-v y^ ^^ *t ^ ^ , t^'éi fir ^jf^ly^. ^«^ '/^ , 'Y/ ' > y^/rj/// ' y^iA^/^z ESSAIS SUR 'UÉQVrïAJlON. ■-J-fcbL^ ^LIJ .^J-^jjB; Ps'.rhiri' cl L/h.'val, Dcd-d-ime d'après rioéura ; ou- le Cavalier •M'J' vit aii.jc Ir^hS" cjiuzrùr^ et cl cjiuJre piea^<- aU4icAj-J'JUd~ de ut I-tUj/ie Hertrcniale , ^Lrcjii '-^unLpt- jf-/ ^i^c u^f-hinùft ESSAIS S U R L'JÉQlUîTATïOH-, O U Principes raisonnes sur l'Art DE MONTER ET DE DRESSER LES CHEVAUX. Pat M. MOTTIN DE LA BALME j Capitaine de Cavalerie ^ & Officier Major de la Gendarmerie de France, Hiae bellator equus campo fefearduus inferr. yirg. Geçfg. L. l. A AMSTERDAM, & fe trouve â PARIS:, CL S J^**^^^'^ j F^ls ^4 Lib. me DaupKine. \RuAULT , Libraire , rue de la Harpe, M. Dec. LXXIII. ^'f^lT ^^,*0J.'^' ■^ .*-«■,«■•«««*■-'■«****•»»*-«>*»•■• ^^t^ ^e-K<> 5^ 4»-t^ ^^ A SON ALTESSE SERENISSIME MON S E I G NE U R LE FRIMCE BE CONDÊ, PRINCE DU SANG. Monseigneur, Guidé par P amour du bien y foutenu par Vefpoir de mériter vo- tre indulgence ^ f ai travaillé aces faibles EJ/ais. Ils ont pour but la confervation d'un animal précieux j a i ^j É P I T R E. & les progrès cTun Art^ utile à la Cavalerie y ce Corps, dont vos il- lujires Aïeux , ù vous-même , MONSEIGNEUR, ave^fu tirer un fi grand avantage à la guerre. Sans dohte que le Public voudra bien les recevoir favorablement y puifque VOTRE ALTESSE permet qu'ails paraifient fous fes aufpices. En accordant Vhonneur de votre, proteàion aux Militaires qui cher- chent à fe difiinguer y VOTRE ALTESSE SERÉNISSÎME ajoute à fa gloire / Elle les encou- rage par fon accueil y après les avoir excités par fon exemple. AuJJi quel pouvoir ne s eft-elle pas acquis fur eux ! Quel Guerrier n^efi pas at- - tendri 6* tranfporté en fe rappellant le nom de CONDÉ! É P I T R E. vl| Dans deux cireofijlances y du nombre de celles oîi les hommes fe montrent ce qu^ils font ^ fai vu les VCEux des Soldats fe réunir pour VO TRE ALTESSE. Animés par fa préfence j la joie & V audace brillcuent également fur leurs fronts } fiers d^ obéir à vos ordres j ils brûlaient d^ en venir aux mains j lorfquePenne* mi y fupérieur en nombre y intimidé par vos favantes difpofïtions y leur en déroba 'Poccafion par fa fuite ( i )i 0 Cette ardeur exifte encore ^ MONSEIG NE UR :je la par- tage avec la Nation ; peut-être une impérïeufe nécefjîté viendra-tr-elle un jour interrompre le repos dont nous jouiffons y & rajfembler nos (i) A Greningen , & à Johannesberg. a 4 viij E PITRE, troupes fous les ordres de KOTRE ALTESSE. Alors les Français >^ ces hommes fenjïbles y aàifs ^ audacieux ^ ma^ gnanimes y dont VO TR E AL- TESSE s^efi attiré la confiance y pourront convaincre leurs ennemis 4pu^ ils font capables des plus grandes chofes y conduits par le génie d^un Prince qui joint aux qualités aima- bles qui lui gagnent tous les cœurs y les rares vertus qui font les Héros. . Je fuis y avec le plus profond refpeà y MONSEIGNEUR, DE FOTRI. AlTESSB SÉRéNlSSIM^y XéQ très-humble & très-obéiA- fam ferviteur , MoTTJH DEi.aBalmi%. DISCO URS PRÉLIMINAIRE, .o u INTRODUCTION, lEN ne prouve autant notre ignorance & robfcurité de no» idées fur un Art ou une Scien- ce 5 que la diverfité des opinions. L'Equitation ^ dans un fiècle où prefque toutes nos connaiffances ont éprouvé une révolution con- fidérable, eft reflée dans le cahos; faute par ceux qui en ont traité , d'avoir établi leurs préceptes fur- une bafe folide, fufceptible de^ démonftrations , qui feules en au- raient accéléré les progrès. a s X INTRODUCTION. ' L'Art ou Science du manège, confidéré fous Tune ou l'autre de ces deux dénominations ^ doit né- ceffairement , pour fe perfection- ner, admettre des principes in- telligibles & développés d'une manière fenfible. Comme rien de ce qui eu élémentaire ne doit être vague ou indéterminé , il faut que des notions fimples & précifes foient préfentées à Tefprit de ceux qui veulent exercer à che- val ; il faut que , d'après ces no- tions on puiffe , en quelque forte , fe frayer une route sûre pour avan- cer vers la perfection dans tous les temps & tous les Pays , & qu'on s'en ferve toujours comme de régulateur appliquable aux diif- férentes opinions , & au moyen INTRODUCTION, xj duquel on déterminera ce que cha- cune a de véritable ou de faux, ^ Ces principes , une fois reconnus & adoptés , deviendront un point de réunion : ils porteront la plus grande clarté fur ctt objet d'inC- truâion , corrime cela eft arrivé dans tous les Arts & toutes les Sciences ; car on ne faurait difcon- venir que ce ne foit au moyen des principes , que les hommes laborieux fe font élevés & s'élè- veront aux plus hautes connaît fances. Il importe donc qu'ils ap-^ prochent le plus qu'il eft poffible du certain , ou , ce qui eft la mfê- me chofe , des vérités reconnues par les grands maîtres ; & , pouf concourir à une plus prompte inf- tru£iion , qu'ils foient dégagés a 6 xîj INTRODUCTION. d'une foule de raifonnements auflS inutiles que rebutants ( i ). Combien ^ au contraire , les Ou- vrages qui ont paru jufqu ici y nç font-ils pas confus^ fyftématiques & dangereux ^ par les fauffes ap- plications qu'on peut en faire I D'abord, à défaut de fciençç ou de fimples connaiffances ^ on fubftitua le merveilleux ôc les idées vagues dépourvues dans bien des cas , je ne dis pas de preuves, mais de fens , à des principes pal- (i) Les Maîtres & les Auteurs chargent beau- coup trop ce qu'ils veillent comriiuniquer; l'Au- teur veut tout dire , le Maître veut rendre tc^utes les idées qu'il a iur un fujet , comme s'ils ignar. îaient que tout eft lié à tout , & que c'eft facrifier le véritable intérêt au plaifir licencieux $i abuiîf ^ç, ÎOf faire valoir , que d'agir ainfi*. j INTRODUCTION, xîîj pables qu il fallait uniquement pui- fer dans la nature, guide invaria- ble ôc infaillible, qui devrait nous, conduire à chaque pas. Puis fans s'étayer d'aucune bafe , on multi- plia^ ou, pour mieux dire, on en- fouit dans de longs & ennuyeux Traités, les faibles notions qu'on avait fur l'Art de drefler , affouplir & foumettre les chevaux; Art ébauché par Giovan Battijla Pi-- gnatelli j Napolitain , & apporté en France, par Meffieurs de k Broue & Pluvinel. On ne s'en tint pas là, il fallut s'égarer par différentes routes fou vent diamé- tralement oppofées. Chacun, à fa façon errant diverfement, adopta une manière particulière de placer un Cavalier à cheval^ & de cou- xiv INTRODUCTION. duire Tanimal qu'on voulait fou-» mettre ou dreffer , par des moyens prefque toujours violents à l'excès^ plus propres à faire défendre & à ruiner de braves chevaux qu'à les inftruire (i). (i) Croira-t-on jamais que Jean Taquet ait fbutenu Se fortement recommandé , d'arraclier quatre groiïes dents au cheval , près deis cro-^ chetSj afin qu'il fut plus facile de placer le mords dans la bouche de cette vidime de l'ignorance outrée de ces temps barbares. Que l'on fuge de î*énormité du mords dont on fê fervait. Croira^ l-on encore que M. Salomon de la Broue , & d'autres après lui , aient donné , poftr moyen in- faillible, de faire une charge avec un nerf de bœuf, « communément du haut de la tête en bas » for le vifkge, ( ce font fes exprefîions , ) potn » un cheval qui forçait la main , ou qui avait îa » bouche égarée j de le pouffer à toutes jambes » contre un mur , une porte , ou contre une corde » tendue â travers d une allée 4 arbr-es j d attaches INTRODUCTION xv Pour fe convaincre de ce que je viens d'avancer , on n*a qu'à examiner les différents principes qui font encore fuivis fcrupuleu- fement par ceux qui donnent le- çon dans plufieurs Ecoles, ôcdonc je vais donner une idée. On foutient , dans quelques- unes, que, pour avoir les cuiffes tournées fur leur plat , il faut pla- cer l'Elève fur le périnée , ou , fi l'on m'entend mieux , fur la four- » les parties nobles de Tanimal furieux avec un » cordoQ de foie ou de laine , enfui te tirer le dit ï) cordon ». Traitement propre à défefpérer & â rendre ramingue le cheval le plus froid & le plus docile. « De faire creufer une fofïe de deux pieds - ») en rond dans le manège, pour lui faire exécu- •> ter les voltes avec précifion ». Après lui , M. de Brundeville confeilîoit de châtier les chevaux à Ig tête avec un bâton > fui la moindre ^te^ Scc^ xvj INTRODUCTION. chure, conféquemment les fefles en Fair. Dans la plus grande par- tie des autres , avec raifoii on fait affeoir. Plufieurs Ecuyers exigent que Ton tende & roidiffe les jam- bes ; pendant que d'autres recom- mandent fagement de fe relâcher des cuiffes , & de laiffer tomber les jambes fans force. L'un veut que ce foit la rêne de dedans, qui dreffe ôc conduife l'animal que Ton exerce; l'autre foutient que c'eft celle.de dehors qui en a feule. le pouvoir. Dans un manège ou exigera de mener les chevaux avec les deux jambes ; dans un autre , avec une feulement ^ & pour tous les cas 5 excepté dans la correûion, que l'on donne en pinçant des deux. Ici l'on fera beaucoup exer-. INTRODUCTION, xvi] cer fur les cercles , là on exige que ce foit fur des lignes droites : dans plufieurs endroits on mettra une bride, un filet ou petit bridon dans la bouche , & un caveflbn fur le nez de l'animal que Ton veut dreffer ; au-lieu que dans les bon- nes Ecoles j en place de toutes ces entraves , on débourre les chevaux avec le bridon fimple , ayant deux rênes feulement pour la sûreté de celui qui les éduque. Les uns pré- tendent que ce font les épaules du cheval qui exerce fur un cer- cle, la tête dedans y la croupe de-- hors ^ qui s'afToupliffent ; & les autres que ce font les hanches. Prefque tous s'accordent pour faire arrondir les poignets, tandis qu'il y a nombre de raifons à donner xviij INTRODUCTION. pour prouver la fauffeté de ce principe, qui fatigue, roidit & ôte la grâce à TElève que l'on contraint ainfi, &c. Malgré ces contradiâions pour la pofture à cheval , il faut néan- moins convenir que les Ecuyers fe réunifient tous pour dire, que c'efl: le contrepoids du corps du Cavalier , plus ou moins bien ob- fervé , qui fait plus ou moins bien ^Hçr les chevaux j que cet animal fe défend , qu'il a des vices de ca- raâère qu'il faut corriger : mais ils ne difent point comment il faut s'y prendre. Ils font un long narré de toutes les gentillefTes des che^ vaux , des airs brillants 6c des dî- verfes figures qu'ils leur font tra-« cer fur le folj mais ils gardent INTRODUCTION, xix encore le filence le plus fcrupu- leux fur les moyens qu'ils ont em- ployés pour amener à ce degré d'inftrudions , Tanimal dont ils parlent. Cependant il y a une puiflance qui enlève , raffemble ou chafTe, tourne à droite ou à gauche cette charmante & agréa* ble machine , qui femble agir d'elle- même. C'eft^ repondent-ils^ quand on leur fait des queflions à ce fujet, une chofe de fentiment qu'on ne peut pas rendre. Dans ce cas , on^ eft en droit de leur dire : n'écrivez point ; car il eft indifpenfable pour inftruire des Elèves qui paffent leur temps à vous lire, de leur faire fentir, comme l'on dit, au doigt & à Vail y les principes qui doivent les guider & accélérer XX INTRODUCTION. leur inftruâion , fi vous avez Tin- tention d'étendre les bornes de leurs connaifTances* Enfin , il faudrait faire un Vo- lume , pour décrire la diverfité des opinions que chacun foutient ; qu'il prétend être la meilleure ou Tunique à fuivre , fans trop fe mettre en peine fi cela eft bieni prouvé (i). (i) Nous fommes fî pénétrés de nos propres idées, qu*on ne doit pas trouver étonnant, quand on n eft point étayé de bons principes, que cer- tains raifonnements fur lefquels nous comptons beaucoup, ne foient qu'un tifTu de fubtiles & ingé- nieufes erreurs. Uamour-propre eft fi adroit à non s cacher, fous fon voile , lafaufTeté de nos penfées, en nous faifant concevoir la plus haute idée de nos lumières , qu'il eft très-poflible que l'oTi don- ne , de bonne foi, pour certain , ce qui n eft pas même vraifemblable. INTRODUCTION, xxj A regard de ceux qui difent que l'Équitation eft une chofe de fen- timent que Ton ne peut rendre ; je trouve qu en parlant ainfi , ils avouent ingénuement qu'ils n'ont point affez raifonné ôc approfondi ce qu'ils ont pratiqué , pour ap- percevoîr les véritables rapports qu'ont entr'eux les mouvements & la caufe qui produit tels ou tels effets ; parce qu'ils fe font égarés dans des idées métaphyfiques ^ pour expliquer des effets pure- ment phyfiques , & à la portée des Elèves ^ comme je vais le faire. On ne peut difconvenir que Tu- nique bafe de la fcience du ma- nège confifte à donner aux Elè- ves un parfait à-plomb j & une xxi] INTRODUCTION. très-grande fouplefle dans toutes les parties du corps, de manière qu'un Cavalier puifle à fon gré s'unir au mouvement du cheval & refter ferme fur la felle , mal'- gré les vigoureux contretemps que donnent certains chevaux , foit par gaieté , en bondiffant fur le fol ; foit par défenfe , quand le Ca- valier exige quelque chofe d'eux , quils ne favent, ne veulent ou I ne peuvent point exécuter, C'eft ce qu'on appelle , en terme de manège , tenir le fond de la felle. On ne peut acquérir cet avantage qu'en fe molliffant y & en trottant long-temps par degrés , de plus en plus vigoureufement, proportion- nément à fa tenue , beaucoup de chevaux, gros , grands, petits, fa- INTRODUCTION, xxiij ges ou vicieux , unis ou non , foit en cercle , foit dans le droit. Une chofe très-effentielle à obferver & qu'on ne doit jamais perdre de vue, eft de placer & tenir tou- jours les Elèves qui veulent exer- cer , dans la pofition la plus con- venable à chacun d'eux , félon leurs diverfes conformations fie leurs difpofitions , comme il eft die ci-après. Pour parvenir à donner une idée jufté & raifonnée de la bonne pofition, il faut expliquer fuivant les principes connus de la Mécha- nique & de l'Anatomie , Tordre & l'arrangement fymmétrique que doivent avoir toutes les parties du corps, félon leurs différentes pro- portions ôc leur mouvement rela- xxiv INTRODUCTION. tif pour approcher, le plus qu'il Te peut faire, de Tenfemble quiconfli- tue ce que nous nommons la belle pofture à cheval (i). Les mouve- ments dont je parle , feront no- bles , aifés & gracieux , lorfque Iç Cavalier fera bien uni -au cheval , qu'il difpofera & fera agir avec facilité ôc d'une aâion fuivie , les parties de fon corps, qu'il veut mouvoir. (i) Je ferai indifpenfablernent obligé de me fervir de <]uelques termes anatomiques pour dé- montrer la pofture à cheval , Za fans fuccès, de mettre de greffes femel- les de plomb fous leurs bottes pour faire al- 14 Pojlure de attention de les tourner Se allonge? également. Une cuiile plus fur (on plat que l'autre , attirera l'aillète de fon côté : de même fi elle eH plus allongée ou un piu plus raide. Pluiieurs perfon- nés les ont rondes , courtes & charnues comme les femmes. Ces imperfeâ;ions font très-nuifibles , en ce qu'étant ron- des , elles roulent ^ charnues , elles font peu fenfibles , courtes , elles n'embraf- fent pas aiTez les chevaux j ce qui di- minue l'enveloppe , & raccourcit l'ef- pèce de balancier que font les jambes & les cuiflfes. Si l'on ferre les genoux dans les contre -temps pour fe tenir à «Il I I I ■ I I I I ■ n longer les cuifTes , fans réfléchir que tout ce qui peut occafîonner la moindre douleur par un ti- raillement violent, Fait roidir, ôîe rélafticité des parties mufculaires 5 conféquemment produit l'effet contraire à leurs vues ; ce qui prouve que , d'ans ce cas & dans tous autres , il efl plus avan- tageux de fe rapprocher oreilles du cheval 35 , fans penfer que ce doit être la poiition des cuilTes qui place les jambes & les pieds. D'autres tiennent les talons hauts &c tournés du coté du ventre du cheval j ce qui le picote & le fait couailler , fouvenc même défendre , fur-tout s'il efi: cha^ touilleux. Tous ces défauts proviennent de la force qu'on emploie , tant pour placer que pour mouvoir ces parties. Lorfque les pieds feront placés paral- lèlement au corps du cheval, fans être eftropiés , ce fera une preuve qu'il n'y a point de roideur ; & que les cuifles feront tournées au degré où elles doi- vent l'être y félon l'exade règle. à Cheval. ip Les bras fur la ligne du corps _, tombant naturellement à un pouce environ des hanches. Les bras étant fur la ligne du corps , liants & bien d'à-plomb feront affurés. Si Ton était renverfé, les bras, dans ce cas , feraient en arrière des hanches. Si au contraire le bufte eft en avant , ils feront de même en avant des hanches , & par conféquent auront un mouve- ment continuel d'avant en arrière ^ ce qui rendra la main dure & mauvaife. On ne peut faire repofer les bras fur les hanches , comme on Ta dit dans plu- fieurs traités de Cavalerie , fans avoir l'air gêné , & fans faire remonter les épaules. Il ferait tout auffi défectueux de les élever, les tenir éloignés du corps & les balancer , comme le pratiquent quelques perfonnes , croyant fe donner à.QS grâces. On doit les laifTer tomber fans force , & ils fe placeront perpen- diculairement, ainfi que lesjambes^par 20 Pojîure leur propre poids. Les bras , les avant-*- bras & les poignets bien placés , don- nent une véritable grâce au Cavalier. U avant-bras & les poignets fur une ligne droite & horifontale, Lorfqu'on voudra tourner le cheval à droite ou à gauche , les bras Se avant- bras doivent mouvoir proportionnelle- ment ^ il n'en doit pas être de même dans Tadlidn de rendre oa dé tetenir ; alors les avant-bras & les poignets feuls doivent agir d'un mouvement commun. Les poignets feront à trois pouces du Corps , point arrondis. Le petit doigt n'en fera pas plus près que le ^ovicé\ caf Cette dernière pofîtion de la main , ou- tre qu'elle n'eft pas naturelle , manque d'agrément, & ne produit aucun boa effet [i] • au contraire le -poignet , 1 a- (i) On ne peut arrondir le poignet fans em- ployer de force & fe fatiguer à la longue, Lorfcju on le tient fur la ligne du bras , il a de. à ChevaL lî Vant-bras , le bras & fouvent l'épaule en font roidis : de-là la fatigue Se la. I lalîitude de ces parties , qui obligent le [ Cavalier, fans qu'il s'en apperçoive, de fuivre la pofition droite que je viens ! 'd'indiquer, qui eft la feule naturelle. Il eft de même , non-feulemeat inu* tile, mais nuiffble , de tourner les on- gles en-delTus pour retenir , en-delTous pour rendre à droite ou à gauche , pour faire tourner le cheval de l'un ou ïrondi pour fentir l'une ou l'autre des deux rênes. Un cKeval bien placé & bien confirmé dans l'attitude qu'il doit avoir , tournera à droite "êc à gauche & fera un bel arrêt, en foutenant la main dans fa pofition. Tout ce qu on a reclier- ehé à cet égard font des rafinements fuperfius^ s. 2 Pojlure On peut aufli palTer la gaule dans l'une &: l'autre main , félon le befoin , mais avec précaution , pour ne pas ef- frayer le cheval j au furplus l'aide de la gaule eft plus douce , mais moins utile que l'aide des jambes pour les drelTer à tous les airs. Voilà , je l'avoue , un détail fur la belle pofture à cheval , un peu long ; mais l'étude que j'ai faite de la plupart des Ouvrages qui traitent de l'Èquita- tion , où l'on trouve tant de contradic- tions fur cette partie effentielle de l'art , èc les faux principes , qui dérivent né- ceiTairement de la diverfîté des opi- nions 5 que malheureufement beaucoup de perfonnes fuivent dans les Ecoles fubalternes , m'ont déterminé à entre- prendre d'écrire les remarques que le temps m'a mis à même de faire fur un grand nombre d'Elèves que j'ai fait exercer pendant bien des années. Je deiîre très - Sincèrement que le^ à Cheval 2; attentions Se les foins que j*ai pris à rendre claires & fenfibles mes idées fur cet objet important aux Amateurs de la Cavalerie , rapprochent une infi- nité de perfonnes, dont les opinions ôc les principes différent les uns des autres &c des miens. Difcordence qui ne pro- vient que de ce qu'on a négligé d'avoir recours, comme je l'ai fait, aux loix de la méchanique & à l'anatomie \ deux cliofes qui feules peuvent dévoiler les myftè- res de la nature dans la partie de l'équi" ration. Cette négligence a confidérable- ment nui à l'inftrudion de la JeunelTe , & a fingulièrement retardé les progrès d'un art 11 envié de l'élite delaNobleflTe, ^ même des Souverains en Europe [i], ( i) Les cnevaiLX ont dans tous les temps fait la pafîîon des Grands, & d'une infinité de per- fonnes des deux fexes. Sans avoir recours à ■tout ce quont dit les Poètes fur le fafte an- cien & moderne concernant cet agréable ani- ,inal, il fuiïit de citer quelques traits d'Hiftoire, 24 Pojlure à Cheval pour faire connoître combien ils ont été & font encore aimés. Darius fît élire Roi le cKeval dont il fe fervait. Alexandre , fon vainqueur , fit faire de magnifiques funérailles à fon fameux Bucé- phale , & fît bâtir une Ville qui porta fon nom j l'Empereur Néron fit nommer fon cheval Con- ful; Caligula fit manger le fien à fa table; les Turcs font des penfions aux leurs j les Elpa- gnols , fur-tout en Andaîoufie, & les Arabes par- ticulièrement , font auffi foigneux de coiiferver la généalogie de leurs clievaux , que les Princes font curieux de celle de leur famille. On affûre qu'il y en a eu chez les Arabes, pour lefqueîs on a frappé des médailles ; ce qu'il y a de biea sur , c'eft qu'ils les font coucher dans leurs tentes, leur parlent, les vendent très-cher , .& ne s'en défont qu'à la dernière extrémité. Les Anglais prennent à -peu -près les mêm,es foins; & confervent encore, de père en fils , les noms de tous les chevaux de bonne race qu'ils ont eus depuis très-long temps; chacun enfin fait féloge de fon cheval & prend plaifir à exalter fes qualités. On peut le dire ; fi c'eft doubler Ton exiftence que de monter & exercer à che- val , c'elt la tripler que de le favoir bien con- ■ jduire & le foumettre à toutes fes volontés félon ■les circonftançes. CHA-' lette comparée. 2 y CHAPITRE II Des bons effets de { ajjlette ^ dé- montrés par la comparaifon entre un homme de cheval & une per- sonne qui jiL aurait que peu on point de principes. E n'efl: pas aCez d. avoir expliqué la méchaiiique des parties du corps d'un Cavalier fur la felle, il convieiit encore d'enfeigner l'avantage que Ton peut ti- rer d'une belle afîîette , fans laquelle il n'y a aucune JufteiTe ni inftruârioir pour le cheval. On doit entendre, comme il a été dit , par une tonne ailîette., ce grand à-p^omb , ce liante cette .extrême fouplefTe dans toutes les parties qui nous unifTent a tous les mouvemens de l'animal (i), &: nous »i ' ■■—■ ■' ■ " '■■ ■ I II ji I II ^ (i) L'aflTieyej ou, ce qui eft la même chofe^ B à'S AJjfiette identifient , pour ainfi dire , avec lui , en forte que les deux individus fem- blent n'avoir qu'un même corps , dont la bafe fur laquelle le corps du Cavalier .prend Tappui fur la felle , confîfte dans la pofîtion des tubéroiîtés des deux os appelles ifchions ^ & de la partie de chaque cullTe appellée moyenne in^ ^rne inférieure. La perfedion de l'afîiette con- (îfte â ce que l'on réduife ces deux points d'appui fur les ifchions , feulement , en allongeant les cuiffes, en forte qu'elles ne contribuent à la {enue & à l'â-plomb du corps que par kur poids. Les perfonnes qui n'ont point été allôu- plies & placées, font appui près des genoux ^ fur les ifchions \ ce qui fait une bafe d'envi- £on un pied & demi , qu on ne peut point rer garder comme ftable , a raifon de la mobilité des cuifïès & de l'effort plus ou moins confi- ^érable des genoux , lors de la prcfFio^ qu'ils font, quand on s'en fert pour fa tenue. C'efl encore pis , lorfqu'on ajoute a ce fécond- poinç d'appui , celui que l'on peut prendre fur le§ étriers , fur-tout en |es éloignant du corps daj cheval & tenant les jambes roides , comme fpiiÇ toujours ceux qui n'ont point d'alîîette. comparée, :2^ l'action fe communique & fe propage «gaiement ; avec cette différence , que c'eft la volonté du Cavalier qui doit Toccalionner , & au degré qu'il le deiire. Dans ce cas , il peut rendue raifon non-feulement de la motion de l'animal \ mais encore de la pofitiou ^Q^ parties de ion corps , comme fur quelle ligne font les épaules par rapport à la croupe , l'encjolure oC la tète pair l'apport aux épaules, & à la croupe , i a-plomb du corps fur' les jambes, l'or- dre & l'arrangement de celles-ci fur le^ fol , leur diilance latéralement 6 &: la partie inférieure de la mâchoire du cheval , fervant à ralentir , redref- fer , raiTembler , enlever le devant ,, tourner à droite ou à gauche , &g., l'embouchure & la gourmette, étant ai xme ligne de la fenlibilité, ne ferontc point une furprife ni un étonnem.ent,, fur-tout fi l'on foutient la main lente- ment & graduellement comme on doiti Je faire. Le cheval ne fera donc point déplacé par cette adion, ne battra point à la main , ne tendra pas le nez pour éviter l'appui du mords 6c de la gour- comparée^ 3 ï mette , fuivra l'imprefîîon Bc obéira au mouvement. Les jambes agitfant d accord avec là main lentement 3c giaduellement , l'a- nimal exécutera toutes les figures poili- blés des îvlanèges , & tous les air$ connus , fans que l'on apperçoive le$ mouvements du Cavalier qui l'obligent de travailler ainfi. Avantages d€ l'équilibre^ Ajoutons présentement à ce premier avantage celui de l'équilibre que le cheval cherche continuellement à g;ar- der ; auquel le corps du Cavalier fài- fant balancier , il s'enfuit qu'il con- tribuera ou nuira confidérablement à chaque mouvement. Il réfulte de ces deux cas 5 que le Cavalier qui ne con- fervera pas l'à-plomb qui facilite le cheval à fe fervir des refiforts ou puif- fances qui portent & élancent les deux B 4 52 jijjietîe maffes , occafionnera rincertirude de l'animal qui travaille ; il deviendra mal- adroit j fon adion fera privée de la grâce qui doit l'accompagner j il fera pefant dans fa courfe j les contre-temps tn^n pourront le faire abbattre & le plus fouvent àé^QnàïQ ^ sll eft fenfible ^ impatient. L'bomme de cheval , aa contraire , faura non-feulement concou- rir avec l'animal à conferver cet équi- libre 5 mais encore perfectionnera , s'il m'eil permis de m'expliquer ainli , î'adion ou mouvement qui tendoit à le l'aire perdre à chaque pas , en portant avec précifion le corps à gauche , 4 droite . en avant & eii arrière , & fai- fantj félon le befoin, ce que le danfeur de corde fait avec fon balancier , ou mn Hollandais avec le haut du corps 3 quand ^ en patinant fur la glace ^ il y deiiijie. jufqua des fleurs , quoique i'inégalité ^ le poli de la furfacç y comparée. S y tendent l'équilibre très-difficile a con- ferver ( i )* Effets de la tenue*. En joignant à l'équilibre la fiabilité ( I ) On aurait tort néanmoins de croire que Féquilibre eft plus facile à bien conferver fur les chevaux, eu égard à la bafe que Ton y prend j qui eft mille fois plus considérable que celle dit dànfeur de corde ou de celui qui , en patinant ^ fait porter (à mafïè fur une lame épailïè d'environ jrois lignes. Que l'on obferve la différence qu'il y a d'un mouvement occafîonné par la volonté & la puilTance plus ou moins grande de ces deux pérforines a celui du CàValiet, qui né peut être employé exa<5bement qu'après l'effet: réfultant de la puilTance d'un être dont l'adioix eft fpontanée , & que le Cavalier ne peut que modifier ; outre qu'il ne faut pas prendre dans ce cas Tafliette du Cavalier fur la felle , pour là vraie bafe , mais bien les pieds du cheval ^ donc îe mouvement ëft alternatif des quatre jambeS au pas & au galop, & de deux latéralemenS au uot, B s 54 ■ Ajîeîte ôc ie liant que donne la fouplelTe 5 ex- pliquons méchaniquement comment la poiltion &: Ta/Hette font non-feulemenc la bafe , mais la caufe qui fait agir le cheval avec juHeire , brillant ôc grâce ' dans tons les airs. Par exemple , on le ânène à courbette ou à mézair : dans l'inftant qu'il levé le devant , les jam- bes du Cavalier qui n'emploiera point de force , iront d'elles-mêmes en ar- rière par leur propre poids , qui tend à l'équilibre, elles toucheront douce- ment le ventre d'une force égale à cha- que courbette ou mézair , ce qui fera couler les hanches ôc les pieds paral- lellement fous le ventre ou centre de gravité. Pour que l'animal puifTe de nouveau faire une autre courbette tride ôc bien cadencée, on obfervera que», quand les deux pieds de derrière du cheval font appui fur le fol , la preflion . des jambes du Cavalier augmente Se ckaiïe l'animal en avant dans la main tomparee, 5 ^ qtîî enlève , arrête le devant Se le fou- tient quand il retonibe, pourraffembler {qs forces & lui donner la puifTance de mettre les deux maiTes tantôt fur les deux pieds de derrière & ceux de de- vant alternativement. Le mouvement de la main dont je viens d'expliquer les effets , eft occafionné par le haut Am corps du Cavalier , qui eft porté en arrière , lorfque le cheval s*enlève & qui ne revient prendre Téquilibre qu'un inftant après, Je ne dis rien de la preflîon des fefles fur la felle plus ou moins confîdérable félon le befoin, & que les mouvements du cheval occafîonnent encore au degré îiécefTaire , laquelle prelîion concourt unanimement avec la main & les jam* bes à la juftefTe de ces deux airs. L'explication précédente peut s'ap- pliquer au mézair ôc au terre-à-terre. B^ 5 6 AJJiettc Réaction du corps du Cavalier fur U chcvaL PafTons à d'autres airs, qui exigerrt auili le plus parfait accord & la plus grande juftefTe, foit que l'on fafTe che- miner au pas le cheval, (bien enten- du, drelTé & très-feiifible aux aides,) l'épaule ou hanche en-dedans , en cer- cle ou fur le droit , la tête ou croupe au mur , changer ou contre-changer de main , de deux piftes , &c. Je vais dé- montrer comment , fans aucun fecours ou fans la volonté du Cavalier , rani- mai alToupli , droit & d'à-plomb pourra cheminer &: exécuter tous les airs, n'étant aidé d'autre mouvement que de celui qu'il occaiîonne au corps du Ca- valier , qui réagit fur lui ; ce qui doit Être inconteftablement pris pour le plus haut degré de perfe£lion de i'inftruécioii des deux individus. Pour expliquer les îoix de mouvez compariez '57 mène du corps du Cavalier fur le cheval , il faut regarder les vertèbres lombaires comme plufieurs pivots très- mouvants , fervant de bafe Se d'étai au bufte \ ces vertèbres font elles-mê- mes portées fur le bafïîn , dont la partie inférieure eft terminée par les ifchionj^ qui font deux points d'appui fur la felle; la felle fur le dos du cheval, ôc celui-ci fur le fol. Les parties mufculaires 3c les ligaments articulaires qui tiennent le corps fur fes pivots ou folides mou^ vants 5 étant dans un état qui tient le milieu entre la flexion Se l'extenfion ^ lorfque le Cavalier fe mollit , & que l'exercice a procuré à ces parties le relTort dant elles font fufceptibles chez les jeunes gens ; les parties mufculai- res , dis-je 5 prêtent, dès que le corps eft mu par Facbion du cheval, Se ont un reiïbrt plus ou moins confidérabfe Se plus ou moins adif , réfultant des degrés plus ou moins confidérables-^ cis 5 s AJpicttc plus ou moins adtifs de la caufe qui le§ produit. Par exemple , que l'on falTe cheminer à droite la tête ou la croupe au mut) dès que l'on aura foutenu dou* cernent la main gauche de ce côté pour y déterminer les épaules de l'animal , èc la jambe gauche pour faire fuivre les hanches ^ le corps du Cavalier , au mo- Ihent où lé cheval fera le premier pas à droite , inclinera un peu à gauche , de la fommité de la tète, jufqu'aux vertèbres lombaires , qui font le pivot fur lequel le corps fe meut, ce quiocca- fionnera l'extenfion des fibres latérales, laquelle extenfion étant portée à un certain degré par l'effort de la maffe , les fera réagir dans un égal degré pour la ramener à droite , la faifant incliner de même de ce coté : les deux jambes auront fait a CQt inftant, par l'effet de l'équilibre , un mouvement femblable à celui du corps de droite à gauche & de gauche à droite ^ relatif à la motion du comparée, jp eheval y c^ell-à-dire que , dans rinftant qu'il fe porte à droite , k corps & le$ jambes font un mouvement à gauche 5 & quand il prend appui fur le fol , le corps & les jambes en font un fembla- ble de gauche à droite. La main, comme dépendant du bras , le bras du corps fui- vant fon mouvement à gauche , foutient les épaules ou avant-main du cheval 5 pour qu'il ne fe prefTe point & ne fafTe pas un trop grand pas , ce qui pourrait faire tramer Ïqs pieds. Le mouvement des jambes du Cavalier , qui fe fait de droite à gauche dans l'inftant que le cheval fe porte a droite , contient fes hanches par la légère preflîon de la jambe droite j & quand il prend appui fur le fol, la main qui fuit encore le corps du Cavalier qui s'incline à droite dans cet inftant , porte de nouveau , par fon ac- tion 5 l'âvant-m^ain à droite. La jambe gauche prefTe également les hanches èc les chaiTe à droite 5 comme la main a ,t^o AJJîette fait des épaules au même degré Se à^ même inftant : ainfl de fuite à chaque pas ) de-là vient l'égalité , la jufteire dans la marche de l'union occaiionnée par l'é- lafticité Ôc l'acfcion fympathique des mufcies qui agiiTent par Un mouvement fimple 5 ôc donnent le degré d'aide né- cefTaire pour faire exercer le cheval avec la plus grande précifion. On obfervera de plus que les épau^ les alternativement foutenues , Se por- tées à droite par l'acftion de la main ^ dont le mouvement eft plus prompt que celui des jambes , parce qu'il eft moins grand , précéderont toujours nécelTai- rement les hanches. Le cheval ne s'en> tablera point, parce que la jambe droite du Cavalier fait fa preffion à propos ^ qui ne cefle qu'au moment où la jambe gauche vient à fon tour â faire la iienne. Comme tous ces mouvements font la* téraux , ils empêchent encore que l'a- nimal n'avance ni ne recule ^ reftant I comparée. 4f dans la balance de la main & des talons. Un homme de cheval ajoutera à cq$ motions du corps , naturelles & indé- pendantes de la volonté , en employant &: augmentant à propos le jeu des muf- cles qui par leur reffort doivenr le faire réagir , ainil que la main & les jambes j trois aides , qui feules fuflîfent pour faire exécuter aux chevaux , bien drefTés dans toutes les allures , relie figure que l'on voudra. Ce que je viens d'avancer , en difant quau mouvement du cheval qui che- mine la tète ou la croupe au mur , à droite ou à gauche , le corps du Ca- valier s'incline , doit s'entendre d'un mouvement très-peu fenfible , & pref- que imperceptible aux yeux des Spec- tateurs 5 de même que ceux delà main & 6.QS jambes. Quand on fe tient de force à cheval , le corps paraît roide , éc femble n'avoir aucunes articulations ni aucun jeu. Il n'eft point uni au mou- 42 Affiette vement du cheval ; 8c , comme pour ne pas tomber , on ferre les genoux , au- lieu d'avoir recours à l'a- plomb, la felie tourne du côté oppofé à celui où che-- mine l'animal. C'eft ce qui arrive encore, a celui qui n'a point d'affiette. Comparaifon de la bonne affiette avec, la mauvaife. D'après Texplication précédente , il eft aifé de s'appercevoir que celui qui n'eft point afToupli , Se n'a pas une bonne af- - fiette > malgré toute l'intelligence & la théorie poiîible , bien loin de concou- rir à l'adlion brillante d'un cheval , dé- • truira, par des mouvemens involontai- res 5 ce que le hafard , quelquefois ! d'accord avec fa volonté , aurait pu . occafîonner de bien dans de certains inftans , faute de prendre le temps à propos ( I ) & d'employer les degrés — w^—— — — — — ^■»— — — ^— ■— — ■— i^n— ^-P— — J« (^ I ) Il eft à-peu-près comme une peifonne comparce, ^3 péccfTaires. On peut encore partir de-là 5 pour juger de routes les rai- fons occadonnelles , qui font bien ou mal aller le cheval. Sans entrer dans un plus long détail fur la diverfité infi- nie de caufes dans l'un ou l'autre de ces deux cas , qui font également fuf- ceptibles d'une aulîî claire démonilra- tion 5 j'obferverai feulement que c'eft ce qui doit faire porter uïïq décilion infaillible fur Taébion du Cavalier, qui ruine ou conferve les chevaux , fur ce qui les rend fages ou ce que nous ap- pelions vicieux, ce qui les rend pefants ou célères à la courfe , fur le brillant du cheval qui travaille fous l'Ecuyer , & la grâce infinie qu'il a fur ce char* jnant ôc utile animal. Je terminerai ce long Chapitre par ^ comparée, 45* n'en ufera qu'autant qu'il le jugera a propos. La perfonne , au contrai- re 5 qui nç fera ppint afiTouplie , feira fes forces & prend le plus grand à-piomb , en /brte que le choc de la felle efl arrêté par le jea des vertèbres lombaires , & ne parvient pas. même jufqu au bufte d'une manière fenfîble. Au mo- ment que l'animal efl: prêt â retomber fur le fol & à faire une autre flexion, le Cavalier le faifit .en ferrant les genoux , pour fe faire entraîner par la maffe beaucoup plus confîdérable , qui eft fous lui, laquelle en retombant le laiiïerait en .^çbemin , en raifon de fon poids j & ainfî de fuite ;à chaque temps. On juge bien que ces temps mal pris produi-» fent l'effet contraire. Voilà ce qui fait tomber, ^■nalgré la force que l'on pourrait employer à fe ^enir , parce jque les deux corps ne font ppint jliés enfemble , maiis feulement joints 5 de forte <|ue le plus léger qui reçoit le mouvement, eft ^haffé plus Ipin à raifon de fa moindre gravité. «J^orfqu'Us retombent, le premier quieftle che- .yd , comme je viens de le dire , à caufe de Ja ^lîenne qiii eft plus conûdérable , arrive fur le foî jjn inftant avant le CaYalier <^ui, en tQmbanç^ 45 AJJiette une prefîlon beaucoup plus confldérablsî d'un côté que de l'autre, foit en avant, foit en arrière , à droite ou à gauche , quand même le cheval réitérait en place; fans mouvoir ( i ) j ce qui devient de.* plus en plus confidérable , à proportion i de la motion plus ou moins rapide plus ou moins élevée \ plus ou moinsï dans une ligne droite , ondulée , ou cir- culaire, fur un plan plus ou moins uni>,, ^c Par exemple , le cheval fe porte; promptement en avant , parce que le.* Cavalier aura employé une aide, parr accoup ; le corps de celui' qui le montej rencontre l'animal de nouveau élancé , & reçoit t une fecoufîè beaucoup plus violente , -qui réloi-;- gne plus ou moins félon le degré d'élévatiom oii fe fait le choc. ( I ) Il y en a qui ont fou vent un étrier plùsi long que f autre d'un demi -pied. Ce qui ne' peut être fans que la mafTe foit trè$4oin de l'a- plomb indifpenfable au cheval, pour agir &. exercer avec précifion. ' comparée. 47 ;iia en arrière , le bras & la main qui jle fiiivent, auront tiré d'autant les rê- nes : c'eft ce qui caufe la preffion vive f & douloureufe du mords fur les barres , [rendue par l'exprelîion , faccade de la I main. Le cheval , qui aura été déter- miné en avant par la volonté du Cava^ i lier 5 fera arrêté par une douleur qui : peut lui donner à entendre , que c'efl un châtiment , parce qu'il s'eft porté en avant. Delà fon incertitude , de- là des : défenfes , quand on réitère quelque- fois d^ fuite ce faux mouvement fiur un cheval fenfible, jufqu'à ce qu'il foit devenu ce que nous appelions roITe, Le corps du Cavalier qui, à ce premier mouvement , s'eft porté en arrière & les jambes ea avant , revient &: outre-paiTç i rà-plomb5ce qui fait lâcher les rênes I d'un pied au moins ', l'animal, qui s'en 1 apperçoit , profite avantageufement de Tinftant de liberté pour bondir fur le fpl , fe traverfer ^ ruer, faire ce qii'oo 48 AJJiette nomme vulgairement le faut du mou- ton 5 foit par gaieté , ou pour défar- çonner fon Cavalier , & fe procurer l'entière liberté que nous lui avons ra- vie en le deftinant à notre ufage. Si le Cavalier .5 dont je parle , defîre faire une galopade , il eft tout fimple jque le cheval parte comme il fe trou- vera placé, n'étant point conduit , mais - Simplement embarraiTé d'une maiï'e qui 1 le dérange à chaque inftant , en l'acca* - blant par un balancement irrégulier ^, £e qui le fera changer de pied & foiv* vent fe défunir. - . Le plus fatiguant pour ranima! ,, condamné à faire les volontés d'un tel ! Cavalier , eft d'efîuyer le choc de la i mafTe qu'il a foule vée dans un temps de; galop, puis abandonnée en retombant: fur le fol 5 iSc qu'il rencontre dan$ l'inftant qu'il s'élève de nouveau (i). :■ (î) Le cheval qui pourrait courir avec I3 Je comparée, 4P Je ne finirais pas, s'il fallait dire la millième partie des chofes qu'il y a à dire fur ce fujer. J'obferverai feule- ment que ce n'eft pas uniquement pour le Cavalier qui monte fans principes que j'entends parler \ j'y comprends encore tous ceux qui , n'ayant pas reçu de bons principes > n'ont pu acquérir Tailiette, même après dix ans de travail 5c plus : il faut encore obferver, en pafTant , que c'eft communément à ces perfonnes que l'on entend dire qu'ils ont une bonne main , les aides fines , I qu'ils {QniQiVi leurs, chevaux , 6c ne les il plus grande rapidité , fe trouve arrêté & conndé- Ici tablement retardé dans l'étendue d'une carrière , '\'. quand il eft monté par une perfonne qui ne i\ conferve pas fon â-plomb , parce qu'il fe trouve j dans la nécefïité d'employer une partie des forces qui auraient fervi à l'élancer , pouc maintenir l'équilibre' exad, qui Tempêclie 4s tomber. 50 AJJiette comparée. fatiguent point. AfTertions aufîi ridicu- les qu'abfurdes , gui prouvent aux con- xiaifleurs combien ils font éloignés de pofiféder les qualités dont ils fe varh> l€nt. ^é^ i "^a 5» ■MHjLjeasaagga CHAPITRE IIL Moyens cTinJlruire & ajjouplïr ctt -peu de temps un Cavalier. •oLyant placé un Elève au milieu de la felle , 3c dans la plus exadle pofîtion , ( autant que fa conilrudion Se la roi- deur de fon corps pourront le permet- tre ) fur un cheval fage , dont l'allure foit réglée , qui aura un bridon (i) ôc un caveifon , dont on tiendra la longe, pour que TÉlève , déjà trop occupé de fa pofture , ne foit pas obligé de le con- duire j de ne foit point expofé j on fera xheminer l'animal au très - pQÛt pas 3 il'abord fur un grand cerck, obfervanc d'arrêter Se placer le commençant tou- ' — 1 1- (ij Voyez, ci -après, la manière de tenir le bri-; don 5c de s'en fervir. G i j2 Moyens cPaJ/ouplir tQS les fois qu'il quittera fa pofition. Il faudra toujours avoir le plus grand foin de le faire afTeoir , en exigeant qif^l pouffe {qs feiTes fous lui , comme s'il vouloir prendre appui fur l'os fa* crum. Il mettra les épaules bien qua» rément fur la ligne circulaire qu'il doic fuivre j même baiffêra &c reculera un peu l'épaule de dedans pendant deux ou trois mois *, au bout duquel temps on lui fera tenir la jambe de dedajis près du cheval , pour que cette partie puiiFe acquérir le liant qui facilite le mouvement à cette aide. On exigera qu'il ait de temps à autre les cuiiTes ou-» vertes , tenant , s'il le peut , les genoux : à hauteur de la ceinture, les reins néan*' moins plies pour qu'il prenne promp- tement un bon à-plomb êc un bon équi- libre fur la tubéroffté des ifchions ^ qui porteront dans ce moment toute la maffe. Il tiendra de même par fois le bridoa dans la oiain de dehors feule , un Cavalier. 53 ks rênes égaks & féparées , le poignet fermé , les ongles un peu en-deiïous à hauteur , & à un pied de la cravate , pour qu'il perde ou ne contrarie pas la mauvaife habitude de s'attacher à la main , ôc qu'il ait plus de confiance en fon alîiette. En mcme temps qu'il fer- mera la jambe de dedans , on exigera qu'il porte celle de dehors fort en ayant, baifïànt le talon qui doit fe trouver dans ce moment à l'épaule du cheval : rien ne contribuera mieux à lui faire prendre le fond de la felie. On doit avoir le plus grand foin de lui recom- mander fouvent de fe grandir (i) du haut du corps ou bufte fans lever les épaules ^ de Aq £q mollir en abandon- ( I ) On doit entendre par fe grandir , le mouvement ou l'aftion qui élève le buile , fait |)îier les reins a un moindre degré , élever la poitrine & augmenter la preflzon des feiTes fur leur bafe. c 3 5*4 Moyens d'affbupUr nant une partie de fes forces , qui s'op^^' poferoient confidérablement au jeu que doivent prendre toutes les parties de fa i"nachine,rour qu'elles deviennent libres &aifées. On exercera ainfi quinze jours, au pas à l'une & à l'autre main , puis au rrès-petit trot, en fuivant toujours les mêmes principes. A la iin de chaque re- prife , on augmentera l'allure , parce que le corps étant un peu échauffé par l'e- xercice, la confiance de l'Élève eft plus grande , &: ainfi graduellement de plus en plus chaque jour , proportionné- ment aux progrès qu'il fera, afin de les accélérer. Pour que l'Élève contribue à fa plus prompte inftrudtion , il faut qu'il foit très-attentif à exécuter fur le champ ce que lui démontre la perfonne qui lui donne leçon j &: qu'il cherche aufîi de lui- même continuellement la pofition qui l'unit le plus au cheval , toujours fans fe roidir , qu'il prenne cette poii- un Cavalier* 5'. c'eft-à-dire avant dix- huit ans, pour- rait retarder & même faire manquer tout-à-fait l'inllrudion d'un Sujet fem" blable. cs fB Leçons qu^il faut donner CHAPITRE IV. Des Leçons qu^ il faut donner aux chevaux j^our les ajfouplir ù dreffer* •OLprés les explications que j'ai don- nées de l*efFer méchanique du corps du Cavalier fur le cheval, ( qu'il eft ^^Qn-^ tiel de bien comprendre avant que de rien entreprendre pour l'éducation de cet animal ) , je vais expliquer dans les leçons fuivantes les principes fîmples te raifonnés qu'il faut mettre en ufage pour alTbuplir , drefTer , foumettre 6^ réduire à la plus exadbe obéiiTànce les chevaux , depuis le plus doux jufqu'aii plus furieux. ,Pour y parvenir 5 le Cavalier doit exadement obferver ce qui fuit : i^» de ne jamais manquer de patience ^ 6c I aux Chevauxg 0 de ne corriger dans aucun cas par un mouvement de colère , ni avec la moin» dre humeur ; 2^. de ne rien exiger qui foie au - deiïiis des forces de l'animal ^ lui donnant des leçons courtes , qu'il fuive & qu'il entende bien , avant que de palfer à d'autres; 3°. de ne deman- der que le moins poflible , & toujours par degrés, obfervant d'obtenir peu oit beaucoup de lachofe qu'on exige de lui,, avant que de rendre ; &: de lui donner, immédiatement après le mouvement qu'il aura fait, la récompenfe due à fon obéiiTance & à fa docilité , 4". que les mouvements du Cavalier , qui donnent à entendre au cheval ce qu'on exige de lui , foient toujours les mêmes pour ne pas le mettre dans le cas de les confon^ dre ; ce qui le rendroit incertain ; 5^, d'avoir fans cefïe égard à la force , à la foupleiïe 5 au caradère , aux habitudes ou à la franchife , à la mémoire , à la bonne conformation pour exercer con- C 6 iffo Leçons qu^ il faut donner ieqaemment aux difpofîtions qu'on doit appercevoir dans le Sujet qui travaille^ Celui qui efl vraiment homme de clieval y fent ou voit continuellement ^ par Tattitude 6c la pofition extérieure ^ ce qui occupe l'animal : par exemple ^ dans les mouvements plus ou moins^ adbifs 3 relevés , réguliers ou non , lorf* qu'il fe retient ou fe rafTemble j le*' înouvements de tête ^ des yeux , des ereilles, de l'infpiration ou de l'expira- tion de l'air ,. qui fort avec plus où- moins de force des poumons : dans la ^îianière de répondre , goûter ou ma-, cher le mords, grincer des dents, frap- per des pieds le fol , froncer & rider ia peau près Aqs nafeaux , fe gonfler, crier , fe plaindre , trembler de rage ou £e peur, &c. Tels mouvements àèfi- gnent l'impatience , la colère, la haine, la méchanceté , la fureur , la rage & le défefpoir j, tels autres caraârérifent la ibrce , l'adrefiTe , le courage ^ Tétonne- aux chevaux. et ment, la frayeur , la parefle Se la lâ- cheté : d'autres encore font la preuve non équivoque de la Joie, de la gaieté, exprimée par des cris , par la courfe ou les bonds. Quan.t au hennifTement , il lia. lieu que lorfqu on fépare un che- val des autres y ou lorfqu'il âedra faillir une jument. Rien enfin ne doit échapper aux yeux du connaifTeur. Il voit par le mouvement qui précède ce- lui qui va fuivre, comme iî ce premier mouvement était la eaufe du fécond.. Il pourra donc en conféquence parer eu prévenir , rompre ôc détruire à fou gré ceux qui feraient nuilibles ou de trop , & en faire naître pour arriver au but qu'il fe propofe. Le même cheval y fera donc toujours fage & brillant fous un homme inftruit, qui, fous un igno- rant 5 fera dangereux par les défenfes & les fottifes qu'il fera étant mal colî^- duit. 1S2 Leçon L LEÇON PREMIERE, De la Longe. § E fuppofe que le cheval qu'on voudra faire cheminer à la longe, aura préalable- ment été approché , ferré , monté à poil par un Palfrenier ^ & accoutumé à fouf- frir la prelîion des fangles Ôc de la felle bien jointe fur fon dos. On le fera con- duire à poil fur un terrein uni , éloigné du bruit, un caveiTon à la tète. Une per- fonne entendue tiendra la longe & une chambrière. Si l'animal ne s'en effraie point , on le flattera , &c enfuite on Je chaffera au pas fur un petit cercle. S'il fait quelques pas avec alTurance /il fau- dra l'arrêter ôc le flatter pour lui faire comprendre qu'il a exécuté ce qu'on lui demandait. On exigera enfuite qu'il fa(îe deux ou trois tours , puis il faudra de De la Longe, 6^ nouveau l'arrêter Se le flatter ; après on le fera cheminer à Tautre main autant de tems , Se avec les mêmes précautions , avant que de le ramener à la droite par la- quelle on aura dû le commencer pour af- fouplir fon encolure qui eftpîusroidede ce côté ( I ). Il ira quelques tours encore avant qu'on l'arrête & qu'on le flatte y pour qu'il fafle la petite paufe, connue fous le nom de reprife , après laquelle on recommencera la même leçon, en pre- nant toujours les mêmes foins. De-là^ on l'enverra à l'écurie pour recommencer -mmmmtmmmmmammBmimmmmmmmÊmfmimmmtmmimmmÊÊmmimÊÊmimm'mmmmmmmxmÊmmMiÊmmmmm ( I ) Chacun fe mêle de faire trotter les che* Taux à la longe , imaginant qu'il n'y a qu a les foire courir fur un cercle pour les infcruire & les aiïbuplir. La plupart de cts donneurs de leçons font fi perfuadés que cette manière d'exer- cer doit produire le bon effet de dénouer, af- fouplir, plier & placer le cheval, que le plus fouvent ils ne le regardent pas même aller , sln- quiétant peu de la pofition qu'il prend^ pourvm qu'il marche ou coure. €^ Leçon L le lendemain ; de ainfi de fuite pendant huit jours, la même leçon au pas. On obfervera d'arrêter l'animal toutes les fois qu'il voudra s'enfuir Ou fauter par gaieté j en faifant onduler la longe ho- rifontalement, de la tirant doucement à ibi j on le calmera avec les holà à voix baffe. S'il s'arrête, foit par étonnement, foit par crainte , ou parce qu'il n'entend pas ce qu'on veut lui faire exécuter , il faudra le faire cheminer en fe fervant très-lentement des aides les plus douces pour ne point le furprendre , fur-tout s'il eft occupé de quelque objet hors du cercle. On doit avoir foin de ne lui rien demander que dans les inftants où il fera attentif (i ). Les huit jours expi- ( 1 ) Il neû pas aifë de le rendre attentif. S'il f^aît pofTible de fixer toujours Tattention des animaux, on leur ferait faire des chofes éton > nantesr II eft vrai que la crainte produit cet effet 5 mais dh occupe tellement toutes leuis h^ De la Longe. 6^ rés , on le fera trotter au petit trot fut un grand cercle j ( il eft à propos que ce foit toujours une feule de même per- fonne, s'il eft poiïîble, qui lui donne leçon ) : par ce moyen le cheval fera moins effrayé , en ce qu'il y aura plus d'accord dans les aides j à moins qu'il ne refufe de fe porter en avant : dans ce cas 5 une féconde perfonne chafTera l'animal avec une chambrière y., en frap- pant le fol derrière lui ou e^i lui don- nant de petits coups fur la croupe. Il faudra , ainfi qu'à la leçon au pas ^ cirer cultes , dans ce moment , qu'ils font prefqu'inca- pables de recevoir d'autres imprefîîons. Si elle eft occafionnée par l'aide de la chambrière , l'ani-* mal chercKe à s'en éloigner fîmplement , & non a obéir à ce qu*on lui demande ; parce qu'il ignore la récompenfe qu'on lui donnera, s'il obéit j & qu'il fait par épreuve qu'une gaule, un bâton ou un fouet élevés par ceux qui l'appro^ client , • tombent toujours fur lui d'une manière plus ou raoiiis douloureufè* ^66 Leçon L h tête Se l'encolure en-dedans du ceN ele , & ne rendre la longe que quand Tencolitre fe pliera , Se que la tète fera foutenue ^ ( action du Cavalier qui doit être taire bien à propos :) pour cet efFet^ il ne faut pas perdre de vue le cheval que l'on drefTe , un feul moment. Dans les commencements , tous les inftants font précieux j car il y a trois chofes ef- fentiellesà obferver, qui font que très- peu de gens font en état défaire trotter r à la longe , ôc de donner cette première.' leçon fuivant l'exadle règle. Ces trois^ chofes font : i"^. Qu'il faut s'occuperr fans ce^e , comme je l'ai déjà dit , ài diftinguer la bonne ou mauvaife volontéi du cheval ; des- progrès que les leçons? font dans fa mémoire , Se de l'attitude- où il tient fon corps, pour qu'il deviennes: fouple & liant , pour entretenir conti-^.- nuellementla croupe &les épaules dans?, une belle adion, l'encolure pliée Se la.i tête foutenue. 2°. Il ne faut point le fur-' De la Longe, 6^ t>reftçlre par des accoiips avec la cliam- Ibrière ou le cavefïbn , mais l'occuper I par de petits mouvements récidives , ou tavec la voix , ayant grand foin fur- tout ;de le finir avant qu'il foit fatigué. 3". Il .faut l'animer par fois doucement & gra- duellement avec la chambrière pour le ;chairer5 s'il fe retient en trottant, & l'é- tendre proportionnément à fa force, à la ; foupleife qu'il aura acquife : fur-tout que fa tête foit toujours foutenue ôc l'enco- lure pliée. Afin de le confirmer dans le beau pli qu'il doit prendre pour être bien placé , J il conviendra de lui rendre prompte- i ment la longe , Se lui donner plus de ■ liberté , dès qu'il foutiendra fa tète , &: qu'il pliera fon encolure. Cela étant pra- I tiqué bien à propos & à différentes re- prifes 5 quand il prendra cette attitude , I cela, dis -je, lui donnera à entendre I qu'il fera plus libre toutes les fois I qu'il fe placera ainfi, en forte qu'on 68 Leçon L verra fouvent le cheval prendre à Tune & à l'autre main cette poiition , comme le feiîl moyen qui puiile le mettre à fon aife, & lui procurer la liberté dont on lui a fait une récom.penfe (i). Quand l'animal aura trotté plufieurs tours d'un même coté, on le fera changer de main, en lui amenant la tête, l'encolure & les- épauies plus en-dedans qu'à Tordinaire,*, &: en reculant pour lui faire couper le ( I ) L'expérience prouvera que ce n*efl: point un raifonnement vague , lor^qu^on voudra fuivrc les principes que j'indique, en fuppofant néan- • moins que l'on foir en état de juger de l'inftant; , ce qui eft une chofe indifpenfabîe dans tous les î différents degrés d'inftrudlion dont je parle. On i comprendra de plus, partant de ce principe , que : ce qu'on pratique fans foins & fans connoifîànce trouble 1 animal , le fatigue inutilement , & lui donne Ats fantaifîes qui peuvent dégénérer en TÎces capitaux. Voilà comme , dans l'éducation de tous les êtres, tout eft un grand mal ou un grand bien» Ve la Longe, 6^ ercle. Lorfque le cheval foutiendra Se )attra bien fon trot d'un mouvement à- )eu-près égal Se avec vigueur , on le era allonger fur la fin des reprifes , en e chaiTant Ibuvent -, fur-tout s'il a de la lifpolition à fe retenir, comme font plu- leurs chevaux par parefTe (i). On augmentera ainfi graduellement :ous les jours , pour qu'il prenne , à cette leçon, le refTort, le jeu & la foupleife idont il eft fufceptible. Quand il déploie bien fes membres pour embralTer le ter- rein, après l'avoir fait trotter pendant un |mois , une heure par jour , dont demi- iheure le matin Se demi - heure le foir , fou d'un jour à l'autre , fuivant fa force i . ■ , !ou vigueur , on pourra le monter avgc ( 1 ) Ceft encore ce qu'il faut difcerner ; car ii y en a qui fe retiennent par crainte , par fai- bleffe , ou par ce qu'ils ont les pieds doulou^- 70 Leçon L De la Longe. les précautions expliquées dans les le- çons fuivantes (i). j ( I ) On fera furpris que je n'aie pas dit d'élar gir la croupe , comme le répètent fî fouvent Ie:i Auteurs qui donnent quelques règles pour exer cer & aflbuplir un cheval. Pour jufiiiîer ce filen- ce , je donnerai pour raifon ( & j'offre à le prout ver) quilellphyiiquementimpoffible à un cheva quelconque d'étendre fon trot fur un cerclé. fans que l'arriére-main ou croupe ne foit plu: éloignée du point central que les épaules qui 1; précèdent ; parce que , l'arrière main-chafTant & élançant la maffe, foit au trot ou au galop , fu une ligne droite , ce ne peut être qu'en éloignan ies hanches du centre & en fe couchant en- de ilans plus ou moins, félon la vitefîe delà courfe que les chevaux qui exercent fur les cercle; pourront y tenir les épaules. Il feroit donc auffi Inutile que ridicule de recommander d'éloignej- & élargir la croupe avec la chambrière. Le cheval monté. i LEÇON SECONDE. Avec la longe le cheval monté. A o u s les ctres fenfîbles ont en eux la (faculté de difcerner & fuir ce qui leur paroît tendre à leur deftruétion , &: de j rechercher avec aviditéce qui tend à leur [plaifir ou limplement à leur conferva* ition. Le plus ou le moins de fenfîbilité dans leurs^jorganes , & les épreuves jour- nalières qu'ils font fur les fluides & les folides qui les environnent, les met- tent à même de juger ce qui leur eft, du îplus au moins 5 propre ounuifible ; pour^ [quoi 6c comment il faut fuir l'un ^ s'ap- procher de l'autre , &c. ! Ces organes étant chez eux à un grand degré de perfedion , il ne faut pas être \ furpris qu'ils aient une connaiffance des corps auffi exade 6c aulli parfaite <^ue 72 Leçon IL eeile qu'ils ont [\), De-là, leur atten- tion continuelle à la quantité ou efpece de mouvement , leur crainte , la fineffe du ta6t & l'exécution ou obéiiTance ra- pide du cheval, par exemple, à l'aétior du Cavalier 5 qui précède le châtimeni ou la récompenfe qu'il reçoit , dès qu'ij fe prête bien ou mal aux mouvement< que nous faifons pour lui faire connaî- tre nos volontés (z). (i) Ce n'eft point pour pKilofopIier ; mai: pour faire connaître mes moyens , les démontre] par la marche uniforme <3e la nature, & expli- ^quer mes principes d'une manière aufîi fimpl< qu elle m'a paru vraie , que je parie de l'organi- fation des animaux. (i) Une fois quils ont reconnu les mouve- ments qui font entendre nos volontés, & qu< la manière de leur demander les a rendu , pai îe cliâiiment ou la récompenfe réitérée & don- née à propos , attentifs à les obferver, il faui être bien perfuadé quaucun ne leur échappe & c|u ils fe gravent dans leur mémoire d'une ma- Ne le cheval monté. 7 j Ne pouvant nous faire entendre des a^iimaux par Aqs phrafes , il a fallu avoir recours aux lignes qui, pour être intel- ligibles, doivent être toujours les mê- mes , excepté qu'on peut les faire plus ou moins forts félon les befoins de les circonS:ance5. Une chofe indifpenfable à obferve^: , eft la continuité de c^s lignes ^c la juft-e application qu'il faut en faire dans tels ou tels inftants. Voilà le grand an & le je nefcais quoi ^ dont fe fervent à chaque inftant les maîtres pour fe dé- ibarraiïer àt^ importimes queftions que leur foiit les Elèves qui défirent s'inf- itruirejxians la fauiTe perfuadon où (ont \qs premiers ( quoique menant de is à propos , donnera à entendre à Ta-* jiimal que c'efl ce qu'on deiîre de lui; Ceci , bien entendu , doit fe pratiquer aux deux mains toutes les fois que l'en- colure perd fon pli & que le cheval n'eft plus droit. Les jeunes chevaux qui ont : icontinuellement des envies d'aller, fa- cilitent beaucoup le Cavalier qui cher- che à les aiïouplir , en profitant adroi^ cernent de cette activité pour régler l'al'-^' lure , les plier & les tenir droits. Il eft^ facile à comprendre que ceux qui mar-^ quent des temps d'arrêt fans obtenir leî plus fouvent ce qulls demandent, &: rendent fans à-propos , détruifent dans? Viïi mouvement ce que le hafard aurait! pu produire de bien dans un autre ^ donc; il eft indifpeafable de bien fentir ion Le cheval monté. 8 1 cheval pour s'appercevoir ^e fa bonne ou mauvaife attitude , afin , dans le pre- mier cas 5 de donner la récompenfe y foie en fe relâchant , foit par l'adion de rendre , & de corriger ou réformer dans le fécond. C eft ce qui fait qu'un cheval n'acquerra rien fous quelques perfonnes , ^ plus ou moins fous d'au- tres 5 fuivant que les principes font bien ou mal appliqués , fuivis avec exaâ:i- tude & bien fentis ( comme je l'ai dit en nombre d'endroits de cet eiïài:)c'eft auflî ce qui fait qu'un cheval qui femble a l'un bien dreflfé^ paraît à l'autre avoir encore beaucoup à acquérir. Il en eft de cela comme de la manière de voir & de difcerner la juftelfe des fons , des pro* portions , les nuances des couleurs ; ce font les connaifTances 5 une pratique rai- fonnée , & la bonne organifation qui mènent a la perfeébion poiîible aux hom- mes dans tous les genres (i). ' ^ \ 1 } li y 9 ùiffL les hommes des différence; 82 Leçon IL On fentira, j'efpere,parce que je viens Aq dire , qu'il eft de toute nécefïîté d'a- voir continuellement attention aux dif- férents mouvements du cheval que l'oir éduque pour n'en laiiTer échapper au- cuns fans réfléchir fur le bon ou mau- vais effet qu'ils produifent , eu égard à > rinftruétiori de l'animal pour y remc- Hier fur le champ, & mcme les pré-- Venir 5 s'ils font déplacés, en mettant qA\ pratique les principes iimplifiés que j 'in-- dique. y^^recis de ce qu'il faut ohferveKn " î**. Aller lentement 8c long-temps pour avoir plus de facilité à placer le chetal & lui former la mémoire dans ,«ne allure aifée qui l'occupe & le fati- fources de nos erreurs j qui ,'fe réunifiant daborti a la haute opinion que nous avons de ce qui vieni de nous , nous portent fouveni jufqu au ridicule; ^ nous rendent plus à plaindre qu a^ blâmer. Le ckevaï mbnti, 83 gue le moins , telle que celle du pas. i''. Obtenir plus ou moins de la chofe qu'on lui demande , avant de lui faire la petite récompenfe dont j'ai parlé. 30. y fer difcrettement des aides, très-rare- \ ment des corredions , & encore moins des châtimens , fur-tout dans les com- j mencements , parce que non-feulement ! ils n'entendent pas bien ce qu'on leur ! demande , foit par la nouveauté de la I çhofe, foit par k ftianière équivoque dont fe fert le cavalier pour lui faite i connaître fes volontés , mais auiîi parce que l'animalju'étant point confirmé dans I lès principes , peut chercher a s'en éloi- gner par diftrai^ion ou par ennui \ fan| !J compter la faible ffe qui fouvent le fait \ fouffrir en exerçant. 4°. N'employer prêfque point de force lorfqu'on apprô-îf chéra la. jambe pour le porter en avant i pour diligenter fon allure , de forte que^ i U croupe relie droite 3 car iî elle tom- D 6 ît4 Leçon IL boit du coté oppofé à la jambe , fa mar- che ferait retardée^ il perdrait une par- rie des forces qu*il a lorfqu'il eft droit, & mettrait le Cavalier mal à fon aife. (i ) Dans ce cas , on fentira davantage là lène de dehors, & même Ton appro- chera l'autre jambe doucement pour le redrefTer & le porter en avant dans les deux. Il arrive ordinairement aux che- vaux qui fe retiennent , plutôt qu'aux autres , de fe naverfér Iorfqu*on emploie Taide de la jambe j à moins que ces det^ » ■ ( 1 ) Ce feroit ici le lieu de donner det raiforis pour décider la difcuiîîon arrivée de nos jours , , concernant les aides d'une Jambe ou de routes i (deux 5 mais comme je traite des aides en gé- néral & en particulier à la fin de ce Volume j \ je me bornerai a dire que, fi lé Cavalier n a point r attention de contenir le cheval avec la rêne de : «dehors lorfqu*il veut le porter en avant d'une ; feule jambe , il pourra très-fort fe traveifer 5c £^ '■ jàëfunir s'il part au galop* Le cheval monté, 8j niers n'aient été mal commencés, & qu'ils n'aient contradré cette mauvaife habi- tude en exerçant fous un ignorant \ car les chevaux ne font en tout que ce que lîous les faifons (i). Les Écuyers qui favent tirer parti de leurs rênes , entretiennent les chevaux dans la ligne, & les redreifent lorfqu'ils fe traverfent,fans faire aucun ufage des jambes , iinon pour les porter en avant ( 1 ) Si les chevaux ne font, en faic d'inflruc- lion, que ce que nous les faifons, ce doit être Bnc forte raifon pour ne rien pratiquer d*inutile fur eux en les exerçant , & c'en doit être une pour moi de répéter fans cefïè qu*il faut prêter la plus grande attention aux mouvements de l'animal qui agit d'après rimprefîîon de ceux du Cavalier pour appliquer a propos la récompenfè ouïe châtiment j^uiflance qui foumet, afToupiit, drefîè & rend agréables les chevaux qui auroienc été très-dangereux fans le fecours de bons priur* dpes. 85 Leçàn IL avec rune ou l'autre , félon le coté où ils travaillent. On tiendra le cheval à la leçon au pas & au trot fur les cercles ^ fuivant fes difpplitions , pendant un mois 5 en travaillant une heure chaque. jour 5 après lequel temps on exercera fuivant les mêmes principes , fur des lignes droites, en cheminant de temps à autre fur des cercles pendant deux mois encore , cherchant iimple.ment à placer 5 régler l'allure, tenir droit 3c d'a- plomb le corps du cheval fans entrepren- dre de le ralTembler ou le contraindre. Dès qu'on fentira qu'il voudrait de lui même fe raïTembler , oh l'étendra fur, des lignes droites d'un trot allongé fans néanmoins l'abandonner fur £es épaules. Cette leçon & la précédente ne devant fervir qu'à ce qu'on appelle débourrer kà chevaux ]y W ferait iiuifible d'admettre' des temps de piaffer ou croifés^ ils ne font propres qu'à flatter les ignorants qui paffent leur vie à ruiner ^ défefpé'» Le cheval monté. 87 rer les malheureux chevaux que le fore amène dans leurs cruelles mains (i). PafTons à la troifième leçon. (i) Les demi-Savants veulent toujours raf- fembler , pafîàger ou piaffer , fans fe mettre en peine fi le cheval eft placé & aflbupli au point où il convient qu'il foit pour exercer à ces airs. Le Cavalier, outre cela, eft fouvent très- ma! en felle ; ce qui concourt , avec ce que je vieni 4€ dire , a ravililTement du cheval. 88 Leçon LEÇON TROISIEME. •tÎLvANT que d'entrer en matière, je dois renvoyer mes Ledeurs à ce que j'ai dit de TalTiète, mobile de tous lés progrès que peuvent faire le Cavalier & lani- mal qu'il deiire inftruire. Je crois avoir prouvé dans la pofture d'un homme de cheval , comparée à celle d'un Cavalier qui n'a pas exercé avec principes , qu'une perfonne5quoiqu'un peu d'à-plomb^mais qui n'a point été afïbuplie , ne faurait fentir & juger jufqu'à quel point on peut 6c on doit tenir renferrhé un cheval fans le fatiguer ni le gêner j &, outre cela, que le mouvement involontaire de £qs pori- ^nets & de fes jambes, caufé par celui du corps qui eft occafîonné par le choc de lafelle contre les tubérofîtés des ifchions, ou, pour être mieux entendu, contre les feffes , au pas par le balancement du trotfième. S$ corps , ôc dans les allures plus élevées par rélôignement des fQ^ks^ de la felle ou du corps du cheval , dérange à cha- que inftant fon équilibre. Il eft aifé,après ces preuves, d'imaginer qu'un tel Cava- lier ne peut tenir fon cheval qu'à huit pouces 5 au plus , du vrai ôc léger point d appui 5 & que, joint à cela, il donnera encore parfois des faccades qui occaiîon- neront, de la part de l'animal fenfible ^ des coups de tète , des irrégularités dans fon allure, même le défordre de les dé- fenfes,&C5 pendant qu'un Cavalier liant, fouple & très-feniible dans l'organe uni- verfel du taâ: , pourra , fans incommoder* ni donner la plus légère inquiétude au cheval , tenir le mords à une ligne de la fenfibilité de l'animal, ainii que fes jam- bes j & par ce moyen contenir , préve- nir, unir, parer les défenfes , Ôc raffem- hier fans qu'on apperçoive £es mouve- ments. Par la comparaifon, dis-je , que j'ai faite de ces deux Cavaliers , on de- po Leçon vine déjà la leçon qu'il faut donner au cheval pour le rendre agréable. Pour ex- pliquer m^s moyens , il eft tour limple que je préfère le fécond, qui doit être ragardé comme homme de cheval fans reftridion , parce qu'il le tient de il près que rien ne lui échappe ^ de-là vient la grande connaifTance qu'il en a , ôc la grande foumilîion de l'animal à fes vo- lontés rendues par tous fes mouvements. PRINCIPES, Soit fur des cercles ou fur des lignes droites au pas écouté ou au trot , le cheval placé toujours avec le bridon , on aura foin de marquer de temps à au- tre des demi-arrêts en lui donnant un peu d'aébion , & en le renfermant, c'eft- à-dire, en retenant l'avant-main avec les rênes du bridon, & en chairant leSe hanches defïous avec la jambe de dedans, i L'animal répondant , fans fe traverfer , à '' ces mouvemens , prendra avec le Cava- troijîème. pi lier qu'A porte un à-plomb plus parfait qu'en allant d'un pas ou trot lâche, & aura conféquemment plus d'enfemble ; dans {qs mouvements; à Tinflant même il faudra lui rendre le bridon , ôc s'unir de plus en plus à lui pour le mettre plus à fon aife , ce fera lui donner la récom- penfe due à fon obéilTance & qui doit la fuivre. Si le cheval s'était déplacé ou SI traverfé , il faut bien fe garder de reft- ; dre avant de réparer cette fauife atti- I tude, fans quoi l'on peut s'attendre à le I voir ou à le fentir déplacer &: fe traver- fer toutes les fois qu'on emploiera les moyens nécelTaires pour le rafTembler. (i) Ce principe bien entendu , il eft fa* ( I ) Toute TEquitation tient aux récompenfes données à propos , car fi dans l'exemple ci-defiiis on récompenfe ranimai quoique raffemblé , quand il eft déplacé, il pourra croire que c'eft non- feulement parce qu'il s'ell raffemblé , mais aufîî parce qu'il a fauffé fon encolure ou forti fon ^2 Leçon cile de comprendre qu'^avec les foinS' dont j'ai parlé plus haut, on drefTera les chevaux à toutes fortes d'airs. Par exem- ple, veut-on amplement tenir un che- val droit 3 bien placé de la tète bien af* ■ furée , il n'y a d'autres foins à prendre : que de marquer des demi-arrêts ; & lors qu'après l'avoir placé & mis droit fur une ligne, il vient à fe déranger de i'exaéte pofition (ce qui arrive fouvent dans les commencements ) ne rendre que quand on l'aura remis,c'eft-à-dire, quand il fera bien placé, bien d'à-plomb de • - ' ^ ' • - _ corps de la ligne en fe traverfant. Pour fe con- vaincre de cette vérité , qu'on eflàye de fendre dés qu'il faufTera fon encolure , en attendant qu'il ait réuni fes forces en fe raflemblant ; on s'appercevra quelque temps après , qu'il prendra de lui-même cette faufle attitude , cherchant par là à mériter la récompenfe accoutumée. C'eft donc une raifon pour être conféquent & ne rien faire qu'à propos fur les chevaux qu oh veut éduquer. troifième, ^^ bien droit d'épaules & de hanches : il .faudra donner un peu phis d'aârion Se fChaiTer davantage les hanches delTbus à [ceux qu'on voudra raiTembler ôc afTeoir, Voici ce qu'on doit fentir dans ce cas. Je fuppofe le cheval droit ôc placé j on IchafTera les hanches defTous avec la. jambe de dedans , en foutenant lente- ment &c graduellement les mains (i). HLorfqu'on fentira que le devant de l'a- nimal raffemblé devient léger , il fau- dra lui rendre de diminuer la preiîion de I la jambe bien à propos. Par ce moyeu fimple , on l'jimènera au point d'union , de reffort , de grâce & d'action dans {qs mouvements , où l'on le deiîre j car une partie de fes forces qui étoit employée ijià le chafTer ôc à l'étendre çn avant ^ fervira à donner de l'aétivité à fes :| piembres, 11 les relèvera plus haut , ^ ( i) Voye?i Aides , chapitre XI. P4 Leçon troîjième. avec plus de préciilon & de grâce ; i! fera plus agréable , en ce que le Cava- lier fe fervira de plus en plus finemeni de fes aides , & qu'il augmentera fej reiïbrts par le brillant de fon adion , oi; on doit l'amener dans cette leçon, qui! faut pratiquer deux mois avant de paf fer à la fuivante, en exerçant d'un joui â l'autre. !■ B Leçon quatrième. 51 j LEÇON QUATRIEME. N continuera pendant quelques jours de donner, au trot dans le droit, ainfi que je l'ai expliqué, de la légèreté , de ['union &: du brillant au cheval toujours en bridon , en fîniffant la leçon au pas écouté fur un grand cercle (i). Après ivoir travaillé aux deux mains flir le ( I ) Mr. de Vandeuil , quoique bon Ecuyer ,' ^ difait autre chofe aux Elèves qui allaient exer- cer fous lui , que le mot de brillant i du brillant, repétait-il fans ctïÇt. L'idée qu'il attachait a cette cxpreiTion , était fans doute : placez , tenez droit , rendez léger & adroit le cheval qui exerce fous yous , fans que vos aides foient apperçues par les Spedateurs autrement que pour embellir vo-^ tre afliette. Idée qui ne pouvait être fentie que par un Elève iriUruit qui n'avait pas befoin de. p5 Leçon cercle , on arrêtera les épaules en les ame'nant en-dedans, & en Tentant un peu plus d'appui fur les lèvres avec la rêne de dehors, en même temps la jambe de dedans chaflTera doucement la croupe fans inquiéter le cheval. Le corps du Cavalier doit refter , poiir cet effet, bien droit &: d' à-plomb pour fuivrebien exac- î:ement fes mouvements. Dès que l'ani- mal aura fait un feul pas croifé cheva- lant les jambes de dedans fur celles de dehors , on lui fera la récompenfe ac- coutumée, en diminuant la preflion foit de la jambe , foit du bridon , d'une li- gne feulement pour le reprendre l'inl- rant d'après , & pendant qu'il eft encorç en mouvement, prenant les mêmes foins à chaque pas croifé qu*au premier^- & ainfi de fuite dix ou douze pas à là mêmp main , ^ autant à l'aatre par les îTioyens contraires , obfervant de çhan-^ ger de main en le tenant droit , comme quatrième, fj je laidit ci-devant, enfuite on l'enverra à leciirie (i). Il faudra perfévérer a finir la dernière i reprife de même fur le cercle , l'épaule \ en-dedans pendant huit ou dix jours ^ I puis on le fera changer de main dans le f cercle , l'épaule toujours en-dedans fans ij arrêter. Comme la croupe, dans le chan- I gement de main, fe trouve en-dedans de \ l'autre côté du cercle, on la tiendra un ( I ) A mefure que le cheval s'inftruit & en- tend le Cavalier , il faut rendre la récompenfe plus rare, & de plus en plus chaque jour, pour s*epargner des foins & éviter d'être continuelle- ment en mouvement , comme le font eertaincK perfonnes, dont les connailîances fur l'Art de drelTer les chevaux font très-bornées : car rien ne prouve autant l'ignorance , que la manie qu'ils ont de rendre & retenir à chaque inftaiit fans fujet ; parce que non-feulement il n'y a que \qs â-propos qui peuvent drefîèr les chevaux j mais ■encore tout autre mouvement nuit, retarde &: &: même fait manquer finftfuâ;ion. E 58 Leçon tour ainfî avant de travailler à l'autre main ; ce qui , étrécifîant le derrière , fera élargir le devant & cheminer beau- coup plus les épaules j obfervant , dans tous les cas, de faire toujours cheminer l'avant ou arrière-main , quoique l'une ou l'autre de ces parties fe trouve avoir moins de chemin à faire dans la révolu- • tion félon le terrein qu'alternativement elles ont à parcourir. On en ufera de même pendant dix à douze jours encore j &; davantage , fui van t que l'animal aura , , par la foupleflTe de fes membres , acquis i plus ou moins de facilité ; ce qu'on ap- - percevra dans fon action régulière &; fuiviejdans les mouvements de fes jam- bes plus ou moins élevées , plus ou i ^moins croifées fans fe toucher les fabots ni les genoux , fans fe déplacer ni cher- cher a fortir de la ligne du cercle en fe portant en avant ou en arrière ; enfin , dans fon exadlitudè à répondre aux ai- des les plus douces ^ ce qui doit faire quatrième. p^ juger qu'il n'eft pas contraint ôr qu'il né foufFre pas (i ). Si fon action eft ré- gulièrement fuivie , ce fera une preuve ( I ) Il eft impofîîble de prefcrire le temps oa fanimal doit palTer d'une leçon à une aurre* G'ell l'intelligence du Cavalier & fon habileté qui peuvent en faire décider plus ou moins tien : car il faut voir le clieval , ou le fentir dans la main ou dans les jambes , pour juger de ce qu'il fait faire. On ne peut donc ici parler que des fignes indiqués par le mouvement , qui annoncent que l'animal eft difpofé à pafter à d'autres leçons. A l'égard de ce qu'ont dit les \ Auteurs d'Equitation , concernant les parties qui ; s'affbupliiïent à cette leçon relativement a l'appui I de l'une ou l'autre d'elles , je penfe ( & il ferait aifé de le prouver çn exerçant) qu'elles s'afTou- ' plifTent toutes dès qu'elles font mues, non pas f iatt même degré, puifque c'eftle plus ou moins de mouvement , le plus ou moins de roideur , oecafionné par le poids bien diftribué ou la I contrainte , qui en décide. Voilà pourquoi il faut charger ou allégir a propos les parties qu| ' exercent ou agiftènt» JE z Tioo Leçon non-équivoque de fa fouplefTe , de foif à-plomb 5 de fa force , de fa vigueur. La même raifon exifte pour le mouvement de fes jambes : fî l'animal était trop contraint , & qu'il reiïentît de la dou- leur , il fe déplacerait , traînerait {qs pieds, fe donnerait des atteintes , baif- ferait ou lèverait la tcte , travaillerait tantôt plus vite , tantôt plus lentement ', (6c finirait par fe défendre , fi la peine qu'il reffent outrepafîait celle du cliâf timent qui fuit ordinairement fa défos- béifTance (i).. " ^ L'animal ayant donc la fouplefTe né~ ceiïaire pour exécuter ce qui vient d'ç-- tre dit, on le mènera l'épaule en-dedansi ( I ) Il exifte une ten4ance naturelle imprimé^: à tous les animaux pour la confervation de. leiy: être, foit dans l'ufage qu'ils font des aliments, foit par les épreuves des caufes capables de dér pf-aver ou de détruire ce qui entretien;- chez eu3C ^e principe vital, quatrième* lOi aux deux mains fuir des lignes droites \ pendant dix ou douze jours encore^ob* I iervant toujours de ne point Texcédeir j de fatigue >, & de le troter par fois dans ! le droit. En diverfifiânt ainfî fon exer- 1} cice5il fera moins tenu dans la crainte ^ ;! & on le mettra plus à fon aife. Cette j! leçon bien donnée, on s'appercevra d'a- ! bord comme l'animal en peu de temps eft devenu plus adroit, plus léger , plus ' fenlible aux aides , conféquemment plus agréable. De-là, le plaifir que l'on prend a dreffer les chevaux , qui vient de voir fructifier fes foins &: de l'efpece de con- verfation qu'on a avec eux en les exer- çant, par le moyen des fignes qui leur font connoître nos volontés \ des décou- vertes que l'on fait fur la diverfité à^s caracftères, fur leur mémoire, fur ce qui 1 [les occupe en tel ou tel inftant , fur Tef- ' fet que produifènt les récompenfes ou , [les châtiments rendus par tels ou tels mouvements j enjSn ^ du triomphe qu'il E5 \ •ïcl Leçon quatrième* y a à diriger , vaincre 6c foumettre à la plus exaéte obéifïance ^ un animal dont la force, le brillant Se la fierté en im^ pofent tant à ceux qui ne le connailTent point, & qui n'ont pas l'adrefTe ou puiC- fance de le réduire (i). ( I ) On aurait tort d'être étonné que les Ecuyers aient tant de fujets de fe pafîlonner pour l'exercice du cheval. Je pourrais ajouter beaucoup de chofes â ce que je viens de dire fur le plaifir que l'on prend en équitant ; mais comme il n'eft bien fenti que par ceux qui le connaifTent , je me bornerai à dire que le Phi- lofophe & le Naturalifte en trouveraient beau- coup , s'ils connailTaient cette partie , outre l'avantage qu'ils auraient de fe procurer ou en- tretenir la fanté :. car il n'eft point d' exercice plus propre à fortifier les plus foibles conftita^ lions , tant de l'un que de l'autre fexe. '''^ À Leçon cinquième. ïo^ LEÇON CINQUIEME. N fe fer vira encore du bridon dans j cette leçon ainiî que dans les précéden- j tes 5 en exerçant le cheval au pas & au [trot, fuiv^ant les mêmes principes que ; ci-devant pour le difpofer au galop. On ï divifera le travail en trois reprifes. Tune ^ au pas, Tautre au trot, & la troifîème mêlée du trot & du galop (i ). (i) On ne doit faire galoper un cKeval que quand il eft bien droit & bien uni au trot. S'il i n'était pas droit , les temps d'arrêt que l'on j marquerait , ne portant pas également fur les deux hanches^ produiraient peu d'effet & fati- gueraient les jarrets que l'animal emploierait pour fe retenir & foulager les épaules char- gées & accablées de la maffe élancée. Une faurait ! pour cette raifon galoper avec la cadence qui I caradérife le beau & agréable galop. - £4 >i 0-f Xeçoîi A la reprife au pas , on prendra les cnangemensdemainde deux piftes \ voi- ci comment : fuppofons un quarré long où les chan^emens de main foient mar- qués, àhs qu'on fera arrivé fur la ligne, on foutiendra les deux mains a droite. Si l'on travaille de ce côté , pour y por- ter les épaules que l'on ralentira pour donner le tems aux hanches chalTées & contenues par les deux jambes , concur- rem.ment avec les mains , de fuivre , l'animal cheminera obliquement à droite , les épaules précédant les han- ches , de même qu'à la leçon de l'é- paule en-dedans, & de la croupe ou tête au mur. On obfervera de donner , en cheminant très - lentement , la même récompenfe a chaque pas , qu'à la leçon ; expliquée de l'épaule en - dedans aux cercles ; même d'arrêter & flatter de la main , s'il en était befoin j puis par degrés d'exiger qu'il diligente fon al- lure j ( bien entendu après quelques cinquième. loj jours de travail , aux deux piftes. ) On emploiera le plus rarement ôc le plus finement poflible , les aides , pour ren- dre l'animal plus agréable de plus fa- cile à mener. On augmentera un peu plus l'adtionau moment où l'on quittera la ligne diagonale du changement de main : immédiatement après que l'ani- mal fera droit fur la ligne du quarré, on le placera à la main où il va travailler , pour lui faire prendre le coin, des épau- les 3c des hanches (\). Après que le cheval aura exercé quelque tems avec une certaine préci- fion y en n'ufai^t fur lui que très-rare- ment des aides les plus douces & les moins apparentes ; on pourra n'employer que l'aide du corps ; car il eft tout fim- ( I ) Quand on pafTe un coin , il faut que Tar*. fière-main fuive la ligne ou la pifte que l'avant- main a tracée , en cheminant toujours égalemejj ^Tgç l'une & l'autre partie. ito^^ Leçon pie qu'ayant pafle par toutes les inftruc- tions expliquées ci-devant , on ne doit plus fe fervir que de cette aide , coni nue dans les manèges fous ■ le ndJik d' aide fecrette , avec Taide dd la lan- • gue , d'inftant a autre feulement , juj^ qu'à ce qu'il obéiffe bien exaélement à^ l'autre ( i )• Ainfî donc cheminant r fur deux piftes dans un changement -gau- che 5 n*en perde en propartion^^gale y conféquemment la feiTe gauche , ap- .__ — • ' ' '^'^ * ( I ) Voyez Aides, Chap. XI. ■ '^^ ^^^ cinquième. 107 payant fur la hanche gauche de l'ani- mal, & la droite diminuant la prelîî'on, il obéira , pour peu que les mains s'ac- cordent avec cette puiffance , & d'au* tant plus facilement que depuis long- tems le cheval finement exercé doit avoir fenti cette prelîion, tout au moms en partant les coins , eu égard â la dif- ficulté qui oblige un bon Cavalier de fe fervir de tous les moyens pour fé- conder la bonne volonté du cheval. Que la prefiion fe fafTe fur les étriers par l'appui des pieds , ou fur la felle par celui qu'on peut faire avec les fef» fes j l'efFer fera prefque égal : on kn-* tira feulement que la prelîîon fur les étriers dérange tant foit peu la bonne afliète 5 pendant que, la prelîîon des fe£ Îqs y ajouterait , s'il était polîible» On |uge bien que l'on arrêterait les hau- . ches, fi elles diligentaient trop , en ufant des moyens contraires à ceux que je viens d'cjcpUquer. Il efl naturel d'ima- E 6 'iô8 Leçon giner auflî que ce doit être des mouve* ments oppofés à ceux dont on fe fera fervi pour changer de main de droite â gauche , que l'on emploiera de gau- che à droite , pour parvenir à faire che- miner l'animal de deux piftes , avec les aides du corps dans un kzowà change- ment de main. Ayant exercé ainfî au pas pendant huit ou dix jours , on pourra prendre les changements de main de deux pif- tes au trot raccourci & battu avec ac- tion , le cheval bien dans la main & dans les jambes : en même tems qu'on travaillera au trot , il faudra Finftruire au pas à bien exécuter les contre- changements de mains de deux piftes qui ne différent ^lq^ changements de main que par la figure. Quant aux ai^ des & moyens ils font les, mêmes y je vais en conféquence me borner à dire ce qu'on doit pratiquer dans rinftam: ^u il faut contre - changer de main. cinquième. lop Dès qu'on eft arrivé au centre du ma- nège ou quarré long , il faut , (î Ton travaille à droite , plier le cheval à gau- cfie 5 en foutenant la main gauche de ce côté 5 pendant que la main droite qui le tenait plié auparavant , arrête & foutient les épaules , les portant diligem- ment à gauche , Tinflant d'après : dans ce même moment l'on fait preiîion fur rétrier , ou fur la fefTe-droite , pour fi- xer les hanches , & enfuite les faire cheminer à gauche avec les épauler. Comme les contre - changements de main laifTent toujours le Cavalier àxi même côté, il prendra tout de fuite un changement de main pour pouvoir re- commencer par la gauche , par de$ ^mouvements contraires , ce qu'il vient ^de faire par la droites - ^ '' 'c-^' f 9i 110 Leçon LEÇON SIXIEME. X^Es pas croifés que Tanimai -aurai faits dans les leçons précédentes , doi^ vent l'avoir non - feulement afToupli placé 3 rendu libre d'épaules Ôc de hai^- • ches 5 mais un peu affis Ôc rendu trèsf-- fenfîble aux aides. Il ne fera pas diffi- cile aduellement de le faire cheminer aux deux mains , la tête 6c la croupe au mur. Ainfî, en continuant de i'exerceir comme je viens de le dire dans la leçon précédente , pendant environ un mois, d'un jour à l'autre , on pourra, ^ les huit ou dix derniers jours , finir la a leçon par celle de la tête ou croupe aui mur , de la manière expliquée ci-après. Veut -on fe porter ou cheminer de gauche à droite , on foutiendra les deux mains en fermant la jambe gauche pour Jixième. 1 1 1 i chaffer & faire cheminer les hanches en les contenant & réglant la cadence I avec la jambe droite. Si le cheval a van- ! çait & fbrtait de la ligne , les mains i doivent le contenir en marquant des I demi-arrêts : (i au contraire il reculait I ou s'entablait 5 la jambe droite doit y i remédier en le portant en avant où en ie contenant toujours dans la ligne. On aura recours aux aides du corps , quel- ques jours après l'avoir fait exer<:er à cette leçon. On pourrait même com- mencer par-là fur un cheval bien (Qn- fible 5 qui connaît bien les aides les plus' fines. Ce feira donc en prefTant fur letrier ou la fefïe gauche, que Ton déterminera èc chaiTera les hanches à "droite 5 d'accord avec les mains qui dé- • lermirient les épaulés ; & en prefTant tir rétrier droit , ou feïTe droite , qu*oÀ - ï^gléra la cadence oii l'adtion des han- ches 5 en foutenanr & portant , feloa le befoin , le cheval en avant , les épaij- 11^ Leçon les précédant les hanches , de même qu'a la leçon de l'épaule en-dedans , ou au changement de main des deux piftes. Comme je viens d'indiquer les moyens de contenir l'animai fur la li- • gne , fans qu'il avance ou recule , il I ferait inutile Se nuilible même de le; mener près d'un mur , fuivant les prin^ ' cipes de plusieurs Auteurs : car tout: homme de cheval doit fuppofer des li- • gnes à fa volonté , & les faire exa(fle-j ^ ment fuivre à fon cheval _, fans s'aider i ^Qs murs ou des barrières. On coîn^^j prend aulïi qu'allaïit la tête au.mur^vi c'eft y aller de la crotrpe , û Ton tourne \ l'animal de la tête à la queue :ainiî, qui i fait l'un fait l'autre , & avec les mêmef i moyens. Il ferait totalement inutile dç { faire comme toutes les perfonnes quîi ont écrit fur l'Équitation une leçon pai> - ciculière à cet égard , puifqu'il n'y ^i que le nom qui diHere. Cette fixièmet \ Jixïcme. 113 leçon fera donc mêlée , ainfî que je Tai expliqué dans les deux leçons précé- dentes 5 du pas 5 du trot , du galop , des changements & contre-changements de main , &: de la tête ou de la croupe au mur. A l'égard du galop , je ne puis me difpenfer d'expliquer , avant de pafTer à la feptième leçon , comment il faut s'y prendre pour parvenir à inftruire promptement les chevaux à cette allure la plus élevée, la plus célère & la plus brillante. PRINCIPES. 11 faut tenir l'animal plus renfermé qu'à l'ordinaire , & donner l'aétivité à^ fes mouvements , en foutenant les mains , puis rendre doucement, pour qu'il ne fe précipite pas fur les épau- les (i). On fentira tant foit peu plus ( I ) Un cheval bien drelTé au pas & au trot ^ 114 Leçon la rêne de dehors , fans déranger le beau &r avantageux pli de l'encolure j on chafTera , foit des jambes , foit de l'alîière ou de toute autre aide , le cheval en avant , dans l'inflant que l'appui du mords fait moins d'efFet fur les lèvres , jufqu'à ce que l'animal foit parti. Alors on l'entretiendra fur la li- gne droite dix ou douze pas , enfuite on le pafTera au trot pour recommencer la même opération , un inftant après , | toujours dans le droit , 6c cinq ou fîx fois de fuite aux deux mains avec les mêmes moyens. Les chevaux qui ont la belle cadence , marquant au galop , à chaque pas ou faut en avant > quatre . tems 5 èc ceux qui ont la cadence ordi-i ne doit point fe précipiter fur les épaules : c'e/l ' un peu pour parler le langage des autres , que je me fers de cette expreffion 5 car , paflant du trot au galop , cela ne peut arriver que dans le« premiers moments , fi l'on sY prenait mal. Jlxième, 1 1 J nalre , en marquant trois feulement , les tems de cliaffe doivent fe faire dif- féremment qu'au trot , c'eft-à-dire pré- cifément dans l'inftant où le pied de derrière va faire fa foulée , parce que c'eft ce pied qui commence le branle du galop à droite , chaffe & élance la machine en avant (i). Pour ne point ennuyer par des dé- tails j dans une même leçon , pafTons à la feptième. ( I ) La jambe de derrière de dedans cîiaitè aiiffi,mais beaucoup moins j la croupe tombe donc, parce que la jambe gauche, pour chafler plus puifTamment la mafTe , cKercKe à prendre la direâ:ion centrale : quand c'eft outré , cela devient nuiiîble par la raifon contraire , &Ct Voyez Aflures. *|k 1 1 <î Leçon LEÇON SEPTIEME. a/SLprés ce que je viens de dire fur^ la manière de commencer à exercer un cheval au galop , il ne s'agit plus que d'expliquer les moyens qu'il faut met- tre en ufage pour le perfectionner dans cette allure fans le fatiguer. L'animal habitué à partir facilenienc à Tune Se l'autre main , du bon pied ôc fans fe défunir , on lui fera faire un tour ou deux de manège , puis arrêter. èc changer de main au trot j ainfi de fuite 5 alternativement. Quand enfin il foutiendra bien le branle du galop ; ; qu'il n'ira pas plus vite dans un mcH ment que dans un autre , on pourra lui faire fournir la reprife à deux change- ments de main dans le droit, fans paiTer au trot y obfervant feulement d^ lui en > feptième, 1 1 7 faire battre un temps ou deux , avant qu'il reprenne a l'autre main au ga--. lop. Quinze jours après on ajoutera ; au premier , deux autres changements : de main , félon la vigueur & l'haleine du cheval. Dès qu'il reprendra bien fa- |:ilement, en changeant de pieds , après 'ivoir battu un temps de trot, il faudra .'inftruireà changer d'un temps de galop i un autre j c'efl-a-dire dans l'inftanc DU les quatre pieds font en l'air, on ;fera paflier les jambes de dehors de- iv^ant 5 en arrivant fur la ligne de la muraille (i). Cela fe fera aifément dès que le Cavalier aura foin de renfermet* fon cheval , en appellant de la langue , îidant du corps , eu Tinclmant fur le mur (-qui eft le' côté de dedans avant qae l'animal ait changé de pied , èç l:jui devient celui de dehors l'inftant d'après) : on doit auffi retarder l'épaulç ^^fi- ^^i). Voyez^ Allures* Ghap. XI. 1 1 8 Leçon de dedans qu'il change pour que cell^ de dehors agiffe , &: que la jambe dé pendante de cette épaule mené , & en tame à fon tour. On aura grand foin ainfî qu'il eft dit au trot , de placei promptement le cheval, en même temp; qu'il change , fi cela fe peut dans le commencements j ce qui accélérera foi inftr nation. Après qu'il fera bien confirmé dan le droit au galop , & qu'il changera d( pieds à la volonté du Cavalier , oi pourra prendre à.QS changemens df main de deux pifles ; peu de temp après 5 les changements de main , 5 contre -changements de main dans 1 droit , avec les gradations obfervéei pour le trot. Je viens de dire qu'il étaii efientiel de plier le cheval en mêihi temps qu'il change : par la fuite o l'amènera, fuivant ce principe, en 1 récompenfant à propos , à changer d pied en le pliant feulement , & aida: X feptième. iip un peu du corps, en changeant 1 a-plomb félon le befoin. Dès-lors cette juflefïe , ôc grande précifion rendra l'animal agréa- ble 5 le Cavalier pourra lui faire exé- Icuter toutes les figures connues dans ;les manèges , fans que Ton apperçoive Sqs aides • ce qui cara6térife la belle '^pofture du Cavalier , le brillant , la InoblefTe &: la grâce du cheval exercé , l:jui font tant de plaifir au fpeétateur anftruit , & plus encore 4 l'Écuyer qui l'éduque. Dans Tallure du galop comme dans lies autres , il y a une infinité de choies i expliquer , qui occafionneraient un détail long & minutieux que je veux iviter(i). (i) Ckacun fent plus ou moins, fuivant le LonnaifTances , l'attention & Taffedion qu'il peu ivoir a la eKofe : il ferait donc inutile d'expliquer eus les degrés qu'on peut employer fuivant le àrconftances, qui varient autant qu'il y a d'ia- :lividus. 120 Leçon Il fuiEra, pour remplir mes vues, de dire que celui qui donne des leçons , doit s'atcaclier à régler &: à. bien caden- cer le galop , donner de l'union fans fatiguer r£lève , fuivre avec foin le« principes limples , par lefquels otl eft parvenu à fe faire entendre & obéir par ranimai , être liant , moelleux dans les aides , donner des temps de chaire (i ) des deux fefles , en foutenant doucement les mains dans l'infrant que les deux jambes ou pieds de derrière font en l'air y pour faire couler les hanches def- fous èc diligenter l'allure \ marquer à^s demi -arrêts bien à propos, en le grandilfant pour tenir droit & d'a- plomb j car le Cavalier, par ces temps- Ci) pour ne rien laiffer de loucLe , 'A iàa encore expliquer ce qu'on doit entendre pai donner à^ temps de chalTe. On cLaiïe en avanr, avec les feiïès , lorfqu'après s'erre un peu élevé ^$m les écriers, ou en fermanc les cuilTeSj on £t d'arrêt } feptième, ni ^ arrêt , communiquera par la fuite au cheval qui exerce fous lui , le même à-plomb, qu'il pourrait avoir lui-même. Ce fera fur-rout en fini (Tant les repri- fes 5 qu'on doit prendre ce foin , ^ arrêter dans Tinftant où rÈlève fera dans le mieux polîible. Voilà jufqu'où il faut inftruire les chevaux de parade en bridon , pour les , ménager & pour conferver la fenfibilité : de la bouche; ainil le cheval , félon 1 e- ; numération du temps prefcrit pourcha- que leçon , doit être travaillé environ dix mois ou une année pour être fage » .affoupli , placé , léger , uni , brillant 6c très -agréable pour les perfonnes qui ont une belle afîîette & les aides mocl- , relâche prompremenc en Ce laifîànt tomber fur Ig felle dans rinflani où les jambes de derrière Ion: en l'air : la prefllon fur les étrlers prife de mê- me, ainfî que celle des genoux , produi: un eS?î à-peu-près femblable. \ 112 Leçon leufes \ & il eft très-difficile à conduire , & même dangereux, pour ceux qui n'ont pas cet avantage , parce que la fenfibi- lité d'un cheval bien drelTé , qui ferait monté par quelqu'un qui ne ferait pas maître de fes mouvements , le mettrait dans le cas de s'effrayer tellement du balancement du corps du Cavalier & des accoups qu'il recevrait , qu'ayant perdu la tète , il fe précipiterait danf un gouffre , s'il s'en trouvait un devani luiO). ( I ) Les perfonnes inftruites fur TArt de foa mettre »Sc drelfer les chevaux , pourront trouve que je fuis entré dans des explications trop A&\ taillées dans mes Leçons j & ceux qui ne le fou.' pas , diront qu'il y a une infinité de chofes qu je nai point fait connoitre pour ne les avoi pas affez expliquées ; qu'ils ne peuvent , avec c que f ai écrit , acquérir toute la théorie nécei faire pour exercer avec fuccès à cheval. Je re pondrai aux premiers , qui auront oublié ^ c feptièmc* 123 paflaiit âîniî , les peines qu'ils ont eues en com- mençant , que ce n eft point pour eux que j'ai fait des Leçons, & que,ny ayant rien d'élémen- taire dans les Ouvrages mêmes des Auteurs qui ont le plus de réputation far cette partie, rien qui puifle être fenti & utile aux Elèves qui dé* firent s'inftruire à l'aide de la ledure, j'ai ju£,é très-nécefîaire de Tuivre une autre méthode que les Auteurs qui m'ont précédé. A l'égard des féconds, en convenant avec eux que chaque air, chaque attitude , chaque mouvement , pourrait faire le fajet d'une longue differtation , ie ferai valoir, pour ma juftification, la crainte d'être en- nuyeux par des explications trop longues & trop multipliées j outre que les jeunes gens qui vou- dront étendre leurs connailïànces fur TEquita- tion, n'auront qu'a donner en conféquence l'at- tention nécefîàire à ce qu'ils font , en partant toujours des principes qui fe trouvent dans me« Eflàis , pour réuflir. Au furplus , le trop ou le trop peu a toujours été l'écueil des Ouvrages di- dactiques 5 pourquoi , plus qu'un autre, aurais- je l'avantage exclufif, ou pour mieux dire , im- pofiible de réunir tous les fuffrages , & de coa- tenter tous mes Ledeurs? F 4 124 Leçon huitième. LEÇON HUITIEME.. Pour exercer le cheval bridé. N mènera le cheval , qui fera bridé pour la première fois , au très-petit pas 3 foutenant de temps à autre la main pour eiTayer de légers appuis fur les barres avec le mords , en fe fervant du filet pour le plier , comme on a fait du bridonjç'eft-à-dire en éloignant la main de l'encoliire proportionnellement au pli qu'elle donne félon qu'elle eft plus ou moins longue. L'animal ayant bien répondu aux temps d'arrêt avec le bri- don 5 répondra de même à ceux que Von marquera avec la bride , pourvu que le Cavalier cherche doucement §i^, légèrement la preflion que le mords doii faire fur les barres , félon la fenfibilitç du cheval^ il l'amènera par degrés à ïwf Le cheval bridé, 12^ porter un bon appui , &, s'il le veut^ à pleine main , en rendant à propos. J'entends par rendre à propos, dimi- niier l'appui dès que le cheval eft bien placé Se rairemblé : fi l'on délire qu'il fe raifemble , êcc, ( 1 ) il n'y aura de dif- ficulté qu'à tourner à droite ou a gau- : che 5 pour la main feule de la bride , 'en ce que l'effet eft différent dans cette ' adion qu'en bridon , quelques foins ^ p^'écautions que l'on prenne j pat exemple : on veut tourner à droite , on ( T ) Ce que je viens de dire , joint a cz qui (uit , explique affez les effets de la main ■pour me difpenfer de faire un long Chapitre â ■[ce fujet , comme cela a été pratiqué dans les tOavragas qui traitent de l'Equitation , fans : qu'on fe foit fait entendre. Dans cette occafion , vàinfi que dans beaucoup d'autres , j'ai fend que "c'était moins en faifant de longs & pompeux laifonnements qu'on pouvait inflruire , qu'en 'expliquant limplement la cliofe que l'on veut iCommuniquer. F 3 fe 126 Leçon huitième. porte & foutient en conféquence la inain de ce côté. La rêne gauche prend tm degré de tendon , pendant que la droite diminue de beaucoup celui qu'elle avait , foit en tournant ou ne tournant point les ongles en - delTiis , en arrondiiïant ou en n'arrondiffant pas les poignets , &c. Le côté gauche de Fembouchure près du fonceau, portera plus fortement fur la barre gauche , que l'autre côté de i'embouchrire Au* !?. droite : l'animal , en fuivant l'effet de cette prellion , tournerait à gauche , parce qu'il a tourné jufqu'alors du côté où le bridon faifait le plus d'appui fur les lèvres (i^. Pour remédier à cet in- ( I ) Ceft auflî ce qu'ils font dans les com- menoements qu'ils font travaillés en bride. Quand ils ne font pas bien placés & confirmés dans le beau pli qu'on leur aura donné en exerçant , ils feufTent l'encolure & tournent plus facilement encore du côté oppofé a celui oii l'on foutient la mai»» Le. cheval bridé, lij côiivénient , Se raccoutumer à tourner ! pour la main de la bride > on s'aidera , I foit avec le bridon , en éloignant dô [l'encolure la main qui le tient , foit en I appuyant un peu avec les doigts fur la rêne de dedans de la bride , Se enfuite |peu-â-peu on fera tourner le cheval lavec la main de la bride feulement , en diminuant par degrés l'aide du bridon , i ou la légère preffion que l'on fait fur la rené de dedans. L'animal bien fait aux différents mou- i vements de la main avec la bride , fera beaucoup plus facile à mener j tourner, [enlever , qu'avec le bridon qui ne fait pas 5 à beaucoup près, le même effet, le cheval élancé dans une échappée d^ main j il faudra ralentir , au contraire ,> par plufieurs temps d'arrêt légers , uit peu plus foutenus qu'à l'ordinaire , ou par un feul continué graduellement, juf qu'a ce que l'animal ait paré. On pourrai aulîi le renfermer en même temps qu'il ralentit l'allure pour faire un bel arrêt , & on rétendra ainfi , fi on le délire , , j)ar degrés. Comme on a déjà donné dos explications fur les allures , tant baffes que relevées , namrelles ou arti- ficielles 5 dans plufieurs autres Traités^- fur rjËq^uitation , d'une manière à fatis-^ Le cheval bridé. 131 faire la curiofité des Amateurs , je me bornerai à communiquer les remarques que le temps 3c la pratique m'ont mis à même de faire , qui pourront éten- dre les connailTances que l'on a fur cette partie (i). ( I ) Il ferait fuperflu de répéter , quoique dans d'autres îermes , les chofes qui ont été dites felofli l'ufage de beaucoup d'Auteurs; & il ferait déplacé,, pour ne pas dire injufte , de contredire , par une faufïè prévention , élevant hypothèfe contre hy- pothèfe , pour faire un vain étalage d'érudition» Les grands raifonnements , en pareil cas , ont prefque toujours pour bâfe l'aigreur & la jaloufîe. Il fuffit donc ( indépendamment des égards réci- proques qu'on fe doit en courant la même car- rière ) de dire des vérités palpables , pour frayef ane nouvelle route que chacun voudra tenir , parce qu'il eft naturel d'abréger & de s'épargner des peines inutiles. II eft aufîî très-iîmple d'ima- giner que c'eft prefque toujours parce quoi* manque de moyens pour convaincre de la vérité de ce qu'on avance , qu'on a recours à la manie 4e détruire ce que nos coacurrents ont écrit fut F 6 132 Leçon huitième^ Ainii je terminerai mes huit leçons par l'adion de reculer , dont je n'ai point encore parlé , parce que je penfe ( malgré l'opinion qu'ont plufieurs Écuyers , « de commencer à bonne- 5> heure à inftruire les chevaux à re- j^culer pour les drefler plus promp- j> tement ?> ) qu'il conviendrait beau- coup mieux de finir que de débuter par- là. Rien ne fera plus aifé , après avoir inftruit un cheval au point où l'on fuppofe que les leçons précédentes ont dû l'amener , que de le faire reculer droit 5 dès la première fois , fans qu'il Je même fujer 5 comme £1 nous n'avions pas cha- €un notre manière de voir , de fentir & de rendre nos idées j & qu'une perfonne conduite paria bonne intention ne dût pas mettre au jour les connaiiTances que le temps & le travail lui auront fait acquérir , par la raifon qu'il n'eft pas k plus pompeux & le plus énergique 4e tous les Ecri- vains. Le cheval bridé, 133 fe prelTe ni traîne fes pieds, en s'y pre- nant de la manière fuivante. PB. IN CI P E S. Le Cavalier tiendra les jambes bien égales près" du ventre , en foutenant en même temps la main qui doit dimi- nuer la prelîion du mords à chaque pas que le cheval fera en arrière. S'il fort de la ligne , on redreifera les épaules fur les hanches ; & on le portera en avant , dès qu'il fera bien droit &: bien d'à-plomb. Cela fufïira pour l'inftruire à reculer jufte & facilement , parce que les leçons précédentes auront déjà dif- pofé l'animal à cette aétion , fans qu'il foit queftion de donner des facçades du caveiïbn fur le nez, & des coups de chambrière fur le poitrail , comme plu- fieurs perfonnes l'ont mal-à- propos re- commandé. 134 Du Pas, CHAPITRE V. Remarques fur les Allures* Du Pas. Xer E pas eft reconnu pour la plus dou- ce & la plus aifée de toutes les allures. Il doit être réglé , fuivi , raccourci , ca- dencé pour les chevaux de parade ou de manège. Les jambes doivent relever plus haut 5 avec plus d'adion & de grâce , que quand il n'eft queftion que de faire du chemin fimplement. Il y a pas ordinaire, & pas de route, ou pas re- levé ; dans le pas ordinaire les mouve- ments des jambes font égaux entr'eux ; dans le pas de route , deux jambes po- fent prefqu au même inftant fur le fol diagonalement : je fuppofela jambe gau- che de derrière partir , & tout de fuite pu Pas. 15 j après la droite de-devant , les jambes oppofées de même , & ainfi de fuite alternativement , &c. On doit admet- tre 5 indépendamment du piaffer en avant, trois degrés de vitelTe dans cette allure de les autres j favoir , le pas lent , le pas le plus diligent , & le pas le pliis étendu poffible (i). (i) Il ferait d'une grande utilité pour la Ca- valerie que l'on donnât ces degrés aux chevaux. Rien ne contribuerait plus à rendre la marche ce- 1ère , & à épargner beaucoup de peines inutiles ^ue l'on prend faute de connaître ou fuivre fcru- puleufement ce principe , qui eft de la plus grande conféquence , comme je vais le démontrer dans l'explication abrégéecy après. Je dois prévenir le Ledeur, qu'il n'eft point queftion ici derafîembler fon cheval , parce qu'on ne parviendra jamais à faire fentir i une troupe ce que c'eft que de raf- fembler , outre que cela eft inutile. Il ne s'agira fimplement que de ralentir , foit que l'on marche par rang ou par file , quand oa ,%a cro^ près, 5c de gagner ou ratrapper la dif- 1^6 Du Trot\, Du Trot» Les jambes du cheval dans cette allure fe meuvent par deux diagonal ement. tance perc^ue , ( plus ou moins par chacun de ces rangs ou files , ou par les OfHciers qui font à la tête des efcadrons , divifîons , fubdivifions , &c. ) -en cheminant d'un pas allongé & plus diligent îorfqu'on marche à cette allure , jufqu à ce que chacun foit à fa diftance. Pour parvenir à remé- dier à ce défaut inquiétant pour le Général dans une marche , foir près de Tennemi ou non , on oblige les Officiers majors de courir continuelle- ment le long des colonnes qui s'allongent, criant : fer re:(^^ ferre j^ a vos diftancesAÏYé£\i\it de ce foin que chacun galope ou trote , Ci l'on eft au pas , pour rejoindre promptement la diftance perdue, foit parce qu'on aura troté devant, foit par défaut d'attention, ou enfin par un obflacle tel qu une chute d'une ou pluûeurs perfonnes, un mauvais pas, &c. Les divifîons ou files qui trotent ainfi , ne s*ar' rêtent que quand elles ont heurté celles qui les Ipréoèdent. Il arrive de ce choc qu'il faut refler eii ' Du Trot. 137 Je rappofe la droite de derrière partir avec la gauche de devant , ainfî de fuite alternativement. Le trot afTouplit , dé- noue les membres par le jeu continuel des hanches, des épaules , des genoux , pîace un inftant qui , joint à celui qu'on met potir faire partir les chevaux dont l'action a ceffé, oc- cafionne de nouveau des diftances plus ou moins grandes , en forte qu'une troupe fatigue confidé- rablement en faifant très-peu de cKemin. On obfervera qu une diftance perdue de iîx pas pour un rang , devient plus grande de trois pas , pour celui qui fuit , & plus ou moins encore , félon que chaque rang partira ou parcourra l'elpace vuide plus ou moins rapidement; ce qui progreiïive- ment devient conlîdéraMe pour une colonne un peu longue , & plus encore fi elle &^i mêlée d'In- fanterie & de Cavalerie. Si , au contraire de ce qui fe pratique , on laifîait le foin à chaque Chef de divilion ou fubdivifion, de gagner infenfible- mentla diftance en augmentant l'allure, le défor- dre dont je viens de parler celTerait , & les troupes qui compofcnt la colonne arriveraient beaucoup plutôt à Içur deftination ; les chevaux ne feraient 138 Du Trot. des jarrets & des articulations àe^ pieds. Il y a des chevaux qui fe retiennent en trottant.Iiconvient,après quelque temps d'exercice, de les chafTer & de les étendra fur de longues lignes droites. Ceux qui ont le trot rude , augmentent par le tra- vail Se l'union leur reffort, & deviennent moins incommodes. C'eft une allure qui fait faire beaucoup de chemin fans trop fatiguer les chevaux , parce qu'ils font plus d'à-plomb que dans les autres , & que les deux jambes s'entr 'aident égale- pas aufiî fatigues , & ik conferveraient l'allure du pas, qu'ils perdent en trotant fans allonger. A l'égard des défilés , on doit faire ferrer d« très-près & marcher fans tâtonner, faifant formel l'efcadron avant & après le pafTage , pour que la colonne n'arrête pasj il en eftdemêmeaupafïàge d'une rivière , fi l'on veut faire boire les chevaux, en entrant une ou plufieurs divifions à la fois dans l'eau, & forçant ainfi pour former les efcadrons loin de la rivière pour marcher enfuit e coaime d* devant. Du Trot, 13^ lient pour chafTer la maflfe prefque ho- ifontalementj (i ) ranimai exercé au trot le vient léger, prend de l'appui & de (i) On ferait très-bien de préférer le trot z% alop dans la Cavalerie , quand il ne s'agira que e Ce porter promptement fur un terrein ou po li- on avantageufe à la guerre. On ferait autant , léme plus de chemin & avec moins de defordre > u'au galop, s'il faut courir un certain efpace , ^'Utreque l'on pourrait charger avantageufement ;n arrivant, n'ayant que troTtc j ùc qu'au contraire 3 î on a galopé, les chevaux, étant hors d'haleine, le feront qu'une mauvaife & infruflueufe charge, pnobfervera de plus que les chevaux , galopant ;;n troupe , courent de toutes leurs forces , fouvenç iînbondiflant fur le fol dans le premier inftant de lia galopade ; ce qui eft en pure perte. Lorfqu ils font fatigués , ils traînent leurs alluras , paflent de il'une à l'autre » & s'arrêtent fouvent par les obfta= icles qu'occafionne le defordre de la colonne, par l'inégalité du terrein ou par épuifement , qui a toujours lieu dans une longue courfe au galop ; pendant qu'un trot allongé avance beaucoup, parce jquil a plus de fuite & fatigue infiniment moins., 140 Du Galop ^ l'union. Il faudra donc beaucoup trottei pour afTouplir & préparer au galop , & beaucoup cheminer au pas pour inftruire Le rrot doit être é^al dans la foulée de; pieds , vivement battu & diligemmen relevé pour être agi"éable. Du Galop,' Un cheval peut galoper faux &: dés- ani du devant ou du derrière. Dans lei, manégôS , Ôr fur une ligne circulaire , il fsut galoper dans la plus ftriéte règle par rapport à Tordre des jambes; mais! fur une route , a la chafie ou en plaine , \ iln'y a plus de chevaux faux. Il convient! même d^ns une carrière un peu longue? de les faire changer de pied pour qu'iki travaillent également des quatre jam-ij bes. On aura néanmoins attention dej remettre un cheval qui ferait défuni , parce qu'il peut s'abbartre & fe fatiguer; d'ailleurs j il met mal à fon aife le Ca- Du Galop, 141 iralier en galopant ainiî , Sec» ceci a été létaillé dans plufieurs ouvrages (i). Je |7ais parler des oblervations que j'ai fai- f:es fur cette allure la plus célère, la plus Lgréable fur quelques chevaux , & la plus fatiguante quand on court long-temps I iir certains autres. 0 B S E R FA T J O N S, On demande pourquoi le cheval ,eft j)ençhé en galopant , Se pourquoi auflî "•es hanches tombent toujours un peu du ':ôté de dedans foit dans les menéges ou lilleurs \ par exemple , un cheval galope ti droite , les hanches tombent à droite i3c il fe penche a gauche. On parle beait coup de la chofe , on la voit, on la fent; mais la caufe en eft ignorée , ou du moins perfonne n'en dit rien. Ayons (i) Voyez Ecole Ip^aree qu'on a négligé d'avoir recours au méchanifme de l'aniinal. Dans un galop, irrès-vîte, les deux pieds de . derrière , quoiqu'un peu plus avancés l'un que [autre , font leur foulée prefque en même temps jainfî que ceux de devant» L'effort 5 pour élancer puifTamment la maire en avant , eft par cette raifon igal y à peu de chofe près ; conféquem- ment l'animal, de lui-même, & fans le fecours de l'art , iïa plus droit & d'a- plomb que lorfqu'on le ralentira : quant aux deux pieds de devant^ qui font aulÏÏ plus avances l'un que l'autre , leur fonc- tion ou adtion tend encore à donner de l'adivité à la maflfe qu'ils foutiennent horifontalement en frappant & poufïant le fol en arrière , comme l'on fait dans il'eau en nageant. Il aurait été naturel que j'euife terminé cette leçon fur les ,allures en donnant une explication des moyens à employer pour dreffer les che-, G 4 iîiji Du Galop, vaux au terre- à-terre , aux courbettes , à mézair , à balotades , à croùpades & à cabrioles \ mais ces airs , dont on a tant parlé , ne s^accordant point avec le mé- fier que je fais, étant d'ailleurs inutiles aux perfonnesde n^on état, pour qui j'é- cris plus particulièrement, je lailFe cette partie de l'Equitation, qui eft au-defTus Aqs forces de beaucoup de gens, lef- quels pourraient ruiner & avilir de braves chevaux en fe permettant de les înftruire, pour continuer d'écrire mes remarques qui peuvent être utiles en fervant de principes aux Elèves qui cher- chent la vérité, fi je fuis afTez heureux pour l'avoir mife au jour. Défenfès des chevaux, i yj CHAPITRE VI. \\Des défenfès des chevaux occafionr nées far les vices de conforma- tion j ou par les mauvaifes ha-* bitudes. ;*/ÎLvANT que d'employer les châtî- ments pour corriger les chevaux qui Ce défendeur , il faut ctre bien fur de ce iqui occafîonne ces défenfès. Trois cho- fes principales peuvent y concourir j la première, la foiblelïe des parties ou la défe<5tuoiité dans la conformation j la féconde, l'ignorance , la mal-adreffe 3c l'extrême feniibilité de l'animal , latroi- fième , les mauvaifes habitudes Se la frayeur qu'ils ont des objets qu'ils n'ont, point vus , qui leur auront fait du mal ou qui les auront furpris. La foibleiTe ou les vices de conforma- 1^4 DéfenfeÊ tion non-feulemenr ne doivent point porter le Cavalier à corriger les che- vaux 'y mais il doir au contraire ne rien demander à un tel animal qui foit au- deiTus de £qs forces : le temps & un trâ^ vail modéré peuvent le mettre à même de rendre des fervices. Sï on le fatigue par un trop grand exercice avant qu'il ait la plus grande partie à^s forces qui lui font néceiTaires, il fera bien plutôt ramingue Se ruiné qu'il ne fera dreffé. L'ignorance met Tanimialdans l'impoHi- bilité d'agir confequemment à ce qu'on defire de lui ; il faut donc , avant de le corriger , i'inftruire & lui faire connaître nos volontés , par des mouvements fim- yles, d'une manière fuivie èc dépouil- lée de tout ce qui pourrait les rendre équivoques, puis le châtier, fi par pareiTe en diftraébion il négligeait d'exécuter ce qu'on lui aura appris. C'efI principale- ment a quoi on doit veiller foigneufe- jcnent pour accélérer rinftruclion & con- des- chevaux. "J^f îirmer la, leçon , en mettant tous les à- propos. La mal-adreffe vient fouvent des vi- ces de conformation , comme de pefan-* ceur dans quelque partie ,- ,ôii-dans le tout, d'un défaut de foupleiTe & de ref- fort^que le travail bien entendu corrige en peu de temps j de la ftupiâité de l'a-» nimal 5 car il en eil d'eux comme de nous : faute de bien voir , fentir & ju- ger 5 ils heurtent les corps qu'ils auraient pu facilement éviter , foit parce qu'ils n'en connaiiTent pa5 les effets, foit qu'ils employ en tmal leurs forces :- ils tombent dans le foffé qu'ils auraient franchi^ fa^ute d'avoir bien pris le temps , & d'avoir accordé la puifïance qui élance avec celle qui enlevé. L'extrême fenfîbilité des chevaux ex-^ pofe infiniment les Cavaliers. Il faut avoir beaucoup jd'afïîette fur ceux quî font fenfibles, uferdifcrettement 6c ra- riement des ^ides, comme avec ceux quî Q ^ 1^6 Déf en/es font ardents (i). Un cheval feniîble né connaît point de danger , il fe précipi- terait dans un abîme pour éviter l'épe- ron, même la prefïîon du gras des jam- bes ou des genoux. Il faut donc, en dret fant un cheval , s'appliquer à propor- tionner la fenfibilité de l'animal à l'ac- quis de celui pour qui on le deftine. Les înauvaifes habitudes naiffent des mau- vaifes leçons que l'on donne aux che?t Taux y en leur demandant quelque chofe qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas faire. Elles dégénèrent en vices ordinairement^ (ï) Un cheval fênfîbîe ou ardent efî toujours «n feu dans les commencements. Sa trop grande aâivité l'occupe & l'empêcKe de faifîr la leçoa 4jue lui donne le Cavalier, comme le font ceux .^gui font froids ou flegmatiques. On comprend çue Tenvie d'aller & d'exercer jufqu'â extiuâ:ia» ât forcé , difpenfe d'ufer des aides fur les premiers , qu'il faut au contraire calmer continuellement; car fi l'on corrige avec impariende , on retardera î)eaucoup , &: îBeme l'on jnanquei:^ rinilru<5tioû* des chevaux, i J7 lorfque les perfonnes qui veulent les inftruire s'y prennent mal , & qu'elles cèdent à l'animal qui réiiftej lequel^ainfi que nous , n'a d'autres vices de carac- tère que ceux qu'on lui donne par une éducation mal entendue. Quant à la frayeur , ce n'eil qu'avec l'aide du temps & de la patience qu'on corrige les che- vaux ombrageuXjCn les approchant dou- cement des objets de leur crainte, & en les flattant àhs qu'ils auront été defTu» pour les flairer , car en les battant on augmente confîdérablementleur terreur» SECTION PREMIERE. Pour une plus grande intelligence. Je diftribuerai les mauvaifes habitudes en deux clafles : dans la première fe trou- vent les plus ordinaires, telles que les mouvenxents de tête ou ce qu'on ap- pelle battre à la main ^ & vulgairement donner de l'^encenfoir j déplacer le corps , l'encolure 6c la tète , fe traverfer ^ faire î j 8 Défenfes les forces, tiépigiier, fe retenir, ruer & fauter , fuir par la crainte des châti- ments , par gaieté ou par frayeur d'un objet quelconque, le tout fans aucun projet de défenfe, &c. La féconde com- prend l'obilination du cheval à ne pas- tourner également à droite ou à gau- che , ce que Ion nomme être entier à la main; à refter en place, lorfqu'on veut" ie porter en avant \ à reculer précipi-^ tamment ^ faire des pointes toujours^ dangereufes j à tourner plufieurs tours: de fuite a la même place , à l'un ou l'autre côté \ a forcer la. main , & cou- rir très-vite en bondiffànt fur le fol j à mordre , ruer en vache ^ à la botte j à fe frotter contre un mur , fe coucher & fe rouler à terre , enfin fe gonfler, ref4v lant en place , Se pilTer de rage , 6cc. OBSERFATIONS, Les premières de ces adions don-?'. ^ï^x lieu aux dernières j d'abord Vznïh: des chevaux, i yp ; mal cherche feulement d diminuer la i douleur & la contrainte , en évitant la ! trop grande & continuelle fujétion j j enluite les mauvaifes leçons récidivées I l'amènent par degrés à s'obftiner opi- \ niâtrément, jufqu'â méprifer les coups, les châtiments & le danger de toute efpèce (i). Comme j'ai avancé précédemment que ce n'était pas afTez de dire qu'un vice exifte , qu'il fallak encore indiquer les moyens d'y remédier , je vais don-* (i) Il y a des chevaux: qui entrent dans une fi grande colère, qu'ils recevraient mille coups de chambrière fans changer de place. Ils fembient dé- fier ceux qui les corrigent, par le mépris qu'ils ont de la douleur dans ces infiants .de rage ; les défauts de conformation, comme ceux d'xine mau- vaîfe vue , àti efforts de reins , de hanches ,' de jarrets , des courbes , des éparvins , la pcfauteur dans toute la machine, la grande faiblelTe , enfin les violentes leçons qu'on aura données, peuveaç occafionner des défenfes furieufes. I ^o Défenfes ner quelques explications qui concoui'* ront à faire connaître mes principes^ Caufes des défordres. Par exemple 5 l'animal eft trop tenu 5 î'appui du mords eft continuel dans ce degré , & lui fait fentir de la douleur , par cette forte & longue preiîion de l'embouchure fur les barres , & de la gourmette fur la barbe : pour diminuer cette douleur , il battra à la main , ten- dra le nez en avant ou s^ncapuchonnera^, 'En battant à la main , il rend par ce mouvement les rênes plus longues , parce qu'elles glilTent du poignet qui les tient, ou le poignet baiiïe en cédant à l'ef- fort fubit qu'occaiionne le balancement de la tête de haut en bas : par l'acftion de lever ou tendre le nez , exprimée par ces mots porter au vent , il évite la prefïîon du mords qui gliffe feulement fur les barres j les chevaux s'encapu- des chevaux, i6i iJipiinent aufiî pour rendre les rênes lâ- ; :hes , toujours dans les vues de fuir la j louleur 5 dès qu'elle eil trop grande. I !.orfqu'ils font trop rafTemblés , princi- !)alement quand ils manquent de fou* |>leire3 quand ils fe fervent mal de leurs l 'orces & de leurs hanches , pour éviter a douleur qu'ils reffentent dans les i eins , dans les jarrets ou à quelqu'au- re partie , ils forcent la main , fe tra- i/erfent, ruent, fautent , &c. En for- mant la main , ils peuvent s'allonger 3c jfe mettre fur les épaules j ils fe traver- Tent 5 pour foulager leurs reins , Se Fun lou l'autre de leurs jarrets , quelquefois aufli pour fe porter en avant, malgré le Cavalier , vers un objet dont ils defl- îtent de fe rapprocher j & ce fera avec d'autant plus de- force Se de prompti- tude que l'animal fera plus ardent ou inquiet. Comme il efl naturel à tous les êtres feniibles de fuir la douleur ou la contrainte , il ferait aulîi injufte q,ue 1 62 Defenfes cruel de corriger par des coups les che- vaux qui cherchent à diminuer leurs maux 5 6c à f e procurer la liberté , fou- vent à exercer fimplement leurs forces-^ en fautant &c courant à toutes jambes.» Quant aux habitudes qui font dégéné-- rées en vices par l'efret des mauvaifes leçons 5 après avoir employé tous les moyens de douceur dont on peut s'a- vifer, il faudra châtier vigoureufement une ou deux fois l'animal indocile ^ainfi que je vais l'expliquer plus au long. S E € T I O N I L Sans examiner en particulier toutes les habitudes ou àè^Qn^QS des chevaux, je donnerai les moyens qui peuvent en général y remédier & les prévenir \ moyens pris dans la nature qui conduit chaque individu a faire ou à éviter tel- les ou telles chofes , pour fe procurer le bien-être qu'ils recherchent tous. Je des chevaux. i6^ réviens avant , qu'il faudra avoir re- Durs aux principes qui font expliqués ans les leçons , lorfque je n'entrerai as dans un long détail fur quelques oints, pour éviter des répétitions. Ces icons 5 étant fuivies exactement , met- L'ont à même de prévenir les mauvai- es habitudes , & de les corriger avec e temps & la patience , fans qu'il foit [ueftion de châtiment j bien entendu , outefois , qu'on aura fait choix d'un ilève qui réponde, par fa force , fa yigueur , fa légèreté , enfin par une )onne conformation , à l'objet pour le- .|uel on le deftine. Je fuppofe donc ici m cheval qui n'eft point aflbupli , mais l'un bon âge , c'eft-â-dire de cinq juf- Iqu'à dix années ; qui ferait entier a une main , ne foufFrirait point d'appui , n'obéirait point aux aides ^ qui de plus ferait mélancolique , flegmatique , froid , trifte 5 craintif, impatient , ardent , colère ^ malicieux ^ & qui enti'erait dans i6^ Défenfes le défefpoir au point de ne plus con- naître le danger. Principes pouf corriger les chevaux» ' ' »*i Pour ne rien laifTer à dire fur les in* commodes ôc dangereufes habitudes dei- chevaux , je vais commencer par les plus ordinaires. Si l'on veut afTurer la tète d'un cheval qui bat à la main , il laudra prendre un point d'appui fur les barres , ou avec le bridon fur les lèvres , que l'animal puiflfe fupporter fans dou- leur \ ôc dès qu'il voudra battre à la main , on tiendra, foit le bridon , foit la bride, ferme dans l'inftant où il levé la tête , &: on lui rendra dès qu'il fe ramènera , c'eft-à-dire , dès qu'il baif--- fera le nez , & qu'il prendra la portion qu'il avait précédemment ; ce qui lui donnera à entendre que , lorfqu'il reliera dans cette poiition , il fera à fon aife , ' il ne fouffrira point j &:, au contraire , des chevaux, \6^ jue , lorfqu'il en fortira , la douleur fui- Ta l'âdion ou mouvement qui le dé- )lacera : onenufera de même, quand il voudra forcer la main , faufTer l'enco- ure, qu'il fera inquiet, qu'il ira vite )ar boutades , je veux dire , qu'il fau- Ifa foutenir &: faire appui fur les bar- es 5 quand il voudra faufTer fon enco- ure j & rendre , quand on l'aura placé, i'il poufife le mords , ce que l'on nomme ùrer ou pefer à la main^ on foutiendra 3ar degrés , jufqu'à ce qu'il cède peu 3u beaucoup , puis fur le champ on fendra. On diminuera la prelîîon du i |niords avec les^ mêmes foins , dans l'in- fftant où l'animal inquiet ou ardent fera ' [tnoins de mouvement , & peu-^a-peu il redera en place comme un autre. Je Idis plus , avec ces moyens eniployés long-tems & à propos , il ferait pofîî- ible de rendre tranquille Ôc froid le cheval le plus ardent , parce que tout ce qui eft çtayé fur de bons principes j î 66 Defenfes &c fuivi long-tems avec exaditude mené à la perfeélion. L'animal qui n'eft point affoupli , ] deviendra bientôt , en travaillant a pas & au trot , s'il efl toujours ten dans la bonne attitude, ôc fi l'on donné ainli qu'il eft expliqué dans les leçons du jeu à fes membres, par degrés feld fa force. Celui qui a peu d'appui ê prend infenfiblement , lorfqu'on paf par tous les degrés de la main légère la main ferme , Se qu'on lui rend , d qu'il en prend un bon fur le mords. faudra faire connaître les aides à cei qui ont été mal menés par les faccad ou accoups de la main & des jambes comme je l'ai obfervé dans Iqs leçor On l'empêchera de ruer, en metta îe corps en arrière , de en enleva. î'avant-main , en chaîïànt vigoureuf ment en avant l'animal qui rue , €n le recevant dans les deux talon jiprfqu 'après avoir rué il retombe poi des chevaux. i6y •{îàire une autre foulée des pieds de i lerrière. ' On aura grand foin de cliaiTer Se •tendre par degrés les' chevaux qui fe etiennent par parelTe ou mauvaife vo- onté. Ceux qui font chatouilleux^ qui e retiennent, comme l'on die en terme le l'Art à l'éperon j doivent être chafTés .vec la gaule y en fermant les jambes ■n même temps que la gaule frappe fur es flancs , & par la fuite ils obéiront la jambe Se à l'éperon. Oii doit réveiller de temps en temps r/L des corrections , les chevaux mé- ancoliques , flegmatiques , froids ou riftes , en les pinçant des deux, lorf- [u'ils traînent leurs allures j Se fi par de- ;rès on aagmente l'aâjion , ils pour- ont devenir d'un bon Se agréable fer- ice y obfervant , toutefois , d'exiger >eaucoup moins de ces chevaux , Se de : lonner.des leçons très - courtes. Ceux mi font craintifs ^ timides ou iea% i6$ Défenfes blés 5 ne doivent être corrigés que I moins poiïible , & avec les châtiment les moins douloureux , fans quoi , ci ies verrait fe troubler à l'inftanr , 6 par conféquent ne point exécuter c que l'on exigerait d'eux , faute d'enten dre ce qu'on leur demande. Moyens généraux pour' les chevaux dan gereux. A l'égard des chevaux qui font im patients , ardents , colères , malicieux ^ qui font fouvent au défefpoir , a point de ne plus connaître de danger,; faut exiger d'eux très-peu dans lescom mencements de leur inftruétion. Il fat. leur paffer fouvent dgs fautes , pro portionner le travail à. leur force ^ à leu mémoire & à leur bonne ou mauvaii volonté ; les tenir très^ong- temps à 1 pième leçon, pour les bien confirme j^yant de paffer à une autre j les renie tr des chevaux: i6(^ TQ au cavefTon , ^ les mener fur le *:ercle a la moindre défenfe ou limple ■éfiftance j les flatter beaucoup & les .inir , lorfqu'ils -exécuteront ce qui leur [oûte le plus à faire. D'une chofe à [ autre , à l'aide de la plus conftante [vatiçnce , on les réduira ôc amènera a out ce qu'on peut exiger d'un cheval; moins que quelques -mis des vices ont nous venons de parler, ne fuifent ccafionnés par une mauvaife organi- ition 5 ou que la perfonne qui l'édu- lie n'eût point égard aux parties vi- iées de l'animal. Il y aurait beaucoup de chofes à dire ncore fur les défenfes des chevaux imingues &: autres ^ mais comme il e convient qu'aux vrais Écuyers d'en- eprendre de les corriger 6c de les iflruire , je m'en tiendrai à ce qui efî: îpliqué à cet égard , & je finirai par lelques remarques fur ce qui caufe la i^^erflté des caradères, H )[7<^ - T^iverfiti m* CHAPITRE VIL %)e. la diverjîté des caracières & dt ce qui les occafionne. JLrA facilité qu'ont les chevaux , ainl que piuiieurs autres quadrupèdes , à f( nourrir des végétaux qui fortent abon damment fur toute la furface de 1 terre , & à fe défaltérer de l'eau de fontaines & des ruilfeaux , les rendrai fauvages d/Z indomptables , fi l'homm induftriçux ne les avait pas fournis fes volontés , en les renfermant dar des écuries j &. faifant dépendre de li les moments de fatisfaire à leurs bi foins preiTants par la diftribution d( aliments qui leur font propres. C'eft raifon de ces befoins , auxquels noi fatisfaifons , quand nous le jugeons propos, que les chevaux les plus furiei des caraâères, \j\ fe laiiï'ent approcher , toucher , ferrer , feller , emboucher , panfer & battre iiicme par le palfrenier qui les foi- :ne, fans fe défendre, fur-tout quand il a l'intelligence de ne leur rien don- ler qu'après avoir obtenu d'eux ce qu'il .eut demande (i) j ce qui dans ce cas le fera qu'une récompenfe pour la fou- Tkilïion & obéifTance de l'animal, qui l'a aucunement befoin pour goûter le jien être attaché à fon exiflence , d'à- /oir des fers fous fes pieds , un mords lans la bouche , la felle fur le corps , ^ de plus un homme fouvent très- ncommode par le balancement irré- ^ulier de fon corps &C de fes jambes , k; une infinité de chofes qu'il exige Bal-â-propos. Ce fera avec des foins (i) Terme de Cavalerie dont on fe fert poiir exprimer ladtion de l'animal, qui obéit à ce qu'on ;xige de lui, eu égard à la volonté du Palfrenisî |ui le foJsne , ou du Cavalier qui le dreflè. Hz :Y72 Diverjiti bien dirigés , que l'on réuffira à leni faire entendre que les aliments qu'or leur donne ne leur parviennent qu'< xaifon de leur docilité & de leur obéif fance ; en un mot, que c'eft pour eux unf îiéceflité d'obéir , afin d'avoir tout c( qui leur convient. Ce principe fuiv avec intelligence , on pourra réduire ; pne alTez grande obéifTance les chevau: les plus fauyages & les plus dange reux , &: mener très-loin , avec le fc cours de la plus confiante patience cette première inftruélion, comme de le drefTer au montoir , fans qu'ils fafTei] aucun .mouvement ; de fe faire fuivrjrî fans tenir les xqïïqs , Se fimplemenç ej marchant devant eux ^ de les arrêter fu le champ , pour qu'ils reftent immobil les , en prononçant un mot de conveii tion (i/j de les drefTer au bruit dQS codI I lbMMiMa«IMM , (i) Qu'on fafTe attention a l'exacftitude & à 1 îlocilitë avec laquelle les chevaux de fomme & ê\ Vpitur^s s'arrêtent, partent, tournent à droite oi des caraâères. 175 le chaiTe 5 des armes à feu , du tom- )OLir & des intonations les plus terri, )les 5 &a ^.ndujlrïe des hommes pour foumcître & rendre les chevaux agréables. Les féconds moyens que les hom- les curieux & favants ont employés our dreiïer les chevaux , font les ca-^ siTes 5 les châtiments , la contrainte & i récompen£e occafionnée par la cefTa- ion ou moindre intenfîté de douleur.' ]es moyens né font pas auiîi puiiTants ue les premiers j mais comme ils font éitérés plus fouvent , ils produifent lus d'effet avec le temps. Le grand UT confiée à bien s'en fervir , en ju- eant du moment des degrés relatifs à action , à la mémoire , à la force , à la gauche , à la voix de leur conduâieur , fans qu il )it queftion de faire ufage des rênes , pour fe con-^ ùncre de ce dom ces animaux font capables* H 3 1 74 Diverfité fouplelTe 5 à la circonftance , à rinftnic- tion 5 & à la bonne ou mauvaife vo- lenré de l'animal que Ion éduque , ècc, Jmprejfwn des corps fur les organes des chevaux. Jugeons d'après les premières im- prellions des chevaux, 6c concluons que les habitudes qu'ils contractent avant Bc qu'elles em- ploient moins de force en exerçant* ^ ^K-' ipf CHAPITRE IX. t Des Principes pour dreffer les ch^ vaux au montoir* \ «cXpr È s qu'un cheval fera bien accoti- ( tuîmé à fouffrir la felle & la preflion des i fangles fans inquiétude, il faudra le : faire conduire dans un lieu éloigné du bruit, (& s'il fe peut fermé comme ua manège ) avec un bridon dans la bouche ôc un cavefTbn à la tête , comme fi on voulait le faire trotter à la longe. On approchera l'animal entre l'épaule 6c le ventre , pour éviter les coups de pieds 5 prenant la troifième pofition de la danfe, on faifira avec la main droite^ rétrier gauche, que l'on chauffera len- tement & fans toucher le ventre du cheval. S'il refte en place , il faut fur le champ ôter le pied de Tétrier & le flat- I z f$$ Moyens ter : Ci au contraire l'animal voulait s'en- fuir 5 on donnera de petites faccades du bridon que l'on tiendra, pour cet effet , dans la main gauche à rênes égales juf- qu'à.ce qu'il refte tranquille ; on fe fer^ vira aufïi de la voix , en même temps , pour chercher a. le calmer en pronon- çant le mot holà. Lorfqu'il reliera en place 5 quand on aura le pied à l'étrier , on fera delTus une légère prelîion , puis on le flattera , s'il refte immobile ; & par degrés on augmentera cette preflion jufqu'à faire porter le corps , obfervant continuellement de le flatter quand il refte en place , Se d'avoir recours aux légères faccades du bridon dès qu'il veut s'enfuir. Par ce moyen réitéré avec in-; telligçnce , pendant quelques jours , oni parviendra à le faire refter en place, im-i mobile , 6c à fouffrir le poids du Cava-i îier fur la felle ou fur la croupe; cm pourra fe fervir d'un marche-pied ou d'une échelle même ^ 6 l'on veut, pouc pour drejfer au montoir, îp7 icnonter Se enfourcher le cheval, aupara- 1 vant le ^lus inquiet & le plus {eniible. i II eft à remarquer que la correction du I bridon fera beaucoup plus d'effet , fi le i Cavalier a l'adreffe de s^qïi fervir dans irinftant que Tanimal inquiet fe dif- pofe à fe porter en avant ou à fe traver- fer \ car dans cette occafîon , comme dans toutes les autres , il efl infiniment plus avantageux de prévenir la faute ^ue de corriger^ fur-tout pour les çhe-^ Taux ardents &c fenfibles. t i jp& Moyens m > CHAPITRE X. J) es foins qu? il faut prendre pour dreffer les chevaux au feu. A-?AN s cette Leçon , comme dans tou- tes les autres , on ne doit jamais fe dé- partir d'une patience à toute épreuve , 1 il Ton veut accélérer Tinflruétion d'un Élève. Avec cette qualité que doivent . indifpenfablement avoir les perfonnes qui s'occupent à exercer & à drefTer les chevaux , elles parviendront , à l'aide du temps & des gradations bien obfer- vées à accoutumer au feu, au bruit dui tambour, auxfons aigus des trompettes,: au cliquetis des armes de toute efpèce èc aux détonations les plus confidéra- bles , le cheval le plus fougueux & le plus ombrageux. j)Our drejfer au fem ipp 'Précis de ce qu il faut mettre en pratique pour remplir ces ~vues. Soit que la perfonne , qui fe charge ;de ce foin , monte ou ne monte pas Pa- ; aimai , auquel il faut mettre un cavefTon, jelle fera jouer les refforts du chien ou idu baiîînet d'une arm^ à feu, puis la ipréfentera au cheval pour la lui faire ! flairer. S'il s'en effraie , il faudra le cal- .mer de la voix , en l'approchant avec [foin 5 Se dès qu'il fera un peu tranquille, ' jle flatter long-temps avec la main ; en-, fuite on ajoutera , au bruit des r efforts , dès la première leçon, une amorce , : jayant l'attention de laiffer voir à l'ani- niai tout ce que l'on fait. L'amorce étant jbrûlée , il faudra de nouveau lui pré- fenter l'arme , &: la lui faire fentir jufqu'à ce qu'il ne s'en effraie pas, avant que de recommencer, en conti- nuant de le flatter dès qu'il eft tran- I 4 Stôo Moyens quille j ôter de fa préfence ^ dans cet inftant feulement, l'objet de fa peur, êc le ramener à la même place qu'il aura d'abord occupé , s'il s'en était un peu écarté , en fe fervant du bridon 6ç du cavefTon. Quand il fera bien açcou- mmé à ce petit éclair que produit l'a- morce en brûlant, on ajoutera une pe- tite charge , qu'il faudra graduellement augmenter , de proportionnellement au plus ou moins d'inquiétude ou de tran- quillité qu'on appercevra en lui. Si l'on donne cette leçon à la fin d'une journée fatigante , par le grand exercice qu'il aura fait, il y aura beaucoup plus de facilité & de fuccès. Il faut avoir le ( plus grand foin de ne jamais brûler îe'i cheval avec les amorces, ni le toucher i avec quelques grains de poudre en fai- fant feu. Cela retarderait confidérable- ment l'inftrudion , &c même ferait nian-. quer le but. Quant au grand nombre de grada- pour dreffer au feu. 20 r îiions que 1 on trouve écrites dans plu- sieurs ouvrages 3 & jufques dans celui [de l'Encyclopédie 5 je penfe, d'après les [:onvid;ions d^une afTez longue expé- Irîence, qu'il y en a beaucoup d'inutiles^ ':elles , par exemple , que la précaution Ipe l'on prend de cacher l'arme au che- i>al qu'on veut drefTer au feu , de [nettre un piflolet dans l'auge quand il {nange l'avoine, de frapper avec un gros î)âton fur une porte , de faire fentir odeur de la poudre , &c. en faifant ^îiouvoir le chien ou la batterie d'une [ firme à feu , fans la préfenter au cheval i|ui ne la connaît pas ; en brûlant même les amorces :fi cela fe paffe fans qu'il le 7oye , on s'appercevra fûrement qu'il l'en tiendra aucun compte , parce que le bruit fera moins grand que celui qu'il ' entend tous les jours autour de lui , qui le lui fait cependant ni mal ni bien , feules caufes qui pourraient le rendre 'ittentif & le porter à rechercher ou crain* 5>02 Moyens dré*la chofe. La fumée n'effraie les che- ^ vaux qu'à caufe du bruit qui la précède, ôc dont elle eft la fuite vifible par l'effet prompt qui ébranle fortement leur tym- pan, de fiit mouvoir le poil dont ils font « «ouverts pendant les vibrations de l'air i ^laté par la chaleur lors de l'explofîon; tn frappant contre une porte , on caufe- tme furprife aux chevaux , femblable à celle que nous éprouvons quand quel- que bruit arrive Se frappe fortement nos organes avant la réflexion; fentiment que tous les raifonnements ne fautaient détruire, mais feulement modifier. On juge bien que les animaux ne fe corri- gent pas plus que nous de la furprife ^ il efl donc indifpenfable de leur faire j voir l'objet qui produit tel effet , félon,; tels ou tels mouvements ou prépara:^^' rions qui J'annoncent , difpofent l'or- ■ gane qui doit être affeâ:é à en recevoir, l'impreflion , ôc la rendent , dans ç^y, cas , plus fupportable. .w^ pour drejjer au feu. 203 \Que ks animaux regardent le mouve-- ' ment comme une qualité dépendante des corps. Quoique j'aie dit ailleurs que les ani* imaux n'ont qu'une idée incomplexe des jcorps, c'eft-à-dire, de leur exiftence lim- Iplement, je n'ai point prétendu exclure Ide leurs connaifTances ^ celle du mou- vement qui peut ajouter à cette exif- [tence un choc douloureux, par leur ren- contre avec le corps de l'animal j car lî un bâton levé par la main d'un homme, iou quelqu' autre caufe , tombe fur lui ; une autre fois lorfqu'il le reverra levé y jquoiqu'immobile , ainfî que le fouet iqui l'aura pincé en claquant , lui en fe- jpont craindre le mouvement & le bruit. Le fixement de la gaule , le mouvemenc ( des jambes du Cavalier , qui aura cor- figé des deux éperons ^ produiront le 1 lîième effet. Ainfî la pofition , la confi-r guration &: le mouvement donnés à ceCf 16 ao^ Moyens tains corps dans différents degrés, feront • ce que nous appelions les aides , con- féquemment rendront attentif, & don- neront de la crainte à ranimai qui les . verra * quand ces degrés feront confidé- rables , & que la caufe ne lui en feraè i pas connue par des épreuves réitérées a i propos, alors l'effroi 8c la terreur s'eid^î- pareront de lui , il fuira & fe précipi- tera même dans un abîme , parce que • fes facultés étant toutes à l'objet qui i Teffraie , il n'aura pas le temps de conv^ - parer & de juger fi le danger qui lui- fait prendre la fuite eft moins grand' que celui où il court (i). . ( i) On a eflayé fans fuccès dans ^ufîeurs Corp^ ! âe Cavalerie, de drefler au feu beaucoup de .che4' ^ yaax enfemble dans une même écurie , en tirant t des coups de piftolets tous les jours avant de leur dcmner l'avoine. On fe ferait difpenfe de ce foin, fouvent inutile , fi l'on avait réfléchi qu'il ne faut qu'un cheval peureux pour effrayer tous les'autr^ i your drejfer au feu. 20 ;^ Dans cette occafion , comme dans toutes les autres , concernant l'inflruc- tion des chevaux, j'étaie mes principes de pareils raifonnements qui me fem- blent être puifés dans la nature. Si l'on en prouve la faulTeté , je conviendrai que tout ce que j'ai écrit fur TÉqui ta- lion jn'efî: qu'une longue èc permanente erreur^ fl, au contraire, ils s'accordent avec la vérité , que l'on ne foit pas étonnés fi mes principes différent dans, beaucoup d'endroits de ceux qu'on a donnés , dont j'ai toujours été .mécon- tent, & defquels, néanmoins, je n'au- rais rien dit, fi la vérité, en fait d'art & de connaiiïance utiles , devait relier fans vigueur» par k bruit feul qu'il fait avec fes nafeàax, a-peU"" près fe.mblable à celui qu'on rend par le mot ébrouer. Il eft donc indirpenfabîe , pour bien àttC- fer les chevaux aufeu, de les accoutumer un à ui^ dans un lieu écarté. 206 Des Aides CHAPITRE XL Des Aides ^ des Châtiments y de la pofition de la main ù de fes f effets. \^'e s t moins rénnmcration , les divi-» fions ou fubdivilions des aides , que • celle de leurs degrés & des effets rela^ tifs a ces degrés , que je fais dans ce Chapitre. Les meilleurs Auteurs que je connoilTe fur l'Équitation, ont dit : «« que î 35 les aides étaient des avertiffements que • 55 Ton donnait aux chevaux,qu'ils allaient t 55 être corrigés s'ils n'ohéifïaient pas \ 55 promptement aux mouvements du Ca- ■ 35 valier; que les châtiments devaient t » leur infpirer de la crainte, & les faire ; 55 obéir : que les chevaux ont trois fens i 35 fur lefquels on peut opérer : le fens 53 du toucher, celui de l'ouïe & celui de & des Châtiments, 207 >ï la vue j que c'eft dans l'accord des a> aides avec les opérations de la main jf.que l'on peut bien drefler un cheval ; ï\ que les aides coniîftent dans les diffé- >vrents mouvements de la main qui <>l tient la bride , dans l'appel de la lan* s> gue, dans le fifflement ôcle toucher » de la gaule , dans le mouvement des 1» cuifTes 5 des jarrets & des gras de M jambe , dans la manière de pefer fur n les étriers & dans le pincer délicat de m. l'éperon ; que les mouvements de la u* main font de la baiiïer ou de la lever, >vde la porter à droite ou à gauche en fa> fauiTant , arrondiflant > & enfin en » eftropiant le poignet ; que l'on ap- I», pelle de la langue, en la repliant vers 15» le palais \ qu'on fait fiffler la gaule, en i»î.la baifTant en avant & en arrière , qu'il '5> y a dans les jambes du Cavalier cinq i » aides , c'eft-à-dire , cinq mouvements, j?* celui àQS cuifTes , celui des jarrets , II» celui des gras de jambe ôc celui du èo8 Des Aides 35 pincer délicat de réperon , Sec. (i) yu' Tous ces dérails qu'on trouve dans M, de la Guériniere , & dans beaucoup d'autres 5 n'inftruifent point un Elève ni les amateurs qui les étudient : il faut en venir aux degrés nécefifaires fuivant les cas, dont je vais donner une idée par les explications fuivantes. (i) Voyez École de Cavalerie , par M. de la Guériniere. S'il y a cir^q mouvements ou aides dans les jambes , celui des cuifîes n'en doit pas être un 3 j'ajouterai même que l'aide du pincer- ^ délicat de l'éperon doit être Tupprimée , parce que le pincer eft une correction par la douleur aiguë qu'il fait fentir à l'animal. Que feront donc les châtiments , fi les éperons font des aides ? Cet Auteur ne parle point des effets de l'aide du corps," la plus nécefîaire, la plus employée, celle enfin • dont toutes les autres dépendent j & cependant quel efl l'homme de cheval qui ne conviendra pas que c'eil avec l'aide du corps qu'il tient droit, chafTe , arrête , calme , occupe & contient â chaque jaftam le cheval qui exerce fous Jui î & des Châtiments. aop PRINCIPES. Toutes les aides, quoiqu'on en dife , : peuvent devenir plus ou moins fortes 6c plus ou moins douces. Ce font les de- grés qui les augmentent ou les modi- fient, pourvu que l'on aitTaffiette ferme ;& aifée , qui procure l'avantage de s'en fervir à volonté. Commençons par l'aide du corps , qui eft la plus généralement employée , 3c fans laquelle toutes les autres ne font rien. Je fuppofe que l'on exerce un jeune cheval qui n'aura eu que très-peu de leçons j foit par gaieté ^ ignorance ou malice , ranimai fe traver- sera, bondira , fe déplacera, ira vite ou trop doucement j fera trop raffemblé du [marchera d'un pas ou trot lâche , en traî- nant la cadence , ira l'entrepas , le tra- quenard ou l'amble, Ôccj s'il fe traverfe, l'aflîette concourra à le contenir ou à le redrefTer en prefTant de l'une ou de l'autre des felTes ; on foutiendra la main en fe- 21 o Des Aides grandiflaiît; on s'aidera même àts jam- bes 5 jufqu'à ce que le cheval foit droit, puis on rendra, & on fe mollira dans route rhabitude de la machine , en s'u- niflant bien à fes mouvements , ce qui le mettra à fon aife, quand il fera droit, & lui donnera à entendre , comme je 1 ai dit dans mes Leçons , qu'il doit y refter pour n'être point inquiété. Si l'animal ne vous comprend pas cette première fois , ce qu'il ne faut pas ima- giner, à moins qu'on ne croie que le ha- fard l'ait fait obéir , on recommencera fans impatience , & fans lui faire de correction j ce que je viens d'expliquer, & il fentira alors les épreuves que l'on» fait fur lui , qui le mettent plus o^. moins a fon aife. Degrés ou puîjfance plus ou moins grande [ des aides relative au befoin. Pour redrefïer l'animal , vous aurez d'abord foutenu légèrement la mainj & des Châtiments. 211 i;*il n a pas répondu à ce premier degré l'impreflion , vous pafTez à un fécond , L un troifîème , Se de plus en plus , juf- p'à ce qu'il réponde; la prefïîon des ^qÇ^qs aura aufîî augmenté au même inf- i.ant par degrés ; la jambe qui efl venue l l'aide, en aura fait autant. Si enfin il le répondait point à ces degrés bien mé- ; lagés & répétés , c'eft dans ce cas qu'il faut le châtier avec les éperons , en le pinçant vigoureufement des deux pour le rendre attentif, alors il comprendra. On m'objeétera, peut-être, que, le cheval dans les commencements fe traverfant à chaque inftant, il faudrait donc fans celle le corriger. Je réponds qu'un châ- timent, bien employé, tient un cheval en crainte très-long-temps , &: que , d'ailleurs , il ne fera pas nécefTaire de le corriger , fi on lui a fait connaître les aides , comme je vais l'expliquer ci-après. Revenons auparavant aux mauvaifes 212 Des Aides habitudes dont j'ai parle. Si le cheva voulait bondir fur le fol , courir , palTei d'une allure à l'autre , fi feulement i. avait un pieu d'inquiétude , foyez ferme 3c en même temps liant fur la felle : marquez quelques demi-arrêts, & ren- dez à propos fans le contraindre ; ne donnez point trop de liberté , ôc vous verrez qu'il fe calmera. Se obéira tout de fuite , réglera fon allure aux mouve- ments de votre main ; s'allongera, s'il eft chalTé des jambes , quand il eft trop raf- fembléj & enfin, s'il fe déplaçait, ilfe corrigera, ii le Cavalier pratique ce qui a été dit aux Leçons Ôc au Chapitre des défenfes des chevaux, où je renvoie mes Lecfteurs , pour ne pas me répéter. Veut-on faire connaître à l'animal l'aide des jambes? qu'on les approche de fon ventre, s'il n'augmente pas fon action ou allure , il faudra prefTer un peu plus en rapprochant les deux talons pour le pincer, s'il n'a pas répondu à la dernière & des Châtiments: 213 )refÏÏon. On obfervera de plier les reins ,)our n'être point dérangé par le choc l)ccafîonné par une ruade ou par un faut en avant j on ne doit point ouvrir ^les genoux; on rendra , avant de pincer, ;|)C on laifTera tomber , moëileufemenc , lies deux jambes , après être refté un !|emps les mollettes furie ventre de Ta- iiimal d'une force égale. On recom^- nencera un inftant après; s'il ne répon- ijait point encore , on répétera trois ou [iiatre femblables épreuves , qui doivent ai faire connaître que l'approche Aqs : jambes eft fuivie d'une douleur aiguc, '<, qu'il faut , pour l'éviter , qu'il fe ,)orte en avant dès qu'elles touchent fon )oil. Lorfqu'enfuite de cette combinai- on d'aides , le cheval fe portera en ivant 5 le Cavalier aura grand foin de ailfer tomber fes jambes tout de fuite, ifin de lui donner à entendre qu'il ne era point corrigé, s'il obéit à leur appro- dh«. Veut-on unir, raffembler 3 enlevei? âi^ ï>es Aideè le devant, tourner à droite ou à gauche on n'a qu'à foutenir la main en fe gran diiïànt, en même temps que Ton ferm ou approche les gras de jambe jufqu ce que Ton fente que l'animal eft ai point où on le defire proportionnémen à fa force, à fa fouplefTe &: au degré d'ini truâ:ion où il peut être j & rendre ai moment où l'on trouve qu'il eft bien en laiflant , de même , tomber douce ment lès jambes qui chaflàient les han ches pendant que la main retenait le épaules. Il faut obferver que , iî l'o] chalTe trop, il force la main \ Ôc que, i l'on ne chaiTe pas aflTez , il ne fe raffem ble pas j mais que, fi l'on retient autan qu'on chalTe , pour lors on aura trouv l'accord ôc l'harmonie dont on a parl< avec tant d'emphafe dans 'les traités di Cavalerie, fans expliquer quels étaien les mouvements iimples qui condui- faient à cet accord. On parviendroit ; l&ndurcir un cheval aux aides , en em- & des Châtiments. ûij ployant les moyens contraires a ceux que Je viens d'expliquer (i). (i) Ce ferait ici le cas de réfoudre la fameufè queftion, qui a fait depuis bien du temps ptufieurs partie , favoir s'il convient mieux de fe {ervir des deux jambes ou d'une feule. Je ne déciderai pas, mais je donnerai mon avis. Je penfe ( & la prati- . que me l'a fait fentir , quand il n'y aurait pas d'au- itres raifons à donner, ) qu'il y a plus de juftefTe & de précifion, plus d'art enfin à redreffer , contenir & mener droit, enlever, tourner à droite ou à gauche l'animal que l'on drefîe avec la rêne de dehors & la jambe de dedans , qu'avec les deux jambes. Quand un cheval aura la tête bien placée [ainfique l'encolure , quand il fera un peu confirmé dans la belle attitude, qu'on approche la jambe ée dedans pour le porter en avant , & que l'on i;fente la rêne de dehors à un degré convenable pour contenir la croupe fans qu'il déplace la tête & l'encolure ; on tournera alors dans les coins Sç I dans les doublés avec beaucoup plus de précifion i & plus facilement , que fi l'on avait accoutumé le ! cheval à obéir aux deux jambes. On ne manquera fpas de m'objcfter encore que la grande difficulçç I izi6 Des Aides • Il y a des perfonnes qui frappent avec les talons, de furprife, &avec vélocité, un cheval , croyant lui faire connaître coniîfte précifément a porter un clieval en avança & à le ralTèmblerfansle faire traverfer. Jerépon-i drai toujours avec la même confiance que c'eftcc qu'on peut lui apprendre avec de la patience & un i peu d'art. Par exemple , fans qu'il foit mêmequelr i tion de la rêne de dehors , je veux porter mon cheval en avant; j'approche très-doucement la' fambe de dedans en baiiïant la main, l'animal quii . la connaît, allongera davantage fon allure & peut- être poufTera un peu la croupe du côté oppofé,^' pour s'éloigner de la douleur qui le n^enaee. Ji' recommencerai dix fois de fuite cette épreuve fans lui faire de mal : pour lors il ne prendra plu^i la peine de fe traverfer, parce qii^il lui efi: plus £zri cile d'employer fes forces à s'étendre qu'à fe tra-J verfer. Dans ce moment je le flatterai & finirai i même la reprife immédiatement après. Si je ra'é-': tais aidé de TappeJ de la langue ou du fîffleménti de la gaule, &, qui plus eft, de la rêne de dehors,": en même temps que j'approchais la jambe ^ on^] comprend que j'aurais réuffi plutôt j mais pou^J lesi ù des Châtiments, iij ks aides j mais ils ne font que le rendre inquiet & dangereux , en le piiniiïant lainfî d'une faute qu'il n'a pas connue ;& qu'il n'a pas faite, parce qu'il n'a pas le don de deviner les volontés ou les caprices d'un tel Cavalier, (,.,_' ' Pqfit'wn de la main, La podtion de la main doit être. i(comme je l'ai dit dans la differtatioit :fur la pofture à cheval ) à trois pouces du corps, 6c fur la ligne de l'avant-bras ; le^poignetn^ doit point être arrondi. Le petit doigt ne doit pas être plus près du corps que le pouce, parce que cela ne produit aucun bon effet , -quoi qu'en :ouper plus court & éviter tant de longs raifon- aements, je foutiens que la main dirige ianimaî 5c le contient droit, âfaide d'une bonne afiiette. Se que la jarabc ou les jambes ne doivent que ai 8 Des Aides aient dit plufieurs Auteurs (i). Si Von* tient le bridon ordinaire pour drefTer un jeune cheval,on aura les deux mains vis- à-vis l'une de l'autre , les ongles un peu en-deilcuSjles deux poignets à deux pieds de diftance , & un peu plus bas que l'ar- ticulation des coudes que l'on ne tiendra ni ferrés au corps ni trop élevés. 11 paraîtra un peu ridicule que je re- commande de tenir les poignets à deux pieds l'un de l'autre , mais ii l'on réflé- chit à l'avantage que l'on a pour tenir (t) Les perfonnes parce que l'opération eft plus fîm- )le. Mais il s'agit moins ici d'indiquet* a manière de tenir les rênes , de rendre a bride de la main droite , & faire des ilefcentes de main, que de faire fentir i 'effet des degrés de preflîon , l'inftant )ii il faut rendre , ce qui occafionne le |)on appui 5 & l'obéifïance prompte de l'animal aux mouvements plus ou moins inodifiés de la main (i ). 'i (i) Je ne fais pas encore fur quoi porte ce^ [u on a recherché dans quelques Ouvrages de Cavalerie ^ en difant , tourne:^ les ongles en-dejjus^ n-dej/ous , à droite ou à gauche ^ pour avancer, eculer , aller à droite ou à gauche. Outre que ces nouvements font privés de grâce, ils font encore perdre un temps , roidiflent le poignet , le bras & bêrae l'épaule ,en troublant fouventle cheval par l'impredion variée du mords, occafîonnée par ces ■:ontoifîons déplacées. Il m'a femblë de même rès-inutile qu'on ait parlé de la finefle du taâ: , 1^ la délicatefTe de la l'nain , des houpes nerveufes llont chacun eft plus ou moins pourvu. Je dis fut K 3 . ■213 1Des Aides Avant de parler de la bride , je dois parler du bridon avec lequel on commence à exercer le cheval , & des moyens qu'on met en ufage pour lui placer Tencolure & la tête : par exem- ple, on marque un demi-arrêt en foute- liant les deux mains j l'effet qu'il pro- duit fur les lèvres, fait lever la tête & Tencolure, & facilite les épaules à fe mouvoir. Si Ton apperçoitque l'encolure foit pliée , la tête placée , & que Tani- mal ait un certain jeu dans les épaules j nécefîàire pour les dénouer & les affou- plir , pendant la prefîîon du bridon fui les lèvres , il faut baiÏÏer les deux mains iîmplement pour le mettre à Taife , & cela que ranimai doit avoir un bon appui qui foii fenti par toutes les mains, excepté par celles qsi feraient paralytiques ou qui auraient chaufle ur gant de fer. A mon avis, tous ces rafînementî peuvent féduire les ignorants, mais nulkmeïii hiilriùre* Ê* des Châtiments* 22^ I lui donner à entendre que c'eft ce qu on exige de lui. Porte-t-il aiïez haut , veut- on lui ramener le nez ? on augmente la i prefïîon , par des degrés très-ménages , ! jufqu'a ce qu'il fe rapproche de la ligne I perpendiculaire, pour rendre moindre i cette prefîion ; alors on rend à l'inflant, j Si, au contraire, la douleur qu'elle oc- 5 cafîonne lui faifait lever & tendre le nez [en avant , il faudrait, dans ce ca-s, te- i nir conftamment le même degré jufqu a I ce qu'il ait cherché lz\ poiition où il n€ \ fentira plus de douleur , qu'il trouvera en baiiïànt le nez. Dès-lors, on le laifTera I libre , le plus qu'on pourra , dans cette pofition , en commençant à Tindruire ; I & on s'appercevra , en peu de temps» j qu'il la prendra , dès qu'on voudra faire I une nouvelle prefîion Hans le demi-ar- i' rêt : voila comme , avec des moyens fîmples , on peut parvenir à faire de grandes chofes en fait d'inftrudbion pour les animaux. ;. K4 Û24 I^s Aides Aduellemenc que nous avons affoit^ pli, placé ôc confirme dans le beau pH le cheval avec le bridon , il s*agit de . l'exercer avec la bride. Je dois prévenir qu'elle ramène & abaiiTe la tête de rari] uimal 5 par l'effet de la baflècule oi ievier des branches du mords , eu égard^ à la gourmette , ôc qu'il faut bien exac- tement éviter de rendre, fi la tête elt baiïe après l'effet du demi-arrêt , mais feulement quand il ramène le nez , Se qu'il le rapproche de la ligne perpendi-s eulaire dont nous avons parlé (i ). ( i) Je préfère de laifTer le nez un peu au vent aux chevaux que je place : la tête dans une ligne perpendiculaire à l'horifon n eft pas tout-â-faic i aufïi hautes & les chevaux qui ont beaucoup de ganache , un cou de hache , ou qui ont ce que nous nommons la tête mal attachée , fê trouvent gênés. L'encolure fe roidit par la contrainte qu'exige cette dernière pofition. Il eft , âla vérité, plus difficile de placer la tête & rafTurer dans la i £-» des Châtiments» ai^ Epreuve, • Vous marquez un demi -arrêt rrès- ll-èncement , foie pour ralentir l'allure ^ redre-fiTer ou raflembler le cheval que W5us exercez , malgré la précaution que Mous aurez prife de tempérer les mou- Nréments de la main, l'animal fenfible, iiipatient , qui cherche à fe dérober i i'impreiîion du mords, tire ou pèfe iefuis , voudrait la forcer en pouffant fur l'embouchure , fe retient ou s'ar- :cte , dcc. (i) Veut - il fe déroter à première ; mais on court moins le rifque d'enca- puchonner un ckeval , qu'en fuivant la féconde : défaut que l'on corrige difficilement , fur-tout i iquand le fujet a l'encolure faible. t ( i) Je fuppofe ici un cheval exercé par un jgno' l^nt , qui 5 par des entreprifes réitérées autant que déplacées , lui aara fait contracter toutes les maa- Ivaifes habitudes dont je parle. Ce cheval doit être i 'cyercé en bridon j mais comme il eft qudlion ki K ç I H2.6 Des Aides Tappui? rélîftez amplement , tant que fa tête fera en mouvement, & rendez, dès qu'il foufFrira l'appui un inftant. Re- commencez dix fois cette épreuve, 6c vous fixerez fa tête. Dès que l'animal Teftera ainfi , fans mouvement , à l'im- preiïîon du mords , cherchez , en mar- quant le demi-arrêt , à le placer & d lui élever la ûzq de plus en plus , & quand il fera au point où vous le defirez , ren- dez fur le champ. Vous verrez qu'en très -peu de temps votre Elève fera bien exactement vos volontés , pourvu que vos principes foient bien fuivis, & que vous mettiez bien tous les à-propos dont je viens de donner une idée. Vous obferverezque ce n'eft pas tout de fuite, Bc en commençant, que vous pourrez placer parfaitement un cheval , & qu'il ^'expliqueu& faire fentir les moyens fîmples qui peuvent le corriger & le foumettre , j'exagère, même ces défagréablefe habitudes. ù des Châtiments. 22 j . ne faut ramener à ce point que peu-a- ; peu. S'il bat à la main, ufez-en ainfî que ! je viens de le dire : s'il tire, prefTe defï'us, 1 DU veut la forcer , loin de lui céder , en i modifiant ce degré, augmentez-le jufqu'à i ce qu'il réponde, peu ou beaucoup, à l'ap- ^ j piii du mords, avant que vous rendiez; j sfilfe retient,s'arrête ou recule, baifTezla main en le chaflTant vigoureufement en avant avec les deux mollettes, en afTu- 5; rant bien votre aflîette , pour être à même de le reprendre fur le champ , s'il fe difpofait à refter en place , après l'é- .. lan qu'il aura pris pour fe poufïer en. avant, à la première correction. Ac- tuellement, je fuppofe que vos princi- pes &c vos bonnes leçons auront produit le bon effet de placer l'encolure 5c la tête de l'Elève que vous avez exercé ; •qu'il fupporte fans inquiétude , Se ré- pond à l'appui du m.ords; qu'il fe raf- femble & fe plie facilement des deui. côtés à volonté, pout que la main di- K ^ 228 Des Aides rige, enlève, arrête, recule, redrefTe, tourne à droite Se à gauche la machine, comme un Pilote , avec Ion gouver- nail, fait fendre Tonde auvailTeau qu'il dirige , à l'aide des vents. Vous devez: obferver il, en chafifant l'animal de la jambe , il fe poufTc afTez en avant , afin que k main qui retient fente les épau- les bien mouvoir. Explication. Par exemple , £\ tous vouliez toEr- ner à droite ou à gauche, aller la têtea^ i ^ur à l'une & à Tautre main j pour pea que vous fentiez, dis-je, dans les demif arrêts , que les épaules fe meuvent en t même temps que la tête ôc l'encolure , , comme s'il n'y avait point d'articulas- • tioû de Tune à l'autre de ces parties , , pour iors vous aurez foin de rendre y ÔC Ây au contraire, la tête Se l'encolure fai- jfaient \m mouvement fans que les épau- ù des Châtiments. 22^ i les ou les pieds de devant agilfent egale- I jnent & concurremment , vous foutien- I d'rez, dans ce cas, la main de plus en i plus fort, ou vous marquerez plufieurs I demi-arrêts, jufqu'à ce que vous ayez \ fenri ce que je viens d'expliquer. Vou- j lez-vous redrelFer la croupe en chemi- 1 nant dans le droit ou en paiTageant? aî- i dez-vous de Talliette en même temps i que vous marquerez des demi-arrêts y I augmentez le degré de prefTion du ' mords, plus ou moins, félon l'activité ; de l'animal , foie en avant ou de coté ; fentez que les jambes de derrière agif- I ïent en même temps que celles de de- vant , Se vous rendrez , dans ce cas , pour aiïiijettir moins votre Elève, qui, [ car de fréquentes répétitions, ne tardera i pas a fentir la néceiîité d'accompagner i'aélion du devant avec les hanches, i pour avoir la récompenfe que vous lui i avez fi fouvent donnée en faifant ceiTer la douleur pat une moindre preffioni 2 30 Des Aides Vous obfei'verez que vos demi-arrêts , en drefTant l'animal, lui communiquent la-plomb plus ou moins exaét que vous aurez fur lui. Voilà la perfection de la {c'iQncQ de dreffer, foumettre , rendre légers 5 adroits , célères &c agréables , les chevaux les plus dangereux. Sans le fecours de ces moyens, il efl impoiîible d'y réulîir ( i ). (i) Pour que la main puiffe mettre d*à-pIomb i le cheval & le tenir droit, il faut qu'il foit bien i placé. Ceft de-là que dépend la juftefle dans tous i les airs & toutes les allures. Le pli de l'encolurç ( qui fait fentir la rêne de dehors beaucoup plus ! que celle de dedans eft encore une raifon pour que Ton ne fe ferve pas des deux jambes en chaA fant l'animal en avant, dans le cas ou il ne ferait t pas affez inftruit pour refter bien droit , quand hs s temps de la main , à l'aide d'une bonne affiette , , dirigent & redrefTent la machine qui eft en mou- vement. Ce pli doit, être toujours en-dedans tant f pour la^race & la néceflîté de faire voir au cheval le chemiu ou la ligne qu'il doit fuivre , que pour & des Cfiâtïments. 231 foutenir par les demi-arrêts les épaules qui toir- bcnc dans les tournants , foit aux coins 3 aux dou* blés, foie en exerçant fur des cercles j outre que, la mafTe étant plus ou moins inclinée, fuivant la rapidité de l'allure du côté ûir lequel on tourne, les jambes qui en font les relTorts & la bafe étant dans une pofition oblique eu égard au plan, les temps d'arrêt fur un cbeval bien placé foulagent beaucoup ces parties. Voilà comme un bon Ca* valier fentant bien fon cheval & le foutenant a propos , le conferve , pendant qu'un ignorant le détruit. X 232 Choix des Selles CHAPITRE XII. I Du choix des Selles ^ des Brides j^, & des principaux moyens de conferver les chevaux. X RESQUE tous les Artiftes qui ont tra- vaillé à l'équippement des chevaux de felle , femblent , ainfi que les innova- teurs , n'avoir tourné leurs foins qu'à en augmenter le nombre, loin d'en fîm- plifier la ftruécure. Je ne fuis pas furpris que les ouvriers , guidés par l'intérêt , aient cherché il changer la forme des feiles & des embouchures , foit que les connailfances qu'ils ont ne s'étendent pas bien loin , foit que l'avantage qu'il y a pour eux , en vendant des chofes de nouvelle invention , les ait empêchés de perfeélionner ce qu'ils ont fait j mai$ & des Brides. 233 je ne puis revenir de mon étonnement, lorfque je vois que tant d'amateurs &c j'Ecuyers intelligents n'ont point pris fur eux de fixer, par un bon choix , l'el^ Dcce de Telles Se de brides qui ferait la plus convenable pour ne point blefTer ni gêner le cheval , 3c mettre à Taife le Cavalier (i). (i)Ce n*eft point en multipliant, mais en fîm- plifiant les êtres , que les hommes pourront fe pro- curer des avantages réels : car nous fommes très- fbuvent à plaindre d'avoir rafferablé autour de nous une infinité de chofes inutiles qu'il faut tranf^ porter d'un lieu à un autre, foigner, entretenir Se placer avec précaution, &c. Ce que j'écris, me rappelle les peines que j'ai vu prendre aux trou- pes , fur-tout à celles qui font à cheval , qui Ce chargent d'une quantité de chofes qui ne fervent qu'à leur faire employer un temps précieux â détruire leurs forces , au-lieu de les réparer dans les moments de tranquillité que les circonftances permettent de prendre a la guerre. Il faut raffem^ hier ces inutilités éparfes au moment d'un départ, 234 Choix des Selles Je ne m'arrêterai point à donner Ati raifons pour prouver qu'il y a beaucoup de felles aufli inutiles qu'elles font in- foit en route, foitau camp, on la nécefTitë oblige fouvenc de partir de nuit. On charge fon cheval le plus vite que l'on peut , fouvent tout de travers, pour n'avoir pas pris le temps & les précautions néceflaires : l'animal refte long- temps chargé par les retards qui furviennent j les parties qui fup- portent le fardeau, meurtries delà veille, le font foufFrir ; il fe couche , il fe roule , & au moment où il faudrait être prêt , il fe trouve en défordre-j il eft enfin continuellement accablé par une malïe qui fait tourner la felle, le bleffc & incomir mode le Cavalier : il faut cependant courir, for- mer l'efcadron , faire des évolutions , gravir ou defcendre des montagnes, pafTer de mauvais pas; enfin pourfuivre ou charger l'ennemi. Il eft vrai que , depuis quelques années, on prend des foins pour empêcher que les Cavaliers, Dragons ^ Hufîàrds ne chaigent point trop leurs chevaux J mais ils ne font jamais proportionnés aux befoins, parce qu'on apprécie mal l'importance de ces i| foins. ' & des Brides. 23 j j:ommodes. Il fufKra , je penfe, d'indi- f|uer celles qui conviennent, pour qu'on (les préfère aux autres. On ne peut dif- [ convenir que la felle la plus légère, qui ! rapproche le plus du corps du cheval ^fans le bleffer, dont le fiège afïïire & [met à Taife le Cavalier , eft la bonne ; Telle , èc par conféquent , doit être re- gardée comme la plus rconvenable. La felle à la royale ou de maître , étant bien finie , fera très-commode fans être trop pefante, & remplira lobjet qu'on doit avoir en vue , qui eft de s'afTurer te exercer commodément à cheval fans [ibleiïer ni trop charger l'animal (i ). 1 {i) On peut fe fervir d'une felle rafe ou à l'An- l'glaife', qui fera plus légère; mais le Cavalier ne > fera pas aufli ferme ni aufïî à fon aife , à beaucoup \ près, qu€ fur la felle de maître. Les Chafleurs qui ont un bon à-plomb , peuvent la préférer j mais ceux qui n'ont pas cet avantage fatiguent I infiniment plus leur cheval par le balancement da 2^6 Choix des Selles Précis de ce qu'il faut obferver pour qu'une /elle ne blejfe point les chevaux & foit commode au Cavalier, Le fiè^e doit être fur une li^ne hori- fontale ^ rembourré très-ferme , & plus corps & par les accoups, que C\ l'animal portait tine felle beaucoup plus pefante , qui afTureiait le Cavalier & Munirait un peu plus à fea mouvements. Meffieurs les Anglais , qui fe tiennent à cheval avec les genoux, fur la pointe des pieds, en preA fant fur les étriers, & qui enfin , avec le fecours de la main , s'attachent aux doubles rênes qu'il y a à la bride appellée à. TAnglaife , ( dont l'effet eft très-peu fenfîble aux chevaux , ) peuvent s*en fer- vir avec avantage , parce qu'il eft indifférent pouil eux, qui ont, fuivant l'expreffion du manège , le cul en l'air ^ qu'une felle enveloppe plus eu. moins les fefîes du Cavalier; mais il ne leur eft point indifférent de fe fervir d'une autre bride que ct\\Q qu'ils ont in^aginée, & qwela néceflîté leur a fait reconnaître propre à ménager leurs chevaux , fuf lefquels ils courent rapidement & fautent très-lé- gèrement les haies & les folTés. & des Brides. z^j étroit que large , pour la commodité du Cavalier , qui doit s'étendre Se embraf- fer , le plus qu'il pourra , les chevaux avec les cuifTes Se les jambes. Les quar- i tiers feront minces Se flexibles^pour avoir [l'avantage de bien placer les genoux. Se fentir mieux le cheval. Les battes nedoi- l^ent être ni trop épailTes ni trop hautes ; a felle doit être le plus près pofîible du :orps du cheval, fans le bleffer j pour cet effet , elle ne portera point fur le garot ni fur le rognon , mais la prelïîon totale fe fera fur les mammelles , Se le [long de la longe des panneaux , les poin- tes de l'arçon doivent toucher au-defïlis des flancs , Se au défaut des épaules de ; [l'animal , fans prefTer fur cqs parties ; toutes les pièces qui compofent la felle doivent enfin être bien jointes , point : fttiàtérielles , Se bien égales des deux cô- tés 5 Se du devant Se du derrière ^ fou ipoids ne doit pas excéder celui d'onze à douze livres , y compris la garniture en- z^S Choix des Selles tière. Eraiit fur une ligne hofriontale. le Cavalier prend mieux fon à-plomb : érantttès-près de l'animal , ill'enveloppe davantage , il efl: plus uni à fes mouve- ments , ôc les temps d'arrêt ou de chaffi ont plus d'effet : la felle eft plus aifuréej conféquemment le cheval eft moins eiTf barraiïe de la mafTe qu'il porte , la pref- fîon qui fe fait aux mammelies & le long de la longe n'eft point incommode au cheval , comme celle qui fe ferait la- téralement par les pointes de l'arçon, fî elles étaient trop ferrées; Elles ne doi- vent toucher au-delTus des flancs , de au défaut des épaules , que pour aiTurer la felle 5 foit lorfqu'on monte a ^cheval , foit quand on eft far le liège; l'arçon étant auflî bien égal dans les pièces qui; le compofent,c'eft à-dire, ces pièces étant d'égale grolTeur, longueur, & diftance la- téralement &diagonalement, le fîège fe- ra exadement fur une ligne horifontale, fi le cheval eft fait dans les proportions 6* des Brides. 235 ?;éomé craies 5 & le Cavalier prendra rès-facilementrà-plomb nécefTaire pour ï conduire adroitement, vu l'égalité e cette bafe. I , A l'égard des felles à piquet & à demir piquet, je defirerais qu'on en fît de iième que du caveiTon dont les Cava- er le fervaient pour drefler les che- naux, les plier & ménager leur bouche; !î defirerais 5 dis-je, qu'elles fufTent fup- irimées, ainfi que l'a été le cavelîon , ilans les bonnes Écoles. On me dira [u'elles font très-avantageufes pour af- jrer à cheval les perfonnes qui n'ont as beaucouD de tenue, &: fur-tout lorf- u'on monte des chevaux qui fe défen- ent, des fauteurs aux piliers ou en li- erre ; je réponds qu'il ne fiut j:as mon- îL- les chevaux qui fe défe idenr, quand •n n'a pas une bo.me afîiette , parce u'on n'eft pas en état de leur donner tne bonne leçon , Se qu'outre cela, s'ils tfiennen^^ à fe renverfer en faifant des S40 Choix des Selles pointes , le Cavalier court grand rifqu( de perdre la vie , ne pouvarxt fortir de la felle, lorfqu'il voudra fe jetter de côte pour éviter de fe trouver fous le che- val. Pour ce qui regarde les fauteurs . c'efl: un abus de croire que les Élèvéj acquièrent une certaine fouplefîe en les montant : enveloppés par les grandes battes des felles à piquer , ils ferrent fortement les genoux, en fe roidifïànt de toutes leurs forces, pour réfifter au choc violent occaflonné par les ruades des fauteurs , dans l'inftant que le de- vant fe rapproche du fol. Je conviens qu'ils prendront un peu d'à-plomb & d'affurance en exerçant ainfî j mais rien déplus, parce que la roideur détruit 3 ou 5 pour mieux dire , empêche le jeu que doivent avoir bs parties du corps à cha- que articulation, par l'extenfion & la flexion alternative des parties mufculai- res, & des ligaments articulaires, &c. Que l'on ne donne aujç Élèves que les chevaux ù des Brides. 241' chevaux qu'ils font en état de monter fuivant les difpoiîtions & les progrès iqu^ils auront faits, il l'on veut accéiérer leur inftrud:ion : voiU mon feiitimeut. |( De la Bride, |! Il faudrait faire des volumes pour ifenner la defcription de tous les mords, le toutes les branches , de toutes lés •arties qui compofent la bride, en re- iiontant de nos jours aux temps au Ton e fe fervait, pour arrêter & conduire ^s chevaux, que d'un iimple morceau e bois d'une forme cylindrique , place ans la bouche du cheval, fans branchés i gourmette , aux deux extrémités du- ael on attachait deux petites cordes qui îrvaient ^q ttm^,{i)» (i) Il faut convenir que les Arts & toutes les iiiences ont été au berceau , & qu'on a pu errer ^g-tetnps fur diiFérents objets que des décou- n^2 Choix des Selles Pour éviter les longueurs , qui fou plus propres à retarder qu'à accélérer lei progrès de l'art que l'on traite , j'en ufe i'ai comme pour la Telle. Il iiiffira d'im vertes heureufes nous ont fait envisager depuii comme des riens : mais d'où vient qu'une chef Jtrès-fimple , telle qu'une bride, dont on fe.fç] pour corriger & foiunettre un anirnal aufïî néce; faire que le cheval , dont on fait ufage dans . plus grande partie du monde connu , fur lequi une infinité de perfonnes aiment à exercer, qii ajôiïce à notre exiftence par le plailîr qu'il hêu procure , en nous faifant fentir une quantité c! reflorts qu'il emploie pour nous tranfpoirtei m pidement d'un lieu dans un autre, dont la geapj Iciï^e. & la fourni iTion enfin à nos moindres vole^j tés prouvent fi bien la fapérioricé qu'oint ti hommes far les animaux 5 d'où vient , dis-je ,"■ la bride eft encore fi informe cliez h plusgràn)! partie des Peuples qui Ce fervent de^hevaux^^; qui les ruinent en très-peu de temps avec m bride mal compofee , jqui fait fouvent eïlrbr^i ou tuer beaucoup de Cavaliers^qui n'çn epnnai ïent pas les effets ? . 'o ein^ij'Bit wi :Z(ms}' & des Brides. 2^J diquer les brides que l'on doit préférer pour remplir mes vues a cet égard. Je dois néanmoins prévenir qu'il efl: plus important qu'on ne l'imagine commu- nément ^ de bien emboucher un cheval pour le foumettre à la main, fans em- ployer les moyens violents, qui, au con- traire , le défefpèrent , & expofent le Cavalier à perdre la vie, parce que I l'extrême douleur, ôtant à cet animal \ la connaifTance des dangers , le fait cou^ il rit dans un marais , dans une rivière ^ :| dans un précipice , heurter d'un choc - violent, un arbre, un mur , enfin d'au- tres animaux , s'il en rencontre. J'obferverai encore que la flructure des parties de la bouche des chevaus qui font très-variées , foit par le volume , la figure & le plus ou moins de place qu'elles occupent, exigerait des em- bouchures propres à s'ajufter à ces dif- férences qu'on apperçoit dans chaque cheval, lorfqu'on eil vraiment cpnuaif- L 2 •244 Choix des Selles feur j mais comme il y a li peu de per- fonnes- en état dedifcerner les rapports, on peut dire géométriques *, qu'ont ces parties avec une embouchure bien or- donnée, il convient mieux de ne rien dire 3 que dejetter dans l'incertitude les perfonnes qui voudraient emboucher un cheval. Ne parlons donc ici que de ( ce qui efl indifpenfable. Moyens pour bim emboucher. On prendra -un fimple canon d'une pièce pour un cheval qui aura une bonne bouche. Il doit porter fur les barres a un pouce avi-defTus des crochets d'en- bas , les branches doivent être droites & courtes , la gourmette petite ^ dé liée , pour qu'elle puifle bien prendre cour de la mâchoire inférieure \ elle doit porter fur la partie nommée im- \ proprement barbichet» L'S ^ le crochet doivent-être plus courts que longs (t), ^.- — ____________^ — _. {i) Ceû uîiç ençur de «oire c^^xxq grolR & des Brides. 24 J ïl y aura alTez d'effet dans le iîmple canon d'une pièce ^ pour un cheval qui i .gourmette fafïc moins d'imprefTion & blefle i moins un cheval qu'une autre qui ferait d'un plus i petitvolume. Les perrohnes qui ont recommandé i les grofles gourmettes , croient qu'elles ont beau- . coup plus de points de conta6t que les petites : ! c*eft cependant l'oppofé ; car la grolîè maille , qui i fé trouve droite fur une ligne d'environ un pouce j & demi , ne prenant pas le tour de la mâchoire [ inférieure de l'animal , porte dans un feul point j & fait un trou : l'autre, au contraire , touche dans ; plulîeurs points à chaque maille ou maillon. On voit par ce que je viens de dire , qu avec un rai- I fonnemenc fimple que tout le monde peut faire, [ on détruit une erreur accréditée par la confiance que nous avons aux lumières des autres , faute j d'examiner fi nous devons approuver ou rejetcef ce qu'on propofe. J'obferverai néanmoins que , fi l'on emploie ! une gourmette très-mince , alors, comme on donne ! dans l'extrémité contraire , les points , devenus aigus , feront tranchants comme une lame» à^6 Choix des Selles aura une bonne bouche j & il ne fera point battre à la main , ne blefTera point l'animal, fi l'appui fe fait à un pouce au- «?lelïiis des crochets d'en-bas , fans fe ré- gler fur une grande bouche , comme le font tant d'ignorants , qui enfoncent plus ou moins avant l'embouchure , félon que les lèvres font plus ou moins fen- dues. Les branches étant droites, la bride aura plus de grâce , & le mords ne fera point la bafifecule, fi Von place la gour- mette de manière qu'elle ne foit , ainfi que l'embouchure , qu'à une ligne de la preflion fenfible. Si rS & le crochet font longs Se l'œil du banquet trop haut , la gourmette , dans ce cas , remontera j mais Ci le touc ell: au point convenable, (que les épreu- ves , aidées du raifonnement , font ap- percevoir , fans qu'il foit befoin de grandes lumières ) l'animal fera bien^ embouché en fuivant ce qui^ efl expU- ù des Brides. ^47 :]ué 5 pourvu que ie mords & ce qui în dépend, foit dans les juftes propor- ions (i). Il faut pour des chevaux qui ont la )ouche forte , dont les barres font baf- es & rondes , dont la langue charnue , ipailTe &: élevée , ne peur point fe loger lans le canal qui n'eil pas aiïez évidé , [ui ont les lèvres épaiffes & repliées en- ledans fur les barres , la barbe plate k: charnue , &:c. difformités propres à liminuer de beaucoup l'effet du mords j li^_- ^ - (i) L'œil du banquet ne doit point être arron- li, mais bien quarrédans la partie fupérîeurej le iuir du porte-mords fe placera mieux. On aura bin que le banquet foit un peu recourbé en-de- lors , pour que le cheval ne foit point incom- nodé par là preiîlon fur les lèvres près des dentï nâchelièces ; ce qui arrive fouvent , quand on s'en apporte aux connaifîances des Eperonniers pour emboucher un cheval, lefquelle« font, à cet égard, emblables à celles des Luthiers ^ qui font de bons nftrumems fans fa voir en jouer. L 4 248 Choix des Selles il faut, dis'je, à cqs chevaux un mords à pas d ane 5 dont les branches feront un peu plus longues qu'à celui du iîm- ple canon d'une pièce : au furplus , c'eft moins par des moyens violents qu'on parvient à diriger & à f e rendre maître àQS chevaux , que par les à-propos qu'un Écuyer fait mettre en pratique pour les réduire à la plus exâ<5te obéifïance , fiftance j & cela pour qu'ils ne fe pourriflent pas (i).. ( i) On met fbuvent le foin & la paille dans des lez-de-cKauflee, fur-tout dans les Villes : l'aîrdans ces endroits n'a que très-peu de mouvement , les murs font conunuelîçmeat couverts d'une eaia & des Brides. syj 5^. A ne point laifTer le fumier dans f écurie 5 ou trop près, s'il eft en-dehors ; parce qu'il corrompt l'air 3c nuit encore à l'animal. 6^, A ne point augn'ienter la trans- piration infenfible dans les vues d'en- tretenir un beau poil aux chevaux , que l'on affaiblit en les accablant avec de groffes couvertures de laine. 7^. A les faire promener tous les croupie, noire, fouvent infeâ:e , -qui pénètre les aliments deffinés à nourrir les chevaux, & pafTe de-lâ dans leur corps , -oiielle fait phis ou moins àe ravage. La vapeur qui s'élève d'un tas de fu- mier échauffé , mouille aufÏÏ le foin & le cor- rompt j nous le faifons néanmoins manger aux. chevaux par une économie mal entendue : par cette raifon combien en voit-on qui ont des flu- xions, qui perdent la vue , qui font fouvent dé- goûtés , qui ont des démangeaifons , îa gale, le farcin, des dartres , ècs humeurs qui tombent fuf les jambes , les engorgent & les peurriiTent , Sec 2J4 Choix deS' Selles jours quand il fait beau, le marin ou le foir dans Tété & dans l'hiver , depuis midi jufqu'à deux heures. 8^. A les mettre en haleine avartt d'entreprendre un long voyage j à faire, en débutant, de petites journées ; aller lentement en s'éloignant ou en fe rap- prochant de l'Auberge , & donner peu d'avoine les premiers jours. 9^. A ne le faire manger qu'un inf- tant après l'arrivée , fur-tout , il l'ani- mal efî fatigué ou s'il a bien chaud ; à éviter dans ce dernier cas, de le faire boire , de ne lui oter la felle ni mouiller les jambes qu'après qu'on aura fait tom- ber la fueuravec un couteau de chaleur, & qu'il fera bien (qc, lo^. A le bauchonner pour faire tomber la boue du ventre qu'il ne faut jamais mouiller , mais feulement les jambes. 11^. A mettre de la paille fraîche & des Brides. 25*5^ pour litière , faire laver l'embouchure , fécher la felle Se battre quelquefois les panneaux 5 &c. Les foins mal entendus ou inutiles dont j'ai parlé , font i ^. de faire met- ■ tre le maftigadour , qui produit fur les chevaux un effet â-p^u-près femblable à celui de la pipe fur nous , qui n'efi: qu'une habitude fouventnuifible 5 parce - qu'elle nous fait cracher une falive né- cefTaire a l'organe de la digeftion. 2^. De les confier, dès qu'ils ont la jjjioindre indifpoiition, aux maréchaux qui emploient tout de fuire des v^or- diaux pour traitements, au-lieu de les rafraîchir par des lavements émollients^ êc en leur faifant boire de l'eau ou l'on aura mis une poignée de farine d'orge. 5 ^. D'agir {iiivantlafaufTe prévention de beaucoup de-perfonnes, qui croient que les eaux d'une marre corrompue par l'écoulement d'un tas de fumier qui fe trouvera auprès-, ôc quantité de chofea 2^6 Choix des Selles qui fe putréfient dedans , ne font jamais de mal aux animaux qui en boivent. 4**. Enfin de tenir l'écurie herméti- quement fermée , pour que l'air un peu côndenfé en hiver n'y pénètre pas; parce que , dit-on , cela ferait maigrir les chevaux Se leur donnerait un mau- vais poil : il eft vrai qu'ils maigrifTent un peu, quand ils ont été accouaimés à une écurie qui n'eft point froide : mais fi l'on n'a pas pris ce foin dangereux pour la vue , & qui caufe tant d'autres efpèces de "malacies , ils ne maigrirons point. Ceux qui font toute l'année dans les prairies, dans les champs ou dans les bois , 3c qui font très-gras , le prou- vent afTez. Quant au poil, plus il fait froid, plus il eft épais , parce que les téguments ôc tout le corps fe côndenfé ; ce qui fait que le poil eft plus près, outre qu'il fe hérifie Se fe replie pour oppofer plus de réfiftance à l'air. C'eft ainfi que la fage <& des Brides. '.-tn^-f ^ înature pourvoit aux befoins, & amène tout a (qs fins merveilleufes. En voulant y ajouter , nous l'appauvrifTons fouvent^ de quelque manière ingénieufe que nous nous y prenions ( i ). Concluons donc que la plupart de nos foins font (i) En nous bâdiTant des maifons commodes^ & en nous couvrant avec tant de foin des habille- ments que la mollefTe a inventés, nous nous fom- mes ravi la plus grande partie de nos forces & de nos plaifirs \ tous les animaux domefliques que -nous avons autour de nous perdent auflî beau- coup du côté du bien-être attaché â leur exiftence r s'ils étaient libres, ils gagneraient du côté des mala* f dies qu'ils ne connaîtraient pas. Le ferin meurt de vieilIefTe prefque fans foufFrir, lorfqu'il eft dans les champs : avec nous il eft fouvent malade & 'meurt d'abord. Les chevaux fauvages vivent long- < temps , courent comme un cerf pourfuivi d'une -meute, font forts , vigoureux , franchiffent les haies, lesfofTésj aucune maladie ne les atteint 3 :ils ontle plus beau poil pofFible, ils ne font enfin foumis qu'à lafuccclfion du temps; près de nous^ par nos grands & lumineux foins , ils ont une quan- tité prodigieufe de maux de toute efpêce, qui les finiffent bientôt. * 2 y 8 Choix des Sellés mal entendus , & qu'après avoir privé les chevaux dQs parties efTentielles à- \z génération , qui les rendaient fî forts ôc fi courageux , nous avons tort de les tenir trop long-temps dans les liens & dans les plus affreufes prifons , où Tair abondamment chargé de particules al- calines 3c corrofives. Joint au très-grand repos 5 les rend fujets à une multitude de maladies y change leur caracTtère , leur confliturion , enfin énerve leur courage. Rapprochons - nous au con* traire le plus que nous pourrons de rétat où la liberté jouit de tous fes droits 5 laiiïbns les animaux tant qu'il fera poffible dans un air libre j exer- çons-les fouvent fans les excéder de fatigue 5 fur-tout pendant la canicule , êc que ce foit avant l'heure de leur re- pas. Leur digeftion fera plus parfaite , le fang coulera avec plus de liberté dans leurs vaiffeaux artériels & vei- neux, les fecrétions ôc les excrétions fe feront dans de juftes proportions ^ il ny ù dês Brides, ^S9 ura pas amas de graiiTe , enfin toutes surs fondions vitales s'exécuteront vec facilité (i). (i) On doit comprendre , fans être grand Pliy- cien , qu'au moment où Ton fort un cheval d'une :urie rechauffée par l'haleine de pluiîeurs bef- aux, qui était bien fermée, l'adlion d'un froid jbtiloccafionne fur le champ un mouvement de onllridtion dans les vaiffeaux , fait épaiflîr lalym- lie , qui, ne trouvant plus d'ilïue , re'flue dans le ing &" y occafîonne l'effervefcencc ; mais ce n'eft loînt l'explication des caufes que je puis donner :i pour exemple : il ne peut tout au p^lus y être [ueftion que del'énumération des maladies & d'un eul genre , pour ne pas embralTer un fujet déjà raité par des gens habiles. Voici celles qui n'af- sdent prefque point les die vaux (auvages : ce ont les maladies de la peau & celles des yeux , Hydropide , la pléthore , l'anafargue, l'excès de çraifle produit par un long repos, les turaéfac- ions des téguments, l'empliifème, la boufHiTurej a dyffenterie , le marafme, la confomptiôn ner- 'eufe, les vers contenus dans les organes de la ligeftion , le fluide accumulé dans des cavités nembraneufes , l'enflure des jambes, l'hydropifie iu fcrotum, Thydrocele, ranévrifiîie , le météo- 2 6o Choix des Selles , ùc. rirme, la tympanite, la tuméfaiflion de l'eftomâc ïe météorifme des inteftins , Tifcliurie , le gonfle ment des articulations , les loupes , les abfcès , 1 taupe , les javarts , les éparvins, les varices, le courbes, les vefîîgons , les molletes, la matier fouffléeaupoiljl'encaftelure, les pieds defTéchés les excroifïànces , l'onglée , les verrues , le cra paud, les grappes , le fie, les cérifes, les féifmes l'exoftofe , les Turos , les fufées, l'anchylofe , le luxations , les entorfes , le déplacement des par lies , le ptérigion , le polype , le lampas^ les bar billons , la callofîté , les cirons , le farcocèle , le hernies , les taches, l'avant-cœur , les avives, 1 gourme , les plaies , l'hémorrhagie , les ulcères les aphtes , la fiHule ,1e chancre, les fièvres nrali gnes & autres , le charbon , le feu , le mal de tête le mal d'Efpagne, le vertige, le tournoiement la péripneumonie , la toux , la fourbure , le rhu matidiie , la goutte, la crampe , le priapifme, 1 mal caduc, les palpitations , les tics , les rots, I léthargie , Tapoplexie , railbupifTeHient , la trant piration fulpendue , le flux de ventre , le ténefme la grasfondure , l'hémoptifîe , le pifTement d( ûng, les évacuations purulentes, la rage , la ma ladie pédiculaire; voilà ce que l'efclavage o\ nous tenons les chevaux & les foins mal-entea- (lus leur procurent. *».-^ ^•^- AH A£ YSE ,0e quelques Ouvrages anciens & modernes fur FEquitation^ de- puis M. de la Broue jufqu'à nos I jours (i). Le Cayalerice François , par Salo- mon de la Broue y Ecuyer du Roi & du Duc £Epernon ; de .< Vannée i6to. 17 A s s o N s fur les fiances , le préam^ bule des préceptes , les termes de TArt, ;l explication du n^ords , de la felle j I { I ) C'eft en me regardant comine ua !Am;^teur qui s'occupe de la vérité , & non coi^me un CenfçuE ou Réformateur, que je 2(5*2 Analyfe. les indices par lefquels on peut jugi du naturel du cheval par la coule; du poil j l'avis concernant les foii prie mes Leâ:eurs de juger de mon entr prife dans l'Analyfe que je fais des Ouvrag qui concernent la Ctivalerie. En m'examinan je n'apperçois en moi ni le defTein de nui à. perfonne , ni l'ambition de m'élever , en d minuant la gloire des Auteurs qui ont écrit (iir matière que je traite. Je fais ici l'aveu autlient ^que , que la ledure des Livres qu'on a faits fî TEquitation , ne m'a point fatisfait & prefqi point éclaire j & j'ai ouï dire cent fois , par d'h biles gens , que c'était perdre fon temps que c s'occuper à étudier les Traités de Cavalerie q avaient paru jurqu'ici \ ce qui prouve que je i fuis pas le feul de mon fentiment : au furplus , ; donne mes raifons pour faire fentir la vérité c ce que j'avance dans mon Traité ; c'elt aux Le* teurs infcruits à les apprécier , ainfî que tout c qu'on peut avoir écrit , pour juger fî Ton a étab (des principes vrais ou faux. En travaillant dans quelque genre que cefoit t<. fur-tç>ut en fait de chofes un peu fyflémat jques Analyfe. 26^ que 1 on doit prendre dans une écurie j les outils qu'on doit avoir en campa- gne ; pafTons encore fur la propreté que doit avoir un Cavalier , fur les grimaces qu'il fait, mal-féantes , en exer- çant un cheval , joint à cela la mau- vaife habitude de lui parler , fur la ma^ uière d'aiTurer les chevaux au montoir ^ DU doit s'attendre a trouver une grande quantité ie perfonnes, dont la manière de fentir & juger îll prefque diamétralement oppofée à la nôtre : .partant de ce principe , je (iiis donc fondé a ex- Dofer nion fentiment , & à faire appercevoir fans quiîfoit queftion de ce qu'on appelle fa ■; ouile de métier ) les erreurs que je trouve dans es Ecrits de mes Concurrents, que j'ai étudiés dés l'igedèneufà dixans, temps ou une grande pair îon pour les chevaux fe faifait déjà fentir. On trouvera entre des guillemets ce quç je apporterai littéralement ; & les remarques , que e ferai qui feront inférées dans mon Analyfe , eroaî diftinguées par des pareîîthèfes ou par des de les dégourdir & allégerir au trorj fur l'exercice qui lui eft plus aifé j futi les jeunes chevaux rétifs ; fur ceux qui font appréhenfifs j fur la manière de leffl drefiTer à l'arquebufade , le châtiment pour les chevaux rétifs qui auraient été trop battus fur la tête \ fur ceux qui au-i raient été trop gourmandes çivec l'éperoHji ceux qui font malicieux ; fur la difFé-( rence de l'entier ou du rétif fur les voltes ; fur ceux qui portent le nez plus d'un côté que de l'autre j enfin fur l'empêche-' ment qu'ils peuvent avoir à bien parer. . Tous ces Chapitres ne contiennent qu'un très-petit nombre de vérités con- nues de tout le monde aujourd'hui, 8c enfevelies fous une quantité de paroles inutiles, qui ne méritent pas d'être rapportées. ''B '/^ Voyons le Chapitre fur les chevaux efgueres de bouche , ou défefperés. Monfîeûr de laBroue y recomn^ande avec raifon de leur ôter lappréhenfioii de : Analyfe. %€ç de la courfe, de l'arrêt trop contraint , bc de toutes fortes de châtiments qui peuvent les avoir rebutés ; il faut , dit-» il , les promener dans des carrières ou autres lieux foupçonneux & propres a les tenir en alarmes , les arrêter , enfin , les faire reculer , s'ils refufent \ il faut ; les châtier avec le cavefïbn & quelque- . fois avec la bride , & , s'il eft beioin , - les battre avec le nerf ou la gaule fur le I nez & fiir les bras , à moins qu'ils ne : foient colères j fanguins ôc bien fort fenjîhles ; dans ce cas , il faudra leur tourner la tète tout court du côté où ils , feront venus , & les mener dans l'en- ^droitoù ils auront fait les opiniâtres , recherchant foudain de les faire recu- ler 5 ou fi l'animal eft fougueux , qu'il ne fe veuille tenir feritoe ni marcher droit dans la carrière , iK faudra faire marcher a reculons un homme de pied . qui fe tienne cinq ou Ç\x pas devant le cheval ,,qui lui ôcera une partie de l'ap- M 2.S6 Analyfe. préhenfîon , fur- tout en lui donnant quelques friandifes j il faut que cet homme regarde le cheval droit aux yeux , puis il aidera le Cavalerice pour le faire reculer en le menaçant , le frap- pant fur les bras , fur le nez , fur le poi- trail, fur les flancs & quelquefois en pouffant fortement de la main fur le mitan du cav eflbn, puis on le fera trot- ter ^ galoper en prenant les mêmes foins que ci-deflus, &c. (Tout ce mélange de châtiments & de careffes , annonce bien l'ineptie des Ecuyers de ce temps-là , quelle nécef?'^ fité de faire reculer un cheval qui nd connaît pas la main , & fur-tout qui fd défend par malice ou par ignorance ï\ Quels bons effets peut produire le rcref? culer 5 lorfque l'animal fe traverfe , fe preffe , ou s'arrête a coup , fe pencl ou fait des pointes , bat à la main ou lî force pour s'enfuir ? Combien ne fommes-nous pas Iq4J|»I Analyfe. 26 f de ces moyens à préfent, puifque nous faifons reculer un cheval au moindre mouvement des doigts , & reculer droit dès la première fois , s'il eft bien pré- paré ? Pour le faire galoper ne faut-il pas qu'il foit diijpofé ? Et en tout n'y a-t-il pas une manière plus ou moins avantageufe de s'y prendre que nous devons nommer principes , dont M. de la Broue ne parle point ? Parcourons encore le Chapitre des chevaux colères , rebutés &c impatients , qui forcent la bride pour fuir la bonne Ecole ). « Quand le cheval , dédaigneux 8c 9> défefperé , s'en ira forçant la bride, » le Cavalerice fe doit bien carder de 99 le battre ôc de s'attacher à l'appui « d'ieelle , mais plutôt lafchera fou vent » la main, pour après reprendre l'appui. •9 Car tant plus il tiendroit le poing a> fermé, les rênes tendues, ce feroit \j> lors que le cheval s'armeroit , Ôc s*ea M t 1 z6S Analyfe. *5 iroit avec plus d'afTarâiice ; au con- J3 traire , fe fentant fouvent comme 3) abandomié de l'appui de la main, la n crainte d'une edrapade de bride le » tiendra en foupçon , fi bien qu'il fe >9 tiendra beaucoup mieux , fentanc w après tirer les rênes jj. ( Monfieur de la Broue commence d'abord par les moyens doux, excepté les eftrapades de bride ; mais il finit par des tortures qui ont dû faire eftro- pier beaucoup d'hommes & de che-? vaux 5 comme on le verra par ce qui fuir}. ï« La plupart des chevaux colères & 4> courageux , qui forcent le bras & la •> main du Chevalier, ne s'enfuient pas 19 feulement à la courfe , mais en s'a-? i» bandonnant , ils s'élancent , renfor- îs cant les esbalançons, comme s'ils fe »9 vouloient précipiter. Le premier re- j3 mède en ceci eft de fe tenir ferme , >» ^ lâilTer paffer , comme l'on pourra^ Analyfe, 2.6^ >) la première furie de ces défordres li- » cencieux , tafchant , tant qu'il fera j> poiîible 5 de les appaifer avec, douceur » & patience , & fur-tout rendant fou- 3> vent la main de la bride j?. ( Il parle de rendre \ mais il n'expli'- que point ce que c'eft que les à-propos : d'ailleurs, avant que d'en venir là^ il faut que la main ait fait fentir la pref- Ç\on du mords. Ne ferait-il pas nécef- faire de parler auiîî des degrés de preffion félon les circonftances ? Mais pourfuivons , & voyons M. de la Broue pafTer dans l'inftant de la douceur à l'extrême violence ). Second moyen. « Si le cheval dédaignoit tant la dou- ^ ceur, qu'il n'en tînt aucunement comp-^ 3î te 5 lors il lui faudra faire une charge » à grands coups de nerf à travers le »> vifage , communément des yeux en M j ajO Analyfe, bas, quelquefois entre les deux oreil- les fur la fin de fes efforts, afin qu'il ait moins de défenfe \ &c à l'extrémité prendre , s'il efi: befoin , l'une des cordes du caveflTon ou une rêne , ou la corde & la rêne enfemble avec la main droite, lafckant en même temps la main de la bride , pour avoir moyen de lui faire plier le col , Se tourner la tête d'un coté, car , par cette adtion, il peut perdre la force de tirer à la main, le temps des esbalançons. Se la ' furie de la courfe j?. ( Voila , il faut en convenir , une ri-^ che période , qui doit avoir grande- ment inftruit les Lecteurs qui ont bien voulu courir les rifques de mettre en ufage des moyens aulîî faux qu'ils font dangereux pour le praticien ) î Troljième moyen, « Et quand le cheval eO: dur de bou- « che ôc défefperé , que les moyens or- Analyfe. 271' » dîiiaires de l'Efcole ne le peuvent faire j> confentir à l'obéiflance de l'arrct* l'on 55 pourra prendre un gros ruban de foie 55 ou de laine , & d'un bouc d'icelui 55 lier les génitoires de ce cheval par un 55 nœud coulant ou arrêté , & attachant 3) l'autre bout à Tarçon de la felle , laif- î5 fant la longueur tant avantageufe que M le cheval n'en puifTe être aucunemenc »5 contraint, fi ce n'eft quand le Cheva- 35 lier voudra \ ôc lorfqu'il emportera la ?> bride & le cavefTbnà la défefperade, ^>;le Cavalerice tirera difcrettement ce »> ruban, cependant qu'il fe mettra aulïi 3> en devoir de retenir le cheval avec >j la main de la bride , Se à mefure qu'il »5 l'arrêtera, il faudra lafcher le ruban, » & par ce moyen aucuns chevaux foup- j5 çonneux s'arrêteront , à fa voir tant j) qu'ils en feront en doute , parce qu'il 55 leur femblera que , pour les arrêter , 55 on les tirera en arrière par les géni- 55 toires. JMais fi le Cavalerice ne fe M 4 hji Analyfe. -M prévaut difcrettement de ce remède > 3j le cheval le pourra tellement reco- 5j gnoiftre & accouftumer, que , quelque a> douleur &: incommodité qu'il en re- >î çoive, il n'en fera non plus de compte 3J que de la bride dédaignée, & par- 3> tant il en faudra feulement ufer fui- 3? vant que le cheval en fera fon profit». ( Quel eft , je ne dis pas TEcuyer , mais feulement l'Amateur qui , lifant ce Chapitre , ne fera pas indigné du trai- tement inouï que l'on imaginait dans ce temps d'ignorance & de fureur pour ruiner & défefpérer les chevaux , loin Aq les drelTer ? Après ce que l'on vient de lire àes moyens ou remèdes de M. de la Broue, qu'on a employés pour dref fer les chevaux, nous devons imaginer qu'il y en a eu un grand nombre de ruinés êc d'eftropiés , ainfi que des caf- fe-cous qui les montaient. 11 ne faut pas être furpris fi ces malheureux ani- maux fe défendaient prefque tous en Analyfe. 275 forçant la main, pour courir à la défef- pérade , comme il eft dit. Les branches des mords , qui étaient d'une longueur énorme , les mettaient dans cette né- ceflîté 5 lorfqu'ils fe Tentaient brifer la mâchoire & les barres par des eftrapa- des de bride , au-lieu d'un léger temps d'arrêt j car les chevaux défefperés par une douleur aiguë qu'ils ne peuvent combattre , fuient à toutes jambes , mê- me dans les endroits les plus dangereux pour s'y fouftraire, quoiqu'elle ne foit qu'inftantanée. Si ceux que nous dreffons ,de nos jours, dont les mœurs {ont certai- nement les mêmes que du temps de _M. de la Broue , parce qu'elles font perma- nentes, pendant que celles des hommes changent en bien ou en mal d'un luftre à l'autre *, fi nos chevaux, dis-je, obéif- fent au moindre mouvement de la main, même avec unfimplebridon, nous pou- vons conclure que l'art a pris la place de la violence , 6c que l'inftruiftionc que M 5 a 74 Analyfe. nous leur donnons , outre qu'elle ne les ruine point , les a plutôt formés à toutes fortes d'ufages , quand la pa- tience & l'intelligence en font la bafe ). Pour les chevaux qui fe cabrent ou ■ruent , M. de la Broue recommande encore de frapper fur la tête & furies flancs avec le nerf, la gaule : « mêlez, 35 dit-il 5 de l'éperon yd^Qni^ fcrvanr du >3 cordon 3 &c jj. Ayant copié quelques articles qui font contre M. de la Broue , il convient aufliî que je rapporte ce qui eft à fa louangeycar il faut de la juftice en tout, malgré la concurrence. <« Les moyens plus certains pour unir t 23 les forces du cheval, lui afTurer ki »*tête & les hanches , le rendre léger s 3> à la main &: capable de la juflelTe & i n fermefTe de toutes fortes d'airs bc de M manèges , dépendent de la perfection 7f du parer, E^t pour commencer l'ordre Analyfc, 27 j j> des plus belles leçons propres à cet 3î effet , il eft tout premier néceffaire î5 que le cheval ' tourne à toutes mains w au trot & au galop , Se qu'il ne refufe jj jamais de partir de la main \ car ce « ferait trop grande incongruité de le 3> vouloir réfoadre à la julleiTe de l'ar- î5 ret 3 s'il étoit ramingue ou rétif par >3 le droit , ou entier à quelque main : j5 mefmement, comme j'ai déjà dit ail- 35 leurs , que les remèdes qui aiTurent 33 plus le col Se la tête du cheval , font 33 ceux qui le font plutôt devenir entier 33 & ramingue , fi premièrement il n'eft 33 libre à tourner également à chaque 33 main )3. ( Voilà des vérités dont on peut faire fon profit j toutefois ii elles font bien fenties par les Elèves , parce que, les moyens n'étant point expliqués, on , pourrait encore donner à gauche avec cette judicieufe théorie ), Comme prefque rous les préceptes U 6 27^ Analyfe. de M. de la Broue , dans les Chapitres fuivants, excepté le rroifième Livre, qui ne traite que des embouchures, con- fident à employer àes moyens à-peu- près fembkbles à ceux qui font expli- qués ci-devant , & qu'il ne fe laffe point de fe répéter, je ne penfe pas qu'on puifTe tirer avantage de ce qu'ails con- tiennent. Je me bornerai à faire part de {es principes fur la jufte affiette du Ca- vaîeriee , qui n'eft pas ce qu*il a donné de rrwDins conféquent. Se à faire l'aven, que la bonne intention , la naïveté ôc la franchife qu'on y apperçoit Se qui ré- gnent dans fes Ecrits , font l'éloge de ce Reftaurateur de la Cavalerie (i). (i) {juoique les Principes de; M. de la Broue nous paraiflent extraordinaires, en les comparant avec ceux que nous fuivons de noi jours dans les îx)nnes Ecoles ; il n'eft pas moins vrai que nous devons à fes foins & à fes peines , on pourrait même ajouter aux d^gers qu'il a courus- de fè Analyfe, a^^ La jujlc affiette du Cavalerîce. « Ce n'eft pas tout que le Cavalerice 3) foit curieux de s'équiper proprement tuer, en drefTant les chevaux â la manière, d'a- voir mis l'Equitation en vigueur , & d'avoir cor- tigé une quantité d'abus qui fervaient de principes avant la réforme qui s'en fît , lorfqu on adopta ceux qu'il avait apportés de Naples , qui nous femblent fî étranges aftuellement. En réfîéchif^ fant fur les gradations qu'il peut y avoir eu de- puis le temps où vivait M. de la Broue , nou« "trouverons que les progrès ont été lents. Il eft vrai qure quelques Auteurs ont introduit des er- reurs qui , faifant fchifme, ont non-fèulement : appefanti la marche , mais encore ont fait man- ; quer Tinllruâiion de beaucoup de perfonnes , in- I dépendamment d'une infinité de chevaux qui om i été ruinés par la pratique fyftématique qu'on 1 fuivait. Revenons à M. de la Broue :on ne (aurait difcon* , venirqu'il n'ait indiqué les moyens les moins rudes pourlors,malgré la méthode qu'il eûimait très-cou* 27 8 Analyfc, i 3j & de faire bien agencer le cheval. Je 3î veux auffi qu'eftant à cheval , il ait 35 l'affiette juile & belle, a favoir qu'il renable , qui était de faire creufer des fofTés danS les manèges , profonds de deux pieds , pour faire exécuter les voltes avec précilion j de fe fervir d'une montagne pour apprendre à un cheval a reculer fur les Kanclies , c'eft-à-dire , de le faire reculer contre mont; de le piquer avec une mol- lette au bout d'une longue perche , pour lui ap- prendre à fauter; de corriger & menacer « à voix » furieufe, (ce font fes expreflions ,) ceux qui de » leur naturel étaient fingards ; de prendre pa- » tience deux ou trois Leçons pour un cheval » que l'on deiîre affiner y lequel ferait ennuyé y » rebuté ^.de V Ecole j débauché & hors dejujlejjej » pour voir s'il voudrait je foumettre avant d'être » rudement battu 5 » de jetter fon manteau fur les yeux a un cheval qui forçait la main & courait à. la défefperade , de lui donner par fois des efcavef fades & des efbrillades , c'eft-à-dire , àcs faccades^; de lui attacher les génitoires avec un: cordon; de le poulîèr avec les deux éperons contre un mur, contre une porte , contre une coide tendue da^s Analyfe, nj^ jî tienne ordinairement la tefte. droite j> &■ le vifage directement à l'oppoiite une allée d'arbres à la hauteur du poitrail , ou pouf- fer le cheval, à la têtière duquel on aurait attaché deux cordes, une de chaque côté , dont les extré- mités feraient arrêtées à deux arbres, &c. Moyens, dis- je j qui n'approchaient pas, quoique très-vio- lents , de ceux que fes prédécelTeurs employaient quand un cheval partait à ladéfefpérade ,qui con- lîftaient à le frapper a grands coups de nerf (ur la tête pour l'étourdir; mettre les deux mollettes dans les flancs jufqu'à ce que l'animal , hors d'haleine , tombât fous le Cavalier de fatigue & d'épuife- ment; de le pouffer dans un précipice pour lui apprendre à s'arrêter par le danger qui fe préfen- tait : aftion qui prouve qu'il n'y avait pas dans ce ^temps-là des mains bien favantes; mais qui eft digne de la bravoure des preux Chevaliers qui exiftaient alors. M. de laBroue nous raconte, d'un cheval gaf- con qu'il montait dans une longue allée d'un parc , qu'un calus qu'avait cet animal fur les barres , lui fit forcer la main & courir à toutes jambes j que , * deux coups de cravache ayant été appuyés, mal- ' "* gré cela , vlgoureufement fur ce calus , le cheval 28o Analyfc. ,5 de la nucque du cheval \ les épaules w également droites & nivelées , plutoft alla fe fracafîêr la bouche , le nez , un fourcil , & fe mutiler l'épaule contre une porte très-forte qui était au bout du parc. Cet Ecuyer ajoute que le lendemain il fut a l'écurie j & que , ne le trouvant pas mort, il monta fur le cheval impatient , & alla fe préfenter tout exprès devant la porte du parc; mais que l'animal , fe fouvenant de l'épreuve de Ja veille , au-lieu de forcer la main , recula précipi- tamment , & que ce moyen eut un heureux fuccès» On voit par ce récit;» que M. de la Broue était déterminé , mais point effréné , comme ceux qui pouflàient leurs chevaux dans des précipices, ainfî que je lai rapporté plus haut \ car autre chofe eft de heurter contre une porte ou de (e précipiter. Sur le tout, on peut dire que , fi ces Ecuyers re- venaient de nos jours , ils trouveraient peu d'imi- tateurs. . Je finirai cette longue Note par expofer la i borfiommie de M. de la Broue , dansl'aveu qu'il fait l dans fa Dédicace, que non-feulement il n'a point i étudié ; mais qu'il ne fait même lire que dans fes • heures. Franchife de fa part quifer^ encore peil i fuivie a<^uellemenc. -.■)^: Analyfe, 281 »s un peu penchées en arrière , que trop )3 en avant , fans que la droite foit plus « reculée que la gauche j comme il ad- )> vient d'ordinaire, il Ton n'y penfe cu- jj rieufement». (Il veut dire , fi Ton ne fe fent bien à cheval. Se c'eft tout dire j f car de-là dépend la bafe , fans laquelle il n'y a point de précifion , point de grâce dans le Cavalier, point de bril- lant dans l'animal qui exerce fous lui ). « A caufe de la pofture du bras de 35 la bride , qui nécefïairement eft le >î plus avancé , Se auffi de la plupart 3) des aâ:ions de celui de l'épée , ou de 3) la gaule , qui, de nature , fe font plus w facilement en arrière qu'en avant : le >5 poing de la bride à la hauteur Se au îj niveau du coude d'icelui , Se commu- >j nément environ trois ou quatre doigts î> plus haut que la tête de l'ârçon de là » felle Se deux doigts plu$ advancé : le #> coude du bras de la gaule ordinaire- n ment un peu plus avancé que l'os de 2^2 Analyfe. 35 la hanche , un peu phis ouvert'" jî loin du corps que celui de la bride \ 55 la gaule , le plus fouvent mouvante , » ayant la pointe en haut j l'eftomac un » peu advancé , pour ne paroiftre avoir 5J les épaules voultées \ les feffes advan- « cées aufïî , afin de ne fe trouver aflîs a> trop loing de Tarçon de devant, qui 3> ell: une particularité mal féante j les 95 reins droits & roides j les cuiflës fer- 55 mes 6c: comme collées dedans la fellej 35 les genoux ferrés & plutôt tournés en- 55 dedans qu'en-dehors ; les jambes au- 55 tant proches du cheval qu'il fe pour- 55 ra 5 tendues & droites comme quand ton %y eji à pledj debout & droiciement ar^ 55 rejlé j en quelque lieu plein & uni ». ( L'hiftoire des reins & des jambes efi: bien mauvaife, quoi qu'en puifTent dire les Allemands & beaucoup d'Italiens j qui fuivent encore ce principe), « A fa- 55 voir il le Chevalier eft de grande ou >ï médiocre taille \ 6c s'il efl de petite fta-t Analyfe. 285 tare , il doit tenir (qs jambes les plus advancées Se voifiiies à^s épaules du cheval qu'il fera pofîible , le talon plus bas que la pointe du pied, fans être tourné en-dedans ni en-dehors \ le bout du pied droidement & sûre- ment appuyé fur le milieu de la plan- chette de l'étrieu , & de façon que la pointe de la femelle de la botte ou- trepalfe la planchette , environ un ' pouce 55. Vlnjlruâion du Roi en Pexercicc de monter à cheval y par MeJJire Antoine de Pluvinel^fon Ecuyer \ principal ; imprimée en 162'y, j; Ce ferait faire beaucoup de tort à Fmonfîeur de Pluvinel, que de le com- parer à Moniteur Salomon de la Broue , quoiqu'ils aient été l'un & l'autre s'inf- truire fous le même maître. Autant ce dernier a employé la force , la violence I ^^'4 Analyfe. ôc les châtiments les plus cruels poi dreiïer les chevaux , autant le premu recommande la patience ôc la douceu Il était facile à M, de la Broue de i faire un nom en réformant ou en aug. mentant les principes que l'on avai en France avant lui , où lart de la Ca Valérie était pour lors au berceau ; i arrivait de Naples , dont le Collège mi litaire , fupérieur à celui de Rome me me y jouifTait d'une grande réputation fur-tout fous Pignatelli , l'illuftre maî- tre qui lui donna leçon ; mais moiit par goût pour la nouveauté, naturelle aux Français, que par la haute idée que l'on avait de cette Ecole d'Equitation , chacun adoptait les préceptes de la Broue comme venant d'un Oracle 5 il introduifît l'ufage d'un feul pilier; il créa des termes pour l'intelligence de l'art qu'il profeiTait. Il fit un grand éta- lage de figures pour les voltes , les changements & contrechangements de Analyfc. 28 j jiain larges ou étroirs. Il établit des f.iiicipes pour la belle pofture du Ca- iilier achevai, & dans (on troifîème ivre il perfedionna un peu les em- )ueliures. Auflî en faveur des obliga- bns que les Amateurs de fon temps i>ntraciaient avec lui, on compofa une ande quantité de Sonnets à fa louan* i ; on ne jurait que par M. de la |coue ; enfin il fut regardé comme le flieu tutélaire de l'art de dreffer & bumettre les chevaux. L'enthoulîafme [ue l'on montrait pour M. de la roue aurait dû, ce femble , augmeu" ;r en faveur de Mr. de Pluvinel , qui , juinze ans après , fit imprimer les prin-- i'îpes qui fe trouvent dans fes Dialo- jues avec Louis XIIÏ, que ce Seigneur ;ur l'avantage d'inftruire en l'art d'exer- kï. les chevaux. Cependant on ne lui donné que très-peu d'éloges : il n'eft ité que rarement dans les Ouvrages |u on a faits de|)uis fur l'£ pas qu'on batte le cheval à ce corn- j mencement , vous préjfuppofez par-lï ) que toutes fortes de chevaux doivem > obéir facilement ; & fi , par hafard .. 5 le contraire advenoit, (car il y en -s r> dediverfe nature, bonne ou mauvai- ut fe) comme quoi il en faudrait ufer ? M, de Pluvineh « Sire 5 quand j'ai dit qu'il fe falloii M garder de battre le cheval à ce com- travaiiië, dit avec M. le Connétable, que rani- mai ne ferait jamais propre à rien , parce qu i était trop fenfible & qu'il avait les barres trop: tranchantes. Je ne dijrai rien des principes fur la pofture i cKeval que M. de Piuvinel explique au Roi et luipréfentaat M. le Marquis de Terme à cheval. qui ne diffère que de très-peu de chofe de celk !|u'a donné M* de 1% Sryuçt n mencement Analyfe. 28p w mencement pour les raifons que j'ai 1^ déclarées : j'ai dit fi faire fe peut ^ ï5 mais je paffe outre, 6c afifùre qu'il ne » faut nullement battre au commence- w ment, au milieu ni à la fin, ( s'il eft: >î pollible de s'en empefcher , ) eftant » bien plus nécefTaire de le dreffer par y> la douceur, ( s'il y a moyen, ) que i-i par la rigueur ; en ce que le cheval îî qui manie par plaifir , va de meil- iî leure grâce que celui qui eft contraint « par la force. Davantage , en le for- 57 çant , il en arrive le plus fouvent des j3 accidents à l'homme & au cheval.; â î5 l'homme, en ce qu'il court fortune de 35 fe blefTer , fi la force dont il ufe n'eft jî conduite avec grand jugement j & au » cheval , qui , en courant le même 55 rifque , étouffe fa gentillefie , s'ufe >î les pieds & les jambes , fe rendant )5 par-là incapable de bien fervir. Mais »î d'autant que les Français ne font pas n de l'humeur des autres Nations , en N 2S>o Analyfe. sî ce que leuus chevaux , de quelq^ie m- 5> ture qu'ils foyent , bien que fans » force , fans adrefTe & fans gentillelTe , 3j ils veulent 5 fans confidérer ces cho- 95 (qs^ les faire drefTer. J*ai créa, avant 35 que paiïer outre , devoir dire à vofïre as Majefté , un petit mot de la nature 3» des chevaux en particulier. Premiè-. 33 rement 5 il eft tout certain que j'ai 33 remarqué par les lieux où j'ai été 33 hors ce Royaume , mefmement en 35 Italie , où on a toujours fait grande 33 profelîion de l'exercice de la Cavale- 35 rie 5 qu'ils n'entreprennent point un , 33 cheval , qu'il n'ait toutes les qualités 33 nécellaires pour bien manier , & fi 33 on leur en mène qui foient colères 33 & impatients , mefchants , lafches , 35 pareiTeux , mauvaife bouche & pe*^- 33 faute, infailliblement quelque beaux 33 qu'ils puiiTent être , ils ne les^ntre-^ 33 prennent point ; au contraire , ils,^ 33 les envoyeur au carroffe j ce que.les^j Analyfe. 2p i » François ne trouveroient nuUemenc î5 bon , & accuferoient d'ignorance les .55 Ecuyers qui renvoyeroienc leurs che- >î vaux de la forte. C'eft i'occafion , 33 Sire , qui m'a fait plus foigneufe- îî ment rechercher la méthode dé la- >5 quelle j'ufe , pour ce que par autr© 35 voie il me feroit impolîible de réduire .3? quantité de chevaux que l'on m'a- 33 mène, dont la plufpart ont les mau- 33 vaifes qualités ci-delfus : qui me fait .13 dire fans vanité ni prcfomption, que, j> fî je n'eufTe recogneu mes règles plus it> certaines ^ & beaucoup plus briefves n que toutes le5 autres que j'avois ap- » prifes 5 je n'aurois pas quitté la plus |j3 grande partie de celles du Seigneur 5> Jean-Baptifte Pignatel , Gentilhom- 33 me Néapolitain , le plus excellent fca homme de cheval qui ait jamais I» efté de noftre fiècle, ni auparavant , D» duquel j'ai appris une partie de ce ^W que je fais , durant ie temps de fis ' N 2 â^a Analyfe, 33 années que j*ai pafle auprès de lui. sî Et pour ce que je n'ai jamais eu faute îî que de temps , j'ai travaillé à l'abré- vi ger autant qu'il m'a été poffibie pour 3> dreiïer les hommes & les chevaux, à o5 quoi j'ai réuffi ii heureufement , que 3J je puis faire voir que mes règles font V des plusbriefves, & fi certaines qu'ei* 3î les font infaillibles. Ce n'eft pas que j3 je réoroiive les autres , par lefquelles 35 les bons & rares Efcuyers apprennent ï3 a leurs chevaux à bien manier jufte: 9> mais j'eftime celles defquelles je me >> fers , eftre telles que je les viens de 33 dire , ôc de plus moins périlleufes. 53 Si donc quelque cheval refufe d'obéir, 33 il faut que le prudent Chevalier con- ■ ,33 fidere ce qui l'en em.pefche. Si le che*- 53 val efl imparient , méchant & colè-' 33 re -, il fe faut donner garde de le 53 battre , ( quelque naefchanceté .& dé- j 33 fenfe qu'il falîe/ pourvu qii'il aillô }> e-u avant j pour ce qu'eflant retenu dg Analyfê. 2p 5 3> court 5 cette fubje6tion chaftie alTez Î3 fa cervelle , ( ce qui eft plus néceiîàire 3> à travailler à tels chevaux & à tous » autres , que les reins & les jambes ,) >5 & les cordes du cavefTon , durant ces )5 efcapades , lui donnent le chaflimenc î> à propos 5 & au même temps qu'il fe i-> met en effort de s'échapper , telle- 55 ment que par cette voie , il faut qu'il 3î demeure dans fa pifte, malgré qu'il » en ait : mais fi l'incommodité du ca- îî veifon le faifoit arreiler pour cher^ I 3î cher quelqu'autre défenfe , foit en >3 allant en arrière, ou bieii en fe jet-* 33 tant contre le pilier , alors celui qui |-5> tiendra la chambrière , lui en fera 33 peur y. &c lui donnera un coup , contre 33 lequel fi il fe défend , il redoublera 33 jufques à ce que le- cheval aille en 3) avant : puis incontinent lui donnera 33 à cognoiftre que fon obéiiTance pro- 33 duit les careffes , Se continuant de 33 la forte avec la prudence requife , 1^ N 3 •2p4 Analyfe. 3i cheval s'appercevra 6c exécutera bien- w toft ce qu'on délire de lui. Si le che- 3î val eft pareiïeux Se lafche, ôc que fk 35 parelTe &: lafcheté Itii fafïent refufer îî d*obéir , il faut fe fervir de la cliam- .■»î brière vigoureufemeot , tantoft de la 5> peur 5 tantoft du mal , efpargnant 5> néanmoins les cotips le plus qu'il fera 3? pofîible 5 pour ce que ce doit être le ^5 dernier remède , lequel il ne faut »> mettre en ufage qu'aux extrémités ^> des malices noires des chevaux , prin- ?î cipalement quand en fe défendant ils ^ cherchent l'homme pour lui faire 3} mal. Si le cheval fe rencontre avoir 5> mauvaife bouche , ordinairement la ?> défenfe s'exerce pluftot en avant , de 3» en forçant la main , que non pas en î& arrière ; tellement que tel chevaine a> doit eftre battu ; au contraire , retenu i9^5c allegéri, pour lui donner bon ôc » jufte appui & le mettre fur les han- $9 ches , afin de lui ofter l'habitude de Analyfe. 25) J > s'appuyer fur la bride & forcer la 35 main j ce qui fe fera au même pi- 3> lier , en trottant & galopant douce- » ment, jufqu'à ce qu'il faiTe fa leçon :w fans contrainte ^ & avec de la Icgè- 3^ reté. Si le cheval eft pefant , &: que 33 fa feule pefanteur empefche l'obéif- » fance que Ton deiire , il eft befoin de » le fort allégerir par la continuation « de cette ieçon , ou par les fui^antes y » de crainte que, fî on le preiToit aupa- » ravant que de l'avoir allégeri du de- » vant 5 ou appris la commodité d'eftre 3> fur les hanches , il ne le mît fur les » efpaùles , de telle forte qu'il fiit après » fort difficile de le relever : mais lî 33 parmi la pefanteur il s'y rencontroit » de la malice , il faudroit bien pren- ^ are garde de le preffer auparavant 30 que de l'avoir allégeri , crainte de 33 l'accident fufdit , & d'un autre phis_ » fafcheux , qui eft que , le preiîant •w avant que d'eftre allégeri , il ne maii- N 4 I I a()6 Analyfe. y> queroît pas de fe défendre de fa ma- 33 lice 5 laquelle n'eftant pas fécondée 25 de force ni de légèreté > il y auroit 3:> hafard que le cheval eftant attaché à 30 terre à caufe de fa pefanteur , cela T> l'obligeaft 5 voyant qu'il ne fe pour- 33 roit défendre de fa force , de fe jetter 30 contre terre , ou , tafchant de faire 33 quelques eilans , n'eftant afïifté de 36 force ni de légèreté , tomber ou fe, s> renverfer , ou quelquefois fe cou- 30 cher ». Méthode & invention nouvelle de drejjer les Chevaux y par le Duc Guillaume de Newcajlle j imr • primée à Anvers en tG5y^ Je ne fuis pas de Ta vis de ceux qui difent qu'on ne faurait difconvenir que le Duc de Newcaftle aie augmenté le petit nombre de connailfances que l'on avait avant fes écrits. Ses principes. Analyfe. sp7 déduits avec aiTez de foin , ont fait un très-grand tort à la Cavalerie , & les moyens qu'il indique à fuivre pour drefler les chevaux , ne peuvent être fentis par les Elèves & Amateurs, non plus que ceux de tous les Traités de Cavalerie anciens & modernes , comr me je prétends le démontrer dans l'Ana- Jyfe que je fais des Ouvrages qui ont le plus influé fur les éléments d'Equi- tation que nous avons. En difant, quand le chsvalfera dreffe\ à un air y vous le pajfere^ à un autre ^ le Duc de Newcaille n'indique point les moyens qu'on aura dû employer^ pour rinftruire au premier, & encore^ , moins ce qui prouve que l'animal eft afTez alToupli &: confirmé à uiie leçon pour paiïer à une autre qui rafrujéttit davantage , & qui exige qu'il fbit; pré* ^paré. En difant , pour faire exécuter aa cheval telle, ou x^'^q àxoi^^^-vousfyii^,^ N 5 '" 2_98 Analyfe. tiendrez la main à droite ou à gauche j les ongles en-dejfus ou en-dejfous ; en piquant de Vune ou V autre jambe j vous vous fervire:[ des rênes de la bride ou de celles du cavejffon : ce n'eft point encore expliquer les degrés , Tinflanc ou l'à- propos , chofes indifpeniables ponir i*inftruâ:ion du cheval : car tous les mouvements du Cavalier qui ne fe- raient point agir Tanimal à un degré . convenable à ce qu'on exige , ne pro- duiraient point d'effet avantageux , Se e'eft auffi ce qui arrive, quand les igno- rants veulent entreprendre de dreffer les chevaux : ils font beaucoup de mouvements inutiles , de quantité d'au- tres nuifibks ou oppofés à ceux qui conviendraient pour remplir l'objet €[u'ils ont en vue. Comme depuis le Duc de Newcaflle on a ïîmplifié & perfedionné dans les Bonnes Etoles les principes anciens, & que ceux qu'il a imaginés;, ne font fûiviè Analyfe. Sjjp que par des perfonnes a qui les grands maîtres de nos ^ours ne reconnaifTent point de talens , je tranfcrirai feulement un ou deux de fes préceptes , afin qu'on puiflTe juger , fans avoir recours à fon Livre , de la manière dont il s'exprime pour communiquer fes idées , & de la faufTetédes principes qu'il a introduits, fur l'aflîette du Cavalier , & que je re- garde comme l'époque des divifions qu'il y a eu dans les opinions plus on moins erronnées des Ecuyers lefquelles ont beaucoup retardé les progrès qu'on aurait pu faire fur l'Equitation , & occa- fionné la ruine d'une infinité de braves chevaux (i). (i) En réflécKifTant ua peu fur la diverfîté des principes que l'on a établis pour lapofture du Ca- valier achevai, qui doit êtreregarde'e fans contre- dit comme la bafe de Tart de drelfer & foumettre les chevaux , il paraît incroyable qu'une chofe iufceptible de démonfh-atîons ait pu occafîonner N 6 3ot> Analjfe. De Vajjicne parfaite j & des allons dtt CavalieT'r donc bien placé fur l'enfourchure 3) dans le milieu de la felle , il doit liers , que Mr. de Pluvinel a inventé , eft moins avantageux pour drefTer les chevaux ^u'un feul, &c. Ce que f e viens d'écrire , & ce que je penfe des principes du Duc de Newcaftle , ne m'empêchera pas de convenir que Ton doit des éloges aux foins & aux peines qu^il a pris avec le Capitaine Ma- zin, fon Elève, de faire un Livre auffi confîdéra- ble que celui qu'il a donné au Public, dans la grande confiance de lui communiquer les lumiè- res qui lui ont fervi pour drefler , aïïbuplir & fou?* mettre les chevaux à fa manière. I: Analyfe. 303 tê. s'avancer vers le pommeau le plus qu'il ^ pourra, laifTant la largeur de la mai» B» entre Ton derrière & Tarçon de la felle 5 tenant les jambes droites en bas. 5 comme s'il eftoit à pied, fes ge»/ noux & cuifTes tournés au-dedans vers 35 la felle , les tenant ferrés Se fermés , » comme s'ils étoient collés à la felle j » car le Cavalier n'a autre chxofe avec 30 le contrepoids de fon corps a fe tenir » à cheval. Il doit fe planter ferme fur » les étriers , le talon un peu plus bas -■» que les orteils , en forte que le bouc » des orteils paflfe les étriers de demi- » pouce , ou un peu davantage \ il doit » tenir le jarret roide, les jambes ni' » trop loin , ni trop près du cheval , » c'ell-à-dire , qu'il ne lui touche pas les » côtés , à caufe des aides que j'enfei- » gnerai ci-après. Il doit tenir les rênes « dans la main gauche , les féparant du « petit doigt, ferrant le refte dans la » main , le pouce fur les rênes , 6c te^ 304 Analyfe. ■3i nanc îoxi bras plié tout contré fon w corps , mais fans être contraint. La » main de la bride doit être trois doigts >? au-defTiisdu pommeau, Scdeux doigts 35 plus avancée que le pommeau, afin >5 qu'il n'empefche pas de manier les « rênes, qui doivent être droites fur le » col du cheval. H doit avoir dans la 33 main droite une houffine fouple,pas » trop longue com.me une gaule à pef-^ » cher , ni trop courte comme un poin- 3? çon , mais plutoft courte que longue \ a> d'autant qu'on a pluiieuis aides très- 33 belles d'une houffine courte, que la 33 longue ne permettroit pas : le man- » che d'icelle doit paffer un peu la . » main , & cela non pas feulement \ 33 pour en .çareffer le cheval , mais 3 33 aufîî pour la tenir plus ferme. La \ p» main droite dans laquelle eil la houf? 30 fine, doit être un peu devant la main ai> de la bride , la pointe de la houffine » au-dedans , la poitrine un peu avan-? , Analyfe, 505 >« cée 5 le vifage gai &c réjoui , fans 33 toutefois rire , regardant droit entre j> les deux oreilles du cheval lorfqu'il a> avance. Je n'entends pas qu'il foit :>> roide comme un bâton , ou qu'il fe I jj tienne à cheval comme une ftatue ; M mais au contraire , qu'il foit libre , >» 3c avec toute la franchife pofîible , • ^ ôc 5 comme l'on dit ( en danfant ) à la .5> négligence. Ainfî, je voudrois qu'Hun » homme fût à cheval en Cavalier , yi fans aucune formalité , car cela fenc » plus l'Ecolier que le Maître j de je I » n'ai jamais vu aucune formalité qui p ne m'ait femblé approcher du fimple n de du niais. L'alîiette eft de telle im- i » portance , comme vous verrez ci- ^> après , que c'eft la feule chofe qui » fait aller un cheval juile , &c qui ed ^ préférable à toute autre aide ; ne la »? méprifez donc point. Qui plus eft, 7> j'oferai dire en alTurance , que celui ['P qui n'eft pas bel homme de cheval. 3o5 Anàlyfe. » ne fera jamais bon homme de che- 55 val. Quant aux rênes de la bride & 30 du cavedon , je vous enfeigneraî aux » difcours fuivans ce qui n'a jamais >) été connu jufqu'ici js. ( Je ne puis comprendre comment, avec une telle afliette , on pouvait avoir une bonne tenue à cheval , ô<: le fentir aflfez exac- tement pour le dreiTer à toutes les al- lures & à tous les airs. L'aveu que je viens de faire , me conduit à un autre fur la difficulté que je trouve à conci- lier les grandes chofes que les Auteurs \ racontent qu'ils ont faites fur les che-^ Vaux 5 avec le peu d'avantage que Voti tire de leurs principes ). l De la façon dont M, de Ncwcafile dj^ i avoir réduit un cheval rétif à tout exchs, à Un cheval rétif à tout excès né » confifte pas feulement en ce qu'il ne >î veut point avancer , mais auiîî en Analyfe. 507 >^ ce qu'il s'oppofe au Cavalier, en tout 5 ce qui lui eft polTible , & cela avec 5 malice : car , fi on le veut faire avan- > cer, il ira en arrière j fî on le veut > faire tourner à une main , il voudra 0 tourner à l'autre : ainfi il fe défen- > dra , & s'oppofera à tout ce qu'on o voudra lui faire faire. Ces a(5tions > ne font que méchanceté envers le I» Cavalier , pour le contrarier à tout ce « qu'il veut faire. » Mais voici le fondement fur le* [«> quel il faut travailler pour les accor- |i» der & gagner le cheval : car la per^ P fedtion d'un cheval bien drefTé con- it* Ç\^t en ce qu'il fuit la volonté du » Cavalier , en forte qu'ils n'aient » qu'une volonté. 11 faut u|i peu le >j forcer , mais pas long-temps ; car on » le r endroit pire. Je n'ai point en- j> cote veu que la force & la paffion ' J5 aient gagné quoi que ce foit fur un I ^ cheval j car le cheval ayant moins 3c8 Analyfe* 30 d'entendement que le Cavalier , fa 35 paiîion en eft plus foite , tellement 5> qu'il l'emporte toujours fur le Cava- » lier j ce qui fait qu'aucune violence îî n'a d'effet fur lui : car , lorfque le 33 Cavalier penfe être vidlorieux, il eft » trompé 5 veu qu'on trouve au mefme » temps que c'efl le cheval : parce que ^ » lors que le Cavalier a tant éperonné 35 le cheval , qu'il Ta mis tout à fang 33 & à fueur , & que lui-même s'eft 33 baigné dans la fueur & qu'il s'eft » mis hors d'haleine , cependant qu'il X» tourmentera le cheval , il réiiilera » toujours j il courra contre une mu- » raille, ou fe couchera , mordra, rue- 53 ra , & fera mille défordres de la forte. siTout aufli-tôc que le Cavalier n^ a> l'éperonne , ni ne bat plus , il laiffe 3> fes méchancetés ; en quoi le Cava- » lier , qui penfe avoir furmonté le 55 cheval , efî: trompé , parce qu'il ne 5? fait plus la roffe au pas, d'autant Analyfe, 30p 1» qu'il eft vidorieux, fi le Cavalier s'y i» entend bien ; car le Cavalier lui a ij»> cédé en celTant de le battre & de Ij» l'éperonner. Le cheval donc troii- ■j» vant qu'il a du meilleur , il efl tout- s|»> à-fait conquérant. i 30 Si le Cavalier recommence encore j5 à le battre & cperonner , le cheval 35 lui réfiftera de rechef; ce n'eil donc » pas le cheval qui e(l vaincu , mais 35 le Cavalier, qui eft la plus grande :® befte des deux. Battre &: éperonner t> ne fait que continuer la querelle juf- 3-> ques à la mort , comme un duel, ^ Partant , c'eft 1-e tout de rendre le îî Cavalier & le cheval amis , &: faire 53 qu'ils n'aient qu'une volonté. 33 Si en cette extrémité on ne le :» peut faire en une façon , il le faut 30 faire en une autre ; c'eft-à-dire , fi M en cette extrémité le cheval ne veut 3î s'accorder avec vous , il faut que 30 vous vous accordiez avec lui en cette 3 1 o Analyfe. » forte : vous voulez faire avancer vo- 3» tre cheval ; lui , pour fe défendre 3» de vous 5 fe jettera en arrière ; alors js à l'inftant vous le devez tirer rrès- >5 fort en arrière : or , pour vous être 3» contraire , il s'avancera ; fur quoi >5 vous le devez poufler très-fort en «avant. Si vous voulez tourner à la M main droite , il voudra tourner à la 35 main gauche ; vous donc , tournez-le »> a la main gauche aufîi vite qu'il vous 33 fera poiïible. Si vous voulez tourner ' y> à la main i^auche , il voudra tourner 3s à la main droite j tournez-le alors 3> à la main droite aliOi vite qu'il vous w fera polTible. Si vous voulez le faire 5> aller de biais d'un côté , il voudra 3û aller de l'autre, fuivez l'y donc. S'ili îo veut fe lever , levez-le vous-même » deux ou trois fois. En un m.ot , fui- ^ vez-le en tout ce qu'il voudra .& 35 changez aulîi fouvent que lui. Lorf- 5> qu'il verra qu'il ne pourra réûfter j Analyfe. 511 j) mais que vous voulez toujours ce » qu'il veut , il s'étonnera , foufflera , » renifflera èc ne fçaura que faire , » comme faifoit le cheval que j'ai guéri » par cQite médecine. » Je dis que c'eft ici le moyen de » guérir un cheval qui efl: défefpéré- » ment rétif; autrement, le moyen » ordinaire eft de récompenfer le che- » val lorfqu'il fera bien , & de le châ- >5 tier lorfqu'il fera mal. Mais vous » devez être prodigue en vos rccom- j3 penfes , & chiche en vos correélions , 33 autrement vous gâterez votre clie- 5> val. Vous devez lui. pardonner plu- îj fleurs fautes , comme provenantes x> d'ignorance \ car comment faura un y> cheval qu'on ne l'ait ejifeigné ? En- 55 feignez-le donc par fréquentes répé- » titions. Lorfque vous l'aurez enfei- » gné , &: qu'il réfifte par méchance- y> té , châtiez - le , mais rarement , & 3> votre châtiment ne doit pas être con^ 312 Analyfe, *i tinué long-temps. Si le cheval obéit -p tant foit peu , arrètez-le , & faites 33 votre amitié par quelque récompen- se fe. Si le cheval fe lève trop haut , né 33 manquez pas de lâcher extrêmement » les rênes, &, en tombant, donnez- 35 lui ferme des deux éperons , lorfqu'il 33 eft près de la terre , & le faites avan- » cer. Voilà ce que j'avois à dire d'un 35 cheval excellivement rétif , &: des 33 châtiments ordinaires ■», ( Tout bien examiné , ces principes longuement déduits, que le Duc de Newcaftle trouve aulîi excellents qu'in- génieux , ne font rien moins que cela. J'ajoute même , que cette pratique prouve qu'il ne fentait pas afTez bien fes chevaux pour s'appercevoir de leurs deiïeins par la promptitude de leurs mouvements , par la manière variée de raflfembler leurs forces , par l'ordre des pieds fur le fol , par l'à-plomb du corps ^ la poiition de l'encolure , de la tetê, Analyfe, 513" tête 5 par le mouvement des oreilles & le coLiaillement, d)Cc. Indications dont tout homme de cheval tire avantage pour parer les défenfes de l'animal , loin de le faire tourner , reculer , avancer jufqu'à l'étourdir j ce qui expofe le Ca- valier. Cette leçon Singulière n'a pas dû beaucoup inftruire les Elèves qui l'ont étudiée. Mais voyons encore une des remarques de l'Auteur , pour ju- ger de la différence qu'il y a de Ïqs connaiffances aux nôtres. Remarque, ce II eft impoiîible de dreiTer aiicuîî » cheval avant qu'il obéiffe au Cavalier^ 3» & que par ion obéilTance il le recon- « naiffe pour fon maître ; c'ed-à-dire , » il faut qu'il le craigne , de que de » cette crainte procède l'amour, & ain(î 5? qu'il lui obéiffe ; car c'eft la crainte » qui fait obéir toutes chofes 5 les hom- O 314 Analyfe, » mes auffi bien que les bètes. Il faut s> donc mettre peine à faire que le che- » val craigne le Cavalier, parce qu'il 3) obéira par amour de lui-mefme , de » crainte du châtiment. L'amour n'eft » pas une prife il affurée , d'autant 30 qu'elle fait dépendre de la volonté 35 du cheval \ au-lieu que , lorfqu il craint 35 le Cavalier, il dépend de fa volonté, SI 5c cela, eft être un cheval drelïé. Mais 33 lorfque le Cavalier dépend de la vo- 39 lonté du cheval, c'eft l'homme qui 33 eft dreifé. L'amour donc ne fert i s5 rien ? c'eft la crainte qui fait le tout ; 9) c'eft pourquoi le Cavalier fç doit faire %a craindre j qui eft le fondement de » drelTer un cheval. La crainte fait ren-^ i5 dre l'obéiflance , & la coutume à » obéir rend un cheval drelTé. { Croyez^ « moi \ car c'eft le çonfeil d'un ami Se '. 3> de la vérité w. Ce raifonnement n'eft, à mon avis, qu'un galimathias di6tépar rçnchoufiafmç , Sç rien de glus ). 1 Analyfe. ^ \ j ( Comme les principes que nous fui- vous actuellement en France dans les bonnes Ecoles de Cavalerie , font très- cloignés de ceux des Anciens qui ont écrit depuis le Duc de Newcaftle juf- qu'à l'époque où M. de la Guerinière a donné fon Traité de Cavalerie , que nous regardons comme le premier àQ% \ modernes ; &: qu'il ne ferait d'aucune j utilité 5 pour étendre les bornes de no- I tre favoir , que je rapportafTe les pré- \ ceptes qu'ils ont donnés , qui reffem- \ blent beaucoup à ce que j'ai déjà tranfcrir, je m'en tiendrai à ajouter la pofture de l'Komme de cheval de Mef- ; fieurs Gafpar de Saunier , & de Gar- I fault, dont les Ouvrages font les plus connus). O t 3ii le plus près du pommeau qu'il fera 30 poilible 5 & qu'il aura par-devant un » eftomac bien ouvert , c'eft-à-dire, les 38 épaules en arrière , ce qui fera parai- 33 tre une efpèce de creux au milieu des 3î reins ; il faut qu'il ait la tète droite 55 au-deiïiis des épaules , regardant bien ^ directement entre les deux oreilles >j du chevaL Cela fe doit faire naturel- 95 le ment , fans contrainte & fans pa~ Analyfe, "317 » raître gêné. Après avoir fait marcher 33 quelques jours Un Elève, on lui mon- îî trera à le mener bien quarrément, foit M au pas ou au frot , parce que tout Ca- 33 valier qui faura bien conduire fon « cheval dans les quatre coins du ma- 33 nège 5 fera en-état de faire toute autre =j chofe y car tout homme qui danfe 33 bien un menuet , peut facilement ap- 3> prendre les autres danfes >5. ( Je fuis afï'ez content de la pofture du Cavaiier.à cheval , poiir le temps où l'Auteur a écrit, mais je ne puis lui paifer ce qu'il recommande de faire ob- ferver à un Elève , en difant qu'après avoir exercé quelques jours , on lui montrera à mener fon cheval bien quar- rément dans les coins du manège foit au pas ou au trot \ raifonnementpitoya- j ble, & principes oppofés à ce qu'il con- I .vient de pratiquer , qui confifte à em- ! ployer une année à donner de la fer- meté a cheval aux commençants , en o 3 3i8 Analyfe, trottant vigoureufement. Il paraît in- ■ croyable que M. de Saunier , qui a été inftruit par Mefïîeurs de Bournonvilte èc Dupleffis fe foit fervi d'un pareil moyen pour inftruire promptement fes Elèves ). Le nouveau & parfait Maréchal, par M, Garfault* ... > Pojlure de V homme de cheval. « Droit dans la felle , le chapeau i f9 droit 5 l'habit boutonné ou large , la i 55 vefte boutonnée , alîîs dans la felle , j> les épaules en arrière : fourenez les » reins en les pliant un peu j ne baiiTez : a» ni ne levez le nez j les jambes à- ii plomb près du cheval , & le talon uh ( » peu plus bas que la pointe du pied y » les bras le long des cotés, la main de 5> la bride en fa iltuation , ainfî que y> celle de la gaule \ les étriers à votre 09 point a ni trop longs ni trop eourts% ' Analyfe. jîp » &: au bouc du piexl. Aucune contrainte » apparente en tout cela. Puis tenez vos îî jambes fermes , ne les brandillez f>r> point 5 appuyez fur vos étriers , &c. iy Ne donnez jamais de faccades j au « contraire , ayez beaucoup de moël- 5> leux dans la main : ne menez jamais » votre cheval de biais , mais droit en- 55 tre vos jambes : ne reculez point de 55 travers, ne tirez pas perpétuellement 35 la bride : au- lieu d'appeller de la lan- 55 gue 5 ferrez les cuifTes ; il faut vous 55 prévenir que les regardants ne doi- 95 vent point voir vos aides. En picô- >9 tant 5on brouille le cheval, 6cc. Deux j5 chofes de conféquence qu'il faut ob- .15 ferver tant que vous êtes à cheval , 55 font de ne jamais couler & arrêter le 55 bouton des rênes fur la crinière , &: « de ne point quitter la bride. Tenez- 55 vous toujours des cuifTes , & jamais 55 au pommeau de la felle : ^la eft 5^ honteux , &c î5, 04 '^2Ô Analyfe. ( On volt 5 par cet affemblage in- forme de préceptes, que les écrits de M. Garfault n'étaient pas plus avanta- geux qu'intelligibles ). Ecole de Cavalerie , contenant la connaïjfance y Vinjiruàïon ù la confervation du cheval^ par Fran- çois-Robichon de la Guérinière y Ecuyer du Roi ; imprimée à Pa- ris en 1744. Dans fon fécond Livre , Chap. II , Mondeur de la Guérinière fait une defcription des différentes natures des chevaux , de la caufe de leur indocilité, èc des vices qui en réfultent. Il aurait dû 5 ce femble , dans le Chapitre fui- vant indiquer les moyens qu'il faut em- ployer pour y remédier , puifqu'il n'en -avait pas fait mention dans celui-ci. Point du tout , il n'y eO: queftion que des inïlruments dont on fe fert pour Analyfe, 521 dreiïer les chevaux , enfuite des termes- -de l'Art, S^c. Monfieur de la Guéri- nière cite le jugement que portent Mef- fîeurs de la Broue & de Pluvinel fur le cavefïbn que nous avons fuppuimé en France , & il paraît encore être très- partifan de cet ufage, par la vénération qu'il a pour la décifion de ces deux Ecuyers. Il dit que <« la hauteur de la main 33 règle ordinairement celle de la tête 55 du cheval , qu'elle doit être douce de 53 ferme , & qu'elle doit s'accorder 53 avec les jambes jj. (Il fe trompe un peu : c'efl la force , la foupleiïe , le plus ou le moins de légèreté & la ftruc- ture de l'encolure, avec les à -propos dans la manière de rendre , qui déci- dent de la hauteur de la tête. A l'égard de la m.ain douce & ferme , qui doit s'accorder avec les jambes , c'eft une grande vérité , qu'il aurait dû rendre fcAfible en fe fervant des degrés qui 05 322 Analyfe* eufTent marqué la différence de ce qulf nomme la main ferme ou la main dou- ce, ainfî que l'inftant où il fallait la Ibutenir pour Raccorder avec les jam- bes 5 qui doivent aufîî avoir des degrés relatifs au befoin ). Le Chapitre des allures eft bon , pour ce qui regarde l'ordre àes Jambes : mais l'Auteur omet une ipfinité de chofes iiir les différentes motions du cheval , qu'il était très - effentiel d'expliquer. «* C'efl le trot, dit-il, qui efl la bafe de ^ toutes les leçons , pour parvenir à îj rendre un cheval adroit, fouple & 3> obéiffant ». (J'en conviens, pourvu toutefois qu'on donne à l'animal nn^ Belle attitude , fans quoi il ne s'afTou- piira pas davantage que celui d'im voyageur ). De l'arrêt, w L^arrèt efl l'effet que produit Tac- 35 lion que l'on fait en retenant avec la Analyfe, -32^ ,39 main de la bride la tète du cheval Se » les autres parties de l'avant-main , « & en chaffant en même temps déli- 5î catement les hanches avec les gras 55 de jambes , en forte que tout le corps 55 du cheval fe foutienne dans l'cqui- 55 libre en demeurant fur Ïqs jambes 6c ^> fur (es pieds de derrière , &c 3>, ( L'Auteur ne donne pas une idée de Tarrèt que les Elèves puifTent fentir : il ne parle point de Tà-plomb du Ca- valier 5 &: prefcrit ce qu'il convient à- peu-près de faire fur un cheval dreffé, pendant qu'il fallait indiquer les moyens dont on doit fe fervir avant fur un che- val à dreiïer. Il n'en eft pas de même de l'aârion du reculer , que l'Auteur a bien expliquée. Si dans tous fes princi- pes il était auiîi intelligible , on aurait pu tirer un grand avantage de la lec- ture de fon traité : j'obferverai néan- moins qu'il aurait été plus digne d'élo- ges, ^il n'eût pas recommandé de tour* O ^ ^ 324 Analyfe. lier les ongles en haut en foutenant la main^ &: de frapper avec la gaule fur les genoux & fur les boulets de l'animal pour le faire reculer, s'il s'obflinaitàne pas le vouloir. Comme on ne doit commencer cette leçon qu'après avoir longtemps icxercé , placé & mis d'à-plomb le cheval , le moindre mouvement que le Cavalier fera en foutenant la main , obligera d'abord l'animal de fe rafTem- blerj 6c 5 ^n augmentant un peu la pref- ^on du mords , de reculer avec jufleire & d'une adion foutenue). De r épaule en-dedans, *< Les jambes du cheval ont quatre »i mouvements j le premier eft celui de 5> l'épaule en avant , quand il marche 3û devant lui j le deuxième eft celui de 99 l'épaule en arrière , quand il recule; s? le troiilème eft celui qu'il fait en le- s> vant la jambe & l'épaule dans une >? place hn% ayancer ni reculer , qui eft Analyfe. 325; 'j> l'adîon du piafer j &c le quatrième eft 33 le mouvement circulaire & croifé que j3 doivent faire l'épaule & la jambe du >i cheval, lorsqu'il tourne étroit, ou qu'il 33 va de côté, d^c ». ( L'Auteur parle de l'aétion du cheval dans cette leçon & dans prefque tou- tes les autres, fans expliquer comment il faut que le Cavalier s'y prenne pour le faire agir. Je ne vois pas qu'avec une omilîion de cette importance pour l'inftrudtion d'un commençant , qui cherche à s'aider de la théorie fur l'art de monter & drefTer les chevaux , il pût lui être de quelqu'avantage d'étu- dier cette leçon. Il cite encore aiïez , mal-à-propos , ce qu'ont dit Meneurs de la Broue & le Duc de Newcafcle , fur les parties qui s'alToupliiTent en exerçant le cheval l'épaule en-dedans fur les cercles , comme s'il eût cramt d'avancer une erreur ; néanmoins il fe décide à dire que les parties qui font le 32 tf Analyfe, plus grand mouvement , font celles qui s'âfiTouplifTent le plus. Il fallait ajouter, & celles qui font le moins chargées de la mafTe ). Du Galop. M. de la Guérinière pafle à cette allure , fans indiquer les moyens qu*il . faut employer pour inftruire le clie- i val à galoper , il fe borne à dire , 1 jj qu'il faudra le galoper dans la pof- » ture de l'épaule en-dedans , non-feu- 30 lement pour le rendre plus libre & « plus obéilTànt \ mais pour lui ôcer la y> mauvaife habitude qu'ont prefque » tous les chevaux , de galoper la 35 jambe de dedans de derrière ouver- 5> te 3 écartée & hors de la ligne de la » jambe de dedans de devant. Ce dé- » faut eft d'autant plus confidérable , 35 qu'il incommode fort un Cavalier & 33 le place mal à fon aife , comme il eft a», facile de le remarquer dans la plu- I Analyfe. 327 j5 part de ceux qui galopent». (L'Auteur aurait du dire , dans tous les chevaux qui galopent ). « Par exemple , fur le 35 pied droit, ajoûte-t-il, qui eft la ma- 15 nière de galoper des chevaux de 5> chaiïe & de campagne , on verra 3> qu'ils ont prefque tous l'épaule gau- » che reculée , 6c qu'ils font penchés à » gauche ; la raifon en eft naturelle , » c'eft que » 2 cheval , en galopant la >* jambe droite de derrière ouverte Se » écartée de la gauche , Tos de la han- « che, dans cette iituation , poulie & » jette nécelTairement le Cavalier en- » dehors & le place de travers. C'eft » donc pour remédier à ce défaut qu'il s3 faut galoper un cheval l'épaule en- » dedans , pour lui apprendre à appro- iy cher la jambe de derrière de dedans » de celle de dehors , & lui faire baifTer 30 la hanche j & lorfqu'il a été aftoupîi » Se rompu dans cette pofture , il lui M eft aifé de galoper enfuite les haa-- 328 Analyfe, 33 ches unies & fur la ligne des épaules ; » en forte que le derrière chaffe lô w devant , ce qui eft le vrai & beau 9J galop )}. ( Tout ce qui vient d'être rapporté concernant le galop , eft une longue er- reur 5 & l'ufage continué un peu de temps des moyens que l'Auteur indi- que, a dû faire défendre les chevaux & en ruinerune grande partie, comme je l'ai démontré dans ces effais au Cha- pitre des allures. Comment a-t-il pu fe réfoudre à contraindre , je pourrais dire à eftrapaiTer les chevaux, en les faifant galoper l'épaule en-dedans , pour s'op- pofer à la motion méchanique de l'ani- mal au galop ? Si , appercevant l'effet , l'Auteur eût remonté à la caufe , il au- rait iimplement cherché , en réglant l'allure 6c lui donnant la belle cadence qui carad:érife le beau galop , à tenir le cheval plus droit & plus d'à-plomb. A l'égard de ce qu'il recommande pour Analyfe, 325) parvenir promptemenc à fentir les che- vaux au galop 5 en comptant dans l'al- lure du pas les foulées de chaque pied, je penfe que le moyen le plus infailli- ble & le plus prompt, confiile à trotter beaucoup, en fe molliffant pour prendre le fond de la felle <5c ne plus l'aban- donner ). Des chevaux de guerre, «« L'Art de la guerre & l'Art de la « cavalerie fe doivent réciproquement 9> de grands avantages j chaque air de 35 manège conduit à une évolution de 33 Cavalerie 33 , dit l'Auteur \ & il veut le prouver par les applications fuivan- tes. « Le palTage , par exemple , rend » noble & relevée l'adtion d'un cheval » qui eO: à la tète d'une troupe : en 3> apprenant un cheval à aller de côté , » on lui apprend à fe ranger fur l'un 35 & l'autre talon , foit dans le milieu 39 ou à la tète de l'efcadron , quand il 33^ -Analyfe» >j en faut ferrer les rangs ( il veut di- 35 re 5 ferrer les files ) & dans quelque » occafion que ce foit. j5 Par le moyen des voltes , on gagne » la croupe de fon ennemi & on l'en- » touFe diligemment. » Les pafTades fervent à aller à fa n rencontre & à revenir promptement 3> fur lui. 35 Les pirouettes & les demi-pirouet- 35 tes donnent la facilité de fe retour- 33 ner avec plus de viteiTe dans un « combat. 30 Et fi les airs relevés n'ont pas un >9 avantage de cette nature , ils ont du ^ moins celui de donner à un cheval la 33 légèreté dont il a befoin pour franchir M les haies & les fofTés ; ce qui contri- » bue à la sûreté & à la confervation 33 de celui qui le monte. Il faut corri- 9» ger 5 continue l'Auteur , les chevaux » qui ont la mauvaife habitude de 33 mordre & de fe jetter fur les autres Analyfe. 331 »> chevaux , parce que dans un combat » où ils font animés , on ne peut leur 3î oter ce défaut ». ( En parlant ainfî , Monfieur de la Guérinière montre évi- demment qu'il avait une idée bien fauffe des motions de la Cavalerie ; car il h'eft pas queftion de pafTager &: faire Taimable , en fatiguant fon cheval à la tète d'une troupe , fur-tout en campa- gne , où les chevaux font fouvent dans la boue jufqu'au ventre. Il faut am- plement qu'un Officier ait là une con- tenance aiTurée, & conferve bien (on fkng- froid dans les plus grands périls , commande fa troupe avec précifîon, en lui faifant obferver le plus grand filen- ce. Il n'eft point queftion non plus de faire ufage des voltes pour gagner la croupe de fon ennemi & le combattre par derrière. Ce procédé ne convient point à un Français; d'ailleurs la charge fe fait toujours par pluiîeurs efcadrons, foit à demi-intervalle, tant plein que 5 3 2 Analyfe, vuide 5 ou en muraille \ Se cela en cou^ rant à toutes jambes fur un fol fouvent mal uni, pour culbuter la première Se enfuite la {econào ligne de l'ennemi , avec le moins de défordre poilible , ob- fervant que les files foient jointes Se les rangs ferrés , principe qui rend les vol- tes abfolument inutiles. Tout ce que Monfîeur de la Guérinière a écrit fur la manière d'inftruire les chevaux de guerre, n'eft pas plus conféquent que ce qu'on vient de lire j mais il n'y a rien d'étonnant à cela. Quelqu'un qui a paflfé fa vie comme lui dans un ma- nège 5 Se qui ne connaît la guerre que par des récits plus ou moins exaébs, ne peut que très-difficilement employer £qs lumières à prefcrire ce qu'il con- viendrait de faire , lorfqu'on charge l'ennemi ( i ). Je ne ferai pas auiîi in;^ » I 1 1 I I • Il (i) En parlant des avantages qu'une Troupe de Cavalerie peut tirer de la manière de drefîer ôc Analyfc, 333 diligent fur ce qui concerne l'Equita- 'tion ; je me plaindrai , avec beaucoup de raifon , que l'Auteur fe foit con- ' afioiiplir les cîievaux , Mr. de la Guëiinière rérî veille les faibles notions que j'ai fur cette partie ; : & il ne fera pas dit que j'aie manqué d'expofer ici I quelque chofe de mon fentiment à ce fujet, ainfî I que je l'ai déjk fait dans mes autres Notes, \orC- i que l'occafion s'en eftpréfentée. I Quoi qu'on en dife , il ferait à fonhaiter que tous les Officiers, Cavaliers , Dragons & Huf- fardseufîent une bonne afîiette, & que l'exercice, bien entendu , leur eiit donné l'acquis néceffaire pour placer, aiïbuplifi mettre droit & d'à-plomb leurs chevaux. Avec cet avantage , la connaifTance Hes manœuvres & l'attention , il ferait facile de faire toutes les évolutions poiîibles avec autant de précifion que de célérité. On verrait fendre raie aux efcadrons, ils feraient des quarts ou des demi- cônverfions très-légèrement fans s'ouvrir ni fe ferrer. Un Corps de Cavalerie fe porterait en co- lenne & fur un front quelconque très-prompte- ment d'un lieu à un autre , fans défordre , & exi eonfervant afTez bien les dxllances pour qu'aucijns; 33^ ^nalyfe. tenté d'expliquer ce que c'était que tel ou tel air , fans indiquer les moyens qu'il fallait employer pour inftruire les desparties de ce tout en mouvement commun ne fut retardée. La charge fe ferait avec une rapi- dité incroyable j cette mafle énorme , compo- fée de quantité d'efcadrons élancés d'un mouve- ment uniforme , quoique réfultant de tous lesrefr- foscs particuliers des folides qui la comporenc , étonnerait , renverferait & foulerait aux pieds l'ennemi qui oferait s'expofer à fon terrible choCé . Le bon Cavalier , comme je l'ai dit ailleurs, , ayant une grande tenue , non-feulement ne nuira » point à réquiiibi-e que le cheval cherche a chaque pas ; mais il pourra concourir à le maintenir : conféquemment l'animal fera plus célère , parce qu'il emploiera toute fa force à élancer fa mafîe y , il ira plus droit ; la rapidité de fa courfe , en allant r de front avec d'autres , ne fera point retardée par les petits chocs récidives qu'il pourrait recevoir latéralement en ondulant de droite & de gauche, dont l'effet eft plus ou moins confîdérable , félon que le halàrd lui fait rencontrer ceux qui l'avoifi- aent j ilfuiyrabien exa^^temem i'^c du cercle dans p Analyfe. ^3^ chevaux à ces airs ; d'avoir fait rénii- mération des différentes natures des chevaux , d'avoir expliqué d'où procé- le quart ou la demi-converfion, c'eft-à-dire, tous les points d'un cercle qui font également éloignés du centre , ce qui n'arrive jamais quand on con- duit mal fon cheval; car les files qui compofent Taîle qui marche , s'ouvrent & font fouvent le dou- ble de chemin en pure perte. Il ne battra pas à la main , il s'arrêtera ou partirai la volonté de celui qui le dirige. Celui , au contraire , qui fera embar- ralïe du Cavalier incommode qu'il eft obligé de porter , fe roidira, ferapefant , mal-adroit , battra â la main , fe traverfera , pourra tomber & luttera enfin continuellement contre les mouvements ir- réguliers de la mafTe qu'il porte , foit pour con- ferver l'équilibre & furmonter les obftacles occa- donnés par cette malTe, qui s'éloigne de lui â chaque temps de trot ou de galop , foie pour évi- ter les faccades d'une main dépendante d'un corps mal afîuré à cheval. Comment un tel Cavalier pourrait-il ne pas nuire confidérablement dans toutes les évolutions , & fur-tout dans la marche d'une colonne, s'il ne peut pas ralentir rallure 5 3 6* Analyfe, dent leur indocilité de leurs vices , fans avoir indiqué ce qu'il fallait mettre en ufage pour les corriger &: les foumettre au befoin, ou l'augmenter graduellement, pour ne point altérer cette colonne? & comment pourra- t-il fe rendre aurallieraent , après une charge faite avec un peu de défordre, s'il n'eft pas maître de fbn cheval ? Par ce que je viens de dire j, il fera facile de fentir l'avantage qu'il y aurait d'avoir des OiHciers j Cavaliers, Dragons & Huiïàrds, en état de conduire &: foumettre les chevaux , qui , fans cela, font les premiers ennemis à combat- tre : mais c'eft la cKofe impoilîble , & on pourrait «fer tous les chevaux du monde pour affouplir & faire que tous les fujetsqui campofent une troupe fuiïent autant d'Eoiiyers, comme le difent lesper- fbnnes qui déclament contre FEquitation; parce que tous les corps ne font pas propres à le deve- nir. Il faut donc s'en tenir à faire trotter les Ca- valiers à la longe, & dans le droit, pour leur don- ner le fond de la felle en les faifant bien afTeoir ,' en les plaçant d'â-plomb , fans contrainte &:bieii. quarrément devant eux. Beaucoup de perfonnes ne jnanqueront pas des'çiever contre ma déci-" a Analyfe. 537 à la volonté du Cavalier : omilîîon qui cft impardonnable , à moins qu'il n'eût iîon , les uns en faveur des ignorants, les autres en. faveur de ceux qu'on appelle les Ecuyers ^ comme je l'ai éprouvé cent fois j mais a caufe de l'expérience que j'ai de l'abus que l'on fait àts mats, le nombre d'idées différentes <][ue plufieurs perfonnes attachent a une même expreflion , en donnant mon avis, je reftç tranquille fur la ma- nière dont on le prendra. D'ailleurs , comme iî cft afïèz généralement reconnu qu'on n'approche de la vérité que relativement au plus ou moins de connaiiïànces dont chacun efl pourvu , il eft tout fimple que l'un trouve mauvais ce que l'autre ap- prouve , & que ceux qui ont de bonnes raifons a donner pour étayer leurs opinions ailien: en ^vant, fans craindre ni les idées contraires, ni la cabale. Un Ecuyer, pris dans l'étendue que cette dénomination me préfente, eit un homme fage, ■patient qui, fentant fon cheval, apprécie biea €xa6lement fes forces, pour ne pas en méfufer par un trop grand exercice, en cherchan»- à faiïbu- plir; qui le rend adroit & célère j qui ne fincom- ^ni0de point par des aides-accoups, quoique fani-; P '538 Analyfe. point intention d'inftruire les Elève$ des Eléments de Cavalerie. mal loit très-fenfîble ; qui le dompte , le foumet , le corrige des défauts provenants de la mauvaife volonté qu'il pourrait avoir, le rafTemble quand il le faut ou l'étend \ enfin qui le rend agréable. Ecuyer, fuivant quelques perfonnes , n'annonce qu'une efpèce d'entîioufiafte qui pafTe fa vie a ruiner & à défefpérer les chevaux , ce qm eft bien dififéreiit; maislapalHon, l'intérêt ou l'ignorance ayant de tout temps joué & divifé les hommes , il eft tout limple , commue je viens de le dire , que la plupart du temps on ne fe foitpas entendu. Cela ne m'empêcbera pas d'afllirer qu'il ferait bien que tous les chevaux de la Cavalerie fufleat placés & afTouplis , que les Cavaliers fulTent fer- mes & adroits à les conduire fans les tracaifer^^c, qu'étant impoffible de mettre une troupe à même d'exécuter ce que je viens d'expliquer , il feroic très-à-propos de faire un choix d'un nombre de fujets , qui, par d'heureufes di {poiitions , jointes à fintelligence & à la bonne volontéjfufTent exer- cés en conféqueiKe pour afTouplir, placer, tenir droit Se d'à-plombles jeunes chevaux, & its pré- parer à efcadronner. Analyfe. '5?p Après ce que je viens de dire contre Monfieur de la Guérinière , je ne dois point pafTer fous iîlence les éloges qu'il mérite fur la pureté de ^on ftyle , en coaiparaifon de celui des Auteurs qui ont écrit avant lui fur l'Equitation, 6c fur la vérité des principes de l'af- jfîette à cheval , que je ne rapport^ point ici , parce qu'ils font conformes aux miens , excepté dans la poiltion de la main & fes mouvements. Le nouveau Neivcafile y ou nou- veau Traité de Cavalerie , im- primé en iy4y* De la main & de fes effets. «« Le talent de bien exécuter dépend 3> principalement dé la bonté & de la » délicateffe de la main , qui vient àQ% » houppes nerveufes qui forment en » nous le feas du toucher, qui eft plus P z 540^ Analyfe. » ou moins délicat chez les hommes. » On ne peut conféquemment définir 3> le point de la main qui doit répon- « dre à cehii de la bouche du cheval. » Suppofons un homme que la nature 3^ a doué de ce tadt fubtil qui contribue 3> à la bonté de la main ; voyons quel- as les font les règles qui peuvent la per- jTfedionner &: la diriger dans les opér w rations qu'elle doit faire. Le cheval w va en avant , il va en arrière , il » tourne à droite , il tourne a gauche. 35 Ces quatre mouvements s'exécutent » au moyen de quatre mouvements de 5j la main; partant de la première po- *? fition le poignet arrondi , tournez » les ongles en-defîous pour faire aller M le cheval en avant ; pour le reculer, » arrondifTez totalement votre poignet; 30 pour le tourner à droite , portez vos » ongles à droite renverfant le poignet ; n voulez- vous tourner à gauche ? por- s> tez le dos de la main à gauche , d^^ Analyfe. 541 » façon que vos ongles viennent uii »3 peu en-deiïbus j la main doit avoic » trois qualités dans tous fes mouve- 30 menrs j elle doit être ferme , douce » & légère. On doit entendre par main « ferme, celle qui cara6térife le bon 35 appui j la main douce , celle qui mi- « tige ce point d'appui , & la main le-* 30 gère eft Tappui modifié par la main » douce. Les qualités de la iTkain dépen- » dent donc en partie de la manière de » fentir plus ou moins , de rendre de i> retenir ». ( Je ne vois pas qu'un Elève puilTe tirer grand avantage de ce raifonne- ment & des principes qu'il renferme. Au-lieu de parler de la délicatejGTe des houpes nerveufes , & d'expliquer les contorfions du poignet pour faire une efpèfie de croix j comme le dit l'Auteur dans ce Chapitre j il me femble qu'ii convenait mieux , de faire connaî-, p 3 ^4^ Analyjt, tre les degrés des temps de la main , par les différents effets qu'ils produi- fent fur le cheval qu'on veut inflruire , èc l'à-propos dans la manière de rendre ou de retenir. Moyens uniques, doii dépendent la juftefTe du travail & 1 o- feéiiïànce de l'animal ). « L^appui continué dans le même » degré de force , dit encore l'Auteur , M échauffe la partie , émouffe le (cns 99 du toucher , endort la barre ôc la rend » infenûble. De-lâ la nécelîiré de < ren- 9i -dre & de retenir ». (C'eft une erreur, l'appui continué devient de plus en plus înfupportable ^ ce que le cheval fait bien connaître en battant à la main , ou en poufïànt defTus pour vaincre la réfif* tance qui occaiionne la douleur : de-Li , la néceiïité de rendre & retenir , Se non de la prétendue infenfibilité de l'ani- mal ). <* La rêne droite détermine le che- » vul à gauche , la rêne gauche détermine Analyfe. 5^3 » le cheval à droite, ( Ceci* eil encore démenti par Texpérience , car la pre- mière fois q.iie vous exercerez un che- val en bride , après qu'il Taura érc en bridon , vous verrez que, foutenant la main à droite , il tournera à gauche , parce que la rêne gauche fait plus d'ef- fet dans ce moment. 11 faudra donc s'aider en appuyant fur la rêne droite ^ ou en l'éloignant du cou de l'animal pour tirer la tète à droite. Je conviens que peu-à-peu il obéira à la main gau- che 5 fans fe fervir de cette aide 5 mais c'eft plus à l'habitude qu'il contractera , qu'à la preflion occafîonnée par la rêne gauche. Pour fe convaincre de ce que j'avance, on n'a qu'à arrêter la rêne gauche a l'œil du banquet , ce qui en rendra l'effet nul : on verra qu'il tour- nera à droite dès qu'on foutiendra la main gauche de ce coté). 544 Analyfe, Des défenfes des chevaux & des moyens dy remédier, « Les défenfes des chevaux naifTent « plutôt de l'impéritie du Cavalier , 3» que des défauts naturels du cheval j >) même. Un cheval fe défend ; ne fait- 1 3» il pas : enfeignez-lui. Ne peut-il pas : 3> tâchez 5 par les moyens de l'Art , de 39 réformer la nature. Ne veut -il pas Si fâchant &: pouvant : après avoir 33 épuifé les voies de la douceur & de » la patience , contraignez-le par celles a de la rigueur », ( Quelles reffources un Elève pourra-t-il trouver dans cet avis , pour les employer*' à drefTer & foumettre fon cheval ? Ne femble-t-il pas que l'Auteur , à l'imitation de ceux qui ont écrit avant lui fur l'Art de dref- fer les chevaux , ait craint d'expliquer fes moyens ) ? c< Pour habituer un cheval au bruit â? de l'eau > attachez-le à deux piliers Analyfe. 34J « près d'un moulin. S'il veut fe cou- aj cher dans l'eau , ayez deux balles de » plomb percées & arrachées à une sî ficelle 5 que vous lui glifTerez dans 33 les oreilles quand il voudra fe cou- si cher ". (Comme l'on peut manquer fon coup 5 il vaudra tout autant lui planter les deux mollettes dans le ventre : il fe corrigera pour le moins auiîi-tot qu'a- vec les balles ). « Il n'eft point de che- 3> val qui ne fe porte plus facilement » à tourner à une main qu'à l'autre y î> c'eft du côté où il eft plus faible , 33 parce que le plus fort fait plus aifé- » ment l'action du tour r>. ( L'Auteur fe trompe , s'il croit que les- jambes de dehors pour un cheval qui tourne , font plus fatiguées que celles de dedans : elles €mbra(ïènt à la vérité un peu plus de terrein j mais les jambes de dedans portent prefque toute la malTe qui s'in- cline fur le centre. C'eft par habitude >Que le cheval tourne plus facilement 4^ ^^6 Analyfe, une main qu'à l'autre , fouvent à raifon de la JjbuplefTe qu'il y aura plus ou moins- dans l'encolure, j'ajouterai mê- me, de rà-plomb plus ou moins exad: du corps fur les jambes. Qu'on y fafTe attention , & on s'appercevra qu'il y a beaucoup de chevaux penchés à gau- che : auiîi tournent-ib plus facilement dCf ce côté que du droit, où ils font plus roides & communément moins penchés ). « Les chevaux peuvent être 35 entiers par quelque défaut de vue : 35 j'ai éprouvé , dit l'Auteur , pour les 39 corriger de ce vice, de mettre une » lunette fur l'œil malade ; & cela m'a 35 réuiîi 35. ( Il fallait les faire trotter à la longe , en donnant la leçon dans les bons principes , l'effet en aurait été plus fatisfâifant que celui de la lunette, parce que les chevaux fe feraient habi- tués à voir les différents objets , & à ne point craindre ceux qui ne leur fai- faient point de mal ;\:..;; Analyfe. s^^l « La défenfe d'un cheval dont la » bouche eft mauvaife , s'exerce plutôt « en avant qu'en arrière ». ( Cela eft très-pofîtif 5 parce que , ne craignant point la réUftance d'une main igno- rante qui prend mal {qs temps d'arrêt, l'animal la force & fuit tant qu'il veut en avant j ce c[u'il ne faurait faire en arrière ). « Il ne faudra point le battre; >i mais lui donner un bon appui & le 55 mettre fur les hanches î>. (Si l'on s'avife de le battre quand il aura forcé la main 5 il s'emportera à toutes jam- bes 5 fe jettera dans un marais , dans un fleuve ou dans un précipice , s'il s*Qn trouve un devant lui. Pourquoi l'Auteur , en recommandant de lui donner de Tappui & de le mettre fur les hanches 5 n'indique -t- il pas lés moyens convenables pour y parvenir ? 11 ne devait pas ignorer qu'il y a beau- coup de difficultés , &: que tant de gens qui voudraient fuivre fon avis> P (î '348 Analyfe. n'étant pas en état de le faire, ruine*- raient une infinité de chevaux fans en venir à leurs fins ). « Le cheval rétif eft celui qui ne « veut point aller en avant , qui fe dé- 5> fend à une place. La longueur du j» temps peut avoir enraciné ce défaut •sî autant que fi c'était un défaut natu- 5> rel »j. (Si l'Auteur entend par défaut naturel , celui que l'animal apporterait en naiflTant 5 je ne l'admets point. Je crois que la manière de nous y prendre plus ou moins mal-adroitement pour jréduire & employer les animaux à no- tre ufage 5 peut occafionner des dé- fauts : je n'en reconnais que de ce genre ). « Après avoir elTayé de chafiTer le 3> cheval en avant avec la gaule , on 30 peut le corriger s*il n'obéiiTair pas , 55 en le faifant beaucoup reculer dans »£> le moment même de fes défenfes ». (Ceft un mauvais moyen ^ ^ il peut Aîialyfi. 345^ d'ailleurs refiifer de reculer , comme il refufe de fe porter en avant. C'eftfuivre la manière du Duc de Newcaftle , qui failait tourner le cheval plulieurs tours de fuite du côté où il délirait tourner. En voici un sûr & très-fimple. Alertez- le cheval rétif au caveiTon, fervez-vous difcrettement de la chambrière- j com- mencez d'abord par les carefles ^ vous réuflîrez a merveille ). « Lorfque le cheval fe lève droit » pour former fa pointe , mettez le » corps en avant & rendez la main 5> pour le corriger , appuyez vivement 35 les talons dans les temps que fes pieds 3) de devant feront près de terre ». (Cela eft très-bon : mais il faut bien prendre le temps & empêcher que le cheval ne raflemble fes forces, ayant les pieds de devant à terre j car fans cela l'épreuve efl: très-dangereufe. U y a des chevaux qui 5 après avoir été pincé des deux , fautent en avant, fe raffemblent en Tait 3^0 Analyfâ. ôc font une pointe très-dangéreufe dès qu'ils ont touché le fol , lors même qu'on les pincerait encore dans cet inf- tant 5 parce que c'eft un moyen de dé- fenfe qui «il prémédité delà part de l'animal ). Du Trot, Le Chapitre du trot eft afTez bien traité. Je voudrais pouvoir le rapporter ici en entier , mais c'eft ce qu'une ana- iyfe ne permet pas de faire. Dans quelques - uns des Chapitres fiiivants , l'Auteur donne des explica- tions pour inftruire ôc conduire les che- vaux : mais elles ne feront pas beau- coup fenties par les Elèves. 11 ne ferait donc pas fort utile d'en faire l'analyfe. Paffbns 3 pour abréger ^ à l'alliète de l'homme de cheval , félon les prin- cipes de l'Auteur. « Que le Cavalier fe mette d'abord » fur la fourchure , occupant directe- Analyfe. 551 s» ment le milieu du fiège de la felle j 35 qu'il étaye , par un appui médiocre 35 fur les feiîes , cette position dans la- 5) quelle la fourchure feule paraît fou- 3> tenir tout le poids du corps ^ que fes î> cuilTes foient tournées fur leur plat * « que, pour cet effet, le tour des cuifies »: parte de la hanche. (D'où pourrait 3> donc partir ce tour , puifque les cuif* y> £qs n'ont point d'autre articulation ). 35 Que le poids feul de fon corps & î3 de fes cuiifes , foit l'unique degré d.e- 33 force qu'il employé pour fa tenue. 35 Voilà la fiabilité de l'édifice entier. 33 Stabilité dont on ne trouve point la 33 réalité dans les commencements , >j mais que l'on acquiert infenûblement n par l'exercice &c par la pratique.^ » Je ne demande qu'un médiocre ap^ 53 pui fur les feiï'es , parce qu'un Cavalier: 33 afîis ne faurait avoir les cuiifes toùr- ?3 nées fur le»r plat ; parce.que, le gros 3> 4^ l^.cuiiïe étant iijfenfible , le Ga-, 5 J 2 Analyfe, » valier ne pourrait fentir les mouve- « ments de fon cheval. J'exige que le Si tout de la cuiiFe parte de la hanche , 38 parce que ce tour ne peutttre natu- 3j rel , qu'autant qu'il procède de l'em- ^> boëtement de l'os." Je foutiens enfin 3î que l'homme de cheVal ne doit point » mettre de force dans fes cuiiïes , 93 parce qu'outre qu'elles en feraient 3> moins afTurées , plus il les ferrerait , 35 plus il s'élèverait au-delTus du iîége S5 de la felle , & que la fourchure & les 5? fefTes ne doivent jamais en abandon- 3j ner ni le milieu ni le fond. Les bras 33 doivent être plies au coude , & les 35 coudes doivent repofer également fur 35 les hanches ; car fî les coudes n'a- 33 valent point d'appui, ils varieraient 53 fans celTe, la main gauche doit être 35 à la hauteur du coude , de façon que 55 l'os du petit doigt , ^ le petit os du » coude foit fur une ligne droite , cett«- î> main , ni trop ni trop peu arrondie , Analyfe. sn » mais contournée de manière que le i} poignet feul en dirige l'aftion. La 3> main de la gaule , placée plus bas & 35 plus avancée que l'autre ; les jambes >î fur la ligne du corps du Cavalier \ la to pointe des pieds fera un peu plus bas i» que les talons ». ( Cette pofture , & celle qu'avait donné auparavant le Duc de Newcaftle, ont été une fource d'erreurs , & ont confidérablement nui aux perfonnes qui en ont fuivi les principes rejettes, avec raifon, dans les bonnes Ecoles. Les connaifTances anatomiques & autres , que l'Auteur a acquifes depuis qu'il a donné fon nouveau Newcaftle , lui ayant fait appercevoir les accidents qui réfultent de cette pofition par la com- prefHon du périnée , du canal de l'urecre à l'endroit de fa courbure , de la glan- de proftate , quoiqu'à fon commence- ment, des mufcles triceps de la cuilTe 3 H Analyfe. qui doivent être confîdérablement fa- tigués 5 ôcc. en outre , FimpoUibilité de prendre de l'à-plomb & de l'ailiette avec cette faufTe poiition , que mal-â- propos beaucoup de perfonnes prennent encore : tout cela aurait du l'enga- ger à rectifier (qs préceptes , que vrai- fembiablement il défavoue à préfent-^ car ce n'eft pas affez qu'il ait dit dans le Didionnaire Encyclopédique , à l'ar- ticle du Galop 5 concernant les allures : <« le Duc de Newcaftle l'a penfé j j'a- 3> voue qu'une déférence trop aveugle j3 pour fes fentiments , m'a induit en *•- erreur dans un temps , où , par un 53 défaut de philofophie , de réflexion 33 & de lumière , je jugeai indifcrette- 33 ment , &: fans examen , du mérite 33 d'une opinion fur la foi du nom & *) de la réputation de fon Auteur » : il faudrait encore qu'il dît de même en parlant de la pollure , pour réparer , ou Anaîyfe. 5;; tout au moins arrêter les efFets qu'une prévention déraifonnable peut produire au détriment de l'art de la cavalerie ). Le parfait Écuyer j ou P Utile à tout le monde ; par. . . • Si c'eft être utile à tout le monde que de faire la defcription d'une infi- nité de harnois , l'Auteur a bien rempli {qs vues ; mais comme elle eft fuperflue pour beaucoup de perfonnes ^ & que c'eft plus en fimplihanr , qu'en multi- pliant les êtres qu'on peut fe rendre utile , je dis que c'eft abufer du titre j que de palTer fon temps à rafTembler &: faire graver, pour modèle, vme pro- digieufe quantité de harnois anciens d>c modernes. A l'égard de l'Equitation , comme l'Auteur ne dit que très-peu de chofes, il ferait inutile d'analyfer ce qui ne peut être regardé que comme ana- 3 J (î Analyfe. iyfe 5 malgré le titre peu modefte de parfait Ecuyer j de d'Utile à tout le monde, L^Art du Manège y pris dans fes vrais principes j par M, de. . . • De la belle ajjiette à cheval, «« L'homme qui eft a cheval doit s'af- »i feoir jufte dans le milieu de la felle, 95 la ceinture en avant , les reins fer- >» mes & un peu plies. La tète du Ca- 3> valier doit être droite & libre , en j> regardant entre les oreilles du cheval. » Les épaules doivent être bafTes , li- » bres, un peu renverfées en arrière» » les bras plies aux coudes, joints au j> corps fans aucune contrainte , & tom- s> bant naturellement fur les hanches. » La vraie pofîtion des jambes, eft d'être 33 placées fur la ligne du corps du Ca- V valier , & fuivant la ligne droite du Analyfe. 3^7 j> genou au talon; le plat des cuKTes j> doit être tourné contre le quartier de 3> la felle 5 en forte que les jambes foient î> prè< du cheval fans le toucher : il >5 faut que le talon foit un peu plus bas « que la pointe du pied , Se que les 15 jarrets foient bien tendus. Si Les mains doivent être placées di- s> redbement l'une vis-à-vis de l'autre , 55 deux doigts au-defTus du pommeau j> de la felle , 3c un peu détachées du « ventre , avec les poings tant foit peu 3> arrondis «. ( Excepté les bras que l'Auteur recommande de joindre au corps ; les jarrets qu'il veut bien ten-^ dus ; les mains vis-à-vis l'une de l'au- tre & les poings tant foit peu arrondis, la defcription qu'il fait de la pofture eft bonne). Du Trot & du Pas. « Je commence par un cheval qui à j>^ l'âge convenable pour être monté, Se 3 J 8 Analyfe. y> les qualircs reqiiifes pour îe manège* î5 Je lui fuppofe aiTez d'intelligence 30 pour qu'il n'y ait avec lui d'autres « précautions à prendre , que d'éviter îî qu'il ne confonde les leçons qu'il doit , » recevoir. î> Je lui donne pour première em^ » bouchure un bridon avec un cavefTon 3> plus ou moins mordant , felôn que la >5 fenlibilité de fon nez m'en fait con- » naître la néceffité ». (C'eft bien mal- à-propos que l'Auteur fe fert ici du cavelTon ; car le bridon rerient le che- val autant qu'il efc nécefTaire , facilite beaucoup à plier l'encolure & à foute-' nir la tcte : enfin c'eil Finflrument le' plus convenable pour aiTouplir, fou- mettre & dreffer les chevaux fans les fatiguer, ni leur çâter la bouche. Pour- quoi donc introduire encore l'ufage du caveiïbn , qu'avec raifon on avait fup" prim'é ) ? « Je ne dirai pas la même chofe de Analyfe, 3 y^ 39 rufagede la martingale & de la plate- 5> longe. C'eft une invention de caprice » inutile : cela n'empêche pas le cheval >5 de fecouer la tète. Il n'y a que la » main bonne qui l'afFermitj toutes les jî àtÇ^n^Qs qu'il fait de la tête ne pro- ï> viennent que d'une main mauvaife ». ( C'eft une véuité inconteftable ). « Après avoir ajufté mon cheval de » la façon que je viens de dire , je le » monte dans le manège fur un terre in * égal, je lui fais décrire un quarré par- 35 tagé régulièrement par fa pifte , un 53 palfrenier le chalTe avec la cham- « brière quand il veut s'arrêter. Mon w foin principal eil de placer la tête du j3 cheval , en n'y employant que beau- ,33 coup de douceur 6c de patience , 6^ » de lui faire connaître fa pille ; je ne » veux pas qu'il courre : pourvu qu'il » refte fur la ligne de ^on quarré , qu'il [«3 porte la l'è.tQ Se l'encolure dans une L^> bonne pofition, je n'exige pas d'au-. 3^0 Analyfe, » rre foupleiïe y j'ufe de récompenfe jî quand il obéit, & je le renvoie à 3> l'écurie ». ( C'eft moins en racontant ce que l'on fait, qu'en expliquant les moyens qu'il convient d'employer pour faire exécuter telle ou telle chofe à un cheval, qu'on peut inftruire un Lec- teur avide d'acquérir ). « Lorfque mon cheval commence de 35 porter la tête bien placée , & de la » donner du coté où je la tire par les 3> rênes du eaveiTon Se du bridon ; lorf- »j qu'il fuit avec jufteiTe les traces de fa 35 pifte fur le quai ré ou fur le cercle , je 53 continue de le monter dans le ma- » nège , & de le mener dans les coins 33 autant qu'il m'eft polTible ». (Ce n'eft pas ce que vous faites , dirai-je tou- jours à l'Auteur , que je délirerais feu- lement favoir , c'eft la manière dont vous vous y prenez qu'il eft nécelfaire eue je connaiife pour vous imiter), «x Je p l'anime pour le mettre au petit trot, » à f Analyfe. j^i; » à mefure qu'il incline à avancer , en « l'animant de la langue & par le fiffle- » ment de la gaule : en l'obligeant ï. J5 tenir la tête & le cou bien placé , il fe « trouve dans la nécefîité de lever & « plier les bras , de fuivre régulière- » ment de l'arrière main , de plier tant * foit peu les hanches , de fe délier le ¥> devant & le derrière , & de prendre » la bonne pofîtion de fon corps «. ( Cela peut arriver : mais, encore une fois 5 quel avantage pourra tirer de cette théorie un Elève qui veut s^inf- truire ). « Il me faut peu de temps avec 3> cette méthode pour affouplir mon n cheval au trot , pour lui donner le » mouvement délié , déterminé & éten^ j» du, & pour l'habituer à diftribuer fes » pas avec égalité fur le terrein , & | I I» marquer les temps dans la mefure ^ ^ n plus exacte. C'eft certainement beau-» » coup obtenir pour le peu de temps î# que j'y emploie» Cependan: je ne ^'^t Analyfe. 7* m'y fuis jamais trompé »». (L'Auteur , avant quç de fe faire comprendre, loue fa méthode. Plein de fon fujet , il croit que, fur ce qu'il a dit , on pénètre tout ce qu'il penfe , tout ce qu'il n'a point expliqué ), o. J obferve fcrupuleufement de ne 9» pas mener le cheval par une autre »> rêne que par celle du côté où il doit w aller , 6ç cela d^ns tous les airs du w manège fans exception. » Pour mettre mon cheval à la per- » fedbion de fon trot, je lui donné àQ% s> reprifes médiocres Se réitérées. Je. w lui continue la juftede & la fermeté m de la tête , en le chaîTant vigoureufe- w ment , Se en même temps en le rete- «) nant fur la mefure oç la cadence, p>Je lui fais faire des changernents » d'une main a l'autre , je : l'arrête & >]q le tire deux ou trois pas en ar- »» rière , &c. &? (^uand j'ai acbeyé ma Iççon^a Analyfc. 3^f » tfot , & après avoir fait reculer le ^> cheval un ou deux pas , je le mène v> au mur fur la ligne droite , pour lui j5 donner de l'haleine su ( L'Auteur s'obfline toujours à ne pas donner d'explications dans ce qu'il vient de dire Se dans ce qui fuit. Il eft même obfcur quelquefois au point d'être in- compréheniible , ). « La perfection de » mon trot fe manifeftant par les M qualités qui caradérifent l'accom- t9 pliiïement du trot , je commence » d'emboucher mon cheval avec un >? mords , &:c >3. (Il fait la defcrip^ tion du mords Se des effets qu'il pro- duit : cela vient bien a propos ) ! « Je reviens à la continuation du iM pas raccourci que je fais exercer a \ti mon cheval. Je l'alFermis dans ce in qu'on appelle entrer dans les coins , L prendre le bon appui fur fon mords , f » Se obéir aux rênes de la bride. Je lui «Il donne eafuite des changements au Q2 '$64 Analyfe. «5 travers du manège , d'un mur k Pau* 9> tre 5 en le menant par la rêne de de- i> dans qui lui plie le eou & la tête ^ %> de en appuyant les genoux du dedans, i> ce qui le fait avancer & lui plie Té- « paule î>. (Voilà la première fois que je vois qu'on doit plier avec les ge-^ iioux 5 Se que j'apprends qu'on peut plier la tète ). « Je retiens la rêne de dehors t? pour lui contraindre la croupe , Ôç w pour le faire aller de côté j & voilà i> mon cheval qui exécute pour la pre^ i> mière fois la leçon qu'on appelle fuir •> le talon j fans que je l'aie touchç ê> d'aucun mouvement de la jambe. 3> Telle eft ma méthode. L'expofé 9> fincère que je viens d'en faire fufSt » pour perfuader fa bonté à tout hom^ d> me qui a quelque connaillànce d^ H l'Art. Je la garantis infaillible à l'é-r e) gard de toutes efpèces de chevaux »>, ( De la manière dont l'Auteur s'y eï^ fris pour fairç connaître la mçthqd^" Analyfe. 5 ^5?; dont il parle , on peut la regarder com- lîie la botte fecrette , dont lès Maî- tres d'armes parlent fans cefle , fans la démontrer néanmoins , malgré l'obfcu- 4:ité qui règne dans fon Ouvrage , un Gonnaiffeur fentirà , en le lifant, qu'il renferme des vérités qui fuppofent des lumières fur l'art de foumettre , affou* plir & drefler les chevaux j mais qui ne peuvent point être apperçues par I les Elevés : ce qui fait que je n'étends I pas plus loin mon Analyfe fur ce qu'il \ a écrit j. I Pratique de VEquitation y ou TArt de VEquitation réduit en princk pes ; par Mié.* De la pojidon, « Plus une màiïe quelconque a dô •9 points d'appui, plus elle efl folide- » ment établie j deux points d'appui n^ 9. y ^6S Anàlyfe. y> font point fuffifans , s'ils n'ont pa$ >î une largeur confidérable j il faut de ,33 toute néceffité en ajouter un troifiè- >5 me. Le tronc an corps humain peut 33 êti'e placé feulement fur les deux ;33 tubérofités de l'ifchionj ou fur les 33 deux os 5 & fur le coccix , qui fera le 9% troidème point d'appui >5. (Il eft phy- fiquement impolîible de faire appui fur le coccix. Outre qu'il ell plus ou moins recourbé, &, par conféquent , trop court pour fervir de troifième point d'appui 5 comme le veut l'Auteur j c'eft un cartilage incapable de fupporter la moindre preffion , fans occafîonner une ^ive douleur : à plus forte raifon , s'il fervait de bafe à une mafTe telle que celle du corps d'un homme à cheval. C*efl: avoir de bien faibles notions fur i'anatomie , que de s'étayer ainfi ). <« Le mouvement naturel de tout j» corps qui eft mu , eft , fans contre- ;93 dit 5 de tendre à fa diredion ^ le ;1 5> cheval , porté en avant , donne au s> corps de l'homme un degré de faci-* » lité à fuivre Ton imprefîion 3 propor- î> tionné à la vitefle de ranimai. Ec » pour réfifter à ce mouvement invo«» î> lontaire , qui lui fait porter le haut i> du corps en avant , il faut que l'appui « fur les fefTes foit bien plus folide que i> les deux autres , à raifon de la difïî- j> culte qu'il éprouve. Concluons de-là, 35 que plus un cheval a de reins , 6c plus *} il faut travailler fes hanches ^ plus )> l'homme doit pofer fur {qs fefTes* 35 Mais il ne doit pas regarder comme iw indifférente la manière dont elle porte n deffus y il les gliffera fous le rein de 55 fous les épaules , de façon qu'il fe » fente fur le coccix même ». ( Com- ment l'Auteur , qui , dans le premier Chapitre de fon Livre , annonce que c'eft à l'aide de la Géométrie , de l'A- natomie &: de la Mécanique , qu'il éta- blira fes principes , a-t-il pu dire quô .Q4 ^■&8 Analyfe. le cheval, porté en avant, donne au corps du Cavalier un degré de faeilité à fuivre fon impreflîon , & que , pour îé/ifter à ce mouvement involontaire , qui lui fait porter le haut du corps en avant , il faut de l'appui fur les feffeâ & fur le coccix , &:c. Sans qu'il foit queflion de Phyfique ni de Géométrie , l'expérience journalière aurait dû lui prouver , que , toutes les fois que fon cheval fe porte plus ou moins rapide- ment en avant, fon corps s'incline en arrière , & plus ou moins aufli , fuivant la fouplefle des reins j non a caufe de la ré/îftance du milieu feulement , mais à raifon de l'inertie d'une mafTe élevée fiir plufieurs petits reflforts , dont le mouvement eft communiqué par la bafe qui le reçoit. Sans avoir recours , dis- je , aux démonflrations géométriques, voyons une épreuve fîmple ; par exem- ple , tenez un bâton verticalement & portez-le en équilibre fur le doigt. Analyfe. 3 6^ mettez la main en mouvement fur une ligne horifontale , le bout ou point du bâton oppofé à celui qui touche le doigt inclinera à gauche , iî la main eft mue a droite : de même , un homme debou t fur un bateau qui ferait mu rapide- ment , pourrait tomber du coté oppofé à celui du mouvement : un Cocher, fur fon ^lègQ 5 incline fon corps en avant lorfque le carrofiTe eft mis en mouve-, ment pour ne pas renverfer , &'c. Voilà l'effet qu'un cheval occafîonne % mais quand ce que l'Auteur dit du mouvement exifterait , je ne vois pas que ce fut une conféquence , pour con- clure que plus un cheval a de reins, plus il faudrait travailler les hanches ; on peut 5 fans injuftice , appeller cela une phrafe abfolument vuide de fens , pu une étrange difparate). Q J "^JO Analyfc^ Des Culjfes, « Ceux dont îes cuifTes font plus Ion- >3 gués, placeront leurs genoux plus bas y »j c'eft ainii que les cuifTes, au-lieu de »î s'écarter du corps du cheval à mefure 35 qu elles s'éloignent de Tenlburcnure , 5> prendront , en quelque forte , la tour- 3) nure de l'animal 3>. ( En parlant ainfi ^ ne ferait-on pas en droit de penfer que l'Auteur a imaginé que le fémur était fufceptible de plier de contourner fur le corps du cheval , ou qu'il y avait a cet os une articulation de plus que celles qui Ibnt connues ). JDe la main» « La maîn peut être en même temps h légère & alTurée j car pour être af- 35 furée 3 il fuffit qu'elle foit en garde 55 contre les mouvements défardonnés §3 de la tête du cheval , ce qu'elle peut Analyfe, 571 ji faire fans force ». ( C'eft la bonne afiîette qui fait la bonne main , & non lorfqu'elle eil en garde contre les mou- vements de la tcte du cheval : car les mouvements défordoraiés dont parle l'Auteur 3 n'ont lieu que lorfqu'un Ca- valier n'a pas une afïiette bien afTurée ). <« La main doit être placée au milieu du >j corps & au bout du bras 35. ( Je vou- drais bien favoir ce que l'Auteur entend par une main qui n'eft pas au bout du bras ? Mais pafTons tout ce qu'il dit fur les opérations de la main , le travail des rênes , les opérations /im- pies 5 la diredion des rênes , la dii^ tinélion des rênes , opérations compo- fées 5 propriétés de la rêne de dedans , de la fenfation des barres , de la rêne de dehors , la nature du fentiment que doit éprouver le cheval fur fes barres les qualités d'une bonne main j la ma-, nière de faire concevoir au cheval les opérations les plus difficiles , pour tro^^* 12^ '57^ Analyfe. ver en^n le réfumé du Chapitre. « La 5> rciie de dedans détermine , celle dé a> dehors foutient j toutes les deux au 35 même degré ont la vertu d'enlever >î le devant , une feule fait tourner le :j3 cheval : voilà les régies : c'eft à la >3 main à modifier {on taâ: & à diftri- j3 buer le fentiment fuivant qu'elle veut ay opérer }>. (Et voilà ce à quoi on ne comprend rien ). Je pafTerai encore fur les opérations des jambes pour tranfcrire quelque chofe de l'aifiette où l'Auteur revient. <« Outre cette heureufe difpofîtion j»> de toutes les parties du corps à cheval, 33 il faut encore , pour être affis , que le s> point d^appui fur le coccix foit plus ^3 fenti que les autres j en forte qu'il ir> foit comme une bafe fur laquelle i»3 toute la machine foit affiirée : & ^3 c'eft cette afTurance générale de toutes 3> les parties du corps qui produit l'af- p fiette >?. (Il faut que l'Auteur ait un^ Anàlyfe. 373 grande confiance à l'appui fur le coccix:, puifqu'il eft toujours dans (ts principes fon point de réunion ). Première leçon que Af » , , . donne à un cheval, « Dès qu'une fois le cheval fait trot- s> ter à la longe, & qu'il le fait uni- as ment , c'eft-à-dire , fans interrompre îj fon trot par quelque temps de galop jî ou de pas , on commence à le mon- 3> ter. La première leçon doit être de 3> lui apprendre à connaître la main & 3> les jambes de l'homme jj. ( Cela eft très vraij mais l'Auteur aurait dû ex- pliquer comment il fallait s'y prendre : car ce n'eftpasfîmplement endifant une vérité qu'on fe rend utile , c'eft en met- tant aufli le Ledleur a même d'en tirer avantage, c'eft en la lui faifant fentir ). <« On elTaiera enfuite à le faire re- 3> culer pour les deux rênes j mais très- w peu d'abord a en le carelTant dès qu'il 374 ^^^M^' 3î fera bien , 6c en prenant patience s'il 39 ne veut pas obéir «. ( Dans une pre- mière leçon on ne doit point reculer un cheval , il vaut beaucoup mieux finir à inftruire un cheval , que de com- mencer par-là). « Il n'y a point de cheval , quel- 3> qu'infenfible que foient les barres , n qui y à la fin , ne fente une main ferme 55 qui réveillera fon attention par Aqs 5> faccades de bridon jufqu'à ce qu'il 3î obéiiïe J5. ( Quelqu'obiliné que foit un cheval , on ne doit jamais avoir recours aux faccades , elles ne fervent qu'aie dé- placer èc à fatiguer fes jarrets. S'il veut s'emporter, alors on doit fcier du bridon d'un mouvement très-prompt fans em- ployer de force ). "En expofant aux yeux du Le<3benr quelques erreurs qui fe trouvent dans la Pratique de l'Equitation , je dois dire pour la juftification de TAuteur , qu'il était fort jeune, quand il compofa Analyfe. 57; cet ouvrage. Un jeune homme entliou- fîafmé de quelques découvertes qu'il peut avoir faites dans un exercice auiîî féduifant que TEquitation ( fur - tout pour un Officier de Cavalerie ) eft très- excufable de s*être laiiïe entramer par le défir toujours louable d'en faire part aux autres dans les vues d'accélérer les progrès de cet art , dont on peut tirer de grands avantages. Il a été annoncé un fécond traité de Cavalerie par le même Auteur où l'on aiTùre qu'il a beaucoup redtifié &: augmenté les prin- cipes qui font dans le premier. Avant de finir mon Elfai , je dois aufïi faire l'aveu que je n'ai pris dans les ouvrages qui traitent de l'Equita- tion, qu'une partie des opinions qui différent des miennes ; ce qui ne fe pra^ tique pas ordinairement dans une ana^ lyfe où l'on doit expofer les bonnes & mauvaifes chofes qui y font répandues, 11 eft vrai que je fuis juftifié par la bonne 37<î Analyfe. intention qui m'a guidé , en cherchant à faire connaître les erreurs contre lef- quelles les Elèves ne font jamais aire25 en garde. Si mes vues font remplies, je fuis trop dédommagé des foins que j'ai pris à cet égard (i). Je trouverais dans un autre aveu unô juftification plus complette , félon ma manière de juger • c'eft qu'ayant envi- fagé de toutes les faces & attentivement les. vérités qui font éparfes dans les traités furl'Equitationjjen'en ai trouvé qu'un très-petit nombre ; encore font- elles enfevelies fous une infinité de fauffes opinions rendues d'une ma- nière équivoque & énigmatique pour des commençants : du moins c'eft ainiî >■ I II I ■ ■ ' ■ I I II . (ij En lifant les Articles qui traitent derÉquî- tation dans le Dictionnaire Encyclopédique de France & de celui d'Yvérdun , j ai trouvé auffi des erreurs; mais comme les jeunes gens qui deii" rent s'inftruôe dans TArt de drefTer les chevaus P€ lifent pas trog-ces Livres, je n'eiïi dirai rien»' I Analyfe. 377 que Je Taî vu, & chacun fait par fa propre expérience que l'on ne peut ap- percevoir les ehofes plus ou moins lu- mineufes qu'à raifon des connaiflances qu'on a acquifes. Malgré cela, diront lesperfonnes qui ignorent celles que je puis avoir , & qui n'auront point égard au motif qui m'a porté à écrire : d'où fort cet Ecuyer qui par un fyftême nouveau vient philofopher en Equita- tiôn , qui apperçoit des phénomènes dont on n'a point d'idée , & qui croit^ en dénigrant les Auteurs qui l'ont pré- cédé , dont les écrits diffèrent des fiens, fe faire despartifans par fes nouveautés, en expliquant, tranchant Se décidant de tout: un jeune homme dont on n'a point entendu parler , qui n'a point occupé de place dans les manèges connus , qui ont de la réputation , pendant que des perfonnes aulli inftruites que modeftes gardent le plus fcrupuleux fîlence fur cet objet ? N'eft-ce pas abufer impuné- 1 378 Analyfe* ment de la manie du fîècle que d'eft agit âind (i j ? Je réponds à cette tirade, qui femble judicieufe , & qui néanmoins n'eft que l'effet de la prévention , que je fuis- de bonne foi , paxce que je n'ai écrie que ce que j'ai penfé , qualité fort à délirer chez tous les Auteurs qui n'é- coutent le plus fouvent que la haine & la jaloufie , quand il s'agit de décider fur un fujet ? Ce n'eft pas tout, ayant (i) Ce font à-peu-près ces objeflions que Toq a faites , il y a peu de temps, à un de mes amis, dans un cercle ou il faifait obligeamment l'éloge cle mon manufcrit , dont il avait pris leâ:ure , qui m'ont mis dans la néceflité de parler de moi dans ce qui fuit pour me juHifier j jufques là j'avais été en garde contre régoifme , qui , pour l'or- dinaire, ne flatte guères les autres. Mais réflé- chifTant que celui qui ne dit rien de lui n'eft pas toujours le plus modefte ; j'elpère que l'on vou- dra bien me pafTer cette douce néceiïlté que Je n'avais pas prévue. Anafyfe. si 9 donné mes preuves , démontrées autant bien qu'il a été en mon pouvoir de le faire, fans prétention a la fcience , on les pourra facilement pefer , Se me juger d'^après l'examen. Au furpius , pour- roit-on, fans injuftice , faire trtrcrime à quelqu'un qui a réfléchi attentive- ment bc long-temps fur un fujet quel- conque, de s'emprelïèr à communi- quer {qs découvertes auxquelles il au- roit confiance , ne fût-ce que d'ingé- nieufes fixions ? Mais pour qu'an n'i- magine pas que fans droit 6^ par au- dace je me fois avifé de jetter ^qs idées neuves au hafard , je fuis obligé de dire qu'il y a environ quinze anj que j'exerce avec principes , non pas comme beaucoup de jeunes gens , qui s'imaginent qu'en travaillant dans un manège on peut devenir favant fans prêter attention a ce qu'on fait , ou ce que l'on voit faire aux autres \ mais bien ayant employé toutes mes facultés 380 Analyfê, chaque jour , avec un nouveau plalfît &: une ardeur incroyable (i). De plus, j'ai reçu des leçons dans plufieurs manèges par de bons Maîtres j j'ai vu travailler au moins deux - mille chevaux qu'on cherchoit à drefler ; j'ai donné leçon à un très-grand nombre (i) Je pourrais dire avec fureur; car dans les commencements où j'ai exercé à cheval, je par- fais fouvent des nuits fans dormir j les jours n'é- taient jamais venus afTez tôt , les congés étaient d'une longueur infupportaUe , j'étais fans celTe i cheval, foit réellement ou d'imagination, c'était un trefTaillement de joie lorfque j'approchais un cheval. C'était mon élément , mon tout enfin. Un Maître aulïî emprelTé à m'inflruire que j'étais alors ardent à faifir tout ce qui avait rapport 1 un exercice qui faifait ma félicité, pouvait me conduire loin en peu de temps , parce que ce n'efl pas feulement à l'aide êiQS années que l'on devient habile ; c^fl encore par l'attention , l'afFedion , les difpofîtions du corps , & la continuation d« travail bien entendu , bien fentl. Analyfe. ^Si* ^e jeunes gens pendant pîuiïeurs an- nées, commençant le matin & finif* fant le foir. Pour me venger du fort , qui me tenoit emprifonné entre les quatre murs d'un manège, j'ai, autanc par goût que par néceilîté , continuelle^ ment réfléchi fur ce que je voyois. C*eft en combinant fur les effets quç je fuis remonté , d'une conféquencç à l'autre , aux caufes qui les produis faient, dont, à la vérité, je doutais d'abord par défiance de mes faibles lu- mières, mais dont j'ai été convaincu par les épreuves réitérés, C'çft enfin en lappercevant les rapports que la fcien-^ ce de drefTer les chevaux m'a paru avoir avec la Phyfique , la MéchaniquQ 6c rAnaton^ie ^ que j'ai cru pouvoir ex- pliquer d'une manière ftnfîble , ce que les Auteurs qui m'ont précédé pour l'équitation , pnt palTé fous filence. A l'égard de la modeftie , qui empêche iesperfonnes inftruiççs fur l'art de fpu^ ^$2 Analyfe^ mettre , aflouplir & dreffer les chevaux , i TABLE. Concours des jambes pour chajfer & tc-^ nir la maffc d' à-plomb. 145 Aclïon dans un galop très-rapide, 145 Force centrale , & équilibre fenti & re- cherché par les chevaux en galopant, i4(> Chap. VI. T)es défenfes des chevaux occajionnées par les vices de confor- mation j ou par les mauvaifes habi- tudes, 153 Se6lion première, 157 Caufcs des défordres. 160 Section féconde. 1 Ci, Principes pour corriger les chevaux, 16^ Moyens généraux pour les chevaux dan- gereux. 16% Chap. YII. De la diverjité des caracti-r rçs & de ce qui les occajionne. 170 Jndujirie des hommes pour foumettre & rendre les chevaux agréables* 175 Jmprejfion des corps fur les organes des chevaux^ i-j^ Effets de l' attachement quont les che- yauX- TABLE. 593 vaux pour leur ejpèce, 175, JDe quelques caufes qui produlfenî en eux la frayeur, ij6 JBeJoin qu'ils ont de veiller à leur confer- vation, ^79 Chap. VIII. Soins que Von doit prendre pour choijir & drejfer un cheval pro^ pre à monter les perfonnes des deux fexes j qui défirent exercer pour acqué- rir de la fanté ou V entretenir, 183 Effets d'un trop grand repos, 18^ Chap. IX. Des principes pour drejfer les chevaux au montoir, 19/j Chap. X. Des foins qu'il faut prendre pour dreffer les chevaux au feu, 198- Q^ue- les animaux regardent le mouve- ment comme une qualité dépendante des corps, 205 Chap. XI, Des Aides ^ i^ Châtiments^ de .la pojîtion de la main & de fes effets, 10 (y Principes, 10^ 5^94 T A B t E. JDegres j ou puijfance plus ou moins grande d^s aides ^ relative au befoin, 2 I O Pojinon de la main, 217 Mouvements de la, matn &fes différents effets. iio Chap. XIL Du choix des felles , des brides & des principaux moyens de lonferver les chevaux, 232. De la Selle, ^ z^6 De la Bride, 241 Moyens pour bien emboucher, 2.44 De quelques foins que l'on doit pren- dre pour conferver les chevaux, ~ 2 5 ï Analyfe de quelques Ouvrages anciens & modernes fur l*Equitation j depuis M, de la Broue jufqu à nos jours, 161 Fin de k T^ble» n *r ,• v*