r. ^'^J V'V k'*/ Vis ■M i^ri^ HARVARD UNIVERSITY. IvIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY GIFT OF c lUO-UtU/. m W MAR 30 1923 ESSAI SUR LA PHYSIONOMIE DKS SERPENS. CET OUVRAGE SE VEND CHEZ : J. A. G. WEIGEL à Leipsic. ARNTZ ET G.° à DûsseldovJ, RORET à Paris. GH. SGHWARTZ et AL. GAGNOT à Paris. BLACK ET ARMSTRONG à Lo?ulres. HENRY HERÏNG à Londres. BOSSANGE BARTHE à Londres, DE ï/IJ>II»RII»llîRIE DE .1. KIPS, J.Hz. il f.A HAYK. E S S A I SUR I. A PHYSIONOMIE DES SERPENS, ^ PAR H. SCHLEGEX., DOCTEUR EN PHILOSOPHIB, CONSBEVATEUa DU MUSEK DES PATS-BàS, MEMBRE DB PLCSIEURRS SOCIETES SAVANTES» OUVRAGE ACCOMPAGNÉ D'UN ATLAS CONTENANT AMSTEUl>A3f. M. H. SCIiONEKAT, LlBRAlUE-ÉDlTElJri^ 1837 d^i^fmi '^/u Trans .to Mas » oî Oomp .^^Sool» V dHSlTV ^ ^ , PARTIE GENERALE, 1 LETTRE A MONSIEUR C. J. TEMMINCK, CHEVALIER DV LION NÉERLANDAIS, DIRECTEUR DD MUS^.E DES PAYS-BAS, MEMBRE DE PLUSIEURS ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES. t QQ^Q^vûT '■ ■ ï/origine de l'ouvrage que je mets au jour, remonte aux premiers temps de mes études; je puis par conséquent le regarder comme mon premier travail dans l'histoire natu- relle. Vous m'avez accordé la faveur de mettre votre nom à la tête de mon livre: cette permission honorable m'offi'e la plus belle occasion de vous témoigner publiquement ma reconnaissance et de faire savoir au monde savant, combien vous avez contribué à faciliter mes recherches, ou plutôt , que c'est à vous que l'on en doit la publication. Après le départ pour les Indes de notre infortuné ami feu Boie, vous eûtes la bonté de confier à mes soins les collections éten- dues quiembrassent les animaux vertébrés, l'anatomie com- parée et les fossiles: collections qui forment la plus belle partie du Musée des Pays-Bas. Excité par l'exemple de mon Il savant prédécesseur, et dans l'espoir de pouvoir être utile à la science, en cultivant une branche de la zoologie jusqu'à présent négligée, je dirigeai mes recherches sur la classe des Reptiles. Je commençai par représenter au moyen de figures exactes, les espèces les plus intéressantes de cette classe d'êtres peu connus , et c'est ainsi que se forma petit à petit, une suite de dessins anatomiques et zoologiques, dont je mets aujourd'hui une partie au jour, et que je ferai suivre de l'autre, lorsque les nombreuses difficultés qui ont jusqu' à présent entravé la publication de mes recherches, seront totalement levées. J'ai résumé dans mon livre toutes les observations que j'ai pu faire sur l'ophiologie. Cependant, l'état dans lequel se trouve cette partie de la science, we contraignit de dévier à beaucoup d'égards de mon plan primitif, et de différer la publication des recherches anatomiques qui devaient faire la base de mes travaux. Conunent, par exemple, mes lecteurs m'auraient-ils compris , si je leur avais parlé des nombreuses espèces nouvelles, dont la découverte est due à nos voyageurs! Comment se recoimaître dans les méthodes, où sont consignées un si grand nombre d'espèces, souvent purement nominales ou formant de doubles emplois! Quel ouvrage peut-on recommander, pour servir de guide dans ce labyrinthe! — Je n'en connais aucun. Ces raisons, jointes à plusieurs autres, m'ont déter- miné à donner à mon livre la forme sous laquelle il paraît. Cependant, en concevant ce nouveau plan, il se présentait ni (les difTicultés analogues [a celles , dont je viens de faire menlion. Quelles sont les figures que je pourrais citer pour compléter mes descriptions , et combien peu de natura- listes sont-ils à même de consulter les ouvrages de luxe, dans lesquels elles sont contenues? En putre, aucune étude n'offre autant d obstacles que la coniparaison des diverses espèces de serpens, êtres qui se ressemblent presque tous par la forme du corps, en sorte que l'on est souvent réduit à l'organisation de la lête, pour en tirer les caractères dislinctifs. Ces motifs m'ont engagé à réunir sur une même planche les portraits de toutes les espèces d'un genre ou du moins ceux des espèces les plus remarquables. En comparant ces portraits , on parviendra facilement à saisir la physionomie propre à chaque espèce et à la distinguer, par ce moyen, des espèces voisines. Le mot de physionomie est pris ici dans l'acception ^ordinaire ; mais il signifie également l'impression totale que fait sur nous l'ensemble d'un être quelconque, impres- sion que l'on peut sentir , mais qu'il est impossible de rendre au moyen de paroles: elle est le résultat de l'har- monie de toutes les parties isolées, dont on embrasse la con- formation d'un coup-d'œil, et dans leurs rapports mutuels ; on la retient dans son ensemble, sans cependant pouvoir se rendre compte des propriétés de chacune d'elles prise isolément. Tout ce qui existe dans la nature, soit animaux * soit plantes, soit même êtres inanim.és, fait sur nous celte ÎV impression , mais elle est d'autant plus difficile à analyser, que les êtres que nous examinons sont plus compliqués; car plus leur nature est élevé plus les divers traits se confondent dans l'harmonie de l'ensemble. Une des par- ties les plus essentielles de la tâche que se propose Je zoologiste , me paraît être d'analyser cette harmonie et d'indiquer chaque trait caractéristique dans ses rapports avec l'ensemble. Cependant, nos méthodes modernes nous conduisent précisément sur un chemin opposé à celui que je viens d'indiquer ; l'exemple faussement interprêté du sublime auteur du système de la nature, a même sanctionné Tusage de borner ordinairement la connaissance des êtres à tels caractères qui se présentent au premier aspect. En examinant une série d'animaux vivans , l'observateur attentif remarquera qu'il se peint dans leurs traits , dans leur regard et jusque dans leurs formes, l'expression de certains penchans, dliabitudes, de passions , qui sont, d'une manière plus directe que chez l'homme , le résultat de l'organisation. On parviendra , en réitirant les observations , à reconnaître à ces traits les diverses espèces d'animaux; on saisira les relations qui lient ces espèces les unes aux autres; on les rapprochera et en procédant synthétique- ment, on atteindra à la méthode naturelle. Cette série d'êtres ainsi rapprochés, fera une impression totale, sem- blable à celle que le faisait un être isolé; une impression qu'il faut peindre dans son ensemble pour en faire con- naître les traits principaux. V Cette manière d'envisager la nature est, à la vérité, diamétralement opposée à celle qui part de quelques carac- tères isolés pour faire connaître les êtres ; mais , comme elle est la seule qui ofTre les moyens de tracer un tableau fidèle de la nature , comme elle dégage Tesprit, enchaîné dans les bornes étroites des méthodes artificielles, on devrait fixer de bonne heure l'attention du jeune naturaliste sur l'uni- versalité de ces vues et Taccoutumer à saisir, à la fois d'un coup-d'œil, tous les traits dont l'ensemble forme le caractère particulier à chaque être. Mes propres tentatives et l'exemple de mes prédécesseurs m'ont démontré à l'évidence que la méthode artificielle peut s'employer avec beaucoup moins de succès chez les Reptiles que chez les autres animaux, et qu'en suivant ces prin- cipes, on ne parviendra jamais à donner à la science cette clarté si nécessaire au commençant. Je me suis donc efforcé en publiant mes travaux , de tracer en peu de mots le portrait fidèle de chaque espèce, considérée dans les divers rapports avec les espèces voisines ; d'indiquer le passage d'une coupe imaginaire à l'autre , et de réduire la science aux élémens les plus simples: tel est le but de ma classifi- cation. Pour parvenir à ce but sans faire des innovations, je me suis servi, relativement à la nomenclature, des matériaux que j'ai trouvés en abondance dans les ouvrages de mes devanciers. J'espère que les savans me sauront gré de cette mesure ; car quelle est la mémoire capable d'embras- ser la nomenclature, même d'une seule classe du règne vr animal, et de s'en servir pour se reconnaître clans l'élude delà nature? Dans quelle confusion les naturalistes mo- dernes n ont-ils pas plongé la plus belle des sciences, en ^érigeant ces systèmes inintelligibles, dont le seul mérite se réduit souvent a une vaine pompe de paroles qui étour- dissent au lieu d'éclairer. Ces systèmes ne me semblent faits que pour leur auteur, et manquent leur but, qui est d'ofi'rir un guide au commençant jusqu'à ce qu'il soit à portée de juger lui-même qu'il n'existe point de systèmes dans la nature. Encore ces métbodes artificielles modernes ne sont- ellcs pas même à l'épreuve d'un examen rigoureux: on est loin d'avoir fixé ce que l'on entend par espèce , par genre ; de petites différences de forme de quelque partie isolée, due, soità unaccident,soit à l'influence d'un climat divers, suffissent souvent aux naturalistes pour diviser une espèce en plusieurs sous-espèceset pour désigner cliacune sous une épithète par- ticulière; quelques unes de ces espèces imaginaires réunies, forment des coupes que l'on se plaît à appeler sous-genres , quoiqu'elles ne soient à la vérité que les espèces elles-mêmes, etc. A quels résultats doivent conduire de pareilles vues! La critique des ouvrages de plusieurs de mes devanciers m'a donné beaucoup de peine: il fallait être sévère; je l'ai été, mais aussi j'ai été impartial. J'avoue ne pas concevoir, comment plusieurs de ces travaux si difficiles à consulter, peuvent être utiles au voyageur qui, en sa qualité de poly- graphe, doit rapidement se familiariser avec la nature des êtres,, afin de régler ses observations. Un livre est ordinal- VJI rement, pour le savant hahitanl les villes de province, le seul moyen cl étudier les productions exotiques de la nature : en un mot, les livres lui tiennent aussi lieu des collections. Le mien est seulement fait pour répondre à ce but, ou à celui de communiquer mts observations au public où à ceux qui ne sont pas a portée d'en faire eux-mêmes. Vous concevez, Mor.sieur, que j'ai rencontré lors de mon travail de grandes difiicultés: difficultés, qui tiennent leur origine soit de la nature de la chose, soit de la manière dont on a cultivé la science jusqu'à présent. Le premier objet de mes recherches était la détermination rigoureuse des espèces. Pour arriver à ce but, je fus obligé de faire l'histoire de chacune d'elles, d'en étudierchronologiquement la synonymie, de former des commentaires sur tous les ouvrages iconographiques, pour prouver enfin, au moyen de comparaisons des figures et des descriptions, l'identité des innombrables espèces nominales avec quelqu'une de celles que je reconnais exister. C'était principalement en m occu- pant de ce travail ingrat et fastidieux, qu'il fallait employer la critique la plus sévère. Je n'entrerai pas dans plus de détails, pour discuter la question, s'il existe dans la nature, des espèces ou non, s'il faut peut-être adopter l'existence de races, etc.; je me bornerai à justifier mes idées, lors- qu'elles se rencontreront avec celles de mes prédécesseurs. Je me suis proposé de n'adopter dans mon livre que des espèces connues d'une manière précise. Eiî soumettant les espèces, reçues dans la catalogue méthodique des êtres, à vfri un examen rigoureux, on en compte un grand nombre (l'origine incertaine; d'autres sont établies d'après de vieux exemplaires décolorés; d'autres encore y ont été introduites d'après un examen superficiel et sans avoir été comparées aux espèces voisines: quelques mots suffisaient pour les caractériser; mais très souvent ces diagnoses ou même les descriptions détaillées, ne contiennent que l'énumération de traits propres à toutes les espèces du genre, en sorte qu'après les avoir analisés et rejetés l'un et l'autre, il ne reste aucune marque distinctive pour l'espèce. On peut dire la même chose des genres établis souvent avec autant de négligence. Suivant mon opinion ^ une description qui n'est pas com- parative, ne peut offrir aucune utilité. S'il est vrai qu'un genre représente l'ensemble de toutes les espèces qui y sont rangées, il faut aussi avouer, que l'on ne peut parvenir à la connaissance de ces dernières, qu'en les comparant entre elles, et en constatant ce qui est propre à chacune d'elles et commun à toutes. Certes, il ne peut résulter que peu de fruit pour la science de l'admission d'espèces dont on ignore toutes les propriétés et dont on ne connaît que le nom qu'on leur a imposé; des espèces dont le nombre toujours croissant embrouille les méthodes. L'étude de la nature ne consiste pas dans cette connaissance superficielle des êtres: mais elle les envisage sous le triple rapport de la zoologie, de l'anatomie et de la géographie phy- sique. Mon but principal, ayant été, en publiant mes recherches, d'exposer les relations qui existent entre les IX animaux et les lieux qu'ils habitent, j'ai jugé nécessaire de n'adopter des espèces dont on ignore la patrie, que lorsque quelque trait saillant dans l'organisation pouvait les rendre d'un véritable intérêt pour la zooloi^ie ou pour la physiologie. Il faut aussi user de circonspection, en considlant les données sur la patrie des animaux, telles qu'elles sont consignées dans la plupart des ouvrages. Peu de naturalistes sont à même de se procurer les objets de la première main , et on peut rarement se fier à la véracité des marins qui, souvent trompés eux-mêmes , rapportent de leurs voyages des objets d'histoire naturelle de contrées éloignées de celles qu'ils ont visitées. On transporte quelquefois les objets d'une colonie à l'autre: ils passent par plusieurs mains, on oublie leur origine; enfin on les envoie en Europe sous le titre de productions d'un pays qu'ils n'ont jamais habités. J'ai eu souvent l'occasion d'être témoin oculaire de méprises de cette nature. Il y a quelques aminées, qu'un de mes amis reçût une petite collection de Reptiles javanais d'un jeune planteur de Surinam , qui prétendait en avoir recueilli quel- ques-uns lui-même dans les environs de Paramaribo; j'eus beau démontrer au nouveau possesseur, que des animaux javanais, tels que le Gecko guttatus, l'Élaps furcatus, le Galeotes gutturosus et d'autres, ne sauraient habiter eu même temps deux contrées aussi éloignées : on n'attacha aucune croyance à mes démonstrations. On nous a souvent adressé du Cap de Bonne F.spérance des Reptiles des îles de Ceylan et de Java. M. Klinkenberg à Utrecht possède une belle variété du Boa cencliria, que des matelots lui ont apporté comme ayant été pris à Java; et cetteerreur aengagé feu Boie d'en faire une nouvelle espèce de Boa, appartenant à Tancien monde. Un de mes amis, acceptant l'offre d'un émigrant pour les Etats-Unis , de faire des collections d'his- toire naturelle, lui fournit les moyens d'expédier le premier envoi; cet envol arriva: il contenait une collection de reptiles du Cap de Bonne Espérance. Parmi les reptiles, rapportés par M. Blomhoff et décrits par feu Boie comme provenant tous du Japon, se trouvent évidemment des espèces de Java ou des îles voisines, comme cela a été depuis démontré par les recherches de M. M. von Siebold et Burger. Feu Spix a fait figurer parmi les animaux découverts au Brésil, plusieurs espèces recueillies lors de son séjour à Gibraltar, et y a même ajouté des notes sur leurs mœurs, sur les lieux qu'ils habitent, etc. Je me tais sur l'ouvrage de Seba, dont la plupart des indications de pays sont inexactes. D'autres difficultés, non moins grandes, se présentaient en faisant la critique des ouvrages iconographiques. Il paraît que l'on ne sVst pas toujours bien pénétré du but que doit remplir une figure. Suivant ma manière de voir, elle ne doit pas simplement servir à reconnaître l'animal qu'elle représente; mais elle doit remplacer l'animal pour celui qui n'est pas à même de se le procurer. Or, pour répondre à ce but, il faut que la figure soit dans toutes ses parties d'une exactitude mathématique , afin que l'on puisse xr cUulier les proporlions relatives des organes; il faut éviler par cette même raison les raccourcis autant que possible el ne point embrouiller la figure par des ombres projetées. Le elîoix des objets demande également de la circonspection: Tagonie d'une mort violente laisse souvent des traces dans les traits convulsifs de la face; quelques parties éprouvent des lésions accidentelles, lors de l'emballage des objets; cliez d'autres, les organes changent leur position respective; ce qui est particulièrement le cas chez les ophidiens, dont les os de la tête sont susceptibles d'un mouvement assez considérable. En traçant mes figures, j'ai lâché d'éviter tous ces obstacles; je me suis toujours servi dindividus en état parfait de conservation et je n'ai jamais copié que la nature; j'ai suivi le même principe pour mes descriptions, et lorsque je n'ai pu le faire , je l'ai expressément indiqué. L'examen comparatif des écrits de mes devanciers m'of- frait de loin les obstacles les plus difficiles à surmonter. La cause principale dont j'ai souvent fait mention, et qui paraît avoir engendré les erreurs nombreuses qui défigurent nos systèmes, est la multiplication des espèces et des gen- res, érigés et introduits dans le système, d'après des carac- tères isolés. Les exemples qui pourront justifier ce que je viens de dire, sont innombrables: que l'on consulte mes articles Eryx , Naja porphyrica , Boa cenchria, Python Peronii et bivittatus, Â.crochordus , Tropidonotus bipunc- tatus et fasciatus , Grotalus horridus, Vipera berus et maint aulie, et Ton se convaincra que la même espèce xri porte souvent une douzaine cl'épithètes;x£UL^lle a souvent été répartie dans plusieurs genres divers, qu'elle forme même les types de différentes familles, qui figurent, tantôt parmi les serpens venimeux, tantôt parmi les non-venimeux! Que l'on examine les élémens hétérogènes dont les auteurs ont composé leurs genres Boa, Hurria, Scytale , Elaps, Trimeresurus et Yipera ! En suivant ces vues, il fallait être fidèle à ce principe de classification , séparer les Pythons des Boas et les placer dans une autre famille ; il fallait éloigner l'Hydrophis colubrin de ses congénères, ranger les Acrochordes parmi les serpens de mer etc. Vous verrez dans la suite de mon travail, qu'il est absolument impossible de classer les Ophidiens , en établis- sant de ces caractères tranchés et isolés; ce sujet est de trop d'importance cependant , pour que je puisse déjà le quitter ;~ je me contenterai de citer encore quelques exem- ples , propres à défendre mes idées contre celles de mes adversaires , quoique je craigne d'avoir déjà épuisé votre patience. Tout le monde conviendra , que le genre Drviophis est un des plus naturels de l'ordre entier: on peut lui indiquer pour traits distinctifs, soit un museau effilé en trompe, soit des dents maxillaires moyennes et postérieures plus longues, soit une prunelle transversale- ment alongée , soit des teinfes vertes, soit enfin les écailles lisses ; mais aucun de ces traits ne peut s'appliquer à toutes les espèces à la fois. On Cme pour caractère essen- tiel des Najas un cou extensible ; mais chez les diverses xin espèces qui composent ce genre, la faculté de dilater le cou s'observe dans tous les degrés , en sorte que celles qui s'éloignent le plus du type , offrent à peine les traces de ce caractère. Presque tous les serpens venimeux proprement dits présentent des écailles carénées ; mais personne n'éloignera de cette famille les Trigonocépliales rhodostoma et nigro- marginatus, parce que leurs écailles offrent une surface unie ; personne ne rejetera de la famille des serpens veni- meux colubriformes, dont les écailles sont ordinairement lisses, les Naja hœmacliates et Vnigrum , où le cas opposé à lieu. On observe dans la première famille un assez petit nombre d'espèces dont la tête revêtue de plaques les rapproche de la seconde famille, quoiqu'elles réunissent d'ailleurs tous les caractères de la première. Peut-on méconnaître l'affinité qui existe entre les Boas et les Acro- clîordes , bien que ces derniers aient une queue compri- mée et qu'ils manquent de crochets à l'anus? A quelle confusion n'ont pas donné lieu les innombrables différences individuelles dans la disposition des plaques de la tête chez les Boas et les Pythons ! Ni la position des narines , ni la configuration des lames frontales , ni la présence , ni le défaut de dent cannelée, ne sont des caractères constans dans le genre Homalopsis. Feu Boie a assigné aux Tropi- donotes trois plaques oculaires postérieures: cependant quelques espèces parmi les mieux caractérisées s'éloignent des autres par l'absence de cette marque distinctive, tandis qu'il existe des Couleuvres proprement dites, qui offrent XIV le caractère indiqué par Boie. Un grand nombre de genres de la division des serpens non- venimeux comprennent plusieurs espèces à dents sillonnées, tandis que le sys- tème dentaire des autres espèces est souvent très uni- forme, etc. L'ordre dans lequel j'ai rangé les espèces n'est pas arbitraire. En comparant les espèces d'une coupe géné- rique, on remarquera ({ue les caractères du genre se trouvent particulièrement prononcés dans une d'entre elles: on peut appeler cette espèce, l'espèce type de la coupe générique , mais toutes les autres , quoique modelées sur ce type, présentent des modificalions plus ou moins sensibles; quelques unes mêmes s'éloignent de ce type pour se rappro- cher d'un autre groupe voisin, auquel elles servent de passage, •l'ai traité dans la partie descriptive de mon travail , des espèces suivant l'ordre qui je viens d'indiquerc Une table synoptique que j'ai jointe à mon ouvrage, facilitera la revue des espèces; elle indiquera les rapports mutuels qui lient les unes aux autres, en un mot, elle indiquera leurs affinités naturelles. J'ai également joint a mon ouvrage plusieurs cartes et une table destinées à indiquer la répartition des espèces d'Ophi- diens sur la surface du globe. L'objet que je me suis proposé en les publiant est seulement de donner un aperçu universel de la distribution géographique des Ophidiens; ceux qui vou- dront s'instruire plus spécialement, ceux qui voudront savoir précisément si telle ou telle espèce vit dans un terrein de XV telle à telle nature, 11*0111 qu*à consulter la si ronde partie de mon ouvrage , dans laquelle ils trouveront les rensei- gnemens nécessaires. J'ai d'ailleurs traité ce sujet dans une dissertation, intitulée: Essai sur la distribution géogra - phiquedesserpens, laquelle est imprimée à la suite de mon livre. C est inutde de vous dire, Monsieur , que ce travail m'a coûté bien des précieux momens. Presqu'uuiquement borné à mes propres recherches par le défaut total de travaux fournissant l'énumération des espèces d'oplii- diens d'un certain pays, je ne trouvai tics renseignemens utiles que dans les ouvrages du prince de Neuwied, de Spix , de Russel et dans celui publié par la commission de l'Egypte. Nous possédons, il esL vrai, des ouvrages, cités précédemment, lesquels embrassent la description des ser- pens d'un certain pays ; mais, outre que ces ouvrages sont en petit nombre, ils sont faits, pour la plupart, d'une manière peu conforme à l'état actuel de la science. Il y en a même qui offrent tout simplement une énumération des espèces caractérisées par une courte phrase, ou mieux, qui ne sont qu'une compilation des ouvrages existans sur l'Ophiologie. Pour faire connaître les productions d'un pays, il est d'abord nécessaire d'en rassembler une ample collection, composée d'individus de tout âge et de tout sexe. En disposant ces nombreux matériaux, sans se soucier de ce qui a été fait antérieurement , on parviendra à connaître les espèces suivant tous leurs r^oports. Il faut , avant de tracer les descriptions, comparer les espèces à leurs xvi congénères originaires d autres pays. En consultant enfin les travaux déjà existans, on parviendra facilement à dé- brouiller la synonymie et à relever les doubles emplois. Il est vrai que la composition d'un ouvrage dans ce sens est un travail au moins de plusieurs années , particulière- ment lorsqu'on veut y joindre des notes sur les mœurs, sur les habitudes etc. , ce qui me paraît de première nécessité; mais un savant doit-il considérer le temps lors- qu'il s'agit d'être utile à la science? Je juge nécessaire de dire quelques mots sur le choix que j'ai fait de la langue française pour composer mon livre. Les motifs qui m'ont porté à ce choix sont simples et faciles à devi- ner; aussi passerais-je ce sujet sous silence, si des voix graves ne s'étaient élevées contre quelques-uns de nos compatriotes , qui avaient pris le même parti que moi. De nos jours, où tout le monde cherche à s'instruire, où les sciences ont partout acquis de la popularité , où tant d'amateurs éclairés , l'homme du monde, de personnes instruites sans être savantes etc., auxquelles le latin ne peut être familier, ont contribué aux progrès des sciences: certes, dans ces temps heureux, il serait hors de saison de se servir d'une langue morte. Il fallait donc choisir parmi les langues vivantes. Le meilleur parti à prendre était certainement celui d'écrire dans ma langue maternelle, la seule qu'un homme puisse possé- der parfaitement; mais des langues de l'Europe combien peu sont assez universellement répandues pour être com- prises de tout le monde! Je me crois donc sufisamment XVII justifié, par les raisons ci dessus alléguées, (.l'avoir préféré la langue française aux autres langues modernes; les mêmes raisons me font espérer que mes lecteurs useront d'indul- gence, en examinant mon ouvrage sous le rapport littéraire. Il ne me reste qu'à faire mention des moyens qui ont été à ma disposition pour composer mon livre. Il ne m'ap- partient pas de faire l éloge de notre Gouvernement, protec- teur libéral des arts et des sciences; tout le monde sait que son Excellence le Ministre de l'intérieur ne laisse passer aucune occasion d'être utile aux sciences, et que M. van Rappart se montre toujours plein de zèle lorsqu'il s'agit de favoriser les études. L'Europe entière sait, par vos nombreux écrits, que les sciences naturelles ont reçu un accueil non moins favorable de la part du Gou- vernement des Indes: je me tais par conséquent; qu'il me soit cependant permis de rappeler le nom de son Excellence, le Gouverneur de la Province de Drenthe, M. van Ewyck ; un nom si cher aux sciences , à tous ceux qui ont vus naître notre établissement national et particulièrement à moi. — Il est superflu de dire que les riches collections déposées dans les galeries du Musée des Pays-Bas ont servi de base à mes recherches; mais il importe de constater l'origine de ces collections, qui m'ont mis dans le cas d'assigner avec certitude à chaque espèce sa véritable patrie, et de pouvoir en consé- quence fixer des lois constantes pour la répartition géogra- phique des Ophidiens. Lorsqu'en 1820 vous conçûtes, il xvrif Monsieur, le'iprojel d'ériger un monument nalioual digue de voire patrie, la eolleetiou des serpeus se composait d'une centaine d'échantillons, sans indication d'orisine et provenant pour la plupart de l'ancien Cabinet Académique. Les nombreux envois, expédiés au Musée des Pays-Bas par M. M. Reinwardî , Kuhl et van Hasselt, envois qui conte- naient la plus grande partie des productions de nos Golo- iiies aux Indes oiientales, offraient les moyens d'échange avec les Musées les plus célèbres, et procuraient à notre Etablissement d'autres objets de contrées que le pied du voyageur néerlandais n'avait pas encore foulées. Tel était l'état de la collection du Musée, lorsque feu Boie quitta l'Europe en iSsS, après avoir terminé son grand ouvrage sur les Reptiles de .lava. Cette collection, confiée depuis à mes soins, s'est étendue à l'égal des autres branches du Musée: elle est aujourd'hui portée au triple de ce qu'elle était. Le grand nombre de voyageurs, expédiés presque simultanément dans différentes contrées de notre globe , ont particulièremenÈ contribué à nous procurer une foule d'objets , parfaitement conservés, et dont la patrie est constatée d'une manier e précise. Quelques-uns de nos compatriotes, établis dans des contrées exotiques, se sont rendus utiles à la science, en faisant parvenir à notre Établissement depDelles collections conte- • nant les productions de leur -patrie adoptive. D'autres voyageurs modernes ont bien voulu nous céder les doubles du produit de leurs recherches, ce qui^ n'a pas moins contribué à rendre notre collection complète, que les achats \IX fails à Paris, à Loiithes et dans plusïcius aulros capitales. Des particuliers enfin se sont empressés de nous couiniu- niquer tous les objets, qui pouvaient être de quelque utilité à mon travad. La petite série d'Ophidiens de la Nouvelle Hollande, (jui fait partie du Musée des Pays-Bas, a été acquise à Londres. Le voyage de découvertes à la Nouvelle Guinée ^ entrepris dans les années iSi^j et 1828 par les ordres de notie Gouvernement colonial, nous a fourni un grand nombre d'objets d'Instoire naturelle intéressans et la plupart incon- nus. Timor, Amboine et les autres îles adjacentes ont été explorées à différentes reprises par nos voyageurs. Une résidence continuelle de ces infatigables naturalistes, à Java, durant près de vingt années, a contribuée rendre les pro- ductions de la partie occideritale de cette île presque aussi connues que celles de lEurope. Mon ami le Docteur Strauss m'a rapporté une petite collection de Reptiles, formée pendajtit son séjour à Manado , à la pointe orientale de Célèbes. M. M. von Siebold et Bi^irgeront recueillis, pen- dant leurs voyages au Japon, une grande quantité d'ophi- diens qui, appartenant toujouis aux mûmes espèces, nous ont appris, combien cet empire a été exploré sous lerapport de l'histoire naturelle. Nous ne possédons que peu de serpens de la Chine, de Sumatra], de Malacca et en général de la partie orientale de l'Asie: le Docieur de Witt établi à Dedford, nous en a présenté quelques uns; d'auties ont été acquis par nos voyageurs aux Indes. Un envoi, fl\it de Bengale XX en 18:27 au Musée des Pays-Bas, coiUeiiail les dépouilles d'un bon nombre des espèces décrites par Russel. Les productions de Ceylan ne nous sont connues que d'après les échantillons originaires de plusieurs musées de la Hol- lande, et par une petite collection due aux soins obligeans de M. le Docteur Smith, Directeur du Soulli-African- Museum. M. Lichtenstein , enfin, nous a cédé quelques espèces d'Ophidiens , provenant du voyage de M. Eversman en Tartarie. Les serpens de l'Europe nous ont été en partie commu- niqués par quelques uns de nos amis, en partie par plusieurs voyageurs et parle Musée de Vienne: nous devons à ce dernier établissement les serpens de l'Autriche et de la Hongrie ; l'infortuné Michdhelles nous a fait parvenir quelques échantillons recueillis en Espagne et la plupart de ceux qui habitent la Dalmatie, contrée visitée depuis par notre voyageur M. François Cantraine qui , explorant en- suite l'Italie, la Sardaigne et la Sicile , nous en a envoyé les productions; M. Roux nous a adressé les Reptiles du Sud de la France, M. Lenz ceux de l'Allemagne centrale^ etc. etc. Le voyage de M. Rûppell a fourni à notre Musée la plupart des productions de l'Egypte. Le Colonel Humbert nous a rapporté plusieurs serpens pris dans les États Barbaresques , particulièrement dans les environs de Tunis. Amateur éclairé , M. Ghfford , consul Néerlandais à Tripoli, a exploré en naturaliste les environs de celte XXI YÎlle , il est vrai , peu riche en productions d'histoire naturelle. Le climat insalubre et destructeur pour la plu- part des Européens qui visitent la côte de Guinée, est la cause que les objets d'histoire naturelle nous parviennent en si petit nombre de notre colonie, établie sur cette terre promise; cependant c'est à M. le Professeur Eschricht à Copenhague, que nous sommes redevables d'une tren- taine de serpens, recueiilis dans les environs du fort Danois, sur cette même côte. La pointe australe de l'Afrique a été explorée par les naturalistes hollandais pendant une longue série d'années. MM. Kuhl , van Hasselt, Boie et Mack- lot, abordant la ville du Cap lors de leur voyage aux Indes , y ont formé des collections ; M. le Docteur van Horstok, mis à même par sa longue résidence dans cette ville, de se procurer les objets les plus rares, a fourni successivement à notre Musée les matériaux pour une Faune presque complète de cette colonie florissante; M.M. les Docteurs Smuts et Smith enfin, ont également contribué à enrichir nos galeries de plusieurs serpens africains peu connus. Il n'y a , à proprement parler, que deux pays du vaste continent de l'Amérique méridionale, qui aient été explo- rés sous le rapport de la Zoologie : le Brésil et la Guiane. Une partie des objets, produit des voyages de M. Natterer dans plusieurs provinces de cette première contrée et qui sont déposés au Musée de Vienne, ont été communiqués au nôtre. Le Prince de Neuwied, qui a visité la côte XXII orientale du Brésil, située entre le 1 3 et q 3 degré de latitude australe, a bien voulu nous céder les doubles des Reptiles recueillis par lui. Ces exemples ont été suivis par feu Spix, dont les courses se sont étendues plus au Nord, le long des bords du Maranon jusqu'à Baliie. Une petite suite d'opbi- diens du Brésil, recueillis par M. M. Olfers, Freireiss et Beske fait également partie du Musée des Pays-i3as. Plu- sieurs envois de Reptiles originaires de la Province de St. Paul, nous ont été adressés de Paris, par M. Beske de Hambourg et par M. Boie de Kiel. Les belles et nombreuses collections que notre Établissement doit aux soins dés- intéressés de M. Dieperink, résidant à Paramaribo, nous ont fourni les moyens de faire l'énumération de la plus grande partie des productions de notre colonie à Surinam. Nous tenons du Prince de Musignano et du Professeur Troost àNashville, les Reptiles de l'Amérique septentrionale qui font partie de notre Musée. Le premier nous a rapporté un bon nombre d'objets, originaires des Provinces septen- trionales des États-unis; le second , établi dans la Province de Tennessee , a mis beaucoup de zèle pour nous procurer les productions de la partie méridionale de l'Amérique du Nord. J'ai omis dans l'énumération des moyens dont j'ai pu disposer, de faire mention des personnes qui ont bien voulu me céder des objets rares et qu'il m'aurait été diffi- cile de me procurer, ou qui ont en général contribué à rendre mon travail le plus complet possible. Je me borne XXIII à citer M. M. les Professeurs van Swinderen à Groningue, Vrolik à Amsterdam, van der Hoeven et van der Boon-Mescli à Leydeet le Docteur van Hoorn. M. Klinkenberg à Utrecht a mis à ma disposition les nombreuses richesses que con- tient son Musée. M. le Directeur du Cabinet d'histoire naturelle de Vienne m'a accordé la permission de publier les espèces inédites que nous, tenons de cet établissement. M. le docteur Thienemann à Dresde m'a cédé une vingtaine de figures de serpens faites sur le vivant à Surinam par le docteur Hering. J^dois surtout vanter la libéralité de M.M. les Professeurs Fremery et Litli de Jeude à Utrecht; ces savans ont poussé l'obligeance jusqu'à me laisser faire un choix parmi la précieuse collection de Reptiles confiées à leurs soins, et dont la plupart sont originaires deCeylan, de la côte de Guinée , de l'Amérique du Nord , etc. Je venais de terminer mon ouvrage lorsque , à la suite d'une longue maladie, j'eus l'honneur, Monsieur, de vous accompagner dans un voyage à Paris et à travers une partie de l'Allemagne. Le grand nombre d'objets que j'ai vus pendant ce voyage, m'a obligé de faire plusieurs additions à mon ouvrage, additions qui cependant n'auraient pu être que de peu d'importance, si je n'avais eu la faculté d'examiner à loisir ces objets rares ou en partie nouveaux. Je dois cette prérogative à la complaisance extrême de divers savans qui se trouvent à la tête des Établissemens scientifiques; M. M. Duvernoy à Strasbourg et Cretzschmar à Francfort se sont empressés de me laisser un libre usage des collections confiées XXIV à leurs soins. M. Ruppeîl, que j'ai l'avantage de compter parmi mes amis, m'a fourni des renseignemens sur les divers Reptiles qu'il a été à portée d'examiner lors de ses deux voyages ; enfin les observations de plusieurs ama- teurs de Paris, parmi lesquels je cite particulièrement M. le docteur Cocteau et M. Al. Lefèbre, m'ont été de la plus grande utilité. Il sera presqu'inutile de dire que le Musée de Paris m'a offert la plus ample récolte. Cet éta- blissement, depuis de longues années le siège des sciences naturelles, le dispute toujours encor? par le nombre des objets, à la plupart des autres Musées. Tout le monde accourt pour s'y instruire et parce que les amis des sciences y trouvent un libre accueil. Je ne parlerais pas de cette libéralité vantée tant de fois et à si juste titre, si des obligations particulières ne m'en faisaient un devoir. J'avais le bonlieur d'être lié depuis plusieurs années avec M. M. les Professeurs de Blainville et Valenciennes; à mon arrivée à Paris, M. Duméril m'a également honoré de sa bienvieillance, et Ij'ai trouvé un ami franc et sincère dans M. Bibron, naturaliste zélé et instruit, et l'émule de mes travaux dans l'Erpétologie. Tous ces Messieurs ont concouru à rendre mon séjour à Paris le plus utile possible : les nom- breux matériaux qu'offre le Musée du Jardin des Plantes ont été mis à ma disposition, et on a bien voulu me prêter et me permettre d'emporter en Hollande toutes les espèces inédites ou celles que je désirais soumettre à un nouvel examen. J'ai revu, conjointement avec M. Bibron, au Jardin des Plantes, XXV toute celle belle collection de Reptiles, et cette revue a eu pour suite des relations d'échange, qui ne laisseront d'être de la plus grande utilité pour les deux Établissemens. Le nôtre a été enrichi par cet échange, d'objets de contrées, avecles-juelles nous n'avons pas de rapports, mais qui ont été visitées par des voyageurs français: telles sont la Pennsylvanie , la Caroline et la Nouvelle-Orléans, pays d'où M. M. Lesucur , Milbert, Bosc, Leconte, Barabino et d'autres ont fait par- venir les productions au Musée de Paris. Les Antilles ont été explorées par M. M. Plée, l'Herminier, Ricord, Poey, etc. ; Gayenne par Leschenault ; le Brésil par Langsdorf, Vauthier, de Lalande, Aug. St. Hilaire; le Paraguay par d'Orbigny; ce dernier voyageur a aussi fait une belle col- lection de Reptiles au Chilé, pays visité également par M. M, Lesson et Garnot, et par Gay. La Nouvelle Hollande a fourni plusieurs nouvelles espèces, découvertes par Pérou, Lesson et particulièrement par Quoy et Gaimard; d'autres ont été recueillies lors des dernières expéditions autour du monde à la Nouvelle Irlande, à la Nouvelle Guinée, à Waigiou, aux Philippines, aux Mariannes et notamment dans les environs de Manado à Célèbes. Feu Duvaucel avait fait au Musée de Paris des envois de Sumatra, Leschenault de Java , Diard de la Cochinchine, de Siam et de Bengale. Les grandes Indes ont été explorées par un grand nombre de voyageurs français, parmi lesquels nous ne citons que M.M. Leschenault, Reynaud, et particulièrement M. Dus- sumier, qui a visité presque tous les points des côtes XXV â\i l'Asie depuis les Seyclieiles et le Malabar jusqu a la presqu'île de Malacca. M.'\î. Goudot et Sganzin viennent de découvrir plusieurs ophidiens curieux à Madagascar , île vierge sous le rapport de l'histoire naturelle. Le séjour de feu Laîande au Cap a fourni au Musée de Paris la plupart des Reptiles propres à celte colonie. M. Perrotetena recueilli au Sénégal et on ne cesse d'en apporter des États Earba- resques, depuis rétablissement d'une colonie française sur cette côte. Il en est de même des Reptiles de l'Egypte, pays qui tient le prcinier rang avec le F>résil,parmî ceux qui ont attiré le plus grand nombre de voyageurs. Les Reptiles recuedlis par Olivier au Levant, sont encore les seuls connus de l'Asie occidenlale. M. Bory de St. Vincent a fait connaître tout récemment ceux de la Morée et M. Bibron ceux de la Sicile. Les moyens littéraires dont j'ai pu disposer, ont beaucoup facilité mes recherches. Votre riche et belle col- lection de livres, Monsieur, a été toujours ouverte pour moi; aussi en ai-je fait usage, comme si elle était la mienne. M. le Professeur Geel, Bibliothécaire de l'Uni v'cr- sité, a bien voulu mettre à ma disposition tous les ouvrages dont j'avais besoin pour mon travail. Les bontés dont M. Reinwardl m'a comblé, m'imposent le devoir de la reconnaissance la plus profonde : ce véné- rable savant , autrefois mon Professeur le plus chéri, m'a communiqué et ses manuscrits et les nombreux dessins (i) (i) J'ni commencé la publication de queltjues-iuis dans mes y/^^//- (ht/tfe/?^ dont la preniirrc livraison vient de paraître. XXVK traulmaiix qu il a fait l'aire aux lutlos; sans sa bibliotlu-que choisie, j(^ n'aurais jamais pu terminer mon travail; il m'a aidé de ses conseils , et j'ai été assez heureux , grâce à l'amitié dont il m'honore , pour profiter souvent de ses lumières. Je ne répéterai pas ici , ce que je dois à feu II. Boie; mes faibles paroles ne suffiraient pour exprimer les sentimens que j'éprouve en repassant dans ma mémoire les momens c[ue la présence de cet infortuné savant rendait si pré- cieux. Sa douceur, sa bienveillance et toutes ces qualités d'une ame noble et élevée, le faisaient aimer de chacun qui le connaissait; pliilantrope aussi zélé qu'éclairé, il n'employait sa vaste érudition que pour en faire profiter ses amis et ses découvertes étaient le secret de tout le monde. J'ai eu le bonheur de jouir du commerce journalier de cet excellent homme et je regrette que ce commerce n'ait été que de très courte durée. Boie a bien voulu me confier, lors de son départ, ce grand nombre d'observations qui ont été publiées plus tard par son frère ; arrivé aux Indes , il n'a cessé de me communiquer des notes relatives aux mœurs, à la manière de vivre des Ophidiens que je me suis em- pressé d'incorporer dans mon livre. Son jeune élève et ami, M. Mùller, digne successeur de ses travaux, a suivi un si bel exemple en nous faisant parvenir un grand nombre de dessins faits sur le vivant par notre défunt ami , le jeune van Oort. Plusieurs autres de mes amis, parmi lesquels je compte particulièrement M.M. St. Clair Massiuh, XXVllI M. le professeur Caiitraiiie et M. Susanna Aduiinistraleur du Muséum , ont bien voulu me seconder de leurs talens: je leur en témoigne mes remercimens sincères. — Enfin , je ne saurais terminer ces pages, sans avoir rendu grâce aux précepteurs de ma première jeunesse , M.M. le Docteur Winkler et le Professeur Schmidt à Altenbourg en Saxe : s'il y a quelque mérite dans mes ouvrages sous le rapport de l'art, on doit l'attribuer au second; le premier m'a inspiré ce goût profond pour l'étude de l'histoire natu- relle, qui m'a décide ensuite à me vouer entièrement à cette belle science. Je crois avoir dit tout ce qui est nécessaire pour l'intel- ligence de mon livre. Son but sera rempli s'il emporte votre approbation. Monsieur, et s'il est favorablement accueilli de cette partie du public qui préfère la simplicité aux innovations. H. SCHLliGEL. Il 1 7 II p -';: — HES OPHÏDIEIVS KN GEIVERAL. On a coutume de com|>rendre sous le nom de seipens tous <:es reptiles qui joignent au défaut total d'extrémiLes, une forme de corps extrêmement déliée; un examen plus rigou- reux démontre cependant que plusieurs animaux qu'il faudrait, en suivant ces principes, classer parmi les serpens, offrent, dans l'ensemble de leur organisation, des traits qui les éloignent, sous tous les autres rapports, des serpens , auxquels ils ne ressemblent que par leurs formes alongées. On est parvenu de nos jours, grâce aux recherches des anato- mistes, à distribuer parmi les batraciens quelques uns de ces êtres anomaux, dont cependant la plupart sont demeurés mêlés confusément dans les méthodes. En parcourant d'un coup-d'oeil rapide la grande série des reptiles à corps revêtu d'écaillés, on parvient à découvrir que ces animaux, à l'excep- tion des Ghéloniens, sont modelés sur deux types, désignés en style familier sous les dénominations de lézards et de serpens , et dans la science, sous celles de sauriens et d'ophi- diens. Mais, en comparant ces animaux les uns aux autres, on s'aperçoit que la forme plus ou moins alongée du corps existe dans toutes les nuances (i); que le développement des extrémités diminue à mesure que l'espèce se rapproche du second type 5 que la fonction des côtes connne organes de locomotion , augmente dans le même degré; que des espèces (i) Les Scinques, le Seps, le Pygodactyle , le Monoclactylc, le Pygo- pus , le Chalcis, le Télradaclylc, l'Opliisaïuc , le Pseiulopus etc. I i DKS OPHIDIENS EN GÉNÉRAL. assez voisines offrent souvent de grandes disparités dans la disposition des extrémités, ou bien qu'elles ne se distinguent l'une de l'autre que par le défaut ou la présence des extrémi- tés (i): en un mot, que le rôle que jouent chez les sauriens les formes générales et les organes de locomotion, est totale- ment subordonné à l'ensemble de l'organisation (2). Il est donc évident que des caractères empruntés de ces parties-là , devaient toujours conduire au système artificiel ; il résulte également de ce que nous venons de dire, que les deux types sur lesquelles saurienset les ophidiens sont modelés, selient par de nombreuses formes intermédiaires. De là vient aussi que plusieurs naturalistes ont refusé d'adopter les deux divisions précitées, qu'ils ont fondues toutes deux en une seule. Cette manière de voir est également susceptible de défense et d'op- position ; et ce n'est point pour faire hommage à un système quelconque, que je m avise de suivre telle ou telle vue. Cepen- (i) Les Amphisbènes et le Chiiole, (1) Un examen comparatif des objets m'a démontré que ces sauriens anomaux , c'est-à-dire, à formes alongées et à extrémités rudi- mentaires, appartiennent toujours par l'ensemble de leur organisation à quelque espèce de l'une ou l'autre des familles de cet ordre, parmi les- quelles ils doivent être distribués. On ne peut nier par exemple , qu'il V a un passage graduel des Scinques à l'Anguis et aux A.contias , par l'intermède des Scinques brachypus, decreensis, serpens, seps, du Pygodaclyle et du Bipes: êtres moins différens entre eux par leur orga- nisation que par leurs formes, et qui ne composent qu'une seule famille, celle des Scincoïdes, delaquelle on ne saurait exclure ni les Ablephares ni le Gymnophthalme. Le même passage graduel existe dans la famille des Lézards, des genres Lacerta et Tachydromus au Monodactyle; on y peut ajouter comme espèce anomale le Pygopus. On pourrait rap- procher dans la méthode le Tetradactyle, le Chalcis, le Pseudopus et rOphisaure. Viennent enfin la famille des Amphisbènes : Chirotes, Leposternon, Amphisbaenaet celle des Typhlops: Typhlops, Rhinophis, Uropellis. J)ES OPHIUlEiNS KN GÉNÉRAL. 3 (laiit, ooniiiie je me suis proposé de traiter dans mon livre des serpens proprement dits, il convient de donner la définition des êtres que je comprends sous cette catégorie. 11 est très facile de se taire une idée d un serpent, lorsqu on prend pour type une ties espèces où tous les caractères de l'ordre se trou- vent réunis; mais il est difficile de consigner des marques dis- tinctives qui séparent d une manière tranchée les ophidiens des sauriens. Les conditions principales de Texistence des êtres que 1 on désigne sous le nom de serpens , me paraissent con- sister en: un corps très alongé pourvu d'une queue et revêtu de tégumens cuirassés d'écaillés dures; qui se meut, supporté par les côtes, au moyen d'ondulations latérales; dont laforme est concentiée, par rapport aux dimensions transversales, sur le volume le plus petit possible; mais dont les parties sont susceptibles d'un élargissement extraordinaire, ce qui per- mette aux serpens d'avaler les animaux volumineux, que la nature leur a assignés pour nourriture. Or , pour répondre à ce but, la charpente osseuse de la tête des serpens, ne forme pas, comme dans la plupart des autres vertèbres, une masse immobile; mais les parties qui la composent sont réunies les unes aux autres, de manière que toutes, excepté celles qui embrassent le cerveau, sont susceptibles d'une mobilité plus ou moins grande et le plus souvent en sens divers. Ce sont particulièrement les os qui entrent dans la conformation de la mâchoire inférieure , qui déterminent la configura- tion de la tête. Le développement des caisses, leur mode d'attache, la mobilité dont ces os jouissent n'étant point fixés au crâne par leur bout inférieur; enfin l'organisation des deux branches de la mâchoire inférieure qui sont réunies, aulieude symphyse par des ligamens élastiques, et parcelasusi ceptibles de s'écarter considérablement : voilà les circonstances qui contribuent principalement à cet élargissement énorme de ia gueule des serpens. Le défaut total de pieds entraine 1 DES OPHlDlEiNS EN GÉNÉRAL. nécessairement celui des pièces solides, telles que le sternum, le bassin etc. , qui lient ces membres au corps: les côtes, libres par cette raison, jouissent d'une mobilité plus uniforme, et contribuent par cela à l'élargissement de la cavité intestinale et à ce changement de forme du corps, si sensible dans les diverses positions que le serpent prend en rampant, en na- geant ou en grimpant. Pour obéir à ces divers mouvemens , les tégumens généraux se trouvent divisés en nombreux com- partimens qui forment autant d'articulations , parallèles aux parties qu'elles revêtent ; les écailles qui forment les arti- culations au dessous de l'animal , sont ordinairement plus grandes que le reste et remplissent la fonction de pieds , les côtes s'attachant au bord latéral de la face interne de ces James. L'espace de la peau nue entre les écailles est plus considérable que chez tous les autres reptiles, et , à la gorge cette peau nue, pour se prêter à l'écartement des mandibules, s'offre sous la forme d'une fente longitudinale appelée sillon gidaire. C'est par cette organisation des tégumens généraux que ces tuniques , contractées à l'état de repos, se prêtent à l'élargissement extraordinaire des parties internes. 11 résulte de ce que je viens de dire sur la nature des ser- pens, qu'il faut exclure de cet ordre les Amphisbènes et les Typhlops , quoique les derniers se lient sous beaucoup de rap- ports aux ophidiens et qu'ils font en quelque sorte le passage à ces reptiles. C'est ce rapprochement qui rend difficile sinon im- possiblelétablissement de caractères servantde distinction aux deux ordres voisins des sauriens et des ophidiens. Appuyons cette thèse de quelques exemples. Le sillon gulaire , propre à tous les seipens, à l'exception des Acrochordes, se voit égale- ment chez plusieurs sauriens tels que les Lézards etc. Quelques espèces d'ophidiens offrent des vestiges d'extrémités posté- rieures, analogues à ceux que l'on observe aux sauriens apodes, ([uoique leur conformation porte à croire que ceux des derniers êtres leprésentent le bassin, tandis que ceux DIlS ()1>H[|)1R]NS EJ\ GKNEKAL. 5 lies opliiiliens répondent aux extrémités postérieures. L'or'^a- nîsation de la langue chez les Varans et les Tejus ne se dis- tingue presque en rien de celle des ophidiens. Le manque de paupières ne peut point offrir de caractère distinctif car ces organes se rencontrent, dans tous les degrés de dévelop- pement, chez les diverses espèces de sauriens: quelques espè- ces, telles que l'Abléphare et le Gymnophthalme , en sont totalement dépourvues; lœil exigu des Aniphisbènes , des Typhlops. de l'Acontias cœcus, est revêtu destéfjumens jréné- raux en sorte que ces animaux ont la vue si basse, qu'ils en sont presque aveugles; l'Acontias meleagris au contraire , a les yeux garnis dune paupière inférieure; le Pygopus pré- sente lin rudiment de paupière orbiculaire , bordant l'œil dans toute sa circonférence , sans avoir la faculté de se fermer sur cet organe; chez plusieurs Geckos enfin les paupières se pré- sentent sous la forme de prolongemens de la peau , trop peu développés pour servir de protection aux yeux. Une des par- ties les plus caractéristiques du crâne des sauriens est la colu- melle, petit os pair et linéaire qui réunit les pariétaux aux ptérygoïdiens; cet os manque cependant aux Typhlops , aux Aniphisbènes et même aux Acontias. Le développement de l'oreille externe s'observe dans toutes les nuances, depuis les sauriens aux ophidiens; les dernières traces se voient chez l'Anguis et l'Acontias, pour disparaître totalement dans les Aniphisbènes et les Typhlops. Les os-suspensoirs simples, les caisses des serpens, remplacés chez la plupart des sauriens par deux pièces, se trouventchez l'Acontias, quoiqu'ils manquent aux Aniphisbènes et aux Typhlops. L'ensemble des os du crâne pourrait peut-être offrir les meilleurs traits de distinction entre les deux ordres voisins, si quelques espèces de la famille des Typhlops, les Uropeltis, ne se rapprochaient aussi de ce coté des ophidiens. 11 est bon cependant de se faire une idée des principales différences, * I * * qui distinguent le crâne des sauriens de celui (U\s serpens i; DES OPHlDifiiNS EN GENEllAL. Les os de la face de ces derniers ne forment jamais une masse immobile perforée par les narines et composée par des pièces engrenées les unes dans les autres, tel qu'on l'observe chez les sauriens: chez les ophidiens, l'intermaxiilaire, de forme com- primée et en trigone, est toujours libre, mobile et jamais soudé aux maxillaires au moYen de sutures: ces derniers os, lorsqu'ils sont réunis intimement aux frontaux antérieurs, n'offrent qu'une attache assez étroite, et jouissent toujours d'un certain degré de mobilité ; les bords latéraux des nasaux enfin sont toujours libres dans toute leur étendue. Les ptéry- goïdiens se présentent constamment sous la forme d'os effilés, déprimés, peu larges et articulés avec la tête au moyen de ligamens , qui cèdent avec facilité aux mouvemens plus ou moins limités que ces pièces sont capables d'exécuter. Aucun ophidien n'a la bouche armée de dents grosses , coniques et perpendiculairement enchâssées: ces organes chez les serpens, ressemblent au contraire à des crochets, courbés en arrière et ont leur pointe acérée ; en outre , les serpens ont , à l'exception du seul Oligodon, le palais muni de dents semblables à celles des mâchoires , tandis que l'on trouve chez les sauriens seu- lement des traces de dents palatines en forme d'aspérités petites et irrégulières. On voit de tout ce que nous avons dit sur l'organisation des ophidiens, que ces reptiles sont particulièrement remar- quables sous le rapport de la locomotion et sous celui de la manière comme ils avalent leur proie. Ce sont aussi ces condi- tions qui modifient l'ensemble de leur organisation : la pre- mière détermine les formes générales du corps ; la secoode celles des parties internes. On observe, en examinant la position générale des intestins, que les mêmes organes qui, chez la plupart des autres vertébrés occupent une ou plusieurs cavités spacieuses, se trouvent resserrés , chez les ophidiens, à cause de la forme effilée de leur tronc, dans un cylindre étroit et long. Il est évident que cette disposition ne pouvait avoir DES 01MIII31E1NS EN (iËNKllAL. 7 lieu sans de grauils tliaiigeiiiens clans ia coriloiniation des viscères et sans rompre la symétrie bilatérale. Voilà pourquoi le cœiir est tantôt éloigné , tantôt rapprocln^ de la tête , suivant quelestoinao a plus ou moins détendue; voilà pourquoi on ne voit le plus souvent qu'un seul poumon, s'étendant quelque- fois en avant du cœur , mais situé ordinairement derrière cet organe: ce poumon est presque toujours terminé par une espèce de sac plus ou moins développé servant de réservoir de Tair. La forme du foie se trouve , par les mêmes raisons, modifiée en un ruban étroit , s'étendant du cœur au pylore. La vésicule du fiel, pour ne pas être gênée dans l'exercice de ses fonctions , lorsque lestomac est rempli, est éloignée du foie , et placée dans la même courbure du duodénum qui reçoit le pancréas et la rate. L'estomac ressemble à un cylindre long et peu spacieux. Suivent les intestins, dont les nombreuses inflexions sont remplies de graisse, et qui abou- tissent , après être descendus en ligne droite , dans la cloaque. La partie inférieure de la cavité abdominale n'étant pas assez spacieuse pour recevoir le reste des organes , il en résulte la disposition anomale des reins, des testicules ou des ovaires ; la verge enfin et un organe sécréteur sont logés dans la queue. Il est évident d'après ce que nous venons de dire, que la forme de la plupart des organes internes des serpens, n'a aucune influence sur l'exercice de leurs fonctions; nous verrons même plus tard, que la disposition de ces organes diffère non seulement dune espèce à l'autre, mais qu'elle varie même quel- quefois entre les individus de la même espèce. La disposition des organes extérieurs au contraire, présente des formes plus constantes; mais ces parties sont modifiées suivant que l'espèce liabite les arbres, la terre ou les eaux. La locomotion s'exerce cependant très uniformément: ce sont les mêmes mouvemens , qui font glisser le serpent sur la terre , qui le poussent à travers les profondeurs de l'élément humide, ou qui l'aident à s'entortiller autour les branches des arbres. 8 DES OS DU TRONC. Les ondulations latérales du corps suffisent pour ce genre de locomotion , et ce'nesont que les serpens de mer qui se servent de leur queue, expressément organisée à ce but, et comme rame et comme gouvernail. Lorsque la locomotion se fait sur un corps solide, les côtes mettant en jeu les bandes abdominales, forment autant de leviers qui supportent l'im- pulsion , produite par les ondulations du tronc, en se relevant et se couchant alternativement et en touchant avec leurs extrémités antérieures le plan de position. Le degré de vitesse de la locomotion dépend en grande partie de la nature du corps sur lequel le serpent rampe: il se traîne avec difficulté sur une glaire , sur une table à surface unie et polie, mais il s'échappe avec célérité sur un terrain sablonneux , ou revêtu d'une végétation brûlée, comme des bruyères; pour monter le long des objets perpendiculairement élevés , le serpent sait tirer parti de chaque petite protubérance, qui lui offre un point d'appui pour les articulations de l'abdomen. Pour exercer ces fonctions, il fallait que les os qui com- posent le tronc des ophidiens ainsi que leurs muscles, fussent disposés d'une manière propre. Chacun sera frappé au premier coup-d'œil de la multiplicité de ces parties et de leur unifor- mité. Toutes les vertèbres, toutes les côtés se ressemblent, à quelques exceptions près, sous le rapport de leur conforma- tion , et ce n'est que vers les extrémités de l'animal que ces os diminuent de volume. DES OS mi TROTVC Les vertèbres du tronc portant toutes des côtes, la distinction usuelle entre vertèbres cervicales , dorsa- les et lombaires ne peut avoir lieu chez les serpens ; )1 s'en suit que le nombre des côtes doit toujours être DKS OS DU TRONC. 0 égal à celui des vertèbres; enfin, comme les arliculalions écallleuses de la peau correspondent toujours avec les cotes, qui en sont les leviers , il en résulte encore que le nondjre des plaques du dessous des serpens doit être le même que celui des côtes ou des vertèbres. Chacun sait ([ue ce nombre varie non seulement selon les espèces, mais aussi selon les individus, de sorte qu'il existe souvent, dans divers individus de la même espèce, une différence de 3o ou 50 vertèbres de plus ou de moins. Le nombre des vertèbres du tronc, et par conséquent aussi le nombre des côtes, n'excède que rarement 3oo, et ne se trouve jamais au dessous de ioo;les vertèbres de la queue au contraire sont quelquefois réduites à 5, tandis qu on en compte chez d'autres serpens de i5o à 200. La conformation des vertèbres varie également dans les différentes espèces , quoique toutes soient modelées sur le même type. On y distingue toujours une partie centrale, le corps , qui est armé d'apophyses plus ou moins développées et plus ou moins nombreuses suivant la région du corps, ou selon les espèces. Le corps des vertèbres est le plus souvent ramassé ; mais chez la plupart des serpens d'arbre le diamètre longitudinal de cette partie excède de beaucoup son épaisseur, de sorte que les os du tronc sont, relativement à la taille de ces animaux , beaucoup moins nombreux que chez le reste des ophidiens. Les vertèbres jouent assez librement les unes sur les autres, au moyen d'articulations prononcées et plus nombreuses que dans la plupart des autres animaux. La jointure principale , celle qui se trouve presque perpendi- culaire à l'axe de la vertèbre, se compose d'un condyle parfaitement spViérique, séparé du corps de la vertèbre par un étranglement en guise de col; ce condyle est reçu par la fossette creusée dans la partie antérieure e orgnnis motoriis Bo(ie caninae, — (3) Ann., d, se. nat, vol. XII . — (4) ibid. XXVI , PI. 10. — (5) Vergl. A nat. vol. lit p. i3o. suiv. DES MUSCLES. VJ quelques-uns, et par le développement extraordinaire des ten dons, qui acquièrent chez quelques espèces, notamment dans les serpens venimeux proprement dits, une étendue peu commune. Cette organisation était nécessaire pour produire la force et l'énergie, avec lescjuelles sont exécutés les mouve- mens ondoyans du corps, les principaux dans la locomotion des ophidiens. Les muscles qui produisent ces effets sont situés le long des côtés du dos et à la face antérieure des vertèbres; mais comme les côtes exercent, en même temps chez les ophidiens, la fonction d'organes de locomotion , il est évident que les muscles nombreux qui s'attachent à ces os, doivent beaucoup contribuer aux mouvemens latéraux du tronc. Les muscles des ophidiens étant souvent enlacés les uns dans les autres, il devient très difficile de donner une description exacte de chacun d'eux pris isolément, et il n'est pas moins difficile de comparer ces organes avec ceux des animaux d'un rang plus élevé et de constater les modifications qu'ils ont éprouvés en s'éloignant de leur type. La partie supérieure de l'épine ou , si l'on veut, la posté- rieure, offre un grand nombre de muscles, qui prennent leur origine à la partie latérale des apophyses épineuses, et qui se réunissent à de longs tendons, provenant des apophyses arti- culaires: ils forment un muscle composé, qui répond aux muscles épineux et demi-épineux des mammifères, et qui envoyé dans toute sa longueur des tendons aux bouts des apophyses épineuses; il se divise sur le cou en deux parties, dont l'intérieure s'attache à l'atlas , tandis que l'extérieure se prolonge sur l'occiput, pour remplir les fonctions de releveur de la tète. Les muscles que nous venons de décrire se lient étroitement avec les épineux transversaires qu'ils recouvrent, et dont la partie antérieure s'attache également à la face pos- térieure de l'occiput. L'extenseur de l'épine est un autre muscle très considérable, composé d'un grand nombre de faisceaux , enlaces les uns dans les autres et se terminant eii tendons: 20 DES MUSCLES. ces faisceaux proviennent des apophyses liansversaires et envoyent souvent des tendons aux apophyses épineuses; ils sont étroitement hés avec d'autres faisceaux musculaires, qui réu- nissent les côtes dix à dix, et qui se prolongent par devant sur les côtés de l'occiput. Les espaces entre les apophyses des vertè- bres sont remplis par les muscles épineux et intertransversaires. Les muscles des côtes sont nombreux et compliqués ; quelques uns servent à redresser ces leviers en les réunissant quatre à quatre; d'autres, dont la direction est presque perpendiculaire, ont en outre l'usage de relever les côtes. On voit d'autres muscles provenant également des côtes qui descendent sur la peau des flancs jusqu'à Tabdomen; ils recouvrent des faisceaux qui se dirigent obliquement en arrière, pour réunir les côtes deux à deux, et qui forment par derrière le fléchisseur de la queue. On distingue en outre deux à trois paires de muscles intercostaux, dont les externes réunissent les côtes tantôt deux à deux, tantôt quatre à quatre. La surface intérieure des côtes et l'inférieure des vertèbres, présentent plusieurs mus- cles assez développés, provenant en partie delà partie latérale des vertèbres, en partie des côtes mêmes, et qui s'attachent aux côteSjSoit au milieu, soit à l'extrémité sternale: ces muscles ont l'usage de rabaisser les côtes et de les tirer en arrière ; ils s'étendent sous la queue en formant le fléchisseur de ce mem- bre; mais ils sont remplacés sur le cou par les abaisseurs de la tête, dont la configuration rappelle celle d'un triangle aign, et qui sont accompagnés des muscles qui contribuent aux mouvemens latéraux de la tête. La tête elle-même reçoit en outre plusieurs muscles, qui prennent leur origine sur les apophyses épineuses postérieures des vertèbres collaires: l'un d'entre eux s'étend le long de la mâchoire inférieure; un autre, plus court,va des vertèbres cer- vicales à l'articulation de cette mâchoire. Le muscle costo-man- dibulaire s'étend des côtes antérieuressouslagorge, pour s'atta- cher aux braiichesde la mâchoire inférieure, dont les bouts sont DES EXTREMITES. 21 liés par un petit muscle transversal. Les muscles de la man- ducation sont le plus souvent assez développés: le temporal est constamment divisé en deux parties, dont l'antérieure passe au-dessous des glandes salivaires , pour s'attacher en large ruban sur la mâchoire inférieure; les fibres qui se prolongent sur la glande venimeuse, et qui servent à la com- primer lors de la moi-sure, proviennent également de ce muscle. On a comparé au digastrique le muscle qui s'étend à la face supérieure des caisses. Le muscle qui va de l'articulation delà mâchoire inférieure au ptérygoïdien externe, a reçu le nom de ce dernier os: dans les serpensvenimeux il envoie deux tendons, l'un destiné pour le maxillaire, l'autre pour la capsule des cro- chets. Outre les muscles déjà décrits, il en existe deux autres, qui prennent leur origine près de l'articulation de la mâchoire inférieure: i) le ptérygoïdien interne, et 2) le muscle qui se fixe à la base de l'occiput. Un troisième muscle assez long, réunit l'os ptérygoïdien interne au sphénoïde, où il s'attache souvent par deux têtes; il existe enfin un petit muscle entre le sphé- noïde et le palatin. DES VESTIGES D'EXTREMITES POSTÉRIEURES. Plusieurs serpens présentent de chaque côté de l'anus un petit crochet j à moitié caché par les écailles, et dont on a reconnu l'existence depuis longtemps; mais c'est au professeur Mayer à Bonn, qu'on en doit la première connaissance exacte: ce savant a démontré, que ces organes doivent être regardés comme vestiges d'extrémités postérieures. Dans l'ordre des ophidiens on n'a observé jusqu'à présent ces os que chez les Tortrix proprement dits, chez les Python 5 et les Boas; tous les autres serpens, d'après mes propn 35 22 DES EXTRÉMITÉS. recherches en sont absolument dépourvus. Ces organes se trouvant développés à un degré supérieur chez les Boas , et la taille de ces animaux étant favorable à l'examen de par- ties aussi délicates , on a choisi le type des descriptions de ces organes parmi les espèces de ce genre. Ces vestiges d'extrémités postérieures consistent de chaque coté en nn assemblage de trois pièces osseuses principales, et de^deux petites pièces accessoires, attachées au point d'articulation du tibia et du tarse. L'os terminal, le seul qui paraît en dehors, est en forme d'ongle crochu et revêtu d'une peau dure et écailleuse. On découvre, au moyen d'une incision longitudinale faite dans les chairs au côté de l'anus, que la pièce intérieure, la plus développée de toutes, plus ou moins en S et comparable au tibia,se prolonge avec son bout libre jusque dans la cavité abdo- minale. La pièce moyenne au contraire, qui représente le tarse, est grosse, courte, un peu arquée et complètement cachée dans les chairs. Les muscles qui meuvent l'appareil que nous venons de décrire, sont d'une construction très simple ; les principaux sont un extenseur, avec son antagoniste, le fléchisseur: tous deux sont insérés près du bout supérieur du tibia et s'attachent à l'os du tarse: l'extenseur à la face anté- rieure près de l'ongle , le fléchisseur à une apophyse située au milieu de la face postérieure de cet os. Deux autres muscles moins développés, suspendus aux chairs et attachés aux deux petites pièces accessoires du tarse, produisent le mouvement latéral: l'adducteur, qui se dirige vers l'abdomen, est beaucoup plus petit que l'abducteur, dont les fibres se prolongent sur les côtés du dos. On voit chez les Boas,outre ces muscles,un second fléchisseur très petit, situé à la face interne du tibia et du tarse, et contribuant à la mobilité de l'articulation dont jouissent ces deux pièces. L'appareil,représentant les extrémités postérieures chezles autres serpens qui en sont pourvus est,quelques légères modifications exceptées, absolument modelé sur celui des Boas. DES MOUVEMENS. 23 On ignore justju à présent l'usage de ces vestiges d'extrénii- lés. Lenr pou de développement défend de supposer qu'ils puissent contribuer à la locomotion. On a avancé (ju'ils seraient d'utilité lors de la co[)ulation : opinion à lacjuelle on ne peut guère opposer le fait que les deux sexes en sont également pourvus. D'autres savans ont soutenu qu'ils servent pour s'accrocher plus fortement aux objets , qu'embrassent les circonvolutions de la queue ou du tronc; ce qui est peut-être de toutes les bypollièses la plus pro- bable. DES MOUVi:31EI\S. Après avoir décrit les organes de locomotion, nous parle- rons des divers mouvemens que les serpens sont à même d'exécuter. En repos parfait , ces reptiles aiment à rouler leur corps en spirale, en sorte que la tête seule, qui se Irouve au centre, s'élève un peu au-dessus des autres parties: ayant cependant la faculté de ployer leur corps flexible en mille sens divers, on en rencontre souvent de simplement étendus à terre ou à corps recourbé en contours sinueux. Pour produire le mouvement progressif, le serpent n'a qu'à dérouler son corps; en s'appuyant ensuite sur la queue, en repliant son corps en des sinuosités latérales successives, et en portant à terre les nombreux points de contact qu'offrent les extrémités anté- rieures des côtes, le reptile est poussé en avant et transporté avec une promptitude, égale aux efforts ou à la puissance des agens de la locomotion. Nous avons déjà observé ci-dessus, que tous les mouvemensprogressifs des ophidiens sont à-peu près exécutés de la même manière, et que ce n'est que la queue qui seconde la locomotion plus ou moins diversement, selon les modifications que sa conformation éprouve dans les 24 DES MOUVEMENS. différentes races. Très souvent , pour examiner ce qui se passe autour d'eux, les serpens s'érigent perpendiculairement, en s'appuyant seulement sur la queue ou sur une partie de l'abdo- men; leur tronc est alors raide et parfaitement droit, et ce n'est le plus souvent que la tête qui est courbée et dirigée en avant ; d'autres plient leur corps en S, gonflant souvent leur cou dans cette position. Suspendus perpendiculairement à une brandie d'arbre les Boas ressemblent à un corps raide et sans vie. Pour descendre d'un arbre ou d'un objet élevé quelconque,!es serpens se laissent tout simplement tomber de baut en bas, leurs formes et la grande élasticité de leurs par- ties empêchant que cette chute n'ait des suites dangereuses ; ayant atteint la terre, le choc qu'ils ont éprouvé en tombant, au lieu de leur nuire et de les retenir, les pousse en avant , et sert d'impulsion aux mouvemens suivans. On a beaucoup parlé de serpens qui peuvent également bien exécuter la marche rétrograde; cette particularité s'at- tribue par excellence à ces serpens fouisseurs , dont le corps cylindrique est terminé par une queue très grosse et obtuse au bout; mais comme ce fait n'a jamais été constaté ni par des voyageurs instruits ni par des naturalistes de profession, on a lieu d'en douter : peut-être doit -il son origine aux préjugés des anciens (i) , qui décrivent sous le nom d'Amphisbène (double-marcheur) un serpent pourvu à chaque bout d'une tête et ayant la faculté de marcher dans les deux sens; ce nom, servant à désigner un ophidien de l'ancien monde,probablement l'Eryx, s'est conservé chez les naturalistes modernes qui l'ont appliqué à des serpens de l'Amérique, en suivant l'exemple des Portugais. La plupart des serpens non venimeux et les venimeux colu- briformes se défendent contre les attaques de leurs ennemis , en se précipitant sur eux, la tctc élevée, afin de pouvoir (0 Pmn, 8. ^5 et Afliancj 23. DES DEINTS. 25 mordreavec plus cl énergie; quelques-uns, tels que les Najas , redressent le devant de leur corps, et prennent unt^ pf)sillon toute particulière. La plupart font entendre dessifflemens aigus, qui préludent au combat; quelquefois on entend aussi un soufflement produit par l'air, qu'ils chassent avec violence par les narines. Plusieurs espèces se jetent , en faisant de grands bonds, sur leur proie, qu'ils saisissent le plus souvent avec la gueule;d'autres la retiennent en l'entortillant avec la queue,et les Boas l'entourent même par des circonvolutions de leur tronc. Les serpens venimeux proprement dits employent le même moyen pour s'emparer des animaux dont ils font leur nourriture, et pour se débarrasser de leurs ennemis. Indolem • ment étendus à terre , ils attaquent indifféremment tout être vivant, qui vient les inquiéter de trop près; mais connaissant la force de leurs armes, ils se contentent d'infliger le coup meurtrier qni manque rarement son but. Pour exécuter ce coup, ils redressent le plus souvent la tête, ils portent la partie antérieure du tronc en arrière, et déroulent d'un seul trait les replis de leur corps , en s'appuyant sur la queue ; le saut que produit ce mouvement est comparable à un ressort qui se débande, et il dirige le coup qu'infligent les crochets, par un mouvement subit et extrêmement vite de la tête en bas. DES DENTS. Les ophidiens avalant en entier les animaux dont ils se nourrissent, leurs dents ne servent ni à mâcher ni à broyer les alimens: ce sont de simples crochets, destinés à frapper des plaies, a retenir la proie, et à agir lors de la déglutition. Indépendamment de ces fonctions, ces dénis servent souvent 26 DES DENTS. à conduire dans les plaies qu'elles ont laites, la liqueur pio- duite par les glaudes dont la tête est le siège. Ces glandes sont de double nature: les unes, composées à l'instar des glandes salivaires des mammifères et des oiseaux, d'un grand nombre de petits grains, sécrètent un fluide analogue à la salive , et dont l'usage est de préparer les substances nutritives pour la digestion j les autres au contraire, sont d'une structure toute différente: elles forment un sac épais, dont l'inté- rieur est divisé en de nombreux compartimens ; ces glandes distillent une liqueur qui, par les effets fatals qu'elle produit dans le corps animal, devient larme funeste au moyen de la- quelle lesserpens détruisent les animaux qui leur servent de nourriture. Les glandes salivaires sont propres à tous les ophidiens, mais à peine le quart des espèces connues sont- elles pourvuesen outre de glandes venimeuses. Les dents, qui conduisent le venin dans la plaie, toujours caves et percées aux deux bouts, s'apellent crochets: elles ont constam- ment leur place à l'extrémité antérieuredu maxillaire, où elles sont fixées et qu'elles occupent quelquefois à elles-seules : cachées par les gencives, qui forment à cet endroit une es- pèce de gaine , elles sont couchées à l'état de repos du serpent et ne s'érigent que lorsqu'il veut mordre. Le reste des dents, et toutes celles dont la bouche des non-venimeux est garnie, sont solides, à l'exception du creux qui contient les organes nutritifs de la dent. On a cependant observé un bon nombre de serpens non-venimeux, de genres très divers, qui oflrenl des mâchoires pourvues d'une ou de deux dents plus volumi- neuses que le reste,et le plus souvent sillonnées par une fente, qui s'étend tout le long de leur face antérieure. Ces dents can- nelées se trouvent toujours au bout postérieur du maxillaire, et ce n'est que rarement qu'on en voit une seconde au milieu des mâchoires: elles n'ont d'autres fonctions quede verser dans les morsures qu'elles ont faites, une salive plus abondante, sécrétée par la partie postérieure des glandes salivaiies, qui DES DEINTS. 27 sont plus volumineuses dans laréj^ion qu'occupent ces dents cannelées, (i) (i) C'est à tort, que l'on a classé dans la tribu des venimeux ces serpens qui offrent des dents postérieures plus longues et cannelées. Les données vagues et contradictoires sur les qualités des ophidiens, données four- nies par les indigènes de Java, ont probablement causé ces erreurs. Aux Indes comme au Brésil, en Afrique comme en Europe, le peuple répute indifféremment venimeux le plus grand nombre des serpens, et notam- ment ceux dont l'aspect offre quelque chose de hideux. M. Reinw^ardt, lors de sa résidence à Java, fit la découverte de l'existence de dents can- nelées chez plusieurs espèces de l'ancien genre Couleuvre: communiquée ensuite par feu Leschenault et par d'autres voyageurs, et accompagnée de récils sur la nature des serpens en vogue dans cette île,cette découverte vint fixer l'attention des naturalistes en Europe. Boie constata les ob- servations du professeur Reinwakdt sur plusieurs autres ophidiens. J'ai publié en 1827, dans un mémoire inséré parmi ceux des Curieux de lanaturedeBonn , mes propres recherches relatives à cefail. Depuis celte question a été souvent agitée,et on est même arrivé,au moyen d'investiga- tions anatomiques,à la conclusion,de considérer comme dangereuses toutes les espèces à dents postérieures plus longues ou cannelées. J'ai obtenu par des recherches analogues , et au moyen d'un examen rigoureux des récits que l'on débite sur le caractère suspect de certains serpens , un résultat tout-à-fait opposé. L'organisation de la soi-disant glande veni- meuse postérieure, absolument semblable aux autres glandes salivaires, ne permet guère de douter qu'elle ne sécrète un fluide de la même nature que la salive ordinaire: aussi les observations récentes de nos voyageurs servent-elles à constater, que, ni la morsure des Dryiophis ni celle des Dipsas, serpens à dents sillonées , n'ont des conséquences fatales pour l'homme (ij. ( 1 ) Les glandes de la tète des serpens ont fourni matière à un grand nombre de dissertations publiées par Ranby Phil. Tians. ^'^. 4o[ p. 877 suiv. ,par RussEL, par Seifpert, par Tiedemajvk Mém.de l'ac. de Munich i8i3 p. a5, parCLOQUET Ne'm. du Muséum VII p. 62 , par Desmoulins ap. Macendie Journ. de Physiol. IV p. 274 suiv., par Meckel Jrc/iiv 1. i et par Duverhoy Ann. d. se. nat. XXVl et XXX, On trouve en outre des renseignemens relatifs a ce sujet dans les ouvrages deRiDi , Mead, FonrAifA , et Chabas. 28 DES DENTS. Cependant , en étudiant le développement des dents des Ophidiens y on s'aperçoit cpi'il y a un passage insensible des dents solides aux crochets. Chaque dent consiste, dans les premiers degrés du développement, d'une lamelle à bords ren- trans, de sorte qu'elle est ouverte à sa face antérieure. Dans les dents solides, celte fente se soude dès la première jeunesse de l'animal; elledemeur<^ ouverte un peu plus longtemps dans les crochets des serpens venimeux proprement dits,maisà l'état parfait, ces crochets n'offrent que les deux orifices destinées à l'entréeetà la sortie du venin, etdontl'inférieur conserve toujours la forme d'une fente longitudinale;le reste des serpens venimeux présente des crochets analogues, mais on découvre toujours les traces de la fente , qui réunit les deux orifices pour le venin; la cannelure enfin des dents postérieures plus longues de cer- tains ophidiens innocens, n'est que cette fente, qui reste ou- verte pendant toute l'existence de l'animal (i). Chaque dent avant de se développer, est recouverte d'une espèce de rnem- brane,qui contient en même temps les matières nutritives: en s'ossifiant, la dent se colle par sa base sur les creux qui repré- sentent les alvéoles, et se fixe à mesure que l'ossification avance; très souvent et principalement dans les crochets, il reste par derrière à leur* base un petit orifice pour l'entrée des vaisseaux et des nerfs: aussi les crochets se réu- nissent-ils plus intimement avec les os que les autres dents. On observe souvent les germes de nouvelles dents, cachés à côté des anciennes, dans les gencives, et servant à remplacer les dents lorsqu'elles sont détruites par quelque accident: aussitôt la nouvelle dent se déplace pour occuper l'alvéole dégarnie, où elle se fixe en se développant de la manière dé- crite (2). Les crochets étant plus exposés que les autres dentt» (1) Voyez, fig, i, 2, 3 et 4 PL 16 de mon mémoire cité. (a) Voir le mémoiic sur la leproduclion des crochets publié par RosA , méiuoiic (jue je ne connais que par l'extrait donné par Mlcrel trad. alL de l'aitat. comp. de Cuvieb to/. III. /?. 126 suiv. DES DENTS. 21; la nature a veille à Jour lepicxluetion, en piaeant denièie eux plusieurs germes de nouveaux crochets, dont le nombre s'élève quelquefois jusqu'à six, et qui se succèdent dans tous les degrés de développement; on ignore si les anciens crochets tombent spontanément à certaines époques, et si ce remplace- ment des crochets a lieu oraduellement. La structure interne de ces organes offre cela de remarquable, que le canal conduc- teur du venin est séparé par une cloison, du creux contenant les matières nutritives de la dent(i). Des dents solides se trouvent indifféremment chez tous les ophidiens ; mais leur nombre, leur forme et leur disposi- tion présentent des différences considérables dans les diverses espèces. A l'exception de l'Oligodon, qui est dépourvu de dents palatines, on compte toujours quatre rangées de dents à la mâchoire supérieure et deux à finférieure. On n'observe de dents intermaxillaires que chez les pythons et quelque- fois chez le Tortrix scytale : leur nombre s'élève rarement au dessus de quatre. Les dents solides des ophidiens sont le plus souvent toutes de la même longueur: chez les Boas cependant elles augmentent en étendue vers le bout du museau, ce qui a lieu dans un sens inverse chez plusieurs espèces des genres Coluber,Tropidonotus etc.;les Lycodons offrent à l'extré- mité antérieure du maxillaire, plusieursdentsplus développées que les autres; les dents des Dryophis et des Psannnophissont assez inégales, et on en voit plusieurs de très longues au milieu des mâchoires et au bout postérieur des maxillaires: ces dents, ainsi que les dents postérieures de certaines espèces des genres Dipsas, Homalopsis etc., sont souvent cannelées; tandis que d'autres ophidiens, tels que les Xénodons, les Coronelles, plusieurs Homalopsis etc. ont le bout postérieur du maxillaire garni d'une dent très développée mais solide. Il est évident que le nombre des dents varie suivant le développement du (i) Voir les figures des crochet» dans l'ouvrage de Fontana, 30 DES GLANDES. maxillaire et de l'os dentaire de la mâchoire inférieure: chez la plupart des Couleuvres , chacune de ces branches contient jusqu'à 20 ou 25 dents; ces dents sont moins nombreuses chez lesHomalopsis, les Tortrix, les Calamars, et réduites à un très petit nombre chez les serpens venimeux. Nous avons déjà dit plus haut, que le maxillaire des serpens venimeux proprement dits n'est armé que de crochets : mais cet os, ayant acquis plus de développement chez les venimeux colubriformes , il porte le plus souvent derrière les crochets, une ou plusieurs dents solides (l). DES GLANDES. Les glandes saliv aires de la tête des serpens pré- sentent des modifications sensibles, sous le rapport du déve- loppement, de la situation et de la forme, non seulement selon les divers genres de cet ordre, mais aussi selon les es- pèces. Leur volume est toujours beaucoup plus considérable dans les espèces innocentes que dans celles qui sont munies en outre d'une glande venimeuse. On a désigné ces glandes suivant le lieu qu'elles occupent, en sorte qu'on en distingue d^ nasales , de lacrymales etc. j on peut subdiviser celles qui garnissent les mâchoires en maxillah^es et mandibulaires. Toutes ces glandes salivaires, quoique d'une organisation (1) Le Tropidonote rude offre une anomalie fort curieuse par la présence de pointes émaiilées en guise de dents, qui surmontent lesex- trémités des apophyses épineuses inférieures des sept ou huit dernières vertèbres collaires : ces dents sont dirigées en arrière et rappelenl celles des cyprins et de certains crustacés , quoique leur usage , à en juger par leur direction , est peut-être analogue à celui des appendices coni- ques de l'œsophage des tortues marines. Elles percent les tuniques de l'œsophage ,' et s'aperçoivent facilement à l'intérieur du canal alimen- taire, même dans les très jeunes sujets. DES GLANDES. 31 seiiil)l:il)le, présentent cependant entre elles qu(;lqnes diffé- lences par rapport à l'aspect et à la configuration: la nasale, par exemple, est toujours plus dure au toucher que celle des mâchoires; la lacrymale offre le plus souvent une surface unie et une couleur plus pâle, aussi est-elle d'une consistance plus molle que le reste; les maxillaires enfin, lorsqu'elles présentent un lobe postérieur très développé, ont quelquefois cette portion de la glande divisée en d'autres lol)es plus petits mais cohérents entre eux. La lacrymale envoie, d'après les observations de M. J. Cl'jquet (i), une partie du fluide qu'elle sécrète, dans la cavité en avant du globe de l'œil : elle est sous ce rapport une véritable glande lacrymale ; mais son grand développe- ment dans plusieurs serpens dont l'œil est très petit, et la circonstance que l'humeur superflue est versée par plusieurs petits canaux excréteurs, dans la bouche, font supposer avec raison qu'elle remplit les doubles fonctions de glande lacry- male et de glande salivaire, et qu'elle mérite peut-être, chez beaucoup d'ophidiens , ce dernier nom par excellence. Elle se trouve constamment dans tous les ophidiens: située derrière le globe de l'œil et protégée , lorsqu'ils existent, parles frontaux postérieurs , elle est souvent recouverte par le muscle tem- poral; tandis qu'elle rentre chez d'autres serpens plus ou moins complètement dans l'orbite, en entourant le bord postérieur de l'œil. On observe une glande nasale (2) chez la plupart des ophidiens. Elle occupe, lorsqu'elle existe, la région frê- naie et borde les narines par derrière. M. Mùller a trouvé qu'elle verse sa liqueur dans la bouche, au moyen d un canal excréteur réuni à celui de la lacrymale. Cette glande est très (i) Mérn. du Mus. vol Fil p. 62. suiv. — (2) Le savant professeur Muller en a le premier constaté l'existence chez les ophidiens ; voyez Meckf.l Jrc/tiv on n. 1829 />. 70. :]2 DES GLANDES. (Icveloppée chez le Xenopeltis, cliez quelques Couleuvres , chez le Tiigonocépliale à bouche rose etc. Les glandes sali v aires , qui garnissent les mâchoi- res , sont beaucoup moins développées chez les serpens veni- meux que chez les non venimeux. 11 n'y a que peu d'espèces de la dernière tribu qui offrent des glandes petites et l'Eryx est même totalement dépourvu de glandes maxillaires. Les espi'ces au contraire, à dents maxillaires postérieures sillon- nées ou plus longues, présentent toujours une glande assez développée dans cette région , et qui est quelquefois plus ou moins parfaitement séparée du reste de la glande maxillaire. Chez les serpens où on voit, outre les dents postérieures, une dent plus longue au milieu des mâchoires , la glande acquiert également à cet endroit un volume plus considéra- ble, afin de fournir à cette grosse dent une liqueur plus abondante. Chez plusieurs autres serpens les glandes maxil- laires s'étendent sous la plaque rostrale, se réunissant ainsi des deux côtés ; mais très souvent la rostrale est séparée des maxillaires. Régnant tout le long des mâchoires, les glandes maxillaires et mandibulaires envoient dans la bouche, l'hu- meur qu'elles sécrètent, au moyen de petits canaux excréteurs, dont l'embouchure donne dans les gencives, à la base des dents. Le canal de la grosse glande chez les serpens à dents postérieures cannelées, est assez sensible, et correspond exac- tement avec le sillon, qui conduit la salive dans la plaie. Très souvent la glande maxillaire est suspendue, au moyen d'un ruban tendineux à l'articulation de la mâchoire inférieure. Outre cet appareil salivaire compliqué et commun à tous les serpens, on observe chez plusieurs espèces une glande toute particulière, destinée à sécréter un fluide qui, porté dans le corps animal, y produit des effets plus ou moins fatals. Cette glande, appelée venimeuse, parce qu'elle forme le caractère principal des serpens venimeux, est ren- fermée dans une enveloppe tendineuse assez épaisse , tenace DU vi:nin. 3:^ et dure au toucher, dont une portion s amincit par derrière en forme de ruban étroit, qui attache la glande à Tarticulation de la mâchoire inférieure. En avant , cette enveloppe se rétrécit pour former un canal assez spacieux , qui s'étend le long du maxillaire, et ne descend que pour donner dans 1 ori- fice situé à la face antérieure de la base du crochet. Chez les serpens venimeux proprement dits, ce canal est plié lorsque les lonofs crochets sont couchés , afin d'avoir la faculté de s'étendre et d'obéir avec facilité aux mouvemens du maxil- laire. L'intérieur de la glande venimeuse est divisé en un grand nombre de compartimens exigus ou de cellules , pro- duites par des parois très minces et se croisant sous un angle plus ou moins aigu (i): c'est à cette structure seule, toute dif- férente de celle des glandes salivaires, qu'est due la sécrétion An fluide appelé venin, à cause des effets délétères qu'il produit dans l'œconomie animale. Il est vrai que la morsure des animaux les plus innocens peut avoir des suites funestes par le concours de certaines circonstances, telles que la tem- pérature du climat, l'état psychologique et pathologique de l'être mordu , la fureur dont l'animal qui mord est animé, etc. ; et c'est par cette même raison, que la piqûre des serpens non venimeux peut devenir dangereuse, même pour l'homme, lorsque la nature de leur salive a été altérée par des circon- stances analogues. Mais le venin des serpens venimeux tient ses qualités délétères de sa propre nature, quoique les circon- stances que nous venons de mentionner peuvent contribuer à lui rendre plus d'activité. Ce venin est, à l'état frais, un fluide transparent, lim- pide, d'une teinte jaunâtre tirant sur le verdâtre , un peu gluant quoique moins que la salive à laquelle il ressemble sous plusieurs rapports: desséché, il devient visqueux et s'attache fortement à d'autres objets; exposé au feu , il (i) Voy<»/. Mûii.iR, De penitiori glandularurn structura. ?> 34 1)13 VENIN. s'évapore sans brûler ; il s'enfonce dans 1 eau , la trouble et la blanchit légèrement , lorsqu'on la secoue en l'y mêlant. Sa nature tient beaucoup de celle du mucus; en le mettant en contact avec des substances réactives , on découvre qu'il n'est ni acide ni alcalin; son odeur n'offre rien de particulier; appliqué sur la langue, il produit des sensations semblables à celles produites par la graisse; on peut même , suivant Fon- TANA (i) , le prendre à l'intérieur, sans que se déclarent les moindres conséquences fâcheuses: cette observation cepen- dant a été récemment contredite par les expériences que le Docteur Hering (2) a faites à Surinam sur la nature du venin d un Crotale muet. Ce voyageur, prenant à différentes reprises des doses diverses de ce poison mêlé avec de l'eau , en res- sentait les effets pendant huit jours et plus: ils se mani- festaient par des douleurs dans le larynx et dans d'autres parties du corps , par une sécrétion multipliée de mucus dans les membranes du nez et de l'œsophage , par une diarrhée fré- quente, accompagnée de douleurs dans le rectum etc. : à ces symptômes s'en joignaient plusieurs autres assez curieux, dûs à l'influence que ce poison aurait, selon M. Hering , sur les facultés morales. Il conste de ce que nous venons de rapporter, que le venin des serpens ne produit des effets délétères que lorsque , en 1 introduisant dans une plaie, il se mêle au sang: dès lors se manifestent des symptômes morbides d'autant plus af- freux et avec d'autant plus de rapidité que la quantité du venin a été considérable et qu'il a été inoculé dans une région du corps, riche en vaisseaux sanguifères. Voilà pourquoi la morsure des grandes espèces est plus dangereuse que celle des petites , pourquoi une piqûre faite à la langue ou dans une veine est presque toujours mortelle , tandis f 1) Ce fait était déjà connu d.ins ranU(|nil('. (2) A|). Stapf. Archh' X calu 1 ; voir 1.kn/./>», Ifîo sui\. DU VENIN. 35 qu'elle esl souvent sans les moindres conséquences fâcheuses lorsqu'elle n'a atteint que les parties dures et calleuses du corps (i). Cependant il faut encore attribuer la plus ou moins grande activité du venin à beaucoup d'autres causes, outre celles déjà alléguées: tantôt ce n'est qu'une seule dent qui entre dans la chair, tantôt toutes deux y distillent leur venin; les crochets pénètrent avec plus de facilité dans une partie du corps peu volumineuse, telle que les doigts, que dans la cuis- se, le tronc etc.; les serpens enfin, en mordant à plusieurs reprises , épuisent leur venin , de sorte que les piqûres subsé- quentes entraînent des conséquences moins fàcheiises que les premières. Il faut également considérer la taille de l'ani- mal mordu par rapport à celle du serpent : en Europe, l'homme meurt rarement des suites de la piqûre de notre vipère; il faut même jusqu'à trois ou quatre vipères pour faire périr un cheval ou un bœuf, tandis qu'une seule morsure suffit pour tuer en peu de temps de petits mammifères. 11 n'en est pas ainsi dans les contrées tropiques, où la morsure des grands serpens venimeux a le plus souvent des suites égale- ment fatales pour l'homme et pour les animaux. Ainsi , on peut établir comme loi que l'activité du venin aug- mente avec une température du climat plus élevée, (i) Le venin a beaucoup moins d'effel sur les animaux à sang froid que sur les mammifères et les oiseaux; sur la plupart des invertébrés, il ne produit pas les moindres effets fâcheux: ces faits nous montrent que le mot venin n'est pas toujours employé dans l'acception pi imitive , mais plutôt dans un sens relatif et plus particulièrement par rapport aux effets que produit ce (luidc sur Tliomme ou sur les animaux a sang rouge. (2) Cette circonstance paraît avoir donné lieu à l'opinion émise par plusieurs naturalistes, que la Vipère elle-même et d'autres animaux tels que l'Orvet , les Buses , étaient à l'épreuve de la morsure des ser- pens venimeux; ces prétendus faits n'ont du moins été prouvés d'au- cune manière certaine. 36 DU VENIN. que la {)iqiire est d'autant plus dangereuse , que ce poison a été dislillé plus abondamment dans la plaie, et que l'animal qui fit la plaie et l'être qui en est la victime, ont été agités par des émotions plus vives. D'innombrables expériences ont été laites pour connaître le degré d'activité du venin des différentes espèces de serpens , et les moyens les plus sûrs pour en arrêter les effets. Laurentius s'est acquis de la célébrité par des essais de cette sorte; tout le monde a entendu parler des six mille expériences faites par Fontana ; les obser- vations de RussET. à ce sujet sont passées dans presque tous les traités d'Erpétologie ; M. Davy y en a joint récemment plusieurs nouvelles, résultats d'expériences faites a l'île de Ceylan ; M. Lenz en a fait un grand nombre avec la vipère commune; enfin une foule d'autres naturalistes, des méde- cins , des chimistes ont rapporté des faits détachés , servant à éclaircir cette partie obscure du savoir humain. Mais malgré ce grand nombre d'observations , les résultats , que l'on peut en tirer sont peu satisfaisans. Toutes aboutissent à démon- trer ce que nous avons dit plus haut , savoir que les symptô- mes , dont la morsure des serpens venimeux est suivie , sont modifiés à l'infini d'après les circonstances prévalentes. Pour obtenir des résultats sûrs, il faudrait faire un très grand nom- bre d'expériences avec des serpens de même taille, dans les mêmes lieux, dans la même température, et leur faire mordre des animaux de la même race, et de la même constitution : répé- tant ensuite ces mêmes expériences avec d'autres espèces de serpens, on pourrait parvenir à découvrir, en prenant comme résultat le terme moyen des observations, si la nature du venin diffère suivant les diverses espèces de serpens. Sans révoquer en doute cette hypothèse, émise par plusieurs au- lenis, j'ai lieu de croire que la morsure des serpens venimeux pro[)rement dits est plus dangereuse que celle des venimeux colubriformes et des serpens de mer, à cause de la puis- sance des armes dont les premiers sont numls. DU VENIN. 37 Le venin des ophidiens allecle beaucoup moins les animaux à sang blanc que les vertébrés. Chez la plupart de ces derniers les e f f e t s de la morsure se manifestent le plus souvent incontinent après qu'ils ont été mordus. Lhomme en ressent aussitôt une douleur aiguë dans le membre atteint par les cro- chets, qui ne font qu'une ou deux petites piqûres à peine per- ceptibles, et d'où s'écoulent quelques gouttes de sang: l'endioit blessé se gonfle ensuite et l'inflammation se déclare avec plus ou moins de promptitude; les progrès des effets du venin dans les autres parties du corps s'annoncent par une faiblesse générale; la marche devient pénible, la respiration gênée et difficile; le malade éprouve une soif ardenle; des nau- sées, des vomissemens succèdent bientôt , et sont souvent suivis d'angoisses, d'éblouissemens qui , conjointement avec les douleurs les plus vives, ôtent au souffrant l'usage de ses facultés intellectuelles. Des taches livides entourant la plaie sont les précurseurs de la gangrène qui, se propageant dans les autres parties du corps, entraîne la mort, après un terme plus ou moins long. Il est heureux que la piqûre des ser- pens, dans les contrées tropiques même ne soit pas toujours mortelle: cependant, les individus qui ont été mordus ressen- tent après guérison , et cela souvent toute leur vie, des souf- frances périodiques, ou sont frappés d'une paralysie partielle ou complète des parties affectées, ou bien éprouvent une perturbation continuelle des facultés intellectuelles. Nous aurons soin d'énumérer, en parlant des erreurs dont Ihistoire des serpens est enveloppée , plusieurs des prétendus antidotes contre la morsure des serpens; on a essayé une foule d'autres remèdes, dont l'efficacité a été vantée par les uns, révoquée en doute par d'autres, et enfin démontrée nulle par des expériences ultérieures. Chaque pays offre des pei sonnes, qui prétendent posséder l'art de guérir les morsures des ser- pens; mais on ne peut guère se lier à des gens superstitieux, le plus souvent inq>osleurs et dont toutes les connaissances 38 DU VENIN. reposent sur l'empirisme. Souvent chaque tribu des nom- breuses peuplades des deux Amériques a une manière diverse de traiter les malades de cette sorte: mais les plantes, dont les uns vantent les vertus, sont inconnus à d'autres ou rejettéespar eux. Dans les villages de l'Europe centrale, ce sont particu- lièrement des pâtres, des bergers qui, exerçant la médecine, ne jugent nullement au dessus de leurs capacités, de guérir les morsures des vipères. Aux Indes et en Egypte, cet art fait l'occupation d'une caste à part, aussi ignorante au- jourd'hui que l'étaient leurs ancêtres des temps classiques. Au lieu de rapporter ici ce que l'on a écrit sur ce sujet , je me borne à signaler les remèdes, que l'on a employés avec le plus de succès et dont l'usage a été généralement reconnu. La première précaution à prendre, lorsqu'on a été piqué par une serpent venimeux, est de nettoyer l'endroit mordu pour empêcher que le venin qui pourrait adhérer à la peau, ne puisse entrer dans la plaie lors de la scarification qu'il est bon de faire sur-le-champ; on peut également se servir de la pierre à cautère ou du fer rouge, pour corroder les chairs de cette partie. Après avoir ensuite lavé la blessure de nouveau , on la presse , et cherche à arrêter les progrès du venin en la suçant ou , ce qui vaut mieux en y appliquant la ven- touse. Une ligature sur la plaie même, et une autre établie au dessus du lieu blessé si sa conformation le permet , pour empêcher la communication du venin dans les autres parties du corps, ont été reconnus être d'un grand service, pourvu qu'elles ne soient point trop serrées. Nous ne citons des nom- breux remèdes proposés pour être pris à l'intérieur que les sudorifiques , que l'on censé être de bon effet. M. Lenz (i) a employé avec un succès déterminé l'acide muriatique oxigéné et recommande son application tant à l'intérieur qu'à l'extérieur: [i) p. 1/^6 suiv. I)K LA LANGUE. 39 on peut preiulre par jour sans inconvt'nieni une once et davan- tage de cette préparation chimique, plus connue sous le nom de Chlore. Des onctions faites avec de bonne huile d'olive ont été également reconnues efficaces dans plusieurs occasions. Quel- ques naturalistes attribuent à l'ammoniaque des qualités que d'autres lui refusent : il en est de même de l'arsenic et de plusieurs autres remèdes, que l on ne doit employer qu'avec précaution et après avoir inutilement administré ceux dont nous venons de faire mention ( i). DE LA LANGUE. La langue des ophidiens se fait particulièrement remar- quer par sa grande extensibilité. Revêtue de tuniques assez dures; faible, mince et divisée au bout antérieur en deux fdets plus ou moins grêles, elle peut se retirer dans un fourreau , dont l'issue s'ouvre à une petite distance en avant de la glotte ; la position de ces organes varie dans les diverses espèces : chez les Hydrophis par exemple, ils se trouvent très près du bout du museau , tandis qu ils sont placés plus en arrière chez les serpens terrestres et d'arbre. La langue des ophidiens, quoique parfai- tement semblable à celle de certains sauriens , tels que les Moniteurs, les Téjus etc., s'en distingue cependant par la grande simplicité des pièces dures qui la supportent ; en effet il se trouve , au lieu d'un os hyoïde composé de plusieurs pièces , un simple fil cartilagineux attaché à la face interne des tégumens généraux de la région gulaire, et dont les deux bouts se prolongent très en arrière. Ce cartilage est quelque- (i) Consultez, outre l(?s dissertations déjà citées, la 'l'oxicolopc iI'Orfila. 40 DES IINTRSTINS. lois , comme dans les Boas , intimement réuni aux muscles de la gorge, dont il entrecoupe les fibres, son extrémité postérieure s*attachant alors à la peau sur les cotés du cou ; mais dans la plupart des autres ophidiens les cornes de l'hyoïde sont libres, très rapprochées et se prolongent dans la cavité de la poitrine , quelquefois jusqu'au cœur. Chacune de ces cornes est accom- pagnée d'un muscle cylindrique de la même étendue, avec lequel elles se réunissent au bout postérieur : ces muscles , antago- nistes des génio-hyoïdes , retirent la langue dans le fourreau. La langue, par sa construction, est un véritable organe du toucher , et ne peut ni servir comme organe du goût, ni parti- ciper dans la déglutition, attendu qu'elle demeure retirée dans le fourreau pendant cet acte. Une petite échancrure au bout du museau, dont la plupart des serpens, à l'exception des aquati- ques, sont pourvus, offre l'ouverture par laquelle ces animaux font jaillir la langue, sans ouvrir la bouche: ce mouvement se fait ordinairement avec de la lenteur , et ce n'est que lors- qu'ils sont émus par des passions, qu'ils dardent la langue avec vitesse (i). DES INTESTINS. Le canal alimentaire des ophidiens (2) se fait remarquer par sa grande simplicité. L'œsophage et l'estomac ne formant qu'un canal continu, il est impossible d'assigner à chacune de ces parties des limites précises. Ce canal descend tout droit derrière le cœur et , s'élargissant insensiblement, il se termine souvent en une poche plus ou moins spacieuse; se tournant (i) Voyez Hellmann Uber den Tastsinn der Schlangeiu — (51) Voir pour la description des organes de la digestion les inémoir<7s de Duvkrnoy , Ann. (I. \c. nat. ; et de Meckel , A^V/)?/. J/tat. DKS INTESTINS. 41 ensuite à droite il s'amincit brusquement , pour former en se rétrécissant, un petit boyau, au bout duquel se trouve la valve du pylore, plus ou moins prononcée suivant les espèces. Le canal intestinal occupe ordinairement Vautre moitié de la longueur du tronc : plissé dans presque toute son étendue, le plus souvent d'égale grosseur, et peu spacieux, le canal intestinal mérite en grande partie le nom de grêle ; ce n'est que vers les régions postérieures du tronc qu'il s'élargit en un cylindre spacieux, plus ou moins long, qui représente le rectum: la séparation de ces deux parties de 1 intestin est indiquée soit par un rétrécissement soit par un pli transversal , ou une valvule plus ou moins prononcée , suivie à une distance considérable d'une ou de plusieurs autres cloisons semblables. Quelques espèces des genres Tortrix , Homalopsis et d'autres offrent un petit cœcum près de l'inser- tion de l'intestin grêle au rectum. Une autre valvule, extrême- ment développée, se trouve à une petite distance de lanus , et sépare le rectum du cloaque: cette dernière cavité est ordinairement assez spacieuse , et se prolonge souvent en poche au dessous de la valvule ; c'est constamment dans elle, que se trouvent les issues des organes uropoétiques et de la génération. Animaux carnassiers , les ophidiens ont leur canal intestinal peu long, relativement aux dimensions de leur corps; cependant on observe chez les diverses races des modifications assez sensibles sous ce rapport : les B o a s par exemple, présentent des intestins grêles assez spacieux, extrême- ment courts et par conséquent peu plissés; ce canal est plus déve- loppé sous le rapport des dimensions longitudinales chez les E 1 a p s , chez plusieurs Couleuvres etc. ; chez la plu- part des autres ophidiens , particulièrement chez les H o m a- 1 o p s i s , les replis sont très serrés. La tunique musculaire des parois du canal abnientaire est en général peu prononcée: à partir de l'œsophage, elle devient plus sensible à mesure (|ue l'on ,-. appioche du sac 42 DU PANC[\ÉAS. soacieux représentant lestomac ; il en est de njènie des intestins proprement dits , dont la tunique musculaire est plus développée vers le rectum , que dans lintestin grêle. Les tuniques intérieures du canal alimentaire sont pliées longitudinalement ; ces plis deviemient plus abondans dans l'estomac, où ils sont moins réguliers, se croisant parfois en divers sens, et offrant l'aspect de rides très prononcées: ils s'évanouissent, lorsque ces parties sont distendues par les alimens. On observe des plis ou de rides semblables dans le rectum. La muqueuse de l'intestin grêle offre une construction diverse : elle paraît toujours comme veloutée par le nombre infini des petites franges, dont sa face interne est garnie; quel- quefois comme dans le Python bivittatus , ces villosités sont tellement prononcées, qu'elles pendent en guise de petits bouquets; chez I'Eryx enfin elles forment des papilles plates, très serrées et en forme de feuilles. Toutes ces appendices disparaissent cependant vers la fin de l'intestin grêle , où se voient des plis longitudinaux assez considérables; les Pythons , seulement ont cette partie de l'intestin munie de nombreux plis transversaux, analogues aux valvules qui séparent l'intestin grêle du rectum. DU PANCREAS. Constanmient placé dans la première courbure que fait l'intestin à partir du pylore , le pancréas est de forme et de volume assez variable chez les diverses espèces d'ophidiens, et présente même sous ce rapport des différences accidentelles* Cet organe est divisé en un nombre plus ou moins consi- dérable de lofjules , dont chacun offre quelquefois un canal excréteur distinct : ces conduits , le plus souvent réunis l'un DE LA HATE, UV FOIE. 4 o à l'autie et accompagnant le canal cholédoque, versent le suc pancréatique dans l'Intestin , à une petite distance du pylore. DE LA RATE. Tous les ophidiens possèdent une rate de forme glohu- leuse ou ovale, d'une consistence assez ferme et le plus souvent cachée pnrmi les lobes du pancréas , avec lesquels elle est quelquefois intimement réunie , ce qui a fait que Ion a méconnu cet organe au point de nier son existence : sa position varie cependant chez plusieurs espèces, vu qu'elle se trouve parfois éloignée du pancréas et isolée à la face postérieure de l'estomac; ayant même observé des différences individuelles sous ce rapport, je suis porté à croire , que la place qu'occupe cet organe, entre pour peu de chose dans l'exercice de ses fonctions. DU FOIE. Chez tous les ophidiens, le foie se présenlesous la forme d'un long ruban aminci vers les bouts, quelquefois imparfaitement divisé en deux lobes, et qui s'étend le long de l'œsophage et de l'estomac , depuis le cœur jusque vers le pylore. La configura- tion de cet organe dépendant en grande partie de l'ensemble des formes du serpent, il sera superflu de décrire les innom- brables modifications qu'il subit dans les diverses espèces ; il suffit de constater relativement à sa longueur, que l'extrémité postérieure du foie touche quelquefois au pancréas , tandis (]ue dans d'autres serpens , elle en reste considérablement 44 DKS WUNS. éloignée. Sortant de la face intérieure du foie, le canal hej)a- tique descend vers le pancréas, pour conduire la hile dans l'intestin grêle: ce n'est que dans celte région et le plus souvent enveloppé du pancréas qu est situé le réservoir destiné à la réception de la bile, qui ne peut y arriver, comme l'a fort bien remarqué M. Duvernoy (i), que par une sorte de reflux. Constamment remplie d'un fluide abondant, la vésicule du fiel le décharge lors de la digestion, par un conduit court et qui se réunit sous un angle plus ou moins aigu au canal hépatique; le canal cholédoque ainsi formé, se loge entre les lobules du pancréas, pour percer l'intestin grêle; on reconnaît son orifice à un petit bourrelet, assez vaguement prononcé. DES REINS. Les reins des opliidiens , remarquables par leur position peu symétrique , et par leur fornie alongée , sont divisés en un assez grand nombre de petits lobes, adhérens les uns aux autres au moyen du tissu cellulaire : ils sont ordinairement précédés par des corps extrêmement minces, qui représentent probablement les reins succenturiaux : placés le plus souvent à une petite distance de lanus , les reins s'étendent assez en avant dans la cavité abdominale. Les uréthères , conduits plus ou moins longs, suivant l'éloignement des reins de l'anus, sont assez spacieux, longitudinalement plissés à la face interne, (j^uelquefois élargis à leur bout inférieur en un (anal plus ou moins gros, naissant au bout supérieur des reins, et séten- danttout le long du bord externe de ces organes; ils déchargent lurine dans le (^loaque; leur embouchure est indiquée par un DES orgam:s de \A (AiNEiWnoy. 45 ou deux hoinrt'U'ts , qiu'lcjueiois assez proiiDiicôs , saillaiis et prolongés en une protul)éian("e cylindrique: ces mêmes bour- relets tiennent lieu de la verge, car c'est par eux que se décliarge le sperme, les vaisseaux déférens donnant dans les uréthères. Cela prouvé, il faut considérer les deux corps que le mâle introduit dans l'intestin de la femelle lors de la copulation et qui se retirent ensuite dans la queue , comme de simples crochets au moyen descjuels ces animaux se retiennent ou se stinmlent durant cet acte. DKS ORGANES DK LA GENERATION. Les dimensions que présentent les corps dont nous venons N. 47 dans la région lombaire, d'une couleur noire, ( omnie cela a lieu chez beaucoup d'autres reptiles et cliez plusieurs poissons. Les ovaires contiennent un assez grand nombre d œufs , dont la grandeur varie, et que l'on trouve disposés sur deux rangées. L'oviducte, pour recevoir les oeufs, a son bout antérieur élargi et terminé par un bord frangé; ce canal descend tout droit vers l'anus et donne , par une issue assez spacieuse, dans le fond du cloaque, au dessous de la valvule qui sépare cette cavité du rectum. Les testicules, de forme variable chez les diverses espèces d'ophidiens, présentent une teinte moins foncée que les reins. Les vaisseaux déférens sortent de la face interne du testicule; en faisant de nombreux petits replis, ils descendent le long du bord externe des reins, et se collent dans toute leur étendue aux uréthères: se rapprochant sur le dos du cloaque, ils pénètrent les parois communes de cette cavité et des uréthères , et s'ouvrent dans l'embouchure de ces derniers, qui est indiquée comme nous l'avons déjà dit, par une éléva- tion conique. Ces issues des vaisseaux déférens sont tellement délicates, qu'elles ne deviennent perceptibles que dans les serpens de très grande taille, ce qui rend les recherches ana- tomiques assez difficiles, parce que l'on ne peut ni enfler ces organes, ni passer la sonde, vu leur disposition ondulée. DE LA DEGLUÏITIOIV. \ La manière dont les serpens avalent leur nourriture est assez simple. Ils commencent toujours par la tête de leur proie qu'ils font entrer dans la gueule: pendant que les dents s'accrochent d'un côté dans la proie pour la retenir, la mâchoire opposée s'avance, et les dents s engageant dans la victime, la retirent dedans: au moyen de ce jeu alternatif des mandibules, pendant 48 DE L\ DKiESTlON. lequel liiiférieure joue plus particulièrement le dernier rôle ^ la déglutition est effectuée après des efforts plus ou moins grands suivant le volume de la proie ; c'est aussi dans cette même raison que sécartent les mâchoires, pour rendre la gueule plus spacieuse: durant cet acte, le serpent dégorge une salive abondante sur sa proie, qu'il rend par cela glutineuse, et plus facile à avaler. Quelquefois l'animal qu'ils veulent dévorer étant trop volumineux , ils ne viennent à bout de le faire entrer totalement dans leur gosier qu'au bout d'un temps considé- rable; les serpens trouvés dans cet état, offrent un aspect hideux: le dégoût qu'ils inspirent alors, augmenté par les odeurs méphitiques qu'exhale le cadavre de la proie déjà attaqué par la putréfaction , a donné lieu à de nombreuses fables, que les poètes n'ont pas laissé d'embellir. La déglu- tition se fait de la même manière chez tous les serpens que l'on a observés sans en excepter les venimeux qui lors de cet acte, redressent leurs crochets et les cachent dans la gaine des gencives, pour ne point les exposer à des injures (i). DE LA DIGESTION. La digestion se fait assez lentement , nonobstant Tactivité du suc gastrique des serpens : il paraît cependant que ce fluide n'est sécrété en abondance que dans les régions de festomac situées près du pylore; car les animaux que l'on retire du ventre d'un serpent sont toujours décomposés à leur bout inférieur, tandis que les parties qui se trouvent plus vers l'œsophage, n'offrent pas la moindre trace de putréfaction: (i) Voir pour la déglutition des serpens les recherches de M. DncKs , insérées dans les Jn/i. (L se. iiat. 1827 XII p. 362, suiv. DES OlUi. l)K LA CinCl LATlOiN. 49 j'ai vérifié ce tail, observé p;ir M. Lenz ;i), sur un oraiid nombre cl espèces exotiques. Dans la captivité, les serpens rejelent par la bouche les matières indigestes, telles (nie les plumes, les poils etc.: cette propriété leur est commune avec la plupart des oiseaux. Lorsqu'on pt)ursuit un serpent qui vient d avaler sa nour- riture, il la dégorge souvent pour se rendre plus alerte à fuir (2): ce fait a été également observé chez plusieurs oiseaux (3). DES ORGANES DE LA CIRCLLATIOIV. Le cœur des ophidiens, le plus souvent de forme alongée, se fait remarquer par sa position écartée de la tête: il se trouve quelquefois à la fin du premier quart de la longueur totale du tronc. On lui reconnaît deux oreillettes spacieuses ^t séparées Tune de lautre par une cloison membraneuse; le ventricule au contraire est imparfaitement divisé en deux cavités assez étioites, par une cloison naissant de la base du cœur et s^e confondant dans les fibres charnues de cet organe: les ^raiois des oreillettes, quoique charnues, sont minces; celles du ventricule ont une épaisseur considérable, notamment sur le côté gauche de cette partie, qui s'étend en forme d'appendice conique sous l'oreillette gauche. Chaque oreillette communique avec le ventricule par une ouverture assez large, mais susceptible rl'être fermée au moyen d'une valvule. L'oreillette droite reçoit toutes les veines du corps qui forment, à lexception de la jugulaire gauche, avant de (i) p. 48. — (2) Note comiminiquée par M. Dieperink à Para- maribo; voyez aussi Lenz. /. c. — (3) Les slercoraii"€s, les mouettes , les liiioridelles de nver, etc. 50 DES ORGANES peiForer les parois de rorelilette, une espèce de sac plus ou moins long et qui offre, outre les tuniques ordinaires , une tunique musculaire bien prononcée: deux grandes valvules servent à fermer l'entrée commune des veines dans cette oreillette. Le sang parvenu dans la chambre droite du ven- tricule, est chassé dans l'artère pulmonaire, dont l'embou- chure offre deux valvules ; comprise à sa hase dans le tronc commun des aortes , cette artère se courbe au dessous de l'aorte gauche et se rapproche, en s'éloignant de celle-ci, du poumon, dont elleborde la face postérieure avant de pénétrer rians l'intérieur de cet organe. TJne seule veine pulmonaire, perçant le poumon en arrière de l'artère du même nom , rap- porte le sang oxydé dans l'oreillette gauche , qui est de forme conoïde et moins spacieuse que celle du côté droit. Le sang oxydé , après avoir passé dans la cavité gauche, est poussé vers le côté droit, où se trouvent les embouchures des deux aortes, d(^nt chacune offre deux valvules semicirculaires , même lorsque ces embouchures sont réunies en une seule, comme je l'ai observé plusieurs fois. Nous avons déjà dit (pie toutes les artères naissent dun même tronc, dont elles creusent poiir ainsi dire l'intérieur; les artèrescependant sont ie phis souveiît séparées l'une de l'autre par des cloisons qui, quoique chacune serve à la fois de parois à deux vaisseaux voisins, empêchent que le sang qu'elfes conduisent, puisse se mêler avant d entrer dans le cœur. L'aorte droite, beaucoup îîiolns grosse que la gauche, se divise, à peu de distance de sa sortie du îronc commun des artères, en plusieurs branches , (pii seules pourvoient de sang le cou et la tête ; se cour- bant ensuite en arrière, elle descend derrière le cœur pour se réunir avec l aorte gauche, qui a suivi de l'autre côté un chemin send)lable. Cette grande arîèie descend ensuite tout le long du corps, et ne se perd qu'à l'extrémité de la queue; elle pourvoit dans son cours les organes environnans : après avoir donné naissance aux artères intercostales, elle envoie des DE L\ CIRCCLATION. 51 î)ranches à resfoniac et an i'oie, aux organes de la «vénération et aux reins; l'artère mésentère naît à-peu-près vis-à-vis du pylore, et il y a plusieurs autres branches qui se distribuent sur le canal intestinal. I/aorte droite envoie vers la tète, avant de desceiulre derrière le cœur , une branche considérable, iippelée par Guvier artère collaire (ij: cette branche après avoir fournie les artères intercostales du cou , pénètre les nuiscles fléchisseurs de la tête, où elle se perd. Les carotides naissent du tronc de l'aorte droite près de sa base: s'éten- dant le long de l'œsophagcT^ elles se dirigent vers la tête, dans laquelle elle pénètrent après s'être divisées en de nombreuses branches, qui pourvoient de saîig les organes situés à l'exté- rieur de la tête. Cette disposition des carotides, décrite d'après le Boa constrictor, est loin de se trouver la même dans les autres serpens, qui n'offrent ordinairement qu'une artère carotide unique (2) , celle du côté gauche; cette artère fournit à elle seule tout le sang de la tête de sang. Les carotides envoient une petite branche à la glande thyroïde, et d'autres branches aux organes renfermés dans la cavité du cou. Deux veines jugulaires, accollées aux carotides ou descendant le long de l'œsophage, rapportent le sang de la tête au cœur. J'ai observé chez un Boa constricteur trois veines impaires sortant de la coh)nne vertébrale: la première près de la tête, la deuxième vers le milieu du cou, lu troisième dans la région abdominale ; il est évident que , pour se rendre au cœur, la dernière veine monte, tandis que les deux autres descendent. La veine qui transporte le sang des parties postérieures de l'animal, se divise pour former les deux rénales qui bordent dans toute leur longueur la face interne des reins, dont elles reçoivent un grand nombre de petites branches ; après avoir donné naissance à la veine cave, la branche du côté droit se (i) Arleria verlebralis, Schlemm. I. 1. — (2) L'artère carotide commune de CuviER ; arteria cephalica de Schlemm. 52 DE LA RESPIRATION. réunit à celle du côté gauche pour former une grosse veine; c'est la veine cave inférieure , qui pénètre dans le parenchyme du foie , pour recevoir le sang apporté par la veine porte ; en sortant de l'extrémité supérieure du foie, qui s'avance en pointe, cette veine cave parcourt une petite distance et entre comme partie principale dans la formation de ce sac veineux décrit plus haut, qui communique avec l'oreillette droite, et dans lequel plusieurs autres veines donnent: on observe de fortes valvules à l'embouchure de chacune de ses veines (i). Le cœur des ophidiens porte constamment à sa face supé- rieure une glande conglomérée, plus ou moins développée et entourée de plusieurs autres glandes de forme et de nombre très divers selon les espèces : cette première glande a été regardée par plusieurs anatomistes comme l'analogue du thymus; d'autres , et je suis de ce nombre , font comparée à ia thyroïde (2). DE LA RESPIRATION. Pour se faire une idée juste de la respiration des ophidiens, il faut examiner avec attention un serpent dans l'état de repos. On observe alors que le tronc se contracte et se dilate alternativement par le jeu des côtes , et que ce (i) La description des organes de lacirculation a été en majeure partie dressée d'après le Boa constricteur : consultez pour des détails ulté- rieurs, les travaux de Cuvier Leçons (Variât, comparée, vol. 11; Schlemm dans TiKDEMANN Zeitschrift «0/. Il P. 1 PL 7 , Retzius Schwed. Verhandl. i83o et his iS'ii» p, 5a4suiv; Meckkl System, vol. F p^ 218 suiv. . — (2) Consultez l'excellent mémoire de M. Haugstedt, intitulé Thytni ilescriptio ^ p. \bi suiv. DE LA UKSPIIIATION. 53 inouvcinent se léncle avec Icntcui" ci à iulei vulles réguliers; maison observe égiileiiieut , que les naiines restent fermées durant cet acte, et ne s'ouvrent qu'à des intervalles beaucoup plus éloignés, entre lesquels le corps se contracte souvent jusqu'à une trentaine de fois: il résulte de ces observations, que les poumons des ophidiens ont, outre leur fonction ordinaire, ce'.le de servir de réservoir à l'air atmosphérique; ce réservoir rempli par une seule inspiration, contient une quantité suffisante d'air pour que loxyciation du sang puisse se faire par les contractions des poumons, sans nécessiter une nouvelle inspiration, qui ne suit (jue lors de l'expiration de l'air contenu dans le pcnimon, et dont l'oxygène a été totalement absorbé. La structure des poumons des ophidiens prouve à 1 évi- dence ce que nous venons d'avancer : elle est notamment remarquable sous deux rapports, d'abord parce que le poumon se termine ordinairement en une vessie ou un sac sans cellules, fornié simplement par une production de la membrane séreuse, enveloppant le poumon; et en second lieu, parce que les rameaux les plus considérables des conduits aériens s'ouvrent dans l'intérieur de la cavité du poumon même: par celte première disposition le poumon des ophidiens devient un réservoir assez spacieux pour contenir un volume d'air suffisant à un grand nombre d'inspirations; par la seconde, l'air contenu dans ce réservoir peut être chassé dans les cellules, par des contractions du thorax, sans qu'une nou- velle inspiration soit nécessaire. La configuration du poumon subit de nombreuses modifi- cations dans les différentes races d'ophidiens. La forme de cet organe est ordinairement celle d'un sac simple, conique et s étendant depuis le cœm^ vers les régions inférieuies de les- tomac, où il se termine en une poche membraneuse. La trachée, composée d'un grand nombre de demi-anneaux qui sont réunis antérieurement par une membrane, aboutit 54 DE LA RESPIRATION. dans la naissance du poumon par une ouverture coupée obliquement ; cet organe se divise cependant plus ou moins parfaitement en deux bronchies chez les boas, chez la plupart des t o k t r i x , des d i ps a s et chez plusieurs autres ophidiens, où l'on aperçoit le vestige d'un second lobule du poumon, quelquefois de moitié aussi grand que celui de l'autre côté. Les cellules aériennes de la cavité pulmonaire s'étendent chez plusieurs ophidiens, sur la membrane qui réunit les anneaux de la trachée artère, de sorte qu'elles occupent quel- quefois cette membrane dans toute sa longueur; il y a d'autres espèces, où cette membrane assez dilatéerenferme un nombre de cellules aussi considérable que le poumon même; chez le Xénodon sévère, chez les serpens venimeux proprement dits et chez d'autres ophidiens , cette membiane élargie en sac assez spacieux, contient à elle seule toutes les cellules aériennes, de sorte qu'il résulte de la disposition particulière du poumon un déplacement complet de cet organe qui, con- trairement à ce que l'on observe chez les autres ophidiens, est situé en avant du cou entre la glotte et le cœur. La disposition des organes de la respiration chez les serpens de mer est encore plus extraordinaire: dans I'hy dro phis colubrin la trachée artère se prolonge jusqu'aux hypocondres , où elle se termine en un sac membraneux qui s'étend jusqu'à une distance de deux pouces de l'anus ; mais au lieu d'une membrane qui réunit les anneaux de la trachée, c'est le pou- mon qui enveloppe ce tube dans toute sa longueur. Chez I'hydropkis pELAi^îis la trachée artère s'enfle dès son origine pour se rétrécir vers le cœur , forme un canal très étroit, et descend derrière l'estomac pour s'élargir de nou- veau en un sac très spacieux , dont le bout s'étend jusqu'à l'anus, en se logeant entre les apophyses épineuses inférieu- res de la queue; les cellules aériennes chez cette espèce sont beaucoup moins nombreuses que chez la précédente, quoi- qu elles boident la trachée depuis son origine jusqu'au point nu cnwKAi' v:\: des m:ius. :)»^ ou elle ioriue cet ;jppeiuli(!e spacieux , qui lieui [irobal )!(.'- nient aussi lieu rie vessie natatoire. Cette disposition diverse des organes de la respiration variant même chez les diiïérentes espèces des ophidiens , prouve à l'évidence, (jue la forme de ces organes est de ])eu d'importance pour l'exercice de ses fonctions , et que l'on a eu tort de tirer de ces anomalies de forme, des caractères pour la classification des serpeiis, ou de regarder les espèces dont le poumon est divisé en deux lobes, connue consumant un volume plus considérable d'oxygène, et comme étant [)ar conséquent d une organisation plus parfaite. Les cellules aériennes principales sont quelquefois sup- portées pardes rubans cartilagineux et étroits , qui se perORAT. Les serpens n'ont pas l'od orat fin; aussi l'étendue de la membrane muqueuse du nez est-elle peu considérable, vu la i) Voir: Sv.v.^'es, Jnat. comp.ducerveau^ Allas PI ^fig. l'iôet 127; i32 et i33. fig, du cerveau du Naja haje, de l'aspic et de la vipère fà raies parallèles ?} DE LW:iL. 57 conformation simple des conques. La cavité du ne/ est plus ou moins spacieuse , suivant les diverses races. Les narines varient extrêmement d'un genre à l'autre, soit par leur posi- tion, soit par leur forme ou leur grandeur. On peut établir connue règle constante que les espèces purement aquatiques offrent des narines petites , dirigées vers le ciel et le plus souvent susceptibles d'être fermées au moyen d'une valve; tandis que les narines des espèces terrestres ou de celles qui habitent les arbres, sont ordinairement latérales et assez ouvertes. Chez les serpens fouisseurs, ces orifices se présen- tent presque toujours sous la forme orbiculaire et se distin- guent par leur petitesse; elles sont de forme semblable, quoique plus ouvertes, chez les serpens pélagiques, mais les Homalopsis en ont qui offrent une fente transversale en forme de croissant. On observe chez les Trigonocéphales et les Crotales , sur les côtés du museau, derrière les naiines, une large cavité dont l'usage n'a pas encore été reconnu , mais que 1 on peut, selon toutes les apparences, considérer comme une cavité accessoire du nez. Cette cavité, creusée dans la surface supérieure du maxillaire, est revêtue d'une espèce de membrane muqueuse: elle offre de petits trous pour le passage des nerfs, et reçoit probablement une portion du fluide sécrété par les glandes voisines. M. Home(i), qui a traité ce sujet, dans un mémoire spécial, suppose que ces cavités sont analogues aux larmiers de certains ruminans. DE r/ŒIl.. Nous avons déjà fait mention plus haut de la diversité de (l) A p. RlISSEL app. 58 . DK r;()ElL. la position (u* l 're i ! (liez les dilTërentes races crojjhidieiis , du volume (le cet organe, de la ibiine de la prunelle etc. ; nous avons épalenient constaté que les tégumens extérieurs revêtent lœil tout entier, mais que ces tuniques sont sur cet endroit extrêmement minces, diaphanes, et se présentant sous la l'orme d'une lamelle hémisphérique , adhérante aux plaques qui composent le tour de l'orbite: il est évident que eallc lamelle comme partie intégrante de ia peau, se renouvelle lors de la mue, et que l'ancienne lamelle est rejetée avec l'épiderme. Le globe de l'œil , le plus souvent de forme orbicuiaire, est revêtu à sa face antérieure de la conjonctive (|ui, se repliant sur elle même, forme une cavité dans laquelle- sont versées les larmes, selon les observations de M. J. Clo- quet ( i). La cornée est assez épaisse et offre un segment à- peu- près de la même péripliérie que la sclérotique; cette dernière tunique, également épaisse et très tenace, n'est supportée ni par des os ni par des cartilages: ses deux faces sont teintes d'un brun assez foncé ; on ohserve au fond du globe de l'œil un tiou orbicuiaire pour l'entrée du nerf optique, (psi perfore obliquement la substance de la sclérotique. A sa surface externe s'attachent les muscles du globe de l'œil , dont le nombre est comme à l'ordinaire de six. La choroïde, d'un tissu peu serré, a ses deux faces couvertes d'une pig- ment foncé. La ruischienne est assez développée. L'uis a une étendue considérable: la couleur qu'elle présente, varie d'une espèce à l'autre. La rétine, passablement épaisse, n'offic rien de particulier. L'existence des lames de la tunique vi- trée ciiez les serpens n'a été démontrée que très récem- ment (2). La lentille crystalline , de forme sphérique, s'enfonce (i ) i^Je'tn. (la Mus. t' 11 p. 62 saw : voir aussi Mùller dans Tieuf- MANN Zeit.schr. IV. I PL \i;)fig 14. — ['i) Voyez l'excellente analomie (lu Python à deux raies , publiée par M, Rf.tzius : Isis i832/^ ^12 siàv. DK i;Ol\EILLE. 51) (Je plus de la moitic dans rimiueiu- viliee , qui tst peu volu- mineuse. La structure rie l'oreille démontre que les ophi- diens ont l'o u ï e plus dure que la plupart des autres animaux de la classe des Amphibies. L'osselet de l'oreille étant enfoncé dans les chairs, vu le manque total de tympan, il s'en suit que les sons ne peuvent pénétrer dans l'oreille même qu'après avoir fait vibrer cette cuirasse épaisse que forment chez les ophidiens les tégumens généraux: cet osselet, appelé par CuviER l'étrier de l'oreille, quoiqu'il représente les trois osse- lets de l'oreille des animaux d'un rang supérieur, est en forme de fil qui se prolonge ordinairement d'un côté jusqu a l'arliculation de la mâchoire inférieure; tandis que l'autre bout est élargi en disque pour fermer la fenêtre ovale. Immédiate- ment derrière cette entrée de l'oreille intérieure se trouve une autre ouverture représentant , comme il a été constaté par M. WiNDiscHMANN , la fenêtre orbiculaire. Le même savant a observé que la structure de l'oreille interne des ophidiens se rapproche de celle de tous les sauriens qu il a examinés ; c'est à dire qu'on leur reconnaît un organe de forme ovale, appelé anneau cartilagineux et destiné à recevoir le nerf de l'ouïe , qui se distribue à sa surface: ce nerf forme d un côté un renflement assez considérable, appelé lagena à cause de la configuration de cette partie qui ressemble à celle d'une bouteille: voir Windischmann , /V. a fig. 12: organes de loreille interne d un Dipsas. (;() uïîs TÉ(;LMr^NS. DKS TEC; UM EX S. Les t é g II ni e n s g é n ë r a u x des ophidiens , pour résister à l'influence des élémens et aux causes mécaniques extérieures , forment une cuirasse très épaisse qui revêt tout le corps de l'animal et qui est munie d'un épidémie souvent assez dur et corné. Pour obéir aux mouvemens de l'animal et à l'extensioTi des parties par laquelle estproduit l'agrandissementdu volume du corps, il fallait que cette peau lût divisée en un grand nombre de compartimens , séparés par des intervalles, de sorte qu'il résulte de cette construction autant d articidations susceptibles d'être rapprochées et éloignées les unes des autres. Ces compartimens saillans, qu'on appelé écailles lors([u'ils sont petits, lames ou plaques dans le cas opposé, sont formés par des couches de tégumens beaucoup plus épaisses que celles des intervalles, qui offrent au contraire une peau d'une organisation plus délicate, fortement contractée dans l'état de repos de l'animal et revêtue d'un épidémie très mince, peu transparent et mou. Il est évident que ces der- ineres parties ne paraissent à l'œil que lors de la dilatation du corps de l'animal: cachées presqut* conlinuellemenl par les bords des écailles , et privées de lumière, elles sont constam- ment d'une couleur blanchâtre , et ce n'est que chez (|uelques Tropidonotes , que le tissu muqueux de ces parties est teint , sui* la région du cou, d'un beau rouge vermillon, l! n en est pas aiîisi de <;ette portion du tissu muqueux qui entre dans la formation des écailles , el qui brille le plus souvent de tout léclat de larc-en-ciel , éclat plus ou moins vif suivant la nature de l'épiderme corné et transparent dont toutes les écailles sont revêtues: vodà , pourquoi plusieuis serpens et notamment ceux du genre Dendrophis présentent un système de coloration assez uniforme, quoicjue leur lissu muqueux soit orné des plus jolies teintes; il est également clair que les teintes des serpens doivent changer vers le temps de la I)|e agilité extrêmes : on a cependant beaucoup exagéré leur vitesse, qui n'est jamais assez considérable, pour qu'un homme ne puisse facilement leur échapper. Les serpens qui mènent une vie n octu r ne sont moins nombreux que ceux qui préfèrent le grand jour aux ténèbres : à la première catégorie appartiennent les Dipsas proprement dits , plusieurs Ophidiens venimeux et d'autres; mais beaucoup de serpens combinent les deux genres (i) M. DiEPERiNK à Paramaribo inc mande, qu'il tient conlinucUe- ment chez lui phisieurs Boas de diverses espèces, qui vivent en parfaite harmonie enlre-eux et avec d'autres animaux domestiques. I-e professeur Reinwardt, cependant, a été témoin, à.Tava , d'un speclaclc qui prouve qu'il ne fant pas toujoiu'S se fier à ces animiuv:. Un Javanais ayant apporté chez M' le baron van der capelle un grand Python, et voulant le faire sortir du panier dans lequel il se trouvait, le serpent, par un seul coup, lui fit une blessure assez considérable, en lui enviant l'avant-bras dans tonte sa longueur. 96 HABIWDES (lo vie, ci (liassent tantôt ou plein jnnr, tantôt pen- dant la nuit, suivant leurs besoins; il faut ranger dans eelte dernière eatèi^orie les espèees tjui offrent une pupille alon- gée, soit vertiealenient , soit transversalement et cpii paraît plus particulièienient propre à se dilater ou à se eontracter , suivant la niasse des rayons lumineux qu'il est besoin de faire entrer dans la cavité de Tœil: dans Tobseurité, cette prunelle ainsi configurée, se dilate de manière à ce qn'elle devient tout-à-fait orbiculaire (i). La loi, établie par la plupart des naturalistes, que les animaux à pupille alongée soient plus spécialement nocturnes, est contredite par ces observa- tions; il paraît plutôt que des yeux volumineux indiquent un genre de vie nocturne, quoique plusieurs Klaps etdesNajas, dont les yeux sont assez petits, vont chercher leur proie pen- dant la nuit. Peut-être a-t-on tort , de vouloir appliquer ri- goureusement cette règle à la manière de vivre des serpens, dont un bon nombre passe une grande partie de son existence dans une langueur ou un engourdissement comparable au som- meil , et qui ne se dérangent que quand il s'approche d'eux quelque être vivant dont ils s'emparent lorsqu il convient à leur goût; tombant ensuite dans une léthargie plus profonde, qui les rend quelquefois, pour un temps assez long, incapables de se livrer à la chasse. La plupart des ophidiens choisissent leur nourriture indif- féremment parmi les trois premières classes des animaux ver- tébrés ; les espèces aquatiques se nourrissent plus ou moins exclusivement de poissons, selon que leur genre de vie les lie à lélément humide; les espèces de petite taille enfin , et notamment les terrestres et fouisseurs , font la chasse aux insectes, aux mollusques, aux vers ou à d autres animaux des classes inférieures; les serpens d arbre, enfin, paraissent préférer les oiseaux, non pas parcecjue cette espèce de (i) Voyez Hari.ak , >>;/. p. 369. HAIUTCDKS Îi7 nourriture convienne mieux à l(;ur ^oût,mais parce qu'elle est plus à leur portée. Tout le monde sait que les serpens peuvent, comme les autres reptiles, jeûner fort longtemps: un Boa constrictor, envoyé de Surinam en Hollande, était plus de six mois sans prendre la moindre nourriture; quelquefois ils sont plus longtemps encore avant de mourir de faim. On ignore si les serpens boivent et s'il est juste d'opiner pour la négative: toutefois on n'a jamais aperçu de fluides dans ceux dont on a examiné l'estomac. Les changemens continuels qui s'opèrent dans notre at- mosphère, influent plus ou moins puissamment sur les ophi- diens. Amis de la chaleur , ils recherchent avidement les lieux exposés aux rayons du soleil, tandis qu'ils restent cachés dans les temps pluvieux, ou lorsqu'il fait du vent; a fapprr/che dun orage, quand fatmosphere est surchargée d'électricit«, on les voit souvent sortir de leur retraite, dans une agitation qui n'est pas naturelle à leur race, et traverser les endroits découverts. Ne pouvant supporter les effets du froid qui leur ôte en même temps les moyens de subsistance, les serpens se retirent, a l'approche de l'hiver, dans des asyles le plus souvent souterrains et toujours garantis des intempéries de la saison ; ce sont tantôt des terriers ou des amas de pierres, tantôt des tas de fumier ou des creux d'arbre; c'est là qu'on en voit souvent plusieurs dans un même lieu de retraite, dans un engourdissement profond, jusqu'à ce que les rayons vivifîans du soleil du printemps les raniment. Tl est manifeste que la durée de ce sommeil périodique doit être plus ou moins longue, suivant le climat que les serpens habitent, et que , dans les régions ou règne un éternel prin- temps, ces reptiles ne sont pas du tout sujets à passer un certain temps de leur existence dans cette torpeur. Les recherches des voyageurs ont démontré qu'il en est ainsi, et néanmoins il y a des excepHions a cette règle, ce qui fait sup- 98 FABLES ET PREJUGES. po^îer que c est le défaut de nourrituie qui cause cet engour- dissement. M. von Humboldt (i) mande, d'après les rapports des indigènes, que le Boa rativore , durant les longues pluies qui inondent les immenses déserts de l'Amérique Méridionale, demeure enseveli dans le sol argileux, jusqu'à ce que ce terrain, desséché par les chaleurs auxquelles succède inmédiatement le temps des pluies , se fend pour faire sortir le monstrueux reptile, du tombeau qui le tenait enfermé. A Surinam, au Brésil , et dans d'autres pays de l'Amérique Méridionale que ce Boa habite également, il passe au contraire, de même que les autres serpens, toute l'année dans une activité continuelle(2). Chez nous et dans l'Amérique du Nord (3), les serpens se retirent dans leur retraite hivernale vers le mois d'Octobre environ, et reparaissent à la fin du mois de Mars ou en Avril; pkis tôt ou plus tard selon le plus ou moins de durée de l'hiver. Les épaisses couches de graisse dont leurs intestins sont enveloppés en automne, s'absorbent en grande partie lors de l'engourdissement, et il leur faut au printemps quel- ques jours avant d'avoir acquis leurs forces. Un froid excessif les fait périr, tandis que plusieurs belles journées consécutif \'es suffisent souvent pour les faire sortir de leur retraite au milieu de l'hiver. C'est encore à l'ouvrage de M. Lenz (4) que nous ren- voyons pour le récit détaillé des observations, que ce natura- liste a fait pour connaître les effets qu'exerce fe froid sur les reptiles. FABLES ET PREJUGES. Le serpent a joué un grand rôle dans l'an tiquité, et itîe joue encore actuellement parmi la plupart des peuples bai'- (i) AnsiclUtni I p. 36.' — ('^) Neuwied. Bcitr. p. ii. — (3) Pali- sot-11eatîvais ap. Latr. JIH p. 70. -- (/4) p. ^r. FABLES ET PRÉJUGÉS. 99 bares ou à demi- civilises. Des causes nombreuses ont donné lieu à ce phénomène. L'homme , intimidé par l'aversion qu'il a pour ces êtres et qui lui est en quelque sorte innée, n'est parvenu que par l'expérience à savoir que seulement un petit nombre de ces reptiles se font redouter par leurs quali- tés malfaisantes, tandis que d'autres décèlent sous les mêmes apparences trompeuses un caractère doux et innoffensif. Mille propriétés diverses que successivement on a découvert chez les serpens , ont ouvert à l'homme un vaste champ à la méditation ; tout en fournissant ample matière à orner ses idées religieuses , elles lui offraient le sujet d'un nombre infini de mythes; il en emprunta des symboles , et finit par rendre à ces êtres redoutés un culte , établi pour les motifs les plus divers et les plus opposés. Il semble que c'est dans la nature humaine de se servir précisément des mêmes animaux qui lui sont nuisibles, pour se procurer les moyens de se préserver du mal qu'ils peuvent lui causer : de là l'usage établi dès les temps les plus reculés , de tirer des serpens les remèdes pour se garantir contre leur morsure , tandis que de Vautre côté on croyait apaiser leur fureur, en les révérant comme des divinités. Les anciens , employant souvent les traits les plus saillans des animaux pour leurs allégories , trouvaient dans les habitudes des serpens, dans leurs qualités ou même dans leur forme , un fond inépuisable pour faire travailler leur imagination féconde, qui s'exalta sans cesse en embelissant ce que l'observation de la nature leur avait appris. C'est à ces tlifférentes causes et à des circonstances peut-être inconnues aujourd'hui, qu'il faut attribuer, que le serpent inspirait à l'homme à la fois la crainte , de la haine et de la vénéra- tion. On trouve dans les mythes de la plupart des anciens peuples, des traces qui attestent que l'idée du serpent, comme mauvais principe, fut établie dès l'origine des nations. C'est ainsi (jue le serpent fut cause du premier péché et de la 100 FABLES ET PRÉJU(.ÉS. chute de l'homme; mais Arimane , empriinlant la forme clan serpent , cherche en vain de vaincre son antagoniste Oros- made , qui représente le bon principe dans le dualisme des anciens Perses. On croit que les anciens Grecs choisissaient l'allégorie d'un grand serpent, tué par les flèches d'Apollon pour repré- senter les vapeurs pestiférées développées dans les fanges ma- récageuses qui couvraient la terre après le déluge ou les inon- dations annuelles, vapeurs que le soleil seul pouvait dissiper: dès-lors ce serpent Python est devenu l'attribut d'Apollon et de ses prêtresses à Delphes, et Ton s'en servit dans la suite comme emblème à la Prévoyance et à la Devination. Des cir- constances analogues ont peut-être donné lieu à la fable de l'Hydre de Lerne, exterminée par les efforts d'Hercule et de son compagnon Jolas. Chez les anciens Egyptiens, le serpent fut le symbole de la Fertihté: ils représentaient sous la forme d'un serpent, entouré d'un cercle ou entortillé autour d'un Globe, le Cneph de leur Cosmogénie qui est le même que l'Amon ou i'Agathodémon, l'esprit ou l'âme de la création , le prin- cipe de tout qui anime, qui gouverne et qui éclaire le Monde (i): Les prêtres de ce peuple gardaient, dans les temples , des serpens vivans et , à leur mort on les enter- rait dans ces sanctuaires de la superstition (2). Emblème de la Prudence et de la Circonspection, le serpent fut l'attribut constant d'Esculape , et l'on avait même pour ces reptiles la vénération due au père ou dieu de la Médecine (3): c'est de là que le serpent devint le symbole de la Méde- cine et de la Magie. Les Ophites, sectaires chrétiens, établi- rent vers le deuxième siècle de notre ère, un culte qui se distinguait particulièrement de cehii des autres Gnostiques , (i) EusÈBE Prcd. E^'ang. 33; Horapollo cap. 1 , 1 Creutze» Symh.l\. So'] et S2li. — (2) Elten 17, 5; Hérodote i\ 7/(. — (3) Pausan. 1 , 0.6 — '*8. FABLES ET PREJUGES. 101 cil ce qu'ils ailoraieiit un serpent vivant ; se conformant ainsi aux anciennes traditions de leur croyance;, ils regardaient cet animal comme riniage delà Sagesse et des émotions sensuelles qu'elle éveille (i). Les monumens des Mexicains, des Japonais et de plusieurs autres peuples qui doivent la base de leur civi- lisation aux anciens habitans de l'Asie, attestent que le ser- pent joue également dans leurs mystères religieux un rôle plus ou moins important; mais le temps et les relations qui existent entre ces peuples et les Européens , ont en partie aboli ces usages, et ce n'est aujourd'hui que chez quelques tribus nègres et la côte occidentale de l'Afrique, que le ser- pent figure parmi les divinités du premier rang (2). Il n'entre point dans le pkn de mon ouvrage d'expliquer ou même de rapporter les allégories nombreuses que représentait chez les anciens le serpent: tout le monde sait qu'on en armait les mains de la Discorde, ainsi que le fouet des Furies^ et que la tête des Euménides en était hérisséej l'image de deux serpens qui s'entortillent autour du Caducée deMercure est d'une éloquence insinuante; le cercle que forme un serpent qui se mord la queue, n'ayant ni commencement ni fin, fut choisi pour le symbole de l'Eternité; la promptitude des mouvemens uniformément répétés pour exécuter la mar- che progressive devint celui de la vitesse du temps et de la succession infinie des siècles ; les fables, enfin, d'Achéiaus, de Jupiter métamorphosé en serpent pour captiver l'objet de ses amours et maintes autres attestent que les anciens attri- buaient au serpent les quaUtés les plus opposées, et que le même être réunissait suivant eux , à la fois, la force et la timidité, la beauté et des formes qui inspirent delhorreuv , la douceur, la ruse ou la fraude. On doit attribuer à de causes send)lables à celles que nous (1) MosnKiM Cc.sch d. Sch/tinf(cnhr. p. i. (i) Voii^ noUe aiiide du Pvlhon à deux laies. 102 FABT.ES ET PREJUGES. venons de ciler, à cette superstition, apannge de la nature humaine, ces innombrables erreurs qui défigurent jusqu'à nos jours l'histoire des serpens. Un grand nombre de ces fables, inventées dans Tenfance du genre humain et transmises à la postérité par les auteurs classiques, se sont répandues au point de devenir populaires, vu l'autorité que l'on ne cesse d'accorder à ces écrivains. Pour prouver cette assertion , il suffit de rappeler que plusieurs écrivains modernes ont répété dans leurs ouvrages, que les cochons tuent les serpens pour les manger, et que les serpens font du lait un grand délice: erreurs qui datent des temps d'ARisTOTE (i)et dePLiNE(2) , mais propagées de l'Europe en Amérique et dans les autres parties du monde. On lit dans les mêmes auteurs (3) que la Mangouste, pour se mettre à l'abri des morsures des serpens, se cuirasse de limon, et qu'elle mange d'une certaine herbe que ces reptiles ont en aversion : ce préjugé , qui repose sur le simple fait que les petits mammifères dont nous venons de parler, ainsi que beaucoup d'autres, sont les ennemis naturels des serpens , s'est conservé dans beaucoup de contrées des Indes Orientales. La plante , qui doit posséder la vertu de repousser les serpens , ou de servir comme antidote contre leur morsure, est suivant Kaempfer (4) l'Ophiorhiza mungoz; selon d'autres l'Aristolochia indica , dont les jongleurs de ces contrées prétendent se servir avec succès : cependant les ex- périences de RussEL (5) ont démontré , que toutes ces don- nées reposent sur des préjugés populaires. 11 en est de même des prétendues effets de l'emploi du Polygala se- neca (6), plante célèbre chez plusieurs peuples de l'Amérique Septentrionale , tandis que d'autres nations sauvages la rejettent , pour se servir de plantes des genres Prenantes , (ij HLst. an. 9. 1. — (2) Hist. nat. 8. 14. — (3) Arist. g. 7; Plin, 8, 3G. — (4) -^tnœii, exot. [p. 3o5 etsuîv. — (^) Serp. I p 86. — (6) Palisot Rauv. ap. Latr. III p, 90. et suiv. lAliLliS ET PREJUGES. KM Ijiu luca , Meliaiitlius , Spiraea , etc. , dont l'eflicacité , coiimii' remède contre le venin, est aussi peu constatée que celle des précédentes. Des voyageurs njodernes et de grande autoritéont fourni des faits curieux relatifs à une plante (i), à hupielle les hahitans de la Colombie attribuent les mêmes qualités ' que ceux des Indes à lAristoloche ; mais il serait à désirer , que ces expériences fussent répétées par des personnes, aux- quelles la nature des serpens est familière. Il sera superflu de rapporter tout ce que les Anciens ont inventé à l'égard des antidotes innombrables dont ils vantent le plus ou moins d'efficacité : en consultant les passages de Pline , que nous allons citer (2) , on verra que les anciens recommandent indifférement, à cet effet, les productions les plus hétérogènes; mais que les essais qu'ils ont faits ne sont que le résultat d'un empirisine grossier. Des charlataneries de cette nature s'exercent encore aux Grandes Indes et à Geylan , où l'on vend des pastilles et des pillules de diverses espèces, compo- sées arbitrairement de substances des règnes animal , véofétal et minéral , et qui n'agissent que sur l'imagination du malade (3). Nous avons dit plus haut que l'usage de tirer des ser- pens même les remèdes contre leur morsure , date des plus anciens temps: Antonius , médecin d'Auguste em- ployait les vipères dans plusieurs maladies (4); mais ce n'est que sous l'empereur Néron , lorsque le médecin Andromaque de Crête (5) inventa la Thériaque, que cette pratique? devint générale. Cette thériaque est une composition arbitraire d'un grand nombre de médicamens hétérogènes , que l'on employa dans la suite dans les maladies les plus diverses; on ( i) PUintes èqainox. 1. PL lof). — (a) ///.'A na/. -28, i'Z ; •nj , i5, 17. 9,0 , -J.^ , 22 , 25 , 'iG; 32, 17 el ii) etc. — (')} R.11SSKI, / j). 7/1 et suiv. ; Da\y. Ceylon. p. 100. - ^ 4) Pr.JN. »o, 3y. - (5) (ijk (iAi.E-\. I^e nntidolis lif>. i , cnp- (>. 1 04 FABLES ET PRÉ J CJGÉS. en confectionna au moyen âge dans presque toutes le.§ villes de l'Europe, particulièrement de l'Europe Méridionale:^ aujourd'hui la pratique de faire entrer le serpent dans la composition de ce médicament ne s'est conservée qu'en Italie, où la Thériaque se fait dans. plusieurs endroits. En Sicile, on n'en prépare qu'à Palerme. Celle de Venise est très célèbre : on y emploie des milliers de Vipère aspic, assez commune dans les environs de cette ville (i). La grande fabrique de Thériaque qui existe dans Naples , sous la protection du Gouvernement, est l'entreprise de par- ticuliers, à la tête desquels se trouve le savant professeur Délie Chiaje ; on y emploie indifférement toutes les espèces de serpens, quoiqu'on préfère les vipères que des paysans appelés Vipériers , apportent vivantes dans des paniers. M. von Siebold m'assure que l'on emploie fréquemment une espèce de Thériaque en Chine et au Japon ; les habitans des îles Lioukiou, tirent des médicamens de l'Hydrophis eolubrin ; et à l'île de Banka , les Chinois (2) estiment la bile des grands Pythons comme un remède précieux contre plu- sieurs maladies. Je passe sous silence l'usage que l'on faisait dans le moyen âge des diverses parties du serpent , dont on attribuait à chacune des qualités salutaires ; de nos jours, on y a entièrement renoncé. Ce n'est que dans les temps récens que Ton a fait des expé- riences sur les effets de la morsure des serpens, expériences que nous avons rapportées dans un autre lieu ; les anciens, comme le font encore beaucoup de personnes, réputaient venimeux indifféremment toutes les espèces de serpens; ils plaçaient le siège de l'arme dangereuse dans la langue ou dans la pointe de la queue, et attribuaient à la morsure de chacune des espèces, selon leur fantaisie, des suites diverse- (i) Noie manuscrite communiquée par feu le docl. Mïchahelles. (2) Olivier Lund en Zet'togten II p, /»47. FABLES ET PREJUGES. 105 ment fâcheuses (i). La civilisation n'a pu déiruire ces erreurs ,et l'on est étonné He les entendre répéicr par des per sonnes instruites; de voir reproduit, dans plusieurs ouvrages, le conte des trois fds d'un colonisle, niorls successivement et à de longs intervalles d'une blessure que leur aurait cau- sée la dent d'un Crotale resté dans uîie des bottes de leur père, qui avait péri de la première morsure : conte que les habitans de Surinam, aussi bien que ceux des Etats-Unis, se plaisent à répéter aux étrangers comme s'étant passé dans leur pays; on est étonné d'entendre parler d'un serpent de mer de forme et de taille monstrueuses (2) , de Boas de 4^ à 5o pieds de longueur qui attaquent les hommes, les boeufs, les tigres , les avalant en entier après les avoir enduits d'une bave écumante (3): absurdités qui rappelent ces fables de monstres ailés, de dragons dont la Mythol'jgie des anciens habitans de l'Asie nous a conservé la mémoire, et dont l'imagination bizarre des Chinois a multiplié les formes. Que dire lorsqu'on lit, dans des ouvrages ujodernes et de grande réputation, la description des effets merveilleux, produits sur les serpens par la musique; lorsque des voyageurs, hom- mes de talens , nous racontent avoir vu des serpenteaux se retirer dans la gueule de leur mère chaque fois qu'il se pré- sentait quelque danger. Malheureusement les naturalistes , en rangeant ces fables au nombre des faits, en ont souvent embelli le récit, ce qui a contribué à les accréditer univer- sellement. Qui, par exemple, ne serait pas frappé de la description que La treille et Lacépède ont faite des habitudes du Boa et des autres serpens de grande taille! combien de qualités ces savans n'attribuent-ils pas à ces êtres , qui n'ont jamais existé que dans leur imagination ? Il n'est guère personne qui n'ait entendu parler du pré- (i) Voir: Lucan, PAars. c). c^'^'j su'w. ell^icx-^Dv.R fie T/ieriacis. — {2) Voir noire aiiide nydrophis. -- (^) Voir iiolro arlicle Boa. 106 FABLES ET PRÉJUGÉS. tendu pouvoir magique que doivent exercer les serpeiis sur les petits animaux, lorsqu'ils veulent s'en rendre maîtres; il y a peu d'ouvrages d'histoire naturelle, où l'on n'ait pas traité de ce phénomène, contredit par plusieurs, défendu par d'au- tres, sans que l'on ait pu arriver à un résultat satisfaisant. Je ne répéterai poir7t ici les absurdités que les voyageurs ont écrites à cet égard , et qui sont quelquefois extrêmement cu- rieuses (i); il suffit de dire que ces contes, dont on trouve des traces chez plusieurs auteurs classiques (2), sont particulière- ment en vogue dans l'Amérique du Nord, tandis qu'on les ignore dans Jes Indes Orientales et en Europe , contrées riches en serpens de toute espèce. Cette observation est trop curieuse, pour ne pas mériter quelque attention, vu qu'elle prouve com- bien un fiiit vrai ou supposé peut se répandre au point de devenir populaire. Plusieurs causes peuvent avoir donné lieu à l'origine de ce prétendu pouvoir de fascination des serpens. Il est vrai que la plupart des animaux paraissent absolument ignorer le danger qui les menace, lorsqu'ils se trouvent en société d'ennemis aussi cruels que les serpens ; on les voit souvent marcher sur le corps de ces reptiles , les piquer à la tête, les ronger, où se coucher familièrement à leur côt^; mais aussi ne saurait-on nier qu'un animal , surpris à l'improviste, attaqué d'un adversaire aussi redoutable, voyant son attitude menaçante, ces mouvemens exécutés avec tant de promptitude , ne soit saisi d'une frayeur qui le prive pour le premier moment de ses facultés , et le rend incapable d'éviter le coup fatal , exécuté à l'instant même où il se voyait assailli. M. Barton-Stnith , dans un Mémoire, composé expressément pour réfuter tout ce que l'on a avancé sur la faculté de fascination des serpens à sonnettes, rapporte plusieurs faits qui prouvent que les oiseaux ne se montrent (1) Voir Lf.vaili. ■>. /'or. /'/\ ^H; Barrow, /j 1/6; — ^ r^) A.f,lia> 2, i\ ; PoMP. Mkla 1, 19. FABLES ET PREJUGES. 107 effrayés, que lorsque les serpens s'appiochent de leurs nuls, pour s'emparer de leur progéniture; c'est alors qu'on voit les parens effrayés voler autour (1(^ leur ennemi, en poussant des cris plaintifs , absolument connue font nos fauvettes, quand quelqu'un s'arrête dans le voisinage de leur nid. Il se peut également que les' animaux qu'on prétend avoir vu sauter autour du serpent et enfin tomber dans sa gueule, aient déjà auparavant été atteint de la dent meurtrière , ce qui coïncide parfaitement avec îa manière dont les serpens venimeux proprement dits s'emparent de leur proie. Plu- sieurs serpens d'arbre saisissent leur proie , en entortillant leur queue déliée autour du cou de leur victime : Dampier (i) a été plusieurs fois témoin de ce spectacle: voyant un oiseau, battant des ailes et faisant entendre des cris, sans qu'il s'envolât , ce voyageur ne s'aperçut que le pauvre animal était étreint dans les replis d'un serpent , que lorsqu'il voulut le prendre de la main. Russel (2), présentant un jour une poule à un Dipsas , cet oiseau donnait au bout de peu de temps les signes de mort; ne concevant pas comment la morsure d'un serpent non venimeux et de si petite taille pût produire de pareils effets, il examina soigneusement la poule, et trouva que c'étaient les étreintes de la queue du serpent autour du cou de la poule, qui l'eussent fait périr , s'il n'avait pas eu le soin de la dégager. Plusieurs oiseaux de petite taille ont la coutume de poursuivre les oiseaux de proie et d'autres ennemis de leur race , ou de voler autour du lieu, où l'objet de leur haine se tient caché: on a lieu de croire que ce phénomène , connu en Europe de tout le monde, ait aussi lieu dans les contrées exotiques, et peut- être est-ce encore un de ceux qui ont contribué a l'invention des contes que l'on a débités sur le pouvoir de fascination des serpens. (1) f'oyage fil p. i-j'-i. — ^j) llussiiL T p. 20. 108 FABLES ET PREJUGES. Mais j'ai déjà trop longtemps entrave la marche de mon ouvrage, en exposant les nombreuses erreurs dont on a défiguré une des plus belles parties des sciences naturelles, et je crois devoir ornmettre les fables du Basilic, de serpens bâtards produits par la copulation d'anguilles et de serpens, et maintes autres aussi étranges qu'absurdes, mais qui sont encore accréditées chez beaucoup de monde. Cependant, avant de terminer cette partie de mon travail , je parlerai du pouvoir magique que certaines personnes prétendent savoir exercer sur les serpens. Ce prétendu art, qui a fait de tout temps et chez plusieurs peuples , l'occupation d une caste particulière, consiste en certains jeux que les serpens exécu- tent au gré des bateleurs, qui les dressent expressément à cette fm : comme l'on emploie plus spécialement le Naja à lunettes et le INaja haje , nous avons déjà rapporté, dans ces deux articles , la manière dont on se sert des serpens dans ces jeux. Ces bateleurs existent aujourd'hui aux Grandes Indes et en l'Egypte (i); ceux du dernier pays se vantent être les descen- dans des Psylles (2), tribu habitant l'ancienne Libye et les Indes, et célèbres par leurs connaissances dans l'art de guérir les morsures des serpens , et de s'en garantir eux-mêmes. Un autre peuple , moins connu et habitant l'Italie , étaient les Marses (3) ; on sait encore moins relativement aux Ophigènes , dont la patrie était la Grèce (4). Parmi les peuples les plus civilisés de l'Europe, les person- nes qui prétendent posséder l'art de fasciner les serpens se rencontrent assez rarement : ce sont le plus souvent des (i) Geoffr. De.scr. de l'Éî^ypte XXlV p. 88. — (2) Plin. 7 2; Aelian. 16, 37; 17 , 27 ; LucAN. 9, 891 ; consultez aussi la disser- tation de M. Spalding, intitulée « IJber die Zauberei durch Schlangen , et insérée dans les Mémoires de ï Académie de Berlin i8o/j — 1 i ; clasae historico-philolo^iiquc p. y et suiv. — (3) Yirg. Jeu. 7 , 750; Sil. ÏTAT, 8, /,y5. — (4) Plin. 7 , 2j Aeman. 12, 39. HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. 109 charlatans igiiorans, qui en imposent au bas peuple, cherchant à l'effrayer en jouant familièrement avec les serpens , dorit ils ne connaissent souvent que les espèces non -venimeuses. M. Lenz a consigné dans son ouvrage (i) l'histoire et la fin tragique d'un de ces prétendus sorciers, qui paya de sa vie une témérité fondée sur l'ignorance absolue de la nature des vipères. HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. En traçant dans les pages suivantes un tableau succinct de l'histoire de l'ophiologie, nous nous bornerons à faire con- naître seulement les principaux auteurs qui ont plus particu- lièrement contribués aux progrès de cette partie de l'histoire naturelle, considérée comme science. Les premiers renseignemens de cette nature se trouvent dans le précieux ouvrage que nous a laissé Aristote : il résulte de ses observations, que ce grand homme a fait des recherches assez exactes sur la nature des serpens et sur leur anatomie(2); mais malheureusement son livre est défiguré par plusieurs préjugés , en vogue de son temps et qu'il rap- porte de bonne foi: cet auieur ne s'occupe point à énumé- rer les espèces, et ne parle que vaguement de l'Aspic , de la Vipère et des serpens en général. La grande compilation de Pline est beaucoup plus riche en faits curieux, maiserronnés, que le travail du philosophe grec dont nous venons de parler ; il omet la plupart des détails anatomiques fournis par Aristote, mais il fait mention des principales espèces , connues à cette époque, et prouve par sa (i) Pa^. 192 suiv. — (2) 2, 12; 4, iï; 5, 3; 5, a8 ; 87 37 et 19 , etc. ÏÎO HISTOIRE DE L'OPHIOI.OGIE. ciesoription des crochets de la Vipère (i) que le véritable siéfife de l'orsane venimeux n'était pas ig^noré des anciens. Do 1 O Élien surpasse encore son prédécesseur par le grand nom- bre d'erreurs qu'il rapporte à l'égard des moeurs des serpens, dont il décriv plusieurs espèces , le plus souvent d'après ses devanciers. D'autres écrivains classiques, tels que Nicandre, Virgile, LucAiN, etc., parlent dans leurs ouvrages plus ou moins direc- tement des serpens, de leurs qualités, des effets de leur morsure ; mais ces productions poétiques ont peu contribué à avancer la connaissance d'animaux, dont les anciens ont ignoré les véritables propriétés. Les Grecs comprenaient indifféremment tous les serpens sous les dénominations universelles de dganoor et ôocptGj dérivées des verbes, i^iQueiv et onreiv ^ qui signifient toutes deux: voir. La première de ces dénominations a été adoptée par les Latins, mais ce peuple se servait en outre des noms généraux, (Ccmgids et de serpens^ pour désigner les ophi- diens. Le mot allemand Schiange de schlingen a une étymologie analogue au latin serpens , de serpere , dont les Français ont fait leurs mots serpent et serpenter. Plusieurs autres noms, en usage chez les anciens, paraissent avoir été appliqués assez "vaguement , quoique dans un sens très étendu : Élien [p.) par exemple énumère seize espèces d'as- pics , tandis qu'il résulte de passages d'autres écrivains (3) , que l'Aspic par excellence était le Naja haje. Il n'est guère possible de déterminer au juste les espèces d'ophidiens connus des anciens, vu les descriptions incomplètes qu'ils en ont fourni : aussi n'est-ce qu'en hésitant que je hasaide des conjectures à cet égard. Les voici : les moeurs que (i) /. c, II, 6?.. — (2) /. c. 10, 3i. — (3) NiCâNDET. in Thcriac.^ Luî^an. 9, 695; Pmn. 8, 35. HISTOIRE DE L'OPHIOI.OGIE. 111 Pline i^i) <-'t Élieii (2) aLlribii<^iiLaii J ac u 1 u s, coïncident par- faitement avec ceux du Cokiber llavolineatus ; l'A m phi s- baena (3) de ces auteurs est probablement identique avec notre Éryx j letymologie du mot Céraste (1) prouve que c'est encore le même serpent , que nous connaissons sous ce nom ; Cuvier a supposé avec raison , que le Bo a de Pline (5) n'est qu'une grande Couleuvre d'Italie , probablement le Col. quaterradiatus; j'ai lieu de croire que notre Vipera Ecliis, dont la tête est souvent ornée d'une tache blanche , a servi de type au Basilic de la Cyrenaique, décrit par Pline (6); il se peut que l' Hy d re (7) du naturaliste romain repose sur notre Tropidonote à collier, mais Elien (8) décrit incontestablement sous ce même nom des serpens de mer; les Dipsas; enfin, les Paria et d'autres serpens, dont les auteurs classiques font mention , sont trop vaguement indiqués , pour être rapportés à leur type. Ceux, qui cherchent à s'instruire plus en détail sur les connaissances que les anciens ont eues des serpens, n'ont quà consulter l'ouvrage du savant Gessner, qui a en outre réuni dans son travail toutes les fables que l'on a écrites à l'égard de ces êtres dans le moyen âge. Nous omettons ces renseigne- mens, de très peu d'intérêt réel pour la science, qui ne pouvait non plus acquérir de la solidité par des travaux tels que ceux d'Ai^DROvANDE et de Jonston, compilations faites sans goût et sans génie, et dans lesquelles on voit répétés soit les innombrables erreurs de leurs devanciers, soit les pré- jugés qui ont défiguré l'histoire de l'ophiologie, soit même la description de ces êtres chimériques , appelés D r a c o n s , que ces érudits n'ont pas laissé d'illustrer par des figures. Ray fut le premier, qui essaya de donner une espèce de (ij /, /. 8, 35. — (2) /.c. 6, 18 et 8, i3 — (3) Plin. 8, 35; Elien 9 , 23. — (4) Plin. 8 , 35. — (5)8, i4. - (6)8,23.— (7) /. r. 29, 22. — (8) /. c. 16, 8. 112 HISTOIRE DE LOPHIOLOGIE. classification des serpens; mais son système, fdnclé sur une base peu solide, est abandonné depuis longtemps. Ce n'était que dans le siècle suivant, que parut l'histoire naturelle des serpens de son compatriote Owen, livre écrit sans critique et qui fourmille de récits erronnés et fabuleux. Plusieurs iconographes se sont signalés dans cette période par la publication de recueils, contenant des figures d'histoire naturelle plus exactes que n'en avaient fournies jusqu'alors leurs prédécesseurs. Il convient de citer en premier lieu ScHEucHZER, qui a donné dans un ouvrage volumineux et d'une nature hétérogène un bon nombre de portraits de serpens en noir, dont la plupart, quoique médiocres, sont assez reconnaissables. Sera, qui a surpassé tous les icono- graphes par le grand nombre de figures que l'on doit à ses soins, a représenté dans les deux premiers volumes de son ouvrage, les serpens qui faisaient partie de son Musée, un des plus riches de ce temps; plusieurs de ces portraits sont très fidèlement rendus, d'autres sont passables, quelques-uns assez mauvais; mais la plupart sont si bizarrement coloriés, qu'il est très difficile de reconnaître l'animal qui a servi de modèle. Cet auteur ne paraît avoir eu en vue que d'étaler dans son ouvrage toute cette innombrable série d'objets qui ornaient son cabinet: les figures s'y trouvent accumulées sans choix et sans jugement; le même serpent y est souvent représenté jusqu'à dix fois et davantage, et ces différens portraits d'un même animal offrent quelquefois très-peu de ressemblance^ vu que l'artiste a su défigurer chacun d'eux. Le te3>te qui accompagne ces planches , fourmille d'erreurs et de fausses données par rapport à la patrie des animaux et aux noms de pays: on voit à l'évidence que Seba n'a fait que rapporter les récits des marins, dont l'avidité inventait des mensonges, pour profiter de sa cré- dulité. Au lieu do tracer en peu de mots les caractères essen- tiels des animaux figurés, cet ifonographe s'arrête souvent lïISTOlUK DE L'OPHIOLOGIE. 113 à la description cVuri petit point, d'une tache ou de quelque autre trait insij^nifiant, ce qui rend son texte explicatif absolument inutile. Cependant, ce recueil immense a fourni matière à beaucoup de naturalistes; il a été jusqu'à nos jours une riche mine que l'on ne cesse de fouiller et dont plu- sieurs savans ont puisé ces connaissances qu'ils ont ensuite mises à profit , pour composer des ouvrages. L'histoire naturelle de la Floride, publiée par Catesby, à peu près dans la même période, est encore très utile pour connaître les productions de cette contrée, qui depuis n'a été explorée, sous ce rapport, par aucun voyageur: les figures qu'elle contient sont pour la plupart passables, mais plu- sieurs d'entre elles sont rendues avec fort peu d'exactitude. Un bon nombre de figures de serpens, assez reconnaissables, se trouvent dans le Muséum du prince Adolphe-Frédéric, ouvrage publié par Linné, et qui a paru avant les der- nières éditions du Systenia naturae; l'auteur cite lui-même un second volume de ce travail, et a été suivi à cet égard par ses successeurs, quoique ce volume ne soit jamais par- venu à la connaissance du public. C'est à ce grand homme, inventeur de la méthode dichotomique, que l'on doit la première ébauche d'une véritable classification des ophi- diens (i); chez lui, ces êtres forment la seconde tribu de la classe des Reptiles, qu'il caractérise ainsi: serpentes apodes ^ spirantes ore. Les six genres, établis par lui, reposent sur des caractères empruntés de l'organisation des tégumens généraux. Abstraction faite des Amphisbènes et des Céciles, qui font partie chez Linné de la famille des ophidiens, il ne reste que les genres Crotale, Boa, Coluber et Anguis, distribués d'après la forme des plaques du dessous du corps; le premier genre comprend tous ces serpens, qui ont la queue munie d'un appareil bruyant, connus sous le nom de (i) Syst. nat. XTI p. 347. 8 1 I \ HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. soîiîictles; les Boas ne se disLingiient des Couleuvres que pur les plaqeuîs souscautlales entières; les Anguis enfin offrent, en dessous, des plaques semblables aux écailles des autres parties. Il est évident qu'une méthode, basée sur des carac- tères aussi fugitifs que ceux dont se servait Linné pour la sienne, devait être en o])position avec la nature; aussi, toutes les affinités naturelles qui lient les diverses espèces d'ophi- diens , sont-elles rompues dans son Species; on y voit des Trigonocéphales à côté des Boas; son genre Anguis comprend a la fois des Scinques, des Tortrix, des Typhlops, des Hydro- phis et rOphisaurus ; le reste des serpens est réparti dans son genre Goluber, où figurent pele-mele des Vipères, des !^ythons, des Calamars, des Najas, des Flomalapsis,des Dipsas, des Dryiophis , etc. Tous les successeurs de Linnoeus, ayant en quelque sorte suivi sa méthode que, pour ainsi dire ils n'ont qu'étendue, et, se laissant guider par les mêmes principes, il s'ensuivit que l'on ne pouvait parvenir à établir un système naturel. Nous verrons dans la suite à combien d'erreurs cette manière de voir a donné lieu , et sur quelle fausse route elle a conduit. Klein (i), le plus souvent guidé dans ses travaux par un esprit d'opposition, a rangé parmi les serpens plusieurs anné- lides et même des vers intestinaux; les vrais serpens se trou- vent divisés chez lui en deux classes caractérisées d'après la forme de la tête et de la queue: ceux où la tête est d'une venue avec le tronc et qui ont la queue courte et arrondie, forment les genres Amphisbène et Scytale; l'autre classe com- prend les Kynodons ou serpens venimeux, dont il distingue les Vipères, les Najas et les Crotales; les serpens non-veni- meux , enfin , sont distribués dans les genres Ichthyodon , Lytaidon et Anodon, genres établis d'après la nature des dents. (t) Tentamen Herpetologiœ. Kônigsb. J755. HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. 1 1 5 On voit que cet auteur est le premier qui ait proposé de séparer les serpens venimeux des non-venimeux ; ce n'est que dans la suite que Gra^v (i) s'est expressément attaché à décou- vrir des traits , pour caractériser ces deux, divisions : le résul- tat de ses recherches est , qu'il n'y a d'autre moyen de recon- naître les venimeux, que de s'assurer de la présence des crochets: ce mémoire contient plusieurs bonnes observations sur le système dentaire des serpens. La grande réputation que s'est acquise Làurentius (2) en publiant son Synopsis, n'est rien moins que méritée en sa qualité de méthodiste. Son troisième ordre des Reptiles com- prend les serpens qui se trouvent distribués dans les genres Chalcides , Caecilia , Amphisbsena, Anguis, Natrix , Cérastes, Coronella , Boa, Dipsas, Naja, Caudisona, Goluber , Vipera , Cobra, Aspis, Constrictor et Laticauda. Les nombreuses espèces dont il a enrichi son tableau, ayant été en grande partie établies et caractérisées d'après des figures de Seba,sont pour la plupart purement nominales, comme on peut le voir en analysant sf!S genres Naja, Boa et Constrictor j d'un autre côté il suffit d'analyser ses genres Natrix , Cérastes et autres , pour se convaincre du peu de certitude qui règne dans ses vues , relativement aux caractères qu'il établit pour désigner ces coupes artificielles. L'ordre des serpens, tel qu'il existe dans^Védition du système de la nature, publiée par Gmelin (3) , ne diffère de celui de son véritable auteur que par l'addition des espèces , décrites jusqu'à cette époque par divers savans et voyageurs. C'est à-peu-près à la même époque qu'a paru le travail (4) de Datjbenton sur les reptiles , en forme de dictionnaire : (i) PhiL Trans. w/. 79 P. 1 p. 21 suiv. — (2) Syn. Rept, Vienne 1768. — (3) LiNN. Syst. nat. ed, 13 cura Gmel. Lips, 1788. — (4) IJ fait partie de VEncyclopédie méthodique dont le premier volume a paru en 1782. — IIG HISTOflU: DE L'OPHIOLOGIK. travail rarement consulté, quoiqu'il ait servi de base à ceux de Lacépède et de Bonnaterre (i). Dans le grand ouvrage du comte de Lacépède , les serpens composent un quatrième ordre de la classe des reptiles, opposé aux trois premiers qui forment ceux des quadrupèdes ovipares à queue, sans queue, et des bipèdes ovipares. En adoptant les six genres de serpens inventés par Linné , le continuateur de But- fou y a joint les Langahas et l'Acrocliorde, d'après les indica- tions deBruguières et deHornstedt; car ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard qu'ont été établis les genres Erpéton , Leioselasme, Disteire et Trimeresure. Ce travail se recom- mande i»ar la beauté du style, poétique en beaucoup d'endroits, (juoique les faits qui font la. base de ses raisonnemens , ne soient pas toujours conformes à la vérité; les descrip- tions, plus étendues que celles de ses devanciers, pèchent rarement contre l'exactitude, mais elles sont loin de suffire à une détermination rigoureuse des espèces. Les figures qui servent à illustrer cet ouvrage, sont médiocres et quelques- unes même assez mauvaises. Ce n'était qu'une dixaine d années après la publication de l'histoire naturelle des reptiles de L'^cépède, qu'il en parut une traduction allemande, de la plume du célèbre Bechstein; ce savant dépourvu de connaissances dans cette paitie de la science, a réuni dans cette traduction tout ce qui était connu de son temps sur les reptiles, et a fait copier un grand nombre de figures de Seba , de Russel , de Merrem et d'autres; j'ai quelquefois cité celte compilation, dans laquelle Bechstein a consiofné de très bonnes observations orio^inales sur les ophidiens indigènes. La classification des reptiles proposée en 1799 par M. Al. Brongniart ('2) , est basée sur l'ensemble de forganisation et ^1) Encycl. mélhod, Paris 1802. — (2) Bidlelin de la .soc, philom, 3^ Année n.^ 35 et 36- HISTOIRE DE L'OFHIOLOGIi:. M? re])ose sur des principes trop solides poiu' ne pas èlie adoptée parles naturalistes. (Vest à ce savant qu'on doit l'invention des quatre ordres , tels qu'ils existent encore aujourd'hui; mais comme il donne pour marques distinctives des ophidiens ; point de pattes , corps alongé et cylindrique , il est évident que ni les Anguis, ni les Céciles devaient être exclues de cet ordre; Brongniart y a rangé, pour le reste , les genres adoptés par Lacépède, toutefois en y joignant celui des Vipères qui comprend plusieurs serpens venimeux. Schneider, traitant les sciences natuielles en homme de lettres, a créé les genres Hydrus, Pseudo-13oa et Elaps , pour y classer des serpens de nature assez hétérogène: on voit figurer dans le premier, à côté des vrais Hydropliis , TAcrochorde et des Tropidonotes, tandis que les deux der- niers genres offrent un mélange confus de serpens assez distincts les uns des autres. Il est difficile de comprendre pourquoi Latî\eille a pré- féré à la classification de Brongniart , une méthode analooue à celle de Lacépède. En parcourant le travail qu'il a puhlié, et qui est orné de jolies figures en miniature, mais d'aucun intérêt pour la science, on remarque que ce savant entomo- logiste s'est presque uniquement servi , pour composer son ouvrage, des matériaux fournis par Seba et par Lacéjjède , ainsi que de quelques observations de voyageurs. 11 a cependant étendu le cadre des genres, en créant ceux de Scytale, llété- rodon , Plature , Hydrophis, Enhydrus , et en établissant des subdivisions dans ceux de Couleuvre et de Vipère. La seconde partie du troisième volume de la General Zoologie de Shaw , publiée en 1802, contient la description des serpens: ce travail n'offre de toute part qu'une compila-' tion indigeste et stérile ; les espèces nouvelles que l'auteur fait connaître sont en très petit nombre; il paraît que Shaw s'est servi, pour les serpens de mer, des objets rapportés par Russel. .[18 HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. Le travail le plus complet qui ait paru sur les ophidiens est celui de Daudin ; il fait partie de son histoire natu- relle des reptiles, puhliée en 1802 et années suivantes. L'auteur a suivi la méthode de Brongniart , mais on lui doit rinvention de plusieurs genres: à l'exemple de Russel, il a séparé les Pythons des Boas ; son genre Bongare n'a subi jusqu'à ce jour aucun changement ; celui de Vipère comprend chez lui la plupart des serpens venimeux propre- ment dits; ses genres Lachesis , Hurriah , Eryx, etc., n'ont été rejetés que par moi, tandis que d'autres, tels que ceux de Coralle et Glothonie, n'ont jamais été adoptés par les natura- listes. Les descriptions de Daudin sont le plus souvent assez détaillées; mais comme il manque de connaissances solides et élémentaires, et dominé par l'esprit de contradiction, cet auteur, peu exercé à la critique, commet souvent des erreurs assez graves. Les figures dont son ouvrage est orné , valent mieux que celles de Lacépède ; mais réduites dans de trop petites proportions , la pliipart pèchent contre l'exacti- tude. Daudin a mis à profit les nombreux matériaux , fournis par les iconographies de P/Ierrem et de Russel , et publiées en partie avant l'époque à laquelle il écrivit. Le premier des ouvrages que nous venons de citer , les Beltrâge de Merrem, contient des figures très reconnaissables de serpens, accompagnées de bonnes descriptions. Le second est le recueil le plus vaste et le plus riche , qui ait jamais paru pour illustrer cette partie d'une faune qui traite des ophidiens. Les portraits qu'il contient , principalement ceux du second volume , sont pour la plupart très exacts , quoi- qu'on puisse reprocher aux artistes , d'avoir souvent négligé de faire usage des nombreux moyens que l'art moderne offre , et dont les peintres français ont su si adroitement tirer parti. On est redevable à Russel de plusieurs bonnes observations sur les habitudes des serpens : les expériences , qu'il a faites sur les effets de la morsure de ces êtres , HISTOIKK OK J. OPaiOLOGlE. IID mentent d'être citées: aussi ses successeurs oiii-ils eu suiii d'en faire passer l'extrait dans leurs ouvrages. De toutes les ligures qui ont paru jusqu'à ce jour sur l'histoire naturelle des animaux , celles qui se trouvent dans \e grand ouvrage sur V Egypte, sont sans contredit les plus parfaites sous le rapport de la fidélité avec laquelle elles représentent les objets. Le texte explicatif de ces planches n'a été publié que très récemment , et encore n'embrasse-t-il que la première partie; les o])jets, représentés par Savigny dans le supplément, ayant été perdus. Une nouvelle classification des reptiles , insérée d'abord dans les Annales des sciences naturelles a été publiée sépa- rément en 1811 à Munich. L'auteur, feu Oppel , s'écarte sous beaucoup de rapports, de ses prédécesseurs. En adoptant les quatre ordres établis par Brongniart , il y a apporté de nombreuses modifications, en réunissant les Sauriens et les Ophidiens comme subdivisions de son ordre Squamata, en rangeant les Orvets parmi les Sauriens, et en plaçant, d'après les indications de M. Duméril,les Géciles dans l'ordre des Batra- ciens. Ce système, plus naturel qu'aucun autre publié par la suite , n'a été goûté que de nos temps. On doit à feu Oppel l'établissement de plusieurs genres assez naturels, tels que Tortrix, Trigonocéphalus, Vipera, etc.; mais il a porté la confusion dans le système en réunissant les Bongares sous la dénomination générique de Pseudo-Boa, tandis qu'il applique ce premier nom aux Dipsas. Les sept familles qu il a créées pour subdiviser les ophidiens sont fondées sur un trop petit nombre d'observations , pour être utiles de nos temps: quelques-unes même sont très peu naturelles; par exemple celle des Pseudo- vipères qui comprend les genres Acrochorde et Erpéton; puis les Vipérins, où se trouvent réunis les Vipères , les Bongares et les Najas, etc. J'arrive maintenant aux travaux que Cuvier a faits sur les serpens. i'ondés sur des observations cpi'il a d'abord insérées 120 HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. dans son Anatomie comparée, cet illustre savant a publié en 1817 une classification des ophidiens (i) , dont nous donne- rons l'aperçu ; reproduite depuis dans la seconde édition du livre qui la contient, on n'y a rien changé d'essentiel , sinon qu'elle embrasse quelques genres de plus; c'est pourquoi nous nous servirons , pour notre extrait , de ce dernier tra- vail. Cuvier, ayant classé dans l'ordre des ophidiens tous les reptiles apodes, il s'ensuit que des êtres d'une organisation différente de celle des serpens, tels que les Anguis, les Pseu- dopus , les Céciles en devaient faire partie. La première famille, celle des Anguis, comprend les genres Anguis, Pseudopus, Ophisaurus et Acontias. La seconde famille, celle des vrais scupens, se trouve subdivisée en deux tribus: celle des Doubles-marcheurs , qui contient les genres Amphis- bène et Typhlops , et celle des serpens proprement dits qui , embrassant tout le reste des ophidiens , se divise de nouveau ne coupes. Viennent d'abord les non-venimeux, distribués dans les genres Tortrix, Boa , Coluber et Acrochordus, genres que l'on pourrait très bien appeler familles, et dont la plupart sont composés de plusieurs sous-genres peu naturels: à côté des Boas figure le Scytale coronata, l'Eryx et l'Er- péton ; parmi les Couleuvres sont confondus les Pythons , les Homalopsis(i) , le Xénopeitis, l'Hétérodon , les serpens d'arbre et l'Oligodon. Les serpens venimeux sont 'divisés en venimeux proprement dits , ou à crochets isolés et en venimeux dont les armes dangereuses sont suivies de plusieurs autres dents solides. La première de ces deux familles est établie en faveur de celle des Crotales, des Trigonocé- phales, des Vipères, des Najas, des Élaps , du Plature, du Langaha, et de plusieurs autres sous-genres nouveaux, mais de trop peu d'importance pour être nommés ici ; la deuxième famille comprend les Bongares, les serpens de mer et J'Acro- fi) Le lir^f/r animal, vol. JI.^ (2^ Ccmr Ccrbcrus, de M, Cuvier. fllSlOUŒ DE L'OPHIOLOGIE. 121 cliordoïdc sous le nom de (Jhersydriis. LesCéciles, comme troisième tribu , terminent l'ordre des ophidiens. En passant de revue cette classification, nous nous bornons à observer que Cuvier , attachant trop d'importance au système dentaire des serpens et à la forme des plaques du dessous, s'est écarté à beaucoup d égards du système naturel. Du moins , il me semble qu'une réunion telle que des Hydrophis , des Bon- gares et de l'Acrochordoïde ne peut convenir dans aucune méthode, soit artificielle, soit naturelle. Comment se fait-il que les Elaps et les Najas, ophidiens dont le maxillaire est garni, outre les crochets , de dents solides, aient été rangés parmi les serpens venimeux à crochets isolés ! Le Langaha s'y trouve également, quoique ni ses formes , ni son organi- sation n'offrent les moindres rapports avec les serpens veni- meux. On voit dans ce système, les Boas, les Pythons et les Acrochordes figurer dans quatre familles diverses. Le Scytale couronné et l'Eryx font partie du genre Boa; les Uropeltis , (de véritables Typhlops) , se trouvent à la suite des Tortrix , tandis que le Xenopeltis en a été exclu , pour prendre place parmi les Couleuvres. Ces observations suffiront pour faire voir à combien d erreurs a donné lieu le principe de classer les serpens d'après la conformation des plaques sous-caudales. Outre les ouvrages de Lacépède , deLatreille et de Daudin , on ne possède d'énumération complète des espèces connues de serpens que celle publiée en 1820 par Merrem(i). L'au- teur, en adoptant les grandes divisions des ophidiens en venimeux et innocens, a rangé la plupart des derniers dans le genre Coluber, dénomination qu'il a changée très mal-à- propos , en celle de Natrix; il termine la longue série de ces êtres par le genre Dryinus. A la tête des serpens non-veni- meux se trouvent rangés, dans l'ordre suivant, les autres genres de cette famille: i ,) l'Acrochorde; a,) le Rhinopirus^ ^i) Tentamen systernatis amphihionim. 122 HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. nom remplaçant celui d'Erpéton; 3) les Tortrix, mélange clés genres Tortrix , Eryx , Typhlops , Acontias , etc. ; 4) l'Eryx; 5 et 6) les Boas et les Pythons, genres qui comprennent un grand nombre d'espèces hétérogènes; y) les Scytale, mélange confus, auxquels suivent les Hurriahs, réunion d'espèces aussi insensée que le nom qui a servi pour les désigner. Merrem a eu soin d'adopter, pour distribuer les serpens venimeux ^ presque toutes les dénominations génériques , inventées par ses devanciers; il a multiplié leur nombre en y ajoutant plusieurs nouvelles: son Sépédon est établi en fa- veur de THémachate; ses Pélias embrassent une Vipère et un Trigonocéphale; ses Echis reposent sur des Vipères, etc.; mais ce savant a, sans la moindre nécessité , fait plusieurs chan- gemens dans la nomenclature : telles sont l'introduction des noms génériques d' Acanthophis , d'Echidna, deCophiaset de Natrix remplaçant ceux anciennement /eçus d'Ophryas, de Vipera, de Trigonocephaîus et de Coluber. C'est à-peu-près de cette même époque que datent les tra- vaux étendus que feu H. Boie a faits sur les reptiles. Ce natu- raliste zélé et infatigable, en disposant des matériaux que lui offraient la collection de serpens du musée des Pays-Bas, a imaginé un grand nombre de coupes génériques, établies en majeure partie aux dépens de celles déjà connues antérieu- rement. La publication du grand ouvrage, dans lequel Boie a déposé ses recherches, ayant été entravée jusqu'à ce jour, il est arrivé que des extraits ont été communiqués à plusieurs erpétologistes , qui se sont empressés d'adopter les vues de feu Boie, avant que les travaux originaux aient pu parvenir à la connaissance du pubhc. Ce n'était qu'en 1827 que M. Fr. Boie de Kiel a communiqué l'aperçu des recherches de son frère, enrichi de ses propres observations; voici les noms des genres nouveaux d'ophidiens, consignés dans l'ouvrage de feu Boie: Xenopeltis (Reinwardt) ; Brachyorrhos (Kuhl); Lycoflon fBoie) ; Oligodon (Boie); Amblycephalus (Kuhl); HISTOIUK DE L'OPHIOLOGIE. 123 Elapodis (Boie) ; Homalopsis (Kuhl) ; Xenodon (Boie) ; Tro- pklonotus (Kuhl); Erpetodryas (Boie); Dendrophis (Boie); Psammopliis (Boie) ; et Chrysopelea (Boie). La partie spéciale de mon livre étant en quelque sorte basée sur les travaux de Boie, on peut , en consultant le mémoire que je viens de citer, voir en quoi mes vues diffèrent de celles de mon prédécesseur. On vit paraître à la même époque plusieurs ouvrages iconographiques, et des observations relatives à l'illustration de la faune du Brésil , qui ont beaucoup contribué à l'éclaircis- sement d'une des partie les plus embrouillées de la science. Les travaux du Phiînce de Neuwied méritent d'être cités en premier lieu; cet auguste voyageur étant presque le seul qui ait fait des observations sur les habitudes des serpens exo- tiques, son livre appartient au nombre des plus précieux qui aient jamais paru sur l'Erpétologie: ses descriptions exactes, quoique minutieuses, ne laissent pas d'être très utiles; les planches qui servent à les illustrer , sont exécutées avec soin , et représentent les objets avec exectitude. On regrette de ne pouvoir attribuer les mêmes qualités à celles publiées • par Waglepi d'après les sujets recueillis lors des voyages de M. Spix: on voit introduit dans son livre, sous de nou- veaux noms, les espèces les plus communes; la même espèce se trouve quelquefois figurée sous plusieurs dénominations diverses et même disposée en des genres différens; des espèces recueillies en Espagne y sont décrites comme habi- tant le Brésil; le nombre des genres a été augmenté sans les moindres apparences de nécessité; on à arbitrairement substitué de nouvelles dénominations génériques aux an- ciennes; l'auteur, en surchargeant ses descriptions de détails oiseux, les a rendues diffuses: en un mot, les défauts dont fourmille cet ouvrage, ne sont guère compatibles avec l'os- tentation déployée dans cette publication et dans des pb li- cations analogues. (i) Isis vol. XX p. 5o8 suiv. N 124 HISTOIRE DE L'OPHIOLOGIE. La tendance de l'ouvrage de M. Fitzinger, étant de distribuer les reptiles d'après leurs affinités naturelles, cet erpétologiste a réuni aux sauriens les ophidiens, qui se trou- vent divisés en plusieurs familles; les dénominations dont il s'est servi pour désigner les nombreuses coupes génériques qu'il a crées, sont en grande partie empruntées de la no- menclature barbare de Seba ; une énumération des espèces d'ophidiens faisant partie du Musée de Vienne et annexée à son opuscule, peut servir à illustrer sa manière de voir. La mienne s'en éloignant sous beaucoup d'égards, je rapporte ici quelques faits épars de son livre, afin que l'on puisse s'en servir comme point de comparaison : le genre Duberria de M. Fitzinger, embrasse des espèces qui font partie chez nous des genres Calamar, Goluber, Xenodon , Coronella, Naja et Lycodon; on voit rangé' parmi ses Couleuvres, des Coronelles, des Psammophis, des Lycodons, des Xénodons, des Herpé- todryas, des Dipsas, des Tropidonotes et des Couleuvres proprement dites; dans sa famille des Colubroïdes sont réunis l'Acrochorde, des Hydrophis, l'Elrpéton, le Xéno- peltis , enfin, tout le reste des serpens non-venimeux, a l'ex- ception des Tortrix et des Boas; mais les deux familles subsé- quentes contiennent chacune des serpens de mer, qui figurent à côté des Vipères , ou Elaps et des Najas, genres éloignés l'un de l'autre pour prendre place dans deux familles distinctes. La nature du système, publié récemment par feu Wagler, s'op- pose à toute analyse: toujours entraîné parla fougue d'une ima- gination ardente, guidé souvent par des principes qui devaient à jamais demeurer étrangers à la science, anticipant l'esprit de son temps, ce laborieux zoologiste a créé un système où sont accumulés pêle-mêle, les serpens venimeux avec les innocens, les serpens de mer avec ceux de terre, les serpens d'eau douce avec ceux qui habitent les arbres: un système ap- puyé par d'amples mais ingér)ieux raisonnemens souvent forcés et plus j)ji\isans que justes; système dans lequel il établit une HISTOIKE DE L'OPHIOLOGIE. 125 foulede coupes nouvelleiiient inventées, dont le nombre seul t'ait trembler la mémoire la plus heureuse. — Ce même écrivain s'est rendu utile par la publication de planches erpétologiques. 11 me reste à parler de M. Lenz, qui a étudié, jusque dans les moindres détails, les moeurs et les habitudes des serpens indigènes. J'ai eu souvent recours aux observations classiques de ce naturaliste, qui se trouvent consignées dans une espèce d'histoire naturelle générale des serpens, écrite dans un style populaire souvent diffus, mais qui décèle que l'auteur est plus familier avec la littérature de cette partie de la science qu'avec les objets mêmes. J omets plusieurs autres tentatives faites par des anato- mistes ou par des philosophes, pour établir des systèmes naturels des serpens : il suffit de citer comme exemple des essais d'un tel genre celui de M. Rietgen , inséré dans le £4'"^ -volume^ o}^^ partie pcig. 245 et sawantes des Transactions de V Académie Léopoldine, Beaucoup d'autres savans, enfin, ont contribué aux progrès de l'ophiologie en publiant des obser- vations isolées. Des voyageurs ont enrichi leurs journaux de nombreux faits épars, relatifs aux mœurs des serpens, dans lesquels ils ont décrit des espèces inédites: à ce nombre appar- tiennent Pallas, Hasselquist, Forskâl, Bruce, Bartram, Bosc, Palisot de Bauvais , Paterson , Russel , M . Mérian , Marcgrav, Mikan, Raddi, le prince deNeuwied,Spix, Say , Davy, White, Lesson, Wiegmnnn et beaucoup d'autres que nous auronssoin de citer en parlant de leurs ouvrages. D'autres naturalistes se sont attachés à décrire ou àénumerer les ophidiens d'un certain pays, ou de rassembler du moins des matériaux pour les faunes des diverses contrées du globe. Outre les grands ouvra- ges déjà mentionnés sur les Indes orientales, le Brésil , l'Améri- que du Nord et sur l'Egypte, se distinguent particulièrement sous ce rapport la monographie des serpens des environs de Rome par Metaxa; de la Hongrie, publiée par Frivaldszky; de la Suisse par Wyder; delaLithuanieparDiùmpelmann; de l'Italie I2(> REVUE SYi% OPTIQUE. par le Prince de Miisignanoj de l'Allemagne par Sturni; de lu Hollande par van Lier , et de l'Amérique septentrionale par Harlan. Plusieurs savans tels que Wolf, Meissner, Wagner y Boie, Vosmaer, Fleischman, Boddaert , Gronovius, Bell, Grav, Lichtenstein , Brandt et Batzeburg , et maints autres, ont publié des observations détachées sur la nature des serpens, ou ont étendu le cadre de nos connaissances, par les descrip- tions qu'ils ont données de nouvelles espèces. Il importe , enfin , de faire mention des travaux dont les anat omis tes et les physiologistes ont, notamment dans les temps récens , éclairé l'ophiologie. Les belles et nom- breuses expériences , faites sur le venin de la Vipère , par Redi , Charas et principalement par Fontana , et la descrip- tion que ces savans ont donné des organes venimeux, sont dignes de l'attention des naturalistes de tous les temps. De célèbres anatomistes , tels que Guvier et Meckel ont exposé dans leurs manuels zootomiques l'organisation des serpens ; d'autres tels que Cloquet , Duvernoy, Mayer, Tiedemann , Schlemm, Windischmann , J. Mùller, etc., ont fourni des dissertations intéressantes sur divers organes de ces êtres ,* M. Herholdt a fait des recherches sur la physiologie de nos espèces indigènes: une foule d'autres observateurs, enfin, dont je rapporterai les noms à leurvplace, ont contribué à étendre nos connaissances dans l'histoire naturelle des serpens. REVUE SYNOPTîaUE. Je viens maintenant à mon propre travail. J'ai déjà exposé, dans ma préface, les motifs qui m'ont guidé, en donnant à mon livre la forme sous laquelle il paraît. La partie générale de mon ouvrage n'aura pas besoin de commentaire ; il ne me reste par conséquent que de fournir dans les pages suivantes le Synopsis de la partie spéciale. UEVUE S\NOPTlQCi:. 127 J'ai conservé l'ancieiiiie division des serpens en noTi- voninieux et en venimeux. Le caractère constant de ces derniers est d'être pourvus d'une glande à structure cellu- laire, sécrétant un fluide qui , apporté dans le corps animal, y produit des effets délétères. Des dents maxillaires , beaucoup plus lon à varier que la longueur de la queue. Le dessous est le plus souvent d'un rouge vermillon , orné de larges taches carrées noires. Plaques 180 + 90 à 160 -h 20. — Le C4l. orbig- NYi du Chile paraît représenter dans le nouveau monde le Cal. lombric, dont il offre les formes et le port; mais son cou est entouré de i5 rangées d'écaillés et toutes ses parties sont plus minces. Sur le dessus d'un rouge de brique ardent, les parties inférieures sont couleur de nacre. Le sommet de la tête, une tache sur la nuque, et une bande sur la queue, d'un noir foncé 264 -4- 3o. — L'Amérique du Nord produit le CAL. AMOENA qui répond par sa touille, et sa stucture UFA'UE SYNOPTIQUE. 131 au Cal. Linnaei des Indes orientales; ses formes sont cependant plus menues , et les bandes abdominales ainsi que les plaques nasales un peu plus larges. Dessus brun luisant, dessous rouge. Nombre moyen des plaques i2o-f-3o. — Les espèces suivantes s'éloignent plus ou moins des quatre précéderites qui tbrment les types du genre. Le c a.l. d i a- DEMA, le seul connu de la Nouvelle Hollande, offre cependant tout-à-fait le port et les formes des espèces types 5 mais on lui voit deux paires de plaques frontales. Il est d'un brun pâle jaunâtre, plus clair en dessous , avec une taclie tranversale et blanche sur l'occiput. 1^0 -|- 45. i3 Rangées décailles. — Les îles de Java et d'Amboine nourrissent un Calamar, cal. BRACiiYORBiios, qui présente le même nombre des plaques tle la tête que le précédent, mais qui joint à une taille plus forte que les espèces types, un corpsplus gros etaminci vers les bouts, et une tête assez conique. D'un brun terne uniforme, passant au jaunâtre sur le dessous , cette espèce a le corps entouré de 17 rangées d'écaillés. i38 -l- i3 à 180 + 38 plaques. — Le CAL. B ADi a de Cayenne, tout en présentant des formes moins vigoureuses et une taille moindre, a le port du précé- dent 5 cependant sa queue est plus effilée, la tête plus obtuse, les yeux sont plus volumineux , et il existe de chaque côté une petite plaque frênaie. Nuancée de brun et de jaune d'ocre , cette espèce offre une disposition des teintes assez variable d'un individu à l'autre. 17 R. d'écaillés; plaques i5o -+- 20 à 1 84 -h 44' — Le CALA M. ARCTivENTRis vicnt du Cap , et ressemble par ses formes à une petite Couleuvre; la tête et les plaques dont elle est revêtue sont plus développées que d'ordi- naire ; le corps est assez gros pour la taille de l'animai, et la queue pointue. Son ventre fortement anguleux et ses teintes servent à distinguer cette espèce des autres. Dessus brunchàtain, dessous jaune; flancs bleu-grisâtre , moucheté de points noirs serrés. i3o -h 3o ; i5 rang, d'écaillés. — Les deux Amériques produisent un Calamar, c. m e l anocepha la, dont les \m REVUE SYNOPTIQUE. formes rappelent celles des Elaps: il a le corps d'égale grosseur ; la queue est plus efillée que dans les précédens, la tête tron- quée au bout et à peine distincte du cou. Le système de colora- tion offre de bons traits distinctifs : dessous jaunâtre; dessus brun pâle avec trois raies longitudinales noires; tête ornée de taches noires. 1 55 -h 60, i5 rangées d'écaillés. — Ressemblant au précédent , le cal a m. punctata, originaire des parties méridionales de l'Amérique du Nord, s'en éloigne par un corps moins cylindrique, une tête plus distincte du cou, des écailles plus petites et un système de coloration divers. Le dessus est brun gris foncé avec un collier blanc; desous blanc-jaunâtre. Une suite de points noirs s'étend sur la ligne médiane de l'abdomen. i5 Rangées d'écaillés. Plaques: 170 4- 5o. — La onzième espèce du genre est très remarquable parce qu'elle offre dans l'ordre entier le seul exemple d'un serpent dépourvu de dents palatines; c'est le cal. oligodon, analogue d ailleurs, par les formes et le port, aux autres Calamars. Sa tête est cependant un peu grosse, obtuse et enflée aux joues. L'espèce est aussi très reconnaissable à ses teintes: les par- ties inférieures sont, comme dans le Calam. de Linné, d'un rouge vermillon orné de taches carrées ; le dessus est d un brun foncé avec de larges taches blanchâtres distribuées à de distances régulières sur le dos; on voit, sur la tête, plusieurs bandes noires. Ce Calamar est rare à l'île de Java et forme, à Sumatra , à Ceylan et aux îles Philippines , de jolies variétés de climat distinguées par la distribution des teintes; les taches abdominales sont réduites dans les deux dernières variétés à des points disposés sur trois rangs ; la variété de Sumatra a des taches dorsales, ovales, larges et serrées. i45 + 35j 17 Rangées d'écaillés. — Le cal. scytale, des îles Philip- pines et de Ceylan , caractérisé par la présence d'une plaque frontale antérieure impaire, ainsi que par sa queue munie en dessous de plaques simples , se rapproche , par ses formes , du Calamar brun. Dessus brunâtre, passant sur le dessous , REVUE SYNOPTIQUE. 133 au jaune d'ocre sale; trois taches foncées sur l'occiput; autant de raies composées de points foncées sur le dos et les lianes. i4o -h 3o; 17 rang, d'écaillés. — Les parties méridionales des jjltats-Unis de l'Amérique du Nord nourrissent un petit (Cala- mar, CAL. STRiATULA, qui liabitc également l'île de ]\Iarti- nique. 11 se reconnaît à sa tête conique revêtue de lames semblables à celles des Couleuvres, à l'exception des frênaies qui manquent; puisa ses yeux volumineux, à une queue assez pointue, et aux écailles lancéolées qui sont toutes surmon- tées par une forte carène. Dessus brun-pâle ou grisâtre, des- sous jaunâtre. Plaques: 120 -f-35; i5 à 17 rangées d'écaillés. — Le c A L. E L A p o I D E s , de Java, offre des écailles lancéolées et carénées comme le précédent; mais il parvient à des dimensions plus fortes , ses yeux sont plus petits , tandis que les narines sont assez ouvertes; la tête présente une forme diverse et la queue est plus effilée; les teintes enfin, qui sont des plus bril- lantes , le distinguent de toutes les autres espèces. Dessus rouge carmin ; dessous bleu d'azur pâle; i5o +70; i5 rangées d'écaillés. — Le c a l a m. b l u m 1 i , espèce anomale de l'Amé- rique méridionale se rapproche à la fois des Tortrix et de cer- tains Homalopsis. D'une taille plus forte qu'aucune autre espèce , elle offre cependant un tronc cylindrique et une queue conique et vigoureuse. Sa tête est déprimée, obtuse; les yeux sont très petits, et on voit une dent très longue à l'extrémité postérieure du maxillaire; 6 plaques labiales, 2 oculaires et 2 frontales; occipitales alongées. Dessus brun , marbré de points foncés, et relevé par trois raies effacées. Dessous et demi-collier jaunâtres. 180 + 35; 1 5 rangées d'écaillés. — On vient de découvrir , à la côte de Guinée, un Calamar dont les formes et les plaques de la tête rappelent celles desCoronelles , mais qui offre le port et la petite taille des Calamars; sa queue est plus grêle que d'ordinaire, le tronc un peu comprimé et en- touré de 19 rangées d'écaillés: c'est le cal. coronata, distingué par les quatres bandes transversales noires qui Î34 REVlJË SYNOPTIQUE. ornent la tête. D'un gris jaunâtre sur le dessous, cette espèce tire sur le dessus au brun. Plaques: ï85 + yo. — Nous avons ranoé dans ce genre une espèce anomale originaire duCliile, et qui se rapproche, par ses formes , de certains Lycodons , mais dont la distribution des teintes rappelé celle du Goronella venustissima, de l'Élaps corail etc. Elle a l'abdomen anguleux et le corps annelé de rouge et de noir; i5 rangées d'écaillés; 196 + 57 plaques: c'est le CAL. atrocincta. — Yient enfin le CAL. c o R ON E L L A , que l'on prendrait , nu premier abord, pour une petite Coronelle lisse; mais sa tête est assez grosse ^ les plaques frênaies manquent, les occipitales sont larges, ses formes sont assez ramassées, on ne lui compte que i5 rangées d'écailies , etc. D'un gris jaunâtre tirant sur le brun , cette espèce a les parties supérieures ornées de nombreuses bandes transversales foncées mais très peu distinctes. Nous avons réuni dans la troisième famille des ophidiens non-venimeux tous ces Serpens terrestres, qui n'ont pas été compris dans les deux familles précédentes. Ils offrent, à l'exception des Hétérodons , peu d anomalies dans leur organisation 5 et sont modelés, pour ainsi dire , sur le type des Couleuvres proprement dites : la plupart ont le som- met de la tête orné de 9 plaques et des écailles de moyenne grandeur et lisses. * Le premier genre , celui de C O R O N E L L A , renferme des espèces qui rappel en î, par leur organisation les (Couleuvres proprement dites; mais qui offrent une taille moindre; un tronc moins comprimé , ordinairement en pentagone et revêtu d'écaillés le plus souvent lisses et distribuées sur 17 à 19 rangées ; enfin une queue conique et peu longue. Les Coronelles se trouvent dans les climats chauds et tempérés des deux mondes; on n'en a pas encore observées dans la Nouvelle Hollande. Elles habitent les plaines, et de préférence les lieux humides. — L'Amérique méridionale nourrit une très belle espèce, reconnaissable à ses formes effilées et à ses REVUE SYNOPTIQUE. 135 teintes: d un beau rouge vormillon, elle a toutes ses parties entourées environ de i5 paires d'anneaux noirs bordés de blanc. Les écailles distribuées sur i5 rangées ont la pointe noire. C'est la co u o n. vii is usti ssi m a. On lui compte 200 placpies abdom.; celles de la queue variant de 4^ ^ ioo« A Surinam cette espèce est remplacée par un serpent tout-à fait analogue; mais qui offre un tronc moins effilé, et par consé- quent un nombre moindre de plaques abdominales, qui n'est que d'environ 180: on pourrait conférer à ce serpent, lorsqu'on veut en faire une espèce à part, le nom de CORON, venu s ta; il est très commun, et connu sous celui de Goluber agilis. — Une autre espèce semblable pour les teintes à la précédente, habite l'Amérique du Nord; c'est la coron, coccinea; mais elle présente une taille moindre que celle-là, ses yeux sont moins volumineux, la plaque verticale est ramassée et les surciliaires petites. Plaques 170 4-35. 17 Rangées d écailles. — LacoRON. MER RE M Mil, coumiunc au Brésil, est remar- quable par le grand nombre de variétés accidentelles et d'âge qu'elle forme. Sa têie est très large, et revêtue au sommet de lames petites et de forme alongée. Les écailles, disposées sur 17 à 19 rangées, sont grandes et en rbombe. Le dessous est ordinairement jaunâtre; dans les adultes, le dessus est d'un vert brunâtre, encadré en guise de tache ronde au centre de chaque écaille. Les jeunes ont un système de coloration semblable à celui de l'espèce précédente , mais les anneaux noirs s'effacent avec l'âge et la teinte rouge rembrunit. i3g -1- 5o ou i83+68. — On a observé à Surinam, dans le Brésil, et même à la Guadeloupe, une Goronelle, c. reginae, qui ressemble, quant aux formes, à la précédente, mais dont les teintes sont diverses: dessus bleu-grisâtre, dessous jaune avec des taches noires carrées ; de petites taches noires ornent les Hancs , et on en voit de blanches près de l'angle de la bouche etaucou. i4o-+- 70; ly rangées d'écaillés. — 5'"'^Esp: coron. coiiELLA. Commune à Surinam, elle paraît également se 136 KEVOE SYNOPTIQUE. trouver dans l'Amérique du Nord. Formes plus lourdes que dans les deux précédentes. Dessus varié de brun de deux nuances; des- sous jaune foncé, orné de taches noires carrées. Écailles bordées de noir ou de blanc. 1 60 H- 5o: i '7 rangées d'écaillés. — On ne connaît qu'une seule espèce du genre Coronelle des îles de la Malaisie: c'est lacoRON. balîodeira, découverte à Java et à Sumatra. D'une taille moins forte que la plupart des autres espèces, elle se rapproche par son port des Calamars, mais ses yeux sont très grands et sa tète haute. Dessus d'un brun vif, relevé par des taches blaîiches en œil; dessous jaunâtre. 128 + 68; i3 r. d'éc. — L'Europe ne produit également qu'une seule Corone!le, la coron, laevis, qui préfère les lieux secs aux terrains bas et humides; elle est d'un brun bai très luisant, et orné de taches noires déchiquetées et irrésju- lières qui forment, sur la tête, un dessin très caractéristique. Le dessous est jaunâtre, marqué de taches carrées noires. 1^5 4- 55; 21 rangées d'écaillés. Les jeunes de cette espèce éclosent dans le ventre de leur mère. Les contrées méridionales de l'Europe nourrissent une variété de climat, distincte par des teintes plus claires. — La huitième espèce est du Chilé, c'est la CORONELLA CHiLENsis. (Tacliymcnes de Wiegmann). Elle ressemble à l'espèce d'Europe, mais sa tète est plusconique et revêtue de lames moins grandes. Sa queue est plus courte , et les parties supérieures offrent 4 raies foncées qui s'étendent sur l'oc- ciput, tandis qu'on observe sur le dessous plusieurs rangées de taches noirâtres souvent peu distinctes. i58h-46; i9rangéesd'é- caîlles. — Les quatre espèces suivantes sont duCap, et s'éloignent sous plusieurs rapports des précédentes. La coron, rhom- BEATA rappelle par l'ensemble de son organisation l'espèce d Europe, quoiqu'elle se rapproche, par ses formes effilées, des Psammophis. Sa tête est menue, conique et terminée par une plaque rostrale étroite qui se prolonge sur le sommet du museau; les autres plaques de ces ])arties sont étroites et les occipitales courtes. On voit une dent sillonnée postérieure REVUE SYNOPTIQUE. 137 aux mâchoires. Le brun jaunâtre du dessus est orné de 3 ou 4 rangées de taches œillées en lozange. i55 "+"72; 17 rangées d'écaillés. — Une autre espèce du Cap, très diverse de la précé- dente, est la CORON, rufescens, qui se reconnaît à ses teintes unifjrmes d un brun pourpre pale et à une large tache foncée sur la nuque. Le dessous est jaune. Elle a la prunelle de l'œil alongée dans le sens vertical, et offre une dent postérieure sillonnée aux mâchoires. 160+4^5^9 rangées d'écaillés. — La coronella rufula se rapproche des Lycodons par ses formes et ses dents antérieures un peu phis longues que les autres ; mais la prunelle de l'œil est orbicu- laire, et les plaques de la tête un peu alongées. D'un brun uniforme tirant sur le rougeâtre, elle offre une queue assez grosse et beaucoup plus longue que d'ordinaire ; iSy H- iio; 19 rangées d'écaillés. — Une des espèces les plus belles et lespl us rares estla COR ON ELLA aurorv. Elle est très recon- naissable à ses teintes: jaune sur le dessous, brun jaunâtre sur le dessus; le dos est orné d'une large raie jaune orange qui occupe l'animal dans toute sa longueur. Elle a des formes plus lourdes que d'ordinaire; sa queue très grosse ne va guère en diminuant que vers le bout. Le museau est obtus; les plaques temporales ont la forme d'écaillés et les abdominales sont assez serrées. 180 -h /lôj^ig rang. d'éc. — Viennent enfin deux espèces un peu anomales de l'Asie, dont la première , la coronella octolineata offre un corps mince, à abdomen étroit et un peu anguleux aux côtés. Il n'existe que 6 plaques labiales et une frênaie de chaque côté; la rostrale est large et s'étend entre les frontales. On voit sur un fond d'un jaune brunâtre 4 lî^ies dorsales longi- tudinales et foncées , dont les latérales sont quelquefois doubles: ces raies se prolongent sur la tête où elles forment un angle aigu. 178 + 52; 17 rangées d'écaillés. — 11 existe au Bengale une Coronelle très jolie, la cor. russelii. Elle se rapproche de certains Xénodons, dont elle a le système 138 REVUE SYNOPTIQUE. tîeiitaire, et nolaiiiiiient du Xén. pourpre, auquel elle ressemble aussi par la distribution des teintes. Le museau est o])lique- ment coupé en dessous. ly Rangées d'écaillés de forme sublancéolée. Dessus brun de terre , relevé par une rangée de taches larges, décliiquetées et de forme peu constante. On voit sur la tête plusieurs traits anguleux. i55 -+• 54- — Le deuxième genre des serpens terrestres est celui de XENODON; ce sont des Coronelles le plus souvent de grande taille, qui offrent des formes lourdes, une tête large, un museau court ou tronqué, dont le tronc est gros et le ventre aplati. On leur voit à la mâchoire supérieure une dent solide postérieure assez longue et comprimée. Leurs écailles sont iisses et disposées sur des rangées assez obliques, notamment sur le cou qui est assez expansible et dont les côtes sont moins courbées que d'ordinaire , ce qui rapproche ces animaux des Najas. Les plaques de la tête sont trapues et larges. Ce genre n'est pas riche en espèces, et les Xénodons appartiennent au nombre des serpens rares , qui habitent en petit nombre les contrées chaudes et tempérées des deux mondes; on ne connaît aucune espèce ni de l'Afrique ni de la Nouvelle Hollande. Les uns préfèrent les lieux humides , mais d'autres qui se plaisent dans des terreins secs, s'éloignent des espèces types pour se rapprocher du genre suivant, celui des Hétérodons. — Le XENODON sEVEïius dc Surinam et du Brésil réunit par excel- lence les caractères que nous avons assignés à ces animaux en général. Il a toutes les parties assez lourdes et trapues , et les plaques de la tête petites et larges. Le poumon, enveloppant la trachée , occupe l'espace entre le cœur et la gorge. D'un jaune brunâtre pâle, les parties supérieures sont ornées d'une dou- zaine de taches foncées en œil et extrêmement larges. On observe sur la tête plusieurs bandes transversales et des traits en angle sur l'occiput. Les teintes chez les adultes sont telle- ment effacées qu'on en reconnaît avec^ peine la distribution primitive. J'ai vu des individus d'un rougeAtre \iniforme , REVUE SYNOIMIQUE. I3î> taiulîsqued'autresétaientd iinhiun verdàtre. i/io-\-^6y2ï rang, dëc. Cent un serpent de grande taille qui paraît se nourrir exclusivement du grand crapaud de l'Amérique méridionale, et qui nage avec beaucoup de dextérité. — Le x e n o o o n R UABDOCEPHALUS (lu Brésil est tellement voisin du précé- dent qu'il ne paraît en former qu'une race, distinguée par des formes un peu plus alongées, comme il résulte du nombre des lames qui varie de i4o à 180, et de 44 ^ ^^' ^9 I^^ngées d'écaillés. Le poumon s'étend derrière le cœur dans la cavité abdominale. Les couleurs de ce Xénodon sont très sujettes à varier,' on en trouvede bruns, de rouges, et quelquefois même d'un gris olivâtre uniforme. — Lcxenodon inornatus habite l'île de Java, où il est assez rare; il esl d'un brun olivâtre uniforme, et offre à-peu-près les formes du Xen. severus , quoiqu'il lui reste assez inférieur par rapport à sa taille. 120+ 38; ig rangées d'écaiPes. Le jeune a les parties supérieures relevées par des bandes transversales assez indis- tinctes, et on voit sur l'occiput plusieurs bandes qui se réu- nissent en angle. — L'île de Java nourrit une autre espèce de Xénodon , le xen. purpurascens. Aussi rare que la précé- dente, elle s'en distingue ainsi que de toutes les autres, par un système de coloration extrêmement agréable. Les formes rappelent celles de la Coronelle lisse; mais notre Xénodon est plus robuste et d'une taille un peu plus forte. Il a la plaque rostrale assez développée, voûtée et saillante; le museau est un peu tronqué au bout, et l'abdomen légèrement anguleux. D'un rouge de brique ou pourpre couvert de marbrures fon- cées, le dessus est orné de 18 bandes larges ou taches d'un blanc rougeâtre pointillé de noir. lyS +4^; 19 r. d'éc. — Il existe au Brésil une troisième espèce de Xénodon, le xen. schottii, qui offre des formes plus élancées que les précédens, et dont la tête étroite est terminée par une plaque rostrale un peu saillante. Dessus d'un brun olivâtre, dessous jaunâtre. 178 -H 46; 19 rangées décailles. Le seul Xénodon 140 REVUE SYNOPTIQUE. d'Europe connu, xen. michahellis, habite l'Espagne et la France méridionale. 11 se reconnaît à sa tête courte et conique , terminée par une plaque rostrale proéminente, à ses écailles disposées sur 27 rangées, au nombre élevé des plaques, (216 + 60), à sa queue courte et conique, enfin à ses teintes qui sont d'un brun olivâtre relevé par deux raies dorsales foncées,- plusieurs autres raies descendent sur les côtés de la tête. Le système de coloration des jeunes diffère entièrement de celui des vieux, en ce que ceux-là ont les teintes très- claires et relevées par de larges taches. — Le xenoûon TYPHLOS des Guyanes réunit à la taille des Goronelles , les formes du Xén. sévère, toutefois en exceptant qu'il a la tête et les plaques qui la revêtent moins larges, et que son abdomen est un peu anguleux. Dessous jaune, parties supérieures couleur de plomb enfumé, tirant tantôt sur le verdâtre , tantôt sur le bleuâtre. i4o H- 5o; 19 rangées d'écaillés. — J'ai placé à la suite du genre Xénodon un ophidien d'origine incertaine, mais qui vient probablement du Brésil: c'est notre xen. bicinctus. Use rapproche des Goronelles, et offre des formes assez robustes. L'œil est bordé d'un tour de 6 plaques, et la rostrale est assez déprimée. Le corps est entouré de larges bandes ou anneaux géminés et bruns, disposés sur un fond jaunâtre, et qui forment, sur le dessous, des taches carrées. 192 + 89. Les HÉTÉRODONS sont des Goronelles ou plutôt des Xénodons, dont la tête se prolonge en un museau conique terminé , le plus souvent , par une lame saillante tronquée au bout , et dure. Ils n'ont été observés que dans le Nouveau Monde où ils habitent les terreins sablonneux. Les autres plaques de la tête sont moins développées que d'ordinaire. La couleur dominante est le rouge, relevé par des taches ou anneaux foncés. Ces animaux ne parviennent pas à une forte taille et sont du nombre des ophidiens rares. — L'espèce la plus connue est l'h eterod. pî.atyrhinus, reconnaissabie REVOE SYNOPTIQUE. 141 à ses formes trapues et vigoureuses, et particulièrement à sa plaque rostrale retroussée et saillante en forme de croissant; on lui voit plusieurs écailles frontales, l'œil est bordé d'un tour de petites écailles, et les plaques labiales sont très hautes. Écailles lancéolées, carénées et disposées sur 21 rangées. 124 + 38. Corps couvert de larges taches foncées sur un fond d'un gris rougeâtre. Patrie: l'Amérique du Nord; le Brésil produit une variété de climat de la même espèce. — Originane du Brésil, Theterodon r h in os to ma ressemble au précédent par la forme de sa plaque rostrale ; mais cette partie est plus petite dans noire espèce , les plaques de la tête affectent une forme plus régulière; ses écailles sont lisses et disposées sur i5rangées,etsoncorpsoffredes formes beaucoup plus élancées. 190 4- 64- Extrêmement rare. — La troisième et dernière espèce de ce genre, le xenodoncoccineus est de petite taille, a la tête pointue, le museau saillant mais non retroussé , et le corps d'un jaune ardent marqué de larges taches ovales de rouge pourpre. 19 Rangées d'écaillés ; plaques 170 + 5o. L'espèce vient du Mexique et des provinces méridionales des Etats Unis, Les LYGODONS composent le quatrième genre des ser- pens non-venimeux terrestres. Ce sont des ophidiens de taille moyenne , dont le corps est ordinairement mince , et quelque- fois même effilé. Ils offrent le caractère particulier d'avoir des dents maxillaires antérieures plus longues que les autres. Les yeux sont petits et à prunelle verticalement alongée. La plaque verticale et les frontales antérieures sont petites et ramassées, mais les occipitales sont assez alongées ; il n'existe qu'une seule frênaie. Les écailles sont en lozange et ordinairement lisses, l'abdomen est anguleux dans la plupart des espèces, et la queue souvent munie de lames simples. La teinte dominante est un brun couleur de terre; les écailles sont quelquefois bordées de blanc, et le cou orné d'un collier clair; d'autres espèces ont le corps annelé de noii- et de blanc ou de rouge. Les Lycodons 142 RF.VÎJE SYNOPTIQUE. habitent les pays équatoriaux des deux mondes, mais on u en connaît point de la Nouvelle Hollande. — i^^ Esp. lyco- DON HEBE, à tète déprimée et à museau obtus. Les plaques frontales postérieures et les occipitales sont très alongées. 1964-68; 17 rangées d'écaillés. D\in brun-gris plus ou moins foncé, le dessus est orné de taches claires et déchiquetées. Cette dernière teinte borde les écailles et forme, derrière l'occiput, un large collier. La distribution des teintes est sujette à des variétés accidentelles; d'autres sont ducs au climat: les individus du Bengale sont très clairs; ceux de Java et de Timor plus foncés et d'une taille moins forte. — 2™® Esp. T.YcoDON CARiwATUs. Vit à Gcylau , où il est assez rare. Il a des bandes simples sous la queue, et des écailles carénées disposées sur i^ rangées. Couleur: brun de café, plus clair sur le dessous qui est marqué de taches blanchâtres. 1 88 -f- 60. — 3"^^^ Esp. L Y c o D o N j A R A. Des grandes Indes. Peiite espèce noire à col'ier blanc trè;s large; les écailles sont marquées de deux raies fines. Dessous blanchâtre. 1^5 -f- 56. — '4'"^ Esp. LYcoDON GEOMETRicus. Grande et belle espèce à formes ramassées, dont on ignore la patrie. Dessus brun rougeâtre; le dessous, deux raies sur les flancs, et une autre qui borde le sommet delà tête , jaunâtres. 21 Ran- gées d'écaillés lisses. 220 -[- 5i. — 5*"^ Esp. lycodon HORSTOKii. Observé au Cap et à la Côte d'or. De petite raille, d'un brun olivâtre foncé assez luisant, avec le bout des écailles marqué d'une tache couleur de nacre, couleur qui forme quelquefois des bandes étroites et transversales. Dessous jaunâtre. 190 -j- 4^ ; 17 rangées d'écaillés. — 6'^** Esp. LYCODON UNicoLOR. Formc avcc la précédente les deux seules espèces du genre connues de l'Afrique. Elle habite la côte de Guinée, et se reconnaît à ses teintes uniformes d'un brun fuligineux, plus clair sur le dessous; elle se distingue de la précédente par Je nombre des pla(jues et des écailles qui €st de 220 4-60 et de 27. — 7™*^ Esp. lycodon for mosus: REVUE SYNOPTIQUE ^ 143 très belle espèce a formes minces, à tête étroite, à plaque iVeiiale assez aiongée qui s'étend jusqu'à l'œil, et dont le coips est marqué d'anneaux alternes très larges d'un beau rouae vermillon et d'un noir luisant. Les écailles offrent des bfirdures noires. 66 Paires de lames sous-caudales, yj à ly Rangées d'écaillés; les lames abdominales variant de 168 à 220. Habite le Brésil. — 8'"*^ Esp. t. ycodon cleha. Très remarquable par les variétés qu'il forme, la configuration de la tête vai'iant d'un individu à l'autre , et la queue offrant des lames tantôt simples, tantôt disposées par paires. Couleur: brun de terre, quelquefois clair, souvent foncé, nuque ornée d'un collier blanc, pointes des écailles brunes. Dents anté- rieures à peine plus longues que les autres. i5 à 19 Rangées d'écaillés. Plaques variant de 148 4- 65 à 2 i 8 -+- loi. Patrie: Le Brésil et Surinam. — 9™^ Esp. lycodon subcinctus. Museau extrêmement large et obtus. Plaque frênaie touchant à l'œil, vu le manque d'oculaire antérieure. Narines très ouvertes. D'un brun noirâtre luisant, le corps de cette espèce est entouré d'une vingtaine de larges bandes blanches. 208 -I- 76; 17 rangées d'écaillés. Du Bengale et de Java. — 10™* Esp. LYCODON MODESïus. Voisiu , pour l'organisa- tion, du Lycodon Clelia. Tête plus conique que d'ordinaire. Ecailles à surface unie, presque carrées, et disposées sur 17 rangées. 2004-84. Dessus brun foncé; dessous et collier jaunâtres. Habite l'île d'Amboine, et aussi la Nouvelle Guinée où il acquiert une très forte taille, offrant alors des teintes assez claires. — 11"^^ Esp. lycodon nympha. Formes effilées, tète ramassée à museau obtus, yeux assez volumi- neux, i3 rangées d'écaillés lisses, abdomen étroit et anguleux, aao -4- 85. Corps brun, orné de bandes ou de taches claires. Habite au Bengale. — i:*"'* Esp. lycodon atjdax. Du Paraguay, se rapproche, pour les fornjes, des Dipsas. Tronc comprimé et alongé, queue très mince et effilée, tête grosse par derrière. Varié de brun et de jaune, qui forme de larges 144 REVUE SYNOPTIQUE. taches déchiquetées et irréguhères. Plaques de la tête foncées au centre. 200-+-110. 19 Rangées d'écaillés. — iS*"* Esp. LYCODON PETOLARius. A formcs effilées commc le précé- dent j mais sa tête est heaucoup moins large et le corps plus mince. Dents d'égale grosseur. 210+ 100. Corps brun foncé, marqué de nombreuses bandes ou anneaux clairs, dont fa disposition varie selon les individus. Habile les Guyanes et se trouve aussi au Brésil. Cinquième genre de la famille des serpens terrestres : C O L U- }5ER. Comprend tous les serpens terrestres de grande taille qui, tenant le milieu entre tous les ophidiens, ne présentent guère de faits extraordinaires dans l'organisation. Ils habitent ordinairement les lieux secs; mais quelques uns préfèrent le voisinage des eaux. Ils se plaisent également sous les climats chauds et tempérés des deux mondes, mais on ne connaît qu'une espèce dans l'Afrique australe, et ils paraissent manquer absolument à la Nouvelle Hollande. Les plaques abdominales sont ordinairement assez nombreuses. Leurs écailles dorsales offrent le plus souvent des carènes assez fai- bles. La plupart ont 2 plaques oculaires postérieures. Ce genre est très riche en espèces. — 1) coluber aesculapii. De l'Europe centrale et méridionale ; 21 rangées d'écaillés, brun olivâtre, avec un collier clair , dessous jaunâtre. 22^8 -f- 79. — 2)coLUBER coNSTRicTOR. Voisin du précèdent pour les formes; mais il a 17 rangées d'écaillés et est couleur de plomb foncée uniforme. i83-t-94. Habite les Etats-Unis de l'Amérique du Nord. — 3) coluber radiatus. A formes plus sveltes que d'ordinaire. Dessus d'un brun clair, relevé par quatre raies longitudinales foncées. Occiput marqué d'une bande transversale. 23o + 88 ; 19 rangées d'écaillés. Patrie: la Cochinchine , les îles de Sumatra et de Java. — 4) coluber suBRADiATUS. Remplace le précédent à l'île de Timor. Il lui ressemble assez; mais ses teintes sont plus foncées , la bande sur locciput manque, les raies sont interrompues REVUE SYNOPTIQUE. HT) et Tes plaques plus petites disposées sur 23 rangées. 235 -f- gO, 5) COLUBÊR ftLUMENBAClIII, OfflC dcS foi mCS élancées et une queue eflilée. La tête est plus distincte du cou que dans les précédentes ; l'œil est plus volumineux ; l'ab- domen anguleux et garni de lames assez larges; le dos est un peu en carène et les écailles sont disposées sur i^ rangées plus obliques que dans les autres espèces. 200 + i25. Brun- olivâtre tirant sur le jaune sur le dessus, (jui est orné de bandes transversales étroites foncées, souvent assez eifacées, irrégulières ou entrelacées. Ecailles bordées de noir- L'espèce a élé observée au Malabar, au Bengale et à Java. — 6) c o l u- BER KORROS. Très analogue à la précédente, dont elle diffère par des plaques labiales plus étroites et un museau plus court, par une tète moins liante , enfin un tronc moins comprimé et moins alongé. 170 -f- 120; i5 rang, d'écaillés; des îles de Java et de Sumatra. — 7)coluber corais. La plus grande des Couleuvres connues , atteint jusqu'à 8 pieds de longueur et la sfrosseur d'un bras d'enfant. Vient de Surinam. Ses formes sont très robustes , sa tête vigoureuse et le museau gros. Sa pbysionomie ressemble à celle des Najas. 17 Rangées de grandes écailles. D'un brun rougeâtre tirant sur le gris-pour- pre ; les jeunes à bandes transversales foncées sur les flancs. Dessous blanc jaunâtre. 202 4- 70. — 8) coll'ber mela- NURTJS. A tête ramassée et déprimée et à museau obtus ; 19 rangées d'écallles fortement carénées. Les plaques labiales sont étroites. Le tronc est comprimé et l abdomen assez angu- leux. 218-1- 9^- Remarquable par les changemens qu'éprouve le système de coloration avec l'âge, Les jeunes sont d'un beau noir luisant avec une raie dorsale jaune de citron ; flancs ornés d une suite de tacbes en œil à centre blanc ; joues d'un blanc pur. Chez les adultes, la teinte du fond change au brun, passant souvent au jaune d'ocre sur le dessus, couleur qui représente la raie dorsale ; les taches des flancs deviennent indistinctes et ne sont visibles que sur le cou. Les parties 10 14G REYUE SYNOPTIQUE. postérieures passent au uoirâtre. ÎJe Java. L iie de Célèbes produit une variété de climat, reconnaissable à un trait en angle aigu qui orne le dessus du cou. Une autre variété lo- cale , caractérisée par deux raies dorsnles noires , et par une raie semblable sur les côtés du cou , vient de Sumatra. — 9) coiiUBER PANTHERiNus. Belle ct grande espècc , qui habite au Brésil dans les lieisx marécageux. Formes élancées. Tête alongée et large. Dessus brun pâle, presque totalement couvert par deux suites de taches extrêmement larges, irré- gulières et qui forment quelquefois des bandes transversales. Deux raies foncées sur le cou , et deux ou trois bandes sur le sommet de la tête. i5 Rangées d'écaillés très grandes et lisses. 175-1-90. — 10) GOLUBER viRGATUS. Parai l rem- placer, au Japon, notre Couleuvre quatre-raies. Corps com- primé, abdomen anguleux, museau large et obtus. Dessus brun plus ou moins clair, tirant sur le vert ou sur l'olivâtre, couvert de larges taches ou bandes transversales. Ces taches disparaissent avec lâge, en sorte qu il n'en reste que des raies longitudinales effacées. 23 Rangées d'écaillés carénées. Plaques: 240 + 110. — 11) coluber qu adrivïr gatus. Egalement du Japon, et très voisine de l'espèce précédente, dont elle se distingue par sa tête plus conique et moins grosse , revêtue de plaques plus aîongées ; par un corps moins vigou- reux entouré de 19 rangées de plaques seulement , et orné de 4 raies dorsales distinctes dans l'âge adulte. Elle est d'une taille moins forte que laprér^édente et offre 200 -\- 87 plaques. Les teintes varient tellement que l'on observe des individus presque totalement noirs. — 12) coluber 'diadema. Ecailles carénées. Plaques 280+ 60. Couleur brun déterre, une bande noire entre les yeux. Des «randes Indes. — 1 3) COLUBER M I N 1 A T u S. Patrie .' île de France. Forme s élancées , queue extrêmeuient déliée , de là le nombre élevé de plaques qui est de 199 + i45. 2 5 Rang, décailles lisses et en îo/ange. Jaune d'ocre par devant , couleur qui passe, REVUE SYNOPTIQUE. 147 vers les parties postérieures, au rouge de minium cl au pourpre couvert de marbrures jaunes. — i4) coluber variabilis. A corps annelé et tacliete de noir et de blanc ou de jaune. 11 a les formes assez élancées, le tronc est très comprimé, l'abdomen anguleux et le dos en carène. Les écailles en lozano^e sont très grandes, carénées et disposées sur i5 rangées. Plaques 204 -4- 100. Dents longues et aiguës. Il existe un petit poumon acces- soire. L'espèce rappelé certains serpens d'arbre du genre Dip- sas, notamment le D. dendrophile. Habite les bois de Surinam et du Brésil. — i5) coluber plumbeus. Assez reconnais- sable à son système de coloration uniforme : couleur de plomb dessus . jaunâtre dessous. Il se distingue en outre par la présence d'une dent postérieure longue et sillonnée , par ses formes lourdes et ramassées , par une tête large, grosse et arrondiej ennn par sa physionomie, qui ressemble à celle de cer- tains Homalopsis. Il aie corps presque cylindrique, la queue courte et conique, et des écailles presque carrées , à surface unie et luisante , et disposées sur 19 rangées. 240 4-68. Est le même au Brésil et à Surinam. — 16) coluber poëciLos- TOMA. Belle espèce de grande taille , rare à Surinam , vient aussi du Brésil; reconnaissabieà sa tête très grosse, ramassée, laige, et revêtue de lames assez larges; à ses écailles lancéo- lées , carénées et disposées sur 21 rangées , à sa queue effilée , et aux teintes qui sont d'un jaune tirant tantôt sur le brun, tantôt sur le vert. La tête est d'un brun rouge et les parties postérieures sont souvent foncées, tandis que l'abdo- men est jaunâtre. La femelle a le dessous de la tête rougeâtre. L'œil est volumineux et bordé par derrière de 3 lames. Habite les lieux marécageux dans les grands bois , et se rap- proche, par ses mœurs, des Tiopidonotes. — 17) colu- ber CANUS. La seule espèce du genre connu dans l'Afrique du Sud, se rapproche , par son organisation , des Psanmiophis ou serpens de sable. Tête petite et très conique; museau ter- miné par une plaque saillante et voûtée; yeux peu volumineux ; 148 REVUE SYNOPTIQUE. écailles petites, à pointe tronquée, lisses et disposées sur 27 rangées ; queue courte et grosse. Son anatomie présente plusieurs fait curieux: la verge est double de chaque côté, le cr.ane offre les formes de celui des Herpétodryas , les mastoï- diens sont extrêmement développés , et les fortes dents deviennent plus longues vers le bout du museau. Taille très forte , jusqu'à 6 pieds. Plaques 194 — 64. Cette espèce curieuse est encore remarquable par les changemens qu'éprouvent les teintes avec l'âge: brun-rouge pâle relevé par quatre ran- gées de taches œillés, au jeune âge ; grisâtre, tirant sur Toli- vàtre, le brun ou le noir, à l'état d'âge adulte. — 18) colu- BER SAYi. Du Missouri. Tête assez conique, plaque verticale en forme de triangle , rostrale saillante ; 25 rangées d'écaillés carénées. Jaune rougeâtre, le dos est brun foncé; ces teintes forment des taches et des bandes. 224 + 55. — i9)coluber QUATERRADiATus. Quelquefois de y à 8 pieds,' habite l'Europe méridionale. Tête distincte du tronc, très alongée, haute près des yeux ; museau gros ; oeil volumineux et om- bragé par une lame saillante ; plaques occipitales allant en pointe; queue forte, 25 rangées d'écaillés petites et lancéo- lées ; 212 -f. y 5. Dessus brun relevé par 4 raies brunes plus ou moins distinctes ; une raie foncée va de l'œil à l'angle de la bouche. Cette Couleuvre a les moeurs très douces. — 20) coLUBER viRiDiFLAvus. Dcs mêmcs contrées que le précédent, mais d'une taille moins forte, plus répandu et plus commun. Queue très élancée et plane en dessous; tronc presque cylindrique à abdomen convexe; 19 rangées d'écail- lés lisses; 195 + io3. Dessus vert foncé, dessous et une tache centrale des écailles jaunes. Ces teintes varient assez, et passent souvent au brun et même au noir. Cette espèce a les mœurs assez sauvages. - — 21) coluber cliffordii. Du Nord de l'Afrique. Région des tempes et des freins revêtues d'écaillés. Plaques labiales étroites et nombreuses. Ecailles carénées et disposées sur 23 rangées. Teintes livides. Dessus brun-jaunâtre KliVUIi SViNOPilQljL. 14'J sale, orné de trois rangs de taches un peu plus foncées et souvent confluentes. 236 ~^ 84- Moins fort que le précé- dent.—22) coLUBER Hip PO c RE PI s. Intermédiaire entre les deux précédens. Taille et formes de la Coul. verte et jaune , mais à tête plus large et à queue moins effilée. L'œil entouré postérieurement et par dessous de 6 petites plaques environ; 25 rangées d'écaillés ; 282 +91. D'un jaune rougeâtre assez vif, le dessus est relevé par 3 rangées de larges taches foncées , orbiculaires sur le dos, carrées et plus petites sur les flancs: les traits qui ornent le sommet de la tête présentent quelquefois de la ressemblance avec un fer-à-cheval. Habite la plupart des pays entourant la Méditerranée. — 23) coluber FLORULENTUS. A formcs plus délicates que les précédens. D'un gris jaunâtre ou brunâtre , varié d'un grand nombre de taches et de bandes assez effacées. Menton et tempes garnis de nombreuses petites plaques ou écailles; 19 rang, d'écaillés alongées. 214 -H 93. De l'Egypte. — 24) coluber tra- BALis (i). Un peu plus fort que notre Coronelle lisse, de laquelle il ne diffère guère que par ses écailles surmontées d'une faible carène : Patrie: la Tartarie. 25 Rangées d'écaillés. 195+75. — 25) COLUBER GUTTATUS. De lAuiérique du Nord. D'une taille plus forte que notre Coronelle lisse , il offre en outre une tête plus petite et une queue moins longue. L'abdomen est un peu anguleux. 210 + 56 ; 25 rangées d'écaillés lisses. Dessus gris-rougeàtre, moucheté de noir , et relevé par 3 ou 5 rangées de taches, dont les mitoyennes sont assez larges et plus ou moins orbiculaires. Un trait noir bifourchu sur l'occiput, et une bande entre les yeux. Des- sous jaune foncé, avec de taches noires carrées et alternes. - 26) coLUBERLEOPARDiNus. Système de coloration analogue à celui du Golub. guttatus, avec cette exception que les taches (i) C'est le Col. Dione Pall. du Musée de Berlin , où noUe Psain- mophis moniliger poiie le nom de Coluber trabdlis. Pall. 150 REVUE SYNOPTIQUE. dorsales sont moins larges et souvent confluentes. Formes plus délicates que dans le précédent. Tête comme chez la Couleuvre d'Esculape; 23 rangées d'écaillés lisses. 240 + ^5. Le Sud-Est de l'Europe, et l'Afrique septentrionale. — ay) COLUBER coNSPiLLATUS. Très aualoguc au précédent, pour le système de coloration, mais à formes plus lourdes, à écailles plus grandes et à plusieurs petites plaques frênaies. Des bandes transversales au lieu de taches sur le tronc ; une tache en massue précédée par un trait en angle sur l'occiput. 2 1 Rangées d'écaillés 210 + 68. Originaire du Japon. 6me Genre des serpens non-venimeux terrestres: FI ERP ET O- DRYAS. Les Erpétodryas sont des Couleuvres qui aiment le séjour dans les bois ou qui fréquentent ordinairement les arbres. Ils rappelent les Couleuvres par leur organisation , mais ils ont des formes plus élancées, leur tête est plus effilée, et la plupart offrent une livrée d'un vert plus ou moins uni- forme. Ils ont les mœurs sauvages et habitent les pays chauds des deux mondes, mais n'ont point encore été observés ni en Afrique, ni à la Nouvelle-Hollande. L'Europe et le Japon n'en produisent non plus. La plupart se nourrissent d'oiseaux. i) H ERPETODRYAS cARiNATus. Serpent remarquable parce que son dos étant garni de deux rangées de plaques, le nombre total de ces rangées est pair, exemple unique dans tout l'ordre des Ophidiens. Il est encore remarquable parce que toutes les parties sont sujettes à varier considérablement. 12 Rangées d'écaillés, dont les deux dorsales sont souvent surmontées d'une forte carène. Plaques variant de 1/^1 -^ 98 à 199 -+- 204. On observe dans cette espèce plusieurs races distinctes par leurs formes plus ou moins élancées. Dessusbrun tirant au vert , au gris noir , ou au rouge; dos quelquefois plus clair. Dessous jaune. Habite le Brésil et est très-commun à Surinam. Parvient à une taille de 6 pieds. — 2) h erpéto- dryas SERRA. Espèce très rare du Brésil. Formes grêles , tronc fortement comprimé, dos en carène, queue assez déliée. REVUE SVJNOlMinUE. 151 abdomen ani>iileux. Plaques frontales étroites. Ecailles forte- ment carénées, lancéolées et disposées sur 21 rangées. 241 -+- 106. La dernière dent maxillaire longue et sillonnée. Une suite de larges taches dorsales carrées sur un fond d'un gris rougeâtre pâle, qui passe au noir sur la queue. — 3) her pe to- DRYAs viRiDissiMus. Tête large et comprimée; abdomen assez anguleux; 19 rangées d'écaillés à surface unie et très luisante. Taille de 2 à 3 pieds. D un vert bleuâtre, plus clair sur le dessous. 2i5 4- I ip. Habite Surinam. — 4)herpeto- DRYASoLFERSii. Fomics nioius effilées que le précédent, les dernières plaques labiales larges. Vert , à tête et raie dor- sale d'un brun vif. Une raie noire derrière l'œil. Abdomen convexe. 178 "^9^. Du Brésil et de Surinam, où il forme une variété distinguée par les teintes vertes à-peu-près unifor- mes. 5) IIERPETODRYAS MARGARITIFERUS. Taille et formes de lErpétodryas d'Olfers; mais à tête un peu plus large. 19 Rangées d'écaillés faiblement carénées, noires à centre bleu et à pointe jaune. Sommet de la tête brun vif, région des tempes noire. i54~^ ii5. De la Nouvelle -Orléans. — 6)herpetodryas boddaertîi. Voisin de l' Erpéto- dryas d'Olfers; mais à abdomen un peu anguleux, à tête plus déprimée, a plaques labiales plus étroites, et d'un vert gris ou olivâtre uniforme. 170+ 102. De Surinam. — 7) herpetodryas aestivus. Distingué des trois précé- dens par 17 rangées d'écaillés lancéolées et fortement caré- nées, par des formes plus grêles^ et par des teintes d'un beau vert d'herbe. Habite les deux Amériques. 1^5 -H 3o. — 8) herpetodryas tricolos. Port de FErpét, très vert, mais de rhoindre taille; aussi sa tête est-elle plus courte, grosse à la base et très conique; le tronc est moins haut, et la plaque frênaie manque. i5 Rangées d'écaillés carrées et lisses. Les plaques occipitales très développées. Dessus vert-olivâtre ou brunâtre; dessous jaune; une raie noire va de lœil aux côtés du cou. i?>o H- iif). Assez rare dans l'île 152 REVUE SYNOPTIQUE. de Java. 9) herpetodryas goudotii, Formes très effi- lées, queue extrêmement déliée. Brun jaunâtre sur le dessus; sur les flancs de nombreuses raies noires et obliques, pro- duites par les bordures des écailles; côtés de l'abdomen tachetées de noir qui forme une raie sur les côtés de la queue. 21 Piangées d'écailies lancéolées et lisses. 186 -h i58. Patrie: l'île de Madagascar. 10) herpetodryas oxycephalus. De très forte taille, et du port des Couleuvres. Tronc assez comprimé et haut; abdomen fortement anguleux; queue longue et vigoureuse; tête acuminée, particulièrement le museau; plaque frênaie petite et très alongée. 25 Rangées d'écaillés lancéolées et lisses. Vert, dessous jaune, queue brune. 25o H- i4o. Patrie: file de Java. L'île de Célèbes produit une variété de climat, reconnaissable à ses teintes brunes, qui passent au noir sur les parties postérieures. — II) HERPETODRYAS LiNEATUS, Petite cspècc de Surinam, où elle est très-commune. Gris -blanchâtre, dessus brunâtre, avec trois raies foncées. 19 Rangées d'écaillés lisses. Oeil grand, plaque verticale étroite. lyo-i-yo. Le Brésil nourrit un ophidien toutà-fait analogue, mais dont toutes les écailles sont bordées de noir, et les raies dorsales interrom- pues et composées de taches noires. — 12) herpetodryas HELENA. Très jolie espèce de Bengale, où elle est assez rare: écailles petites, lisses, et disposées sur 27 rangées; formes très effilées. Plaques: 23o +90. Dessous couleur de nacre. Dessus rose pourpre, passant au brun vers les parties posté- rieures; sommet de la tête de la dernière teinte; une raie dorsale vert-jaunâtre ; sur la nuque, une paire de raies bleues en massue , et renfermant une ligne en zigzag qui se pro- longe sur le dos. l3) HERPETODRYAS RHODOGASTER. Teintes: dessus comme dans l'Erpétodr. rayé; dessous rouge» Formes beaucoup plus élancées que dans l'Erpét. rayé; mais la lête est peu grande, ramassée et revêtue de lames peu dévelop- pées; frênaie petite. Nombre des plaques abdominales 186, REVUK SYNOPTIQUE. 153 des caudales au dessus de 70; 17 rangées d'écaiHes lisses. Habite l'île de Madagascar. — i4) herpetodryasge mi- nât us. De Java. Taille petite. Formes assez effilées; tronc cylindrique partout d'égale grosseur. Tête petite, presque d'une venue avec le cou, déprimée et à museau obtus. i5 Rangées d'écaillés lisses en lozange. 166 + io5. Marbré de brun-gris foncé ; deux raies dorsales d'un gris-argenté. Un demi-collier jaunâtre sur la nuque. — i5) herpetodr yas PSAMMOPHis. Ressemble à la Couleuvre jaune et verte par le port et le système de coloration ; mais ses formes sont plus élancées, l'abdomen est un peu anguleux, et la tête plus effilée. Physionomie rappelant celle des Psammophis; plaque verticale alongée. 196+ ii4« 17 Rangées d'écaillés Uncéolées ou lisses. Patrie: la Nouvelle-Orléans. — 16) herpeto- DRYAS DENDROPHis. 1 5 Rangées d'écaillcs caréuécs ct lan- céolées. Dessous de la queue aplati ; ventre convexe. î4o-l- 196.^^ Dessus brun-olivâtre, marqué de nombreuses bandes étroites transversales foncées , qui renferment des taches claires. De Cayenne. — 17) herpetodryas dip* SAS. Rappelé les Dipsas par la configuration de sa grosse tête. Yeux très grands. Ecailles lisses, grandes, disposées sur i3 rangées. Formes élancées et cependant vigoureuses , queue assez déliée. Noir-bleuâtre luisant. Dessous et parties anté- rieures jaune- brunâtre, les dernières couvertes de marbrures; des taches en triangle sur les flancs. 194 ^' i3o. Espèce de grande taille, originaire de l'île de Gélèbes. — 18) herpe- todryas GETULus. Ses formes lourdes le rapprochent des Couleuvres. Tronc gros, abdomen anguleux. Tête presque d'une venue avec le cou. Museau tronqué , à plaque rostrale voûtée. Yeux petits. 21 Rangées d'écaillés lisses et en lozange. 216 -H 44- Noir, varié de bandes et raies jaunes enchaînées entre elles. L'Amérique du Nord. — 19) herpetodryas cursor. D'une taille peu forte. Formes des Couleuvres. Dessous de la queue assez convexe; i6à 17 rangées d'écaillcs. 154 REVUE SYNOPTIQUE. Noirâtre, avec 4 ^ixies jaunes sur le dessus. 1954- io5. Des deux Amériques. Le septième et dernier genre des serpens terrestres, les P S A M- MOPHIS comprend ces Couleuvres qui se rapprochent des ser- pens d'arbre par leurs formes et par plusieurs points de l'organi- sation. La plupart habitent des lieux incultesou sablonneux cou- verts de broussailles. Ils offrent une anomalie dans le système de dentition, en ce queles dents postérieures et celles du]niiheu sont ordinairement plus longues queles autres et quelquefois sillon- nées. Leur tête est aiongée, peu large et revêtue de plaques dont la verticale est très étroite; la région du frein est en gouttière. Quelques-uns ont des formes assez élancées et un corps mince; d'autres se rapprochent, par leurs formes ramas- sées , des Couleuvres. Ils habitent les contrées chaudes et tempérées des deux Pdondes , mais n'ont pas encore été observés à la Nouvelle Hollande. Ils parviennent rarement à une forte taille, i) psammophis lacertïna. Taille plus forte et formes plus lourdes que dans les autres espèces. Se reconnaît facilement à ses écailles creusées d'un sillon, et au sommet de la tête concave et séparé en manière de casque. Plaque verticale très étroite; frontale antérieure et occipitales petites. Dessus brun-olivâtre ou verdâtre, orné de 5 rangées de taches ; dessous jaunâtre; plaques labiales et mentales avec de larges taches vertes. 189 + 80. Habite presque tous les pays entourant la Méditerranée. — 2) psammophis mo n i- LîGER. De moindre taille et à formes moins robustes que le précédent. Tête moins large et plus déprimée. Brun verdâtre ou olivâtre; une raie dorsale jaune; souvent deux raies sem- blables sur les flancs. Plaques de la tête ornées de grandes taches effacées. Varie extrêmement tant pour les formes que pour le système de coloration. Plaques abdominales i36 à 170; pi. sous-caudales 62 à 126; i5 à 17 rangées d écailles lisses. Patrie: toute l'Afrique jusqu'au Levant; la pointe australe de ce continent produit un grand nombre de variétés REVUE SYNOPTIQUE. 155 de cette espèce, et on en trouve une race analogue à île de France. — 3) psàmmopiiis pulverulenta. De très petite taille. Queue assez courte. Dents sillonnées cxirèmement développées. Tête conique; museau bombé et assez court; plaque verticale assez effilée. Jaune-rougeàtre, variant au brun et au noir; tête rayée de noir; une raie dorsale foncée accompagnée d'une rangée de tacbes alternes. L(S teintes varient assez d'un individu à l'autre. i53-h 54- Du Bengale, de Sumatra et de Java. — 4) ps A-Mimophis seychellensis. Tête effilée et déprimée, museau tronqué; 17 ran. d'écailles lancéolées et fortement carénées. Brun -foncé varié de taches blanches et noirâtres alternes; une raie claire bordée de noir va des lèvres sur les côtés du cou. 188-+-107. — 5) PSAMMOPHis antillensis. Formcs effilées. Port du Psamm. moniliger. Tête large et conique; museau terminé par une pointe émoussée. La plaque verticale est moins alongée que d'ordinaire. Toutes les dents d'égale longueur. Dessus brun-jaunâtre, orné de 5 raies foncées qui s'effacent plus ou moins avec l'âge. Dessous jaunâtre. Taille: 3 pieds environ; 17 à 19 rangées d'écailles lancéolées et lisses. Pla- ques: 190 -H 122. — 6) PSAMMOPHis DAHLii. Sc rap- proche par ses formes très élancées et grêles des Dendrophis. Abdomen un peu anguleux. Tête étroite et alongée, mais garnie de plaques plus développées que chez les précédentes. Oeil grand; deux plaques oculaires antérieures. Dents toutes d'égale long^ueur. Une grosse glande surnuméraire derrière la lacrymale. Dessus gris-olivâtre; 4 ^^ ^ taches en oeil sur les côtés du cou. Longueur 3 à 4 pieds. Plaques: 211 + 122. Originaire de la Dalmatie; se trouve peut-être aussi en Egypte. — 7) PSAMMOPHIS elegans. Espèce assez jolie et rare de la côte occidentale de l'Afrique. Formes assez effilées. Museau conique alongé, un peu retroussé et tronqué en dessous. Dessus brun-pâle, avec trois raies foncées. Des- sous : ([i:atre raies effacées et verdâtres sur un fond jaune. 156 REVUE SYMOPTÏQUE. 191 -i- 159; 17 rang, d'écaillés petites , lancéolées et lisses. — 8) PSAMMOPHis TEMMiNCKii. Ptéunit au port et aux formes lourdes des Couleuvres la physionomie des Psammo- phis. A-bdomen étroit et anguleux. Dessus brun-clair, relevé par 4 raies foncées; écailles marquées d'une ou de plusieurs taches noires. 180-+-10J. Du Chilé. — La quatrième famille des serpens non-venimeux renferme les Serpens d'arbre. Ils sont particulièrement propres à peupler les grandes forêts des régions chaudes. En assez petit nombre dans l'Afrique, et très rares à la Nouvelle Hollande ; l'Europe n'en produit que des espèces anomales. Ils ont les formes ordinairement très alongées, passent la plus grande partie du jour sur les arbres ou les arbustes , et se nourrissent d'oiseaux ou de reptiles sauriens. Le premier genre de cette famille comprend les DENDRO- PHIS. Ce sont, pour ainsi diie, des Couleuvres à formes très alongées et grêles. Leur tronc est comprimé, l'abdomen et même la queue sont ordinairement anguleux et revêtus de lames très larges. Les écailles, disposées sur des rangées assez obliqueSjSont de forme lancéolée ou même linéaire surle cou, La queue est très effilée ; la tête offre à-peu-près la même organisation que celle des Couleuvres ou des Erpétodryas, mais ses formes sont beaucoup plus élancées. L'œil est grand et à prunelle orbiculaire. Les Dendrophis sont ornés de teintes très vives , et habitent les contrées chaudes des deux mondes; ils n'existent pas en Europe et ils sont rares dans la Nouvelle Hollande. — i) dendrophis li o ce r eu s. Ecailles carénées, disposées sur i5 rangées. La plaque frênaie manque i55 + i45. Dessus couleur de bronze, passant sur le devant au vert et au blanc sur le dessous. Une raie noire, derrière l'œil. Dents délicates et dégale longueur. Depuis la Martinique jusqu'au Brésil et au Chilé. — 2) dendrophis catesbyi. Très voisin du précédent , mais il s'éloigne par des écailles lisses dont on compte 17 rangées, par des teintes REVUK SYNOPTIQUE. 157 verdâtres et par une queue un peu plus effilée. 170 -4- 184. De rîle St. Doniingue. 3) D ENDROPHis aurata. Formes plus délicates que dans aucun autre serpent. Tête assez petite ,* museau plus court que d'ordinaire, yeux grands, abdomen convexe: i3 rangées d'écaillés lisses. Teinte dominante: bronze doré. i44 4- i^^* Extrêmement rare à Surinam — 4) DENDROPHis PICT A. Dans toutc l'Afrique ct l'Asie iu- tertropicales, depuis le Sénégal jusqu'à la Nouvelle Hollande. Assez sujetà varier. Ecailles lisses; une rangée dorsale d'écaillés très larges en forme de plaques. Angles de l'abdomen saillans et échancrés. Dessus brun-bronzé. Côtés de l'abdomen marqués d'une raie jaune bordée de noir. Dessous blanchâtre. Sur les côtés du cou souvent des taches obliques noires et bleues. iy5 •+• 128. — 5) DENDROPHIS F O R M O S A. Taille ct port du précé- dent ; mais sa tête et les écailles dorsales sont plus grandes , les yeux plus volumineux , les lames occipitales plus petites , et la teinte du fond est un beau bleu foncé relevé sur les flancs par deux raies noires. 180 -f- i4o. Patrie: les îles de Java et de Sumatra. — 6) dendrophis rhodopleuron. A formes plus effilées que les précédens. Queue très plane en dessous; tête déprimée; 17 rangées d'écaillés carénées ; dents maxillaires postérieures sillonnées ; angles de l'abdomen saillans et échancrés. D'un rouge pourpre pâle , passant tan- tôt au jaune , tantôt au vert ou au brun , et varié plus ou moins de noirâtre. Dessous tirant sur le jaune ; la ligne médiane du dessous de la queue marquée |d'une raie noire 210 4- iy4' De l'île d'Amboine. — 7) dendrophis ornât a. Formes un peu moins élancées que d'ordinaire. D'un beau vert foncé , orné sur le dos de traits jaunes et rouges de diverse figure, et varié de noir qui occupe les bords des écailles. Tête avec plusieurs bandes jaunes. Angles de l'abdomen extrêmement saillans et échancrés; ly rangées d'écaillés lisses. 200-f-ii3. Depuis le Bengale et Ceylan jusqu'aux îles de Sumatra et de Java. — 8) dendrophis praeornata. Du i58 REVUE SYNOPfiQlJE. Sénégal. Voisin du précédeiît ; mais à abdomen presque con- vexe et à corps moins gros. Jaune-citron , relevé sur le dos par trois raies noires qui sont remplacées , sur le cou et la lête , par des taches et bandes transversales. Dessous gris pourpre; côtés de Tabdomen marqués d'une suite de ]^»v)ints foncés. 178 -î- 12 5. 9) DENDROPÎïlS S M A R-A G ï> I N A. A teintes d'un vert brillant uniforme. ï5 Rangées décailles fortement carénées. Angles de Fabdomen fortement saillans; dents maxillaires postérieures assez longues. i65 H- i33. Habite la côte d'or. — 10) dendrophis golubrïna. Es- pèce anomale, du Gap de B. Esp. , qui rappelé par ses formes élancées mais très vigoureuses les Herpétodryas ou même les Dipsas, Tête très grosse, à plaques ramassées dont les fron- tales antérieures petites; œil assez volumineux; une dent postérieure maxillaire longue et sillonnée. 21 Rangées d'écail- lés fortement carénées; poumon avec un lobe accessoire. Brun verdâtre ou olivâtre foncé ; dessous jaune verdâtre. 189 -i- 1 13. Les DRYioPHis forment le deuxième genre des serpens d'arbre. Ils sont très reconnaissables à leur museau extrê- mement effilé et le plus souvent alongé en une pointe plus ou moins saillante. Leurs formes sont des plus élancées, le tronc assez comprimé et à abdomen convexe. La plupart ont des teintes vertes ou couleur de bronze. La mâchoire supé- rieure porte ordinairement plusieurs dents très développées et sillonnées au milieu et au bout postérieur. Les écailles sont souvent de forme linéaire, et les lames abdominales assez hautes. L'œil n'est pas volumineux ; dans les premières espèces la prunelle est transversalement alongée. Ce sont de véritables serpens d'arbre qui habitent les pays intertropicaux de l'Asie et des Amériques. On peut établir dans ce genre deux divisions géographiques. A. Les Dryiophis de l'ancien monde ou Dryiopliis propremen t dits, ont des dents maxillaires sillonnées et la pupille de l'œil alongée dans le aKVlJK SYlNOPTIQUE. 159 sens horizontal. i)dryiophis na su ta. Depuis le Malabar et Ceylan jusqu'à Java, aux îles Mariannes et Philippines. Ecailles lisses, celles delà rangée dorsale un peu plus grandes. Plaque rostrale prolongée en pointe. Vert dTierbe, dessous plus clair; une raie jaune s'étend le long des côtés de l'abdomen et de la queue. 180 -h i53. — 2) dryiophis langaha. Serpent curieux de l'île de Madagascar. Museau prolongé en une appendice charnue d'un demi pouce de longueur, revêtue de petites écailles, et de forme assez variable, souvent acérée, et quelquefois comprimée et élargie en forme de feuille. Écailles carénées. Teintes d'un brun vif, passant au jaune sur le dessous. Formes moins élancéts que d'ordinaire. Ventre un peu anguleux. 148 + i36. — 3) dryiophis PRASiNA. Tête conique, museau tronqué; plaque rostrale à bords saillans, labiales très hautes. Dents sillonnées assez développées. Ecailles lisses. 200 -+- 160. Patrie: le Bengale, la Cochinchine, les îles de Java , de Sumatra et de Célèbes; les individus de cette dernière île forment une variété à queue plus élancée. — B. Les fau x-dryiophis ou les dryio- phis du Nouveau Monde ont des dents moins développées et une prunelle orbiculaire. — 5) dryiophis cateseyi. A teintes vertes et écailles carénées. Museau très comprimé et assez obliquement tronqué au bout. 204 + 1^0. De Cayenne jusqu'à la Floride. — 6) dryiophis argenté a. Formes plus délicates que d'ordinaire; six plaques à la lèvre supérieure; écailles lisses. Blanc-argenté moucheté d'une teinte plus foncée et orné, sur les flancs et le dessous, de larges raies longitudinales d'un bleu profond. 200-1-90. Habite à Cayenne. — 6) dryiophis aura ta. A formes plus sveltes encore que le précédent. Toutes les parties extrêmement délicates. 190 -{- 162. D'une belle couleur de bronze doré, moucheté de blanc et de noir. Depuis le Brésil jusqu'au Mexique et peut-être aussi à la Floride. — Les serpens d'aibre renfermés dans le genre DIPSAS 5é 160 REVUE SYNOPTIQUE. reconnaissent à leur tête assez grosse , large et obtuse , à leiit tronc vigoureux mais très comprimé ; à la prunelle de leur œil ordinairement verticale ^ etc. Cependant, ils ont les formes alongées propres aux animaux de cette famille. Leurs écailles sont le plus souvent lisses et lancéolées et on observe^ dans beaucoup d'espèces, une rangée dorsale de plaques plus grandes que le reste; les plaques de la tête très ramassées , l'ab- domen convexe et les narines très ouvertes. On leur voit quel- quefois aux mâchoires une dent postérieure sillonnée. Les Dipsas habitent de préférence les grandes forets de l'Asie et de l'Amérique intertropicales. Les autres parties du monde en sont dépourvus , ou nourrissent des espèces plus ou moins disparates et en très petit nombre, i) dipsas dendro- PHILA. De grande taille, atteint jusqu'à ^ pieds de longueur. Formes assez vigoureuses. Tête très grosse. Des dents posté- rieures sillonnées. Un petit lobe du poumon accessoire. 21 Rangées d'écaillés , dont les dorsales assez développées. 220 — 102. Corps d'un beau noir luisant et entouré de nom- breuses bandes d'un jaune d'or. Se trouve dans l'île de Java et à Sumatra ; les individus de Célèbes ont les bandes jaunes plus serrées et l'occiput orné de plusieurs taches de la même couleur. — 2) dipsas multimaculata. Port du précé- dent, mais à taille beaucoup moins forte. Dents toutes d'égale longueur. D'un gris brun ou olivâtre bigarré de brun foncé; sur les flancs, 2 rangées de taches dont les supérieures assez étendues; sommet de la tête marqué d'un trait en angle; une raie foncée derrière l'œil ; dessous couleur de rose , marbré et tacheté de brun, i^ Rangées d'écaillés lisses, 207 + 84. Habite au Bengale et se trouve dans les îles de Java et de Célèbes. — 3) dipsas trigonata. Du Bengale. Voisin du précédent ; mais à dent maxillaire postérieure très longue, à queue plus courte et à teinte d'un jaune olivâtre, marqué sur le dos de taches triangulaires blanches et bordées de noir. 233 j^ 80. — 4) «ipsas cynodon. Beau serpent REVUE SYINOITIQUE. IGl d-es îles de Java et de Sumatra, de grande taille et à foi ines assez effilées. Tronc extrêmement comprimé. 21 Rangées d'écaillés; les dorsales en hexagone et assez larges. Dents plus larges à Textrémité antérieuie des mâchoires. Oeil très voluniineux. D'un gris-pourpre, finement marbré ou moucheté de brun et relevé par des bandes noires et serrées.Plusieurs taches blan- ches sur les flancs. Une raie noire derrière l'œil. 260 -h i4o. — DiPSAS DRAPIEZ I. 5) Fomics ct taille à-peu-près sem- blables à celles du précédent; mais à museau beaucoup plus- court, à tronc moins haut, et à dents d'égale longueur par- tout. La plaque du frein manque ordinairement. 260 -h i3o. Dessous rose pourpre bordé de noir; une suite de taches rouges bor(iées de noir près de l'abdomen. D'un brun presque uniforme dans l'âge adulte. Observé à Ceylan, à Sumatra, à Java, à Célèbes et à la Nouvelle-Guinée. — 6) DIPSAS iRREGULARis. Port du D. dcndropliilc. Taille assez forte. Ecailles dorsales de la même étendue que les autres. Écailles occipitales assez petites. Plaques souscau- dales souvent en partie simples. D'un brun olivâtre, relevé par des bandes foncées et étroites qui descendent du dos obliquement en arrière, mais qui s'effacent avec l'âge. 23 Hanaées d'écaillés. 25o-h 100. Patrie: les îles de Célèbes et dAmboine. — ^7) dipsas colubrina. Ecailles dorsales comme dans le précédent, auquel il ressemble aussi par les teintes; mais à formes beaucoup moins alongées, à queue courte et vigoureuse, à corps entouré de 27 rangées d'écaillés, et orné de 6 suites détaches foncées disposées en quinconce. 183+67. Habite l'rle de Bourbon et Madagas- car. — 8) dipsas iEGYPTiAcus. Yoisiu du Dips. anomal par le port et le manque d'écaillés dorsales larges; mais d'une taille moins forte, à corps moins haut, et à tète plus petite, très déprimée et obtuse. Il n'offre qu'une seule paire de petites plaques mentales et une teinte d'un brun-gris enfumé , avec de nombreuses bandes claires et effacées. Les 1 1 1 i>2 REVUE- SYNOPTloy E. <'uxiilles sdul pelites et on en compte 4ï rangées. 256-+- y 4' — p) DiPSAS NEBULATA. Taille petite. Tête très haute; mn- seau court et liant; point de plaque frênaie. Formes moins effilées que cfordinaire. Dents délicates et en peigne. ï5 llano-. d'écaillés à surface unie. 180 + 80. Une ran£fée de lames dorsales. Cellules du poumon s avançant sur la trachée. Glandes lacrymales et nasales assez développées. Corps chargé de marbrures brunes et claires: côtés du dos ornés de taches ou i)andes. Dessous jaune. DeSurinam. — io)dïpsas M I K A N 1 1. SeuiblabU? au précédent, mais à tête plus alongée , à museau très gros et arrondi, à tronc moins haut et à lames dorsales moins développées. Dessus d\in brun -jaunâtre marbré de brun et orné de larges taches ou bandes foncées. Bout du museau et collier blanchâtres. 170 H- 58. Cette espèce parait remplacer la précédente du Brésil. — ii)dipsas WEiGEî. î. Foriues' excessivement grêles et délicates. Têle oetite 5 large à la base et conique. Queue de ia moitié de la longueur du tronc. Ecailles dorsales assez larges. 2*56 4- i6o. Dessus blanc jaunâtre ou rougeâtre bigarré de brun , et relevé par une rangée de grandes taches d un brun rouge bordées de noir. Habite le Brésil. — 12) dipsas catesbyi. Offre plusieurs rapports avec le précédent, mais il a des formes beaucoup moins alongées; son museau est plus large et tron- qué au bout; les plaques gulaires sont très développées; celles de la têle beaucoup plus larges; ses écailles sont plus grandes; les taclies du tronc ont plus d'étendue et on voit un collier et une bande d'une teinte claire entre les narines. i(J2 -h 82. Des Guyanes. — 1 3) dipsas pavonina. Inter- médiaire entre les deux précédens sous presque tous les rap- ports. Tête comme dans le Dips. de Gatesby; mais à queue plus longne et garnie de i34 lames. Lames abdominales: 2ïy. Teinte du fond ne tirant pas sur le rouge; taches toutes ovales. Paraît représenter avec le précédent, aux Guyanes le Dips. de Weigel, i4) dipsas bucephala. Que Ton REVUE SYNOPTIQUE. \(]:i (lit originaire de l'île de Sumatra. Très lecoiinaissahle à son tronc assez haut; à sa lete petite mais très large , grosse et à museau extrêmement court ; à l'étendue des lanies dorsa- les; aux lames abdominales qui s'avancent jusque sous le menton etc. Les lames delà tête sont très ramassées , et les frênaies manquent totalement. Pointe de la mâchoire infé- rieure courbée en haut, aoo -\- io5. Dessus d'un brun rou^feà- tre, relevé par de nombreuses bandes transversales larges et d'un jaune rougeâtre bigarré de brun. — i5) dipsas die- PERiNKii. De moyenne taille. Tronc haut, plus gros vers la tête qui est, proportions gardées, plus grande que dans aucune autre espèce. 21 Rangées d'écaillés faiblement caré- nées. Abdomen un peu anguleux. Prunelle de l'œil ronde. Dents d'égale longueur. Queue effilée et grêle. Dessus brun- clair, avec des traits en angle. Dessous tirant sur le jaunâtre; une raie fine derrière l'œil. 224 -t~ i5o. De Surinam , où l'es- pèce est des plus rares. — 16) dipsas boa. Espèce curieuse et disparate. Remarquable par la petitesse des lames du som- met de la tête qui sont saillantes et bombées; par son museau très court , étroit et conique; par la présence de lames indivi- sées sous la queue; par un tour de petites plaques oculaires; par son œil volumineux à prunelle orbiculaire, et par des plaques mentales assezlarges. II existe plusieurs dents longues au bout de la mâchoire inférieure. 1 54 -h 98; i3 rang, d'écaillés lisses , dontles dorsales très larges.D'un gris-pourpre sur le dessus, relevé, sur les fiancs, par une vingtaine de larges taches couleur de rose. Habite l'intérieur de l'île de Java. - — 17) DIPSAS CARINATA. Dc petite taille. Tête extrêmement large et grosse; museau arrondi et plus court que dans aucune autre espèce; lèvres saillantes et courbées; œil entouré de 4 plaques; lames mentales assez volumineuses; i5 rangées d'écaillés carénées, dont les dorsales un peu plus grandes et à bout tronqué ; dents délicates et en peigne ; os du crâne minces. 168 -f- 60. Dessus brun marron avec «les î64 REVUE SYINOPIIQUE. bandes loiicees et serrées ; un trait à quatre pointes sur ia nuque. De Java. i8) dipsas laevis. Egalement de Java , de moindre taille encore que le précédent, auquel il res- semble, sauf qu'il a tous les traits beaucoup moins prononcés, les formes plus ramassées et la queue plus courte, que son corps est revêtu d'écaillés lisses , qu'il manque de plaque frênaie et d'oculaire inférieure, enfin que les lames occipitales sont entourées d'une rangée d'autres lames plus petites. D'un brun foncé, relevé, sur le dessus, par des bandes transversales noires. i58 -j- 37. 19) dipsas l eu co cephala. Écailles presque de même grandeur, à bout légèrement tronqué et disposées sur 19 rangées. Abdomen faiblement anguleux. Dessus gris-pourpre marbré de brun et relevé par environ 5o bandes transversales et foncées. Formes assez élancées. 244-4- 108. Du Brésil. — 20) dipsas macrorhi n a. D'une taille considérable. Formes élancées quoique robustes. Tête assez grosse; museau très large, presque d'une venue à bout tronqué et arrondi. Narines extrêmement ouvertes. Lame rostrale s' avançant sur le sommet du museau: frontales anté- lieures petites. 19 Rangées d'écaillés fortement carénées, 271 -h 118. Il existe des dents maxillaires postérieures sillon- nées. Corps marqué d'anneaux alternes de noir et de blanc; collierblanchâtre; vient de Cayenne. — 21) dipsas natte- RERi. S'éloigne des autres Dipsas par sa tête, dont les formes se rapprochent de celle des Dendiopbis. Le museau cependant en est court et étroit, et la prunelle de l'œil verticale. Lames du museau petites, du sommet de la tête alongées et étroites. 17 Rangées d'écaillés lancéolées, surmontées d'une carène et de la même étendue partout. Une dent maxillaire postérieure plus longue que le reste. De petite taille. Brunâ- tre; dos avec 4 raies foncées. 168 +74- Du Brésil. — 22) dip- sas puNCTATissiMA. Taille, port et formes absolument comme dans le précédent ; mais à écailles lisses, à queue plus élancée, à teintes plus claires , à plaque verticale plus alongée^ mWE SY^OPTIQliE. 105 et à œil moins grand. iDo-i-po. Habite les terres au Nord du jleuve des Amazones. — 23) dipsas gai m ardu. Très jolie espèce de l'ile de Madagascar, à formes assez élancées et extrêmement délicates. Corps peu élevé , côtés de la queue légèrement anguleux. Tête assez petite. 17 Rangées d'écaillés partout d'égale grandeur. 276+116. D'un brun-pourpre pâle, un grand nombre de bandes transversales sur le dos, accompagnées souvent de taches sur les flancs. — 24) dip- sas ANNULAT A. Ressemble au précédent par les teintes et la physionomie ; mais ses formes sont beaucoup plus ramas- sées , sa tête plus volumineuse , la queue plus courte, etc.; 186 -\- 89. Depuis le Paraguay jusqu'à la Nouvelle-Orléans. — 23) DIPSAS FALLAX. Espècc disparate, qui se rapproche des Coronelles. Semblable à la précédente, mais plus robuste, et à queue plus courte; aussi ses occipitales sont-elles plus petites, la tête moins haute et l'œil moins volumineux. La plaque frênaie est alongée et touche à l'œil. II existe au bout postérieur des mâchoires une longue dent sillonnée. 19 Ran- gées d'écaillés lisses. 206-4- 55. Depuis la Dalmalie jusqu'au Levant. Dessus gris-brun marbré de noir et relevé par plu- sieurs rangées de larges taches foncées. Une tache en croix sur la nuque. La cinquième famille des serpens non-venimeux ren- ferme les Serpens d'eau douce. Ces serpens se rap- prochent dans leur organisation plus ou moins des Couleu- vres, et habitent dans les eaux, ou préfèrent du moins le voismage des rivières ou des lacs à d'autres lieux. Je ne veux pas dire par là que tous les ophidiens qui ont des habi- tudes semblables doivent être réunis dans cette famille, puisqu'il faudrait alors y ranger des Couleuvres et la plupart des Boas qui offrent une organisation tout-à-fait diveise. J'ai plutôt réuni sous un même nom les serpens dont je parle, parce que, analogues entre eux par rapport à leur organisation et leur physionomie, ils composent une coupe im REVUE SYNOPTIOIE. naturelle, mais nullement séparée par des caractères tran- chés, des autres subdivisions. Cette famille con^prend deux genres, dont le premier n'offre , à quelques exceptions près, rien d'intéressant dans l'organisation, tandis que les espèces du second sont toutes caractérisées par des traits aussi Tuarqués que curieux. Le premier, celui des TROPIDONOTES forme un assem- blage de serpens ^ès analogues aux Couleuvres, mais dont les formes sont plus ramassées ; qui ont le ventre très large et convexe, et dont la tête est large, conique mais à sommet étroit et à museau court. Leur œii n'est pas volumineux et leurs narines sont peu ouvertes. Ils ont ordinairement 3 plaques derrière l'œil, 19 rangées d'écailies en lozange et carénées et l'angle de la bouche montant. Souvent de couleur sombre, mais ornée de taches à teintes vives, les Tropido- notes ne parviennent pas à une forte taille et la plupart ne surpassent guère 3 à 4 pieds de longueur. Ils habitent le voisinage des eaux douces, ou dans les eaux-elles-mêmes et sont très bons nageurs. Vivant en société, ils sont coriimuns dans les lieux qu'ils fréquentent , et ce genre est encore assez riche en espèces. On n'en a point encore observé dans la Nouvelle Hollande, ni dans l'Amérique méridionale, où ils sont remplacés par les Homalopsis. L'Afrique méridionale ne nourrit qu'une seule espèce remarquable par son organi- sation anomale. — i) tropidonotus natrix. Habite presque toute l'Europe jusqu'à la Sibérie. Serpent très com- mun et connu de tout le monde. Reconnaissable à ses teintes bleuâtres ou verdâtres relevées par des taches noires, car- rées sur le dessous; et à son collier blanchâtre suivi d'une large tache noire. Il existe des individus tout noirs, d'autres sont variés de teintes claires, et on observe dans le midi de l'Europe une variété à dos raie de jaune. i63-f-62. Habite les prés et les bords des rivières ou des lacs, et s'établit sou- vent dans le voisinage des maisons. — 2) tropidonotus lU:VUi: SYNOPTIQUE. 1(17 QUI NcuNc I Aïus. Grande et belle espèce truii brmi oli- vâtre, orné de 5 à 7 rangées de taches disposées en quin- conce. Une raie oblique sur les tempes, une au're sous l'œil. Teintes très sujettes à varier , soit accidentellenient, soit par rinfluence d'un climat divers. Les individus de Java ont les taches du dessus conlluentes pour former des raies longitu- dinales Ceux des îles Mariannes ont l'abdomen pointillé de noir. Depuis je Malabar jusqu'aux Philippines et aux Marian- nes. 134 + 72. Narines un peu verticales; lames frontales antérieures coniques. — 3)tropidonotus umbratus. Jaunâtre varié de noir, téîe toute noire. i4^~t"83. Patrie: Bengale et l'île de Geylan. — 4) t r o p i d o n o t u s r 11 o d o- MELAS. Aussi joli que rare. Dessus rouge de brique, des- sous plus clair, dos orné d'une raie foncée, sur les flancs une suite de points noirs. Tête très large et grosse, museau court et conique, lames occipitales et frontales petites. i3 1-4-44' De file de Java. — 5) tropidonotus trian- GULiGERUS. Vert-olivâtre foncé ; dessous jaune d'ocre ; flancs ornés de larges taches triangulaires rouges; museau plus long et plus conique que chez les précédens. 137 +81. Ha- bite l'île de Java. — 6)tropidonotus ciirysargos. Formes tout-à-fait analogues à celles du précédent, mais de taille un peu moindre, à museau moins conique, et à flancs ornés de bandes noires et de taches jaunes. Dessous couleur de rose pourpre. 176-I-81. Habile l'île de Java. Une jolie variété locale à teintes uniformes se trouve à Célèbes, une autre à teintes vives à Sumatra. — y) tropidonotus suBMiN I ATUS. Eucorc voisin des deux précédens par l'organisation, le port et les formes; mais à tête plus courte et haute, et à lèvre supérieure assez enflée. Brun tirant sur le vert, sur le rouge ou sur le noir et varié de noir; dessous jaune avec deux rangées de points noirs; peau nue du cou ou espace entre les écailles dun beau rouge vermillon ; sur la nuque, une tache noire précédée d'un collier jaunâtre. 16^ REVUE SYNOPTIQUE. i3i H- 67. De Java. — 9) tropidonotus tïgrinus. Port, physionomie et teintes à-peu-près du Trop, à col- lier; mais là tête est moins déprimée, les écailles sont plus larges et plus fortement carénées, et les yeux plus volumi- neux, les taches dorsales enfin ont plus d'étendue, dans l'espèce du Japon. 161 H- 71. — 10) tropidonotus viba- KARi. De très petite taille et à formes assez minces. Tête peu développée et guères distincte du cou. Ecailles faiblement carénées. Brun pâle, à raie dorsale plus foncée; dessous plus clair; collier blanc; plaques labiales blanchâtres bordées de brun. 142 +74* Longueur totale 16 pouces. Du Japon comme le précédent. — 11) tropidonotus stolatus» Taille un peu plus forte et formes moins délicates que le précédent; physionomie rappelant celle du Tropid. subminiatus. Dessus brun olivâtre foncé, relevé par un dessin réticulaire produit par deux raies jaunes entrecoupées de bandes noires, et marqué sur les angles de taches blanches. 146-H 61. Depuis le Malabar jusqu'à la presqu'île de Malacca; habite aussi les îles Philippines. • — 12) tropidonotus vittatus. Abonde dans les lieux inondés dans l'île de Java. Taille et formes à-peu- près du précédent. Brun livide, relevé par 3 raies noires; une raie d'un rouge pâle sur la dernière rangée d'écaillés. Lames du dessous bleu de schiste à bordures noirâtres. i44 "+" 78. — i3) tropidonotus schistosus. Pessus gris-schisteux ; dessous jaunâtre. Taille moindre que celle du Trop, à collier. Tête courte et conique, à plaques ramassées. Yeux petits. Ecailles surmontées d'une très forte carène. 1 5o + 80. Observé à Madagascar, au Bengale et aux îles Philippines. — i4) tro- pidonotus bipunctatus. Ressembler beaucoup d égards à notre Trop, à collier , et notamment à la variété du midi de l'E^irope; mais il a la tête plus alongée; les yeux sont plus petits , le collier et la tache sur la nuque manquent. Dessus marqué de taches irrégulières Iranversales. Lames abdomi- nales ornées d'une tache noire. i4i "+" 67. Patrie: la RFAUE SYINOPTIQUE. 169 Martinique, la Floride, les Carolines, le MexiL|ue , etc. — TROPiDONOTUS SA u RIT A. Offre , pour les teintes et même pour la physionomie, une analogie frappante avec le précé- dent; mais s'en éloigne ainsi que de tous les autres Tropi- doiiotes par ses formes élancées* qui le rapprochent des Erpétodryas. Tête plus alongée que d'ordinaire. Teinte du fond d'un brun foncé , relevé par des raies longitudinales noires. ï66 4- m. Patrie: l'Amérique du Nord jusqu'à la Martinique.—- 16) tro?idonotus fasciatus. Atteint une très forte taille. Tête un peu plus alongée que d'ordi- naire; écailles fortement carénées ; yeux peu volumineux; narines étroites et presque verticales. i36 -H 65. Brun gri- sâtre , relevé par de larges taches foncées rondes et souvent confluentes. Dessous jaunâtre. Habite les mêmes contrées que les deux précédens. — 17) tropidonotus viperinus. Du Sud de l'Europe , se trouve aussi dans les Etats Barbares- ques et jusqu'à la mer Caspienne. Tête plus alongée que dans les autres espèces , assez conique, et revêtue de plaques plus ef61ées. Dessus vert-brunâtre marqué de plusieurs rangées de taches foncées ; dessous jaune avec des taches noires carrées. L'Espagne nourrit une jolie variété à raies dorsales jaunes. 186 -H 68. — 18) tropidonotus scaber. C'est un des serpens les plus curieux , en ce qu'il a les extrémités des apophyses épineuses antérieures des vertèbres collaires en guise de dents qui percent les tuniques de l'œsophage. La glande lacrymale, d'un volume extraordinaire , s'étend jus- qu'à l'angle de la bouche. D'ailleurs , ce serpent ne s'éloigne des autres Tropidonotes par aucun trait marquant. Sa tête est très grosse, courte, ramassée et revêtue de lames de forme trapue; la frênaie manque. Les écailles, disposées sur 2'j séries , sont surmontées d'une carène plus prononcée que d'ordinaire. Le tronc est alongé et la queue courte. 200 + 4^. Dents petites et d'égale longueur. Vient du Cap. — 19) tro- pidonotus M o R T u AR I u s. Tête alongée ; narines et yeux 170 REVUE SYNOPTIQUE. très petits et presque verticaux ; plaques frontales antérieures et surciliaires petites; plusieurs lames oculaires antérieures; aS ranpées d'écaillés , surmontées d'une très forte carène. Teintes à-peu-près comme dans le Trop, à taches en quin- conce, mais plus sombres. Fait le passage aux Homalopsis. Du Bengale iSj -4- 70. Les HOMALOPSIS qui forment le deuxième et dernier genre des Serpens d'eau douce, méritent à tous les égards ce dernier surnom. Ils ont les formes le plus souvent lourdes et ramassées, et leur tête offre une physionomie toute particulière, quoique cet organe soit d'une conformation assez diverse selon les espèces : il est très gros , à museau court et arrondi , et revêtu de lames écailleuses le plus souvent assez nombreuses et de forme plus ou moins irrégulière. Cette physionomie par- ticulière des Homalopsis est due en grande partie à leurs petits yeuxplus ou moins verticaux, et à leurs narines dirigées vers le ciel et en croissant, et qui sont tellement rapprochées, qu'il n'existe ordinairement qu'une seule lame frontale antérieure. Ils ont les lèvres assez enflées et rentrantes, l'angle de la bouche est assez montant. On leurobserve ordinairement des dents maxillaires postérieures plus longues et souvent sillon- nées , et ils ont des glandes de la tête très développées. Leur squelette est compose d'os assez vigoureux; et les cellules de leur poumon se prolongent souvent sur la trachée. La plupart présentent des teintes sombres , et parviennent à une grande taille. Les Homalopsis n'ont été observés que dans les contrées chaudes de l'Asie et des Amériques, dont ils habitent les eaux douces en petit nombre , faisant la chasse aux poissons ou à d'autres animaux aquatiques, i) homalopsis buc- CATA. Très caractérisé par sa tête extrêniement grosse et haute, par le grand nombre de plaques labiales, par ses petites écailles faiblement carénées, dont on compte jusqu'à 89 rangées. Il a les lames occipitales petites et une frontale anté- rieure unique par suite de la disposition des nasales, qui sont REVUE SYNOPTIQUE. 171 rapprochées sur le sommet du museau. Un tour de petites plaques environnant l'œil. Quatre ou 5 paires de mentales convergentes, le reste de la gorge revêtu d'écaillés. Dents maxillaires postérieures sillonnées. Joues assez enflées. Dessus jaune d'ocre , couvert de larges bandes noirâtres. Une suite de points foncés le long des côtés du ventre. Sommet de la tête orné de traits. i6o -|- 78. Formes lourdes. Taille très forte. Habite l'île de Java. — homalopsis schneideri. De moindre taille et à formes beaucoup moins trapues que le précédent, auquel il ressemble par son profd,- mais il a une tête beaucoup plus alongée et à sommet revêtu d'écaillés sembla- bles à colles du tronc , de sorte que il n'existe des plaques que sur le museau. 26 Rangées d'écaillés carénées. Yeux assez dirigés vers le ciel. i/^ô + Sy. Habite Pondiçhéry , le Bengale , Java , Timor , Amboine et même la Nouvelle- Guinée. — 3) HOMALOPSis DECussATA. De très petite taille ; 19 rangées d'écaillés lisses; queue très ramas- sée; tête petite d'une venvie avec le tronc , arrondie au bout et revêtue au dessus de 9 plaques. Corps marqué de bandes alternes de brun rouge et de blanc ; cette dernière teinte forme le collier, et une tache sur le museau. i36 -i- 3o. Habite l'île de Java. — 4)ïi<^^ï^i^opsis leucobaha. Espèce singulière par la forme de sa tête qui est très large, grosse , haute , arrondie et à sommet étroit revêtu de 8 plaques peu développées , dont les yeux sont assez petits et les hautes plaques labiales seulement au nombre de 5 ; deux oculaires postérieures, une antérieure; 26 rangées d'écaillés lisses et en lozange. Dessus noirâtre ; bandes irrégu- lières des côtés et dessous blanchâtre. i54 + 33. Formes assez lourdes. Habite l'île de Timor. — 5) homalopsis F L. u M B E a. Formes moins trapues que dans le précédent. Tête large et arrondie , avec 8 plaques sur le sommet; 19 ran- gées d 'écailles lisses et carrées ; queue très ramassée. De Java. 121 -+- 37. TJne dent maxillaire postérieure sillonnée. 172 REVIE S\NOPTIQlE. Dessus couleur de plomb, dessous blanchâtre. — 6) ii o m à- Lopsis AER. Assez analooue au précédent ; mais à tétc plus alongée , à museau moins large, petit et revêtu de lames moins développées; à tronc plus comprimé , et à queue plus effilée. 25 Rangées d'écaillés en lozange. i48 + 02. Couleur de plomb tirant sur le brun, avec deux raies dorsales claires; flancs jaunes avec une raie foncée. Se trouve à Java et au Bengale. y)HOMALOPSis sieboldii. Tronc plus com- primé que d'ordinaire; dos en toit par la forte carène qu'il forme , abdomen très étroit ; 29 rangées d'écaillés lisses. Formes ramassées. Tête à-peu-près comme dans l'Homal. buccata ; mais moins obtuse, à sommet plus étroit, à lames labiales moins nombreuses et à œil plus volumineux; aussi observe-ton deux frontales antérieures. Dessus gris-brun tirant sur le pourpre , couleur presque couverte par plusieurs suites de très larges taches foncées ; dessous jaune marbré de brun. 147 + 5i. Du Bengale. — 8) homalopsis CARI NIGAUD A. Habite les deux Amériques. Voisin de l'Hom. plumbea de Java; mais à tête plus alongée, à queue plus effilée; aussi l'œil est-ii plus volumineux^ et les écailles sont à bout tronqué et surmontées d'une carène assez forte mais seulement sensible sur les parties postérieures. Cou- leur de plomb assez foncé; dessous jaunâtre, avec deux rangées mitoyennes de taches noirâtres. iSy -H 56. — p) HOMALOPSIS ANGULATA. Port dcs Tropidouotcs ; mais à formes un peu plus ramassées. Tête grosse et arrondie, revêtue de 8 plaques assez peu développées , et dont la fron- tale impaire s'avance entre les nasales. Yeux plus volumineux que d'ordinaire. 19 Rangées d'écaillés surmontées d'une très forte carène. Jaunâtre, passant, sur les flancs, au rouge; dessus orné de très larges taches foncées anguleuses, dont les pointes se prolongent sur le dessous pour former des taches carrées et alternes. Dents postérieures sans sillon. 118 -4- 66. Poumon simple. Depuis le fleuve des Amazones jusqu'r\ la Martinique. — REVUE SYNOPTIQUE. 17:^ lo) ♦iioMALOPSis pLicATiLis, Asscz recoiiiiaissable à sa tcte très 'alongée et étroite, mais dont le museau est d'une Inièveté remarquable ; cà ses grandes écailles émoussées, lisses et disposées sur if) rangées; et aux teintes. La lame frênaie manque. Taille*^ très forte. Tronc assez gros et cylindrique. i34 + 38. Dessus brun roux; sur les flancs une très large raie foncée accompagnée d'une suite de taches. Dessous jaunâtre ; sur chaque coté, deux rangées de points brunâtres. Du Brésil,* il en existe, à la Nouvelle-Orléans, une jolie variété locale, caractérisée par ses teintes vives. — 1 1) hom alopsîs MARTii. Tête à-peu-près comme dans l'Hom. plumbea , mais plus déprimée et un peu plus alongée. Yeux assez petits. Narines très rapprochées du bout du museau. Tronc beau- coup plus effilé que d'ordinaire, et cylindrique. 1 5 Rangées d'écaillés lisses. Corps entouré d'anneaux alternes bruns de deux teintes ; les adultes sont d'un noir presque uniforme , et ont la peau très luisante. i58 4- 48. Depuis le fleuve des Ama- zones jusqu'à Surinam. 12) HO M ALOPSIS REINWARDTII. De grande taille et à formes assez alongées. Queue très courte et grosse. 21 Rangées d'écaillés lisses. Tronc presque partout d'égale grosseur et un peu comprimé, physionomie ressemblant à celle de l'Homalops. plicatile. Dessus brun-roux noirâtre, dessous jaune-rougeâtre : ces deux teintes s'entre- lacent pour former sur les flancs des bandes et des taches, 180 -I- 42. Découvert dans la Louisiane. — i3) homa- Lopsis LEOPARDINA. Voisin de l'Homalop. angulata par l'organisation des écailles, de l'Hom. plicatile par la configu- ration de la tète. Plaque frontale impaire enchâssée entre les nasales. D'un rouge-brunâtre relevé, sur le dessus ,par 5 suites de taches en quinconce. Queue alongée par rapport aux- dimensions du tronc. 117 + ^3. Patrie inconnue. — 14) homa- Lopsis HERPETON. Espècc tout.-à-fait anomale et un des serpens les plus remarquables par deux appendices charnues qui se ])rolongent du hout du museau et qui sont revêtues Î74 REVUE SYNOl?TiQUlî. (récaii'es. Plaques abdominales à-peine plus larges que les écailles et surmontées chacune de deux carènes. 35 Rangées d'écaiiles fortement carénées. Port, taille et formes de l'Hom. de Schneider ; mais le tronc est très gros au milieu , la tête revêtue de petites écailles , et au sommet , de 9 plaques entre lesquelles on voit plusieurs écailles de forme, irrégulière. Dents d'égale longueur. 140 H- 96. Brun , rayé d'une teinte claire. Patrie inconnue. J'ai réuni les BOAS dans la sixième famille des ser- pens non-venimeux, ils ont la queue prenante et la faculté de s'entortiller é.^^^alement avec leiu' tronc autour d'autres corps. Leur écailles sont nombreuses et les lames du dessous très peu développées. La tête grosse et à traits prononcés , est revêtue d'écaillés ou de, petites plaques dont la forme et la disposition sont assez disparates. Les yeux sont petits et ordi- nairement à prunelle horizontalement alongée ; les narines plus ou moins verticales. Les plaques labiales sont souvent creusées de plusieurs fossettes, ils ont le poumon ordinaire- ment divisé en deux lobes, et un crochet à l'anus. Habitans des contrées chaudes des deux mondes , les espèces de ce genre ne sont prrs nombreuses et la plupart d'entre elles dé- passent tous les autres serpens dans leurs dimensions. Plusieurs espèces fréquentent les eaux douces; d'autres habitent les bois ; et il en est qui sont essentiellement aquatiques. Ils ont l'habitude d'écraser leur proie dans les replis de leur corps et de lui concasser les os avant de l'avaler. Cette famille se divise en trois coupes génériques. Genre i: Les boas proprement dits. (BO il). Ce sont les espèces dont l'intermaxillaire est dépourvu de dents, dont l'orbite est, comme dans les autres ophidiens, formée en dessus par les frontaux mitoyens, et qui ont le dessous de la queue garni de lames simples. Plus particulièrement propres à l'Amérique intertropicale. Ceux de l'ancien monde sont de petite taille et offrent des formes disparates. — i) boa HEVUE SYINOPJIQUK. 17r, c o N s T r, I c T o II. Espèce terrestre, d'une taille de 9 à 1 2 pieds. Très recoiinaissable aux petites écailles lisses qui revêtent le corps et toute la tète, et dont on compte jusqu'à 6y rangées , et à sa teinte rougeatre relevée par un dessin com- posé de larges taches ovales , de bandes et de raies entre- lacées et d'un brun-rougeatre. Formes assez vigoureuses ; queue courte, tète en forme de cœur. 243 4- 58. Habite les bois de TAmérique intertropicale, où il se suspend aux bran- ches des arbres pour guèter les petits mammifères dont il se nourrit. — 2) boa imurina. Le plus grand serpent connu. Narines verticales rapprochées au bout du museau ; cette partie et les lèvres revêtues de plaques. Yeux dirigés vers le ciel; 47 rangées d'écaillés lisses. Tètealongée, à museau arrondi et à cotés assez Inclinés. 25o -\- 66. Brun fuligineux , avec 2 ranimées de taches orbiculaires sur le dos et une double suite de taches en œil sur les flancs. Espèce aquatique et vivi- pare qui atteint jusqu'à 20 pieds de longueur. Patrie : comme la précédente. — 3) boa ce n chu i a. De moindre tailie que les précédentes. Espèce terrestre , a les habitudes du Boa constricteur. Tète à-peu -près comme dans la précédente ; mais à plaques labiales creusées d'une fosse , et à plaques verticales remplacées par de petites lames de forme irrégulière. Queue courte. Narines ouvertes et latérales. 35 Rangées d'écaillés lisses. 240-1-48. D'un roux-brun jaunâtre; dessus orné d'une double suite de taches orbiculaires , claires et bordées de noir ; trois rangées de taches moins larges et foncées sur les flancs. Les taches confluent souvent pour former un dessin réticulaire. Patrie connue les précédens. — A) boa CANIN A. Assez caractérisé par ses teiiites vertes relevées par des taches dorsales blanches en lozange; dessous jaunâ- tre. Les jeunes souvent de couleur jaune. Dents antérieures très longues. Corps fortement comprimé, et plus particu- lièrement propre à se rouler en dedans. Queue prenante douée d'une s^rande force. Tète en cœur , revêtue au Î7G REVUE SYNOPTIQUE. sommet cVécailles de forme irrégulière et plus grandes vers le bout du museau. Toutes les lames labiales creusées de fossettes. 53 Rangées d'écaillés lisses. Taille 6 pieds environ. 1^6 -{- 70. Depuis le fleuve des Amazones jusqu'à Surinam. — 5) BOAHORTULANA. Rcconnaissablc , outre ses formes élancées et la queue très longue, à une large fosse creusée dans la joue; on voit également des fossettes sur les der- nières lames de la lèvre inférieure. Dents antérieures plus longues que les autres. Tête en cœur irrégulièrement revêtue d'écaillés au dessus ; il existe une paire de lames frontales îarfifes , deux frênaies et une oculaire antérieure. Tronc très comprimé. Abdomen un peu anguleux et revêtu de lames plus larges que d'ordinaire. 89 Rangées d'écaillés alongées et lisses. Brun-roux ; une suite de larges tacbes foncées , or- biculaires ou en lozange, et assez grandes sur les flancs. Disposition des teintes peu constante. Tète ornée d'un grand nombre de traits foncés vermiculaires. 2^3 -+- 117. Fré- quente probablement les arbres, se nourrit d'oiseaux et habite tout le Brésil , Surinam , et a aussi été observé sur l'île de St Vincent. — 6) boa dussumieri. De l'ancien- monde , d'une petite île près de Maurice. Formes effilées et queue longue comme dans le Boa hortulana ; mais à plaques labiales sans fossettes, à 39 rangées d'écaillés carénées , et à tête très alongée , revêtue d'écaillés , à rexception du museau qui porte , au dessus, 2 paires de lames. Queue peu prenante. La rostrale est obliquement tronquée. Yeux latéraux. Na- rines étroites et un peu verticales. 238 -f- 128. Taille beau- coup moindre que dans les espèces de l'Amérique du Sud. Dessus gris- brunâtre , avec quelques taches sur la nuque; dessous jaunâtre. — y) boa carinata. Espèce de très petite taille des Moluques et de la Nouvelle-Guinée. Tête assez alongée et déprimée; museau anguleux aux côtés et tronqué au bout : ces parties revêtues d'écaillés, à l'exception des freins et des lèvres. Narines et yeux latéraux; les REVUE SYNOPTIQUE. 177 tîerniers suillans. Abdomen convexe et garni de hnncs plus larges que d'ordinaire. Plusieurs dents maxillaires longues au devant de la bouche. D'un brun-roux, varié de mar- brures blanches et de taches foncées, qui conduent souvent pour former des raies dorsales. i^ Rangées d'écaillés forte- ment carénées. 170 4- 5o. — 8)boaconica. Peu connu. Du Bengale. Taille du précédent. Queue très courte et conique. Brun-foncé, une large raie noire bordée de blanc serpente le long du dos; sur les flancs, une suite de taches foncées et orbiculaires. Dessous, couleur de nacre. 209+ 10. — 9) B o A M EL A N u R A. Espècc auomalc , rapprochant les Boas des Tortrix. Taille et port des espèces de l'ancien monde. Formes ramassées. Tête revêtue de 9 plaques peu dévelop- pées. Point de crochet à fanus. Queue très courte et forte- ment prenante. 25 Rangées d'écaillés carénées e»; de forme carrée. 206 4- 38. Gris-jaunâlre, une suite de taches noires sur les flancs près du ventre; une autre suite de taches très effacées, sur le dos: ces taches confluent sur la queue en formant une teinte noire uniforme. Dessous jaune d'ocre clair. Les PYTHONS composent le second genre de la famille des Boas. Ce sont tous des serpens de grande taille, qui habitent exclusivement l'ancien monde: ils ont l'intermaxil- laire garni de dents; la voûte de leur orbite est complétée par un os surnuméraire, qui n'existe dans aucun autre ser- pent; et on observe au dessous de la queue des lames divi- sées. Les lèvres sont toujours creusées de fossettes, et les plaques de la tête plus développées que dans les Boas pro- prement dits. — i) PYTHON BiviTTATUs. Lame rostralc et les deux premières labiales seules creusées de fossettes. Museau et sommet de la tête revêtus de plaques irrégulières. Région des freins excavée. 63 Rangées d'écaillés hsses et petites. 270 4- 70. D'une teinte jaunâtre, relevée par un des- sin composé de larges taches alternes brunes. Sommet de la tête bordé par deux raies, formées par la teinte du fond. 178 REVUE SYNOPTIQUE. Flancs variés et bigarrés de blanc et de noir. Dessous avec des taches carrées foncées. Depuis la côte occidentale de l'Afrique, par toute l'Asie inter tropicale, jusqu'à la Chine et à l'îie de Java. Le plus grand serpent de l'ancien monde; atteint jusqu'à 20 pieds de longueur. -—2) python SCHNEIDER I. Fomics bcaucoup plus effilées, tête beau- coup plus alongée, et taille moindre que le précédent. Tête étroite, revêtue de plaques plus développées que d'ordinaire. Museau renflé au bout, à plaques labiales antérieures creu- sées d'un sillon ; les dernières lames de la lèvre inférieure également pourvues d'une fossette. Ecailles du tronc assez petites. 320 + 90. Gris-brun jaunaLre, avec une raie noire mitoyenne sur le sommet de la tête et qui s'étend sur le corps, pour s'entrelacer avec d'autres raies, en formant un dessin réticuiaire. Va jusqu'à i4 pieds et habite Malacca, Java, Sumatra et Amboine. — 3) python amethystimus. Plaques de la tête plus développées que dans les autres es- pèces; fossettes labiales à-peu-près comme dans la précé- dente; formes plus effilées que d'ordinaire; 4^ rangées d'écaillés. Soo-î-gG. Varié de brun rougeâtre et de jaunâtre; teintes qui forment souvent un dessin réticuiaire effacé. Taille: six pieds environ. Vient de Saparua, petite île dans le rayon d' Amboine. Les îles de Timor , de Samao et la Nou- velle Irlande nourrissent un Python tout-à-fait semblable, mais à traits moins prononcés. — '4)p'^thon peronii. De la Nouvelle-Hollande. Taille 6 pieds environ. Tête beaucoup plus large que dans les autres espèces. Narines très spacieuses et dirigées vers le ciel. Museau assez obtus. Dessus de la tête revêtu de lames écailleuses nombreuses, irrégulières et plus grandes vers le bout du museau. Fossettes aux lèvres comme dans les précédens. 4i Rangées d'écaillés lisses. 275 4- 83. Noir, parsemé de traits et de taches d'un jaune d'or, plus ou moins grandes, à ce qu'il paraît, selon les lieux qu'hal)ite l'espèce. REVUE SYNOPTIQUE. 17<} 3°*'^Gemo de la famille des Boas: les AGROCIIOllDES. Ophidiens très curieux et disparates par leur organisation. €e sont cependant des Boas, mais des Boas anomaux. Ils ont une queue ix)rtement prenante et comprimée comme leur tronc. Ils manquent de crochets à l'anus. Leur tête est tirrondiej les yeux extrêmement petits, un peu verticaux, à prunelle orbiculahe, et leurs narines , tubulaires et rappro- chées au sommet du museau, sont dirigées en avant ou vers le ciel. Toutes leurs parties sont revêtues d'écaillés exces- sivement petites, non-imbriquées et mucronées, et on voit sur la li^ne médiane du ventre une crête saillante , hérissée d'écaillés. Le dessus de l'orbite est formé par une apophyse du frontal postérieur. Dents comme dans les Boas propre- ment dits. Ils sont essentiellement aquatiques, habitent les indes Orientales, et ont des teintes très sombres. Poumon prolongé jusqu'à l'anus. On ne connaît que 2 espèces de ce genre. — iVacrockordus javanicus. Dans les rivières de Java. D'une taille de 8 pieds et à formes assez ramas- sées. Narines dirigées en avant. Brun foncé, chargé de nom- breuses marbrures. Crâne de forme bizarre par la brièveté de la partie antérieure, la petitesse des mastoïdiens et l'ex- trême longueur des caisses. — 2)acrochordus fasciatus. Formes beaucoup plus grêles et taille moindre que le précé- dent; écailles des lèvres plus développées. Narines presque verticales. Brun , avec des bandes claires sur les flancs. Depuis les grandes Indes jusqu'à la Nouvelle-Guinée. La seconde grande division des serpens comprend les Serpens venimeux. Ils sont tous pourvus d'une dent meurtrière fixée sur le maxillaire, dont le volume est plus ou moins réduit, de sorte qu'il porte rarement d'autre dents que les crochets. Cet embranchement se divise naturellement en trois groupes ou familles. La première, celle des Serpens venimeux colub ri- for m es, renferme tous ces ophidiens venimeux qui rappelent 180 ilEVUE SYNOPTIQUE. par leurs fondes, les serpens non-venimeux terrestres, aux- quels ils ressemblent quelquefois beaucoup , et dont ils ne se distinguent souvent par d'autres signes extérieurs que par la grosseur du museau. Ils ont le tronc alongéj la queue courte , ramassée et conique; les yeux peu volumineux et à prunelle orhiculaire; les narines ouvertes et latérales. Leurs écailles sont grandes, en lozange et presque toujours lisses. Leur tête est revêtue de plaques semblables à celles des Couleuvres , dont la rostrale est assez développée j tandis que la frênaie manque ordinairement. L'appareil venimeux est beaucoup moins développé que d'ordinaire: le maxillaire est long et armé souvent de dents placées derrière les crochets, qui sont courts mais forts, et pourvus d'une fente qui réunit les orifices; la mâchoire inférieure avec ses pièces suspensoires est peu développée. Ces Ophidiens habitent les contrées chaudes des deux mondes, ne se trouvent point en Europe , et ne forment que trois genres. i) Les ELAPS, à tronc cylindrique très effilé et de même grosseur, entouré ordinairement de i5 rangées d'ecailles larges et lisses ; à tête alongée et peu distincte du tronc; teintes le plus souvent assez vives et belles. Ils fréquentent les lieux boisés ou couverts de "végétation et paraissent fuir les terrains arides. Ils habitent dans les deux mondes, et forment un groupe naturel , dans lequel on peut établir plusieurs divisions géographiques: A, Espèces américai- nes, à corps marqué d'anneaux alternes de rouge et de noir, i) ELA.PS coRALLiNus. Tête uu pcu couiquc ; lames occipitalcs assezlarges. Parvient à une taille de 4 pieds et plus sur une gros- seur d'un doigt d'homme. Sommet de la tête noir; teintes extrê- mement sujettes à varier, de même que les lames du dessous, qui chez les uns au nombre de i^S-f-sS, s'élèvent chez d'autres à Î222 4- 45. Couleur du fond, du rouge au jaune, au blanc ou au brun ; anneaux souvent effacés et seulement reconnaissa- bles à leurs bordures blanches. Du Brésil jusqu'à la Caroline. — REVUE SYNOPTIQUE. 181 3) EL APS LE MN isc A.TUS. Apeiiic clistiiict (kl procèdent. Vient des Guyanes. Formes un peu plus élancées; yeux plus petits et moins latéraux; une hnnde noire entre les yeux; anneaux du corps noirs et ordinairement rapprochés trois à trois. 2 3o -h 36. — elaps sur in a m en si s. Très recon- naissable à sa tête large, courte, déprimée, et revêtue de plaques peu développées et bordées de noir ; à son museau obtus , à ses formes trapues ; à son corps entouré d'anneaux rapprochés 3 à 3 et dont celui du milieu est très large ; enfin aux écailles dorsales un peu plus larges que les autres; parvient à une très forte taille et habite la Guyane hollan- daise. — B. Espèces d'Afrique. On n'en connaît qu'une seule. 4) Eî-Aps hygikae. Facile à reconnaître au caraclère artificiel tiré de la présence d'une lame nasale indivisée, percée par les narines ; verticale assez alongée j 6 labiales. Plaques abdominales moins larges que d'ordinaire. 200 ^- 28. De petite taille. Habite au Cap. Teintes de toute beauté: jau- nâtre, dessus d'un rouge vif, orné de bandes noires, quelque- fois continentes; dessous liigarré de noir. — C. Espèces de l'Asie. 5) elaps collaris. Peut-être identique avec l'Elaps des lies Philippines. Formes de FElaps lemniscatus; mais à tête courte, grosse et déprimée ; la sixième plaque verticale, évasée et touchant aux occipitales. Brun foncé, dessous marqué de taches rouges, dont les angles se pro- longent sur les flancs. Cou orné d'un collier. 229 4- 17. — 6) ELAPS TIII3ÎAGULATUS. Vient des grandes Indes. De très petite taille. Formes extrêmement délicates; queue par- tout de la même grosseur. Dessus brun clair ; avec une raie dorsale noire , accompagnée d'autres raies étroites sur les flancs. Tête , bout de la queue et anus noirs. Dessous jau- nâtre. Queue blanche, mouchetée de noir, 241 + 32. — 7)elapsfurcatus. i3 Rangées d'écaillés. Corps fiHforme. 255 -H 22 Tête d'une venue avec le tronc et étroite. Dessus brun très foncé; une raie dorsale bifourchue sur la tête, 182 REVUE SYNOPTIQUE. d'un beau jaune , qui passe au rouge sur la queue ; une raie blanche sur les flancs. Dessus d'un vert vif, avec des bandes transversales foncées. Taille i5 pouces environ. Habite Java et se trouve aussi sur la presqu'île cle Maîacca et à Sumatra 5 où il forme une variété de climat. — 8) elaps BiviRGATUS. Très belle et rare espèce. A peine de la gros- seur du petit doigt sur une longueur de 3 à 4 pieds. Corps extrêmement effilé, cylinrlrique et partout d'égale grosseur. Queue plus longue que d'ordinaire. Tête presque d'une venue avec le tronc. Dessus bleu violet, passant, vers la queue, au pourpre. Flancs marqués d'une raie blanche , ondulée et étroite. Tête et dessous rouge écarîate. 2yo -^49' Habite les îles de Ja\a et de Sumatra , où il forme une variété caractérisée par une raie sur la ligne médiane du dos. — D. Espèces de l'Au str alasie. 9) elaps mûlleri. De la Nouvelle-Guinée et des îles adjacentes. A corps plus gros au milieu que d'ordinaire , et à queue courte et plus conique. Tête distincte du tronc, revêtue de plaques très alongées , mais à museau court. Dessus brun ou brun roux; dessous tantôt jaune , tantôt vert j une raie jaune ou couleur de rose va des lèvres sur les flancs. 162 ■+■ 28. — 10) elaps cor o- NATUs. Pour la taille et les formes, semblable au précédent, mais à museau plus pointu; i38 + 52 lames indivisées. 6 Larges lames labiales , une seule temporale. D'un vert-bru- nâtre; sommet de la tête bordé par un trait noir, ii) elaps PSAMMOPHis. Ressemble , à s'y méprendre , à certains Psam- mophis et notamment à la variété verdâtre du Psamm. moni- liger du Gap. Queue plus effilée que d'ordinaire. i86H-^6. D'un vert olivâtre. Dessous et bord de l'œil jaunâtres. Le deuxième genre de la famille des serpens venimeux colubriformes , celui des BONGARES, ne comprend que deux espèces assez voisines , assez reconnaissables à leur dos revêtu d'une raitgée d'écaillés hexagones et plus larges que le reste. Ils ont le port et la physionomie des Elaps , mais REVUE SYNOPTIQUE. 183 leurs lorinoi» sont plus vigoureuses et ils parvienneni à une taille beaucoup plus forte. L'abdomen est convexe , la queue robuste, revêtue en dessous de lames indivisées. i5 à 117 llan- gées d'éoalUes lisses. Corps annelé de jaune et de noirâtre. Tête à-peu-près comme dans les Elaps. Leur squelette est pourvu de larges apophyses transversales , évasées en forme de lamelles. Plusieurs dents solides derrière les crochets. Os de la tête très robustes. Ils habitent les grandes Indes ainsi que les îles de Ceylan et de Java. — - i) dungarus annu- LARis. Corps entouré d'anneaux complets de noir et de jaune. Queue extrêmement vigoureuse , carénée sur le des- sus , et très grosse jusqu'au bout. Deux raies formant un angle aigu, sur le sommet de la têle. 2i3-+-34. Longueur 6 pieds. — 2)bungahus semî fascîatus. Taille un peu moindre que le précédent. Os beaucoup moins vigoureux. Corps entouré de demi-anneaux. Queue plus élancée et conique. Tête plus déprimée : yeux moins volumineux^ 20^ 4- /^G, Teintes assez sujettes à varier. Le troisième et dernier genre des serpens venimeux colu- briformes est celui des NAJAS. Ils ont des formes plus ro- bustes que les Elaps et les Bongares; leur tronc n'est pas cylin- drique , mais plus gros au milieu ; leur queue est plus alongée et toujours conique ; l'abdomen large et convexe ; leur cou jouit plus ou moins de la faculté de se dilater en disque; leur tête est assez distincte du tronc et souvent très conique; leurs yeux sont grands et latéraux, ainsi que les narines qui sont ouvertes ; la plaque rostrale se prolonge ordinairement sur le sommet du museau ; favant-dernière plaque labiale souvent de forme irrégulière; leurs écailles enfin sont presque toujours lancéolées , et mêine quelquefois carénées. Les Najas habitent les contrées chaudes ou voisines des tropiques de l'ancien monde. — i)naja tripudîans. C'est le célèbre serpent dont les bateleurs des Indes se servent pour exécuter des jongleries, et auquel on a donné le nom de serpent à 184 REVUE SYNOPTIQUE. lunettes, parce que son cou est orné d'un trait ayant quelque analogie avec certaines espèces de cet instrument. Son cou est assez dilatable. Il atteint uue forte taille. 23 à Si Rangées d'écaillés. 187 -f 47- Brun plus ou moins foncé ^ tantôt uniforme 5 tantôt orné de bandes obliques et étroites- Teintes assez sujettes à varier. Depuis le Malabar jusqu'aux îles Philippines. Une variété de climat à teintes foncées existe à Sumatra; les individus de Java ont les teintes pres- que noires , la queue plus courte et on ne remarque le dessin du cou que dans le jetîne âge. Se nourrit de crapauds. — 2) NAJA HAJE. Analogue au précédent, mais à cou moins dilatable, à tête plus conique, à plaque rostrale saillante, à lames labiales plus larges , et à teintes diverses. 208 + 58, 33 Rang, d'écailies. Brunâtre , varié de taches foncées et claires. Habite TEgypte ; une variété de climat se trouve au Cap : elle a le système de coloration peu constant , variant du brun au jaune et même au blanc. C'est l'Aspis propre- ment dit , célèbre dans l'antiquité et encore de nos jours par les jeux qu'exécutent avec lui les sorciers de l'Egypte. — 3) NAJA BUNGARus. Fomic plus grêlcs ct taille moindre que les précédens ; museau court et un peu tronqué au bout; yeux volumineux ; queue élancée et écailles dorsales un peu plus grandes que les autres. 260 4- 3o s. -+- 80 div.; ou 262 -h 23 s. 4- î 18 div.; 19 rangées d'écaillés. Dessus bleu noir , relevé par de nombreux traits en angle et blanchâtres.. Habite les îles de Java et de Sumatra ; espèce très rare. — 4) NAJA BUNGAROIDES. Semblable au précédent pour les teintes; mais à tête plus large et plus ramassée, à écailles d'égale grandeur, à queue plus courte, et à yeux moins volumineux; 2i4 + 52 lames simples; 21 rang, d'écaillés. — . 5) NAJA PORPHYRICA. Port du Naja à lunettes; mais de taille moindre; à i5 rangées d'écaillés seulement; à museau assez obtus, etc. Dessus bleu noir, flancs rose-pourpre,, dessous jaune. Plaq. abdominales 180; 5o sous-caudales^ ( l\E\VE S\N01MIQCK. 185 qui sont en partie inclivisées. Se trouve sur les sables de bruyère à la Nouvelle-Hollande. — 6) naja ii^ m a c ii a te s- Espèce bien caractérisée par des formes assez ramassées , par sa tête large à la base et pointue vers le bout du museau , et par ses écailles carénées, disposées sur 19 rangées. Le ('OU est un peu dilatable. 137 + 4^^' N( ir pourpre varié le jaunâtre. Habite les plaines sablonneuses au Cap de Bonne Espérance. — 7) naja riiombeata. De moindre taille que le précédent, dont il a à-peu-près le port. 19 à 21 llan- oées d'écaillés faiblement carénées sur le dos. Queue extrêmement courte et vigoureuse. i34 -^ 21. Point de dents solides derrière les crochets. Grisâtre-pâle, dessous plus clair ; une suite de taches en lozange sur le dos , une large tache anguleuse sur la tête. Observé au Cap et à la Cote d'Or. — 8) naja lubrica. Reconnaissable à son corps entouré de larges anneaux noirs et rouges. Lame rostrale très large et s'avançant assez sur le sommet du museau. Taille de 2 pieds environ. 19 à 21 Rangées d'écaillés lisses. i5o-h24. Du Cap. — 10) naja elaps. D'origine incon- nue et de très forte taille. Intermédiaire entre les Najas et les Élups. Formes assez vigoureuses. Tête distincte du cou , qui n'est pas dilatable. Lames frontales postérieures et occi- pitales très développées. Avant-dernière plaque labiale res- serrée vers la région des tempes. Yeux assez petits. i83 + 41; i5 rangées d'écaillés lisses en lozange , jaunes d'ocre à centre brun-marron. — 11) naja curta. Formes extrêmement ramassées. Prunelle de l'œil un peu verticalement alongée. Queue très courte et grosse. 19 Rangées d'écailles lisses. Lame surciliaire un peu saillante. Tête très large, à joues saillantes. D'un vert-olivâtre uniforme, plus clair sur le des- sous, fytrie: la Nouvelle-Hollande. La 2™* Famille des S e r p e n s venimeux comprend les Serpens de mer, que j'ai tous réunis dans le genre HY- DROPHIS. Ils se distinguent facilement de tous les autres 186 REVUE SYNOPTIQUE. ophidiens par leur queue très large , et élevée dans le sens vertical en forme de rame. Leur tête est petite, d'une venue avec le tronc et revêtue de plaques, comme dans la plupart de serpens , mais avec cette différence que les nasales rappro- chées au sommet du museau , remplacent les frontales anté- rieures, qui manquent alors ; les narines sont par conséquent tout-à-fait verticales , elles ont une forme orhiculaire et sont susceptible d'être fermées au moyen d'une valve. Les lèvres sont à bords reotrans, de sorte que la bouche peut se fermer hermétiquement. L'œil est petit et cà prunelle orbiculaire ; les crochets sont peu développés et toujours suivis de plusieurs dents solides et délicates. Le tronc s'amincit considérable- ment vers les deux extrémités de l'animal , de sorte que le cou. est souvent assez grêle. Les écailles sont en lozange ou en hexagone , non imbriquées , revêtues d'un épidémie mince , et surmontées d'un tubercule: on en voit deux sur la rangée médiane des écailles de l'abdomen qui sont à peine plus larges que les autres. Leur poumon est souvent prolongé en un réservoir pour l'air , qui s'étend jusqu'à l'anus. La couleur dominante est le jaune ou le vert. Ils ont le corps souvent marqué d'anneaux ou de bandes foncées ou de taches en lozange. Les serpens de mer habitent exclusivement les pa- rages intertropicaux des mers des Indes orientales et du grand Océan pacifique. Ils vivent probablement de poissons , et ne vont jamais à terre. Ou n'en connaît que 7 espèces, dont la der- nière est en quelque sorte anomale , en ce qu'elle offre des narines latérales , 5 lames frontales , des lames abdominales assez larges et des écailles lisses, imbriquées et revêtues d'un épidémie dur. i) hydropuis schistosa. A museau brusquement conique au bout, et courbé en bec. Lame rostrale étroite , prolongée en pointe , verticale ; de forme lancéolée , nasales en trigone. Yeux assez verticaux. 5i Rang, d'écaillés. 3oo + 5o. Gris»ardoisé^ avec de larges bandes brunâtres plus ou moins effacées. Les adultes ont des teintes uniformes. REVUE SYNOPTIQUE. 187 Habite le Golie de Bengale. — 2) iiydropius striât a. Tête arrondie, museau obtus, une rangée de petites lames Irigones enchâssées entre les labiales, sur le bord de la lèvre inférieure. Jaune verdàtre, marqué sur le dessus de taclies en rlioujbe plus ou moins foncées, disposées transversalement et quelquefois en forme de bandes. Formes moins vigou- reuses que dans la précédente. Longueur 6 pieds environ. 29 Rangées d'écaillés; 344 ■+- 5c^. Des mers des Indes, de la Soude et de la Chine. — 3)i!Ydrophis nigrocincta. Assez voisine de la précédente, mais elle a la sixième plaque labiale assez évasée et touchant aux occipitales en s'étendant sur la région des tempes; sa tète est plus étroite et plus arrondie; elle manque de petites lames surnuméraires à la lèvre inférieure; son corps enfin est entouré d'anneaux com- plets et très foncés. 3o6-|-49} 29 rangées d'écaillés. Observée dans le Golfe de Bengale. — 4)hydrophis gracilis. Port des précédens, mais d'une taille moindre, et à formes extrê- mement grêles, notamment vers le cou, qui est assez effilé. Tête plus petite que dans les autres espèces, et très étroite. Jaunâtre, à taches transversales en lo;iange et noires; cette dernière couleur occupe toutes les parties antérieures, de sorte que la teinte du fond ne paraît que sous forme de bandes étroites. Tête noire, une tache claire au dessus de l'œil. 355 4- 5o. 27 Rangées d'écaillés. Golfe de Bengale et mers de la Sonde. — 5)hydrophis pela mi s. A. petites écailles hexagones disposées en pavé. Formes ramassées. Tête très alongée. Ligne médiane de l'abdomen indiquée par une suture formée parles deux dernières rangées des écailles, dont on compte 47 en tout. 35o -h 60. Dessus brun noirâtre, dessous jaune; queue, et quelquefois même tout le corps de l'animal, varié de 'ces deux teintes. La plus commune des espèces; se trouve dans tous les parages qu'habitent les serpens ma- rins. — 6) HYDROPiiis PELAMID01DES. Formes beau- coup plus trapues et tête plus courte que le précédent, du(juel Î88 REVUE SYrx OPTIQUE. îl se rapproche par ia conformation des écailles; mais ces orga- nes sont plus grands et on n'en compte que 25 à 3o ranoées. Des vestiges d'écaillés abdominales, enchâssés sur la suture médiane du ventre. Jaunâtre, à larges taches dorsales en lozange. i36 -î- 27. Golfe de Bengale et mers de la Chine et des Moluques. — 'j) uyûrophis col tj brin a. Espèce anouKile, très facile à reconnaître aux écailles lisses, imbri- quées et revêtues d'une épidémie cornée; aux narines latéra- les; à la présence de 5 lames occipitales; à ses lames abdomi- nales beaucoup plus larges que d'ordinaire. 23 Rangées d'écailies. Plaques: 220 4- 38. Vert foncé, marqué de larges anneaux noirâtres, assez effacés dans l'âge adulte. Presque aussi conmiun que le Pékiînide ; habite les mêmes lieux. La troisième et detnière famille des serpens venimeux com- prend les S erp en s venimeux proprement dits. Ils ont une physionomie tout-à-fait particulière et quelque chose de hideux dans leur aspect j on pourrait même dire que leur caractère malfaisant s'exprime dans chacune de leurs parties: car ils ont des formes lourdes et ramassées , une queue très courte , une tête grosse , très large à la base , et en forme de cœur; toutes les parties sont ordinairement hérissées d'écail- lés lancéolées et surmontées d'une forte carène ; leur museau est souvent tronqué ou môme retroussé; les freins, dans plusieurs genres, sont creusés d'une fosse spacieuse et pro- fonde ; la lèvre supérieure est renflée et descendante comme dans les chiens-dogue; l'ouverture de la bouche est assez arquée ; les yeux sont petits , à prunelle verticale , et enfon- cés sous une lame surciliaire saillante ; leurs crochets enfin sont extrêmement développés, et occupent à eux-seuls le maxillaire qui est réduit à un assez petit volume , tandis que les ptérygoïdiens externes forment un levier en guise de stylet. Cette organisation détermine leur mode d'attaque , qui est tout particulier . en ce qu'ils attendent tranquillement jus- qu'à ce que les animaux, dont ils se nourrissent, soient à leur IVEVUE SYNOPTIQUE. 18Î) portée; se jetant ensuite sur eux, ils frappent d'un seul coup la plaie meurtrière, qui, mettant leur proio hors d'ctat de s'échapper , la fait tomher dans leur pouvoir. Les serpens venimeux proprement dits se trouvent dans les cinq parties du monde. Ils hahitent tantôt les bois, tantôt les plaines. On en connait trois genres. Les deux premiers ont des fosses nasales. i) TRIGONOGEPHALUS. A queue terminée par une plaque cornée et conique. Ils habitent les régions boisées des deux mondes , mais n'ont été observés ni en Europe, ni en Afrique , où ils sont remplacés par les Vipères. On peut établir dans ce genre deux divisions, fondées sur la nature des tégumens de la tête. — A. Espèces à tête revêtue d'écail- lés. Elles sont plus particulièrement propres à !a Zone torride. — i) trigonocephalus jararaca. Formes un peu plus effilées que d'ordinaire ; tête plus alongée , revêtue d'écaillés plus grandes vers le bout du museau dont les bords sont garnis de plaques; 9 lames labiales; 188 + 53; 27 rangées d'écaillés lancéolées et fortement carénées. Brun- olivâtre , ordinairement relevé par de larges bandes ou taches en lozange. Habite les forêts du Brésil. — 2) trigonoce- p II A LU s ATRox. Très analogue au précédent, qu'il paraît représenter aux Guyanes; mais à 8 lames labiales , à 4 paires de mentales, à museau plus conique, à écailles moins effilées dont les carènes assez saillantes , et à teintes plus claires et tirant au gris pourpre. 194 -4- 64- — 3) trigonocepua- Lus LANCEOLATus. Remplace les précédens aux petites Antilles, et leur est très voisin ; mais à lames abdominales plus nombreuses , à teintes tirant sur le vert ou sur le jaune , à 2 paires de plaques mentales assez petites, et à 3i rangées d'écaillés plus petites. 255 + 64» — 4) trigonocepiialus BiLiNEATUS. Très reconnaissable à sa queue mince et susceptible de se rouler en dedans, à son tronc assez com- primé, élancé et à ventre étroit, à ses petites écailles, enfin 190 REVUE SYNOPTIQUE. à ses belles teintes vertes passant au brun-roux sur la queue, et relevées par une raie jaune de citron près de l'abdomen. Dessus jaune -blanchâtre 280 + 78; 29 rangées d'écaillés. Très rare au Brésil et à Cavenne. — 5) trïgonocephalds NiGROMARGiNATUS. Espccc de petite taille , assez carac- térisée par ses écailles en lozange, lisses, disposées sur 19 rangées, plus grandes sur le sommet de la tête; par 2 larges plaques au bout du museau ; par des plaques surciliaires divisées, etc. i^^-}- 56. Dessus vert foncé, orné par des taches noires. Vient de Geylan. — 6) trigonocephalUvS wAGLERî. Tête très large et grosse; museau anguleux aux côtés et obliquement tronqué en dessous ; 5 paires de men- tales assez trapues; 25 rangées d'écaillés pourvues de forte carènes, prolongées en pointe sous la gorge. Dessus vert foncé avec des bandes transversales jaunes. i4o + 48. Habite l'île de Sumatra. — 7) trigonocepïialus vïridïs. Taille moyenne. Dessus vert uniforme ; dessous jaune. Deux grandes lames au bout du museau , qui descend presque perpendiculairement. 21 Rangées d'écaillés lancéolées et caré- nées. 164 4- 64. Des grandes Indes, vit aussi dans les îles de Sumatra , Célèbes et Timor. — • 8) trigonocepha- i,us PUNICEUS. Très reconnaissable à son œil protégé au dessus par une rangée de petites écailles relevées en pointe. Tète très large, en cœur et à sonnuet plane; museau anguleux et excavé aux côtés, à bout arrondi et obliquement tronqué, 162 + 54. Brun-roux , bigarré et varié de jaunâtre , de pourpre ou de grisâtre; queue très foncée. Patrie: l'île de Java. — B. Espèces à sommet de la tète revêtue de lames. 9) TR IGONOCEPHALUS RHODOSTOMA. Très bcUc CSpècC. Formes assez vigoureuses. Tête en cœur, garnie sur le som- met de 9 lames plus développées que d'ordinaire ; museau assez conique à bout proéminent et mobile; écailles lisses, en lozange et plus grandes sur la rangée médiane du dos qui est en carène. Queue courte et pointue. i47 -+-55. Brun- I\EVUE SYNOPTIQUE. !91 rouj^eatro, i)lus clair sur le clos, dont les cotés sont ornés de larires taches foncées trianirulaires. Sonunet de la tête bordé d'une large raie rougeàtre ; une raie noire derrière l'œil. Habite l'île de Java. — lo) tri go no ce ph a lus iiy p- NALE. De Ceyian et des îles Philippines. Taille petite. Museau prolongé en pointe retroussée et saillante, revêtu nu dessus cVécailles, auKcpielles succèdent la lame verticale, les surcihaires et les occipitales. 19 Rangées d'écaillés carénées. 142 -f- 4^)- Teintes du corps à-peu-prc^s comme dans le précédent. — n) t kigonocepiialus ha lys. Formes plus grêles que d'ordinaire. Tête alongée, revêtue de g lames dont les frontales antérieures assez ramassées; museau court et arrondi. 2^7 Rangées d'écaillés lancéolées et carénées. i65 + 3^. Dessus gris-jaunâtre, avec 5 rangées détaches brunâtres. Observé dans la Tartarie. — i2)TRiGONOGE- piiALus BLOMnoFFii. Lamcs de la tête à-pcu près commc dans le précédent, mais à formes plus lourdes et à tête plus grosse; 25 rangées d'écaillés fortement carénées. 189 -j- 5i. Dessus brun-olivâtre , avec deux rangées de taches ovales foncées; une large raie noiie derrière l'œil. Du Japon. — i3) TRiGONOGEPHALus CENCHRïs. De rAméri(|ue du Nord ; assez reconnaissable à ses petites lames occipitales , cjui manquent quelquefois totalement ; et aux écailles de l'occiput cjui sont hérissées de tubercules au lieu de carènes. Formes ramassées. i3o + 43. Corps orné sur le dessus de larges bandes de brun-cuivré, qui font entrevoir la teinte du fond sous forme de grandes taches en lozange et d'un brun-grisâtre. Le deuxième genre des serpens venimeux proprement dits est celui de CROTALE. Ils sont propres au nouveau- monde, et habitent de préférence les lieux secs et incultes; on pourrait dire qu'ils remplacent les Vipères dans les deux Amériques. Ils ont des fossettes nasales comme les Trigonocé- phales, mais leurs formes sont plus robustes , leur tête est plus 192 REVUE SYNOPTIQUE. grosse et leur queue aruiée au bout, soit d'un instrument bru- yant appelé sonnettes , soit d'une écaille dure prolongée en pointe longue et acérée. On ne connaît dans ce genre que 4 espèces, dont plusieurs parviennent à une taille plus forte qu'aucun autre serpent venimeux. — i) c rot al us hor- RiDUS. Le grand Crotale de l'Amérique du Sud. A museau revêtu de 3 ou de 4 paires de lames. 29 Piangées d'écaillés en lozange et surmontées d'une carène tranchante. i45 -f- 25. Dessus d'un brun-jaunâtre relevé, sur le dos, par une rangée de larges taches en lozange. — 2) crotalus durissus. Remplace le précédent dans l'Amérique du Nord et se trouve jusqu'au Mexique. Très voisin du C. horridus, mais il n'a qu'une ou deux paires de lames sur le museau; les carènes des écailles sont moins développées , les yeux sont plus petits, les teintes plus foncées , les taches souvent en forme de ban- des, et la queue noire. 1^70+22. — 3) CROTALUS MILIA- Rius. Petite espèce de FAméiique du Nord , assez reconnais- sable à sa tête revêtue au sommet de 9 plaques assez dévelop- pées. 23 Rangées d'écailles. i3i -\- 16. Oeil volumineux. D'un gris-rougeâtre , orné de 3 suites de taches plus foncées. — 4) CROTALUS MU TU s. Remarquable parce que sa queue est armée au bout , au lieu de grelots , d'une pointe dure et acérée. Tête revêtue d'écailles. Dos en carène. Ecailles sur- montées d'une carène en fornie de tubercule. Parvient à une taille de dix pieds : c'est le plus grand serpent venimeux. Fait le passage aux Trigonocéphales; mais sa physionomie est tout-à-fait celle des Crotales. 227 4- 49- De l'Amérique méri- dionale. 3'"^ Genre: VIPERE; comprend tous les serpens veni- meux proprement dits, qui manquent de fosse nasale. Ils ont ordinairement la tête et le corps revêtus d'écailles lancéolées et carénées. Leurs formes sont le plus souvent très lourdes et leurs teintes d'un gris ou brun terne. Ils habitent les déserts ou les lieux incultes de l'ancien monde. — iWipera REVUE SYNOPTIQUE. 193 A R 1 E T A N s. De f oitc taille et à formes extrêmement lourdes et hitlcuses. Tête grande , très aplatie et à museau assez large et obtus. Narines verticales, extrêmement spacieuses. Tête et corps revêtus d'écaillés lancéolées relevées par une forte carène. 134-1-27. Dessus jaunâtre orné de 3 rangées de taches, souvent en œil, dont 2 paires sur l'occiput. Du Gap et de la Côte- d'or. Une variété locale à teintes plus claires habite le Kordofan. — 2)vipera atropos. Du Cap. Taille moindre et formes moins vigoureuses que la V. arietans. Tête plus petite, narines moins spacieuses et plus latérales. D'un brun très foncé, relevé sur le dessus > par 4 rangées de taches en œil. i38-+-23. — 3) vipera corndta. Taille petite j formes extrêmement trapues. Oeil protégé en dessus d'une rangée d'écaillés prolongées en pointe. Narines latérales. Gris-brun , orné de taches foncées, dont les dorsales disposées en une rangée médiane. 124-4-= 22. Du Cap ; très rare. — 4) vi- pera ECHis. Oeil entouré d'une rangée de petites écailles; narines étroites, rapprochées du bout du museau qui est garni, sur le dessus , de 2 lames. Queue courte , garnie de plaques simples. i56"ï"3o. Des grandes Indes; se trouve aussi dans l'Afrique septentrionale. Brun-grisâtre ou jaunâtre , à raies et à taches en œil sur le dessus. — 5) vipera cérastes. Assez distincte par sa tête très large et en cœur; par son museau court , obtus et arrondi ; par des narines assez étroites , verticales et placées au bout du museau ; par ses écailles surmontées d'une carène en forme de tubercule ; par ses teintes pâles , grisâtres ou couleur de terre ; enfin par le développement des écailles surciliaires , dont l'une est souvent convertie en pointe assez longue. i34 -f 2g. Habite les déserts du Nord de l'Afrique. — 6) vipeba ELEGANS. Formes plus effilées que d'ordinaire. Oeil protégé par une lame surciliaire ; narines très ouvertes, latérales. Museau étroit, enflé et anguleux aux côtés. De grande taille; 168 -4- 52. Vient des grandes Indes et de Ceylan. Brun-jaunâtre i3 194 REVOE SYNOPTIQUE. vif , avec trois rangées de taches ovales , bordées de noir et de blanc sur le dessous. — 7) vipera berus. La Vipère commune dans le Nord et le centre de l'Europe , est aussi répandue dans une grande partie de l'Asie. Taille moyenne. Tête revêtue en dessus de lames, parmi lesquelles distingue une verticale , des surciliaires et deux occipitales. Museau arrondi et anguleux aux côtés. Narines tout-à-fait latérales. i45 -i- 35. Varie du brun au gris, au noir et au roux; une large raie dentelée le long du dos. Les mâles ont les teintes claires. — 8) vipera AS PI s. Remplace la précédente dont elle se rapproche beaucoup, dans le Sud-Ouest de l'Europe et se trouve jusqu'en Sicile. Formes un peu plus effilées ; tête plus grande , revê- tue au sommet d'écaillés de forme irrégulière ; museau un peu retroussé; corps avec plusieurs rangées de taches. Varie comme la précédente. i52 H- 42. — 9) vipera ammodytes. En- core voisine des deux précédentes par le port et la physio- nomie ; mais à formes plus trapues, à museau prolongé en pointe dirigée en haut, à sommet de la tête assez irrégulière- ment revêtue d'écaillés et de petites plaques. iDo-l-34. Sys- tème de coloration à-peu près comme dans la Vipère com- mune , mais souvent à queue rougeâtre. Habite le Sud-Est de l'Europe depuis la Sicile et la Dalmatie jusqu'en Grèce. — 10} vipera agantophis. Espèce anomale de la Nouvelle Hollande ; à formes ramassées ; à queue mince et terminée par une pointe dure ; à tête revêtue au sommet de 9 lames ; à lames surciliaires , ordinairement relevées et inclinées vers le sommet de la tête; et à a i rangées d'écaillés carénées. 11 5 4- 4^. Gris-brunâtre , varié et tacheté de noir. »o-* ESSAI SUR J.A DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES OPHIDIENS. rsriiiMi-^''d Me proposant de donner dans les pages suivantes, un aperçu sur la répartition des serpens à la surface du globe, je me vois obligé d'entrer en détails nombreux, dont j'aurais pu me passer, si cette partie de la science avait été cultivée avant moi, ou si on en avait du moins posé les fondemens. Je me suis occupé avec assez de zèle de cette étude, qui mérite une attention toute particulière, non pas parce qu'elle regarde les animaux dont je traite dans mon livre, mais parce qu'elle doit conduire , selon moi , à des résultats beaucoup plus satisfai- sans que l'étude de la distribution géographique des animaux des autres classes du règne animal, ou même des végétaux. Les raisons qui militent en faveur de cette thèse sont claires. Mille agens divers contribuent à disperser les différentes espèces de plantes à la surface du globe : les semences des végétaux sont emportés par le vent et les vagues; l'homme transplante continuellement un grand nombre de végétaux d'une contrée dans l'autre; et, par la culture, il a tellement changé la nature qui l'environne, que la surface de la terre a en quelque sorte perdu sa face primitive, et que la végéta- tion a du moins éprouvé de grandes modifications. — La plupart des animaux ont les moyens de se distribuer à la 19() DISTRIBUTIOIN GÉOGRAPHIQUE surface du globe. L'élément qui les a vu naître n'offre point de bornes aux animaux marins. Certains mammifères élendenl continuellement leur sphère d'habitation , et se répandent quel- quefois, peu-à peu, sur plusieurs parties du monde. D'autres espèces, accompagnant l'homme dans ses voyages , même au delà des mers, se dispersent dans les diverses régions, soit que l'homme les transplante lui-même, soit que, retrouvant leur liberté, ils ont, pour ainsi dire, formé des colonies loin de leur mère-patrie, où il arrive quelquefois que leur race est totalement détruite, ou que tous les individus ont passé l'état de domesticité. — Les oiseaux jouissent plus que tous les autres animaux de la faculté de se transporter d'un lieu à un autre; l'élément dans lequel ils se meuvent ne leur présentant des bor- nes nullepart, un grand nombre des liabitans de l'air mènent une véritable vie nomade, et viennent souvent s'établir dans des lieux où ils n'ont pas été observés auparavant; la plupart se dispersent, dans les migrations périodiques, dans les contrées les plus éloignées, et deviennent de véritables cosmopolites, la même espèce habitant souvent à la fois dans toutes les parties du monde. — 11 en est tout autrement des Reptiles. Aucun des faits que nous venons de constater, ne peut s'ap- pliquer rigoureusement à ces animaux. Privés, pour la plu- part, des moyens d'entreprendre des voyages lointains, ils sont en quelque sorte attachés aux lieux où ils sont nés, et on ne leur reconnaît point l'instinct de fuir le sol natal, lorsque certaines circonstances sembleraient l'exiger. Le froid , qui leur dérobe les moyens de subsistance, les fait tomber en même temps dans une léthargie profonde , et la nature veille ainsi d'une manière simple à leur conservation pendant l'hiver. L'homme éprouve de l'aversion pour tous ces animaux, dont plusieurs sont nuisibles, à la vérité, mais dont quelques uns cependant sont inoffensifs et même utiles,* il les repousse et ne cherche pas à les apprivoiser ; encore moins se touve-t-il incliné à les transplanter sans motif d'un lieu ù DES SERPENS. 197 l'autre. Il est vrai quil existe certains reptiles, qui font exception à ce que nous venons de dire. Plusieurs espèces de tortues ont été dispersées sur divers points du globe (i); des Scinques, des Geckons ont peut-être été apportés d'une région dans l'autre, par des vaisseaux; des tortues de mer entreprenant des voyages dans certaines périodes de l'année, ont été jetées sur des côtes, que leur race n'habite jamais,- des Crocodiles (2) ou des Boas (3) ont été quelquefois entrainés j)i{v des courans, loin de leur patrie; mais ces exemples sont très peu nombreux en comparaison de ce que l'on observe chez les mammifères et les oiseaux , et forment seulement des exceptions par rapport aux serpens (4) dont nous nous occuperons dans les pages suivantes. — Il est évident, d'après ce que nous venons de dire, que la distribu- tion géographique des ophidiens doit offrir un intérêt tout particulier, en ce qu'elle présente les moyens les plus sûrs pour faire connaître les rapports qui existent entre les êtres et les lieux qu'ils habitent. Cette étude contribuera à éclaircir les grandes et importantes questions des foyers de là création et de rimnuitabilité des espèces. En s'appuyant sur les faits qu'elle nous présente, on parviendra plus facilement à se faire une idée de la face de la nature telle qu'elle était dans l'état (i) La tortue indienne, probablement originaire de Madagascar et des îles voisines, a été acclimatée aux îles Galapagos, en Californie et sur beau- coup d'autres points de la côte Occidentale de l'Amérique du Sud. — • (a) Lesson, (f^oy. de la Coquille, Zoologie, II, 2, chnp. 9, pag. 10), cite deux faits, tirés de Mariner et de Ivotzebue, et qui font soupçonner la présence d'un grand Crocodile dans les îles Pelew et Fidschi, oij ces animaux n'habilent ordinairement pas. — (3) Guil- DiNG, Zoolog. Journal 111 p. 4o3, raconte un fait de cette nature; un Boa entortillé autour d'un arbre avant été entraîné des côtes voisines du continent de l'Amérique et jeté sur les côtes de St. Vincent. — (/j)Jjes Hydrophis, par exemple , ont leur patrie constamment circonscrite dans les mêmes limites , quoique tous ces ophidiens habitent la mer. / 198 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE primitif j avant que l'art de l'iioiiime eût transfornié la surface de la terre, avant qu'il eut chassé de leur habitation un grand nombre d'animaux, les détruisant totalement, les réduisant à l'état de domesticité et changeant ou modifiant leur nature j en changeant celle des lieux qu'ils habitent. On ne peut guère appliquer ce que je viens de dire aux Reptiles en géné- ral et encore moins aux serpens. Les lieux de leur habita- tion sont les forets, les marais, ou même les déserts, et ces lieux se sont le moins ressentis de l'influence de la culture. Ne se multipliant que rarement jusqu'à incommoder les hommes en général, et sachant se soustraire aux poursuites, en se retirant dans les lieux incultes qui leur servent de retraite, la guerre qu'on leur fait n'est ordinairement dirigée que contre les individus- de là que le nombre des espèces ainsi que celui des individus doit être demeuré à-peu-près au point fixé, dans l'ordonnance générale de la nature, dès le principe 5 et c'est encore un des faits qu'il est essentiel de constater dans la géographie physique. Or, supposant que les êtres dont nous venons de parler, vivent encore dans les mêmes lieux qui leur furent assignés dès l'origine; qu'ils vivent encore sous le même climat, et sous les mêmes conditions, il est évident qu'ils ne peuvent guère avoir subi de change- mens dans le cours des siècles: ils offrent donc, plus que les autres êtres vivans des points d'appui pour fixer avec cer- titude, ce que l'on doit entendre par espèce, par variété constante, par variété locale ou de climat, etc. — Les obser- vations que je viens d'énoncer suffiront pour montrer com- bien est importante l'étude de la distribution géographique des Reptiles et particulièrement des ophidiens, et l'influence que cette étude doit excercer sur celle de la distribution géographique des animaux en général, de la zoologie, de la géologie et de la géographie physique. La distribution géographique des serpens est à-peu-près sou- mise aux mêmes lois que celle des autres Reptiles: c'est à dire DES SEKPEîNS. 199 que leur nombre augmente considérablement vers la zone tor- ride, tandis qu'ils ne se trouvent que rarement dans les régions froides; il paraît même que les serpens ne s'avancent pas aussi loin vers le nord que les lézards ou les batraciens, qui appar- tiennent probablement au nombre des Reptiles les plus répan- dus. — La distribution géograpbique des serpens, envisagée par rapport aux différentes parties du monde i) , offre plu- sieurs faits intéressans à observer. Un des plus curieux est sans doute l'absence totale de serpens dans les nombreuses îles de l'océan pacifique (2) , phénomène d'autant plus singu- lier, que les îles voisines qui composent le grand Archipel indien, appartiennent à ces régions de la terre qui sont le plus peuplées de serpens. Un autre point non moins im- portant à savoir est que les serpens, et tous les Reptiles du Nouveau monde appartiennent constamment à des espèces diverses de celles de l'Ancien monde (3), fait prouvé et très curieux , parce qu'un grand nombre d'oiseaux et plusieurs mammifères de l'Amérique du Nord sont exactement les mêmes qu'en Europe, ainsi que dans une grande partie de l'Asie; et parce que plusieurs de nos Reptiles se trouvent dans (1) J'ai donné plus haut, pag, 92 et suiv, , quelques observations sur la nature des lieux que les serpens habitent; mais, comme on ne possède guère de renseigneraens exacts pour constater leur distribution perpen- diculaire , c'est à dire par rapport aux hauteurs jusqu'où ils se trouvent, je puis me passer d'en parler ici. — (2) Lesson, P'oy. d, l. Coqii. ZnoL II 1. p. 9, rapporte quelques observations qui tendent à constater la présence de seipens dans les îles deRotouma et d'Oualan; mais ces obser- vations ont besoin d'être confirmées : les Mariannes au contraire nour- rissent plusieurs espèces d'opiiidiens , et Dampier, Voy» I p. Ii3, parle de serpens verts des îles Galapagos. Je n'aurai pas besoin de réfuter l'hypothèse, émise par Quoy et Gaimard, Voy, de VUranic ^ Part, Zool. p. III, que ces animaux n'habitent peut-être pas dans ces îles et dans des lieux analogues à cause de leur nature volcanique, — Ci) On conçoit que j'excepte de ce nombre les tortues de mer. 200 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQCE toute l'Asie tempérée jusqu'au Japon, et souvent sans pré- senter la plus légère différence. L'Amérique du Sud nourrit en général des espèces autres que celles de l'Amérique du Nord, quoique plusieurs d'entre elles soient parfaitement identiques dans ces deux grandes terres: quelques espèces de la première région habitent encore les Antilles et se trouvent même jusque dans les parties méridionales des Etats-Unis , où ellesforment quelquefois des variétés de climat; d'autres espèces, communes dans toute l'Amérique du^Nord, sont^répandues jusqu'au Mexique, et se rencontrent souvent aussi dans les Antilles. L'Amérique en général, particulièrement dans ses contrées équatoriales , est presque aussi riche en serpens que la Malaisie. Il n'en est pas ainsi de la Nouvelle-Hollande , qui ne parait habitée que par un petit nombre d'ophidiens , for- mant, peut-être à l'exception de quelques unes des parties septentrionales, des espèces propres à cette grande île. Les serpens du Japon appartiennent sans exception à des espèces particulières, et qui n'ont encore été observées dans aucun autre point du globe. Les nombreuses îles du grand Archipel de la Malaisie nourrissent souvent des espèces tout à fait les mômes , et elles sont souvent encore absolument iden- tiques avec celles de Malacca , du Bengale , des grandes Indes et même de Ceylan. Quelquefois cependant , les espèces de ces lieux divers présentent des différences plus ou moins marquées, et donnent lieu à l'établissement de variétés locales. A en juger d'après le peu de productions que l'on en connaît, il paraît que la grande île de Madagascar a une Faune à elle, L'Afrique n'est pas très riche en ophidiens. Les parties méri- dionales de cette immense presqu'île produisent des espèces différentes de celles de l'Europe et des autres parties du monde ; et ces mêmes espèces sont souvent répandues sur toute l'Afrique intertropicale , se trouvant même jusque dans les parties septentrionales de ce continent* mais outre quelques espèces particulières , ces dernières contrées en DES SEI\1>E1NS. 201 préseiUeiit plusieurs autres qui habitent eu nièuic temps presque tous les pays riverains de la Méditerranée jusqu'en Syrie et en conséquence dans une grande partie de l'Europe. La plupart des serpens de ce dernier continent, eniln , sont répandus dans une grande partie de l'Asie tempérée, con- trée qui ne paraît produire qu'un très petit nombre d'es- pèces particulières. La distribution géographique des genres ou des familles , envisagées comme représentant les diverses formes principales, n'est pas moins curieuse à étudier que celle des espèces. Nous voyons tout d'abord , que les Serpens venimeux sont distri- bués , peut-être à l'exception de quelques îles, dans toutes les contrées habitées par des serpens en général} ces Reptiles dangereux ne paraissent pas non plus redouter le froid , car on les rencontre souvent aussi loin vers le Nord que les non- venimeux. Mais leur nombre est beaucoup plus limité que celui de ces derniers: car en portant le nombre de toutes les espèces d'ophidiens connues à 263 , dont 5^ (i) sont veni- meuses , on voit que le rapport des dernières aux non-veni- meuses est environ de i à 5. Nous verrons cependant par la suite que cette proportion n'est pas la même dans tous les pays du globe , et que le nombre des serpens venimeux , du moins celui des individus , paraît être plus considérable dans les contrées découvertes et stériles , où celui des non-venimeux semble diminuer. L'Afrique et la Nouvelle -Hollande en four- nissent des exemples: dans ce premier continent les espèces de serpens non-venimeux connues sont en raison de deux ou trois à un , tandis que c'est presque le contraire dans la Nou- velle-Hollande, où de dix espèces de serpens connus, il y en a sept de venimeuses. Quant au nombre des individus , il est évidemment beaucoup plus borné dans les serpens-venimeux, (i) Il faut, en outre, observer que 7 espèces venimeuses habitent exclusivement la mer, où les non- venimeuses ue se iciiconlienî jamais. 202 DISTRIBUTION GÉOGRAPHïQlJE ces derniers vivant, à l'exception des serpens de mer, presque toujours isolés , et ne se multipliant guère au point de devenir abondans que par le concours de circonstances assez favora- bles, comme cela a lieu aux îles de sucre Françaises, à l'égard du Trigonocépliale lancéolé , ou en Dalmatie à l'égard de la Yipère amniodyte. Les serpens venimeux appartiennent donc généralement au nombre des rares, et ils sont peut-être beau- coup plus rares qu'on ne le pense ordinairement, soit que le nombre des individus en est souvent très circonscrit , soit que, grâce à leurs habitudes, ils échappent plus facilement aux recherches de l'homme. (î) — Exceptant les espèces anomales qui composent la famille des Tortrix , il n'existe aucun genre de serpens ^ qui soit à-la-fois répandu sur toutes parties du o'iobe, habitées par des Reptiles, et ce fait curieux nous servira à démontrer combien est intime la relation qui existe entre l'organisation des êtres et la nature des lieux qu'ils habitent. Les COULEUVRES PROPREMENT D I T E S , par exemple , qui sont destinées à peupler les contrées boisées ou marécageuses mais couvertes dîme végétation abondante, n'ont pas encore ^té observées à la Nouvelle-Iiollande , et sont tellement rares dans l'Afrique australe, que l'on n'y connaît qu'une seule espèce, qui s'éloigne, en outre, par plusieurs points de son organisation , des autres Couleuvres , en ce qu'elle se rapproche à ces serpens qui habitent de préférence les contrées désertes ou sablonneuses. On peut à-peu- près appliquer les mêmes observations au genre coronelle, serpens qui habitent les pleiiies marécageuses ou couvertes de bruyères, et dont on ne (î) Les nombreux envois que l'on ne cesse d'adresser au musée des diverses parties du monde, pourront peut-être fournir une échelle de comparaison pour faire connaître le noudne respectif des individus des deux grandes tribus de serpens : les recherches que j'ai faites à cet égard, m'ont démontré que, pris pour terme moyen, le nombre d'indi- vidus des serpens venimeux est à celui des individus des non-venimeux environ conrme de un à vîns^t, ' DES SEKP EN 203 connaît aucune espèce dans la Nouvelle-HoUaiuic , tandis que celles de rAfiique méridionale s'éloignent des espèces types. Les SERPENS d'arbre sont plus particulièrement propres aux contrées équatoriales;mais, connue ils lialnlent les grandes forets ou des contrées boisées, ils ne se trouvent pas dans les pays où ces conditions nécessaires à leur existence, ne se ren- contrent pas: de là probablement que ces serpens n'ont pas été observés dans la plus grande partie de la r^ouvelle-Hollande, et que l'Afrique australe ne nourrit qu'une seule espèce de cette famille, disparate en outre et se rappochant des Couleu- vres. Les trois genres qui composent cette famille des serpens d'arbre se rencontrent dans Tun et l'autre monde ; mais il est à observer que les dipsas de l'Amérique ne parviennent pas à cette forte taille que l'on lemarque chez la pi upart des espèces de rinde; et que les dryophis des Amériques forment une véri- table division géographique, en ce qu'ils ont le système dentaire et le museau moins développés, ainsi que la prunelle de l'œil orbiculaire. Les serpens d'eau douce, qui sont compris dans les deux genres tropidonotus etiioMALOPSisse trouvent en abondance dans les contrées riches en lacs ou arrosées par de nombreuses rivières: de là que ces animaux sont communs dans l'Asie , dans TAmérique et même en Europe , qu'ils ne se rencontrent peut-être pas du tout à la Nouvelle- Hollande, et qu'ils sont rares en Afrique; car il n'existe qu'une seule espèce de Tropidonote dans la partie australe de ce dernier continent, et encore cette espèce offre-t-elle une organisation tout-à-fait anomale. Les Homalopsis même qui sont par excellence les serpens d'eau douce et essentiel- lement aquatiques, et qui appartiennent aux contrées chaudes, n'ont été observés ni à la Nouvelle-Hollande ni en Afrique, tandis qu'ils prédominent dans les Amériques; ils remplacent même dans l'Amérique du Sud les Tropidonotes , qui n'ont pas encore été observés dans cette grande presqu'île. La dis- tribution géographique des boas nous présente plusieurs faits 204 DISTRIBUTIQIN GÉOGRAPHIQUE dignes d'être rapportés. Ce sont également des serpens propres aux contrées chaudes. Les véritables Boas n'habitent que dans l'Amérique méridionale ; ils sont remplacés dans l'ancien monde, par les Pythons; mais on observe, en outre, dans les Indes, plusieurs serpens en tout analogues aux Boas, mais de très petite taille et dont il n'existe , dans tout l'hémisphère occi- dental , qu'un représentant à l'île de Cuba. Les Acrochordes enfin sont un genre tout-à-fait propre aux Indes orientales. — • Parmi les serpens venimeux , ce ne sont que les Vipères et peut-être quelques Crotales qui s'avancent vers le Nord , jusque dans les régions tempérées ou froides; les autres genres paraissent plus particulièrement destinés à peupler les contrées intertropicales. -— Des serpens venimeux colubriformes , il n'y a que le genre él aps qui se trouve à la fois dans les deux Mondes , et encore les Elaps de l'Amérique forment-ils un petit groupe géographique distingué par le système de colo- ration et par quelques petits détails de forme; ceux des Indes sont rayés longitudinalement, au lieu d'être annelés de rouge et de noir; ceux de la Nouvelle-Hollande enfin peuvent être considérés comme formant des espèces anomales. Lcsbon- G ARE s sont propres auxîndes orientales, où se trouvent aussi des NAJAS, quoique le plus grand nombre de ces derniers serpens paraissent habiter de préférence des plaines arides ou sablonneuses, ce qui explique pourquoi ils prédominent dans l'Afrique et dans la Nouvelle-Hollande. — On n'a pas encore pu parvenir à expliquer le phénomène que les serpens de MER se trouvent exclusivement dans les mers des Indes depuis le Malabar jusque dans le grand Océan pacifique.- — Enfin, il reste à faire quelques observations curieuses sur la distribution des SERPENS VENIMEUX PROPREMENT DITS. DeS trois genres dont cette famille est composée, l'un, celui de Vipère, est propre à l'Ancien monde, tandis que celui de Crotale n'habite que dans les Amériques, où il remplace le premier; mais les Trigonocéphales se trouvent dans l'un et l'auti'e DES SEKPENS. 205 inondo. Les tlcrnlers reptiles , qui habitent les contrées boisées et les o-iandes forets, n'ont été observés, par cette raison, ni en AtVi({ue ni à la Nouvelie-Hollande, où ils sont remplacés par les Vipères; mais il est à observer que la Vipère de la Nouvelle-Hollande forme une espèce anomale , tandis que celles qui habitent l'Europe s'éloignent également des espèces types et se rapprochent des Trigonocéphales. On peut établir dans ce dernier genre deux divisions, dont l'une comprend les espèces à tête revêtue d'écaillés , qui habitent plus particu- lièrement les contrées tropicales, tandis que ceux qui ont le sommet de la tête garni de plaques , se trouvent jusque dans les régions tempérées. Après avoir donné, dans les pages précédentes, des notions générales sur la distribution géographique des ophidiens , nous nous proposons de traiter en particulier chaque contrée du globe, que l'on sait habitée par ces animaux. En commençant par l'Europe, nous voyons que cette partie du monde ne nourrit ni des Calamars, ni des Hétérodons ou des Lycodons; qu'il ne s'y trouve point de véritables Serpens d'arbre, pas même des ïlerpetodryas; qu'il n'y existe non plus des Homa* lopsis ou des Boas; que les familles des seipens venimeux colubriformes et des serpens de mer ne s'y rencontrent jamais; enfin que les serpens venimeux proprement dits n'y ont d'autre représentans que plusieurs espèces du genre Vipère. Il n'y a guère d'espèce qui soit propre au centre ou aux parties septentrionales de ce continent, presque toutes se trouvant également au Sud de l'Europe, région qui produit beaucoup d'espèces qui habitent aussi dans les parties envi- ronnantes d'Afrique ou d'Asie. On peut cependant assigner des limites à quelques unes des espèces, ce qui donne lieu à plusieurs observations curieuses. La Vipère commune par exemple, Vipera berus, habite toute la partie centrale de l'Europe et paraît être répartie dans TAsie tempérée jusqu'au lacdeBaical; elle vit aussi en Angleterre et en Suède; mais 2(K> DlSTarBUTION GEOGRAPHIQUE vers rOuest, elie ne se trouve guère au delà de la Seine, tandis que les Alpes paraissent former les limites de cette espèce (i) dans le Sud. Dans la partie méridionale de l'Ouest de l'Europe ^ elle est r<^nîplacëe par la Vipère aspic, Vip. aspis, qui se trouve depuis Trieste dans toute l'Italie jusqu'en Sicile, puis en Suisse et dans toute la France au delà de là Seine jusqu'aux Pyrénées, et peut-être aussi dans la Péninsule ibérique. Les parties méridionales de l'Est de l'Europe pro- duisent au contraire une troisième espèce de ce genre, Vip. ammodytes, qui se trouve depuis la Styrie jusqu'au Sud de la Hongrie, puis dans la Grèce, dans la Dalmatie, en Sicile , et peut-être aussi dans la Galabre. Cette distribution des espèces paraît modifiée par la nature de terrains qu'elles habitent: la première préférant en général les bruyères, les lieux marécageux, et boisés; la seconde un sol sec et aride; la troisième les terrains rocailleux. On n'a pas observé , dans ces serpens des variétés locales ou de climat; mais il n'en est pas ainsi de plusieurs autres serpens d'Europe , qui sont répartis presque sur toute l'étendue de ce continent: on peut citer comme exemple la Goronella laevis et les Tropi- donotus natrix et viperinus. Ces espèces , dont les deux premières habitent presque toute l'Europe septentrionale et centrale, et la dernière jusque vers le 5o degré de lat, bor. , se trouvent également dans le Midi de l'Europe, où elles forment souvent, outre un grand nombre de variétés accidentelles, des variétés locales. En Espagne, par exemple, le Trop, vipérin a le dos rayé longitudinaîement; le même cas a lieu à l'égard duTropidon. commun dans l'île de Sardaigne, et les individus de ce serpent tués en Sicile offrent encore d'autres disparités légères; la Coron, lisse enfin, forme (2) en Italie une (i) On dit qu'elle se rencontre aussi dans la vallée du Pô jus({u'au Florentin , mais en très petit nombre. — (2) Je puis assurer que le caractère . Riccioli, tiré de la plaque nasale indi- DES SERPENS. 207 variété locale ou de climat, variété à teintes plus claires, qui se trouve jusque dans les environs de Marseille, et qui remplace notre Coronelle dans le Sud de l'Europe. La Couleuvre d'£s- culape qui habite dans le Sud de l'Allemagne, se trouve en Dahnatie et en Italie, jusqu'en Provence. Le Col. viiidi- flavus a été observé dans toute l'Europe méridionale en Grèce, en Hongrie, en Dahnatie, en Italie, en Sicile, en Sar- daigne jusqu'en France et en Suisse. Le Col. hippocrepis habite l'Espagne et la Sardaigne, tandis que le Col. leopar- dinus se trouve en Sicile, en Dahnatie et en Grèce; mais, autant que je sache, aucune des deux espèces n'a été obser- vée en Italie. Le Psammophis lacertina , commun en Dal- matie, en Espagne et dans une grande partie de la France, et qui habite la plupart des autres pays riverains de la Méditerranée, n'a pas non plus été trouvé en Italie ni dans aucune des îles adjacentes. Les contrées méridionales de l'Europe produisent plusieurs autres espèces de serpens, qui ne paraissent pas habiter une grande étendue de terres : telles sont le Xénodon de Michahelles de l'Espagne; le Psammo- phis Dahlii de la Dal matie qui se trouve également en Grèce et qui se rapproche par ses formes élancées des serpens d arbre; le Dipsas fallax des mêmes contrées, que l'on doit considérer comme espèce anomale du genre; enfin le Tortrix Eryx, qui se trouve seulement en Grèce, et dont les déserts de l'Afrique et de l'Asie sont la véritable patrie. — En comparant les observations que nous fournissent les autres animaux de l'Europe à celles que nous venons d'énoncer sur les Reptiles de cette partie du monde, on parvient à déduire des résultats analogues. Nous voyons que les animaux des contrées septentrionales sont souvent remplacés dans le visée est purement accidente!, comme on peut se convaincre en examinant la série d'individus de cette Coronelle, conservée dans noire Musée. 208 DlSTRîBLiTiON GÉOGRAPHIQUE centre de l'Europe 5 par d'autres, qui forment des variétés locales ou quelquefois même des races; et la comparaison des animaux de l'Europe centrale avec ceux du Midi de l'Europe offre souvent le même résultat. On peut citer de nombreux faits à l'appui de cette thèse; je n'en rapporterai que quelques uns. Notre corbeau, par exemple, est remplacé, aux îles Far, par une variété à teintes mélangées de blanc. La corneille mantelée et la corneille noire, sont deux races de la môme espèce qui se représentent mutuellement, etdontla première appartient aux contrées septentrionales de l'Europe. On sait que la même chose a lieu a-peu-près à l'égard des étourneaux vulgaire et unicoîore, dont le dernier habite plus particulièrement le Midi de l'Europe. Notre Emberiza schoeni- clus est remplacée en Dalmatie et en Italie par l'Emberiza paluslris, qui offre ordinairement un bec beaucoup plus fort, mais dont l'existence comme espèce ne pourrait être prou- vée, parce qu'on observe souvent des individus exactement intermédiaires entre ces deux races. Tout le monde connaît les races locales que forme notre moineau au delà des Alpes et des Pyrénées ou dans l'Afrique septentrionale. La distribution géographique des mammifères nous présente de nombreux faits pour éclaircir notre thèse. Chacun sait qu'il existe, dans les différentes parties de l'Europe et du Nord en général, des Lynx plus ou moins divers les uns des autres, et qui paraissent former des races produites par l'influence (ij II ne faut pas s'imaginer que chacune de ces races soit, par rapport au Heu de l'habitation, parfaitement séparée de l'autre race qu'elle doit remplacer; très souvent elles se mêlent dans leurs migra- lions, ou vivent dans les mêmes lieux, se perdant insensiblement à mesure que leurs représciitans se montrent; il arrive aussi que les indi- vidus de deux races voisines se propagent ensemble, comme font les Corvus cornix et coron e , fait que j'ai constaté par de nombreuses observations faites dans les environs de Dresde. Consulter par rapport à ces questions les exceilens travaux de M, Gr.ocEa de Breslau. DES SERPENS. 209 tlu climat sur le poil (i). Le renard du Nord (a) est d'uncr taille plus forte et offre un peLige mieux fourni que celui du centre de l'Europe; en Italie il Teste assez petit, et a le ventre noirâtre, (Canis melanogaster, Bon.). Les belettes (Mustela erminea) de la Sardaigne et de la Sicile (3) diffèrent un peu par les teintes des individus du reste de l'Europe. Le mulot (Mus decumanus) est remplacé dans le Midi de ritalie par une race qui s'en éloigne à-peine: c'est le Mus tectorum du Prince de Musignuno. Un autre animal très curieux, qui y représente dans beaucoup de lieux notre taupe, est le Talpa coeca. On sait que les chamois des Alpes offrent de légères différences avec ceux des Pyrénées; il serait donc curieux de savoir, s'il en est de même des bouquetins de ces deux chaînes de montagnes. — Les Reptiles nous présentent également plusieurs exemples de ces différences locales: nos Salamandres aquatiques offrent souvent des teintes plus vives dans le Sud ou dans l'Ouest de l'Europe ^ tandis que les Crapauds vulgaires de l'Italie ont des teintes plus uniformes que d'ordinaire, et le corps hérisséd'épines. Il existe de légères différences entre les tortues grecques de l'Italie, de la Grèce, de la Syrie ou du Nord de l'Afrique; les rainettes communes ont souvent en Sardaigne le corps couvert de (i) La même chose s'observe dans les tigres du Nord de l'Asie com- parés à ceux du Bengale, ou même de Sumatra et de Java; on voit des phénomènes analogues dans certaines plantes à feuilles lisses qui , ap- portées dans un climat froid, se revêtent souvent de poils, pour se garantir du froid. — (a) Le Japon, situé sous le même parallèle que le JMidi de l'Europe, produit des renards de forte taille et d'un beau pelage, mais en tout semblables à nos renards d'Europe, dont on con- naît une belle variété dans l'Amérique du Nord, (Canis argentatus, Geoffroy). — (3) On en a fait des espèces fondées sur une pré- tendue différence dans le nombre des molaires, observation qu'il n'est pas nécessaire de contredire. i4 210 DISTRiBUTlON GÉOGUAPHIQUE larges lâches effacées; en Grèce, notre orvet a le corps parse- mé de points foncés, et c'est alors TAnguis punctatissima de Bibron; enfin je pourrais citer un grand nombre de faits analogues tirés de la classe des insectes, mais ce serait m'enfoncer dans un gouffre, où l'on ne parviendra peut-être jamais à voir clair. L'étude de la répartition géographique des animaux dans l'Afrique, offre un grand nombre de faits extrement curieux, et de la plus haute importance pour la géographie physique et même pour la zoologie descriptive. Il n'est peut-être pas de contrée de la terre qui fournît des preuves aussi frappantes des rapports qui existent entre les animaux et les lieux qu'ils habitent. En étudiant donc la constitution physique de ce grand continent, on pourra en quelque sorte deviner la nature de ses productions. Le trait prédominant de l'Afrique est la présence de grandes plaines arides, soit qu'elles forment de véritables déserts de sable , soil qu'elles se présentent sous l'aspect de ces plateaux en terrasses, élevés quelquefois à une hauteur de plusieurs milliers de pieds au dessus du niveau de la mer, et qui se revêtent de végé- tation seulement pendant une courte période de Tannée. Un sol de cette nature, brûlé sans cesse par les rayons per- pendiculaires du soleil, est peu propre à produire des vapeurs qui , se condensant dans l'atmosphère , en tom- bent ensuite sous forme de pluie, de neige ou de grêle, pour féconder la terre. Ces conditions et l'absence de hautes montagnes dans cette partie de l'Afrique modifient la nature des eaux douces ou courantes en général. De là que les fleuves de ce continent sont sous tous les rapports inférieurs à ceux des autres continens; ils ne forment que rarement ces grands rassemblemens d'eau douce, qui sont si favorables au déve- loppement des vapeurs; leurs bords ne sont pas ordinairement couverts de cette luxuriante végétation, qui attire un si grand nombre d'êtres de toutes les classes d'animaux; ces DES SEllPKNS. 211 fleuves, gonfles dans la saison des pluies, pendant un court espace de temps, par la crue subite des eaux, se retirent après cette période dans leur lit, ou se réduisent souvent même au point de ne plus mériter le nom de fleuve ou de rivière. Il résidte de ce que nous venons de dire que l'Afrique , n'étant ni arrosée pas de larges rivières ni couverte d'une végétation abondante et dénuée de grandes forêts , ne doit nourrir qu'un petit nombre de ces animaux qui habitent les eaux douces ou les bois, tandis que les animaux qui sont plus particulièrement destinés à peupler les plaines, doivent s'y trouver en abondance: et ces suppositions se confirment par l'expérience. Nous voyons en Afrique, au lieu des Cerfs une quantité d'espèces d'Antilopes, errant par troupes nom- breuses dans ces lieux découverts. Les Ecureuils y habitent en très petit nombre et les espèces qui s'y trouvent s'éloignent encore ordinairement des véritables écureuils par leurs habi- tudes terrestres. Le grand nombre de rongeurs qui peuplent ce continent appartiennent presque tous à des espèces terres- tres; beaucoup d'entre eux même vivent dans les lieux décou- verts, et dépourvus des moyens de défense, la nature a pourvu à leur conservation , en développant leurs organes de locomo- tion , au point d'en faire de véritables sauteurs , et c'est de cette manière que ces animaux ont la faculté d'échapper par une prompte fuite, aux poursuites de leurs ennemis. On observe enfin le même fait dans certains mammifères de l'ordre des Insectivores. — Les Reptiles de cette partie du monde offrent des exemples encore plus frappans, de ce que nous venons d'avancer. L'Afrique nourrit à elle seule plus d espèces de tortues terrestres que toutes les autres parties du monde prises ensemble ; mais les tortues d'eau douce sont en si petit nombre que l'on n'en connaît qu'une seule Emyde et peut-être une ou deux espèces du genre Trionyx. Une autre observation digne de remarque est le petit nombre de batraciens propres à ce continent: il y existe à peine plusieurs 212 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE orapautls , quelques espèces du genre Bombinateur, u- tant de grenouilles, et une ou deux rainettes , qui sont du nombre des animaux très-rares. Le même fait se présente nar rapport aux serpens d'arbre et aquatiques: les Dryopbis et les Homalopsis y manquent totalement , et il n'y existe que deux espèces du genre Dipsas , deux Dendropbis et un ou deux Tropidonotes. L'exemple le plus frappant enfin est Tabsence presque totale de poissons dans les eaux douces de l'Afrique méridionale. — - Cependant , les observations que nous venons de faire sur la constitution physique de l'Afrique ne peuvent être appliquées à toutes les contrées de cette partie du monde. Au point de la plus grande largeur de ce continent , le grand plateau qui en occupe toute la partie australe, descend rapidement vers les plaines désertes du Nord, et se prolonge d'un côté, au delà du Quorra, dans le haut Sudan, tandis que les terrasses de ce même plateau entourent de l'autre côté les Alpes de l'Abyssinie. C'est de ces hautes montagnes, ou de la pente septentrionale du grand plateau de l'Afrique en général que naissent les plus grands fleuves de ce continent ; c'est au pied de ces montagnes ou terrasses que se forment ces marais boisés désignés sous le nom de Kidla^ et qui entourent, dans le centre de l'Afrique, ce grand bassin d'eaux douces, que l'on pourrait comparer aune mer intérieure. Offrant un sol plus fertile, les régions dont nous venons de parler sont couvertes d'une végétation plus abon- dante que les autres parties de l'Afrique, et ces terres ainsi que les fleuves dont elles sont fécondées, nourrissent un nom- bre plus varié d'animaux, appartenant souvent à des genres différens. Cette diversité dans la constitution physique des différentes régions de l'Afrique doit nécessairement exercer une influence considérable sur la distribution géographique des êtres qui y habitent. — Les animaux qui sont plus particulièrement destinés à peupler les plaines élevées de la partie méridionale de ce continent, se trouvent souvent DES SKIIPKNS. 213 sur tous ces points du grand plateau qui réunissent les conditions nécessaires à leur existence. De là que beaucoup d'aninuuix du Cap de 13onne Espérance ont été observé jusqu'à la cote de Guinée, et même jusqu'en Abyssinie. Tantôt ces animaux se trouvent être exactenuMit les mêmes dans des régions aussi distantes l'une de l'autre ; tantôt ils présentent dans l'un et l'autre lieu de légères différences, qui n'existent souvent que dans les nuances , les vivacités ou des teintes même seulement dans leur distribution; tantôt enfin, il arrive que ces animaux diffèrent constanmient et d'une manière assez essentielle pour justifier l'élévation de ces représentans respectifs au rang d'espèces. D'un autre côté on observe une certaine identité entre beaucoup d'animaux de TAbyssinie et de la Sénégambie: ces deux pays nourrissant parfois les mêmes espèces; les représentans d'un même ani- mal, y formant tantôt des variétés locales, tantôt des espèces diverses. Les productions de ces pays montrent quelquefois de l'affinité avec ceux de l'Asie intertropicale, et on y trouve même plusieurs espèces d'animaux , qui ont également été observés dans une partie de l'Asie et même dans la Malaisie. Cette identité est plus frappante encore entre les animaux qui habitent les contrées situées au Nord du grand plateau de l'Afrique, et ceux qui habitent l'occident de l'Asie jusquà rindoustan ; il est vrai que dans les deux continens ces animaux choisissent pour séjour des déserts qui semblent se continuer l'un l'autre. Les contrées de l'Afrique enfin, situées près des côtes de la Méditerranée, nourrissent quelques ani- maux qui sont propres à la plupart des pays riverains de cette mer, et qui se trouvent par conséquent aussi dans plusieurs points de l'Europe. — Avant d'entrer en détail sur la distribu- tion géographique desserpens d'Afrique , que l'on me permette de citer à l'appui de mes observaiions , plusieurs faits curieux tirés de la distribution des autres animaux qui habitent ce con- tinent. Le nombre des animaux qui sont distribués à la surfa< c 214 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE de l'Afrique, sans offrir des différences locales, paraît être assez limité, et ces animaux appartiennent souvent à des espèces de grande taille: telles sont l'Eléphant, la Giraffe, l'Hippopotame , le Crocodile vulgaire, le Lion , etc. Parmi les animaux communs à la plupart des points du grand plateau de l'Afrique, se distinguent notamment un grand nombre de ruminans ; tels sont par exemple , le Buffle du Gap , dont M. Rûp- pell a rapporté les dépouilles d'Abyssinic, l'Antilope strep- siceros qui habite le Cap , l'Abyssinie et la côte de Guinée; l'Antilope equina du Sénégal , probablement identique avec l'Antilope leucophaea du Cap; TAnt. oreotragus qui vit au Cap , à Ashantée et en Abyssinie ; VAntil. pygarga (dont l'Ant. personata est le jeune) qui se trouve au Cap et à la Côte d'or, etc. ; beaucoup d'autres animaux ont également été observés dans ces terres distantes l'une de l'autre, commepar exemple, le Phascochoere ordinaire qui est le même au Cap et au Sénégal, Sciurus setosus également propre à ces deux régions , ensuite Myoxus murinus, Canis pictus , le Ratel (Gulo mellivorus) la tortue géométrique et d'autres. Un nombre non moins considérable d'animaux offre , au contraire , 'sur ces dif- férens points de l'Afrique, des variétés locales quelquefois très curieuses. Nous voyons ainsi le chacal du Cap , (Canis mesomelas) remplacé, dans les parties septentrionales de l'Afrique , par une variété à teintes claires , n'ayant pas de noir sur le dos, (Canis variegalus et anthus? duMus.de Francf.); leDamanetlaZoriile du Cap ne diffèrent de ceux du nord de l'Afrique que par des teintes plus foncées; la Genette du Cap (Viverra genetta et felina (i) ) habite aussi l'Es- pagne, mais elle est remplacée au Sénégal et en Abyssinie par une variété locale, remarquable par ses teintes assez pâles, (Viverra senegalensis). L'Ichneumon de l'Egypte (Herpestes (i^ La différence entre ces deux mammifères se réduit à la nuance des teintes, et me paraît puremeul périodique. DFS SEKPriNS. 215 ichneumoii) est remplacé à la pointe australe de lAfrique par une variété locale à pelage plus foncé (Herp. cafer et griseus); il en est de même de richneumon versicolor de l'Ahyssinie, qui a les teintes moins claires au Cap de Bonne Espérance. L'xA.ntilope mergens du Cap est représentée en Sénégambiepar l'Ant. Grimmia, et en Abyssinie par l'Antil. madaqua (llùpp. Neue JVii'heUh. — p. "] fig- i); l'Antil. eleotragusou Lalandei du Cap par l'Ant. redunca du Sénégal et de l'Abyssinie; rOuribi de l'Abyssinie (Antil. montana) montre de légères différences avec celui du Cap (Ant. scoparia) , et il en est de même de l'Oryx de ce premier pays, (Antil. Beisa, Rûpp.),qui forme une race , distinguée par une disposition diverse dans le système de coloration , de celles d'Ashantée et du Cap. Quelquefois il arrive même qu'il existe dans chacun des pays dont je viens de parler des races représentant la même espèce, comme l'Antilope sylvatica, scripta et decula, qui se représentent mutuellement au Cap, au Sénégal et en Abyssinie, conmie l'Antilope Mborr de la Barbarie y rem- place l'xAntil. Dama , dont la véritable patrie est le Kordofan et la Nubie etc. D'autres animaux enfin diffèrent dans ces divers lieux d'une manière assez considérable pour mériter peut- être d'être élevés au rang d'espèces (i): tels sont, par exemple, le Phascochoere d'Elien qui représente en Abyssi- nie le Phase, commun de la côte de Guinée et du Cap; puis le Sciurus rutilans, représentant dans l'Afrique orientale le Se. setosus du Sénégal et du Cap, et plusieurs autres. — Des faits analogues à ceux que nous venons de citer s'observent dans la classe des Oiseaux et des Pieptiles; mais craignant de donner à mon travail trop d'étendue , je me bornerai dans la suite à la classe des Mammifères et des Reptiles qui , d'ailleurs, sont plus propres à fournir des preuves certaines. Les Monitor (i) L'Hvfena vlllosa du Cap ne diffère guère de l'Hyène striée quo par son pelage lonjc rt touffu , ot par des teintes plus foncées. 216 iJlSTfaBlJTION GÉOGRAPHIQUE exanthematicus et niloticus de l'Egypte et du Sénégal sori£ remplacés au Cap par des variétés locales à teintes plus fon- cées et à dessin plus prononcé; ce sont alors lesTupinambis albogularis de Daudin et le Lacerta capensis de Sparman. La Vipère arietans du Gap offre des teintes beaucoup plus pâles en Nubie et en Abyssinie ; il en est de même du crapaud du Cap (Bufo pantherinus, Boie) , qui y remplace le Bufo arabi* eus de l'Egypte, dont le système de coloration est beaucoup moins agréable. Le Naja baje de l'Egypte est représenté au Cap par le Naja nivea , et on trouve même au Gap une variété du Lézard véloce, (Lac. pardalis) , qui vit jusqu'en France et en Espagne. Certaines tortues nous présentent des exemples extrêmement curieux de cette influence du climat (2) sur les animaux, ou des différences que présentent souvent, dans di- verses contrées, les espèces qui sont modelées sur un seul type. La grande tortue de terre du Gap , (Testudo pardalis , Bell) a été également rapportée du Sénégal et de TAbyssinie; maisaulieu d'avoir, dans ces lieux la carapace ornée d'un beau dessin noir et jauiie, cette partie est d'un gris-jaunâtre uniforme, teinte qui occupe également toutes les autres parties du corps ; enfin toutes les appendices de la peau ont acquises, sous l'in- fluence d'un climat aussi vigoureux, un développement plus fort, de sorte que les écailles des pieds de devant ont été toutes transformées en pointes ou même en épines : cette variété locale est connue sous les noms de Testudo sulcata (ï) Voyez la revue du genre Monitor, dans la 3* livraison de nies Abh'ddim^en^ où j'ai rectifié les erreurs commises par les natura- listes en déterminant les espèces de ce genre. — (2) J'espère que l'on n'ira pas comparer ma manière de voir à l'égard des expres- sions, race, variété locale ou de climat, aux; idées de Buffon qui aurait volontiers réunis en une seule espèce tous les lièvres du monde, ou encore moins à celles de Lamark, qui alla jusqu'à tâcher de prouver la possibilité de la transmutation de ToraDg-oulan en l'espèce humaine. DES SEUPENS. 217 ou calcarata. Le Testutio angulata du Gap, (|ui se trouve aussi à SierraLeone, à éprouvé , dans ces derniers lieux, des changeniens analogues à ceux que je viens de citer comme ayant eu lieu à l'égard de la Test, pardalis; mais, dans la tortue dont nous parlons, cette influence d'un climat différent s'est particulièrement concentrée sur le développement de la carapace et de ses bords: (cette race forme le genre Kinnyxis de Bell.) Nous faisons mention, en dernier lieu , d'une diffé- rence non moins curieuse entre les Emydes, qui se représen- tent mutuellement au Gap, au Sénégal et à Madagascar: on peut regarder comme forme type l'Emys galeata du Gap, espèce l'une des mieux caractérisées du genre; cette Emyde est remplacée, en Abyssinie par l'Emys Gehafie de Riippell, qui s'en distingue seulement par quelques caractères légers mais constans (i) ; à Madagascar enfin, nous voyons , au lieu de ces deux variétés, une race différente, le Sternotlioerusnigricans qui, quoique modelée sur le même type, se distingue con- stamment de ses représentens , par des formes plus lourdes, une carapace moinslarge et unplastronen partie mobile. (2) — En résumant ce que nous venons de dire de l'influence du climat sur les animaux d'Afrique , et en déduisant des lois , on arrive à ce résultat, que la différence des animaux qui se (ij Ces caractères se bornent presque à la forme un peu diverse du plastron, et aux lames antérieures de cette partie , disparité si fré- quente chez les Chéloniens. — (2) J'espère avoir constaté, dans mon travail sur les Chéloniens , inséré dans la Faune du Japon, le peu d'im- portance du caractère tiré de la mobilité du plastron, et démontré que très souvent ce caractère est purement accidentel, ou l'effet de l'âge. En tout cas, et adoptant même la différence spécifique de celte dernière Erayde, je crois que l'on détruit les affinités naturelles en élevant cet animal, eu faveur d'un caractère isolé, au rang de genre, et en l'éloignant, dans la méthode artificielle, de ses représentans en Afrique. On pourrait dire que cette Emyde est à ses représentans ce qu'est l'Emys pennsylvanica à l'Emys scorpioidea de Surinam. 218 DISTRIBUTION GEOl^RAPHiQUE représentent mutuellement dans FAfrique australe et septen- trionale, se réduit souvent à un développement plus ou moinfr complet de certaines parties et à une diversité dans les teintes ; ceux qui habitent les dernières contrées , montrent ordinaire- ment une livrée d'un jaune ou gris pale , couleur propre à tant d'animaux qui fréquentent ces lieux déserts (i) et que j'appe- lerais volontiers la couleur du désert. — L'état borné de nos connaissances par rapport aux animaux de l'Afrique en général ne nous permet guère de donner un tableau exact de la distribution géographique des serpens dans cette partie du monde, et encore moins d'assigner à chaque espèce les limites précises qui déterminent les lieux d'habitation que la nature a désignés à chacune; ne connaissant, à proprement parler, d'une manière exacte que les productions de trois à quatre points principaux (a) de ce continent qui ont été explorés, nous nous voyons obligés de nous borner à l'indi- cation des espèces et des lieux où elles ont été observées. L'Afrique est en général beaucoup moins riche en Reptiles et notamment en serpens que l'Asie et l'Amérique. Le nombre des genres est également plus circonscrit dans ce continent; maison y voit, dans les Reptiles le même phénomène qui s'ob- serve dans les autres animaux et les plantes de cette partie du monde, savoir : que les espèces de certains genres sont extrê- mement nombreuses , et que ces diverses espèces habitent souvent les mêmes lieux: fait qui s'applique également, quoi- que dans un sens moins étendu, à la Nouvelle-Hollande. Ce sont en général les animaux qui habitent les plaines, dont le nombredes espèces est multiplié en Afrique. C'est ainsi que nous (l) Comme par exemple, la plupart des antilopes de l'Afrique septen- trionale, les nombreuses espèces de renards de ces contrées , les dipus, les lièvres , plusieurs rongeurs; puis un grand nombre d'oiseaux, des reptiles, comme l'agame du désert, le caméléon, l'éryx, le céraste etc. — (a) L'Egypte jusqu'en Abyssinie, l'Algérie, une partie de la Séné- gambie fet de la côte de Guinée, enfin le Cap de Bonne î^spérance. DES SERPENS. 219 voyons, à la pointe australe de ce continent , trois à quatre espèces de tortues terrestres, quatre espèces de serpens du genre Coronelle , autant du genre Naja, el trois du genre Vipère. Les autres genres de serpens qui y habitent, n'ont pour représentant qu'une seule espèce. Ces serpens appar- tiennent presque sans exception à des espèces propres à ce continent. On en a retrouvé quelques-unes à la côte de Gui- née: telles sont le Lycodon de Horstok et le Naja rhombeata; le Psammophis moniliger s'y trouve également, mais il y forme une variété locale qui se rapproche de celle qui habite l'Egypte. C'est en Sénégambie que vivent trois espèces de serpens d'arbre du genre Dendrophis, différentes de celles du Gap, et dont l'une, le Dendropli. picta, est répandue dans une grande partie de l'Asie jusqu'à la Nouvelle- Guinée. Les contrées intertropicales de l'Afrique nourrissent le Python à deux raies j dont la patrie s'étend également jusqu'en Chine et à l'île de Java. La Vipère bondissante du Cap, Vip. arietans, se trouve jusqu'en Abyssinie , où elle forme une variété locale à teintes pâles. L'Afrique septentrionale produit plusieurs espèces de serpens différentes de celles du reste de l'Afrique : telles sont l'Eryx et la Vipère Echis qui habitent jusque dans rindoustan, le Céraste, un Dipsas et plusieurs Couleuvres. D'autres espèces, comme le Naja haje, le Psammophis moni- liger diffèrent plus ou moins de leurs représentans à la pointe australe de l'Afrique. Les pays de ce continent situés sur les bords de la Méditerranée, nourrissent plusieurs espèces qui se trouvent également dans l'Europe méridionale ; et cette ana- logie entre les animaux de ces deux parties du monde est particulièrement sensible en comparant ceux des côtes de la Barbarie aux animaux de l'Espagne et du Portugal , contrées qui, par la nature de leurs productions , se rapprochent plutôt de l'Afrique que de l'Europe (i). On n'a pas encore observé (i) La presqu'île ibérienrn? nourrit le caméléon, la {:;cn€ne, une 220 DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE des serpens dans les îles situés dans le rayon de Ix^frique, et , on peut tenir pour certain que les Canaries n'en produisent pas (i). La grande île de Madagascar ne paraît appartenir à l'Afrique que par sa partie occidentale, de ce côté de la chaîne des montagnes qui parcourt cette terre vierge dans toute sa longueur. Se rapprochant des Indes, quant aux produc- tions de la côte orientale, la seule partie un peu connue, cette grande île offre cependant une Faune toute particulière sous beaucoup de rapports; et on pourrait peut-être appliquer la même observation aux îles avoisinantes. C'est dans ces terres que se trouvait autrefois le Doudou, et qu'ha])itent les Lemurs avec l'espèce anomale connue sous le nom de Cheirogaleus, l'Aye-Aye, le Caméléon à nez fourchu, dont les pointes saillantes du museau sont assez sujettes à varier, et qui a été introduit dans plusieurs autres îles , le Ptyodactyle frangé, etc. — A l'exception du Tropidonote schisteux, qui habite aussi dans une grande partie de l'Asie, tous les ser- pens de cette contrée appartiennent à des espèces particu- lières. Nous en citons le Langaha, espèce anomale et très curieuse du genre Dryophis , les Erpétodryas de Goudot et rhodogaster, et le Dipsas de Gaimard , tous propres à l'île de Madagascar. Les Mascareignes produisent une très belle Couleuvre, (Col. miniatus) et un petit Boa à formes élancées et à queue effilée, (Boa Dussumieri). On ne connaît des îles Seychelles qu'un serpent du genre Psammophis. En exceptant les deux presquîles de l'Inde, l'Asie n'est pas peuplée d'un grand nombre de Reptiles. Cette observation amphisbène, et beaucoup d'oiseaux inconnus dans le reste de l'Europe. (i) Je dois observer ici que les Reptiles de ïénériffe appartiennent à des espèces Européennes , mais que tous les Sauriens de celte île ont les teintes extrêmement foncées : on y trouve le Scinque ocellé, le Lézard des murailles et la Rainette commune. DES SEllPÊNS. 221 paraît fondeo, quoique les autres points de l'Asie iraient ]>as été aussi souvent explorés que ceux que nous venons (le nommer ; car elle s'explique facilement par la posi- tion (le l'Asie dont la plus grande partie est situ(^e sous la zone tempérée et la zone glaciale , régions peu propres à la multiplication des Reptiles. L*Asitî septentrionale ou plut(')t la Sibérie produit un grand nombre d'animaux qui se trouvent également en Europe; et le même cas paraît avoir lieu à l'égard des serpens (i). Un ophidien curieux, propre aux contrées méridionales de la Sibérie est le Trigonocéphale halys , intermédiaire par son organisation entre les Vipères d Europe et les Trigonocéphales à tête garnie de plaques. Les déserts au Sud de la Mer Caspienne, qui se prolongent d'un côté jusque dans l'Indoustan, tandis que de l'autre ils sétendent par l'Iran en Arabie et en Syrie, pour se réunir à ceux de l'Afrique, ces déserts nourrissent un petit nombre de Reptiles, qui habitent également les déserts analogues de ce dernier continent. On y a observé le Monitor exanthema- ticus, les Stellions, l'Agame du désert, la Vipère Echis, le Psammophis lacertin, et l'Eryx , répandu jusqu en Sibérie, mais qui forme dans les Grandes Indes une ou plusieurs variétés locales ou races distinctes. Nous sommes dans une ignorance absolue à l'égard des Reptiles du reste de l'Asie moyenne ; mais les animaux que nous connaissons de la Chine, dumoinsceux des environs de Canton , offrent souvent une grande analogie avec les productions des îles du grand Archipel indien. Avant de parler des deux presqu'îles de l'Inde, [qu'il convient de rapprocher encore de la Malaisie, *(i) La plupart des voyageurs conviennent que nos Tropidonoles, noire Vipère, nos Lézards etc. se trouvent en Sibérie; mais, n'ayant admis dans mon livre que des faits fondés sur l'autopsie , soit des sujets mêmes soit de bonnes figures des sujets, je ne me suis que rarement servi d'observations des voyageurs. 222 DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE je me vois obligé de dire quelques mots sur les îles qui composent l'empire japonais, qui se rattachent , par leurs productions, à l'Asie tempérée et à l'Europe, mais dont les parties méridionales montrent de l'identité avec l'Asie inter- tropicale. L'étude des animaux du Japon offre les plus beaux résultats pour justifier ma manière de voir, savoir de rap- procher les animaux qui, étant modelés sur le même type, se représentent mutuellement dans les diverses contrées du globe, et de les comprendre sous un même nom spécifique, admettant, comme subdivisions, des variétés locales ou de climat; les résultats que nous obtenons au moyen de cette étude, pourront en même temps servir à détruire le préjugé, que les espèces voisines sont rigoureusement séparées les unes des autres, en sorte que l'on puisse établir des traits distinctifs saillans pour chacune d'elle. Plusieurs Mammi- fères du Japon (i) ne se distinguent guère de ceux de l'Europe; il existe dans cet empire un blaireau, absolument semblable au nôtre, mais à teintes un peu plus foncées et à taille moins forte; la taupe du Japon s'éloigne de celle de l'Europe par des teintes un peu plus claires; les martes de ce pays ont la tache sous la gorge plus jaune que chez les nôtres; le Renard et la Loutre sont tout-à-fait les mêmes que chez nous; l'Ecureuil s'approche de la variété de lEcu- reuil qui vit dans les hautes montagnes de l'Europe. D'autres mammifères de ce pays s'éloignent de ceux d'Europe: tels sont, dans l'île de Jezo, un grand Ours, probablement analogue à l'Ours féroce des Rocky-Mountains; puis dans les autres îles de l'empire, l'Ours du Tubet, un singe (Innuus (i) Les nombreuses recherches faites au Japon par M. von Siebold et plus lard par M. Bûrger nous ont mis en possession de la plupart des productions de cet empire; ayant de chaque espèce un grand nombre d'individus sous les yeux, on peut être sûr des faits que nous avançons dans les pages suivantes. DES SEUPENS. 223 speciosus) ; un nouveau chien très curieux (Canis viveninus); un lièvre; doux espèces de Ptèromys , dont l'une à très forte taille; un chamois analogue aux Antilopes sumatrensis et niontana des montagnes rocheuses; enfin plusieurs manmii- fères inédits de petite taille. Le nomhre des oiseaux qui habi- tent en même temps l'Europe et le Japon monte à plus de cent: plusieurs d'entre eux, comme les espèces aquatiques et la plupart des oiseaux de passage y sont absolument les mêmes que chez nous; mais les espèces stationnaires ou celles qui traînent une vie nomade, sans quitter les grandes îles dont nous parlons, présentent souvent des différences plus ou moins marquées: ie Geai du Japon offre une disposition des teintes un peu diverse du nôtre, et diffère encore de la variété qui se trouve dans les monts Himalaya. Les Mé- sanges, Parus major, caudatus etc. sont beaucoup plus petits au Japon que chez nous, les teintes ont une nuance un peu diverse, et la dernière espèce s'éloigne en outre de notre variété en ce qu'elle suspend son nid aux branches des arbres à-peu-près comme le fait notre remiz, (Parus pendulinus); les individus Japonais de la Lavandière, MotaciUa alba, sont de la variété connue sous le nom de Motac. lugubris; la Caille, le Courlis grand, le Bec-fm cisticole du Japon pré- sentent des différences lorsqu'on les compare aux individus de l'Europe, etc. Enfin, beaucoup d'autres oiseaux du Japon s'éloignent plus ou moins de ceux d'Europe, mais ils offrent souvent des différences si légères, que les ornithologistes même n'ont pas toujours cru devoir en faire mention ; (voir Temminck Manuel III p. 5o et suiv.). Je ne parlerai point des poissons d'eau douce du Japon, dont plusieurs repré- sentent nos espèces d'Europe; ces dernières offrant souvent des différences d'un pays ou d'une rivière à l'autre, il sera inutile de dire combien il est difficile de déterminer avec exactitude celles du Japon. Les Reptiles de cette contrée donnent lieu à une observation assez remarquable, en ce 224 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE oue les sauriens et les ophidiens appartiennent sans exception à clés espèces qui ne se trouvent point en Europe; tandis qu'on observe parmi les deux autres ordres de Reptiles, des races analogues de la même espèce dans ces deux contrées: telles sont nos deux grenouilles et la Rainette, Rana escu- îenta, temporaria et Hyla arborea, qui sont exactement les mêmes au Japon ; puis notre tortue vulgaire, Emys vuîgaris, connue aussi sous le nom d'Emys caspica et lularia, qui forme, au Japon, une variété locale constante; le Crapaud du Japon enfin , quoique très-voisin du nôtre pour l'ensemble des formes et des teintes, s'en éloigne cependant par plu- sieurs points de son organisation. Les serpens du Japon se réduisent, à l'exception des Hydrophis, à trois espèces du genre Couleuvre, à deux Tropidonotes et à un Trigonocé- phale. La présence de ce dernier, ainsi que celle d'un Trionyx, du Sorex moschatus, d'un grand écureuil volant rappelent la Faune des Indes; tandis que plusieurs autres, tels que le ScinqueàS raies, les nombreuses Salamandres, etc., démontrent qu'il existe aussi des rapports entre les Faunes de l'Amérique du Nord et du Japon. — L'examen des pro- ductions des deux presqu'îles de l'Inde, y compris l'île de Ceylan, nous montre qu'il existe une grande analogie entre ces contrées et les îles du grand archipel Indien, et cette analogie devient tout-à-fait frappante, lorsqu'on compare les animaux des points les plus rapprochés des pays que nous venons de nommer; comme par exemple ceux de la pres- qu'île de Malacca à ceux de Sumatra. Cette analogie cependant iî'est pas aussi évidente par rapport aux mammifères (i), que par rapport aux oiseaux, aux reptiles, aux poissons et parti- culièrement aux productions du règne végétal; et il existe (i) Les Singes de la Malaisie par exemple, appartiennent presque sans exception à des espèces différentes de celles du Bengale, des «jrandcs Indes ou de Cevlan. DES SEPxPKNS. 225 «îansia presqu'île en deçà du Gange plusieurs Reptiles propres à cette contrée, et appartenant même à des genres qui ne se retrouvent pas dans la Malaisie, comme, par exemple, les Caméléons, les Vipères, etc. L'île de Ceylan , quoique assez voisine de !a côte de Coromandel , nourrit cependant plusieurs animaux (i) qui n'habitent pas cette dernière contrée: ce sont parmi les serpcns, le Tortrix maculé, le Calamar scytale, le Lycodon caréné et deuxTrigonocéphales, les Tr. hypnale et nigromarginatus. C'est dans ces parages que commencent à se montrer les Hydrophls, ophidiens intéressans qui habitent exclusivement la mer et qui se trouvent depuis ce point, dans tous les parages intertropicaux, situées à l'Est du Malabar, jusque dans la Polynésie. Le nombre de serpens qui habitent les deux presqu'îles du Gange, sans se trouver dans la Malaisie, paraît être très limité: tels sont l'Eryx, les Coronelles de Russel et à huit raies, plusieurs espèces des genres Couleuvre et Lycodon, le Dipsas trigonata, plusieurs Tropidonotes, TElaps triple-tache et plusieurs Vipères Les pix)- ductions de la presqu'île indienne au-delà du Gange étant très peu étudiées, nous passerons à la Malaisie, qui nous offre un des points les plus curieux du globe, pour étudier la répartition géographique non seulement des animaux mais aussi des végétaux* et ce sont les résultats obtenus par cette étude qui contribueront grandement à affermir les idées que nous avons si souvent émises dans notre livre, sur les modifications innombrables que présentent les animaux de la même souche, dans les diverses contrées qu'ils habitent. Les terres qui composent le grand archipel Indien , appar- tiennent au nombre des îles du premier rang, et sont entourées d'une quantité de récifs ou d'îlots plus ou moins considérables. Situées sous les tropiques, couvertes d'une végétation luxuriante, et peuplées d'un nombre extrêmement (i) Le OuanderoLi, plusieurs Semnopillièques etc. 10 ^20 DiSTilïlUiTlON GÉOGRAPHIQUE i;raiKl (Vanimaux de toutes les classes, elles sont séparées les unes tles autres par des bras de mer le plus souvent assez étroits , mais qui forment une barrière insurmontable à la plupart des animaux (i). En observant donc à-la-fois, sur plusieurs (ie ces lies, la même espèce, on peut être sûr que ces animaux des diverses îies, n'ayant pas de communication entre eux, doivent former, sur chacune d'elles, une famille isolée, dont les individus, vivant depuis leur création ou du moins depuis que ces terres ont reçues leur forme actuelle , dans des lieux d'une nature plus ou moins différente, doivent nécessairement montrer des mcdiiications plus ou moins sensibles. L'expérience nous prouve en effet la vérité de ce que nous venons d'avancer. 11 arrive souvent que la même espèce d'animaux a été découverte à la fois à Sumatra, à Java, à Bornéo, à Timor, à Gélèbes et même aux îies Pliilippines, ou sur le continent de l'Asie, et qu'elle offre dans chacun de ces lieux, des disparités, à la vérité qiîelquefois très subtiles, mais ordinairement constantes. Nous demandons ce au'il reste à faire de ces variétés locales: s'il faut les considérer comme telles ou comme des races de la même espèce, ou si elles méritent d'être élevées au rang d'espèce même. Les tentatives que j'ai faites afm de m'arranger pour ainsi dire avec la nature, m'ont conduit au résultat, que ce serait embrouiller la (i) Outre l'archipel de la P^lalaisie, celui des Grandes Antilles serait le seul point du i;lobe qui j)Ourrait offrir un point favorable pour l'étude comparative d(;s individus de la même espèce, habitant à la fois plusieurs contrées séparées par la mer; mais ces dernières îles sont toutes situées à-peu-près sous le même parallèle; elles ne sont ni aussi noml>reuses, ni aussi grandes ni aussi distantes les unes des autres que celles de la Malaisie; d'ailleurs elles sont beaucoup moins riches en productions d'histoire naturelle et n'ont été que peu explorées en comparaison des îles de la Malaisie, qui sont depuis plus de vingt ans l'objet des recherches assidues de nos voyaj;eurs. DKS SiaUMuXS. 227 science, que de désigner chacune de ces petites variétés sous lin nom propre et spécifique, et qu'il vaut mieux de connaître une seule des conditions qui modifient la nature des êtres, que d'avoir augmenté de plusieurs noms nouveaux le cata- logue de ceux-ci. Je sais que mes lecteurs auront de la peine à se faire, au moyen de descriptions, une idée de toutes les petites modifications que peut éprouver la même espèce dans des lieux divers, et qu'il est souvent difficile d'indiquer^ mais, ne pouvant leur mettre sous les yeux ces collections immenses et ces suites nombreuses d'individus de la même espèce, en un mot les matériaux qui ont servi de base à mes travaux, je me vois obligé de rapporter plusieurs faits, qui pourront justifier ma manière de voir. Choisissons d'abord nos exemples parmi les mammifères. Le singe le plus com- mim et le plus répandu dans l'Archipel indien est le Macaque, Cercopithecus cynomolgus. La variété ordinaire de cette espèce vient de l'île de Java; elle est constamment d'une teinte vejdâtre et les poils du sommet de la tête sont un peu relevés en touffe; les individus de Timor ressemblent en tout point à ceux de Java, excepté quils offrent des teintes plus foncées, et que leur pelage est mieux fourni, ce qui leur donne l'air plus fort et fait paraître leurs extrémités moins grêles que les individus de Java ; ceux de l'île de Sumatra ont le dos souvent nuancé de rougeatre, leur face est un peu plus noire que d'ordinaire, et les poils de la tête, plus courts que dans les individus de Java, ne sont point susceptibles de s'ériger en touffe; la race de l'île de Bornéo est intermédiaire en quelque sorte, entre celles de Sumatra et de Java, ayant la teinte du pelage de celles de Java et ressemblant à celle de Sumatra par le manque de touffe et par la couleur de la face; enfin , nous avons reçu de Siam, un singe tout-à-fait analogue à la variété javanaise de notre Macaque, mais dont la queue est un peu plus longue que chez celui-là. N ayant pas été à même d'en examiner des séries complètes, j'ignoie si les petites 228 DîSTrjBUTION GÉOGRAPHIQUE différences qui existent entre les individus des Civettes (Viverra zihetha) de Java, de Sumatra, de Siam, de Bornéo et d'AniLoine, que j'ai vus sont constantes ou accidentel* les. Les mêmes raisons me retiennent d'énoncer des obser- vations sur la Yiverre Lisang, dont nous possédons des sujets de Siam , de Sumatra et de Java. Le Paradoxure com- mun, Paradoxurus lypus est répandu au Bengale, à Siam, à Sumatra, à Java, à Bornéo, à Amboine, à Timor, etc., et forme dans ces divers lieux de nombreuses variétés qui se bor- nent ordinairement à la nuance et la distribution des teintes, mais €]uelquefois ils diffèrent aussi par la taille: à Sumatra, par exemple, l'espèce devient beaucoup plus forte qu'à Java, à Java plus forte qu'à Timor, etc. (i) ; il paraît exister en plu- sieurs lieux une race qui a la pointe de la queue blanche, et les individus de certaines parties de l'île de Java ont le pelage d'un jaune pâle avec trois raies sur le dos. L'écureuil bicolore a le pelage moins varié de blanc à Sumatra et à Malacca qu'à Java, et a le dos d'un brun noir uniforme à Siam. L'Ecu- reuil de Railles, a à Malacca et à Siam, les côtés du corps variés d'un blanc tr^s pur; dans les individus de Bornéo au contraire cette teinte est constamment mêlée d'une couleur plus foncée. Les variétés nombreuses que forme le grand Ecu- reuil des îndes, Sciurus maximus , qui habite au Bengale, à Malacca et à Sumatra, sont peut-être en grande partie acci- dentelles. Je n'ai jamais pu parvenir à établir des distinctions spécifiques entre les Tupajas de différentes contrées de l'Asie, et dont j'ai examiné une quantité d'individus rapportés du continent de l'Inde, de Sumatra, de Bornéo et de Java; mais (i) La série trindivichis de ccUe espèce que l'on voit exposée clans les galeries du Musée des Pays-Bas , offre à elle seule une étude parliculière, et nous montre quels matériaux il faut pour se faire une idée complète d'une seule espèce, lorsqu'on veut en connaître de Sumatra y est représenté par une espèce unicorne très diverse, el qui paraît avoir de grands rapports avec le Rhinocéros du conti- nent de TAsie. Le Cerf de Sumatra y est représenté par une espèce moins belle, Gervus Russa; le Léopard de Sumatra et de Bornéo , Felis macrocelis , par une espèce semblable au Léopard de l'Afrique, mais à taches très petites, à queue longue et à taille moindre (i), qui paraît être propre à l'île de Java. Non compris l'Hylobate syndactyîe de Sumatra, chacune des îles ou des points principaux de l'Asie intertropicale paraît nour- rir une seule espèce du genre Hylobate, plus ou moins dif- férente des autres. L'Hylobate Lar de Sumatra est représenté (i) Je puis assurer que tous les Léopards de l'ile de Java appar- tiennent à l'espèce appelée par M. Temminck Felis pardus , et que le véritable Léopard , qui est répandu dans la plus grande partie de l'Afrique, depuis la Barbarie jusqu'au Gap de Bonne Espérance, et que l'on dit aussi habiter aux grandes Indes , ne se trouve jamais à Java; mais il existe dans cette île des individus du pardus, dont la queue est beaucoup plus courte que d'ordinaire et qui se rapprochent par ce point du Léopard ordinaire; ce qui milite en faveur de l'opinion de considérer le Léopard de Java comme race ou variété locale de celui- là. Cette opinion se trouve , d'autre côté, renforcée par l'existence de plusieurs variétés locales ou races du Lion en Afrique el en Asie, du Léopajd de l'Afrique , etc. DES SERPENS. :>37 à Java par le Wou-Wou , Hylobates leiiciscus; ccilui ci est remplacé à Bornéo par une race à teintes plus foncées, THyl. concolor au Harlanii. Aucune de ces espèces ne paraît jamais se trouver sur le continent de Tlnde , car les Hylobates que l'on a rapportés de Slam et de plusieurs autres points de la presqu'île au delà du Gange , appartiennent à l'espèce connue sous lenomdeHylob. albimanus, et qui est le grand Gibbon de Buffon ou le véritable Lar deGmelin. Des deux Semnopithèques comnuins dans lîle de Java, l'un, le Semnop. mitratus, est propre à cette île, mais on observe à Siam un Singe tout-à-fait analogue mais à teintes un peu plus foncée; l'autre, le Semn. maurus n'a pas non plus été observé sur aucun autre point du globe, mais cette espèce est évidemment remplacée, à Sumatra et à Bornéo, par le Semnop. cristatus ou prui- nosus , qui ne paraît différer du maurus que par son pelage mêlé de grisâtre. Une troisième espèce que l'on dit exister dans la partie orientale de Java, mais que nous n'avons jamais reçu de cette île, le Semn. auratus (i) ou pyrrhus paraît appartenir à une espèce qui habite l'île de Bornéo. Java est beaucoup moins riche en Ecureuils que les autres îles de la Sonde; on y trouve les Sciurus bicolor, nigrovittatus , insignis et melanotis, et aucune des espèces que nous venons de nommer n'est propre à cette île. Les Tupajas n'y atteignent pas la forte taille de ceux de Bornéo et de Sumatra. Le Tigre royal , qui ne paraît pas habiter Bornéo ni aucune autre île de la Malaisie, à l'ex- ception de Sumatra, y forme, comme dans cette dernière (i) La livrée jaunâtre de ce singe est évidemment périodique, ou peut-être due à une différence sexuelle. L'individu du Musée de Paris présente des indices de l'apparition de poils noirs sur les extrémités; nous en avons au Musée dans la livi'éc de passage; d'aulres sont tout-à-fait noirs, à l'exception d'une raie jaune sur la partie interne des pieds et sous la queue. 238 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE île une variété locale à poils très ras; et cette variété forme l'extrême opposé de celle du Nord de l'Asie, à laquelle le pelage bien fourni donne une apparence toute diverse (i). L'île de Java nourrit un beau sanglier de très forte taille, Sus verrucosus, assez divers de l'autre espèce, Sus vitta- tus, qui habite également Java et presque toute la Ma- laisie. Un des quadrupèdes les plus remarquables de l'île de Java est le Buffle sauvage, le Banting des indigènes, qui se trouve probablement aussi à Bornéo et à Sumatra , et qui ne paraît guère différer du Gaour (Bos frontalis ou syllie- tanus) du Bengale, dont il forme probablement une race (2). (i) En comparant dans notre Bîusée les individus du Tigre de la Corée (Corai) à ceux de Java, on peut se convaincre des effets de cette influence du climat, particulièrement en examinant la grosseur relative de la queue: dans les premiers ce membre paraît être de la grosseur d'un bras , dans ceux de Java il a celle d'un fort pouce d'homme. — (2) Un fait digne de remarque, c'est que le Bœuf domestique des îles de la Sonde appartient à une espèce toute différente de cette espèce sauvage. Le premier, que l'on y désigne sous le nom de Carbau , et qui est retourné à l'état sauvage à Sumatra, descend évidemment de l'Arni ou buffle sauvage de Tlndoustan , ce qui fait supposer avec raison, que l'introduction de ce buffle aux îles de la Sonde remonte à cette époque reculée, de laquelle date l'introduction de la culture du riz, que l'on dit avoir été également apportée de l'Indoustan. Quoiqu'il en soit , l'observation que nous venons d'énoncer nous prouve ,que l'étude de la répartition des animaux domestiques peut servira éclairer plusieurs points obscurs dans l'histoire du genre humain , et qu'elle peut contribuer k nous faire connaître l'état de civilisation des habitans primitifs de l'île de Java, que l'on croit avoir joué autrefois un rôle si important. (Voir les travaux de Crawfurd, et l'ouvrage de W. von Huraboldt, intitulé: Uber die Kawi-Sprnche.) Un autre fait non-moins curieux que celui dont nous venons de parler, c'est que le Buffle de l'Italie, apporté en Europe dans le moyen âge, paraît également descendre de ce même Arc i, qui serait alors répandu depuis la Chine j usqu'en Abyssinie et en Italie; ces . 168; GoLDFUss Nom Jeta XV P. 1 PI, Z,fig. 8 etc. ir^ -^î^-^ngB