Estate of Dr. Herman Knoche California Academy of Sciences Library By action of the Board of Trustees of the Leland Stanford Junior University on June 14, 1974, this book has been placed on deposit with the California Academy of Sciences Library. Ga F ‘2 LEZ Li ESSAI GÉOGRAPHIE PHYSIQUR BE BORANROUE L 2 DU ROYAUME DE NAPLES; PAR A NAPLES, DE L’'IMPRIMERIE FRANÇAISE, 1827. \ \ i Digitized by the Internet Archive .in 2012 with funding from _ Galifornia Academy of Sciences Library htip://www.archive.org/details/essaisurlagograp00teno VW Pour rendre plus claires les descriptions géologiques que cet Essai renferme, il m’a paru indispensable, pour les étrangers sur- tout, d'y ajouter une petite carte du Royaume, que j'ai fait litographiersà Paris en 1809 d’après celle gravé AT DBlondeau, sous la direction du célèbre M. Barbié du Bocage, sur un dessin exécuté & Naples par M. Sire- gri, et revu par mon illustre confrère M. Viscont:. Æ la suite de cette belle carte , on en trou- vera une autre , que j'avais fait graver, il y @ quelques années, pour en orner un Voyage au Matese, que je nai pas publié ensuite, par des circonstances particulières. J'y ai marqué, autant que le cadre de cette carte le comportait, les régions géologiques dont il est question dans mon Essai. Les lecteurs pour- ront se servir des deux cartes, comme dur guide, pour se mettre bien au fait des lo- calités. N. B. Dans cet Aus, au lieu de: lLtogräphier à Parts en 1809 d'après celle gravée par M. Blondeau etc. il faut lire : Xtographier, d'après celle gravée à Paris en 1809 par M. Blondeau etc. Fautes a Corriger. 27. incursions 2. T'hyrrene 8. . argilleuses 1. de dépôt 2. maints 2. à détruit 4. a refoulés 17. OU. 7. réouverte 30. tout 30. ; lorsqu’à 4. environ de 7. environ de 7. quisont 5. meule 28. résous 13. Dolorniere 2. demi-vitreuse 29. Dolce dorme 19. différences ; 6. appartiennent. 22. duré. lisez excursions- eus LL - Thyrrhénienrre. argileuses des dépôts maintes ait détruit ait refoulés. et. rouverte. tous les - Lorsque. environ environ qui est moule résolus Dolomieu demi-vitreuses (ajoutez) 39° 43'Tat. 13° 50" long. Différences appartiennent plus. durée Evinopuamenr. 4: lit pag. à CHAPITRE I. Région montueuse et plaines non volcaniques......... 4 Qu. Région septentrionale. ..... B. AE AT CN RE AE HGertrale. 55 40248 20 Ga Oùs shui . Méridionale...... 16 CHAP. IL Région volcanique......... 20 . 1. Volcans ardents..... Ar 1138 ÿ. 2. Volcans demi-éteints...... 25 Far Volcans tout-à-fait éteints. 50 CHAP. IIL Observations sur les monta- | gnes des plus élevées du Roxaume sai. IST. 4 CHAP. IV. Régions botaniques, | consi— derées sous le rapport de leur élévation au-dessus du niveau; dela. mer... :::6a FE Région des plaines mari- res RER Lee Se à 54 . 2. Région des plaines nier ROREUS EC HAS RS Leu A st A 57 ÿ,:2 Région des collines...... 5g 5: 4 Première région des bois.. 62 ç. Seconde région des bois... 64 (. 6. Région montagneuse. ...... 66 $. 7. Première région alpine.... Gr (. 8. Seconde région alpine..... 68 INDEX. $. 9. . Troisième région alpine pag. 69 {. 10. Région glaciale........... 7o CHAP. V. Distribution des arbres dans les différentes régions du Royaume... ........1784 . 1 Conferesss ei |... 0 TUTE . 2 Arrentadéesss us. 1 78 6. 3. Æcerinées, tliacées, poma- cées, legumineuses, et jas- Hneest 44 SA, 5: 44 - STE CHAP. VE Observations sur la végéta- tion des côtes , et sur la diversité de végétation en- tre le midr et le nord du ROYAUME. doc e à CHAP. VIE Observations météorologi- CLAIRE. CE UT CREER ARE À 89 CHAP. VIIL De l'influence du climat sur les époques dé la végéta- Hori B it. de 125. be ES RON 6. 1 Germination des graines... 105 6. 2 . Bourgevnnement........,.. 107 (RE PauPassonm.i ad «ee 8 RO 6. 4 Fructification. .... RECRUE à à ç. 5 Chute des feuilles........… 117 CoNCLUSION .,......4, CURE... SCA 110 PS... da: + OP NA ù.. 191 APPRENDRE: OR nr DOM. 2. . 126 ESSAI GÉOGRAPHIE PHYSIOUE ET BOTANIQUE DU ROYAUME DE NAPLES. ee ANR HRTENS La 2% 0 À, : PA Géographie des plantes, cette branche de la botanique, dont les applications les plus uti- les s'étendent tous les jours davantage , semble avoir fixé depuis quelque temps, d’une manière toute particulière, l'attention de ceux qui se li- vrent à l’étude de cette science. Des observa- tions isolées, qui se rattachent à la théorie de la distribution des plantes sur la surface du Globe, n’avoient pas échappées à la sagacité de Tournefort et de Linné. Le célèbre botaniste français , les avoit recueillies sur le Mont Ararat, dans son voyage dans le Levant, et le Pline du Nord, les avoit consignées dans ses mémoires, qui 1 (2) vnt pour titre: Sationes , Coloniæ , et Loca na- talia plantarum. Il en avoit parlé aussi dans ses Amænitates Academicæ , et dans sa PAiloso- phia botanica. Dans tous ces ouvrages, Linné recommande d'étudier les régions physiques des plantes, sous le rapport de leur élévation sur le niveau de la mer , en observant que, selon la coïncidence de l’elévation des lieux qu’elles ha- bitent, les plantes de deux ou de plusieurs régions du Globe, peuvent se ressembler ; tandis que celles qui végétent au même degré de latui- tude et de longitude, peuvent différer tout-à-fait entre elles. En effet, ajoute-t-1l, les Flores de Rome et de Pékin renferment des plantes qui ne se ressemblent guère, quoique ces deux pays. soient placés sous le même degré de latitude; et, pourtant , la ressemblance la plus frappante existe entre les plantes qui croissent sur les monta- gnes de la Laponie, du Groenland, de la Suisse, de Olympe et de l’Ararat. Mais, environ un demi siècle s’étoit écoulé, avant que ces ger- mes de géographie botanique eussent été fécondés par des recherches plus suivies des botanistes. On doit principalement aux travaux des célèbres MM. Humboldt et Bonpland, qui peuvent en être regardés comme les créateurs, les progrès que la géographie des plantes a fait ensuite, par les observations savantes de MM. Ramond, de Candolle, de Buch, Robert Brown, Wallem- berg, et tout récemment par les recherches du (5) docteur Schouw de Copenhague. Cet insigne botaniste, après avoir exécuté un grand voyage par ordre du gouvernement Danois, dans le but de rassembler des observations et des matériaux rela- tifs à cette étude , de retour dans sa patrie, a publié un Prodrome de la Géographie univer- selle des plantes, où toutes les connoissances de cette branche de botanique sont réunies et clas- sées méthodiquement. L'auteur ÿ a joint un atlas, dans lequel la distribution des familles des plantes dans les diverses régions du Globe, a été très-heureusement représentée par des On de différentes couleurs. Cet ouvrage, publié en danois l’an 1822 , a été traduit en allemand et réim- primé à Berlin l’année suivante. C'est avec un ardeur pareille, que, depuis plu- sieurs années , le Professeur Mirbel s’occupe en France des recherches de ce genre. Il a déjà publié un Mémoire sur la Géographie des coni- fères, et il en va publier bientôt un second sur la Géographie des Amentacées. En attendant il ne cesse de rassembler des matériaux pour un grand ouvrage qu’il médite sur la Géographie générale des plantes. Désirant concourir de mon côté à l’accomplis- sement de cette grande et belle entreprise, je nai pas manqué dans mes incursions dans le Royaume de Naples, de prendre note de toutes les observations qu’il ma été possible de faire concernant la géographie des plantes; et j'ai re- La | y. cuetlhi celfcs que mes amis ont bien voulu me communiquer : en sorte que je suis parvenu à réunir une série de faits qui m'ont parus assez , Curieux et intéressants pour être présentés à l’at- tention des botanistes. C’est pourquoi je me suis déterminé à publier cet Essai , espérant en même-temps d'engager par là mes concitoyens à entreprendre des travaux plus considérables sur un sujet aussi important, afin d'étendre de plus en plus les applications de la botanique aux objets d'utilité publique, et de. répandre une lumière nouvelle sur l’histoire physique du Royaume, ainsi que sur la science universelle de la Nature. CHAPITRE PREMIER. Régions montueuses et plaines non volcaniques. Les montagnes du Royaume de Naples qui font partie des Appennins de lVltalie méridio- nale, se rattachent à celles des Marches, de la Sabine et de la Romagne: elles se prolongent et s’élargissent dans toutes les directions, et vont aboutir souvent aux rivages de la mer. A l’ex- ception de la Pouille et de la Campanie, les autres Provinces du Royaume, telles que la Luca- nie, les Calabres, le Samnium et les Abruzzes sont traversées, et on pourroit dire presque com- posées par des montagnes , qui , bien souvent, s’allongent jusqu'aux côtes, où elles donnent or1- C5) gine à nombre &e promontoires, de chaussées et ‘de. récifs. | Pour présenter sous un point de vue plus lumi- meux ce grand système de régions montueuses du Royaume de Naples, je les rangerai d’après leur situation respective, sous trois dénominations gé- nérales;: savoir : la septentrionale, la méridionale et la centrale. (.. 1. Région septentrionale. La première chaîne montagneuse de la région septentrionale, qui est à-la-fois la plus élevée et la plus remarquable du Royaume, traverse les. Abruzzes, depuis le Gran Sasso au Nord-Ouest jusqu’au Mont Majella au Sud-Est. Une seconde ligne en direction presque parallèle à la. pre- mière, mais, composée de montagnes moins éle- vées, s'étend des défilés d’Zntrodoco jusqu'a Avezzano , où elle entoure, en se divisant en deux branches , le bassin du Zac: Fucino. Ces. branches vont se rattacher par Tagliacozzo aux Appennins, de la Sabine, et se prolongent tou- jours au Sud-Est dans le Royaume jusqu’à Sora, où elles. forment le noyau des montagnes de la. Terre de Labour. Deux autres branches de la même chaîne se. vrolongent près Picinisco en lignes divergentes, l’une à l’Est vers le Samnium, et l’autre à l'Ouest vers, les plaines de Ia Terre de Labour. Le Honk (6) Matese forme le centre de la première bran- che, et les monts Meta, Massico, Cairo et Casino sont les plus élevés de la seconde. Une partie des montagnes . du Samnium en s’alongeant au Sud-Est va se perdre dans la vaste plaine de la Pouille. Au Nord-Est de cette ré- gion, s’élève un promontoire isolé de tous côtés qu'on nomme le Mont Gargan. Une autre bran- che des mêmes montagnes s'étend du Matese vers la Principauté Ultérieure, où va se former une chaîne qui, par le Mont Taburno et le Mont V’ergine, se rattache à celle qui couronne le côté septentrional de la Campanie, à la vue de la Capi- tale. En s’en approchant davantage, une dernière lisière de montagnes borde cette même plaine, et va former la chaussée du côté oriental du Golfe de Naples, au bout de laquelle on décou- vre l’île de Capri. Le Mont Lactarius, aujourd’hui S. Angelo de Castellarmare, domine cette large couronne , au centre de laquelle s'élève le Mont IJ'ésuve isolé de tous côtés. Les fleuves et les rivières les plus considéra- bles des Abruzzes, du Samnium et de la Terre de Labour, prennent léurs sources dans cette pre- mière région montucuse; savoir le Pescara et le Jomano, dans le Gran Sasso, et dans les au- tres montagnes de la première ligne; le Sangro, le Garigliano et le Volturne, dans celles de la seconde; le Trigno et le Biferno dans le HMatese et dans les autres montagnes du Samnium. De Gr } ees. ffeuves., le Garigliano et le Foliurne ver- sent leurs eaux dans la mer Thyrrène, tous les autres sont tributaires de l’Adriatique.. Tout le système des montagnes de cette régior est entièrement eomposé de roches de seconde et de troisième formation. La chaux carbonatée, stra- tifiée et concrétionnée, et toutes ses variétés où auances, les. pierres argilleuses et les sablonneuses, les brèches, les cailloux de silex pyromacus, es. tufs et les autres produits de ces formations, sont les principaux élémens de ces montagnes. Le géologue, qui traverse Le Royaume de Naples, depuis Æntrodoco jusqu’au Gurgane,. et depuis. le Gran Sasso jusqu'au Mont Lactarius et à Vie de Capri, est rebuté bientôt de la monotonie qui règne dans. toutes ces contrées; et ce n’est: qu'un fort petit nombre d'objets qui pourra fixer son attention dans son voyage. IL faut remarquer cependant , que près le Gran Sasso,. et proprement à Z'ano di Corno vis-à-vis le village de $. Nicolas, une couche de grreis très. escarpée a été mise à découvert par un éboulement arrivé à la base de cette grande montagne : cet endroit intéressant a été: observé par M. Orsini, savant naturaliste d’Ascoli. On rencontre aussi dans quelques autres en- droits, tels. que la côte de Sorrente et ailleurs; des couches isolées de schiste arénaire où argil- leux; mais dans toutes l’étendue de cette région seprentrionale, il n'existe nulle part de traces ou. (8) de dépôt considérable de roches primitives ou de transition. Il en est de même des substances voleanisées, dont l'existence est circonscrite par les limites de la région volcanique , qui, du côté méridional, se rattache à celle que nous venons de décrire, et dont le périmètre sera tracé plus bas. = Les substances inflammables, et les eaux miné- rales qu’on rencontre en différents endroits de la région montagneuse septentrionale, ont une ori- gine commune avec les substances mêmes qu’on trouve partout ailleurs, parmi les montagnes d’une nature semblable. À la Majella, près le village de Lettomanoppello, il existe des mines de soufre, de pétrole, et de pyrolignite; et tout près de cet endroit on trouve une source d’eau sulfureuse, une carrière de gypse et de chaux sulfatée cristallisée. (1) Les mêmes produits reparoissent dans la vallée d’Æmsancie près Fil- lamaina , village de la Principauté Uliérieure; à Télèse , entre le Mont Matèse et Bénévent, et à Castellamare. Enfin un ruisseau tout entier d’eau sulfureuse prend sa source dans les montagnes de la Terre de Labour , entre $. Germano et Sora, et traverse le grand chemin au-dessous d’A4rce. Il a été reconnu, pourtant , que toutes ces pro- ductions m’appartiennent pas à la nature volca- nique , dont il n’existe pas la moindre trace dans toutes ces contrées. Cependant lorsque ia Chimie et la Géologie (9) étoient moins parfaitement connues, ces substan- ces avoient donné lieu à des opinions erronées, d’après lesquelles la Majella et le Matèse au- roient recélé dans leurs flancs des volcans éteints: ce qui a été démontré tout-à-fait dénué de fon- dement, par des observations très - exactes et répéLées. Néanmoins on doit remarquer que les pro- duits des volcans sous-marins, dont la région limitrophe se compose , peuvent quelquefois se glisser parmi les vallées qui les approchent ; et il ne sera pas difficile au géologue instruit, d’as- signer à ces substances la véritable place qu’el- les doivent occuper dans la composition des substances dont il est question. Il en est de même de quelques couches de Zapillo, qu’on rencon- ire sur les sommets du Mont S. Angelo de Ca- stellarmare, du Mont Vergine, et en d’autres endroits compris dans un rayon de quelques lieues du Vésuve, par lequel ces substances ont dû être vomies, dans ses grandes éruptions. On ne peut pas en dire autant des restes des corps organisés qui abondent partout dans ces montagnes. J’ai trouvé, moi-même, sur les som- mets les plus élevés de celles des Abruzzes, des coquilles fossiles fort curieuses, parmi lesquelles est digne de remarque, une volute pétrifiée dans Ja chaux carbonatée et encroûtée de cristaux de quartz très-beau , que j'ai ramassée au Mont Focalelo, qui fait partie des montagnes sus-énon- Cm) cées du côté de la Majella. On y trouve même des ammonites, des balanites, et mainte autres espèces de coquilles fossiles, qui seroit trop long de décrire ici, mais qui ont une analogie parfaite avec toutes les espèces fort communes dans les montagnes caleaires de seconde formation. (2) Je n’oublierai pas pourtant les pectinites, et les huîtres de S. Jacques, dont j'ai trouvé remplie une colline toute entière près Le village de Pie- traroja ; endroit devenu célèbre chez les géo- logues pour les beaux poissons pétrifiés qu’on y trouve dans une carrière de schiste argillo-eal- carifère qui s'étend jusqu’au pied du Mont Mu- tria au midi du Matèse. On peut se procurer à Castellamare, à Vico Équense et ailleurs, des pétrifications de la même nature. Je pourrois- m’étendre encore davantage sur ce sujet, mais il m’entre pas dans mon plan de multiplier Les détails. $. 2. Région centrale. De la région montagneuse septentrionale oæ peut, par les monts Alburnes, communiquer avec la région centrale ; car cette branche des Ap- pennins enchaîne les montagnes de la Princi- pauté Citérieure à celles de Ia Basilicate. Cette Province, qui est peut-être la plus vaste du Royaume, est traversée dans toutes les direc- tions par des montagnes dont les branches les. (11) plus considérables s'étendent du Nord-Ouest au Sud-Est, et s'élèvent plus du côté de la mer Thyrrénienne que de celui de la Jonienne. Les montagnes de la région centrale dont il sera question tout à l'heure, appartiennent presque exclusivement à cette grande Province. Elles se composent en grande partie de substances cal- caires de seconde formation , qu’on rencontre jusqu'à Casal Nuovo à 12 milles de Zagone- gro : de là elles sont remplacées par le schiste argilleux ferrifère, dont les différentes variétés ou nuances occupent une grande partie de cette région. À demi-chemin , entre Lagonegro et Lauria, la pierre calcaire reparoïît: ce m'est plus cependant la stratifiée sub-appennine, mais la compacte grise, avec des veines de chaux lamellaire blanche. Cette roche très-solide, qu’on a employée utilement aux revêtements des ponts tout récemment construits en Calabre et dans la Basilicate, annonce le voisinage des montagnes primitives , auxquelles elle se trouve ordinai- rement sur-imposée. On rencontre en eflet des produits de cette nature, en parcourant les ex- trémités de cette région, surtout dans les endroits qui se rapprochent de la mer. On peut recpnnoître les bornes de la forma- tion secondaire , tout le long des vallées qui séparent les deux régions du côté septentrional de la Calabre et du côté méridional de la Basi- (as) licate, et proprement où le cours des torrents a miné les racines des montagnes. En longeant la côte occidentale de cette der- nière Province, on trouve aussi des roches de transition , et l’on rencontre les mêmes produits sur la côte limitrophe de la Principauté Cité- rieure. Ainsi, par exemple, à l’endroit appelé Porticello, entre Æsdea et Pisciotta, les vagues vont se briser contre un rocher très - escarpé, qui est composé de la même variété de chaux carbonatée compacte de Lauria; et jai ramassé des cailloux de granits et de roches siliceuses tout le long de cette côte jusqu'à Palinure, dans les vallées de Ceraso, #$. Biagio et en quelques autres endroits du 7/allo de Nowi. Je ne m’arrêterai pas à décrire les grottes situées sur ces plages célèbres auprès des géolo- gues , à cause des ossements qu’on y voit amon- celés. J'ai vu dans les cabinets de Paris et de Londres, des échantillons des osséments de Palinure , semblables en tout à ceux que j'en ai rapportés moi-même dans l’année 16807, et qui, par les espèces d'animaux ruminants aux- quels ils appartiennent, et par la nature de Ia pierre qui les renferme, ne différent en rien des autres échantillons d’ossements qu’on a trouvés dans les grottes existantes à Gibraltar, à Cette, en Corse, à Livourne et dans la Dalmatie. On sait bien que l’identité de ces conditions (15) géologiques a porté les naturalistes à penser, que la même catastrophe physique a détruit les ani- maux, à qui ces ossements appartiennent, et que la force des courants a refoulés dans la suite ceux-ci dans les grottes où ils se trouvent, et dont la composition géologique n’a aucune ana- logie avec le ciment terreux-sablonneux qui les réunit. M. Antonini, dans sa Lucanie s'efforce de démontrer que les ossements des grottes de Palinure appartiennent à l'espèce humaine, et il prétend qu'ils tirent leur origine des bchépèae tions qu’on y fit après le naufrage de deux flot- tes romaines. Mais malgré tout le fratras de cita- tions et d’autorités dont à son ordinaire il cherche à étayer ses opinions , il n’est pas moins vrai, que ces ossements appartiennent à l’espèce des animaux ruminants ; ou pour nous convaincre de la réalité de son assertion, M. Antonini auroit di du moins nous prouver que les soldats des flottes romaines eussent été métamorphosés en chèvres, et en brebis par les enchantements de quelque nouvelle Circé. Du sommet du Serino, qui est la plus remar- quable des montagnes les plus élevées de cette région, l’observateur peut suivre de l'œil le cours des deux plus grandes rivières de la Lucanie, l'Acri et le Sri, dont la première prend sa source dans le versant septentrional, et la se- conde dans le versant méridional de ce groupe de montagnes. Les eaux limpides de ces rivières (14) traversent cette Province dans toute sa largeur de l'Ouest à l'Est, en direction presque paral- lèle, à quelques lieues de distance l’une de l’autre, et vont se jeter ensuite dans l’Adria- tique. Les sommets du Serino sont composés de chaux carbonatée sub-appennine , renfermant des cail-: loux de silex pyromacus, dont l’existence, au milieu des roches de cette composition, formera toujours l’un des problèmes les plus difliciles de la Géologie. Toute la partie basse de ces mon- tagnes, et les collines qui en dépendent, sont composées de schistes argilleux ferrifères, et de roches de transition de différentes espèces, qui se rattachent à la composition géologique de La- gonegro et du allo de Novi. En avançant tou- jours au midi, et vers la partie centrale de cette seconde région, les conditions géologiques ne sont plus les mêmes, et la substance calcaire reparoît. On la rencontre partout sur la frontière de la Calabre, depuis Laurie jusqu’au 7’allo de Co- senza. Le Mont Pollino, qui marque les limites des deux Provinces, étend ses ramifications au Nord vers la Pasilicate, et au Sud vers la Cala- bre Citérieure: placé au centre de cette extrême frontière , il peut être regardé comme la monta- gne la plus élevée et la plus caractéristique de la région centrale. Le Cochile, qui mêle ses eaux à celles du Crati sur la plage autrefois occupée par la fameuse Sibaris, est grossi par tous les (15) ruisseaux qui prennent leur source à la pente méridionale du Pollino. Cette grande montagne, ainsi que toutes les autres qui environnent le plateau de Campote- nese, et qui, par Morano et Castrovillari , se prolongent jusqu’à Spezzano Albanese, sont de nature calcaire. Le primitif reparoït à Tarsia, au défilé du allo de Cosenza, et il règne par- tout dans cette dernière région. En retournant dans l’intérieur de la Basili- cate, on peut observer que les montagnes basses de cette Province s’étendent du côté oriental vers les Provinces d’Otrante et de Bari. La nature du sol de cette dernière Province est d’origine tout- à-fait sous-marine. Les collines, et les bosses peu élevées qui y prennent le nom de Murgies, sont composées de tuf conchilifère très-fragile, et de formation bien récente. Il suflit de faire attention à la quantité du muriate de magnésie et de soude qui fleurit sur la surface du tuf des Mur- gites, et qui abonde sur la croûte de terre qui couvre la plaine entière du T'avoliére, pour se convaincre du séjour prolongé que les eaux de VAdriatique ont dû faire dans ces contrées. Une autre circonstance, qui vient à l’appui de cette observation, c’est que dans toute cette partie de la Pouille Daunienne , on trouve de l’eau sau- mâtre en creusant le terrain à quelques toises de profondeur. La vaste plaine du T'avolière, renommée par (16) son genre de pâturage nomade , occupant üné étendue de 60 milles en longueur, et de 16 en largeur, joint la Pouille au Samnium et aux Abruzzes, c’est-à-dire la partie orientale de la région centrale à la région septentrionale du Royaume. Après avoir baigné la partie orientale de la Basilicate, les fleuves Basiento et Bradano vont se décharger dans la Tonienne par le Golfe de larente: ils prennent leurs sources au centre de ladite Province, le premier dans les monts Foz et Poggio Pilato près de Potenza, et l’autre dans le Lac Pensile près du Mont Morra. En remontant vers le Nord jusqu’au centre de la Principauté Ultérieure, on rencontre près 8. Ange de’ Lombardi et de Caposele , la source de VPOfante, qui, du versant de l'Est ,se jette dans VAdriatique, ainsi que la source du See, qui, du côté opposé, va se décharger dans la mer Thyrrénienne. @. 5. Région méridionale. La région montagneuse méridionale se com- pose des montagnes de la Calabre, qui ont plus de ressemblance aux montagnes de l’île de Sicile, qu’à celles du reste du Royaume de Naples. Cette conformité, que la disposition des an- gles et la composition des roches des deux côtes opposées, non moins que leurs gisemens respec- | (19 ) \ifs rendent, -on ne peut plus frappante, prouve évidemment, que les extrêmes montagnes de la Calabre Ultérieure ont été détachées de celles de Ja Sicile, à la suite d’un grand débordement de la mer Thyrrénienre , qui s’est frayé une issue au travers du Phare de Messine. Cest l_Æspro- monte, vis-à-vis du Phare même, qui marque le point le plus élevé de la limite méridionale de cette région. La chaîne principale des mon- tagnes primitives , qui s'étendent depuis Æspro- monte jusqu’au Mont Coppari, traverse la Cala- bre Ultérieure du midi au nord, et semble la partager en deux. Près le village d’'Olivadi, au pied de l’Æspro- monte, et à peu de distance de Squillace, existe la mine de fer carburé, que Jules Candide dé- couvrit le premier sous la dénomination erronée de molibdène, de laquelle M. Melograni à donné. ensuite une description très-exacte. Les autres branches des Appenuins de cette résion s'étendent dans toutes les directions dans la Calabre Citérieure. La plus considérable en- tr'elles occupe les Si/es, sur lesquelles s'élève le Mont Nero, et par leur prolongement elles vont fermer le allo de Cosenza du côté orien- tal, tandis qu’une autre branche de montagnes plus basses borde le côté occidental du même Vallo, entre le Cucuzzo qui le domine au midi, et les montagnes de Tarsia et de Spezzano- ÆAlbanese au Nord-Ouest, qui en ferment les 2 (18) défilés. De ce point, la chaîne de ces montagnes se partage en deux branches moins considéra- bles, dont la plus longue va rejondre les mon- tagnes de Lungro et dAliomonte, renommées par leurs mines de sel, et la mer Thyrrénienne au Nord-Ouest; et la plus courte se rattache au Nord-Est aux montagnes de Cassano , et au pays de Trebisacce sur la Tonienne. Les mêmes branches communiquent avec les montagnes de la Basilicate et celles de la région centrale, dont la véritable barrière est formée par les montagnes de Morano et de Campotenese. Cette région est composée, presque en entier, de montagnes primitives, qui, par conséquent, abondent de granits, de gneis, et de quartz. Toutes ces roches sont ordinairement plus visi- bles dans le fond des vallées et partout ailleurs où le cours des rivières a rongé la base des montagnes, et en a mis à découvert la compo- sition intérieure. Cependant, dans la Calabre Cité- rieure la matière calcaire reparoïît sur quelques hauteurs. Ainsi, par exemple, les granits qui com- posent la charpente du Mont Cocuzzo disparois- sent aux deux tiers de son élévation, et de ce point qu’on appelle le Piano d'Agrippano, et le Cancello, jusqu'au sommet de la montagne, on ue rencontre plus que des substances de nature calcaire sub-appennine. La région méridionale est certainement la plus riche en minéraux. Sans compter la mine de (199 pzombagine d'Olivadi, dont on a parlé ci-des - sus, 1l existe dans les Siles, à S. Giovanni in Fiore et à Longobuco, des mines de plomb sul- phuré- argentifère, qu’on a exploitées autrefois avec succès. Il en existe une autre à T'rionte, la- quelle a été exploitée dans le dix-septième siècle, et qui va être réouverte par une société de capi- talistes très-éclairés. Quelqu'un de ces Messieurs ma assuré que sur 100 parties de minérai, cette minière en contient 80 de plomb, et 4 d’ar- gent. (3). Des mines de fer très-considérables existent à la Mongiana, et à Stilo, l'une et l’autre com- prisses dans la même région ; et à Briatico , on trouve des traces de charbon de terre, dont on parviendroit peut - être à découvrir des mines abondantes , en suivant avec persévérance ces pre- mières lignes dans toutes leurs ramifications (4). : On sent aisément de quelle importance cette découverte pourroit devenir , dans un pays riche de tous les dons de la nature, et baigné pres- que partout par la mer, au moment où la vapeur appliquée ingénieusement à la mécanique et à la navigation, va produire une révolution impor- tante dans l’industrie et dans le commerce. En avançant dans la Calabre Citérieure on ren- contre les fleuves Crati et Neto, qui prennent leurs sources le premier du versant occidental, et le second du versant oriental des Siles , et qui vont se jeter tous deux dans la mer fonienxe. | x { 20 ) T1 n’y à pas de grandes rivières dans la Cala - bre Uliérieure , à cause de son peu de largeur; mais en revanche elle est traversée par de nom- breux torrents et des ruisseaux, qui tous vont se décharger dans les deux mers, dont cette Pro- vince est environnée. CHAPITRE IE Région Volcanique. Après les travaux importants de MM. Carletti Breislack et Pilla sur la region volcanique du Royaume de Naples, il seroit peut-être inutile d'y revenir, si ces géologues ne se fussent pas attachés plus particulièrement à l’examen des volcans éteints de la Campanie. Je crois, en con- séquence, qu'en jetant un coup-d'oeil sur la région volcanique générale, on pourroit en ürer encore quelques observations propres à répandre de la lumière sur la théorie de sa formation. La région volcanique du Royaume de Naples, considérée dans toute son étendue, n° est pas cir- conscrite entre les limites de l’ancienne Campanie, c’est-à-dire dans quelque partie des Provinces de Naples et de la Terre de Labour; mais elle a des ramifieations dans les Provinces limitrophes des deux Principautés, et reparoît sur l? extrême frontière de la Basilicate dans le Mont. Paulture ; lorsqu’à l’espace qu’elle oceupe dans la Gampa- C2r) nie et dans les Provinces limitrophes, on ajoute toutes les plaines et les vallées qui sont encom- brées de ses produits, la région volcanique s'étend environ de 60 milles en longueur du Sud-Est au Nord-Ouest, depuis Frigento ei Villamaina dans la Principauté Ultérieure |, jusqu’au Garigliano dans la Terre de Labour ; et environ de 45 milles en largeur du Nord-Est au Sud-Ouest, depuis Benevent, Cerreto et le eours du Calore dans la Terre de Labour, jusqu’à l'ile d’Zschia, vis-à-vis la pointe occidentale du Golfe de Naples. En partant de cetic ville, le périmètre de la région volcanique est tracé au Sud-Est par les territoires de Sorrento, Gragnano, Nocera ; à l'Est par ceux de Frigento; Villamaina, et par la vallée de lÆufite ; au Nord-Ouest par Benevent et Cerreto ; au Nord par la vallée du PVolturne jusqu’à Fenafro ; au Nord-Ouest et à POuest par celle du Garigliano ; au Sud-Ouest par Pouzzoles , Miseno et l'ile d’Zschia. | Les iles Ponces, quoique volcaniques , ne sont pas comprises dans ce périmètre | paree que se trouvant fort éloignées du continent , elles ne peuvent pas se rattacher aux localités que je me suis proposé de décrire. On ne doit pas non plus y comprendre, ni Vile de Capri, ni la chaîne des Appennins, dont se compose tout le côté oriental du Golfe de Naples, ni plusieurs autres chaines de morLagnes calcaires , renfermées dans cette enceinte : quoir- (22 ) que le volcanique s’y montre parfois, soit aw fond des vallées, soit dans les plaincs dont ces endroits sont environnés. Dans toute cette région, on rencontre, au travers des branches des Apennins, des substances vol caniques qui encombrent les vallées, et souvent en masquent les revers. Ces substances entrent dans la composition de toutes les plaincs qui s'étendent entre la mer Thyrrénienne et les montagnes qui bordent cette vaste région. On diroit, en la parcourant , que les deux agents de la Nature les plus puissants, Peau et le feu, se soient disputé le terrain pied à pied. Souvent même on trouve , quand on sy attend le moins, des traces volcaniques dans les défilés des montagnes tout-à-fait calcaires; en sorte qu'on pourroit faire, au milieu des for- mations neptuniennes , une récolte abondante de laves. de tuf, de scories, et d’autres produits du , 9 2 P feu. La même singularité se fait remarquer à Sorrento , à Nocera, au Gradillo, entre St. Leucio et Cajazzo , au pied du 7Zaburno, et dans la plupart des vallées qui coupent à angle droit le Calore, le Folturno et le Garigliano. Le Mont Vullure qui, comme on a déjà ob- servé, reste isolé sur lextrémié septentrionale de la Basilicata, quoiqu'il w’ait pas le moindre rapport avec le système volcanique ci-dessus tracé, présente néanmoins le cratère d’un grand volcan éteint , dont les substances se sont répandues à RC ee TE PE ( 25 ) un rayon de six milles sur les plaines et.les- collines environnantes. | | En fixant son attention sur la région volea- nique du Royaume , le géologue peut reconnoître aisément les différentes périodes de sa formation, et assigner aux produits du feu , leurs époques respectives , à l’aide des caractères particuliers qui les distinguent, de la même manière qu on a établi des divisions relatives aux époques de leur formation successive pour les régions qu’on est porté à croire d’origine neptunienne. Considérées sous ce point de vue, les formations. de la région volcanique peuvent appartenir aux Volcans ardents, aux Volcans à demi-éteints, et aux Z’olcans tout-à-fait éteints. Il me paroît nécessaire de jeter un coup-d’œil sur chacune de ces trois formations en particu- lier, avant d'avancer dans mOn sujet. $. 1. Folcans ardents. Parmi les contrées de l'Europe travaillées par les feux souterrains, il est incontestable que les Deux-Siciles jouissent d’une fatale prééminence sur toutes les autres. En effet, si l’on en excepte l'Ecla, (qui brüle dans le coin le plus reculé du Nord) tous les volcans de cette partie du globe, tels que le 7’ésuve, Stromboli, V Etna, Volcano , Volcanello s étendent presque sur la même ligne du Nord au Sud des Deux-Siciles. C9 7.0 Ees torrents de feu, les scoriés, les: piérres. ponces, les Zapillo , les sables, les cendres ete. vomis par ces volcans, composent le sol le plus récent de la région ; qui est le funeste théâtre: de ces grands phénomènes de la nature; et les: ravages du feu, le sombre aspect des laves et læ lenteur de la végétation, prouvent l’époque peu reculée de sa formation ignée. Dans le Royaume de Naples, la région volca- nique ardente se borne à un rayon de quelques. milles autour du fésuve, dont les laves déversées par le cône actuel, coulent toujours du même coté, à cause de P écroulement de la partie méridionale du cratère ancien. Cest pourquoi la végétation la plus florissante couvre partout le côté opposé, et le versant septentrional de l’an- cien volcan ,. >ellé aujourd hui Monte di 1Somma. Les métécores qui se concentrent à l’entour de ce laboratoire de la Nature, Pinfluence de l'électricité, les pluies de cendre qui, dans les grandes éruptions, portent la désolation et le ra- vage dans les campagnes situées au pied du. volcan , préparent, en même-temps, les éléments. Ge fertilité qui, dans les intervalles de son repos, dédommagent le cultivateur dés pertes qu’il a faites. & On doit ce bienfait à accumulation du ter-: eau et des substances carhonifères provenantes de. la décomposition des cendres vomies par le 1 (25) voican, ainsi qu'à l’action vivifiante de l’atmos- phère, qui environne les terres de cette région embrasée. La vigne qui produit le fameux Za- cryma-Christi, et les fruits les plus exquis qu’on récolte sur les flancs mêmes du Vésuve, sont une preuve incontestable de l'influence que le voisinage d’un volcan ardent exerce sur la vé- gétation. Cependant , ce dédommagement n’est pas proportionné aux pertes que les propriétaires des terres adjacentes au Vésuve éprouvent dans les grandes éruptions ; et en eflet, ils ne comptent que sept récoltes en huit ans, la huitième servant de compensation éventuelle aux dégâts causés par les pluies de cendre, et les alluvions qui accom- pagnent presque toujours les terribles explosions du volcan. . 2. Volcans demi-éleints. La Solfatara de Pouzzoles occupe le centre de cette région. Ce volcan étend ses profondes communications souterraines dans le périmètre des Æstroni, des Pisciarelli , d'Agnano , de Baïes et d’ Ischia. Dans cette enceinte on ren- contre, à chaque pas, des sources d’eaux ther- males |, des foumnarolles et des sublimations volcaniques. À l’endroit que les anciens appe- loient Forum Vulcant, l'action de la chaleur est si forte, qu’elle entretient des masses ‘volca- niques. dans un état permanent d’eflervescence. ( 26 ) En outre on trouve dans l’enceinte de Ia Sot- fatara , du soufre cristallisé, de lacide sulfu- reux, de larsenic sulfuré, de l’ammoniaque muriatée ferrifére, et d’autres substances de la même nature qui se forment abondamment dans les crevasses bouillantes de ce volcan. Aux Æstroni, on trouve un petit lac d’eau ther- male saturée de gas acide carbonique. Tout près le lac d’/gnano on rencontre les fameuses étuves de St. Germain, incrustées d’efflorescences de sels ammoniacaux, d’alun et de soufre, ainsi qu’une excavalion connue sous le nom de Grotta del Cane, dont l'atmosphère est imprégnée de gas acide carbonique permanent. Les Pisciarelli renferment une source d’eau thermale imprégnée d'acide sulfurique, de sulfate de fer et d’allu- mine, et dont la chaleur monte au 70." degré du thermomètre de Réaumur. Dans le Sinus Bajarum on trouve les étuves de Néron; et l’île. d'/schia n’est qu’un amas d’étuves, d’eaux ther- males, et de produits volcaniques de toute sorte. Les laves et les autres substances que la So futara a vomies autrefois, décomposées par l’action continuelle des vapeurs sulfureuses, ont été con- verties en argilles blanchâtres et friables, qui ont fait donner le nom de Monts Leucogès au cols délabrés composant l’ancien cratère de ce volcan. On y observe néanmoins des laves qui, éloignées de Paction de ces vapeurs, ont gardé leur caractère ei leur dureté primitive. De cette nature est la lave (27) feld-spathique qu’on rencontre au Mont Oliban près de la mer sur la route de Pouzzoles. C’est de cétte lave, connue sous le nom de Monte delle Brecce, qu’on tire depuis des siècles les blocs de roche pour les moles du Golfe de Naples et pour des constructions diverses. Au travers de cette lave, les Romains avoient creusé un superbe aqueduc, qui est entamé tous les jours par les mines qu’on fait jouer pour couper la pierre. On trouve fré- quemument sur la route de Pouzzoles , des débris de ce grand ouvrage, qui attestent à la fois la bardiesse des entreprises de ces vaillants domina- teurs du monde, et la haute antiquité de cette lave. La température toujours élevée, et les exhala- tions d’eau et d’acide carbonique qui , du foyer: de la So/fatara, se communiquent aux terres en- vironnantes , impriment à leur végétation une force étonnante, qui produit leur grande ferulité. 11 est à peine croyable, que chaque moggto (5) de la vigne plantée sur Le côté oriental de la Solfa- {ara, porte par an jusqu’à treize tonneaux ( de 1716 livres française chaque ) de vin excellent. Les plaines qui bordent la route près de Pouzzoles ne sont pas moins fertiles: on y récolte des légu- mes délicieux, deux mois avant que les mêmes plantes fructifient partout ailleurs. Cependant dans tous ces endroits il suffit de creuser la terre à quelque pied, pour en voir sortir de la fumée accompagnée d’une chaleur si vive, qu’on est obligé de s’en éloigner. | (28) A Vile d’Ischia, ce phénomène est plus remar- quable, car on y rencontre partout des fuma- rolles dont la température va au-delà de 60 degrés. Gette ile est très-riche d'eaux thermales médicinales , et les eaux mêmes des fontaines. publiques sont chaudes et minéralisées. Parmi les eaux thermales ; celle connue sous le nom de Gurgitelli, mérite une attention toute particulière. Dans l’année 1801, accompagné de mes’ savants amis MM. de Ruggiero et Petagna, ayant analysé cette eau, je fus le premier à y découvrir la présence du \Si/ex, mais je n’an- nonçai cette découverte qu’en 1816, dans mon Traité de Phyto-physiologie. Après cette époque, des chimistes de ce pays n’ont pas manqué de se disputer l'honneur de la découverte, et tout récemment l’un de nos naturalistes les plus dis- ungués, s’est plu à en faire hommage à un chi- miste célèbre de l'Angleterre. On sait d’ailleurs que dans ce laps de temps la même substance a été trouvée en plusieurs autres eaux minérales ; “et que tout récemment le savant Berzelius a démontré qu’elle n’étoit autre chose qu’un bi- silicatum, composé de l'acide siliceux, et d’une base fournie par les autres éléments minéralisa- teurs des eaux ou des réactifs employés dans leur analyse. Les entrailles de l’ile d’Ischia sont travaillées par le feu volcanique qui, brülant sans cesse, décompose tour-à-tour les laves et les autres ( 29 ) substances qui en couvrent la surface. Dans quelqu’endroit que l’on creuse, on peut y ouvrir, à peu de profondeur, des carrières d'argile , dont les habitants, fort industrieux, fabriquent de Îa poterie qu'ils vont débiter ensuite dans la Capi- tale. Il est malheureux que quelquefois ils sont victimes de l’action meurtrière du gas acide carbo- nique qui se développe souvent dans ces carrières. Jusqu'au 14° Siècle, ce volcan demi-éteint a vomi des laves, dont la dernière , sortie du pied de l’Épomée l’an 1501, garde encore, après un laps de temps si considérable, tous les carac- tères des laves les plus récentes. La lave de l’'Épomée est de nature feld-spathique , et tout- à-fait semblable aux laves les plus anciennes de l’île d’Zschia, de la Solfatara, et des autres Champs Phlégréens. Æn considérant que l’éruption de l'Épomée ; et celle du Monte Nuovo près de Pouzzoles ar- rivée le 29 Septembre 1538, présentent des époques très-rapprochées dans les annales de la nature, et que l'existence des feux souterrains dans cette partie des champs Phlégréens est attes- tée par des preuves multipliées, on ne peut disconvenir qu’elle joue le. premier rôle parmi les volcans demi-éteints de cette région , où l’on peut remarquer aussi comme des points d’une haute température, les fumarolles de la Pen- nata, et du Finocchuo près le Cap Misene, et du col de Moriterillo près le Fusaro. | (50) L'action de tous ces éléments embrasés , exerce une influence puissante sur la végétation de ces contrées, qui est on ne peut pas plus riche et plus florissante, et dont les vins surtout sont d'une force no AE Parmi les plus renommés, il sufhit de citer le Falerne des anciens, et les vins non moins exquis de l’île d’Ischia et du pro- montoire entre Cumes et Misène , improprement appelé Monte di Procida. $. 5. Folcans tout-a-fuit éteints. Malgré l'étendue et les phénomènes impor- tants que présentent les volcans demi-éteints , il faut avouer que les volcans tout-à-fait éteints sont les plus remarquables de la région volcani- que du Royaume. Les savants MM. Breislack et Pilla, qui ont donné une description très-détaillée des volcans éteints des champs Phlégréens et de la Campa- nie, ont signalé parmi les premiers les cratères de Campiglione , de Quarto, de Monte-Don- zelli, d’Agnano, de ÆAstroni et de Gauro; et ceux des Corticelle, de Monte-Santa-Croce , de Roccamnonfina, de Teano et de Sessa, parmi les seconds. Quoique situé dans un endroit tout-à-fait isolé , je crois qu’il faut ajouter à ces anciens cratères, celui du Mont 7’ulture, qui peut être regardé comme le plus continental de tous, et (51) sur Lequel on peut consulter les mémoires qu’en ont écrits les abbés Tata et Minervini , Napoli- tains , ainsi que le célèbre M Brocchi, dont Ja perte que les journaux vienneut d'annoncer, sera vivement sentie par tous les savants, et par ceux en particulier qui avoient eu le bonheur de l’approcher. Les substances que tous ces volcans ont vo- mi lorsqu'ils brüloient, décomposées par l'action progressive des siècles, ont formé la base du sol de la plus grande partie des Provinces de Naples et de la Terre de Labour |; où sont concentrés presque tous les anciens cratères qu’on vient de désigner. La charpente de ce sol est com- posée de différentes couches de lapillo et de tuf, qui elles-mêmes sont couvertes par une couche de six à huit pieds de terreau volcanique, où le silex, l’allumine, le fer oxidé et titani- fère , et les substances carbonifères sont combinés en des proportions qu’on diroit assorties à des- sein pour produire la plus grande fertilité. Les étrangers qui, pour la première fois, visitent ce beau pays, sont frappés d’étonnement à la vue des campagnes parées de tout le luxe de la végétation la plus florissante. Des arbres gorgés de sève élancant vers les cieux leurs tiges ma- jesteuses ; des festons de pampres qui les em- bellissent en les entrelaçant dans toutes les di- rections ; des prairies charmantes tapissées de verdure et émaillées de fleurs spontanées; des (52) champs couverts de blé, de maïs, de lin, de chanvre, de légumes etc., semblent en effet vous transporter dans une région enchantée , et vous faire croire à la réalité des prodiges fabuleux de la vallée de Tempé, et des jardins des Hes- pérides, d’Alcinoüs et d’Armide. Cependant cette foule de plantes, qui sont tout-' à-fait caractéristiques et exclusivement propre des plaines de la Terre de Labour , a donné occasion à quelques étrangers de décrier notre agriculture, et de la faire croire presque à son enfance; mais s'ils avoient voulu se donner la peine d’exa- miner les. circonstances locales, avant de pré- cipiter leur jugement sévère, 1l leur auroit été facile de se convaincre , que cette abondance de plantes est favorisée par la fertilité de cette terre unique , qui fait prospérer tout ce qu'on y sème à un degré inconcevable, de sorte qu’on y voit le blé rapporter de 20 à 50 tomolis sur un de semence, le maïs de 40 à 5o, le chanvre 4 à 5 quintaux bruts par moggio, et ainsi du reste. Ces censeurs rigides auroïent encore appris, en poussant un peu plus avant leurs recherches, qu'on plante les arbres en si grand nombre, dans ces vastes plaines, pour entretenir la frai- cheur et l’humidité sur les cultures herbacées, que la chaleur excessive de nos étés finiroit par brûler ; que c’est pour ne pas intercépter tout- à-fait la Inmière, qu’on suspend en haut les branches de la vigne, et que les brouillards (95) qui dominent dans la Terre de Labour ne faivo- risant pas beaucoup la réussite de cette plante, en attache moins de prix au vin qu’elle donne, qu'à la quantité de bois produit par la coupe des arbres: article très-précieux et très-utile dans le voisinage d’une grande Capitale, qui n’a pas de forêts dans ses environs. Enfin, s'ils avoient seulement jeté un coup-d’œil sur les vignobles de Pausilippe , du Mont de .Procida, de Pile d’Ischia, et de quelques autres endroits tout près de la Capitale, où la qualité du sol est favorable à la vigne, sans même se donner la _ peine de parcourir la Lucanie et les Calabres, où la culture de cette plante diffère essentielle- ment de la méthode qu’on suit dans la Terre de Labour, ils se seroient persuadés que cette méthode est conseillée par les circonstances lo- cales, et non pas dictée par des anciens préju- gés, comme on s’est plu à le faire croire. En reprenant mamtenant la description géolo- gique , interrompue par ces digressions, j’ob- serverai que les substances autrefois vomies par les volcans éteints, ont subi une décompo- siion presque générale, à laquelle ont échappé pourtant quelques laves existantes tout près des cratères de Carnpiglione , de Quarto, de Roc- camonfina, de Sessa, etc. Mais la plus remar- quale de toutes, est cette masse de lave feldspa- thique qui forme le promontoire de Cumes, et de laquelle on a taillé les gros quartiers de pe 3 Le (54) roche , dont se composent les murailles cyclo- péiennes, qui entouroient l’ancienne ville de ce nom. Ces restes imposants de l’antiquité attirent à la fois l’attention de l’archéologue, du géo- logue et du botaniste, par le souvenir d’une des villes les plus florissantes et les plus célè- bres qui aient existées jadis dans ces contrées classiques , par la composition des roches, et par des plantes fort intéressantes qu’on y trouve ; savoir lOrnithogale d'Arabie , l’Adianthe à feuilles ovales, et la Parmelia Roccella. Il faut remarquer aussi la lave qui traverse le grand chemin tout près du pont, entre Franco- lisi , et Sessa. La ville de ce nom est elle- même assise sur un monticule volcanique, dont la masse est composée de laves feldspathiques de la même nature de celles d’Zschia et de Pouzzoles. Lorsqu'on examine de près les laves de Sessa, soit dans les vallées minées par les torrents , soit dans les carrières d’où l’on tire la pierre pour les bâtimens de la ville, et pour les routes des environs ; il est aisé de distinguer . par le degré de leur dureté, et par les nuances de leur couleur blanche sale, où gris de plomb, la formation successive des différentes coulées, superposées les unes aux autres. Il est superflu de faire observer que la végé- tation est presque nulle partout où le sol est formé de ces laves intactes; mais heureusement ces accidents sont bien rares, et en général le (35) sol de toute la région est formé des argilles et des terres volcaniques produites par la décom- position des roches , et répandues par les allu- vions, qui en ont entassé des bancs énormes dans le fond des vallées du Sabato, du Gari- gliano, du Folturne, du Calore, et dans toutes les sinuosités de cette région. Sans prétendre analiser üiei les diverses hy- pothèses des géologues sur les époques où les volcans éteints ont brülé, je me bornerai à observer que d’après les caractères et la situation des leurs cratères, on est porté à les classer, la plupart au moins, parmi les volcans sous-marins. Mais ce qui me paroit plus digne de fixer l’attention des géologues , c’est l’examen des différentes formations volcaniques de cette région, et particulièrement du 1iuf, qui me semble pouvoir se rapporter à deux époques successives, que j'appellerai primitive, et secondaire. Ces deux formations sont tout-à-fait distinctes, et en les examinant attentivement , on s’aper- coit bientôt que les substances tufacées, secon- daires autrefois, vomies par les pt ételnis de la ChEPasie ; et que les alluvions , ou le cours des rivières ont transportées FPS à une très-grande distance de leurs cratères, ne doivent pas se confondre avec les tufs primitifs, dont les substances ont été déposées tranquillement au travers d’une grande masse d’eau qui les avoit dissoutes préalablement. * (56) Si l’on fait abstraction de la ature de leur composition , les montagnes, les collines , les plaines de tuf primitif ont une ressemblance parfaite avec celles de toute autre formation, que la volcanique. | Les systèmes tufacés de cette formation, la disposition et les ondulations des montagnes qui lui appartiennent, la hauteur de quelques-unes entre elles, et leurs caractères particuliers, prou- vent assez que leur origine tient à un système géologique plus ancien. 11 faut ranger dans ce système les collines qui couronnent la ville de Naples au Nord-Ouest et à l’Ouest ; ainsi que toutes les formations de tuf jaune de la même nature de la composition de ces collines , telle que le Cap de Miseène, le : Mont Epornée dans Vile d’Zschia, et les îles de Procida, de Nisida, et de Megaride, détachées du continent à des époques très-reculées. C’est le tuf jaune même qui occupe les entrailles les plus profondes des vastes plaines de la Campanie. On peut se convainere de l’origine fort ancienne de cette formation tufacée, par la simple inspec- tion des dépôts volcaniques de formation bien plus récente, qui à des époques moins reculées ont couvert les masses de ce tuf, aussi bien que les formations d’origine mneptunienne. A l'ile d'Ischia, par exemple, on peut voir que la charpente et le sommet de l’Epomée composés de tuf jaune pareil à celui des collines de Naples, (C9 m'ont point de rapport avee la lave litoidée qui en sortit l’an 1501, et qui repose sur ses flancs. Les coupes qu’on a faites dans la construction des nouvelles routes de Capodichino et de Pausilippe, ayant mis à découvert la composition géologique du sol qui est identique à celle de la Terre de Labour, on à pu reconnoître que le tuf primitif en forme la base. On le trouve sur les collines , à la-surface de la terre, aussi bien qu'à la profondeur de 60 à 70 pieds. À Aversa, à Cardito, et en plusieurs autres villes de cette Province , tous les bâtiments sont construits avec cette même pierre. Comme il n'existe pas dans les environs des collines, ni des montagnes, d’où l’on puisse la tirer, on pense d’abord qu’on va s’en pourvoir ailleurs ; mais en interrogeant les habitans , on peut se convaincre qu’il y en a des carrières abondantes tout près de leurs paÿs, où tous les jours on en ouvre dés nouvelles, en creusant des caves et des puits pour la commodité des habitations qu'on construit. Ces masses profondes de tuf qu’on rencontre en différents endroits de la Campanie et du cratère de Naples, et sur les sommets des Ca- maldules et de l’'Epomée, peuvent donner une idée de l’étendue immense de cette région. tu- facée , ainsi que de la diversité existante entre sa formation et celles qui proviennent des laves à (Sy volcaniques, ou des dépôts des torrents. C’est ce qui compose le tuf secondaire. La couleur de ce tuf est le plus souvent grise ou brune , et ses dépôts les plus considérables gisent ordinairement sur les revers des montagnes calcaires. De telle nature sont les tufs de Sor- rento, de Nocera , du Gradillo, du Mont Tifata du Taburno, et des vallées du Sabato, du Ca- lore , du Folturne et du Garigliano. On trouve quelquefois le tuf seccndaire super- posé au tuf jaune, et ce gisement semble ar- r.ngé à dessein pour prouver la formation suc- cessive de ces deux substances. Un exemple très- remarquable de ce gisement peut sobserver au Cap de Misène. Ce promontoire qui est composé entièrement de tuf jaune, supporte une couche de tuf brun secondaire d’environ 20 pieds d’é- paisseur. Dans le côté méridional surtont, où la roche est tullée à pic, on peut suivre de lœil, dans toute l’etendue du promontoire, cette large bande de tuf bruu , qui se dessine sur le tuf jaune d’une manière très-prononcée. La composition mécanique du tuf primitif présente une masse de terre argilleuse ferrifère jaunâtre , mélée de fragments de lapillo , de pierres ponces, de scories, qui ont gardé leurs pointes et leurs angles saillants; ce qui peut rendre probable la supposition , que ces substances aient été englobées dans le iuf, lorsqu'il étoit ‘encore dans l'état de liquéfaction. (9 ) On trouve aussi dans le tuf, des coquilles bi- valves du genre Vénus, et d’autres genres pareils , ainsi que des morceaux de bois non altéré, qui y laissent des empreintes, comme s'ils étoient extraits d’une meule de craie; d’où il résulte la preuve la moins équivoque de l’origine aqueuse de ce tuf. Ayant examiné attentive- ment quelque morceau de ce bois, il na paru y reconnoitre l’organisation, monocotylédone ; et si J'osois hasarder une conjecture, je n’aurois garde d'affirmer qu'il a tous les caractères de la racine de l’Agave Americana. Il me semble que les géologues devroient fixer particulièrement leurs observations sur la qualité saline d’une partie de ce tuf primitif qui, à des époques de beaucoup postérieures à sa formation, a été submergé par la mer, ou bien il a été exposé aux évaporations muriatiques qui s’en élèvent sans cesse. Le tuf qu'on tire des carrières de Pausi- lhppe est dans ce cas. En cffet, lorsqu’il est exposé au grand air il se couvre d’efflorescences de muriate et de carbonate de soude. C’est pour- quoi on n'emploie pas ce tuf à la construction des murailles qu’on veut décorer de peintures , car elles seroient effacées en peu de temps, et ce seroit peine perdue de le repeindre. Cette qualité saline ne se borne pas tout-à- fait au tuf dont la surface est exposée à la mer; mais on peut la reconnoitre aussi dans les car- (40 ) rières creusées sur les hauteurs des collines de Pausilippe ; tandis : 50 le tuf de Capodimonte, et des Fontanelle , qu'on pourroit appeler con- tinental, n’en participe point. hntisnsé sous ce rapport, on pourroit com- parer le tuf salin aux sols de toute autre nature qui ont la même qualité, tel par exemple, que celui de la Pouille Daunienne, qui à des époques postérieures à sa formation, ayant été submergé par la mer, contient des sels étran- gers à la composition chimique de la pierre, qui en est chargée. Je n’omettrai pas une autre observation, que je n’ai pas manqué de soumettre aux lumières de plusieurs savants étrangers , et qui a attiré d’une manière plus particulière l'attention de M. le professeur Buckland, célèbre géologue écossais, qui a été à Naples il y a peu de iemps. Je veux parler des veines dont la masse du tuf primitif est entrecoupée, à l’instar de ces filons de matières diverses qu’on trouve dans la chaux carbonatée compacte, et en d’autres substances neptuniennes. En examinant avec soin le tuf qui les renferme, on n’y peut pas aper- cevoir ni la moindre apparence d'infiltration, mi aucune ligne de démarcation entre le tuf et les veines qu’on y voit: leur composition même présente des différences essentielles ; car au lieu de termantides et de pierres ponces, ces veines semblent composées de faux margode à graine (41) très-fine. On rencontre des échantillons irès- beaux de cette condition géologique , en parcou- rant la vallée de #S£. Rocco , près de Capodi- monte , et proprement le ravin que les allu- vions y ont creusé. C’est là que les eaux ont mis à découvert une quantité de ces veines qui entrecoupent verticalement les deux revers de la vallée. On peut en observer aussi des traces très-caractéristiques dans quelques endroits de la même nature des vallées des Camaldules. Mais c’est surtont dans une carrière tout ré- cemment ouverte dans le fond de la vallée de St. Rocco, qu'on peut examiner distinctement la composition et la structure de ces substances, et se convaincre de leur grande analogie avec les veines des montagnes de toute autre nature, et spécialement avec les veines métalliques. On sait que ces dernières tirent leurs principaux caractères de leur situation verticale, ainsi que de leur composition formée de plusieurs couches parallèles à la fente qui les renferme. Avec une disposition et une composition tout- à-fait identique ; la veine tufacée de la vallée de 8%. Rocco, composée de plusieurs couches al- ternant entre le faux margode et des matières volcaniques plus grossières et moins cohéreutes, se prolonge verticalement depuis le sommet jusqu'au pied de la montagne. Il importe cependant d’observer que tout près de cctte grande veine, la masse du tufse voit (42) sillonnée de fentes qui, quoique disposées ver ticalement, sont tout-à-fait vides, ou remplies d’un mélange de terre et de matières limoneu- ses ; ce qui peut faire présumer que ces fentes appartiennent à des époques beaucoup moins reculées , que celles dont tirent leur origine les veines ci-dessus mentionnées. De ces observations résultent des questions très-importantes, dont j'énoncerai les suivantes qui m'ont paru plus dignes d’exercer la sagacité des géologues. 1° Si, à l'instar du dissolvant qui contenoit les substances calcaires, et toutes les autres qu’on suppose dériver de la précipitation d’un liquide , celui dans lequel le tuf primitif a été plongé avant sa condensation ne contenoit pas des particules salines, quelle est la nature de ce dissolvant? 2. S'il n’a été autre chose que l’eau de la mer, contenoit-elle, à cette époque, les mêmes principes qui la composent à présent ? ° En cas que cette composition n'ait point variée , comment se fait-il que les dépôts sous- marins de formation récente contiennent des substances salines, tandis que les anciens n’en contiennent point du tout ? Voilà, ce me semble , une série de problêmes qui ne sont pas bien faciles à résoudre sans doute, mais qui une fois résous pourroient fixer des données pour procéder à des découvertes d’une plus grande importance. 2 (45) Pour ne rien oublier de ce qui peut répan- dre de la lumière sur ces recherches, quoi- qu’étrangères en quelque sorte à mon sujet, je À x vais exposer tout ce qui est parvenu à ma con- noissance sur la nature d’une autre substance volcanique, qui semble avoir la plus grande analogie avec le tuf, mais qui cependant en diffère essentiellement. Ù , Cette substance qui, chez nous est connue sous la dénomination de Piperno, a été, à cause de la presque conformité du nom, confondue long- temps avec le Piperino , qui est en effet une véritable espèce de tuf, dont l’illustre Dolomiere a donné une description très-exacte dans ses Mémoires sur les les Ponces. | Notre Piperno appartient à une lave litoïdée, qui par sa nature et par ses caractères doit oc- cuper une place intermédiaire entre les laves feldspathiques et les vitreuses. La masse de cette lave est composée d’une pierre siliceuse homogène couleur de plomb, dans laquelle on peut distinguer deux variétés de la même subs- tance; la première plus compacte et d'une cou- leur plus foncée, l’autre plus tendre et , d’une couleur plus pâle. Ces deux modifications se trouvent confondues pêle-mèle ensemble; mais la plus foncée est presque toujours disposée en gros rognons irréguliers, et s'étend en ondu- lations interrompues d'épaisseur et de figure différentes. Ca) Ce qui rend encore plus frappante l’analogie de cette lave avec les laves demi-vitreuse , qui abon- dent dans les endroits mêmes qu’elle occupe, ainsi que dans l'ile d’Ischia, aux Ponti-Rossi, et dans les champs Phlégréens , c'est qu’elle est parsemée de très-petits cristaux , et de lames très-minces de feldspath transparent. IL paroît que le feu qui a opéré la fusion du Piperno, n’a pas eu assez de force pour le vétrifier , comme il est arrivé aux substances dont se composent les laves demi-vitreuses; et qu'on doit rapporter à cette cause, la dureté et la qualité litoïdée, que le piperno a gardée. Dans ce cas cette substance seroit à Pobsidienne, comme celle-ci est à la pierre-ponce , qu’on présume produite par le dernier degré de force du feu volcanique. | Les laves de piperno occupent la base du versant occidental de la montagne des Camnaldu- les. Les carrières les plus remarquables de cette pierre ont été creusées à deux milles au nord de la grotte de Pouzzoles , tout près de Pianura. Ce village occupe le fond d’un cratère volcani- que , dont les restes très-visibles se composent de la crête dés Camnaldules et des collines du. côté septentrional du lac d’Agnano. On ne peut entrer dans les carrières de piperno, que du côté le plus bas du cratère de Pianura, au pied de la montagne des Camaldules, dont la composition de tuf jaune plimiuif est superposéc (49 ) partout à la formation du piperno, qui s’enfonce bien au-dessous du niveau du sol. Les différentes coulées dont cette formation se compose, ayant été exploitées simultanément, à des époques diverses, on trouve des carrières su- perposées l’une à l’autre, qui s’avancent presque dans la même direction. L’épaisseur de chaque coulée varie entre les 30 à 5o pieds, et les in- tervalles entre la partie supérieure d’une coulée et le fond de l’autre, sont remplis de scories et de gros quartiers de roche fort ressemblants aux amas de substances pareilles, dont les laves de , toute autre nature sont recouvertes. | En réfléchissant à la qualité demi-vitreuse, que ces laves ont commune avec les plus an- ciennes , ainsi qu'à leur gisement subordonné au tuf primitif, on ne peut pas douter que leur formation ne remonte aux époques les plus re- culées dans les annales de la nature. Et en ad- mettant, d’après l’hypothèse du célèbre Buffon, une diminution progressive dans la force des feux souterrains, on parvieudroit à expliquer pourquoi des volcans de nos jours ne vomissent plus ni obsidienne , ni piperno; et il s’ensuivroit une nouvelle classification des laves, sur les données de leurs âges, et du degré de leur fusion Ignée. (: Alors on pourroit ranger dans cette, classifi- cation, en premier lieu, la lave obsidienne homo- gène , dont personne ne sauroit contester la plus (46 ) haute antiquité ; ensuite les laves vitreuses et demi-vitreuses, mélées de feldspath inaltéré ; le Piperno suivroit de près cette seconde formation, et successivement viendroient se classer, l’une aprés autre, les laves amphygéniques, feldspathiques, pétrosiliceuses, argileuses etc. Je ne veux pas achever mes observations sur la composition géologique’ du sol de la Campa- nie, sans parler des substances qui couvrent les autres formations volcaniques et spécialement les tufacées. Plusieurs couches de ZLapillo incohérents cou- vrent le tuf de ces contrées, et l’on peut en distinguer leur formation successive, à laide d’autres couches très-minces de sable cimenté par un gluten argileux qui en remplit les inters- tices. On peut observer jusqu'à sept de ces couches dans les coupes des nouvelles routes de Capodichino, et de Pausilippe. Entre le tuf solide et le lapillo, il est facile de reconnoïtre aussi un aggrégat tufacé plus ten- dre, auquel nos maçons ont donné le nom de asso , et qui est composé presqu’en totalité de cendres et de sable volcaniques décomposés. La hermantide cimentaire qu'on appelle vul- gairemente Pouzzolana ; couvre les couches de lapillo , et peut être en quelque sorte assimilée aux dépôts volcaniques d’alluvion. Elle est composée des mêmes principes du #asso; mais il n’y a point de cohésion entre ses molécules. La terre qu’on ( 47 ) appelle vierge, et qui se compose d’argile pro- venant de la décomposition des laves, des sables et d’autres substances d’alluvion , semble apypar- tenir à la même formation du fasso et de la pouzzolana. Toutes ces matières enfouies sous le sol fertile de la plus grande partie de la Terre de Labour et de la Province de Naples, sont couvertes par une couche de terre végétale de 2 à 3 picds d'épaisseur. Assujéties à l’analyse chimique , les substances volcaniques qu'on vient d'indiquer, n’ont pro- duit que de l’a/lumine, de la silice, du fer oxidé et ttanifère, et quelques parties de ma- gnésie et de chaux. | CHAPITRE IL Observations sur les montagnes les plus élevées du Royaume. Les sommets le plus élevés des montagnes des Abruzzes sont le Gran-Sasso ( 42° 235 lat. 11.° 15 long. ) dans la 1. Province de l’Abruzze Ultérieure; Monte-Amaro ( 42.° 21 lat. 11.° 44 long. ), et la Majella ( 42° 41 lat. 11.° 41 long. ) dans la Province de l’Abruzze Citérieure. M: Horace Delfico ayant mesuré par le procédé barométrique la hauteur du Gran-Sasso, l’a trouvée de 9577 pieds anglais. On peut évaluer, par approximation, la hauteur de Monte: Amaro (48 ) à 1950 toises environ, et celle de la Majelle à 1250. Ces montagnes sont couvertes de neige pendant la plus grande partie de l’année, car elle y tombe depuis le mois de Septembre jusqu’en Avril , et quelquefois jusqu’au mois de Mai. Dans les vallées les plus profondes de la Majella, telles que la vallée d’'Orfenta , et celle dite de l'Enfer, la neige dure pendant presque tout l’été, et dans quelques années elle sy mêle à celle de l'hiver suivant. La méme chose arrive sur les sommets de Monte-Amaro du côté du nord, et sur ceux du Gran-Sasso vis-à-vis de Zeramo. Une autre montagne des plus élevées des Apennins dans le Samnium, est le Monte-Miletto ( 41° 26 lat. 12° 3° long. ) au-dessus du Matese près de Piedimonte dAlife. M: Del Re, lun des élèves les plus distingués de notre Ob- servatoire, vient de mesurer barométriquement la hauteur de cette montagne, qu’il évalue à en- viron 1095 toises. Dans les vallées du Matese, la neige dure aussi pendant la plus grande partie de l’année; et dans la vallée dite Fondacone au-dessus de ÆRoccamandolfi , ainsi que dans celle de Chiusano, on en ramasse en si grande quantité, qu’elle peut suflire à la consommation de tous les pays circonvoisins pendant tout l'été. La montagne la plus élevée de la Calabre est le Pollino. Le pic qu’on appelle Dolce-dorme est le point le plus culminant de tous les som- (49 ) mets qui couronnent le plateau de cette mon- tagne. Dans le courant de l’année dernière l’ayant mesuré barométriquement, je lai trouvé de 7076 pieds anglais. += autres points les plus remarqua- bles de cetie"couronne, par leur élévation , après le pic de Dolce-Dorme , sont le Pollinello , et Monte-Crispo. Des larges bandes de neige cou- vroient ces pics escarpés du côté du nord, lorsque jy montai dans le mois de Juillet 1820; mais je n’y ai pas observé de masses de neige, dont la consistance ait pu me faire présumer qu’elles auroient résisté aux grandes chaleurs de la canicule. Une autre montagne qui peut figurer parmi les plus élevées de la Calabre , est le Monte- Cocuzzo ( 59.° 11 lat. 15.° 51° long. ) Sa forme conique, et la place presqu’isolée qu’elle occupe à l'extrémité de la longue chaîne de montagnes moins élevées qui bordent le côté Nord-Ouest du allo de Cosenza, font apercevoir le Honte- Cocuzzo, dès l’instant qu’on débouche du défilé de Campotenese. Cette circonstance la faisoit regarder comme la plus élevée des montagnes de la Calabre; mais après la mesure baromé- trique que j'en ai faite l’été dernier, elle est déchue dé cette prééminence usurpée ; puisque son élévation ne va pas au-delà de 5619 pieds anglais. Ce qui vient à Pappui du résultat obtenu par le procédé barométrique, c’est que j'ai ren- contré presque jusqu’au sommet du Monte-Co- & (.5o ) ctzzo, des hêtres et des plantes herbacées des mêmes espèces que celles qui croissent sur les montagnes les moins élevées. Tout près de quel- ques toufles de ces hêtres , on trouve des amas de neige, que l’on conserve dans des fosses artificielles, pour la consommation des pays pes mais nulle part elle ne peut s d maintenir à découvert perds l’été. Je n’ai pas réussi à me procurer des ren- seignements sur la hauteur des autres montagnes de la Calabre, et spécialement de V_Zspromonte (38.2 6 lat. 13.° 39 long. ); mais à en juger par la visuelle prise du sommet du Monte-Co- cuzzo ,: dont cette montagne n'est pas plus éloi- gnée en droite ligne, que celles du Pollino, et du Sirino, il paroît qu’elle est même au-des- sous de leur élévation: ce qui est confirmé d’ailleurs par la nature des plantes, qui crois- sent sur l’_Æ/spromonte. Des montagnes de la Basilicata, la plus élevée est le Sirino (40. 7 lat. 13.° 34 long. ) Gont on peut fixer la hauteur à environ 6000 se anglais. Les montagnes de la Principauté Citérieure les plus remarquables par leur élévation, sont Monte- della-Stella, Monte-di-S* Maria-della-Neve , ÏMonte-di-Novi, et Monte-del-Postiglione. Xl n’est pas à Ma connoissance, que ces montagnes aient été mesurées; mais Jai bien lieu de croire qu’elles ne dépassent pas Ja hauteur de 5 à 6000 pieds anglais. (51) On regarde Cerealto, Bagnuli, et Monte- fergine comme les plus élevées des montagnes de la Principauté Ultérieure. Cependant les deux premières sont au-dessous de l'élévation de celles qu'on vient de nommer, et la troisième est en- core. plus basse. Le Monte- Meta ( 41° 45 lat. 11.9 42 long. ) est la montagne la plus élevée de la Terre de Labour. Elle marque les limites de cette Pro- vince , et du Samnium. M" Capocci , savant astronome de notre Observatoire, l’ayant mesurée Pété dernier, en a évalué lélévation à 6850 pieds français. Près de Naples il n’y a que le Hont Lactarius connu sous le nom de Monte-St. Angelo di Castellamare, qui puisse figurer parmi les mon- tagnes remarquables par leur élévation. Avant eu occasion de la mesurer barométriquement , dans l’une de mes excursions en 1825; jai irouvé que le pic ( 40.° 40° lat. 12.° 15° long.) sur lequel est bâtie la chapelle de St. Michel, s'élève à 4451 pieds français au-desus du niveau de la mer. M" le Colonel Visconti, qui en avoit pris précédemment la mesure trigonométrique , en avoit fixé l’élévation à 4479 pieds. Après moi, M: Capocci, ayant mesuré de nouveau baromé- iriquement le pic de St. Michel, en a évalué Vélévation à 4416 pieds , et M." del Re vient de la réduire à 4400 pieds, après une nouvelle mesure barométrique qu'il en à faite, * (52) Parmi les montagnes remarquables à la vue de la Capitale, on peut ranger le Monte-Solare dans l’ile de Caprée, qui, pourtant ne s’élève pas à plus de 3000 pieds; lEpomeo dans l’île d’Ischia d’une élévation à-peu-près égale ; le Monte- Somma , qui est le point le plus élevé de l’ancien cratère du Vésuve, et dont la hauteur n’excède pas les 574 toises; et enfin le Monte- Fesuvio qui, mesuré par le célèbre M." de Humboldt, après l’éruption de 1822, ne s'est pas trouvé plus élevé que de 608 toises ; bien que cette élévation soit sujette à varier par les changements que les ex- plosions du volcan peuvent opérer à l’orifice du cratère actuel, déjà assez échancré par les érup- tions précédentes. CHAPITRE IV. Régions botaniques, considérées sous le rap- port de leur élévation au-dessus du niveau de la mer. Dans une de mes excursions dans les Abruzzes en 1607, jobservai, pour la première fois, que Vespace compris entre les bords de la mer Adriatique , et les sommets les plus élevés des montagnes de ccs Provinces, présentoient plusieurs révions de végétation, séparées l’une de l’autre par des limites naturelles bien distinctes. Dans Ja suite Jai acquis Ja conviction, qu’à quelques (55) exceptions près, on peut reconnoiître ces mêmes régions dans le reste du Royaume; abstraction faite de laltération qui dérive de la projection des lignes isothermes dans l’iervalle des cinq degrés de latitude , qui s'étendent de la monta- gne la plus septentrionale, jusqu’à la plus mé- ridionale du Royaume, c’est-à-dire du Gran Sasso à lÆspromonte. C’est surtout dans les Abruzzes, dont quelques montagnes peuvent rivaliser en élévation avec la plupart des montagnes alpines de l’Europe , qu’on reconnoît facilement les limites, qui , dans les zones tempérées , circonscrivent l’échelle de la végétation , depuis le niveau de la mer jusqu’au terme de sa totale disparition. Dans les autres régions, dont les montagnes sont subordonnées à celles des Abruzzes, on peut remarquer les mêmes particularités, bien que la diversité de l’ex- position y produit quelquefois des variétés de plantes , spécialement sur les côtes orientales et occidentales, et vers Les extrémités septentriona- les, et les méridionales du Royaume: ce qui me fcurnira le sujet de quelques observations par- ticulières, dans l’un des chapitres suivants. En attendant , pour présenter sous un point de vue plus lumineux la distribution géographique des plantes, qui ont un rapport constant avec un degré d’élévation sur le niveau de la mer, je La. diviserai en dix régions, et en indiquant les plantes qui appartiennent à chacune d’elles., (54) je ne manquerai pas d’y ajouter un aperçu des qualités géologiques du sol qui les caracté- risent , ainsi que des animaux qui y subsistent. Fa] a I. Région des plaines maritimes. Cette région ne s'élève pas de beaucoup sur le niveau de la mer; elle se compose princi- palement de landes et de bancs de sable , aux- quels viennent se méler souvent des substanees marines ou volcaniques rejetées par la violence des flots, qui, barrant en même - temps le pas- sage aux eaux des torrents, donnent origine aux étangs, et aux marais, dont ces plaines abondent. Elles sont par conséquent presqu’entièrement incultes et désertes, comme la plupart des côtes du Royaume , garnies jadis de villes peuplées et florissantes. Dans ces lieux , autrefois enchantés, où l’autorité publique ordonnoit la destruction des coqs, afin que leur chant du matin ne toublât pas le paisible sommeil des heureux habitants, le voyageur fatigué ne sauroit main- tenant y fermer seulement la paupière, sans s’exposer à une mort presqu'inévitable. On cher- cheroit en vain parmi les étangs et les brous- sailles qui couvrent ce sol pestilentiel, les traces de la voluptueuse Sibaris , de la fameuse Æé- raclée, de la magnifique Mélaponte etc. De toutes ces villes célèbres, ont la renommée a “Pan (55) rempli le monde, il ne nous reste que Îe sombre souvenir de l’histoire. Plantes et animaux particuliers à cette région. Arbres sauvages et arbres cultivés. Salix alba — S. vitellina — S. fragilis — S. pentandra — Populus tremula — Witis vinife- ra — Populus nigra. Arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Pistacia Lentiscus — Phillirca media — Vitex Agnus Castus — Tamarix africana — Ephedra distachya — Iuniperus oxycedrus, — S. phænicea — Cistus villosus — Daphne Gni- dium — Passerina hirsuta — Anthyllis bar- bajovis. | Plantes herbacées. A. Dans les sables et tout près du niveau de la mer. Eryngium maritimum — EÉchinophora spino- sa — Santolina maritima — Cheiranthus tricu- spidatus — Convolyulus Imperati — C. Solda- nella — Atriplex laciniata — A. polysperma —- A. diffusa — A. rosea— Romulea Columne-— ( 56 ) PT AO Ophyoglossum lusitanicum — Salsola Tragus= 1. Kal. | B. Dans les rochers qui s’avancent sur la mer. Mesembryanthemum nodifiorum — M. cry- stallinum— Aizoon hispanicum — Salsola fru- dicosa — Brassica incana — Medicago mari- na — Daucus hispidus. C. Dans les marais saumâtres. Salicornia herbacea — S. fruticosa — S. ma- crostachya — Atriplex portulacoides — Salsola hirsuta— Aster acris — Inula crithmifolia — Chenopodium maritimum. À D. Sur les bords des fossés. Rottboella spathacea — Chrypsis aculeata — C. schoenoides — Inula sicula — Agrostis fron- dosa — Pavonia pentacarpa — Carex riparia— C. nervosa — C. serrulata. Oiseaux. L’oie ( nas anser ) le canard . A nee: la gruc ( Ærdea grus ). Insectes. Myrmeleon libelluloides— Scarabaeus sacer — S. laticollis — S. variolosus — S, vacca — S. stercorarius — S. hybridus — Pimelia murica- da — Agrion puella — Aesna grandis — Papi- lo Galatea — P. Atalanta — P. cardui — P. | (57) Daplidice — P. Fauna — Noctua pancratii — Scholia flavifrons — S. quadrimaculata — Ci- cindela capensis — C. flexuosa — C. campe- stris — Mantis religiosa — Truxalis nasutus— Scarites arenarius — S. gigas — Gryllus stri- dulus — G. obscurus — G. caeruleus — G. Li- neola-— Erodius gibbus — Apis: plusieurs espè- ces, Vespa id. Ichneumon id. IL. Région des plaines méditerranées. Le sol de cette région, qui est sablonneux ‘ craïeux ou argilleux, suivant les principes do- minants dans sa composition géologique, en s’éle- vant insensiblement vers les collines, parvient à une élévation d’environ Bo toises sur le niveau de la mer. Plantes et animaux particuliers à cette région. Arbres sauvages et arbres cultivés. Le poirier sauvage ( Pyrus communs ). L’orme ( Ulmus campestris ) — Le muürier (Morus alba ) — L’érable des champs ( cer carnpestre. ) (58) Arbrisseaux et sous-arbrisseaux. A. Dans les champs. Rhamnus alaternus — Zizyphus Paliurus — Prunus spinosa — Évonymus europaeus. B. Dans les fentes des rochers, du côté de la mer. Medicago arborea — Euphorbia dendroides. Plantes herbacées. Chenopodium ambrosioides — Solanum Dul- camara— Saponaria officinalis — Scabiosa Co- lumbaria — Vicia pseudo-cracca — Daucus mauritanicus— quelque Centaurea et Carduus., Quadrupèdes. La taupe ( Talpa europaea ) — Le campa- gnard ( Mus arvalis }. Oiseaux. Le pigeon { Columbus Palumbus }— L’alouette des champs ( Æ/auda arvensis ) — Le pinson ( Fringilla celebs ). ( 59 ) Reptiles. Couleuvre à collier ( Coluber natrix ) — La vipère ( C. Berus) lézard ( Lacerta agilis — et le lézard vert ( Lacerta viridis. ) Insectes. Scarabaeus nasicornis — S. vernalis — Me- lolontha vitis — M. Fullo — M. vulgaris — Ce- tonia aurata — C. stiptica — C. hirta — Blaps mortysaga — Lamia tristis — Pimelia tenebrio- nis — Plusieurs espèces de Carabus — CAryso- mnola — et coccinella — Cicindela campestris — Meloe proscarabaeo — Gryllus migratorius — G. sineola — Locusta viridissima — L. gri- sea — Lytta vesicatoria — ÙMylabris cicho- rei — Acheta grillotalpa — Chrysis ignita — Vespa crabo — Agrion virgo — Papilio Ma- chaon — P. Podalirius — P. Paphia — P. di- dyma— P. mida— Sesia stellatarum— Noctua festucæ — Syrphus floreus — Tabanus bovinus. III. Région des collines. L’étendue de cette région s'élève depuis les 5o jusqu'aux 150 toises sur le niveau de la mer. Le sol argilleux, sablonneux ou tufacé dont elle est formée , est sujet à varier par le mé- (60 ) lange des roches primitives, secondaires ow volcaniques , qui y roulent des montagnes voi- sines. Des laves litoidées font partie du sol de cette zone botanique, et lorsqu'elles sont de na- ture argilleuse , semblable à celle des laves vé- suviennes, leur surface scorifiée, en se décompo- sant en très-peu d’années, donne naissance à une quantité de lichénacées, et spécialement au Stercaulon Vesuvianum , et à la Cetraria Islandica, qui finissent par la couvrir pres- qu'entièrement. Ces lichènes en rongeant la subs- tance des laves, en favorisent la décomposition successive, qui produit le terreau, dont se rem- plissent les fentes, et les sinuosités de ces laves. Le Spartium junceum , le Pteris aquilina , et la Scrophularia bicolor s’établissent les premiè- res sur ce nouveau sol, qui, par ce procédé digne de remarque , devient progressivement propre à la végétation de toute autre espèce dé plantes. Plantes et animaux particuliers à cette région. Arbres sauvages et arbres cultivés. Olea europaea ( Olivier ) — Quercus lex ( chêne vert ) Pyrus communis ( Poirier ) P. malus ( Pommier ) Pinus Pinea — Alnus cor- (61) difolia — Cercis Siliquastrum — Cytisus La- burnum. Arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Colutea arborescens — Spartium scoparium — Genista candicans — Salix caprea. Plantes herbacées. A. Dans les champs. Æsclepias.vincetoxicum— Globularia vulga- ris — Daucus visnaga — Carlina lanata — Syderitis syriaca — Rubus tomentosus — Plan- tago Bellardi — Erythraea Centaurium — Sal- via Sclarea. B. Sur les montagnes qui bordent cette région. Campanula fragilis — Rumex scutatus — Drypis spinosa — Hyppocrepis comosa. Quadrupèdes. _ La souris musquée ( us avellanarius ) le loir (-Myoxus gliis), le lièvre ( Lepus timidus ). Oiseaux. La corneille ( Corvus Cornix ) la pie ( C. Pica ) le bec-figue ( Motacilla ficedula ),. (62) Reptiles. L’aspice ( Coluber a ). Jnsectes. Lucanus Dama — L. Capreolus Scarabcus vernalis — S. Casolini — Melolontha vitis — Buprestis aeneus — Lampyris noctiluca— Ca- rabus violaceus — Lamia tristis — Gryllus li- _neola— Locusta thymifolia — Apis violacea— Sphinx convolvuli — Papilio Phebe — P. Ga- nira — P. Latonia — P. Megera — P. carda- mine — P. rhamni— P. Cleopatra — Bonbyx Hera— B. Hebe— Noctua nupta—.N. sponsa— Tipula crocata. IV. Première région des bois. Cette région , qui s’étend depuis les 150 jus- qu'aux 400 toises, est presqu’entièrement garnie d'arbres, et spécialement de ceux de haute fu- taie; par conséquent bien peu d’arbrisseaux et de plantes herbacées y croissent dans les en- droits les moins ombragés. Le sol de eette région est composé en grande partie de terre végétale, provenant de Îa pourriture des feuilles que ces arbres y déposent tous les ans. (65) Plantes et animaux particuliers à cette région. Arbres sauvages et arbres cullivés. Quercus robur — Q. Cerris — Acer pseudo— platanus — Castanea vesca — Pyrus commu- nis — P. malus — P. Cydonia — Sorbus do- neslica — $. aucuparia. Arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Cistus salyifolius — C. incanus — Mespilus domestica — M. pyracantha — Crataesgus tor- minalis — Rhius Cotinus. \ { Plantes herbacées. Cnicus acarna — Silene armeria — Alche- milla vulgaris — Aspidium fragile. Quadrupèdes. Le renard ( Canis vulpes ). Oiseaux. La grive ( Turdus viscivorue — Île rossignol ( Matacilla luscinia ) le merle ( Turdus Me- rula ). (64 ) Reptiles. Les mêmes espèces de la région précédente. Insectes. Prionus coriaceus — Papilio Paphia — P. phaedre— Bombyx quercus— Sphinx Atropos— S. Elpenor — Noctua sponsa — N. maura — Phalena trifasciata. V. Seconde région des bois. Cette région s'étend depuis les 400 jusqu'aux 6oo toises sur le niveau de la mer. Elle ne diffère de la précédente, en ce qui regarde la composition du sol, et est caractérisée seulement par l’apparition du hêtre. ( Fagus sylvatica ). Plantes et animaux particuliers à cette réglon. Arbres. Fagus Sylvatica — Acer pseudo-platanus — Taxus baccata — Pinus Laricio — P. brutia — P. Sylvestris — Abies pectinata. cor : Arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Méspilus chamaemespilus— Crataegus ÆAria— C. amelanchier — Vaccinium Myrtillus — Da- pline Mezereum. Plantes herbacées. \ Dans les vallées au milieu des bois. Päeonia officinalis — Delphinium fissum — Hyosciamus niger— Atropa Belladona— 4 qui- legia vulgaris — A. viscosa— Gentiana lutea — Lilium martagon — Ranunculus Thora — Py- rola secunda — Euphrasia officinalis — Asarum europeaeun— Dentaria heptaphylla — D. bul- bifera — Dianthus monspeliacus — Saxifraga rotundifolia — Aspidium aculeatum — A. lon- chitis. Quadrupèdes. Le loup ( Canis lupus ) la belette ( Mustela Martora ), quelquefois l’ours ( wrsus arctos ). Oiseaux. Le corbeau ( Corvus Corax ) la perdrix (Te trao Perdix ) le Coucou ( Cuculus canorus ). Bb (66) Repti'es. Anguis fragilis— Coluber apis— C. caeruleus. Insectes. Cerambyx alpinus — Trichius trifasciatus — Buprestis brulia — Scarabaeus cylindricus — Papilio Apollo— P. Mnemosyne— P. Antiope— P. virgaurea — P. Polycloros — P. Camilla— P. Circe— Bombyx persona — Zigena filipen- dulae — Phalena maculatella. | VI. Région montagneuse. Cette région, qu'on pourroit appeler aussi pratifère, à cause du tapis de verdure qui la couvre partout, abonde en plantes herbacées et manque presqu'entièrement de grands arbres. Le gazon dont cette région s’embellit est couvert de neige pendant l'hiver, et fournit en été un ali- ment abondant et nourrissant aux troupeaux , qu'on y fait monter des prairies plus basses. Une couche de terre végétale de quelques pouces d'épaisseur couvre les roches, dont se compose la charpente de cette région, qui s’étend depuis les 600 jusqu'aux 800 toises d'élévation sur le niveau de la mer, | (67) Plantes et animaux particuliers à cette réglon. Arbres. Pinus Mughus — Iuniperus Sabina. — Ces arbres interrompent la monotonie qui règne dans la végétation de cette région. Plantes herbacées. Parmi les pâturins, les agrostis et les festu- ques qui en forment la base , on remarque les Staticearmeria.—Globularia cordifolia— Plan- tago montana — Astragalus montanus — Os- munda Lunaria — Trifolium ochroleueum — Alchemilla alpina — Ranunculus brevifolius— Hiceracium aureurm— Gentiana acaulis— Nar- dus aristata— Pedicularis rosea— P. foliosa— Campanula petraea — C. graminifolia — La- mèum garganicum — L. longifiorum — Astra- galus aristatus — Hippocrepis glauca. VII. Première région alpine. Les aiguilles ou les pics des montagnes qui s'élèvent au-dessus de la région précédente, depuis les 800 jusqu'aux 900 toises, appartien- nent à cette zone. botanique, qui se compose x (68) e_uérement de rochers très-escarpés; et ne pré- sente que de foihles traces de végétation dans les fentes de ses rochers, ou dans les coins de terre amoncelée dans leurs sinuosités. Plantes particulières à cette région. Carnpanula petraea — C. graminifolia — A- stragalus alpinus — Viola moniana — Linum campanulaturn — Bunium petraeum — Solda- nella alpina — Valeriana Saliunca. — Sison flexuosur. VIT. Seconde région alpine; Certe région, qui s'élève jusqu'à 1000 toises sur le niveau de la mer, est dépourvue, ainsi que la précédente, d'arbres et d'animaux de toute espèce. On y voit seulement quelques rares et minces buissons d’arbrisseaux sauvages, et quelques plantes herbacées. Plantes particulières à cette région. Salix retusa — Arbutus Uva ursi. — Dryas octopetala — Gentiana verna — G. bavari- et SG: 'ncandlisi— Sempervivum aracnoi- deum — Primula villosa — Érygeron alpi- num — Arnica Bellidiastrum — Saxifraga gla- ( 69) bella — S. caesia — S. cotyledon— $. aizoon— Iberis saxatilis — Alyssum tortuosum — Silene acaulis— Anemone alpina— 4. narcissiflora— Polygonum viviparum — Adonis distorta. IX. Troisième région alpine. L’élévation de cette région va jusqu'aux 1150 toises sur le niveau de la mer. Elle laisse aper- cevoir à peine, pendant le court intervalle de la fonte des neiges, quelques pygmées du règne végétal sur les crêtes et les récifs qui la com- posent. La température et les météores qui rè- gnent dans cette région orageuse, en éloignent Jes insectes de\toute espèce. Plantes et animaux particuliers à cette région. Plantes herbacées. Androsace villosa — Aretia vitaliana— Sa- xifraga opposilifolia — #$. bryoides — S. mu- scosa — Antirrhinum alpinum — Iberis stylo- sa — Draba aizoides — Papaver alpinum — Potentilla apennina — Chap ha nivale — Geñliana nivalss. (70 ) Quadrupèdes. La gazelle. ( Æntilope rupicapra ). Oiseaux. Hirundo apus (Martinet) — A1 rupestris ( Hirondelle des rochers ) — Falco nisus (Éper- vier ) — l'aigle ( Falco fulyus ) — le faucon (Æ. communis ). Insectes. Cest le Papilio urticae , qui se plait seule- ment de traverser cette région. X. Région glaciale. L'apparition de la Cetraria islandica, liche- nacée précieuse, que J'ai eu le bonheur de trouver pour la première fois sur le sommet de Monte- amaro,signale les premières limites de cette région, qui ne s'étend pas au-delà de quelques points isolés des plus hautes montagnes des Abruzzes , où il est bien rare de voir disparoître tout-à-fait la neige. ( 72) Plantes particulières à cette région. Plantes herbacées. Cetraria islandica — Draba cuspidata— Fe- stuca ITalleri — Artemisia mutellina — Lepi- dium alpinum — Cerastium glaciale — Ranun- culus drevifolius — Anthemis Barrelieri — Pa- paver aurantiacum — Gnaphalium dioicurn. On peut reconnoitre facilement ces dix régions, lorsqu'on s’avance des bords de Adriatique vers le sommet du Monte-amaro , par Pescara , Chieti, Roccamorice, et la Majella , ou bien vers le sommet du Gran Sasso, en suivant la route de Teramo , Montorio , et Pietracamela, Les limites et les caractères de ces zones bota- niques peuvent s'appliquer avec peu de variations au reste de la région septentrionale, et à toute la région centrale du Royaume. Il men est pas de même pour la région méridionale, où les différen- ces, sont bien plus marquées, Dans les monta- gnes de la Basilicate et dans celles de la Calabre, par exemple, on ne trouve pas la plupart des plantes qui croissent dans le Sarnnium et dans lcs Æbruzzes, ou bien elles s’y irouvent dans des endroits comparativement beaucoup plus élé- vés. En voici un exemple. Le Saxifraga aizoon— S, petraea — S. calyciflora se trouvent à 7000 (72) pieds de hauteur sur le Monte- Pollino, tandis qu'on Îles rencontre au-dessous de 5ooo pieds sur le Matese, le Gran Sasso et la Majella. Il est remarquable d’ailleurs qu’on re trouve pas du tout sur les montagnes du Royaume les plus méridionales aucune des autres espèces de Sa- mifraga, qui croissent dans les pays septentrio- naux, telles que la Saxifraga bifiora. S. cae- sia. S. muscoides, On peut en dire autant de presque toutes des plantes caractéristiques des trois régions alpines, qui ne se montrent pas même sur Îes plus hautes montagnes de la région méridionale ; à lexception de la Draba aizoi- des , du Thlaspi saxatile , et de lAlyssum montanumm , qui se font apercevoir sur les som- mets les plus élevés du Dolce Dorme en Ca-, labre. Cependant on voit croître sur ces mêmes som- mets l’/beris Tenoreana xrabougrie et languis- sante , tandis qu’elle prospère grandement dans le plateau de Faito sur le Mont Lactarius, au-dessous de 5500 pieds d’élévation. 7” Ælnus cordifolia, au contraire, qui, sur ce plateau même traîne une foible et chétive existence étale la végétation la plus magnifique, et couvre Ja plus grande étendue des montagnes de la Basilicate et' de la Clabre. L’explication des ces contradictions apparentes se trouve dans l'application de la théorie des bgncs isothermes à la géographie botanique, (75) dont la science est redevable principalement à la sagacité et aux lumières de MM. Humboldt, Vallemberg , Ramond, et Bonpland. D’après les principes que ce Messieurs ont établis, et que d’autres savants n’ont pas manqué de dévelop- per, il est désormais démontré, que toutes les variations , dont on a cité ci-dessus quelques exemples, sont occasionnées par la température rendue uniforme à différentes hauteurs, par la diversité de leurs lautudes. Ainsi MM. Hum- boldt et Bonpland ont observé sur le CAim- borazo , dans la zone torride, le dernier terme de la végétation, et le commencement des neiges perpétuelles à 5250 toises d’élévation sur le ni- veau de la mer, tandis que dans la zone tem- pérée, sur le Mont Blanc, au Grand S. Bernard et sur le Mont Rosa, dont les sommets les plus élevés ne dépassent pas les 2450 toises, les limites de la végétation ne vont pas au-delà de 1300 ioises, et dans la zone glaciale ces limites ne s'élèvent point au-dessus du niveau de la mer. Par les mêmes principes , on peut expliquer pourquoi le hêtre prospère tout auprès des bords de la mer en Angleterre, tandis que chez nous il ne peut croître que sur les montagnes les plus élevées ; et pourquoi il faut s’avancer jusqu’au parallèle de l’île de Caprée, ou au Cap Circée et à Nice, pour apercevoir la CAamaerops hu- milis, seul palmier indigène de la’ Flore euro- (74 ) péenne, tandis que des forêts immenses de cette nombreuse famille, étalent leurs formes majes- tueuses sur les montagnes les plus élevées du Pérou et du Brésil. CHAPITRE V. Distribution des arbres dans les différentes régions du Royaume. La Flore d'Europe n'étant pas assez riche en espèces d’arbres de haute futaie, il est tout naturel que la Flore Napolitaine n’en soit pas mieux pourvue. Par conséquent , si l’on excepte un petit nombre d'arbres indigènes , qui rentrent dans les familles des Érables , des liliacées , des pomacées, et des légumineuses, presque tous les autres appartiennent aux deux grandes fa- milles des conifères , et des amentacées. Pour donner plus de développement à lhis- toire botanique des régions décrites dans le chapitre précédent, il importe de jeter ur coup- d'œil rapide sur les endroits habités par les arbres de ces différentes familles. (75) ‘ARTICLE PREMIER. Conifères. Cette grande famille d’arbres est plus abon- dante dans la région méridionale , que dans la centrale et dans la septentrionale. Les montagnes des Siles dans la Calabre sont renommées par l’immense quantité , et par la grandeur colossale. des pins dont elles sont couvertes. Ayant eu l’occasion d’examiner avec la plus scrupuleuse attention toutes les espèces de pins qui croissent dans ces forêts, je me suis convaincu que l’espèce la plus caractéristi- que appartient à celle du Pinus Lariciv, connu aussi sous la dénomination de Pin de Corse. Ce pin , que le célèbre Lamarck a appelé avec raison alissima, atteint, en moins de 60 ans, dans les Siles, la hauteur de 120 à 150 pieds. Il couronne les sommets des versants occiden- taux de ces montagnes, et se plait dans la région supérieure à celle du hêtre. Il descend pourtant dans les régions inférieures, et quel- quefois jusqu'aux plaines ; mais il ÿ reste tou- jours solitaire et 1l n’y forme jamais de forêts. On a employé de tout temps les troncs de ces arbres aux constructions navales et civiles ; et il n’est pas difficile de se procurer dans les Siles des mâts de 100 pieds de hauteur, et (76) d'environ 3 pieds de diamètre. C’est de ces pins qu’on tire la poix fameuse, que Virgile et Horace ont célébrée dans leurs vers harmonieux, et c’est le bois résineux de ces arbres que les habitants des villages adjacents aux Siles, brû- lent, au lieu de chandelles, pour éclairer leurs maisons. Par une analogie singulière avec les noms et Îles usages des anciens, on n’appelle autrement que Zedae ces morceaux de bois, dont la fumée épaisse noireit de telle sorte les habitations, les habillemenis et les visages mêmes de ces pauvres villageois, qu’en les visitant on se croit presque transporté au milieu des ca- vernes sombres et ténébreuses des Cymmériens. Deux variétés du pin sauvage ( Pinus sylve- stris ) rendent plus nombreuse la famille des Conifères aux Siles; et dans l’Æspromonte , elle est augmentée encore par le Pinus Brulia, qui rivalise en beauté et en grandeur avec le Pinus Laricio. | Le Sapin ( Abies pectinata ) croît aussi dans lés forêts de cette région , et il abonde prin- tipalerherts sur les flancs orientaux des Siles. * Mais c’est sur le Pollino, et précisément dans la forêt de Æubia, que cet arbre étale toute sa beauté. Là il n’est pas difficile de trouver des sapins de 150 à 150 pieds de hauteur, dont les | cimes noirâtres semblent vouloir disputer aux nues l'empire des régions aériennes. On rencontre très - rarement le Genévrier C77) ( Juniperus communis ) sur les versants des montagnes de cette région. J’en ai vu quelques individus assez mal venus sur les sommités les moins élevées du Pollino. Dans la région centrale ce sont le pin d’A- leppe ( Pinus Halepensis ) et le Sapin ( Abies pectinata ), qui abondent davantage. De ces deux conifères , la première couvre le bas des montagnes et s’avance jusqu'aux plages de la Jontenne et de la Thyrrénienne. J'en ai vu seulement quelques individus dans un endroit septentrional de lile de Caprée. Les sapins abondent dans les montagnes de Montevergine, et de lZvvocata. On irouve aussi tout le long des bords de la mer dans la région centrale, des buissons touffus du Juniperus oxycedrus qui est très-commun au Fusaro , à Licola, et sur toute la côte jusqu’à Terracina. IL s'associe avec le Juniperus phœnicia , sur les plages orientales. | Le pin sauvage, et le sapin abondent à la Majella et au Matese, ainsi que dans les autres montagnes de la région septentrionale; mais lorsqu'on descend au bas de ces montagnes, du côté de la mer, on rencontre toujours le pin d’Aleppe , au lieu du pin sauvage ; on peut faire cette observation au Gargano. ; Enfin le Juniperus sabina , et l’If ( Taxus baccata ) complètent la série des conifères spon- tanées de la Flore Napolitaine. Le premier de (78) ces arbres croît plus fréquemment dans les forêts de la Majella et du Gargano. L'autre se montre cà et Jà.dans les forêts de iout le Royaume. Le pin à pignon ( Pinus pinca ), qui embel- lit les collines des environs de la Capitale, et qu'on voit dans les champs de la Terre de Labour et ailleurs, ne croit pas spontanément dans aucun endroit du Royaume. ARTICLE Il Amentacées. Plusieurs espèces de chènes couvrent les plai- nes et les collines les moins élevées du Royau- me, qui abonde de cette famille intéressante, Le cerre est la seule entre ces espèces qui s'élève jusqu’à la région du hêtre. Dans les montagnes de la Basilicate, et proprement à peu de distance de Lagonegro, j'ai vu des forêts de cerres d’une beauté remarquable, que j’aurois confondus du premier abord avec les hêtres eux: mêmes. Le cerre d'Autriche ( Quercus austriaca ) croit à-la-fois sur les montagnes et dans les régions les moins élevées. Ces deux espèces de chêne , savoir le Cerris, et l’Austriaca ne franchissent pas la région centrale, et elles manquent tout-à-fat dans la région septen- irionale. ( 79 ) La Quercus appennina, la Q. pedunculata , et les deux espèces nouvelles que jai décrites sous les noms de Q. Brutia, et de Q. Thomasii, croissent dans les bois méridionaux peu élevés. On rencontre partout en abondance plusieurs espèces de rouvre ( Quercus robur ), telles que la Q. sessilifiora, la Q. isisnts À la Q. pu- bescens. | Dans les bois de la Calabre il y a une autre espèce de rouvre, que les naturels appellent Farnetto, et que j'ai décrite sous cette même dénomination parmi les espèces nouvelles. Une autre belle variété de la Quercus robur croît dans les bois de tout le Royaume. Elle se distingue par ses larges feuilles, et on lui à donné le nom de Chéne Castagnara, à cause de la douceur de son fruit, qu’on mange comme des châtaignes. Les anciens la connoissoient sous le nom de Quercus latifoliaæ, et Jai démontré ailleurs, qu'il faut rapporter à cette espèce le chène ÆEsculus de Pline et des autres écrivains latins ; car le véritable Esculus de Théophraste et des écrivains Grecs, appartient à la Quercus Esculus de Linné. La région septentrionale est moins riche en chênes. Je n'ai pu me procurer dans les Abruzzes et dans le Samnium , que les diffé- rentes variétés de la Q. robur , et de la Quer- cus appeñnina. Dans les bois maritimes des dr centrales ( 80 ) et méridionales du Royaume, abondent le chêne vert ( Quercus ilex ) avec de nombreuses va- riétés, le chêne liége ( Quercus suber ), et le faux liége ( Quercus pseudo-suber. On trouve le châtaignier sauvage dans les bois de la Basilicate et de la Calabre , où il occupe la région subordonnée à celle du hêtre. J’ai vu sur le Mont Sirino, et sur le Mont Co- cuzzo, de ces châtaigniers, dont les troncs avoient jusqu’à six pieds de diamètre. Cet arbre est plus rare dans la région septentrionale, bien qu'il y soit généralement cultivé. L'Alnus cordifolia Yenore, croît à-la-fois dans les bois marécageux, et sur les montagnes de tout le Royaume. Il y remplace l’Æ/nus glutinosa, qui d’ailleurs se montre dans les étangs, mais beaucoup plus rarement, et saus y occuper jamais des emplacements d’une grande étendue. Parmi les peupliers, la Flore Napolitaine pos- sède le Populus alba, le P. tremula, et le P. nigra , qui croissent dans les fossés et dans les plaines humides de tout le Royaume. À Cervinara, dans la Principauté Ultérieure, on cultive une variété du P. Nigra, dont les troncs fournissent des planches de 4 à 5 pieds de lar- geur, d’une qualité infinimeut supérieure au bois du même arbre cultivé par tout ailleurs. Le Micocoulier ( Celtis Australis ) complète le catalogue des Amentacées de notre Flore. Cet arbre croît isolé dans les bois de la première ( 841 )- région, d’où il descend jusqu'aux plaines mari- times dés régions centrales , et méridionales. ARTICLE lil, Acerinées, Tiliacées, Pomacées, Légumi- neuses et Jasrninées. Dans là région montagneuse du Royaume crois- sent l’Érable sycomore (Acer pseudo-platanus), et lespèce nouvelle très-semblable à lP{cer Platanoïdes, que j'ai décrite sous le nom d’Zcer Lobelii. Ces arbres sont toujours solitaires, ne forment jamais de massifs, el n’occupent qu’une foible portion de terrain. On les trouve parsemcs au milieu des bois de sapins en Calabre; et dans” les Abruzzes ils s'associent au hêtre, L’Érable de Naples ( Zcer Neapolitanum ) se plaît dans toutes les régions boisées , depuis les plus basses collines des environs de la Capitale jusqu’à la région du hêtre. Cet arbre atteint des dimensions colossales dans Ja Basilicate et dans la Calabre. Jen ai vu de irès-beaux individus en traversant les bois de la Eucanie, entre la ÆRotonda et Rubia. Cest dans les champs et dans les haics les moins élevées qu’on rencontre l’/cer campesire, et l’Æcer monspeliense. Ces arbres préfèrent la région méridionale. De Ia famille des Jasminées, notre Flore pos- 6 (82) sède le frêne commun ( Fraxinus excelsior ), et les frênes à manne ( Fraxinus ornus et F. rotun- difolia ), qui croissent dans les champs et dans les bois ; le premier mélé aux arbres des montagnes de la première région , et les deux autres sur les collines .de la Calabre et de la Pouille, à la vue de la mer, ou à peu de distance des endroits maritimes. Une variété frutescente de cette espèce, qui semble réunir les caractères du Fraxinus pubescens, croît dans les haies, aux environs de la Capitale , aux Camaldules , dans la vallée de #St Roch et ailleurs. A ces espèces, il faut ajouter lOlea Europea, qui croît sauvage au milieu des rochers de la région méridionale, et plusieurs espèces et va- riétés de Phillyraea , qui préfèrent les terres basses et marécageuses. J’ai vu , dernièrement, sur le Mont Gargano, des individus de la PAil- lyraea media de 15 pieds de hauteur , et d’un pied et demi de diamètre. Le poirier et le pommier sauvages, figurent parmi les pomacées spontanées de la Flore Na- politaine. Le poirier, qui est très-commun dans tout le Royaume , y atteint des dimensions con- sidérables. Il croît indistinctement dans les bois de la première région , sur les collines et dans les plaines, jusqu’au niveau de la mer. On trouve dans les haies de presque tout le Royaume, le coignassier, le sorbier, le néflier ; (85) et l’on y rencontre aussi quelques autres espèces de cette famille, qui augmentent les richesses de notre Flore , telles que le sorbier des oiseaux ( Sorbus Aucuparia ), le Sorbus Aria, le Crategus monogyna, le Mespilus Pyracantha ; mais ces plantés appartiennent particulièrement aux arbrisseaux. [1 faut ranger aussi dans cette cathégorie la presque totalité des plantes Jégrimineuses qui _croissent spontanément dans le Royaume. On y voit presque partout les haies des collines em- bellies par les grappes dorées du cÿtise des Alpes (Cytisus Laburnum ), et par les bouquets rouges de l'arbre de Judée ( Cercis Siliquastrum ). Le genêt d'Espagne ( Spartium junceumm ) est très- commun parmi les buissons qui couvrent le bas dés montagnes, et les collines ; et il n’est pas rare de trouver des individus de cet ar- brisseau, de 15 pieds de hauteur, et d’un pied de diamètre. | Le cytise de Virgile ( Medicago arborea ), et V’'Anthyllis Barba jovis, qui figurent plus par- ticulièrement parmi les sous-arbrisseaux de cette famille, croissent entre les fentes des rochers qui : penchent sur la mer, depuis Pausilinpe et Pouzo- les jusqu’à Gaëte. Une quantité immense d’autres sous-arbris- seaux légumineux se trouve répandue dans les bois du Royaume. Je me bornerai à citer le Spartium ënfestum Pres, qui croît en Calabre ; le Sp. + Pt (8%) tes à Desf., qui se montre sur les collines à la vue de la mer tout près de la Capitale ; le Cytisus triflorus, la Genista Canariensis ; le Soarlium scopariumn, qui sont très-communs dans tous les bois. Enfin , la Flore Napolitaine possède quelques autres arbrisseaux parmi les Térébinthacées, tels que Ja Pistacia Terebinthus , qui croît dans les bois et dans les haies des collines, et Ja Pistacia Lentiscus, qui encombre les plaines maritimes de tout le Royaume. CHAPITRE VI Observations sur la végétation des côtes, et sur la diversité de végétation entre Le midi et le nord du Royaume. : À cause de la proximité des côtes du Royaume, à celles de la Grèce et de l'Afrique, un grand nombre de plantes de ces deux pays a augmenté le catalogue de nos richesses végétales. Ainsi, par exemple , l'Æ/yssum creticum , le Cachrys Li- banotis et triquelra, et fnaintes autres plantes de la Flore Grecque croissent sur le Mont Gar- gano, et sur les rivages de l’Adriatique et de la mer Jonienne ; tandis que le Spartium villosum , la Rotboella fasciculata, la Sinapis radicosa et plusieurs autres plantes de la Flore Atlanti- que se sont répandues jusqu'aux environs de la ( 85 ) Capitale. Il ne manque pas même quelque exem- ple de plantes orientales , qui végètent sur les côtes occidentales du Royaume, comme P'4rthe- mis Chi, que ‘lournefort avoit rencontrée seulement à Scio, et qui croil maintenant près de Reggio, et sur les côtes occidentales de la Calabre; où , d'ailleurs, le myrte, le laurier commun et le laurier rose avec leur feuillage toujours verdoyant, s'accordent merveilleusement avec, le caractère poétique de cette terre classique. Aucun de ces arbres, au contraire, ne croit spon- tanément dans la résion septentrionale, et lors- qu'on les cultive ils y viennent avec beaucoup de difficulté. Cette diversité de végétation a fait prévaloir des genres. de culture iout-à-fait différents dans les deux régions. On ne cultive pas Polivier dans les endroits élevés de PAbruzze Ultérieure; l’orans ger et le: citronnier ne résistent pas à la rigueur _du climat de PAbruzze Citéricure et du Samnium; le-mürier n’y prospère point, et la vigne y donne du vin sans force; tandis que des bosquets touffus ct odoriférants de citronniers et d’orangers em- bellissent les environs de Reggio, et que toute la Calabre produit de la soie et des vins exquis, qui jouissent d’une célébrité justement méritée à Pétranger. D'autre pari, on cultive avec le plus grand succès le safran dans l'Abruzze Ultérieure , où Les propriétaires, en donnant une plus. grande ex. ( 86 ) tension à cette culture, pourroient trouver dans cette branche d'industrie un dédommagement considérable de la pénurie qu’on y éprouve en vins et en huiles. | La canne à sucre a été cultivée, jusqu’au siècle 17%, sur les côtes de la mer lonienne et dans la Calabre, et le produit qu’on en retiroit, étoit si abondant, qu’on en exportoit une quan- üté considérable. Cependant, tous Les essais qu’on a faits dernièrement pour en introduire la cul- ture aux environs de Naples, n’ont point réussis, et je suis obligé de garder dans l’orangerie pen- dant tout lhiver , quelques individus de cette plante intéressante, que lon cultüve par simple curiosité dans le Jardin Royal. | | Il faut user de la même précaution pour con: server chez nous la usa paradisiaca, V Acacia Lebbek , le Gossypium arboreum , V'Ænnona tripetala , la Bourgmansia arborea, le Ficus elastica et d'autres plantes pareilles, qui pé- riroient infailliblement , si on les abandonnoit en plein air. Je suis convaincu , pourtant, qu'elles pourroient réussir à Reggio, aussi bien qu’elles réussissent à Palerme , où la température de l'hiver ne diffère nullement de celle qu'on éprouve sur les côtes de la Calabre. En revanche on peut faire venir ici en plein air les Camelia, les Metrosideros , les Mela- leuca, les Eucalyptus, les Banksia, le Laurier çamplhre, l'Acacia falcata, Ÿ Acacia longifolia (87) et maintes autres plantes indigènes du Cap, du Japon , et de la Nouvelle Hollande, qu’on cul- tive dans les serres dans presque toute l’Europe, et qui ne peuvent pas soutenir la chaleur de la canicule dans les pays plus chauds que Naples; où , d’ailleurs, on ne peut pas entretenir les Rhododendron , les Kalmias , les ÆAzalea et les autres plantes du Nord de PEurope et de l'Amérique. Mais, une observation plus importante pour la géographie des plantes, est celle, si je ne me trompe , que jai publiée déjà dans le second vol. de la Flore particulière de la Province de Naples, concernant la Pteris longifolia, et le Cyperus polystachyus, Rottboel, que j'ai eu le bonheur de rencontrer en 1802, tout près des fumarolles de Frasso et des Cacciotti, dans Pile d’Ischia. La température de la terre, où ces plantes végètént , nc descend jamais au-dessous de 20 degrés du thermomètre de Réaumur, à cause de la chaleur qui s’exhale de ces fuma- rolles , et d'intensité de cette chaleur est telle, qu’en creusant jusqu'aux racines de ces plantes, on ne peut pas y tenir la main sans se brûler. Cette découverte est d’autant plus remarqua- ble, qu'on n’a pas trouvé jusqu'ici nulle part, hormis entre les Tropiques , la Pteris longifolia, qui est indigène de la Jamaïque et de la Nouvelle Espagne, ni le C. polystachyus, qui croit dans les Indes, dans lArabie et dans l'Afrique sep- ( 88 ) ientrionale. Ces plantes semblent en effet si étrangères au pays où Je les ai récoltées, que pendant lhiver j'ai dû les abriter dans l’oran- gerie au jardin Royal de Naples, ayant péri ioutcs les fois que je les ai laissées dehors. Pour expliquer un phénomène aussi extraor- dinaire que l'apparition de ces plantes dans des lieux si éloignés, et d’une température si diffé- rente de leur sol natal, jai hasardé une bypo- thèse qu'on me permettra de soumettre au. jugement des savants , toute bizarre qu’elle puisse paroîlre, Jj’ai donc opiné que la température voleanique. des fumarolles de Frasso et des Cacciotti à contribué à pousser le développement successif des graines de ces deux plantes, et à entretenir leur végétation , malgré les révolutions physiques qui ont changé la température du reste de Pile d’Ischia. D’après cette conjecture, l’origine de la Pteris longifolia et du Cyperus polystachyus, que jai découvertes en 1802, pourroit bien re- monter à une époque aussi reculée , que celle des Palmiers , des Fougères ei d’autres plantes tropicales, que Monsieur Brogniart vient de dé- couvrir dans les mines de houille de Treuil, près S: Étienne , dans le département de la Loire (a), et dont il ne manque pas d’autres exemples dans {a) Brogniart — Notice. des végétaux fossiles. Paris 1821, (89) les fouilles pratiquées en différents endroits de FEurope. On peut trouver, au reste, un exemple frappant du rapprochement de plantes de climats diffé- rents, en passant seulement de l’île d’Ischia à Castellamare, où l’on peut récolter, aux environs de la chapelle de S. Ange, sur le sommet du Mont Lactarius , le Cerastium latifolium, espèce de caryophyllée que les botanistes rangent parmi les plantes indigènes des plus hautes Alpes; tan- dis que sur les pics escarpés de la même mon- tagne , végêtent le Rkamnus pusillus Ten., la Pedicularis foliosa, et la Saxifraga Aizoon.: Ainsi, sous le même parallèle et sur une ligne de 30 milles tout au plus, on peut récolter des plantes des régions de la terre les plus éloi- gnées. Combinaison rare, et l’on pourroit presque dire unique, puisqu'aucun autre pays du globe, que je sache , ne sauroit en fournir un second exemple ! CHAPITRE VII Observations météorologiques. D’après tout ce qu’on vient d'exposer dans les Le 1 Re ï 8 » h a 1 4 24 chapitres précédents , on à pu aisément s’aper— cevoir, que d's conditions météorologiques les plus disparates coexistent dans le Royaume de Naples; et l’on a dû sentir en conséquence, € go ) qu’elles doivent exercer nécessairement une 1in- fluence puissante sur la végétation de ses diffé rentes régions. C’est pourquoi j'aurois désiré pouvoir offrir à mes lecteurs un tableau comparatif des condi- tions météorologiques de toutes nos provinces ; mais il m'a été impossibile, malgré toutes les recherches que je n’ai pas manqué de faire, de réunir une série assez étendue d’observations , dont la régularité pôût en garantir l’exactitude. Je suis forcé même d’avouer à regret, que la Capitale ne fournit pas non plus une progression d'observations suivies avec assez de persévérance et de précision, pour pouvoir en tirer les élé- mens d’un calcul moyen approximauif. Ainsi, j'en suis réduit à reproduire ici les ré- sumés des observations faites à l’Observatoire Royal de Naples, pendant les années 1815 et 1816, qui ont été insérés dans les cahiers du Journal Encyclopédique y publiés aux mêmes époques, et jy ajouierai les extraits des obser- vations faites depuis 1821 jusqu'à l’an 1825 et insérées dans les Almanachs rédigés par les, astronomes de l’Observatoire Royal. | (91) Exrrarir des observations faites par Monsieur Ernest Caroccr, Professeur d’Astronomie à Observatoire Royal de Naples. ( 74 mètres ( 57, 97 toises ) au-dessus du niveau de la mer; latit. 40° 51° 10° longit. 47 48 ( de tems ) à l’orient de l'Observatoire Royal de Paris. ) Année 1815. Baromètre ; en pouces anglais, eten dixièmes de pouces. MoimunRr : sise ne PE. 1. 20 03 MMihérrnerr + 240 JVE 3. UE9. 1. 26. 60 MHoÿénn st FAUNE 90,4050.9 ag, 51 Thermomètre de Réaumur. MA REAOUTIE UE NN, 4, ED, ST 0 PE ed eau add es 0 de de UE Moyen ( dans l'été )..... Diese te O oO dans l’automne et dans le printemps f° 14; ( dans l’hiver )......... 9. Pluie tombée dans le courant de l’an- née. Poeme st. LE .... CRC 27 + Pendant l'été, et l’automne ont régné les vents Nord-Ouest ; et dans l'hiver et le prin- temps les vents du Nord. | Deux tiers sur la totalité des jours de l’année, ont été sereins. La neige est tombée deux fois: la grêle onze (92) fois: la foudre vingt-cinq fois. Le brouillard ne s’est pas montré au-delà de trente fois. Année 1816. Baromètre. Manu se une ne ete dote à OO DORMI ER ee DS à 0 do ce 0 DT DU ÉOV ETES m4 8 + Rs GRAS voue De Thermomètre. Lo es tearz a elite: cascire 20e 0 HG TMALTLLTINUNIT ae on 8 ne 0 0 de nn ee 00 INR Hoxen.( dans Tête }.<: 2: uen ( dans l'automne ). .: sua ( dans le printemps ),.. 14. 4 ( dans Liver D. 2.-16me0 Pluie tombée dans le courant de l’année. ( en décimètres )..... 6. 52 ( en pouces français)... 24. © 9 Les vents Sud-Ouest ont régné dans le prin- temps , dans lété et dans l'hiver : les vents du Nord pendant lPautomne. | Les deux cinquièmes sur la totalité des jours de l’année ont été sereins. La neige est tombée en ville deux fois; mais elle s’est fondue tout de suite: Lx grêle est tombée dix fois: 11 y a eu quinze orages dans le courant de l’année: le brouillard à paru en- viron quarante fois. (95 ) ÆExrrAarr des observations faites en 1821, et publiées dans l’Almanach de Naples de 1829. Baromètre en pouces et en lignes du pied parisien. . Masimum ; le 7 Février...... 28. 18 Minimum ; le 25 Mars....... 27. où Moyens Pi DES ol.0t munir m5 Thermomètre. Maximum; le ÿ Juillet:...,,. 26. B Minimum; le 7 Février... ...— 2. Moyen ( Pour les matinées ).... 9.9 ( Pour les soirées ):..... 15. 4 Pluie tombée dans le courant de linnéé = (lcéntimétres )3.s accru 2150068 87 Les vents méridionaux ont régné pendant l'été, et le printemps. Les septentrionaux ont alterné avec les méridionaux dans l’automne et dans lPhiver. Les orientaux et les occidentaux ont soufflé très-rarement. _ Un léger tremblement de terre s’est fait en- tendre le 2 Août, sur les trois heures et demie du matin , dans la direction du méridien | d’après ce qu'on a pu en juger. = Le 22 Novembre, vers les 3 heures du matin, on a entendu un second tremblement de terre aussi léger que le premier ;, et lon a jugé que sa direction étoit de l’orient à l’occident. ( 94 ) Année 16823. Baromètre. Maximum; le 1 Maïs......... 98. 50 Minimum ; le 16 Mai.:......: 27. 15 Miel. ie à 25 e8 Fees UE e& Thermomètre. _ | Maximum ; le 22 Juin.,.,.::... 24. 0 Minimum ; le 30 Décembre....—2. 8 Moyen ( Pour les matinées ).:.. 10. 4 ( Pour les soirées )....:. 16. 9 Pluie tombée dans le courant de l’'angée er à 4e à Coeur) N'ÉBANE Les vents septentrionaux ont régné pendant l’automne et l’hiver. Les méridionaux ont alterné avec les septentrionaux dans. le printemps, et avec les occidentaux dans l’été. Les vents orien- taux ont soufilé rarement. Un léger tremblement de terre a été entendu le Q Janvier vers le 8 heures du soir, dans la direction de l’orient à l’occident. Le 21 Octobre a commencé une grande érup- tion du Vésuve, qui a duré jusqu'a la fin de ce mois. Une pluie de cendre très-abondante est tombée dans la Capitale, et dans ses en- virons. | (95 ) Année 1823. Boromètre. de Maximum ; le 22 Novembre... 28. 11 Minimum ; le 2 Février...... 26. 27 Mopehes se «avis mnemétse sr ne 108 TNT Thermomètre. Maximum ; le 4 Août........ 26. Minimum ; le 1 Janvier....... 0 Moyen ( Pour les matinées ).... 3. ( Pour les soirées )...... 15 Pluie tombée dans le courant de l’a nnée — ( centimètres )........... 80. 64 Les vents méridiopaux ont règné pendant le printemps, et l’automne. Les septentrionaux ont alterné avec les méridionaux dans l'hiver, et avec les occidentaux dans l'été. Les vents orien- taux ont soufflé très-rarement. Année 1824. Baromètre. Maximum ; le 51 Décembre... 28. 16 Minimwm ; le 5 Mars. .......:926. 10.9 PR. de ne ne eue «étui 2008 CM 9 Thermomètre. Masxtmwm ; Ve 7 Août........ 506. o Minimum ; Ve 4 Mars....:.... ©. 0 Pluie tombée dans le courant de l’année — ( centimètres ).,.. LUN "6. 22 (96) Année 1825, Baromètre. Maximum; le 1 Janvier...... 28. 92 4 Minimum ; le 28 Décembre... 26. 10 3 Mo En: à 8 4 à Sorteteie si meet ve PONND 5 Thermomètre. Maximum ; le ‘29 Juin: ..1,%00# Minimum ; le 6 Janvier...... 9. 6 Moyen ( Pour les matinées )..... 9.7 Ce: (Pour ksisbirées Dal à. 15,"6 Les vents méridionaux ont régné pendant l'été, et les septentrionaux dans le printemps. Ceux-ci ont alterné avec les méridionaux en automne, et avec les occidentaux danis l'hiver. (QE 0 A MoYEN GÉNÉRAL des observations di Baromètre ; éd du Thermomètre pendant cinq années, c’est-4-dire depuis l'année 1821 jusques et y compris 1829. _ -- ASS TRE ET EN ANT een qu er PEAR EDR EP EE RS 3 me NE A et TU THERMOMETRE. ‘ BAROMÈTRE, CR P L U I E, ; SOIR: MATIN: IDE L'ANNÉE Lgo: à 1895. MATIN, SOIR. n A Centimètres.i 1 El montante gente 3 Janvier,...| 4° 6 | 8° 4 [27e 71,72 27 FT © 6 09 Février..…..| 4, 6 | 9, 4 | 8, 88 8, 62 #x10: À Mars......| 5, 7 | 11, 2 | 7, 5o TINTO 11, 76 Avril .,... BUOE, À | 7, Ag 119,47 | 488 Mai.......| 11, & | 18, 9 | 8, 5o 8, 48 2, 35 1 Juin. :.. 195% #7 20) 5P 7; "98 7» 98 5, 4 Runét....| 15, 4 | 23, à 8, 70 8, 66 1, 56 Août. ..... 16, 0 | 23, 7 | 8, 82 8, xo 1, go | Septembre. 14, 1 | 21, 118, 68 9, 02 5, 45 Octobre...| 11, o | 16, 7 | 8, 30 8, 40 11, 06 | Novembre .| 7, 6 | 12, 4 9; 46 9 12 7 OT Décembre .| 6, 5 | 10, 5 8; 46 8, 37 9; 46 à Moyens....| 9, 8 15, 9 |27, dc 8,28 Pluie annuelle moyenne. 4.6, 29. , 249 0e 74, 82 To QAR ID L QE en 2e D ANNAA LAS PAS CN or ele MD (98 ) A la suite de ces renseignemens , dont je ne saurois pas me dissimuler l’imperfection, il ma semblé que l’on ne verroit pas sans quelque intérêt le tableau comparatif de la pluie tombée dans mm villes de la Pouille et des Abruz- zes , que jai extrait d’un mémoire de M. l'Abbé Giovine, inséré dans le second volume du Jour- nal Encyclopédique de Naples de l’année 1807. D'après les observations et les calculs de ce _sayant naturaliste, la quantité moyenne de pluie tombée dans les villes ci-dessous désignées, peut être évaluée, en pouces du pied parisien ; savoir. Pour Molferia a, RUES "19" or Poud'Altamura 4%: 504.400: /ADENO Pour Anna 4.08, 0 De ST Ne EDEN Pour Leramo' 4. TL MAIOR ee DO TE Par conséquent le moyen de la pluie tombée sur les trois villes de la Pouille, c’est-à-dire de Molfetta , Alia- mura et Arlano, revient à pouces... 25.2 Le nombre des jours pluvieux est porté à 76 pour la ville de Molfetta seulement. Sur ces 76 jours, 25 appartiennent à l’automne , 25 à l’hi- ver, 17 au printemps, et 11 à l’été; en sorte que , de toute l’année , automne est la saison la plus pluvieuse, et l'été est la moins sujette à la pluie. M. l’Abbé Giovine ‘observe qu’on peut, par approximation , appliquer les mêmes calculs aux villes d’'Altamura et d’Ariano. (99 ) Cet illustre naturaliste a donné aussi dans son mémoire, le moyen de la pluie qui tombe chaque année sur plusieurs villes d’Italie, et il y a évalué à 35 pouces ce moyen pour la ville de Naples. Mais cette évaluation, qu’il aura probablement empruntée à / Essai météorologique de MT. Toaldo, ne se trouve point d’accord avec le résultat des observations faites à l'Observatoire Royal de Naples, dans le cours des cinq années ei- dessus indiquées. Le moyen obtenu par ces obser- vations ayant été évalué à 74, 32 centimètres, qui revient à-peu-près à 29 pouces français, on voit bien qu’elle ne diffère de rien moins que de dix pouces de celui rapporté par M. Giovine. Différence énorme dans un calcul de ce genre, et qui me porte à croire que quelque erreur de chiffres ait dû se glisser dans l'évaluation du mémoire, où probablement on aura écrit le nu- mero 95 au lieu de 25. Pour ne rien omottre de tout ce qui peut rendre moins incomplète la notice météorologi- que qu'il m’a été possible d’ébaucher, je vais y ajouter sur le climat de la Capitale et des Provinces , quelques notions générales qui ne contiennent à la verité rien de bien nouveau, mais qui réunies aux renseignemens précédens de la même nature, peuvent jeter de la lumière sur l’ensemble de mon travail. La ville de Naples, assise entre les Appennins et la mer, et exposée par conséquent aux alter- * ( 100 ) | natives des vents du Nord et du Midi, est né- \cessairement sujette aux changemens météorolo- giques les plus rapides, qui rendent son climat irès-variable et inconstant, Dans le cours de l'hiver, de lautomne et du printemps, saisons dans lesquelles ces va- riations sont les plus sensibles, il n’est pas rare de voir le même jour descendre et remonter le thermomètre, entre les 10 aux 12 degrés, et les À aux b; et le ciel alterner, avec une étonnante rapidité, entre le plus beau serein, le nébuleux, la pluie, la grêle et l'orage. En général, le printemps est très-court chez nous , et souvent on ne le distingue pas de l’été, à cause de la chaleur qu’on éprouve aussitôt que l'hiver disparoîït. Néanmoins, dans quelque mois de cette saison , et dans le mois de Mai, pour l’ordinaire, les alternatives de l'atmosphère sont tellement instantanées, que le même jour on peut étouffer de chaleur, et sentir un mo- ment après le besoin de s'approcher de la che- minée pour se chauffer. L'hiver est presque toujours pluvieux, mais en revanche il est fort doux. On ne commence à éprouver le froid qu'après Noël; et c’est dans les mois de Janvier et de Février, que la tem- pérature devient quelquefois, mais pour quel- quel jours seulement, excessivement froide. Alors le Vésuve et les montagnes qui sont à la vue de la Capitale se couvrent de neige , qui se ( 101 ) fond en peu de jours. Bien rarement la neige tombe en ville, et quand cela arrive, elle ne va pas au-delà de quelques pouces d’épaisseur. Cependant il y a quelque rare exemple qu'il ait neigé dans la Capitale pendant trois ou quatre jours de suite, comme il arriva vers la fin du mois de Décembre de 1788; mais il seroit difli- cile d’en trouver un second exemple dans le cours des 40 années qui se sont écoulées après cette époque-là. La neige tombe plus fréquem- ment sur les montagnes de la Terre de Labour et de la Principauté Ultérieure, qui sont à la vue du Naples, et elle $y mantient pendant plusieurs jours. Mais il neige abondamment Ia plüpart de l’hiver sur le Mont St. Ange de Cas- tellamare, où il existe des dépôts de glace pour la consommation de la Capitale. On: a remarqué que le thermomètre peut des- cendre jusqu'à 4 degrés au-dessous de zéro, dans la ville de Naples. Sur les côtes de la Calabre , au contraire , le thermomètre ne marque jamais le degré de la congélation; tandis qu’il peut descendre jusqu’à six ou sept degrés de froid dans les Abruzzes. Les vents d'Ouest et le voisinage de la mer entretiennent dans la Capitale une certaine frai- cheur, qui rend moins insupportable Ia chaleur qu’on y éprouve en été. Dans cette saison le thermométre se maintient presque toujours entre les 20 et les 23 degrés; et ce n’est que pour ( 102 ) quelques jours seulement, qu’on le voit monter jusqu'aux 25 et même jusqu'aux 28 degrés. On éprouve une chaleur encore plus grande dans la Pouille et dans la Calabre, où le ther- momèêtre monte jusqu'à 30 degrés, et sy main- tient long-temps entre les 24 et les 26. Les orages et la grêle son très-fréquens dans presque toutes nos provinces ,, à cause de lin- fluence qu’y exerce lélectricité concentrée sur les Apennins, qui comme on sait, occupent la plus grande étendue du Royaume. Enfin , la disposition physique des chaînes des montagnes les plus remarquables , ainsi que la position géographique de la péninsule, entre J’Adriatique et la mer Thyrrénienne, peuvent expliquer la différence qu’on remarque entre les effets que les météores exercent sur les deux résions opposées du Royaume de Naples. Il ar- rive souvent , en effet, que les vents du Sud- Est soufllant , la Capitale et les côtes occidentales sont inondées de pluie pendant des mois entiers; tandis que pas même une goutte d’eau ne tom- be sur la région orientale: et au contraire, lors- que règne le vent Grec , on voit tomber une forte pluie, et neiger, même en abondance dans la Pouille; tandis qu'on jouit du plus beau serein à Naples. ( 105 }) CHAPITRE VIIL De l'influence du climat sur les époques de la végétation. Le grand Linné a recommandé instamment aux botanistes , en plusieurs endroits de ses ou- vrages célèbres, de prendre note de leurs ob- servations sur l'influence que la diversité des climats et des saisons exerce sur les époques de la végétation. Et ajoutant, à son ordinaire, l’exem- ple au précepte , il nous a transmis, dans sa Phi- losophie Botanique, sous le titre de Calendrier de Flore, une série d'observations faites par lui- même sur la végétation des environs d’Upsal, dans le temps où il enseignoit dans l’Université fameuse de cette ville, les théories importantes qui devoient porter un nouveau jour dans l’étude de la nature. Convaincu de Putilité de ces recherches, et prenant pour modèle le travail de Linné, et celui, à-peu-près pareil de M. Chavassieux d’Au- dibert snr la végétation des environs de Paris, jai observé avec une attention persévérante pen- dant plusieurs années, les époques de la végé- tation des environs de Naples, et je nai pas manqué de tenir compte de mes observations , et de les comparer avec celles de Linné, et du naturaliste francais. Et lorsque , déférant à mes ( 104 ) instances, le gouvernement nomma en 1810 dess correspondants pensionnés dans chaque province, à l’objet de recueillir les élémens pour la Flore Napolitane, et d’envoyer les plantes nouvelles au Jardin Royal, je signalai particulièrement à Jeur attention, dans les instructions que je fus chargé de rédiger, l'examen suivi de la végé- tation des provinces , en leur recemmandant de prendre note de leurs recherches, afin d’éten- dre à tout le Royaume ceite intéressante inves- ügation, et pouvoir , par là, établir des com- paraisons sur une plus vaste échelle. Plusieurs observatious de ce genre furent commencées, en eflet, sur tous les points du Royaume, et elles parurent, dans le temps, dans le Journal Ency- clopédique de Naples. Mais la suppression des correspondans pensionnés des provinces fit avor- ter ce travail important, au moment où il avan- çoit sous les auspices les plus heureux. Quoique jaie publié dans le second volume de ma Phytognosie mes propres chservations sur cetie partie de la science botanique, jai pensé qu'en les reproduisant ici, elles pourroient ajou- ter quelque intérêt à mon sujet. Afin de les rendre plus claires et précises, je les ai divisées en cinq articles, dont la progression répond aux différentes périodes de la végétation des plantes, ( 1065 ) $. 1. Germination des graines. La nature prodigieusement proteïforme à mis dans les époques de la germination ( Germinatio ) des différences essentielles , qui tiennent en grande partie à la nature même des graines , et qui sont assez généralement connues. On sait, par exemple, que le blé, le mullet et la plupart des graines céréales germent en deux ou trois jours: la Jaztue, les courges, le cresson d’eau en cinq à sept: la féve, le haricot, logron en vingt, environ : le persil en qua- rante : les ancolies , les amandes , les chätai- gnes, , les pivoines , les noisetles , les cornouil- les , entre les six et les huit mois: les rosiers, enfin, eutre la première et la seconde année. Ainsi je ne moccuperai pas de ces différences dans cet article, mais j’examinerai plutôt les altérations que lapplication diverse des agens de la végétation peut produire sur la germination des graines. | Le calorique étant le plus puissant de ces agens, doit exercer. nécessairement la plus gran- de influence et la plus directe sur la germina- tion. Par consequent, on peut poser en principe, que ce phénomène de la végétation est constam- ment en rapport avec les différens degrés de température de la terre, dont les graines sont environnées. ( 106 ) Une preuve évidente de la vérité de ce prin- cipe est, que les graines des plantes indigènes des pays chauds, iransplantées dans les climats tem- perés, germent beaucoup plus tard que dans leur sol natal; tandis que la germination des graines des pays froids est infiniment accélérée par leur transplantation dans les climats tempérés. Par une application du même principe, on est obligé de pousser la chaleur à un degré très- élevé dans les serres des jardins botaniques, pour y faire germer les graines des pays tropicaux ; tan— dis qu’il faut abriter dans les endroits les plus froids et les plus ombragés, les graines des pays septentrionaux , pour accélérer leur ger- mination. La diversité de température qui règne quel- quefois daus la même saison en différentes an- nées, exerce aussi une grande influence sur les époques de la germination. Il n’est pas rare de voir, en eflet, que les graines des mêmes plan- tes germent beaucoup plutôt, lorsque le printemps est précoce , et que l'hiver qui Va précédé a été doux et pluvieux, et bien plus tard quand le printemps est retardé par la rigidité de lhiver qui le précède. Ainsi j'ai observé que les graines qu’on semoit au Jardin Royal, en Mars et en Avril, germoient indistinctement à la même époque , cest-à- dire lorsque la température s’étoit élevée de 12 à 15 degrés, de sorte qu'il étoit tout-à-fait (107) indifférent de les avoir semées un mois plutôt , ou un mois plus tard. Cette expérience réitérée pendant plusieurs années de suite, et l’obser- vation que Jai faite du risque que les germes courent, lorsqu'à leur première apparition ils res- tent exposés aux gelées blanches et au froid, dont sont accompagnées les nuits au commence- ment du printemps, mont déterminé à ne faire commencer la semaille des graines exotiques au Jardin Royal, que depuis la moitié d'Avril, en Ja continuant jusqu’au commencement de Mai de chaque année. $. 2. Bourgeonnement. Le bourgeonnement des plantes, que Linné a appellé ( Frondescentia ) est sujet aux mêmes variations qu’on vient d’observer dans la ger- mination des graines ; car la diversité des climats et des saisons exerce aussi la plus grande in- fluence sur cette seconde époque de la végé- tation . En rapportant , dans sa Philosophie Botani- que, quelques observations sur le bourgeonne- ment des arbres des environs d’Upsal, Linnè nous apprend, que le sureau ouvre ses boutons au commencement de Mars: que l’orme, le cerisier, le noisetier les ouvrent vers la moitié du même mois: le marronnier d'Inde, le poi- rier, le fusaiz au commencement d'Avril: et ( 108 ) le bouleau , le hétre, le tilleul, le chéne dans les premièrs jours de Mai. Chez nous , le sureau pousse son feuillage dans le cours de la première moitié de Janvier: l’orme , et le noisetier ouvrent leurs boutons au commencement de Février: le fusain, le marronnier d'Inde dans les premièrs jours de Mars: le bouleau, le tilleul, le hétre vers la moitié du même mois: le noyer et le chéne au commencement d'Avril. On peut dire, par conséquent, qu’en général le bourgeonnement dans les environs de Naples avance d’un mois et demi celui des plantes des mêmes espèces dans le Nord de l’Europe. D’après les observations que Monsieur Che- vassieux d’Audibert a consignées dans son Exposé des températures , il résulte que, le bourgeon- nement, dans les environs de Paris, s’opère un mois plus tard que dans les environs de Naples. En effet, M. Audibert fixe à la moitié de Février l'apparition des feuilles du sureau ; à Mars celle du saule , de l’orme , de lamnandier, et du châtaignier; au mois d'Avril celle du bouleau, du noyer et du prunier; et au mois de Mai celle du chéne et du mürier ; tandis que tous ces arbres , comme on a déjà observé, se cou- vrent de feuilles un mois plutôt 1ci. Lorsque l’on compare les époques du bourgeon- nement des mêmes espèces d'arbres en difléren- es annçces, on peut se convaincre, que celto | | | (109 ) période de la végétation varié suivant la tem- pérature, qui a regné dans les mois de Jan- vier, Février et Mars. Aïnsi, par exemple , ces trois mois ayant été constamment froids en 1807, le sureau poussa ses feuilles dans les premiers jours de Février: l’orme et le noisetier ouvri- rent leurs boutons à la fin du même mois: le bouleau, le hétre, le tilleul et le chéne vers la moitié d’Avril. Au contraire les mois de Jan- vier, Février et Mars aÿant été très-doux en 1608 et en 180g, tous les arbres des espèces ci-dessus mentionnées déployèrent leurs feuilles quinze jours plutôt. Et en 1810, le thermomètre ayant monté jusqu’à 15 degrés dans le mois de Mars, on vit s'épanouir dans le courant du même mois les boutons de tous les arbres, qui dans les années précédentes s’étoient ouverts en Avril. Il ne manque pas, cependant, des exemples d’un retard considérable dans le bourgeonne- ment de quelques arbres chez nous. Je citerai seulement l’ Acer Lobelii et l'A. Platanoides qui, transplantés des hautes montagnes du Royaume dans le Jardin Royal de Naples , n’ont pas avancé d’un seul jour le temps de leur bourgeonnement ordinaire qui, pour le premier est fixé à la fin du mois d'Avril, et pour le second au com- mencement de Mai. J'en puis dire autant du tilleul rouge que j'ai apporté de la Hongrie, et qui, au Jardin Royal, ne sort pas de ses boutons avant le mois de Mai. | ( 110 ) 6. 3. Fleuraison. La fleuraison ( Æfflorescentia ), c’est-à-dire l’époque à laquelle les plantes épanouissent leurs fleurs, peut éprouver les mêmes variations et pour les mêmes causes, qu’on vient de remar- quer à l’égard des autres époques de la végé- tation. En comparant les observations rapportées par Linné, dans sa Philosophie botanique, sur la fleu- raison de plusieurs plantes des environs d’Upsal, et celles de M. Chevassieux d’Audibert sur les environs de Paris, avec mes propres recherches sur les mêmes plantes dans les environs de Naples, il résulte, entre les époques de la fleu- raison de ces trois localités de l’Europe, des dif- férences assez remarquables pour fixer lattention sop savans, qui s'occupent de l’étude des scien- ces naturelles. Cest pourquoi j'ai jugé conve- nable de réunir ces observations dans le tableau comparatif suivant. - Linné, en l’année 1748 , a observé à Upsal la fleuraison suivante. Avril. 17. Anemone hepatica — 18. Fumaria bul- bosa — 22. Tussilago F'arfara — 23. Daphne Laureola — 24. Pulmonaria officinalis — 25. (‘1ix29 Draba verna — 26. Ornithogalum luteum — 27. Viola carina. — Mai. 1. Ranunculus Ficaria — 2. Tussilago Pe- tasites — 35. Lathraea Anblatum — 5. Viola hirta — 6. Primula veris — 7. Glechoma he- deracea — 10. Oxalis Acetosella — 15. Draba incana — 106. Leontodon Taraxacum — 17. Saxifraga granulala — Orobus vernus — 16. Adoxa moschatellina— Alchemilla vulgaris— 19. Chelidonium majus — 2%. Pyrus communis — 25. Ranunculus bulbosus — 26. Syringa vul- garis — 28. Anemone pulsatilla — 29. Empe- frum migrum — 50. Anemone nemorosa. Juin, 1. Geum urbanum — T'hymus Serpy llum — Bryonia alba — Anchusa ofjicinalis. Monsieur Chavassieux d’Audibert a observé à Paris la fleuraison suivante. Janvier. Helleborus niger. _— ( 112 ) Février. Daphne Laureola — Galanthus nivalis — Anemone hepatica — Corylus Avellana. Mars. Viola adorata — Crocus vernus — Primula veris— Tussilago Petasites— Narcissus Tazzet- ta — Prunus Cerasus— Amygdalus communis À. persica. Avril, ‘Vinca minor— Fragraria verna — Muscari botryoides — Pyrus malus — VP. communis — P. cydonia — Syringa persica — Sambucus nigra. Mai. Cytisus Laburnum — [ris germanica — An- chusa officinalis — Symphytum officinale — Bo- rago officinalis — Robinia pseudo- Acacia — Staphylea pinnata — Berberis vulgaris. Juin. Castanea vesca — Delphinium peregrinum — de Papaver Album— Vitis vinifera — Lavandula spica — Thymus vulgaris — Piante cereali. De mon Journal d'observations botaniques, j'extrait les notices suivantes de la fleuraison des environs de Naples. Année 1600. Decembre. Leontodon Taraxacum — Narcissus unicolor Ten. — Senecio vulgaris — Bellis perennis. Janvier. 1 à 15. Cardamine hirsuta — Daphne Lau- reola — Mercurialis annua — Thlaspi bursa pastorts. 16 à 51. Ranunculus Ficaria— Fumaria offi- cinalis— F, Capreolata— Calendula officinalis— Vinca minor— Anchusa hybrida V.— Lycopsis bullata — Lamium purpureum — EÉrodium ci- cutarium— Alsine mediu— Veronica .Buxbau- mnii V.— Euphorbia peplus— ÆE. helioscopia — Tussilago F'arfara — Bellis annua — Ixia mi- nima T.— Allium Chamaemoly— Narcissus prae- cox T. — Feronica hederaefolia. (114) Fevrier. 1 à 15. Vicia Faba— Viola odorata— Syna- pis nigra— Cynoglossum pictum — Tussilago Petasites — Pulmonaria officinalis — Draba verna — Rosmarinus officinalis — Laurus nobi- lis— Amygdalus persica— A. communis— Pru- nus Cerasus — P. armeniaca. 16 à 28. Crocus pusillus_— Primula acaulis— Narcissus Tuzzreita — Ænemone apennina — Muscari botryoides — Fragaria vesca — Ra- nunrculus phylonotis — R. bulbosus — R. lanu- LinoOsus. Mars. 1 à 15. Ainus cordifolia T.— Pyrus malus— P. communis— Lamium flexuosum T.— Scro- phularia peregrina — Linaria officinalis — Glechoma hederacea — Chelidomium majus — Symphytum tuberosum — Borago officinalis — FValantia cruciata. 16 à 51. Cyclamen hederaefolium — Eu- phorbia sylvatica — Veronica montana — Si- lene lusitanica — Cerinthe aspera— Coronilla emerus — Viola eaninæ — Arum italicum — Vicia sativa — Sambucus nigra. ( 126 ) Avril, Îris germanica — Allium neapolitanum — Staphylea pinnata — Acer Negundo— Ornitho- ‘ pus compressus— Res-da undala— Ranunculus muricatus — Papaver Rhoeas — Lithospermum purpureo-coeruleum— Sanicula europaea— Ber- beris vulgaris— Robinia pseudo-acacia — Éry- simum officinale— Faleriana rubra— Crataegus monogyna— Lychnis flos-cuculi— Thymus vul- garis — Evonymus europaeus. Mai. Castanea vesca — Vitis vinifera — Piante cerealhi — ÆRubia tinctorum — VWaleriana ofji- cinalis — Lavandula spica — Delphynium pe- regrinumn D’après les termes de comparaison résultants de ces observations , on voit clairement, que la fleuraison des plantes des mêmes espèces, avance à Naples de deux mois et demi celle d’'Upsal, et d’un mois environ celle de Paris. L'époque de la fleuraison peut varier, comme celle. du bourgeonnement, de 15 à 20 jours, suivant les variations de la température des dif- férentes années; la diversité des saisons ayant sur cette période de la végétation , la même in- * (#30 7 fluerce qu'elle exerce sur les autres ‘époques de la vie des plantes. Ç. 4. Fructification. Âu moment où les fruits mürs se détachent spontanément, ou pour mieux dire, aisément de la plante mère, commence cette période de la végétation, qu’on désigne sous le nom de fruc- üfication ( Fructificatio ), à laquelle on peut appliquer les mêmes remarques qu’on vient de faire dans les articles précédents, sur les varia- tions que les différentes époques de la végéta- tion peuvent éprouver, à cause de l'influence des climats, des saisons, et des métcores. Par conséquent, la maturité des fruits peut avancer ou retarder de 20 jours environ chez nous, selon que le printemps et l’été ont été plus chauds et pluvieux, ou bien plus secs et tem- pérés. Linné a observé, que l'orge et le froment mü- _rissent le 4 Août à Upsal. Chez nous on les fauche en Juin, dans la Terre de Labour et dans la Pouille, et en Juillet dans les Abruzzes. Les cerises ne mürissent à Paris que vers la fin de Juin, tandis qu'on les mange à Naples dans les premiers jours de Mai. Ce qui prouve toujours davantage la même différence de rapports entre les époques de la végétation de ces irois points du Globe. (437 } {. D. Chute des feuilles. Lorsque les arbres perdent leurs feuilles, la végétation arrive à sa dernière et à sa plus triste période, que les botanistes appellent defolia- tio. Ce phénomène a lieu au commencement de l’automne pour tous les arbres dont les feuilles tombent entièrement tous les ans. Mais les feuilles des arbres toujours verts prolongent leur végétation au-delà de la première année, et en tombant successivement , elles sont rempla- eées par les feuilles nouvelles, qui se sont dé- _veloppées dans le courant de l’année de leur chute, ou de lannée précédente Quoique les botanistes n’aient pas fait assez d'attention à la chute des ferulles des arbres toujours verts, ce pliénomène r’arrive pas moins à des époques aussi constantes, que celles ob- servées pour les arbres à feuilles annuelles, dont je me bornerai à rapporter le peu de notions comparatives, qui sufliront pour en constater la différence. La chute des feuilles annuelles dérivant de l’engourdissement qu'éprouve le mouvement de la sève, à cause de l’abaissement de la tempé- rature, qui arrive dans les mois de l’automne ; il est tout naturel qu’elle aie lieu plutôt dans les pays froids , et plus tard dans les climats chauds ; indépendamment de l'influence que les (118 ) variations des saisons et les météores peuvent exercer sur cette époque de la végétation, égale- ment que sur toutes les autres. Ainsi, à Upsal, le zoyer, le fréne, le tilleul, l’érable et le peuplier perdent leurs feuilles à l’entrée de l’automne; et à Paris les arbres des mêmes espèces sont dépouillés de leur feuillage en Octobre; tandis que chez nous on les voit parés de leur verdure jusqu'à la fin de Novem- bre. Le pommier, le figuier , Vurme, le bou- leau , et différentes espèces de chênes, qui à Paris perdent leurs feuilles dans les premiers jours de Novembre , les gardent souvent ici jusqu’à la fin de Décembre. Mais, lorsque les froids d’automne se font sentir plutôt qu'à l'ordinaire |, comme il arriva en 1809 et 1812, Ja chute des feuilles est de beaucoup accé- Iérée. Je ne finirai pas ce chapitre sans observer, qu'il végète chez nous un arbre exotique , dont les feuilles annuelles ne tombent qu’à l'apparition des nouvelles ; en sortie qu’on pourroit presque le confondre avec les arbres toujours verts. Get arbre est le Sulix babilo- nica , qu’on appelle vulgairement Suwle pleu- reux. (139) CONCLUSION. En tracant ces premières lignes d’un ouvrage qui , exécuté en grand sur un plan plus vaste, et avec des données plus étendues et moins incomplètes , pourroit répandre une lumière nou- velle sur la, science physique de la Terre, j'ai eu seulement pour but, j'aime à le répéter, de donner l'impulsion à des recherches plus suivics et mieux solignées, sur tous les points du Royaume. C’est alors, qu'en multipliant les termes de comparaison, et en établissant avec, précision les diflérences qui existent entre les époques et les vicissitudes de la végétation des Flores particulières de chaque province, on sera à même de donner le plus grand développement à toutes les parties de la Géographie botanique, el qu'on pourra en tirer en même-temps les plus grands secours pour améliorer les prati- ques de l’agriculture ; ce qui en dernière ana- lyse doit former le but principal des études des botanistes. Le grand Linné, qui avec sa sagacité accou- tumée avoit entrevu tout le parti qu'on pour- roit tirer des observations de ce genre, pour l'avancement de la science, ne manque pas d’insinuer aux botanistes de tous les pays, d’en faire l’objet de leurs occupations habituelles. Je ne puis pas me refuser le plaisir de citer , en (:a80 à terminant cet Essai, les préceptes sublimes que cet homme célèbre nous a laissés, dans lesquels se montrent dans leur plein jour cet esprit pénétrant , ce génie lumineux, et ce savoir profond , qui caractérisent tous ses ouvra- ges,..et qui les rendront à jamais immortels. Voici ses propres paroles : | Botanicit huc usque in plantirum numero- sissimarum dignotione occupati, et objectorum varietate inundali, nequiverunt, more astrono- mnorum , observaliones instituere , licet inferiora sequi , longe tamen majorem publico usum suis observatiomibus subministraturi. Calendaria Florae quotannis confictenda sunt, in QuUavis provincia ; secundum fronde- scentiam , efflorescentiam , fructificationem , defolialionem , observato simul climate , ut inde constet diversitas Regionum inler se. Mappae vegetantes conjficiendae sant, ubi- que Regionem, Clima , et Terram indicantes: usus ex praedictis resullaret de natura Tel- luris summus. ( 121 ) NOTES. (1) Pendant la durée de mon voyage dans les Abruz- zes en 1807, j'eus la facilité de recueillir plusieurs échantillons de fossiles et de minéraux , que je m’em- pressai de présenter à l’Institut d’Encouragement, lors de mon retour à Naples. | Me flattant qu’une notice de ces objets pourroit mériter quelque intérèt de la part des studieux des sciences naturelles, qui s'occupent particulièrement des recher- ches de ce genre , je saisis l’occasion d’en publier ïci l’énumération suivante. 1. ’olute pétrifiée dans la chaux carbonatée silicifère , avec des très-beaëx cristraux de quartz. 2. Térébelles pétrifiées dans la chaux carbonatée. 3. Ammonites id. 4. Zchinites id. 5. Orthoceralites etc. id. 6. Chaux carbonatée avec des impressions de ÿou- géres pétrifiées. 7. Chaux carbouatée avec des traces de cuivre oxidé. 8. Chaux carbonatée cristallisée en différentes variétés. Tous ces morceaux ont été recueillis sur le Aont- ‘Focaleto, dans la chaine des montagnes de la Majella, à 6000 pieds d’élévation sur le niveau de la mer. 9: 10. 11. 12. Plusieurs variétés de quartz pyroma- cus , tirées de la roche calcaire, en différens endroits de la Aajella , ou bien ramassées sur les Lits des torrents. 13. Différentes variétés de quartz cristallisé recueil- lies sur le Hont-Penne. 14. 15. ÂMadreporites dans la chaux carbonatée , trouvées sur le }/ont- Amaro; à 7000 pieds d’élévation. 16. Chaux sulfatée cristallisée et amorphée, ramassée ( 122%) dans le ravin et sur les bords du ruisseau, appelé Zavino, près de Manoppello. | 17. Soufre natif dans la chaux carbonatée bitumi- nifère. 15. Bitume solide. 19. Tourbe avec des traces de phitantrace. Les trois morceaux indiqués sous les numéros 17.18. 19. ont été recueillis à Zetto manoppello. 20. Fer sulfuré cristallisé , trouvé sur Le #ont- Cavallo. 21. Bitume liquide. 22. Chaux carbonatée avec cuivre oxidé. 23. Différentes variétés de quartz-agate. Les substances désignées sous les trois derniers numé- ros ont été recueillies sur Ia Æ/ajella. (2) Dans un rapport que feu le D." Savaresi ( An- dré ) adressa au gouvernement sur son Voyage en Ca- labre, en 1801 et 1802, et qui fut publié ensuite en 1808 dans le Journal Encyclopédique de Naples, ( 3. année tom. 1. pag. 15. ) ce savant Minéralogiste fait mention d’une formation tufacée volcanique existante à gauche du Pizzo et des thermes de St Biagio dans la Calabre Ultérieure. Il parle aussi d’une grande quantité de pierres-ponces parsemées dans les champs adjacents à ces localités, d’où il opine qu’autrefois il ait pu y exister un volcan, dont le cratère pourroit avoir été dans l’emplacement qui forme à présent le Go/fe de S. Euphémie. | À l'appui de cette conjecture , il observe , que sur toute la côte qui entoure ce Golfe, on rencontre des traces de substances inflammables , et principalement la mine de houille de Briatico , qui n’en est pas beau- coup éloignée. Il rappelle , en outre, le gouffre qui s’ou- vrit à Bivona , par l'effet du tremblement de terre de 1628; ct qui auroit vomi des flammes, sil faut en (: 183: ) croire M. Recupito, qui a donné la description de cette terrible catastrophe. Le D. Ruffa, dans un mémoire publié en 1807, dans le même Journal Encyclopédique ( 2." année tom. 1.° pag. 187 ) en donnant la description d’une carrière de lapiilo existante à Nuo, village près de Monteleone, pense que les conflagrations de Stromboli et des autres iles Évoliennes auroient pu s'étendre dans la Calabre, et y répandre-tous ces produits volcaniques. Pour mieux apprécier celte opinion, il n’est pas inu- tile de remarquer, que le Cap Faticano n’étant éloigné que de 30 milles des ges Éoliennes, on pourroit ètre fondé à crone que ces îles aient pu autrefois faire partie du continent de la Calabre: induction à laquelle, pourroient ajouter un nouveau degré de probabilité les bouleversemens qu’on observe le long de la côte , depuis le Pizzo jusqu'au Cap f’aticano, dont les montagnes sont hérissées d’horribles précipices. Ces idées, dont je ne me cache pas l’imperfection, ont besoin d’être développées par des recherches plus suivies et plus profondes; et c’est précisément pour cet effet, que je me suis déterminé à les signaler à lattention des savans, qui font de la minéralogie l’objet principal de leurs études. (3) On peut trouver une notice bien plus circonstan- ciée sur les mines de la Calabre, dans le Rapport adres- sé au gouvernement par le D. Savaresi, sur son Voyage en Calabre dans les années 1801 et 1802. Ce Rapport a éte publié en 1818, dans le Journal Encyelo- pédique de Naples ( 3.%° année tom. 1° pag. 15.) (4) Le ch. Vivenzio a donné une description détail- lée de la mine de charbon de terre de Briatico , daus son ouvrage , qui a pour titre: Aelazione de’tremuoli di Calubria del 1583. Napoli 1788. Le D Savaresi en parle aussi, dans le Rapport sur son voyage én Cala- ( 124 ) bre , et il appelle fameuse et grande cette mine de charbon de terre. M. F'aujas de S: Fond a publié, en outre, dans les. Annales du Muséum d'Histoire Naturelle (tom. XI. PAg. 144. Paris 1808), un mémoire assez important sur le charbon fossile du territoire de Naples. Les morceaux de charbon sur lesquels ce savant minéralogiste a tra- vaillé, lui avoient été envoyés par M. Thibaud; ct quoiqu’on ne dise pas dans le mémoire, d’où on les avoit tirés, on est fondé à croire qu’ils provenuient de Ja mine de Briatico ; car aueun autre endroit dw Royaume ne fournit du charbon de terre qui réunisse les caractères de celui analysé par M Faujas. À la suite des expériences faites par ce minéralogiste, et répétées à la présence de MM. Fourcroy, Vauque- Un , Haüy , Desfontaines, et Thouin; et d’après la description qu’il a donnée du charbon, qu’il rapporte à. la varieté de philantrace, connue sous le nom de jaïet,. on peut la reconnoitre aux caractères suivans. « Elle est d’un noir foncé pur: son aspect est lui- » sant: on y découvre la fibre ligneuse dans quelques » parties, et dans les autres elle est masquée par le » bitume : elle ne noircit point les doigts en la tou- » chant: elle s'allume facilement au feu, brüie avec » une flamme vive alougée, brillante; mais son odeur, » comme celle de tous les charbons de cette espèce, n’est » pas du tout agréable : elle produit une cendre légère » d’un blanc jaunâtre; les morcesux, en brülant , ne » s’agglutinent pas, comme Le charbon dit maréchal » ( le smith coal des anglais }, mais si on dépouille la » houille de son bitume dans les fourneaux d’épure- » ment, selon le procédé de lord Dundonald , on peut » la convertir en coak, et en tirer, en mème-temps, un » excellent goudron minéral, » (5) On évalue le r20gy#t0 napolitain à 900 pass car- ( où ) rés. Le passo équivaut à palmi 72? napolitains. Par conséquent chaque moggio est égal à 45400 palmi car- rés. En réduisant le palme napolitain à la septième par- tie du pas milliaire, il équivaut à o. 26455 d’un me- tre, et le moggio revient en conséquence à 3387 mètres carrés. Si on veut calculer le palme sur l’ancienne mesure en fer, dite campione, qui existe au palais autrefois habité par les Rois de Naples, connu sous le nom de Castello Capuano, on le trouvera de o. 26367 d’un mètre, c’est-à-dire d’environ + plus court: ce qui réduira le m0oggio à 3364. 8 mètres carrés. L'arpent francais légal, ayant été évalué par M. Pou- chet à 100 perches de 22 pieds chaque, il résulte qu’il est égal à o. 510. d’un hectare, c’est-à-dire à 5100 mètres carrés. D'après le même auteur, l’acre anglais légal équivaut à 0. 4046, d’un hectare, c’est-à-dire à 4046 mètres carrés. ( 126 ) APPENDICE. On ne me saura pas mauvais gré, J'espére , que je place à la fin de ce petit ouvrage, une courte notice de quelques observations géologi- ques, que Jai eu loccasion de recueillir tout récemment en Pouille, dans une excursion que j'y ai faite en Juin de l’année courante 1827. Elles pourront intéresser , peut-être , tous ceux qui cultivent spécialement cette branche im- portante des sciences naturelles, En parcourant le chemin qui conduit à Foggia, j'apercus au milieu de quelques monceaux de cailloux qu’on avoit déposés tout près de Fer- ticane, pour l'entretien de la route, des mor- ceaux de schistes argileux, et des brèches sili- ceuses et calcédoniques , que je jugeai aussitôt provenir des montagnes circonvoisines. Ne pouvant pas m’en assurer par moi-même , l’objet de mon voyage ne me permettant pas de m'arrêter dans ces lieux, je me bornai à ramasser des échantillons de ces roches, pour les soumettre à l’examen de quelques-uns des mes amis, qui Soccupent particulièrement de ces recherches. Heureusement l’occasion s’en présenta bientôt; car, ayant rencontré quelques jours après, à Molfetta, M. l'Abbé Giovine, je m’empressai de l’entretenir de mon observation, et de lui mon- (127) trer les échantillons que javois recueillis à V’enticane. Ce vieillard vénérable, qui vient de publier un mémoire trés-intéressant sur la géologie d’une partie de la Pouille , (a) n’apprit que, non-seu- lement ces roches de transition entroiïent dans la composition des montagnes qui bordent les val- lées de Bovino et d’Ariano ; mais qu’on y avoit aussi découvert du granit. Il me fit voir, en effet, un morceau de roche granitique, composée de feldspaih , quartz , et mica en petits grains, qui avoit été détaché d’un rocher des Serres, mon- tagnes près de S. Agata, du côtê Sud-Est de la vallée de Bovino. Il finit par me 1émoigner le désir le plus vif, que j'examinasse aitten- tivement à mon retour les localités ci-dessus énoncées , pour mieux constater le gisement de leur importante formation géologique. Les pluies continuelles survenues pendant mon voyage et d’autres circostances particulières, ayant empêché de seconder entièrement le désir de mon illustre confrère, j'ai taché au moins d'observer , avec l'attention la plus scrupuleuse, tous les lienx que j'ai parcourus, en traver- sant les vallées de Boyino et d’Ariano, et (a) Ce mémoire a pourtitre: Cenno sulla Geologia della Dau- nia, e di una parte degl’ Irpini. I a paru dans le vol, XIX des actes dé la Société Italienne. ( 128 ) cest du résultat de ces ‘observations, dont je vais entretenir mes lecteurs. Après avoir quitté la vallée de Bovino, et les hauteurs de Savignano ; les montagnes qui se dessinent sur lhorizon, du côté Sud-Est, en avançant vers Æriano, changent tout-à-fait de forme et de disposition , et la qualité du sol change d’une manière évidente ; puisqu’aux marnes et aux craies des terrains précédents, on voit succéder partout les argiles et les ter- res sablonneuses , qui rendent triste et lan- guissante la végétation de toute cette partie de la Pouille. Mais, j’acquis la certitude du changement total de la formation géologique des montagnes sus- mentionnées, par la découverte de plusieurs blocs de grès quartzifère, et de schistes argi- leux que j'eus le bonheur de faire tout près de la colonne milliaire marquée 60, et pré- cisément vis-à-vis de la Taverna delle mo- nache. Cet incident me donna l’envie d'examiner de près la nature des pierres employées à la cons- itruction de cette taverne, et des hameaux: air- convoisins , et j y remarquai non-seulement une quantité des mêmes roches ci-dessus désignées , mais aussi de gros morceaux de chaux carbo- natée compacte grisâtre, avec des veines de chaux lamellaire blanche, tout-à-fait identique à celle que javois antérieurement observée à ( 129 ) Porticello, à Lauria, et en quelques autres endroits de la Basilicate et de la Principauté Citérieure. | Alors l’analogie de ces roches avec celles ‘de Lagonegro , et d’autres montagnes qui mar- quent les limites entire la formation secondaire et la primitive, m’annonca clairement le voisi- nage des mêmes conditions géologiques , et je ne doutai guères, qu’en poussant les recher- ches dans le fond des vallées de Bovino et d’4- riano , on parviendroit à y découvrir les granits, les gneïs, et Îles autres roches primitives et de transition. Au reste, on ne sera pas surpris de lexistence de ces conditions géologiques dans ces lieux, qui semblent envahis de tout côté par des for- mations calcaires secondaires , lorsqu'on se rappellera , que ces vallées mêmes vont re- joindre celles des provinces limitrophes de la Basilicate et de la Principauté Citérieure |, où reparoissent les mêmes caractères géologiques , dont on rencontre aussi des traces sur les {i- mites des deux Principautés. Il existe , en effet, dans les montagnes au Sud-Est d’Ætripalda, des carrières de grès calcaire quartzifère, qu’on em- ploie dans les usines établies dans cette ville. Je regrette fort, que mes occupations ne m'aient pas permis d'étendre mes observations autant qu’il auroit fallu, pour donner des notions moins incomplètes sur la géologie de ces loca- ( 150 ) lités. [m'a paru, néanmoins, que tels qu’ils sont, ces renseignemens pourroient faciliter les re- cherches de ceux qui s’occupent plus particu- lièrement de ces savantes investigations; et c’est dans cette vue que je me suis décidé à les signaler à leur attention : non obstant que je sens parfaitement combien il auroit été préféra- ble de garder le silence, dans l'intérêt de mon amour propre. 1 de Polmarola _3Zannone [ (0] ‘de gr. AéPrse de Vantotone PROVINCES L Naples. I, Terre de Labour. HE Prineipauts eilénieure. IV.Principaute ullérieure V. Basilicate VI Capitanate VIH Molise VIUTerre de Bari . IX erre d'Otranto X. Calibre citérieure XL LT Calabre ultérieure XL 2e Calabre ultérieure. XIHAbruzze cilérieure XIVL'° Abruzze ulicrieure. XV.24° Abruzze ultérieure = L d'Ustieu Sn Salandrella EF. \ P. Zamb, Pir Eolienne s F F mn ra Tropea, \ Pre J l',Voticanné NÉCUER., Lo g 3 228 de Stilo [RO YA [ME de NAPLES ) 7 / TO edfinee et 2 . Citos 72 pl x a Like uphie 16 CE ; / D) Ln Coucciriollo’ et Crirorchs: EXPLICATION = ÿ des zones COLFE N | DE —= Grondss Routes TARENTÉE ; 2 Routes Impratic pour l'Artillerie _—- Sentiers pour les Chevoux Ÿ VILLES CAPITALES > CAPITALES DE PROVINCES P del Alice re . >: Chef lieux des Circondaires SNetoF M E R . Petite Lieux Cotrone ï s (us 4 Limites des Etots -Pdelle Colsnne Per Limiües des Provinces Rizautn Voloanique EL] Seconduire E Primilif Milles d Halie IONTENN Kilometres do. Be 4 5 C ampochiar Le ee cénut del Matese S la Gallinola del VA KE à à De 7 v “ : asp ; Lis : : : K È LEA ES bre Ent = LE 4 o Atontefaleone/ Castefranco [0] nn Zncce 'prinmio o d'passaggto EI Catrareo secondarteoLrztarro : ; ls SY ER // uno ardent f lan rnoanp TS NY > é ES x ee Hozzanc © EN Jan sennestn& Eu Ztanz csbnë 2 ED Ze Literie HERCUAS ES 7/4 vukanrca prnitra ET7/à vuteanica secondaire NORD Pocede its M Miseno Petra Santa PZamtx ancre aval De ba Grade # 10 rs potes ME LEA NSE rt D AA SAT AS RER R M NN TE re LE Es Stanford University Library Stanford, California In order that others may use this book, please return it as soon as possible, but not later than the date due. CALIF ACAD OF SCIENCES LIBRARY Ju Il 3 1853 00047 5793