souche d’un arbaste ou d’un arbre étêté. Son nid, grossièrement construit à l’exté- rieur, est peu profond, et fortement matelassé à la base; sa ponte est de quatre ou cinq œufs, aigus à leur petite extrémité, d’un cendré fauve ou roussâtre, avec une multitude de petites taches un peu plus foncées, peu apparentes ou presque confondues, et un où deux petits traits sinueux, d'un brun noir au gros bout. Grand diamètre, 0%,018; petit diamètre, 0,014. (Drccann.) PHRAGMITE AQUATIQUE. CALAMODYTA AQUATICA. (Degland) Mâle et femelle au printemps. — Parties supérieures d’un joli gris cendré, passant au jaune roux au croupion et aux sus-caudales, avec des taches noires formant deux bandes longitudinales sur les côtés du vertex, petites et moins apparentes au cou, larges et profondes au dos, étroites sur les cou- vertures de la queue; parties inférieures d’un jaune roussâtre très-clair, tirant sur le blanc à la gorge et au milieu de l'abdomen; une large bande sourcilière de même couleur que la gorge, une autre. brune, sur l'œil, plus large sur la région parotique; couvertures des ailes brunes, largement bordées de gris cendré; rémiges noirâtres, lisérées de gris; rectrices brunes, bordées de grisâtre, la plus ex- terne de chaque côté d’une teinte cendrée; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous et sur les bords des mandibules; pieds jaunâtres, avec le dessous des doigts jaune; iris noisette. Longueur totale, 0",195. Habite particulièrement le midi de l’Europe, la Suisse, la Sictle, la Sardaigne, et, en France, les bords du Var’ du Rhône, et les marais des environs d'Arles Elle est de passage annuel dans les dé- partements de l'Aube et de la Somme. Elle niche sur les bords des étangs et des rivières. Pond quatre ou cinq œufs d’un gris verdâtre sale, avec des points gris et olivâtres plus où moins foncés et plus rapprochés au gros bout. Grand diamètre, 0",017; petit diamètre, 0,013. (Decrann.) PIRAGMITE A MOUSTACHES NOIRES. CALAMODYTA MELANOPOGON. (Ch. Bonaparte ) Mâle et femelle au printemps. — Front, vertex et occiput, d’un noir enfumé; nuque, dos et crou- pion, d'un brun châtain foncé, avec une raie longitudinale noire au milieu des plumes du dos; haut de la poitrine et milieu de l'abdomen d’un blanc pur; sous-caudales d’un blane sale tirant sur le roussâtre; poitrine, flancs et bas des jambes, de couleur feuille morte, moins foncée au milieu de la poitrine; lorums et un trait au delà des yeux noirs; raie sourcilière blanche, large, et s'étendant beaucoup au delà de l'œil; ailes et queue noirâtres, avec les plumes bordées et terminées de roussä- tre; bec et pieds bruns; iris noisette. Longueur totale, 0,13. Habite la Sicile, l'talie et le midi de la France; se montre accidentellement dans le nord de ce dernier pays. Niche sur les buissons; construit un.nid en forme de coupe, et pond quatre ou cinq œufs d’un blanc azuré, avec quelques points bruns rapprochés vers le gros bout. Grand diamètre, 0,014, pe- tit diamètre, 0,011. (Decrann.) RE OISEAUX. 183 8me GENRE. — BOUSCARLE. CETTIA. (Ch. Bonaparte, 1858.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec mince, droit, aigu, comprimé, plus haut que large dans toute son étendue; mandibule supé- rieure à arête très-prononcée, échancrée de chaque côté à la pointe. Narimes oblongques, étroites. Ailes courtes, arrondies, suvobtuses; Les troisième, quatrième, cinquième et sixième rénuges, à peu près égales. Queue ample, étagée, à pennes souples. Tarses de la longueur du doigt médian; doigts épais; ongles forts, celui du pouce de la longueur de ce doigt. Fig. 229 — Cetia. Fig. 250. — Cettia. Ce genre, synonyme du genre Pseudo-luscinia, Gh. Bonaparte, comprend le genre Luscimiopsis du même auteur. Il repose sur trois espèces de l'Europe et de l'Afrique, dont deux se trouvent en Europe. Ce sont tous Oiseaux ayant exactement les mêmes habitudes que les Rousserottes, et n’en différant que par leurs caractères zoologiques extérieurs. Ainsi, l'espèce type du genre, la Bouscarle Getti, vit dans le voisinage des eaux, et se plait au milieu des grands buissons, des arbustes touffus et des hautes plantes herbacées qui croissent sur le bord des rivières et des marais. Presque constamment elle demeure cachée dans leur épaisseur, les parcourt en divers sens, grimpe le long des tiges, y est, en un mot, dans une activité continuelle. Si elle se met en évidence, ce n’est, l'on peut dire, que passagèrement, et lorsque, surtout, elle va abandonner une touffe pour se porter dans une autre. Le motif qui la dérobe ainsi aux regards ne résulte point d’un naturel farouche ou craintif, mais plutôt de l'obligation où elle se trouve de cher- cher sa nourriture près du sol ou de la surface de l’eau, entre des racines, presque au pied des buis- sons ou des grandes plantes aquatiques: ce qui, dès lors, on le conçoit, la retient au milieu de cir- constances où l'œil ne peut quelquefois pas même l'entrevoir. Trop défavorablement organisée pour le vol, la Bouscarle Cetti se fatigue aisément lorsqu'on la met dans la nécessité d'employer un peu trop souvent et trop longtemps ce mode de locomotion. La poursuit-on, elle fait bientôt sa retraite dans une broussaille et y demeure cachée dans une immobi- lité complète, le corps fortement penché en avant. Alors il faut souvent plus d'un effroi pour la dé- terminer à fuir de nouveau. Cette imperfection dans les organes du vol, dit M. Gerbes, me semble avoir provoqué ce que MM. De La Marmora, Savi et Ch. Lucien Bonaparte ont dit des habitudes sédentaires de ce Bec-Fin. D'après eux, elle n’abandonnerait en aucune saison les lieux dont elle a fait choix. M. Ch. Lucien Bonaparte en a même conclu qu'elle était incapable de soutenir la fatigue d'un long voyage. J’admets ce fait comme probable; j’admets aussi qu’à toutes les époques de l’année ces auteurs aient pu rencon- ter des individus de Getti dans les localités où ils ont eu l'occasion de l’observer; mais je n'accepte pas que l'espèce soit sédentaire, c’est-à-dire qu’elle demeure fixée dans le même canton. Je puis affirmer, parce que j’en ai la preuve, que la Cetti émigre, ou mieux qu’elle est erratique. Ses migrations n'ont 184 HISTOIRE NATURELLE. peut-être pas lieu, comme celles des autres Oiseaux, par un transport direct d’un point du globe sur un autre point éloigné; mais il est à peu près certain qu'elles s'effectuent par déplacement successil et en suivant le cours des fleuves. C’est ce qui expliquerait comment, avec une organisation aussi ingrate, ce Bec-Fin peut, sans effort, aller exercer son industrie bien loin des lieux où il est né. Ce qui donne la démonstration de ce fait, c’est qu’à certaines époques de l’année, et principalement en novembre et décembre, il se montre là où, soit avant, soit après cette époque, on eût fait des efforts inutiles pour constater sa présence, et que, alors aussi, il est plus commun dans les lieux dont il fait son habitation ordinaire. Le chant du Cetti n’est point tout à fait en harmonie avec les noms de Rossignol de rivière et de marais (Usiguuolo di fiume et di palude), que Getti et Savi lui ont donnés. A la vérité, il est doux, éclatant et sonore; mais, d’un autre côté, il est saccadé, brisé, de peu d'étendue et fort peu varié. L'Oiseau le fait entendre durant toute l'année. Sa nourriture consiste en divers petits Insectes ailés, en Vers et en larves, qu'il rencontre dans le voisinage des eaux. (Gers, Mag. de Zool., 1840.) BOUSCARLE CETTI. CETTIA SERICEA. (Natterer, Ch Bonaparte.) Mäle. — Dessus de la tête et du cou d’un brun marron obscur; gorge, devant du cou et milieu du ventre, blancs; sur la poitrine seulement une légère tache d’un blanc jaunâtre; abdomen nuancé de roux; couvertures inférieures de la queue d’un brun roux, terminées de blanc; sourcil cendré, pre- nant naissance sur les côtés de la mandibule supérieure, et s'étendant jusqu’au-dessus du méat au- ditif; cercle palpébral d’un blanc pur, interrompu, en avant et en arrière de l'œil, par un trait noirä- tre qui part du bec; joues, côtés du cou et de la poitrine, nuancés de roux et de gris cendré; flancs et cuisses d’un brun roux; ailes et queue noirâtres; mandibule supérieure noirâtre, l’inférieure cou- leur de chair à la base, et d'un brun foncé à son extrémité; iris brun fauve; pieds d'un brun clair. Longueur totale, 0,1% environ. (Gerzes.) Habite la Sicile, la Corse, la Sardaigne, l'Espagne, la France, l'Angleterre et le Caucase. Très- commune dans nos provinces méridionales, telles que la Provence, le département du Var, en hiver surtout. Niche dans les broussailles épaisses, sur les grandes plantes aquatiques, à peu de distance de terre; son nid, composé de feuilles et de tiges de graminées, est construit avec assez d'art. Ses œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont d'un brun rouge de brique uniforme, plus ou moins foncé, et sans taches. Grand diamètre, 0,019; petit diamètre, 0,014. (Decran.) BOUSCARLE LUSCINIOIDE. CETTIA LUSCINIOIDES. (Savi, Gerbe) Male et femelle. — Toutes les parties supérieures d’un châtain olivâtre sans taches, avec les sus- caudales et les pennes de la queue striées transversalement de bandes parallèles peu apparentes, de même couleur, mais un peu plus intenses; joues et régions parotiques d'un blanc roussâtre, avec la tige des plumes blanche; gorge et milieu du ventre blancs; côtés du cou, haut de la poitrine et flancs, d'un gris roussâtre; sur le bas du cou existent quelquefois de petites taches lancéolées, cendrées, plus où moins apparentes; mais ces taches sont constamment situées sur les côtés, et jamais dans le milieu de la région qu'elles occupent; sous-caudales d’un gris raussâtre, blanches à l'extrémité et sur leur tige; rémiges et rectrices d'un châtain olivâtre; bec d'un brun noirâtre en dessus, couleur de chair à la base de la mandibule inférieure; pieds d’un brun clair; iris d'un châtain jaunâtre. Longueur totale, 0,12. Où n'a trouvé jusqu'ici cet Oiseau qu'en Italie, en Provence, dans la Nouvelle-Russie, aux environs d'Odessa et dans le sud de l'Angleterre, où il se montre assez souvent. Fig. 1. — Athene Wood/fordi. Fig, 2. — Sericornis maculata 11, 53. OISEAUX. : 185 Il fréquente les marais, principalement ceux dont les bords sont couverts de tamarins et de saules. (DEcrann.) On ignore son mode de nidification. Que GENRE. — LOCUSTELLE. LOCUSTELLA. (Kaup, 1829.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, droit, épais à sa base, comprimé dans toute son étendue, échancré à la pointe de la mandibule supérieure. Narines oblongues, ovalaires. Ailes médiocres, subobtuses. Queue assez allongée, cunéiforme, les deux pennes les plus externes dépassant de deux ou trois millimètres au plus les plus longues des sous-caudales. T'arses épais, de la longueur du doigt médian; doigts grêles et longs; ongles très-faibles : celui «du pouce de la lonqueur de ce doigt, peu recourbé. Lig. 251, — Locustella nœvia Fig. 232. — Locustella nœvia. Trois espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont une seule propre à l'Europe. Les Locustelles ont été distraites génériquement, par Kaup, de la famille dans laquelle elles avaient été plarées; M. Gould les a également séparées, et M. Ch. Bonaparte, qui d'abord les avait associées aux Phragmites, a plus tard adopté le genre qu'elles forment. Gn peut, en effet, distinguer les Locus- telles des autres groupes et même des Phragmites, avec lesquelles elles paraissent avoir quelque ana- logie. Si les Locustelles ressemblent un peu à ces dernières par leur système de coloration et par la forme du bec, elles en diffèrent totalement sous tous les autres rapports. (Decrann.) Ainsi, les Locustelles ne sont point des Oiseaux grimpants à la manière des Phragmites: aussi l’or- ganisation de leurs jambes n'est-elle plus la même : leurs doigts sont plus grèles, leurs tarses épais; l'ongle du pouce, qui, dans les espèces des genres Calamodyta, Calamoherpe, Cettia, est robuste, arqué, est relativement, dans les Locustelles, d'une faiblesse extrême et moins recourbé. D'autres différences peuvent se tirer des mœurs, des habitudes. Les Locustelles sont douces, paisibles, parais- sent avoir beaucoup d’attachement pour leurs semblables; elles n’ont donc point le caractère har- gneux, acariâtre des Rousserottes, des Phragmites. En second lieu, elles s'éloignent beaucoup plus que celles-ci du voisinage des eaux. Enfin, la marche leur est habituelle, tandis qu’elle est interdite aux Phragmites : celles-ci sautent et ne marchent pas. Ces différences de mœurs, d’habitudes, en rap- port avec les différences physiques que l’on peut saisir, me paraissent justifier suffisamment le genre Locustella. (Gerees.) Les Locustelles aiment les lieux frais et humides, fréquentent même les bords des rivières, des marécages; mais très-souvent aussi on Les trouve dans les pâturages, dans les haies, les genêts épi- neux, les bruyères, et même sur les coteaux éloignés de l’eau. Elles marchent, et ne sautent pas : rarement aussi elles grimpent. Elles ont un chant strident, nichent très-près de terre, et se nourris- o# 24 2 186 HISTOIRE NATURELLE. sent de petits Insectes et de Vers. Leur vol est lourd, peu soutenu. Comme les Phragmites, elles de- viennent tellement grasses à la fin de l'été, qu'après deux ou trois vols, péniblement exécutés, on peut les prendre à la main. Leur mue est simple. La Locustelle ordinaire, dit M. Hardy, est timide et défiante, vivant toujours près de terre, dans l’épaisseur du fourré, fuyant de bas à travers les cépées, ou courant prestement et en relevant sa queue longue et épanouie. Elle échappe aisément aux poursuites du chasseur, qu’elle sait dérouter en se cachant de telle sorte, qu'il ne peut ni l’apercevoir ni la déterminer à sortir du buisson qui la re- cèle. Ces mœurs cachées rendent fort difficile la découverte de son nid. Sa vie se passe donc plutôt à terre que sur les arbres ou les arbustes. Selon M. Gerbes, sa démar- che est lente, gracieuse et mesurée comme celle des Pipis des arbres et des prés; en marchant, elle a un petit tremblement de tout le corps, comme si ses jambes ne pouvaient la soutenir, et, lorsque quelque chose l’affecte, elle développe, par de petits mouvements brusques, sa queue en éventail. Le chant de la Locustelle a beaucoup de rapport avec le bruit que produisent les Sauterelles en frappant leurs élytres les uns contre les autres, ou avec le bruit que le grain produit sous la meule. Elle pousse parfois un cri très-prolongé qui lui a valu, dans le département de Maine-et-Loire, aux environs de Beaupreau, le nom de Longue-Haleine, et, dans quelques points de l'arrondissement de Dieppe, celui de Crécelle, à eause de la ressemblance de ce cri avec le bruit des petites crécelles dont on amuse les enfants. C’est, dit encore M. Hardy, en se tenant immobile sur le bout d’une branche, le cou tendu et le bec ouvert, que le mâle fait entendre, surtout après le coucher du soleil et le grand matin, ce ri monotone auquel, par une faculté de ventriloque, il semble donner, à volonté, plus ou moins d'extension, de manière à tromper souvent sur la distance qui le sépare de la personne qui l'écoute; chant d'amour qui s'éteint en été avec la vivacité des désirs dont il était l'expression. (DecLann.) « Rien de plus amusant, dit, à ce sujet, White, dans une lettre à Pennant, que le chuchotement de ce petit Oiseau, qui semble être là, à votre côté, quand il est à cinquante toises, et que l’on croi- rait très-éloigné, quand il est très-près de votre oreille. Si je n’étais un peu entomologiste, et si Je n'avais su que, dans cette saison de l’année, il n°y avait pas encore de Sauterelles, j'aurais été per- suadé qu'un de ces Insectes murmurait dans les buissons. Les gens de la campagne se mettent à rire quand vous leur dites que ce léger bruissement est le gazouillement d'un Oiseau. C'est bien la créature la plus malicieuse; elle aime à se blottir au fond des plus épaisses charmilles, et elle chan- tera à deux pas de vous, pourvu qu’elle soit cachée. Essayez de faire passer quelqu'un du côté op- posé de la haie, alors elle se mettra à trotter devant vous, comme une Souris, le long des ronces pen- dant plus de deux cents pas. Jamais pourtant elle ne se présente franchement à vos yeux; mais, le matin de bonne heure, et quand on ne la trouble pas, elle chante au haut de quelque petite branche, ouvrant le bec, et faisant frissonner ses ailes. » Le brun verdätre et les autres nuances de brun dont se teint le plumage de ce curieux petit Oiseau sont on ne peut plus propres à le dérober à la vue; et son nid, qui est en général construit de gros brins d'herbe sèche, est aussi difficile à trouver que l'Oiseau lui-même, caché qu'il est d'ordinaire sous la bruyère, les ronces ou l’épais gazon de quelque fossé ou sillon. Au cœur de l'été, cet Oiseau gazouille toute la nuit. (Rev. brt. Entr. du New. Mont. Mag.) LOCUSTELLE ORDINAIRE. LOCUSTELLA NÆVIA. (Boddaërt, Degland.) Müle et femelle en robe de nores. — Parties supérieures d’un cendré olivâtre, avee des taches noï- râtres au centre des plumes, plus petites et plus rapprochées à la tête, plus larges et plus intenses au dos, peu sensibles aux sus-caudales; gorge et milieu de l'abdomen cendré blanchâtre; devant et cô- tés du cou, poitrine, d’un cendré sans taches, lavé de roussâtre; sous-caudales de même couleur, flammées de brun au centre; paupières et uu trait au-dessus de l'œil grisâtres; lorums cendrés; cou- vertures et pennes des ailes d'un brun foncé, et largement bordées de cendré olivätre; queue d’un brun olivätre, moins foncé sur les bords et à la pointe des rémiges, marquée de nombreuses raies OISEAUX. 187 transversales visibles seulement en plaçant l'Oiseau un peu obliquement; bec brun en dessus, jau- nâtre en dessous et sur les bords des mandibules: pieds gris jaunâtre; iris brun-gris. Longueur totale, 0,14 environ. Habite diverses contrées de l'Europe et divers points de la France, entre autres les campagnes de Lille, les environs d'Amiens et d'Abbeville, de Dieppe, et même de Paris. Niche dans les buissons, les ajoncs, les taillis en côtes et très-près de terre. Son nid, construit sans art, est uniquement composé d'herbes sèches en dehors comme en dedans. Sa ponte est de qua- tre ou cinq œufs d’un cendré finement nuancé de rougeâtre, ou seulement gris, avec de fines stries et des taches d'un brun rouge; ces taches, plus rapprochées au gros bout, y forment une couronne, Grand diamètre, 0",018; petit diamètre, 0,019 à 0,013. (Decrann.) Fig, 233 ct 254. — Bec-fin locustelle, (Mâle ct femelle.) QUATRIÈME FAMILLE. — SYLVIINÉS, Cette famille, qui a les plus grands rapports avec la précédente (Calamoherpinés), avee laquelle elle a longtemps été confondue, s’en distingue par des caractères physiques de la plus grande im- portance. Ainsi, les Sylviinés ont le sommet de la tête et Le front arrondis; les ailes plus allongées, plus pointues, peu concaves; la queue ordinairement égale, arrondie ou carrée; enfin, le pouce pourvu d’un ongle beaucoup plus faible et toujours plus court que ce doigt lui-même. Elles s’en distinguent encore par quelques caractères zoologiques, tels que celui du bec plus déprimé, qui les rapproclie au contraire beaucoup plus des Muscicapidés que des Paridés; et aussi, ainsi que le dit M. Gerbe, par quelques différences dans leurs habitudes : car elles sont autant et plus frugivores et baccivores qu'in- sectivores, et jamais on ne les voit escalader, pour ainsi dire, les tiges verticales des arbres. De même que les Calamoherpinés, c’est à M. Ch. Bonaparte que lon doit l'élévation au rang de sous-famille des Sylviinés, qui ne sont également que la reproduction des Currucæ de Boié, et des Becs-Fins Sylvains de M. Temminck. 185 HISTOIRE NATURELLE. M. Ch. Bonaparte y a compris les genres suivants : 1° Phyllopneuste; 10° Geryçonc; 2° Horornis, Hodgson: 41° Smicrornis; 3° Abrornis, Hodgson; 42° Melisophilus, Leach; 4° Neornis, Hodgson. 15° Pyrophthalma, Ch. Bonaparte; 5° Tribura, Hogdson; 14° Sylvia, Latham; 6° Regulus; 45° Curruca, Brisson; 7° Reguloules; 16° Adophonœus, Kaup; S° Acanthiza; 17° Iduna, Keysserling et Blasius. 9 Pyrrholæmus, Gould; Par suite de la formation de notre famille des Régulinés, qui enlève aux Sylrinæ de M. Ch. Bo- naparte les onze premiers de ces dix-sept genres, nos Sylviinés se trouveni réduits aux genres sui- vants : 1° Rossignol (Philomela), que nous ne pouvons nous decider à laisser avec les Erythacinæ ou Rouges-Queues. 9° Fauvette (Sylvia); 3° Babillarde (Curruca); 4° Pitchou (Melizophilus); 5° Hippolais (Hippolais). C'est à ces Bees Fins, au reste, que s'appliquent les réflexions générales de Buffon sur les Fau- vettes. Le triste hiver, dit-il, saison de mort, est le temps du sommeil ou plutôt de la torpeur de la nature : les Insectes sans vie, les Reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l'air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers; tout nous présente l'image de la langueur et de la dépopulation. Mais le retour des Oiseaux, au printemps, est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante; et les feuillages renaissants et les bocages revêtus de leur nouvelle parure sembleraient moins frais et moins touchants sans les nou- veaux hôtes qui viennent les animer et y chanter l'amour. De ces hôtes des bois, les Fauvettes sont les plus nombreuses comme les plus aimables : vives, agiles, légères et sans cesse remuées, tous leurs mouvements ont l'air du sentiment, tous leurs ac- cents le ton de la joie, l'intérêt de l'amour. Ces jolis Oiseaux arrivent au moment où les arbres déve- loppent leurs feuilles et commencent à laisser épanouir leurs fleurs; ils se dispersent dans toute l'étendue de nos campagnes : les uns viennent habiter nos jardins, d’autres préfèrent les avenues et les bosquets; plusieurs espèces s’enfoncent dans les grands bois, d’autres fréquentent les endroits incultes et montueux couverts de broussailles et d'arbustes, et quelques-unes se cachent au milieu des roseaux. Ainsi, les Fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouve- ments et les accents de leur tendre gaieté. A ce mérite des grâces naturelles, nous voudrions réunir celui de la beauté; mais, en leur donnant tant de qualités aimables, la nature semble avoir oublié de parer leur plumage. Il est obseur et terne : excepté quelques espèces, qui sont légèrement tachetées, toutes les autres n’ont que des teintes, plus ou moins sombres, de blanchâtre, de gris et de roussätre, La Fauvette fut l'emblème des amours volages, comme la Tourterelle de l'amour fidèle; cepen- dant la Fauvette, vive et gaie, n’en est ni moins aimante, ni moins fidèlement attachée; et la Tourte- relle, triste et plaintive, n’en est que plus scandaleusement libertine. Le male de la Fauvette prodi- gue à sa femelle mille petits soins pendant qu'elle couve; il partage sa sollicitude pour les petits qui viennent d’éclore, et ne la quitte pas même après l'éducation de sa famille; son amour semble durer encore après ses désirs satisfaits. I n’est pas possible de leur faire adopter les œufs d’un autre Oiseau: elles les reconnaissent, savent S'en défaire et les rejeter. « J'ai fait couver à plusieurs petits Oiseaux des œufs étrangers, dit OISEAUX. 189 M. le vicomte de Querhoënt, des œufs de Mésanges aux Roitelets, des œufs de Linottes à un Rouge- Gorge; je n’ai jamais pu réussir à les faire couver par des Fauvettes : elles ont toujours rompu les œufs; et, lorsque j'y ai substitué d’autres petits, elles les ont tués aussitôt. » Par quel charme done, s’il en faut croire la multitude des oiseleurs et même des observateurs, se peut-il faire qué les Fau- vettes couvent l'œuf que le Coucou dépose dans leur nid, après avoir dévoré les leurs? qu'elles se chargent avec affection de cet ennemi qui vient de leur naître, et qu'elles traitent comme leur ce hi- deux petit étranger ? … Au reste, presque toutes les Fauvettes partent en même temps, au milieu de l'automne, et à peine en voit-on encore quelques-unes en octobre : leur départ se fait avant que les premiers froids vien- nent détruire les Insectes et flétrir les petits fruits dont elles vivent; car non-seulement on les voit chasser aux Mouches, aux Moucherons et chercher les Vermisseaux, mais encore manger les baies de lierre, de mézéréon et de ronces; elles engraissent m me beaucoup dans la saison de la maturité des graines de sureau, de l’hièble et du troëne. (Hist. des Oùs. 1 GENRE. — ROSSIGNOL. PHILOMELA. (Brehm.) Nom mytholosique composé de cs, ami, et mecs, mélodie CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, déprimé dans la première moitié de sa lonqueur depuis sa base, et comprimé dans le surplus; l'arête de La mandibule supérieure saillante entre les narincs, et légi- rement infléchie jusqu'à la pointe, qui est faiblement échancrée. Narines elliptiques, ouvertes de part en part, et couvertes par une membrane en partie engagée sous les plumes du front. Ailes médiocres, subobtuses, à penne bâiarde, courte et étroite; la première rémige égalant la quatrième, ou plus lonque qu'elle; Les troisième et quatrième les plus longues. Queue ample, assez longue, légèrement arrondie. T'arses plus longs que le doigt médian, recouverts seulement de trois larges squamelles minces; doigts grèles; les deux doigts latéraux égaux, munis d'ongles faibles et petits; le pouce allongé, égalant, avec son ongle le plus grand et le plus fort de tous, le doigt médian. Fig. 255 —- Philomela Fig. 236. — Philomela. Ce genre, synonyme des genres Motacilla, Linné; Daulias, Boié; et Luscinia, Gray, ne repose que sur deux espèces européennes, qui sc retrouvent également en Asie et en Afrique. I n'est point d'homme bien organisé à qui le nom de Rossignol ne rappelle quelqu'une de ces belles nuits de printemps où, le ciel étant serein, l'air calme, toute la nature en silence et, pour ainsi dire, attentive, il à écouté avec ravissement le ramage de ce chantre des forêts. On pourrait citer quelques autres Oiseaux chanteurs dont la voix le dispute, à certains égards, à celle du Rossignol. Les Alouet- tes, le Serin, le Pinson, les Fauvettes, la Linotte, le Chardonneret, le Merle commun, le Merle soli- taire, le Moqueur d'Amérique, se font écouter avec plaisir, lorsque le Rossignol se tait : les uns ont 190 : HISTOIRE NATURELLE. d'aussi beaux sons, les autres ont le timbre aussi pur et plus doux, d’autres ont des tours de gosier aussi flatteurs; mais il n'en est pas un seul que le Rossignol n’efface par la réunion complète de ces talents divers et par la prodigieuse variété de son ramage; en sorte que la chanson de chacun de ces Oiseaux, prise dans toute son étendue, n’est qu’un couplet de celle du Rossignol. Le Rossignol charme toujours et ne se répète jamais, du moins jamais servilement : s’il redit quelque passage, ce passage est animé d’un accent nouveau, embelli par de nouveaux agréments; il réussit dans tous les genres; il rend toutes les expressions; il saisit tous les caractères, et, de plus, il sait augmenter l'effet par le contraste. Ce coryphée du printemps se prépare-t-il à chanter l'hymne de la nature, il commence par un prélude timide, par des tons faibles, presque indécis, comme s’il voulait essayer son instru- ment et intéresser ceux qui l'écoutent: mais ensuite, prenant de l'assurance, il s’anime par degrés, il s’échauffe, et bientôt il déploie dans leur plénitude toutes les ressources de son incomparable or- gane : coups de osier éclatants, batteries vives et légères, fusées de chant, où la netteté est égale à la volubilité; murmure intérieur et sourd, qui n’est point appréciable à l’oreille, mais très-propre à augmenter l'éclat des tons appréciables; roulades précipitées, brillantes et rapides, articulées avec force et même avec une dureté de bon goût; accents plaintifs, cadencés avec mollesse; sons filés sans art, mais enflés avec âme; sons enchanteurs et pénétrants; vrais soupirs d'amour et de volupté, qui semblent sortir du cœur et font palpiter tous les cœurs, qui causent à tout ce qui est sensible une émotion si douce, une langueur si touchante. C’est dans ces tons passionnés que l’on reconnaît le langage du sentiment qu'un époux heureux adresse à une compagne chérie, et qu'elle seule peut lui inspirer; tandis que dans d’autres phrases, plus étonnantes peut-être, mais moins expressives, on re- connaît le simple projet de l’'amuser et de lui plaire, ou bien de disputer devant elle le prix du chant à des rivaux jaloux de sa gloire et de son bonheur. Ces différentes phrases sont entremêlées de silences, de ces silences qui, dans tout genre de mé- lodie, concourent si puissamment aux grands effets : on jouit des beaux sons que l’on vient d’enten- dre et qui retentissent encore dans l'oreille; on en jouit mieux, parce que la jouissance est plus in- time, plus recueillie, et west point troublée par des sensations nouvelles. Bientôt, on attend, on désire une autre reprise; on espère que ce sera celle qui plaît : si l’on est trompé, la beauté du mor- ceau que l’on entend ne permet pas de regretter celui qui n’est que différé, et l’on conserve l'intérêt de l'espérance pour les reprises qui suivront. Au reste, une des raisons pour lesquelles le chant du Rossignol est plus remarqué et produit plus d'effet, c'est, comme dittrès-bien M. Barrington, parce que, chantant la nuit, qui est le temps le plus favorable, et chantant seul, sa voix a tout son éclat, et n’est offusquée par aucune autre voix. Il efface tous les autres Oiseaux, suivant le même M. Barrington, par ses sons moelleux et flûtés et par la durée non interrompue de son ramage, qu’il soutient quel- quefois pendant vingt secondes. Le même observateur a compté dans ce ramage seize reprises diffé- rentes, bien déterminées par leurs premières et dernières notes, et dont l'Oiseau sait varier avec goût les notes intermédiaires. Enfin, il s’est assuré que la sphère que remplit la voix d’un Rossignol n’a pas moins d'un mille de diamètre, surtout lorsque l'air est calme, ce qui égale au moins la portée de la voix humaine. Il est étonnant qu'un si petit Oiseau, qui ne pèse pas une demi-once, ait tant de force dans les or- ganes de la voix : aussi Hunter a-t-il observé que les muscles du larynx, ou, si l’on veut, du gosier, étaient plus forts à proportion dans cette espèce que dans toute autre; et même plus forts dans le male, qui chante, que dans Ja femelle, qui ne chante point. Aristote, et Pline d’après lui, disent que le chant du Rossignol dure, dans toute sa force, quinze Jours et quinze nuits sans interruption, dans le temps où les arbres se couvrent de verdure : ce qui ne doit s'entendre que des Rossignols sauvages, et n'être pas pris à la rigueur, car ces Oiseaux ne sont pas muets avant ni après l’époque fixée par Aristote; à la vérité, ils ne chantent pas alors avec autant d’ardeur ni aussi constamment. Ils commencent d'ordinaire au mois d'avril, et ne finissent tout à fait qu'au mois de juin, vers le solstice; mais la véritable époque où leur chant diminue beau- coup, c’est celle où leurs petits viennent à éclore, parce qu'ils s'occupent alors du soin de les nour- vir, et que, dans l'ordre des instincts, la nature a donné la prépondérance à ceux qui tendent à la conservation des espèces. Les Rossignols captifs continuent de chanter pendant neuf ou dix mois, et leur chant est non-seulement plus longtemps soutenu, mais encore plus parfait et mieux formé ; de là, M. Barrington tire cette conséquence, que, dans cette espèce ainsi que dans bien d’autres, le mâle +. OISEAUX. 191 ne chante pas pour amuser sa femelle, ni pour charmer ses ennuis pendant l'incubation : conséquence juste et de toute vérité. En effet, la femelle qui couve remplit cette fonction par un instinct, ou plutôt par une passion plus forte en elle que la passion même de l'amour : elle y trouve des jouissances in- térieures dont nous ne pouvons bien juger, mais qu'elle parait sentir vivement, et qui ne permettent pas de supposer que, dans ces moments, elle ait besoin de consolation. Or, puisque ce n’est ni par devoir, ni par vertu que la femelle couve, ce n’est point non plus par procédé que le mâle chante; il ne chante pas, en effet, durant la seconde incubation : c’est l'amour, et surtout le premier période de l'amour, qui inspire aux Oiseaux leur ramage. C’est au printemps qu'ils éprouvent et le besoin d’ai- mer, et celui de chanter : ce sont les mâles qui ont le plus de désirs, et ce sont eux qui chantent le plus; ils chantent la plus grande partie de l’année, lorsqu'on sait faire régner autour d'eux un prin- temps perpétuel, qui renouvelle incessamment leur ardeur, sans leur offrir aucune occasion de lé- teindre. C’est ce qui arrive aux Rossignols que l’on tient en cage, et même, comme nous venons de le dire, à ceux que l’on prend adultes : on en a vu qui se sont mis à chanter de toutes leurs forces peu de temps après avoir été pris. Il s’en faut bien cependant qu'ils soient insensibles à la perte de leur liberté, surtout dans les commencements : ils se laisseraient mourir de faim les sept ou huit pre- miers jours, si on ne leur donnait la becquée; et ils se casseraient la tête contre le plafond de leur cage, si on ne leur attachait les ailes; mais, à la longue, la passion de chanter l'emporte, parce qu’elle est entretenue par une passion plus profonde. Le chant des autres Oiseaux, le son des instruments, les accents d’une voix douce et sonore les excitent aussi beaucoup; ils accourent, ils s’approchent, attirés par les beaux sons; mais les duos semblent les attirer encore plus puissamment : ce qui prou- verait qu'ils ne sont pas insensibles aux effets de l'harmonie. Ce ne sont point des auditeurs muets : ils se mettent à l’unisson, et font tous leurs efforts pour éclipser leurs rivaux, pour couvrir toutes les autres voix et même tous les autres bruits. On prétend qu’on en a vu tomber morts aux pieds de la personne qui chantait; on en a vu un autre qui s’agitait, gonflait sa gorge et faisait entendre un ga- zouillement de colère toutes les fois qu’un Serin qui était près de lui se disposait à chanter, et il était venu à bout, par ses menaces, de lui imposer silence : tant il est vrai que la supériorité n’est pas toujours exempte de jalousie! M. Le Moine a aussi remarqué que les siens poursuivaient avec colère un Serin privé qu'il avait dans la même chambre, lorsque celui-ci s’approchait de leur cage; mais cette jalousie se tourne quel- quefois en émulation : car on a vu des Rossignols qui chantaient mieux que les autres, parce qu’ils avaient entendu des oiseaux qui chantaient de manière à les étonner. Serait-ce par une suite de cette passion de primer que ces Oiseaux sont si attentifs à prendre leurs avantages, et qu’ils se plaisent à chanter dans un lieu résonnant ou bien à portée d’un écho? Tous les Rossignols ne chantent pas également bien : il y en a dont le ramage est si médiocre, que les amateurs ne veulent pas les garder; on a même cru s’apercevoir que les Rossignols d’un pays ne chantaient pas comme ceux d’un autre. Les curieux en Angleterre préfèrent, dit-on, ceux de la pro- vince de Surry à ceux de Middlesex, comme ils préfèrent les Pinsons de la province d’Essex et les Chardonnerets de celle de Kent. Cette diversité de ramage, dans des Oiseaux d’une même espèce, a été comparée, avec raison, aux différences qui se trouvent dans les dialectes d’une même langue : il est difficile d’en assigner les vraies causes, parce que la plupart sont accidentelles. Un Rossignol aura entendu, par hasard, d’autres Oiseaux chanteurs : les efforts que l'émulation lui aura fait faire auront perfectionné son chant, et il l'aura transmis, ainsi perfectionné, à ses descendants; car chaque père est le maître de chant de ses petits; et l’on sent combien, dans la suite des générations, ce même chant peut être encore perfectionné ou modifié diversement par d’autres hasards semblables. Passé le mois de juin, le Rossignol ne chante plus, et il ne lui reste qu’un cri rauque, une sorte de croassement, où l’on ne reconnait point du tout ia mélodieuse Philomèle; et il n’est pas surprenant qu'autrefois, en Îtalie, on lui donnât un autre nom dans cette circonstance : c’est, en effet, un autre Giseau, un Oiseau absolument different, du moins quant à la voix, et même un peu quant aux couleurs du plumage. Dans l'espèce du Rossignol, comme dans toutes les autres, il se trouve quelquefois des femelles qui participent à la constitution du mâle, à ses habitudes et spécialement à celle de chanter. J'ai vu une de ces femelles chantantes qui était privée; son ramage ressemblait à celui du mâle; cependant, il n’était ni aussi fort, ni aussi varié; elle le conserva jusqu’au printemps; mais alors, subordonnant 192 HISTOIRE NATURELLE. l'exercice de ce talent, qui lui était étranger, aux véritables fonctions de son sexe, elle se tut pour faire son nid et sa ponte, quoiqu'elle n’eût point de mâle Il semble que, dans les pays chauds, tels que la Grèce, il est assez ordinaire de voir de ces femelles chantantes, et dans cette espèce et dans beaucoup d’autres; du moins, c’est ce qui résulte d’un passage d’Aristote. Un musicien, dit Frisch, devrait étudier le chant du Rossignol et le noter : C’est ce qu’essaya jadis le jésuite Kircher, et ce qu'a tenté nouvellement M. Barrington; mais, de l’aveu de ce dernier, ç'a été sans aucun succès. Ces airs notés, étant exécutés par le plus habile joueur de flûte, ne ressemblaient point du tout au chant du Rossignol. M. Barrington soupçonne que la difficulté provient de ce qu'on ne peut apprécier au juste la durée relative, ou, si l'on veut, la valeur de chaque note. Cependant, quoiqu'il ne soit point aisé de déterminer la mesure que suit le Rossignol lorsqu'il chante, de saisir ce rhythme si varié dans ses mouvements, si nuancé dans ses transitions, si libre dans sa marche, si indépendant de toutes nos règles de convention, et, par cela même, si convenable au chantre de la nature; ce rhythme, en un mot, fait pour être finement senti par un organe délicat, et non pour être marqué à grand bruit par un bâton d'orchestre. [l me paraît encore plus difficile d’imiter, avec un instrument mort, les sons du Rossignol, ses accents si pleins d'âme et de vie, ses tours de gosier, son expression, ses soupirs. Il faut, pour cela, un instrument vivant et d'une perfection rare; je veux dire une voix sonore, harmonieuse et légère; un timbre pur, moelleux, éclatant; un gosier de la plus grande flexibilité, et tout cela guidé par une oreille juste, soutenu par un tact sûr, et vivifié par une sensibilité exquise : voilà les instruments avec lesquels on peut rendre le chant du Rossignol. J'ai vu deux personnes qui n'en auraient pas noté un seul passage, et qui cependant l'imitaient dans toute son étendue et de manière à faire illusion : c'étaient deux hommes: ils sifflaient plutôt qu'ils ne chan- taient : mais l'un sifflait si naturellement, qu'on ne pouvait distinguer, à la conformation de ses lè- vres, si c'était lui ou son voisin qu'on entendait; l’autre sifflait avec plus d'effort, il était même obligé de prendre une attitude contrainte; mais, quant à l’effet, son imitation n’était pas moins parfaite. En- fin, on a vu, à Londres, un homme qui, par son chant, savait attirer les Rossignols, au point qu'ils venaient se percher sur lui et se laissaient prendre à la main. (Guénaun ne Monrsritran.) Un patient et consciencieux observateur allemand, que nous citons souvent, Bechstein, a eu, la constance d'écrire le chant du Rossignol; et nous croyons inutile de reproduire ici l'essai qu'il en a laborieusement fait, et qui se trouve tout au long dans son livre, si riche de faits. On peut compter, dit-il, jusqu’à vingt-quatre strophes ou couplets différents dans le chant d’un bon Rossignol, sans y comprendre les petites variations fines et délicates; car parmi ceux-ci, comme parmi tous les autres musiciens, il ya de grands virtuoses et beaucoup de médiocres. Puis il ajoute : Ge chant est si arti- culé, si parlant, qu'on peut fort bien l'écrire. Comme il n’est pas donné à tout le monde de s'approprier le chant du Rossignol par une imitation fidèle, et que tout le monde est curieux d'en jouir, plusieurs ont tâché de se l'approprier d’une ma- nière plus simple, je veux dire en se rendant maitres du Rossignol lui-même, et le réduisant à l'état de domesticité; mais c’est un domestique d'une humeur difficile, et dont on ne tire le service désiré qu'en ménageant son caractère. L'amour et la gaieté ne se commandent pas, encore moins les chants qu'ils inspirent. Si l'on veut faire chanter le Rossignol captif, il faut le bien traiter dans sa prison: il faut en peindre les murs de la couleur de ses bosquets; l'environner, l'ombrager de feuillages; éten- dre de la mousse sous ses pieds, le garantir du froid et des visites importunes, lui donner une nour- riture abondante et qui lui plaise; en un mot, il faut lui faire illusion sur sa captivité et tâcher de la rendre aussi douce que la liberté, s’il était possible. À ces conditions, le Rossignol chantera dans la cage. Si cest un vieux, pris au commencement du printemps, il chantera au bout de huit jours et même plus tôt, et il recommencera à chanter tous les ans au mois de mai et à la fin de décembre. Si ce sont des jeunes de la première ponte, élevés à la bûchette, ils commenceront à gazouiller dès qu'ils pourront manger seuls; leur voix se haussera, se formera par degrés; elle sera dans toute sa force sur la fin de décembre, et ils l’exerceront tous les jours de l’année, excepté au temps de la mue; ils chanteront beaucoup mieux que les Rossignols sauvages; ils embelliront leur chant na- turel de tous les passages qui leur plairont dans le chant des autres Oiseaux qu'on leur fera enten- dre, et de tous ceux que leur inspirera l'envie de les surpasser; ils apprendront à chanter des airs, si on a la patience et le mauvais goût de les siffler avec la rossignolette; ils apprendront même à chan- ter alternativement avec un chœur et à répéter leur couplet à propos; enfin, ils apprendront à parler nn no 0 OISEAUX. 193 quelle langue on voudra. Les fils de l’empereur Claude en avaient qui parlaient grec et latin ; mais ce qu'ajoute Pline est plus merveilleux : c’est que tous les jours ces Oiseaux préparaient de nouvelles phrases, et même des phrases assez longues, dont ils régalaient leurs maîtres. L'adroite flatterie a pu faire croire cela à de jeunes princes; mais un philosophe tel que Pline ne devait se permettre ni de le croire, ni de chercher à le faire croire, parce que rien n’est plus contagieux que l'erreur appuyée d’un grand nom. Aussi, plusieurs écrivains, se prévalant de l'autorité de Pline, ont renchéri sur le merveilleux de son récit. Gessner, entre autres, rapporte la lettre d'un homme digne de foi, où il est question de deux Rossignols appartenant à un maitre d’hôtellerie de Ratisbonne, lesquels passaient les nuits à converser, en allemand, sur les intérêts politiques de l'Europe, sur ce qui s'était passé, sur ce qui devait arriver bientôt et qui arriva en effet. A la vérité, pour rendre la chose plus croyable, l’auteur de la lettre avoue que ces Rossignols ne faisaient que répéter ce qu'ils avaient entendu dire à quelques militaires ou à quelques députés de la diète, qui fréquentaient la même hôtellerie; mais, avec cet adoucissement même, c'est encore une histoire absurde et qui ne mérite pas d'être réfutée. fig. 257. — Rossignol. J'ai dit que les vieux prisonniers avaient deux saisons pour chanter, le mois de mai et celui de dé- cembre : mais ici l’art peut encore faire une seconde violence à la nature, et changer à son gré l'or- dre des saisons, en tenant les Oiseaux dans une chambre rendue obscure par degrés, tant que l’on veut qu'ils gardent le silence, et leur redonnant le jour, aussi par degrés, quelque temps avant celui où l’on veut les entendre chanter; le retour ménagé de la lumière, joint à toutes les autres précautions indiquées ci-dessus, aura sur eux les effets du printemps. Ainsi, l'art est parvenu à leur faire chan- ter et dire ce qu'on veut et quand on veut; et si l'on a un assez grand nombre de ces vieux captifs. et qu'on ait la petite industrie de retarder et d'avancer le temps de la mue, on pourra, en les tirant successivement de la chambre obscure, jouir de leur chant toute l’année sans aucune interruption. Parmi les jeunes qu'on élève, il s’en trouve qui chantent la nuit; mais la plupart commencent à se faire entendre le matin, sur les huit à neuf heures, dans le temps des jours courts, et toujours plus matin à mesure que les jours croissent. On ne se douterait pas qu'un chant aussi varié que celui du Rossignol est renfermé dans les hor- nes étroites d’une seule octave; c’est cependant ce qui résulte de l'observation attentive d'un homme de goût (M. le docteur Rémond), qui joint la justesse de l'observation aux lumières de l’esprit. A la ot 25 194 HISTOIRE NATURELLE. vérité, il a remarqué quelques sons aigus qui allaient à la double octave, et passaient comme des éclairs; mais cela n'arrive que très-rarement, et lorsque l’Oiseau, par un effort de gosier, fait octa- vier sa voix, comme un flüteur fait octavier sa flûte en forçant le vent. Le même observateur y a reconnu des batteries à la tierce, à la quarte et à l'octave; mais toujours de l’aigu au grave; des cadences toujours mineures sur presque tous les tons; mais point d’arpéges, ni de dessein suivi. ï Cet Oiseau est capable, à la longue, de s’attacher à la personne qui a soin de lui : lorsqu'une fois sa connaissance est faite, il distingue son pas avant dé la voir; il la salue d'avance par un cri de joie; et, S'ilest en mue, on le voit se fatiguer en efforts inutiles pour chanter, et suppléer, par la gaieté de ses mouvements, par l'âme qu'il met dans ses regards, à l'expression que son gosier lui refuse. Lorsqu'il perd sa bienfaitrice, il meurt quelquefois de regret; s’il survit, il lui faut longtemps pour s’accoutumer à une autre; il s'attache fortement, parce qu'il s'attache difficilement, comme font tous les caractères timides et sauvages. « Un Rossignol dont j'avais fait présent, dit M: Lemoine, ne voyant plus sa gouvernante, cessa de manger, et bientôt il fut aux abois; il ne pouvait plus se tenir sur le bâton de sa cage; mais, ayant été remis à sa gouvernante, il se ranima, mangea, but, se percha, et fut rétabli en vingt-quatre heures. » On en a vu, dit-on, qui, ayant été lâchés dans les bois, sont revenus chez leur maître. Il est aussi très-solitaire : les Rossignols voyagent seuls, arrivent seuls aux mois d’avril et de mai, s’en retournent seuls au mois de septembre. En Italie, il arrive en mars et avril, et se retire au com- mencement de novembre; en Angleterre, il arrive en avril et mai, et repart dès le mois d’août : ces époques dépendent, comme on le juge bien, de la température locale et de celle de la saison. Et lorsqu'au printemps le mâle et la femelle s’apparient pour nicher, cette union particulière semble for- tifier encore leur aversion pour la société générale; car ils ne souffrent alors aucun de leurs pareils dans le terrain qu'ils se sont approprié : on croit que c’est afin d’avoir une chasse plus étendue pour subsister, eux et leur famille; et, ce qui le prouve, c’est que la distance des nids est beaucoup moin- dre dans un pays où la nourriture abonde. Cela prouve aussi que la jalousie n’entre pour rien dans leurs motifs, comme quelques-uns l'ont dit; car on sait que la jalousie ne trouve jamais les distances assez grandes, et que l'abondance des vivres ne diminue ni ses ombrages ni ses précautions. Chaque couple commence à faire son nid vers la fin d'avril et au commencement de mai. Ils le construisent de feuilles, de joncs, de brins d'herbe grossière en dehors, de petites fibres, de races, de crin, et d'une espèce de bourre en dedans; ils le placent à une bonne exposition, un peu tournée au levant, et dans le voisinage des eaux; ils le posent ou sur les branches les plus basses des arbustes, tels que les groseilliers, épines blanches, pruniers sauvages, charmilles (sapinettes et picéas), ete., ou sur une touffe d'herbe, et même à terre, au pied de ces arbustes; c’est ce qui fait que leurs œufs ou leurs petits, et quelquefois la mère, sont la proie des Chiens de chasse, des Renards, des Fouines, des Belettes, des Couleuvres, etc. Dans notre climat, la femelle pond ordinairement cinq œufs, d’un brun verdâtre uniforme, quelque- fois le brun domine au gros bout, et le verdâtre au petit bout : la femelle couve seule; elle ne quitte son poste que pour chercher à manger, et elle ne le quitte que sur le soir, et lorsqu'elle est pressée par la faim; pendant son absence, le mâle semble avoir l'œil sur le nid. Au bout de dix-huit ou vingt jours d’incubation, les petits commencent à éclore. Le nombre des mâles est communément plus que double de celui des femelles : aussi, lorsqu'au mois d’avril on prend un mâle apparié, il est bientôt remplacé auprès de la veuve par un autre, et celui-ci par un troisième; en sorte qu'après l’enlève- ment successif de trois ou quatre mâles la couvée n'en va pas moins bien. La mère dégorge la nour- riture à ses petits, comme font les femelles des Serins; elle est aidée par le père dans cette intéres- sante fonction; c’est alors que celui-ci cesse de chanter pour s'occuper sérieusement du soin de la fa- mille : on dit même que durant l’incubation il chante rarement près du nid, de peur de le faire découvrir; mais lorsqu'on approche de ce nid, la tendresse paternelle se trahit par des cris que lui arrache le danger de la couvée, et qui ne font que l’augmenter. En moins de quinze jours, les petits sont couverts de plumes, et c’est alors qu'il faut sevrer ceux qu'on veut élever : lorsqu'ils volent seuls, les père et mère recommencent une autre ponte, et, après cette seconde, une troisième; mais, pour que cette dernière réussisse, il faut que les froids ne surviennent pas de bonne heure. Dans les pays chauds, ils font jusqu'à quatre pontes, et partout les dernières sont les moins nombreuses. OISEAUX. 195 L'homme, qui ne croit posséder que lorsqu'il peut user et abuser de ce qu'il possède, a trouvé le moyen de faire nicher les Rossignols dans la prison : le plus grand obstacle était l'amour de la li- berté, qui est très-vif dans ces Oiseaux; mais on a su contre-balancer ce sentiment naturel par des sentiments aussi naturels et plus forts, le besoin d'aimer et de se reproduire, l'amour de la géni- ture, ete. On prend un mâle et une femelle appariés, et on les lâche dans une grande volière, ou plu- tôt dans un coin de jardin planté d'ifs, de charmilles et autres arbrisseaux, et dont on aura fait une volière en l'environnant de filets : c’est la manière la plus douce et la plus sûre d'obtenir de leur race. On peut encore y réussir, mais plus difficilement, en plaçant ce mâle et cette femelle dans un cabinet peu éclairé, chacun dans une cage séparée; leur donnant tous les jours à manger aux mêmes heures; laissant quelquefois les cages ouvertes, afin qu'ils fassent connaissance avec le cabinet; la leur ouvrant tout à fait au mois d'avril, pour ne plus la fermer, et leur fournissant alors les ma- tériaux qu'ils ont coutume d'employer à leurs nids, tels que feuilles de chêne, mousse, chiendent épluché, bourre de Cerf, des crins, de la terre, de l'eau; mais on aura soin de retirer l'eau quand la femelle couvera. On a aussi cherché le moyen d'établir des Rossignols dans un endroit où il n°ÿ en a point encore eu; pour cela, on tâche de prendre le père, la mère et toute la couvée avec le nid; on transporte ce nid dans un site qu'on aura choisi le plus semblable à celui d’où on l'aura enlevé; on tient les deux cages qui renferment le père et la mère à portée des petits, jusqu’à ce qu'ils aient en- tendu leur cri d'appel; alors on leur ouvre la cage, sans se montrer : le mouvement de la nature les porte droit au lieu où ils ont entendu crier leurs petits; ils leur donnent tout de suite la becquée; ils continueront de les nourrir tant qu’il sera nécessaire, et l’on prétend que l’année suivante ils revien- dront au même endroit. Ils y reviendront sans doute, s'ils y trouvent une nourriture convenable et les commodités pour nicher; car sans cela tous les autres soins seraient en pure perte, et avec cela ils seront à peu près superîlus. Si l’on veut élever soi-même de jeunes Rossignols, il faut préférer ceux de la première ponte, et leur donner tel instituteur que l’on jugera à propos; mais les meilleurs, à mon avis, ce sont d’autres Rossignols, surtout ceux qui chantent le mieux. M. Weissenborn a cité, dans le Magasin of natural History, un cas de longévité extraordimaire d'un Rossignol qui ne vécut pas moins de trente ans en cage, à Weimar. Un marchand de cette ville le garda pendant seize ans; il l'avait eu d’un marchand de Gera, qui l'avait possédé durant six ans. Il le nourrissait avec des larves de Fourmis fraiches ou sèches, suivant la saison, et avec quelques Vers de farine. Il chantait admirablement bien pendant toute l’année, excepté à l’époque de la mue, en avril et en mai. Le marchand, pour échapper à une taxe imposée sur les Rossignols, le céda à un mé- decin, qui le garda cinq ans; puis il passa chez un quatrième maitre, où il resta jusqu'à sa mort, ar- rivée trois ou quatre ans après. (Echo du monde savant, 1838.) Au mois d’août, les vieux et les jeunes quittent les bois pour se rapprocher des buissons, des haies vives, des terres nouvellement labourées, où ils trouvent plus de Vers et d’Insectes; peut-être aussi ce mouvement général a-t-il quelque rapport à leur prochain départ. (Guéxeau De MonrsziLrano.) Dès cette époque, chaque famille se dispose, en effet, au départ, qui se fait sans bruit, en s’éloi- gnant peu à peu, et passant de bocage en bocage jusqu’à leur destination; c’est alors qu'on prend ces Oiseaux avec des lacets ou des sauterelles, en y suspendant pour leurre des baies de sureau ou des groseilles. La mi-septembre est le terme le plus éloigné où l'on en voit encore en Allemagne. Tous disparaissent alors sans qu'on s’en aperçoive, de sorte qu’on ignore absolument le temps qu'ils em- ploient au reste de leur voyage. D'autres Oiseaux, dont l'instinct est de voyager en grandes volées, n'échappent pas si facilement à l'œil de l'observateur. Si par extraordinaire on rencontre encore un Rossignol à la fin de septembre ou en octobre, il faut qu'il soit retardé par quelque circonstance particulière, par exemple, un jeune égaré, ou dont la naissance a été très-tardive, un malade, ete. (Becusreix.) Il n’en reste point en France pendant l'hiver, non plus qu’en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Grèce, etc. Persuadé qu'il n'y en avait point en Afrique, tandis qu’au contraire ils y sont répandus jusque sur les bords du Nil, Guéneau De Montheillard jugeait qu’ils ne se retiraient qu’en Asie. Cela, ajoute-t-il, est d'autant plus vraisemblable, que l’on en trouve en Perse, à la Chine et même au Japon, où ils sont fort recherchés, puisque ceux qui ont la voix belle s’y vendent, dit-on, vingt cobangs. Ils sont 196 HISTOIRE NATURELLE. généralement répandus dans toute l’Europe, jusqu'en Suède et en Sibérie, où ils chantent très-agréa- blement. Mais, en Europe comme en Asie, il y a des contrées qui ne leur conviennent point, et où ils ne s'arrêtent jamais; par exemple, le Bugey jusqu'à la hauteur de Nantua, une partie de la Hollande, l'Écosse, l'Irlande, la partie nord du pays de Galles et même de toute l'Angleterre, excepté la pro- vince d'York; le pays des Dauliens aux environs de Delphes, le royaume de Siam, etc. Partout ils sont connus pour des Oiseaux voyageurs; et cette habitude innée est si forte en eux, que ceux que l'on tient en cage s’agitent beaucoup au printemps et en automne, surtout la nuit, aux époques ordi- naires marquées pour leurs migrations : il faut donc que cet instinct qui les porte à voyager soit in- dépendant de celui qui les porte à éviter le grand froid et à chercher un pays où ils puissent trouver une nourriture convenable; car, dans la cage, ils n’éprouvent ni froid ni disette, et cependant ils s’agitent.… Comme les Rossignols, du moins les mâles, passent toutes les nuits du printemps à chanter, les an- ciens étaient persuadés qu'ils ne dormaient pas dans cette saison; et de cette conséquence peu juste est née cette erreur, que leur chair était une nourriture antisoporeuse, qu'il suffisait d'en mettre le cœur et les yeux sous l’oreiller d'une personne pour lui donner une insomnie; enfin, ces erreurs gagnant du terrain et passant dans les arts, le Rossignol est devenu l'emblème de la vigilance. Mais les modernes, qui ont observé de plus près ces Oiseaux, se sont aperçus que dans la saison du chant ils dormaient pendant le jour, et que ce sommeil du jour, surtout en hiver, annonçait qu'ils étaient prêts à reprendre leur ramage. Non-seulement ils dorment, mais ils rêvent, et d’un rêve de Rossi- gnol; car on les entend gazouiller à demi-voix et chanter tout bas. Au reste, on a débité beaucoup d’autres fables sur cet Oiseau, comme on fait sur tout ce qui a de la célébrité : on a dit qu'une Vi- père, ou, selon d’autres, un Crapaud, le fixant lorsqu'il chante, le fascine par le seul ascendant de son regard, au point qu'il perd insensiblement la voix, et finit par tomber dans la gueule béante du Reptile. On a dit que les père et mère ne soignaient parmi leurs petits que ceux qui montraient du talent, et qu'ils tuaient les autres, ou les laissaient périr d'inanition (il faut supposer qu’ils savent excepter les femelles). On a dit qu'ils chantaient beaucoup mieux lorsqu'on les écoutait que lorsqu'ils chantaient pour leur plaisir. Toutes ces erreurs dérivent d’une source commune, de l'habitude où sont les hommes de prêter aux animaux leurs faiblesses, leurs passions et leurs vices. Les Rossignols qu'on tient en cage ont coutume de se baigner après qu'ils ont chanté : M. Hé- bert a remarqué que c'était la première chose qu'ils faisaient le soir, au moment où ils voyaient la lumière. Il a aussi observé un autre effet de la lumière sur ces Oiseaux, dont il est bon d’avertir : un mâle qui chantait très-bien, s'étant échappé de sa cage, s’élança dans le feu, où il périt avant qu'on pôt lui donner aucun secours. Ces Oiseaux ont une espèce de balancement du corps qu'ils élèvent et abaïssent tour à tour, et presque parallèlement au plan de position. Les mâles que j'ai vus avaient ce balancement singulier, mais une femelle que j'ai gardée deux ans ne l'avait pas : dans tous, la queue a un mouvement propre de haut en bas fort marqué, et qui sans doute a donné occasion à Linné de les ranger parmi les Hochequeues ou Motacilles. Les Rossignols se cachent au plus épais des buissons; ils se nourrissent d’Insectes aquatiques et autres, de petits Vers, d'œufs ou plutôt de nymphes de Fourmis; ils mangent aussi des figues, des baies, etc.; mais, comme il serait difficile de fournir habituellement ces sortes de nourritures à ceux que l'on tient en cage, on a imaginé différentes pâtées dont ils s’accommodent fort bien; et j'ai vu un Rossignol qui, avec cette seule nourriture, a vécu jusqu’à sa dix-septième année. Ce vieillard avait commencé à grisonner dès l’âge de sept ans; à quinze, il avait des pennes entière- ment blanches aux ailes et à la queue; ses jambes, ou plutôt ses tarses, avaient beaucoup grossi, par l'accroissement extraordinaire qu'avaient pris les lames dont ces parties sont recouvertes dans les Oiseaux; enfin, il avait des espèces de nodus aux doigts comme les goutteux, et on était obligé de temps en temps de lui rogner la pointe du bec supérieur; mais il n’avait que cela des incom- modités de la vieillesse; il était toujours gai, toujours chantant, comme dans son plus bel âge, toujours caressant la main qui le nourrissait. Il faut remarquer que ce Rossignol n'avait jamais été apparié;, l'amour semble abréger les jours, mais il les remplit; il remplit de plus le vœu de la nature; sans lui, les sentiments si doux de la paternité seraient inconnus, enfin, il étend l'existence dans l'avenir, et procure, au moyen des générations qui se succèdent, une sorte d’immortalité : grands OISEAUX. 197 et précieux dédommagements de quelques jours de tristesse et d'infirmités qu'il retranche peut-être à la vieillesse. (1d.) Les Rossignols ressemblent tant à la femelle du Rouge-Queue, que celle-ci est souvent prise et ven- due pour un Rossignol, tandis que lui-même est à son tour tué et mangé pour un Rouge-Queue. Pour ne pas s’y tromper, il faut être attentif aux caractères suivants. La femelle Rouge-Queue est toujours plus petite, et son plumage plus obscur; ses pattes menues et son bec sont noirätres; le roux de sa queue est plus clair, et les deux plumes du milieu sont noirâtres ou au moins d'un brun foncé; cette queue, longue et menue, vacille continuellement : tandis que le Rossignol n’agite la sienne que par intervalles, par exemple, lorsqu'il a sautillé quelques pas; en général, il la porte relevée au-dessus de la pointe des ailes. Sa démarche et son attitude ont quelque chose de plus fier, et ses actions parais- sent aussi plus réfléchies; quand il marche, c’est par sauts mesurés et réguliers; après un certain nombre, il s'arrête, s’observe, remue les ailes, lève la queue avec grâce, l’étale un peu, incline la tête à plusieurs reprises, relève encore la queue et poursuit. Si quelque objet attire son attention, il penche la tête de ce côté, et ne l’observe ordinairement que d’un œil. Il saute, à la vérité, fort pres- tement sur les Insectes qui font sa nourriture, mais il ne les saisit pas avec la même avidité que les autres Oiseaux; il s'arrête, au contraire, tout court, et semble délibérer s’il est prudent de les man- ger ou non. En général, il a l’air sérieux et circonspect; mais sa prévoyance n’y répond guère, car il donne dans tous les piéges qu'on lui tend; cependant, s’il s’en échappe une fois, il n’y tombe plus aussi légèrement, et devient aussi rusé qu'un autre. Au reste, on peut dire la même chose de tous les Oiseaux recherchés par les hommes. On qualifie les Rossignols de badauds et de curieux, as- sez mal à propos à mon avis, car on peut leur présenter un grand nombre de choses nouvelles sans qu'ils daignent y faire la moindre attention; mais grattez ou creusez la terre, ils s’approchent à l’in- stant, parce que l'instinct ou l'expérience leur dit qu’il y a souvent là des Insectes, dont ils sont très- friands. Plusieurs autres espèces de Becs-Fins font la même chose, par exemple, la Fanvette à tête noire, le Rouge-Gorge, etc.; il est vrai qu'elles n’ont pas autant mérité nos observations que les Rossignols. Partout les Rossignols choisissent pour domicile des lieux ombragés, frais, mais pas froids, des bois, des halliers, même de simples haies au milieu des champs. Ils ne vont pas au delà des lisières des forêts, des grandes chaînes de montagnes, et ne s'arrêtent jamais à des hauteurs où l’air est trop rude. Les bocages, les broussailles épaisses, les buissons touffus voisins des prés et des champs, sont leurs habitations favorites. Ils aiment aussi les jardins plantés de charmilles un peu négligées, qui par là sont plus larges et garnies jusqu'à terre; mais ils ne recherchent pas toujours de préférence les endroits aquatiques; s'ils y vont, ce n’est pas pour l’eau, mais parce qu'ils y trouvent en général des buissons épais et touffus. Il faut avouer que la nourriture y est plus constamment abondante, et que, si le froid fait disparaître les Insectes ailleurs, il en reste toujours suffisamment ici. Il n’est pas moins certain que ce n’est pas l’eau par elle-même qui attire ces Oiseaux, car tous se rendraïent à son voisinage, ce que l'expérience contredit. Le fait est que chaque Rossignol vient communément s'établir dans le lieu qui l'a vu naître, que ce soit proche de l’eau ou non, dans un verger ou sur une montagne; quand il s’est une fois fixé quelque part, il y revient tous les ans, à moins que le local n'ait perdu son agrément ou son utilité; par exemple, si le bois a été coupé ou a perdu l'ombrage épais qui faisait son principal mérite; dans ce cas, il cherche dans le voisinage une autre station à son gré. Mais, si dans un grand circuit, où rien n’est changé, on voit un Rossignol s'établir dans une place qui n'était pas occupée l’année précédente, on peut conclure que c’est un jeune Oiseau né près de là. Les places commodes sont tellement recherchées, que, si les possesseurs viennent à périr ou à être pris, de nouveaux venus s’en emparent sur-le-champ; en sorte que l'Oiseau que nous entendons au- jourd’hui peut fort bien n'être pas le même qui chantait hier au même endroit. Plusieurs autres cau- ses peuvent encore concourir à ces changements de possesseurs, qu’une oreille bien exercée au lan- gage de ces Oiseaux saura toujours reconnaitre. On demandera peut-être pourquoi, dans beaucoup d’endroits qui paraissent si bien faits pour atti- rer les Rossignols, on n’y en voit cependant aucun? Je répondrai d’abord que ces lieux peuvent être cachés par des bois ou des montagnes, et n’être pas aperçus des Rossignols dans leurs voyages, ou se trouver entièrement hors de leur route; car ils en ont une régulière dont ils ne s’écartent jamais, parce que, leur marche étant lente et interrompue, ils ont besoin de trouver en passant tout ce qui est 198 HISTOIRE NATURELLE. nécessaire à leur subsistance, ou bien l'air trop froid leur est désagréable. Enfin, il peut arriver que les Rossignols qui y étaient autrefois aient disparu entièrement; et, comme nous avons vu que les jeunes s’établissent toujours dans le canton où ils sont nés, il n’est pas surprenant qu'aucun n’aille prendre possession de celui-là, à moins d'un très-grand hasard. Indépendamment de son chant, le Rossignol exprime ses diverses passions par des tons propres et particuliers. Le cri le moins significatif, quand il est seul, semble n'être qu'un simple sifflement, fit; mais si la syllabe err y est ajoutée, c’est alors l'appel du mäle avec sa femelle. Le signe du mécon- tentement ou de la frayeur est fitt, répété rapidement et avec force avant d'y ajouter le crr terminal; tandis que celui de la satisfaction et du plaisir, par exemple, de tendresse mutuelle des époux, ou à l'occasion d'un morceau friand, est un £ack profond, que l’on pourrait imiter par un claquement de langue. Dans la colère, la jalousie. la rivalité, ou une rencontre extraordinaire, ce sont des cris rau- ques et désagréables qui ne ressemblent pas mal à ceux d’un Geai ou d’un Chat. Enfin, au temps des amours, quand le mâle et la femelle s'agacent et se poursuivent du haut d'un arbre jusqu'à sa base, et de là jusqu'au sommet, un gazouillement doux et à demi-voix est tout ce qu'ils font entendre. (B£cusrein.) Avec une telle persévérance d'observation et d'étude de la.nature, on comprend quelle a dà être l'exactitude de Bechstein à reproduire par l'écriture tout le morceau complet du chant du Ros- signol. Pour nous, nous avouons naïvement avoir éprouvé, en écoutant la voix de cet étonnant Oiseau, la plupart des impressions si éloquemment exprimées par Guéneau De Montbeillard, et si simplement reproduites par Bechstein. Et nos souvenirs datent des promenades que nous nous plûmes si sou- vent à faire dans le délicieux parc de Laulnay pendant le silence des belles nuits du mois de mai. ROSSIGNOL ORDINAIRE. PHILOMELA LUSCINIA. (Ch. Bonaparte.) Mûle adulte. — Parties supérieures brun-roux, avec les sus-caudales plus rousses; parties infé- rieures blanchâtres, avec la poitrine, les côtés et le bas du cou, cendrés; les flancs et les sous-cauda- les d'un cendré roussätre; bords des paupières blanchâtres; joues et région parotique d’un brun roux; ailes pareilles au dos; queue d’un roux de rouille vif, bec brun, avec les bords des mandibules et la base de l'inférieure jaunâtres; pieds roussâtres; iris brun-noisette. Longueur totale, 0%,16 à 0,17 environ. Ses œufs, au nombre de quatre à six, sont olivätres ou couleur de bronze; quelques variétés sont un peu brunes, et d’autres lésèrement verdâtres ou bleuâtres. Le ton de coloration est constamment uniforme et sans taches. Grand diamètre, 0,020; petit diamètre, 0%,015. (Decrann.) ROSSIGNOL PHILOMÈLE. l'HILOMELA MAJOR (Swainson.) Mâle et femelle adultes. — Parties supérieures d’un brun roux beaucoup plus foncé que dans l'es- pèce précédente; devant, côtés du cou et poitrine, d’un brun nuancé de gris clair; flanes bruns; ailes pareilles au dos; queue d’un roux plus terne et plus foncé que chez le Rossignol ordinaire; pieds bruns. Longueur totale, 0,18. Le Philomèle habite les contrées orientales de l'Europe, celles occidentales de l'Asie et de l'L- gypte. On le dit commun en Espagne, et on le trouve en Suisse et en Dalmatie. Selon M. Gerbes, il se montre quelquefois dans les environs de Paris; il a vu, en septembre 4847, deux sujets qui y avaient été pris. Il niche sous les buissons, tout à fait à terre, et fréquente les lieux bas et humides, Ses œufs, au nombre de quatre ou six, ont la même forme que ceux du Rossignol commun, et sont d’un brun OISEAUX. 199 plus ou moins olivitre uniforme, sans taches. Grand diamètre, 0%,024 à 0,029; petit diamètre, 0,016. (DecLanp ) Ju GENRE. — FAUVETTE. SYLVIA. (Latham.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, mince, comprimé dans la moitié antérieure, à arête formant un angle mousse, et dessinant une ligne légèrement concave au milieu des narines, à mandibule supé- rieure courbe dans le reste de son étendue jusqu'à la pointe, qui est échancrée; commissure droite dans les deux premiers tiers de la longueur du bec. Narines oblongues, operculées, ouvertes de part en part. Ailes assez allongées, subobtuses, à première rémige très-courte où rudimentaire, la seconde ct la quatrième égales, la troisième la plus longue de toutes. Queue allongée, ample et carrée. T'arses assez forts, de la longueur du doigt médian, scutellés, les doigts latéraux presque égaux, l'externe soudé par sa première phalange; le pouce robuste, allongé, muni de l'ongle le plus fort; tous, du reste, faibles el recourbés. Lig. 258. — Sylvia Hortensis Fig. 259, — Sylvia Hortensis. Langue effilée et fourchue par le bout. Ce genre, synonyme des genres Curruca, Ch. Bonaparte; Monachus, Kaup, et Adonis, Gray, se trouve aujourd’hui restreint à six espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont deux, que nous figurons, se trouvent en Europe. Toutes sont remarquables par leur chant; mais la Fauvette à tête noire est celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu : il tient un peu de celui du Rossignol, et l’on en jouit bien plus longtemps; car, plusieurs semaines après que ce chantre du printemps s’est tu, l'on entend les bois résonner partout du chant de ces Fauvettes; leur voix est facile, pure et légère, et leur chant s’ex- prime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées. Ce chant semble tenir de la fraicheur des lieux où il se fait entendre; il en peint la tranquillité; il en exprime même le bonheur; car les cœurs sensibles n’entendent pas sans une douce émotion les accents in- spirés par la nature aux êtres qu’elle rend heureux. (Burron.) C’est assez faire son éloge, sans doute, que de dire qu’elle rivalise avec le Rossignol; beaucoup de personnes la préfèrent même. Si elle n’en a pas le timbre, la force et l'expression, elle a au moins l'organe plus pur, plus facile, plus flûté, un chant peut-être plus varié, plus lié, plus nuancé; on en jouit d’ailleurs bien plus longtemps, soit à la campagne, soit dans la chambre; il n’est presque pas interrompu dans l’année ni dans le jour, et se prolonge, comme celui du Rossignol, assez tard dans la nuit, quoique commencé au lever de l'aurore. La femelle chante aussi, mais avec moins d’étendue, à peu près con me le Rouge-Gorge, ce qui l’a fait prendre pour une espèce particulière de Fauvette à tête rousse. Le cri d'appel est une sorte de claquement, tack, répété plusieurs fois avec vivacité. La vue subite d'un objet inconnu, d’un danger imminent, lui fait pousser un cri de frayeur rauque et désagréable, assez semblable à celui d’un Chat qu'on pince. (Becusrenx.) Le mâle a pour sa femelle les plus tendres soins; non-seulement il lui apporte sur le nid des Mou- 200 HISTOIRE NATURELLE. ches, des Vers et des Fourmis, mais il la soulage de l’incommodité de sa situation; il couve alterna- tivement avec elle. Les petits grandissent en peu de jours; et, pour peu qu'ils aient des plumes, ils sautent du nid dès qu’on les approche et l’abandonnent. A son arrivée au printemps, lorsque les In- sectes manquent par quelque retour du froid, la Fauvette à tête noire trouve une ressource dans les baies de quelques arbustes, comme du lauréole et du lierre. En automne, elle mange aussi les petits fruits de la bourdaine et ceux du cormier des chasseurs. Dans cette saison, elle va souvent boire, ct on la prend aux fontaines sur la fin d'août; elle est alors très-grasse, et d’un goût délicat. On l'élève aussi en cage; et, de tous les Oiseaux qu'on peut mettre en volière, dit Olina, cette Fau- vette est une des plus aimables. L’affection qu'elle marque pour son maître est touchante; elle a, pour l’'accueillir, un accent particulier, une voix plus affectueuse; à son approche, elle s'élance vers lui contre les mailles de sa cage, comme pour s’efforcer de rompre cet obstacle, et de le joindre; et, par un continuel battement d'ailes accompagné de petits cris, elle semble exprimer l’empressement et la reconnaissance. (Burron.) Un jeune mle, dit le traducteur de Bechstein, que j'avais placé dans la serre chaude en hiver, recevait de ma main, chaque fois que j'entrais, un Ver de farine; il y était tellement accoutumé, qu'aussitôt mon arrivée il se plaçait auprès du petit vase où je conservais ces Vers. Si je faisais sem- blant de ne pas m’apercevoir du signe qu'il me faisait, il prenait son vol, et venait me passer exac- tement sous le nez, allant aussitôt se remettre à son poste: ce qu’il réitérait, me frappant même sou- vent de l'aile, jusqu’à ce que je satisfisse enfin ses désirs et son impatience. Un Sylvia hortensis a offert un exemple remarquable de l'intelligence des Giseaux. Il avait fait deux fois son nid dans un buisson de lierre accolé au mur d'un jardin, et deux fois le vent le lui avait renversé. Pour empêcher cet accident de se renouveler, il apporta un ruban de laine, et l’attacha de telle manière à deux branches du buisson, que le souffle destructeur ne put plus rien contre sa soli- dité. (Écho du monde savant, 1855.) La plupart des Fauvettes chantent cachées; la Fauvette de jardin, cependant, quitte parfois sa re- traite à l’épais feuillage pour la cime d’un arbre, d’où elle prodigue les notes de sa musique sauvage, mais douce et flûtée. (New Month. Mag.) FAUVETTE A TÊTE NOIRE. SYLVIA ATRICAPILLA. (Latham.) Mâle au printemps. — Tout le dessus de la tête, depuis le front jusqu’à la nuque, d'un noir pro- fond; bas de la nuque cendré; dos et sus-caudales d’un brun olivâtre cendré; joues, devant du cou, poitrine, sous-caudales et flancs, d’un gris cendré; bord libre des paupières, gorge et abdomen, gris blanchâtre; ailes et queue semblables au manteau: bec et pieds gris-de-plomb; iris brun noirâtre. Femelle. — Elle diffère du mâle en ce qu'elle a le dessus de la tête roux; la poitrine, les flanes, d'un gris olivâtre, et l'abdomen teint de roussâtre. Longueur totale, 0®,14 environ. Habite une grande partie de l'Europe; se trouve aussi en Asie et en Afrique. Elle est très-commune en France. Dans le nord de ce pays, elle n'est que de passage; on ne l'y trouve que d'avril en sep- tembre; mais elle passe l'hiver dans le Midi. Elle niche dans les buissons, sur les arbustes, à peu de distance du sol: compose son nid d'herbes sèches, de quelques feuilles et de quelques crins à l’intérieur, et pond de quatre à six œufs, d'un gris glacé de rougeâtre et de jaunâtre, quelquefois d’un rouge assez vif, avec de petits points plus foncés, des taches et des traits bruns. Grand diamètre, 0,020; petit diamètre, 0",014. (DecLann.) FAUVETTE DES JARDINS. SYLFIA HORTENSIS. (Latham.\ Mâle an printemps. — V'un gris rembruni olivâtre en dessus; devant du cou blanchâtre; poitrine et Îlanes d'un gris nuancé de roussâtre; ventre, sous-caudales, tour des yeux et pli de l'aile, d'un OISEAUX. 201 blanc pur; ailes et queue comme le dessus du corps, avec les rémiges frangées d’une teinte plus claire, terminées, ainsi que les rectrices, par un fin liséré grisâtre; bec et pieds bleu-de-plomb:; iris brun. Longueur totale, 0,14 environ. Elle habite presque toute l'Europe tempérée. On la trouve très-communément en France. On la trouve aussi dans les parties septeutrionales de l'Afrique. Elle niche dans les buissons, sur les arbrisseaux, les touffes d'herbe à un mètre ou deux du sol. Son nid, construit en forme de coupe, avec des herbes sèches et quelques erins à l'intérieur, contient de quatre à six œufs, d'un blanc grisâtre, glacé de fauve, avec des taches café-au-lait, d'autres rous- ses et brunes, et quelquefois des points d’un brun noir. (DEcrann.) ge GENRE. — BABILLARDE. CURRUCA. (Gerbes, Brisson.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, comprimé sur les côtés dans les deux tiers de sa longueur à partir de la base, légèrenient infléchi à la pointe, qui est échancrée; commissure presque droite; quelques poils à la base. Narines basales, d'un ovalaire allongé, percées sur le côté et au bas d'une squamelle membra- neuse. Ailes courtes, atteignant le milieu de la queue, subobtuses; première rémige presque nulle, la seconde égalant presque la troisième, qui est la plus lonque de toutes. Queue assez allongée, arrondie. T'arses de la longueur du doigt médian, scutellés, assez forts; les doigts latéraux égaux, l'in- terne soudé à sa buse; le pouce long, muni d'un ongle égal à celui du médian, tous deux les plus grands, courbés, comprimés et aigus. FREE TN Fig 240. — Curruca Ruppellii. Fig. 241. — Curruca Ruppellü. Langue frangée par le bout, et paraissant fourchue. Ce genre, synonyme des genres Sylvia, Curruca, Nisoria, Sireparola et Pyrophthalma de M. Ch. Bonaparte, Adaphoneus de M. Kaup, et /duna de MM. Keysserling et Blasius, renferme neuf espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont huit plus particulières à l'Europe; nous en don- nons la figure et la description. La Babillarde Orphée est la plus grande de toutes. Elle habite, avec d’autres espèces de Fauvettes plus petites, dans les jardins, les bocages, et les champs semés de légumes, comme fèves ou pois; toutes se posent sur la ramée qui soutient ces légumes; elles s’y jouent, y placent leur nid, sortent et rentrent sans cesse, jusqu'à ce que le temps de la récolte, voisin de celui de leur départ, vienne les chasser de cet asile, ou plutôt de ce domicile d'amour. C’est un petit spectacle que de les voir s’égayer, s’agacer et se poursuivre; leurs attaques sont lé- sères, et ces combats innocents se terminent toujours par quelques chansons. 0 26 202 HISTOIRE NATURELLE. Le nid est composé d'herbes sèches, de brins de chanvre, et d'un peu de crin en dedans; il con- tient ordinairement cinq œufs, que la mère abandonne lorsqu'on les a touchés, tant cette approche d'un ennemi lui paraît d'un mauvais augure pour sa future famille. Au reste, c’est dans le nid de la Babillarde Orphée que le Coucou, dit-on, dépose le plus souvent son œuf; et, dans cette espèce, le vaturel pourrait être différent de celui de nos autres Sylviinés. Celle-ci est d’un caractère craintif; elle fuit devant des Oiseaux tout aussi faibles qu’elle, et fuit encore plus vite et avec plus de raison devant la Pie-Grièche, sa redoutable ennemie; mais, l'instant du péril passé, tout est oublié, et, le moment d'après, notre Babillarde reprend sa gaieté, ses mouvements et son chant. C’est des ra- meaux les plus touffus qu’elle le fait entendre; elle s’y tient ordinairement couverte, et ne se montre que par instants au bord des buissons, et rentre vite à l’intérieur, surtout pendant la chaleur du jour. Le matin on la voit recueillir la rosée, et, après ces courtes pluies qui tombent dans les jours d’été, courir sur les feuilles mouillées et se baigner dans les gouttes qu'elle secoue du feuillage. La Babillarde garrule, type du genre, est celle qu'on entend le plus souvent, et presque inces- samment au printemps : on la voit aussi s'élever fréquemment d’un petit vol droit au-dessus des haies, pirouetter en l'air, et retomber en chantant une petite reprise de ramage fort vif, fort gai, toujours le même, et qu'elle répète à tout moment, ce qui lui a fait donner le nom de Babillarde. Outre ce refrain, qu’elle chante le plus souvent en l’air, elle a une sorte d’accent ou de sifflement fort grave, bjie, bjie, qu’elle fait entendre de l'épaisseur des buissons, et qu'on n'imaginerait pas sortir d'un Oiseau si petit. Ses mouvements sont aussi vifs, aussi fréquents que son babil est continu; c’est la plus remuante et la plus leste des Fauvettes. On la voit sans cesse s'agiter, voler, sortir, rentrer, par- courir les buissons, sans jamais pouvoir la saisir dans un instant de repos. Elle niche dans les haies, le long des grands chemins, dans les endroits fourrés, près de terre, et sur les touffes mêmes des herbes engagées dans le pied des buissons. … Au reste, elle se prive aisément; comme elle habite autour de nous dans nos prés, nos bosquets, nos jardins, elle est déjà familière à demi. Si on veut l'élever en cage, ce qu'on fait quelquefois pour la gaieté de son chant, il faut, dit Olina, attendre à l’enlever du nid qu'elle ait poussé ses plumes, et lui donner une baignoire dans sa cage; car elle meurt dans le temps de la mue si elle n’a pas la fa- cilité de se baigner : avec cette précaution et les soins nécessaires, on pourra la garder huit à dix ans en cage. (Burron.) Quoiqu'elle ne soit pas distinguée par son plumage, elle n'en est pas moins fort Jolie. Quelques tons claquetants, à peu près comme le bruit d’un moulin, lui ont fait donner, en Allemagne, le nom de petit Meunier; comme on les entend beaucoup plus distinctement que les autres, on croirait que c’est tout son chant; cependant le reste, à la vérité fort faible, est si doux, si varié, si mé- lodieux, qu'il surpasse sur ce point celui des autres Fauvettes. Tandis qu’elle chante de cette ma- nière à demi-voix, elle sautille et voltige continuellement dans les buissons: mais, lorsqu'elle vient au clap, clap, elle s'arrête fixe, et emploie toute la force de son gosier à prononcer cette syllabe. I faut donc, à cause de la faiblesse de sa voix, qu’elle soit seule dans la chambre si l’on veut jouir de toute la beauté de son chant; on ne peut dans ce cas posséder un Oiseau chanteur plus agréable; elle fait rarement entendre son cri d'appel. (Becusrein, Ois. de volière.) M. Sweet en avait élevé un qu'il avait pris dans le nid, et qui s'était si fort attaché à sa cage, qu'il ne voulait presque plus la quitter. Quand on en ouvrait la porte, il sortait vivement, se posait d'abord par terre, puis montait sur le haut de sa cage, et de là volait vers les autres cages qui se trouvaient dans la chambre, attrapant les Mouches au passage. Il mangeait ces Insectes dans la main ou buvait du lait dans une cuiller quand on l'y engageait. La moindre frayeur le renvoyait à sa cage, d’abord au haut, puis à la porte, puis dedans. M. Sweet suspendait souvent la cage hors de la fenêtre, avec l'Oiseau perché dessus, sans que jamais il essayat de s’en aller. Si une Mouche passait auprès de lui, il s'élançait en avant pour l'attraper, et revenait à sa cage avec sa proie; après y être resté assez longtemps, tantôt il rentrait de lui-même dans sa prison, tantôt il revenait dans la chambre se percher sur les cages des autres Oiseaux. Un autre chanteur hardi, et qui chante de tout cœur, est la Babillarde grisette : la chaleur du jour, qui fait taire tous les autres Oiseaux, ne lui impose pas silence; il continue sa cadence, ne se reposant que pour avaler quelques Pucerons sur les rosiers ou les chèvrefeuilles, ou bien une Mouche quand il peut en attraper, M. Sweet en avait un dans une cage; il dit que rien n'était plus amusant : ses OISEAUX. 203 mouvements étaient des plus drôles; il sautait, il voltigeait sans cese, dressant la crête, et chantant pendant tout le temps. M. Sweet le garda onze ans, et, au moment où il écrivait, il était en aussi bonne santé et chantait aussi fort que jamais; il assure que son chant était en même temps d'un éclat, d'une douceur et d'une variété incomparables Son caractère a beaucoup de rapport avec celui du Rossignol, c'est-à-dire qu'il ne souffre pas qu'on le surpasse. Gelui de M. Sweet luttait avec un Ros- signol placé dans la même volière; quand celui-ci élevait la voix, le Bec-Fin grisette faisait de même, et s’efforçait de faire taire son illustre rival. Quelquefois, au milieu de sa chanson, il s'avançait jus- qu'auprès du Rossignol, tendait le cou et sifflait de toute sa force en fixant les yeux sur le Rossignol, comme pour le défier. Si le Rossignol essayait de lui donner un coup de bec, il s’échappait à l'in- stant même, et se mettait à voler autour de la volière, toujours en chantant. (Rev. britan., 1841. Entr. du New Monthley Mag.) Fig. 249 et 243. — Babillarde de Ruppell. (Mâle et femelle.) BABILLARDE GARRULE. CURRUCA GARRULA. (Brisson.) Mäle au printemps. — Dessus de la tête et joues d'un cendré brun tirant sur le bleu; parties su- périeures d'un cendré gris; parties inférieures d’un blanc pur à la gorge, au devant du cou et au mi- lieu de l'abdomen, teint de roussâtre à la poitrine et vers l'anus, de gris lavé de roussâtre sur les flancs; ailes brunes, avec les couvertures bordées de cendré tirant sur le roux; queue colorée de même, avec la plume externe cendrée, terminée et bordée, en dehors, de blanc pur; la deuxième, quelquefois la troisième et même la quatrième, terminées parun petit liséré gris; bec noir; pieds bleu- de-plomb; iris noisette. Longueur totale, 0,13 à 0,1%. Est répandue dans les contrées tempérées de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. En France, on la rencontre surtout dans les départements méridionaux; elle est plus rare dans le Nord, où elle se mon- tre seulement de mai en août. Niche dans les taillis et les buissons (de groseilliers ou d’épine blanche, et dans les bois de sapin sur quelque jeune arbre de cette espèce); pond quatre ou cinq œufs, d’un blane roussâtre ou gris, avec des taches brunes et cendrées, répandues en plus grand nombre sur le gros bout que sur le reste de la coquille. Grand diamètre, 0,016; petit diamètre, 0",012. (Deccano.) 204 HISTOIRE NATURELLE, BABILLARDE ORPHÉE. CURRUCA ORPHEA. (Temminck, Brehm.) Mâle. — Tête, jusqu'au-dessus des yeux, d'un brun noir, dessus du cou et du corps d’un gris cendré olivâtre, avec quelques-unes des sus-caudales roussâtres; gorge et abdomen blancs, poitrine et flancs d'un rose très-clair; sous-caudales d'un roux clair; rémiges noirâtres, bordées de cendré brun; rectrices, la plus extérieure de chaque côté blanche sur les barbes externes et dans la plus grande étendue des barbes internes, avec la tige noire; toutes les autres rectrices noirâtres, la plu- part terminées de blanc; bec noir en dessus, jaunâtre en dessous; iris et pieds bruns. Longueur totale, 0%,17 environ. Est très-abondante en Provence, dans le Piémont, la Lombardie, la Dalma je; se trouve aussi, mais plus rarement, en Suisse, dans les Vosges, les Ardennes, le Dauphiné, en Belgique et dans le dépar- tement du Nord, où elle arrive en avril, et d’où elle repart en septembre. Elle se montrerait, selon M. Nordmann, dans le midi de la Russie. Elle se reproduit en petit nombre dans Le Boulonais et la Lorraine. On la trouve aussi dans la partie septentrionale de l'Afrique. Elle niche dans les haies et les buissons, sur des oliviers; construit négligemment un nid avec des brins d'herbe, des toiles d’Araignée, et de la laine; pond quatre ou cinq œufs, d’un blane sale lége- rement jaunâtre, avec des points et des taches bruns et gris. Grand diamètre, 0,019; petit diame- tre, 0®,015. (Deccanp.) BABILLARDE RAYÉE. CURRUCA NISORIA. (Gerbes.) Mûle. — Cendré brunâtre en dessus, avec chaque plume légèrement bordée de roussâtre, surtout au croupion; blanc pur à la gorge et au milieu du ventre; blanc ondulé de gris rembruni sur les flancs et les sous-caudales; ailes d'un cendré brunâtre plus clair que le dessus du corps, avec les pe- tites couvertures, quelques-unes des moyennes et des grandes, bordées de blanc et de gris roussâtre; queue également d’un cendré brunâtre, avec des raies transversales d'une teinte plus foncée sur les deux pennes médianes, visibles seulement sous un certain aspect, et des taches blanches à l'extrémité des autres rectrices; ces taches s'étendent sur les barbes internes et diminuent d’étendue sur cha- cune d’elles, en comptant de dehors en dedans, de manière que les troisième, quatrième et cin- quième n'offrent qu'une bordure plus ou moins étroite; bec brun, jaune à la base en dessous; pieds d’un brun clair: iris d’un jaune brillant. Longueur totale, 0®,17 à 0",18. Habite plus particulièrement le nord de l'Europe, l'Allemagne, quelques provinces de la Russie, la Suède et la Norwége, où elle est assez rare. À son passage d'automne, elle se montre en Provence, en Sicile, en Piémont et en Toscane. On la trouve aussi sur les côtes de la Barbarie et dans l'Asie occidentale. Niche dans les buissons. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs un peu ventrus, blancs ou blanchà- tres, quelquefois un peu gris, avec des points d’un gris foncé, et d’autres, plus nombreux, roussà- tres où d'un roux verdâtre. Grand diamètre, 0,024 à 0",029; petit diamètre, 0,016. (Drccann.) BABILLARDE GRISETTE. CURRUCA CINEREA. (Brisson.) Mäle en été. — Dessus de la tête et du cou cendrés; parties supérieures et joues d’un gris brun roussâtre; paupières et gorge blanches; poitrine et flancs d’un ceudré lavé de roux rosé; milieu de l'abdomen blanc; couvertures et pennes des ailes brunes, bordées de roux vif, à l'exception de la OISEAUX. 205 première rémige, qui est lisérée de blane en dehors; rectrices brunes, l’externe exceptée, qui est blan- châtre à la pointe sur les barbes externes et sur une partie des internes; celle qui fait suite a seule- ment à la pointe une légère tache blanchâtre; bec cendré; pieds couleur de chair; iris brun rous- sâtre. Longueur totale, 0,14 environ. Habite toute l'Europe, et est commune partout. Elle arrive dans les départements du nord de la France vers la fin de mars, et repart en septembre. Elle niche dans les taillis, les buissons, les broussailles et les colzas (assez près de terre, ou en- tre des racines au bord des eaux, ou même dans une touffe d'herbe); donne à son nid la forme d’une coupe, le construit d'herbes sèches, de laine et de crins, et pond de quatre à six œufs, d’un blanc grisâtre, plus ou moins glacé de verdâtre, et finement pointillé de cendré et de brun. Les points sont tantôt très-foncés et très-apparents, tantôt faibles et à peine distincts du fond de l'œuf. Grand dia- mètre, 0,018; petit diamètre, 0®,01%. (DEGLan.) BABILLARDE PASSERINETTE. CURRUCA PASSERINA. (Gerbes.) Mâle au printemps. — Parties supérieures d’un cendré couleur de plomb, nuancé de bleuâtre sur la tête, sur les côtés du cou et au croupion; gorge, devant du cou, poitrine et flancs, d’un roux plus ou moins foncé, tirant sur le marron à la gorge et sur les côtés de la poitrine; milieu de l'abdomen blanchâtre; un trait d’un blanc pur descendant de chaque côté du bec, en forme de moustaches, sé- pare le roux du cou du cendré bleuâtre des parties supérieures; ailes brunes, avec les couvertures et les rémiges bordées de roussâtre; rectrices également brunes, avec la penne externe de chaque côté blanche en dehors et en dedans dans le tiers inférieur de son étendue, les deux suivantes terminées seulement de blanc; bec brun, et rougeñtre à sa base en dessous; iris jaune; pieds couleur de chair. Longueur totale, 0",142 à 0®,13 environ. Elle habite l'Europe et l'Afrique. On la trouve assez abondamment en Algérie, en Égypte, en Sar- daigne, en Italie, en Dalmatie, en Silésie, et jusque dans les steppes de la Nouvelle-Russie et dans le Ghouriel. En France, elle est très-commune dans certaines contrées du Languedoc et de la Provence, où elle vit sédentaire. Elle niche sur les arbustes, les buissons, à peu de distance du sol; construit avec assez d'art un nid en forme de coupe, et pond quatre ou cinq œufs, d’un blanc cendré, avec des points d'un gris roussâtre, plus nombreux vers le gros bout, et à peine distincts de la couleur du fond. (Deczann.) BABILLARDE À LUNETTES. CURRUCA CONSPICILLATA. (Gerbes.) Mâle au printemps. — Dessus de la tête, du cou et joues, d’un cendré roussâtre plus ou moins prononcé; gorge blanche, nuancée de cendré inférieurement; le reste des-parties inférieures d’un roux rouge-de-vin, plus clair au milieu de l'abdomen; lorums et tour des yeux noirs; paupières blan- ches; ailes noirâtres, avec les couvertures largement frangées de roux vif, queue d’un brun foncé, avec les deux tiers inférieurs de la penne externe blancs; une petite et quelquefois une grande tache de même couleur à l'extrémité de la dernière penne et une petite sur la troisième; bec jaune sur les bords et à la base en dessous, noirâtre dans le reste de son étendue; pieds jaunâtres; iris brun. Longueur totale, 0",12 environ. Habite le midi de l'Europe; elle n’a été observée jusqu'ici qu’en Sardaigne, en Sicile, dans quelques contrées de l'Italie, en Espagne, et, en France, dans les départements méridionaux.… Elle niche sur les arbustes; construit, en forme de coupe et avec des herbes sèches très-menues, 206 HISTOIRE NATURELLE. un ma peu profond, et pond quatre ou cinq œufs d’un blane grisâtre, avec des points d'un gris rous- sâtre peu apparents et rapprochés vers le gros bout. Grand diamètre, 0",016; petit diamètre, 0®,011 à 0w,012. (Decrax ) BABILLARDE MÉLANOCEPHALE, CURRUCA MELANOCEPHALA. (Lesson ) Mâle. — Dessus de la tête noir jusqu'à la nuque et jusqu'au-dessous des yeux; dos gris foncé, tirant sur le roussätre: gorge, devant du cou, poitrine et ventre, d’un blanc tirant sur le grisâtre, et nuancé de brun roussâtre sur les parties latérales du corps; rémiges brunes, et bordées de roussätre; rec- trices noirâtres, l’externe blanche en dehors, un peu en dedans et à la pointe; sur la deuxième et quelquefois sur la troisième une tache de même couleur à l'extrémité; bec noirâtre en dessus et blan- châtre en dessous vers la base: bord libre des paupières d'un rougeâtre clair; pieds bruns; iris châtain. Longueur totale, 0°,135. Habite l'Afrique et les contrées les plus méridionales de l'Europe, telles que la Sicile, la Sardaigne, la Corse, la Toscane, la Dalmatie, les États romains, les départements les plus méridionaux de la France, où elle serait sédentaire, et le midi de l'Espagne. M. Nordmann dit qu'on la trouve dans la Bessarabie, sur les bords du Danube. Elle vivrait, dit-on aussi, dans l'Asie Mineure. Elle niche dans les buissons, sur les arbrisseaux, les arbres fruitiers, à peu de distance du sol: pond cinq ou six œufs, d'un gris roussätre, avec de petits points fauves ou d’un roux olivätre, plus rapprochés au gros bout, et peu sensibles. Grand diamètre, O%,OL8 à 0w,019; petit diamètre, 0,015 à 0%,014. (Deccann.) BABILLARDE DE RUPPELE. CURRUCA RUPPELLII. (Ch. Bonaparte.) Mâle au printemps. — Dessus de la tête noir; dessus du eou et du corps gris foncé; gorge et de- vant du cou d’un noir pareil à celui du vertex; dessous du corps blanc, avec une teinte rose au milieu de l'abdomen, et une autre cendrée sur les côtés; joues d'un cendré foncé, avec une bande blanche qui des commissures du bec se rend sur les côtés du cou et encadre le noir de la gorge; ailes d'un brun noirâtre, avec les grandes couvertures lisérées de gris blanchätre; les huit rectrices médianes noires; la plus externe, de chaque côté, blanche, marquée d’une petite tache noire à la base, la deuxième noire, avec une grande tache blanche à l'extrémité, bec noir, blane à la base de la mandi- bule inférieure; pieds bruns. (TEMMINCK.) Habite les bords de la mer Rouge et du Nil, dans les localités boisées, et se montre en Grèce, où elle a été tuée plusieurs fois. Propagation, mœurs et régime, inconnus. 4e GENRE. — PITCHOU. MELIZOPHILUS. (Chenu et 0. Des Murs, Leach.) Mao, moduler, chanter; gtto, j'aime. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec relativement allongé, de la longueur de la tête, échancré à la pointe de la mandibule su- périeure. Narines basales, ellipsoïdales. Fig. 1 — Falco rufinus. Fig. 2. — Chlamidera nuchalis. Vi, 55 OISEAUX. 207 Ailes ne dépassant pas de beaucoup la base de la queue, subobtuses; {a première rémige un peu plus courte que la sixième, les troisième et quatrième égales, les plus longues. Queue longue, étroite, étugée. Tarses de la longueur du doigt médian; ongles très-minces, le postérieur le plus gros de tous. Fig. 24% — Melizophilus Sarda. Fig. 245. — Melizophilus Sarda. Ce genre ne renferme que deux espèces propres à l'Europe méridionale. C’est sur les coteaux semi-arides, couverts de bruyères, de genêts et dans les landes où croissent les ajones, qu'on les rencontre. Elles sont vives, pétulantes, et tiennent constamment la queue relevée. soit qu'elles perchent, soit qu'elles courent à terre. Elles se tiennent presque toujours cachées dans le plus épais d'une broussaille ou des arbustes qu'elles fréquentent. Leur vol est bas, et s'exécute par soubresauts. Leur nourriture consiste principalement en Insectes et en baies. (Decranp.) PITCHOU DE PROVENCE. MELIZOPHILUS PROVINCIALIS, (Ch. Bonaparte.) Mâle en été. — Parties supérieures d'un cendré tirant au bleuâtre à la tête et sur les côtes du cour, à l'olivâtre au dos et aux ailes; parties inférieures d'un roux ferrugineux foncé, avec quelques petites taches blanches à la gorge, et le milieu de l'abdomen d’un blanc argentin; ailes noirâtres, lisérées de roussâtre sur toutes les couvertures supérieures; queue brune, avec la penne externe bordée en dehors, et terminée de blanc; bec brun en dessus, jaunâtre en dessous; paupières jaune-orange; pieds et iris jaunâtres. Longueur totale, 0,135. Habite particulièrement le midi de la France, l'Espagne, l'Italie, où il est sédentaire. Il a été ob- servé en Dauphiné, en Anjou, en Bretagne, et se montre accidentellement de passage dans nos dé- partements septentrionaux et en Angleterre. . Il niche dans les buissons, les haies, à peu de distance du sol; construit, avec assez d'art, un nid en forme de coupe; le compose d'herbes sèches au dehors, de liane et de crins au dedans; et pond quatre ou cinq œufs, d'un gris pâle ou d’un blanc grisâtre un peu jaune, avec de petits points roux, rougeâtres où bruns, peu apparents et très-rapprochés vers le gros bout de l'œuf, où ils forment quelquefois une couronne. (Deccanp.) PITCHOU SARDE. MELIZOPHILUS SARDA, (Gerbes.) Müle. — Gendré noirâtre en dessus, plus foncé au front et près des yeux, plus clair à li nuque, aux côtés et au devant du cou; brun roussâtre sur les côtés du corps; blanchâtre teint de vineux au milieu de l'abdomen; pennes des ailes et de la queue noirâtres; rectrices externes, de chaque côté, bordées et terminées de blanc, les autres lisérées de gris verdâtre, bec noirâtre en dessus, jaunâtre en dessous, vers la base; bord libre des paupières rouge; pieds jaunâtres. Longueur totale, 0m,135. 208 HISTOIRE NATURELLE. Cette espèce n’a encore été trouvée qu'en Sardaigne, en Corse et en Sicile. Elle niche sur les arbrisseaux, à peu de distance du sol; construit, assez artistement, un nid pro- fond, et pond de quatre à six œufs, d’un blanc sale, un peu jaunâtre, avec des taches grises et rougeâtres, très-rapprochées au gros bout. Grand diamètre, 0,016; petit diamètre, 0,012 (Deccann.) dv GENRE. — HIPPOLAIS. HIPPOLAIS. (Brehm.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-large à la base, déprimé dans toute son étendue; mandibule supérieure légèrement échan- crée à son extrémité, renflée, à arête peu saillante; bord des deux mandibules droits. Narines ovales. Ailes assez allongées, subaiguës. Queue égale. l'arses plus longs que le doigt médian; doigts grêles; ongles faibles, celui du pouce moins long que ce doigt. Fig. 246 — Hippolais Fig. 247. — Hippolars. Ce genre, synonyme des genres Muscicapoides, Sélys-Longchamps; Chloropeta, Smith; Phillo- pneuste, Gray, et Ficedula, Schlegel, renferme six espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont cinq propres à l'Europe. Les Hippolais ont été longtemps confondus avec les Fauvettes vraies, dont ils différent cependant par leur bec large et déprimé, comme celui du Gobe-Mouche. Cest à M. Gerbes que lon doit depuis peu et la détermination des espèces et la composition du genre. Les Hippolaïs sont des Oiseaux querelleurs, hargneux, et sans cesse en mouvement: ils fréquentent les bosquets, les lisières des bois, les jardins; leur chant est des plus variés. Ils ont le talent de l'i- mitation, et s’approprient le ramage des autres Oiseaux. Leur nourriture consiste principalement en Insectes ailés, qu'ils saisissent quelquefois très-adroitement au vol; à la fin de l'été, ils mangent aussi des baies et des fruits. Ils font leur nid avec beaucoup d'art. La mue est simple. Le mäle et la femelle portent le même plumage. Les jeunes différent peu des adultes. (DEGLann.) L'une d'elles, l'Hippolais ictérine, aime les bosquets humides, rapprochés de l'eau, et notamment les saussaies. Cependant, elle est aussi très-commune sur les collines sèches et rapides des environs de Liége, qui sont plantées de vignobles et d'arbres fruitiers. Les plus petits jardins de l'intérieur de la ville en possèdent un nid chaque année, et, pendant les mois de mai, juin et juillet, le mâle fait continuellement eutendre un chant très-varié et assez fort, qui a quelque rapport avec celui de la Verde- rolle (Calamo herpe palustris), mais qui en diffère surtout en ce qu'il est plus vif et plus gai. Il imite aussi celui du Verdier, le cri d'appel de l'Hiroudelle de cheminée et un peu ceux du Loriot et de la Pie-Grièche rousse. Le cri de rappel ressemble un peu au hüt des Pouillots, mais il est plus fort. Cet Oiseau aime la chaleur, et passe sans doute l'hiver dans des contrées très-méridionales, car le LS OISEAUX. 209 départ a lieu de fort bonne heure, en août, et ceux que l’on conserve en captivité se montrent frileux. J'ai remarqué, en effet, qu'on ne le trouve pas ou presque pas dans les parties boisées et monta- gneuses situées entre la Meuse et la Prusse, dont le climat, à cause de l'élévation du sol, est plus froid. Il n'existe pas non plus en Angleterre, quoiqu'il se trouve dans les Flandres et l’Artois. L’Ictérine saisit les Insectes au vol à la manière des Gobe-Mouches. C’est un Oiseau querelleur, courageux, sans cesse en mouvement, excepté lorsqu'il chante, et alors il choisit ordinairement une branche élevée au-dessus de l'endroit où se trouve le nid. (De Sécys-Loxccnanrs, Revue Zoologi- que, 1847.) L'Hippolaïis lusciniole ou polyglotte se tient, durant l'époque de la reproduction, dans l'épaisseur des taillis, des buissons; à son arrivée et au moment de son départ, on la rencontre sur les ar- bustes des prairies qui avoisinent les rivières. Elle est très-querelleuse, acariâtre, farouche, et se . laisse difficilement approcher. Son cri d'inquiétude a, suivant M. Hardy, du rapport avec celui de la Mésange. « C’est du fond des buissons, ou sur les branches les plus élevées, et quelquefois sur un arbre voisin, dit M. Millet, que le mâle, depuis son arrivée jusqu’à la fin de juin, se plaît à faire en- tendre son chant, qui ne manque pas d'agrément, et qui peut, il nous a semblé, pouvoir être énoncé ainsi : ptiro phroux, ptiro pliro ptiroux; ces différentes syllabes, longuement répétées et vivement exprimées sur des tons différents, sont précédées de deux ou trois sons flütés : tret, treü, tre, ou bien ceux-ci : tri, tri, trüi. Outre ce chant, qui est celui d’allégresse, on lui connaît encore un petit bruissement ou murmure : bre, re, re, re, qui, quoique moins prolongé, ressemble beaucoup à celui du Moineau, bruissement qu'il ne fait entendre que lorsqu'il est agité de quelque crainte. Bientôt après l'avoir proféré, le mäle monte à l'extrémité du buisson qui le cachait, ou bien sur un petit arbre voisin, afin de mieux reconnaitre le danger, et fuit ensuite avec sa femelle. » HIPPOLAIS LUSCINIOLE. HIPPOLAIS POLYGLOTTA. (De Sélys-Longchamp.) Müle en été. — Parties supérieures d’un cendré olivâtre, nuancé de vert jaunâtre au croupion et aux sus-caudales; parties inférieures d’un jaune serin tendre, lavé d’un peu de gris sur les côtés de la poitrine et sur les flancs, lorums et tour des yeux d’un jaune clair; région parotique comme le dessus et les côtés du cou; couvertures et pennges alaires brunes, bordées d'olivâtre; rectrices égale- ment brunes, lisérées de gris verdâtre; bec brun verdâtre en dessus, livide jaunâtre en dessous; pieds bleuâtres, avec Les doigts jaunes en dessous; iris brun foncé. Longueur totale, de 0,12 à 0,13. Commune dans le midi de la France; se trouve en assez grand nombre dans les environs de Dieppe; se rencontre parfois en Belgique. Niche dans les bois, les taillis, sur les arbustes, les grandes plantes et dans les haies; en Pro- vence, selon M. Gerbes, elle nicherait souvent sur les vignes, les amandiers et les branches basses du chêne blanc. Son nid, artistement construit en forme de coupe, est composé, en dehors, avec des tiges d'herbes sèches, de toiles d'Araignées, de laine, et en dedans avec du duvet cotonneux de di- verses plantes, de coques de chrysalides, d'herbes fines et de quelques crins. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d’un rose violet, avec de grands et de petits points brunâtres ou noirs, assez rares, et quelques traits irréguliers de même couleur. Grand diamètre, 0,018 à 0m,019; petit dia- mètre, 0",013. (DeccanD.) HIPPOLAIS ICTERINE. ÆIPPOLAIS ICTERINA. (Vieillot, Gerbes.) Mâle et femelle en été. — D'un gris olivâtre en dessus, d’un jaune un peu clair en dessous, avec les flancs très-légèrement lavés de cendré; lorums, tour des yeux, également d’un jaune clair, région parotique gris olivâtre; couvertures et pennes des ailes brunes, les premières bordées de gris olivä- tre: les rémiges primaires bordées de même, et les secondaires de blanc jaunâtre; rectrices brunes o® 27 + 210 HISTOIRE NATURELLE. en dessus, grises en dessous, frangées de gris verdâtre, la plus latérale, de chaque côté, d'une teinte moins foncée que les autres; bec brun clair, avec le dessous des doigts jaune; iris brun foncé. Longueur totale, 0",135. Habite le nord et le midi de la France, la Belgique, l'Autriche, les États sardes, la Ligurie. Niche sur les arbustes, souvent sur les lilas, dans les bosquets, les vergers, et même dans les jar- dins de nos villes. Son nid, construit avec beaucoup d’art, en forme de coupe, a la plus grande res- semblance avec celui de la Lusciniole. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs, d’un rose violet ou lilas, avec des points et des taches rondes, noires, plus espacées que sur ceux de espèce précédente, et sans traits irréguliers. Grand diamètre, 0",019; petit diamètre, 0®,015. (DecLann.) HIPPOLAIS DES OLIVIERS. HIPPOLAIS OLIVETORUM. (Strickland, Gerbes.) Mûle et femelle. — Parties supérieures, côtés de la tête et du cou, d’un gris brun tirant sur l'oli- vâtre, à peu près comme chez la Babillarde garrule; parties inférieures d’un blanc sale, tirant au jaune d'argile à la poitrine et à l'abdomen, et au gris jaunâtre sur les flancs; sous-caudales d'un blane terne, tacheté longitudinalement de blanchâtre; bord libre des paupières garni de quelques petites plumes blanches; raie souréilière étroite et jaunâtre; ailes brunes, à reflets grisâtres, avec les petites couvertures bordées de grisätre, les autres et les rémiges bordées de blanc; rectrices également bru- nes, à reflets grisâtres, avec la plus externe de chaque côté terminée de blanc, et les deux ou trois suivantes terminées par un liséré de cette couleur; bec brun de corne pälie, avec les bords des man- dibules d’une teinte plus claire; pieds d’un brun noirätre. Longueur totale, 0®,016. (Drcrann.) 6 Découverte d’abord en Grèce et dans les îles ioniennes: paraît se trouver aussi dans la partie occi- dentale de l'Asie. l'réquente ordinairement les vergers d’oliviers; niche même très-souvent sur ces arbres. Son nid, que nous avons reçu directement de Grèce, est un peu plus grand que celui des Hippolaïs lusciniole et ictérine, a la même forme, est à peu près composé des mêmes éléments à l'extérieur; l'intérieur est fortement matelassé de duvet cotonneux de certaines plantes; les œufs, au nombre de quatre, sont également plus forts que ceux des espèces précédentes; ils ont la même couleur lilas plus claire, et sont marqués irrégulièrement de petits points assez nombreux ct de quelques autres plus gros, noirâtres ou noir de sang figé. Grand diamètre, 0",020 à 0,021; petit diamètre, 0",015. HIPPOLAIS GRECQUE. HIPPOLAIS ELÆICA. (Lindermayer, Gerbes.) Parties supérieures d’un gris olivâtre clair, lavé de brun au dos; parties inférieures d'un blanc Jjaunâtre pâle, surtout à la gorge et aux sous-caudales, avec la poitrine et les flancs nuancés de gris brunâtre; région parotique d’un brun olivâtre, lavé de jaunâtre; joues d'un blanc jaunâtre; lorums et raie sourcilière d’un gris jaunâtre terne; ailes d’un brun grisâtre, avec les couvertures bordées de gris roussâtre, et les rémiges de grisâtre clair; queue d’un brun grisätre, avec la penne externe de chaque côté d'un gris roussâtre clair sur les barbes externes; bec brun en dessus, jaune orange en dessous; tarses bruns, glacés de jaunâtre. Longueur totale, 0m,12 à 0,13. N'a été observée jusqu'ici qu'en Grèce. (DEcrann.) On la trouve, comme la précédente, sur les coteaux, dans les vergers d'oliviers, sur lesquels elle niche aussi quelquefois. Son nid est, comme celui de cette dernière, garni, à l'intérieur, de duvet co- tonneux. Ses œufs, que nous avons reçus, avec le nid, de Grèce, sont d'un gris rosätre lilas, avec OISEAUX. 211 des points clairsemés d’un brun noir ou noir de sang caillé, dont quelques-uns assez gros. Grand diamètre, 0,017; petit diamètre, 0",014. Ge sont, comme on le voit, les plus petits des œufs d'Iip polais. HIPPOLAIS BLAFARDE. HIPPOLAIS PALLIDA. (Z. Gerbes.) Cette espèce, que M. J. Gerbes a fait connaître tout récemment (avril 1859), diffère des quatre au- tres par les caractères suivants : Sous le rapport de la taille, elle diffère peu des Æ. icterina et lusciniola; sous celui des couleurs, elle ressemble beaucoup à l'H. elæica; mais elle se distingue de ces trois espèces par un bee qui est presque aussi long que celui del’. olivetorum, quoique l'Oiseau ait une taille bien moins forte; par une queue plus étendue; par des tarses sensiblement plus allongés; par la longueur notablement plus grande de l’ongle du pouce et de la première rémige, et par la distance qui existe entre l'extrémité des sus et sous-caudales et la pointe des rectrices. Elle diffère encore des Æ. icterina et polyglotta par des couleurs beaucoup plus pâles, par un li- séré blanchâtre qui occupe le bord interne des deux rectrices les plus latérales de chaque côté, et par la forme arrondie que présente la queue à son extrémité. Quant à l'A. olivetorum, elle s’en distingue trop, et par la taille, et par la longueur de l'aile, et même par la coloration, pour qu'on puisse la confondre avec elle. Habite l'Espagne. (Gerges, Rev. Zool., 1852.) F4 D . D Meuaxiame (e SU EE eutivostres Percheuts. 0 Nos Dentirostres percheurs se composent d'Oiseaux presque exclusivement insectivores, vivant av milieu des bois, des forêts ou des buissons, et renferment les tribus suivantes : 1° Muscicapidés; 2° Tyrannidés; 3° Ampelidés; 4° Tanagridés; 5° Oriolidés; 6° Laniidés; pour lesquelles on pourrait à la rigueur adopter, mais nominalement seulement, la division créée, en 1858, par M. De La Fresnaye, pour ses Passereaux dentirostres : 1° Dentirostres à bec déprimé; 2° Dentirostres à bec comprimé. Dans ce système, le premier de ces groupes comprendrait nos trois premières tribus (comme Dentirostres depressi), et la seconde, les trois dernières (comme Dentirostres compressi). a 219 HISTOIRE NATURELLE. PREMIÈRE TRIBU. — MUSCICAPIDÉS. Il est peu de tribus ornithologiques dont les familles et les genres aient été plus généralement con- fondus avec d’autres que celle des Muscicapidés proprement dits, c’est-à-dire des Oiseaux qui font leur principale nourriture de Mouches ou d'Insectes qu'ils attrapent au vol, soit en les attendant dans les embuscades pour s’en saisir lorsqu'ils passent à leur portée, soit encore en les poursuivant, comme les Pies-Grièches le pratiquent à l'égard des petits Oiseaux ou des Insectes dont elles se nour- rissent. Aussi, dit Le Vaillant, se trouve-t-il dans toutes les descriptions des genres de ces Oiseaux, quoique très-nombreux en espèces, une quantité considérable d’autres Oiseaux, tels que des Pipits, des Figuiers, des Traquets, des Fauvettes; enfin beaucoup d'espèces à becs plus où moins fins, plus ou moins aplatis, qui tous ont souvent été donnés sous le nom de Gobe-Mouches (ou Muscicapidés), tandis qu'ils appartiennent à des genres (et à des familles) très-différents… Les Muscicapidés sont bien caractérisés par un bec plat qui s’élargit beaucoup à sa base, et dont la mandibule supérieure, d’une forme triangulaire, est partagée dans le milieu de sa longueur par une vive arête saillante qui, se prolongeant jusqu'au bout, ÿ forme un petit croc….. Les plumes du devant de la tête descendent aussi fort bas sur le bec, et couvrent en partie les narines, qui elles- mêmes sont placées fort avant, ce qui donne à ces Oiseaux l'air d’avoir un front très-allongé. Les bords des deux mandibules sont armés de longs poils roides; je dis armés puisqu'ils sont, en effet, à ces Oiseaux, du plus grand secours dans la chasse qu’ils font aux Mouches. Ces poils garnissant la base des deux mandibules, et se prolongeant obliquement en avant, ceux de la mandibule supérieure se dirigeant en bas, pendant que ceux de l'inférieure remontent en sens contraire, il résulte néces- sairement que, lorsque l’Oiseau ouvre son bec, ces poils se croisent et forment un réseau qui ferme les côtés de la bouche; de manière qu’en poursuivant une Mouche il suffit que celle-ci se trouve en- gagée dans un des points de la plus grande ouverture du bec de l'Oiseau pour qu'en continuant sa direction elle soit forcée de s’engloutir comme dans un entonnoir, ne pouvant s'échapper d'aucun côté une fois qu'elle à passé jusqu'où aboutissent les poils qui en défendent la sortie par là. Mais il arrive souvent que, lorsque l'Oiseau ferme son bec pour happer la Mouche qu'il poursuit, celle-ci s’est dirigée un peu sur les côtés, et se trouve seulement engagée entre le bec et ces poils: malgré cela, elle échappe rarement à l'Oiseau chasseur, qui, rouvrant son bec et donnant un coup de tête du côté de la Mouche, la prend avant qu’elle ait pu se dégager des liens qui la retiennent, et dans lesquels on l'entend se débattre comme dans une toile d’Araignée dans laquelle elle se serait trouvée prise. Les coups de bec que donnent ces Muscicapidés en fermant leur bouche s'entendent très-distincte- ment à plus de deux cents pas de distance quand Pair est calme. On trouve dans ces Oiseaux le même naturel sauvage que l'on observe dans les Pies-Grièches pro- prement dites : comme elles, ils sont querelleurs et vindicatifs; ils se fixent aussi dans un canton d'où ils exeluent, autant que leurs forces le leur permettent, non-seulement tous autres Oiseaux qui vivent d'insectes, mais ils n’y voient pas même passer un individu de leur propre espèce sans se mesurer avec lui et sans chercher à le chasser du domaine qu'ils ont choisi, et dont ils ne s’éloi- gnent pas beaucoup eux-mêmes. Ils le choisissent dans les clairières d'arbres isolés, et se perchent sur les branches les plus à découvert, d’où ils guettent les Mouches et les Insectes qui passent à leur portée. On reconnait aussi dans tous les Muscicapidés l'attitude droite et perpendiculaire, non-seu- lement des Pies-Grièches, mais de tous les Oiseaux carnivores, et généralement de tous ceux qui se tiennent longtemps perchés à la même place pour y attendre leur proie. Les Muscicapidés ont, enfin, le tarse plutôt court que long, les ongles crochus et très-acérés, et la plante du pied large; ils ont de grands yeux vifs et très-clairvoyants, à ce qu'il parait, pour qu'ils aperçoivent les plus petits Insectes à de très-grandes distances. BNaturellement très-farouches, ils se laissent difficilement approcher quand ils ont une fois reconnu le chasseur qui les poursuit. Il est à remarquer que ces Oiseaux mont aucun chant, et ne produisent que des cris aigres ou plaintifs.… OISEAUX. 213 … Nous remarquerons encore qu'il est peu de tribus aussi nombreuses en espèces que celle des Muscicapidés, et qui offrent en même temps de plus grandes variations dans leurs conformations par- ticulières; puisque non-seulement il s’en trouve qui ont des huppes extraordinaires, mais qu'ils of- frent beaucoup de variétés dans les formes de leurs queues. Nous voyons, en effet, des Muscicapidés à queue carrée; d’autres à queue étagée, comme celle de notre Pie; plusieurs espèces portent des queues à deux longs filets dans le milieu, comme celles de quelques Psittacidés; d’autres ont des queues fourchues comme nos Hirondelles, tandis qu'il en est qui portent des filets de chaque côté de la queue, comme certains Rolliers, ete. Enfin, toutes les formes de queue que la nature a départies entre tous les autres Oiseaux, en général, se trouvent réunies dans la seule tribu de ces Muscivores. (LE VaiLLanr.) Cette tribu a été créée, sous le titre de famille, en 1827, par Swainson, qui, sans avoir égard à aucune distribution géographique, la composait de cinq sous-familles : 1° Querulinæ; 29 Psarianæ; 3° Fluvicolinæ; 4° Muscicapinæ; d° Eurylaimine. Lesson, en 1831, y comprenait trois genres ayant la valeur des sous-familles de Swainson, puis- que la plupart de ces genres sont subdivisés en sous-genres : 1° Tyran (Tyrannus), Brisson; 2° Platyrhynque (Platyrhynchos), Desmarest; 3° Gobe-Mouche (Muscicapa), Linné. M. De La Fresnaye, en 1838, les divisait d'abord en deux grandes familles : 1° Gobe-Mouches sylvains (Muscicapidæ sylvancæe); 2 Gobe-Mouches riverains (M. ripariæ); 3° Gobe-Mouches humicoles ou Traquets (M. humicolinæ où Saxicolidæ); puis il subdivisait la première en : 1° Gobe-Mouches sylvains omnivores (M. sylvancæ omnivoræ): 2% Gobe-Mouches sylvains muscivores (M. sylvancæ muscivoræ); cette dernière renfermant deux sous-familles : 4° Tyranninæ (entièrement américaine); 2% Muscicapineæ (toutes de l’ancien continent). M. Gray a formé ses Muscicapidæ des sous-familles suivantes : 1° Querulinæ; 9% Alectrurincæ; 3° Tyranninwæ; 4 Tityrine; d° Muscicapincæ; 6° Vireonine, que M. Ch. Bonaparte a réduites purement et simplement aux deux dernières, renvoyant les quatre premières dans sa famille des T'odide. Tout récemment, en 4850, le savant directeur du musée de Dresde a divisé ses Muscicapinæ, qui ont la valeur de notre tribu, en six sous-familles dans l'ordre et sous les noms que voici : 1° Muscicapinæ fluvicolinæ; 2 M. gennineæ; 3° ML. tyranninæ; 214 HISTOIRE NATURELLE. 4° Muscicapinæ muscipetinæe; 5° M. platyrhynchinæ; 6° M. campephagine. Quant à nous, nous ne comprenons la tribu des Muscicapidés que comme coupe géographique, et s'appliquant exclusivement, ainsi que nous l’avons déjà dit, aux Oiseaux viveurs de Mouches de l’an- cien continent, réservant tous ceux du nouveau pour la tribu à laquelle nous donnerons le titre de Tyrannidés, du nom de l'un des genres américains le plus nombreux. Mais, quelques efforts que nous ayons faits pour restreindre nos Muscicapidés dans le cadre et les limites adoptés par les auteurs, entre autres par M. Ch. Bonaparte, nous nous trouvons avoir quatre familles à y introduire, ne pouvant nous décider à en retirer les Drougos et les Langrayens. Dans cette manière de voir, nos Muscicapidés se composeront ainsi qu'il suit : 1° Muscicapinés, 2° Pachycéphalinés; 3° Artaminés; 4° Dicrurinés. PREMIÈRE FAMILLE. — MUSCICAPINÉS. Cette famille se distingue par un bec généralement déprimé à la base, avec un caractère de dé- pression tellement prononcé, que toute la portion cornée vue en dessus présente la forme d’une lan- cette plus ou moins aiguë à sa portion apicale. Un second caractère est celui de la présence, à la base mandibulaire, sur les bords supérieurs de cette base les plus rapprochés de la commissure, de poils nombreux généralement allongés et assez roides. Swainson, créateur de cette coupe ornithologique, la composait des genres : 1° Rhipidura, Nigors et Horsfield; 8° Platysteira, Jardine et Selby: 2° Monacha, Vigors et Horsfield; 9 Cryptolopha, Swainson,; 5° Megalophus, Swainson:; 10° Muscipeta, Cuvier; 4° Gonophage, Vicillot; 11° Myiagra, Vigors et Horsfield: 5° Platyrhynchus, Desmarest; 12° Muscicapa, Linné; 6° Todus, Linné; 13° Hyliota, Swainson. 7° Lepturus, Swainson; Lesson, dont le grand genre Muscicapa représente assez exactement cette famille, le subdivisait, en 4831, en vingt-six sous-genres dans l’ordre suivant : 1° Todirostre (Todirostrum), Lesson; 2e Moucherolle (Muscipeta), Lesson; 3° Muscivore (Muscivora), Lesson; 4° Bias (Bias), Lesson; 5 Tchitrec (T'chitrea), Lesson; 6° Gobe-Vermisseau (Vermivora), Lesson; 7° Yétapa (Yerapa), Lesson; 8° Gallite (Alectrurus), Vieillot; 9° Gobe-Manassins (Muscipipra), Lesson: 10° Arsès (Arses), Lesson; 412 Acis (Acis), Lesson; OISEAUX. 215 12° Ada (Ada), Lesson; 15° Arreng (Arrengu). esson; 44° Drymophile (Drymophila), Temminck; 15° Miro (Miro), Lesson; 16° Vrais Gobe-Mouches (Muscicapa); 17° Moucherolles sylvies (Muscylva), Lesson; 18° Moucherolles cymbides, Lesson; 49° Rhipidure (Rhipidura); 20° Gobe-Moucherons (Musciphaga), Lesson: 21° Moucherolles cymbopes, Lesson:; 22° Moucherolles paroïdes (Paroides), Lesson; 25° Sétophage (Setophaga), Swainson; 24° Moucherolles motacilles, Lesson; 25° Moucherolles laxies, Lesson; 26° Moucherolles brévicaudes (Conophaga). M. De La Fresnaye n’a admis dans ses Muscicapinæ que les genres suivants, tous de l'ancien continent : 4° Dicrurus, Vieillot; 7° Muscipeta; 2 Drymophila, Temminck; 8° Tchitrea; 3° Monacha; 9° Muscicapa; 4 Rhipidura; 10° Petroica, Swainson; 5° Seisura, Nigors et Horsfield; 11° Platystera; 6° Myiagra; 12° Hyliota. M. Gray, combinant les trois systèmes tout en se restreignant, à peu de chose près, au même genre que Swainson, y a fait figurer les genres : 1° Conopophaga; 8° Monarcha ; 2% Platyrhinchus; 90 Seisura ; 3° Platysteira; 10° Myiagra ; 4 Todirostrum; 11° Hemichelilon, Hodgson: 9° Muscivora ; 12° Muscicapa ; 6° Rhipidura; 15° Niltava, Hodgson; 7 Tchitrea; 1% Setophagu, parmi lesquels apparaissent deux genres nouveaux : Hemichelidon et Niltava. Enfin, M. Ch. Bonaparte, dans son Conspectus (avril 1850), fait entrer dans ses Muscicapineæ les genres suivants : 1° Culicivora; 15° Myiagra ; 92 Stenostira, Gabanis; 16° Micræca, Gould; 3° Muscicapula, Blyth; 17° Henuchelidon ; 4° Hemipus, Hodgson: 18° Plaiystira; 5° Muscicapa ; 19° Smithornis, Ch. Bonaparte; 6° Butalis, Boire: 20° Cholidornyx, Hodgson; 7° Erythrosterna, Ch. Bonaparte; 21° Rhipidura ; 8° Dimorpha, Hodgson:; 22% Leucocerca, Swainson; 9 Anthipes, Blyth; 29° Ceisura ; 10° Hyliota ; 24° Piexorhynchus, Gould; 11° Niltava; 25° Pycnosphrys, Stricktand; 12° Ochromela, Blyth: 26° Philenthoma, Eyton; 13° Cyornis, Blyth; 27° Muscipeta; 1% Hypothymis, Boié; 28° Monarcha; 216 HISTOIRE NATURELLE. 29° Arses; 32° Culicipota, Blyth; 30° Xanthopygia, Blyth; 39° Chasiempsis, Cabanis; 31° Cryptolopha; en tout, trente-trois genres. Nous réduisons ces genres aux suivants : 1° Gobe-Mouche (Muscicapa); 9° Rhipidure (Rhipidura); 2° Érythrosterne (Erythrosterna); 10° Seisure (Seisura); 9° Hyliote (Hyliota); 11° Pycnosphrys (Pycnosphrys): 4° Niltava (Niltava); 12° Tchitrec (Muscipeta); »° Myiagre (Myiagra); 15° Monarque (Monarcha); 6° Micræca (Micræca); 14° Arsès (Arses); 7° Hémichelidon (Hemichelidon) 15° Chasiempsis (Chasiempsis); 8° Platysteire (Platysteira); 1 GENRE. — GOBE-MOUCHE. MUSCICA PA. (Linné.) Preneur de mouches. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec moins long généralement que la tête, trigone, garni de soies longues et roides, déprimé à sa base, comprimé vers la pointe, qui est courbée et échancrée. Narines basales, ovoides, couvertes en partie par quelques poils dirigés en avant. Ailes allongées, assez pointues, subobtuses, à penne bâtarde dans quelques espèces: la première rémige courte; la seconde n'atteignant pas tout à fait la troisième, celle-ci avec la quatrième les plus longues. Queue médiane, échancrée. Tarses de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts courts, les latéraux égaux, l'externe soudé à la base, le pouce long et fort; ongles assez longs, courbés et aigus : celui du pouce le plus grand. Fig 249. — Muscicapa albicollis. Ce genre, synonyme du genre Ficedula, Brisson, embrasse les genres Butalis, Boié; Erythro- sterna de M. Ch. Bonaparte, Muscicapula de Blyth, et Hyliota de Swainson; il renferme près de soixante-dix espèces de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, dont quatre d'Europe, et une grande quan- tité de nominales ou douteuses. Il correspond à la seconde division des Gobe-Mouches de Le Vaillant, qui en résumait ainsi les mœurs et les caractères zoologiques à la suite de la première division, composée de ses Gobe- Mouches à longue queue. La forme du bec, qui chez les Oiseaux détermine les facultés, et dont la structure influe si puis- samment sur leurs habitudes naturelles, se trouve ici bien moins large, à sa base surtout; les mandi- Lis. 4 — Estrelda bella — Seisura OISEAUX. 217 bules manquent aussi de cette ample garniture de longs poils qui, en fermant les côtés de la bouche des Gobe-Mouches proprement dits, empêchent les Insectes de s'échapper par là lorsque ces Oiseaux les saisissent en les poursuivant dans leur vol rapide. Il arrive cependant aux Gobe-Mouches de cette seconde division d’essayer aussi de prendre les Insectes ou les Mouches pendant qu'ils volent; mais la nature, qui ne les a pas destinés à cette habile manière de chasser, leur ayant refusé les attributs nécessaires pour y parvenir complétement, on leur voit presque toujours manquer leur proie. Nous avons observé que les vrais gobeurs de Mouches vivent isolés; qu'ils demeurent dans les forêts; qu'ils se perchent sur le sommet des grands arbres, et qu'ils y construisent leurs nids. Ceux-ci fréquen- tent, au contraire, les lieux plus découverts; se rencontrent souvent en plaine, sur les buissons, dans l'épaisseur desquels ils nichent aussi; et si parfois on les voit dans les forêts, on les trouve sur les arbres les plus bas, descendant sur les taillis et les arbrisseaux pour y faire la recherche des Che- nilles, des œufs et des chrysalides de Papillons, ainsi que des petits Insectes qui s’attachent aux bran- ches et sur tes feuilles. Cette manière de vivre, plus laborieuse, répand sur le naturel de ces Oiseaux plus de douceur, plus d’attachement les uns pour les autres, et plus de sociabilité, enfin; car on les aperçoit souvent plusieurs réunis dans le même buisson, cherchant ensemble leur nourriture; ils s’ap- pellent même réciproquement lorsqu'un d’eux a fait une capture susceptible d’être partagée; carac- tère moral bien différent de celui des Gobe-Mouches dont nous avons déjà parlé. Fig. 250 et 252. — Gobe-Mouche bec-figue. (Mâle et femelle.) — Fig. 251. — Gobe-Mouche à collier On observe encore dans l’ensemble total de la conformation du corps de ces Oiseaux, comparés aux premiers, beaucoup de différence : iei la taille est plus courte, plus ramassée; la tête est propor- tionnellement plus grosse; et la queue, moins allongée, est peu ou même point étagée; leur forme est conséquemment moins svelte, ce qui prête à leurs mouvements moins de pétulance et de vivacité. Mais ce ne sont pas les seuls traits par lesquels les Gobe-Mouches proprement dits diffèrent de ceux dont nous avons formé notre seconde division; car ceux-ci ont encore un ramage différent, au- quel on ne peut véritablement pas donner le nom de chant, mais qui, s’il n’a pas l'harmonie des chan- sons de nos Fauvettes, n’a pas non plus le désagréable ton du cri aigre et déchirant des premiers (Hist. nat. des Ois. d'Afr.) , 2 A 0 218 HISTOIRE NATURELLE. Les Gobe-Mouches d'Europe arrivent en avril et partent en septembre. Ils se tiennent communé- ment dans les forêts, où ils cherchent la solitude et les lieux couverts et fourrés; on en rencontre aussi quelquefois dans les vergers épais. Ils ont l'air triste, le naturel sauvage, peu animé et même assez stupide. Ils placent en général leur nid tout à découvert, soit sur les arbres, soit sur les buis- sons : aucun Oiseau faible ne se cache aussi mal; aucun n’a l'instinct si peu décidé. Is travaillent leurs nids différemment : les uns le font entièrement de mousses, et les autres y mélent de la laine. Ils emploient beaucoup de temps et de peine pour faire un mauvais ouvrage; et l'on voit quelquefois ce nid entrelacé de si grosses racines, qu'on n'imaginerait pas qu'un ouvrier aussi petit pût employer de tels matériaux. Ils arrivent en France au printemps; mais les froids qui surviennent quelquefois vers le milieu de cette saison leur sont funestes. M. Lottinger remarque qu'ils périrent presque tous dans les neiges qui tombèrent en Lorraine, en avril 4767 et 1772, et qu'on les prenait à la main. Tout degré de froid qui abat les Insectes volants dont cet Oiseau fait son unique nourriture devient mortel pour lui : aussi abandonne-t-il nos contrées avant les premiers froids de l'automne, et on n’en voit plus dès la fin de septembre. (Burrox.) Le Gobe-Mouche gris ou tacheté n'a qu'un petit cri aigu, d'une seule note. Il reparaît aux mêmes lieux avec une exactitude si constante, il s'acquitte avec tant de zèle et de succès du soin de détruire les Insectes du voisinage, tels que les Mouches et les Cousins, qu'il est toujours le bienvenu. Perché sur un poteau, sur un pieu, sur le barreau supérieur d’une grille ou sur une branche écartée des au- tres, il se tient immobile jusqu'à ce qu'un Insecte s'approche de lui en bourdonnant; alors le chasseur fond sur lui; il met fin en même temps à la vie et aux monotones refrains de cet étourdi; puis il va reprendre son poste, et il continue ainsi tout le jour son rôle d'exterminateur. II fait véritablement la guerre en tirailleur; il se place en embuscade, et tombe à l'improviste sur son ennemi isolé. Le Gobe-Mouche, moins pressé que ses frères du printemps, ne revient en Angleterre qu'un des derniers; il attend quelquefois jusqu'au 30 mai : on le voit rarement paraître avec son plumage brun. d'un blane éclatant sous le ventre, et rayé de raies foncées, avant que la feuille du chêne se soit complétement étalée. Aussitôt arrivé, il se livre à l'œuvre de l'incubation. « Le Gobe-Mouche, dit l'auteur de l'Histoire de Selborne, est, parmi nos Oiseaux d'été, le moins bruyant et le plus familier; il niche sur un cep de vigne, sur un rosier qui monte en festons verdoyants le long de la façade d’une maison, dans le creux d’un mur, à l'extrémité d'une poutre, et souvent derrière une porte par laquelle les gens du logis vont et viennent à chaque instant. » J'ai observé pendant plusieurs années un couple de ces Oiseaux; il avait fait son nid au-dessus d'un porche, le long duquel grimpaient des plantes de chèvrefeuille et de clématite. Rien ne le troublait, niles divers bruits d'une maison habitée, ni les cris des enfants, ni les aboïiements des Chiens. Le Gobe-Mouche est tellement familier, qu'il choisit souvent les endroits les moins favorables, ety établit sa demeure. C'est ainsi que deux de ces Oiseaux, architectes peu prévoyants, s'étaient logés à l'extrémité d'un râteau qu'on avait laissé debout contre un mur; deux autres avaient adopté une cage suspendue à un arbre dans un jardin, et dont la porte était entr'ouverte; deux autres avaient jugé sage de se percher sur un poteau de réverbère dans une rue de Londres, et ils élevaient leurs petits au bruit des passants et à la clarté du gaz. On trouva un nid de Gobe-Mouches, avec cinq œufs de- dans, sur une couronne de réverbère, à Portland-Place. L'auteur des Oiseaux et Poissons de l'An- gleterre (M. Yarrell) vit ce nid encore en place devant le bureau de l'administration des eaux et fo- cêts, Whinte-Hall place. «Au moment où j'écris, dit M. Yarrell, j'ai devant les yeux trois nids semblables à des coupes. Le premier, formé extérieurement de vieille mousse noire mélée de racines, enduite de terre glaise, est revêtu de deux ou trois plumes blanches; le second est tapissé, en dehors et au fond, d’une mousse verte toute fraiche, et cimenté d’un peu de terre, avec de longs crins de Cheval, et plusieurs plumes bigarrées, provenant probablement d’un Coq d'Inde; le troisième est bâti comme le second. » Le fait suivant, rapporté par Thomas Andrew Kuightesq, président de la Société d'horticulture de Londres, prouve que le Gobe-Mouche possède une étonnante mémoire, et même quelque chose de plus. Pendant maintes années successives, deux de ces Oiseaux nichèrent dans sa serre chaude. Lors- que la chaleur de la pièce faisait monter le thermomètre au-dessus de vingt-sept degrés, il quittaient leurs œufs: mais ils recommençaient à les couver dès que le mercure descendait au-dessous de ce OISEAUX. 219 chiffre. Certes, linstinet de la nature est ici bien près de la raison, où plutôt &’est un raisonnement véritable. Encore un mot en faveur de ces pauvres petits Oiseaux, que l'on tue souvent sans pitié, parce qu'ils se nourrissent aussi de fruits. Je ne veux point nier qu'ils ne voltigent quelquefois autour des ceri- siers et des framboisiers quand les framboises et les cerises sont müres; mais M. Yarrell le remar- que judicieusement, et je partage son opinion : ce ne sont pas tant les fruits qui les attirent que les Mouches et les autres Insectes, qui se montrent très-friands de ces fruits sucrés. En preuve de cette assertion, le même M. Yarrell nous apprend que, lorsqu'on ouvre l'estomac des Gobe-Mouches tués sur les arbres en question, on n'y découvre aucune trace de fruit. (New Monthly Magasine. Revue britanique, 4841.) Le Gobe-Mouche noir et quelques autres espèces étrangères nichent dans des trous d'arbres. Chez quelques espèces, le mäle et la femelle se ressemblent; chez d'autres, ils portent un plumage différent. Les jeunes, avant la première mue, se distinguent des adultes. La mue est simple. M. Temminck avait d’abord pensé qu’elle était double dans quelques espèces, et que, dans ce cas, ce seraient seulement les mâles qui changeraïent périodiquement de plumage au printemps et à l'automne; mais, dans la troisième partie de son Manuel d'ornithologie, il est revenu de cette opinion, et a reconnu que la mue est simple dans tous les Gobe-Mouches. Les changements qu'éprouvent les mâles de certaines espèces, en avril, changements qui expli- quent l'erreur de M. Temminck, ne sont pas le résultat d’une mue, mais d'une modification dans les couleurs du plumage. En effet, les plumes grises où brunes de la livrée d'hiver ne tombent pas au printemps; elles prennent d'autres teintes. Celles des parties supérieures passent du brun-gris au noir päle, puis du noir pâle au noir foncé, tandis que le blanc des parties inférieures acquiert l'éclat de la neige. (Deccann.) C’est, en résumé, la répétition en couleurs ordinaires du phénomène découvert par J. Verreaux chez les Soui-Mangas aux couleurs si brillantes, phénomène que nous croyons constant, et par conséquent le même chez tous les Rapaces et chez tous les Passereaux. GOBE-MOUCHE NOIR. MUSCICAPA ATRICAPILLA. (Linné.) Mäle en été. — Parties supérieures d’un noir profond; parties inférieures, deux points au front, grandes et moyennes couvertures alaires, d'un blanc pur: rémiges et rectrices les plus latérales d'une teinte plus claire, et bordées, dans la plus grande partie de leur étendue, de blanc en dehors; bec, pieds et iris, noirs. Longueur totale, Om,14. Habite diverses contrées de l'Europe, et de préférence les plus méridionales. Il n’est pas rare en France. Habite aussi l'Afrique septentrionale. Niche sur les arbres ou dans leurs cavités, et pond cinq ou six œufs d’un bleu clair un peu ver- dâtre. Grand diamètre, 0",018; petit diamètre, 0,012. ( Deccanp.) . GOBE-MOUCHE A COLLIER. MUSCICAPA COLLARIS. (Bechstein.) Mâle en robe de noces. — Dessus et côtés de la tête, dos, petites couvertures des ailes, sus-cau- däles et queue, d'un noir profond; bas du dos varié de blanc; front, un collier au bas du cou, une grande tache longitudinale et un petit miroir en dessous, sur chaque aile, d'un blanc pur, rectrice la plus externe de chaque côté bordée de blanc; bec, pieds etiris, noirs. Longueur totale, 0,14. Habite généralement le centre de l'Europe; est assez répandu dans quelques localités de la France, et se montre de passage dans d'autres. 290 HISTOIRE NATURELLE. Se trouve aussi dans la partie septentrionale de l'Afrique. Fait un nid dans les trous des arbres, et pond cinq ou six œufs d’un bleu verdâtre päle, et géné- ralement très-peu foncé, sans taches. Grand diamètre, 0,018 à 0",019; petit diamètre, 0,012 à 0,013. (Decrann.) GOBE-MOUCHE GRIS. MUSCICAPA GRISALA. (Linné.) Mâle et femelle. — Gris cendré en dessus, avec le centre des plumes de la tête plus foncé, les pennes et les grandes couvertures des ailes bordées de blanchâtre; gris-blane en dessous, avec les côtés du cou, la poitrine et les flanes, rayés longitudinalement de brunâtre; rémiges et rectrices noi- râtres: bec de cette couleur en dessus, moins foncé en dessous, surtout à la base; iris noir. Longueur totale, 0°,15 environ. ïépandu dans toutes les contrées tempérées de l'Europe; est rare en Hollande, et commun dans le nord de la France. Niche dans les jardins et les bosquets, sur les arbres et dans les buissons, rarement dans les cre- vasses des vieilles murailles, toujours à peu de distance du sol. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d'un blane sale, azuré ou verdätre, avec des taches rousses ou rougeûtres, plus nombreu- ses au gros bout, ét quelquefois confondues. Grand diamètre, 0,022; petit diamètre, 0®,015. (Deccann.) L'espèce se retrouve la même dans les contrées occidentales de l'Asie et dans celles septentrionales de l'Afrique. One GENRE. — ÉRYTHROSTERNE. ERYTHROSTERNA. (Ch. Bonaparte, 1838.) Egoscs, rouge; G7e2c7, poitrine. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec presque de la longueur de la tête, un peu plus large que haut, déprimé à la base. de forme aiangulaire allongée, à arête médiane prolongée dans toute la longueur de la mandibule supé- rieure jusqu'à sa pointe, qui forme un crochet très-prononcé avec une forte échancrure; mandibule inférieure se relevant faiblement: base mandibulaire garnie de longs poils dirigés en avant et sur ies côlés. Narines basales, ovalaires. engagées en partie dans les petites ploncs avancées du front, et re- couvertes par les poils. Fis. 955. — Erythrosterna. Fig. 254. — Eruythrosterna. Ailes arrondies, subobtuses, à penne bâtarde du tiers de la première rémige : celle-ci plus courte que la quatrième, qui est la plus longue avec la troisième. Queue allongée, ample, et légèrement échancrée. T'arses allongés, grêles, plus longs que le doigt médian; doigts minces, Les latéraux presque OISEAUX. 271 égaux, l'externe soudé à la base, le pouce relativement court; ongles faibles, minces ex aigus, celui du pouce égal à celui du doigt médian. Ce genre, qui a pour type une espèce européenne, le Gobe-Mouche rougeàtre (Muscicapa parva de Bechstein), a été composé, par M. Ch. Bonaparte, dans son Conspectus, 1850, de sept espèces, de l'Europe, de l'Asie et de l'Océanie, dont une seule de l'Europe. Ce sont des Oiseaux qui paraissent se distinguer des autres Gobe-Mouches, indépendamment de l'allongement remarquable de leur tarse, par une partie de leurs habitudes. Ainsi, ils auraient, outre encore quelques rapports dans le plumage, toutes les allures du Rouge-Gorge, et, d’après M. Nor- mann, la vivacité de leurs mouvements rappellerait les petites espèces de Traquets. Ils feraient en- tendre un petit cri continuel; baisseraient la queue lentement et à plusieurs reprises, la déploieraient et la relèveraient subitement au-dessus des ailes. GOBE-MOUCHE ROUGEATRE. MUSCICAPA PARVA. (Bechstcin.) Male adulte. — Dessus de la tête, du cou, du corps et sus-caudales, d’un cendré roussâtre ou rou- geûtre; gorge, devant du cou et poitrine, d'un roux jaunâtre vif; abdomen et sous-caudales d'un blanc argentin, avec les flancs lavés de cendré clair roussâtre; joues, côtés du cou et de la poitrine, d’un beau cendré; couvertures alaires pareilles au dos; rémiges d'un cendré brun, les secondaires bordées en dehors et terminées par une teinte grisätre; les quatre rectrices médianes et l'extrémité des laté- rales noirâtres : celles-ci d’un blanc pur dans le reste de leur étendue; bec et pieds bruns. Longueur totale, 0,19 à 0",13. Habite la Hongrie et les environs de Vienne en Autriche durant l'été, et probablement l'Asie en hiver. Il est de passage annuel en Crimée, et accidentel en France, en Suisse et en Italie. (DEcLanp.) om GENRE. — HYLIOTE. HYLIOT'A. (Swainson, 1827.) Yan, forèl: 16e, seul, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES,. Bec de la longueur de la tête, arrondi en dessus, et sans arête médiane, presque aussi haut que large, presque droit, ne se recourbant qu'à la pointe, qui est très-crochue, et sans échancrure; com- nissure et mandibule inférieures se relevant d'une manière insensible; quelques poils rares et courts à la base. Narines basales, percées en fente longitudinale sous une squamelle membraneuse. Fig. 255. — Hyliota . Fig. 256, — Hyliota, Ailes subobtuses. Queue échancrée. Tarses allongés, un peu plus longs que le doigt médian, scutellés; doigts longs, le pouce surtout, 222 HISTOIRE NATURELLE. 12 qui est presque égal au médian, les latéraux égaux, l'externe soudé; les ongles minces, courbés et aigus, celui du pouce le plus long. Ce genre ne repose que sur une espèce d'Afrique. Nous en donnons la figure : c'est l'Hyliote à ventre jaune. On ignore le détail de ses mœurs et de ses habitudes. Fig. 257. — Ilyliote à ventre rouge. 4we GENRE. — NILTAVA. NILTAVA. (Hodgson, 1837.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque aussi haut que large, arrondi et ondulé à son sommet, et sans arèle appréciable, se recourbant en crochet à sa pointe, qui est échancrée; des poils courts à la base. Narines basales, latérales, arrondies, presque entièrement cachées par les petites plumes et les poils du front. Fig. 259. — Niltava grandis. Ailes longues, surobtuses, à première rémige très-courte el pointue, les autres élagées les unes sur les autres jusqu'à la quatrième, égale à la cinquième, toutes deux les plus longues. Queue médiocre, longue et égale. OISEAUX. 293 Tarses robustes, courts, de la longueur du doigt médian, scutellés; doigt médian et pouce très- allongés et égaux, les latéraux inégaux; ongles médiocres, courbés et aigus, celui du pouce plus fort. Ce genre, dans lequel nous comprenons les genres Cyornis de Blyth; Chaiatris, Siphia et Dimior- pha de Hodgson, renferme vingt espèces de l'Afrique, de l'Asie et de l'Océanie. Nous figurons le Niltava rubeculoides. Ces Oiseaux ont les mêmes habitudes que les Gobe-Mouches, vont par paires, se posent sur les branches, attendant patiemment le passage d’un Insecte ailé, sur lequel ils se précipitent, et qu'ils n'ont pas plutôt saisi qu'ils retournent à [eur point de départ pour recommencer indéfiniment ainsi le même manége. Fig. 260 et 261. — Niltava rubéculoïde (Mâle et femelle.) NILTAVA GÉANT, NILTAVA GRANDIS. (Blyt, Gray.) Corps d'un bleu obscur, à l'exception du sommet de la tête, d’une tache de chaque côté du cou, des épaules et du eroupion, qui sont d’un bleu pur; ailes et abdomen enfumés; front, joues et gorge noir foncé. Cette espèce, la plus grande du genre, habite l'Asie centrale. dme GENRE. — MYAGRE. MYIAGRA. (Nigors et Horsfield, 1895.) Mots, Mouche; æyeeuw, je chasse. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES, Bec médiocre, de la longueur de la tête, droit, très-déprimé à la base, ayant en largeur le dou- ble de sa hauteur, à bords graduellement comprimés jusqu à la pointe, qui est légèrement infléchie et échancrée; des soies roides à la base, projetées en avant. 29% HISTOIRE NATURELLE. Narines basales, arrondies, en partie cachées sous les plumes du front. Ailes longues, surobtuses; es trois premières rémiges graduellement espacées, les quatrième et cinquième les plus longues, la première étroite et acumincée. Queue longue, large et carrée. T'arses faibles, courts, de la longueur du doigt médian. scutellés; doigts relativement longs, le pouce surtout, qui est égal au médian, les latéraux égaux; ongles courts, comprunés et recourbés, celui du pouce le plus long. Fig. 262, — Myiagra rubecula. Fig. 265. — Myiagra rubecula. Ce genre, synonyme du genre Hypothymis de Blyth, renferme quinze espèces de l'Asie, de l'O- céanie et de l'Australie. Nous figurons le Myiagra concinna. Ces Oiseaux, dit 3. Verreaux (en parlant du Myiagra nitida, qu'il a observé à la Nouvelle-Hollande et en Tasmanie), se trouvent dans les grands bois, où ils arrivent vers la fin d'octobre. Ils se nour- rissent d'Insectes, qu'ils saisissent le plus souvent au vol. Il est rare de voir plus de deux individus à la fois, et ordinairement ce sont les deux sexes qu'on voit ensemble. Lorsque je découvris le premier couple de cette espèce, que je tuai, je restai longtemps à l'observer avant de me décider. Le mâle semblait suivre la femelle, qui sautait de branche en branche, cherchant parmi les feuilles les petits Insectes; mais, lorsque Ha chaleur devint plus forte, tous deux se reposèrent sur une branche sèche, à près de cinq pieds du sol, et là épièrent les Mouches qui passaient : ils s'élançaient dessus avec la rapidité de l'éclair; le mâle surtout semblait prendre plaisir à recommencer cet exercice, et quelque- fois il apportait à sa femelle une partie de sa chasse; puis il se blottissait de nouveau auprès d'elle. La grâce et Félégance de cet Oiseau sont admirables. Un nid de cette espèce était attaché à un embranchement, à une élévation de cinq ou six pieds, dans un buisson touffu; après avoir épié longtemps sans pouvoir tuer ni l'un ni l'autre des sexes, je me décidai à le détacher, satisfait d’avoir vu la femelle s’en envoler. C'était dans le courant de no- vembre : ce nid était d'une forme arrondie, composé de brins d'herbes entrelacés, et mélangés eux- mêmes de quelques feuilles d’eucalyptus, surtout dans le fond. Mais l'extérieur était entouré de dé- bris d’écorces d'eucalyptus, et recouvert de filaments semblables aux toiles d’Araignée, et l'on voyait çà et là des morceaux de lichen et de mousse. Son plus grand diamètre était de sept centimé- tres, et sa profondeur de près de quatre. Il ne s'y trouvait que deux œufs, d’un blanc verdûtre, ta- chés de brun-roux, surtout autour du gros bout; ils différaient un peu pour la grosseur, et surtout pour les marques; car l'un d'eux avait de grandes taches d'une couleur plus-rouge-brique que dans Pau- tre; et, si je les eusse trouvés séparément, il m'eût été facile de les prendre pour deux espèces. (Zool. lasn.an, el austral., mss.) MYIAGRE BRILLANT. MYIAGRA NITIDA. (Gould.) Couleur générale, noir bronzé très-vif, ventre et tout le reste des parties inférieures d'un blanc pur; bec noir plombé; tarses noirs; iris noir, plumes du front et du devant des yeux veloutées; les poils de la base du bec longs et noirs; plumes du dessus de la tête longues et touffues, susceptibles de se relever et de former une espèce de huppe élargie; ailes à rémiges noires. (Mäle.) Longueur totale, 0",18. (J. VERREAUX.) Habite l'Australie. OISEAUX. 995 Gne GENRE. — MICRÆCA. MICRÆCA. (Gould, 1840.) Mtxeo:, pelit; etxztcs, élourdi, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-pelit, plus court que la tête, déprimé et élargi à la base, recourbé à la pointe, qui est échancrée; mandibule inférieure droite; base munie de soies «llongées. Narines arrondies, entourées de soies. Ailes longues et fortes, subobtuses; la première rémige la plus courte, la troisième la plus longue. Queue le plus souvent courte et carrée. Tarses médiocres, faibles, de la longueur du doigt médian, l'externe beaucoup plus long que l'in- terne; ongles nünces ct'aiqus. ï Fire EN 1 4 Fig, 2064, — Micræca. Ce genre ne renferme que trois espèces de l'Asie méridionale et de l'Océanie. Nous figurons le Hi- créeca flavigaster. Leurs mœurs sont celles des Myiagres. Fig. 266 et 267.— Micræca à ventre fauve. (Mâle et femelle.) MICRÆCA CONCOLOR MICRÆCA ASSIMILIS. (Gould.) En dessus, brun; les primaires foncées; la queue d’un noir brunâtre, avec la pointe apicale de la page externe des deux rectrices latérales blanche : cette couleur s’élargissant en approchant de la tige de chacune d'elles, poitrine et milieu de l'abdomen, ainsi que les couvertures inférieures de la 5e cg 296 HISTOIRE NATURELLE. queue, blancs : cette couleur passant au brun pâle sur Les flancs: iris rouge-brun: bec et pieds d’un brun noirâtre. Longueur totale, 0",12 environ. Habite l'Australie occidentale. Tu GENRE. — HÉMICHÉLIDON. AEMICHELIDON. (Hodgson, 1841.) Hp, demi; Xexdwv, Hirondelle, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, plus court que la tête, du double plus large que haut, déprimé à la base, que est munie de petites soies, comprimé vers la pointe, qui est recourbée et échancrée. Narines basales, latérales, arrondies, à large couverture, et en partie cachées par les poils et les plumes du front. Ailes longues, subaiguës; la première rémige très-courte, la troisième plus longue. Queue médiocre et échancrée. Tarses faibles, scutellés, de la longueur itu doigt médian; les doigts latéraux inéqaux; le pouce long, égal au médian, son oùgle le plus fort. Fig. 268. — Hemichelidon ferruginea. Fig. 209. — Hemichelidon ferruginea. Ce genre ne renferme également que trois espèces de l'Asie centrale, dont on ignore les mœurs, et découvertes seulement depuis 1845. Ce que ces Oiseaux ont de remarquable, c’est le rapport intime qui existe dans l’ensemble général de leur structure extérieure avec ce qui se voit chez l'Hiron_ delle; ainsi, c’est presque le même bee, à part sa longueur, la même forme, presque le même type d'aile. Is paraissent néanmoins avoir les mêmes habitudes que les Gobe-Mouches. HÉMICHELIDON FERRUGINEUX. HEMICHELIDON FERRUGINEA. (Hodgson.) Couleur d’un brun ocracé, passant à la couleur olive sur le sommet de la tête; rémiges et rectrices noirätres; bec d’un brun légèrement couleur de chair. Longueur totale, 0",12. Habite le Népaul, Asie centrale. S%° GENRE. — PRIRIT. PLATYSTEIRA. (Jardine et Selby.) Hazrus, larse: ciesx, carène CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus ou moins long, mais généralement de ia longueur de la tête, large, et très-déprimé de- puis 4 base, qui est munie de fort longs poils jusqu'à la pointe, qui est crochue et échancrée OISEAUX. 297 Narines basales, grandes, allongées, ovaluires, en partie cachées par les plumes du front, per- cées sous une squamelle membranceuse. Ailes arrondies, courtes, surobtuses; la première rémige courte, les quatrième et cinquième égales, les plus longues. Queue médiocre, plus où moins arrondie où pointue. Tarses grèles, de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts antérieurs courts, les latéraux égaux, le pouce allongé, dépassant avec son ongle le doigt médian en longueur; son ongle, du dou- ble de celui du doigt médian, fort et crochu. Fig. 270. — Platysteira melanoptera Fig. 271, — Platysteira melanoptera. Ce genre, synonyme du genre Batis, Boié, renferme quatorze espèces, toutes de l'Afrique. Nous figurons le Pririt du Cap, découvert, décrit et figuré par M. Smith, le docte compagnon de voyage en Afrique des frères Verreaux. Ces Oiseaux, d’après Le Vaillant, ne vivent que d'insectes, de Chenilles et d’Araignées; le mâle est toujours accompagné de sa femelle; ils sont assez farouches et agiles. Ils fréquentent le plus habi- tuellement les buissons. Fig. 272. — Pririt. PRIRIT MOLENAR. PLATYSTEIRA PRISTINARIA. (Vieillot, Gray.) Le mâle est de la taille à peu près de notre Mésange charbonnière; il est d’un brun roussâtre, nué d'une teinte olive sur la tête, le derrière du cou, le manteau, le croupion, ainsi que sur les couver- tures supérieures de la queue. Les ailes sont noirâtres, ainsi que la queue, dont les plumes latérales sont lisérées de blanc dans toute leur longueur. Les plumes des ailes sont également bordées d’un blanc roussätre. Vers le milieu de l'aile, se voit une tache d’un roux vif qui teint quelques-unes des grandes couvertures dans cette partie : une tache noire, qui part des narines, passe par les yeux en s’élargissant. La gorge est noire, et ce noir est séparé de celui des yeux par un trait blanc qui part 298 HISTOIRE NATURELLE. du coin de la bouche. La poitrine est ceinte d'un large plastron noir qui laisse sur le devant du cou un espace blanc qui le sépare du noir de la gorge. Les flancs sont rouillés: tout le reste du dessous du corps jusqu'aux couvertures inférieures de la queue est d’un blane pur. Le bec et les pieds sont d'un brun noir, et les yeux d'un orangé très vif. (Le VaiLranr.) Habite l'Afrique méridionale. 9gme GENRE. RHIPIDURE. RHIPIDURA. (Vigors et Horsfield, 1825.) Per, éventail; cuoæ, queue. CARACTÈRES GÉN&RIQUES. Bec faible, moins long que la tête, sans arête, à sommet déprimé et incliné depuis la base jus- qu'à la pointe, qui se recourbe et est échancrée, de même que la mandibule inférieure, moins haut que large; commissure garnie de poils ayant presque la même longueur que le bee. Narines basales, latérales, ovalaires, presque entièrement cachées par les poils et Les plumes du front. Ailes allongées, amples, surobtuses, à première rémige très courte, la quatrième et la cinquième presque égales, les plus longues. Queue allongée, ample, étagée, et formant éventail. Tarses minces, de la longueur du doigt médian; les doigts latéraux courts et égaux; le pouce et le médian les plus longs; l'onqgle du pouce le plus fort. SET ; (@ NES | lig. 275, — Rhipidura albiscapa. Fig. 274. — Rhipidura albiscapa. Plumes du croupion longues et soyeuses, Ce genre, synonyme du genre Muscylva de Lesson, comprend les genres Leucocirea et Crypto- lopha de Swainson, ainsi que le genre Chelidorhynx, Hodgson, et Culicipeta, Blyth. II renferme qua- rante espèces, dont une douzaine mal déterminées, toutes de l'Océanie. Nous figurons le Rhipidure motacilloïde. Ces Oiseaux fréquentent les bois, et surtout les taillis. Aussi les voit-on souvent se poser sur ces derniers, et de là guetter les Mouches et les Insectes, qu'ils saisissent presque toujours au vol. C’est aussi de là que le Rhipidure à brins blancs surtout étale toute sa beauté, s’envolant quelquefois en suivant une ligne perpendiculaire, et retombant en élargissant ses ailes et sa queue en forme de päà- rachute, d’autres fois en faisant mille tours différents, surtout lorsque le couple est réuni, ce qui ar- rive très-souvent. Il est assez commun aussi de le voir à terre courir avec vitesse, en agitant sa queue et ses ailes, à la manière des Traquets, et poursuivre les Insectes. Le mâle et la femelle paraissent se porter un bien grand attachement, car il n’est pas de caresses qu'ils ne se prodiguent. Que d'agréables souvenirs, dit J. Verreaux, cette jolie petite espèce ne me rappelle-t-elle pas, lors- que, fatigué par la chaleur, je me reposais à l'ombre de ces grands arbres! que de grâce, que de souplesse dans ses mouvements ! aussi, souvent y passais-je des heures entières à l'observer, à sui- vre de l'œil ses différentes poses qu'il variait sans cesse Ge qui me récréait surtout, était de le voir chasser ces diverses espèces de Mouches qui volent si souvent au-dessus des eaux, et qui pen- OISEAUX. 22y dant des heures entières restent comme immobiles en l'air. C'était pour ce petit Oiseau un exercice qui semblait beaucoup lui plaire. Gouché alors sur le ventre dans une position aussi tranquille qu'un Chat guettant une Souris, il s’élançait comme une flèche, et, s'il manquait sa proie, il retour- nait au même endroit tout confus, paraissant avoir honte de sa maladresse. Alors il restait quelque temps immobile avant de se risquer de nouveau. Leur nid est en forme de cornet, le fond en étant généralement prolongé antérieurement eu pointe, etrepose le plus souvent sur des branches d’eucalyptus de moyenne taille, à environ sept à huit pieds du sol. C'est dans les gorges du mont Wellington, surtout vers la partie nord de cette montagne, que J'en ai trouvé le plus. J'en ai eu plusieurs dans le courant et vers la fin de novembre, dont les œufs variaient de nombre; plusieurs n’en avaient qu'un, d’autres deux, et enfin trois, qui est le nombre le plus ordinaire. (Zool. tasm. et austr., mss.) Fig. 275 et 276 — Rhipidure motacilloide. (Mäle ct femelle.) RHIPIDURE FLABELLIFÈRE. RHIPIDURA FLARELLIFERA. (Gmelin, Gray.) Plumage supérieur d’un brun fuligineux, prenant une teinte plus foncée sur la tête et les joues, où cette couleur devient noire comme celle du plastron qui se trouve sur le devant du cou. Une tache blanche au-dessus de l'œil, un peu en avant; une autre immédiatement derrière l'angle, se prolongeant au-dessus des plumes du méat auditif, plumes de la gorge fuligineuses vers la base, terminées de blanc, ce qui donne à cette partie l'apparence cotonneuse : la poitrine et les flancs sont à peu près de la même teinte que le dos, mais les plumes sont terminées par le même blanc isabelle qui règne sur tout le reste des parties inférieures. Cependant, sur les couvertures inférieures de la queue l’on voit un peu de noir fuligineux qui colore la base d'une partie de ces plumes; les ailes et la queue sont de cette dernière couleur; lon voit sur les couvertures des premières deux petites bandes obliques formées par les taches qui terminent les couvertures, la première plus étroite que la seconde, et les petites plumes de l'aile les plus rapprochées du corps sont frangées de grisâtre : les crêtes des cinq rectrices latérales de chaque côté de la queue sont d’un blanc pur sur toute leur longueur; la plus externe est blanche sur une grande partie de sa barbe externe; la seconde est aussi terminée de blanc, et cette couleur borde, comme dans la première, une partie des barbes internes; la troisième est de même; mais dans la quatrième et la cinquième le blanc de l'extrémité est moins marqué, et, dans la dernière surtout, cette couleur occupe seulement le petit bout de la plume; la côte des deux 230 HISTOIRE NATURELLE. médianes est noire; bec noir en dessus, blanchâtre à la base de la mandibule inférieure; tarses brun noirâtre; iris brun foncé. Longueur totale, 0,16. Habite la Nouvelle-Hollande. (J. Venneaux.) 10% GENRE. — SEISURE. SÆISURA. (Vigors et Horsfield, 1825.) Ze, j'agile; cU9%, queuc. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec allongé, de la longueur de la tête, assez robuste, presque déprümé, et élargi à la base, aussi haut que large; mandibule supérieure un peu recourbée à la pointe et échancrée; commissure garnie de soies courtes et peu nombreuses. Narines basales, et en partie recouvertes par les soies de la commissure. Ailes allongées, amples, surobtuses; les trois premières rémiges élagées, les quatrième, cinquième et sixième presque égales, les plus longues. Queue ouverte, presque égale. Tarses médiocres, scutellés, de la longueur du doigt médian; doigts longs, les latéraux égaux, le pouce robuste. ainsi que son ongle. Fig 277. — Sersura-nitida. Fig 278. — Seisura nitida Ce genre, qui comprend le genre Piesorkynchus de Gould, ne repose que sur trois espèces de l'Australie, dont une mal déterminée. Ces Oiseaux sont remarquables par l habitude qu'ils ont de tournoyer dans tous les sens, en de- ployant leur queue, et en faisant entendre un son analogue à celui d’une pierre à aiguiser que l'on frotte avec un instrument d'acier, ou au bruit que fait le frottement de la tranche d’une assiette con- tre la pierre sur laquelle on la lave; d'où le nom donné par les colons de la Nouvelle-Hollande à l'espèce type, le Seisure remuant, de Dishwater où Laveur d’assiettes. C'est un Oiseau qui aime à se percher sur les troncs des arbres ou sur les toits des maisons. (LEssox.) SEISURE REMUANT. S£ISURA INQUIETA. (Latham, Gray.) Noir en dessus, blane en dessous, avec la tête noire et brillante de reflets métallisés. Habite la Nouvelle-Hollande. ni OISEAUX. 231 Ale GENRE. — PYCNOSPHRYS. PYCNOSPHRYS. (Strickland, 1849.) Muvzyo:, épais; c6@05, reins, par allusion à l'épaisseur des plumes de cette partie CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec moitié moins long que la tête, médiocrement déprimé à la base, à bords mandibulaires droits, à sommet graduellement incliné vers la pointe, qui est échancrée; commissure qarnie de quelques poils roles et peu longs. Nurines basales, ovalaires, en partie cachées par les soies partant de la base du front. Ailes médiocres, arrondies, surobtuses; {a première rémige très-courte, la quatrième et la cin- quième les plus longues. Queue médiocre, arrondie, les rectrices acuminées. Tarses longs, minces, beaucoup plus longs que le doigt médian; doigts médiocres, les latéraux presque égaux; ongles courbés, minces et aigus, celui du pouce le plus grand. Ce genre, créé tout récemment par M. Strickland (1849), ne repose que sur une petite espèce des plus curieuses de l'Asie méridionale, découverte et décrite par J. Verreaux sous le nom de Sylvia grammiceps, aujourd'hui Pyenosphrys grammiceps, dont nous donnons la figure et la description. C'est uu véritabie Muscicapidé, et ce qui le caractérise dans cette tribu, c’est d'abord l'allonge- ment inusité de ses tarses; c’est ensuite la nature séricéeuse et l'allongement des plumes coccygiennes, allongement beaucoup plus prononcé que dans le genre Rhipidure, puisqu'il atteint le summum de ce que l'on observe chez les Timalies, On en ignore les mœurs. Fig, 279. — Pycnosphrys. PYCNOSPHRYS À TÊTE ÉCAILLÉE. PYCNOSPHRYS GRAMMICEPS (J. Verreaux, Strickland.) Tête, face, côtés et derrière du cou, d’une belle couleur marron, chaque plume agréablement cercléc de noir, offrant ainsi un aspect squamuleux; dos, ailes et queue, vert-olive; plumes du bas du dos et coccygiennes d’un blanc presque pur, d’une nature filiforme, décomposée, et retombant gracieu- sement; extrémité des rémiges et des rectrices brune; deux petits miroirs blancs en travers de l'aile, bordés chacun supérieurement d'un autre petit miroir noir; tout le dessous du corps depuis le men- 232 HISTOIRE NATURELLE. ton d’un blanc de neige, légèrement teinté d’un roux päle formant plastron au bas de la gorge: bec et pieds bruns. Longueur totale, 0",095. Habite l'Asie méridionale. 12% GENRE. — TCHITREC. MUSCIPETA, (Cuvier.) Musca, mouche; peto, je rejoins. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec «le la longueur de la tête, large et déprimé à la base, à arête-médiane bien marquée, convexe el comprimée vers la pointe, qui est un peu crochue et échancrée; commissure garnie de soies dures, allongées. Narines basales, latérales, arrondies, un peu couvertes par les soies. Ailes longues, surobtuses, à première rémige très-courte, la quatrième et la cinquième égales, les plus longues. Queue longue, étagée, les deux rectrices médianes se prolongeant de beaucoup au delà des autres. Tarses courts, robustes, de la longueur du doigt médian; doigts allongés, le pouce surtout, qui, avec son ongle très-grand et très-arqué, dépasse le doigt médian en longueur. Fig. 980. — Muscipela Paradisis. Tète généralement couverte de plumes allongées, susceptibles de se relever en forme de huppe; œil garni d'une épaisse paupière nue, diversement colorée, le plus souvent bleue. Ce genre, dans lequel nous comprenons le genre Philentoma d'Eyton, renferme vingt-deux es- pèces de l'Afrique, de l'Asie et de l'Océanie. Nous figurons le Tehitree Paradis. Dans ces especes, le mâle et la femelle se séparent rarement l'un de l'autre, même pendant la sai- son des pluies ou l'hiver du pays; ils fréquentent les forêts, habitent toujours sur les grands arbres, ne descendent que très-rarement sur les buissons ou à terre. Les mâles sont très-querelleurs, et se battent aussitôt qu'ils se rencontrent : j'en ai remarqué quelquefois cinq ou six qui se poursuivaient à la file les uns des autres; et comme leurs longues plumes leur donnent beaucoup de facilité pour s’atteindre de loin, c'est aussi par là qu'ils commencent à se prendre; et, aussitôt que lun d'eux tient son adversaire par la queue, il ne la quitte pas qu'il n’en ait arraché une plume ou tout au moins un morceau : de sorte qu'il est très-rare de tuer de ces mâles sans trouver leur queue ou entièrement ar- rachée où mutilée. Les branches et les épines contre lesquelles cette queue frotte continuellement, quand l'Oiseau vole à travers les arbres pour se saisir des Mouches, qu'il poursuit sans cesse, ne con- tribuent pas peu à dégrader aussi ses longues plumes, auxquelles parfois on ne trouve plus que les 1 mme > DE = 0 , . ; . L H OU À F Pa »* - a d ‘ î F k | i : TE” ” . Un ( , 0 l'ig. 1. — Donacola castaneothorax L'ix. 2, — Ptilonorhynchus Smithli. rs OISEAUX. 253 tiges, leurs barbes étant entièrement usées par le frottement, I] faut ajouter à cela que l'attitude droite de ces Oiseaux, quand ils sont perchés, fait encore qu'en les tirant posés sur une branche on casse presque toujours ces deux longues plumes, qui, étant pendantes, sont ordinairement criblées par le plomb, qui tend naturellement à baisser; ce qui me faisait toujours préférer de tirer ces Oiseaux au vol, et à travers Le corps. On voit par là qu'il n’est pas facile de se procurer ces Oiseaux dans un état parfait : aussi, de cent quatre mâles que J'ai tués, je n’en ai rapporté que quatorze qui fussent entiers et bien conservés. Fig. 281 et 232. — Tchitrec Paradis. (Mäle et femelle.) La femelle est privée de l'allongement des deux grandes rectrices médianes, qui ne s'étendent ja- mais chez elle, dans aucun temps de l’année, plus loin que celles qui les précèdent immédiatement : et le mâle ne possède les siennes dans toute leur beauté que dans la saison des amours, passé le- quel temps il les perd en muant, et n'en porte plus alors pendant toute la saison des pluies qu’une semblable à celle de la femelle; sa belle paupière bleue, chez le Tchitrec Paradis, se rétrécit aussi et se dégonfle, de sorte qu'elle ne paraît presque plus. ot 50 254 HISTOIRE NATURELLE. Le nid de ces Oiseaux est remarquable par sa forme particulière, ressemblant parfaitement à une petite corne qu'on suspendrait, la pointe en bas, entre l’enfourchure de deux branches. Il a deux pouces et demi de largeur dans son plus grand diamètre, et diminue insensiblement de grosseur à mesure qu'il s’allonge, en même temps qu'il se recourbe. Il serait assez difficile de donner la raison d'un pareil nid, d'autant plus que les trois quarts en paraissent assez ivutiles et faits en pure perte, puisque la seule partie nécessaire, c’est-à-dire celle qui doit contenir les œufs, n’a pas plus de trois pouces de profondeur; de sorte que tout le reste de cet édifice n’étant qu'un tissu plein, fait de filets minces tirés de l'écorce de quelques arbrisseaux, parait réellement ne devoir être d'aucune utilité. (LE Varspanr.) TCHITREC DE GAIMARD. MUSCIPETA GAIMARDI. ([Lesson, Ch. Bonaparte.) Tête noire et bronzée; plumage roux vif; ailes noires, blanches à leur milieu; queue d'un roux vif, et remarquable par deux longues plumes rubanés blanches, bordées de noir. Habite la Nouvelle-Guinée. 13 GENRE. — MONARQUE. MONARCHA. (Nigors et Horsfield, 1825.) Meyc:, seul; 2440, je gouverne. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, fort, élargi à la base, et presque déprimé, presque aussi haut que large, à arète carénée, el se recourbant en pointe : celle-ci échancrée; la base mandibulaire garnie de soies roides el assez allongées. Narines latérales, basales, arrondies, eten partie recouvertes par les plumes du front et par les soies. Ailes médiocres, ,subobtuses; la troisième rémige égale à la quatrième, toutes deux les plus lonques. Queue longue, légèrement échancrée ou égale. T'arses courts, de la longueur du doigt médian; doigts relativement longs, le pouce surtout, qua égale le doigt médian, est fort et épais, el muni de l'ongle le plus grand et le plus crochu. Lis, 285, — Monarcha carinata Fig. 284. — Monarcha carinata. Ce genre, synonyme du genre Drymophila de M. Temminck, renferme dix espèces de l'Océanie, dont deux mal déterminées. Nous figurons le Monarque de Maupiti (Muscicapa nigra, Sparrmann), pomarea de Lesson. Ce sont des Oiseaux qui ne se trouvent que dans les forêts et les grands bois de l'Australie et de l'archipel Indien. Ainsi, celui dont nous donnons la figure se tient généralement dans les arbres à pain et de Cythère, ou évi (spondias dulcis), où il fait la chasse aux Insectes. Le mâle et la femelle volent toujours de concert, OISEAUX, 235 MONARQUE ARDOISÉ. MONARCHA CÆSTA. (Lesson, 1839. Corps en entier d’un bleu d'acier ou ardoisé; ventre d'un brun plombé ou cendré; région anale de cette dernière couleur; rémiges et rectrices noires, bordées de gris bleuätre; bec noir; pieds bruns. Habite Sumatra. Fig. 286, — Monarque de Maupiti. A4me GENRE. — ARSÈS. ARSES. (Lesson, 1851.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, presque de la longueur de la tête, peu déprimé à la base, comprimé sur les côtés, à arête inclinée jusqu'à la pointe, qui se prolonge en crochet avec une ondulation très-marquée plu- tôt qu'une échancrure; base mandibulaire garnie de soies roides. Narines basales, arrondies, en partie recouvertes par les soies. Ailes amples, allongées, subobtuses, à première rémige très-courte, lu quatrième la plus longue. Queue médiocre, étalée, deltoidale. Tarses courts, faibles, seutellés, de la longueur du doigt médian; les doigts assez minces, les ue égaux, le pouce fort et allongé, égal au médian; son ongle le plus grand, mais peu courbé. DER 2 KR À EN —E S \ L Fig, 288. — Arses. Parfois un cercle membraneux festonné encadre l'œil. 236 HISTOIRE NATURELLE. Trois espèces, toutes de l'Océanie, découvertes et décrites par Garnot et Lesson dans leur voyage de cireumnavigation de la Coguille. Nous figurons l’Arsès à lunettes. Ce genre est synonyme du genre Monarcha, Swainson. Les trois espèces sont de la Malaisie, dont elles habitent les grands bois, ARSÈS ORNOIR. ARSES CHRYSOMELA. (Garnot, Lesson.) Ce charmant Oiseau est orné des plus vives couleurs : l'or le plus pur, puis des teintes d’un riche noir foncé, autre couleur dominante de l'Giseau. Les teintes de jaune doré et de noir ne sont pas les mêmes dans les diverses parties : c’est ainsi que le jaune de la tête et du croupion tire un peu sur l'orangé; tandis qu’à la poitrine, à l'abdomen, sur les pennes secondaires, les couvertures des pri- maires, la couleur jaune à du rapport avec celle qu'on obtient de la gomme-gutte. Une demi-cou- ronne, qui prend son origine à la moitié antérieure de l'œil, au-dessus de la paupière supérieure, se rendant, en s’élargissant, à la base des mandibules, est d'un beau noir velouté; le noir qui occupe le cou et la naissance de la poitrine est remarquable par sa teinte moirée, les plames qui composent cette large plaque sont écailleuses, d'où résulte cette couleur chatoyante qui lui donne l'aspect soyeux. On voit, au-dessus et au devant des yeux, un petit espace d'un bleu d'acier. Le noir que l’on aperçoit au manteau, aux pennes, à la queue et aux tarses, tire un peu sur le brun; le bec et les pieds sont d’une couleur plombée. Habite la Nouvelle-lrlande. (Zool. de la Coq.) done GENRE. — CHASCIEMPIS. CHASCIEMEPIS. (Cabanis, 4847.) Xaoxw, j'engoulfre; ewrts, Cousin (sorte d'Insecte). CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, déprimé à la base, un peu plus large que haut, à arête médiane assez vive, se prolongeant jusquà la pointe, qui est crochue et échancrée; base mandibulaire munie de soies assez allongées. Narines basales, ovalaires, percées sous une large squamelle membraneuse, recouvertes en partie par les soies. OISEAUX. 57 Ailes arrondies, amples, surobtuses; la première rémige très-courte, les rois suivantes régulière- ment élagées, la cinquième la plus longue. Queue allongée, et étagée en forme de coin. Tarses longs, minces, scutellés, plus longs que le doigt médian; doigts courts, grêles, les laté- raux égaux, le pouce fort; les ongles très-développés, très-arqués et aigus, celui du pouce plus grand que celui du médian. 19 Fig. 290 — Chasciempis. Fig, 29!, — Chasciempis. Tout récemment eréé sur une ancienne espèce de Latham, ce genre n'en renferme pas d'autre : c’est le Chasciempis de Sandwich, dont on ignore les mœurs. Comme nous croyons qu'il y a erreur dans l'orthographe du nom générique tel que le reproduit M. Ch. Bonaparte dans son Conspectus, 1850, Chasiempsis, dont nous ne pouvons deviner l’étymologie véritable, nous avons cru devoir le rétablir tel que nous le donnons, c'est-à-dire Chusciempis, en le faisant suivre de l'étymologie que nous prêtons à cette dénomination. CHASCIEMPIS DE SANDWICH. CHASCIEMPIS SANDWICHENSIS. (Latham, Cabanis.) En dessus, roux; en dessous, blane, avec un collier roussâtre à peine perceptible, à plumage mou, décomposé, et teinté à la base de chaque plume d’un gris plombé; rémiges et rectrices fuligi- neuses; les scapulaires tachetées de blanc; les grandes couvertures alaires et les rectrices latérales ayant leur pointe blanche. Longueur, 0%,16 à 0,17. Habite les îles Sandwich. DEUXIÈME FAMILLE. — PACHYCÉPHALINÉS. Cette famille diffère des Muscicapinés par des formes plus trapues, un bee plus fort et plus élevé, se rapprochant un peu de celui des Laniinés. Il nous parait établir le passage des Muscicapidés aux Dicruridés par les Artaminés, qui vont suivre. 258 HISTOIRE NATURELLE. Cette famille a été composée par M. Gray, en 1845, pour y renfermer les genres . 1° Leiothrix; 2 Pardalotus ; 3° Calyptura ; 4 Pachycephala, Swainson, »° Eopsaltria, Swainson: G° Ptilochloris. Par suite du renvoi que nous avons fait du premier de ces genres à nos Sylviparinés, du second à nos Pardalotinés, du troisième et du dernier à nos Muscicapidés américains, autrement dits nos Ty- rannidés, cette famille, que nous adoptons, du reste, se trouve réduite aux deux genres océaniens : 1° Eopsaltria ; 2° Pachycephalu. 1 GENRE. — ÉOPSALTRIE. EOPSALTRIA. (Swainson, 1831.) Hz, aurore; SANTO, psaltrion, instrument de musique CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, un peu déprimé et élargi à la base, comprimé sur les côtés, et à sommet légèrement courbé à la pointe, qui est crochue et échancrée; quelques petites soïes à la base. Narines basules, latérales, membraneuses, arrondies, et engagées sous les soies. Ailes amples, surobtuses, à première rémige courte, falciforme, les quatrième et cinquième les plus longues. Queue médiocre, large et égale. Tarses robustes, de la longueur du doigt médian, où un peu plus longs, scutellés; doigts courts, minces, les latéraux égaux, l'interne soudé à sa base, le pouce fort; ongles minces et crochus. Fig. 292, — Eopsaltria Australis. Fig. 293. — Eopsaltria Australs. Ge genre ne repose que sur trois espèces de l'Australie, longtemps confondues avec les Gobe-Mou- ches, et dont deux ont été découvertes par Quoy et Gaimard. Nous figurons l'Éopsaltrie à gorge blanche. Ce sont des Oiseaux qui vont par paires, nichent sur les branches assez basses et descendent fré- quemment à terre pour y chercher leur nourriture, qui consiste en Insectes. Comme ceux du genre suivant, la forme courte et ramassée, avec la tête très-grosse, à plümes très- fournies, et susceptibles de se hérisser. OISEAUX. 239 ÉOPSALTRIE À GORGE BLANCHE. £OPSALTRIA GULARIS. Quoy, Gaimard, Gould ) La tête, le dessus du dos et les ailes sont d'un cendré foncé : les plumes en sont lâches; la gorge, le pli de l’aile et l'extrémité des pennes de la queue sont blancs; une bande blanche traverse l'aile en dessous; le ventre et le croupion sont jaunes; une bande brune sépare le blanc de la gorge du jaune du ventre. Longueur totale, 0,159. Habite la Nouvelle-Hollande : port du Roi-Georges. Fig, 29% — Kopsaltrie. o Que GENRE. — PACHYCÉPHALE. PACHYCEPHALA. (Swainson, 1851.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec généralement fort, moins long que la tète, déprimé à la base, un peu plus large que haut, comprimé sur les côtés jusqu à la pointe, qui est crochue et échancrée; soies courtes à la buse. Narines basales, latérales, arrondies, en partie cachées par les soies basules. Rp ESS, GNU } NS UN Ÿ Fig. 295. — Pachycephala gutturalis. Fig. 296, — Péchycephala qutturalis Ailes médiocres, subobtuses; les trois premières rémiges largement et également espacées, les quatrième et cinquième les plus longues, la première courte et fulciforme. 240 HISTOIRE NATURELLE. Queue égale ou arrondie, rarement échancrée. T'arses assez forts, scutellés, de la longueur du doigt médian; doïgts courts, les latéraux égaux, l'externe soudé à La base, le pouce de La même longueur que celui-ci; ongles faibles, peu courbés el aigus. Ce genre repose sur une vingtane d'espèces de l'Océanie et de l'Australie. Nous figurons le Pachy- céphale de Hombron, dédié par M. Ch. Bonaparte à l'un des chirurgiens naturalistes du voyage au pôle sud de l'Astrolabe. Ce qui caractérise le mieux ce genre, c’est d’abord une forme assez trapue, et ensuite le gonflement des plumes de la tête, qui se redressent toujours quand l'Oiseau est effrayé, ou dans la saison des amours. Fig. 297. — Pachycéphale. | Ces Oiseaux se nourrissent d'Insectes; on les voit généralemeut par paires. Dans une chasse que je fis en octobre à Rock-Pointe, dit Jules Verreaux, j'ai eu occasion de voir plusieurs de ces Oiseaux, surtout parmi les buissons de moyenne taille et très-touffus, où ils pénétraient avec vitesse, afin d'y chercher les Insectes qui servent à leur nourriture. Leurs mœurs paraissent avoir de l’analogie avec certaines espèces de Fanicinés du cap de Bonne-Espérance, et surtout avec celle connue sous le nom de Cubla, et peut-être plus encore avec le Boulboule. Lorsqu'ils poursuivent un Insecte assez fort, ils font entendre de temps à autre un petit cri perçant par lequel le mâle attire souvent sa com- pagne, qui pourchasse la proie avec lui. On en voit plus rarement sur les grands arbres que dans les buissons. Leur vol est court : s’il délogent d’un buisson, ils ne tardent pas à pénétrer dans un autre. C'est en octobre également que je me suis procuré le nid (et les quatre œufs qu'il renfermait) d’une de ces espèces, le Pachycephala inornata. Celui ci fut trouvé dans un buisson épais, des alentours de Botany-Bay; il y était posé à quatre pieds au-dessus du sol : il se composait de débris de bran- ches entrelacées, mais si clair-semées, qu'il était facile de voir le jour au travers; sa forme était ar- rondie, etil pouvait avoir près de quatre pouces de diamètre; l'ouverture était de presque toute cette largeur, et la profondeur avait un peu plus d’un pouce et demi : lintérieur était composé de substances un peu plus douillettes, mais à peu près de même nature. Les œufs étaient d'une forme un peu allongée et arrondie à chaque extrémité; cependant, l’un des bouts était un peu plus fort; la couleur d'un gris olivâtre clair, parsemé de taches de diverses formes et très-petites, d’un brun plus ou moins nuancé d'olivätre : c’est surtout autour de la couronne que ces taches sont plus nombreuses: OISEAUX. 241 du reste, ces taches varient et de couleur et de forme, ainsi que le reste des œufs dans le même nid. (Zool. tasm. et austr., mss.) PACHYCÉPHALE SIMPLE, PACHYCEPHALA SIMPLEX. (Gould, 1842.) Eu dessus. d’un brun obscur; en dessous, du même brun un peu blanchätre, chaque plume mar- quée à sa pointe d'une tache oblongue, noirätre, bec et pieds noirs; iris brun. Longueur totale, 0,15. Habite le Port-Essington. TROISIÈME FAMILLE. — ARTAMINÉS. M. De La Fresnaye est le premier auteur qui ait établi et démontré la nécessité de faire des Lan- graïens une famille : c'est ce qu'il faisait si judicieusement en ces termes dans son Essai de classifi- cation de l'ordre des Passereaux, 18538. Quant aux Langraïens, dit-il, appelés encore par Cuvier Pies-Grièches-Hirondelles, ces Oiseaux, à forme et à mœurs d'Hirondelle, nous ont toujours paru singulièrement placés dans la famille des Pies- Grièches : la conformation de leurs ailes suraiguës et très-longues, dépassant l’extrémité de leur queue, double caractère qui ne se retrouve dans tout l'ordre que chez les Hirondelles et les Oiseaux- Mouches, la brièveté et en même temps la force de leurs tarses et de leurs doigts terminés par des ougles robustes, élevés et très-arqués comme ceux des Grimpeurs et des Martinets, la largeur même de leur bec à sa base; tous ces caractères nous semblent indiquer qu'ils seraient plus naturellement placés près des Gobe-Mouches et des Hirondelles que près des Pies-Grièches, surtout d'après ce que l'on sait de leurs habitudes, qui sont un vol presque continuel à la poursuite des Insectes le long des côtes et des rochers qui bordent la mer des Grandes-I[ndes, et d'après ce que me fait conjecturer la forme de leurs pattes, qui serait une grande difficulté pour marcher, et, au contraire, la faculté de se cramponner aux rochers, où probablement ils se retirent et nichent. Aussi avons-nous cru que, d’a- près notre plan de classification, basé autant que possible sur les rapports de mœurs, ils seraient plus convenablement placés entre les Muscicapa et les Hirondelles, mais comme famille distincte. Cuvier n’avait eu en vue, à ce qu'il paraît, en les rapprochant des Pies-Grièches, que leur courage à poursuivre les Oiseaux et même le Corbeau; mais nous retrouvons ce genre de courage chez beau- coup d’autres Oiseaux, et en particulier chez les faibles Hirondelles elles-mêmes, qui, dans le temps de leur nidification, se réunissent souvent pour poursuivre dans les airs, en poussant des cris répétés, l'Oiseau qui vient à passer. Ces idées si justes, quant à l'érection des Langraïens au rang de famille, n’ont cependant pas reçu immédiatement leur application. Ainsi, M. Gray, à l'instar de Swainson, a fait des Langraïens un des genres de ses Dicrurintæ. Mais M. Ch. Bonaparte, se rangeant à l'opinion de M. De La Fresnaye, à introduit dans son Con- spectus (1859) la famille des Langraïens, sous le nom de Artamideæ, à la suite de ses Hirundinide, qui elles-mêmes viennent immédiatement après ses Ampelidæ. Get ornithologiste ÿ comprend deux genres : 4° Artanus, Nieillot; 20 Artania, De La Fresnaye, que nous rédusons à un seul : Langraien (Artamus). o* 51 949 HISTOIRE NATURELLE. GENRE UNIQUE. -— LANGRAIEN. ARTAMUS. (Vieillot, 1816.) ApT2u.0:, combattant. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque aussi haut que large, à sommet élevé à la base, entrant assez dans les plumes du front, à arête arrondie et inclinée jusqu'à la pointe, qui est légèrement échancrée, sans crochet; commissure assez profondément fendue, et retombant sous les yeux. Narines latérales, ovalaires, percées dans la substance du bec, el recouvertes en partie par les petites plumes du front. : Ailes longues et pointues, aiguës, à première rémige rudimentaire, la seconde la plus longue de toules. Queue médiocre, et profondément fourchue. Tarses courts, robustes, de la longueur du doigt médian, seutellés; «doigts épais, courts, l'externe soudé à su base, les latéraux égaux, le pouce vigoureux, aussi long que le médian; ongles puissants et recourbés, celui du pouce le plus fort. Fig, 298. — Artanus personalus Fig. 299. — Artamus personalus Ce genre, créé presque en même temps par Vieillot sous la dénomination qui précède, et par Cu- vier (4847) sous celui plus caractéristique de Ocypterus, est synonyme du genre Leptopteryxæ de Horsfield. Il renferme dix-sept espèces, dont deux encore mal déterminées. Nous figurons le Lan- graïen à ventre blanc. Les Langraïens étaient pour Cuvier ce qu'il appelait ses Pies-Grièches-Hirondelles. Comme les Hi- rondelles, en effet, le vol est leur principal mode d'action, leurs ailes étant favorablement disposées pour la locomotion aérienne. Comme elles, on les voit faire la chasse aux Insectes. Ils ont, avec la puissance de vol des Hirondelles, le courage des Pies-Grièches (nous ajouterons, des Tyrans); aussi, les différents noms qui leur ont été donnés se trouvent par là complétement justifiés. On les à vus attaquer des Oiseaux beaucoup plus forts qu'eux. C’est ce qui résulte suffisamment des observations de Sonnerat sur la Pie-Grièche dominicaine et des Philippines, appelée Langraïen par Buffon (Arta- nus leucorhynchus et dominicanus). Elle vole, dit ce voyageur, avec rapidité et en se balançant dans les airs, de la même manière que les Hirondelles… Elle est ennemie du Corbeau, et, quoique beaucoup plus petite, elle ne craint pas, non-seulement de se mesurer avec lui, mais même de le provoquer. Le combat est long et opiniätre; il dure quelquefois une demi-heure, et finit toujours par la retraite du Corbeau, Oiseau läche et mal- adroit, qui, habitué à n’employer sa force qu'à déchirer des chaires mortes et corrompues, n'a pas le courage de s'opposer à l'audace et à l'intrépidité d’un ennemi sur lequel la petite taille et la fai- blesse devraient lui assurer la victoire. (Burron et Soxxint, Voyage à la Nouvelle-Guinée.) Ces données générales ont longtemps été les seules que l'on possédât sur les habitudes des Lan- graïens, et qui se reproduisent dans tous les dictionnaires d'Histoire naturelle, ÿ compris celui de M. Ch. D'Orbigny. Mais, depuis les voyages en Australie de M. Gould et surtout de J. Verreaux, une 2 un 0 “ne de een RS Re m— SR OISEAUX. 243 foule de détails sur les mœurs de ces Oiseaux, qui avaient échappé aux naturalistes, ont été révélés à la science, qui en était aux observations générales de Quoy et Gaimard, à qui l’on devait la con- naissance de ce fait déjà assez curieux par lui-même, que le vol des Langraïens, notamment de celui à ventre blane, était semblable à celui des Hirondelles, et qu'ils avaient la faculté de planer des jour- nées entières dans les régions élevées. Voici maintenant des détails bien autrement intéressants. Le Langraïen sordide {Artamus sordidus), le Be-Wowen, ou Hirondelles des bois, des aborigènes des plaines et des montagnes de l'Australie occidentale, et le Worle de ceux des pays de la Sonde, est aussi chéri des habitants de cette cinquième partie du monde, que l'Hirondelle proprement dite l’est des Européens. Aucun Oiseau n’a soulevé plus de discussions chez les ornithologistes à systè- mes. Latham en fait une Grive, Guvier un Ocypterus, et Wagler un Leptopteryæ. Les colons de l'Australie ont été aussi bien inspirés en lui donnant le nom qu'il porte aujourd’hui parmi eux. M. Gould attribue à cet Oiseau des mœurs douces; il choisit sa demeure et bâtit son nid près des maisons, surtout de celles qu'entourent des enclos et des pâturages bordés de grands arbres : c’est, ainsi que cet ormithologiste l’a remarqué, au commencement du printemps, à la terre de Van-Diemen. L'espèce y était très-répandue au nord du Derwent. Chaque arbre recélait une douzaine de ces Oi- seaux, toujours perchés par groupe de quatre ou cinq sur la même branche morte. Néanmoins, leur nombre n'y était pas tellement grand qu'il pût être comparé à des troupeaux. Chaque Oiseau parais- sait mû d’une volonté particulière, indépendante de celle du voisin. Chacun individuellement, et à mesure que le besoin le poussait, ou s'élançait de sa branche à la poursuite d’un Insecte, où tour- noyait au-dessus de l'arbre pour revenir ensuite occuper le même poste. Cette habitude semble indi- quer quelque parenté avec le Gobe-Mouche. Mais, pour en revenir à M. Gould, et le suivre dans ses observations, il a remarqué que, pour s’enlever, l'Oiseau fait mouvoir chaque aile lune après l'autre, et donne à sa queue une inclinaison oblique avant de prendre l'essor. Il en à souvent vu quel- ques-uns rester perchés sur la haie de l’enelos où ils se précipitaient de temps en temps, comme font les Étourneaux, pour y chercher des Coléoptères et autres Insectes. « Ce n’est pourtant pas, ajoute- t-il, dans cet état de tranquille immobilité que cet Oiseau gagne à être vu; ce n’est pas non plus à cette existence contemplative qu'il semble destiné spécialement; car, bien que sa structure le rende plus propre que d’autres à vivre indifféremment à terre, sur les arbres ou dans l'air, la forme de ses ailes, remarque le judicieux voyageur, dénote une affinité entre espace et lui. » « Aussi, continue M. Gould, quand il est à la poursuite des Insectes qu'une douce chaleur fait sor- tir de leur cachette pour se jouer dans le feuillage et contempler de plus haut la splendeur d'un beau jour, c'est dans ces courses aériennes que, sillonnant l'air en tous sens avec une remarquable ai- sance, et déployant au vent les plumes blanches et noires de sa queue, cet Oiseau magnifique étale aux yeux de l'amateur sa beauté véritable. » Mais une autre habitude singulière, que cependant M. Gould n’a pas remarquée, et que M. Gil- bert, son collaborateur, a observée à la rivière des Cygnes, c’est cette manière de se réunir et de se suspendre en groupes comme un essaim d’Abeilles. « Quelques Oiseaux, dit-il, s’accrochent à une branche morte, et le reste de la troupe vient s’at- tacher aux premiers en si grand nombre, qu'on les a vus former des grappes de la grosseur d’un bois- seau. ) Nous avons vu que cette manière de se grouper est également commune aux Hirondelles d'Europe. M. Gould rencontra en très-grand nombre le Langraïen sordide dans la ville de Perth jusqu'au milieu d'avril environ. Puis elle disparut tout à coup, et il n’en revit qu'à la fin de mat, mais en troupes innombrables, volant, de compagnie avec l'Hirondelle commune et le Martinet, au-dessus d’un lac situé à une dizaine de milles de la ville. Il y en avait une quantité telle, que. comme un nuage épais, elles faisaient ombre sur le lac. La voix de cet Oiseau ressemble beaucoup, dit-il, à celle de nos Hirondelles; mais elle est bien plus percante. Selon le même auteur, il a l'estomac musculeux et vaste, et se nourrit généralement d’In- sectes. M. Gould ajoute qu'à la terre de Van-Diemen on peut strictement le classer parmi les Oiseaux émi- grants. D'après ses observations, il y arrive en octobre, qui est le premier mois de l'été en Australie, et, après avoir fait au moins deux couvées, il repart en novembre pour les contrées du Nord. Il en 244 HISTOIRE NATURELLE. reste quelques-uns tout le long de l’année, répandus sur le continent dans toutes les localités favo- rables à leurs habitudes. Le nombre de ces derniers se règle sur la quantité d’Insectes qui peuvent fournir à leurs besoins. Une remarque du même naturaliste, c’est que ceux de la rivière des Cygnes, de l'Australie méridionale et de la Nouvelle-Galles du Sud, ne présentent aucune différence pour la taille et la couleur, tandis que ceux de la terre de Van-Diemen sont toujours plus grands et de cou- leur plus foncée. Généralement, c'est de septembre à décembre qu'arrive pour ces Oiseaux la saison de l'incubation. La situation de leurs nids varie singulièrement. M. Gould en a remarqué un dans le feuillage épais d’un buisson tout près de terre; il en a vu d'autres sur des branches dépouillées de feuilles, ou atta- chés à des troncs d'arbre dans les trous de l'écorce et dans cent autres endroits. Le nid lui-même est, dit-il, assez simple, de forme ronde, ayant environ cinq pouces de diamètre, et fabriqué de pe- tites branches extrêmement minces entrelacées de racines fibreuses. Les nids qu'il a trouvés à la terre de Van-Diemen étaient plus larges, plus compactes et mieux construits que ceux du continent australien. M. Montagne, lui, en a montré un près d'Hobart-Town, tout au haut d'une petite branche feuillue. Suivant M. Gould, l'Artamus sordidus pond quatre œufs, dont les taches varient beaucoup, quant à la disposition. Ils sont d’un blanc terne un peu terreux, mouchetés de brun foncé. Dans quelques- uns, dit-il, on aperçoit la transparence d'une seconde série de taches grises qui semblent être à la surface interne de la coquille. Ils ont en moyenne onze lignes de haut sur huit de diamètre. (Fraser’s Mag. et Rev. brit., 1850.) Ces mœurs sont communes à toutes les espèces du genre : c'est ce que confirment les observations faites par J. Verreaux au sujet des Vittatus, Cinereus et Albiventer. Ces Oiseaux volent aussi très- souvent au-dessus des eaux à la manière des Hirondelles.… Combien de fois, dit-il, dans mes courses pénibles au milieu des ravins qui bordent la baie, en allant du côté de South-Head, n'ai-je pas ad- miré la sagacité avec laquelle ces petits Oiseaux saisissent leur proie! car, pendant la forte chaleur du jour, il est plus ordinaire de les voir perchés sur une petite branche morte, rangés en bataille et côte à côte : cependant, quoique paraissant repus, dès qu'un Insecte venait à passer assez à portée, l'un d'eux se laissait choir, et saisissait en même temps ce malheureux Insecte, puis revenait immé- diatement reprendre sa place dans le rang, s'y remettant dans la même position; quelquefois, à son retour, la bande se mettait à gazouiller. Mais ce qui m’amusait surtout, c'était lorsque quelques Oiseaux de proie ou quelques Gorbeaux venaient à passer : alors, se précipitant en même temps en poussant des cris, cette bande redescendait jusque près du sol, paraissant très-effrayée; d'autres fois, quelques-uns, plus courageux, s’avisaient de poursuivre avec acharnement leurs ennemis, sans cepen- dant les approcher aussi près que le font certains Lanius, mais en poussant des cris aigus. C'est surtout pendant l'époque de la couvaison qu'ils ne peuvent souffrir de voisins près de leurs nids, et qu'ils poursuivent avec le plus d'ardeur les grandes espèces d’Oiseaux qui les approchent de trop près. Les Corbeaux alors paraissent surtout leurs victimes de prédilection. Se rassemblant en grand nombre quand ils en voient un, ils le harcèlent tellement, que ce malheureux Oiseau semble en perdre la tête, et ne disparait qu'après s'être laissé arracher bon nombre de plumes. J'en ai rencontré sur le mont Wellington à plus de deux mille pieds d'élévation. J'ai trouvé beau- coup de débris de Sauterelles dans leur estomac, et bien des fois j'ai eu occasion de remarquer que ces Oiseaux les saisissaient au vol comme font les Hirondelles. Quelques espèces nichent dans des trous d'arbre : dans ce cas, le nid est très-mal fait, composé de petites branches de bruyère et de diverses autres petites plantes, et garni intérieurement de quelques brins d'herbe et de quelques racines minces. Tel était un nid de Alborittatus, trouvé dans un trou d'arbre à seize pieds d'éléva- tion; tel était encore celui de Albiventer. (Zool. tasm. et austral., mss., 1844-1845.) TANGRAIEN CENDRE. ARTAMUS CINEREUS. (Vicillot.) Front et toute la face noirs; parties supérieures grises, brunissant un peu sur le manteau, et pre- nant une teinte plombée sur les ailes et leurs couvertures supérieures; croupion, couvertures supé- rieures de la queue et rectrices, d'un noir uniforme, excepté l'extrémité des latérales, qui est blan Fig — Amadina modesta Pi OISEAUX. 245 che, mais la plus externe a ce même blanc encadré de noir, rémiges terminées légèrement par une tache blanche qui disparait presque entièrement sur celles qui sont le plus rapprochées du corps; parties inférieures d’un cendré pâle, tournant au brun sur le bas-ventre, et devenant de plus en plus noir sur les couvertures inférieures de la queue, lesquelles sont variées de blane sur le côté et vers leur extrémité; couvertures inférieures des ailes et dessous de celles-ci d’un blanc pur; bec bleuätre vers la moitié de sa longueur, noir dans le reste; tarses plombés. (J. VEnREaux.) Longueur totale, 0,195. QUATRIÈME FAMILLE. — DICRURINÉS. Cette famille a bien souvent changé de place dans la méthode, selon le point de vue de chacun des auteurs qui s'en sont occupés. Swainson, qui le premier l’a constituée au rang seulement de sous-famille, en faisait la troisième de sa famille des Laniadeæ et la composait des genres : | 1° Tephrodornis, Swainson; 9° Melasoma, Swainson:; 5° Langraien (Ocypterus), Cuvier; 4° Analcipus, Swainson; 9° Drongo (Dicrurus), Vieillot. M. Gray en a fait la cinquième et dernière sous-famille de ses Ampelidæ, servant de passage de ceux-ci aux Laniidæ, et y a introduit : 1° Langraïen (Artamus), Vieillot; 90 Anais, Lesson: 3° Dicrurus; 4° Chibia, Hodgson; o° Bhringa, Hodgson; 6° Chaptia, Hodgson; 7° Melanornis, Gray, pour Melasoma; 8° Zrena, Horsfield. M. Ch. Bonaparte, érigeant les Dicrurinés au rang de famille, et en élaguant les Langraïens, qu'il élève également au rang de famille sous le titre de Artamidæ, en à fait sa cinquième famille sous le nom de Edolüdeæ, qu'il place entre ses Oriolidæ et ses Laniidæ, et la compose de deux sous familles, les Edoliinæ et les Ceblepyrinæ. La première, dont nous avons seule à nous occuper, comprend les huit genres de M. Gray, sauf les genres Artamus et Anais, et de plus les genres : 19 Prosorinia, Hodgson; 2 Oreas, Temminck; 3 Edolius, Cuvier, démembrement du genre Drongo. Quant à nous, tout en adoptant la composition de M. Gray, sauf une modification déjà faite par M. Ch. Bonaparte relative au genre Chochoa, que nous y introduisons, et moins trois de ses genres, nous faisons de nos Dicrurinés la quatrième et dernière famille de notre tribu des Muscicapidés, dont nous les croyons beaucoup plus rapprochés que des Ampelidés, et même que des Laniidés. Nous pen- sons que cette famille est le lien le plus naturel qui rattache les Muscicapidés de l'ancien monde à ceux du nouveau, dont nous avons fait nos Tyrannidés. 246 HISTOIRE NATURELLE. Nous ne sommes pas les premiers, du reste, à faire ce rapprochement, qui s’est déjà présenté à l'esprit observateur de Le Vaillant, ainsi que nous aurons occasion de le démontrer bientôt. Dans le même ordre d'idées de simplification, nous réduisons le nombre des genres que nous ad- mettons dans nos Dicrurinés aux suivants : 1° Melanornis; 2 Chochou; 5° Trena; 4° Drongo (Dicrurus). Nous ne pouvons, en effet, nous décider à séparer de ce dernier type les genres Bhriaga, Chibia. Chaptia et Edolnis, qui n’en sont que des démembrements, et ont tous les mêmes caractères, sauf quelques modifications dans la conformation des plumes frontales et caudales. Fig. 302. — Chaptia œnea. Lig. 505. — Chaptia œnea. {7 GENRE. — MELANOPNIS. MELANORNIS. (Gray, 1840.) Mehavos, noir; 0pvts, Uiseau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court, à peine «le la longueur de La tête, un peu plus iarge que haut à la base, faiblement in- cliné jusqu'à la pointe, qui est crochue et échancrée, à bords comprimés, muni de quelques soies roides à la comnissure. OISEAUX. 247 Narines basales, latérales, arrondies, en partie cachées par les plumes du front. Ailes surobtuses: les trois premières rémiges largement étagées, les quatrième, cinquième ct sixième presque égales, les plus longues. Queue longue, arrondie et égale. Tarses Jrées assez longs, scutellés, de la longueur du doigt médian, les latéraux égaux el très- courts; le pouce robuste et long; ongles vigoureux, recourbés et aigus, celui du pouce le plus fort. Fig. 304. — Melanornis edolioides. Fig. 505 . — Melanorius edolioidcs, Ce genre, qui, à son origine (1837), ne reposait que sur une seule espèce, dont Swainson fit son type sous le nom de Melasoma, déjà employé dans la science, et a dù prendre celui que M. Gray lui a imposé, renferme aujourd'hui quatre espèces, toutes de la Cafrerie. Nous figurons le Mélanornis drongoïde (Melanornis edolioides). On en ignore complétement les mœurs; mais leur système de coloration comme l'aspect et l'ensem- ble de leurs formes en font de véritables Drongos, à part la gracilité de leur t tarse et le peu de de- veloppement de leur bec. MÉLANORNIS NOIR. MELANORNIS ATRA. (Suudeval, Gray.) En entier d'un noir uniforme peu foncé. Que GENRE. — COCHOA. COCHOA. (Hodgson, 1836.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, légèrement déprimé à la base, plus large que haut, comprimé sur les côtés, à sonumet graduellement infléchi jusqu'à la pointe, qui se recourbe en forme de crochet, ct est échancrée; quelques poils à la commissure. Fig. 506. — Cochoa purpurea. Narènes latérales, percées dans une squamelle membraneuse, ovalaires, et en parties couvertes par les plumes du front. 248 HISTOIRE NATURELLE, Ailes longues, subobtuses; La troisi me rémige la plus longue de toutes. Queuc longue, large et arrondie. T'arses médiocres, de la longueur du doigt médian. scutellés; doigts longs el nunces, les latéraux égaux, et légèrement soudés à la basr; le pouce asses long; ongles comprimés, crochus, ct'aiqus, celui du pouce le plus {ort. l'ig, 507. — Cochoa vert Ce genre, que M. Hodgson a aussi nommé Prosorinia en 1841, est synonyme du genre Ureas, Temminek. il renferme trois espèces de l'Asie centrale et de l'Océanie. Nous croyons que c’est à tort que le genre Cochoa a été compris par M. Gray dans ses Ampelinæ, et, nous conformant à l'exemple donné par M. Ch. Bonaparte, nous le comprenons dans nos Dicrurinés, dont il a tous les caractères. Nous figurons Le Cochoa vert. Tout ce que l'on sait de ces Oiseaux, c’est qu'ils sont solitaires, vivent par paires, et ne se nour- rissent que de baies, de Mollusques et d'Insectes aquatiques. , COCHOA VERT, COCHOA VIRIDIS, (Hodyson, 1856.) Tout le dessus de la tête, la région parotique, derrière et côtés du cou, ainsi que les moyennes couvertures des ailes, la moitié de toutes les rémiges, et la presque totalité des rectrices, à partir de la base, d’un joli bleu cendré; tout le reste du dessus du corps, de même que le dessous, à partir du menton jusqu'au bas de l'estomac, d’un vert-pré éclatant; abdomen et flancs d’un vert cendré tour- nant au bleuâtre; une raie sourcilière partant de la base du bec noire; l'extrémité des petites cou- vertures alaires, qui sont vertes, bordée sur deux rangs d’un fin liséré noir formant dentelure; celle des moyennes couvertures se terminant par une large bordure noire, de même que les plumes du fouet de l'aile; enfin, l'extrémité des rectrices formant une large bande de même couleur, la rec- trice la plus latérale ayant sa page externe noire dans toute sa longueur; bec noir; pattes d'une cou- leur de chair obscure; ongles noirs; iris noisette. Losgueur totale, 0,285. Habite le Népaul. OISEAUX. 249 3ve GENRE. — IRÈNE. /RENA. (Horsfield, 1820.) CARACTÈRES GENÉRIQUES Bec de la longueur de la tête, fort, épais, aussi large que haut, à sommes élevé à la base, et courbé jusqu'à la pointe, qui est crochue et échancrée, à bords comprimés; la base garnie de sepl à huit soies longues et roides. Narines basales, latérales, arrondies, et presque entièrement recouvertes par les plumes séliformes du front. Fig. 508 — Irena puella. Ailes allongées, surobtuses, à première rémige la plus courte, les quatrième. cinquième et sixième presque égales, les plus longues. Queue ample et égale. T'arses robustes, très-courts, à peine de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts courts, les latéraux surtout, l'externe uni à la base, le pouce fort; ongles courbés et aiqus, celui du pouce le plus grand. \ SE { S )) \ | | \ / / ù / Fig. 509. — Irena puella, Ce genre, propre à l'Asie méridionale et à l'Océanie, ne renferme que trois espèces, que Temminek a rangées avec les Drongos. Nous figurons l'frène à ventre bleu, Tout ce que l'on sait des mœurs des Oiseaux de ce genre se borne à ce que Horsfield nous apprend concernant l'espèce-type découverte et décrite par lui, l'Irène azurée. Cette espèce, dit ce naturaliste voyageur, habite les bois et les forêts en montagnes, éloignées des habitations, où les fruits et les graines sauvages forment sa nourriture; elle est peu répandue, même rare dans quelques districts de Java; on la voit dans les parties occidentales qui forment la province oë 32 250 HISTOIRE NATURELLE. de Bangumas et sur la chaine des montagnes situées au sud-ouest de Buitenzorg. (Teuminer, Zoolog. Resear. in Java, pl. col.) On comprend que, malgré l'exactitude incontestable de ces renseignements, on ne puisse consi- dérer les Irènes comme des Oiseaux exclusivement baccivores, la forme de leur bec et surtout les soies rigides dont est armée sa commissure indiquant des espèces éminemment et par-dessus tout insectivores. IRÈNE À VENTRE BLEU. IRENA CYANOGASTRA. (Vigors, 1851.) Entièrement noire, à l’exception du sommet de la tête, des épaules, du croupion et de l'abdomen, qui sont d'un beau bleu de ciel à reflets d'aigue-marine; bec et pieds noirs. Longueur totale, 0,26. Habite l'Asie orientale, Manille, Fig. 510, — Trène à ventre bleu. 4e GENRE. — DRONGO. DICRURUS. (Le Vaillant, Vieillot, 1816.) Atspocs, bifides; c%24, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec robuste, de la longueur de la tête, couvert à la base de longues soies roides dirigées en avant, presque aussi haut que large, à mandibule supérieure un peu carénée en dessus, courbée dans toute sa longueur jusqu'à la pointe, qui est crochue et échancrée; mandibule inférieure aiquë et relroussée à la pointe. Narines basules, latérales, arronilies, el cachées sous les plumes du front, projelées en avant. Ailes longues, et cependant subobtuses; Les trois premières rémiges largement étagées, les qua- trième et cinquième égales, les plus longues. Queue longue et fourchue; dans quelques espèces les deux plus latérales des rectrices dépassant de beaucoup les autres, et affectant une apparence filiforme. Tarses courts eL robustes, scutellés, de La longueur du doigt médian; doigts antérieurs très- courts, le médian excédant à peine les latéraux, qui sont à peu près égaux el soudés à la base; le pouce sans ongle, aussi long que le doigt du milieu, large et vigoureux; ongles courts, à l'exccp- ae OISEAUX. 251 ion de celui du pouce, qu estle double de l'ongle de ce dernier doigt. très-épais. très-recourbé et Lrès-aiqu. Fig. 511. — Dicrurus grandis Parfois les plumes frontales dessinent une buppe assez prononcée, où se portant simplement en avant, ou en arrière, ou se partageant également des deux côtés. Ces plumes sont le plus souvent étroites et dures. ASTT NET de PE SR — = LL DRE Fis 512 — Dicrurus grandis. Ce genre, ainsi que nous l'avons dit, se confond, pour nous, avec les genres Bhringa, Chibia et Chapsia, Hodgson, et est synonyme du genre Æ£dolius. Il renferme trente-six espèces de l'Afrique, de l'Asie et de l'Océanie. Nous figurons le Drongo de Ludwig. Fig 9. 313. — Bhringa remifer Fig. 514 — Bhringa renufer C'est à Le Vaillant qu'est due la première idée de la formation de cette coupe ornithologique, qu'il établissait en ces termes : 252 HISTOIRE NATURELLE. Quoique les naturalistes, dit-il, aient confondu les Oiseaux dont nous allons nous occuper, tantôt avec les Pies-Grièches, tantôt avec les Corbeaux, et souvent avec les Gobe-Mouches, faute, sans doute, de renseignements sur leur manière de vivre, nous avons cru, d’après des observations faites sur leurs mœurs dans le pays qu'ils habitent, devoir en former un genre particulier, et conserver à ce genre le nom de l’espèce qui paraît avoir été comme la première, que nous avons retrouvée dans l'in- térieur de l'Afrique, et que Brisson a décrite parmi les Gobe-Mouches sous le nom de Drongo, qu'elle porte à Madagascar… _ Fig. 515 — Drongo de Ludwig. Les Drongos paraissent assez se rapprocher des Tyrans par la forme du bec; cependant, celui des premiers est plus relevé et moins aplati, ce qui fait que les Drongos ont plus de force dans les mà- choires que la plupart des Tyrans. Des poils roides, semblables à ceux des Gobe-Mouches proprement dits, ombragent leur bouche; la mandibule supérieure se termine par un crochet moins apparent que chez les Pies-Grièches, et les narines, très-grandes, sont cntièrement recouvertes par les plumes poi- leuses du front comme chez les Gorbeaux. Ce sont probablement tous ces caractères qui, pris sépa- rément, auront causé les méprises des ornithologistes, et qui ont fait ranger les Drongos dans plu- sieurs genres très-différents. Les tarses sont courts, robustes, et les ongles grands et crochus. Le doigt de derrière est le plus fort; il est large et plat, ainsi que la base des trois de devant, dont l'ex- térieur est tant soit peu plus réuni à celui du milieu que l'intérieur. Ces Oiseaux vivent en société, et se rassemblent au déclin du jour. Ils sont très-turbulents, et jet- tent des cris perçants. Îls se nourrissent d'Insectes, et principalement d’Abeilles, ce qui les a fait nommer par les colons du Cap qui connaissent leurs mœurs Rey vrecter (Mangeurs d’Abeilles), et, par ceux qui sont témoins 4e leurs réunions nocturnes, sans en savoir la cause, Duywels voogel (Gi- seaux diaboliques). (Hist. nat. des Ois. d'Afr.) Le même voyageur, selon les espèces qu'il a le mieux observées, entre dans des détails de mœurs des plus intéressants. Le Drongo, dit-il, l'espèce par lui prise pour type, le Dicrurus forficatus. fréquente les grandes forêts, et vit en petites troupes; il fait sa principale nourriture d'Abeilles, qu'il guette et qu'il saisit à leur passage, absolument de la manière que les Gobe-Mouches le pratiquent à l'égard des Mouches et des Insectes. Mais C’est particulièrement le soir, après le coucher du soleil, et le matin avant son lever, qu'il chasse de préférence ces industrieux Insectes; et pour cet effet les petites bandes se ran- gent le long du bois et s'y perchent sur un arbre isolé, mort ou ayant beaucoup de branches mor- tes, afin de mieux saisir le moment du départ ou de l’arrivée des Abeilles lorsqu'elles sortent du bois pour aller recueillir sur les fleurs le miel et la cire, ou qu'elles reviennent chargées de butin. On voit de loin ces Oiseaux faire leur chasse et voltiger en désordre autour et à une certaine distance OISEAUX. 203 d'un arbre, et revenir ensuite sur le même arbre, les uns y revenant, les autres en repartant tour à tour et incessamment; ce qui forme une scène très-animée et même bruyante, car ils ont tous un cri qu'ils répètent à chaque instant, et qu'on exprime très-bien par pia-griach, griach. Qu'on s’imagine voir une trentaine d’Giseaux voltigeant pêle-mêle autour d’un arbre et faisant tous les petits détours que nécessitent le vol rapide et les crochets des Abeilles, qui elles-mêmes cherchent à éviter leur ennemi; qu'on se représente quelques-uns de ces Giseaux manquant leur proie, se revi- rant aussitôt vers une autre Abeille, faisant quelquefois cinq à six pirouettes de suite en cabriolant à droite, à gauche, en haut et en bas, dans tous les sens, enfin, et ne venant se reposer que lors- qu'ils ont happé l’Abeille ou qu'ils se sont fatigués inutilement, on aura une idée assez exacte de tout le manége des Drongos. Si ensuite on croit entendre ces cris pia-griach, griach, répétés sur tous les tons et par tous les individus de la troupe, et cela après le coucher du soleil; si nous ajoutons que ces Oiseaux sont tout noirs, on ne sera pas surpris du nom d’Giseaux diaboliques que leur donnent, dans certains cantons, des hommes simples, stupides, crédules à l'excès, et qui ignorent d’ailleurs absolument la raison de tout ce bruit et de tous ces mouvements. Mes Hottentots, qui connaissent ces Oiseaux, étaient eux-mêmes persuadés qu'ils étaient de mauvais augure. [ls me prièrent de ne pas tirer dessus, de peur qu'ils ne nous arrivät quelque accident en route, mais surtout de ne pas le faire dans le moment où ils étaient le soir rassemblés et en conversation avec les sorciers. J’avoue- rai même que, la première fois que je fus témoin du manége des Drongos, ces bruyants Oiseaux me parurent fort extraordinaires, d'autant plus que j'ignorais encore absolument ce qui pouvait les exci- ter à tous les mouvements que je leur voyais faire. Ce fut à mon arrivée sur les bords verdoyants du Duywen-Hock que, pour la première fois, étant à l'affût d’une Gazelle, je vis de loin, sur la lisière du bois, l'étonnant exercice dont je viens de don- ner le détail; mais, n'ayant pu me transporter sur le lieu de la scène, parce qu'elle se passait de l'au- tre côté de la rivière, j'en parlai le soir à mes Hottentots, lorsque, assemblés autour du feu, nous nous racontions nos prouesses du jour; et j'appris de ceux qui connaissaient ces Oiseaux ce que J'ai dit de leur croyance, me promettant bien d’aller dès le lendemain voir sur les lieux mêmes le spectacle que je n'avais vu la veille que de loin. Je traversai la rivière dans l'après-midi, et me rendis au pied de l'arbre mystérieux, où je ne fus pas plutôt arrivé, que je devinai la cause qui rassemblait les prétendus Giseaux du diable; car la terre était jonchée de cadavres d’Abeilles, à la plupart desquelles il ne restait plus que la tête, le corselet et les ailes; plusieurs d’entre elles n'étaient pas encore mortes; tels étaient les débris de la chasse de la veille. Je ne doutai plus dès lors que les Drongos ne fissent la chasse aux Abeilles, et qu'ils ne se réunissaient ainsi à la lisière du bois que pour les attendre à leur rentrée. Métant caché à quelque distance de l'arbre d’affüt, j'y attendis les Giseaux chasseurs, qui ne tardérent pas à arri- ver de tous les côtés de la forêt, et à faire leur manœuvre accoutumée, laquelle dura jusqu'à l'entrée de la nuit, où les Oiseaux de proie nocturnes commencèrent à se faire entendre, et forcèrent les Drongos à se retirer dans leurs retraites respectives. Pendant la saison des amours, les mâles ont un chant soutenu et fort qu'ils font entendre le matin et le soir, surtout l'espèce du Drongear (Dicrurus musicus). Celle-ci fait son nid dans une enfour- chure à l'extrémité des branches latérales des mimosas les plus élevés; ce nid, composé de brins de bois flexibles, est si peu tissu, que du bas de l'arbre on peut voir et compter les œufs qui s’y trouvent; il ny entre d’ailleurs aucune matière douillette quelconque. La ponte est de quatre œufs. Le mâle couve, ainsi que la femelle. (Hist. nat. des Ois. d'Afr.) En outre de leurs réunions crépusculaires, les Drongos ne laissent pas que d’avoir encore quelques autres rapports de mœurs avec les Langraïens d’une part et les Tyrans de l’autre. Ainsi, Sonnerat nous apprend que la Pie-Grièche à queue fourchue du Bengale, de Brisson, appelée par Edwards Pie-Grièche des Indes, et par Buffon et Le Vaillant, Fingah, de son nom de pays (Dicrurus cœru- lescens), est aussi appelée par les Indiens le Roi des Corbeaux, parce qu'il les poursuit avec acharne- ment, en poussant de grands cris et les assaillant de coups de bec sur le dos, jusqu'à ce qu'il les ait éloignés. (Burrox et Sonxini, Voyage à la Nouvelle-Guinée.) Quant au prétendu ramage du Drongo, que Gommerson assure pouvoir être comparé au chant du Rossignol, il est permis de croire à une certaine exagération de sa part d'après les observations de Le Vaillant que nous venons de rapporter. 254 HISTOIRE NATURELLE. DRONGO HOTTENTOT. DICRURUS HOTTENTOTUS. (Linné, Ch. Bonaparte.) D'un noir de velours à reflets métalliques verdâtres, surtout aux ailes; les plumes de la gorge, de forme lanccolée, vertes: la tête ornée de plusieurs tiges de plumes filiformes et sans barbules; les barbes de l'extrémité des rectrices latérales contournées en spirale. La Longueur totale, 0®,32; de la queue, 0,16. Habite le Bengale, l'Assam et le Népaul. DEUXIÈME TRIBU. — TYRANNIDÉS. La tribu des Tyrannidés comprend, pour nous, tous les Giseaux exclusivement chasseurs d'Insectes du nouveau continent, que chaque auteur a placés tantôt avec les Muscicapidés, tantôt avec les La- niadés ou Pies-Grièches. C’est pour mieux opérer cette séparation que nous élevons la réunion des genres nombreux qui la composent au rang de tribu. Nous divisons nos Tyrannidés en six familles, qui sont : 4° Alectrurinés (Alectrurinæ), Gray; 9° Viréoninés (Vireoninæ), Swainson; 3° Tyranninés (T'yranninæ), Swainson; 4° Tityrinés (T'ityrincæ), Gray; 5° Platyrhynchinés (Platyrhynchinæ), Ghenu et O6. Des Murs: 6° Sétophaginés (Setophaginæ), Chenu et 0. Des Murs. Cette tribu n'est, au surplus, qu'un groupe géographique qui nous à paru des plus naturels, et nécessaire dans l’état actuel de la science. Car nous n’insisterons pas beaucoup sur la conformation de l'aile, que Swainson le premier a dit être différente chez les Muscicapidés du nouveau monde de ce qu’elle est chez ceux de l'ancien, en ce sens que les Muscicapidés américains auraient, en général, l'aile plus courte, plus arrondie que ceux de l'ancien monde, et seraient par conséquent moins bien organisés pour le vol, parce que d'abord cette remarque souffre un certain nombre d'exceptions, en- suite parce que la conclusion qu'en ont tirée Swainson en premier lieu, et après lui M. De La Fres- naye, nous paraît complétement fausse. De ce qu'en effet la première penne, chez les Tyrannidés, est en général allongée, et se rapproche de la longueur de la seconde, qui elle-même n'est qu'un peu plus courte que la troisième, tandis que chez la plupart des Muscicapidés de l'ancien monde cette première penne est, ou bâtarde, ou très-courte, et la seconde beaucoup plus longue, il ne s'ensuit pas que les premiers aient en général l'aile plus courte, plus arrondie, et soient par conséquent moins bien organisés pour le vol que les premiers, car les deux groupes ont l'aile construite sur le même type, eu égard aux principes posés élémentairement par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. La conclusion contraire pourrait être soutenue avec tout autant de raison, puisque chez les Tyrannidés l'aile, en toutes ses parties, est, proportionnellement aux dimensions de l'Oiseau, beaucoup plus lon- gue, en général, que chez les Muscicapidés; ce qui démontre que l'idée si ingénieuse du savant aca- démicien que nous venons de nommer ne doit être prise que comme base d’un travail beaucoup plus complet qui reste encore à faire sur le même objet. OISEAUX. 259 PREMIÈRE FAMILLE. — ALECTRURINÉS. Cette famille représente maintenant le groupe créé par M. De La Fresnaye sous le nom de Muscica- pidés riverains arundinicoles, dans la section des Muscicapidés riverains, et dont il posait ainsi les bases : Nous avons, dit-il, groupé sous ce nom plusieurs espèces qui, comme nos Fauvettes de roseaux, sont non-seulement Oiseaux riverains, mais habitants exclusifs des touffes de joncs et de roseaux, ne se perchant jamais ou presque jamais sur les arbres ou les buissons. L'organisation de leurs pattes est entièrement en rapport avec cette destination; ainsi, au lieu d’avoir, comme les Gobe-Mouches sylvains, des tarses et des doigts fort courts, et des ongles médiocres et bien arqués, ils en ont de longs et grèles, et leurs ongles, le postérieur surtout et le médian antérieur, sont singulièrement al- longés, effilés, peu arqués et pointus, ce qui leur donne la facilité de se cramponner aux tiges des roseaux et des plantes aquatiques. (Essai d’une nouv. mani. de group. les Passer., 1838.) Cette famille représente encore en grande partie les Fluvicolinæ de Swainson, et les Tæniopte- rinæ de M. Ch. Bonaparte. Le premier de ces auteurs y comprenait les genres suivants : 1° Gubernetes, Such; 90 Alecturus, Vieillot: 3 Fluvicola, Swainson: 4° Blechropus, Swainson: 5° Seisura, Vigors et Horsfield. M. Gray y a joint les genres : 1° Lichenops ; 2° Arundinicola; 3° Copurus, Strickland, supprimant les deux derniers genres. M. Ch. Bonaparte, qui les séparait des Muscicapidés pour les transporter dans ses Todidés, se con- formant, en les développant, aux erreurs de ce dernier méthodiste, y a introduit les genres : 1° Machætornis, Gray; 90 Ochthaeca: 5° Cnipalequs; & Tœnioptera; 5° Centrites; 6° Ochihites: T° Puyonura; 8° Agriornis, dont nous avons transporté la plus grande partie, en tête de nos Turdidés, dans nos Agriornithinés, ce qui en élevait ainsi le nombre à quatorze. Ces derniers genres étant presque exclusivement marcheurs, c’est au système de M. De La Fres- naye que nous nous rallions de préférence, restreignant, comme lui, cette famille, dont nous adop- tons la dénomination que lui a donnée M. Gray, aux genres dont les habitudes sont riveraines et arun- dinicoles. 256 HISTOIRE NATURELLE. Ces genres sont les suivants : 4° Arundinicole (Arundinicola); 20 Gallite (Alectrurus); 5° Copure (Copurus); 4° Yétapa (Gubernetes); 5° Tachuris (T'achuris). {er GENRE. — ARUNDINICOLE. ARUNDINICOLA. (D'Orbigny et De La Fresnaye.) Arundo, arundinis, roseau; cola, habitant. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, fort, déprimé, à dos arrondi, légèrement infléchi jusqu'à la pointe, qui est échancrée, ct un peu comprimé à ses bords, garni de soies à sa base. Narines basules, latérales, rondes, et à découvert. Ailes courtes, arrondies, surobtuses; les premières rémiges étroites et aiguës, la troisième plus courte que la quatrième, celle-ci que la cinquième, qui est la plus longue. Queue plus ou moins longue, en coin. Tarses de la longueur du doigt médian, recouverts de squamelles; doigts longs, les latéraux égaux et soudés à la base, le pouce long et fort; ongles ruünces, celui du doigt médian plus fort que les deux autres, et celui du pouce le plus fort de tous. = Fig. 316.— Arundinicola leucocephala. Fig 517 —- Arundinicola leucocephala. Une seule espèce de l'Amérique méridionale, dont nous dounons la figure et la description. Ces Oiseaux se tiennent exclusivement aux bords des eaux, dans les jones et dessus, et se posent peu à terre. Ils sont des régions chaudes et tempérécs situées à l'est des Andes. (D'Onpr6xx.) Nous avons rencontré cette espèce, dit ce voyageur, successivement à Rio de Janeiro, à Corrientes et dans les provinces de Moxos et de Chiquitos, ce qui nous porterait à croire qu’elle habite tontes les régions chaudes de l'Amérique méridionale. Néanmoins, elle n’est commune nulle part; elle se tient toujours parmi les jones des lacs et des marais; là, par paires toute l’année, et sédentaire dans le même lac ou le même marais, on est presque certain de l'y trouver, ne s'en éloignant que d'une centaine de pas tout au plus. Le matin et le soir, on la voit perchée sur la sommité des jones, d’où elle épie les Insectes, qu’elle saisit au vol, revenant ensuite à sa place; elle descend aussi sur les plantes flottantes pour les chercher, ou bat des ailes au-dessus de l’eau pour saisir les Insectes aqua- tiques. Posée, elle balance continuellement sa queue de haut en bas d’un air gai, mais assez farou- che; si on inquiète, elle se cache au milieu des jones, et ne reparaît que longtemps après; ce qu'elle fait également sans motifs à l'instant des fortes chaleurs du jour. Au temps des amours, elle construit un nid en forme de grotte, garni, à l'extérieur, de graminées fines, et à l'intérieur seulement de plu- mes blanches; ce nid est attaché par des fils à cinq ou six jones à la moitié de leur hauteur au-des- sus des eaux, et contient quatre œufs d’un blanc rosé, tacheté de rouge. OISEAUX. 9 + — ARUNDINICOLE A TËT£ BLANCILE, ARUNDINICOLA LEUCOCEPHALA, (Pallas, D'Orbigny et De La Frisnaye.) La tête entière plus blanche que la neige; les ailes brunes; les couvertures inférieures de la queue blanchâtres; le reste du plumage et le tarse d'un noir profond: enfin, le bec noir en dessus et à son bout, et le reste d'un jaune pur. (D Azara.) Longueur totale, 0.16. Fig 518 — Arundinicole à tête blanche. Que GENRE. — GALLITE. ALECTRURUS. (Lesson, Vieillot. 1816.) Aextouwv, Coq; CU2%, quenc. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court. fort, large. déprimé à la base, qui est munie de soies, convexe en dessus, termané cn pointe croche. Narines latérales, basales, arrondies et nues. Ailes allongées, subobtuses; la première rémige fort courte, se rétrécissant dans son milieu, su plus grande largeur placée vers son extrématé, qui se termine en pointe très-aiguë; les troisième et quatrième rémiges les plus longues. Queue plus où moins longue, composée de rectrices ordinaires, c’est-à-dire à plan horizontal, et de rectrices singulières, à plan vertical. Fig 319. — Alectrurus tricolor. Fig. 520. — Aectrurus tricolor T'arses de la longueur du doigt médian, couverts de squamelles. et grèles, de même que les doigts; les latéraux de ceux-ci égaux; le pouce fort; ongles longs. minces, assex courbés el aigus, celui du pouce le plus fort. o? 39 258 HISTOIRE NATURELLE. Deux espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons le Gallite guyrayétapa. Les Gallites, que D'Azara appelait Queues rares, ont le corps un peu court et ramassé; la tête as- sez grande, aplatie en dessus, et couverte de plumes qui se rejettent un peu eu dehors, comme pour ombrager l'œil, qui est grand: la langue large, courte, et ne se terminant pas en pointe; les ailes fermes et vigoureuses. Ces Oiseaux volent avec légèreté et sans secousses; ils ne s'élèvent ni ne s’éloignent pas beaucoup. Les campagnes voisines des eaux sont les lieux qu'ils préfèrent; ils n’entrent point dans les bois, et ils ne se perchent que sur les jones et les plantes aquatiques, jamais sur les arbres et les buissons. Ils se jettent sur les Insectes qui passent près d'eux; mais, pour l'ordinaire, ils les prennent à terre. Lorsqu ils sont effrayés ou blessés, et lorsqu'ils veulent dormir, ils se cachent si bien sous les plan- tes, qu'il est impossible de les en faire sortir. Le mâle d’une des deux espèces, le Gallite tricolore, monte quelquefois, presque verticalement, dans les airs, en battant vivement des ailes et relevant beaucoup sa queue; il parait alors plutôt un ’apillon qu'un Oiseau. Quand il est à trente ou trente-six pieds de hauteur, il se laisse tomber obli- quement pour se poser sur quelque plante. (D'Azana.) Fig. 521, — Gallite guyrayétlapa. GALLITE TRICOLORE. ALECTRURUS TRICOLOR. (Vicillot.) Front marbré de blanc et de noir; les côtés de la tête et les parties inférieures de couleur blanche, avec les extrémités des pennes noirâtres, ainsi que l'extérieur des jambes; le dessus de la tête et du cou, la queue et ses couvertures supérieures, un demi-collier au bas du devant du cou, d'un noir profond; le dos et le croupion cendrés; les plumes scapulaires, le pli et les petites couvertures du dessus de l'aile, d'un beau blanc; les grandes couvertures et les pennes noirâtres, avec une bordure blanche; le tarse noir; l'iris brun, enfin, le bec olivâtre, et sa pointe noirâtre. Les douze pennes de la queue, bien fournies de barbes, ont, à l'exception des deux intermédiaires, la forme d'une pelle, c'est-à-dire qu'elles s’élargissent beaucoup à leur extrémité; toutes ont leurs plans verticaux; les deux intermédiaires sont pressées par les côtés des autres, dont la longueur est à peu près la même, et qui ont douze lignes de moins que les deux du milieu. C’est un attribut par- ticulier à cette espèce de tenir toujours la queue verticale comme celle du Coq: les barbes des pennes OISEAUX. 959 sont très-fortes et fournies; celles du haut sont longues, et les autres diminuent graduellement de longueur, jusqu'à finir à la fois. (D'Azara.) : Aussi ce voyageur, à qui on doit la découverte des deux espèces, avait-il nommé celle-ci le peut Cog, d'où Vieillot avait fait un moment le nom générique Gallita. Longueur totale, 0,14. ge GENRE. — COPURE. COPURUS. (Strickland. 4841.) Korn, aclion de couper; cu24, queue. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec moitié plus court que la tête, très-large et déprimé à la buse, à sommet arrondi et légère- ment courbé seulement à la pointe, qui est échancrée, garni de soies à sa commissure. Narines basales, arrondies et nues. Ailes longues, subobtuses; les troisième et quatrième rémiges égales, les plus longues. Queue allongée, large, avec les deux rectrices médianes prolongées. l'arses de la longueur du doigt médian. et couverts de sqxamelles; doigts courts, les latéraux égaux, ct soudés à leur base; le pouce long: ongles courts, peu courbés, aiqus, celui du pouce te plus fort. Fig. 522 — Copurus filicandus Fig. 525 >— Copurus filicandus. Deux seules espèces de l'Amérique méridionale. Nous en donnons la description. Les plumes du dessus de la tête sont longues, étroites et peu serrées. L'œil est grand, vif et ar- dent. Les pennes intermédiaires de la queue ont des barbes fort courtes à leur naissance et à leur extrémité; et elles en sont totalement dénuées dans leur milieu. Les cinq autres, de chaque côté, sont bien fournies de barbes, égales entre elles, et de trois pouces et demi plus courtes que les deux du milieu, lesquelles ne se séparent jamais. (D’Azara.) Je n'ai vu, dit-il, cette espèce, qu'il a appelée Colon, et placée parmi ses Suiriris, qu’au Paraguay, assez rarement et toujours en hiver. Le mâle et la femelle ne se quittent point; ils ne sortent point des grands bois, et ils se perchent aux endroits les plus apparents des arbres desséchés et très-éle- vés, d'où ils se jettent sur les Insectes; ils ne se cachent jamais, et ne vont point à terre. COPURE FILICAUDE. COPURUS FILICAUDA. {Spix, Strickland.) Il a la tête d'un blanc melé de bleuâtre, qui enveloppe aussi la paupière supérieure; le croupion blane, de même que le côté extérieur de la penne latérale de chaque côté de la queue; tout le reste du plumage d'un noir profond; le bee, l'iris et le tarse noirs. (D'Azana.) Longueur totale, 0,265. Spix l'a trouvé au Brési!. 260 HISTOIRE NATURELLE, La seconde espèce, découverte seulement en 1842, et décrite par M. De La Fresnaye, qui l'a fait connaitre sous le nom de Copurus leuconotus, offre les plus grands rapports avec celle que nous ve- nons de décrire. Mais elle en diffère par une taille un peu plus petite (0,25), par le dessus de la tête noir ou couleur d'ardoise foncée au lieu d'être blanc ou cendré blanc, par le dos également blanc ou cendré au lieu d'être noir, et par une bande soureilière blanche se prolongeant jusqu'à la nuque. Les rec- trices intermédiaires sont enfin plus longues. (Rev. x0olog.. 1842.) Fig. 52% — Copure filicaude 4e GENRE. — YPÉRU. GUBERNETES. (Such, 1825) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec presque aussi long que la tte, fort, déprimé et large à la base, à arête arrondie, faiblement infléchie, et comprimé vers la pointe, qui est échancrée, garni de poils durs à la base. Narines latérales, arrondies, en partie nues, en partie recouvertes de poils. Ailes médiocres, subaiguës: les seconde et troisième rémiges égales, les plus longues. Queue très-allongée et fortement échancrée. Tarses de La longueur du doigt médian, vigoureux, scutellés; doigts médiocres, forts, les laté- raux équiæ, l'externe soudé à la basé; le pouce et son ongle robustes, celui-ci le plus fort de tous, comprimé et aigu. DIE Ji PR?) le NPS. Ne HI N \ \ Fig. 525. — Gubernetes yétapa lig, 526. — Gubernetes yétapa Langue petite, fourchue à son extrémité. dy, À rage : L , if En : ' ds me ae el ee pe _" {lu à Fig. 1 — Myagra concinna PI. 39. OISE 261 Une seule espèce, le Gubernetes yetapa. Yipéru, dit D'Azara, est le nom que quelques Guaranis donnent à un Oiseau qui n’est point rare au Paraguay. D'autres l'appelleut Fetapa (ciseaux), par allusion à sa manière de suspendre son vol, en ouvrant fortement, puis resserrant sa très-longue queue. Il a l'habitude de fréquenter, en petites troupes, les marais et les terres qui les avoisinent, de se poser sur les jones et les arbustes, de chercher à terre les Vers et les Insectes, et de les saisir au vol lorsqu'ils passent à sa portée. Son eri est un sifflement fort et simple, qu'il fait souvent entendre. (Voy. en Amer. mér, ei au Parag.) YIPÉRU YETAPA GUBERNETES YETAPA. (Vieillot, Such.) Derrière l'œil est une tache d’un roux vif, qui couvre l'oreille et descend sur le devant du cou. La gorse, le ventre et les couvertures inférieures de l'aile, sont blancs. Les plumes de la tête, de la poi- urine et du cou entier, à l'exception de l'espèce de cravate rousse, ont une teinte claire de plomb; les tiges brunes et les extrémités sans barbes. Le haut du dos, ainsi que les couvertures supérieures de l'aile, sont noirätres; ies grandes couvertures des parties intérieures de l'aile sont terminées de brun, et les pennes d'un brun qui devient noirâtre en approchant de leur extrémité, qui est en partie blanchâtre; les pennes extérieures ont la plus grande partie de leurs barbes supérieures rougeitres, et les inférieures blanchâtres; quelques-unes sont bordées de brun. Il résulte de cette distribution des couleurs de l'aile qu'une taclie rougeatre contraste, d'une manière remarquable, avec la couleur rembrunie des couvertures. Cette même tache parait jaunâtre en dessous. Jusqu'au nivean de F'extré- mité de ses pennes intermédiaires, la queue est brune, et noire dans le reste. (D'Azars.) Longueur totale, 0",455; de la penne externe de la queue, 0,98. Habite le Paraguay et le Brésil. ot GENRE. — TACHURIS. TACHURIS. (D'Azara, De La Fresnaye et D'Orbigny.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec court, faible, droit, très-légèrement crochu, et plus épais que large, et cependant aplati sur toute sa longueur; la base de la mandibule supérieure se formant de deux plans: quelques petits poils courts, fins el peu remarquables. Narines basales, percées dans une fosse membraneuse, à ouverture longitudinale et nue. Ailes médiocres, subobtuses; La troisième rémiye la plus longue de toutes. ‘Queue médiocre, arrondie sur les côtés. Fig. 527. —— Tachuris omnicolor Fig 528 -- Tachuris omnicolor. Tarses de la longueur du doigt médian, minces et seutellés; doigts allongés et également minces, les latéraux presque égaux, etunis à la base; le pouce avec son ongle égal au doigt médian, et mani de l'ongle le plus fort et le plus long. 269 HISTOIRE NATURELLE. Une seule espèce de l'Amérique du Sud, dont nous donnons la figure. L'espèce sur laquelle repose ce genre a pendant longtemps été considérée et classée comme Roi- telet ou Bec-Fin sur la foi de Vieillot, auquel on en attribuait la description première et l'introduc- tion dans la science, alors que depuis un assez grand nombre d'années elle lui était déjà acquise; et c'est à M. De La Fresnaye que l'on doit et cette rectification d'erreur et cette restitution. Vieillot fit en effet connaitre cet Oiseau pour la première fois, en France, en 4825, sous le nom de Boïtelet omnicolore, dans sa Galerie du Muséum, pl. 166, comme nouvelle espèce rapportée du Bré- sil par M. Auguste De Saint-Hilaire. Depuis lors, Cuvier l’a cité dans sa dernière édition du Règne animal comme du genre Roitelet (Regulus). Lesson, dans son Traité d'Ornithologie, en fait autant. Enfin, Temminck, dans sa troisième partie du Manuel, y dit, à la suite de son article sur le même genre, qu'outre les deux espèces européennes, deux autres avaient été rapportées de l'Amérique; l'une du nord et l’autre du sud de ce vaste continent. Celle du nord, comme on le sait, est le Roite- let rubis, connu depuis longtemps; et, pour celle du sud, il est probable qu'il n’a eu en vue que le Roïtelet omnicolore de Vieillot, puisque c'est la seule espèce indiquée jusqu'ici comme habitant l'A- mérique méridionale. Or, dit M. De La Fresnaye, j'ai reconnu d’une manière indubitable que, lorsque Vieillot publia cette espèce, en 1823, comme nouvelle, elle ne l'était pas, puisque D’Azara, cet auteur distingué et bien connu, l'avait décrite de la manière la plus précise dans son excellent ouvrage sur les Oiseaux du Paraguay. Il est impossible de n°y pas reconnaître sur-le-champ, dans sa description du Tachuris roy (espèce cent soixante et unième), le Roitelet ommicolore, que Vieillot cite comme nouveau qua- torze ans après; et les couleurs vives et tranchées du plumage de cet Oiseau ne laissent aucun doute sur l'identité de l'espèce dans ces deux descriptions. Mais ce qui étonnera bien davantage, c’est que Vieillot, qui a décrit scrupuleusement, dans le Dictiovnaire d'Histoire naturelle, toutes les espèces publiées par D'Azara, et qui par suite y a copié la description de son Tachuris roy, en changeant toutefois son nom en celui de Pütpit à ventre rouge (vol. XI, p. 277), n'ait pas reconnu plus tard que l'Oiseau rapporté par M. Auguste De Saint-Hilaire, et qu'il publiait sous le nom de Roitelet om- nicolore, n’était autre que celui-là. Or, est, selon moi, la moindre erreur commise par Vieillot au sujet de cet Oiseau. Celle beaucoup plus grave dans laquelle il a entrainé les premiers ornithologistes du siècle, est d’avoir fait un Roitelet d’un Oiseau qui n’en a (quant aux formes extérieures) ni le bec, ni les pattes, ni les ailes, ni la queue, et qui a des mœurs fort différentes et presque opposées, ce qui est encore plus concluant. Les Roitelets, espèce de Mésanges à bec fin, ont le bec très-comprimé, assez élevé à sa base, avec les narines recouvertes par de petites plumes décomposées; les ailes, de longueur ordinaire, atteignant à peu près les deux tiers de la queue; celle-ci ayant ses pennes, comme celles des ailes, terminées en pointe, et assez fortement échancrées. Dans le Roitelet omnico- lore, au contraire, le bec, quoique grèle, est déprimé à sa base et nullement comprimé latéralement dans sa longueur comme chez les Roitelets: les narines sont découvertes; les ailes sont très-courtes, très-arrondies, et leurs pennes sont singulièrement rondes et obtuses à leur extrémité. La queue, com- posée de pennes également très-arrondies à leur pointe, loin d'être échancrée, est, au contraire, fort étagée. De plus, les doigts, qui, chez les Roitelets, sont de longueur médiocre, terminés par des ongles peu allongés mais arqués, sont, chez l'espèce en question, très-longs et très-déliés, armés d'ongles également fort longs, très-minces et très-atténués, mais peu courbés. Le pouce, qui, chez les Roitelets comme chez les Mésanges, est le plus fort de tous les doigts, est court chez l'Omnicolore, quoique armé d’un ongle fort long. Lorsqu'à cette réunion de caractères de formes tout à fait opposés on vient joindre l'observation des mœurs, on reconnaît que Vieillot, dans la description de son Pitpit à ventre rouge, copiée sur celle du Tachuris roi, D'Azara, et qui n’est autre que son foitelet omnicolore, dit, d'après D'Azara, qu'il fréquente les terrains couverts d’eau, où il se tient dans les jones, au Paraguay et à Buénos- Ayres. J'ai reconnu moi-même dans D'Azara tous ces détails, que Vieillot y avait copiés. M. D'Orbi- gny, qui à rapporté cet Oiseau du Paraguay, ne l'y a vu également que dans ces localités humides. Ce genre d'habitation est, comme on le voit, tout à fait différent de celui des Roitelets, qui, comme les Mésanges, sont sans cesse voltigeant d’un arbre à l'autre, et en parcourent les branches dans tous les sens; mais il est conforme à celui des l'auvettes de roseaux, dont l'Omnicolore a la queue, les ailes, etun peu les ongles grêles et très-allongés. PR NET TE PONT mn; | OISEAUX. 263 La vraie place, toutefois, de l'Omnicolore, et nous croyons pouvoir l’affirmer sans nul doute, est dans la nombreuse famille des Muscicapidés ou Gobe-Mouches, et dans cette section établie par M. Swainson, sous le nom de Fluvicolinæ où Gobe-louches riverains, qui ont des mœurs tout à fait conformes à celles de nos Rousserolles. Tels sont le petit Coq, le Guira yetapa, le Motteux à queue ctagée de Vieillot (Galerie), et un assez grand nombre d'espèces que nous signalons dans le travail que nous avait fait, M. D'Orbigny et moi, sur les Muscicapidés d'Amérique. Je crois donc que c'est le cas, non pas de donner un quatrième nom nouveau au Roitelet omnicolore (Dieu me garde de cette manie si fatale à la science), mais de lui rendre le nom générique de Tachuris, que D'Azara lui avait imposé, il y a plus de trente-cinq ans, dans son excellente description, et de lui laisser le nom spécifique d'Omnicolore de Vieillot, sous lequel il est connu si généralement. Dès lors, le T'achuris omnicolor devient le type d'un genre dans le groupe assez nombreux des Fluvicolinæ de Swainson ou Gobe-Mouches riverains, et suivra immédiatement les Gobe-Mouches petit Coq et Guira yétapa, dont il a absolument la forme de pattes et d'ongles, caractère aussi important, quant aux mœurs et à l'habitat, que celui du bec l'est peu la plupart du temps. (Echo du monde savant, 1856.) C'est en raison de ces considérations si bien développées par M. De La Fresnaye, auxquelles s'est rangé M. Ch. Bonaparte, mais que n’a pas voulu suivre M Gray, que nous plaçons le genre Tachuris dans nos Alectrurinés. Ces considérations ont en effet reçu depuis une confirmation par les observa- tions que M. Claude Gray a faites sur cet Oiseau au Chili; voici les détails que donne à ce sujet lémi- nent VOYageur : Cet Oiseau, assez rare au Chili, se rencontre dans les provinces de Goquimbo, Santiago, Chi- loë, ete.; on l'y voit toujours dans les endroits marécageux, au milieu des jonchaies, sautant avec adresse d’un roseau à un autre, occupé à y chercher les Insectes dont il se nourrit; il va quelque- fois les chasser où les prendre à terre; mais cela est rare, et, dans ce cas, il retourne immédiate- ment vers ses roseaux, poussant de temps en temps un petit cri qui peut se traduire par ces mots : ffué-ffué-ffué, ete. construit son nid de la même façon que nos Fauvettes de roseaux où Rousse- rolles, c’est-à-dire de la manière la plus industrieuse. Il l’établit en enlaçant extérieurement plusieurs tiges de roseaux, au centre desquels il doit être fixé : il y emploie à peu près les mêmes matériaux; sa forme est arrondie dans la partie supérieure, et il se termine graduellement en pointe offrant 267 HISTOIRE NATURELLE. une hauteur de quatorze centimètres sur huit et demi de large. (Historia fisica y poliica de Chile, 1847.) TACHURIS ROI. YACHURIS OMNICOLOR. (Vieillot, D'Orbigny et De La Fresnaye.) Le menton est blanc; la gorge, le devant du cou, la poitrine et le ventre, sont d’un beau jaune pur; mais une bande de noir velouté, et large de six millimètres, s'étend depuis l'origine de l'aile jusque sur les côtés de la poitrine; le bas-ventre est d’un rouge de feu, et les couvertures supérieures de l'aile sont variées de noir et de blanc. Les côtés et le derrière de la tête sont d'un bleu foncé ou noir, et, depuis les narines, un trait d'un jaune vif passe sous l'œil et se termine à l’occiput. Le dessus de la tête est noir, quelquefois pointillé de roussätre; mais au milieu paraît une petite couronne du rouge de feu le plus vif. Le cou et le corps, en dessus, sont teints en vert obscur; les ailes noires, quelquefois brunes, à l'exception des grandes couvertures des parties internes, qui sont blanches et terminées de jaune faible; quelques individus ont aussi du blanc à la pointe et à la naissance des pennes de ces mêmes parties; et, dans ce cas, le blanc s’étend en ligne oblique, de sorte que les seizième et dix-septième pennes sont presque entièrement blanches, et que la huitième a seulement ses barbes externes de cette couleur. La queue est noire; mais la penne extérieure, de chaque côté, est blanche, aussi bien que les bords et la pointe de la seconde et l'extrémité de la troisième. Le tarse est noirâtre; le bee noir, ainsi que l'œil, et l’intérieur de la bouche orangé. (D'Azana.) Longueur totale : 0,11. Habite toute l'Amérique du Sud, Ghili, Paraguay, Buénos-Ayres. DEUXIÈME FAMILLE. — VIRÉONINÉS. Les Viréoninés sont des Moucherolles à bec généralement fort, et remarquable par sa compression latérale, ainsi que par sa pointe apicale, recourbée en forme de crochet plus ou moins prononcé. Ils sont essentiellement insectivores, ainsi que l’indiquent les plumes sétiformes qui garnissent le tour de la commissure rostrale chez la plupart des espèces. Tous ont un chant plus on moins module, qui ne se retrouve que rarement dans les grandes tribus des Muscicapidés et des Tyrannidés. Comme plusieurs de ceux-ci, ils contournent avec agilité les branches sur lesquelles ils se jouent, soit en se pourchassant entre eux, soit en s’élevant après les Insectes. Cette famille a été originairement créée par Swainson, qui en faisait la deuxième sous-famille de ses Anpelidæ, et la composait des genres : 1° Vireo, Vieillot: 2° Pachycephala ; 3° Eopsaltria ; 4° Pülochloris; les trois derniers de sa création. M. Gray l’a restreinte au seul genre Vireo, réservant les trois derniers genres pour en faire sa sous-famille des Pachycephalinie. M. Ch. Bonaparte, tout en adoptant dans son intégrité la composition de Swainson, y a apporté ? b] Ï > J quelques modifications. Ainsi, il a d'abord subdivisé le premier genre en : po OISEAUX, 265 1° Vireo; 2 Vireosyluia, Ch. Bonaparte; puis il y ajoute les genres australiens : 1° Drymodes, Gould: 29 Hyloterpe, Cabanis: et les genres américains : 1° Fircolanius, Dubus; 2° Cyclorhis, Swainson; 30 Dulus, Vieillot: 4° reteria, Nieillot; 2° Orthogonys, Strickland. Nous n'avons pris dans ces deux modes de composition, pour organiser notre famille, que les genres exclusivement américains suivants : 1° Vireo; 2 Piilochloris; 9° Cyclorhis; auxquels nous avons ajouté le genre également américain : Pülogonys, Swainson, réservant les trois derniers genres de M. Ch. Bonaparte pour notre tribu des Tanagridés, et les genres océaniens pour une autre famille. lt GENRE. — VIRÉON. VIREO. (Vicillot, 1807.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec droit, presque de la longueur de lu tête, garni de quelques poils divergents à ses angles, comprumé latéralement, entaillé sur les bords de sa mandibule supérieure, et crochu à sa pointe: mandibule inférieure rétrécie sur les côtés vers le bout, un peu recourbée en haut à son extrémité, et arrondie en dessous. Narines rondes, et situées près du front. Ailes assez longues, aiguës; la seconde penne la plus longue de toutes. Queue médiocre, assez ample. Tarses de la longueur du doigt médian; trois doigts devant, un derrière; l'intermédiaire soudé avec l'exlerne à son origine, et totalement séparé de l'interne; ongles médiocres, courbés et aigus. Fig 351. — Vireo olivacea. Fig 550.— Vireo olivacea. Langue cartilagineuse, et terminée par trois où quatre filets courts et roides. LL ES 0? 266 HISTOIRE NATURELLE. Ce genre renferme le Vireosylvia, Bonaparte, et est synonyme du genre Phyllomanes, Cabanis. Il se compose de dix espèces américaines. Nous figurons le Viréon verditre. Les Viréons sont insectivores et baccivores; mais ils ne mangent des baies que lorsqu'ils sont pri- vés d'Insectes. Ennemis du froid, qui les prive de leurs aliments préférés, ils n’habitent la zone bo- réale que durant la belle saison, et ils passent l'hiver dans des contrées où ils trouvent la chaleu et la nourriture qui leur conviennent. [ls habitent les taillis et les bosquets, et ils construisent leur nid dans les buissons ou sur des arbrisseaux. Leur ponte est de quatre ou cinq œufs; ils en font deux paï an sous la zone tempérée. Fig. 532 — Viréon verdätre. Le Viréon de New-York ou Musicien a la voix sonore et fort étendue pour un si petit Oiseau. Ses phrases sont courtes; mais, comme il les répète plusieurs fois de suite, sans interruption et sur divers tons, son chant paraît très-agréable. 11 habite les bosquets situés dans les licux arides, sur des mon- ticules, et à proximité des terrains cultivés; il préfère néanmoins les taillis où serpente un petit ruis- seau d’eau vive. Doué des attributs des aimables Fauvettes, cet Oiseau vif et gai cherche sa nourri- ture sur les arbres, en parcourant légèrement toutes les branches, et se repait en chantant. De tous les volatiles de l'Amérique septentrionale, c’est celui qui déploie le plus longtemps les charme de son gosier. Il se fait entendre depuis le mois de mai jusqu'à la fin d'août. Il se tait quelquefois, mais alors il est occupé des soins qu'exigent ses petits. Les Viréons musiciens ne se joignent pas à d’au- tres espèces pour voyager, ils se tiennent par troupes de huit à dix. Cette société ne se dissout à leur retour qu'à l’époque où les femelles ont répondu aux tendres agaceries des mâles; alors chaque couple s'isole dans un petit arrondissement. Il construit son nid à la cime d’un arbrisseau, le place à découvert, et le pose de manière qu'il semble suspendu. C’est de cette position du nid, ainsi que de la couleur dominante et de la taille de cet Oiseau, que les Américains ont tiré la longue dénomi- vation Small Green Hanging Bird, petit Oiseau à nid pendant, qu'ils lui ont imposée. Ce nid est d'environ un tiers plus petit que celui de notre Pinçon (Fringilla cœlebs, Linné), et fait avec la même élégance; il est composé de bourre, de laine, et couvert de lichen. Ges Oiseaux indiquent le berceau de leur famille à ceux qui en approchent par un petit cri qu'ils ne cessent de répéter tant qu'on leur porte ombrage, (Vigizcor, Ois. Am. sept.) VIRÉON ALTILOQUE, VIREO ALTILOQUA. (Vicillot, Gray.) Un brun olivâtre est généralement répandu sur la lête, le cou, le dos et le croupion du mâle; la même teinte borde le côté externe des couvertures et des pennes alaires et caudales; ces dernières sont d'un brun sombre en dessus et d’un gris ardoisé en dessous; une raie d’un blanc roussâtre part dé Ta D de Lies OISEAUX. 267 de la mandibule supérieure, passe au-dessus de l'œil et se termine sur l'occiput; les plames qui re- couvrent les oreilles sont d'une nuance plus pâle; le bec et les pieds sont bruns. (Viricror.) Longueur totale, 0",12. Habite la Jamaïque, les Antilles. Que GENRE. — PTILOGONYS. PTILOGONYS. (Swainson, 1827.) roc, plume; Yo, genou. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec très-court, déprimé, à arête vive, large à la base, un peu comprimé à la pointe, qui est fui- blement échancrée; bords latéraux de la mandibule supérieure cachant en grande partie l'inférieure, qui est droite; des soies roides à la base du bec. Narines vers le milieu du bec, rondes, ouvertes; fosse nasale très-grande, recouverte d'une mem- brane, en grande partie couverte par les plumes abondantes du front. DT LT LE Et D ED Eu TE ee 2077 Wed # CS MES XI Fig. 338. — Ptilochloris arcualus, Fig. 539, — Ptilochloris arcualus Ce genre a été créé primitivement, en 1831, par Swainson sous le nom de Lainisoma, qu'il a rem- placé plus tard par celui qui précède. Quatre espèces seulement, de l'Amérique méridionale, toutes récentes, dont trois sont dues à M. De La Fresnaye, qui les a fait connaître en 1838. Nous figurons le Ptilochloris à croissant, l'es- pèce Lype. On ignore les mœurs de ces Oiseaux. PTILOCHLORIS REMIGIAL. PTILOCHLORIS REMIGIALIS. (De La Fresnaye.) D'un beau vert sans taches en dessus, avec la calotte d'un noir foncé; le dessous d’un beau jaune OISEAUX 271 Jonquille, avec quelques mouchetures rares sur les côtés du cou et quelques bandes tout re long deS flancs de couleur noire. Les première, deuxième et troisième rémiges acuminées, la quatrième rétrécie brusquement en filet à un centimètre et demi de sa pointe, avec son tuyau recourbé en dehors. (Rev Zool., 1838.) Plus petit d'un quart que l'espèce type. Habite l'Amérique méridionale. A Fig. 540. — Pülochloris à croissant, TROISIÈME FAMILLE, - TYRANNINÉS. Nous pouvons dire de cette famille ce que dit M. De La Fresnaye de son groupe des Gobe-Mouches Sylvains muscivores dans sa grande famille des Gobe Mouches ou Muscicapidés : « Nous y plaçons les genres qui réunissent au plus haut degré les caractères typiques de la tribu, c'est-à-dire des tarses et des doigts courts, mais terminés par des ongles assez longs, déliés, très-arqués et pointus, des ailes de longueur médiocre, et cependant plutôt allongées, avec les trois ou quatre premières rémiges échancrées intérieurement vers leur extrémité, qui est très-pointue; une queue ample plus ou moins échancree, et un bec large, déprimé et garni de longs poils. » Swainson, le premier, fonda le groupe de ce nom, dont il fit la cinquième sous-famille de ses Laniadæ, et dans laquelle il introduisit les genres : 1° Prilogonys, Swainson; 2° Saurophagus, Swainson; 212 HISTOIRE NATURELLE. 3° Megastoma, Swainson; 4° Tyrannus, Vieillot; 5° Milvulus, Swainson; 6° Tyrannula, Swainson; 7° Chrysolophus, Swainson. Se préoccupant peu d’une division géographique, M. Gray, en faisant la troisième sous-famille de ses Muscicapidæ, a élevé le nombre de genres à neuf, tout en supprimant le genre Pulogonys, rem- plaçant donc les genres Megastoma et Tyrannula par ceux de Scaphorhkynchus et Myiobnis, plus anciens, et celui de Chrysolophus, précédemment employé, par celui de Machetornis, il y a ajouté ceux-ci : 1° Pyrocephalus, Gould; 90 Elania, Sundeval; 5° Enscarthmus, pr. Max. de Wied. M. Ch. Bonaparte, lui, a fait des Tyrannidés la quatrième sous-famille de ses Totidee ; et, tout en conservant les six genres américains de Swainson et les trois que M. Gray y avait ajoutés, y a réuni en plus les genres suivants : 41° Todirostrum, Lesson: 9 Tyrannulus, Vieillot; 2 Megalophus, Swainson; 10° Æirundinea, D'Orbigny et De La Fres- 3° Platyrhynchus, Desmarets; naye; 4 Orchilus, Cabanis; 11° Leptupogon, Cabanis; 5° Colopterus, Cabanis; 19° Mioncctes, Cabanis; 6° Hapalura, Cabanis; 15° Cyclorkynchus, Sundeval; 7° Hapalocercus, Gabanis; 14° Myiobnis, Gray; 8° Cyanolis, Swainson; 45° Myiarchus, Ch. Bonaparte; élevant ainsi le nombre des genres de neuf à vingt-quatre. Nous les avons réduits à sept, qui sont : 1° Tyranneau (Tyrannula); 99 Savana (Miluulus); 3° Tyran (Tyrannus); 4° Bentévéo (Saurophagus); 5° Nei-nei (Scaphorhynchus); 6° Zoazeiro (Machetornis'; 7° Rubin (Pyrocephalus). Si nous avons employé pour noms génériques français des noms latins Saurophagus et Scaphc- rhynchus, ceux de Bentévéo et Nei-nei, tirés de D'Azara, c'est parce que nous nous sommes aperçu que tous les auteurs avaient fait erreur et confusion dans la spécification synonymique des Oiseaux types de chacun de ces deux genres. Nous avons consigné les motifs de notre opinion dans le premier numéro de la Revue et du Magasin de Zoologie de cette année. 1 GENRE. — TYRANNEAU. TY RANNULA. (Swainson, 1827.) Diminutif féminisé de tyrannus. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, déprimé à la base, beaucoup plus large que haut, à arëte faiblement courbée, el comprimé vers la pointe, qui est crochue et échancrée : des poils à la commissure. Narines latérales, à ouvertures arrondies. OISEAUX. 273 Ailes longues et pointues, subobtuses; la première rémige assez longue, la seconde un peu plus, les troisième et quatrième les plus longues. Queue médiocre, un peu échancrée. T'arses courts, de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts également courts et munces, les latéraux égaux, l'interne soudé à la base; pouce médiocre, son ongle long, mince et aiqu. Fig. 341. — Tyrannula cinnamomeus Ce genre, synonyme des genres Myiobnis, Gray. et Miarchus, Cabanis et Ch. Bonaparte, renferme une soixantaine d'espèces, dont cinquante environ sont bien déterminées. Nous figurons le Tyran- nula pusilla de Swainson. Ces Oiseaux se voient toujours seuls ou par paires, et sont peu voyageurs; les uns habitent PAmé- rique septentrionale, les autres l'Amérique méridionale. Ils se tiennent à la lisière des bois et dans les grands halliers, quelques-uns au sein des forêts et loin des habitations, sur les petites branches sèches, d'où ils s’élancent pour attraper les Insectes qui volent autour d'eux, et qu'ils reviennent souvent dépecer sur la branche qu'ils ont quittée. Ils nichent dans les bois, au sommet des arbres, ou même dans les lianes. Fig. 542. — Tyranneau. Au mois de janvier, dit D'Azara, j'achetar un nid dans lequel étaient deux petits, qui en sortirent le quatrième jour, quoique leur queue commençät à peine à paraître ; trois jours après, ils volèrent un peu, et, au bout de deux autres jours, l’un deux étendit davantage son vol; mais il se lieurta con- tre la muraille et tomba sur le plancher, roide et sans mouvement dans les jambes; ce qui me déter- mina à rogner les ailes du second, qui était un peu plus petit, quoique depuis il devint aussi gros que l'autre. Ils mangeaient avec plaisir de petits morceaux de viande crue, et ils en demandaient fréquemment par un petit cri mélancolique. Leur plumage ne différait pas de celui des adultes, si ce n’est que la teinte en était un peu plus sombre en dessus, et qu'en dessous le jaune était plus faible. Lorsqu'on me les apporta, les plumes du sommet de leur tête n'étaient pas relevées, mais ils prirent ot 55 214 HISTOIRE NATURELLE. éet attribut dès qu'ils commencèrent à voler. Leur nid était si petit, qu'à peine ils pouvaient s'y tenir; il était en même temps peu profond et peu épais; l’intérieur se réduisait à un peu de crin et à des herbes et des fibres de plantes qui avaient l'apparence de poils; l'extérieur se composait de ces mêmes fibres, de quelques toiles d'Araignée et de mousse, L'empreinte restée sous le nid indiquait qu'il avait été placé sur une tige d’arbrisseau où sur une branche horizontale d’un pouce de grosseur. TYRANNEAU ROUSSATRE TYRANNULA RUFULA. (Hartlaub, 1852 ) Sommet et côtés de la tête, scapulaires, page externe des rémiges et de leurs couvertures, croupion et toute la queue, d’une belle couleur roux clair; les rémiges primaires noires dans leur portion api- cale sans roux à leur bord; tout le reste de la partie supérieure du corps d’un roussätre parsemé de taches longitudinales plus obscures; pli de l'aile et ses couvertures inférieures d'un ton isabelle; la tige ou rachis des rectrices noire en dessus, blanche en dessous; menton, gorge et poitrine d’un bru- nâtre pâle un peu plus foncé sur cette dernière partie; pieds noirs; bec paraissant d’une couleur de chair à sa base et brun dans le surplus; les soies de la base de la commissure et du front assez rigides. Longueur totale, 0,185. Habite le Brésil. Que GENRE. — SAVANA. MILVULUS. (Chenu et O6. Des Murs, d'après Buffon: Swainson, 1827.) Diminutif de Milous, Milan. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec un peu plus court que la tête, plus large qu'épais, de méme forme exactement, mais en plus pelit, que chez le Pipiri, droit, avec un petit crochet à la pointe, qui est échancrée ; la mandibute inférieure se relevant brusquement à partir du milieu, quelques poils à la base. Narines latérales, à ouvertures arrondies et en partie recouvertes par des poils. Ailes longues, aiguës; la deuxième rémige la plus longue de toutes. Queue plus où moins longue, fourchue; les pennes externes dépassant de beaucoup les médianes. T'arses très-courts, épais, à peine de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts relativement allongés et minces, les latéraux égaux, l'interne soudé à sa base; le pouce court; ongles longs, minces et aiqus. L'ig. 545. — Milvulus forficatus. lig. 544. — Milvulus forficatus Ce genre, synonyme du genre Muscipipra de Lesson, renferme six espèces. Nous figurons le Mil- vulis vitulus, Hartlaub. Nous donnons à ce genre le nom, appliqué par Buffon à l'espèce type, de Savana, parce que, dit ee naturaliste, il se tient toujours dans les savanes noyées. « C'est dans ces prairies naturelles qu'on Fig. 1. — Sericornis esculans Fig. 2. — Poephila acuticauda. OISEAUX. 275 le rencontre voltigeant à la poursuite des Insectes, et se reposant à chaque instant sur les longues tiges des graminées, qui se balancent sous lui, mais qui suffisent pour le porter; car il n’est guère plus gros qu'un Pinson. Au moment où il se pose, et pendant qu'il cherche à prendre son équilibre, il ou- vre et ferme plusieurs fois sa queue, dont les deux pennes externes ont près de trois fois la longueur de son corps. » (Magas. pitt., 1838.) De là le nom de petits Oiseaux que lui a conservé D'Azara, et qui n’est que la traduction du mot Guarani, Guirayelapa (Oiseau de ciseaux), déjà appliqué, pour cette raison, par le mème auteur, ainsi que nous l’avons vu, au Naucler de la Caroline. Cette dénomination, dit D'Azara, a rapport à l'habitude qu'a le Savana d'ouvrir et de resserrer, non-seulement en se posant, mais encore en volant, sa longue queue, comme deux branches de ci- seaux. Il arrive au Paraguay à la mi-septembre et il en part en mars. C’est un Oiseau fort commun et qui n’est point farouche. L'on ne remarque aucune différence entre le mâle et la femelle. Ils atta- quent quelquefois d’autres Oiseaux à l’époque de leurs amours. Ils se posent en lieux élevés et dé- couverts pour épier les Insectes; ils volent aussi au-dessus des eaux et des plaines pour faire leur petite chasse à la manière des Hirondelles; quelquefois aussi ils la font à terre. Ils n’entrent point dans les forêts, et ils se tiennent indifféremment à la rive des bois, dans les halliers et dans les ter- rains secs et humides, et ils y choisissent pour se percher de petites branches ou des jones. Leur cri m'a paru n'être qu'un craquement du bec, sans agrément. Le 26 décembre, je rencontrai sur un buisson see, isolé et extrêmement petit, un nid appartenant à cette espèce, il était si large et si pro- fond, que l’on n'aurait jamais cru qu'il fût l'ouvrage d’un petit Oiseau; en dehors, il était travaillé avec de la terre, et en dedans il était garni de petites racines et d’une petite espèce de duvet coton- neux. Il y avait trois petits sans plumes et un œuf clair, blanc et tacheté de brun et de roux; ses dia- mètres avaient 0,018 et 0,025. Noséda m'a dit avoir pris souvent des nids de ces Oiseaux sur des orangers et des buissons, que ces nids étaient petits et construits de feuilles et de débris d'écorce, qu'enfin les œufs étaient tout blancs. Fix. 345. — Milvulus vitulus Les Savana volent avec beaucoup d'aisance, et ils aiment la compagnie de leurs semblables; car, avant leur départ du Paraguay, on les voit réunis en troupes de cent et deux cents individus, dont quelques-uns se tiennent, vers le soir, perchés à la cime d’un arbre très-élevé et touffu, tandis que les autres volent autour en tourbillon confus, se jetant sur les Insectes et s'exerçant à cette chasse; ils se posent ensuite sur l'arbre, d’où ceux qui y étaient placés partent, pour que la bande tour- noyante soit toujours aussi nombreuse. Les mêmes arbres sont des lieux de rendez-vous, et ces Oi- seaux s’y rassemblent pendant plusieurs soirées entières, avant que de partir; à leur retour, ils se montrent deux à deux, et quelquefois en petites troupes qui ne tardent pas à se diviser par paires. (Voy. au Parag. et dans l’ Amér. mérid.) Leur cri, selon Vieillot, imite le bruit d'une castagnette. 276 HISTOIRE NATURELLE. Cette espèce habite une immense surface de l'Amérique méridionale : nous l'avons trouvée vers le sud dans les provinces de Corrientes, d'Entre-Rios, de Buenos-Ayres, de Montevideo, et jusqu'au qua- rante et unième degré, sur les bords du Rio-Negro, en Patagonie. Nous l'avons revue ensuite dans toutes les plaines du centre du continent, à Santa-Cruz, dans les provinces de Chiquitos et de Moxos, en Bolivia : ainsi, indifférente à la température, elle habite seulement les plaines, par toutes les lati- tudes; mais, sur cette surface, elle est partout de passage. Au printemps, elle part des régions chau- des, s’avance plus ou moins vers le sud pour nicher, et, en automne, revient vers ces mêmes régions afin d'y passer l'hiver. Dans ces migrations annuelles, elle s’avance vers la Patagonie. Peu de temps après son arrivée, elle choisit un lieu propice, et place sur des arbustes de moyenne taille un nid de six à sept centimètres de diamètre, composé de racines, de plumes, de laine et de coton entre- mélés, dans lequel la femelle dépose trois à quatre œufs, très-pointus à une extrémité, blancs et mar- qués de taches rouges rares, formant une couronne sur le gros bout; leurs diamètres sont de seize et vingt-huit millimètres. C’est à l'instant de la nichée que, plus acharnée encore contre toute la gent ailée, elle poursuit à.outrance les Oiseaux de proie et surtout les Caracaras, se précipitant sur eux à coups de bec, lorsqu'ils volent et même lorsqu'ils se posent. Après la nichée, la famille entière, quand elle est en état de voler, accompagne les parents dans cette poursuite contre les autres Oiseaux. (D'OrB1GxY.) SAVANA MOINE. MILVULUS MONACHUS. (Hartlaub, 1844.) En dessus d’un cendré pâle; sommet et côtés de la tête entourés d'un fuligineux obscur; rémiges et rectrices alaires de cette dernière teinte bordée d'un brunätre pâle; dessous des ailes d’un blanc jaunâtre; queue noire, profondément fourchue, la page externe de la rémige la plus latérale d’un blanc jaunätre à la base; en dessous uniformément blanc; bec noir; pieds noirs. Longueur totale, 0,20; de la queue, 0,12. Habite le Guatemala. ou GENRE. — TYRAN. TYRANNUS. (G. Cuvier, 1800.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, déprimé à lu base, comprimé vers la pointe, qui se termine en crochet et est échancrée; à arèle supérieure presque droite et à peine courbée à sa base; la mandi- bule supérieure se relevant brusquement vers la pointe à partir de son milieu; commissure droite garnie d'assez longs poils à son ouverture. NN ig, 546. — Tyrannus caudifascratus. Narines basales, ouvertures arrondies et en partie couvertes par les poils de la base mandi- buluire. OISEAUX. 271 Ailes assez longues, subaiguës, la seconde, la troisième, la quatrième et la cinquième presque égales, les plus longues, et pointues. Queue médiocre, légèrement échancrée. T'arses courts, de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts courts, les latéraux égaux, l'in- terne soudé à la base, le pouce assez fort, épais; ongles courts, minces et aiqus. CÉEN— Z LL JS f SN Fig 5417. — Tyrannus caudifuscuatus, . Ce genre, synonyme du genre Drymonax de Gloger, renferme quinze espèces. Nous figurons le Tyran à queue fasciée. Remarquables parmi les Muscicapidés, dont ils ont longtemps fait partie, par leur taille et par leurs mœurs, les Tyrans, dit M. D'Orbigny, ont le bec fort allongé, crochu à son extrémité, renflé sur les côtés. Ce sont des Oiseaux voyageurs qui vivent dans les savanes, les campagnes habitées ou à la li- sière des bois, se tiennent sur le sommet des buissons et des petits arbres, poursuivent les Insectes qui passent à leur portée, descendent rarement à terre, ne pénétrant pas dans l'intérieur des bois; ils sont courageux, criards, et disputent les approches de leur nichée à tous les Oiseaux de proie. Lorsqu'on cherche à enlever les petits du Titiri, dit Buffon {c'est le Tyran pipiri et Tyrannus in- trepidus de Vieillot), il les défend, il combat, et son audace naturelle devient une fureur intrépide; il se précipite sur le ravisseur, il le poursuit; et lorsque, malgré tous ses efforts, il n’a pu sauver ses chers petits, il vient les chercher et les nourrir dans la cage où ils sont renfermés. Cet Oiseau, quoique assez petit, ne parait redouter aucune espèce d'animal. « Au lieu de fuir comme les autres Oiseaux, dit le chevalier Deshayes, ou de se cacher à l'aspect des Malfinis, des Émouchets et des autres tyrans de l'air, il les attaque avec intrépidité, les provoque, les harcèle avec tant d’ardeur et d’obstination, qu'il parvient à les écarter. On ne voit aucun animal approcher impu- nément de l’arbre où il a posé son nid. Il poursuit à grands coups de bec et avec un acharnement incroyable, jusqu'à une certaine distance, tout ceux qu'il regarde comme ennemis, les Chiens surtout et les Oiseaux de proie. » (Hist. nat. des Ois.) Aussitôt qu'il les aperçoit, il vole à leur rencontre, les poursuit avec une audace et une intrépidite étonnantes dans un si petit Oiseau, et leur livre un combat digne d’être cité. Le Tyran déploie alors l’art de voler dans toutes ses combinaisons. Si son adversaire évite la fureur et l'impétuosité de son attaque par un vol sinueux ou à ras de terre, le Pipiri, toujours maitre du sien, en change la direc- tion et profite de la flexibilité de ses mouvements pour le frapper aux yeux: si, au contraire, son an- tagoniste cherche au haut des airs un abri contre ses coups, il le pince sous les ailes, le harcèle de toute manière, et le fatigue par une lutte si violente, qu'il le force d'abandonner le champ de bataille et de s'enfuir au loin. Dès que son ennemi a disparu, le vainqueur revient à son nid et annonce à sa compagne, par une trépidation d'ailes, son triomphe et sa joie. Il combat avec la même furie le roi des airs et vient à bout de le mettre en fuite. «J'en vis un, dit Catesby, qui s’attacha sur le dos d'un Aigle etle persécutait de manière que l’Aigle se renversait sur le dos, tàchait de s’en délivrer par les différentes postures où il se mettait en l'air, et enfin fut obligé de s'arrêter sur le haut d'un arbre voisin, jusqu'à ce que le petit Tyran fût las ou jugeût à propos de le laisser. » La saison des amours est la seule où ces Oiseaux ne peuvent lui en imposer; mais, dès qu'il n’a plus de famille à défendre, il est presque aussi timide que les petits volatiles. Malheureusement le Pipiri, qui, en éloignant des basses-cours les Carnivores, devient le protecteur des jeunes Poulets, fait une guerre à outrance aux Iusectes précieux dont le travail et la prévoyance contribuent aux richesses du cultivateur. Les Abeilles n'ont pas d'ennemi plus redoutable, et leurs ruches seraient promptement dévastées si l’on n'avait soin de diminuer le nombre de ces Oiseaux, utiles sous un autre rapport. Cependant, quand les 278 HISTOIRE NATURELLE. Abeilles se réunissent et l’attaquent en masse, elles lui opposent assez de résistance pour le faire reculer; plusieurs Tyrans réunis ne peuvent même entamer leur bataillon serré. (Virizcor.) Une autre espèce, le Pipiri, Tyrannus griseus, Nicillot, que Buffon a confondue avec l'espèce pré- cédente, a les mêmes habitudes. Il se nourrit de Gheuilles, de Scarabées, de Papilions, de Guêpes. On le voit perché sur la plus haute pointe des arbres, et surtout sur les palmistes : c’est de là qu'il s’élance sur sa proie, qu'une vue perçante lui fait discerner dans le vague de l'air; l'Oiseau ne l’a pas plutôt saisie qu'il retourne sur son rameau. C’est depuis sept heures du matin jusqu’à dix, et de- puis quatre jusqu'à six du soir, qu'il paraît le plus occupé de sa chasse : on le voit avec plaisir s’é- lancer, bondir, voleter dans l'air pour saisir sa proie fugitive, et son poste isolé, aussi bien que le besoin de découvrir à l'entour de lui, l’exposent en tout temps à l'œil du chasseur. Aucun Oiseau n’est plus matinal à Saint-Domingue que le Tyran gris, et l’on est assuré, quand on entend sa voix, que le jour commence à poindre : c’est de la cime des plus hauts arbres que ces Oi- seaux habitent et où ils se sont retirés pour passer la nuit, qu'ils la font entendre. (Burrox.) Leur nid, qu'ils ne cherchent point à cacher, est composé de petits rameaux à l'extérieur et de pailles très-menues à l'intérieur; le tout en petite quantité. Ce nid n’a pas de profondeur; il est assez plat, et si peu ample, qu'il peut à peine contenir trois ou quatre petits, qui, dès qu'ils se couvrent de plumes, ne diffèrent pas de leur père et mère; j'en ai élevé avec de la viande crue, (D’Azara.) TYRAN RUSTIQUE, TYRANNUS RUSTICUS., (Lichtenstein, De Wicd.) En dessus grisätre, en dessous d'un cendré blanchâtre, tête cendrée, tachetée de brun; dos d’un grisätre obscur, à peine teinté d’olivâtre; rémiges et tectrices alaires noirâtres, lisérées de roux, gorge et poitrine d'un cendré légèrement jaunâtre; abdomen d'un cendré blanchätre; région anale teintée de roux; queue d’un cendré obscur; bec et tarses noirs. Longueur totale, 0",20. Habite le Brésil. ue GENRE. — BENTÉVÉO. SAUROPHAGUS. (Chenu et 0. Des Murs, d'après D'Azara; Swainson, 1851.) Zav00:, Lézard; o2Y%6, je mangc. CARACTERES GENERIQUES. Bec de la longueur de la tête, droit, à arête à peine inclinée, aussi haut que large, comprimé vers son extrémité, quà se recourbe en un petit crochet et porte une échancrure, de longs poils à la base. — Fig. 348. — Saurophagus hctor. Fig. 549. — Saurophagus lictor. Marines basales, à ouvertures arrondies et en partie cachées par les plumes et les poils de la base du bec. OISEAUX. 279 Ailes longues, subobtuses: les troisième et quatrième rémiges presque égales, les plus longues. Queue médiocre, et légèrement échancrée. T'arses courts, de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts courts, minces; les latéraux égaux, l'externe soudé à su base; le pouce médiocre, élargi; ongles longs, minces et aigus. Corps ramassé, tête grande et aplatie en dessus. Ce genre, originairement nommé Pitangus par Swainson, et synonyme du genre Apolites, Sunde- val, ne renferme que six espèces de l'Amérique tropicale, dont trois décrites, en 1851 et en 1859, par M. De La Fresnaye. Nous figurons le Bentévéo licteur, Saurophagus lictor. On ne connait bien que les mœurs de l'espèce type, le Saurophagus sulphuratus, Lanius sulphu- ratus de Linné, Bécarde à ventre jaune de Buffon, Tictivie de Sonnini et Vieillot, Suiriri bentévéo et Puitaga de d'Azara, Tyran belliqueux de D'Orbigny. On trouve presque toujours le mâle et la femelle ensemble; ils se tiennent dans les abatis et les savanes, et Jamais dans les grands bois: ils se perchent de préférence sur les arbres élevés et dénués de branches; aussi les voit-on plus souvent sur les grands arbres à demi brûlés des plantations, et ils n'y vivent que d'insectes. C’est un Oiseau hardi et qui défend sa famille avec intrépidité. J'avais tiré un jeune dans un abatis, et mon coup ne l'ayant atteint que d'un seul grain de plomb, il volait en- core faiblement; mon nègre, qui courait pour le saisir, fut assailli par un Oiseau de la même espèce, vraisemblablement le père ou la mère; il se jetait sur la tête du noir avec fureur et opiniätreté, le becquetait de toute sa force, et ne l'abandonna qu'à mon approche. (Soxm, édit. de Buffon.) Le nom de Tictivie, que lui à conservé Sonnini, est celui que les créoles et les nègres donnent à cet Oiseau à Cayenne, et esttiré de son cri tictivie, mot qu'il prononce d’une voix criarde et aiguë, et en trainant sur la dernière syllabe : die-ti-vie. Le nom de Bentévéo est celui que les Espagnols de la rivière de la Plata donnent à cette espèce; le nom de Puitaga où Pitanga est du langage guarani, et l'un et l’autre ont rapport au cri que lOi- seau répète souvent et sans s'arrêter d’une voix claire et élevée. Il est assez commun; il se perche au haut des arbres ou sur quelque buisson, d'où il saisit les Insectes; il n’est ni farouche ni de pas- sage, et il ne vit pas en société avec ses semblables. Quoique dans l'état de liberté, il assaille les Oi- seaux qui s’approchent de son nid; il vit tranquille et de bon accord en cage avec les autres petits Oiseaux qu'on lui associe; il y refuse les graines et les fruits qu’on lui présente, et il y chante pen- dant toute l’année comme en liberté. Il est lent dans ses mouvements; il marche de mauvaise grâce, par sauts droits et obliques; il fait craquer son bec comme les Effraies, et, lorsqu'on le tient à la main, il crie d'une manière désagréable. Un de ces Oiseaux, que j’élevais dans ma maison, passait ses Journées presque entières sans changer de place, et seulement pour prendre les petits morceaux de viande crue avec lesquels je le nourrissais. Avant de les avaler, il les frappait de revers et à coups redoublés sur la terre ou contre le bâton sur lequel il se tenait perché, comme s’il les eût eru pleins de vie et qu'il eût voulu les tuer, ainsi qu'il le faisait quand je lui donnais des Sauterelles, des Che- nilles, etc.; mais il ne se sert pas de ses pieds pour les dépecer. Les Bentévéos s’approchent des animaux morts pour s'emparer des débris et des petits morceaux de chair que laissent les Urubus, les Caracaras, etc. (D'Azara.) Au bord des eaux, dit M. D'Orbigny, nous l'avons vu prendre son essor, planer comme les Martins- Pêcheurs, fondre, de même que les Oiseaux de proie, sur l'Insecte qu'il convoitait, puis revenir se poser à la place qu'il avait quittée. Il n’émigre pas, et, quand l'hiver il manque d'Insectes, on le voit s'approcher encore davantage des habitations pour manger la viande qu'on y met sécher; c'est alors aussi qu'il suit les Urubus et autres Cathartes pour se saisir des petits lambeaux de chair que ceux- ei détachent du cadavre des animaux morts. Nous les avons vus se réunir par paires au printemps (septembre et octobre). À cette époque, ils choisissent un arbre isolé de moyenne hauteur où un buisson, et y construisent leur nid à la bifurcation des branches supérieures. Ce nid volumineux est mélangé de branchages et de plumes, formant une masse sphérique, sur le côté de laquelle est pra- tiquée une petite ouverture par où l’Oiseau peut pénétrer au centre, tapissé de duvet très-fin : c’est là que la femelle dépose quatre à cinq œufs de trente millimètres de diamètre, allongés, d'un blanc sale, tachetés de points violets arrondis, rares, excepté sur le gros bout, où ils forment une cou- ronne, Tant que les amours durent, le mâle et la femelle. des plus unis, se tiennent aux environs de 280 HISTOIRE NATURELLE. leur nid, qu'ils défendent avec courage contre les Oiseaux de proie et les autres Oiseaux, les pour- suivant à coups de bec en jetant des cris; ce qu'ils font généralement quand quelqu'un s'approche de leur nichée. Leur eri habituel rend assez bien ces paroles espagnoles bien te veo (je te vois bien), qui est leur nom à Montevideo et à Buenos-Ayres. (Voy. dans l'Amér. mérid.) 4 Fig. 590, — Bentévéo licteur. Le nom de Saurophagus, donné au genre par Swainson, vient de ce qu'on a remarqué que cet Oi- seau s'emparait parfois de Lézards et même de Poissons, d'après un observateur anglais. Je l'ai fréquemment observé, dit ce voyageur, tournoyant dans un champ au-dessus d'un point comme le Faucon. Quand on le voit ainsi suspendu en l'air, on pourrait très-facilement le prendre pour un Oiseau de proie; son vol est, quoi qu'il en soit, très-inférieur en force et en rapidité à celui du Faucon. Parfois, il fréquente le voisinage de l’eau, et là. comme le Martin-Pêcheur, demeurant immobile, il attend, pour l’attraper, tout petit Poisson qui s'aventure trop près du bord. Il n’est pas rare de voir ces Oiseaux tenus en cage ou dans des cours avec les ailes coupées; ils sont bientôt pri- vés et deviennent très-amusants, à cause de leurs manières drôles et plaisantes comme celles de la Pie commune. Leur vol est ondulatoire, car le poids de la tête et du bec paraît trop grand pour le corps. Le soir, il se perche sur un buisson, souvent sur le bord de la route, et il répète continuelle- ment, sans le varier, un eri aigu mais agréable, qui ressemble quelque peu à ces mots articulés : bien te veo… (Rev. Brit, 1847. Entr. de Home and colon. Libr.) BENTÉVÉO DE GUATIMALA. SAUROPHAGUS GUATIMALENSIS. (be La Fresnaye, 1852 En dessus d’un olive gristre, sommet de la tête noir, les plumes y formant une espèce de huppe, dont le milieu est d’un jaune orangé vif, quelques-unes des plumes qui la composent ayant leur pointe noire; tache frontale et superciliaire entourant le sommet de la tête et la gorge entière blanche; ré- miges rousses d'un brun noirâtre à la pointe, lisérées de roux de même que leur couverture, dont le liséré de même couleur est plus étendu et d'un ton plus vif, rectrices brun noirâtre d'un roux päle sur leur page interne, et bordées finement sur leur tranche extérieure de cette dernière couleur; en dessous d’un beau jaune renoncule. Longueur totale, 0,95. Habite le Guatimala. re ref OISEAUX. 281 ÿue GENRE. — NEI-NEI. SCAPHORHYNCHUS. (Chenu et O. Des Murs, d’après D'Azara; Pr. Max. de Wied.) Exxon, barque; pgvyy0s5, bec CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, beaucoup plus large qu'épais, déprimé, arqué en dessus. à bords sallants en dehors, comme les plats-bords d'une embarcation, comprimé vers la pointe, qui est lé- gèrement crochue et échancrée; commissure ondulée; la base garnie de cinq à six poils. Narines basales, latérales, à ouvertures arrondies et recouvertes à leur base de poils, dont plu- sieurs retombent au coin de La commissure. Ailes assez longues, subobtuses, la troisième et la quatrième rémiges égales, les plus longues. Queue médiocre, à rectrices à peu près égales. Tarses très-courts, de la longueur du doigt médian, peu robustes, scutellés; doigts courts et min- ces, les latéraux égaux, l’üuerne soudé à la base; le pouce court et épaté; ongles courts et légère- inent courbés. Le corps est fort épais, la tête grande et aplatie en dessus. Fi . 551. — Scaphorhynchus pitangua. Fig. 552 — Scaphorhynchus pilangua. 02 Ce genre, synonyme des genres Fyrannus, Vieillot, et Megastoma, Swainson, ne renferme qu'un très-petit nombre d'espèces, dont une décrite, en 1851, sous le nom de Mexicanus, par M. De La Fresnaye, qui, en même temps, a démontré que les S. ruficeps, flaviceps et atriceps, de Swainson, admis spécifiquement par MM. Gray et Ch. Bonaparte, ne constituaient qu'une seule et même espèce avec le Pitangua, espèce type, qui n’est autre que le Nei-nei de D’Azara. Nous figurons le Scapho- rhynchus chrysocephalus de Tschudi. J'ai vu, dit D'Azara, plusieurs de ces Oiseaux au printemps, et Je crois qu'ils sont de passage. Le mile ne différe pas de la femelle; on les voit, seuls ou appariés, dans lintérieur et à la lisière des grands bois; ils s'y placent au quart le plus élevé des arbres, mais ils ne montent jamais à la cime; ils y passent plusieurs lieures de la journée, immobiles et peu cachés, jetant fréquemment, d’un son de voix aigre, haut et précipité, un cri qui exprime le nom que je leur ai donné, car ils n'en ont point dans le pays. Je ne les ai jamais vus attaquer d’autres Oiseaux, ni chasser aux Insectes, et je crois qu'ils ne mangent que ceux qu'ils trouvent sur les arbres ou qu'ils rencontrent dans leur vol. (Voy. au Parag. et dans l Amér. mérid.) NEI-NEI DU MEXIQUE. SCAPHORHYNCHUS MEXICANUS., (De La Fresnaye.) En dessus d’un olive grisätre; rémiges primaires et secondaires d’un brun noir, légèrement rous- o* 56 282 HISTOIRE NATURELLE. sâtres à la base, les tertiaires plus pâles; les rectrices d'un brun obscur, très-finement lisérées de roussâtre; dessus et côtés de la tête noirs, avec une raie superciliaire blanche, s'étendant du front à la nuque; les plumes du vertex d’un beau jaune à la base, noires à la pointe; en dessous d’un jaune de soufre, excepté la gorge, qui est blanche; bec noir. Longueur totale, 0",25. Habite Mexico. Le bee est plus étroit et plus parallélogrammique que celui du Nei-nei pitangua, plus étroit et moins dilaté, tout en étant aussi long. Fig 353. — Nei-nei à tête d’or. Gue GENRE. — JOAZEIRO. MACHETORNIS. (Chenu et O. Des Murs, d'après Spix; Gray, 1841.) Mayrzn:, batailleur; cpvts, oiseau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, déprimé à la base, un peu plus large que haut, comprimé vers la pointe, dont le crochet est à peine sensible, et qui est légèrement échancrée; commüssure droite. dun) ? C7 Fis. 555. — Machetorms ritosa. Narines basales, latérales, à ouvertures arrondies et en partie recouvertes par les petites plumes du front. GISEAUX. 263 Ailes longues, surobtuses; les trois premières rémiges étagées et pointues, la quatrième et la cin- quième les plus longues. Queue médiocre et arrondie. T'arses robustes, courts, de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts relativement allongés, les latéraux égaux et soudés à la base, le pouce trapu ct robuste, de la même longueur que son ongle; ongles recourbés, surtout celui du milieu. Fig. 356. — Joaze ro querelleur. Ce genre à été primitivement créé sur une seule espèce par Swainson, sous le nom de Chrysolo- phus, déjà précédemment employé, et que M. Gray a remplacé par celui de Machetornis. Nous figu- rons celte espèce unique, qui est le T'yrannus rixosus de Vieillot. D'Azara à conservé à cette espèce le nom de Suiriri proprement dit, parce que, dit-il, son eri exprime ce mot, vivement et d’un ton aigu. C’est, ajoute cet observateur, un des Oiseaux les plus communs; il entre dans les jardins et les cours des habitations, et dans les pâturages voisins des bois et des halliers. Ces Oiseaux se tiennent par paires, et, quoiqu'ils se rassemblent souvent en petites bandes de six à huit, ils ne forment pas pour cela de sociétés entre eux. Ils sont sédentaires, peu farouches, vifs, querelleurs et si hardis, que, sans apparence de cause, ils attaquent fréquemment les Urubus, les Caracaras, les Aigles, ete.; les poursuivent avec acharnement, se cramponnent sur leur dos, et les frappent à coups de bec. Leur vol est rapide; ils se posent sur les toits et sur les arbres secs ou feuil- lés, tantôt haut, tantôt bas. Leur physionomie ressemble assez à celle des Scaphorhynques; cepen- dant ils ont le bec plus aplati en dessus, beaucoup moins volumineux, plus court, plus faible, avec presque point de crochet à son bout, ni de poils à la base; les jambes et les pieds plus longs; enfin, la démarche vive, agile et aisée des Oiseaux des champs. Ils ne pénètrent point dans l’intérieur des grands bois, et ils ne perchent sur les arbres touffus que pour dormir. L'on dit qu'ils cachent soi- gneusement leur nid; en effet, je ne l'ai jamais vu : l’on dit aussi que leur ponte est de deux œufs, d’un blanc rougeñtre. Leur chasse aux Insectes ne se fait pas au vol, comme chez les autres espèces de la même famille; mais ils courent dessus avec beaucoup de légèreté, et sans déployer les ailes. Aussi fréquentent-ils de préférence les cours, les parterres et les prairies fauchées, où ils peuvent courir plus facilement après les Mouches; s’il s'y trouve des animaux paissants, ils se placent devant eux, les regardent, les accompagnent, et saisissent les Insectes qu'ils font lever de terre; et, quand ils sont fatigués de ce manége, ou qu'ils sont rassasiés, ils se posent sur leur dos, et se laissent con- duire, sans chercher à manger les Poux dont ces animaux sont ordinairement dévorés. (Voyage au Paraguay et dans l'Amérique méridionale.) Le nom de Joazeiro, que nous donnons au genre, est celui d'un village brésilien, sur les bords du fleuve San-Francisco, près duquel Spix observa cette espèce à laquelle il l’imposa, en faisant son Mus- cicapa joazeiro. 284 HISTOIRE NATURELLE. JOAZEIRO QUERELLEUR. MACHETORNIS RIXOSA. (Vicillot, Gray.) Une couleur de paille occupe la gorge et la moitié du cou en devant; les autres parties inférieures sont jaunes; les supérieures sont d’un brun clair. Les plumes du dessus de la tête ont leur extrémité brune, et le reste rouge d’écarlate; mais le brun cache le rouge. Sur la longueur de la tête règne un enfoncement que recouvrent les plumes un peu longues de la tête; celles de son sommet sont décomposées et fort étroites. et celles des oreilles sont assez longues et se dirigent un peu en haut. Le bec et le tarse sont noirs, et l'iris est faiblement rougeätre. (D’Azara.) Longueur totale; 0,21. Tue GENRE. — RUBIN. PYROCEPHALUS. (Chenu et 0. Des Murs, Gray, 1838.) lus, feu, ; xewaan, tête. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec plus court que la tête, droit, déprimé, garni de nombreuses sotes à la base; la mandibule su- périeure se dilatant sur les côtés et emboîtant l'inférieure, comprimé vers la pointe, qui est légère- ment infléchie et échancrée. Narines latérales, arrondies, nues, mais en partie cachées par des soies ou poils. Ailes longues, subaiguës; la première rémige presque égale aux seconde et troisième, qui sont les plus longues. Queue médiocre, carrée. T'arses courts, scutellés, de la longueur du doigt médian; les doigts latéraux inégaux, l’externe le plus long des deux, et soudé à sa base; le pouce épais; ongles courts, courbés et aiqus. Fig. 558. — Pyrocephalus rubineus. La tête presque toujours huppée. Ce genre, qui comprend le genre Myiarchus, Cabanis et Bonaparte, renferme neuf espèces. Nous - figurons le Rubin pygmée (Pyrocephalus nanus de Gould). D'Azara, qui a observé l'espèce type, Rubin de Buffon, que nous avons adopté comme nom généri- que, dit que cet Oiseau est sédentaire, mais rare en tous les pays de Buénos-Ayres. Il se tient seul, et dans les lieux où l'on peut aisément l'apercevoir; il préfère les buissons aux arbres, et les forêts aux bosquets, où il n’entre jamais. Il saisit les Insectes au vol, et, pour les manger, il revient à la place d’où il est parti; il les prend aussi à terre, mais il n’y reste que pour les enlever. J’achetai, ajoute ce voyageur, au mois de novembre, un nid de cette espèce, dans lequel il y avait trois petits sans plumes. l’on m'assura que ce nid avait été trouvé dans un buisson épineux; il était travaillé en dehors avec des feuilles et de petites pailles, et en dedans avec des crins de Cheval. Je voulais élever les petits, mais ils moururent, faute de pouvoir digérer la viande crue. (Voyage au Paraguay et dans l'Amérique méridionale. OISEAUX. 285 M. D'Orbigny, qui a également étudié cette espèce, rapporte les mêmes observations à peu près, mais avec plus de détails. Nous l’avons rencontrée successivement, dit-il, à Maldonado, à Montevideo. à Buenos-Ayres et à Corrientes; nous l'avons revue à Chiquitos, en Bolivie, puis à Tacna, Arica et Lima, au Pérou; ainsi, elle habite toutes les plaines de l’est des Andes, depuis les régions chaudes jusqu'au trente-sixième degré, et le versant occidental des Andes sur la côte du Pérou. Elle est sédentaire dans ce dernier endroit, tandis qu’elle voyage dans les plaines, n'arrivant qu’en hiver dans les régions chaudes, où elle niche en grand nombre près de l'embouchure de la Plata. Très-commune auprès de tous les lieux habités de Montevideo, de Maldonado et du Pérou, elle pa- rait préférer les vergers, les bois de pêchers, de grenadiers ou de tout autre arbre fruitier, servant ainsi d'ornement aux maisons de campagne. On la voit toujours, isolée et familière, perchée sur les branches les plus élevées des arbustes ou sur les grandes plantes; elle y reste immobile. puis tout à coup elle s'envole, se met à planer au-dessus des arbres en battant des ailes, sans avancer ni re- culer, faisant entendre un chant assez agréable, et ensuite se laisse tomber comme une flèche sur un autre lieu élevé, où elle se perche. Ses mouvements sont vifs et enjoués; rarement la voit-on à terre, et seulement pour y saisir un Insecte et reprendre son poste; souvent aussi elle poursuit au vol les Insectes qui passent à sa portée. Fig. 359 et 360. — Rubin. (Mâle et femelle ) Nous avons trouvé plusieurs nids de cette espèce dans les bois de pêchers des environs de Maldo- nado; ils sont placés sur les branches horizontales ou inclinées des pêchers, ouverts en dessus, et composés de plumes et de mousses, à peu près comme celui de notre Pinson de France, Ils contien- ent quatre ou cinq œufs grisâtres, tachetés de rouge et de brun. Au temps de la nichée, le mâle et la femelle couvent alternativement, et tandis que l’un est occupé de l'incubation, l'autre se tient aux environs, perché sur le buisson voisin, prévenant par un cri son censort au moindre danger. Remarqué de tous les habitants par son habitude de se mettre toujours en évidence, et générale- ment aimé à cause de son joli plumage et de sa gentillesse, cet Oiseau porte différents noms et a motivé plusieurs croyances populaires. Il est regardé comme l'emblème de la liberté, parce qu’il préfère la mort à l'esclavage. (Voy. dans l'An. mér.) Ce qui justifie parfaitement ce qu’en disait Buffon en ces termes : « Ce serait, sans contredit, un des plus jolis Oiseaux que l’on pût renfermer en cage : mais la nature, dans le genre de nourriture qu’elle lui a prescrite, paraît l'avoir éloigné de toute vie commune avec l'homme, et lui avoir assuré, après le plus grand des biens, le seul qui en répare la perte, la liberté ou la mort. » 286 HISTOIRE NATURELLE. RUBIN OBSCUR. PYROCEPHALUS OBSCURUS. (Gould.) En entier d’un brun chocolat teint de rougeâtre, la première de ces couleurs dominant surtoutsur la tête et à l'abdomen; bec et pieds noirs. Longueur totale, de 0®,12 à 0243. Habite Lima, le Pérou. QUATRIÈME FAMILLE, — TITYRINÉS. Les Tityrinés sont des Oiseaux que l’on a souvent unis près des Pies-Grièches, mais par erreur, car elles n’en ont ni les formes ni les mœurs apparentes, ainsi que l'observe M. De La Fresnaye; leur bec, quoique généralement peu élargi et arrotdi en dessus sans arête prononcée, se rapproche beau- coup plus de celui de certains grands Tyrans. Cette famille a été originairement créée par Swainson sous le nom de Psarianæ, et formait la se- conde sous-famille de ses Muscicapidæ. H la composait des deux genres : 4° Psaris, Cuvier; 2% Pachyrhynchus, Spix. M. Gray, réunissant ces deux genres en un seul en changeant le nôm du premier comme moins ancien, en a fait, sous le nom que nous adoptons, la quatrième sous-famille de ses Muscicapidæ, et n'y a dès lors compris que le genre Tityra, Vieillot. M. Ch. Bonaparte sous le nom de Psarinæ, qu'il a restitué, en le corrigeant, à ce groupe, en a fait la seconde sous-famille de ses Todidæ, et Va composée des genres suivants, que nous adoptons : 1° Bécarde (T'ityra); 2% Pachyramphus, Gray; 3° Psaris. 4e GENRE. — BÉCARDE. TTYRA. (Vieillot, 1816.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque aussi haut que large, glabre à la base, robuste, épais, droit, un peu déprimé, convexe dessus et dessous; mandibule inférieure entaillée, aiguë et retrous- sée à la pointe, qui est crochue et échancrée; bouche ample, cilice. Narines latérales, percées dans la substance du bec, arrondies, et un peu couvertes par des poils. Ailes longues et pointues, subobtuses; la première rémige courte, la seconde, qui est pointue et échancrée, en forme de faux, un peu plus courte que les troisième et quatrième, qui sont les plus longues. Queue médiocre, large, arrondie sur les côtés. OISEAUX. 287 Tarses robustes, scutellés, de la longueur du doigt médian; doigts assez longs, les latéraux in- éqaux, l'interne le plus court, l'externe soudé à la base; ongles forts, surtout ceux du médian et du pouce, très-recourbés et peu acérés. Fig. 361. — Tityra inquisitor Fig. 562. — Tityra inquisitor. Tour des yeux nu Ce genre a donné lieu à une telle confusion d'espèce nominales, que M. Ch. Bonaparte, tout en les répartissant en trois genres, que nous nous empressons d'adopter, réduit les quarante-quatre espèces de M. Gray à seize, dont quatre pour le genre Tatyra. Nous figurons la Bécarde du Brésil. Les Bécardes sont des Oiseaux solitaires. Elles arrivent au Paraguay en septembre, et en partent dans les mois de décembre ou de janvier. Leur vol est élevé, rapide et prolongé; elles ne sont ni fa- rouches ni remuantes, et elles se tiennent longtemps à la même place. Elles ne sortent pas des grands bois, et elles se perchent toujours au plus haut des arbres les plus élevés, où elles ne cherchent pas à se cacher. (D'Azara.) Elles se nourrissent d'Insectes. (Spix.) Fig. 365. — Bécarde. BÉCARDE SEMI-FASCIÉE. TITYRA SEMIFASCIATA. (Spix, Cabanis.) En dessus, d'un gris de plomb umforme; en dessous, de la même couleur, mais d’un ton blan- châtre: dessus de la tête blanc: front, lorums, sourcils et dessous des joues noir foncé; lorums nus; gorge blanchâtre; poitrine, abdomen, région anale et cuisses, d’un plombé blanchâtre; couvertures alaires les plus rapprochées des épaules et des rémiges primaires de même couleur que le dos, les 288 HISTOIRE NATURELLE. autres, ainsi que les rémiges primaires, noires; dessus des ailes blanchâtre; queue de même couleur, mais barrée de noir dans le milieu de sa longueur; bec couleur de chair päle à la base; noir à la pointe; pieds noirs; yeux bruns. Longueur totale, 0",195. Habite le Brésil, province du Para et de l'Amérique centrale. Qme GENRE. — PACHYRAMPHE. PACHYRAMPHUS. (Gray, 1838.) Have, épais; pzpwos, bec. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, presque aussi haut que large, déprimé à la base. comprimé vers la pointe, qui est échancrée el aiguë, mais moins recourbée en crochet que dans le genre Bécarde; commissure arquée, avec des poils à la base. Narines basales, ovalaires, en partie couvertes de poils. Ailes subobtuses, à première et seconde rémiges régulièrement étagées, assez longues, la troi- sième la plus longue de toutes. Queue presque égale, légèrement arrondie sur les côtés. T'arses courts, de la longueur du doigt médian, scutellés; doigts assez longs, les latéraux éaaux, l'interne soudé; pouce allongé, ainsi que son ongle, qui est recourbé; les autres peu crochus. tous aiqus. SE Fig. 564. — Pachyramphus Fig. 565. — Pachyramphus. Lorums légèrement emplumés. Ce genre, créé par Swainson, en 1895, sous le nom de Pachyrhynchus, a dù faire place à celui de M. Gray. Tel que le compose aujourd’hui M. Ch. Bonaparte, il renferme six espèces de l'Améri- que méridionale. Nous figurons le Pachyramphe robuste (P. validus), figuré et décrit par M. Gray sous le nom de Tityra leuconota. Les Pachyramphes ont les mêmes habitudes que les Bécardes, comme elles vivant tranquilles et solitaires, et se nourrissant d’Insectes, mais, à la différence de celles-ci, ce sont les arbres les moins élevés qu'ils préfèrent. PACHYRAMPHE VARIÉ. PACHYRAMPHUS VERSICOLOR. (Hartlaub, 1843; Ch. Bonaparte } En dessus, noir; croupion et queue gris; demi-collier derrière le cou olivatre; ailes noires; les grandes couvertures et les rémiges secondaires largement bordées de blanc; petites couvertures et scapulaires blanches, bordées de noir, ces deux couleurs formant écailles; forums, région orbitaire, côtés de la tête, gorge, devant du cou et poitrine, d'un olivâtre pâle, rayé de nombreuses stries plus — pu ef Old, ST TU OISEAUX. 289 obscures; abdomen d'un gris blanchâtre, également rayé, mais d'une manière moins répétée de gris; bee d'un plombé obscur; pieds noirs. Longueur totale, 0,115. Habite la Nouvelle-Grenade. Fig 366 et 567. — Pachyramphe. [Mâle et femelle) ane GENRE. — PSARIS. PSARIS. (Ch. Bonaparte, ex-Cuvier, 1817.) Nom grec d'un Oiseau de genre et d'espèce inconnus CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, beaucoup plus large que haut, déprimé à la base, comprimé seule ment vers la pointe, qui est échañcrée et se courbe en crochet, à «rête convexe; commissure droite, et garnie de petites soies à su base. Narines basales, latérales, percées en forme de croissant, en partie recouvertes de soies. Ailes courtes, subobtuses; les troisième et quatrième rémiges les plus longues. Queue médiocre, légèrement échancrée et ample à son extrémité. Tarses minces, de la lonqueur du doigt médian; les doigts médiocres, l'externe soudé à sa base; ongles minces et courbés. Fig. 568. — Psuris Fig. 569. — Psaris Ce genre, synonyme des genres Bathmidurus, Cabanis; Pachyrhynchus, Spix, et Tityra, Gray, ot ) 4 290 HISTOIRE NATURELLE. renferme, tel que l’a compris M. Ch. Bonaparte, six espèces de l'Amérique méridionale. Nous figu- rons le Psaris à tête noire. Ces Oiseaux vivent dans les mêmes lieux et ont les mêmes habitudes que les Pachyramphes. Ils se rencontrent généralement sur les arbustes du bord des rivières. PSARIS NÈGRE. PSARIS NIGER. (Swainson.) En entier noir mat; le dessus de la tête à reflet violacé, de même que les scapulaires, dont la pointe est blanche; dessous des ailes noir cendré; les rectrices externes se terminant par un point apical blanchâtre; bec d'un plomb noirätre; pieds noirs. Longueur totale, 0,14. Habite le Brésil. Fig 370. — Psaris à tête noire CINQUIÈME FAMILLE. — PLATYRHYNCHINÉS. e de leur bec, qui est Nous formons cette famille de quelques genres que la dépression extrêm racilité de leurs tarses, réellement aplati et singulièrement large dans toute sa longueur, ainsi que la g distingue de la façon la plus tranchée de leurs congénères. Ces genres sont les suivants : 1° Todirostre (Todirostrum), Lesson; 9 Platyrhynque (Platyrhynchus), Desmarest; 3° Mégalophore (Megalophorus), Swainson. Ces genres ont jusqu'à présent été compris par Swainson dans ses Muscicapinæ, naparte dans ses Tyrannine. et par M. Ch. Bo- FO ST ST + OISEAUX. 291 1 GENRE. — TODIROSTRE. TODIROSTRUM. (Lesson, 1831.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, très-large et déprimé à la base, lmguiforme, à arte à peine in- clinée jusqu'à la pointe, qui est échancrée; quelques soies roides à la base. Narines basales, latérales, percées dans une membrane en partie engagée dans les plumes du front, et ovalaires. Ailes arrondies, surobtuses, les trois premières rémiges étagées, les troisième, quatrième et cin- quième égales, les plus longues. Queue courte et arrondie, parfois étroite, avec les rectrices latérales prolongées, et par consé- quent assez échancrée. Tarses minces, finement scutellés, de la longueur du doigt médian; doigts également minces, as- sex longs, le pouce surtout, les latéraux égaux; ongles médiocres, courbés et aigus, celui du pouce le plus fort de tous. Fig. 571. — Todirostrum maculatum. Fig. 572. — Todirostrum maculatum. Ce genre, qui renferme les genres Vermivora, Lesson, et Triceus, Cabanis, comprend seize es- pèces de l'Amérique méridionale, qui, presque toutes, ont longtemps été confondues avec le genre Todier. Nous figurons le Todirostre à sourcils d’or. Remarquable par son bec large et aplati comme celui des Todiers, avec lesquels il avait été con- fondu, ce genre en diffère par les pieds et par ses habitudes. Ses caractères en font un véritable Mus- cicapidé. Buissonnier par excellence, on le trouve au sein des halliers, près des habitations et dans les forêts. Il habite le versant oriental des Andes et seulement les régions chaudes. (D'Orsrexy.) D'Azara, qui donne à celles des espèces de ce genre qu'il a observées les mêmes habitudes qu'à ses Tachuris, avec lesquels il les a comprises, n’en a pas moins su remarquer les différences qui les sé- paraient de ses vrais Tachuris, ainsi qu'on le peut voir à l'article de son Tachuris à tête couleur de plomb, qui n’est autre que le Todirostre gorgeret. Ce petit Oiseau, dit-il, et les suivants recherchent plus que les précédents (les vrais Tachuris) les lieux fourrés et embarrassés. Quoique leurs habitudes soient les mêmes que celles des espèces dont il vient d’être question, ils en diffèrent néanmoins par la tête, un peu plus grosse; par Le bec, un peu plus long, faible, droit jusqu'aux deux tiers de sa longueur, légèrement courbé dans le reste, un peu rabattu à son bout, qui n’est pas pointu et qui forme une sorte de petite cuiller, à peine apparente, el propre à détacher les Insectes collés aux feuilles; par l'œil plus grand; par les ailes plus faibles et plus concaves; par le cou plus gros; par l’ensemble du corps plus ramassé; enfin, par la queue plus étroite. L'Oiseau de cet article ne voyage point; son cri de rappel ressemble au eri que l'on forme en agi- tant les lèvres. Dans le grand nombre de ces Tachuris que j'ai observés au Paraguay, continue le même observa- teur en parlant des trois seules espèces qu'il en distingue et qui sont de vrais Todirostres, je n'ai point reconnu de différences entre le male et la femelle. Pour faire leur nid, ils choisissent, dans les grands halliers, l'extrémité d'un jonc ou d’un rameau sec qui s'élève de quelques pieds au-dessus du sol, et ils Vy arrangent de manière qu'un buisson lui serve de voile et de tente, et l'endroit le plus 292 HISTOIRE NATURELLE. fourré d’abri, Ils donnent à ce nid la forme d'un cône, dont l'axe a seize centimètres et demi, et le diamètre extérieur, à la base, vingt-six centimètres et demi; sous cette base estun hémisphère parfait, qui forme corps avec le cône et dans la concavité duquel sont déposés les œufs; le cône est solide ou rempli de divers matériaux; au bas d’un de ses côtés est l'ouverture en rond, de trois centimètres et demi de diamètre, et recouverte dans quelques nids par une sorte d’avant-toit. En dehors, le nid est composé de petits rameaux d’écorce mince, attachés avec des fils de caraguata ou d’autres filaments: en dedans est une couche mollette de duvet cotonneux. La ponte est de deux, quelquefois de trois œufs, pointus à un bout, blancs avec quelques taches fauves, et avant les diamètres de treize et dix- neuf millimètres. Nous sommes heureux, dans l'intérêt de la science, d’être le premier à enregistrer ces détails si curieux de mœurs et de nidification pour un genre déjà si curieux par lui-même. Fig. 575 — Todirostre à sourcils d'or. TODIROSTRE À QUEUE FOURCHUE. TODIROSTRUM FURCATUM. (De La Fresnaye } Cette espèce est en dessus de couleur olive, avec les rémiges secondaires bordées de brun et les tertiaires de brun jaunâtre; la queue est traversée à son extrémité par une large bande noire, ter- minée de blanc. La tête est d'un brun sombre; la gorge de couleur semblable mêlée de quelques stries blanches, le dessous de couleur grise, avee une tache étoilée blanc de neige au bas du céu et le milieu de Pabdomen blanc sali. Le bec est brun pâle en dessus, blane en dessous; les pieds sont pâles. Cette espèce, à bec déprimé et se rapprochant assez de la forme typique, est surtout remarquable par la forme étroite de sa queue jusqu'aux deux tiers de sa longueur, et là, se dilatant de chaque côté comme celle de certains Drongos, d’après la forme déjetée en dehors, et l'allongement des barbes extérieures de la dernière rectrice latérale, plus longue que les autres, et formant, par conséquent, une queue échancrée à son extrémité, Longueur totale, 0,10. Habite Le Brésil. (Rev, zoo!., 1846.) Que GENRE. — PLATYRHYNQUE. PLATYRHYNOHUS. (Desmarets, 1805.) Iarus, largu; ouYxos, bec. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Lee moins long que la tête, plus large que le front. dilaté sur les côtés, du double plus large OISEAUX. 293 qu'épais, très-déprimé jusqu'à la pointe, qui est courbée et échancrée; arète déprimée, peu distincte: base garnie de longues soies. Narines, vers le milieu et à la surface du bec, rondes, ouvertes, fermées en dessus par une petile membrane couverte de plumes. Ailes subobtuses, les deux premières rémiges plus courtes que la troisième et la quatrième, et celles-ci les plus longues. Queue plus ou moins longue, arrondie sur les côtés. T'arses courts, de la longueur du doigt médian, les latéraux inégaux, l'eæterne soudé jusqu'à la première articulation; l'ongle du pouce le plus fort, courbé. Fig. 579, — Plaryrhynchus cancromus Ce genre, qui embrasse les genres Cyclorhynchus, Swainson, et Colopterus, Cabanis, renferme quatorze espèces de l'Amérique méridiouale, dont plusieurs ont été confondues avec les Todiers. Nous figurons le Platyrhynque à ventre jaune. Ces Oiseaux ont des formes trapues; leur queue est le plus souvent courte et à pennes d’égale lon gueur. On ne rencontre les Platyrhynques que dans les elimats chauds de l'Amérique. H parait, d’a- près le témoignage des voyageurs, que ces Oiseaux ont un ramage agréable; ils se nourrissent d'In- sectes ailés, qu'ils saisissent au vol en s’élançant au-dessus des branches de buissons et d'arbres où ils se tiennent cachés. (TEwmixcx.) Fig. 576, — Platyrhynque à ventre jaune PLATYRHYNQUE DE LHERMINIER. PLATYRHYNCBUS LHERMINIERI (Lesson }) Le corps en dessus entièrement brun, roux en dessous; mandibule supérieure du bec noire, l'infé- vieure blanche; pieds couleur de chair. Cette espèce, décrite en 4840, pour la première fois, par Lesson, habite la Colombie. 294 HISTOIRE NATURELLE. 3m GENRE. — MÉGALOPHORE. MEGALOPHUS. (Swainson, 1837.) Meyos, grand; Àcucs, huppe. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, très-déprimé à la base, ayant le double de largeur que de hauteur, à arête arrondie et infléchie vers la pointe, qui est crochue et légèrement échancrée, ainsi que l'infé rieure; les bords de la mandibule supérieure s'amincissant et dessinant une sinuosité dans le der- - nier quart de leur longreur; la base du bec garnie de longs poils durs et cornés, descendant sur les côtés de la commissure, et presque de la longueur du bec. Narines basales, latérales, à moitié engagées dans les petites plumes du front. Ailes courtes et pointues, subobtuses, les trois premières rémiges étagées, les troisième et qua- trième les plus longues. Queue médiocre, échancrée. Tarses forts, de la longueur du doigt médian; doigts relativement courts, les latéraux égaux, le pouce aussi long que ceux-ci; ongles faibles et peu crochus. Une grande et longue huppe occupant toute la largeur du coronale. Fig. 377. — Megalophus regius. Fig. 378. — Megalophus regius. Ce genre est synonyme des genres Muscipeta, Cuvier: Ornichorhynchus, Fischer, Terpsichore Gloger; Muscivora, Gray, d'après Cuvier;, Myiarchus et Muscivora, Cabanis. Il ne repose que sur une seule espèce, dont quelques auteurs ont eu l’idée de faire deux, le Méga- lophore roi, qui est le roi des Gobe-Mouches de Buffon, que nous figurons. On a, dit Buffon, qui parait avoir distingué génériquement cette espèce, donné à cet Oiseau le nom de Roi des Gobe-Mouches, à cause de la belle couronne qu'il porte sur la tête, et qui est posée trans- versalement, au lieu que les huppes de tous les autres Oiseaux sont posées longitudmalement… Cet Oiseau a aussi la forme singulière et paraît rassembler les traits des Gobe-Mouches, des Mou- cherolles et des Tyrans; il n’est guère plus gros que le Gobe-Mouche d'Europe, et porte un bec dis- proportionné, très-large, très-aplati, long de dix lignes (vingt-trois millimètres), hérissé de soies qui s'étendent jusqu'à sa pointe, qui est crochue; le reste ne répond point à cette arme : le tarse est court, les doigts sont faibles; l'aile n’a pas trois pouces (quatre-vingt-trois millimètres) de longueur; la queue, pas plus de deux (cinquante-cinq millimètres). (ist. nat. des Ois.) D'après M. D'Orbigny, cette charmante espèce, recherchée par les amateurs comme l’une des plus brillantes, n'aurait pourtant pas toute la beauté que lui prêtent les peintres, d’après la fausse posi- tion de la huppe que lui ont donnée les préparateurs, afin d’en faire ressortir l'éclat, Cette huppe, au lieu d’être transversale, serait au contraire, à l'état naturel, longitudinale, et jamais Oiseau ne l'éta- lerait latéralement; il se contenterait de la relever, comme le font les autres Muscicapidés. OISEAUX. 295 Get Oiseau originairement de Cayenne, a été trouvé, par M. D'Orbigny, au sein des forêts du pied oriental des Andes boliviennes, au pays des Yuracarès. Il y est rare, dit ce voyageur, et y vit à la manière des Moucherolles; il s'enfonce dans les buissons, dans les halliers, pour y chercher sa proie, pénètre dans les fourrés des forêts, sans se percher au dehors. M. De Castelnau en a rapporté, au Muséum, de magnifiques exemplaires de son expédition des bords de l'Amazone. MÉGALOPHORE ROI. MEGALOPHUS REGIUS. (Gmelin, Swainson.) Un petit sourcil blane à l'œil; gorge jaune; un collier noirâtre ceint le cou et se rejoint à cette teinte qui couvre le dos, et se change sur l'aile en un brun fauve foncé; les pennes de la queue sont bai clair; la même couleur, mais plus légère, teint le croupion et Le ventre, et le blanchâtre de l’es- tomac est traversé de noirâtre en petites ondes (principalement sur les jeunes sujets). La tête est surmontée d’une huppe dont la position est transversale; cette huppe où couronne est composée de quatre à cinq rangs de petites plumes arrondies, étalées en éventail sur dix lignes {vingt- trois millimètres) de largeur, toutes d’un rouge bai très-vif, et toutes terminées par un petit œil noir (à reflets bleuâtres), en sorte qu’on la prendrait pour la miniature d’une queue de Paon. (Burros.) Fig. 579. — Mégalophore ro. SIXIÈME FAMILLE. — SÉTOPHAGINÉS. Nous avons formé cette famille de genres remarquables par la petitesse de leur bec déprimé, par la forme de leur aile à première rémige très-courte, et surtout par des habitudes rappelant exacte- ment celles des Mésanges quant à leur manière de contourner les branches sur lesquelles les es- pèces qui composent ces genres cherchent les Insectes dont elles se nourrissent. Voici quels sont ces genres : 41° Musciparoïde (Elcænea), Sundeval; 20 Gobe-Moucheron (Euscarthmus), Pr. de Wied; 3° Culicivore (Culicivora), Swainson; 4 Sétophage (Setophaga), Swainson. 296 HISTOIRE NATURELLE. 4° GENRE. — MUSCIPAPROIDE. ELÆNEA. (Sundeval, 1835.) Erauwc:, olivâtre CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec médiocre, plus court que la tête, déprimé à la base, qui est garnie de soies; à arête infléchie et légèrement crochue à la pointe, qui est échancrée, presque aussi haut que large. Narines latérales, arrondies, unies, mais un peu cachées par quelques poils. Ailes courtes, subobtuses; la troisième rémige la plus longue. Queue moyenne, élargie, assez ample et un peu échancrée. T'arses proportionnellement robustes, le plus souvent aussi longs, parfois plus courts, que le doigt médian, scutellés; doigts médiocres, les latéraux éqaux, le pouce long et robuste; ongles légèrement courbés et aiqus. Fig. 580. — Elænea pagana. Fig. 381. — Elænca pagana. Ce genre est synonyme du genre Paroides, Lesson, et embrasse les genres Leptogon et Mionectes, Cabanis, ainsi que le genre Muscicapara, De La Fresnaye. Il renferme une trentaine d'espèces de l'Amérique. Nous figurons le Musciparoïde blanchâtre. mQ Fig. 382. — Musciparoïde blanchätre. Ce sont en général, dit M. D'Orbigny, de petites espèces à bec assez faible, court, peu déprimé, la tête petite, les ailes longues, les doigts longs et forts, la queue courte. Toutes sont forestières ou buissonnières, se tiennent cachées dans l’intérieur des fourrés, qu’elles parcourent continuellement en y chassant les Insectes, se cramponnant aux branches comme les Mésanges, sans jamais descendre à terre. On les trouve dans les régions chaudes et tempérées situées à l’est des Andes... Souvent elles OISEAUX. 297 battent des ailes, à la manière d'un Giseau-Mouche, pour saisir une proie dans un endroit où elle ne peut se poser. Beaucoup nichent au sein des bois; leur nid est ouvert en dessus et couvert de li- chen. (Voy. dans l'Amér. mérid.) MUSCIPAROIDE A TOUPET, ELÆNEA SUBCRISTATA. (Vieillot, D'Orbigny.) Un petit trait blanc, qui part de la narine, se termine sous l'oreille. Le toupet, ou la huppe, est noirâtre, quoique en écartant les plumes on aperçoive du blanc. Le reste du dessus de la tête, ses côtés et sa partie postérieure, sont d’un brun clair, faiblement mélangé de bleutre; le cou et le corps en dessus sont bruns; cette couleur est plus ou moins mêlée de verdâtre. Les pennes des ailes et leurs grandes couvertures sont noirâtres; mais ces dernières ont leur extrémité blanche. La queue est brune, et le côté externe de la première penne, de chaque côté, est blanc. Du blanc, auquel se mêle une légère nuance plombée, couvre la gorge et le devant du cou; le reste des parties inférieures est d'un beau jaune; l'iris brun et le bec noir, ainsi que le tarse. (D'Azara.) Longueur totale, 0%,415. Habite les bords de la Plata, Le Paraguay et la Bolivie. 9me GENRE. — GOBE-MGUCHERON. EUSCARTHMUS. (Lesson, Pr. Wied de Neuwied.) CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec beaucoup plus court que la tête, un peu élargi et déprimé à la base, qui est munie de quel- ques poils, à sommet courbé, comprimé sur les côtés vers la pointe, qui est échancrée. Narines latérales, ovalaires, en partie couvertes par des poils projetés en avant. Ailes courtes et arrondies, subobtuses; les troisième et quatrième rémiges les plus longues. Queue assez longue et arrondie. Tarses grêles, de la longueur du doigt médian et scutellés; doigts courts, les latéraux égaux, l'interne soudé à la base, le pouce fort. zx DS EE = == _— JW TE SES 2 FN Fig. 5853 — Euscarthmus parulus Fig. 584, — Euscarthmus parulus 5 [l Ü Ce genre, embrassant le genre Orchilus, Cabanis, renferme onze espèces, toutes remarquables par une sorte de huppe occipitale résultant de la forme lancéolée des plumes de cette partie. Nous figu- rons le Gobe-Moucheron coiffé (Euscarthnus pileatus) de Tschudi. Plusieurs espèces de ce genre, telles que le Gobe-Moucheron-Mésange, ont été rencontrées par M. D'Orbigny sur le versant oriental des Andes, à une hauteur moyenne de trois mille mètres au- dessus du niveau de la mer, par une température égale à celle de la Patagonie. On rencontre cette dernière espèce, dit ce voyageur, tonjours par couples dans tous les lieux cou- verts de buissons épineux et épais, près des ravins et des coteaux, où elle est sédentaire; elle sautille avec vivacité et gentillesse des basses branches aux branches supérieures des buissons, en s'y cram- ponnant, en inclinant son corps dans tous les sens, et paraissant se replier comme un serpent pour 0? 38 298 HISTOIRE NATURELLE. en parcourir toutes les parties, tandis qu'elle cherche les petits Insectes dont elle se nourrit. (Voy. dans l'Amér. mérid.) C'est la grande conformité qui existe chez cette espèce, comme chez toutes celles du genre, dans le mode de locomotion sur les arbres et leurs branches, avec ce qui se remarque chez les Mésanges, qui lui ont fait donner, par Kittlitz, qui l’a découverte, le nom spécifique de Parulus. Leur mode de nidification paraitrait également se rapprocher de celui de certaines espèces de Parulidés, si l'on en juge d’après le nom donné par le prince Max. de Wied à une des espèces par lui découvertes, celui de Indipendulinus. Plusieurs espèces fréquentent également les lieux marécageux. Ainsi, c'est au bord des eaux stag- nantes que D'Azara a toujours rencontré le Gobe-Moucheron noirâtre, dont il faisait un Tachuris; cet Oiseau, dit-il, sautille sur les buissons et sur les plantes aquatiques; on le voit souvent à terre, oc- cupé à saisir les Insectes avec beaucoup de prestesse et de vivacité. (Voy. au Paraguay et dans l'Amér. mérul.) Il est impossible de comprendre comment Lesson, après avoir dit, à son trentième chapitre des Gobe-Moucherons, que toutes les espèces étaient du Brésil, n’a cité, dans tout le cours du même cha- pitre et sous cette rubrique, que des espèces de l'Océanie et de la Nouvelle Hollande, qui appartien- nent à d’autres genres. Fig. 585 — Gobe-Moucheron coiffé. GOBE-MOUCHERON NOIRATRE. £USCARTHMUS NIGRICANS. (Vicillot, Gray.) La tête et le dessus du corps sont d'un brun sombre, mélé de vert, et la queue est presque noire. Les pennes des ailes et leurs couvertures sont noirâtres, mais les couvertures ont un liséré brun. Un gris de perle occupe la gorge, le devant du cou et le ventre; le reste des parties inférieures est d’un brun sombre. Le bec et les tarses sont noirs, et l'iris est brun. (D'Azara.) Longueur totale, 0",13. Habite le Paraguay. 3° GENRE. — CULICIVORE. CULICIVORA. (Swainson, 1827.) Culeæ, Moucheron; voro, Je dévore. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec presque droit, déprimé à la base, qui est garnie de poils, un peu comprimé sur les côtés jus- qu'à la pointe, qui est faiblement échancrée. : Narines basales, ovalaires. Ailes à pennes faibles, étroites, surobtuses; la première rémige très-courte, les quatrième et cin- quième les plus longues. OISEAUX. 299 Queue longue et arrondie, & pennes étroites, faibles et terminées en pointe. Tarses grèles, de la longueur du doigt médian; doigts courts, les latéraux égaux; ongles cour- bés et aigus, celui du pouce le plus fort. Fig. 586. — Culicivore bleuitre. Ce genre a été créé par Swainson sur les Figuiers gris-de-fer et à tête noire de Buffon (Motacilla cærulea. Var. : B. capite nigro de Gmelin). Six espèces, toutes de l'Amérique, le composent. Nous figurons le Culicivore bleuâtre. Ces Oiseaux, dit D'Azara, se plaisent dans les broussailles embarrassées, mais peu feuillées et peu éloignées des rivières et des eaux stagnantes. Ils sont sédentaires et peu communs; tiennent toujours la queue un peu relevée. Leur nourriture se compose d'Araignées et d’autres Insectes; ils leur font la chasse dans ces mêmes broussailles, qu'ils parcourent en tous sens et avec une extrême légèreté. (Voy. au Paray. et dans l'Am. mér.) M. D'Orbiguy a vu de ces Oiseaux qui parcouraient en tous sens les branches des mimosas en fleurs, sans jamais descendre à terre, s'y cramponnaient comme les Mésanges, ou voltigeaient, en cherchant les petits Insectes dont ils se nourrissent. (Voy. Amér. septentr.) Ces Oiseaux commencent en avril à construire leur nid avec la petite bourre qui enveloppe le bou- ton des arbres, et avec le duvet des plantes; Le dehors du nid est composé d’une mousse plate et gri- sâtre (lichen), qu'ils ramassent sur Les rochers; entre la couche intérieure du duvet et la couche exté- rieure de mousse, se trouve une couche intermédiaire de erin de Cheval. La forme de ce nid est à peu près celle d’un eylindre court fermé par dessous, et l'Oiseau y entre par le dessus. (Burrox.) Les Culicivores ne sont, en définitive, que des Sétophages à bec plus étroit et plus effilé. CULICIVORE BYDYTOIDE. CULICIVORA BUDYTOIDES. (D'Orbigny et De La Fresnaye } arties supérieures gris ardoisé, plus foncé sur la tête; parties inférieures jaune pâle, passant au cendré sur les flancs; front et sourcils jaunes; ailes noirâtres, les rémiges faiblement bordées en de- hors de gris päle; les grandes tectrices terminées de blanc; cette teinte formant une bande sur l'aile; queue très-longue, étroite à sa base; les deux rectrices supérieures brun noirâtre, les deux inférieures blanches, avec une grande tache carrée, noire au côté interne, près de son extrémité; les autres sont noires, avec une tache blanche à l'extrémité et une autre au milieu de la longueur au côté interne; bec et pieds noirs; yeux bruns. Longueur totale, 0",15. Habite la Bolivie. (D'Ormicay et De La FRESNAYE. 300 HISTOIRE NATURELLE. que GENRE. — SÉTOPHAGE. SETOPHAGA. (Swanson, 1827.) Sns, cnrs. vermisseau, leigne; @zYo, je mange. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. la tête, large et déprimé à la base, à arète carénée et légèrement infléchie, Bec plus court que la base garnie de poils. comprimé graduellement jusqu'à la pointe, qui est un peu échancrée; Narines basales, ovalaires, el en partie recouvertes par des poils. Ailes longues et pointues, subaiguës; la première rémige un peu plus courte que la se Lroisième, qui sont les plus longues. Queue allongée, ample et arrondie. Tarses de la longueur du doigt médian, seutellés; doigts longs, les latéraux égaux, le pouce al- longé; ongles longs, courbés et acérés. conde et la Fig. 388 — Setophaga runcillu. Ce geure, qui embrasse le genre Basileuterus, Cabanis, repose sur une vingtaine d'espèces amé- ricaines. Nous figurons le Sétophage à tête noire. Ces Oiseaux, d'après D'Azara, vivent dans les forêts et les grands halliers, où il ne montent pas plus haut que la moitié des arbres ou des arbrisseaux. La défiance et l'inquiétude sont les traits principaux de leur caractère; ils sautillent de branche en branche pour saisir les Insectes qui se ca- chent dans les feuilles: et on les voit souvent, dans cet exercice, les pieds en haut et la tête en bas. C'est dans les mois de septembre et d'octobre que le mâle cherche à charmer sa femelle par un ra- mage peu varié, mais agréable. (Voy. au Parag. et dans L'Am. mér.) Ces détails sont confirmés par M. D'Orbigny au sujet des espèces nouvelles qu'il a découvertes dans son voyage, telles que le Sétophage à coiffe brune. Ces Oiseaux, qu'il a rencontrés dans les lieux les plus boisés et humides, où ils se tiennent sur les parties extérieures des buissons et des fourrés, sans jamais pénétrer dans leur intérieur, se conten- tent, dit-il, d'en parcourir avec vivacité les branches extérieures, y cherchant les Insectes dont ils se nourrissent, se cramponnant en tous sens à la manière des Mésanges. (Voyage dans l'Amérique mé- ridionale.) SÉTOPHAGE A DIADÈME BLANC. SETOPHAGA ALBIDIADEMA (De fa iresnaye ) Cette espèce est remarquable par la couleur brun noirätre de son dos, un peu plus clair sur le croupion; la tête et le dessus du cou sont d’un noirâtre ærdoisé; une bande blanche et transverse occupe les plumes frontales, puis se continue de chaque côté au-dessus des yeux en forme de sour- cil jusqu'à la nuque; tout le dessous est gris cendré, passant au blanchâtre sur le milieu de Pabdo- L | | | OISEAUX. 301 men et au roussàtre sur l’anus et les sous caudales; le bee est noir; les tarses et les doigts sont d'un brunâtre livide. (Rev. z0ol., 1848.) Longueur totale, 0,115. Habite la Colombie. Fig. 589, — Sélophage à tête noire, SEPTIÈME FAMILLE. — QUÉRULINÉS. Les Oiseaux qui composent cette famille font la transition la plus naturelle des Tyrans aux Cotin- gas, et par la grande dépression de leur bec et par leur mode de nourriture moitié baccivore moitié insectivore. Swainson, créateur de ce groupe, qui formait la première sous-famille de ses Muscicapidæ, La composait de deux genres : 40 Piauhau (Querula), Nieillot; 2 Laniocère (Lathria), Swainson, qui ont été conservés par les anteurs, sauf la substitution du nom Lipangus, Boie, plus ancien, à celui de Lathria de Swainson. A GENRE. — PIAUHAU. QUERULA. (Puffon, Vieillot, 1816 } CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, très-déprimé, plus large que haut, wrigone, convexe dessus et des- sous, échancré et crochu vers le bout; mandibule inférieure à pointe retroussée, très-grêle, très- aiguë; garni à la base de soies et de plumes dirigées en avant. Narines basales, ovalaires, couvertes par les plumes et les soies de la base du bec. Ailes longues et arrondies, subobtuses; les troisième et quatrième rémiges les plus longues. Queue allongée, ample et arrondie. Tarses très-courts, épais el robustes, à peine de lu longueur du doigt médian; doigts relative- 302 HISTOIRE NATURELLE. ment longs, épais, les latéraux égaux, l'externe soudé à la base; pouce long: ongles longs, com prümés, très-recourbés et aigus, celui du pouce le plus fort de tous. Fig, 590 — Querulu cruenla Fig. 391. — Querula cruenta. * Ce genre, synonyme du genre Threnædus, Gloger, ne repose que sur deux espèces de l'Amérique tropicale. Nous figurons le Piauhau à cou rouge. C’est en ces termes que Buffon a reconnu que cette espèce, la seule qu'il eût sous les yeux, devait faire le type d'un genre à part : € Plus grand que tous les Tyrans, le Piauhau ne peut pas être un Gobe-Mouche; le caractère du bec est le seul qui paraisse le faire tenir à ce genre; mais il est si éloigné de toutes les espèces de Gobe-Mouches, Moucherolles et Tyrans, qu'il faut lui laisser ici une place isolée, comme celle qu'il paraît occuper dans la nature. » Et, partant de ce principe, il le décrivait à la suite du Drongo. Gmelin, à la même époque, en faisait un Muscicapa, et il est resté dans ce grand genre jusqu’en 1816, que Vieillot, reprenant l'idée de Buffon, l'en fit sortir sous le nom générique de Querula. Les Piauhaus marchent en bandes, et précèdent ordinairement les Toucans, toujours en criant ai- grement piauhau. On dit qu'ils se nourrissent de fruits, comme les Toucans; mais apparemment ils mangent aussi des Insectes volants, à la capture desquels la nature paraît avoir destiné le bec de ces Oiseaux. Ils sont très-vifs, et presque toujours en mouvement. Ils n’habitent que les bois, comme les Toucans, et on ne manque guère de les voir dans les lieux où on rencontre le Piauhau. (BurFox.) IL est triste de dire que depuis cette courte notice de Buffon la science n'a rien appris de plus pré- cis sur les mœurs de ce curieux Oiseau, que, par suite de ce défaut de renseignement, les auteurs ran- gent, les uns, comme Vieillot, avee les Baccivores; les autres, comme Gmelin, avec les Insectivores; les autres, comme M. De La Fresnaye, avec les Omnivores. M. Renaud a dit effectivement que le Piauhau rouge serait frugivore; mais, ainsi que l’ajoute Lesson, «on peut raisonnablement douter de cette assertion. » Quant à nous, nous le considérons d'autant plus insectivore, que la forme de son bec, ainsi que l'a fort bien remarqué Buffon, est un indice certain de l'instinct entomophage. C'est en effet ce qu'in- diquent à nos yeux les becs dont la mandibule supérieure a ses bords dilatés et évasés de manière à emboîter complétement ceux de la mandibule inférieure. C’est cette observation qui, contrairement à l'opinion de M. De La Fresnaye, qui des Rolles fait des Baccivores, nous y a fait voir, au contraire, de véritables Entomaphages. Voici, au surplus, les détails ostéologiques que nous a offerts un sternum de l'espèce type du genre Querula rubricollis, conservé dans les galeries du cabinet d'anatomie du Muséum d'Histoire natu- relle de Paris. Sternum allongé, étroit par le haut, plein, solide, un peu bombé, plus long que les clavicules, qui sont fortes, fourchette filiforme, arrondie à son sommet, et soudée par une apophyse avec la tête de la crête sternale; cinq côtes, dont la dernière se divisant en deux; les deux apophyses latérales s'6- largissant en palettes par le bas, de manière à rejoindre le côté externe inférieur du sternum, sans soudure, et dessinant, en un ovale perpendiculaire parfait, le vide qu’elles laissent entre elles et ce dernier, base des clavicules élargie et aplatie à leur soudure avec la tête sternale. OISEAUX 303 Nous ne pouvons dissimuler les rapports frappants qui existent entre ce sternum et celui du Coq de roche. Fig. 392. -- Piauhau à cou rouge, PIAUTIAU POURPRE. QUERULA MILITARIS. (Gmelin, Swainson.) Tête ornée d’une huppe inclinée en arriére et composée de longues plumes effilées, qui se remar- quent aussi au bas du cou. Tout le plumage rouge ponceau, les ailes et la queue exceptées, qui sont à : dun noir brun. Longueur totale, 0,41, Habite la Guyane. 9me GENRE. — LANIOCÈRE. LIPANGUS. (Lesson, 1840; Boic, 1898.) ARC, gras ou gros; 4YY05, ÉVasé. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec de la longueur de la tête, plus large que haut, déprimé à la base, comprimé sur les côtés, à arête convexe, recourbée, crochue, fortement dentée; mandibule inférieure redressée et plus ou moins échancrée à la pointe; quelques poils ou soies à la base. Fig. 593. — Lipangus plumbeus. Fig. 594 — Lipangus plumbeus. Narines latérales, ovalaires, couvertes par les plumes et les soies du front. 30% HISTOIRE NATURELLE. Ailes allongées, arrondies, subobtuses; les trois premières rémiges fortement élagées, les troi- sième et quatrième les plus longues. Queue allongée, ample et arrondie. T'arses courts, exactement semblables, ainsi que les doitgs et les ongles, à ceux du Piauhau. Ce genre est synonyme du genre Lathria, Swainson, et renferme les genres Laniocera et Tur- dampelis de Lesson. Il repose sur six espèces de l'Amérique méridionale. Nous figurons le Lanio- cère à derrière rouge. On ne sait rien de leurs mœurs, qui doivent ressembler beaucoup à celles des Piauhaus. LANIOCÈRE CENDRÉ. LIPANGUS FUSCOCINEREUS. (De La Fresnaye, Hartlaub ) En entier d'un cendré brunâtre, plus elair en dessous; les rémiges, les rectrices, la poitrine et l'abdomen, ainsi que la région anale, teintés d'un roussâtre obscur, Longueur totale, 0",33. Habite la Colombie. Fig. 593. — Laniocère à derrière rouge. TROISIÈME TRIBU. — AMPÉLIDÉS. Le groupe des Ampelidæ a été fondé avec le rang de famille par Swainson, qui le composait de quatre sous-familles : 4° Leiotrichinæ; 9 Virconinw; 3° Bombycillne; 4 Ampelline. Adopté sous le même uom par M. De La Fresnaye, ce groupe a été réduit par lui à une simple sous-division de sa sous-famille des Baccivores (Baccivorcæ), empruntée à Vieillot. OISEAUX. 305 M. Gray en a fait la quatrième famille de ses Dentirostres, et l'a composée de cinq sous-familles : 4° Pachycephaline; 2 Piprinc; 3 Ampelinæ; 4° Campephagineæ; o° Cicrurince. Cette tribu représente pour la plus grande partie les Cotingidæ de M. Ch. Bonaparte, se compo- sant des trois sous-familles suivantes : 4° Piprine; 2° Cotingineæ; 3° Coracinine. M. De La Fresnaye est le premier qui ait fait sortir les Coracininés de la tribu des Coroïdés, dans laquelle les auteurs les avaient toujours confondus, malgré les doutes émis sur ce point par Et. Geof- froy Saint-Hilaire. À De même que M. Ch. Bonaparte l’a fait, nous nous empressons d'adopter la manière de voir de M. De La Fresnaye. Nos Ampélides se composeront donc des deux familles suivantes : 1° Gynmoderinæe; 2 Ampelince. Nous préférons en effet le nom de Gymnoderinæ, déjà adopté par M. Gray, à celui de Coracinineæe le premier reposant sur un nom de genre beaucoup plus ancien que le dernier PREMIÈRE FAMILLE, — GYMNODÉRINÉS. Tous les genres de cette famille, en apparence hétérogène quant aux formes extérieures des Oi- seaux qui la composent, présentent une affinité des plus naturelles dans l'uniformité de la structure du bec. Cette pièce organique est en effet, chez tous, glabre où emplumée, ou ailée à la base, épaisse, rétrécie à la pointe, déprimée, anguleuse en dessus, courbée vers le bout, entière où échancrée, avec la mandibule inférieure un peu aplatie en dessous; aussi les auteurs ont-ils peu varié dans sa composition. Vieillot, qui en faisait un genre de ses Baccivores sous le nom de Coracine (Coracina), le compo- sait de quatre sections, dont les types étaient : 1° Col-Nu, Buffon: 99 Choucari, Buffon; 5° Choucas chauve, Buffon, 4° Céphaloptère, Geoffroy Saint-Hilaire, qu'il plaçait à la suite de ses Coraces. Swainson, suivant les mêmes erreurs, en à fait la quatrième sous-famille de ses Coroidæ sous le nom de Coracinæ, adopté depuis par M. Ch. Bonaparte, et l'a composée des trois genres 4° Coracina, Vieillot; 2 Cephalopterus, Et. Geoffroy Saint-Hilaire; 5° Gymnocephalus, Et. Geoffroy Saint-Hilaire. M. Gray a fait comme Swainson en changeant le nom de Coracinæ en celui de Gymnoderinæ, et l'a composé des mêmes genres, en remplaçant comme moins ancien le nom Coracina de Vieillot par celui de Gymnoderus, et y ajoutant le genre Pyroderus, composition que nous adoptons, sauf son o* 59 306 HISTOIRE NATURELLE. classement dans la série, et moins ce dernier nom, auquel nous préférons celui de Coracina, ainsi que nous aurons occasion de l'expliquer. Ce dont on peut s'étonner, c’est, après les comparaisons si savantes et si minutieuses des rapports et des différences que peut présenter cette famille, soit avec les Cotingas, soit avec les Gorbeaux, faites par Et. Geoffroy Saint-Hilaire, de voir Swainson la ranger dans ces derniers, qui figurent comme première famille de sa tribu des Conirostres. M. De La Fresnaye, le premier, profitant des données de l'illustre membre de l'Institut, a donné le signal de ce déclassement, en faisant de ces Oiseaux, sous le nom de Coracinæ emprunté à Swain- son, une sous-division de ses Baccivores, sous-section de ses Dentirostres à bec déprimé, qu'il com- posait des mêmes genres que le naturaliste anglais, sauf qu'il substituait le nom Gymnoderus à celui de Coracina, et qu'il transportait ce dernier nom à un groupe d'Oiseaux dont M. Gray a fait son genre Pyroderus, adopté par M. Ch. Bonaparte, et que nous conservons. M. Ch. Bonaparte, lui, entrant dans la voie ouverte si heureusement par M. De La Fresnaye, et dans laquelle il avait été déjà précédé par M. Reichenbach, n'a fait qu'ajouter le genre Casmarhyn- chus, que nous avons restitué à nos Ampélidés, dont nous ne croyons pas qu'il doive être détaché. En résumé, nos Gymnodérinés se composent des genres suivants : 1° Coracine (Coracina ; 2 Céphaloptère (Cephalopterus); 3° Gymnocéphale (Gymnocephalus) : 4° Gymnodère (Gymnoderus). 4 GENRE. — CORACINE. CORACINA. (Vicillot, 1816.) Diminutif formé de coraæ, coracis, Corbeau. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec à peine de la longueur de le: tête, presque aussi haut que large: mandibule supérieure droite en plus grande partie aplatie à sa base, légèrement recourbée jusqu'à la pointe, qui est légère- ment échancrée, et dépasse très-peu la mandibule inférieure : celle-ci presque droite et tronquée à son bout: base du bec concave à son insertion dans le front, dont les plumes ne le recouvrent pas, et muni de cinq à six poils peu allongés, très-épais et très-durs, dirigés en avant. ù \ à AN \| NN \ NS Fig. 396. — Coracina scutata. \l l VAT Narines ovalaires, basales, recouvertes par les petites plumes avancées du front. | Éd OISEAUX, 907 Ailes médiocres, obtuses; la quatrième rémige la plus longue. Queue médiocre et arrondie. Tarses courts, robustes, trapus, largement scutellés, de la longueur du doigt médian; doigus at- longés, l'externe égal au médian, et soudé à sa base, l'interne plus court; le pouce fort; ongles longs, comprimés et crochus, celui du pouce un peu plus fort que celui du médian. | Fig 597. — Coracina scutata. Le cou et la poitrine garnis de plumes frisées qui rapprochent sous ce rapport la Coracine du Cé- phaloptère. Ce genre, dont l'espèce type a été découverte par Noséda et D'Azara, qui l'ont décrite sous le nom de Pie à gorge ensanglantée, se compose aujourd’hui de trois espèces, dont les deux dernières sont dues aux investigations de M. De La Fresnaye. Nous figurons la Coracine ensanglantée. D'Azara, tout en transmettant les notions que Noséda lui avait procurées sur cet Oiseau, et en en faisant la description à la suite de ses Pies, n’en a pas moins compris qu'il en différait générique- ment, ainsi qu'il lexprime lui-même en ces termes: Je n'ai jamais vu cette espèce, dit-il. M. Noséda pense qu'elle se rapproche des précédentes (des Pies), quoiqu'elle me paraisse constituer une espèce particulière et séparée, qui participe en même temps des caractères des Pies, des Yapus (qui sont des Garouges) et des Troupiales; en effet, la lon- gueur de son bec est moyenne entre celle des deux premiers genres, la grosseur moindre que dans les Yapus, et l’enfoncement de la base lui donne du rapport avec le bec des Troupiales. Cet Oiseau s’en rapproche encore par la proportion entre l'envergure et la longueur du corps, quoique sa manière de voler, de se poser, de se cacher entre les branches des arbres et de sauter de l’une à l’autre soit celle des Pies, suivant ce que m'en a dit M. Noséda. Mais elle diffère des uns et des autres par ses moustaches, les plumes frisées de son cou, la grandeur de ses yeux et le peu de longueur de ses jambes et de ses pieds. Quoi qu'il en soit, voici ce que m'en a écrit M. Noséda. Get Oiseau n'habite point le Paraguay; mais il se montra en septembre sur les orangers de mon jardin; il y paraissait inquiet et méchant; il changeait de place aussitôt qu'il craignait d’être vu. Je le pris vivant; il était courageux, hérissait toutes les plumes de son cou, celles de la tête restant cou- chées; donnait des coups de bee assez violents; jetait un eri fort et guttural, et se défendait avec ses serres. Sa femelle l'accompagnait... (Voyage au Paraguay et dans l'Amérique méridionale.) Vieillot, ayant été le premier méthodiste à s'occuper du seul Oiseau de ce genre jusqu'alors connu depuis D'Azara, l’a rangé dans son genre Coracina, qu'il avait substitué au genre Gymnoderus, en en faisant son Coracina rubricollis. Gr, nous avons vu que sous cette même rubrique il elassait en sous-sections le Col-Nu et Le Choucas chauve de Buffon, déjà nommés Gymnoderus et Gymnocephalus par Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que le Céphaloptère de ce dernier. D'après le système de priorit; admis aujourd'hui, et qu'il est important de maintenir, nous ne voyons pas pourquoi le mot généri- que de Vieillot ne resterait pas attaché à la Pie ensanglantée de D'Azara, puisqu'il est le premier au- teur qui ait eu l’occasion de la citer depuis sa découverte et de la chasser, et qu'il en a fait en con- naissance de cause une Coracine. Nous pensons donc que, si heureux que puisse être le nom créé par M. Gray de Pyroderus, dont il à emprunté du reste l'idée étymologique à Geoffroy Saint-Hilaire, ce nom doit s’effacer et faire place à celui de Coracin«, que nous lui restituons. 208 HISTOIRE NATURELLE. Il n’en est pas de ce que nous proposons et pratiquons ici comme de l'exemple qui se répète fré- quemment depuis quelque temps, et que nous ne saur:ons approuver: celui de subdiviser, à tort ou à raison, un genre créé et constitué par un auteur; puis, cette subdivision faite, tout en maintenant le nom donné originairement par le fondateur du genre, de le transporter à une section dans laquelle non-seulement ne se retrouve pas l'espèce typique, mais encore où ne figurent que des espèces qu'il n'a souvent pas connues, et de substituer à ce nom un nom nouveau sous la rubrique duquel on est tout étonné de retrouver l'espèce typique du nom primitif transporté et donné pour rubrique à d'au- tres espèces. C’est un entraînement que nous espérons que les progrès et surtout la vulgarisation de la science ne voudront pas encourager. CORACINE DE L'ORÉNOQUE. CORACINA ORENOCENSIS. (De La Fresnaye, 1846 } En dessus. d'un noir parfait; en dessous, une plaque pectorale rouge; tout le reste de la partie in- férieure du corps, à partir de cette plaque, de couleur brun-marron uniforme; les sous-caudales seules et une étroite bande au bas de la poitrine sont noires. Longueur totale, 0,4% environ. Habite les bords de l'embouchure de PÜrénoque. Que GENRE. — CÉPHALOPTÈRE. CEPHALOPTERUS. (Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, 1809.) Kspañn, tête: mrepov, plume, penne. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES. Bec puissant, allongé, de la longueur de la tête, triangulaire et déprimé, un peu plus large que haut, à sommet arrondi, et infléchi jusqu'à la pointe, qui est légèrement crochue et dentée. Narines en croissant, ouvertes dans une membrane sur une large fosse nasale. Ailes longues et pointues, subobtuses; la troisième rémige la plus longue. Queue longue, légèrement arrondie. Tarses courts, assez robustes, de la longueur du doigt médian; doigts latéraux allongés, prin- cipalement l'externe; ongles longs et crochus, celui du pouce le plus fort. Ce genre ne repose que sur une espèce unique, de l'Amérique méridionale, décrite pour la pre- mière fois par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, qui en a apprécié et précisé ainsi les caractères. Ce qui sépare le Céphaloptère de tous les Oiseaux connus, c’est, d'une part, le grand nombre de pennes où de grandes plumes qui lui forment une huppe très-élevée sur la tête; c'est, d'autre part. une sorte de jabot ou fanon qui lui pend au bas du cou, et qui est également formé par un paquet de longues plumes. Ainsi, au lieu de poils roides ou soies garnissant la base du bee, on trouve dans le Céphaloptère de cinquante à quatre-vingts plumes : elles sont droites, très-hautes, formées dans plus de leur moitié inférieure d’une tige blanche et roide, et terminées par un épi de barbes noires qui se renversent en devant; les flanes extérieurs de chaque tige sont garnis de barbes rares, très-courtes et écartées les unes des autres. Le frottement de ces plumes, quand elles se ramassent en touffe, en empêcherait-il l'accroissement, où en userait-il les barbes intérieures? Le haut de la tête et la racine du bec sont aussi revêtus de pareilles plumes, mais elles sont plus courtes et à tige plus mince et noire; elles diminuent de grandeur d'avant en arrière, de manière que le magnifique panache qu'elles forment s'abaisse insensiblement vers l'occiput : toutes ces plumes, versant leurs épis en avant, mettent la tête de l'Oiseau sous une espèce de parasol, ou lui composent OISEAUX. ane large huppe, qui est d'autant plus grande, que ces d’une sphère, s'éloignent davantage les unes des autres. 309 plumes, qui s'écartent comme les rayons 'ig. 995 -— Cephaloplerus ornalus. Ce luxe de plumage, inconnu partout ailleurs, a comme son pendant dans le jabot dont nous avons déjà fait mention; c'est dans le Céphaloptère une expansion cutanée, dont les côtés et le dessus se trouvent recouverts de plumes assez longues, qui vont toujours en s’élargissant. Cette production bizarre a assez de ressemblance au fanon des Bœufs. (ÉTIENNE GEorFroy Sainr-IinaiRe, Ann. du Mus.) 910 HISTOIRE NATURELLE. N'ayant vu, ajoute l’illustre zoologiste, qu'un sujet empoilé, je ne saurais rien dire de la portion cutanée qui porte ces longues plumes : cependant, il est assez vraisemblable que la saillie qu’elle forme est due à un repli de la trachée-artère; ce qui, si cette conjecture est fondée, ramènerait ce long jabot à n’être qu’un goître, tel que celui de la Grue du Bengale. Quoique cet Oiseau soit devenu assez abondant dans les collections, surtout depuis l'expédition de MM. De Castelneau et Deville, qui en ont apporté de nombreux et magnifiques exemplaires des bords de la Haute-Amazone, ce qui justifierait assez l'opinion émise, quant à l'habitat de ce bel Oiseau, par M. Temminck, s'exprimant ainsi il y a une vingtaine d'années . « On le suppose originaire du Brésil, mais je doute que ce soit sa patrie, car les nombreuses excur- sions faites par les naturalistes dans ce pays n’ont point encore fourni d’autres individus que celui déposé à Lisbonne et le sujet rapporté par M. Geoffroy; nous croyons que ces Oiseaux, envoyés du Brésil ou plutôt de Rio-Janeiro, la ville capitale, y ont été apportés du Pérou ou des côtes du Chili; car, sans doute, on eût retrouvé l'espèce, si en effet elle était originaire de quelques provinces du Brésil, le pays du globe, après l'Europe, sans doute le mieux exploité sous le rapport de ses produc- tions dans les trois régions de la nature. » (PI. enl., texte.) C'est en effet vers le Pérou que confinent les affluents de la Haute-Amazone, parcourus et explorés par les voyageurs que nous venons de nommer. Aueune observation anatomique n’a été faite qui soit venue jeter quelque jour sur la question sou- levée par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. CÉVHALOPTÈRE A OMBELLE. CEPHALOPTERUS ORNATUS. (ÉËt. Geoffroy Saint-Hilarre.) Tout le plumage est d'un noir très-foncé, sauf l'extrémité des plumes de la huppe et du jabot, qui est d’un violet à reflets métalliques. (TEnMINck.) Habite l'Amérique méridionale. LIN DU VOLUME. TABLE DES MATIÈRES. ACC AEE r e SAT SpRENUTA SE A: ‘ DENTIROSTRES MARCHEURS (sure). , . , . 1 SHPILUFUS- EE ce ne RE TURDIDÉS EN N- ET-NE. LAON RÉ RARE de 1 AMYTIS. + + + ee lee Fe RARES On TURDINES M ER Eos ne 1 MalDrUS Re RC ee CRC c Hans 0 Bro10b 0 6 ou Loto dto et CHU OÙ PDIMALINÉS. LS PR PP CRE Merulas se. tee. © Le RD D RE niet IMicronuss ete teen Ie CNAB nes Rs DE 2 Ale à 18 Megalurus. ATETE SAXICOLINÉS Te RE EURE. 210|NCrateropuss. et. NT TR CU PEDOCIN CAR CT Ce 5 | Cincloramphus. . BESSONOLNIS Me er is s aude le eue à 20 MDonacoDius 2: ec Te ici SARICOIR RP A PR Len Eee 0 DU TIAIIAS +. de et os 00 BIAC COLA EM ere ttes eme one te PMR .. 53 | Mixornis, MORTE OS CNE AN ete CODSYCIUS ER REC ee SH | CINCIOSOMAE Re CCR CR HHAMNOA EN ML hein EN 10. Sphenostoma. ADP oc RC OPSemar 2 ER tr DR LOS DIN STLUIPARIDÉS SE ER JR CIO ACCENTON ESS Dur ete on deuearen ie Pie SOIN STOVIPARINES RER RE D OHICORNIS ee CE ER NU CC RAT RES, à 0 5 loto 500 uote HEUS CT . MYOMON Re CR CU En + DO M ONE EME ONE colo à GITE ÉNRTT ITU DUSRR | MElAnOCDIO a EE Te 7 STE ZONES YVAN CC ir - Nemura. CRETE ONE NA ED ONE TR A ue ES SA SULOrTA Met see ete er ee 5 ATV ae CE OO NM PARDACOMINES PR CT Cie ECRI CU en ete ce 1e MPAardalo(uS. eee ele CT GNANCCUIAE EE. RL LS NC OMEGA re à o do door fee ROC UE. 2 0 ST NERTIOUNCUNINÉS ER CE MEL Pelroica . . tan ee I 60 KAlCUNCUIUS EC MO 5 à cn ohne eee 102 PARIDÉS. . se ARNO AUD € Co PARINÉS ET em 2 RENE Se HE DATUS PCR DENTIROSTRES SUSPENSEURS.. ...,.. O5 Pœcilla. . . ON D DONNE. OU 20, Gun HROGLODMTIDES ER EE CE 647 PNECISLUrA RS PR CCE EE MROGÉODYTINES GA |MPEA TA 2 Cr LC TIR HAMPROCINCIS ER Re ete 00DN | PANUTUS. ee ee ee LES D eo bo d'or io SU TE IDiITO a too »- 0. 6 di 010.0 0 vo 0! vnc GamPyOT NCIS RE DO MMUININTERONES e à 5» © do pro do ot DONC... oO: C Troslodytes. . . . . . TT NU DRE CSRIEPATOIdeS Re ei DD EYOLDOTUS NES ER 1. cer ce SC ES FE VIIDES ER CR CE Cie 5.0 MMpOOCONUS EE EEE Co G INFIGÉDULINÉS: 6e. ele ee CPR MARI ENS ER 2 cc CN Ne AMF icedulare 2 PPT CC 00 di HN à & o dto lo open e a06 INA TNT So 0 a 0-00 0 neuve © to © © Pomatorhinus. FGAIRÉELICHES 4 Gares Ce vue e RELIGION LE HO IEMNIGUIL(AS me cr 0 CITE 312 Hylophilus. . . . . . . . . . . . . RÉGULINÉS. . . ZoslEtOpS ce re chaine Acanthyza. . . . . Regulus. , . . . . Cie CADAMOHERPINES ANS EE AR Orthotomus. ,-, . Drymoica. ........ Prinia.. 0.1.2 Calamoherpe. . . . . . .« Aedon. Cysticola.. . . Calamodyta.. . Geftia 1.2 MoCus tea re ne M ve 6) ds SVDUIIN ES Re annee na ei à Philomela. . Sylvia. CHENUCA PMR TRE io Con eee MENZOPRILUS EPP EN CN SCT . HIPROÏIAIS ES RTE eee SOUS-ORDRE. DENTIROSTRES PERCHEURS. . . . . . . . RNUNCICAPIDÉS EEE. Tree MUSCICAPINÉS. NIUSCICAAEE RE CR CU 0e RURALE MOTO EMI O NOT RITUELS TORONTO RTE Nillava ee ET Myagra. Micræca. Hémichélidon. DINEVSLEITA EEE CEE à Rhipidura. . a SeISUrA. ." . . LÉ CNT D TMC 6 BYCNOSPhET EEE - ee ee. MUSCIDE A ER ee oc b Monarcha. . . Arses. . Chasciempis. . . . . . PACHYGEPHATINÉES ER CU ne Eopsaltria. . . . . Pachycephala . , . . . ARTAMINÉS. FIN DE LA HISTOIRE NATURELLE. ATEAMUS RAT VAE DIGRURINÉS....., "0. MelUIOrnis ete ee Di-R essaie CGotchoa:e.… 0%... +E Irena Dicrurus. , Alectourus CE CEE ER COPUIUS CEE Gubernetes. VC 0 6 en ue Ptilogonys. Cycloris. . Ptilochloris. ATEN I ESS EE OS TOO : 0 MTIVLIUS- ER 2 CU DYFANQUS NE CE Saurophagus. . . . . . . Scaphorhynchus. MaChHCtONNIS 0 CRE PSCOCEphAlUS MÉTYRINÉS: De ee 2 NL TT UT RERO IT D ROME NO in De oO do © PACHNTAMPEUS EE Ce CC LE Paris Ce Pre oc COR PÉATYRAVNCEINES RER CC Todirostrum. PAEVÉ NUS ER CE TE MeniGHn EEE CE CC 0 SÉTOPHAGINES Elaena. , . HUSCARIDMUS SRE CCC CCC CONCIYOTA SRE CE CN COMTE SETOPHASU ES CC CE QUÉRULINÉS DUERUIME cn es à se tte a cu RU DIPANEUS RE RE AMPÉLIDÉS. . . . GYNMODÉRINÉS. Coracina. TABLE. 242 245 246 247 249 250 254% 255 256 257 259 260 261 264% 965 267 268 270 271 272 974 276 278 251 282 284 286 286 288 289 290 291 292 29% 295 296 297 299 300 301 501 505 504 505 306 308 ge A | Taur es Mets hrs w D . on } Au it js ve ag fi PRE de : Aid} FA Prpion - A RARE va pd Fret TEE prb brun ANS t crue et ab ee sir Late eut 1kf4 LITE + jé N 430 4 rt ure ROUD ss ù L ie PEN DAS" - MFENON ul! 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