A - lo . ■PWW,^. & E S S A I S U R L'HISTOIRE NATURELLE D U C H 1 L I , Par M. l'Abbd MOLINA; Traduit de I'ltalien , & enrichi de notes , Par M. GRUVEL, D. M. A PARIS, Che?. Nee de LA Rocheixe , Libraire , rue du Hurepoix s pres du pont Saint-Michel, n°. 13. M. DCC. LXXXIX. jirec Approbation et PuirizkGs dv Roi^ I ■ ' ■"■ ■' ■^rusnmmmm J AVER T IS SEME NT D U TRADtfCTEUR... f iQ v VRA c E de M. TAbbe Molina > dontje pre feme ici la traduction y na pas befoin de rues eloges , pour fe concilier le Juffrage du public. Les notions que nous avions jufquici du Chili y & fur-tout de fes productions naturelles 3 newient quimparfaites; &> en parcourant cet ouvrage > on f era e tonne quun aujji grand nombre d'objets , vrai- ment piquans > ayent pu refer ft long- temps inconnus. 11 €toit referve a ce favant Auteur de nous infiruire plus particulierement fur ce fujety & la maniere intireffante dont it expofe fes obfervations > ne -pent qu augmenier le prix de fon travail. Ces obfervations meritent d'autant plus de confiavxe> quelles ont etc 'fakes dans le pays mime , & que U Auteur s'en etoit occupe depuis plufieurs annees: ilpofsedc €n outre toutes les connoiffances necejfai- a 2 iv JVERTISSEMENT. res a un Naturalijle , & cette fagacite qui caracierife le bon obfervateur. Je n'ai que peu de chofes a dire de ma traduction ; autant quilma ete poffible, fai tdchi d'unir la fidelite a la clarte ; dans un ouvrage comme celui-ci , I' ele- gance de la diction ne doitetre confideree que comme un caradere acceffoire. L'ordre que V Auteur a juge apropos de dormer a fon ouvrage a ete rigour eufemcnt conferve; le peu de changemens quej'di cm neceff aires ,ne portent quefur les cita- tions ;je me fuis contend d' indiquerles ti- tres & la page delaplupart des ouv rages cites, fans en copier les pages entiercs, comme il avoitfait ; car prefque tous ces ouv rages font f ran cois , ou pluscommuns en France quen Italic. J'aifupprime dc meme la carte du Chili, qui, dc I'aveu de I' Auteur, etoit pen cxacle. Mes notes ferviront a. confirmer plufieurs opinions de M. Molina, ou d rectifier quelques leoeres incorrcBions qui lui etoicnt i'chappees. PREFACE D E L> A U T E U R. JL/a TTENTiONde rEurope- eft,, dans ce moment , plus que jamais fix<£e fur rAmdrique. On cherche a s'inftruire fur fon climat, fur fes productions natu- relies, & fur fes habitans ; enfih tout ce qui eft digne d'obfervation dans cette partie du globe, occupe maintenant les nations les plus eclair ees* Le Chili eft, de Taveu de tous les Auteurs qui out 6crk fur rAmerique, une de fes provinces qui m^ritent le plus d'attention, Ce n'eft pas l'etendue feule de ce pays , mais particulierement la douceur de fon climat , qui le diftingue , & on peut dire quil jouit de tous les avantages des pays les plusheureux, fans en avoir les incommodites. Je crois pouvoir comparer , avec rai- fondle Chili a Tltalie; comnie celle-ci porte lenom de jardin de rEurope, ce- : v] Preface lui-la mdrite , a plus jufte titre ^ le nom de jardin de TAmerique mdridionale. Le climat de ces deux pays eft prefque le meme > & leurs. degrds de latitude out beaucoup de rapports entre eux. lis fe reffemblent encore en un autre point , en ce que ces deux pays s'dtendent beaucoup plus en longueur qu'en lar~ geur, & qu'ilsfont tous deux divifespar une chaine de montagnes. Les Cordi- lieresou les Andes font au Chili ce que les Apennins font a lltalie ? la fource de prefque toutes les rivieres qui arro- fent le pays % & qui portent par - tout la fertility & l'abondance. ^influence de eette chaine de montagnes fur la fa- lubrite de latmofphere , eft auffi fenfihle au Chili ; qu'elle Teft en Italie ; & les habitans en font ii fortement perfuade's, que chaque fois qu'ils veulent rendre raifon dc quelque changement de leur atmofphere , ils en attribuent l'effet a ces montagnes ? qu'ils regardent comme dcs jgens puiflans & infaillibles. _ D E L ' A U T E tr R. V1J II s en faut de beaucoup qu'un pays aufli remarquable , tant par foil phyfique que par fon dtat politique ? foit aufli connu quelle mdrite. Les notions quoa en a ne font que fuperficielles , & on ne; trouve que tres-peu de chofe fur les productions naturelies de ce pays dand- les Auteurs qui ont ^crit fur Thiftoire naturelle en general ; la Langue & les ufages de fes habitans font ^galement ignores y & on ne connoit prefque rien des efforts que les Chiliens ont faits juf- qu'a nos jours pour d^fendre leur liberty Quelques Voyageurs inftruits , qui £toient dans le pays m£me , en ont pu- blic des relations eftimables > mais trop abr^g^espour en donner une id6c fuffi- fante. LePere Louis Feuilld , Minime francois , a donn^ de favantes deferipn tions des vdg^taux qu'il a trouvds fur la cote y auxquelles il a joint Thif- toire de plufieurs animavix qu'il y a ob- fervds. Get Ouvrage eft du plus grant! mdrite , Ls defcriptions font juftes> a iv . viij Preface vraies , & parfaitement conformes aux fujets qu^il a traites : mais ayant 6t6 public panordre & aux frais clu Roi , ♦ il eft devenu rare j & fe trouve entre les mains de peu de perfonnes. Les Auteurs nationaux nont pas n^gligd de donner des Ouvrages furce pays ; on en connoit plufieurs du fiecle pafl^ outre ceux qui out dcrit de nos jours (i); mais peu de ces Ecrits ont it6 publics % par des raifons que nous indiquerons dans-la Tuite. Je fuis per- fuade que les ouvrages de D. Pietro Figueroa, de TAbb^ Mich. Olivares, & Philippe Vidaure y feroient tres-bien re^us. Les deux premiers Ouvrages trai- tent de THiftoire politique du pays, de- puis Farrivee des Efpagnols jufqu'a nos jours. Celui de l'Abbe Olivares fur-tout ** — s — — (i) L'Auteura publieie Catalogue de tous les Ouvrages qui trakenr du Chili , a la fuke de I'hiftaire civile du Chili , qui vient de paroitre enitalicn ? fous le titre : Saggiofalla fioria chile del Chili , del Jignor Abate Giovan Igna^ia Molina. Bologna , 1787. in- o5, «E £> E $* A U T E U R. IX mdrite une attention particuliere ; TAu- teur y a prdfent & un abrdg(f anonynie , public en italien, qui traite de la geographic & de Fhiftoire naturelle du Chili. Mais contme cet abrdgd eft trop iniparfait , relativement a la partie de 1'hiftoire naturelle , j'ai cru rendre un fervice effentiel auxper- fonnes qui s'occupent de cette fcience > en leurprdfentantcet effaiydans lequel je me fuis plus ^tendu fur les produc- tions naturelles &c les diflterens 6v6ne- mens de cepays (i). (i) I/Auteur de cet abrege ne s'eft pas nomrae;ce petit ouvrage a paru fous le titre fuivant : Compendia ddL* x Preface JJavois commence", des ma plus tendre jeuneffe, a me procurer les con- noiflances ndceffaires furle phyfique du Chili, auffi bien que fur fondtat poli- tique , dans la vue de les publier un jour; & quoique raon travail fut alors interrompu par des circonftances fa- cheufes , & que j'euffe meme de"ja perdu 1 efperance de pouvoir exdcuter ce pro- jet , un heureux hafardm a procure* les matdriaux ndceffaires , & je me fuis trouve' enitat doffrir au public le pre*- fent Ouvrage. Je l'ai divife' en quatre parties; dans la premiere , qui peut fervir d'intro- re$ I'a attri- bue fans fondement,a 1'Abbd Vidaure. G. _ D E t' A U T EUR. X) du plus fimple au plus compofe ; c'eft- a-dire, le mineral g le vegetal & Tasi- naal ; j'y ai joint quelques raifonnemens-- fur i'homme , confided comme habi- tant du Chili, & fur les Paragons ou Ge"ans prdtendus, que je regardecomms les montagnards du meme pays. J'ai rappOrti , autant qu'il m'a 6t6 poffible, les differens objets que j'aiob- ferves aux genres de Linne* ; quelque-. fois j'ai 6t6 oblige d'en compofer de nouyeaux, d'apres famethode ; mais je n ai point fuivi fa clarification , parce qu elle ne me paroiflbit point compati- ble avecla forme demon Guvrage. Pour y reme'dier, j'ai ajouti a lafin une enu- meration m^thodique, d'apres lefyfteme de Linne" '■; je my fuis cependant permis des divifions plus eonnues, & telles que le petit nombre d'objets que j'ai deerits Texigeoit. J'ai fuivi lefyft&ne du fameuxNa- turalifte Suedois , non que je le croye fuperieur a tousles autre? } mais parce V ' 1,11 xij Preface qu'il eft prefque gdndralement adopte, Quelque grande que foit leftime que f ai pour ce favant, je ne puis pas ton- fofirs applaudir a fa nomenclature j f au- fois mieux aimd fuivre en Mineralogie ;Vallerius & Bomare, Tournefort en Botanique , & Briffon en Zoologie , parce que je crois leurs fyftemes plus a la portde de tout le monde & plus fa- ciles. J'ai 6vk6, dans mes defcriptions p les termes techniques , pour ne pas les ren- dre inintelligibles aux perfonnes qui ne connoiflent pas la nomenclature de fhiftoire naturelle ; mais j ai mis au bas de chaque page la defcription methodi- que en latin 9 de m£me que les carac- teres des efpeces nouvelles que j ai d6- couvertes. On remarquera que mes def- criptions font, pour la plupart, cour- tes, & qu'elles ne donnent que le ca^ raftere eflentiel de Tefpece. J'ai paffd, a deffeiii/fur tous ceux qui font com- muns a tout le genre; la m£me brievete _ D E L ' A U T E U R. xiij fe trouve dans le refte de l'Ouvrage ; tout y eft expofe /implement ,& je ne me fuis point perdu dans des reflexions vagues & des jugemens hafarde's, qui auroient 6t6 entierement oppofes aux bornes que je me fuis prefcrites. J'ai cite" fouvent les Auteurs qui ont dcrit fur le Chili , & j'ai cru cette pre- caution d'autant plus ndceflaire , que parlant d'un pays fort eloigne", & enr corepeu connu , je ne pretends point qu'onm'en croye fur ma Ample parole : les paflages que je cite feront voir que je n'ai point exageVd les chofes , mais que j'aurois pu en dire davantage. Le titre de l'Ouvrage annonce ce qu'il eft, & a quoi on doit s'attendre ; c'eft un Eflai , uneHiftoire abr6g6e de plufieurs productions naturelles du Chili; le Leaeur Equitable n'y cherchera point une hiftoire naturelle complette ; un tel Ouvrage auroit demands des mqyen:? bien diffe>ens , & des fecours que je n'ai pu me procurer. xiv Preface Les perfonnes qui connoiflent leg Recherches philofophiques fur les Ame- ricains 3parM. de Paw, feront peut-etre etonnees de trouver dans moil Ouvrage des remarques qui ne s'accordent point avec ce que cet Auteur a dit fur TA- mdrique en gendral. J'ai obfervE moi- m@me dans le pays ^ avec beaucoup d'at- tentio-ii , tout ce que jJen ai dit ^ & j'ai cite , auffi fouvent que cela m'a paru ne- ceffaire , des Auteurs qui y ont 6t6 , & qui j comme on verra, font des garans non Equivoques. M. de Paw au con- traire n'a rien vu de ce qu'il ddcrit ; il n"*a pas m^me voulu voir ce que les au- tres en ont dit: quoiqu'il cite fouvent Frezier & D. Ulloa ? il ne s'en fert quJautant que leur opinion s3,accorde avec la fienne. Ces deux^ Auteurs out parlE de la grande feconditE du Chili; mais M. -de Paw n'a pas jugE a propos de rapporter ce paffage; il dit ■ Ample- mentque le froment nerduffit que dans quelques provinces de l'Am&ique fep- _ D E L 5 A -U T E V R. XV tentrionale. Entraine par les confluen- ces d'un fyft&me id^al qtiil s'dtoit formd lui-m£me y il a pouff^ les chofes trop loin ; il lui fuffit de trouver dans le vafte continent de rAmdrique-un petit can- ton ou une petite ifle qui ait le de'faut qu'il cherche , pour en charger toutes les provinces 5 fans exception, Une tribu peu nombreufe de fauvages lui fert de type, pour cara&drifer tous les habi- tans de l'Amdrique. Telle eft la logi- que de M. de Paw : je ne finirois pas 9 11 je voulois relever toutes les erreurs qu il a ddbitdes fur FAm^rique ; je m'en rapporte aux fentimens de plufieurs Sa- vans qui y ont 6t69 & a ceux qui ont examine avec impartiality les Ecrits de M. de Paw. Je cite, comme juge com- petent dans cette matiere , M.le Comte Carli , avantageufement connu par plu- fieurs produ&ions littdraires. Ce refpec- table Auteur a donnd , dans fes Letter e Americane, des notions tres-preeifes & tres-claires fur rAm^rique ; qui prou- ■ t I C E y &(V XV) Pv R E F A vent en meme temps combien les opi- nions de M . de Paw s'dloignent de la v6nt6. Je dois avertir le Le&eur , que toutes les fois que je parle des milles dans cet Ouvrage, j'entends des milles gdogra- phiques, a foixantepar degrds. Le pied dont je me fuis fervi eft le pied de Paris; la livre eft celle cTItalie de douze onces. ESSAI E S S A I $ V R L'HISTOIRE NATURELL: D U CHILL LI V R E PREMIER. Situation , Meteores 9 & Temperature du Chili. ■JL/e Chili, pays derAmerique meridionals > eft fitue le long de la mer du fud , entre les 24 & ^f degres de latitude aufirale, & les 30^ & 308s degres de longitude , en fixant le pre- mier meridien a rifle de Fer. On Jul donne une etenduede 1260 milbs geographiques; mais fa largeur varie a mefure que la.grande chaine de montagnes qu'on nomme la Cordiliere ou les Andes , s'approche ou s'eloigne de la rner-, ou , en parlant plus exa&ement, felon que la mer s'approche ou s'ecarte des monta- gnes. Entre les 24 & 3 ie; degres , la mer fe tient a environ 2iomilles dediftancedesmontagnesj A 2 HlSTOlKE NATURELLE el!e n'en eft diftante que de 120, depuis le 32 jufqu'au 37s degre ; 3c h plus grande largeur du Chili eft vers farchipel de Chiloc , ou la mer ne fe retrouve qu'a pres de 300 milles des mon- tagnes, En reduifant toutes ces differentes lar- geurs fous-un meme calcul, on peut evalue,r la furface du Chili a 378,000 milles carres. §• Ier. Limites. Ce pays eft borne a Toueft par TOcean Pad* fique3 au nord par le Perou , a Teft par ie Tu- cuman > le Cujo ^ &le pays Aqs Patagons, au fud par la terre de Magellan. La Cordiliere le fepare de tous ces pays \ & forme une barrier'e infurmontable du cote de la terre , pendant que la raer le defend 'de Ton cote. Le peu de chemins^qui, des provinces limitrophes ,con- duifent. au Chili 9 & qui ne font praticables qu en ete , font fi e-troits & G-dangereux, quun homnie a cheval peut a peine y paifer (1). (1) II y a environ knit on nsuf chcmins qui traverfent la Cordiliere du Chili, dant celui qui conduit de la province d'Aconcagua au Cujo , eft le pius fyequente. Ce che- min , quine fe fin pas en mains de liuic jours, eft co- tove , d'une parr , par les lies profonds que le Chile 8c la Mcndoza , deux rivieres confidcrables, y ont creufe ; de ['autre cote, par des montagnes tres-dlevees , & taillees I > £ u Chili. 5 L'e'tendue que les Geographes modernes donnent au Chili, eft beaucoup plus grande que celle que nous lui donnons dans % pays meme; ils y . comprennent ordinairement en- core le Cujo i le pays des Paragons , & la terre de Magellan : mais outre que ces pays en font feparespar la nature merae, ils fe dittinguent particulierement par le clirnat & les produdions naturelles ; leurshabitans on t des phyfionomies abfolument difFerentes des Chiliens, des ufages & u'ne langue particuliere. §• II. Norn. Le Chili portoit lenom qu'il a pre'fente- mm long-temps avant que les Efpagnois feufient conquk Les Auteurs qui ont e'crit fut rAinerique.ontdonne difFerentes etymologies acefujet, quifontou tout- a- fait fauflTes ,°ou fondees fur des fuppofitions ridicules. Les habi- tans pretendent j avec affez de raifon j que ce nom yient de certains oifeaux du genre dts gri- ves, qui font tres-communs dans le pays, & a pic. Heft a etroit & fi incommode / one , dans pfc fours endroits, les voyageurs c]m y ,pa&m font obliges de qontec leurs mulecs , la feulc moncure dentin pufffe ' ft fervir, & def^irf la route a pied, A ij (I ■ 4 ■ HlSTO IK E N A T-..U 51 E L L E dont le cri aquelque reiTemblance avec le rnot Chili. Peut-etre que les premieres hordes d'Indiens qui s'y etablirent prirent ee nom pour un bon augure, & le donnerentenfuitea tout le pays. I III. Divifion nawdle. Ce pays fe divife naturellement en trois par- ties; la premiere comprend les ifles; lafeconde* le Chili proprement ait; & la troifieme, les Andes, ou le pays que cette chaine de monta- gnes occupe. Les ifles qui appartiennent au Chili , font : Les trois Coquimbanes, Mugillon , Totoral 9 & Pdjaro. Ces ifles font defertes : on leur donne une circonference de 6 ou 8 milles. Les deux ifles de Jean Fernandas , dont Tune connue fous le nom d'lfola di Terra, parce quelie eft la plus proche du continent, a envi- ron 42 milles de circuit. Lord Anfon 9 qui y fejourna pendant quelque temps , l'a decrite comme un paradis terreftre: elle eft maintenant habitee par des Efpagnols. La feconde , qui porte le nom de Mafafuera , eft plus petite ; & quoique fon exterieur foit auffi beau & aufli riant que celui de la premiere 9 elle eftreftee , jufqu'a prefent , inculte & inhabitee ; L'ifle de Carrama; e'eft plutot un rocher qu'une ifte fufeeptible de culture. d U Chili, $■ Quirinquina 9 a Pen tree du port de la Con- ception 3 6c Talca , ou Santa-Maria , font deux ifles d'environ quatre milles de longueur; eiles appartiennent a deux riches habitansde la Con- ception. Mocha. Cette ifle , qui a plus de 60 milles de circonference , eft belle & fertile. Ella eft pre- fentement deferte, quoiqu^lle ait ete habitee dans le fiecle paffe par des Efpagnols. VArchipel de Chiloe\ 3c cel'ui de Chora ' , qui en depend, comprend quatre-v-ingt-deux ifles , qui font habitees par des Efpagnols & des In- diens. La plus grande de ces ifles, qui a donne le nom a tout rArchipel , eft Chiloe ; eile a environ 150 milles defohg , Caftro en eft la capitale. Toutes ces ifles font peu eloignees de la cote , excepte celles de Jean Fernandas 3 dont la premiere eft a 330 milles, & la feconde a 420 milles de diftanee, Le Chili proprement dit, ou cette partis qui eft fitu'ee entre les Andes & la mer ^ a au moins 120 milles de largeur: on le divife'com- munementen deux parties egafes; favoir9 en pays maritime ■'■& pays mediterrane § le pays maritime eft entrecoupe par trois chaines de montagnes paralleles aux Andes, entre lef- quelles fe trouvent un grand nombre' deval- Aiij 6 Histoire Naturelle Jons arrofes par de belles rivieres. Le pays me- diterrane eftprefque plat; on n'y obferve que quelques coilines ifolees, qui en rendent l'af- pect plus piquant. Les Andes , que Ton regarde comme les montagnes les plus elevees denotre globe, tra- verfent du fud au nord toute rAmerique; je dis toute rAmerique; car je regarde les montagnes de la partie feptentrionale du Nou- veau Monde comme un prolongemen t de la Cor- diliere. La partie qui appartient au Chili peut avoir 120 mllles de largeur; elle eft compofee d'un grand nombre de montagnes ? toutes d'une hauteur prodigieufe, & qui femblent enchai- nees Tune a 1'autre ; la nature y deploye toutes lesrichefles & toutes les horreurs des fites les plus pittorefques*, & quoique remplies de pre- cipices affreux ^ on y trouve cependant des val- lons agreables & des paturages extremernent fertiles \ les rivieres qui y prennent leurs fources prefentent fouvent des cataracftes aufli agrea- bles que terribles. Toute la partie de la Cordi- liere fituee entre les 2^ $& ^f degres de lati- tude , eft deferte; mals le refte, jufqu'au 4Je degre, eft habite par des peuplades deGhiliens, auxquels on a donne les noms de Chiquillans > Pehuenches , Puelches , Huilllches , qui font plus connus fous le nom de Patagons. I I f. T> U C H I t I, I V, Divijion politique. La divifion politique da Chili .co-mpre.nd la partie occupee par les Efpagnpls y & la partie quhabiteht les Indiens. La partie efpagnole eft fituees entre le 2^e & 3?e degres de latitude; elle eft diwifee en treize provinces : favoir \ Copiapo , Coquimbo 9 Quillota , Jcconcagua«Mel- lipilld pSantjago (avec la capitaie du ineme nom)9Rancagua3Calchagua , Mauh , Ytaia Chil- < Ian, Puchacay & Iluilquilewu. La divifion de .ces provinces eft fort irrcguiiere 9 oc ma! en- tendue 5 il y en a qui s'etendent depuis la mer , jufqu'aux Andes ; d'autres n'occupent que la moitie de cet efpace^oubienfe trouventfituees vers les montagnes , ou le long de la cote. Leur grandeur eftde meme tres-differente s puifqu'il y en a qui fe trouvent fix ou fept fois plus con- siderables que quelques autres. Ces provinces etoient autrefois habitees par les Cop?apins , Coquimbanes i Quillotanes , Mapochinins , Prornaucques , Cures ? Cauques , Penquons. II n'exifte que trcs-peu de veftiges de tons ces peuples. Lepaysdes Indiens eft fitue entre le fleuve Biobio & FArchipel de Chiloe , ou les 36s & 41s degres de latitude. Ce font trois nations A iv i 1 8 His to ire Naturelle differentes ; favoir, les Arauques 9 les Cunches I & les Huiliches. Les Arauques n*habitent pasa comme le pretend M. de Paw, les rochers fte- riles du Chili , mais au contraire les plus belies pla;nes de tout le pays., entre le Biobio & h Valdivia. Ce pays s'etend le longde la mer , & fa longueur eft eftimee a i8<5 milles. II eft ge- neralement reconnu comme la partie la plus agreable & la plus fertile du Chili. Sa largeur * depuis le bord de la mer jufquau pied des An* des, etoit autrefois evaluee a 300 milles ; mais , dansle fiecle paffe , les Puelches , nation qui habite la partie oecidentale des montagnes, s'etant unis aux Arauques , la largeur de ce pays doit etre au moins evaluee de 420 milles , & toute la furface de leurs pofleflion s'eftimer a 78,120 milles carres, Les Arauques ontdivife leurs pays en qua** trePrincipaut.es ou Uthanmapu , auxquels ils ont donne les noms fuivans : tavquenmapu ou pays maritime , Lelvunmapu ou pays plat , Ina- piremapu , ou pays au pied des Andes > & Ph remapu ou pays des Andes. Chaque Principaute eft divifee en cinq Provinces ou A ilia rehue % & chaque Province en neuf Prefectures ou Rekue. La Principaute maritime comprend cinq Provinces ; fa voir , Arauco , Tucapel 9 llieura^ D V C H I L I. 9 BaroayU Nagtolten. La Principaute de la plaine, Encol , Fur en , Repocura , Maquehue , Mariqui- na.hz Principaute au pied des Andes , Mar- vert, Colhue9Chacaico.,-Quecberegua98c Guana- hue. La Principaute des Andes comprend tou- tes les vallees fituees entre les limites que nous venons d'indiquef. Les poffeffioris des Cunches s'etendent le long de la cote , entre la Valdi* via m 1'Archipel de Chiloe. Le nom de Cun- ches veut dire grappa, ce qui fait allufion a lagrandefecondite de cepeuple.LesHuilliches qgcupent en partie toules les plaines a Torient des Cunches s dont ils font fepare's par des li- mites imaginaires , en partie la chaine des An- desvqui s'e'tend depuis la Valdivia jufqu a 1'ex- tremite du Chili/On les nomme Huilliches , cc qui veut dire homme du fud, parce que leurr pays eft celui qui s'approdie le plus du fud. Les Cunches & les Huilliches font deux nations guerrieres , alliees des Arauques , auxquels elles ont rendu des fervices importans dans leurs guefres contre !es Efpagnols. Le Chili eft un des meilleurs pays del'Ame- rique; la beaute de fon ciel , la douceur con! - tante de fon climat, & fa grande fertilite , en rendent le fejour extremement agreable, & , relativement aux. produdions natnrelles., on peut dire ^fans exagerer, que ceft un des pays |! ill i 10 HlSTOIRE NatURELlJ les plus heureux du globe (i). Les quatre fai- fons fe fuccedent regulierement , & fe diftin* guent bien , quoique le paflTage du froid au chaud ne foit pas trop fenfible, Le printemps commence au Chili , comme dans tous les pays (hues au dela des tropiques, le 22 Sep- tembre \ lVCte en Decermbre , 1'automne au mois de Mars , & l'hiver au mois de Juin. |. V. Pluies, Brouillards, Rofees (Maun en Chilien). Depuis le commencement du printemps juf- qu a Tautomne , le cie! eft conftamment ferein dans tout le Chili, principalement entre les 24e & 36e degres de latitude. Rarement il pleut alors fur le continent; mais dans les ifles,qui, pour la plupart J font couvertes de bois \ la pluie tombe aflez fouvent, meme en ete\ Les pluies ordinaires du continent commencentau mois d'Avril \ & durent jofqu'* la fin d'Aout. Dans les provinces feptentrionales , comme le Coquimbo & le Copiapo \ les pluies font aflez rares. Dans les provinces mediterrannees , il pleut ordihairement trois ou quatre jours de fuite, & le temps ferein dure quinze ou vingt (i)Robercfon 5 Hiftoire de l'Ame'rique, torn. IV. Jiv. 7. !" D U C H I t I. It jours. Dans les provinces auftralcs y les ptuies font plus continuelles ; elles y durent fouvent neuf a dix jours, fans interruption. Ces pluies ne font jamais accompagnees de tempetes ou de grele; on n'y connoit prefque pas le ton- nerre , fur-tout dans les pays eloignes des Andes , ou, meme en ete, on n'entend point gronder la foudre. Dans les montagnes, & vers la mer, fe ferment de temps en temps des oran- ges, qui I felon que les vents dominent , fe diffipent , & prennent leur diredion vers le nord oule fud (i). Dans les provinces maritimes , on n'a jamais vu de neige*, dans celles qui s'approchent des Andes , on en obferve de cinq ans en cinq ans , mais tres-peu, & quelquefois on n'en voit point durant un plus Jong efpace de temps. Toute la neige qui y tombe fe fond d'ordi- naire en tombant , & ii eft rare de la voir durer une journee entiere. Dans les Andes, au con- traire , ii en tombe une fi grande quantite de- puisle mois d'Avril jufquen Novembre, que non feulement elle s'y conferve toujours , mais quelle rend en meme temps le.paflage de ces montagnes irnpraticable pendant la plus grande (i) Gazzetiere Americano, art. ChilL t:,!i i [ it ii1 Hi iii 12 HlSTOlRE NATUKELLE par tie de l'anne'e (i). Les fommets les plus ele- ves deces montagnes , conftamment couverts de neiges , fe diftinguent de fort loin par leu* couleur blanche , & ferment un afped extre- mement agreable. Les habitans qui ne fon t pas afTez riches pour avoir des glacieres chez eux, prennent la neige de ces montagnes , qu ils font tranfporter a dos de roulets. La 'conforrv mation en eft tres-confiderable \ & chacun s'en fert pour rafraichir fa boiflon en 6t6. Les pays maritimes font prives de cet avantage , a caufe de Teloignement des montagnes; mais ils s'en pafTent plus aifementj car la chaleur eft bien plus mode'ree le long de la cote que dans l'inte- rieur du pays. On obferve quelquefois au mois d'aout , dans les provinces mediterra- nees , des gelees blanches f accornpagnees d'un froid leger, qui eft le plus confide'rable que Ion connohTe dans ce pays. Ce froid ne dure que deux ou trois heures apres le lever du foleil , le refte de la journee eft comme un beau jour de printemps. Dans tout le Chili 9 les rofee-s font abondan- (i) Plufienrs Efpagnols ont peri dans ces neiges , fous la conduite d'Almagro 4 en i^^en voulanc patter au Chili : de-la vient Topinion de plufieurs, Auteurs fur le froid rigoureux du Chili. J) U C H I L 1. IJ tes pendant les nuits du printemps, de 1'ete &c de Tautomne , & remplacent en partie la pluie durant ces trois faifons. Quoique 1'at- mofphere foit alors charge'e d'humidite, la falubrite de lair n en fouffre point r&on voit les gens de la campagne , aufii-bien^que les voyageurs , dormir en plein air3 fans danger. Sur la cote , les brouillards font communs, fur- tout en automnej mais ils ne durent que peu d'heures dans la matinee; & comme ces brouil- lards ne font charges que de parties aqueufes , ils ne portent aucun prejudice ni a la fante des habitans , ni a la vegetation. §. V. Vzntu ( Cruv en Chilim. ) Les vents du nord &• de nord-oueft portent ordinairementla pluie, & ceuxdufud & de fud-ouefi: diffipent les nuages. Les habitans connoiffent parfaitement bien la marche de ces vents ;"'& en favent profiter: c eft pour euxune efpece de barometre , qui leur prefagele beau ou le mauvais temps. Ces memes vents ont dans rhemifphere auftrai des proprietes tout- a fait oppofees a celles qu'ils ont dans I'he'mi-f- phere feptentrional. Le vent du nord, &tous ceuxqui foufflent de la meme bande , traver- fent , pour driver au Chili , la zone torride, " li i t] »4 Histoire Naturelle & fe chargent de vapeurs entre les tropiques 5 lis nous apportent par consequent de la chaleur & de la pSuie. Cette chaleur eft cependant tres-modcree , & il par01% qu>i!s perdgnt en par_ tie Ieurs qualites mal-faifantes , en patent a travers les Andes, qui font conftamment cou- vertes de neige. Ces vents font infinimentplus incommodes , meme plus fuffocans quele Sci- rocco en Itzlk, dans le Tucuman & le Cujo ou on leur donne le nom de Sonda. Le vent- dufud & fes collateraux, venant immediate- ly du pole antardique, font froids & fees. Ces vents , qui declinent ordinairement vers lefud-oueft, dominent au Chili tout le temps que lefoleil fe trouve dans l'he'mifphere auftral Us foufflent conftamment vers lequateur parce que l'atmofphere etant alors tres-rarefiee aucun autre vent ne s'oppofe a leur eours! Comme :1s diffipent toutes les vapeurs , & les conduifent vers les Andes, i!s font caufe que pendant qu'ils foufflent, les pluies font fi rares! Les nuages que le vent du fud raffemble fur le? Andes , s'unhTent ordinairement a ceux qui v.ennentdunordJ& pxoduifent alors despluies tres-fortes, accompagnees de tonnesre, dans toutes les provinces au dela des Andes, fur- tout dans le Tucuman & le Cujo. Dans le meme temps , l'atmofphere du Chili eft conftamment' I f I D u C H. I l r. IS daire, & Ton y jouitdu plusbeau temps. Le con- traive s'obferve en hiver jces provinces ont le plus beau temps , & l'atmofpheredu Chili eft plu- vieufe. On aremarqueau Chili, que leventdu fud ne fouffle jamais pendant une journee^en- tiere avec la meme force ; B dirainue confide- rablement a mefure que le foleil s'approche du meridien , & celTeft que dans l'apres-midi qu'H reprend fa premiere force. Pendant le midi , lorfque ce vent ne fouffle que tresToiblement, on Tent un vent frais qui vient de la mer, & qui dure environ deux ou trois heures. Les payfanslui ont donne le nom de vent de dou$e , ou horloge des payfans , parce qu'il leur fert pour fixer le midi. Comme ce vent retourne exacte- menta minuit, on a pretendu qu'il pourroit £tre 1'efret de la maree. Ce meme vent de mer eftun peu plus fort en automne , & quelque- fois accompagne de grele. Les vents d'eft s'ob- ferventtres-rarement au Chili , a caufedes An- des qui s'oppofent a leur pafflge. Les ouragans, fi communs dans les Antilles ,y font inconnus ; cependant il exifte uh exemple unique d'un ou- ragan qui, en 1633 , fit beaucoup de degat au fort de Carelmapu, dans la partie meridionale du Chili. L'on congoit facilement que la chaleur tem- peree dont le Chili jouit prefque toujours , de- pend uniquemeat du changement fucceffif des Mi I ": liJil i M i ll I, i'K'i'1 i5 HisTbiRE Naturelle vents ; car fa pofition , peu eloignee des tropi- ques , Texpofe naturellement a des chaleurs plus fortes. Outre cela , la maree , Ies rofees abondantes, & certains vents qui viennent des /Kndes, & qui ne doivent point etre con- fondus avec le vent d'eft, rafraichiflent tellement 1'airen ete, que, pourvu que Ton fe trouve \ 1'ornbre, on ne fera jamais incommode de la fueur. L'habillement des habitans de la cote eft le meme en hiver qu'en ete; & dans Tinterieur du pays 9 ou la chaleur eft plus fenfible qu'ail- leurs , le thermometre de Reaumur ne monte guere au-de!a de 25- degres. Les nuits 5 dans tout le pays , font en general d'une tempera- ture tres-agreable. Nonobftant is chaleur mo- deree du Chili , tous les fruits des pays chauds * meme ceux des tropiques,y viennent parfai- tementbien, & ilparoit tres-probable que la chaleur interieure du fol furpafle de beaucoup la temperature de ratmoTphere(i). Les pays limitrophes a Porient du Chili ne jouiflent pas de ces vents rafraichiflans; Pair y eft fuffocant , & auffi incommode qu'en Afrique, fous la meme latitude. La Nature s'eft encore ici ecartee (1) Storia dcgli ftabilimenti Europei in America , vol. i, pan. 3 , cap. 12, des L&J !«■ — D V C K I L I. iy des limites que M. de Paw lui avoit affi- §. VI. Mkiom ignis. (Cheruvoe en Chilkn.) Les me'teores ignis font affezTriqu'ens' au Chili , fur-tout les etoiles volantes \ que Ion y obferve prefque toutefannee , & les bouies de feu qui viennent ordinairement des Andes &£ fe perdent dans h mer. Lqs aurores auftrales au contrairey font rares. Ceile que Ton obferv^ en 1640, etoit une des plus grandes ; el'e fut vue depuis le mois de Fevrier jufqu'en Avril , d'apres les relations que les Hiftoricns du pays nous en ont laiffees. On en a remar- que quatre differentes dans ce Cede, dont e nefauroisindiquerle temps precis. Ce meteore fevoitplus fouventdans i'Archipel de Chiloe,- a caufe de la plus grande elevation du pole dans cette partie. .. §. VII. Falcons. (.Dehuin ci* Chilien.) II n'eft pas e'tonnant qu'un pays auffi abondant enmatieres fulfureufes & bitumineufes , offre desphenomenes fernblables. La prefence de ces matieres fe manifefte fur-tout par le nombre des voleans qui fe trouvent dans. la Cordiliere. Onencompte quatorze, qui font en eruption JB frfvf a !J in.; ll M i8 Histoire N a t ur ellE continuelle , & un plus grand nombre qui ng foment que par intervalles. Tous ces volcans fe trouvent dans la partie des Andes qui appar- tient au Chili; & comme il-s font places prefque au milieu de cette chaine de montagnes , les laves & les cendres qu'ils jettent, ne paroiffent pas hors de leur enceinte. On trouve cependant, en les examinant de pluspres , toutes les pro- du&ions volcaniques, fur -tout beaucoup de foufre & de fel ammoniac. La plus fameufe eruption que Ton ait eprouvee au Chili , eft celle de Peteroa, Ie 3 De- cembre 1760, Get ancien volcan fe formoit alors un nouveau cratere ; une montagne voi- fine fut divifee par le milieu ? a une etendue de plufieurs milles. Le bruit qui accompagna cette eruption fut terrible 9 & on fentendit dans tout le pays •, heureufement qu'elle ne fut point fuivie par des fecouffes bien fortes de trem- blement de terre. La quantite de laves & de cendres que la montagne jetoit, rempliiToit les vallees voifines , & caufoit un accroiffement dans les eaux du Tingiririca 9 qui dura plufieurs jours. Dans le meme temps , le cours du ton- tut , fleiive tres-confiderable , fut interrompu, pendant dix jours, par une portion de montagne quis,ecroula>& qui en rempliflbit le lit. L'eau, quis'ouvric a la fin un paflage, inonda toutes — id v C n i l i. iJH les campagnes voifines, & forma un lac qui exifte encore. ?uoT .zslfcv' Dans toutle refte dupays hors des Andes ^ II n'y a que deux voleans ; le premier , qui eft. de peu de confequence , eft fitue a Pembou*- chure du fleuv^ Rapel; il ne jette que peu da : fumeede temps en temps: lefecond eft le grand volcan de Prillarica9 pres le lac du meme norn, dans le pays des Arauques. Ce volcan , que !5on aper§oit a iyo milles de diftance , paroic ifole , quoiquon pretende que , par fa bafe j il tienne aux Andes 3 dont il n'eft pas fort eloi- gae. Le fommet de cette montagne couverte de neige eft toujours en eruption. On donne un circuit de 14. milles a fabafe3 qui eft, en grande partie 9 couverte de forets tres-agreabfe 3 un grand nombre de rivieres y prennentleurs four- ces, & la verdure conftante de cette montagne demontre que ces eruptions nont jamais ete bien violentes. §. VIII. Tremblemens de terre. (Nugun en ChiL ) Le trembletnentde terre eft le feu! fleau qui incommode ce beau pays. La quantite de ma- tieres inflammables dont le fol eft rempli , mifes en adion par la matiere e!e£trique , peut en li^ll til 26 Hist o ire Naturelle etre regardee comme une des caufes princi- pals. Une autre caufe non moins capable de produire ce terrible phenomene 9 eft I'elafticite de Fair contenu dans Hnterieurde la tefre,& la force de l'eau , qui , de la mer , pafTe dans les canaux fouterrains , reduite en vapeurs. On pourroit expliquer par-la pourquoi les provin- ces a Torient des Andes > eloignees de la mer, en font fi peu incommodees. Cependant deux provinces t le Capiapo & le Coquimbo y quoi- que fituees pres de la mer , & riches en mine- raux comme les autres, n'ont jamais fouffert du trembJement de terre; & pendant que tout le refte da pays etoit fortement ebranle , on n'y a jamais fenti la plus legere fecouffe. On pre- tend communement que le terrain de ces deux provinces eft traverfe par de vaftes cavernes. Le bruit fouterrain que Ton entend en plu- fieurs endroits , & qui parou annoncer un cou- rant. d'eau ou de vents fouterrains , eft en fa- veurdecette opinion, & il y a touteapparence que ces memes cavernes , en procurant un paflage libre aux matieres embrafees, prefer- vent ce pays de ce defaftre. On compte au Chili trois ou quatre trem- blemens de terre par an , mais ils font tres-foi- bles y &on y fait peu d'attention. Les grands B U C HI II- at tremblemens n'arriverit que rarement (i). Les fecouffes quiaccompagnent le tremblement de terrre, etoient probablement plus fortes avant que les matieres trouvaflent des iffues par le moyen des volcans : maintenant i!s ne fe mani- feftent que par des mouvemeins horifontaux ou ofciilatoires. D'apres des obfervations bien conftatees , les tremblemens de terre ne fur- viennent jamais a rimprovifte dans ce pays ; i!s s'annoncent toujours par une vibration fingu- liere de Tair ; & comme les fecoufles ne fe fuc- xedent que par intervalks , les habitans ont tout le temps neceflaire pour fe fauver. Pour fe mettre a Tabri de tout evenement , i!s ont conftruit les villes d'une maniere qui eft par- fakement bien entendue ; les rues en font lar- ges ; & lors meme que les edifices tombent des deux cotes , il refte au milieu un efpace affez grand pour s'y refugier. Toutes les maifons Ont en outre d^s cours fpacieufes 5 & desjar- (i) Depuis l'arrivee des Efpagnols , c'eft-a-dire , dans un efpace de deux cenfquarante-quatre ans , on compte cinq tremblemens de terre remarquabks $ le premier , en 1570 ; le fecond ? le 13 Mai 1647 '■> le.troifieme , le 15 Mars 1-677 ; le quatrieme , le 8 Juillet 1730 j !e cm~ qnieme,le 24 Mai 1750. La capkalea fouffert confidera- blemem dans les deux derniers. ' B iij 12 HlSTOIRE NaTUREILE dins qui fervent d'afile aux habitans. Les per* fonnes aifees ont ordinatrement dans leurs jar- dins des baraques en bois tres-propres, ou elles vont coucher, des qu'elles font menacees d'un tremblement. Par ces moyens, les Chiliens vt- vent fans fouci , & fe croyent en parfaite su~ rete , d'autant plus que > jufqu'a prefent , les tremblemens de terre n*ont point ete fuivis d*a£~ faiffernens ou d'eboulemens confiderables; ce que fattribue aux canaux fouterrains , qui font en communication avec les volcans de nos Andes ^ que jeregarde comme autant de foupt- raux par oil la matiere enflammee s'echappe : peut-etre !e Chili, fans le nombre de ces ypf- cans , fcroit-il un pays inhabite. II y a des perfonnes qui croyent pouvok prefager te tremblement de terre , d'apres cer- tains changemens de Patmofphere. Quoique la chofene me paroiffe point impoffible, favoue cependant que ma propre expedience ne m'a fourni aucun reiultat analogue a cette opi- nion. Je fuis ne & Fai ete eleve au Chill 3 jy ai obferve 3 avec beaucoup d'attention, Tetatd^ l'atmofphere pendant les tremblemens de terre; j'en ai vu dans toutesles faifons, & j'en ai fenti pendant que le temps etoit parfaitement beaei & ferein , comme pendant qu'il faifoit du vent $ ou q 33 J .ttu S. IX. Salubnte. Leshabitans du Chili , familiarifes avec ce phenomene defaftreux, font cependant tres- contens de leur fituation, & je fuis perfuade quils ne quitteroient pasfacilement leur pays, pour un autre qui feroit exempt de ce fteati. Cette predile&ion n'eft point fondee fur le fimple amour de la patrie, qui eft commun a ious les hammes ; elle tient a des avantages reels & propresa ce pays. Un fol naturcllement fertile \ convenable a toutes les produ&ions utiles, une temperature de climat douce, & prefque toujours egale , une falubrite extraor- dinaire , voila les prerogatives de ce beau pays. On n'y connoiffoit point , avant Tarrivee des Efpagnols , les maladies contagieufes j ce font eux qui y ontporte la' petite verole , que Toft connoit maintenant fous lenom de pefte , & qui s'obferve de temps en temps dans les provinces feptentrionales ; les habitans des provinces voi- ' fines font alors obferver aux perfonnes qui viennent de ce cote, une quarantaine rigou- reufe*, par- la ils fe font preferves de cette ter- rible maladie. Ldrfque les Indien&-> qui, juf- qu'a prefent , ont ete exempts de cette conta- gion, foupjonnent quelqu'un d'en etre -attar- Biv ' "tH\ III 19 24 Histoire Naturelle que, ce qui pent arriver a caufe de leur liaifon avec les Efpaguols, ils le brulent dans fa propre cabape par le moyen de fleches allumees. Par ce moyen , violent a Ja verite , ils ont touiours arrete cS prog.es que cette maiadie auroit pu fa-re. Un Medecin du pays, Fr. Math. Verdugo , de l'Ordrede Saint Jean, a ete le premier qui; a« tente , en 1 76 1 , l'inoculation , qui , depuis ce temps, a eu !e plus grand fucces. Les fie- vres tierces & qmrtes y font egalement Q eonnues, & les habitans des provinces limitro- Phes , qui en font attaques , viennent s'erablir- pendant quelque temps dans ce pays , ou ils fe ret,bhOent promptement. II y a des annc'es qu'une hevre ardente /accompagne'ede delires,; s ob erve cbez dont ,a , eft de deux mines \ Je jQW , g Taken, la « ™, dans le pays des Arauques; % Chaivin, Je pohm,, dans le pays des CuncheS;&!e 5 Sol qUl ^ dC'Charge danS 1>ArchiPel de Toutesces rivieres font extr^mement vM des- jufquaux montagnes maritimes , dont la jofition en ralentit le cours. La plupart coulent dans des hts tres-larges , for un fond pierreux : ftcomme fours bords font pen eleves, les Payfans en profitent pour fa;re pafl-er 'i&* gj dans pfofieurs canaux, dont i!s arrofent leurs campagnes dans le temps de la fe'chereffe j par ce moyen , ils ne manquent jamais d'eau , meme en ete , quand il ne pleut point ; car les rivie- res en font toujour* remplies, a caufe de la fonte des ne.ges, qui , dans cette faifon , a lieu dans les Andes CO. M CoUtuDiUionano dell* America. Art. Chili. D U C H I L T. %9 • L'eau [ dans les rivieres , eft a fa plus grande hauteur depuis le mois de Septembre jufquen Fevrier ; dans quelques-unes, on remarque des changemens au matin & le foir , ce qui peut etre explique par la fituation des fources , qui font ou plus ou moins expofees aux rayons du fo- leil. Ces rivieres ne debordent jamais, & les inondations font inconnues au Chili, leurslits, comrne nous Tavons deja dit , etant tous tres- larges; mais,quoique plufieurs ne paroiflent pas fort profondes , elles ont ete plus d'une fois fu- neftes a ceux qui ont voulu les traverfer a che- val- L'opinion commune que Teau de la neige produit des goitres , ne fe confirme pas icij toute Teau de nos rivieres ne peut cependant1 etre regardee que comme de la neige fondue;' die eft excellente a boire, & cette maladie b? exifte point au Chili. r §. X I. Lacs ( Mallin en Chilien.) II y en a dont l'eau eft fale'e , d'autres dont: Teau eft douce. Leslacs d'eau falee fe trouvent tous dans les marais des provinces efpagnoles ; les plus remarquables -font \q Bucalernu ,Iq Ca-} guil, & le Bojtruca. Ces lacs ont depuis 12 juf-" qua 20 milles de longueur- Les -lacs d'ea^ douces qui fe trouvent dans les provinces inte- u 1 1 [FJ ! S1 1 1 M f|*j; ■I So HiSTorRE Naturelle rieures,fontIeP«^„e/, VjcuUu,le lagutim mers, fitues dans le pays des Arauques , font lesplus Gonfiderables de tous. Le Laquen , au- quel les Efpagnols ont donoe Je nom de Villa* ncca,* un circuit de 72 milles , & dans fon mi- lieu, une jolie colline en forme de c6ne Le Nahudguapi , dont Ja circonfe'rence eft de 80 milies , a de meme dans h milieu une petite ifle couverte d'arbres. Ces deux lacs donnent aaifiance a deux fleuves confidences ; le pre- mier I au Ttilten , qui fe jette dans l'Ocean Pa- cifique ;Ie dernier, au Nakuelguapi , qui a fon embouchure dans la mer des Patagons , vers le de'troit de Magellan.Oans l'interieur des Andes, on obferve encore plufieurs lacs, mais ili font Peu confiderables. ■ ■ <5 §>X II. Eauxmine'rales. fCovunco en Chilim.) • Unpays auffi riche en mine'raux doit natu- rellement produire un grand nombre d'eaux mi- neYales , dont les vertus ne font pas reftees in- connues aux habttans. Les eaux gazeufes & aci- duies font fur-tout communes dansies valle'esau pied des Andes : il y en a de vicrioliques & de martiales, plufieurs font fultureufes ou muria- iiques; four tj?mp&a«ir«; efc prefque par-tout « r> v Chi l i. 3** celle del'atmofphere, & U n'y eft a que tres- peuquifoient fraides-en ete, ce qui depend probablement de quelque fource fouterraine, chargee de particules falines, dans le voifinage de laquelle ces eaux minerales prennent leuc fource. L'analyfe de toutes ces eaux n'ayant point ete faite avec l'intelligence neceflaire, je nefois point enetat d'en donner des notions plus detaillees. Le Copiapb & le Coqulmbd font riches en four- ces falees. Dans la premiere de ces provinces, ilya une riviere nominee Sdado , dont l'eau eft falee , quoiquelle prenne fa fource dans les Andes, comme toutes les autres (elle tombe danslamerPacifique.) L'eau de cette riviere , qui eft tres-claire, tient une quantite prodi- gieufedefel en diffolution. SelonlesdifFerentes faifons, elle a montre i;-i8 degre's au pefe-li- queur. Le fel qui fe forme naturellement fur fes bords , eft excellent , & on peut i'employer fans aucune preparation ; car il eft tres • pur , &' ne contient point de fel marin a bafe terreufe, nt d'autres fels heterogenes. Dans une valie'e des Andes, babit-e par les Pehuenehes, a 34 deg. 40 min. de 1st. % on obferve onze foufces d'une eau claire& tres -iimpide , qui s'etend fur toute kplaine, & qui s'y criftalUfe W un fel aufll blanc que la fieige. Le licit de cette « <*P '" ?2 HlSTOIRE Naturelle le circuit eft evalue a iS milles, eft compofe de ce fel a une profondeur de fix pieds; les ha- bitans I'y prennent en grandes pieces , & s'en fervent pour tous !es ufages domefKques. Les montagnes qui entourent cette vallee, ne pre- fentent exterieurement aucun indice de fel mineral ; mais i! eft vraifemblable que l'inte- rieur en eft rempli, vu la grande quantite que ces fourcesdepofent. Leseaux thermales fe trouvent en plufieurs endroits;Ies plus renommees font celies des poffeffions efpagnoles, de Pddehue & de Cau- quems. Les eaux de Pddekue prennent Ieur fource au fommet dune des montagnes exterieures des Andes, au nord de Saint- Jago. Ce font deux Jources d'une temperature bien difFerente jlune fan montet le thermometre de Reaumur * So degrfc's au defTus du point de congelation j p 1 autre le fait defcendre a 4 degres au-def- ious du meme point. Les deux fources font a une diftance d'environ 80 pieds i'une de l'au- «re; ma.s on a eu fob de les unir par des ca- naux, de maniere qu'ellesforment un bain tiede, dont on fe fert dans plufieurs maladies avec beaucoup de focces. L'eau de la fource chaude paroit graiTe au tact, & e'cUme comme l'eau de favon j l'alkali mineral dont elle abonde, femble t) V C H I L *. 5| femble contenir des corps gfas en diiToktion; elle eft claire , tres-peu gazeufe 5 & fa pefanteur fpecifique ne furpafTe que de deux degres Teau commune diftillee. On peutcroire qu'elle doit fa chaleur a des couches de pyrites qui font ad;uei!ement en fermentation pres Torigine de fa fource. L'eau de la fource froide eft rriartiale fk vitriolique , ce qui fait que lorfque ces deux eaux font melees, elles depofent un fel de glau- ber , & une ocre jaunatre. Les bains de Cauquenes font fitues dans une des vallees de la Cordiliere, pres dela fource du Caciapoal , riviere tres-confiderable, Comme iendroit eft fort agreable ,on y voit, pendant la belle faifon , nombre de perfonnes qui y viennentpour fe divertir, ou pour faire ufige des bains. Les fources de ces bains font nom- breufes , & de dirferentes qnalite & tempera- ture. II y en a de tres-froides 6c dechaudes ; plufieurs font acidules 5c martiales^ d'autres (im- plement martiales, alkalines ou vitrioliques. II yen a qui ne font pas purement gazeufes^ comme les eaux de Fife. La fource prihcipale eft fulfureufe & tres-chaude ; fon odeux eft he- patique, 6c fur le bord fe voit une effloref- cence femblable aux fleurs de foufre; elle pa- toit encore contenir des parties alkalines, & quelque fei neutre ; fa chaleur s pendant la tern- m "'ill lift':: || HiSTOIRE Natcreles Je'rature moyenne de 1'atmofphere, eft entfd j8 & 60 degresau deflus du point de conge'la- tion, Us montagnes des environs font riches en mineraux de toute efpece. Les faules , qui croiflent en quantite' pres de cette fource, font couverts d'une efpece de manne dela grofleuc des grains de poivre. Sur les bords de trois fources mine'rales, que l'on trouve a cote' du grand chemin qui con- duit au Cujo , on recueille en quantite un fel neutre a bafe calcaire , d'un gout Sere & amer. II eft un peu deliquefcent a fair , & la forme de fescriftaux eft, pourl'ordinaire, un prifme qua- tirangulaire. On s'en fertcomme du feldeglau- ber, avec Iequel on le confond. Quoique je fois tente de !e croirs un vrai fel d'epfom, je ne decide rien la-deflus , puifque je n en ai pu faire I'analyfe. Les eaux mine'rales font tres-eftime'es des Arauques , & un de Ieurs dieux bienfai- fans (MeuUn) eft cenfe' Jes prote'ger; pour cette raifon , ils lui donnent le furnom de Pen- tovunco, qui veut dire, feigneurdes eaux mfr nerales. .§. XIII. Quality dufiU La fe'eondite du fol du Chili n'eft pas par- tout la memej elle augmente a mefure que les D U C H ! L Ti f jjj fortes cultivees s'eloignent de la mer(i).Toute$ ies campagnes maritimes font moins fertiles que Ies campagnes mediterranees , & celles-ci bieti inferieures aux vallees qui fe trouvent emre les Andes: c'eft la que la vegetation eft plus vi- gour£ufe,& que ies animaux deviennent plus robuftes que dans les autres parties du pays. II eft cependant tres-diificile de dormer une idee }>recife de cette fertility , puifque les peuples quihabitent ces riches vallees font Nomades, & ne cultivent abfolument rien* Les differens fels 5 & autres principes fecondans que ces rnon- tagnes contiennent en fi grande quahtite, &c qui deli fe repandent fur-tout le pays , par le jnoyen des rivieres & de 1'air meme, unis a la chaleur naturelle du fol , peuvent etre regardes comrae caufes principals de cette grande fer- tilite , qui ne demande pas rneme le fecours des engrais* Les Cultivateurs ,inftruits par Tex- perience, prerendent au contraire que rous les engrais artificiels font 5 dans ce pays, non feu- lement fuperSus , mals rneme nuifibles , & ils citent pour preuve la grande fertilite des envi- rons de la capitale, qui ? fans avoir ete engraiffes depuis Tarrivee des Efpagnols, c'eft-a-dire 9 de- (i) 11 Ga-tfeizere Am$rk.w® , art. Cluii. Cij ■i' H ■ i , 36 HrsroiRE N'ATURfittg puis deux cent trente-neuf ans , & meme !(Mlg3 temps auparavant 5 ou ce canton etoit habite par des peuplades Indiennes, n'ont cependant Tien perdu de leur vertu vegetative, Un autre avantage qui en refulte.ceft que, jufqu'a nos jours, on n'a point encore obferve dans les bie's l'ergot qui paroit fe propager par lufage* des engrais, Les Auteurs qui ont ecrit fur la fertilite du Chili, ne font pas d'accord fur le produit d^s terres. Quelques - uns ont pretendu qu'elles produifoienttfoougopour i (i) 5 d'autresont XT C H I £ ^ f| fplxante pour un. Les recoltes ordinaires dang 1'interieur du pays , font de foixante a foixante* il eft dun brun tirant fur le rouge , friable , argileux , tenant un peu de marne 3 entremele de cailloux, pyrites \ co- quilles, & autres corps marins. Dans rinterieut du pays, & dans les vallees dss Andes, letef" Ciij } i,l! Sin 1 1'1 ■ii, 3$ His^oire Naturelle tain eft plus noir , tirant fur fe jaune; it eft lipfiK ble i fouvent mele de gravier & de corps ma- rins decompofes. Cette quafite du fol eft noil feulement vifible a la furface , rnais elle eft roeme permanence a une profondeur affez eon- fiderable , comme on pent fobferver dans hi ravins & hs lits que les rivieres out creufe$# §. XIV. Orgamfation pkyjiqm du pays* Les corps marins qui fe trouvent repanduS par tout le pays , & plus encore la maniere dont its font difpofes5 font des preuves incontefta- blesque jadis if etoit couvert par rOcean^qui* en fe retirant pen a peu , & ainfi que nous fob- fervons tous les jours fur h cote , a laiffe a de- couvert I etroite furface de terrain acludlement liabite. Tout le pays nous prefects des indices non equivoques du long fejour que cet element y a fait. Les trois chaines de montagnesmari- times actuellement paralieles y & les coflines par lefquefles ces momagnes s'uniflent aux Art- ies ; enfin toutes les ramifications de cette derniere montagne paroiffent formees fucceffi- cement par les eaux de la mer. La ftru&ure interieure des Andes y dont ! age paroit remonter a la creation de la terre , pre- feme une originebien differente. Cette monta- D V C If I £ ft 3$ gne prodlgieufe s'ele ve rapidement , ne formant qu'un tres-petit angle avec fa bafe; fa forme ordinaire eft celie d'une pyramide , furmontee de temps en temps par de petites elevations coniques & cornme criftailifees. Les maffes enormes dont cette montagne eft compofee* offrent une roche vive, quartzeufe, prefque uniforme , dans laquelle on ne trouve jamais de corps marins , comme dans les montagnes fecondaires. Au fommet du Defcabefado , mon- tagne tres-elevee au milieu de la chaine prin* cipale des Andes , & qui, pour la hauteur , ne me paroit point inferieure au fameux Chimbo* rafo du Quito , on a decouvert nombre de co- quillages marins, en partie petrifies ou calci- nes , qui probablement y ont ete depofes par les eaux. Le fommet de cette montagne, qui eft aplati, paroit Peffet d'une eruption volca- nique*, il prefenteaduellement uneplaine car- ree, dont chaque cote a plus de fix miiles d'e~ tendue,au milieu fe trouve un lac tres-pro- fond, qui,d'apres toutesles apparences, etoit autrefois le crateredu volcan. La chaine principale des Andes eft fituee au milieu dedeuxautres moins elevees^ qui lui font parallefes. Ces deux chaines lateraless'eloignent de la chaine principale d'environ vingt - cincf Cw I §j$ HistoiRE Naturelle ou trente milles ^ mais elles y tiennent par de£ ramifications tranfverfales > dont Tage & 1'or- ganifation paroifient !es rnernes que ceux de la chaine principale 3 quoiqueleur bafe fait plus etendue & plus variee. A cote de ces deux chaines laterales s'etendent encore plufieurs "autres ramifications 5compofees de montagnes peu elevees j & dont la direction n'eft pas tou- jours la meme. Toutes ces montagnes qui s'eloignent des Andes 3 audi bien que les montagnes mediter- -rannees&lesmaritimes, font de formation fe- condaire^leurs fommets font ordinairement plus arrondis ; elles font fcrmees par des couches ho« rizontales , dont TepaifFeur & la matiere va- rient, Dans toutes ces couches, les corps ma-* rins ahondent, & fouvent on y decoiivre en- core des impreffions de plantes. J'ai obferve 3 dans les excavations que Ton a faites , & dans les lits des rivieres > que la couche inferieure de toutes ces montagnes eft une efpece de pierre a aiguifer 5 de couleur rougeatre , dxun grain fablonneux , quelquefois un fable quart- 2eux, ou un tuf afTez eompad, d'un brunobf- cur; les couches fuivantes etoient des argilles de diiferentes couleurs , de la marne, du fchifte* du platre s des charbons foffiles ; & plus bas (o di; C h'il iff 4* -Jtrouvoient quelquefois des filons metalliqii.es, des ocres, des quartz des granits, des porphy- res, & autres roches plus ou moins dures. L'ordre des couches n'eft pas par-tout le meme,& j'y ai fouvent obferve des derange- mens confiderables ; une couche fuperieure dans une montagne etoit I'infe'rieuredans une autre. Dans tous ces derangemens, Its lois de la gra- vite n'etoient guere obfervees. Cependant toutes les couches en general afferent une efpece de regularise dans leur direction , qui eft celledu midi au nord; & comme elles ne s'inclinent que tres-peu aloccident, elles pa- roiflent fuivrele courant de la mer /qui , a caufe de la pofition du pays , fe dirige du midi au nord. Outre les montagnes compofees de couches differentes , il.y en a encore d'une ftru&ute uni- forms Plufieurs font toutes calcaires , d'autres de platre, de gres , de laves, de bafaltes, & autres matieres volcaniques ; quelques-unes paroiflent formees d'un anias de coquilles peu ou prefque point decomposes , comme l'a fort bien obferve D. Ulloa dans fon voyage ; mais toutes ces montagnes hornogenes font arides, U ne produifent que quelques arbriffeaux I'an- guiffans , aulieu que les montagnes a couches, qui font toujours couvertes d'une croute de r ^ 1'$! ! 42 HiSTOlRE ^ATUREttf terreJabourabIe,ofFrentunevegetationvisoa. reufe & riante. . La forme exterieurede toures ces montagnes ■ couches fournit encore une preuve palpable dufepurde 1'oceandans cepays;leurs bafes, jw font prefque toujour d'une grande eten- aue^selargiffent fucceffivement , & ne for- ^ ^P*u a peu Ies vallees,ce qui paro.t analogue au mouvement de la mer. En defen- dant dans Ies valIees,on reconnoit fans diffi- eulte que Ieur organifation eft fa meme que ceHe des montagnes a couches; par-tout les memes matieres & la meme difpofition , avec cette difference que prefque tous Ies materiaux ie trouvertt en pieces plus petites , ou bien re', duits en terre. La variete des foffiies qu'offre ce beau pays , doit naturellement augmenter fa valeur; & quoiquc tes habitansne paroiffenta&uelfement .sattacherqu'ala recherche des me'taux pre- c.eux.i! eft tres-probable cju'un jour, lorfque Jes Sciences & Ies Arts y feront parvenus a tm plus haut degre de perfection , on s adonnera avec plus de foin a la recherche de differens mmeraux qui ne font pas raoins dignes d'etre examines. t> V C H I Hi » §. XV. Terres, Argiles, Oeres, Sables. Si la nature a prodigue les metaux au Chili, elle ne l'a pas moins bien traite relativement aux differentes terres ; on y trouve les terres calcaires, argileufes , minerales& fablonneufes , fous differentes modifications ; j*y ai decouvert toutes les efpeces d'argile que Linne & Wal- lerius ont decrites dans leurs fyftemes , a 1'ex- ception de l'argile rouge ou Terra lemma ; ou- tre ce'Hesrla.i'ai note encore cinq efpeces qui paroiffent differentes des argiles de Linne. L'argile de Buccari, argilla Buccarlna (0 » eft la premiere de ces efpeces; on la trouve dans la province de Saint- Jago ; elle eft tres- fine , legere , de bonne odeur , de couleur brune , tachetee de jaune ; elle fe diflbut dans la bou- che , & , comme toutes les terres bolaires , happe fortement a la langue. Dans plufieurs couvens de la capitale , les Religieufes font avec cette terre de jolis petits vafes, tafles, & autres chofes femblables , peintes en dehors , & couvertes exte'rieurement d'un beau verms. L'eau mile dans ces vafes prend une odeur fort agreable , qui provient fans doute de la Mo- (i) jfrgilLfufca , luteo fuii&au , odorifir*. PTSr 1 V C H I L 1.- ^f Wcn§ prife au commencement pour une'terre ii foulon, aflfez commune dans le pays ; mass j'ai ^ru'par la fuite qu*elle n'etoit point lamelleufe; & quoique grafle au tad:, elle n'ecume point avec Teau; outre cela, elle fe laifle bien tra- vailler , &les ouvrages qu'on en faitconfervent parfaitement bien leur forme. Je fuppofe que cette argHe, qui a beaucoup de reflemblanoe avec le kaolin de la Chine , melee avec quelque fpath fufible , qui fe trouve en quantite dans la meme province, pcurroit donner une excellent© porcelaine. Je fuis fache de n'avoir pas pu moi- meme faire les experiences neceffaires pour verifier ma fuppofition. La troifieme efpece d'argile eft fargile de Subdola, argilla Subdola ( i) : on lui a donne cs nom , a caufe de Tendroit ouelle fe trouve. Ce font des glaifieres pour ^ordinaire dans ks en- droits marecageux d'une tres-grande proton- deur, qui fourniflent cette argile: on les craint fingulierement pour les chevaux, qui periffent Infailliblement , amoins qu'ils ne foient promp- tement fecourus. Cette argile eft noire , vif- queufe,compofee de molecules d'une grandeur Indeterminee. Wallerius &c Linne parlent d'une (i) Argilla atra i aquoja ^tenaciffima. 46 HisxoiRE Naturul^ efpece d'argile qui fe trouve en Suede, a fa- quelle ils donnent le nom tiArgilla tumefcens ; mais elle me paroit diffe'rer entierement de la notre, & par la couleur, & par quelques proprietesfingulieres.La n6treeftun peu alka- line ? les endroits ou elle fe trouve font toujours couverts de la plus belle verdure j c'eft ce qui attire les ammaux, qui s'y enfoncent &y perif- fent tres-fouvent >au lieu que 1'argile fuedoife tient de l'acide,fegonfle dans certaibesfaifons> & eft naturellement ft£ri!e. La quatrieme efpece eft le Rovo , Jrgilla ro- via (i)5dontles habitans tirent une couleur noire qu'ils employent dans la teinture des Iain6s. Le P. Feuilie & M. Frezie^ qui ont parle de cette couleur , Iui donnent la preference fur toutes les couleurs noires connues en Europe. Cette argile eft d'un grain tres-fin , de couleur noire , un peu bitumineufe ,& tres-vitriolique: on la trouve dans prefque toutes les forets; elle a la propriete de communiquer une efpece de vernis noir tres-durable aux morceaux de bois que Ton y tient enfouis pendant quelque temps. On en tire la couleur, apres Tavcir fait bouillir avec une certaine plan te que nous de- (i) ArgilU atcrrlma , tinttoria, mm B U C H I z i.1 4^ ferlrons dans la fuite fous le nom de Panke tinSloria. Lqs diffgrentes argiles grifes que Ton emploie pour la vaiffelle , ont toutes ]es qualites necef- faires, & je crois meme qu'elfes pourroientetre employees avec fucces pour des vafes chimi- fiues , creufets , &c; elles font refra&aires , & frefiftent au feu le plus violent. Parrm les terres calcaires , il faut diftinguer une efpece de chaux, ou craie graveleufe , que Ton trouve dans les Gordilieres , & dont les carrieres ont plufieurs milles detendue ; leur profondeur eft jufqu'a prefent inconnue. Je lui ai donne le nom de cfaaux volcanique (i) , calx pulcanica , parce que je crois qu'elle a ete re- duite en cet etat par des volcans , ou autres feux fouterrains , & quanciennement eile etoit irtarbre. La croute exterieure de cette chaux pa-* roit etre brulee , & toutes les montagnes des environs ne reffemblent pas mal a des voicans eteints. Cette fubftance fe diftingue de la chaux Vive commune par plufieurs points -, elle n'en a pas lacaufticite,meme apres avoir ete calcinee une feconde fois ; elle ne fait que tres-peu d'ef- fervefcence avec les acides , avec lefquels elle produit un fel neutre , dont la criftallifation eft (i) Calx folubilis ipulvereQ-granulata* %8 HisfbiRE Natukells fort irreguliere. Les habitans employent cette chaux principalement pour teindre en blanc leurs maifons '.: on en trouve de deux fortes, Tune parfaitement blanche , dans les rnontagnes de Chalcagua & Made ■ qui fe re'duit en poudre impalpable, l'autre dans le Chilian, de cou- leur jaunatre , & qui fe decolore avec le temps. Lesterr'es ou chaux rnetailiques decouvertes dans le Chili font le vert & le bleu de monta- gne , la ce'rufe native , la calamine, plufieurs ocres , comme la brune 9 la jaune & !a rouge; la derniere prefente deux varietes , Tune dun rouge pale J Pautre d'un rouge auffi vif que le cinabre; elle eft connue fous le nom de Quznchu. Lord Anfon parle 9' dans fon voyage, de cette ocre , dont alors on decouvrit ime grande quantite a rifle de Juan Fernandez. Plufieurs perfonnes lui ont donne le nom de Minium naturel, a caufe de fa pefanteur fpeci- iique, qui approche beaucoup de celle^lu mi- nium, & on a fuppofe qu'elle avoit pu etre produite par une operation fouterraine , fern- blable a celle qui donne le minium artificid. Ces deux efpeces docres fe prennent a une aflez grande profondeur ; mais elles gagnent en bonte,a mefure qu'ellessapprochent de la fur- face. Le Chili n'aque trespeu d'endroits fablon- neux I D»C n I L I. igF |rtix*,'au point d'etre tout a fait fteriles. Ce- pendant tou testes rivieres rernplies de c^illoux charient en meme temps des fables , qui pro- viennent du Frottement des cailloux meme, & c'eft fur Ies bords des rivieres que Ton de^ co'uvre toutes les differentes efpeces de fables decrits par les naturajiftes. Le fable noir de Vir- ginia , Anna micacea nigra 9 qwe Woodward a decrit le premier, fe trouve fur le bord de la mer & de plufieurs rivieres ; ce fable eft noir,' tr£s-pefant > a caufe des parties ferrugirieufes qu'il contient;les Chiliens s'en fervent pour le jnettre fur Tecriture; avec ce meme fable fe trouve fouvent une autre efpece d'un beau bleu, auquel jaidonne le nomde fable bleu, ou Are- na cyanea (i). Pres de Talca , capitale de la province de Maule, fe trouve une petite col- line qui fournit une forte de pouzzolane , con- nue fous le nom de fable talca, Arena taicenjis (ffj Jela crois une produ&ion volcanique;elle eft plus fine que celie de Puzzoli, & les parties terreufes&ferrugineufes paroifiTenta moitie cal- cines. Leshabitans desvilles s'en fervent dans leurs conftruftions ; & comme elle fait prife fans (i) Arena fori micans carulea. (z) Areaafsrrugmea in aqud durefcens. D 1 .'''''Miii! i,^M|! JO HrSTOlRfc NATlTKKtLB la chaux , on l'emploie ordinairement pour'Ief murailies qui doivent etre blanchies* §. X VI. Pierres, (Cura mChilkn.) Les quatre ordres fous lefquels on a range. les pierres; favoir, les argileufes , les calcaires, les fablonneufes & les compofees , tie fournif- fent pas beaucoup d'efpeces nouvelles dans un pays dontla mineralogie eft encore fipeucon- nue. Parmi les pierres argileufes que jai de- couvertes , je compte particulierement diffe- rentes efpeces de fchifte, les ardoifes, les talcs, les amianthes , Paibefte & le mica. Le verre de Mofcovie s'y trouve dans la plus grande perfec-, tion, nonfeulementpourla couleur, mais en- core pour la grandeur des pieces que Ton peut fe procurer : on l'emploie communement pour les vitt ages & pour des fleurs artificielles. Les lames de ce mineral , que Ton emploie pour les vitres, & dont on fait ici beaucoup de cas , parce qu'elles font pliantes & moins fragiles que le verre , ont fouvent un pied de longueur* &je fuis perfuade qu'on pourroit en avoir de deux pieds , fi Ton mettoit un peu plus de foins dans Pexploitation. Cette fubftance eft aufll blanche & tranfparente que le meilleur verre, & elle a une qualite qui lui paroit ffropre j X> U C H X L r* ft\ iVft d*empecher les paflans de reconnoitre ceu& qui fe trouvent dans les appartemens ,• au lieu que les perfonnes qui y font, reobnnoiflent par- fakement -les objets qui fe trouvent par de- hors. On fait moins de cas d'une feconde efpece dcceverre, qui, quoiqu'il fe trouve en lames aflez grandes, eft tachete de j&une ;, de rouge & debleu,& nefert parconfequent pascomme Ie premier,. On pourroit Ie nommer Mica vark- - Ltss pierres calcaires que ce pays fournk s font les pierres a chaux , les marbres % les fpaths calcaires , & les gypfes. Parmi les pierres a chaux , on en trouve de tres-compa£es , & de plufieurs couleurs. Les marbres dune feule cou- leur les plus eftimes font , l£ marbre ftatuaire blanc, le noir , le verdatre , le jaune & le gris* i Deuxmontagnes, Tune dans les Cordilieres du CopiapS, & Tautre dans les marais de Maixk , font entierement d'un marbre a bandes de.plu- - fieurs couleurs, d'un tres-jolieffet. Les marbres bigarres font le gris a veines blanches , jaunes & bleues , Ie vert picote de noir , & le marbr© jaune a taches noires irregulieres. Ce derniet marbre, dont la carriere eft a San*- Fernando % (i) Mica memBranaccu , fiffilis , flexilis , pellucid* Vat ie gat a* Dii $* Hr ST Of RE NATtJRfcLfcE Capitale de la province de Colchagua , eft treS* " recherche j il fe travailk facilement, & fe dur- cUi rain Tous les marbres du Chili font g^~ peralement de tres-bonne qualite , & prennent tous un beau poli. Des perfonnes qui ont eu J'oqcafion d'examiner I'iateripar des An- des, m'ont affure que ces montagnes abon- doient en marbres de differentes qualites & deprefque toutes les couleurs, mais les relations qu'on m'en a fournies font trop fuperficielles pour .que je puifle-en donner des defcriptions exax3:es* Dans les plaines aux environs de la villQ+de-Coquimbd.yOn a decouvert un marbre «caquiller bianc , vrn peugranuleux ,^. trois oil. quatre pieds fous la terre vegetale. Les co^ quilles tjue ce niarbre contient font plus ou moins entieres , & kii donnent toute fappa- *eace d'une vraie lumachelle. Le banc de ce mar- breaune etenduede plufieurs milles; fa groflTeur varie ,.& depend -de 4a quantite des couches, qui quelqoefois Cont au nombre de cinq , quel- quefoisde huir. Ces couches font prefque tou^- jours entrecoupees par des lits tres-minces de fable, Gette pierre augmente de duretea mefure qu'elle fe-trouveiuneplusgrandeprofondeur. Les premieres couches ne prefentent qu'une pierre friable vde peu d'apparence , que Ton peut tout au plus employer pour la chaux f les autres ■Hi du Chiu. t| Couches font bien plus compaftes , & toute 1& pierre acquiert , avecle temps , une folidite qui Ik met a i'abri des lht^mpenes dbrair. Les fpatfis jCompagnons lnfeparaBIes des nfe* taux , font communs dank routes fes mines , 3£ guident fouvent les travaiix des mineurs. On en trouve de plufieurs fortes , a Texception da fpath d'Ifla'nde , qui , jtrfqu'a prefett , n'eft point encore decouvert, Lesfliiors colories, dbnt fes fragmens fe connolffent fous le nom de fauiTes topazes , d'emeraudfer & de faphirs *fe rencon- trenfe affez fouvent. Un fpath hexagonev tran f- parent, eft le plus curieux.de tous;il nefe trouve que dans h mine d*6r de Quitlata $ il eft tra~ verfe en difFerentes inanieres par des fils d'or trcs firrs,qui fui donnent une figure fortagr£ab1c.~ Tout le CliiJi eft abondarnment pourvu de carrieresde platre; le gypfe rfiornBoidalou pa- rallelipipede , & le gypfe ftri€ f font egalement communs. On prefere , pour lis ufages domef- ti'quesj un gypfe d'un beau blanc , tirant uri peu fur le bteti- , tres-friaHe, cornpofe de parti- cules indeterminees , qui fe trouve toujours dans le voifinage des volcatis, & auquel fai donne lenom de gypfe volcamtiiie 9 gypfum vol- tanicurn (i). Les carrieres dbnrt on tire ce gypfe (t) Gypfiwigamculis indeterminatis , emukfeem* • !/ ' s\ ■ B ii| ■ 'I im 1 it P&4 HiriUOXRE NatujIEIIJ font fouvent d'une etendue confide'rable ; U quoiqu'ilne paroiffe qu'a moiti£ cakine.ilne peut neanmoins etre employe tel quan Tex- .ploite, fur-tout dans les ouvragcs ou Ton fait . ufage du platre ordinaire* On s'en fert encore pour blanchirles murs, auxquefsit donne une couleur fort agreable ; mais c'eft alors q?/il feu t auparavant Pexpofer a une legere calcination. . Plufieurs carrieres d'albatre fa voyent encore dans les Andes , qui fouririffent.en outre une fe- lenite fpecufaire y dont on a fait ufage pour les vitraux de plufieurs eglifes , a laville Saint- Jean. Les pierres fablonneufes dece pays font les differentes pierres a aiguifer (cos ) , le filex , le quarz > & le criftal de roche. La pierre a aigui- fer offre trois varietes , le blanche gris & le faune. Les pierres meulieres qui appartiennent a cette meme divifion , & le gres ordinaire qui fert dans les conftru&ions , sy trouvent en plufieurs endroits. Les quartz qui s'obfervent dans prefque toutes les montagnes, font on tranfparens ou opaques, & de differentes eouleurs. Les memes endroits produifent en* core le filex comroun , & plufieurs fortes d*a~ gates. Parmiles jafpes , il y ale beau jafpe rouge d'une feule couleur, le vert ,le gris , le blanc 0 & le lapis (i) parfait. On pourroit encore y a jou- (ij Le lapis apparent > d'apres ies fsntimefis dss mc'&> 1»-— ■n tou ChieIj y| t€t les jafpes qui ont plufieurs couleurs : .te'ls font le gris tachete de noir, le blanchatre varic de jaune & de bleu , & le jaune a taches bleuesa rouges & grifes (i). Outre les fragm^ns de criftal de roche dif- perfes dans tout lepays , tes Cordilieres en four* niflent des groupes d'un volume fi confidera- ble', qu'on pourroit aifement en faire des co- lonnes de fix a fept pieds de hauteur : on y a meme trouve des criftaux colories , qui imitent aflez bien le rubis & Temeraude. Pour ce qui regarde les pierres precieufes , je fais qu'on a trouve, il y a plufieurs annees, une tres-belle emeraudeaCoquimbo, &unetopaze d*unbeau volume dans la province de Saint-Jago. Les fa- bles des rivieres charient de temps en temps des pierres fines , fur-tout des rubis & des eme- raudes , qui , quoique de peu de valeur , a caufe de leur petitefie , prouvent que les montagnes voifines en contiennent ; mais rindolence na- turelle des habitans eft caufe que cette bran- che de commerce, qui, avee le temps, pourroit devenir tres-importanteVa . ete jufqua prefent entierement negligee. leurs Mineralogiftes & Ghimiftes , au genre ies aeo« Ikes. G. (i) Frezier, Voyage, torn. I, pag» z-tf* y? HrSTOiRE Naturelib Une -petite colline au nord-eft deTalca eft prefque toute compofee d'ametyfte. Cette pierre s}y trouve attachee a un quartz, gris , qui lui fert de matrice, ou bien ifolce dans Ie fable' de cette colline. On a remarque que cette pierre etoit plus parfaite a mefure qu'elie fe trouvoit a plus ou moins de profondeur ; & fi Ton vouloit entreprendre des excavations un peu profondes, on en decouvnroit peut-etre de laplusgrande beaute. J'en ai vu 9 peu de temps avant mon depart % qui e'toiem du plus beau violet, & qui coupoient Ie verre, fans perdre leur poiate naturelle; elks etoient d'uive eauauffi pure que le diamant, & lui fervoient peut-etred'avant-coureur.. La province de Copiapd doit ce nam a f ^ quantite de turquoifes qui fe trouvent dans fes inontagnes. Quolque ces pierres nefoient autre chofe que des dents ou offemens d'animaux , petrifies & colores par des vapeurs metalliques, & que \ par cette raifon , elles dufTeat etre jrangees parau les concretions, j'en ai fait men- tion ici, parce que plufieurs perfonneslesmet- tent au rang des pierres fines. Les turquoifes de Copiapd font ordinairement dun bleu ver- datre. On en trouve cependant d'un bleu fence* aiTez dures, & connues fous le nom de turquoi- fes de la vieille roche* mmmm B U C H I L tt yv Les pierres formees par la combinaifon de plufieurs fubftances beter-ogenes , ou pierres agregees , font ici comme ailleurs, les plus communes , & compofent en partie les monta- gnes du ChiK. Outre les efpeces ordinalres , on trouve de joliesbreches j desporphyres, & des granits.de la meilleure qualite. La bafe des montagnes qui cotoyent le grand chimin qui conduit a travers les Andes au Cuyo , eft en tie- rement de porphyre de differentes couleurs: on y diftingue le rouge, le noir, & le vert.Une de ces efpeces de porphyre merite une atten- tioaparticuliere ; le fond en eft jaune, tachete de rouge & de bleu ; il fe trouve dans,, le voifi- nage du fleuve Ghille , &■ jVi cm pouvoir lui donnerle nom de faxum chillenfe (i). Un autre porphyre qui n'eft pas moins cu > rieux , s'exploite dans les campagnes proche la riviere de Rioclaro ; il eft brun , a taches noires, & fe trouve par couches de deux pieds de lar- geur fur quatre pouces d'epaiffeur , mefure qui # jufqu'a prefent, a ete conftante. Quoiqueces couches foient fouvent interrompues par des crevaftes ou d'autres corps "Strangers, on peut cependant s'en procurer des plaques de plus de ( i) Sax urn imp atp ablk lutcum , macuUs ffatojts ruhris garukifque* i'tii ■ ?,i 'm l\ffi ,j8 Histoire Naturelie. ,de hiilt pieds de longueur. Ces places font tellement unies & liffes 9 qu'on peut les mettre en ufage fans autre preparation. II me paroit un peu difficile d'expliquer la formation & I'arran- gement de cette pierre; le terrein des environs eft en partie marneuxou argileux, avec tres- peu de fable quartzeux, le meme qui fe trouve entre !es couches du porphyre. Dansprefque toutes les plaiites , & fur plu- fieurs montagnes, on trouve un grand nombre de pierres arrondies & aplaties , avec un trou parlemilieu , qui ont toute Tapparence d'etre artificielles. II me paroit tres-vraifemblable que tes anciens Chiliens s'en fervoient en guife de fliaffue, en patent un baton a traversle trou (i). | XVII. Sels. (Chad! en Chilien.) Plufieuirs montagnes de la chaine des Ande£ appartenant au Copiapo& Coquimbd, font ri- ches en felgemme, difpofe par couches; il forme des cubes diaphanes , quelquefois colories de rouge, de jaune & de bleu. La terre qui couvre (i) Parmi les differentes armes qui font en ufage cnes les Nations Indiennes dela met du fud , decrites dans les Voyages du Capitaine Cook , il y a des maffues relies que notre Auteurles fuppofe. Si a v C n it r: 5$ !a furface de ces montagnes eft ,.pour laplupart, argileufe. Ce fel , qui eft de qualite excellente, n'eft cependant en ufage que chez les habitans les plus voifins de ces montagnes vceux qui en font eloignes , preferent le fel marin, qui fe fait en grande quantite fur la cote , principalement aBucalemo , Boyeruca , & Vichuquen. Dans les provinces mediterranees, onemploie gene- ralement le fel des fontaines de Pehuenches dont j'ai parle ci-devant. Le fel ammoniac en croute & en efflorefcence eft afTez commun. On trouve de meme le fel ammoniac foffile dans les voifinages des vol- cans, dont il paroit un produit.Le terrein mar- neux des environs de Coquimbo eft en plu- fieurs endroits couvert d'une croute de nitre criftallife , dont !a grofleur varie : la bafe de ce fel paroit l'alkali fixe (i> Dans d'autres can- tons de la meme province , on trouve ce nitre a bafe calcaire : il faut cependant fe garder de prendre pour du nitre tout le fel que les ha- bitans donnent pour tel; car on y obferve en- core le natron , ou le fel alkali terreux , uni an felrnarin, & quelquefpis a Talkali volatil 3 quils donnent egalement pour du nitre. Outre Talun ordinaire & Talun de plumes , (i) Frezier 3 Voyage, torn. I?pag. M5» I •*«» I ! 1 ■ !'. ilia: .'if I to Histoire Natureue on a decouvert dans les Andes une pierre shi minaire blanche, d^un grain extremement fih , & tres-friabfe , nomme'e /Vck™ par les ha&i- tans. Cette pierre reflemble exterieurement a !a marne blanche , fans cependant corrtenir des parties calcaires; c'eft une vraie argile fature'e d'acide vitriolique-, analogue a- Ja pierre afu- minaire de la Tolfa. Les carrieres donr on tire cette pierre, font difperfees dans les monta- gnes, dansun circuit de plufieurs milfes. If he faut pas fe confondre avec une autre qui lul refTemble en quelque facon, & qui vient cfes memes endroits* Celle-ci fe diftingue par fa couleurjaune, & par h quantitc de pyrites quelle contient ; au lieu que la Pakura eft tres- pure , & ne contient rieu de metaHique. Les vitriols fe trouvent de quatre efpeces en forme criftaliifee ou natifs ; quelques-uns dans Tinte'rieuf des mines en efflorefcence 01* en ftala&ites , d'autres ifoleV dans plufieurs terres. J'ai diftingue fe vitriol vert a bafe de fer , fe bleu a bafe cfe cuivre, fe blanc S bafe de zinc, & fe vitriol melange. En general , ton- tes les fubftances metailiques capabfes d'en pro* duire, font repandues fous differentes modifier tions dans tout le pays. mm ,D V C H I IT. $t] %. XVULXitumes. (Upe en ChiLien. ) Les Andes , echauffees par les feux fouter- tains , produifent en plufieurs eadroits de la naphte blanche & rouge ., du/petro'le , de Taf- phalte& de lapoix mineralededeux differentes foftes ,1a commune , & une autre dont Todeut ^ftfort sigreable lorfqu'elle brule fur les char- bom\ elle eft de couleur noire, changeante ea bleu. J'ai donne le nom de bitumen andinum (i) a cette poix minerale , & je la crois une naphte conderiTee ; peut-etre n eft-ellejqu'une variete dela momiede Perfe d-es Auteurs, Ce bitume n'efl: pas rare0 & les endroits oil il fe trouve ea fourninrentunequantiteconriderable. Le jayet s'obferve en abondance dans les provinces Arauquanes. Les charbons de terre , quoique communs dans tout le pays , exiftent en plus grande quanta te pres de la ville de la Concep- tion (bX Lamerjettefouventftirhcotedes Arauques, & dans 1'Archipel de Chilot^ de l'ambre gris enaflei grande quantite, Les Indiens , quite nomment Meyene9ce qui veut dire excremens (i) Bitumen tenax , ex atro cterulefcens* (i) Frezier , toip. I , pag. 146* 62 HlSTOIRE NatURELLE de baleine , pretendent que cette fubftance, lorfqu'elle eft fraichement. jete'e , eft noire, qu'elle devient enfuite brune , puis grife , apres avoir eie plus long-temps expofe'e au foleil. Sue les memos cotes, on rencontre de temps en temps, apres les tempetes , des morceaux d'am- bre jaune, qui prouvent que le terrain Chilien contient encore cette production utile. Dans la province deCopiapo , que je crois une des provinces les plus riches en mine'raux qui foient au monde, on voit deux petites montagnes prefque entierementcompofe'es du plus beau foufre criftallife'; ce foufre eft en outretres-pur,&peutfervir fans autre prepa- ration (i). Dans l'inte'rieur des Andes , on ex- ploite encore plufieurs mines de foufre. §. XIX. Pyrites. ( Cuthalcura en Chilien). Les pyrites , dont le fol Chilien eft parfeme, fe trouvent de differentes qualite'sSc formes: on en a decouvert a plufieurs profondeurs, fouvent en groupes; maisplus communementenfilons, dont la direction & la puiffance varient. EUes ac- compagnent ordinairement les autres metaux, & cen'eft que rarement qu'on les trouve feules (i) Frezier, torn. I, pag. ia<;. t> u C H i t r. ^3 fiestrois divifions fous lefquelles on peut le$ ranger, font les martiales , les cuivreufes & les arfenicales; mais elles fe prefentent ici fous h tant de modifications differentes, quil faudroif compofer un livre entier pour en donner Enu- meration. La pyrite la plus remarquable eft celle connue fous le nom de pierre des Incas. M. de Bomare nous dit, dans fon Di&ionnaire 4THiftoireNaturelle,que cette pyrite eft fort Tare, & quelle ne fe trouve que dans les fe- pulcres 6qs anciens Peruviens. Elle eft peut* €tte rare au Perou; mais il n'en eft pas de meme lei 9 ou on la trouve en tres-grande quantite fur la Campana , montagne dans la province de- Quillota , ou elle porte le merne nom. Cetter pyrite contient de Tor & du cuivre j & ces deux metaux y font egalement mineralifes par le fou-' fre ; elle ne fait que tres-peu d'etincelles au briquet* §. XX. Dcmi-Metaux. (Ragipagnil en Chilien.) Les demi-metaux dont le Chili offre toutes ies efpeces connues^fbtrouvent combines avec les autres mineraux, ou bien feuls, & minera- lifes par le foufre 5 mais malheureufement Ex- ploitation en eft negligee ou defendue. L'anti- moine eft le feul qu'on recherche P parce qu'il M 6% HtSTDlRE Naturkllk fert pour raffiner Tor & Targent. Ce mine'ral fe trouve fous differentes formes > comme mine d'antimoine ftri^e, mine d'antimoine rouge mi- neralifee par le foufre , mine d'antimoine com- pare, Ceft ordinakement dans les mines dor, d'argent ou de plomb que Ton obferve fanti* moine. Une feule mine a fourni de Tantimoine criftallife. Sexploitation du mercure eft rigoureufe- ment defendue, a caufe de la ferme du Roi; il fe trouve en forme metallique , ou mine'ra- life par le foufre en forme de cinabre. Le Co- quimbo & leCopiapo pofledent les plus riches mines de ce mineral ; & fi Texploitation en etoit permife 5 on en tireroit desjommes immen- fesjlaplus grande quantite feroit peut • etre vendue dans le pays meme, a caufe de l'amal- gamation des metaux precieux , qui en demande beaucoup.Xa mine de Coquimbo eft dans une des montagnes mediterranees \ elle a pour gan- gue une efpece d'argile bf unatre , quelquefois une pierre argileufe tres-cafTame de couleur noire 3 le mercure sy trouve fous forme metal- lique, en filons inclines a l'horizon, qui font quelquefois entreccupes par des vein'es de ci- nabre. La mine de Quillota eft dans une monta- gne fort haute, pres de Limache ; elle ne paroit. pasmoins riche que la premiere j le mercure y eft j -fit? C h i'l r. • tf ©It niineralife par le foufre; fa gangue eft une pierre calcaire qui "pourroit tres-bien fervir de fubftance intermediate , sit etoit permis d$ Ten tirer par la diftillation; §. XXI. Metaux. ( Pagui! en ChiUm.) Les mines deplomb ne font recherchees an Cliiii , qu'autant qu'on en a befoin pour des fonderies & la confomrnation interie-ure du pays. On trouve le plomb dans routes les mines d'argent , fouvent en forme de ga'ene cubique , ©u en forme fpathique de differentes couleurs. Toutes ces mines tiennent ou de Tor ou de Tar- gent, maisen trop petite quantite pour exciter la cupidite des mineurs. Les mines d'etain , . quoiqu'excellentes , font entierement negli- gees, Ce mineral fe trouve, pour fordinaire , dans les montagnes fablenneufes , mais jamais en filons fuivis & reguliers 5 comme les autres metaux. C'eft fous la forme de pierres noires irregulieres^ tres-pefantes&tres-iragiles, que ce metal fe prefentecommunement. Dans cetetat, Fetain contientun peu de fer ^ 3c paroit mine- ralife par Tarfenic. Les criftaux d'etain de pfu- fieurs couleurs font de rneme affez communs. UAuteur des Recherches fur les Americains a banni d'un trait de plume toutes les mines de E 66 H I S TO I R E N A T U R E L L E far de ce pays.Cepehdant des perfonnes dignes de foi, entre autres M. Frezier , ontprouvele contraire (i).Toutes les rivieres charient des fables ferrugineux, comme je i'ai fait voir; lamer meme jette de temps en temps de ce fable, dans lequel les parties ferrugineufes ne font pag meconnoiflables, & que Taimant attire for- ternent. Le Coquimbo ? leCopiapb, Y Aconcagua, & le Huilquihmu pofledent des mines de fee tres-riches; le minerai s'y trouve en forme de mine de fer grife compare , en mine noire , ou criftallife en cubes bleuatres. Le fer que Ton tire deces mines eft, d'apres les eifais qui ont ete fairs, dela meilleurequalite poffible j maisf Fexp'loitation en eft defendue , pour favorifer le commerce de FEfpagne , d'ou Ton apporte tout le fer qui s'emploie dans le pays. Cependant, dans la derniere guerre entre TAngleterre 3c FEfpagne, le fer etant alors au Chili a un prix exorbitant 5 un particulier en exploita plufieurs quintaux clandefiinernent , & Ton fait que !a qualite de ce fer a ete fuperieure. Les provinces dQS Arauques produifent de meme du fer excel- lent. Un Bifcayen, homme intelligent dans fon metier > m'a aflure que les mines de ces provin- ce.fournifibient .un fer auffi ban que le meil- l)Frezitr , Voyage 3 torn. I ., pag. 14 j. d v Chili, <$j leur fer d,Efpagne..L'aiar)ant fe trouve fur-tout dans la montagne deSainte-Agnes , qui appar- tientaux Andes ;M. Frezier a meme ■ pretendti quecette montagne etoit entierement compo- fee d'aimant. Si les Chilians ont neglige f exploitation des mineraux en general, il faut cependaot en excepter Tor, Targent, & le cuivre , fur lef- quels ils paroiffent avoir fixe leurs vues dentils la conquete de ce .pays jufqu'a' nos jours. Les plus riches mines de cuivre fe trouvent entre les 24- c &" 56s degr.es de lat. • le mineral qu'on en tire 5 eft d.e differente bonte ; il y en a d'excellent & de mediocre. D. Antoine UlIoa> qui parle , dans fon voyage, de ce cuivre 9 lui donne la premiere place apres le cuivre de Corinthe , quil prend , c.omme de raifon, pour un metal artificiel. Prefque tous les cuivres du Chili tiennent plus ou moins de l'or;c'eft pourquoi les Frangois, qui, au commence- ment de ce fiecle, firent un commerce con- fiderable avec ce pays , en exporterent des quantites immenfes dont ils retirerent For. La proportion fous laquelle ces deux fubfbn- ces fe trouvent unies, eft fujette a de grar>des variations : il y a des cuivres qui tiennent depuis un djxieme jufqu'a un tiers dor; mais alors les. E \\ K &g Hist dike Natukelle deux metaux fe trouvent dans Petat metal** lique, fans etre mineralifes. | Les cuivres qui tiennent peu ou point d'or, font j pour Pordinaire, mineralifes par Parfenic ou le foufre, quelquefois par tous les deux. Dans ce cas, ils tiennent toujours une petite portion d'argent & de fer; ils fe trouvent fous forme d'azur, de cuivre, de mine vitreufe 9 de mine hepatique , de malachite & de mine de cuivre blanche. Quoique ces differentes mines foient riches en metal , on n'en fait aucun cas,parce que le raffinement eft regarde comme trop couteux. On s'eft borne a deux efpeces de mines de cuivre , qui font , la mine de cuivre grife , que Pon n'emploie que pour les ouvrages ordinaires, & la mine de cuivre mal- leable j qui eft excellente. La mine grife eft ordinairement mineralifee par Parfenic cc le foufre , & ne contient aucun autre metal , qu'un peu d'etain (i). Cefia caufe de ce melange , & de fa couleur grifatre, qu'on pourroitlaregardercommeuneeipecede bronze natif , dont elle a encore une autre propriete, c'eft celle d'etre extremement aigre & caffante, riieme apres avoir ete raffinee; ce defaut fait que le metal que Pon tire de cette mine ne (i) Cuprum mintfaIifawm,ftannofumtci/2*rcum. peut fervir que pour les grands ouvrage* de* fonderie ,comme cloches , canons , &c. (1) Oft envoie ce metal en quantite en Efpagne pour l'ufage de rartiHerie; ceft ce qui a fait dire k M. deBomare, dans fon ■ diftipnttaire d'Hiftoire Naturelle, que le cuivre de Coquimbo etoit peu eftime. La gangue de ce bronze natif eft une pierre fablonneufe grife , peu dure -, la proportion de retain au cuivre vark infimment* & il enrefulte par confequent une difference dans la pefanteur fpecifique, qui eft tres remar- quable. La mine de cuivre malleable fe trouve nori feulement dans le Coquimbo, mais encore dans plufieurs autres provinces. Ce cuivre a toutes les bonnes qualitcSs que Ton peut defirer, . & c eft principalement a celui-ci que fe rapportent les eloges que les Auteurs out faits du cuivre Chilien. Sa gangue ou matrice eft une pierre friable brune , quelquefois blanche ; le cuivre y eft mineral ife par le foufre* &fe rapproche* par fa couleur .& fa dudilite , du cuivre natif; le iimple grillage fuffit pour le rendre]malleabte * (i)Sice melange efrtelque PAuteur le decut, il eft infiniment curieux; car, jufqu'a pretention n*en a point encore decouven de ferablables dans les mines d'Eifc- rope. G» ? Eiif; i0 HlS.fOIHE NArtJSULE & propre a <§tre mis en ufige; cepencfant fes niineurs ie raffinent comme tous les air'tres metaux, & ils pretendent que par ee moyen i! acquiert une eo'uleur plus vive. L'affinite de lor avec ce cuivre eft remarquable ; non feule- mertt ces deux metaux fe trouvent ici toujours "unis 5 mais dans les mines de cuivre les plus profondes on rencontre fouvent des fifo'ns (Pdr pur; de la vient Terreur de plufieurs rmneurs qui pretendent que Ie cuivre% fe change en or , iorfqu'ii fe trouve aune'tres g'rande profort- deur. Les filons de ces deux efpeces de cuivre ne confervent pas toujours la mime direction \ & fe divifent fouvent en ramifications & venules hterales ; leurs garigu-es varient encore a f infrnl, Quoique le n ombre des mines' en exploitation foit" tres' grand s on ne continue a travailler que celiesdont le'minerai donneau moins la mokie en cuivre raffine au proprietaire; toutes eel les dont le benefice eft inferieur font abandonnees comme tr.op couteufes: avec tout cela les mines des environs de la vine de Copiapo & de Coquimbo aduellemeht ouvertes^font au nom- bre de mille, ainfi que celles des provinces Arauquanes. La mine de cuivre la plus farrieufe etoit Tan- cienne mine de Payen} mais !es Pudchss, habitant to u C h i l f] 1/Qt de cette province ^ fe font oppofes a foil exploi- tation, & il y a plufieurs anndes qu'on a ete force d'y renoncer (i). Cette mine a fourni 311 commencement des moreeaux de cuivre pur de cinquante & meme de centquintaux^ & les Ecrivains de ce temps afTurent que fa couleur approchoit du fimilor ,_ & quil tenoit plus de la moitie en oi% On retiroit ce metal avec tant de facilite de fa gangue > qu'ilne falloit que l'expofer au feu, pour Ten fair©-' decouler. Une mine egale en richefTe a eelle- de Pay en 9 eft la mine nouvellement decouverte a Curicoj l'or & le cuivre s'y trouvent en parties egales . & les Orfevres I'emploient telle qu'elle fe tire de la mine pour plufieurs ouvrages de bi- jouterie : on a donnele nom d'averiturine natu~ relle a cette mine , a caufe quelle eft parfemee- de points brillans, qui font d'un bel efFet. Les collines de Huilquilemu fourniffent une mine de cuivre aflez curieufe*, le cuivre s'y trouve uni au zinc , & prefente par confe- quent un vrai laiton naturel : la gangue de cette? mine eft une pierre terreufe tres - friable , de couleur jaunatre tirant fur le vert ; il eft tres vraifemblab'e que les memesfilons contiennent encore de la calamine, & que ctil a una- ( r), Ffezipr.^ Voyage rxom* I>pag^ % || Hi. „ I 72 Histdiri Natukblle cementation fouterraine que Ton doit attribuef cette produ&ion qui jufqu'a prefent n'a eu lieu que par un precede artificial, Ce metal eft dune couleur agreable, ;& auffi malleable que h meiileur cuivre jaune | le nam de cuivre de Laxa lui vient de la riviere Laxa y qui eft dans- le voifinage-de. la mine (i). La maniere dont on h krt ici pour retires le cuivre de fa mine, eft des plus fimples; apres- avoir fepare !e mineral de la terre & de la gan- gue fuperflue»on.le met en pieces par le mayen de pikms de hois. Ces .pieces, de grandeur mediocre, font ftratifieesentre|plufieurs couches de bo is que Ton aliunde pramp.teraent* & dont le feu eft entretenu par le mayen des foufflets^ que" feau fait moevoir. Les fourneaux ; dont la capaciteeft arbhraire, font conilruits .d'une argile refra&aire; raai-s le foyer, qui eft un peu incline f & qui porte fur une foffette par ou fe metal fondu decoule 5 eft d'un eiment compofe de platre & d'os calcines. La votite des fourneaux a les foupiraux neceffaires qui donnent paffage a la-fumee; le liaut a une ouverture que Ton peut ouvrir & fermer a volonte, & qui fert pour introduce le bois & le minerai. Au - deflous du foyer, if y aim 4i:il: CO Cuprum laxenfe linco u&iuraUt&r mixuim*. r> v Chi t t. If fcaffin qui revolt !e metal fondu \ qmenfuiteeft xaffine par les memes precedes qu'en Europe. Je ne faurois fixer la quantite decuivre qui s'exploite annuellement j-mais d'apres Impor- tation eile doit cue tres -considerable. Cinq ou fix batirnents qui partem tous les ans pour rEfpagne,-prennentordinairement205o©6quirt- taux chacun, au lieu de left : on en envoie de meme beaucoup IBmnos-Ayrh par terre; &■ les vaiffeaux peruviens, qui font un com- merce tres - etendu fur cette cote, exportent an moms 30,000 quintaux par an, dont la plus grande partie eft employee pour les raffineries du fucre. La conformation que Ton en fait dans le pays meme, n'eft pas petite, fur tout pour les differens ufages domeftiques & far- tillerie. Les mines de cuivre font difperfe'es dans tout le pays , & n'occupent aucun terrain par preference, au contraire des mine's d'argent qui ne fe trouvent que dans les endroits les plus eleve's & les plus froids des Andes. Cette por- tion incommode pour les mineurs, ■& les frais enormes du raffinage, font quun grand nombre de mines font abandonnees, ' quoique leur richefle. pariit inviter les entrepreneurs J & qu'acluellementiiny en a que trois ou quatre en exploitation. Si un jour -la population de ce 1 1 1 :V'''\ri III 74 Histoirb Naturellk payss'augmente, &avec diej'induftne, ifelg aprefumer .que fes mines, dont le produit paroic maintenant troj>peu important, feront recher- chees.,.& quenosfucceffeurs, plusaccifs&moins cffemines , ■ trpuveront des moyenspour vainer© les difficultes quis'oppafenta6tue!lement a ces travaux.. Quoique toutes les provinces. limitrophes des Andes aient quelques mines d'argent, les plus riches font dans les provinces de Saint Jago> Aconcagua, Coquimbo & Copiapo; Targent sy trouve non feuleroent fous forme metalli- que, mais encore comme mine vkreufe , cor- nee, mine rouge, grife & blanche , ou 1 argent eft mineralife par le foufre & l'arfenicj il eft quelquefois uni a dautres me'taux. En 1767 * on payfan trouva dans le voifinage de Copiapo un morceau de mine d" argent de couleur verte* qui.d'apres les eflais quon en a faits, a don-rid trois quarts d'argent pur. L'argent y etoit mi- neraljfe par une tres-petite quantite de foufre^ on soccupe depuis a decouvrir le filon dont ce morceau a pu fe detacher. Les mineurs eftiment plus que toute autre la mine d'argent noire, on la nomme noire a caufe que fa gangue eitd'unecou-leur obfeure; les. Xttineurs ,inftruitspar Fexperience, ne le trom- pent prefque jamais fur 1'ailoi de certe mina* mmmm © U G H I t T. fg & auffi-'tot qu Us ont attaque un filon \ 88 favent a peu pres le juger a foeil. Qubique la cou- leur-exterieure.de cette mine ne prefente que peu de difference, or) en diftingue neanmoins trois varietes remarquables ; la premiere a le nom de negriUo , elle reftemble aux fcuries de fer , & ne porte aucun indice vifible du metal precieax qu'elle renferme. La feconde , ou Se roffickr, fe diftingue de la mine d'argent " rouge' j e.ri ce qu'elle donrie'un'e poudre rouge etant grattee; elle eft riche en argent, quoique fori exterieur ne prornette pas beat- coup:' La troi- fieme eft le piorhbo' ronco , qui eft la plus riche de routes les mines ;&comrne elle n'eft minera- lise que par une tres -petite 'quantite de foufre, on la fepare plus aifement que les deux pre- mieres 5 qui dernandent une manipulation plus com pli quae, Ceft de la mine SUfpallata que Ton tire les trois efpecesderaineraisquejeviens dedecrire; cette mine eft la plus vafte Sc la plus confide'- rable de toutes !es mines d'argent du Chili, Elle eft fituee au haiit des montagnes otien tales de la Cordiliere , ■ qui font partie de la pro- vince &' Aconcagua. Ces montagnes reffemblent pour la forme &■ la hauteur aux apennins qui font-en tre Bologne & Florence, avec la difference que les montagnes du Chili, a caufe du grand i lllil 7$ Histoibe Natuseub froid, ne produifent rien au tre xhofe que le ia3f* fc gfoflier^w de Linne. La cime de «s montagnes prefentea 1'eft une plaine dont la longeur eft evaluee a tjo milles fur 6 de largeur: cette plame porte le nom tiUfpdlata • elle eft arrofee par une aftez jolie riviere, & couverte de bois fort agreables : 1'air tempere qu'on y refpire eft fain , & la rend tres fertile ; elle fert de bafe a une autre plaine plus eleve'e * nomme'e ParamiUo,(m Iaquelle s'elevent les Andes du premiere rang , & dont la hauteur eft fi confide'rable, qu'on les apercoit diftinc- tement a S. -Louis delta Puma, qui en eft eloigne de 360 milles. La croupe de cette chaine enorme de montagnes eft compofee d'unepierre argi- leufenoiratre, dans Iaquelle fe trouvent encla- ves un grand nombre de pierres arrondies , femblables aux pierres roulees des rivieres. I! me paroit difficile d'expliquer ee phenomene, fans recourir a I'effet d'un deluge univerfel* a moins qu'on ne veuiHe admettre l'opinion ridi^ cule de certains Auteurs , que peut-etre les anciens Indiens y avoient jete ces pierres dans le temps que cette mafTe e'toit encore molle&tendre,oudans Te'tat d'argile. L'Abbe Emanuel Morales, bon obfervateur, qui a m occafion d'examiner ces endroits , affure que 1'interieur de cette maffe en e'toit auffi rem- p:i que I'exterieur ; & cela prouve affez que D XJ C HI LI. 77 tes anciens Indiens ne perdent pas leur temps i iranfportera lahauteurdepkueursmiHescetce immenfe quantite de pierres. Je mefuispermis cette petite digreffion5pour fixer fattention de mes ledeurs fur uhe mine qui avec le temps pourra devenit la plus con- fiderable de TAmerique. La mine d'Ufpaliata s'etend le long de la bafe orientale des mon- tagnes a 33 degres de latitude ; fa diredion eft feptentrionale; mais on ne fait Tien de pofitif fur fon etendue 1 des perfonnes qui font fuivie pi-is de90 milles, afiurent qu'elle conferve dans cet efpacela meme abondance, & i! y en a meme qui pretendent quelle pourroit etre contigue aux mines de Potofi au Perou. Le filon principal de cette mine a neuf pieds de largeut; mais il fe ramifie de deux cote's , & l'on pretend que les veines de mineral qui paffent dans les montagnes voifines, s'eten- dent a plus de 30 milles. Ce filon eft divife par fagangue, qui eft terreufe , en cinq parties ou couches parallels , dont l'epaiffeur vane. la couche du centre n'a que deux pcuces d'epaifleur ; elle eft noire, mais l'abondance da metal la fait parokre blanche : les mineurs lui ont donne le nom de la Guida. Les deux cou- ches laterales font brunes , on les nomme Pinterie} les deux exterieures font d'un gns u 7§ Histoibe Naturelle ■obfcur, dies portent Ie nom de Brof,. Quoique Je gon (ou uorizontal, il s'enfou.t oerpeRdi_ cuhurement , Sc un puits que Ton a approfondi en i765 , prouve que ie meme filon-gagne en ncheflejorfqu'ilfe trouve a une plus gmsfe profondeur. D'apres les effais qui ont ere fairs .a Ipgg fur Ie mineral AVfpallata , par les plus habilcs Effayeurs du Potofi, il refulte que la Guida donne plus de deux cents marcs d'ar^ent par caxon (1) ■ la ft-nreri-e wMee avec la &** , cinquante ; & la 2?„,/e quatorze marcs. Ce pro- duit n'eft point inferieur au produit de la Sttf nieufemine du Potofi. La mine d'Ufpaliatafut decouverte en ,1638; & quoique Ie benefice f«. alorstrcs-avantageux, on I'abandonna , je ne fa.s pour quelle raifon,jufqu'en 1763, quepJu- iieurs habitans de Mendo^a, viUe peu eloignee d Ufpdlata, firent venir deux Miaeurs experts du Perou; & c'eft fons leur direction que Tex- ploitation a ete conduite jufqu'a prefent avec Ie plus grand avantage poffible. Avant I'anivee des Europe'ens dans cepays, les Chiliens Ie fervoient d'un moyen fort fimple' quoiqu'imparfait, pour feparer l'argen t du mine- (1) Caxon. Cert IaquantW de mir.^ai qu'un fed Mi- na,r put exploiter en un fe«! /our, qui.pourl'ordiuairv eit evaluee a 50 quuuaux. l : - ru Chili;. 7 du mercure 9 & du fumier pourri i on. hume&'e ce melange de temps en temps p & pendant huit jours de fuite on la bat & la foule aux pieds , pour mieux incorporer le mercure, Au bout de ce temps , le minerai etant ainfi prepare, on le met en detrempe? avec une quan- tite fuffifante d'eau 5 dans une aifge de pierre; l'argent amalgame par le mercure, comme la partie la plus pefante de la maffe * tombe au fond de Pauge, les autres parties heterogenes font entrainees par 1'eau qui decoule par un trou qui porte immediatement fur un baffin place fous Pauge. On a (bin de laver cet amal- game pluiieurs fois avec de Peau 3 pour lui en- lever toute la crafle; & en dernier lieu9 on Je met dans un fac de toile , que Ton comprime fortement, pour lui oter tout le mercure fu- perflu qui ne s*eft pas amalgame avec Pargent. L'amalgame etant alors dans un etarpateux, prend toutes les formes qu'on veut lui dormer ; ordinairement on en fait de petits cylindres creux, formes dans des monies, La.,derniere operation que Pen fait fubir a cet amalgame, e'efr de le condenfer par la diftillation , qui lui en- leve tout le mercure>& qui n'en I aide que Pargent prefque b v c h i t fi 8f prefque tout pur. On fe fert pour cet effet d'un matras rempli d'eau , & pourvu de fori thapiteau. Le meircure que 1 on r'egagne par la diftillation J eft employe une feconde fois pour ramalgamation. Le peii d© plomb ou d'autres metaux que cet argent contient , n* en peut etra fepare que par lacoupeile. L'oreftdetous les metauxceluiquife trouv£ \q plus genera-lenient repandu dans le Chili, '6C Von peut dire qu'il n5y a aucune montagne ou colline qui n'en contienne ou plus ou moins : les fables, fur-tout ceux des rivieres, en roulent beaucoup(i). Plufieurs Auteurs , Francois & Anglois, aflurent que Tor du Chili eft le plus fin & le plus recherche ; audi eft-il tres-vrai que le titre de Tor que Ton trouve ordinairement* feft depuis 22 jufqu'a 23 karats & demi (2). Dans les provinces auftrales , entre le Bidblo & Fafchipel de Chiloe y on avoit decouvert plufieurs mines d'or tres-riches , dont les Efpa- gnois ont tire des fommes immenfes ; mais de- puis que les Arauques ont chafle les Efpagnols de ces provinces , ces mines ont £te comblees par ce peuple guerrier , qui n'attache pasautant (i)Frezier, Voy.pag. 19$ ,199, 144,131. (z) Ga^ettiere Americano 4 art. Chili. n. !! "$ s §£ HlSTOIRE N.ATVSXIEH de valeur que nous auxmetaux precieux (i)# Les mines (Tor les plus remarquables, a&uel-. lenient en exploitation *, font les fuivantes : Copiapo , Guafco $ Coquimbo, Petorca , Ligua 9 liltil y Putaendo , Car in , Alhut \ Chibato & Huilli* Patagua. Toutes ces mines , a l'exception des trois dernieres nouvellement decouvertes, ont ete exploitees depuis Tarrivee des Efpagnols jufqu'a nos jours , & le produit en a prefque toujours ete conftant & tres-confiderable. Ge* pendant il nefaut pas croire que toutes les mi- nes qu'on decouvre foient egalement riches; 11 y en a qui trompent les mineurSj fur-tout celles oii le mineral fe trouve niche dans de petites cavites qui promettent beaucoup au commencement, mais qui ne produifent que mediocrement. On donne au Chili le nom de bolfon a ces efpeces de mines, & generalement a toutes les veines riches qui s'ecartent du filon principal, & qui decrivent pour Tordinaire un efpace circulaire. Un autre inconvenient qui empeche fouvent les travaux des mines , eft Tinondation par des fources fouterraines ; mais comme les Mineurs ont prefque toujours plu- fieursmine a exploiter, ilsnes'occupent guere {i)Sanfon u C h i l r; gfj 'des mines inondees -, qai font toujours aban«* donnees. II y a quelques annees qu'un accident da cette nature eft arrive a la riche mine de Pel- dehue, dans le voifinage de San - Ja'go; Cette mine* qui produifoit journellement plus de i.jjOOO liv* en or, fut inondee tout d'un coup , & tous les travau'x des ouvriers pour epuifec 1'eau ont ete vains, & il a fallti 1'aban^ donner. La gangue de i'or eft ■ tres-Vaf Lable ,- & il eft impoftible de la caraderifer ; toutes les efpe- ces de pierres & <^ terres lui fervent de matrices, & par-tout on en decouvre des veftiges, foit en petits grains ou paillettes brillantes, foit en- clave dans les pierres , fouvent fous des for- mes bizarres, ou en maffes irregulieres. La gan- gue la plus commune eft une pierre argileu- fe; roufle, tres - friable, dont j'ai retrouve ihi echantillon dans la Colledion de flnftitut de Bologne. La falbande , ou cette ecorce ex- terieure qui accompagne les filons, que nos Mi- neurs nomment cajje , eft aufli variable que la gangue: ily en a qui font quartzeufes ou fpa- thiques;dans d'autres , la roche de corne, le file'x ou le marbre predominent. Les filonsprin- &ipaux fe raraifient fouvent 3 & les veines qu'ils Fij hH: m §4 HlSTOlRE NATURILLE jettent lateralement 9 font , pour Fordihaire * fort riches ; mais comme elles s'enfouiflent quelquefois prefque verticaIement,rexploita- llon en devient tres-penible pour les Mineurs qui font obliges de les fuivre. On obferve fou- vmt que les filons principaux fe rencontrent fur-tout au pied des montagnes. La dire&ion de tous les filons 9 quoique fujette a des varia- tions , eft , pout f ordinaire , du fud au nord. Le minerai s'exploite de deux manieres diflferentes* a coups de pic ou par la poudre. Les portions de la gangue qui contiennent le minerai ? fe re* duifent en poudre fur un mo^Jin dont la conf- tru&ion eft des plus fimples, femblable au mou- lin dont on fe fert en Italic pour broyer les olives ; deux meu!es? dont Tune eft pofee hori- zontalement , & Tautre verticalement , en for- ment le mecanifme. La meule horizontale , dont le diametre eft d'environ fix pieds , a un enfoncement vers fonbord, d'environ huit pou- ces de profondeur, ou pofe le minerai; a travers cette meule pafle un cylindre vertical , qui cor- refpond a une roue a valets que Teau fait tour- ner ; la meule verticale eft traverfee par une ax© horizontale , fixee dans le cylindre vertical, qui la fait tourner librement fur le minerai. Le dia- metre de la meule verticale eft d'eoviron quatr# T> V C H I L I. fr£ & fon epaifTeur de dix aquinze pouces* Lorfque le mineral qui entre dans les deux meules eft fuffifamment ecrafe , on y pint la quantite neceflaire de mercure, qui s'amalgame aufli-tot avec Tor: mats pour en rendre Punion plus parfaite , on a foin de conduire fur la mafle un filet d'eau 3 qui fert en meme temps a entrai- ner les parties amalgamees dans des refervoirs au defTous dela meule. L'or uniau mercure fous forme de globules blanchatres, va au fond de tees refervoirs , dont on le retire pour Pexpo- fer au feu, ou le mercure s'evapore, & oa Tor reprend fa couleur & fon brillant metallic que. On amalgame dans chaque moulin deux mille & cinq cents livres de mineral par jour. On donne le nom de mine en pierre au mi- neral que Ton travailte d'apres la methode pre- cedente; mais comme cette methpde demande plus de frais, par le nombre d>ouvriers& d'ou* tils ,elte Veft fuivie que par les gens riches: audi le produit quelle donne eft bien plus con- Uderable quecelui que donnent les lavages de fables auriferes, qui n'occupent que le menu, peuple,& ceux qui ne peuvent paint fournir les frais neceffaires pour exploiter les mines ea regie. Les lavages des fables auriferesfe font les uns y vien- nentpour trayailler , d'autres pour vendre leurs denre'es , dont le debit eft alors fort avanta- geux: de cette maniere s'etabiit peu a peu uns efpece de marche continue! -,on commence alois ayconftruire des habitations qui s'agrandif- fent infenfiblement , & ferment un bourg (ta- ble; le Gouvernement y tient alors un juge qui ale nam tfAlcade de Mina ; & comme cette charge devient ordinairement tres importante & tres-lucrative les Gouverneurs, des provinces * s'en emparent , ordinairement & la font geret par un fubalterne, Les Mineurs du pays font generalementaffez inftruits dans la Metallurgie & la Docimafie. lis conduifent avec intelligence Sexploitation 5 .entendent bien fetangonnage , & la maniere depoufler les galeries ; ils font habiles dans Fart d'effayer le mineral, en connoiflent parfai- tem^nt bien les differentes qualites, & lam^- 9p HisTOifcE Natd-mhi mere de Je raffiner ; mais malheureufement toutes leurs connoiflances ne font fondees que fur la pratique, & ils ignorent entierement la theorie, ou les principes folides decetart. On divifelesMineur-sen trois elafles;!a premiere comprend ceux qui travaillent proprement a I'exploitation; la feconde les Fondeurs, & la troifieme ceux qui tranfportent le mine'rai. Tous ees ouvriers font, dans le pays, reconnus. comme gens-hardis , entreprenans ,& prodi- gues. Comme ils one ccntinuellement des me- taux precieux fous leurs yeux, ils s'accoutu- ment a les meprifer , & leurs depenfes folles prouventaflea qu'ils n'y attachentpasbeaucoup de valeur : ils font fur-tout adonne's au jeu , au- quel ils palTent tout le temps quails ne travaif-- fent point dans les mines ,& les exemples qu'un Mineur ait perdu mille on deux mille ecus en une nuit, ne font pas bien rares. Des pertes confiderables au jeu font regardees comme des bagatelles , & ils fe confoient avec un proverbe du pays , quidit, « que les montagnes n'en de- mandent pas compte ». La crapule eft fi fort en vogue parmi eux, que ceux de leurs cama- rades qui fe diftinguent par leur fobrie'te, font bientot ramene's au meme genre de vie. Rien. n'eft plus de'tefte chez eux que l'e'pargne; c'eft qui furpafle fouvent vingt - ttrois karats. © tf C hi t tj JM tin vice, a ce qu'ils difent, qui deshonore leur profeffion. Voila pourquoi toutes les perfonnes qui travaillent aux mines , meurent miferables & dans la plus grande pauvrete;il n'y a que ceux qui vivent avec eux , fur-tout lesVivandiers, qui leur vepdentles denre'es 3 qui abforbent tout le profit des mines., §. XXII. Concretions. (Judcucura en Chilien,). La claffe des concretions , comme la der- niere du regne mineral, n'offre rien de bien par- ticulierau Chili. Les pierres ponces font com- munes dans. 1'interieur des Andes , ou des mon- tagnes entieres en font formees. Les habitant font beaucoupdecasd'une efpece qui eft d'un gris clair, & dont its fe fervent pour filtrer l'eau. Desbois petrifies ont ete decouverts en plu- fieurs endroits, J'ai vu tirer en ma prefence , d'une petite coliine aux environs de. Valparaifo, des morceaux de poutre carres & bien petrifies , fur lefquels les coups de la hache europe'enne etoient tres-vifibles; ce qui demontre que ce bois s'eft petrifie depuis que les Efpagnols font venus dans Ce pays. Le faule du Chili eftpeut- etre l'arbre le plus facile a fe petrifier , & on «n trouve par-tout des roprceaux qui ont fubi $2 HlSTOlRE NaTURELH ce cfemgement . Le cierge du Pe'rou , pe'trifie * y eft plus rare, & c*eft peut-etre a caufe de fa texture fpongieufe & fucculente* quiparoit fs refufer a cette operation de la nature ; cepen- dant on en trouve des morce^ux entierement petrifies , qui ont meme conferve toutes lears epines. 1 ; ID tJ G S III. $>J LIVRE TROISIEME. Herbes , Arbujies & Arbres da Chili* Xjorsque les Mineralogiftes veulent ca* ra&erifer Texterieur d'un pays de mines, ils di- fent qu'on le reconnoit particulierement a la vegetation languiflante, & a la couleur fanes des vegetaux , occafionnees par les vapeurs mi- nerales* Cette obfervation eft en general trap hafardee , & fouvent contraire a la verite. M. Macquer a tres-bien dit , dans fon Di$ HxsTOlJRE NiTU.EILIK produit les vegetaux qui Iui font propres, dans la plus grande beaute. Le P. Feuille n*a dofrne que Fhiftoire des plantes qui croifTent fur le bord de la mer, ou dans des endroits mareca- geux qui en font peu eloignes ; tout Pinterieur de ce beau pays refte encore a vifiter par tin habile Botanifte, & je fuis perfuade qu'on y de- couvriroit un grand nombre de plantes incon- nues. J'aurois pu donner line enumeration tres* etendue des plantes du Chili , fi j'avois voulu exceder les limites de cet Ouvrage; mais j'ai prefer^ de faire connoitre ceiles qui font le plus utiles &leplus en ufage. Gomfrneces plan- tes fe reduifent a un petit nombre , il m'a paru fupcrfliide les arranger rnethodiquement; mais 4 fai mis au bas de la page la defcription fyfte- matique , d'apres la methode fexuelle. Je divife hs plantes que je decris en herbes , grami- nees (i) , plantes grimpantes , arbuftes & arbns. Jefaisbienquecette divifion n'eftpas favante; mais elle eft commode, & s'accorde bien avec la maniere que faifuivie dans la defcription dd ces vegetaux. ! — : - - (i) j'ai donne par graminees ce que TAuteur avois pomme canne en Italien. G. B v C MIL' t; $f §.XXIII. Herbes. (Cachu en Chilkn.) Dans le nombre des plantes , il y en a beau« coup que le Chili pofiede en commun avec 1'Europe 9 comrae les guimauves t les trifles * les plantains , la chicoree 5 la melifle , les orties, &c.j & plufieurs autrgs que Ton cultive avec loin dans les jardins d'Europe, croiffent natu- rellement icijtels que les lupins , les pomnies d'amour , le piment d'Efpagne , le celeri -, le creflbn 9 la moutarde , le fenouil > &c. Plufieurs plantes des tropiques viennent tres-bien dans les provinces feptentrionales, entre autres la canne a fucre 3 le cotonnier , le bananier f le jalap , la mechoacane. Outre ces plantes $ le Chili en produit un grand nombre , qui pa- roiffent lui etre particulieres. II y en a qui fe ren^ contrent indifferemment dans toutes les pro- vinces, d'autresne croiflent que dans certains endroits par preference, Les plantes que j'avois ramaflees dans mes herborifations, alloienta en- viron trois mille , dont la plupart ne font de- crites dans aucun ouvrage botanique. Parmi ces plantes a il y en avoit un grand nombre dontles fleurs etoient fuperbes ,- & qui meriteroient d'etre cultivees fcigneufement \ mais les habi- HI 0 HlSTOIRE NaTURELLE tars aiment mieux parer leurs jardins des ffeurs dont les graines leur viennent de TEurope , que de s'occuper a la culture de celles du pays ; & il y en a bien peu qui leur aient donne quel- ques (bins. L'abondahce des plantes aromati- ques donne a la chair desanimaux domeftiques, qui vivent tbute Pannee en pleine cartipagne , tine faveur que Ton ne connoit pas dans les autres pays. Comme les differentes plantes qui leur fervent d'alimens , fe fuccedent continuelle- *nent , 8c que la verdure ne manque jamais, les Chiiiens n'ont pas befoin de faire lareeolte de foin comme aiileurs. Dans les villes, on nourrit les chevaux avec de l'orge > & une efpece de trefle cuitive. Les prairies offrent plus de douze differentes fortes de trefle , beati- coup de luzerne , & une efpece de peigne de Venus, que Ion nomme loiquUahuen ou alfile- rillo^ 8c que les beftiaux aiment finguliere- ment. Cette plante, que j'ai nommee ScandixChi- hnfis(i) , fe diftingue de l'analogue europeen par fon odeur aromatique , par fa tige , qui {i)Scandix femina roftro longifflmo , folio lis i.mcgris c vato-lanuolatis* n'eft , D V C H I L ff. CfJ n*eft pas ftriee , & par fes feuilies : celles-ci font plus grandes , & quoiqu'ailees comme le peigne de Venus de PEurope , elles ont des folioles entieres & charnues. On croit cette plante vulneraire , comme Fexp'rime aufli le nom du pays* La grande fertilite du terrain fait que plu- fieurs paturages produifent des herbes de telle hauteur, quelles couvrent entlerement les mou~ tons, fur-tout dans les vallons des Andes, ou la vegetation eft toujours plus vigoureufe. Mais au milieu de ces prairies abondantes croiflent deux ou trois efpeces de plantes nui- fibles aux beftiaux , & que Ton craint beau- coup , fur-tout fefpece connue dans le pays fous le nom de erbaloca , ce qui veut dire herbe folle, parce que tous les animaux qui en man- gent deviennent enrages, fur-tout les che- vaux* J'ai donne a cette plante, qui fait un genre nouveau, le nom de hyppomanica(i) ; (i) DecandHia-Monogynia. • Hjyppomanica, cat: $ -par thus. Pctala. <$-ovata* caps: 4* locularis. Radix annua , fib r of a. Caules plurimi , ere&i , . %-ahgulaii , glabri , rarnojt. Folia tarns a yfitffilia , glabra. Flores pcdunculati ^folitarii. Calyx % -par thus , lafciniis fiboyatis , corolla calyce paulo longior. Stamina decern, fubulata Longitudiiie calycis , anther is ablongis, Gcrmcn li I" l\m VNK 98 Histoike Naturelie elle pouffe des tiges anguleufes (Tun pied & demi de hauteur ; ks feuilles font oppofees, lanceolees ^enti'eres & charnues, d'un gris clair, & d'environ un pouce de longueur , attachees fans petiole au rameau : la fleur > qui eft cou- leur de rofe vient au haut des branches ; elle eft compofee de cinq petales ovales , de couleur jaune , & foutenue par un calice divife en cinq parties \ le piftil fe change en une capfule divi- fee en quatre loges , qui contiennent des fe- mences noires reniformes. Le fuc de cette plante eft vifqueux , jaunatre , & d'un gout doucereux. Malgre la peine que les Payfans fe donnent pour detruire cette plante, elle re- pouffe toujours , & fi un cheval en a mange , il perit infailliblement , a moins qu'on ne cher- che a le faire fuer abondamment par des courfes forcees. Le Chili produit, outre les vegetaux que les Efpagnols ont tranfplantes de TEurope , un grand nonibre de plantes utiles, qui font ou alimentaires ou medicinales, ou employees pour des ufages domeftiques. Un tres^grand nombre de ces plantes etoient connu & cultive avant oblongum. Stylus fillformis , Ion git : ftaminum. Stigma obtujum* CapfuU* %-valvis. Semina plurima* d u Chili* 59 farrivee des Efpagnols. Parmi les plantes ali- mentaireSj on diftingue : , §. XXIV. Herbes ou Plantes aliment aires. (Mogel cachu en Chiliem) Le mats (zea ma'is) ou ble de Turqule ; les Chiliens le nomraent giik Cette plante etoit connueen Amerique, lorfque Colomb y arriva. Tous les Auteurs de ce temps le conftatent , & il eft tres-sur quelle etoit la feule efpece de ble dont on fit alors ufage. Le nom de's Indes , que Ton a donne fans raifon a l'Amerique , a probablement fait dire a M. de Bomare, que le ma'is etoit originaire d'Afie^ & que de la il avoit ete porte en Europe, & enfuite en Ame* rique. Le nom de ble de Turquie qu on lui donne vulgairement , & qui lui appartient aufll peu 3 a deja eleve des doutes dans Fefprit de plufieurs Auteurs anciens (1); car il eft connu qu'il a ete porte des grandes Indes en Europe. Le maisvient tres-bien au Chili, & les habi- tans en cultivent huit ou neuf varietes , dont plufieurs portent trois & quatre epis bien four- nis. Une de ces varietes , nommee Arninta , eft (1) Cafiore Durante yErbolario , Fenep&j \%afi*lftor* 'Ha tut. L 4. cap. XjS-.m G ij 1 1 •<% i 100 HlSTOIRE NAT0RELLE prefe'ree a toutes les autres ; ils en font une forte? de pate, en broyant les graines , lorfqu'elles font encore fraiches, entre deux pierres , comma cela fe pratique pour le cacao ou chocolat; ils ajoutent a cette pate du beurre & du fucre , & la font enfuite bouillir dans Peau. Le mai's fe- die fert de deux manieres differentes > en le faifant bouillir dans 1'eau , ils en font une foupe, connue fous le nom de chuchoca, ou en l'em- ployant pour faire une biere de fort bon gout; quelquefois ils le reduifent en farine*, mais avant de le moudre , ils le font griller , & ere- ver par le moyen de la chaleur d'un bain de fable. Pour les farines , on choifit ordinairement une autre efpece de mais , nomme curagua (i) 3 dont les graines, quoique plus petites que celles des autres , donnent une farine plus blanche , plus legere , & en plus grande quan- titeo Avec cette farine, du fucre, & de l'eau froide ou chaude , on fait des boiffons connues fous les noms de chercan ou d'ulpo. Lemagu , efpece de feigle, & la tuca9 efpece d'orge jfurent cultives par les Arauques avant 1'arrivee des Efpagnols ; mais depuis qu'on a introduit le froment d'Europe , ces deux efpeces (i) Zca curagna , foliis fcrratis. HB d xj Chii r. iof 3e ble ont ete entierement negligees, & je n'ai pas meme pu m'en procurer un echantillon , pour en donner une defcription exafte. Les Arauques en faifoient anciennement leurs pains, nommes covque ; ils donnent maintenant le meme nom aux pains faits avec le froment d'Europe. La quinua (i) eft une efpece dechenopodium de trois ou quatre pieds de hauteur; elle a de grandes feuilles rhomboidales , finuees, d9un vertobfcur; les fleurs font difpofees fur des epis alonges; la graine eft noire, contournee ! enfpirale,qui la fait paroitre de forme lenti- culaire. Une variete de cefcte plante, nommee dahue par les Indiens, a des feuilles grisatres ] &produitune graine blanche. La graine de la quinua fert a faire une boifTon ftomachi- que fort agreable. La graine du dahue etant bouillie , s'alonge en forme de vers ] fait de bonnes foupes: on en mange encore les feuilles, qui font tendres &de fort bon gout, Le degul9 efpece de feve (phafeolus vulgaris. ) Avant que les Efpagnols euflent conquis ce pays 5on y cultivoit treizeou quatorzeefpeces de fe'ves, peu differentes de i'efpece commune ( i ) Cfienopodium fo/io Jlnuato , faturate virentU feuille. G ilj j 102 HlSTOIRE NATURELLE de TEurope. Parmi ces quatre efpeces , on erf diftingue une, dont la tige eft drbite , les an- tres treize font grimpantes. Parmi ces dernie- res 5 il y en a deux ties remarquables; Tune eft le pkafeolus pallar (1) ; la feve a un demi-po-uce de longueur ; & le pkafeolus afettus (2) 3 dont la feve eft fpherique & charnue. La pomme de terre (folanum tuberofum.) Cette racine d'Amerique , quiporte le nom de papa , pogny ,, patata , & dont Tutilite eft re^ connue par-tout, occupe prefenternentles Cul- tivateurs Anglois & Francois ; mais perfonne n'a mieux prouve Tavantage de la culture de cette racine , que M. Parmentier , dans plufieurs me- moires qu'il a donnes a ce fujet. M. de Bomare regarde le Chili comme la patrie dts pommes de terre : elles y crohTent effeftivement dans toutes les campagnes; mais celles qui vien- nent fans culture, ou les fauvages, que les Indiens nomment rnaglia, font d%$ bulbes tres- petits , dsun gout un peu amer. On en compte deux efpeces differentes, & plus de trente va- rietes y dont plufieurs fontcultivees avec foin. IVA'A\ (1) Pkafeolus caulc volubi.il s legum : pendulis cylin** dricis , tondojls. (z) Phafcolus co.uk volubili , foliis fagimtis yfcmini^ bus globojist 1 B tr C H I t t. 10$ Xa premiere efpece eft la commune ; la feconde, que Ton pourroit nommer folanum cari(i) 9 d'a- pres lenom dupays,porte des fleurs blanches, avec un grand ne<5taire au milieu , comrae les narciffes; fa racine eft cylindrique, fort douce , & fe mange ordinairement cuite fous la cendre. Voca (2) [oxalis tuberofa,] Je crois cette plante differente de l'oca du Perou > la notire reflemble > par fa forme & fa fructification 3 a Talieluia jaune j elle a des feuiiles ternees , d5un gout acide , & des folioles ovales \ fa racine jette cinq ou fix tuberofites , comme la pomme de terre , de trois jufqu'a quaere pouces de lon- gueur, couvertes d*un pellicule mince & liffe.- On mange ces racines cuites 3 elles ont un gout aigrelet tres agreable. La plante fe multiplie encore par les bulbes. Parmi le nombre d'efpe- ces de ce genre , je remarquerai celle que les Chiliens nomment culle rouge (3) 3 dont on fait beaucoup de cas dans les teintures , & qui doit etre fpecifique dans les fievres ardentes; enfuite (1) Solarium caule inermi herbaceo^ foLpinnatis integr : nedar : campanulato fubaquante petala* (i) Oxalis pedunc : umbelUferis , caule ramofo , radlc-c tuberofd. {l) Oxalis rofeo flowerettior tvulgo Culle. Feuille. G iv ' it 1 1 :*'• ; IO4 HlSTOlEE Natitrells la barilla (1) 011 l* alleluia virgofa du Coquimbo , qui poufle un grand nombre de tiges de cinq pieds de hauteur , grofTes comme le doigt, tres-tendres , d'un gout acide, couvertes de fleurs jaunes , en cloches verticillees. Cette plante ne fait que des feuilles radicales ? qui font ternees. la courge. On en connoit, comme en Eu- rope , deux efpeces principals , la courge a fleurs blanches , & la courge a fleurs jaunes ,ou rindienne. De la premiere efpece , que les In- diens nomment guada 9 on cultive vingt-fix varietes , dont plufieurs produifent des fruits doux & mangeables, d'autres des fruits amers. Parmi les efpeces ameres3 il faut diftinguer la courge a cidre, cucurbit a ciceraria (2). On lui donne ce nom, parce que les Indiens, apres Tavoir videe & parfumee, Pemployent pour y faire fermenter leur cidre. Cette courge eft de forme ronde, 5c fouvent d*un volume enorme S on s'en fert audi en place de corbeilles > & on l^ur donne alors telle figure que Ton juge a propos (3). La courge a fleurs jaunes s ou Tin-. (t) Oxalisfcapo muhifloro yfol: ternatis ovatis. (1) Cucurhhdfol : anguLito-fublohatis , tomcntofis, fa* %nis lignojis globoJIs. (3) Acojla, Hijior. Natural. L 4. cap, 1^ Hienne, nommee penca^ prefente deux efpeces, la commune , & celle qui eft mamellonnee (i) ; celle-ci refFemble , par les fleurs & les feuilles, a la premiere ; mais eile en differe par les fruits, qui font fpheroides , avec un gros mamellon au bout; lapulpe en eft douce, & approche , pourle gout , d'une forte de batate, connue fous le nom de camote. Le quelghen (2) , ou le fraifier du Chili ne differe de l'efpece europeenne que par les feuilles 3 qui font values & fucculentes , & par les fruits , qui arrivent fouvent a la groffeur d'un ceuf de poule. Pour Fordinaire , les fraifes font blanches ou rouges , comme celles d'Eu- rope ; mais on en trouve aufli de jaunes dans les provinces Puchacay & Huilquilemu , ou elles viennent mieux qu'ailleurs. Le fraifier du Chili a ete porte , il y a plufieurs annees , en Europe, & a produit des fruits au jardin du Roi a Paris , a Chelfea , pres de Londres , & dans le jardin de botanique a Bologne. M.Bru- laelli 5 dire<5teur de ce jardin 9 m'a fait voir la (1) Cucurbita foL muLtipartiris , pomis fphaeroideis mammojis. (2,) Fragraria ( Clulenjzs ) ,fru8u maxima ^foliis cat* pojis hirfuth* Hk 106 HlSTOIRE NATtTRELLE variete blanche , qui eft la plus commune ail Chili : mais cette plante a perdu beaucoup par la tranfplantationj fes fruits fontpetits, & l& parfum agreable qui les fait tant eftimer dans le pay.? , s'eft prefque entierement perdu (1). Le madi [madia. Gen. nov.] (2) II y a deux (1) Le fraifier du Chili eft hermaphrodite, dioique, & les pieds que Frezier a apportes en -Europe, n'etoient probablement que des pieds hermaphrodites femelles, lefquels ont produit des fruits dans nos jardins , ayant ete fecondes par d'autres de nos fraifiers qui fe trouvoient dans le voifinage. Si I'Auteur avoit ete a portee de s'inftruire fur ces circonftances , il n'auroic point nomme degeneration, ce qui n'eft que 1'effei d*Une fecondite forcee. Le manque des pieds males de ce fraifier paroic encore la raifon pourquoi les Anglois, d*apres le temoignage de Miller , en ont abandonee la cul- ture. G.Feuille, tern. I. p. 315. Frezier, Voyage, torn. L p. i3 3.Ulloa, viag. torn. Ill, part. 2, 1. 1. cap. 5. (2) Syngenesxa polygamia superflua. Madia, rcceptaculum nudum : Pappus nullus , caL 8 -phylLus : fern, plan . convexa. Calyx pubefcens foliol. linearibus. JlofcuL hermaphr. -plurimi, monopetali, $ -parti ti , long, calycis. Feminei monopetali, ligulati , 3 -dentati, longiffimi. Filament* hermaphrod : ^-brevia; germen breve 9fiylus tubuLtus* Femin. germ, breve ,fiylus capillar is. d u Chili. f#f tfpeces de cette plante , l'une fauvage, & 1'autre cultivee. La cultivee , que je nomme rnaAia [ativa (i), a une tige rameufe , a peu pres de cinq pieds de hauteur , comme aufli les. feuilles , qui font alternes, de quatre pouces de longueur fur fix lignes de Iargeur, d'un vert clair , femblables aux feuilles du laurier-rofe : elle porte des fleurs radiees , }aunes ; les graines font convexes d'un cote, Sc couvertes d'une pellicule brunatre tres-mince ; leur longueur eft de quatre I cinq lignes ; elles font renfermees dans un calice commun , prefque fpherique, dont le diametre eft d'environ huit ou neuf lignes. On tire de cette graine une huile excel- lente pour la table , ou par l'expreffion , ou pat la fimple cocTion v elle eft d'un gout agreable , fort douce , & claire comme la meiileure hurls d'olive. Le P. Feuille, qui a demeure trois ans au Chili , en fait l'eloge , & Jut donne la prefe- rence fur toutes les huiles dont on fe fert en France. Cette plante eft jufqu'a prefent incon- nue en Europe ,quoiqu'elle eut meritee d'etre introduite dans les pays ou l'olivier ne vient pas. (i) MadUfol. Lineari - lanceolatis , petiolatis. Caulisfi/tulofus, ere^s, teres. Flores jeiuneuktt, terminates. f*0$ HisTOIRE NATUEELtE Le madi fauvdge [ madia metlofa ] (i) fe dif- tingue da premier par des feuilles qui em- braffentla-tige, & qui font vifqueufes au tadr. Lepiment (CipGcum. ) On cultive au Chili plufieurs efpeces de cette plante , entre autres Ie piment annuel , qui eft vivace ici , le piment a baies, &le pimento tige fous-ligneufe. On fe fertegalement de toutes les trois efpeces. Le nom de la plants , dans le pays , eft thapi. Outre les plantes que je viens de nommer; les Chihens font ufage de pluSeurs autres qui inenteroient une culture plus foignee ; en void les principales. L'kerackum tuberofum (2). Cette plante ref- iemble , quant aux feuilles & fleurs , & par fa grame , a la berce commune, mais fe diftingue Parlaquantite des bulbes qu'elle fait, qui font fouventde fix pouces de longueur fur trois de Jargeur; la couleur des bulbes eft jaune , & leur gout fort agreable; die fe plait dans les Iieux fablonneux, ou elle croit abondamment pres des haies. (0 Madia foL amplexicaulihus lanceolatls. (i) HeracUumfol. ?innaus , folic >lls fcptcnis , Ho r. r** wads. - d u Chili, 109 La Bermudiana bulbofa (1), ou Pillmu du P* Feuille ; fa tige eft rameufe , & fes feuilles reflemblent beaucoup a celles du porreau ; la fleur eft violette , divifee en fix parties, qui font retournees vers le pedoncule ; elle a fix etamines 9 & un piftil triangulaire *, les graines fontnoires& arrondiesj les bulbes cuites font d'un gout exquis. Vhemerocallis (2) ou Piutata des Indiens ; elle poufle des tiges d'un pied de hauteur , les feuilles qui TembrafTent font pointues ; la tige fe divife par le haut en plufieurs pedoncules, qui portent une fleur de couleur rouge , fem- biable aux lys. La racine bulbeufe de cette plante fert a en faire une efpece de farine blan- che tres-legere 3 que Ton donne aux malades. Toutes les plantes liliacees prefentent ici un grand nombre de varietes *, j'en avois recueilli plus de vingt-trois efpeces differentes , dont plufieurs portent des fleurs fuperbes. Les Arau- ■ques n'ont qu'un feul mot pour toutes ces plantes , qu'ils norament giU Dans la province de Saint- Jago , on trouve (1) Bermudiana bulbofa , flora refiexo c&ruko* V. Illmiu Feuille , IV, p. 8. (i) Alftroemeria (tigta) cauh afcendente.Linn. V. He* meroeallisfloribusjtrtitis* Feuille. HI * 8 no Histoiri Naturelle une efpece de bafilic fauvage [ocymumfalinum~\ (1) , qui reflemble beaucoup au bafilic com- mun y a l'excption de la tige , qui en differs notablemeet; celleci eft ronde, articulee. L'o- deur & le gout de cette plante n'eft point du tout celui du bafilic , mais plutot des algues ou plantes marines. Cette plante, qui vegete depuis le printemps jufqu'au commencement de Thiver, fe trouve tous les matins couverte de globules falins , durs & luifans .qui la font paroitre couverte de rofee ; chaque plante fournit environ une demi-once par jour. Les payfans recueillent ce fel , & s'en fervent comrne du fel commun , quoique pour le gout il lui foit fuperieur. Il me paroit difficile d'expliquer ce phenomene ; la plante croit dans un terreiii tres-fertile , qui ne prefente aucun indice de fel, & qui eft a plus de (oixante milles de la mer. §. XXV. Herbes dont on fe Jen pour la teinture, C Puthum cachu en Chilien. ) Depuis un temps infinl, les Chiliens ont fait ufage des plantes indigenes pour la teinture des etoffes y & Ieur qualite fuperieure auroit rendu (3) OcymumfoL ovatls glabris , cauk geniculate. B U C H I L I. lit Hntrodu&ion de plantes etrangeres tout a fait fuperflue (i). Je poffede des draps teints dans le pays, qui, depuis trente ans d'ufage , nont rien perdu de leur beaute ; le bleu , le jaune , le rouge & le vert fe font egalement conferves , & ni l'air, ni le favonn'ont pu les alterer. Dans les provinces auftrales , on emploie , pour les couleurs bleues , une plante que je ne connois pas ; chez les Arauques, & dans les pofleffions efpagnoles , on fe fert de i'indigo delaye dans de Turine fermentee , dans lequel on trempe plufieurs fois 1'etoffe ou le fil que Ton veut teindre : cette fimple manipulation lui donne une couleur durable & belle- II paroit que 1'al- kali volatil qui fe developpe par la fermenta- tion 3 fert ici de mordant aux parties colorantes de i'indigo. Le rouge fe fait avec une efpece de garance nommee idbun ou rubia chilenfis (2) ; elle croit9 (1) Frezier , torn. I. pag. 136-137. (z) Rubia foL annuls , caule fub-rotundo lavL Rubiaftrum crucial* folds , & facie , vulgo relbun. v.Feuille. Cauiis bipedalis , procumbens , fragilis. Folia fib- petiolata. Floret axillares , terminalefque pedunculatu Calyx quadrifidus folioi: obovalibus. tetala ovalia. S^ rnina fib- rotunda* ■ •m< item *ra Histoire Natukelle pour l'ordinaire, dans des Iieux fablonnenr*' fous les arbuftes; fa tige eft prefque ronde, les feuilles ovales , piquantes , & blancMtres, pofees quatre a quatre, comme dans la noi- kne(valantiacruciata); fes fleurs font mono- petales, divife'es en quatre parties; la graine fe trouve dans deux petites baies rouges, qui fe touchent comme celle de la garance d'Europe j la racine , qui eft rouge, va profonde'ment en terre , & ces fibres laterales occupent fouvent un efpace de plufieurs pieds de circonfe'- rence. Une efpece d'eupatoire CO [eupatoriumChi- hnfe] fournit la couleur jaune. Cette plante, qui porte le nom -de contra yerba dans le pays, a la tige violette d'environ deux pieds de hau- teur ; elle eft divifee par de petits nceuds qui donnent naifTance a des feuilles d'un vert clair, oppofeesdeux a deux; elles font longues , de trois ou quatre pouces, etroites & dentele'es;. lesrameaux, qui font axillaires , portent des fleurs flofculeufes , de couleur jaune , & fem- blables aux Oeurs de 1'eupatoire. Dansle centre (i) Eupatorium foL oppofnis ,am?lexicaulibus,lanceo. lads , dcnticulatis , cal: quinqucfloris. Eupatorioidcs Jalicis folio trinervi , fore titteo\ vulgo contrayerbdi Feiiille. de " b u Chil t. 115 ile !a fleur , on decouvre prefque toujours ua petit ver , dont le corps eft compofe d'onze anneaux bien diftinds* On tire encore une cou- -Jeur jaune du poquel ou de la fantolina tincfo* jia (1).; c'eft une efpece de creflbn 5 dont les feuilfes alongees & etroites reffemblent a la linaire : el!e poufTe trois ou quatre tiges de xieux pieds de hauteur b ftriees, U couronnees fur le haut par une fleur jaune compofee. Les -tiges donnent une couleur verte. La racine d'une plante vivace , nommee Panke (2) [panke tincioria. Gen. now ] donne (1) Santolina pedunculis unifloris ,fol: linear ibus in* tegerrimis , caule firiatis. « SantoHnoides linarite folio , fore aureo , vulgd pe* quel. FeuiHe* Radix annua \ fujlformis. Caules creftiJimpUces. Folia. taulina , 5 aut 6. alt cr'na , fejjilia. Frudific alio f ante lin& communis, (2-) KnNEAHDRIA- MoNOGYNtAi Panke caL 4 -fid us, cor : 4 fida.capjl 1 fperma* Cal. %-fidus lac i nils oh tufts. Corolla campanulata , cafy* ce paulo longior* Stamina 9 jubulata longitudine calycis* anthers oblongce, Germcn fub-rotundum. Stylus fili for mis longitudine corollae. Stigma minimum* Cavf: unilocular is ( bivalvis* Panke caule eretlo , ratcmifero* Folia %'Lo'ba JQrrata\ ^nervia > papilloma, tomentofa p pulpofa^perfjl'entia. H I!4j H-ISTfclftH NATUREttE unnoir fuperbe, & elle eft reconnue pour una des plantes l«s plus utiles du Chili. Quelques Auteurs lui ont donne le nom de bardana Chi* knjis., a caufe de fes feuilles , qui approchent des feuilles de la bardane, quoique fa fruiting fication en foit abfolument difference.- La racine eft fort tongue , & epaiflfe fouvent de quatre ,pouces;elle eft noire & raboteufe en dehors, & blanche en dedans. Les feuilles, qui tiennent a delongues petioles, font palmees, dun vert clair par-deffiis , cendrees par-deflbus, fou- vent de deux piedsde diametre, d'un goutun peu aigre. Au milieu des feuilles radicales s'e« leve one feule tige de cinq pieds de haut, groffe de trois pouces, couverte d'une ecorce raboteufe , garnie d'epines, Cette tige eft fans feuilles jufqu'au fommet, ou elle poufle trois on quatre feuilles plus petitesque les radicales, qui finiflent en une efpece de grappe qui porte les fleurs& la graine 5 les fleurs font blanches, Petioli teretes , femipedales , acideaii. Racemus termi- nalis. F Lores pedunculati plurimi. On m'a aftlne" , d'apres les individus apporte's du Chili par M. Dombey , que Icpankedont il s'agit ici , doit etre du meme genre que la gunner a de Linne\ Dans ce cas , les cara&eresque Ini donne none Auteur , feroient fox* dete&ueux. G. X> XJ C H I t f . * 1 % tlranttant foit peu fur le rouge, en forme de Cloche , & monopetales \ la graine eft verditre , ronde , & renfermee dans une capfule de la sneme forme. Cette plants croit par preference dans les lieux humides , & elle perit mfailliblement lorf- quelle manque d'eau : c'eft fur-tout dans les vallees entre les Andes qu'on !a trouve d&ns fa plus grande vigueur; & la elle furpaiTe fou* vent la hauteur indiquee ; elle n'arrive qua une hauteur mediocre dans les endroits bas, pres de la mer, Le fucdela racinedonne la couleur ftoire aux etoffes ; il peut egalement fervir d'encre , car fa vifcofite , & le beau noir qu-il prend avec le temps 9 lui en donnent toutes les qualites. On emploie encore cette racine pour tanner les cuirs : pour cet ufage , il faut la pilerj-mais fodeur quelle exhale en la tra- vaillant eft fi violente > que Touvrier ne peut guere refifter au dela d'une demi-heure. Les Cordonniers employent la tige ligneufe pour faire les formes de fouliers , qui font, a ce qu'ils pretendent , de longue dure'ejl'interieuc de la tige renferme une pulpe d'un gout tant foit peu acide, que les pay fans mangent en ete (i). (i) Feuille , torn. II. pag. 74l- H ti6 HrsTomE Naturi'lie Une autre efpece de cette plante, que je nomme par: fa acaulis (i) , & dinacio en langue du pays-, croit dans les lieux fablonneux &hu- mides;elle fait une racine en forme de navet* grofie comme le bras , d'un gout douceatre. On leftime beaucdup dans le pays. Gette plante ne pouOe pas de tiges , & les feuilles par- tent immediatement de la racine • elles for* ment un groupe qui prefente au milieu un bouquet de fleurs analogues acelles de lefpece precedente. les Chiliens tirent le violet de plufieurs baies; mais le ciille , c^ont nous avons parle dans le precedent paragraphe , produit le plus eftirne: on le reduit en pate comme le paftel , & lesTeinturiers s'en fervent de la meme m-a- niere. Apres les premieres oluiesde Pantonine* on voit paroitre dans les campagnas une petite plante qui me paroit appartenir a un genre nouveau , & h laquelle j'ai donne le nom de faffia (2j; elleporte trois ou quatre fleurs cou-* ( i) Pan he race mo acau/i. (z) OcTANDEXA-MoECGYNIA. Saffia. cat 4-p/rylZus. cor. 4-paala. Caps, i-locu/a- rls , i-fpcrma. CuLjolioLoblongispatentihus. petala Unccolata , qua_ *iat Filament* 8, Setacea corolla hreviora. Anthem ro« b u C h i l t. 117 leur de pourpre , qu'on emploie pour don tier la meme couleur , & une odeur agreable a une efpece de liqueur fpiritueufe. Une feu!e fleur 9 quoique tres-petite , & rarement plus groffe que lesfleurs de thym, peutcolorer plus de fix livres de liqueur. Les Ebeniftes s'en fervent encore pour donner aux boiferies une couleur agrea- ble. Je crois que le fuc de cette plante pour- roit etre avantageufement employe pour la teinture des laines 5 car il s'attache fortement aux draps ,&onne peut que difficilement Ten- lever (i}« La fqffia perdicaria eft du meme genre de la precedente; les habitans lui ont donne le nom de rimk ou fleur de perdrix % parce que les perdrix raiment beaucoup. EUe neportequlin-e feule fleur d'un jaune dore, femblable a celle de la premiere efpece , qui donne une couleur char- man te aux prairies, Quelle fe trouve engrande quantite au commencement de I'automne. Le nom des mois d'Avril & de Mai font pris de cette plante. Avril porte le nom de unen-rimu ^ premier rimuv & Mai 5 inan-rimu ou fecond rimu (2)* tunics, % Germen obovatum. Stylus filiformis calycebrevior*. Stigma. -ouatum. Capf. ovau. Sem. un if or mi a- (1) I'SaJJia (tinftpria )fol. oyatis 9 fcapo mukifloro^ (z) Sajjla ( perdicaria )foL cotdatis , (capo unijloro^ u8 Histoire NatubellE 'fly* ■ §. XXVI. Plantes medicinales. (Lahuen en Chilien. } Le nombre de plantes medicinales n'eft pas xnoins confiderable au Chili , & Ton peut dire que toute la pharmacie de ce peuple, fur-tout de ceux qui vivent encore dans !e paganifme, confifte dans la connoiffance exa&e d'un grand nombre de plan tes,dont les vertus.ontete conf- tatees par une longue experience. Les Machi & Ampive, noms qu ils donnent a leurs Medecins, ne font que des Herboriftes experts 9 & les cu- res quits font font fouvent furpreoantes. La vertu de plufieurs plantes n'eft connue que d'eux , & je ne fais fi c eft par haine contre les Efpagnols , ou pour mieux faire valoir leur fcience 9 qu ils en cachent foigneufement la connoiffance. Cependant on eft parvenu a de- couvrir.pres de deux cents plantes efficaces 5 outre un bon nombre d'arbres & d*arbuftes qui formentmaintenant un objetde commerce non indifferent avec Fetranger. Parmi les plantes medicinales, le cachanlahuen 9 la viravira> la retamilla a le Payco y & le quinchamali font les plus renommees. Le cachanlahuen (i) [ gentiana cachanlahuen]- (i) Gentiana eor : quinqucfidis r, infundibdif : ramis trp-pofitis y -paw lis* © it Chili: "5 M. de Boraare , & plufieurs Auteurs l'ont nomme chancelague & canchalagua. Cette plante ne croit pas , comme il eft dit dans les Memoi- res de l'Academie des Sciences , anne'e 1707 , * Panama , ni a Guayaquil \ comme l'a dit M. de Bomare , mais uniquement au Chili , d'oii elle a ete portee dans les autres parties de lAme- rique, & meme en Europe. Elle appartient au genre des centauries , & reflemble beaucoup a la centauree commune; mais elle en differe par fa tige, qui eft plus ronde , & par les rameaux oppofes deux a deux , dont la pofition eft prefque horizontale , & par des feuilles peu nerveufes. Son nom Chilien veut dire herbe contre la pleurefie, & effectivement elle s'eft montree efficace dans cette maladie : on la dit encore refolutive , emenagogue , & febrifuge ; l'infufion en eft extremement amere , & l'odeur approche du baume du Perou (1). La viravira (2) [ gnaphalium viravira]. Cette plante aromatique eft recommandee dans les fie- vres intermittentes; Tinfufion excite lesfueurs , & les Chiliens s'en fervent dans les affeftions (1) Centaurium minus purpunum paudum, vulgo ca~ then. Feuitle. (z) Gnaphalium herL fit. decunendhis , fpattdam •> wrinque. tementojis. Hiv 120 HlSfOlRfi Naturelle catharrales. Les feuilies de cette plante font ^extremement velues , & paroiflent couvertes de coton; les fleurs font compofees9 & flofcu- leufes : il s'en trouve ordinairement t'rois ou quatre fur le haut des branches; la graine ref- femble beaucoup a celle du ftoechas citrina (i). La retamilla C2)'[linum aquifinum J , ou gnancu-lahuen* Cette plante, don't !a racine eft vivace Sc aflez longue , croit pour Fordinaire au pied des montagnes ; elle poufle des tiges bran- chues , chargees de petites feuilies alternes , lanceolees: les fleurs fontjaunes3 a cinq peta- les; elles font attachees deux enfemble far un meme pedoncule - le piflil ftj change en une eapfule membrarieufe & pentagone , & renferme plufieurs petites graines. Les vertus de cette plante foot les memes que celles de la viravira% & on Femploie dans les mernes cas. Le payco(j) [ herniaria payco]. On parte de (i) Frezier, rom. I, pag. 207. (i) Linum foL alter nis lancQolaiis , peduncitlis bi* fioris. {$) Herniaria foliis ferratis. (Toutes les herniaires connues, & les piantes qui en font voifmes par leur rap- port, coiurae les ilecebrum, les achyrantes, &c. ont des feuilies nes-emieres , fans decoupure ni dentelure : ainfi celle-ci fera tine exception de la regie, G.) to u C h i t t 5 ■ *2tf tette plante dans plufieurs ouvrages modernes de matiere me'dicale, fous la denomination pre~ cedente. On luia encore donne le nom de the de la troifieme efpece j quoiqu'elle appartienne au genre des herniaires •, elle poufle beaucoup de pieds, qui font rampans,& charges de pe- tites feuilles ovales 9 decoupees en. forme de fcie , attachees fans petiole a la tige. Les fleurs font nombreufes, a etamines ; la graine eft ren- fermee dans une capfule fpherique ; la couleur de cette plante eft un vert tendre, & (on odetir approche de celle de citron pourri: elle eft ftomachique , &un bon remede dans tapleure- fie(i). Lequinchamali(2) [quinchamalium Chilenfe]. Comme cette plante forme un genre nouveau , (i) Frezier , loc. eiu (a) Pentandria-Trigynia. Quinchamalium , eat : %-fidus , cor : * -fida. Caps: trila* c ularis , polyfperma* Radix biennis ^fu/ifonnis, lignofa. Caules fuhlignafi \ teretes , ramofi. Folia alter no. Lmceolato-lincaria , fub- petiolata. Flares fpicati , pedunculate terminates , Cat : bre- yiljimus laciniis acutis. Cor : monopetala, tubus cyhndn- cus.. \,imbus planus. Foliolis obovalibus. Stamina f* filiformza tubodongiora. Anther^ ovales. Germen cvatum* Styli tresfecacei longitudinefiamirrum, Stigma : ohms. !122 HlSTOIRE NATURELLE jelui ailaiffe lenom du pays ; elle produiturt grand nombre de tiges de neuf pouces de hau- teur, avec des feuilies alternes femblables a celles de hLinaria aurea Tragi; les fleurs font en ombelles , jaunes, tubulees , dont le limbe eft divife en cinq parties, comme celuidu jaf- min. La graine noire lenticulaire eft renfermee dans une capfule fpherique , divifee en trois loges, Les gens de la campagne employent le fuc exprime ou la decofiion comme un refo- lutif apres des chutes (i). On trouvera dans l'Ouvrage du P. Feuille* dont la memoire fera toujours chere aux Chi- liens , un grand nombre de plantesmedicinales, dont il a rneme donne de tres-bonnes figures. Je me contente d'en nommer ici les principa- ls : hpinckoa (2) , le clinclln (3) , hguilno (4); toutes trois plantes purgatives ; la diuca- lahuen (5) , bon vulneraire i hfandia-lahuen {S)% (1) Frezier, torn. I, pag. i^f. r (2) T itky mains foL trinerviis & cordatis , vulgo Picho&i FeuiiieV " (3) Poly gala, cderulea anguftis & denjioribits foliis* Clinclln, Feuille. (4) Gramen bromoides catharticum. Guilna. Feuillev (?) Virga aurea leucoi folio incano, Feuille. (6) Lichnidaa verbena: tenui folia , folio. Feuille,* to V C h t i; ii t23 ftoufprovoquerlesregksjlecore^eCO.contre ie mai de dent j & lc jrffe* (•*- Pour Punfiet le fang. Le tabac, que les Indiens nomment p* Iton , fedivife en tabaccultive & tabac fauvage. Le tabac cultive prefente deux efpeces; to tabac comtnun , femblable au meilleur tabac du Brefit ,& le petit tabac, nicotiana nummaCp, dont les feuilles reffemblent au diSam de Crete, mais dont la frudification eft celle du tabac : la petite efpece eft plus forte & plus violento que l'efpece commune. §. XXVH. Gramimes. (Rancul en ChiUen.) Les bords des rivieres & des autres lieuxbu- mides & marecageux, produifent generale- mentun grand nombre de joncs & de rojeaux dont plufieurs ne font pas connus desBotaml- tes.Une efpece de fcirpus, que je nomine (4) fcirpus dychniarius,tet pour faire des meche. ( t) Geranium columb mum. (i) Jacob** kucanAemi vulgaris folic, vulgt nilg^ Nkotian* fol: fM^ * ™*ds ' ^^ f* ScUfusculmo tcrcti nudo ,/ficis ghbofis \uata- Feuille. (3) J&. (4) nis» aux chandelfes. Cette plante arrive a une hau- teur d environ quatre pieds;!a tige en eft arroa- d'e ; elle ne poufle que trois feuiiles enfiformes ^npartentdufommet3&quidonnentnai(ranc; a quatre ep.s globuleux. Les Arauques portent WxfojMj qui fe tiennent annulment dans les poffeffion, Efpagnofes , u„ grand nombre & ■corbe .lie s fa.tes avec une efpece de jonc qui croit dans !es vallees des Andes ; fe tiffi, decei corbe.lleseftfife.e^^,.,^^^^ & on les emploie pour pfefieurs ufages domef- tiqucs. Quoiqu'on m'ait a/fere que ce foit u« pncdontonfaitcescorbeil,es,jecroisp!ut6t que c eft une efpece de canne ; !a fibre zna para trop I.gneufe , & tout le tiflu trop folide. Parmi fes rofeaux (arundo Lin.), dontle ca- ractere eft bien diftinft, fe r^«/^ & Oi£ mente d'etre remarque ; i! y en a de plufieurs efpeces, comprfs fous fenom genera! de coliu. loutes ces efpeces reffemblentau bambou; its ont 1'ecorce lift , dure, & jaunatre ; l'interieur eft fouvent rempli d'une fubftance filamenteufe ; qu. eft un peu plus dure que fe liege; les feuilfes iont Iongues, tres-effife'es, & croiffent fur de pews rameauxdans kfquels fe fommet de ces rofeaux fe divife. Les trois efpeces les plus re- oanjuablesfontler^i, la quila , & fe tokm uq valdivia. t> \j Gfitt t. 12$ Le rwgi'(i ) [ arundo rugi] eft a peu pres de la meme grofleur que le rofeau common de FEurope , qui eft encore affez connu aa Chili. Le rugi , qui fe plait fur-tout au pied des Andes , y arrive fouvent a vingt pieds de hau- teur 3 il diminue confiderablement vers la mer ,' ou il atteint a peine douze pieds. La quila (2) [arundo quila] eft trois ou quatre tois plus groffe que le rugi; mais fes poufTes ne font eloignees Tune de l'autre que d'environ un pied. Le rofeau deValdivia (3) [ arnndo Valdiviana,] On Iui a donne ce nom , parce quMxroit dans le voifinage de'cette villas les poufTes font tres- courtes ; & les noeuds fe touchent prefque ; il eft de couleur orange. Les payfans fe fervent de ce rofeau pour faire des cages & autres petits ouvrages: on 1'emploie encore pour les haies , & quelquefois pour couvrir les maifons. Lorf- que ce rofeau n'eft pas trop expofe a Thumi- dite, il fe conferve pendant aflez long-temps. (1) Arundo calyc: trifloris , foliis fuhulads gla- bris. (a) Arundo calyc: trifloris , fol : enflformihus fir- ratis, (3) Arundo cal/c: trifloris , fol ' : fuhulads pubefcen* ubttSf ■ %l6 HlSTOtRfc NAfURELLfi Les Arauques Font ufage de la quila & du rojealt deFaldivia pour leufs lances. §. XXVIII. Plantes grimpantes. (Voqui en Chilien.) Les plantes grimpantes fe trouvent eti quan- tite dans tous les bofquets. On emploie plu- fieurs des plus belles pour decorer les treillages des jardins. Le topiit (i) merite entre autres d'etre remarque j (es fleurs font du plus beau cramoifijtachetees interieurementdeblancjcha- que fleur, qui eft compofee de fix petales^a en* viron trois pouces de longueur, Cette plante grinipe fur les arbres les plus eleves; fes feuil- Ies font ternees^ d'un beau vert, & de forme ovale ; le fruit qui lui fucc.ede eft cylindrique , d'un jaune obfcur , &: renferme une pulpe blan- che, d'un gout agreable & doux. On y ob- ferve encore la grenadille ( pajji flora tilice- folia ) , le caracvl , la falfepareiUe , Yaljtroerneria falfilla, & quatre ou cinq elpeces de lianes, qui portent ici le nom de voqui ; mais aucune de ces plantes n'eft veneneufe. Une des plus utiles eft le cogul (2) [dolichos fCinarius.] Le (1) Bocki lilUceo , ampliJJImoque jlorc carmeflno, FeuilJe. (2) Dolichos yolub : caule perenni, leg ipendulis pentaf- jpermiSjjbl : ovalibus utrinyuegLbris. r> v Chili. 127 ferment de cette plante eft ligneiftc, de la grot feur d'une ficelle , & fes flairs reflemblent a celui du copiu. Cette plante monte fur les arbres comme le lierre , fans cependant s'attacher. Lorfqu'eile eft arrivee au fommet d'un arbre, elle en defcend perpendiculairement , & plus fa tige s'alonge & s'etend ,- plus fouvent elle monte & defcend d'un arbre a f autre ; ce qui fe repete tant de fois , qu enfin elle prefente une efpece de tiffu confus a l'oeil , qui nereffem- ble pas mal aux cordages d'un vaiffeau. Cette plante linguiiere porte une fleur legumineufe de couleur pourpre jfa goufle eft de la grofleur d'un doigt , d'environ un pied & demi de lon- gueur ; elle contient une pulpe butyracee , douce , d'un gout fort agreable , & cinq grai- nes, comme celles du coton. Le farment de cette plante etant plus flexible & tenace que l'ofier,fert a beaucoup de chofes. On peut en avoir depuis cent jufqua deux cents braffes de longueur, parce qu'elle na pas le defaut de s'enraciner en terre , comme une plante qui lui eft analogue , mais qui nfe fe trouve que fous la zone torride. Les payfans , pour mettre les farmens en ufage, les paffent legerement fur un feuaffez vif ; & par ce moyen , ils leur en- levent Tecorce , & les rendent plus -flexibles; U$ en font des paniers 9 & s'en fervent auffi pour m I2S HlSTOIKE NATUREttfi enlacer les haies & les palifTades : on en a m&ntf fait des cables pour plufieurs vaifleaux , & ils ont montre plus de duree que !es cordages d@ chanvre , parce quils refiftent tres-bien a I'hti- imdite. Les habitans de rArchipeI.de Chiioe empldyent une autre plante nommee pepoi $ pour-en faire les cordages de leurs pirogues j elle reffembleenquelque facon a la precedent'e. Le voqui ouvockiAont parle le P. Feuille , qui ■croit ordinairement dans les bois maritimes , & Yurceolaria (1) , indiquee par lememe Au- teur,ne doivent pas etre confondus avec les , deux premieres efpeces. La fleur de Yurceolaria eft d'un pouce de longueur 9 & fe divife en cinq lobes egaux, d'un beau rouge. M §. XXIX. Arhufm (Ruthon en Chilien.) ; Pavois note 5 dans mon Catalogue des -plantes du Chili, plus de cinquante-trois ef- peces d'arbuftes , & je fuis perfuade que ce nbmbre auroit pu etre .augmente du double, fi j'avois eu Toccafion de parcourir une plus ,.grande ctendue du pays. Chaque province 6c chaque petit canton ofFre quelque variete dans (1) UrccolarUfoliis carnofis fcandens. Feuille. ce t> v Chili, i,2#, ceg^nre de vegetaux, 5c les hahitans en tirent plusou moins d'utilite* L'e'corce & les feuiiles de trois arbiiftes 9 deu(i) 9 thilco & uthiu (2) \ fervent pour teindre en ftoir. Les baies de hjara (3) fourniflent un fuc noir qui (ere d'encre , ainfi que celui du magu (^).Le guajac., qui5 dans ce pays, nepar- vient jamais a la groffeur dJun arbre , fert au tourneur pour plufieurs cuvrages* Les ebe- niftes employent different arbuftes dont j'i- gnore le nom particulier ; mais a caufe.de leur durete, on les appelle bois d'ebene. Le romarin fauvage (y,) etant tres-refineux > fert, coirnne plufieurs autres arbuftes, pour les fonderies de cuivre. Le bois du colliguay (6) [colliguaja* . (1) Coriaria (rufcifol&a) foi. cordato-ovatis feJJJlibus. (i) Lonicera ( corymhofa) corymb is tuminalibus\ foL 4 jpyatiSj 4/eudih Lin-. - (3) Poinciana fpinofa > vulgb tara. Foiille. (4) Pfeudo-acacia foliis mucronatis , florc luteo\% vulgh t$ayu,¥zxk\\\i. (5) RpjfaaHrmp {€hilenjis ) foliis pmolatis. (6) MONOECIA-POLYANDRIA. Colliguaja. Alas. Cal. ^fidus. CoroL <% Stam.S. Foem.-eal ^-fidus. CoroL o.Styli trcs. Capf triangula* fis , i»fperma arbufcula hachin verfus ,famina>i infer ius. Capfulae Uftica* Seminafttk-rotunda magnitudine pi/i* (1) Decahdjiia-Dyginia. Thuraria. Cor. i-petala. CaL tubulofus. Caps : bilocula* tis, 2-fperma* Caulis teres , rimofus , ramofus. Folia alter na , rigidaj petiolata , ovalia , Integra , dccidua. Flares terminates pe- dunculatu Corolla infundibuliformis inicgra , duplo Ior- gior catyce Stamina 10, filiformia, aqualia } corolla brcviora. Anther a didyma. Germ, duo oblonga*Styli fe?&« eei» Stam. longions. d u Chili. 13% fetunes & alongees. Pendant Pete , Pencens fuinte a travers Peeorce de Parbufte , &: on le xecueille fous la forme de petits grains ou Iar- mes, d*un blanc tranfparent, qui s'attachent le long des branches* La recolte de cet encens fe fait en automne, lorfque les feuilles commen* cent atomber; il a le gout fort amer, mais Podeur en eft tres-aromatique. Aux environs de Valparaiso 9 on trouve I'kelianthus turifer (1), dont le tronc ligneux' produit une fubftance refineufe, femblable h Pencens. Le tronc de la Pay a (2) [puya. Gen. nov,] fert de liege dans tout le Chili. Ce vegetal ref- femble beaucoup a Pananas ; fa racirie fait deux outrois pouffes monftrueufes, de forme coni- que , & fouvent de la groifeur d'un homme ; leur hauteur ne pafTe pas vingt pouces ; Pe- eorce eft cpuverte d'ecailles fpongieufes , en- (1) Helianthus caule fruticofo , fol: linear i - lance 9* latis. (i) Hexakdria-Monogynia. Puya. Petala 6 inayualia ? tribus maj,fornicatLS\ caps. %-locularis. Corolla infer a* Calyx o. Stamina fquarnis ne&ariferis incerta. Anther Ja partie interieure de la tige eft de fubftance fpongieufe cornme le liege: au haut , la tige fe divife en plufieurs branches, qui forment une pyramide chargee de feuilies plus petites que les feuilies radicales , & de fleurs jaunes compofees de fix petales irreguliers. Le fruit de &t£e plante curieufe eft une capfule triloculaire , remplie de femences noi-res tres-peti tes ; le ne&aire des fleurs eft toujoursrempli de miel > &parcette r'aifon recherche des enfans , qui le mangent. Dans les provinces Arauquanes , on obferve plufieurs varietes de cette plante > qui fournif- fent du miel en quantite, que les habitans re- cueillent. La foude d' Alicante croit en aflez grapde quantite dans les marais , lelongde la mer; on en retire beaucoup de fel pour les fabriques de favon. Un arbufte rampant (1) , qui croit en (1) Salfola {coquimbana)fruticofay cauL ap/iyllls t caL fucculentis diaghanis* te u C h i is 7jii fm mbondance fur la cote du Coqulmbo^ four'nit du fel pour le memeufage. - Dans'le genre des rnyrtes , le Chili offre feptefpeces5fegaleraent eftimeespar leur beaute & I'ufage qu'on en fait. Une des plus utiles edtYtigny des Indiens; les Efpagnols la nom- ment murtilla (i) , & les Fran§ois? qui font decouvert en dernier lieu aux Ifles Malouines 5 lui ont donne le nom de lucet mufcat (2). Cet arbufte , qui acquiert pour Tordinaire une hau- teur de quatre pieds , reflemble beaucoup au fcmyrte de Tarente ; fes branches font , de meme que fes feuiiles^ oppofees deux a deux- les fleurs font blanches ,'. a cinq petales ;ie calice y qui devient a lafuite une baie ronde ou ovale , a la grofleur d'une petite prune de eouleur rouge, couronnee de quatre points vertscornme la grenade ;Todeur de ce petit fruit eft aroma- tique , & on le fertt a une tres-grande diftance ;• les femences font brunes & plates. On fait de ces baies un vin de liqueur eitremement agrea- (1) Myrtus (ugni) jtor. folttariU , rarftis oppq/itis $ foL ovalibus fuh-fejffilibus* « Myrtus buxi- folio , fruEtu rubra , vulgo murtilla*. Feuille. 1 (i)-Pernetty , Voyage auxliles Malouines 3 Sec. , t. II <; liii f?4 Histoids Naturelle ble , & d'un parfum fingulier 5 il oe fe darifie que lentement ; mais quand tine fob if a dcpofe, if devient clair, & fe conferve pendant aflez long- temps (1). Depuis que Ton cultive h vigne , on a entierement neglige les arbuftes 9 dont ks fruits fourniffoient , avant Pamvee des Efpa- gnols, des fucs vineux aux habitans.Je remar- querai encore en paflant deux efpecesde figulers d'IndeC opuntia), que les Chifiens nomment tunc, qui produifent de tres-beaux fruits , plus gras que les meilleures figues d*Europe. Nombre d'arbuftes ant de tout temps e te em- ployes par les Medecins du pays , eomrne des medicaroens efficaces , & feiirs vertus orrt ete depuis conftatees en Europe : de ce nombre effi iQcullm (2) [pforalea glandulofa], dont les feuittes font regardees comme un puiffant ver- mifuge, &un des meilleurs ftomachiques: or* lesprenden infufion^ & leur gout aromatiqaie fait que plufieurs perfonnes les preferent ats the , auquel on pourrok les fubftituer. Get ar- bufte eft origirraire du Chilly il y crott natu- (t) Herrera , Storia deW Indie , dec. 9. L 9. (i) Pforalea , foL omnibus ternatis , folio/Is ovate** hneeolatis , JpU. peduncidatis. Linn. « Bavbajovis tripfyllu ^florc ex Mo & cozmleo varh^ vidgo cuihn* Feuille* *) tt C h i t li *if itcllcment , &- arrive fouvent a la hauteur dun arbre mediocre. On y obferve encore une va- riete , a laquelle on a donne le nom de cullen jaune (i), £ caufe de la couleur de fes feuiMes ; celles-ci font ternees comme celles du prece- dent, mais fi deUee* & crepues, qu'elks fer- ment au haut de l'arbre une efpece de touffe globuteufe , qui fait fouvent piier les branches de Tarbre. Les fruits de cette variete font legu- mineux , & la graine folitaire. Les feuilies de ces deux piantes font vulneraires, & tres-balfanu- ques (2). Le guaicuru (3) [plegorrhiza guaicuru. Gen. nov.~] Get arbufte croit dans les provinces boreales; fa racinc eft employee comme un re- (1) Pforalea ( lutea ) fol. ternatis^fafciculatis ; foUotis 0Vatis rugofis ,fpicpedunculatis. (1) Frezier , Voyage , torn. I , pag. 105. (3) Enneandria-Monogyuia. JPleghori^a , call o. Cor: i-j>etala. Caps. 1- [ocularis ft-fperma. Caulis lignofus. Folia radicalia U eefpitem congejia3 fetiolata , ovalia.fimplicia jj Integra. Ramea fejjilia , ovata . Flares terminates .pcdunculati ,plurimi. Corolla monope- talaintegra. Stamina 9 breviflima. Anthem oblong*. Ger« menorbiculatum. Stylus cyllndncus longitud. ftaminutn. Stigma /implex. Capfula ohlonga comprefflufcula. Semem unitumoblongum^ fub-ccmprejjum* 1m 13ArbuJcuLi ramts paiaiiuhus ^Jlorcs£cJu./iciiLui_: fafcfc udu ti ifp^rjl) fatci* d ' u C k i i i« i\% in cinq petales , font rempiacees par line petite baie qui fertd'en-veloppe a deux outroisgrair nes uniformed. ■ Le palqui (i) f ceftrum noclnmiim* ] Le fuc des feuiifes eft regarde comme fpecifique dans leshevres ardentes; & quoiqu* atner au gout, il eft tres-rafraichHfant. Les Pay fan's etcient au- trefois dans la prevention que les.feuilles de cet arbufte etcient veneneufes pour les betes a comes > mais -Ids' experiences nioderrres ont de- trull cette. opinion. Le palqui reflemble , pour la forme exterieure & pour l'odeur ] au fureau ; mais les feuiiles en font fimples I alternes, & oblongues 5 les fteurs en corymbe , jaunes , ref- fernblent aux fieurs du jafmin ; il produit da •petites bales ovales, de couleur viblette. Le bo is du tronc eft tres-fragile i les Indiens le prefe- renta-tous les autres bois pour allumerleur feu, aqubt ikparviennent en faifant tourner rapi- (1) Ceftrum floribirs pedunculatis. Linn. Arbujcula 2-Fedalis. Caules flurimi Jiftufofi > ere®. , teretts , acukati > fuperni dickotomi. Folia alzerna ,. p.- tiolata oblong, Integra, venofa , camofa ,. 4- poUhari*. Flares corymbofi pedunculaiL Calyx pfiduz coroMa bre- vier. Corolla monopeuU , infundibulijormis , limbo j>Um 5 * variho \ JldVcjiefis, Bacca oralis violac^ m ill -1.-38 HlSTOIRE Naturelle dement une baguette de ce bois dans un tro$ pratique dans un autre roorceau. Parmi les arbuftes dont on fait ufage en me* decine, on peut encore compter la caffiafena, qui ne differe point du fene oriental. Elle croit en abondanctf pres la fource du fleuve Maypos dans les endroits marecageuxfe trouvent encore plufieurs efpeces defauge. r« §. XXXI* Jtrbrcs* (Alihuen en Chili&u) Les forets du Chili ne prefentent pas moins tine grande variete d arbres 9 dont la plupart ne perdent prefque jamais leur feuitfage. Le nom- bre des efpeces bienconnuesva jufqu'a quatre- vingt-dix^fept, parmi lefquelles it nyy en a qu£ treize qui fe depouillent de leurs feuilles. Plu- fieurs de ces arbres fe diftinguent par leur adeur agreable , & meriteroient une culture plus foi- gnee (1). Jene ferai qu'indiquerceux qui font connus en Europe g & qui fe trouvent dans pr e£* que tous les jardins botaniques; mais je don^ neraiune defcription plus detaillee de ceuxqui fontmoins connus, ou qui fe diftinguent pa^ des fingularites remarquables. (i) Frezier , Voyage, torn. I , pag. 137 , &c r> u Chili. *39 Les vallees des Andes produifent naturelie- ment le cypres , le cedre blanc odorant, le cedre rouge ou alerts (i) , plufieurs efpeces de che- nes & de lauriers. De tous les arbres , le cedre rouge acquiert la plus grande hauteur, & une grofleur proportionnee : dans TArchipel de Chiloe, on en trouve d'un fi grand volume, qu un feul arbre fournit depuis fix jufqu'a huit cents planches de vingt pieds de lon- gueur (2). Dans les autres provinces , on trouve diffe- rentes efpeces d'arbres ; favoir , le faule 9 le molle, le cierge du P droit, f "or anger fauvage § le fioripondio , la canndle blanche , le carubier , le maqui9\2L lama, efpece de myrte, le murier, le cirimoia, le tamarin ; dans l'tile de Jean Fer- nandas, Ufantal rouge , jaune & blanc; le bois jaune ou le fagus lutea , & une efpece de poi- vrierdont le fruit eft inferieur au poivre des lndes, & dont j'ignore le genre. (i) Pinus (cupreffoides) fol. imbricatis^cicutis. (a) j;ai obferve , en paffant da Chili en Europe , que 1'eau que nous avions a bord de notre vaiffeau , dans des barris faits avec le bois du cedre rouge , syeft confervee |>lus long-temps que cdle qui ecoit dans les autres ba- rils. Quoique cette eau eut pris une couieur rouge , te goutn'ea foil point altere ,& elle paroiffoit auffi fraiche tju'unc eau nouvelleraent puifee. ft Le theige (,) ou Ie faule Chilien $£* CMm-f >); il diftere du faule Europeen par Ies feuilles qui font entieres , petites , & d'un vert fStMtS* Cet arbre fournit annuellement tine grande quantity de marine ; Ies habitans fe fervent en- core de 1'e'corce , done on vante la vertu febri-* fuge. Le molle. II y en a de deux efpeces, le com- tnun, fckirtus molle, qui croft pour l'ordinaire dans Iesmarais, Mefihinus huigan(2), qui croft mdifFe'remment dans tous Ies terreins, & dont Ies feuilles font plus petites que celles du pru- mer. On fait, avecles baies de ces deux ar- bres ) une efpece de vin rouge, agreable au gout, mais tres-e'ehauffant. U ckrge prefente deux efpeces , le ciergedu. Pdrou (caftusPeruvianus), & % ckrge de CW quimbd(3j (Caaus Coquimbanus.) Les epines de la premiere efpece ont pres de huit pouces de longueur, & fervent aux femmes commtj d'aiguilles a tricoter. (ij Salixfol: inKgerrimis, gUbris , Lnceolatis, acumi^ (i) SMnusfal:Finnaus ; foliolis fcrratis , pstialftisf. imparl. brcvij/tmo. (?) C.,aus erellus , longus i o-anguLris : angulis obtu* /is ,/pirJs longijjimis, rcdis. TCI B U C H I LI, *4* . \jt fioripondio (i) [datura arborea.] Cet arbre eft tres-eftimable ■; a caufe de la beaute de fesfleurs, dont Todeur ambree fe fait fentir a une grande diftance (2). Le tronc s'eieve ordi- nairement a une hauteur de douze pieds j mais fon diametre pafle rarement fix polices* finte- rieur en eft moelleux. Les branches de cet arbre s'unhTent par le haut en forme fpherique , dont Teffet eft charmant ; les feuilles font velues ; & prefentent i'image dun cceur alonge $ les fleurs fe tournent en forme d'entonnoir , ayant le limbe divife en cinq lobes pointus, de couleur blanche , &~ il faut encore ranger le caven \ le quillai , le lythi 9 le may ten, & Xstemu. Le caven (1) [mimofa caven. ] Les Efpa- gnols le nomment fpino ; il reflemble a Vacacia folio fcorpiodis leguminofe de TEgypte; fon troiic eft tortueux & folide ; Tecorce en eft noire Sc crevaffee , les branches eparfes * garnies d'epi- nes, les feuilles difpofees par paires fur un pe- tiole commun , long de deux pouces ; les fieurs, quoique flofculeufes jaunes , & formant un bou- quet globuleuxcomme celles de Vacacia nilotica, en different en ce qu'elles font immediatement attachees aux rameaux qu'elles couvrent en- tierement ; Todeur en eft extremement agrea- ( 1) Mynus pedunc: multiflor : fol : alter nis fub-ov all (i) Mimofa fpinis ftipularibus patendbus Jol: bipin mtis , fpicis globo/is, vertkillatis, fejjllibus. . t^'S HisTbiEE NaturbelI ble, La filique qui fuccede a la fleur 9 elide troii ou quatre polices de longueur, prefque cylin- drique , d'un brun obfcur , & renferme plulieurs graines o vales, roarquees d'une ligne jaune, qui font enveloppees dans un mucilage aftrin- gent, dont on psut fairs de 1'encre. Le caven croit fans culture dans toutes les .provinces me- diterranees du Chili, principalement entre les 24e '■•& 37* degres de latitude , ou fon bois fert dechauffage.il aimeles terrains gras,& il y arrive fouvent a la hauteur d'un chene; fon bois eft dur, compa&e, d'un brun obfcur, veine de Doir & de jaune , & prend un beau poll. PIu- fietars Artiftes s'en fervent pour en fake les Blanches de leurs inftrumens. Lequillai(i) [quillaja faponaria. Gen. nov. ] (l) MONOECIA - POLYANDRIA. r=Quillaia , Mdfc. caL 4-phyllus. tCor. cu Stamina it; Fcemin* caL ^phyllus. Cor. o. Sty 11 4. Caps, ^.-locu-* laHs y femina folitaria. « Folia altema , ovato-oblonga* » indivifa , derauulata , femper -virentia , pedoiata. Pe- st dunculi axil/ares. F Lores mafculi & feminei in eadetn ttramo. Calyc.folioL oblongis perjiftentibus. Scam rcapil- » larialong: cabycis. Antherx fab-rotunda: . Germen fub~ vrotundum. Styli JubulatL Caps, fub-quadrata » . J'ignore , d'apres ladefcription que TAuteur donne ici, quel eft l'arbre dont il parle ; mais fai vu les fruits du quite laja du Chili , & qu'ori m'a donne audi fous le nom de g&rtex faponarius ? rapporte par M. Dombey. Or ess D V C K t L 1* T4? Cet arbre , dont le tronc acquiert une hauteuc plus que mediocre , eft couvert d'une ecorce epaifTe , d'un gris cendre ; il fe divife par le hauc en deux ou trois branches, qui portent des feuilles fembables aux feuilles du chene vert ; fes fleurs font de merne a etamines ; mais la graine eft renfermee dans une capfule quadri- loculaire. Le bois du quillai eft tres-dur , & ne fe fend pasaifement: c'eftpourquoi Ies Payfans en font leurs etriers ; mais ce qui rend cet arbre plus precieux aux Chiliens , c'eft lecorce, la- quelle etant pulverifee & melee a une quantite fuffifante d'eau , ecume comme le favon , & fait le meme effet pour degraifter les laines & au- tres etoffes. Le commerce qu'on fait avec cette ecorce eft aflez confiderable ; les Peruviens fur-tout en emportent beaucoup. Le nom de f arbre eft derive du mot Chilien quillcan , ce qui veut dire laver (i). fruits font compofes chacun de cinq capfules , difpofees en etoile dans un calice commun , 8c chaque capfule eft uniloculaire , & renferme beaucoup de femences ailees par un bout. Ces capfules font d'environ cinq ou fix Jignes , veloutees ou cotonneufes en dehors , & s'ouvrent par leut coteimerieur; le calice commun , qui ell perfiftant , eft monophille , prefque plane , & dmC6 jufqu'a moicie e^ cinq lobes unpeu pointus.G. (i) Frezier, torn. I? p. 10$, Kg •'•#1 •■sap if T4'8- ■ HisTbfRt Naturilii' Le //Vfti (2) .[ laurus caufti-ca ] eft r'epandu datii tout le pays ; c'eft une efpece de laurier de moyenne hauteur ; fes feuilles font ovales, ri- dees , longues d'un pouce , d'un vert obfcur; Jes flcurs , quoique tres-petites , & les fruits, reffembient a ceuxdu laurier commun. Les exha- Jaifons de cet arbre , fur-tout en ete3 caufent des enflures douloureufes, & des ptiftules aux perfonnes qui fe mettent fous fon Ombre. Les parties decouvertes , comme le vifage & les mains , en fouffrent plus que les autres \ & quoi- que Teffet n'en folt pas mortel, il ne laiiTe pas d'etre tres-incomrnode. On a cependant remar- que que cela varioit d'apres les conftitutions. II y a des perfonnes qui n'en relTentent prefque tien j pendant que d'autres ? qui ne font que paffer dans le yoifinage de cet arbre , en font vivement affedees. Pour couper cet arbre, il faut ufer de beaucoup de precaution ; car fon fuc vifqueux eft extrernement cauftique. Le bois deffeche perd toutes fes qualites malfai- fantes, & on Temploie alors dans les ccnftruc-* tions; il eft d'un rouge agreable, veine de brun; fous l'eau, il acquiert une durete eton- Dante 3 qui pourroit le rendre tres-utile dans la (1) Laurus foL Qvdibus ,rugofis,j>Qrennantibus ,jlor» %nadrifidis* d v Chili; 10 fconftru&ion des vaifleaux (i). II ne faut pas confondre cet arbre avec le bollen, un des plus beaux arbres du pays , qui croit ordinairement dans le v.oifinage'de la mer, mais que je crois un vrai poifon. Cependant les Medecins en or- donnent quelquefois les bourgeons enpoudre, a la dofe d'un demi-fcrupule , camme un vomi- tif puiffant.Le fuc de cet arbre n'eftpaslaiteux; fa couleur eft un jaune qui tire fur le vert. 3'ai vu cet arbre hors du temps de la floraifon > c eft pourquoi je ne peux point en donner la defcription. Le may ten (i) [ maytenus boaria. Gen. nov. ] croit par-tout oufe trouve le lithi. Ce bet arbre, qui conferve toujours fon feuillage toufFu , eft T antidote du lithi ; fon tronc s'eleve rarement au .dela de trente pieds ; mais les branches , qui commencenta la hauteur de huit pieds, forment (i) Feuille , journal , pag. 33. (l) DlANDRIA-MONOGYNIA. Maytenus. Cor. 1 -petala campanulata. Calyx 1 -pliyllusl Caps, i-fpcrma. a Arbor femper virens. Folia fub-petiolata , laneeolata ; ». oblonga, denticidata. Flores fparjfz ,'feffilcs. Calyx he- » mifphericusperfiftens. Corolla Integra calycis magnitude » ne. Stamina z. conica , corolla paulo longiora. Antheros » oblongce lutea. Germen oblongum. Sty I. cylindncus* » St/gma obtufuitii Cap fit la rotunda ». Kiij iiyo Histoire Naturelle un fommet d'un afped infiniment agreable leS feuilles font dentelees, pointues par les deux ex- tremites, longues d'en viron deux pouces, & dyun vert tres brillant : la fleur eft monopetale, cam- paniforme , de couleurpourpre , mais fi petite, qu'on ne peut la. diftinguer que de pres ; les fleurs couvrent par-tout les nouvelles poufTes. Le fruit prefente une petite capfuleronde , qui renferme une feule graine noire. Le bois du mayten eft tres-dur; il eft de couleur orange, picote de rouge & de vert. Les betes a cor- nes font tres-friandes de fon feuillage, & Pef- peceferoit probablement deja detruite, fi les haies & les precipices ne garantiflbient les jeu- «es arbres. Le temo (1) [temus mofcata. Gen.nov. ]Cet arbre, qui eft tres touffu , a des feuilles alter- nes, liffes , d'un vert clair ; les fleurs , qui font ou jaunes ou blanches > felon les difFe'rentes va- (l) PoLYAWDRIA-DlGYNIA. Temus , cal yfidus. CoroL iS-petala. Bacca dicoeca. cc Arbor fempervirens. Folia alter na , petiolata , ovalla , *> nitida , bipollicaria. Flores pedunculati terminales. Ca- » lyx laciniis obtujis. PetaLi linear ia longifltma. Stamina » z6,fetacea corolla duplo b rev ior a. Anther afub- glob o fee . » Germ, duo ovata. Styli Jimplices. Stigma Jimplicia. Se~ vminaarillatan. jjp n v C h r l f. rp tlefes defarbre, font divifees en dix-huit pe* tale? etroits , de deux ou trois pouces de lon- gueur. Les graines de cet arbre reflemblent au cafe , 3c pourroient etre employees corame te!V fi une certaine amertume n'en rendoit Tufage defagreable. L'ecorce du tronc eft jaune , fe bois gris , tres-dur , & de fort bon ufage pour plufieurs ouvr3ges. Lepatagua (i) [ Cinodendron patagua. Gen* nov. ] Le bois de cet arbre eftblanc, & facife a travaillerjmais onen fait peudecas. On eftime Tarbre a caufede fesfleurs, qui, quoique petites, reflemblent, pour la forme &P6detnr, aux lys» Les feuilles , qui font oppofees deux a deux, fontlanceolees, & decoupees en fcie, d'un vert clair. Le tronc de Farbre acquiert fouvent une telle groffeu* , que quatre liomtnes peuvent a peine fembrafTer. Si Ton compare le Chili aux prqvinces de yAmerique fituees entre les tropiques, on peut (r) Monadelphia-Decandrxa. Crinodeniron, monogynia* Capfula y-gona y^-fperma, e< Arbor fempervirens. Folia oppojlta petiolata , lanceo* i) lata , J "errata. Flores pedunculati fparji. Cat. o. Corolla » campanulas. Petala 6 , ere&a patentza. Filamenta io? » connata in cylmdrum^ Germm ovatum. Stylus fuhul » tus »• 1^2 HlSTOlRE NatOKELXE dire qu'il neproduit que peu d'arbres dont es fruits foient comeftibles : les principaux font ie cocotier , k pehucn, le gevuin , k peumo, & la fa cuma. Le cocotier (i) [palma Chilenfis.] Dans les provinces de .Qiii/kr* , ^%g^ , & Made , on trou ve des bofquets immenfes de cet arbre , qui differedesautresefpecesdumeme genre par la petitefTe de fes fruits, qui font rarement plus grands quune noix ordinaire. Le tronc de cet arbre resemble , pour la hauteur & la grofTeur 9 a celtii du dattier ; il eft fans branches , & par- faitement cylindrique , couvert , dans fa jeu- nelTe , paries petioles des feuilles, qui tombent amefureque Tarbre augmente de volume; ce qui fe fait tres-lentement dans cette efpece. Les feuilles & les fleurs font parfaiternent analogues a celles du palmier ordinaire ; ces dernieres font monoiques, attachees a des grappespen- dantes des quatre cotes de l'arbre. Etant jeunes, elles fontrenfermees dans une fpathe ou game ligneufe , qui fe fend a mefure que la fleur s'accroit. Lorfque le fruit commence a pouffer , la fpathe fe divife en deux parties hemifpheri- ques d'environ trois pieds de longueur fur (i) Cocos inermis , frond > pinnatis ,foliolls compile mIs tnfiformibtis , fyadicibus quaternis. ChiL Gliiia. D u Chili. *f$ deux pieds de large. Chaque grappe porte plus de mille coques , & rien n'eft plus beau que de voir un de ces cocotiers couVert de fruits , qui font, pour Tordinaire , ombrages paries feuilles fuperieures , qui fe recourbent en arc vers la terre. Les fruits font couverts de deux ecorces', comme le coco des tropiques; la premiere eft calleufepar dehors, de couleur verte , qui fe change peu a peu en jaune; Tinterieur eft garni d'une efpece d'etoupe filamenteufe. La coque interieure eft ligneufe , tres-dure , de forme ronde & lifle ; le noyau auroit de la peine a germer dans une coque aufli dure , fans les deux troncs qui fe trouvent au haut de la coque, & qui ne font couverts que par une membrane fragile. Ce noyau eft fpherique , un peu concave par le milieu, tres blanc , d'un gout fort agreable. Lorfquil eft frais , il eft rempli d'une liqueur laiteufe, qui eft tresra- fraichiflante. On porte tous les ans un grand nombre de ces fruits au Pe'rou , ou ils font fort recberche's. L'huile que Ton tire <1qs noyaux par l'exprefiion , eft bonne , & fort en ufage. Les fpathes fervent de poches aux Pay- fans, pour y mettre de petits effets, les feuilles pour en faire des balais , .& pour couvrir les cabanes, Les bourgeons fraichement coupes *J4 HlSTOIRE NATURIttE donnent beaucoup defuc, qui,e'tant e'paiffi , donne un fyrop plus agreable que la canne a fucrermais 1'arbre perk ordinairement apres cette deration, Dans la province de Copiapo , on frouve en- core !e dattier ; mais je ne faurois dire s'i! y croit naturellement, ou s'il y a e'te tranfplante. les Ifles de Jean Fernandas produifent une efpece de palmier , quel'on nomme ckonta, dont le tronc eft creux, comme le font ordinairement les palmiers; le bois en eft noir, & auffi dur que l'ebene. Un autre arbre, dont la forme ex- terieure approche des palmiers , croit en quan- tite' dans la province de Maule; les feuilles partem immediatement du feaut du tronc ; ellesreflemblent aux feuilles du bananier. Les quatre grappes que cet arbre porte , paroiuW tres-refineux, & 1'ecorce en eftverdatre & liffe (i), parce que Ta&re, a mefure qu'il s'eleve, fe depouille entierement des petites branches & feuilles , dont il eftcou- vert dans fa jeuneffe. Lorfqu'il eft arrive a la xnoitie de fa hauteur \ il pouffe quatre bran- ches durables 9 oppofees en croix , & parallels a rhorizon ; la pofition de ces branches forme par confequent quatre angles droits : les qua- tre branches qui fuivent , font dans le meme plan de pofition que les premieres ; mais elles font plus courtes , & diftantes des premieres (i) Jeremarque queM. Molina attribue a I'arbre dont il eft queftion , une ecorce lhTe. Cependane, d'apres le troncon d'une branche garniede fon ecorce , repporte par M.^Dombey , & depofe au cabinet da roi , M. le Chevalier de Lamarck obferve que Ecorce eft double, & que Tex- terieure eft epaifle, raboteuie , crevaftee , ridee , prefque femblable a celle du liege, par fon afpecl.p. i 156* Histoiee Naturelle d'environ quatre ou cinq pieds; toutes les au- tres branches diminuent en longueur a mefure qu'elles s'approchent du fommet , qui finit en pointe. Les extre'mite's de toutes ees branches s'inclinent perpendiculairement ; ce qui donne a cetarbre la forme d'une pyramide quadran- gulaire, Cette forme pyramidale devient en- core plus parfaite, par le riombre de petits ra- meaux qui partem late'ralement des branches principals , toujours difpofees encroix, & de- croifient infenfiblement vers l'axecommun. Les branches principales, aufli bien que les rameaux, font garnis tout autour de feuilles perfiftantes , -emboitees l'une dans 1'autre , d'environ trois pouces de longueur fur un pouce de largeur. Ces feuilles ontla forme d'un ceeur; elles font -convexes par-deffus, tr£s-luifantes; & fi dures, qu'elles paroiflent du bois. La fleur eft amenta- ce'e, & reftemble parfaitement acelle du pin ; le . fruit a la gofleur d'une tete d'homme; il eft fpherique, ligneux & life , fufpendu a un pe'- tiole tres-court ; des e'cailles minces le divi- fent inte'rieurement en plufieurs loges, quiren- ferment les pignons deux a deux : ces pignons out environ deux pouces de longueur; ils font gros comme le petit doigt, de forme conique , d'un blanc tranfparent, &couverts d'une pelli- cule femblabiea celle du marron , auquel el'es m u Ch i 1 1: ip feflemblent encore pour le gout , quoique d'une fubftance un peu plus dure: on les mange de la meme maniere que. les marrons. Par ces proprieties, cet arbre a dela refTemblance avec le pin , le thuya, & le chataignier. La refine qui fuinte a travers Tecorce , eft jaunatre , & fon odeur eft des plus agreables ( i ). (i) Ceft tedombeya Chilenjfis de M. le Chevalier de ^amark. (PV.Diaion.de Botan., vol. II, pag. 301.) Cet arbre ireft point un pinus , corarae le dit M. Molina. Cell un nouveau genre bien caraderife par fa fru&ifica- tion 3 & tres-diftingue de tous eeux que Ton connoit. En rfet , outre que fes fleurs font dioi^ues , elles ont cela de . tres-particulier , qu'elles naiflent fur des chatons (ftrobili) <|ui none point d'autres ecailles que Celles produites par les parties genitales m£mes , les appendices en crochets qui terminent les fuppbrts des etamines formant les ecailles du chaton male , tandis que celles de la femeile font for* eiees par Tune des deux valves de chaque ftigmate. Les fruits de meme font finguliers , en ce qu'ils ofFrent de^ros cones ovales, arrondis, compofes chacun d'un grand nombrede femences alongees , fixees ana autour d'un axe coramun. Ces femences confequemment ne viennent point deux enfembie dans I'aillelle de chaque ecaille du cone, comme dans les pins , puifque le cone du dombcjya n'a point d'ecailles. M. le Chevalier de Lamarck eft le premier , &. meme le feulquia dea.it la fru&ification firiguliere de cet arbre. Ii fa fait d'apres des echantillons rapportes a Paris par M. Dombey. Cet Autejir m'afait voir les parties ftparees £|8 HlSTOIRE NATttKBLtE Legevuin (i) [gevuina avellana. Gen. nov. | Les Efpagnols nomment cetarbre av«««w ou noifetier , a caufe de fes fruits ; il croft dans les marais& dans les plaines qui font fituees au milieu des Andes , ou il arrive a une hauteur me'diocre; il a des feuilles aileesavecimpaire, comme lefrenej mais les folioles font un peii plus arrondies , plus folides , & legerement dentelees. Ces feuilles font difpofe'es a quatre ou cinq paires fur un pe'doncule commun. Les fleurs font blanches , quadripe'tales , & atta- ches deux a deux a une efpece d'c'pi qui fort de la partie concave des feuilles. Le fruit eft rond , de neuf ligues de diametre , couvert des chatons miles &des chatons femelles.d'apreslefquelles il a fait fa defcription. Ilfaut lire , dans 1'Ouvragc meme, les details que TAateur a donnes de la fruaification fin' guliere du dombeya. (t) Didynamia-Angiospermia. Gevuina. C.*/. o. Cor. 4-petala. Capful, r- /ocularis cor i ace a* Wrborfimpervirens, 18 feu. zo pedum. Folia pinnae* sum tmpari , foliods 8,fiulo, petiolocis ovalibus , gU. bns,fubdentatis, nonnaUis auriculatis. Spic'a axilUes; jiores binau , quorum plurimi fteriUs. Corolla alba, fub- cruczata ,peta/a obmfa. Stamina duo breviffima , duo pe- talis paulo breviora. Anther* oblong* incumbenus. Ger. tnenfub-rotundum. Stylus filiformis Jlaminibus longior. Stisma eraJTiufculum, x> u C h i l t: t0 iTune coque coriace : cette coque eft verte donY Pecorce -eft mince comme celfe des pothmes1. Ce fruit eft originaire de la Jamaique , d'ou les Efpagnols Tout porte en Europe; mais il eft probable que le cuchugna 3 "qu/i eft de la meme efpece que la precederite, aete cultivee long-temps aVant ^arrives des Efpagnois. 3'ai parle, dans le fecond livre de cet eftai , & le terrain paroi t lui convenir par preference i les bofquetsibntremplis de yignes fauvages, que <* h r l r. jH Jjft Je$ oifeauxy ont femees > &c quoique fans cul- ture , elles portent du raifin , Sont les gens de la campagne font unraflez bon vin. Les raifins des vignes cultivees ont toutes les qualites ne* ceffaires & agreabtes ; & depuis les fiontieres du Peroujjufqu* au Maule, on tient les feps a une hauteur de trois ou quatre pieds, attaches a des pieux: au del^ du Mauley & jufqu a fltate, les farmens font couches fur la petite dies col- lines. Les raifins les ptes eftmies font ceux qui viennent le long du fleuve It ate i le vin quon en fait eft ordinairement rouge , genereux , & le meilleur de; tout le Chili ; & pour le gout , ii ne le cede a aucunvin d'Europefi). Qn en en- voie tous les ans une grande quantite au V£- touy mais comme on le tranfpqrte-Hans, des vafes qui font interieurement enduits dune efpece de poix minerale , le vin perd beaucoup de fa faveur agreable & de foil fumet. Le vin mufcat du pays eft/ d'apr^s Ullo? 9 tfauffi bonne qualite que le meilleur vin d'Ef- pagne (i), Tous les vins ont en general beau« coup de feu, & on enconfomme beaucoup pour {aire de Teau^de-vie. Les vendangesfe font iux ,(t) Feaille3ltpm.IIypag.547.»uboiq3n5iV &JL (4 Uiloa >Viag, torn. Ill, part-* , l ijpr.^, *-\ ' L'iiJ- ifBl 36$ Hi s to :he N at ure lie piois cTAvril &. de Mai; II y a environ vingf-* cinq ans que Ton a decouvert > ■ Vm , Infhcks , Reptiles , Vmffons > Oifeauxj & Quadrupedes du Chili. Le Chili neft pas tout a fait auffi ricke en animaux que les autres pays de TAmerique :^ la claffe des reptiles , par exemple \ n'y eft point nombreufe,& i'on compte a peine trente-fix efpeces de quadrupedes indigenes. La clafiTe des vers, infedes, poiffbns & oifeaux ,fontceltes qui renferment le plus d'individus. Je croisce- pendant que ritalieeft plus riche en infe<3es , &"quele Chili nourrit un plus grand norhbre de vers, fur-tout des marins. Toute la cote de lamer Pacifique eft riche en zoophites & vers molufques, dont un grand nombre neft point §. XXXI. Vers molufques. (Lavquentu m allien.) ZTpyura (i) [Q^ura- Gen.mp.] eft un vers (i) Pjyura corpus coakum , nidulans ; frobofcides blna '170 H I S TO I R E N A T V ■& EIIB remarquable par fa forme , & par la maniere don't il fe loge. Cet animal , qui merite a peine ce nom \ a la forme d'une poire ; fonplus grand diametre eft-d'un pouee. Je- crois pouvok le comparer a une petite bourfe charntte, de forme prefque conique, remplie d'eau falee , de coo- leur rouge | ayant a la partie fuperieure degx trompes trescourtes, dont Tune fert de bou- che \ & Tau tre d'anus. Entre les deux trompes £ on apenjoit deux points brillans coirs, que Je fuppofe etre les yeux. II m'a ete impoffible de decouvrir des organes, ou des inteftins fepares de la fubftance de lamma! 9 qui y par dehors ? eftliffe, & en dedans mamelonne. II ne man- que pas au refte de fenfibilite; car des qu'on le touche 9 012 qu'on le tire de fa loge > il fait jaillir avec force par les deux trompes Teair dontil eft rempin Cet animal .3 ou plutot ces animaux, car £ — '-"■•' ii terminates , perforata. Oculi ? Inter probofcides. ^nusproximumAJcidi*. ■ j. " C eft une vraie afcidie , par corifequent c'eft une efpece, mais non pas un genre nouveaur Je tiens un de ces vers Levant moi , que M. Dombey a rapporte du Chili ; i'ls font enfiles , en forme de chapelet, fur un cordon. J 'en at , laiiiolli .dans de 1'eau , qui rn'ont pretence' l'aniiual celcps l'Auteurled&ricG ■D U G H IB I. |g J7T ilsvivent toujours en fociete , habitent.uap efpece de ruche coriace, dont la. forme, varies elle ne prefente a l'exte'rieur aucune ouver- ture ,& paroit exaclement fermeev interieure- *nent elle eft divifee en dix loges ou plus , par le moyen de fortes membranes. Chaque mdi- vidu a fa loge dans laquelle il mene une vie fo- litaire,fansaucune communication vifibleavec fes compagnons., & -prive de la liberie d'en for- tir, quoiqu'on n'apercoive aucun ligamen.t quile tienne attache a fa loge. D'apres cett,e maniere de vivre , l'on cqncoit facilement que ces vers doivent etre hermaphrodites , de la premiere efpece , ou de celles qui produifent leurs femblables fans accouplement , comme le? coquilies. Jefuis faehe de ne pouvoir donner une notice plus circonftancie'e au fujet de leur pro- pagation , qui , vu la maniere dont ils font ren- feme's, parott affez difficile a expliquer : j'ai qukte ma patrie dans un temps ou les notions que j'avois la - deffus etoient tres - impar- faites. Les ruches, qui fervent d'habitations a ces vers, refiemblent a unalcyomum ; elles font at- taches auxrochersfous l'eau, dont les vagues les arrachent & les jettent fur le rivage. Les habitans du Chili man gent ces vers, ou boudhs r*7* HfSTOlRE NATtJKlLLE dans de l'eau , ourot^^ainsjeur ruche, Lor£ qu'ils font frais # ils pnt le gbu^des langouftes* on en feckeitou^ fes aosune grande quantite , que Tpn envois aa Cujo , qii ils font tres-re- cherches, Je crois que Panimaf dont parte Ko/£e dans fa defcription du Cap , foiH^ nom de Fontaine de mer, eft de la meme. fa- XniIfe*Juf ?ioii 'TlfrlO r'ih ^m ^r:;irt! cr,;^* ' *-? uw 13UI £X 2n£D 3VU013 flD Differentes efpeces d'hdothuries^ fur-tout Vhohthuria phyfalis ;., ou la galere ;, fe trouvent fouventfurle rivageoules: vagues les jettent Ce molufque^ que plufieurs Auteurs ont ,de? critfous le mom d'brtie de tner, a caufe de rinflammation qull caufe a fapeau, quand on le touche , a la forme & le volume d'une veffie deboeufremplie d'airiil eft garni, dans fa par- tie inferieure^d'un grand nombre de tentacuies ibranejius, & entrelace's fes uns dans les autres ;, au centre defquels fe trouve la bouche, qui parolt difforme, Ces ten tacufes font de diffe- rentes couleiirs rouges^ violets; ou bleus; h peau qui forme la veffie , eft tranfpa- :Tenxev& paroi tformee de differentes fibres Jongitudinafes & tranfverfafes* dans rinterjeur defquelles on apergoit un mouvement periftal^ tique. Le fommet de cette veffie eft orne d5une membrane en forme de crete, qui fert --•■ • *™ ...... . .• . v TCf5" ti^8ttfr? depuis la tete jufqu'a la queue , d'une feconde peau traniparente en forme detunique; ;ifejtkbrp"S»fiSteeii deux petites ailes fetiu-eircu- Mresvq»parf»i»cdesdeuxc6tes4e la queue , comme dansBS petite feche , fepia Jtpiola. Les -Mavigateurs exagsrent ■ fur le volume de cet animal , & faf fofotce; mais il eft sur que celles (t} Sepia corpore ecaudate, brachiis un$uic:daas. (i) Sepia \ corpus prorjus vagipante ,caud£ ahiS. Histozr-e Naturelle que Ton prend dans la mer du Chifi he'pefeht pas moins de cent cinquante livres"; leur chaif eft excellente , & on 1- eftime beaucoup. La troi- fieme eft hfechfd fix panes (i) [fepia hexapo- dia]. Quoique ce.tte efpece n'ait que fix panes, elle n'en eft pas moins une vraie feche ; ft? figure eft aflez bizane \ & en la regardant Idrf- qu'elle eft en repos § on la prendra plutot pouf une petite branche d'arbre caflee , que pour -tin animal; fon corps eft de la grofteur d'utl doigt \ & fa longueur tout au plus de fix pouces; il eft divife en quatre ou cinq articulations \ qui dccroiiTerit eh groffeur vers la queue. Lorf- quelle deploie fes pattes, quelle tienf ordi- nairernent accroupies pres de la tete, on leS pren'droit pour autant de racines flottantes; elles font pourvues de Avoirs \ comme dans les autres feches ; mais ces ft^oirs font fi petits '] qu'on peut a peine les diftinguer; fa tete eft difforme ; garnie de deux antennes ou trompes. En la maniant avec les mains nues \ elle caufe unengourdiflement leger, qui cependant n'a pas de fuites. La liqueur noire qu'elle a dans une petite veffie, comme toutes les autresfe- ches, eft tres-bonne pour ecrire. ^ • • ■ — ; . {i) jepia corpore ' cauaato Jegmentato* - b u Chi i t. f Dans le genre des ourfiris , il faut d'abord diftifiguer les ourfim blancs & les noirs. Le$ blancs (i) [echinus albus]font de forme glo > fouleufe , & d'environ trois pouces de diame- tre; le tet & les piquans font blancs j la fubftanc* inte'rieure , qui eft d'un gout excellent , eft jau- natre. Les ourfins noirs (2) [echinus niger] font de forme ovale, un: peu plus grands que les blancs ; ils ont'le tet , les piquans, & les ceufs noirs , & on ne les mange pas. Les teftaces font, de tous les vers, les plus nombreux an Chili ; le rivage de la mer eft cou- vert decoquillagesde touteefpece, Sc plufieurs colli.nes.en font entierement formees. Les Chf- liens ramaffent une grande quantite de ces co- quilles , dont ils font une tres-bonne chaux. Je fuis perfuade que, dans le grand nombre qu'on y obferve > on decouvriroit non feule- ment des efpeces nouvelles, mais encore des genres inconnuS. Les bornes que je me fuis pro- poses dans cet Ouvrage, ne permettent pas que je m'etende fur leurclaffification , &je fuis oblige derae reftreindre aux genres des huitres , 1 — ■ s L f (1) Echinus hamifpherico-glohofus } ambutacris denis : are is longitiidinaUterverrucofus. (z) Echinus ovaws , ambidacr'is quinis , arsis mud- cads ve'rrucofis. \ *76 Histoire Naturelle des moules, des cames, des pholades , tellines, patelles & buccins, comme les plus utiles, & dont on fait le plus d'ufage. L'hultre (oftrea edulis) fe trouve enplufieurs endroits de la c6te du Chili ; mais les plus grandes & les plus delicates fe prennent dans les parages de Coquimbo. Les habitans les di- vifent en diffe'rentes efpeces, qui , regarde'es de pres, nefont que des varie'te's, a l'exception d'une feule , qui approche de la felle polonpife ( oftrea ephippium). Les peignes fe trouveht dans le meme endroit que les huitres , nonfeulement ceux dont les deux valves font convexes, mais encore ceux qui ont des valves aplaties. Dans les moules , on obferve la mode com- mune ( mytilus edulis. L.), la mode perliere (mytilus margaritifer) , la grande & la petite mode de Magellan, le chorus (mytilus chorus ) , & la mode noire. La grande moule de Magellan afixpouces de longueur , & trois de largeur , lafurface exte'rieure eft couverte d'un e'piderme brun^tre, fous lequel on apercoit la couleur delacoquille, qui eft bleu celefte, avec des bandes couleur de pourpre , qui traverfent les canelures de la coquille ; l'inte'rieur eft du plus beau blanc nacre , avec des bandes couleur de rofe. La petite moule de Magellan eft prefque dela meme couleur, mais un peu plus ovale. Ces D v C fi i t r, ijy Ces deux moules renfermentordinairementde petites pedes de peu de luftre. Les perles que Ton trouve dans la moule perliere 9 font de belle eau , mais prefque toujours d'un tr&s-petit vo- lume. { Le chorus (i) [mytilus chorus.] Cette co- quille a fept pouces de longueur fur trois & demi de largeur, Tepiderme eft d'un bleu foncej mais la coquille etant depouillee d'un blanc lui* fant , tirant un peu fur le bleu j la chaire inte- rieure eft tr£s-blanche , & d'un gout excellent. Cette coquille fe trouve fur-tout a rifle Qui- nquina & fur la cote des Arauques. La moule noire (2) [mytilus ater] eft prefque auffi grande que la precedente; les deux valves de cette coquille font raboteufes commecelles de la pinne , d'un bleu obfcur; la chair en eft noire , & ne fe mange pas. Les moules d'eau douce fe trouvent en abon- dance dans toutes les rivieres & etangs; mais leur gout etant infipide , on n'en fait aucun cas. Jy ai cependant obferve trois efpeces con- nues dans le pays fous les noms de dollum, pellu, & Uthif, dont le mouvement progreffif m'a (1) Mytilus teftatranfoerfafiriatdy natibus gibbiscar- , dine later a Li. (1) Mytilus teftdful$at& , ftftigt fquamojjl. j 17? HlSTQl.-BE Natitrelle paru furpafler celui des moules.de la mer. Ces trois efpeces de coquilies ont parcouru en ma prefence l'efpaced'un pied par minute. Les tellines /dont on fait ufage ,'au Chili , font le mayco,- efpece de telline raye'e , & la chalgua , telline touie blanche. la'&thaca (1) [chain a thaca ]. Cette came eft prefque ronde , fon diametre eft d'environ qua- tre pouces ; elle eft ftrie'e longitudinalement , & colpriee deriolet & de jaune. Les parois in- terieuresde la coqullle font de couleur aurore, & Tanimal qu'elle renfermeeft fort bon a man-, getv La mmh& (1) [folen macha], efpece de #ianche a couteau 5 de fix a fept pouces de longueur, de couleur brune & bleuechangeanti Ces deux efpeces de coquilies fe cachent ordi- xiairement dans le fable , d'oii les pecheurs les tirent en grand nombre. On connoit les en- droits ouelles fe tiennent cachees, a un petit filet d'eau que i'animal fait rejaillir de temps en temps de fa coquille. ..„ Xes rochers de TArchipel de Chiloe fervent (1) Chama. fubrotunda9 longitudinaliter fir lata , a/20 (2) Solen teftd oyali oblongd , antics truncxtd , cardiac &kerQ bidsntatv. d tr C u i l r. 179 if habitation a une pholade que les habitant nomment comes. Je lui donne le nom depholas Chilenjis(i). Cette coquille , qui eft bivalve, a vers le fommet quelques petites pieces aceek foires a la coquille; elle arrive fouverit a une longueur de fix pouces , & Ton diametre ordi- naireeft de deux. Toute la c&te fournit abondamment plu- fieurs fortes delepasy dont une efpece >■ que Fon nomme bee deperroquet (2) [lepas pfittacus] , eft particulierementeftimee. Dix jufqu'a vingt deces teftaces habitent une pyramids de ma^ tiere cretacee , qui contient autant de petites cellules qu'ils conftruifent eux-memes. On o.b- ferve ces pyramides pour Tordinaire dans lesr endroits les plus efcarpes des roehers, a telle hauteur que l'eau de lamer y pent arriver. lis tirent leur nourrkure de 1'eau de lamer meme , par le moyen d'un petit trou qui eft au haut de chaque cellule. Les valves de cette coquille font au nombre de fix , deuxgrandes , & quatre petites; iesdeux grandes, qui font faillantes en dehors, prcfentent exadement la forme d'un bee de perroquet, & e'eft a caufe de cette reffern- blance quon lui a donne ce nom. L'animal ref- ( 1 ) PhoLis tefid oblongd dcpreffiufculci ^ftriis longitudi&. fmlibiisdifiantihus. ,:. *. ,v .. y$%& ■ (1) Lepas tt/H j>ojlti$ adunea fex vaLvi yXttgofi. % \ *8o Kistoire Naturplle iemble ac^lui du gland de mer; mais il a de$ tentacules plus courtesjla chair en eft excel- lente. II yen a de differentes grandeurs; les plus grands ont unpouce de longueur, Lorf- qu'on les detache de leur fite natal , on peut les conferver dans leurs cellules pendant quatre ou cinq jours; ils allongent de temps en temps le bee, ceil: probablement pour refpirer, Les buccins & les murex prefentent encore un grand nombre d'efpeces bien diftin&es. Le loco (i) [ murex loco] eft tres-eftime , a caufe de la chair excellente de I'animal. Cette chair eft tres-blanche , mais un peu dure , & les Cui- finiers font obliges de la battre avec une pe- tite baguette, pour rattendrir.Ce murex a en- viron quatre oucinqpouces de hauteur ; il eft prefque ovale, plein denoeuds & de tuberofites. Une pstke veffie, qui fe trouve placee a cote du col de ranimal > renferme quelques gouttes depourpre. Autant que j'ai pu obferver , les limaces man- quent tout a fait au Chili: il n'en eft pas de uneme des lima^ons ; on en trouve dans tousles; bqiquets. J'ai donne le nom de ferpentine (2) (1) Murex left a. ecaudatdobovata^antice nodofd, aper~ ura edenttda fuborbiculata. (2,) Helix tefia fubcarinata yimperforat& y conic a , longi- tudinalUer ftrUta , apermra patulprmarginaza* © fcr Chi t t- i&l I une de ces efpeces les plus curieufes, qui fe trouve dans les environs de la ville de la Gon* ception; la peau de ce lima;on eft dure & ecailleufe comme la peau des Terpens ; fa co* quille eft conique, & furpafle en grofleur uk ceuf de dinde ; elle eft d'un gris bfanchStre , legerement ftriee , la levre de Iabouclie eft re* levee, & dun beau rouge. §. XXX, Cruftacdf. he nombredes genres de crabes & ecrevif~ fes decouverts dans la rner du Chili * eft def treize ; les eaux dchiees n'en noumflent que* quatre efpeces. Parmi les crabes* les plus remaf- quables fontle talicuna9le scdiva^ Vapancore >le vdu , hfantolla , & fe cduronne* Les pinces dd tous ces crables font d'une grandeur extfa&rdw naire. hctalicuna (i) [cancer talicuna] ; Con eeaille eft arrondie 9 convexe & liflfe , d'environ qua* trepouces de diametre;les pinces font dente- lees •, H a les yeux & la tete tres-faillans; ft queue couvre prefque entierement fe ventre ^ il eft d'un brun obfeur, Iorfqu'il eft vivantj \{i) C&nczr hractvyuius % thorice orbiculat&y lavi ifrto* gerrimo, chdis muricatis* K iij 3§2 HlSTOlRE Na*UBELLE ftiais il devieht rouge commelesecrevifles,etant cuit. Lexaiva (i) [cancer xaiva.] L'ecaille du xaiva eftprefque fpherique^ gamie de piquans fur le bord ; fort plus petit dlametre eft d'en- viron deux pouces & demi. V afancora {%)\ cancer apancora.] Ce crabe eft plus grand que le talicuna, fon ecaille eft rovaley entierement dentelee ; les pattes font velu§s * & la queue triangulaire 9 affez Ion- gue. JLe^e/M (3) [cancer fetofus] eft tout cou- vert de poils durs , comme les foies de cochons : nan feulement les pattes & le ventre en font garnies, mais auffi Fe'caille du dos, qtii eft en forme de cceur , & remplie de boITes; le bee eft divife & recourbe^ ayant pluiieurs foies. Ce crabe eft de la meme grofleur que le prece- dent. Le fantolla (4) [ cancer fantolla. ] Ce crabe - (1) Cancer h achy 'ur 'us , thora.ee lavi later ihus triden- tato ,frontetruncatd. f (y) Cancer brachyurus y thorace l&vi ovato 5 utrinque dcnticulato caudd trigond, (3) Cancer brachyurus , thorace hirfuto obcordato tuber- culato y rojiro bifido injlexo. . (4) Cancer brachyurus , thorace acute aw > arcuaw,fub- coriaceo , ma nib us pelliculatis. 0 ^ C H X L t. "!#£■ furpaffe tous les autres par fon volume & foil gout; fon ecaille ell orbiculaire , convexe,*& d'une confiftance coriaee ; die eft couverte de piquans qui fovdetachent focrlement au feu; les pattes font tres-longues , groffes & couvei> tes d'une peau ridee. Le couronne ( i ) [ cancer corotiatusv] L!ecailte de ce crabe eft prefque ovale , avee une ex- crefcenee £u milieu du dbs , qui reprefente une couronne murale; le corps eft lifle , d'envkon quatre pouces & denii de diametre. La quantite d^ecrevHTes qui fe prennent dans la mer du Ghili n eft pas moiiiS etonnante. On peut lire ce que rEditeur du Voyage de Lord Anfon a dit au fujet des ecrevifles de rifle de Juan Fernandas : on yen trouve fouvent der huit livres, & leur gout ne les rend pas moins eftimables. Sur la cote de la memeIfle,ort ob- ferve encore un fi grand nombre de langouftes 9 que les Pecheurs , pour les prendre , n'em- ployent aucun autre moyen que de jeter fur le rivage des morceatrx de viande > & de renver- fer adroitement fur le dos \ a Taide d un petit "batdn , toutes les langouftes qui s'afTemblent (i) Cancer- brachy tints 7 thorate ohovata , ajpdpfy^ dorfali srenata* Miv 28T ft$4 HlSTOIRE NatuRELLB en grand nombre pour faifir cette viande. On y en prend plufieurs milliers par an, dont on en- vois les queues fechees au Chili. Vecrepijfe maponne (i) [cancer camientarius] sft- la plus remarquable de toutes celles qui vi- vent dans les eaux douces du Chilis elle eft d'environ huit pouces de long , brune , raye'e de rouge; fa chair eft tr£s-blanche , & prefe- tdhte a la chair de toutes les autres. Elles vivent dans prefque toutes les rivieres & mifleaux , dont.elles occupenj: par preference les bords. Ceft ici ou elles fe forment avec de Targile un P^tit cylindre de fix pouces de hauteur; mais aflez profond pour que l'eau puifley entrer par le moyen d'un petit canal qui aboutit au lit de la riviere. On les prend fans difficult^ en plon- geant fous l'eau une nafle en forme de corbeille, dans laquelle on tient attache un morceau de viande. Pour ce qui regarde les infedes , j'en a! trouve beaucoup qui font analogues a ceux de lltalie. Un bon nombre cependant paroit pro- pre au pays. Parmi ces derniers, jobferverai une efpecefingulierede chryfomek (2) [chryfo- (1) Cancer macrourus , thorace Lxvi cyLindrico ,- rojlra thtufo , c/ielis aadeatis. (*) Chrifomdi ovata aurati , cnmrds caruhis. d v Chi l i. i§$V inelamiaulica] , qui fe rencontre fou vent far ies ombelles de la Vifnaga. Cet infede , qui eft un peu plus grand qu'une mouche | paroit dor e, & Ton £clat eft unique. Les payfans 9 dans la province de Maule , enfilent un grand nombre de ces infedes , pour en faire differens objets d'ornement , qui confervent pendant long* temps leur beaute. Dans la m£me province, on trouve un fca- rabe nomm6 pilme (i) [ lucanus pilme],qui fait beaucoup de mal aux plan tes legumineu- fes, fur-tout aux feves. Les Cultivateurs font parvenus a detruire prefque entierement cet in-* fede 5 en fecouant fortement fur un plat rempli d'eau bouillante, les plantes qui en font infedees ; l'infede,peu propre a voler, tombe dans Peau, qui le tue fur le champ, Ce fcarabe eft noir, long a peu pres de huit lignes. Le Chili eft moins expofe aux ravages des fauterelles que le Cujo & plufieurs autres pays de rAmerique. J'en connols une efpece qui fe trouve fur les arbres fruitiers , & qui peut avoir une longueur de fix pouces. Lorfque cet in* (i) Lucanus exfcutdlatus ater% corpore deprejfo , tho- rac&ftriato. II me paroit plus vtaifemblable que cet kfette foit cki genre de ptinus 7dermefics , oubyrrfms de Linne\ G« * §6 H t s t o t r e Nat v k bub fe jufqu'a prefent , pre* fervees de cetinfede incommode. les vers luifans que fai trouves 3 ne diffe- rent en rien des vers iuifans de FltahV, mais fai obferve une n'uit , en paffant a eote d'uti petit, bois, trois infe&es auffi gros que le fphinx a t&tz de fnort (fphinx Atropos) 9 qui jetoientune lurniere tres-forte. Je crois qu'ils appartiennentau genre despanedanterne; mais il nva ete impoffible d'en decouvrir depuis b moindre trace. A ■ — — - ^ — . (i) D'apres la defcription de TAuteur , cet infe&e ap- parent plutot au genre de mantis qu'a tout autre. G. . m D U C H I L 1. 3 87 Les chenilles ■, dont il y a de toutes les for- tes , produifent. les plus beaux papillon* que I'pn voie au Chili, pendant la belle faifon ■, dans toutes les campagnes. Parmi ces papillons il y en a de fuperbes , tant pour la grandeur que pour la vivacite des couleurs; Le papillon i que je nomme papilla pfimcus (1) , eft de la pre- miere grandeur , & de toute beaute; la partie fuperieure de fa tete eft d'un beau vermilion , marque de jaune; fan dos eft jaune v avec des taches rouges , bleues & vertes; le deffus des ailes eft tachete de jaune & de bleu ; le deflous eft pale , le ventre bleu , picote debrun & de gris, les antennes en forme de mafia e. couleur de ppurpre. Une autre efpece de papillon , que jYi nomme-papilioieucothea (2) , eft audi grand que le precedent % il a des ailes d'un blanc ar- gente;il ny a que les antennes & les pattes qui foient noires. Entre les rivieres Rape! & Mataquito -, pres de la mer , on a obferve une efpece de chenille femblable auvera foie .-: elles font, fur les ar- bresfauvages , des cocons dont la foiedoitetre - (-, ) Paphfo nimp\'dis\ hits denMtis, virefcenubus, luteo cceruleoque maculatis^uhtusfiavis, . > . . (z) PapUlo danaus, alls integer rimis > rattmd(itlsyalbisr concolofibus } antorims aiefrimis. 188 HtSTOIRE NAtWRfeLtS auffi belle que ce!le du vers a foie d'Europe,' Les cocons font cependant un peu plus petit*, comme on me l'a aflure; car je ne les m pas m moi-meme. Dans un pays dont Je climat eft auffi doux que celui du Chili , il eft trb- probable qu'on pourroit clever des vers a foie avec leplus grand fucces ; mais jufqu'a prefent , perfonne n'y a fait la moindre attention, & toutes les foieries que l'on voit au Chili font apportees de l'Europe. Qui auroit jamais doute* que la grande quan- tise de refine que l'on recueille dans !a ptt>* Vince de Coqvimkd, & qui ne fe trPuve que for la chdca, efpece d'arbufte du genre de conyta, m fut une vraie refine-, produite , comme tou- tes les autres , par le fuintement de quslque liqueur a travers l'ecorce de l'arbufte. Mais un de mes compatriots* , 1'Abbe Pando , qui a examine, avec la plus grande attention , les productions naturelles de cette province, a decouvert depuis peu que cette refine eft pro- duite par une petite chenille rafe , decouleur rouge, de cinq ou fix lignes de longueur (t> (i) Jefuis perfuade Ip2 HlSTOIRE NatURELLE dent les animaux, fur-tout les oifeaux, & qui font exa&ement les memes que celles d'Europe. Don Ulloa paroit avoir ignore la valeur de ce mot; car i! eft abfolument contre Texperience que les Chiques , comrne il le dit dans fon voyage, fe trouvent tout le long de la cote du ChilL Les araignees n'ont rien de bien remarqua- ble 9 excepte une feule efpece qui vit (bus terre , a laquelle j'ai donne le nom d'aranez fcrofa (i). Le corps de cette araignee , qui a la groffeur d'un ceuf de poule , eft velu , de meme que les pattes, qui font tres-longues &tres-for- tes; elleaquatreyeuxdifpofesencarreau milieu du front , & deux autres plus petits a cote • fa bouche eft garnie de deux pinces noires lui- f antes, recourbees vers le front3dsenviron deux lignes de longueur* Cette araignee n'eft point dangereufe, comme fes armes & fon volume paroiflent Tannoncer; elle fert de jouet aux en- fans , qui lui arrachent impunement les pinces de la bouche > que le peuple croit fpecifiques conttelemal de dents. Les (corpionsChiliens different peu ou point des fcorpions d'Europe , meme quant a la (i) Aranea abddminefemiorbiculatofufcQy dentibus U~ mar Us infer hribys exfertis* groffeur* id xj Chili. 193 grofleur. On les nomme thehuanque ( 1 ) [ fcotpio Chilenfis] ; lis fe trouvent par preference fur line des montagnes fecondaires des Andes ;leur couleur eft > pour I'df dinaire , d'un brun obfcur; ceux que Ton trouve fous les pierres le long de la riviere de Coquimbo^font jaunes (a). On'dit qu'ils ne font point venimeux , & que les per- fonnes qui en ont ete piquees n'en ont jamais reffenti de fuites facheufes. J'ai vu un jeune homme qui en fut pique en ma prefence 9 3c qui ne fe plaignit que d'une legere cuhTon a Ten- droit de la bleflure, dont nieme la rougeur fe diffipa au bout d'une demi-heure. Cependant ces experiences font encore trop fuperficielles ^ & ne peuvent rien decider, '§. XXXIII. Reptiles. (Huynal en Chilien.) Le Chili nourrit en general pen de reptiles ; on n'y connoit que les tortues d'eau, deux fcfpeces de grenouilles , autant de crapauds > (1) Scorpio -peiilnibus 16 dent ads , manihus fuh-au* gulatis, (z) Les fcorpions d'Europe font jaunes dans Ieur jeu^ sicffe, & autanc qu'ils reftem caches fous les pierres ; rnais ilsdeviennenebmns, des qu'ils s'expofeiu a i'air, G. N 194 Histoire Naturelle peu de lezards terreftres & aquatiques , & une feule efpecede ferpent. Aucun de ces reptiles n'eft venimeux. Les tortuesfereduifent a deuxefpeces; tou- tes les deux font connues des Naturaliftes ; Tune, qui vit dans la mer, a ete decrite par Linne fous le nom de teftudo coriacea; l'autre vit dans les eaux vafeufes, fur-tout dans les lacs des provinces auftrales. Ceft le teftudo lutaria du meme Auteur. Les deuxefpeces degrenouiilesdu Chili font la grenouille verte (ranatfculenta.L. ) & la raine ( rana temporaria. ) Les crapauds terreftres font les memes que ceux de fltalie; ils vivent dans des endroits humides , & ne fortent qu'apres les pluies. Parmi les aquatiques , il faut remarquer Ya~ runco (i J [rana arunco], & le thaul (2) [rana lutea]. Uarunco eft un peu plus grand que la raine , & prefque de la merne couleur ; il a le corps tubercule^&les quatre pattes palmees; les anterieures ontquatre doigts, & lespofte- rieures cinq, avec de petits ongles prefque ( 1 ) Rana corpora verrucofo , jpedlBus pa/mdus. (1) Rana carport verrucofo luteo , pcdi&us fot-paima- us* b 0 Chili, 195 Imperceptibles. Les Arauques donnent le nomr degenco a ce crapaud , ce qui veut dire maitre de l'eau, & ils pretendent qu'il furveille a fa confervation. Le thaul eft plus petit que la gre- nouille ordinaire, quoiqu'il en approche pour la former fa peau eft jaune , couverte de tube- rofites , & fes pattes font faites comme celles de Tarunco , quoiqu'elles ne foient point pal- mees, Le pallum (1) [lacerta paluma ] eft parmi les lezards terreftres, celui qui fe diftingue le plus; il vit dans les campagnes, & pour Tordi- naire fous terre. Sa longueur, depuis la pointe du nez jufqu'a la racine de !a queue , eft d'onze pouces & quatre lignes , & fa groffeui* de trois pouces; la queue eft auffi longue que le corps*, il a la tete triangulaire, couverte de petites ccailles carrees, lenez tres-alonge, les oreilles rondes, & fituees a la partie pofterieure de la tete 5 comme tous les lezards ; toute la partie fuperieure de fon corps eft couverte de petites ecailles rhomboidales de couleur verte , jaune, bleue 3c noire , la peau du ventre eft toute unie & lifle, d'un vert jaunatre ; les pattes de ce (ij Lacerta. cauia verticilUta , longiufcuU ■ fquamis rhomboideis* Nij Z$6 HlSTOIRE NATURELIfi Jezard font divifees en cinq doigts, gar- nis de forts ongles; la queue eft arrondie & coloree comme h corps. Les Payfans font, avec fa peau, des bourfes pour Targent. On n'a decouvert qu'une feule efpece de lezard. Le P.Feuille , qui lVvue, lui a donne le nom de falamandreaquatique(i) [falamandra aquatica. nigra] i fa longueur, depuis le nez jufqu'a la queue, eft de quatorze pouces & feptlignes; fa peau eit fansecailles, legerementchagrinee, de couleur noire , tirant un peu* fur le bleu; elle a la tete elevee, un peualongee , les yeux grands , jaunes , & la pupille bleue , les narines tres-ouvertes , avec un rebord charnu j fon mufeau eft pointu , la bouche bien fendue , avec deux rangsdepetites dents crochues ; fa langue eft large, d'un beau rouge *, tenant par fa bafe au gofier , qui eft pourvu d'un jabot fort large, que 1'animal peut contra&er & gonfler comme une veflie; les oreilles lui manquent comme a tous les lezards aquatiques ; tout le long du dos, depuis la tete jufqu'a l'extremite de la queue , on obferve une efpece de crete decou- pee. Lespattes anterieures font beaucoup plus (z) Lacerta (caudiverBera) cauda deprejfo-pland ,pin* watifido., peiihuspalmatis. Linn. D U C H I t t. 1$J courtes que les rpofterieures ; elles ont cinq doigts , mais pas une membrane ; au lieu (Ton- gles , on leur trouve des cartilages arrondis. La queue eft etroite & arrondie a fa bafe , mais s'e- largit vers la pointe en forme de fpatule de pres de deux pouces de largeur , dont les bords font decoupes en fcie. . Le feul ferpent du Chili eft connu des Natu- raliftes fous le nom de coluber cejculapii (j.)\ fa peau eft rayee de blanc , de noir , & de jaune > quelquefois melee de brun. Les plus grands que j'aye vus etoient d'environ trois pieds; lis foht tout a fait innocens, & les payfans les manient fans le moindre danger., §. XXXIV. PoiJJbns. (Chalgua en Chiliert.) Nos pecheurs comptent jufqu'afoixante-fix efpeces de poiflbns comeftibles, qui fe trouvent tous dans la mer du Chili ;. la plupart de ces poiflTons different de ceux de fhemifphere fep- tentrionale , & paroiflent propres a cette mer* Cependant il y en a qui ne font quedes varietes^ do-nt les efpeces fe trouvent dans prefque tou>- tes les mexs. Tels font, parmi les poiflbns am- (i) Coluber 3 176-4%:* N iij 1 198 Histoire Naturelle phibies5Ia raie, la torpille., le fqualus., lepoif-- fon chien , le poiflbn fcie , la grenouille, la vieilie ; parmi les poiffons proprement dits, Tanguille ele&rique , le congre , l'efpadon , la morue , le merlan , la fole, le turbot,la dorade , le bonite > le thon , le maquereau , le rouget ? le barbeau , le muge , Talofe \ la farde ,' Tanchois , & plufieurs autres (1). Je ne fais fi je dois attribuer la multiplica- tion prodigieufe des poiffons a des caufes lo- cales , ou fi le petit nornbre de perfonnes qui s'occupent de la peche, eft hors de pro- portion avecla fecondite des poiffons memes* II eft toutefois certain y & les Voyageurs les plus eftimes s'accordent la-deffus , qu'aucun pays au monde n'offre une plus grande quan- tite de poiffons exquis que le Chili ; les baies , & fur-tout les embouchures des grandes rivieres en fourmillent, & en plufieurs endroits on peut les prendre fans baaucoup d'artifice. Le Cauten, dont la largeur eft de trois cents toifes, & qui eft aliez profond pour porter des vaif- feaux de Hgne, eft, dans certains temps de Tannee , rempli de poiffons qui remontent jufqu'afept miiles de foo embouchure; les In- (2.) Frezjer , torn. I, pag. ziz. Voy. d'Anfon 103. Havvkefworsh ,, com. I , p. 1 1 6» 1. z *> b u Chili* *99 diens alors fe placent par bandes fur les bords de ce fleuve, & prennent une quantite prodi- gieiife de ces poiflbns % en les piquant avec leurs Cannes , dont j'ai parle fous le nom de coliu. La meme abondance de poiflbns s'obferve dans toutes les embouchures des rivieres auf- trales. Dans TArchipel de Chiloe, ou le nombre des poiflbns furpaffe encore tout ce que fen ai dit, on a l'ufage de les prendre dans une efpece de paliffade , que les habitans fixent aux embou- chures des rivieres , ou fur les bords de la mer meme, Ces paliffades ont une ouverture vers la mer, que Ton ferme exa&ement lorfqu'elle commence a fe retirer. Les poiflons qui fe trouvent alors dans Tinterieur des paliffades, reftent a fee , & leslndiens s'enemparent fans diflSculte. La quantite de poiflbns que Ton prend par ce moyen , excede preque toujours les be- foins des perfonnes qui accourent de toutes parts pour s'en approvifionner. La morue eft aufli abondante aux Ifies de Jean Fernandas, quelle Teft au banc de Terre- Neuve, & la peche s'y fait avec la meme faci- lite. Jeter la ligne & la retirer avec le poiffbn , eft l'affaire d'un inftant. Ces poiflbns arrivent en grandes bandes aux mois de Novembre & Niv ';;"- ,; • # p 1 1 i 1 ■ 1 Hi ZOO HlSTOIRE NATURELLE Decembre fur la cote de Valparaifo , & les habitans , qui autrefois n'en faifoient aucuti cas , s'occupent depuis quelqu.e temps avec beaticoup de fucces de cette peche. Ceft a uti certain M. Luifon, Francois de nation, que Ton doit cet etabliffement utile. On trouve fouvent en piufieurs endroits de la cote un grand nombre de poiffons qui y font reftes a fee, en ftiyant devant les cetaces qui lespourfuivent. Ces poiffons fe trouvant alors dans des bas-fonds , font emportes par les va- gues, qui les jettent bien avant fur les fables, ou ils deviennent la prole des oifeaux;& lorf- qu'ils s'y trouvent vivans, les habitans memes les prennent pourlesfaler. Les poiffons les plus remarquables font le Rohalo y la corvina > la Ufa, Sc\epefce-rL Le rohalo (x) [efox Chilenfis.) Ce poiffon (i) Efox maxillis requalibus ^ lined later ali ccer&°* led, Bi io.D. 14.P: ih V:6.A:%.C: iz. Corpus teres ,fquammofum. Squama: ojjece , inihricata9 mgulatce^ deciduce. Caput mediocre , catlietoplateum. Ri&us tranfverfus , terminalis , mediocris , labia Jimplicia* Max illce & quale s ^ denticulate , inferior pun data. Dentes ■1 m mobiles , confetti , minimi. Lingua Integra , glabra , pa- latum glib ruin. Oculi magni orbiculati a later ales. Nare£ d u Chili. 201 eft prefque cylindrique , fur trois ou quatre pieds de longueur; fa peau eft couverte d'e- cailles anguleufes, dorees fur le dos,& argen- tees fous le ventre ; fes nageoires font molles, fans epines , la queue tronquee, & le dos marque % dans toute fa longueur , (Tune raie bleue contourneede jaune. La chair de ce poif- fon eft tres-blanche , prefque tranfparente, feuilletee , & d'un gout deiicieux. On eftime fur-tout ceux que l'on prend fur la cote des Arauques , ou Ton en trouve quelquefois qui pefent jufqu'a huit livres. Les Indiens, dans l'Archipel de Chiloe , en fechent beaucoup a la fumee,apres les avoir nettoyes &tenus en detrempe pendant vingt quatre heures dans l'eau de la mer.On met ces poiffons par cent (dans des paquets que Ton vend a raifon de 12 jufqua 1 $ francs. De tous les poiffons fees , le gemina , oblonga , propS ocuLos. Opercula branchialU fquammofa , mobiliay diplrylla. Membranes branch : lata pa- tens. Aperturabr j lateralis , falcata. Dorfum convexiuf- culum , uti abdomen. Linea later : refta , fuprema dentata. Anus remotus prope caudam. Fi?in& omnes radiatz. D : Jolitaria y brevis 9 declinata , pone equilibrium. P : infi- moe > breves ^ acuminata* V ': abdominaks , vicina , me- diocres , acuminata. A : proportionalis fub-aqualis >ponjs #%wlibriitm. €; diftinila , cequalis. 202 -HlSTOlRE NiiTURELLE robalo , prepare de cette maniere , paroit me* riter la preference. La corvina (i) [fparus Chilenfis]. Ce pohToti eft prefque de la meme grandeur que le prece- dent: on en voitcependant de temps en temps qui ont de cinq jufqu'a fix pieds de longueur; il a la tete petite , le corps ovale , aflez large 9 Ja peau couverte de grandes ecailles rhombo'i- dales , de couleur de nacre, marquees de blanc * la queue fourchue ; plufieurs lignes brunatres entourent ■ obliq'uement !e corps de ce poiflbn> depuis le dos jufqu'au ventre, ou elles fe tou~ ehent. Les nageoires- font a rayons epineux5 fa chair eft blanche , folide , de fort bon gout > fur-tout en friture. Peut-etre feroit-elle encore meiileure, fi Ton vouloit la preparer comm§ celle du thon. (t) Spar us caudd Bifida, lineis utrlnque tranfverjts fttfcis. Corpus ovatum y catke top Late um , acanthoptery glum. Car put decline ? l&viufculum. Maxilla fuhaquales. hah la du- pllcata : dentes inclfores conlcl , molares y ohmji. Cirri o. "Lingua glabra, Oculimagni, later ales ,fupremi,lride ar- gentea. Nares bin& prove oculos. Opercula Branch : dy- p/illla, Linea lateralis Incurva , dor jo parallda , fuprema, fix confplcua. Pinna dorfalis fu&-longitudinalis , declinatam W: thoracictz. A : media. d u Chili. 20£ La Ufa (2) [ mugil Chilenfis]. Ce poiflbn ref- femble , par fa forme, fes ecailles , & par fa chair , au muge ordinaire; mais ilen differe par la nageoire du dos , qui , dans cette efpece , eft unique. On en trouve de deux fortes , i'une marine, l'autre fluviatile , (Tun gout exquis, eftimee egale aax meilleurs truites. Ces deux efpeces ont rarement plus d'un pied de lon- gueur. Lepefce-r& (1) [ cyprinus regius]v On luia donne ce nom a caufe de la bonte de fa chair; il eft a pen pres de la grandeur du hareng ; foa corps eft cylindrique , couvert .d'$cailles dorees fur le dos , & ^argentees fur les cotes ; il a le mu- feau court , obtus , fans dents, des yeux jaunes, Tiris en eft couleur de pourpre , & la pupille bleue ; (es nageoires font molles , & de couleur jaune; celle du dos s'etend depuis la tete juf- qu'ala queue, qui eft divifee en deux. Ce poif- fon fe trouve en fi grande abondance, que le& pecheurs en donnent jufqua cent pour une piece de fix fous. (z) Mugil dorfo monoptetygio, B. 7. D.\. P : ii. V :% A :-h.C: 16. (1) Cyprinus pinna ani radiis IL , dorfali longitudi-/ md> B: y.-D:iS.P:ii. V: lo.JiIL C: 11. ittf HisToire Naturelle Les poiffons d'eau douce ne pre'fentent pas tant cfefpeces differentes que ceux de la mer j mais en revanche le nombre d mdividus eft plus grand. Tous lesfleuves, rivieres, ruiffeaux Sc lacs en nourriflent un nombre prodigieux, fur- tout ceux qui fe trouvent depuis le 34edegre jufquau pole. Les efpeces les plus eflimees font la Ufa 9 htruite, dont on en trouve fouvent d'un pied de longueur. Le cauque(i) [ cyprinus caucus], le malche (2) [ cyprinus malchus], le yuli (5) [cyprinus julus], la cumarca ou pt« ladilla(^) [ftromataeus cumarca], & le bagreovt /w«r(j)[filurus Chilenfis.] Ce dernier poif- (1) Cyprinus pinna ani radiis 13 ; tor pore tuBerofo ar* genteolo* D : 9.P: ,£ V: 9. A: 13. C; 2.9. Pifcis fefquips* dalis y cauda Bifida. i1) Cyprinus pinna ani radiis S. corpore conico fuB-cxm ruleo* Z> :ii. />.• 14. V: 8. C : 1 8. Pifcis pedalis , caudd bifida. (3) Cyprinus pinna ani radiis to , cauddloBatd. D: 15. P: 17. Fl 9. C j9, Pifcis fpithamxus. (4) Str ornate? us dorfo c&ruleo , abdominc alBo. Pifcis fpithamceus minime fafciatus, (?) Silurus pinna dorfali pofttcd adipofdy cirris 4 * Cauda fanceolatd, £:*.D;$,O.P:S.r:S.A:U.Cith r> tr C h i l r. pat fon a la peau liffe , fans ecaiiles , brune fur les cotes , & blanchatre (bus le ventre ; il reffem- ble, par fa figure , aux ny mphes des grenouilles \ fa teteeft trop groffe, relativementau reftedu corps, qui tout au plus eft d'onze pouces; il a le mufeau obtus 3& garni de barbillons comme le barbeau ; repine qui fe trouve dans la na- geoire du dos n'eft point venimeufe, comme on le dit des bagres des tropiques. La chair de ce poiflbn eft jaunatre , & une des meilleures que Ton puifle trouver. Je regards comme une fim- pie variete , le bagreauquel Tequipagedu Lord Anfon donna le nom de ramoneur. Les anguilles ne fe trouvent que dans les provinces des Arauques , oil elles fe font prodi- gieufementmultipliees.CesIndienslesprennent avec une efpece de corbeille qu'ils expofent contre lecourant de Peau. Le Taken y riviere des memes provinces, nourrit un petit poifTon fiomme payey qui, a ce que m'ontdit des per- fonnes qui l'ont vu , eft fi tranfparent , qu'a tra- Vers de ces poifibns mis Pun fur Pautre,on re- connoit tres-bienles objets qui font en-deflbus. Si cela eft ainfi, onpourra fe fervir avantageu- fementde ce poiflbn pour decouvrir !e fecret de la digeftion & le mouvement des hu- riieurs. Parmi \q$ poiiTons> les ttois faivans meri- fcotf Hijstoire Naturelle tent encore queJque attention ; ce font le che» todon dore, le poijfon-coq, & le tolld. Le chetodondore (i) [chetodon aureus] eft un poiflbn plat, de figure ovale , d'environun pied de longueur , couvert de tres-petites ecaillesi ie corps eft entoure de bandes noires & grifes , tres-diftin&es , de huit lignes de lar- geur , fur un fond d'or tres-brillant. Ces bandes font au nombre de cinq*, fa premiere eft noire , elle part de la nuque , & pafle en forme de cer- cle atravers les yeux; deux grifes vers la moi- tie du corps , & deux autres noires & grifes vers la racine de la queue, qui eft argentee. Ce beau poiflbn a une tr£s-petite tete , le mufeau tres- alonge, & garni de petites dents; la nageolre du dos , qtri eft epineufe , de couleur jaune , s'etend depuis la tete jufqu a la queue ; celle- ci (i) Chetodon, caudi integri , fpinis dorfalibus i'i . corpore aureofafciis 5 , difcoloribus diftintto. B: 6, Z). £.P: n. V: f A, fed 18. - Aper marinus aureus maculatus. Feuille. Nares bince props oculos. Opercula branchialia triphylL* Apertura branch* lateralis arcuata : tinea, lateralis arcuatai fuprema , inconfpicua. Andus fere medius. Pinna P: infi- ma f, minimal , acuminata. Vv infimOe , thoracic ce , acu- minata* A : longitudinalis* Macula Gvalis nigra ad can- dam* " .i 1 * D U C H I L r. 20J eft en forme d'eventail, bordcfe de jaune. La chair de ce poiffon eft delicieufe. Lepoijfon coq (i) [Chimaera callonnchus ]• Ce poiffon , que Linne a place parmi Ies am- phibies nageans , eft d'environ trois pieds de longueur ; fon corps eft rond, plus gros vers b milieu que vers les extremites , couvert d'une peau blanehatre fans ecailles;fa tete eft garnie d'une efpece de crete cartilagiqeufe , qui fe pro- longede cinq ou de fix lignes au deffus de la levre fuperieure : c'eft pourquoi on lui a donne le nom de poiffon- coq ou chalgua-ackagual en langue Arauque; ce qui veut dire la meme chofe. II a cinq nageoires , celle du dos com- mence immddiatement derriere la tete, & va jufqua la moitiedu dos; elle eft affez grande, de forme triangulaire, & foutenue par une forte epine de cinq pouces de longueur. Cette epine , qui eft plus longue que les rayons , eft la feule partie offeufe du cbrps de ce poiffon; tout le refte neft que cartilagi- neux ; Tepine du dos meme n'eft que cartila- gineufe , fans moelle & fansnerfs , comme celle des lamproies ; les quatre autres nageoires font fituees pres des branchies & foils l'anus. Ces (i) Chirn&ra roftro fuBtus labro inJZexo Levi* Linn, £C8 tilSTOTRE NATURELLf dernieres font doubles , ce qui eft afTe^tare ; la queue eft en feuiile, dont la pointe eft recour- bee vers le ventre. On mange ce poiffbn plu- tot par curiofite que par gout, fa. chair etant prefque infipide. Le tollo (i J [fqualus Fernandinus], Ceft une efpece de chien de mer un peu plus grand que le poiffon-coq , & remarquable par deux epines dorfales comme celles du fqualus acanthias : fes epines font triangulares, a pointe recourbee 9 & dures comme l'ivoire 5 elles ont une lon- gueur de deux pouces & demi, &cinqlignes de largeur. On les dit fpecifiques contre lemal des dents , pourvu qu'on appuie une des poin- tes contre la dent malade. Quoiquelescetaces appartiennent a laclafle des quadrupedes, j'en donnerai ici une courte notice, en faveur des perfonnss qui, relative- ment a la forme exterieure de leurs corps , vou- droient les ranger parmi les poiflbns. Les efpe- ces qui fe trouvent dans nos rners>font, la grande baleine {balcma myfiicetus ) ; yene chez les Arauques; la petite baleine (hal&na hoops); chez les Arauques icol, & trois efpecesconnues (1) Squdus -pinna anali nulla , dorjdibus fpinojls cor* pore tereti ocdlatQ* de . id tr C h i r, t. 209 de dauphins. Tous ces cetaces font tres-com- munsdans nos mers; Sedans certains temps de rannee,onles volt par bandes, fur-tout pres de Tembouchure des rivieres 9 011 ils font la cliafle aux poiflbns. Les Voyageurs anglofe qui, en dernier lieu f ont vifite la Terre de Feu & le detroit de Ma- gellan ,parlent de la quantite de baleines quife voitdans ces parages ; & les Naturaliftes qui accompagnoient le Capitaine Cook dans fon dernier voyage , y obferverent fur-tout la pe- tite baleine (halcena hoops.) j'ai de bonnes rai- fons pour croire que toutes les efpeces.de. baleines qui s'obfervent dans les mers du nord, doivent encore le trouver vers !es terres auf- trales ;mais comme les Chiliens ne fe font ja- mais occupes decette peche , je ne faurois deci- der la*deflus, ni- fixer la difference qui pourroit exifterentre nos baleines & celles du nord. II eft certain que les baleines du fud ne le cedent pas en groffeura celles du nord. J ai vu une ba- leine morte que les vaguer avoient jetee luc la cote de Choni; fa longueur etoit de quatre- vingt-feize pieds; fur la metne plage fe voyoit encore une cote de baleine , dont la longueur etoit de vingt-deux pieds. Je fuis etonne de trouver , dans les Epoques de la Nature de M. de BufFon , une opinion qui a ete contraries O 21 6 H I S T 5 i R E N AT U R 't L L E par plufieurs Voyageurs •, c eft que les mers auftralesne nourrifibient point de baleines,&: que les plus grands animauxde ces mers etoient les lamantins. Ce favant Naturalifte , qui fou- vent s'eft laiffe entrainer par fon fyfteme favori* auroit du fe fouvenir que le grand phoque ,ou le faux lion marin , qu'il a decrit lui-meme dans fes outrages , furpatfe de beaucoup le laman- Sur la cote des Arauques , on obferve de temps en temps des animaux auxquels les In- diens donnent le nom de bceufs , ou vaches marines. D'apres les defcriptions impar fakes qu'on rn £n a fournies , je ne faurois dire fi ces animaux appartiennent aux lamantins ou aux morfes , ou a quelques efpeces de plioque, quoique je fois tente de les prendre pour des lamantins. L'on fait que les premiers Efpagnols qui s'etablirent dans la grande Ifle de Jean Feroandes, tuerent beaucoup de ces animaux , dont ils mangerent la chair j mais Ton affure (i) Journal du fecond voyage du Capitaine Cook, pag. 512. Pernetty , Voy. aux Malouines , torn. II , pag. 71 & Duclos, Journal, pag. z$9', de fa Giraudais , Journ, :. - p.z.74. t> u Chili- rtt que ce carnage continuel a ete canfe que ces animaux ont entierement abandonne les cotes de cettelfie. Quelques Indiens pretendent avoir vu3 dans certains lacs du Chili * un animal eionf- trueux, auquel ils donnent le nom de guruvilu 9 ce qui vent dire renard-ferpent. lis le croyent antropophage; c'eft pourquoi ils ne fe baignent jamais dans ces lacs. Les defcriptions qu'ils donnent de fa figure- & de Ton volume, ne s'ao cordent guere. II y en a qui lui donnent Ja figure dun ferpent a tete de renard , d'autres une figure circulaire comme une peaude vache etendue. II y a t.ou.te apparence que cet animal eft du nombre des animaux imaginaires. • §. XXXV. Oifeaux. (Gunun en Chilkn.) I , La clafle des oifeaux eft, d'apres celie des infe&es , la plus nombreufe au Chili. On compte jufqu'a cent trente-cinq efpeces d'oifeaux qui vivent dans le pays ; le nombre de ceux qui habitent la rner eft difficile a fixer -, le feul genre des goelands contient vingt-fix efpeces difFerentes , & plufieurs autres genres ne font pas moins riches en individus. Les Andes, cette vafte chain e de monta- gues, peuvent etre regardees comme le refuge Oij W 3v. 112 HlSTOXRE NATtfRELLE des oifeauxde toutes les efpeces ;ils s'y rafTerri^ blent en grand nombre au printemps, pout s'y livrer avec plus de surete a la propagation. Us quittent au commencement de Thlver , apres les premieres neiges, les Andes, pour occuper les plaines & les montagnes maritimes , accom- pagnes d'une nombreufe pofterite. Je crois pouvoir attribuer au fejour que plufieurs de ces oifeaux font dans les montagnes , prefque toujours couvertes de neige , le changement conftderable que Ton remarque dans le plu- mage de plufieurs efpeces : j'ai vu des indivi- dus parfaitement blancs dans toutes les clafTes dVifeaux. II ne faut cependant pas croire que leS'di- verfes efpeces d'oifeaux du Chili foient toutes differentes de ceux que Ton trouve en Itafie ou ailleurs ; au contraire , un grand nombre ne doivent etre confideres que comme de fimples varietes ; dece nombre font les canards 9 oies5 rnacreufes , plongeons 9 pluviers , herons , mi^ lans 5 faucons , merles , pigeons 9 corbeaux , perdriK & poules, Les chaffeurs comptent feize efpeces de ca- nards fauvages , & fix efpeces d'oies. Parmi les canards fe diftingue le canard royal (i) [anas ( t ) Anas carunculd compreffd. fronta.li y corpore e&ri&t ho fubtus jufco j collar i alio, ID V rpj H I LI. 215 kgh]i II eft beaucoup plus gros que le canard dqmeftique, toute la partie fuperieure de fon corps eft d'un beau bleu , l'inferieure eft grife ; ilporte une grandecrete rouge fur la tete, 8c autour du cou un collier blanc fuperbe. Le cofcoroba (1) [ anas cofcoroba. ] Cette efpece d'oie eft non feulement eftimable 5 a caufe de fa grandeur , mais principalement a caufe de la gran.de facilite avec laquelle on peut la rendre domeftique, & meme fe -i'atta-- cher au point qu'elle fuit par-tout la perfonne qui lui donne a manger; elle eft tout a fait blanche, excepte les pattes & le bee, qui font rouges , & les yeux qui font d'un beau jnoir. Le cygneChilien (2) [anas melancorypha] eft ii peu pres de la meme groffeurque le cygne cTEurope, dont il fe rapproche encore par la figure ; mais il fe diftingue par la couleur noire dts plumes , dont la tete & la moitie du cou eft couverte; tout le refte eft d'un blanc lui- (ant. La femelle fait ordinairement fix petits9 quelle ne laiffe jamais feuls dans le nid ; elle ■' (1) Anas roftro extremo dilatato , rotundato , cor for 6 #lbo. (i) Anas roftro femi-cylindrico rubra y capita nigrf , torpors alho* Oiij 214 Hi S TO I R E N A T U Pi E L L K les emportefur fori dos tout'es lis fois qu'elfe cherche de la nourriture. Le Chili a fix efpeces de herons de la plus grande b'eaute j le premie^eff le grand heron d" Eu- rope ( ardea major) 5 le fecond eft le heron a the rouge (1) [ardea erytrocephala. ] Get oifeau eft auffi grand que le precedent ; tout le corps eft blanc, avec un panache rouge fur la tete, qm lui tombe fur le dos. Le troifieme eft le hi- rongalate (2) [ ardea galatea] ; il a le plumage (fun blanc de lait \ lebec jaurie , de quatre pou- ces de longueur ; les jambes d^un rouge era- moifi, de deux pieds & demi de long \ le cou de la m6me longueur. Le quatrieme , le heron a the hleue(3); h tete & le dos font bleus , les ailes noires , faordees de blanc ,' le ventre d'un vert jaunatre, la queue verte, le bee noir , & les jambes jaunes. Le cinquieme eft le heron thula(^) [ardea thula ] , nom qu'on lui donne dans lepays s 11 eft tout blanc, avecune belle (1) Ardea occipite crifta dependents tub to. , corpses dlbo. (i) Ardea oceipite fubcriftato 3 corpore latleolo , roftr& iutco ypedibus coecineis. (3) Ardea Venice criftato , cceruleo , tcmigibus nigri$ aibomarginatis* ■-....,, (4.) Ardea oceipite criftato , corpore albo» ^> h C h i L i.. ,a*r liuppe for la tete , de la meme couleur. Les deux efpeces d'aigles qu'on y trouvefont Yaiglefauve d'EuvopQ , queleslndiens nomment gnancu, & le calquin (vultur harpy a. Lin.) , autre efpeced'aigle, qui me paroit peu differer du it^quauhthli du Mexique , & du urutaurana du Brefil -r la tete de cet aigle eft decoree d'un pa- nache bleu; les plumes du ecu, du dos & des ailes font d'un noir qui tire au bleu > celles de la queue font a rales brunes & noires ; ii a la poitrine blanche , picotee de brun , &. fonen- vergure eft d'environdixpieds &demi. Nous avons deux efpeces de tourterelles; Tune ne differe point de la tourterelle d'Europe, Tautre [columba melanoptera] (i) a les ailes noires , I9 refte du carps gris. Les pics y font de quatre efpeces ; le pieman, lepic de Firginie , le charpmtier, & le Pltico. Le charpemier (2)[picus lignarius] eft plus petit quuti merle; ii a une huppe rouge fur la tete; le corps eft bariole de b!anc & de bleu. Le bee de cet oifeau eft fi fort , que non feuletnent il fait des trous dans les arbres fees , mais il parr (1) Cotumha cau&Lcuneaii , corpot£c remi- gihus nigris. (1) Picas filed coccimo ►, corpore alhp , catrukpqm Oh iKAi 216 HisToikE Naturille vient encore a faire des creux dans les arbres verts, dansiefquels il fe niche : il eftdangereux pour les arbres frontiers. Le pitko-(i) [ picas pi- tius] eft de la groffeur d tin pigeon \ fon plu- mage eft brim , tachete de blanc ; il ne fe niche pas > com me fo#t les oifeaux de fon efpece, dans fe creux des arbres , mais dans les bords eleves des rivieres , ou il fait fa ponte, qui eft de qiiatre ce'ufs. La chair de cet oifeau eft fort eftimee. Les perdrix grifes & rouges qui , cornme fe pretend le P. Feuille , font plus grofles que celles d'Europe, fe voyent en nornbre d^ns tout le pays * elles font fur-tout d im gout ex- cellent en Avril & Mai, lorfqu'elles fe nour- riflent des fleurs de la faffia perdicaria. Dans les marais , on trouve une efpece plus petite 5 & dJun gout moins delicat. Les cailles font ab- folumenc incormues au Chili , quoique tres* communes dans plufieurs provinces de PAme- rique* Les poules domeftiques , que les Indiens nomment achau , font de la meme race que celles d'Europe; cependant, cTapres des tradi- (i.) Picus cauda hrcvi , corf ore fufco ^ m.aculis ov.&tibu$ 0 . ! r> v C h i t i »rjl lions dignes de foi , on pretend qu'elles ont ete connues de tout temps : ce qui vient a 1'appui de cette opinion, eft le nom propre qu'elles ont dans la langue dupays, qui man- que a plufieurs autres efpeces d'oifeaux de race etrangere: tels font les pigeons ordinaires, les canards domeftiques , les oies & les dindes. Ceci confirme ce que les Voyageurs anglois ontobferve dans prefque toutes les Ifles de la mer Pacifique , que la poule domeftique, le cochon.>& le chien font de tous les animaux ceux qui n'ont prefque jamais abandonne 1'homme,. Dans le nombre immenfe d'oifeaux que le Chili nourrit , je me contenterai d'indiquer ceux qui me paroifient meriter une attention particuliere. Je les divife d'abord en oifeaux palmipedes & oifeaux fiffipedes. Les premiers ont les doigts unis par une membrane ; i!s habl* tent la mer & les eaux en general 3 & fe nour- riffent de poilTons ou d'infe&es aquatiques:en yoipi les principaux. Le finguin. (j) [diomedea Chilenfis ] (2)* (1 ) Diomedea alls impennibus , pedibus compedibus itida&ylis , digitis omnibus connexis. (z) II faut diftinguer en latin Chilenfis & Chlloenfis «aue Linn© a foifrenc confondu. G* !** 1_ SI feiS Histoire Naturelle Cet oifeau paroit unir les oifeaux avec le£ poiflbns, comme le poiflbn volant rapproche les poiffons des oifeaux: fon bee & fes panes font celles d'un oifeau aquatique ; mais fon plumage eft fi fin , qu'il paroit du poll; au lieu d'ailes., on lui voit deuxnageoires pendantes, qui font couvertes de plumes tres-pourtes , qui refTem- blent a des ecailles ; elles lui fervent effe&ive- ment pour nager ; mais elles font beaucoup trop peti-tes pour le vol. Son corps a lagrofleur d'un canard ordinaire,, mars fon cou eft bien plus long; fa tete eft comprimee des deux cotes , & trfcs-petite, relativement au volume de fon corps; le bee eft mince, recourbe un pen vers la pointe; les plumes qui couvrent la partie fuperieure de fon corps, font grifes & bleues, changeantes ; celles de la poitrine & du ventre font blanches ; fa queue n'eft autre chofe qu'un prolongement des plumes du crou- pion & du ventre. On pourroit !e nommerpa- dicipgde , a caufe de la portion de fes pattes3 quife trouvent proche de l'anu-s., & qui : J'o.bli- gent de marcher droit , la tete levee comme rhomme; fa marche eft vacillante, & la tete toujours en mouvement , pour conferver l'e- quilibre.. Les Chiliens lui pnt donne le norrx d'oifeau enfant, parce que de loin il ne re.ffe.m-* hie pas mal a un enfant qui commence a mai> 0:!, irxr C h i l i. 219 cher 5 fes pattesn'ont que trois doigts.Plufieurs Naturaliftes fmip confondu avec Talca ; mais il appartient fans cOntredit au genre de dio- mede , par la forme de fon bee 3c par fes na- rines. Cet oifeau , quoiqu'exceUent nageur, tie peut tenir la mer pendant une tempete,, & Ton en trouve fouvent fur la plage qui ont pen. Plufieurs voyageurs ont vante la chair de cet oifeau s je ne Tai jamais goutee , & je fa is qu'au -Chili pejfonne n'en mange. La peau eft grofFe comme celle du cochon , & fe detache facile- Ttient des mufeks : ii fait fon nid dans le fable ; fa ponte eft de fix ou fept ceufs blancs, tache- tes de noir. Le quethu(i) [ diomedea Chiioenfis. ] Cet oifeau eft durneme genre & de la meme gran- deur que le precedent ; il fe diftingue cependant par fes ailes qui font abfolument depourvues de plumes, &par des pattes divifeesen quatre doigts;fon corps eft couvert d'un plumage touflfu, tres-long, de ceuleur cendree, un peu crepu , & fi doux, que les habitans de TArchipel de Chiloe , oucesoifeaux font tres- communs , le filent, & en font des couvertures de lit fort eftimees. (i) Diomedea alls impennibus , pe dibits compe dibits mradaftylis palmaus^ corpore ' idnuginojb cinerzov ■ S20 H I S T 0-1 R B N-A T U R E L £ g Le thage (t) [ pelecanus thagus ]. Le5 Efpagnols le nomment Alcatra\. Ceft uneefpeee de pelican de couleur brune \ remarquable par h grandeur de fa poche membraneufe fous la gorge- il eft auffi grand qu'un coq d'Inde; foa cou eft d environ xrn pied $ & k$ patted de vingt-deux pouces de hauteur; la the eft bien proportionne'e, & aflez grande pourportetr no bee dun pled de long afabafe; il eft lira peu recourbe vers la pointe, & decoupe en fcie fur fes bords. Le bee decoupe me paroit fournir un cara&ere aflez clair \ pour diftin- guerfe pelican du Chili de celui d'Europe, dont le bee eft entier fans etre decoupe. La partie inferietire du bee de notre pelican eftdivifee en deux lames qui s'unhTent verslapointe; cesdeux lames font tres-efaftiques ; elles peuvent s'elargir a la bafe , & 1'ouverturequ'elles preferment con- duit a la poche membraneufe. Cette poche n'eft qu*un prolongement de la peau qui couvre la machoire inferieure & le cou; elle eft fufcepti- ble d*une grande extenfion , '& couverted'un duvet gris tres-court. Lorfque cette poche eft vide y on Papenjoit a -peine 5 mais on eft furpris defenormite de fon volume, quand Toifeau la fcH* (1) Pckcanus caudd rotunda s roftro fcrrzio , guld Jae* B U C H 1 L r, 12% remplit de poifTons, fur- tout dans le temps dela couvee, qui, pouEl'ordinaire, eft de cinq. Get oifeau eft pourvu de grandes ailes, dont le vol eft de pres de neufpieds;les premieres pennes font aflez longues > & le tout parfaitement conforms a la pefanteur da corps qu'elles doivent enlevetv Sa queue eft courte , de forme arrondie^ les pieds ont quatre doigts , unis par une forte membrane. Le pelican du Chili eft folitaire &■ parefleux; il habite les rochers de lamer, fur lefquels il conftruit aufli fon nid. Les habkans employentla poche rnefnbraneufe lorfqu'eiie eft appretee , pour y mettre leur tabac ; elle lent fert encore pour en faire des lanternes, qui reufliflent tres-bien, acaufe de la tfanfparence de cette membrane. Les plumes des ailes du peli- can font preferables aux plumes des oies , pouE fecriture. Le cage (i) [ anas hybrida ] eft une efpece d'aie qui habite les Ifles de T Archipd de Chiloe* elle eft remarquable par la dilTcmblance qui exifte entre le male & lafemelle, relativement a la couleur du plumage;, le male eft tout blanc , ayant le bee & les pieds jaunes; h femelle eft noire, excepte quelques filets blades^ dont les extremites de plufieurs plumes font ( i ) Anas rojiro fani-cylindrico s cera rubra , taudd 'acu* tiufaUL 2.22 Hi ST OX RE NaTUKELLE bcrdces; foa bee & fes pattes font rouges- J5ai donne acetoifeaule nom de hybrida ou mulatre, qui m'a paru bien exprimer cette diflemblancc remarquable. Le cage eft de la grofteur de nos oies domeftiques, mais fon cou eft plus court , les aiies & la queue plus longues ; les pattes font comme celles de nos oies. Malgre la diverfite de couleurs dans les deux fexes , ils paroiffent s'aimer ibrtement ; Us vivent dans une monogamie parfaite \ dc ne fe trouvent jamais en bandes nombreufes comrne lesautres oifeaux aquatiques* Pendant te$ couvees ils fe retirent fur le rivage > ou la femelle fait crdinairement huit ceufs blancs dans une cavite qu'elle creufe dans le fa- ble. Lefamant (i) [ phoemcopterus Chilenfis ]; eft un des plus beaux oifeaux du Chili y oil il ne frequente que les eaux deuces; il fe - diftingue par fa grandeur , & par la belie cou- leur de feu des plumes du dos .& desailes; cette couleur fait le plus bel effet avecle refte de fon plumage 9 qui eft d'un blanc fup.er.be*. ■ Sa hauteur, depuis la pointe du bee jufqu'aux ongles des pattes , eft de cinq pieds ; le corps feul a tout au plus un pied de longueur; ii D U C ■ H I L i, %&S % la t£te petite, oblongue, couronnee d'une efpece de houppe \ les yeux petits , mais vifs; le bee dentele, un peu recourbe verslapointe, & d'environ cinq pouces , couvert d'une pelli- cule rougeatre; les pattes ont quatre doigts 9 trois pardevant , & le quatrieme par-derriere* La queue eft courte & arrondie | & les ailes analogues a fon volume \ les grades pennes font parfaitement blanches, au lieu que le flamant des autres parties de TAmerique , & k phenicoptere de TAfrique les a noires. On pretend que ces oifeaux font gris dans leurjeti- Beffe;piais rnoi qui en ai vu de grands & de petits, je puis affurer que kur coukur eft la '■'aieme dans tons les ages. On die encore qui! y a toujours un de ces oifeaux qui fait fenti- qelle lorfque les autres mangent, e'eft auffi yne de ces particuliarites que je n'ai point obfer- vees. 11 eft cependant vrai qu'ils font tres- farouches, & quon ne peut que rarement s'en approclier a la portee du fufil. Comme cet oifeau a les jambes trop hautes pour couvec commodement fes ceufs, il eft oblige dV remedier par la forme de fon nid. II le conf- truit ordinairement fur les bords des eaux en forme de cone tr.onque ," haut d'un pied 5c demi ; le fommet de ce cone a un petit en- foncement tapiffe de duvet tres-fin \ il ne fait &24 His? ox&e NAttf REttfi qu'appuyer lecroupion fur le nid, tout lerefte du corps refte droit , & on diroit que 1'oifeau eft affis fur une chaife > les partes en bas. Les Arauques font beaucoup de cas de cet oifeau S dont ilft employent les plumes pour orner ieurs cafques, & le bout de ieurs lances. Le pillu, (0 [tantalus pilius ] eft une efpece d'ibis ; il a le plumage bianc , bariole denoir ; ilhabite par preference les rivieres & les lacs d'eau douce. De tous les oifeaux aquati- ques3Ie pillura les pattes les plus longues; car, y compris les cuiffes elles forft de deux pieds liuit pouces. Le corps decet oifeau ne s'accorde pas avec les pattes ; a regard de fon volume, il eft a peu pres comrae le corps d'une oie domeftique ; le cou a deux pieds trois pouccsde long, avec un petit jabot depourvude plumes. La tete eft de groffeur mediocre, le bee gro$f convexe, & pointu ^d'environ quatre pouces * & fans plumes jufqu'au front. II a a chaqua. pied quatre doigts , qui font unis a leur bafe par une membrane tres-petite. La queue eft courte, & entiere comme celle de prefque tous les oifeaux aquatiques. Les Efpagnols le nomment cycogne du Chili , dont il differ© (?) iantalus facie > reftro -pedibiifquz f ufc Is , corpora albb , remigibus rctiriciBufqng nigris. pat : r> v C n t t r. 22^ par les. caraderes que je viens d'en donner. Je tie l'ai jamais vu fe pofer fur les arbres ou autres endroits elevesj il refte prefque tou- jours dans les marais & fur les bords des nvieres, ou i! fe nourrit de reptiles. life niche ordinairement entre les ■ rofeaux , ou il fail deux <£ufs Wanes, qui tirent un peu % Je bleu. Les Naturajiftes donnent le nom de fiffipedes 3 des oifeaux dont les doigts font "-libre's, & point unis par une membrane; ils vivent/pour la plupart, dans les plaines & les bois,& fe nourriflent de fruits \ d'infe&s, ou de' chair, Voici les plus remarquables. La^^c'eftlememeoifeauconnufouslenom decoiibri, picaflor , oifeau mouche , & le'tro- chilusde Linne, qui en a decritvingt-deuxefpe- •ces. Ces oifeauxfontge'ne'ralement d'un ties - pe- pt volume ; ils ont lecou court, la tete propor- tion^, les yeux nolrs & yK^ {e bec de fa grofleur dune e'pingle, a peu pres de la meme longueur que le corps; la langue eft bifourchue, les jambes eourtes.a quatre doigts , la queue compoiee de fept ou neuf plumes auffi longues que le corps , les aiies tres-longues. Leurs teintes varient felon les efpeces- niais dies font en general tres riches ,.. & unifFent l'eelat de for & des pierres precieufes, auxplusbeHes nnancss 226 HlSTOIRE NATURSLLE de couleurs , qui fe confervent meme apres leur mort. Us font tres-cornmuns dans tout le Chili 5 & pendant Tete, on les voit bourdonnec comme les papillons autour des; fleurs , mais ils ne sJy pofent prefque jamais; leur chant n'eft qu'un gazouillement tres- foible, pro- portionnea Torgane qui le produit. Les males fe diftinguentdes femelles par le brillant de la tete j, qui tire fur Torange : ils nichent fur les arbres, & leur nid eft conftruit avec de la petite pailie & du duvet. lis ne pondent que deux ceufs blancs5 picotes de jaune, de la groffeur d'un pois chiche. Le temps de leur propagation eft Tete; le male & la femelle couvent alternativement. Lorfque Fhiver ap- proche, ce petit oifeau fe fufpend par fon bee a un rameau ; & dans cette pofition, il tombe dans une efpece de lethargie qui dure tout l'hiver : e'eft le temps oii il faut les prendre * car lorfqu'ils font dans toute leur vigueur, il eft prefque impoffible ce les attraper. J'ai obferve trois efpeces de ce petit oifeau au Chili j la premiere eft le petit colibri , le colibri a tete bleue, & le colibri huppe. Le petit Colibri (i) [ Trochilus minimus Jrie pefe (i) Trochilus rettiroftris, rettricibus lateralibus marginc extcriorc albis , corporg viridi nitente , fubtus albida* Linn. D u Chili. 227 "que.vingt deux grains , fa couleur dominante eft un vert extremement brillant. htcGlibriatke bleue (1) [ trochilus cyano- cephalus ] a le corps gros comme une noifette; niais fa queue eft trois fois plus longue que le corps; fori bee eft droit, pointu, 3c blan- ch at re i la tete d'un bleu dore, le dos vert brillant, le ventre d'un rouge jaunatre; les plumes des ailes font bleues, bariolees da p-ourpre. Le colibri huppc (2) [ trochilus galeritus J eftle plus gros de ces trois efpeces; il eftcepen- dant plus petit que le roitelet d'Europe- fori bee eft un peu courbe, fa tete eft decoree d'une petite huppe raye'e dor & de pourpre 5 le coil & le dos fon verts ; les pennes des siles 3c de la queue font brunes , picote'es d'or; toute la partie inferieure de fon corps eft couleur de feu diangeante. Le Siu (3) [fringilla barbata]. Les Efpa- gnols lui ont donne le nom de gilghero,qu£ (l) Trochilus re&iroftris , capite , remigibus , re&rici- hufquc camlets , abdominc ruBro* (z) Trochilus curvirofiris viridi-aureus , remigibus^ rec* i:icihujquefufcis , criftd purpurea. (i) Fringilla lutea , alts viridibiis } nigro rub toque ma- tulatis , guLi barbata* w 228 Hist6ire Naturelle veut dire chardonneret , oifeau auquel il ref- femble un peu par les couleurs. II approche du ferhi de Canarie , pour la forme & la groffeur; fon bee eft conique , droit, & pointu; il eft blanc a fa bafe , & noir vers la pointe. Le male a la tete noire, veloutee , le corps jaune, legere- ment marque de vert; les ailes bariolees de vert, jaune, rouge, & noir, la queue brune* Lorfquileft jeune, fa gorge eft jaune; mais apres les premiers fix mdis,on apergoit des poils noirs qui pouffent pres la bafe de fori bee, & qui, a mefure qu'il avance en age , lul couvrent toute la gorge : a 1'age de dix ans, qui eft ordinairement le terme de fa vieillefle* cette barbe s'etend jufqu'a la moitie de la poitrine, & on peut par confequent juget: Tage de cet oifeau d'apres la longeur de fa barbe. La femelle eft toute grife , avec quelques taches jaunes fur les ailes; elle n'a ni voix, ni barbe , & ne fait que fiffler de temps en temps : le chant du male au contraire eft tres- harmonieux, & furpaffe de beaucoup celui du ferin. Lorfqu'il commence a chanter s it eleve peu a peu la voix , la fourient pendant affez long-temps , & finit par des fredonnemens extremement doux. Cet oifeau chante pendant toute 1'annee , & apprend facilement a imitet ayec beaucoup de grace la voix des autres D 17 C H I L f. $29 fcifeaux. Le Cu s'obferve pendant toutetannee fur lesmontagnes maritimes; mais il ne fe trouve qu'en hiver dans les plaines des pro- vinces mediterranees , quil abandonne au prin- temps ; pour habiter les Andes , ou il fait fes couvees. II conftruit fon nid indifFerem- ment fur toutes fortes d'arbres, avec de la paille menue & des plumes. La femelle ne fait que deux ceufs chaque fois ; mais je crois quelle en fait plufieurs couvees par faifons. Cet oifeau fe multiplie prodigieufement , car on le voit par-tout ; & quoique les payfans en prennent tous les ans des milliers, ou pour les encager , ou pour les manger , leur nombre ne diminue pas. Lorfque cet oifeau eft une fois accoutume a fa cage, on peut s'en fervir avec avantage pour les pipees *, il devient tres- : familier, & s'attache meme aux perfonnes qu'il connoit. On le nourrit avec plufieurs femences ; mais il prefere la graine de la madia fativa, & les feuilles aromatiques du fcandix Chi- lenjis. La diuca (1) [Fringilla diuca] eft du meme genre que le .precedent , mais un peu plus grand, de couleur bleue ^fon chant eft fort (1) Fringilla ccsrulea , gula alba* P iij zyo Histoire Nature£ib agreable , fur-tout vers la pointe du jour. II vi« aux environs des habitations comme le moi- neau, dont il a plufieurs propriete's. Je fup- pofe que le moineau bleu du Congo, dont par- lent Merolla & Cavazzi, & Toifeau de la nouvelleZe!ande,qui chantoit fi harroonieu- fement au lever du foleil, d'apresle temoi- gnageduCapitaineCoock^ pourroit bien etre la diuca. Le thili y ou Chili (2) [ turdus thilius] eftune efpece de grive qui paroit avoir donn6 le nora a tout le pays, comme jel'ai fait voir au commencement de cetOuvrage. Linne'a decrit5 apresFeuille', la femellede cet oifeau, fous je nomdeturdusplumbeus.Celle-cieilefie&ivement de couleur grife, mais le male eft tout noir, excepte unetache jaune quils a fous les ailesj il a au refte la figure d'une grive, mais la queue eft cuneiforme. II fait fon nid fur Its arbres qui fe trouvent pres des rivieres, avec du limon detrempe, dans lequel il couve ks ceufs au nombre ie quatre. Son chant eft tres- doux & fonore, mais il ne felaifle pas encager. On nele mange pas, car fa chair a une odeur forte & defagre'able. C eft peut-etre une des (1) Turdus. atcr} axillis luteis rcauda trunsataU BU CBllt 23* fcaftbns pourquoi cet oifeau muitiplie G excef- iivement. . La thenca (1) [turdus thenca]. Je crois que cet oifeau n'eft quune variete de !a grive Virginie, turdus poly glottus, ou du turdus orpheus dudeMexique j il eft de la meme grofleur que la grive ordinaire; mais fes ailes , & f a queue qui eft entiere & arrondie, font plus longues ; fes yeux , fon bee, & fes pattes font brunes ,. & conformesaucara&ere de Tefpece; la partie fuperieure de fon corps eft cendree , tachetee de brun & de blanc ; les pennes des aiies & de la queue on tdesextremites blanches; lapoitrlneSc Je ventre font d'un gris pale. II niche fur les arbres, &fonnideft de forme cilindrique, d'un pied de long, garni exterieurement d'epines, interieu- rement de laine & de plumes j fa couvee eft de trois ou quatresceufs blancs, picotes de brun *, fon nid eft ferme par - tout , excepte fur le cote , ou Toifeau fe menage une tres- petite ouverture. II eft impoffible de donner une idee exa<5ie de fon chant ; on croit entendre un tres-grand nombre d'oifeaux dont les voix s'accordent; il pofifede en outre l'adreflfe d'imi- ter le chant d'un oifeau quelconque. Sa voix (l) Turdus fuj co cine re us , fubtus pallido-cinereus > nj« migibus 3 rettricibufque apice albis. Piv m ¥ 252 HrsTorgE Natuxexli eft en general plus forte , & beaucoup plu* harmonieufe que la voix du ro'ffignol ; il eft d'un naturel extremement vif, toujour* en mouve- ment; meme lorfqu'il chante, il faute d'une branche al'autre. Ceft pour cette raifonqu'dn ne petit pasconferver cet oifeau encage. II habite par preference dans les environs des maifons; il eft prefquc omnivore ; il pre'fere cependant les mouches & le fuif. ; Le cureity (i) [ turdus curasus ]. Cet oifeau tient le milieu entre l'e'tourneau & le merle; il reffemble un peu a ce dernier, dont il a encore la grandeur; fon bee eft un peu anguleux, recourbe' vers la pointe; la bouche eft garnie de plufieurs poils , & fes narines font convenes par une membrane mince ; fes pattes & la pofition des doigts eft celle des autres merles , & fa queue, qui peut avoir cinq poucesde long, eft cuneiforme. Tout Toifeau eft d'un noir brillant, le bee, les yeux, meme le bee & la chair font noirs. Cet oifeau eft audi fort eftimeacaufede fa voix me'lodieufe , & qui eft d'unegrande e'tendue; ilimite tres-bien le chant des autres oifeaux; encage il apprend facilement a parler. II fe (i) Tardus am , nitens \ rofiro fuiftruiQi caudd «*- neatd. D U C H I L I. 23J nourritde plufieurs graines, de vers, & de Viande; c'eft pourquoi on le voir pourfuivre les petits oifeaux dont il mange la cervelle. Malgre fon penchant pour la rapine , il s'appri- voife facilerfient , & peu de jours fuffifent pout lui faire prendre le gout de fa prifon. Le cureu vit en fociete com me les etour- neaux; on en voit tous les jours de nombreufes bandes dans les prairies : lorfqu'ils retournent le foiraleur gite, on les entend chanter dans Tair; ils forment alors une efpece de cercle* Leurs nids font conftruits avec beaucoup d'a-> dreflev la bafe & les contours font faits avec de petites branches & des joncs entrelafles, le tout cimente avec de la glaife qu'ils appor- tent avec le bee & les doigts* Lorfque le nid a la grandeur neceflaire , loifeau funit exte- rieurement avec fa queue, qui luifert detruelle, X/interieur du nid eft garni de poils; leur couvee eft de trois ceufs blancs* tirant fur le bleu. Lzloyca(2) [ fturnusloyca] eft plus grande que Fetourneau, auquel elle reflemblecependant par le bee, la Iangue, les pattes, la queue, & *a maniere de fe nourrir. Le male eft d'un gris (1) Swrnus fufco alboque macuUuts , peftore coc- 234 Histoire Naturelib obfcur , tachete de blanc , a Texception de \$ gorge , qui eft de couleur ecarlate. La femelle eft d'un gris plus clair , & le rouge de la poi- trine plus pale; elle ne fait jamais plus de trois ceufs , qui font gris , marques de brun ; elle conf- truit fonnid dans le premier trou qu'elle trouve en terre5fans beaucoup de foins. Cetoifeau,que Ton recherche encore pour fon chant , s'appri- voife facilement. Lorfqu'il eft en liberte, il s'eleve perpendiculairement dans Pair, en chan- tant avec la femelle, & il s'abaiffe de la meme maniere. Les Indiens font des obfervations fuperftitieufes fur le chant de cet oifeau , dont ils eftiment encore les plumes de la poitrine pour ornerleurs panaches. Larara (i) [ phytotoma rara. Gen. nov. ~\ eft a peu pres de la grofleur de la caille. Lef- pece me paroit unique* dans fon genre; elle appartient zupaferes de Linne. La rara a le bee affez gros P conique, droit, un peupointu, entaille en fcie , d'un demi-pouce de longueur ; fa langue eft tres-courte & obtufe, la pupille de Pceil brune : elle aquatre doigts aux pieds, trois par devant,bien proportionnes, le qua- (r) Phytotoma. Roftrum conicum^ rcftum } /erratum* IVares ovata. Lingua brcyis obtufa. b u Chili, 23f trleme par derriere , mais un peu plus court; la queue mediocre & arrondie. Cet oifeau eft d'un gris obfcur fur le dos, un peu plus clait fur le ventre; les pen.nes des ailes & de la queue ont des pointes noires. Le fon de fa voix eft rauque , interrompu , & paroit exprimer fori nom. Cet oifeau fe nourrit d'herbes 5 mais it a la mauvaife habitude de couper auparavant les tiges tout pres de la racine '•, fouvent il tie fait qu'arracher par caprice quantite de plantes, fans y toucher. Les payfans le perfecutent par cette raifon , & Iui font une guerre continuelle,. & les enfans qui en detruifent les ceufs 3 font recompenfes. II fait fon nid dans les endroits obfcurs & peu frequentes3 fur les plus hauts arbres; & par la il echappe a Ja perfecution de fes ennemis; mais malgre fes precautions cet oifeau diminue confiderablement, Jene fais fi c'eft parce que fa tete eft mife a prix,ou que S'efpece eft peu feconde par elle meme. Le perroquet. Le Chili nous offre troisefpeces differentes de ces oifeaux ; Tune y eft perma- nente, & les deux autres ne font que de paflage, L'efpece permanente porte le nom de thecau(iy £ pfittacus cyanalyfios ]. Ce perroquet eft un (1) PJittacus braclvyurus y lutcavirens ^ colIaricarulsQ% urogygio rubrg* n!ft 236 HlSTOIRE NatURELIB peu plus gros qu'un pigeon ordinaire ; i! a uit collier bleu fuperbe ; les plumes de la tete, des ailes , & de la queue, font vertes, tachetees de jaune; celles du dos , de la gorge, & du ventre font jaunes ; fa queue eft de longueur mediocre & egale. Get oifeau fe trouve dans tout le piys en aflez grand nombre, & le dommage qu'il fait annuellement aux bles eft confiderable. lis volent par bandes tres nom- breufes; & lorfquils defcendent dans quelque champ pour fe nourrir , ii y en a un qui fait fentinelle , perche fur un arbre , & q«i avertit fes camarades par des cris repetes en cas de danger. On ne peut les approcher que diffici- lement, &ce n'eft qu'en lan^ant un chapeau dans Tair, fur lequeltoute la troupe fond avec un acharnement incroyable, que Ton parvient a en tirer un grand nombre d'un feul coup de fufil. Ilsnichent dans les rochers les plus ef- carpes , dans lefquels ils font des trousprofonds & tortueux ; leur ponte eft de deux oeufs blancs, groscomme ceux de pigeons. Quoique leursnichees paroifTent inacceflibles , les pay- fans en prennent une quantite etonnante s Us fe IaifTent defcendre a faide d'une corde, & tirent les jeunes perroquets de leurs nids avec un crochet fait expres. Ces petits perroquets font d'un gout excellent , &fevenderit a tres- D U C H I L I. 237 bon prix. J'ai vu en donner huit pour la plus petite monnoiedu pays , qui eft d'environ trois fous de France. Lorfquon leur a pris la premiere couvee, ils en font une feconde, quelquefois une troifieme, & meme une quairieme : de la vient cette quantite etonnante qui fouvent devafte les campagnes. Ils s'apprivoifent aifement , & apprennent tres - bien a parler. Les perroquets de paflage font le choroi, & la jaguilma. Je les nomme de paflage , parce quils habitent les Andes en ete , & qu'ils ne viennent au Chili qu en hiver. Ces deux efpeces font de la grofleur d'une tourterelle , & appar- tiennent a la famille de perruches. Le choroi (1) [ pfittacus choroeus ]. Lapartie fuperieure de fon corps eft d'un beau vert , le ventre d'un gris cendre5& la queue propor- tionnee j il parle mieux que tous les autres. hzjagtdlma (2) [pfittacus jaguilma] eft tout vert y les extremites de toutes fes plumes font brunes , fa queue eft tres-longue & pointue. Cette efpece paroit la plus feconde. Dans les plaines fituees entre le 34' & 4 J" e degres de (i) Pfittacus brachyurus viridis ,fubtus cinereus , or- faitis incar nails* (z) Pfittacus mac rout us viridis , remigibus apicefufcis, erbitis fulvis. 238 HlSTOIKE NatCTRELLH latitude, on en voit fouvent des bandes dont le nombre eft difficile a concevoir, Lorfqu ils partentd'un endroit pour tomber fur un nouveau champ cultive, i!s obfcurciflent fouvent !e foleil ; on entend a une grande diftance la voix de ces oifeaux, qui eft fort de'fagreable.Heureufement que ces oifeaux deftru&eurs n'arrivent qu'apres Ja recolte , & qu'ils partent avant que les arbres commencent a pouffer; fans cela , ils devafte- roient tout. Le ravage qu'i!s font dans les campagnes eft incroyable*, ils detruifent juf- qua la racine, &,rien ne peut refifter a leur terrible bee. On ne connoit point le nombre de leurs couvees; niais je crois qu'ils en font tous les mois , excepte en hiver ; la quan the qu'on en tue dans les campagnes eft inconcevable; cependant on ne les voit point diminuer; & tousles ans,quandils retournent, leur nombre paroit augmente'. Les payfans 5 montes furde bons chevaux , & de longues perches a la main , attaquent ces oifeaux a Timprovifte lorfquils fe font empares de quelque champ: comme ils fe trouvent toujours en bandes confiderables, & tres-pres les uns des autres, ils ne peuvent pas s echapper aflez vite, &un grand "nombre refte pour Tordinaire fur le champ de bataille. La chair de cet oifeau eft delicieufe, & paroit meriter la preference fur toutes les autres. t> v Chili. 239 Lethegel (1) [parraChilenfis]. Dans pref- il eft de couleur jaunatre , & de forme coni- que. Un oifeau auffi bien arme que celui ci ne (1) Parra unguibus modicis , pedibus fufcis , occivitc fubcriftato* 240 Histoire Naturelle jnanque pas de defenfes en cas de befoin ; aufli levoit-on fe battre avecime vigueur incroyable contre tous ceux qui ofent 1'attaquer; il ne vit que dans des plaines , & fa nourriture con- fifte en infedes & vers : on ne le voit jamais dans les endroits eleves ni fur les arbres, comme la conformation de fes doigts le paroit aanoncer. II conftruit fon nid au milieu des berbes ; ks ceufs , dont il ne fait jamEis plus de quatre , font de couleur fauve 3 picotes de noir, & un peu plus gros que les ceufs de perdrix. Ces oifeaux vivent par couples, & le male & la femelle font prefque toujours en fern* ble ; on les voitrarement par bandes. Lorfqu'ils apergoivent quelqu'un qui cherche adecouvrit leur nid , lis fe cachent d'abord dans 1'herbe, fans marquer la moindre inquietude ; mais auflitotqu'ils voyent approcher la perfonne de Fendroit ou eft le nid , ils s'elancent avec fureur deffus, pour le Iui difputer. On a obferve que ces oifeaux ne font jamais entendre le moindre bruit durant le jour, & qu'ils ne crient pen- dant la nuit que lorfqu'ils entendent pallet quelqu'un ; c'eft pour cette raifon que les; Arau- ques s'en fervent en temps de guerre comme fentineiles, pour decouvrir pendant la nuit ceux qui voudroient les furprendre. Ancienne- ment on chaflbit ces oifeaux au Chili avec le fauconj B v C H it f. 324.il faucon ; mais cet ufage s'eft perdu , & on le$ tueacoups de fufil.C'eft un bongibier, & il ne le cede en rien aux becafles. Le piuquen, (i) [otis Chilenfis ] , . efpece d'outarde plus grofle que l'outarde commune d'Europe. £!!e eft prefque toute blanche , a Fexception de la tete, de la partie anterieure des ailes y qui eft gnfe, & des premieres pennes des ailes ? qui font noires. Sa queue eft courts, compofe'e de dix-huit plumes blanches j elle n'a point d'excrefcence ni fur la tete ni fous la gorge , &C fon bee , qui eft tres-bien propqr- tionne , reflTemble a celui deToutarde. Sespattes font divifees en quatre doigts a (Fez gros , trois par-devant, & le quatrieme, qui eft un peu plus eleve,par-derriere. Cetoifsauhabiteles plaines, ou on le voit prefque toujours en compagniey 11 ne vit que d'herbes, & ne commence qu's Tage de deux ans a fe propager-, fa pome eft de fix ceufs blancs , plus grands que ceux de 1'oie domeftique ; il s'ap privoiie facilement, & piufieurs perfonnes de la campagne 1'ont rendu domeftique. Le cheuque (1) [ ftruthio rea ] , ou l'autruche (x) Otis capite , jug'uloque lavi , corpora alho ,. Venice fcllricihufque cinereis, remigihus primoribus nigris. (1) Struthio pQdibus tridaffylis i-digito pojiico rotundato 'mutk$* Linn. 242 Histoire NATtTRELLE derAmerique. Get oifeau fe trouve par prefer rence dans les environs du fameux !ac de Nahuelguapi , dans les vallees des Andes ; fa hau- teur approche de celle de 1'homme; fon cou a deuxpieds huit pouces de longueur, fa tete eft petite , 8c arrondie, couverte de plumes; il a des yeux noirs 3 & des paupieres garnies de fourcils, le bee court & large comme le canard* les jambes aufli longues que le cou; fes pieds ont trois doigtspar-devant, bien diftingues, &: le commencement d'un quatriemepar-derrierej fa queue eft compofee de plumes courtes & egales , qui naiflent fur le croupion. Ses ailes , quoique de huit pieds d'envergure , ne font pas propres au vol , a caufe de la conftruiiioa desplumesdont les barbes font defunies & flexi- bles. Les plumes des ailes & du dos font d'un gris obfeur, toutes les autres blanches. On trouve parmi ces oifeaux des individus tout blancs , d'autres tout noirs , que je regarde comme des varietes. Le cheuque n'a pas , comme Tautruche d'Afri-* que, des ergots aux ailes, ni des callofites au fternum ; mais il eft tout aufli vorace , & avale tout ce qu*on lui prefente, meme le fer. Sa nourriture favorite font les mouches, qu'ilprend avec beaucoup d'adreffe. II n'a point d'autres defenfes que fes pieds , dont il fe fert contra f> XT G ft 1 t 1. &g§j tons eeux qui rincommodent. Son fifflernent 9 lorfqu'i! appelle fes petits, reffemble a celui de fhomme. II depofe fes oeuts fans fbins far la terre;la ponte eft dequarante jufqu'a foixante. ~Ces oeufs font de fort bon gout, & peuverit contemrjufqu'adeuxlivresde liquide; les plu- mes de cet oifeau fervent a pluheurs uiages. Les Indiens en font des panaches , des parafois \ &c. Mi de Paw, qui fouvent perd dtvuele titrb de fon ouvrage § reprefente le cheuque cam me iune efpecedegenereede fautruche d'Afrique, parce qu'au lieu de deux doigts, il-en- a trois : mais quand meme ces deux olfeaux feroient d'une memeefpece , ce qui eft abfolument faux-, je crois que le titre d'efpece degeneree con- viendroitplutota I'autruche-d'Afrique, cornme ayant rnoins de membres > que n'en a f autruchfe de 1' Amen que. Le pequen ( 1 ) [ ftrix cunicularia ]. Cet oifeau g qui appartient au genre des chouettes y eft remarquable par les vaftes tanieres qu'il creufe dans les plaines, pour y depcfer [qs oeufs. Le P. Feuille aflureravoir fuivi, en creufant una de ces tanieres, fans avoir pu en decouvrir le fond. L'oifeau eft -de !a grofleur d'un pigeon, ( 1) Strix capite Icevi^ corporc fiprafufco • , fuBtus albo^ pedihus mbsrculaus pilojis* Q'h &44 HlSTO-IRB Naturjeils mais fon bee eft tres-fort & crochu ; il a leg narines larges , les yeux grands, avec Tiris jaune ; toute ia partie fuperienre de fon corps eft grife , tachetee de blanc *, la partie inferieure d'un blanc fale > fa queue , qui n'eft pas beau- coup plus longueque lespennesdes ailes,de la meme couleur ; fes cuifles font garnies de plu- mes, & les pattes couvertes de tubercules qui .donnent naifiance a des poils courts ; il a des doigtsforts, pourvusd'ongles erochus & noirs. Cet oifeau ne craintpas tant la lumiere que qeux de fon efpece, & on le voit fouvent de jour fe promener avec fa femelle aux environs de fa taniere. Sa nourriture principale font des infe&es & des reptiles, dont on trouve fouvent les reftes difpofes par petits monceaux devant fa taniere. Son cri, qui eft lugubre 8c interrompu, paroit imiter les fyllabes de foil nom. Ses ceufs , dont il fait ordinairement qua- tre,fontblancs,tachetesde jaune. LeP. Feuille fait feloge de la chair de cet oifeau. Je n'ai jamais pu apprendrefi effe&ivementonen fait ufage. Le thaw (i) [falco tharus] eft uneefpece d'ai- gle aflez commune au Chili, de la groffeurd'un ( i) Falco ccra , -pedibufque luteis , corpore albo-nigrcf* Jhnte , Venice trtftato* D u Chili. m diapon; le male eft blanchatre, marque de taches noires ; il a fur la tete une efpece de couronne formee par des plumes noires , dont celles du bord font les plus longues ; fon bee eft blan- chatre , femblable an bee de l'aigle commun •, fes partes font jaunes & ecaiHeufes , fes doigts armes d'ongles crochus ; les pennes des ai!es &de la queue font noires. La femelle eft plus petite que le male, de couleurgrife , avec une petite crete noire fur la tete. Get oifeau fait fon nid fur les arbres les plus eleves.j il emploie pour cela des batons • qu'il difpofe en forme de grille carree, fur lefquels il entafTeunequantite confiderable de laine, d'etoupe, & de plumes. Sa ponte eft de cinq ceufs blancs , picotes de brun; il fe nourrit de plufieurs efpecesd'animaux, meme de cadavres \ mais on ne levoit jamais pourfuivre fa proie comme font les oifeaux de fon efpece; ilfaifit tout par trahifon. Le male marche avec un air de gravite , la tete droite; lorfqu'il crie, il tient la tete recourbee fur le croupion , le bee en haut; fa voix eft fort defagreable. Le jote (O [vultur jota] reflemble beau- toup a Yaura; efpece de vautour connue des (*) Vultur niger 3 remigibusfufciS) roftro clneraceo. \ I £46 HlSTOTRE NATURElLE Naturaliftes, dont peut-etre il n'eft qu'une variete. II fe diftingue cependant par le bee., qui eft gris, ayant la pointe noire. Tout Poifeau eft noir , excepte les pennes des ailes qui font brunes; fa tete eft fans plumes , couverte d'une peau ridee de couleur rouffe \ les jambes font brunes. Cet oifeau ne prend la couleur noire que par degres: lorfqu'il eftjeune, il eft prefque blanc , & ce n'eft qu'apres avoir quitte le nid qu 'il commence a changer de couleur. La pre- miere tache noire paroit fur le dosj elte n'eft que tres-petite au commencement, mais elle s'etend par la fuitefur tout le corps. Malgre le volume de cet oifeau , qui approche du dindon , & fes griffes fortes & crochues, il nattaque aucun oifeau *, fa nouriture principaie font les cadavres & les reptiles. II eft extrememerit .parefleux, &refte fouvent pendant aflez long- temps fur lesrochers ou fur les toitsdesmaifons, les ailes etendues , & prefque immobile, pour jouir du foleil. On ne Pentend jamais crier; ce neft que lorfqu'il eft tourmente qu'on entend un cri femblable a celui des rats y qui eft ordinaire- nv nt ace ompagne d'un degorgement de tout ce qu il a mange. Tout le corps de cet oifeaa exhale une odeur forte & extremement defa- greable. La conftruclion de fon nid repond a fon indolence naturelle ; il le fak far s le moki- to u C h i K t. ^47 Srefoln, entre les rochers, ou meme fur la terre , avec des feuilles feches oudes plumes: II nepond que deux ceufs, qui font d'un blanc 'fale. Le condor (i) [ vultur gryphus]. Ce nomf fous lequel cet oifeau eft univerfellernentconnu eft Peruvien. Au Chili , on le nomme manque. C'eft le plus grand oifeau doue de la faculte du vol. Linne avoit fixe fon envergure a feize piedsj rnais les plus grands que j'ay e vu n'avoient que quatorze pieds & quelques pouces. Son corps, qui furpafTe en groffeur celui de Taigle royal, eft par-tout couvert de plumes noires, exceptefurle dos,oiiil eft tout blanc. Le cou eft garnie d'unefraife blanche , d'environ unpouce de longueur , compofee de plumes relevees. La tete eft couverte d'un poil court & rare j les yeux font noirs l'iris en eft d'un rouge brun. Le bee a quatre pouces de long; Heft extremement gros & crochu, noir a fa bafe & blanc vers la pointe. Les premieres pennes del'aile ontordinairement deux pieds 6c neuf pouces de long , & quatre lignes de diametre. Les cuiffes font de dix pouces & huit lignes; mais la jambe n'a que fix pouces: le pied a quatre doigts robuftes. ( 1 ) Vultur maximus , carunculd vcrticaL langimdh?i& tagitis 3 guld nuda.hmu* 24S Histoire Naturells Le doigtde derriere eft d'environ deuxpouces^ il n'a qu'une feule articulation , & un ongle noir de douze lignes : !e doigt du milieu a trois articulations; il eft de cinq pouces & dix lignes/ termine par un ongle tres-crochu 9blanchatre5 de vingt-deux fignes de longueur : les autres deux doigts font un peu plus courts , mais les ongles dont ilsfont garnis font forts & crochus0 La queue eft entiere, mais petite , relativement au volume de Toifeau. La femelle eft plus petite que le male, de couleur brune^ elle n'a point de fraife autour du cou , mais une petite huppfc a la nuque. Les condors fe nichent fur les rochers les plus inacceffibles; leur ponte eft de deux oeufs Wanes', plus gros que ceux des dindes ; lis fe nourriffent ou de cadavres ou des animaux qu'ils tuenteuxmemes , &remplacent parconfequent les loups , qui manquent tout a fait au Chili ; i!s attaquent tres-fouvent les troupeaux debrebis ou de chevres, & meme les veaux, iorfqu'ils font fepares de leurs meres. Lorfqu'i Is font la chaffe auxveaux, ilyen a toujours plufieursenfemble; ils les attaquent a ailes ouvertes, leur crevent dVoordlesyeux, & en peu de moment ils les cot mis en pieces. Les payfan$ employent tou- tes les rufes poffibles pour detruire cet oifeau dangereux, II y en a qui fe mettent a terre 5 D v Chi l i. 249 Couches fur le dos 3 & couverts d'une peau de bceuffraichement ecorchee ; le condor , trompe par Pafpedt, prend cette peau pour un animal mort, & s'en approche pour le manger^ rhomme alorsdont les mains font armees de gants extre- mement forts j faifit adroitement 1'oifeau pat? lesjambes, & d'autrespayfans, qui fe tiennent cxpres caches dans le.voifinage, accourent auffi- tot pour 1'afTommer a coups de baton ; d'autres conftruifentune enceinte en paliffades, dansla- quelle ils mettent le qadavre de quelque animal; les condors , dont la vue & l'odorat font des plus fins, ne manquent pas de s'y trouver; & comme ils font extremement voraces , ils fe rempliffent tellement de nourriture, qiv il ne peu- vent plus s'eiever 5 les paliffades memes, qui font pa flees tres-pres les unes 6qs autres , les empe- cbent de fuir , & ils reftent toujours fous les coups redoubles des habitans de la campagne. Cet oifeau , quand il eft repu , vole encore avec affez derapidite, pourvu qu'il fe trouve a une certaine hauteur, & bientot on le p.erdde vue. Je fuis perfuade que le condor ne diftere que par la couleur, du vautour jaune ou lae.nmergeyer deSuifle(i). (1) Les chauve-fouris , qui font le pafTige cbs quaclru- pedes aux oifeaux , n'offrem lien d'extraordinaue au Chili. f$g HisToiRE Naturelle §. XXXVI. Quadrupeds ( Melitumu en Chilien.) l J'avoisfixe, dans !e precedent chapitre,lei nombre de quadrupedes qui vivent au Chili, atrente-fix efpeces; mais dans ce nombre je ne comprends point les animaux qui y ont ete tranfplantes paries Europeens; j'en excepte de meme le cochon & le chien, quoique je neles regarde pas comme provenant de race euro- peenne ; car le nom propre que ces deux animaux ont dans la langue Chilienne ,. les diftinguent des animaux etrangers, Le P. Acoftameme, qui ecrivit peu de temps apres la conquete de TAmerique meridionale 5 n'apas ofe decider fur Torigine des cochonsdomeftiques duPerou. Le cochon du Chili > que Ton nomme chanchu , eft de la meme race que celui d'Europe; il eft tout auffi grand, & pour Tordinaire blanc; c'eft en quoi il difFere du cochon du Perou, qui eft cont- tamment noir. Pour ce qui regarde les chiens , je ne pretends pas que toutes les races que Ton y trouve a U C H I LI. 2JI lenient, y exiftaffent avant l'arrive'e des Efpa^ gnols; maisjVi; lieu de croire que le petit barbet, nomme kiltho , & le chien commun, nomme thegua en chilien , dont la race fe trouve dans toutes les parties de PAmerique jufquau cap Horn, etoit co'nnu au Chili avant cette epoque.Ceschiens aboyentcomme ceux d'Eu- rope; mais cela n'eft pas une raifon fuffifante pour les regarder comme provenant de la meme race. L'opinion commune, que le chien ameri- cain foit muet^vient fans doute d'un abus de nom que les premiers conquerans donnoient indifferemment a tous les animaux de PAmeri- que qui avoientquelque reffemblance avec les animaux de Pancien Continent. Je me con- tenterai de citerun exempfe qui prouve ce que je viens de dire \ & qui eft rapporte par M. Pabbe Xavkr Clavigero dans fon Hiftoire du Mexique: ce (avant Auteur dit, que les premiers Efpagriols qui venoient au Mexique, donnoient le nom de chien au Techichi ( i) , animal muet , tres reffem- blant au chien, quoiqued'un genre tres-different. Cette reffemblance apparente a fait dire par la fuite , que les chiens americains n'abo-yoient pas ; & plufieurs Naturaliftes quiavoient adopte (i) Le crabier , ou chien crabierj il fe nourric principale- snent de crabes. G. 2$2 HlSTOJKE NATURELLS lememefentiment, ont ete la caufe que cettd erreur s'eft confervee jufqu'a prefent. Une autre opinion , aufli deftituee de fondement , eft que les chiens d'Europe qui avoient ete tranfportes a Tifle de Jean Fernandas , alors deferte , y avoient perdu lavoix; mais les hahitans qui sy trouvent a&uellement, ont plus d'une fois allure le con traire. Les erreurs dans la nomenclature des indivi- dus, dont plufieurs exiftent encore, ont ete tres-pernicieufes a I'Hiftoire naturelle de I'Ame- rique; de la viennent ces fyftemes imaginaires fur la degeneration des quadrupedes , les pre- tendus petits cerfs , fangliers & ours , que Ton regarde comme des efpeces rabougries , quoi- qu'elles n'aient rien de commun avec hpmen- duevace primitive, fi ce n'eft le nom mat applique. Un Auteur moderne, tres-refpeftable , allegue comme preuvede degeneration, le fourmillier, qui par quelques Auteurs a ete nomme ours fcurmiller, & qui eft regarde comme une efpece d'ours degenere. Mais ce quadrupede, dont la grofleur eft inferieure a celle de lours, en differe encore effentiellement par d'aurres par- ticulates ; & tous les Naturaliftes eclaires font d'accord que cet animal n'appartient ni au genre* ni a Tordre des ours ; il eft par conf.quent ridi- cule de vouloir alleguer pour preuve deux -r ■" p i B U C H I I I. 2J3 individus fi difparates , & qui n'ont rien de commun que le meme nom, qui leur a ete donne mal a propos. Jepourrois citerun grandnombre de raifonnemens de cette nature , fi je voulois pafler en revue les differens quadrupedes de I'Ameriq^e que Ton a regardes comme des efpe- ces alterees parl'influence phyfique de ce vafte Contiennt. L'Amerique meridlonale n'a que tres-peu d'efpeces d'anirnaux qui foient communes avec Tancien continent , & ceux-ci ont conferve leur forme primitive , ou bien ils ont change a leur avantage, comme on peut I'atttudre d'un climat auffi doux. De ce nombre font , au Chili , le renard , le lievre , la loutre & la fouris. Les renards font de trois efpeces, le guru ou le renard commun •, ( canis vulpis. L . ) la chilla ou le renard champetre ; ( canis alopex. L.) & hpayne ou renard bleu ( canis lagopus). Cette derniere efpece de renard, qui eft fur-tout com- mune dans Tarchipel de Chiloe , sy trouve tou- jours noire. Tous trois font de la meme groffeur que ceux d'Eurppe. Le lievre du Chili reflemble pour la figure au lievre d'Europe; mais il lui eft fuperieur par le volume ; car on en trouve qui pefent jufqu'a "vingtlivres; c'eftce quia ete confirme par le Capitaine Byron 9 qui en tuaplufieurs fur la 2J4 HisToire Naturelle cote desPatagons , lors defon voyage (i). Ce£ lievres fe trouvent en quantite dans les pro- vinces de Coquimbo , de Puchacay $ & de Huilquilemu. La chair- de ces animaux a gagne dans cepays-, elle y eft parfaitement blanche, & fuperieure a ceile des lievres d'Europe. Les loutres habitent les eaux douces des provinces Auftrales; elles ne different en rien des loutres d'Europe. Les rats ont ete portes par les vaifTeaux etrangers. Les efpeces de fouris que Ton connoit au Chili, font , la fouris domeftique ( mus mufc cuius ),!e mulct (mus terreftris ) , & plu- fieurs autres dont nous parlerons dans la fuite. Lorfque je dis que les quadrupedes du Chili ne prefentent que trente-fix efpeces, je ne parle que de ceux qui font parfaitementcon- nus , quoique je fois bien perfuade qu'il y en exifte un plus grand nombre , fur-tout dans Tinterieur des Andes, qui ne font point en- core connus. Cette opinion a ete confirmee par des traditions generalement repandues dans le pays , & on m'a nomme huit efpeces d'animaux decouverts en plufieurs endroits 5 mais les defcrlptions qu'on m'en a donn^es font i> u- "C H i l ri sjjTj wnparfaltes., & les individus n'ont ete vusque par peu de perfonnes : c'eft la raifon pourquoi jen'ai point voulu les ranger parmi ceuxdont Teconomie eft parfaitement connue. Je divife les quadrupedes que }e vais de-, crire y en quadrupedes qui ont des doigts au# pieds (digitati), ou qui font folipedes (corni* pedi). Cette divifion , quoiqu imparfaite , m'a paru la plus convenable pour le petit nombte d'efpeces. Les quadrupedes qui ont des doigts aux pieds, font ou palmipedes ou JiJJipedet.'Les palmipedes vivent dans lamer ou dans les eaux douces y &c fe nourriffent de poiffons. Void ceux qui vivent dans la mer du Chili. VUrigne (i) [phoca lupina]. Cette efpece de phoque j que les Efpagnols & les Francois nomment loup marin , differe peu du phoque commun ; il varie pour la groffeur & la cou- leur du poil ; il y en a de trois , de fix , & jufqu'a huit pieds de longueur ; ils font bruns , gris , & quelquefois blanchatres : tous ne font -que des varietes qui appartiennent a une meoie efpece. L'urigne a le corps affez gros par-devant , mais il diminue vers les pattes d§ (i) Phoca capite fubauricuUw , palmis tstrada^ (is* Sj6 Histoire Naturelle derriere , qui font unies fous une meme peau^ & en forment Textremite : fa peau eft cou- verte de deux fortes de poils ; Tun eft doux commecelui du bceuf, Tautre plus dur; la tete eft grofle & ronde , & reffemble a la tete d'un chien auquel on a coupe les oreilles pies de la peau. Au lieu d'oreilles , il a deux trous echan- cres qui en font les fon<5tions; les yeux font grands , fpheriques , & garnis de fourcils affez longs; fon nez reffemble a celui du veau ; le mufeau eft court , obtus , ayant a fa partie fu- perieure des poils longs en forme de moufta- che : les deux levies font egales ; la fuperieure eft un peu cannelee comme celle du lion ; la bouche eft garnie de trente-deux dents, dix in- cifives, dont fix en haut , & quatre en bas, quatre canines & vingt machelieres. Ces dents ne font folides que vers la pointe ; toute la partie inferieure en eft creufe. La langue de ce phoque ne m'a pas paru differente de celle du veau. Les deux pattes de de.vant > qui me- ritent plutot le nom de nageoires, ont deux articulations vifibles 3 celle du bras avec Tomo- plate , & celle ducoude avec le carpe. Les os du metacarpe & les'doigts font cartilagineux> & renfermes dans une efpece de gaine mem- braneufe , en forme de gant , qui fait les fonc- tions des mains ou d^s pattes de devant. II y a quatre fc tJ C h I t t. ^57 t|ilatfe doigts a chaque parte, ce qui diftingud iurigne des aurres phoques. Le corps , qui s'a- rnincit vers fort extrermte , fe divil'e en deux parties tres-courtes , qui feprefentent les par- tes de derriere , do'nt les articulations font frfcs-viGbles : on y diftingue cinq doigts ine- gaux, femblables a la main d'un homme ; ils font unis depuis la premiere jufqu'a la tfoifieme articulation , par une membrarte raboteufe * qui alors fe divife , & qui contoufne chaqu'e doigt jufqu'au bout de l'ongle , & meme au dela. A Tendroit oii les deux pattes s'uniflent , on aper£oit une petite queue d'environ trois pouces de longueur. Les parties de la genera- tion font, dans les deux fexes, a Textremite du ventre. Lorfqu ils s'accouplent , ce qui fe fait ordifiairement a la fin de l'automne, ils s'appuient fur les pattes de derriere , & s'errn braflent avec les nageoires. La femelle met bas au prin temps ; elle fait un ou deux , mais rare* ment trois petits : elle eft plus belle que' le male; fon cou eft plus long, & fa taille plus fv'elte. Ces phoques ont, comme plufieurs autres animaux aquatiques , entre la peau & la chair, une graifle molle, de cinq doigts d'e- paifleur, qui fe re'duit facilement en huile. 11$ abondent de fang ; & lorfqu'ils font blefle*, i!s eo perdeat une grande quantite. Malgre R %$S Histoire Naturells ]a conformation defavantageufe des pattes ,leS phoques s'en fervent aflez adroitement pour grimper fur les rochers5 ou ils aiment a dor- mir. Us marchent tres-mal fur la terre* & fe trainent plutot d'un endroit a fautre. II feroit cependant tres-imprudent de s'en approcherj ear quoique lourds & pefans en apparence, leur cou a beaucoup de flexibilite , & on s'ex- poferoit toujours aux morfures de leurs dents terribles. Lorfqu'ils voyent pafler quelquyun pres Tendroit ou i!s font couches , ils ouvrent la gueule tellement , qu'une boule d'un pied de diametre y entreroit facilement* lis nagent avec une vitefle Incroyable, & c'eft principalement des pattes de dcrriere qu'ils fe fervent; ils lesetendent longitudinalement* & de loin^ on les prendroit pour la queue & lorfqu'elle eft fraiche , elle n'eft (i) Voyage de Carteret. F; Havvkefworth , com. I3 pag. 241. Frezier , Voy. , toi^. I , pag, 141. Rij a6o HrsToiKE Naturelle pasdefagreable. On trouve fouvent dansTefto- n*ac de ce phoque des pierres de plufieurs livtes, que fanimal avale probablement 'pouc accelerer la trituration des alimens. Le cockon marin (i) [phoca porcina] ref- fem-ble a Yurigne> pour la figure, le poil, & la maniere de vivre ; il en differe cependant pat le mufeau,qui eft plus alonge, & quireffem- ble au grouin du cochon/ il a encore des oreilles plus relevees, Ies pattes de devant divifees en cinq doigts bien diftin&s , quoique couverts par une membrane. Ce phoque ne fe rencon* tre que rarement fur la cote du Chili. Le lame (2) [ phoca elephantina] ; fa figure eft lameme que celle des deux precedentes; mais il s'en diftingue par des caraderes bien faillans. II eft d'un volume enorme *, fa lon- gueur arrive fouvent a vingt-deux pieds , & la circonference de fon corps , mefuree vers la poitrine, eft de quinze pieds; il porte fur le nez une crete ou trompe glanduleufe de cinq pouces de grofleur , qui s'etend depuis le front jufqu'au dela de la levre fuperieure , & qui lui (1) Phoca. capitc auric ulato , r oft to truncato -promt* (\) P/wea capitc aniicecriftato* d u Chili. 2&1 fert d'arme defenfive pour parer en partie les coups qui fur cette partie du corps lui font toujours mortels. Les dents canines de la ma- choire inferieure avancent au moins de quatre pouces 5 & cette fingularite , y compris la trompe , lui donne une reflemblance eloignee avec Telephant; fes quatre pieds font divifes en cinq doigts , dont chacun eft garni d'un ongle fort & crochu; fes doigts ne font qua moitie couverts d'une membrane coriace 5 de- coupee furies cotes. Ses oreilles paroiflent5 au premier coup- d'ceil , tronquees; mais en les examinant attentivement , on aper§oit qu'elles s'elevent de quatre ou cinq lignes : elles ref- femblent aux oreilles du chien. La peau du lame eft couverte d'une feule efpece depoils, courts, mais doux, dont la couleur varie ; elle furpafle en grofleurcelle de I'urigne, La feme-He du lame eft un peu plus petite 9Sc moins groflfe que le male-, elle n'a quun in dice leger de trompe fur le nez. Le lame eft cet animal monftrueux auquek Lord Anfon donna 3 fans raifon , le nom da lion marin. Linne , qui a adopte cette deno- mination , le nomme phoca leonina ; mais ce nom appartient avec plus de raifon a un autre phoque dont nous parlerons tout a Theure. Les lames habitent par preference les cotes des Riij 262 His to i re Natusells Ifles de Jean Fernanda's , !a cote des Arauques* 1-Archipel de Chiloe a & le detroit de Magel- lan; i!s vivent prefque toujours en fociete , pendant fete , dans la mer ; au commencement de Pfriver , fur les cotes , ou ils font leuts petitsv lis s'accouplent de la meme maniere que les urignes ,& font au tan t de petits qu'eux. Lorf- qu'ils font a terre , ils cherchent lesbourbiers* dans lefquels ils fe vautrent , & onlesy trouve fduvent endormis. Pendant que les autres la- thes dorment , on d'eux 5 monte fur une hau- teur i fait fentinelle , & avertit les autres, en casde danger, par des hurlemens affreux. Ce phoque , comme le plus gros de route f efpece , produit auffi le plus d'huile. Lorfqu'il marche, on apergoit le mouvement de la graiffe a travers fa peau. Les males paroiffent fort amoureux , & fe battent fouvent a mort pour la jouiflance exclufive des femelles .-, c'eft la raifon pourquoi on en voit taut dont la peau eft couverte de cicatrices. Lorfque les males fe battent, les femelles fe tiennent a Pecart , & c'eft le vainqueur alors qui fe trouve en poflef- fion de toutes les femelles. Le lionmarin (i) [phoca leonina ]. De tous ( 1} Phoca cagite pqfticeji{b.a&* d f Chili; t&J fes plioques, celui-cia la figure la plus elegante & la mieux deffinee ; quoique de forme co- nique , comme tous les autres de fori efpece , II eft couvert d'un poil jaunatre , affez court , depuis I'epaule jufqu'a la queue ; mais pres de la tete & fur le cou, ce poil eft audi long que le poil de chevre , & forme une criniere tres- vifible V qui diftingue ce phoque de tous les autres. Les lndiens , qui ne connoifTent point le lion a criniere , lui ont donne le nom de ikapel-lame ; ce qui veut dire lame a criniere. Sa tete reJFemble encore a la tete du lion; il a le nez large , comprime , & fans poil depuis || iailieu jufqu'a la pointe; (qs oreilles font pref- que rondes , $c s'elevent d'environ fept ou huit lignes; il a les yeux vifs , ayec une pupille verdatre *, la levre fuperieure eft garnie de mouftaches blanches, difpofees comme celles des autres phoques. Sa bouche eft bien fendue, & pourvue de trente-quatre dents blanches comme Hvoire; elles font grofles & folides , & plus de moitie enchaflees dans les alveoles; les dents mediocres ont environ quatre pouces de longueur , & leur diametre eft 4e dix-huit lignes \ mais les dents canines ne font point vifibles par dehors , comme celles du lame. La idiftributibn des dents eft telle que nous Tavons pbfervee dans Vurigne, & la conformation des R iv p ■s-i _ 2?4 HlSTOIRE NATtTRELtS pattes de derriere referable de meme a celle* de ce phoque , excepte que le lion marin a fes do.gts palme's. Les pieds de de van t font card- lagineux & tres-courts, relativement a la maffe du corps; i!s fe divifent vers l'extremite en cinq doigts , termine's par des ongles qui font unis parune membrane, comme les pieds du lame. La queue eft d'environ neuf pouces j elle. eft ronde , & de couleur noire. La femelle eft beaucoup plus petite que le male, & fans criniere;el!e a deux mamelles, & ne faitqu'un petit a la fois, qu'elle allaite avec beaucoup de tendrefTe. L'Abbe Pemetty , dans fon Voyage aux Iftes Malouines , pretend avoir vu des lions marins de vingt-huit pieds de longueur; mais les plus grands que j'aye vus au Chili n'avoient que treizeouquatorze pieds. Ces animaux font tres gras , &n'abondent pas mobs de fang que les urignes. Lorfqu'ils font blefe's , lis fe jettent promptement dans la mer; & a mefure qu'ils avancent, on voit les traces de fang derriere eux.Danscete'tat de foiblefe, lh font fort expofes aux attaques des lames & des urignes , qui paroiflent avidesde Ieur chair. On obferve le contraire du lion marin , qui nattaque jamais les autres phoques , quand »eme il les trouveroit hqrs d'etat de f» defends. D U C ft I L T. 2.6? Les Pecheurs, m'ont aflure avoir rencontre plufieurs autres efpeces de phoques dans nos mers, mais qui ne s'y voyent que rarernent: peut-etre font-ils de ia meme race que ceux que nous decrit S teller , ou d'efpeces jufqua prefent inconnues *, car il eft probable que, dans cette claffe d'animaux , il nous en refte encore beaucoup a decouvrir. Le chinchimen (i) [muftela felina]. La lon- gueur de cet animal , depuis la pointe du nez jufqu'a Torigine de la queue , eft d'environ vingt pouces. Les Efpagnols lui ont donne le nom de chat marin ; i! reffemble effeftivement auchat par fa tete, fes oreilles , fes yeux , la forme & la longueur de fa queue ; il porte fur le mufeau des mouftaches ; fa bouche eftgarnie de trente-deux dents, dont fix incifives, droi* tes & pointues, danslamachoire fuperieure, au- tant dans Tinferieure 3 quatre dents canines , & feize molaires. Chaque patte eft divifee en cinq doigts palmes, Sc terminespar des ongles forts & crochus. Le corps eft couvert de deux efpeces de poi's , comme la loutre ; Tun eft tres-court &. doux , & Tautre plus long & (i) MufteU planus pdrnmspilofis > caudd LcrctidQ&+ ±66 H I S T O I K E N A T V I E L t g dur. On ne' fait rien de certain fur laporte'e des femelies ; mais ie crois qu'elle fait an moins quatre petits a la fois. Get animal vit prefquetoujours dans ia mer , mais on ne l'y voit que par couple , jamais par bandes , comme les loops marins. Lorfquil fait beau temps y il aime a jouir du foJeil , & alors il grimpe fur le haul des rochers, ou on Ie prend fouvent dans des pie'ges. Le chinckimen a la ferocitedu chat fauvage ; il faute fur ceux qui s'en ap- prochentj fa voixeft rauque, femblable a celle du tigre. Outre laloutred'Europe, dontfai parle plus haut , les eaux douces du Chili nourrifTent en- core Ie guillino & Ie coypu. Le guillino (i) [caftor huidobrius]. Cell une efpece de caftor tres-eftime'e, a caiife de lafinefTe de fon poil; fa longueur, depuis la levre jufqu'au commencement de la queue, eft d'environ trois pieds , & fa hauteur de deux! II a deux fortes depoils, comme le caftor du nord ; 1'un fin , plus doux que le poii de lapin , l'autre long & dur, qui fe de'tache aifement. Ce poil eft gris, obfcur fur ie dos , & biancha- (i) Caftor caudd long a, comprefib-lanceolata , pa la lob atis, planus palmau's. • t> U C H I L !• WP IR fous le ventre. Le poil court presnd ties- bien toutes les teintes. J'at vu des etoffes f ai~ tes avec ce poil , teintes en noir & en bleu, qui avoient la beaute du velours % il fert encore pour fairedes chapeaux, qui font fort recher- che's. Get animal a la tete prefque carree, lesoreilles courtes& rondes, les yeux petits , le mufeau obtits , la bouche garnie de qnatre dents incifives , tres - tranchantes , deux dans chaque machoire , & feize dents molaires : il a cinq doigts a chaque .pat tie ; ies doigts des pattes de devant font bordes dsune membrane courte y & ceux des pattes de derriere palmes ; fon dos eft tres-large,& la queue longue, aplatie U couverte de poiU. On ne lui trouve point aux aines une matiefe analogue au caftoree. 11 ha- bite les rivieres & les lacs les plus profonds. Comme il a le trou de la cloifon du cceur % demi-ouvert , il peut vivre long-temps fdui 1'eau fans refpirer. II fe nourrit de poiffons &' de crabes;lesChaffeurs le furprennnent ordi- nairement lorfqu'il va fe delivrer de fes excre- mens > ce qu'il fait tous les jours au meme en- droit , comme les chats. II eft hardi & feroce , & prend fouvent les poiffons en prefence du pecheur. La femelle fait deux ou trois petits a la fois ; je crois que le temps de la porte'e eft d'environ cinq mois« *6"8 Histoike Naturelie . J'ai donne le nom de cafior huidobrim a cet animal , pour conferver la memoire d'un de mes amis & compatriotes , D. Ignace Huidobrio, Marquis de Cafa Reale , qui , apres avoir par- couru une grande partie de FEurope, fe pro- pofoit de retourner au Chili , pour mettre a profit les connoiflances qu'il avoir acquifes dans fes voyages ; mais la mort vient de I'enlever a fes amis , regrette d'eux & de toutes Ies per- fonnes qui connoiflbient fon merite. Le coypu (i) [mus coypus] e£l une efpece V C H I 1 I. 2tfp bientot a Tetat de domefticite. II mange tout cequ'on lui donne, & paroit meme fufcepti- ble d'attachement envers fon bienfaiteur. Og ne Tentend crier que lorfquil eft rnaltraite; fa voix confifte alors en un cri pergant. Avec un peu de patience , on parviendroit peut-etre a lemployer plus utilement que la loutre pour prendre les poiflbns. La femelle fait cinq ou fix petits , quelle conduit toujours avec elle. Les animaux fiflipedes terreftres du Chili fe nourriflent ou de chair ou de vegetaux; ceux qui fe nourriflent de chair , c'eft-a-dire les car- nivores , font : Le cinghe (i) [viverra chinga] eft du genre des mouffettes > il a la grandeur du chat, fon poil eft noir , changeant en bleu , excepte furle dos , ou fe voit une bande compofeede taches blanches , rondes,qui s'etend depuisle front jufqua la queue; fa tete eft alongee, fes oreilles font larges , bien fournies depoil, & pendantes comme celles de rhomme; mais Je conduit auditif eft replie en dedans ; il a les yeux oblongs, avec une prunelle noire, le mufeau alonge , la levre fuperieure plus lon- (i) Viverra atro cam lea , muculis quinque dorfalibus ro~ $tmdis} albis. t-w £$$ HlSTOlRE NATURELLE gue que i'inferieure, & la bouche fendue ju£ qu'auxyeux; eile contient douze dents inciS- ves 3 fix dans chaque machoire , quatre dents canines bien pointues, & feize rnoiaires. Les pieds de derriere de cet animal font plus hauts que ceux de devant , & chaque pied eft garni de cinq doigts pourvus dongles , dont-il fe fert pour creufer un terrier a {fez profond 5 ou il cache ks petits. 11 porte toujours la tete bade, ledos courbe comme le cocoon* & la queue , qui eft fournie d'un poll long , fe replie fur le dos comme celie des ecureuils. Son urine n'eft pas fetide , comme on le croit ordiisairement;elle a la meme odeur que lurine du chien; mais la liqueur puante avec la.quelle l'animal infedle tous ceux qui Tinquie- tent , eft une huile verdatre, contenue dans une veffie fituee pres de I'anus, comme chez le putois. Lorfqu'il fe fent preffe ou pourfuivi par quelqu'un, il leve avec beaucoup de vitefle les pattes de derriere , & repand cette liqueur in- fernale fur I'agrefTeur. On n'a point d'idee de cette odeur infcfie ; mais il eft certain 3c prouve qu'elie penetre tout, & qu'elle eft fen- fible a une lieue de diftance ; !es habits qui en fonthume&es, ne peuvent plus fervir, a moins qu'on ne puiffe les laver plufieurs fois ; les maifons meme dans lefquelles cette matiere a r> u Chili. 271 ete repandue , font abandonnees pour quelque temps ; car jufqu a prefect on ne connoit aucun parfurn capable d'en corriger Fodeur. Lorfque les chiens en ont ete mouilles , ilscourentauffi- tot a Teau, fe jettent dans la boue, hurlent comme des enrages , & ne mangent rien, tant que dure Fodeur fetide fur leur peau. II paroit que le cinghe connoit Fefficacite de cette defenfe ; car il ne fe fert jamais ni des dents , ni des ongles contre fes ennemis. Get animal eft au refte tres-divertiflTant *, il aime les hommes , & s'en approche fans crainte ; il entre franchement dans les maifons de campagne 5 pour y prendre les ceufs dans les poulaillers, & pafle avec intrepidite au milieu des chiens , qui, au lieu de Fattaquer,le craignent , & s'enfuient des qu'il fe prefente. Les payfans memes ne rifquent pas de le tuer a coups de fufil; car en cas que le coup manque, ils fe- roient en danger d'en etre infedes. Les plus hardis cependant commencent par le carefler, & en le prenan.t par la queue , ils le tiennent fufpendu dans Fair. Dans cette attitude , les mufcles fe trouvant comrades , Fanimal ne petit point lacher fa liqueur 9 & alors i's peu- vent le tuer. Ce qu il y a de fingujier dans cet animal 9 c'eft que jamais il ne fait ufage de fa liqueur contre fes femblabies. Lorfqu ilsfont en amour* on les voit fe battre, mais c'eft toujoursacoupS de dents & de griffes. Je ne fats rien au fujet de fa propagation ; le management dont il faut ufer envers lui , fait que je n'ai pa me procurer les notions necefTaires a ce fujet. II vit d'aeufs & de voiaille , qu'il prend avec -beau- coup -d'adreffc ; fa peau , qui eft extremement douce &bien fournie de poils, eft tres-rtecher- chee, & n'a rien de cette mauvaife odeur, comme on devroit le fuppofer. Lorfque les In- dienspeuvent avoir une quantite fuffifante de peaux ,. ils en font des couvertures de lits 9 qu'on eftime beaucoup* La cuja(i) [muftella cu;a] eft un petit ani- mal tres-refTemblantau furet i pour la grandeur^ la forme, & les dents; il en approche encore par la divifion de fes doigts & fa maniere de vivre. II a les yeux noirs ; fon mufeau eft , vers Tex- tremite, un peu releve, comme le grouin du cochon;fon poil eft tout noir, tres-toufFu , mais fort doux; fa queue eft bien fournie [ & auffi Iongue que fon corps: il pourfuit conti- nuellement les fouris , qui font fa principale (i) Muftella pedihus fijfis y colore afro, kbio fupe* riorefub-truncato* r nournture. — — . ,„— toOurriture. Les femdles produifent cieux fois par an , chaque fois quatre oucinq petits. Le quiqui (i.) [muftella quiqui]. Ceft une efpece de belette de couleur brune, de treize pouces de longueur, mefure'e depuis la levre jufqu'a la queue. Sa tete eft aplatle s W a les ©reiHescourtes & rondes-., les yeux petits £c enfonces ? 1-e mufeau cuneiforme , le nez corn- prime^ avec une tache blanche au milieu ; -la bouchefendue cornrae le crapeau* les jambes &: la queue cou-rtes; fa bouche eft garnie de yingt-liuit dents, dont douse inciiives9 douze molaires , & quatre canines.; la langue eft tres- effilee •& liffe. Les pattes du quiqui reflemblent aux pattes de lefcard; elles ont cinq doigts armes d'ongles tres-arochus. Cet animal eft na- turellement feroce & coierique, auffi donne- i-on le nom de quiqui aux perfoones qui fe met* ientfacilementencolere. ilvitfous terre,&fe nourrit com me la cuja. La femelle produit plu-> iieurs fois par an. Le pore-epic fe trouve principalement dans les Andes boreales ; on le tue pour en prendre lapeaiu Je nei'ai pas vu jmais apres les defcrip- {:) Muftdh pcdibusfiJJls cerportfufco „ rqfiro cund* Jbrmi, 274 Histoiee Natureili tions qu'on m'en a donnees, il differe peu du coandu du Brefih Le culpeu(i) [canis culpaeus] eft un chien fauvage, ou plutot une grande efpece de renard, peudifferente du renard coramun; il en differe cependant par la grandeur & par la couleur , qui eft un brun obfcur; fa queue eft droite , longue , & couverte d'un poil court, comme eft celle du chien ordinaire. Sa longueur, depuis le mufeau jufqu'a la naiffance de la queue, eft de deux pieds & demi , & fa hauteur d'environ vingt-deux pouces. La forme de ks oreilles, la pofition de ks yeux , fa denture, & la divifion de fesdoigts font exaclement les mimes que celles du renard; il a lavoix foible, mais elle reflemble beaucoup a Taboiement du chien, II creufe fon terrier dans les campagnes, comme le renard , & fe nourrit de petits ani- maux. Lorfque le culpeu aperc^oit un homme de loin , il marche tout droit a lui , s'arrete de diftance en diftance pour le regarder attend- vement. Si rhomme ne fait aucun raouvement, il refte pendant quelques minutes dans cette pofition , &, fans lui faire le moindre mal , re- \i)' Cards caudcL reftd dongata , apicc corxolom lavu-- ' D V C M I L I. 27/ tourne fur fes pas. J'ai rencontr£ plufieurs fois de cesanimaux dans les bois , 3c toutes les fois lis rn'ont fait la meme chofe. Dans le pays, chacuTi les connoit , & ne les craint pas. Cette cfpece de curiofite naturelle expofe !e culpeu tous les jours aux coups de fufil des chaffeurs * &c'eft peut-etre una des raifons pourquoi cet animal nVft p3S aufli comrnun au Chili que le renard j, quoiqu'egale-ment fe-cond. Le nom de culpeu parol t derive du mot Chilien culpem 9 ce qui veut dire folie; denomination qui repond par-faitement bienau naturel de cet animal. On peut lire ce qu'en adit le Commodore Byron, qui le trouva , pour la premiere fois , aux Ifles Malouines. II le prenoit d'abord pour un ani- mal fauvage qui vouloit attaquer l'equipage, •Quoique le culpeu ne paroifle ni plus fort, ni plus redou table que le renard 9 les chiens ont cependant de la peine a s'en rendre maitres. La guigna ( 1 ) [ felis guigna ] , & Le col&colo (2) [ felis colocolla] font deux efpecesde chats fauvages, d'un tres-beaupoil, qui habitentles forets. lis refTemblent au chat (r) Felis caudaelongata , torpor e maculis omnibus or- bicularis. (z) Felis cauda elongdta , ^nigro -annulatd- carp ore albo3 maculis irrcgidaribus atris jlavifque. Sij 27$ Histoire Natureile domeftique 5mais ils ont la tete & ia queue plus groffes. Laguigna a le poll iauve, marque de taches noires , rondes , denviron cinq lignes de diametre,qui s'etendent le long du dos juf- q-u'a la queue. Le colocolLo eftblanc , marque de taches noires 5c jaunes irregulieres. Sa queue eft coutournee decercles noirs jufqu'a la pointe, Ces animaux font trop petits pour attaquerles hommes ou les beftiaux/, ils fe contentent de fouris & d'oifeaux. On les voit quelquefois aux environs des habitations 5 ou ils font la vifite anx poulaillers. J'ignore le nombre de leur portee , mais je les crois conformes a celle des chats. Le pagi (i) [fells puma] ; au Mexique , mhili; au Perou , puma . Sous ce dernier nora , cet animal eft plus connu des Naturaliftes. Les Efpagnols lui ont donne le nom de lion , au« quelil refifemble pat fa figure & fa voix, ex- cepte qu'il eft abfoiument fans criniere. Le poll de la partie anterieure de fon corps eft cTun gris cendre ., picote de jaune. II eft plus long que le poil du tigie*, principalement fuc le dos ; le poil du ventre eft blanchatre. La (i) Fells cauda elongatd-^ corvore tinerto , fuhtus albl* ... du Chili: 177 longueur de lsanimal , depuisla pointe du nez jufquau commencement de la queue , eft d'en- viron cinq pieds , & fa hauteur ,' prife depuis la plante des pieds de devant jufqu'a f epaule * vin-gt-fix pouces & demi. II a la tete ronde a peu pres com me le chat > fes oreiiies coartes & pointues, les yeux grands , dont Tiris eft jaune , & la prunelle bfune ; foil nez eft large & plat , le mufeau eft court, la fevre fupe- rieure entiere, & garnie de mouftaches , la bouche bien fen due > la fatigue large & rude;, il a dans chaque rnachoire quatre dents incifi- ves* quatre canines & tres-pointues % & fix molaires ; fa pokrine eft large 3 fes pattes di* vifees en cinq doigts, armies d'ongles tres-forts; fa queue a une longueur de deux pieds ua pouce',. & reffemble a celle du tigre. Le nombre des doigts aux pattes de der*- riere fourntt tout feat un cara<££ere fuffifant pour diflinguer lepagi du lion d'Afrique ,■ qui n'a que quatre doigts aux pattes de derriere. On pourroit cependaatconfiderer leptfgicomme une efpece intermediaire entre le lion & !e ti- gre \ fa voix , quoique plus foible y ne differe pas beaucbup du rugifferoent du, lion d*Afrr- que; lorfqu'i! eft en ehaleur , fa voix fe change en fifflement tres-per^ant. La femelle eft un pen plus petite que lemaie., Sc, la coufeur' di S.ii.j 278 H I S TO I RE NaTURELIE fori poll plus pale i elle a deux mamelles , & rife produit que deux petits. Its saccouplent a la fin de f hiver y & le temps de la geftion eft de trois mois. Tel eft le lion dif Chifi ; peut etre dans d'autres parties de TAmerique prefente-t-il des partrcufarites que Ion n'obferve plus dans le notre. Cell ainfi qu on m'a aflurc que eeux du Peroii avoient le mufeau plus long & plus points Le pagi habite les bois les plus touf- fus & les motitagn.es les plus inaceeffibfes , d'ou if defcend dans les pfaines pour furprendre h$ animaux dorneftiques , fur-tout les chevaux, dont il paroit preferer la chair a toute autre, Il'tient du chat dans la maniere de tromper les animaux; il s'en approehe en fe train ant fur le ventre pendant afTez long-temps •; il fe glifFe adroitementa travers les arbuftes & les brouf- failles , fe capit dans les foffes, au fe prcfente a eux avec des carefles feintes 9 mais ne;perd pas de vue le moment favorable 5 ni fanimal fur lequel il a des defleins. Vn faut lui fuffit pour fe-cramponer fur le dos dei'animal, qu3il hifxt d'une maniere a ne plus lacher prife. Ceft de la gueule -& de la patte gauche qu'il s'en- cmpare > la droite lui fert pour le dechirer en peu de minutes. II fuce le fang qui fort de fa blefljire-, mange la chair de la poitrine, & ear d u C tt t I i; 27P traJnele refte au plus prochain bois, ou II le couvre.de branches d'arbres, pour le manger enfuite a fon aife. Lorfqu'il trouve deux chevaux lies enfemble dansles campagnes , il en tue un , SU'entraine* avec cette precaution de fe tourner de temps en temps vers 1'autre , qu'il force a le fuivre , en lui donnant des coups de pattes : de cette ma- niere , il fe rend prefque toujours maltre de tous les deux. Les endroits les plus favorables pour lui , font les ruifleaux ou les animaux vien- nent pour boire ; il s'y tient ordinairement cache fur un arbre voifin , & manque rarement fon coup. Les chevaux cependant , avertis par uninftindnaturel, evitent foigneufement ces Iieux;& lorfquils font prefles par la foif , ils s'en approchent avec beaucoup de precaution; quelquefois le plus hardi s'avance , & s'il ny a aucun danger , il avertit les autres par un hen- niffement de joie. ; Les vaches fe defendant tres-bien contre le pagi9 & plus d'une fois on en a vu de tues par elles. Auffi-tot quit parok , elles fe rangent or- dinairement en cercle autour de leurs veaux, les cornes tournees vers ragreffeur, & dans cette pofition, elles l'attendent. Lorfque les chevaux fe trouvent en troupes libres, i!s fe placeni de meme autour de leurs poulains»!a S iv s£o HrsTOiRK Natureile croupe par dehors ; 8c fe defendent par des ruades terribles. Tons les autres animauJC qui n'ont pas des petits a defendre , chefcheit a fe fauver par la fuite. L'ane feut etant trop mauvais courGer, eft oblige de fe defendre a g-ands coups de pieds , & fou'yent ceia lui reuffit. S'il arrive que le /?tfjz> par fa f'gerete furprenante * lui faute fur le dos, fane aufli- tot fe jette par terre., & cherche a Pecrafer, ou bien il court de toute fa force contre Pes arbres, la tete baifTee ?. pour fe garantir Iecou \ $c forcer le pagi chaffe", que le pagi cratnt extremement. Lorf- qin! fe voir trop preffe, il grimpe fur un arbre* ou cherche un abri fur quelque rocher ou der- . riere un arbre a 8c la if fe defend avec fureiir contre les chiens. Les 'CKafiTeurs , quanci ils le prennent 3 lui paffent pour 1'ordinaire un lacel .-— D U C H I L I. . 2Sl , autour du goli ; quand il fe Tent .pris , 11 verfe des larmes j qui lui coulent !e long des joues , en hurlant d'une maniere effroyable. La peau du pagi fert a plufieurs ufages \ on en fat debons fouliers & des bottes; fa graiffe fe donnc pour fpecifique contre la fciatique. Paffons main tenant aux animaux fiffipedes, qui fe nourriflent de vegetaux , & qui font naturellement plus doux & plus utiles a la fo ciete. Les plus remarquables au -Chili font; Le guanqus (1) [mus cyanus] , efpece de fouris de campagne ou de mulot $ auquei il reffemble encore par la figure & la gran- deur ; mais fes oreilies font plus rondes , & le poll quicouvre fa peau eft bleu ; il eft «- tremement timide. Get animal fe creufe un terrier en forme de.galerie, de dix pieds de long, qui repond a quatorze chambres, fept fur chaquecote, d'un pied deprofondeur. Ces chambres lui fervent de magafin pour fes pro- vifions d'hiver, qui confiftent en une efpece de racine bulbeufe de la grofleur dune noix, de couleur grife. On pretend que e'eft une eOece de triiffe \ leur gout en approche un peu, quoi- .. (i) Musc^udd.meilocriJ}ibpl^fuv^friis terra Jify lis ^ pUntis pcnudaciiljs , ccrporc caruLco fubtus aibUo, s?2 Hbtoire Natur elle que je fois plus parte a les croire les rarities cfe qaelques plantes. Or* admire avee raifon 1* mamere dant ce petit animal arrange eesraci* m > ml 3 etant angufeufes , laiflbroient natu- reffement beaucoup dmterftices entre elles- mai^illes place fi bien, & les -.angles faillarJ de Tune correfpondent tellement avec les angles rentrans de l'autre, qirtm ny apergoit aiucun vide* Lorfque la faifon pfuvieufe arrive > Fammaf, qui ne peut pas alors chercher fa nourriture dans les champs, eft oblige de recourir a fes xnagafins. II commence par confornmer en pre- mier lieu la provifion des chambres les plus eloignees de fembouchure , comme contenant la provifion la plus ancienne > & dans cet ordre, i! continue. Son terrier eft to u jours tres-pro- pre , & Fanimal le nettoye foigneufement des cpfuchures des racines qu'ila mangees. Chaque terrier loge en hiver le male ,Ia femelle , & les fix petits de la derniere portee * qui naiflTent pour Tordinaire a la fin deTautomne: car ceux de la premiere, qui a lieu au printemps , paffe fix mois 3 ne vivent plus avec leurs parens. Les provifions que ces animaux confervent dans leurs magafins, font plus que fuffifantes pour cet.te petite eolonie, & Ton obferve qu*ai* commencement du printemps its jettent beau- ■ B IT C H I LI. "'3% coup de vieilles racines , pour les remplacer par de nouvelles. Les payfans , qui font avides de ces racines , cherchent beaucoup ces ter- riers , 6c detruifent ordinairemerit toute lafa- mille. La ckinchilla (i) [ mas faniger] eft encore •uneefpece de roulot 5 a.u lieu de poil , fa peau ^ft couverte d'une laine extrememeh-t fine .& douce v elle eft grife, & affez longue pour etre free. La longueur de ce petit animal eft d en- viron fix "polices-; il 'a des oteilles tres-petites., ie mufeau court, des dents comme celles ies fouris dofneftiques ; la queue eft de longueur fnoyenne, fournie d'un poil foyeux, II vitfous terre toujours en foclete , & fe 'trouve pat preference dans les provinces feptentrionaies* Les racines bulbeufes dont ces provinces abon- dent I font fa nourriture ordinaire. La femelle produit deux Fois par an \ chaque portee eft de cinq ou fix petits. Cet animal eft extremement "doux & carefla'nt; on pent !e prendre fans crainte d'en etre mordu ; il paroit mime fe preter aux careffes de Thonime , & fe couche tranquillement a cote de lui. Comme il eft • (r) Mas cauda mzdiocri , palmis tetrada&ylis ? -pLwris- •gmudaililis ; co rpore cinereo lanato, 284 Histoire Natueelle tres-propre , on pourroit Telever dans les ma^ tons , oil le produit de fa belle lalne payeroit amplement Ton entretien. Les aneiens Peru- viens, qui eroient plus induftrieux que les reodernes, employerent jadis cette Jaine pour entire plufieurs etoffes, auxquelles ils atta- chaierrt beaucoup de prix. La grandefouris des boh ( i) [ mus maulinus ]. Cet animal i qui eft le double, plus gros que b marmotte 5 fut decouvert , pour la pre- miere fois § en 1764 , dans un bois de la pro- vince de Maule,. Le poi! de cet animal refera- ble a celui de la marmotte > mais il a des oreillesplus pointues, le mufeau plus alonge, des mouftaches difpofees en quatre rangs , cinq doigts a chaque patte s & la queue plus tongue & mieux fournie de poils ; les dents font 9 pour le nombre& la difpofiticn , egales a celles de la fouris. Les chiens quiattaquerent cet animal* eurent beaucoup de peine a.s'en rendre mat- tres , tant fa defenfe etoit vigoureufe. Le degu (2) [ fciurus degusj eft une efpece deloirunpeu plus gros que le rat domeftique •» (t) Mus caudd mediae ri pi/of d , auriculis aeuminatis , dibit's pcmadz&yfis. (9) Sciurus fufco flavefcens y lined turner jlihi* t> tr Chili. $$S tl vit fous terre dans les environs dc la capi- tale > km poil eft d*un blond obfcur, a i'excep* tion des epaules, fur lefquelles on obferve fcneiigne noiratre quidefcend jufqu'au coude* fa queue fe termine par un petit bouquet de pails, comme celle du lerot , ■& de !a mema coujeur que tout le refte du corps. Sa tete eft courts, fes oreilies font arrondies ; il a le inu- feaupointu , pourvu de mouftaches ; les deux dents inciiives de la machoire fuperieure font cuneiformes y les inferieures aplaties > les pat- t-es de dev-ant n'ont que quatre doigts * celles de derriere cinq^ Les degus vivent en fociet£ pres des haies ou des buiflbns , ou ils creufent des terriers qui communiquent- par des gale- ries: ils fe nourrifTent de racines & de fruits , dont iis font une grande provision pour Ha- ver. Le de'gu ne dort pas pendant l'hi- ver ? comme les loirs , les lerots 5 &c, , ce qui paroit en partie Teffet de la douceur du climat. Je fais que dans le fiecle pafle ies habitats de la capitale mangerent ces animaux : de nos ]0urs on n'en fait plus ufage. Le covureBi le .meme animal que les Natu- raliftes nommentlWow.Les Efpagnols lui ont donnele nom d9 armadillo, parce que la partie fuperieure de fon corps eft couverte d'une sfpece de cuirafle offeufe , compofee de ban- des ou de lames qui s'emboitem ies unes dans 285 Histoire Natukelle les autres. Cer animal eft tres-commun au Cojo.ouonlenomme quirquincho. II y en a de differente grandeur , depuis fix jufqu'a treize pouces de longueur ; & entre les tropi-. ques , on en trouve d'un bien plus grand vo- lume, he mm resemble au cochon d'Inde , par la forme exterieure, 1'embonpoint & la Voie dont la partie inferieure de fon corps eft re- vetue. Sa tete eft alonge'e ; mais le mufeau eft court, & il n'a point d'autres dents que les molaires; ks yeux font petits , les oreilies nues, fa queue longue & ecailleufe comme celle du rat. Le nombre desdoigts varie felonies efpe- ces. La cuiraffe offeufequi couvre tout le corps de ['animal, eft compofee de deux tets , qni iontdivifes en plufieurs bandes , enchaftees les unes dans les autres, que l'animal pent alonger ou retrecir a volonte. Les femelles font extremement fecondes , & produifent prefque tous les mois, & chaque fois quatre :pettts,-!eur chair eft delicate, .& furpafle celle du cochon d'Inde. Le tatou fe trouve par preference dans les vallees des Andes ; on y diftingue Jes quatre efpeces fuivantes: Lemoud quatre bandes (0,ou le pichi (') D.ifjjyiu cingrdis qiumsr ,pedi'hts ' ventadjO/'Us. 9 D U C H I L T. 2'Sj fdafypus quadricin&usj)^ il eft denvlron fix pouces de longueur. Le taiou A huh bandes (1) ou le velu ( da fy pus txfiocin&us); il a fept pouces de longueur 0 &c facuiraafle eft toute couverte de poil ^ tan t en deffus qu'en deffous. Le tawu a on\z bandes (2) , oule petit mulct '( dafypus undecimcincT:us). II eft un peu plus grand que le precedent , mais fes oreilles font plus longues. Le tatou a dix-huit bandes (3 ) ou le bole ( dafy- pus o&o-decimcinffcus ). II eft le plus grand de tous ; fa longueur eft de treize pouces ? me- fure depuis le nez jufqu'a la raeine de la queue* < Ces quatre efpeces appartiennent au quir- quinci de M. de Buffbn. Ce nom , qui veut dire boule, leur a ete donne, parce que ces ani- maux pofledentla faculte de pouvoir fe contrac- ter & fe router comme une boule. Lorfqu'ils font prefles par les Chaffeurs, on les voit fou- (l) Dafypus cingulis 0B0 ", palmis tetrada&yiis , plan- iis pentad a&y Lis, , {z) Dajjpus cingulis ur.&ecim , palmis teirada&ylis , plantis pentadaclyLis. (3) Dafypus cingulis duodeviginti , palmis tetradaBy- Us 9 planus pentadafty Us. 288 HlSTOlKE Naturelle Vent fe rouler d'un precipice considerable $ comme les heriflbns ; leur cuiraffe its defend y 6c ils echappent ordinairement fans fe faire Is moiadre ma!-. II nen eft pas de memelorfqu'ils fe trouvent en plaine campagne ; cell alors qu'on les prend plus aifSment 2 car lorfque 1'ani* mal fe rou!e 5 on lui met du feu fur la cuiraffe , & la chaleur le force a reprendre fa figure na- turelle. Les trois premieres efpeces de tatou courent aflez vite3 & toujours en ligne droite, puifque ia conformation de la cuiraffe ne leur permet pas de faire des detours fur le cote. Arrives a unecertaine diftance* ils cherchent afe creufer un trou dans la terre avec les pattes de devant , dont ils s'accrochent fi opiniatre- xnent , qu'il feroit impoffible de les enlever, (I les Chafleurs n'avoieni invente un moyen bien fmgulier pour leur faire lacher prife ; c eft en leur introduifant la pointe d'une petite baguette dans fan us. Le cwy (1) [lepus minimus] eft tine efpece de petit lapin , que quelques uns confondent avec le cochori d'Inde , dont il fe diftingue.non feulement par la forme, mais encore par des (i) I.cvus caudJ brcyiffimd) auric ulis vilojls cancclo- caraaeres itm C h f t i. 285^ ^'ara&eres generiques: il eftun peu plus gros que le mulot; ion corps eft pfefque conique ; il a de petites oreilles pointues & veiues > le mu- feau alonge , & fa denture reffembie exade^ ment a ceile du lievre ou du lapin s fes patted de devantfont divifees en quatre doigts, celles de derriere en cinq; la queue eft fi courte* qu'eile ne paroit prefque point. Get animal eft domeftique au Chili ? par confequent fujet k. varier decouleur. On en tro-uve de blancs 3 de bruns 3de gris & do tachetes de plufieurs cou^- teurs* Son poll eft tres - fin ■> foyeux > mais trop court pour etre file; la chair eft tres-blan- che ? & d'un gout delicieux. La femelle produit tous les mois > depuis fix jufqu'a huit pe- tits. Le tuy > quoique reffembiant au lapin > fuit fa compagnie , & ne s'accouple jamais ave£. lui ; il craint de meme le chat & les fouris , qui paroiflent nuire a fon efpece. On trouve au Perou un animal qui porte le meme nom , & qui y eft auili domeftique ; mais j'ignore s'ileft de la meme efpece. Le nom de cuy fe donne en Amerique indiffefemrfient & p!ufieurs petits animaux3 qui, pour la plupart* font du genre du cavia. La vifcaccia(i) [ lepus vifcaccia] a quelqu© ( i ) Leg us caudi elongvdfaofd, $0 ttlSTOJKE NA TU&ELLE reiTemblance avec le lapin & le renard ; il efl plus grand que le lapin, mais il en alatete, les ©reilies, ie mufeau , les riiouftaches , la denture, les doigts, & prefque la meme maniere de man- ger. II a du renard la couleur & la queue , qui eft tres-longue, repliee en deffus 9 fournie d'un poil long & rude 5 avec laquelle il fe defend contre fes ennemis; tout le refte du poil eft ties fin & tres-doux, & pourroit fervir a plu« fieurs ufages. Les anciens Peruviens en firent des etoffes; au Chili on s'ei* fert pour faire des ehapeaux. La propagation de la vifcaccia fe fait comme celle du lapin ; il habitefous terre^ dans des terriers a deux etages , qui commu- niquent par un efcalier a vis: le premier etage lui fert de magafin pour fes provisions, Pautre pour y coucher; il ne fort que pendant la nuit * & tout ce qu'il rencontre dans fes courfes noc- turnes y il le porte a fon terrier , meme les liardes que quelque payfan ou voyageur a perdu. 5a chair eft tres-blanche & tres^tendre y & on la prefere a celle du lievre & du lapin. II nous refte a parler des animauX cornipe* desr dont le pied eft pourvu dun ou de deux ongles foKdes : tels font le cheval , le bceuf, la chevre, &c. Tous ces animaux fe nourriflent de vegetaux. Le Ghili n'en a que cinq efpeces indigenes j favoir: b -tr € h i t fa m le |hrii (i) [caprapudu] eftuhe efpece de tWvrefauvagedela grandeur d'un chevreau dd 'fix mois j de poil brun $ le male feul a des cor- "lies tres-petites. Les Efpagnols le nomment Smalts ou chevreuil | mais ceft fe tort , car il lie laireffemble point du tout; il a au contrair© ie'caradere parfait de la chevre > al'exceptioa tie la barbe, qui luimanque entierement. Le £>udu a en Outre des comes rondes j liffes > 3c tournees eft dehors. Ces animaux defcendertt des Andes au com- mencement de Thiver 9 en troupes tres-nom> breufes , pour paitre dans les piaines des pro* Vinces Auftrales. Les Chilienslesprennent alors ?en q.uantite , tantpour les manger , que pour les elever chez eux , ce qui reuffit tres bien ; car cet animal eft natureliement fort doux, & fe fait promptement a Fetat de doiiiefti- fcite. La vigogne % le chiUhueque, & le guanaco doivent etre confideres comnie des efpeces fu- balternes du chameaii, auxquelles on pourroit encore joindre falpaca & la gliaffia du Perou. Tous ces animaux reffemblent beaucoup ati ,-(r) Capra comibus terttibits lesvibus , divef^nubus ^ gulii imberbh T ij &<)2 ttiST'OIRE NATURELLf ch&meau, quoiqu'ils foient plus petits, d'lind figure plus elegante & mieux deffinee ; Us out j, comme le chameau > la tete petite & fans comes 5 le cou fort long, les oreilles medio- cres , les yeux grands & ronds , le mufeaa court, la levre fuperieure plus ou moins fen- xiue, les jambes plus hautes que le volume de leur corps ne paroit fexiger, les pieds 'divi- des en deux * la queue courts , le poil long &aflez fin pour etre file. Leurs parties natu- relles ont la plus grande reflemblance avec celles du chameau 5 la verge du male eft mince ■& longue , recourbee en arriere , & f animal eft oblige de faire fan urine par derriere. L'ouver- ture de la vulve'des femelles eft fort etroite , ce pag. 27. Ges chameaux Americains refTemblent en- DU C fl I I ft ?£$f 'coreaux chameaux de Pancien continent* par leur nature] & leur maniere de vivre; ils font^ cornme eux , fufceptibles d'education , & ge- neralement fort doux. L' alpaca & la gliama fervent comme les chameaux a porter des far-* deaux ; ils plient les genoux , pour etre char- ges ou decharges; la folidite de leurs pieds & la groffeur de leur peau fait qu'ils n'ont be- foin ni de fers , ni de bat; leur pas eft lent * mais affure, meme dans les montagnes les plus efcarpees ; toutes ces qualites leur font eom- munes avec les chameaux. Le chilihueque fervok autrefois aux Chiliens comrne le paco auxPe- ruviens ; mais le nombre de mulets r dont la propagation a ete tres-rapide^ fait quon ne sven fert plus aituelfement. Tous ces animaux paffeKtune grande partie de lanuit a ruminer^ lorfqu'ils veulent dormir , ils replient les pieds fous le ventre, & s*appuient fur la poitrine. Si ces animaux ont de Panalogie avec les chameaux, ils ont auffi des cara&eres qui leur font propres , &c par lefquels ils fe diftitv- guent d'eux. Deftines a vivre au milieu de la glace & des neiges,. leur corps eft fourni d'une graifle abondante , fur- tout entre la peau & la chair , comme prefque tous. les animaux qui vivent fous les poles ; ainfi qu'eux , ils gbondent de fang j ce qui leur eft d'autant plus T iij M^ra^RC Es 2^4 Histoire Natitre^lk neceflaire , qu'iis out befoin d*un degre de chaleur plus fort que les animaux qui habitent les plaints ; la graiffe empeche Tevaporatioi> de la chaleur, & fait que le fang conferva tou- jours cette temperature fans laquelie ils; ne pourroient vivre au milieu des frimas. Leur machoire inferieure eft , comme celle du cha- xixeau, pourvue de fix dents incifives , de deux canines, & de plufieurs molaires; mais la ma- choire fuperieure eft tout a fait privee dvinci- fives & de canines, & ces caraderes. me pa- ^oiffent afle£ tranchans pour faire de ces ani-* maux un genre a part, lis on t , o-utrecela ,.des; oreilles plus petites & mieux faites que celles du chameau; le nez. eft fimple, lecou plusdroit^ & mieux proportionne 9 le dos plus egal , ex- cepte le guanaco 3 qui Ta un peu voiite % fa queue femble plus belie & plus fournie de poi!$',fes jambes font mieux formees, & plus difpofees pour la courfe \ fon poll eft plus long, plusdoux, & plus approchant de la lain.e. Le chameau , plaxfe a cote dJun de ces animaux, paroitroit un monftre. Leur voix naturella ^eflernble au henniffement des chevaux ; pour fe defendre, ils emploient la falive , dont lis couvrent ceux qui les offenient. On a pre- tendu que cette falive etoit naturellemenft ^avjftiquejS? qu'elle produifoit des puftules ; fujc B V C H I % i . p$$ la peau £ mais cette obfervation parent fans fondement. Its entrent en chaleur a la fin de Pete ; pen- dant ce temps , ils maigriffent confiderablement, & perdent leur pail. Avant de s'accoupler , iU font beaucoup de bruit , rejettent la falive , & paroifTent enrages. La femelle porte cinq ou fixmois, & ne fait qu'un petit a la fois •, elle a deux mamellesj toujours bien fournies de lait. Ces trois efpeces dWimaux fe fuient recipro- queraent , & Ton n'a jamais vu qu ils fe foient aceouples. Je ne faurois fixer la duree de leur vie, mais je la crois plus courte que cqlle da chameau.Au Chili, on la fixe ordinairement a trente ans. II eft sur que ces animaux com- _ mencent afe propager a Tage de trois ans. Je regarde ces animaux corame des efpeces in termediaires qui uniffent les chevres , brebis * cerfs ou chameaux. Les defcriptions parties lieres que j'en donnerai ,feront voir que moa opinion n'eft pas fans fondement. La vigogne (1) [camelus vicugna] n'eft, g d'apres M. de Buffon , que l'e paco fauvage dans fan etat de iiberte; mais ce grand Natu (1) Camelus cwgore lanato ^ rofiro fimo ohuifo , caud& 1» ' et , coram** dans piufieurs points qui regardent rhiftoi,* naturelle de I'Amerique. Le paco.. on alpaco , & la vigogne font deux aniraaux d'un raems genre , mais de deux efpeces bien diffe'rentes. II eft tressur qu'ils ne s'accouplent jamais, quoiqinls viventfur Its memes montagnes ; ,.& outre le paco domeftique,le paco fauvagejeft de meme affez commun au Pe'rou, La vigogne a prefque la tailfe de la chevre domeftique ,• elle, lui reffemble en particuiier par la forme du dos,de la croupe, & dela queue; elle fe dif- tingue cependant par u.n couplus Jong, fou- vent de vifigt pouces , par une tete ronde & fans comes, par des oreilles p.etites& droites, par le mufeau , qui eft court & fans barbe, & par des pieds qui ont le double de hauteur de ceux de la chevre. Sa peau eft convene d'un© laine extremement fine , couleur de rofes ft* ches, quiprend routes !es teintes , & que Ton emploie dans le pays pour la fabrication d'un. grand nombre d'e'toflfes... Cette laine eft connue en Europe, & prefentement tres - re~ therche'e. Le paco eft plus rohufte que la vi- gogne , fon mufeau eft plus alonge, fa lain© moms fine, quoique plus fongue. Les Peru- viens entretiennent des troupeaux tres-nqm- fereux de pacos, dent ils employent la him D U C H I L r. 257 pour pJoGeurs etoffes qui ont le brillant de la foie.Lepaco ne fe trouve au Chili ni fauvage , m dans l*e tat- de dome ftlcite. Les vigognes font plus communes 8c fe plai- fent dans cette partie de la Cbrdiliere qui appartient aux provinces de Coplapo U de Coquimbo ; elles habitent les croupes les plus elevees &les plusinaccefiibles des mphtagnes, au milieu des glaces 3c des neiges. Cette tem- perature froide paroit leus convenir par pre- ference , car routes celles que Ton a vouluelever dans les plaines ,' ont ete attaquees par une efpece de gale qui les a fait perir bientot \ 3c c'eft probableaient par la meme raifon que tous les moyens employes jufqu'a prefentpour tranfporter cet animal en Europe n*ont point eu de fucces* Les vigognes vivent toujours par troupes , & on les voit, comme les chevres^ paitrefur le haut des rochers. Lorfqu'elles aper- ^oivent unhomme de loin 9 elles fuient, con- duifant leurs petits avec elles. Les chaflTeurs qui vonta leur pourfuite, cherchent a environner la montagne fur laiquelle les vigognes fe trou- \Qi\i 1 8c en Igs ferrant toujours de plus pres, lis parviennent enfin a les raflembler toutes dans un endroit de peu d'etendue, 011 ils ont en foin de tirer une corde a laquelle ils atta- int plufieurs chiffons d'etotXes, Les vigognes ,> tern IP HlJTOIRSNATtfRELtf imurellenient timicies rn'ofent franchir cettd corde, ien , cz% fi l'on ex^epte la longueur du cou Sc des jambes, le refte du corps reffemble affefc bien au mouton. La tete du chilihueque a h plus grande analogie avec la tete du mouton ; les oreilles font de meme ovales & flafques * les yeux grands & noirs, le mufeau alonge &: boflu y les levres groffes & pendantes , la queue faite de la meme maniereyquoique plus courte, & tout le corps oo.uvert d'une laine longue & fort douce. Lalongueur du CJiilihueque^depuis la levre fuperieure jufqu'a la naiffance de la queue, eft d'environ fixpieds; fa hauteur, prife par derriere , eft a peu pres de qu^tre pieds, lis varient pour la couleur \ il y en a de blancs* de bruns , de noirs , & de gris.. Les anciens Chiliens fe fervoient de ces ^nimaux comme de betes de fornme ; its les ^onduifoient en leur paflant une corde dans nn trou perce dans le cartilage de loreille: de la vient i'erreur de plufieurs Geography qui ■ tmt pretendu que les moutons tranfportes au CWU. Wm |§g Histoire Natitkslie svoient tellement grandi j qu'on les chargeoifc comme des mulets , & qu'on s'en fervoit pour le tranfport des marchandifes.D'a'utres ant pre- tendu que fes Chiliens } avail t Tarrive^ des Efpagnols, avoient employe le hueque pour la- bourer feurs terres , & pour tirer une efpece de charrue que fori nomme quetahue. Ceei s'ac- corde avecla relation de FAmiralSpilberg, qui dit que les habitans de Tfle iMoeha s'en fer- virem lorfqu'il y aborda. Les Chihkueques font fort eftimes parmi les Arauques; ifs enaiment la chair , mais i!s nen tuent qua loccafmm d'une fete, ou de quefque ■ facrifice folen- nel. Avant la conquete de I'Amerique , IP ernployoient la laine de ces animaux pour leurs habits; mais depuis que les brebis s'y font multipliees, la laine des CkiUhueques ?rte fert quo pour les etoffes les plus precieufes. Leguanaco(i) [ camelushuanaeus].Ce que M. de Buffon & le celebre Linne ont fait , k Fegard du paco &r de la vigogne en les re'duifant a une meme efpece. } ils le font de meme relatt- vernent au guanaco & ail lama. Ces deu^ Naturaliftes prennentle lama pour le guanaco (i) Camdus corpora fttofo , dorfo gibbo , \aui^ \ Wwmm ^r x> -v... G h ix f* got isonieftique ; mais j'ai de bonnes ralfon.s pout ■papas admettrecette pretendueanalogie. Outre I'averfion naturelle qui exifte entre ces deux animaux, •& qui fait qu'ils ne fe melent jamais, ils prefentent encore des differences tres-fen- fibles , qu'on ne pourra jamais attrihu-er au feul changement d'etat. Le lama ale dps uni, les quatre jambes prefque d'une meme longueur a une excrescence a la poitrine , qui eft prefque toujours humetiee par une graifle . jaunatre. Le guanaco au contraire a le dos boflu , on plutot vou te -, les pieds de derriere ft longs > que lorfqu'il eft chafie ., il ne cherche jamais a gagner les montagnes , comme fotit le lama, Je.paco & la vigogne ; au contraire, il en defcend €n fautant comme !es chevreuils & les daims; & cette marche lui. eft d'autant plus commode, quelle repond parfaitement bien a la confor- mation defe&ueufe de fes jambes. Le guanaco furpafle le chilihueque.en gran- deur 5 & j'en ai vu de la taille d'un chevaL Sa longeur ordinaire, depuis le mufeau jufqua la queue 9 eft d'environ fept pieds , & la hauteut prife pardevant, de quatre pieds trois polices/ Sapeau eft convene & on a de la peine a les joindre avec un bott cheval. Lorfqu'ils font pourfuivis5ils fe tournent de temps en temps pour regarder le chafTeur, & henniflent de toute leur force; ils repartent avec une vitefle incroyablei II arrive quelque- fois que les Indiens , montes fur des chevaux extremement legers, en prennerit de vivans > i Paide d'uii lacet ou d'une fronde , qu'ils leur jettent de loin entre les jambes* Ce Licet, que les Indiens nomment laque, eft fait d'une bande de cuir d*environ cinq ou fix pieds de longueur, dont chaque bout eft garni d'une pierre d'environ deux livres. Le chaffeur , qui eft a cheval 5 tient une de ces pierres a la main, & fait tourner 5'autre comme une fronde, le p XJ C H I L t. §6$ l^us vite poffible , pour lui donner la force necefFaire; & lorfque le coup part fur Tanimal qu'il a en vue , il eft prefque toujours fur de 1'attraper, fouvent a plus de trois cents pas de diftance. Pour prendre Tanimal en vie , on fette la fronde fi adroitement, que !es pieds feulsdeTanimal enreftententortilles L,eguanac& eft natureliement doux & s'accoutume ailement a Tetat de doaiefticite*, on peut 1'apprivoifer au point qu'il fuit fon maitre par-tout oil il veut. La chair du guanaco, fur-tout lorfqu'il eft jeune, eft excellente, & auffi bonne que celle du veau; celle des adultes eft plus dure* mais etant falee elle devient excellente; elle feconferve tres-bien dans les voyages de longue duree , & beaucoup de marins s'en pourvoient* Avec le poil du guanaco on fait de fort bons chapeaux; &on pourroit meme ['employer pout les camelo ts. Legutmul (i) ou huemul [ equus bifulcus ]. J'ai range cet animal parmi les chevaux , quoi- qu'il fallut en faire un genre apart, araifon de fes ongles, qui font divifes comme ceux des ruminans. Ses dents , & la maniere dont elles font difpofees , font exaftement les memes qu® * I (ij Equus jtedib us hijidcis. wmmmssssr* g£4 ttlSTOlfcE NATURSLtf celles du che'vaH ma is fa taille, fon pelage St fa couleuf ,lui donnent la plusgrande reffem- blance avec fane* &* on feroit tertte de le$ confondre fi ksoreiiles, qui nefont pas longues* mais cour tes i droites , 8c poin rues conime celles du chevaljnekfaifoientdiftinguer.il lui man- que encore la bande noire klong dudos,qui eft partieuiiere a ceite efpece. Le huemulfe diftin*- gue encore de fane par une tete plus belle & une encolure plus elegante *, le cou 6c la croupe font de meme mieux formes. On Remarque encore une grandediveriite dans la conformation des parties interieures, &favoi£ eft plus comparable au hennifiement du cheval qusau braire de fane. Cet animal eft plus fou- gueuxque la vigogne, & la furpafle de beau- coup en velocue $ il habite les hauteurs les plus inacceffibles dcs Andes : c'eft pourquoi il eft fi difficile de le prendre. Le huemul eft cet animal inconnu que trouva le Capitaine Wallis au detroit de Magellan (i); il forme, amoft avis , le chainon qui unit les animaux ruminans aux folipedes, Les chevaux, anes , bceufs , brebis , clie- vres, plufieurs efpeces de chiens , les chats f & meme les fouris > ont ere tranfplantes par les (i) Hawkefwonh , Voy. torn, I, cap. 1 ,p' Eipagttols IS III \ d u C h r l r; 30^ Efpagnols. Tous ces animaux y ont multiplie prodigieufement, & font devenus meilleurs, comme on peut Tattendre d'un climat aufli heureux. L obfefvati'on du Do&eur Robertfon fur ce fujet eft parfaitement conforme a lex- perience , & Ton pourra lire ce qu'il en dit dans fonHiftoire de TAirierique. Les chevaux du Chili brtttoutes les bonnes qualities poffibles ; ils one du feu 3 de la vigueur, & de la legerete; ceux des plaines reflemblent aux chevaux arabes; ils font de grandeur mediocre, mais d'une legerete furprenante. Les chevaux des monta- gnes font plus forts, mieuxetoffes , & tres-bans pour Tatelage; ils ont en general fencolure elegante, la tete petite %c bien mo'ulee , la queue bien fournie & un peu relevee, la poi- trine large & bien faite , les cuiffes rondes , les jambes feches & nerveufes, le fabot G dur, qu'on n'a jamais befoin de les ferrer, a Texception de ceux que Ton tient dans les villes. La quan- tite de chevaux , & la facilite d'en trouver a tm prix tres-bas , eft ' la caufe. qu'il n'y a peut- etre aucun pays au monde ou les chevaux foient plus maltraites qu'au Chili. Un cheval ordinaire coute un philippe (cinq livres tournois), une jument environ cinq paules romains ou a peu-pres quarante-deux fous: i!s £e nourriflent de l'herbe qu'ils cherchent eux« P—paj JOS Histojre Naturelle inemes dans les campagnes , ou ils reftent~tout£ f annee. II eft rare de voir un payfan faire une demi-lieue a pied ; -a peine forti du lit , il va tnettre la Telle fur un des chevaux , & sen fervir toute h journee, fansluilaiflcr Ie moindre temps pour repofer 5 ou pour prendre quelque nourriture. On pent ajouter a cela les voyages de cent lieues & plus , queues gens font avec !e meme cheval ; & pendant tout le voyage, 1® cheval n'a de repos que la nuit. Des chevaux capables de refifter a des fatigues de cette nature doivent etre d'un naturel fort & vigoureux: peut-etre que la maniere dure dont ils font eleves , & la qualite de la nourri^ ture meme, produifent cet efFet; car fai vu des chevaux tres-vieux , & qui avoient conf- tamment fervu On divife les chevaux , d'apres leur allure^ en trois races dilferentes; la race Ja plus commune eft celle quiproduit les troteurs. Les chevaux de cette race , comme les plus vigoureux & les plus robuftes , font particulie- rement recherchespar les gens de la campagne. De la feconde race , viennent Iqs chevaux qui vont ramble; its furpaflent* pour la douceur de la marche , les meilleurs chevaux de l'An- daloufie. Onapretendu que cette allure etoit propre a cette race de chevaux, & qufon la semarquoit meme dans les poulainse Cette allure D u G h r l i. 507 ift tres-fouteime, & vite meme dans les longs voyages ; c'eft pourquoi cette race de chevau* ^ft plus recherche'e que toutes les autres. La troifieme race fournit les chevaux de parade -, ils ne vont que le pas, mais avec beaucoup de gracev& on les recherche fur-tout au Perou, ou ces chevaux fervent dans lesgrandes cere- monies : on les paye depuis cent jufqu a cincj -cents ecus, Les Chiliens ont grand foin de conferver la race de leurs chevaux pure, & ne permettent point le melange. Pendantfhiver, prefque tous Jes chevaux font au paturage dans les vallees 6qs Andes, d'ou ils retournent au printemps, bien engraifles & vigoureux. Lorfque les habi- tans dreflent leurs poulains, ce qui fe fait pour Tordinaire a l'age de trois ans, ils com- mencent par leur entailler le rnufcle fuperieuc de U queue, pour en empecher le mouve- ment : cette operation fe nomme Cafligo. Les anes du Chili font d'une tailie fi haute & fi forte , f tf 0ii a de la peine a y reconnoitre la fouche primitive. Je ne fais a quoi Foil doit attribuer cette degeneration favorable, mais je crois pouvoir Tattribuer a 1 etat de liberte dans lequel ces animaux vivent; car on n'en fait prefque point d'ufage : dans les vallees des Andes, on en trouve meme de fauvages que Vij 508 HlSTOTR'E NATUR^XIE les Chi&ens -chaflent pour en avoir la peau$ parmi ceux ci , il y en a qui ont le poii fi long, qu'on pourroit tres-bien le- filer. Les mulets que Ton a dans le pays font dune race excellence ; lis ont dela vigueur, & fe diftinguent fur-tout par une rnarche sure -& legere. Les betes a carnes fur le(quelles la tempe- rature du climat paroit avoir plus d'influence que fur les autres animaux , ont conferve cette meme propriete au Chili ; ils different , pour la taille & la bonte de leur chair 9 a raifcn de la temperature qui leur eft la plus convenable* Tous les |3ceufs des provinces maritimes font de fa faler legerement , & d@ fr> JIO Histoire Natureue la fecher a Fair. Le commerce que Ton fart avec cette viande eft tres-confiderable ; on Fen voie fur-tout au Perou & dans les -mines; elle fe conferve tres-bien :; & comme elle n'eft pas trop falee , on lui donne la preference fur les viandes falees qui viennent de la Hollande & de PAngletere. Le fuif, qui ne fe vend pas dansle pays, eft brdinairement tranfporte au Pe'rou : il en eft de meme des cuirs y dont la plus grande partie fe vend hors du pays. Le lait de vaches a toute les qualltes que Ton peut attendre de cette forte de beftraux , Ibrfqu'elle eft bien nourrie •, on en fait d'excellent fromage qui n'eft point inferieur au meilleur fromage de Lbdi. Les fromages de Chanco, dans la province de Maule, font les plus renoipmes. On ne fe fert des boeufs pour labourer les terres , qu'a Tage de trois ans , & on n'en at tele jamais plusde deux a lacharrue, meme dans les terres qui n'ont jamais ete defrichees : on fuit Ttifage efpagnol , d'atteler les bceufs par les cornes*, par confequent les Auteurs qui ont pretenduqueles bceufs tranfplantes dei'Europe avoient perdu leurs comes en Amerique , ont ete bien mal informes. Les Bouviers qui gar- dent des troupeaux considerables, feroient peut-etre contens de cette degeneration, car les boeufs fur-tout en fontfouventufage contre leurs gatdiens, fans compter un grand nombre n v C m r l r. |w cfe clievaux qui pendent tout les ans par le* Coups de comes de ces animauxv furieux. Le prix ordinaire des bceufs , dans tout le pays, eft de trois ou quatre philipes ( quinze 6u vingt francs ) ;,rnais dans les ports de mer, le ptix y eft fixe paruneancienne convention a dk ecusv dont le gouverneur du port revolt quatre.,, les fix autres reftent ati proprietaire d& bceuf. Ees brebis qurnous font venues d'Efpagne n'ont rien perdu auGhili ;e!les ont conferve & ineme taille , & leur lame eft de la meme beaut£ ,quecel!e des meilleurs brebisefpagnoles. Cha- que brebis donne annuellement depuis dix jufqu'a quinze livres de laine ; leur viande* fur-tout celledes moutons, eft d'un gout exquis* Leur propagation eft generatement iei la meme que dans les pays temperes; elles produifent deux fois par an , fouvent deux? agneaux a la ibis. Les brebis n'y ont point de cornes; maiss parmi les beliers on en voit fouvent qui ont quatre & meme fix eornes* On laiffe les brebis toute Tannee dans les campagnes ide convert; on lesrenferme feule" jnent dans une efpece d'enclos ouverfr, pou les garantlr des betes feroces. Gelles qui on^ ete tranfplantees dans les Andes y font deyenues plu&grandes, & portent une laine plus longus^ $12 HlSTOIRE NATUKEtLg & plus fine. Les Pehuenches , nation qui habitg une partie deces montagnes , ont croife la race des brebis avec Jes chevres , & cette race moyenne eft beaucoup plus grande que les autres brebis ; leur poil, qui eft tant foit pen cre'pu, a la fineffe & la douceur de la laine* & fouvent une longeur de deux pieds; il reflemble beaucoup au poil de la chevre d'An- gora. Les chevres ont de meme prodigieufement multiplied elles vivent prefque toujours dans les montagnes; leurs peaux font employees pour la fabrication du maroquin , dont on envoie beaucoup au Perou, outre la grande confom- mation qui s'en fait dans le pays meme. L'homme jouit au Chili de toutes les pre- rogatives qui dependent d'un climat doux & cotiftant, & ceux qui nabregent pas leur vie par une conduite dereglee, y arrivent a un age fort avance. Malgre ce que -M. de Paw en die, jy ai connu plus d'un vieillard de cent quatre, cent cinq , & meme cent quinze ans. II nyy a que peu d'annees que Dom Antonio Boza y mourut a lage de cent fix ans. Mon aieul , & mon bifaieul, tous deux Creoles, y font mortSjIe premier a lagede quatre-vingt-quinze, & l'autre & quatre-vingt-feize ans. Ces exem- pts ne font pas rares, fur-tout parmi les natifs I D u C H I ft J. 313 idu pays. Les femmes y font generalement lecondes, & il y a peut-etre peu de pays ou les enfans jumeaux foient pluscommuns qu'icu Cette fecondite du fexe , & rabolition de plufieurs abusqui nuifoient a la propagation, expliquent l'accroifTement que Ton a remai> , da Paraguay, Scdudetroii de Magellan, & je puis afforer que kms phy fionomies prefen toien t des differences bien fenfibles* LesChiJiensont, comme fes lartares, peu cfe barber& Pufage qu'ils ont d arraeher les poifc a xnefure qu'ils pouffent, fait qu'ils paroiflent imberbes; il$ portent toujours des- pincettes 4ur eux pour sen iervir, ce qui fait une partfe deleur toilette. On en voit cependam qui out une barbe auffi forte que les Efpagnols. Le poil , qui annonce la puberte , pouffe chez eux en plus grand nombre que la barbe. L'opiaion que peu de barbe marque un corps foible, tse fe vexifie point ici. Ces Indierrs font gene- ralement vigoureux, & refiftent aux fatigues mieux que les Creoles.- c'eft pourquoi Ton ehoifit toujours des Indiens pour les travaux qui exigent de la force. Ceux 'qui habitent les plaines, font de Ja meme taille que les Europeens; mais les habitans des montagnes fe diftinguent par une ftatuse plus haute, & je fuis tres-perfuade que ceu& tl font les fameux Patagons dont on a tanf parte. Lopinion du Lord Anfin eft precilemen t ti' ineme. Les defcriptionsque#yrdrt, Wallis, Car* donnent de ces pretendus geans "5 s'aceordent parfaitement bien avec la figure de 110s mon-* tagnards, Ce quiconfirme de plus mott opinion i ceft que leur langage eft le CBilieri, eorame on pourra le juger dapr£s les mots que ces voyageurs en ont donnes dans le reeit de leiirs Voyages: d'ailleurs it eft prouve que la langue chilienne ne s'etend pas au dela des bomes que fai fait connoitre a mes le&eurs au com- mencement decet ouvrage; outre cela, la lan- gue des Patagons renferme un grand nombre de mots efpagnols ; ce qui prouve affez line communication entre les deux nations. La hauteur ordinaire de ces habitans des monta- gnes eft de cinq pieds fept pouces ; les plus grands que j'aye vusn'avoient que fix pieds trois pouces ; mais ce qui les fait paroitre plus grands c'eft la grofieur enorme de leurs membres , qui ne paroit point proportionnee a leur hauteur , excepte lesmains &les pieds, quiyrelativement au refte , font tres-petits. L'enfemble de leur figure n eft pas mal , ils ont pour Tordinaire le vifage rond, le nez unpeu large, les yeux tr£s-vife , les dents d'une blaneheur eclatante. 3i<$ Histoire Naturellb des cheveux noirs & rudes ; quelques-uris portent une mouftache. lis ont generalement le teint plus bronze que Ies autres Chiliens P parce qu'ils font continuellement a Fair* L'habillement de ceux qui vivent dans les vallees occidentales des Andes , confide en dif- ferentes etofFes delaine vmais ceux qui habi* tent Ies vallees orientates ou les vrais Patagons , fe couvrent de peaux de guanaeos & d'autres animaux fauvages. Quelques-uns portent le poncho des Arauques; ceftune efpece de man- teau de forme oblongue, avec un trou au milieu 9 pour y pafferlatete. Les Pehuelques, qui occupent Ies Andes auftrales, portent un cha- peau de cuir, garni de -plumes; ils fepeignent le corps de plufieurs eoul'eurs-, fur- tout les paupieres. Les femmes, qui font toutes d'une tail leaflez haute, s'habillent apeupres comme leshommes, excepte qu'au lieu de culottes elles portent un petit tablier. Tous ces peuples vivent fous des tentes de peaux, qu'ils tranfportent facilement d'uir endroit a Tautre , a mefure que la nourriture de leurs beftiaux l'exige. I!s font divifes en plufieurs hordes ; chaque horde a fon chef par^ ticulier, auquel ils donnent le nom dVlmen\ i!s font payens comme les autres Chiliens; leur langage eft par-tout le meme; il. n'y a.que Ies DU CHlLt 317 liordes orientates quiayent la prononciation un peugutturale. Ces peuples font prefque touts la journee acheval; leurs felles font comme les bats de nos anes ; la bride eft un morceau de courroie; !e mors, les etriers, & les eperons font de bois ; avec tout cela ib font bons cavaliers , & marchent prefque toujours au galop , fuivis v Chil iJ m TA B L EA Umethodique des nou~ velles efpeces decrites dam cet Ouvrage , d'afth le fyfiime de Linne, REGNUM ANIMALL MA M MA L I A. Brut a. J J asypus quadricinSui cingulis qua tuor, pe« dibus pentada&ilis. Dafypus o£locin£lus cingulis o&o , palmis tetra^ dadilis , plantis pentada<5tylis. ©afypus undecimcinBus cingulis undecim , pal- mis tetrada&ylis.j plantis pentada&ylis. ©afypus oSiodecimcinSius cingulis duodevigenti, •palmis tetrada&ylis .9 plantis pentadaftylis. F E R M. Pkoca Lupina capite fubauriculato , palmis te- \ trada&ylis. Ehoca porcina capite auriculato# roftro trim* cato prpjiiinentet ; I mmmrom §20 His ro ire Naturelle Phoca elephantina capite antice criftato. Phoca konina capite poftice jubato. Canis culpceus cauda re<3a elongata ; apicecon- colore laevi. Felis puma cauda elongata , corpore cirrereo fubtus albicante. Felis guigna cauda elongata ^ corpore maculis omnibus orbicularis. Felis colocola cauda elongata, corpore albo, ma- culis irreg. atris flavifque. Viverra chinga atro caerulea , maculis quinque dorfalibus rotundis albis. Muftela fdina plantis palmatis pilofis, cauda tereti elongata. Muftela cu/a pedibus fiffis , corpore atro , labio fuperiore fubtruncato. Muftela quiqui pedibus fiffis, corpore fufco3 roftro cuneiformi. G l IRES. Lepus vifcacia cauda elongata fetofa. Lepus minimus cauda breviflima , aurictilis pile- fis concoloribus. Caftor huidohrius cauda longa compreflb-lan- ceolata, palmis lobatis, plantis palmatis. Mus cyanus cauda mediocri jfub-pilofa , palmis 4-dadyKs, D tr C H I t T. %%x SHafiylis, plantis j--da<3ylis, corpore cae- ruleo , fubtus albido. Mus laniger cauda mediocri, palrnis 4-da%Hs ; plantis y-da&ylis corpore cinereo lanato. Mus maulinm cauda mediocri pilofa, auriculis acuminatis, pedibus pentada&ylis. Mus coypus cauda mediocri fubcQmpreffa, pilofa plantis palmatis. Sciurusi^ fufco flavefcens , linea humerali nigra. P E C O R A. Camelus huanacus corpore pilofo , dorfo gibbo, cauda erefta. Camelus vicugna corpore lanato , roftro fimo obtufo , cauda ereda. Camelus araucanus corpore lanato , roftro fu- pernecurvo, cauda pendula. Capra puda cornibus tsretibus > tevibus, diver- gentibus , gula imberbi. B E L L U M% Equus bifulcus , pedibus bifulcis. A V E S. ACCIPIJRMS. Vulturjota nigera remigiis fufcis, roftro cine* raceo, X i I 322 HlSTOIRE NATUREILS Falco tharus cera , pedibufque luteis, corpora albo nigrefcente5 vertice criftato- Strix tunicularia capite laevi 9 corpore fupra fufco , fubtus albo 3 pedibus tuberculatis pilofis* ¥ i c M. Pfittacus jaguilma macrourus viridls , rernigi- bus apice fufcis , orbitis fulvis. Pfittacus cyanalyjios brachyurus luteo- virens,' collari caeruleo , uropygio rubro. Pfittacus chor&us brachyurus viridis , fubtus cinereus 3 orbitis incamatis. Picus lignarius pileo coccineo , corpore albo ^ casruleoque vittato. Picus pitius cauda brevi, corpore fufco macu- lis ovalibus albis guttato. uTrocirilus cyanocephalus recSiroftris , capite > re- inigibus, reftricibufque caeruleis, abdomine rubro, Trochilus galeritus curviroftris viridi-aureus , remigibus y redricibufque fufcis 5 criflapur-* purea. A N S E R E $. Anas melancorypka roftro femi-cylindnco rubro^ capote nigro, corpore albo. Ch ILL 32J !&nas hybrida roftro femi-cylindrlco, cera ru- bra 3 cauda acutiufcula. Anas regia 9 carunculacompreflafrontali, cor^ pore caeruleo fubtus fufco , Goliari albo. Anas cofeoroba , roftro extremo dilatato , rotun* dato , corpore albo. Diomedea Chilenjis , klis impennibus 3 pedibus compedibus tridadylis , digitis omnibus connexis. Diomedea Chiloenjis, alis impennibus, pedibus compedibus tetrada roftro ferra- to , gula faccata. jG RA L L J®. Phcenicopterus Chilenjis ruber , remigibus al- bis. rArdea Erythrocephala crifta dependente rubra, corpore albo. Ardea gaZ^ea occipite fubcriftato , corpore ladeolo , roftro luteo , pedibus coccineis. 'Ardea cyanocephala vertke criftato caeruleo, remigibus nigris. Ardea thula occipite criftato concolore, cor- pore albo. Tantallus pillus facie, roftro, ped^ibufque fuf x y |&| Hi st pi re Natukelle cis , corpore albo 9 remigibus re&ricibufque nigris. Parra Chilenjis unguibus modicis , pedibus fuf- cis 3 occipite fub-crifhto. Otis Chilenjis capite juguloque lam, corpore albo, vertice tedricibufque cinereis, remi- gibus primoribus nigris. . . , Passeres* Columba melanoptera cauda cuneata 9 corpore c^erulefcente , remigibus nigris. Sturnus loyca fufco 9 alboque maculatus, peflo- re coccineo. Turdus thilius ater g axiills luteis, cauda cu- neata. Turdus thenca fufcc-cinereus , fubtus pallido- cinereus 3 remigibus recftricibufque apice al- bis. Turdus citrous ater nitens 9 roftro fubftriato* cauda cuneata. Fringilla barbata lutea , alls viridibus a nigro ru- broque maculatis , gula barbata. Fringilla diuca cserulea, gula alba. Phytotoma (Gen. Nov.) rojlrum conicum> reclum , /erratum. !i. Phytoatoma rara. Nares .ovatae. Lingua bre-* vis obtufa. x> U C H I L f • AMPHIBIA. R E P T I L I A. Rana arunco corpore verrucofa, pedibus paf-* matis, Rana lutea corpore verrucofo luteo, pedibus fub-palmatis. Lacerta palluma cauda verticillata longiufcula > S fcjuamis rhomboideis* N A JSt T E $. Squzlus fernandinus 9 pinna anali nulla, dorfali* bus fpinofis , corpore tereti ocellato* P I S C E S. A BODE S. Stromataeus cumarca dorfo ,cseruIeo , abdomifte albo, T H O R A C I C T. Ch^todon aureus cauda integra , fpinis dor- falibus II, corpore aureo, fafciis $ difco- loribus diftin&o. Spams Chilenjis cauda bifida r lineis Utrinque tranfverfis fufciSr Xii§ 526 HisTOiRE Naturelle A B D O M I N A X E S. SUurus fowir pinna dorfali poftica adipofa , cit> rls4, cauda lanceolata. £fox Chilenfis maxillis aequalibus, linea lateral! caerulea. Mugil Chilenfis darfo monopteryojio. Cyprinus regius pinna ani radiis II , dorfalilon* , gitudinali. Cyprinus caucus pinna ani radiis 15 , corpora tuberofo argenteolo. Cyprinus m^cAin pinna ani radiis 8, corpora conico fubcasruleo. Cyprinus julus pinna ani radiis 10, cauda Ion bata. INSECT A. C O L E O P T JS RA. Lucanus pilmur excutellatus ater, coi-pore de-J prefTo , thorace flriato. Chryfomela Maulica ovata aurata, antennisoe- ruleis. Lepiboptera. Papilio leucothea j D : alis integerrimis rotunda- tis -albis concoloribus ., antennis aterrimis. VzyiYio pfutacus, N: alis deptatis virefcentibus* m v v C h i l r. sn Iuteo cseruleoque maculatis, fubtus flavis. Phatena czratia , B i elinguis , alis deffexis fiavefcentibus > fafcus nigris. Hymenopte R-Jk!y Cynips. rofmarini Chilenfts. Tlpula mofchifera alis incumbentibus cinereis^ thorace abdomineque flavis* A P T E KAv Aranea fcrofa abdomine femi-orbiculatofufca* dentibus laniarixs inferioribus- exfertis. Scorpio Chilenfis pectinibus 16 - dentads, mar nibus fubangulatis. Cancer talicuna brachyurus, thorace orbicu- lato lsevi integerrimo, chelis muricatis. Cancer xmva, brachyurus.,. thorace lam later!- bus tridentato , fronte truncata.. Cancer apancora brachyurus , thorace laevi ova- to utrinque denticulata, cauda trigona. Cancer fetofus brachyurus, thorace hirfuto ob~ cordato tuberculato , roftro bifido in- flexo. Cancer fantolla brachyurus , thorace acufeata ,. arcuato , (ubcoriaceo , manibus pelliculatis. Cancer coronams brachyurus , thorace obovato3 apophyfi dcrfaii crenata* % \ MI 528 HlSTOlBB NATtJRELLE Cancer cxmemarius jnacrourus, thorace larvl cylindrico, roftro obtufo i chelis aculea- lis. V E R M E S. Mo Z ZV S CA. Pyura (Gen. Nov.) corpus conicum mdulans r probofcides binae terminates perforata^ oculi inter probofcides. i. Pyura Chiknfis. S*pia unguiculata corpore ccaudato , brachiis unguiculatis. S^pia tunicata corpore prorfus vaginante,cauda alata. Sxph hexapodiacorpptecm^ fegmentato. Echinus albus hsemifpherico globofus , .ambula- cris denis : areis longitudinallter verrucofis. Echinus niger ovatus, ambulacris quinis, areis muricatis verrucofis. T E S T A C EA. Lepas pfmacus tefla poftice adunca j fexvalvt rugofa. Pholas Chiloenfis tefla oblonga depreffiufcula* flriis longitudinalibus diftantibus. Solen mocha tefta ovali oblonga antice truncate cardine altero l?identato. r>v CHirt; 319 , Chama thaca fubrotunda longitudinaliter ftriata^ ano retufo. Myrilus albits tefta tranfverfe ftriata , natibus gibbis , cardine lateralis Mytilus ater tefta fulcata poftice fquamofa. Murex locus tefta ecaudata obovata antice no- dofa 9 apertura edentula fuborbiculata. Helix ferpmtlna tefta fubcarinata imperforata conica, longit : ftriata, apertura patulo mar- ginata. REGNUM VEGETABILE* D I A N D R I A. M O N O G Y N I A. Rofmarinus Chilenjis foliis petiolatis* MaytenUs ( Gen. Nov/) Cor : i. petala campa^ milata. Cal: i. phyllus. Caps : i-fperma, J. Maytenus boaria. T R I A N D R I A. M O N O G Y N I A. Scirpus dlychniarius culmo tereti nudo 3 fpicls globofisquaternis. Dig y n i a. Arundo rugi calyc-trifloris , foliis fubulatis gfa- bris. I ! 530 Hist?oiKe Natukelle Arundo quila calyc-trifioris , foliis enfiforml4r bus ferratis. Arundo valdiviana calyc-trifloris , fol. fubula** tis pubefcentibus* T E T R A N D R I AV MoNOGYNIA. Rubia Chiknfzs , fol : annuls , caule fubrotund<$ Cornus Chilmfis arborea , cymis nudis, foi'j cordatis dentatis. P E N T A N D R I A. M O N O G Y M I A. Nicotiana minima fol : feffilibus ovatis > floribu$ obtufis. Solanum carl caule inermi Herb: fol: pinnatis integ : neftario campanulato fubaequante pe^ tala. D I G Y N I A* Herniaria payco foliis ferratis. Salfola coquimbana fruticofa 5 caul: aphyllisj calyc : fucculentis diaphanis. Gentiana cachalahuen corol : quinquefidis , in* furadib: ramis oppofitis patulis. Heracleum tuberofum fol : pinnatis> foliolis fep* tetiis, flor: radiatis. I t> v C h i t r, 33* Scandix Chilenjls femin : roftro Ionglffirrio > fo-? liolis integris ovato lanceolatis. T R I G Y N 1 A. Quinchamalium (Gen, Nov. ) Cal : y-fidus. CorV y-fida. Caps : 3-locularis polyfperma. ri. Quinchamalium Ckilenfe. P E N T A G Y N I A. Linum aquilinium folijs alternis lanceolatis^ pedunculis bifloris. H & X A N D R I A. ! M O \ JST O G Y N I A. Peumus ( Gen. Nov. ) Cal : 6-fidus. Cor : <5-pe-* tala, drupa, i-fperm. J. Peumus alba fol : alternis , petiolatis, ovalw bus , integerrimis. 2. Peumus alba fol : alternis, petiolatis, ovall- bus, dentatis. 3. Peumus marnmofa fol: alternis, feffilibus, cordatis, integerrimis. 4. Peumus boldusiol : oppofitis, petiolatis^ova- libus ,fubtus villofis. Puya (Gen, Nov. ) Petala 6 in^qualia, tribus majoribus fornicatis , caps ; triloculare li.PuyaQi/eft/a, «i! ffi Histoibe Natubeils O C TAND R I A. M o n o g r & i a. Saflia ( Gen. Nov. ) Cat: 4-phyllus. Corr^-pg-* tala. Caps: 2-locular : 2-fperm. 1. Saflia tin&oria fol : ovatis , fcapo multU floro. 2. Saffia perdiGaria fol: cordatis , fcapo uni~ flQro, E N N E A N D R I A. M O N O G Y JST^k A. ■; Laurus cauftica fol. ovalibus rugofis , perennan* tibus , flor : quadrifidis. P^e (Gen. Nov.) Cal : 4-fidus.Cor: 4-fidai Caps. 1 -Sperma* i, Panke tinStoria caule ere£o ? racemifera. 2. Panke acaulis raeemo acauli. PUgorhi\a. ( Gen. Nov.) cal: o. Cor: i-petala* Caps: i-locularis, i-fperm. I. Plegorhiza guaicuru. decandria; Mono g y n j a. Hippomanica. (Gen. Nov.) Calyx j'-partltusS Petala y-ovata. Caps: 4-locularis, 1 t.Hippomanica infana. 31$ D I G Y N I A. ZThwraria. (Gen. Nov. ) Gor: i -petala. Cal: tu* bulofus. Caps: 2- locularis , 2-fpernia. B« Thuraria Chilenjis. P E N TA G Y N 1 A. Oxalls tuhrofa pedunc .: umbelliferis , cattle ra- mofo , radice tuberofa. Oxalis virgofa fcapo multifloro, fol. ternatis ovatis. I C OS A N D R I A. Mo N O G Y N I A. Ca£tus coquimhanus eredius, longus, 10-angu* fafis ? angulis obtufis , fpinis longiffimis rec- tis. Myrtiis- ZTgm flor : folitariis , ramis oppoGtis, foliis ovalibus fubfeffilibus. Myrtus luma flor : folitariis , fol : fuborbicu- latiSo Myrtus maxima peduncul: multifloris , fol : al- ter n is fubovalibus. D X G Y N I A* Lucitma (Gen. Nov.) Cal. 4-fidus duplicatus. Cor : o. Drupa 1 feu 2-fperm. 534 Histo'xre Natureue j. Lucuma bifera fol : alternis, petiolatis > ova«* to-oblongis. 2. Lucuma Turhinata fol: alternis , petiolatis, lanceolatis. 3. Lucuma valparadifaa fol : oppofitis ^petiola- tis jOvatooblongis. 4. Lucuma Aeaie fol : alternis , petiolatis , ova- libus, fub-ferratis. 5. Lucuma fpinofa fol: alternis, feffilibu?, ramis fpinofis. POLYANDRIA. D 1 g r n 1 A. Temus (Gen. Nov.) Cal. 3-fidus. Cor. 18-pe- tala , bacca dicocca. ft, Teumus mofchata, DYDYNAMIA. Gym jnospermxa. Dcymum falinum fol: ovatis glabris s caule ge- niculato. Angiospermia. Gevuina (Gen. Nov.) Cal. o. Cor: % petala. Caps: i-Ioculariscoriacea. i.Gevumciavellana, b v Chi l t: 53^ M O N A D E L P H I A. D ECANDR1A* %Crinodendron ( Gen. Nov. ) Monogyna. Caps: fj-gona. 3-fperma. J. Cvinodendron patagua. D I A D E L P H I A. Decandria. Pliafeolus ■■pallor caule volubili, leg: pendulis, cylindricis^ torulofis. Pliafeolus ajdlus caule volubili, fol: fagittatis, femin : globofis. J)o\ichosfimamis volub : caule perermi , legum : pendulis pentafpermis, fol: ovalibus utrin- *fue glabris. HPforalea lutea fohternatis fafciculatis ^foliolis ovatis rugofis-, fpic : pedunculatis. POLYADELPHIA. I C O S A N JD R I A. "CitrusChilenfis fol feffiiibus acuminatis. SYNGENESIA. PO LTG. JE QUAL. Eupatorium Chiknfc foj ; oppofit^s amplexicau^ 53:6 Histoire Naturellf libus, lan'ceolatis > dehticulatis , calyce quii> quefioris. Santolina tinSoria pedunc : uniflor: fohlinea- ribus integerrimis^caulibus ftriatis. POLYC; SUPERFLVA* Gnaphalium viravira\\Qtb : fol: decurrentibus , fpatulatis3 utrinque tomentofis. Madia (Gen. Nov. )Recept: nudup , pappus nullus : cah 8-phylIus : fern : piano -con- vexa. I. Madia fativa fol : lineari-lanceolatis peiiola- tis. a. Madia mdlofa fol : amplexlcaulibus lanceo- latis. POLTGl FrITSTR. Helianthus tkurifer, caule fruticofo, fol: linearis lanceolatis* M O N O E C I A. T R I A N JD RIA. Zea curagua foliis denticulatis, P 0 > L Y A N JD R I A. Colliguaja (Gen. Nov.) Mafc : cal.-^fidusi cor : o. Stam : 8. Fcem: cal. ^-fidus. Cor: o4 ftyli b u Chili. 335^ flyli 3. Caps : 3-angularis > 3 - fperma. fI. Colliguaja odorifera. Quillaja (Gen. Nov.) Mafc : cal : 4-phyllus; Cor: o. Stam ; 12. fcem : Cal : 4-phyllus. Cor: o. Styli 4, Caps : 4- {ocularis. Sem : foli< taria. ^Quillaja fap anuria. Adelpbia. Pinus cuprejfoldes fol: imbricatis acutis. Pinus Araucana fol : turbinates imbricatis , hinC mucronatis 3 ramis quaternis cruciatis. Syngenesia. Cucurbita Jiceraria fol : angulato-fublobatis to- mentofis, pomis lignofis globofis. Cucurbita mammeata fol: multipartitis , pomis fphseroideis marnmofis. D I O E C I A. D I A N D R I A. Salix Chilenfis fol : integerrimis , glabris, Ian- ceolatis, acuminatis. D E C A. N D R J A* Schinus huygan fol : pinnatis , foliolis ferratis* petiolatis 1 imparl breviffinip, 558 HlSTOlRE NAT'tJRELLg P O L ¥ G A M I A. M O N O E C I A. Mimofa balfamica inermisfol: bipinnatis, pai> tialibus 6-jugis 3 fubdenticulatis , flor: o££an- dris. IWimofa cavenia fpinis flipularibus patentibus, fol : bipermatis > fpicis globofis ^verticillatis* - feffilibus. Trio ec i A Keratoma Chiknfis fol :ovalibus carinatis,ra-* mis fpinofis. P A L M JE. Cocos Chilenjis inermis > frond : plnnatis \ folio- lis , complicates 3 enfiformibus a fpadicibus quaternis. REGNUM MINE RALE, P E T R M. C A L C A R I JE, pypfum vulcanicwn particulis indeterminatls c^rulefcens. A R G I L L A C M. 2Wlca varkgata membranacea fiffilis? flexiliSj k pellucida, variegata. D t; C H I E I. 339 Saxum Ckilenfe impalpable , luteum , maculis fpatofis rubris, caeruleifque. MI N E R JE. S U L P H U R A. P'ltumen andinum tenax ex atro c^rulefcens. M E TA L L A. jCuprum campanile mineralifatum ftannofum cl- nereum. ]Cuprum laxenfe zinco naturaliter mixtum. F O S S I L I A. T E R RM. rArena cyanea ferri micans caerulea, 'Arena talcenfls ferruginea in aqua durefcens, Argiila bucarina fufca , luteo-pun&ata y odori- fera. Argilia Maulica nivea , lubrica, atomis ni-< tidis. Argilia fubdola atra, aquofa, tenaciffima. Argilia rovia aterrima , tin&oria. £alx vulcanica folubilis ; pulvereo-granulata^ i < !SB 540 Hist oi re Natureli;^ LV O C A B U L A I R E C H I L I E N, Relativement a VHifioire Nam U I E IT. $f I L LA JST. Le Diable. Alhue. L'Univers. Nugmapu* Le Ci'el. Huenu. La Terre. Mapu. Les EtoiJes. Guaglen. La ConfteHatiorw Pal ,ou RithQf Les Pleiades. CayupaL Orion. Cularitko, La Croix du Sud. Meliritho. La Voie lactee. Rupu-Epeu, LeSoleil. Antic. LaLune. Cuyen. Les Planetes* Gau. Venus. Unelvoe. La Comete. Cher up e* Eclipfe Solaire. Layantu. Eclipfe de Lune. Lay cuyen. Pleine Lune. Pftrciiyen* Nouvelle Lune. Chuncuyen* ' I 0 » C U I £ Tr JLa lumiere Felon. du SoleiL Aypin. des Etoiles. Ayarciin. de la Lune. Ale. Rayons Solaires. Clenantu. I/equinoxe, Udanthipantw* Le Solftice* Thavantii* Le Temps. Then. L'Annee. Thipantii* Le Frintemps* Peugen* L'ete* Ucan. L'Automne* Gualug* L'Hiver. Puquen. Le Mois* Cujen* Le Jour. Antic ou Anchu* L'Aurore. Uitn. Crepufcule du matin. Ellavun. Le Matin, Lihuen. Midi. Ragiantic* Apres-MidL Thavuja* Le Soir. Gullantu* Le crepufcule du Soir. Guvantu. La Nuit. Fun. Minuit. Ragipun. L'Heure. Gliagantw* Septentrion* Pica. Levant. Puelple* Coucharat. Commit* A Y ii ■w *gpi HlSTdlRE NATtTRELt^ Midi: HityillL L'JEau. Co. La Terre* Tue. L'Air. Criiv. Le Few* Ciithd* Nuage* Thomu* La Pluie. Maun. Petite Pluie. Vaynu* Le Brouillard. Chiguayi La Rofee. Midviifth La Marine* Dio. L'Arc-en-Ciei. Relmu* La Parhelie. Cahuin* La Neige. Pin. La Grele. Fide. La Glace, Pellad. La Gelee blanche* . Lolma. LeTonnerre. Talca. La Foudre. Puyel. Le Vent Picum. du Nord. Magualcruv. del'Eft. Ptidcruv. de l'Oueft, Gulcruy. du Sud, Guayhum. Le Tourbillon. Meulen. Orage. Cuguma* La Metv Lavquen. L'Onde Rm ou Reumcu ";:, © u Chili; ? delaMer. Auna. desFleuves. Voche. Le Flux. Thipaco* Le Reflux* Arciin* He. Guapu Le Seo Aylin. Port. Nonthue* Fleuve* jLeuvit* Riviere. Rulon. Torrent. Mauhuithurr* Fontaine. Thayghen, Source. Uvco, Lac. Mallin. Debordement; Magin. Confluent. Tkavuleuva* Cafcade* Gliun, Mont. Mahuida. Colline* Huincuh Vallee. Rulu. iVolcan. Dehuin ou Pidcml Trernblementde eerre. Nuyun. Des AnimauXr Ivun. Male. Alca* Femeller Vomo. Gens. Chegem Nation* Toquinchei Tribu* Lepun. Families Elpa 9 cuga y ckeuit* y iv 3$X */' J44 His to ike Natuheilk Homme, Che. Male. Huenthui Femelle. Domo* Mari. Pignon, Femme* Cure. Pere. Chao. Mere. Gnuque* Nourrice. Papay. Petit Enfant. Huiltheu* Enfant. Huegny. Jeunefle. Hueche. Jeune Fille. Dea ou Ma/ghmi Pucelle. Ulcha. Concubine* GapL Fils. Fotiim* FiUe. Nahue. Batard. Guachu* Frere. Pegni. Soeur. Lamgen* Jumeaux. Cugne. iVeuf. Lantu. iVeuve. Lamp e% Celibataire. Guidugen* Un vieux. Vucha. iVieux Celibataire. Vuchapra* Decrepit, Umert. Age. Them. KJneVieille. Cude ou Cujc4 I ! r> t; < C h i e *• i IVieille Celibataire. Cudepra* Femme fterile. Mulo. Impuiflant. Huychov. Eunuque. Entucudan. Hermaphrodite. Athay, Ale adorn®* Geant. Cayunthoy. Nain. Tigiri. Antropophage. Iloche. L'Ame. Piilli ou Am* TEfprit. Lihue. Le Corps. Anca. Lapeau. Thilqus. La Viande. Hon. Chair humaine. Calil. Les Os. MalmaL LaTete. Lonco. Le Crane. Legleg. Le Cerveau. Miillo. Les Cheveux. Thopel > Chape. Cheveux blancs, Thiirm* LeVifage. Age. Le Front, Tkol Les Yeux. Ge. Les Sourcils. Gedin. Les Paupieres, Tapuge. LaPrunelle, Curalge, LeNez. Yu. LesJoues, Thavun* m i 1 346 Histoire Naturells La Bouche. Un. Les levres. Melvunv Les machoires; Thaga. Les Gencives. Bdum* Les Dents Bow. incifives. Chelge. canines. Gavun* molaires* Voro. La Langtre; Queiin* Le mentoiu Guethe* La Barbe. Payum* Les Oreilles* Pilun. Le Cou. Pel. La Nuque Topel* LaPoitrine. Riicu* L'eftomac. Que. Le Ventre. Pue. LeBas-Ventre, Putha* L'Ombilic. Viido. Le Dos. Vuri. L'epine du Dos, Cadivoro* L'Epaule. Lipag* Le Bras. Riun. La Main. Cuu. Les Doigts. ChaguL Les Ongles. Huilu Les Fefles. Niido. L'Anus, Poto. to v ( leMembreviril. Les Tefticules. Les CuifTes. Les Genoux. Les Jambes. Le Tibia. Le Pied. Le Talon. LesMamelles. Le Lait. La Veine. Le Sang. Le Cceur. Le Poumon. Le Foie. Les Entrailles. La Graiffe. Les Pattes. La Queue. Les C©rnes. Le Cuir. Les Oifeaux. Les petits Oifeaux. L'alle. Les Pennes. Les Plumes. Le Panache. La Crete. H I L If i Bit Puniiri. Cudan* Pullag. JLuou. Chag. Tutuca* Namun. Rencoy. Moyu. Ilu. YaymaMolvuhua* Molviin* Piuque. Pinu. Tana. Puonca. Ihuin. Tumiu Clm. Miitag. Legi. Giiniin 9 Iduml Collma* Miipti. Lipi. Pichun. Perquiii) Caniu* Reriim. 34^ Histoik: Le Bee. Le Nid. L'(Euf. Les PoiffonSc Les Ecailles. La Puce. Les Poux du corps. Les Poux dela tete. Les Lentes. LaFourmL La Cigale. La Mouche* Le Coufin* Le Papillon, Les Abeilles, Les Araignees. L'Afpic. Le Lezarde Le Crapaud. La GrenouiI!e* LesVegetaux. Le Bois. LaForet. Les Arbres. Les Arbuftes. Les Bullions. L'Herbe. Les RacineSo Naturilii PitkonouYou* Dagne. Curam> Ckalgua* III. Neriim. Piitkar* Thin, Utkeffir Lepin* Bilk. PldlUr Yaii* Ciichu Dullin* Laliigi Vilu. Vilcun* Poco. Glinqui Aniin* Lemu. Culven. Alihuen* Ruthon. Calla. Cachu* Volil fc V ( 2 H I 1 I. Lie Tronc. MamuU L'ecorce. Cholov* L'Aubier. Liin. Le Bois, Pdlin. Les Branches. Rog. Les Bourgeons, Choyii* Les Feuilles. TapiiL Les Fleurs. Rayiin. Le SuC. Com. LaSemence, Uthar. Le Noyau, Voiiil. La Goufle, Thagua. La Baie. Capi% Le Raifin. Cunco. LsEpine. Ritha. Les nceuds du Bois* GemamuL Le Cypres, Len. Le Laurier. Lakuan. La Palme. Thihue. La Cedre. GUlla. Mineraux. PimllU La Terre. Tue. 'Argile. Rag. Fine* Rapa. Craie. Malla. Marne. Maio. Ocre jaune^ Chodoura. *■— - noire 9 Curipuidli Ocre verte? Cariicura* m 3 JO' HlSTOlRfc J MATU"RfiLLB * — bleue. Calvucura* Pierre. Cura. Marbre. lllcura. Piatre. Ligira. Jafpe. Gueupu. Silex. Cuthalcuta* Granit. ; Lil. Porphyre. Malin. Pierre a aiguifet. Ida* Schifte. Glimzd* Pierre-Ponce. Pinono. ; Tuf. Pilolcwra* Quartz. Lican* . Criftal. Lilpu* Pierre precieufe* Glianca* Sel. Chadu Selgemme, Lilcochadu fAlun. . Liglahuen. Vitriol. Aihuecura* De la Poix. tlpe. Soufre. Copahue. Metaux. .• PagniL Mercure* Mogenlighen. Etain. Titi. Plomb. Laquir. Fer. Panilhue, Cuivre. P&ym* 'Argent* Lighen* On Milla. Bourg. Fortere0e. fArmee. to tx C hi £ *• Cava. Lov. Maid. Linco. *T« ERHSHflHSHAJH APPROBATION. J' a I la , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un manufcrit intkule , Effai fur VHifioire & diuretic du Chili, traduit de V It alien de Molina, par M Gruvel. Get Ouvrage fait par un auteur ne au Chili rneme , & tres-verfe dans i'Hiftoire Naturelle, irenferme un grand nombre de notions neuves fur quan- tite d'objets tres intereiTans , & ink para' tres-digne de rimpieffion. A Paris, ce ier Juin 1788. BOS QUILL ON. PERMISSION® U R 0 I. LOUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navarre : A nos ames & feaux Confeiliers , le* Genstenans nos Cours de Parlement , Maitresjes Re- cuetes ordinaires de notre Hotel , Grand Conleil , Prevot de Paris, Baillis , Senechaux , leurs Lieutenans Civils & autres noS Jufticiers qu'il appartiendra , 5>aiut. No're'ame le fieur Nee de la Rochelle, Libraire a Paris , nous a fait expofer qu'il defueroic faire impnmer & dontiet au Public un Effai fur VHifioire NatureUe Chili, traduit de L'ltalien de Molina , par M. ■ Gruvel , s'ii nous plaifoit lui accorder nos Lettres oe permiflion pour ce ntoffaires. A ces causes, voulantfa- vorablenient trailer 1'Expofant, Nous lui avons permis & permettons pat ccs Prefemes , de /aire impnmer ledit Oovraee autant de fois que boo lus femblera , & de le fane ventre & debirer par-tout notre Royaume pendant le temps de cinq annees confecutives, a compter da jour de la date des prefentes. taifons defenfes a tons Imprimeurs, Libraires , & autres perfonnes , de quelque qualite & condition qu'clles foient , d'en mtroduire i'imnrefGon etrangere dans aucun lieu de notre obert- faacej a la charge que ces Prefentes fetont cnregiftrces Torafai! long fur le regiftre de la Communaute des* Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'ieelles ; que Pimpreflion dudit Ouvrage fera .faite dans notre Royaume , & non ailleurs^en bon pa- pier & beaux caradteres $ que PImpetrant fe confer- mera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notam- anent a ceiut du 10 Avrii 1725: 9 & a PArret de notre' Confeil du 30 Aout 1777, a peine de decheance de Ja prefente Perminlon; qu'avant de Pexpofer en vente, le Manuicrit qui aura fervi de copie a Pimpreflion dudit Ouvrage ,. lera remis dans le merae etat ou PApproba- tion aura ete donnee, es mains de notre tres-cher & feal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le Sieur D e la Moignon, Commandeur de nos Ordres ; c|u'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque pubiique , un dans celle de notre Chateau du Louvre, un dans celle de notre tres-cher & feal Che- valier Chancelier de France le Sieur de Maupeou , & un. dans celle dudit Sieur de la Moi gnon: le tout a peine de nullite des Prefentes , du contenu defquelles voiis mandons & enjoignons de faire j'ouir ledit Expofant & fes ayans caufe pleinemenc & pai- fiblement , fans fouiFrir qu3il leur foic fait aucun trouble ou ernpechemenr. Voulons qu'a la copie des Prefentes , , & nonobftant clameu-r de Haro Charte Normande, & Lettres a ce contraires : Car tel eft notre plaifir. Donne a Verfailles le deuxieme jour du mois de Juillet , Pan de grace mil fept cent quatre- vingt-huit, & de notre Regne le quinzierne. Far le Roi en Ion Confeil. Signe L E B E G U E. Regiftre fur le Regifire XXUl de la chambrc rqyale & Syndicate des Libraires & Imprimeurs de Paris, n°, 1669 , foL 5P4 y conformement aux difpofltions enondes dans la prefente PermiJJlon , & a la charge, de rcmettre a ladite Chambre les neuf exempiaires pref- er its par Farrfo du 1 6 Avril\-]%%. A Paris U 1 5 juilkt 1788. Signe Kn.apew, Syndic* ± i ;.